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Full text of "Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources a consulter;"

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http://www.archive.org/details/nouvellebiograph17hoef 


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NOUVELLE 

BIOGRAPHIE   GÉNÉRALE 

DEPUIS 

LES  TEMPS  LES  PLUS  RECULÉS 

JUSQU'A   NOS   JOURS. 


TOME  DIX-SEPTIEME. 


Faescli.  —  Floris. 


FAKIS.    —   TVPOGliAl'HIE    m    FinMI\    niDOT   FUÈRES ,    FILS    ET   Ci%    RUE   JACOB,    56. 


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NOUVELLE 

BIOGRAPHIE  GÉMRALE 

DEPUIS 

LES  TEMPS  LES  PLUS  RECULÉS 

JUSQU'A  NOS  JOURS, 

AVEC   LES   RENSEIGNEMENTS   BIBLIOGRAPHIQUES 
ii'i    l'indication  des  sources  a  CONSULTEIî; 

PUBLIÉE    PAU 

illH.  FIRMIIV  DIDOT  FRÈRES, 

sots    i.A    DIRECTION 

DE  M.   LE  D'   HOEFER. 


(Lomé  IDir^ôrptinnc. 


v'^X 


PARIS, 


FIHMIN  DlbOT  FRÈRES,  FILS  ET  C'^  EDITEURS, 

IMPRIMEURS-LIBRAIRES   DE   l' INSTITUT   DE   FRANCE, 

RUt   JACOB,    ;«. 

M  DCCG  LVI. 

Les  éditeurs  se  réservent  le  droit  de  traduction  cl  de  reproduction  à  iélrani;er. 


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NOUVELLE 

BIOGRAPHIE 

GÉNÉRALE 

DEPUIS  LES  TEMPS  LES  PLDS  RECULÉS  JUSQU'A  NOS  JOUKS. 


F 


FAËSCH  OU  FESCH  (Rémi),  jurisconsulte  et 
antiquaire  suisse,  né  à  Bàle,  en  1595,  mort  le 
1'"'  mais  1667.  Il  étudia  le  droit  à  Genève,  Lyon, 
Bourges  et  Marbourg,  et  visita  la  France,  l'Alle- 
magne et  l'Italie.  Il  montra  un  goût  prononcé 
pour  la  numismatique  et  les  antiquités.  Sa  col- 
lection et  sa  bibliothèque ,  léguées  par  un  fidéi- 
ommis  à  l'Académie  de  Bâle,  et  connues  sous  la 
dénomination  de  cabinet  Faesch ,  excitent  encore 
lujourd'hui  la  curiosité  des  voyageurs. 
Hoffmann  ,  Lex.  univ.  —  Freher,  Theat,  erudit. 

FA.ESCH  (Sébastien) ,  antiquaire  suisse,  né 
i  Bâle,  le  8  juillet  1647,  mort  le  27  mai  1712. 
Il  étudia  la  jurisprudence  à  Bâle  et  à  Grenoble, 
risita  ensuite  d'autres  parties  de  la  France,  l'An- 
gleterre et  la  Hollande.  En  1678,  il  se  rendit  à 
Vienne  et  en  Italie,  pour  s'y  livrer  à  des  recher- 
îhes  numismatiques.  A  Padoue  il  fut  reçu  membre 
le  l'Académie  des  Ricovrati.  A  Milan,  il  seconda 
le  comte  Mediobarbus  dans  la  piiblication  des 
Numismata  Imperatorum  Rovianorum.  En 
1681  Faesch  fut  chargé  de  professer  les  Institutes 
et  en  1695  le  Code.  En  1706  il  laissa  l'enseigne- 
ment pour  l'emploi,  plus  lucratif,  de  greffier  de  la 
ville.  On  a  de  lui  :  Dissertatio  de  Insignibus 
eorumque  Jure;  Bâle,  1672,  in-4°;  —  De 
Nummo  Pylœmenis  Evergetœ ;  Bâle,  1680, 
m-4",  et  dans  le  Thesaur.  Antiq.  Ch'sec.  de 
Grœvms,  IX. 

Eckhcl,  Doctr.  Ifumorum.—Erscïi  etGruber,  Mlg.  Enc. 

FAESCH  (  fionJ/ace),  jurisconsulte  suisse, 
né  à  Bâle,  le  25  août  1651 ,  mort  le  23  décem- 
bre 1713.  Il  étudia  et  prit  ses  grades  dans  sa 
ville  natale.  Il  voyagea  ensuite  pour  compléter  ses 
connaissances ,  devint  professeur  de  rhétorique 
en  1686,  de  morale  en  1689,  d 'Institutes  en  1692 
et  de  Code  en  1706.  En  1709  il  fut  nommé  syn- 
dic. Il  laissa  des  Dissertations  sur  la  jurispru- 
dence. 

Âthen.  Hauric. 

NOUV.   BlOCn.    GÉNÉR.   —  T.  XTII. 


FAESCH  (  Jean-Louis  ),  jurisconsulte  et 
peintre  suisse,  né  à  Bâle,  mort  à  Paris,  en  1778. 
Après  avoir  étudié  la  jurisprudence ,  il  peignit 
le  portrait,  et  fit  des  caricatures  qui  eurent  du 
succès.  Ses  productions  étaient  également  re- 
cherchées en  France  et  en  Angleterre,  où  il  avait 
représenté  l'acteur  Garrick  dans  un  grand  nom- 
bre de  rôles. 

Nagier,  Neues.  Allg.  Kûnstl.-Lexic. 

FAESCH  (  Jean-Rodolphe  ) ,  ingénieur  alle- 
mand d'origine  suisse,  mort  à  Dresde,  en  1742. 
Il  fut  officier  supérieur  au  corps  des  ingénieurs  et 
architecte  au  régiment  des  cadets  de  Dresde.  Cp. 
a  de  lui  :  Vorschlag  wie  ein  Fiirst  seine  Kinder 
in  allen  zur  Mathematik  gehœrigen  Wissen- 
schaften  kann  unterrichten  lassen  (  Plan  d'a- 
près lequel  un  prince  pourrait  faire  instruire  ses 
enfants  dans  toutes  les  branches  des  sciences 
mathématiques);  Dresde,  1713,  in-4°;  -  -  Von 
den  Mitteln  die  Fliisse  schiffbar  zu  machen 
(Des  Moyens  de  rendre  les  fleuves  navigables)  ; 
Dresde,  1728,  in-8°;  —  Kriegs-ingénieur  -  Ar- 
tillerie-und  See-Lexicon  (  Dictionnaire  de  l'In- 
génieur de  la  guerre,  de  l'artillerie  et  de  la  ma- 
rine) ;  Dresde ,  1735 ,  in-8°  ;  —  Anfangsgrûnde 
der  Fortification  (Principes  élémentaires  de 
Fortification);  ibid.,  sans  date,  in-fol.  ;  —  Ar- 
chitectura  civilis;  sans  date,  in-fol. 

Adelung,  Sappl.  à  Jôcher,  AUgem.  Gelehrteri'Lerikon, 

FAESCH  (Georges-Rodolphe),  fils  de  Jean 
Rodolphe,  ingénieur  allemand,  né  en  1710,  mort 
le  l"mai  1787.  Il  fut  un  des  ingénieurs  de  la  Saxe, 
et  dirigea  les  fortifications  de  Dresde.  On  a  de 
lui  :  une  traduction  allemande  de  VArt  de  In 
Guerre  par  Puységur;  Leipzig,  1753,  in-4''  ;  — 
une  traduction  française  des  Instructions  mili- 
taires du  roi  de  Prusse  pour  ses  généraux  ; 
1761,  in-4°  ;  —  Règles  et  Principes  de  VArt  de 
la  Guerre,  traduit  aussi  en  allemand;  Leipzig, 
1771,  4  vol.  in-8";  —Histoirede  la  Guerre  de 


FAESCH  —  FAGEL 


la   succession   d'Autriche  de  1740  à  1748; 
Dresde,  1787,  in-8°  (ea  allemand). 

Jôcher,  Allg.  Gel.-LexiJc, 

FAESi  (Jean- Jacques),  astronome  suisse, 
natif  de  Zurich,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Outre  les  Almanachs  de 
Zurich,  on  a  de  lui  :  Delicise  Astronomiœ,  1697  ; 
—  Planetoglobium;  1713,  in-4". 

Catalogue  de  la  Bibl,  imp. 

FAGAK  {Chi^istophe- Barthélémy),  auteur 
dramatique  français,  né  à  Paris,  en  1702,  mort 
en  cette  ville,  le  28  avril  1755.  Fils  d'un  employé 
au  grand  bureau  des  consignations,  il  obtint  une 
place  près  de  son  père ,  ce  qui  lui  permit  de  se 
livrer  à  ses  goûts  pour  la  littérature  et  le  plaisir  ; 
malheureusement  le  plaisir  l'emporta  toujours 
sur  le  travail,  et  l'empêcha  d'obtenir  tout  le 
succès  dû  à  son  talent.  Fagan  a  donné  au  Théâtre- 
Français  :  Le  Rendez-vous,  comédie  en  un  acte, 
en  vers,  un  de  ses  meilleurs  ouvrages,  resté  long- 
iempsàla  scène;  1733  ; — La  PtipUle,  comédie  en 
un  acte,  en  prose;  1734;  —  V Amitié  rivale,  co- 
médie en  cinq  actes,  en  vers  ;  1736  ;  —  Le  Marié 
sans  le  savoir,  comédie  en  un  acte,  en  pi'ose  ; 
1740;  —  Joconde,  comédie  en  un  acte,  en  prose  ; 
1741  ;  —  V Heureux  Retour,  comédie  en  un  acte, 
en  vers  libres  ,  en  société  avec  Panard  ;  1744;  — 
VÉtourderie,  comédie  en  un  acte,  en  prose; 
1761  ;  —  Les  Originaux,  comédie  en  un  acte,  en 
prose  ;  1763  ;  cette  dernière  pièce  obtint  un  grand 
succès  ;  elle  a  été  remise  au  théâtre  en  1 802  par 
Dugazon,  qui  y  ajouta  trois  scènes  nouvelles. 
11  a  aussi  fait  jouer  au  Théâtre-Italien  plusieurs 
pièces  assez  applaudies  :  La  Jalousie  impré- 
vue; 1740;  —  Vlsle  des  Talents;  1743; —  La 
Fermière,  etc.  Enfin  il  a  donné  au  Théâtre  de  la 
Foire  sept  opéras  comiques  faits  en  collaboration 
avec  Panard  :  Le  Sijlphe  supposé;  Le  Temple 
du  Sommeil;  Momus  à  Paris,  etc.  Deux,  autres 
de  ses  pièces,  composées  en  société  avec  Favart, 
ont  été  imprimées  dans  le  Théâtre  de  ce  dernier, 
et  Isabelle  grosse  par  vertu,  parade  d'une  folie 
charmante ,  jouée  au  Théâtre  de  la  Foire ,  a  été 
imprimée  dans  le  Théâtre  des  Boulevards  de 
Corbie  -,  1756.  Ses  Œuvres  ont  été  publiées  par 
Pesselier;  Paris,  1760,  4  vol.  in-12.   H.  Malot. 

Pesselier,  Éloge  historique  de  Fagan.  —  La  Harpe  , 
Cours  de  Littérature.  —  Quérard,  La  France  littéraire. 

FAGE  (La).  Voy.  La^fage. 

FAGE  (Durand),  un  des  prophètes  des  Cé- 
vennes,  né  à  Aubais  (Languedoc),  en  1 68 1 .  et  mort 
probablement  en  Angleterre,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle.  Les  sentiments  religieux, 
surexcités  par  la  persécution,  avaient  poussé 
à  l'illuminisme  un  grand  nombre  de  protestants. 
L'enthousiasme  a  sa  contagion.  Fage,  homme 
sans  instruction  et  fortement  attaché  à  son  culte, 
se  laissa  gagner  par  la  maladie  régnante.  Après 
avoir  été  témoin,  à  trois  reprises  différentes, 
de  scènes  d'inspiration ,  il  finit  aussi  par  pi'o- 
•jihétiser.  On  a  de  lui  dans  le  Théâtre  sacré  des 
Cévennes;   Londres,   1707,  in-12,  réimprimé 


sous  ce  titre  :  Les  Prophètes  protestants, 
Paris,  1847,  in-S";  il  y  raconte  la  manière  dont  il 
fut  conduit  peu  à  peu  à  rins{»iration.  Après  la 
défaite  à  peu  pi'ès  complète  des  camjsards,  en 
1705,  il  fit  sa  soumission,  et  fut  conduit  jus- 
qu'aux frontières  de  Genève.  Il  se  rendit  de  là 
en  Hollande,  et  vers  l'automne  de  1706  il  arriva 
à  Londres,  avec  Élie  Marion  et  Jean  Cavalier. 
On  avait  entendu  dire  en  Angleterre  des  choses 
si  surprenantes  de  ce  qui  venait  de  se  passer 
dans  les  Cévennes,  que  la  curiosité  pubh'que  fut 
vivement  excitée  par  la  présence  de  ces  trois 
camisards  :  on  accourut  de  tous  côtés  pour  les 
voir  et  les  entendre.  Le  célèbre  mathémati- 
cien Nicolas  Fatio,  Jean  Daudé,  et  Charles  Por- 
tâtes se  firent,  pour  ainsi  diie,  leurs  patrons, et 
recueillirent  avec  soin  leurs  discours.  On  ne 
tarda  pas  à  se  diviser  sur  le  compte  de  ces  pro- 
phètes. Quelques  personnes,  mais  en  petit  nom- 
bre ,  crurent  qu'il  y  avait  quelque  chose  de  sur- 
naturel dans  leurs  extases;  d'autres  suspendi- 
rent leur  jugement  jusqu'à  plus  ample  informa- 
tion; d'autres,  enfin,  les  regardèrent  comme  des 
fourbes,  ayant  l'intention  d'armer  les  puis- 
sances étrangères  pour  la  défense  des  protes- 
tants français.  Par  ordre  de  l'évêque  de  Lon- 
dres, le  consistoire  de  l'Église  française  de  la 
Savoie  instruisit  cette  affaire.  Sa  décision  fut 
peu  favorable  aux  inspirés.  Un  grand  nombre 
d'écrits  parurent  aussitôt,  les  uns  pour,  les  au- 
tres contre  les  prophètes  des  Cévennes,  mais  tous 
également  empreints  de  passion.  Ce  n'est  que 
de  nos  jours  que  des  médecins  philosophes  ont 
porté  un  jugement  sain,  et  dégagé  de  tout  pré- 
jugé ,  sur  ce  singulier  phénomène,  qui  s'est  re- 
produit si  souvent  dans  l'histoire  de  l'Église, 
au  sein  des  sectes  exaltées  par  les  persécutions. 
On  prétend  que  Fage  finit  par  se  calmer  et  par 
revenir  à  des  sentiments  plus  raisonnables. 
Michel  Nicolas. 

Théâtre  sacré  des  cévennes.  —  Court,  Histoire  des 
Camisards,  t.  I,  p.  132,  et  t.  III,  p.  186,  223-227. 

FAGEL ,  nom  d'une  famille  d'hommes  d'État 
hollandais,  dont  les  principaux  membres  sont 
les  suivants  : 

FAGEL,  (Gaspard),  né  à  Harlem,  en  1629, 
mortle  15  décembre  1688.  Jeune  encore,  en  1603 
il  fut  nommé  pensionnaire  dans  sa  ville  natale. 
Ayant  su  mériter  ensuite  la  confiance  des  frères  de 
Witt,  il  fut  nommé  greffier  des  états  générauTv  en 
1670.  Le  20  août  1672,  le  jour  même  du  meurtre 
de  ses  protecteurs,  Fagel  succéda  à  l'un  d'eux , 
Jean,  dans  les  fonctions  de  grand-pensionnaire.  Il 
fut  récompensé  ainsi  du  dévouement  qu'il  montra 
pour  ia  cause  du  prince  d'Orange,  dévouement  qui 
paraît  avoir  été  le  fruit  de  la  conviction  et  que 
rien  ne  put  altérer  désormais.  Fagel  se  montra 
zélé  partisan  des  entreprises  de  ce  prince  contre 
la  France.  A  l'intérieur,  il  s'attacha  de  même 
au  système  orangiste.  C'est  ainsi  qu'il  contribua 
à  faire  proposer  au  prince  d'Orange  la  souve- 
raineté du  duché  de  Gueldres,  par  les  états  de 


FAGEL  —  FAGET 


6 


ce  pays,  proposition  que  le  prince  refusa  en  ac- 
ceptant seulement  le  titre  de  stathouder  de  la 
province  (1675).  Enfin,  ce  fut  lui  qui  porta  la 
•.^■'ille  de  Harlem  à  proposer  pour  la  première 
fbi.,  le  23  janvier  1674,  l'hérédité  du  stathou- 
dérat.  Il  combattit  vivement  le  traité  de  Ni- 
mègue  ;  et  à  cette  occasion  il  se  prononça  avec 
amertume  contre  le  premier  ambassadeur,  Be- 
verningk.  Mais  le  pays  lui-même  était  poui  la 
paix  ;  et  Fagel  dut  se  contenter  de  lutter  par 
toutes  les  voies  contre  les  atteintes  portées  par 
Louis  XIV  à  la  liberté  européenne.  A  l'ambas- 
sadeur français  d'Avaux,  qui  lui  offrait ,  dit-on, 
deux  millions,  pour  l'attirer  à  la  cause  du  roi , 
Fagel  répondit  que  sa  patrie  était  assez  riche  pour 
récompenser  dignement  ses  services.  Il  déploya  la 
même  énergique  opposition  lors  de  la  proposition 
faite  par  la  France  d'une  trêve  de  vingt  années 
avec  l'Espagne  et  l'empereur  d'Allemagne  : 
«  Sans  doute,  la  république  est  en  danger,  dit-il, 
mais  le  danger  ne  fut  pas  moindre  un  siècle  plus 
tôt ,  lorsque,  après  la  perte  de  Harlem ,  un  mi- 
racle seul  put  sauver  Alkmar  et  Leyde.  Le  dieu 
d'alors  est  encore  là ,  et  mieux  vaut  chevaucher 
de  Bruxelles  et  d'Anvers  que  de  Bréda  et  de  Dor- 
drecht  à  la  rencontre  des  Français  ;  mieux,  enfin, 
vaut  mourir  que  de  tomber  aux  mains  de  l'in- 
exorable Louvois  ou  de  quelques  laquais  fran- 
çais chargés  de  la  levée  des  contiibutions.  En 
combattant  pour  la  patrie,  nos  ancêtres  se  sont 
couverts  d'une  immortelle  gloire  ;  à  nous  de 
marcher  sur  leurs  traces.  «  Cependant  la  trêve 
fut  conclue  le  29  juin  1684.  Fagel  eut  une  grande 
part  à  la  prise  de  possession  du  trône  d'Angle- 
terre par  le  prince  d'Orange;  il  en  prépara  les 
voies  en  représentant  le  gendre  de  Jacques  II 
comme  le  défenseur  du  protestantisme;  mais  la 
mort  l'empêcha  de  voir  s'opérer  cette  révolu- 
tion. Sans  avoir  l'énergie  des  de  Witt,  Fagel 
comprit  parfaitement  la  situation  de  son  pays, 
qu'il  sut  diriger  dans  le  sens  des  alliances  qui  lui 
convenaient. 

Ersch  et  Gruber,  Allg.  Enc.  —  Van  Hasselt,  Vniv. 
put.—  Macaulay,  Hist.  of  Engl. 

FAGEi.  (François-Nicolas),  général  hollan- 
dais, neveu  de  Gaspard,  mourut  en  1718. 11  entra 
dans  l'armée  en  1 672,  et  devint  général  d'infanterie 
au  service  des  états  généraux  et  feld -maréchal- 
lieutenant  au  service  de  l'Empire.  Il  se  signala  à 
la  bataille  de  Fleurus  en  1690,  commanda  lors  de 
la  célèbre  défense  de  Mons  eu  1691,  et  lit  preuve 
de  grands  talents  militaires  au  siège  de  Namur,  à 
la  prise  de  Bonn,  puis  dans  le  Portugal  en  1703, 
en  Flandre  en  1711  et  1712,  ainsi  qu'aux  ba- 
tailles de  Ramiilies  et  de  Malplaquet. 

Eue.  des  G.  du  M.  —  C07iver.-Lex. 

FAGEL  (Henri),  né  à  La  Haye,  en  1706, 
mort  eu  1790.  En  1744,  il  devint  greffier  des 
états  généraux ,  et  contribua  en  cette  qualité  à 
l'élévation  de  Guillaume  V  au  stathoudérat,  en 
31747.  Il  ne  prit  pas  une  moindre  part  aux  événe- 
ments qui  signalèrent  le  règne  de  ce  prince,  et 


fit  tous  ses  efforts  pour  empêcher  l'expulsion 
de  la  maison  d'Orange.  On  lui  attribue  une 
traduction  des  Lettres  de  lachj  W.  Montagne, 
publiée  en  société  avec  deux  Français  ;  Rotter- 
dam, 1764. 

Biog.  étr.  —^  Conv.'Lex. 

FAGEL.  (Henri,  baron),  petit-tils  du  pré- 
cédent ,  natif  de  La  Haye ,  mort  dans  la  môme 
ville,  le  24  mars  1834.  Il  devint  secrétaire  d'État 
après  son  père.  Au  mois  de  novembre  1793,  il 
fut  envoyé  à  la  cour  de  Copenhague  pour  engager 
le  Danemark  à  entrer  dans  la  coalition  contre 
la  France.  Au  mois  de  juillet  1794,  le  baron  de 
Fagel  se  rendit  au  quartier  général  du  prince 
de  Cobourg  pour  signer  le  traité  d'alliance  des 
états  généraux  avec  les  rois  de  Prusse  et  d'An- 
gleterre. Après  la  conquête  de  la  Hollande  par 
les  Français,  il  s'exila  avec  les  princes  de  la  mai- 
son d'Orange.  Il  rentra  avec  eux  dans  sa  patrie 
en  1813,  et  signa  le  manifeste  par  lequel  le  prince 
d'Orange  invitait  les  Hollandais  à  secouer  le 
joug  de  la  France.  En  1814,  il  alla  à  Londres  en 
qualité  de  ministre  plénipotentiaire,  et  y  conclut 
un  traité  d'alliance  entre  les  Pays-Bas  et  la  Grande- 
Bretagne.  Rappelé  en  1S24,  il  fut  nommé  mi- 
nistre secrétaire  d'État. 

Bioçir.  élr.  —  Conv.  Lex.  —  Eue.  des  G.  du  M. 

l  FAGEL  (  Robert,  baron  de  ),  frère  du  précé- 
dent, diplomate  et  général  néerlandais ,  né  en 
1772.  Entré  de  bonne  heure  au  service,  il  se 
distingua  dans  les  campagnes  de  1793  et  de  1794 
contre  la  France,  Il  s'exila  lors  de  la  chute  de  la 
maison  d'Orange  et  de  la  conquête  de  la  Hol- 
lande, et  ne  revint  dans  sa  patrie  qu'en  1813.  Ac- 
crédité à  Paris  depuis  1814  par  le  roi  Guil- 
laume F',  il  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  mois 
de  janvier  1854,  époque  à  laquelle  il  prit  sa 
retraite. 

Bioyr.  etr.  —  Conversations-Lexilion.  —  Lesur,  Âiui. 
hist.  univ. 

FAGET  DE  BAURE  [Jacques-Jeun,  baron), 
magistrat  et  historien  français,né  à  Orthez(Béarn), 
le  30  octobre  1755,  mort  le  30  décembre  1817. 
Envoyé  fort  jeune  au  collège  de  Juilly,  il  acheva 
rapidement  ses  études,  et  fut  dès  l'âge  de  dix-neuf 
ans  appelé  à  remplir  les  fonctions  d'avocat  gé- 
néral au  parlement  de  Pau.  Il  se  tint  à  l'écart 
pendant  la  révolution  et  les  premières  années 
de  l'empire.  En  1809  il  obtint,  sur  la  recomman- 
dation de  Daru,  son  beau-frère,  la  place  de 
rapporteur  du  conseil  du  contentieux  de  la  mai- 
son de  Napoléon.  Il  fut  élu  en  1810  membre 
du  corps  législatif,  et  nommé  en  1811  président 
de  chambre  à  la  cour  impériale  de  Paris.  Main- 
tenu sous  la  Restauration  dans  cette  haute  posi- 
tion judiciaire,  il  fut  envoyé  à  la  chambre  des  dé- 
putés par  les  électeurs  des  Basses-Pyrénées,  et  sié- 
gea parmi  les  membres  les  plus  modérés  du  côté 
droit.  On  a  de  lui  :  Histoire  du  Canal  du  Lan- 
guedoc ;  Paris,  1805,  in-S";  —  Essai  historique 
sur  le  Béarn;  Paris,  1818,  in-8°;  —  divers 
morceaux  de  littérature,  insérés  sans  nom  d'au- 
teur dans  Le  Spectateur  du  Nord. 

1. 


7  FAGET  - 

SoQ  fils,  Henri,  né  en  1802,  est  conseiller  à 
la  cour  impériale  de  Paris. 

Rabbe,  Bois),,  etc.,  Biog.  univ.  et  port,  des  Contemp. 

FAGGIVOLA  (  Uçuccione  della),  prince  ita- 
lien, né  à  Maia-Trebara ,  dans  la  seconde  moi- 
tié du  treizième  siècle,  mort  à  Vérone,  en  1319. 
Il  se  signala  dans  le  parti  gibelin  au  commen- 
cement du  quatorzième  siècle.  Uni  aux  Tarlati 
d'Arezzo,  il  fit  la  guerre  aux  Florentins,  qu'il 
battit  à  plusieurs  reprises.  Il  mit  ensuite  au  ser- 
vice de  Pise  sa  petite  armée  d'aventuriers,  et  il 
devint  bientôt  seigneur  de  cette  ville.  Son  pre- 
mier soin  fut  d'enlever  Lucques  au  parti  guelfe. 
Il  se  servit  dans  ce  but  de  certaines  familles 
lucquoises  dévouées  au  parti  gibelin;  ces  fa- 
milles excitèrent  une  émeute,  et,  à  la  faveur  du 
tumulte,  elles  ouvrirent  à  Faggiuola  une  des 
portes  de  Lucques.  Celui-ci  pénétra  dans  la  ville, 
que  ses  soldats  mirent  au  pillage.  Le  trésor  de 
l'église  de  Rome,  qu'on  avait  depuis  peu  trans- 
porté à  Lucques  pour  le  mettre  à  l'abri  de  l'em- 
pereur Henri  Vil,  tomba  entre  les  mains  du 
vainqueur.  Ces  richesses  le  rendirent  très-puis- 
sant, dans  un  temps  où  l'on  pouvait  avoir  pour 
de  l'argent  autant  de  soldats  que  l'on  voulait. 
Les  Florentins,  voyant  que  Faggiuola  avait  joint 
la  seigneurie  de  Lucques  à  celle  de  Pise ,  qu'il 
avait  conquis  toutes  les  forteresses  des  guelfes 
dans  la  vallée  inférieure  de  l'Ai'no  et  dans  la 
Valdinievole ,  implorèrent  le  secours  du  roi  Ro- 
bert d'Anjou,  qui  leur  envoya  son  frère  Pietro, 
duc  de  Gravina.  Faggiuola  assiégeait  Monteca- 
tini  dans  la  Valdinievole.  Pietro  marcha  contre 
lui  avec  des  forces  supérieures.  Faggiuola,  se 
voyant  coupé  du  seul  passage  par  lequel  il  pût 
recevoir  des  vivres,  leva  le  siège,  et  se  retira. 
Les  ennemis  essayèrent  de  lui  barrer  le  chemin; 
mais  ils  furent  enfoncés  par  les  cavaliers  alle- 
mands. Le  duc  Pietro  périt  dans  la  bataille,  livrée 
le  29  août  1315.  Montecatini  se  rendit  aussitôt 
après.  La  fortune  de  Faggiuola  ne  tarda  pas  à 
changer.  Son  fils  Neri,  qui  gouvernait  la  seigeurie 
de  Lucques,  fit  arrêter,  pour  cause  de  brigandage 
et  d'actes  sanguinaires,  Castruccio,jeune  homme 
de  la  famille  des  Interminali ,  tandis  que  lui- 
même  faisait  trancher  la  tête  à  Banduccio  Buon- 
conte ,  citoyen  important  de  Pise,  et  à  son  fils, 
comme  coupables  de  correspondance  avec  Robert.  - 
Ces  deux  actes  d'autorité  excitèrent  à  Lucques  et 
à  Pise  un  soulèvement,  auquel  Faggiuola  et  son 
fils  ne  crurent  pas  pouvoir  résister.  Ils  quittèrent 
leurs  seigneuries ,  et  se  rendirent  auprès  de  Can 
della  Scala,  seigneur  de  Vérone.  En  1317,  Fag- 
giuola essaya  de  rentrer  dans  Pise,  avec  le  se- 
cours de  della  Scala.  Cette  tentative  échoua  com- 
plètement ;  et  deux  ans  après  Faggiuola  mourut, 
d'une  maladie  contractée  au  siège  de  Padoue , 
où  il  avait  accompagné  le  seigneur  de  Vérone. 

Villani,  Istorie  Florentine ,  c.  59.  —  Memorie  et  docu- 
tnenti  per  serv.  ail'  islor.  del  princ.  di  Lucca,  vol.  I, 
p.  245.  —  Caprlolo,  Rittrati  di  cento  Capitani  illustri, 
p.  17.  —  Léo  et  Botta,  Histoire  de  l'Italie  (traduite  par 
M.  Dochez),  t.  II,  p.  68-71. 


FAGIUS  8 

v^GGOT  (Jacques),  célèbre  ingénieur  et  éco- 
nomiste suédois  ,  né  dans  l'Upland,  le  23  mars 
1699,  mort  en  1778.  Après  avoir  étudié  dans  sa 
ville  natale,  il  entra  à  vingt -deux  ans  au  collège 
des  mines.  Dès  cette  époque  il  fit  des  cours  de 
physique  expérimentale  ;  en  même  temps  il  fut 
chargé  par  le  bureau  des  arpenteurs  de  profes- 
ser la  géométrie.  En  1726  il  obtint  dans  la  même 
administration  un  emploi  d'ingénieur,  qu'il  dut 
abandonner  pour  se  consacrer  à  l'exploita- 
tion des  mines  d'alun  situées  aux  environs 
de  Calmar  et  dans  l'île  d'Aaland.  A  son  retour 
il  fut  nommé  inspecteur  du  bureau  des  arpen- 
teurs. Les  indications  qu'il  donna  ensuite  pour 
la  réforme  du  système  des  poids  et  mesures  lui 
firent  confier  la  surveillance  de  cette  branche 
de  l'économie  publique.  Sur  la  proposition  de 
Faggot,  le  bureau  des  arpenteurs  obtint,  en  1734, 
le  privilège  de  la  levée  des  cartes  de  la  Suèfle.  Les 
résultats  de  ses  opérations  furent  la  suppression 
légale  des  communes  et  un  système  d'agricul- 
ture plus  intelligent  :  on  ne  confia  plus  à  de 
simples  mercenaires  le  soin  de  cultiver  le  sol. 
Il  publia  même  sur  ce  sujet  un  important  ou- 
vrage. Après  la  guerre  de  Finlande  (1741  ),  Fag- 
got, consulté  sur  le  mçde  d'administration  de 
cette  province,  indiqua,  d'après  la  connaissance 
qu'il  avait  du  cadastre,  d'utiles  mesures.  En 
1747,  il  succéda  à  Nordenkreutz  dans  la  direc- 
tion du  collège  des  arpenteurs.  Il  indiqua  les 
moyens  d'améliorer  la  fabrication  du  salpêtre, 
proposa  un  nouvel  établissement  de  greniers  pu- 
blics, enfin  fit  introduire  d'utiles  modifications 
dans  la  régie  des  domaines  de  la  couronne.  Secré- 
taire de  l'Académie  des  Sciences  depuis  plusieurs 
années,il  enrichit  de  plusieurs  mémoires  le  recueil 
de  cette  compagnie,  qui  fit  frapper  une  médaille 
en  l'honneur  de  Faggot.  Son  éloge  funèbre,  écrit 
en  suédois  par  Nicander,  a  été  publié  à  Stock- 
holm, en  1779.  On  a  de  Faggot  :  Von  den  Hin- 
dernissenundder  Aufhelfung  der  Landwirth- 
schaft  (Des  Obstacles  qui  entravent  l'économie 
rurale  et  des  moyens  d'y  remédier). 

Adelung,  Suppl.  ù  Jôcher,  Allg.  Gel.-Lexik.  —  Hirs- 
ching,  Hist.  literar.  Handb. 

FAGiroLi  (Jean- Baptiste  ),  poète  italien,  né 
à  Florence,  le  24  juin  1660,  mort  le  12  juillet 
1742.  Il  se  rendit  célèbre  par  ses  poésies  bur- 
lesques, et  fut  l'un  des  fondateurs  de  l'acaclémie 
des  Apatastes.  Après  avoir  longtemps  voyagé 
et  éprouvé  toutes  les  vicissitudes  de  la  fortune, 
il  revint  mourir  dans  sa  patrie.  On  a  de  lui  : 
Bime  piacewZi  ;  Florence,  1729,  2  vol.  in-S";  — 
un  recueil  de  Comédies;  Florence,  1734-1736, 
7  vol.  in-12  ; — des  Ouvrages  en  prose  ;  Florence, 
1737. 

Giulianelli,  Orazione  funèbre  di  J.-B.  Fagiiioli;  Flo- 
rence, 1742. 

FAGICS  (Paul  BncHHEiM,  plus  connu  sous 
le  nom  latin  de),  savant  hébraïsant,  né  à  Sa- 
verne,  en  1504,  mort  à  Cambridge,  le  13  no- 
vembre 1549.  Il  eut  pour  premier  maître  son 


FAGIUS  —  FAGNAN 


10 


père,  qui  tenait  une  école  dans  le  lieu  de  sa 
naissance.  Envoyé  en  1515  à  Heidelberg,  où  il 
fit  ses  humanités,  il  alla  en  1522  étudier  la  théo- 
logie à  Strasbourg  ;  il  se  livra  surtout  à  l'étude 
de  l'hébreu,  qu'il  apprit  de  Wolfgang  Capiton.  La 
pauvreté  l'obligea,  en  1527,  d'accepter  la  place 
de  maître  d'école  à  Isny,  petite  ville  de  la  Souabe. 
Il  occupa  cet  emploi  pendant  dix  ans ,  consa- 
crant tout  le  temps  que  lui  laissait  l'accomplis- 
sement de  ses  devoirs  à  des  travaux  de  théo- 
logie et  de  philologie  hébraïque.  En  1537  U 
changea  ces  modestes  fonctions  pour  celles  de 
ministre  dans  la  même  localité.  Cette  améliora- 
tion dans  sa  position  lui  permit  de  se  procurer 
quelques  livres  et  de  joindre  à  l'étude  de  l'hé- 
breu celle  du  chaldéen.  Cependant  il  avait  le  pro- 
jet de  chercher  un  poste  plus  avantageux,  quand 
un  riche  marchand  d'Isny,  Pierre  Buffler,  lui  of- 
frit de  faire  les  fonds  pour  l'établissement  d'une 
imprimerie,  à  condition  qu'il  se  chargerait  lui- 
même  de  la  diriger.  Fagius  accepta ,  fit  venu- 
d'Italie  Elias  Levita,  et  avec  son  aide  publia  de 
bonnes  éditions  de  divers  ouvrages  en  langue 
hébraïque.  Ces  publications  lui  firent  en  Allema- 
gne la  réputation  d'un  orientaliste  distingué ,  et 
presque  au  même  moment  le  landgrave  de  Hesse 
lui  proposa  une  chaire  de  théologie  à  l'uni- 
versité de  Marbourg,  la  ville  de  Strasbourg 
celle  d'hébreu,  laissée  vacante  par  la  mort  de 
Capiton,  et  la  ville  Je  Constance  une  place  de 
pasteur,  en  remplacement  de  l'éloquent  prédica- 
teur Jean  Zwick.  Fagius  consentit  à  desservir 
pendant  deux  ans  l'église  de  Constance,  et  en 
1544  il  alla  occuper  la  chaire  d'hébreu  de  Stras- 
Iwurg.  Deux  ans  après,  l'électetu-  palatin,  Fré- 
déric II,  le  chargea  de  la  réorganisation  de  l'u- 
niversité de  Heidelberg  ;  Fagius  retourna  ensuite  à 
Strasbourg,  où  il  continua  de  professer  jusqu'à 
la  publication  de  l'intérim.  Ayant  refusé  de 
l'accepter,  il  fut  déposé  ainsi  que  Bucer.  Ils 
passèrent  tous  les  deux  en  Angleterre ,  au  mois 
d'avril  1549.  Thomas  Cranmer  les  fit  nommer 
l'un  et  l'autre  professeurs  à  Cambridge;  mais  à 
peine  étaient-ils  rendus  à  leur  poste ,  que  Fagius 
fut  emporté,  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans,  par 
une  fièvre  violente.  Quelques-uns  de  ses  amis 
soupçonnèrent  qu'il  avait  été  empoisonné.  Sa 
dépouille  mortelle,  déposée  dans  l'église  Saint- 
Michel,  en  fut  tirée,  sept  ans  après,  sous  le  règne 
de  Marie ,  pour  être  brûlée  publiquement ,  en 
même  temps  que  le  corps  de  Bucer,  qui  était 
mort  en  1551.  Elisabeth  fit  recueillir  en  1560 
les  cendres  de  ces  deux  savants  protestants  et 
réhabiliter  leur  mémoire. 

On  a  de  Fagius  :  Lexicon  Chaldaicum,  au- 
ihore  Elija  Levita ,  qiiod  nullum  hactenus 
a  quoquam  absolutius  editum  est,  aim  prae- 
fatione  triplici,una  hebraica  ipsius  authoris 
a  P.  Fagio  latine  reddlta,  relïquis  diiabus 
latinis  ab  eodam  prœfixis  ;  Isny ,  1541,  in-fol.  ; 
—  Liber  Thesbitis  a  doctissimo  hebrxo 
Elija  Levita  germano  grammatice  élabora- 


ius,per  P.  Fagium  latinitate  donatus  ;  Isny, 
1541,  in-4°;  2"  édit.,Bâle,  1557,  in-4°;  —  Com- 
mentarius  hebraicus  R.  David  Kimclii  in 
Xprimospsalmos  Bavidicos,  cum  versione  la- 
tina;  Isny,  1541,  m-fol.;  —  Sententias  vere 
élégantes,  piœ  mireeque  veterum  sapientium 
Hebrmorum,  in  latinum  versm  scholiisque 
illustratee;  Isny,  1541,  in-4''  ;—Exegesis  sïve 
expositio  dictionum  hebraicarum  Utteralis 
et  simplex  in  IV  cap.  Geneseos;  Isny,  1542, 
in-4°;  réimp.  dans  les  Critici  sacri;  —  Sen- 
tentix  morales  ordine  alphabetico  Ben 
Syrse ,  cum  succincto  commentariolo ,  he- 
braice  et  latine;  Isny,  1542,  in-4°;  —  Tobias 
hebraico  ut  is  adhuc  hodie  apud  Judeeos  in- 
venitur,  omnia  ex  hebrœo  in  latinum  trans- 
lata; Isny,  1542,  in-4°  ;  —  Liber  Fidei  seu 
Ver itatis,  in  latinum  translatus  ;ïmj ,  1542, 
in-4''  :  la  même  année,  Fagius  avait  publié  le 
texte  hébreu  de  cet  ouvrage  ;  —  Translatio- 
num  prsecipuarum  Veteris  Testamenti  inter 
se  variantium  Collatio;  Isny,  1543,  in-4°, 
réimp.  dans  les  Critici  sacri;  -■  Compen- 
diaria  Isagoge  in  Lingua  Hebrxa;  Constance, 
1543,  in-40;  —  Prima  IV  Capita  Geneseos 
hebraica  cum  versione  germanicn,  hebralcis 
tamen  characteribus  exarata,  una  cum  suc- 
cinctis  scholiis  et  ratione  legendi  hebrxo- 
germanico  ;  Constance,  1543,  in-4°j  2^  édit., 
Strasbourg,  1546;  _  Paraphrasis  Onkelichal- 
daica  in  sacra  Biblia,  ex  chaldeeo  in  latinum 
fidelissime  versa  :  additis  in  slngulafere  ca- 
pita succinctis  annotationibus  ;  Strasbourg, 
1546,  in-fol.  Les  annotations  ont  été  reproduites 
dans  les  Critici  sacri.  —  M.Weiss,  dansla^/o- 
gruphie  universelle,  lui  attribue  par  erreur 
une  Metaphrasis  et  enarratio  in  Epistolam 
sancti  Pauli  ad  Romanos  :  cet  ouvrage  est 
de  Martin  Bucer.  Michel  Nicolas. 

MM.  Haag,  La  France  protest.  —  Boissard,  Bibliot. 
f^irorwn  illustr.  —  Sclielhorn,  Amœnitates,  t.  XUI.  — 
De  F'ita,  Obitu,  Combustione  et  Restitutione  3Iart. 
Buceri  et  Pauli  Fagii;  Strasbourg,  1562,10-8°. 

FAGIUS.  Voyez  Fau  {Jean- Nicolas). 

FAGNAN  (Marie- Antoinette  dame)  roman- 
cière française ,  née  à  Paris ,  et  morte  dans  la 
même  ville,  vers  1770.  Les  détails  biographiques 
manquent  sur  cette  dame ,  qui  cependant  obtint 
une  certaine  célébrité  littéraire.  On  connaît  d'elle  : 
Minet  bleu  et  Louvette  ;  ce  conte  a  été  imprimé 
d'abord  dans  le  Mercure  de  France ,  réniiprimé 
depuis  dans  la  Bibliothèque  des  Fées  et  des 
Génies,  dansXe  Cabinet  des  Fées,  tome XXXV, 
et  dans  les  Contes  merveilleux  ;  1814,  4  vol. 
in-12.  L'auteur  y  prouve  qu'il  ne  peut  exister 
de  véritable  laideur  chez  les  femmes  qui  ont  de 
l'âme ,  du  sentiment  et  une  véritable  tendresse. 
Quelques  critiques  malins  ont  prétendu  que 
M""*  Fagnan  avait  gagné  sa  propre  cause  dès  son 
premier  ouvrage;  —  Kanor,  conte  traduit  du 
sauvage  ;  Amsterdam  (Paris  ),  1750,  in-12:  la 
scène  de  ce  conte  se  passe  sur  le  bord  du  fleuve 
des  Amazones.  Le  but  de  l'auteur  est  de  prouver 


il 


FAGNAN  —  FAGOIN 


12 


que  le  véritable  amour  peut  faire  des  prodiges  : 
des  détails  ingénieux  et  une  critique  plaisante  des 
usages  français  de  l'époque  rendent  agréable  la 
lecture  de  cet  opuscule  ;  ■--  Le  Miroir  des  Prin- 
cesses orientales  i  Pai'is,  1755,  in-12  :  c'est  un 
miroir  qui  révèle  tout  ce  qui  se  passe  dans  les 
âmes.  L'idée  n'est  pas  nouvelle  :  elle  se  trouve 
dans  les  Mille  et  une  Nuits  de  Galland  :  Lesage 
de  Pitténée  en  avait  fait  le  sujet  d'un  opéra-co- 
mique ;  —  Le  Miroir  magique ,  représenté  en 
1734.  Barbier  et  plusieurs  autres  bibliographes  at- 
tribuent encore  à  M^e  Fagnan  une  plaisanterie  de 
mauvais  goût,  intitulée  :  Histoire  et  Aventures 
de  niylord  Pet,  par  M'^e  F***  ;  La  Haye  (Paris), 
1755,  in-12.  L'épître  dédicatoire  est  signée  Jean 
Fesse.  Ersch,  refusant  de  croire  que  cette  œuvre 
fût  l'ouvrage  d'une  dame,  l'a  mise  sur  le  compte 
du  chevalier  DucloS.  A.  Jadisn. 

Ersch,  La  France  littéraire.  —  Barbier,  Dict.  des  Jno- 
nymes.  —  Chaudon  et  Delandinc,  Dict,  hist. 

FAGNANi  (Jean-Marc),  poète  italien ,  né  à 
Milan,  en  1524,  mort  en  1609.  Il  obtint  dans  sa 
patrie  des  magistratures  éminentes,  et  cultiva 
avec  succès  la  poésie  latine.  Le  seul  de  ses  ou- 
vrages qui  ait  été  publié  est  intitulé  :  De  Bello 
Ariano  Libri  Vî;  Milan,  1604,  in-4°.  Argelati 
cite  encore  de  lui  :  Versus  de  natalt  suo;  — 
Carminaad  Franclscum  Givellium,  parmi  les 
Epigrammata  de  Civelli. 

Argelati,  Biblioth.  3Iediolanensis,  t.  I,  p.  888.  -  Tira- 
boschi,  Storia  delta  Leitcrat.  Ital.,  t.  VIII,  p.  403. 

FAGWANi  (Raphaël),  archéologue  italien, 
né  à  Milan ,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
mort  le  22  septembre  1623.  Tout  en  exerçant  la 
profession  de  jurisconsulte ,  il  s'occupa  particu- 
lièrement des  antiquités  de  Milan.  On  a  de  lui  : 
Nobiles  Familise  Mediolanenses ,  i.  Vlîl;  resté 
en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  des  avocats  de 
Milan;  —  des  poésies  latines  dans  les  Poésie  la- 
tine ed  italiane  di  diversi,  per  la  partenza  di 
ZaccariaSagredOi  podesfà  di  Verona;  Vérone, 
1618,  in-4°. 

Argelati,  Biblioilieca  Mediolanensis,  t.  I,  p.  590.  — 
Tiraboschi,  Storia  delta  Letterat.  Ital.,  t.  VI!I,  341. 

FAGNANï  (Prosper),  canoniste  italien,  né 
en  1598,  mort  en  1678.  Considéré  comme  le 
premier  jurisconsulte  de  son  temps  en  tout  ce 
■  qui  touchait  le  droit  ecclésiastique,  Fagnani  fot 
pendant  quinze  ans  secrétaire  de  !a  Sacrée  Con- 
grégation. Il  perdit  la  vue  à  quarante-quatre  ans, 
et  n'en  poursuivit  pas  moins  ses  importants  tra- 
vaux sur  la  jurisprudence  canonique.  On  a  de 
lui  un  Commentaire  sur  les  Décréfales  ;  Rome, 
1661,  3  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage,  entrepris  par 
l'ordre  du  pape  Alexandre  VU,  témoigne  d'un 
grand  savoir.  L'index  est  rai  chef-d'œuvre  d'au- 
tant plus  extraordinaire  qu'il  à  été  dressé  par  un 
aveugle.  La  meilleure  édition  du  Commentaire 
est  celle  de  Venise  1697,  qui  contient  en  entier  le 
texte  des  Décrélales. 

Tiraboschi,  Storia  delta  Letterat.  Ital.,  t.  Vill,  281.  - 
Moréri,  Grand  Ùict.  hist. 

ikAgnani  ou  FAGNAUiO  (  Le  comte  Jules- 


Charles),  marquis  de  Toschi,  mathématicien 
italien,  né  à  Sinigaglia,  le  6  décembre  1682, 
mort  le  26  septembre  1766.  Il  montra  une  apti- 
tude précoce  pour  les  lettres  et  les  scienceSj  et 
dès  l'âge  de  seize  ans  il  était  membre  de  l'Aca- 
démie des  Arcades.  Divers  mémoires  publiés 
dans  des  journaux  italiens  et  dans  les  ^Ic^cs  de 
Leipzig  le  placèrent  bientôt  au  premier  rang 
des  mathématiciens  de  son  pays.  Il  recueillit 
ces  mémoires  sous  le  titre  de  Produz,ioni  ma- 
tematiehe  ;  Pesaro,  1730,  2  vol.  in-fol.  On 
trouve  dans  le  premier  volume  une  Théorie  gé- 
nérale des  proportions  géométriques  que  Mon- 
tucla  trouve  «  un  peu  volumineuse  ».  Le  second 
contient  un  Traité  des  diverses  Propriétés  des 
Triangles  rectilignes,  "  qui  en  contient  en  effet, 
dit  Montucla,  un  grand  nombre  do  curieuses  et 
de  remarquables  » .  Parmi  les  autres  pièces  de  ce 
second  volume ,  on  en  distingtie  plusieurs  rela- 
tives aux  propriétés  et  à  quelques  usages  de  la 
courbe  appelée  lemniscate.  Aussi  l'auteur  en 
a-t-il  fait  graver  la  figure  dans  le  frontispice  de 
son  livre.  Le  comte  Fagnani  laissa  un  fds,  Jean 
François  de  Toschi  e  Fignano ,  archidiacre  de 
Sinigaglia  et  habile  géomètre.  On  a  de  Jean- 
François  divers  mémoires  intéressants  de  géo- 
métrie et  d'analyse  mathématique,  dans  les  Acta 
Erud.  de  Leipzig  (1774,  75,  76). 

Montucla,  Histoire  des  Mathématiques,  t.  \U,  p  2S6. 
—  Tipaldo,  Biografia  degli  Italiani  illustri,  t.  !«',  p,  160. 

FAGJViER.  Voyez  Faîniek. 

FÂGON  (Giii-Crescent) ,  médecin  et  bota- 
niste français,  né  à  Paris,  le  11  mai  1638,  mort 
en  1718.  Il  était  fils  d'un  commissaire  des  guer- 
res, qui  fut  tué  en  1640,  au  siège  de  Barcelone. 
Son  oncle.  Gui  de  La  Brosse,  était  intendant  du 
Jardin  du  Roi.  Il  fut  de  bonne  hem-e  destiné  à  la 
médecine,  prit  le  bonnet  de  docteur  en  1664, 
et  soutint  à  cette  occasion  une  thèse  sur  la  ciicu- 
latlon  du  sang  :  action  hardie  alors ,  que  les  vieux 
docteurs  ne  pardonnèrent  au  jeune  étudiant  qu'en 
faveur  de  l'esprit  avec  lequel  il  avait  défendu  ce 
prétendu  paradoxe,  aujourd'hui  reconnu  comme 
mie  vérité.  Vallot,  premier  médecin  du  roi ,  avait 
entrepris  de  repeupler  le  Jardin  royal ,  le  livre 
commun  de  tous  les  botanistes  ;  Fagon  lui  offrit 
ses  soins.  Il  parcourut  les  Alpes ,  les  Pyrénées , 
l'Auvergne,  la  Provence,  le  Languedoc,  et  en 
revint  avec  une  riche  moisson  de  plantes.  Son 
zèle  fat  récompensé  par  les  places  de  professeur 
de  botanique  et  de  chimie  au  Jardin  du  Roi.  Sa 
réputation  le  fit  choisir,  en  1680,  pour  premiei 
médecin  de  la  dauphine  (Marie-Christine  de  Ba» 
vière).  Quelques  mois  après ,  il  le  fut  de  la  reine 
(Marie-Thérèse  d'Autriche) ,  et  après  la  mort  de 
cette  princesse ,  le  roi  le  chargea  du  soin  de  la 
sauté  des  eafents  de  France.  Enfin ,  Louis  XIV  le 
nomma,  en  1693,  son  premier  médecin ,  po?fe 
éminent,  où  Fagon  ne  se  fit  pas  moins  remarquer 
par  son  désintéressement  que  par  son  liabileté. 
«  Quoique  parvenu  à  la  première  dignité  de  sa 
profession,  Fagon,  dit  Fonteneile,  ne  se  relâcha 


13 


FAGON 


nullement  du  travail  qui  l'y  avait  élevé.  Il  vou- 
lait la  mériter  encore  de  plus  en  plus  après  l'a- 
voir obtenue.  Les  fêtes ,  les  spectacles ,  les  diver- 
tissements de  la  cour,  quoique  souvent  dignes 
de  curiosité ,  ne  lui  causaient  aucune  distraction. 
Tout  le  temps  où  son  devoir  ne  l'attachait  pas 
auprès  de  la  personne  du  roi ,  il  l'employait  ou 
à  voir  des  malades ,  ou  à  l'épondre  à  des  con- 
sultations, ou  à  étudier.  Tous  les  malades  de 
Versailles  lui  passaient  par  les  mains,  et  sa 
maison  ressemblait  à  ces  temples  de  l'antiquité 
où  étaient  en  dépôt  les  ordonnances  et  les  re- 
cettes qui  convenaient  aux  maux,  différents.  Il 
est  vrai  que  les  suffrages  des  courtisans  en  fa- 
veur de  ceux  qui  sont  en  place  sont  assez  équi- 
voques ,  qu'on  croyait  faire  sa  cour  de  s'adresser 
au  premier  médecin,  qu'on  s'en  faisait  même  une 
espèce  de  loi;  mais,  heureusement  pour  les  cour- 
tisans, ce   premier  médecin  était  aussi  grand 
médecin.  «  Devenu,  en  1698,  surintendant  du 
Jardin  royal,  Fagon  donna  à  Louis  XIV  l'idée 
d'envoyer  Tournefort  dans  le  Levant  pour  enri- 
chir ce  jardin  de  nouvelles  plantes.  Il  devint 
l'année    suivante  membre  de    l'Académie    des 
Sciences.  Sa  santé  avait  toujours  été  très-faible; 
elle  ne  se  soutenait  que  par  un  régime  presque 
superstitieux,  et  «  il  pouvait,  dit  Fontenelle,  don- 
ner pour  preuve  de  son  habileté,  qu'il  vivait  ». 
Mais   l'art  céda  enfin ,  et  il   mourut   âgé    de 
près  de  quatre-vingts  ans.  Il  laissa  deux  fils  : 
l'aîné,  Anioine,  évêque  de  Lombez,  puis  de 
Vannes ,  mourut  le  16  février  1742  ;  et  le  second, 
Zoîcis ,  conseiller  d'État  ordinaire    au  conseil 
royal,  intendant  des  finances,  mourut  à  Paris, 
le  8  mai  1744,  sans  avoir  été  marié.  Outre  un 
profond  savoir  dans  sa  profession,  Fagon  avait 
une  érudition  très-variée.  11  eut  part  à  la  rédac- 
tion du  Catalogue  du  Jardin  royal,  public  en 
1665,  sous  le  titre  à'Horlus  reghis.  Il  orna  ce 
recueil  d'un  petit  poème  latin,  intitulé  ;   Car- 
men cjratulatorium  illustrissimo  Horti  Regii 
restauratori  D.  D.  Antonio  Vallot ,  archla- 
iroruni  prlncipi.  On  a  encore   de  lui  :  Les 
Qualités  du  Quinquina;  Paris,  1703,  in-12;  — 
plusieurs  Observations  publiées  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Sciences ,  une  entre 
autres  Sur  le  blé  cornu  en  ergot  et  sur  Vespèce 
de  gangrène  qu'il  procure  à  ceux  qui  en  man- 
gent la  farine. 

VonicnaUe,  Éloges  (1er,  Académiciens,  t.  II.  —  t^^loy. 
Dut.  kisl.  de  la  Médecine.  —Saint-Simon,  Mémoires. 

*  FAGîTNDSîs  (Le.  P.  Estevam),  tiiéoiogien  i)or- 
tugais,  né  à  Viana,  dans  la  deuxième  moilic  du 
seizième  siècle ,  mort  le  31  janvier  1G45.  Il  entra 
à  dix-sopt  ans  chez  les  Jésuites,  qui  l'envoyè- 
rent professer  la  théologie  à  Bra^a,  puis  à  Porta- 
lègre.  C'était  une  des  lumières  de  son  ordre;  il 
a  donné  :  Quxstiones  de  christiants  officns 
et  casibus  conscieniix,  etc.;  Lyon,  1626,  in- 
fol.  :  livre  prohibé  par  l'inquisition;  —  Infor- 
matio  pro  opinione  esus  ovorum  et  lacticinlo- 
rum  tempore  QuaOragcslmce ;  1630,  in- fol.. 


FAHRENHEIT  14 

imp.  à  Salamanque,  au  collège  de  la  Compagnie. 
Ce  livre  a  paru  de  nouveau  sous  ce  titre  :  Apo- 
logeticus  tractatus  ad  quœstionem  de  lacti- 
ciniorum  ovorumque  esu  tempore  quadra- 
gesimali;  Lyon,  1631,  in-8°.  F.  Denis. 
Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

;j  FAHLCRAWTZ  {  Charles- Jean  ) ,  peintre 
paysagiste  suédois,  né  le  29  novembre  1774.  Il 
se  forma  dans  son  art  à  l'aide  de  ses  seuls  ef- 
forts :  il  s'appliqua  surtout  à  l'étude  de  la  nature, 
qui  depuis  l'inspira  toujours.  Il  ne  connut  guère 
que  les  paysages  septentrionaux,  et  ne  visita  point 
l'Italie.  Renommé  comme  peintre  dès  le  com- 
mencement du  siècle,  il  fut  nommé  professeur 
en  1815.  Ses  tableaux  les  plus  remarquables  sont 
en  la  possession  du  roi  de  Suède;  il  peignit 
aussi  des  Vues  du  Nord  pour  le  roi  de  Dane- 
mark Frédéric  VI.  Quelques-unes  de  ses  pro- 
ductions, tirées  du  Frithiofssage  de  Tegner,  ont 
été  lithographiées  par  Ancharsward. 

Conversat.-Lex.  —  Nagler,  Neues  Allg.  Kûnstl.-Lexic. 
—  Ehrenstioom,  Notice  sur  la  Littérature  et  les  Beaux- 
Jrts  en  Suéde;  1826. 

*  F A.Bi.cnxNrz  (Christian-Eric) ,  frère  du 
précédent,  poète  et  théologien  suédois,  né  à 
Upsal,  en  1790.  Nommé  professeur  à  Upsal  en 
1829,  il  devint  ensuite  évêque  de  Westeras.  On  a 
de  lui  :  Noach's  Ark  (L'Arche  de  Noé);  1825- 
1820;  —  Ansgarius,  poème  épique;  Upsal, 
1846;  —  Evangelische  Alliancen  (Alliances 
évangéliques  )  ;  Upsal,  1847.  Fahicrantz  publie 
depuis  1839,  avec  Knôs  et  Almquist,  Die  eccle- 
siastik  Tidskrift  {h%5oums\  ecclésiastique). 
Conver.iations-Lexikon. 

FAHLENius  (Eric),  théologien  suédois, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-  liuitième 
siècle.  De  1701  à  1708,  il  professa  le  grec  et  les 
langues  orientales  à  Pernau.  Ses  ouvrages  sont  : 
Disputationes  duo  priora  caplta  ex  comment. 
li.  Isaae  Abarbanelis  in  prophetam  Jonam, 
in  linguam  latinam  translata;  1696;  —  Ora- 
tio  introductoriade  triplici  Judœorum  libros 
sacros  commentandi  ratione  eorumdemque 
scriptorum  tisu  et  utilitate  in  scholis  chris- 
tianorum;  1701;  —  Disputatio  de  promut- 
gafione  Decalogl;  1706. 

Gadebusch,  Liefl.  Bibl. 

FAHRENHEIT  (Gabriel-Daniel),  physicien 
allemand  ,  né  à  Dantzig,  en  1690,  mort  eu  1740. 
Destiné  au  commerce  par  ses  parents,  il  préféra 
à  cette  carrière  les  spéculations  scientifiques.  Il 
construisit  des  instruments,  et  visita  ensuite  la 
France  et  l'Angleteri-e  pour  compléter  ses  con- 
naissances. Établi  plus  tard  en  Hollande,  il  y 
vécut  dans  la  société  des  hommes  les  plus  dis- 
tingués. Après  avoir  adopté  l'alcool  comme  li- 
quide thermométrique,  il  eut  l'idée,  vers  1720, 
de  choisir  le  mercure  comme  moyen  de  mesurer 
la  chaleur.  «  Ce  métal ,  dit  M.  Figuier,  réunit 
en  effet  toutes  les  conditions  désirables  :  il  n'entre 
en  cbullition  qu'à  une  température  très- élevée, 
et  peut  servir,  par  conséquent,  à  mesurer  la  cha- 


15 


FAHRENSEIT  —  FAIDIT 


16 


leur  dans  des  termes  fort  étendus  :  il  ne  se  con- 
gèle qu'à  une  température  qui  ne  se  réalise  ja- 
mais dans  nos  régions  ;  enfin,  et  c'est  là  le  point 
capital  pour  son  application  comme  agent  ther- 
mométrique, il  se  dilate  uniformément,  c'est-à- 
dire  que  son  augmentation  de  volume  est  exac- 
tement proportionnelle,  au  moins  dans  une 
échelle  très-étendue ,  à  la  quantité  de  calorique 
qu'il  reçoit.  »  Fahrenheit  prit  l'ébullitioa  de  l'eau 
pour  point  fixe  supérieur,  et  pour  l'inférieur  il 
adopta  le  degré  de  froid  éprouvé  à  Dantzig  en 
1709,  et  qu'il  reproduisit  au  moyen  d'un  mélange 
de  neige  et  de  sel  ammoniac.  L'intervalle  qui 
séparait  ces  deux  points  fut  divisé  eu  212  parties 
égales,  de  telle  sorte  que  le  point  de  la  congéla- 
tion de  l'eau  correspondait  à  32  degrés,  celui  de 
la  température  du  corps  humain  à  96  degrés ,  et 
celui  de  l'ébuUition  de  l'eau  à  212  degrés.  Le 
thermomètre  de  Fahrenheit  n'est  plus  aujour- 
d'hui en  usage  qu'en  Angleterre;  en  France  on 
adopta  celui  deRéaumur,  construit  vers  1730,  et 
dont  les  deux  points  fixes  sont  le  terme  de  la 
glace  fondante  et  celui  de  l'ébuUition  de  l'eau, 
avec  un  intervalle  de  80  parties  égales.  Le  ther- 
momètre de  Réaumur  a  fait  depuis  lors  place  au 
thermomètre  centigrade.  «  En  multipliant,  les 
degrés  du  thermomètre  de  Réaumur  par  ^U,  on 
les  transforme  en  degrés  centigrades  ;  et  réci- 
proquement, en  multipliant  les  degrés  centigrades 
par  Vj,  on  les  transforme  en  degrés  de  Réaumur. 
Pour  convertir  en  degrés  centigrades  une  tempé- 
rature exprimée  en  degrés  de  Fahrenheit,  il  suffit 
d'en  retrancher  32  et  de  multiplier  le  reste  par 
V»  ».  Fahrenheit  construisit  aussi  un  aéromètre, 
pris  ensuite  pour  modèle  par  Tralles,  Nicholson 
et  Charles.  Dans  ses  dernières  années,  il  inventa 
une  machine  à  dessécher  les  contrées  inondées 
et  pour  laquelle  il  se  fit  accorder  un  privilège  ;  il 
légua  à  son  ami  S'Gravesande  le  soin  de  perfec- 
tionner cette  machine.  Le  légataire  y  introduisit 
des  changements  qui  la  rendirent  impraticable,  et 
l'invention  de  Fahrenheit  tomba  dans  l'oubli.  On 
trouve  dans  les  Philosophical  Transactions 
(1724,  t.  XXXIII)  cinq  mémoires  scientifiques  de 
Fahrenheit  ayant  pour  titres  :  Expérimenta 
circa  gradum  caloris  liquorum  nonnullo- 
rum  ebullientiîim  instituta;  —  Expéri- 
menta et  Observationes  de  congelatione  aquse 
in  vacuo  fact3È  ;  —  Materiarum  quarumdam 
gravitâtes  specificse,  diversis  temporibus  ad 
varias  scopos  exploratae;  —  Arœometri  novi 
Descriptio  et  usus  ;  —  Barometri  novi  Des- 
criptio.  V.  R. 

Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyelop.  —  Convers.-Lexik. 
—  Figuier,  Expos,  et  Hist.  des  principales  Découvertes 
scientifiques  modernes, p,  112.—  F.  Hoefer,  Dict.  dePhy- 
siqite  et  de  Chimie ,  p.  421-422. 

*  FAiDER  (Charles),  jurisconsulte  belge, 
né*vers  1805.  Il  étudia  le  droit,  fut  reçu  avocat  à 
Bruxelles,  et  plus  tard  nommé  avocat  général.  En 
novembre  1852,  le  roi  Léopold  lui  confia  le  mi- 
nistère de  la  justice.  M.  Faider  avait  déjà  mérité, 
par  ses  écrits ,  d'être  reçu  au  nombre  de^  mem- 


bres correspondants  de  l'Académie  royale  des 
Sciences,  Lettres  et  Beaux- Arts  de  Belgique.  On 
a  de  lui  :  Coup  d'œii  historique  sur  les  ins- 
titutions provinciales  et  communales  en  Bel- 
gique, suivi  de  quelques  mots  sur  les  prin- 
cipes d'organisation;  Bruxelles,  1834,  in-8o; 

—  Études  sur  les  constitutions  nationales 
(  Pays-Bas  autrichiens  et  pays  de  Liège  )  ; 
Bruxelles,  1842,  in-8°  ;  —  Esquisse  du  déve- 
loppement social  de  la  Belgique  (dans  le 
Trésor  national,  livraison  de  septembre  t842)  ; 

—  État  de  l'instruction' primaire  en  Belgi- 
que, de  1830  à  1840;  Bruxelles,  1842,  in-8'';  — 
Remarques  sur  Hembyse ,  histoire  gantoise  à 
la  fin  du  seizième  siècle  (dans  la  Revue  belge , 
tome  m,  26  livraison)  ;  —  De  la  Nationalité 
littéraire  en  Belgique  et  du  nouveau  drame 
de  M.  Prosper  Noyer  (ibid.,  5e  livraison);  — 
Paroles  d'un  Voyant;  Bruxelles,  1834,  in-18; 
œuvre  de  jeunesse,  inspirée  par  les  Paroles 
d'un  Croyant  de  l'abbé  de  Lamennais  ;  —  De 
la  Personnification  civile  des  Associations 
religieuses  en  Belgique  ;  Bruxelles,  1846,  in-S"; 

—  Jurisprudence  scandée;  Bruxelles,  1847, 
in-8°  (  extrait  de  la  Belgique  judiciaire ,  année 
1847,  n°  52);  —  De  la  Désuétude  des  Lois; 
Bruxelles,  1848  (extrait  du  Moniteur  belge); 

—  Particularités  sur  les  anciennes  fonda- 
tions de  bourses  de  l'université  de  Louvain  ; 
in-8°  (extrait  du  tome  XV  des  Bulletins  de 
l'Académie  royale  de  Belgique ,  et  reproduit 
dans  {'Annuaire  de  l'Université  catholique  de 
Louvain,  année  1849);  —  Étude  sur  l'Appli- 
cation des  lois  Inconstitutionnelles;  in-S" 
(extrait  du  tome  XVII  des  Bulletins  de  V Aca- 
démie royale).  M.  Faider,  dans  cet  ouvrage,  se 
range  à  l'avis  de  ceux  qui  pensent  que  les  tribu- 
naux doivent  appliquer  la  loi ,  sans  en  examiner 
préalablement  la  constitutionnalité.  Cet  ou- 
vrage a  été  réfuté  par  M.  Eugène  Verhaegen, 
sous  ce  titre  :  Lettre  à  M.  Ch.  Faider,  avocat 
général  à  la  cour  d'appel  de  Bruxelles ,  sur 
son  examen  de  la  brochure  intitulée  ;  Des  Lois 
inconstitutionnelles;    Bruxelles,    1850,    in-S"; 

—  Des  articles  bibliographiques,  dans  la  Belgi- 
que judiciaire;  —  des  rapports  étendus  et  rai- 
sonnés,  dans  les  Bulletins  de  la  Commission 
centrale  de  Statistique,  etc. 

Moniteur  belge,  n°  289,  17  octobre  1832.  —  Bulletin  du 
Bibliophile  belge,  t.  VU.  —  Biographie  générale  des 
Belges.  —  Dict.  des  Hommes  de  Lettres  de  la  Belgique. 

FAIDIT  (  Gaucelm  ) ,  célèbre  troubadour,  né 
àUzerehe,  mort  vers  1220.  Il  était  fils  d'un 
bourgeois  de  cette  ville ,  et  eut  une  jeunesse  des 
plus  orageuses.  S'étant  ruiné  au  jeu  de  dés ,  il 
se  fit  histrion  et  jongleur,  et  se  maria  à  une  fille 
de  mauvaises  mœurs,  nommée  Guillelma  Monja. 
Ils  parcoururent  ensemble  le  monde  en  chanteurs 
ambulants  (e  cantava  piegz  dôme  delmon). 
La  réputation  de  Faiditse  fit  longtemps  attendre, 
et  il  parut  s'en  consoler  avec  Guillelma ,  en  vi- 
dant des  brocs  de  vin  et  en  faisant  bonne  chère, 


Î7 


FAIDIT  —  FAIGUET 


T8 


ce  qui  leur  donna  un  embonpoint  de  Silène ,  et 
les  mit  souvent  dans  le  besoin.  Le  marquis  de 
Montferrat  vint  à  leur  secours  en  des  jours  de 
détresse  ;  il  les  mit  en  avoir,  et  leur  fit  présent 
de  robes  et  d'armes  (  mes  lo  en  aver  et  en  rau- 
bas  et  en  armes  ).  Lorsque  Faidit  eut  acquis  le 
nom  de  troubadour,  il  fut  recherché  par  le  fils 
de  Henri  H,  Richard  Cœur  de  Lion,  comte  de 
Poitou ,  qui  devait  monter  sur  le  trône  de  l'An- 
gleterre et  venir  mourir  dans  la  patrie  de  Faidit, 
devant  Chalus,  non  loin  du  castel  d'Hélias 
d'Hisel,  autre  troubadour  limousin.  Il  existe  sur 
la  mort  de  Richard  des  vers  de  Faidit ,  et  ce  sont 
les  plus  beaux  de  sa  muse  :  «  La  mort,  s'écrie- 
t-il ,  a  enlevé  au  monde  tout  l'honneur,  toutes 
les  joies  ,  tous  les  biens ,  en  frappant  Richard. 
Si  rien  ne  peut  garantir  d'elle,  devrait-on  tant 
craindre  de  mourir.!»  »  Les  autres  poésies  de 
Faidit  roulent  en  partie  sur  l'amour,  et  les  au- 
teurs se  plaisent  à  parler  de  celles  qu'il  adressa 
à  Marie  de  Ventadour.  Faidit  l'aima  passionné- 
ment ;  elle  le  souffrit ,  à  raison  du  mal  qu'elle 
lui  causait,  et  leur  amour  dura  sept  ans  (  et  en 
aissi  duret  lur  amor  be  sept  ans).  C'était  du  côté 
de  Marie  de  Ventadour  un  amour  vaniteux  et 
sournois,  qui  porte  la  femme  à  sourire  au  poète 
pour  en  être  chantée  et  appelée  la  plus  belle  entre 
toutes  les  belles.  Faidit  voulait  d'autres  faveurs, 
et  ne  pouvant  les  obtenir,  il  fut  jusqu'à  implorer 
la  pitié.  Il  compare  Marie  de  Ventadour  à  la  ta- 
rentule qui  fait  mourir  en  riant,  et  lui  souhaite 
un  amant  dont  les  infidélités  le  vengent.  «.  Il  l'ai- 
mera toujours,  ajoute-t-il,  quoiqu'il  sache  bien 
que  c'est  là  une  folie.  «  Marie,  fatiguée  de  ses  ob- 
sessions et  voulant  conserver  son  poète ,  sans  se 
rendre  pourtant  à  ses  désirs,  alla  consulter  la 
jeune  et  jolie  Audièrede  Malemont,  qui  prit  sur  elle 
d'arranger  l'affaire.  Celle-ci  écrivit  à  Faidit 
«  qu'il  eflt  à  aimer  mieux  un  petit  oiseau  sur  le 
poing  qu'une  grue  volant  dans  le  ciel  ».  Faidit 
étant  accouru  lui  demander  l'explication  de  cette 
énigme,  en  reçut  la  réponse  suivante  :  <c  Marie 
est  la  grue,  et  je  suis  le  petit  oiseau  que  vous 
tiendrez  sur  le  poing:  je  vous  veux  pour  amant, 
et  je  vous  ferai  don  de  moi  et  de  mon  amour.  » 
Faidit  à  ces  mots  fut  transporté  de  joie,  et 
pi'omit  d'oublier  Marie  de  Ventadour  ;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  se  convaincre  que  les  paroles  d'Au- 
dière  de  Malemont  n'étaient  point  sincères.  «  Ce 
que  je  vous  ai  promis,  lui  dit-elle,  ce  n'est  pas 
de  vous  aimer  d'amour  ;  mais  j'ai  voulu  vous 
arracher  de  la  prison  où  vous  étiez.  »  Faidit 
en  vain  implora  grâce ,  il  lui  fallut  chercher  d'au- 
tres amours.  Il  ne  fut  pas  plus  heureux  auprès 
de  la  comtesse  d'Aubusson,  qui  donna  rendez- 
vous  à  son  amant ,  Hugues  Brun ,  dans  la  maison 
même  de  Faidit,  pendant  que  ce  dernier  était 
absent;  ce  fut  Guillelma  qui  les  reçut.  Faidit, 
étant  de  retour,  apprit  cet  outrage,  et  s'en  vengea 
par  une  chanson  satirique,  où  il  dit  qu'il  «  con- 
naît une  dame  qui  ne  logea  jamais  l'honneur 
sous  sa  ceinture  ».  Il  fit  part  de  ces  vers  à  Marie 


de  Ventadour,  dans  l'espoir  de  rentrer  dans  ses 
bonnes  grâces ,  mais  elle  ne  voulut  plus  le  revoir. 
Faidit  partit  alors  pour  la  croisade  :  c'était 
Marie  de  Ventadour  qui  l'avait  engagé  à  se  faire 
croisé,  pour  être  plus  digne  d'elle.  Les  adieux  du 
poète  ressemblent  à  ceux  de  Marie  Stuart  quit- 
tant la  Fiance  ;  «  Adieu ,  s'écrie-t-il ,  gentil  Li- 
mousin; je  quitte  votre  doux  pays,  pays  si 
agréable,  des  seigneurs  et  des  voisins ,  des  dames 
d'un  mérite  distingué,  fleurs  de  courtoisie;  aussi 
je  languis,  je  gémis,  je  soupire  nuit  et  jour.  « 
De  retour  de  la  croisade ,  Faidit  fut  reçu  par  le 
marquis  de  Montferrat,  puis  par  messire  d'Agoult, 
seigneur  de  Sault  et  provençal.  Ce  qui  sur- 
prendra, après  ses  mésaventures  en  amour, 
c'est  qu'il  aima  encore  une  noble  châtelaine, 
Jordana  de  Brun ,  et  il  eut  pour  rival  Alphonse  II, 
comte  de  Provence.  La  jalousie  le  jeta  dans  le 
plus  profond  désespoir.  Il  crut  que  Jordana 
payait  le  comte  de  retour;  mais  détrompé ,  il  im- 
plora sa  grâce,  et  dit  à  Jordana  qu'il  lui  serait  aussi 
fidèle  que  le  lion  de  Gouffier  de  Lastours.  Faidita 
laissé  un  grand  nombre  de  chansons  et  plusieurs 
autres  pièces  devers.  Nous  citerons  Le  Triomphe 
de  V Amour,  que  Pétrarque  a  imité;  —L'Hé- 
résie des  Prêtres,  espèce  de  comédie,  dans  la- 
quelle il  favorise  les  sentiments  des  Vaudois  et  des 
Albigeois.  Il  en  composa  d'autres,  qu'il  vendit, 
dit-on,  jusqu'à  3,000  livres.      Martial  Abdoin. 

Nadaud,  niss.,t.lV, p.  195-196.— J.  deNostrc-Dame.Wisï. 
poét.  prov.,  ch.  14.  —  La  Croix  du  Maine,  Bibl.  franc., 
p.  11.  — Du  Verdier  de  Vauprivas,  Bibl.  franc.,  t.  I,  p.  is, 
16.  —  Bib.  imp,,  Mss.  7225.—  Vaissettc,  Hist.  du  Langue- 
doc, t.  lli,  p.  518.  —  Fontenelle .  t.  IV,  p.  367-368.  —  hist- 
littéraire  des  Troubadours,  t.  I,  p.  3B4.  —  Dict.  des 
Mœurs  des  Français,  poésie.  —  Marchangy,  Caule  poé- 
tique. —  Pétrarque,  Poëme  du  Triomphe  de  l'Amour, 
chant.  4. 

FAiEL.  Voyez  Fayel. 

FAiGCET  DE  VILLENEUVE  (Joachim),  et 
non  Faignet ,  économiste  français ,  né  à  Mon- 
contour  (Bretagne),  le  16  octobre  1703,  mort 
en  1780.  Il  fut  d'abord  maître  de  pension  à  Paris, 
puis  trésorier  au  bureau  des  finances  de  Cliàlons- 
sur-Marne.  Ona  de  lui:  dans  V  Encyclopédie  mé- 
thodique, les  articles  Citation,  Dimanche, 
Épargne,  Études;  V Économie  politique 
contenant  des  moyens  poxir  enrichir  et  pour 
perfectionner  l'espèce  humaine;  Paris,  1763, 
in-12.  L'auteur  y  propose  d'établir  en  Franc*  une 
régie  ou  compagnie  perpétuelle,  destinée  à  recevoir 
les  économies  des  artisans,  des  domestiques,  etc.; 
cette  idée ,  on  le  voit,  a  été  réalisée  de  nos 
jours  par  la  création  des  caisses  d'épargne.  Fai- 
guet  donna  à  plusieurs  exemplaires  de  son  ou- 
vrage le  titre  de  L'Ami  des  Pauvres,  ou  l'éco- 
nome politique;  1766,  in-12.  Il  y  joignit  un 
Mémoire  sur  la  diminution  des  fêtes ,  im- 
primé avec  des  signes  ou  caractères  nouveaux, 
qui  le  rendent  fort  difficile  à  lire.  11  y  essayait  de 
rapprocher  l'orthographe  de  la  prononciation  ;  — 
Mémoire  sur  la  conduite  da:  finances  et  sur 
d''autres  objets  intéressants  ;  Amsterdain,  1720 
(1770),  in-12.  On  y  trouve  les  Moyens  de 


19 


FAIGUET  —  FAIIS 


20 


subsistance  pour  nos  troupes,  à  la  décharge 
du  roi  et  de  l'État,  imprimés  séparément  en 
1769  ;  —  Légitimité  de  l'usure  légale ,  où  l'on 
prouve  son  utilité ,  etc.  ;  Amsterdam  ,  1770, 
in-12.  L'auteur  y  discute  les  passages  de  rAncien 
et  du  Nouveau  Testament  sur  l'usure  ou  prêt  à 
intérêt  ;  et  il  démontre  clairement  que  les  ca- 
suistes  sont  en  contradictiou  avec  eux-mêmes.  A 
la  fin  de  son  livre,  on  lit  les  deux  vers  suivants  : 

A  cinquante-cinq  ans,  avocat  de  l'usure. 
J'instruisais  la  Sorfaonne  et  la  magistrature  ; 

—  V  Utile  emploi  des  Religieux  et  des  Commu- 
nautés, ou  mémoire  politique  à  l'avantage 
des  habitants  de  la  campagne;  Amsterdam, 
1770,  in-12.  Faiguet  se  fit  encore  connaître  par 
différents  moi'ceaux  de  prose  et  de  vers,  insérés 
dans  le  Mercure  et  dans  d'autres  journaux.  Il 
inventa ,  pour  le  service  des  armées ,  une  sorte 
de  fours  mobiles  et  portatifs,  dont  les  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences,  année  1761 ,  font 
une  mention  honorable.  Il  est  aussi  le  premier 
qui  ait  fabriqué  en  France  un  pain  composé  de 
trois  parties  égales  de  froment,  de  seigle  et  de 
pommes  de  terre.  P.  Levot. 

Barbier,  Examen  critique  et  Complément  des  Diction- 
naires historiques. 

*  FA-HiAN  OU  cHi-FÀ-inAN ,  célèbre  voya- 
geur chinois,  vivait  au  quatrième  siècle  de  J.-C. 
Il  se  livra  dès  sa  jeunesse  à  l'étude  des  idées  re- 
ligieuses que  les  disciples  de  Bouddha  avaient 
nouvellement  introduites  en  Chine.  Instruit  par 
un  des  plus  zélés  missionnaires  venus  del'Hin- 
doustan ,  Kieou-Ma-Lo-Chi ,  il  voulut  l'imiter  et 
contribuer  à  répandre  dans  le  monde  les  prin- 
cipes saraanéens.  Accompagné  de  quelques  reli- 
gieux, il  partit  vers  400  de  Tchhang'An,  et  parcou- 
rut successivement  les  royaumes  deKhian-Kouei, 
de  Néou-Than,  de  Chen-Chen,  de  On-I,  de  Kiè- 
Tchha,deTho-Ly,  d'Ou-Tchang,  deSu-Ho-To,et 
plus  de  vingt-cinq  autres  qu'il  serait  trop  long  d'é- 
numérer;  il  traversa  des  déserts,  tels  que  le  Cha- 
Ho  (Fleuve  de  Sable),  large  de  150  lieues,  passa 
le  Gange,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  fleuves, 
gravit  les  plus  hautes  montagnes ,  escalada  les 
rochers,  rampa  sur  le  bord  d'immenses  préci- 
pices, affronta  les  tempêtes  dans  les  mers  de 
Ceylan,et  revint  sain  et  sauf  à  Tchhang'An,  près 
de  quinze  années  après  sondépart,  ayant  fait  plus 
de  trois  mille  lieues  européennes.  Il  s'occupa  aus- 
sitôt de  la  rédaction  des  notes  qu'il  avait  prises 
durant  sa  route,  et  les  publia,  vers  419,  sous  le 
titre  de  Foe-Koue-Ki,  avec  la  collaboration  d'un 
certain  Pa-Lo-Thsan.  Ce  livre  a  eu  en  Chine  un 
grand  nombre  d'éditions  ;  on  le  considère  comme 
un  des  plus  importants  pour  l'étude  de  la  géo- 
graphie et  de  l'histoire.  M.  Rémusat,  qui  en  a  fait 
le  sujet  d'une  étude  spéciale  et  très-conscien- 
cieuse, dit  du  Foe-Koue-Ki  qu'il  est  écrit  dans 
un  style  très-simple  et  sans  difficultés.  Il  ajoute 
qu'il  contient  des  renseignements  que  l'on  cher- 
cherait vainement  dans  les  écrits  des  Occiden- 
taux et  peut-être  dans  ceux  des  Indiens  eux- 


mêmes.  «  Sa  relation  est  donc  aussi  précieuse 
pour  la  géographie  comparée  que  pour  l'histoire 
des  régions  orientales.  »  L'édition  de  M.  Abel 
Rémusat  est  ainsi  intitulée  :  Foe-Koue-Ki,  ou  re- 
lation des  royaumes  bouddhiques,  voyage 
dans  la  Tartarie,  dans  l'Afghanistan  et 
dans  l'Inde,  à  la  fin  du  quatrième  siècle,  par 
Chi-Fa-Hian  ;  Paris,  imprimerie  royale,  1836  , 
in-4".  Il  est  accompagné  d'un  commentaire 
très-précieux,  et  d'autant  plus  méritoire  que 
tous  les  monuments  décrits  par  Chi-Fa-IIian 
ont  disparu  depuis  des  siècles  et  qu'un  très-grand 
nombre  des  lieux  qu'il  indique  ont  changé  de 
nom.  M.  Charton  a  donné,  en  1S54,  une  nou- 
velle édition  du  Foe-Koue-Ki  dans  son  Histoire 
des  Voyages  {!"  vol.,  p.  356).  Louis  Lacour. 

Documents  inédits. 

FAIL  (iVoé7  nu).  Voy.  Dufail. 

FAILLE  (De  La).  Voyez  La  Faille. 

FAIN  (Agathon- Jean-François,  baron),  his- 
torien français,  né  le  11  janvier  1778,  à  Paris, 
mort  dans  la  même  ville,  le  16  septembre  1837. 
Entré  comme  surnuméraire ,  dès  l'âge  de  seize 
ans,  au  comité  militaire  de  la  Convention  natio- 
nale, il  fut  admis  dans  les  bureaux  du  Directoire 
après  le  13  vendémiaire  an  iv  par  Barras  et  Le- 
tourueur  (de  la  Manche),  et  de  Lagarde, 
alors  secrétaire  générai ,  en  fit  le  chef  de  son 
bureau  particulier.  Devenu  bientôt  après  chef  de 
division,  Fain  se  trouva  chargé  de  la  direction 
de  tous  les  travaux  du  secrétariat  général.  Sous 
le  consulat,  il  passa  à  la  sécrétai l'erie  d'État.  Il 
eut  d'abord  la  division  des  archives,  et  bientôt 
il  obtint  la  confiance  de  Maret,  depuis  duc 
de  Bassano.  En  1806,  c'est-à-dire  à  vingt-huit 
ans,  il  entra  avec  le  titre  de  secrétaire-archiviste 
au  cabinet  particulier  de  l'empereur.  Depuis  lors 
il  suivit  Napoléon  dans  toutes  ses  campagnes  et 
dans  ses  différents  voyages.  Ce  prince  le  créa 
baron  de  l'empire  en  1809,  et  deiix  ans  après 
maître  des  requêtes.  Au  commencement  de  1813, 
après  la  campagne  de  Russie,  le  baron  Fain  fut 
nommé  secrétaire  du  cabinet.  Il  ne  quitta  plus 
l'empereur  jusqu'à  l'abdication  de  Fontainebleau. 
Le  soir  même  du  20  mars  1815,  il  fut  réins- 
tallé dans  ses  fonctions  aux  Tuileries  avec  le  ti- 
trede  premier  secrétaire  du  cabinet  de  l'empereur, 
qu'il  accompagna  à  Waterloo.  Le  baron  FaiH , 
oui  le  6  juillet  avait  été  porté,  après  la  seconde 
abdication  de  Napoléon,  aux  fonctions  d'adjoint 
au  ministre  secrétaire  d'État  pi'ès  le  gouverne- 
ment provisoire,  se  retira  dès  le  8  du  même  mois, 
jour  où  les  Bourbons  rentraient  à  Paris.  Il  em- 
ploya les  loisirs  de  cette  retraite  de  quinze 
années  à  rédiger  ses  souvenirs  sur  l'empereur, 
et  il  a  inscrit  avec  honneur  son  nom  parmi 
les  annalistes  du  règne  de  Napoléon  P''.  Rappelé 
aux  Tuileries,  dès  le  mois  d'aofit  1830,  par 
le  roi  des  Français,  avec  le  ttrc  de  premier 
secrétaire  du  cabinet,  il  fut  également  rétabli 
l'année  suivante,  dans  la  dignité  de  commandeur 
de  la  Légion  d'Honneur,  qui  lui  avait  été  con- 


21  F  AIN  — 

férée  eti  1815.  Lorsqu'à  deux  reprises  lestrans- 
fbrmations  du  îninistère  appelèrent  M.  de  Mon- 
talivet  au  déparieinent  de  l'intérieur,  le  roi  remit 
aux  mains  du  Ijaron  Fain  l'administration  de  sa 
liste  civile.  Lors  des  élections  de  1834,  il  fut 
porté  à  la  députalion  par  l'arrondissement  de 
Moatargis  (Loiret) ,  lieu  de  sa  retraite  pendant 
la  Restauration.  Aucune  cll'constance  particulière 
ne  fixa  sur  lui  l'attention  piiblique  durant  la  lé- 
gislature dont  il  fit  partie.  Il  fut  aussi  membre  du 
conseil  d'État.  On  a  du  baron  Fâin  •  Manuscrit 
de  l'an  iit  (1794-1795),  contenant  les  premiè- 
res transactions  de  V Europe  amc  la  Républi- 
que française  et  le  tableau  des  derniers  évé- 
nements du  régime  conventionnel,  pour  servir 
à  r histoire  du  cabinet  de  cette  époque;  Paris, 
1828,  in-8";  —  Bîanttscrit  de  mil  huit  cent 
douze,  contenant  le  précis  des  événements 
de  cette  année  pour  servir  à  l'histoire  de 
Napoléon;  Paris,  1857,  2  vol.  in-8";  —  Ma- 
nuscrit de  mil  huit  cent  treize,  contenant 
le  précis  des  événements  de  cette  année,  pour 
servir  à  Vhistoire  dé  VempereUr  Napoléon; 
Paris,  1824,  2  vol.  in-8";  —  Mamiscrit  de  mil 
huit  cent  quatorze,  contenant  Vhistoire  des 
six  derniers  mois  du  règne  de  Napoléon;  Pa- 
ris, 1823,  in-8".  Les  trois  derniers  de  ces  ou- 
vrages sont  au  nombre  des  livres  les  plus  exacts 
et  les  plus  intéressants  qui  aient  été  écrits  sur 
les  derniers  temps  de  l'empire.  Le  Bîémorial  de 
Sainte-Hélène  les  apprécie  en  ces  termes  :  «  11 
«  serait  difficile  d'exposer  avec  plus  d'intérêt  et  de 
«  vie  que  n'en  présente  cette  peinture  d'ëvéne- 
«  ments  aussi  importants  et  néanmoins  auss,i  peu 
«  connus,  surtout  l'immortelle  et  courte  campa- 
«  gne  de  1814.  C'est  un  épisode  de  véritables 

«  merveilles M.  le  baron  Fainnous  a  enrichis 

«  d'un  tableau  de  juste  orgueil  national  ;  la  re- 
«  connaissance  des  citoyens  lui  est  assurée.  » 
«  [  Paul  DE  CuAMROBERT,  Encijcl.  dcs  G.  du  Al.  ] 

FAiPOULT.  Voyez  Fa\poult. 

FAiRCLOiJGH  (  Daniel).  Voij.  Featly. 

FAîlsrAX  {Edouard) ,  célèbre  poète  anglais. 
On  ignore  la  date  de  sa  naissraice;  il  mourut 
vers  1632.  11  était  fils  de  Thomas  Fairfax  de 
t)enton.  Contrairement  av!x  habitudes  guerrières 
de  sa  famille ,  il  vécut  retire  à  Newhall,  unique- 
ment occupé  de  ses  travaux  littéraires  et  de 
l'éducation  doses  enfants  et  de  ses  neveux,  i^armi 
lesquels  est  le  célèbre  lord  Fairfax.  Quant  à  ses 
opinions,  il  dit  lui-même  dans  ses  écrits  qu'il  ne 
fut  «  ni  un  papiste  superstitieux  ni  un  fanatique 
puritain  ».  ÈrJouai-d  Fairfax  est  surtout  connu 
par  sa  traduction  de  la  Jérusalem  délivrée  du 
Tasse ,  publiée  en  1600 ,  dédiée  à  la  reine  Elisa- 
beth et  remarquable  par  la  fidélité  et  l'harmonie 
de  la  versification.  On  a  préféré  longtemps  hî  tra- 
duction de  Hoode,  quoique  inférieure  en  méi'itc. 
Des  éditions  récentes  témoignent  de  la  justice 
que  rend  enfin  à  l'iruvre  de  Fairfax  le  public  an- 
glais. Outre  la  traduction  du  Tasse,  onadeFairfax 
une  Histoire  du  Prince  Noir  et  des  Églogues. 


FAIRFAX 


22 


Biogr.  Brit.    —   Prffciec  to  Faitfax's  TasSo,  édit.  de 
1749.  —  Coopcr,  Mitses  Library. 

rAiBPAX  (Thomas),  général  et  homme 
politique  anglais,  né  à  Otley ,  en  1611,  mort 
le  12  février  1671.  11  étudia  quelque  temps  au 
collège  Saint-Jean  de  Cambridge;  mais,  entraîné 
par  son  goût  pour  la  carrière  militaire,  il  alla 
servir  en  HollandCj  Sous  les  ordres  de  loid  Yere. 
Revenu  en  Angleterre,  il  épousa  la  fille  de  ce  gé- 
néral, dont  il  embrassa  les  doctrines  presbyté- 
riennes. Lorsque  le  roi  et  le  parlement  en  vinrent 
à  une  guerre  ouverte,  Fairfax  prit  parti  pour  cette 
assemblée.  Il  fut  d'abord  battu  en  plusieurs  ren- 
contres par  les  royalistes,  notamment  à  Adderton- 
Moor,  en  1643.  Plus  tard,  il  répara  ses  échecs 
par  d'importantes  victoires ,  celle,  par  exemple, 
de  Marston-Moor.  11  succéda,  après  cette  af- 
faire ,  au  comte  d'Essex  dans  le  commandement 
de  l'armée.  Après  la  victoire  de  Waseby,  cà  la- 
quelle il  contribua  puissamment  par  sa  valeur,  il 
s'avança  vers  l'ouest,  et  continua  de  combattre 
pour  la  cause  qu'il  avait  embrassée.  Il  réduisit 
Colchcster  en  1648,  et  fit  passer  par  les  armes 
Lisie  et  Lucas,  qui  avaient  défendu  la  place  au 
nom  du  roi.  La  conduite  de  Fairfax  parut  se  mo- 
difier lorsque  Charles  fut  tombé  au  pouvoir  des 
parlementaires;  il  eût  voulu  empêcher  le  parti 
victorieux  de  pousser  les  choses  à  l'extrême. 
Malheureusement  la  force  de  son  caractère  n'é- 
tait pas  à  la  hauteur  de  ses  intentions.  Il  se  borna 
à  quelques  démonstrations  respectueuses  envers 
l'infortuné  monarque.  Dominé  par  Crorawell ,  il 
se  laissait  entraîner,  et  devenait  sans  le  vouloir 
l'instrument  de  projets  dont  il  n'avait  pu  sonder 
la  profondeur.  C'est  ainsi  qu'il  marcha  contre 
les  derniers  débris  du  parti  royaliste  et  les  anéan- 
tit à  Colchester  (1643  ).  De  retour  à  Londres,  il 
étabht  son  quartier  général  à  Whitehali.  Il  es- 
pérait sans  doute  en  imposer  au  parlement  et  à 
la  cité  ;  mais  ses  bonnes  intentions  furent  para- 
lysées. Cromwell  et  les  révolutionnaires  arrivè- 
rent à  leur  but,  et  Charles  I^i-  fut  mis  en  juge- 
ment. Fairfax  ne  voulut  point  assister  à  cet  acte  ; 
et  lorsqu'à  l'appel  des  membres  du  parlement  on 
prononça  son  nom,  lady  Fairfax,  placée  dans  une 
des  tribunes  de  la  salle  où  se  tenait  l'assemblée, 
s'écria:  «Il  est  trop  honnête  homme  pour  se  trou- 
ver ici.  »  Fairfax  fit  d'inutiles  tentatives  pour  em- 
pêcher l'exécution  du  roi  :  la  sentence  fut  exécutée. 
Néanmoins ,  aussi  ambitieux  que  faible,  il  accepta 
le  commandement  des  troupes  en  Angleterre  et  en 
Irlande.  11  battit  complètement  les  niveleurs  à 
Burlord,  et  apaisa  les  troubles  du  Hampshire.  En 
1650,  les  Éco'^safs  s'étant  déclarés  pour  Char- 
les If,  Fairfax  refusa  de  Uiarcher  contre  eux; 
Cromwell  s'empressa  de  le  remplacer.  Débar- 
rassé d'emplois  qui  lui  pesaient,  Fairfax  se  re- 
tira dans  sa  terre  de  Nunappleton,  dans  l'York- 
shire.  Là,  rcveiui  de  toutes  les  erreurs  oii  l'avait 
Jeté  un  caractère  impétueux,  irréfléchi,  il  se  livra 
aux  douceurs  d'une  vie  paisible,  partageant  ses 
loisirs  entre  l'étude  et  la  culture  de  ses  terres , 


Tè 


FAIRFAX  —  FAKHR-ED-DIN 


24 


et  faisant  des  vœux  pour  le  rétablissement  de  la 
famille  des  Stuarts ,  bien  décidé  cette  fois  à  les 
aider  de  tout  son  pouvoir  pour  remonter  sur  le 
trône  d'Angleterre.  Au  premier  signal  que  donna 
Monk(voy,  ce  nom),  et  qui  fit  naître  l'espoir  d'une 
restauration,  il  sortit  de  sa  retraite  (3  déc.  1659), 
suivi  d'un  corps  d'habitants  de  sa  province  et  de 
1,200  Irlandais,  qu'il  avait  enlevés  aux  drapeaux 
du  général  Lambert.  Monk  étant  entré  en  Angle- 
terre,  Fairfax  s'empara  d'York.  Devenu  membre 
du  parlement  réparateur  et  chargé  d'aller  à  La 
Haye  prier  Charjes  II  de  venir  reprendre  la  cou- 
ronne ,  Fairfax  sut  faire  agréer  à  ce  prince  son 
repentir.  Après  la  restauration ,  il  alla  dans  sa 
retraite  reprendre  ses  paisibles  occupations.  Il 
mourut  des  suites  d'anciennes  blessures. 

Sa  fille,  iUfane  Fairfax,  épousa  le  duc  deBuo- 
kingham. 

Fairfax  contribua  à  la  publication  de  la  Poly- 
glotte. 11  est  compté  au  nombre  des  poètes  et  des 
orateurs  de  l'époque  où  il  a  vécu.  On  trouve 
dans  les  catalogues  anglais  la  liste  de  ses  ouvra- 
ges, la  plupart  peu  importants.  Ses  Mémoires 
ont  été  publiés  en  l699,'in-8°.  [De  Latena,  dans 
YEnc.  des  G.  du  M.,  avecadd.] 

Hume,  Hist.  of  Engl.—  Lingard,  Hist.  of  Engl.  —  Gui- 
zot,  Hist.  de  la  Rév.  d'Angl.  —  Villeraaln,  Hist.  de 
Cromwell. 

FAISTENBERGEROU  FEISTENBERGER  {An- 
toine ) ,  peintre  allemand ,  né  à  Inspruck  ,  en 
1678,  mort  à  Vienne,  en  1721.  Il  apprit  le  pay- 
sage chez  Bontisch ,  et  perfectionna  son  style  à 
l'école  de  Gaspard  Poussin  à  Rome.  Les  paysages 
de  Faistenberger  sont  encadrés  dans  des  orne- 
ments d'architecture  romaine  ;  les  figures  y  sont 
peintes  par  Jean  Graf  et  Alexandre  Bredael.  Les 
tableaux  de  Faistenberger  ont  du  coloris  et  une 
grande  vigueur  d'expression. 

Nagler,  Neues  Allg.  Kûnstl.-Lexik,  —  Ersch  et  Gruber, 
Allg--Enc. 

FAITHORN    OU   FAYTHORNE     {William), 

peintre  et  graveur  anglais,  né  à  Londres,  en  1616, 
mort  dans  la  même  ville,  en  1691.  Il  était  élève 
de  Peake.  Ce  peintre  ayant  pris  les  armes  pour 
soutenir  Charles  F'',  Faithorn  suivit  son  maître, 
et  tomba  entre  les  mains  des  puritains  à  l'affaire 
de  Bassinghouse.  Amené  à  Londres,  il  y  fut  en- 
fermé dans  la  prison  de  l'Aldersgate.  Pour  se 
distraire  des  ennuis  de  la  captivité ,  il  se  mit  à 
graver,  et  exécuta  le  portrait  de  Villiers ,  duc 
de  BucMngham.  Ses  amis  obtinrent  sa  mise  en 
liberté  ;  mais,  ayant  refusé  de  prêter  serment  à 
Olivier  Cromwell,  il  reçut  l'ordre  de  quitter 
l'Angleterre.  Il  se  retira  en  France,  où  il  étudia 
sous  Philippe  de  Champaigne;  il  se  lia  aussi  avec 
le  célèbre  Nanteuil,  qui  lui  donna  d'excellents 
conseils,  et  lui  fit  prendre  une  manière  plus  large. 
De  retour  dans  sa  patrie,  vers  1650,  Faithorn 
ouvrit  à  Londres  un  commerce  d'estampes  ;  il 
gravait  pour  les  libraires,  et  exerçait  son  talent 
l)our  la  peinture  en  miniature.  «  Ses  portraits , 
dit  Gori  Gandellini,  sont  d'une  exécution  admi- 
rable, d'un  style  libre,  délicat  et  d'une  couleur 


vigoureuse.  Ses  tableaux  d'histoire  sont  moins 
bons,  et  laissent  à  désirer  dans  la  coirection  du 
dessin.  »  Faithorn  signait  ordinairement  ses  es- 
tampes de  son  nom  et  quelquefois  F. F.  Ses  prin- 
cipales gravures  sont  les  portraits  de  sir  Wil- 
liam Pas  ton,  regardé  comme  son  plus  bel 
ouvrage  ;  —  Lady  Paston,  d'après  Van  Dyck  ; 

—  Marguerite  Smith ,  femme  de  sir  Edward 
Herbert; —  Montagu ,  comte  de  Lindsay  ; 

—  William  Saunderson  ;  —  Charles  II ,  roi 
d'Angleterre;  —  Sir  Thomas  Fairfax;  —  John 
Milfon  ;  —  John  Hacket  ;  —  Armand,  cardi- 
nal de  Richelieu:  ces  quatre  derniers  morceaux 
sont  très-rares  ;  — UaeSam^e  Famille,  d'après 
Vouët;  —  LaSainte  Vierge  caressant  l'enfant- 
Jésus  ,  d'après  La  Hire;  —  le  portrait  du  Sau- 
veur tenant  un  globe  du  monde ,  d'après  Ra- 
phaël; —  Le  Christ  mort,  d'après  Van  Dyck; 

—  La  Sainte  Cène,  etc.  Il  a  publié  aussi  un 
traité  sur  le  dessin,  la  gravure  au  burin  et  à  l'eau- 
forte;  1662. 

Strutt,  Biographical  Dictionary  of  Engravers  :  1783- 
1786,  2  vol,  —  Basan ,  Dictionnaire  dés  Graveurs.  — 
G.  Gori  Gandellini,  Notizie  degliintagliatori. 

FAITHORN  (  William  ) ,  dit  le  jeune ,  gra- 
veur et  dessinateur  anglais,  fils  du  précédent, 
né  à  Londres,  en  1656,  et  mort  en  1686.  Il  fut 
élève  de  son  père ,  mais  renonça  à  graver  au  bu- 
rin pour  prendre  la  manière  noire.  Il  grava  ainsi 
avec  succès  des  portraits  et  quelques  autres  su- 
jets. Mais  sa  dissipation  et  sa  paresse  le  con- 
duisirent à  la  misère  et  bientôt  au  tombeau.  Ses 
principales  productions  sont  les  portraits  de  Tho- 
mas Flantmann  { premier  ouvrage  de  Faithorn  )  ; 

—  Marie  Stuart ,  princesse  d'Orange,  d'après 
Hanneman,  faussement  attribuée  par  Basan  à 
Faithorn  père  ;  —  Sir  William  Read,  célèbre 
oculiste  ;  —  Frédéric,  duc  de  Schomberg  ;  —  Sir 
Richard  Haddock ,  d'après  Clostermann  ;  — 
Anne ,  reine  d'Angleterre  ;  —  John  Morr,  évé- 
qued'Ély;  —  Lady  Catherine  Hyde,  etc. 

Glov.  Gori  Gandellini ,  Notizie  degli  Inlagliatori. 
FAKHR-ED-DiN  (  le  Faux) ,  historien  arahe, 
vivait  en  701  de  l'hégire  (  1302  de  J.-C.  ).  La 
dénomination  de  cefeécrivain  était  jusque  ici  restée 
inconnue ,  car  son  titre  honorifique  et  son  nom 
manquent  dans  le  manuscrit ,  et  son  surnom  est 
illisible.  Mais  M.  Reinaud  a  découvert  qu'il  s'ap- 
pelait :  Schérif  So^  ed-Dïn- Mohammed  ben-Ali 
ben-Thébatheba,  surnommé  Ibn-al-Thacthaki, 
Il  comptait  parmi  ses  ancêtres  Ibrahim-Theba- 
theba,  qui  joua  un  certain  rôle  dans  les  guerres  ci- 
viles qui  signalèrent  le  troisième  siècle  de  l'hégire. 
On  adelui  :  Al-Fakhrifi'l-Adabas-selathaniyet 
we  ad-dowel  al-islamiyet  (Le  Fakhri,  traité 
de  la  conduite  des  rois ,  et  histoire  des  dynasties 
musulmanes).  Cet  ouvrage  a  reçu  le  titre  de 
Fakhri ,  parce  qu'il  était  dédié  à  Al-Melik  al- 
Moatzem  Fakhr  al-Melet-vs^e-ed-din-Isa-ben- 
Ibrahim,  prince  de  Moussoul.  La  première  partie 
est  un  traité  dc.[)olitique,  la  seconde  une  histoire 
du  khalifat  depuis  Abou-îiekr  Jusqu'à  la  mort  de 


25 


FAKHR-ED-DIN  —  FAKHR-ED-DIN  BINAKITI 


2G 


Motasim-Billah  (  656-1258  ).  C'est  une  des  his- 
toires les  plus  précieuses  qui  nous  soient  restées 
des  Arabes  ;  elle  est  écrite  d'un  style  simple , 
renferme  une  foule  d'anecdotes  intéressantes  sur 
la  vie  des  principaux  personnages ,  et  se  distin- 
gue par  un  esprit  d'impartialité  et  de  saine  cri- 
tique. On  n'en  connaît  qu'un  seul  exemplaire, 
celui  delà  Bibliothèque  impériale,  n°  895  de 
l'ancien  fonds  arabe.  Le  texte  et  la  traduction  de 
plusieurs  fragments  ont  été  publiés  ;  savoir  :  les 
khalifatsde  Haroun-ar-Raschld,  et  de  Mostasim- 
Billah,  et  les  droits  des  souverains  sur  leurs  su- 
jets, par  Silvestre  de  Sacy,  dans  le  t.  P''  de  la 
Chrestomathie  Arabe;  —  la  translation  de 
l'empire  des  mains  des  Ommiades  en  celles  des 
Abbassides,  par  Am.  Jourdain,  dans  le  t.  V  des 
Fundgruben  des  Orients  (Mines  de  l'Orient); 
Vienne,  1816,  in-fol.  ;  —  L'Histoire  des  quatre 
premiers  Califes,  par  M.  Freytag,  à  la  suite 
des Locmani Fabulie,  etc.:  Bonn.,  1823,  in-8°, 
par  Henzi,  dans  ses  Fragmenta  Arabica  ;  Saint- 
Pétersbourg,  1828,  in-8°;  —  Les  Califats  d'A- 
rain ,  de  Mamoun  ,  de  Motasim ,  de  Watsic ,  de 
Motewekkel  etdeMontasir,  par  M.  Cherbonneau, 
dans  le  Journal  Asiatique  de  Paris ,  an.  1846, 
1. 1,  II;  an.  1847,  t.  I.  E.  Beautois. 

Silvestre  de  Sacy,  Cfirest.  Ar.,  t.  I.  —  Cherbonneau  , 
dans  le  Journ.  Asiate,  I8'i6,  t.  I,  p.  296.  —  Omdet  at- 
thalib,  manuscr.  arabe,  n°  636,  f"  108  de  l'ancien  fonds.  — 
Docuin.  inédits  communiqués  par  M  Reinaud. 

FAKHR-ED-DIN  AR-RAZi.  L'iman  Abou-ab- 
dallah-Mohammed-ben-Omar-ben  -  al-Huséin- 
ben-Ali-at-Taïmi,  al-Beeri,  at-Thabar estant, 
surnommé  Ibn-al-Khatib  (le  Fils  du  Prédica- 
teur) et  Falchr-ed-din-ar-Razi,  célèbre  docteur 
musulman  de  la  secte  de  Schaféi,  né  à  Réi  (ville 
derirak-Adjemi),en543  ou  545  de  l'hégire  (1149 
ou  1151  de  J.-C.  ) ,  mort  à  Hérat,  le  1er  schewal 
606  (mars  1210).  C'est  auprès  de  son  père  qu'il 
apprit  les  premiers  éléments  des  sciences  :  après 
la  mort  de  celui-ci ,  il  se  rendit  à  Merw  pour  y 
suivre  les  leçons  de  Kemal-ed-Din-Al-Simnani. 
Revenu  au  lieu  de  sa  naissance,  il  se  plaça  sous 
la  direction  de  Madjd-ed-Din-Al-Djili,  qu'il  suivit 
à  Meragha.  Lorsqu'il  eut  terminé  ses  études,  il 
passa  dans  le  Khowarezin,  puis  dans  le  Mawar- 
an-Nahr.  Les  doctrines  d'Ibn-Keram,  qui  profes- 
saitranthropomorphisme,avaienttrouvé  un  grand 
nombre  de  sectateurs  dans  ces  contrées.  Fakr-ed- 
Din  entreprit  de  les  combattre,  et  ne  le  fit  pas 
sans  succès.  Les  chefs  de  cette  hérésie ,  irrités 
de  voir  diminuer  le  nombre  de  leurs  adhérents, 
soulevèrent  le  peuple  contre  Fakhr-ed-Din.  Malgré 
l'appui  du  sultan,  celui-ci  fut  forcé  de  sortir  du 
Mawar-an-Nahr,  et  rentra  dans  sa  patrie.  Il  ne 
tarda  pas  à  s'en  éloigner  pour  se  rendre  à  Ghaz- 
nah,  auprès  de  Schebab-ed-Din-ben-Sam,  sultan 
de  la  dynastie  des  Gaurides.  Ce  prince  le  combla 
d'honneurs  et  de  richesses.  Peu  de  temps  après, 
Fakbr-ed-Din  rçtourna  dans  le  Kliowarezm  ,  et 
s'attacha  au  sultan  ftloliammed  Khothb-ed-Din- 
ibn-Tacasch ,  qui  fonda  pour  lui  un  collège  à 
Hérat,  et  le  retint  auprès  de  lui  pour  le  reste 


de  ses  jouis.  Les  sciences  les  plus  diverses,  la 
philosophie,  la  théologie,  la  jurisprudence ,  les 
mathématiques ,  la  médecine ,  l'asti-ologie ,  l'al- 
chimie ,  l'histoire ,  les  traditions ,  la  théologie , 
la  philologie  furent  l'objet  des  études  de  Faklir- 
ed-Din  ;  il  a  laissé  des  écrits  sui-  toutes  ces  ma- 
tières, et  même  quelques  pièces  de  poésie.  Il 
s'exprimait  avec  éloquence  en  arabe  et  en  per- 
san ;  quelquefois  il  était  tellement  ému  de  com- 
ponction, qu'il  pleurait  lui-même  à  ses  discours. 
Il  est,  avec  Al-Gazali,  l'un  des  premiers  qui  aient 
introduit  la  logique  dans  les  discussions  théolo- 
giques ;  aussi  quelques  zélés  musulmans  l'ontils 
traité  de  novateur,  d'impie,  de  rationaliste,  de 
corrupteur  de  la  morale  et  de  la  religion.  Mais, 
malgré  ces  reproches,  il  n'a  pas  laissé  de  con- 
server une  belle  réputation  ;  ses  ouvrages  se  sont 
répandus  dans  toutes  les  contrées  soumises  à 
l'islamisme  ,  sont  devenus  classiques,  et  ont  fait 
oublier  les  autres  écrits  relatifs  aux  mêmes  su- 
jets. Parmi  les  ouvrages  de  Fakhr-ed-Din  on  re- 
marque :  Khamsin  fi  ossoul-ed-Din  (  Les  Cin- 
quante Questions  sur  les  Principes  de  la  Religion  )  ; 
—4r&m>2  (Quarante  Questions),  sur  la  métaphy- 
sique. On  trouve  la  liste  de  ses  autres  écrits  dans 
Hadji-Khalfa ,  dans  Ibn-Khallikhan ,  dans  Khon- 
demir,etdans  unpassagedu  Tarikh-al-Hokama 
(Histoire des  Philosophes),  publié  parCasiri. 
E.  Beauvois. 

Ihn-al-Atsir,  Kam.il  at-Teivarikh.  —  Abou'l-Karadj, 
Hist.  Dynast;  trad.  par  Pococke,  p.  298,  817.  —  Ibii- 
Khallikan ,  Biogr.  Diction..,  trad.  par  M.  Mac-Guckin 
deSlane,  t.  Il,  p.  652.  —  Aboiri-Féda,  Ann.  Moslem.,  trad. 
par  Reiske  t.  IV,  p.  173,  239.  —  Khondcmir,  Hîibil,  as- 
siyer.  —  Léon  l'Africain,  ^'ie  des  Médec.  et  dus  Philos., 
dans  le  t.  XITI,  p.  289  de  la  Biblioth.  Grxca  de  J.  Alb. 
Fabricius.  —  Hadji-Khalfa,  I^exic.  bibliog.  et  encyclop., 
trad.  et  publ.  par  Fluegel ,  t.  Il,  n»  31d2,  et  passim.  — 
Casiri,  Bibl.  Jrab.  Hispana,  t.  I,  p.  181,  198-466,518. 

*    FAKHR.ED-DIN  BINAKITI    (Abotl-Sou- 

leijman  Daoudben-abou'l-Fadhl  ben-Moham- 
med,  plus  connu  sous  le  titre  honorifique  de), 
historien  persan,  né  à  Binakit  ouFinakit  (ville  du 
Mawar-an-Nahr) ,  mort  en  730  de  l'hégire  (  1329 
de  J.-C).  Il  remphssait  la  charge  de  poète  lau- 
réat à  la  cour  de  Ghazan-Khan.  On  a  de  lui  : 
quelques  pièces  de  vers  ;  —  Rawdhet  oulVl- 
albab  fi  towarikh  al-akabir  tv'nl-ansab  (Le  ' 

Jardin  des  Savants  relativement  à  l'histoire  des 
grands  hommes  et  des  généalogies),  ou  plus  briè- 
vement Tarikh-i- Binakiti  (Chronique  du  Bi- 
nakiti).  Elle  a  été  achevée  en  717  (1317)  et 
dédiée  au  sultan  Abou-Saïd.  C'est  un  abrégé  du 
Djamï-at-Tewarikh  de  Raschid-ed-Din.  On  n'y 
trouve  aucun  fait  nouveau;  aussi  cette  histoire 
a-t-elle  beaucoup  perdu  de  sa  valeur  depuis  la 
récente  découverte  de  l'ouvrage  original.  Il  y  est 
traité  des  prophètes  jusqu'à  Abraham,  des  rois  \ 

de  Perse,  des  khalifes  jusqu'à  la  mort  de  Mos- 
tasem-Billah,  des  Juifs,  des  Francs,  du  chris- 
tianisme, de  l'Inde ,  de  la  Chine  et  des  Mogols. 
Le  viu''  chapitre  de  cette  chronique  a  été  tra-  / 

duit  en  latin  et  publié  par  André  Millier,  sous         / 
le  titre  erroné  de  :  Abdallx  fieidhavxi  Historia 


27  FAKHR-ED-DIN  BINAKITI 

Sinensis  (Histoire  chinoise),  Berlin,  1677,  in-4°; 
et  réimprimée  par  son  fils,  avecdes  additions,  léna, 
1689,  ia-4°.  Il  en  existe  une  traduction  anglaise 
par  Weston;  1820.  E.  Beauvois. 

Doulatschah,  TedzUret  as-Schoara,  liv.  IV.  —  Hadji. 
Khalfa ,  Lexic.  BibUogr.,  édit.  Fluegel,  t.  III,  n°  6635.  — 
J.  de  Hammer,  Gesch.  der  sc/ionen  Redekûnste  Persiens, 
p.  242.  —  Art.  dans  les  ff^tener  JahrbUcher,  an.  1835.  — 
Bullef.  delaSoc.Géogr.  de  Paris,  an.  1735,  p.  Bl.— M.  Et. 
Quatremère,  m$t.  des  Mongols  de  Raschid-ed-Din,  X.  I, 
préf.,  p.  83,  421.  —  H.  Elliot,  BibUogr.  Judex  to  Vie  His- 
torians  of  Muhammedan  India,  1. 1,  p.  70.— VV.H.  Morley, 
A  descr.  Catal.  of  t/ie  IJistor.  inss.  in  the  Arabie  and 
Persian  long,  prescrv.  in  the  libr.  of  the  R.  Anat.  Soc. 
of  Cr.-Britain  and  Ireland  ;  Lond.,  1854,  in-8°. 

FARHii-ED-DiSf  (1),  FAKKARDix  et  quel- 
quefois FACARDiN ,  grand-émir  des  Druses,  né 
en  1584,  décapité  le  13  avril  1635.  Il  était  de  la 
famille  de  Maan  Monogly ,  et  fut  élevé  par  un 
chrétien  maronite,  qui  l'initia  aux  sciences  et 
aux  arts.  Son  père  ayant  été  empoisonné  en 
1586,  sa  mère,  Setnesep,  prit  la  régence,  et  gou- 
verna avec  tant  d'intelligence,  que  sous  sa  direc- 
tion le  fils  l'econqult  les  provinces  que  le  père 
avait  perdues  et  fut  même  proclamé  grand-émir 
par  les  chefs  des  Druses.  11  profita  des  guerres 
que  soutint  successivement  le  sultan  Achniet  P"" 
contre  ses  pachas  d'Asie  révoltés ,  contre  la 
Hongrie  et  la  Perse,  pour  obtenir  des  conces- 
sions importantes  du  monarque  ottoman.  En 
1608,  Fakhr-ed-Din  s'allia  avec  Ferdinand, 
grand -duc  de  Florence,  qui  lui  fournit  une  flotte. 
Il  attaqua  alors  la  Perse,  et  s'empara  de  Séida, 
(le  Balbek  et  des  pays  de  Libanon.  Le  sultan 
Achmct,  inquiet  d'un  tel  voisin,  lui  donna  ordre  de 
discontinuer  ses  conquêtes,  et  l'invita  à  venh'  à 
Constantinople  pour  déterminer  les  frontières  de 
leurs  États  réciproques.  L'émir  y  consentit;  mais 
il  se  rendit  d'abord  à  Florence,  où  Cosme  H  de 
Médicis,  qui  venait  de  spccéder  à  son  père,  le  reçut 
en  ami.  Sur  les  conseils  intéressés  de  son  allié  , 
Fakhr-ed-Din  fit  détruire  et  combler  les  ports 
llorissants  de  Saint-Jean-d'Acre ,  de  Tyr,  de 
Séida  et  de  Beyrouth.  Le  sultan,  irrité  ,  envahit 
ies  États  de  Fakhr-ed-Dyn  ;  mais  Setnesep  re- 
poussâtes Turcs,  et  obtint  une  suspension  d 'armes 
que  le  retour  de  son  fils  changea  en  paix.  Plus 
tard  Fakhr-ed  -Din,  confiant  dans  les  promesses  du 
pape,  du  roi  d'Espagne  et  du  grand-duc  de  Tos- 
cane ,  recommença  la  guerre  ;  il  prit  Antioche, 
soumit  les  montagnards  des  monts  Sajou,  et  s'en- 
gagea dans  une  guerre  injuste  etdésastreuse  contre 
les  Arabes.  Setnesep  moin-ut  sur  ces  entrefaites, 
et  avec  elle  la  bonne  fortune  de  son  fils  s'évanouit. 
Abandonné  par  les  princes  chrétiens,  attaqué  par 
les  pachas  de  Damas  et  de  Jérusalem,  battu  par 
les  Arabes  ettrahi  par  ses  principaux  chefs,  Fakhr- 
ed-Din  fut  envoyé  à  Constantinople,  oîi  le  sultan 
Amurath  ÎV  le  reçut  avec  quelque  considération 
et  lui  aurait  peut-être  rendu  la  liberté  si  les  Dru- 
ses, conduits  par  les  petits-fils  de  l'émir,  n'eussent 
recommencé  les  hostilités.  Amurath  crut  alors 


(1)  Mot  qui   signifie  dans  l'Orient  Gloire  de  la  Heli- 
gion. 


FALCAND  28 

être  bon  politique  en  faisant  décapiter  Fakhr-. 
ed-Din  et  tous  les  membres  de  sa  famille  qu'il 
tenait  entre  ses  mains. 

Chaudon  et  Delandine  ,  Dictionnaire  hist. 

*PAKHHS  8EN-ERIIBI  HËRAWI,  écrivain 
persan ,  vivait  en  947  de  l'hégire  (1540  de  J.-C.  ). 
Il  était  ami  du  célèbre  Ali-Schir.  On  a  de  lui  : 
Djewahrr  al-adjaïb  (Perles  des  Merveilles), 
biographies  de  vingt  femmes  poètes  quiontécrjt 
en  turc  ou  en  persan.  Cet  ouvrage  fut  dédié  à 
Moiiammed  Isa-Tarkhan,  souverain  du  Sind;_ 
Tohfet  ai-Habib  (  Pi'ésent  pour  l'Ami  ),  ouvrage 
dédié  à  Habib-Allah.  C'est  un  recueil  alphabé- 
tique de  ghmals  (odes)  tirées  des  meilleurs  écri- 
vains, E.  Beauvois. 

A.  Sprenger,  A  Catah  of  the  arab.,  pers.  and  hin- 
dustany  ms$.  ofthe  Libraries  of  the  king  of  Oudh;  Cal- 
cutta, 1854,  in-S"  ,  1. 1,  p.  9. 

*  FAJARDo  (Alonso  Guajardo),  poète  et 
moraliste  espagnol  du  seizième  siècle,  né  à  Cor- 
douc.  Il  écrivit  une  série  de  280  quatrains,  qui 
sont  parfois  des  dictons  vulgaires  mis  eu  vers, 
mais  le  plus  souvent  des  maximes  morales  ;  ces 
Proverbios  morales  en  redondillas  (1)  parurent 
à  Cordoue,  1588,  in-S",  et  ils  furent  réimprimés 
à  Paris,  1614,  in-l2,  avec  une  comédie  De  Filo- 
sofia  moral,  composée  par  Hurtado  de  La  Veras 
{voy.  ce  nom).  César  Oudin  a  placé  50  de  ces 
Proverbios  à  la  suite  de  quelques  éditions  de  ses 
Refranescastellanos,  et  notamment  dans  celles 
de  1604  et  de  1659.  G.  B. 

G.  Duplessis,  Bibliographie  parémiologique,  p.  297. 
FAJARDO  (Diego).  Voyez  Saavedra. 

*  FALAiZE  (M'"'=  Carollne-Phillberte),  née 
Jacquemain,  femme  de  lettres  fi'ançaise,  à  Cliâ- 
teauroux,  le  4  mars  1792,  morte  à  Bourges,  le  25 
janvier  1852.  Elle  apublié  plusieurs  ouvrages  d'é- 
ducation :  Leçons  d'une  mère  à  sa  fille  sur  la 
religion.  Ce  livre  a  en  une  seconde  édition  sous 
le  titre  de  Leçons  dhme  mère  à  ses  enfants '^ 
Paris,  1837,  2  vol.  in-8"  ;  —  Hommage  à  la 
sainte  couronne;  Bourges,  1840,  in-)8; —  Ç/o- 
tilde,  ou  le  triomphe  du  christianistne  chez 
les  Francs  ;  Lille,  1848,  in-12;  —  Souffrance 
et  Courage,  ou  la  pieuse  Madeleine;  Paris, 
1850,  in-8°  ;  —  Confidences  d'une  jeune  fille  ; 
^aris,  1851,  3  vol.  in-S".  —  Mme  Fajaize,  qui  a 
publié  dans  divers  recueils  des  pièces  de  poésie 
fort  gracieuses ,  a  laissé  en  manuscrits  1°  plU' 
sieurs  pièces  de  théâti-e ,  dont  quelques-unes  en 
vers;  2°  un  poème  sur  les  guerres  de  la  Vcndéa, 
intitulé  La  Fiancée  du  Bocage  ;  3"^  une  Histoire 
de  sainte  Jeanne  de  Valois.       H.  Boyer. 

Documents  inédits,  —  Girardqt,  Notice,  dans  l'Art  en 
Province  de  1832. 

falba7.be  de  qui!«gey.  Voyez  Fenouillot. 

FALCAM.   FoyeS  RÉSENDE. 

FALCANO  (i/M^'wes),  historien  sicilien,  d'o- 
rigine normande,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  douzième  siècle.  Sa  vie  est  tout  à  fait  in- 
connue. Muratori  ,1e  croit  Sicilien  ;  Mongitore, 
au  contraire,  pense  qu'il  fut  élevé  seulement  en 

(1)  Rcdondilla,  Rtanee  en  fjiintre  vers. 


29 


FALCAND 


Sicile,  et  qu'il  appartient  plus  à  la  Norman- 
die qu'à  la  Sicile,  ijien  qu'il  ait  passé  plusieurs 
années  dans  ce  dernier  pays.  Suivant  les  auteurs 
de  VArt  de  vérifier  les  dates,  le  véritable 
nom  de  cet  liistorieu  était  Fulcaudus  ou  Fou- 
cault. D'après  eux,  Hugues  Foucault,  Français 
de  naissance  et  abbé  de  Saint-Denis,  avait  suivi 
en  Sicile  son  patron  Etienne  du  Perche,  oncle, 
du  côté  maternel,  du  roi  Guillaume  II,  arclievé- 
que  de  Palerme  et  archi-chancelier  du  royaume 
de  Sicile.  VHistoïre  littéraire  de  France,  qui 
adopte  cette  opinion,  cite  à  l'appui  deux  passaj^es 
de  Falcand  lui-même ,  lesquels  semblent  établir 
qu'il  n'était  pas  Sicilien  et  qu'il  écrivit  son  His- 
toire hors  de  la  Sicile.  Deux  autres  passages 
cités  par  le  môme  recueil  prouvent  que  l'abbé  de 
SaintrDenis  avait  écrit  sur  les  malheurs  de  la 
Sicile.  D'un  autre  côté,  l'auteur,  quel  qu'il  soit,  de 
l'Histoire  de  la  Sicile  se  dit  alumnus  Siciliœ  ;  ce 
qui  semble  indiquer  qu'il  était  né  dans  cette  île, 
ou  du  moins  qu'il  y  avait  été  élevé,  ce  qui  ren- 
drait insoutenable  l'identité  établie  par  VArt  de 
vérifier  les  dates  entre  Falcand  et  Foucault. 
Sans  prétendre  trancher  la  question,  contentons- 
nous  de  dire  que  Falcandns  pour  Fulcaudus  est 
une  faute  de  copiste  très-facile  à  concevoir  ;  que, 
<i'après  Carusius,  le  manuscrit  conservé  à  Ca- 
tane  dans  la  bibliotlièque  de  Saint-Nicolas  de 
Arenis ,  ne  porte  point  le  nom  de  l'auteur,  et  que 
dans  celui  de  la  Bibliothèque  impériale  n°  G262, 
c'est  Baluze  qui  a  écrit  Hugo  Falcand  us,  èur  l'au- 
torité des  éditions,  faites  toutes  d'après  celle  de 
Gervais  de  Tournay. 

L'ouvrage  de  Falcand  ou  Foucault  roule  en- 
tièrement sur  les  troubles  de  la  Sicile  sous  le 
règne  de  Guillaume  P'  et  de  Guillaume  H;  il  se 
leimine  à  la  fuite  et  àla  mort  de  ce  dernier  prince, 
en  11 G9.  On  a  donné  quelquefois  à  Falcand  le  titre 
du  Tacite  sicilien,  et  Gibbon  a  fait  de  lui  uu 
fort  bel  éloge.  «  Son  récit,  dit  il,  est  rapide  et 
clair,  son  style  hardi  et  élégant  ;  ses  observations 
ont  de  la  portée.  On  voit  qu'il  connaissait  bien 
les  hommes  et  qu'il  pensait  lui-môme  comme 
uii  homme.  )i  L'histoire  de  Falcand  ne  contient 
j:as  seulement  un  récit  intéressant  des  révolutions 
(le  la  Sicile,  elle  offre  aussi  des  diîtails  très-cu- 
riiyix.  sur  l'industrie  manufacturière  et  agricole 
de  ce  pays.  La  ville  de  Païenne,  alors  partagée 
on  trois  quartiers,  renfermait  un  grand  nombre 
de  manufactures  d'étofles  en  laine  et  en  .soie, 
enrichies  d'or  et  de  pierreries.  Les  Palermitains 
tiraient  leurs  meilleures  laines  de  France,  où  l'art 
de  tisser  les  étoffes  était  alors  moins  avancé. 
Parmi  les  végétaux  qui  croissaient  ou  qu'on 
cultivait  aux  environs  de  Palerme,  Falcand 
nomme  les  siliques  ou  carroubes,et  surtout  la 
canne  k  miel,  no  ^,  dit-il,  qui  lui  vient  de  la 
douceur  du  suc  qi  'elle  renferme.  Une  légère 
(  iiisson  donne  à  ce  .'.  'cla  saveur  du  miel;  mais 
si  on  le  fait  bouillir  \ssez  Ion-temps,  il  prend 
la  consistance  et  la  qualité  du  sucre. 

L'Histoire  de  Sicile  de  Falcand  est  intitulée 


FALCIERI  30 

De  Tîjrannide  Siculorum  ;  elle  fut  publiée  pour 
la  première  fois  par  Gervais  de  Tournay,  sur  un 
manuscrit  de  Matthieu  de  Longue-Joue  ,  Paris, 
1550,  in-4'';  elle  a  été  réimprimée  dans  le  Re- 
cueil des  Historiens  de  Sicile,  Fraiadort,  1579; 
dans  Ia  Bibliothèque  de  Sicile  de  Carusius  en 
1723,  et  enfin  en  1735,  dans  les  Scriptores  Re- 
rum  Itatlcarum,  t.  VU.  D'après  VHistoire  lit- 
téraire de  France,  «  toutes  ces  éditions  ne  sont 
que  des  répétitions  de  la  première,  à  quelques 
légères  corrections  près,  qui  ne  sont  fondées  sur 
l'autorité  d'aucun  manuscrit.  » 

Fabricius,  Blbliotlieca  Latina  rnediœ  et  infltnse  setatis. 
—  Vossius,  De  HUloricis  Latinis.  —  Mongitore,  Bibiio- 
theca  Sicula  ,  append.,  1.  II,  p.  51.  —  Art  de  vérifier  les 
dates,  t.  III,  p  813.  —  Breqiiigni,  Dissertation  sur 
Etienne  du  Perche,  dans  les  Mémoires  de  l'Acad.  des 
Inscriptions,  t.  XLI,  p.  622.  —  Histoire  littéraire  de 
France,  t.  XV,  p.  274. 

*  FALCE  {Antonio  la.),  peintre  de  l'école 
napolitaine,  né  à  Messine,  vers  1640,  mort  en 
1712.  Élève  d'Agostino  Scilla,  il  peignit  avec 
succès  l'ornement  à  la  détrempe  et  à  l'huile  • 
Ayant  voulu,  dans  un  c\ge  déjà  assez  avancé, 
essayer  de  la  fresque,  il  ne  réussit  pas  égale- 
ment, et,  suivant  l'expression  de  Lanzi,  il  n'y 
parut  qu'un  peintre  de  taverne.        E,  Tj— n. 

LaDzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticnzzi,  Dizionario. 

*FALCETTi  {Giovanni- Baitista),  archilectc 
bolonais,  mort  en  1629.  En  1620  il  travailla  à 
Uologne,  au  palais  Bentivogiio  ;  mais  on  ignoi-e 
quelles  parties  de  ce  bel  édifice  doivent  lui  être 
attribuées.  11  décora  dans  la  même  ville  une  des 
chapelles  de  San-Martino-R'Iaggiore.  En  1627, 
il  donna  des  dessins  pour  la  façade  et  deux  cha- 
pellesde  la  cathédrale  de  Carpi  ;  mais  il  n'est  pas 
bien  certain  que  le  portail  en  bossage  qui  fut 
construit  quelques  années  après  sa  mort  soit 
celui  qu'il  avait  projeté.  E.  B — n, 

Cafiipori,  Gli  Artisli  Ilaliani  e  stranieri  neijU  Stati 
Estensi.  -Malvasia,  Pitture,  Scolture  e  Archiletture  di 
liologna.  -M.  A.Gualandi,  Tre  Cinrni  in  liulor/na. 

*  FALCiAïORE  (Filippo),  peintre  do  l'école 
napolitaine,  vivait  eu  1740.  On  a  de  lui  de  char- 
mants tableaux  avec  des  figures  de  petite  pro- 
portion représentant  des  scènes  de  brigands, 
des  batailles,  des  incendies,  etc. 

"Winckelinann,  IVeues  Mahlerlexikon. 

*  FALCiDius  (P...),  jurisconsulte  romain, 
vivait  vers  l'an  40  avant  J.-C.  Il  ne  doit  pas 
être  confondu  avec  un  C.  Falcidius  contempo- 
rain de  Cicéron  et  mentionné  par  cet  orateur 
dans  son  discours  Pro  lege  ManHïa.  P.  l-'alci- 
dius,  dont  il  est  question  ici,  donna  son  nom  à 
la  loi  Falcidia,  qui  assurait  à  l'héritier  inscrit  le 
quart  des  biens  du  testateur.  La  loi  Falcidia,  in- 
corporée aux  Instit'utes  de  Justinien,  fut  remise 
en  vigueur  à  dater  du  sixième  siècle.     V.  R. 

Dion  Cassius,  XLVIH.  —  Inst.  de  JusUnlcn,  passirii.  — 
Clcéroi),  Pro  lege  filanil. 

*  FAi.ceEKi  (Biar/io),  peintre  de  l'école  vé- 
nitienne, né  à  San-,\mbrogio  (Yéronais),  en 
1628,  mort  en  1703.  Il  fut  élève  à  Vérone  de 
Giacomo  Locatelli,  et  à  Venise  du  cav.  Liberi.  Il 


J 


31 


FALCIERI  —  FALCKENSTEIN 


32 


imita  ce  dernier  clans  ces  teintes  grasses  et 
chaudes  qui  sont  le  plus  grand  charme  de  ses 
ouvrages.  Plein  de  feu,  d'imagination,  de  fécon- 
dité, Falcieri  avait  une  grande  habileté  de  main, 
et  ses  nombreux  travaux  lui  procurèrent  une 
brillante  fortune.  C'est  à  Vérone  que  se  trou- 
vent la  plupart  de  ses  ouvrages  ;  le  plus  remar- 
quable est  un  grand  tableau  placé  au-dessus  de 
la  porte  de  la  sacristie  dans  l'église  de  Sainte- 
Anastasie;  il  représente  le  Concile  de  Trente,  et 
dans  sa  partie  supérieure  saint  Thomas  terras- 
sant les  hérétiques  ;  cette  oeuvre  brille  surtout 
par  la  richesse  de  la  composition  et  la  variété 
des  expressions.  Citons  encore  dans  la  même 
ville  les  peintures  de  l'orgue  de  la  cathédrale 
et  celles  qui  entourent  un  ancien  crucifix  vénéré 
à  Saint-Luc.  Au  nombre  des  travaux  les  plus 
importants  de  Falcieri  figure  la  galerie  qu'il 
peignit  dans  le  château  de  La  Mirandole  pour  le 
duc  Alexandre  II.  E.  B— n. 

Pozzo,  f^ite  de'  Pittori  feronesi.  —  Orlandi,  Abbece- 
dario.  —  Lanzl,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizio- 
nario.  —  Campori,  Gli  Jrtisti  negli  Stati  Estensi.  — 
liennassuti,  Gtiida  di  Ferona. 

*  FALCw{Antoine-Reinhard,havon),  homme 
d'État  hollandais,  né  à  Amsterdam,  en  1776, 
mort  le  1 6  mars  1 843.  Après  avoir  fait  ses  premières 
études  à  l'athénée  de  sa  ville  natale,  il  alla  les 
compléter  dans  les  universités  d'Allemagne,  pour 
se  préparer  à  la  carrière  diplomatique.  Peu  de 
temps  après  son  retour  à  Amsterdam,  il  fut 
nommé  secrétaire  de  l'ambassade  hollandaise  en 
Espagne.  Lorsqu'il  revint  dans  sa  patrie ,  elle 
était  sur  le  point  de  devenir  un  royaume,  destiné 
à  servir  de  dotation  à  un  frère  de  Napoléon. 
Falck  fut  du  petit  nombre  des  hommes  publics 
qui  ne  voulurent  pas  servir  directement  le  sou- 
verain imposé  à  leur  patrie.  Il  se  tint  à  l'écart,  et 
ne  voulut  accepter  que  la  place ,  très-lucrative  il 
est  vrai,  de  secrétaire  général  de  l'administration 
des  affaires  de  l'Inde,  affaires  qui  alors  se  ré- 
duisaient à  peu  de  chose;  Falck  eut  ainsi  du 
loisir  pour  se  livrer  à  la  littérature,  qu'il  aimait. 
Nommé  membre  de  la  troisième  classe  de  l'Institut 
royal  de  Hollande,  classe  qui  répondait  à  l'A- 
cadémie des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  en 
France,  il  y  lut  un  mémoire  traitant  de  l'influence 
de  la  civilisation  hollandaise  sur  les  peuples  du 
nord  del'hlurope,  particulièrement  sur  les  Danois. 
Ce  travail,  plein  de  remarques  intéressantes,  fait 
partie  du  tomeP*^  des  Mémoires  de  la  troisième 
classe  de  V Institut  de  Hollande;  Amst., 
1817.  Lors  delà  retraite  des  troupes  françaises, 
en  1813,  Falck  provoqua  une  révolution  dans  la 
Hollande,  et  favorisa  l'entrée  des  alliés,  dans 
l'espoir  de  parvenir  au  rétablissement  d'un  gou- 
vernement indépendant.  Aussi  fut-il  nommé  se- 
crétaire du  gouvernement  provisoire  ;  puis  l'an- 
née suivante,  lors  de  l'organisation  du  royaume 
des  Pays-Bas,  il  fut  appelé  au  poste  important 
de  secrétaire  d'État,  et  eut  beaucoup  de  part  à 
l'établissement  des  nouvelles  institutions  de  sa 
patrie.  Ce  fut  lui  qui  rétablit,  en  1816,  l'Acadé- 


mie de  Bruxelles  et  lui  donna  des  statuts.  Il 
fut  élu  membre  de  cette  Académie  deux  ans 
après.  Dans  la  même  année  1818,  le  roi  des 
Pays-Bas,  qui  lui  accordait  une  confiance  illi- 
mitée, le  chargea  à  la  fois  des  ministères  de 
l'instruction  publique,  de  l'industrie  nationale  et 
des  colonies.  Le  baron  Falck  encouragea  et 
améliora  beaucoup  l'instruction  primaire,  et  les 
universités  ne  se  ressentirent  pas  moins  de  sa 
direction  éclairée.  Le  rapport  qui  fut  distribué 
en  1827  aux  états  généraux  sur  la  situation  des 
écoles  du  royaume  fit  voir  tout  ce  que  le  ministre 
avait  fait  pendant  ses  fonctions  et  tout  ce  qui 
avait  reçu  de  lui  sa  première  impulsion.  Mais  les 
embarras  du  gouvernement  allaient  croissant. 
Les  Belges  exposaient  avec  énergie  les  griefs 
qu'ils  avaient  contre  le  système  hollandais;  le 
ministère  auquel  le  baron  Falck  appartenait  n'é- 
tait pas  lui-même  entièrement  d'accord.  Van 
Maanen,  ministre  de  la  justice,  détruisait  en 
partie  par  sa  véhémence  le  bien  que  Falck 
cherchait  à  faire  dans  la  baute  instruction.  Ti- 
raillé en  dedans  et  en  dehors,  le  ministère  fut 
enfin  dissous ,  et  Falck  se  retira  avec  ses  deux 
collègues,  de  Nagell  et  le  baron  Goubau,  lais- 
sant le  champ  libre  à  Van  Maanen.  Cette  re- 
traite fut  vivement  blâmée  par  le  parti  hollan- 
dais ;  mais  sans  doute  les  ministres  qui  donnaient 
leur  démission  avaient  jugé  impossible  de  se 
maintenir  avec  dignité.  En  1840  Falck  sortit  de 
sa  retraite  pour  remplir  les  fonctions  d'ambassa- 
deur à  Bruxelles,  qu'il  garda  jusqu'à  sa  mort. 
[Depping,  dans  l'Enc.  des  G.  du  M.] 

Quetelet,  Hommage  à  la  mémoire  de  l'ambassadeur 
.4.  R.  F.;  Bruxelles,  1845.  —  Convers.-Le.xiTcon. 

FALCREMBERG.  Voyez  Jean  de  Falckem- 

KERG. 

FÂLCKBNBOURG  {Gérard),  en  latin  Fal- 
coburcjius,  philologue  belge,  né  à  Nimègue,  vers 
1535,  mort  en  1578.  Il  voyagea  en  France,  et 
suivit  les  cours  de  Cujas  à  Bourges.  Il  était  atta- 
ché au  comte  Hermann  de  Niewenair.  Un  jour 
que,  pris  de  vin,  il  se  rendait  à  Steinfurt,  il 
tomba  de  cheval,  et  se  tua.  On  a  de  lui  :  Notx 
in  Nonni  Panopolitani  Bionysiaca  ;  Anvers 
(Plantin),  1560,  in-4°;  Francfort,  1606,  in-8°; 
—  des  vers  grecs  que  Janus  Dousa  inséra  dans 
son  Schediasma  in  Tibullum;  —  des  Notes  sur 
Catulle  et  des  Observations  sur  le  Promptua- 
riumJuris  d'Harmenopule,  restées  en  manuscrit 
dans  la  Bibliothèque  de  Leyde. 
Foppens,  Bibliotheca  Belgica. 

FALCKEKSTEiN  (Jean  Henri  de),  historien 
allemand,  né  le  6  octobre  1682,  mort  le  3  fé- 
vrier 1760.  Préparé  aux  études  académiques 
par  des  précepteurs  particuliers,  il  visita  les 
universités  allemandes  et  hollandaises,  devint 
en  1715  prodirecteur  de  l'académie  équestre 
d'Erlangen,  et  y  fit  des  cours  de  jurisprudence, 
de  généalogie  et  d'art  héraldique.  En  1718  il 
se  convertit  du  protestantisme  au  catholicisme, 
et  obtint  aussitôt  de,  l'évéque  d'Eichstsedt  un 


33  FALCRENSTEIN  —  FALCON 

emploi  d'historiographe.  En  1730,  après  douze 

années  de  fonctions,  et  par  suite  d'intrigues  de 

cour,  Falckenstein  abandonna  Eischstaedt,  gou- 
vernée par  un  nouvel  évêque,  et  vint  s'établir 

à  Schwabach ,  où  il  devint  conseiller  du  mar- 
grave Charles-Guillaume-Frédéric  de  Branden- 

bourg-Onolzbach.  Tout  en  vaquant  à  ses  fonc- 
tions, il  se  livrait  avec  ardeur  aux  recherches 

historiques.  De  1736  à  1740  il  rassembla  àEr- 

furt  les  matériaux  de  son  Histoire  de  Thuringe. 

Ses  dernières  années  furent  troublées  par  des 

tracasseries  dues  en  partie  à  son  changement  de 

religion   :   Ses   ouvrages  sont  :  Antiquitaies 

Nordgavienses  ;  Francfort  et  Leipzig ,  1733  ;  — 

Delicise    topogragraphicas   Norimbergenses  ; 

1733,  in-fol.  ;  —  Antiquitaies   Sudgavienses  : 

écrites   en   1733  et  formant  le  prodrome  de 

l'ouvrage  publié   en  1763;  —  Analecta  Thu- 

ringo-Nordgaviensia  ;  Schwabach,  1734-1743, 

tiois  parties  ;  une  quatrième  partie  est  intitulée  : 

Antiquitatum  Nordgaviensium  Codex  dipl'o- 
jnaiicMS;Neustadt,  1788,  in-fol.;  —  Thuringi- 
sche  Chro7iica;  Erfurt,  1737-1739  ;  —  Givitatis 
Erfurtensis  Historia  critica  et  diplomatica; 
Erfurt,  1739-1740;  Schwabach,  édition  de  Mau- 
rer,  1756,    in-4°;  —   Cronicon  Suabacense  ; 

Ulm,  1740,  in-4°  ;  —  Tugend  und  Ehrenspie- 
gel  der  Thuringischen  Princes simmd  fraen- 
kischen  Kœnigin,  der  heil.  Radegundis  (Le 
Miroir  de  l'honneur  et  vertu  de  sainte  Rade- 
gonde,  princesse  de  Thuringe  et  reine  de  Franco- 
nie);  Wurtzbourg,  1740,  in-4°;  —  Wahre  und 
Grund  haltende  Beschreibung  der  heuti- 
gen  Tages  weltberuhmten  reichsfreien  Stadt 
JVûrnberg  (Description  véridique  et  détaillée  de 
la  ville  libre  et  renommée  de  Nuremberg)  ;  Er- 
furt, 1750,  in^";  —  Antiquitates  et  Memora- 
bilia  Marchiee  Brandenburgicas  ;  1751,  1752; 
—  Vollstaendige  Geschichte  des  grossen  Her- 
zogthums  und  ehemaligen  Kœnigreichs 
Baiern  (  Histoire  complète  du  Grand-Duché, 
autrefois  royaimie,  de  Bavière);  Munich,  1763. 


34 


Meusel,  Lex.  vom  Jakre  17S0-1800.  —  Verstor- 
bene  Schriftsteller.  —  Adelung,  Suppl.  à  Jôcher,  Allg. 
Cel.-Lexik.  —  Hirscliing,  Hist,  liter.  Handb. 

FALCO  (  jBenof/ )»  grammairien  et  historien 
italien,  né  à  Naples,  vivait  dans  la  première  par- 
tie du  seizième  siècle.  Très-versé  dans  la  philo- 
logie italienne,  il  possédait  de  plus  le  latin,  le 
grec  et  l'hébreu.  Il  enseigna  avec  succès  cette 
langue  à  Naples.  On  a  de  lui  :  De  Origine  He- 
hraicarum,  Greecarum  Latinarumque  Litte- 
rarum,  deque  numeris  omnibus  libellus  ; 
Naples,  1510,  in-4°;  —  De  Syllabarum  poetica- 
rum  quantitate  noscenda;  Naples,  1529,in-4°; 
—Rimario;  Naples,  1535,  in-4°  ;  —  La  Dichia- 
ratione  de  molti  luoghi  dubbiosi  d'Ariosto  e 
d'alquanti  del  Petrarcha  ;  escusatione  fatta 
infavordi  Dante ;m-i°;  —La  Descriitione 
dei  luoghi  antichi  di  Napoli  e  del  suo  dis- 
trefto ;mi)\es,  1539,  1568,1580,  1589,  in-8°. 
Cette  description  géographique    et   historique 

NOUV.    BIOGR.    nÉNÉR.    —   T.    XVII. 


fut  traduite  en  latin  par  Sigebert  Havercamp,  d'a- 
près la  sixième  édition  italienne,  Naples,  1G79, 
in-4'',  et  insérée  dans  le  Thésaurus  Antiquita- 
tum Italiœ  de  Burmann,  t.  IX. 

Toppi,  Biblintheca  TfapoUtana.  —  Fabriclus ,  Biblio- 
theca  Latina  médise  et  inflmee  eetatis.  —  Tiraboschi, 
Storia  délia  Letteratura  Italiana,  t.  VU,  part.  U, 
p.  416;  Vil,  p.  111,  401. 

FALCO  OU  FALCON  (  Aymar  ),  théologien 
français,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  mort  en  1544.  Issu  d'une  famille  illustre 
du  Dauphiné,  il  fut  d'abord  curé  de  la  paroisse 
de  Saint-Antoine,  et  obtint  ensuite  la  grande 
commanderie  de  Bar-le-Duc.  Il  était  chanoine 
régulier  de  Saint-Antoine.  Le  chapitre  général 
de  son  ordre  le  députa  à  Rome,  auprès  du  pape 
Clément  VII.  A  son  retour  ,  il  fut  choisi  pour 
gouverner  l'ordre  sous  le  titre  de  vicah-e  géné- 
ral. On  a  de  lui  :  Antonianse  Historige  Com- 
pendium;  Lyon,  1532.  C'est  une  histoire  de 
l'ordre  de  Saint-Antoine  ;  —  De  tuta  Fidelium 
Navigatione  inter  varias  peregnnorum  dog- 
matum,  nec  non  claudicantium  opinionum 
fluctuationes,  Dialogi  decem;  Lyon,  1536;  — 
De  Exhilaratione  Animi ,  quem  metus  mor- 
tis  angit  et  excruciat  ;  Vienne,  1541,  in-8";  — 
De  compendiosa  Ratione  qua  quis  ditari  pas- 
sif; et  de  Fœdere  cum  Turco  non  ineundo; 
sans  indication  de  date. 

Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FALCO.   Voy.  CONCHILLOS. 

*  FALCON  (Q.  Sosiîis),  homme  d'État  romain, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  deuxième  siè- 
cle de  l'ère  chrétienne.  Né  d'une  famille  illustre, 
possédant  une  grande  fortune,  et  consul  en  193, 
il  était  un  de  ceux  que  Conamode  avait  résolu 
de  faire  mettre  à  mort  la  nuit  même  où  il  fut 
assassiné.  Les  prétoriens, dégoûtés  des  réformes 
de  Pertinax,  proposèrent  le  trône  à  Falcon,  et 
le  proclamèrent  empereur.  Ce  mouvement 
échoua,  et  les  chefs  furent  mis  à  mort.  Falcon, 
dont  la  complicité  dans  le  mouvement  était  bien 
loin  d'être  prouvée,  obtint  sa  grâce,  et  se  rôtira 
dans  ses  domaines,  où  il  mourut,  de  sa  mort  na- 
turelle. 

Dion  Dassius,  LXXII,  22;  LXXIII,  8.  —  Capitolln,  Per- 
tinax, 8. 

*  FALCON  ou  FAUCON,  moine  de  Tournus, 
vivait  vers  la  fin  du  onzième  siècle.  Certains 
écrivains  ont  prétendu  qu'il  appartenait  à  la 
maison  de  Mercœur  et  était  neveu  de  saint 
Odon  de  Cluny.  L'abbé  de  Tournus  Pierre  P"", 
voulant  voir  mettre  en  ordre  différents  monu- 
ments historiques  qui  se  conservaient  dans  son 
monastère,  s'adressa  au  moine  Falcon,  que  re- 
commandait son  érudition.  Falcon,  après  quel- 
ques difficultés,  accepta  le  travail,  et  composa 
la  Chronique  de  Tournus.  Cet  ouvrage,  assez 
curieux,  peut  se  diviser  en  quatre  parties,  bien 
distinctes  :  1°  les  actes  de  saint  Valérien,  l'apô- 
tre du  pays,  martyrisé  en  179 ,  et  dont  le  corps 
repose  à  Tournus  ;  2"  l'origine  légendaire  du  mo- 
nastère  de  Luçon,   érigé   depuis   en   évôché; 

2 


35  FALCON  — 

3"  l'histoire  de  ia  translation  du  corps  de  saint 
Philibert  en  différents  endroits,  en  dernier  lieu 
à  Tournus,  avec  l'histoire  des  àbbés  de  la  com- 
munauté errante  qui  accompagnait  pendant  ce 
temps  les  saintes  reliques,  sujet  déjà  traité  avec 
détails  au  neuvième  siècle  par  l'abbé  Ermen- 
taire  ;  et  4"  l'histoire  des  abbés  de  Tournus  de 
875  à  1087  ,  époque  où  s'arrête  la  chronique. 
Falcon  écrivait  mieux  que  beaucoup  de  chroni- 
queurs du  moyen  âge.  Un  autre  moine  de  Tour- 
nus, Garnier,  qui  vivait  au  douzième  siècle,  et 
qui  a  développé  la  partie  du  livre  relative  à  saint 
Valérien,  a  sauvé  le  nom  de  l^'alcon  de  l'oubli,  en 
expliquant  l'initiale  F,  sous  laquelle  il  écrivit,  et 
nous  apprend  que  l'initiale  P  désigne  l'abbé 
Pierre  I,  auquel  fut  dédiée  la  Chronique  de  Tour- 
nus. Mabillon  fait  assez  de  cas  de  Falcon,  et  le 
P.  Chifilet  s'en  est  beaucoup  servi  dans  son  His- 
l:oire  de  Tournus,  in-4°,  publiée  à  Dijon,  en  1 664 . 
L'abbé  Jueniny  a  corrigé  quelques  erreurs  dans 
son  Histoire  de  V Abbaye  de  Saint-Philibert  et 
de  la  ville  de  Tournus.        Ern.  Bréhaut. 

Mabillon,  Acta  Sanctorum  Ordinis  S.  lienedicti.  — 
Gallia  christiana  nova.  —  Jacques  Lelong,  ISibliotliéque 
historique  de  France.  —  Moréri,  Dict.  hist.  —  L'ubbii 
Papillon,  Bibl.des  Auteurs  de  Bourgogne.  —Hist.  de  la 
Littérature  française,  par  des  Bénédictins  de  Saint- 
Maur. 

~FAî.coNEEii«GE  (  AUxander  ) ,  voyageur 
anglais,  mort  à  Sierra-Leone,  en  1792,  il  fit  plu- 
sieurs voyages  en  Afrique,  le  plus  souvent  en 
qualité  de  cliirurgien,  à  box'd  des  bâtiments  né- 
griers. Il  publia  le  résultat  de  ses  observa- 
tions, sous  ce  titre  (en  anglais)  Précis  de  la 
Traite  des  Nègres  sur  la  côte  d'Afrique  ;  1789, 
in-8".  L'auteur  y  raconte  d'affreux  épisodes,  et 
plaide  vivement  la  cause  de  l'humanité,  prise 
même  au  pointde  yae de  l'intérêt  des  traitants. 
Catalogue  de  la  Bibl.  imp. 

FALCONERiDGE  (  Anna-Maria),  femme  du 
précédent,  vivait  encore  en  1795.  Elle  suivit  son 
mari  dans  quelques  voyages,  dont  elle  donna  ia 
relation  sous  ce  titre  (en  anglais  )  :  Deux  Voya- 
ges à  Sierra-Leone ,  dans  les  années  1791, 
1792  et  1793,  dans  une  suite  de  lettres  ;  Lon- 
dres, 1793,  in- 8%  1794  et  1795,  in- 12.  Cet  ou- 
vrage, écrit  avec  conscience,  offre  des  détails 
remplis  d'intérêt  sur  les  mœurs  des  habitants 
de  la  côte  ouest  de  l'Afrique.  A.  de  L. 

Cbaudon  et  Delandine,  Dict.  hist. 

FALCONCiNi  (  Benedetto),  biographe  italien, 
né  en  1657,  à  Volterra,  mort  à  Arezzo,  le  6  mars 
1724.  Après  avoir  fait  ses  premières  études  dans 
sa  patrie,  il  alla  étudier  la  théologie,  la  philoso- 
phie et  la  jurisprudence  à  Pise,où  il  obtint,  jeune 
encore,  la  chaire  de  droit  canon.  En  1704  il  fût 
nommé  évêque  d'Arezzo.  Il  jouissait  d'un  grand 
crédit  à  la  cour  de  Rome  et  à  celle  de  Côrae  III, 
grand-duc  de  Toscane.  On  a  de  lui  :  La  Vita 
del  nobil  tiomoet  buon  servodi  Dio  Raffaello 
Ma/fey,  detto  il  Volterano;  Rome,  1722,  in-4°. 

Chaudon  et  Delandine ,  Dict.  universel,  hist.  et  crit. 

:    FALCONE  {Benedetto  m) ,  historien  italien, 


FALCONER 


36 


né  à  Bénévent ,  vivait  dans  le  douzième  siècle. 
Quoique  juif  d'origine,  il  devint  notaire  du  pa- 
lais apostolique,  et  secrétaire  du  pape  Inno- 
cent II.  Il  écrivit  une  histoire  ou  chronique  des 
principaux  événements  arrivés  particulièrement 
à  Bénévent  de  1102  à  1140.  D'après  Le  Mire, 
la  narration  de  Falcone  est  si  vive,  que  le  lecteur 
croit  assister  aux  événements  racontés.  La  lati- 
nité de  ce  chroniqueur  est  d'ailleurs  barbare, 
même  pour  le  temps.  L'ouvrage  de  Falcone  fut 
publié  pour  la  première  fois  avec  trois  autres 
chroniqueurs  par  Ant.  Caraccioli,  sous  le  titre 
de  Antiqui  chronologi  quatuor  ;  Naples,  1626, 
in-4°;  il  a  été  réimprimé  dans  VHistorïa  Prin- 
cipum  Longobardorum,  de  Camille  Peregrin, 
Naples,  1643,  in-4";  àansla. Biblioiheca'hislorica 
Sicilix,  de  Carusius,  Palerme,  1720,in-fol.,  t.  I; 
dans  les  Reruni  italicarum  Scriptores  de  Mu- 
ratori,  t.  II  et  V,  et  dans  le  Thesaiirus  Anti- 
quitatum  Italise  de  Burmann,  t.  IX. 

Le  Mire,  Bibliotheca  ecclesiastica,  t,  I,  p.  241,  —  Fa- 
briciiis,  Bibl.  Lat.  med.  et  inf.  œtat. 

FALCOîJE  (Aniello),  peintre  italien,  né  à 
Naples,  en  1600,  mort  en  France,  en  1665.  11  se 
distingua  surtout  comme  peintre  de  batailles. 
Lanzi  vante  la  correction  de  son  dessin ,  la  vi- 
gueur de  son  coloris ,  la  vivacité ,  la  variété  et 
le  naturel  de  ses  figures.  Falcone  eut  de  nom- 
breux élèves,  parmi  lesquels  on  remarque  Salva- 
tor  Rosa,  qui  le  surpassa  en  l'imitant.  11  prit  avec 
toute  son  école  une  part  active  à  l'insurrection 
de  Mas  Aniello,  et  lorsque  les  Espagnols  eurent 
repris  le  dessus ,  il  se  réfugia  en  France ,  où  il 
composa  un  grand  nombre  d'ouvrages. 

Lan?,!,  Storia  délia  Pittura ,  t.  II,  413. 

*FAL,coKE  (Andréa),  sculpteur  napohtain, 
vivait  à  la  fin  du  dix-septième  et  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle.  Élève  de  Cosimo 
Fanzaga,  il  ne  brilla  guère  plus  que  son  maître  par 
la  pureté  de  son  goût,  et  ne  contribua  pas  peu 
à  propager  à  Naples  le  style  dégénéré  de  l'école 
du  Bernin.  Ses  ouvrages  ne  se  recommandent 
guère  que  par  une  grande  habileté  d'exécution. 

E.  B— N. 

Cicognara,  Storia  délia  Scultura.  —  Ticozzi,  Di:iio- 
nario. 

*  FALCONE  (  JosepZi),  annahste  et  prédicateur 
italien,  né  à  Plaisance  (Italie),  mort  en  1597, 
après  avoirexercé  plusieurs  dignités  dans  l'or- 
dre des  Carmes ,  auquel  il  appartenait.  On  cite 
de  lui  :  Chronicon  Ordinis  Carmelitici  ;  Plai- 
sance, 1593,  in-4°;  —  Sermones  qnadragesi- 
males  ;  Venise,  1594.  N.  M— y. 

Possevin ,  Apparatus  sacer.  —  Labbe,  Bibliotheca 
bibliothecarum.  —  Antonio,  Bibliotheca  Hisp.   nova. 

FALCONER  (William),  poëte  anglais,  né 
vers  1730,  naufragé  en  décembre  1769.  Fils  d'un 
pauvre  'oarbier  d'Edimbourg,  il  reçut  d'abord 
l'éducation  que  comportait  la  modeste  position 
de  son  père.  Il  avait  cependant  quelques  no- 
tions de  littérature,  lorsque,  jeune  encore,  il 
prit  du  service  à  bord  d'un  vaisseau  marchand. 
Plus  tardii  entra  chez  le  poëte  Campbel,  qui  lui 


37 


FALCONER 


trouva  des  dispositions  naturelles  et  prit  la  peine 
de  les  développer.  Falconer  répondit  à  l'attente  de 
son  protecteur.  En  1751,  il  composa  un  poëmc  sur 
la  mort  de  Frédéric,  prince  de  Galles.  Deve-nu 
second  maître  à  bord  d'un  bâtiment  frété  pour 
le  commerce  du  Levant,  il  fut  témoin  d'un 
naufrage,  qui  lui  inspira  un  de  ses  plus  beaux 
poèmes,  intitulé  :  Shipivreck.  Il  écrivit  aussi  de 
petites  pièces,  parmi  lesquelles  le  chant  popu- 
laire :  Cease,  rude  Boreas.  Le  duc  d'York,  de- 
venu son  pi'otecteur  par  suite  de  la  dédicace  du 
ShipivrecJi,  que  lui  avait  adressée  le  poète ,  lui 
ayant  donné  le  conseil  d'entrer  dans  la  marine 
royale,  Falconer  s'embarqua  abord  du  Royal- 
George  eu  qualité  de  midshipman.  Après  avoir 
composé  un  poème  de  circonstance,  sous  le 
titre  Ode  on  the  Duke  of  York' s  departure 
from  England  as  rear-admiral,  il  fut  nommé 
intendant  des  vivres  (purser)  de  la  frégate 
Glortj  en  1763  ;  et  en  17C9  il  remplit  les  mêmes 
fonctions  sur  la  frégate  Aurora,  eu  paiiance 
pour  l'Inde.  Ce  bâtiment,  qui  devait  transporter 
dans  l'Inde  plusieurs  inspecteurs  de  ia  Compa- 
gnie, fit  voile  d'Angleterre  le  30  septembre  1769, 
et  toucha  au  Cap  au  mois  de  décembre  de  la 
même  année.  Depuis  on  n'en  entendit  plus  parler. 
On  suppose  qu'il  périt  dans  le  canal  de  Mozam- 
bique. Comme  poète  descriptif,  Falconer  mérite 
un  rang  distingué  :  son  chef-d'œuvre,  The  Sliip- 
wreck,  reproduit  d'une  manière  pittoresque  et 
saisissante  les  grandes  scènes  de  l'Océan.  On  lui 
reproche  d'avoir  abusé  des  termes  techniques, 
au  point  d'être  souvent  inintelligible  pour  ceux 
qui  sont  étrangers  à  la  marine.  Les  autres  poésies 
de  Falconer  n'ont  guère  survécu  aux  circon- 
stances qui  les  avaient  inspirées.  On  a  en  outre 
de  lui  :  Universal  Marine  Dictîonary,  publié 
en  1769,  ouvrage  où  se  trouvent  d'utiles  docu- 
ments. V.  R. 

Aikiii,  Gen.  bior/r.  Dict.  —  Clarke,  en  tête  de  son 
Odilion  de  Shipivreck. 

FALCONER  (  William  ),  médecin  et  littéra- 
teur allemand,  né  à  Chester,  en  1741,  mort  en 
ISOf».  11  étudia  la  médecine  à  Edimbourg,  et  s'é- 
tablit ensuite  à  Bath.  Il  s'appliqua  à  la  littéra- 
ture autant  qu'à  la  médecine.  Ses  ouvrages  sont  : 
Disscrtatio  de  NephrUlde  liera  ;  Edimbourg, 
1766;  —  An  Essay  on  the  Bath  Waters, 
in  four  parts  ,with  apre/atory  introduction 
to  the  study  of  minerai  ivaters  ;  Londres , 
1770;  —  Observations  on  D''  Cadogan's  Dis- 
sertation on  the  (jout  and  ail  chrome  diseu- 
ses ;  Londres,  1771  ;—  Observations  and  Ex- 
periments  on  the  Poison  of  copper  ;  Londres, 
1774;  — An  Essay  on  the  Waters  commonly 
used  in  diet  ai  Bath;  Londres,  1776;  —  Ex- 
perivienis  and  Observations  ;  Londres,  1777; 
—  Observations  on  some  articles  of  diet 
and  regimen  usually  recommended  to  vale- 
tudinarians  ;  Londres,  1778;  —  Remarks  on 
the  Influence  of  Climate,  situation,  nature 
of  country,  population,  nattire  of  food,  and 


-  FALCONET  38 

ivay  of  life  ;  On  the  disposition  and  temper^ 
manner,  and  behaviour,  intellects  laws  and 
customs,  forms  of  government  and  reli- 
gions ofmankind;  Londres,  1781  ;  —  Account 
on  the  épidémie  catarrhal  Fever  commonly 
called  the  Influenza,  as  it  appeared  at 
Bath  in  1782;  —  Dobson  on  fixed  air;wlth 
an  appendix  on  the  use  of  the  solution  of 
iixed  alkaline  salts  in  the  stone  and  gravel; 
Londres,  1785  ;  —  A  Dissertation  upon  the 
infltience  of  passions  upon  the  disorders  of 
body  ;  Londres,  1788;  —  An  Essay  on  the 
Préservation  of  the  Health  of  persans  em- 
ployed  in  agriculture,  and  on  the  cure  of 
diseuses  incident  to  that  way  o/^i/e;  Londres, 
1789;  —  Apractical  Dissertation  on  the  mé- 
dical Effects  of  the  Bath  Waters;  Londres, 
1790  ;  —  Miscellaneous  Tracts  and  collections 
relating  to  natural  Mstory,  selected  from 
the  principal  ivrilers  of  antiquity  on  that 
subject ;lionAïs,?,,  1795,  in-4";  —  An  Account 
oj  the  use,  application  and  success  of  the 
Bath  Waters  in  rheumacic cases;  Bath,  1796; 

—  Observations  respect ing  the  Puise;  Lon- 
dres, 1796  ;  —  An  Essay  on  the  Plague,  etc.; 
Bath,  1801  ;  —  An  Account  qf  the  epidemical 
catarrhal  Fever  in  the  winter  and  spring  of 
1802;  Bath,  1803;  —A  Dissertation  on  Is- 
chias,  etc.;  Londres,  1805. 

Krsch  .et  Gruber,   Allg.  Enc. 

*FAi.cqMET,  troubadour  provençal,  vivait 
au  commencement  du  treizième  siècle;  on  man- 
que de  détails  sur  sa  vie,  mais  il  reste  de  lui 
deux  pièces  de  vers ,  dont  l'une  offre  une 
forme  singulière  :  c'est  une  satire  contre  divers 
seigneurs  de  l'époquy.  Falconet  suppose  qu'ils 
servent  d'enjeu  à  une  partie  qu'il  engage  avec 
un  autre  troubadour,  nommé  Fabrc  ou  Faure  ; 
il  les  pèse  et  donne  à  chacun  une  valeur;  ce  qui 
amène  des  railleries  mordantes.  G.  B. 

MiUot.  Hist.  des  Troubadours,  lii,  399.  —  Pichoii,  Hist. 
de  l'rovenea,  II,  411.  —  Raynouard  ,  Choix  de  Poésies, 
V,  147.  —  Hist.   lut.  de  la  France,  t.  XVII,  p.  S28. 

FALCONET  (Ambrotse),  jurisconsuhe  fran- 
çais, mort  en  avril  1817.  Avocat  au  parlement 
de  Paris  eu  1790,  il  donna  ses  conseils  à  Beau- 
marchais, dans  l'affaire  Lablache,  et  concourut, 
dit-on,  à  la  rédaction  des  mémoires  publiés  à 
cette  occasion.  Il  plaida  avec  succès  plusieurs 
autres  causes  importantes.  On  a  de  lui  :  Le 
Début,  ou  premières  aventures  du  chevalier 
de...;  Londres  et  Paris,  1770,  in-l2.  On  trouve 
quelques  exemplaires  de  cet  ouvrage  sous  le 
titre  de  Mémoires  du  chevalier  de  Saint- 
Vincent;  Londres  et  Paris,  1770;  —  Essai  sur 
le  Barreau  grec ,  romain  et  français;  Paris, 
1773,  in-s"  ;  —  une  édition  des  Œuvres  choisies 
de  Lcmaistrc;  180G,  in-4"  ;  —  Le  Barreau 
français  moderne;  1806-1807,  2  vol.  in-4"; 

—  IMlre  à  S.  M.  Louis  XVIII  sur  la  vente 
des  biens  nationaux;  1814,  in-8". 

QuOrard,  La  France  littéraire. 

FALCONET  (André),  médecin  français,  né 

3. 


39 


FALCONET 


40 


à  Roanne,  le  12  novembre  1612,  mort  en  1691. 
Après  avoir  fait  ses  études  chez  les  jésuites  de 
Roanne ,  il  se  rendit  à  Montpellier,  où  il  se  fit 
recevoir  docteur  en  1634  ;  il  s'établit  à  Lyon 
en  1636,  et  ne  se  fit  agréger  qu'en  1641 
au  collège  des  médecins  de  cette  ville.  La  même 
année  il  alla  prendre  à  Valence  le  grade  de 
docteur  en  droit.  En  1663  il  fut  appelé  à  Turin 
pour  donner  ses  soins  à  Christine  de  France , 
fille  d'Henri  IV,  et  celte  princesse  lui  donna  le 
titre  de  son  premier  médecin.  Falconet  profita 
de  son  séjour  à  Turin  pour  inspirer  au  duc 
Charles-Emmanuel  II  l'idée  de  faire  réparer  les 
bains  de  la  ville  d'Aix  en  Savoie,  abandonnés 
depuis  longtemps  et  presque  ruinés.  Il  était  en 
correspondance  avec  Charles  Spon  et  Guy  Patin. 
On  a  de  lui  :  Moyens  préservatifs  et  méthode 
assurée  pour  la  parfaite  guérison  du  scor- 
but; Lyon,  1642,  in-8°;  ibid.,  1684,  in-8°. 

Èloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

FALCONET  (Noël),  médecin  français,  fils 
d'André,  né  à  Lyon,  le  16  novembre  1644,  mort 
à  Paris,  le  14  mai  1734.  Il  fit  ses  études  à  Paris 
en  1658,  sous  la  direction  de  Guy  Patin.  Il  alla 
les  achever  à  Montpellier,  où  il  fut  reçu  docteur 
en  1663.  Il  revint  ensuite  à  Lyon,  et  se  fit  agréger 
au  collège  des  médecins  en  1666.  Ayant  obtenu 
en  1678,  par  le  crédit  du  comte  d'Armagnac, 
la  place  de  médecin  des  écuries  du  roi ,  et  en- 
suite celle  de  médecin  consultant  du  roi,  il  s'é- 
tablit à  Paris,  et  y  resta  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie. 
On  a  de  lui  :  La  Méthode  de  M.  de  Lucques 
sur  la  maladie  de  madame  Dugué ,  femme 
de  Vintendant  de  Lyon,  réfutée  ;  Lyon,  1675, 
in-4"  ;  —  Système  des  Fièvres  et  des  crises, 
selon  la  doctrine  d'Hippocrate  ;  des  fébrifti- 
ges ,  des  vapeurs,  de  la  petite  vérole,  de  Fé- 
ducation  des  enfants,  de  Vahus  de  la  bouil- 
lie; Paris,  1723,  in-8°. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

FALCONET  (  Camille),  médecin  et  littérateur 
français,  fils  de  Noël  Falconet,  né  à  Lyon,  le 
1"'  mars  1671,  mort  à  Paris,  le  8  février  1762. 
Il  étudia  la  médecine  à  Montpellier,  où  il  eut  pour 
professeur  Chirac  et  pour  condisciple  Chicoy- 
neau,  avec  lesquels  il  se  lia  d'une  étroite  amitié. 
Il  alla  prendre  le  grade  de  docteur  à  Avignon , 
et  s'établit  à  Lyon.  En  1707  il  vint  à  Paris,  où 
il  obtint  d'abord  la  survivance  de  la  place  de 
médecin  des  écuries  du  roi,  et  plus  tard  les  titres 
de  médecin  de  la  famille  de  Bouillon  et  de  méde- 
cin de  la  chancellerie,  et  enfin  celui  de  médecin 
consultant  du  roi.  Il  fut  reçu  en  1 709  à  la  Faculté 
de  Médecine  de  Paris.  Sept  ans  après ,  il  fut  élu 
à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-lettres. 
Il  avait  formé  une  riche  collection  de  livres , 
augmentée  par  le  legs  que  lui  fit  M"^  de  Bouillon 
delà  bibliothèque  qu'elle  tenait  du  duc  son  père. 
En  1742,ildisposaenfaveurdela  Bibliothèque  du 
Roi  deceux  de  ses  livres,  au  nombrede  onze  mille 
environ,  que  cette  bibliothèque  ne  possédait  pas,  en 
s'en  réservant  seulement  l'usage  pendant  sa  vie. 


Falconet  mourut  âge  de  quatre-vmgt-onze  ans. 
Parmi  ses  ouvrages  nous  citerons  :  Dissertation 
historique  et  critiquesur  ce  que  les  anciens  ont 
cru  de  V aimant  (dans les  Mémoires  de  VAcad. 
des  Insc,  tom.  IV)  ;  —  Dissertation  sur  les  As- 
sassins {ibid.,  tom.  Vil); —  Dissertation  sur 
les  principes  de  Vétymologie  par  rapport  à 
la  langue  française  (  ibid.,  tom.  XX)  ;  —  Dis- 
sertation sur  Jacques  de  Dondis  (ibid.,  ibid.)  ; 
—  Observations  sur  nos  premiers  traduc- 
teurs français,  avec  un  Essai  de  bibliothèque 
française  (  Histoire  de  VAcad.,  tom.  Vil). 
Il  a  retouché  YÉloge  de  la  Folie,  traduit  du 
latin  d'Érasme  par  P.  Gueudeville;  Paris,  1757, 
in-12.  On  lui  attribue  l'édition  des  Amours  pas- 
torales de  Daphnis  et  Chloé,  traduction  d'A- 
myot,  Paris,  1781,  in-S";  et  (avec  Lancelot) 
l'édition  du  Cymhalum  Mundi  de  Bonaventure 
Desperriers,  Amsterdam,  1732,  in-12.  Falconet 
avait  légué  à  Lacume  de  Sainte-Palaye ,  son 
ami,  cinquante  mille  cartes  sur  lesquelles  il 
avait  consigné  le  résultat  de  ses  lectures  et  de 
ses  réflexions.  RigoUey  de  Juvigny  a  fait  usage 
d'un  certain  nombre  de  ces  cartes  pour  l'édition 
qu'il  a  donnée  en  1772  A&s,  Bibliothèques  fran- 
çaises de  La  Croix  du  Maine  et  de  Du  Verdier. 
On  a  publié  le  Catalogue  de  la  bibliothèque 
de  feu  M.  Falconet;  Paris,  1763,2  vol.  in-8''. 
Les  livres  donnés  à  la  Bibliothèque  du  Roi  sont 
compris  dans  ce  catalogue ,  et  placés  entre  cro- 
chets. E.  Regnard. 

0.  Lebeau,  Éloge  'historiquc.de  Falconet;  Paris;  1762, 
In-i".  —  Avertissement,  en  tête  du  Catalogue  de  la 
bibl.  de  feu  M.  Falconet.  —  Quérard,  La  France  litt. 

FALCONET  {Éticnne-Maurice) ,  sculpteur 
français,  né  à  Paris,  en  1716,  mort  en  1791, 
Sa  famille  était  peu  aisée,  et  plus  d'une  fois  son 
maître,  Lemoine ,  ne  l'aida  pas  moins  de  sa 
bourse  que  de  ses  conseils.  Tout  en  se  livrant  à 
son  art  avec  ardeur,  Falconet  trouva  le  temps 
d'étudier  le  grec  et  le  latin  et  d'acquérir  une 
instruction  dont,  malheureusement  pour  lui,  il 
n'a  pas  toujours  fait  le  meilleur  emploi.  Doué 
d'un  esprit  remuant,  inquiet,  porté  à  la  con- 
tradiction et  au  paradoxe,  il  écrivit  une  foule  de 
brochures,  de  mémoires,  de  libelles,  d'articles 
de  journaux,  attestant  tous  une  immense  estime 
de  lui-même  et  presque  toujours  une  égale  dis- 
position à  dénigrer  les  autres.  L'antiquité  même 
ne  fut  pas  à  l'abri  de  ses  attaques.  Il  préférait 
hautement  le  Puget  aux  plus  habiles  artistes  de 
la  Grèce  et  de  Rome,  «  qui,  disait-il,  n'ont  jamais 
rendu  comme  le  sculpteur  marseillais  le  senti- 
ment des  plis  de  la  peau,  la  mollesse  des  chairs 
et  la  fluidité  du  sang».  Selon  lui,  les  anciens 
n'ont  jamais  su  faire  un  cheval;  les  chevaux 
de  Venise,  ceux  de  Marc-Aurèle  et  des  Balbas 
seraient  au  nombre  des  plus  pitoyables  produc- 
tions de  l'art.  Le  Marc-Aurèle  surtout,  dont  il 
n'avait  vu  que  le  plâtre  placé  dans  la  grande 
cour  de  Fontainebleau ,  tandis  qu'il  ne  connais- 
sait les  chevaux  de  Venise  et  d'Herculanum 


41 


FALCONET 


que  par  des  dessins,  le  Marc-Aurèle,  dis-je,  fut 
surtout  en  butte  à  ses  incessantes  diatribes.  Fal- 
conet  n'était  pas  plus  indulgent,  mais  cette  fois 
avec  plus  de  raison,  pour  le  cheval  de  Constantin 
au  Vatican,  par  le  Bernin,  cheval  qu'il  appelle 
une  des  plus  mauvaises  et  impertinentes  produc- 
tions quel'on  puisse  voir  en  sculpture. 

On  conçoit  qu'avec  un  semblable  caractère 
Falconet  ne  devait  prendre  de  conseils  que  de 
lui-même;  aussi  ses  ouvrages  sont-ils  em- 
preints d'une  originalité  qui  trop  souvent  dé- 
génère en  bizarrerie;  s'il  avait  eu  autant  de 
goût  et  de  modestie  que  d'imagination  et  de 
savoir,  il  occuperait  un  poste  plus  élevé  parmi 
les  artistes  modernes. 

Beaucoup  de  ses  ouvrages,  placés  dans  des 
églises ,  ont  été  détruits  à  la  révolution  ;  tel  fut 
le  sort  d'une  grande  Assomption,  placée  à  Saint- 
Roch  de  Paris  et  que  surmontait  une  gloire  cé- 
leste éclairée  par  un  transparent.  Ces  étranges 
inventions,  excellentes  pour  des  décorations  de 
théâtre  ou  de  fêtes  publiques,  étaient  devenues 
fort  à  la  mode  au  dix-huitième  siècle,  et  déjà 
dans  le  siècle  précédent  le  Bernin  en  avait 
donné  un  avant-goût  à  Rome  dans  la  chaire  de 
Saint-Pierre  et  dans  la  chapelle  Sainte-Thérèse 
à  l'église  de  la  Victoire.  Falconet  n'avait  pas 
atteint  sa  trentième  année  quand  une  statue  de 
Milon  de  Crotone,  qu'il  ne  craignit  pas  d'entre- 
prendre après  le  Puget ,  lui  ouvrit  les  portes  de 
l'Académie  royale  des  Beaux-Arts.  Un  Pygmalion 
et  une  Baigneuse,  qu'il  offrit  ensuite  au 
public,  furent  accueillis  avec  une  égale  faveur  ; 
il  n'en  fut  pas  de  même  d'un  Amour  me- 
naçant, qui  lut  virement  critiqué  :  toutefois  ses 
ouvrages  de  sculpture  et  ses  nombreux  écrits 
n'eussent  peut-être  pas  sauvé  de  l'oubli  le  nom 
de  Falconet,  s'il  n'eût  eu  le  bonheur  de  se  voir 
chargé  d'une  de  ces  entreprises  gigantesques 
qui  marquent  dans  l'histoire  de  l'art,  ne  fût-ce 
que  par  leur  importance  matérielle. 

En  1776,  Catherine  n  appela  Falconet  à  Saint- 
Pétersbourg,  et  le  chargea  d'une  statue  équestre 
et  colossale  de  Pierre  le  Grand,  destinée  à  sur- 
monter un  immense  bloc  de  granit  du  poids  de 
deux  millions  de  kilogrammes,  qu'un  habile  ingé- 
nieur était  parvenu  à  extraire  du  fond  d'un  ma- 
rais et  à  amener  sur  des  boulets,  d'une  distance 
de  six  kilomètres,  jusque  sur  la  place  de  l'église 
Saint-Isaac.  Il  faut  reconnaître  que  dans  cette  en- 
treprise Falconet  fit  preuve  d'un  véritable  talent 
et  d'une  rare  énergie.  Abandonné  par  les  fon- 
deurs, découragés  ou  gagnés  par  ses  ennemis,  au 
moment  où  le  moule  était  à  moitié  rempli,  il  ne 
désespéra  pas  du  succès ,  et  parvint  à  vaincre 
une  des  plus  grandes  difficultés  de  la  fusion  en 
achevant  de  remplir  le  moule  quand  la  moitié 
du  bronze  y  était  déjà  refroidie.  La  statue  de 
Pierre  le  Grand  a  3'°,66  de  hauteur  et  le  cheval 
5"',60  ;  le  groupe  entier  pèse  18,000  kil.  L'ar- 
tiste a  placé  le  czar  sur  un  cheval  fougueux  qui 
se  cabre  sur  le  bord  de  la  roche  escarpée  ;  calme 


FALCONETTO  42 

sur  son  cheval  frémissant,  il  jette  un  regard 
sur  sa  ville ,  qui  s'élève  florissante  du  sein  des 
marais,  et  paraît  étendre  sur  elle  sa  main  pro- 
tectrice. Cette  pose  est  extrêmement  hardie  et 
serait  impossible  à  tenir  si  la  queue  du  cheval, 
posant  sur  le  roc,  ne  servait  de  contre-poids,  ar- 
tifice ingénieux  qui  a  été  imité  par  Bosio  dans 
la  statue  de  Louis  XTV  à  Paris.  On  prétend  que 
lorsque  Falconet  eut  arrêté  son  projet,  il  le  sou- 
mit à  l'impératrice,  en  lui  exposant  la  difficulté 
qu'il  y  aurait  à  représenter  un  homme  et  un 
cheval  dans  une  position  si  hardie  sans  avoir 
un  modèle  sous  les  yeux,  et  qu'alors  le  général 
Melissino,  très-habile  écuyer,  offrit  de  monter 
chaque  jour  devant  lui  un  cheval  dressé  à  cet  effet 
et  de  le  faire  cabrer  sur  le  bord  d'une  plate-forme 
présentant  la  forme  du  roc.  Cette  expérience 
eut  un  plein  succès ,  et  le  cheval  de  Pierre  le 
Grand  se  cabre  réellement  avec  beaucoup  de 
vérité.  La  figure  du  czar  est  moins  parfaite  ;  les 
draperies  sont  d'une  ampleur  excessive  et  traîne- 
raient à  terre  si  le  cavalier  pouvait  descendre  de 
sa  monture.  On  dit  que  la  tête,  qui  est  d'une 
grande  ressemblance,  avait  été  modelée  par  un 
autre  artiste  français,  M"«  Callot,  qui  avait  saisi 
parfaitement  le  caractère  du  modèle.  Malgré 
son  mérite  incontestable,  ce  groupe  fut  en  butte 
à  de  nombreuses  critiques,  qu'avait  peut-être  pro- 
voquées l'amour-propre  démesuré  de  son  auteur. 
Desservi  par  un  personnage  puissant,  dont  il 
s'était  attiré  l'inimitié,  Falconet  ne  fut  pas  digne- 
ment récompensé,  et  en  1778  il  quitta  la  Russie, 
et  revint  en  France.  Il  se  préparait  à  aller  visiter 
l'Italie  quand,  au  conomencement  de  mars  1783, 
il  fut  frappé  de  paralysie  ;  il  conserva  intactes 
ses  facultés  intellectuelles  ;  mais  il  ne  fit  plus  que 
languir  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  en  1791. 

Falconet  était  studieux,  et  il  fit  preuve  d'une 
parfaite  connaissance  des  classiques  en  publiant 
les  trois  livres  de  Pline  sur  les  arts,  accompagnés 
de  nombreuses  illustrations  et  de  coramentaii-es 
intéressants.  Dans  ses  nombreux  opuscules,  qui 
ne  forment  pas  moins  de  6  vol.  in-8° ,  il  attaque 
vigoureusement  et  de  front  les  préjugés  les  mieux 
établis,  et  en  cela  il  fit  preuve  de  courage  ;  mais 
il  attaqua  avec  le  même  fiel  W^inckelmann ,  Hu- 
bert, Mengs  et  les  autres  artistes  ou  écrivains 
sur  les  arts.  En  un  mot,  dans  ses  écrits  il  blâme 
tout  le  monde,  et  ne  loue  que  lui  seul.  «  Peut- 
être,  dit  Cicognara,  n'eut-il  d'autre  tort  que  ce- 
lui de  dire  tout  haut  et  avec  franchise  ce  que 
tant  d'autres  se  contentent  de  penser  tout  bas 
d'eux-mêmes.  »  E.  Breton. 

Cicognara,  Storia  délia  Scultura.  —  Ticozzi,  Dizio- 
nario.  —  Orlandi,  Abhecedario.  —  Magazin  pittores- 
que, t.  I,  1883. 

*  FALCONETTO  (  Gtovanni-Antomo),  peintre 
de  l'école  vénitienne,  né  à  Vérone,  à  la  fin  du 
quinzième  siècle.  Il  était,  ainsi  que  son  frère  Gio- 
vanni-Maria,  issu  d'une  famille  de  peintres.  Son 
père,  Jacopo,  artiste  très-médiocre,  était  fils  d'un 
autre  Giovanni- Antonio,  qui  n'était  pas  sans  ta- 


43 


FALCONETTO 


44 


îcnt,  mais  qui  avait  été  complètement  éclipsé  par 
son  frère ,  l'un  des  grands  peintres  véronais , 
Stefano  da  Verond,  plus  connu  sous  le  nom  de 
StefanodaZevio  {voy.  ce  nom).  G.-A.  Falconetto 
reçut  sans  doute  de  son  père  les  premières  no- 
tions de  son  art  ;  mais  on  pense  que,  ainsi  que  son 
frère,  il  étudia  sous  le  Melozzo  ;  il  devint  habile 
peintre  de  fruits  et  d'animaux,  et  a  laissé  un 
assez  grand  nombre  de  tableaux  à  Vérone  et 
dans  divers  lieux  du  Véronais ,  ainsi  qu'à  Ro- 
vereto ,  château  du  territoire  de  Trente,  dans 
lequel  il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie. 

E.  B— N. 

Vasafi,  Fite-  —  Ticoz/-i,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia 
■pittorica.  —  Siret,  Dictionnaire  historique  dos  Peintres. 

.  FALCONETTO  ( Gïo Va?? w i-Mana  ),  peintre  et 
architectedel'école  vénitienne,  frère  du  précédent, 
né  à  Vérone,  en  1458,  mort  à  Padoue,  en  1534.  Il 
étudia  la  peinture  d'abord  sous  son  père  Jacopo, 
puis  sous  le  Melozzo.  Il  ne  montra  pour  cet  art 
que  des  dispositions  médiocres ,  et  il  sentit  lui- 
même  que  sa  vocation  l'entraînait  vers  l'arciii- 
tecture.  11  étudia  avec  ardeur  les  monuments  et 
les  antiquités  de  Vérone;  puis,  ce  champ  ne  suf- 
fisant plus  à  ses  recherches,  il  partit  pour  Rome, 
où  il  ne  resta  pas  moins  de  douze  années ,  des- 
sinant et  mesurant  tous  les  restes  de  l'antiquité; 
il  ne  laissa  pas  non  plus  inexplorés  le  royaume 
de  Naples  et  le  duché  deSpolette,  et  ne  re- 
vint à  Vérone  que  l'esprit  retrempé  à  la  vraie 
source  du  beau  et  le  portefeuille  rempli  de  tous 
les  chefs-d'œuvre  de  l'art  romain.  11  était  pauvre 
alors,  et  Vasari  dit  que  pendant  son  séjour  à 
Rome  il  dut  consacrer  deux  ou  trois  jours  par 
semaine  à  aider  dans  leurs  travaux  les  peintres 
à  réputation  pour  pouvoir  donner  le  reste  de  son 
temps  à  ses  études  favorites. 

Lorsqu'il  revint  dans  sa  patrie ,  il  la  trouva 
dans  un  état  politique  qui  ne  laissait  aucune  oc- 
casion aux  grandes  entreprises  de  l'architecture, 
et  il  dut  pendant  quelque  temps  en  revenir  à 
ses  premiers  travaux. 

Vérone  étant,  en  1509,  tombée  au  pouvoir  de 
l'empereur  Maximilien,  par  la  victoire  que  ses 
troupes  remportèrent  sur  les  Vénitiens  à  la 
Ghiara  d'Adda ,  Falconetto  obtint  le  privilège 
de  peindre  seul  sur  les  édifices  publics  les  armes 
impériales  ,  triste  privilège  pour  un  artiste  de  ce 
mérite  ;  mais  il  fut  largement  récompensé  de 
son  travail.  C'est  à  la  même  époque  qu'il  peignit 
à  fresque  sur  îa  façade  de  l'église  de  Saint-Pierre 
martyr,  alors  consacrée  à  saint  Georges ,  divers 
sujets\le  l'Écriture,  accompagnés  des  figures  de 
deux  seigneurs  allemands  qui  les  lui  avaient 
commandés;  il  n'en  reste  plus  qu'une  belle  An- 
nonciatlon. 

Vérone  étant  en  1517  retombée  aupouvou-des 
Vénitiens,  l'artiste,  favorisé  par  l'empereur,  dut 
sonp;er  à  sa  sûreté,  et  il  se  retira  à  Trente;  plus 
tard,  les  affaires  s'étant  arrangées,  il  alla  s'éta- 
blir à  Padoue,  où  l'appelaient  la  protection  du  car- 
dinal Berabo  et  l'amitié  du  noble  Luigi  Cornaro , 


grand  amateur  des  arts ,  écrivain  distingué ,  au- 
teur du  traité  Délia  Vita  sobrïa ,  chez  lequel  il 
passa  les  dernières  années  de  sa  vie.  Pendant  ce 
long  séjour  à  Padoue ,  il  fit  de  fréquents  voyages 
à  Rome,  soit  seul ,  soit  en  compagnie  de  Luigi 
Cornaro.  Il  avait  pins  une  telle  habitude  de  ce 
voyage,  que  la  moindre  occasion  suffisait  pour 
l'y  décider.  Vasariraconteque,  n'étant  pas  tombé 
d'accord  avec  un  autre  architecte  sur  la  mesure 
d'un  certain  entablement  antique  :  «Nous  saurons 
bientôt  qui  a  raison ,  «  dit-il.  Il  rentre  chez  lui , 
fait  son  paquet  et  part  pour  Rome  le  même  jour. 
Il  fit  aussi  un  voyage  en  Istrie  pour  dessiner  et  me- 
surer l'amphithéâtre  de  Poia,  dont,  à  son  retour, 
ii  publia  les  détails  en  même  temps  que  ceux  de 
l'amphithéâtre  de  Vérone.  Ses  ouvrages  en  archi- 
tecture sont  peu  nombreux  dans  cette  dernière 
^i!le;  on  lui  attribue  seulement  le  dessin  de  la 
grande    porte    de   l'église    Santa- Maria  délia 
Scala.  Il  a  beaucoup  plus  travaillé  à  Padoue.  En 
1530  il  y  construisit  les  deux  belles  portes  de 
Saint-Jean  et  de  Savouarole;  en  1532  il  éleva 
le  superbe  portail  dorique  du  palais  del  Capi- 
tanio;  en  1533    il  acheva  dans  l'église  Saint- 
Antoine  la  magnifique  chapelle  du  saint,  com- 
mencée en     1500   par   les    deux   Minello,  et 
continuée  par  Sausovino.  On  lui  doit  aussi  une 
salle  de  concert  ou  odéon ,  dite  la  Rotonde  de 
Padoue ,  que  Palladio  ne  dédaigna  pas  d'imiter 
dans  la  belle  maison  de  campagne  des  comtes 
Capra,    appelée  aussi    la    Rotonde.   Le  chef- 
d'œuvre  de  Falconetto  est  le  palais  qu'il  bâtit , 
en  1524,  pour  Luigi  Cornaro,non  loin  de  l'église 
Saint- Antoine ,   et   qui  est  connu   aujourd'hui 
sous  le  nom  de  palais  Giustiniani  al  Santo;  on 
vante   surtout  la  galerie  ou  loge  construite  en 
avant  de  la  cour,  et  consistant  en  deux  étages 
chacun  de  cinq  arcades  décorées  en  bas  d'un 
ordre  dorique,  et  au-dessus  d'un  ordre  ionique. 
Ce  fut  dans  ce  palais  même  que,  souffrant  depuis 
longtemps  d'une  goutte  cruelle ,  Falconetto  ren- 
ditle  dernier  soupir,  dans  les  bras  de  son  ami,  qui 
voulut  que  ses  restes    fussent  déposés  dans  le 
tombeau  où  il  devait  reposer  lui-même.  Falco- 
netto avait  aussi  commencé  à  Usopo  dans  le 
Frioul,  pour  le  comte  de  Savorgnano,  un  magni- 
fique palais,  que  la  mort  de  ce  seigneur  ne  per- 
mit pas  d'achever. 

Au  milieu  de  ses  travaux  d'architecture,  il 
n'avait  jamais  renoncé  entièrement  à  la  pein- 
ture ;  ainsi  nous  voyons  à  Saint-Joseph  de  Vé- 
rone un  beau  tableau  ,  portant  la  date  de  1523, 
représentantla  Madone  entre  saint  Augustin  et 
saint  Joseph.  Dans  la  même  ville,  il  a  laissé  un 
Christ  au  tombeaic  à  Sainte- Hélène;  il  a  peint 
à  fresque,  à  la  voûte  et  aux  pendentifs  de  la  cha- 
pelle Saint-Biaise  à  Saint-Nazaire  et  Saint-Celse, 
quatre  docteurs,  deux  évêques,  une  Annoncia- 
tion et  une  Adoration  des  Mages,  aujourd'hui 
très-ruinée;  enfin,  dans  la  sacristie  de  Sainte- 
Anastasie  existent  quatre  allégories  sacrées,  dont 
les  figures  sont  de  petite  proportion.  Falconetto 


45 


FALCONETTO 


peignit  aussi  à  Osimo,  dans  la  marche  d'Ancône, 
et  à  Mantoue  pour  Louis  de  Gonzague. 

Cet  artiste >  brave ,  spirituel,  instruit,  très- 
versé  dans  l'étude  des  lettres  et  des  arts ,  fut 
l'ami  de  tous  les  hommes  distingués  de  son 
temps.  Toujours  porté  aux  grandes  entreprises , 
il  se  plaisait  à  faire  des  projets  et  des  modèles  de 
vastes  édifices,  sans  qu'on  les  lui  eût  commandés, 
et  il  se  refusait  aux  demandes  de  travaux  ordi- 
naires que  lui  faisaient  les  simples  particuliers. 
Ce  fut  lui  qui,  avec  Frà  Giocondo,  son  contem- 
porain ,  introduisit  dans  le  territoire  vénitien  le 
bon  goût  en  architecture ,  que  perfectionnèrent 
Sammicheli ,  Sausovino  et  Palladio.  Il  eut  six 
filles,  dont  la  dernière  épousa  le  peintre  véro- 
nais  Bartolommeo  Ridolfi ,  et  trois  fils ,  dont  les 
deux  premiers ,  Ottaviano  et  Provolo ,  furent 
peintres  et  ses  élèves  ;  le  troisième ,  nommé 
Alexandre,  embrassa  la  carrière  des  armes,  et 
fut  tué  à  la  tête  d'une  compagnie  d'infanterie 
qu'il  commandait  au  siège  de  Turin.  E.  Breton. 
Vasari,  f'ite.  —  Orlandi,  Abbecedarin.  —  Cicognara, 
Storia  délia  Scultura.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  — 
Baidinucci,  Notizie.  —  Paolo  Faccio,  Niiova  Guida  di 
Padova.  —  Bennassutl,  Guida  di  Ferona.  —  QaatremèTe 
de  Qiiincy,  Dictionnaire  d'Architecture. 

FALCONIA  (Proba),  poétesse  latine,  très- 
célèbie  au  moyen  âge ,  mais  dont  le  nom  réel  et 
le  lieu  de  naissance  sont  incertains ,  vivait  dans 
le  quatrième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Les  divers 
manuscrits  lui  donnent  les  noms  de  Faltonia 
Veccia,  Faltonia  Anicia,  de  Valeria  Fia- 
tonia  Proba  et  Proba  Valeria;  Rome,  Orta 
et  plusieurs  autres  villes  réclament  l'hon- 
neur de  sa  naissance.  Plusieurs  historiens  litté- 
l'aires  l'identifient  avec  la  noble  Anicia  Faltonia 
Proba,  femme  d'Olybrius  Probusou  Hermoge- 
nianus  Olybrius ,  dont  le  nom  apparaît  dans  les 
Fasti  comme  celui  d'un  collègue  d'Ausone  en 
379.  Cette  Proba,  mère  d'Olybrius  et  de  Pro- 
binus,  dont  les  consulats  réunis  ont  été  célébrés 
dans  Claudien ,  livra ,  selon  Procope ,  les  portes 
de  Rome  à  Alaric  ;  mais  cette  identification  est 
loin  d'être  certaine.  Le  témoignage  d'Isidore  se 
réduit  à  ces  mots  :  «  Proba,  uxor  Adelfii  pro- 
consulis  ;  «  on  peut  y  ajouter  ces  lignes ,  d'un 
manuscrit  du  dixième  siècle ,  citées  par  Mont- 
faucon  dans  son  Diarium  Italïcum  :  «  Proba, 
uxor  Adolphi,  mater  Olibrii  et  Aliepii,  cum  Con- 
stantii  bellum  adversus  Magnentium  conscrip- 
sisset,  conscripsit  et  hune  librum.  » 

Il  nous  reste  de  Falconia  un  Cento  Virgi- 
lianus  dédié  à  l'empereur  Honorius ,  et  écrit 
après  393.  Ce  poème  en  vers  hexamètres,  et  con- 
tenant les  principales  histoires  de  l'Ancien  et 
du  Nouveau  Testament,  est  composé  tout  entier 
de  vers,  de  demi- vers,  et  de  mots  empruntés 
exclusivement  aux  poèmes  de  Virgile.  Un  pareil 
tour  de  force ,  quoique  exécuté  avec  beaucoup 
d'iiabileté,  ne  mérite  certainement  pas  les  éloges 
que  lui  ont  prodigués  Boccace  et  Henri  Kstienne. 
La  préface  de  ce  centon  nous  apprend  que  Fal- 
conia avait  composé  plusieurs  autres  ouvrages , 


—  FALCULA  46 

un  entre  autres  sur  les  guerres  civiles  ;  il  n'en 
reste  pas  de  traces.  Les  Homerocentones,  attri- 
bués quelquefois  à  Falconia,  appartiennent  en 
réalité  à  Eudocie. 

Le  Cento  Virgilianus  fut  imprimé  pour  la 
première  fois  à  Venise,  1472,  in-fol.,  avec  les 
épigrammes  d'Ausone ,  ISiConsolatio  ad  Liviam, 
les  pastorales  de  Calpurnius,  et  quelques  autres 
pastorales  et  poèmes.  Le  Cento  Virgilianus 
fut  réimprimé  à  Rome,  1481,  in-4°;  Anvers, 
1489,  in-4°;  Brescia,  1496,  in-8°.  Les  meilleures 
éditions  sont  celles  de  Meibomius ,  Helmstaedt, 
1597,  in-4°,  et  de  Kromayer,  Halle, 1719,  in-8". 

Isidore  de  SévUle,  Orig.,  1,  ii;  De  Script,  eccles.,  S.  — 
Bibllotheca  Max.  Patrum;  Lyon,  1677,  vol.  v,  p.  lais. 

—  Sruith,  Diction,  of  Grée]!,  and  Roman  Biography. 

FALCONiERE  (  OctavB  ),  archéologue  italien  , 
né  en  1646,  mort  à  Rome,  en  1676.  Issu  d'une 
ancienne  famille  florentine ,  et  pourvu  de  digni- 
tés éminentes  dans  l'Église  romaine ,  il  s'occupa 
spécialement  d'archéologie.  On  a  de  lui  plusieurs 
dissertations  insérées  dans  les  Antiquitate.s  Ro- 
manai  de  Grsevius,  t.  IV,  et  dans  les  Antiqui- 
tates  Grsecee  de  Gronovius,  t.  VIH;  —  A  la  pre- 
mière édition  de  la  Roma  antica  de  Famiano 
Nardini ,  Rome,  1666,  in-4'',  Falconieri  ajouta 
un  discours  sur  la  pyramide  de  C.Cestius;  — 
Inscriptiones  athleticœ;  Rome,  1668,  in-4°: 
Falconieri  inséra  dans  cet  ouvrage  une  curieuse 
dissertation  sur  une  médaille  d'Apamée  représen- 
tant le  déluge. 

Apostolo  Zeno,  Note  al  Fontanini,  t.  II,  p.  252.  —  Ti- 
raboschi ,  Storia  Délia  Lelt.  Italiana,  t.  VIII,  p.  29S. 

FAL.CUCCÏ  (Nicolas),  ou  Nicolas  de  Flo- 
rence ,  médecin  italien ,  né  vers  le  milieu  du 
quatorzième  siècle,  mort  en  1411.  Sa  vie  est 
presque  entièrement  inconnue  ;  on  sait  seulement 
qu'il  professa  et  pratiqua  la  médecine  avec  assez 
de  succès  pour  être  surnommé  le  Divin.  On  a 
de  lui  :  Sermones  médicinales  septem;  Pavio, 
1474,  in-fol.;  —  Commentaria  super  Apho- 
rismos  Hippocratis ;  Bologne,  1522,  in-8°;  — 
Liber  de  Medica  Materia ;Yenise,  1535, in-fol.; 

—  Une  dissertation  sur  les  fièvres,  dans  le  recueil 
DeFebribus  Opusaureum;  Venise,  1576,  in-fol. 
On  lui  a  attribué  par  erreur  ÏAntidotarium 
Nicolai,  médecin  de  Salerne,qui  vivait  vers 
1350. 

Tiraboschi ,  Storia  delta  Letteratura  Ital.,  t.V,  p.  222. 

*  FALCDL4  {G.  Fidiculanius),  sénateur  ro- 
main, vivait  en  69  avant  l'ère  chrétienne.  Il 
siégea  comme  juge  lors  du  procès  capital  intenté 
à  Statius  Albius  Oppianicus,  prévenu  en  74  d'a- 
voir voulu  empoisonner  son  beau-fils  Cluentius, 
qui  se  portait  accusateur.  Falcula  fut  enveIo|)pé 
dans  l'indignation  produite  par  la  condamnation 
d'Oppianicus.  Cette  condamnation  fut  pronon- 
cée à  très-peu  de  voix  de  majorité.  A  son  tour, 
Falcula  fut  accusé  par  le  tribun  L.  Quintius, 
qui  lui  reprochait  son  immixtion  illégale  parmi 
les  juges  et,  chose  plus  grave,  l'accusait  de  s'être 
vendu  pour  20,000  sesterces  à  Cluentius.  Cepen- 
dant Falcula  fut  acquitté.  Il  n'a  plus  été  ques- 


47  FALCULA  —  FAIERI 

tion  de  ce  personnage  que  dans  les  discours  de 

Cicéron  pour  Cluentius,  accusé  à  son  tour  en  66, 

et  pour  Ceecina,  en  l'an  69  avant  l'ère  chrétienne. 

La  première  de  ces  harangues  est  considérée 

comme  une  des  meilleures  du  grand  orateur  ro- 

V    R 
mam.  ' ,  , 

Cicéron,  Pre  Cluent.,  37,  41  ;  Pro  Ceecina,  10.  —  Schol. 
Gronov.  in  orat.  1  in  Verrem,  p.  396,  éd.  OreUi. 

FALDA.  {Giovanni- Baptista),  graveur  italien , 
né  vers  1640,  à  Valdugia  (Milanais ) ,  mort  vers 
1700.  Il  passa  presque  toute  sa  vie  à  Rome.  On 
ignore  quel  fut  son  maître;  mais  ses  gra- 
vures rappellent  le  genre  de  Sylvestre.  Ses  es- 
tampes les  plus  recherchées  sont  des  vues  des 
principaux  monuments  de  Rome  ;  voici  les  titres 
de  quelques-unes  :  Il  nuovo  Teatro  délie  fa- 
briche  ecl  edifici  di  Roma  moderna;A  parties 
en  un  voK  in- fol.,  contenant  l42  pièces;  —  Li 
Giardini  diRoma  ;  Rome,  1683,  in-fol.  ;  —  Le 
Fontane  di  jRoma;  Rome,  4  tomes  en  un  vol. 
in-fol.,  contenant  107  pièces. 

Gandellini,  Notizie  degli  Intagliatori,  avec  le  supplé- 
ment de  Luigi  de  Angelis,  t.  VIII. 

*FALDi  (AïStonio),  architecte  italien,  né  à 
Pistoja,  en  1763,  mort  en  1819.  H  fut  élève  de 
Beneforti  et  de  Giacinto  Giusti.  Il  dut  sa  réputa- 
tion au  bel  amphithéâtre  qu'il  érigea  en  1791  sur 
la  place  Saint-François  de  Pistoja  pour  la  repré- 
sentation de  la  Liberazione  di  Despina ,  drame 
tiré  du  Ricciardeéto,  dans  une  fête  offerte  au 
grand-duc  de  Toscane  Ferdinand  m,  en  l'hon- 
neur de  son  avènement.  E.  B— -n. 
I.  F.  Tolomei,  Guida  di  Pistoja. 

FALDONi  (  Giovanni-Antonio  ) ,  peintre  et 
graveur  de  l'école  vénitienne,  né  vers  1690,  dans 
la  Marche  Trévisane.  Il  quitta  la  peinture  de 
paysage  pour  la  gravure  au  burin ,  prenant  pour 
modèles  et  pour  guides  Sadeler  et  Claude  Mellan, 
qu'il  imita  avec  succès.  Parmi  ses  estampes,  gé- 
néralement estimées ,  les  principales  sont  :  les 
portraits  d'un  doge  et  de  plusieurs  autres  grands 
personnages  de  Venise;  —  une  Sainte  Famille, 
dans  un  beau  paysage  ;  —  une  Conception  de 
la  Vierge,  d'après  Sebastiano  Ricci;  —  la  Na- 
tivité de  Jésus -Christ;  —  David  jouant  de  la 
harpe  devant  Saûl,  et  David  fuyant  la  colère 
de  Saûl,  d'après  Pierre  de  Cortone  ;  —enfin,  une 
Partie  de  campagne  d'après  Pietro  Longhi. 

E.  B— N. 
Ticozzl,  Dizioiiario.  —  Siret ,  Dict.  Mst.  des  Peintres. 
FALEDRO.  VOÎJ.  FALIERI. 

FAL.EIRO  (  Francisco  ),  navigateur  portugais, 
vivait  au  seizième  siècle; il  a  laissé  Tratado  de 
la  Esfera  y  del  arte  de  marear  con  el  Regi- 
miento  de  las  Alturas;  Séville,  1.535,  in-4°. 
Devenu  très-rare ,  ce  livre  n'offre  d'intérêt  que 
sous  le  rapport  des  matériaux  qu'il  présente  pour 
l'histoire  des  progrès  de  la  science  nautique. 

G.  B. 
•,  Barbosa  Machado,  Bibliotheca Lusitana,  t.  II,  p.  143. 

*  FALEIRO  OU  FALEBO  (Ruy) ,  géographe 
astronome  portugais, collaborateur  de  Magellan; 
né,  selon  toute  probabilité,  à  Cubilla  en  Portugal, 


48 
à  la  fin  du  quinzième  siècle,  mort  vers  1523. 
Il  avait  déjà  acquis  une  grande  renommée  comme 
mathématicien  astrologue ,  lorsqu'il  lia  ses  inté- 
rêts à  ceux  de  Magellan.  Comme  l'illustre  navi- 
gateur, il  croyait  avoir  à  se  plaindre  du  roi 
D.  Manoel,  et  il  alla  en  1518  offrir  en  Espagne 
ses  services  à  Charles-Quint.  Dans  l'association 
qui  eut  lieu  alors  entre  les  deux  fugitifs ,  Faleiro 
appoi-tait  un  projet  longuement  élaboré  sur  la 
possibilité  de  gagner  les  îles  aux  épices,  autrement 
dit  les  Moluques ,  en  suivant  une  voie  nouvelle  ; 
ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  la  capitulation  faite 
avec  l'empereur  accordait  au  géographe  les  mê- 
mes droits  qu'à  Magellan.  En  arrivant  à  Saragosse 
vers  la  fin  de  1518  ,  et  après  avoir  confié  ses  dé- 
clarations au  docteur  Juan  Fernandez  de  La  Gama, 
il  fut  revêtu ,  comme  son  associé  Magellan,  du 
titre  de  commandeur  de  l'ordre  de  Sant-lago.  Les 
premiers  temps  qui  marquent  le  séjour  de  Fa- 
leiro en  Espagne  se  lient  si  intimement  à  la 
biographie  de  son  célèbre  compatriote,  que  nous 
renvoyons    à    l'article    Magellan.  —    Oviedo 
nous  représente  l'astronome  portugais  comme 
un  homme   d'un   esprit    subtil ,    et    que    l'on 
voyait  d'ordinaire  profondément  enfoncé  dans 
l'étude;  l'homme  aux  théories,  associé  à  l'homme 
d'action ,  perdit  complètement  son  intelligence  lors- 
qu'il fallut  en  venir  aux  faits  ;  l'expédition  al- 
lait partir,  et  Faleiro  était  à  Séville  quand  ce 
malheur  arriva.   «  César,  nous  dit  encore  i'an- 
naUste,le  fit  soigner  et  guérir.  «  Ce  qu'il  y  a 
de  positif ,  c'est  qu'une  vive  mésintelligence  s'é- 
tait manifestée  précédemment  entre  les  deux  as- 
sociés ,  et  que  Faleiro,  livré  à  ses  propres  res- 
sources, n'avait  pas  tardé  à  être  mis  décote.  Des 
écrivains  contemporains  donnent  néanmoins  à  en- 
tendre   qu'en  le  privant  d'un  droit  reconnu, 
on  lui  réservait  la  dh'ection,  si  ce  n'est  le  com- 
mandement d'une  autre  expédition ,  destinée  à 
succéder  immédiatement  à  celle  de  1519.  Après 
le  départ  de  Magellan,  et  probablement  aussi 
dès  qu'il  eut  été  guéri  de  sa  triste  maladie ,  Fa- 
leiro quitta  Séville  et  se  rendit  en  Portugal ,  où 
le  gouvernement  de  D.  Manoel  le  fit  incarcérer  ; 
toute  la  science  astrologique  de  l'habile  mathé- 
maticien n'avait  pas  été  jusqu'à  prévoir  cette 
mésaventure ,  qu'un  homme  de  sens  eût  devinée. 
Rendu  à  la  liberté  après  ime  détention  assez  lon- 
gue, il  vint  en  Espagne,  et  termina  ses  jours  dans 
un  hôpital  de  fous.  —  Son  frère,  qui  était  venu 
avec  lui  en  Espagne,  était  un  mathématicien  cos- 
mographe  distingué;  il  a  laissé    sur  les  ma- 
tières dont  il   s'occupait  un  ouvrage  tellement 
rare  aujourd'hui,  que  Navarreten'a  pu  s'en  pro- 
curer un  seul  exemplaire  et  le  cite  même  sans 
l'avoir  consulté.  F.  D. 

Franc,  de  Navarette ,  Coleccion  de  Pliages ,  t.  IV.  — 
Ensayo  sohre  la  kistoria  de  la  Naulica  ;  in-8°.  —  Ferd.- 
Denis ,  dans  la  Notice  sur  Mlagellan  qui  fait  partie  des 
ymjageurs  anciens  et  modernes,  pub.  par  M.  Edouard 
Charton,  t.  Ill 

*  FALERi  (  Domenico  ),  peintre  de  l'école  de 
Sienne,  né  dans  cette,  ville,  en  1 595,  mort  en  1 640. 


49 


FALERl  —  FALIERl 


50 


A  Sienne,  dans  l'église  de  l'hôpital  de  Monagnèse, 
on  voit  de  lui  une  Nativité ,  et  il  a  laissé  aussi 
quelques  peintures  à  la  Vicaria  di  Barontoli , 
ancien  prieuré  de  Bénédictins ,  situé  aux  envi- 
rons de  Sienne.  E.  B — n. 
Romagnoli,  Cenni  storico-artistici  di  Siena. 

FALETTi  OU  FALLETTi  { Geroïiimo  ) ,  poëte 
et  historien  italien,  né  à  Trino,  ( Montferrat ) , 
vers  1518,  mort  à  Padoue,  le  3  octobre  1564. 
Il  voyagea  dans  toute  l'Europe  pour  compléter 
son  instruction.  Se  trouvant,  en  1542,  à  Louvain 
au  moment  de  la  guerre  entre  Charles-Quint  et 
François  T"",  il  publia  à  ce  sujet  un  poëme  en 
quatre  chants.  Il  revint  ensuite  en  Italie,  et  se  fit 
recevoir  docteur  en  droit  à  Ferrare.  Le  duc  Her- 
cule II  le  prit  à  son  service,  et  lui  confia  plusieurs 
missions  auprès  de  l'empereur  Charles-Quint  et 
d'autres  princes.  Alfonse  II ,  qui  succéda  à  Her- 
cule en  1559 ,  témoigna  aussi  beaucoup  de  bien- 
veillance à  Faletti,  et  l'employa  dans  des  négo- 
ciations importantes.  On  a  de  Faletti  :  Délia 
Guerra  di  Germania  in  tempo  di  Carlo  V; 
Venise,  1552  ,  in-s";  —  Délia  Resurrezione , 
traduit  d'Athénagoras ,  avec  un  discours  Délia 
Natività  di  Christo;  Venise,  1556,  in-4'';  — 
De  Bello  Sicambrico ,  libri  IV,  et  alia  poe- 
mata,  libri  VIII ;  Venise,  1557,  in-4*';  — 
Orationes  Z//;  Venise,  1558,  in-fol.;  —  Rime, 
insérées  dans  les  Rime  scelle  de  Barufaldi;  — 
Genealogia  degli  Principi  Estensi;  Francfort, 
1581,  in-fol. 

Lilio  Giraldl,  De  Poetis  sui  temporis,  dial.  II.  —  Vin- 
cenzo  Verzellini ,  Historia  Savonse ,  1.  VU.  —  Ghllini, 
Theatro  d'uomini  letterati.  —  Soprani  et  Giustinianl, 
Scriltori  délia  Liyuria. 

*  FALGANi  (  Gaspare  ) ,  peintre  de  l'école  flo- 
rentine, né  à  Florence,  dans  les  premières  années 
du  dix- septième  siècle.  Il  fut  élève  de  Valerio 
Marucelli,  et  s'adonna  exclusivement  au  paysage, 
genre  dans  lequel  il  tient  un  rang  honorable 
parmi  ses  contemporains.  Ses  nombreux  ou- 
vrages se  trouvent  dans  toutes  les  galeries  d'I- 
talie; mais  malheureusement  ils  se  reconnaissent 
aux  verts ,  qui  ont  tellement  poussé  au  noir, 
qu'il  n'est  pas  possible  de  juger  du  talent  du 
maître  comme  coloriste.  E.  B — n. 

Ticozzi,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  delta  Pittura. 

FALIERl  ou  FALEDRi ,  nom  d'une  ancienne 
famille  vénitienne  (1) ,  dont  les  principaux  per- 
sonnages sont,  par  ordre  chronologique  : 

Vitale  Faliero  ,  trente-troisième  doge  de  Ve- 
nise, mort  en  1096.  La  flotte  vénitienne  ayant 
été  en  grande  partie  détruite  devant  Durazzo, 
par  Robert  Guiscard,  duc  normand  delà  Fouille, 
les  Vénitiens  s'en  prirent  à  leur  doge  Dome- 
nico  SUvio,  et  le  déposèrent.  Vitale  Faliero,  qui 
avait  soulevé  le  peuple  contre  le  prince  vaincu, 
fut  placé  sur  le  trône  ducal.  Il  continua  la  guerre 
contre lesNormands,mais  ne  fut  pas  plus  heureux 
que  son  prédécesseur.  Vitale  s'allia  avec  Alexis 

(1)  Un  Faliero  comptait  parmi  les  douze  électeurs  qui 
prirent  part,  en  697,  à  l'élection  de  Paul-Luc  Anafeste 
d'Héraclée,  premier  doge  de  Venise. 


Comnène,  empereur  de  Grèce;  il  stipula  avec  ce 
monarque  que  les  Vénitiens  seraient  désormais 
considérés  à  Constantinople  comme  nationaux , 
que  tous  les  négociants  d'Amalfi  qui  aborderaient 
sur  les  côtes  de  l'empire  payeraient  une  redevance 
de  trois  perperi  au  trésor  de  Saint-Marc.  Alexis 
accorda  en  même  temps  au  doge  le  titre  de  proto- 
sébaste,  en  y  attachant  un  revenu  considérable. 
En  1094,  Vitale  Faliero,  désirant  augmenter  le 
commerce  intérieur  de  Venise,  et  remarquant  que 
les  cérémonies  religieuses  attiraient  le  plus  les 
nationaux  et  les  étrangers,  il  fit  rechercher 
le  corps  de  saint  Marc,  dont  la  sépulture  était 
oubliée  depuis  longtemps;  il  institua  des  fêtes 
splendides  en  l'honneur  de  ce  saint,  accorda 
des  franchises  aux  voyageurs  et  marchands 
qui  viendraient  à  Venise  lors  de  ces  fêtes,  et 
obtint  de  l'Ëglise  des  indulgences  pour  les  pè- 
lerins. Le  saint  manifesta  d'ailleurs  sa  présence 
par  de  fréquents  miracles  qui  ajoutèrent  un  nou- 
vel attrait  pour  les  dévots  et  les  curieux.  C'est 
ainsi  que  Venise  dut  à  l'adroit  Vitale  sa  foire  de 
Saint-Marc,  qui  resta  longtemps  un  des  princi- 
paux marchés  du  monde. 

Sabellico,  Historia  Rerum  yenetartim,  Aéc.  I,  liv.  V. 
—  Sébastiano  Crotta,  Memorie  storico-civili  sopra  le 
successive  forme  del  governo  de'  f^eneziani.  —  Andréa 
Dandolo,  Chron.  —  Carlo-Antonio  Marino,  Storia  civile 
e  politica  del  Commercio  de'  Veneziani,  t.  Il,  Mb.  IV, 
cap.  IV.  —  Daru,  Hist.  de  Fenise,  t.  I,  liv.  Il,  §  33,  p.  104. 

Ordelafo  Faliero  ,  trente-cinquième  doge  de 
Venise,  tué  près  de  Zara,  en  1117.  Il  avait  une 
belle  réputation  comme  homme  de  guerre  et 
comme  diplomate,  lorsqu'il  fut,  en  1102,  élu 
doge  en  remplacement  de  Vitale  Michieli.  Il  arma 
pour  la  Terre  Sainte  une  flotte  de  cent  voiles,  qui 
concourut  aux  sièges  de  Ptolémaïs  (Saint-Jean 
d'Acre),  de  Sidon  et  de  Bérythe.  Baudoin  F''  (de 
Bouillon) ,  successeur  de  Godefroy  sur  le  trône 
de  Jérusalem ,  récompensa  les  services  des  Vé- 
nitiens en  leur  abandonnant  un  quartier  de  Pto- 
lémaïs, la  permission  de  commercer  en  franchise 
dans  toute  la  Palestine,  et  le  privilège  de  ne  re- 
connaître d'autres  magistrats  que  ceux  de  leur 
nation.  En  1110 ,  les  Padouans  ayant  fait  UTup- 
tion  sur  le  territoire  vénitien ,  Ordelafo  marcha  à 
leur  rencontre ,  les  battit  complètement  et  leur 
fit  six  cents  prisonniers.  Mais  l'empereur  Henri  V 
étant  intervenu  en  faveur  de  Padoue,  le  doge  fut 
obligé  d'indemniser  les  Padouans  et  d'accorder 
à  l'Empire  le  tribut  d'un  manteau  d'or  à  chaque 
avènement.  Peu  de  temps  après,  Venise  éprouva 
de  grandes  calamités  :  deux  incendies  successifs 
détruisirent  la  moitié  de  la  ville ,  le  palais  ducal 
et  les  principaux  édifices.  Presqu'au  môme  ins- 
tant le  même  fléau  ravagea  Malamocco,  et  la 
mer,  s'élevant  à  une  hauteur  prodigieuse,  rompit 
ses  digues ,  et  submergea  au  loin  les  campagnes. 
Venise  semblait  un  volcan  au  milieu  des  eaux  : 
le  commerce  fut  ruiné ,  les  citoyens  sans  habita- 
tions. Le  doge  déploya  une  activité  sans  égale  et 
une  intelligence  supérieure  :  bientôt  des  palais 
de  marbre  s'élevèrent  sur  les  débris  des  maisons 


51 


FALIERI 


52 


de  bois ,  la  ville  fut  agrandie,  embellie,  et,  grâce 
à  Ordelafo ,  devint  une  des  plus  belles  capitales 
du  monde.  En  1115,  Etienne  II,  surnommé  le 
Foudre,  entreprit  d'expulser  les  Vénitiens  de  la 
Dalmatie.  Il  se  présenta  devant  Zara ,  dont  les 
habitants  lui  ouvrirent  les  portes.  Ordelafo  tra- 
versa aussitôt  l'Adriatique,  et  commença  le  siège 
de  la  ville  révoltée.  Etienne  II  accourut  pour  la 
secourir;  le  doge  marcha  à  sa  rencontre,  et  rem- 
porta une  victoire  signalée,  qui  décida  la  red- 
dition de  la  place.  Il  punit  les  rebelles,  pour- 
suivit les  Hongrois  au  delà  des  montagnes ,  et 
rentra  dans  Venise  en  triomphe,  précédé  de  ses 
prisonniers  et  de  trophées  de  guerre.  Pour  per- 
pétuer le  souvenir  de  cette  victoire ,  le  sénat  dé- 
créta que  le  doge  ajouterait  désormais  à  ses  titres 
celui  de  duc  de  Croatie  (I).  En  mars  1116  ,  Or- 
delafo reçut  splendidement  l'empereur  Henri  V, 
qui  vint  lui  rendre  visite  à  Venise.  En  1117, 
Etienne  II  envahit  de  nouveau  la  Dalmatie;  Or- 
delafo lui  livra  bataille  près  de  Zara,  et,  donnant 
l'exemple ,  se  précipita  courageusement  dans  la 
mêlée.  Mais,  atteint  de  plusieurs  coups  mortels, 
il  tomba.  Son  armée,  demeurée  sans  chef,  ne 
combattit  plus  avec  confiance  ;  presque  tous  les 
Vénitiens  furent  pris  ou  tués,  un  petit  nombre 
seulement  put  se  rembarquer.  Le  corps  d'Orde- 
lafo,  rapporté  à  Venise,  fut  enterré  pompeuse- 
ment à  Saint-Marc.  Sonépitaphelui  donne  toutes 
les  vertus  d'un  héros  chrétien  ;  cependant  Ber- 
nardino  Zendrini  lui  reproche  d'avoir  usé  de  ses 
privilèges  pour  enrichir  sa  famille  et  lui  distri- 
buer les  principales  charges  de  l'État. 

SabcUico,  Hist.  F  en.,  déc.  1,  lib.  VI.  —  Liinig,  Codex 
Italix  diplomaticus.  —  Bernardino  Zendrini ,  Memorie 
slorichc  dello  stato  antico  e  moderno  délie  Langiine  di 
Venciia  ('Padoue,  1811,  2  vol.  in-4<'),  liv.  î,  p.  17.  —  Uaru, 
Histoire  de  Venise,   t.  I,  livre  II,  §  36-38 

*  Vitale  Faliero  vivait  en  1175.  Il  était  con- 
sidéré comme  l'un  des  plus  illustres  citoyens  de 
Venise,  lorsque  le  doge  Vitale  Michieli  II  fut 
massacré  dans  une  sédition,  le  27  mai  1173.  La 
constitution  fut  alors  complètement  changée  ;  le 
peuple  perdit  unegrande  partie  de  ses  privilèges, 
«  entre  autres ,  dit  Daru ,  le  plus  grand ,  le  plus 
essentiel  de  tous,  celui  d'élire  son  souverain  ». 
L'élection  du  doge  fut  confiée  à  onze  citoyens 
désignés  par  le  sénat.  Ces  onze  délégués  choisis- 
saient le  prince  parmi  eux,  et  à  la  pluralité  de 
neuf  voix.  Telle  fut  l'origine  du  Conseil  des  Dix, 
dont  la  puissance  effaça  bientôt  celle  des  doges, 
qui  n'en  furent  plus  qu'une  émanation.  Vitale 
Faliero  fut  l'un  des  premiers  électeurs  choisis 
pour  former  ce  suprême  conseil. 

l'ietro  Giustiniani,  Historia  Rerum  Fenetariim,  lib.  II, 
—  I>aru,  Histoire  de  Denise,  t.  I,  liv.  II,  p.  143. 

Angelo  Faliero  vivait  en  1225.  II  était  pro- 
curateur de  la  république  vénitienne ,  lorsque  le 
doge  PLetro  Ziani ,  après  avoir  consulté  les  prin- 

(1)  Cet  usage  dura  jusqu'à  la  paix  conclue  en  13SS  entre 
Louis  \",  dit  le  Grand,  roi  de  Hongrie,  et  le  doge  Gio- 
vanni Delfino.  Les  Vénitiens  nyant  perdu  toutes  leurs 
possessions  snr  les  cOtes  illyrienncs  ,  I.ouis  exigea  (pic 
leur  prince  cessât  de  prendre  le  titre  de  duc  de  Croatie, 


cipaux  patriciens,  proposa  au  grand  conseil  de 
transporter  le  siège  de  l'État  à  Constantinople , 
qui  appai'tenait  aux  Latins  depuis  mars  1204.  II 
fit  valoir  l'importance  des  établissements  que  la 
république  possédait  dans  le  Levant ,  la  force  et 
la  fertilité  de  Corfou,  l'étendue  et  l'heureuse  situa- 
tion de  Candie,  celle  deNégrepontetdes  meilleures 
îles  de  l'Archipel  soumises  aux  Vénitiens ,  et  au 
fond  de  cet  archipel  une  ville  superbe ,  popu- 
leuse ,  assise  entre  deux  mers.  Les  colonies , 
jusque  là  sans  cesse  révoltées  contre  une  métro- 
pole éloignée,  obéiraient  sans  murmures  à  la 
dominatrice  du  commerce  de  l'Europe  et  de  l'A- 
sie. '<  D'ailleurs ,  ajoutait  Ziani ,  nous  avons  un 
État  et  pas  de  territoire ,  et  sans  territoiï'e,  com- 
ment maintenir  notre  puissance  ^  »  Cette  per- 
spective brillante  séduisit  l'assemblée,  et  le  con- 
seil allait  sanctionner  la  proposition  du  doge, 
lorsque  Angelo  Faliero  prit  la  parole,  et  repré- 
senta les  difficultés  de  rentre[>risc  :  ce  serait, 
disait-il,  abandonner  aux  Hongrois  les  provinces 
adriatiques  ;  il  faudrait  commencer  par  chasser  ou 
assujettir  les  Français  possesseurs  de  Constan- 
tinople, s'assurer  de  l'obéissance  douteuse  des 
Grecs,  combattre  ou  intimider  le  roi  des  Bul- 
gares ,  le  prince  de  ThessaUe ,  les  empereurs  de 
Trébizonde  et  de  Nicée,  enfin  les  Turcomans, 
qui  s'avançaient  redoutables.  Il  leur  peignit  en- 
suite Venise  abandonnée,  dépeuplée,  ravagée 
par  les  étrangers.  «  Non ,  s'écria-t-il  en  termi- 
nant et  en  se  précipitant  aux  pieds  d'un  Christ 
qui  décorait  la  salle ,  non ,  vous  ne  permettrez 
pas ,  ô  notre  divin  Sauveur  !  que  nous  abandon^ 
nions  la  patrie  que  vous  nous  aviez  assignée  : 
c'est  vous  qui  en  avez  posé  les  fondements  sur 
l'abîme  des  mers;  faites  que  ce  peuple  ne  se 
montre  pas  ingrat  envers  vous ,  que  l'histoire  ne 
dise  pas  que  ,  par  une  ambition  inquiète ,  nous 
avons  renoncé  aux  bienfaits  les  plus  signalés  de 
la  Pi'ovidence  et  déti'uit  l'un  des  monuments  les 
pins  admirables  de  l'industrie  humaine.  «  On 
alla  aux  voix,  et  la  proposition  de  Ziani,  qui,  si 
elle  eût  été  acceptée ,  eût  certainement  changé 
la  face  du  monde ,  fut  rejetée  à  une  voix  seule- 
ment de  majorité. 

Savina,  Cronica.  —  Barbaro,  Cran.  —  Sandi,  Principj 
di  Storia  civile  di  Venezia.  -  Abbé  Tentori,  Essai  sur 
l'Histoire  de  p-'enisc,  t.  IV.  —  Tomaso  Tenuanza,  Dell' 
antica  Planta  délia  città  di  Venezia,  etc.  —  Sismondi, 
Histoire  des  Républiqves  italiennes,  t.  111,  p.  283.  — 
Daru,  Histoire  de  f^'enise,  t.  I,  liv.  V,  p.  277-288. 

Marïno  Faliero,  comte  de  Val  de  Marina, 
cinquante-sixième  doge  de  Venise,  né  en  1274  , 
décapité  à  Venise,  le  17  avril  1355.  Il  avait,  par 
des  services  sérieux ,  bien  mérité  de  sa  patrie 
lorsqu'en  1346  il  fut  chargé  de  réduire  la  ville 
de  Zara ,  insurgée  pour  la  septième  fois  contre 
les  Vénitiens.  «  Cette  nouvelle  révolte,  dit  Daru, 
ne  prouvait  pas  tant  l'inconstance  des  sujets  que 
l'injustice  des  maîtres.  »  Marco  Justiniani  venait 
d'échouer  contre  la  défense  des  Zarétins,  lorsque 
Marine  Faliero  lui  succéda.  Il  fut  mis  à  la  tête 
d'une  armée  de  vingt-sept  mille  hommes  et  d'une 


.53 

iiotte  redoutable.  Les  Zarétins  coulèrent  leurs 
propres  vaisseaux  dans  le  port  pour  le  rendre 
inaccessible  aux  galères  ennemies.  «  Les  Véni- 
tiens, dit  Dam,  battirent  la  place  avec  des  efforts 
qui  paraîtraient  aujourd'hui  incroyables.  Il  y 
avait  dans  leur  armée  un  mécanicien  (1)  qui  était 
parvenu  à  construire  des  machines  capables  de 
lancer  des  blocs  du  poids  de  trois  mille  livres. 
Ce  détail  donne  une  idée  de  la  balistique  et  de  la 
puissance  à  laquelle  l'industrie  humaine  était 
déjà  parvenue  à  cette  époque.  »  Ces  moyens 
d'attaque  étaient  très-lents-,  Louis  F'",  dit  le 
Grand,  roi  de  Hongrie,  s'avança  avec  quatre- 
vingt  mille  hommes,  et  obligea  les  Vénitiens  à  se 
retrancher  dans  leur  camp.  Attaqué  avec  impé- 
tuosité, Falierose  défendit  avec  bravoure,  et  re- 
poussa plusieurs  assauts.  Louis ,  découragé ,  se 
retira  après  une  perte  de  sept  à  huit  mille  hom- 
mes ,  et  les  Zarétins  furent  obligés  de  se  rendre 
à  discrétion.  Après  avoir  occupé  les  principales 
dignités  de  la  république  et  amassé  do  grandes 
richesses,  Marino  Faliero,  quoique  presque  octo- 
génaire, fut  élu  doge  le  It  octobre  1354  :  il  se 
trouvait  alors  en  ambassade  à  Rome.  Le  com- 
mencement de  son  règne  fut  marqué  par  un  dé- 
sastre. Le  4  novembre ,  Paganino  Doria  {voy.  ce 
nom)  surprit  à  Porto-Longone  (île  deSapienza) 
la  flotte  vénitienne,  forte  de  soixante-et-un  bâti- 
ments de  diverses  grandeurs  et  commandée  par 
Nicolo  Pisani.  Les  Vénitiens  perdirent  quatre 
raille  hommes  et  toute  leur  flotte;  Pisani  fut  fait 
prisonnier  avec  cinq  mille  huit  cent  soixante-dix 
de  ses  compatriotes.  Venise  se  crut  perdue;  Fa- 
liero se  hâta  d'ouvrir  des  négociations  avec  les 
Génois,  et  fut  assez  heureux  pour  signer  (le 
5  janvier  1355)  une  trêve  de  quatre  mois.  Après 
avoir  rendu  un  repos  momentané  à  sa  pafrie ,  le 
doge  conspira  contre  elle,  et  faillit  la  hvrer  aux 
horreurs  de  la  guerre  civile.  Voici  à  quelle  occa- 
sion :  Faliero  donnait  une  fête  le  jeudi  gras 
1355;  :  un  jeune  patricien,  nommé  Michèle 
Sténo,  s'y  permit  à  l'égard  d'une  des  dames  de 
la  dogaresse  quelques  privautés  que  la  gaieté 
du  bal  et  le  mystère  du  masque  rendaient  j)eut- 
être  excusables.  Le  doge  ordonna  que  l'on  fit 
sortir  sur-le-champ  l'insolent  qui  avait  oublié  le 
respect  dû  à  sa  cour.  Sténo ,  ulcéré  de  cet  af- 
front, se  retira  par  la  salle  du  conseil,  et  écrivit 
sur  le  siège  du  doge  :  «  Marin  Falieri  dalla  bella 
moglie,  altrila  gode  ed  egli  la  manlienc.  » 
Ces  mots ,  injurieux  pour  la  vertu  de  la  doga- 
resse, firent  grand  scandale.  On  informa  contre 
l'auteur  ;  Sténo  avoua  sa  faute ,  et  s'en  excusa  ; 
mais  Faliero,  inflexible  dans  son  ressentiment, 
demanda  que  le  coupable  fût  traduit  devant  le  Con- 
seil des  Dix  et  jugé  comme  criminel  d'État.  Les 
avogadors  pensèrent  autrement,  et  renvoyèrent 
Sténo  devant  la  quarantie  criminelle,  dont  il  était 

(1)  Frnncesco  délia  Ikrclic.  II  fut,  dit-on,  nnc  des  prc- 
niiiTcs  victimes  de  son  Invention  :  au  moment  oii  il 
disposait  une  de  ses  catapultes,  elle  le  lança  lui-mûmc  au 
milieu  de  la  Yllle  qu'on  assiégeait. 


FALIERI 


U 


l'un  des  trois  chefs.  Ce  tribunal ,  ayant  égard  à 
l'âge  du  coupable  et  aux  circonstances  qui  atté- 
nuaient sa  faute ,  le  condamna  à  deux  mois  de 
prison ,  suivis  d'un  an  d'exil.  Une  satisfaction  si 
ménagée  parut  au  doge  une  nouvelle  injure.  Il 
éclata  en  plaintes  qui  furent  mal  écoutées  ;  alors 
il  étendit  sa  haine  et  son  désir  de  vengeance 
non-seulement  à  la  quarantie,  qui  s'était  montrée 
si  indulgente,  mais  à  toute  la  noblesse,  qui  n'a- 
vait point  pris  assez  vivement  parti  pour  lui. 

Il  régnait  parmi  le  peuple  de  Venise,  alors 
comme  toujours  et  partout,  une  haine  secrète 
contre  la  noblesse ,  qui  s'était  emparée  exclusi- 
vement de  la  souveraineté ,  et  avait  privé  la  na- 
tion de  ses  droits  naturels.  L'insolence  de  quel- 
ques patriciens  alimentait  l'animosité  du  peuple. 
Sfu's  de  l'impunité,  ils  séduisaient  les  filles,  en- 
levaient les  femmes  et  maltraitaient  ensuite  les 
pères  et  les  époux.  Israele  Bertuccio,  plébéien, 
(ammiraglio)  chef  des  patrons  de  l'arsenal, 
avait  été  insulté  de  cette  manière  par  un  gentil- 
homme de  la  famille  des  Barbari.  Furieux,  le 
visage  ensanglanté,  il  se  présenta  à  l'audience 
du  doge  et  demanda  justice.  «  Comment  veux-tu 
que  je  te  fasse  justice  d'im  noble,  répondit  Fa- 
liero, puisque  je  ne  puis  l'obtenir  moi-même.' 
N'ai-je  pas  été  insulté  comme  toi ,  et  la  punition 
prétendue  du  coupable  n'a-t-elle  pas  été  pour 
moi ,  pour  la  couronne  ducale ,  une  nouvelle  of- 
fense ?  —  Ah  !  s'écria  Bertuccio ,  il  ne  tien- 
drait qu'à  nous  de  punir  ces  insolents  !  Si  vous 
vouliez  me  seconder,  je  vous  promets  que  nous 
mettrions  ces  nobles  à  la  raison ,  et  que  je  vous 
rendrais  le  seul  maître  de  Venise.  »  Le  doge, 
loin  de  réprimander  Bertuccio  d'une  telle  pro- 
position ,  lui  témoigna  de  l'intérêt,  le  questionna 
à  l'écart ,  et  remit  son  affaire  à  un  auti-e  jour. 
Bertuccio,  encouragé  par  la  bienveillance  du 
doge,  attroupa  quelques-uns  de  ses  matelots  et 
annonça  hautement  l'intention  de  se  venger  lui- 
même.  Barbdro  écrivit  au  doge  pour  obtenir  une 
sauvegarde.  Bertuccio  fut  appelé  devant  la  sei- 
gneurie, et  en  présence  de  tous  Faliero  le  ré- 
primanda vivement,  et  lui  ordonna  de  cesser  ses 
poursuites  armées;  mais  le  soir  même  un  émis- 
saire amena  mystérieusement  Yammiraglïo  dans 
le  palais  ducal  :  le  doge  et  le  patron  convinrent 
d'unir  leurs  haines  et  leurs  moyens  d'action  pour 
exterminer  la  noblesse  vénitienne  et  établir  le 
gouvernement  populaire.  Bertuccio  fit  connaître 
à  Faliero  un  nommé  Filippo  Calendaro,  sculpteur 
suivant  les  uns,  ouvrier  de  l'arsenal  suivant 
d'autres;  tous  deux  amenèrent  au  doge  les  prin- 
cipaux et  les  plus  influents  mécontents  parmi 
les  plébéiens;  les  conspirateurs  s'assemblèrent 
plusieurs  nuils  de  suite  au  palais.  On  choisit 
seize  chefs,  qui  se  distribuèrent  les  divers (juar- 
tiers  de  la  ville,  après  s'être  assuré  chacun  de 
soixante  hommes  intrépides  et  bien  arm(''S.  On 
devait  se  borner  à  dire  à  ces  associés  qu'on  agis- 
sait par  ordre  de  la  seigneurie,  qui  voulait  snr- 
I)rendre  et  punir  les  gentilshommes  dont  les 


55 


FALIERI  —  FALIERO 


56 


désordres  avaient  excité  la  colère  du  peuple.  Le 
15  avril  1355  fut  choisi  pour  agir.  Le  signal  de- 
vait être  donné  au  point  du  jour  par  la  cloche  du 
palais  de  Saint-Marc  (1);  aussitôt  les  conjurés 
devaient  se  réunir  en  criant  que  les  Génois  étaient 
dans  les  lagunes ,  courir  vers  la  place  du  palais 
et  massacrer  tous  les  nobles ,  à  mesure  qu'ils 
arriveraient  au  conseil.  Tous  les  préparatifs 
étaient  terminés,  et  le  secret  de  la  conjuration 
avait  été  gardé  jusqu'à  la  veille  de  l'exécution, 
lorsqu'un  pelletier,  nommé  Beltrame,  de  Ber- 
game,  voulant  sauver  le  patricien  Nicolo  Leoni, 
membre  du  Conseil  des  Dix ,  se  rendit  chez  lui, 
et  le  conjura  de  ne  pas  sortir  le  lendemain, 
quelque  chose  qu'il  pût  arriver.  Leoni  voulut  en 
connaître  la  raison ,  et ,  n'obtenant  de  Beltrame 
que  des  réponses  évasives  et  mystérieuses ,  il  le 
lit  arrêter,  lui  déclarant  que  la  liberté  ne  lui  se- 
rait rendue  qu'après  une  complète  explication  du 
conseil  qu'il  lui  avait  donné.  Le  conjuré  sentit 
qu'il  avait  été  trop  loin  pour  reculer,  et  révéla 
tout  ce  qu'il  savait.  Ni  l'un  ni  l'autre  ne  soup- 
çonnaient le  doge  d'être  à  la  tête  de  l'entreprise. 
Leoni  courut  donc  la  dénoncer  à  Faliero.  Celui-ci 
feignit  d'abord  de  l'étonnement  ;  puis  il  déclara 
être  déjà  instruit  et  avoir  pourvu  à  la  tranquil- 
lité publique.  Ces  contradictions  éveillèrent  les 
soupçons  de  Leoni,  qui  consulta  deux  autres 
membres  du  Conseil  des  Dix,  Giovanni  Grade- 
nigo  et  Marco  Cornaro ,  et  leur  fit  part  des  l'évé- 
lations  de  Beltrame.  Ces  trois  patriciens  convo- 
quèrent aussitôt  au  couvent  de  Saint-Sauveur 
les  Dix,  la  seigneurie,  les  avogadors,  les  chefs 
de  la  quarantie  criminelle,  les  seigneurs  de  nuit, 
les  chefs  des  six  quartiers  de  la  ville  et  les  cinq 
juges  de  paix.  Beltrame  ne  pouvait  dire  ni  les 
liaisons  ni  les  projets  de  ses  comphces ,  mais  il 
dénonça  Israele  Bertuccio ,  Filippo  Calendaro  et 
plusieurs  autres.  Ils  furent  arrêtés  aussitôt  et  ap- 
pliqués à  la  torture.  A  mesure  qu'ils  nommaient 
quelque  conjuré,  on  s'assurait  de  sa  personne. 
Cette  nuit  même ,  Bertuccio  et  Calendaro  furent 
pendus  devant  les  fenêtres  du  palais,  et  huit 
des  autres  chefs,  qui  s'étaient  enfuis  vers 
Chiozza ,  furent  arrêtés ,  soumis  à  la  question  et 
exécutés.  D'après  les  révélations  arrachées  aux 
torturés,  des  gardes  furent  distribuées  dans  la 
ville,  aux  clochers  et  à  la  tour  Saint-Marc, 
afin  d'empêcher  de  sonner  l'alarme.  Enfin ,  on 
apprit  avec  étonnement  que  le  doge  et  son  frère 
Bertuccio  Faliero  étaient  à  la  tête  de  la  conju- 
ration. Aussitôt  on  s'assura  des  issues  du  palais 
ducal ,  et  le  procès  du  chef  de  l'État  fut  évoqué: 
Le  Conseil  des  Dix,  obligé,  pour  la  première 
fois ,  d'interpréter  la  constitution  de  l'État ,  re- 
cula devant  une  si  lourde  responsabilité  ;  il  de- 
manda que  vingt  membres  choisis  parmi  les 
plus  nobles  ou  les  plus  riches  lui  fussent  ad- 
joints. C'est  ainsi  que  commença  un  corps  puis- 
sant et  permanent  qu'on  nomma  la  Giunta  ou 

■:  (1)  Elle  ne  pouvait  être  sonnée  que  par  ordre  du  doge. 


Zonta,  et  qui  bientôt  déplaça  le  pouvoir,  mais 
sans  le  rendre  plus  ferme  ni  plus  libéral.  Le 
parti  vaincu,  la  démocratie,  ne  fut  naturelle- 
ment pas  représenté. 

La  journée  du  15  fut  employée  à  la  procédure; 
dans  la  même  nuit ,  le  doge ,  revêtu  encore  des 
marques  de  sa  dignité,  vint  subir  un  interroga- 
toire et  sa  confrontation  avec  les  témoins.  Il 
avoua  tout.  Le  17,  à  la  pointe  du  jour,  les  portes 
du  palais  furent  fermées  ;  on  amena  Marino  Fa- 
liero au  haut  de  l'escalier  des  Géants,  où  les 
doges  reçoivent  la  couronne  ;  on  lui  ôta  le  bon- 
net ducal.  Un  moment  après»  le  président  du 
Conseil  des  Dix ,  sur  le  grand  balcon  du  palais, 
tenant  à  la  main  une  épée  sanglante ,  s'écria  ; 
Justice  a  été  faite  d'un  grand  coupable!  Les 
portes  furent  ouvertes ,  et  la  foule  put  voir  en- 
core la  tête  du  prince,  roulant  sur  les  degrés. 
Dans  la  salle  du  grand  conseil ,  où  étaient  tous 
les  portraits  des  doges,  un  cadre  voilé  d'un 
crêpe  fut  mis  à  l'endroit  que  devait  occuper  l'i- 
mage de  Faliero  avec  cette  inscription  :  Spazio 
di  Marino  Faliero ,  decapito. 

La  conspiration  et  la  fm  tragique  de  Marino 
Faliero  ont  fourni  aux  principaux  littérateurs  de 
tous  les  pays  le  sujet  de  belles  compositions.  En 
1817,  Byron  reproduisit  le  premier,  sous  la 
forme  du  drame,  les  événements  que  nous  ve- 
nons d'esquisser.  Hoffmann  en  fit  l'objet  d'une 
de  ses  meilleures  nouvelles,  et  Casimir  Dela- 
vigne  l'appropria  pour  la  scène  française  dans 
une  pièce  en  cinq  actes  et  en  vers  représentée 
au  Théâtre  de  la  Porte-Saint-Martin ,  à  Paris, 
le  30  mai  1829,  avec  un  immense  succès. 
Alfred  de  Lacaze. 
Marino  Sanuto,  ^'ife  de'  Duchide  fenezia,  p.627-63î!. 

—  Julio  Farodo,  Annal.  Fenet.  —  Storia  dell'  Assedio 
e  délia  Ricupera  diZara.  —  Sabellico,  liv.  III.  —  Chron. 
d'Esté,—  Bonficius,  Rerum  Hunrjaricarum ,  dco.  II, 
lib.  X,  p.  259.  —  Joliannes  de  Kil4uUew,  Chron.  Hun- 
garor,,  dans  les  Scriptores  Rerum  Hungar.  (  Vienne, 
6  vol.  in-fol.,  1726  ).  —  Giovanni  Villani,  Istorie,  lib.  XII, 
cap.  rviii,  p.  938,  pars  III,  cap.  viii,  p.  178.  —  Matteo 
Villani,  Istorie,  liv.  IV  et  V,  p.  249-312.  —  Andréa  Navi- 
gerio,  Storia  Feneziana,  t.  XIII,  p.  1038-1040.  —  Uberto 
Folieta,  Historia  Genuens.,  liv.  VII,  p.  452.  —  Giorgio 
Stella,  Ann.  Genues.,  p.  1093.  —  Vittor  Sandi,  Storia 
civile  Fenez.,  part.  II,  liv.  V,  cap.  v,  p.  126-130.  —  Anec- 
dotes des  Républiques,  V^  part.  (Paris,  1771,  in-12),  p.  71. 

—  Sismondi,  iïirf.  des  Rcp.  italiennes,  t.  V,  p.  388;  VI, 
133-148.  —  Daru  ,  Histoire  de  Fenise,  t.  I,  p.  445-474. 

*  FALIERO  (  Micheli ) ,  capitaine  vénitien ,  de 
la  famille  des  précédents,  vivait  en  1 357 .  Il  s'était 
distingué  dans  les  guerres  contre  les  Grecs  et  les 
Hongrois,  et  avait  reçu  le  commandement  de 
l'importante  ville  de  Zara  (  Dalmatie) ,  lorsque  le 
ban  de  Bosnie,  général  de  Louis  P%  dit  le  Grand, 
roi  de  Hongrie,  vint  assiéger  cette  place.  Michel 
Faliero  se  défendit  avec  succès  durant  une  année 
entière,  et  déjà  l'ennemi  songeait  à  la  retraite 
lorsque  deux  officiers  allemands  de  l'armée  hon- 
groise s'entendirent  avec  un  de  leurs  compa- 
triotes, prieur  du  monastère  de  Saint-Chryso- 
gone  (1),  dont  les  murailles  touchaient  celles  de 

(1)  Santa-Croce,  selon  Daniello  Cbinazzo. 


57 


FALIERO  —  FALK 


58 


la  ville.  Dans  la  nnit  du  23  décembre  1357,  ce 
prieur,  fournit  des  échelles  aux  assiégeants,  et 
les  introduisit  dans  son  église  ;  la  garde  de  la 
porte  voisine  fut  massacrée,  et  les  Hongrois  se 
répandii-ent  dans  la  ville.  Micheli  Faliero,  après 
une  vigoureuse  résistance,  se  réfugia  dans  le 
château.  La  paix  ayant  été  conclue  en  février 
1358,  Faliero  fut  accusé  de  lâcheté  et  d'impré- 
voyance, et,  malgré  ses  anciens  sei'vices  et  sa 
haute  noblesse,  fut  traduit  devant  la  quarantie 
criminelle.  Acquitté  sur  le  premier  chef,  il  fut 
condamné  sur  le  second,  et  puni  d'une  forte 
amende,  d'un  an  de  prison  et  de  l'exclusion  per- 
pétuelle de  toutes  charges  publiques. 

A.  DE  L. 
Daniello  Chinazzo,  Cronica  délia  Guerra  da  Chiozza, 
dans  les  Rerum  Italicarum  Scriptores,  t.  XV,  p.  701.  — 
Matteo  VUlanl,  Istorie,  liv.  VIII,  c.  xix,  p.  477.  —  Ma- 
rlno  Sanuto,  P^ite  de'  Ducfii  di  yenezia,  p.  646.  —  Gio- 
vanni de  Bazano,  Chron.  Mutinense,  t.  XV,  p.  672.  — 
Gataro,  Storia  Padovana,  p.  63.  —  Bonûcius,  De  Rébus 
Hungar.,  dec.  Il,  lib.  X,  p.  269.  —  Sismondi,  Histoiredes 
Républiques  italiennes,  t.  VI,  p.  276.  —  Daru,  Histoire 
de  Fenise,  t.  II,  p.  3. 

FALISCUS.  Voy.  Gratius. 

FALK  (Jean-Pierre) ,  médecin  suédois,  né 
en  1727,  mort  le  30  mars  1774.  Il  étudia  à  Upsal, 
et  s'appliqua  avec  une  ardeur  peu  commune  aux 
sciences  naturelles.  Mais  dès  lors  il  éprouva 
les  premiers  symptômes  d'une  hypocondrie  qui 
devait  abréger  ses  jours.  Linné,  qui  lui  confia 
l'éducation  de  son  fils,  voulant  le  distraire  de 
cette  mélancolie,  le  chargea  de  rechercher  les 
plantes  et  les  zoophytes  de  l'ile  de  Gothland. 
Falk  s'acquitta  avec  zèle  de  cette  tâche  scienti- 
fique, puis  il  suivit  Forskaal  à  Copenhague.  De 
retour  à  Upsal,  il  y  devint  docteur  en  1762;  il  fut 
ensuite  nommé  professeur  au  jardin  de  pharmacie 
de  Saint-Pétersbourg,  et  en  1768  il  fut  désigné 
par  l'Académiede  cette  ville  pour  faire  partie  d'une 
société  de  voyageurs  ayant  pour  but  d'enrichir  le 
domaine  de  la  géographie  et  de  l'histoire  natu- 
relle. La  mélancolie  qui  le  consumait  l'arrêta 
durant  le  voyage.  Revenu  à  Casan  en  novembre 
1773,  il  se  brûla  la  cervelle  au  mois  de  mars 
suivant.  Ses  notes  et  observations,  recueillies  par 
le  professeur  Laxraan,  ont  été  publiées,  sous  le 
titre  de  Mémoire  pour  servir  à  la  connais- 
sance topographique  de  l'empire  russe  ;  Saint- 
Pétersbourg,  1784-1786,  3  vol.  in-4».  Thumberg 
a  donné  le  nom  defalkia  à  un  genre  de  plantes 
de  la  famille  des  borraginées. 

Biographie  méd. 

FALK  {Jean-Daniel  ) ,  poète  satirique  et  phi- 
lanthrope allemand ,  né  à  Dantzig,  en  1768,  mort 
le  14  février  1826.  Fils  d'un  pauvre  perruquier, 
il  eut  d'abord  à  surmonter  les  obstacles  que  sa 
position  lui  créait  ;  ses  parents  mirent  tout  en 
œuvre  pour  l'empêcher  de  suivre  son  penchant 
pour  les  lettres.  Ce  penchant  fut  cependant  irré- 
sistible. Dès  l'âge  de  treize  ans,  il  confiait  dans 
une  lettre  à  un  ami  la  honle  que  lui  faisait 
éprouver  l'ignorance  à  laquelle  on  le  condam- 
nait.   «   .Te  grandis  tous  les  jours,  écrivait-il; 


on  m'en  fait  compliment.  Autant  vaut  compli- 
menter un  âne  sur  sa  croissance.  Que  me  fait 
de  grandir  si  je  ne  puis  étudier?  »  Pendant  que 
son  père  recourait  même  aux  châtiments  cor- 
porels pour  lui  faire  prendre  goût  à  la  confec- 
tion des  perruques,  son  grand-père  maternel,  qui 
était  de  Genève,  se  montra  plus  indulgent,  et  lui 
apprit  le  français.  Il  apprit  aussi  la  musique,  que 
lui  enseigna  un  organiste  catholique.  Jamais  en- 
fant ne  fit  plus  d'efforts  personnels  pour  acqué- 
rir de  l'instruction.  Il  consacrait  ses  épargnes 
à  louer  dans  un  cabinet  de  lecture  les  classiques 
allemands,  Gellert,  Wieland  ,  Lessing ,  etc., 
qu'il  lisait  souvent  à  la  lueur  peu  coûteuse  d'un 
réverbère.  Enfin,  la  répugnance  que  lui  inspi- 
rait la  profession  de  son  père  alla  si  loin,  qu'il 
résolut  de  s'embarquer.  Il  erra  quelques  jours 
sur  le  bord  de  la  mer;  mais  trouvé  trop  jeune, 
et  ne  sachant  pas  l'anglais ,  il  lui  fallut  revenir 
à  la  maison  paternelle,  où  enfin  on  ne  s'op- 
posa plus  à  ce  qu'il  étudiât.  Il  entra  à  seize 
ans  au  gymnase  de  Dantzig,  dont  un  excellent 
homme,  le  recteur  Payne,  qui  ne  se  fâchait  que 
lorsque  la  rétribution  scolaire  se  faisait  attendre, 
lui  donna  une  solide  instruction.  L'amour  fit  de 
Falk,  comme  de  tant  d'autres ,  un  poète.  Sa  bien 
aimée  Jeannette  appartenait  à  une  famille  de 
fonctionnaires.  Malgré  l'inégaUté  de  conditions, 
elle  paraissait  distinguer  le  jeune  étudiant  ;  mais 
un  malin  elle  prêta  l'oreille  aux  propositions 
d'un  riche  Anglais ,  qu'elle  épousa,  et  Falk  alla 
pleurer  à  Halle  ses  espérances  évanouies.  Les 
secours  d'amis  éclairés  le  soutinrent  à  l'univer- 
sité de  cette  ville ,  où  il  compléta  ses  études  sous 
la  direction  de  savants  tels  que  Wolf.  Les  lettres 
et  surtout  la  poésie  satirique  l'attirèrent  parti- 
culièrement. Perse  fut  son  premier  modèle. 
Quelques-unes  de  ses  productions  dans  le  même 
genre  :  Die  Helden  (Les  Héros),  Dcr  Mensch 
(L'Homme),  parurent  d'abord  dans  Neuc  Teitts- 
che  Mcrkur  (  Nouveau  Mercure  allemand  ) , 
1796 ,  et  fixèrent  l'attention  du  célèbre  Wieland, 
qui  salua  ces  débuts  dans  un  genre  où  les  poètes 
nationaux  s'étaient  encore  peu  exercés.  Tou- 
tefois, Wieland  n'épargna  pas  les  conseils  à 
Falk,  dont  l'imagination ,  disait-il ,  avait  besoin 
encore  d'être  domptée.  Le  jeune  poète  fit  paraî- 
tre presque  en  même  temps  deux  autres  pièces 
satiriques,  la  première  intitulée  :  Die  heiligen 
Grseber  zu  Kom  (Les  saints  Tombeaux  à  Kom) 
et  Die  Gebete  (Les  Prières);  1796.  Ces  deux 
productions  étaient  le  pendant  l'une  de  l'autre. 
Une  erreur  assez  concevable  fit  imprimer  Rom 
au  lieu  de  Kom ,  lieu  de  la  scène ,  situé  en  Asie, 
ce  qui  exigea  un  avertissement  au  public.  Wie- 
land prôna  encore,  trop  peut-être ,  ces  nouvelles 
œuvres;  le  public  n'en  fut  que  plus  exigeant 
pour  l'auteur,  qui  se  montrait  quelque  peu  enivre 
de  son  succès.  Conseillé  par  son  illustre  critique, 
il  étudia  les  anciens.  De  1797  à  1803  il  publia, 
d'abord  à  Leipzig,  ensuite  à  Weimar,  une  sorte 
d'almanach  sous  ce  titre  :  Taschenbuch  fier 


59  FAT.K  — 

Freunde des Scherzes  und  der  Satyre  (Manuel 
dos  Amis  (h;  la  Plaisanterie,  et  tic  la  Satire).  Cette 
piihliealioii,  où  il  i1a^ellaitle.s(>nnemis  des  liiiniè' 
res,  lui  suscita  dos  haines  asse/*vives.  irne|)ièce 
|iaiit()iiiimt;,  jouée  par  des  marionnettes  et  inti- 
tulée Die  il  lias  (Les  Ciiats-iiuants  ),  parce  (|uo 
CCS  oiseaux  <l(^  nuit  y  (i^uraient  comini!  |)eison- 
nag(\s  principaux,  causa  surtout  un  ^i-and  émoi, 
et  p(^n(lant  (|uel(|iie  tem|)s  il  w.  fut  (juestion  que 
(VlJ/ms.  Verni  à  IJeiiin  dans  civtle  même  année 
17!)(>,  il  sis^iiaia  avec  couraj;e  l'(!tat  insullisant 
des  iiApitaiix  (  Ile'Uansl.alt)  dans  les  Rcisen  des 
Skavdimiz  (  Voya^^esde  Scaramouclie),  (pii  font 
partie  du  Tasclienlmch.  de  I7'.)8.  Un  hihliotlui- 
cairc,  appcN;  Iticster,  eut  la  maienconli'euse  idée 
de  coudtadrc.  I''alk  dans  un(^  occurrence  où  ce 
poète  plaidait  la  cause  de  l'humanité.  I<'aik  ré- 
pii(pia  par  un  petit  écrit  devenu  rare,  et  intitulé  : 
.DenliwûrdUjka'Ueii  der  lîeiiiner  CkariU  iiuf 
dus  JahrilWl  ( i'^iits  mémorahles  de  La  Charité 
de  IJi'rlin;  17!)7).  l^e  roi  et  la  reine  prirent  parti 
poiu'  l'aik.  (Tne  connnission  d'encpuMe  tut  nom- 
mée ;  et  le  |)oël(!contril)ua  ainsi  aux  améliorations 
do  ce  t;rand  hôpital  par  (puilipies  vers  ass(!/, 
[)laisants;  on  cite  particulièrement  les  stances 
<iui,  eu  preuve  du  ^oùt  des  administrateurs  pour 
la  simplicité,  rappelaient  qu'ils  fournissaient 
(piinze  chemises  pour  vini;t  mala(h;s.  lîiester  eut 
voulu  poiu'suivie  la  discussion  ;  mais  l''alk  refusa 
de  lui  douiu-r  cette  salisfa(;tiou.  «  Le  doctcun- 
IJiesler,  écrivait-il,  paraît  vouloir  vivre  quelque 
temps  encore  de  diarU'é,  comme  il  a  vécu  déjà 
de  jésuitisme  et  do  ma5J,ué!isme.  » 

A  l'occasion  de  son  mariai!,(!  avec  Caroline  Ito- 
senfeld ,  l'"alk  adressa  à  la  jeune  fennno  un  poëme 
intitulé  :  /t;t  Karo/iiU'ii  (A  Caroline).  V^lahli  à 
'Weimar,  l'aik  continua  de  se  livrer  A  la  poésie; 
seulement  il  eut  le  tort  d'aliamlouner  les  types 
}.',énéraux  qui  relèvent  le  i!;oure  satiri(pic,  |)our 
liisti^^er  des  types  particuliers,  à  l'occasion  do 
quel(|ues  (luerolles  individuelles,  sans  intérêt 
pour  le  |)uhlic  vraiment  (iciairé.  I<\»lk  tenta  ce- 
Itondaid.  un  t^enre  [loétiipie  plus  élevé.  Do  1803  <» 
1804  parut  à  Halle  son  Auipliitrijon  ,  comédie,  et 
à  Tuhingue  son  l'ruiiic/Jieus,  drame.  Ce  dernier 
ouvra{i;(>,  dont  la  forme  citait  plus  |)hi!osophi(iue 
(|ue  dramatiipie,  ne  nuuKpio  ni  d'éclat  ni  (le  pro- 
fondeur. On  y  admire  surtout  le  choeur  des  lleu- 
ves  et  des  souires.  Der  Schmied  von,  Apolda 
(  Le  l'orbe ron  d'Apolda),  1(S0[>,  termina  en  quel- 
que sorte  la  carrière  poétique  de  V<\\k.  il  fonda 
un  jouiiial  de  critique  intitulé  :  KUjseam  und 
Tar/ariis,  ou  ZcJtnng  fur  Poésie  h'unst  und 
neuere  Zellgcschichle  (  li' l'Elysée  et  le  Tartare,  ou 
Journai  iW.  la  poésie,  de  l'art  et  de  l'histoire  mo- 
dernes), l'ai  18l'>.  l'alk  donna  le  commencement  du 
Komisches  Tlieater  der  Franzosen  und  Br'ilten 
(Tluii'itre  comique  di's  l<'rançais  et  des  Anglais) , 
qu'il  ne  continua  point.  Dans  la  même  année 
parurent  ses  Seestueclie  ou  Océanides  (Pièces 
maritimes),  qui  n'arrivèrent  également  pas  jus- 
qu'à la  lia.  Lié  avec  le  coryphée  <lo  la  littérature 


FALKJNER  60 

allemande,  il  laissa  un  ouvrage  intitulé  ;  Goethe 
ans  nxlierem  persœnUcheii  Umgange  dar- 
gesletlt  (  Goethe  rcprés(!nté  d'après  des  relations 
intin\es);  \M\y/.v<,,  IH.'îî!,  in-l:^.  Outre  les  ou- 
vi'ages  cités  et  d(i  nombreux  articles  dans  les 
recuKiils  et  Journaux  contemporains,  on  a  de 
J''alk  :  Lebende.s  Johannes  von  der  Ostsee(Vi(i 
de  J(!an  de  la  mer  IJalticiuc);  1805  :  c'est  une 
sorte  d'autobiographie  sous  forme  romanesque; 
—  /)'■  Mart^M  Luther  und  die  Reformation,  in 
Vol/isliedern  (  U''  Martin  Luther  et  la  réforma- 
tion en  chants  populaires)  ;  Weimar,  1830  ;  pos- 
thume. Adolphe  Wagn(îr  aj)uhlié  les  Auserlesene 
Werke  ((Isuvres  clioisi(!s)  de  l'alk,  en  trois  par- 
ties. Il  a  consacré  aussi  une  notice  sou.s  le  titre 
de  :  .Fa.lks  fAebe,  Leben  und  Leiden  in  Gott 
(Vie,  amour  et  souffrances  en  Dieu  de  Falk); 
Leipzig,  1818.  V.  IIosunwam). 

Ilnrn,  l'ocaic  und  Ilcredsamkeit  der  Tentschen.  — 
Gerviiuis,  Ccschichto  der  pnelischeii  NationcU-IÀlorutui- 
der  TeutarUnt,  —  Meiiscl,  Gel.  Teulsclil. 

*  KAi.K  (Niels-Nicolas),  publiciste  danois , 
né  à  lùnmerlef,  le  ^ii  novembre  178''i,  mort  le 
Il  mai  ISWJ.  il  (itudia  d'abord  la  lhéologi(ï  et  la 
philosophie,  puis  il  entra  comme  i>récepleur 
cluîz  le  comte  Adam  de  Moltko.  il  s'appliqua 
alors  à  l'étude  du  droit.  Après  avoir  subi  en  1809 
son  exannni  sur  cette  matière,  il  fut  attaché  à  la 
chancellerie  du  Schleswig-llolstein.  Devenu  en- 
suite professeur  do  droit  à  Kiel ,  il  se  lit  connaître 
en  méuiiî  temps  (;onnne  écrivain,  lui  1835  et 
1830  il  représenta  l'université  de  Kiel  aux  états 
du  Schleswig-llolstein,  (pii  le  choi8irenli>our  leur 
président.  11  siégea  dans  les  rangs  de  l'opposi* 
tion  libérale,  proposa  l'émancipation  des  juifs,  et 
se  prononça  |)our  la  liberté  de  la  presse.  A  l'a- 
véuement  de  Christian  VIII,  Falk  prit  part  à  la 
polémi<pio  soulev«;o  par  la  quDslion  d(>.  successioa 
en  ce  «pii  concernait  le  Sciileswig,  par  un  écrit 
intituhi  :  Das  Sfaats-und  Erbredil  des  Her- 
zogthuins Schlcswig  (Le  Droit  public  et  succes- 
soral du  duché  deSchleswig);  Kiel,  1840.  Lors 
des  événements  de  1848,  le  publiciste  holsteinois 
s'éloigna  des  alfaires  ;  cependant,  il  fut  membre 
de  l'assemblée  constituante.  Pendant  (|uel<|uo 
teiui)s  il  rédigea  la  Wochenblatt  { l''euillc  heb- 
domadaire), destinée  à  combattre  l'esprit  démo- 
cratique. Outre  l'ouvrage  mentioimé,  on  a  de 
lui  :  Das  Herzogthum  Schlcswig  in  seineni 
gegeniiwriigen.  ]'erh;vUnisse  zu  Dneneniurk 
und  zu  deni  Ilerzogthum  Holsleln  (  Le  duché 
do  Schleswig  dans  ses  rapports  avec  le  Dane- 
mark et  le  duché  de  Itolstein);  —  Handbueh 
des  Sc/ih'swig  -  IloLs/einschen  Primlrechtx 
(Manuel  du  Droit  privé  du  Schleswig-llolstein); 
!8:'.r)-l8'i0;  —  Jurisiische  Encyclopxdle  (En- 
cyclopédie juridique);  Leipzig,  1839. 
Conversations- l,cxilion. 

KALHNicïi  [Thomas),  chirurgien  et  mission- 
naire anglais, né  à  Manchester,  vers  1710,  mort 
à Plownden-lJall (Salopshiie ), le  30 janvier  1784. 
Il  appartenait  à  une  famille  prcsiiytérionne,  et 


fi! 


FALKNER  —  FALKLAND 


62 


(itaitle  fils  (l'un  chirurgien.  Il  suivit  iui-mftino  la 

(•rofcs.sioa  dt;  sonpèro,  (it  ses  études  ;'i  Londres, 
visita  la  Guinée,  puis  le  IJrésil.  Il  tomba  malade 
à  Buonos-Ayres,  l'ut  soigné  par  (juciques  jésuites, 
qui  le  déterminèrent  à  changer  de  religion  et  à 
entrer  dans  leur  congrégation.  Falkner,  par  son 
habileté  dans  la  chirurgie  et  ses  connaissances 
en  inécaniipie,  l'endit  de  très-grands  scirvices  à 
son  ordre,  pour  lequel,  pendant  quarante  an- 
nées, il  remplit  de  nombreuses  missions.   11  sé- 
journa longtemps  dans  le  Chaco,  le  Paraguay,  le 
Tuciunan    et  les  I^ampas.  Il  l'ut  chargé  par  le 
gouvernement  espagnol  de  (aire  par  mer  le  relevé 
(les  côtes  américaines   situées  entr(;  le  Brésil  et 
la  Ticrradcl  L'iiego.  Lors  de  la  dissolution  de  son 
ordi'e,  l'alknei'  lut  envoyé  en  Es[)agne,  et  devint 
chapelaind'uu  de  ses  compatriotes,  qu'il  suivit  en 
Anglelerrc!.  On  a  de  lui  :  A  Description  of  Pa- 
l.agonia  and  tlie  adjoiniiig  -parts  of  South- 
America,  and  sornc  particulars  relaling  to 
Faclilund  Islands ,  elc.  ;  llerelbrd  et  Lon(lres, 
1774,  iu-4".  Georges  AUan  a  publié  un  abrégé  de 
C(!t  ouvrage,  sous  le  titre  de  :  A  Treatise  of  the 
Patagonians,  etc.,  IJarlington,   1788,   in-4°; 
trad.  {!n  allemand,  Gotha,  1775,  in-8";  et  en 
français  par  U***  (Bourret),  sous  le  titre  de 
Desciipiion  des  Terres  Magellaniques  et  des 
pays  adjacents  ;  Genève  et  Paris,  1788,  2  vol. 
in-lG.  «  Le  livre  de  Falkner  offre  des  notions 
précieuses  sur  les  contrées  que  l'auteur  a  par- 
courues ,  sur  les  mœurs  des  peuples  (|ui  les  ha- 
bitent et  sur  les  productions  naturelles  que  l'on 
y  trouve.  Les  Palagons  qu'il  a  vus  étaient  grands 
et  bien  faits;  ils  lui  ont  paru  avoir  sept  pieds  et 
quel(|ues  i)ouces  (anglais)  ;  mais  il  n'a  pioint  en- 
tendu parler  de  la  race  gigantesque  citée  par 
(luehjues  voyageurs.  »  Il  a  laissé  beaucoup  d'écrits 
en  différentes  langues,  entre  autres  :  De  Analome 
Corporis  humant;  2  vol.;  —  Botanical,  mi- 
nerai and  lîke  Observations ,  made  bij  him- 
setfon  the  products  of  America  ;  4  vol.in-lol.  ; 
—  A  Treatise  on  American  Distempers,  cured 
btj  American  Drugs  ;  etc.        A.  de  Lacazij. 

Rldurd  Hcbci-,  Calai.,  n"  25S7.  —  QuOr.jfd,  La  France 
HUéralre.  —  Ia:  P.  Diosdudo  C.Tballcro,  Supplum.  lliblio- 
t/icac  Scriptorum  Sncietalis  Jesu.  —  \n^\i^\..  et  Alo'/s  de 
liaokcr,  liibliolUèquedes  écrivains  de  lu  Comp.  de  Jésus. 

*  FALKLANU  (  Henri  Cauv  ,  vicomte;  ) ,  poly- 
graphe  anglais,  mort  en  1033.  Il  était  (ils  d'Ed- 
ward Cary  de  lîerkhamstead ,  dans  le  comté 
d'Hcrtford.  A  seize  ans  il  entra  au  collège  l'Aeter 
d'OxCord.  En  1008  il  fut  en-é  chevalier  du  IJain  , 
en  10(7  contnMeur  (h;  la  maison  royale  et  inem- 
l)re  du  conseil  privé,  enfin  le  10  novembre  1C20 
il  fut  nommé  vicotnt(;  Falkland,  dans  le  comté  de 
l'Mfe,  en  Ecosse.  En  1022  il  alla  en  Irlande  en 
qualité  de  lord  député,  et  y  séjouina  jusqu'en 
1029,  époque  oii  il  fut  rappelé  sui'  les  instances 
du  parti  catholique,  (|u'il  avait  traité  avec  trop 
de  rigueur.  On  a  de  lui  :  A  flislori/  of  thaï 
most  nii/ortunate  prince  Edward  H;  ICSO, 
in-8"  et  in-lol.  ;  —  Letter  to  James  I;  —  Jipi- 
taph  on  theCoîintess  of  Hunlingdon  ;  —  Let- 


ters  to  the  Dukcof  Buckingham.  Ces  derniei's 
ouvrag(îS  sont  restés  manuscrits,  à  l'exception  de 
(iuelqu(!s  lettres. 

lUoij.  /Iril.  —  Walpolc,  Uoyal  and  noble  Authors,  — 
Wood,  Jl/ien.  Oxon. 

ii'"ALKi>ANt>  (  fMcien-C\{{\,  vicomte),  homme 
d'État  anglais,  (ils  aîné  du  précédent,  né  à  Bur- 
ford,  dans  l'Oxfordsliire,  vers  IGIO,  tué  le  20  sep- 
tembre   1043.  Il  étudia  d'abord  au  collège  de 
La  Trinité  à  Dublin,  lors  du  séjour  de  son  père 
dans  cette  ville,  et  plus  tard  au  collège  Saint- 
J(ian  à  C.mibridge.  Après  les  écarts  de  la  pre- 
mière jeumîsse,  il  contracta  avec  une  personne 
peu  fortunée  un  mariage  (|ui  mécontenta  sou 
l)ère.  H  voyagea  ensuite  à  l'étranger.  A  son  re- 
tour, il  donna  tout  son  temps  à  la  litléiatuie  : 
son  chAteau,  situé  à  quelques  milles  d'OxCord, 
élait  le  rendez-vous  de  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
considérable  dans  les  lettres  et  l'université.  A 
vingt-trois  ans  il  avait  lu  tous  les  Pères  de  l'É- 
glise. 'J'outel'ois,  il  vivaii;  à  une  époque  trop  agitée 
pour  n'être  [)as  appelé  bientôt  à  se  mêler  aux 
événements.   Gentilhomme  de  la  chambre  de 
Charles  T'  depuis  1033,  il  prit  part,  en  1G3!),  à 
l'expédition  dirigée  contre  les  Écossais;  j)uis  il 
entia  comme  volontaire  dans  l'armée  du  comte 
d'iîssex.  En  iCiO  il  fut  élu  membre  du  par- 
lement pour  iNewport,  dans  l'Ile  de  Wliigt.  II 
marcha  de  concert  avec  cette  assemblée,  et  ma- 
nifesta un  vif  mécontentemiint  lorsque  le  gou- 
vernement en  prononça  la  dissolution.  Dans  le 
pai'Iement  qui  suivit,  il  se  montra  ligide  obser- 
vateur des  lois  et  ennemi  des  abus,  au  |(oint 
que,  (ionlrairement  à  la  bonté  natunîlle  de  son 
caractère,  il  lit  une  assez  violente;  opposition 
à  StralCord  et  à  lord  l'inch.  Jl  contribua  aussi  à 
enlever  aux  évôtiues  le  droit  de  voter  dans  la 
chambre  des  lords.  Plus  tard,  à  mesure  (pi'il  eut 
des  doutes  sin-  les  projets  ultéiùeuis  du  parh;- 
ment,  il  se  relâcha  de  cette  opposition.  11  iv.nUn 
ïuéme  pendant  (|uel(iue  temps  dans  la  vi(!  privée. 
Mais  la  loyauté  de  son  caractère,  ses  lumièrcjs 
peu  communes ,  le  rendir(!nt  bientôt  à  la  vie  pu- 
blique. 11  accepta  une  i)lace  dans  l(;s  conseils  de 
la  couronne,  et  fut  nommé  secrétaire  d'État.  Il 
porta  dans  ces  hautes  fonctions  une  droiture  peu 
ordinaire;  c'est  ainsi  ([u'il  refusa  de  jamais  re- 
courir à  l'espionnage  ou  de  violer  le  secret  des 
lettres.  Dans  tout  le  reste  il  renqdit  les  devoii's 
d(!  sa  charge  en  homme  expérimente';  autant  qu'é- 
clairé. Falkland  Cul  un  des  lords  qui,  le  i>  juin 
1042,  signèrent  la  déclaration  (pu;  le  roi  n'avait 
pas  l'intention  de  faire  la  gu(;rre  au  parlement. 
Puis  il  leva  vingt  chevaux  pour  h;  service  royal. 
Il  avait,  dit-on,  dès  cette  (ipoque  le   pressen- 
timent d(;  sa  mort  prématurée.  Se  trouvant  .'i 
Oxford  avec  Charles  1' ' ,  ils  visitèrent  ensemble 
la  bibliotlK^epie  de  celte   ville.  En  ouvrant  un 
hasard  un  Virgile,  le  roi  tomba  sur  le  passage 
du  IV*-"  liv.  (v.  014)  commene.anl  par  ce  vers, 
At  bcllo  aiidaRis  pupiill  vcxatus  cl  anids, 

et  fut  frappé  de  l'analogie  qu'il  y  trouvait  avec 


63  FALKLAND 

sa  destinée.  Falkland,  s'étant  aperçu  de  cette  im- 
pression ,  voulut  y  faire  diversion  en  chercliant 
à  son  tour  dans  le  poëte  latin  quelque  rapport 
avec  sa  propre  situation;  c'était  d'ailleurs  la 
mode  d'alors  :  on  appelait  cela  consulter  les 
sorts  virgiliens.  Il  rencontra  le  passage  si  tou- 
chant où  Évandre  pleure  la  mort  de  son  fils  : 
Non  lucc,  0  Pallas,  dederas  promlssa  parenti. 

Falkland  continua  de  demeurer  fidèle  à  la 
cause  du  roi  :  il  se  trouva  à  la  bataille  d'Edge- 
Hill  et  au  siège  de  Glocester.  Mais  un  profond 
découragement  s'était  emparé  de  lui;  peut  être 
cette  âme  honnête  n'était-elle  pas  tout  à  fait  à 
la  hauteur  de  la  situation  qu'il  fallait  défendre 
contre  les  plus  audacieux.  La  paix!  la  paix! 
telle  était  la  parole  qu'il  faisait  volontiers  enten- 
dre, mais  que  les  événements  se  hâtaient  peu  de 
réaliser.  L'amertume  où  le  plongeait  le  triste 
spectacle  dont  il  était  témoin  ne  fut  sans  doute 
pas  étrangère  à  la  mort  de  Falkland.  Il  se  pré- 
cipita en  quelque  sorte  dans  le  feu  de  la  bataille 
de  Newbury,  où  il  reçut  une  balle  dans  le  bas- 
ventre.  Son  corps  ne  fut  retrouvé  que  le  lende- 
main matin.  Falkland  prit  part ,  dit-on ,  à  l'ou- 
vrage de  Chillingworth,  intitulé  :  Religion  of 
Protestants.  On  a  en  outre  de  lui  plusieurs  dis- 
cours politiques,  parmi  lesquels  :  A  Speech  on  ill 
counsellors  about  the  King;—A  Speech  against 
the  Bishops  ;  1 640  ;  —  A  Discourse  on  the  Infal- 
imUty  ofthe  Church  ofRome  ;  i  645.    V.  R. 

JJiori.  Brit.  —  Clarendon,  History.  —  Walpole,  Royal 
ami  noble  Authors. 

*FALiiA.  (Fra  Antonio  da),  religieux  portu- 
gais ,  vivait  au  seizième  siècle.  Son  nom  est  lié 
à  l'un  des  incidents  les  plus  singuliers  et  les 
moins  connus  du  règne  de  D.  Sébastien.  Ce 
jeune  monarque,  neuf  ans  avant  l'expédition  dé- 
sastreuse dans  laquelle  il  succomba ,  fit ,  dit-on , 
ouvrir  les  tombes  de  ses  ancêtres,  afin  de  juger 
par  lui-même  des  ravages  exercés  par  le  temps 
sur  ces  morts  illustres  auxquels  il  venait  payer 
un  tribut  de  vénération.  Antonio  da  Falla  fut 
choisi  pour  dresser  le  procès-verbal  de  ces  ex- 
humations ,  qui  eurent  lieu  seulement  dans  le 
couvent  d'Alcobaça.  On  éprouva,  dit-on,  alors  une 
vive  surprise  en  voyant  que  tant  de  siècles  écou- 
lés n'avaient  point  eu  d'influence  sur  la  personne 
de  dona  Urraca ,  femme  d'Alfonse  II,  qui  était 
ensevelie  depuis  352  ans,  et  dont  les  vêtements 
mêmes  avaient  été  préservés  dans  la  tombe  de 
toute  souillure.  Le  procès-verbal  de  ces  séances 
mémorables,  qui  eurent  lieu  en  1569,  a  été  donné 
par  le  moine  dominicain  sous  le  titre  :  Relaçâo 
dos  Reys  e  Reynhas  que  estâo  sepultadas  em 
Aico6aça,manuscrit  conservé  probablementdans 
le  monastère  même,  mais  dont  l'historien  Bran- 
dam  possédait  une  copie.  On  a  encore  de  ce 
religieux  :  Instituiçâo  do  Mosteiro  de  Jésus 
da  villa  de  Aveirojuntamente  con  a  vida  da 
princeza  santa  Joanna  que  nella  foy  reli- 
giosa ,  ms,;  —  Fragmentos  da  istoria  de  Es- 
vanha,  ms.  Perd.  Denis.    . 


FALLE 


64 


Fr.  Aiil.  Brandao,  k^ parte  da  MonarchiaLusitana,liv. 
XIII,  cap.  19.  —  Barbosa  Machado,  Bibl.  Lusitana,  t.  I. 

FALLATi  {JeGHi)';  économiste  allemand,  né 
à  Hambourg,  le  15  mars  1809,  mort  en  1854.  En 
1823,  à  la  mort  de  son  père ,  il  reçut  sa  première 
instruction  à  Stuttgard  ,  et  étudia  le  droit  à  Tu- 
bingue  et  à  Heidelberg.  Il  fut  ensuite  membre  du 
tiibunal  civil  de  Stuttgard.  Lors  de  la  réorgani- 
sation de  la  faculté  d'économie  politique,  il  fut 
chargé  de  professer  en  qualité  de  répétiteur  l'his- 
toire et  la  statistique  économique.  En  1842  il 
obtint  le  titre  de  professeur  titulaire.  En  1848  il 
contribua  à  la  réunion  du  congrès  de  la  réforme 
universitaire  qui  eut  lieu  à  léna  ;  il  fit  ensuite  par- 
tie des  chambres  wurtembergeoises  et  de  l'as- 
semblée nationale  de  Francfort.  Au  mois  d'août  de 
la  même  année,  il  fut  nommé  sous-secrétaire  d'É- 
tat au  département  du  commerce  dans  le  minis- 
tère de  l'Empire.  Il  travailla  à  la  réforme  du  sys- 
tème existant  de  navigation  fluviale  et  à  celle 
des  consulats.  Fallati  se  retira  avec  le  ministère 
Gagern,  et  quitta  l'assemblée  nationale  le  24  mai 
1849.  Revenu  à  Tubingue,  il  fut  nommé  premier 
bibliothécaire  de  l'université.  Ses  ouvrages  sont  : 
Die statistichen  Vereineder  Englœnder  (Les 
Sociétés  statistiques  desAnglais);  Tubingue,  1840, 
in-8°;  —  Ueber  die  sogenannte  matérielle 
Tendenz  der  Gegenwart  (  Des  Tendances  maté- 
rielles de  l'époque)  ;  ibid.,  1842,  in-12  ;  —  Ein- 
leltung  in  die  Wissenscha/t  der  Statistik 
(  Introduction  à  la  Science  de  la  Statistique  )  ; 
ibid.,  1843,  in-8°;  —  un  grand  nombre  d'ar- 
ticles dans  la  Zeitschrift  fuer  die  gesammie 
Staatswissenschaft  (Journal  des  Sciences  écono- 
miques ),  qu'il  dirigea  depuis  1846. 

Dict.  de  l'Écon.  polit.  —  Conversat.-Lex. 

*  FALLA  RO  (Giacomo),  peintre  de  l'école 
vénitienne,  florissait  à  Venise  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  Vasari  fait  de  lui  une 
honorable  mention  dans  la  vie  du  Sansovino, 
l'indiquant  comme  l'un  des  plus  habiles  peintres 
à  fresque  de  l'école  vénitienne,  et  donnant  de 
grands  éloges  aux  peintures  des  volets  de  l'or- 
gue de  l'éghse  des  Dominicains  délia  Zattere, 
sur  lesquels  il  a  représenté  la  Prise  d'habit  du 
bienheureux  Giovanni  Colombini,  en  présence 
de  nombreux  cardinaux.  E.  B— n. 

Vasari,  f^ite.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ti- 
cozzi,  Dizionario.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

FALLE  (PM^ippe),  géographe  anglais,  né  à 
Jersey,  en  1655,  mort  à  Shenby,  en  1742.  Il  étu- 
dia à  Oxford,  entra  dans  les  ordres,  devint  rec- 
teur de  Saint-Sauveur  dans  son  pays  natal,  qu'il 
représenta  ensuite  auprès  du  roi  Guillaume  et  de 
la  reine  Marie,  lorsqu'il  s'agit  de  solliciter  des 
moyens  de  défense  contre  une  menace  d'inva- 
sion des  Français.  Outre  des  Sermons,  on  a  de 
lui  :  An  Account  of  the  isle  of  Jersey ,  the 
greatest  of  those  island  that  are  nom  the 
only  remainder  of  the  Englïsh  dominions 
in  France,  with  a  new  and  accurate  map 
of  that    Island;  1694,  in-4''. 

Wood,  Mh.  oxon,  —  Hutchinson,  Hist.'of  nurham. 


fi5 


FALLET  —  FALLOPE 


6G 


FALLET  (Nicolas  ) ,  auteur  dramatique  fran- 
çais, né  à  Langres,  en  1753,  mort  à  Paris,  le  22 
décembre  1801.  Fils  d'un  chapelier,  il  fut  des- 
tiné au  barreau;  mais  un  penchant  irrésistible 
l'entraîna  vers  la  carrière  des  lettres.  Arrivé  à 
Paris,  il  s'y  lia  avec  DuruQé  et  Gilbert,  et  publia, 
dans  te  genre  de  Dorât  :  Les  Aventures  de  Chœ- 
réeetde  Callirhoé,  trad.  dugrec;  1775;  —  Bar- 
nevelt,  ou  le  stathoudérat  aboli,  tragédie  en 
trois  actes;  1795; — La  FataUté,é^Vir&\  1779;  — 
Matthieu,  ou  les  deux  soupers,  opéra-comique 
en  trois  actes,  musique  de  Dalayrac ,  représenté 
d'abord  sur  le  théâtre  de  Fontainebleau,  le  12  sep- 
tembre 1783,  donné  à  Paris,  peu  de  temps  après, 
avec  assez  peu  de  succès  pour  faire  dire  que 
dans  ces  deux  soupers  il  n'y  avait  pas  même  un 
plat  de  passable  ;  remis  au  théâtre  l'année  sui- 
vante, sous  le  titre  des  Deux  Tuteurs;  —  Mes 
Bagatelles ,  ou  les  torts  de  ma  jeunesse,  con- 
tenant Phaéton ,  poëme  héroï-comique  en  six 
chants,  imité  de  l'Allemand  Zacharie  ;  1 776  ; — Mes 
Prémices,  recueil  de  poésies;  1773;  —  Tibère, 
tragédie  en  cinq  actes,  accueillie  avec  froideur,  et 
parodiée  cependant  par  Radet  ;  cette  pièce  a  eu 
deux  édilions  :  la  seconde  a  paru  sous  le  titre  de 
Tibère  et  Seremis ;  Toulouse,  1783;  —  Les 
fausses  Nouvelles,  comédie;  — Alphéeet  Za- 
rine,  tragédie.  Fatlet  a  aussi  collaboré  à  la  Ga- 
zette de  France  ,  au  Journal  de  Paris,  et  au 
Dictionnaire  universel,  historique  et  critique 
des  Mœurs ,  lois ,  usages  et  couttimes  civiles  ; 
1772,  4  vol.  in-8°.  H.  Malot. 

Grinim,  Corre^p.— Rivarol,  Petit  Almanachdes  Grands 
Hommes  inconnus —Arnault.Jouy,  etc.,  Biographie  des 
Contemporains.  —   Quërard,  La  France  litt. 

FALLETTI.  Voy.  Faletti. 

*  ¥kiA^MURh.yv.Vi.  [Philippe-Jacques),  his- 
torien et  voyageur  allemand,  né  à  Tchœtsch,  le 
10  décembre  1791.  Fils  d'un  pauvre  paysan,  il 
dut  à  l'appui  de  quelques  ecclésiastiques  de  pou- 
voir commencer  ses  études  à  Brixen.  Plus  tard, 
il  alla  à  Saltzbourg,  où  il  continua  de  s'instruire, 
tout  en  donnant  des  répétitions  pour  vivre.  II  se 
rendit  ensuite  à  l'université  de  Landshut,  où 
il  se  livra  à  l'étude  du  droit,  de  l'histoire,  de  la 
linguistique  et  de  la  philologie.  Entré  comme 
sous-lieutenant  dans  un  régiment  bavarois  en 
1813,  ilcombattit  en  maintes  rencontres,  notam- 
ment près  de  Hanau  et  en  France.  A  la  paix,  il 
resta  dans  ce  pays  avec  le  corps  d'occupation , 
et  résida  pendant  six  mois  près  d'Orléans,  sur  un 
domaine  du  général  Spreti ,  ce  qui  lui  permit  de 
cultiver  avec  fruit  la  langue  française.  A  son 
retour  en  Allemagne,  il  reprit  ses  études  de  pré- 
dilection, quitta  le  service  militaire,  s'appliqua 
aux  langues  de  l'Orient,  et  devint  d'abord  pro- 
fesseur de  latin  à  Augsbourg,  ensuite  professeur 
de  philologie  à  Landshut.  En  1831  il  accompa- 
gna en  Orient  le  général  russe  Tolstoï,  visita 
l'Egypte,  la  Palestine,  la  Syrie,  Chypre,  Rhodes, 
les  îles  Ioniennes,enfin  Constantinopl  e,  où  il  étudia 
le  turc.  Revenu  en  Allemagne  par  la  Grèce  et 

KOIJV.    UlOCr..    GÉMÎR.    —   T.    XVII. 


Naples,  il  trouva  sa  place  occupée.  Il  se  rendit 
alors  en  France,  et  de  là  à  Florence,  à  Rome  et  à 
Pise,  et  passa  quatre  années  chez  le  comte  Ostev- 
mann  Tolstoï,  à  Genève.  En  1840,  il  entreprit 
un  nouveau  voyage  en  Orient.  11  visita  Trébi- 
zonde,  Constantinople,  le  mont  Athos,  la  Macé- 
doine,la  ThessaHe  et  unegrande  partiedela  Grèce. 
En  1847,  il  retourna  une  troisième  fois  dans  les 
parages  orientaux,  vit  de  nouveau  Constantinople, 
et  parcourut  la  Palestine,  la  Syrie;  mais  les  évé- 
nements de  1848  le  ramenèrent  de  Smyrne  en 
Allemagne,  où  le  sultan  lui  envoya  l'ordre  du 
Nischan-Iftichar.  Fallmerayer  fut  nommé  mem- 
bre du  parlement  de  Francfort  par  les  électeurs 
de  Munich.  11  passa  l'hiver  de  1849-1850  en 
Suisse.  Depuis  il  a  vécu  dans  la  retraite  à  Mu- 
nich. On  a  de  lui  :  Geschichte  des  Kaiser- 
thums  Trapezunt  (Histoire  de  l'Empire  de  Tré- 
bizonde);  Munich,  1831;  —  Geschichte  der 
Halbinsel  Morea  im  Mittelalter  (  Histoire  de 
la  presqu'île  deMorée  au  moyen  âge);  Stuttgard, 
1830-1836. 

Conversat.-Lexikon. 

FALLOPE,  FALLOPIOOU  FALLOPIUS  (Ga- 

briele),  célèbre  anatomiste  italien,  néàModène, 
vers  1523,  mort  en  1562.  La  date  de  sa  nais- 
sance est  incertaine.  Tomassini  la  place  en  1490, 
Castellan  et  d'autres  en  1528.  Haller  est  de  ce 
sentiment.  Il  le  prouve  par  le  Traité  des  Tu- 
meurs de  Fallope,  où  il  est  dit  que  l'auteur 
n'avait  que  cinq  ou  six  ans  en  1528.  Guilandini 
prétend  que  Fallope  mourut  avant  l'âge  de  qua- 
rante ans  ;  De  Thou,  à  l'âge  de  trente-neuf  ou 
quarante.  Cette  opinion,  qui  est  aussi  celle  de 
Haller,  paraît  incontestable;  si  on  l'adopte,  on 
ne  saurait  admettre  que  Fallope  ait  enseigné 
pendant  vingt-quatre  ans  dans  la  seule  univer- 
sité de  Padoue,  car  il  n'a  pu  monter  en  chaire 
avant  l'âge  de  seize  ans.  Fallope  fut  un  des  troi.s 
savants  qui,  d'après  Cuvier,  restaurèrent  ou 
plutôt  créèrent  l'anatomie  au  seizième  siècle.  Les 
deux  autres  sont  Vesale  et  Eustachi.  Fallope 
succéda  à  Vesale  dans  les  chaires  réunies  d'a- 
natomie  et  de  chirurgie  à  Padoue.  Eustachi 
professait  vers  le  même  temps  à  Rome  avec 
moins  de  succès  et  plus  d'habileté  peut-être  que 
Fallope.  Les  écrits  de  ces  savants  témoignent 
d'une  jalousie  mutuelle. 

Fallope  paraît  avoir  occupé  pendant  quelque 
temps  un  emploi  ecclésiastique  dans  la  cathé- 
drale de  Modène.  Il  le  quitta  pour  se  vouer  à 
l'étude  des  sciences.  Il  eut  pour  maîtres  Antonio 
Brassavola,  Giovanni  -  Baptista  Monti  et  Luca 
Ghini;  mais  l'on  doute  qu'il  ait  suivi  les  cours  de 
Vesale.  Après  avoir  parcouru  les  principales  con- 
trées de  l'Europe,  pour  profiter  des  leçons  des 
plus  célèbres  professeurs,  il  vint  enseigner  l'ana- 
tomie à  Ferrare,  où  il  avait  fait  ses  études  médi- 
cales. Comme  cette  université  n'offrait  à  ses  ta- 
lents qu'un  champ  très-étroit ,  il  la  quitta  pour 
Pise,  où  il  professa  pendant  plusieurs  années  sous 
le  patronage  du  premier  grand-duc  de  Toscane, 

3 


67 


FALLOPE 


G8 


Cosme  T^"".  Les  offres  du  sénat  vénitien  le  rappelè- 
rent à  Padoue.  Il  y  succéda  à  Vesale,  forcé  de  ré- 
signer ses  fonctions  académiques  par  un  de  ces 
cruels  incidents  qui  répandent  un  intérêt  roma- 
nesque sur  la  dernière  partie  de  sa  vie.  Fallope 
ne  se  borna  pas  à  l'anatomie,  il  s'occupa  aussi  de 
botanique.  Le  premier  jardin  botanique  avait  été 
établi  à  Pise  par  Cosme  de  Médicis  en  1543, 
et  se  trouvait  alors  placé  sous  la  direction  de 
Césalpin.  Le  second  jardin  fut  établi  deux  ans 
plus  tard,  à  Padoue.  L'administration  en  fut 
confiée  à  Fallope  peu  après  son  arrivée  à  Padoue. 
Les  recherches  et  les  collections  qu'il  avait  faites 
dans  ses  voyages,  son  séjour  à  Pise,  à  portée  des 
meilleures  sources  d'information,  lui  permirent  de 
remplir  ces  nouvelles  fonctions  avec  beaucoup 
d'habileté  et  de  succès.  On  n'est  pas  sûr  qu'il 
ait  jamais  enseigné  expressément  la  botanique, 
ou  du  moins  il  n'a  pas  écrit  de  traité  spécial  à 
ce  sujet,  mais  il  en  parle  incidemment  dans  ses 
ouvrages,  parmi  lesquels  on  remarque  des  traités 
sur  la  préparation  et  l'usage  des  diverses  herbes 
médicinales  aussi  bien  que  sur  les  substances 
minérales  employées  en  pharmacie.  Fallope  ne 
fut  pas  seulement  un  savant  naturaliste,  un  ex- 
cellent professeur,  il  fut  encore  un  fort  habile 
chirurgien.  Douglas  a  dit  de  lui  :  In  docendo 
maxime  viethodicus,  in  medendofelicïssimus, 
in  secando  expeditissimus.  On  lui  reproche 
d'avoir  un  peu  trop  fait  mystère  de  ses  remèdes, 
d'en  avoir  un  peu  trop  vanté  les  vertus  curatives, 
c'est-à-dire  de  n'avoir  pas  été,  malgré  tout  son 
génie,  exempt  de  charlatanisme.  Ce  défaut,  qui  di- 
minue un  peu  sa  réputation  aux  yeux  de  la  pos- 
térité, dut  l'augmenter  au  contraire  pour  ses 
contemporains.  Après  une  courte  et  brillante 
existence,  Fallope  mourut  en  laissant  sa  chaire 
à  son  élevé  favori,  Fabrice  d'Aquapendente. 

Le  principal  ouvrage  de  Fallope  est  intitulé 
Observa (iones  anatomicœ,  in  libra^  qidnque 
digestx;  Venise,  1561,  in-8°;  Paris,  1562, 
in-8",  avec  les  ouvrages  de  Columbus;  Cologne, 
1562;  Helmstœdt,  1585,  1588,  in-8°.  C'est  un 
des  meilleurs  traités  d'anatomie  du  seizième 
siècle.  Fallope  a  très-bien  corrigé  les  fautes 
échappées  à  Vesale.  «  Son  ouvrage,  dit  Cuvier, 
est  plein  d'observations  utiles.  L'auteur  y  fait 
voir  que  le  crâne  du  fœtus  est  composé  d'un 
plus  grand  nombre  de  pièces  que  celui  de  l'a- 
dulte. Il  montre  aussi  les  différences  du  système 
vasculaire  chez  l'un  et  chez  l'autre.  L'os,  fort 
compliqué,  qui  a  reçu  le  nom  d'ethmoide  y  est 
mieux  décrit  que  dans  Vesale.  C'est  aussi  à  Fal- 
lope que  nous  devons  la  description  du  trou 
ovale  du  sphénoïde,  paroii  passent  les  nerfs  de 
la  cinquième  paire;  celle  des  sinus  sphénoïdaux 
et  pétreux.  H  a  encore  décrit  les  alvéoles  dans 
lesquelles  sont  enchâssées  les  dents ,  les  veines 
et  les  nerfs  qui  s'y  rendent.  Ce  qu'il  a  surtout 
étudié,  c'est  la  structure  de  l'oreille  interne. 
Fallope  a  découvert  les  vestibules,  les  canaux 
semi-circulaires,  le  limaçon,  sa  lame  spirale,  le 


cadre  et  la  corde  du  tympan,  enfin  le  canal  tor- 
tueux ou  aqueduc  qui  porte  encore  son  nom.  Il 
a  fait  plusieurs  remarques  importantes  sur  dif- 
férents muscles,  particulièrement  sur  les  muscles 
de  l'oreille,  soit  intérieure,  soit  extérieure.  Les 
muscles  du  voile  du  palais  n'ont  été  bien  dé- 
crits que  par  Fallope  ;  dans  la  description  qu'il 
a  faite  de  ceux  de  la  face,  il  est  aussi  supérieur 
à  Vesale.  Il  a  distingué  dans  la  tunique  des  intes- 
tins la  veloutée,  les  valvules  conni ventes  ou 
replis  formés  par  les  intestins.  Pour  tous  ces 
petits  détails  les  additions  au  grand  ouvrage  de 
Vesale  devaient  se  multiplier,  car  il  avait  produit 
une  émulation  générale.  Fallope  a  passé  près  de 
vingt  ans  à  recueillir  ses  observations,  et  il  n'est 
pas  étonnant  que,  travaillant  avec  attention  et 
aidé  des  facilités  que  lui  donnait  le  gouverne- 
ment de  Venise,  qui  fàvorisait  beaucoup  tous  les 
savants  (1),  il  ait  fait  à  l'ouvrage  de  Vesale  la 
multitude  d'additions  intéressantes  que  noua  ve- 
nons de  rapporter.  »  Toutes  ces  additions  n'é- 
taient pas  neuves,  et  Fallope  a  plus  d'iuio  fois 
donné  pour  des  découvertes  des  faits  connus 
depuis  longtemps.  Il  prétend  avoir  aperçu  le 
premier  les  muscles  pyramidaux,  dont  Galien  el 
Jacques  Dubois  ou  Sylyius  avaient  fait  mention 
avant  lui.  Il  se  vante  aussi  d'avoir  résolu  le 
premier  la  difficulté  indiquée  par  Oribase  et  Ga- 
lien sur  le  mouvement  de  la  paupière  supérieure 
après  que  le  muscle  orbiculaire  est  coupé.  11 
assure  avoir  découvert  en  1550  le  muscle  qui 
sert  à  relever  cette  partie.  On  trouve  dans  Avi- 
cenne  une  description  très-clair«  de  co  muscle, 
et  Realdus  Columbus  l'avait  décrit  aussi  fort 
exactement  dans  un  ouvrage  imprimé  en  1550. 
Fallope  passe  généralement  pour  avoir  décou- 
vert une  partie  de  la  matrice,  qu'il  nomma  tnha 
iiteri,  et  que  nous  appelons  de  son  nom  la 
trompe  de  Fallope;  mais  ce  canal  était  connu 
d'Érophile  et  de  Rufus  d'Éphèse,  qui  nous  en 
ont  laissé  des  descriptions  fort  exactes.  Ses  au- 
tres ouvrages  sont  :  Libelli  duo,  aller  de  ulce- 
ribus ,  aller  de  Uimoribus  prœter  naturam; 
Venise,  1563,  in-i"  ;  —  De  ThermaliMis  Aquis, 
librï  septem;  De  Metallis  et  Fossilibtis  Liber; 
Venise,  1564,  in-4"  :  c'est  un  recueil  des  leçons  de 
Fallope  sur  Dioscoride;  —  3e  Morbo  Gallico 
Tractqtus;  Venise,  1564,  in-4°  ;  —  De  Simpti- 
cibus  Medicamentis  purgantibus ;  Venise, 
1566,  in-4°  ;  —  Opiiscula  varia;  Padoue,  1566  ; 
—  Expositio  in  llbriim  Galeni  DeOssibus; 
Venise,  1570,  in-4°;  —  De  Compositione  Me- 
dicamentorum  ;  Venise,  1570,  in-^";  —  De 
parte  medicinsf;  qnx  Chirurgia  mincupatur, 
née  non  in  librum  Hippocratis  De  vulneribus 

(l)Le grand-duc  lui  donnait  enpore  plus  de  facilita, comme 
on  le  voit  par  ce  curieux  passage  de  Fallope  lui  mémo  : 
«  Princcps  jnbet  ut  nobis  dent  hominem  quem  ndstip 
modo  iiiterflcimus,  et  illum  anatomisanius.  »  1,'liorarae 
que  le  grand-duc  livrait  au  scalpel  du  chirurgien  était 
lin  criminel  condamné  ii  mort.  L'affreuse  habitude  de 
disséquer  des  vivants  existait  chez  les  anciens;  Celse  la 
décrit  énergîquenient.  {Foij.CmIlSK.) 


69 


FALLOPR  —  FALSTALF 


70 


capitis,  dihicidissima  Interpretatio;Yevhe,, 
1571,  ia-4°;  —  De  humant  Corporis  Anatome 
Compendium  ;Yen\se,  1571  ;  —  Opéra  genuina 
omnia,  tam  practica  quant  theorica  ;  Venise, 
1584,  1596,  1606,3  vol.  in-foi.;  Francfort,  1600, 
4  vol.  in-fol.  La  plupart  des  opuscules  dont  on 
a  grossi  cette  dernière  édition  étaient  des  dictées 
de  professeur.  Le  botaniste  Loureiro  lui  a  con- 
sacré le  genre  Fallopia. 

Tiraboschi ,  Biblioteca  Modenese,  t.  II,  p.  236.  —  Ni- 
eéron.  Mémoires,  t.  IV,  p.  396.  —  Éloy,  Diction. 

J  FALLOUX  {Frédéric- Alfred- Pierre,  vi- 
comte de),  historien  et  homme  politique  fran- 
çais, né  à  Angers  le  11  mai  1811.  Issu  d'une  fa- 
mille d'honnêtes  commerçants,  son  père  créa, 
sous  la  restauration,  un  majorât  au  titre  de 
vicomte.  Le  jeune  de  Falloux  fit  de  bonnes 
études,  et,  dès  1840,  il  publia  une  Histoire  de 
Louis  XVI  qui  faisait  connaître  ses  sympathies 
politiques;  trois  ans  plus  tard,  ce  premier  ou- 
vrage fut  suivi  d'une  Histoire  de  saint  Pie  V,  qui 
indiquait  ses  tendances  religieuses.  Élu  député 
de  Maine-et-Loire  en  1846,  M.  de  Falloux  prit 
place  à  côté  des  chefs  du  parti  légitimiste  et  ne 
cessa  depuis  de  réclamer  la  hberté  de  l'enseigne- 
ment. Lors  de  la  révolution  de  1848,  il  imprima 
à  ses  convictions  une  direction  conforme  aux  cir- 
constances, et  le  25  février  il  conjura  ses  conci- 
toyens de  la  Vendée  de  se  rallier  franchement  au 
régime  nouveau.  Membre  de  l'assemblée  consti- 
tuante, il  prit  une  part  active  aux  travaux  de  ses 
collègues.  Chargé  de  rendre  compte  delà  situation 
des  ateliers  nationaux  et  des  mesures  à  adopter 
pour  leur  dissolution ,  M.  de  Falloux,  dans  un 
rapport  qui  précéda  de  peu  de  jours  les  événe- 
ments de  juin,  se  prononça  pour  cette  dernière 
mesure,  nécessaire  sans  doute,  mais  qui  avait  be- 
soin d'être  amenée  avec  prudence.  En  opposition 
avec  le  pouvoir  exécutif,  il  désapprouva  le  projet 
d'envoi  dans  les  départements  de  députés  char- 
gés d'étudier  l'esprit  du  pays.  Répondant  à  ceux 
qui  pensaient  devoir  fonder  la  république  :  «  La 
république,  dit-il ,  a  été  fondée  le  4  mai,  jour 
où ,  en  présence  de  la  population  de  Paris  tout 
entière,  à  la  face  d'un  soleil,  comme  les  cœurs, 
radieux,  nous  sommes  venus,  tous  ensemble 
sans  exception,  proclamer  la  république.  »  En 
même  temps,  M.  de  Falloux  ajoutait,  que  «  la  ré- 
publique avait  été  fondée  encore  par  la  double 
victoire  remportée  le  15  mai  et  en  juin  sur  les 
ennemis  du  pouvoir  établi  ».  Lors  de  la  discus- 
sion de  l'article  de  la  constitution ,  relative  à 
l'enseignement,  M.  de  Falloux  demanda  pour 
l'Église,  comme  il  le  fit  depuis,  la  concurrence 
avec  l'Université,  sous  la  surveillance  de  l'État. 
«  Si  l'Université  a  besoin,  dit-il,  de  relever  le 
niveau  <le  l'éducation ,  comme  je  le  crois,  et 
comme  je  le  dis  franchement,  les  maisons  qui 
sont  à  côté  d'elle  le  lui  apprendront;  et  si  les 
maisons  religieuses  ont  besoin  elles-mêmes  de 
se  familiariser  avec  res|)rit  du  siècle,  si  elles  ont 
toujours  liesoin  de  se  sentir  un  peu  pressées  et 


stimulées  de  cet  aiguillon  humain,  l'émulation, 
la  concurrence,  la  liberté  enfin,  le  leur  ap- 
prendront. »  Nommé  ministre  de  l'instruction 
publique  parle  prince  président,  le  20  décembre 
1848,  M.  de  Falloux  proposa  un  projet  de  loi 
conforme  à  cette  déclaration  de  principes  ;  cette 
loi,  concernant  l'organisation  de  la  hberté  de 
l'enseignement,  fut  votée  en  1850.  A  l'assemblée 
législative ,  lorsqu'il  fut  question  des  mesures 
que  réclamait  la  position  du  pape,  M.  de  Fal- 
loux plaida  avec  chaleur  la  cause  du  souverain 
pontife.  Le  31  octobre  1849,  il  fut  remplacé  au 
ministère  de  l'instruction  publique  par  M.  de 
Parieu;  et  après  le  coup  d'État  du  2  décembre, 
il  voyagea.  Retiré  aujourd'hui  dans  ses  domaines, 
il  consacre,  à  la  manière  des  anciens,  ses  loisirs 
à  l'exploitation  de  ses  terres  et  à  la  culture  des 
lettres.  La  première  lui  valut  une  médaille  d'or 
pour  la  beauté  de  ses  bœufs ,  à  l'exposition  agri- 
cole de  1856,  et  la  seconde  lui  mérita  son  entrée 
à  l'Académie  française.  '  V.  R. 

L.  Louvet,  dans  le  Dict.  de  la  Conv.  —  Moniteur,  1846- 
1850. —  l.e  Correspondant,  mars  et  juin  1836. 

"  FALSTALF  (1)  OU  FALSTOLF  (Sir  Jolin), 

fameux  capitaine  anglais,  né  vers  1377,  à  Gais- 
ter-Castle ,  dans  le  Norfolkshire,  mort  le  15  oc- 
tobre 1459.  11  fut  d'abord  ward  ou  pupille  de 
Jean  ,  duc  de  Bedford  ,  frère  du  roi  Henri  V. 
Bientôt  il  fut  attaché  à  Thomas  de  Lancastre, 
duc  de  Clarence ,  lieutenant  général  en  Irlande. 
Vers  1410,  selon  toute  vraisemblance,  il  accom- 
pagna en  France  le  duc  de  Clarence ,  et  par  actes 
authentiques  des  10  avril  et  19  octobre  1413, 
Charles,  duc  d'Orléans,  versa  entre  les  mains  de 
Falstalf,  écuyer  du  duc  de  Clarence,  diverses 
sommes  dues  à  ce  dernier  et  assignées  à  sir  John 
pour  la  rançon  de  Jean  comte  d'Angoulême  (2). 
En  1415,  après  la  prise  de  Harfleur  par  les  An- 
glais, Falstalf  fut  établi  lieutenant  dans  cette  ville 
pour  le  comte  de  Dorset.  Peu  de  temps  après, 
il  se  signala  contre  les  là-ançais  à  la  bataille  d'A- 
zincourt,  où  il  fit  pi'isonnier  le  duc  d'Alençon. 
Il  était  alors  écuyer  de  la  retenue  de  Henri  V, 
ayant  sons  son  commandement  dix  lances  et 
trente  archers.  Bientôt  il  s'empara  du  château 
de  Bec-Crépin  et  de  plusieurs  places  impor- 
tantes en  Normandie,  et  fut  élevé  au  degré  de 
chevalerie.  Il  prit  part  en  cette  qualité  aux  sièges 
de  Montereau  (1420),  de  Meaux  (  1421)  et  de 
Meulan  (1422).  Après  la  mort  de  Henri  V,  H 
devint  grand  maître  d'hôtel  de  Jean,  duc  de 
Bedford,  sénéchal  de  Normandie,  lieutenant  du 
roi  et  du  régent  aux  ba'lliages  de  Rouen,  Évreux, 
Alençon;  gouverneur  d'Anjou  et  du  Maine.  Fait 
chevalier  banneret  avant  la  bataille  de  Verneuil, 
il  conduisit  en  vainqueur  les  siéjfcs  ou  actions 
militaires  de  Gennuye-en-Maine,  Heaumont-Ie- 
Vicomte,  Sillé-le-Guillaume,  Saint-Ouen-Lestray 
près  Laval,  LaGravelle,  et  fut  enfin  créé,  en  1425, 

(11  Ce   nom  s'écrit  aussi  Falscaf,  Fastol ,   Fastotz, 
Fascot,  etc. 
(î)  Arrbives  du  palais  Soubi'îp,  IC,  uH,  n'  4, 


7i 


FALSTALF  —  FAMIN 


72 


par  le  régent,  chevalier  de  l'ordre  de  la  Jarre- 
tière. Le  fameux  Talbot,  en  1426,  fut  nommé, 
au  lieu  de  Falstalf,  gouverneur  d'Anjou  et  du 
Maine.  Ce  dernier  en  conçut  un  grand  dépit,  auquel 
devaient  se  rattacher  de  graves  conséquences 
historiques.  Falstalf  eut  encordes  honneurs  de  la 
journée  des  harengs,  qui  eut  lieu  le  12  février 
1429.  Jusque  là  ce  capitaine  ainsi  que  les  ar- 
mées anglaises  n'avaient  connu  eu  France  que 
la  victoire  ;  bientôt  il  se  trouva  en  présence  de 
la  Pucelle,  et  la  scène  changea.  Les  Anglais  fu- 
lent  battus  :  lord  Talbot  tomba  prisonnier  au 
pouvoir  des  Français,  et  Falstalf,  obligé  de  plier, 
se  retira  sur  Corbeil.  Les  historiens  anglais,  peu 
riches  d'ailleurs  en  chroniques  originales  sur 
cette  époque,  spécialement  Hollinshed,  qui  vivait 
tiu  temps  d'Elisabeth,  ont  représenté  la  conduite 
du  chevalier  banneret  comme  une  fuite  honteuse. 
Quelques-uns  prétendent  que  Falstalf,  par  suite 
de  cette  action,  fut  dégradé  de  la  Jarretière.  Ils 
ajoutent  que  cet  ordre  lui  fut  rendu  sur  ses  ex- 
cuses ou  explications,  malgré  les  instances  de 
Talbot,  qui  imputait  aux  graves  torts  de  son  com- 
pagnon d'armes  et  sa  captivité  et  la  perte  de  ia 
bataille.  Les  textes  français,  plus  circonstanciés, 
autorisent  à  penser  que  Falstalf,  aussi  bien  que 
Talbot,  en  cette  circonstance,  ne  fut  trahi  que 
par  la  fortune  et  par  la  supériorité  de  ses  ad- 
versaires. De  1430  à  1436,  Falstalf  continua  de 
jouir  des  bonnes  grâces  du  régent,  et  fut  employé 
en  diverses  ambassades  importantes,  notamment 
au  concile  de  Bâie  et  aux  négociations  qui  ame- 
nèrent la  paix  d'Arras.  Depuis  1430,  il  était  lieu- 
tenant duroi  d'AngleterreàCaen.  Dans  l'intervalle 
des  voyages  mentionnés,  il  était  occupé  à  guer- 
royer en  Bretagne  et  en  Normandie,  jusqu'en 
1440 ,  époque  où ,  atteint  par  l'âge ,  il  quitta  ie 
continent  et  vint  se  retirçr  dans  ses  foyers.  Les 
loisirs  de  la  paix  et  de  l'opulence  remplirent  sa 
longue  vieillesse.  Il  avait  acquis  en  France,  par 
droit  de  conquête  ou  par  la  concession  des  rois 
d'Angleterre  conquérants,  d'importantes  posses- 
sions territoriales,  dont  il  ne  jouit  que  temporai- 
rement. 11  était  en  outre,  du  chef  de  lady  Fal- 
stalf et  du  sien,  baron  de  Gilliquillin,  seigneur  de 
nombreux  et  riches  manoirs  sis  enNoifolk,  en 
Yorkshire,enWiltshire,etc.  Falstalf  fit  un  géné- 
reux emploi  de  sa  richesse.  Dans  sa  demeure  de 
Caister-Castle,  qui  subsiste  encore,  il  construisit 
de  somptueux  bâtiments.  La  tradition  porte  que 
l'œuvre  fut  exécutée  par  un  prisonnier  du  sei- 
gneur (  le  duc  d'Alençon  ?  )  et  selon  le  style  de 
l'architecture  française.  Il  y  fonda  en  outre  un 
collège,  composé  d'un  maître,  de  six  prêtres  et 
de  sept  pauvres  clercs.  Il  fut  aussi  le  bienfaiteur 
des  universités  d'Oxford  et  de  Cambridge.  Fal- 
stalf entretenait  de  ses  deniers  des  clercs  ou 
écoliers  qui  se  livraient  à  l'étude  des  lettres  et 
des  sciences.  Parmi  ces  élèves  on  cite  W.  Wyr- 
cester ,  serviteur  de  Falstalf  et  auteur  d'écrits 
estimables  sur  l'histoire  et  sur  d'autres  branches 
des  connaissances  humaines.  Il  avait  rédigé  une 


biographie  spéciale  de  son  maître,  qui  ne  nous 
est  pas  parvenue. 

Nous  venons  de  retracer  en  termes  succincts 
mais  exacts  le  personnage  de  Falstalf,  tel  que 
nous  le  représente  l'histoire.  Celui-ci  est  peu 
connu,  même  en  Angleterre,  où  il  manque  dans 
la  plupart  des  dictionnaires  de  biographie.  Tout 
le  monde  en  revanche  connaît  un  autre  type  de 
sir  John  Falstalf  ;  c'est  celui  qu'a  créé  et  im- 
mortalisé le  génie  comique  de  Shakspeare. 
Pour  expliquer  le  lien  qui  unit  ces  deux  person- 
nages si  dissemblables,  nous  terminerons  cet 
article  par  les  lignes  judicieuses  qui  vont  sui- 
vre. Nous  les  empruntons  à  John  Antis,  le  doct(î 
éditeur  du  Register  ou  Annales  de  l'ordre  de  la 
Jarretière  :  «  Shakespeare,  dit-il,  ne  saurait  être 
accusé  de  mauvaise  hnmeur  contre  la  mé- 
moire de  notre  chevalier,  au  moment  où  il  com- 
posa ses  comédies;  car  sir  John  Oldcastle  fut 
d'abord  introduit  ef  mis  en  scène  par  lui  sous 
les  traits  du  même  personnage.  Mais,  averti  du 
ressentiment  qu'avait  causé  aux  descendants  de 
cette  famille  cette  personnification  ou  personna- 
lité, Shakspeare  changea  le  rôle,  qui  fut  bap- 
tisé désormais  sir  John  Falstalf.  Shakspeare  se 
crut  pour  cett«  fois  à  l'abri  de  toute  rancune. 
Ce  changement  même  manifestait  en  effet  avec 
évidence  que  son  unique  but  était  de  produire 
sur  la  scène  un  type  de  fanfaron  amoureux , 
vain  ,  poltron ,  ivrogne,  vieux-beau  ,  maître  en 
débauches  du  jeune  Henri  V ,  comme  un  sujet 
de  rire  et  de  ridicule.  Ce  dessein,  Shakspeare 
l'a  rempli  avec  un  incomparable  esprit,  avec  une 
humour  inimitable.  L'impression  dont  il  a  frappé 
la  généralité  des  spectateurs  est  si  vive,  que  ceux- 
ci  ont  dû  être  amenés  à  se  figurer  que  ce  type 
de  théâtre  avait  été  fourni  par  la  vérité  même 
de  l'histoire.  »  Vallet  de  Viriville. 

Antis,  Register  of  GarterAl^t,  in-folio,  tome  II.—  Bio- 
gi-ap/iia  Britannica,  l''SO,in-îol\o,  tome  II(.  —  Sketch 
of  the  hislory  of  Caistcr-Castle,  including  biographi- 
cal  notices  of  sir  John  Falstalf  ;  London,  1812,  in-8'>.  — 
Chroniqueurs  français  du  quinzième  siècle  réunis  dans 
le  Procès  de  la  Pucelle  par  M.  Quicherat,  1841  et  an- 
nées suivantes,  in-S"  (à  la  table  ).  —  Registres  du  Trésor 
des  Chartes,  n»  172  et  175.  —  Mss.  de  la  Bibliottièquc 
impériale,  n°  9037,  7;  suppl.  franc.  n<>  2542,  fol.  22-27; 
Bréguigny,  vol.  80,  ann.  1418-9,  février  20;  et  vol.  81, 
ann.  1423,  sept.  24. 

FALTO.  Voy.  Valerius. 

FALTONIA.   Voy.  FalCONIA. 

*  FALCGi  (Donienico),  poète  italien,  vi- 
vait au  commencement  du  seizième  siècle.  On 
manque  de  détails  sur  sa  vie;  il  se  qualifie  de 
poeta  laureato,  et  dédia  au  cardinal  Hippo- 
lyte  de  Médicis  une  épopée  dont  les  victoires 
d'Alexandre  avaient  fourni  le  sujet;  cet  ouvrage 
est  intitulé  :  Triompha  magno  nel  quai  si 
coniiene  le  famose  guerre  d' Alexandro  Magno, 
imperador  di  Grecia;  Rome,  1521,  in-4°.  Sa 
rareté  seule  lui  donne  quelque  prix.      G.  B. 

Melzi,  Bibliografia  délie  Poésie  romanzesclie  d'Italia, 
an.  1831. 

FAMIN  {Pierre-Noël),  physicien  et  poète 
français,  né  à  Paris,  en  1740,  mort  en  1830. 


73  FAMIN  - 

Après  avoir  fdit  de  bounes  études  au  collège 
d'Harcourt,  ou  il  eut  pour  condisciple  et  pour 
ami  le  futur  critique  La  Harpe,  Famin  entra  dans 
les  ordres.  Il  fut  nommé  en  1772  à  la  cure  de 
Saniois,  près  de  Fontainebleau,  et  attaché  en 
1784  à  l'éducation  des  enfants  du  duc  d'Orléans. 
11  ouvrit  en  1784  un  cours  gratuit  de  physique 
dans  l'appartement  qu'il  occupait  au  Palais- 
Royal,  et  il  le  continua  jusqu'en  1798,  époque  à 
laquelle  il  fut  forcé  de  quitter  ce  logement.  Il 
vécut  dès  lors  fort  obscurément  jusqu'à  un  âge 
avancé.  On  a  de  lui  :  Le  Mariage  impromptu, 
vaudeville  en  un  acte;  Paris,  1775,  in-8°  ;  — 
Cours  abrégé  de  Physique  expérimentale 
mise  à  la  portée  de  tout  le  monde;  Paris,  1791, 
in-S"  ;  —  Carmen  Pacis  (le  Chant  de  la  Paix)  ; 
ode  latine  et  française;  Paris,  1801,  in-8°;  — 
Considérations  sur  le  danger  des  lumières 
trop  vives  pour  l'organe  de  la  vue  et  sur  les 
moyens  de  s'en  garantir  ;  Paris,  1802,  in-8°; 

—  Divertissement  pour  fêter  le  jour  de  nais- 
sance de  la  princesse  Louise  de  Rohan;  Paris, 
1802,  in-8°  ;  —  L'Obligeant  maladroit,  comé- 
die en  trois  actes  et  en  vers  ;  Paris,  1793  ,  in-8°  ; 

—  Mes  Opuscules  et  Amusements  littéraires  ; 
Paris,  1820,  in-8°;  recueil  de  poésies  qui  avaient 
été  lues  pour  la  plupart  aux  séances  de  l'Athé- 
née de  Paris  et  de  l'Athénée  des  Arts,  dont  l'au- 
teur était  membre.  Famin  a  aussi  traduit  le 
School  for  Scandai  de  Sheridan,  sous  le  titre 
tV École  de  la  Médisance;  Paris,  1807,  in-8". 

Arnault,  Jay,  etc.;  Biogr.  des  Contemporains. 

*FAiM8N  {Stanislas-Marie-César  ),  publiciste 
français,  né  à  Marseille,  le  3  juillet  1799,  mort  le 
23  décembre  1853.  Il  était  d'une  ancienne  fa- 
mille de  Picardie,  et  entra  de  bonne  heure  dans 
l'administration  des  affaires  étrangères.  I!  fut 
nommé,  le  1^''  juillet  1823,  chancellier  du  con- 
sulat de  France  à  Palerme.  Ce  fut  dans  cette 
ville  qu'il  commença  ses  intéressantes  études 
sur  la  Sicile,  et  il  les  continua  aux  consulats  de 
Naples  et  de  Gênes,  où  il  publia  un  livre  qui  parut 
en  1830,  sous  le  titre  de  Peintures,  bronzes  et 
statues  erotiques,  formant  la  collection  du 
cabinet  secret  du  Musée  de  Naples  ;  Paris, 
1832,  in-4";  ce  livre,  très-recherché  des  curieux, 
ne  fut  pas  destiné  par  l'auteur  à  dépasser  le  seuil 
des  grandes  bibliothèques.  En  septembre  1838,  Fa- 
min fut  appelé  à  remplir  le  poste  de  chancelier  de 
la  légation  française  à  Lisbonne.  Pendant  qu'il 
rassemblait  une  vaste  collection  de  monnaies  por- 
tugaises, il  faisait  imprimer  son  Histoire  des  In- 
vasions des  Sn7Tazinsen  Italie  du  septième  au 
onzième  siècle;  Paris,  Didot,  1843,  in-8°.  La 
publicationdecetexcellent  livre  a  été  interrompue 
par  la  mort  de  l'auteur;  mais  il  est  complète- 
ment terminé.  Famin  revint  en  France  en  1848, 
et  il  fut  nommé  successivement  chancelier  des  lé- 
gations françaises  de  Londres  et  de  Saint-Péters- 
bourg. On  le  récompensa  de  ses  services  en  l'ap- 
pelant en  1802  aux  fonctions  de  consul  à  Yassy, 
puis  à  Saint-Sébastien.  De  retour  à  Paris  de- 


FAMUEL 


74 


puis  quelques  mois,  il  venait  d'être  nommé  con- 
sul à  Mogador  lorsqu'une  attaque  de  choléra 
l'enleva  inopinément.  Quelque  temps  avant  sa 
mort ,  Famin  avait  pubhé  un  Uvre  où  il  faisait 
preuve  à  la  fois  d'une  grande  sagacité  et  d'une 
connaissance  incontestable  des  faits  qui  ont  con- 
tribué à  allumer  la  dernière  guerre;  ce  volume, 
intitulé  :  Histoire  de  la  Rivalité  et  du  Protec- 
torat des  Églises  chrétiennes  en  Orient, 
Paris,  Didot,  1853,  in-8°,  eut  un  grand  succès. 
L'ouvrage  le  plus  important  de  Famin  n'a  pas 
encore  paru  ;  c'est  une  Histoire  vionétaire  du 
Portugal,  grand  in-4'',  dont  toutes  les  plan- 
ches sont  gravées  avec  un  soin  minutieux  et 
dont  le  texte  se  trouve  en  grande  partie  ter- 
miné :  résultat  de  dépenses  considérables  et  de 
recherches  incessantes ,  ce  livre  manque  tout  à 
fait  à  la  science,  car  on  ne  possède  sur  la  nu- 
mismatique portugaise  que  les  travaux,  fort 
abrégés,  de  Severim  de  Faria  et  ceux  de  Caetano 
de  Souza,  qui  sont  perdus  dans  un  vaste  recueil. 
Famin  a  donné  encore  :  Traduction  inédite 
d'un  fragment  de  Dicéarque  de  Messine; 
Paris,  1833,  in-8°;  —  Une  Histoire  des  Ama- 
zones, 1834,  et  un  livre  pratique.  Des  Traités 
de  Commerce  et  de  Navigation;  Paris,  1837, 
in-8".  Outre  de  nombreux  articles  dans  la  col- 
lection de  l'Univers,  tels  que  ceux  qui  ont 
pour  objet  l'Histoire  de  la  Crimée,  de  la  Cir- 
cassie ,  de  la  Géorgie,  du  Paraguay  et  ôai 
Chili,  il  a  écrit  dans  la  Revue  des  Deux 
Mondes,  dans  la  Revue  littéraire  et  dans 
le  Magazin  pittoresque.  Il  eut  pendant  quel- 
que temps  la  direction  de  Y  Encyclopédie  ca- 
tholique, et  il  a  été  l'un  des  collaborateurs  de 
V Encyclopédie  WMderne  et  de  celle  des  Gens 
du  Monde.  Nous  ajouterons  à  cette  série  d'écrits 
utiles  un  livre  d'imagination,  intitulé  Les  Lé- 
gendes rouges  ;  Paris,  2  vol.  in-8°. 

Parmi  ses  ouvrages  inédits  ,  il  faut  citer  une 
Histoire  de  Gènes,  un  travail  sur  les  Expédi- 
tions maritimes  des  Portugais,  un  Essai  sur 
les  Colonies  portugaises ,  écrit  de  1845  à 
1847,  qui  ne  comprend  par  conséquent  que  les 
possessions  de  l'Inde  et  de  l'Afrique ,  enfin  un 
Essai  sur  l'industrie  agricole  au  Portugal. 

Le  jeune  fils  de  Famin,  que  le  gouvernement 
a  fait  entrer  à  l'École  des  Langues  orientales,  en 
récompense  des  services  de  son  père ,  poursuit 
avec  diligence  l'étude  de  la  philologie  orientale, 
sans  mettre  en  oubli  les  Langues  du  midi  de 
l'Europe,  et  pourra  probablement  faire  impri- 
mer un  jour  quelques-uns  des  travaux  que  nous 
venons  de  signaler.  Ferdinand  Denis. 

Renseignements  particuliers. 

FALZAGALLONi.  Voy.  Ferrare  (S^e/awo  de). 

FAAiVEL  (l/a^^Aiew),  mathématicien  français, 
né  à  Metz,  vivait  au  dix-septième  siècle.  Il 
était  chanoine  de  la  cathédrale  de  Toul ,  quand 
le  roi  le  chargea  d'enseigner  les  mathématiques 
dans  l'École  des  Cadets ,  qu'il  venait  d'établir  à 
Metz.  Cette  école  fut  ensuite  transférée  à  Sar- 


75  FAMUEL  — 

relonis.  Famuel  publia,  en  1690,  pour  l'usage  de 
ses  élèves,  une  arithmétique  décimale,  sous  le 
titre  suivant  :  La  Logistique,  ou  arithmétique 
française;  Metz,  in-8".  Cet  ouvrage,  flédié  au 
marquis  de  Boufflers,  lieutenant  général  des  ar- 
mées du  roi,  est  orné  de  vignettes  en  taille-douce 
dessinées  par  l'auteur;  on  les  suppose  gravées 
par  Sébastien  Leclerc.  Emile  Bégin. 

Biographie  de  lu  Moselle.  —  DocumenU  inédits. 

FANCELLi ,  nom  d'une  famille  d'artistes 
italiens  classés  ci-dessous  par  ordre  chronolo- 
gique. 

*  FA1VCEI.M  (Luca),  architecte,  vivait  dans  le 
quinzième  siècle.  Il  était  élève  du  célèbre  Brunel- 
leschi,  et  aida  son  maître,  en  i440,  dans  la  cons- 
truction primitive  du  palais  Pitti  à  Florence.  Cet 
architecte  a  donné  des  plans  pour  plusieurs 
autres  édifices  de  la  même  ville.       C— p— c. 

J.-C.  Fulchiron,  Voyagé  dans  l'Italie  méridionale. 

*FANCELLi  {Giovanni),  sculpteur  florentin, 
vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Élève 
de  Bandinelli,  il  fut  chargé  par  lui  d'exécuter 
pour  une  grotte  du  jardin  du  palais  Pitti  des 
chèvres  jetant  de  l'eau  et  un  paysan  vidant  un 
baril  dans  un  bassin.  Il  a  aussi  travaillé  à  la 
cathédrale  d'Orviette. 

Vasari,  Fite.  —  P.  Guglielrao  délia  Valle,  Storia  del 
Duomo  d'Orvieto. 

*  FANCEL.L1  (  Chiarissimo  ),  sculpteur,  né  à 
Settignano,  en  Toscane,  travaillait  à  Pise  à  la  fin 
du  seizième  et  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle.  En  1588  il  a  exécuté  deux  statues 
colossales,  qui  existent  encore  dans  la  cathédrale, 
et  en  1627  il  a  concouru  à  la  restauration  de  la 
chaise.  E.  B— n. 

Morrona,  Pisa  illustrata. 

*FANCELi,i  {Antonio),  architecte  et  sculpteur, 
né  à  Sienne,  en  1606,  mort  en  1646.  On  lui  doit 
le  dessin  et  la  sculpture  de  plusieurs  autels  de 
la  cathédrale  de  Sienne,  et  du  magnifique  maître 
autel  de  l'église  Saint-François.        E.  B— n. 

Roraasnoli,  Cenni  storico-artistici  di  Siena. 

*FANCELLi  (  J acopo- Antonio) ,  sculpteur 
originaire  de  Settignano,  en  Toscane,  mais  né  à 
Rome,  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Il  fut  un  des  meilleurs  élèves  du  Berhin,  qui  lui 
confia  Tune  des  statues  colossales  de  la  fontaine 
de  la  place  Navonne,  celle  du  Nil.  On  prétend 
que  le  voile  qui  couvre  la  tête  de  cette  figure , 
au  lieu  d'être  une  allusion  au  mystère  de  la 
source  du  fleuve,  est  une  épigramme  contre  le 
Borromini,  rival  du  Bernin,  et  que  le  Nil  se 
cache  la  tête  pour  ne  pas  voir  la  façade  de  l'église 
Sainte-Agnès  ,  qui  est  pourtant  la  moins  bizarre 
des  productions  du  Borromini.        E.  B — x. 

C\co<^na.r&,  storia  delta  Scultura.  —T\C077À.  Diziona- 
rio.  —  Valéry,  Voyages  hist.  et  lltt.  en  Italie. 

■*tFANCELLi  (Pietro),  peintre  italien,  né  à 
Bologne,  en  1764,  mort  en  1850.  Fils  d'un  peintre 
assez  estimé,  il  chercha  à  imiter  à  la  fois  les  Car- 
vache  et  l'école  vénitienne,  et  il  y  réussit  assez 
bien  pour  être  regardé  comme  le  meilleur  peintre 
moderne  de  Bologne.  Il  peignit  avec  un  égal  suc- 


FANELLI 


7() 


ces  l'histoire  et  la  décoration.  La  toile  du  grand 
théâtre  de  Bologne  représentant  l'entrée  d'A- 
lexandre à  Babylone  passa  pour  un  chef-d'œuvre. 
Les  ouvrages  de  Fancelli  sont  assez  nombreux 
dans  sa  patrie  ;  il  nous  suffira  d'indiquer  la  voûte 
d'une  chapelle  à  la  Madonna  di  Galliera,  à 
San-Paolo,  des  anges  accompagnant  un  cou- 
ronnement de  la  Vierge  peint  par  Bertusio,  et  la 
restauration  entière  d'une  voûte  de  chapelle 
peinte  par  Lorenzo  Garbieri,  enfin  à  San-Gia- 
como  Maggiore  le  bienheureux  Simon  de  Todi 
et  saint,  Thomas  de  Villeneuve  faisant  V au- 
mône. Il  a  décoré  avec  son  frèreGiuseppe  le  chœur 
de  San -Giovanni  al  Blonte ,  et  habilement 
restauré  en  1829  l'ornement  d'une  chapelle  de 
San-Martino  Maggiore,  peinte  par  Mauro  Tesi. 
Une  chapelle  de  la  cathédrale  de  Pistoja  a  été 
décorée  sur  ses  dessins  par  Ippolito  Matteini. 
Enfin ,  Modène  possède  plusieurs  ouvrages  de 
cet  artiste  aux  palais  Rangoni  et  Campori.  Dans 
ce  dernier,  il  a  peint,  en  1812  et  1813,  un  beau 
plafond  représentant  Prométhée  aidé  de  Mi- 
nerve animant  sa  statue.  E.  B— n. 

Massini,  Cenno  bioyrufico  di  Pietro  Fancelli;  Bologne, 
ISSO.  —  M.  A.  Gualandi,  Tre  Giorni  in  Bologna.  — 
G.  Campnri,  Cli  Jrtisti  negli  Stati  Estensi.  —  Tolomei, 
Guida  di  Pistoja. 

FANCotTRT  (  Sanmc/),  théologien  anglais,  né 
en  1678,  mort  en  1768.  Pasteur  d'une  congréga- 
tion de  dissidents  à  Salisbury,  il  fut  forcé  de 
quitter  cette  place  parce  que  ses  opinions  ne 
s'accordaient  pas  avec  les  doctrines  calvinistes 
sur  les  élus  et  les  réprouvés.  Il  se  rendit  à 
Londres,  et  eut  le  premier  l'idée  d'établir  un 
cabinet  de  lecture  (  circulating  library  ).  Cette 
entreprise  ne  réussit  pas  ;  Fancourt  s'endetta 
pour  la  soutenir,  et  sa  bibliothèque  passa  aux 
mains  de  ses  créanciers.  Il  se  retira  à  Hoxton- 
Square,  et  y  vécut  dans  la  plus  grande  pauvreté. 

Chalmers,  General  Uographical  Dictionary. 

*FANE!.o  {Pier- Simone),  peintre  de  l'é- 
cole romaine,  mort  à  Recanati,  en  1703.  Élève 
de  Giovanni  Peruzzini,  il  eut  un  véritable  talent, 
et  a  beaucoup  travaillé  à  Recanati,  Talentino, 
Jesi,  Fermo,  Montolmo,  Macerata  et  autres  lieux 
des  Marches ,  et  cependant  il  a  été  omis  par 
Lanzi,  Orlandi ,  Ticozzi  et  la  plupart  des  bio- 
graphes. E.  B — N. 

Calcagni',  3Iemorie  istoriche  di  Recanati.  —  Aless. 
Maggiore ,  Le  Pitture,  Sculture  e  Architétture  délia 
città  d'Ancona. 

*FANELLi  {Virgilio),  sculpteur  florentin, 
mort  à  Tolède,  en  1678.  En  1646  il  s'était  fixé 
à  Gênes;  le  roi  d'Espagne  Philippe  IV  ayant 
envoyé  au  marquis  de  Vista-Allègre,  son  ambas- 
sadeur à  Gênes,  le  dessin  d'un  grand  lustre  des- 
tiné à  éclairer  le  panthéon  de  l'Escurial ,  avec 
ordre  de  le  faire  exécuter  par  !e  meilleur  ar- 
tiste en  ce  genre  qui  fût  en  Italie,  Fanelli  fut 
choisi,  et,  ayant  terminé  son  œuvre,  l'accompa- 
gna lui-même  en  Espagne.  Ce  lustre  magnifique 
a  vingt-quatre  branches,  dont  plusieurs  sont  sou- 
tenues par  des  anges;  dans  la  partie  inférieure 


77  FAINELLÏ 

sont  les  quatre  ÉVaiigélistes,  et  le  tout  se  termine 
par  un  nœud  de  serpents  entrelacés.  En  1655 
Fanelli  alla  à  Tolède  pour  exécuter  le  trône  de 
la  Vergcn  del  Sanhiario,  d'après  le  dessin  de 
Sebastiano  Herrera ,  ouvrage  qu'il  acheva  en 
1(374.  Parmi  ses  autres  travaux  on  cite  la  statue 
d'argent  de  saint  Ferdinand^  les  ornements  de 
bronze  du  maître  autel  des  Capucins  de  Tolède, 
enfin  un  crucifix  accompagné  d'un  grand  nombre 
de  figures,  pour  la  ville  de  Casarubias.  E.  B— n. 

Ticozzi,  Vlzionario. 

ï'ANELLl  (François),  archéologue  italien  , 
né  à  Venise ,  vivait  an  commencement  du  hui- 
tième siècle.  Sa  vie  est  inconnue  ;  on  sait  seule- 
ment qu'il  était  avocat  à  Venise.  On  a  de  lui  : 
Afene  attica,  descrïtta  da  suoi  principi,  colla 
relazione  de'  suoi  re,  elc.  ;  Venise,  1707,  in-4°, 
avec  seize  planches.  Fort  médiocre  en  tout  ce 
qui  touche  l'antiquité ,  cet  ouvrage  contient  des 
détails  forts  curieux  sur  l'état  d'Athènes  depuis 
la  conquête  turque. 

^cta  Erudlt.  Llps.,  Supplem.  IV,  i8i.  —  Château- 
bi'l.incl,  Itinéraire,  prôf.  —  De  Laborde,  ^*Aé«M  au 
quinzième  siècle. 

FANGE  (Dom  Augustin),  polygraphe  français, 
né  à  Hatton-Chatel  (Lorraine),  vers  1720,  mort 
vers  1791.  Neveu  de  dom  Calmet,  il  entra  dans  la 
congrégation  des  Bénédictins  de  Saint- Vannes , 
et  devint  abbé  de  Senones  après  la  mort  de  son 
oncle,  en  1757.  On  a  de  lui  :  Vie  du  très-révé- 
rend P.  Dom  Augustin  Calmet ,  abbé  de  SC' 
nones,  avec  un  catalogue  raisonné  de  tous 
ses  ouvrages;  Senones,  1762,  in-8°.  On  lui  at- 
tribue Mémoires  pour  servir  à  Vhistoire  de 
la  barbe  de  V homme;  Liège  ,  1775,  in-8°.  11 
acheva  V Histoire  universelle  et  la  Notice  de 
Lorraine. 
Quérard,  La  Frante  littéraire. 

*  FAJfGO  ou  PHANGo  (C.  Fuficius  ),  général 
romain,  mort  en  40  avant  J.-C.  11  était  probable- 
ment originaire  d'Afrique.  Il  commença  par  être 
simple  soldat,  et  Jules  César  l'éleva  au  rang  de 
sénateur.  En  40,  Octave  ayant  annexé  la  Numidie 
et  une  partie  de  l'Afrique  romaine  aux  provinces 
qui  formaient  son  lot  dans  le  partage  de  l'empire, 
en  confia  le  gouvernement  à  Fango.  Celui-ci  se 
vit  contester  son  titre  par  T.  Sextius,  gouverneur 
au  nom  d'Antoine.  Fango  et  Sextius  en  appelèrent 
aux  armes.  Après  des  alternatives  de  victoire  et 
de  défaite ,  Fango  fut  rejeté  dans  les  montagnes. 
Là,  pendant  une  nuit,  ayant  pris  l'irruption  d'un 
troupeau  de  buffles  pour  une  attaque  delà  cava- 
lerie numide ,  il  se  tua.  !3ans  les  lettres  de  Ci- 
céi'on  à  Atticus  ,  il  faut  lire  probablement  Fan- 
gones  au  lieu  de  Frangones,  et  rapporter  ce  mot 
à  C.  Fuficius. 

Dion  Cassius,  XLVIII,   22-24.   —   Applen,   Bel.   civ., 

V,  26. 

FAXIEBl  ou  FAGNIEU  DE  VIAIXNES.  VoJJ. 
VlMXNES. 

*  PANSEZ,  et  non  eannieu  (A/exandrine- 
Loiilso.),  actrice  française,  née  à  Cambray,  le 
20  octobre  1745,  morte  à  Montmartre  près  Paris, 


.  FANNIUS  78 . 

le  3  juin  1821.  Elle  débuta  à  la  Comédie-Fran- 
çaise le  11  janvier  1764,  dans  les  rôles  de  Fi- 
nette et  de  Lisette,  du  Dissipateur  et  du  Pré- 
jugé vaincu.  Malgré  son  inexpérience ,  elle  ne 
laissa  pas  d'être  assez  bien  accueillie.  Rivale 
en  beauté  de  mademoiselle  Luzy,  elle  n'eut 
bientôt  plus  rien  à  envier  au  talent  de  cette  ac- 
trice. M"e  Faniez,  bien  qu'étant  d'une  santé  as- 
sez délicate,  fournit  une  assez  longue  carrière 
théâtrale  :  elle  prit  sa  retraite  le  l*""  avril  1786, 
avec  deux  pensions  :  l'une,  de  1,500  livres  sur 
la  Comédie;  l'autre,  de  1,000  livres,  accor- 
dée par  le  roi  en  1785  et  1786.  La  dernière  re- 
présentation où  elle  parut  pour  faire  ses  adieux 
au  public  mit  également  fin  à  la  carrière  de 
trois  autres  acteurs  célèbres  de  la  Comédie- 
Française  :  Préville,  sa  femme,  et  Brizard,  réunis 
à  elle  dans  la  Partie  de  Chasse  d'Henri  IV. 
Ed.  DE  Manne. 
Menure  de  France,  ann.  1764  et  1786.  —  Mémoii-ei 
de  Sachaiimont,  1764,  1786.  —  Journal  do  Paris,  Ici.  — 
Correspondance  littéraire  de  Grimm.  —  Almanach  des 
Spectacles,  1763,  1787.  —  Documents  inédits. 

*FAMiow,  écrivain  français ,  vivait  au  com- 
mencement du  règne  de  Louis  XIII  ;  il  publia 
en  1626  un  Discours  pour  et  contre  les  ro- 
mans. Lenglet-Dufresnoy  dit  que  cet  ouvrage  est 
fort  rare ,  et  il  ajoute  :  "  J'ai  lu  quelque  part  que 
l'auteur  était  mort  à  la  Bastille.  «  C'est  tout  ce  que 
nous  en  savons.  G.  B. 

Lenglet-Dufresnoy,  8ibliothè<tue  des  Romans. 

*  FAIVNIA,  femme  romaine,  connue  pour  avoir 
donné  asile  à  Marins,  vivait  vers  90  avant  J.-C. 
Bien  qu'elle  fût  de  mœurs  suspectes,  C.  Titi- 
nius  l'épousa,  parce  qu'elle  possédait  une  for- 
tune considérable.  Peu  après  il  la  répudia  pour 
cause  de  mauvaise  conduite,  et  en  même  temps 
il  tâcha  de  garder  la  dot.  Marins,  appelé  à  déci- 
der entre  eux,  pressa  d'abord  le  mari  de  restituer 
la  dot.  Voyant  que  celui-ci  s'y  refu.sait,  il  dé- 
clara Fannia  coupable  d'adultère;  mais  il  n'en 
condamna  pas  moins  Titinius  à  restituer  la  dof, 
parce  qu'il  connaissait  les  mauvaises  mœurs  de 
Fannia  avant  de  l'épouser.  Fannia  fut  reconnais- 
sante de  ce  jugement.  Lorsque  plus  tard  Ma- 
rins, pendant  les  proscriptions,  chercha  un  refuge 
à  Minturnes  ,  elle  le  reçut  dans  sa  maison,  et  le 
soigna  de  son  mieux. 

Valère  Maxime,  VIII,  2.  —  Plutarque,  Marins,  38, 

*  FANNIA,  seconde  femme  d'Helvidius  Pris- 
cus,  vivait  dans  le  premier  siècle  de  l'ère  chré-- 
tienne.  Sous  le  règne  de  Néron,  elle  accompagna 
son  mari ,  exilé  en  Macédoine ,  et  sous  celui  de 
Vespasien,  elle  le  suivit  une  seconde  fois  en  exil. 
Après  le  meurtre  d'Helvidius  Priscus,  elle  per- 
suada à  Herennius  Senecion  d'écrire  sa  vie. 
L'imprudent  biographe  fut  misa  mort  par  l'ordre 
de  Domitien ,  et  Fannia  fut  punie  par  l'exil  du 
conseil  qu'elle  avait  donné. 

Pline,  Epist.,  I,  5  ;  VII,  19.  —  Suétone,  f-'esp.,  15. 

FANNics  {Gens  Fannia),  mai=on  plébéie;nne 
romaine.  Elle  commence  à  paraître  dans  l'his- 
toire avec  C.  Fnnnins  Strabon,  consul  en   (61 


79  FANNIUS  —  FANSAGA 

avant  J.-C.  Le   seul  nom  de  famille  que  l'on 


80 


trouve  dans  cette  maison  est  celui  de  Straboa 
(  voy.  ce  nom).  Quant  aux  autres  membres  de 
la  Gens  Fannia ,  ils  ne  portent  aucun  surnom. 
Les  principaux  sont  : 

FANNIUS  (Caius) ,  tribun  du  peuple  en  187 
avant  J.-C.  Quand  L.  Scipion  l'Asiatique  fut  con- 
damné à  payer  une  forte  somme  au  trésor,  le 
préteur  Q.  Terentius  Culleo  déclara  qu'en  cas 
de  refus  de  payement ,  il  ferait  arrêter  et  empri- 
sonner Scipion.  Fannius  déclara  en  son  propre 
nom  et  an  nom  de  tous  ses  collègues  (excepté 
Tiberius  Gracchus  )  qu'il  ne  se  joindrait  pas  au 
préteur  pour  faire  exécuter  cette  menace. 

Tlte-Live,  XXXVIII,  60. 

FANNics  (Lucius),  générai  romain,  vivait 
vers  90  avant  J.-C.  Il  servait  avec  L.  Magius, 
dans  l'armée  de  Flavius  Fimbria,  pendant  la 
guerre  contre  Mithridate,  en  84.  Tous  deux  pas- 
sèrent à  l'ennemi,  et  conseillèrent  à  Mithridate  de 
négocier  avec  Sertorius.  Il  y  consentit ,  et  en  74 
il  envoya  les  deux  déserteurs  en  Espagne  pour 
y  traiter  avec  Sertorius.  Celui-ci  promit  à  Mithri- 
date, pour  prix  de  son  alliance,  la  Bithynie,  la 
Paphlagonie,  la  Cappadoce,  la  Gallo-Grèce  ;  il  lui 
envoya  Varius  pour  discipliner  ses  soldats.  Fan- 
nius et  Magius  revinrent  en  même  temps  dans  le 
Pont.  Par  leurs  conseils,  Mithridate  commença 
sa  troisième  guerre  contre  les  Romains.  A  la 
suite  de  leur  trahison,  Fannius  et  Magius  furent 
déclarés  ennemis  publics  par  le  sénat.  Nous 
trouvons  plus  tard  Fannius  commandant  im 
détachement  de  l'armée  de  Mithridate  contre 
Lucullus. 

Appien,  Mithrid.,  68.  —  Plutarque,  Sertorius,  24.  — 
Orose,  VI,  2.  —  Cicéron,  In  Ferr.,  I,  34.  —  Pseudo- 
Ascon.,  In  Verr.,  p.  18S,  édit,  Orelll. 

FANNIUS  (Caiw),  homme  politique  romain, 
vivait  vers  50  avant  J.-C.  Il  fut  un  des  citoyens 
qui  signèrent  l'accusation  contre  Clodius,  en  61 
avant  J.-C.  Peu  d'années  après,  en  59,  on  le  voit 
figurer  avec  L.  Vetius  dans  une  prétendue  cons- 
piration contre  Pompée.  Orelli  l'identifie,  proba- 
blement à  tort,  avec  avec  C.  Fannius,  tribun  en 
59  avant  J.-C.  Cicéron,  qui  parle  de  lui,  ne  lui 
donne  pas  ce  titre.  C'est  peut-être  le  même 
que  le  Fannius  envoyé  par  Lépide  auprès  de 
Sextus  Pompée  en  43,  proscrit  à  la  fin  de  la 
même  année,  se  réfugiant  auprès  de  Sextus  Pom- 
pée ,  et  le  trahissant  en  36  pour  passer  du  côté 
d'Antoine. 

Cicéron,  .-/d  ^tf.,  11,24;  P^iHpi).,  XIll,  6.—  Appien, 
Bel.civ.,  IV,  84;  V,  139. 

FANNIUS  (  Caitis) ,  tribun  du  peuple  en  59, 
sous  le  consulat  de  J.  César  et  de  Bibulus.  Fan- 
nius se  joignit  à  Bibulus  pour  repousser  la  loi 
agraire  proposée  par  César.  Il  appartenait  au 
parti  de  Pompée,  qui ,  en  49,  l'envoya  comme 
préteur  en  Sicile.  La  chute  de  Pompée ,  l'année 
suivante,  entraîna  probablement  celle  de  Fannius. 

Cicéron,  Pro  Sext.,  53;  In  Fatin.,  7;  Jd  AU.,  Vil, 
15;  vni,  15;  XI,  6. 

FANNIUS  Ifiaius  ),  historien  latin,  vivait  vers 


70  de  l'ère  chrétienne.  Il  composa  sur  les  per- 
sonnes exécutées  ou  exilées  par  l'ordre  de  Né- 
ron un  ouvrage  intitulé  Exitus  Occisonim  aut 
Relegatorum.  Cet  ouvrage,  qui  contenait  trois 
livres,  et  qui  aurait  été  plus  étendu  si  Fannius 
avait  vécu  plus  longtemps,  paraît  avoir  été  très- 
populaire  ,  tant  à  cause  du  style  qu'à  cause  du 
sujet  ;  il  n'en  reste  plus  rien. 

Pline,  Epist,  V,  5. 

FANNIUS  (Caspion).  Foy.  Cépion. 

FANNIUS  (  Quadratus).  Voy.  Quadratus. 

*  FANO  (  Bartolommeo  de  ) ,  peintre  de  l'é- 
cole romaine,  né  vers  1460,  mort  après  1534. 
Quoique  doué  de  quaUtés  réelles ,  il  ne  voulut 
jamais  se  départir  de  l'imitation  des  anciens 
maîtres ,  et,  se  souciant  peu  de  la  réforme  que 
l'art  avait  subie  dans  le  monde  entier,  il  pei- 
gnit à  San-Michele  de  Fano  une  Histoire  de 
saint  Lazare  qui ,  par  la  sécheresse  des  con- 
tours, serait  attribuée  à  un  artiste  des  premières 
années  du  quinzième  siècle ,  si  un  cartel  ne  por- 
tait le  nom  de  son  auteur  et  la  date  de  1534. 
Bartolommeo  fut  aidé  dans  ce  travail  par  son 
fils  et  élève  Pompeo.  E.  B— n. 

I.anzi,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario.  — 
Siret,  Dictionnaire  historique  des  Peintres. 

*  FANO  (Pompeo  de),  peintre  de  l'école  ro- 
maine, vivait  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  Fils  et  élève  de  Bartolommeo ,  11 
peignit  avec  lui  en  1534  l'Histoire  de  saint 
Lazare  à  San-ivlichele  de  Fano.  Comme  son  père, 
il  avait  pris  à  tâche  d'imiter  la  sécheresse  des  an- 
ciens maîtres  ,  et  Lanzi  cite  de  lui  à  Saint-André 
de  Pesaro  un  tableau  représentant  plusieurs 
saints  qui  aurait  fait  honneur  à  un  peintre  du 
siècle  précédent.  Dans  les  derniers  temps  de  sa 
vie,  il  modifia  cependant  un  peu  sa  manière ,  et 
eut  la  gloire  d'être  l'un  des  maîtres  de  Taddeo 
Zuccaro.  E.  B— n. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Civalli,  J^isita  trien- 
nale, /Intichità  Picene,  t.  XXV.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

FANSAGA  {Cosimo,  chevalier),  architecte  et 
sculpteur  italien,  néà  Clusone,  près  Bergame,  en 
1591,  mortàNaples,  en  1678.  Il  vint  à  Rome  très- 
jeune  ,  et  étudia  sous  Pietro  Bernini ,  père  du 
chevalier  Bernin.  A  peine  avait-il  quitté  l'atelier, 
qu'il  construisit  la  façade  de  l'église  Santo-Spirito 
de'  Napoletani.  Quoique  cette  façade  eût  été 
fort  critiquée  par  les  connaisseurs,  elle  ne  valut 
pas  moins  à  son  auteur  d'être  appelé  à  Naples, 
où  il  passa  le  reste  de  sa  longue  carrière ,  riche , 
honoré ,  et  continuellement  chargé  d'importants 
travaux.  Ses  principaux  ouvrages  à  Naples  sont 
le  cloître ,  le  grand  réfectoire  et  le  maître  autel  de 
San-Severino,  le  maître  autel  de  la  Madona  di  Cos- 
tantinopoli ,  les  trois  autels  principaux  du  Gesù 
nuovo ,  l'escalier  de  l'église  de  San-Gaudioso,  les 
façades  de  la  Sapienza,  de  Saint-François-Xa- 
vier, de  Sainte-Thérèse  degli  Scalzi ,  et  de  la 
chapelle  du  trésor  de  Saint- Janvier.  Le  vice-roi 
de  Naples,  duc  de  Medina-las-Torres ,  chargea 
Fansaga,  qu'il  avait  créé  chevalier,  d'élever 
sur  la  placé  du  Château-Neuf  une  fontaine  qui 


;i 


FANSAGA  — 


avait  déjà  subi  bien  des  vicissitudes  :  ce  beau 
monument,  ouvrage  de  Domenico  d'Auria,  avait 
été  placé  en  1601  près  de  l'Arsenal,  transporté 
en  1624  devant  le  palais  du  roi,  et  en  1633 
sur  le  quai  de  Chiatamone,  en  face  du  château 
de  l'Œuf.  Ce  fut  là  que  Fansaga  le  prit  pour  le 
létablir  au  lieu  où  nous  le  voyons  aujourd'hui.  Il 
l'enrichit  d'un  assez  grand  nombre  de  tritons ,  de 
néréides  et  de  dauphins  qui  accompagnent  as- 
sez bien  le  Neptune,  dont  le  trident  jette  de 
l'eau  par  ses  trois  pointes.  Ce  travail  fait  plus 
d'honneur  à  Fansaga  que  les  deux  aiguilles  ou 
obélisques  qu'il  fut  chargé  d'élever  en  l'honneur 
de  saint  Dominique  et  de  saint  Janvier,  et 
dans  la  composition  desquelles  il  déploya  tous  les 
dérèglements  de  son  imagination.  Ce  ne  sont 
qu'enroulements  bizarres,  ornements  impos- 
sibles ,  figures  tordues  et  maniérées,  entassées  les 
unes  au  dessus  des  autres,  sans  motif  et  sans 
raison.  L'architecte  semble  avoir  pris  à  tâche 
d'imiter  cet  artiste  grec  qui,  ne  pouvant  faire 
Hélène  belle ,  la  surchargea  d'ornements  et  la  fit 
riche.  Jamais  le  Borroraini  lui-même  ou  le 
P.  Guarini  ne  sont  arrivés  à  ce  degré  d'extra- 
vagance. Fansaga  peut  être  regardé  comme  ayant 
fondé  à  Naples  cette  déplorable  école  qui  pro- 
duisit des  monuments  bizarres  qui  affligent  à 
Naples  l'esprit  du  voyageur  arrivant  de  Rome, 
tout  imbu  de  la  pureté  des  chefs-d'œuvre  an- 
tiques. Ce  fut  de  cette  école  que  sortirent  Andréa 
Falcone,  Lorenzo  Vaccaro,  Matteo  Bottiglieri, 
et  tant  d'autres  qui  suivirent  la  même  voie,  en- 
traînant l'art  vers  l'abîme  où  achevèrent  de  le 
précipiter  Persico,  Celebrano  et  Sammartino. 

Fansaga  eut  un  fils  nommé  Carlo ,  qui  fut 
également  architecte,  et  auquel  Naples  doit  la 
fontaine  du  Sebeto.  Il  survécut  peu  à  son  père, 
et  mourut  jeune  en  Espagne.         E.  B— n. 

Cicosnara,  Storia  délia  Scultura.  —  Tassi,  f^ite  degli 
Artificl  Bergamaschi.  —  M. -A.  Gualandi,  iJfemorje  ort- 
ginali  de  Belle  Arti.  —  L.  Galanli,  Napoli  e  contorni, 

FANSBAWE  (Richard),  poëte  et  diplomate 
anglais,  né  à  Ware-Park,  en  juin  1608,  mort 
le  16  juin  1666.  Il  était  le  dixième  fils  d'un 
Irlandais ,  Henri  Fanshawe.  Privé  de  son  père 
à  l'âge  de  sept  ans,  il  fut  confié  par  sa  mère 
aux  soins  d'un  instituteur  renommé,  Thomas 
Farnaby.  En  1623  il  alla  continuer  ses  études 
au  collège  Jésus  de  Cambridge;  puis  en  juin  1622 
il  fut  envoyé  au  Temple,  pour  y  étudier  le  droit. 
A  la  mort  de  sa  mère,  il  abandonna  cette  étude 
pour  se  livrer  à  celle  des  lettres.  Il  se  rendit 
eu  Espagne,  en  France,  pour  connaître  les 
mœurs  et  les  langues  de  ces  pays.  A  son  re- 
tour en  Angleterre,  il  fut  nommé  secrétaire  de 
l'ambassade  de  Madrid  sous  lord  Alton.  Il  garda 
ce  poste  jusqu'en  1638.  Se  trouvant  en  Angle- 
terre au  commencement  de  la  guerre  civile,  il 
prit  parti  pour  la  couronne ,  et  fut  employé  à  di- 
verses négociations.  En  1644  Fanshawe  obtint  le 
titre  de  secrétaire  pour  la  guerre  auprès  du 
prince  de  Galles  et  celui  de  trésorier  de  la  ma- 


FANTASTICI  82 

rine  sous  le  prince  Robert  en  1648.  En  1650  il 
fut  envoyé  à  Madrid  pour  placer  sous  les  yeux 
de  Philippe  IV  la  position  de  son  souverain ,  et 
lui  demander  son  concours.  Ayant  été  fait  pri- 
sonnier à  la  bataille  de  Worcester,  en  1651,  il  ob- 
tint sa  liberté  couditionnelle ,  à  raison  de  son 
état  de  maladie.  A  la  mort  de  Cromwell ,  il  alla 
rejoindre  Charles  II  à  Bréda.  A  la  restauration  il 
fut  nommé  maître  des  requêtes  et  secrétaire  la- 
tin. En  1661  et  en  1662  il  alla  en  mission  extraor- 
dinaire à  Lisbonne.  L'objet  de  son  second  voyage 
fut  la  négociation  Ju  mariage  de  son  souverain 
avec  l'infante  Catherine  de  Portugal.  Il  y  réus- 
sit, et  se  disposait  à  retourner  en  Angleterre, 
quand  une  fièvre  subite  le  conduisit  au  tombeau. 
Comme  poëte,  il  s'éleva  au-dessus  du  médiocre. 
On  a  de  lui  une  traduction  en  vers  de  II  Pastor 
Fido  de  Guarini ,  sous  le  titre  :  The  Faithful 
Shepherd  ;  la  8^  édition  de  cet  ouvrage  contient 
une  version  du  4*  livre  de  Y  Enéide  de  Virgile; 
des  Odes  d' Horace  ;  — oe  hLusiade;  1655, 
in-fol.  ;  —  Querer  per  solo  Querer  ;  —  To  love 
only  for  love's  sake;  —  Fiestas  de  Aranjuez. 
On  a  publié  en  1701  la  correspondance  de  Fan- 
shawe sous  ce  titre  :  Original  Letters  ofhis  ex- 
cellency  sir  Richard  Fanshawe  during  his 
embassy  in  Spain  and  Portugal  ;  1701,  in-8°. 

Chalraers,  Gen.  biog.  Dict.  —  Biog.  Brit. 

*  FANSHAWE  (Ann),  dame  anglaise,  femme  du 
précédent,  née  en  1625,  morte  en  1680.  Elle  était 
la  fille  aînée  de  sir  John  Harrison ,  gentilhomme 
établi  dans  le  comté  d'Hertford  et  royaliste  zélé. 
En  1644,  Ann  Harrison  épousa  sir  Richard  Fan- 
shawe, et  fit  aveclui,  dans  l'intérêt  de  la  royauté, 
de  dangereux  voyages  en  France,  en  Irlande,  en 
Espagne.  Ils  furent  une  fois  au  moment  d'être 
capturés  par  un  corsaire  algérien.  La  restauration 
de  Charles  II  les  trouva  retirés  à  Paris;  sir 
Fanshawe  fut  nommé  ambassadeur  à  Lisbonne, 
poste  qu'il  quitta  en  janvier  t664  pour  occuper 
celui  de  Madrid  ;  il  y  mourut,  laissant  cinq  en- 
fants. Sa  veuve  revint  en  Angleterre,  et,  pour 
charmer  les  ennuis  de  sa  retraite,  elle  écrivit  des 
Mémoires,  qui  ont  été  publiés  pour  la  première 
fois  en  1829,  et  qui  ont  obtenu  un  juste  succès. 
II  y  règne  une  bonne  foi,  une  sincérité ,  qui  don- 
nent une  très-haute  idée  des  qualités  de  lady 
Fanshawe.  Ses  Mémoires  renferment  de  curieux 
détails  sur  les  mœurs  de  différentes  nations  eu- 
ropéennes à  cette  époque;  ils  donnent  d'utiles 
renseignements  historiques,  qui  rectifient  ou  com- 
plètent des  assertions  émises  par  des  écrivains 
en  renom,  mais  qui  n'ont  pas  toujours  été  aussi 
bien  informés  qu'elle.  G.  B. 

Jrestminster  Review,  n"  XXII,  octobre  1829. 

*  FANTASTici  (  Maximine,  veuve  Rosskl- 
lim),  femme  poëte  italienne,  née  le  8  juin  1789, 
à  Florence.  Elle  eut  pour  premier  maître  sa  mère. 
Fortunée  Sulgher,  qui  cultivait  les  letti'es  et  la 
poésie  avec  succès.  On  a  d'elle  :  Ode  sur  une 
jeune  femme  de  Pistoie;  Ode  sur  lamorfde 
Labindo;  et  le  poëme  de  Céphale  et  Procris, 


83 


FANTASTICI  —  FANTIN  DES  ODOARDS 


81 


publiés  en  1809;  —  un  recueil  de  Comerfies,  dédié 
aux  enfants;  Florence,  1830;  souvent  réimprimé 
depuis;  —  Amerigo  Vespucci,  poëme;1843;  — 
Guillaume  Fiscon^i, roman; Florence,  1853. 

G.  VlTALI. 

Il  lUessaggero délie  Donne  Italiane  de  Liicques  (1844). 

FANTETTi  (  Cesare  ),  graveur  italien ,  né  à 
Florence,  vers  1660,  mortdans  la  première  partie 
du  dix-huitième  siècle.  Il  vécut  presque  toujours 
à  Rome.  Il  grava  pour  la  Bible  de  Raphaël 
trente-sept  sujets;  les  autres  estampes  de  ce 
livre  sont  d'Aquila.  Le  burin  de  Fantetti  est  plus 
facile,  mais  moins  correct  que  celui  d'Aquila  ; 
ses  principales  gravures  sont  :  L'Orazione  cli 
Gesii-Cristo,  d'après  Louis  Carrache;  —  La 
Carità  con  due  bambïni ,  d'après  Annibal 
Carrache  ;  —  Latona  insultata  da  Niobe , 
d'après  le  même;  —  La  Morte  desanta  Anna, 
d'après  Andréa  Sacchi. 

Gandellinl,  Notizie  degli  Intagliatori,  avec  le  supplé- 
ment  de  Luigi  de  Angelis. 

i<'AKTi  (Sigismondo) ,  écv'wàvQ.  italien,  né  à 
Ferrare,  vivait  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle.  11  mit  au  jour  à  Venise,  en  1527, 
sous  le  titre  de  Triompha  di  fortuyia,  un  ou- 
vrage singulier  et  d'un  genre  alors  à  la  mode.  On 
y  trouve  les  réponses  à  soixante-douze  demandes 
différentes  sur  le  sort  qui  attend,  dans  les  diver- 
ses circonstances  de  la  vie,  les  personnes  qui  font 
ces  questions  ;  des  calculs  basés  sur  les  règles  de 
l'asti'ologiejudiciaire  amènent  des  solutions,  tou- 
jours arbitraires  et  quelquefois  ridicules.  A  l'ex- 
ception du  frontispice,  du  privilège  et  de  la  table 
des  questions ,  le  volume  ne  se  compose  que  de 
ligures  gravées  sur  bois.  Quant  aux  procédés  que 
Fanti  met  en  œuvre  afin  de  dévoiler  les  oracles 
du  destin ,  ils  sont  trop  compliqués  pour  que 
nous  les  exposions  ici  ;  nous  renverrons  le  lec- 
teur à  un  journal  allemand  où  il  trouvera  d'am- 
ples détails  à  cet  égard.  G.  B. 

Serapeum,  Leipzig,  1850,  pag.  53-62. 

FANT!  (Ercole-Gaetano),  peintre  de  l'école 
bolonaise,  né  à  Bologne,  en  1687,  mort  à  Vienne, 
en  1759.  Élève  de  son  beau-père,  A.  Cbiarini, 
il  peignit  avec  succès  l'architecture  et  l'ornement 
à  fresque.  E-  B — n. 

Siret,  Dictionnaire  historique  des  Peintres. 

FANTIN  DES  ODOARDS  (  Antoine- Étienne- 
Nicolas  ),  publiciste  et  historien  français,  né  le 
26  décembre  1738,  au  Pont-de-Beauvoisin ,  où 
son  père  était  subdélégué  de  l'intendant  du  Dau- 
phiné,  mort  à  Paris,  le  25  septembre  1820.  Il 
était  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris, 
grand- vicaire  de  l'archevêque  d'Embrun  et  prieur 
deBetteville  en  Normandie,  lorsque  arriva  la  ré- 
volution de  1789,  dont  il  adopta  les  principes. 
On  l'a  souvent  cité,  mais  par  erreur,  comme 
l'ami  de  Robespierre  et  de  Danton.  Accusé  de 
modérantisme  à  l'époque  de  la  terreur,  il  ne 
parvint  à  sauver  sa  tête  qu'en  se  cachant.  Relevé 
de  ses  vœux  par  le  pape  Pie  VII,  en  même 
temps  que  Talleyrand ,  ancien  évêque  d'Autun, 


Fantin  des  Odoards  s'était  marié.  Il  est  auteur 
d'un  grand  nombre  d'écrits,  dont  les  principaux 
sont  :  Dictionnaire  raisonné  du  Gouverne- 
ment, des  lois,  des  usages  et  de  la  discipline 
de  l'Église,  conciliés  avec  les  libertés  et  les 
franchises  de  U Église  gallicane,  etc.  ;  Paris, 
1788,  6  vol.  in-8°;  —  Nouvel  Abrégé  chrono- 
logique de  Vhislolre  de  France ,  continué 
depiiis  la  mort  de  Louis  XIV  jusquà  lu  paix 
de  1783;  Paris,  1783,  2  vol.  in-S",  formant  les 
tomes  IV  et  V  de  l'ouvrage  du  président  Hé- 
nault  ;  4e  édit.,  continuée  jusqu'au  retour  de 
Louis  XVIII,  Paris,  1820,  in-4°;  —  Histoire 
philosophique  de  la  Révolution  française,  etc.  ; 
Paris,  1796,2  vol.  in-8"  ;  6e  édit.,  continuée 
jusqu'à  l'abdication  de  N.  Bonaparte,  Paris, 
1817,  6  vol.  in-8o  ;  —  Histoire  d'Italie  depuis 
lachute  de  la  République  Romaine  jusqu'aux 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle; 
Paris,  1802-1803,  9  vol.  in-S";  —  Histoire 
de  France ,  commencée  par  Velly,  Villaret  et 
Garnier  ;  seconde  partie,  depuis  la  naissance 
de  Henri  IV  jusqu'à  la  mort  de  Louis  XVI; 
Paris,  1808-1810,  26  vol.  in-12.  Le  vingt-sixième 
volume,  saisi  par  la  police  impériale,  ne  fut 
rendu  à  l'auteur  qu'en  1814;  —  Les  Monuments 
inédits  de  l'Antiquité,  expliqués  par  Winc- 
kelmann,  gravés  par  David  et  71/^'^  Sibire, 
avec  des  explications  françaises  par  A.  F.  des 
Odoards;  Paris,  1808-1809,  3  vol.  iu-4o.  Fantin 
des  Odoards  a  laissé  un  grand  nombre  de  ma- 
nuscrits, dont  aucun  n'a  été  livré  à  l'impression. 
Ses  ouvrages,  écrits  avec  rapidité,  sont  en  géné- 
ral dépourvus  de  méthode,  de  clarté  et  de  saine 
critique.  E.  Regnakd. 

Maliul,  Annuaire  nécrolog.,  année  1820.  —  Beuchot, 
Journal  de  la  Librairie,  année  1821.  —  Feller,  Biogr. 
Univ.,  edit.  Weiss.  —  Documents  particuliers. 

l  FANTIN     DES     ODOARDS     {LouiS-Flori- 

mond),  général  français ,  neveu  du  précédent, 
né  le  23  décembre  1778,  à  Embrun,  où  son  père 
était  subdélégué  de  l'intendant  du  Dauphiné. 
Entré,  en  1 800,  comme  sous-lieutenant  dans  la 
légion  vaudoise,  devenue  plus  tard  le  31e  régi- 
ment d'infanterie  légère,  il  fit  avec  ce  corps  les 
campagnes  de  l'an  viii  et  de  l'an  ix  en  Italie, 
celles  de  l'an  xii  et  de  l'an  "siii  à  l'armée  des  côtes, 
de  l'Océan,  et  celles  de  1806  à  1809  à  la  grande 
armée.  Blessé  en  ItaHe,  il  fut  nommé  lieutenant, 
puis  capitaine.  Sa  belle  conduite  à  Friedland,  où 
il  fut  blessé  au  bras  d'un  coup  de  feu,  fit  mettre 
son  nom  à  l'ordre  de  l'armée.  Il  fut  de  nouveau 
cité  à  l'occasion  de  la  prise  de  Porto  en  Porhii-al. 
I  Après  avoir  servi  de  1809  à  1811  en  Espafj;n(^  et 
!  en  Portugal ,  le  capitaine  Fantin  des  Odoards 
I  passa,  en  1811,  avec  son  grade  et  le  rang  de 
j  chef  de  bataillon,  dans  les  grenadiers  à  pu  d  de 
la  garde.  En  1812,  à  Moscou,  il  obtint  le  grade 
de  major  du  17^  d'infanterie  de  ligne,  et  Fcumée 
suivante,  pendant  la  campagne  de  Saxe  et  de 
Bohême,  il  reçut  des  mains  mêmes  de  l'empereur 
la  croix  d'officier  de  la  Légion  d'Honneur,  pais 


S5 

devint  colonel  du  25e  d'infanterie  de  ligne.  Mis 
en  non-activité  après  les  événements  politiques 
de  1814,  il  reprit  du  service  dans  les  Cent  Jours, 
et  combattit  à  Fleurus  et  à  Wavre,  à  la  tête  du 
22*=  de  ligne.  Licencié  avec  l'armée  de  la  Loire, 
il  fut  rappelé  à  l'activité  en  1819,  sous  le  minis- 
tère du  maréchal  Gouvion  Saint-Cyr.  En  1823, 
dans  la  campagne  d'Espagne,  il  fut  cité  à  l'ordre 
de  l'armée  pour  avoir  enlevé  le  pont  de  Molins- 
de-Rey,  après  avoir  eu  son  cheval  tué  sous  lui. 
11  fut  promu  au  grade  de  maréchal  de  camp  le 
23  juillet  de  la  même  année.  Gouverneur  de 
Taragone  pendant  cette  campagne,  puis  inspec- 
teur général  d'infanterie  en  1825,  le  général 
Fantindes  Odoards  fit  partie,  de  1826  à  1829, 
de  la  commission  mixte  de  l'armement  des  places 
du  royaume.  De  1832  à  1834  il  fut  membre  du 
comité  de  l'infanterie  et  de  la  cavalerie  au  mi- 
nistère de  la  guerre,  et  de  1834  à  1838,  du  jury 
d'examen  de  l'École  militaire  de  Saint-Cyr  et  de 
la  commission  d'état-major.  Enfin,  après  avoir 
eu  le  commandement  successif  des  départements 
de  l'Ain  et  de  la  Marne,  il  est,  depuis  la  fin  de 
1840,  placé  dans  la  section  de  réserve  de  l'état- 
major  général  de  l'armée.  E.  Regîvard. 

Archives  de  la  guerre.  —  Revue  de  l'Empire,  année 
1847.  —  Documents  particuliers. 

■♦fantimcs  (A^ôert),  théologien  italien,  né 
à  Bologne,  vivait  au  quinzième  siècle  ;  il  entra 
dans  l'ordre  des  frères  Mineurs,  et  il  composa 
divers  ouvrages  de  philosophie  scolastique  ;  un 
d'eux  a  été  imprimé ,  sans  lieu  ni  date  (  vers 
1490),  sous  le  titre  de  Destructio  universalium 
realium  contra  reaies.  G.  B. 

Fantuzzi,  Notizie  degli  Scrittori  Bolognesi,t.  1,  p.  igs. 

—  Huin,  Hepert.  bibliogr.,  t.  I,  p.  III,  part.  153. 

FANTONi  (  Jean-Baptiste  ) ,  médecin  italien , 
né  dans  le  Piémont,  en  1652,  mortàEmbrun,  en 
1692.  Bibliothécaire  et  premier  médecin  de  Vic- 
tor-Amédée  II,  duc  de  Savoie,  professeur  d'a- 
natomie  à  l'université  de  Turin ,  il  laissa  plu- 
sieurs traités  manuscrits,  auxquelsil  ne  put  met- 
tre la  dernière  main  et  que  son  fils  Jean  Fan- 
foni  publia,  sous  le  titre  de  Observationes  ana- 
tomîcse  medïcas  selectiores;  Turin,  1699,  in-4"*  ; 
Venise,  1713,  in-4o. 

Éloy,  Dict.  kist.  de  la  Médecine. 

FANTONi  {'Jean),  médecin  et  anatomiste 
italien,  fils  du  précédent,  né  à  Turin,  en  1675, 
mort  vers  1750.  Il  parconmt  l'Allemagne,  la 
France  et  les  Pays-Bas  pour  perfectionner  ses 
connaissances  médicales,  et  revint  à  Turin,  où  il 
professa  l'anatomie  avec  distinction.  On  a  de 
lui  :  Anatomia  Corporis  htimani,  ad  usum 
Theatri  medici  accommodata;  Turin,  1711, 
in-4°-, —  Dissertationes  duse  de  structura  et 
usu  durœ  matris  et  l)j7nphaticorum  vasorum, 
ad  Anfonium  Pacchionum  conscriptx ;  Rome, 
1721,  in-4°;  —  Dissertationes  duœ  de  Ther- 
mis  Vaiderianis ,  Aquis  Gratianis,  Mauria- 
nensibus;  Genève,  1725,  m-?,"  ;  —  Opuscula 
medica  et  physiologica  ;  Gendvc,  1738,   in-4o  ; 

—  Dissertationes  anatomicas  seplem  priores 


FANTIN  DES  ODOARDS  —  FANTONI 


86 


renovatx,  de  abdomine  ;  Tmm,  174.5,  in-8o; 
—  Comment,  de  Aquis  Vindoliensibus,  Augus- 
tanis  et  Anfionetisibus ;  Turin,    1747,  in-4o. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

FANTONI  {Jean),  poète  lyrique  italien,  né 
le  27  novembre  1755,  à  Fivizzano  (Toscane), 
mort  dans  la  même  ville,  le  ler  novembre  1807. 
Élevé  au  monastère  des  Bénédictins  de  Subbiaco, 
il  y  prit  l'habit  religieux  ;  mais  il  ne  tarda  pas 
à  y  renoncer  pour  étudier  la  jurisprudence,  et 
occuper  un  emploi  au  secrétariat  d'État.  Dégoûté 
bientôt  de  sa  nouvelle  position,  il  se  fit  sol- 
dat, et  s'éleva  jusqu'au  grade  de  sous-lieute- 
nant dans  le  régiment  de  Chablais ,  de  l'armée 
piémontâise.  Mais  comme  il  s'occupait  beaucoup 
plus  de  poésie,  de  plaisirs  et  de  duels  que  du 
service  militaire,  il  perdit  son  grade,  et  fut  mis 
en  prison  pour  dettes.  Il  n'en  sortit  que  lorsque 
son  père  eut  payé  ses  créanciers.  En  revenant 
dans  sa  patrie,  il  s'arrêta  à  Gênes,  où  il  composa 
quelques  odes  et  les  Quattro  Parti  del  Pia- 
cere,  poëmedédiéà  la  marquise  Marina  Doria, 
qui  y  est  désignée  sous  le  nom  de  Lesbie.  Ces 
essais  poétiques,  suivis  en  1782  des  Scherzi,  et 
en  1785  des  Odi  oraziane  ed  anocreontiche, 
firent  recevoir  Fantoni  à  l'Académie  des  Arcades, 
où  il  prit  le  nom  de  Labindo,  par  lequel  on  le 
désigne  ordinairement.  Lors  de  l'invasion  des 
Français  en  Italie,  Fantoni  se  compromit  au- 
près des  vainqueurs  en  protestant  contre  l'in- 
corporation du  Piémont  à  la  France.  Il  fut 
même  mis  en  prison.  Le  général  Joubert  l'en 
tira  pour  faire  de  lui  un  capitaine  d'état-ma- 
jor. Fantoni  servit  en  cette  qualité  dans  l'ar- 
mée française ,  jusque  après  la  bataille  de  Ma- 
rengo.  Il  donna  alors  sa  démission,  et  fut  nommé 
professeur  d'éloquence  à  l'université  de  Pise. 
Mais  comme  il  passait  trop  souvent  des  pré- 
ceptes de  la  rhétorique  aux  affaires  d'État,  le 
nouveau  gouvernement  toscan  lui  enleva  sa  place. 
Il  se  retira  à  Massa,  où  il  cultiva  plus  que  jamais 
la  poésie.  Nommé  secrétaire  de  l'académie  de 
Massa,  puis  président  de  la  même  académie, 
quand  l'État  de  Massa  fut  réuni  à  celui  de  Luc- 
ques  et  passa  sous  la  domination  de  la  grande- 
duchesse  Élisa ,  il  s'ennuya  bientôt  de  sa  nou- 
velle position ,  et  l'abandonna  avec  son  incon- 
stance ordinaire.  Il  était  en  route  pour  le  royaume 
d'Italie  ,  lorsqu'il  fut  atteint  à  Fivizzano  d'une 
fièvre  maligne,  qui  l'emporta.  La  meilleure  édi- 
tion de  ses  poésies  a  été  publiée  à  Prato,  avec 
l'indication  d'Italie,  1823,  3  voi.  in-8°.  Le  troi- 
sième volume  contient  les  mémoires  autobio- 
graphiques de  Fantoni. 

Tipiildo,  Biografia  degli  Italiani  illtistri,  t.  l,  p.  234. 

*  FANTONI  {Francescu),  peintre  de  l'école 
bolonaise,  florissait  en  1760.  îNièce  et  d'abord 
élève  de  Gian-Gioseflb  del  Sole,  elle  étudia  en- 
suite sous  A. -M.  Cavazzoni.  Elle  a  laissé  un 
grand  nombre  de  bonnes  copies  et  quelques  ta- 
bleaux originaux  justement  estimés.     E.  B — n. 

Malvasii,  Pittitre  di  «otoynrt.  —  Winckelmann,  iVa«e5 
Mahlerlexikon. 


87 


FANTOSME 


*PANTOSMB  {Jordan),  poète  et  historien, 
vivait  en  Angleterre  dans  la  seconde  moitié  du 
douzième  siècle.  On  manque  de  détails  sur  sa 
vie;  on  a  avancé  qu'il  était  d'origine  italienne, 
mais  il  est  vraisemblable  qu'il  descendait  d'une 
tamille  normande  ;  il  fut  chancelier  spirituel  du 
diocèse  de  Winchester  et  régent  d'une  école  ou 
collège  dans  cette  ville.  Il  composa  en  vers  nor- 
mands une  chronique  de  la  guerre  entre  les  An- 
glais et  les  Écossais  pendant  les  années  1173  et 
1 1 74  ;  il  fut  témoin  oculaire  des  faits  qu'il  raconte, 
et  son  ouvrage  est  important  pour  l'histoire  d'An- 
gleterre. Quoique  appartenantau  parti  d'Henri  If, 
il  montra  de  l'impartialité  pour  le  fils  de  ce  mo- 
narque, chef  de  la  faction  opposée.  Louis  le  Jeune, 
roi  de  France,  se  déclara  contre  Henri  H,  et 
William  le  Lion,  roi  d'Ecosse,  voulut  profiter 
de  la  circonstance  pour  reprendre  le  duché  de 
Noithumberland.  Le  poëme  qui  raconte  toutes  ces 
querelles  se  compose  de  2,071  vers  ;  il  renferme 
des  morceaux  où  se  révèle  un  certain  talent,  et  il 
contient  de  curieux  détails  sur  les  mœurs  de  l'é- 
poque. Il  en  existe  deux  manuscrits,  l'un  dans 
la  bibliothèque  du  chapitre  de  Durham  ,  l'antre 
dans  celle  de  la  cathédrale  de  Lincoln.  M.  Fran- 
cisque Michel  l'a  publié  pour  la  |)remière  fois 
(Paris,  1839,  in-80),  pour  le  compte  d'une  as- 
sociation littéraire  d'Ecosse  {The  Furtees  So- 
ciety). Jly  a  joint  une  traduction  anglaise  placée 
en  regard,  une  introduction  et  un  appendice  de 
pièces  justificatives  qui  présentent  une  grande 
masse  de  documents  sur  les  événements  dont 
Fantosme  a  tracé  le  récit.  G.  B. 

Francisque  Michel,  Rapport  au  ministre  de  l'instruc- 
tion publique,  1839,  in -4°,  p.  205  et  243.  —  Monmerqué, 
Analyse  et  Extrait  de  la  Chronique  de  Jordan  Fantosme, 
dans  la  Revue  anglo-française,  !'«  série,  t.  V,  p.  400-418. 

FANTUCCl  OU  FANTUZZI  (Le  com  te  Mrtrc  ), 
archéologue  itaUen,  né  à  Ravenne,  le  15  août 
1740,  mort  à  Pesaro,  le  tO  janvier  1806.  Après 
avoir  fait  ses  études  à  Rome  auprès  de  son  oncle 
paternel  le  cardinal  Gaétan,  il  revint  à  Ravenne, 
où  il  fut  élevé  à  la  première  magistrature. 
Cette  ville  était  alors  dans  le  plus  triste  état. 
La  municipalité,  obérée,  ne  pouvait  ni  payer 
ses  dettes  ni  faire  exécuter  les  travaux  d'uti- 
lité publique  les  plus  indispensables  :  Fan- 
tucci  sut  intéresser  Clément  XIV  et  Pie  VI  au 
sort  de  sa  ville  natale  ;  il  lui  consacra  sa  bourse, 
son  temps  et  sa  plume.  Ses  ouvrages  ont  tous 
pour  objet  l'amélioration  de  Ravenne  ;  en  voici  la 
liste  :  De  Gente  honesta;  Césène,  1786,  in- 
fôl.;  belle  et  rare  édition;  l'auteur  la  fit  tirer 
seulement  à  deux  cents  exemplaires  ;  —  Monu- 
menti  Ravennati  de' secoli  di  mezzo,  per  la 
maggior  parte  inediti ;  Venise,  1801-1804; 
VI  vol.  in-40;  —  Memorie  di  vario  argo- 
mento;  1804,  in-4o  (sans  indication  du  lieu 
d'impression). 

Tipaldo,  BiograHa  degli  Italiani  illvstri,  t.  Il,  p.  62. 

*  FANTUZZI  {A7itonio),  peintre  et  graveur 
de  l'école  bolonaise ,  né  au  commencement  du 
seizième  siècle  à  Trente,  selon  quelques  biogra- 


-  FANUCCI  88 

phes;  à  Viterbe,  selon  d  autres.  On  croit  qu'il 
fut  élève  du  Primatice,  avec  lequel  il  travailla  à 
Fontainebleau.  Il  est  plus  connu  comme  graveur 
que  comme  peintre;  ses  principales  estampes, 
fort  recherchées  des  amateurs,  sont  :  la  Marche 
de  Silène,  d'après  Roux  ;  1543  ;  —  le  Défi  des 
Musesetdes  Piérides  ; — Alexandre  et  Roxane; 
—  Fêtes  données  par  Alexandre  à  Thaïes- 
tris;  1543;  —  Mort  de Sardanapale ;  — Ju- 
piter entouré  des  dieux ,  d'après  ie  Prima- 
tice; —  Titan  reposant  dans  le  sein  de  la  mer; 
1544;  —  enfin,  quatre  pièces  représentant  des 
Vertus.  E.  B — is. 

Ticozzi,  Dizionario.  —  Siret,  Dict.  hist.  des  Peintres. 

FANTUZZI  (  Giovanni ,  surnommé  le  jeune), 
savant  italien,  né  à  Bologne,  dans  la  seconde  partie 
du  seizième  siècle,  mort  dans  la  même  ville,  en 
1646.  Issu  d'une  illustre  famille  bolonaise ,  qui 
avait  produit  des  jurisconsultes  et  des  littérateurs 
distingués ,  il  professa  avec  succès  la  logique  et 
la  philosophie  à  l'université  de  Bologne.  On  a  de 
lui  :  Universi  orbis  Structura  et  partium  ejus 
motus  et  quietis  peripateticis  principiis  con- 
stabilita  ;  ^(Aogn^ ,  1637; —  Eversio  demons- 
trationis  ocularis  loci  sine  locato  pro  vacuo 
imaginario  dando  in  fistula  vitrea ,  mer- 
ciirio  in  ea  descendente;  Bologne,  1638. 

Fantuzzi,  Notizie  degli  Scrittori  Bolognesi. 

FANTUZZI  (  Giovanni  ) ,  biographe  italien ,  de 
la  même  famille  que  le  précédent ,  né  à  Bologne , 
vivait  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  On  a 
de  lui  un  ouvrage  d'un  grand  mérite,  intitulé  : 
Notizie  degli  Scrittori  Bolognesi;  Bologne, 
1781-1794,  9  vol.  in-fol.  Les  biographies  de  Fan- 
tuzzi et  ses  indications  bibliographiques  sont  gé- 
néralement très-exactes  ;  on  ne  peut  lui  reprocher 
qu'une  extrême  prolixité. 

Biografla  universale  (édit.  de  Venise  ). 

*  FANTUZZI  {Rodol/o),  paysagiste  italien, 
né  à  Bologne,  mort  en  1832.  Il  fut  élève  de  Via- 
cenzo  Martinelli,  et  a  laissédans  sa  patrie  de  nom- 
breux tableaux,  justement  estimés.        E.  B — N. 

Rî.-A.  Gualandi,  Tre  Ciorni  in  Bologna. 

FANUCCi  (  Giambatista  ) ,  historien  italien, 
né  à  Pise,  le  7  mars  1756,  mort  dans  la  même 
ville,  le  11  février  1834.  Fils  d'un  maître  d'ar- 
mes, il  suivit  d'abord  la  profession  de  son  père , 
puis  il  la  quitta  pour  étudier  à  l'université  de 
Pise,  et  se  fit  recevoir  avocat.  Il  n'en  cultiva  pas 
moins  avec  ardeur  la  poésie  et  l'histoire.  Nommé 
professeur  de  droit  maritime  lorsque  les  Français 
occupèrent  la  Toscane,  en  1800,  il  fut  exilé  à 
l'époque  du  rétablissement  du  gouvernement 
gtand-ducal,  et  se  retira  à  Gênes.  Revenu  en 
Toscane  après  trois  ans  d'exil,  il  reprit  ses  grands 
travaux  historiques.  On  a  de  lui  ;  Orazione 
academica  sulV  Istoria  militare  Pisana; 
Pise,  1788,  1  vol.  in-4''; —  Storia  dei  tre  ce- 
lebri  popoli  maritimi  delV  Italia,  Vene- 
ziani ,  Genovesi  e  Pisani,  e  délie  loro  navi- 
gazioni  e  commerzio  nei  bassi  .secoZi;  Pise, 
1817-1822,  4  vol.  in-S";  —des  articles  biogra- 


89 


phiques  signés  des  initiales  G.  B.  F.  dans  l'ou- 
vrage intitulé:  Vite  d'Uomlni  illustri  Toscani; 
Florence,  1800,  4  vol.  in-8°. 

Tipaldo,  Biografla  degli  Italiani  illustri ,  t.  VIII. 

*FASZ0!SI  OU  FENZONi  {Ferrait),  dit  aussi 
Ferrau  da  Faenza  ,  peintre  de  l'école  bolonaise, 
né  à  Faenza,  en  1562,  mort  en  1645.  Quelques 
auteurs  l'appellent  à  tort  Faenzone ,  croyant  voir 
dans  cette  dénomination  un  surnom  tiré  du  lieu 
de  sa  naissance.  Il  fut  élève  à  Rome  de  Fran- 
cesco  Vanni.  Fort  jeune  encore,  en  compagnie 
d'Andréa  d'Ancona,  de  Gentileschi,  Salimbeni 
et  Baldassare  Croce ,  il  peignit  à  fresque  divers 
sujets  du  Nouveau  Testament  à  Sainte-Marie- 
Majeure  ,  à  Saint-Jean-de-Latran  et  à  la  Scala- 
Santa.  11  paraît  certain  que,  revenu  dans  sa  pa- 
trie, il  fréquenta  quelque  temps  l'école  des  Car- 
rache ,  ou  au  moins  fit  une  étude  particulière  de 
leurs  ouvrages  ,  car  son  style  subit  une  modifi- 
cation remarquable ,  s'éloignant  de  celui  du  pein- 
tre siennois  pour  se  rapprocher  de  la  manière 
des  grands  maîtres  bolonais.  Ce  changement  est 
surtout  sensible  dans  les  ouvrages  qu'il  exécuta 
à  Faenza,  tels  que  la  chapelle  Saint-Charles  à  la 
cathédrale,  la  Descente  de  croix  aux  religieuses 
de  Saint-Dominique,  et  La  Piscine  parabolique 
de  la  confrérie  de  Saint-Jean,  la  mieux  conservée 
de  ses  peintures  qui  soit  restée  dans  sa  patrie 
et  celle  qui  offre  le  plus  de  conformité  avec  le 
style  de  Luigi  Carrache.  Lanzi  cite  encore  parmi 
les  tableaux  de  ce  maître  un  Saint  Onuphre,  placé 
dans  la  cathédrale  de  Foligno.  Ses  peintures  sont 
nombreuses  à  Ravenne  et  dans  les  autres  villes 
de  la  Romagne. 

Fanzoni  dessinait  correctement  et  avec  facilité  ; 
il  avait  un  coloris  agréable,  d'un  empâtement 
solide,  et  peignait  la  fresque  avec  une  grande  ha- 
bileté. 11  fut  accusé  d'avoir  tué  par  envie  un 
jeune  peintre  de  Faenza,  nommé  Manzoni,  qui 
I  donnait  de  grandes  espérances.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  il  éleva  avec  soin  ses  deux  filles  :  Teresa 
Fanzoni,  qui  travailla  beaucoup  dans  sa  patrie , 
et  Claudia-Felice,  qui,  supérieui'e  à  sa  sœur,  pei- 
gnit surtout  à  Bologne,  où  elle  mourut,  en  1703. 
t.  B— N. 

Lanzi ,  Storia  pitiorica.  —  Orlandi,  Abbeeedario.  — 
Ticozzi  ,  Dizionario. 

FA-PRESTO.  Voy.  GiORDANO  {Luca). 

*FARA  (N...),  historien  et  prélat  sarde,  vi- 
vait vers  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  était  évêque 
de  Bosa,  ville  maritime  de  Sardaigne.  On  a  de  lui 
De  Rébus  Sardois  ;  chronique  assez  curieuse  ; 
—  CorografiaSarda,  dont  on  conserve  à  Cagliari 
l'unique  exemplaire.  «  Ce  manuscrit,  dit  M.  Mi- 
mant, est  consulté  par  le  petit  nombre  d'écrivains 
nationaux  qui  ont  voulu  parler  de  leur  pays  avec 
bonne  foi  et  conscience.  »  Cn — p — c. 

"Mimant,  Histoire,  de  la  Sardaigne. 

*FARABi  (Ishac  ben-Ibrahim  «7-),  gram- 
mairien arabe ,  mort  vers  l'an  350  de  l'hégire 
(961  de  J.-C).  Il  eut  pour  disciple  le  lexico- 
graphe Djewheri,  qui  était  son  neveu.  Parmi  ses 


FANTJCCÏ  —  FARADAY  90 

ouvrages  on  remarque  le  Diwanal-Edeb  (Di- 
van de  la  Philologie),  grammaire  qui  jouit  d'une 
grande  autorité.  On  en  trouve  des  exemplaires  à 
la  Bibl.  bodleyenne  et  à  celle  de  Leyde.    £.  B. 

Soyoullii,  Mozhir.  —  Hadji-Khalfa ,  Lexic,  t.  I, 
n=>  338;  III, n"  S278.  —  Hamaker,  Spec.  Catal.,  p.  50.  — 
De  Hamiiier-Purgstall,  Literatur   Gescfi.  der  Araber. 


FARABY.  Voyez  Alfarabi. 
*  FARADAY  (  Michel  ) ,  célèbre  physicien  an- 
glais, né  en  1794,  l'un  des  huit  associés  étran- 
gers de  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de 
France,  et  décoré  de  la  croix  d'officier  de  la 
Légion  d'Honneur  à  la  suite  de  l'Exposition 
universelle  de  1855.  La  vie  tout  entière  de 
M.  Faraday  est  dans  ses  travaux  scientifiques, 
et  ce  fut  de  même  l'aptitude  qu'il  montra  .pour 
les  sciences  d'observation  qui  détermina  l'adop- 
tion de  l'illustre  chimiste  Davy,  sous  la  direction 
duquel  M.  Faraday  passa  de  l'état  de  simple 
préparateur  de  chimie  au  rang  de  l'un  des  sa- 
vants qui  font  le  plus  d'honneur  à  leur  patrie 
d'abord  et  à  l'esprit  humain  en  général. 

M .  Farad  ay  commença  par  être  en  apprentissage 
chez  un  relieur  de  Londres.  Son  père ,  qui  était 
un  simple  maréchal -ferrant ,  le  plaça  dans  cet 
atelier  presque  dès  son  enfance,  et  il  y  resta  plu- 
sieui-s  années.  Les  biographes  rapportent  que  le 
jeune  apprenti  s'occupait  dès  lors  d'instruments 
de  physique,  et  qu'il  réussit  à  construire  une 
machine  électrique.  Ces  appareils  ayant  été  mis 
sous  les  yeux  d'un  des  directeurs  de  l'Institution 
royale  de  Londres,  où  le  célèbre  Davy  était 
professeur,  le  jeune  M.  Faraday  obtint  la  faveur 
d'assister  à  quelques  leçons  du  cours  de  ce  grand 
chimiste.  Il  rédigea  ces  leçons,  et  adressa  son 
manuscrit  au  professeur  avec  une  lettre  où  il  lui 
demandait  la  faveur  d'être  employé  par  lui  comme 
préparateur  dans  le  laboratoire  de  l'Institution 
royale.  Davy  fut  frappé  du  mérite  que  décelait 
l'écrit  du  jeune  homme,  et  il  lui  donna,  en 
1813,  une  place  de  préparateur  devenue  va- 
cante à  cette  époque.  M.  Faraday  était  alors  dans 
sa  dix-neuvième  année.  Presque  immédiatement 
après ,  Davy,  ayant  fait  un  voyage  sur  le  conti- 
nent ,  il  emmena  avec  lui  son  subordonné ,  qui 
n'avait  point  encore  le  titre  de  son  collabora- 
teur. Revenu  en  Angleterre  en  1814 ,  M.  Faraday 
reprit  les  fonctions  modestes  du  laboratoire.  Ce 
n'est  guère  que  depuis   1820   qu'il  publia  des 
travaux  de  chimie  et  de  physique  qui  émanaient 
de  sa  propre  initiative.  Il  étudia  la  fabrication 
de  l'acier  et  les  qualités  qu'il  prend  par  son  al- 
liage avec  l'argent  et  le  platine-  Il  parvint  à  li- 
quéfier et  même  à  solidifier  plusieurs  gaz  classés 
parmi  les  gaz  permanents,  en  employant  habi- 
lement d'une  part  l'effet  de  la    pression,  de 
l'autre    l'effet  d'un  froid  très-intense.  L'acide 
carbonique  est  au  rang  des  gaz  auxquels  il  enleva 
l'état  de  fluide  élastique ,  non  sans  courir  quel- 
I  ques  dangers  par  la  lorce  avec  laquelle  de  sem- 
blables substances  tendent  à  briser  les  vases 
I  qui  les  contiennent.  M.  Faraday  est  l'auteur  d'un 


91 


FARADAY 


92 


travail  admirable  sur  la  fabrication  du  verre 
destiné  aux  usages  de  l'optique,  et  qu'il  forma 
de  silice ,  d'acide  borique  et  d'oxyde  de  plomb. 
Ce  mémoire  a  ouvert  la  voie  à  des  essais  sub- 
séquents qui  ont  servi  utilement  les  intérêts  de 
l'industrie  comme  ceux  de  la  science.  L'électro- 
magnétisme  fut  d'abord  redevable  à  M.  Faraday 
du  fait  remarquable  de  la  rotation  d'un  aimant 
sur  lui-même  par  l'action  d'un  courant  électrique 
convenablement  dirigé,  expérience  qu'Ampère 
regardait  comme  fondamentale  pour  sa  théorie 
électrique  du  magnétisme;  mais  il  était  réservé 
à  M.  Faraday  de  faire  faire  un  pas  immense  à 
l'électro-magnétisme.  Voici  la  découverte  qui, 
même  après  les  recherches  d'Œrsted,  d'Ampère, 
de  Davy  et  d'Arago,  frappa  d'admiration  le 
inonde  savant. 

Ampère  avait  fait  des  aimants  avec  des  cou- 
rants électriques  transmis  le  long  de  fils  métal- 
liques plies  en  hélice.  Ces  fils  avaient  montré 
des  pôles;  ils  s'étaient  dirigés  nord  et  sud, 
comme  l'aiguille  aimantée.  Il  était  donc  bien 
probable  que  l'état  d'aimant  n'était  autre  chose 
qu'un  état  électrique  particulier.  Arago ,  de  son 
côté ,  par  d'autres  recherches  qui  n'avaient  rien 
de  commun  avec l'électiicité,  avait  constaté  que 
tandis  que  l'aiguille  aimantée  n'éprouve  aucune 
action  de  la  part  des  métaux  autres  que  le  fer, 
le  nickel  et  le  cobalt ,  elle  est  fortement  influencée 
dans  le  voisinage  d'une  plaque  tournante  faite 
d'un  métal  quelconque.  M.  Faraday ,  combinant 
ces  deux  découvertes  ,  en  conclut  que  l'aimant, 
au  moyen  du  mouvement,  devait  faire  naître 
dans  la  plaque  d'Arago  ou  dans  un  fil  métallique 
une  électricité  que  l'on  pourrait  faire  agir  comme 
toute  autre  électricité,  et  qu'il  devait  être  pos- 
sible avec  des  barreaux  d'acier  aimanté  de 
remplacer  l'action  de  la  pile  de  Volta.  Ces  phé- 
nomènes d'induction  offraient  la  curieuse  par- 
ticularité de  forces  qui  n'ont  qu'une  durée  ins- 
tantanée, contrairement  à  tout  ce  que  l'on  con- 
naissait déjà  dans  les  autres  actions  physiques. 
Ampère  avait  fait  des  aimants  avec  de  l'électri* 
cité,  M.  Faraday  fit  de  l'électricité  avec  des  ai- 
mants. Qu'auraient  dit  les  savants  de  la  fin  du 
siècle  dernier  et  même  ceux  du  commencement 
du  dix-neuvième  siècle,  habitués  à  regarder  la 
propriété  magnétique  comme  la  plus  mysté- 
rieuse et  la  plus  occulte  de  toutes  les  qualités 
physiques ,  s'ils  avaient  vu  l'aimant  entre  les 
mains  de  M.  Faraday  donner  des  étincelles,  pro- 
duire une  chaleur  intense,  de  la  lumière  même, 
composer  et  décomposer  les  corps ,  donner  de 
violentes  secousses  aux  êtres  vivants ,  et  enfin 
transmettre  les  dépêches  sur  les  fils  des  télégra- 
phes électriques?  Quand  Thaïes, six  siècles  avant 
notre  ère,  attirait  un  morceau  de  fer  avec  la 
pierre  de  Magnésie  appelée  pierre  herculéenne, 
il  était  bien  loin  de  soupçonner  que  l'agent  muet 
qui  poussait  le  fer  à  l'aimant  était  le  même  que 
la  nature  met  en  jeu  dans  les  violentes  explo- 
sions des  orages  de  la  foudre.  Par  les  découvertes 


de  M.  Faraday  comme  par  celles  d'Ampère ,  uu 
agent  théorique,  le  fluide  magnétique,  fut  banni 
de  la  nature  à  Jamais.  L'électricité  seule  pro- 
din'sit  tout  et  expliqua  lout.  C'est  une  des  sim- 
plifications qui  honorent  le  plus  l'esprit  htumain 
et  l'un  des  plus  heureux  fruits  des  travaux  des  sa- 
vants modernes,  et  de  M.  Faraday  en  particulier. 

On  doit  encore  à  M.  Faraday  la  découverte 
du  diamagnétisme ,  c'est-à-dire  du  magnétisme 
en  travers.  Là  on  voit  les  substances  diama- 
gnétiques  se  diriger  en  travers  de  la  position 
que  leur  donne  l'aimantation  ordinaire,  à  peu 
près  comme  une  aiguille  aimantée  qui  se  diri- 
gerait de  l'est  à  l'ouest,  et  non  du  nord  au  sud. 
Ces  faits  merveilleux  attendent  leur  théorie. 

Mentionnons  encore  les  travaux  conscien- 
cieux de  M.  Faraday  sur  toutes  les  branches  de 
l'électricité,  et  notamment  sur  les  effets  de  cet 
agent  quand  il  parcourt  les  fils  plongés  dans 
Peau  qui  servent  à  la  télégraphie  sous-marine. 
Partout  l'art  de  l'observateur  est  récompensé 
par  des  découvertes  aussi  inattendues  que  lé- 
gitimement conquises  par  le  travail  et  l'intelli- 
gence. Parmi  ces  découvertes,  qui  auraient  pu 
trouver  des  incrédules  s'il  en  pouvait  exister 
quand  M. Faraday  parle,  nous  choisirons  ce  fait 
incroyable  qu'un  gaz  peut  être  magnétique ,  et 
que  l'oxygène  qui  dans  l'atmosphère  environne 
notre  globe  est,  comme  les  minerais  de  fer, 
susceptible  d'action  magnétique.  Un  beau  travail 
de  M.  Edmond  Becquerel  sur  le  même  sujet  a 
associé  la  France  à  la  découverte  anglaise  et  of- 
fert de  nouveaux  faits  à  la  curiosité  avide  du 
monde  savant. 

Diverses  lectures  de  M.  Faraday  au  sein  de 
la  Société  royale  de  Londres,  qui  est  pour  l'An- 
gleterre ce  que  l'Académie  des  Sciences  est  pour 
la  France,  ont  eu  pour  objet  de  montrer  que  la 
chaleur,  la  lumière  et  l'électricité  sont  les  résul- 
tats d'une  même  cause  agissant  diversement. 
Sans  doute  l'attraction  et  les  actions  chimiques 
sont  aussi  des  effets  de  la  même  cause  univer- 
selle. La  nature  s'ennoblit  parla  simplification  de 
son  mécanisme,  mais  il  reste  à  faire  pour  ces 
diverses  forces  ce  qu'on  a  fait  pour  le  magné- 
tisme en  le  ramenant  à  l'électricité,  et  peut-être 
qu'enfin  tout  se  réduira  à  un  seul  principe,  le 
mouvement.  Ces  hypothèses  entre  les  mains  de 
M.  Faraday  n'ont  point  été  des  spéculations  im- 
productives ;  elles  l'ont  conduit  à  une  découverte 
aussi  inattendue  que  celles  qui  l'avaient  précédée, 
savoir  l'action  de  l'électricité  sur  la  lumière. 
Pour  concevoir  cette  singulière  action,  on  peut 
dire  que  relativement  à  son  plan  de  polarisation 
un  rayon  de  lumière  est  analogue  à  une  flèche  ar- 
mée d'un  fer  aplati  qui  dans  le  mouvement  de 
la  flèche  peut  être  situé  soit  de  haut  en  bas,  soit 
de  droite  à  gauche  ;  on  peut  encore  imaginer  que 
dans  le  mouvement  de  la  flèche  sa  pointe  plate 
change  de  situation,  et  qu'au  lieu  d'être  verticale 
elle  devient  horizontale.  Or,  c'est  précisément 
ce  qui  arrive  au  plan  qu'on  peut  reconnaître  dan» 


98 


FARADAY 


les  rayons  polarisés.  En  faisant  agir  sur  eux  l'é- 
lectricité, M.  Faraday  a  déplacé  la  direction  du 
plan  de  polarisation  et  l'a  fait  tourner  sur  lui- 
même.  L'^ther  qui  porte  la  lumière  a  été  entraîné 
circulairementpar  l'action  électrique.  Mais  ilreste 
encore  bien  des  recherches  théoriques  à  faire 
avant  qu'on  puisse  avoir  la  clef  de  ces  énigmes 
de  la  nature  physique. 

M.  Faraday  est  professeur  de  chimie  à  l'Insti- 
tution royale  et  à  l'École  militaire  de  Woolwich; 
il  est  docteurde  l'université  d'Oxford,  etmembre 
de  la  Société  royale  de  Londres,  Nous  répéte- 
rons qu'il  est  l'un  des  huit  associés  étrangers  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Paris ,  et  ce  titre,  qui 
n'est  conféré  qu'aux  plus  grandes  illustra- 
tions scientifiques  du  monde  entier,  place  son 
mérite  reconnu  sur  le  même  pied  que  sa  va- 
leur individuelle.  On  peut  d'ailleurs  rendre  à 
M.  Faraday  la  justice  qu'il  s'est  toujours  montré 
exempt  de  tout  sentiment  de  jalousie  ou  même 
de  rivalité,  et  qu'il  s'est  empressé  de  faire  va- 
loir les  travaux  des  autres  autant  que  les  siens 
propres.  11  peut  être  cité  comme  caractère  ho- 
norable aussi  bien  que  comme  génie  inventif. 
Babiset  (de  l'Institut). 

Conversât,- Lex.  —  Men  of  the  Time  ;  London,  1S56. 

fakazdâk.  Voyez  Al-Farazdak. 

FAacoT  {Joseph-Jean-Chrysostomey,  éco- 
nomiste français,  né  à  Senlis,  le  8  avril  1744  , 
mort  le  23  août  1815.  Entré  jeune  dans  la  con- 
grégation de  l'Oratoire,  il  y  professa  successive- 
ment la  philosophie ,  la  physique  et  les  mathé- 
matiques. En  1779,  des  affaires  de  famille  le 
forcèrent  de  quitter  sa  congrégation  ;  il  fonda  à 
Paris  un  établissement  de  commerce,  qu'il  diri- 
gea jusqu'en  1793.  En  1789  il  fut  élu  suppléant 
de  la  députation  de  Paris,  et  en  1795  membre 
(lu  directoire  du  département  de  la  Seine.  Ap- 
pelé en  1798  à  faire  partie  du  Conseil  des  An- 
ciens ,  il  déclina  cet  honneur,  et  s'occupa  d'é- 
tablir des  bureaux  de  prêt  dans  les  quartiers 
pauvres.  Cette  institution,  destinée  à  détruire 
l'usure,  fut  supprimée  en  1805.  Malgré  cet  échec, 
Farcot  ne  continua  pas  moins  à  s'occuper  avec 
zèle  d'économie  politique  et  d'institutions  cha- 
ritables. On  a  de  lui  :  Questions  constitution- 
nelles sur  le  commerce  et  l'industrie,  et 
'projet  d'un  impôt  indirect;  Paris,  1790,  in-8°; 
—  Discussions  relatives  à  l'influence  du 
(jouvernement  siir  les  arts  et  le  commerce; 
Paris,  1808,  in-4°;  —  Mémoire  sur  les  moyens 
d'encourager  les  découvertes  utiles;  Paris, 
1809,  in-4°. 

Grégoire  ,  Notice  sur  Farcot  ;  dans  la  Revue' encyclo- 
pedique,  1819,  t.  III. 

FARCY  {Jean-Georges) ,  publiciste  français, 
né  à  Paris,  le  20  novembre  1800,  tué  dans  la 
même  ville,  le  29  juillet  1830.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études,  il  entra,  en  1819,  à  l'École  Nor- 
male, on  il  demeura  jusqu'en  1822,  époque  de  la 
suppression  de  cette  écolo.  11  .se  retira  alors  au- 
près de  M.  Cousin    son  maître  et  .son  ami ,  et 


—  FARCY  94 

continua  ses  études  sous  la  direction  de  ce  litté- 
rateur éminent.  Farcy  publia  vers  1825  quelques 
traductions  de  l'anglais,  et  coopéra  à  la  rédaction 
du  journal  Le  Globe.  En  septembre  1826,  il 
partit  pour  l'Itahe,  visita  Rome,  Naples,  et  s'arrêta 
à  Ischia,  où  il  composa  plusieurs  poésies.  En 
décembre  1827  il  revint  à  Paris,  et  passa  en 
Angleterre,  d'où  il  s'embarqua  pour  le.Brésil.  De 
retour  à  Paris  en  1829,  il  alla  professer  la  phi- 
losophie à  Fontenay-aux-Roses,  chez  M.  Morin, 
instituteur.  Il  demeurait  à  Aunay  lors  de  la  publi- 
cation des  ordonnances  royales  qui  provoquèrent 
la  révolution  de  1830.  Le  28  février  il  accourut 
à  Paris ,  s'arma  chez  son  ami  le  peintre  Colin,  et 
prit  une  part  active  au  combat  commencé  la 
veille.  Le  lendemain,  malgré  les  conseils  de 
M.  Cousin,  qui  voulait  le  retenir  auprès  de  lui  à 
la  mairie  du  onzième  arrondissement ,  il  retourna 
au  feu,  et  se  distingua  parmi  les  plus  braves.  Il 
fut  frappé  en  pleine  poitrine  d'une  balle  tirée 
d'un  premier  étage  par  des  gardes  royaux,  au 
coin  des  rues  de  Rohan  et  de  Montpensier,  et 
expira  deux  heures  après.  On  a  de  lui  :  outre 
une  trad.  de  l'anglais  du  troisième  volume  des 
Éléments  de  la  Philosophie  de  l'esprit  hu- 
main de  Dugald  Stewart  ;  —  de  nombreux  ar- 
ticles dans  les  écrits  périodiques  de  1824  à  1830  ; 

—  un  volume  de  mélanges  en  prose  et  en  vers 
recueilli  par  les  amis  de  l'auteur  et  intitulé  : 
J .-G.  Farcy  JSeZigMia?;  Paris,  1831 ,  in-18,  avec 
portr.  et  une  Notice  de  M.  Sainte-Beuve.  Quel- 
ques-uns des  morceaux  qui  figurent  dans  ce  a^o- 
lume  se  distinguent  par  de  grandes  qualités  de 
pensée  et  de  style.  M.  Cousin  a  dédié  à  la  dk'- 
rnoire  de  Farcy  sa  ti'dduction  des  Lois  de  Platon. 

A.  DE  L. 

Le  Globe  et  le  Moniteur  ttniversel  des  30  et  31  juillet 
1830.  —  Sainte-Beuve,  Critiques  et  portraits  littéraires. 

—  Paulin  PAris,  dans  ie  Temps  du  13  janvier  1832. — 
Louandre  et  Bourquelot,  La  Litt.  française  contempo- 
raine. 

*  FARCY  (  François-Charles  ),  homme  de  let- 
tres français,  né  à  Paris,  le  30  août  1792.  L'un  de» 
fondateurs  en  1830  delà  Société  libre  des  Beaux- 
Arts  ,  qui  existe  encore  aujourd'hui ,  il  a  aussi 
dirigé  comme  rédacteur  en  chef  le  Journal  des 
Artistes,  de  1827  à  1835.  Outre  un  grand  nom- 
bre d'articles  publiés  dans  le  Jom'nal  de  Paris, 
La  Presse,  le  Moniteur  parisien ,  etc.,  on  a  de 
lui  :  De  l'Esprit  dit  Ministère,  depuis  le  com- 
mencement de  la  Révolution  jusqu'ànos jours  ; 
Paris,  1818,  in-8°  ;  —  Essai  sur  le  Dessin  et 
la  Peinture,  nouveau  précis  de  perspective; 
1819,  in-S",  avec  planches,  —  Résumé  et  ap- 
plication des  principes  élémentaires  de  la 
perspective;  1 822,  in^",  avec  planches  ;  2^  édit., 
1826;  —  Cours  de  Perspective  à  l'usage  des 
dames;  1822,  in-8'',  avec  planches  ;  —  Recher- 
ches historiques  sur  l'Aigle;  1826,  in-4";  — 
De  l'Origine  et  du  Progrès  de  la  Philosophie 
en  France;  1826,  in-4°  ;  —  Aperçu  philoso- 
phique des  connaissances  humaines  ati  dix- 
neuvième  siècle;  1827,  un  vol.  in-8°;  —  De 


95 


FARCY  —  FARDULFE 


96 


l'Avantage  et  de  V Inconvénient  d'une  Birec- 
lion  ou  administration  générale  des  Arts; 
1830,  in-8°  ;  —  Lettre  à  M.  Victor  Hugo ,  sui- 
vie d'un  Projet  de  charte  romantique;  1830, 
in-S"  ;  —  De  la  Force  en  matière  de  Gouverne- 
ment; 1832,in-8°;  —  Traduction, a\ecdiscours 
préliminaire  et  notes,  de  la  Relation  des  trois 
expéditions  du  capitaine  Dupaix,  etc.;  1834, 
grand  in-fol.  ;  —  Du  Gouvernement  parlemen- 
taire ;du  Gouvernement  constitutionnel,  etc.; 
1840,  in-8°;  —  Simple  Histoire  de  Napoléon, 
d'après  les  notes  des  Mémoires  de  Las  Cases , 
Ségur,  Norvins,  etc.;  un  vol.  in-36, 1840  (  ano- 
nyme); —  De  V Aristocratie  anglaise ,  de  la 
Démocratie  américaine  et  de  la  Libéralité  des 
institiitions  françaises  ;  1842;  2^  édit.,  1843; 
—  Mémoire  à  V Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  sur  les  Antiquités  mexicaines  ; 
1843,  in-8°.  A.  R. 

Henseiqncments  particuliers. 

FAiiBEAU  {Louis-Gabriel),  auteur  drama- 
tique français,  né  à  Paris,  en  1730,  mort  en 
cette  ville,  vers  1806.  Il  acquit  en  1757  une 
charge  de  procureur  au  Chàtelet;  mais  ne  trou- 
vant point  dans  l'étude  des  lois  un  aliment  pour 
son  esprit,  il  voulut  se  faire  poète,  et  se  mit  à 
composer  des  drames  et  des  comédies  ;  il  ne  put 
jamais  parvenir  à  faire  représenter  une  seule  de 
ses  pièces,  toutes  plus  que  médiocres,  et  il  dut 
se  contenter  de  les  faire  imprimer  à  ses  frais  pour 
les  distribuer  à  ses  amis  ;  le  titre  de  poète  qu'il 
se  donnait  ne  lui  paraissant  pas  assez  illustrer  sa 
personne,  il  y  ajouta,  après  la  révolution,  celui 
de  sapeur  de  la  garde  nationale ,  ce  qui  ne 
fit  que  rendre  plus  vives  les  épigrammes  qu'on 
lui  lançait  ainsi  que  les  plaisanteries  sur  son 
talent  et  sur  son  nom ,  dont  l'anagramme  est  : 
//  a  Vair  dti  bœuf  gras.  On  a  de  lui  :  Les  Amu- 
sements de  la  société;  1774;  —  Le  Cabaretier 
jaloux,  ou  la  Courtille,  comédie  en  un  acte , 
en  prose;  1780;  —  Le  Mariage  à  la  mode, 
drame  en  un  acte,  en  vers  :  «  Cette  pièce,  dit  Qué- 
rard,aeuplus  de  quinze  éditions»  ;  nous  n'avons 
pas  vérifié  l'exactitude  de  cette  assertion ,  mais 
nous  ne  pouvons  comprendre  la  cause  d'un 
aussi  grand  succès;  —  Le  Mérite  discrédité, 
ou  le  temps  présent ,  comédie  en  un  acte,  en 
prose;  1778;  — Le  Service  récompensé  ,  co- 
médie en  un  acte,  en  prose  ;  —  Le  Triomphe  de 
l'Amitié ,  drame  en  un  acte,  en  prose  ;  —  Re- 
cueil de  Poésies  patriotiques  et  de  société, 
offert  à  V Assemblée  nationale  et  aux  amis 
du  bon  goût;  Paris,  1792.  H.  Malot. 

fiivarol,  Petit  Mmanac/i  des  Grands  Hommes  incon- 
nus. —  Barbier,  Examen  des  Dictionnaires.  —  Quérard, 
La  France  littéraire. 

FAKDELLA  { Michel- Ange) ,  philosophe  et 
géomètre  sicilien,  né  à  Trapani,  en  1650,  mort  à 
Naples,  le  2  janvier  1718.  Il  entra  à  l'âge  de  quinze 
ans  dans  l'ordre  de  Saint-François.  Il  professa 
la  philosophie  dans  des  couvents  de  son  ordre 
à  Trapani  et  à  Messine.  Il  se  rendit  à  Rome  en 
1676,  et  y  professa  la  géométrie  dans  le  collège 


sicilien  de  Saint-Paul.  Il  alla  ensuite  en  îrance, 
et  demeura  trois  ans  à  Paiis,  occupé  à  se  per- 
fectionner dans  la  connaissance  de  la  philosophie 
de  Descartes  et  de  la  géométrie  analytique,  en 
fréquentant  Arnauld,  Régis,  et  les  PP.  Male- 
branche  et  Lami.  Ses  supérieurs  le  rappelèrent 
à  Rome ,  et  lui  confièrent  l'enseignement  de  la 
théologie  scolastique  dans  le  couvent  de  Saint- 
Cosme  et  Saint-Damien.  11  se  lassa  bientôt  de 
cette  occupation;  et  comme  son  inclination  le 
portait  vers  les  sciences  naturelles,  il  fonda  dans 
son  couvent  une  académie  de  physique  expéri- 
mentale. Le  duc  de  Modène  l'attira  dans  ses 
États,  et  lui  donna  une  chaire  de  philosophie  et 
de  géométrie,  if  quitta  ce  poste  pour  aller  à  Ve- 
nise. Le  gouvernement  de  cette  république  le 
nomma  d'abord  professeur  d'astronomie  et  de 
physique  dans  l'université  de  Padoue ,  puis  en 
1700  professeur  de  philosophie.  En  1709  il  sui- 
vit à  Barcelone  l'archiduc  Charles,  qui  le  prit 
pour  son  théologien  et  son  mathématicien.  Il  eut 
dans  cette  ville  une  attaque  d'apoplexie,  et  se 
rendit  à  Naples  dans  l'espoir  de  rétablir  sa  santé  ; 
il  réussit  en  effet  à  prolonger  sa  vie  de  quel- 
ques années.  «  C'était,  dit  Nicéron,  un  homme 
d'un  esprit  vif  et  d'une  imagination  féconde. 
L'habitude  qu'il  avait  de  méditer  l'avait  rendu 
si  abstrait,  qu'il  semblait  quelquefois  avoir 
perdu  l'esprit.  Son  application  au  travail,  qui 
lui  faisait  négliger  ses  affaires  domestiques ,  et 
sa  générosité  envers  ses  amis  ont  été  cause  que 
malgré  les  gros  appointements  qu'il  avait,  il  a 
toujours  été  pauvre.  Il  était  versé  dans  tous  les 
genres  de  littérature ,  mais  il  excellait  principa- 
lement dans  la  physique  et  dans  la  géométrie.  » 
Comme  philosophe ,  Fardella  adopta  et  exagéra 
encore  les  tendances  idéalistes  de  l'école  de  Des- 
cartes. Il  soutint  avec  Malebranche  que  l'exis- 
tence des  corps  ne  nous  est  connue  que  par  la 
révélation.  On  a  de  lui  :  Universse  PMlosophise 
Systema;  Venise,  1691,  in-12;  —  Vniversœ 
usualis  Mathematicas  Theoria ;  Yen\s,e,  1691, 
in-12;  —  Prolusio ;  Venise,  1693,  in-4o  ;  — 
Animée  humanœ  Natura,  ab  Augustino  dé- 
tecta ;  Venise,  1698,  in-fol.  ;  —  plusieurs  lettres 
sur  des  sujets  philosophiques,  insérées  darvî  '-v 
Galleria  di  Minerva;  Venise,  1696,  in-., le 

Mohgitore,  Bibliotheca  Sicula.  —  Nicéron,  Mémo ij     ; 
pour  servir  à  l'histoire  des  hommes  illustres,  t.  >    jj 

FARDULFE,  théologien  et  poète  latin,  Lombard 
de  nation,  mort  en  807-  Il  fut  emmené  en 
France  avec  le  roi  Didier,  après  la  bataille  de 
Pavie.  Tant  que  ce  prince  vécut,  Fardulfe  lui  |j 
demeura  fidèle.  Il  s'attacha  ensuite  à  Charle- 
magne,  et  mérita  sa  faveur  en  lui  découvrant  la 
conspiration  de  Pépin  le  Bossu  ,  un  de  ses  fils 
naturels.  Il  obtint  en  récompense  l'abbaye  de 
Saint-Denys,  qu'il  garda  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie. 
On  a  de  lui  trois  épigrammes  dans  les  Rerum  Ja 
Franc.  Script,  (t.  Il ,  p.  645  ),  de  Duchesne,  qui 
les  attribue  par  erreur  à  Alcuin. 

Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  IV,  p.  885. 


'à 


\i' 


97 


FARE  —  FAREL 


98 


FARE  (Sainte)  ou  burgundofara ,  née  en 

595,  morte  le  3  avril  655.  Elle  était  fille  d'Agné- 
ric,  un  des  principaux  officiers  de  la  cour  de 
Théodebert  II,  roi  d'Austrasie.  Elle  eut  pour 
frères  saint  Cagnon,  évêque  de  Laon,  et  saint 
Faron,  évêque  de  Meaux.  Elle  reçut  le  voile  sa- 
cré des  mains  de  Gundoald,  évêque  de  Meaux, 
et  bâtit  un  monastère  à  cinq  lieues  de  cette 
ville,  dans  un  lieu  appelé  Éboriac,  et  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Faremoutier.  Elle  fut  jus- 
qu'à la  fin  de  ses  jours  abbesse  de  ce  couvent. 
Les  seuls  détails  que  nous  ayons  sur  cette 
sainte  se  trouvent  dans  les  Vies  de  saint  Co- 
lomban  et  de  saint  Eustase,  écrites  en  deux  li- 
vres par  Jonas,  moine  de  Bobio.  . 
Baillet,  P^ies  des  Saints,  t.  III,  7  décembre. 
FARE.  Voy.  La  Fare. 

FAREL  (Guillaume),  un  des  plus  célèbres 
réformateurs  français,  né  au  hameau  des  Farels, 
à  trois  lieues  de  Gap,  en  1489,  et  mort  à  Neuf- 
châtel,  le  13  septembre  1565.  II  appartenait  à 
une  famille  de  gentilshommes,  et  ce  ne  fut  que 
scutrairement  aux  désirs  et  aux  projets  de  son 
père  qu'il  s'appliqua  à  l'étude,  qui  avait  pour 
ui  un  irrésistible  attrait.  A  Paris,  où  il  se  rendit 
)our  étendre  ses  connaissances,  il  fut  le  disciple 
t  l'ami  de  Lefèvre  d'Étaples,  qui  le  fit  entrer 
somme  régent  au  collège  du  cardinal  Lemoine. 
^ien  n'annonçait  encore  en  lui  le  futur  réforma- 
eur.  A  cette  époque  de  sa  vie,  il  se  distinguait 
noins  encore  par  son  amour  des  lettres  que  par 
m  zèle  outi'é  pour  toutes  les  pratiques  de  l'É- 
;lise  catholique.  «  Pour  vray,  dit-il  dans  une  de 
es  lettres,  en  parlant  de  ce  qu'il  était  alors,  la 
lapauté  n'estoit  et  n'est  tant   papale  que  mon 
œur  l'a  esté.  »  Il  est  probable  que  ce  fut  Lefè- 
re  d'Étaples  qui  jeta  dans  son  esprit  les  pre- 
miers doutes    sur  les    croyances   catholiques. 
|uoi  qu'il  en  soit,  Farel  eut  recours  à  l'étude  de 
i  Bible  pour  mettre  fin  aux  agitations  de  sa 
onscience.  «Il  fut  fort  ébahi,  dit-il  lui-même,  en 
oyant  que  sur  la  terre  tout  estoit  autrement  en 
ie  et  doctrine  que  ne  porte  la  saincte  Escripture.  » 
Bune,  ardent,  enthousiaste,  il  n'était  pas  homme 
\Se  contenter  de  termes  moyens.  Dès  que  ses 
ciennes    convictions    religieuses    eurent    été 
riik'iîftil  s'avança  d'un  pas  rapide,  quoique 
nelle'iQ  pénibles  luttes  intérieures,  vers  les 
■p.  ices  nouvelles.  Il  venait  à  peine  de  prendre 
. .    pour  la  cause  de  la  réforme,  quand  Le- 
Te  d'Étaples,  appelé  à  Meaux  par  l'évêque 
riçonnet,  l'emmena ,  avec  Gérard  Roussel  et 
lelques  autres  hommes  animés  du  même  es- 
it,  dans  cette  ville,  qui  comptait  déjà  dans  son 
in  un  grand  nombre  de  partisans  du  luthé- 
nisme  (1).  Farel,  trouvant  des  auditeurs  bien 
sposés,  se  mit  à  prêcher  avec  ardeur  contre 
iglise  catholique.  Les  choses  allèrent  si  loin, 
le  Briçonnet ,  déjà  en  lutte  avec  son  clergé , 
gea  nécessaire  d'éloigner  des  amis  si  compro- 


[1)  Les  premiers  protestants  français  furent  appelés 
ndant  quelque  temps  les  hérétiques  de  Meaux, 

NOUV.   BIOGU.    r.ÉNÉR.   —   T.   XVII. 


mettants.  Ils  retournèrent  à  Paris  (  1523).  Farel 
ne  s'y  ariêta  que  peu  de  temps.  Au  commence- 
ment de  1524  il  était  à  Bâle,  où,  le  15  février,  il 
soutint  publiquement  des  thèses,  au  nombre  de 
treize,  sur  les  principaux  points  controversés.  Le 
court  séjour  qu'il  fit  dans  cette  ville  fut  inter- 
rompu par  quelques  excursions  à  Constance, 
Schaffhouse,  Berne  et  Zurich.  Il  se  ha  alors  d'une 
étroite  amitié  avec  Grebel,  Myconius,  Haller  et 
Zwingle.  Mais,  tandis  qu'il  se  rappi'ochait  des 
chefs  du  mouvement  protestant,  il  se  brouillait 
avec  Érasme  (1).  La  fougue  de  l'un  et  la  prudente 
réserve  de  l'autre  formaient  un  contraste  trop 
prononcé  pour  qu'ils  pussent  vivre  en  paix  l'un 
à  côté  de  l'autre  dans  le  même  lieu.  Il  paraît 
que  Farel  commença  le  premier  les  hostilités,  en 
comparant  la  conduite  indécise  du  spirituel  hu- 
maniste à  celledeBalaam.  Cequi  est  certain, c'est 
qu'il  fut  vaincu.  Érasme,  s'unissant  aux  adver- 
saires de  la  réforme ,  réussit  à  le  faire  chasser 
de  Bâle ,  vers  la  fin  de  mars  i  524.  Farel  se  retira 
alors  à  Strasbourg,  où  il  vécut  quelque  temps 
dans  l'intimité  de  Bucer  et  de  Capiton.  Une  lettre 
d'Œcolampade  le  décida,  en  juin  de  cette  même 
année,  à  aller  s'établir  à  Montbéliard,  qui  dépen- 
dait du  duc  de  Wurtemberg.  La  réforme  y  avait 
déjà  pénétré.  Joignant  ses  efforts  à  ceux  de 
Jean  Geyler,  prédicateur  du  duc,  il  lui  gagna  en 
peu  de  temps  de  nombreux  partisans  ;  mais  l'im- 
pétuosité de  son  caractère  arrêta  bientôt  ses  suc- 
cès, etmanqua  même  de  lui  être  funeste.  Jl  s'était 
déjà  aliéné,  par  la  violence  de  son  zèle  pour  la 
propagation  de  la  réforme,  une  partie  de  la  popu- 
lation, quand  un  jour,  se  jetant  au  milieu  d'une 
procession,  il  arracha  une  statuette  de  saint 
Antoine  des  mains  d'un  prêtre,  et  la  jeta  dans 
la  rivière.  Il  ne  dut  son  salut  qu'à  l'extrême 
surprise  de  la  foule  à  la  vue  de  cet  acte  auda- 
cieux ;  mais  il  fut  obligé  de  sortir  de  Montbé- 
liard. C'était  au  printemps  de  1525.  Ses  amis, 
Œcolampade  entre  autres,  le  blâmèrent  vive- 
ment et  l'engagèrent  à  se  modérer  à  l'avenir, 
en  lui  représentant  que  la  violence  ne  pouvait 
que  compromettre  la  cause  de  la  réforme.  Il  re- 
connut la  sagesse  de  ces  avis  ;  mais  il  faut  avouer 
que  pendant  le  reste  de  sa  vie  il  les  oublia  plus 
d'une  fois. 

En  passant  à  Bâle,  il  rencontra  Pierre  Tos- 
sany,  ancien  chanoine  de  Metz,  qui  s'était  rangé 
du  côté  des  réformateurs.  Il  le  suivit  dans  cette 
ville  ;  mais  il  ne  put  y  faire  un  long  séjour.  Il 
parcourut  alors  le  pays  messin ,  l'Alsace  et  ime 
partie  de  la  Suisse ,  prêchant  partout  où  il  pou- 
vait réunir  quelques  auditeurs.  Au  commence- 
ment de  1527,  il  alla,  par  le  conseil  de  Haller, 
à  Aigle,  le  seul  pays  de  la  Suisse  romande  qui 
dépendît  entièrement  des  Bernois.  Il  s'y  présenta 
comme  un  maître  d'école,  sous  le  nom  supposé 
de  Guill.  Vrsinus.  Ayant  reçu  bientôt  de  la  sei- 
gneurie de  Berne  l'autorisation  de  prêcher  pu- 

(1)  Voyez  l'arllcle  Érasme. 


99 


FAREL 


100 


bliquement,  il  reprit  son  véritable  nom,  et  com- 
mença à  enseigner  ouvertement.  Après  que  le 
canton  de  Berne  se  fut  déclaré  protestant  (  15  fé- 
vrier 1528),  Farel  put  étendre  son  action  sur 
toute  la  partie  de  la  Suisse  romande  qui  était 
liée  à  cet  État  par  des  traités  de  combourgeoisie, 
et,  à  la  suite  de  ses  prédications,  Aigle ,  Bex  et 
Olon  embrassèrent  la  réforme  cette  même  année, 
Bienne,  La  Neuville  et  Le  Vully  l'année  sui- 
vante, Morat  etNeufchâtel  en  1530,  et  Orbe  en 
1531.  Ce  ne  fut  pas  sans  soutenir  de  nombreuses 
luttes  et  sans  exposer  plus  d'une  fois  sa  vie, 
qu'il  obtint  ces  résultats  ;  mais  il  aimait  à  affron- 
ter le  danger,  et  d'ailleurs  le  gouvernement  ber- 
nois, qui  avait  intérêt  à  la  propagation  de  la  ré- 
forme en  Suisse,  lui  prêta  constamment  son 
concours ,  chaque  fois  que  les  circonstances  le 
demandèrent.  En  1532,  les  églises  réformées 
qu'il  venait  de  fonder  l'envoyèrent,  avec  An- 
toine Sauniei',  au  synode  que  les  vaudois  du 
Piémont  tinrent  au  mois  de  septembre,  à  Chan- 
forans,  dans  la  vallée  d'Angrogue,  pour  tendre 
Ik  main  d'association,  au  nom  des  nouveaux 
protestants,  à  ces  anciens  dissidents  de  l'Église 
de  Rome.  A  son  retour,  il  s'arrêta  à  Genève.  Il 
prêcha  dans  des  assemblées  secrètes,  et  il  eut 
bientôt  gagné  un  assez  grand  nombre  de  parti- 
sans pour  que  le  conseil  épiscopal,  dont  l'autorité 
avait  été  déjà  fortement  ébranlée  dans  les  der- 
niers mouvements  politiques ,  en  conçût  des 
craintes  sérieuses.  Une  conférence  lui  fut  propo- 
sée, il  l'accepta;  mais  au  lieud'unediscussion  pa- 
cifique, ce  fut  une  dispute  orageuse,  dans  laquelle 
les  coups  remplacèrent  les  arguments.  Il  y  aurait 
peut-être  laissé  la  vie  sans  l'intervention  des  ma- 
gistrats. Ceux-ci,  pour  maintenir  la  paix,  le  for- 
cèrent à  quitter  la  ville.  H  y  envoya  presque 
aussitôt  Ant.  Froment,  et  il  y  retourna  lui-même 
au  mois  de  mai  de  l'année  suivante.  Les  mêmes 
oppositions  l'obligèrent  encore  à  se  retirer  ;  mais 
vers  le  commencement  de  1534  il  y  entra  avec 
des  lettres  de  recommandation  de  la  seigneurie 
de  Berne.  Dès  ce  moment  rien  ne  put  arrêter 
la  marche  envahissante  de  la  réforme.  Les  pro- 
testants, dont  le  nombre  augmenta  chaque  jour, 
s'empa,rèrent  successivement  de  toutes  les  églises. 
Le  clergé  catholique,  déjà  odieux  au  pai'ti  pa- 
triote pour  la  part  qu'il  avait  prise  à  toutes  les 
tentatives  du  duc  de  Savoie  et  de  l'évêque  contre 
la  liberté  de  la  ville,  et  auquel  ni  les  séditions  du 
bas  peuple,  qui  lui  était  encore  attaché,  ni  les  pré- 
dications du  docteur  Furbity,  dont  il  avait  appelé 
la  savante  habileté  à  son  aide ,  ne  purent  rendre 
son  ancienne  autorité  morale ,  céda  la  place  aux 
réformateurs,  et  se  retira  à  Lausanne  et  à  Fri- 
bourg.  Une  tentative  d'assassinat  sur  Farel,  Fro- 
ment et  Yiret,  qu'une  servante  d'auberge,  aveu- 
glée parle  fanatisme,  essaya  d'empoisonner,  n'eut 
pas  d'autre  effet  réel  que  de  les  rendre  plus 
puissants.  La  timide  circonspection  du  conseil 
céda  enfin  devant  l'opinion  publique,  et  le  27  août 
1535,  dix-huit  mois  environ  après  le  retour  de 


Farel ,  l'édit  de  la  réformation  fut  promulgué. 

11  s'agissait  maintenant  de  constituer  à  Ge- 
nève l'Église  réformée.  Farel,  homme  de  lutte 
plutôt  que  d'organisation,  était  peu  propre  à  cette 
œuvre.  MaiS;  au  mois  d'août  de  l'année  suivante, 
il  réussit  à  retenir  à  Genève  Calvin,  qui  passait 
dans  cette  ville  pour  se  rendre  en  Allemagne. 
Lui  cédant  aussitôt  la  conduite  des  affaires,  il 
se  contenta,  avec  le  plus  rare  désintéressement, 
de  l'aider  dans  la  réalisation  de  ses  plans.  De 
nouvelles  difficultés  ne  tardèrent  pas  à  surgir. 
Calvin  et  Farci  se  trouvèrent  en  présence 
d'hommes  qui,  partant  des  principes  invoqués 
par  les  réformateurs  contre  l'Église  catholique, 
repoussaient  toute  autorité  en  matières  religieu- 
ses ,  et  rendaient  par  là  impossible  l'établisse- 
ment d'une  nouvelle  Église.  Ces  hommes,  que 
les  réformateurs  désignèrent  sous  le  nom  de 
libertins,  parvinrent  à  les  faire  expulser  de  Ge- 
nève à  la  fin  d'avril  1538.  Farel  accompagna 
Calvin  à  Berne,  à  Zurich,  puis  à  Bâie;  là  il  se 
sépara  de  lui,  pour  se  rendre  à  Neufchàtel.  Le 
plus  déplorable  désordre  régnait  dans  cette 
Église,  qui  passée,  sans  y  être  assez  préparée,  du 
régime  de  l'autorité  catholique  à  celui  de  la  li- 
berté protestante,  faisait  au  sein  de  l'anarchie 
le  difficile  apprentissage  de  l'art  de  se  gouverner 
soi-même.  Farel  sentit  la  nécessité  de  resserrer 
les  liens  de  la  discipline  ;  mais,  encore  sous  l'im- 
pression des  idées,  singulièrement  despotiques, 
de  Calvin ,  il  proposa  aux  Neufchàtelois  des  or- 
donnances ecclésiastiques  qui  soulevèrent  la  plus 
vive  opposition.  Ce  ne  fut  qu'après  des  débats 
longs  et  orageux  qu'il  parvint  à  les  faire  adopter, 
le  l""  février  1542.  Mais  si  les  règlements  étaient 
sévères ,  il  faut  dire  qu'il  ne  les  fit  exécuter 
qu'en  ce  qui  concerne  les  mœurs.  Tolérant  au- 
tant qu'on  pouvait  l'être  à  cette  époque,  il  ne  s'en 
servit  jamais  paur  opprimer  et  persécuter  ceux 
qui  ne  pensaient  pas  comme  lui  sur  des  points 
difficiles  et  abstraits  de  théologie.  Une  seule  fois 
il  se  décida  à  laisser  censurer  un  ministre 
nommé  Chapponneaux,  qui  avait  avancé  une 
opinion  hétérodoxe  sur  la  Trinité,  et  encore  il 
ne  le  fit  qu'obsédé  par  les  demandes  réitérées  de 
Calvin. 

Dès  que  l'Église  de  Neufchâtel,  régulièrement 
organisée,  n'offrit  plus  à  son  activité  un  aliment 
suffisant,  il  chercha  un  nouveau  champ  d'action. 
Précisément  en  ce  moment  les  protestants  de 
Metz  réclamèrent  son  aide  ;  il  se  hâta  de  partir 
pour  cette  ville,  où  il  arriva  le  3  septembre  1542. 
Le  lendemain  il  prêcha  dans  le  cimetière  des 
Jacobins ,  au  bruit  étourdissant  des  cloches  du 
couvent,  que  les  moines  sonnaient  à  toute  volée 
pour  couvrir  sa  voix.  Le  2  du  mois  suivant,  il 
voulut  prêcher  dans  l'église  de  Saint»Pierre-aux- 
Images  ;  le  conseil  des  Treize  l'en  empêcha ,  et 
pour  couper  court  à  toute  nouvelle  tentative 
semblable ,  il  lui  défendit  d'enseigner  dans  la' 
ville,  soit  publiquement,  soit  en  particulier.  Il  se' 
retira  alors  à  Montigny  (à  2  kilom.  de  Metz),  et 


ioi 


un  mois  ou  deux,  après,  à  Govze 
BOUS  la  protection  de  Guill.  de  Furstenberg.  Il 
lui  fallut  cependant  abandonner  bientôt  ce  poste. 
Le  jour  de  Pâques,  25  mars  1543,  Claude  de 
Guise  étant  tombé ,  à  la  tête  d'un  corps  de 
troupe,  sur  une  assemblée  l'éunie  autour  de 
lui,  Farel,  blessé  dans  la  mêlée,  se  réfugia  dans 
le  château,  qui  était  entre  les  mains  des  protes- 
tants, et  quand  cette  place  eut  été  obligée  de  se 
rendre,  il  n'eut  d'autre  moyen  de  salut  que 
de  prendre  place  dans  un  chariot,  au  milieu  de 
lépreux  dont  il  avait  revêtu  le  costume.  Il  réus- 
sit ainsi  à  gagner  Pont-à-Mousson ,  et  de  là 
Guill.  de  Furstenberg  le  conduisit  à  Strasbourg. 
Après  un  séjour  de  quelques  mois  dans  cette 
ville,  Farel  retourna  à  Neufchâtel,  qu'il  ne  quitta 
plus  pendant  longtemps,  si  ce  n'est  pour  faire 
quelques  courtes  visites  à  Calvin.  Ce  fut  pendant 
une  de  ces  visites  qu'il  accompagna  au  bûcher 
le  malheurenx  Michel  Servet,  qu'il  exhorta  en 
vain  à  confesser  la  doctrine  de  la  Trinité.  En 
1 557  il  fut  envoyé  avec  Théodore  de  Bèze  au- 
près des  princes  protestants  de  l'Allemagne, 
pour  implorer  leur  intervention  en  faveur  des 
vaudois.  A  son  retour,  il  entreprit  de  répandre 
la  réforme  dans  le  Jura.  Il  le  fit  avec  assez  de 
succès  pour  éveiller  les  craintes  du  parlement  de 
Besançon,  qui  porta  plainte  à  la  seigneurie  de 
Berne.  A  peu  près  à  cette  époque,  il  épousa 
Marie  Torel,  de  Rouen,  réfugiée  à  Neufchâteiavec 
sa  mère.  Ce  mariage  d'un  vieillard  de  soixante- 
neuf  ans  fut  généralement  désapprouvé  de  ses 
amis.  «  Je  suis  muet  d'étonnement,  écrivit  Calvin 
à  cette  occasion.  11  y  a  un  demy-an  que  le  povre 
frère  eust  prononcé  hardiment  qu'il  eust  fallu 
attacher  comme  un  homme  radoteur  celluy  qui 
en  si  grande  vieillesse  eust  prétendu  d'avoir 
une  si  jeune  fille.  )>  11  faut  dire,  cependant,  à  la 
décharge  de  Farel,  que  Marie  Torel  n'était  pas 
aussi  jeune  que  Calvin  veut  bien  le  dire.  Peu  de 
temps  après  il  retourna  en  Allemagne  pour  im- 
plorer encore  la  protection  des  princes  protes- 
tants ,  mais  cette  fois  pour  les  protestants  de 
"rance.  A  peine  était-il  revenu  à  Neufchâtel,  qu'il 
iariit  pour  le  Dauphiné,  établit  une  égUse  pro- 
estante à  Grenoble,  et  passa  plusieurs  mois  à 
lia!),  prêchant  contre  le  catholicisme  avec  au- 
ant  de  fougue  que  pendant  sa  jeunesse.  Jeté  en 
irison  le  24  novembre  1561,  il  fut  délivré  par 
].es  partisans, qui  le  descendirent  du  hautdu  rem- 
)art  dans  une  corbeille.  Il  ne  s'éloigna  pas  ce- 
(cndant  de  la  ville,  et  il  y  rentra  quelques  mois 
près,  quand  les  protestants  s'en  furent  rendus 
|naitres  (  1*^''  mai  1562).  Ce  fut  là  son  dernier 
fl'ort  pour  la  propagation  du  protestantisme, 
'.entré  bientôt  à  Neufchâtel,  il  ne  quitta  plus 
etto  ville  que  pour  taire,  en  1564,  une  dernière 
'isite  à  Calvin  mourant,  et  pour  passer  l'année 
uivanto  quelques  jours  à  Metz,  dont  les  protes- 
ants  l'avaient  invité  à  venir  être  témoin  de  la 
rospérité  de  leur  église.  Les  fatigues  de  ce 
oyagc  aggravèrent  ses  infirmités ,  et  quelques 


FAREL  lOîS 

où  il  se  mit      semaines  après  son  retour  à  Neufchâtel  il  mou- 


rut, à  l'âge  de  soixante -seize  ans,  laissant  un  tils 
nommé  Jean,  qui  ne  lui  survécut  que  trois  ans. 
Farel  avait  des  connaissances  étendues  ;  il 
possédait  entre  autres  assez  bien  l'hébreu  et  les 
langues  classiques  ;  Calvin  avait  eu  un  moment 
le  désir  de  l'attacher  comme  professeur  à  l'école 
de  Lausanne  :  ce  n'était  pas  là  le  rôle  qui  lui  con- 
venait.Il  était  essentieliementun  homme  d'action, 
peu  propre  aux  spéculations  théologiques,  aux- 
quelles il  attachait  d'ailleurs  peu  d'importance. 
Tandis  que  Calvin ,  porté  par  la  nature  de  son 
esprit  à  tout  considérer  à  un  point  de  vue  abs- 
trait et  logique,  regardait  la  réformation  comme 
un  retour  à  la  véritable  intelligence  de  la  doc- 
trine chrétienne,  Farel,  plus  touché  du  côté 
pratique  de  la  religion ,  n'y  voyait  qu'un  retour 
à  une  foi  plus  simple,  à  des  croyances  plus  unies 
et  par  cela  même  plus  saisissables  que  l'ensera- 
ble  si  compliqué  des  dogmes  et  des  pratiques  de 
l'Église  catholique.  Mais  par  ces  différences 
même  ils  se  complétaient  l'un  l'autre ,  si  l'on 
peut  ainsi  dire,  pour  leur  œuvre  commune. 
L'un,  écrivain  habile  et  logicien  consommé,  s'a- 
dressait par  ses  écrits  aux  intelligences  d'élite  ; 
l'anire,  prédicateur  ardent ,  missionnaire  infati- 
gable, parlait  au  peuple  le  langage  éloquent  du 
sentiment,  et  entraînait  les  masses  en  leur  prê- 
chant une  foi  agissante  par  la  charité.  Farel 
avait  toutes  les  qualités  de  l'orateur,  la  parole 
facile,  animée ,  brillante ,  le  geste  pathétique,  la 
voix  sonore  et  puissante.  Ses  contemporains 
s'accordent  à  parler  avec  admiration  de  ses  dis- 
cours émouvants,  de  ses  prières  si  ferventes  qu'on 
ne  pouvait  entendre  sans  ravissement.  Il  est  à 
regretter  qu'aucun  de  ses  sermons  ne  nous  soit 
parvenu  ;  mais  il  les  improvisait ,  et  ne  les  écri- 
vait pas.  Quant  aux  ouvrages ,  assez  nombreux, 
qu'il  a  laissés,  ils  sont  peu  propres  à  nous  donner 
une  idée  avantageuse  de  ses  talents  d'écrivain. 
Ils  ne  sont  en  général  que  des  écrits  de  circon- 
stance, composés  à  la  hâte  et  sans  beaucoup  de 
soin,  ou  que  des  instructions  familières,  appar- 
tenant plutôt  à  la  morale  qu'à  la  théologie  pro- 
prement dite.  Ces  ouvrages  sont  :  Themata 
qiixdam  latine  et  gennanice  prœposUa  ;  Bâ.\e 
et  Berne,  1528.  Ce  sont  les  thèses  soutenues  à 
Bâle  en  1524;  —  Sommaire:  c'est  une  briève 
déclaration  dMulctms  lieux  fort  nécessaires 
à  tin  chacun  chrestien  pour  mettre  sa  con- 
fiance en  Dieu  et  à  atjder  son  prochain.  On 
ne  connaît  pas  la  date  de  la  1'*^  édition  <lc  cet 
ouvrage ,  publié  sans  nom  auteur  ;  la  2*^  édit.  est 
de  1 537,  in-S".  11  y  a  eu  plusieurs  antres  éditions, 
dont  la  meilleure  et  la  plus  complète  est  celle  de 
Genève,  1552,  in-8°;  —  De  Orationedominica  ; 
1524,  in-S".  Farel  remania  cet  ouvrage,  et  le 
publia  plus  tard  en  français  sous  le  titre  :  Lntrès- 
saincte  Oraison  que  TV.  S.  J.-C.  a  baillée  à  ses 
apostres,  avec  un  recueil  d'atdcuns  passages 
de  la  Saincle  Escripti(re,faict  en  manière  de 
prières;  Genève,  1543,  in-12;  —  A  tot(s  sei- 

4. 


103 


FAREL  —  FARET 


104 


gneurs  et  peuples  et  pasteurs  à  qui  le  Sei- 
gneur m'a  donné  accez,  qui  m'ont  aidé  et 
assisté  en  Vœuvre  de  N.  S.  Jésus;  daté  de 
Morat  1530,  et  imprimé  dans  l'appendice  du 
t.  Il  de  la  nouvelle  édit.  de  VHist.  de  la  Ré- 
forme de  la  Suisse,  de  Ruchat  :  cet  écrit  con- 
tient de  nombreux  détails  sur  la  manière  dont 
Farel  fut  conduit  au  protestantisme  ;  —  A  toîis 
mes  très-chers  frères  en  N.  S.,  tous  les  ama- 
teurs la  Saincte  Parole;  daté  de  Morat  1532, 
et  imprimé  dans  le  t.  III  de  YHist.  de  la  Ré- 
forme en  Suisse,  de  Ruchat;  —  Lettres  cer- 
taines d'aulcuns  grands  troubles  et  tumultes 
advenus  à  Genève  ,  avec  la  disputafion 
faicte  Van  1534;  Genève,  1534,  in-8°;  publié 
aussi  la  même  année  en  latin  et  en  français  ;  la 
traduction  latine  seule,  Genève,  1544,  in-8"  : 
c'est  le  compte  rendu  de  sa  conférence  avec 
Furbity;  —  Confession  de  lafoy,  laquelle 
tous  bourgeois  et  habitants  de  Genève  et 
subjects  du  pays  doibvent  jurer  de  garder 
et  tenir;  Genève,  1537,  in-24;  souvent  réim- 
primée ;  —  Épistre  envoyée  au  duc  de  Lor- 
raine; Genève,  1543,  in-12  ;  2e  édit,  1545,  in-8°  : 
cette  lettre  est  datée  de  Gorze  le  11  février 
1543  ;  —  Épistres  de  maistre  Pierre  Caroly , 
docteur  de  la  Sorbonne  de  Paris,  faicte  en 
forme  de  deffiance  et  envolée  à  maistre 
Guill.  Farel,  serviteur  de  J.-Ch.  et  de  son 
Église,  avec  la  response;  Genève,  1543,  in-8"; 

—  La  seconde  Épistre  envoïée  au  doct.  P.  Ca- 
roly^par  G.  Farel,  prescheur  de  l'Évangile; 
Genève,  1543,  in-S";  —  Traité  du  Purgatoire; 
Genève,  1543,  in-12;  —  Épistre  exhortatoire 
à  tous  ceux  qui  ont  cognoissance  de  l'Évan- 
gile, les  admonestant  de  cheminer  purement 
et  vivre  selon  iceluy,  glorifiant  Dieu  et  édif- 
flant  le  prochain  par  parolles;  1544,  in-12; 

—  Épistre  envoïée  aux  reliques  de  la  dissi- 
pation horrible  de  l'Antéchrist;  1544,  in-12  ; 

—  A  tous  ceux  qui  aiment  et  désirent  ouïr 
la  Saincte  Parole  de  Dieu;  1544;  —  A  tous 
ceux  affamés  du  désir  de  la  prédication 
du  saint  Évangile  et  du  vray  usage  des  sa- 
crements ;  daté  de  Neufchâtel  1545,  et  imprimé 
dans  les  Actes  des  Martyrs  ;  —  Le  Glaive  de 
la  parolle  véritable,  tiré  contre  le  Bouclier 
de  défense,  duquel  un  Cordelier  libertin 
s'est  voulu  servir  pour  approuver  ses  fausses 
et  damnables  opinions  ;  Genève,  1550,  in-S"; 

—  De  la  saincte  Cène  de  N.  S.  Jésus  et  de 
son  Testament,  confirmé  par  sa  mort  et  pas- 
sion; (Genève)  1553,  in-S";  —  Bu  vray  usage 
de  la  croix  de  J.-Ch.  et  de  l'abus  et  idolâ- 
trie commise  autour  d'icelle,  et  de  l'autorité 
de  la  parole  de  Dieu  et  des  traditions  hu- 
maines, avec  un  advertissement  de  P.  Viret 
touchant  Vïdoldtrie  et  les  empeschements 
qu'elle  baille  au  salut  des  hommes  ;  (  Genève) 
1560,  pet.  in-8°;  —  Forme  d'oraison  pour 
demander  à  Dieu  la  saincte  prédicatioïi  de 
l'Évangile  et  le  vray  et  droict  usage  des  sa- 


crements; Genève,  1545,  in-8°;  —  D'après  le 
Syllabus  aliquot  synodorumet  colloquiorum, 
1628,  Farel  serait  auteur  du  Livret  auquel, 
sans  s'arrester  à  toutes  les  aultres  disputes 
et  différens ,  est  demandée  seulement  la 
réformation  dans  la  liturgie,  pour  pouvoir 
prier  Dieu  tous  ensemble  et  parvenir  peu  à 
peu  à  une  réconciliation  ;  1536,  in-16.  Flori- 
mond  de  Rairaond  lui  attribue  les  fameux  pla- 
cards répandus  à  Paris  en  1 534.  Enfin  beaucoup 
de  lettres  de  Farel  ont  été  insérées  dans  divers 
recueils ,  et  entre  autres  dans  la  dernière  édition 
de  VHist.  de  la  Réform.  en  Suisse  de  Ruchat. 
La  bibliothèque  des  pasteurs  de  Neufchâtel,  celle 
de  Genève,  les  archives  de  la  même  ville ,  etc., 
en  conservent  un  beaucoup  plus  gi'and  nombre 
d'inédites.  Michel  Nicolas. 

Melch.  Adam,  f^Ux  Theolor/orum  exterorum.  —  Cliou- 
part,  Hist.'de  Guill.  Farel.  —  Ancillon  ,  Idée  du  fidèle 
ministre  de  J.-C,  ou  la  vie  de  GuillAFarel ;  Amster- 
dam, 1691, in-12.  — Baylc,  Dict.  hist.  — Moréri,  Dict.  hist. 
—  Senebier,  Hist.  littéraire  de  Genève.  —  Musée  des 
Protestants  célèbres.  —  Das  Leben  f^'ith.  Farels,  von 
Melch.  Kirchhofer  ;  Zurich ,  1831,2  vol.  in-8°.  -  Ch. 
SchmiAt,  É tildes  sur  Farel;  Strasbourg,  1834,  in-8°.  — 
Mignct,  Établissement  de  la  Réforme  à  Genève,  dans 
ses  Notices  et  Mémoires  historiq.  —  Cli.  Chenevière, 
Farel,  Froment,  f^iret,  réformateurs  religieux  au 
seizième  siècle  ;  Genève,  1835,  in-8''.  —  Sayoux,  Études 
litt.  sur  les  écrivains  de  la  Réforme.  —  MM.  Haag, 
La  France  protestante, 

*  FARELLi  (Le  chev.  Giacomo),  peintre  de 
l'école  napolitaine,  né  en  1624,  mort  en  1706. 
Élève  d'Andréa  Vaccaro,  il  imita  sa  manière  avec 
un  tel  succès  qu'il  fût  devenu  un  rival  redou- 
table,même  pour  Luca  Giordano  ;  mais,  ayant  vu 
les  peintures  du  Dominiquin  à  la  chapelle  du 
trésor  de  Saint -Janvier,  et  rendant  plus  de  jus- 
tice que  ses  compatriotes  au  grand  maître  bolo- 
nais ,  il  voulut  changer  de  manière  et  marcher 
sur  ses  traces;  il  ne  put  y  réussir,  et  de  ce  joui 
ne  fit  plus  aucun  ouvrage  remarquable.  Cet 
essai  malheureux  est  surtout  sensible  dans  les 
fresques  dont  FareUi  a  décoré  la  sacristie  annexée 
au  trésor  de  Saint-Janvier,  où  il  a  peint  plu- 
sieurs sujets  tirés  de  la  vie  de  la  Vierge.  On  y 
trouve  de  la  grâce  et  quelques  jolies  figures  d'en- 
fants aux  pendentifs,  mais  généralement  le  co- 
loris est  jaunâtre  et  le  dessin  peu  correct.  Dans 
l'église  Sainte-Brigitte ,  un  tableau  de  la  sainte 
nous  montre  au  contraire  toutes  les  espérances 
que  dans  sa  jeunesse  Farelli  avait  dû  faire  con- 
cevoir. E.  B — N. 

Dominicl,  Fite  de'  Pittori  Napolitani.  —  Lanzi,  Storia 
délia  Pittura.  —  Orlandi,  Jbbecedario.  —  Ticoïzi,  Di- 
zionario. 

FARET  (  Nicolas  ) ,  httérateur  français ,  né  h 
Bourg  en  Bresse,  vers  1600,  mort  à  Paris,  en 
1646.  Venu  jeune  de  Bourg  à  Paris,  il  se  lia  avec 
Vaugelas  et  Boisrobert,  et  s'attacha  le  prince  des 
prosateurs  de  ce  temps ,  Coëffeteau ,  en  lui  dé- 
diant une  traduction  d'Eutrope  (1621).  Pou  de 
temps  après,  il  devint  secrétaire  du  comte  d'Har- 
court,  et  sut,  par  l'intermédiaire  de  Boisrobert, 
persuader  à  Richelieu  que  le  meilleur  moyen  d'a- 
baisser la  maison  de  Lorraine ,  c'était  de  la  dU 


105 

viser,  et  qu'il  y  arriverait  facilement  en  s'attachant 
le  comte  d'Harcourt,  sans  chercher  à  rallier  ou 
sa  mère  ou  le  duc  d'Elbeuf,  son  aîné.  Telle  fut  l'o- 
rigine de  la  fortune  du  comte  d'Harcourt.  Quand 
il  fut  chargé  d'une  expédition  contre  les  îles  de 
Saint- Honorât  et  Sainte-Marguerite,  Faret  le  sui- 
vit, et  appela  près  du  prince  Saint -Amant  le  poète, 
qui  l'a  célébré  surtout  dans  ses  vers  de  débauche. 
En  1633,  Faret  publia,  à  l'imitation  du  comte 
de  Castiglione,  son  livre  de  V Honnête  Homme , 
ou,  comme  nous  dirions,  de  L'Homme  du  Monde. 
Présenté  à  cette  occasion  par  Maleville,  au  petit 
cercle  qui  se  réunissait  chez  Conrart,  et  qui  de- 
vint l'Académie  Française ,  Faret  lut  avec  succès 
son  ouvrage ,  et  fit  dès  lors  partie  de  la  société  ; 
plus  tard ,  quand  elle  fut  constituée ,  c'est  lui  qui 
fut  chargé  de  «  dresser  le  projet  de  l'Académie  ». 
La  considération  dont  il  y  jouissait  n'a  pas  em- 
pêché l'auteur  de  la  comédie  des  Académistes  de 
le  ranger  parmi  ceux  qui,  comme  Saint- Amant, 
se  moquaient  du  docte  corps.  «  il  avoii,  dit  Pel- 
Jisson,  l'esprit  bien  fait,  beaucoup  de  pureté  et 
de  netteté  dans  le  style,  beaucoup  de  génie  pour 
la  langue  et  pour  l'éloquence.  » 

Ses  ouvrages  sont  :  Histoire  chronologique 
des  Ottomans ,  à  la  fin  de  l'Histoire  de  Georges 
Castriot ,  recueillie  par  Jacq.  de  Lavardin  ; 
Paris,  1621,  in-4°  ;  —  Histoire  Romaine  d'Eu- 
Iropius,  traduit  en  français  ;  Paris,  1621,  in-18 
et  in-fol.;  —  Des  Vertus  nécessaires  à  un 
prince  pour  bien  gouverner  ses  sujets  ;  Paris, 
in-é",  1623;  —  Recueil  de  Lettres  nouvelles, 
(Faret  en  a  inséré  dix  des  siennes)  ;  Paris,  1  vol. 
in-S",  1627,  et  1634,  2  vol.  in-S"  ;  —  Préface  à 
la  tête  de  la  r^  édition  des  Œuvres  de  Saint- 
Amant;  —  V Honnête  Homme,  ou  Vart  de 
plaire  à  la  cour;  —  Poésies  diverses  (rares), 
dans  les  recueils  de  son  temps  ,  et  entre  autres 
une  Ode  à  Richelieu,  dans  Le  Sacrifice  des  Mu- 
ses; —  Vers,  à  la  tête  de  la  Vesontis  de  Chifflé; 

—  Mémoires  du  comte  d'Harcourt ,  inédits. 
Pellisson,  qui  indique' cet  ouvrage  d'après  Gui- 
chenon,  l'a  peut-être  confondu  avec  les  rapports 
que  Faret,  secrétaire  du  comte ,  envoyait  en  son 
nom  à  la  cour  au  sujet  de  ses  expéditions.  On  a 
de  lui  en  effet  en  ce  genre  un  long  mémoire 
qui  a  été  inséré  par  M.  Eug.  Sue  en  tête  des 
Mémoires  de  Sourdis  dans  la  Collection  des 
Documents  inédits;  —  une  suite  (  inédite  et  ina- 
chevée) à  V Histoire  Romaine  de  Coëffeteau; 

—  enfin,  d'après  une  lettre  de  Malherbe  à  Faret 
(14  déc.  1625),  une  Histoire  de  France  (ina- 
chevée et  inédite).  Ch.  Livet. 

Pellisson,  Hist.  de  l'Acad.  —  Guichenon,  Hist.  de 
Bresse.  —  Sauvai,  Hist.  de  Paris,  l,  328.  —  Maynard, 
Poésies,  p. 21.  —  Saint-Amant,  Poésies,  passina.  —Saint- 
Évremond,  Comédie  des  Académistes.  —  Mènagiana. 

*  FARGUEIL  {Anaïs  ) ,  actrice  française,  née 
vers  1822.  Fille  d'un  acteur  de  l'Opéra-Comique , 
elle  débuta  sur  ce  théâtre,  où  elle  se  montra 
comédienne  charmante,  mais  cantatrice  assez 
médiocre  ;  aussi  rcnonça-t-elle  bientôt  au  chant 
pour  se  consacrer  entièrement  au  vaudeville  et 


FARET  —  FARGIS  loe 

à  la  comédie.  Ses  débuts  au  théâtre  du  Vau- 
deville furent  très-brillants,  et  bientôt  au  Pa- 
lais-Royal et  au  Gymnase  dramatique  elle  se 
plaça  au  premier  rang.  Après  une  assez  longue 
absence,  elle  reparut,  en  1852,  sur  le  théâtre  du 
Vaudeville,  où  tout  Paris  est  venu  l'applaudir 
dans  Les  Filles  de  marbre.        H.  Maloi. 

Dict.  de  la  Conv,  —  Les  Théâtres  de  Paris.  —  Galerie 
dramatique. 

FAREYDY-BASRI.  VoyeZ  KhaLYL-EEN-Ah- 
MED. 

"  FARFUSOLA  { Bartolommco  ) ,  peintre  de 
l'école  vénitienne ,  né  à  Vérone,  vivait  en  1640. 
Il  a  laissé  plusieurs  tableaux  dans  les  éghses  de 
Vérone,  entre  autres  une  sainte  Ursule,  dans  la 
petite  église  dédiée  à  cette  sainte. 

Benoassuti,  Guida  délia  città  di  Ferona. 

FARGANi  (Al)   Voyez  Alfergany. 

FARGET  ou  FERGEï  {Pierre),  traducteur 
français ,  vivait  à  Lyon ,  vers  la  fin  du  quinzième 
siècle.  11  était  religieux  de  l'ordre  de  Saint- Au- 
gustin, et  docteur  en  théologie.  Sa  vie  est  in- 
connue, mais  ses  livres  ont  assez  occupé  les 
bibliographes  pour  mériter  une  mention;   ce 
sont  des  ti'aductions  du  latin  en  français,  ou 
des  révisions  d'anciennes  traductions;  en  voici 
les  titres  :  Le  Nouveau   Testament  en  fran- 
çais, vu  et  corrigé  par  F.-F.-Julien  Macho 
et  Pierre  Ferget,  de  l'ordre  des  Augustins;  à 
Lyon  (chez  Bartolomieu  Buyer),  petit  in-fol. 
gothique  ;  cette  édition,  qui  est  très-rare,  ne  porte 
point  de  dat« ,  et  on  ne  sait  à  quelle  année  la 
rapporter.  La  date  1477, indiquée  parle  P.  Leloug, 
parait  assez  vraisemblable  ;  —  Fleurs  et  Ma- 
nières des  temps  passés  et  des  faits  merveil- 
leux ,  etc.  ;  Paris,  1478,  in-fol.  :  c'est  une  tra- 
duction du  Fasciculus  Temporum,  composé  par 
Werner  Rolewinck ,  chartreux  de  Cologne  ;  — 
Miroir  de  la  Vie  humaine;  Strasbourg,  1482, 
pet.  in-fol. ,  traduction  française  du  Spéculum 
Vitœ  humanse ,  de  Roderic,  évêque  de  Zamora  ; 
—  Procès  fait  et  démené  entre  Bélial,  pro- 
cureur d'enfer ,  et  Jhesus,  fils  de  la  vierge 
Marie  et  rédempteur  de   nature   humaine, 
translaté  du  latin  en  commun  langage,  par 
vénérable  et  discrète  personne  frère  Pierre 
Farget,  de  l'ordre  des  Augustins  ;  Lyon,  1482, 
in-fol.  Cette  traduction  d'un  ouvrage  de  Jacques 
de  Teramo  a  été  -souvent  réimprimée,    avec 
quelques  modifications  dans  le  titre  ;  —  Le  Pro- 
priétaire des  choses,   lequel  traicte  m.oult 
amplement  de  plusieurs    nobles   matières; 
Lyon,  1485,  in-fol.  C'est  une  traduction  de  Jean 
Corbichon,  chapelain  de  Charles  V  ;  Farget  n'a 
fait  que  la  revoir. 

La  Croix  du  Maine  et  Du  Verdier,  Bibliothèques  fran- 
çaises, t.  II  (édit.  de  Rigoley  de  Juvlgny  ).  —  Prosper 
Marchand,  Dictionnaire  historique. 

*  FARGIS  (Madeleine,  dame  du),  née  vers 
la  fin  du  seizième  siècle  ou  le  commencement  du 
dix-septième,  morte  à  Louvain,  en  septembre 
1639.  Elle  était  fille  d'Antoine  de  Silly ,  comte  de 
La  Rochepot,  gouverneur  d'Anjou,  et  de  Marie  de 


107 


FARGIS  —  FARIA 


108 


Lannoy.  De  bonne  heure  elle  eut  des  galanteries 
avec  le  duc  de  Rouanez,  puis  avec  de  Créquy , 
ensuite  avec  le  comte  de  Cramail,  enfin  avec 
Beringhen,  premier  écuyer.  «  Elle  était ,  dit  Tal- 
lernant,  marquée  de  petite  vérole,  mais  fort 
agréable,  vive ,  pleine  d'esprit  et  la  plus  galante 
personne  du  monde.  »  A  la  suite  d'un  scandale 
causé  par  sa  légèreté  à  Amiens,  elle  se  retira 
aux  carmélites  du  faubourg  Saint-Jacques ,  où 
elle  vécut  trois  ans  sans  faire  de  vœux ,  ce  qui 
lui  permit,  lorsqu'elle  hérita  de  son  père ,  de  ren- 
trer dans  le  monde.  DuFargisd'Angennes,  cousin 
germain  du  marquis  de  Rambouillet,  homme  de 
cœur,  d'esprit  et  de  savoir,  dit  encore  Talle- 
mant,  mais  d'une  légèreté  étrange ,  l'épousa,  et 
l'emmena  en  Espagne,  où  il  allait  comme  ambas- 
sadeur. A  son  retour,  elle  fut  faite  dame  d'atours 
de  la  l'eine  mère  Marie  de  Médicis;  c'est  alors 
qu'elle  se  livra  «outre  Richelieu  à  toutes  sortes 
d'intrigues,  détaillés  dans  le  Journal  du  cardinal. 
Elle  suivit  la  reine  dans  son  exil  ;  aussi  l'arrêt 
de  la  chambre  de  justice  de  l'Arsenal ,  qui  la 
condamnait  à  mort,  ne  put  être  exécuté  que  sur 
son  effigie  (  1631  )  :  la  découverte  de  lettres  en 
chiffres,  qu'elle  écrivait  au  comte  de  Cramail, 
avait  motivé  sa  condamnation.  —  Elle  eut  deux 
enfants ,  un  fils,  qui  mourut  de  ses  blessures  au 
siège  d'Arras  (1640),  et  une  fille,  religieuse  à 
Port-Royal,  morte  en  1691.  ^  Livet. 

Tallemant  des  Réaux,  Hist.,  édit.  in-18,  II,  237.  —  Ré- 
pert.  des  Femmes  célèbres.  —  Journal  de  monsieur  le 
card.  duc  de  Richelieu,  qu'il  a  fait  durant  le  grand 
orage  de  la  cour,  es  années  1630  jusqîtes  en  1644; 
MDCXLlx,  in-18,  passim.  —  Aubeiy,  Hist.  du  Card.  de 
Richelieu,  in-(ol.,  p.  136,  133,  141.  On  trouve  des  copies 
des  lettres  chiffrées  :  1^  à  la  Bibl.  Mazar.,  n"  9784,  ms.  ; 
2°  à  la  Bibi.  de  l'Arsenal,  dans  la  collect.  gr.  in-fol.  de 
Gonrart,  XI,  36S.  Elles  ont  été  imprimées  :  l"  dans  le 
Journal  du  Card.,  déjà  cite,  p.  93  et  saiT.;  a°  dans 
l'Hist.  du  Card.  de  Rich.,  par  Leclerc,  1753,  6  vol.  in-12, 

FAUGCE.  Vofjez  La  Fargue. 

FAUGUES  {Balthasar  de),  gentilhomme 
français,  pendu  le  27  mars  1665.  Il  suivit  d'a- 
bord la  carrière  des  armes ,  passa  ensuite  dans 
l'administration  des  subsistances  militaires,  et 
devint  major  du  régiment  de  Bellebrune.  Il  prit 
parti  pour  la  Fronde,  s'empara  de  Hesdin,  et  s'y 
défendit  à  la  fois  contre  les  Espagnols  et  contre 
le  roi  de  France.  Le  prince  de  Condé  fit  com- 
prendre de  Fargues  dans  la  paix  des  Pyrénées. 
<c  On  sait,  dit  Le  Bas,  que  Louis  XIV  pendant 
toute  sa  vie  poursuivit  avec  acharnement  les 
auteurs  et  les  souvenirs  de  la  Fronde.  En  voici 
un  odieux  exemple,  raconté  par  Saint-Simon 
(t.  rv,  p.  418)  :  «  A  une  chasse  du  roi,  en 
1665,  plusieurs  seigneurs  s'égarèrent  et  trouvè- 
rent asile  dans  une  maison  près  de  Dourdan, 
chez  un  gentilhomme  appelé  Fargues ,  qui  avait 
figuré  dans  la  Fronde,  et  qui  vivait  obscurément 
dans  ses  domaines.  A  leur  retour,  ces  seigneurs 
racontèrent  leur  aventure,  en  vantant  l'iiospita- 
lité  qu'ils  avaient  reçue.  Le  roi  leur  demanda  le 
nom  de  leur  hôte,  et  dès  qu'il  l'eut  appris  : 
~  «  Comment,  Fargues  est-il  si  près  d'ici  ?  «  — 


Puis  il  manda  le  premier  président  Lamoiguon, 
et  le  chargea  d'éplucher  la  vie  de  ce  gentilhomme, 
en  lui  montrant  «  un  extrême  désir  qu'il  pût 
trouver  le  moyen  de  le  faire  pendre  ».  Fargues 
fut  recherché  pour  cause  d'anciennes  déprédations 
dans  les  vivres,  et  malgré  l'amnistie  il  fut  jugé 
souverainement  et  sans  appel  par  une  commis- 
sion composée  des  juges  du  présidial,  qui  le  con- 
damna à  mort  et  le  fit  pendre  le  27  mars  1665. 
L'arrêt  de  Fargues  portait  qu'il  avait  été  con- 
damné pour  «  péculat,  larcins,  faussetés,  abus, 
et  malversations  commises  à  la  fourniture  du 
pain  à  la  garnison  de  Hesdin  et  autres  troupes  «. 
Ses  biens  furent  en  partie  confisqués  (1)  :  le  roi 
les  donna  au  président  Lamoignon ,  dont  la  terre 
(Bâville)  était  voisine  de  la  terre  de  Courson, 
appartenant  à  Fargues,  »  A.  de  L. 

De  La  Place,  Pièces  intci-essantes  et  peu  connues  pour 
servir  à  l'histoire.  —  Leinonley,  Essai  sur  l'établisse- 
Tnent  monarchique  de  Louis  XI f^,  p.  198.  —  Le  Bas, 
Dlct.  hist.  de  la  France. 

FARGUES  (Comte  de).  Voyez  Méallet. 

FARIA  {Antonio  de),  aventurier  portugais, 
né  vers  1505,  mort  vers  1550  (2).  II  se  rendit 
aux  Indes  en  1530,  auprès  d'un  parent  qui  était 
alors  gouverneur  de  Malacca.  Dès  les  premiers 
temps  de  son  arrivée,  il  équipa  un  petit  bâtiment, 
qu'il  arma  en  corsaire,  et  sur  lequel  montèrent 
avec  lui  dix-huit  Portugais  ;  aussitôt  il  se  dirigea 
vers  le  royaume  de  Siam  ;  quatorze  de  ses  hommes 
furent  tués  près  de  la  rivière  de  Lugor  ;  il  se  sauva 
à  la  nage  avec  ses  quatre  compagnons,  et  fut  se- 
couru par  une  Indienne.  De  là  il  gagna  Patane  : 
il  savait  que  le  corsaire  qui  l'avait  attaqué  s'était 
acquis  une  grande  réputation  sous  le  nom  de 
Caza-Azem  ;  après  mainte  aventure,  Faria  le  joi- 
gnit, et  le  tua  de  sa  propre  main.  Il  fut  riche 
alors,  et  put  armer  une  flottille  de  jonques.  Une 
de  ses  embarcations  s'étant  perdue  et  l'équipage 
en  ayant  été  fait  prisonnier  par  les  Chinois  de  la 
ville  de  Nonday ,  Faria,  avec  trois  cents  hommes, 
s'empara  de  la  ville,  délivra  ses  compagnons,  et 
réduisit  les  maisons  en  cendre.  Il  alla  s'établir 
ensuite  à  Liampo.  Dans  cette  résidence  portu- 
gaise le  gouvernement  le  (;ombla  d'honneurs;  et 
il  est  bien  étrange,  nous  l'avouerons,  que  ses 
hauts  faits  n'aient  ici  pour  historien  que  Mendez 
Pinto.  De  Liampo,  Faria  partit  pour  aller  piller 
les  tombeaux  des  souverains  delà  Chine,  qui 
s'élevaient  dans  l'île  de  Calempbuy;  il  opéra  sa 
descente  avec  audace,  s'empara  de  quelques 
richesses ,  mais  fut  obligé  de  fuir  devant  cinq 
mille  Chinois,  qu'un  ermite  gardien  des  dix-sept 
tombeaux  impériaux  était  parvenu  à  réumr.  A 

(1)  Ses  ennemis  les  évaluaient  à  quatre  raillions. 

(2i  Malgré  la  prétendue  célébrité  qui  est  accordée  à 
ce  personnage,  nous  avouerons  que  nous  avons  cherché 
vainement  son  nom  dans  les  Décades  circonstanciées  de 
Barros  et  de  Couto,  et  que  toute  sa  réputaUon  lui  vient 
de  l'amusant  Mendez  Pinto,  qui  peut  bien  avoir  person- 
nifié en  lai  le  génie  aventureux  de  quelques-uns  de  ses 
contemporains.  On  sait  répitliétc  que  Shakspeare  ajoute 
au  nom  de  Pinto  ;  nous  ne  aérons  pas  tout  à  fait  aussi 
rigoureux,  mais  nous  renverrons  pour  les  détails  au  fa- 
meux voyageur. 


109 

la  suite  de  cette  expédition ,  il  gagna  la  mer  eu 
toute  bâte  ;  mais  une  tempête  s'éleva ,  et  il  fut 
jeté  sur  des  écueils,  où  il  périt  avec  ses  compa- 
gnons. 

Cûuto  parle  d'un  Anfdo  Faria  ,  qui  était  né 
à  Porto ,  et  qui  vint  à  Mangalor  avec  le  vice- 
roi  D.  Antonio  de  Noronha.  Ce  personnage  pé- 
rit en  1568,  dans  une  circonstance  où  il  fit  preuve 
de  valeur  ;  mais  il  n'a  qu'une  ressenublance  de 
nom  avec  le  héros  de  Mendez. 

Le  même  historien  signale  les  exploits  d'un 
Pero  T)E  Far!  V  qui  commandait  un  galion  sur  les 
côtes  de  Malabar,  à  l'époque  où  Lopo  Vas  de 
Sampayo  était  gouverneur  des  Indes ,  et  dont  la 
carrière  brillante  commença  par  le  blocus  du 
fleuve  de  Bacanor  ;  il  fut  plus  tard  capitâo-môr 
de  Malacca,  puis  il  continua  à  servir  dans  les 
mers  de  l'Inde,  et  reçut  successivement  les  am- 
bassades des  rois  d'Arou  et  d'Achem ,  avant  de 
retourner  à  Cananor,  où  finit  sa  carrière. 

Faru  {Martinho  Lopez)  vient  ensuite;  il  se 
rendit  dans  le  Sinde  en  1556,  et  il  accompagna, 
en  qualité  de  capitaine  de  navire,  Pero  Barreto 
Rolim ,  lorsque  celui-ci  se  rendit  comme  ambas- 
sadeur auprès  du  roi  du  Sinde.  Ayant  été  com- 
mis à  la  garde  des  côtes  pendant  que  les  Abys- 
sins ravageaient  Damâo ,  S.  Gens  et  Tarapor,  il 
fut  tué  dans  ce  dernier  lieu  après  avoir  fait  acte 
de  valeur. 

Il  y  eut  encoi-e  un  Fauia  {Francisco  de)  qui 
périt  à  la  bataille  de  Baharem.      F.  Denis. 

Fernando  Mendez  Pinto ,  J'erif/rinaçûo  em  Que  da 
Conta  de  muitas,  e  muito  estranlias  causas  que  vio  o 
ouvio  no  Rcino  da  China,  no  da  Tartaria.no  de  Sorn.au 
Que  vulgarmonte  se  chaîna  Siam  ,  etc.;  Lisbonne  ,.1614, 
Infol.  —  Diego  de  Couto,  Decadas. 

FARiA  (  Manoel  Severim  de),  historien  bio- 
graphe portugais,  né  à  Lisbonne,  dans  la  deuxième 
moitié  du  seizième  siècle ,  mort  le  23  septembre 
1655.  11  était  dignitaire  de  l'église  d'Evora.  Il 
rassembla  avee  un  zèle  infatigable  la  plupart 
des  manuscrits  déposés  depuis  dans  les  archives 
pu  à  la  Bibliothèque  royale  de  Lisbonne.  A  sa 
magnifique  collection  de  livres  précieux  il  joignit 
un  musée  digne  d'une  tête  couronnée.  La  con- 
sidération qu'il  s'était  acquise  le  fit  choisir  pour 
remplir  les  fonctions  de  doyen  du  chapitre  par 
Marguerite  de  Savoie,  duchesse  de  Mantoue, 
lorsqu'elle  passa  à  Evora,  le  18  décembre  1634, 
sie  rendant  à  Lisbonne ,  où  elle  allait  jjrendre  le 
gouvernement  du  Portugal.  Ce  fut  l'incident  le 
plus  important  de  sa  paisible  existence.  Lorsqu'il 
:ic  sentit  chargé  d'années,  il  résigna  ses  béné- 
fices à  son  neveu,  Manoel  de  Faria-Severim.  A 
i'cpoque  où  il  cessa  d'être  chantre  de  l'église 
«ri'jvora  (1642),  le  Portugal  avait  recouvré  son 
indépendance;  il  employa  une  partie  de  sa  for- 
tune à  accroître  les  moyens  de  défense  de  la  ville 
oii  il  résidait;  i!  contribua  aussi  à  la  ibndation 
(lu  collège  des  orphelins  de  cette  cité  littéraire. 
Comme  écrivain,  Severim  de  Faria  compte  chez 
ies  Portugais  parmi  les  classiques ,  mais  il  a  peu 
produit.  Son  ouvrage  le  plus  utile  et  te  plus  re- 


FARIA  lie 

cherché  porte  le  titre  suivant  :  Noticias  de 
Portugal,  of/erecidas  a  Elrey  D.  Joào  IV, 
declaram  se  as  grandes  commodidades  que 
tem  para  crescer  em  gente,  industria,  com- 
mcrcio,  riquezas ,  e  forças  militares  por 
mar  e  terra ,  as  origens  de  todos  os  appelli- 
dos ,  e  armas  das  familias  nobres  do  Rein&g 
as  moedas  que  correram  n'estes  pi-ovincias 
do  tempo  dos  Romanos  até  o  présente  e  se 
referem  varios  elogios  de  principes  e  varoes 
illustres  Portuguezes;  Lisbonne,  1655,  petit 
in-fol.  D.  Jozé  Barbosa  a  donné  une  nouvelle 
édition  de  ce  livre  avec  des  additions  en  1740,  pe- 
tit in-fol.;  enfin,  il  y  en  a  une  troisième,  Lisbonne , 
1791,  2  tomes,  in-8°.  Ce  curieux  traité  avait  été 
précédé  par  les  deux  ouvrages  suivants  :  Dis- 
cursos  varios;  Vidas  de  Joûo  de  Barros , 
Diego  de  Couto  et  Luiz  de  Camôes  ;  Evora , 
1024,  in-4°;  Lisbonne,  1791,  in-S",  et  1805, 
in-8°.  Ce  volume  est  précieux,  surtout  dans 
sa  première  édition ,  en  raison  des  portraits  dont 
on  l'a  orné  ;  —  Relaçào  tmiversal  do  que  suc- 
cedeo  em  Portugal ,  e  mais  provincias  do 
occidente  e  oriente  de  mars  625  até  todo  se- 
tembro  de  626  :  contem  militas  particulari- 
dades  e  curlosidades  ;  Lisbonne,  1 626.  Cet  opus- 
cule rarissime  n'est  point  paginé  ;  —  Discurso 
sobre  a  origem  e  grande  antiguedade  das 
vestes  que  usa  por  kabito  ecclesiastico  o  clero 
de  Portugal.  E  o  quinto  dos  seus  discursos 
vnrios;  Evora,  1624,  in-4°.  Ce  dernier  volume, 
à  peu  près  inconnu  en  France ,  a  eu  deux  autres 
éditions  :  l'une  en  1791,  in-8°;  l'autre  sortie  des 
presses  dérimpriraerie  royale  de  Lisbonne,  1805, 
même  format.  On  trouve  dans  Barbosa  Machado 
le  catalogue  des  ouvrages  manuscrits  laissés  par 
Severim  de  Faria.  Ferd.  Denis. 

Barbosa  Machado,  Ilibliotltcra  Lusitana.  —  Joâo-Bap- 

tista  de  Castro,  Mapa  do  Porpj.gal.  —  César  de  Flga- 
niérc,  liiblinthcca  historica. 

FARIA  (Don  F.-ThoméT)E),  humaniste  portu- 
gais, né  à  Lisbonne,  vers  1558,  mort  le  23  oc- 
tobre 1628.  Il  se  fit  carmehte,  devint  coadjuteur 
de  l'archevêque  de  Lisbonne  ,  et  fut  appelé  à  l'é- 
piscopatde  Targa  le  2-aGiU  1616.  On  a  de  lui  : 
Lusiadum  Lïbrï  decem,  authore  domino  fratre 
Tlioma  de  Faria,  episcopo  Targensi ,  regioque 
consiliario,  ordinis  Virginis  Maria;  de  Monte- 
Carmeli,  doctore  theologo  Vlyssiponcnsi  ; 
Lisbonne,  1622,  in-8°.  Faria  y  Souza  prétend  que 
l'évèque  de  Targa  acquit  plus  d'honneur  par  son 
admiration  pour  \q^  lAisiades ,  qu'il  n'en  fit  à 
Camoens  par  sa  latinité.  On  l'a  néanmoins  réim- 
primé ,  dans  la  grande  collection  donnée  à  Lis- 
bonne, en  174  5, sous  le  titre  suivant  :  Corptis  Poe- 
tariim  Lusitanorum  qui  latine  scripserunt , 
nunc  primiim  in  lucem  editum  ab  Antonio 
dos  Reys,  congregationis  Oratorii,  S.  P/ulippi 
I^erii  Lisbonensis  presbytero,  regio  hislorico 
latino  Portugallix  et  regix  Academix  censore, 
Joanni  V,  Lusitanorum  régi  consecratum, 
nonnullisque  poetarum  vitis  auctxim  ab  Em- 


ill  FARIA  y 

manuele  Monteiro,  ejusdem  congregationis 
presbytero  regiœque  Academise  socio;  Lis- 
bonne ,  7  vol.  in-4°.  Cette  vaste  collection,  à  la- 
quelle il  faut  ajouter  un  huitième  volume,  pres- 
que introuvable  en  France,  existe  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  de  Paris,  et  la  traduction  du 
poëme  de  Camoens  est  contenue  dans  le  5®  vol. 
sous  ce  titre  :  B.  Fr.  Thomse  de  Faria,  Tar- 
gensis  episcopi,  Lusiadse  lib.  X,  cum  annota- 
tionibus.  Le  même  tome  renferme  Ylgnitiados 
d'Ant.  Figueira-Duram  ;  Laurus  Parnass.  et 
Templum  eeternitatis.  Ferd.  Denis. 

Emmanuel  Monteiro,  P'ita,  etc.  —  Barbosa  Machado, 
Bibliotheca  Lusitana.  —  L'abbé  Coupé,  Les  Soirées  lit- 
téraires. —  Adanason,  Memoirs  of  tke  Life  and  fTri- 
tings  of  Camoens;  1820,  2  vol.  In-S",  fig. 

FARIA  Y  souzA  (Manoel  de),  célèbre  his- 
torien portugais,  né  à  Porabeiro  (1)  en  1590,  mort 
en  1649.  Il  fit  ses  études  dans  un  couvent  dont 
uii  membre  de  sa  famille  était  le  prieur.  Il  se 
maria  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  avec  une 
femme  d'un  esprit  élevé  et  d'une  rare  énergie. 
Faria  y  Souza  aimait  à  raconter  une  circonstance 
de  son  premier  voyage  hors  du  Portugal.  Fixé 
d'abord  à  Madrid,  il  avait  reçu  en  1630  une  mis- 
sion diplomatique  du  gouvernement  pour  Rome  et 
était  allé  s'embarquer  dans  un  des  ports  de  la  Pé- 
ninsule; une  tempête  terrible  l'attendait  dans  le 
golfe  du  Lion.  On  voulait  faire  descendre  dans 
l'entre-pont  les  passagères,  parce  que  l'on  redou- 
tait leurs  clameurs  et  l'expression  de  leur  ef- 
froi sur  l'esprit  de  l'équipage.  «  Ai-je  crié  ?  dit  en 
souriant  dona  Catharina  Machado,  la  femme 
du  poète  ;  laissez-moi  voir  au  moins  de  quelle 
couleur  est  le  visage  de  la  mort.  « 

La  légation  près  du  saint-siége  n'exigeait  pas 
à  cette  époque  une  très-grande  activité;  le  diplo- 
mate vécut  à  Rome  comme  il  avait  vécu  à  Lis- 
bonne et  à  Madrid ,  se  vouant  complètement  à  la 
retraite ,  et  employant  son  temps  à  la  culture  de 
la  poésie  espagnole ,  ou  à  de  vastes  recherches 
historiques  sur  son  pays.  C'est  à  Rome  que 
furent  commencés  la  plupart  de  ses  grands 
ouvrages  historiques ,  et  l'on  sera  plus  surpris 
de  leur  variété  et  de  leur  nombre  en  ayant 
présent  à  la  pensée  que"  chacun  de  ces  épais 
volumes  fut  recopié  par  leur  auteur  jusqu'à  six 
fois.  C'est  que  Faria  était  essentiellement  ar- 
liste  en  même  temps  qu'un  annaliste  laborieux  ; 
le  grand  mal  fut  qu'il  ne  sut  pas  se  modérer  et 
qu'il  appartint  à  une  époque  où  le  goût  était 
faussé.  Son  séjour  à  Rome  fut  de  quatre  ans 
environ,  et  il  revint  à  Madrid  en  1634.  Une  sur- 
dité, qu'il  avait  contractée  dès  1628,  ne  fit  que 

(1)  U  règne  une  certaine  Incertitude  sur  le  lieu  précis 
de  sa  naissance.  Selon  Barbosa,  il  serait  né  dans  la 
Quinta  do  Sonto,  et  il  aurait  été  baptisé  seulement  dans 
la  paroisse  de  Santa-Maria  de  Pombeiro ,  antique  mo- 
nastère des  Bénédictins,  entre  Guimaracnset  Amarantbe. 
C'était,  dans  tous  les  cas,  le  lieu  d'habitation  de  sa  fa- 
mille. Son  père  s'appelait  Amador  Ferez  de  Erro,  sa 
mère  était  héritière  de  'l'ancienne  maison  de  Faria,  et  por- 
tait dans  ses  armes  la  fleur  de  lys.  Notre  historien  prit 
le  nom  de  sa  mère ,  quoique  son  père  tât  bon  gentil- 
bomme. 


SOUZA 


1Î2 


s'accroître;  il  s'occupa  fort  peu  d'affaires  diplo- 
matiques ,  et  se  livra  plus  que  jamais  à  ses  in- 
vestigations littérah-es.  Cependant,  il  parait  qu'il 
prit  une  part  assez  active  à  la  conspiration  qui 
mit  le  duc  de  Bragance  sur  le  trône  de  Portugal  ; 
im  de  ses  biographes  affirme  même  qu'il  alla 
baiser  secrètement  la  main  du  prétendant  bien 
avant  que  la  révolution  eût  éclaté,  et  que,  fer- 
vent admirateur  de  la  gloire  portugaise ,  quoi- 
qu'il ait  écrit  la  plupart  de  ses  ouvrages  en  cas- 
tillan ,  il  eut  une  joie  profonde  à  la  nouvelle  de 
l'événement  qui  reconstituait  l'indépendance  de 
son  pays.  Il  y  avait  douze  ans  environ,  à  cette 
époque ,  que  Faria  y  Souza  avait  publié  sa  pre- 
mière histoire  générale  sous  le  titpe  dUEpitome 
de  las  Historias  Portuguezas,MdiAx\à,  1628, 
2  part.  in-4°  ;  et  ce  livre  avait  eu  un  succès  assez 
éclatant  pour  faire  prévoir  qu'il  serait  bientôt 
réimprimé  à  Lisbonne  ou  dans  les  Pays-Bas  (1). 
Néanmoins,  il  n'avait  pas  enrichi  son  auteur,  peu 
courtisan,  comme  on  l'a  vu ,  et  chargéd'ailleurs 
d'une  nombreuse  famille,  lorsqu'un  ouvrage 
d'une  tout  autre  nature ,  et  auquel  il  travaillait 
depuis  près  de  vingt-cinq  ans  avec  une  passion 
réelle,  vint  aggraver  sa  situation  ;  ce  fut  son  vaste 
commentaire  aux  poésies  de  Camoens,  qu'il 
commença  à  publier  en  Espagne  sous  ce  titre  : 
As  Lusiadas  de  Luis  de  Camôes,  principe  de 
los  poetas  de  Espana.  Al  rey  N.  senor  Fe- 
lipe quarto  el  Grande,  commentadas  par  Ma- 
nuel de  Faria  y  Souza,  cavallero  de  la  orden  de 
Christo,  i  de  la  Casa  real.  Contienen  la  mas 
de  principal  de  la  hisforia  i  geografia  del 
mundo,  i  singularmente  de  Espana ,  mucha 
politica  excelente  i  eatolica  :  variamoralidad, 
i  doctrina;  aguda  y  entretenida,  satira  en 
comun  à  los  vicios  :  i  de  profession  los  lan- 
ces de  la  poesia  verdadera  i  grave  :  i  su  mas 
alto  i  solido  pensar  ;  todo  sen  salir  de  la  idea 
del  poeta  ;  MAdriA,  1639,3  tomes  en  2  vol.  in-fol. 
Malgré  le  surnom  de  Grand  donné  à  Philippe  IV, 
en  dépit  des  réserves  faites  par  l'historien  com^ 
mentateur,  dans  ce  long  titre,  qui  est  comme  un 
exposé  de  ses  principes ,  ce  livre  valut  à  son 
auteur  les  honneurs  de  la  persécution. 

Ceux  qui  se  sont  familiarisés  avec  les  vieilles 
éditions  publiées  dans  la  Péninsule  ont  remar- 
qué certaines  protestations  placées  en  tête  des 
ouvrages  de  pure  littérature  les  moins  faits  pour 
inquiéter  l'autorité  ;  il  y  est  dit  en  termes  exprès 
que  toute  allusion  aux  dieux  de  l'antiquité  et  au 
culte  dont  ils  furent  jadis  l'objet  doit  être  con- 
sidérée comme  étant  absolument  étrangère  aux 

(1)  Il  le  fut  en  effet,  avec  ses  compléments,  sous  des" 
titres  qui  diffèrent  d'une  manière  assez  essentielle  pour 
que  nous  les  reproduisions  ici  :  Epitome  de  las  Histo- 
rias Portuguezas,  dividido  en  quatropartes ;  Bruxelles, 
1677,  in-fol.,  portr.  —  Historia  del  Reyno  de  Portugal, 
dividida  en  cinco  partes ,  que  contienen  en  compendio, 
stis  poblaciones ,  las  entradas  de  las  naciones  septen- 
trionales en  el  reyno,  su  deseripcion  antigua  y  mo- 
derna,  las  vidas  y. las  hazafias  de  sus  rey  es ,  con  sus 
retratos,  susconquistas,  etc.,-nae\a  edicion;  Bruxelles, 
1730,  in-fo(. 


113 


FARIA 


croyances  de  l'écrivain.  L'esprit  qui  a  dicté  cette 
déclaration ,  tout  au  moins  bizarre ,  fut  précisé- 
ment celui  qui  excita  à  la  persécution  dont  le 
malheureux  commentateur  devint  la  victime.  Il 
avait  trouvé  dans  les  Lusiades  l'alliance  d'un 
merveilleux  puisé  aux  sources  antiques ,  et  ser- 
vant de  base  à  une  épopée  chrétienne  ;  son  ima- 
gination, par  trop  subtile,  avait  cru  voir  dans 
cette  fusion  des  deux  cultes  quelque  chose 
qui,  bien  loin  d'infirmer  la  sincérité  des  croyances 
catholiques  de  Camoens,  honorait  son  esprit  reli- 
gieux. Selon  lui,  d'ailleurs,  l'intervention  de 
certaines  divinités  païennes  ne  se  produisait  là 
que  pour  mettre  en  relief  des  vertus  révérées 
par  l'Église.  Ce  fut  surtout  ce  qui  éveilla  les 
susceptibilités  de  l'inquisition.  Rien  dans  la  con- 
duite de  Faria  ne  motivait  le  soupçon  d'incrédu- 
lité :  il  était  sincèrement  attaché  aux  dogmes 
catholiques,  comme  on  l'était  en  ce  temps  dans  la 
Péninsule.  Le  saint-office  lui  prêta  d'autres  sen- 
timents. Sa  liberté  fut  un  moment  compromise  ; 
mais  il  n'est  pas  juste  de  dire,  comme  l'affirme 
Costa  e  Sylva ,  qu'il  fut  mis  en  prison  en  raison 
de  son  séjour  à  Rome ,  et  pour  crime  d^incon- 
fidencia  ou  de  trahison.  En  dernier  lieu,  la 
chose  fut  traitée  à  Madrid  comme  étant  de 
faible  conséquence,  et  les  gens  d'esprit  en  rirent  ; 
il  n'en  fut  pas  de  même  à  Lisbonne,  où  le  saint- 
office  fulmina  de  nouveau  contre  ce  livre  aussitôt 
que  l'auteur  fut  sorti  de  prison.  L'un  de  ses 
biographes  pense  même  que  ce  fut  la  cause  de 
l'espèce  d'exil  volontaire  auquel  il  se  condamna 
et  qui  le  fit  demeurer  à  Madrid.  Celui  qui  avait 
fait  cesser  sa  détention,  le  secrétaire  d'État 
D.  Jeronymo  de  Villanova ,  lui  avait  annoncé , 
en  le  mettant  en  liberté ,  que  le  roi  d'Espagne 
comptait  de  nouveau  utiliser  ses  talents  et  lui 
accordait  une  pension.  Nous  ne  voyons  pas  qu'il 
ait  été  mêlé  aux  affaires  ;  mais  il  se  vit  privé 
dans  les  derniers  temps  du  traitement  qui  lui 
avait  été  accordé ,  et  il  paraît  avoir  vécu  dans 
la  gêne  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours,  qu'il  passa 
dans  une  retraite  studieuse,  veillant  à  l'éduca- 
tion de  ses  enfants  ou  à  l'établissement  de  quel- 
ques-uns d'entre  eux,.  Sur  six,  il  n'y  en  eut  que 
trois  qui  survécurent ,  et  ses  deux  filles  se  firent 
religieuses. 

Nous  ignorons  si ,  comme  on  l'affirme ,  il  s'était 
condamné  à  écrire  chaque  jour  douze  longues 
pages  in-folio  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il 
entassa  voliune  sur  volume ,  souvent  au  profit 
de  l'histoire  contemporaine ,  mais  aussi  parfois 
au  détriment  de  sa  réputation  comme  écrivain. 
Cette  persévérance  dans  un  travail  qui  n'ad- 
mettait aucune  distraction  finit  par  compro- 
mettre gravement  sa  santé;  les  dernières  années 
de  sa  vie  furent  marquées  par  des  infirmités 
cruelles:  il  souffrit  à  la  fois  de  la  pierre  et  d'une 
rétention  d'urine.  Ces  deux  maladies  l'enlevèrent, 
dans  sa  retraite  de  Madrid,  à  l'âge  de  cinquante- 
neuf  ans.  H  avait  ojjposë  le  courage  le  plus  ré- 
signé aux  douleurs  atroces  qui  le  tourmentaient; 


Y  SOUZA  114 

il  mourut  en  fervent  catholique.  Il  fallut  obtenir 
une  permission,  qu'on  accordait  rarement  alors, 
pour  faire  l'autopsie  de  son  corps ,  et  l'on  ne 
trouva  pas  moins  de  cent-cinquante  calculs,  que 
les  chirurgiens  n'avaient  pas  su  extraire.  On 
l'enterra  à  Madrid,  dans  le  couvent  des  Prémon- 
trés, où  il  fut  conduit  en  grande  pompe,  et  l'on 
grava  sur  sa  tombe  cette  épitaphe  en  pur  cas- 
tillan :  Aqui  yace  Manuel  de  Faria  y  Souza , 
caballero  de  la  orden  de  Christo  y  hidalgo 
delà  Casareal,  moriô  as  y/ue  sepultado 
di  de  junio  de  1649.  Cette  inscription  est 
transcrite  d'une  manière  peu  exacte  par  Barbosa 
Machado.  L'épouse  de  Faria'  ne  laissa  pas 
les  ossements  de  son  mari  en  terre  étrangère  : 
elle  les  fit  transporter  au  bout  de  vingt  ans  dans 
l'église  de  Santa-Maria  de  Pombeiro.  Sur  une 
tombe  voisine  de  la  sacristie  on  lit  encore  :  In- 
clitus  hic  jacet,  cum  uxore  sua  sepultus, 
scriptorillelusit.  Emmanuelde  Faria  e  Souza, 
die  6  septembris  1669. 

Faria  y  Souza  ne  demandait  que  huit  ans  pour 
achever  la  loui-de  tâche  qu'il  s'était  imposée  ;  le 
programme  qu'il  s'était  tracé  ne  fut  pas  accompli. 
La  bibliographie  de  son  œuvre  embrasse  cepen- 
dant un  ensemble  de  volumes  qu'on  ne  peut 
parcourir  sans  surprise  :  il  s'était  proposé  d'é- 
crire l'histoire  de  son  pays  non-seulement  en 
Europe,  mais  dans  toutes  les  régions  où  le  Por- 
tugal avait  poi'té  ses  armes  ;  malheureusement 
celui  de  ces  traités  historiques  dont  on  pour- 
rait tirer  aujourd'hui  le  secours  le  plus  effi- 
cace nous  fait  complètement  défaut.  L' America 
Portugiieza  fut,  dit-on,  achevée  par  l'histo- 
rien ,  mais  ne  put  pas  être  imprimée.  Voici 
l'ordre  dans  lequel  se  présentent  ces  dernières 
publications,  imprimées  longtemps  après  la  mort 
de  l'auteur  :  Europa  Portugiieza  ;  Lisbonne, 
1667,  3  vol.  petit  in-fol.;  réimprimés  avec  des 
améliorations  en  1678.  Le  S**  vol.  va  jusqu'à  Phi- 
lippe  IV;  —  Asia  Portugueza;  Lisbonne, 
1666,  1G74  et  1675,  3  vol.  petit  in-fol.,  fig.; 
—  Africa  Portugueza;  Lisbonne,  1681,  petit 
in-fol.  Ces  divers  ouvrages  furent  édités  sous 
la  direction  du  capitaine  Faria  y  Souza. 

Parmi  les  ouvrages  en  prose  de  Faria  on  re- 
marque :  Imperio  de  China,  i cultura  evange- 
lica  en  él,por  los  religiosos  de  la  Compania  de 
Jésus,  compuestopor  elP.  Alvarado  Semmedo 
i  Manuel  de  Faria  y  Souza  :  Madrid ,  1642,  petit 
in-4°  ).  C'est  un  des  premiers  écrits  véridiques 
donnés  sur  la  Chine.  Le  père  Semmedo,  qui 
avait  fait  un  long  séjour  dans  le  Céleste  Em- 
pire, emprunta  pour  le  publier  la  plume  de  l'au- 
teur fécond  auquel  on  a  dû  l'Asie  portugaise. 
Ce  livre  a  été  traduit  en  italien  et  en  français. 
Comme  traducteur,  on  lui  doit  encore  un  recueil 
généalogique  des  plus  importants.  C'est  le  livre 
du  comte  de  Barcellos  ;  il  le  publia  sous  ce  titre  : 
Nobiliario  de  D.  Pedro  de  Burcelos,  hijo  del 
rey  D.  Dionis  de  Portugal,  tradazido,  casti- 
gado  y  con  nuevas  ilustraciones  de  varias 


115 


FARIA  Y  SOUZA  —  FARIN 


IIG 


notas  por  Manuel  de  Farta  y  Souza  ;  Madrid,  ! 
1646,  petit  in-fol.  •        i 

Faria  y  Souza  occupe  un  certain  rang  parmi  les 
poêles  espagnols  et  les  poètes  portugais  ;  mais  il 
appartient  à  l'école  de  Gongora,  et  ici  encore  sa 
fécondité  est  vraiment  déplorable.  Que  dire  d'un 
auteur  qui  a  laissé  plus  de  six  cents  sonnets, 
écrits  dans  un  style  souvent  incorrect  et  pi'es- 
que  toujours  prétentieux?  Quelle  analyse  peut-on 
présenter  d'une  multitude  d'églogues  qui  ap- 
paraissent, dans  le  recueil  où  elles  sont  réunies 
(  à  part  les  premières  ),  sous  ces  titres  bizarres  : 
Eclogas  amorosas ,  Eclogas  maritimas,  Eclo- 
gas  venatorias ,  Eclogas  genealogicas ,  cri- 
ticas,  monasticas  ,  eremeticas  ,  justificato- 
rias,  arbitrarias ,  phantasticas  e  rusticas? 
Lope  de  Vega  a  décerné  à  Faria  y  Souza  le  titre 
de  prince  des  critiques.  A  la  lecture  de  titres  pa- 
reils ,  on  est  tenté  de  se  demander  si  le  fameux 
dramatique  espagnol  avait  lu  tous  les  écrits  de 
son  contemporain.  Ce  qui  excuse  ici  l'historien 
et  l'habile  commentateur,  c'est  que  la  plupart  de 
ses  poésies  furent  composées  au  début  de  sa  car- 
rière ;  il  voulait,  comme  il  le  dit  lui-même,  dé- 
guiser quelques  faits  réels  sous  une  forme  poétique 
très-acceptée  de  son  temps.  La  plupart  de  ces 
vers  furent  rassemblés  dans  ces  deux  recueils  , 
pour  ainsi  dire  introuvables  aujourd'hui  :  Las 
JSoches  claras  et  La  Fuenie  de  Aganipe,  4  vol. 
petit  in-4°;  le  4'' vol.de  ce  dernier  ouvrage,  que 
l'on  ne  possède  pas  même  complet  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Lisbonne ,  renferme  un  choix 
des  Églogues  ;  il  y  en  a  douze  écrites  en  portu- 
gais, huit  autres  sont  en  espagnol.  Pour  justifier 
le  succès  qu'eut  au  début  du  dix-septième  siècle 
La  Fuenie  de  Aganipe,  nous  dirons  qu'il  y  a  de 
la  vivacité  ,  un  coloris  poétique  très-réel  et  sou- 
vent une  grande  richesse  d'expressions. 

Portugais  par  la  naissance  et  par  ses  sympa- 
thies, Faria  y  Souza  doit  être  rangé  néanmoins 
parmi  les  écrivains  espagnols,  et  l'un  de  ses  bio- 
graphes modernes  a  fait  remarquer,  avec  raison, 
qu'il  écrivait  d'une  façon  parfois  incorrecte  dans 
sa  propre  langue;  il  a  de  l'éclat,  de  l'élégance, 
mais  il  rencontre  rarement  la  juste  propriété 
des  expressions.  Le  comte  d'Ericeira  fait  re- 
marquer qu'en  dépit  de  l'analogie  qui  existe 
entre  les  deux  idiomes,  il  est  bien  rare  qu'un 
écrivain  initié  aux  secrets  des  deux  langues 
puisse  se  servir  de  l'une  et  de  l'autre  avec  la 
même  supériorité.  Malgré  l'habileté  qu'on  re- 
marque chez  Faria  y  Souza,  lorsqu'il  fait  usage 
de  l'idiome  maternel ,  cette  proposition  générale 
peut  trouver  ici  son  application  :  le  pur  cas- 
tillan est  évidemment  son  instrument  de  pré- 
dilection. Par  le  cœur  il  était  resté  Portugais  : 
les  circonstances  dans  lesquelles  se  trouva  son 
pays  durant  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle  l'empêchèrent  seules  d'écrire  tous  ses 
ouvrages  en  prose  dans  la  langue  du  poète  pour 
lequel  il  avait  conservé  une  sorte  de  passion  ;  il 
en  est  résulté  que  son  nom  a  disparu  pour  ainsi 


dire  de  l'histoire  littéraire  du  Portugal,  sans  que 
l'on  puisse  lui  assigner  l'un  des  premiers  rangs 
parmi  les  Espagnols. 

Ferdinand  Denis. 

D.  Frnncisco  Moreno  Porcel,  Rétracta  de  Manoel  de 
Faria  e  Souza.  —  Nicolas  Antonio,  Bibl.  Hisp.,  t.  I 
p.  266.  —  l,eo  Allatius,  in  Jpibvs  urbanis.  —  Darbosa 
Riachado,  Uibt.  Liisit.  —  La  Clède,  Hist.  de  Portugal.  — 
John  kdiimmnjMsilamailUtstratu;  sélection  of  sonnets; 
New-Castle-upon-Tyne,  1842,  petit  in-S".  —  Joze-Marla 
cla  Costa  c  Sylva,  Ensaio  biorjraftco-critico  sobre  os 
melliorcs  Poetas  Portuguezes ;  Lisbonne,  8  vol.  ln-8°. 

*  FAaîA  (  L'abbé  Joseph  Custodi  de  ),  ma- 
gnétiseur, d'origine  portugaise,  né  à  Goa  (  Indes 
orientales),  vers  1755,  mort  à  Paris,  le  20  sep- 
tembre 1819  (1).  La  vie  de  ce  personnage  fut  à 
peu  près  celle  d'un  aventurier.  Fils  d'un  nègre 
idolâtre ,  il  fut  amené  dès  sa  jeunesse  à  Lisbonne 
pour  y  être  instruit  des  vérités  de  la  religion 
catholique,  et  reçut  la  prêtrise  à  Rome  quelque 
temps  après.  Lorsque  la  révolution  éclata ,  il  vint 
en  France,  et  prit  une  part  active  aux  événe- 
ments d'alors  ;  le  1 3  vendémiaire  il  marcha  contre 
la  Convention  à  la  tête  d'un  corps  d'insurgés.  Il 
quitta  plus  tard  la  capitale  pour  allei-  professer 
la  philosophie  dans  différents  lycées  de  province, 
à  Marseille,  à  Nîmes  ,  etc.  Enfin,  de  retour  à 
Paris ,  il  ne  tarda  pas  à  se  faire  une  certaine  ré- 
putation comme  magnétiseur.  Son  physique  ré- 
pondait parfaitement  an  rôle  d'illuminé,  qu'il  af- 
fectait. On  alla  jusqu'à  le  mettre  sur  la  scène 
dtms  la  Blagnétismomanie,  vaudeville  joué  aux 
Variétés.  Il  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie 
foudroyante.  Dans  ces  dernières  années,  l'abbé 
Faria  a  été  remis  à  l'ordre  du  jour  par  Chateau- 
briand, qui  lui  fait  jouer  un  rôle  bizarre  dans 
un  passage  de  ses  Mémoires  d' Outre-tombe, 
et  par  Alexandre  Dumas  dans  son  roman  de 
Monte-Christo.  L'ouvrage  suivant  a  été  publié 
après  sa  mort  :  De  la  Cause  du  Sommeil  lucide, 
ou  éhide  de  la  nature  de  V homme,  par  l'abbé 
Faria,  bramine,  docteur  en  théologie,  1819, 
in-8°  ,  dédié  au  marquis  de  Chastenet-Puységur. 
C'est  un  premier  volume  ;  le  second  et  le  troisième 
sont  restés  manuscrits.         Louis  Lacouk. 

Moniteur  des  i"  et  5  octobre  1819.  —  Hénin  de  CuvH- 
1ers,  Archives  dti  Ma'jnétisme  animal,  t.  !«'',  mai  1820, 
p.  134.—  F.-B.  Hoffman,  OEuvres complètes  ,  1828, in-8", 
t.  IV,  p.  384.  —  Burdin  et  Dubois,  Hist.  ucad.  dn  ma- 
gnétisme ;  in-S",  1841.  — //Orrire,  journal,  3  décembre 
1851.—  Kabbe, Siog.  des  Contem,porains. 

FARIN  (Nicolas-François),  historien  fran- 
çais, né  à  Rouen,  dans  les  premières  années  du 
dix-septième  siècle,  mort  en  cette  ville,  en  1675. 
La  vie  de  Farin  fut  des  plus  simples;  elle  s'é- 
coula tout  entière  en  Normandie,  à  Notre-Dame- 
de-Val  ;  et  ce  fut  là  que  Farin,  qui  avait  obtenu  le 
privilège  de  ce  prieuré,  se  hvra  à  son  goût  pour 
les  recherches  historiques  et  composa  son  His- 
toire de  la  ville  de  Rouen,  3  vol-in-12  ;  Rouen, 
1 668.  Pleine  de  faits  nouveaux,  clairement  ex- 
posés, cet  ouvrage  a  été  plusieurs  fois  édité,  mal- 
heureusement avec  des  changements  assez  peu 

(1)  Date  vérifiée  sur  les  registres  de  décès  du  2«  arron- 
dissement de  Paris. 


n7 

iutelligents  ;  Rouen,  1706,  3  vol.  in-12,  et  1721, 
2  vol.  in-4°.  Ou  doit  encore  à  Farin  :  La  Nor- 
mandie chrétienne  ;  Rouen,  1669,  in-4''. 
Hector  Malot. 
Gullbert,  Mémoires  biog,  et  litt.  sur  les  hommes  qui 
se  sont  fait  remarquer  dans  la  SeinC' Inférieure  ; 
Paris,  1812. 

*  FARINA  (Fabrizio),  sculpteur  toscan,  tlo- 
rissait  à  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  se  rendit  fa- 
meux par  son  habileté  et  sa  patience  à  sculpter  le 
porphyre.  Baldinucci  cite  de  lui  un  buste  du  grand- 
duc  François  I^'',quidepuis  a  disparu  et  a  été  rem- 
placé dans  le  vestibule  de  la  galerie  publique  par 
un  autre  buste,  également  de  porphyre ,  sculpté 
par  Tadda.  Farina  prit  part  aussi  aux  grands 
travaux  de  porphyre  et  autres  pierres  dures  exé- 
cutés pour  la  chapelle  des  Médicis  à  Saint-Lau- 
rent. E.  B— N. 

Baldinucci,  JYotizie.  —  Cicognara,  Storia  délia  Scvl- 
twa.  —  Ticezzi,  Dizionario. 

*  FAKiNA  (Frà  Vbaldo),  sculpteur  bolonais, 
travaillait  à  Bologne  en  1716.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  exécuta  deux  évangélistes  en  terre 
cuite  qui  se  voient  à  l'église  de  S.-Giovanni-in- 
Monte. 

M.-A.  Gualandl,  Tre  Giorni  in  Bolor/na. 

*  FARINA  (  Pier-Francesco  ),  peintre  de 
l'école  bolonaise  ,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle.  Sous  la  direction  des 
deux  frères  Antonio  et  Giuseppe  Roli ,  il  devint 
habile  peintre  d'ornements,  et  fut  employé  à  ce 
titre  à  la  décoration  du  palais  de  Carlsruhe  et 
dans  plusieurs  églises  de  Bologne. 

OrUndi,  Abbecedario.  —  Malvasla  ,  Pitture  di  Bolo- 
gna.  —  Crespi,  Felsina pittrice.  —  M.-A.  Gualandi,  Tre 
Giorni  in  Bologna. 

FARiNACci  (Prosper),  célèbre  jurisconsulte 
italien,  né  à  Rome,  le  30  octobre  J544,  mort  le 
30  octobre  1613.  11  étudia  le  droit  à  Padoue,  et 
devint  avocat  à  Rome,  où  il  eut  le  triste  mé- 
rite de  plaider  les  causes  les  plus  opposées. 
Nommé  ensuite  procureur  fiscal,  il  exerça  cette 
cliarge  avec  une  rigueur  d'autant  plus  surpre- 
nante que  souvent  il  se  rendait  lui-même  cou- 
pable des  délits  qu'il  punissait  chez  les  autres. 
Accusé  à  son  tour  d'un  crime  trop  commun  en 
ïtalie ,  il  échappa  à  la  vindicte  des  lois  par  l'in- 
tercession du  cardinal  Salviati,  qu'il  amusait  par 
son  esprit  et  qui  sollicita  pour  lui  l'indulgence 
du  pape  Clément  YllI.  «  Votre  farine  peut  être 
bonne ,  aurait  dit  à  cette  occasion  le  pontife  en 
jouant  sur  le  nom  du  coupable  ;  mais  le  sac 
qui  la  renfei'me  est  bien  souillé.  »  Si  comme 
homme  Farinacci  était  peu  estimable,  comme 
jurisconsulte  il  eut  une  autorité  qui  dura  jus- 
qu'au dix-huitième  siècle.  11  fut  d'ailleurs  infa- 
tigable au  travail,  à  tel  point  qu'on  disait  de  lui 
qu'il  était  de  fer.  Il  rédigea  ses  traités  avec  une 
judicieuee  méthode ,  imitée  depuis  par  plusieurs 
jurisconsultes  célèbres,  et  qui  consistait  dans  l'ex- 
posé des  doctrines  diverses  ou  contradictoires,  à 
la  suite  duciuel  il  émettait  lui-même  ses  opinions. 
Les  principaux  de  ses  traités  sont  :  Consiiia  et 


FARIN  —  FARINELLI  IIS 

variée  Decisiones  ; — Praxis  et  Theoria  crimi- 
nalis  ;  —  De  Testibus;  —  De  Immunitate 
Ecclesise ;[^  Decisiones  Rotse  Romanx;  — 
Repertorium  de  coniractitius;  —  Repertoriiim 
de  ultimis  voluntatïbus  ;  —  Repertormm  ju- 
diciale  ;  —  Varies  Qusestiones ;  —  Decisiones 
posthumee.  Les  Œuvres  complètes  de  Farinacci 
ont  été  publiées  à  Anvers,  en  1620,  et  à  Francfort, 
1670,  1676,  13  vol.  in-8°.  V.  R. 

Glailini ,  Teatro  d'Huomini  letterati.  —  Tiraboschi , 
Storia  delta  Letterat.  ItaL,  VII,  part.  II,  132.  —  Toraa- 
sini,  Elog.  ill.  fir.  —  Jan.-Nic.  Érytlirée,  l'inac.  — 
Mandose  ,  Bibl.  Rom.  —  Crasso,  Elog.  d'HiCom.  lettcr.  — 
OldoiD,  Athen.  Rom.  —  Simon,  Bibl.  fiist.  des  Auteurs 
de  Droit.  —  Talsand,£es  F'ies  des  Jurisconsultes. 

FARINATO  {Paolo),  peintre  italien,  né  à  Vé- 
rone, en  l525,mortdans  la  même  ville,  en  1606. 
Après  avoir  fréquenté  l'école  de  Giolfino,  il  se 
rendit  à  Venise,  et  étudia  sous  Titien  et  le  Gior- 
gione.  Pour  le  dessin  il  semble  avoir  imité  sur- 
tout Jules  Romain.  Ses  tableaux  manquent  de 
correction ,  mais  ils  ont  de  l'originalité.  Son  co- 
loris est  faible  et  terne.  Farinato  réussissait 
mieux  dans  les  fresques  que  dans  les  tableaux  à 
l'huile.  Ses  dessins  et  les  modèles  de  cire  qu'il 
faisait  pour  ses  personnages  furent  longtemps 
recherchés. 

Lanzi,  Histoire  de  la  Peinture  en  Italie. 

*  FARINATO  (  Orazio),  peintre  et  graveur  de 
l'école  vénitienne,  fils  du  précédent,  né  à  Vé- 
rone, vers  1560,  mort  après  1615.  La  plupart  ùs, 
auteurs  prétendent  qu'il  mourut  très-jeune  ;  mais 
c'est  évidemment  une  erreur,  car  on  sait  qu'il 
grava  d'après,  son  père  un  Passage  de  la  mer 
Rouge  qui  porte  la  date  de  1585,  et  son  meilleur 
tableau, la  Descente  du  Saint'Esprit,  à  l'église 
Santo-Spirito  de  Vérone,  est  de  1615.  Cette  pein- 
ture est  une  des  plus  belles  qui  existent  dans  la 
ville,  si  l'on  en  excepte  celles  de  Paolo  Veronese  ; 
l'auteur  y  a  placé  son  portrait,  qui  indique  déjà 
un  homme  d'un  âge  mur.  E.  B — n. 

Lanzl,  Storia  dclla  Pittura.  —  Ttccozzi,  Dizionario 
—  Bennassuti ,  Guida  di  ferona.  —  Orelli,  Memorie.  — 
Pozzo ,  nte  de'  Pittori  Feronesi. 

FARINATOR  (Mathias),  théologien  allemand, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quatorzième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Lumen  fidelis  animœ  ; 
au,  1  vol.;  —  De  Exemplïs  naturarum. 

Fabricius,  Bibl.  med.  et  inf.  j£t. 

FARINELLI  (C'fw^o  Broschi,  surnommc  ),  cé- 
lèbre chanteur,  né  le  24  janvier  1705,  à  Naplcs 
selon  quelques  biographes,  et  selon  d'autres  à 
And ria, mourut  à  Bologne,  le  15  juillet  1782.  On 
croit  que  le  surnom  de  FarineUi  lui  vint  de  la 
profession  de  meunier  ou  marchand  de  farine 
que  fjon  père  exerçait,  ou  plutôt  du  nom  des 
frères  Farina,  amateurs  distingués  de  la  ville 
de  Naples ,  qui  furent  les  premiers  protecteurs 
du  jeune  virtuose.  Farinelli  subit  tout  jeune  l'o- 
pération de  la  castration,  à  laquelle  il  dut  une  des 
plus  belles  voix  de  soprano  qu'on  ait  jamais  en- 
tendues. Après  avoir  reçu  de  son  père  les  pre- 
mières leçons  de  musique ,  Farinelli  entra  dans 
l'école  de  Porpora,  dont  il  devint  bientôt  l'élève 


119 


FARINELLI 


120 


fie  prédilection.  En  1 722  il  accompagna  son  maître 
à  Rome,  et  débuta  dans  l'opéra  d'Homène,  que 
Porpora  venait  d'écrire  pour  le  théâtre  Aliberti 
(le  cette  ville.  Farinelli  avait  alors  dix-sept  ans  ; 
ses  débuts  furent  couronnés  du  plus  éclatant 
succès.  En  1724  il  se  rendit  à  Vienne,  et  l'année 
suivante  à  Venise,  où  il  chanta  dans  la  Didone 
de  Métastase,  mise  en  musique  par  Âlbinoni, 
puis  retourna  à  Naples,  où  il  excita  l'admiration 
dans  une  sérénade  dramatique  de  Hasse.  Après 
s'être  fait  entendre  à  Milan,  en  1726,  dans  le 
Giro  de  François  Ciampi ,  il  vint  à  Rome,  où  il 
était  impatiemment  attendu.  L'année  suivante 
il  alla  se  mesurer  à  Bologne  avec  Bernacchi, 
surnommé  le  roi  des  chanteurs,  dont  il  reçut 
d'utiles  conseils.  De  1728  à  1730,  Farinelli  fit 
un  second  voyage  à  Vienne ,  et  visita  ensuite 
plusieurs  fois  Venise,  Rome,  Naples,  Plaisance 
et  Parme ,  luttant  partout  avec  les  plus  célèbres 
chanteurs  du  temps,  tels  que  Gizzi,  Nicolini, 
la  Faustina  ,  la  Cuzzoni ,  et  les  surpassijnt  tous. 
Jusquealors  son  talent  avait  été  basé  sur  l'impro- 
visation et  l'exécution  des  difficultés;  une  cir- 
constance vint  lui  faire  modifier  sa  manière.  En 
1732 ,  il  avait  fait  un  troisième  voyage  à  Vienne  ; 
il  allait  souvent  à  la  cour,  où  l'empereur  Char- 
les VJ,  qui  était  lui-même  excellent  musicien, 
se  plaisait  quelquefois  à  accompagner  le  virtuose 
sur  le  clavecin  :  «  Farinelli ,  lui  dit  un  soir  ce 
<c  prince,  ces  gigantesques  traits ,  ces  longs  et 
«  interminables  passages,  ces  difficultés  que 
a  vous  exécutez  si  merveilleusement,  excitent, 
(c  il  est  vrai,  l'étonnement  et  l'admiration,  mais 
«  ne  touchent  point  le  cœur  ;  il  vous  serait  ce- 
«  pendant  bien  facile  de  faire  naître  l'émotion 
«  si  vous  vouliez  être  plus  simple  et  plus  ex- 
«  pressif.  »  Cette  observation  ne  fut  pas  perdue 
pour  l'artiste,  qui  abandonna  le  style  de  bravoure, 
que  Bernacchi  avait  mis  à  la  mode,  et  devint 
bientôt  le  chanteur  le  plus  pathétique,  comme  il 
avait  été  le  plus  brillant. 

Le  retour  de  Farinelli  en  Italie  fut  signalé  sur 
les  théâtres  de  Rome ,  de  Ferrare ,  de  Lucques 
et  de  Turin  par  des  triomphes  qui  mirent  le 
comble  à  la  renonaraée  du  chanteur.  En  1734 
il  se  rendit  à  Londres,  et  débuta  dans  VArtaserce 
de  Hasse,  qui  fut  représenté  sur  le  théâtre  de 
Lincoln's-Inn-Fields,  dont  Porpora  venait  de 
prendre  la  direction.  Malheureusement  pour 
Hsendel,  qui  avait  l'entreprise  du  théâtre  de  Hay- 
Market ,  on  ne  voulut  bientôt  plus  entendre  que 
Fai'inelli;  c'était  à  qui  lui  ferait  les  plus  ma- 
gnifiques présents ,  et  pendant  chacune  des  trois 
années  qu'il  resta  en  Angleterre  son  revenu  ne 
s'éleva  pas  à  moins  de  125,000  francs. 

Vers  la  fin  de  1736 ,  Farinelli  partit  pour  l'Es- 
pagne. En  passant  par  la  France ,  il  produisit 
une  vive  sensation  à  la  cour  de  Louis  XV.  Peu 
de  temps  après,  il  arrivait  à  Madrid,  dans  l'in- 
tention de  n'y  faire  qu'un  court  séjour,  ayant 
contracté  un  engagement  avec  la  direction  de 
l'Opéra  de  Londres  ;  mais  le  sort  en  décida  autre- 


ment. A  partir  de  ce  moment  commença  la  haute 
'  fortune  dont  Farinelli  a  joui  pendant  près  de  vingt- 
cinq  ans  à  la  cour  d'Espagne.  En  effet,  après  être 
parvenu ,  par  le  prestige  de  son  talent ,  à  dis- 
traire le  roi  Philippe  V  de  la  profonde  mélanco- 
lie dans  laquelle  il  était  tombé ,  il  devint  le  favori 
de  ce  prince,  qui  l'attacha  à  son  service  avec  un 
traitement  annuel  de  50,000  francs,  sous  la  con- 
dition de  ne  plus  chanter  en  public.  Farinelli 
conserva  cette  position  auprès  de  Ferdinand  VI 
lorsque  celui-ci  hérita  de  la  couronne  de  son  père, 
comme  il  avait  hérité  de  sa  tristesse.  Ayant  re- 
marqué l'effet  que  la  musique  produisait  sur 
l'esprit  de  ce  roi ,  il  lui  persuada  facilement  d'é- 
tablir un  spectacle  dans  le  palais  de  Buen-Retiro, 
où  il  appela  les  plus  habiles  artistes  de  l'Italie; 
il  fut  nommé  directeur  de  ce  théâtre.  Ses  fonc- 
tions ne  se  bornaient  pas  là.  Il  avait  été  décoré 
de  l'ordre  de  Calatrava;  son  crédit  à  la  cour  était 
immense  ;  toutes  les  grâces  s'obtenaient  par  son 
canal  ;  mais  on  doit  dire  à  sa  louange  qu'il  n'ac- 
cordait ses  faveurs  qu'au  mérite,  et  qu'elles  ne 
furent  jamais  l'objet  d'une  spéculation  pécu- 
niaire. On  cite  plusieurs  traits  qui  font  honneur 
à  son  caractère  et  à  sa  générosité.  On  rapporte , 
entre  autres,  que,  traversant  un  jour  la  salle  des 
gardes  pour  se  rendre  à  l'appartement  du  roi , 
où  il  avait  ses  entrées  à  toute  heure ,  il  entendit 
un  officier  dire  à  un  de  ses  camai-ades  :  <c  Les 
honneurs  pleuvent  sur  ce  misérable  histrion ,  et 
moi  je  sers  depuis  trente  ans  sans  récompense.  » 
En  sortant  de  chez  le  roi,  Farinelli  alla  droit  à 
l'officier,  et  s'adressant  à  lui  :  «  Je  viens  de  vous 
entendre  dire  que  vous  serviez  depuis  trente  ans, 
mais  vous  avez  eu  tort  d'ajouter  que  ce  fût  sans 
récompense  ;  «  et  il  lui  remit  un  brevet  qu'il  ve- 
nait d'obtenir  pour  lui.  Outre  la  prépondérance 
qu'il  exerçait  sur  le  roi  et  sur  la  reine,  Fari- 
nelli ,  doué  de  la  prudence ,  de  l'adresse  et  de 
l'esprit  de  conduite  qui  caractérisent  les  hommes 
de  sa  nation ,  était  souvent  employé  dans  les  af- 
faires politiques;  il  avait  de  fréquentes  confé- 
rences avec  le  ministre  La  Ensenada,  et  passait 
pour  l'agent  des  ministres  des  différentes  cours 
de  l'Europe,  qui  avaient  intérêt  à  ce  que  le  traité 
de  famille  proposé  par  la  France  au  roi  catho- 
lique ne  s'effectuât  pas.  Enfin,  si  Farinelli  ne  fut 
point  ministre  en  titre,  il  en  eut  au  moins  toute 
l'influence.  A  l'avènement  de  Charles  III  au  trône 
d'Espagne  (1759),  le  favori  de  Philippe  et  de  Fer- 
dinand tomba  en  disgrâce  ;  quelques  années  après 
il  reçut  l'ordre  de  quitter  le  royaume ,  mais  on 
lui  conserva  son  traitement,  à  la  condition  d'aller 
s'établir  à  Bologne.  Farinelli  avait  alors  cinquante- 
sept  ans  ;  il  fit  bâtir  dans  les  environs  de  Bologne  un 
palais,  qu'il  décora  avec  autant  de  goût  que  de 
somptuosité  :  on  y  voyait  une  curieuse  collection 
d'instruments  et  une  galerie  de  tableaux  conte- 
nant les  portraits  des  princes  qui  avaient  été  ses 
protecteurs.  Farinelli  passa  le  reste  de  ses  jours 
dans  cette  retraite  ;  depuis  longtemps  déjà  il  ne 
chantait  plus,  mais  il  jouait  quelouefois  de  la  viole 


121 


FARINELLI  —  FARMER 


V2: 


d'amour,  du  clavecin,  et  composaitpour  ces  ins- 
truments :  il  se  plaisait  surtout  à  parler  de  ses 
honneurs  passés.  Il  mourut  à  l'âge  de  soixante- 
dix-sept  ans  et  quelques  mois. 

Dieudonné  Denne-Baron. 
De  Laborde ,  Essai  sur  la  Musique.  —  Burney ,  J  gê- 
nerai History  of  Music.  —  Le  P.  Giovenale  Sacchi,  F'ita 
del  car.  don  Carlo  Sroschi,  detto  Farinelli;  Venezia, 
1784.  —  Fétis ,  Biographie  imiverselle  des  Musieiens.  — 
Choron  et  Fayolle  ,  Dict.  hist.  des  Musiciens. 

FARINI  {Jean),  mathématicien  italien ,  né  à 
Ruffi,  près  de  Ravenne,  le  10  avril  1778,  mort 
le  15  décembre  1822.  Attaché  d'abord  comme 
ingénieur  à  l'arsenal  de  Venise,  il  fut  ensuite 
professeur  de  mathématiques  transcendantes  à 
l'université  de  Padoue.  Il  se  fit  connaître  par 
quelques  mémoires  très-remarquables ,  entre 
autres  par  celui  sur  le  bélier  hydraulique ,  in- 
séré dans  le  tome  III  des  Mémoires  de  la  Société 
d'Encouragement  de  Milan,  et  par  celui  sur  la 
Théorie  du  tour  à  plusieurs  cylindres  ayant 
un  seul  axe,  mémoire  que  l'on  trouve  dans  le 
recueil  de  l'Académie  des  Sciences  de  Padoue. 

GlTïOT  DE  FÈRE. 

Feller,  Dictionn.  histor.,  suppl. 

*FARisi  (Abou-Ali  al-Hasan  ben-Ahmed 
al-  ) ,  grammairien  arabe ,  né  à  Fasa  (  dans  le 
Fars),  en  288  de  l'hégire  (901  de  J.-C),  mort 
à  Bagdad,  en  377  (9S7).  Il  eut  pour  maître  le 
grammairien  Zedjadj ,  et  il  eut  lui-même  pour 
disciples  plusieurs  hommes  distingués,  tels  que 
Ibn-Djina  et  Ali  ben-Isa  ar-Rebi.  Dans  le  cours 
des  voyages  qu'il  entreprit  après  avoir  terminé 
ses  études,  il  s'arrêta  à  la  cour  de  Seifed-Daulet, 
souverain  d'Alep.  Les  disputes  qu'il  eut  à  sou- 
tenir contre  Motenebbi  le  décidèrent  à  s'en 
éloigner.  Il  se  rendft  à  Bagdad  auprès  d'Adhod 
ed-Daulet,  qui  le  combla  de  ses  faveurs.  Il 
écrivit  pour  l'usage  de  ce  prince  plusieurs  ou- 
vrages grammaticaux,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  Al-Idhah  fil-nahw  (  Exposition  de  la 
grammaire)  :  —  At-tekmilet  (Supplément)  ;  — 
Miat  aivamil  (Les cent  Particules  régentes  );  — 
Al-Adhodi.  E.  Beauvois. 

Ibn-Rhallikan,  Biogr.  Dict.,  trad.  par  M.  Mac-Guekin 
de  Slaue,  t.I,  p.  379.  —  Aboulfêda,  ^nn.  Mosl.,  trad.  de 
Reiske,  t.  II,  p.  SOS.  -  Hadji-Khalfa,  Lex.  bibliogr., 
édit.  Fluegel,  t.  I,n°  1364;  1(1,  n»  4610;  IV,  n°s7699,  8la8, 
8418;  V,  p.  98,n°5  10170,  10386,  10319,  10894,  11182.  —  J.  de 
llammer-PargstaH ,  Literatur  Gesch.  der  Jraber,  t.  V. 

FARissoL.  Voy.  Peritzol. 

FARJAT  {Benoit),  graveur  français,  né  à  Lyon, 
en  1646,  mort  vers  le  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  étudia  les  éléments  de  son  art 
sous  Guillaume  Château ,  et  suivit  son  maître  à 
Rome.  Là  il  fit  des  progrès  rapides,  et  acquit 
plus  de  douceur  et  de  mollesse  de  burin.  Pen- 
dant qu'il  habitait  Rome ,  il  épousa  la  fille  du 
célèbre  paysagiste  Francesco  Grimaldi ,  connu 
sous  le  nom  de  Bolognese.  Il  grava  d'après  les 
plus  célèbres  maîtres  italiens  un  grand  nombre 
d'estampes,  qui  sont  très-recherchées  des  con- 
naisseurs. 

Gandellini ,  Notizie  degli  Intagliatori,  avec  les  addi- 
tions de  l'abbé  r^ulgi  de  Angelis. 


FARLATi(LeP.  Danielle),  historien  illyrien, 
né  en  1690,  à  San-Daniele  dans  le  Friout,  mort 
à  Padoue,  le  23  avril  1773.  Élevé  au  collège  des 
Jésuites  de  Goritz ,  il  entra  dans  cette  société, 
et  fut  envoyé  en  1722  à  Padoue  pour  aider  le 
père  Pliilippe  Riceputi  dans  son  travail  sur  l'his- 
toire ecclésiastique  de  l'Illyrie.  Après  la  mort  du 
P.  Riceputi,  le  P.  Farlati  resta  seul  chargé  de 
mettre  en  œuvre  les  immenses  matériaux  re- 
cueillis par  lui  et  par  son  confrère.  Il  les  publia 
sous  le  titre  d'/?^i/ncî<msacn«m;  Venise,  1750 
à  1775,  5  vol.  in-fol.  On  a  encore  dn  P.  Farlati  : 
De  Artis  criticee  Inscitia  antiquitati  objecta  ; 
Venise,  1777,  in-4°. 

Ti\ia{<io ,  Biographia  degli  Italiani  illustri ,  t.  I.  — 
Aug.  et  Aloïs  de  Baclcer,  Bibliothèque  des  Écrivains  de 
la  Société  de  Jésus. 

FARMER  {Hugh),  théologien  anglais,  né  en 
1714,  dans  le  Shropshire,  mort  en  1787.  Il  étudia 
à  Northampton,  sous  le  docteur  Doddrige,  et  fut 
ensuite  pasteur  d'une  congrégation  de  dissidents 
à  Walthamstow^.  Il  a  écrit  plusieurs  ouvrages 
de  théologie  ou  de  controverse  religieuse  ;  les 
principaux  sont  :  Enquiry  into  the  Nature 
and  Design  ofOur  Lord's  temptation  in  the 
ivilderness;  1761,  in-8'';  —  Dissertation  on 
Miracles;  1771,in-8°; —  Essay  on  the  Demo- 
niacs  ofthe  New  Testament;  illà,  in-8"  ;  — 
General  Prevalence  of  the  ivorship  of  human 
spirit  in  the  ancient  heathen  nations,  as- 
serted  and  proved;  1783;  in-8°.  Ces  deux  der- 
niers ouvrages  engagèrent  Farmer  dans  une  vive 
polémique  avec  le  docteur  Worthington  etFell. 

Chalmers,  General  biographical  Dictionary. 

FARMER  {Richard),  philologue  et  archéolo- 
gue anglais,  né  à  Leicester,  en  1735,  mort  à  Cam- 
bridge, en  1797.  Il  commença  ses  études  dans  sa 
ville  natale ,  les  acheva  à  Cambridge,  au  collège 
Emmanuel ,  et  obtint,  en  1760 ,  la  cure  de  Swa- 
vesey,  près  de  cette  dernière  ville.  Reçu  membre 
de  la  Société  des  Antiquaires  en  1763,  il  recueillit 
sur  l'histoire  de  Leicester  de  nombreux  maté- 
riaux, qu'il  remit  plus  tard  à  son  ami  Nichols. 
Trois  ans  après  il  fonda  sa  réputation  comme  cri- 
tique et  érudit  par  son  savant  Essai  sur  les  Con- 
naissances de  Shakspeare.  En  1775  il  fut  élu 
principal  du  collège  Emmanuel ,  et  en  1778  il 
obtint  la  place  de  bibliothécaire  de  l'université. 
Il  fut  successivement  chanoine  de  la  cathédrale 
de  Lichtfield ,  de  celle  de  Canterbury  et  enfin  de 
Saint-Paul.  Il  refusa,  dit-on,  un  évêché,  pour  ne 
pas  renoncer  à  son  plaisir  favori,  qui  était  de  voir 
jouer  les  pièces  de  Shakspeare.  Ses  manières 
libres  étaient  d'un  homme  du  monde  plutôt  que 
d'un  prêtre ,  et  il  s'occupait  beaucoup  moins  de 
théologie  que  de  vieille  poésie.  Dans  son  épitaphe 
il  est  appelé  vir  facetus  et  dulcis,  in  explican- 
da  veterum  Angelorum  poesi  subtilïs  et  ele- 
gans.  Sa  bibliothèque ,  particulièrement  riche  en 
ouvrages  de  la  vieille  littérature  anglaise,  se 
vendit,  en  1798,  2,210  1.  s.  (55,000  f.  ).  On  n'a 
de  Farmer  qu'un  seul  ouvrage,  intitulé  :  Essay 


123  FARMER 

on  the  Learning  qf  Shakspeare;  1766,  in-8". 
On  avait  longtemps  discuté  sut  le  degré  de  sa- 
voir du  grand  auteur  dramatique  anglais.  Il  était 
facile  de  montrer  par  beaucoup  de  passages  de 
ses  ouvrages  qu'il  connaissait  la  mythologie  et 
l'histoire  ancienne  ;  mais  avait-il  puisé  ses  con- 
naissances dans  les  originaux  ou  dans  des  tra- 
ductions? Là  était  la  question.  Grâce  à  son  sa- 
voir bibliographique,  Farmer  put  montrer  que 
du  temps  de  Shakspeare  il  existait  des  traduc- 
tions de  beaucoup  d'auteurs  classiques.  En  in- 
diquant certaines  expressions,  certaines  méprises 
même  des  traducteurs  reproduites  par  le  poète, 
il  prouva  que  celui-ci  avait  lu  les  traductions  et 
non  les  originaux.  Ce  savant  Essai  a  eu  trois 
éditions ,  et  il  a  été  réimprimé  dans  les  éditions 
de  Shakspeare  par  Steevens  (1793),  par  Reed 
(1803)  et  par  Harris  (1812). 

Ninliols,  Lit.  Jnecd.  —  Chalmers,  Gêner,  biog.  Dict. 

FARNABY  ouFARNABiE  (  Thomcis),  en  latin 
ai-ARNABius,  philologue  anglais,  né  en  1575,  à 
Londres,  où  son  père  était  charpentier,  mort  en 
1647.  Il  commença  ses  études  à  Oxford;  puis, 
quittant  brusquement  sa  patrie  et  sa  religion,  il 
se  rendit  en  Espagne,  et  entra  dans  un  collège 
de  jésuites.  Dégoûté  par  la  sévérité  de  ses  nou- 
veaux maîtres,  il  retourna  en  Angleterre  et  ac- 
compagna Francis  Drake  et  John  Hawkins  dans 
leurs  courses  maritimes.De  retour  de  ses  voyages, 
il  se  fit  soldat  dans  les  Pays-Bas ,  déserta  et  re- 
vint dans  sa  patrie.  Telle  ét^it  son  indigence  que 
pour  vivre  il  fut  obligé  d'apprendre  à  lire  aux 
enfants.  Il  prit  alors  le  nom  de  Bainrafe,  ana- 
gramme de  celui  de  Farnabie.  Peu  à  peu  il  s'éleva 
à  une  position  plus  digne  de  son  savoir.  Il  ou- 
vrit une  école  de  langue  latine  dans  le  comté  de 
Sommerset ,  puis  alla  continuer  le  même  travail 
à  Londres,  et  s'acquit  la  réputation  d'un  maître 
fort  habile.  Aucune  autre  école  de  son  temps  ne 
fournit  autant  de  bons  élèves.  Son  attachement  à 
la  cause  des  Stuarts  lui  attira  des  persécutions 
de  la  part  des  républicains.  On  délibéra  même 
à  la  chambre  des  communes  si  on  ne  le  dépor- 
terait pas  hors  d'Angleterre;  on  se  contenta 
de  le  transférer  à  Ely-House,  où  il  resta  un  an.  Il 
mourut  peu  après.  Il  publia  un  grand  nombre 
d'éditions  qui  ont  été  longtemps  très-répandues 
dans  les  écoles  d'Angleterre  et  du  continent. 
ce  Famabe,  ditNicéron,  est  un  des  meilleurs  sco- 
liastes  de  ces  derniers  temps;  il  ne  dit  presque 
point  de  choses  inutiles,  et  il  a  eu  du  cours  prin- 
cipalement à  cause  de  sa  brièveté,  quoiqu'elle  ait 
trouvé  ses  censeurs ,  aussi  bien  que  la  longueur 
et  l'étendue  des  gros  commentateurs.  »  Voici  la 
Ustedes  éditions  de  Farnaby  :  Notée  ad  Juvena- 
lis  et  Persil  Satyras;  Londres,  1612 ,  in-8° ;  — 
NofsG  ad  Senc'ceb  Tragadias;  Londres,  1613, 
in-8°  ;  —  Notœ  ad  Martialis  Epigrammata  ; 
Londres,  1615,  in- 8";  —  Notée  ad  Lucanum; 
Londres,  1618,  in-8^;  —  Index  rhetoricus 
scholis  et  institutioni  tenerioris  xtatis  ac- 
commodatus  ;  Londres,  1 625 ,  in-8°  ;  —  Flori- 


—  FARNÈSE  124 

legium  epigrammafum  grsscorum,  eonimqiie 
latino  ver  su  a  variis  reddiforum;  Londres, 
1629,  in-8°;  —  Notœ  ad  Virgilium;  Londres, 
1634 ,  in-8°  ;  —  Notée  in  Ovidii  Meta7nor- 
phoses  ;  Paris,  1637,  in-fol.;  —  Systema  Gram- 
maticum;  Londres,  1641 ,  in-8°;  —  Notée  in 
Terentium.  Farnaby  n'avait  encore  composé  de 
notes  que  sur  les  quatre  premières  comédies 
lorsqu'il  mourut  ;  Casaubon  le  fils  acheva,  l'au- 
vrage,  et  le  publia;  Londres,  16ol,in-12. 

V/ ood,  Mhenœ  Oxonienses.  —  Nicéron,  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  des  hommes  illustres. 

FAKNÈSË,  maison  princière  d'Italie,  dont 
l'arbre  généalogique  remonte  jusqu'au  milieu  du 
treizième  siècle.  Elle  possédait  dès  lors  le  châ- 
teau de  Farneto ,  près  Orvieto,  et  donna  à  l'É- 
glise et  à  la  république  de  Florence  plusieurs 
hommes  célèbres,  parmi  lesquels ,  outre  le  pape 
Paul  ITT  {voy.  ce  nom),  on  remarque  les  sui- 
vants, dans  leur  ordre  chronologique  : 

FARNÈSE  (Pierre),  mort  de  la  peste,  le  19  mai 
1363.  Il  eut  la  renommée  d'un  bon  capitaine.  Il 
commandait  les  Florentins  dans  la  bataille  qu'ils 
gagnèrent,  le  7  mai  13G3,  sur  les  Pisans  à  San- 
Piero,  près  de  Bagno-alla-Vena. 

FARNÈSE  {Pierre- Louis),  premier  duc  de 
Parme  et  de  Plaisance,  né  vers  1490,  mort  en 
1547.  Fils  d'Alexandre  Farnèse ,  qui  devint  pape 
sous  le  nom  de  Paul  in ,  il  fut  l'un  des  hommes 
les  plus  dissolus  de  son  temps.  Il  est  particuliè- 
rement connu  par  la  biographie  de  Benvenuto 
Cellini.  Comme  son  père  avait  inutilement  es- 
sayé d'obtenir  pour  lui  le  duché  de  Milan ,  qu'il 
avait  osé  demander  à  Charles -Quint  en  lui 
offrant  une  somme  énorme,  il  prit  la  résolu- 
tion de  convertir  en  duché  les  États  de  Parme 
et  de  Plaisance,  que  Jules  II  avait  conquis 
sur  les  Milanais ,  et  il  céda  ce  duché  à  son 
fils  (avril  1546).  Pierre-Louis  se  retira  à  Plai- 
sance, où  il  établit  une  citadelle  et  signala  son 
gouvernement  tyrannique  par  de  mauvais  pro- 
cédés à  l'égard  de  la  noblesse,  qui  avait  été 
libre  jusque  alors  et  dont  il  restreignit  notable- 
ment les  droits.  Comme  la  mesure  de  sa  cruauté 
croissait  de  plus  en  plus,  la  plupart  des  familles 
nobles  se  soulevèrent ,  après  s'être  liguées  avec 
Ferdinand  de  Gonzague,  gouverneur  de  Milan. 
Sous  prétexte  de  présenter  leurs  hommages  au 
duc,  trente-sept  conjurés  se  rendirent  à  la  ci- 
tadelle de  Plaisance,  le  10  septembre  1547,  et 
en  occupèrent  les  issues.  Jean  Anguissola  se 
précipita  dans  la  chambre  du  duc,  qui ,  à  raison 
des  maladies  honteuses  qui  l'accablaient,  ne  put 
opposer  aucune  rési.stance  :  il  tomba  sous  le 
poignard  de  son  ennemi ,  et  aussitôt  Gonzague 
prit  possession  de  Plaisance  au  nom  de  l'empe- 
reur.—  Pierre  Farnèse  eut  de  sa  femme,  Hiero- 
nyme  Orsini,  trois  fils ,  savoir  :  Alexandre,  mort 
cardinal,  en  1589;  Octave, qui  lui  succéda;  Ra- 
nuce ,  cardinal  et  archevêque  de  Naples  ;  et  une 
fille  nommée  Victoire,  qui  épousa  le  duc  d'Ur- 
bin,  Gui  Ubalde  ÏT.  Il  eut  de  plus  un  fils  naturel, 


125 


nommé  Horace ,  qui  prit  le  titre  de  duc  de  Cas- 
tro ,  épousa  Diane  d'Angoulême,  fille  d'Henri  H, 
roi  de  France,  et  fut  tué  en  1 553,  au  siège  d 'Hesdin. 
SansoviBo,  Famil.  illustri  d'italia.  —  Bonav.  d'An- 
geli ,  Storia  di  Parma,  1.  V.  —  Sisraondi,  Histoire  des 
Républiques  italiennes,  chap.  XLVII, 

FARNÈSE  (Octave),  fils  et  successeur  du 
précédent,  né  vers  1520,  mort  le  18  septembre 
1585.  Lors  du  meurtre  de  son  père,  il  se  trou- 
vait à  Pérouse  avec  Paul  III.  Parme,  où  il  se 
hâta  de  se  rendre  avec  une  armée  papale,  se 
déclara  pour  lui  ;  mais  il  échoua  dans  une  attaque 
contre  Plaisance,  et  dut  conclure  avec  Gonzague 
une  suspension  d'armes  pendant  qu'il  réclamait 
la  protection  de  la  France.  Le  successeur  de  son 
grand-père ,  Jules  III ,  par  attachement  pour  la 
famille  Farnèse ,  remit  Octave  en  possession  du 
duché  de  Plaisance,  et  le  nomma  gonfalonier 
de  l'Église.  Mais  l'alliance  qu'Octave  conclut 
ijientôt  après  avec  Henri  II ,.  roi  de  France ,  lui 
attira  le  mécontentement  de  l'empereur  et  du 
pape ,  et  le  jeta  plus  tard  dans  de  grands  em- 
barras ,  dont  il  sortit  deux  ans  après  au  moyen 
d'une  transaction  honorable.  II  se  réconcilia  avec 
la  maison  d'Autriche,  grâce  aux  excellentes 
qualités  de  sa  femme,  Marguerite,  fille  naturelle 
de  l'empereur  Charles-Quint,  qui  administra 
avec  beaucoup  de  modération  les  Pays-Bas 
comme  gouvernante,  jusqu'à  ce  qu'en  1567  elle 
dut  céder  la  place  au  duc  d'AIbe.  Elle  rendit 
alors  une  courte  visite  à  son  époux  ;  mais  ils 
restèrent  peu  do  temps  ensemble ,  et  Marguerite 
partit  pour  l'Abruzze.  Octave  mourut  après 
avoir  joui  pendant  un  règne  de  trente  ans  d'une 
paix  qui  ne  fut  jamais  troublée  ;  il  en  avait  pro- 
•  iité  pour  corriger  les  désordres  occasionnés  par 
le  gouvernement  précédent,  et  pour  ti'availier 
au  bonheur  de  ses  sujets.  Octave  Farnèse  eut 
de  Marguerite  d'Auti'iche,  veuve  d'Alexandre 
de  Médicis ,  un  fils  nommé  Alexandre,  qui  lui 
succéda.  Il  laissa  aussi  trois  filles  naturelles. 
^rt  de  vérifier  les  dates,  t.  XVII  (  édit.  de  1S19  ). 

FARNÈSE  {Alexandre),  fils  et  successeur  du 
précédent,  né  en  1546,  mort  le  3  décembre 
1592.  Il  fut  un  des  premiers  capitaines  de  son 
temps.  Exclusivement  élevé  par  sa  mère ,  femme 
d'un  mâle  courage,  dans  des  habitudes  belli- 
queuses, il  donna  dès  sa  jeunesse  des  preuves 
d'une  intrépidité  téméraire.  Il  aimait  à  parcou- 
rir, dans  l'obscurité  de  la  nuit,  les  rues  de 
Parme  et  de  Madrid ,  pour  provoquer  les  pas- 
sants à  un  duel  nocturne ,  selon  les  mœurs  du 
temps.  En  1571,  il  prit  part,  sous  don  Juan 
d'Autriche,  k  la  bataille  de  Lépante  contre  les 
Turcs ,  et  s'élança  les  armes  à  la  main  sur  une 
galère  turque.  Plus  tard  ,  il  fut  envoyé  dans  les 
Pays-Bas,  où  l'insurrection  durait  depuis  plusieurs 
années,  et,  le  31  janvier  1578,  il  contribua  à  la 
victoire  qui  fut  remportée  sur  les  gueux,  auprès 
deGembloux.  Son  plus  grand  plaisir  était  l'attaque 
des  places  fortes  :  il  mettait  lui-môme  la  main 
à  l'œuvre,  s'exposait  aux  dangers  avec  un  sang- 


FARNÈSE  126 

froid  imperturbable,  parcourait  les  tranchées, 
les  batteries ,  s'informant  de  tout  et  donnant  ses 
ordres.  Pendant  le  siège  d'Oudenarde,  en  1582, 
comme  il  dînait  avec  d'autres  généraux  sur  la 
batterie  de  brèche ,  un  boulet  de  canon  tua  près 
de  lui  trois  officiers  et  en  blessa  un  autre  : 
Alexandre  resta  tranquillement  assis,  ordonna 
d'enlever  les  morts ,  et  fit  changer  le  couvert 
ainsi  que  le  service.  En  1 585 ,  il  courut  un  dan- 
ger encore  plus  grand  au  siège  d'Anvers.  Conti- 
nuellement favorisé  par  la  fortune,  il  n'échoua 
que  dans  une  seule  entreprise,  l'expédition  conti'e 
l'Angleterre ,  sur  la  flotte  dite  invincible,  montée 
par  30,000  hommes  de  pied  et  1,800  chevaux, 
et  dont  Philippe  11,  roi  d'Espagne,  lui  avait 
donné  le  commandement.  Profondément  affecté 
de  son  manque  de  succès,  il  retourna  aux  Pays- 
Bas  ,  où  le  roi  le  mit  à  la  tête  de  l'armée  qu'il 
envoyait  en  France  au  secours  des  catlioliques. 
\  son  arrivée,  en  1590,  il  força  le  roi  de  Na- 
varre (Henri  IV),  à  lever  le  siège  de  Paris.  Le 
continuel  défaut  d'argent  dans  lequel  le  roi  d'Es- 
pagne le  laissait ,  et  qui  avait  fait  naître  l'insu- 
Ijordination  et  la  désobéissance  parmi  ses  sol- 
dats ,  le  réduisit  à  l'impossibihlé  de  passer  l'hiver 
en  France  :  il  gagna  les  Pays-Bas  avec  12,000 
hommes ,  faibles  débris  d'une  armée  nombreuse. 
Il  retourna  en  France  au  printemps  de  1592; 
mais  il  fut  si  mal  secondé  par  les  ligueurs  qu'à 
la  fin  il  dut  céder  à  Henri  IV.  Alexandre  Far- 
nèse mourut  des  suites  d'une  blessure  qu'il 
avait  reçue  devant  Rouen.  Son  corps  fut  trans- 
porté à  Parme ,  dont  il  avait  fait  construire 
la  citadelle.  Sa  statue  équestre  en  bronze  par 
Jean  de  Bologne  est  un  des  ornements  de  la 
place  de  Plaisance.  Alexandre  Farnèse  était  in- 
trépide de  sa  personne ,  sévère  on  ce  qui  con- 
cernait le  service,  mais  doux  et  bon  à  l'égard  de 
ses  soldats,  qui  l'aimaient,  le  respectaient  et 
le  traitaient  presque  comme  un  être  suihumain. 
De  son  mariage  avec  Marie  de  Portugal ,  il  eut 
Ranuzio  ou  Ranuce,  qui  lui  succéda;  Odoard, 
cardinal  en  1591,  et  Marguerite,  qui  épousa  Vin- 
cent, depuis  duc  de  Mantoue. 

De  Thou ,  Historia  sui  temporis.  —  Strada,  De  Sello 
Belgico.  —  Lilta,  Familles  nobles  de  l'Italie. 

FARNÈSE  (  Ranuce  /"■),  fils  et  successeur  du 
précédent,  né  en  1569,  mort  au  mois  de  mars 
1622.  Ranuce  ne  posséda  aucune  des  brillantes 
qualités  de  son  père ,  car  11  était  sombre ,  austère, 
cupide  et  défiant.  Le  mécontentement  que  son 
gouvernement  c^'iusait  à  la  noblesse  l'irrita  contre 
elle  :  il  accusa  les  chefs  des  familles  les  plus 
distinguées  d'avoir  tramé  une  conjuration,  leur 
intenta  un  procès,  fit  exécuter,  le  19  mai  1012, 
la  sentence  de  mort  portée  contre  eux  et  confis- 
qua leurs  biens.  Ce  procédé  inouï  révolta  plu- 
sieurs princes  italiens,  et  sans  la  mort  du  plus 
irrité  d'entre  eux ,  le  duc  de  Mantoue,  Vincent 
Gonzague,  la  guerre  eût  infailliblement  éclaté. 
Ranuce  laissa  misérablement  languir  en  prison 
son  fils  naturel  Octave ,  qui  possédait  l'amour  du 


127 


FARNESE 


128 


peuple.  Cependant,  malgré  la  rudesse  de  son 
caractère,  il  montra  du  goût  pour  les  sciences 
et  les  arts ,  et  ce  fut  sous  son  gouvernement  que 
le  fameux  théâtre  de  Parme  fut  construit,  dans  le 
style  antique,  par  Aleotti.  —  De  son  mariage 
avec  Marguerite  Aldrovandini,  nièce  du  pape 
Clément  VIII,  Ranuce  eut  trois  fils  :  Alexandre, 
Odoard,  qui  lui  succéda,  et  François-Marie,  car- 
dinal en  1645 ,  et  deux  filles,  Marie  et  Victoire, 
qui  devinrent  l'une  et  l'autre  duchesses  de  Mo- 
dène. 
Muratori,  annales.  —  Litta,  Familles  nobles  deV  Italie. 

FARNÈSÉ  (  Odoard  ou  Edouard  ) ,  fils  et 
successeur  du  précédent,  né  le  28  avril  1612, 
mort  le  12  septembre  1646.  Comme  il  avait  be- 
soin d'argent,  il  engagea  au  mont-de-piété  de 
Rome  le  duché  de  Castro  et  le  comté  de  Ronci- 
glione  ;  il  entra  ensuite ,  presque  seul  des  princes 
italiens ,  dans  l'alliance  de  la  France  contre  l'Es- 
pagne ,  en  1633.  Réduit  à  ses  seules  forces  pour 
résister  à  la  maison  d'Autriche ,  il  fut  sur  le 
point  de  perdre  ses  États ,  et  n'obtint  la  paix  que 
par  l'entremise  de  son  parent  le  pape  Urbain  VIII 
et  du  grand-duc  de  Toscane.  En  1639,  le  même 
Urbain  VIII  entreprit  d'enlever  à  Odoard  le  duché 
de  Castro,  sous  prétexte  du  non-rembourse- 
ment des  sommes  pour  lesquelles  ce  duché  avait 
été  engagé.  Après  cinq  ans  de  chicanes  et  de  né- 
gociations, Odoard  obtint  la  restitution  de  Castro 
par  la  médiation  de  la  France  et  des  Vénitiens. 
«  Ce  duc  était  compté,  dit  Muratori ,  parmi  les 
beaux  esprits  de  son  temps.  Il  enchantait  le 
monde  par  ses  beaux  discours ,  dans  lesquels 
néanmoins  il  montrait  un  peu  de  penchant  à  la 
satire,  défaut  dangereux  dans  les  particuliers, 
et  beaucoup  moins  convenable  encore  à  des 
princes  et  à  des  souverains.  Ses  plus  remarqua- 
bles qualités  étaient  la  magnificence ,  la  grandeur 
d'âme  et  la  libéralité.  Il  avait  auprès  de  lui  des 
ministres,  non  pour  prendre  leurs  avis,  mais 
pour  leur  faire  exécuter  ses  volontés ,  croyant 
sa  tête  capable  de  tout;  et  comme  il  avait  la  cer- 
velle chaude  et  portée  aux  grandes  choses  ,  il 
lui  était  facile  de  se  méprendre  et  de  former 
des  résolutions  supérieures  à  ses  forces.  «  De 
Marguerite  de  Médicis,  sa  femme,  Odoard  eut 
quatre  fils  :  Ranuce,  qui  lui  succéda ,  Alexandre, 
Horace ,  Pierre  et  deux  filles. 

Muratori,  Annales. 

FARNÈSE  (  Ranuce  II  ),  fils  et  successeur  du 
précédent,  né  en  1630,  mort  le  11  décembre 
1694.  Ce  prince,  à  qui  une  obésité  héréditaire 
dans  la  famille  Farnèse  depuis  Odoard  l",  en- 
levait presque  toute  activité,  se  laissa  gouverner 
par  ses  favoris.  L'un  d'eux ,  nommé  Jacques 
Godefroy  ou  Gaufridi ,  Provençal,  qui  de  simple 
maître  de  langue  française  était  devenu  premier 
ministre,  fit  assassiner  un  certain  Christophe 
Giarda,  qu'Innocent  X  avait  nommé  évêque  de 
Castro ,  malgré  Ranuce.  Le  pape,  irrité,  envoya 
des  troupes  assiéger  Castro.  Gaufridi,  accouru 
pour  la  défendre,  fut  vaincu,  et  sa  défaite  hâta 


la  reddition  de  la  place.  Innocent  X  fit  raser 
Castro  et  élever  sur  l'emplacement  de  la  ville 
une  colonne,  sur  le  piédestal  de  laquelle  on  grava 
ces  mots  :  Qiiifù  Castro  (Ici  fut  Castro).  Ra- 
nuce, effrayé,  abandonna  au  pape  le  duché  de 
Castro  et  le  comté  de  Ronciglione.  Il  finit  par 
ouvrir  les  yeux  sur  les  malversations  de  son 
ministre  Gaufridi,  lui  fit  couper  la  tête,  en  1670, 
et  le  remplaça  par  Giosepino,  fils  d'un  tailleur 
de  Pavie.  Ce  Giosepino  s'était  introduit  à  la 
cour  par  son  talent  pour  la  musique  ;  il  conserva 
la  faveur  de  Ranuce  jusqu'à  la  fin  de  la  vie  de 
ce  prince.  Muratori ,  jugeant  trop  favorablement 
Ranuce  II ,  dit  que  c'était  un  homme  des  vieux 
temps  (uomo  dei  vecchi  tempi),  un  prince 
plein  de  valeur,  économe ,  mais  généreux  et  li- 
béral dans  l'occasion ,  zélé  jusqu'à  la  sévérité 
pour  la  justice,  ce  qui  le  fit  moins  aimer  que 
redouter.  Ranuce  eut  de  sa  deuxième  femme, 
Isabelle  d'Esté,  un  fils  nommé  Odoard,  qui  mou- 
rut avant  lui,  en  1693,  et  de  Marie  d'Esté,  sa 
troisième  femme,  François  et  Antoine ,  qui  lui 
succédèrent. 
Muratori,  Annales. 

FARNÈSE  (François),  fils  et  successeur  du 
précédent,  né  le  19  mai  1678 ,  mort  le  26  février 
1727.  Ce  prince,  qui  n'avait  pas  moins  d'embon- 
point que  son  père  et  ses  frères,  s'efforça  de 
garder  la  neutralité  entre  les  puissances  qui  se 
faisaient  la  guerre  en  Italie.  Son  règne  n'est  re- 
marquable que  par  une  célèbre  transaction  di- 
plomatique. Par  l'article  5  du  traité  conclu  à  La 
Haye,  le  17  février  1720,  entre  l'Angleterre,  la 
France,  l'Autriche  et  l'Espagne,  il  fut  convenu 
que  les  duchés  de  Parme  et  de  Plaisance  ainsi 
que  celui  de  Toscane  seraient  tenîis  pour  fiefs 
masculins  de  l'Empire; que  lorsque  la  succession 
de  ces  États  serait  ouverte ,  on  les  donnerait  au 
fils  aîné  d'Elisabeth  Farnèse,  reine  d'Espagne 
et  fille  du  prince  Odoard  ;  et  qu'au  défaut  de 
ce  prince,  ou  de  sa  postérité  masculine,  ces 
duchés  passeraient  aux  autres  fils  de  la  reine 
ou  à  leur  postérité  masculine.  Le  duc  François 
vit  cet  arrangement  avec  peine,  et  le  pape  Inno- 
cent XIII  protesta ,  soutenant  que  le  duché  de 
Parme,  fief  mouvant  du  saint-siége,  devait  lui 
revenir.  Les  puissances  contractantes  ne  tin- 
rent aucun  compte  des  sentiments  de  François 
ni  de  la  protestation  du  pape.  François  avait 
épousé  la  veuve  de  son  ffère  J)doard^  Dorothée, 
fille  de  l'électeur  palatin  PHîBppe-Guillaurae  ; 
il  mourut  sans  laisser  d'enfants. 

Leraontey ,'Hist.  de  la  Régence.  — Daclos,  IUéfn.  secrets. 

FARNÈSE  (Antoine),  frère  et  successeur  du 
précédent,  né  le  29  novembre  1679,  mort  le 
20  janvier  1731.  Ce  prince,  d'une  corpulence  ex- 
traordinaire ,  n'aimait  que  la  bonne  chère  et  la 
tranquillité.  Il  épousa  Henriette-Marie ,  fille  de 
Renaud  ,  duc  de  Modène.  Il  n'eut  pas  d'enfants  ; 
mais  en  mourant ,  pensant  qu'il  laissait  enceinte 
la  duchesse  sa  femme ,  il  désigna  pour  son  hé- 
ritier son  fils  posthume, et  à  défaut  de  celui-ci. 


i 


î29  FARNESE  • 

l'infant  don  Carlos ,  fils  de  sa  nièce  Elisabeth 
Farnèse.  L'empereur  Charles  VI  séquestra 
aussitôt  la  succession ,  déclarant  qu'il  la  resti- 
tuerait à  l'infant  don  Carlos ,  si  la  grossesse  de 
la  duchesse  ne  se  vérifiait  pas.  Bientôt  il  fut 
avéré  que  la  duchesse  n'était  pas  enceinte;  et 
en  vertu  d'une  convention  conclue  à  Vienne,  au 
mois  de  septembre  1731 ,  don  Carlos  prit  pos- 
session du  duché  de  Parme.  Avec  Antoine  s'é- 
teignit la  maison  de  Farnèse. 

Mlnano ,  Uistoria  de  Espaila.  —  Art  de  vérifier  les 
dates.  —  Pour  tous  les  Farnèse, Litta  ,  Familles  nobles 
de  l'Italie. 

FARNÈSE  {Elisabeth).  Voy.  Elisabeth. 

*  FARNÈSE  (  Henri) ,  philologue  belge ,  né  à 
Liège,  vers  1550,  mort  àPavie,  en  1616.  Il  était 
très-versé  dans  la  jurisprudence  et  les  langues 
.anciennes.  S'étant  rendu  en  Italie  pour  se  per- 
fectionner dans  les  sciences  ,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur royal  d'éloquence  à  l'université  de  Pavie, 
où  l'on  pense  qu'il  termina  sa  carrière.  On  a  de 
lui  :  De  Jmitatione  Ciceronis,  seu  de  scriben- 
darum  epistolarum  ratione;  Anvers,  !  1571 , 
in-8°  ;  —  De  Verborum  splendore  et  delectu 
Appendices  duse;  Venise,  1590;  — De  Simu- 
lacro  Reipubltcae,  sive  de  imaginibus  politicee 
et  œconomicx  virtutis,lib.  IV;  Pavie,  1595, 
in-8";  —  Diphtera  Jovis,  sive  de  antiqua 
principis  insiitutione,  libri  III;  Milan,  1607, 
in-4''. 

Becdellèvre-Hamal ,  Biographie  Liégeoise,  1. 1. 

*FARO  (FTk  André  de),  missionnaire  por- 
tugais, né  dans  les  Algarves,  mort  en  1678.  II  se 
fit  franciscain,  et  s'embarqua,  avec  onze  de  ses 
compagnons ,  pour  prêcher  la  foi  chrétienne  en 
Guinée.  Au  bout  de  quinze  jours,  il  parvint  à 
Santiago,  capitale  des  îles  du  Cap-Vert,  où  une 
grave  maladie  le  retint.  Convalescent  à  peine ,  il 
entra  dans  l'intéiieur  de  la  Guinée,  et  il  parcou- 
rut ces  régions  inconnues,  avec  un  zèle  qui  triom- 
pha des  plus  grands  obstacles.  Après  avoir  couru 
des  périls  extraordinaires,  il  fonda  plusieurs 
église»,  et  revint  en  Portugal,  où  il  mourut.  Le 
couvent  de  Villa- Viciosa  conservait  le  manuscrit 
où  il  avait  raconté  ses  voyages,  sous  le  titre  de 
Relaçâo  historica  da  Missâo  de  Guiné.  Ce 
[ivre  a  été  consulté  par  plusieurs  auteurs,  et  no- 
tamment par  Manoel  de  Monforte,  qui  en  a 
lîonné  l'extrait  dans  sa  Chronica  da  provincia 
da  piedade.  F.  D. 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 
FARON  (  Saint  ) ,  sanctus  Faro  ou  Burgun- 
îofaro,  né  vers  592,  mort  le  28  octobre  672. 
F'ils  d'Agnéric ,  l'un  des  principaux  officiers  de 
rhéodebert,  roi  d'Austrasie,  il  fut  élevé  à  la 
;our  de  ce  prince.  Il  passa  en  613  à  celle  du 
oi  Clotaire  II ,  auprès  duquel  il  jouit  d'un 
jrand  crédit.  Il  renonça  ensuite  au  monde  avec 
lonsentement  de  Blidechilde,  son  épouse ,  reçut 
a  tonsure  cléricale  dans  l'église  de  Meaux,  et 
ut  choisi  pour  évoque  de  cette  ville  en  627.  Il 
puverna  son  diocèse  avec  un  zèle  infatigable,  et 
issista  au  concile  de  Sens  en  657.  Il  fut  enterré 

NOUV.    BIOCR.    GÉNÉR.    —  T.   XVII. 


FARREN 


130 


dans  l'abbaye  de  Sainte-Croix,  située  près  de 
Meaux  et  appelée  plus  tard  Saint-Faron. 

1).  Mabillon,  Act.  Benedict.,  t.  II.  —  Baillet,  f^ies  des 
Saints,  t.  III,  28  oct. 

FARQUHAR  (Georges),  auteur  dramatique 
anglais,  né  à  Londonderry  (Irlande),  en  1678, 
mort  à  Londres,  en  1707.  Il  abandonna  l'univer- 
sité de  Dublin ,  où  ses  parents  l'avaient  envoyé 
achever  son  éducation,  pour  se  faire  comédien  ; 
mais,  un  jour,  jouant  dans  L'Empereur  indien 
deDrydenet  représentant  Guyomar,  personnage 
qui  tue  un  général  espagnol ,  il  frappa  si  mal- 
heureusement de  son  épée  l'acteur  chargé  de  ce 
rôle,  qu'il  lui  fit  une  blessure  dangereuse.  Ce 
regrettable  accident  décida  de  sa  carrière,  et  il 
renonça  au  théâtre  comme  acteur,  pour  n'y  plus 
reparaître  que  comme  auteur.  Sa  pièce  de  début 
Love  and  a  Bottle,  jouée  à  Londres  en  1698,  ob- 
tmt  un  succès  assez  grand,  et  ses  autres  ouvrages, 
qui  se  succédèrent  rapidement,  rendirent  bientôt 
son  nom  populaire;  il  obtint  alors  une  commis- 
sion de  lieutenant,  ce  qui  lui  permit,  en  l'affran- 
chissant d'un  travail  suivi  et  régulier,  de  se  livrer 
à  ses  goûts  pour  le  plaisir;  il  le  fit  malheureu- 
sement avec  une  ardeur  trop  grande  (  les  lettres 
qu'il  a  laissées  sont  là  pour  l'attester),  et  les 
succès  qu'il  obtint  dans  le  monde  nuisirent  beau- 
coup à  sa  santé  et  beaucoup  plus  encore  à  sa 
fortune;  aussi,  à  son  retour  de  Hollande,  où  des 
créanciers  impitoyables  l'avaient  forcé  de  fuir, 
résolut-il  de  refaire  sa  fortune  au  moyen  d'un 
riche  mariage.  Une  jeune  fille  très-belle  et  qui 
l'aimait  voulut  devenir  la  femme  de  ce  ""  '  .tuel 
libertin;  mais  comme  sa  fortune  était  loin  d'é- 
galer sa  beauté,  elle  se  fit  fabriquer  de  faux 
titres  de  noblesse ,  parla  de  biens  qu'elle  ne  pos- 
sédait pas, et  parvint  ainsi  à  réaliser  ses  projets; 
Farguhar  l'épousa.  La  ruse  ne  tarda  pas  à  être 
découverte  ;  mais  le  poète,  au  lieu  de  faire  cas- 
ser ce  mariage,  qui  était  nul  selon  les  lois  britan- 
niques ,  donna  tout  son  amour  à  celle  qui  l'avait 
trompé.  Cette  union  fut  de  courte  durée,  et 
quelques  jours  après  la  représentation  de  The 
Beaux  Stratagem,  Farquhar  mourut,  au  mo- 
ment où  son  talent,  développé  et  mûri,  allait  lui 
donner  la  gloire  et  peut-être  la  fortune. 

Rival  de  Congrève,  Farquhar  a  laissé  huit  co- 
médies, qui  sont  toutes  très-spirituelles  et  très- 
faciles  ;  mais  on  y  remarque  beaucoup  de  traits 
d'un  goût  un  peu  équivoque,  et  une  morale  trop 
légère  et  trop  conforme  à  la  vie  de  l'auteur.  Voici 
les  titres  des  pièces  de  Farquhar  :  Love  and  a 
Bottle;  1699,  in-4°  ;  —  Constant  Couple  ,1700, 
in-i";  _.  Sir  Harry  Wildair  ;  1701,  in-4'>;  — 
Inconstant;  1702,  in-4°;  —  Twin  Rivais; 
1703,  in-4°;  —  Stage  Coach  ;  1705,  in-4o;  — 
Recruiting  O/ficer;  1705,  in-4";  —  The  Beaux 
Stratagem ;i707,in-i°.  H.  Malot. 

Biographia  Britannica.  —  Biographia  dramatica.  — 
Cibber,  Lives.  —  Spence,  Anedoctes. 

FARREN  {Elisabeth),  comédienne  anglaise, 
née  à  Liverpool,en  1759,  morte  le  23  avril  182». 


Ï3Î 


FARREN 


Son  père;  d'abord  chirurgien ,  puis  apothicaire, 
«ifin  acteur,  étant  mort  en  laissant  sa  famille 
dans  le  dénûment  le  plus  complet ,  Elisabeth  fut 
forcée  de  monter  sur  le  théâtre  ;  elle  débuta  à 
Liverpool  en  1773  et  à  Londres  en  1777.  Quoi- 
que douée  d'un  talent  plein  de  grâce  et  de  déli- 
catesse, elle  dut  surtout  sa  réputation  à  sa  re- 
marquable beauté,  et  ce  fut  cette  beauté  qui  lui 
valut  les  hommages  des  hommes  les  plus  illus- 
tres de  l'Angleterre,  tels  que  Fox ,  le  duc  de  Ri- 
chemond  et  lord  Derby  ;  ce  dernier  poussa  même 
la  passion  jusqu'à  prendre  pour  femme  la  tille  du 
pauvre  comédien  de  Liverpool;  et  en  1797  miss 
Farren  devint  comtesse  de  Derby,  et  prit  rang 
dans  la  plus  haute  aristocratie  de  la  Grande- 
Bretagne.  H.  Malot. 

Arbitcr  (  Peltonins  ),  iMemoirs  of  the  présent  Coun- 
«ess  (Élizabeth  Farren  )  0/  Derby,  including  anecdotes  of 
several  disiiimtis/ied  persons  ;  Londres,  1797. 

*FAiiREî«c  (Madame  Césarie),  née  Gensol- 
LEN ,  femme  de  lettres  française ,  né  à  Dragui- 
gnan  (Var),  le  21  juillet  1802.  Son  père,  qui 
était  médecin,  fut  son  seul  instituteur.  Dans  une 
épître ,  qu'elle  composa  à  l'âge  de  sept  ans,  elle 
disait  à  la  Mort  : 

Dès  l'âge  de  trois  ans  tu  m'enlevas  ma  mère  , 
Ma  sœur  est  au  linceul  ;  conserve-moi  mon  père. 

Elle  cultivait  aussi  la  langue  latine ,  et  Lacépède 
encouragea  vme  traduction  de  La  Henriade  en 
vers  latins ,  qu'elle  avait  entreprise  étant  eiicore 
enfant.  Elle  épousa  en  1819  M.  Farrenc,  officier 
de  cavalerie,  et  continua  à  se  livrer  à  l'étude 
et  à  la  poésie.  Restée  veuve  avec  trois  enfants  , 
la  perte  de  sa  fortune  la  força  de  chercher  des 
ressources  dans  ses  travaux  littéraires.  Dans 
ce  but,  elle  vint  à  Paris  en  1834,  et  se  mit  à 
faire  de  petits  hvres  destinés  à  l'instruction  mo- 
rale et  au  plaisir  du  jeune  âge.  Ces  ouvrages 
eurent  du  succès,  et  le  nombre  en  est  aujour- 
d'hui très-grand.  Quelques-uns  font  partie  de  la 
collection  publiée  sous  le  titre  de  Bibliothèque 
de  la  Jeunesse  chrétienne.  On  a  d'elle,  en  ou- 
tre :  Le  Mariage  de  raison  et  le  Mariage  d'in- 
clination; 1838,  in-8";  —  L'Homme  duimiple 
et  la  grande  Dame,  drame;  1840,  in-8°  ;  — 
Le  Petit  Homme  gris ,  ouvrage  philosophique 
et  moral;  1843,  in-12;  —  Petit  Théâtre  pour 
les  jeunes  Filles;  1844,  in-12.  Guvot  de  Fère. 
Constant  Berryer;  Notice  en  tète  de  VJmi  de  la  Jeu- 
nesse, ouvrage  de  raad.  Farretic.  —  Journal  de  la  Li- 
brairie. 

FARRIL  (Don  O').  VOIJ.  O'  FàRRIL. 

FARSETTi  (Cosimo) ,  jurisconsulte  italien , 
né  à  Carrare,  en  1619,  mort  à  Florence,  en  1689. 
Conseiller  d'Alberic  II,  duc  de  Massa,  il  fut  suc- 
cessivement ambassadeur  auprès  des  républiques 
de  Venise  et  de  Lucques  et  du  grand-duc  Fer- 
dinand II.  S'étant  fixé  à  Florence,  il  fut  comblé 
de  faveurs  par  Cosme  III.  Farsetti  publia  quel- 
ques livres  de  droit,  aujourd'hui  tout  à  fait  ou- 
bliés, 

T.-G.-Farsetti,  Notizie  délia Famlglia  Farsetti. 

FARSETTI  (L'abbé  Philippe  ),  antiquaire ita- 


FASANO  132 

lien,  né  à  Venise,  le  13  janvier  1705,  mort  le 
25  septembre  1774.  Possesseur  d'une  grande  for- 
tune ,  il  fit  mouler  à  ses  frais  les  chefs-d'œuvre 
de  sculpture  antique  dispersés  dans  les  princi- 
pales villes  d'Italie ,  recueillie  un  grand  nombre 
de  bronzes  précieux,  et  fit  exécuter  des  modèles 
en  liège  et  en  pierre  ponce  des  anciens  monu- 
ments de  Rome.  11  forma  ainsi  un  magnifique 
musée,  qu'il  ouvrit  au  public.  L'abbé  Lastesio  a 
décrit  ce  musée,  dans  une  Lettre  à  l'Académie 
de  Cortone;  Venise,  l764,in-4°. 

Tipaldo,  Diografla  decjli  Italiani  illustri. 

FARSETTI  {Joseph-Thomas),  httérateur 
italien ,  né  à  Venise ,  mort  dans  la  même  ville, 
en  1775.  Il  entra  dans  l'ordre  de  Malte,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  se  livrer  à  l'étude  des  lettres 
avec  ardeur.  Ses  œuvres  ont  paru  à  Venise  en 
1763;  elles  se  composent  de  poésies  itahennes  et 
de  deux  tragédies;  la  première  traduite  des 
Trachiniennes  de  Sophocle,  la  seconde  inspirée 
par  la  tragique  aventure  de  Guillaume  de  Ca- 
bestaing  et  de  dame  Marguerite,  femme  de 
Raymond  de  Castel-Roussillon.  On  a  encore  de 
lui  une  traduction  du  Philoctète  de  Sophocle, 
quelques  élégies  et  un  recueil  de  vers  latins,  pu- 
blié à  Paris,  en  1755,  in-8°,  et  à  Parme,  en  1776. 

H.  Malot. 

Biografia  universale ,  édlt.  de  Venise. 

*  FARSiT  (  Hugues  ) ,  écrivain  français ,  vi- 
vait au  douzième  siècle.  Il  était  chanoine  régu- 
lier de  Saint- Jean-des-Vignes  à  Soissons.  On  a 
de  lui  :  une  Relation  de  Miracles  arrives  de- 
puis Wl^  jusrjru'en  1132  dans  l'église  de  No- 
tre- Bame  de  Soissons ,  insérée  par  Michel  Ger- 
main dans  son  Histoire  de  Notre-Dame  de 
Soissons;  —  une  Lettre  à  un  chapitre  de 
Prémontrés,  conservée  à  la  Bibl.  imp.,  n°  2842  ; 
—  une  Lettre  à  sa  sœur  Helvide,  existant 
dans  la  même  Bibl.,  n°  2484.   Louis  Lacour. 

Germain,  Hist.  de  VAbb.  de  N.-D.  de  .boissons,  preu- 
ves, p.  481.  —  Hist.  littéraire  de  France,  t.  XII,  p.  2o:i. 
FAROLM  {Georges- Ange),  historien  italien  , 
né  vers  1650,  mort  en  1728.  Camaldule  de  la 
maison  de  Sainte-Marie-d es-Anges  à  Florence, 
il  composa  un  grand  nombre  d'ouvrages  relatifs 
à  l'histoire  ecclésiastique  et  à  l'hagiographie  ;  les 
principaux  sont  :  Storia  cronologlca  del  no- 
bile  et  antico  monastère  degli  Angiol'  di 
Firenze,  deW  ordine  Camaldolese  ;  Lucques, 
1700,  20  vo!.  in-4°  ;  —  Annali  e  Memorie  dell 
antica  e  nobile  città  di  S.-Sepulcro;  Foli- 
gno,  1713,  in-4'';  —  Annali  di  Arezzo  in  Tos- 
cana;  Foligno,  in-4'';  —  Vita  delta  B.  Elisa- 
betta  Salviati;BaL&s-àno,  1723,  in-4°. 

Niiovo  Dizionario  istorico  (publié  à  fiassano). 

*FASANO  (  roînm«5ô),peintrederécole napo- 
litaine, mort  vers  1700.  Il  fut  un  des  bons  élèves 
de  Luca  Giordano;  mais  il  n'a  laissé  qu'un  petit 
nombre  de  fresques ,  s'étant  consacré  exclusi- 
vement à  un  genre  éphémère  dans  lequel  il  sfe 
fit  une  grande  réputation  ;  il  excellait  à  peindre 
à  la  détrempe  de  grandes  compositions  pour 


133 


FASANO  —  FASOLO 


134 


l'ornement  de  saints-sépulcres,  de  crèches, 
d'expositions  du  saint-sacrement  et  autres  pom- 
pes religieuses.  E.  B — n. 

Lanzi,  Sioria  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

FASCH  (Augustin-Henri) ,  médecin  alle- 
mand ,  né  à  Arnstadt  (Thuringe),  le  19  février 
1639,  mort  le  22  janvier  1690.  Il  étudia  la  mé- 
decine à  l'université  d'ïéna ,  fut  reçu  docteur 
en  1667,  et  devint  professeur  de  la  faculté  en 
1673.  Il  y  enseigna  la  chirurgie,  la  botanique  et 
i'anatomie.  On  a  de  lui  :  Ordo  et  methodus  co- 
gnoscendi  et  curcmdi  causum  ;  —  De  Morbo 
dominorum  et  domino  morborum ;  1670;  — 
De  Vesicatorlis ;  1673;  —  Be  Mîjrrha;  \&11  ; 

—  De  Castoreo;  1677;  —  De  "kmoytiçia,  1681  ; 

—  De  Ovario  MuUerum;  1681-,  — napwxiôeç 
physiologice  et  pathologiceconsideratse;  1683  ; 

—  De  Febre  amatoria;  1690. 
Éloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine. 

*  FASCH  (  Charles-Frédéric-  Chrétien  ) ,  com- 
positeur allemand,  né  à  Zerbst,  en  1736,  mort 
à  Berlin,  en  1800.  Fils  d'un  maître  de  chapelle,  il 
annonça  de  bonne  heure  sa  vocation  musicale. 
Il  seYorma  ensuite  sous  le  virtuose  Hœrtel  de 
Strélitz.  En  1756  il  obtint  un  emploi  dans  la 
chapelle  de  Frédéric  II.  Fasch  fonda  l'Académie 
de  Chant  de  Berlin.  Avant  de  mourir  il  brûla  les 
manuscrits  de  ses  œuvres  musicales. 

Fétis,  Biogr.univ.  des  Musiciens. 

FA sciTELLi  (i^onore),  en  latin  fasitel- 
Lus,  poète  latin  moderne,  né  à  Isernia,  en  1502, 
mort  à  Rome,  en  mars  1564.  Il  entra  chez  les 
Bénédictins  de  la  congrégation  du  Mont-Cassin, 
et  devint  gouverneur  du  cardinal  Innocent  del 
Monte,  neveu  de  Jules  III.  Nommé,  en  1555, 
évêque  d'isola ,  il  assista  au  concile  de  Trente. 
Deux  ans  avant  sa  mort  il  résigna  son  évêché 
pour  vaquer  plus  librement  à  des  exercices  de 
piété.  Ses  poésies  latines,  qui  pour  l'élégance 
peuvent  se  comparer  aux  meilleures  du  temps, 
ont  été  insérées  dans  les  Delïcix  Poetarum 
Italorum,  p.  952,  et  dans  les  Carmina  illust. 
Poetar.  Ital.,  IV,  191  ;  elles  ont  été  réimpri- 
mées avec  des  additions  par  J.-Vinc.  Meola; 
Naples,  1776.  On  a  encore  de  Fascitelli  une 
bonne  édition  de  Lactance;  Venise,  Aide,  1535, 
in-8°. 

Meola,  f^ie  de  Fascitelli,  en  tète  de  ses  Poésies.  — 
Tirabosclii,  Storia  délia  Lctt.  Ital.,  t.  VU,  part.  lîl, 
p.  219. 

FASEL  (  Jean-Frédéric  ),  médecin  allemand , 
né  à  Berka  (duché  de  Weimar),  le  24  juin 
1721,  mort  le  16  février  1767.  11  fit  ses  études 
médicales  à  l'université  d'icua,  sous  Kaltsch- 
midt,  et  obtint,  en  1758,  la  place  de  professeur 
extraordinaire.  On  n'a  de  lui  que  des  opuscules 
dont  le  plus  important  fut  publié  après  la 
mort  de  l'auteur,  sous  le  titre  de  Elementa 
Medicinx  forensi  accommodafa;  léna,  1767, 
in-4'';trad.  en  allemand  par  Chrétien-Godefroy 
Lange,  Leipzig,  1768,  in-S"  ;  Wurtzbourg,  1770, 
in-8".  Fasel  a  publié  en  outre  les  Jnsiihiliones 


medicinsc  legalis  velforensis  de  Teichmeyer  ; 
léna,  1764,  in -8°. 
Biographie  médicale. 

*FASOLATO  (Agostino),  sculpteur  véni- 
tien ,  travaillait  à  la  fin  du  dix-septième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-huitième.  Cédant 
au  mauvais  goût  de  son  époque  et  doué  d'une 
prodigieuse  habileté  à  tailler  le  marbre,  il 
chercha  moins  à  atteindre  la  perfection  de  l'art 
qu'à  en  vaincre  les  difficultés  matérielles.  Il  se 
fit  connaître  par  de  véritables  tours  de  force, 
dont  le  plus  étonnant  est  le  fameux  groupe  de  La 
Chute  des  Anges  rebelles,  qn&  tous  les  étrangers 
vont  visiter  à  Padoue,  dans  le  palais  Trento-Pap- 
pafava.  Soixante  figures  entièrement  nues,  d'en- 
viron 0'",30  de  proportion,  forment  une  espèce 
de  pyramide  d'un  seul  bloc  de  marbre  de  près 
de  trois  mètres  de  hauteur,  qui  ne  présente  de 
tous  côtés  qu'un  incroyable  entrelacement  de 
corps ,  de  têtes,  de  jambes,  de  bras  enchevêtrés 
dans  les  poses  les  plus  extraordinaires,  les  plus 
singulières.  Chaque  figure  est  presque  entière- 
ment isolée  des  autres,  et  l'imagination  ne  peut 
concevoir  que  le  ciseau  de  l'artiste  ait  pu  fouiller 
ainsi  le  marbre,  et  par  d'étroites  ouvertures  ar- 
river à  terminer  chaque  ange ,  chaque  démon 
avec  Je  fini  le  plus  précieux.  Fasolato  avait  exé- 
cute ce  groupe  pour  le  bailly  de  Malte,  Trento, 
qui  lui  en  commanda  un  second  du  même  genre 
dont  il  voulait  faire  présent  au  grand-maîti'e  de 
l'ordre.  Ce  groupe,  dont  on  ignore  le  sujet,  fut 
pris  en  mer  par  des  corsaires  barbaresques,  et 
l'on  ne  sait  ce  qu'il  est  devenu.  Fasolato  a  sculpté 
pour  le  palais  Maldura  de  Padoue  un  troisième 
groupe,  composé  seulement  de  six  figures,de  plus 
grande  proportion,  représentant  L'Enlèvement 
des  Sabines.  E.  B— n, 

Cicognara,  Stoi'ia  délia  Scultura.  —  Ticozzi,  Dizio- 
nario. —  Paolo  Faccio  ,  Nuova  Guida  di  Padova. 

FASOLO  (Jean),  en  latin  faseolus,  érudit 
italien,  né  à  Padoue,  dans  la  première  partie  du 
seizième  siècle,  mort  dans  la  même  ville,  au 
mois  de  décembre  1571.  Il  succéda  à  Robortel 
dans  la  chaire  de  belles-lettres  à  l'université  de 
Padoue,  On  a  de  lui  la  première  traduction  du 
Commentaire  de  Simphcius  sur  le  Traité  de 
l'Atne  d'Aristote;  Venise,  1543,  in-fol. 
Nuovo  Dizionario'Jstorico  (édlt.  de  Bassano). 

*  FASOLO  (Jean- Antoine),  peintie  italien, 
né  à  Vicence,  en  1528,  mort  à  Vérone,  en  1572. 
Élève  de  Zeloti  et  de  Paul  Véronèse ,  il  imita 
surtout  ce  dernier.  Il  excellait  à  peindre  des  su- 
jets allégoriques.  Il  mourut  d'une  chute  qu'il  lit 
en  peignant  la  salle  du  podestat  de  Vérone.  Parmi 
ses  oeuvres  les  plus  remarquables,  on  cite  :  La 
Piscine,  à  Saint-Roch  de  Vérone  ;  et  dans  la  ga- 
lerie royale  de  Dresde,  un  portrait  de  femme 
vêtue  d'étoffe  blanche  parsemée  de  fleurs  d'or. 

Lanzi,  Historia  délia  Pittura,  l.  III. 

*  FASOLO  (Bernardin)  ,  peinti-e  italien,  né 
à  Pavie,  vivait  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  fut  un  des  meilleurs  «Sèves  do 


135 


FASOLO  —•  FASTOUL 


\u 


Léonard  de  Vinci.  On  voit  de  lui  au  Musée  du 
Louvre  un  beau  tableau  daté  de  1518,  lequel 
représente  La  Vierge  assise  sur  son  trône  et 
tenant  son  fils  dans  ses  bras. 

Lanzi,  Historia  délia  Pittura,  t.  IV. 

*  FASSARi  (Fince»#),  théologien  sicilien, né 
àPalerme,en  1599,  mort  dans  sa  ville  natale,  en 
1663.  Il  entra  dans  la  Société  de  Jésus  en  1614, 
et  enseigna  successivement  les  belles-lettres ,  la 
philosophie,  la  théologie  et  l'Écriture  Sainte.  On 
a  de  lui  beaucoup  de  Meditationi  sur  des  sujets 
religieux,  et  d'autres  ouvrages  de  philosophie 
et  de  piété  ;  les  principaux  sont  :  Disputationes 
philosophicas  de  quantitate,  ejusque  com- 
positione,  essentia ,  etc.;  Palerme,  1644,  in- 
fol,;  —  Immaculata  Deiparse  Conceptio  theo- 
logicas  commissa  trutinœ  ;  Lyon,  1666,  in-fol. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula.  —  Aug.  et  AI.  de  Bac- 
ker,  Bibliothèque  des  Écrivains  de  la  Comp.  de  Jésus. 

*  FASSETTi  (Giovanni-Battista),  peintre 
de  l'école  de  Modène,  né  à  Reggio,  en  1686,  mort 
après  1772.  Issu  de  parents  pauvres,  il  dut  se 
mettre  au  service  de  Giuseppe  Dallamano,  dont 
il  broyait  les  couleurs;  ce  ne  fut  qu'à  l'âge  de 
vingt-huit  ans  qu'il  essaya  de  peindre  à  son 
tour.  Ayant  quitté  son  premier  maître,  il  s'at- 
tacha à  Francesco  Bibbiena,  et  sous  sa  direction 
il  ne  tarda  pas  à  devenir  un  des  plus  habiles 
peintres  de  décoration  de  son  temps.  Il  peignait 
encore  à  l'âge  de  quatre-vingt-six  ans.  E.  B— n. 

Tiraboschi,  Nottzie  degli  Artiflci  Modenesi.  —  Lanzi, 
Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

FASSiN  {Nicolas-Henri- Joseph  de),  peintre 
belge,  né  à  Liège,  le  20  avril  1728,  mort  le  21 
janvier  1811.  A  l'âge  de  vingt  ans  il  entra  dans 
les  mousquetaires  gris  du  roi  de  France.  En 
1754  il  quitta  son  corps  pour  organiser  une  com- 
pagnie de  cavalerie;  mais  à  la  paix  il  revint  dans 
son  pays,  et  s'adonna  à  la  peinture,  qu'il  avait 
déjà  cultivée  dans  sa  jeunesse.  A  quarante  ans 
il  fit  le  voyage  d'Italie.  Il  se  fixa  ensuite  à  Ge- 
nève, et  ne  tarda  pas  à  se  faire  une  réputation 
d'habile  paysagiste.  Malgré  les  offres  de  Cathe- 
rine II,  qui  voulait  l'attirer  à  Saint-Pétersbourg, 
Fassin  revint  en  Belgique,  et  après  avoir  habité 
successivement  Bruxelles  et  Liège,  il  alla  se 
fixer  à  Spa,  où  il  termina  ses  jours.  Les  compo- 
sitions originales  de  Fassin  ont  de  la  richesse  et 
de  la  variété  ;  elles  offrent  un  dessin  correct,  un 
coloris  naturel  et  pur;  ses  copies  de  Both  et  de 
Berghem  sont  des  chefs-d'œuvre. 

Van  Hulst,  Notice  biographique  sur  Fassin;  Liège, 
1837,  in-8°.  —  Becdelièvre  Haraal,  Biographie  Liégeoise. 

*  FASS01.0  (Bernardino) ,  peintre  de  l'école 
milanaise ,  né  à  Pavie ,  florissait  au  commeuce- 
ment  du  seizième  siècle.  Il  est  incroyable  qu'un 
artiste  d'un  aussi  grand  mérite  soit  resté  pendant 
près  de  trois  siècles  inconnu  à  tous  les  biogra- 
phes; ce  ne  fut  pourtant  qu'à  la  fin  du  siècle 
dernier  qu'apparut  à  Rome  une  madone  du  plus 
beau  style  léonardesque  avec  cette  inscription  : 
Bernardinus  Faxalus  de  Pupia  fecit  1518. 
Ce  chef-d'œuvre  indique  évidemment  que  son 


auteur  fut  un  des  meilleurs  élèves  de  Léonard 
de  Vinci.  De  la  galerie  Braschi  il  est  passé  au 
Musée  du  Louvre,  où  il  est  resté.      E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 
—  F.  Vilîot,  Notice  des  Tableaux  du  Musée  du  Louvre. 

FASSONi  {Libérât),  théologien  italien,  né 
vers  1700,  mort  à  Rome,  en  1767.  Il  était  reli- 
gieux des  écoles  Pies,  et  professait  la  théologie 
dans  le  collège  de  son  ordre  à"  Rome.  On  a  de 
lui  :  De  Leibnitiano  Rationis  Principio  ;  Sini- 
gaglia,  1754,  in-fol.;  —  De  grseca  Sacrarum 
Litterarum  editione  a  LXX  interpretïbus  ; 
Urbin,  1754,  in-4°;  —  De  Piorum  in  sinu 
Abrahse  beatitudine  ante  Christi  mortem; 
Rome,  1760,  in-4''. 

Ricliard  et  Giraud,  Bibl.  sacrée. 

'  FASTiDitfs,  moine  ou  évêque  anglais  au 
cinquième  siècle.  On  manque  de  détails  sur  sa 
vie  ;  ii  reste  de  lui  un  Traité  de  la  Vie  chré- 
tienne, qu'HoIstenius  a  publié  à  Rome,  en  1633, 
d'après  un  manuscrit  fort  ancien  ;  les  doctrines 
pélagiennes ,  alors  réi>andues  en  Angleterre ,  se 
montrent  dans  cet  écrit.  G.  B. 

Galland,  Bibliotheca  Patrum,  vol.  IX,  p.  481,  Prole- 
gomena,  p.  xxix.  —  Celllier,  Histoire  des  Écrivains 
ecclésiastiques,  t.  XIV,  p.  28G. 

*  FASTOUL  OU  FATOCL  (Baude,  du  latin 
Balduinus),  trouvère,  né  à  Arras,  florissait 
pendant  le  treizième  siècle  dans  cette  ville,  fé- 
conde en  poètes  renommés  et  connus  par  leurs 
chants  romans-wallons.  Nous  ignorons  les  par- 
ticulai'ités  de  la  vie  de  Baude  Fastoul  jusqu'au 
temps  où,  peu  après  avoir  assisté  à  un  tournoi, 
comme  il  nous  l'apprend ,  il  fut  pris  d'une  ma- 
ladie incurable,  la  lèpre  très-probablement,  dont 
avait  été  atteint  aussi  son  compatriote  le  fa- 
meux Jean  Bodel,  mort  au  commencement  du 
treizième  siècle  {voir  ce  nom).  Comme  tout  le 
monde  fuyait  le  pauvre  trouvère,  il  se  vit  obligé 
de  quitter  Arras.  Selon  l'habitude  de  l'époque, 
il  formula  dans  un  Congié,  à  l'imitation  de  celui 
d'Adam  de  La  Halle  {voir  ce  nom),  ses  adieux 
à  ses  compatriotes  et  à  ses  bienfaiteurs  de  la 
même  ville.  Cette  pièce,  très- remarquable,  com- 
mence ainsi  : 

Si  je  Savoie  dire  ou  faire 
Cuse  ki  autrui  deust  plaire, 
J'en  aroie  moult  bien  loisir. 

Il  y  cite  ensuite  un  très-grand  nombre  de  noms 
de  personnes  qui  existaient  alors  dans  la  ville 
d'Arras,  et  parle  des  rapports  qu'il  avait  eus 
avec  le  mayeur  : 

Pitiés,  par  mon  consel  vlas 

Congié  prendre  au  mayeur  d'Arras. 

Car  il  me  sciait  avoir  kier  (me  chérissait). 

Entre  autres  choses  encore ,  il  y  dit  :  «  Il  me 
faut  aller  dans  une  maison  où  je  devrai  fournir 
bon  gage  avant  d'avoir  une  bonne  ou  mauvaise 
nourriture ,  car  les  échevins  ont  décidé  que  je^ 
devais  me  mettre  en  possession  du  fief  de  Jea 
Bodel.  » 

Eskievin  ont  trouvé  un  brief, 

Ke  je  doi  recevoir  le  flef 

Ki  Tient  de  par  Jeban  Sodel 


137  FASTTOUL  —  FATIO 

On  ne  peut,  faute  d'indication,  préciser  à 
quelle  ville,  à  quel  hospice  fut  affectée  cette 
rente;  peut-être  fut-ce  à  la  léproserie  de  Meulan. 
L'œuvre  de  Baude  Fastoul,  qui  figurait  au  n"  2736 
des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  duc  de  La 
Vallière,  est  cataloguée  maintenant  au  n°  7218 
aux  manuscrits  français  de  la  Bibliothèque  im- 
périale. Barbazan,  dans  ses  Fabliaux  et  Contes, 
1808,  tome  I,  p.  111  et  suiv.,  a  publié  le  Congié 
de  Baude  Fastoul,  d'à  peu  près  700  vers. 
Jules  Perin. 

Arthur-Dlnaux,  Trouvères,  jongleurs  et  ménestrels  du 
nord  de  la  France  et  du  midi  de  la  Belgique;  Trouvères 
artésiens;  Valenciennes,  t.  III,  1843. 

FÂSTRADE ,  reine  de  France ,  morte  en  794, 
à  l'âge  d'environ  trente  ans.  Elle  était  fille  de 
Rodolphe  ou  Raoul,  duc  de  Franconie  (1).  Char- 
les P',  roi  des  Francs  (2),  l'épousa  à  Worms,  en 
783,  quelques  mois  après  la  mort  de  sa  seconde 
femme,  Hildegarde.  Le  duc  de  Franconie  était  un 
de  ces  riches  seigneurs  dont  la  cour  égalait 
presque  en  splendeur  celle  de  leur  souverain  ; 
comme  lui ,  ils  avaient  des  nobles  pour  domes- 
tiques, et  des  grands-officiers  de  toutes  déno- 
minations. La  nouvelle  reine  se  montra  altière , 
impérieuse  et  dure  ;  ses  défauts  la  firent  haïr  des 
seigneurs  austrasiens.  Les  mécontents  se  réuni- 
rent autour  de  Pépin  dit  le  Bossu ,  fils  de  Char- 
les 1*"^  et  d'une  concubine  ou  femme  du  second 
ordre,  dont  il  s'était  séparé  avant  d'épouser  la 
princesse  de  Lombardie ,  Hermengarde.  Blessé 
des  dédains  dont  l'accablait  Fastrade,  Pépin 
conspira  contre  son  père,  qui  ne  lui  avait  pas 
accordé  d'apanage.  Cette  conspiration  ayant 
été  découverte,  les  complices  du  jeune  prince 
subirent  différents  suppfices ,  à  l'instigation  de 
Fastrade,  dont  le  caractère  était  cruel;  et  mal- 
heureusement elle  jouissait  d'un  grand  ascen- 
dant sur  l'esprit  du  roi,  qui  pour  lui  complaire 
«  s'écartait,  dit  Eginhard,  de  sa  bonté  et  de  sa 
doucem'  habituelles  ».  Les  conseillers  de  Char- 
les l'emportèrent  cependant  sur  la  reine  en  ce 
qui  concernait  Pépin.  Au  lieu  de  le  condamner  à 
mort ,  on  le  fit  raser  et  enfermer  dans  un  mo- 
nastère. Fastrade  eut  deux  filles ,  Théodrade  et 
Hiltrude,  qui  devinrent  abhesses,  la  première 
d'Argenteuil,  la  seconde  de  Faremoutiers.  Après 
onze  ans  de  maiiage,  cette  reine  mourut,  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein.  Charles  se  consola  promptement 
de  sa  perte ,  en  épousant,  en  quatrièmes  noces , 
une  princesse  allemande,  nommée  Luitgarde. 
C  Lebrun. 


Eginhard,  fie  de  Charlemagne.  —  Daniel,  Histoire 
de  France. 

*  FASTRËDE  (  FlASTER  OU  FASTRADE,  et  pluS 

fréquemment),  abbé  de  Citeaux,  né  dans  les 
premières  années  du  douzième  siècle,  mort  à 

(1)  La  Franconie  tirait  son  nom  de  la  colonie  de  Francs 
que  Clovis  avait  établie  en  ce  pays,  pour  protéger  la 
Gaule  contre  les  incursions  des  Thuringiens. 

(2)  Le  titre  de  Magnus  ou  Grand  ne  fut  donné   à 
Charles  que  quelque  temps  après  sa  mort.  Comme  ce 
prince  ne  fut  couronné  empereur  d'Occident  qu'en  800,    I 
fastrade  n'a  pas  été  Impératrice. 


138 
Paris,  le  11  avril  1163.  Il  succéda  à  saint  Ber- 
nar  dans  la  charge  de  prieur  des  Cisterciens  de 
Clairvaux ,  et  embrassa  les  intérêts  de  l'Église 
dans  le  schisme  qui  suivit  l'élection  du  pape 
Alexandre  III.  Fastrède  a  écrit  deux  lettres; 
l'une  est  imprimée  dans  les  Opéra  de  saint 
Bernard ,  l'autre  dans  le  Xe  vol.  des  Conciles 
du  P.  Labbe.  Louis  Lacour. 

Gallia  christiana,  t.  III,  p.  171,  t.  V.  p.  800.  —  Dubois, 
Histoire  ecclésiastique  de  Paris,  1.  XIII,  ch.  iv.  —  Hist. 
littéraire  de  France,  t.  XII,  p.  625. 

FXTB  (Abou-Nasr).  Voy.  Al-Fath  ibn-Kha- 

CAN. 

FATHIME  ou  FATHIMET ,  fille  de  Mahomet 
et  de  Khadidja,  née  à  La  Mecque,  en  606  de  J.-C, 
morte  en  632.  A  l'âge  de  quinze  ans,  en  l'an  2  de 
l'hégire  (623  de  J.-C),  elle  épousa  Ali,  dont 
elle  fut  la  première  et  la  seule  femme  tant  qu'il 
vécut.  Elle  fut  mère  de  Hosséin,  Hassan  et  Moh- 
sen.  C'est  d'elle  que  prétendaient  descendre  les 
khalifes  fathimites  d'Egypte.  Encore  aujourd'hui 
les  seyyids  et  les  schérifs ,  qui  seuls  ont  titre 
de  noblesse  dans  les  pays  musulmans,  et  qui 
portent  le  turban  vert  pour  marque  de  distinc- 
tion, font  remonter  leur  origine  jusqu'à  Fathime. 
Celle-ci  est  au  nombre  des  quatre  femmes  que 
Mahomet  regardait  comme  douées  de  la  perfec- 
tion. E.  Beacvois. 

Abuiféda,  fie  de  Mahomet,  trad.  par  Gagnier,  p.  17, 
62.—  Abulfaradj,  Hist.  Dynast.,  trad.  par  Pococke,  p.  103. 

—  M.  Caussin  de  Perceval,  Essai  sur  l'hist.  des  Arabes 
avant  l'islamisme,  t.  I,  p.  329-330  ;  t.  III,  p.  84,  83,,  329. 

—  Mort  de  Fathime,  extr.  du  Deh.  Médjlis;  dans  les  New 
Asiatic  Miscellanies,  Calcutta,  1789,  in-4°. 

*  FATHIMET,  fille  de  Yousouf  ben-Yahya 
al-Moghamir  de  Cordoue,  morte  en  319  de  l'hé- 
gire (931).  Elle  est  la  première  des  femmes  ara- 
bes qui  aient  exercé  la  profession  de  juriscon- 
sulte et  écrit  sur  le  droit.  E.  B. 

Ahmed  ben-Yaliya  ad-Dhobi,  Boghiet  al-Moltemis.  — 
J.  de  Hammer,  Literatur-Geschichte  der  Araber,  t.  IV, 
p.  145. 

*  FATIK  AL-MEDJNOUN   (  AbOU-Schodja)  , 

émir  d'Egypte ,  né  en  Asie  Mineure ,  de  parents 
grecs,  mort  au  Caire,  en  350  de  l'hégire  (  961  de 
J.-C).  Fait  prisonnier  par  des  musulmans,  dans 
le  château  de  Dzou'l-Kelaat ,  il  vint  en  la  pos- 
session d'Ikhschid,  khalife  d'Egypte.  Après  la 
mort  de  ce  prince,  U  se  retira  dans  ses  pro- 
priétés du  Fayyoum ,  pour  éviter  d'obéir  à  Ka- 
four,  naguère  son  égal ,  mais  alors  devenu  régent 
du  royaume.  L'insalubrité  du  cUmat  de  cette 
province  et  sa  mauvaise  santé  le  forcèrent  à 
retourner  au  Caire.  Il  y  fit  connaissance  de  Mo- 
tenebbi,  qui  l'a  immortalisé  pai'  ses  célèbres 
kassidets  intitulées  Fatikiyet.  E.  B. 

Ibn-Kliatlikan,  Biogr.  Diction.,  trad.  par  M.  Mac-Guc- 
kin  de  Slane,  t.  I,  p.  110,  t.  H,  p.  453-455.  —  Abuiféda, 
Ann.  Mosl.,  trad.  de  Reiske,  t.  II,  p.  473.  —  Motenebbi, 
trad.  en  atl.  par  M.  J.  de  Hammer;  Vienne,  1823,  in-8o, 

FATOIIDES  OU  FATBÉMIDES.  Voy.  Al- 
MAHDY. 

FATIO  DE  DtriLLERS  (  Nicolas  ) ,  savant 
géomètre  et  célèbre  fanatique ,  né  à  Bàle,  le  16 


Î39 


FATIO 


140 


février  1664,  et  mort  en  1753,  dans  le  comté  de 
Worcester.  Il  fut  élevé  à  Genève  et  reçu  bour- 
geois de  cette  ville.  Après  avoir  ensuite  passé 
quelque  temps  à  Paris  et  à  La  Haye ,  il  adopta 
l'Angleterre  pour  sa  patrie.  De  bonne  heure  il 
donna  des  preuves  d'une  grande  aptitude  pour 
les  sciences  exactes.  Il  commença  à  se  faire  con- 
naître par  une  lettre  qu'il  écrivit,  à  l'âge  de  dix- 
huit  ans,  à  Cassini,  et  qui  contenait  une  nouvelle 
théorie  de  la  terre  et  une  hypothèse  pour  exph- 
quer  la  forme  de  l'anneau  de  Saturne.  S'étant 
rendu  à  Paris  au  commencement  de  1683 ,  il 
reçut  des  membres  de  l'Académie  des  Sciences 
des  témoignages  flatteurs  de  leur  estime  pour  ses 
connaissances  précoces.  Cette  même  année,  en 
mars  et  en  avril ,  l'attention  du  monde  savant 
fut  attirée  par  l'apparition  d'une  lumière  sem- 
blable en  couleur  et  en  intensité  à  celles  de  la 
queue  des  comètes,  et  qui  se  montrait  tantôt  après 
le  crépuscule,  tantôt  avant  l'aurore.  Cassini, 
pour  expliquer  ce  phénomène ,  établit  la  théorie 
de  la  lumière  zodiacale.  Fatio,  qui  avait  suivi  ce 
savant  dans  ses  observations ,  et  qui  eut  occa- 
sion l'année  suivante  de  les  répéter  à  Genève , 
donna,  en  1685,  à  cette  hypothèse  des  dévelop- 
pements nouveaux,  qui  furent  reçus  avec  fa- 
veur (1).  En  outre  de  travaux  importants  sur 
l'astronomie  mathématique,  on  doit  à  ce  savant 
plusieurs  applications  utiles  ou  curieuses  des 
sciences  à  la  navigation  et  à  l'industrie,  par 
exemple  une  nouvelle  manière  de  mesurer  la 
vitesse  de  la  marche  d'un  vaisseau,  un  moyen 
d'utiliser  comme  moteur  le  mouvement  des  eaux 
occasionné  par  le  sillage  d'une  embarcation  ,  un 
procédé  pour  percer  les  rubis ,  ce  qui  les  rendait 
propres  à  être  employés  dans  l'horlogerie.  Fatio 
fut  la  cause  première  de  la  discussion  soulevée 
entre  Leibnitz  et  Newton  sur  l'invention  du 
calcul  différentiel.  Piqué,  dit-on,  de  n'avoir  |  as 
été  mis  au  nombre  des  mathématiciens  auxquels 
Leibnitz  proposait  la  solution  de  problèmes  dif- 
ficiles ,  il  vengea  son  amour-propre  offensé  en 
contestant  les  droits  que  celui-ci  croyait  avec 
raison  avoir  à  la  découverte  du  calcul  différentiel 
(calcul des  fluxions). 

Cet  tiomme,  qui  s'était  fait  connaître  de  si 
bonne  heure  comme  un  habile  mathématicien , 
qui  justifia  par  ses  travaux  les  espérances  qu'il 
avait  fait  concevoir,  qui  fut  reçu  à  vingt-quatre 
ans  membre  de  la  Société  royale  de  Londres  et 
qui  aurait  été  admis  plus  jeune  encore  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Paris  s'il  avait  consenti 
à  renoncer  au  culte  protestant,  se  laissa  égarer 
en  religion  jusqu'aux  dernières  limites  de  l'ex- 
travagance. Non-seulement  il  se  fit  à  Londres 
en  1706  l'ardent  défenseur  des  prophètes  des 
Cévennes  {voyez  l'article  Page),  mais  encore  il 
se  crut  lui-même  inspiré  par  l'esprit  divin  et  ca- 
pable de  prophétiser  et  de  faire  des  miracles. 

(1)  Voir  une  communication  de  Choiiet  sur  l'explication 
développée  par  Fatio  dans  les  Nouvelles  de  la  République 
des  Lettres,  1685,  mars,  r,  260-267. 


Des  discussions  très- vives  éclatèrent  sur  les  pré- 
tentions des  prétendus  prophètes.  La  Lettre  sur 
V enthousiasme  de  Shaftesbury,  écrite  à  cette 
occasion ,  ne  suffit  pas  pour  ramener  les  esprits 
au  sens  commun.  Il  fallut  avoir  recours  à  des 
mesures  sévères.  Fatio  et  deux  autres  fanatiques 
furent  condamnés  à  l'exposition  publique ,  avec 
un  écriteau  attariié  au  chapeau  (1).  Loin  de  le 
corriger,  cette  punition  poussa  son  exaltation 
jusqu'au  dernier  paroxysme.  Il  conçut  le  projet 
de  convertir  au  christianisme  tous  les  habitants 
de  la  terre,  et  il  partit  pour  l'Asie  dans  le  des- 
sein de  commencer  son  œuvre.  Le  reste  de  sa 
vie  est  peu  connu.  On  sait  seulement  qu'il  re- 
tourna en  Angleterre ,  qu'il  y  vécut  dans  la  re- 
traite, et  qu'il  persista  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours 
dans  ses  croyances  extravagantes ,  tout  en  con- 
tinuant cependant  à  s'occuper  de  travaux  scien- 
tifiques. 

Outre  plusieurs  articles  d'astronomie  ma- 
thématique pubUés  dans  la  Bibliothèque  uni- 
verselle en  1687,  dans  les  Acta  Erudit.  Lips.  en 
1700,  dans  les  Transactions  philosophiques 
en  1713  et  dans  le  Gentleman''s  Magazine  en 
1737  à  1738,  on  a  de  lui  :  Lettre  à  M.  Cassini 
sur  une  lumière  extraordinaire  qui  paraît 
dans  le  ciel  depuis  quelques  années;  Ams- 
terdam, 1686,in-8°;  —  Epistola  de  Mari  yEneo 
Salomonis  ad  Bernardum,  in  qua  ostenditur 
geometrice  satisfieri  passe  mensuris  quœ  de 
Mari  .Eneo  in  Sacra  Scriptura  habentur  ; 
Oxford ,  1688,  in-8"  ;  -^  Lineee  brevissimee  De- 
scensus,  investigatio geometrica  duplex,  cui 
addita  est  investigatio  geometrica  solidi  ro- 
tundi  in  quo  niinima  fiât  resistentia ;  Lon- 
dres, 1699,  in-4''  ;  —  Navigation  improved, 
being  the  Methodfor  finding  the  latitude  at 
sea  as  well  as  bij  land  (La  Navigation  perfec- 
tionnée, ou  méthode  pour  trouver  la  latitude  en 
mer  aussi  bien  que  sur  terre);  Londres,  1728, 
in-fol.  11  s'agit  principalement  dans  ce  livre  de  la 
détermination  de  la  latitude  au  moyen  de  deux 
observations  de  la  hauteur  du  soleil  et  du  temps 
écoulé  entre  elles.  —  Bœhmer  et  Senebier  lui 
attribuent  un  ouvrage  anonyme  intitulé  :  Fruis- 
walls  improved  (Espalier  perfectionné);  Lon- 
dres, 1699, in-4'',  et  dans  lequel  est  décrite  une 
nouvelle  espèce  de  terrasse  inclinée  propre  à  la 
culture  des  fruits  en  espalier.  Fatio  avait  publié 
aussi  quelques  écrits  en  faveur  des  prophètes  des 
Cévennes  ;  nous  n'avons  pu  en  retrouver  les  titres. 
Il  laissa  en  mourant  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages  inédits,  qui  passèrent  entre  les  mains 
du  professeur  Le  Sage  de  Genève  :  aucun  d'eux 
n'a  été  publié.  Michel  Nicolas.  , 

Senebier,  Bist.  litt.  de  Genève,  t.  III. 

FATIO  a>E  »îJïLt,EES  { Jean-Christophe) ^ 
frère  aîné  du  précédent,  se  livra,  comme  lui, 
à  l'étude  des  sciences ,  principalement  à  l'astro- 
nomie et  à  la  physique.  Ses  travaux  lui  ouvri- 

ii)  Senebier,  dans  son  Bist.  littér.  de  Genève,  prétend 
que  cette  exposition  n'eut  lieu  qu'en  effigie. 


141  FATTO  —  FAUCHE-BOREI 

rent  en  i  706  les  portes  de  la  Société  royale  de 
Londres.  Le  1"  vol.  de  Y  Histoire  de  Genève  de 
Spoii  confient  quelques  observations  de  lui  sur 
riiistoire  naturelle  des  environs  du  lac  de  Ge- 
nève, et  le  n"  306  des  Transact.  philos,  un 
extrait  de  la  description  d'une  éclips?  de  soleil 
qu'il  avait  observée  à  Genève.  Enfin,  il  a  aussi 
publié  un  petit  écrit  pour  prouver  la  fausseté  du 
prétendu  manuscrit  sur  l'histoire  de  Genève 
trouvé  dans  le  château  de  Prangius,  et  dont  Gre- 
gorio  Leti,  qui  le  premier  en  lit  usage ,  fut  vrai- 
semblablement l'auteur.  Michel  Nicolas, 

Sencbier,  Hist.  litt.  de  Genève,  t.  HI. 

*  FATOU  (Nicolas  ),  écrivain  mystique  fran- 
çais, né  à  Arras,  en  1044,  mort  à  Saint-Omer,  le 
17  août  1094.  Il  prononça  ses  vœux  au  couvent 
des  Dominicains  de  sa  ville  natale,  et  se  fit  en- 
suite agréger  au  couvent  de  Saint-Omer,  où 
il  termina  ses  jours.  On  a  de  lui  •-  Le  Paradis 
terrestre  du  saint  Rosaire  de  l'auguste 
Vierge,  mère  de  Dieu;  divisé  en  douze  ja7'- 
dins  à  huit  jjarterres,  autrement  en  douze 
octaves  à  huit  discours,  excepté  le  onzième, 
qui  en  a  douze.  Idée  qui,  sans  aucun  trait  de 
poésie,  va  produire  une  rose  à  cent  feuilles 
ou  cent  discours  très-propres  sur  la  même 
matière  du  Rosaire,  en  4  tomes  ;  Saint-Omer  et 
Lille,  1692,  un  vol.  in-12.  On  peut  juger  du 
style  par  le  titre  singulier  de  cet  ouvrage  :  les 
trois  tomes,  qui  devaient  suivre,  n'ont  pas  paru. 
Nie.  Fatou  a  traité  aussi  du  fameux  miracle  de  la 
sainte  Chandelle ,  dont  se  sont  occupés  Gazet  et 
tant  d'autres  ;  sou  livre  est  intitulé  :  Discours 
sur  les  Prodiges  du  Saint  Cierge  apporté  par 
la  très-auguste  et  très-miséricordieuse  mère 
de  Dieu,  comme  remède  souverain  contre  le 
feu  ardent,  dans  l'église  cathédrale  d' Arras, 
le  27  mai  1105;  Arras,  1696,  petit  in-S".  Une 
réimpression  en  parut  dans  cette  ville,  en  1744, 
in-12.  La  première  édition  de  ce  petit  livre  cu- 
rieux classez  rare  est  de  Saint-Omer,  1693. 
Jules  Perin. 


142 


Foppens,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  littéraire 
des  Pays-Bas,  t.  I,  p.  148.  —  Caron  et  d'Héricourt ,  he- 
ckerches  sur  les  livres  imprimés  à  Arras  ;  1834-1833. 

FATOCViLLE  (NoLANT  DE  ),  auteur  drama- 
tique français,  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième 
.<iècle.Il  était  conseiller  au  parlement  de  Nor- 
mandie, et  composa  pour  l'ancien  Ïhéàtre-Italien 
quinze  comédies  en  prose  qui  ont  été  imprimées, 
sans  nom  d'auteur,  soit  en  entier,  soit  seulement 
en  partie,  dans  le  Théâtre-Italien  deGherardi; 
Paris  1700  ;  Amsterdam,  1701,  6  vol.  in-12;  ces 
pièces  sont  :  Arlequin  chevalier  du  Soleil  ; 
Arlequin- Jason,  ou  la  Toison  d' Or  ;  Arlequin 
lingère  du  palais;  Arlequin  Mercure  ga- 
lant ;  Arlequin  Protée  ;  Le  Banqueroutier; 
Colomb/ne  avocat  pour  et  contre  ;  La  Fille  sa- 
vante ;  Grapinian,  ou  Arlequin  j)rocureur. 
Cet  ouvrage ,  qui  o!)tint  un  grand  .succès  et  qui 
censurait  tiès-spirituellement  l'âpreté au  gain  des 
gens  d'aflaires  do  l'époque,  âpreté  que  Fatouville 


dans  ses  fonctions  avait  pu  observer  mieux  que 
personne ,  a  eu  plusieurs  éditions ,  dont  la  pre- 
mière parut  en  1684,  in-12.  On  lui  attribue  aussi 
Isabelle  médecin.  Le  Marchand  dupé,  La 
Matrone  cVÉphèse  et  La  Précaution  inutile. 
Hector  M  a  lot. 
Biiyle,  Nouvelles  de  la  hépiibUque  des  Lettres  —  Du 
Gérard  ,  Tables  alphabétiques  et  chronologiques  des 
Pièces  représentées  sur  l'ancien  Théâtre-Italien.  —  Qiié- 
rard,  France  littéraire. 

FATTORE  (II).  Voy.  Penni  (Giovanni-Fran- 

cesco  ). 

FAU  (Jean- Nicolas),  en  latin  fagics,  poëte 
latin  moderne,  né  à  Besançon,  vers  1600,  mort 
le  16  juillet  1655.  Il  entra  chez  les  Minimes,  et 
parcourut  comme  provincial  de  son  ordre  l'Alle- 
magne, l'Espagne  et  l'Italie.  On  a  de  lui  plusieurs 
recueils  de  poésies  latines  sur  des  sujets  de 
piété;  savoir  :  Spéculum  Vigilantium,  Memo- 
ria  Dormientium  ;  Prague,  1640,  in^l2; —  S. 
Maria  liberatrioa ;  Munich;  1644  ;  —  Florida 
Corona  boni  Militis ,  seu  Encomia  P.  Ga spa- 
rts Boni  ord.  Minim.  provincialis  ;  Munich, 
1652,  in-8". 
Fau,  dan.sses  OEuvres ,  passim. 

FAUCCi  (Charles),  graveur  italien,  né  à 
Florence,  en  1729,  mort  vers  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  étudia  son  art  sous  Carlo  Gre- 
gori ,  et  grava  beaucoup  de  planches  pour  la 
galerie  du  marquis  Gerini.  Il  alla  ensuite  s'établir 
à  Londres,  où  il  travailla  longtemps  pour  Boy- 
dell.  Parmi  ses  estampes  on  cite  :  La  Nativité 
de  la  Vierge,  d'après  P.  de  Cortone;  —  L'A- 
doration des  Bergers,  d'après  le  même;  — Le 
Couronnement  de  la  Vierge,  d'après  Rubens; 
—  Une  Bacchanale ,  d'après  le  même. 

Gandellini,  Notiz-ie  degli  Intagliatori,  avec  les  addi- 
tions de  Luigi  de  Angelis,  t.  11  et  VIU. 

faucbard  (Pierre),  chirurgien  frapçais, 
né  en  Bretagne,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  mort  à  Paris,  le  22  mai  1761.  Pendant 
quarante  ans ,  il  exerça  à  Paris,  avec  beaucoup 
de  succès,  la  profession  de  chirurgien  dentiste. 
On  a  de  lui  :  Le  Chirurgien  dentiste,  ou  traité 
des  dents;  Paris,  1728,  2  vol.  in-12.  D'après 
Éloy ,  cet  ouvi'age  est  le  meilleur  qui  ait  été  écril 
sur  les  maladies  des  dents. 
Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

FAUCHE-COREL  (Louis),  agent  politique 
suisse,  né  à  Neufchàtel,  en  1762,  mort  dans  la 
même  ville,  le  7  septembre  1829.  Issu  d'une  an- 
cienne famille  de  Franche-Comté  réfugiée  en 
Suisse  après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes , 
il  dirigeait  à  la  révolution ,  dans  sa  ville  natale, 
un  vaste  établissement  typographique,  qui  rendit 
beaucoup  de  services  aux  émigrés.  En  1795  il 
abandonna  toutes  ses  affaij'es  pour  se  vouer 
sans  réserve  à  la  cause  des  Bourbons ,  et  il  fut 
chargé  par  le  prince  de  Condé  de  faire  à  Pi- 
chegru  des  propositions  de  trahison.  Dès  le  dé- 
but sa  mission  réussit  ;  mais  le  Directoire  reçut 
quelques  avis,  et  Pichegru  fut  rappelé.  Fauche 
lui-même  fut  arrêté,  le  2(  décembre  1795,  à 


143  FAUCHE-BOREL 

Strasbourg.  Comme  ses  précautions  étaient  bien 
prises,  on  ne  trouva  aucune  charge  contre  lui, 
et  il  fut  remis  en  liberté.  Au  mois  de  juin  1796, 
Louis  XVIII  l'envoya  renouer  des  intelligences 
avec  Pichegru ,  alors  retiré  à  Arbois.  Le  plan  de 
contre-révolution  était  prêt  lorsque  le  général 
fut  nommé  membre  du  Conseil  des  Cinq  Cents. 
Aussitôt  Fauche-Borel  se  rendit  à  Paris,  d'après 
les  intentions  des  princes.  La  révolution  du  18 
fructidor  vint  renverser  tous  les  projets  du  parti 
royaliste,  et  la  correspondance  de  Fauche  avec 
Pichegru,  saisie  dans  les  équipages  du  général 
Klinglin,  servit  de  base  à  l'exposé  de  la  cons- 
piration que  puWia  le  Directoire.  Cependant , 
dès  le  lendemain  même  du  18  fructidor  cet  au- 
dacieux agent  s'occupa  de  nouer  les  fils  d'un 
nouveau  complot.  Il  se  mit  en  rapport  avec 
Barras,  qui  ne  s'était  opposé  au  mouvement 
royaliste  que  parce  qu'on  ne  s'était  pas  confié  à 
lui  (voyez  Barras).  Quelques  jours  après,  le 
directeur  lui  fit  remettre  un  passe-port  pour 
sortir  de  Paris.  Fauche  passa  en  Angleterre  pour 
attendre  des  communications  que  Barras  s'était 
engagé  à  faire  au  prétendant.  Des  conflits  et  des 
malentendus ,  qui  naquirent  entre  lui  et  un  des 
instruments  de  ses  menées ,  retardèrent  l'envoi 
des  lettres  de  Barras.  Fauche-Borel  eut  toute- 
fois, en  Angleterre,  la  satisfaction  de  serrer 
dans  ses  bras  son  admirable  Pichegru  (ce 
sont  les  expressions  de  ses  Mémoires  et  d'in- 
former ce  général  des  dispositions  de  Barras.  Dès 
qu'on  eut  pu  s'entendre  avec  lui  sur  ce  que  le 
directeur  exigeait  du  roi  pour  prix  de  ses  ser- 
vices ,  on  porta  à  Mittau  ces  dernières  commu- 
nications. Fauche  reçut  l'ordre  de  continuer  à 
correspondre  avec  Barras ,  et  profita  du  départ 
d'un  courrier  que  le  cabinet  prussien  envoyait 
à  Paris,  pour  faire  parvenir  une  lettre  au  direc- 
teur. Cette  lettre  était  conçue  de  manière  que 
les  collègues  de  Barras  pouvaient  en  prendre  com- 
munication ,  et  celui-ci  n'en  fit  pas  mystère. 
Talleyrand  proposa  de  communiquer  avec  Fau- 
che, par  le  moyen  d'Eyriès ,  qu'il  envoyait  alors 
en  mission  à  Clèves.  Fauche-Borel ,  néanmoins, 
ne  jugeant  pas  cette  voie  assez  sûre,  attendit 
que  Barras  lui  envoyât  son  confident  intime, 
le  chevalier  Tropez  de  Guérin ,  auquel  il  remit 
les  lettres  patentes  de  Louis  XVIII.  La  ré- 
volution du  18  brumaire  vint  encore  anéantir  ces 
projets. 

Les  préparatifs  de  la  paix  d'Amiens  ne  ralen- 
tirent pas  les  menées  des  royalistes.  Elles  sem- 
blaient au  contraire  prendre  alors  une  grande 
activité.  Fauche-Borel  fut  choisi  pour  être  le 
médiateur  entre  Moreau  et  Pichegru;  mais  à 
peine  arrivé  à  Paris ,  il  fut  arrêté  et  conduit  au 
Temple.  Après  une  détention  de  dix-huit  mois, 
les  instances  de  l'ambassadeur  de  Prusse  et 
une  lettre  de  S.  M.  Prussienne  elle-même  dé- 
terminèrent Bonaparte  à  lui  rendre  la  liberté. 
Reconduit  à  la  frontière  par  les  gendarmes ,  il 
partit  alors  pour  Berlin   reçut  un  accueil  flatteur 


144 

du  roi  et  de  la  reine ,  et  ne  cessa  de  rendre  à  la 
cause  des  Bourbons  des  services  tels,  que  Napo- 
léon envoya,  à  la  fin  de  1805,  trois  commis- 
saires à  Berlin ,  pour  faire  de  nouvelles  récla- 
mations contre  lui.  Instruit  à  temps  par  la  reine 
il  partit  pour  Londres,  conférant  sur  sa  route 
avec  le  ministre  suédois,  puis  avec  le  roi  de  Suède. 
En  Angleterre,  il  fut  chargé,  avec  d'Entrai- 
gues  et  de  Puisaye ,  de  la  correspondance  roya- 
liste ,  et  eut  à  ce  sujet  de  nombreuses  relations 
avec  l'ancien  journaliste  Perlet,  qu'il  dénonça  plus 
tard  comme  un  espion  de  la  police  impériale. 

De  retour  à  Paris  au  mois  d'octobre  1814, 
après  diverses  missions ,  il  essaya  plusieurs  fois 
de  faire  parvenir  des  renseignements  utiles 
aux  Tuileries.  Mais  le  duc  de  Blacas,  l'homme  de 
confianceduroi,  lerepoussa,  ne  lui  témoignant  que 
des  soupçons  injurieux.  Cependant  il  continua  à 
être  l'agent  du  roi  de  Prusse ,  et  voyagea ,  avec 
ses  instructions,  à  Vienne,  puis  à  Gand.  A 
peine  fut-il  arrivé  dans  ce  foyer  de  l'émigration 
quele  ducde  Blacas  lui  fit  intimer,  par  le  directeur 
de  la  police ,  l'ordre  de  quitter  la  ville  dans  les 
vingt-quatre  heures.  Fauche  multiplia  pendant 
trois  jours  ses  démarches  auprès  de  plusieurs 
personnages  influents,  et  s'efforça  de  parvenir 
jusqu'au  roi.  Deux  gendarmes  lui  furent  d'abord 
donnés  pour  escorte;  puis,  transféré  à  Bruxel- 
les ,  il  fut  jeté  dans  un  cachot ,  où  il  resta  huit 
jours.  Il  ne  dut  sa  liberté  qu'aux  vives  récla- 
mations du  ministre  du  roi  de  Prusse.  Il  parait 
qu'un  semblable  traitement  ne  lui  inspira  pas  la 
moindre  rancune  pour  les  Bourbons  ;  car  il  se 
mit ,  à  la  première  nouvelle  de  la  bataille  de  Wa- 
terloo ,  en  devoir  de  concourir  à  la  réintégration 
de  la  monarchie.  Il  publia  :  Précis  historique 
des  différentes  missions  dans  lesquelles  M.L. 
Fauche-Borel  a  été  employé  pour  la  cause  de 
la  monarchie ,  suivi  de  pièces  justificatives  ; 
Paris,  1815 ,  in-8°,  fig.,  avec  cette  épigraphe  : 
Pœnam  pro  munere .  Cet  ouvrage  fut  lu  avec 
beaucoup  d'empressement ,  et  l'on  y  remarqua 
surtout  les  accusations  formulées  contre  Perlet, 
qui  répondit  en  accusant  lui-même  son  adver- 
saire d'avoir  trahi  la  cause  qu'il  défendait.  Des 
mémoires  très-curieux  furent  publiés  dans  cette 
affaire,  et  il  fut  enfin  établi,  par  un  jugement 
du  tribunal  de  police  correctionnelle ,  en  date  du 
24  mai  1816,  que  Perlet  [était  un  escroc,  un 
calomniateur,  et  que  Fauche  n'avait  jamais 
manqué  à  l'honneur.  Cependant,  ce  triomphe 
ne  lui  donnait  aucun  moyen  de  payer  ses  dettes. 
Après  l'avènement  de  Georges  IV,  se  voyant 
oublié  par  ceux  qui  lui  devaient  tant ,  il  se  retira 
en  Angleterre ,  où  il  vécut  d'une  pension  que  le 
cabinet  de  Saint-James  lui  avait  autrefois  ac- 
cordée. Le  roi  de  Prusse  ne  lui  envoya  que  des 
lettres  qui  lui  permirent  d'ajouter  à  son  nom  la 
particule  noble  et  le  titre  de  conseUler  d'ambas- 
sade prussien.  Il  fit  encore  plusieurs  voyages, 
et  reparut  à  Paris,  où  sa  dernière  ressource  fut 
de  faire  publier,  à  grands  frais,  des  Mémoires 


145 


FAUCHE-BOREL  —  FAUCHI^R 


146 


que  personne  ne  lut.  Tous  ces  mécomptes  tour- 
nèrent la  tête  de  ce  malheureux  agent  de  la  di- 
plomatie. Il  jeta  un  regard  douloureux  sur  les 
longs  jours  inutilement  consumés  au  service  des 
grands,  revint  dans  sa  patrie  en  juillet  1829, 
et  au  bout  de  quelques  semaines  ,  cédant  à  son 
désespoir,  se  précipita  du  haut  d'une  fenêtre  de 
sa  maison.  Telle  fut  la  fin  de  l'homme  qui  di- 
sait naïvement  avoir  fait  pour  la  ruine  de  Na- 
poléon plus  que  les  huit  cent  mille  baïonnettes 
étrangères  dont  on  a  vu  un  moment  la  France 
hérissée. 

Outre  le  Précis  historique  cité  plus  haut,  on 
a  de  Fauche-Borel  :  Notices  sur  les  généraux 
Pichegru  et  Moreau;  Londres,  1807,  in-S";  — 
Mémoire  pour  L.  Fauche-Borel ,  contre  Per- 
let,  ancien  journaliste;  Paris,  1816,  in-4'>; 
—  Réponse  de  M.  Fauche-Borel  à  M.  Rif/é, 
substitut  de  M.  le  procureur  du  roi;  Paris, 
1816,  in-8°;  —  Mémoires;  Paris,  1828,  4  vol. 
in-8°. 

Le  Bas,  Diction,  encyc.  de  la  France.  —  Rabbe,  Bois- 
jolin,  etc.,  Biogr.  univ.  et  portative  des  Contemp.—  Ar- 
nault,  Jouy,  Jay,  etc.,  Biogr.  nouv.  des  Contemporains. 

FAUCHER  (  Denis),  théologien  français,  né 
à  Arles,  en  1487 ,  mort  à  l'abbaye  de  Lérins,  en 
1562. 11  se  fit  bénédictin  dans  le  couvent  de  Po- 
linore,  près  de  Mantoue,  et  prononça  ses  vœux  le 
2  mai  1508.  Il  fut  envoyé  en  1515  au  monastère 
de  Lérins,  et  il  en  devint  prieur  dans  un  âge 
avancé.  Ses  ouvrages,  parmi  lesquels  on  cite  : 
Ecloga  de  laudibus  insulx  Lerinensis;  De 
Contemptu  Mortis  Elegia;  Annalium  Pro- 
vincise-  Libri  V ,  ont  été  recueillis  par  Vincent 
Barrali  de  Salerne,  à  la  suite  de  l'ouvrage  qu'il  a 
publié  sous  le  titre  de  Chronologia  Sanctorum 
et  aliorum  Virorum  illustrium  ac  Abbatum 
sacrée  insulœ  Lerinensis  ;  Lyon,  1613,  in-4'*. 

Moréri,  Grand  Dict.  historique. 

FAUCHER  (  Jean),  médecin  et  érudit  fran- 
çais,^é  à  Beaucaire,  en  1 530,  et  mort  à  Nîmes, 
à  la  fin  du  seizième  siècle.  Le  cardinal  Geoi^es 
d'Armagnac,  d'abord  archevêque  de  Toulouse 
et  ensuite  archevêque  d'Avignon ,  connu  par  la 
protection  éclairée  qu'il  accorda  aux  lettres ,  lui 
témoignait  constamment  autant  d'estime  que  de 
bienveillance  ;  mais  il  ne  paraît  pas  que  J.  Fau- 
cher ait  jamais  cherché  à  tirer  parti  de  la  faveur 
dont  il  jouit  auprès  de  ce  prince  de  l'ÉgHse  pour 
parvenir  dans  la  carrière  de  la  fortune  et  des 
honneurs.  Nous  ne  connaissons  de  lui  qu'une 
paraphrase  en  vers  latins  d'un  poëme  d'Avicenne 
sur  la  médecine.  Cet  écrit  est  intitulé  :  Gantica 
Avicennse,  carminé  elegiaco  ex  arabico  latine 
reddita  ;  Nîmes,  1630,  in-1 2.  J.  Faucher  nous 
apprend,  dans  son  avertissement  au  lecteur,  que 
si,  à  l'exemple  de  plusieurs  médecins  de  l'anti- 
quité ,  il  a  écrit  en  vers  sur  les  sciences  médi- 
cales ,  c'est  parce  qu'Apollon,  le  dieu  de  la  poésie, 
est  aussi  l'inventeur  de  la  médecine  : 

Pliœbus  et  inventer  raedicinae  et  carnainis  auclor, 


et  que  ce  qui  est  exposé  en  vers  se  grave  plus 
facilement  dans  la  mémoire  : 

Nam  lacile  inserpunt  docili  modulatu  cerebro. 

Michel  Nicolas. 

Biographie  du  Gard. 

*  FAUCHER  (Guillaume),  fils  du  précédent, 
né  à  Beaucaire ,  médecin  et  poète  latin  comme 
lui.  On  lui  doit  un  poëme  latin  en  quatre  chants, 
intitulé  :  Maumorantiados  Libri  quatuor,  ad 
Henricum  Secundum ,  Maumorantionum  et 
Dampvillœorum  ducem  serenissimum  et  sem- 
per  victorem;  Nîmes,  1632,  in-12.  Ce  poëme 
est  consacré  à  célébrer  les  hauts  faits  de  Mont- 
morency : 

Dicatn  actes  populosque  tuos  moresque  tuorum 
PrlncipuDB ,  et  insignes  revocabo  ex  ordine  pugnas. 

Dans  des  stances  françaises  qui  précèdent  le 
poëme  latin,  et  qui  sont  de  T.  de  Chillac,  il  est 
fait  un  éloge  pompeux  de  G.  Faucher.     M,  N. 

Biographie  du  Gard. 

*  FAUCHER  (Jean),  controversiste  protes- 
tant, mort  à  Nîmes,  en  avril  1628.  H  était  minis- 
tre à  Uzès,  quand,  en  1611,  il  fut  député  par  les 
églises  protestantes  du  bas  Languedoc  à  l'assem- 
blée de  Sommières  et  en  1615  à  celle  de  Grenoble. 
Cette  dei'nière  assemblée  ayant  été  transportée  à 
Nîmes  l'année  suivante ,  Faucher,  dont  le  con- 
sistoire de  cette  ville  apprécia  le  mérite,  fut 
nommé  pasteur  et  professeur  de  théologie  dans 
cette  égUse.  Il  suivit  cependant  l'assemblée  dont 
il  faisait  partie ,  à  La  Rochelle,  où  elle  avait  dé- 
cidé d'aller  siéger,  et  il  ne  retourna  à  Nîmes  qu'en 
1617,  après  la  conclusion  de  lapaix.  Homme  d'une 
grande  énergie,  il  partageait  l'opinion  de  ceux  de 
ses  coreligionnaires  qui  espéraient  encore  sinon 
faire  triompher  par  les  armes  la  cause  du  pro- 
testantisme en  France ,  du  moins  s'assurer  par 
une  résistance  armée  la  liberté  de  conscience.  Il 
contribua  pour  sa  part  à  faire  prévaloir  ces  prin- 
cipes dans  l'assemblée  de  1615  à  1617,  une  des 
plus  énergiques  qu'aient  eues  les  réformés.  Ce  fût 
encore  ces  principes  qu'il  soutint  quand ,  en  août 
1622,  le  duc  de  Rohan ,  convaincu  de  l'impossi- 
bilité d'une  plus  longue  résistance,  proposa  à  une 
réunion  de  ministres  qu'il  avait  convoqués  à 
Nîmes  de  déposer  les  armes  et  de  faire  la  paix. 
Faucher,  au  nom  de  ses  collègues,  s'éleva  contre 
ce  projet ,  prétendant  qu'ouvrir  les  villes  protes- 
tantes au  roi,  c'était  sacrifier  toutes  leurs  li- 
bertés. Le  duc  de  Rohan  essaya  en  vain  de  dis- 
siper ces  craintes  :  irrité  enfin  de  ne  pouvoir 
vaincre  l'opposition,  il  renvoya  l'assemblée  en 
s'écriant  qu'ils  étaient  tous  des  républicains  et 
leurs  peuples  des  séditieux,  et  qu'il  aimerait 
mieux  avoir  à  conduire  un  troupeau  de  loups 
qu'une  assemblée  de  ministres. 

Nous  ne  connaissons  de  Faucher  que  les  deux 
écrits  suivants  :  Exorcismes  divins ,  ou  pro- 
positions chrétiennes  pour  chasser  les  démons 
et  les  esprits  abuseursquitroublent  les  royau- 
mes; Nîmes,  1626,  petit  in-8";—  Zacharie,  ou 
la  sainteté  du  mariage  et  particulièrement 


147  FAUCHER 

du  mariage  desecclésiastiques, contreVusage 
des  sous-tntroduites  et  autres  impuretés  des 
consciences  cautérizées  ^Mmes,  1627,pet.in-8°. 
Michel  Nicolas. 

Biog.  du  Gard.  —  Haag,  La  France  protestante. 

FAVCUER  (César  et  Constantin,  frères), 
généraux  français,  nés  à  La  Réole,  le  20  mars 
1759,  fusillés  à  Bordeaux,  le  27  septembre  1815. 
Nés  le  même  jour  et  à  la  même  heure,  nourris, 
élevés  ensemble ,  ils  étaient  d'une  ressemblance 
si  parfaite,  que  leurs  parents  eux-mêmes  ne 
pouvaient  les  distinguer  que  par  la  couleur  diffé- 
rente de  leurs  vêtements.  Mêmes  traits ,  même 
taille,  mêmes  goûts,  mêmes  aptitudes,  mêmes 
succès,  mêmes  malheurs  :  tout  leur  fut  com- 
mun. On  eftt  dit  que  la  nature  s'était  plu  à  for- 
mer un  seul  homme  en  deux  êtres.  Aussi  a-t-ou 
dit  de  leur  existence  phénoménale  :  'c  Chacun 
était  deux ,  tous  deux  étaient  un.  »  Leur  famille 
jouissait  d'une  grande  considération  dans  le  dé- 
parlement de  la  Gironde.  Faucher  père ,  cheva- 
lier de  Saint-Louis  et  de  Saint-Michel,  y  exerçait 
les  fonctions  de  commissaire  des  guerres  ;  il  fit 
donner  à  ses  enfants ,  qu'on  appelait  déjà  les  J21- 
meaux  de  La  Réole ,  une  éducation  forte  et 
brillante.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  les  fit  admettre 
dans  les  chevau-légers  de  la  maison  du  roi.  Par 
un  goût  singulier  cliez  des  militaires,  durant  les 
loisirs  de  garnison,  ils  étudièrent,  et  se  firent 
recevoir  avocats.  En  1780  ils  passèrent,  en  qua- 
lité d'officiers,  dans  un  régiment  de  dragons. 
Jusqu'en  1789  les  frères  Faucher  restèrent  dans 
l'oubli ,  ne  s'occupant  que  d'études  scientifiques 
et  littéraires.  A  cette  époque,  ils  vinrent  à  Paris. 
Partisans  d'une  sage  réforme,  et  dévoués  aux 
intérêts  du  peuple,  ils  se  lièrent  avec  Necker, 
Bailly  et  Mirabeau.  En  1791  César  fut  nommé 
président  du  district  de  La  Réole  et  comman- 
dant des  gardes  nationales  de  la  Gironde.  Cons- 
tantin fut  en  même  temps  nommé  commissaire 
du  roi  et  chef  de  la  municipalité  du  même  dis- 
trict. Leur  administration  fut  signalée  par  les 
services  qu'ils  rendirent  au  pays,  alors  affligé 
par  la  disette  et  les  inondations.  Lorsqu'en  1 793 
l'ennemi  envahit  les  frontières ,  et  que  la  guerre 
civile  éclata  dans  la  Vendée,  les  frères  Faucher 
foimèrent  un  corps  franc  d'infanterie  connu  sous 
le  nom  d'enfants  de  La  Réole,  et  qui  fut  dirigé 
sur  la  "Vendée.  Dans  cette  guerre  malheureuse , 
César  et  Constantin  firent  preuve  du  même  cou- 
rage, coururent  les  mêmes  dangers  et  obtinrent 
successivement ,  sur  les  mêmes  champs  de  ba- 
taille ,  les  mêmes  grades.  A  Fontenay,  Constan- 
tin reçoit  un  coup  de  sabre  ;  César,  blessé,  se 
précipite  au-devant  de  lui,  le  couvre  de  son 
corps ,  panse  sa  blessure ,  et  ne  reparait  à  l'ar- 
mée que  lorsque  son  frère  guéri  peut  y  repa- 
raître avec  lui.  Le  13  mai  1793,  à  l'attaque  de 
la  forêt  de  Vouvans,  Constantin  est  démonté; 
César  accourt  à  son  secours  ;  son  cheval  tombe 
aussi  percé  de  coups ,  lui-même  est  atteint  de 
dix  coups  de  sabre  et  d'une  balle  dans  la  poi- 


148 
trine  ;  mais  leurs  cavaliers  exécutent  une  charge  : 
à  fond  qui  les  dégage  tous  deux  et  leur  donne  la  i 
victoire.  Après  une  nouvelle  action  d'éclat  com- 
mune aux  deux  frères ,  ils  furent  ensemble  nom- 
més généraux  de  brigade.  Les  nombreuses  bles- 
sures qu'ils  avaient  reçues  les  forcèrent  à  quitter 
le  service;  enfants  delà  Gironde ,  les  frères  Fau- 
cher n'avaient  pas  caché  leur  attachement  pour 
les  girondins ,  dont  ils  partageaient  les  senti- 
ments ;  aussi ,  accusés  de  fédéralisme ,  ils  furent 
arrêtés  par  les  ordres  du  représentant  du  peuple 
Laignelot,  et  traduits,  le  l*"'  janvier  1794,  de- 
vant le  tribunal  révolutionnaire  séant  à  Roche- 
fort.  Leur  condamnation  à  mort,  promptement 
décidée ,  les  trouva  résignés  :  déjà  ils  étaient 
montés  sur  les  premières  marches  de  l'échafaud, 
lorsque  le  représentant  du  peuple  Lcquinio  donna 
l'ordre  de  surseoir  à  l'exécution.  Leur  procès 
fut  revisé,  le  jugement  annulé,  et  bientôt  après 
ils  furent  remis  en  liberté.  L'état  de  leur  santé 
était  tel  à  cette  époque  qu'on  fut  obligé  de  les 
reporter  en  litière  à  La  Réole.  Cependant  ils  furent 
rappelés  au  service  et  destinés  pour  l'armée  de 
Rhin  et  Moselle;  leurs  infirmités  ne  leur  per- 
mettaient plus  un  service  actif,  et  Kleber,  leur 
ami ,  écrivait  à  cette  occasion  :  «  Ils  ne  peuvent 
plus  aller  en  avant  ;  mais  qu'on  les  place  comme 
pièces  de  position,  cela  leur  conviendra;  je  les 
connais,  ils  n'aiment  point  à  aller  en  arrière.  » 
Bonaparte,  devenu  premier  consul,  nomma,  le  3 
avril  1800,  Constantin  Faucher  sous-préfet  de  La 
Réole,  et  le  15  mai  delà  même  année  César 
membre  du  conseil  général  de  la  Gironde.  Ils  rem- 
plirent ces  fonctions  jusqu'en  1803,  époque  à 
laquelle  ils  donnèrent  ^ensemble  leur  démission. 
Rentrés  dans  la  vie  privée,  ils  se  livrèrent  à  des 
opérations  commerciales.  La  majeure  partie  de 
leurs  biens  était  engagée  dans  la  banque  terri- 
toriale ;  la  faillite  de  cet  établissement  les  leur 
enleva;  ils  résolurent  alors  de  terminer  leurs 
jours  à  La  Réole  dans  l'obscurité.  Mais  lors- 
qu'en 1814  ils  virent  le  territoire  français  en- 
vahi, leur  patiiotisme  se  réveilla;  un  événe- 
ment auquel  ils  étaient  tout  à  fait  étrangers 
faillit  les  compromettre.  Le  12  mars  1814  Bor- 
deaux ouvrit  ses  portes  aux  Anglais ,  dont  un 
poste  fut  placé  à  Saint-Macaire  ;  le  dépôt  du  118", 
qui  était  en  ce  moment  à  La  Réole ,  enleva  ce 
poste;  on  accusa  aussitôt  les  frères  Faucher  d'à- J 
voir  organisé  ce  coup  de  main  ;  il  n'y  eut  pas  | 
de  pi'euves  pour  les  poursuivre ,  mais  l'accusa- 
tion n'en  subsista  pas  moins  dans  l'esprit  vindi- 
catif de  la  réaction,  et  plus  tard  elle  fut  renou- 
velée avec  plus  de  succès.  Appelés  à  Paris,  vers 
la  fin  de  1814,  par  des  affaires  particulières, 
les  frèi'es  Faucher  s'y  trouvaient  encore  le 
20  mars  1815;  séduits,  entraînés  par  les  pro- 
messes que  Napoléon  faisait  alors  d'assurer  les 
libertés  constitutionnelles ,  César  et  Constantin 
consentirent  à  descendre  encore  une  fois  dans 
l'arène  politique.  César  fut  nommé  représentant 
nar  le  collège  électoral  de  La  Réole,  et  Constantin  : 


149 

iiiaire  de  la  même  ville.  Le  14  juin  tous  deux  fu- 
rentnommés  chevaliers  de  la  Légion  d'Honneur  et 
envoyés  comme  maréchaux  de  camp  à  l'armée 
des  Pyrénées  orientales.  Enfin  ,  lorsque  le  dé- 
partement de  la  Gironde  fut  mis  en  état  de  siège, 
Constantin  reçut  le  commandement  des  arron- 
dissements de  La  Réole  et  de  Bazas.  Le  21  juillet 
le  général  Clauzel ,  commandant  à  Bordeaux , 
fit  savoir  aux  deux  fi'ères  que ,  par  suite  d'une 
mesure  générale  ordonnée  par  Louis  XVIII,  rentré 
à  Paris,  ils  devaient  immédiatement  cesser  leurs 
fonctions.  Constantin  fit  aussitôt  part  de  cet 
ordre  au  commandant  de  la  gendarmerie ,  seul 
corps  militaire  en  ce  moment  à  La  Réole ,  et  le 
lendemain,  en  sa  qualité  de  maire,  il  fit  enlever 
les  drapeaux  tricolores  qui  flottaient  sur  les  édi- 
fices publics  et  les  fit  remplacer,  par  des  dra- 
peaux blancs  ;  puis ,  ce  devoir  rempli ,  il  résigna 
ses  fonctions  de  maire  entre  les  mains  du  pré- 
fet. Mais  le  22  juillet  des  soldats  détachés,  de 
passage  dans  la  ville,  insultèrent  le  drapeau  royal 
et  le  renversèrent.  La  ville  ne  prit  aucune  part 
à  cet  acte  d'hostilité  envers  le  gouvernement, 
et  la  tranquiUité  ne  fut  point  troublée.  Cepen- 
dant, la  nouvelle  de  cet  attentat  parvint  bientôt 
à  Boi'deaux,  où,  comme  toutes  les  rumeui's  pu- 
bliques dans  les  moments  d'agitation ,  elle  prit 
des  proportions  gigantesques.  Les  vieilles  haines 
se  ranimèrent  :  des  forcenés,  qui  prenaient  le 
nom  de  volontaires  royaux,  accompagnés  d'un 
ramassis  de  gens  sans  aveu ,. arrivèrent  le  24  à 
La  Réole;  ils  faisaient  retentir  l'air  de  leurs  me- 
naces, et  criaient  :  «  A  bas  les  frères  Faucher  !  à 
bas  les  généraux  de  La  Réole  !  «  Cet  état  de  dé- 
sordre dura  du  25  au  30.  Durant  ce  temps,  les 
frèi'es  Faucher,  sans  cesse  menacés ,  avaient  dû 
demander  aux  autorités  une  protection  et  pren- 
dre des  mesures  pour  leur  défense.  Le  29  juillet 
ils  avaient  écrit  au  général  Clauzel  une  lettre 
dont  on  se  servit  contre  eux,  et  dans  laquelle  on 
signala  surtout  ces  mots  :  «  Dans  cet  état  de 
choses,  notre  maison  est  réellement  en  état  de 
siège;  et  au  moment  où  nous  écrivons  nos 
armes  sont  là ,  nos  avenues  éclairées ,  le  corps 
de  la  place  en  défense  ,  et  nous  ne  craignons 
pas  la  désertion  de  la  garnison.  ■»  Le  général 
Clauzel,  au  moment  où  il  reçut  cette  lettre,  venait 
d'apprendre  qu'il  était  lui-même  porté  sur  la 
liste  de  proscription  insérée  dans  l'ordonnance  du 
24  juillet,  et  dans  laquelle  figuraient  les  noms 
du  maréchal  Ney,  de  Labédoyère,  de  Real,  etc. 
Naturellement  plus  préoccupé  de  sa  5)osition  que 
de  celle  des  autres,  le  général  se  contenta  d'en- 
voyer cette  lettre  au  préfet,  afin  qu'il  fit  droit 
aux  réclamations  qu'elle  pouvait  contenir.  Le 
préfet,  après  avoir  lu  îa  lettre,  rendit,  le  29  juil- 
let, un  arrêté  dans  lequel  il  est  dit  :  «  Con- 
sidérant que  de  la  lettre  signée  César  et  Cons- 
tantin Faucher  résulte  l'aveu  que  les  frères 
Faucher  ont  dans  leur  maison  un  amas  d'armes, 
et  qu'ils  y  ont  réuni  des  individus  armés, 
ordonne  au  commandant  de  la  gendarmerie  du 


FAUCHER  150 

département  de  la  Gironde  de  faire  une  perqui- 
sition dans  la  maison  des  frères  Faucher.  »  Cet 
officier  exécuta  l'ordre;  et  voici,  d'après  son 
procès- verbal,  ce  qu'il  y  trouva  :  deux  fusils 
doubles  de  chasse,  huit  fusils  simples  de  chasse, 
dont  trois  hors  de  service,  un  fusil  de  muni- 
tion ,  une  carabine  de  chasse ,  deux  pistolets  en 
cuivre,  une  paire  idem  d'arçon,  trois  sabres  de 
cavalerie  légère ,  deux  briquets  sans  fourreaux , 
huit  petits  pétards ,  et  sept  piques,  dont  deux 
pour  drapeaux.  On  trouva  en  outre  trente-neuf 
cartouches  de  guerre  et  six  pierres  à  fusil.  A 
peine  cette  visite  domiciliaire  était-elle  terminée 
que  l'ordre  d'arrêter  César  et  Constantin  Fau- 
cher arriva,  et  le  même  jour  ils  furent  conduits 
dans  les  prisons  de  la  ville.  Deux  jours  après, 
sur  l'ordre  du  procureur  général  de  la  ville  de 
Bordeaux,  ils  furent  transférés  au  fort  du  Ha, 
non  sans  courir  de  grands  dangers ,  car  plus  de 
six  cents  furieux  étaient  allés  au-devant  d'eux 
sur  le  chemin  de  Bouhaut ,  manifestant  haute- 
ment l'intention  de  les  massacrer  ;  mais  le  ca- 
pitaine de  gendarmerie,  pour  soustraire  ses  pri- 
sonniers à  leur  fureur,  les  avait  fait  embarquer 
secrètement  sur  un  bateau  qui  les  conduisit 
l  jusqu'à  Bordeaux.  Après  un  mois  environ  d'une 
I  étroite  captivité  dans  la  partie  du  fort  du  Ha 
j  appelée  la  Tour,  ils  furent  interrogés,  et  appi'i- 
I  rent,  à  leur  grande  surprise,  qu'ils  étaient  ac- 
'  cusés  d'avoir  résisté  aux  ordres  du  gouverne- 
ment; d'avoir  conservé,  malgré  sa  volonté  ,  le 
commandement  dont  ils  avaient  été  chargés  pen- 
dant les  Cent  Jours  ;  d'avoir  excité  les  citoyens 
à  la  guerre  civile,  en  réunissant  chez  eux  des 
personnes  armées  qui  faisaient  un  service  mili- 
taire ;  d'avoir  enfin  détourné  des  soldats  du  roi , 
en  les  engageant  à  se  joindre  à  la  bande  d'un 
chef  de  partisans  nommé  Florian.  L'instruction 
était  arrivée  à  son  terme;  les  débats  allaient 
s'ouvrir,  il  fallait  choisir  un  défenseur.  Les  frères 
Faucher  avaient  eu  pendant  longtemps  des  rela- 
tions d'estime  et  d'amitié  avec  un  avocat  de 
Bordeaux  qui  depuis  a  occupé  un  poste  émi- 
nent  dans  les  régions  parlementaires;  ils  s'a- 
dressèrent à  lui  pour  le  pi-ier  de  se  charger  de 
leur  défense ,  ils  furent  refusés  !  L'abbé  Mont- 
gaillard  dit  à  ce  sujet  dans  son  Histoire  de 
France  :  <^  L'avocat  poussa  la  réserve  jusqu'à 
refuser  d'eux  un  magnifique  camée  antique,  re- 
présentant la  tête  de  Démosthène,  que  César 
Faucher  avait  rapporté  d'Italie.  Il  ne  voulait 
rien  conserver  qui  pût  lui  rappeler  d'anciens  et 
bons  amis  qu'il  effaçait  de  son  souvenir  dès 
l'instant  qu'ils  avaient  trahi  la  cause  de  la  légi- 
timité. »  Ce  ne  fut  pas,  du  reste,  la  seule  dé- 
ception qui  vint  attrister  les  derniers  moments 
des  Jumeaux  de  La  Réole  ;  le  barreau  de  Bor- 
deaux ,  illustré  jadis  par  tant  d'hommes  de 
cœur  et  de  talent ,  ne  put  pas  leur  fournir  un 
défenseur!...  Deux  jours  seulement  les  sépa- 
raient de  celui  du  jugement  sans  qu'ils  eussent 
pu  obtenir  les  pièces  qui  pouvaient  les  justifier. 


151 


FAUCHER 


152 


Quelques-unes  de  ces  pièces,   qui  pouvaient 
compromettre  des  autorités  intéressées  à  ce  que 
les  débats  fussent  courts,  avaient  disparu.  Le 
22  septembre  le  conseil  de  guerre  permanent 
de  la  1 1*  division  militaire  s'assembla  au  Châ- 
teau-Trompette. Les  accusés    se  présentèrent 
sans  défenseur.  Cette  difficulté  fut  bientôt  levée. 
Le  conseil,  considérant  que  le  refus  des  défen- 
seurs choisis  par  les  accusés ,  ou  nommés  d'of- 
fice par  le  rapporteur,   et  l'impossibilité  d'en 
trouver  un,  ne  pouvait  retarder  la  convoca- 
tion ni  le  terme  de  sa  séance ,  en  conformité  de 
l'art.  20  de  la  loi  du  13  brumaire  an  v,  ordonna 
qu'il  serait  passé  outre  aux  débats.  En  consé- 
quence ,  il  fut  procédé  aux  interrogatoires.  Les 
débats  restèrent  inconnus;   le  soir  du  second 
jour  le  jugement  fut  prononcé  :  César  et  Cons- 
tantin Faucher  furent  condamnés  à  mort.  Lec- 
ture du  jugement  leur  fut  donnée  dans  la  nuit 
du  24  au  25,  à  deux  heures  du  matin.  Us  se 
jetèrent  dans  les  bras  l'un  de  l'autre,  et  se  tin- 
rent étroitement  embrassés  pendant  quelques 
moments.  Les  instances  de  leur  famille  les  dé- 
terminèrent à  se  pourvoir  en  révision;  cette 
fois  du  moins,  pour  l'honneur  du  barreau,  ils 
trouvèrent  des  défenseurs.  M^  Roullet,  avocat 
consultant,  se  chargea  de  faire  valoir  les  moyens 
de  cassation  ;  son  peu  d'habitude  de  plaider  lui 
ayant  fait  désirer  qu'il  lui  fût  adjoint  un  conseil , 
]\r  Denucé,  bâtonnier  de  l'ordre,  désigna  pour 
former  ce  conseil ,  dont  il  consentit  à  faire  partie 
lui-même ,   M*"  Albespi ,  Emerigo  et  Gergères. 
Six  moyens  de  nullité  furent  présentés  le  26  sep- 
tembre devant  le  conseil  de  révision ,  qui  con- 
firma purement  et  simplement  le  jugement  du 
conseil  de  guerre.  César  et  Constantin  apprirent 
avec  résignation  qu'il  ne  leur  restait  plus  d'es- 
poir. «  Le  terme  ordinaire  de  la  vie ,  dirent-ils 
à  l'un  de  leurs  défenseurs  qui  témoignait  devant 
eux  sa  douleur  et  ses  regrets ,  est  de  soixante 
ans  ;  nous  en  avons  cinquante-six  :  ainsi  ce  n'est 
que  de  quatre  ans  que  s'abrège  le  terme  pro- 
bable de  notre  existence.  »  Ils  passèrent  la  nuit 
du  26  et  la  matinée  du  27  à  faire  leurs  dernières 
dispositions.  Avertis  que  le  moment  de  l'exécu- 
tion était  arrivé ,  César  et  Constantin  se  cou- 
vrirent de  vêtements  pareils,  et  craignant  qu'au 
moment  suprême  leur  sensibiUté   n'affaiblît  la 
fermeté  de  leur  courage,  ils  se  donnèrent  le 
dernier  baiser  avant  de  sortir  de  leur  cachot. 
Pendant  le  trajet,  qui  dura  près  d'une  heure, 
ils  marchèrent  d'un  pas  ferme ,  se  donnant  le 
bras ,  et  sans  perdre  un  instant  ce  calme  sans 
ostentation  qu'ils  avaient  conservé  depuis  leur 
arrestation;   ils  saluèrent  avec  reconnaissance 
quelques  amis  qui  n'avaient  pas  craint  de  se 
trouver  sur  leur  passage  pour  leur  donner  une 
dernière  preuve  d'affection.  Arrivés  au  lieu  du 
supplice,  ils  refusèrent  de  se  laisser  bander  les 
yeux  et  de  se  mettre  à  genoux;  puis,  se  pressant 
affectueusement  la  main  et  présentant  la  tête 
haute,  leur  poitrine  découverte,  ils  attendirent 


la  mort.  César,  d'une  voix  ferme,  commanda 
le  feu ,  et  ils  tombèrent  dans  les  bras  l'un  de 
l'autre.  Ce  fut  ainsi  que  ces  deux  frères ,  nés  le 
même  jour,  à  la  même  heure ,  après  avoir,  pen- 
dant cinquante-six  ans ,  vécu  de  la  même  vie , 
goiité  les  mêmes  plaisirs ,  couru  les  mêmes  dan- 
gers ,  tombèrent  le  même  jour  sous  les  mêmes 
coups.  Une  longue  pierre  indique  seule  dans  le 
cimetière  de  la  Chartreuse  l'endroit  où  reposent 
les  deux  Jumeaux  de  La  Réole.      A.  Jadin. 

Moniteur  universel,  ann.  181S,  n°»  581,  665,680,1080- 
1093.  —  Mosaïque  du  Midi.  —  Renseignements  parti- 
culiers. 

FXVCHER  {Léo7i) ,  économiste  et  publiciste 
français,  né  à  Limoges,  le  8  septembre  1803, 
mort  à  Marseille,  le  14  décembre  1854.  Amené 
tout  enfant  à  Toulouse,  il  fit  son  éducaition  au 
collège  de  cette  ville,  en  passant  une  partie  de 
ses  nuits  à  exécuter  des  dessins  de  broderie,  afin 
d'être  en  état  de  continuer  ses  études  et  pour 
venir  en  aide  à  sa  mère.  Sans  fortune ,  mais 
ayant  le  goût  des  études  sérieuses,  il  vint  à  Paris 
avec  l'idée  de  se  vouer  à  l'enseignement.  U  com- 
mença  d'abord   par  être   répétiteur  chez  un 
maître  de  pension  de  la  Chaussée  d'Antin,  puis 
il  entra  chez  M.  Dailly,  maître  de  poste,  comme 
précepteur  de  ses  enfants.  En  1827,  il  fut,  après 
concours ,  déclaré  admissible  à  l'agrégation  pour 
les  classes  de  philosophie  ;  mais  il  ne  put  parve- 
nir à  se  placer  dans  l'université.  En  1828  on  le 
trouve  discutant  avec  les  saint-simoniens  dans 
leurs  réunions  publiques.  Il  se  tourna  dès  lors 
vers  la  littérature,  et  commença  par  traduire  en 
grec  Les  Aventures  de  Télémaque,  puis  il  pu- 
blia, dans  les  Annales  de  V Institut  de  corres- 
pondance archéologique  de  Rome,  l'explication 
d'un  vase  peint  trouvé  à  Nola,  et  une  lettre 
adressée  à  M.  Panofka  sur  les  monuments  dé- 
crits par  les  poètes.  Il  salua  avec  enthousiasme 
la  révolution  de  1830,  et  fut  bientôt  après  ap- 
pelé à  prendre  une  part  active  aux  luttes  de  la 
presse  politique.  Léon  Faucher  entra  d'abord  au 
journal  Le  Temps.  «  Il  refusa,  dit  M.  L.  de  La- 
vergne,  de  s'associer  à  l'ardente  croisade  de 
Carrel  contre  la  monarchie  nouvelle ,  et  tout  en 
se  plaçant  dans  les  rangs  de  l'opposition  de  gau- 
che ,  où  l'appelaient  ses  convictions,  il  porta  dans 
ses  opinions  une  modération  qui  n'excluait  pas 
l'énergie.  Ses  principaux  articles  du  Temps  fu- 
rent des  fragments  sur  la  philosophie  de  l'his- 
toire :  il  n'arriva  que  progressivement  à  la  poli- 
tique proprement  dite.  »  Il  essaya  bientôt  de 
créer  un  journal  du  dimanche ,  qu'il  intitula  Le 
Bien  public.  Ce  journal  ne  put  se  maintenir, 
faute  d'un  capital  suffisant  pour  supporter  les 
charges  prolongées  du  premier  établissement, 
et  Léon  Faucher  s'imposa  spontanément    de 
lourds  sacrifices  pour  désintéresser  les  action- 
naires. En  1833  et  1834  il  eut  la  direction  du 
Constitutionnel,  qu'il  lança  dans  l'opinion  dite 
de  la  gauche  dynastique.  La  faiblesse  montrée 
par  les  propriétaires  de  ce  journal  dans  une  lutte 


153 

engagée  avec  Le  National  à  propos  de  la  créa- 
tion de  La  Presse  le  détermina  à  se  retirer.  Il 
entra  alors  au  Courrier  français ,  et  à  la  mort 
de  Châtelain,  en  1839,  il  devint  rédacteur  en 
chef  de  cette  feuille. 

Dès  son  entrée  dans  la  presse  périodique, 
Léon  Faucher  posa  carrément  sa  personnalité 
en  signant  ses  articles;  Ce  n'était  guère  l'usage 
alors;  les  journaux,  pour  garder  plus  de  li- 
berté et  avoir  plus  de  puissance,  s'étaient,  comme 
on  sait,  constitués  littérairement  en  sociétés  ano- 
nymes et  en  nom  collectif.  La  hardiesse  de  Léon 
Faucher  le  servit.  Il  se  fit  plus  rapidement  con- 
naître. Un  des  grands  défenseurs  de  la  coalition, 
il  devint  l'on  des  conseils  habituels  du  minis- 
tère du  1^''  mars  1840,  présidé  par  M.  Thiers. 
Son  talent  incontestable  ne  suffit  pas  pour  pré- 
server la  feuille  qu'il  dirigeait  du  coup  qui  lui 
était  porté  par  l'établissement  de  la  presse  à  bon 
marché.  En  1842  ie  Courrier  français  changea 
de  mains,  et  les  nouveaux  propriétaires  annon- 
cèrent l'intention  d'en  modifier  la  couleur.  Léon 
Faucher  donna  immédiatement  sa  démission.  Il 
se  consacra  dès  lors  presque  tout  entier  aux 
travaux  économiques,  qui  devaient  illustrer  son 
nom ,  écrivant  parfois  des  articles  dans  le  jour- 
nal Le  Siècle. 

En  1836,  il  avait  publié  dans  la  Revue  des 
Deux  Mondes  un  article  sur  Vétat  et  la  ten- 
dance de  la  propriété  en  France ,  qui  a  été 
cité  avec  éloge  par  Rossi,  que  Léon  Faucher 
devait  plus  tard  remplacer  à  l'Institut  ;  il  écrivit 
ensuite  le  projet  d'une  grande  association  com- 
merciale entre  la  France,  la  Belgique ,  l'Espagne 
et  la  Suisse,  qu'il  appela  V Union  du  Midi,  et 
qui  devait  servir  de  contre-poids  à  l'association 
douanière  allemande.  En  1837,  il  imprima,  au 
profit  des  jeunes  libérés,  un  traité  intitulé  Ré- 
forme des  Prisons. '<  S'écartant  des  routes  battues 
avant  lui ,  a  dit  M.  Amédée  Thierry  en  parlant  de 
ce  livre ,  M.  Faucher  ne  cherchait  la  solution  du 
problème  ni  dans  des  conceptions  abstraites  ni 
dans  l'imitation  d'essais  tentés  au  dehors  chez 
des  nations  de  race,  de  mœurs,  d'état  social 
différents  ;  il  se  demanda  ce  qu'une  telle  insti- 
tution devait  être  particulièrement  en  France, 
eu  égard  à  notre  passé,  à  nos  habitudes,  à  notre 
caractère.  Partant  de  là ,  il  repoussait  l'empri- 
sonnement cellulaire ,  et  demandait  pour  les  dé- 
tenus la  vie  et  le  travail  en  commun ,  par  caté- 
gories, dont  les  principales  étaient  les  condamnés 
des  villes  et  les  condamnés  de  la  campagne.  Ces 
derniers  devaient  être  attachés  à  des  colonies 
agricoles.  11  y  avait,  suivant  lui,  grand  péril  à 
faire  d'un  cultivateur  condamné  un  ouvrier  qu'on 
rejetait  ensuite  dans  les  villes ,  où  il  augmentait 
pour  les  ouvriers  honnêtes  les  inconvénients  de 
la  concurrence,  et  s'exposait  lui-même  à  des 
chances  plus  nombreuses  de  récidive.  » 

En  1842,  il  descendit  dans  la  lice  où  les  par- 
tisans de  la  liberté  commerciale  joutaient  avec 
ceux  du  système  protecteur.  «  La  nature  de  son 


FAUCHER  154 

esprit,  éminemment  sensé  et  pratique,  dit  encore 
M.  Am.  Thierry,  ne  lui  permit  d'accepter  ni  les 
théories  absolues  des  premiers  ni  l'immobilité 
des  seconds;  il  voulait  que  non-seulement  les 
intérêts  évidents  du  pays ,  mais  ses  habitudes , 
fussent  pris  en  grande  considération  dans  les 
questions  de  tarif;  en  un  mot,  il  regardait  le 
temps  comme  le  premier  élément  d'une  réforme 
commerciale  raisonnable.  »  Néanmoins ,  quand 
l'association  française  pour  la  liberté  des  échanges 
s'organisa  sur  le  modèle  de  la  fameuse  ligue 
qui  venait  d'obtenir  tant  de  succès  en  Angleterre, 
il  en  fut  un  des  membres  les  plus  zélés.  Il  y  fit 
quelques  discours,  qui  furent  fort  applaudis.  Mais 
cette  association  étant  tombée  dans  quelques 
exagérations,  Léon  Faucher  s'en  retira,  par  une 
lettre  qu'il  rendit  publique. 

Le  l*""  octobre  1843  ,  il  avait  fait  paraître 
dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  un  article 
sur  White  Chapel,  qui  fut  le  premier  d'une  série 
d'études  considérables  sur  l'Angleterre  indus- 
trielle, et  qui  comprirent  Saint-Gilles,  Liverpool, 
Manchester,  Leeds,  Birmingham,  etc  Le  tout 
fut  réuni  en  deux  volumes  en  1845  ;  c'est  là  le 
principal  ouvrage  de  Léon  Faucher,  le  seul  qu'il 
ait  eu  le  temps  d'achever.  «  Nulle  part  la  saga- 
cité del'écrivain,  au  jugement  de  M.  Am.  Thierry, 
son  rare  esprit  d'observation  et  sa  tendance  à 
ramener  toujours  la  réflexion  à  des  résultats 
pratiques  ne  se  montrèrent  avec  plus  de  variété 
et  de  vigueur.  Ce  livre,  qui  a  dévoilé  à  nos  voi- 
sins plus  d'un  vice  de  leur  état  social,  jouit 
chez  eux  d'une  estime  qui  honore  les  savants 
français,  et  la  France  peut  y  trouver,  par  la 
comparaison  des  deux  pays ,  tantôt  un  encoura- 
gement à  des  réformes  salutaires ,  tantôt  un  pré- 
servatif contre  des  engouements  irréfléchis.  » 

Vers  le  même  temps ,  Léon  Faucher  lut  à  l'A- 
cadémie des  Sciences  morales  et  politiques  des 
Recherches  sur  Vor  et  sur  l'argent  considérés 
comme  étalons  de  la  valeur >  Un  des  premiers 
collaborateurs  du  Journal  des  Économistes , 
il  y  fit  un  grand  nombre  d'articles  sur  les  ques- 
tions économiques  à  l'ordre  du  jour,  notamment 
sur  les  tarifs  de  douanes ,  objets  constants  de 
ses  études.  Ses  travaux  l'avaient  naturellement 
porté  à  s'occuper  des  grandes  questions  indus- 
trielles. Quand  de  puissantes  compagnies  se 
constituèrent,  à  l'instar  de  celles  de  l'Angleterre, 
pour  établir  des  chemins  de  fer  en  France,  celle 
qui  avait  pour  but  l'exploitation  de  la  ligne  de 
Paris  à  Strasbourg  l'appela  dans  son  sein  en 
qualité  de  membre  du  conseil  d'administration. 
Il  avait  acquis  une  grande  importance  comme 
publiciste.  Il  voulut  tenter  la  vie  politique 
comme  député.  Aux  élections  générales  de  1846, 
m'emporta  sur  M.  Chaix  d'Est-Ange  dans  la  ville 
manufacturière  de  Reims ,  où  ses  opinions  en 
matière  de  tarifs  lui  avaient  concilié  de  vives 
sympathies. 

A  la  chambre ,  il  se  plaça  sur  les  bancs  de  la 
gauche.  Il  traita ,  à  la  tribune ,  quelques  ques- 


155 


FAUCHER 


156 


tioas  économiques  et  parla  notamment  sur  l'or- 
ganisation des  banques ,  en  demandant  dès  1847 
là  création  des  billets  de  cent  francs.  Il  proposa 
aussi  la  réyision  des  tarifs  sur  les  substances 
alimentaires  et  sur  les  fers. 

Un  des  promoteurs  de  la  réforme  électorale , 
il  s'associa  à  ce  qu'on  a  appelé  la  campagne  des 
banquets  patriotiques;  protestant  néanmoins 
de  toutes  ses  forces  contre  ce  qui  pouvait  sortir 
des  voies  constitutionnelles.  Ainsi  nous  le  voyons 
figurer,  le  31  août  1847,  au  banquet  réformiste 
de  Reims,  où  il  prononça  un  long  discours,  qu'il 
termina  par  ce  toast  :  «  A  la  réforme  électorale, 
qui  comprend  toutes  les  réformes  !  »  Mais  il  re- 
fusa ensuite  d'assister  au  banquet  de  la  capitale, 
malgré  les  clameurs  soulevées  contre  lui  dans 
son  propre  parti.  Cependant,  quand  il  vit  la 
gauche  constitutionnelle  engagée  dans  la  ])Ius 
ardente  résistance ,  il  crut  ne  pas  devoir  recu- 
ler, et  il  signa  la  mise  en  accusation  des  minis- 
tres. La  révolution  de  Février  emporta  monar- 
chie, ministère  et  chambre. 

«  Quand  les  anciennes  oppositions,  un  moment 
englouties  dans  le  naufrage,  sentirent,  dit  M.  de 
Lavergne ,  le  devoir  de  relever  les  ruines  qu'elles 
avaient  faites  ,  L.  Faucher  entra,  avec  sa  résolu- 
tion ordinaire,  dans  cette  croisade  réparatrice.  » 
Dès  le  1"'  avril  1848,  il  publiait  dans  la  Revue  des 
Deux  Mondes  une  première  étude  sur  V Orga- 
nisation du  travail.  Il  y  combattait,  suivant 
son  expression  ,  des  «  doctrines  qui  élevaient  le 
désordre  à  la  hauteur  d'une  théorie  i>.  Élu  re- 
présentant à  l'Assemblée  constituaiite  par  le  dé- 
partement de  la  Marne ,  il  lutta  contre  les  ten- 
dances révohitionnaires  avec  une  nouvelle  éner- 
gie, et  conquit  une  des  premières  places  dans 
l'Assemblée.  Dès  le  27  mai ,  il  développait  une 
proposition  tendant  à  mivrir  un  crédit  de  10  mil- 
lions pour  i'étaiîlisseraent  d'ateliers  nationaux 
appliqués  auN.  travaux  de  terrassement  des 
p;randes  lignes  de  chemins  de  fer.  Son  but  était 
d'employer  les  bras  oisifs  à  des  travaux  utiles, 
et  d'éloigner  de  la  capitale  cette  masse  de  travail- 
leurs inoccupés  et  mal  payés ,  que  le  gouverne- 
ment provisoire  avait  enrégimentés  sous  le  nom 
d'ateliers  nationaux.  «  Seriez-vous  bien  ras- 
surés, s'écriait  Léon  Faucher,  si  l'on  vous  disait 
qu'il  y  a  là  autour  de  vous  une  armée  de  cent 
vingt  mille  hommes  sans  discipline ,  sans  orga- 
nisation ,  vivant  pour  la  plupart  dans  l'oisiveté , 
véritables  lazzaroni  tout  prêts  à  devenir  des  pré- 
toriens ?  »  Dans  la  discussion  sur  la  hmitation 
des  heures  de  travail,  il  prit  la  parole  pour 
s'opposer  à  cette  mesure ,  qui  devait  gêner  la 
liberté  des  transactions.  Il  attaqua  aussi  plus 
tard  la  proposition  de  M.  Turck  et  autres ,  qui 
demandaient  l'émission  de  deux  milliards  de 
titres  hypothécaires  sous  la  garantie  du  gouver- 
nement. «  Le  papier-monnaie ,  disait-il  à  celte 
occasion ,  c'est  de  la  fausse  monnaie.  »  Dans  un 
rapport  qu'il  lit  à  l'Assemblée  au  nom  de  son 
comité  des  finances,  dont  il  faisait  partie ,  il  re- 


poussa ia  proposition  de  M.  Pougeard,  qui 
fendait  à  remplacer  l'impôt  des  quarante-cinq 
centimes,  l'impôt  sur  les  créances  hypothécaires 
et  l'impôt  sur  les  successions,  par  un  emprunt 
forcé  de  200  millions.  A  diverses  reprises,  il 
défendit  le  principe  du  cautionnement  des  jour- 
naux, demanda  la  suppression  des  clubs,  et  com- 
battit presque  toutes  les  mesures  financières  du 
gouvernement  provisoire.  Il  ne  se  fit  pas  moins 
remarquer  par  ses  attaques  contre  la  commission 
executive  et  par  la  lutte  ardente  qu'U  soutint 
contre  le  parti  mo7itagnard. 

Après  l'élection  du  président  de  la  république, 
il  fut  nommé  ministre  des  travaux  publics ,  le 
20  décembre  1848.  Quelques  jours  après,  M.  La- 
crosse  lui  succédait  dans  ce  département,  et  lui- 
même  remplaçait  M.  Léon  de  Maleville  au  mi- 
nistère de  l'intérieur.  Son  premier  soin  fut  de 
rappeler  à  leur  poste  la  plupart  des  préfets  et  des 
sous-préfets  révoqués  par  la  révolution.  «  Nous 
n'avons  pas  en  France,  disait-il,  d'administration 
de  rechange.  ^  Par  ses  soins  actifs  et  énergiques, 
tout  reçut  une  impulsion  nouvelle.  On  sait  avec 
quelle  résolution  il  comprima  le  désordre  dans  la 
journée  du  29  janvier  1849.  Attaqué  violemment 
à  l'Assemblée,  il  tint  tôte  à  l'orage,  et  orga- 
nisa cet  ensemble  de  mesures  qui  forcèrent  mo- 
ralement l'Assemblée  constituante  à  se  retirer. 
Les  élections  à  l'Assemblée  législative  se  firent 
sous  son  iafluence.  A  ia  veille  des  élections ,  il 
adressa  à  tous  les  préfets  une  dépêche  télégra- 
phique dans  laquelle  il  leur  disait  que  la  propo- 
sition de  blâme  faite  par  M.  Jules  Favi-e  contre 
le  ministère,  à  propos  des  affaires  d'Itah"e,  avait 
été  repoussée  par  l'Assemblée.  «  Ce  vote,  ajou- 
tait-il, consolide  la  paix  publique;  les  agitateurs 
n'attendaient  qu'un  vote  de  l'Assemblée  hostile 
au  ministère  pour  courir  aux  barricades  et  pour 
renouveler  les  journées  de  juin.  Paris  est  tran- 
quille. Parmi  les  représentants  du  département, 
ont  voté  pour  l'ordre  du  jour  et  pour  le  gouver- 
nement :  MM ;  se  sont  abstenus  ou  étaient 

absents  :  MM »  Cette  dépêche  fut  le  texte 

d'une  discussion  pleine  de  tumulte.  On  y  vit  une 
manoeuvre  électorale,  et  l'on  parla  d'annuler  les 
élections  faites  sous  l'influence  de  cette  note; 
mais  la  majorité  renvoya  cette  question  à  l'As- 
semblée législative.  Cependant  le  ministère  sem- 
blait rendre  tous  ceux  qui  n'avaient  pas  voté 
pour  le  gouvernement  solidaires  avec  les  émeu- 
tiers.  Léon  Faucher  s'empressa  de  désavouer 
une  pareille  intention,  et  allégua,  pour  défense 
de  la  publicité  des  votes,  qu'il  n'avait  fait  qu'an- 
ticiper sur  la  publication  du  3îoniteur.  Ces  ex- 
plications furent  mal  accueiUies.  M.  O.  BaiTot, 
son  Collègue  et  président  du  conseil ,  n'osa  pas 
défendre  les  termes  de  la  dépêche.  Enfin ,  l'As- 
semblée adopta  un  ordre  du  jour  motivé,  par 
lequel  elle  blâmait  la  dépêche  du  ministi'e  de 
l'intérieur  aux  préfets  en  date  du  12  mai,  A 
l'issue  de  la  séance,  Léon  Faucher  déposa  sa 
démission  entre  les  mains  du  président  de  la 


157  FAUCHER 

république.  Du  reste,  amis  et  ennemis  se  plai- 
gnaient de  ses  manières  brusques,  de  son  abord 
froid  et  sévère  ;  mais  on  lui  reconnaissait  une 
volonté  inflexible,  que  ne  pouvaient  ébranler  ni 
craintes  ni  influences. 

Dès  le  mois  de  janvier  1849,  l'Académie  des 
Sciences  morales  et  politiques  avait  choisi  Léon 
Faucher  comme  un  de  ses  membres  dans  ia 
section  d'économie  politique. 

Le  département  de  la  Marne  l'élut  à  une  grande 
majorité  pour  l'Assemblée  législative.  Un  des 
premiers  votes  de  cette  assemblée  fut  une  sorte 


158 


de  réparation  envers  l'ancien  ministre.  A  la  suite 
d'un  long  débat,  elle  valida  les  élections  attaquées, 
en  émettant  une  décision  qui  infirmait  moralement 
celle  de  la  Constituante.  A  plusieurs  reprises , 
l'Assemblée  législative  nomma  Léon  Faucher 
vice-président,  mais  parfois  à  des  majorités  assez 
faibles.  Membre  inlUient  de  toutes  les  commis- 
sions importantes,  et  notamment  de  celle  qui 
eut  àpréparer  la  fameuse  loi  du  31  mai  1850, 
laquelle  avait  pour  but  de  restreindre  autant 
que  possible  le  suffrage  universel,  commission 
dont  il  fut  même  le  rapporteur,  il  eut  souvent 
à  occuper  la  tribune.  «  S'il  ne  sy  montra  pas 
l'égal  des  grandes  renom.mées  oratoires  qui  l'a- 
vaient remplie  autrefois,  dit  J\L  de  Lavergne,  il 
s'y  distingua  par  des  qualités  qui  étaient  alors 
plus  nécessaires,  la  précision  et  la  fermeté.  »  Il 
combattit  l'amendement  de  M.  Grévy,  qui  de- 
mandait l'exécution  du  chemin  de  fer  de  Lyon  par 
l'État  ;  il  lit  un  rapport  remarquable  sur  la  pro- 
position de  M.  Nadaud ,  qui  voulait  que  les  tra- 
vaux publics  fussent  adjugés  aux  associations 
ouvi'ières  ;  il  attaqua  la  proposition  de  Saint- 
Priest  relativement  à  l'usure ,  et  soutint  la  li- 
berté absolue  en  matière  de  prêts  à  intérêts  ; 
enfin,  il  défendit  jusqu'à  la  fin  la  loi  du  31  mai, 
et  demanda  l'application  de  ses  principes  aux 
élections  municipales. 

En  même  temps  il  fournit  à  la  Revue  des 
Deux  Mondes  des  articles  importants  sur  les 
questions  financières ,  par  exemple  :  sur  V Impôt 
du  revenu;  sur  la  Reprise  des  payements  en 
espèces  par  (a  Banque  de  France;  sur  les 
Budgets  de  1850  et  de  1851  ;  sur  les  Banques 
coloniales;  sur  la  Démonélisation  de  l'or,  etc. 
'(  Ses  études  antérieures,  dit  M.  de  Lavergne,  l'a- 
vaient préparé  à  traiter  à  fond  les  problèmes  éco- 
nomiques que  soulevait  le  socialisme;  i!  fut  à  cet 
égard  ,  comme  en  tout ,  le  plus  hardi  champion 
lie  la  résistance.  On  peut  signaler  entre  autres 
un  discours  prononcé  à  la  tribune  sur  l'organisa- 
tion des  travaux  publics,  et  un  examen  du  Btid- 
get  socialiste  publié  dans  la  Revue.  » 

Cependant,  1" Assemblée  législative,  partagée 
en  innombrables  fractions,  traînait  péniblement 
son  existence.  Unie  seulement  pour  résister, 
avec  une  majorité  hétérogène,  la  minorité  tur- 
bulente ,  toujours  en  lutte  avec  elle-même ,  ne 
devait  rien  fonder.  Chaque  jour  le  pouvoir  exé- 
cutif se  fortifiait  de  la  faiblesse  de  ce  corps  dé- 


libérant, que  la  constitution  avait  pourtant  voulu 
établii-  au-dessus  de  tout  pouvoir,  et  profitait  de 
ses  divisions.  Dans  les  partis  qui  composaient 
cette  assemblée ,  il  en  était  un  qui  avait  rêvé  le 
gouvernement  -parlementaire  avec  la  présidence 
de  Louis-^'apoléon.  C'est  à  ce  parti-là,  selon  M.  de 
Lavergne,  qu'appartenait  Léon  Faucher,  et  ce 
fut  pour  essayer  de  réaliser  ce  programme  qu'il 
rentra  dans  le  ministère  au  mois  d'avril  1851.  U 
y  resta  sixmois,  mais  sans  pouvoir  conjurer  le  choc 
qui  se  préparait  entre  le  président  et  l'Assemblée. 
La  révision  de  la  constitution  ayant  été  repous- 
sée ,  le  président  -soulut  revenir  au  suffrage  uni- 
versel. Léon  Faucher,  qui  croyait  à  ia  vertu  du 
suffrage  restreint  ,donna  sa  démission,  le  26  oc- 
tobre, et  fut  remplacé  par  M.  de  Thorigny.  Quel- 
ques semaines  après ,  l'Assemblée  fut  dissoute 
par  l'acte  du  2  décembre  1851. 

Pendant  ce  second  ministère,  Léon  Faucher 
avait  présenté  et  fait  adopter  par  l'Assemblée  un 
projet  de  loi  qui  consacrait  50  millions  à  l'ouver- 
ture de  la  rue  de  Rivoli  et  à  l'achèvement  des 
halles  centrales  en  participation  avec  là  ville  de 
Paris.  A  la  pose  delà  première  pierre  des  balles, 
le  président  lui  donna  le  cordon  de  comman- 
deur de  la  Légion  d'Honneur.  Léon  Faucher 
fut,  dit-on ,  surpris  de  cette  distinction  :  il  n'é- 
tait pas  encore  chevalier.  Toujours  inquiet  sur 
la  tranquiUité  publique,  il  avait  fait  mettre  plu- 
sieurs départements  en  état  de  siège;  il  avait 
fait  attribuer  au  préfet  de  Lyon  la  police  des 
communes  urbaines.  Son  dernier  acte  ministériel 
fut  encore  une  circulaire  aux  préfets  pour  les 
engager  à  la  plus  vive  répression  des  désordres. 
Les  découvertes  des  monuments  du  Tigre  et  les 
fouilles  de  Rome  avaient  obtenu  ses  encourage- 
ments. Sur  le  point  de  quitter  le  ministère ,  il 
créa  des  prix  à  donner  chaque  année  aux  au- 
teurs de  pièces  de  théâtre  morales  jouées  sur 
nos  premières  scènes  ou  sur  les  petits  théâtres. 

Le  jour  même  du  2  décembre  le  président  de 
la  république  inscrivait  son  nom  parmi  ceux  des 
membres  de  la  commission  consultative  qu'il 
instituait.  Léon  Faucher  refusa  avec  éclat.  Il 
avait  répondu  une  fois  à  un  membre  de  l'As- 
semblée qui  l'accusait  de  travailler  sourdement 
à  la  destruction  des  libertés  publiques  :  «  Je  ne 
suis  rien  que  par  la  presse  et  par  la  parole,  et 
si  jamais  cette  tribune  doit  être  renversée ,  je  res- 
terai enseveli  sous  ses  débris  !  « 

Depuis  ce  temps  un  noir  chagrin  s'était  em- 
paré de  lui.  Le  système  qu'il  avait  voulu  fonder, 
l'avenir  qu'il  avait  rêvé  pour  son  pays ,  tout  était 
détruit  n  La  ruine  de  ses  espérances  le  frappa  au 
cœur,  »  dit  i\I.  de  Lavergne.  Nommé  membre 
du  conseil  d'administration  de  la  Société  du  Cré- 
dit foncier  de  France  à  sa  création ,  il  crut  trou- 
ver là  un  aliment  à  son  activité  ;  il  reprit  aussi 
le  cours  de  ses  travaux  économiques.  L.  Faucher 
avait  épousé  en  1337  M"e  Wolowska;  cette  union 
resta  stérile.  Atteint  d'une  affection  de  la  gorge, 
qui  prit  peu  à  peu  un  caractère  alarmant ,  il  alla 


159 


FAUCHER  —  FAUCHET 


160 


passer  l'été  de  1854  aux  différentes  eaux  des  Py- 
rénées, quittant  l'une  pour  l'autre  sans  trouver  de 
soulagement.  Déjà  aux  prises  avec  la  fièvre,  il  pu- 
blia dans  h  Revue  des  Deux  Mondes  un  ti-avail 
intitulé  Finances  de  la  guerre.  Sympathique  à 
l'alliance  anglaise  et  opposé  à  la  Russie,  il  ana- 
lysait dans  ce  travail  les  finances  de  ce  géant 
du  Nord ,  et  comparait  les  budgets  des  trois 
puissances  qui  entraient  en  lutte.  Le  gouverne- 
ment russe,  alarmé  de  cette  publication,  y  fit 
répondre  par  un  des  grands  fonctionnaires  de 
l'empire,  M.  Tengoborski.  Le  15  novembre  pa- 
rut une  vive  réplique  de  Léon  Faucher.  Un  mois 
après  il  n'était  plus.  Il  était  revenu  un  mo- 
ment à  Paris  pour  mettre  ordre  à  ses  affaires. 
Les  médecins  lui  avaient  conseillé  d'aller  passer 
l'hiver  en  Italie.  En  arrivant  à  Marseille  il  fut 
saisi  d'une  crise  terrible.  Après  quinze  jours 
d'une  lutte  violente  contre  la  mort,  il  succomba 
à  une  fièvre  typhoïde.  Sa  veuve,  qui  ne  l'avait 
quitté  ni  jour  ni  nuit  dans  sa  longue  agonie ,  eut 
encore  le  courage  de  rapporter  ses  restes  mor- 
tels à  Paris,  où  ils  ont  été  inhumés  au  cimetière 
du  Père  La  Chaise. 

«  Si  M.  Léon  Faucher  avait  vécu,  ditM.  L.  Wo- 
lowski ,  il  aurait  donné  à  la  France  un  ouvrage 
qui  lui  manque,  l'histoire  financière  et  écono- 
mique de  la  révolution  de  Février.  Ses  travaux 
et  la  part  active  qu'il  a  prise  aux  débats  parle- 
mentaires ont  légué  d'utiles  et  nombreux  maté- 
riaux pour  cette  œuvre  importante.  Il  y  a  plus  : 
ces  documents  retracent  d'une  manière  saisis- 
sante et  avec  un  remarquable  enchaînement  les 
principales  discussions  de  ces  dernières  années; 
ils  forment  un  livre  dont  chaque  chapitre  conserve 
en  quelque  sorte  la  saveur  de  l'époque  à  laquelle 
il  appartient.  La  lecture  de  ces  pages  permet  de 
mesurer  l'étendue  de  la  perte  qu'a  faite  le  pays 
par  la  mort  pi'ématurée  de  M.  Léon  Faucher. 
Ayant  à  peine  accompli  sa  cinquantième  année , 
il  aurait  consacré  à  des  travaux  de  haute  portée 
le  fruit  de  longues  études  et  d'une  expérience 
rudement  acquise.  »  Pour  remplir  un  pieux  de- 
voir, M.  L.  Wolowski  n'a  donc  eu  qu'à  grouper 
ces  matériaux  ,  en  respectant  la  forme  donnée 
par  l'auteur  à  l'expression  de  sa  pensée  et  en 
yjoignant  des  notes  tracées  de  sa  main.  Il  en  est 
résulté  le  livre  intitulé  :  Mélanges  d'Économie 
politique  et  de  Finances ,  par  Léon  Faucher, 
avec  une  introduction  de  M.  L.  Wolowski. 

Un  décret  du  mois  d'octobre  1855  a  autorisé 
l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques  à 
accepter  la  donation,  faite  par  madame  veuve 
Léon  Faucher,  sur  la  recommandation  de  son 
mari,  d'une  somme  de  20,000  fr.  pour  la  fon- 
dation d'une  récompense  de  3,000  fr.  qui  sera 
décernée  tous  les  trois  ans,  par  cette  société  sa- 
vante, sous  le  nom  de  Prix  Léon  Faucher,  à 
l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  une  question 
d'économie,  politique,  ou  sur  la  vie  d'un  éco- 
nomiste célèbre ,  soit  français ,  soit  étranger, 
proposé  par  ladite  académie. 


Léon  Faucher  a  fait  imprimer  à  part  :  Aven- 
tures de  Télémaque,  traduites  en  grec  ;  — 
De  la  Ré/orme  des  Prisons;  Paris,  1838, 
in-S"; —  L'Union  du  Midi;  Association  de 
douanes  entre  la  France,  la  Belgique,  la 
Suisse  et  V Espagne;  avec  une  Introduction 
sur  Vunion  commerciale  de  la  France  et  de 
la  Belgique ;Vàûs,  1842,  in-S"; —  Recherches 
sur  l'or  et  sur  l'argent,  considérés  comme 
étalons  de  la  valeur;  mémoire  lu  à  l'Académie 
des  Sciences  morales  et  politiques  dans  les  séances 
du  16  et  du  23  avril  1843;  Paris,  1843,in-8°;  — 
Études  sur  l'Angleterre;  Paris,  1845,  2  vol. 
in-8°  ;  2*  édition,  considérablement  augmentée , 
Paris,  1856,  2  vol.  in-12,  dans  la  Bibliothèque 
des  Sciences  morales  et  politiques  de  Guil- 
laumin;  —  Lowell  ;  Reims,  1847,  in-8°;  —  Du 
Système  de  M.  Louis  Blanc,  ou  le  travail, 
l'association  et  l'impôt;  Paris,  1848,  in-16; 
Du  Droit  au  Travail;  Paris,  1849,  in-8'',  ex- 
trait de  la  Revue  des  Deux  Mondes;  —  De  la 
Situation  financière  et  du  Budget;  Paris, 
1849,  in-8°;  —  De  l'Impôt  sur  le  Revenu; 
Paris,  1849,  in-8°,  extrait  de  la  Revue  des 
Deux  Mondes.  Il  a  aussi  donné  des  articles  à 
l'Annuaire  de  l'Économie  politique,  parmi 
lesquels  on  cite  :  Marché  aux  Enfants ,  et  Du 
Travail  dans  les  maisons  de  détention  et  les 
couvents.  Une  grande  partie  de  ses  articles  de 
la  Revue  des  Deux  Mondes,  de  ses  discours 
et  de  ses  rapports  financiers  et  économiques  se 
retrouvent  dans  les  Mélanges  d'Économie  po- 
litique et  de  Finances  ;  Paris ,  1856,  2  vol.  in-S" 
et  in-12,  faisant  partie  de  la  collection  des  Éco- 
nomistes et  publicistes  contemporains  ou  de 
la  Bibliothèque  des  Sciences  morales  et  poli- 
tiques. L.  LOUVET. 

Léonce  de  Lavergne,  Biographie  de  Léon  Faucher: 
dans  la  Revue  des  Deux- M  ondes,  n"  du  1"  janvier  1853. 
—  Discours  de  M.  Amédée  Thierry  aux.  obsèques  de 
M.  L.  Faucher;  àans,  le  Journal  des  Débats  Aa^idécemb. 
1854.  —  Dict.  de  la  Conversation, 2«  édition.  — Louandre 
et  Bourquelot,  La  Littérature  française  contempo- 
raine. —  Dict.  de  l'Économie  politique.  —  Biog.  desRe- 
présentants.  —  Moniteur. 

FACCHEï  {Claude),  historien  français,  né 
le  3  juillet  1530,  et  non  en  1529  (1),  mort  à 
Paris,  vers  la  fin  de  1601.  Contraint  durant  les 
guerres  civiles  à  quitter  Paris ,  il  se  réfugia  en 
Provence,  traînant  à  sa  suite  une  partie  de  sa 
nombreuse  bibliothèque.  Vers  1554,  il  abandonna 
quelque  temps  les  études  historiques  et  suivit  en 
Italie  le  cardinal  de  Tournon.  Député  plusieurs 
fois  par  celui-ci  à  la  cour  de  France  pour  y 

(1)  La  vraie  date  de  sa  naissance  a  été  rétablie  ici  d'a- 
près un  manuscrit  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale 
et  coté  997  Saint-Victor  :  ou  y  lit  sur  la  feuille  de  garde  : 
«  Je  naquis  l'an  1530  ,  le  3^  jour  de  juillet,  jour  de  di- 
manche, entre  cinq  et  six  heures  du  matin.  Fauchet.  » 
C'est  au  milieu  d'un  nombre  infini  de  dessins,  de  mots 
sans  suite,  de  phrases,  de  maximes  et  d'anagrammes  dans 
le  genre  de  ce  qui  suit  que  nous  avons  recueilli  ce  ren 
seignement  :  «  Claude  Fauchet,  chaude  faculté,  faute 
du  caché.  »  «  Aimer  Dieu,  c'est  recepvoir  l'ardeur  de 
luy  en  sa  pensée.  »  «  Bona  mea  mecum  porto,  etc.  .j 


161  FAUCHET 

donner  des  nouvelles  du  siège  de  Sienne  et  des 
négociations  entreprises ,  il  se  fit  bien  venu",  et 
obtint  plus  tard ,  en  souvenir  des  services  ren- 
dus, la  place  de  premier  président  de  la  cour 
des  monnaies ,  charge  honorable  et  lucrative  dont 
il  aurait  pu  mourir  revêtu ,  s'il  ne  s'était  pas  vu 
un  jour  forcé  de  la  vendre  pour  payer  ses  dettes. 
Fauchet,  pour  se  tirer,  des  embarras  où  l'a- 
vait jeté  sa  vie  dissipée,  adressait  de  pompeuses 
dédicaces  au  roi  ou  à  de  grands  seigneurs,  qui  le 
récompensaient  largement.  Un  jour  il  se  rendit 
dans  ce  but  à  Saint-Germain ,  un  livre  nouveau 
sous  le  bras.  Henri  IV,  traversant  le  jardin,  aper- 
çut Fauchet,  dont  la  barbe  imposante  le  frappa  : 
«  Ah!  s'écrie-t-il ,  en  le  désignant  à  l'un  de  ses 
courtisans,  voilà  votre  affaire!  w  A  quelques 
mois  de  là  noti'e  historien  apprit  la  cause  de 
l'exclamation  royale  :  on  avait  fait  sur  son  mo- 
dèle la  figure  d'unfleuve  couché  près  d'un  bassin. 
Faucher  s'en  sentit  blessé ,  et  décocha  les  vers 
suivants  : 


ÏG2 


J'ai  reçu  dedans  Saint-Germain 
De  mes  longs  travaux  le  salaire  : 
Le  roi ,  de  bronze  m'a  fait  taire , 
Tant  il  est  courtois  et  bénin  ! 
S'il  pouvait  aussi  bien  de  faim 
Me  garantir  que  mon  image'. 
Oh  !  que  j'aurais  fait  bon  voyage  ! 
J'y  retournerais  dès  demain. 
Viens,  Tacite,  Salluste,  et  toi 
Qui  as  tant  honoré  Padoue, 
Venez  ici  faire  la  moue, 
En  quelque  recoin  comme  moi. 

Le  roi  rit  beaucoup  de  l'épigramme,  et  donna  à 
'auteur  une  pension  de  600  écus,  avec  le  titre 
l'historiographe.  La  publication  de  son  premier 
ïavail  remonte  à  l'année  1579;  c'est  un  in-4°, 
ntitulé  :  Les  Antiquités  gauloises  et  fran- 
oises,  contenant  les  choses  advenues  en 
Jaule  depuis  Van  du  monde  3379,  jusqu'à 

lovis,  en  deux  livres.  Cet  ouvrage,  reraar- 
[uable  à  plus  d'un  titre,  est  précédé  d'un  aver- 
issement  curieux ,  ainsi  conçu  :  «  Vautheur  au 
ecieur  :  Ces  antiquitez  se  sentent  du  mauvais 
emps,  ayans  esté  aussi  mal  menées  par  la 
;uerre  que  moi-mesrae,  c'est-à-dire  transpor- 
ées  en  divers  endroits,  perdues,  déchirées, 
iruslées  en  partie,  voire  prisonnières  et  mises 
t  rançon  :  tellement  que,  n'ayant  peu  les  ra- 
iheter,  estant  transportées  hors  le  royaume,  elles 
ont  demourées  en  la  main  de  ceux  qui  en  ont 
inidé  faire  profit,  sans  que  je  les  aye  peu  re- 
iouvrer,  mais  seulement  racoustrer,  sur  ce  que 
'en  avois  retenu.  C'est  pourquoi,  lecteur,  tu 
rouveras  tant  de  blancs,  n'ayant  peu  avec  la 
némoire  remplir  ce  qui  défailloit  en  ma  copie  : 
ivec  ce  qu'à  mon  retour  à  Paris ,  j'ai  trouvé  ma 
ibrairie  dissipée,  et  en  laquelle  estoient  mes 
iriginaux  et  plus  de  deux  mille  volumes  de 
outes  sortes ,  principalement  d'histoires  escrites 

la  main ,  en  très-bon  nombre.  Toutes  fois  ce 
|ui  deffaut  esdits  blancs  ne  rompt  point  telle- 
nent  le  narré ,  que  les  moyennement  sçavans 
n  l'histoire  ne  les  puissent  remplir  s'ils  ont 

NOUV.    BIOGR,    r.ÉNÉR.    —   T.    XVH. 


quantité  de  livres;  ce  que  je  prie  faire  quel- 
qu'un pour  moi ,  s'il  advient  que  je  meure  avant 
que  d'y  satisfaire.  Car,  veu  mon  âge,  il  est  temps 
de  songer  à  partir,  et  avant  qu'estre  surpris , 
d'amasser  ce  que  je  veux  laisser  pour  l'usage  de 
la  postérité.  Car  jaçoit  que  ce  quint  des  anti- 
quitez que  maintenant  je  donne  ne  soit  pas  en 
l'estat  que  j'eusse  bien  désiré ,  ains  seulement 
publié  pour  conserver  ceste  planche  de  mon 
bris,  si  me  semble -il  pouvoir  servir,  sinon 
pour  un  autre  vaisseau ,  à  tout  le  moins  pour 
quelque  parement.  Que  si  me  proumenant  sur 
les  bords  de  nostre  mer  (Dieu  merci  et  nostre 
vaillant  roy,  non  plus  tempestée),  j'en  puis 
recouvrer  d'autres  de  même,  j'esseray  si  non 
d'en  bastir  le  navire  entier,  dont  j'avoy  bien 
avancé  le  corps ,  à  tout  le  moins  d'en  faire  as- 
sez bon  esquif  pour  vaquer  à  nosti'e  antiquité , 
tout  obscure  qu'elle  est.  Jouy  donc ,  lecteur, 
de  ce  que  je  te  présente,  en  attendant  le  reste, 
si  Dieu  me  donne  repos  et  longue  vie.  » 

Fauchet  compléta  successivement  cet  ou- 
vrage par  les  suivants,  parus  en  1599  :  Anti- 
quités, etc.,  augmentées  de  trois  livres  conte- 
nant les  choses  advenues  jusqu'à  l'an  851; 
—  Fleur  de  la  maison  de  Charlemagne , 
parti  en  trois  livres ,  contenant  les  faits  de 
Pepln  et  ses  successeurs  depuis  Van  851  jus- 
qu'à Van  840.  Il  faut  y  joindre  ces  deux 
traités  posthumes  :  Déclin  de  la  maison  de 
Charlemagne,  divisé  en  quatre  livres,  conte- 
nant Vhistoire  de  Charles  le  Chauve  et  de  ses 
successeurs  depuis  Van  840-987  ;  —  Origines 
des  Dignités  et  Magistrats  de  France.  On 
a  encore  du  même  auteur  :  Recueil  de  Vori- 
gine  de  la  Langue  et  Poésie  française,  ryme 
et  romans,  plus  les  noms  et  sommaires  des 
œuvres  de  127  poètes  français  vivans  avant 
Van  1300;  Paris,  1581,  in-4°;  —  Les  Œuvres 
de  Corn.  Tacitus,  chevalier  romain,  tradui- 
tes en  français;  Paris,  1582,  in-fol.;  les  cinq 
premiers  livres  sont  traduits  par  Etienne  de  La 
Planche,  et  avaient  déjà  paru  en  1548,  in-4°;  le 
reste  est  de  Fauchet;  —  De  la  ville  de  Pai'is, 
et  pourquoi  les  rois  Vont  choisie  pour  leur  ca- 
pitale; 5  pages  in-4°  ;  —  Traité  des  Libériez  de 
V Église  gallicane;  Paris,  1608,  in-s".  Ces 
quelques  pages  furent  composées  l'an  1591,  à 
l'occasion  de  la  dissidence  du  pape  Grégoire  XIV 
et  du  roi  Henri  IV;  —  Pour  le  Couronnement 
du  roi  Henri  IV,  et  que  pour  n'être  sacré  il 
ne  laisse  pas  d'être  roi  et  légitime  seigneur  ; 
Tours,  6  janvier,  1693,  et  présenté  au  roi  le  25 
février  suivant.  A  l'exception  de  la  traduction  de 
Tacite,  les  différents  ouvrages  ci-dessus  men- 
tionnés ont  été  réunis  sous  ce  titre  :  Les  Œuvres 
de  feu  M.  Claude  Fauchet,  revues  et  corrigées 
en  cette  dernière  édition,  suppléées  et  aug- 
mentées sur  la  copie,  mémoires  et  papiers 
de  V auteur  de  plusieurs  passages  et  additions 
en  divers  endroits;  Paris,  1610,  in-4",  ou  Ge- 
nève, 1611.  Cette  dernière  édition  est  une  con- 

6 


163 


FAUCHET 


U4 


trefaçon.  Le  manuscrit  de  Saint-Victor  997 ,  dont 
nous  avons  parlé  en  commençant,  contient  entre 
autres  les  écrits  autographes  suivants  :  Veilles , 
ou  observations  de  plusieiws  choses  clignes 
de  mémoire  en  la  lecture  d'aucuns  autheurs 
françois;  — De  l'utilité  des  histoires;  —  Que 
les  Mémoires  de  Ph.  de  Commines,  tels  gîte 
nous  les  avons,  sont  imparfaits;  —  Que  la 
ville  anciennement  dite  Lutèce  estait  bastie  là 
où  est  maintenant  la  Cité  de  Paris,  et  non  à 
Melun  ;  —  Que  signifie  ce  mot  Pallefroi?  etc. 
Louis  Lacour. 

Nicéron,  Mémoires,  t.  XXV,  p.  322.  —  Sainte-Marthe, 
Éloges,  1.  V.  —  Du  Verdlcr,  Bibliothèque  franc.,  I,  p.  138. 
—  Goujet,  Bibl.  franc.., -çasiiTa.  —  Lelong,  ISibl.  hist., 
n°  13640.  —  Catcà.  des  Mss.  de  la  Bibl.  imp. 

FAUCHET  (  Claude),  homme  politique  fran- 
çais, né  à  Bornes  (Nièvre),  le  22  septembre  1744, 
d'une  famille  aisée,  décapité  à  Paris,  le  31  octobre 
1793.  Après  de  brillantes  études,  il  se  voua  à  l'état 
ecclésiastique,  et  entra  dans  la  communauté  libre 
des  prêtres  de  Saint-Roch  à  Paris.  Il  fut  pen- 
dant quelque  temps  précepteur  des  enfants  du 
marquis  de  Choiseul ,  parent  du  ministre  de  ce 
nom.  Il  avait  à  peine  trente  ans  lorsqu'il  pro- 
nonça à  l'Académie  Française  le  panégyrique  de 
saint  Louis.  Il  fut  bientôt  nommé  grand-vicaire 
de  l'archevêque  de  Bourges  Phély peaux,  puis 
prédicateur  du  roi  et  abbé  de  Montfort-Lacarre , 
en  Bretagne.  Il  prononça,  en  1785 ,  l'oraison  fu- 
nèbre du  duc  d'Orléans  petit-fils  du  régent,  et 
l'année  suivante  celle  de  l'archevêque  Phély- 
peaux.  En  1788,  ce  fut  lui  qu'on  chargea  du 
dernier  sermon  de  la  fête  de  la  Rosière  à  Surènes. 
Il  manifesta  à  cette  occasion  l'influence  que  les 
idées  nouvelles  prenaient  sur  lui,  en  donnant 
à  son  discours,  malgré  l'innocence  du  sujet,  une 
teinte  politique  et  faisant  allusion  aux  événe- 
ments du  jour.  Cette  manifestation,  qui  fut 
suivie  de  plusieurs  autres,  où  l'abbé  Fauchet 
témoigna  hautement  son  enthousiasme  pour 
les  nouvelles  doctrines,  excita  le  mécontentement 
de  la  cour,  et  il  fut  rayé  de  la  hste  des  prédicateurs 
du  roi.  Quand  la  révolution  éclata,  elle  le  trouva 
prêt  à  aider  de  son  action  ce  mouvement  réno- 
vateur. En  1789  il  anima  de  sa  parole  brûlante 
les  assemblées  primaires  et  les  sections  de  Paris, 
et  fut  un  de  ceux  qui  conduisirent  le  peuple  à 
l'attaque  de  la  Bastille ,  où ,  le  sabre  en  main, 
il  guida  la  députation  qui  venait  sommer  le  gou- 
verneur de  rendre  la  forteresse.  Fauchet  fut 
à  cette  époque  nommé  membre  de  la  conunune 
de  Paris.  Il  coopéra  à  la  réorganisation  de  l'É- 
glise, en  composant  le  livre  de  la  Religion  na- 
tionale, qui  fut  distribué  dans  les  départements  et 
où  il  provoquait  le  renouvellement  de  sa  discipline 
et  des  modifications  dans  ses  rapports  avec  l'Etat. 
On  peut  rapporter  à  la  même  époque  ses  trois 
Discours  sur  la  liberté  et  le  Discours  sur  l'ac- 
cord de  la  religion  et  de  la  liberté.  Fauchet 
voyait  dans  ces  questions,  qui  touchaient  à  ce  que 
la  conscience  a  de  pks  intime,  le  nœud  des  évé- 
nements contemporains.  Le  25  février  1790  il  pro^ 


nonça  dans  Saint-Étienne-du-Mont  V  Oraison  fu- 
nèbre de  l'abbé  de  L'Épée,  et  le  2 1  juillet  suivant 
V Éloge  de  Franklin  ;  l'un  et  l'autre  ont  été  impri- 
més. Dans  chacune  de  ces  productions ,  il  suit 
la  marche  ascendante  des  événements  par  une 
progression  d'ardeur  dans  les  opinions.  A  cett 
époque  Fauchet,  orateur  du  club  de  La  Bouch 
de  Fer,  prenait  une  part  très-active  à  la  rédac 
tion  du  journal  de  ce  nom,  journal  écrit  d'une  ma 
nère  bizarre,  où  l'emphase  s'unit  au  mysticismi 
et  touche  au  ridicule.  En  1791  il  fut  nommé  évê 
que  constitutionnel  du  Calvados.  Pendant  le  cours 
de  son  épiscopat  il  publia  une  brochure  en  faveur 
de  la  loi  agraire.  Poursuivi  pour  cette  œuvre  « 
il  n'en  fut  pas  moins  appelé  par  les  électeurs  de 
son  département  à  la  présidence  de  leur  asse.m 
blée  électorale  et  envoyé  député  à  la  Législative. 
Dans  cette  assemhlée,  il  vota  contre  le  traitement 
fait  aux  prêtres  insermentés,  prétendant  .qu'on  ne 
devait  pas  payer  ses  ennemis.  Le  Calvados  le  ren-J 
voya  encore  à  la  Convention.  Zélé  républicain,  ' 
mais  ennemi  des  excès,  il  vit  d'un  œil  inquiet  les 
tendances  effrénéesdes  exaltés,  et  se  rapprochadès 
lors  des  girondins.  Dans  le  procès  de  Louis  XVI, 
il  vota  l'appel  au  peuple ,  la  prison  et  le  bannisse- 
ment après  la  guerre  finie.  La  mort  du  roi  l'af- 
fligea profondément,  en  lui  faisant  prévoir  les 
désordres  qui  allaient  ensanglanter  l'avenir.  Ses" 
tendances  politiques  s'en  ressentirent;  il  vota 
contre  le  mariage  des  prêtres  et  pour  le  main- 
tien du  culte  catholique.  A  cette  époque  il  ré- 
digeait le  Journal  des  Amis,  où  il  développa  les 
opinions  qu'il  avait  déjà  manifestées  à  la  tribune 
et  dans  ses  derniers  votes.  Cette  conduite  et  son 
alliance  avec  la  faction  girondine,  de  laquelle  il  se 
rapprochait  de  plus  en  plus  et  dont  il  partageait 
le  fédéralisme,  le  signalaient  à  la  haine  de  la 
montagne.  Il  fut  compris  dans  la  liste  des  vingt- 
et-un  députés  dont  le  parti  montagnard  deman- 
dait la  proscription.  Il  brava  les  premières  dé-  j 
nonciations  faites  contre  lui,  et  continua  à 
exercer  les  fonctions  de  secrétaire  de  l'assemblée, 
qui  lui  avaient  été  déférées ,  jusqu'à  la  séance 
du  31  mai  1793,  où  les  girondins  furent  dé- 
crétés d'accusation.  Indigné  de  ce  décret  et  pres- 
sentant le  sort  qui  l'attendait,  il  abandonna  le 
bureau  de  la  Convention,  et  déclara  qu'il  allait  se 
mettre  sous  la  sauvegarde  du  peuple.  Mais  il 
vit  en  cette  occasion  combien  la  popularité  est 
mensongère.  La  faveur  du  peuple  était  ailleurs  j 
on  le  conjura  de  fuir,  il  refusa.  «  J'ai  bien  gâté 
ma  vie ,  dit-il  à  ceux  qui  le  pressaient  de  quitter 
la  France  ;  mais,  quoi  qu'il  puisse  arriver,  je  ne 
me  détenuinerai  jamais  à  colporter  mon  exis 
tence  à  l'étranger,  convaincu  que  je  ne  poun-ais 
espérer  une  hospitalité  digne  de  mon  ancienne 
position.  »  Cependant  le  parti  montagnard  ne 
s'endormait  pas,  et  provoquait  de  toutes  ses 
forces  la  mise  en  accusation  des  girondins  ar- 
rêtés le  31  mai.  Le  18  juillet  Chabot  accusa  à  I9 
tribune  l'abbé  Fauchet  de  fédéralisme  et  de 
complicité  dans  l'attentat  de  Charlotte  Corday. 


ÎG5 


FAUCHET 


Ce  qui  prêtait  à  cette  accusation,  c'est  que  le 
jour  même  de  l'arrivée  de  Cliarlotte  à  Paris,  il 
l'avait,  sur  sa  demande,  conduite  àla  Convention, 
fatale  coïncidence  qui  se  justifiait  par  ce  fait,  que 
la  jeune  Normande ,  ne  connaissant  personne  à 
Paris,  s'était  adressée  de  préférence,  pour  être 
introduite  dans  les  tribunes,  à  l'évêque  de  son 
pays,  qui  d'ailleurs  ne  la  vit  que  cette  seule  fois. 
Fauchet ,  compris  dans  le  décret  d'accusation 
lancé  contre  la  Gironde,  fut  enfermé  à  la  Concier- 
gerie. S'il  en  fallait  croire  une  lettre  de  l'abbé 
Lothringer,  du  27  juillet  1797,  insérée  au  tome  IV 
des  Annales  catholiques ,  saisi  dans  sa  prison 
d 'un  vif  repentir ,  Fau  ch  et  aurait  rétracté  toutes  ses 
erreurs ,  fait  abjuration  de  son  passé  révolution- 
naire ,  et,  rentré  entièrement  dans  le  sein  de  la 
religion,  il  se  serait  confessé  et  aurait  confessé 
lui-même  Siliery.  Mais  l'origine  de  ce  document 
rend  la  première  partie  au  moins  de  ces  asser- 
tions plus  que  suspecte.  Les  débats  du  procès 
des  girondins  furent  courts,  bien  que  trop  longs 
au  gré  de  la  montagne.  Traduits  devant  le  tri- 
bunal révolutionnaire  le  25  octobre,  ils  furent 
déclarés  coupables  et  condamnés  à  mort  le  30  ; 
le  lendemain  31  ils  tombaient  sous  le  fatal  cou- 
peret, et  l'abbé  Fauchet  avec  eux.  Tous  les  dis- 
cours ou  les  sermons  mentionnés  plus  haut, 
ainsi  que  la  brochure  de  la  Religion  nationale, 
ont  été  livrés  à  l'impression  du  vivant  de  l'àU- 
teur.  Pour  compléter  ses  titres  littéraires,  il 
suffit  d'ajouter  qu'on  lui  doit  une  partie  du  texte 
du  Tableau  de  la  Révolution  (1790-1791). 

H.  BOYER. 

Lamartine,  Histoire  des  Girondins.  —  Michelet  et 
Louis  blanc,  Histoires  de  la  Révolution.  —  L'abbé  Val- 
mcToii  (Jarry),  Fie  de  l'abbé  Fauchet,  de  Clamecy.  — 
Notice  sur  l'ancien  Clergé  du  diocèse  de  Bourges.  — 
Documents  particuliers. 

FAuriGNY  DE  LUCiNGE  (Lecomte  L.-C.-4. 
de),  officier  supérieur  et  homme  politique  fran- 
çais, né  en  Bresse,  vers  1750,  mort  en  Franconie, 
vers  1800.  Il  appartenait  à  l'une  des  familles  les 
plus  illustres  de  la  Savoie.  Entré  fort  jeune  au 
service  de  France,  le  comte  de  Faucigny  était 
lieutenant-colonel  au  régiment  de  Normandie 
lors  de  la  révolution.  En  1789,  élu  député  aux 
états  généraux  par  la  noblesse  de  Bresse  (1),  il 
fut  l'im  des  plus  fougueux  défenseurs  des  pré- 
rogatives de  son  ordre.  Il  s'opposa  à  toute  ré- 
forme, et  se  fit  remarquer  par  ses  violentes  in- 
terruptions. Le  19  juin  1790,  de  concert  avec 
l'abbé  Maury,  il  voulut  arrêter  la  lecture  d'un 
rapport  que  le  vicomte  de  Macaye,  député  du 
Labour  (2),  faisait  sur  les  troubles  provoqués  à 
Nîmes  par  les  ultra-catholiques,  et  s'écria  :  «  Il 
est  bien  singulier  qu'on  nous  dise  tant  de  sottises 
et  que  nous  le  souffrions  !  >>  L'assemblée  décida 
que  le  rapport  devait  être  continué.  Le  21  juin 
suivant ,  le  comte  de  Faucigny  s'opposa  vivement 

,(1)  C'est  par  erreur  que  la  Biographie  nouvelle  des 
Contemporains  le  lait  député  de  Brest. 

(2)  Ou  Labourd,  petit  pays  de  la  Gascofe'ne,  dont  Bayonne 
était  la  capitale. 


—  FAUCON  166 

à  la  suppression  des  titres  nobiliaires,  et  le  3 
juillet,  à  ce  que  les  députés  fussent  tenus 
d'être  présents  lors  des  fêtes  de  la  Fédération. 
Le  21  août,  au  sujet  de  la  censure  infligée  à  son 
collègue  Lambert  de  Frondevillé,  Faucigny  s'é- 
lança au  milieu  de  la  salle ,  et  s'écria  ;  «  Ceci 
a  l'air  d'une  guerre  ouverte  de  la  majorité  contre 
la  minorité  ;  et  pour  la  faire  finir,  il  n'y  a  qu'un 
moyen  :  c'est  de  tomber  le  sabre  à  la  main  sur 
cesgredins-là  !  «  Faucigny  désavoua  le  mouvement 
qui  l'avait  entraîné,  et  sur  la  proposition  de  Du- 
bois-Crancé,  <(  l'Assemblée  nationale,  ayant  égard 
aux  excuses  et  aux  témoignagnes  de  repentir  de 
M.  Faucigny ,  lui  remet  la  peine  gi'ave  qu'il  avait 
encourue  ».  Le  11  avril  1791,  Faucigny  s'opposa 
à  la  diminution  des  traitements  des  ministres, 
prétendant  «  qu'il  ne  fallait  pas  mettre  ces 
places  au  rabais ,  car  elles  n'étaient  pas  recher- 
chées depuis  qu'elles  n'offraient  plus  que  la 
perspective  de  la  potence  et  du  carcan  ».  Le  24 
mai,  lors  d'un  appel  nominal  sur  les  affaires 
d'Avignon ,  il  protesta  contre  le  secrétaire,  qui 
ne  l'appelait  pas  M.  le  comte  de  Faucigmj-Lu- 
cinge  ;  quelques  membres  de  la  gauche  deman- 
dèrent son  incarcération  immédiate;  mais  la 
majorité  s'écria  :  «  Il  est  fou!  »  L'incident  n'eut 
pas  de  suite.  Faucigny  signa  les  protestations 
des  12  et  15  septembre  1791 ,  et  émigra  à  la  fin 
de  la  session.  Il  parut  quelque  temps  dans  l'ar- 
mée de  Condé,  et  mourut  obscurément. 

H.  Lesueur. 
Moniteur  universel,  an  1790,  n°^  168, 172, 184,  234, 27*  ; 
an  1791,  103,  146.  —  Biographie  moderne. 

FAUCON  (Jean),  en  latin  falco,  médecin 
espagnol,  né  à  Savinena  (Aragon),  vers  1470, 
mort  à  Montpellier,  en  1532.  Il  étudia  la  méde- 
cine à  Montpellier,  s'y  fit  recevoir  docteur,  de- 
vint professeur  en  1502,  et  doyen  en  1529.  «  Ses 
ouvrages ,  dit  la  Biographie  médicale,  se  rédui- 
sent à  des  commentaires  lourds  et  prolixes,  qui 
sont  la  plupart  du  temps  plda  obscurs  que  le  texte 
auquel  ils  doivent  servir  de  glose.  »  On  a  de  lui  : 
Additiones  ad  practicam  Antonii  Guainerii; 
Pavie,  1518,  in-4°;  —  Notabilia  supra  Guido- 
nem;  Lyon,  1559,  in-4°. 
Biographie  médicale. 

FAtJCOiS  ou  FALtON  (Nicolas),  historien 
français,  né  à  Poitiers ,  vivait  au  commencement 
du  quatorzième  siècle.  Après  avoir  pris  l'habit 
de  prémontré ,  il  servit  de  secrétake  à  Ayton, 
seigneur  de  Coucy ,  né  en  Arménie ,  et  parent 
d'un  autre  Ayton ,  roi  de  ce  pays.  II  écrivit  en 
1305,  sous  la  dictée  d' Ayton,  une  Histoire  d'O- 
rient. Deux  ans  après ,  il  traduisit  cetouvrage  en 
latin,  sous  le  titre  ù'Historia  orientalis.  Un 
manuscrit  de  cette  traduction,  trouvé ,  suivant 
La  Croix  du  Maine ,  dans  la  bibliothèque  du  roi 
de  Navarre  à  Vendôme,  fut  imprimé  d'abord 
par  Mesnard-Molther  ;  Haguenau,  1529,  in-4°. 
Gryneus  l'inséra  dans  son  Novùs  Or6?s  ;  Bâie, 
1532-1555,  in-fol.  André  MuUer  le  fit  réim- 
primet  avec  Marco-Polo  ;  Berlin,  1671,  in-4^\ 

6. 


167 


FAUCON  —  FAUJAS 


IGS 


Une  traduction  flamandede  Vjffistoria  orientalis 
par  J.-H.  Glazemacherus,  a  été  imprimée  à 
Amsterdam,  1664,  in-4°. 

Du  Verdier  et  La  Croix  du  Maine,  Bibliothèques  fran- 
çaises. —  A.  Fabrlcius,  Bibliotheca  médias  et  infirme  La- 
tinitatis.  —  Dreux  du  Radier,  Hist.   litt.    du  Poitou. 

*  FAUCONNIER  (Laurence),  dame  du  Petit- 
Verdet ,  peintre  verrier  de  Bourges,  au  seizième 
siècle.  En  1528,  elle  épousa  l'échevin  Pragueau, 
auquel  elle  survécut,  et  dont  elle  eut  une  fille 
nommée  Claude.  En  1567  elle  vivait  encore; 
mais  on  ignore  la  date  de  sa  mort.  Il  reste  de 
cette  artiste  un  beau  vitrail  dans  une  chapelle 
fondée  par  elle  dans  l'église  Saint-Bonnet  de 
Bourges.  H.  B. 

La  Thaumassière ,  Hist.  du  Berry. 

*  FACDOAS  {Pierre-Paul,  hairouBE),  prélat 
français ,  né  à  Lalanne,  le  1"  avril  1750,  mort 
en  1819.  Il  appartenait  à  une  famille  noble  fort 
ancienne,  mais  d'une  fortune  médiocre.  Entré 
dans  les  ordres ,  il  devint  titulaire  de  l'abbaye 
de  Gaillac  en  1788.  Les  événements  de  la  révolu- 
tion le  firent  émigrer.  Rentré  en  France  après  le 
18  brumaire,  il  se  trouva  compromis  dans  quel- 
ques menées  royalistes  •,mais  il  n'en  fut  pas  moins 
pourvu  de  l'évêché  de  Meaux  au  mois  de  janvier 
1805.  L'abbé  de  Faudoas  s'attacha  dès  lors  forte- 
ment à  l'empereur,  et  à  l'occasion  de  la  bataille 
d'Austerlitz  il  publia  un  mandement  plein  de  dé- 
férence pour  l'homme  du  siècle.  Il  eut  plus  tard 
des  relations  fréquentes  avec  le  pape  Pie  VII  pen- 
dant sa  captivité  en  France,  et  reçut  du  pontife 
des  marques  d'estime.  L'évêque  de  Meaux  assista 
à  la  cérémonie  du  champ  de  mai  en  1815.  A  son 
retour,  Louis  XVIII  le  laissa  dans  une  espèce  de 
disgrâce  jusqu'à  sa  mort.  L.  Louvet. 

Dictionnaire  de  la  Conversation,  supplément. 

*  FAUGÈRE  {Arnaud-Prosper) ,  littérateur 
français,  né  à  Bergerac  (Dordogne),  le  17  fé- 
vrier 1810.  Chef  du  secrétariat  au  ministère  de 
l'instruction  publique  en  1839  ,  il  donna  sa  dé- 
mission lorsqu'en  1840  M.  Villeraain  quitta  ce 
ministère.  Il  entra  la  même  année  dans  les  bu- 
reaux du  ministère  des  affaires  étrangères,  où  il 
est  aujourd'hui  l'un  des  sous-directeurs  dans 
la  direction  politique.  M.  Faugère  débuta  dans 
la  carrière  des  lettres  en  publiant  :  Vie  et  bien,' 
faits  de  La  Rochefoucauld-Liancourt  ;  Paris, 
1835,  in-8°  de  36  pages.  Bientôt  après  il  obtint 
trois  fois  le  prix  d'éloquence  proposé  par  l'Aca- 
démie Française  :  en  1836,  pour  son  ouvrage 
intitulé  Du  Courage  civil,  ou  Lhôpital  chez 
Montaigne;  en  1838,  pour  V Éloge  de  Gerson; 
et  en  1842,  pour  Y  Eloge  de  Biaise  Pascal. 
Continuant  ses  études  sur  l'auteur  des  Provin- 
ciales, M.  Faugère  a  mis  au  jour  :  Pensées, 
fragments  et  lettres  de  Biaise  Pascal ,  publiés 
pour  la  première  fois  conformément  aux 
manuscrits  originaux;  Paris,  1844,  2  vol. 
in-8°  ,  trad.  en  allemand  et  en  anglais.  Aucune 
édition  des  Pensées  de  Pascal  entièrement  digne 
de  confiance  n'avait  encore  été  donnée;  celle 
de  M.  Faugère ,  résultat  d'une  collation  atten- 


tive des  textes  originaux ,  est  très-appréciée  ; 
—  Lettres,  opuscules  et  mémoires  de  ma- 
dame Périer  et  de  Jacqueline ,  sœurs  de  Pas- 
cal, et  de  Marguerite  Périer,  sa  nièce,  pu- 
bliés sur  les  manuscrits  originaux;  Paris, 
1845,  in-8°;  —  Abrégé  de  la  vie  de  Jésus- 
Christ,  par  Biaise  Pascal;  publié  d'après 
un  manuscrit  récemment  découvert,  avec 
le  testament  de  Biaise  Pascal;  Paris,  Asie, 
in-8°.  —  M.  Faugère  a  traduit  sous  le  titre  de 
Génie  et  Écrits  de  Pascal,  Paris;  1847, in-8° 
de  VIII  et  71  pag.,  un  article  de  VEdinburg- 
Review  (numéro  de  janvier  1847  ).  Enfin,M.  Fau- 
gère est  auteur  d'une  brochure  politique  :  Un 
mot  de  vérité  sur  la  crise  ministérielle 
et  sa  solution  possible,  Paris,  1839,  in-8°;  et 
les  journaux  Le  Temps  et  La  Constitution  de 
1830  l'ont  compté  parmi  leurs  rédacteurs.  Il  a 
fourni  de  nombreux  articles  à  Y  Encyclopédie 
du  dix-neuvième  siècle  et  à  divers  recueils  pé- 
riodiques ,  notamment  au  Moniteur  religieux 
(  dont  il  avait  été ,  en  1836 ,  l'un  dés  fondateurs), 
à  la  Bévue  du  dix-neuvième  siècle  et  au  Coi-- 
respondant.  Parmi  ses  travaux  dans  cette  der- 
nière publication ,  on  remarque  une  Notice  sur 
Turgot  et  les  articles  intitulés  La  Circassie  et 
Les  Richesses  de  la  Californie.  M.  Faugère  est 
sur  le  point  de  faire  paraître  un  mémoire 
sur  le  Z cliver ein ,  qui  a  remporté  en  1843 
le  premier  prix  dans  le  concours  ouvert  par  la 
Société  pour  l'Encouragement  de  l'Industrie  na- 
tionale. E.  Regnard. 
Journal  de  la  Librairie.  —  Documents  particuliers. 

FAVGÈRES  (  Marguerite  Bleecker),  femme 
auteur  américaine,  née  en  1771,  morte  à  New- 
York,  en  1801.  Élevée  avec  soin  par  sa  mère, 
qu'elle  perdit  de  bonne  heure,  elle  suivit  son  père 
à  New-York,  vers  la  fin  de  la  guerre  de  l'indé- 
pendance. En  1792,  elle  épousa  un  médecin  de 
cette  ville,  dunomdeFaugères,  avec  lequel  elle  fut 
loin  d'être  heureuse.  En  1796  elle  se  trouva 
réduite  à  vivre  dans  un  grenier,  avec  son  en- 
fant. Veuve  en  1798,  elle  devint  l'auxiliaire 
d'une  institution  de  New-Brunswick.  En  1799 
elle  entreprit  à  Brooklyn  l'éducation  de  plusieurs 
enfants  appartenant  aux  principales  familles  du 
pays.  Outre  des  poésies  insérées  dans  le  Ma- 
gazine de  New- York  et  dans  Y  American  Mu- 
séum, on  a  de  Marguerite  Faugères  les  Mémoires 
de  M™^  Bleecker,  sa  mère;  —  des  Essais;  — jt 
Bélisaire,  tragédie,  1795  ou  1796. 

Prudhomme,  Biog.  univ.  et  Mst.  des  Femmes  célèbres. 

FAUJAS  DE  SAINT-FOND  (Barthélémy) 
célèbre  géologue  et  voyageur  français,  né  à 
Montélimart,  le  17  mai  1741,  mort  à  Saint-Fond 
(Dauphiné)  (1),  le  18  juillet  1819.  Après  avoir 
fait  ses  études  au  collège  des  Jésuites  de  Lyon, 
il  fit  son  droit  à  Grenoble,  et  y  fut  reçu  avocat. 
En  1765  il  devint  président  delà  sénéchaussée; 
mais,  entraîné  par  son  goût  pour  l'étude  des 

(1)  Et  non  à  Paris ,  comme  l'écrivent  les  rédacteurs  de 
la  Biographie  nouvelle  des  Contemporains. 


169 


FAUJAS 


170 


sciences,  il  se  lia  avec  Buffon,  qui  le  décida 
à  se  fixer  à  Paris,  et  lui  fit  obtenir  l'emploi  d'ad- 
joint-naturaliste au  Muséum,  aux  appointements 
de  6,000  francs,  et  plus  tard  celui  de  commissaii-e 
du  roi  pour  les  mines  avecim  nouveau  traitement 
de  4,000.  Faujas  parcourut  alors  la  plus  grande 
partie  de  l'Europe,  la  France,  l'Angleterre,  l'E- 
cosse, la  Hollande,  l'Allemagne,  la  Bohême, 
l'Italie  et  le  Piémont,  s'occupant  presque  exclu- 
sivement d'étudier  la  surface  du  globe ,  sa  cons- 
titution et  les  matières  qui  la  composent.  C'est 
particulièrement  sur  les  produits  volcaniques  qu'il 
a  étendu  ses  observations,  et  les  géologues  lui  doi- 
vent les  premiers  documents  exacts  qui  servirent 
de  base  au  développement  de  leur  science.  En 
parcourant  le  Vélay,  il  découvrit,  en  1775,  dans 
la  montagne  de  Chenavary,  une  riche  mine  de 
pouzzolane,  qu'il  fit  ouvrir  à  ses  frais  et  dont  le 
gouvernement  se  servit  pour  la  construction  du 
port  de  Toulon  et  quelques  autres  travaux  pu- 
blics. On  lui  doit  aussi  la  découverte  de  la  fa- 
rine fossile  et  celle  de  la  riche  mine  de  fer  de 
La  Voulte  (Vivarais).  C'est  lui  qui  signala  le  pre- 
mier les  basaltes  et  la  grotte  de  Fingal  dans  l'île 
de  Staffa  (l'une  des  Hébrides).  La  république 
maintint  Faujas  dans  sa  position  au  Muséum,  et, 
en  1797,  le  Conseil  des  Cinq  Cents  lui  accorda 
25,000  francs  comme  indemnité  des  dépenses 
qu'il  avait  faites  pour  augmenter  les  collections 
du  Cabinet  d'Histoire  naturelle.  Lorsque  le 
Muséum  d'Histoire  naturelle  reçut  son  organi- 
sation actuelle,  en  1793,  Faujas  fut  nommé  pro- 
fesseur au  Jardin  des  Plantes,  et  remplit  cet  em- 
ploi jusqu'en  1818,  époque  à  laquelle,  devenu 
presque  octogénaire ,  il  se  retira  dans  ses  terres 
du  Daupliiné.  On  a  de  lui  :  Mémoire  sur  les  bois 
de  cerf  fossiles  trouvés  en  1775  à  Montéli- 
mont  (Dauphiné);  Paris,  1776-1779,  in-4°; 
avec  fig.  — Recherches  sur  la  pouzzolane,  sur 
la  théorie  de  la  chaux  et  sur  la  dureté  du 
mortier,  avec  la  composition  de  divers  ci- 
ments et  la  manière  de  les  employer,  etc.; 
Grenoble  et  Paris,  1778,  in-8°;  —  Recherches 
sur  les  volcans  éteintsdu  Vivarais  et  du  Yelay; 
avec  un  Discours  sur  les  volcans  brûlants  ; 
des  Mémoires  analytiques  sur  le  schorl,  la 
zoolithe,  les  basaltes,  etc.;  Grenoble,  1778, 
in-fol.,  avec  20  planch.  C'est  dans  cet  écrit  que 
Faujas  développe  sa  théorie  sur  la  formation  des 
volcans ,  théorie  plus  ingénieuse  que  toutes  celles 
émises  jusque  alors  sur  ce  sujet.  Elle  repose  sur 
la  nature  chimique  de  l'eau,  qui,  suivant  l'auteur, 
doit  se  trouver  infailliblement  en  communica- 
tion avec  le  foyer  des  volcans  qu'elle  entretient 
par  sa  décomposition;  —Mémoire  sur  la  ma- 
nière de  reconnaître  les  différentes  espèces 
de  pouzzolane  et  de  les  employer  dans  les 
constructions  sous  Veau  et  hors  de  l'eau; 
Amsterdam  (Paris),  1780,  in-80;  —  Histoire 
naturelle  de  la  province' du  Dauphiné,  avec 
carte  et  gravures;  Paris,  1781  et  1782,  4  vol. 
m-12  ;  —  Description  des  expériences  de  la 


machine  aérostatique  de  MM.  Montgolfier  et 
de  celles  auxquelles  cette  découverte  a  donné 
lieu,  suivie  de  Mémoires  sur  le  gaz  inflam- 
mable, sur  Part  de  faire  les  machines  aéro- 
statiques, etc.,  d'une  Lettre  sur  les  moyens  de 
diriger  ces  machines;  Paris,  1783-1784,  2  vol. 
in-8o,  avec  pi.;  cet  ouvrage  est  un  des  plus  com- 
plets que  l'on  ait  sur  cette  matière; — Minéralogie 
des  Volcans,  ou  description  de  toutes  les 
substances  produites  ou  rejetées  par  les  feux 
souterrains  ;  Paris,  1784,  in-8°;  —  Essai  sur 
l'histoire  naturelle  des  roches  de  trapps,  etc.; 
Paris,  1788,  in-12,  et  1813,  in-8°,  avec  fig.;  — 
Essai  sur  le  goudron  du  charbon  de  terre 
et  sur  la  manière  de  l'employer  pour  caréner 
les  vaisseaux;  Paris,  1790,  in-8o;  —  Voyage 
en  Angleterre,  en  Ecosse  et  aux  îles  Hé- 
brides, etc.;  Paris,  1797,  2  vol.  in-8o,  et  in-4°, 
avec  fig.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  allemand , 
augmenté  des  Notes  de  J.  Mac-Donald,  par 
Wiedemann;  Gœttingue,  1799,  et  en  anglais, 
ibid.,2  vol.  in-8°.  Cette  relation,  principalement 
scientifique,  a  été  fort  goûtée  en  Angleterre,  où 
elle  a  été  trouvée  aussi  judicieuse  qu'instruc- 
tive; —  Histoire  naturelle  de  la  montagne 
de  Saint-Pierre  de  Maëstricht ;  Paris,  1799, 
in-4°  et  in-fol.  ;  —  Dictionnaire  des  Merveilles 
de  la  Nature;  Paris,  1802,  3  vol.  in-8»;  — 
Mémoire  sur  le  trass  ou  tuffa  volcanique  des 
environs  d'Andernach  ;  dans  les  Annales  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle,  avec  pi.,  t.  I, 
1802;  —  Description  des  Carrières  souter- 
raines et  volcaniques  de  Niedermendig  près 
Andernach,  d'où  l'on  tire  des  laves  poreu- 
ses, etc.;  3  planch.,  ibid.;  —  Mémoire  sur  le 
Caoutchouc  ou  Bitume  élastique  fossile  du 
Derby shire;  ibid.;  —  Sur  un  poisson  fossile 
trouvé  dans  une  des  carrières  des  environs 
de  Nanterre  (près de  Paris);  avec  pi.,  ibid.;  — 
Description  des  mines  de  tufîa  des  environs 
de  Bruhlet  de  Liblar,  connues  sous  les  déno- 
minations impropres  de  mines  de  terre  d'ombre 
ou  de  terre  brune  de  Cologne;  2  pi.,  ibid.;  — 
Essai  de  Géologie,  ou  mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  naturelle  du  globe;  Paris,  1803^1809, 
2  vol.  en  3  parties,  in-8°,  avec  39  pi.  ;  la  pre- 
mière partie  traite  des  coquilles,  des  madré- 
pores ,  des  quadrupèdes  fossiles ,  des  bois  sili- 
ceux, etc.;  la  seconde  est  relative  à  tous  les 
minéraux  considérés  géologiquement  ;  la  troi- 
sième est  consacrée  à  l'histoire  naturelle  des 
volcans ,  et  forme  à  cet  égard  une  minéralogie 
complète  ;  —  Sur  une  défense  fossile  d'élé- 
phant trouvée  à  cinq  pieds  de  profondeur 
dans  un  tuffa  volcanique  près  d'Ardres  ^Ar- 
dèché);  dans  les  Annales  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle,  t.  H,  1803,  avec  pi.;  —  Sur  une 
grosse  dent  de  requin  et  sur  un  écusson  fos- 
sile de  tortue ,  trouvés  dans  les  carrières  des 
environs  de  Paris;  ibi^.,  avec  pi.;  —  Sur 
deux  espèces  de  bœufs  dont  on  trouve  les 
crânes  fossiles  en  Allemagne,  en  France,  en 


171  FAUJAS  — 

Angleterre,  dans  le  nord  de  V Amérique  et  \ 
dans  d'autres  contrées;  ibid.,  avec  pi.;  — 
Siir  des  plantes  fossiles  de  diverses  espèces 
qu'on  trouve  dçins  les  couches  d'un  schiste 
marneux,  recouvert  par  des  laves,  dans  les 
environs  de  Roche-Sauve  (Ârdàche) ;  ibid., 
avec  pi. 5  —Sur  quelques  fossiies  rares  de  Ves- 
tena-Nova  (  Véronais  )  ;  mêmes  Annales,  t.  III, 
1804;  —  Essai  d'une  Classification  des  pro- 
duits volcaniques ,  on  prodrome  de  leur  ar- 
rangement méthodique;  ibid.;  —  Sur  un 
essai  de  culture  de  la  patate  rouge  de  Phila- 
delphie, clans  les  environs  de  Paris;  mêmes 
Annales,  t.  V,  1804;  —  De  la  Prehnite,  dési- 
gnée sous  la  dénomination  de  zoolithe  de 
Deux-Poats  ;  de  la  roche  qui  lui  sert  de  gan- 
gue, et  du  lieu  véritable  où  Von  peut  la 
trouver,  ibid.;  —  Voijuge  géologique  de- 
puis Mayence  jusqu'à  Oberstein,  par  Creutz- 
nach,  Marstenstein  etKirn;  ibid.;  —  CZas- 
sification  des  produits  volcaniques  ;  ibid.; 
-T  Votjage  géologique  à  Oberstein  ;  mêmes  An- 
nales, tom.  VI,  2  pi.;  —  Voyage  géologique  cm 
volcan  éteint  de  SeauUeu  (  Bouches-du- 
Rhône),  où  l'on  trouve  de  grandes  quantités 
de  laves  poreuses  au  milieu  de  dépôts  calcai- 
res; mêmes  Annales,  tom.  VIII,  1806;  —  No- 
ticesur  legisement  des  poissons  fossiles  et  sur 
les  empreintes  de  plantes  d'une  des  carrières 
à  plâtre  des  environs  d'Aix  (  Bouches-du- 
Rhône)  ;  ibid.;  —  Voyage  géologique  sur  le 
Monte  Ramazzo,  dans  les  Apennins  de  la  Li- 
gurie  :  Découverte  de  la  véritable  variolite; 
du  calcaire;  de  Varragonite;  des  pyrites 
martiales ,  magnétiques ,  cuivreuses  et  arse- 
nicales dans  la  roche  stéatitique  ;  Fabrique 
de  sulfate  de  magnésie;  ibid.;  —  Lettre  à 
M.  de  Lacépède  sur  les  poissons  du  golfe  de 
la  Spezzia  et  de  la  mer  de  Gênes;  ibid.;  — 
Des  Coquilles  fossiles  des  environs  de  illayence; 
ibid.,  avec  pi.;  —  Sur  le  madrépovite  à  odeur 
de  truffe  noire  des  environs  de  Monte-Viale, 
dans  le  Vicentin;  mêmes  Annales,  tom.  IX, 
1807;  —  Description  géologique  des  brèches 
coquillières  et  osseuses  du  rocher  de  Nice, 
du  Montalban,  de  Cimiès  et  de  Villefranche  ; 
Observations  critiques  au  sujet  du  clou  de 
cuivre  que  Sidzer  dit  avoir  été  trouvé  dans 
Vinlérieur  d'un  bloc  de  pierre  calcaire  dure  de 
Nice,  etc.;  mêmes  Annales,  tom.  X,  1807  ;  — 
Notice;  adressée  à  Yauquelin, swr  la  sarcoUthe 
de  Montechio-Majore  et  de  Castel;  mêmes 
Annales  ,  t.  XI,  1808  ;  —  Sur  une  espèce  de 
charbon  fossile  décoiiverte  près  de  Naples; 
ibid.;  —  Voijage  géologique  de  Nice  à  Men- 
ton, Vintimille,  Port-Maurice,  Noli,  Savone, 
Voltri  et  Gênes,  par  la  route  de  La  Cor- 
niche ;  ibid.  ;  —  Sur  tm  nouveau  genre  de 
coquille  bivalve;  ibid.,  avec  pi.;  —  Sur  une 
mine  de  charbon  fossile  du  Gard  dans  la- 
quelle on  trouve  du  succin  et  des  coquilles 
marines',  mêmes  Annales,  t.  XIV,  1809 j  — 


FAULCON 


173| 


Siir  le  piquant  ou  l'aiguillon  pétrifié  d^nny 
poisson  du  genre  des  raies;  Sur  l'os  maxil- 
laire d'un  quadrupède  trouvé  dans  une  car- 
rière près  de  Montpellier;  Observations  sur 
les  corps  organisés  fossiles  ou  pétrifiés  que 
l'on  trouve  dans  les  environs  de  celte  ville} 
ibid.;  —  Addition  a%i  Mémoire  sur  les  co- 
quilles fossiles  des  carrières  de  Mgiyence  ;  mômes 
Annales,  tom.  XV,  1810,  avec  pi.;  —  Lettre 
à  Thouin  sur  la  floraison  du  phormium  te- 
nax  (vulgairement  appelé  lin  de  la  Nouvelle- 
Zélande);  mêmes^nna/es,  t.  XIX,  1812,  avec 
pi.;  —  Sur  les  roches  de  trapps  ;  ibid.,  avec 
pL;  —  Histoire  naturelle  de  différentes  sub- 
stances minérales  siliceuses  et  porphyritiques 
passées  à  l'état  de  pechstein,  oit  pierre  de 
poix,  par  l'action  des  feux  souterrains  ;  dans 
les  Mémoires  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, t.  II,  1815;  — Sur  les  plantes  fossiles 
renfermées  dans  un  schiste  marneux  des  en- 
virons de  Chaumerac  et  de  Roche-Sauve  {Ar- 
dèche)  ;  avec  pi.,  ibid.;  —  Des  Émaux,  des 
Verres  et  des  Pierres  j}onces  des  volcans 
brûlants  et  des  volcans  éteints;  mêmes  Mé- 
^noires,  t.  UI,  1817  ;  —  Sicr  quelques  coquilles 
fossiles  des  environs  de  Bordeaux;  ibid.;  — 
Sur  quelques-imes  des  plantes  fossiles  qu'on 
trouve  dans  les  couciies  calcaires  du  Monte- 
Bolea  (  Véronais  )  et  de  Vestena-Nova  (  Vi- 
centin), dans  les  mêmes  gisements  que  les 
poissons  fossiles  ;  mêmes  Mémoires,  tom.  V, 

1819,  avec  3  pi.  —  Faujas  de  Saint-Fond  l'ut 
éditeur  avec  Gobet  des  Œuvres  de  Bernard 
Palissy  ;  Paris,  1777,  in-4''.  Il  a  fourni  des 
Notes  au  Voyage  dans  les  Deux  Siciles,  traduit 
de  l'italien  de  Spallanzani  par  Âmaury-Duval  et 
Toscan;  Paris,  an  viii  (1800  ),  6  vol.  in-S",  fig. 
Il  a  laissé  en  outre  quelques  manuscrits  fort 
intéressants  Sur  le  passage  du  Rhône  et  des 
Alpes  par  Annihal;  Sur  la  fontaine  de  Vau- 
cluse,  etc.,  et  un  ouvrage  intitulé  :  Réflexions 
bien  imparfaites  sur  le  génie.    A.  de  L. 

Louis  de  Frcycinet ,  Essai  sur  la  Vie,  les  opinions  et 
les  Ouvrages  de  B.  Favjas  de  Saint-Fond;  Valence, 

1820,  in-'t°  ;  —  Arnault ,  Jay ,  etc..  Biographie  des  Coji- 
temporains.  —  Desessarts ,  Les  Siècles  littéraires.  — 
Quérard ,  La  France  littéraire;  —  Revue  encyclopé- 
dique, t.  VIU  (1820),  p.  387. 

FAtfLCON  (Marie-Félix) ,  homme  politique 
et  jurisconsulte  français,  né  à  Poitiers,  le  14  août 
1758,  mort  dans  la  même  ville,  le  31  janvier 
1843.  Après  avoir  fait  son  droit  à  Poitiers ,  il  fut 
pourvu  d'une  charge  de  conseiller  an  présidial 
de  cette  ville.  Jusqu'en  1789,  tout  en  remplis- 
sant avec  exactitude  ses  fonctions  judiciaires,  il 
s'occupa  beaucoup  de  littérature ,  de  poésie ,  et 
prépara  une  nouvelle  édition  de  la  Coutume  du 
Poitou  commentée  par  Boucheul.  Élu,  au  com- 
mencement de  la  révolution,  suppléant  aux  états 
généraux,  il  siégea  dans  l'Assemblée  constituante 
à  partir  du  mois  d'avril  1790.  Pendant  la  terreur 
il  fut  poursuivi  et  obligé  de  se  cacher.  En  1795 
les  électeurs  de  Poitiers  l'envoyèrent  au  Con- 


173 


FAULCON  — 


seil  des  Cinq  Cents.  Réélu  en  1799,  il  devint 
membre  du  corps  législatif  après  le  18  brumaire, 
et  il  en  fut  le  président  en  1803,  pendant  la  dis- 
cussion du  Code  Civil.  Nommé  correspondant 
de  l'Institut  national  (classe  d'histoire  et  de  lit- 
térature anciennes)  en  1803 ,  il  fut  investi  delà 
présidence  de  l'école  de  droit  de  Poitiers ,  sous 
le  titre  de  doyen  d'honneur.  Élu  de  nouveau 
au  corps  législatif  en  1809,  il  présidait  cette  as- 
semblée lorsqu'elle   adhéra  en   1814  à  la  dé- 
chéance de  Napoléon ,  et  donna  à  Louis  XVIU  le 
nom  de  Louis  le  Désiré.  Il  fut  un  des  commis- 
saires rédacteurs  de  la  Charte  constitutionnelle. 
Ne  se  trouvant  plus  éligible  d'après  les  condi- 
tions exigées  par  la  Charte ,  il  ne  put  être  «re- 
nommé à  la  chambre  des  députés.  Il  ne  figura 
plus  dans  les  affaires  publiques  pendant  les  vingt- 
huit  années  qui  s'écoulèrent  jusqu'à  sa  mort.  On 
a  de  lui  -.Pot-pourri  national,  ou  matériaux 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  Révolution  ;  Pa- 
ris, 1790,  in-8°;  —  Extraits  de  mon  Journal, 
dédiés  aux  mânes  de  Mirabeau;  Paris,  1791, 
in-8°;  —  Le  Robespierrisme ,  poème  suivi  du 
Moralisme  et  de  quelques  épitaphes  révolu- 
tionnaires ;  Poitiers,  1795,  in-8°;  —  Fruits  de 
la  Solitude  et  du  malheur;  Paris,  1796,  in-8°  ; 
—  Opinions  sur  le  divorce  et  sur  les  minis- 
tres des  cultes;  Paris,  1797,  in-8°;  —  Précis 
historique  de  l'établissement    du  divorce; 
Paris,  1800,  in-S"";  —  Mélanges   législatifs, 
historiques  et  politiques  pendant  la  durée 
de  la  Constitution  de  l'an  m;  Paris,  1801, 
3  vol.  in-8°  :  c'est  le  plus  important  des  ouvra- 
ges de  Faulcon;  —    Voyages  et  opuscules; 
Paris,  1805,  in- 8".  Outre  ces  publications ,  Faul- 
con a  fourni  beaucoup  d'articles  à  divers  jour- 
naux et  recueils,  par  exemple  à  la  Correspon- 
dance patriotique  (1791  et  1792),  hL'Historien 
(ans  IV,  vet  vi),  au  Journal  de  Poitiers,  à 
VAlmanach  des  Muses. 

Bourgnon  de  Layre,  Notice  historique  et  biographique 
sur  M.-F.  Faulcon;  àsns  le  Nécrologe  universel  du 
dix-neuvième  siècle. 

ï'AULCON.  Voyez  Faucon. 

FAULCONNiEB  (Pierre  ) ,  historien  français, 
né  à  Dunkerque,  mort  dans  cette  ville,  le  26 
septembre  1735.  Après  avoir  fait  son  droit  à 
Paris,  il  fut  installé,  en  1776,  dans  la  charge 
de  grand -bailli  de  Dunkerque,  et  devint,  en 
1720,  président  de  la  chambre  de  commerce  de 
cette  ville.  On  a  de  lui  :  Description  historique 
de  Dunkerque ,  ville  maritime  et  port  de  mer 
très-J'ameux  dans  laFlandreoccidentale,  etc.; 
Bruges,  1730,  2  vol.  in-fol.  Cette  histoire,  ornée 
de  planches  imprimées  dans  le  texte,  s'arrête  à 
l'année  1718.  Elle  contient  des  notices  sur  les 
hommes  célèbres  nés  à  Dunkerque.  E.  Regnaud. 

Paquot,  Mémoires. 

FAULHABER  {Jean),  mathématicien  et  in- 
génieur allemand,  né  à  Ulm,  le  5  mai  1580,  mort 
dans  la  même  ville  en  1635.  Fils  d'un  tisserand, 
il  exerça  d'abord  l'état  de  son  père;  en  même 


FAULHABER  174 

temps  il  étudia  avec  ardeur ,  devint  professeur 
d'arithmétique,    puis  inspecteur  des  poids  et 
mesures  dans  sa  ville  natale.  Malheureusement, 
entraîné  par  les  goûts  de  son  époque ,  il  tomba 
dans  les  folies  du  mysticisme,  de  l'astrologie. 
En  1602  il  subit  une  détention  de  quelques  mois 
pour  avoir  soutenu  le  pseudo -prophète  Kolb.  En 
1621  il  proclama  qu'en  peu  de  jours  avec  un 
grain  d'or  il  produirait  deux  autres  grains  du 
même  métal ,  et  de  la  plus  grande  pureté.  Il  pré- 
tendait aussi  pouvoir  prédire,  au  moyen  de  la 
cabale,  l'apparition  des  comètes.  Cependant  la 
solide    connaissance  qu'il  avait  des  mathéma- 
tiques le  rendit  célèbre,  même  à    l'étranger. 
Lorsque,  jeune  encore.  Descartes  vint,  en  1620, 
à  Ulm,  il  ne  manqua  point  de  rendre  visite  à 
Faulhaber ,  qui  pensa  embarrasser  le  philosophe 
en  lui  proposant  un  de  ces  problèmes  dont  il  pré- 
tendait posséder  seul  la  solution,  que  Descartes  lui 
présenta  dès  le  lendemain.  En  1618  Faulhaber 
obtint  du  landgrave  Philippe  de  Hesse  une  gra- 
tification de  cinquante  florins,  pour  le  récom- 
penser de  ses  découvertes  en  mathématiques  et 
en  mécanique.  En  1625   il  reçut  des  proposi- 
tions du  prince  d'Orange,  qui  désirait  se  l'atta- 
cher, et  en  1629  des  ouvertures  analogues  lui 
furent  faites  delà  part  du  cardinal  prince  Dietrich- 
stein.  En  1630  il  fut  appelé  à  Francfort  pour  la 
reconstruction  des  remparts  de  cette  ville.  Enfin 
en  1632  il  fut  l'objet,  de  la  part  du  roi  de  Suède, 
de  propositions  dans  le  genre  de  celles  qui  lui 
avaient  déjà  été  adressées.  Faulhaber  dirigea  les 
travaux  de  fortifications  de  Memmingen  et  de 
Lauingen.  11  mourut  de  la  peste  (choléra).  Les  prin- 
cipauxde  ses  nombreux  ouvrages  sont  :  Arithme- 
tischer-cubicosischer  Lustgarten ,  mit  neuen 
Inventionibus  gepflanzet  (Jardin  de  plaisance 
arithmetico-cubique ,   planté  d'inventions  nou- 
velles );  Tubingue,  1604,  in-4°  ;  — •  Neu  er/un- 
dener  Gebrauch  eines  niederlsendischen  In- 
struments zîDii  Abmessen  und  Grundlegen , 
mit  sehr  geschivindem  Vortheil  zu  practiciren 
(Nouvelle  Manière  d'appliquer  avec  facilité  un 
instrument    néerlandais   pour    l'arpentage    et 
le  cadastre  du  sol);  Augsbourg,  1610,  in-4°; 
—  Neue   geometrische   und  perspectivische 
Inventiones  zu   Grundrissen  der  Basteyen 
und  Vestungen  (Nouvelles  Inventions  géomé- 
triques et  de  perspective  pour  servir  aux  plans 
des  bastions  et  fortifications);  Francfort,  1610, 
in-4''.  Ces  trois  derniers  ouvrages  ont  été  tra- 
duits en  latin  par  Jean  Remmelin;  Francfort, 
même    année,    iQ-4°;    —    Neuer   mathema- 
tischer  Kunstspiegel  (Nouveau  Miroir  artis- 
tique des  mathématiques);  Ulm,  1612,  in-4°. 
Cet  ouvrage  a  été  également  traduit  en  latin  ;  — 
Andeutung  einer  tmerhœrten  neuen  Wunder- 
Ivunst  welche  der  Geist  Gottes  in  etlichen 
prophetischen  und  biblischen  Geheimnissen, 
Zahlen  bis  au/  die  letzte  Zeit  hat  wollen 
versiegelt  und  verboi-gen  halten;  Nuremberg, 
1013,  in-4°;  traduit  en  lah'n,  sous  ce  titre,  qui 


175 

rend  littéralement  le  précédent  :  Ansa  inau- 
ditx  et  novee  artis ,  quam  spiritus  Dei  ar- 
canis aliquot propheticis eu  biblicis  adultima 
heec  tempora  obsignare  et  operire  voluit  ; 
Ulm,  1613,  in-4°.  La  publication  de  cet  ouvrage 
donna  lieu  à  l'apparition  d'un  mémoire  qui  en 
était  la  réfutation,  et  dont  voici  le  titre  :  Phan- 
tasma  quee  Joli.  Faulhaber  de  ansa  inau- 
ditse  et  admirabilis  artis ,  etc.,  et  de  Magia 
Arcana  Cœlesti,  etc.,  somniavit,  explicata, 
discussa;  1614,  in-4°  ;  —  Himmlische  gehelme 
Magia,  oder  neue  cabalistïsche  Kunst  und 
Wunderrechnung  von  Gag  und  Magog  (  Magie 
céleste  mystérieuse,  ou  nouveau  calcul  artistique 
et  merveilleux  de  Gog  et  de  Magog);  Nuremberg, 
1613,  in-4°.  L'énoncé  même  du  titre  montre 
qu'il  s'agissait  encore  d'un  recueil  de  rêveries 
■mystiques; —  Arithmeiiscker  Wegweiseï' {Le 
Guide  de  TArithmétique);  Ulm,  1614,  in-8°.  Ce 
traité  a  été  souvent  réimprimé ,  et  à  dater  de 
1762,  sous  cet  autre  titre  :  Arithmetïschcr 
Tausendkunstler,  etc.  (Le  Magicien  en  Aritb- 
métique,  etc.  )  ;  —  Gemein  und  offen  Ausschr- 
eiben  an  aile  Philosophos ,  mathematicos 
sonderlich  arithmeticos  und  Kûnstler  Eu- 
ropa}  (  Adresse  commune  et  publique  à  tous  les 
Philosophes,  mathématiciens,  surtout  arithméti- 
ciens et  artistes  de  l'Europe  )  ;  Augsbourg,  1615  ; 
—  Neue  Invention  einer  Haus  und  Hand- 
mûhle  (Nouvelle  Livention  d'un  Moulin  de 
maison  et  à  bras,  d'après  Weyermann);  Ulm, 
1617,  in-8°,  et,  d'après  Kaestner,  Augsbourg, 
1616,  in-4°  ;  —  /.  Faulhaber''s  zwey  tmd 
vierzig  Sécréta  (  Les  quarante-deux.  Secrets  de 
J.  Faulhaber)  ;  1621,  in -4° ;  —  Miracula  arith- 
metica  zu  der  Continuation  des  Arithmetis- 
chenWegweisers  {Miracula  arithmedca, pour 
la  continuation  du  Guide  de  V arithmétique), 
édité  par  David  Verbez  ;  Augsbom-g,  1622,  ia-4°, 
et  1631  ;  —  Geheime  Kunsthammer  {C,ha.mbv& 
mystérieuse  des  arts);  Ulm,  1628,  in-4°;  — 
Ingenieurs-Schul  (L'Ecole  de  l'Ligénieur)  ;  Franc- 
fort, 1630-1633 ,  4  parties  ;  —  Appendix  à 
l'ouvrage  précédent  ;  —  Canon  Triangulorum 
logarithmicus;  Augsbourg,  1631;  —  Zehn- 
tausend  Logarithmi  der  absolut  oder  ledigen 
Zahlen  von  1  Us  10,000  (Dix mille  Logarithmes 
de  nombres  absolus  depuis  1  jusqu'à  10,000  )  ; 
Augsbom-g,  1631;  —  Academia  Algebrss; 
Augsbourg,  1631,  in-4°. 

Kaestner,  Gesch.  der  Mathemat.  —  Montucla,  Uisi. 
des  Mathématiques. 

FAVLHABER  (  Christophe-Ehrhurdt  ) ,  de 
la  famille  de  Jean  Faulhaber,  mathématicien 
allemand,  né  à  Ulm,  le  10  août  1708,  mourut 
le  16  juillet  1781.  Après  avoir  étudié  à  Wittem- 
berg  et  à  léna,  il  fut  chargé  de  professer  les 
mathématiques  à  Ulm  en  1737.  Deux  ans  plus 
tard  il  devint  pasteur,  et  remplit  en  divers  endroits 
des  fonctions  ecclésiastiques.  Il  était  homme  de 
science  autant  que  théologien.  On  a  de  lui  :  De 
Effectu  Lentium  simpliciiim,  tam  extra  ocu- 


FAULHABER  —  FAULKNER  176 

Iwn  quam  in  oculo  ;  Wittemberg,  1735,  in-4''  $ 
—  Buse  ex  optica  Controversiee  ;  Wittemberg,] 
1735,  ln-4°;  —  De  incerta  Mutabilitate  Obli 
quitatis  eclipticge;  Ulm,  1740,  in-4";  —  Dt 
Mensura  geometrica  constante  nondum  dé- 
tecta; Ulm,  1744,  in-4°;  —  De  Motus  perpe 
tuitate  in  Machinis  impossibili;  Ulm,  1751 
in-4°;  —  De  Virtuie  Speculorum  caustico 
rum;  Ulm,  1755,  in-4°;  —  Sammlung  von 
Meinungen  g  rosser  Gelehrten  vom  Blutregen 
(  Recueil  d'Opinions  de  grands  Savants  au  sujet 
de  la  Pluie  de  Sang  )  ;  Ulm,  1755  ;  —  Dissertatit 
ubi  mechanica  sessionis  nostrx  considerati 
sistitur;  Ulm,  1760,  in-4°.  .   .  . 

Erscli  et  Grubcr,  Allg.  Enc. 

FAULUAiSER  {Albert-Frédéric),  médecii 
allemand,  né  à  Ulm,  le  2  mai  1741,  mort  le  2 
juin  1773.  11  étudia  la  médecine  à  Tublngue, 
Strasbourg,  à  Paris,  et  devint  médecin  de  si 
ville  natale.  On  ne  connaît  de  lui  que  sa  thés 
intitulée  :  Dissertatïo  sistens  theoriam  solu 
tionis  chemicx;  Tubingue,  1765,  in-4".  Il  j 
traduit  du  latin  en  allemand ,  avec  des  notes 
un  ouvrage  de  Jean-Frédéric  Closius  sur  mie 
Nouvelle  Manière  de  traiter  la  petite  vérole; 
Ulm,  1769,  in-8". 

Biographie  médicale. 

FAULHABER  { É lie- Matthieu) ,  mathémati- 
cien allemand  ,  né  à  Ulm,  le  2  septembre  1742, 
mort  le  28  mai  1794.  Il  étudia  à  Erlangen  et  à 
léna  la  théologie,  les  sciences  et  le  droit  pu- 
blic. Eu  1766  il  retourna  dans  sa  ville  natale,  et 
devint  professeur  de  mathématiques  en  1767, 
et  en  1769  il  rempUt  des  fonctions  pastorales. 
On  a  de  lui  :  De  Oppositis  Mathematicarum 
quantis  ;  Ulm,  1768 ,  in-4"  ;  —  De  Attractione  ; 
Ulm,  1779,  in-4°. 

Schlichtegroll,  Nekrolog.,  1796. 

FACUSio  {Joseph),  médecin  sicilien,  né  en 
1630,  mort  en  1669.  On  a  de  lui  :  De  Viribus 
Jalappx ,  quod  non  sit  venenosa,  neque  he- 
pati,  neque  cordi  aut  ventriculo  inimica., 
neque  denique  nimis  laxativa,  medica  Dis- 
cussio;  Palerme,  1658,  in-8°. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula. 

FAULKNER  (  GeoTges  ) ,  imprimeur  irlandais, 
né  vers  1700,  mort  en  1775.  Il  fit  son  appren- 
tissage à  Londres ,  sous  le  célèbre  Bowyer,  et 
vint,  peu  après  1726,  s'établir  à  Dublin  comme 
imprimeur-libraire.  Son  Journal  et  d'autres  en- 
treprises bien  conduites  lui  valurent  une  fortune 
considérable  ainsi  que  d'illustres  amitiés.  Il  fut 
l'imprimeur  et  le  confident  de  Svrift,  et  jouit  de  la 
bienveillance  du  comte  deChesterfield.  Lorsqu'il 
mourut  il  était  alderman  de  Dublin.  Ses  qualités 
comme  homme  privé  étaient  bien  supérieures  à 
son  mérite  d'auteur.  Son  principal  défaut  était  une 
excessive  vanité,  qui  le  fit  souvent  tourner  en 
ridicule ,  même  par  ses  amis.  On  peut  voir  des 
échantillons  de  son  talent  épistolaire  dans  les 
Anecdotes  de  Bowyer  et  dans  le  second  volume 
du  Supplément  à  Swift. 
Chalmers,  General  Biographical  Dictionary. 


177 


FAULKON 


FAULKON.  Voyez  Constance. 

FAULTRIER  (JoacMm) ,  bibliophile  français, 
né  à  Auxerre,  en  1626,  mort  à  Paris,  le  12 mars 
1709.  Avocat  au  parlement  de  Paris ,  il  fut  re- 
marqué par  Louis  XIV,  qui  le  recommanda  à 
Louvois.  Ce  ministre  l'employa  dans  diverses 
négociations,  où  il  montra  autant  d'intégrité  que 
I  de  prudence.  Faultrier,  nommé  intendant  du  Hai- 
naut,  exerça  ces  fonctions  jusqu'en  1688.  Il  se 
1  étira  ensuite  dans  un  logement  que  le  roi  lui 
lit  donner  à  l'Arsenal,  et  consacra  le  reste  de  sa 
vie  à  la  culture  des  lettres.  Le  Catalogue  de 
sa  bibliothèque,  très-nombreuse  et  bien  choisie , 
fut  imprimé  après  sa  mort;  on  trouve  en  tête 
son  portrait  et  son  Éloge  latin  par  Baluze. 

Morérl,  Grand  Dict.  historique. 

*  FACQUEMBERGE  (  Clément  de)  ,  greffier 
au  parlement  de  Paris,  dans  le  courant  du  quin- 
zième siècle.  Il  est  l'auteur  de  Notes  historiques 
utiles  à  consulter  pour  l'histoire  de  Charles  VH 
et  de  Jeanne  d'Arc.  Elles  ont  été  publiées  com- 
plètement pour  la  première  fois  par  M.  J.  Qui- 
cherat,  L.  L. 

Procès  de  Condamnation  de  Jeanne  d^Arc,  t.  IV, 
p.  250,  etc.,  d'après  le  registre  conservé  aux  Archires  de 
l'Empire  (Sect.  judic.  conseil,  n"  IS). 

FAUQCES  (Marianne-Agnès  de),  roman- 
cière française,  née  à  Avignon,  vers  1720,  morte 
à  Londres,  où  elle  vivait  encore  en  1777.  Elle  fut 
élevée  dans  un  couvent,  où,  malgré  son  peu  de 
vocation  pour  la  vie  monastique ,  sa  famille  la 
contraignit  à  prendre  le  voile.  Après  dix  années 
de  réclusion ,  durant  lesquelles  elle  ne  cessait  de 
protester  tout  en  supportant  énergiquement  les 
rigueurs  qui  lui  étaient  iniligées ,  Agnès  de  Fau- 
ques  obtint  de  l'autorité  ecclésiastique  un  bref 
qui  annulait  ses  vœux  et  lui  rouvrait  le  monde. 
Repoussée  par  sa  famille,  elle  vint  à  Paris,  où, 
sans  appui,  sans  conseils ,  elle  fut  séduite  par 
un  seigneur  anglais,  qui  l'emmena  en  Angleterre 
et  la  délaissa  bientôt.  Elle  prit  dès  lors  le  nom 
de  M'ne  Fauques  de  Vaucluse  ou  de  La  Cépé- 
dès,  se  fit  courageusement  une  ressource  de  ses 
talents  littéraires,  et  composa  de  nombreux  ou- 
vrages, qui  eurent  un  grand  succès.  Lady  Craven 
(  depuis  margrave  d'Anspach  )  lui  confia  l'édu- 
cation française  de  ses  filles.  Sir  WiUiam  Jones 
prit  aussi  M"^  de  Fauques  pour  maîtresse  de 
français,  et  lui  fut ,  dit-on ,  fort  utile  par  son  ex- 
périence en  littérature.  Les  principaux  écrits  de 
M"e  de  Fauques  sont  :  Le  Triomphe  de  V Amitié, 
ouvrage  traduit  du  grée  (traduction  supposée); 
Londres  (Paris),  1751,  in-12.  Ce  livre  pourrait 
être  appelé  plus  justement  :  Le  Triomphe  de  l'A- 
mour. Suivant  Mme  Marguerite  Dernier -Bri- 
quet, le  style  ne  manque  pas  de  naturel,  et  on 
y  trouve  des  pensées  qui,  nées  du  sujet,  font 
ressortir  l'ouvrage;  en  voici  quelques-unes  : 
«  Nous  craignons  quelquefois  des  malheurs  que 
nous  n'éprouvons  jamais,  et  cette  crainte  en  est 
un  réel.  —  Auprès  de  ceux  que  les  préjugés 
aveuglent ,  le  plus  grand  des  crimes,  c'est  d'être  • 


—  FAUR  178 

éclairé.  —  II  n'est  point  de  divinité  qui  nous  soit 
plus  chère  que  l'espérance ,  nos  cœurs  lui  sont 
des  autels  et  nos  jours  des  sacrifices.  »  — 
Abassaï,  histoire  orientale;  Paris,  1753,  3  vol. 
in-12;  trad.  en  anglais,  1757,  2  vol.  in-12;  — 
Contes  du  Sérail,  traduits  du  turc;  La  Haye, 

1753,  in-12;  —  Les  Préjugés  trop  bravés  et 
trop  suivis  ;  Londres,  1755,  2  part,  in-12  ;  réim- 
primés sous  le  titre  de  :  Les  Dangers  des  Pré- 
jugés, ou  mémoires  de  J/"e  d'Oran;  Paris, 

1754,  2  part,  in-12  ;  —  La  dernière  Guerre  des 
Bêtes;  fable  pour  servir  à  l'histoire  du  dix-hui- 
tième siècle;  Londres,  1758,  in-12;  trad.  en 
anglais,  1758,  in-S"  ;  —  Frédéric  le  Grand  au 
Temple  de  l'Immortalité;  Londres  (Bruxelles), 
1758,  in-8°,  trad.  en  anglais;  —  Mémoire  de 
Mme  F***  de  La  C***  (Fauques  de  La  Cépédès), 
contre  M.  C.  (Celesia,  ministre  de  la  république 
de  Gênes);  Londres,  1758,  in-8°;  ce  Mémoire 
n'a  été  tiré  qu'à  un  très-petit  nombre  d'exem- 
plaires ;  —  Histoire  de  M^e  la  marquise  de 
Pompadour,  traduite  de  V anglais  (traduction 
supposée);  Londres,  aux  dépens  de  S.  Hoo- 
per,  à  la  tête  de  César  (Hollande);  1759, 
2  part.,  petit  m-S".  Le  comte  d'Affry,  ministre  de 
France  en  Hollande ,  fut  chargé  par  Louis  XV 
d'acheter  l'édition  entière  du  livre  de  M"'  de 
Fauques;  mais  il  échappa  un  exemplaire  à  ses 
recherches,  lequel  servit  à  faire  une  nouvelle 
édition  et  une  traduction  anglaise.  Les  deux 
éditions  françaises  sont  presque  introuvables; 

—  Les  Zélindiens  ;  in-12  ;  —  Les  Vizirs,  ou  le 
labyrinthe  enchanté,  conte  oriental  (en  anglais), 
2  vol.;  l'introduction  de  ce  conte  est  attribuée  à 
William  Jones;  —  La  belle  Assemblée  an- 
glaise, ou  les  amusements  de  la  bonne  com- 
pagnie, etc.  (en  anglais);  1774;  —  Dialogues 
moraux  et  amusants  (en  anglais  et  en  fran- 
çais); Londres,  1777-1784,  2  vol.  in-12.  L'abbé 
Sabathier  porte  le  jugement  suivant  sur  M'ie  de 
Fauques  :  «  On  ne  peut  lui  refuser  de  l'esprit  et 
du  talent  pour  écrire;  mais  dans  ses  ouvrages, 
qui  ne  sont  que  des  romans ,  elle  a  plus  consulté 
l'imagination  que  la  nature.  »         A,  Jadln. 

OEuvres  posthumes  du  duc  de  Nivernais  (publiées 
par  François  de  Neuchâteau);  l'aris,  1807,  t.  Il,  p.  202. 

—  L.  Prudhomme,  Biogr.  des  Femmes  célèbres.  —  L'abbé 
Sabathier,  I^s  Siècles  littéraires.— M'^^  Bernler-Briquet, 
Dict.  hist.  des  Françaises;  Paris,  18S4,  ln-S°. 

FACR  (***),  littérateur  français,  né  vers 

1755,  mort  vers  1815.  Il  était  secrétaire  du  der- 
nier duc  de  Fronsac,  et  termina  ses  jours  dans 
le  découragement  et  dans  un  état  voisin  de  la 
misère.  Il  n'est  connu  que  par  ses  nombreuses 
productions ,  dont  les  principales  sont  :  Le  Dé- 
guisement forcé  ,  comédie -féerie  en  deux  actes  ; 
Théâtre-Italien,  1780;  —  Montrose  et  Amélie, 
drame  en  quatre  actes  et  en  prose,  tiré  de  l'al- 
lemand; Paris,  1783,  et  Toulouse,  1784,  in-12  : 
ce  drame  eut  un  grand  succès  ;  —  Isabelle  et 
Fernand,  ou  l'alcade  de  Zolaurée,  comédie 
en  trois  actes  et  en  vers  libres ,  mêlée  d'ariettes, 
musique  de  Charopin;  Théâtre-Italien,,  1784; 


179  FAUR  - 

—  L'Amour  à  V épreuve,  comédie  en  vers; 
Paris,  1784,  in-S";  —  Colombine  et  Cassandre 
le  pleureur,  opéra-comique  en  deux  actes  ; 
J786;  —  La  Prévention  vaincue,  drame  en 
trois  actes;  1786;  —  La  Veuve  anglaise,  co- 
médie; 1786;  —  Vie  privée  du  maréchal  de 
Richelieu;  Paris,  1790,  3  vol.  in-8°,  et  1792, 
3  vol.  in-12.  Cet  ouvrage,  conçu  dans  un  esprit 
de  scandale ,  atteignit  parfaitement  son  but.  On 
y  trouve  des  anecdotes  piquanles ,  entre  auti'es 
l'intrigue,  vraie  ou  supposée,  du  maréchal  avec 
Mme  Michelin,  la  belle  tapissière  du  faubourg 
Saint-Germain.  Monvel  et  Alexandre  Duval 
(voy.  ces  noms)  ont  tiré  de  ce  sujet  Le  Love- 
lace  français ,  ou  la  jeunesse  du  duc  de  Ri- 
chelieu ,  drame  en  cinq  actes ,  joué  au  Théâtre- 
Français,  en  1796  ;  —  V Intrigant  sans  le  vou- 
loir, opéra-comique  en  deux  actes  ;  Théâtre  Lou- 
vois,  1794  ;  —  Alphonsine  et  Séraphine,  drame 
en  trois  actes;  Théâtre  de  la  Cité,  1795  ;  —  Plus 
de  peur  que  de  mal,  opéra-comique;  Théâtre 
Feydeau;  —  Phanor  et  Angéle,  opéra-comique 
en  trois  actes  ;  même  théâtre  ;  —  La  Fête  de  la 
cinquantaine,  opérai  m  devixàcles;  Paris,  1796, 
jn.g"  ;  —  Le  Confident  par  hasard ,  comédie 
en  vers  et  en  quatre  actes  ;  Théâtre-Français, 
an  IX  (1801),  in-80;  —  Rien  pour  lui,  comé- 
die-féerie,  en  trois  actes;  Paris,  1805,  in-8"; 

—  Le  Sabot. fidèle ,  mélodrame  en  trois  actes; 
Paris,  an  xiv  (1805),  in-8o;  —  Arlequin  dans 
l'Ile  'de  la  Peur ,  avec  Desaugiers  ;  Théâtre  du 
Vaudeville,  1812;  — ia  Comédie  de  société, 
en  trois  actes;  Odéon.  A.  Jadin. 

Bioçiraphie  des  Contemporains.  —  Laporte  et  Chain - 
fort,  Dictionnaire  dramatique. 

FAUB.  Voy.  PiBRAG  et  Saint-Jorry. 

FAURE  {Charles  ),  théologien  français  ,  né  à 
Luciennes,  près  de  Paris,  en  1594,  mort  le  4  no- 
vembre 1644.  Il  fut  le  premier  supérieur  général 
des  chanoines  réguliers  de  la  Congrégation  de 
France,  et  consacra  sa  vie  à  la  réforme  des 
ordres  religieux.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
reUgieux,  entre  autres  le  Dictionnaire  des  No- 
vices,- Paris,  1711,in-4°. 

Les  PP.  Lallemant  et  Chartonnet,  F^ie  dti  li.  P. 
Charles  Fauve. 

FAURE  (François),  théologien  français,  né 
le  8  novembre  1612,  mort  le  11  mai  1687.  Entré 
à  l'âge  de  dix-sept  ans  dans  l'ordre  de  Saint-Fran- 
çois ,  il  s'éleva  aux  premières  charges  de  son 
ordre  ,  devmt  sous -précepteur  de  Louis  XIV,  et 
fut  nommé  évêque  d'Amiens.  On  a  de  lui  une 
censure  des  Lettres  provinciales  ;  —  Une  or- 
donnance  contre  le  Nouveau  Testament  de 
Mons;  en  1673;  —  Un  Panégyrique  de 
Louis  XIV;  Paris,  1680,  in-4'';  —Une  Oraison 
funèbre  de  la  reine  Anne  d' Autriche ,  morie. 
en  1666  ;  —  Une  Oraison  funèbre  de  Henriette- 
Marie  de  France,  reine  de  la  Grande-Bre- 
tagne; Paris,  1670,  in-4°. 

Richard  et  Giraud,  /Hbliotkèqiie  sacrée. 

*  FAURE  (J.),  auteur  dramatique  français, 
vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il 


FAURE  18 

était  horloger,  et  demeurait  dans  la  cour  du  Pa 
lais  ;  on  manque  d'ailleurs  de  détails  sur  sa  vie. 
Il  fit  paraître  en  1 662  une  tragédie  en  cinq  actea 
et  en  vers,  Manlius  Torquutus,  devenue  fort] 
rare,  et  c'est  là  son  unique  mérite.  Il  s'y  trouvi  ' 
des  vers  ridicules  ;  c'est  ainsi  qu'en  apprenan 
ia  mort  de  Manlius,  Sulpicie  s'évanouit,  et  Fabrio 
s'écrie  : 

Arlste,  au  nom  des  dieux,  qu'on  reie  donne  de  l'eau  ! 

G.  B. 
Calalogiic  de  la  bibliothèque  dramatique  de  M .  d^ 
Soleinne,  t.  1,  p.  319. 

FAURE  (  Pierre-Joseph-Denis-Guillaume)i 
homme  politique  français,  né  au  Havre,  le  17  août 
1726,  mort  le  7  octobre  1818.  D'abord  officier 
de  marine,  il  quitta  cette  pi'ofession  pour  se. 
faire  avocat,  et  fut  nommé  juge  au  Havi'e  en 
1791.  Élu  député  à  la  Convention,  il  fit  preuve 
d'opinions  très-modérées ,  et  s'efforça  d'empêché^ 
le  jugement  de  Louis  XVI.  Arrêté  à  ia  suite  dit 
31  mai,  il  rentra  à  la  Convention  après  le9ther 
midor.  A  la  fin  de  la  session,  il  revint  au  Havre 
reprendre  sa  place  de  juge.  Il  fut  anobli  par 
Louis  XVIII  après  la  première  restauration.  On 
a  de  lui  :  Réflexions  d'un  citoyen  sur  la  ma- 
rine; 1759,  in-12;  —  Parallèle  de  la  France 
ut  de  V Angleterre  à  V égard  de  la  marine; 
1779,  in-8''.  Faure  a  aussi  fourni  l'article  Ma- 
rine à  ï Encyclopédie  par  ordre  alphabétique. 

Arnault,  Jouy,  Jay,   etc.,   Biographie  nouvelle  de^ 

Contemporains. 

FAURE  (Louis- Joseph,  chevalier),  juriscon- 
sulte et  magistrat  français ,  fils  aîné  du  précédent, 
né  au  Havre,  le  6  mars  1760,  mort  à  Paris,  en 
juin  1837.  Avocat  à  vingt  ans,  il  fut  nommé 
eu  1791  commissaii'e  du  roi  près  les  tribunaux 
provisoires  de  la  capitale  ;  puis  il  devint  juge 
au  tribunal  de  celte  ville,  et  substitut  de  l'accusa- 
teur public  près  le  tribunal  criminel  et  extraor- 
dinaire. Après  le  coup  d'État  du  IS  brumaire,  il 
devint  membre  du  Tribunal,  et  s'y  occupa  sur- 
tout de  matières  judiciaires.  Il  y  défendit  le  projet 
de  loi  sur  l'organisation  judiciaire,  et  apporta  au 
corps  législatif  le  vœu  du  Tribunat  sur  l'adoption 
du  Code  Civil.  Secrétaire  du  Tribunat  et  membre 
de  la  commission  chargée  de  î'examen  de  la  mo- 
tion de  Curée  tendant  à  confier  le  gouvernement 
de  la  république  à  un  empereur,  il  désapprouva 
la  conduite  de  CaVnot  (voyez  ce  nom),  qui  seul 
vota  contre  cette  proposition ,  et  chercha  à  lui 
prouver  ses  torts.  Napoléon  le  créa  chevalier  de 
là  Légion  d'Honneur.  En  1806,  Faure  fit  au  corps 
législatif  un  rapport  sur  les  premiers  livres  du 
Code  de  Procédure.  A  la  dissolution  du  Tribunat, 
en  1807,  il  entra  au  conseil  d'État,  où  il  fit  partie 
de  la  section  de  législation.  Le  12  septembre  de 
la  même  année,  il  lut  au  corps  législatif  l'exposé 
des  motifs  d'un  projet  de  loi  sur  la  cour  de  cas- 
sation. En  ISIO  il  fit  un  rapport  sur  le  nouveau 
CodePénal.  A  la  fin  de  la  même  année  il  fut  nommé 
membre  de  la  commission  de  gouvernement  des 
départements  formés  des  villes  hanséatiques,  et  y 


181 


FAURE 


182 


fut  particulièrement  chargé  de  l'organisation  des 
cours  et  tribunaux.  En  1813,  Napoléon  le  promut 
au  grade  d'officier  dans  la  Légion  d'Honneur. 
En  1814,  Faure  adhéra  au  rétablissement  des 
Bourbons,  et  passa  au  conseil  du  roi  dans  le 
comité  du  contentieux.  L'empereur  l'exclut  du 
conseil  d'État  à  son  retour  de  l'île  d'Elbe  ;  mais 
à  la  rentrée  de  Louis  XYIII  il  fut  réintégré  dans 
ses  fonctions.  Le  1 2  novembre  1 828,  il  fut  nommé 
conseiller  à  la  cour  de  cassation,  place  qu'il 
occupait  encore  à  sa  mort,        L.  Louyeï. 

Encyclopédie  des  Gens  du  Monde. 

FAURE  (  Guillaume  -  Stanislas  ) ,  hydro- 
graphe français ,  frère  du  précédent ,  né  au 
Havre,  le  1"  mars  1765,  mort  le  30  mars  1826. 
Il  exerçait  avant  la  révolution  la  profession  d'im- 
primeur. Nommé  sous-préfet  du  Havre  en 
l'an  VIII,  il  devint  membre  du  corps  législatif  au 
mois  d'août  1810.  Il  fut  en  cette  qualité  membre 
de  la  chambre  des  députés  del814etl815.Il  vécut 
ensuite  dans  la  retraite.  On  a  de  lui  :  Nouveau 
Flambeau  de  la  Mer,  oit  description  nautique 
des  côtes  d'Angleterre,  d'Irlande ,  d'Ecosse 
et  de  France,  depuis  Saint-Jean-de-Luz,  ex- 
trait et  traduit  des  meilleures  ouvrages  an- 
glais et  français;  Le  Havre,  1822,  in-8°;  — 
Nouveau  Flambeau  de  la  Mer,  ou  description 
nautique  des  côtes  d'Espagne  et  de  Portu- 
gal ,  et  de  celles  de  la  Méditerranée  et  iles 
en  dépendant ,  etc.  ;  Le  Havre  et  Paris,  1824, 
in-fol. 

.\raault,  Jouy,  Jay,  etc..  Biographie  nouvelle  des 
Contemporains.  —  Quérard,  La  France  littéraire. 

*  FAURE  (  Joseph-Désiré-Félix) ,  magistrat 
français ,  est  né  à  Grenoble ,  le  18  mai  1780.  Son 
grand-père matei'nel,  ingénieur  à  Vienne (  Isère), 
fit  construire  dans  cette  ville  les  quais  du  Rhône 
et  le  pont  de  la  Gère.  Son  père,  commis  à  la  re- 
cette générale  du  Dauphiné,  avocat  au  parlement 
de  Grenoble,  fut  député  de  cette  ville  aux  états 
du  Dauphiné  convoqués  à  Romans  eu  1788.  Le 
jeune  Faure  se  trouvait  à  Lyon,  où  il  faisait  ses 
études ,  lors  du  siège  de  cette  ville,  en  1793,  par 
les  troupes  de  la  Convention.  Reçu  docteur  en 
droit  à  Paris  en  1810,  il  fut  l'année  suivante 
nommé  conseiller  auditeur  à  la  cour  impériale  de 
Grenoble.  En  1817  il  devint  substitut  du  pro- 
cureur général,  en  1819  avocat  général,  et  enfin 
en  1822  conseiller  à  la  même  cour  royale  de 
Grenoble.  En  1828,  Augustin  Périer  ayant  été 
élu  député  dans  trois  arrondissements  de  l'Isère, 
opta  pour  Grenoble  ;  M.  Faure  fut  élu  à  sa  place 
dans  l'arrondissement  de  Vienne,  li  parla  l'an- 
née suivante  dans  la  discussion  de  la  loi  présen- 
tée par  Martignac  sur  les  conseils  d'arrondisse- 
ment et  de  département.  Nommé  président  de 
chambre  à  la  cour  royale  de  Grenoble ,  il  refusa 
cet  avancement,  ayant  pour  principe  que  tout 
député  qui  acceptait  des  fonctions  publiques 
devait  se  soumettre  à  la  réélection.  Il  vota  en 
1830  l'adresse  dite  des  deux  cent  vingt-ct-un, 
par  laquelle  la  chambre  élective  avertissait  le  roi 


que  ses  ministres  n'avaient  pas  la  confiance  du 
pays.  Après  la  dissolution  de  la  législature,  il  fut 
réélu.  Il  était  à  Grenoble  lorsqu'il  apprit  la  nou- 
velle de  la  révolution  de  Juillet.  En  arrivant  à 
Paris  ,  il  sut  qu'il  venait  d'être  nommé  procureur 
général  à  la  cour  de  Grenoble  :  il  ne  crut  pas 
encore  pouvoir  accepter,  parce  qu'il  regardait 
ces  fonctions  comme  incompatibles  avec  celles 
de  député.  La  nouvelle  chai'le  n'eut  point  son 
vote  :  il  trouvait  son  mandat  insuffisant  pour 
modifier  celle  de  1814  ;  mais  il  ne  refusa  pas  son 
serment  à  l'état  de  chose  qu'elle  instituait ,  et 
dans  la  session  qui  suivit  il  fut  rapporteur  de 
plusieurs  lois  ou  propositions,  entre  autres  de  la 
loi  sur  l'organisation  municipale  et  de  celle  pour 
la  réélection  des  députés.  A  la  fin  de  1830,  il  fut 
nommé  premier  président  de  la  cour  royale  de 
Grenoble,  vacante  par  suite  de  la  condamnation 
de  Chantelauze.  M.  Faure  se  soumit  à  la  réélection, 
et  revint  prendre  part  à  la  nouvelle  loi  électorale. 
Le  1 1  octobre  1832  il  fut  nommé  pair  de  France. 
Assidu  à  la  chambre,  il  fit  partie  des  com- 
missions chargées  de  l'examen  de  projets  de 
loi  importants,  notamment  sur  la  législation 
coloniale ,  sur  le  rétablissement  du  divorce , 
sur  les  effets  de  la  séparation  de  corps ,  sur  Iss 
crieurs  publics ,  sur  la  responsabilité  des  mi- 
nistres ,  sur  l'organisation  de  la  gendarmerie 
dans  les  départements  de  l'ouest,  sur  la  non-révé- 
lation des  complots  et  attentats  sur  la  personne 
du  roi,  sur  les  justices  de  paix,  les  faillites ,  sur 
la  propriété  littéraire,  sur  les  brevets  d'invention, 
sur  les  commissaires-priseurs  ,  etc.  Il  présenta 
même  les  rapporte  de  quelques-unes  de  ces 
commissions.  Il  fit  également  partie  de  plusieurs 
des  commissions  chargées  de  préparer  les  procès 
déférés  à  la  cour  des  pairs.  Nommé  conseiller 
à  la  cour  de  cassation  en  1836,  il  fut  admis  à 
faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite,  et  après  la 
révolution  de  Février  il  devint  président  hono- 
raire à  la  cour  d'appel  de  Grenoble. 

L.  LOUVET. 

Biographie  des  Hommes  du  Jour,  tome  IV,  2°  partie, 
p.  303 . 

*  FAURE  (  Pascal-Joseph  ),  avocat  français, 
est  né  le  3  mars  1798,à  Reculson,  près  de  Gap. 
Destiné  au  barreau,  il  fut  envoyé  de  bonne 
heure  à  Grenoble,  oii  il  fit  son  droit.  Reçu  licen- 
cié en  1817,  il  plaida  presque  aussitôt  à  Gap, 
et  devint  plusieurs  fois  bâtonnier  de  son  ordre. 
Membre  du  conseil  municipal  de  Gap  et  du  con- 
seil généra!  des  Hautes-Alpes,  qu'il  présida  à 
différentes  reprises ,  il  fut  nommé  député  en 
1831.  Assis  sur  les  bancs  de  la  gauche  à  la 
chambre,  il  combattit  les  mesures  proposées  par 
le  gouvernement  contre  les  crieurs  publics, 
contre  les  associations  politiques ,  contre  la 
presse  et  contre  le  jury.  Il  signa  en  1832  lo  fa- 
meux compte-rendu  de  l'opposition.  Rapporteur 
delà  proposition  de  M.  Roger  (du  Loiret)  rela- 
tive à  la  liberté  individuelle ,  il  défendit  le  droit 
de   pétition  contre  la  proposition  .louffroy,  et 


183 


c'est  lui  qui  en  1833.  à  propos  du  projet  de  loi 
tendant  à  modifier  le  Code  Pénal,  présenta  et  fit 
adopter  l'amendement  relatif  aux  circonstances 
atténuantes  en  matière  criminelle.  Réélu  en  1834, 
il  échoua  aux  élections  suivantes  en  1837,  et 
rentra  dans  la  vie  privée.  Après  la  révolution  de 
1848 ,  il  fut  élu  par  le  département  des  Hautes- 
Alpes  à  l'Assemblée  constituante ,  puis  à  l'As- 
seinblée  législative,  où  il  vota  avec  le  parti  mo- 
déré. En  1852  le  même  département  l'a  réélu 
député  au  corps  législatif.  L.  Locvet. 
Biographie  des  Représentants. 

*  FACRE-DÈRE  (  Bertrand-Mane\) ,  magis- 
trat français ,  est  né  à  Bouillac  (  Tarn-et-Ga- 
ronne),  le  4  novembre  1787,  d'une  famille  bour- 
geoise. Il  fit  ses  études  au  collège  de  Sorèze ,  et 
se  destinait  à  la  carrière  militaire  ;  mais  en  1806 
son  père  lui  fit  suivre  les  cours  de  droit  de  la  fa- 
culté de  Toulouse,  qui  venait  de  se  rouvrir.  Reçu 
licencié  en  1810,  il  fut  nommé  conseiller  auditeur 
à  la  cour  impériale  de  Toulouse,  par  décret  daté 
d'Erfurt,  le  1 5  novembre  1 8 1 1 .  Il  exerça  ces  fonc- 
tions jusqu'à  la  fin  d'avril  1816,  ayant  eu  seule- 
ment à  présider  par  intérim  le  tribunal  de  Moissac 
dans  les  Cent  Jours.  Destitué  en  1816,  il  ne  rentra 
dans  la  magistrature  que  le  2  décembre  1828. 
Le  ministère  Martignac  le  nomma  alors  juge  au 
tribunal  de  Montauban.  Le  29  octobre  1830,  Du- 
pont (  de  l'Eure)  le  fit  nommer  conseiller  à  la  cour 
royale  de  Toulouse.  Élu  député  par  l'arrondisse- 
ment de  Castel-Sarrazin  en  1831,  M.Faure-Dère 
fut  réélu  en  1834,  échoua  en  1837,  mais  l'emporta 
en  1839.  En  1842  sa  santé  le  condamna  à  la  re- 
traite. Il  avait  toujours  voté  avec  l'opposition. 
Après  la  révolution  de  Février,  il  fut  élu  par  le 
département  de;Tarn-et-Garonne  à  l'Assemblée 
constituante,  mais  il  ne  se  mit  pas  sur  les  rangs 
pour  l'Assemblée  législative.        \L.  Louvet. 

Biographie  des  Hommes  du  Jour,  tome  VI,  ite  parlie, 
page  78.  —  Biographie  des  Représentants. 

FAVRE  (Le  P.).  Voy.  Mamachi. 

F  XVRIUI.  (Claude),  critique  et  historien  fran- 
çais, né  à  Saint-Étienne,  le  21  octobre  1772,  mort 
à  Paris,  le  15  juillet  1844.  Il  appartenait  à  une 
honnête  .famille  d'artisans ,  qui  possédait  quel- 
que fortune.  Il  passa  une  partie  de  son  enfance  à 
Saint-Barthélemy-le-Piain ,  en  Vivarais ,  com- 
mença .ses  études  au  collège  des  oratoriens  de 
Tournou  et  les  acheva  à  Lyon.  Il  venait  de  les 
terminer  lorsque  la  révolution  éclata.  Trop  jeune 
pour  y  jouer  uu  rôle,  Fauriel  en  partagea  les  idées 
et  les  espérances.  Homme  de  pensée  plutôt  que 
d'action ,  il  se  mêla  rarement  aux  affaires ,  s'en 
dégagea  le  plus  vite  possible,  et  eut  toujours  hâte 
de  se  réfugier  dans  la  retraite,  pour  y  poursuivre 
à  loisir  ses  lectures  et  ses  méditations.  Les  dan- 
gers de  la  France  envahie  par  les  armées  étran- 
gères l'arrachèrent  à  ses  paisibles  études.  Le 
ministre  Beurnon ville  le  nomma ,  à  la  date  du 
26  mars  1793,  sous -lieutenant  dans  la  légion  des 
montagnes  en  garnison  à  Perpignan.  Fauriel  se 
rendit  aussitôt  à  l'armée  des  Pyrénées.  Il  servit 


FAURE  —  FAURIEL  i84 

dans  la  compagnie  de  La  Tour  d'Auvergne ,  et 


put  entendre  ce  modeste  et  savant  capitaine  dis- 
serter sur  Id  langue  bretonne  et  les  antiquités  cel- 
tiques. II  fut  aussi  attaché;,  comme  secrétaire,  au 
général  Dugommier.  Au  bout  d'un  an  environ  il 
donna  sa  démission,  et  revint  à  Saint-Étienne,  où 
il  remplit  les  fonctions  d'officier  mimicipal.  Il  se 
démif  bientôt  de  cette  place  pour  ne  pas  prendre 
part  à  la  réaction  thermidorienne,  qui  choquait  ses 
opinions  répubficaines.  «  Fauriel,  dit  à  ce  sujet 
M.  Sainte-Beuve,  était  et  resta  toujours  républi- 
cain au  fond.  Sous  la  discrétion  extrême  de  ses 
paroles  en  politique,  sous  l'aménité  parfaite  de 
ses  manières ,  on  aurait  pu  distinguer  jusqu'à  la 
fin  en  lui  cette  noble  fibre  persistante,  et  la  cha- 
leur d'une  conviction  patriotique  intime  survi- 
vant même  à  toutes  les  étincelles.  »  Cinq  ans 
plus  tard  on  retrouve  Fauriel  secrétaire  particu- 
Uer  de  Fouché,  ministre  de  la  police.  Qu'avait-il 
fait  dans  l'intervalle?  On  l'ignore  ;mais  on  peut 
affirmer  qu'il  n'avait  pas  cessé  d'étudier,  puisque 
ses  premiers  essais ,  qui  datent  du  commence- 
ment du  dix-neuvième  siècle,  attestent  déjà  un 
érudit  et  un  critique  de  premier  ordre.  Venu  à 
Paris  un  peu  avant  le  18  brumaire,  et  recom- 
mandé à  Fouché,  soit  par  Français  de  Nantes,  qui 
le  protégeait  vivement,  soit  par  quelqu'un  de  ses 
anciens  professeurs  de  l'Oratoire ,  Fauriel  devint  1 
le  secrétaire  du  ministre.  Il  marqua  son  passage 
à  la  police  par  une  conduite  honorable ,  et  quitta 
sa  place  au  printemps  de  1802,  lorsqu'il  vit  la  \ 
magistrature  temporaire  de  Bonaparte  près  d'être 
transformée  en  consulat  à  vie.  Pendant  ces  deux 
années,  il  avait  noué  de  nombreuses  relations  avec 
des  personnages  littéraires  éminents.  Deux  très- 
remarquables  articles  de  lui  sur  le  livre  De  la 
Littérature  considérée  dans  ses  rapports 
avec  les  institutions  sociales  l'avaient  intro- 
duit auprès  de  madame  de  Staël  et  dans  la  société 
qui  l'entourait.  Une  amitié  plus  intime  l'unissait 
à  madame  de  Condorcet  et  à  Cabanis.  Il  était  lié 
aussi  avec  de  Tracy  et  de  Gerando.  Il  dévelop- 
pait en  même  temps,  par  des  études  dirigées  ea 
tous  sens,  le  cercle  si  étendu  de  ses  connais- 
sances. Possédant  parfaitement  les  deux  langues  i 
classiques  et  les  principales  langues  vivantes ,  il 
étudia  l'arabe  sous  M.  de  Sacy,  et  l'un  des  pre- 
miers en  France,  et  même  en  Europe,  il  apprit  le  i 
sanscrit.  Il  recueillit  une  énorme  quantité  de  i 
matériaux  sur  des  dialectes  peu  connus,  tels  que 
le  basque,  le  breton,  le  gallique,  le  vieil  alle- 
mand. Malgré  des  recherches  aussi  profondes  et 
aussi  austères ,  il  n'en  restait  pas  moins  sen- 
sible aux  œuvres  poétiques.  Son  premier  ou- 
vrage ,  publié  sous  le  voile  de  l'anonyme,  fut  une 
traduction  de  La  Parthénéide,  poème  allemand 
du  Danois  Jean  Baggesen.  Dans  un  discours  pré- 
liminaire, modèle  de  haute  critique,  Fauriel 
classe  les  divers  genres  poétiques ,  non  d'après 
leurs  formes  extérieures ,  mais  d'après  les  choses  i 
qu'ils  exprimentet  l'impression  qu'ils  produisent. 
La  Parthénéïde  est  une  espèce  d'épopée  idyl- 


185 


FAURIEL 


ÎSG 


lique.  Les  formules  du  style  homérique  sont  ap- 
pliquées au  tableau  de  la  vie  de  famille  et  des 
mœurs  bourgeoises.  Ce  poëme  contient  des 
beautés  très-remarquables  et  une  description  des 
Alpes,  aussi  vraie  que  magnifique;  mais  en 
somme  il  est  peut-être  plus  singulier  qu'original, 
et  en  le  traduisant  Fauriel  obéissait  moins  à 
son  goût  littéraire  qu'à  son  affection  pour  l'au- 
teur. Il  sxiivait  ces  deux  sentiments  lorsque,  treize 
ans  plus  tard,  il  fit  passer  en  français  les  deux  tra- 
gédies italiennes  de  Manzoni.  Il  s'était,  en  1806, 
lié  d'une  étroite  amitié  avec  ce  poëte,  alors  jeune 
et  inconnu ,  et  pendant  des  années  d'une  douce 
intimité  il  lui  avait  servi  de  conseiller  littéraire. 
11  lui  avait  appris  à  se  débarrasser  de  toutes  ces 
formules  de  rhétorique  et  d'académie,  de  toutes 
ces  images  fausses  et  usées ,  de  toutes  ces  ba- 
nalités enfin  plus  ou  moins  élégantes  qui  com- 
posaient alors  la  poésie ,  pour  revenir  au  senti- 
ment vrai,  spontané ,  sorti  du  fond  du  cœur  et 
exprimé  avec  sincérité  et  simplicité.  Il  l'engagea 
aussi  à  composer  «  des  tragédies  historiques,  in- 
dépendamment de  toute  règle  factice ,  en  com- 
binant l'étude  sévère  et  la  passion ,  la  fidélité  à 
l'esprit ,  aux  mœurs  et  aux  caractères  particu- 
liers de  l'époque ,  et  les  sentiments  humains  gé- 
néraux s'exprimant  dans  un  langage  digne  et  na- 
turel (1)  «.  Manzoni  remplit  en  grand  poëte  ce 
programme  d'un  grand  critique.  Son  Carmagnola 
est  dédié  à  Fauriel.  Celui-ci  joignit  à  sa  traduc- 
tion de  cette  pièce  un  morceau  considérable  en 
prose  dans  lequel  Manzoni  discutait  les  points  les 
plus  importants  de  la  théorie  dramatique  clas- 
sique. Les  fameuses  unités  y  étaient  attaquées 
dans  ce  qu'elles  ont  de  gênant  et  de  contraire  à 
la  vraisemblance.  Par  cette  publication,  Fauriel 
s'associait  un  des  premiers  à  cette  tentative  de 
rénovation  connue  sous  le  nom  de  romantisme, 
et  qui,  sans  réussir  complètement ,  a  cependant 
enrichi  et  fécondé  la  littérature  française  de  notre 
époque. 

Bien  des  années  auparavant ,  il  avait  préparé 
une  innovation  non  moindre  en  philosophie. 
Jusque  là  on  s'était  peu  occupé  en  France  de 
l'histoire  des  doctrines.  On  n'y  avait  touché  que 
superficiellement  et  pour  y  chercher  des  armes 
contre  certaines  croyances  ;,  jamais  on  ne  l'avait 
abordée  dans  cet  esprit  vraiment  philosophique 
qui  nous  porte  à  comprendre  toutes  les  opinions 
du  passé  et  à  les  juger  avec  équité.  Fauriel 
n'eut  pas  plus  tôt  été  mis  en  rapport  avec  les  phi- 
losophes d'Auteuil,  qu'il  les  dirigea  vers  cette  par- 
tie peu  explorée  des  connaissances  humaines , 
et  leur  indiqua  la  vraie  méthode  qu'on  doit  ap- 
porter dans  ces  études,  c'est-à-dire  l'impartia- 
lité avant  tout  et  un  esprit  exempt  de  dédain  et 
de  préjugés.  Cabanis  a  parfaitement  défini  cette 
méthode  dans  sa  Lettre  sur  les  causes  finales, 
dédiée  à  Fauriel  et  en  partie  inspirée  par  lui. 
On  y  trouve,   comme  l'a  foit  bien  remarqué 

(1)  Sainte-Beuve,  Portraits  contemporains,  t.  II, 
p.  S61. 


M.  Saintc-Beuve,|leprîncipe  de  l'éclectisme.  Non 
content  de  guider  les  aiftres  dans  cette  voie, 
Fauriel  se  mit  lui-même  à  l'œuvre,  et  rassem- 
bla les  matériaux  d'une  histoire  du  stoïcisme. 
Mais  cet  érudit,  qui  ne  reculait  devant  aucune 
recherche ,  et  dont  l'activité  intellectuelle  devait 
devancer  sur  presque  tous  les  points  les  investi- 
gations de  la  critique  contemporaine ,  se  dispen- 
sait volontiers  du  pénible  travail  de  la  rédaction, 
et  il  laissait  à  d'autres  le  soin  d'interpréter  ses 
découvertes  et  de  revêtir  ses  idées  d'une  forme 
littéraire.  Son  histoire  du  stoïcisme  ne  fut  ja- 
mais achevée.  Les  documents  très-nombreux  re- 
cueillis par  l'auteur,  les  esquisses  et  les  cadres 
qu'il  avait  tracés  ont  péri  pour  avoir  été  enterrés 
dans  un  jardin  à  la  campagne  pendant  les  évé- 
nements de  1814.  Fauriel  gagna  du  moins  à  ce 
travail  de  se  familiariser  de  plus  en  plus  avec  la 
langue  grecque  ,  et  il  fit  de  cette  connaissance 
un  usage  éclatant,  qui  le  déroba  enfin  à  sa  volon- 
taire et  trop  longue  obscurité.  Il  publia  en  1824 
et  1825  les  Chants  populaires  de  la  Grèce  mo- 
derne. Ce  livre  eut  un  grand  succès ,  et  il  a 
exercé  une  influence  durable.  C'est  de  sa  publi- 
cation que  datent  en  France  le  goût  et  l'étude 
attentive  des  poésies  populaires. 

Fauriel,  malgré  son  immense  érudition,  pré- 
féra toujours  aux  plus  belles  œuvres  d'art  la 
poésie  inculte ,  naturelle ,  spontanée ,  «  cette 
poésie  enfin,  comme  il  le  dit  lui-même ,  qui  vit 
non  dans  les  livres  d'une  vie  factice  et  qui  n'est 
qu'apparente ,  mais  dans  le  peuple  même  et  de 
toute  la  vie  du  peuple  ».  En  entenda-nt  réciter  à 
ses  amis  Mustoxidi,  Bassili,  Piccolos;  les  chants 
populaires  de  la  Grèce ,  il  pensa  que  ces  poé- 
sies incultes  mais  originales ,  hardies  et  parfois 
pleines  de  grâce  et  de  fraîcheur,  étaient  parfai- 
tement propres  à  faire  connaître  les  Grecs  mo- 
dernes ,  et  qu'elles  pouvaient  ouvrir  à  notre  ht- 
térature  épuisée  des  sources  poétiques  nouvelles. 
Il  recueillit  donc  tous  les  chants  que  purent  lui 
fournir  la  mémoire  et  les  notes  des  nombreux 
amis  qu'il  possédait  parmi  les  philologues  grecs  ; 
il  lesdivisa  en  trois  classes  :  1°  les  chansons  histo- 
riques et  héroïques  consacrées  à  la  longue  lutte 
de  la  population  indigène  contre  les  Turcs  ;  2°  les 
chansons  romanesques  etles  légendes  populaires  ; 
3°  les  chansons  qui  célèbrent  les  fêtes  et  les  so- 
lennités de  la  famille,  le  mariage,  les  funérailles. 
Fauriel  fit  précéder  son  recueil  d'un  excellent 
discours  préliminaire  qui,  pour  l'originalité  et  la 
profondeur  des  idées,  est  un  des  chefs-d'œuvre 
de  la  critique  historique  au  dix-neuvième  siècle. 
Il  y  caractérise  avec  un  rare  bonheur  cette  poé- 
sie qui  est  l'expression  spontanée ,  l'effusion  na- 
turelle du  génie  populaire.  Il  compare  «  l'im- 
pression qui  en  résulte  à  l'impression  que  l'on 
éprouve  à  contempler  le  cours  d'un  fleuve ,  l'as- 
pect d'une  montagne ,  une  masse  pittoresque  de 
rochers ,  une  vieille  forêt  ;  car  le  génie  inculte 
de  l'homme  est  aussi  un  des  phénomènes ,  un 
des  produits  de  la  nature  ».  Le  système  de  tra- 


i8? 


FAURIEL 


îi 


duction  que  Fauriel  appliquait  à  ce  recueil  n'était 
pas  moins  nouveau  que  le  recueil  lui-même.  Il 
n'avait  pas  même  songé  à  travestir  sous  une 
élégance  banale  et  de  convention  des  poésies 
qui  plaisaient  surtout  par  leur  spontanéité  liar- 
die  et  parfois  sauvage.  Mais  eu  restant  fidèle  il 
fallait  éviter  d'être  pénible  et  barbare  :  Fauriel 
y  réussit ,  grâce  aux  tournures  vives  et  faciles 
qui  s'offraient  à  lui  comme  d'elles-mêmes.  «  La 
traduction,  dit  M.  Leclerc , est  un  genre  d'écrire 
où  il  est  maître  par  le  naturel  encore  plus  que 
par  l'élégance  ;  et  le  naturel  est  ce  qui  échappe  le 
plus  à  ceux  qui  traduisent.  Là  où  l'effort  est 
presque  un  devoir,  il  conserve  l'allure  souple  et 
légère  :  il  ne  semble  pas  copier  le  modèle  ;  il  en 
a,  sans  aucune  gêne,  le  mouvement,  le  nombre, 
les  nuances ,  les  caprices.  » 

Ces  traductions,  plus  riches  en  idée.';  neuves 
que  bien  des  ouvrages  prétendus  originaux,  ne 
suffisaient  pas  à  cet  esprit  si  entreprenant,  si 
hardi,  toujours  en  quête  d'études  et  de  con- 
quêtes nouvelles.  Depuis  bien  des  années  déjà 
ses  pensées  les  plus  chères  et  ses  investigations 
les  plus  suivies  s'étaient  dirigées  vers  un  seul 
but  :  l'histoire  du  midi  de  la  France.  Cette  his- 
toire devait  avoir  trois  parties  :  la  première  de- 
puis les  temps  les  plus  anciens  jusqu'à  la  fin  de 
l'occupation  romaine  ;  la  seconde ,  depuis  l'inva- 
sion des  barbares  jusqu'au  démembrement  de 
l'empire  franc  sous  les  descendants  de  Charle- 
magne  ;  la  troisième,  depuis  les  premières  années 
du  dixième  siècle  jusqu'à  la  fin  du  treizième.  De 
ce  grand  corps  d'histoire  l'auteur  n'a  achevé  et 
publié  que  la  seconde  partie  :  {'Histoire  de  la 
Gaule  méridionale  sous  les  conquérants  ger- 
mains. Rarement  la  critique  avait  été  ap- 
pliquée à  l'histoire  avec  autant  de  rigueur  et  en 
même  temps  de  réserve  et  de  sagacité.  Jeté  au 
milieu  d'un  chaos  de  récits  confus ,  tronqués,  de 
documents  contradictoires ,  de  fables ,  l'auteur 
écarte  ces  traditions  populaires  qui  sont  deve- 
nues notre  histoire,  recueille  dans  Sidoine  Apol- 
linaire et  dans  Grégoire  de  Tours  les  moindres  pa- 
roles qui  éclairent  l'origine  des  peuples  barbares 
établis  dans  les  Gaules  sur  les  ruines  de  l'em- 
pire romain,  va  chercher  des  renseignements 
jusque  dans  les  secs  et  stériles  chroniqueurs 
arabes,  et  parvient  ainsi  à  présenter  sous  un 
jour  exact  et  nouveau  bien  des  faits  jusque  là 
douteux  et  obscurs  de  l'histoire  du  midi  de  la 
Gaule.  En  élevant  ce  beau  monument  historique, 
Fauriel  était  prodigue  de  conseils  et  d'indica- 
tions pour  ceux  qui  suivaient  la  même  carrière. 
M.  Augustin  Tlùerry  lui  a  rendu  à  ce  sujet  le 
plus  noble  hommage  :  «  Dans  le  choix  toujours 
si  délicat,  dit-il,  d'une  amitié  littéraire,  mon 
cœur  et  ma  raison  s'étaient  heureusement  trou- 
vés d'accord  pour  m'attacher  à  l'un  des  hommes 
les  plus  aimables  et  les  plus  dignes  d'une  haute  es- 
time. Cet  ami ,  ce  conseiller  sûr  et  fidèle,  était  le 
savant,  l'ingénieux  M.  Famiel,  en  qui  la  sagacité, 
la  justesse  d'esprit  et  la  grâce  du  langage  sem- 


blent s'être  personnifiés.  Ses  jugements, pleins 
finesse  et  démesure,  étaient  ma  règle  dans 
doute,  et  la  sympatliie  avec  laquelle  il  suivai 
mes  travaux  me  stimulait  à  marcher  en  avani 
Rarement  je  sortais  de  nos  longs  entretiens  sans 
que  ma  pensée  eût  fait  un  pas ,  sans  qu'elle  eût 
gagné  quelque  chose  en  netteté  et  en  décision.  » 
Ou  voit  qu'en  histoire,  comme  en  critique,  en 
poésie ,  en  philosophie ,  dans  toutes  les  branches 
enfin  de  la  littérature,  Fauriel  exerça  la  plus  vive 
et  la  plus  salutaire  influence. 

Pendant  qu'on  imprimait  à  Paris  les  Chants 
grecs,  Fauriel  partit  pour  l'Italie.  Il  y  passa  près 
de  trois  ans,  et  ne  revint  en  France  qu'en  1826.  Il 
se  remit  alors  avec  une  grande  ardeur  à  l'étude 
des  langues  orientales ,  de  l'arabe,  du  sanscrit, 
et  fonda  bientôt  après,  avec  Abel  de  Rémusat^ 
Saint-Martin  et  de  Lasteyrie ,  la  Société  Asia- 
tique. Nommé  en  1829  professeur  de  littérature 
française  à  l'académie  de  Genève ,  il  hésita  uft 
instant  à  accepter  ;  mais  la  révolution  de  Juillet 
survint ,  et  le  nouveau  gouvernement  lui  donna 
en  France  une  position  digne  de  son  mérite. 
M.  de  Broglie,  ministre  de  l'instruction  publique, 
fit  créer  pour  lui,  le  20  octobre  1830,  une  chaire 
de  littérature  étrangère  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Paris.  Ce  fut  pour  Fauriel  une  occasion  de  pro- 
duire les  idées  et  les  faits  qu'il  avait  ramas- 
sés dans  quarante  années  d'études  et  de  médita^ 
tions.  Pendant  près  de  quatorze  ans  il  déroula 
successivement,  devant  un  auditoire  d'élite ,  le8 
notions  générales  de  la  philologie  comparée ,  les 
origines  de  la  langue  italienne  et  de  la  langue 
française ,  les  grandes  épopées  du  moyen  âge 
comparées  aux  poèmes  homériques ,  l'œuvre  si 
élevée  et  si  compliquée  de  Dante ,  le  théâtre  es* 
pagnol ,  la  poésie  serbe  ;  et  sur  tous  ces  sujets 
il  fut  neuf  ,  vrai,  fécond.  Plus  d'un  de  ses  audi* 
teurs  n'eut  besoin  que  d'une  bonne  mémoire  pou? 
se  créer  des  titres  littéraires  sérieux ,  car  ce  fut 
le  sort  de  Fauriel  d'inventer  sans  cesse  dâfls  le 
vaste  champ  de  la  littérature  et  de  laisser  à 
d'auti'es  le  bénéfice  de  ses  créations. 

Fauriel  fut  élu  le  25  novembre  1836  membre 
de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-lettres , 
et  le  19  avril  1839  il  succéda  à  Émeric  Da- 
vid dans  la  commission  de  V Histoire  littéraire 
de  France.  Il  contribua  à  ce  monument  par 
d'excellents  articles  sur  des  écrivains  et  des 
ouvrages  du  treizième  siècle.  Ces  compositions, 
qui  étaient  pour  lui  plutôt  un  plaisir  qu'un  tra- 
vail, remplirent  ses  derniers  jours.  Une  opération, 
qui  ne  paraissait  pas  devoir  être  funeste ,  l'ex- 
tirpation d'un  polype  des  fosses  nasales ,  occa- 
sionna un  érysipèle  et  une  fièvre  dont  les  progrès 
résistèrent  à  tous  les  efforts  des  médecins.  Fau- 
riel mourut  laissant  des  œuvres  peu  nombreuses 
et  une  réputation  inférieure  à  son  mérite.  Mais  s'il 
n'avait  pas  composé  beaucoup  d'ouvrages,  il 
avait  formé  beaucoup  de  disciples  et  exercé  une 
grande  influence;  depuis  sa  mort  sa  réputation 
n'a  cessé  de  s'accroître ,  et  personne  aujourd'hui 


i89 


FAURIEL 


190 


ne  lui  conteste  la  première  place  parmi  les  his- 
toriens littéraires  de  notre  époque.  Comme  l'a 
dit  avec  raison  M.  Renan,  «  Fauriel,  sans  avoir 
beaucoup  écrit,  est  sans  contredit  l'homme  de 
notre  siècle  qui  a  mis  en  circulation  le  plus  d'i- 
dées, inauguré  le  plus  de  branches  d'études, 
aperçu  dans  l'ordre  des  travaux  historiques  le 
I  plus  de  résultats  nouveaux  ». 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Fauriel  :  Tar- 
thénéide,  ou  voyage  aux  Alpes,  idylles  tra- 
!  duites  de  l'allemand  de  Baggesen  ;  Paris  (Didot), 
1810,  in-12;  —  Les  Fugitifs  de  Parga,  poëme 
traduit  librement  de  l'italien ,  de  Berchet  ;  Pa- 
ris,1823,  in-12;  —  Le  Comte  de  Carmagnola 
et  Adelghis ,  tragédies  traduites  de  l'italien ,  de 
Manzoni ,  suivies  d'un  article  de  Goethe  et  de 
divers  morceaux  sur  la  théorie  de  l'art  dra- 
matique; Paris,  1823,  in-8°  ;  —  Chants  popu- 
laires de  la  Grèce  moderne ,  recueillis  et  pu- 
bliés, avec  une  tradîiction  française,  des  éclair- 
cissements et  des  notes;  Paris  (Didot),  1824- 
1825,  2  vol.  in-S";  —  Histoire  de  la  Gaule 
méridionale  sous  la  domination  des  conqué- 
rants germains  ;  Paris,  1836,  4  vol.  in-8'*  ;  — 
Histoire  de  la  croisade  contre  les  hérétiques 
albigeois ,  écrite  en  vers  provençaux  par  un 
poète  contemporain ,  traduite  et  publiée  avec 
un  fac-similé  et  une  ca7'te ,  dans  la  Collec- 
tion des  documents  inédits  sur  l'histoire  de 
France,  li'e  section;  Paris,  1837,  in-4°.  Les  vers 
provençaux,  au  nombre  de  9,578,  tous  de  douze 
ou  treize  syllabes  ,  excepté  dans  chaque  couplet 
le  dernier  vers,  qui  n'a  ordinairement  que  six  syl- 
labes, occupent  le  verso,  et  la  traduction  française 
littérale  le  recto.  Cette  traduction  est  suivie  de 
notes  et  précédée  comme  introduction  d'un  des 
meilleurs  morceaux  d'histoire  qui  aient  été  écrits 
de  notre  temps  ;  —  Histoire  de  la  Littérature 
provençale;  Paris,  184G,  3  vol.  in-8°;  c'est  la 
reproduction  du  cours  professé  par  Fauriel  à  la 
Faculté  des  Lettres  dans  les  années  1831-1832. 
Jusque  là  on  n'avait  accordé  aux  poètes  pro- 
vençaux que  le  talent  lyrique ,  et  on  avait  attri- 
bué aux  poètes  français  le  génie  épique  et  les 
grandes  compositions  romanesques.  Fauriel,  le 
premier,  réclama  pour  les  Provençaux  la  com- 
iiosition  et  le  développement  primitif  de  la  plu- 
I/art  des  romans  de  chevalerie,  non-seulement 
de  ceux  qui  roulent  sur  la  lutte  des  chrétiens 
contre  les  Sarrasins  d'Espagne ,  ou  sur  les  ré- 
sistances des  chefs  aquitains  contre  les  princes 
carlovingiens ,  et  qui  constituent  le  cycle  de 
Charlemagne,  mais  encore  de  ces  autres  romans 
(lui  sont  par  leur  sujet  tout  à  fait  étrangers  au 
midi  de  la  Gaule,  et  qui  forment  le  cycle  de  la 
Table  ronde.  Fauriel  rattachait  ainsi  à  la  httéra- 
ture  provençale  non-seulement  la  poésie  fran- 
çaise, mais  mêmela  vieille  poésie  allemande.  Ces 
prétentions,  peut-être  excessives,  trouvèrent  dès 
leur  apparition  d'ardents  contradicteurs  parmi 
les  érudits  français;  elles  furent  appréciées  avec 
plus  d'iraîïartialité  par  Guillaume  de  Schlegel, 


bien  que  celui-ci  fût  intéressé  dans  la  question 
en  qualité  d'Allemand.  La  cause  n'est  pas  encore 
jugée.  Mais  cette  opinion,  quelles  qu'en  soient  la 
nouveauté  et  l'importance,  n'occupe  dans  l'ou- 
vrage qu'une  place  secondaire.  «  Les  longues 
études  de  M.  Fauriel  sur  la  littérature  provençale, 
dit  M.  Mérimée ,  ne  se  bornent  pas  à  une  appré- 
ciation de  son  originalité  et  du  mérite  plus  ou 
moins  contestable  de  ses  écrivains.  Il  dirigea  ses 
recherches  vers  un  but  plus  élevé ,  car  elles  ne 
tendent  à  rien  moins  qu'à  soulever  le  voile  qui 
couvre  les  origines  de  notre  civilisation  moderne. 
D'où  sont  venues  ces  idées  d'honneur,  d'amour 
exalté ,  de  galanterie ,  en  un  mot  ces  sentiments 
chevaleresques  qui  ont  si  complètement  modifié 
les  mœurs  de  l'Europe  au  moyen  âge,  et  qui  ont 
exercé  sur  tous  les  peuples  une  influence  régé- 
nératrice .^  Tel  est  le  problème  que  M.  Fauriel 
s'était  proposé,  et  dont  il  avait  entrevu  que  la 
solution  se  trouverait  dans  l'histoire  de  la  Gaule 
méridionale;  —  Dante  et  les  origines  de  la 
langiceetde  la  littérature  italiennes;  Paris, 
1854,  2  vol.  in-8°.  Ces  deux  ouvrages  ont  été  pu- 
bliés par  M.  J.  Mohl  d'après  les  manuscrits  de 
Fauriel.  Malheureusement  une  moitié  à  peu  près 
du  Cours  sur  Dante  (professé  en  1833  et  1834) 
ne  s'est  pas  retrouvée  dans  les  papiers  de  Fau- 
riel. Celui-ci  écrivait  ses  leçons,  et  il  les  prêtait 
à  ceux  qui  lui  en  demandaient  communication. 
Après  avoir  fait  vainement  appel  aux  détenteurs 
des  cahiers  manquants,  M.  J.  Mohl  a  été  obligé 
de  les  recomposer  sur  les  brouillons  de  l'auteur. 
Aussi  certaine  parties  du  livre  sont  décousues 
et  tronquées.  Malgré  ce  défaut ,  le  Cows  sur 
Dante  est  d'une  lecture  aussi  instructive  qu'in- 
téressante, à  cause  de  la  quantité  de  faits,  de 
vues,  d'idées  qu'il  contient.  On  y  trouve  une 
savante  esquisse  de  la  formation  des  langues 
indo-européennes  en  général  et  de  l'italien  en 
particulier.  M.  Mohl  se  propose  de  donner  au 
pubhc  d'autres  travaux  inédits  de  Fauriel ,  en- 
tre autres  son  cours  sur  les  poèmes  homéri- 
ques. Fauriel  a  fourni  des  articles  à  divers  re- 
cueils littéraires ,  tels  que  la  Décade ,  les  An- 
nales  encyclopédiques  de  Millin,  la  Revue 
encyclopédique.  On  a  encore  de  lui ,  dans  la 
Revue  des  deux  Mondes  :  Sur  l'Origine  de  l'é- 
popée du  moyen  âge  (  1  ''*■  septembre  — 15  novem- 
bre 1832  )  ;  —  Dante  (  1^''  octobre  1834)  ;—  Lope 
de  Vega  (  1*""  septembre  1839)  ;  —  Les  Amours 
de  Lope  de  Vega,  la  Dorothée  (15  septembre 
1843)  ;  —  dans  la  Bibliothèque  de  V École  des 
Chartes  :  Du  Système  de  M.  Raynouard  sur 
l'origine  des  langues  romanes ;t.lï,  p.  513;  — 
De  la  Poésie  provençale  en  Italie;  t.  IV,  p.  23; 
—  Notice  Sîir  Sordello;  ibid.,  p.  93;  —  De  la 
Poésie  provençale  italienne  ;  ibid.,  p.  189;  — 
Dans  l'Histoire  littéraire  de  France,  un  y;ran(l 
nombre  d'excellentes  notices,  entre  autres  Bru- 
netto  Latini  (t.  XX);  le  Roman  du  Renart 

(t.  XXII).  LÉO  JOUBERT. 

Guignaut  et  v.  Leclerc,  Discours  prononcés  aux  fu- 


191 


FAURIEL  ~  FAUST 


192 


nérailles  de  Fauriel  ;  Paris  (Dldot),  1844,  in-l".  —  Oza- 
nam.  Discours  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris  ;  dans 
le  Correspondant  du  lO  mai  1848.  —  Sainte-Beuve,  Étude 
sur  Fauriel,-  dans  la  Revue  des  deux  Mondes,  IS  raai 
et  l«'  Juin  1841),  et  dans  les  Portraits  contemporains, 
t.  II.  —  Piccolos,  Article  sur  Fauriel;  dans  le  journal 
grec  L'Espérance  {Mhènes,  28  août  1844).  —  Mérimée, 
article  dans  Le  Constitutionnel  du  16  février  1846.  — 
V.  Leclerc,  Notice  sur  Fauriel,  àans  l'Histoire  litté- 
raire de  France,  t..  XXI;  article  dans  les  Débats,  5  sep- 
tembre 1846.  —  Guillaume  de  Schlegel,  OEuvres  fran- 
çaises, t.  1",  p.  8.  —  H.  Fortoul,  dans  la  lievm  des 
deux  Mondes,  15  mai  1846.  —  Renan,  Ibid.,  15  décem- 
bre 18S5. 

FAURIN  {Jean  ),  historien  français,  né  à  Cas- 
tres, vers  1530,  mort  vers  1605.  Il  consigna  dans 
un  journal  qu'il  se  plut  à  tenir  les  événements 
qui  se  passèrent  dans  sa  ville  natale  depuis  1559 
jusqu'à  1602.  Cette  chronique,  intéressante  pour 
l'histoire  du  pays  ,  est  écrite  avec  simplicité  ; 
on  y  trouve  une  modération  rare  à  cette  époque. 
Le  recueil  des  Pièces  fugitives  pour  servir 
à  Vhistoire  de  France  (  édité  par  Ménard  et 
d'Aubay,  1759,  3  vol.  in-4'')  a  publié  ce  journal. 
Faurin  était  protestant,  circonstance  qu'il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue  en  lisant  ses  récils.        G.  B. 

Nayral ,  Biogr.  et  chroniques  castraises,  t.  II,  p.  161. 

FAtiuis  DE  SAiNT-viNCEivs  (Mlcs-Fran- 
çois-Paul),  archéologue  français,  né  en  1718, 
à  Aix  (Provence),  mort  dans  la  même  ville,  en 
1798.  Président  au  parlement  d'Aix,  il  s'adonna 
avec  ardeur  à  la  culture  des  sciences  et  des  let- 
tres. Il  était  associé  libre  de  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-lettres.  On  a  de  lui  :  Tables 
des  Monnaies  de  Provence  ;  Aix,  1770,in-4°; 
—  Mémoires  sur  les  Monnaies  et  les  Monu- 
ments des  anciens  Marseillais;  Aix,  1771, 
jn.40 .  —  Mémoire  sur  les  Monnaies  qui  eu- 
rent cours  en  Provence  depuis  la  fin  de  l'em- 
pire d'Occident  jusqu'au  seizième  siècle,  inséré 
dans  l'Histoire  de  Provence  par  Papon ,  t.  Il 
et  m. 

Notice  biographique  sur  Fauris  de  Saint-rincens, 
dans  le  Magasin  encyclopédique ,  1798,  t.  IV. 

FAiTRis  DE  SAiNT-viNCENS  (Alexandre- 
Jules-Antoine),  archéologue  français,  flls  du 
précédent,  né  à  Aix,  en  1750,  mort  dans  la  même 
ville,  le  13  novembre  1819.  Arrière-petit-fils  de 
Pauline  de  Grignan,  marquise  de  Simiane  et  pe- 
tite-lille  de  madame  de  Sévigné ,  il  suivit  comme 
son  père  la  carrière  de  la  magistrature;  mais 
il  s'occupa  encore  moins  de  législation  que  de 
numismatique  et  d'archéologie.  Lorsque  la  révo- 
lution arriva,  il  était  déjà  président  à  mortier  de- 
puis dix  ans.  Élu  maire  d'Aix ,  il  dut  bientôt  se 
démettre  de  cette  place,  à  cause  de  la  modération 
de  ses  idées.  Heureux  de  se  faire  oublier  dans  ces 
temps  orageux ,  et  consacrant  ses  loisirs  à  des 
travaux  d'érudition,  il  ne  rentra  dans  la  vie  pu- 
blique qu'en  1809,  comme  députédu  département 
des  Bouches-du-Rhône  au  corps  législatif.  En 
1811  il  fut  nommé  président  à  la  cour  impériale 
d'Aix,  place  qu'il  remplit  jusqu'à  sa  mort.  En  1816 
il  devint  un  des  associés  libres  de  l'Académie 
des  Inscriptions  et  Belles-lettres.  Il  avait  ras- 
semblé un  riche  cabinet  de  médailles  et  d'an- 


tiquités. Outre  un  grand  nombre  de  mémoires 
insérés  dans  le  Magasin  encyclopédique  et 
dans  les  Annales  encyclopédiques ,  Fauris  de 
Saint- Vincens  a  publié  :  Notice  sur  Jules-Fran- 
çois-Paul Fauris  de  Saint-  Vincens  ;  Aix,  1800 , 
in~4°  ;  —  Mémoire  sur  l'ancienne  position 
d'Aix;  Paris,  1812 ,  in-S"  ;  —  Notice  sur  les 
lieux  où  les  Cimbres  et  les  Teutons  ont  été 
défaits  par  Marius,  et  sur  le  séjour  et  la 
domination  des  Goths  en  Provence;  Paris, 
1814,  in-8°;  —  Mémoire  sur  l'état  des  lettres 
et  des  arts  et  sur  les  mœurs  et  usages  suivis 
en  Provence  dans  le  seizième  siècle;  Paris, 
1814,  iu-8°;  —  Mémoire  sur  les  bas-reliefs 
des  murs  et  portes  extérieurs  de  Notre-Dame 
de  Paris ,  et  sur  les  bas-reliefs  extérieurs  dti 
chœur  de  lamême  église;  Aix,  1815,  in-8°. 

Rabbe,  Boisjolln  et  Sainte-Preuve,  Biographie  univ. 
et  port,  des  Contemporains.  —  Quérard  ,  France  litt. 

FAUST  (Jean),  personnage  dont  l'exis- 
tence a  été  contestée,  mais  qui  paraît  cependant 
avoir  été  un  être  fort  réel;  seulement  son  histoire 
a  été  surchargée  de  récits  fabuleux.  Au  dire  de 
ses  anciens  biographes,  Faust  naquit  à  la  fin  du 
quinzième  siècle;  on  indicpie  pour  sa  patrie  Knitt- 
lingen  en  Souabe  ou  Kundlingen  dans  la  marche 
de  Brandebourg  ;  il  était  fils  d'un  paysan  qui  avait 
de  l'aisance  ;  il  alla  étudier  à  Wittemberg  et  en- 
suite à  îngolstadt,  où  il  reçut  le  bonnet  de  docr 
teur.  Il  s'adonna  à  l'étude  de  la  médecine ,  de 
l'asti'ologie ,  de  la  magie,  et  il  professa ,  dit-on , 
les  sciences  occultes  à  Cracovie.  Héritier  d'un 
de  ses  oncles,  il  dépensa  prompteraent  tout  l'ar- 
gent de  la  succession  en  orgies  avec  des  étu- 
diants de  Wittemberg ,  et  ce  fut  alors,  à  ce  que 
racontent  ses  biographes,  qu'il  voulut  faire  un 
pacte  avec  le  diable,  afin  de  se  procurer  les  fonds 
nécessaires  aux  plaisirs  dont  il  ne  voulait  pas 
se  priver.  Après  deux  ans  de  séjour  che?  un  opti- 
cien, nommé  Christophe  Kayllinger,  fort  ex- 
pert en  nécromancie ,  après  des  études  persé- 
vérantes dans  des  livres  de  grimoire ,  il  réussit 
enfin  à  se  mettre  en  relations  avec  le  démon,  et 
conclut  avec  lui  un  pacte  dont  le  résultat  fut 
qu'un  esprit  familier,  du  nom  de  Méphistophé- 
lès,  serait  à  son  service  pendant  vingt-quatre  ans. 
Une  fois  ce  marché  conclu,  Faust  parcourut 
l'Allemagne,  résidant  tour-à-tour  à  Leipzig,  à 
Erfurt,  à  Salzbourg,  à  Francfort  ;  il  parut  à  la 
cour  de  Maximilien  ï",  et  il  évoqua  l'âme  d'A- 
lexandre le  Grand  pour  le  faire  paraître  devant 
cet  empereur.  Il  se  retira  ensuite  à  Wittemberg, 
où  il  épousa  Hélène ,  la  célèbre  et  infidèle  épouse 
de  Ménélas;  Méphistophélès  lui  avait  rendu  le 
service  de  la  ressusciter,  afin  de  satisfaire  la  pas- 
sion de  Faust,  épris  de  cette  belle  qu'Homère  a 
immortalisée;  enfm,  en  1550,  à  Wittemberg,  se- 
lon les  uns ,  à  Rimlich ,  selon  d'autres ,  la  pé- 
riode de  vingt-quatre  ans  étant  expirée,  le 
diable  tordit  le  cou  à  Faust,  et  mit  son  corps  en 
lambeaux  ;  la  cervelle  se  trouva  écrasée  contre 
le  mur,  les  Jambes  brisées  et  mises  en  morceaux. 


1 


193 


FAUST 


194 


L'explication  de  tous  ces  contes  a  fort  occupé 
les  érudits  de  la  Germanie  ;  ils  ont  en  général 
repoussé  l'opinion  qui  confond  Faust  avec  Fust, 
l'un  des  inventeurs  de  l'imprimerie.  L'idée  la 
plus  vraisemblable  et  la  plus  généralement  ad- 
mise ,  c'est  que  Jean  Faust  a  existé ,  qu'il  s'est 
en  effet  occupé  d'alchimie  et  de  sorcellerie  (cir- 
constance fréquente  au  seizième  siècle),  et  qu'il 
a  été  tm  audacieux  charlatan,  comme  on  en  a 
vu  à  toutes  les  époques.'Son  histoire ,  ou  plutôt 
sa  légende  parut  pour  la  première  fois  en  Alle- 
mand, à  Francfort,  en  1588  ;  elle  forme  un  livret 
dont  l'auteur  a  gardé  l'anonyme  ;  elle  expose, 
selon  les  promesses  du  titre,  les  aventures 
extraordinaires,  les  horribles  et  affreux  pé- 
chés et  vices  et  la  fin  cruelle  et  épouvantable 
de  l'enchanteur.  Un  livre  de  ce  genre  ne  pou- 
vait manquer  de  lecteurs  ;  aussi  les  éditions  s'en 
multiplièrent  avec  rapidité  :  les  traducteurs  le 
firent  passer  dans  presque  toutes  les  langues  de 
l'Europe.  On  imprima  en  anglais,  vers  1590, 
VHistory  of  the  damnable  Life  and  deserved 
Death  of  John  Faustus.  Dès  l'an  1588,  les 
Flamands  pouvaient  lire  De  Historié  von  Dr 
Joh.  Faustus,  et  les  imprimeurs  des  Pays-Bas 
la  multipliaient  singulièrement.  En  1598,  Palma- 
Cayet  publiait  à  Paris  l'Histoire  prodigieuse 
et  lamentable  de  Jean  Fauste ,  magicien  , 
avec  son  testament  et  sa  mort  épouvan- 
table (traduit  de  l'allemand),  ouvrage  réim- 
primé en  1603 ,  en  1604,  en  1616,  en  1667,  en 
1673,  en  1674,  etc.,  et  qui  est  écrit  d'une  façon 
pitoyable.  L'édition  donnée  à  Bruxelles ,  sons  la 
rabrique  de  Cologne,  en  1712,  est  la  plus  jolie 
de  toutes.  Il  ne  faut  pas  (  comm.e  on  l'a  fait 
ç[uelqueiois)  confondre  cette  Histoire  de  Faust 
avec  celle  qu'a  rédigée  George-Rodolphe  Wid- 
mann,  et  qui  est  plus  étendue ,  tout  en  racon- 
tant au  fond  les  mêmes  événements.  Elle  parut 
ï  Hambourg,  en  1599 ,  in-4°,  et  elle  a  été  repro- 
duite plusieurs  fois.  Le  nécromancien  allemand 
était  d'ailleurs  depuis  plus  d'un  siècle  tombé 
3ans  l'oubli  lorsqu'il  fut  soudain  rappelé  avec 
éclat  à  la  mémoire  par  l'apparition  du  drame 
célèbre  de  Gœthe.  Il  ne  peut  être  question  de 
juger  ici  cette  production ,  fort  connue ,  et  que 
l'auteur  continua  plus  tard  sous  le  nom  de  second 
Faust  (1).  Nous  dirons  seulement  que,  malgré 


(i;  Une  traduction  française  de  Faust  fait  partie  des 
OEuvres  dramatiques  de  Gœthe,  traduites  par  M.A.  Stap- 
'cr(et  autres);  Paris,  1828,4  vol.  in-8°.  On  la  trouve  aussi 
lans  les  Chef s-d'OEuvre  des  Théâtres  étrangers.  N'eu- 
)liotis  pas  Faust,  suivi  du  second  Faust,  traduit  par 
îérard  (de  Nerval);  Paris,  1840  j  —  Faust ,  traduction 
■empiète,  précédée  d'un  Essai  sur  Gœthe,  accompa- 
[née  de  notes  et  de  commentaires  et  suivie  d'un  Essai 
ur  la  Mystique  du  Poème,  par  Henri  Blaie  ;  Paris,  1841  ; 

-  Faust,  traduit  en  vers  français  et  précédé  de  Con- 
idc rations  sur  l'histoire  de  Faust,  par  Alpli.  de  Les- 
line;  ',840.  Une  foule  d'auteurs  ont  apprécié,  à  divers 
lolnts  de  vue,  l'œuvre  de  Gœthe;  citons  seulement 
>I.  I.erminier,  Au  delà  du   Rhin,  t.  II,  p.  208  et  suiv. 

-  liibliothèque  de  Genève,  t.  LVI.  —  Blaze  de  Burry,  Re- 
■nv  des  Deux  Mondes,  l^r  juin  1839.  —  London  and 
'f  cstininster  Review,  janietl&S6;—  Foreir/n quarterly 

NOUV.   BIOGR.   GÉNKIi.  —    T.   XVII. 


tout  l'éclat  de  son  génie,  malgré  sa  fameuse 
création  de  Marguerite ,  la  jeune  fille  séduite,  le 
poète  de  Weimar  reste  au-dessous  de  la  donnée 
originale  et  profonde  de  la  légende  primitive, 
empreinte  d'une  foi  naïve.  Un  écrivain  anglais , 
qui  était  loin  d'être  dépourvu  de  talent,  Chris- 
tophe Marlowe,  mit  sur  le  théâtre  le  docteur 
retrouvé  :  The  trayical  Historiés  of  the  Life 
and  Death  of  Dr.  Faustus,  1604, 1631,  etc.,  et 
la  conception  de  son  drame  est  plus  saisissante 
que  celle  de  l'œuvre  de  Goethe.  N'oublions  pas 
que  Marlowe  écrivait  à  une  époque  où  douter  de 
l'existence  des  sorciers  eût  été  un  crime  :  la 
bonne  foi  a  guidé  sa  plume;  on  sent  que  l'ima- 
gination de  l'auteur  s'est  parfois  laissé  prendre 
aux  plaisirs  dont  le  diable  enivrait  ceux  avec  les- 
quels il  passait  des  marchés  ;  on  ne  trouve  point 
dans  la  pièce  anglaise,  comme  dans  la  composi- 
tion de  Gœthe,  un  homme  blasé,  dégoûté  de  tout  ; 
Faust  est  un  libertin,  qui  jouit  gaiement  de  ce  que 
lui  rapporte  son  pacte  infernal.  L'auteur  de 
Werther  vivait  à  une  époque  où  U  n'était  pas 
possible  de  traiter  sérieusement  la  séduction  de 
Faust  par  le  diable  ;  ila  fait  une  satire  admirable  : 
il  a  mis  le  scepticisme  en  action,  tandis  que  chez 
Marlowe  Méphistophélès  n'est  pas  un  Masca- 
rille  intellectuel,  mais  un  des  habitants  de  l'en- 
fer, tel  qu'on  se  les  représentait  lorsque  les  exé- 
cutions pour  crime  de  sorcellerie  se  multipliaient 
sans  cesse.  La  dernière  scène  chez  l'écrivain  an- 
glais est  d'un  effet  saisissant  :  Faust  voudrait 
lever  les  mains  au  ciel  ;  il  ne  le  peut,  parce  que 
les  diables  les  lui  tiennent  (1).  Le  rôle  de  Faust 
dans  le  théâtre  espagnol  a  été  l'objet  d'une  no- 
tice de  M.  Philarète  Chasles  dans  la  Revue  de 
Paris,  3®  série,  1840,  t.  XVI.  Faust  apparut 
plusieurs  fois,  mais  sans  grand  succès,  sur  la 
scène  française.  En  1829  on  imprima  à  Paris 
Faust,  ou  les  premières  amours  d'un  méta- 
physicien :  l'auteur  de  cette  pièce  en  quatre  actes 
fait  de  Faust  un  contemporain,  et  transforme 
Méphistophélès  en  un  mauvais  sujet  qui  a  es- 
sayé de  toutes  les  professions ,  qui  a  été  évêque 
et  galérien.  En  1827 ,  Le  Cousin  de  Faust,  pièce 
trouvée  dans  les  papiers  de  Nicolas  Flamel, 
fut  représentée  à  la  Gaité.  D'habiles  artistes  se 
sont  inspirés  de  la  légende  germanique  ou  de 
l'œuvre  de  Gœthe  ;  une  édition  de  la  toraduction 
de  M.  Stapfer,  Paris,  1828,  in-fol.,  est  accom- 
pagnée de  lithographies  faites  d'après  de  très- 
remarquables  dessins  de  M.  Eugène  Delacroix. 
Les  esquisses  dessinées  par  Retsch  (  Paris , 
1830,  in-4°  oblong.,  26  figures  )  sont  également 
dignes  d'attention.  Gustave  Brunet. 

J.-C.  Neumann,  Disguisitio  historica  de  Fausto  prx- 
stigiatore;  Viterb.,  1683,  ln-4°.  —  C.-H.  Weiss,  Dissert,  de 
doctorequemvocat  J. Fausto ,-  Mleabourg,  l728,ln-fol.— 

Revieiv,  octobre  1843.  —  La  traduction  anglaise  de  lord 
Levison-Gower  a  été  l'objet  d'un  article  dans  le  Çuar 
terly  Revieiv,  lom.  XXXIV. 

(1)  Consulter  sur  le  drame  de  Marlowe  le  Blacku'ood's 
Maçiazine,  t.  1,  p.  388,  et  un  article  signé  F,.  I).  dans  Le 
Globe,  t.  IV,  n=  53. 


Î9à 


FAUST  —  FAUSTA 


196 


(:.-k.nenmaDn,GlavMDiirdige  Nachricht  von  Dr  Faust, 
dans  la  Bibliotheca  magica  d'Hauber,  t.  XXVll,  p.  184- 
204  —  J.-F.  Kôhler,  Historische  Hemarquen  ilber  d. 
J.  Famtens  gefiihrfes  Leben;  Zwickau  (  1722).  —  Gôrres, 
Deutschen  Folksbiicher,  1807,  p,  207.  —  Van  der  Bourg, 
notice  insérée  dans  le  Mercure  de.  France,  1809, 
t.  XXXVII.  —  A.  Picliot,  Les  trois  Faust,  dans  la  Revue 
de  Paris,  t.  XLVIII  —  Du  V.aa'ce,  Analccta  Biblion,  t.  Il, 
p.  97.  —  Rpjftenberg,  Diction,  de  ta  Conversation.  — 
Le  Bas;  Allemagne ,  t.  I.  p.  393.  —  Marmitr,  Etudes  sur 
Gœtlie  ,  p.  63-24S.  —  Meyer,  Studien  zu  Gôthes  Faust  ; 
Altona,  1847.  —  Uiinlzer,  Die  Sage  von  D'  Faust  vnter- 
sucht;  Stuttgard,  1846,  in-}2-  —  Henri  Heine,  la  Légende 
de  Faust,  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  IB  février 
1832.  —  Un  bibliographe  laborieux  ,  S.  Peter,  a  entrepris 
de  recueillir  nndication  de  tous  les  ouvrages  relatifs  à 
Faust;  son  travail,  intitulé  :  Die  Litteratur  der  Faust- 
sage,  publié  à  Leipzig,  en  1848,  a  obtenu  en  1831  une  se- 
conde édition,  et  des  suppléments  ont  paru  dans  VÂn- 
zeige  du  docteur  J.  Petzholdt,  Fur  Bibliothekivissen- 
schaft;  230  ouvrages  environ  sont  énumérés. 

F.4us'r  {Jean-Frédéric),  dit  l'ancien,  savant 
néerlandais,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  publié  :  .lo.-Gensbein 
Limburgenses  Fasti,  seu  fragmentum  Chro- 
nici  urbis  et  dominorum  Limbiirgensium  and 
Lohnam,  e  codd.  manuscripiis  ;  1617,  in-8°,  et 
Wetzlar,  1746,  in-8°. 
Struv,  Bibl.  hist.  —  Lelonff,  Bibl.  hisl.  de  la  Fr. 

FAUST    D'ASCHAFFENBODRG   (  Jean-Fré- 

déric),  dit  le  jeune ,  supposé  fils  du  précédent , 
jurisconsulte  et  historien  allemand,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a 
de  lui  :  Der  Stadt  Frankfurt,  Herkunft  und 
Aufnehmen  (Origine  et  développenrient  de  la  ville 
de  Francfort  )  ;  Francfort,  1 660,  in-12  ;  —  Trac- 
tahi&  de  contractibus  Judxorum  matrimo- 
nialibus  Talmudicus  ;  Latiis  donatus  musis; 
Bâle,  1699,  in-4». 

Adelung,  suppl.  à  Jocher,  Allg.-Gel.-Lex. 

FAUST    D'ASCHAFFENBOURG     (    Maximi- 

Uen  ),  jurisconsulte  allemand,  vivait  dans  ia  pre- 
mière moitié  du  dix-septième.  Il  fut  avocat  et 
syndic  à  Francfort-sur-le-Mein.  On  a  de  lui  : 
Consiliapro  xrario;  Francfort,  1641,  in-fol. 

3ôcï\tï,All.  Gel.-Lex. 

FAUST,  imprimeur  allemand.  Voyez  Fcst 
{Jean  ). 

*  FAUSTA  CORNELIA,  fille  du  dictateur  L. 
Cornélius  Sylla  et  de  sa  quatrième  femme  Cse- 
cilia  Metella ,  vivait  dans  le  premier  siècle  avant 
J.-C;  Née  en  88 ,  l'année  même  où  Sylla  obtint 
son  premier  consulat,  elle  reçut  le  nom  de  Fausta, 
qui  faisait  allusion  à  l'heureuse  fortune  de  son 
père.  Fausta  fut  mariée  très-jeune  à  C.  Mem- 
miuSi  Après  avoir  divorcé  d'avec  son  premier 
mari,  elle  épousa,  vers  la  fin  de  55,  T.  Annius 
Milon.  Elle  l'accompagnait  dans  ce  voyage  à 
Lanuvium  pendant  lequel  Clodius  fut  tué.  Fausta 
se  rendit  célèbre  par  ses  déportements.  L'histo- 
rien Salluste  fut,  dit-on,  un  de  ses  amants ,  et 
s'étant  laissé  surprendre  avec  elle,  il  fut  fustigé 
d'importance  par  l'ordre  du  mari.  Quant  au 
Villius  qui  fut  aussi  un  des  gendres  de  Sylla, 
suivant  la  plaisante  expression  d'Horace,  c'était 
probablement  Sex.  Villius,  mentionné  par  Cicéron 
comme  un  ami  de  Milon.  On  trouve  dans  Ma- 


crobe  les  noms  de  deux  autres  amants  de  Fausta. 

Plutarque  ,  .îj/^a,  34.  —  Cicéron,  Ad  Att.,  V,  8;  Ad 
Fam.,n,6.  —  Aspon.,  In  Scatir„p.  29;  in  Milon.,  p.  83,  édit. 
Orelli.  —  Aulu-Gelle,  XVII,  18.  —  Servius.^d  Firg.  yEn., 
VI,  612. —  Horace,  Sat.,  I,  2.  — Macrobe,  Saturn.,  11,2. 

*  FAUSTA  {Plavia-Maximiana  ),  impératrice 
romaine,  née  vers  289,  morte  en  326.  Elle  était 
fille  de  Maximien  Hercule  et  d'Eutropie.  Au  com- 
mencement de  l'année  307,  sou  père  l'emmena 
avec  lui  dans  la  Gaule,  que  gouvernait  Constan- 
tin. Il  offrit  à  ce  prince,  avec  la  pourpre  impé- 
riale, dont  il  se  dépouillait  volontairement  pour 
la  seconde  fois ,  la  main  de  sa  fille  Fausta.  Cons- 
tantin accepta  cette  offre,  imitant  en  cela  Cons- 
tance Chlore,  son  père,  à  qui  ce  même  Maximien 
avait  imposé  pour  épouse  Theodora,  sa  belle- 
fille,  en  se  démettant  pour  lui  de  la  dignité  d'au- 
guste. Cependant  l'analogie  de  situation  entre 
le  père  et  le  fils  n'était  pas  complète,  s'il  est  vrai, 
comme  d'anciens  auteurs  l'assurent,  que  Miner- 
vine ,  première  femme  de  Constantin ,  n'existait 
plus  à  l'époque  du  mariage  de  ce  prince  avec 
Fausta.  On  sait  que  Constance  Chlore  avait  dû 
répudier  Hélène,  mère  de  Constantin,  pour 
épouser  Theodora. 

Le  mariage  de  Fausta  fut  célébré  à  Trêves,  le 
31  mars,  avec  une  grande  pompe.  Deux  ans  s'éi 
talent  à  peine  écoulés  depuis  cette  alliance,  quandt 
l'ambition  turbulente  de  Maximien,  se  réveillant 
de  nouveau,  dramatisa,par  un  sanglant  épisode,  la| 
vie  de  la  jeune  impératrice.  Les  égards  et  la  défé=! 
leuce  que  Constantin  avait  pour  son  beau-père  né 
parurent  pas  à  celui-ci  une  compensation  suffi- 
sante à  l'autorité  suprême  dont  encore  une  fois 
il  regrettait  de  s'être  dépouillé.  Une  entreprise 
des  Francs  ayant  forcé  Constantin  à  passer  le 
Rhin  pour  les  refouler  dans  la  Germanie,  Maxi 
mien ,  profitant  de  l'éloignement  de  son  gendre , 
voulut  reprendre  la  pourpre;  il  s'empara  des 
trésors  mis  en  réserve  à  Arles  par  Constantin 
et  les  distribua  aux  légions  restées  dans  les  pro- 
vinces méridionales  de  la  Gaule ,  en  répandant 
le  faux  bruit  de  la  mort  de  l'empereur.  A  la 
nouvelle  de  cette  perfidie ,  Constantin  accourut 
avec  son  armée  ;  le  père  de  Fausta  s'était  réfugi^ 
dans  Marseille ,  dont  le  siège  aurait  duré  long 
temps  si  les  légions  qui  s'y  trouvaient  renfer- 
mées avec  Maximien  n'eussent  ouvert  les 
portes  de  la  ville  à  Constantin.  Dans  cette  con 
joncture,  les  sentiments  de  Fausta  furent  misa 
une  terrible  épreuve. 

Soit  que  la  clémence  de  l'empereur,  qqi  venai| 
d'accorder  un  gi^éreux  pardon  à  Maximien ,  ne 
parût  pas  sincère  à  ce  dernier,  soit  que  l'insuccès 
de  sa  tentative  eût  surexcité  sps  idées  de  clfli- 
rnination ,  il  ferma  le  projet  désespérément  cri-, 
minel  d'assassiner  son  gendre.  Avant  de  mettre, 
à  exécution  ce  projet ,  il  osa  le  communiquer  ^ 
l'impératrice,  lui  promettant  en  même  temps 
une  position  plus  brillante  encore  et  un  épousjl 
plus  digne  d'elle,  si  elle  le  secondait  en  laissant 
ouverte  et  libre ,  le  soir,  une  des  portes  de  la; 
chambre  dans   laquelle    couchait  l'empereur 


197 


FAUSTA 


Frappée  de  stupéfaction ,  Fausta  écouta  d'abord 
Maximien  dans  un  silence  qui  pennit  à  ce  prince 
d'insister.  Prières,  promesses,  larmes,  il  mit 
fout  en  usage  pour  persuader  sa  fille ,  et  celle-ci, 
éperdue ,  accéda  à  tout  ce  qu'il  lui  demandait. 
Mais  à  peine  son  père  se  fut-il  éloigné  que  la 
princesse  courut  avertir  Constantin  du  danger 
qui  le  menaçait  ;  les  deux  époux  se  concertèrent 
ensemble,  et  la  nuit  suivante  Maximien,  guidé 
par  Fausta,  pénétra  sans  obstacle  jusqu'au  lit 
de  son  gendre.  Là  il  fut  arrêté  avant  qu'il  eût 
eu  le  temps  de  faire  usage  de  son  poignard ,  ou, 
selon  une  autre  version,  après  qu'il  eut  immolé 
un  eunuque  qu'on  avait  substitué  à  Constantin 
pour  surprendre  Maxiraien  et  le  convaincre  d'as- 
sassinat. 

Fausta,  en  instruisant  son  mari  du  perfide 
projet  de  Maximien ,  avait  imploré  et  obtenu  la 
grâce  de  son  père  ;  néanmoins,  Constantin  ne 
tint  pas  sa  promesse.  Maximien  eut  pour  toute 
faveur  le  choix  du  genre  de  mort  qui  devait 
terminer  ses  jours  ;  et  il  s'étrangla  de  ses  pro- 
pres mains.  On  ne  voit  pas  que  Fausta  ait  fait  de 
grands  efforts  pour  empêcher  l'exécution  de 
ce  rigoureux  arrêt.  Craignit-elle  d'attirer  inuti- 
lement sur  elle-même,  par  son  intercession  re- 
nouvelée, la  méfiance  de  l'empereur?  ou  bien 
l'attachement  de  l'épouse  étouffa-t-il  dans  son 
âme  jusqu'à  la  comrnisération  filiale?  Ces 
doutes  planeront  toujours  sur  la  conduite,  au 
moins  entachée  d'indifférence,  que  la  fille  de 
Maximien  tint  en  cette  triste  occasion.  Peut-être 
cette  indifférence,  qui  semblait  attester  queFaiista 
ne  voyait  plus  dans  l'auteui"  de  ses  jours  que 
l'assassin  de  son  époux ,  rendit-elje  la  princesse 
encore  plus  chère  à  Constantin  ;  on  peut  le  sup- 
poser d'après  les  marques  d'affection  et  les 
honneurs  dont  il  la  combla.  Une  catastrophe 
terrible  devait  rompre  cette  union,  après  une 
période  de  vingt  années. 

L'impératrice  avait  donné  à  son  mari  trois 
(ils ,  Constantin,  Constance  et  Constant,  et  deux 
îlles,  Constantine  et  Hélène.  Le  second  de  ces 
eunes  princes  n'avait  pas  plus  de  huit  ans  et 
lemi  lorsqu'en  326  son  père,  qui  venait  de 
e  nommer  césar,  résolut  d'aller  faire  un  séjour 
i  Rome ,  d'où  il  était  absent  depuis  longtemps. 
Zîonstantin  n'avait  pas  de  résidence  fixe  ;  dans 
es  voyages  presque  continuels  qu'il  faisait,  tou- 
ours  en  compagnie  de  son  épouse,  il  s'arrêtait 
:ant6t  à  Arles,  tantôt  à  Milan,  tantôt  à  Trêves, 
i  Vienne ,  à  Nicomédie.  Ce  fut  de  cette  dernière 
/ille  qu'il  arriva  à  Rome,  au  commencement  de 
uillet,  avec  toute  sa  famille ,  pour  célébrer  les 
nncennales  de  son  règne.  Au  milieu  de  ces  fêtes 
iolennelles,  Fausta,  pour  qui  le  césar  Crispas, 
ils  de  Constantin  et  de  Minervine ,  était  l'objet 
l'une  profonde  inimitié,  suivant  les  uns,  d'qp 
ncestueux  amour,  suivant  les  autres,  accusa 
!e  jeune  prince ,  auprès  de  l'empereur,  d'avoir 
?oulu  attenter  à  l'honneur  de  sa  belle-mère.  La 
îOlère  dont  fut  saisi  Constantin,  jointe  à  l'inquié- 


FAUSTIEN  198 

tude  qu'avait  instillée  dans  son  esprit  l'enthou- 
siaste attachement  des  peuples  et  des  légions 
pour  son  fils  aîné ,  servit  les  desseins  odieux  de 
Fausta.  Condamné  sans  examen,  Crispus  fut 
immédiatement  arrêté  et  conduit  à  Pola,  en  Is- 
trie,  où  le  vertueux  et  infortuné  césar  périt  par 
le  fer  ou  par  le  poison. 

Le  crime  de  Fausta  ne  devait  cependant  pas 
rester  impuni.  Poursuivie  par  l'indignation  pu- 
blique et  par  la  désolation  d'Hélène,  aïeule  de 
Crispus ,  l'impératrice  vit  son  infamie  dévoilée 
aux  yeux  de  son  époux  et  du  monde.  On  dé- 
couvrit que  cette  princesse,  par^^enue  alors  à 
l'âge  où  les  passions  se  taisent,  effaçant  honteu- 
sement par  son  inconduite  le  respect  que  lui 
avaient  valu  vingt  ans  d'une  vie  conjugale  sans 
nuage,  se  livrait  à  des  amours  coupables  et  à  des 
désordres  obscurs.  La  même  précipitation  irré- 
fléchie dont  Constantin  avait  fait  preuve  en  con- 
damnant sans  l'entendre  un  fils  digne  de  sa  ten- 
dresse et  de  sa  confiance,  précipita  la  fin  de  la 
vie  de  Fausta.  Sa  mort  fut  pourtant  enveloppée 
de  plus  de  mystère  que  celle  de  Crispus;  on 
étouffa  cette  princesse  dans  une  étuye  chauffée 
excessivement  à  cet  effet  par  les  ordres  de 
l'empereur.  Malgré  les  témoignages  de  plusieurs 
annalistes  païens  et  chrétiens,  qui  ne  nous  sem- 
blent pas  laisser  de  doute  sur  la  culpabilité  de 
Fausta ,  cette  princesse  a  trouvé  des  apologistes 
qui  ont  nié  ses  crimes  et  son  supplice,  allé^ 
guant,  pour  soutenir  leur  opinion,  le  silence 
d'Eusèbe  sur  la  mort  violente  du  fils  aîné  et  de 
la  seconde  épouse  de  Constantin ,  et  les  éloges 
donnés  à  la  vertu ,  ainsi  qu'au  bonheur  et  à  la 
beauté  de  l'impératrice,  par  quelques  orateurs , 
sous  le  règne  suivant;  ces  allégations  ne  sau- 
raient être  d'im  grand  poids.  Les  successeurs  de 
Constantin  étant  fils  de  cet  empereur  et  de 
Fausta ,  tout  discours  relatif  à  la  mémoire  d'elle 
et  de  lui  ne  pouvait  être  qu'à  leur  louange. 
Quant  à  la  Vie  de  Constantin  par  l'évêque  de 
Césarée ,  on  la  regarde  plutôt  comme  un  pané- 
gyrique que  comme  une  histoire.  Une  autre 
question,  plus  difficile  à  résoudre,  est  celle  de 
la  conversion  de  Fausta  au  christianisme.  Sui- 
vant toutes  probabilités ,  cette  princesse  avait 
adopté  les  croyances  religieuses  de  son  mari  ; 
mais  aucun  fait  authentique  ne  vient  corroborer 
cette  conjecture.  Camille  Lebrun. 

Zozime,  11,10,29.  —  Julico  ,  Oraf.,  1.—  Lactance  , 
De  Morte  Persecut.,  27.  —  Eufrope,  X,  2,  4.  —  Aurelius 
Victor,  Epit.,  40,  41.  —  Philostorge,  IJist.  eccl,,  11,  4.  — 
Tillcrnont ,  Histoire  des  Empereurs,  vol.  IV,  —  Ecklicl, 
Doctrina  Nummorum,  vol.  VIII ,  p.  98.  —  Le  Be;ui, 
Histoire  du  Bas-pmpire.  —  Gibbon,  Décline  and  Fait 
of  the  Roman  Empire, 

FAÏISTE.   Voy.  FaUSTUS. 

FAUSTIEN ,  évêque  de  Dax ,  vivait  à  la  fin  du 

sixième  siècle.  Il  avait  été  ordonné  évêque  de 
Dax  par  l'autorité  de  l'aventurier  Gundovald  on 
Gondebaud,  qui,  en  se  faisant  passer  pour  un  fils 
de  Clotaire  1",  avait  failli  devenii-  roi  d'Aqui- 
taine.  Gontran,  roi  de  Bourgogne,  ayant  as- 

7. 


199 


FAUSTIEN  —  FAUSTINE 


2001 


semblé  un  conçue  à  Mâcon,  le  23  octobre  585, 
pour  juger  les  évêques  qui  avaient  embrassé  le 
parti  de  l'imposteur,  Faustien  fut  déposé  et  rem- 
placé. Cependant,  une  décision  assez  curieuse 
des  Pères  du  concile  statua  que  les  trois  évêques 
Bertrand  de  Bordeaux,  Pallade  de  Saintes  et 
Oreste  de  Bazas,  qui  l'avaient  ordonné,  le  nour- 
riraient tour  à  tour  et  lui  payeraient  cent  sous 
d'or  par  an.  Ern.  Bréhaut. 

Grégoire  de  Tours,  Epitome  historise  Francorum.  — 
Labe,  Histoire  des  Conciles.  —  Histoire  littéraire  de  la 
France,  t.  IV. 

*FAUSTiis  (Saint),  évêque  de  Lyon,  vivait 
dans  la  seconde  partie  du  troisième  siècle.  Il 
succéda  à  l'évéque  Hélie  vers  250,  et  se  distingua 
par  son  zèle  pour  la  pureté  de  la  foi  et  l'ardeur 
avec  laquelle  il  poursuivit  Marcien,  évêque 
d'Arles^  qui,  seul  des  évêques  gaulois,  avait  em- 
brassé l'hérésie  de  NovatieUi  Ne  pouvant  rien 
faire  par  lui-même ,  il  s'assura  du  concours  des 
évêques  de  la  Narbonnaise,  qui  comprenait, 
comme  division  ecclésiastique  la  Lyonnaise  et  la 
Viennaise,  et  écrivit  au  pape  saint  Etienne  pour 
faire  déposer  Marcien.  Le  pape  hésita,  et  Faustin, 
pour  stimuler  ses  lenteurs,  s'adressa  à  saint  Cy- 
prien,  évêque  de  Carthage.  Les  deux  lettres  qu'il 
lui  écrivit  ne  subsistent  plus ,  mais  elles  forment 
la  matière  de  la  67®  lettre  de  Cyprien  au  pape 
Etienne,  qui  donne  ainsi  un  tableau  curieux  de 
l'Église  gauloise  à  cette  époque.  Marcien  persis- 
tait dans  son  schisme ,  refusait  la  paix  aux  pé- 
nitents ,  la  communion  aux  mourants ,  et  lais- 
sait dévorer  par  les  loups  leurs  corps  non  en- 
sevelis. On  ne  connaît  pas  d'une  manière  cer- 
taine l'issue  de  cette  affaire  ;  mais  il  est  probable 
que  Marcien  fut  déposé,  car  son  nom  a  été  effacé 
des  diptyques,  tables  sur  lesquelles  étaient 
inscrits  les  noms  des  évêques  morts  dans  la 
communion  de  l'Église,  et  ne  se  retrouve  pas 
dans  la  liste  des  évêques  d'Arles.  Ern.  Bréhadt. 

tUlemont ,  Histoire  des  Empereurs.  —  Gallia  chris- 
tiana,  t.  IV.  —  J.  de  Launoy,  Discussio  de  duobus  Dio- 
nysiis.  -~  Grégoire  de  Tours,  Epitome  kistorise  Fran- 
corum. —  Histoire  littér.  de  la  France. 

FAUSTINA  BORDONI.  Voy.  HasSE  (Mme). 

FAUSTINE,  nom  commun  à  trois  impératrices 
romaines,  qui  sont  : 

FAUSTINE  (Annia-Galeria),  fille  d'Annius 
Verus,  issu  de  Numa,  tante  de  Marc-Aurèle, 
et  femme  d'Antonin  le  Pieux,  née  en  104  après 
J.  C,  morte  en  141.  Elle  s'exposa  par  ses  ga- 
lanteries aux  traits  de  la  satire.  Jul.  Capitoli- 
nus  dit  d'elle  :  «  Multa  dicta  sunt  ob  nimiam 
libertatem  et  Vivendi  facilitatem  quœ.iste 
(Antonius  Pius)  cum  animi  dolore  compres- 
sa. «  Elle  mourut  la  troisième  année  de  son  règne. 
Elle  avait  eu  quatre  enfants  :  M.  Galerius  An- 
toninus,  Aurelius  Fulvus,  Aurélia  Fadilla,qui 
moururent  en  bas  âge,  et  Faustine  la  jeune, 
femme  de  Marc-Aurèle,  dont  il  sera  question 
plus  loin.  Antonin ,  soit  qu'il  eût  fermé  les  yeux 
sur  les  écarts  de  sa  femme  ou  qu'il  n'y  crût  pas, 
la  fit  placer  au  rang  des  déesses,  lui  éleva  des 


temples  et  des  autels ,  et  fit  frapper  en  son  hon- 
neur des  médailles  dont  une  consacre  l'institu- 
tion des  filles  faustiniennes ,  jeunes  Romaines 
dont  la  fortune  ne  répondait  point  à  la  naissance, 
et  qui  étaient  élevées  aux  frais  de  l'État,  sous  la 
protection  de  l'impératrice.  [J.  deLatena,  dans 
l'Enc.des  G.  du  M.] 

CapitoUn,  Anton.  Pius,  3,  s.  —  Eckhel,  Doct.  Num., 
VU,  p.  37. 

FAUSTINE  (Annia  junior),  fille  de  la  précé- 
dente, née  vers  125,  morte  en  175.  Elle  épousa 
son  cousin  germain  Marc-Aurèle,  destiné  à  l'em- 
pire (138).  Elle  surpassa,  dit-on,  par  ses  dé- 
bordements, sa  mère  et  Messaline.  Son  nom  était 
devenu  le  surnom  des  plus  viles  courtisanes.  Ce 
fut  à  la  suite  de  ses  amours  adultères  qu'elle 
donna  le  jour  à  Commode.  Suivant  les  mêmes 
auteurs,  elle  se  serait  prostituée  à  Lucius  Ye- 
rus,  dont  elle  aurait  ensuite  puni  par  le  poi- 
son les  révélations  indiscrètes.  De  plus,  elle 
aurait  pris  part  à  la  conspiration  d'Avidius  Cas- 
sius.  Lorsque  celui-ci,  vaincu ,  tomba  au  pou- 
voir de  Marc-Aurèle,  Faustine  écrivit  à  ce 
prince  :  «  Vous  ne  seriez  pas  empereur  si  vous 
«  ne  saviez  assurer  la  vie  de  votre  femme  et, de 
«  vos  enfants.  Notre  fils  Commode  est  dans  la 
«  plus  tendre  jeunesse;  Pompeianus  est  déjà 
«  vieux,  et  n'est  pas  de  notre  sang.  Prononcez 
«  donc  sur  Cassius  et  ses  complices',  et  gardez- 
«  vous  de  pardonner  à  des  hommes  qui,  s'ils 
«  eussent  réussi,  auraient  immolé  vous,  moi, 
«  nos  enfants ,  sans  crainte  pour  les  dieux  et 
«  sans  respect  pour  vos  vertus.  »  Quand  cette 
lettre  arriva,  Cassius  avait  déjà  payé  de  sa  tête 
son  imprudente  rébellion ,  et  sa  tombe  renfer- 
mait le  secret  de  Faustine.  Les  railleries  des  mé- 
chants ,  les  murmures  du  peuple ,  les  conseils 
de  ses  amis,  ne  purent  décider  Marc-Aurèle  à 
sévir  contre  son  indigne  épouse.  «  Il  faudrait  lui 
rendre  sa  dot  »  (  l'empire) ,  répondait  Marc-Aurèle 
à  ceux  qui  lui  conseillaient  de  la  répudier.  On  doit 
ranger  ce  propos  au  rang  des  fables  :  l'empire 
ne  fut  point  la  dot  de  Faustine  ;  il  était  destiné  à 
Marc-Aurèle  par  Adrien,  qui  en  le  faisant  adop- 
ter par  Antonin ,  l'avait  fiancé  à  Fabia,  fille  de 
Lucius  Verus.  Faustine  suivit  Marc-Aurèle  en 
Asie  (174);  elle  mourut  au  village  nommé  Ha- 
lala,  au  pied  du  Taurus.  Son  indulgent  époux, 
suivant  l'empereur  Julien ,  la  pleura ,  et  au  lieu 
d'abandonner  sa  mémoire  à  l'oubli,  il  prononça 
son  oraison  funèbre,  lui  éleva  un  temple  et 
fonda  en  son  honneur  la  ville  de  Faustinopolis. 
Faustine  avait  eu  un  grand  nombre  d'enfants  : 
Commode  et  Antoninus  Geminus,  jumeaux,  An- 
nius  Verus ,  T.  Aurelius  Antoninus  et  T.  Mlins 
Aurelius;  et  quatre  filles;  Lucilla,  mariée  à 
L.  Verus,  Vibia  Aurélia,  Sabina  et  Fadilla. 
[J.  DE  Latena,  dans  VEncycl.  des  G.  du  ilf.] 

Dion  Cassius,  LXXI,  10,  22,  29,  31.  —  Capitolin,  Marc. 
Aurel.,  6,  19,  26.  —  Eutrope,  VIII,  6.  —  Eckhel,  Doct. 
Num.;  vol.,  VII,  p.  76. 

FAUSTINE  {Annia),  probablement  petite- 
fille  de  Marc-Aurèle  et  de  la  précédente,  vivait 


201  FAUSTINE 

flans  la  première  moitié  du  troisième  siècle  de 
l'ère  chrétienne.  Elle  avait  épousé  Pomponius 
Bassus.  Lorsque  le  Syrien  Élagabale  devint  em- 
pereur, par  la  volonté  des  légions  d'Asie ,  il  fit 
assassiner  Pomponius  Bassus,  afin  de  s'assurer 
la  possession  de  Faustine.  Elle  se  vit  contrainte 
à  devenir'  la  femme  de  ce  nouveau  Sardana- 
pale.  Un  caprice  l'avait  couronnée,  un  caprice 
la  détrôna  :  Élagabale  ïeprit  Julia  Aquilia  Se- 
vera,  vestale,  qu'il  avait  répudiée  poiu*  Faus- 
tine. Depuis,  cette  femme,  recommandable  par 
sa  beauté  et  ses  vertus,  vécut  dans  l'obscurité  ; 
aucun  temple  et  probablement  aucune  médaille 
ne  lui  furent  consacrés;  l'histoire  seule  a  con- 
servé son  nom  et  le  souvenir  de  ses  malheurs. 
[J.  DE  Latena,  dans  YEncycl.  d.  G.  du  M.] 

Dion  Cassius,  LXXIX,  S.  —  Hérodien,  V,  14.  -  Eckhel , 
Doct.  Num.,  vol.  VII,  p.  261. 

.  FAUSTiNCS ,  schismatique  latin,  vivait  vers 
la  fin  du  quatrième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il 
adhéra  à  la  secte  de  Lucifer.  Sa  vie  ne  nous  est 
connue  que  par  quelques  détails  contenus  dans 
ses  ouvrages,  dont  voici  la  liste  :  De  Trinitate, 
seu  de  fide  contra  Arianos,  ad  Flacillam  im- 
per atricem,  libri  VIII.  Ce  traité,  divisé  en 
sept  livres  ou  chapitres  et  composé  avant  385  , 
fui  imprimé  pour  la  première  fois  dans  les  Or- 
thoaoxograph.  deHérolde;  Bàle,  1555,  in-fol.; 
—  Fides  Theodosio  imperatori  oblata  :  cette 
courte  profession  de  foi,  écrite  probablement  pen- 
dant le  séjour  de  l'auteur  à  Eleutheropolis  (  379- 
381  ),  a  été  publiée  par  Quesnel  dans  les  Canones 
et  Constitut.  Ecoles.  Rom.;  Paris,  1675,  in-4°, 
vol.  II,  p.  138  ;  —  Libellus  Precum:  ce  traité, 
adressé  à  Valentinien  et  à  Théodose  vers  384, 
paraît  être  l'œuvre  commune  de  Faustinus  et 
de  Marcellinus.  La  préface  nous  apprend  que 
douze  ans  auparavant  les  auteurs  s'étaient  pro- 
noncés avec  énergie  en  faveur  d'Ursinus  contre 
Damase.  Le  Libellus  fut  publié  par  Sirmond; 
Paris,  1650,  in-8° ,  et  1696,  in-fol.,  dans  les 
Opéra  de  Sirmond ,  avec  le  rescript  de  Théo- 
dose et  d'anciens  témoignages  touchant  la  con- 
troverse d'Ursinus  et  de  Damase.  Les  trois  ou- 
vrages de  Faustinus  se  trouvent  dansla  Biblioth. 
max.  Patruni;  Lyon,  1677,  vol.  V,p.  637,  et 
dans  la  Bibliotheca  Patrum  de  Galland, 
voL  Vni,  p.  441. 
Gennadius,  De  Viris  ill.,  II. 

FAUSTO  {Sébastien),  traducteur  italien, 
surnommé  da  Longiano ,  du  nom  de  sa  ville 
natale,  située  dans  la  Romagne,  vivait  au  sei- 
zième siècle.  Sa  vie  nous  est  tout  à  fait  inconnue. 
Son  principal  ouvrage  est  une  traduction  de 
Dioscoride;  Venise,  1542,  in- 8".  Faustoaaussi 
traduit  les  Lettres  de  Cicéron;  Venise,  1544, 

1 555,  in-8°  ;  —  les  Discours  du  même  ;  Venise, 

1556,  3  vol.  in-8°;  —  VHistoire  du  Duc  de 
Milan  François  Sforce,  par  Simonetta  ;  Venise, 

1543,  in-8°;  —  la   Vie  d'Ezzelino  ;  Venise, 

1544,  in- 8". 

Paltonl ,  Biblioteca  de'  Folgariz.,  t.  I,  p.  307.  —  Ti- 
raboscbi,  Storia  délia  Letteratura  Italiana»  t.  VU. 


—  FAUSTUS 


202 


*FAUSTiTHTS ,  personnage  qui  figure  dans  les 
traditions  relatives  à  la  fondation  de  Rome  au 
huitième  siècle  avant  J.  C.  Berger  des  troupeaux 
d'Amulius  et  mari  d'Acca  Laurentia,  il  trouva 
Romulus  et  Remus  allaités  par  une  louve,  et  les 
remit  à  sa  ferajme  pour  qu'elle  les  élevât.  Selon 
la  tradition ,  il  fut  tué  par  ses  proches  parents 
tandis  qu'il  cherchait  à  apaiser  une  disputé  sur- 
venue entre  eux.  On  plaça  sa  sépulture  dans 
le  Forum,  près  des  Rostres,  à  un  endroit  indiqué 
par  un  lion  de  pierre.  Selon  d'autres,  au  con- 
traire, ce  lion  recouvrait  le  tombeau  de  Romulus. 

Festus,  au  mot  Niger  Lapis.  —  Denys  d'Halicar.,  I,  87. 

—  Hartung,  Die  Relig.  der  Rôm.,  vol.  Il,  p.  190. 

*FAUSTCS  (Saint)  d'Agaune,  né  vers  460.  Il 
professa  la  vie  monastique  au  couvent  d'Agaune, 
ou  Saint-Maurice,  en  Valais.  Samt  Severin ,  qui 
en  était  abbé,  appelé  à  Paris  en  505  parle  roi 
Clovis  I"  pour  le  guérir  d'une  fièvre  invétérée 
qui  le  tenait  depuis  deux  ans ,  emmena  avec  lui 
deux  moines,  Fauste  et  Vital.  Severin  mourut 
au  retour  à  Château-Landon  en  Gâtinais,  et  y 
laissa  ses  compagnons  de  voyage.  Fauste  resta  en 
France,  et  le  roi  Childebert,  après  avoir  fait  bâtir 
une  église  sur  le  tombeau  de  Severin,  lui  ordonna 
d'écrire  sa  vie.  L'ouvrage  de  Fauste  se  recom- 
mande par  la  simplicité  et  la  précision  ;  il  ne 
rapporte  que  peu  de  miracles.  Magnon ,  évêque 
de  Sens,  le  fit  corriger  par  la  suite,  sous  prétexte 
que  le  style  avait  besoin  d'être  embelli  :  l'ano- 
nyme qui  se  chargea  du  travail  ne  fit  que  dire 
plus  de  mots  sans  dire  plus  de  choses.  L'origi- 
nal est  devenu  fort  rare  ;  un  manuscrit  de  l'ab- 
baye de  Saint-Germain-des-Prés ,  où  manque  le 
commencement,  a  permis  à  Mabillon  de  le  pu- 
blier à  la  suite  des  Actes  des  Saints  de  l'Ordre 
de  Saint-Benoît.  BoUand  assigne  pour  date  dans 
son  grand  recueil  à  saint  Fauste  d'Agaune  le 
11  février.  Ern.  Brébaut. 

Mabillon,  Acta  Sanctorum  Ordinis  Sancti  Benedicti. 

—  BoUaud,  Acta  Sanctorum.  —  Adrien  Balllet,  f^ies  des 
Saints.  —  L'abbé  Fleury,  Histoire  ecclés.  —  Hist.  litt, 
de  la  France,  par  des  Bénédictins  de  Saint-Maur. 

*FAUSTCS  (Saint),  moine  de  Glanfeuil  (1),  fut 
au  nombre  des  moines  que  saint  Maur  amena  en 
France  en  543  pour  y  établir  la  règle  de  Saint- 
Benoit.  Us  fondèrent  le  monastère  de  Glanfeuil 
en  Anjou ,  qui  fut  le  premier  de  cet  ordre  en 
France.  En  585,  deux  ans  après  la  mort  de  saint 
Maur,  Fauste  revint  eu  Italie,  et  se  retira  au  mo- 
nastère de  Latran  à  Rome,  où  les  moines  du 
mont  Cassin  s'étaient  réfugiés  après  la  destruc- 
tion de  leur  monastère.  A  la  prière  de  ses  frères, 
et  en  particulier  de  l'abbé  Théodore,  il  écrivit  la 
vie  de  saint  Maur  et  la  présenta  au  pape  Boni- 
face  rv,  qui  l'approuva,  vers  607.  II  mourut  à 
Rome  quelque  temps  après,  et  fut  enterré  dans 
son  monastère  de  Latran.  Rolland,  dans  ses  Acta 
Sanctorum,  en  place  la  mort  au  15  février.  L'ou- 
vrage de  Fauste  fut  peu  répandu,  et  ne  fut  guère 
connu  enFrance  que  par  les  soins  d'Odon,abbé 

(1)  En  latin  GlannafoUutn  :  c'est  l'ancien  nom  du  mo- 
nastère de  Saint-Maur-sur-Loire. 


203 


FAUSTUS  —  FAUVEAU 


204 


de  Glanfeuil ,  qui  avait  retouché  et  altéré  le  ma- 
nuscrit primitif.  On  y  retrouve  l'esprit  du  temps, 
la  croyance  au  merveilleux,  beaucoup  de  détails 
sans  intérêt  et  peu  de  précision.  Il  est  adressé, 
par  une  sorte  d'épître  dédicatoire,  à  tous  les 
moines  du  monde  chrétien  ;  l'auteur  y  fait  le 
récit  abrégé  de  sa  propre  histoire  en  se  qualifiant 
de  serviteur  des  serviteurs  de  Jésus-Christ, 
titi'e  que  pi-enaient  souvent  aux  sixième  et  sep- 
tième siècles  les  évoques,  les  abbés  et  même  les 
simples  moines.  Surius ,  Jacques  Du  Breuil  et 
Boiland,  et,  d'après  ces  deux  derniers,  dom 
Mabillon,  ont  édité  la  Vie  de  saint  Maur,  de 
Faustus  de  Glanfeuil.  Ern.  Bréhaut. 

Boiland,  Acta  Sanctorum.  —  D.  Mabillon,  Acta  Sanc- 
torum  Ordinis Sancti  Benedicti.  —Histoire  de  la  Litté-, 
rature  française,  par  des  Bénédictins  de  Saint-Maur.  — 
G.  Cave,  Hist.  litl.  Script&rum  ecclesiaticorum. 

FACFSTUS  DE  BYZANCE  (en  arménien  Pos- 
dos,  Piouzant,  Pouzant,  ou  Pouzancatsi) , 
historien  arménien,  né  à  Constantinople ,  vers 
320  de  J.-C,  mort  vers  la  fin  du  quatrième 
siècle.  Il  s'établit  en  Arménie,  et  fut  chargé  par 
le  patriarche  de  l'administration  des  établisse- 
ments de  bienfaisance.  Plus  tard  il  fut  nommé 
évêque  du  pays  des  Saharhouniens.  On  a  de  lui  : 
Piouzantazan  Badmouthioun  (Histoire  du 
Byzantin)  ;  Constantinople,  1730,  in-4°;  Venise, 
1832.  Elle  contient  le  récit  de  ce  qui  se  passa  en 
Arménie  entre  les  années  342  et  392.  C'est  une 
continuation  de  l'ouvrage  d'Agathangelos.  L'ori- 
ginal écrit  en  grec  n'existe  plus ,  mais  on  en  a 
une  traduction  arménienne  faite  par  l'auteur  lui- 
même  ou  au  moins  par  un  de  ses  contemporains. 
Le  style  barbare  et  le  défaut  de  critique  que  l'on 
reproche  à  Faustus  ont  fait  tomber  son  histoire 
en  discrédit.  On  y  ti-ouve  cependant  des  dé- 
tails précieux  et  très-utiles  pour  compléter  le 
récit  des  autres  historiens.      E.  Beauvois. 

Tchamichiyn,  Badmouthioun  Ilaiots,  t.  l,  p.  11,  12, 
91,  447,  74S.  —  Gl.  Suki.is  Somal ,  (juadro  délia  Storia 
letter.  di  Armenia  ;  Vetùse  ,  1829,  in-8°,  p.  13.  —  Fr. 
Neumann,  f^ersuckein  Gesch.  derarmen.  Liter.;  —art. 
dans  les  IViener  Jahrbûcher,  an.  1833,  vol.  62,  p.  55. 
—  Saint-Martin,  fragm.  d'une  Hist.  des  Jrsacides,  1. 1, 
p.  236  ;  —  Journ.  Miat.,  an.  1828,  t.  I,  p.  82. 

*  FAUSTUS,  surnommé  Reiensis,  Regensis 
ou  Begiensis ,  théologien  latin ,  né  en  Bretagne, 
dans  la  première  partie  du  cinquième  siècle  de 
l'ère  chrétienne,  mort  vers  490.  Contemporain 
et  ami  de  Sidoine  Apollinaire ,  il  passa  sa  jeu- 
nesse dans  la  retraite  d'un  cloître,  et  succéda 
à  Maxime,  d'abord  comme  abbé  de  Lérins,  puis 
en  472  comme  évêque  de  Riez.  Pendant  long- 
temps il  fut  le  chef  des  séraipélagiens.  L'ardeur 
et  le  succès  avec  lesquels  il  défendit  leurs  doc- 
trines lui  attira  le  nom  d'hérétique  de  la  part 
des  catholiques  partisans  de  saint  Augustin,  tau- 
dis que  son  zèle  contre  les  ariens  excita  la  haine 
d'Euric,  roi  des  Visigoths,  qui  l'envoya  en  exil 
vers  481.  Il  ne  revint  qu'en  484,  après  la  mort 
de  son  persécuteur.  Malgré  les  graves  charges 
élevées  contre  l'orthodoxie  de  ce  prélat ,  il  est 
certain  qu'il  jouissait  d'une  excellente  réputation. 


possédait  une  grande  influence  de  son  vivant 
et  fut  après  sa  mort  honoré  comme  un  saint 
par  les  habitants  de  Riez,  qui  élevèrent  une  ba- 
silique en  son  honneur,  et  pendant  longtemps 
célébrèrent  sa  fête,  le  18  janvier.  Les  écrits  de 
Faustus  n'ont  jamais  été  recueiUis;  on  les  trouve 
dispersés  dans  plusieurs  grandes  collections  ;  les 
plus  importants  sont  :  Professio  fidei,  contra 
eos  qui  per  solam  Dei  voluntatem  alios  di- 
cunt  ad  vitam  attrahi,  alios  in  mortem  de- 
primi;  dans  la  Bibliotheca  maxima  Patrum, 
Lyon,  1677,  vol.  TIII,  p.  523;  —  De  Gralia 
Dei  et  humanae  mentis  liberio  Arbitrio ,  U- 
bri  II;  dans  la  même  Biblioth.,  vol.  VIII, 
p.  625  :  ces  deux  traités,  composés  vers  475,  of- 
frent une  exposition  très-claire  et  très-détaillée 
des  sentiments  de  l'auteur  touchant  le  péché  ori- 
ginel, laprédestination,  la  volonté  libre,  l'élection, 
la  grâce,  et  démontrent  que  ses  opinions  sur  tous 
ces  sujets  étaient  parfaitement  conformes  à  celles 
de  Cassien  ;  —  Responsio  ad  objecta  quœdamde 
ratione  fidei  catholicx  :  cette  réponse  à  quel- 
ques objections  des  ariens  a  été  iniprimée  dans  la 
Collection  des  anciens  Écrivains  ecclésiasti- 
ques français  du  P.  Pithou;  1586,  ^1-4"  ;  — 
Sermones  sex  ad  monachos,  avec  une  Admoni- 
tion et  des  Exhortations,  toutes  adressées  aux 
moines  de  Lérins  ;  se  trouvent  dans  les  recueils 
suivants  :  Martene  et  Durand ,  Scriptor.  et  Mo- 
numentor.  ampliss.  Collectio,  vol.  IX,  p.  142; 
Paris,  1733,  in-fol.;  Brockie,  Codex  Regula- 
rum ,  appendix  469  ;  Bibliotheca  maxima  Pa- 
trum; Lyon,  1677,  vol.  Vllf,  p.  545,  547;  Bas- 
nage ,  Thésaurus  3Io}iumentoru)n,  Amsterdam, 
1725,  vol.  I,  p.  350  ;  —  Homilia  de  S.  Maximi 
laudibus ,  attribuée  par  erreur  à  Eusèbe  Eme- 
sène,  et  insérée  dans  la  Bibliotheca  magna  Pa- 
trum, Cologne,  1618,  in-fol.,  t.  V;  —  Epïstolae; 
dans  la  Bibl.mag.Pat.  de  Cologne,  AanslaBibl. 
max.  Pat.  de  Lyon,  vol.  VIII,  p.  524,  548-554, 
et  dans Basnage,  Thesaur.Mon.,  vol.  1,  p.  343. 

Cave,  Scriptor um  eccles.  Historia,  t.  I ,  p.  453.  —  Du- 
fin ,  JBibHotfiégue  des  Auteurs  ecclésiastiques,  t.  IV, 
p.  242.  —  Tillemon!,  IHénioires,  t.  XVI,  p.  408.  —  Oudin, 
Comment.  deScriptoribus Ecclesiœ aittiqiiis,  !.  I,  p.i29i. 

—  Ceiilier,  fJibl.  des  Écrivains  ecclésiastiques ,  t'.  XV, 
p.  157.  —  Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  II,  p.  385. 

—  Bollandus,  Acta  Sanctorum,  collegit  Bollandus,  t.  Il, 
janvier.,  p.  28,  —  Wiggers,  Gescfiichte  des  Pelayianis- 
mus,  IJ,  224. 

FAUVEAU  ou  FCLVïUS  {Pierre),  poète  latin 
moderne,  né  à  Noaillé,  en  Poitou  ,  dans  la  pre- 
mière partie  du  seizième  siècle  ,  mort  en  1562. 
Élève  de  Marc- Antoine  Muret,  et  condisciple  de 
Joachim  du  Bellay,  Fauveau  se  distingua  jeune 
par  son  talent  pour  la  poésie  latine.  Il  composa 
quelques  tragédies  à  l'imitation  de  Sénèque;  d'a- 
près Sainte-Marthe,  il  mourut  de  peur,  à  la  vue 
des  désordres  commis  par  les  calvinistes  dans 
la  ville  de  Poitiers.  Il  nous  reste  de  Fauveau 
quelques  poésies  latines  insérées  dans  les  De- 
licïx  Poetarum  Gallorum  de  Gruter,  t.  1er  . 

Sainte-Marthe  ,  Elogia.  —  Dreux  du  Radier,  Histoire 
littéraire  du  Poitou. 


205  FAUVEAU 

*  FACVEAC  ( Mademoiselle  Félicie  de)j  sculp- 
Irice  française,  née  à  Florence,  dans  les  premiè- 
res années  de  ce  siècle,  de  parents  français.  Ses 
premiers  ouvrages  furent  un  groupe  de  L'Abbé, 
inspiré  par  un  roman  de  Walter  Scott,  qui  obtint 
un  succès  complet;  puis  Christine  et  Monal- 
deschi,  qui  valut  à  son  auteur  la  médaille  d'or. 
La  révolution  de  Juillet  1830  apporta  un  grand 
trouble  dans  sa  carrière  artistique-,  entraînée 
par  son  attachement  à  la  famille  tombée  du  trône, 
elle  fut  bientôt  après  coraprotnise  dans  l'insurrec- 
tion de  ia  Vendée ,  où  elle  montra  un  courage  et 
un  dévouement  dignes  des  temps  antiques.  Réfu- 
giée en  Belgique,  elle  fut  condamnée  par  contu- 
mace à  la  peine  de  la  déportation.  Elle  quitta  la 
Belgique  pour  l'Italie,  et  s'établit  à  Florence,  oii 
sa  famille  vint  la  rejoindre.  C'est  de  là  que  sont 
partis  tant  d'œuvres  remarquables,  statues  et 
tombeaux,  bustes  et  bas-teliefs,  tases  sacrés 
de  l'église  et  vases  profanes  du  salon,  qui  ont  fait 
l'admiration  de  l'Europe.  Voici  les  principaux 
ouvrages  de  Mi'e  Fauveau  :  Le  Combat  de 
Jarnac  et  de  La  C/iataigneraye;  —  Sainte 
Geneviève,  en  marbre;  Saint  Georges  terras- 
sant un  dragon,  en  bronze;  —  une  Judith 
parlant  aux  BéthuUens,  en  marbre  ;  —  Le  Mo- 
nument du  Dante,  où  l'épisode  de  Francesca 
et  de  Paolo  est  traité  avec  une  poésie  digne  de 
celui  qui  l'a  inspiré.  —  A  l'exposition  univer- 
selle de  1855,  elle  a  envoyé  le  Martyre  de 
sainte  Dorothée;  —  une  Petite  Fontaine,  en 
marbre  de  Seravezza,  pleine  de  délicatesse  et 
d'élégance,  et  un  Christ  sur  la  croix,  qui  est  un 
chef-fl  œuvre.  En  ce  moment,  Mi'e  de  Fauveau 
termine  le  tombeau  d'une  jeune  fille  morte  à 
dix-huit  ans ,  qui  sera  placé  à  côté  de  ceux  de 
Dante,  de  Galilée  et  de  Michel-Ange,  place 
d'honneur  accordée  par  le  souverain  de  la  Tos- 
cane. 

Mlle  de  Fauveau  a  un  frère.  M:  ffippolyte 
nE  Fauveau,  qui,  sous  la  direction  de  sa  sœur, 
est  devenu  architecte  et  sculpteur  distingué. 
Londres  et  la  Russie  possèdent  de  lui  plusieurs 
morceaux  remarquables. 

H.  Malot. 
L'Artiste  de  1842.  —  La  Revue  franco-italiennb.   - 
Documents  particuliers. 

*vxvwx.{Amédée),  littérateur  français,  né 
à  Caen,  le  12  juin  1808,  mort  le  14  octobre  1842. 
11  fut  un  des  principaux  fondateurs,  en  1839, 
de  la  Revue  du  Calvados  et  de  V Étudiant , 
journal  qui  parut  peu  après  1830.  Il  a  donné 
dans  ces  recueils  ainsi  que  dans  Le  Pilote  un 
grand  nombre  de  travaux  en  vers  et  en  prose, 
tels  que  :  Les  Campanelles  d'Ecosse,  If  Abbaye 
d'Ardennes,  Marguerite,  Guibray  au  temps 
de  Louis  XIII,  Hélène  Gohier,  etc. 

N.  M— Y. 

jénnuaire  normand. 

FACVELET  DIT  TOC  (Antoine),  historien 
français,  vivait  au  dix-septième  siècle.  11  était 
secrétaire  des  finances  de  Monsieur,  frèro  do 


—  FAVARD  206 

Louis  XIV.  Ses  ouvrages  sont  ;  Histoire  de 
Henri,  duc  de  Rohan ;  Paris,  1666,  in-12. 
Fauvelet  du  Toc  n'a  fait  que  signer  l'épître  dédi- 
catoire  et  retoucher  le  style  de  cet  ouvrage,  dont 
l'auteur  est  resté  inconnu;  —  Histoire  des 
Secrétaires  d'État,  contenant  l'origine  et  les 
progrès  de  leurs  charges ,  avec  les  éloges , 
armes,  blasons  et  généalogies  de  cexix  qui 
les  ont  possédées  ;  Paris,  1668,  in-4"'.  Cette  his- 
toire commence  enl547  et  finit  en  1657. 

Le  P.  Leiong,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

*FAVA  { Le  comte  PJe^ro-^rcoZe  ) ,  peintre 
de  l'école  bolonaise,  né  à  Bologne,  en  1669,  mort 
en  1744.  La  vue  des  belles  fresques  des  Car- 
rache  et  de  leur  école  qui  ornent  encore  le  palais 
qu'il  habitait  dut  contribuer  au  développement 
de  ses  dispositions  naturelles  pour  la  peinture  ; 
aussi  entra-t-il  jeune  dans  l'atelier  de  Lorenzo 
Pasinelli.  Bientôt ,  secondé  par  Donato  Creti  et 
son  élève  Ercole  Graziani,  qu'il  logea  longtemps 
dans  son  palais^  il  exécuta  de  grands  tableaux, 
dans  lesquels  il  fit  preuve  d'un  véritable  talent. 
Trois  de  ses  ouvrages,  qu'il  donna  à  l'évêque 
d'Ancône  Lambertini,  plus  tard  Benoit  XIV, 
furent  placés  dans  la  cathédrale  de  cette  ville  ; 
l'un  d'eux,  une  Vierge  de  douleurs,  a  disparu , 
mais  les  deux  autres  sont  restés  en  place ,  la 
Résurrection  du  Christ  au  fond  du  chœur,  et 
V Adoration  des  Mages  sur  l'autel  de  Sainte- 
Palatie.  Malvasia  mentionne  un  autre  tableau  du 
comte  Fava,  une  Madone  avec  plusieurs  saints, 
qui  se  trouvait  à  Bologne,  dans  l'église  de 
S.  Tomraaso  del  Mercato.  Ses  études  d'après 
les  Carrache  sont  fort  estimées  des  connaisseurs. 
Fava  fut  membre  de  l'Académie  Clémentine. 

E.  B— N. 

Crespi,  Felsina  pittrice,  —  Zanotti,  Storia  delV  Aca- 

demia  Clementina.  —  Orlandi,  Abbecedario.  —  Lanzi , 

Storia  délia  Pittura.  —  Aless.  Maggiore ,  Le  l'ilture 

délia  cittâ  d' Ancona.  —  Malvasia,  Pittiire  di  Bolocjna. 

FAVA  (Giovamii-Giacomo).  Voy.  Macrino 
d'Alba. 

*FAVAH]VE  {Henri  de),  peinti'e  français,  né 
vers  1669,  mort  à  Paris,  le  27  avril  1752.  11  avait 
été  reçu  en  1704  membre  de  l'Académie  royale 
de  Peinture,  et  il  devint  en  1748  recteur  de  cette 
compagnie.  Le  roi  d'Angleterre  Jacques  II  l'a- 
vait choisi  pour  son  grand-veneur,  emploi  assez 
singulier  donné  à  un  artiste.  «  Il  ne  manquait 
pas  de  génie ,  mais  il  n'a  rien  fait  de  piquant.  » 
Tel  est  le  jugeraient  qu'en  porte  Mariette.    G.  B. 

Mémoire  pour  servir  à  la  vie  de  M-  de  Fuvanne,-  Pa- 
ris, 1753,  in-12.  —  MarieUe,  /Jbbecedario,  1833,  t.  Il,  p.  23S. 

FAVARD  DE  LANGLADE  (  Guillaume-Jean, 
baron  ),  jurisconsulte  français^  né  à  Saint-Floret, 
près  d'Issoire,  le  20  avril  1762,  mort  à  Paris, 
le  14  novembre  1831.  11  était  depuis  1785  avocat 
au  parlement  de  Paris,  lorsqu'en  179>.  il  fut 
nommé  commissaire  national  près  le  tribunal 
d'Issoire.  Élu  en  1795  et  1799  membre  du  Con- 
seil des  Cinq  Cents ,  il  s'y  fit  remarquer  par  sa 
modération  et  la  part  qu'il  prit  à  la  discussion 
des  lois  relatives  au  droit  civil.  Après  l'acte 


207 

du  18  brumaire,  il  devint  membre  du  Tribunat, 
dont  il  fat  presque  aussitôt  président.  En  1804,  il 
vota  pour  l'établissement  de  l'empire,  et  l'année 
suivante,  ayant  fait  partie  de  la  députation  char-' 
gée  par  le  Tribunat  de  complimenter  Bonaparte 
sur  la  victoire  d'Austerlitz,  il  proposa  à  son  re- 
tour de  frapper  une  médaille  en  l'honneur  du 
conquérant.  A  cette  époque,  Favard  donna  une 
édition  du  Code  Civil  des  Français,  suivi  de 
l'Exposé  des  motifs  sur  chaque  loi ,  présenté 
par  les  orateurs  du  gouvernement  ;  des  Rap- 
ports faits  au  Tribunat;  des  Opinions  émises 
dans  le  cours  de  la  discussion ,  etc.  ;  Paris, 
F.  Didot,  1804  et  suiv.,  12  vol.  in-12.  Il  publia 
aussi  la  Conférence  du  Code  Civil  avec  la  dis- 
cussion particulière  du  Conseil  d'État  et  du 
Tribunat,  avant  la  rédaction  définitive  de 
chaque  projet  de  loi,  par  un  jurisconsulte  qui 
a  concouru  à  la  confection  du  Code;  Paris,  F.  Di- 
dot ,  an  xiu  (1805),  8  vol.  in-12  et  in-S".  Le 
Tribunat  ayant  été  supprimé  en  1807,  Favard 
devint  membre  du  corps  législatif,  dont  il 
présida  la  section  de  l'intérieur.  Nommé  con- 
seiller à  la  cour  de  cassation  en  1809,  et  maî- 
tre des  requêtes  en  1813,  il  conserva  sous  la 
première  restauration  ces  deux  places ,  qu'il  ne 
perdit  point  après  le  second  retour  du  roi ,  liien 
qu'il  eût  pendant  les  Cent  Jours  fait  partie  de 
la  chambre  des  représentants  et  conservé  son 
siège  à  la  cour  de  cassation.  Appelé  par  le  roi  à 
présider  le  collège  électoral  de  la  Corrèze,  il  fut 
envoyé  par  les  électeurs  du  Puy-de-Dôme  à  la 
chambre  des  députés  de  1815,  où  il  siégea 
dans  ies  rangs  de  la  minorité.  Réélu  en  1816, 
après  l'ordonnance  du  5  septembre,  il  fut  jus- 
qu'à la  dissolution  du  31  mai  1831  menibre  de 
la  chambre  élective,  où  il  votait  avec  le  minis- 
tère. Conseiller  d'État  en  service  ordinaire  en 
1817,  il  devint  en  1828  président  à  la  cour  de 
cassation.  Magisti'at  exact  et  jurisconsulte  labo- 
rieux, Favard  a  laissé,  outre  les  publications 
déjà  citées ,  plusieurs  ouvrages  dont  les  princi- 
paux sont  :  Répertoire  de  la  Législation  du 
Notariat;  Paris,  1807,  in-4°;  2^  édit.,  ibid., 
1829-1830,  2  vol.  in-4°;  —  Manuel  pour  l'ou- 
verture et  le  partage  des  Successions ,  avec 
l'analyse  des  principes  sur  les  donations 
entre  vifs ,  les  testaments  et  les  contrats  de 
mariage;  Paris,  1811,  in-8*';  —  Traité  des 
Privilèges  et  Hypothèques  ;  Paris,  1812,  in-8°  ; 
—  Supplément  au  Code  Civil ,  ou  collection 
raisonnée  des  lois  et  décrets  rendus  depuis 
1789  et  qui  serattachent  au  Code  Civil,  etc.; 
Paris,  1821,  2  parties  en  1  vol.  in-12  ;  —  Réper- 
toire de  la  nouvelle  Législation  civile ,  com- 
merciale  et  administrative;  Paris,  1823-1824, 
5  vol.  in-4''.  E.  Regnard. 

Moniteur  universel.  —  ^.Tn2m\t,  Jay,  Jouy,  etc.,  Biog. 
nouv.  des  Contemporains.  —  Camus,  Lettres  sur  la 
"prof.  d'avocat,  B«  édit.,  tom,  II. 

FAVART  {Charles-Simon)  ^siai^m  dramatique 
français,  né  à  Paris,  le  13  novembre  1710,  mort 


FAVARD  —  FAVART 


à  Belleville,  près  Paris,  le  12  mai  1792.  Son  pèi-e 
simple  pâtissier,  fit  des  chansons  et  inventa  le 
échaudés  ;  il  célébra  son  invention  dans  de 
couplets  où  il  critiquait,  «  le  peuple  français 
qui  comme  un  échaudé  prend  toutes  sortes  d( 
formes  et  dont  l'esprit  léger  l'emporte  sur  celu 
des  auties  nations  comme  la  légèreté  de  ce  gâ 
teau  l'emporte  sur  celle  de  tous  ses  rivaux  » 
Le  jeune  Favart  fit  ses  études  au  collège  Louis-le 
Grand,  et  obtint  le  prix  de  l'Académie  des  Jeu: 
llorauxpar  sonpoëme:Zc  France  délivrée  pa, 
la  Pucelle  d'Orléans.  Cependant,  pour  nourri 
sa  mère  il  continua  le  métier  de  son  père,  mor 
sans  laisser  de  fortune.  Tout  en  faisant  des  gâ 
teaux ,  il  composa  son  premier  vaudeville,  Lei 
Deux  Jumelles,  qui  obtint  un  véritable  succès 
ce  fut  à  l'occasion  de  cette  pièce  qu'arriva  l'a 
venture  si  connue  du  fermier  général  venan 
pour  complimenter  le  poète  et  ne  trouvant  qui 
le  jeune  pâtissier.  Grâce  à  l'heureuse  protectioi 
de  ce  financier,  Favart  put  se  consacrer  tou 
entier  à  l'art  dramatique  et  en  peu  de  temps  _ 
donna  au  Théâtre  de  la  Foire  plus  de  vingt  où 
vi-ages  anonymes  :  La  Chercheuse  d'esprit 
joué  en  1741 ,  est  le  premier  auquel  il  ait  mii 
son  nom.  Devenu  directeur  de  l'Opéra-ComiqueJ 
Favart  épousa,  en  1745,  Mlle  Duronceray,  qu_ 
avait  débuté  avec  le  plus  grand  éclat  sous  k 
nom  de  MUe  Chantilly,  et  leurs  talents  réunis, 
élevèrent  ce  théâtre  à  un  tel  degré  de  prospérité^ 
que  les  Comédiens  Français  et  Italiens  s'en  ému- 
rent et  dans  leur  jalousie  le  firent  supprimer 
l'année  même  de  cette  union.  Cette  injuste  sup- 
pression laissait  Favart  sans  ressources  ;  mais  le 
maréchal  de  Saxe,  qui  avait  vu  la  jeune  comé- 
dienne que  tout  Paris  admirait  et  qui  en  était  de- 
venu épris,  proposa  au  mari  de  prendre  la  di- 
rection de  la  troupe  de  comédie  qu'il  entretenait 
dans  son  camp,  afin  d'avoir  la  femme  auprès  de 
lui.  Le  poète,  qui  ne  voyait  là  qu'un  acte  géné- 
reux, accepta  avec  reconnaissance  ;  il  se  rendit  en 
Flandre,  et  chaque  action  nouvelle  devint  pour 
lui  l'occasion  d'une  pièce  et  d'un  couplet  de 
circonstance  ;  celui  qu'il  composa  la  veille  de  la 
bataille  de  Raucoux  a  été  conservé  par  l'his- 
toire : 

Demain  "nous  donnerons  relâche. 
Quoique  le  directeur  s'en  fâche  ; 
Vous  voir  comblerait  nos  désirs  : 
On  doit  céder  tout  à  la  gloire. 
Nous  ne  songeons  qu'à  vos  plaisirs  ; 
Vous,  ne  songez  qu'à  la  victoire. 

Il  n'y  eut  pas  d'autre  ordre  du  jour,  et  les  sol- 
dats sortirent  du  spectacle  répétant  :  «  Demain, 
bataille,  ■»  comme  ils  répétaient  chaque  soir  le 
vaudeville  de  la  pièce.  Par  esprit  d'imitation,  les 
ennemis  voulurent  aussi  avoir  un  théâtre,  et  ils 
s'adressèrent  à  Favart ,  qui  obtmt  la  permission 
de  jouer  dans  les  deux  camps,  et  les  jours  où 
l'on  ne  se  battait  pas  on  allait  à  la  comédie. 
L'heureux  directeur  était  au  comble  de  ses 
vœux  ;  malheureusement  il  eut  l'imprudence  de 
céder  aux  désirs  du  maréchal  et  de  faire  venir 


I 


209 


FAVART 


210 


sa  femme  au  camp ,  mais  celle-ci  comprit  bieu- 
tôtlcs  véritables  desseins  de  Maurice  de  Sax-e,  et 
elle  s'enfuit  à  Bruxelles ,  sous  la  protection  de 
Mme  de  Chevreuse.  En  apprenant  cette  fuite, 
le  maréchal  tomba  dans  une  colère  incroyable 
contre  le  mari;  et  par  un  scandaleux  abus  d'au- 
torité, il  obtint  contre  lui  une  lettre  de  cachet. 
Forcé  de  fuir,  le  malheureux  poète  parvint  à  ga- 
gner Strasbourg,  et  resta  caché  chez  un  curé  de 
campagne ,  dans  une  cave,  oii,  à  la  lueur  d'une 
lampe,  il  peignait  des  éventails  pour  vivre.  Pen- 
dant ce  temps,  sa  femme  débutait  aux  Italiens 
avec  un  succès  immense  ;  mais  résistant  tou- 
jours à  son  terrible  amant,  elle  était  bientôt 
après  arrêtée,  et  conduite  dans  un  couvent  des 
Andelys,  puis  à  Angers,  où  on  la  traitait  comme 
une  prisonnière  d'État.  Succombant  sous  une 
persécution  aussi  infatigable,  M."^^  Favart  céda 
enfin ,  pensant  avec  raison  que  le  déshonneur 
était  pour  celui  qui  employait  auprès  d'une 
femme  des  moyens  aussi  honteux.  Peu  de  temps 
après  (1750),  le  maréchal  mourut. 

Délivré  de  son  puissant  ennemi ,  Favart  put 
alors  revenir  à  Paris  et  recommencer  le  cours 
de  ses  succès  dramatiques  ;  ce  fut  à  cette  épo- 
que que  l'abbé  de  Voisenon  se  lia  intimement 
avec  lui,  et  devint,  disent  les  mémoires  contem- 
porains, son  collaborateur  à  plus  d'un  titre ,  ce 
qui  est  peu  vraisemblable  lorsqu'il  s'agit  d'une 
femme  ayantaussinoblementrésistéqueM'oe  Fa- 
vart à  l'homme  le  plus  illustre  de  son  temps  ; 
quant  à  la  part  que  le  galant  abbé  a  pu  avoir 
dans  les  ouvi-ages  du  poète,  on  peut  s'en  rap- 
porter à  l'opinion  de  La  Harpe.  «  Favart,  dit-il, 
avait  beaucoup  plus  d'esprit  que  l'abbé  de  Voise- 
non, mais  il  se  laissait  bonnement  protéger  par 
celui  qui  dans  le  fond  lui  devait  sa  petite  répu- 
tation. »  L'abbé  lui-même  a  d'ailleurs  pris  soin 
de  démentir  cette  collaboration  dans  une  lettre 
à  Voltaire  :  «  Vous  ne  croiriez  pas,  malgré  les 
preuves  qu'il  (Favart)  a  données  des  grâces  de 
son  esprit,  qu'on  a  l'injustice  de  lui  ôter  ses  ou- 
vrages et  de  me  les  attribuer.  Je  suis  bien  sûr 
que  vous  ne  tomberez  pas  dans  cette  erreur.  » 

Favart  continua  de  faire  la  fortune  du  Théâtre- 
Italien,  et  son  heureuse  fécondité  produisit  ces 
ouvrages  charmants  qui  peuvent  être  placés  a 
côté  de  ceux  de  Sedaine  et  de  Marmontel.  La 
perte  de  sa  femme  le  rendit  longtemps  inconso- 
lable ;  et  quoique  âgé  de  plus  de  soixante  ans  et 
dans  un  état  de  cécité  presque  complet,  ce  fut 
dans  le  travail  qu'il  chercha  quelques  distrac- 
tions. Il  vécut  ainsi  jusque  dans  les  premières 
années  de  la  révolution,  et  mourut  d'un  catarrhe 
pulmonaire,  dans  sa  petite  maison  de  Belleville, 
qu'il  habitait  depuis  près  d'un  quart  de  siècle. 

Les  succès  de  Favart  furent  nombreux,  et  l'on 
peut  dire  qu'il  fut  le  père  de  l'opéra-comique  et 
l'heureux  successeur  de  Lesage,  de  Vadé,  de 
Fuzeher  et  de  Piron.  Le  nombre  de  ses  pièces 
s'élève  à  plus  de  soixante  ;  voici  les  principales  : 
La  Chercheuse  d'esprit,  chef-d'œuvre  inspiré 


par  le  conte  de  La  Fontaine  :  Comment  Vesprit 
vient  aux  filles  ;  ce  fut  à  l'occasion  de  cette 
pièce  que  Crébillon  fit  le  quatrain  suivant  : 

H  est  un  auteur  en  crédit 

Qui  de  tous  les  temps  saura  plaire. 

Il  fit  La  C/iercJieuse  d'esprit. 

Et  n'en  ciiercha  pas  pour  la  faire. 

Le  Coq  du  Village,  joué  le  31  mars  1743;  — 
Bastien  et  Bastienne  (  26  septembre  1753): 
charmante  parodie  du  Devin  du  Village  de 
J.-J.  Rousseau; — Ninetteà  la  cour(  12 février 
1755)  :  «très-jolie  petite  comédie,  fort  supérieure 
à  toutes  ces  pièces  d'un  acte  ou  deux  ou  même 
de  trois  jouées  depuis  quarante  ans  au  Théâtre- 
Français,  »  dit  La  Harpe;  — Les  Trois  Sultanes, 
(  9  avril  1761  )  :  cette  pièce,  tirée  d'un  conte  de 
Marmontel ,  eut  un  immense  succès  ;  —  V An- 
glais à  Bordeaux  (  14  mars  1763  )  :  composée  à 
l'occasion  de  la  paix  avec  l'Angleterre ,  et  qui 
réussit  brillamment. 

Les  œuvres  de  Favart  ont  été  publiées  plu- 
sieurs fois  :  Théâtre  de  Favart  ;  Paris,  1763- 
1772,  10  vol.  in-8°;  —  Théâtre  choisi;  Paris, 
1810,  3  vol.,  in-8°  ;  —  Œuvres  choisies ;P?irh, 
F.  Didot,  1813,  3  vol.  in-U  ;  — Bibliothèque 
dramatique.  Théâtre  de  Favart  (  le  premier 
volume  seulement  a  paru  )  ;  —  Œuvres  de  M.  et 
de  Mf"e  Favart;  Paris,  in-18.  —  Les  Mémoires 
et  la  Correspondance  de  Favart,  qui  donnent 
de  précieux  détails  sur  le  monde  littéraire  et  le 
théâtre  au  dix-huitième  siècle  ,  ont  été  publiés 
en  1809,  in-8°,  par  A.-P.-C.  Favart,  son  petit- 
fils,  et  H.-F.  Dumolard.  H.  Malot. 

Etienne  et  Martainvillc,  Hist.  du  Théâtre  français. 
—  Notice  de  M.  Auger  dans  rédition  Didot.  — .  Notice 
de  M.  L.  Caste!  dans  la  Bibl.  dram.  —  Galerie  hist,  des 
Contemp.  —  Desnoiresterres;  Rév.fr.,  fév.-avril  1856. 

FAVART  {Marie- Justine-Benoîte  Duroin- 
CERAY,  madame),  épouse  du  précédent,  actrice 
française,  née  à  Avignon,  le  15  juin  1727,  morte 
à  Belleville ,  près  Paris ,  le  22  avril  1772.  Elle 
était  fille  d'un  musicien  de  la  chapelle  du  roi 
Stanislas,  et  ce  prince  contribua  lui-même  à  l'é- 
ducation de  la  jeune  fille ,  en  la  faisant  élever 
sous  ses  yeux,  à  Lunéville.  En  1744  elle  vint 
avec  sa  mère  à  Paris,  parut  à  l'Opéra-Comique, 
sous  le  nom  de  M"*  Chantilly,  et  débuta  par  le 
rôle  de  Laurence,  dans  Les  Fêtes  publiques  ; 
son  succès  fut  immense,  et  Favart,  qui  était  alors 
directeur  de  ce  théâtre,  devint  passionnément 
amoureux  de  la  jeune  actrice,  et  l'épousa.  Ce 
fut  peu  de  temps  après  ce  mariage  que  le  mare 
chai  de  Saxe  s'éprit  de  M""*  Favart  {voy.  l'ar- 
ticle précédent).  Le  5  août  1749  elle  débuta  au 
Théâtre-Italien  ;  mais  ayant  été  enlevée ,  elle  ne 
put  y  reparaître  que  deux  années  après;  elle 
créa  successivement  les  principaux  rôles  dans 
les  pièces  écrites  par  son  mari,  et  se  fit  surtout 
remarquer  dans  :  Bastien  et  Bastienne,  où  elle 
atteignait  la  perfection  (  c'est  dans  le  costume  de 
Bastienne  que  Vanloo  la  peignit  )  ;  Ninette  à 
la  Cour  ;  Annette  et  Lubin  ;  La  Fée  Urgèle  ; 
Les  Trois  Sultanes,  où  dans  le  personnage  de 


211  FAVART 

Roxelane  elle  faisait  admirer  son  triple  talent 
d'actrice,  de  danseuse  et  de  cantatrice.  Elle  jouait 
avec  une  vérité  surprenante  les  soubrettes , 
amoureuses,  paysannes;  les  rôles  naïfs,  ceux 
fle  caractère ,  tout  lui  devenait  propre  ;  en  un 
mot ,  elle  se  multipliait  à  l'infini ,  et  l'on  était 
étonné  de  lui  voir  jouer  le  même  jour,  dans 
quatre  pièces  différentes,  des  rôles  entièrement 
opposés.  Ce  fut  elle  qui  eut  le  courage  de 
commencer  la  révolution  dans  le  costume  de 
théâtre  que  devait  continuer  M"^  Clairon ,  et 
dans  Bastienne,  au  lieu  de  paraître  en  bergère 
de  Watteau,  elle  mit  un  habit  de  laine  tel  que 
les  villageoises  d'alors  en  portaient ,  des  sabots, 
et  sa  chevelure  fut  plate  et  sans  poudre. 

On  a  publié  sous  le  nom  de  M^e  Favart  le 
cinquième  volume  des  Œuvres  de  son  mari  ; 
cependant  elle  n'a  pas  seule  composé  les  ouvra- 
ges contenus  dans  ce  volume,  mais  elle  y  a  eu 
part  néanmoins  pour  les  sujets,  le  choix  des 
airs,  les  pensées ,  les  couplets  qu'elle  composait 
et  les  différents  vaudevilles,  dont  elle  faisait  la 
musique;  elle  est  aussi  l'auteur  de  plusieurs 
contes  charmants  :  Les  A-propos,  Il  eut  tort. 
Il  eut  raison ,  qui  ont  été  imprimés  dans  les 
œuvres  de  l'abbé  de  Voisenon.  H.  Malot. 
?  Calendrier  kist.  et  clironol.  des  Théâtres,  1773.  —  Né- 
crologie des  hommes  célèbres  de  France,  1773.  —  Mé- 
moires de  l'abbé  de  f'oisenon.  —  Mme  de  Bricquct,  Dict. 
des  Franc.  —  Dumolard,  dans  les  Mémoires  de  Favart.  — 
Léon  Gozlan,  dans  l'édition  Eug.  Didiei'. 

FAVART  ( Charles- Nicolas- Joseph- Justin), 
fils  des  précédents,  auteur  dtamatique  et  comé- 
dien français,  né  à  Paris,  en  1749,  mort  en  cette 
ville,  le  1er  février  1806.  Il  n'était  point  destiné 
au  théâtre,  mais  il  y  entra  vers  l'âge  de  trente 
ans,  poussé  plus  peut-être  par  la  nécessité  que 
par  la  vocation.  Il  débuta  au  Îhéâtre-Italien 
dans  Cassandre  du  Tableau  parlant,  et  il  ac- 
quit bientôt  une  certaine  réputation  dans  les 
rôles  de  vieillards,  sans  cependant  pouvoir  s'é- 
lever au-dessus  des  rôles  ordinaires  ;  il  se  retira 
vers  1796,  pour  occuper  un  modeste  emploi  à 
la  bibliothèque  du  Tribunat.  On  a  de  lui  :  Le 
Déménagement  d'Arlequin,  marchand  de  ta- 
bleaux, compliment  de  clôture  du  Théâtre- 
Italien  ;  —  Le  Diable  boiteux,  ou  la  chose  im- 
possible, divertissement;  1782;  —  Le  Départ 
du  Seigneur;  —  Les  Trois  Folies  ,  opéra-co- 
mique; 1786;  —  Le  Mariage  singulier,  co- 
médie; 1787  ;  —  La  Famille  réunie,  comédie 
en  deux  actes;  1790;  —  La  Sagesse  humaine, 
comédie  en  deux  actes;  1798;  en  collaboration 
avec  l'abbé  Valent.  Mullot  ;  —  Joseph ,  ou  la 
fin  tragique  de  Mi'^e  Angot,  bagatelle  ;  en  col- 
laboration avec  le  même.  Il  est  encore  l'auteur 
de  poésies  fugitives.  H.  Malot. 

Biogr.  des  Cont.  —    Qaérard,  La  France  litt. 

*FAVAR'r  {  Antoine-Pierre-Charles  ),  fils 
du  précédent,  auteur  dramatique  et  peintre 
français,  né  à  Paris,  en  1784.  M.  Favart  a  occupé 
divers  emplois  dans  la  diplomatie,  et  il  a  été 
successivement  secrétaire  du  duc  de  Caraman, 


—  FAVÉ 


212 


ambassadeur  de  France  en  Autriche,  et  du  duc 
dePolignac  au  ministère  des  affaires  étrangères. 
Après  la  révolution  de  Juillet ,  il  fut  chargé  de 
nombreuses  missions  diplomatiques;  et  c'est 
dans  le  cours  de  ces  missions  qu'il  recueillit  les 
documents  nécessaires  à  un  grand  ouvrage 
qu'il  prépare  sur  les  oeavres  d'art  contenues  dans 
toutes  les  galeries  de  l'Europe.  Il  est  aujourd'hui 
consul  à  Mons.  Il  a  publié  en  1809,  avec  H.-F.  Du- 
molard, Les  Mémoires  et  la  Correspondance  de 
Charles-Simon  Favart,  son  grand-père  ;  et  ii  a 
fait  représenter  quelques  pièces,  parmi  lesquel- 
les nous  citerons  :  La  Jeunesse  de  Favart 
(1808),  en  collaboration  avec  Gentil;  — Le 
Rivalpar  amour,  avec  Dumolard(l810),  etZes 
Six  Pantoufles,  ou  la  revue  des  Cendrillons, 
avec  Dupin  et  Dartois.  H.  Malot. 

Doc.  partie.  —  Biographie  des  Contemporains.  — 
Quérard,  La  France  littéraire. 

FAVART    D'HERBÏGNY     {  NiCOlttS- Semy  )  , 

général  français,  né  à  Reims,  en  1735,  mort  à 
Paris,  le  5  mai  1800.  Entré  au  service  dans  le 
corps  du  génie  en  1756,  il  prit  part  à  la  défense 
de  Belle-Isle  contre  les  Anglais,  en  1761.  Les 
services  qu'il  rendit  soit  à  la  Martinique,  soit 
dans  la  courte  expédition  de  Genève  en  1782, 
lui  valurent  les  plus  hauts  grades  de  son  arme. 
Partisan  sage  et  modéré  de  la  révolution ,  Fa- 
vart comprima,  en  1792,  l'insurrection  de;  Neuf- 
Brisach,  et  dirigea  les  grands  travaux  de  forti- 
fication exécutés  dans  les  places  de  l'Alsace.  Il 
composa  des  Mémoires  sur  la  défense  des 
côtes  et  les  reconnaissances  militaires. 

Son  frère,  né  à  Reims,'  en  1727,  mort  le  4  sep- 
tembre 1793,  est  l'auteur  d'un  Dictionnaire 
d'Histoire  naturelle,  qui  concerne  les  testa- 
cés  et  coquillages  de  mer,  de  terre  et  d'eati 
douce;  Paris,  1775,  3  vol.  petit  in-8o.  Cet  ou- 
vrage a  été  attribué  à  tort  au  général  Nic^  fa- 
vart. 

.Arnault,  Jouy,  Jay,  etc.,  Biogr.  notcv.  des  Contemp. 

*  FAVÉ  (Alphonse) ,  stratégiste  français, 
né  à  Dreux,  le  12  février  1812.  Après  de  fortes 
études,  il  entra  en  1830  à  l'École  Polytechnique, 
où  il  professe  l'art  militaire  et  la  topographie. 
M.  Favé  est  un  des  officiers  les  plus  instruits 
de  notre  époque  ;  il  occupe  dans  l'armée  le  grade 
de  lieutenant-colonel  d'artillerie.  Il  mérite  la 
confiance  l'empereur,  qui  l'a  attaché  à  sapersonne 
en  qualité  d'officier  d'ordonnance.  M.  Favé  est 
auteur  des  travaux  suivants  :  Nouveau  Système 
de  Défense  des  Places  fortes  ;  Paris,  1841, 
in-8",  un  atlas  in-fol.  ;  les  contre-approches 
construites  par  les  Russes  dans  la  défense  de 
Sébastopol  ont  de  l'analogie  avec  les  idées 
émises  dans  cet  ouvrage  ;  —  Histoire  et  tac- 
tique des  Trois  Armes,  et  plus  particulière- 
vient  de  V Artillerie  de  campagne;  1845, 
in-S",  avec  atlas,  in-4°  ;  —  Du  Feu  Grégeois, 
des  feux  de  guerre  et  des  origines  de  la 
poudre  à  canon,  en  collaboration  avec  M.  Rei- 
naud,  membre  de  l'Institut  ;  Paris,  1845j  in-8", 


213 

avec  atlas;  ^  Des  Nouvelles  Carabines  et  de 
leur  emploi;  notice  historique  sur  les  pro- 
grès efjeotués  en  France  depuis  quelques 
années  dans  l'accroissement  des  portées  et 
dans  la  justesse  d%i  tir  des  armes  à  feu  por- 
tatives ;  1847,  br.  in-8°;  —  Projet  de  loi  sur 
le  recrutement  de  Varmée;  1848^  br.  iii-8°; 
Nouveau  Système  d'Artillerie  de  Campagne 
du  prince  Louis- Napoléon  Bonaparte;  1850- 
1851,  br.  m-8°. 

Documents  particuliers.  —  Moniteur.  —  Journal  de 
la  Librairie. 

faVêlet  (  Jean  -  François  ) ,  médecin  fla- 
mand, né  en  1674,  au  fort  de  Perle,  près  d'An- 
vers, mort  le  30  juin  1743.  Il  étudia  la  médecine 
à  Louvain  avec  tant  de  succès,  qu'il  reçut  le  titre 
de  fisc-doyen.  On  nommait  ainsi  l'étudiant  qui, 
après  avoir  soutenu  pendant  trois  mois  les  exer- 
cices de  l'école  dans  les  disputes  publiques,  devait 
présider  à  douze  thèses  dans  le  même  intervalle 
de  temps.  Favelet  s'acquitta  fort  honorablement 
de  cette  double  tâche.  Voulant  joindre  la  pra- 
tique à  lathéofie,  il  alla  passer  plusieurs  années 
à  l'école  militaire  de  Matines.  De  retour  à  Paris, 
il  fut  nommé  successivement  professeur  de  bo- 
tanique, d'anatomie,  de  cliirurgie  et  enfin  de 
médecine.  Favelet  était  médecin  de  l'archidu- 
chesse ÉUsabeth,  gouvernante  des  Pays-Bas,  et 
membre  associé  de.  l'Académie  des  Sciences. 
«  Partisan  aussi  décidé  du  système  de  la  fer- 
mentation, qu'il  était  ennemi  déclaré  de  celui 
de  la  trituration ,  Favelet,  dit  Éloy ,  n'épargna 
rien,  soit  dans  ses  leçons  pubhques ,  soit  dans 
ses  ouvrages  ,  pour  saper  les  fondements  de  ce 
dernier  ».  On  a  de  lui  :  Prodromus  apologiss 
fermentationis  in  animalibus ;  Louvain,  1721, 
ih-12  ;  —  Novarum  qusc  in  medicina  a  paucis 
annis  repullularunt  Hypotheseon  lydius  Lor 
pis;  Aix-la-Chapelle,  1737,  in-12. 

Paquot,  Mémoires  pour  servir  d  l'hist.  litt.  des  Pays- 
Bas,  t.  m.  —  Éloy,  Dict.  fiist.  de  la  Médecine. 

îi-AVENTiNUS  (Pau^Jf ane),  voyageuritalien, 
né  à  Faenza,  vivait  en  1620.  Il  était  de  l'ordre 
des  Frères  prêcheurs.  En  1615  ses  supérieurs 
l'envoyèrent  en  Arménie  en  qualité  de  visitateur 
et  de  vicaire  général,  et  le  pape  lui  confiales  fonc- 
tions de  vicaire  apostolique.  Il  fut  très-bien  ac- 
cueilli du  roi  de  Perse,  fit  quelques  conversions, 
et  revint  à  Rome,  vers  1620.  On  a  de  lui  : 
Dottrina  christiana,  ove  catechismo  ;  —  Mi- 
racoli  per  mezzo  délia  santïssima  Eucha- 
ristia  e  del  rosario  délia  madona  operati; 
—  Relazione  del  Viaggio  et  délia  visiiazlone 
Jatta  nelle  parti  deW  Armenia.  Ces  ouvrages 
sont  encore  inédits.  E.  Beauvois. 

J.  Quctif,  Scripl.  Ordin.  Prœdicatorum,  t.  II,  p.  420. 

FAVEREAU  (Jacques) ,  poète  et  juriscon- 
sulte français,  né  à  Cognac,  en  1590,  mort  en 
1638.  Avocat,  puis  conseiller  à  la  cour  des  aides, 
il  se  distingua  au  barreau  par  son  éloquence  et 
son  intégrité.  Malgré  ses  graves  fonctions ,  Fa- 
vereau  cultiva  avec  succès  la  poésie,  la  mu- 
siciue  et  la  peinture.  On  a  de  lui  :  Mercurius 


FAVÉ  —  FAVEREAU 


214 

redivivuSfSive  varii  lusus  deMercurii  loculos 
manu  prœferentis  simiilacro;  Poitiers,  1613, 
in-4°  :  c'est  un  recueil  d'épigrammes  composées 
sur  une  statue  de  Mercure  trouvée  dans  les  fon- 
dations du  palais  que  Marie  de  Médicis  faisait 
bâtir  dans  le  faubourg  Saint-Germain  ;  —  La 
FrO/nce  consolée ,  épithalame  pour  les  noces 
de  Louis  XIII;  Paris,  1615,  in-8°;  —  Deux 
poèmes  latins  en  l'honneur  de  Louis  XO  :  l'un 
a  été  imprimé  dans  le  recaeil  publié  par  Bois- 
robert,  sous  le  titre  de  Palmée  regix  invictis- 
simo  Ludovico  XIII,  régi  christianissimo,  a 
prœcipuis  nos  tri  xvi  poetis  in  trophsewu 
erectœ  ;  1634,  in-8°.  On  lui  attribue  un  des 
pamphlets  qui  excitèrent  le  plus  violemment  la 
colère  de  Richelieu.  Cette  satire ,  connue  sous 
le  nom  de  La  Milliade,  parce  qu'dle  se  com- 
pose de  mille  vers,  fut  publiée  en  1638,  sans 
indication  de  ville,  sans  nom  d'imprimeur  et 
sans  date,  avec  ce  titre  :  Le  Gouvernement 
présent,  ou  éloge  de  Son  Éminence.  Cette  au- 
dacieuse attaque  contre  le  tyran  de  l'aristocratie 
fut  accueillie  avec  un  exti'ême  empressement. 
D'après  le  P.  Lelong,  La  Milliade  fut  imprimée 
d'abord  à  Anvers,  1637,  in-8°.  Le  même  auteur 
en  cite  une  nouvelle  édition ,  revue ,  corrigée  et 
augmentée  ;  Paris,  29  mars  1649,  in-4°.  Le  car- 
dinal ,  que  l'écrit  anonyme  faisait  enrager,  sui- 
vant l'expression  de  Tallemant  des  Réaux, 
«  emprisonna  bien  des  gens  pour  cela  ;  mais  il 
n'en  put  rien  découvrir.  Je  me  souviens ,  ajoute 
le  même  auteur,  qu'on  fermait  la  porte  sur  soi 
pour  le  lire.  Je  crois  que  cette  satire  vient  de 
chez  le  cardinal  de  Retz  ;  on  n'en  sait  pourtant 
rien  de  certain.  »  En  effet ,  Barbier,  qui  en  in- 
dique une  édition  de  Paris,  1643,  in-8",  dit 
qu'elle  pourrait  bien  être  d'Estelan ,  fils  du  ma- 
réchal de  Saint-Luc,  ou  du  sieur  Beyz,  poète 
du  dix-septième  siècle.  C'est  à  ce  dernier  en 
effet  que  l'attribue  le  P.  Lelong,  d'après  un  ma- 
nuscrit du  temps.  D'un  autre  côté,  voici  ce  qu'on 
lit  dans  le  Patiniana.  «  Le  vrai  auteur  des  Mille 
vers ,  qui  est  une  satire  contre  le  cardinal  de 
Richelieu  et  ses  adhérents,  faite  en  l'an  1636, 
laquelle  commence  ainsi  : 

Peuples,  élevez  des  autels 

Au  plus  éminent  des  mortels, 

est,  selon  quelques-uns,  M.  Favereau D'au- 
tres disent  que  c'est  M.  d'Estelan ,  fils  du  maré- 
chal de  Saint-Luc;  mais  il  n'est  pas  vrai.  Je 
vous  prie  de  croire  que  c'est  ce  M.  Favereau, 
qui  de  peur  d'en  être  soupçonné  l'auteur,  fit  en 
même  temps  un  éloge  latin  à  l'honneur  du  car- 
dinal de  Richelieu.  Ce  M.  Favereau  était  un  bon 
et  savant  poète,  et  fort  honnête  homme ,  qui 
haïssait  mortellement  le  cardinal.  »  C'est  à  l'a- 
mour de  Favereau  pour  les  beaux  arts  que  l'on 
doit  l'ouvrage  de  l'abbé  de  MaroUes,  intitulé  ; 
Tableaux  du  Temple  des  Muses ,  représentant 
les  Vertus  et  les  Vices,  sur  les  plus  illustres 
fables  de  Vantiquïté,  tirés  du  cabinet  de  Fa- 
vereau ,  avec  les  figures ,  dessinées  par  Diepen- 


215 


FAVEREAU  —  FAVIÈRES 


brock  et  gravées  par  Bloemaert;  Paris,  1655,  i 
in-fol. 

Morérl,  Grand  Diction,  hist.  —  Le  P.  Lelong,  Biblio- 
thèque historique  de  la  France.  —  Talleraant  das  Réaux, 
Historiettes.  —  Barbier,  Dictionnaire  des  Anonymes. 

FAViER  (  Nicolas  ) ,  historien  français ,  né  à 
Troyes,  vers  1540,  mort  en  1590.  11  fiit  d'abord 
conseiller  au  parlement  de  Paris ,  et  ensuite  di- 
recteur des  monnaies  du  royaume.  On  a  de  lui  : 
Figure  et  exposition  des  pourtraicts  et  die- 
'  tons  contenus  es  médailles  de  la  conspiration 
des  rebelles  de  France ,  opprimée  et  éteinte 
par  le  roi,  le  24  août  1572  ;  Paris,  1572,  in-8°  ; 
—  Discours  sur  la  mort  de  Gaspard  de  Co- 
ligny ,  qui  fut  amiral  de  France,  et  ses  com- 
plices ;  Paris,  1572,  in-12;  —  Recueil  pour 
r histoire  de  Charles  IX,  avec  l'histoire 
abrégée  de  sa  vie;  Paris,  1574,  in-8°. 

Le  P.  Lelong,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

FATiER  {Jean-Louis),  publiciste  français, 
né  à  Toulouse,  vers  1720,  mort  à  Paris,  en  1784. 
Secrétaire  de  La  Chétardie ,  ambassadeur  à  Tu- 
rin ,  puis  employé  par  d'Argenson  à  la  rédaction 
de  plusieurs  mémoires,  notamment  des  Ré- 
flexions contre  le  traité  de  1756,  entre  la 
France  et  l'Autriche,  cet  homme  habile,  destiné 
à  remplir  des  rôles  diplomatiques  aussi  péril- 
leux, qu'obscurs ,  fut  chargé  de  missions  secrètes 
en  Espagne  et  en  Russie  sous  le  ministère  Choi- 
seul  ;  ensuite  il  composa  pour  le  comte  de  Bro- 
glie ,  qui  au  nom  de  Louis  XV  correspondait 
secrètement  avec  les  ambassadeurs,  plusieurs 
mémoires  dirigés  contre  le  système  et  les  ins- 
tructions ostensibles  du  ministère.  Le  ministre 
surprit  quelques  pièces  de  cette  correspondance, 
et  obtint  un  ordre  d'arrestation  contre  Favier. 
Mais  leî'roi  avait  à  peine  signé  cet  ordre,  qu'il 
écrivit  à  son  agent  de  s'enfuir  et  de  mettre  ses 
papiers  en  sûreté.  Favier  se  trouva  enveloppé 
dans  l'affaire  mystérieuse  de  Dumouriez,  Bon  et 
Ségur.  Enlevé  à  Hambourg,  il  fut  conduit  à  Paris 
comme  perturbateur  de  la  paix  de  l'Europe.  Sa 
correspondance  avec  le  prince  Henri  de  Prusse 
tut  jugée  coupable ,  et  on  le  renferma  à  la  Bas- 
tille. Il  y  resta  jusqu'à  l'avènement  de  Louis  XVI. 
Il  se  mit  alors  à  composer  des  Mémoires  sur  les 
affaires  du  temps ,  dissipant  le  fruit  de  son  tra- 
vail aussitôt  qu'il  l'avait  reçu.  Le  comte  de  Ver- 
gennes  lui  fit  donner  une  somme  de  quarante 
raille  francs  pour  payer  ses  dettes ,  et  une  pen- 
sion de  six  mille  francs.  On  cite  de  Favier  une 
foule  de  mots  spirituels.  Un  jour  qu'il  se  trou- 
vait à  l'audience  de  Malesherbes ,  chargé  de  la 
direction  de  la  librairie,  on  parla  de  l'Esprit 
des  Lois,  qui  venait  de  paraître.  «  Il  est  temps, 
«  disait  le  magistrat ,  d'éclairer  le  monde.  — 
'(  Ce  n'est  pas  avec  un  bout  de  chandelle ,  » 
reprit  Favier  en  se  tournant  vers  un  de  ses  amis. 
Choiseul  l'ayant  rencontré  à  Versailles  après  son 
retour  de  Chanteloup,  lui  dit  très-haut  :  «  Fa- 
rt vier,  vous  avez  écrit  contre  moi.  —  Cela  est 
«  vrai,monsieur  le  duc,répondit-il,iJûais  alors  vous 


216 

«  étiez  en  place.  »  Ségur  a  recueilli  une  partie 
des  œuvres  de  Favier  dans  son  ouvrage  intitulé  : 
Politique  de  tous  les  Cabinets  de  l'Europe 
pendant  les  règnes  de  Louis  XV  et  de 
Louis  XVI;  1793,  2  vol.  in-8°,  et  1802,  3  vol. 
Les  autres  ouvrages  de  Favier,  la  plupart  sans 
nom  d'auteur,  sont  :  Le  Spectateur  littéraire; 
Paris,  1746,  in-12  ;  —  Essai  historique  et  po- 
litique sur  le  Gouvernement  présent  de  la 
Hollande;  Londres,  1748,  2  vol.  ln-12;  —  Le 
Poète  réformé ,  ou  apologie  pour  la  Sémira- 
mis  de  Voltaire;  Amsterdam,  1748,  in-8°;  — 
Mémoires  secrets  de  Bolingbroke;  Londres 
(Paris),  1754,  2  vol.  in-8°;  —  Doutes  et  Ques- 
tions sur  le  Traité  de  Versailles,  entre  le  roi 
de  France  et  l'impératrice  reine  de  Hon- 
grie ;Pans,  1778  et  1791,in-8°.  Favier  travailla 
avecFréron  à  la  Fédaction  du  Journal  étranger. 
On  lui  attribue  Lettres  sur  la  Hollande  ;  La 
Haye,  1780,  2>ol.  in-12.  D'après  Barbier  cet 
ouvrage  est  de  Pilati  de  Tassulo. 

Le  Bas,  Diction,  enc.  de  la  France.  —  Ségur,  Politique 
de  tous  les  Cabinets.  —  Biographie  toulousaine. 

FAVIER  DU  BOULA  Y  {Henri),  littérateur 
français,  né  à  Paris,  en  1670,  mort  à  Paris,  le 
31  août  1753.  D'abord  bénédictin  dans  la  con- 
grégation de  Cluny ,  il  obtint  ensuite  sa  sécula- 
risation, et  fut  nommé  prieur  de  Sainte-Croix  de 
Provins.  On  a  de  lui  :  Lettre  d'un  Abbé  à  un 
Académicien  sur  le  discours  de  M.  de  Fonte- 
nelle  au  sujet  de  la  question  de  la  préémi- 
nence entre  les  anciens  et  les  modernes; 
Rouen,  1699,  1703,  in-12;  —  Oraison  funèbre 
du  ducde  Berry; Paris,  1714,  in-4° ;  —  Oraison 
funèbre  de  Louis  XIV;  1715,  in-4°;  -^  Épitres 
en  vers  à  V auteur  du  poème  sur  la  Grâce  ;  Pa- 
ris, 1724,  in-8°  ;  —  Trois  Lettres  au  sujet  des 
choses  surprenantes  arrivées  à  Saint-Médard 
en  la  personne  de  l'abbé  Bescherand;  1731, 
in-4°;  —  l'Histoire  universelle  de  Justin, 
traduite  en  français  ;  Paris,  1733,  2  vol.  in-12. 

Chaudon,  Dict,  univ.  —  Quérard,  La  France  Hit. 

FAVIÈRES  (  Étienne-Guillaume-François  ' 
de)  ,  auteur  dramatique  français,  né  à  Paris,  en 
1755,  mort  en  cette  ville,  le  18  mars  1837. 
D'abord  conseiller  au  parlement,  de  Favières 
vit'sa  carrière  brisée  par  la  révolution  de  1789, 
et  il  dut  demander  à  la  littérature  ce  que  les 
événements  politiques  étaient  venus  lui  enlever. 
On  a  de  lui  :  Mauvaise  Tête  et  Bon  Cœur, 
comédie  en  trois  actes;  1790  ;  —  Les  Espiègle- 
ries de  Garnison,  comédie  en  trois  actes  ;  1791  ; 

—  Paul  et  Virginie ,  comédie  en  trois  actes  ; 
1791  ;  —  Lisbeth,  drame  lyrique  en  trois  actes  ; 
1797  ;  —  Elisca,  ou  l'amour  maternel ,  drame 
lyrique  en  trois  actes  ;  1799;  —  Fanny  Morna, 
drame  lyrique  en  trois  actes  ;  1"800  ;  —  Le  Con- 
cert interrompu,  opéra-comique  en  un  acte'; 
1802;  —Aline,  reine  de  Golconde,  comédie 
lyrique  en  trois  actes  ;  1803  :  grâce  à  la  musique 
de  Berton,  cette  pièce  est  restée  au  répertoire  ; 

—  L'Aimable  Vieillard ,  comédie  en  cinq  actes, 


217 


FAVIÈRES  —  FAVONIUS 


en  vers;  jouée  au  Théâtre-Français  en  1801  ;  — 
Herman  et  Verner,  ou  les  militaires ,  comédie 
en  trois  actes. 

Son  fils,  Alexandre,  a  fait  représenter  :  Le 
Grand-Père,  opéra-comique  (  14  octobre  1805), 
et  Sandis  et  Goddam  (  1*"^  août  1837  ). 

H.  Malot. 

Barbier,  Examen  critique.  —  Biogr.  des  Contempo- 
rains. —  Bibl.  dram.  de  M.  de  Soleinne. 

FAViliA,  second  roi  des  Asturies  et  de  Léon, 
fils  de  Pelage,  mort  en  739.  Il  succéda  à  son 
père  en  737.  Son  règne,  qui  ne  dura  que  deux 
ans ,  ne  fut  signalé  par  aucun  événement  digne 
d'être  rapporté;  sa  mort  fut  prématurée  et  tra- 
gique. Il  se  préparait  aux  fatigues  de  la  guerre 
en  chassant  les  animaux  féroces.  Un  jour  il  at- 
taqua seul  un  ours  énorme.  Cet  animal,  quoique 
blessé  mortellement,  saisit  le  chasseur  et  l'é- 
touffa.  Bien  que  Favila  eût,  dit-on,  laissé  des 
enfants  mâles,  son  beau-frère,  don  Alphonse,  dé- 
signé par  l'élection  populaire,  lui  succéda. 

Mariana,  Historia  Hispaniœ. 

FAVIN.  Voyez  Favyn  (André). 

*  FAViNrs  (Remus),  littérateur  italien ,  du 
quinzième  siècle.  Tout  ce  qu'on  sait  à  son  égard, 
c'est  qu'il  écrivit  des  Carmina  de  Ponderum 
deque  Mensurarum  Vocabulis  ;  cet  ouvrage , 
qn'il  eût  été  fort  difficile  de  rendre  attrayant, 
fut  imprimé  à  Leipzig,  en  1494.  G.  B. 

Leyser,  Hist.  Poetarum  et  Poematum  medii  œvi, 
p.  20-57. 

FAVOLI  ou  FAVOLius  (Hugues) ,  poète, 
médecin  et  voyageur  néerlandais ,  né  à  Middel- 
bourg,  dans  la  Zélande,  en  1523,  mort  à  Anvers, 
en  1585.  Son  père,  Pisan  d'origine,  l'envoya 
faire  ses  études  à  Padoue.  Favoli  suivit  d'abord 
les  cours  de  philosophie,  et  s'appliqua  ensuite  à  la 
médecine.  En  quittant  l'université,  il  voyagea 
en  Italie,  et^rencontra  à  Venise  l'ambassadeur 
espagnol  Gérard  van  Veltwyck,  qui  l'emmena  à 
Constantinopie.  Favoli  y  arriva  dans  l'automne 
de  1545  ,  y  séjourna  peu  de  temps ,  visita  quel- 
ques Ûes  de  la  Grèce ,  côtoya  l'Épire ,  aborda 
en  Calabre  à  la  fin  de  l'hiver,  et  retourna  à  Ve- 
nise. Il  revint  ensuite  dans  les  Pays-Bas,  et 
devint  médecin  pensionnaire  d'Anvers  en  1 563  : 
il  garda  cette  place  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui  :  Hodœporici  Byzantini  Libri  très  ;  Lou- 
vain,  1563,  in-12.  Cette  relation  est  en  vers 
latins  hexamètres.  D'après  Paquot ,  «  on  y  trouve 
de  la  clarté,  de  la  pureté,  mais  peu  de  vivacité, 
de  grâce  et  d'élévation  ».  L'auteur  s'étend  par- 
ticulièrement sur  les  mœurs  des  Turcs.  Il  fait 
une  description  assez  curieuse  des  fêtes  du  Rha- 
madhan  ;  cette  relation  a  été  réimprimée  avec 
quelques  retranchements  dans  le  Recueil  de 
Voyages,  en  vers  latins,  publié  par  Nicolas 
Reusner;  Bàle,  1580,  in-8°;  —  Acrosticha 
duo;  prïmum  in  adventum  Annx  Austriucas, 
secundum  in  lustrationem  urbis  Antuer- 
pianx  ;  Anvers,  1570  ;  —  De  classica  ad  Nau- 
pacium  contra  Ttircas  Victoria  perJoannem 
Austriacum;  1572.  Ce  poërae  est  de  Jean  Sam- 


218 

bucus,  Favoli  n'en  fut  que  l'éditeur;  —  En- 
chiridion  Orbis  terrarum,  carmineHllustra- 
tum;  Anvers,  1685,  in-4". 

Paquot,  Mémoires  pour  servir  à  l'hist.  Htl.,  t.  VU. 

*  FAVONIUS  (Marcus),  homme  d'État  ro- 
main, né  en  42  avant  J.-C.  Il  joua  un  rôle  plutôt 
bruyant  qu'important  dans  les  troubles  qui 
remplirent  les  dernières  années  de  la  république 
romaine.  Ce  fut  une  de  ces  médiocrités  inquiètes 
qui  s'agitent  sans  cesse  sans  aboutir  jamais  à 
aucun  acte  mémorable.  Bien  qu'il  appartînt  au 
parti  des  Optimales,  il  n'en  fit  pas  moins  une 
opposition  acharnée  à  Pompée.  Il  prit  Caton 
pour  modèle,  et  se  joignit  à  lui  dans  toutes  les 
circonstances  importantes.  Après  avoir  plusieurs 
fois  échoué  dans  ses  candidatures,  il  fut  élu 
préteur  l'année  même  de  la  rupture  de  César  et 
de  Pompée.  Il  s'enfuit  à  Capoue  avec  les  consuls 
et  la  majorité  du  sénat,  et  fut  un  de  ceux  qui  ne 
voulurent  écouter  aucune  proposition  de  conci- 
liation. Malgré  son  aversion  personnelle  pour 
Pompée,  il  le  suivit  en  Grèce.  En  48  on  le  voit 
servir  en  Macédoine  sous  les  ordres  de  Metelfus 
Scipion.  En  l'absence  de  ce  dernier,  Favonlus, 
resté  avec  huit  cohortes  sur  les  bords  de  l'Ha- 
liacmon,  se  laissa  surprendre  par  Doraitius  Cal- 
vinus,  et  ne  fut  sauvé  que  par  le  retour  soudain 
de  Scipion.  Après  la  bataille  de  Pharsale,  Fa- 
vonius,  oubliant  ses  anciens  ressentiments,  se 
montra  l'ami  fidèle  de  Pompée  ;  il  l'accompagna 
dans  sa  fuite,  et  le  combla  de  témoignages 
d'affection  et  de  respect.  Après  la  mort  de  Pom- 
pée, il  retourna  en  Italie,  obtint  sa  grâce  de  César, 
et  se  rallia  à  l'autorité  du  dictateur,  parce  que, 
disait-il,  il  préférait  la  monarchie  à  la  guerre 
civile.  Aussi  ceux  qui  conspiraient  contre  César 
ne  voulurent-ils  pas  l'initier  à  la  conjuration. 
Mais  une  fois  le  dictateur  tué,  il  se  joignit  aux 
meurtriers ,  et  occupa  avec  eux  le  Capitole.  Il 
suivit  Brutus  et  Cassius  hors  de  l'Italie ,  et  fut 
proscrit  en  43.  Fait  prisonnier  à  la  bataille  de 
Philippes,  et  conduit  enchaîné  devant  les  vain- 
queurs ,  il  salua  Antoine  avec  respect  et  éclata 
en  invectives  contre  Octave,  parce  que  celui-ci 
avait  fait  tuer  plusieurs  républicaiiTs.  Ces  invec- 
tives furent  le  signal  de  son  arrêt  de  mort.  Ainsi 
se  termina,  non  sans  grandeur,  une  vie  où  les 
animosités  personnelles  et  l'humeur  tracassière 
tiennent  plus  de  place  que  le  véritable  dévoue- 
ment à  la  chose  publique.  L'acte  le  plus  hono- 
rable de  sa  vie  fut  sa  conduite  à  l'égard  de  Pom- 
pée après  la  défaite  de  Pharsale.  Salluste,  dans 
une  de  ses  lettres  à  César,  caractérise  fort 
bien  Favonius  en  disant  de  lui  et  de  L.  Pos- 
tumius  qu'ils  étaient  quasi  magnas  navis  su- 
pervacua  onera. 

Clcéron,  Ad  Att,  I,  14;  II,  1,  4;  VU,  1,  18;  XV,  11; 
Ad  Quint,  fr.,  II,  3,  11;  Ad  Fam.,  VIII;  9,  11;  Pro 
Mil.,  9, 16.  —  Va  1ère  Maxime,  VI,  2.  —  Plutarque,  Cat. 
Min.,  32,  46;,  Pomp.,  60,  67;  Brut.,  12,  34;  Ca?s.,  41.  — 
Dion  Cassius,  XXXVHI,  7  ;  XXXIX,  14,  34,  etc.;  XL,  46; 
XLVI,  48;  XLVII,  49.  -  César  Bel.  civ.,  III,  36.  —  Vel- 
lelus  Palerculus,  H,  53.  —  Appien,  Bel.  civ.,  II,  119,  etc. 
—  Suétone,  Octav.,  18. 


219 


FAVONIUS  —  FAVRAT 


220 


*  FAVONIUS  EVLOGIUS,  contemporain  et 
élève  de  saint  Augustin,  qui  le  nomme  dans  son 
traité  De  cura  pro  morte ,  c.  XI.  Il  ne  reste 
de  ses  écrits  qu'un  traité  sur  un  des  ouvrages 
de  Cicéron,  le  Songe  de  Scipion;  on  y  trouve 
des  explications  où  se  reproduisent  les  principes 
de  l'école  de  Pythagore.  Ce  traité,  publié  pour  la 
première  fois  par  A.  Schott  dans  les  Quxstiones 
TulUanx,  Anvers,  1613,  a  reparu  dans  l'é- 
dition de  Cicéron  donnée  par  Graevius,  1688, 
et  dans  celle  d'Orelli,  t.  V,  p.  397.       G.  B. 

Pauly,  Real-Enc. 

FAVORiNUS  (^aêtopTvoç),  philosophe  et 
rhéteur  gaulois,  né  à  Arles,  vivait  dans  le 
deuxième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il  était  her- 
maphrorlite  ou  eunuque  de  naissance.  Il  n'en 
fut  pas  moins  accusé  d'adultère  par  un  noble 
romain.  Élevé  aux  écoles  de  Marseille  (Massilia 
trilingiiis,  comme  l'appelle  Varron),  il  apprit  à 
se  servir  éloquemment  des  langues  celtique, 
grecque  et  romaine.  Il  paraît  aussi  avoir  visité 
de  bonne  heure  Rome  et  la  Grèce.  Dion  Chry- 
sostome  fut  un  de  ses  maîtres.  Le  temps  ayant 
détruit  toutes  les  œuvres  de  Favorinus,  e-'est 
par  tradition,  par  les  éloges  de  ses  contempo- 
rains, que  nous  savons  la  haute  estime  où  l'a- 
vaient placé  ses  improvisations ,  son  éloquence 
et  ses  doctrines.  Rome  et  la  Grèce  en  effet  le 
regardèrent  comme  un  des  orateurs  et  des  phi- 
losophes les  plus  distingués ,  à  une  époque  où 
florissaient  pourtant  Épictète,  Hérode  Atticus, 
Plutarque  et  Polémon.  On  dit  que,  lorsqu'il 
parlait  en  public,  ceux  même  qui  ne  comprenaient 
pas  le  grec  venaient  admirer  l'art  de  son  débit 
et  le  charme  de  sa  voix.  Il  avait  l'habitude  de 
dire  :  «  Il  y  a  dans  ma  vie  trois  choses  étranges  : 
Gaulois ,  je  parle  grec;  eunuque,  on  m'accuse 
d'adultère  ;  et  je  vis ,  quoique  étant  mal  avec 
l'empereur.  »  Adrien  en  effet,  qui  tenait  beau- 
coup à  sa  réputation  d'homme  de  lettres,  avait 
été  gravement  offensé  d'une  réponse  de  ce  phi- 
losophe à  ses  amis,  étonnés  de  l'avoir  vu  céder 
si  facilement  à  une  observation  grammaticale 
du  prince  :  «  Comment,  leur  avait-il  dit  en  riant, 
ne  dois-je  pas  regarder  comme  le  plus  savant 
des  hommes  celui  qui  commande  à  trente  lé- 
gions? »  A  la  nouvelle  de  la  disgrâce  où  venait 
de  tomber  le  philosophe  gaulois,  les  Athéniens 
abattirent  la  statue  qui  lui  avait  été  élevée  : 
«  Plût  à  Dieu,  dit-il,  que  les  Athéniens  s'en  fus- 
sent pris  aussi  à  quelque  statue  de  Socrate ,  au 
lieu  de  lui  faire  boire  la  ciguë  !  «  La  vie  de  Fa- 
vorinus s'écoula  dans  l'enseignement  des  théories 
platoniciennes,  dans  des  luttes  d'éloquence, 
dans  la  publication  de  ses  ouvrages ,  où  il  fixait 
avec  beaucoup  d'habileté  l'objet ,  le  but  et  la 
méthode  du  scepticisme.  Aucun  des  ouvrages  de 
Favorinus  n'est  venu  jusqu'à  nous,  à  moins 
qu'on  ne  lui  attribue,  avec  Eraperius,  le  dernier 
éditeur  de  Dion  Chrysostome ,  le  discours  sur 
Corinthe ,  inséré  ordinairement  dan?  les  œuvres 
de  ce  philosophe.  Voici  les  titres  des  principaux 


ouvrages  qu'on  mentionne  de  lui  :  ITept  xTiz  %a- 
Talrinwx.riz  çavTacrtaç  ;  —  'AXxiêiâÔYii;  ;  —  un 
traité  adressé  à  Épictète  et  refuté  par  Galien  ;  — 
un  ouvrage  sur  Socrate  attaqué  également  par 
Galien;  —  nXoutapxoç  ^  uepi  r/jç  'Axa8r)(j,»c^(; 
AtaÔÉcrewç;  —  Ilspl  riXàtwvoç;  —  Ilepî  xr,; 
'O^iriçiov  cpiXocroçtaç  ;  —  IliJppwvsiot  Tpôuoi;  ce 
traité,  dans  lequel  Favorinus  développait  les  dix 
motifs  de  doute,  les  dix  arguments  sceptiques 
dont  l'invention  est  attribuée  à  Pyrrhon ,  paraît 
avoir  été  son  ouvrage  le  pins  important.  Il  y 
montrait  que  la  philosophie  de  Pyrrhon  était 
utile  à  ceux  qui  se  destinaient  au  barreau  ;  — 
navTo5a7tY)  'lerxopîa  ;  —  'A%o[).vf][i.ovz()\)Mi!y.;  Dio- 
gène  Laerce  en  cite  le  troisième  livre  ;  —  Fvw- 
(j.oXoyixà.  —  Aulu-Gelle  nous  a  conservé  un  dis- 
cours sur  le  danger  de  confier  ses  enfants  à  des 
nourrices ,  qui  est  assurément  comparable  aux 
pages  éloquentes  de  Rousseau.  Ce  discours  est 
traduit  du  grec  ;  le  texte  en  est  perdu.  Les  seuls 
fragments  originaux  de  Favorinus  se  trouvent 
dans  Stobée,  Diogène  de  Laerte ,  etc.,  et  ils  mé- 
riteraient d'en  être  extraits ,  de  manière  à  élever 
avec  ses  propres  œuvres,  à  un  homme  qui 
comme  philosophe  et  orateur  a  jeté  un  si  vif 
éclat  sur  la  Gaule,  un  monument  digne  de  lui, 
Favorinus  mourut  vers  la  13.^'=  année  de  notre 
ère.  [F.  Dehèque,  dans  l'Enc.  des  G.  du  M., 
avec  additions.  ] 

Philoslratus,  P'it.  SopMst.,  I.  —  Diogène  Laerce,  Mî, 
40;  Vin,  12,  47.  —  Lucien,  Eunuch.,  7.  —  Aulu-Gelle, 
II,  22  ;  XII,  1  ;  XVII,  12.  —  Suidas,  au  mot  ttaêwpîvoç, 
—  J.-F.  Gregor,  Dnae  Commentationes  de  Favorino; 
Lauban,  1733,  in-4°.  —  Forsmann,  Dissertatio  de  Favo^ 
rino,  philosopha  academico;  Abo,i789,  in-4°. —  Hiit 
lut.  de  la  France,  t.  I^''.  —  Ampère,  Uist.  tilt,  de  Iq 
France,  t.  I^"'. 

FAVORINUS,  VARINUS  OU  CAMERS.  VoyeZ 

GuARmo. 

FAVORiTï  {Augustin),  poète  latin  raoderpe, 
né  à  Lucques,  en  1624,  mort  le  13  novembre 
1682.  Il  entra  dans  les  ordres,  et  devint  sçcré^, 
taire  des  brefs  sous  Innocent  XI.  Il  était  membre 
de  l'Académie  des  Humoristes ,  et  faisait  partie, 
de  la  Pléiade  Alexandrine.  On  nommait  ainsi 
sept  écrivains  qui  s'illustrèrent  sous  Alexan- 
dre Vïl  par  leurs  poésies  latines.  Les  poésies  de 
Favoriti  furent  recueillies  avec  celles  des  autres 
auteurs  de  la  Pléiade,  sous  le  titre  de  Septem 
illustrium  viroriim  Poemata;  Amsterdam 
(Elzevier),  1672,  in-8°. 

Olaus  Borricblus,  Dissert,  ad  Poetas  latinos.  —  Baillet, 
Jugeynents  des  Savants,  t.  IV. 

FAVBAS  (Thomas,  marquis  de).  Fo^es 
Mahi. 

FAVRAT  {Louis),  médecin  allemand,  natif 
de  Wurtzbourg,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Il  exerça  la  médecine  à 
Payerne,  en  Suisse.  On  a  de  lui  :  Aurea  Catena 
Homeri,  id  est  concatenata  naturœ  Mstoria 
physico-chimica  ;  Francfort  et  Leipzig,  1763. 
C'est  une  traduction  de  l'ouvrage  alchimique  al- 
lemand publié  par  un  anonyme  du  dix-septième 


22  î  FAVRAT 

siècle  et  connu  sons  le  titre  de  Aiirea  Catena 
Homeri.  L'édition  de  Favrat  est  estimée. 

Ersch  et  Gruber,  Jllg,  Enc. 

FAVRAT  (François- André  de),  général 
prussien,  né  en  1730,  mort  le  5  septembre  1804. 
Général  d'infanterie  au  service  de  la  Prusse  et 
gouverneur  de  Glatz,  il  se  rendit  célèbre  autant 
par  sa  force  corporelle  que  par  sa  bravoui-e.  On 
dit  qu'un  jour  il  souleva- un  cheval  avec  son  ca- 
valier, et  qu'il  portait  aisément  une  pièce  de 
canon  sur  l'épaule ,  comme  un  soldat  porte  son 
,arme.  On  a  de  lui  :  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  de  la  guerre  de  la  révolution  de  la 
Pologne,  depuis  1794  jusqu'en  1796;  Berlin, 
1799,  in-8». 

Chaudon  et  Delandine,  Nouv.  Dict.  universel. 

FAVRE,  en  latin  faber  {Antoine) ,  juris- 
consulte savoyard ,  né  à  Bourg  en  Bresse,  le  4 
octobre  1557,  mort  à  Chambéry,  le  l*"'  mars 
1624.  Il  étudia  de  bonne  heure  chez  les  jésuites 
de  Paris;  venu  ensuite  à  Turin,  il  s'appliqua  au 
droit  avec  une  telle  ardeur  qu'il  fut  reçu  docteur 
dès  l'âge  de  vingt-deux  ans.  C'est  alors  aussi 
qu'il  publia  le  commencement  des  Conjectura- 
rum  Juris  civilis  Libri,  1580,  in-4°.  L'ouvrage 
eut  vingt  livres,  dont  trois  parurent  à  cette  épo- 
que. «  Le  but  de  l'auteur,  dit  Taisand  en  parlant 
(le  cette  œuvre ,  est  d'éclaircir  entièrement  plu- 
sieurs opinions  obscures  et  nouvelles  dans  la 
jurisprudence  et  môme  contrairement  aux  senti- 
ments des  anciens  interprètes  du  droit.  ■»  C'est- 
à-dire  qu'il  ne  craignit  pas  de  s'éloigner  des  pa- 
roles du  maître  (  verba  tnagistri).  Favre  déploya 
dans  les  Conjecturai  une  grande  connaissance 
du  droit  romain.  «  Ce  jeune  homme  a  du  sang 
aux  ongles,  dit  de  lui  Cujas  ;  s'il  vit  âge  d'homme, 
il  fera  du  bruit.  ■»  Le  grand  jurisconsulte  ne  se 
trompait  pas.  Avocat  au  sénat  de  Chambéry, 
Favre  s'y  fit  tellement  remarquer  par  son  élo- 
cjuence  et  son  habileté,  que  le  duc  de  Savoie , 
Charles-Emmanuel  1er,  le  nomma,  en  1581,  juge- 
mage  des  provinces  de  Bresse ,  Bugey ,  Valro- 
mey  et  Gex,  quoiqu'il  n'eût  pas  encore  atteint 
l'âge  légal  de  trente  ans.  Trois  ans  plus  tard,  il 
devint  membre  du  sénat  de  Chambéry.  En  1596, 
sur  la  demande  du  duc  et  de  la  duchesse  de 
Nemours ,  et  du  consentement  du  duc  de  Savoie, 
il  alla  présider  à  Annecy  le  conseil  du  duché, de 
Genevois  ;  il  se  lia  dans  cette  ville  avec  saint 
François  de  Sales,  à  qui  il  dédia  le  tome  XII  de 
son  premier  ouvrage.  Le  saint  et  le  jurisconsulte 
célèbre  s'entendirent  en  1606  pour  fonder  à 
Annecy  V kc^Aévmç, Florimontane,  qui  avait  pour 
devise  entourant  un  oranger:  Flores  fructusque 
perennes.  Malgré  cette  gracieuse  légende ,  cette 
académie  ne  dura  que  jusqu'en  1618.  Favre  rem- 
plit ensuite  diverses  missions  à  Modènc ,  à  Turin 
et  à  Rome,  où  il  fut  ciiargé  de  réclamer,  au  nom 
(]e  la  duchesse  de  Nemours ,  une  partie  de  la 
^nccessjon  du  duc  de  Ferrare.  De  Paris,  oii  il 
vint  à  la  prière  de  la  même  princesse,  qui  l'y 
I  appelait  pour  la  rédaction  d'un  testament,  il  re- 


—  FAVRE 


222 


tourna  en  Savoie  en  1611  pour  y  lever  des  trou- 
pes, et  en  1614  il  se  rendit  à  Turin  à  l'occasion 
de  la  succession  de  Montferrat.  Il  fut  élu  alors 
membre  del'Académie  des  Belles-Lettres  récem- 
ment fondée  dans  cette  ville  par  le  cardinal 
Maurice  de  Savoie.  En  1618  il  fut  chargé,  avec 
saint  François  de  Sales ,  d'aller  conclure  à  Paris 
le  mariage  du  prince  de  Piémont ,  Victor-Amé- 
dée,  avec  Christine  de  France.  En  le  présentant 
à  Louis  XIII,  le  premier  président  du  parlement 
de  Paris  répondit  au  roi,  qui  demandait  si  c'était 
le  président  Favre  dont  il  avait  ouï  parler  :  «  C'est 
lui-même,  sire,  et  je  puis  assurer  votre  majesté 
que  c'est  le  premier  homme  de  l'Europe  pour 
notre  profession ,  un  magistrat  incomparable  et 
le  plus  grand  sujet  de  ce  siècle.  »  La  cour  de 
France  voulait  s'attacher  Favre  :  on  lui  offrit  la 
première  présidence  du  parlement  de  Toulouse. 
Il  refusa,  satisfait  de  la  haute  position  qu'il  occu- 
pait en  Savoie  depuis  1610,  celle  de  président 
du  sénat  de  ce  pays,  où  bientôt  il  reçut  une 
nouvelle  et  éclatante  preuve  de  confiance.  Le 
marquis  de  Lans  ayant  été  envoyé  en  mission, 
Favre  fut  appelé  à  le  remplacer  dans  le  comman- 
dement général  de  la  Savoie  et  des  provinces 
situées  en  deçà  des  monts.  Au  milieu  de  tous 
ces  honneurs ,  de  toutes  ces  dignités ,  il  resta 
pauvre.  11  est  certain  que  son  patrimoine  ne 
s'accrut  pas  au  delà  de  500  livres  de  rente.  Sa 
bienfaisance  était  inépuisable.  Ses  sentiments 
d'ordre  et  d'équité  respirent  dans  son  testament, 
reproduit  par  Taisand.  Favre  a  éclairci  plusieurs 
points  obscurs  de  la  législation.  Il  eut  le  défaut 
de  quelques  écrivains  de  son  temps  ;  une  cer- 
taine subtilité  dans  l'examen  de  quelques  diffi- 
cultés en  matière  de  droit.  On  voudrait  aussi 
plus  de  vigueur  et  de  décision  dans  le  style; 
mais  on  ne  saurait  refuser  à  Favre  une  grande 
érudition.  On  a  de  lui  :  Conjecturarum  Juris 
civilis  Libri  XX;  Lyon,  1580-1581,  in-4°;  — 
De  Erroribus  Pragmaticorum  et Interpretum 
Juris;  Lyon,  1598,  in-4°;  —  Rationalia  in 
Pandectas  ;  Genève,  1604,  in-4''  ;  —  Jurispru- 
deniias  Papinianae  Scientia,  ad  ordinem  Jns- 
titutionum  imperialium  efformata;  Lyon, 
1607,  in-40;  —  Codex  Fabrianus  dejinit'ioninn 
Jorensium  et  reritm  in  senntu  Sahnnriirj 
tractatarum ,  in  novem  libros  distributus, 
secundum  ordinem  titulorum  Codirls;  Lyon, 
1606,  in-fol.  ;  —  De  Montis-Ferrati  Ducatu, 
contra  ducem  Mantuœ ,  pro  duce  Sabaudiœ 
Consultatio  ;  Lyon,  1619,  in-4°;  —  De  Reli- 
gione  tuenda  in  Republica;  Francfort,  1665, 
in-4° ,  avec  les  notes  de  Fritsch.  Outre  ces  traités 
sur  le  droit,  Antoine  Favre  a  composé  quelques 
ouvrages  de  poésie  et  de  morale  ;  en  voici  les 
titres  :  Les  Gardians  et  Maxmin,  ou  Vambi- 
/zoH,  tragédie;  Chambéry,  1589,  in-4'' ;  réim- 
primée à  Lyon,  1596,  in-8°;  —  Entretiens  spi- 
rituels, divisés  en  trois  catégories  de  sonnets; 
Paris,  1602,  in-S";  —  Centurie  de  quatrains 
moraux,  imprimés  d'abord   séparément,,  puis 


223 


FAVRÊ 


2îf4 


avec  ceux  de  Pibrac.  Favre  publia,  en  1603,  les 
Épîtres  morales  d'Honoré  d'Urfé ,  son  ami. 

Talsand,  Fies  des  Jurisconsultes.  —  Denis  Simon,  Bi- 
bliothèque des  Auteurs  du  Droit.  —  Perrière,  Histoire 
du  Droit  romain.  —  Nicéron,  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  des  hommes  illustres,  t.  XIX. 

FAVRE  i Pierre),  Voy.  Lefèvre. 

FAVRE.  Voy.  Vaugelas. 

1  FAVRE  (  Ferdinand  ) ,  homme  politique 
français,  né  en  février  1779,  à  Couvet,  canton  de 
Neufchâtel  (Suisse),  où  sa  famille  s'était  retirée 
par  suite  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
La  révolution  de  1789  ramena  ses  parents  en 
France,  et  en  1793,  à  peine  âgé  de  quatorze 
ans,  il  figurait  parmi  les  défenseurs  de  la  ville 
de  Nantes,  attaquée  par  les  généraux  vendéens. 
En  1814,  il  fut  appelé  comme  officier  dans  la 
garde  nationale.  Après  la  révolution  de  Juillet, 
il  devint  maire  de  Nantes,  et  il  occupait  encore 
ces  fonctions  à  la  révolution  de  février  1848.  Il 
protesta  alors  contre  une  décision  du  commis- 
saire du  gouvernement  provisoire,  qui,  en  le  ré- 
voquant, voulait  faire  entrer  dans  le  conseil  plu- 
sieurs nouveaux  membres  sans  recourir  à  l'élec- 
tion. Bientôt  il  fut  choisi  pour  représentant  à 
l'Assemblée  constituante  par  le  département  de 
la  Loire-Inférieure.  Membre  de  la  réunion  de 
la  rue  de  Poitiers ,  il  fut  réélu  à  l'Assemblée 
législative,  et  y  vota  avec  la  majorité.  A  la  suite 
du  coup  d'État  du  2  décembre  1851,  il  a  été 
envoyé  au  corps  législatif,  par  la  circonscription 
de  Nantes,  comme  candidat  du  gouvernement. 

L.  Loi) VET. 
Biographie  des  Représentants. 
l  FAVRE  (  Jules-Gabriel-Claude  ),  avocat 
et  homme  politique  français,  né  à  Lyon,  le  31 
mars  1809,  d'une  famille  de  commerçants. 
Il  faisait  son  droit  à  Paris,  lorsque  éclata  la  ré- 
volution de  Juillet  1830,  à  laquelle  il  prit  une 
part  active.  Peu  de  temps  après ,  il  débuta  au 
barreau  de  la  capitale.  L'indépendance  de  son  ca- 
ractère, la  nature  acerbe  de  son  talent,  et  le  ra- 
dicalisme de  ses  opinions  lui  acquirent  bien  vite 
une  grande  réputation.  En  1831,  il  plaida  pour 
les  mutuellistesdeLyon;  en  1835,  il  se  présenta 
devant  la  cour  des  pairs  comme  un  des  défen- 
seurs des  accusés  d'avril,  et  commença  sa  plai- 
doirie par  une  énergique  profession  de  foi  ré- 
publicaine. Après  la  révolution  de  Féviier,  il  fut 
nommé  secrétaire  général  du  ministère  de  l'in- 
térieur, et  rédigea  cette  fameuse  circulaire,  tant 
reprochée  à  l'administration  de  M.  Ledru-Rollin, 
portant  la  signature  de  ce  ministre  et  adressée 
aux  commissaires  du  gouvernement  provisoire 
dans  les  départements  pour  les  engager  à  agir 
vigoureusement  dans  l'intérêt  du  nouvel  ordre 
de  choses  et  à  se  servir  hardiment  des  pou- 
voirs dictatoriaux  qui  leur  étaient  conférés.  On 
lui  a  reproché  aussi  les  célèbres  Bulletins 
du  ministère  de  l'intérieur,  qu'on  affichait  alors 
dans  toute  la  France;  mais  on  sait  qu'ils  sont 
d'une  autre  plume,  qui  pour  être  féminine  n'en 
était  pas  moins  passionnée.  Élu  représentant 


à  l'Assemblée  constituante  par  le  département 
de  la  Loire,  M.  J.  Favre  donna  sa  démission  des 
fonctions  qu'il  exerçait  au  ministère  de  l'inté- 
rieur, et  qu'il  regardait  comme  incompatibles 
avec  son  mandat.  Il  pensa  sans  doute  qu'il  n'en 
était  pas  de  même  du  poste  de  sous-secrétaire 
d'État  au  département  des  affaires  étrangères, 
position  qu'il  accepta  de  la  commission  executive, 
mais  qu'il  ne  conserva  pas  longtemps.  Rappor- 
teur de  la  commission  chargée  d'examiner  la 
demande  en  autorisation  de  poursuites  dirigées 
par  MM.  Portails  et  Landrin  contre  MM.  Louis 
Blanc  et  Caussidière,  à  la  suite  de  la  journée  du 
15  mai,  il  donna  sa  démission  quand  l'Assemblée 
eut  rejeté  cette  proposition,  qu'il  approuvait.  II 
prononça  dans  cette  assemblée  un  grand  nombre 
de  discours,  et  soutint  souvent  le  gouvernement 
avec  talent;  mais  on  lui  reprocha  des  form.es 
anguleuses  et  hautaines,  une  fierté  triste  et  pu 
ritaine  qui  ne  pouvait  supporter  la  contradic- 
tion. Il  défendit  alors  la  loi  qui  rétablissait  le 
cautionnement  des  journaux,  et  combattit  vic- 
torieusement les  propositions  de  M.  Proudhon 
Sur  le  préambule  de  la  constitution  il  proposa 
cet  amendement,  qui  ne  fut  pas  adopté  :  «  Elle 
(la  république)  doit  garantir  l'existence  des 
citoyens  par  le  travail  dispensé  dans  les  limites 
de  ses  ressources,  et  par  l'assistance  à  ceux  qui 
sont  hors  d'état  de  travailler.  «  Après  l'élection 
du  président  de  la  répubUque,  M.  J.  Favre  passa 
naturellement  dans  l'opposition ,  et  attaqua  sur- 
tout ouvertement  l'expédition  de  Rome.  H  échoua 
d'abord  aux  élections  pour  l'Assemblée  législa- 
tive ;  mais,  par  suite  de  l'option  du  sergent  Com- 
missaire, il  fut  nommé  à  sa  place  dans  le  dépar- 
tement du  Rhône.  Il  continua  dans  cette  assem- 
blée ses  attaques  contre  la  politique  étrangère  du 
nouveau  gouvernement,  défendit  la  hberté  de  la 
presse,  et  combattit  la  loi  de  déportation,  peine  à 
laquelle  il  tenta  vainement  de  faire  substituer 
celle  du  bannissement.  Élu  membre  du  conseili 
général  dans  les  départements  de  la  Loire  et  du 
Rhône  après  le  coup  d'État  du  2  décembre  1851, 
il  annonça  qu'il  ne  prêterait  pas  le  serment  exigé. 
Reprenant  alors  ses  travaux  du  barreau ,  on  le 
vit  en  1852  plaider  en  police  correctionnelle  pour 
les  magnétiseurs  et  défendre  Bratiano  en  18531 
dans  l'affaire  dite  du  complot  de  l'Opéra-Co-' 
mîque. 

On  a  de  M.  J,  Favre  :  De  la  Coalition  des'\ 
Chefs  d'atelier  de  Lyon;  Lyon,  1833,  in-S";' 
—  Sixième  procès  du  Précurseur,  plaidoyer^ 
de  M.  J.  Favre ;Lyon,  1833,  in-80;  —  Ana-\ 
thème;  Lyon,  1833,  in-8°;  —  Cour  d'assises\ 
de  Méùères  :  affaire  Lavocat  et  de  Boul- 
lenois;  procès  d'un  député  contre  un  élec- 
teur ;  plaidoirie  complète  de  M«J.  Favre; 
Paris,  1847,  in-8°;  —  La  liberté  de  la  presse, 
discours;  Paris,  1849,  in-fol.  ;  —  Mémoire 
pour  M.  et  Mv^-  Mongruel,  somnambules; 
Paris,  1850,  in-8°;  —  Notes  pour  M.  J.  de 
Rovère;  Paris  in-4o,  1852.      L.  Lodvet. 


225 


FAVRE  — 

Biog.  des  Re- 


FAWKES 


226 


Dict.  de  la  Conversation,  S"  édition. 

présentants.       i^_a:  ;     ;  .. 

FAVîN  (  André),  historien  français,  né  à  Pa- 
ris, dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  H 
était  avocat  au  parlement  de  eette  ville  ;  mais 
les  biographes  ne  nous  apprennent  aucune  autre 
circonstance  de  sa  vie.  Il  s'était  occupé  de 
l'histoire  des  antiquités  de  sa  patrie.  On  a  de 
lui  :  Histoire  de  Navarre ,  contenant  l'ori- 
gine, les  vies  et  conquestes  de  ses  roys,  de- 
puis leur  commencement  jusques  à  pré- 
sent, etc.;  Paris,  1612,  in-fol.  (dédié  au  roi 
Louis  Xni);  —  Traictez.  des  premiers  offi- 
ciers de  la  coronne  de  France  soubz  yioz 
roys  de  la  première ,  seconde  et  troisiesme 
lignée;  Paris,  1613,  petit  in-8°  (dédié  au  chan- 
celier de  Sillery)  ;  —  Le  Théâtre  d'Honneur  et 
de  Chevalerie,  ou  l'histoire  des  ordres  mi- 
litaires des  roys  et  princes  de  la  chrestienté, 
et  leur  généalogie;  de  l'institution  des  armes 
et  blasons  ;  roys,  héraulds  et  poursuivants 
d'armes,  duels,  joustes  et  tournois;  Paris, 
1620,  2  vol.  in-4°,  fig.;  rare.  Ces  trois  ouvrages 
ae  s'élèvent  pas  au-dessus  de  la  médiocrité.  Le 
Colomesiana  cite  par  erreur  l'Histoire  de  Na- 
zies, au  lieu  de  l'Histoire  de  Navarre,  par 
Favyn.  E.  Regnard. 

Mnréri,  Dictionnaire  historique. 

FAWATT  (  Guillaume),  guerrier  et  écrivain 
anglais ,  né  à  Shipdenhail,  en  1728,  mort  le 
22  mars  1804.  Il  étudia  dans  une  école  libre  du 
Lancashire,  et  s'appliqua  particulièrement  aux 
mathématiques.  Il  entra  de  bonne  heure  dans  la 
iarrière  militaire,  et  suivit  le  général  Eliot  en 
\Ileniagne  avec  le  grade  d'aide  de  camp.  A  la 
noit  du  général,  il  remplit  les  mêmes  fonctions 
îuprès  du  marquis  de  Granby.  A  son  retour  en 
Angleterre,  après  une  campagne  où  il  s'était  fait 
remarquer  par  sa  valeur,  il  fut  présenté  au  roi 
Georges  II,  à  qui  il  rendit  compte  des  derniers 
ivénements  militaires,  et  il  obtint  le  commande- 
nent  d'une  compagnie  de  la  garde  avec  le  grade 
le  lieutenant-colonel.  11  devint  major  général, 
;n  1777,  lieutenant  général  en  1782,  général  en 
798,  enfin  gouverneur  deChelsea  en  1804.  Tout 
:n  s'acquittant  de  ses  devoirs  militaires,  il  s'était 
>ccupé  de  travaux  littéraires.  On  a  de  lui  :  une 
laduction  anglaise  des  Rêveries  ou  Mémoires 
•  ur  la  guerre  par  le  maréchal  de  Saxe,  sous  ce 
itre  :  The  Rêveries  or  Memoirs  upon  the  art 
[f  war,by  field-marshal  countSaxe;  1757, 
n-4"  ;  -  ■  Régulations  for  the  Prussian  ca- 
Kilry;  ilbl,  traduit  de  l'allemand  ;  — Régula- 
ions  for  the  Prussian  infantry  ;  \lbl,  égale- 
ment traduit  de  l'allemand. 

Centl.  Magaz.,  1804.  —  Faulkner,  Hist.  of  Chelsea. 

*  FAWKES  (Guy),  conspirateur  anglais, exé- 
cuté au  mois  de  janvier  1606.  Il  était  fils  d'É- 
louard  Fawkes,  notaire  à  York  et  archiviste 
le  la  cour  consistoriale  de  la  cathédrale.  On  ne 
ait  rien  de  ses  premières  années  ;  cela  seulement 
;st  certain,  qu'ayant  dissipé  son  patrimoine,  il 

NOUV.    BIOCR.    GÉNÉP..    —.   T.    XVII. 


s'enrôla  dans  l'armée  espagnole  des  Pays-Bas  et 
assista  à  la  prise  de  Calais  par  l'archiduc  Albert 
en  1598.  A  son  retour  en  Angleterre,  il  y  trouva 
les  cathohques  violemment  persécutés.  Une 
conspiration  s'ourdit  :  elle  avait  pour  chefs  Ca- 
tesby  et  Percy.  Fawkes  y  entra  sous  le  nom  de 
Johnson  et  comme  domestique  de  Percy.  Il  y  fut 
affilié  par  Winter,  autre  conjuré,  qui  l'avait 
connu  à  Ostende.  Son  courage,  sa  fidélité  et  son 
expérience  militaire  faisaient  de  lui  \m  précieux 
auxiliaire.  On  ne  lui  révéla  pas  d'abord  le  rôle 
qui  lui  était  destiné  dans  l'action,  une  des  plus 
audacieuses  que  l'on  eût  jamais  conçues.  Il  ne 
s'agissait  de  rien  de  moins  que  de  faire  sauter  le 
parlement  à  sa  première  réunion.  Cependant, 
les  procédures,  qui  se  succédèrent  rapidement 
contre  leurs  corehgionnaires,  imprimèrent  une 
nouvelle  ardeur  aux  conspirateurs.  Ils  s'exhor- 
tèrent l'un  l'autre  à  se  sacrifier,  comme  les  Ma- 
chabées,  pour  la  délivrance  de  leurs  frères,  et 
se  mirent  en  mesure  d'exécuter  le  plan  qui  de- 
vait leur  faire  atteindre  ce  but.  Us  louèrent,  au 
nom  de  Percy,  gentilhomme  pensionnaire  et 
comme  tel  obligé  à  résider  dans  le  voisinage  de 
la  cour,  une  maison  située  auprès  du  vieux 
palais  de  Westminster,  avec  un  jardin  propre  à 
l'exécution  du  complot.  Ils  employèrent  seize 
heures  par  jour  à  pratiquer  une  mine.  Quant  à 
Fawkes,  le  prétendu  domestique  de  Percy,  il 
fut  d'abord  chargé  de  faire  la  garde  autour  de  la 
maison.  La  prorogation  du  parlement  du  7  fé- 
vrier au  3  octobre  fit  ajourner  les  opérations. 
On  se  sépara  immédiatement  pour  aller  passer 
en  famille  les  fêtes  de  INoël,  après  avoir  décidé 
que  l'on  ne  s'enverrait  ni  lettres  ni  messages. 
Cependant,  des  scrupules  s'étaient  élevés  dans 
l'esprit  de  quelques  conjurés  :  ils  se  demandaient 
s'il  leur  était  permis  de  frapper  en  même  temps 
les  innocents  et  les  coupables.  Catesby  leva  ces 
scrupules,  au  moyen  d'une  consultation  prise 
auprès  du  père  Gamet,  jésuite,  pour  un  cas  ana- 
logue, celui  de  la  participation  possible  à  une 
guerre  entreprise  pour  une  cause  juste  et  devant 
fcdre  tomber  des  hommes  parfaitement  étran- 
gers aux  griefs  des  puissances  belligérantes.  La 
nécessité  de  s'affilier  des  personnages  riches , 
tels  que  Everard  Digby  et  Francis  Tresham,  fit 
avorter  le  complot.  Il  paraît  certain  que,  sans 
désigner  ses  comphces,  Tresham  fut  le  révéla- 
teur de  leurs  projets.  Quelque  temps  avant 
l'époque  fixée  pour  l'exécution,  on  donna  avis  à 
plusieurs  conjurés  que  le  complot  était  décou- 
vert ;  mais  Percy  les  raffermit  dans  leur  réso- 
lution. Vint  enfin  le  jour  désigné  pour  l'ouverture 
de  la  session  (  5  novembre  1606).  La  veille  au 
soir,  le  lord  chambellan,  dont  le  devoir  était  de 
s'assurer  de  l'accomplissement  des  préparatifs 
usités,  commença  la  visite  des  bâtiments  où 
devait  siéger  le  parlement,  et ,  accompagné  de 
lord  Monteagle,  il  entra  dans  le  cellier.  11  y  vit 
Fawkes,  qui  s'y  tenait  comme  domestique  de 
Percy  -,  il  lui  fit  observer  que  son  maître  avait 

8 


227 


FAWKES  —  FAYDERBE 


228 


fait  une  grande  provision  de  charbon.  Cette  re- 
marque ne  déconcerta  point  le  conspirateur,  qui, 
après  avoir  averti  Percy,  revint  à  son  poste 
avec  la  détermination  de  se  faire  sauter  en 
même  temps  que  ses  ennemis  à  la  première 
apparence  de  danger.  Le  5  novembre,  à  deux 
heures  du  matin,  le  jour  même  de  l'ouvei'ture 
du  parlement,  Fawkes,  qui  devait  mettre  le  feu 
aux  poudres,  vint  ouvrir  la  cave;  au  même  mo- 
ment il  fut  appréhendé  au  corps  par  sir  Thomas 
Knevet,  magistrat  de  Westminster,  et  une  com- 
pagnie de  soldats.  Il  était  habillé  et  botté  comme 
un  homme  disposé  à  voyager.  On  le  fouilla  ;  on 
trouva  dans  ses  poches  trois  allumettes  ;  dans 
un  coin,  derrière  la  porte,  il  y  avait  une  lantei'ne 
sourde  contenant  de  la  lumière.  Les  recherches 
eurent  lieu  immédiatement;  on  enleva  le  char- 
bon, et  l'on  découvrit  deux  muids  et  trente-deux 
barils  de  poudre.  Quelques  heures  plus  tard, 
Fawkes  comparaissait  devant  le  roi  et  son  con- 
seil. 11  était  ferme  etrecueilU.  «  Son  nom,  disait- 
il,  était  Johnson,  et  Percy  celui  de  son  maître; 
qu'il  eût  ou  nom  des  complices,  c'est  ce  que 
l'on  ne  saurait  jamais  de  lui.  »  Quant  à  son  but, 
il  le  proclama  sans  hésiter  :  il  voulait  détruire 
le  parlement,  cause  unique  des  persécutions  re- 
ligieuses. Puis  il  refusa  de  rien  ajouter  à  ces 
explications.  Cependant,  dans  les  intervalles  des 
interrogatoires,  il  répondait  avec  beaucoup  de 
présence  d'esprit  aux  questions  des  courtisans. 
A  un  noble  écossais,  qui  lui  demandait  pourquoi 
il  avait  amassé  au  même  endroit  une  si  grande 
quantité  de  poudre  :  «  C'est  pour  faire  voler, 
dit-il,  les  mendiants  d'Ecosse  vers  les  monta- 
gnes de  leur  patrie.  «  Au  roi  Jacques,  qui  l'in- 
tei'pellait  sur  les  raisons  qui  l'avaient  pu  porter 
à  vouloir  attenter  à  la  vie  de  tant  de  personnes 
innocentes ,  il  répondit  qu'aux  grands  maux  il 
fallait  de  grands  remèdes. 

Renfermé  à  la  Tour,  et  torturé  jusqu'à  i'ex-^ 
tréraité,  par  ordre  même  du  roi,  il  fut  inébran^ 
lable  et  refusa  de  rien  révéler  avant  que  ses 
complices  se  fussent  dénoncés  eux-mêmes ,  en 
se  présentant  les  armes  à  la  main.  Ils  furent 
en  effet  ou  frappés  à  mort  ou  pris.  La  procé- 
dure de  ceux  qui  étaient  captifs  traîna  en  lon= 
gueur,  à  cause  des  soupçons  que  l'on  avait  au 
sujet  des  jésuites,  présumés  complices.  Enfin,  le 
27  janvier  1606,  les  huit  conjurés  faits  prison- 
niers comparurent  devant  leurs  juges.  Ils  furent 
tous  condamnés,  et  subirent  le  châtiment  édicté 
contre  les  traîti-es.  Sur  l'échafaud  ils  montrèrent 
l'assurance  qu'ils  avaient  déployée  pendant  le 
jugement,  et  Fawkes  ne  se  montra  pas  un  des 
moins  impassibles.  V.  R. 

I-ingard,  HUt.  of  Engl.  —  Librairy  of  Entertaininq 
Knowledge,  criminal  Trials,  II.  —  Hume,  Hist.  of 
Engl. 

FAWKES  {François),  poète  et  polygraphe 
anglais,  né  dans  le  Yorkshire,  vers  1731,  mort 
en  1777.  Il  fut  élevé  au  collège  Jésus  de  Cam- 
bridge ,  où  il  fut  reçu  maîtreès  arts.  Il  entra 


ensuite  dans  les  ordres,  devint  curé  de  Bramham, 
et  plus  tard  vicaire  d'Orpington.  En  1774  il  fut 
nommé  recteur  de  Hayes.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  Bramham  Park ,  [ioëme  descrip- 
tif; 1745;  —  The  poetical  Calendur  ;  —  The 
poetical Magazine,  en  collaboration  avec  Yoty; 
—  'des  traductions  d'écrivains  classiques ,  tels 
que  Anacréon ,  Sapho,  Bion,  Moschas,  Mu- 
sxus  ;  1760;^  Théocrite :  ilGl ;  —  Apolla- 
nius  de  Rhodes,  œuvre  posthume,  publiée  par 
Meen;  1780. 
Aikin,  Gen.  fjiog.  — i  Nichols,  Lit.Jnecd. 

FAXAKDO  {Diego  ).  Voy.  Saa.vedra. 

FAY(Dtj).  Vorj.  DUFAY. 

IvhY  {André),  poète  hongrois,  néàKobany, 
le  30  mai  1786.  Il  étudia  le  droit  et  la  philoso- 
phie, devint  avocat,  puis  juge  à  Pesth.  Le  mau- 
vais état  de  sa  santé  l'obligea  de  renoncer  h. 
ses  fonctions.  Il  se  livra  alors  à  l'étude  des 
belles-lettres.  La  politique  l'occupa  également  : 
il  fut,  jusqu'à  l'apparition  de  Kossuth  sur  cette 
scène  agitée  (  1840),  l'orateur  de  l'opposition 
dans  le  comifat  de  Pesth.  Plus  tard ,  dans  la 
mesure  de  ses  forces,  il  ne  cessa  pas  d'être  l'un 
des  représentants  de  la  cause  nationale  et  li- 
bérale, en  même  temps  qu'il  fut  le  promoteur 
d'un  grand  nombre  de  mesures  utiles.  C'est 
ainsi  qu'il  contribua  à  la  fondation  d'un  théâtre 
national  et  de  la  caisse  d'épargne  de  Pesth- 
Ofen;  qu'il  devint  directeur  de  la  Société  in- 
dustrielle ,  de  la  Société  des  Arts,  enfin  de  l'Aca- 
démie des  Sciences.  Il  a  publié  un  grand  nombre 
de  poèmes  et  d'écrits  en  langue  hongroise.  Ses 
œuvres  littéraires  ont  paru  à  Pesth,  1843-1844, 
huit  volumes  în-8°. 

Convemations-Lexicon. 

*FAYAîiia  {Henri),  médecin  français,  vivait 
dans  le  Limousin  au  milieu  du  seizième  siècle.  li 
publia  à  Limoges,  en  1548,  une  traduction  du 
traité  de  Galien  Sur  la  Faculté  de%  simples 
médicamans ,  in=8o.  Ce  volume ,  devenu  foii; 
rare,  se  recommande  aux  curieux  par  l'origina- 
lité de  l'orthographe  et  de  la  diction  ;  elle  est 
plutôt  grecque  et  latine  que  française;  on  croi- 
rait entendre  l'écolier  limousin  dont  Rabelais 
s'est  tant  moqué.  G.  B. 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  impériale. 

*  FAYDERBE   OU   FAY    D'HEKKE   {LîCCas),' 

sculpteur  belge,  né  à  Malines ,  le  30  janvier 
1617,  mort  dans  la  m.ême  ville,  le  31  décembre 
1694(1).  11  fut  élève  de  Rubcns  pendant  trois 
années,  et  exécuta  à  Anvers ,  pour  le  cabinet 
de  son  maître,  et  d'après  ses  propres  dessina, 
de  remarquables  travaux  en  ivoii'e  et  en  mar« 
bre,  qui  passèrent  plus  tard  dans  la  galerie  de 
l'électeur-palatin.  Fayderbe  s'adonna  à  la  sculp- 
ture, et  vint  s'établir  dans  sa  ville  natale,  qu'il 
ne  quitta  plus.  Il  exécuta  d'abord  la  statue  # 
Notre- Vame  pour  l'église  du  Béguinage  àMar 
lines  ;  puis  l'un  des  plus  beaux  morceaux  qui  sop 

(1)  La  Biographie  générale  des  Belges  prolonge  fi 
vie  de  Fayderbe  jusqu'en  1C97. 


229  FAYDERBE 

tirent  de  son  ciseau,  une  fontaine  d'après  une 
estampe  de  Rubens  ,  représentant  Triton  en- 
touré de  trois  naïades  et  d'un  génie.  Fay- 
derbe  devint  un  des  meilleurs  architectes  de 
son  temps  :  il  fit  bâtir,  en  1678,  l'église  de  Notre- 
Dame  d'Hanswyck  à  Malines,  dont  le  dôme, 
d'une  construction  pleine  de  hardiesse,  fut  orné 
par  l'artiste  de  deux  magnifiques  bas-i'eliefs  re- 
présentant V Adoration  des  Bergers  et  le 
Portement  de  la  Croix.  Il  construisit  aussi 
l'église  du  collège  des  Jésuites ,  à  Malines,  et 
embellit  de  véritables  chefs-d'œuvre  l'église  mé- 
iropolitaine  de  Saint-Rom  haut.  On  y  voit  de  lui 
le  Maître  autel;  le  Tombeau  de  V archevêque 
André  Creusen;  Saint  Charles  Borromée  et 
Saint  Joseph.  Il  se  maria  en  1640,  avec  Marie 
Suyers,  qui  lui  donna  six  garçons  et  autant  de 
filles.  Il  exécuta  depuis  les  statues  de  Saint  Si- 
mon et  de  Saint  Jacçws,  placées  dans  la  grande 
nef  de  l'église  Sainte-Gudule,  à  Bruxelles,  et  le 
f^roupede  marbre  de  Saint  Joseph  et  l'Enfant- 
Jésus  dans  l'église  de  la  même  ville.  Un  grand 
nombre  de  ses  statues ,  bas-reliefs ,  mauso- 
lées, etc. ,  se  trouvent  dans  les  principales  villes 
de  la  Belgique. 

Biographie  f/énerale  des  hchies. 

FAYBiT  (  Pie?ve),  controversiste  et  critique 
français,  né  à  Riom(  Auvergne),  dans  la  pre- 
mière partie  du  dix-septième  siècle,  mort  en 
1709.  D'abord  prêtre  de  l'Oratoire,  il  fut  ren- 
voyé de  cette  congrégation  en  1671,  pour  avoir 
publié  un  ouvrage  cartésien,  De  Mente  hu- 
mana ,  malgré  la  défense  de  ses  supérieurs. 
Faydit,  né  avec  un  esprit  ardent  et  singulier,  ne 
tarda  pas  à  faire  du  bruit  dans  le  monde.  Au 
moment  le  plus  vif  de  la  querelle  du  pape  Inno- 
cent XI  avec  le  cour  de  France,  Faydit,  dans  un 
sermon  sur  saint  Polycarpe,  prêcha  contre  Inno- 
cent XI  et  compara  sa  conduite  envers  la  France 
à  celle  du  pape  Victor  envers  les  évêques  asia- 
ti<]ues.  11  se  réfuta,  dit-on,  lui-même  dans  un 
autre  sermon,  publié  à  Liège.  11  répliqua  à  cette 
réfutation,  en  faisant  imprimer  à  Maëstricht,  en 
1687,  l'extrait  de  son  premier  sermon ,  ayec 
les  preuves  des  faits  qui  y  sont  avancés.  Un 
Traité  sur  la  Trinité,  dans  lequei  il  semblait 
favoriser  le  trithéisme,  le  fit  enfermer,  en 
1696,  à  Saint-Lazare,  emprisonnement  qui  ne 
le  corrigea  pas  de  la  manie  d'écrire  d'une  ma- 
nière grotesque  sur  des  sr^ets  sérieux.  Il  reçut 
alors  l'ordre  de  se  retirer  dans  sa  ville  natale ,  où 
il  continua  de  composer  des  ouvrages  ridicules 
et  de  plaisanter  de  tout,  même  de  la  mort,  sur 
laquelle  il  fit  des  épigrammes.  Oiitre  les  ouvra- 
ges mentionnés  plus  haut,  on  a  de  lui  :  Mémoi- 
res contre  les  Mémoires  de  l'histoire  ecclésias- 
tique de  Benain  de  Tillemont  ;  Bâle,  1695, 
in-4o ,  publiés  sous  le  nom  anagrammatique  de 
Datif  II  de  Tiomi  ;  —  Ba  Télécomanie ,  o?<  la 
censure  et  critique  dtc  roman  intitulé  :  Les 
Aventures  de  Télémaque;  Éleuthéroplc ,  Pierre 
Pliilajfethc,   I700,in-12.  C'est  une  burlesque 


FAYE  saO 

et  grossière  satire  du  chef-d'œuvre  de  Féne- 
lon;  1700,  in-12;  —  Supplément  fies  Essais 
de  Littérature  pour  la  connaissance  des  li- 
vres; Paris,  1703  et  1704  ;  6  parties  in-12  ;  — 
Remarques  sur  Virgile,  sur  Homère  et  sur 
le  style  poétique  de  V Écriture  Sainte  ;  Pai'is, 
1705-1710,  2  vol.  in-12. 
iMoréri,  Grand  Dictionnaire  historique. 
FAYDIT.    VOIJ.  Faidit. 

*FAYE  {Jean  de),  prélat  français,  né  dans 
la  seconde  moitié  du  douzième  siècle,  d'une  fa- 
mille noble  de  Touraine,  mort  le  23  ou  le 
26  avi-il  1228.  Il  était  doyen  de  l'église  cathédrale 
de  Tours,  quand,  en  l'année  1208,  il  fut  appelé 
sur  le  siège  métropolitain  de  cette  ville  par  la 
majorité  des  évoques  suffragants.  Ce  fut  toute- 
fois une  élection  orageuse,  car  un  grand  nombre 
de  suffrages  se  portèrent  sur  Robert  de  Vitré, 
chantre  de  l'église  de  Paris  ;  et  la  mort  presque 
subite  de  Robert  décida  seule  le  choix  d'Inno- 
cent in,  qui  ne  savait  trop,  en  la  présence  des 
deux  compétiteurs,  à  quelles  mains  confier  le 
pallium.  L'ordination  de  Jean  de  Fayc  se  fit  en 
1209,  par  les  soins  d'Hamelin,  évêquedu  Mans, 
Ce  fut  un  archevêque  fort  occupé.  On  trouve 
son  nom  dans  un  grand  nombre  de  chartes  re- 
latives à  l'administration  ecclésiastique  de  sa 
province  :  en  outre,  en  ces  temps  pleins  de  tu- 
multes civils,  il  fut  souvent  prié  par  les  souve- 
rains pontifes  d'intervenir  dans  les  affaires  inté- 
rieures de  la  France,  de  laBi'etagne  et  même  de 
l'Angleterre.  Les  lettres  qu'il  reçut  d'Honorius  III 
se  trouvent  pour  la  plupart  dans  le  tome  XIX 
du  Recueil  des  Historiens  de  France;  mais 
on  en  peut  lire  plusieurs,  qui  n'ont  pas  en- 
core vu  le  jour,  parmi  les  précieuses  copies 
faites  à  Rome  par  La  Porte  du  Theil  (  Bibl. 
impér.,  département  des  mss.).  C'est  Jean  de 
Fayc  qui  introduisit  les  Minimes  dans  la  ville  de 
Tours.  11  eut  de  grands  démêlés  avec  Maurice, 
évêquedu  Mans,  qu'il  suspendit  de  ses  fonctions 
])astorales ,  et  excommunia  Pierre  Mauclerc ,  à 
cause  des  persécutions  qu'il  avait  exercées  contre 
Étieiuie,  évêque  de  Nantes.  B,  H. 

Maan,  Scinda  Metropo!.  Turonensis,  p.  133.  —  Ber, 
Callic.  Scriptorcs,  t-  XIX.  —  Epistolx  Honorii  III ; 
dans  la  coUection  de  I,a  Porte  du  Theil.  —  Moricius, 
i'robaf.  Hist.  Brit.,  t.  I.  —  Baluzius,  Epist.  Innocen- 
ta 111,  lib.  XI.  -  Gallia  christ.,  X.  XIV. 

FAYE  (^arf/j^Zem?/),  sieur  d'EsPEissES,  jn. 
risconsulte  lyonnais ,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Sa  famille  était  une 
des  plus  anciennes  du  Lyonnais.  Nommé  con- 
seiller au  parlement  de  Paris,  il  s'acquitta  do 
ces  fonctions  en  magistrat  expérimenté.  Pins 
tard  il  fut  appelé  à  la  présidence  de  la  chambre 
des  enquêtes.  C'est  à  lui  que  sont  dédiés  les 
deux  premiers  livres  des  Observations  de  Cu- 
jas.  On  a  de  Fayc  :  Energumenicus  et  Alexïa- 
eus  ;  Paris,  1571,  in-8°, 
Cujas,  Opéra. 

FAYE  (  Jacques  ) ,  seigneur  d'EsPEissES,  fils 
du  précédent,  homme  d'État  et  jurisconsulte 

S. 


231 


FAYE  —  FAYET 


232 


français,  né  à  Paris,  en  1543,  mort  à  Senlis,  le 
30  octobre  1590.  Après  une  jeunesse  dissipée, 
il  s'attaclia  au  duc  d'Anjou,  depuis  Henri  III, 
et  devint  son  maître  des  requêtes.  Il  accompa- 
gna ce  prince  en  Pologne.  Après  la  mort  de 
Charles  IX,  il  fut  dépêché  en  France  pour  y 
annoncer  le  prochain  retour  d'Henri  III ,  et  re- 
mettre à  Catherine  des  lettres  de  régence. 
Henri  III,  assuré  de  la  couronne  de  France, 
songea  à  conserver  celle  de  Pologne,  et  confia  à 
Jacques  Faye  le  soin  d'aller  gagner  les  palatins 
polonais.  Faye  se  donna  beaucoup  de  mouve- 
ment, et  déploya  une  grande  habileté  pour  rem- 
plir cette  difficile  mission.  Un  moment  il  crut 
avoir  réussi,  et  un  éloquent  discours  latin,  qu'il 
prononça  à  la  diète  de  Stendzic,  sembla  faire  pen- 
cher la  balance  du  côté  d'Henri  lU  ;  mais,  après 
plusieurs  mois  de  discussions,  le  parti  contraire 
l'emporta.  De  retour  en  France,  Faye  fut  ré- 
compensé de  son  zèle  par  la  place  de  maître  des 
requêtes  au  conseil  d'État.  Il  acheta  peu  après 
la  charge  d'avocat  général  au  parlement  de  Pa- 
ris..Dans  cette  position,  que  les  circonstances 
politiques  rendaient  très-difficile ,  Faye  montra 
une  grande  décision  de  caractère  et  une  rare 
fidélité  à  Henri  III.  Moins  savant  peut-être  que 
la  plupart  de  ses  collègues,  il  l'emportait  sur  eux 
par  son  éloquence  précise,  ferme,  allant  droit 
au  but,  sans  s'embarrasser  de  citations  pédan- 
tesques  et  de  redondances  oratoires.  «  Notre 
parler,  disait-il,  doit  être  mâle,  habillé  de  court 
comme  les  hommes,  et  non  de  long  comme  les 
femmes.  «  Après  la  journée  des  Barricades ,  il  sui- 
vit Henri  IH  à  Tours,  et  fut  nommé  président  à 
mortier.  Aux  états  de  Blois ,  il  s'opposa  très-vi- 
vement'à  l'admission  en  France  des  décrets  du 
concile  de  Trente ,  sous  prétexte  que  ces  dé- 
crets étaient  moins  l'œuvre  du  concile  que  celle 
de  la  cour  de  Rome.  «  Pendant  que  le  concile 
délibère  à  Trente ,  disait-il ,  tout  se  décide  à 
Rome.  Les  honnêtes  gens  sont  indignés  et  s'é- 
crient ;  Le  Saint-Esprit  ne  réside  donc  pas  à 
Trente,  puisque  chaque  semaine  on  l'envoie  de 
Rome  en  valise.  »  L'assassinat  du  duc  de  Guise, 
acte  que  Faye  désapprouva  tout  en  restant  fidèle 
à  Henri  III,  consomma  la  rupture  entre  la  Ligue 
et  le  parti  royaUste.  Le  parlement  resté  à  Paris 
destitua  Faye  :  celui-ci  travailla  et  réussit  à 
constituer  à  Tours  un  parlement  rival  de  celui 
de  Paris.  Il  en  fut  le  président.  Il  usa  aussi  de 
toute  son  influence  sur  le  roi  pour  le  rapprocher 
d'Henri  de  Navarre ,  et  fut  un  des  premiers  à 
se  rallier  à  ce  prince  après  l'attentat  de  Jacques 
Clément.  U  suivit  Henri  IV  au  siège  de  Paris, 
et  déploya  à  cette  occasion  l'intrépidité  d'un  ca- 
pitaine aussi  bien  que  la  fermeté  d'un  magistrat. 
Atteint  d'une  fièvre  mahgne,  il  fut  ti'ansporté  à 
Senlis,  où  il  mourut,  à  l'âge  de  quarante-six  ans. 
«  Faye,  dit  Loisel,  était  unhommede  grand  sens 
et  d'une  profonde  doctrine,  joints  à  une  mer- 
veilleuse éloquence  ;  il  négligeait  les  formalités  de 
Justice,  en  quoi  il  se  trompait;  mais   il  avait 


d'ailleurs  tant  de  belles  qualités,  que  ce  défaut 
était  supportable  à  son  égard.  »  On  a  de  lui  : 
Avertissement  sur  la  réception  et  la  publica- 
tion du  concile  de  Trente.  Cette  pièce,  publiée 
en  1583,  a  été  insérée  dans  les  Mémoires  deDu- 
plessis-Mornay,  t.  I^",  dans  la  Bibliothèque 
canonique  de  Bouchel,  et  dans  Y  Histoire  de  la 
réception  du  concile  de  Trente,  par  l'abbé 
Mignot,  t.  II;  —  des  Lettres  de  Faye  et  le  Bis- 
cours  latin  qu'il  prononça  à  la  diète  de  Stend- 
zic se  trouvent  dans  l'ouvrage  publié  par  son 
fils,  Charles  Faye,  sous  le  titre  de  Recueil  de  di- 
verses pièces  servant  à  l'histoire;  Paris, 
1635,  in-8''. 

GWlot, Lettre  sur  la  vie  de  Jacques  Faye  ;  dans  le  Be- 
cueil  de  diverses  pièces.  —  Loisel,  Opuscules.—  Pasquier, 
Lettres.  —  DeThoH,  Historia,  1.  XCV.  —  Talsand,  p-ies 
des  plus  célèbres  Jurisconsultes.  —  Le  Cic  Ed.  Faye, 
Trois  Jurisconsultes  célèbres  au  seizième  siècle. 

FAYE  (Charles ) ,  sieur  d'EsPEissES,  négocia- 
teur français ,  fils  du  précédent,  né  à  Paris,  vers 
1577,  mort  le  5  mai  1638.  Il  fut  conseiller  au 
parlement  de  Paris  et  ambassadeur  en  Hollande. 
On  a  de  lui  :  Mémoires  sur  les  événements  du 
temps,  de  1607  à  1609;  Paris,  1632,  in-8°.  Les 
Négociations  diplomatiques  de  Charles  Faye 
forment  six  vol.  in-fol.,  et  se  trouvent  à  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris. 

Le  P.  Lelong,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

FAYE  (  Charles),  controversiste  français, 
oncle  du  précédent ,  vivait  vers  la  fia  du  sei- 
zième siècle.  Il  était  conseiller-clerc  du  parle- 
ment de  Paris,  abbé  de  Saint-Fuscien  et  archi- 
diacre de  Notre-Dame.  On  a  de  lui  :  Discours 
des  raisons  et  moyens  contre  les  bulles  mo- 
nitoriales  de  Grégoire  XIV;  Tours,  1591-1593, 
in-8°.  On  lui  attribue  une  réponse  à  l'écrit  de 
Génébrard  sur  V Excommunication ,  etc. 

Le  P.  Lelong ,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

FAYE  (La).  Voy.  La  Faye. 

FAYEL.  Voy.  CoucT  et  Vergy. 

*  FAYET  {Pierre),  historien  français,  né 
vers  1545.  Il  était  fils  d'Antoine  Fayet,  sieur  de 
Maugarny,  conseiller  du  roi  et  trésorier  extraor- 
dinaire des  guerres ,  et  il  exerça  l'emploi  de 
greffier  de  la  prévôté  d'Étampes.  On  lui  doit 
l'ouvrage  publié  par  M.  Victor  Luzarche  sous  le 
titre  suivant  :  Journal  historique  de  Pierre 
Fayet  sur  les  troubles  delà  Ligue  ;  Tours,  1852, 
in-8°,  tiré  à  150  exemplaires  seulement.  Les  inci- 
dents domestiques  de  la  vie  de  l'auteur  y  sont  ra- 
contés, en  même  temps  que  les  plus  grands  évé- 
nements du  seizième  siècle ,  avec  une  naïveté  qui 
n'est  par  sans  charme.  Le  manuscrit  de  Fayet,  que 
n'ont  point  cité  les  auteurs  de  la  Bibliothèque 
historique  de  la  France ,  a  été  acheté ,  en 
1850 ,  à  la  vente  de  la  bibhothèque  de  Villenave, 
dans  le  catalogue  de  laquelle  il  est  décrit  sous 
le  n»  1610.  E.  R. 

Préface  de  l'éditeur,  en  tête  du  Joum.  hist.  de  P. 
Fayet. 

FAYET  {Jean-Jacques),  prélat  français,  né 
à  Mende,  le  26  juillet  1787,  mort  le  4  avril  1849. 


233 


FAYET  —  FAYOLLE 


234 


Son  père,  d'abord  avocat  au  bailliage  du  Gévau- 
dan,  puis  juge  de  paix  de  Mende,  n'échappa 
à  la  mort  lors  de  la  révolution  qu'en  se  cachant 
longtemps  dans  un  four.  Le  j  eune  Fayet ,  qui  avait 
alors  six  ans,  passa  chez  une  tante  les  funèbres 
jours  de  la  terreur.  A  dix  ans ,  on  le  fit  entrer 
chez  un  instituteur  de  Lyon,  qui  eut  depuis  pour 
élève  M.  de  Lamartine.  Il  vint  ensuite  à  Paris 
étudier  le  droit,  et  se  fit- recevoir  licencié.  Destiné 
par  son  père  à  des  fonctions  qui  ne  lui  convenaient 
point,  il  prit  la  résolution  d'entrer  à  Saint-Sulpice. 
Après  avoir  reçu  les  ordres  mineurs  et  le  sous- 
diaconat,  on  le  chargea  de  l'œuvre  des  caté- 
chismes de  Saint-Sulpice,  très-renommés  à  cette 
époque.  C'est  lui  qui  dirigea  le  premier  les  ca- 
téchismes de  persévérance,  qu'on  appelait  l'A- 
cadémie. En  1811  Fayet  fut  ordonné  prêtre  par 
l'évêque    de  Mende,  qui  l'avait  appelé  dans 
son  diocèse    pour    lui    confier    l'organisation 
de  catéchismes  semblables  à  ceux  qu'il  avait 
dirigés  à  Paris.  L'abbé  Fayet  quitta  Mende,  où  il 
rentra  pour  professer  le  dogme ,  après  un  sé- 
jour de  deux  ans  à  Quézac  en  qualité  de  vi- 
caire. Il  était  principal  du  collège  de  Mende 
lors  des  événements  de  1814  et  1815.  Ses  com- 
patriotes le  placèrent  à  la  tête  de  l'administra- 
tion civile  ;  il  sut  se  rendre  utile  dans  ces  diffi- 
ciles conjonctures,  et   par  son  énergie  il  put 
maintenir  l'oi'dre  dans  un  département  où  les 
esprits  étaient  surexcités.  Pour  le  récompenser 
de  ses  services ,  le  duc  d'Angoulême  le  nomma 
chevalier  de  la  Légion  d'Honneur.  L'œuvre  des 
missions  venait  d'être  créée  ;  l'abbé  Fayet  fut  un 
de  ceux  qu'on  choisit  pour  aller   évangéliser 
dans  la  province.  La  Touraine,  Clermont  et  Bor- 
deaux reçurent  successivement  de  sa  bouche 
les  enseignements  de  l'Église.  Rentré  à  Paris,  il 
coopéra    avec  de    Bonald,    Lamennais,    Cha- 
teaubriand, etc.,  à  la  fondation  du  journal  Le  Con- 
servateur, publication  dirigée  contre  le  ministère 
Decazes.  De  là  il  alla  à  Rouen  pour  y  remplir 
les  fonctions  de  grand- vicaire  ;  puis  il  fut  nommé 
professeur  de  morale  à  la  Faculté  de  théologie. 
Mais  un  brevet  d'inspecteur  général  des  études, 
qu'il  devait  à  Frayssinous,   le    fit  revenir    de 
Rouen.  Ayant  cherché  en  cette  qualité  à  faire 
élever  au  rang  de  collège  royal  le  collège  muni- 
cipal de  Mende,  les  habitants  de  cette  ville ,  dans 
leur  reconnaissance ,  lui  proposèrent  de  les  re- 
présenter à  la  chambre  des  députés.  L'abbé  Fayet 
lit  sa  profession  de  foi,  dans  laquelle  il  ne  crai- 
gnit pas  de  dire  que  la  «  monarchie  s'engageait 
dans  des  écueils  ».  Combattue  par  le  pouvoir, 
cette  élection  tourna  à  son  avantage  ;  au  second 
tour  de  scrutin,  il  obtint  la  majorité.  Mais  il  se 
désista,  on  n'a  pas  dit  pourquoi,  en  faveur  du 
lieutenant  général  Brun  de  Villeret.  Ici  l'abbé 
Fayet   disparut  pendant  quelque  temps.   Des 
bruits  scandaleux  avaient  couru  sur  son  compte; 
il  les  laissa  passer,  et  alla  s'enfermer  à  la  Trappe. 
Vers  la  fin  de  1832,1e  prince  deCroï,  cardinal- 
archevêque  de  Rouen,  lui  confia  l'administration 


de  son  diocèse.  Il  est  de  notoriété  pubUque  que  les 
mandements  du  cardinal  (  lui-même  ne  s'en  ca- 
chait pas  )  étaient  écrits  par  le  grand-vicaire.  Ces 
instructions  pastorales  ont  été  beaucoup  remar- 
quées à  l'époque  où  elles  parurent.  Curé  de  Saint- 
Roch  vers  1841,  Fayet  ne  tarda  pas  à  être  promu 
à  l'cpiscopat,  et  devint  évêque  d'Orléans  en  1842. 
Ce  diocèse  lui  doit  l'érection  d'un  petit  séminaire. 
Il  fut  un  des  évêques  qui  cherchèrent  à  s'opposer 
à  la  réforme  des  bréviaires  non  conformes  à  celui 
de  Rome,  proposée  par  dom  Guéranger.  Sa  polé- 
mique contre  le  supérieur  des  Bénédictins  de  So- 
lesme  fut  loin  d'être  victorieuse.  L'introduction 
depuis  cette  époque  du  bréviaire  romain  dans  un 
grand  nombre  de  diocèses  a  infirmé  son  opinion, 
qui  n'a  plus  d'ailleurs  qu'un  petit  nombre  d'adhé- 
rents. En  1848  le  département  de  la  Lozère 
nomma  Fayet  un  de  ses  représentants  à  l'Assem- 
blée nationale.  Il  n'y  brilla  point,  si  ce  n'est  par 
des  mots  spirituels,  qui  lui  ont  fait  une  cer- 
taine célébrité.  Il  est  mort  du  choléra,  au  mo- 
ment où  l'Assemblée  nationale  allait  terminer  sa 
session.  Fayet  a  joui  longtemps  d'une  grande 
réputation  comme  orateur  chrétien  ;  il  paraît  qu'il 
fut  vraiment  éloquent.  On  a  de  lui  :  Examen 
impartial  de  l'avis  du  Conseil  d'État  tou- 
chant la  lettre  de  M.  le  cardinal  de  Cler- 
mont-Tonnerre.  A.  R. 

L'Ami  de  la  Religion.  —  Biographie  du  Clergé  con- 
temporain. —  Biographie  impartiale  des  Représentants 
du  'peuple  à  l'Assemblée  nationale.  —  Renseignements 
particuliers, 

FAYETTE  (La.).   Voy.  La  FayETTE. 

*  FAYEW  (/ea>i),  médecin,  géographe  et  poète 
français,  né  à  Limoges,  au  seizième  siècle.  Avec 
une  réserve  digne  de  l'avare  de  Molière ,  il  signa 
le  fameux  procès- verbal  de  conciliation  entre  les 
médecins  de  Limoges  :  «  Sans  préjudice,  dit-il, 
des  droictz  de  préférence  qui  me  sont  acquis 
depuis  la  mort  de  feu  monsieur  Paris  de  Buat.  » 
Il  prit  fait  et  cause  pour  Chabodie  dans  la  grande 
querelle  de  ce  dernier  avec  Jean  David  (  voy.  ce 
nom).Fayen  estauteur  de  Poésies  latines  et  fran- 
çaises etd'xme  Carte  du  Limousin,  enrichie  d'un 
plan  de^  Limoges  fortifiée ,  avec  des  remarques 
sur  les  mœurs  et  coutumes  de  ce  pays.  Cette 
carte  a  eu  de  nombreuses  éditions,  dont  une  ren- 
ferme ces  vers  de  Blanchon  Joachim  : 

Homère,  Déraosthène  et  Archimède  ensemble, 
Lyraogcs  a  nourri,  où  la  vertu  s'assemble  ; 
Muret,  Dorât.  Fayen,  trois  excellents  esprits  : 
Muret  son  Démosthène,  et  Dorât  son  Homère; 
Fayen,  son  Archimède,  ayant  sa  ville  mère. 
Sa  province  et  son  plan  heureusement  compris. 
Martial  Acdoin. 

Deuxième  Registre  consulaire  de  Limoges.  —Auguste 
du  Boys  et  l'abbé  Arbellot ,  Biog.  des  Hom.  il/usf.  du 
Limousin. 

FAYOLLE  {François-Joseph-Marie  ) ,  poète, 
éditeur,  musicien ,  littérateur,  critique  et  mathé- 
maticien français,né  à  Paris,  le  1 5  août  1 77  'i ,  mort 
dans  la  môme  ville,  le  2décembro  1852.  Il  était  fils 
d'un  dentiste.  Après  avoir  fait  à  Juilly  d'excel- 
lentes études ,  le  jeune  FayoUe  étudia  avec  succès 


235 


FAYOLLE 


les  sciences  exactes  sous  Lagrange ,  Prony  et 
Monge ,  lors  de  la  formation  de  l'École  centrale 
des  Travaux  publics  (depuis|École  Polytechnique), 
où  il  fut  admis  comme  élève  en  1794.  Cependant, 
il  préféra  se  livrer  exclusivement  à  la  littérature, 
et  publia  plusieurs  éditions  assez  correctes  de 
certains  poètes  de  second  ordre  pour  les  éditions 
stéréotypes  de  Didot,  presque  toutes  précédées 
de  ses  notices.  Fayolle,  doué  d'une  imagination 
fort  vive  ,  étudia  aussi  la  musique  avec  ar- 
deur, et  sou  talent  sur  le  violon  et  le  violon- 
celle lui  valut  bientôt  la  réputation  d'un  ama- 
teur distingué.  C'est  à  cette  époque  (  1809)  qu'il 
traduisit  ou  plutôt  fit  traduire  de  l'allemand , 
selon  M.  Fétis,  qui  lui  reproche  de  nombreux 
contre-sens,  le  Dictionnaire  historique  des 
Compositeurs  célèbres ,  ouvrage  estimé  d'Er- 
nest-Ludwig  Gerber.  Fayolle  ajouta  au  texte 
original  plusieurs  notices  sur  les  musiciens  fran- 
çais. Il  avait  proposé  à  Choron ,  son  ancien 
condisciple ,  de  s'associer  pour  la  publication  de 
ce  dictionnaire;  mais  celui-ci  n'y  prit  qu'une 
part  très-minime ,  plus  estimée  que  celle  de  son 
collaborateur.  Fayolle,  qui  avait  mal  administré 
sa  fortune,  se  vit  forcé,  en  1820,  de  passer  en 
Angleterre ,  où  il  vécut  du  produit  de  ses  leçons 
de  mathématiques,  de  musique  et  de  littérature , 
tandis  que  ses  créanciers  faisaient  vendre  sa  belle 
bibliothèque  et  sa  riche  collection  d'instruments. 
En  l'année  1829,  il  rentra  dans  sa  patrie,  et  à 
l'aide  des  minces  ressources  qu'il  s'était  faites , 
il  put  se  retirer  dans  la  maison  de  Sainte-Per- 
rjne ,  à  Chaillot,  où  il  mourut.  Fayolle,  dont  la 
mémoire  était  très-meublée,  avait  la  repartie 
prompte  et  son  esprit  avait  généralement  l'allure 
frondeuse.  Cette  disposition  naturelle  avait  en- 
gendré chez  lui  la  singulière  manie  de  faire  des 
distiques  sur  tout  et  à  propos  de  tout.  On  a  de 
Fayolle  :  Discours  en  vers  sur  la  Littérature  et 
les  Littérateurs  ;  1 80 1 ,  in-8°;  réimprimé  en  1 8 1 4  ; 

—  Les  Quatre  Saisons  dit  Parnasse,  recueil  de 
prose  et  de  vers;Paris, 1805-1809,  16vol.  in-l2; 

—  L'Esprit  de  Rivarol;  Paris,  1808,  in-1 2  (an- 
onyme); —  Dictionnaire  des  Musiciens;  1810- 
1812,  2  vol.  in-8"  :  il  y  a  des  exemplaires  portant 
la  date  de  1817>  mais  c'est  la  même  édition,  dont 
le  frontispice  seul  a  été  changé  :  —  Petit  Ma- 
gasin  des  Dames;  1802-1810,  8  vol.  in-8°;  — 
Notices  sur  Corelli,  Tartini,  Gaviniès,  Pu- 
gnani  et  Viotti;  1810,  in-8o  :  ces  notices  sont 
détachées  d'une  Histoire  du  Violon,  que  l'auteur 
avait  commencée  et  qu'il  n'acheva  point;  — 
Notice  sur  la  Vie  et  les  Ouvrages  de  Colar- 
deau;  (Paris,  1811),  in-8°;  -^  Dialogue  des 
Morts:  Racine  et  M^ne  dp,  sévigné ;  sur  l'O- 
pinion; Paris,  1814 ,  in-8°  (anonyme )  ;  —  Es- 
prit de  Sophie  Arnould;  Paris,  1813,  in- 12 
(anonyme);  — Le  Génie,  ode;  Paris,  1814, 
in-8°,  tirée  à  100  exemplaires  seulement,  et  non 
livrée  au  commerce;  —  Le  Goilt ,  ode;  1814, 
in-8°;  —  Pour  et  contre  Delille,  oit  recueil 
des  divers  jugements  j^ortés  sur  ses  ouvrages 


-  FAYOT  23G 

par  des  critiques  célèbres,  Voltaire,  Lebrun, 
Geoffroy,  etc.;  Paris,  1816,  in-8°;  —  Acon- 
tologie  ,  ou  dictionnaire  d'Èpigrammes ,  par 
ordre  alphabétique;  Paris,  1817,  in-i2  ;  —  Cours 
de  Littérature  en  exemples  ;  Paris,  1817-1820, 
in-12.  Une  nouvelle  édition,  en  2  vol.  in-1 2, 
parut  en  1822  ;  -r  Paganini  et  Bériot,  1830, 
br.  in-8°,  dirigée  contre  le  premier.  Comme  édi- 
teur, Fayolle  a  publié  :  Le  Calcul  des  Probabi- 
lités de  Condorcet;  1805,  in-8^;  — Les  Mé- 
langes littéraires,  composés  de  morceaux 
inédits  de  Caylus,  Diderot,  André  Chénier,  etc.  ; 
1816,  in-12;  —  Œuvres  de  Collé;  1809,  3  vol. 
iii-8°;  —  La  Chandelle  cVArras,  deDulaurens; 
1807;  —  Œuvres  de  Gresset;  1806;  —  CEtt- 
vres  choisies  de  Bernard  ;  \.%ib  ; —  Œuvres 
diverses  de  La  Fontaine;  1814;  —  Œuvres 
choisies  de  Chdteaubrun  et  de  Guimond  de 
ÎM  Touche;  1814,  in-12.  —  Il  a  aussi  coopéré 
à  la  publication  des  OEuvres  de  J.-J.  Rous- 
seau, avec  Naigeon  et  Bancarel  ;  Paiis,  1801,  20 
vol.  in-8''.  On  doit  aussi  à  Fayolle  une  traduction 
du  sixième  livre  deVÉnéide,i?i08,et  une  traduc- 
tion du  Cimetière  de  Campagne,  élégie  de  Gray, 
1814.  Ed.  DE  Manne. 

Fétls,  Biographie  des  Musiciens.  —  Beuchot,  Journal 
de  la  Librairie.  —   Quérard,  France  littéraire. 

FAYOL5-E  (  Paul- Antoine) ,  publiciste  fran- 
çais, cousin  du  précédent.  Né  à  Paris,  en  1778, 
mort  à  Charenton,  en  1828.  Il  se  fit  remarquer 
par  ses  opinions  bonapartistes,  qui  le  compro- 
mirent plusieurs  fois  après  la  chute  du  gouverne- 
ment impérial.  En  juin  1820,  il  fut  arrêté  comme 
affilié  à  une  société  insurrectionnelle,  et  fut  con- 
damné à  quelques  mois  de  prison.  Ses  facultés 
intellectuelles  se  dérangèrent  peu  après,  et  sa 
famille  fut  obligé  de  le  faire  consigner  dans  une 
maison  de  santé,  où  il  mourut.  On  connaît  de  lui  : 
Lettre  d'un  Français  au  Roi  ;  Paris,  1815,  in-8"; 
—  Journée  du  Mont-Saint-Jean  ;  Paris,  1818, 
in-8",  pubhé  sous  le  nom  de  Paul.  — ;,Adresse  à 
la  Chambre  des  Députés  sur  le  rappel  des 
bannis,  l'organisation  des  vétérans,  et  le 
renvoi  des  Suisses;  Paris,  1819,  in-S".  C'est  à 
tort  que  Quérard,  dans  sa  France  littéraire,  a 
attribué  ces  ouvrages  à  François-Joseph-Ma- 
rie Fayolle.  A.  Jauin. 

Biographie  des  Contemporains, 

*  FAYOT  (Alfred-Charles-Frédéric) ,  his- 
torien et  publiciste  français ,  né  à  Paris ,  le  25 
décembre  1797.  Il  fut, jeune  encore,  attaché, 
comme  rédacteur,  au  ministère  des  affaires 
étrangères ,  puis  au  bureau  des  archives  de  la 
commission  de  liquidation  des  créances  étran- 
gères. Il  puisa  dans  ces  deux  emplois  des  docu- 
ments curieux,  qui  lui  permirent  de  publier  une 
suite  de  piquantes  brochures  sur  les  questions 
politiques  du  moment  et  un  travail  complet  et 
historique  sur  les  discussions  qui  eurent  lieu 
dans  le  parlement  d'Angleterre  en  1716  relati- 
vement au  bill  septennal.  II  publia  aussi  la  col- 


237 


FAYOT  —  FÂYPOULT 


îection  des  Discours  politiques  du.  comte  de 
Fontanes;  Paris,  1821,  m-8°.  En  1828  M.  Fayot 
(juitta  son  emploi  pour  coopérer  activement  à  la 
rédaction  de  plusieurs  grands  journaux  de  l'é- 
poque. Il  renonça  dès  lors  à  rentrer  dans  les 
affaires  ;  et  malgré  les  honorables  relations  qu'il 
continua  d'entretenir  avec  la  plupart  des  hommes 
d'État  éniinents ,  il  ne  voulut  plus  rien  devoir 
qu'à  sa  pkune.  Le  dévouement  qu'il  professait 
pour  la  cause  napoléonienne  contribua  surtout  à 
cette  détermination.  Parmi  ses  nombreuses  pro- 
ductions, la  plupart  anonymes ,  nous  citerons  : 
Jb'ssai  hislorique  sur  Thadée  Kosciusko;  Paris, 
1820,  in-8°;  réimprimé  sous  le  titre  de  Notice 
sur  la  Vie  de  Thaddeus  Kosciusko;  Paris, 
1824,  in-8";  —  Conjuration  de  quatre-vingt- 
seize  gentilshommes  polonais,  écossais,  sué- 
dois et  français,  contre  le  gouvernement 
russe,  et  massacrés  dans  les  ruines  du  châ- 
teau de  Macijoivicke,  trad.  de  l'anglais  (tra- 
duction supposée);  Paris,  1821,  in-8°;  réim- 
primée sous  le  titre  de  Conjuration  de  Maci- 
joivicke; Paris,  1822,  in-8°;  —  Histoire  de 
France  depuis  1793  jusqu'à  Vavénement  de 
Charles  X,j)our  servir  de  continuation  àV  his- 
toire d'Anquetil;  Paris,  1830,  16Tol.in-8°;  — 
Histoire  de  Pologne ,  depuis  son  origine  jus- 
qu'en 1831  ;  Paris,  1831-1832,  3  voi.in-18,  avec 
portrait  et  cartes  ;  —  Précis  historique  bur  le 
duc  de  Reichstadt,  avec  portrait  ;  Paris,  1832, 
in-8°;  —  dans  le  Livre  des  Cent-et-un ,  t.  XII, 
La  Mort  de  Carême,  et  t.  XIII,  Un  Parisien  à 
Sainte- Hélène;  —  une  réfutation  de  Y  Histoire 
de  Napoléon  de  Walter  Scott;  —  Causeries  de 
Chasseurs  et  de  Gourmets,  almanach  desC'^os- 
seurs  ;  —  Revue  du  Comfort ,  publiée  dans  la 
Collection  de  toutes  les  Chasses;  —  une  col- 
lection de  romans  traduits  ou  refaits  de  M""'  la 
comtesse  Mole,  parmi  lesquels  :  Un  Mariage  du, 
grand  monde ,  Trivelyan,  Une  Faute,  Lucie 
Craylin  ,  Marguerite  Lindsaij  ,  etc.  On  doit 
aussi  à  M.  Fayot  une  édition  complète  des  Œu- 
vres de  Carême;  M.  Fayot  y  a  joint  une  Notice 
pleine  d'intérêt  sur  la  vie  de  ce  célèbre  cuisinier; 

—  Le  Mémorial  de  Sainte-Hélène ,  illustré  par 
Cliarlet;  Paris,  2  vol.  in-4''  :  c'est  la  reproduc- 
tion intelligente  et  sagement  réduite  des  ouvi-ages 
de  Las  Cases,  Warden,  O'-Méara  etAntomarchi, 
suivie  du  Retour  des  cendres  de  Napoléon  en 
France,  et  précédée  d'un  judicieux  Commen- 
taire; cette  édition  a  eu  un  immense  succès; 

—  Les  Classiques  de  la  Table ,  dans  lequel  se 
trouvent  La  Gastronomie  de  Berchoux,  L'Art 
de  diner  en  ville  de  Colnct ,  la  Physiologie  du 
Goût  par  Brillât-Savarin,  des  fragments  de 
Fontanes,  Lalane,  Parny,  etc.  Cinq  éditions 
(  dont  la  dernière  est  de  1855)  n'ont  pas  épuisé  la 
vogue  de  ce  recueil!;  —  les  Œtivres  choisies  de 
Parny,  précédées  d'une  iYo^icerf^^fli^^éc  sur  l'au- 
teur et  ses  ouvrages  ;  Paris,  1821, 2  vol.  in-S"  ;  — 
M.  Fayot  a  écrit  de  nombreux  articles  de  critique 
ariisiiquedans  presque  toutes  les  publications  pé- 


riodiques, ainsi  que  des  biographies  intéressantes 
dans  V Encyclopédie  des  Gens  du  Monde,  dans 
le  Dictionnaire  de  la  Conversation,  dans  la 
Biographie  générale,  etc.  A,  de  L. 

Documents  -particuliers. 

FATPOUIiT  DE  MAISONCEL,LE(GMJZZa«We- 

Charles,  chevalier),  homme  d'État  français  ,  né 
eh  Champagne  en  1752 ,  mort  à  Paris,  en  oc- 
tobre 1817.  Il  fit  ses  études  à  l'école  militaire  de 
iVIézières,  d'où  il  sortit  avec  le  gi'ade  de  lieute- 
nant du  génie.  Attaché  aux  fortifications  du  port 
de  Cherbourg ,  il  devint  rapidement  capitaine  ; 
mais,  n'ayant  pu  se  faire  employer  dans  l'expé- 
dition d'Amérique,  il  se  retira  du  service. 
Faypoult  se  montra  partisan  des  idées  nouvelles. 
En  1792  il  était  électeur  de  Paris  et  membre 
dtî  club  des  Jacobins.  Ses  qualités  solides,  son 
caractère  conciliant  le  fii-ent  apprécier  des  mem- 
bres du  gouvernement  d'alors;  Roland  le  nomma 
chef  de  division  au  mmistère  de  l'intérieur,  et 
Garât,  plus  tard,  lui  confa  les  fonctions  de  se- 
crétaire général  du  même  ministère.  Il  ne  prit 
aucune  part  aux  luttes  qui  ensanglantèrent  la 
France,  et  se  renferma  strictement  dans  les  de- 
voirs de  sa  place.  Néanmoins,  frappé  par  le  dé- 
cret qui  proscrivait  tous  les  nobles ,  il  dut  cher- 
cher en  province  un  asile  ignoré.  Après  le  9  ther- 
midor il  rentra  dans  l'administration,  et  fut 
nommé  ministre  des  finances ,  à  l'avènement  du 
directoire  (octobre  1795).  Il  quitta  le  ministère 
quelques  mois  après ,  fut  remplacé  par  Ramel  et 
envoyé  à  Gênes  en  qualité  de  ministre  plénipo- 
tentiaire. Cette  ville  était  depuis  longtemps  le  quar- 
tier général  des  agents  royalistes  et  de  ceux  des 
puissances  coahsées  contre  la  république  fran- 
çaise. Faypoult  exigea  dès  son  arrivée  l'expulsion 
des  émigrés  et  le  renvoi  de  l'ambassadeur  autri- 
chien. Le  vice-amiral  anglais  Nelson  s'était  em- 
paré (11  septembre  1796)  d'un  bâtiment  fran- 
çais ,  la  frégate  La  Modeste,  dans  le  port  même 
de  Gênes  ,  et  malgré  les  conditions  de  neutralité. 
Faypoult  somma  le  gouvernement  génois  de 
mettre  l'embargo  sur  les  navires  anglais  qui  se 
trouvaient  dans  les  eaux  du  Ponant  et  de  rompre 
toutes  relations  avec  le  gouvernement  britan- 
nique. Son  énergie,  appuyée  par  la  marche  de 
quelques  bataillons  français ,  triompha  de  toutes 
les  résistances,  et  la  France  obtint  une  ample 
réparation.  Quelques  historiens  ont  accusé  Fay- 
poult d'avoir  fomenté  les  troubles  qui  le  21  mai 
1797  mirent  aux  mains  dans  les  rues  de  Gênes 
les  démocrates  et  les  partisans  de  l'oligarchie. 
Toujours  est-il  qu'après  le  triomphe  de  ces  der- 
niers ,  il  fut  menacé  et  insulté  par  la  populace, 
qui  avait  pris  parti  pour  la  noblesse.  Il  informa 
de  sa  position  le  général  en  chef  Bonaparte; 
celui-ci  détacha  aussitôt  de  .son  armée  vic- 
torieuse un  corps  de  12,000  hommes,  com- 
mandé par  Sahuguet ,  «  pour  aller  rétablir 
dans  Gênes  l'ordre  troublé  ».  Il  fit  précéder  ces 
troupes  de  son  aide  de  camp  La  Yalletle,  porteur 
d'une  lettre  pour  le  sénat  génois.  A  la  lecture 


239 


FAYPOULT  —  FAZIO 


240 


de  cette  missive  (29  mai  1797)  (1),  les  sénateurs 
accomplirent    eux-mêmes   la  révolution  qu'ils 
avaient  comprimée.  Ils  mirent  en  liberté  les  dé- 
mocrates compromis,  et  prièrent  Faypoult  d'aller 
avec  trois  délégués  recevoir  des  mains  du  gé- 
néral français  une  constitution   démocratique. 
Cette  mission  s'accomplit  à  la  satisfaction  des 
deux  partis,  car  le   gouvernement   génois  fit 
frapper  une  médaille  comméraorative  avec  cette 
légende  :  A  Napoléon  Bonaparte  et  à  Guillaume 
Faypoult,  la  Ligurie  reconnaissante.  Rem- 
placé à  Gênes  par  Belleville  peu  après,  Fay- 
poult fut  tour  à  tour  chargé  de  missions  di- 
plomatiques ou  financières  à  Rome ,  à  Milan  et 
à  Naples.  Il  concourut  activement  à  la  courte 
émancipation  des  peuples  italiens  et  à  la  créa- 
tion des  diverses  républiques  qui  se  partagèrent 
un  instant  la  Péninsule  italique.  Il  s'éleva  vive- 
ment contre  les  dilapidations  que  commettaient 
les  états-majors  français,  et  accusa  surtout  Bon- 
amy  et  Championnet  {voy.  ces  noms).  Ces  géné- 
raux ,  d'abord  condamnés ,  furent  réhabilités ,  et 
Faypoult  se  vit  à  son  tour,  en  1 799,  accusé  de  con- 
cussion par  Bertrand  du  Calvados.  Le  Directoire 
fit  instruire  le  procès  ;  mais  ces  poursuites  n'a- 
boutirent point  :  la  journée  du  1 8  brumaire  vint  les 
mettre  à  néant,  et  Faypoult  fut  appelé  à  la  préfec- 
ture de  l'Escaut.  En  1808  la  mer  rompit  les  digues 
et  inonda  le  département  confié  à  l'administra- 
tion de  Faypoult.  Une  enquête  eut  lieu  :  il  en  ré- 
sulta que  des  sommes  importantes  destinées  à 
l'entretien  des   travaux  d'endiguement  avaient 
été  dissipées  dans  les  bureaux  de  la  préfectui'e. 
Faypoult  fut  accusé  de  négligence  et  destitué.  Il 
se  retira  alors  à  Audenarde,  où  il  créa  mie  fila- 
ture de  coton.  Cette  entreprise  semblait  en  pleine 
voie  de  prospérité  lorsqu'un  incendie,  dont  les 
causes  sont  restées   inconnues,  vint  anéantir 
complètement  bâtiments ,  marchandises  et  mé- 
caniques. Il  se  rendit  alors  en  Espagne,  où  le 
roi  Joseph  Bonaparte  lui  confia  par  intérim  le 
portefeuille  de  la  guerre  et  plus  tard  celui  des 
finances.  Faypoult  remplit  ces  difficiles  fonctions 
avec  une  intelligence  remarquable  ;  mais  il  dut 
rentrer  en  France  à  la  suite  des  événements  de 
1813.  Napoléon   lui  confia  alors  une  mission 
auprès  de  Joachim  Murât;  les  efforts  du  diplo- 
mate, que  n'appuyait  plus  la  victoire ,  ne  purent 
empêcher  le  roi  de  Naples  d'abandonner  la  cause 
de  l'empire.  Faypoult  resta  sans  emploi  sous  la 
Restauration;  en  avril  1815  il  accepta  de  Napo- 
léon la  préfecture  de  Saône-et-Loire.  Après  l'in- 
vasion de  la  Bourgogne  par  les  Autrichiens ,  il 
remit  ses  pouvoirs  à  de  Rigny,  nommé  préfet 


(1)  Bonaparte  exigeait  :  1°  la  liberté  immédiate  des 
Français  incarcérés  ;  2°  l'arrestation  des  Génois  qui  avaient 
excité  le  peuple  contre  la  France;  3°  le  désarmem^it  de 
la  populace,  «  faute  de  quoi,  ajoutait  le  général,  le  repré- 
sentant de  la  république  française  sortira  de  la  ville  à 
l'instant  et  l'aristocratie  génoise  aura  existé.  Les  têtes 
des  sénateurs  me  répondront  de  la  sûreté  de  tous  les 
Français  qui  sont  à  Gênes  ,  comme  les  États  entiers  de 
ia  république  me  répondront  de  leurs  propriétés.  » 


par  Louis  XVni,et  se  retira  quelquetemps  à  Gand  • 
Sa  mauvaise  santé  le  ramena  à  Paris,  où  il  mourut, 
ne  laissant  qu'une  fille  adoptive,  mariée  au  baron 
de  Ségonville ,  ancien  colonel  de  hussards.  On  a 
de  lui  :  Essai  sur  les  Finances;  Paris,  an  m 
(  1795  ),  in-S°  ;  —  Statistique  de  V Escaut;  Gand 
etParis,  anx.  H.  Lesueur. 

Moniteur  universel ,  ans  iv,  89,  91 ,  95  ;  153,  274  , 
290;  VI. 23,  193,  356;  vil,  27,  273,  323;  Vin,  687,  1322  ;  X  , 
427, 1343, 1382.  —  Mémoires  de  Bouricnne,  livA^'^,  ch.  10. 
—  Galerie  historique  des  Contemporains.  —  Biographie 
de  tous  les  Ministres.  —  Vincens ,  Histoire  de  Gênes, 
t.  III,  chap.  VI,  p.  417. 

FAYTHORNE  (  William).  Voy.  Faithorn. 

FAZARi.  Voy.  Fezari. 

FAZELLi  (Thomas),  historien  sicilien,  né  à 
Sacca,  en  1490,  mort  à  Palerme,  le  8  avril  1570. 
Il  entra  dans  l'ordre  des  Dominicains,  professa 
la  philosophie  à  Palerme,  et  acquit  une  grande 
réputation  de  savoir  et  de  piété.  Il  ne  tint  qu'à 
lui  d'être  élevé  à  la  dignité  de  général  de  son 
ordre;  il  refusa  cette  dignité,  qui  l'aurait  détourné 
de  ses  études.  Invité  par  Paul  Jove  à  écrire  l'his- 
toire de  la  Sicile ,  il  consacra  vingt  ans  à  ce  tra- 
vail difficile.  Son  ouvrage  est  intitulé  :  De  Rébus 
Siculis  Décades  duse;  Palerme,  1558,  1560, 
in-fol.;  insérédans  les  Rerum  Sicularum  Scrip- 
tores  veteres  et  recentiores  prxcipui^,  Franc- 
fort, 1579,  in-fol.;  traduit  en  italien  par  Re- 
migio;  Venise,  1574,  in-4".  La  meilleure  édition 
des  Décades  de  Fazelli  est  celle  de  Catane, 
1749-1753  ,  3  vol.  in-fol.,  avec  des  notes  et  des 
additions  par  Statella. 
Mongitore,  Bibliotheca  Sictcla. 

*  FAZIL,  surnom  poétique  d'Orner,  poète 
turc,  mort  en  1225  de  l'hégire  (1810  de  J.-C). 
Il  était  fils  de  Dhaher  ou  Thahir,  pacha  d'Acre, 
entra  au  service  de  la  Porte,  et  devint  khodjah. 
On  a  de  lui  :  Quelques  Tarihh  (chronogram- 
mes), long  poème  ijui  contient  la  description 
ethnographique  des  femmes  de  trente-cinq'vilies 
ou  nations  différentes.  Il  a  été  imprimé  à  Cons- 
tantinople  ;  mais  on  en  a  prohibé  la  mise  en  circu- 
lation ,  à  cause  des  passages  indécents  qui  s'y 
rencontrent.  De  nombreux  extraits  de  cet  ou- 
vrage ont  été  traduits  en  vers  allemands  par 
M.  de  Hammer  :  Zenan-Nameh  (  Livre  des 
Femmes).  E.  B. 

J.  de  Hammer,  Gesc/j.  der  Osmanischen  Diclttkunst . 
tom.  IV,  p.  428-603.  —  JaA?-6îïcAer  der  Liier.  de  Vieiin., 
t.  LXXIV,  p.  29. 

*  FAZIO  DEGi.'  ïJBERTi,  poëte  italien,  né 
à  Florence,  dans  le  quatorzième  siècle.  Il  fut 
banni  de  sa  patrie,  comme  ardent  gibelin,  et 
mourut  à  Vérone,  en  1367,  en  proie  à  la  plus 
profonde  misère.  Il  se  distingua  d'abord  par  ses 
sonnets  et  ses  canzonnette.  11  a  laissé  en  outre 
un  long  poëme  descriptif  et  encyclopédique  in- 
titulé :  Ditta  Mundi,  dont  on  a  donné  plusieurs 
éditions;  celle  de  Vicence ,  1474,  est  la  pre- 
mière; elle  est  fort  rare.  «  Cet  exemplaire, 
unique ,  dit  M.  G.  Brunet ,  se  trouvait  dans  la 
bibliothèque  d'un  avocat  de  Paris,  nommé  Flon- 
cel ,  amateur  passionné  de  la  littérature  italienne. 


241  FAZIO 

'.  et  qui  avait  réuni  plas  de  vingt  mille  volumes, 
parmi  lesquels  il  n'en  avait  pas  été  admis  un 
seul  qui  ne  fût  dans  la  langue  de  Pétrarque  et 
i  du  Tasse.  Cet  exemplaire  fut  adjugé  à  800  francs, 
somme  fort  élevée  pour  l'époque  (1774);  il 
n'existe  plus.  Un  amateur  anglais  avait  donné 
i  commission  de  l'acheter  pour  lui  sans  fixer  de 
i  prix  ;  lorsqu'il  sut  qu'il  fallait  payer  800  francs 
l'honneur  de  posséder  ce  bouquin ,  le  bibliophile, 
outré  de  dépit,  jeta  le  livre  au  feu  aussitôt  qu'il 
l'eut  entre  les  mains.  «  Ce  n'était  pas  une  grande 
'  perte  assurément  ;  car  l'étendue  du  poëme  et  son 
I  obscurité,  ajoutées  aux  nombreuses  fautes  d'im- 
pression de  tous  genres ,  le  rendait  à  peu  près 
inintelligible.  «  C'est,  dit  M.  E.  Lefranc,  dans 
son  Histoire  de  la  Littérature  italienne,  c'est 
un  poëme  descriptif  dans  lequel  l'auteur  s'était 
proposé  d'imiter  Dante  et  de  faire  connaître  le 
monde  réel ,  comme  son  devancier  avait  fait  con- 
naître le  monde  des  esprits  ;  mais  il  s'en  faut  de 
beaucoup  que  l'imitateur  ait  égalé  son  modèle.  » 
Les  anciennes  éditions,  de  1474  et  de  1501, 
sont ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  remplies  de 
j fautes.  La  dernière,  donnée  à  Milan,  en  1826, 
I  quoiqu'elle  ait  été  corrigée  en  maints  endroits , 
n'est  pas  beaucoup  plus  exacte. 

Ch— p— c. 

Tiraboschl ,  Storta  délia  Letteratura  Italiana,  t.  V , 
440.  —  Gustave  Brunct,  dans  l'Histoire  de  la  Littérature 
italienne,  par  Ém.  Lefranc, 

FAZIO  (Barthélémy),  historien  italien,  né  à 
Spezzia,  vers  le  commencement  du  quinzième 
siècle,  mort  à  Naples,  en  1457.  Il  fut  l'émule 
et  l'adversaire  de  Laurent  Valla.  Alphonse  d'A- 
ragon ,  roi  de  Naples ,  l'appela  auprès  de  lui ,  le 
i  combla  de  bienfaits  et  le  chargea  d'écrire  son 
I  histoire.  On  a  de  Fazio  :  De  Differentiis  verbo- 
\rum  latinorum;  Rome,  1491,  in-4°  :  cet  ou- 
jvrage  était  si  rare  que  quelques  éruditsen  avaient 
jnié  l'existence;  Meermann,  qui  en  possédait  un 
;  exemplaire,  le  communiqua  à  Sax ,  et  ce  savant 
le  lit  imprimer  dans  le  t.  II  de  son  Onomasti- 
con  ;  —  une  traduction  latine  d'Arrien,  De  Rébus 
\ Alexandri ,  et  Indica;  Pise,  1508,  in-fol.;  — 
{ De  Bello  Veneto  Glodiano  cum  Genuensibus 
\gesto,  anno  1377;  Lyon,  1568,  in-8°,  inséré 
dans  le  Thésaurus  Italise  de  Burmann,  t.  V, 
p.  4;  —  De  Rébus  gestis  ab  Alphonso  I, 
Neapolitano  rege,  usque  ad  obitum  Nicolai  V, 
papee,  anno  1455,  Commentariorum  Libri  X; 
Lyon,  1560,  in-4°;  inséré  dans  le  Thésaurus 
Italise,  t.  IX  ;  —  De  Origine  Belli  inter  Gallos 
et  Britannos  ;  publié  pour  la  première  fois  par 
Camussat,  dans  ses  additions  à  la  Bibliotheca 
Ciacconii,  Paris,  1731,  in-fol.;  —  De  Viris  sui 
eevi  tllustribus;  publié  par  Laurent  Mehu ,  Fl»> 
rence,  1745,  in-4°. 

Vosslus,  De  Historicis  Latinis ,  I.  III.  —  Fabriclus, 
Bibliotheca  Latina  médise  et  inflnue  œtatis,  t.  II.  — 
Sax  ,  Onomasticon ,  t.  U  ,  p.  427,  576. 

*  FAZH  ou  FADHLi  (  Carah  ),  poète  turc,  né 
à  Constantinople ,  mort  en  971  de  l'hégire 
(1563  de  J.-C).  Il  fut  disciple  de  Dzati,  et  il 


--  FAZY  242 

occupa  la  charge  de  secrétaire  du  divan.  On  a 
de  lui  :  Gui  we  Bulbal  (  La  Rose  et  le  Rossignol), 
charmant  poëme  allégorique ,  édité  et  traduit  en 
vers  allemands  par  M.  de  Hammer ,  Pesth  et 
Leipzig,  1834,  in-S";  —  Humai  we  Humayoun 
(L'Empereur  et  l'Impératrice),  poëme;  —  un 
Biwan;  —  un  commentaire  du  Diivan  de  Hafiz. 

E.  B. 

'  J.  de  Hammer,  Gesch.  der  Osm.  Dichtkunst ,  t.  III, 
p.  309;  art.  dans  les  Jahrhilcher  der  Literatur  de 
Vienne,  t.  LXI,  p.  20;  LXVI,  30;  XCI,  196;  Cil,  66; 
CXI,  181.  —  Hadjl-KhaJfah,  Lex.  bibliogr.,  édit.  Fluegel, 
t.  III,  n°»  5371,  5604  ;  V,  n"»  10841.  14422. 

*  FAZV  (  Jean- James),  publiciste  et  homme 
d'État  suisse,  né  le  12  mai  1796,  à  Genève,  d'une 
famille  de  protestants  français  expatriée  par  suite 
de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Après  avoir 
publié  quelques  ouvrages,  il  fonda  en  1826  le 
Journal  de  Genève,  et  coopéra  à  sa  rédaction 
pendant  la  première  année.  En  1827  il  devint 
un  des  rédacteurs  de  La  France  chrétienne , 
journal  politique  de  l'opposition  libérale ,  publié 
à  Paris,  et  que  supprima  la  censure;  il  y  rédi- 
geait les  articles  d'économie  politique.  Il  tra- 
vailla aussi  au  Mercure  de  France  au  dix-neu- 
vième siècle.  En  juillet  1830,  il  fut  un  des  si- 
gnataires de  la  protestation  des  journalistes  ;  il 
était  alors  rédacteur  du  journal  Le  Mouvement. 
Devenu  gérant  du  journal  Xa  Révolution,  en 
1833 ,  il  fut  poursuivi  pour  avoir  fait  paraître 
cette  feuille  sans  cautionnement,  et  condamné 
à  six  mois  de  prison  et  1,200  francs  d'amende. 
Il  retourna  en  Suisse ,  et  publia  la  Revue  de  Ge- 
nève, en  se  livrant  à  quelques  travaux  litté- 
raires. Il  prit  part  au  mouvement  politique  qui, 
vers  1846 ,  amena  la  réforme  de  la  constitution 
de  Genève  et  fit  passer  le  pouvoir  aux  mains 
du  parti  démocratique.  Depuis  cette  époque  il 
a  toujours  été  dans  les  conseils  de  ce  canton,  et 
y  a  exercé  une  influence  qui  l'a  fait  considérer 
longtemps  comme  le  chef  du  gouvernement. 
Ses  ouvrages  sont  :  Du  Privilège  de  la  Banque 
de  France  considéré  comme  nuisible  aux 
transactions  commerciales;  1819,  in-8°;  — 
Observations  sur  les  Fabriques  de  Genève; 
1821,  in-8°  ;  —  L'Homme  aux  portions,  ou 
conversations  philosophiques  et  politiques; 
1821,  in-12  :  espèce  de  commentaire  critique, 
sous  la  forme  de  conte,  de  l'état  industriel  de  la 
France;  —  Les  Voyages  d'Ertelïb,  conte  poli- 
tique sur  la  sainte-alliance;  1822,  in-12;  —  La 
Mort  de  Lavater,  tragédie  nationale  genevoise, 
en  trois  actes  et  en  vers  ;  1826,  in-S";  —  De  la 
Gérontocratie,  ou  abus  de  la  sagesse  des 
vieillards  dans  le  gouvernement  de  la  Frayice; 
1828,  in-S";  — •  Principes  d'organisation  in- 
dustrielle pour  le  développement  des  ri- 
chesses en  France;  explication  dît  malaise 
des  classes  productives ,  et  moyens  d'y  porter 
remède;  Paris,  1830,in-8°;— Z>e  Vétat  j)éril- 
leux  des  finances  et  du  4  pour  100  Chabrol; 
1 830 ,  in-8"  ;  —  Jean  d' Yvoire  au  bras  de  fer, 
ou  la  Tour  du  Tmc  en  1554;  Genève,  1840, 


i43  FAZY  — 

m-8°.  îl  a  donné  des  articles  au  Journal  des 
Économistes.  Guyot  de  Fèhe. 

Ch.  Louandre   La  Littérature  contemporaine.  —  Mo- 
niteur, 23  octobre  1830.  —  Journal  de  la  Librairie. 

FAZZÏilLLO.   VOIJ.  FazELLI. 

FEA  {Carlo),  antiquaire  piémontais ,  né  le 
2  février  1733,  à  Pigna ,  prè?  d'Oneilie  (Pié- 
mont), mort  à  Rome,  le  18  mars  1834.  Il  quitta 
de  bonne  heure  sa  famille,  qui  était  pauvre,  pour 
se  rendre  à  Rome  auprès  d'un  oncle,  ecclésias- 
tique distingué,  qui  le  guida  dans  ses  études.  Le 
jeune  Fea  étudia  les  droits  civil  et  canonique 
dans  l'université  de  la  Sapienza  ;  il  y  fut  reçu 
docteui-,  et  suivit  quelque  temps  le  barreau, 
mais  sans  goût ,  sans  succès ,  et  il  ne  tarda  pas 
à  reconnaître  que  l'étude  de  l'archéologie  avait 
pour  lui  plus  d'attrait  que  la  procédure  :  il  entra 
alors  dans  les  ordres.  VHistoïre  de  l'Art  par 
Winckelmann  eut  la  plus  grande  influence  sur 
sa  vocation  d'antiquaire;  on  lui  a  même  attribué 
la  traduction  italienne  de  cet  ouvrage,  qui  parut 
à  Milan,  en  1779,  2  vol.  in-4*'  ;  mais  elle  n'est 
pas  de  lui,  seulement  il  la  revit  avec  un  soin 
scrupuleux  ,  et  la  reproduisit  à  Rome,  en  1783, 
avec  un  troisième  volume,  qui  contient  sa  docte 
et  curieuse  dissertation  Sidle  Ravine  di  Roma 
et  quelques  opuscules  de  "Winckelmann.  Une 
nouvelle  édition  (Rome,  1786,  in-4")  est  aug- 
mentée d'une  réponse  de  Fabbé  Fea  aux  attaques 
publiées  contre  lui  par  Onofrio  Boni  dans  les  Me- 
morie  per  le  Belle  Arti.  Ce  fut  là  le  prélude 
d'assez  nombreux  ouvrages ,  pleins  de  critique 
et  d'érudition ,  qui  ont  assuré  à  l'abbé  Fea  une 
place  distinguée  parmi  les  archéologues  modernes. 
Sous  le  pontificat  de  Pie  VII ,  l'abbé  Fea  avait 
été  chargé  de  la  direction  des  travaux  que  les 
Français  exécutèrent  sur  plusieurs  points  de  la 
Romagné.  Il  contribua  dans  ces  fonctions  à  plu- 
sieui'S  découvertes  importantes  pour  l'histoire 
et  l'archéologie.  Il  était  bibliothécaire  du  prince 
Chigi  et  membre  de  l'Académie  romaine  d'Ar- 
chéologie et  de  celle  des  Aixadi.  Les  plus  re- 
marquables de  ses  ouvrages  sont  :  Miscellanea 
filologico-critica  ed  antiquaria;  Rome,  1790, 
in-8°.  Ce  volume  contient  :  une  lettre  au  cardi- 
nal Borgia  sur  Pline  l'ancien  et  plusieurs  autres 
auteurs  latins;  des  Mémoires  sur;  les  fouilles 
faites  à  Rome  ;  des  morceaux  inédits  d'Alucci , 
de  Luc  Holstenius,  de  J.-M.  Suarès  et  du  P;  Kir- 
clier;  —  Vlntegriià  del  Panteone  di  Blarco 
Agrippa;  Rome,  1801,  in-8°;  —  Relazione  d\in 
Viaggio  ad  Ostia  ed  alla  villa  di  Plinio; 
1802,  in-8°  ;  —  Dei  Diriti  del  principato  neW 
antichi  edifizi  pubblichi  ;  RomQ,  1806,  in-S"; 
—  Conclusioni  per  Vlntegrità  del  Panteone 
di  Marco  Agrippa;  Rome,  1807,  in-8°;  —  Ho- 
ratii  Flacci  Opéra  omnia,  ad  codic.es  ina- 
nuscr.  Vaticanos,  Chisianos,  Ângelïcos,  Bar- 
berinos ,  emend.,  notis  illust.;  Rome,  ISU  , 
2  vol.  in-S"  :  c'est  une  des  meilleures  éditions 
d'Horace.  Les  notes  sont  très-précieuses  pour 
tout  ce  qui  concerne  l'archéologie.  Cette  édition 


FEATLY  244 

a  été  réimprimée  avec  des  additions  par  Botlic 
(à  Heidelberg),  1820- 182 1, 2  vol.  in-g" ;  —  Delhi 
Statua  di  Pompeto  Magno  del  palazzo  Spada ; 
Rome,  1812,  ia-8°  ■,—lsct'izioni  di  moniimenii 
pubblïchi  trovate  nelV  attuali  escavazioni: 
Roiïie,  1813,  in-8";—  Degli  Scavi  delV  Anfitea- 
tro  Roniano;  ibid.  ; — A  mmonlzionedue  critiche 
antiquarie;  ibid.;  —  Descrizione  di  Roma  e 
dei  contorni,co7ivedute  ;  Rome,  1822,  et  Milan, 
1824, 3  vol.  in-12  ;  —  Notizie  intorno  Raffaellù 
Sanzio  d'' Urbi7io  ed  altri  autori ;  Rome,  1822. 
Tipaldo ,  Biografia  degli  Italiani  lllnsiri,  X,  199.  ■— 
1-'.  Oehèque,  dans  i'Encycl.  des  G.  du  Honda. 

*féabïjE  (Louis),  en  lutin  fsoelbs,  théo- 
logien hollandais,  né  dans  les  environs  de  Tour* 
nay,  mort  dans  cette  ville,  en  1555  (1).  Il  ter- 
mina ses  études  à  l'université  de  Paris ,  et  s'y 
fit  recevoir  docteur  en  théologie.  Il  y  professa 
quelque  temps  cette  science,  et  revint  ensuite  à 
Tournay,  où  il  fut  fait  chanoine  et  hosielier  (2) 
On  lui  doit  ia  restauration  et  l'embellissement 
de  plusieurs  édifices  religieux  ainsi  que  la  fon^ 
dation  d'établissements  de  bienfaisance  ou  d'ia 
struction  publique.  On  a  de  lui  ;  De  Militia  spl- 
rituali ,  dédié  à  Charles  de  Croï,  évêque  de 
Tournay;  Paris,  1540,  in-12.  C'est  un  ouvrage 
de  morale,  où  les  vertus  et  les  vices  sont  repré- 
sentés d'une  manière  typique.  Les  sept  pécliés 
capitaux  y  sont  désignés  par  les  sept  peuples 
qui  habitèrent  anciennement  le  pays  de  Canaan; 
les  Amorrhéens  sont  le  symbole  de  l'envie;  les 
Héréens ,  de  la  colère,  etc.  ;  —  De  Mundi  Striic- 
tura;  Paris,  1556,  in-8°.  Ce  sont  des  réflexions 
morales  sur  la  création  ;  —  De  Humana  Res- 
tauratione  ;  Anvers,  1559,  in-8".  Ce  livre  traite 
de  l'Incarnation.  Les  ouvrages  de  Féable  sont 
assez  bien  écrits,  et  dénotent  du  savoir. 

J.  Cousin ,  Histoire  de  Tournay,  part.  IV,  302. 
Swecrt,  AtheniB  Uelgicœ ,  520.  —  Foppea.s,  Dibliotheca 
lielgica,  630.  —  Lelonf^,  Bibliotheca  sacra,  725.  —  Pa 
quot,  Jrlém.  pour  l'hist,   litt.  des  Pays-Bas,  XVII,  217 

FEATLY    ou    FEATLEY    OU    FAlSiCLOïJGê! 

[Daniel),  théologien  anglais,  né  à  Charlton-i 
sur-Otmore,  en  1582,  mort  le  17  avril  1G44.-ÎIJ 
étudia  à  Oxford,  où  il  se  livra  surtout  à  la  lec- 
ture des  Pères  de  rÉ.glise  ;  puis  il  suivit  à  Paris,] 
en  qualité  de  chapelain,  l'ambassadeur  d'Angle-i 
terre.  Revenu  dans  ce  pays  trois  ans  plus  tard, 
il  y  obtint  de  l'archevêque  Abbot  le  bénéfice 
de  Lambeth.  Une  controverse  qu'il  soutint  vers 
cette  époque  contre  deux  jésuites,  et  dont  la  pu- 
blication fut  ordonnée  par  le  même  prélat,  mit 
Featly  en  évidence,  et  il  fut  pourvu  de  trois  non-; 
veaux  bénéfices.  Enfin,  il  fut  nommé  prévôt  duj 
collège  de  Chelsea.  Lors  de  l'accusation  dont 
l'arciievêque  Laud  fut  l'objet,  Featly  se  pro- 
nonça vivem.ent  contre  lui.  En  1643  il  fit  parti? 
de  l'assemblée  du  clergé  réunie  à  Westminster. 
Son  attachement  aux  doctrines  de  l'Église  d'Aor: 
gleterre  lui  attira  plus  tard  des  persécutions  eti 

fi)  Et  non  pas  en  io62,  comme  l'a  écrit  le  i'.  Lelong, 

dans  sa  Bibliotheca  sacra. 
(2)  Directeur  de  l'hôpital. 


245 


FEATLY  •-  FECHT 


246 


lui  fit  perdre  ses  bénéfices.  On  a  de  lui  :  Clavis 
mijstica,  a  Keij  opening  divers  difjicult  texts 
ofScriptures;  1636,  in- fol,; —  The  Dipper  Dipt, 
v  the  anabaptist  ■plunrjed  over  liead  and 
cars  and  shrunk  in  the  washing  ;  in-4°;  — 
Hexatexium ,  or  six  cordials  to  strengthen 
'ke  heart,  against  the  terror  of  death  ;  1637, 
a-fol. 
AiUin,  Cen.  Bioç. 

FÉAU  {Charles^  abbé),  auteur  dramatique 
provençal,  né  à  Marseille,  en  1605,  mort  le  8  fé- 
mer  1677. 11  fit  ses  études  dans  sa  ville  natale , 
it  entra  dans  la  congrégation  de  l'Oratoire,  à  Aix., 
e  5  mai  1627.  Il  enseigna  les  bumanités  avec 
listinction  dans  plusieurs  collèges  de  son  ordre. 
1  avait  un  goût  particulier  pour  la  poésie  pro- 
rençale,  et  composa  dans  ce  patois  plusieurs  co- 
nédies,  qui  furent  jouées  avec  un  grand  succès, 
lon-seulemertt  sur  les  tbéâtres  des  collèges  dans 
esquels  il  professait ,  mais  dans  toutes  les  bas- 
'ides  (1)  de  la  Provence.  On  trouve  dans  ces 
)etites  pièces  un  fonds  inépuisable  de  gaieté  ;  quel- 
ques-unes d'entre  elles  ont  été  publiées  dans  le 
;ome  III  du  recueil  intitulé  :  Lou  Jardin  deys 
Musos  provençales  (sans  indication  de  lieu); 
665,  in- 12  :  recueil  devetiu  très-rare.  Les  pièces 
le  l'abbé  Féau  les  plus  connues  sont  :  VEvi- 
barquement ;  —  L'intérest ,  ou  la  Ressem- 
blanço  a  huech  personnagis  ;  —  L'Assemblée 
îes  Mendiants  de  Marseille  ; —  Le  Procès  du 
Carnaval;  —  Brusquet  1"  et  Brusquet  IL 
ette  dernière  comédie,    imitée  du  Sosie  de 
Plante,  a  pour  sujet  les  tours  plaisants  que  le 
bouffon   Brusquet  joua  souvent  au  maréchal 
strozzi.  Le  P.  Bougerel  fait  remarquer  que  l'édi- 
;eur  des  pièces  de  l'abbé  Féau  y  avait  interpolé 
luelques  obscénités  qui  n'étaient  certainement 
)as  dans  l'original.  Elles  furent  supprimées  du 
rivant  de  l'auteur.  A.  Jadin. 

Le  P.  Bougerel,  Blémoires  pour  servir  à  l'histoire 
le  plusieu7's  hommes  illustres  de  Provence  (  Paris,  i752, 
n-12). 

VERnRX&i{Giovanni-£attista),  sculpteur 
talien,  né  à  Crémone,  vers  1700.  Il  exécuta,  en 
ompagnie  du  Vénitien  G.-B.  Gasparini,  les  belles 
stalles  de  Saint-Dominique  de  Crémone.  Il 
sculpta  seul,  et  probablement  d'après  ses  pro- 
pres dessins  ,  l'autel  de  bois  doré  de  l'église  col- 
légiale de  Saint-Barthélémy  à  Busseto,  bourg 
du  territoire  de  Parme.  On  ignore  l'époque  de 
sa  mort.  E.  B — n. 

G.  Grasselli,  Guida  atnrico-sacro  dalla  R.  città  e  sob- 
borr/ki  di  Cremona.  —  ïicozzi,  Vizionario. 

FERBRARi  (  Giuseppc) ,  sculpteur  en  bois, 
né  à  Crémone,  en  1725,  mort  en  1785.  Fils  et 
élève  flu  précédent,  il  paraît  l'avoir  surpassé. 
On  vante  avec  raison  sa  statue  de  S.  Gaelano 
Tiene  à  San-Abbondio  de  Crémone  ,  et  les  qua- 
tre stniues  adossées  aux  piliers  de  l'église  de 
Santa-Mai'ia  del  Cainpo,  située  hors  de  la  ville. 
A  Busseto ,  dans  l'oratoire  de  Saint-Nicolas,  il  a 

U)  C'est  ainsi  qu'on  nomme  les  maisons  de  campagne 
en  Provence. 


sculpté  une  Sainte  Trinité,  groupe  achevé  avec 
le  plus  grand  soin.  Il  mourut  d'apoplexie. 

E.  B— N. 

G.  Grasselli,  Guida  storico-sacro  délia  R.  città  e  sob- 
borghi  di  Cremona.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

VEBROiMios ,  pseudonyme    de     Hontheim 
{voy.  ce  nom). 

FÉsîURE  OU  FÈVRE  {Michel),  en  religion 
ie  P.  JusTiNiEN  DE  TooRS ,  missionnaii'e  et  orien- 
tabste  français ,  né  vers  1040,  vivait  en  1684.  Il 
appartenait  à  l'ordre  des  Capucins,  et  rapporte 
lui-même  que  durant  dix-huit  ans  il  voyagea  en 
diverses  provinces  de  l'Empiré  Ottoman,  «  à  savoir 
dans  la  Syrie,  Mésopotamie,  Caldée,  Assyrie,  Cur 
distan,  Arabie  déserte,  Palestine,  Judée,  Cara- 
manie,  Cilicie,  Phrygie,  Bithynie,  Natoiie,  Roma- 
nie,  Chipres,  Arcliipel,etc.  »  Malheureusement  on 
n'a  aucun  détail  sur  la  vie  du  P.  Justinien.  Ce- 
pendant, on  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  curieux  et 
estimés  :  Specchio,  overo  descritiione  délia 
Turchia;  Rome,  1674,  in-;2,  trad.  en  français 
par  l'auteur,  sous  le  titre  de  :  État  présent  de  la 
Turquie,  où  il  est  traité  des  vies,  mœurs  et 
coutumes  des  Ottomans  et  autres  pieuples  de 
leicr  empire;  Paris,  1675,  in-12;  le  même  ou- 
vrage a  été  traduit  postérieurement  en  espagnol 
et  en  allemand  ;—Prajcii;Ha?  Objecliones  muha- 
meticx  legis  sectatorum  adversus  cathoUcos, 
earumque  solutiones;  Rome,  1679,  iu-12,  tra- 
duit en  arabe  en  1680  et  en  arménien  en  1681  ;  — 
Catéchisme  ou  Doctrine  chrétienne  (en  arabe). 
—  Théâtre  de  la  Turquie ,  où  sont  représen- 
tées les  choses  les  plus  remarquables  qui  s'y 
passent  aujourd'hui  ;  Paris,  1682  et  1688,  in-4'', 
trad.  en  italien  par  l'auteur  sous  le  titre  de  Tea- 
tro  délia  Turchia;  Venise,  1684,  in-4".  L'au- 
teur, après  avoir  affirmé  qu'il  n'écrit  .que  ce  qu'il 
a  vu  lui-mêine,  dit  «  qu'il  ne  se  propose  pas  de 
faire  la  description  des  terres  de  la  Turquie, 
mais  seulement  de  signaler  l'état  dans  lequel 
elles  se  trouvent,  ainsi  que  celui  des  quatorze 
nations  qui  les  habitent  ».  Il  insiste  sur  les  causes 
de  la  décadence  de  l'Empire  Ottoman,  révèle 
les  abus  odieux  et  la  faiblesse  réelle  de  son  gou- 
vernement, et  indique  les  moyens  d'en  accélérer 
la  chute.  L'ouvrage  de  Michel  Fébure  a  servi  à 
beaucoup  d'écrivains  postérieurs.    A.  de  L. 

Bernard  de  Bologne,  Bibliotheca  Scriptorum  Capuc- 
cinorum. 

FÉBURE  OU  FEBVRE.    VoyeZ  Le  FÉBURE   et 

Le  Fekvre. 

FECHT  (Jean),  théologien  allemand,  né  à 
Saltzbourg,  le26  décembre  1636,mortàRostock, 
le  5  mai  1716.  Il  étudia  la  théologie  ?i  Strasbourg, 
Tubingue  et  Heidelberg;  puis  il  visita  les  écoles 
d'Iéna,  Wittcmberg,  Giessen  et  Leipzig.  En  1666 
il  devint  pasteur  de  Langcndenziingen.  Après 
avoir  été  ensuite  adjoint  à  son  père ,  qui  était 
surintendant  (évêque  protestant)  du  margraviat 
de  nocbbcrg,  il  fut  nomme  prédicateur  de  la 
cour  à  Dourlach  en  166S.  11  devint  aussi  membre 
du  conseil  ecclésiastique  et  du  consistoire,  pro- 


247  FECHT  - 

fesseur  de  théologie  au  gymnase  de  Dourlach , 
enfin  surintendant.  Obligé  de  changer  de  rési- 
dence par  suite  des  guerres  dont  le  pays  était 
le  théâtre ,  il  passa  à  Rostock  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  théologie ,  et  plus  tard  il  eut  la  sur- 
intendance du  cercle  (  évêché  )  de  cette  ville,  où 
il  finit  ses  jours.  Il  composa  de  nombreux  ou- 
vrages de  controverse,  et  attaqua  surtout  la  secte 
des  piétistes.  Parmi  les  publications  de  ce  genre, 
dont  Jœcher  a  donné  la  liste ,  on  remarque  : 
Compendium  universx  Theologlee  asceticee  et 
polemicx;  Leipzig,  1744;  —  Historia  indif- 
ferentismi;  —  Apparatus  ad  suppl.  histor. 
ecclesiast.  sseculi  XVI  ;  —  De  Pelagianismo. 
.  Ersch  etGTuber,Mlg.  Enc.  —  Jôcher,  Allg.  Gel.-Lex. 
FECKENHADi  (De),   abbé  anglais.    Voyez 

HOWMAN. 

*  FEDE  (Annunzio  ou  Monzio  ) ,  peintre  de 
l'école  milanaise,  né  à  Trente,  vivait  à  Milan 
en  1593.  Il  fut  très-habile  miniaturiste  et  le 
premier  maître  de  sa  fille  Galizia. 

p.  Morigla ,  Délia  Nobiltà  Milanese.  —  Lanzi,  Storia 
délia  Pittura.  —  Siret,  Dict.  hist.  des  Peintres. 

*FEDE  (  Galizia),  fille  du  précédent,  peintre 
de  l'école  milanaise ,  née  à  Trente  ou  à  Milan, 
florissait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Elle  reçut  de  son  père  les  premiers  prin- 
cipes de  l'art ,  et  prit  de  lui  un  goût  de  pein- 
ture soigné  aussi  bien  dans  les  figures  que 
dans  le  paysage.  Par  son  style  elle  se  rapproche 
des  peintres  qui  précédèrent  les  Carrache.  On 
voit  plusieurs  beaux  tableaux  de  cette  artiste 
dans  les  églises  et  les  galeries  de  Milan.  E.  B— n. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Siret ,  Dictionnaire 
historique  des  Peintres. 

FEDÈLE  (Cassandra).  Voy.  Ma.pelli. 

*FEDELi  (Aurélia),  poète  et  comédienne  ita- 
lienne, vivait  en  1666.  Elle  fut  en  grande  répu- 
tation ,  tant  en  Italie  qu'en  France ,  durant  le  dix- 
septième  siècle.  Ses  poésies,  composées  en  dia- 
lecte toscan,  et  dédiées  au  roi  de  France  Louis  XIV, 
ont  été  imprimées  sous  le  titre  de  :  Rifinti  di 
Pindo;  Paris,  1666,  in-12.  A.  J. 

Baillet,  Jugements  des  Poètes  modernes ,  n°  1558. 

*;fedeli  (Francesco  ) ,  architecte  italien,  né 
à  Côme.  Il  commença  à  Sienne,  en  1479,  l'Église 
de  Fonte-Giusta,  qu'il  termina  dans  l'espace  de 
trois  années. 

Romagnoli,  Siena. 

*FEDELi  (  Vito  ),  homme  politique  italien,  né 
à  Recanati,  mort  à  Civita-Castellana ,  le  18  oc- 
tobre 1832.  Il  prit  les  armes  en  1821  dans  les 
Marches ,  et  fit  tous  ses  efforts  pour  que  la  ré- 
volution qui  avait  éclaté  dans  les  Abruzzes  s'é- 
tendit dans  les  États  Romains.  La  défaite  descar- 
bonari  recula  ses  espérances  sans  les  détruire. 
En  1 830  Fedeli  était  maître  d'hôtel  chez  le  prince 
Musignano  à  Rome ,  et  se  livrait  avec  une  ar- 
deur nouvelle  à  ses  menées  révolutionnaires; 
mais  il  fut  découvert,  et  prit  la  fuite.  Arrêté  à 
la  frontière  de  Toscane  et  renvoyé  à  Rome ,  il 
fut  condamné  à  mort.  Sa  peine  fut  commuée  en 


FÊDÉRIC  218 

vingt  ans  de  travaux  forcés.  Renfermé  dans  lui 
prison  de  Civita-Castellana ,  il  y  mourut. 

G.  VlTALI. 

Atto  V ajmucc\,  I  Martiri  délia  Liberté  italiana,,- Tn- 
rln,  1851. 

FEDELissiMi  (  Giambattista  ) ,  médecin  et 
poète  italien,  né  à  Pistoie,  vivait  en  1636.  On  a 
de  lui  :  Il  Giardino  morale,  poème  lyrique; 
Florence,  1594; —  Garmina  de  laudibuscar- 
dinalis  Me.  Fortiguerrœ ;  1598;  — Pastorale 
Carmen;  Florence,  1599;  —  Panegyricum  in 
Henrici  IV  et  Marise  Medices  nuptias  ;  1600; 
—  Délia  Vita  è  Morte  di  S.  Gatarina ,  poëmc 
épique  en  vers  sciolti  ;  1614;  —  Genturie  d''Os- 
servazioni  thaumafisiche ;  Bologne,  1619;  — 
Opuscula  de  Febri ,  dans  les  Opusc.  celeberr. 
Medic.;  Pistoie,  1627  ;  — Lexicon  Herbaruni; 
Pistoie,  1636.  Fedelissirai  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  autres  pièces  de  poésie,  ainsi  qu'une 
histoire  inachevée  de  sa  patrie. 

Dizionario  istorico  (  édit.  de  Bassano  ). 

FEDELissiMi  (  Jîainero ),  médecin  italien, 
frère  du  précédent ,  vivait  en  1617.  On  a  de  lui: 
Enchiridion  pharmaceuticum  Medicamen- 
torum  omnium  quse  in  Antidotario  Floren-\ 
tino  continentur ;  Bologne,  1617,  in-12.  i 

Dizionario  istorico  (édit.  de  Bassano). 

*  FEDER  (Jean-Georges-Henri),  philosophe 
allemand,  né  en  1740,  à  Schornweisbach,  prèsi 
Bay  reuth,  mort  en  1 82 1 ,  à  Hanovre.  Il  professa  lesi 
langues  anciemmes  à  Cobourg  et  la  philosophicil 
à  Gœttingue;  il  était  éclectique  dans  ses  doc- 
trines ,  qu'il  foi'mait  de  principes  empruntés  è 
Locke  et  à  Leibnitz,  y  mêlant  des  idées  wol- 
fiennes  et  y  joignant,  mais  avec  réserve,  quel 
ques  idées,  alors  nouvelles,  dujsystèrae  de  Kant. 
Ses  nombreux  ouvrages  sont  aujourd'hui  pres- 
que oubliés  ;  en  voici  les  principaux  :  Manuel 
de  Philosophie  pratique;  1770  ;  —  Recherches 
sur  la  Volonté  humaine  ;  1779, 1793;  —  T7-aité 
des  Principes  généraux  de  Philosophie  pra-\ 
tique;  1792  ;  —  Du  Sentiment  moral;  1792,  etc. 
Il  inséra  aussi  un  grand  nombre  d'articles  dans 
divers  journaux.  G.  B. 

Jutobiographie  de  Feder,  publiée  par  son  fils;  Leip- 
zig, 1825,  in-S".  —  Dictionnaire  des  Sciences  philoso- 
phiques, t.  II,  p.  390. 

*  FÉDÉRiC  (  Francisco-Gil  de),  mission- 
naire espagnol ,  né  à  Tortose  (  Catalogne),  le  14 
décembre  1702,  décapité  à  Kecho  (Tong-King) 
le  22  janvier  1745.  Il  avait  quinze  ans  lorsqu'il  J 
entra  dans  l'ordre  des  Dominicains  à  Barcelone. 
En  1729  il  obtint  d'aller  prêcher  le  catholicisme 
dans  les  Indes,  et  partit  avec  vingt-quatre  de 
ses  confrères  pour  Manille  (îles  Philippines), 
où  il  arriva  vers  la  fin  de  novembre  1730.  Il 
fut  envoyé  en  1735  dans  le  Tong-King  ou  An- 
nam  septentrional  (  ancien  royaume  de  YIndO' 
Chine) ,  et  s'y  occupait  à  visiter  les  chrétientés 
ou  églises  fondées  dans  cette  contrée  par  les  Do- 
minicains. Il  avait  fixé  le  lieu  de  sa  résidence  à 
Luc-Thuy,  et  voyait  chaque  jour  augmenter  le 
nombre  de  ses  prosélytes,  lorsque,  le  3  août  1737, 1 


149  FÉDÉRIG  —  FEDERICI 

fut  arrêté  par  un  bonze  nommé  Thay-Tinh. 
;oii(1uit  à  Kecho  ou  Bac-King,  capitale  du 
ong-King ,  Fédéric  y  fut  emprisonné  et  chargé 
c  fers.  Il  eut  beaucoup  à  souffrir  des  habitants  : 
liaque  fois  qu'on  le  conduisait  de  sa  prison  de- 
ant  les  magistrats  ou  qu'on  le  ramenait  après 
es  interrogatoires,  il  était  l'objet  des  fnsultes  les 
lus  humiliantes.  Enfin,  il  fut  condamné  à  perdre 
i  tête;  mais,  par  une  cause  restée  inconnue, 
exécution  de  la  sentence  fut  différée  plusieurs 
nnées;  ce  ne  fut  qu'en  janvier  1745  que  Fédéric 
lit  décapité,  ainsi  qu'un  autre  dominicain  espa- 
nol ,  le  P.  Matteo  Leziniana.  A.  de  L. 

Le  P.  Touron,  Histoire  des  Hommes  illustresde  l'Ordre 
e  Saint- Dominique,  VI,  688.  —  Richard  et  Giraud,  Bi- 
Uothèque  sacrée. 

FEDERICI  (Stefano) ,  jurisconsulte  italien , 
é  à  Brescia,  vivait  en  1496.  Il  descendait  de 
ancienne  famille  seigneuriale  du  Val-Canonica. 
1  termina  ses  études  à  Paris ,  et  occupa  dans  sa 
atrie  diverses  charges  judiciaires.  On  a  de  lui  : 
)e  Interpretatione  Juris ;  Brescia,  1496,in-fol. 
I  a  laissé  plusieurs  ouvrages  manuscrits ,  entre 
utres  une  histoire  chronologique  de  sa  famille. 

FEDERICI  (  Luigi  ) ,  poète  et  jurisconsulte 
îlien,  parent  du  précédent,  né  à  Brescia,  vers 
540,  mort  vers  1607.  Il  occupait  une  place  dis- 
inguée  dans  le  barreau  de  sa  ville  natale,  et  rem- 
lit  honorablement  plusieurs  emplois  pubhcs.  II 
ultivaitla  poésie  latine  et  italienne  avec  un  égal 
uccès.  Il  fut  l'un  des  fondateurs  de  l'Académie 
les  Occulti,  dans  laquelle  il  portait  le  nom  d'il 
lepolio  (L'Enseveli).  On  a  de  lui  :  Orazione, 
irononcé  à  la  réception  du  doyen  Leonardo 
)onato ,  Venise,  1606,  in-4° ,  et  quelques  Car- 
nina  et  Bi7ne  publiés  dans  le  Recueil  de  VA- 
aclémie  des  Occulti.  Il  a  laissé  manuscrits  des 
}atires  et  plusieurs  ouvi'ages  de  jurisprudence, 
mtre  autres  :  Bellavera  Filosofia  e  délie  Legi. 
iian- Antonio  Taygeto  a  dédié  à  Luigi  Federici  une 
iglogue  intitulée  :  Idmon;  Brescia,  1571,  et 
/enise,  1572,  dans  le  recueil  des  Poésies  de 
^ietro  Gherardi. 

Qiierinl,  Elorjio  di  Luigi  Federici,  dans  le  Siiecimen 
'ÂUeratur.,-  Brixen,  II,  249. 

FEDERICI  (  Geronimo),  jurisconsulte  italien, 
le  la  famille  du  précédent,  vivait  vers  1600. 
3n  a  de  lui  plusieurs  traités  sur  le  droit  crimi- 
lel.  Ces  traités  ont  été  imprimés  à  la  suite]  de 
'ouvrage  de  Prospero  Farinacci ,  Responsa  cri- 
minalia;  Venise,  1616,  in-fol. 

l'ancirole.  De  Claris  Legum  Interpret. 

FEDERICI  (Dom  Placido) ,  antiquaire  ecclé- 
siastique génois,  né  à  Gênes,  en  1739,  mort  en 
1785.  Il  appartenait  à  la  congrégation  du  Mont- 
Cassin,  et  devint  vicaire  général  de  l'abbaye  de 
Volterra.  On  a  de  lui  :  Rerum  Pomposianarum 
'HLstoria,  monumentis  illustrata,  dédiée  au 
pape  Pie  VI;  Rome,  1781,in-4°. 
Catalogue  de  la  Bibl.  imj). 

:  FEDERICI  (Francesco),  général  napolitain, 
né  à  Naples,  en  1748,  pendu  dans  la  môme  ville 
en  juillet  1799.  Il  fit  ses  études  à  Bologne,  eten- 


250 

ti'a  au  service  de  Frédéric  II,  roi  de  Prusse.  En 
1794  il  servit  avec  quelque  distinction  dans  les 
armées  coalisées  conti'e  la  France.  De  retour  à 
Naples ,  le  roi  Ferdinand  IV  lui  accorda  le  grade 
de  général  de  brigade;  mais  en  1799,  après  la 
fuite  de  ce  monarque  devant  les  troupes  fian- 
çaises ,  Federici  accepta  du  gouvernement  répu- 
blicain napolitain  le  commandement  de  Naples. 
Mal  secondé  par  le  ministre  Manthone ,  Federici, 
battu  le  13  juin  au  pont  de  La  Madelena ,  essaya 
de  se  défendre  dans  les  forts  de  la  capitale 
contre  les  bandes  calabraises  aux  ordres  du  car- 
dinal Ruffo,  soutenues  par  les  escadres  anglaise, 
russe  et  turque.  Son  énergique  résistance  lui  mé- 
rita une  honorable  capitulation,  signée  par 
Ruffo  et  les  chefs  des  troupes  alliées  du  roi  des 
Deux-Siciles.  Les  garnisons  devaient  sortir  avec 
les  honneurs  de  la  guerre;  les  propriétés  et  les 
personnes  devaient  être  respectées  ;  tous  les  in- 
dividus compromis  et  leurs  familles  pouvaient 
s'embarquer  pour  Toulon  sur  des  vaisseaux  par- 
lementaires ou  rester  à  Naples  sans  craindre 
d'être  inquiétés.  Lorsque  les  républicains  eurent 
déposé  les  armes  (17  juin),  l'amiral  anglais  Nel- 
son, séduit  par  les  charmes  de  lady  Harnilton, 
confidente  de  la  reine  Caroline,  eut  la  coupable 
faiblesse  de  refuser  de  reconnaître  la  capitulation 
«  comme  contraire ,  dit-il ,  à  la  dignité  du  trône 
napolitain  ».  Ruffo  livra  alors  la  capitale  à  ses 
Calabrais  et  aux  lazzaroni.  La  plume  se  refuse  à 
retracer  les  scènes  de  meurtre  et  de  carnage 
dont  Naples  fut  alors  le  théâtre  ;  les  femmes,  les 
enfants,  les  vieillai'ds  furent  indistinctement 
massacrés  avec  des  raffinements  inouïs.  La  las- 
situde seule  arrêta  les  meurtriers.  Le  ministre 
Acton  (voyez  ce  nom)  accourut  ensuite 
(30  juin),  et  ne  fit  qu'organiser  la  vengeance. 
L'échafaud  et  la  potence  remplacèrent  le  poi- 
gnard et  l'espingole.  Federici,  trop  confiant  dans 
la  foi  jurée,  négligea  de  se  cacher  ;  il  fut  arrêté 
chez  lui.  Peu  de  jours  après ,  il  fut  condamné  à 
être  pendu  avec  tout  son  état-major.  L'exécution 
suivit  immédiatement  le  jugement.  H.  Lesueur. 

Biographie  étrangère.  —  A  .Coppl,  Annali  d'Italia, 
827.  —  Henri  Léo  et  Botta,  histoire  d'Italie. 

FEDERICI  (Le  P.  Dominique-Marie),  sa- 
vant italien,  né  à  Vérone,  en  1739,  mort  à 
Trévise,  en  1808.  Voué  à  la  vie  religieuse ,  il  fit 
partie  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  et  occupa 
successivement  les  chaires  de  théologie d'Udine, 
de  Padoue  et  de  Trévise.  Il  a  publié  les  ouvrages 
suivants  :  Storia  de'  cavalieri  Gaudenti  ;  Ve- 
nise, 1787,  2  vol.  in-4°  :  les  frères  Joyeux, 
chevaliers  de  la  Vierge  Marie,  formaient-  une 
espèce  d'ordre,  dont  l'établissement  remontait  au 
treizième  siècle  ;  —  Memorie  Trevigiane  sullo 
Désigna  ;  Venise,  1803,  2  vol.  in-4°  :  on  y  trouve 
des  recherches  curieuses  sur  l'origine  et  les  pro- 
grès des  arts  dans  le  Trévisan ,  mais  aussi  des 
idées  bizarres  et  paradoxales  ;  —  Memorie  Tre- 
vigiane sulla  Tipografia  del  secolo  XV;  1803, 
in-4°.  Suivant  l'auteur,  la  petite  ville  de  Feltre 


25Ï 


FEDERICI  — 


am'ait  été  le  véritableberceau  de  l'imprimerie  ;  — 
Esame  mtico-apologetico  délia  Letteratura 
Trangiana  del  secolo  XVIIIî;  Venise,   1807, 

in-8°.  GUYOT  DE  FÈRE. 

Feller,  Dictionnaire  historique,  Supplément. 
FEDERICI  (  Camillo  ).  Voij.  Viassolo. 

*  FEDERIGHI  {Antoïiio) ,  dessinateur  et 
sculpteur  de  l'école  de  Sienne ,  llorissait  à  la  fin 
du  quinzième  siècle.  Il  se  rendit  célèbre  par  le 
dessin  et  l'exécution  d'une  partie  du  célèbre  pavé 
de  la  cathédrale  de  Sienne,  cette  prodigieuse 
nielle  de  marbre  qui  n'a  point  d'analogue  dans 
ie  monde.  En  1481,  il  grava  La  Sibylle  d'Ery- 
thrée ,  Les  Sept  Ages  de  l'Homme  et  plusieurs 
Vertus.  En  1483 ,  Bastiano  del  Francesco  a 
gravé  sur  ses  dessins  l'énergique  composition  de 
la  Bataille  de  Jephté.  E.  B — n. 

Romagnoli ,  Cenni  storico-artistici  di  Siena,  ~ 
Mcucci,  Siena.  —  P.-G.  délia  Valle,  Lettere  Sanesi. 

*  FEDERSïANN  (Mcolas),  navigateur  alle- 
mand, né  à  Ulm,  mort  vers  1550.  Il  s'em'oarqua  à 
San-LucasdeBarrameda,le  2  octobre  1529,  avec 
cent-vingt-trois  soldats  espagnols  et  vingt-quatre 
mineurs  allemands ,  qu'il  commandait  ;  il  était 
commissionné  par  Ulrich  Ehinger,  au  nom  des 
riches  banquiers  Welser,  qui  avaient  obtenu  de 
Charles-Quint  de  vastes  concessions  dans  le 
Nouveau  Monde.  Federmann  raconte  que  dès  le 
début  de  son  voyage  il  trouva  aux  îles  Canaries 
des  Maures  embusqués  qui  l'attaquèrent  (  habi- 
tants qu'ils  ne  faut  pas  confondre  avec  les  Guan- 
ches,  déjà  anéantis  en  partie  à  cette  époque) .  Après 
avoir  débarqué  à  Saint-Domingue,  il  sedirigea  sur 
le  Venezuela,  et  partit  de  la  ville  deCoropour  ses 
expéditions  dans  l'intérieur,  où  périrent  tant  d'In- 
diens, impitoyablement  massacres.  A  partir  de 
l'année  1530,  où  il  occupe  le  rang  de  lieutenant 
du  capitaine  général,  la  vie  de  Federmann  s'é- 
conle  dans  des  expéditions  armées,  durant  les- 
quelles il  soumet  plusieurs  nations,  dont  les 
noms  même  sont  perdus  aujourd'hui,  ou  quel'on 
rencontre  à  grand'peine,  quoiqu'elles  soient  ci- 
tées par  Piedrahita  ou  par  Castellanos.  Fatigué 
sans  doute  de  cette  vie  aventureuse,  Federmann 
fut  de  retour  à  Coro  le  17  mars  1531,  et  dans 
cette  ville,  récemment  fondée,  il  se  démit  de 
son  commandement,  pour  retourner  en  Alle- 
magne. Notre  conquistador  allemand  était  proba- 
blement à  la  cour  de  Charles-Quint  lorsqu'on 
y  apprit  la  mort  de  Dalfmger,  l'ancien  gou- 
verneur du  Venezuela;  il  fit  valoir  ses  droits 
à  l'emploi  du  hardi  capitaine  dont  il  était  na- 
guère le  lieutenant ,  et  l'obtint  ;  mais  les  Welser 
firent  révoquer  sa  nomination ,  pour  choisir  à  sa 
place  Georges  de  Spire.  Habitué  à  tous  les  ha- 
sards de  la  vie  des  forêts,  Federmann  comprit  à 
merveille  qu'il  recouvrerait  bientôt  le  commande- 
ment absolu  des  troupes  qui  lui  étaient  confiées 
dès  qu'il  aurait  quitté  le  littoral  :  il  accepta  eu 
conséquence  le  litre  de  lieutenant  dn  gouver- 
neur, et  arriva  à  Coro  avec  celui-ci  en  1537.  On 
devait  d'abord  tenter  des  découvertes  vers  le 


FEDERMANN  25? 

sud ,  et  les  troupes ,  qui  s'étaient  divisées  sou8|j| 
le  commandement  des  deux  chefs  allemands,;' 
devaient,  après  avoir  reconnu  la  région,  se  réunir 
dans  le  voisinage  de  Barquicemeto.  Tandis  que 
Georges  de  Spire  se  dirigeait  vers  /est,  Feder- 
mann, qui  avait  pris  à  i'ouest,  bien  loin  de  ré- 
trograder, continua  sa  marche  dans  cette  direc- 
tion; après  avoir  surmonté  des  obstacles  prodi- 
gieux, fort  bien  exposés  par  Piedrahita,  dont  on 
peut  lire  la  chronique  espagnole  à  défaut  de  la 
relation  allemande.  Federmann  arriva  dans  la 
Nouvelle-Grenade ,  et  par  une  circonstance  for- 
tuite, qui  tient  réellement  du  prodige,  il  apparut 
sur  le  plateau  de  Bogota  au  moment  où  Quesada 
et  Sébastien  de  Benalcazar  s'y  présentaient  à  la 
tête  de  leurs  troupes  :  l'un  y  était  parvenu  en 
suivant  les  sinuosités  du  Rio-Magdalena,  l'autre 
par  le  Pérou  (  voy.  Benalcazar).  De  tels  hommes, 
campés  à  quelques  lieues  les  uns  des  autres,, 
dans  une  région  qui  jouissait  d'une  réputation 
incontestée  de  richesse ,  ne  pouvaient  demeu- 
rer si  près  les  uns  des  autres  sans  faire  valoir 
leurs  droits  avec  quelque  emportement.  AprèSj 
une  vive  discussion,  qui  avait  eu  lieu  poml 
savoir  auquel  des  conquistadores  appartiendrait' 
cette  porvince  opulente,  siège  d'une  civilisation 
ipresque  aussi  avancée  que  celle  d  u  Mexique  e! 
du  Pérou  ,  mais  fort  différente  dans  ses  carac- 
tères distinctifs ,  il  fut  convenu  que  l'on  porterai! 
la  causeen  Espagne  et  que  l'empereur  déciderait. 
Federmann  reçut  alors  le  prix  de  soninsubordi-| 
nation.  Les  Welser,  irrités  de  sa  conduite  avec 
Georges  de  Spire,  oublièrent  les  services  très-- 
réels  qu'il  leur  avait  rendus  ,  et  prétendii'ent  un 
moment  lui  intenter  un  procès  ruineux.  On  af-j 
firme  cpi'il  ne  put  résister  à  une  telle  injustice, 
et  que  ce  courage  indomptable  dont  il  avait 
donné  tant  de  preuves,  qu'il  faut  mettre  sur  la 
môme  ligne  que  celui  des  plus  hardis  conqué- 
rants du  Nouveau  Monde ,  s'éteignit  dans  le  cha- 
grin. 

La  relation  dans  laquelle  on  raconte  une  par- 
tie des  exploits  de  Federmann  n'a  pas  été  écrite 
par  le  conquistador  lui-même ,  quoiqu'il  y  parle 
à  la  fois  comme  s'il  narrait  les  faits  qui  s'exécu- 
tèrent sous  son  commandement;  elle  ne  contient] 
niallieureusement  que  la  premièi-e  de  ses  aven- 
tures ,  et  a  été  rédigée  par  un  notaire ,  qni  ac- 
compagnait l'expédition.  Nous  aimons  à  croire, 
pour  le  bien  des  braves  qui  en  faisaient  partie, 
que  cet  officier  public  mettait  plus  d'exactitude 
dans  ses  notes  que  dans  ses  récits  de  voyages; 
mais  plusieurs  de  ses  assertions  nous  paraissent 
tout  au  moins  douteuses ,  et  nous  avons  quelque 
peine  à  croire  à  cette  nation  des  Ayamanes, 
presque  uniquement  composée  de  nains  belli-j 
queux,  n'ayant  pas  plus  de  cinq  ou  six  palmes  de 
haut,  et  qui  arrêtèrent  un  moment  les  Espagnols. 
La  relation  en  elle-même  n'eu  est  pas  moins 
fort  curieuse  à  consulter  sur  l'histoire  primitive 
de  ces  régions  connues  à  peine.  Confiée  par  Fe- 
derinann  à  son  beau-frère  JeanKiefhaberjbouj;- 

: 


253  FEDERMAT^N 

geois  d'UIm ,  elle  fut  publiée  par  celui-ci  après 
la  mort  du  voyageur,  à  Haguenau,  en  1557. 
Grâce  au  zèle  éclairé  de  M  H.  Ternaux-Compans, 
nous  en  avons  une  traduction  annotée,  imprimée 
sous  le  titre  suivant  :  Narration  chi  premier 
Voyage  de  Nicolas  Ftdermanyï  le  jeune;  Paris, 
1837,  in-8°.  Cet  ouvrage  est  dans  l'ordre  des  pu- 
blications le  second  de  la  collection  en  20  vol. 
intitulée  -.  Voyages,  Relations  et  Mémoires 
originaux,  pour  servir  à  Vhistoire  de  la  dé- 
couverte de  V  Amérique  ;  Paris,  Arthus  Ber- 
trand,  1837  et  années  suivantes.  Aidé  de  sa 
précieuse  bibliothèque,  le  savant  éditeur  est  par- 
venu à  éclairer  plusieurs  passages  du  vieil  auteur 
allemand  et  à  retrouver  les  noms  de  quelques 
peuples  qu'il  cite ,  et  qui  ont  disparu.  Piedra- 
hita ,  dans  lequel  on  trouve  un  portrait  de  Fe- 
dermann,  pourrait  a>i  besoin  accroître  cette  série 
de  témoignages  recueillis  par  M.  Ternaux  tou- 
chant la  marche  vraiment  prodigieuse  du  con- 
quistador allemand.  Febdinand  Denis. 

Ternaux-Corapans,  Prcface  de  l'éditcnr  français  en 
tfitc  de  la  Relation.-—  Le  P.  .Simon,  Noticias  historiales 
deticrra  ferme.  —  Castellaftos,  Elogios  de  P^arones 
iluslrer,  de  lus  liidifix.  —  D.  Lucas,  Fcrnnndcz  Picdm- 
hita ,  Historia  ejencval  de  lus  Conquistas  del  IViieno 
Reyno  de  Cranada  a  la  S.  C.  R.  M.  de  D.  Carlos  Se- 
gundû  rey  de  las  Espanas  y  de  las  Indias,  etc.;  .san.s  lieu 
ni  date,  in-'f".  La  dédicace  e.st  datée  du  12  août  1676.  — 
Touron,  JfJist.  de  l'Amérique.  —  Recueil  de  Documents  et 
Mémoires  originaux  sur  l' Histoire  des  Possessions  espa- 
cjnolcs  dans  l'Amérique,  pub.,  par  Ternaux-Compans; 
i'aris,  1840,  1  vol.  in-8°. 

FËDOR  iWAWOWîTCH,  czar  de  Russie,  fils 
d'Iwan  IV,  né  en  1557,  mort  en  1598.  Bien 
qu'il  fût  majeur  lorsqu'il  monta  sur  le  trône, 
en  1584  ,  son  père  ne  lui  avait  pas  moins  donné 
en  mourant  un  conseil  composé  de  cinq  boïards, 
Schoniski,  Mstislavski,  Yourief,  Beizki  et  Boris 
Godounof  (î^oyez  ce  nom);  mais  bientôt  tout  lepou- 
voir  resta  à  ce  dernier^  qui,  après  avoir  écarté 
ou  abaissé  ses  collègues  ,  finit  par  gouverner  la 
Russie  en  maître  absolu ,  de  l'aveu  de  Fëdor  et 
avec  le  titre  de  régent.  Quant  à  Fëdor,  maladif, 
faible,  livré  à  de  minutieuses  pratiques  de  dévo- 
tion ,  bien  que  l'ambition  habile  de  Godounof  lui 
laissât  l'apparence  du  pouvoir  et  les  honneurs  du 
premier  rang,  il  ne  prit  pour  ainsi  dire  point 
part  aux  événements  de  son  règne ,  qui  occupe 
cependant  une  place  importante  dans  l'histoire 
de  Russie.  Sa  mort  excita  les  regrets  de  ses  su- 
jets, qui  le  regardaient  comme  un  saint,  et  qui 
attribuaient  à  ses  prières  la  prospérité  de  l'em- 
pire. Avec  lui  finit  la  race  des  Varègues  et  la  dy- 
nastie de  Monoraaque. 

Karamsinc,  Histoire  de  l'Empire  de  linssie  (traduction 
(le  MM.  Saint-Thomas  et  nivoff  ),  vol.  IX,  X. 

FRUoii  ïï,  ALEXîEWiTCB,  czar  ne  Russie, 
fils  d'Alexis  Michaelowitch ,  et  petit-fils  de  Mi- 
eiiel  Roraauol'f,  né  en  1657,  mort  en  1082.  Il  suc- 
céda à  son  père  en  107G.  Quoiqu'il  liU  d'une 
santé  languissante ,  il  se  montra  ferme  dans  ]a 
direction  des  affaires.  11  travailla  couune  son 
père  à  civiliser  la  Russie,  il  fit  brûler  d'un  seul 
coup  tous  les  titres  nobiliaires  des  boïards,  et 


—  FEDRICI 


254 


réforma  immédiatement  l'aristocratie  en  assu- 
rant la  première  place  aux  principaux  fonction- 
naires. Il  augmenta  le  nombre  des  écoles ,  et  pro- 
jeta de  fonder  une  académie,  où  l'on  eût  ensei- 
gné la  grammaire ,  la  rhétorique ,  là  philosophie, 
le  droit  ecclésiastique  et  le  droit  civil.  Le  plan 
qu'il  en  a  laissé  est  surtout  remarquable  par  sa 
sévérité.  On  y  punit  du  knout  et  des  bafogues 
le  professeur  qui  s'écai'te  de  la  rehgion  ortho- 
doxe. Si  le  coupable  persiste  dans  ses  opinions , 
il  est  condamné  au  feu ,  aussi  bien  que  celui  qui 
enseignerait  la  magie,  ou  qui  manquerait  de 
l'espect  aux  saintes  images.  La  seconde  année 
du  règne  de  Fëdor  fut  troublée  par  la  guerre. 
Les  Tartares  réunis  aux  Turcs  vinrent  assiéger 
Tchignirin ,  place  que  les  Cosaques  Zaporogues 
avaient  cédée  au  czar  Alexis.  Les  Tartares  furent 
défaits;  mais  lesTurcs  emportèrent  la  ville,  qu'ils 
rendirent  bientôt  après ,  à  la  suite  d'un  traité 
conclu  en  1G81.  Le  sultan  renonça  à  toute  pré- 
tention sur  l'Ukraine,  elles  Cosaques  furent l'e- 
connus  indépendants  sous  la  protection  de  la 
Russie.  Fëdor  mourut  après  un  règne  de  cinq 
ans  et  demi.  Bien  qu'il  eût  été  marie  deux  fois 
(d'abord  avec  Agathe  Groucheski ,  puis  avec 
Marthe  Apraxine),  il  ne  laissa  pas  d'enfants.  Il 
dé.signa  pour  son  successeur  son  frèi-e  Pierre, 
âgé  de  dix  ans,  et  qui  fut  depuis  Pierre  le 
Grand. 

Esneaux  et  Chennechot,  Histoire  philosophique  et 
politique  de  Rtissie,  t.  III. 

FËDOR  IWAKOWITCH  iCharUs-Frédéric), 
peintre  russe,  d'origine  kalmouke,  né  en  1765, 
mort  en  1 821 .  Pris  dans  une  horde  de  Kalmoucks 
de  la  frontière  chinoise,  vers  1770,  il  fut  con- 
duit à  Saint-Pétersbourg,  où  il  eut  la  protection 
de  rimpératrice  Catherine  11,  qui  le  fit  baptiser 
et  lui  donna  les  noms  sous  lesquels  il  est  placé 
en  tête  de  cet  article.  Plus  tard  ,  Ciitherine  le 
donna  à  la  princesse  Amélie  de  Bade,  qui  s'oc- 
cupa de  l'éducation  du  jeune  converti.  Il  fut  en- 
voyé à  Carîsruhe  pour  y  étudier,  et  choisit  lui- 
même  la  profession  de  peintre.  Il  se  rendit  en- 
suite eu  Italie,  et  séjourna  pendant  sept  ans  à 
Rome.  D'Italie  il  passa  en  Grèce  avec  lord 
Elgin ,  en  qualité  de  dessinateur,  et  vint  ensuite 
à  Londres  pour  y  surveiller  la  gravure  des  mo- 
numents auxquels  lord  Elgin  a  attaché  son  nom. 
Trois  ans  plus  tard,  il  retourna  à  Carîsruhe,  et  y 
remplit  ju.squ'à  sa  mort  les  fonctions  de  peintre 
de  la  cour  du  grand-duc.  Cbarles-Frcdéric-Fëdor 
étudia  particuUèrement  les  vieux  maîtres  de  l'é- 
cole florentine.  Ses  têtes  ont  de  la  vigueur  et  de 
l'originaUté  ;  mais  les  figures  de  femmes  ne  lui 
réussissaient  point.  On  lui  doit  quelques  gi'a- 
vures  habilement  exécutées ,  celle,  entre  autres, 
des  Portes  de  Ghiberti  de  Florence ,  et  une  Des- 
cente de  croix  d'après  Daniel  de  Vollerre. 

Coni'ersatinns-Lexikon. 

FKD051.  Voy.  FoEoo;!. 

FÉDORA.  Voy.  Fondera 

FEDRICI  {Césure),  voyageur  vénitien,  vi- 


255 


FEDRICI  —  FEE 


266 


vait  en  1587.  Il  s'embarqua  en  1563  pour  les 
Indes.  II  descendit  à  Tripoli  (Syrie  ),  puis  gagna 
Alep,  où  il  se  joignit  à  une  caravane  qui  partait 
pour  Bagdad.  De  cette  capitale  il  se  rendit  à 
Ormuz,  traversa  le  golfe  Persique,  et  prit  terre 
sur  la  côte  de  Malabar.  Il  se  livra  alors  au  com- 
merce ,  se  fixa  quelque  temps  dans  le  Pégu ,  et 
pendant  dix-huit  ans  parcourut  l'Inde  et  les 
mers  environnantes.  Cependant ,  d'après  son  ré- 
cit, il  ne  poussa  pas  ses  excursions  au  delà  de 
Malacca ,  alors  aux  Portugais.  Lorsque  Fedrici , 
après  bien  des  épreuves ,  eut  enfin  réalisé  une 
belle  fortune ,  il  opéra  son  retour  en  Europe  par 
la  route  qu'il  avait  suivie  en  allant,  route  très- 
fréquentée  à  cette  époque.  Il  s'embarqua  à  Or- 
muz pour  Bassora,  revit  Bagdad,  traversa 
le  désert  jusqu'à  Alep, prit  la  mer  à  Tripoli  pour 
aller  en  Palestine,  visita  en  détail  Jérusalem, 
Jaffa  et  les  autres  lieux  saints,  revint  à  Tripoli, 
et  y  mit  à  la  voile  pour  Venise,  où  il  arriva  le  5 
novembre  1581.  Il  publia  en  italien  la  relation 
de  son  voyage  sous  ce  titre  :  Viaggio  nel  India  è 
oltra  rindia,  et  dans  lequel  sont  contenues 
des  remarques  sur  les  usages  et  les  mœurs 
de  ce  pays ,  et  sont  décrites  les  épiées ,  les 
drogues,  les  perles  et  pierreries  qui  en  vien- 
nent, etc.  ;  Venise,  1587,  in-12.  Cette  relation 
se  trouve  aussi  dans  Giambattista  Ramusio  ou 
Rannusio,  Raccolta  délie  Navigazioni  e  de' 
Viaggi,  suppl.  au  t.  III  de  l'édit.  de  Venise, 
1606,  in-fol.  Elle  a  été  trad.  en  anglais  dans  Ri- 
chard Hakiuyt,  t.  Il  de  la  Collection  of  Voyages 
and  Discoveries;  Londres,  1599,  in-fol.,  et  dans 
le  t.  I  des  Asiatick  Miscellanies.  Elle  est  très- 
estimée  sous  le  rapport  de  la  véracité ,  et  fournit 
encore  des  documents  curieux  pour  l'histoire  de 
la  Perse  et  de  l'Inde.  Il  est  fâcheux  qu'elle  n'ait 
jamais  été  traduite  en  français.        A.  de  L. 

Placido  Zurla,  Di  Marco  Polo,  degli  àltri  Viaggiatori 
Feneziani  più  illustri;  Venise,  1818,  ln-4°,".t.  II,  p.  258. 
—  Asiatic  Journal  and  mounthly  Register,  an.  1823, 
t.  I,  p.  332. 

FEDRiGOTTi  {  Get'onimo) ,  poète  italien, 
né  en  1742,  à  Sacco  di  Roveretto,  mort  en  1776. 
Il  commença  ses  études  à  Roveretto,  et  les  ter- 
mina en  Allemagne.  Son  père  voulait  en  faire  un 
jurisconsulte;  mais  la  nature  en  fit  un  poète.  On 
ade  lui  des  poésies  pastorales  et  lyriques  pleines 
de  grâce  et  d'élégance.  Il  s'essaya  aussi  dans  la 
tragédie,  et  composa  deux  livres  d'un  poème 
épique  en  octaves.  Le  sujet  de  ce  poème  était 
Marc-Antoine.  Atteint  d'une  maladie  de  con- 
somption, Fedrigotti  mourut  à  la  fleur  de  l'âge, 
sans  avoir  voulu  consulter  les  médecins.  Ses 
poésies  sont  éparses  dans  les  Raccolti  de  la  litté- 
rature de  son  temps  et  surtout  dans  celui  de 
l'Académie  des  Agiati,  dont  il  était  membre. 

Clémente  Vannetli,  Elogio  di  Geronimo  Fedrigotti; 
dans  la  liecolta  d'Opuscoli  de  D.  Mandelli. 

*  FÉE  (Antoine- Laurent- Apollinaire)  y  bo- 
taniste et  littérateur  français,  né  à  Ardentes 
(Indre) ,  le  7  novembre  1789.  Il  fit  les  dernières 
campagnes  de  l'empire  ;en  Espagne ,  où  il  était 


employé  dans  les  hôpitaux  militaires,  et  là  déjà, 
tout  en  herborisant  et  interrogeant  la  nature,  il 
s'exerçait  à  l'art  difficile  d'écrire  en  composant 
une  tragédie.  Après  la  Restauration,  il  s'établit 
comme  pharmacien  à  Paris ,  et  pendant  huit 
années  il  se  consuma  en  efforts',  trop  souvent 
infructueux,  pour  améliorer  sa  profession.  En 
1819,  il  fonda  une  société  des  pharmaciens  du 
département  de  la  Seine,  demanda  pour  eux 
une  chambre  de  discipline,  dans  le  but  d'op- 
poser une  digue  au  charlatanisme,  créa  une 
caisse  de  bienfaisance  pour  les  pharmaciens ,  it 
organisa  un  mode  régulier  de  placement  poiu 
les  élèves.  De  ces  fondations ,  les  deux  dernières 
seules  survécurent.  Rentré  dans  l'armée,  et 
nommé  pharmacien-major  en  1828,  nous  le  trou- 
vons démonstrateur,  puis  professeur  à  l'hôpital 
militaire  de  Lille ,  d'où  il  passa  à  celui  de  Stras- 
bourg en  qualité  de  pharmacien  principal  de  se 
conde  classe.  Reçu  docteur  en  médecine,  il  ob' 
tint  au  concours  la  chaire  d'histoire  naturelle 
médicale  à  la  faculté  de  médecine  de  Strasbourg, 
ville  qu'il  n'a  plus  quittée.  Il  est  maintenant  pre- 
mier professeur  et  pharmacien  en  chef  de  l'hô-' 
pital  militaire  de  Strasbourg,  membre  de  la' 
Société  impériale  de  Médecine  et  membre  de  la! 
Société  de  Pharmacie  de  Paris,  dont  il  est  se 
crétaire,  etc. 

Botaniste  laborieux  et  intelligent,  scrutateur' 
infatigable ,  M.  Fée  se  plaît  à  cacher  les  profon- 
deurs de  la  science  sous  le  charme  de  la  diction 
On  lui  doit  :  —  Lettre  adressée  aux  Phar-  \ 
maciens  du  département  de  la  Seine,  sur  les 
devoirs  de  leur  profession;  Paris,  1819 ,  in-é"; 

—  Éloge  de  Pline  le  naturaliste,  Paris,  1821 
iu-8'';  inséré  dans  le  Journal  de  Pharmacie; 
une  2^  édition,  dans  les  Mémoires  de  la  Sociétt 
des  Sciences  et  Arts  de  Lille,  1827,  in-8'';  — 
Flore  de  Virgile,  ou  nomenclature  métho- 
dique et  critique  des  plantes ,  fruits  et  pro- 
duits végétaux  mentionnés  dans  les  ou 
vrages  du  prince  des  poètes  latins;  Paris, 
F.  Didot,  1822 ,  grand  in-8°  :  un  index  de  ce  li- 
vre ,  avec  quelques  additions,  a  été  inséré  dans 
l'édition  de  Virgile  publiée  par  Panckouke  eu 
1835.  «  La  flore  antique  que  M.  Fée  présente  au 
public ,  disait  alors  Bory  de  Saint-Vincent  dans  la 
Revue  Encyclopédique,  est  embellie  d'un  style 
pur  et  même  élégant.  Le  nom  de  chacun  des  vé- 
gétaux mentionnés  par  le  prince  des  poètes  esl 
soigneusement  rapporté,  et  M.  Fée  cherche  dans 
l'épithète  ou  dans  les  deux  ou  trois  mots  qui  ac-' 
compagnent  ce  nom  les  moyens  de  reconnaître' 
chaque  espèce.  Il  y  réussit  avec  bonheur,  et  c'est 
avec  sagacité  qu'il  trouve  le  mot  de  l'énigme  »; 

—  Essai  sur  les  cryptogames  des  écorces  exoti- 
ques officinales;  f^  partie,  Paris,  1 824,  gr.  in-4% 
avec  33  planches  coloriées  ;  2^  partie  (supplément 
et  révision),  Strasbourg,  1837,  in-4°,  avec 
4  planches,  'c  En  examinant  attentivement  les 
écorces  précieuses  d'arbres  exotiques ,  a  dit 
le  docteur  Isidore  Bourdon,  non-seulement  celles 


257 


FEE 


258 


du   quinquina,  mais    plusieurs  antres  écorces 
officinales ,  M.  Fée  y  découvrit  des  lichens  qui 
lui  parurent  appartenir  à  diverses  espèces  encore 
peu  connues.  Avec  de  la  persévérance,  il  s'as- 
sura que  c'étaient  des  lichens  inédits ,  des  cryp- 
togames nouveaux,  et  il  décida  dès  lors  d'en 
faire  l'histoire  ;  »  —  Méthode  lichénographique 
et  Gênera ,  donnant  les  caractères  des  genres 
qui  composent  la  famille  des  Uchens,  avec  leurs 
détails  grossis  ;  Paris  ,  F.  Didot ,  1824 ,  gr.  in-4° 
et  plane   forme.  «  Ces  deux  ouvrages,  disait  le 
Bulletin  des  Sciences  de  Férussac,  ne  font  pas 
moins  d'honneur  à  l'art  typographique  qu'au  zèle 
du  savant,  qu'ils  placent  entre  les  premiers  cryp- 
togamistes.  Si  la  méthode  lichénographique  de 
M.  Fée  n'est  pas  absolument  irréprochable ,  elle 
n'en  est  pas  moins  la  meilleure  qu'on  ait  encore 
publiée.  Les  erreurs  d'Acharius,  dont  les  travaux 
ont  eu  tant  de  fois  pour  résultat  le  renversement 
de  ses  travaux  antérieurs,  y  sont  redressées  avec 
autant  de  politesse  que  de  sagacité,  et  M  Fée , 
,en  rendant  justice  au  mérite  de  ses  compatriotes, 
jMM.  Léon  Dafour,  Mongeot  et  DelDle ,  démontre 
indirectement  la  supériorité  de  nos  lichénogra- 
iphes;  »  —  Concordance  synonymique  et  mo- 
nographique du  genre  Cinchona  et  genres  voi- 
sins ;  dans  le  Journal  de  Chimie  médicale, 
1825;  —  Entretiens  sur  la  Botanique;  dans 
la  collection  de  Maître  Pierre,  Strasbourg, 
1825,  in-18;  —  Observations  sur  le  projet  de 
loi  relatif  à  la  création  des  écoles  secondaires 
de  médecine  et  de  pharmacie,  présentées  aux 
chambres  et  au  ministre  de  l'intérieur  par 
la  Société  de  Pharmacie;  Paris,  1825  ;  —  Code 
Pharmaceutique  français  ;  ti-aduction  du  doc- 
eur  Jourdan,  2*  édition,  avec  une  intioduction, 
les  notes  critiques  et  des  additions  par  M.  Fée; 
?ans,  1826,  in-8°; —  Mémoire  botanique  et 
hhimique  sur  les  Monocotylédones  ;  dans  le 
Wournal  de  Chimie  médicale,  1826;  —  Essai 
riistorique  et  critique  sur  la  Phytonomie ,  ou 
lomenclature  végétale;  Lille,    1827,  in-S"; 
|éimpi-imé  à  Gand,  en  1828  ;  —  Notice  sur  les 
énés  falsifiés  avec  le  redoul  (coriaria  rayrti- 
lia,  L.)';  dans  le  Journal  de  Chimie  médicale, 
|828;  —  Note  sur  les  Sénés,  et  notamment 
r  le  séné  dit  de  Moka;  1830 ,  in-8°  ;  —  Cours 
^Histoire  naturelle  pharmaceutique,  ou  his- 
ire  des  substances  usitées  dans  la  théra- 
eutique,  les  arts  et  V économie  domestique; 
aris,  1828,  2  vol.  in-8"  ;  2"=  édition,  Paris, 
Î37,  2  vol.  in-8°;  —  Monographie  du  genre 
hiodecton  ;  dans  les  Annales  des  Sciences  na- 
irelles,  mai  1829,  et  dans  les  Mémoires  de 
Société  de  Lille ,  même  année  ;  —  Prome- 
ade  dans  la  Suisse  occidentale  et  le  Va- 
lis ;   Paris,  1829,  in-8°;  2^  édition,  sous  ce 
tre  :  Voyage  en  Suisse,  Paris,  1835;  —  Ca- 
Linnxi ,  Sueci,  D.  M.,  Systema  Naturœ , 
ve  régna  tria  naturœ  systematice  proposita 
ir  classes ,  ordines ,  gênera  et  species  ;  editio 
ima  réédita,  curante  A.-L.-A.  Fée;  Paris, 

NOUV.   BIOGR.    CÉNÉR.    —  T.   XVII. 


1830,  gr.  in-S"  ;  —  Monographie  du  genre  Try- 
pethelium»;  dans  les  Annales  des  Sciences  na- 
turelles,  1830,  in-8°  ;  — Commentaires  sur 
la  Matière  médicale  et  la  Botanique  de  Pline; 
Paris,  1830,  3  vol.  in-S",  composés  pour  l'édi- 
tion de  Phne  de  Panckoucke;  —  Notice  sur  le 
Choléra-Morbus ;  Lille,  1832,  in-8°;  —  Flore 
de  Théocrite  et  des  autres  bucoliques  grecs; 
Paris,  1832,  in-8";  —  Vie  de  Linné,  rédigée 
sur  les  documents  autographes  laissés  par 
ce  grand  homme  et  suivie  de  Vanalyse  de  sa 
correspondance  avec  les  principaux  natura- 
listes de  son  époque;  Paris,  1832,  in-8°;  — 
De  la  Reproduction  des  Végétaux;  Strasbourg, 
1833,  in-4°;  —  Mémoire  sur  le  groupe  des 
phyllériées,  avec  une  monographie  des  genres 
Erineum,  Taphria  et  Cronartium;  Strasbourg, 
1833,  in-8°;  —Examen  de  la  Théorie  des 
rapports    botanico  -  chimiques  ;  Strasbourg , 

1833,  in-4<';  —  Histoire  du  Jardin  botanique 
de  la  Faculté  de  Médecine  de  Strasbourg  ; 
Sti-asbourg ,  1833,  in-8''  ;  —  Discours  prononcé 
en  Faculté,  dans  V année  \8Zi,  sur  les  progrès 
de  la  botanique  en  1832  et  1833;  in-4°,  avec 
une  planche  représentant  VHugelia  cyanea  de 
Reichenbach  ;  —  Mémoire  sur  trois  Sphaeria 
exotiques  (espèces  brésiliennes)  ;  Strasbourg, 

1834,  in-80;  — Promenade  à  Bade  pendant 
r  automne  de  1834;  dans  la  iîewMe  Germanique, 
1835;  —  Stuttgard  pendant   l'automne  de 

1835,  in-8°  ;  traduit  en  allemand  l'année  sui- 
vante ;  —  Catalogue  méthodique  des  Plantes 
du  Jardin  botanique  de  Strasbourg  ;  Stras- 
bourg, 1836,  in-8"  :  quelques  espèces  nouvelles 
y  sont  décrites  ;  —  Monographie  du  genre 
Zauha,  dans  laLinnxa;  Halle,  1836,  in-8°;  — 
Entretiens  sur  la  zoologie,  pour  la  collection 
de  Maître  Pierre;  Strasbourg,  1836,  in-18; 

—  Monographie  du  genre  Gassicurtia,  dans  la 
Linnœa;  Halle,  1837,  m-8°,  planches  coloriées  ; 

—  Les  Jussieu  et  la  méthode  naturelle;  Stras- 
bourg, 1837,  grand  in-8°;  —  Mémoires  liché- 
nographiques  :  Monographies  des  genres  Sar- 
cographa,  Glyphis,  Pyrenodium,  Parmentiera, 
Melanotheca  et  Messneria  ;  dans  les  Actes  de  la 
Société  des  Ctirieux  de  la  Nature  ;  Breslau , 
l838,in-4°,  planches  coloriées;  — Entretiens 
sur  les  Oiseaux,  pour  la  collection  àe  Maître 
Pierre;  Strasbourg,  1838,  in-18;  —  Mémoire 
sur  l'Ergot  du  seigle  (  Sphacelidium  clavus)  et 
sur  quelques  agames  parasites  sur  les  épis 
de  cette  céréale;  Strasbourg,  1843,  grand  in-4°  : 
l'auteur  y  établit  le  genre  malackaria;  —  Exa- 
men microscopique  de  V  Urine  normale  ;  Stras- 
bourg ,  1 844 ,  in-4°  ;  —  Mémoires  sur  la  fa- 
mille des  Fougères  :  l*""  mémoire.  Examen 
des  bases  qui  ont  servi  dans  la  classification 
des  Foxigères,  et  en  particulier  de  la  Nerva- 
tion, Strasbourg,  1844,  grand  in-fol.  ;  2"^  mé- 
moire. Histoire  des  Acrostichum,  Strasbourg, 
1844-1845;  —  Une  exctirsion  en  Corse  pen- 
dant l'été  de  1845;  Strasbourg,  in-12;  —  M«- 


259  FEE  - 

inoirè  snf  la  SeHsitim  (Mimosa  pudica,  L.)'^  les 
plantes  dj^es sommeillantes;  Strasbourg,  1846; 

—  Voceri,  chants  populaires  de  la  Corse, 
précédés  d'une  excursion  dans  cette  île;  Stras- 
bourg, 1850,  îti-8°;  —  Gênera  Filicum  :  Po- 
lypodiacéés;  Strasbourg,  1850-1852,  in-4°;  — 
Histoiredes  Vittariées ; SirSi^bom'g,  1851-1852, 
in-fol.,  planches-,  —  Histoire  des  Anthophijées ; 
Strasbourg,  in-fol.  avec  pi.,  I851-l852;"-£'?î<(/es 
^philosophiques  sur  V Instinct  et  V Intelligence 
des 4«m!m<.ï; Strasbourg,  1853,  in-l2;  —Ico- 
nographie des  espèces  nouvelles  décrites  dans 
le  Gênera  ;  Strasbourg,  1853 ,  8  planches  in-4°  ; 

—  Il  ne  faut  pas  maltraiter  les  animaux; 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  protectrice  des 
animaux,  janvier  1855.  Datts  sa  jeunesBe, 
M.  Fée  a  publié  quelques  poésies,  entre  autres 
uneti-agédie  en  cinq  actes,  Pelage,  Paris  1818, 
In-H".  Enfin,  il  a  donné  des  articles  de  matière 
inéilicaie  au  grand  Dictionnaire  des  Sciences 
médicales  de  Panclioucke  ;  de  bibliographie  au 
BnUetin  de  Férussac;  de  médecine,  de  bo- 
tanique ,  d'histoire  naturelle,  médicale  et  de 
biographie  dans  le  Journal  de  Chimie  médi- 
cale ;  de  botanique  des  anciens  dans  le  Jour- 
nal de  Pharmacie;  de  cryptogamie  dans  le 
Dictionnaire  classique  d'Histoire  naturelle; 
plusieurs  notices  dans  divers  recueils  et  encyclo- 
pédies ainsi  que  dans  la  présente  Biographie  gé- 
nérale. 

M™"  Cécile  Féé,  son  épouse,  née  à  Orléans, 
le  22  janvier  1799,  morte  à  Strasbourg,  le  5  jan- 
vier 1840,  femme  aussi  distinguée  par  les  qua- 
lités du  cœur  que  par  celles  de  l'esprit ,  a  fait 
imprimer  en  1832  un  volume  de  Pensées.  Ce 
livre  l'aurait  placée  très-haut  parmi  les  mo- 
ralistes ,  si  sa  moflesîie  lui  eût  portais  de  le 
répandre  dans  le  commerce. 

L.  LOUVET. 
Biogr.  Univ.  et  port,  des  Contemporains.  —  Qiiérarri, 
La  France  littéraire.  --  Louandre  et  Rnurquoiot.  i« 
Littérature  française  contemporaine.  —  nid.  de  la  Con- 
versation, Suppl.  a  la  ire  édition.  —  Liste  métliodique 
des  ouvrages  publiés  par  le  professeur  Fée,  !n-4°. 

FÈFRK  (Saint).  Voy.  Fiacre. 

FEHtiiNG  {Henri-Christophe),  peintre  alle- 
mand ,  né  à  Sangerhausen,  en  1653,  mort  en 
1725.  Élève  et  parent  de  Botschild ,  il  suivit 
ce  maître  à  Rome,  où  il  séjourna  pendant  quel- 
ques années.  11  fut  rappelé  en  Allemagne,  à 
Dresde,  par  l'électeur  Georges  IV.  Augtsste  ï*''" 
lui  confia  la  direction  de  l'Académie,  et  en  1707, 
après  la  mort  de  Botschild ,  les  fonctions  d'ins- 
pecteur du  Musée.  Fehling  peignit  des  plafonds 
dans  le  palais  de  l'électeur  et  dans  celui  du 
prince  Lubomirski. 

TMagler,   Nenes  Allçi.  KilnstL-I^exic. 

|i,;FEHR  {Jean-Blichel),  médecin  allemand,  né 
le  9  mai  1601,  mort  le  15  novembre  1688.  Il 
étudia  à  Schweinfurt,  et  reçut  à  Leipzig  son 
instruction  médicale.  Il  fut  nommé  directeur  du 
laboratoire  de  chimie  à  Dresde.  En  1639  il  se 
rendit  à  Altdrf  ;  de;là  11  passa  en  Italie,  où  il  fut 


FEI  2G0 

reçu  docteui*  à  Padôuè,  en  î  641.  A  âott  retour 
en  Allemagne,  il  s'établit  à  Schweinfurt,  devint, 
sous  le  nom  (VArgonauta,  membre ,  puis  prési- 
dent de  l'Académie  des  Curieu.x  de  la  Nature. 
En  1686,  il  fut  nommé  médecin  de  l'empereur 
Léopold.  On  a  de  lui  :  Anchora  sacra,  seu  de 
Scorsonera;  Breslau>  1664,  in-8°;  ^  Hiera 
Fiera,  seu  de  Absinthio  analecta ;  hé\)7Àg , 
1667,  in-8°;  --^  Epistolse  mutua'.  Argonâutee 
ad  Nestorem;  Vienne,  1677,  in-â".  C'est  la 
correspondance  de  Fehr  avec  Welsch. 
Biographie  médicale.  —  Rloy,  Dict,  de  Méd. 
FEHR  (  Jean- Laurent),  fils  du  précédent, 
médecin  allemand,  né  à  Schweinfurt,  mort  dans 
cette  ^illè,  lé  22  septembre  1706.  Comme  son 
père,  il  fut  médecin  et  membre  de  l'Académie  des 
Curieux  de  la  Nature,  dans  les  mémoires  de  la- 
quelle il  a  inséré  un  assez  grand  nombre  d'obser- 
vations. 

Biographie  médicale. 

FEHR  (Jean-Henri),  médecin  allemand  du 
dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Dissertai'td 
de  Calculo  vesicœ  ejusque  pCr  sectionem  nii- 
ferendi  methodo  ;  1716,  in-4°.  L'auteur  se  pro- 
nonce pour  le  procédé  de  Rau  ;  dont  il  fait  iadé.s- 
criptlon. 

Callisen,  Med.-Lex. 

PïîSHliE  (  Chrétien- Auguste) ,  poëte  allemand, 
né  le  25  mars  1744,  mort  le  29  août  1823.  Il  fit 
ses  premières  études  à  Altehbourg  et  celles  dè-i 
di-oit  à  Leipzig.  Il  plaida  ensuite  à  Pirna ,  à 
Cîiemniiz,  à  Dresde,  devint  procureur  de  la 
chambre  en  1781  et  des  finances  en  1784.  Dé 
1797  à  1817,  il  fut  chargé  d'administrer  les  do» 
niaines  de  Gorlitz.  On  â  de  lui  :  des  Poésies  de 
circonstance  et  autres,  publiées  dans  plusieurs 
recueils,  tels  que  les  Fides  de  Leipzig,  1768  et 

1769,  et  dans  VAnlholdgia  de  Schmid  ;  Leipzig, 

1770,  1. 1. 
Scîimid,  Ànthol.  der  Deutsch. 

FEHRS5ANN  (Daniel),  médailleur  Suédoii 
né  à  Stockholm,  en  1710,  mort  en  Ï780.  Il  ed 
pour  maître  le  célèbre  Hedlinger,  qu'il  accoini 
pagnâ  en  Russie  et  en^  Danemark.  A  Son  retous 
dans  sa  patrie,  il  lut  attaché  comme  graveur  âïà| 
monnaie  de  Stockholm.  Il  grava  en  artiste  babîlêj 
une  grande  quantité  de  médailles,  d'armoiries,  eiM 
Son  fils  devint  également  un  médailleur  remât^j 
quàble. 

Naglcr,  Neves  Allg.  Kimstl.-Lexic.  —  Hirsching,, 
Hist.  liter.  Handb. 

*  IPEï  (Alc^sandro),  dit  del  Barbiére,  peinli^j 
de  l'école  florentine,  né  à  Florence,  en  1543,  inôi 
Vers  la  fin  du  seizième  .-siècle.  Après  avoir  été]] 
disciple  de  Ridôlfo  del  Gliirlandajo  et  de  Pietro] 
Francia,  il  devint  le  compagnon  et  sans  dQUtéij 
aussi  l'élève  de  Tommaso  da  Santo-Friano.  W 
n'avait  d'abord  peint  que  des  sujets  de  petite' 
proportion  ;  mais  bientôt  il  osa  aborder  la  grande] 
[)ciniure,  à  !;;o.ue]!e  semblait  l'appeler  une  inlD' 
gination  brillante  et  féconde.  Il  peignit  à  fresqwe* 
de  nombreuses  compositions,  qu'il  enrichit  del 


2GI  FEI  - 

belles  architectures  et  d'élégantes  arabesques  ; 
malheureusement  son  coloris  est  généralement 
inférieur  à  son  dessin,  excepté  toutefois  dans 
quelques  tableaux ,  que  l'on  croit  avoir  été  ses 
derniers  et  peints  à  une  époque  où  il  aurait 
réformé  sa  manière  par  l'étude  des  ouvrages 
du  Cigoli.  De  ce  nombre  et  au  premier  rang  est 
La  Flagellation  qui  se  voH  à  Sant»rCroce  de 
Florence.  Dans  la  même  éghse,  au-dessus  d'une 
Annonciation  de  Donatello,  il  a  peint  à  fresque 
Deux  petits  anges  soutenant  un  baldaquin , 
figures  pleines  de  grâce,  mais  d'un  coloris  rouge 
et  criard.  Citons  encore  parmi  ses  fresques  plu- 
sieurs traits  du  Nouveau  Testament  à  Santo- 
Giovannino,  et  un  Miracle  de  saint  Domini- 
que, lunette  du  grand  cloîti'e  de  Sainte-Marie- 
Nouvelle  ;  parmi  ses  tableaux  une  Annonciation 
à  San-Nicolo,  une  Madone  à  Santo-Petro  in 
Gattolino,  et  dans  la  galerie  publique  un  Ate- 
lier d'orfèvrerie  de  sa  première  manière.  Pis- 
toja  possède  aussi  plusieurs  peinhires  de  ce 
maître,  une  Assomption  à  Santa-Maria  délie 
Grazie,  une  Annonciation,  l'un  de  ses  meilleurs 
tableaux  et  plusieurs  petits  sujets  à  fresque  à 
Santa-Maria  délie'  Umilità.         E.  B— n. 

Borghini,  liiposo.  —  lîoschini,  Carta  del  navegar 
pittoresco.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pitittra.  —V.  Fan- 
lozzi,  Cuida  di  Firenze.  —  Tolomei,  Guida  di  Pis- 
toja.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

FEI.  Voy.  FiciN. 

FEIDHI.  Foy.  Feizi. 

FEI.ÏOO.  Voy.  Feyjoo  y  Monte-Negeo. 

;  VEXfi  (  Georges),  homme  politique  allemand, 
né  à  Helmstaedt,  le  8  janvier  1803.  Il  fut  élevé  en 
partie  à  Brunswick,  où  sa  mère,  devenue  veuve, 
s'était  retirée.  De  1822  à  1826,  il  visita  les  uni- 
versités de  Berlin ,  de  Gœttingue  et  de  Heidel- 
berg,  pour  y  étudier  le  droit  ;  mais  dès  lors  il 
manifesta  un  penchant  décidé  pour  l'histoire  et 
l'économie  politique.  Les  voyages  qu'il  fit  en- 
suite dans  le  reste  de  l'Allemagne  et  dans  les 
Pays-Bas  dirigèrent  sa  pensée  vers  la  politique. 
Il  rédigea  à  Munich  la  Deutsche  Tribune  (la 
Tribune  allemande),  lorsque  Wirth,  qui  dii'i- 
geait  cette  feuille,  eut  été  emprisonné.  Incarcéré 
à  son  tour,  puis  expulsé  de  la  Bavière ,  Fein 
éprouva  le  même  sort  dans  les  pays  de  Hesse  et 
de  Hanau ,  d'où  il  fut  transféré  à  Brunswick. 
Il  y  subit  également  des  persécutions,  aux- 
quelles il  se  déroba,  en  1833,  en  passant  secrè- 
tement en  France.  Benvoyé  aussi  de  ce  pays , 
il  passa  à  Ziuich,  où  il  rédigea  pendant  six 
mois  la  Neue  Zuricher  Zeitung  (  Nouvelle  Ga- 
zette de  Zurich)-  La  part  qu'il  prit  alors  à  la 
formation  de  la  Société  des  Travailleurs  lui 
valut  d'être  arrêté  et  transporté  dans  le  canton 
d'Argovie.  Il  eût  trouvé  quelque  repos  à  Lies- 
tal ,  dans  le  pays  de  Bâle ,  où  il  fut  interné, 
s'il  n'eût  continué  de  prendre  une  part  impor- 
tante ans.  efforts  de  la  société  secrète  dite  la 
Jeune  Allemagne,  qii'W  présida  môme  pendant 
un  cerh'.in  temps.  Le  séjour  de  la  Suisse  lui  fut 
alors  interdit,  ainsi  qu'à  quelques  autres  mem-  ' 


FEIND 


262 


bres  de  la  même  socîétéi  II  passa  l'hiver  de 
1836-1837  à  Paris,  sous  un  nom  d'emprunt; 
mais,  reconnu  par  la  police,  il  passa  en  Angle- 
terre. Après  quelques  mois  de  détention ,  il  se 
rendit  à  Christiania.  Il  quitta  la  Norvège  en  1844 
pour  retourner  en  France  et  en  Suisse.  Dans  ce 
dernier  pays  il  s'affilia  aux  sociétés  secrètes  ;  mais 
il  fit  une  opposition  déclarée  aux  communistes  et 
aux  athées.  Il  participa  aux  mouvements  des 
corps  francs  contre  Lucerne  en  1844  et  1845,  et 
fut  emprisonné  à  cette  occasion.  Quoique,  dans 
l'intervalle,  Bàle  lui  eût  accordé  le  droit  de  cité, 
Lucerne  le  fit  conduire  enchaîné  jusqu'au  Pié- 
mont, d'où  on  le  transféra  à  Milan,  puis  à  Vienne  ; 
la  ville  de  Brunswick  n'ayant  pas  osé  réclamer 
Fein,  ce  dernier,  sous  la  promesse  de  ne  pas 
rentrer  en  Europe  avant  trois  ans ,  fut  embarqué 
de  Trieste  pour  New- York.  Arrivé  à  Philadelphie 
et  à  Cincinnati,  il  y  fut  invité  à  faire  des  lectures 
sur  le  progrès  de  la  vie  civile  en  Allemagne  et 
sur  l'histoire  de  l'Église.  Après  la  révolution  de 
1848,  il  retourna  en  Allemagne.  Revenu  à  Brème, 
il  y  fut  élu  membre  du  congrès  de  Berlin.  A 
l'issue  de  cette  assemblée,  il  s'établit  dans  le 
pays  de  Bâle,  s'y  maria,  et  paraît  ne  plus  s'occuper 
que  de  travaux  littéraires» 

Conversat.-Lexikon. 

*FEiN  {Edouard),  frèi'edu  précédent,  juris 
consulte  allemand,  né  à  Brunswick,  le  22  sep- 
tembre 1813.  Il  fit  ses  premières  études  dans 
sa  ville  natale,  puis,  en  1831,  il  se  rendit  à 
Heidelberg,  où  il  suivit  les  cours  de  Mittermaier, 
de  Thibaut  et  de  Zachariae.  Reçu  docteur  en 
droit  en  (833 ,  il  devint  avocat  à  Brunsvick  en 
1834,  et  se  créa  en  peu  de  temps  une  nom- 
breuse clientèle.  Le  goût  des  spéculations  théo- 
riques le  fit  i-enoncer  à  la  pratique  des  affaires. 
Il  se  prépara,  sous  Savigny  à  Berlin,  puis  à  Hei- 
delberg, aux  fonctions  du  professorat.  Il  débuta 
par  la  thèse  intitulée  :  Das  Recht  der  Collation 
(Le  Droit  de  Collation)  ;  Heidelberg,  1842.  Il  fut 
ensuite  nommé  professeur  suppléant  à  Heidel- 
berg. Son  enseignement  eut  tout  d'abord  un  si 
grand  succès,  qu'à  la  fin  de  l'année  ii  fut  nommé 
professeur  titulaire  de  droit  romain  à  Zurich, 
en  remplacement  deKelier.  Il  passa  en  la  même 
qualité  à  Iéna,et  fut  nommé  assesseur  au  tribune 
des  échevins  de  cette  ville.  En  1852,  il  fut  ap- 
pelé à  Tubingue  pour  y  professer  les  Pandectes. 
On  a  de  lui  :  la  continuation  de  l'ouvrage  de 
Gluck ,  intitulé  :  Ausfuehrliche  Erlduterung 
der  Pandekten  (Explication  analytique  des 
Pandectes).  Le  tome  44,  contenant  Das  Recht 
der  Codicille  (Le  Droit  de  Codicilles)  a  paru 
àErlangen,  en  1851  ;  —  Beitraege  zu  der  Lehre 
von  der  Novation  und  Délégation  (Mémoires 
pour  servir  à  l'enseignement  de  la  Novation  et 
de  la  Délégation)  ;  léna,  1850. 

Conversations-texilion. 

*  FEIND  (Berthold),  l'ancien,  théologien 
allemand,  né  en  1633,  mort  en  1691.  Il  étudia  à 
Hambourg.  On  a  de  lui  :  Antisophistica  ;  — 

9. 


263 


FEIND  —  FEITH 


264 


Gerrss  Sociniani  cujusdam  de  SS.  Trinitatis 
mysterio  dissipatœ;  —  Portula  Linguee  La- 
tlnœ  ;  —  Hortus  comicus  ;  —  Phraseologia 
Plautino-Terentiana  ;  —  une  Astronomie  ex- 
périmentale en  allemand. 

MôUer,  Cimbr.  litt. 

FEINES.  Voy.  Feynes. 

*FEio  (Frà  Antonio),  prédicateur  portu- 
gais, né  àLisljonne,  en  15  73,  mort  en  1627.  Il 
entra  dans  l'ordre  de  Saint-Dominique.  Son  élo- 
quence le  rendit  recommandable,  et  il  fut  nommé 
prédicateur  général  de  son  ordre.  On  a  de  lui  : 
Tratados  quadragesimaes ,  e  da  Paschoa; 
Lisbonne,  1609  et  1612,  2  vol.,  in-fol.,  trad.  en 
français  et  en  castillan  ;  —  Tratados  das  Pes- 
tas das  Vidas  dos  Santos;  Lisbonne,  1612- 
1615,  in-fol.;  Barcelone,  1614;  2  vol.  in-4°;  — 
Tratados  das  Pestas  da  V.  N.  Senhora;  Lis- 
bonne, 1615,  in-fol.  ;  —  SermaO  das  Exequias 
de  Filippe  III  ;  Lisbonne,  1621,  in-4°. 
,  Summario  da  Bibliot/ieca  Lusitana,  1, 126.  —  Échard, 
Scriptores  Ordinis  Preedicatoruw,  II. 

FEITAMA  (Sibrand),  poète  et  auteur  dra- 
matique hollandais,  né  à  Amsterdam,  en  1694, 
mort  en  cette  ville,  en  1758.  Ses  parents  le  des- 
tinèrent d'abord  à  la  théologie,  puis,  après  qu'il 
eut  fait  ses  études ,  au  commerce  ;  mais  il  se 
lassa  en  peu  de  temps  de  cette  profession  peu 
compatible  avec  ses  goûts  littéraires,  et  il  se  mit 
à  travailler  pour  le  théâtre.  Ses  deux  premières 
pièces,  Fabricius  et  Le  Triomphe  de  la  Poésie, 
obtinrent  un  succès  mérité  ;  mais  Feitama  était 
d'un  caractère  timide  autant  que  modeste  :  il  se 
laissa  effrayer  par  la  réputation  de  Marre  de 
Mauritius ,  et,  abandonnant  l'originalité  et  l'in- 
vention, il  se  réfugia  dans  les  traductions.  Cou- 
rageux lorsqu'il  eut  avec  lui  un  grand  nom  pour 
le  soutenir,  il  donna  successivement  :  Romulus 
et  Les  Machabées  de  Houdart  de  Lamotte  ;  Sti- 
licon  et  Darius  de  Th.  Corneille;  Pertharite 
de  Pierre  Corneille  ;  Pyrrhus  de  Crébillon  ; 
Bruius  de  Voltaire;  Jonathan  de  Duché;  puis 
Ze  Télémaque  et  La  Henriade;  d'après  les  cri- 
tiques hollandais,  ces  deux  ouvrages  sont  de 
beaucoup  préférables  à  ses  tragédies.  Ses  œuvres 
ont  été  publiées  en  1735,  2  vol.  in-4°.  François 
van  Steenwyck ,  son  ami,  a  publié  un  volume 
in-4°  d'œuvres  posthumes,  dans  lequel  on  trouve 
deux  drames  originaux  :  Les  Dangers  de  l'É- 
goîsme  et  La  Sentinelle  chrétienne,  une  traduc- 
tion de  VAlzire  de  Voltaire  et  des  poésies  mê- 
lées. H.  Malot. 

Notice  dans  les  Chef  s-d'OEuvre  du  Théâtre  hollandais 
Biographie  Néerland. 

FEITH  (  Éverard  ),  en  latin  feithics  ,  an- 
tiquaire et  helléniste  hollandais  ,  né  à  Elbm-g 
(Gueldre),  vers  1597,  disparu  à  La  Rochelle, 
vers  1625.  Il  était  d'une  famille  riche  et  qui 
occupait  les  charges  les  plus  importantes  de  la 
Gueldre.  Il  fit  d'excellentes  études,  et  s'appliqua 
principalement  à  la  connaissance  du  grec,  de 
l'hébreu  et  de  la  philosophie  péripatéticienne. 
Après  avoir  voyagé  plusieurs  années    et  visité 


surtout  les  académies  du  midi  de  la  France,  il 
retourna  dans  sa  patrie  ;  mais  il  la  trouva  oc- 
cupée par  les  troupes  espagnoles  du  marquis 
Spinola.  Feith  revint  alors  en  France,  y  professa 
la  langue  grecque,  et  se  lia  d'amitié  avec  Isaac 
Casaubon,  Jacques-Auguste  De  Thou,  PieKre  Du 
Puy  et  autres  savants  de  l'époque.  Étant  à  La 
Rochelle,  il  se  promenait  accompagné  d'un  seul 
valet,  lorsqu'il  fut  prié  d'entrer  chez  un  bour- 
geois de  cette  ville  :  il  se  rendit  à  cette  invita- 
tion, et  l'on  n'a  jamais  su  depuis  ce  jour  ce  qu'il 
est  devenu.  Toutes  les  recherches  des  magis- 
trats demeurèrent  inutiles.  Feith  était  encore 
très-jeune  lorsqu'il  disparut  si  étrangement.  On 
trouva  dans  son  cabinet  quantité  d'ouvrages  im- 
portants inachevés.  Henri  Bruman,  petit-neveu 
de  Feith,  a  fait  publier  :  Ever hardi  Feithii 
Antiquitatum  Homericarum  Libri  IV;  Leyde, 
1677,  in-12  ;  réimprimé  avec  corrections  par 
Salomon  Schouten,  Amsterdam,  1726,  petit 
in-12,  puis  à  Strasbourg,  1743,  enfin  dans  le 
tome  VI  du  TTiesaur.  Antiquit.  Grœc.  de 
Gronovius.  Cet  ouvrage,  écrit  en  beau  latin, 
renferme  des  choses  curieuses  sur  la  religion , 
les  lois,  les  mœurs,  etc.,  des  Grecs.  Chaque  ar- 
ticle est  appuyé  par  les  passages  des  auteurs 
anciens  qui  s'y  rapportent.  Le  P.  de  Longuerue 
disait  «  qu'il  aimait  mieux  les  Antiquitates 
homericse  qu'Homère  lui-même  ».  On  connaît 
encore  de  Feith,  quoique  restés  en  manuscrits  : 
Antiquitatum  Atheniensium  Libri  octo  ;  — 
des  fragments  de  leçons  critiques,  dans  lesquelles 
l'auteur  rétablissait  le  texte  et  expliquait  les 
passages  obscurs  d'Hesychius,  de  Suidas,  des 
scoliastes  et  des  poètes  grecs. 

Bayle.  Dlct.  hist.  et  crit.  —  Paquot,  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  littéraire  des  Pays-Bas,  IV,  388.  — 
L'abbé  Dufour  de  Longuerue,  Dissertationes. 

FKiTH  ( Rhynvis) ,  poète  hollandais,  descen- 
dant du  précédent,  né  à  Zwoll  (Over-Yssel),  le 

7  février  1753,    mort  dans  la   même  ville  le 

8  février  1824.  Après  avoir  étudié  le  droit  à 
Leyde,  il  retourna,  en  1776,  dans  sa  ville  natale 
pour  s'y  livrer  à  son  goût  décidé  pour  la  poésie. 
Nommé  bourgmestre  et  bientôt  après  membre 
du  collège  de  l'amirauté  àZwoUjiln'en  continua 
pas  moins  à  cultiver  la  littérature  hollandaise. 
Il  devint  membre  de  l'Institut  des  Pays-Bas  et 
de  plusieurs  sociétés  savantes  ou  littéraires  de 
sa  patrie,  et  vit  souvent  ses  ouvrages  couronnés 
dans  les  concours  académiques.  En  1785,  la  So- 
ciété Poétique  de  Leyde  accorda  les  deux  pre- 
miers prix  à  deux  de  ses  odes  à  la  louange  de 
l'amiral  Ruyter  ;  Feith  ayant  refusé  les  médailles 
d'usage,  la  société  lui  en  envoya  les  empreintes 
en  cire  dans  une  boîte  en  argent,  avec  le  por- 
trait de  Ruyter  et  ces  mots  gravés  sur  le  cou- 
vercle :  Immortel  comme  lui.  Feith  s'est  es- 
sayé dans  presque  tous  les  genres  de  poésie. 
Ses  premiers  écrits  annoncent  une  grande  pro- 
pension au  sentimentalisme,  que  son  exemple 
contribua  à  faire    prévaloir  pendant   quelque 


265 


FEITH  —  FEIZI 


266 


temps  dans  la  littérature  hollandaise.  Parmi 
ses  premières  productions,  on  remarque  surtout 
Ferdinand  et  Constance;  1785,  2  vol.  in-8". 
Il  publia  ensuite  Eet  Graf  (  Le  Tombeau  )  ; 
Amsterdam,  1792  :  poëme  didactique,  où  à 
côté  d'excellents  morceaux,  et  avec  un  plan  bien 
conçu,  se  retrouvent  encore  quelques  traces  du 
genre  sentimental.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en 
allemand  par  Eichstorff  (  1821).  Ce  défaut  ne 
se  remarque  plus  déjàdans  son  De  Ouderdom 
(La  Vieillesse),  Amst.,  1802,  poëme  auquel 
on  peut  reprocher  cependant  du  vague  dans  la 
conception.  Parmi  les  poésies  lyriques  de  Feith, 
Oden  en  Gedichten  (  Odes  et  Poésies  diverses), 
4  vol.,  Amsterdam,  1796-1810,  on  trouve  plusieurs 
hymnes  et  odes  remarquables  par  l'enthou- 
siasme et  le  sentiment  qui  y  brillent.  Quelques- 
unes  de  ces  pièces  ont  été  traduites  en  français 
par  A.  Clavereau  ;  Bruxelles,  1827,  in-18.  Quant 
à  ses  tragédies,  les  plus  estimées  sont  :  Thirza, 
Johanna  Gray;  Amsterdam,  \ldi;Mucius  Cor- 
dus;  et  surtout  Inès  de  Castro;  Amsterdam, 
1793.  Feith  travailla,  avec  Bilderdyk,  à  donner 
une  forme  plusnoble  au  chant  patriotique  si  connu, 
de  van  Haren,  intitulé  De  Geuzen  (  Les  Gueux  ), 
où  sont  célébrés  les  premiers  combats  livrés  pour 
l'indépendance  néerlandaise.  Ses  épîtres  en  vers 
à  Sophie  sur  l'esprit  de  la  philosophie  de  Kant, 
Briven  aan  Sophie  over  den  geest  van  de 
Kantiaansche  Wijsbegeerte,  vooral  met  be- 
trekking  tôt  het  Christendom ,  Amsterdam , 
1806,  sont  un  fruit  de  sa  vieillesse.  Parmi  ses 
écrits  en  prose ,  nous  citerons  Briven  over 
verscheiden  Onder  werpen  (  Lettres  sur  diffé- 
rents sujets  de  littérature),  6  vol.,  in-8°,  1784- 
1794  )  ;  elles  se  distinguent  par  le  style  et  la 
finesse  des  observations. 

Conversations-Lexiknn.  —  Galeries  Jiistoriques  des 
Contemporains. 

FEITH  { Peter- Rutger ) ,  poète  hollandais, 
fils  du  précédent,  vivait  en  1838.  Il  était  juge 
d'instruction  au  tribunal  d'Almelo  (Over-Yssel). 
Il  remporta  en  1816  un  prix  à  la  Société  des 
Beaux-arts  et  de  la  Littératui-e  de  Gand ,  pour 
une  Cantate  sur  la  bataille  de  Waterloo.  On 
a  de  lui  plusieurs  pièces  de  vers  insérées  dans 
le  recueil  des  œuvres  de  la  Société  Poétique  de 
La  Haye  et  dans  les  Letter  œfeningen. 

Galerie  hist.  des  Contemporains. 

FEiz-ALLAH-EFFENDi  (Seyyid),  mufti  et 
écrivain  turc ,  né  à  Erzeroum,  décapité  à  Andri- 
nople,  le  20  rebi  al-akhir  1115  (de  J.-C.  sep- 
tembre 1703).  Il  descendait  de  Schems  ed-Din 
Tebrizi,  maître  de  Djelal  ed-Din  Roumi,  et  avait 
épousé  la  fille  de  Wani ,  prédicateur  de  Moham- 
med IV.  A  là  faveur  de  cette  alliance ,  il  obtint 
un  libre  accès  auprès  du  sultan,  qui  lui  confia 
l'éducation  de  ses  fils  Ahmed  et  Moustafa. 
Nommé  schéikh  ul-islam  (chef  de  la  religion) 
par  le  sultan  Ahmed  II ,  il  conserva  cette  haute 
dignité  sous  le  règne]  de  Moustafa  II,  dont  il 
avait  été  précepteur.  Son  influence  môme  s'ac- 


crut, mais  il  n'en  fit  que  trop  souvent  un  mau- 
vais usage  ;  il  distribua  à  ses  parents  et  à  ses 
créatures  les  charges  les  plus  Ifônorables  et  les 
plus  lucratives,  sans  observer  les  règles  de  l'a- 
vancement. Cette  conduite,  jointe  à  un  caractère 
impérieux,  le  fit  détester  du  corps  des  oulémas. 
Un  de  ceux  qui  lui  devaient  leur  élévation,  le  grand- 
vizir  Moustafa-Daltaban-Pacha ,  ne  montr-a  pas 
tout  le  dévouement  nécessaire  aux  intérêts  de  son 
protecteur  ;  il  contre-balança  l'influence  du  mufti, 
et  tenta  de  l'empoisonner  ;  aussi  ne  tarda-t-il  pas  à 
être  renversé  et  remplacé  par  Rami.  Des  mesures 
impopulaires  contribuèrent  à  faire  éclater  la  ré- 
volte de  1703.  Le  sultan ,  dans  l'espoir  d'apaiser 
les  rebelles,  consentit  à  la  destitution  deFeiz- 
Allah  et  de  ses  créatures  le  13  rebi  al-ewwel 
(27  juillet  1703).  Quelques  rebelles  à  qui  ce  mal- 
heureux fut  livré  lui  firent  subir  les  plus  cruels 
traitements ,  et  le  mutilèrent  après  lui  avoir  tran- 
ché la  tête.  Il  fut  surnommé  Schahid  (Martyr), 
en  considération  de  sa  triste  fin.  Abdallah  Koprili- 
zadeh,  gendre  de  Feiz-Allah,composaàsalouange 
une  cassidet  intitulée  Al-Ghorrat  (La  Brillante). 
On  a  de  Feiz-Allah  :  Nesaïh  al-Molouk  (Conseils 
aux  Rois),  traité  de  politique;  —  Lethaïf  {Face' 
ties  )  ;  —  Haschiyet  Tefsir  Beidhawi  (Gloses  sur 
le  Commentaire  de  Beidhawi  )  ;  —  Haschiyet 
souret  neba  (Gloses  sur  la  78«  sourate  du  Coran, 
intitulée  Al-Neba)  ;  —  Adzkar  al-abkar  (Invo- 
cations matinales);  —  traduction  turque  du 
Raudhat  de  Khathib  Casim.       E.  Beauvois. 

Scheikhi,  Biographie  1395".  —  Ahmed  Hanifzadeh .  con- 
tinuât, du  Lexic.-bibliog.  de  Hadji-Khalfah ,  t.  VI, 
n°8  14587,  14667-8;  14911-31-81-91.  —  La  Motraye,  y oy ti- 
ges, t.  I,  ch.  XVI.  —  J.  de  Hammer,  Hist.  de  l'Empire 
Ottoman,trad.  de  Hellert,  t.  XII,  p.  398-429  ;  t.  Xlll,  p.  9. 
68,  76,  86,  92,  108,  110, 117,  119,  120,  130. 

*  FEIZI  ou  FEYAZi  (Abou'l-Feiz-Hindiy 
connu  sous  les  noms  poétiques  de),  écrivain 
persan  de  l'Inde ,  né  à  Agra,  en  954  de  l'hégire 
(  1547  de  J.-C.  ),  mort  en  1004  (1595).  Il  était 
frère  du  célèbre  Abou'1-Fazl ,  ministre  d'Akbar. 
Élevé  sous  la  direction  de  son  père,  nommé 
Mobarek-Schah,  qui  était  un  libre  penseur,  il  se 
distingua  de  bonne  heure  par  sa  science  et  ses 
talents  poétiques.  Sur  le  bruit  de  sa  renommée, 
l'empereur  Akbar  l'appela  à  sa  cour  en  1568,  et 
lui  donna  le  titre  de  melik  as-schoara  (roi  des 
poètes).  Il  le  combla  d'honneurs  ,  le  pourvut  de 
places  lucratives,  et  lui  confia  l'éducation  de  ses 
fils.  Feizi  était  plus  studieux  et  vivait  plus  retiré 
que  son  frère  ;  il  était  fort  versé  dans  l'histoire , 
la  grammaire,  l'art  épistolaire ,  la  médecine,  les 
mathématiques  et  la  théologie.  Chargé  d'exa- 
miner les  dogmes  de  la  religion  des  brahmes, 
il  en  fit  un  rapport  très-favorable ,  et  en  plus 
d'un  passage  de  ses  écrits  il  laisse  percer  son 
admiration  pour  ce  système  théologique  et  pour 
celui  des  adorateurs  du  feu.  Aussi  quelques  zélés 
musulmans  lui  ont-ils  prodigué  les  épitliètes  les 
plus  injurieuses  et  lui  ont-ils  dénié  toute  espèce 
de  mérite  ;  mais  ce  jugement  sévère  n'a  pas  été 
confirmé  par  la  postérité ,' car  Feizi  conserve 


2S7 


FEIZI  —  FELEKl 


268 


encore  parmi  ses  compatriotes  la  réputation  d'un 
excellent  poëte.  Il  avait  réuni  une  bibliothèque 
de  12,000  manuscrits  arabes  et  persans.  On  a 
de  lui  :  un  Diwan,  contenant  18,000  vers;  Ins- 
cha ,  recueil  de  lettres  ;  —  Sewaihi  al-ilham 
(Arguments  de  l'inspiration) ,  commentaire  sur 
le  Coran;  —  Mewarïd  al-kelim  (Réservoir  de 
sentences).  Ces  deux  ouvrages  sont  entièrement 
composés  de  lettres  qui  n'exigent  pas  de  points 
diacritiques;  —  la  traduction  persane  de  Lila- 
wati,  traité  d'arithmétique,  écrit  en  sansciùt  par 
Bhascara  Atcharya,  imprimé  à  Calcutta,  1827, 
in-8°;  —  Merkez-i-ackvar  (Le  Centre  des  Cer- 
cles ),  poëme  persan ,  dans  la  préface  duquel  il 
donne  de  curieux  renseignements  sur  ses  projets 
et  ses  travaux  littéraires  ;  —  Nal  ive  Daman, 
épisode  du  Mahabharata ,  traduit  en  vers  per- 
sans, lithographie  à  Calcutta,  1831,  in-8°,  et  à 
Lucknow,  1833  ; —  Soliman  v:e  Bilkhis  (poëme 
inachevé  )  ;  —  Heft  kischwar  ;  —  Akbar-na- 
meh ,  poëme  à  la  louange  d'Akbar,  interrompu 
par  la  mort  de  l'auteur.  Ces  cinq  poèmes  sont 
une  imitation  des  cinq  poèmes  de  Nitzami.  Feizi 
présida  aux  traductions ,  en  persan ,  du  Maha- 
bharhaia,  AviRamayana,  de  V Histoire  de  Kas- 
chmir  et  des  Évangiles.         E.  Beatjvois. 

Lothf  Ali-Beg,  Atesch  Kedah.  —  Klschen  Tchand  , 
Hamyschah  be/iar.  —  Iladji-Klialfah,  Lexic.  Ubliogr., 

édit.  Fluegel,  t.  II,  n°  3431;  III,  \\°  7-279;  VI,  n^ï  13339- 
1S99S.  —  Ouseley,  Biogr.  Notices  of  Persian  Poets,  p.  171. 

-  EIpUinstone,  TheHist.  of  India,  t.  Il,  p.  317.  —  EUiot, 
Biblioyr.  Index  to  the  historians  of  Muham.  India, 
t.  I,  p.  251-255,  301.  —  Dozy,  Catal.  de  Leijde,  n"^  298- 
689.1  —  Sprenger,  Catal.  des  Bibliotà.  du  roi  d'Oudh, 
1. 1,  p.  401. 

FEKHR-EDDiiv.  Vorjez  Fakhr-Eddyn. 

*  FELDUAUSCH  (FéHoc-Sébastien) ,  péda- 
gogue allemand,  né  à  Manheim,  le  25  novembre 
1795.  Il  reçut  sa  première  instruction  au  lycée 
de  cette  ville  et  à  Rastadt;  en  1817  il  se  rendit 
à  Heidelberg,  où  il  s'appliqua,  sous  Schlos- 
ser  et  Creutzer,  aux  études  classiques.  Ses  pro- 
grès furent  si  rapides  qu'il  fut  nommé  profes- 
seur à  Donaueschingen  en  1820  et  plus  tard  à 
Rastadt.  En  1844  il  accepta  les  fonctions  de 
directeur  du  lycée  de  Heidelberg,  qui,  grâce  à 
son  impulsion ,  parvint  à  un  haut  degré  de  pros- 
périté. En  récompense  de  ce  résultat,  Feldbausch 
devint  en  1850  membre  du  conseil  supérieur 
d'instruction  publique  à  Carlsruhe  et  conseiller 
privé.  Il  contribua  à  l'amélioration  des  méthodes 
d'enseignement  dans  son  pays.  On  a  de  lui  : 
Griechische  Grammatik  {Grammaire  grecque); 
Heidelberg,  1823,  et  1845,  3'' éd.;  —  Latei- 
nische  Schulgrammatik  (Grammaire  latine  à 
l'usage  des  écoles);  ib.,  1837;  —  Kleines  la- 
teinisches  Woerterbuch  (Petit  Vocabulaire 
Latin)  -.ib.,  1848,  ^^éà.  ;  —  Grieclmclie  Chres- 
tomathie  (Chrestomathîe  grecque);  ib.,  1851; 

—  Deutsche  Metrik  nach  Beispielen  aus 
classischen  Dichtern  (  Métrique  allemande, 
d'après  des  exemples  tirés  dos  poètes  classiques); 
Heidelberg,  1841;  —  des  éditions  de  Cornélius 
Nepos;  ib.,  1828;  —  des  Métamorphoses  d'O- 


vide; Carlsruhe,  1835  et  1848;  —  Bemerkun- 
gen  zu  der  dritten  Satire  des  Horaz  im  ersten 
Bûche  (Remarques  sur  la  troisième  satire  du 
premier  Hvre  d'Horace);  Rastadt,  1843;  —  Ztir 
Erklœrung  des  Horaz  (Commentaire  sur  Ho- 
race); Heidelberg,  1851, 

Conversat.-Lex. 

FELDMANN  (  Berwarrf  ),  médecin  et  natu- 
raliste allemand ,  né  à  Coeln ,  le  1 1  novembre 
1701 ,  mort  en  janvier  1777.  Il  étudia  à  Berlin 
et  à  Halle,  où  il  séjourna  quatre  ans.  Revenu 
à  Berlin,  il  y  fit  un  cours  d'anatomie,  à  l'issue 
duquel  il  se  rendit  en  Hollande,  où  il  se  lia  avec 
Seba  et  Vilhoorn.  A  Leyde ,  il  suivit  les  leçons 
de  Boerhaave  et  de  Ganbius,  et  fut  reçu  doc- 
teur après  avoir  soutenu  une  thèse  intitulée  : 
De  comparatione  plantarum  et  animalium, 
qui  témoignait  de  sa  prédilection  pour  l'histoire 
naturelle.  Il  revint  alors  en  Allemagne,  fut 
nommé  médecin  pensionné  et  sénateur  de  Neu- 
Ruppin,  et  cinq  ans  plus  tard  médecin  du  cercle 
de  Ruppin.  En  1740  sa  réputation  lui  valut  d'être 
attaché  comme  médecin  militaire  aux  armées 
du  grand  Frédéric.  Il  employait  ses  loisirs  à 
cultiver  l'histoire  naturelle,  sou  étude  favorite. 
On  a  de  lui  des  Observa tiones  ;  dans  le  Com- 
mercium  literarium  Norimbergense,  1734, 
1743,  et  dans  le  Berliner  Magaùn. 

Biographie  médicale- 

^  FELDMANiv  (Léopold),  poète  comique  al- 
lemand, né  à  Munich,  en  1803.  En  1815  il  fut 
mis  en  apprentissage  chez  un  sellier  et  un  peu 
plus  tard  chez  un  cordonnier,  qui  le  chassa  pour 
avoir  expi'imé  trop  vive;naent,  dans  un  poème 
glissé  dans  une  paire  de  souliers  qu'il  avait  été 
chargé  de  raccommoder,  les  sentiments  que  lui 
inspirait  une  jeune  cliente  de  son  maître.  En  1817 
Feldmann  écrivit  un  petit  opéra  intitulé  ;  Der 
falsche  Eid  (Le  faux  Serment),  qui  fut  représenté 
sur  un  théâtre  de  sa  ville  natale.  Il  entra  ensuite 
dans  une  maison  de  commerce  à  Pappenheim,  et 
trois  ans  plus  tard  il  devint  commis  dans  un  ma- 
gasin de  bijouterie  à  Munich.  Cependant  la  poésie 
continuait  d  occuper  ses  loisirs.  Il  inséra  dans  les 
journaux  plusieurs  compositions,  qui  eurent  du 
succès.  En  1829  il  se  lia  avec  le  poëte  Saphir,  puis 
il  abandonna  la  carrière  commerciale  pour  se 
livrer  uniquement  à  la  culture  des  lettres.  Il  en- 
treprit ensuite  un  voyage  en  Grèce,  et  séjourna 
cinq  ans  dans  cette  contrée.  A  son  retour  il  visita 
Smyrne  et  Constantinople.  Revenu  en  Allema- 
gne, il  fit  jouer  avec  succès  sur  les  théâtres  de 
Vienne  de  nombreuses  comédies.  Ses  ouvrages 
sont  intitulés  :  Der  Sohn  auf  Beisen  (Le  Fils  en 
Voyage)  :  cette  comédie,  la  première  en  date,  fut 
jouée  à  Munich  ;  —  Reisebilder  (Voyages  )  pour 
YEiiropa  de  Lewald;  —  Deutsche  Original- 
lustspiele  (Comédies  allemandes  originales); 
Vienne,  1844-1852,  6  vol. 
Couvei-sat.-  Lexik. 

FELERi ,  c'est-à-dire  céleste  {Abou'l-nitzam 
Mohammed) ,  décoré  des  titres  honorifiques  de 


269  FELERI 

Djelal  exl-Din  (Gloire  de  la  Religion  ),  Se/tems 
as-Schoara  {SoMÏ  des  Poètes),  Melik  ahFo- 
éheèa  (Roi  des  Excellents)  poëte  persan,  né  à 
Schainakhi,  dans  leSchirwan,  mort  en  577  de 
l'hégire  (1181  de  J.-C).  11  eut  pour  maître  le 
poëte  Abou'1-ola  Guendjewi.  11  étudia  l'astrulo^ 
gie  pour  se  concilier  la  faveur  d'un  astrologue 
dont  il  aimait  la  fille.  Les  progrès  qu'il  fit  dans 
cette  science  le  mirent  à  même  de  composer  un 
traité  intitulé  Akham-an-Nodjoum  (Jugements 
des  Astres).  Minoutcheher,  roi  du  Schirwaa, 
lui  faisait  une  pension  en  qualité  de  poëte  de  sa 
cour.  On  a  de  Feleki  un  Dman,  composé  de  plus 
de  14,000  vers.  E.  B. 

Douletschali ,  Tedzkiret  aS'Schoara,  ch.  II.  —  Lothf 
Ali-bfg,  Aiesch  Kedtah,  ea  tèie  des  Expedit.  d' Mexandre 
le  Grand  contre  les  Musses,  trat),  par  Charmoy;  Saint- 
Pétersbourg,  1829,  in-8=,  p.  28, 38,  69.  —  Takl  ed-Din  Kas- 
chi,  Kholasset  al-aschaar-,  oh.  I.  -^  U'Herbelot,  BibL 
orient-,  p.  70,  344.  ^  .1.  de  Haiumcr,  Gesch,  der  scliônen. 
fledekùnste  Ver  siens ,  p.  123.  —  Sprenger,  A  Cutal.  of 
tlie  arab.,  pers.  and  l\.industany  mss.,  oj  t/ie  Libraries 
ofthe  King  of  Uudk,  t.  I. 

FELETZ  (Charles -Marie  Dorihond,  abbé 
de)  (1),  critique  français,  né  à  Grimont,  près 
de  Brives-la-Gailiarde  (bas  Limousin),  lê  3jan. 
vier  1767,  mort  ea  1850.  Il  était  d'une  famille  no. 
ble  et  très -ancienne.  Il  vint  à  Paris  en  1789  ,  fit 
ses;  études  au  collège  de  Sainte-Barbe ,  et  y  fut 
pendant  trois  années  maître  de  conférences  de 
philosopliie  et  de  théologie.  Il  entra  ensuite  dans 
les  ordres.  L'abbé  de  Feletz  se  montra  dès  le 
principe  très-opposé  aux  doctrines  révolution- 
naires, et  sut  conserver  depuis  ses  opinions, 
sans  exagération  ni  faiblesse.  Il  refusa  tous  les 
serments  qu'on  voulut  exiger  de  lui  comme  ec- 
clésiastique ;  ce  qui  à  "  deux  reprises  faillit  en- 
traîner sa  déportation  en  Amérique.  La  pre- 
mière fois  il  resta  onze  mois  sur  un  ponton  dans 
la  rade  de  Brest,  et  sur  sept  cent  soixante  prê- 
tres qui  partageaient  son  sort,  il  fut  des  deux 
cent  trente  environ  qui  survécurent  aux  souf- 
frances de  tous  genres  que  les  déportés  eurent  à 
souffrir,  La  seconde  fois,  arrêté  a  Orléans,  après 
le  18  fructidor,  il  fut  assez  adroit  pour  s'échap- 
per des  mains  de  ses  gardiens.  Il  resta  quelque 
temps  caché,  errant  d'asile  en  asile.  De  retour  à 
Paris  en  1801,  il  se  voua  à  la  culture  des  lettres, 
et  se  rallia  à  la  rédaction  du  Journal  des  Dé- 
bats. Pendant  vingt-cinq  ans ,  compagnon  de 
Geoffroy  et  de  Dussault,  l'abbé  Feletz  propagea 
dans  cette  feuille  les  doctrines  sévèrement  clas- 
siques ;  il  y  lutta  activement  et  utilement  contre 
les  écarts  et  les  aberrations  des  novateurs  en 
littérature.  Ses  articles,  signés  d'un  A,  se  dis- 
tinguaient par  une  érudition  profonde ,  no  ee 
présentant  jamais  que  sous  des  formes  gracieu- 
ses ,  et  étaient  remarquables  par  la  pureté  du 

(1)  Quelqueii  biographes  ont  donné  à  l'abbé  de  Feletz  le 
titre  de  comte  de  Lyon.  U  ne  porta  jamais  ce  tilre,  mai.s 
il  allait  lui  être  aceorilé  lorsque  b  révolution  éelata.  Ce 
qui  prouve  du  reste  l'antique  noblesse  de  la  faniilla  de 
J'abbé  de  Feletz,  c'est  que  pour  être  admis  au  ctiapjtre 
dp  Lyon  il  fallait  prouver  quatorze  quartiers  dq  noblesse, 
et  que  M.  Feletz  avait  fourni  ses  preuves. 


—  FELETZ  270 

style  et  par  l'excellent  ton  c|e  ses  plaisanteries, 
toujours  de  bPll  goût  et  pleines  de  finesse.  En 
1809  il  fut  nommé  conservateur  de  la  Biblio- 
thèque Mazavine,  et  pontvibuaàla  même  époque 
à  la  rédactjoa  du  Mercure  de  France.  En  181^ 
il  fut  namnié  membre  de  ia  commission  des  li- 
vres classiques  de  l'université.  Il  perdit  sa  place 
pendant  les  Cent  Jours ,  nidis  elle  lui  fut  rendue 
aussitôt  après  la  rentrée  de  Louis  XYIII,  Eo 
mars  I8I6  il  fut  inscrit  au  nombre  des  littéra-r 
leurs  pensionnés  par  l'État.  En  1820,  appelé  dans 
l'université  aux  fonctions  d'inspecteur  de  l'a- 
cadémie de  Paris,  il  fit  une  opposition  sage  aux 
prétentions  des  congréganistes ,  qui  l'attaquè- 
rent à  plusieurs  reprises.  L'abbé  de  Feletz  fut 
élu  membre  de  l'Académie  Française  en  rempla- 
cement de  Villar,  dont  les  principes  avaient  été  si 
différents  des  siens,  Il  prononça  son  discours  de 
réception  le  27  avril  1827,  Sa  candidature  avait 
été  vivement  combattue  par  certains  journaux, 
qui  lui  reprochaient  de  n'avoir  écrit  aucun  ou- 
vrage de  longue  haleine;  cette  critique  ne  pou- 
vait empêcher  son  élection,  car  ce  blâme  injuste 
aurait  frappé  alors ,  comme  il  frapperait  mainte- 
nant ,  un  grand  nombre  d'académiciens  qui  ont 
beaucoup  moins  et  moins  bien  écrit  que  l'abbé 
Feletz.  Il  sut  d'ailleurs,  par  son  zèle,  sa  modestie 
et  son  atticisme,  se  montrer  digne  de  la  distinc- 
tion qu'il  venait  de  recevoir.  En  qualité  de  direc- 
teur de  l'Académie,  il  fut  chargé  plusieurs  fois  de 
parler  au  nom  de  ce  corps  ;  ce  fut  lui  qui  prononça 
le  discours  académique  funèbre  sur  la  tombe  de 
François  de  Neufchâteau  (  H  janvier  1828)  ;  il  ac- 
complit le  même  devoir  le  16  mars  1830  pour  le 
baron  Fourier,  et  répondit  le  22  mai  suivant,  lors 
de  la  réception  de  M.  Lebrun,  successeur  de  Fran- 
çois de  Neufchâteau.  Il  harangua  Charles  X  au 
nom  de  l'Académie  Française,  le  12  avril  1830, 
anniversaire  de  la  rentrée  de  ce  prince  en  1815,  ' 
et  le  19  mai  suivant  le  roi  des  Deux-Siciles, 
François  l" ,  lors  de  sa  venue  à  Paris.  Dans  ces 
deux  circonstances,   l'orateur    se  soumit    aux 
convenances  du  moment,  et  sa  parole  fut  digne  et 
éloquente.Après  lesévénements  de  1830,  l'^ibbéde 
Feletz  donna  sa  démission  d'inspecteur  d'acadé- 
mie. 

L'abbé  de  Feletz  avait  eu  trois  frères,  Jean- 
Marie  ,  Jean-François  ,  et  Antoine-Joseph  ; 
tous  trois  étaient  officiers  avant  la  révolution. 
Les  deux  premiers  firent  les  campagnes  de  l'é- 
migration, et  obtinrent  la  croix  de  Saint-Louis 
le  U  octobra  1814.  Le  troisième,  ancien  offi- 
cier au  régiment  de  Champagne,  fut  tué  à  l'af- 
faire de  Quiberon;  l'abbé  de  Feletz  a  publié  à 
son  sujet  un  article  touchant  dans  le  Journal 
des  Débats  du  15  avril  1815. 

Quelques  articles  critiques  de  l'abbé  de  Feletz 
avaient  été  imprimés  dans  Le  Spectateur  fran- 
çais. Depuis  1815,  M.  Amar  en  a  fait  un  choix 
judicieux,  qu'il  a  publié  sons  le  titre  de  Mélanges 
de  Philosophie  et  de  Littérature;  Paris,  1828, 
6  vol,  in-S".  L'abbé  de  Feletz  figure  aussi  parmi  les 


271 


FELETZ 


traducteurs  des  Œuvres  d'Horace  de  la  collec- 
tion Panckoucke  et  parmi  les  collaborateurs  du 
Plutarque  français  et  de  V Encyclopédie  des 
Gens  du  Monde.  On  trouve  de  lui  une  Notice 
abrégée  de  la  vie  de  Fénelon  en  iète  du  Téléma- 
que,  édition  de  J.-M.  Eberhart  ;  Paris,  2  vol.  in-4<». 
Il  a  enrichi  de  Notes  historiques  et  littéraires 
le  poëme  de  L'Imagination ,  édition  de  Didot  ; 
Paris,  1815,  2  vol.  in-8°.  Enfin,  il  a  fourni  beau- 
coup d'articles  aux  Lettres  champenoises  (  1 820) . 

A.  Jadin. 

Moniteur  universel,  année  1828,  p.  1676;  année  1830, 
p,  a24,  329  et  406.  —  Dufaï ,  dans  la  Revue  de  Paris.  — 
Ue  Sacy,  Journal  des  Débats;  du  10  février  1842.  —  Ju- 
tjements  historiques  et  littéraires  sur  quelques  écri- 
vains et  écrits  du  temps  (Paris,  1840,  in-8°). 
•  FELGENHACER  (Paul) ,  illuminé  bohémien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  étudia  à  Wittemberg,  fut  diacre  au 
château  de  cette  ville,  et  revenu  en  Bohême, 
après  avoir  refusé  un  emploi  de  prédicateur,  il 
commença  la  publication  de  ses  ouvrages,  où  se 
remarque  un  véritable  dérangement  d'esprit.  Il 
étudia  ensuite  la  médecine.  A  Amsterdam,  où  il 
se  trouvait  en  1623,  il  continua  de  faire  impri- 
mer les  productions  les  plus  étranges  et  de 
l'effet  le  plus  dangereux;  Emprisonné  en  1657  à 
Suhl'uigen ,  il  persista  à  soutenir  qu'il  avait  reçu 
une  mission  divine.  Rendu  à  la  liberté  en  1659, 
il  aUa  se  fixer  à  Hambourg,  et  publia  de  nouveaux 
écrits  jusqu'en  1660.  Depuis  cette  époque  on  ne 
sait  plus  rien  de  lui.  Les  prmcipaux  de  ses  nom- 
breux ouvrages  sont  :  Spéculum  Temporis  ; 
1620,  in-4'';  —  Apologeticus  contra  invectivas 
geruginosas  Rostii;  1622,  in-4'';  —  Aurora 
Sapientise;  1628,  in-4°  ;  —  Sphxra  Sapientise; 
1650,in-12,et  1753,  in-8°-,  —  Refutatio  Para- 
logismorum  Socinianorum ;  Amsterdam,]  1658, 
in-12;  —  Prognosticon  astrologico-prophe- 
ticum;  1656.  Cet  ouvrage  est  «  dédié  à  tout 
l'univers  et  à  toutes  les  créatures;  «  —  Nova 
Cosmographia  et  Dimensio  circuli;  1660, 
in-12. 

Jocher,  Allg.  Gel.-Lexik. 

FÉLiBiEN  (André),  sieur  des  Avacx  et  de 
.Iavercy  ,  architecte  et  historiographe  français , 
né  à  Chartres,  en  mai  1619,  mort  le  11  juin 
1695.  Il  commença  ses  études  à  Paris,  puis ,  se 
rendit  à  Rome,  en  qualité  de  secrétaire  du  mar- 
quis de  Mareuil,  ambassadeur  français.  En  1647, 
étant  dans  cette  ville,  il  rencontra  parmi  les 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  cardinal  Bar- 
berini  la  Vie  de  Pie  V,  écrite  enjitahenpar  Agatio 
di  Somma ,  et  la  traduisit  ;  c'est  cette  traduction 
qu'il  publia  plus  tard  (Paris,  1672,  in-12  ) ,  après 
la  canonisation  de  ce  pape  :  il  cultivait  ainsi  en 
même  temps  et  les  lettres  et  les  arts.  Le  Pous- 
sin reconnut  en  lui  des  qualités  précieuses, 
et  ne  dédaigna  pas  de  l'honorer  de  son  amitié 
et  de  lui  prodiguer  ses  conseils.  De  retour  à 
Chartres,  il  se  maria,  puis  vint  de  nouveau  ha- 
biter Paris,  où  l'appelaient  de  hauts  personnages, 
ses  protecteurs;  Fouquet,  puis  Colbert,  l'era- 


FELIBIEN  2/2 

ployèrent  et  le  comblèrent  de  dignités.  On  le  voit 
devenir  successivement,  en  1666  ihistoriographe 
des  Bâtiments,  en  1671,  secrétaire  de  l'Académie 
d'Architecture,  en  1673  garde  du  Cabinet  des 
Antiques.  Malgré  tant  d'emplois  ,  il  trouvait  le 
moyen  de  consacrer  chaque  jour  plusieurs  heures 
à  la  rédaction  de  nombreux  ouvrages  :  personne 
avant  lui  n'avait  tant  étudié  l'histoire  de  la 
sculpture,  de  la  peinture  et  de  l'architecture; 
personne  n'était  plus  capable  de  l'écrire ,  et  il  l'a 
fait  avec  une  admirable  habileté  :  chez  lui  tout 
est  à  la  fois  profond  et  clair,  savant  et  plein 
d'intérêt;  jamais  le  jugement  ne  lui  a  fait  dé- 
faut, rarement  son  goût  l'a  trompé.  Le  privilège 
de  la  Vie  de  Pie  V,  dont  nous  avons  déjà 
parlé,  donne  une  idée  de  la  confiance  qu'on  avait 
en  lui  :  «  Il  est  permis  au  sieur  Félibien  de  faire 
imprimer  par  tel  imprimeur  qu'il  voudra  choisir 
tous  les  ouvrages  qu'il  fera ,  et  ce  durant  l'es- 
pace de  quinze  années.  »  André  Félibien  a  aussi 
cultivé  la  poésie.  Son  coup  d'essai ,  Le  Songe  de 
Philomathe  (1688),  n'est  pas  un  coup  de  maître; 
mais  l'on  devine  un  habile  écrivain,  qui  aurait 
pu  réussir  à  s'exprimer  en  vers  d'une  façon  peu 
ordinaire.  Outre  les  ouvrages  mentionnés  on  a  de 
lui  :  Paraphrases  des  Lamentations  deJérémie, 
du  Cantique  des  Trois  Enfants,  et  du  Miserere  ; 
réunies  en  1646  ,  in-12;  —  Relation  de  la  dis- 
grâce du  comte  duc  Olivarès ,  traduite  de  l'i- 
talien de  Camille  Guido;  Paris,  1650,  in-8°; 
Amsterdam,  1660,  in-12;  — Origine  de  la 
Peinture,  suivie  d'autres  pièces;  1660,  ih-4''; 

—  Entretiens  sur  les  vies  et  sur  les  ouvrages 
des  plus  excellents  peintres  anciens  et  mo- 
dernes ;  Paris,  1666,  in-4°;  première  livraison 
de  ce  fameux  livre  :  les  autres  parurent  succes- 
sivement, la  seconde  en  1672,  la  troisième  en 
1679,  la  quatrième  en  1685,  la  cinquième  en 
1688,  et  suivie  du  Songe  de  Philomathe.  L'ou- 
vrage entier  fut  réimprimé  à  Amsterdam,  en 
1706,  5  voL  in-12;  on  y  ajouta  :  Les  Confé- 
rences de  VAcadémie  de  Peinture;  Vidée 
du  Peintre  parfait;  —  des  Traités  des  Des- 
sins, estampes,  de  la  connaissance  des  ta- 
bleaux et  du  goût  des  nations ,  tous  ouvrages 
inédits;  —  La  Vie  du  P.  Louis  de  Grenade, 
de  l'ordre  des  Prêcheurs;  Paris,  1668,  in-12; 

—  Conférences  de  VAcadémie  de  Peinture, 
Paris,  1669,  in-4° ;  Amsterdam ,  1706,  in-12; 

—  Le  Château  de  l'âme,  traduit  de  l'espagnol 
de  Sainte  Thérèse;  1670,  in-12  ;  — Description 
de  l'abbaye  de  La  Trappe;  Paris,  1671,  1678, 
1682,  1689,  in-12,  et  traduite  en  anglais;  — Des- 
criptionde  la  Grotte  de  Versailles ;Pains,  1672 
in-4'';  —  Description  sommaire  du  Château  de 
Versailles;  Paris,  1674; réimprimée  à  Amster- 
dam ,  avec  la  date  de  1603  pour  1703  ;  —  Prin- 
cipes de  l'Architecture,  de  la  Sculpture,  de  la 
Peinture  et  des  autres  arts  qui  en  dépen- 
dent ,  avec  un  Dictionnaire  des  termes  pro^ 
près  ;  Paris ,  1676-1690 ,  in-4°  ;  —  Description 
des  Tableaux,  Statues  et  Bustes  des  Maison, 


273  FÉLIBIEN 

royales;  Paris,  1677,  in-4°;  —  André  Félibien 
a  encore  écrit  :  une  Histoire  des  Châteaux 
royaux ,  conservée  à  la  Bibliothèque  impériale , 
que  M.  A.  de  Montaiglon  doit  éditer  prochaine- 
ment avec  notes  ;  —  une  Étude  sur  les  Habits 
et  vêtements  antiques,  qu'il  mentionne  dans 
une  Lettre  à,  Nicaise ,  mais  dont  on  ignore  le  so  rt. 
Il  fut  aussi  l'auteur  des  inscriptions  dont  on  orna 
l'hôtel  de  ville  de  Paris  depuis  t660  jusqu'en 
1686.  On  trouvera  huit  de  ses  Lettres  dans  la 
Correspondance  de  l'abbé  Nicaise. 

André  Félibien  eut  trois  fils.  L'aîné,  Nicolas- 
André,  seigneur  de  Coltainville,  mort  le  16  sep- 
tembre 1711,  fut  chanoine  et  doyen  de  la  cathé- 
drale de  Chartres  :  on  conserve  de  lui,  dans  la 
bibliothèque  de  cette  ville ,  six  volumes  inédits, 
in-4°,  ouvrage  par  demandes  et  réponses,  inti- 
tulé :  Questions  pratiques  et  canoniques  sur 
les  cinq  livres  des  Décrétâtes  de  Grégoire  IX. 
Louis  Lacodr. 

Nlcéron,  Mémoires,  t.  II.  —  Archives  de  l'empire, 
Registres  des  Bâtiments  du  roi.  —  Nicaise,  Correspon- 
dance, t.  IV.  —  Archives  de  l'Art  français,  t.  IV.  — 
Comm.  part. 

FÉLIBIEN  (Jacques),  théologien  français, 
Irère  du  précédent,  né  à  Chartres,  en  1636 ,  mort 
dans  la  même  ville,  le  23  novembre  1716.  Il  fit 
d'excellentes  études,  et  s'appliqua  particulière- 
ment à  celle  de  l'Écriture  Sainte.  N'étant  encore 
que  diacre,  il  fut  appelé,  en  1661,  au  séminaire 
de  Chartres  pour  faire  des  conférences  sur  les 
livres  saints.  En  septembre  1668  il  fut  pourvu 
de  la  cure  de  Vineuil  (Blaisois),  et  le  10  mai 
1689  nommé  chanoine  à  Chartres.  Le  2  juillet 
1695  il  fut  promu  à  l'archidiaconat  de  Vendôme. 
On  a  de  lui  :  Les  Cérémonies  du  Baptême  mises 
en  françois,  avec  des  réflexions  et  des  prières; 
Blois,  1673  ;  —  Traité  du  sacrement  du  Bap- 
tême et  des  obligations  que  les  chrétiens  y 
contractent,  avec  des  Prières  du  matin  et  du 
soir,  tirées  des  prières  de  VÉglise ,  et  un  Ca- 
téchisme abrégé  pour  Vusage  des  enfants; 
Blois,  1678  ;  —  Instructions  morales  en  forme 
de  catéchisme  sur  les  commandements  de 
Dieu,  tirées  de  l'Écriture;  Chartres,  1693, 
in-12  ;  —  Le  Symbole  des  Apôtres  expliqué 
par  V Écriture  Sainte;  Blois,  1696,  in-12; 
réimprimé  à  Chartres;  —  Entretiens  sur  l'his- 
toire de  la  conversion  d'un  jeune  gentilhomme 
hollandais ,  dédiés  à  la  reine  d'Angleterre  ;  Pa- 
ris ,  1697  ;  —  Commentarium  in  Oseam;  Char- 
tres, 1702,  in-4°;  —  Pentateuchus  historicus, 
sive  quinque  libri  historici ,  Josue ,  Judices , 
Riith,  primus  et  secundus  Regum,  cum  com- 
mentai-iis,  ex  fonte  hebraico,versione  septua- 
ginta  interpretum ,  et  variis  auctoribus  col- 
/ectos  ;  Chartres ,  1703.  L'auteur  fut  vivement 
attaqué  par  les  théologiens  orthodoxes  pour  avoir 
dit  :  1°  en  parlant  de  Gédéon  et  de  Manoé,  qu'ils 
offrirent  des  sacrifices,  non  par  eux-mêmes, 
mais  par  le  ministère  des  anges ,  qui  proprie  et 
immédiate  Deo  sacrificabant ,  contre  le  prin- 
cipe de  saint  Paul  :  Omnis  pontifex  ex  homi- 


274 

nibus  assumptus ,  etc.  ;  2°  parlant  du  vieillard 
qui  avait  donné  retraite  au  lévite  (Jw^es,  cap.  X), 
l'auteur  s'exprimait  de  façon  à  faire  nécessaire- 
ment conclure  que  l'ignorance  excuse  dans  des 
choses  de  droit  naturel  ;  3°  en  parlant  de  David , 
Félibien  mettait  dans  la  bouche  de  ce  roi  des 
jurements  populaires ,  tels  que  Diabolus  me  au- 
ferat  !  etc.,  écart  pour  lequel  on  avait  réprimandé 
le  fameux  Richard  Simon,  quoiqu'en  matière 
moins  grave.  Pour  éviter  toute  contrariété ,  Fé- 
libien supprima  volontairement  les  passages  in- 
criminés. Son  livre  donna  lieu  à  un  autre  débat , 
qui  eut  un  grand  retentissement.  Félibien  l'avait 
fait  imprimer  avec  la  seule  permission  de  Paul 
Godet  des  Marais,  évêque  de  Chartres,  dont 
le  mandement  fut  mis  en  tête  de  l'ouvrage  ;  le 
chanceher  écrivit,  le  1*"^  décembre  1703,  à  l'é- 
vêque  de  Chartres,  qu'il  avait  outrepassé  ses 
pouvoirs  ;  qu'il  pouvait  recommander  ou  défendre 
dans  son  diocèse  la  lecture  des  livres  qu'il  juge- 
rait utiles  ou  dangereux  pour  la  doctrine  spiri- 
tuelle ,  mais  que  les  lois  interdisaient  formelle- 
ment à  qui  que  ce  soit  d'imprimer  ou  débiter 
aucun  ouvrage  dans  le  royaume  sans  qu'il  fût 
revêtu  de  l'autorisation  expresse  du  roi.  Le  prélat 
répliqua  dans  plusieurs  lettres  et  mémoires  ,  et 
le  11  décembre  1703  intervint  un  arrêt  rojal 
ordonnant  la  suppression  du  Uvre,  la  confisca- 
tion des  exemplaires ,  avec  peine  de  cent  livres 
d'amende  cx)ntre  l'imprimeur  (Vve  Etienne  Mas- 
sot  de  Chartres),  par  les  raisons  «  que  l'auteur 
ni  l'imprimeur  n'ont  eu  soin  d'obtenir  de  sa 
majesté  la  permission  ou  le  privilège  nécessaire, 
nonobstant  les  ordonnances  et  règlements  inter- 
venus sur  le  fait  de  la  librairie  ».  Félibien  se 
soumit ,  et  l'affaire  n'eut  pas  d'autres  suites.  Cet 
auteur  a  laissé  beaucoup  d'autres  ouvrages  ma- 
nuscrits; parmi  ceux  qui  sont  complètement 
achevés  on  remai'que  :  la  Traduction  du  Missel 
et  du  Bréviaire;  —  celle  de  quelques  ouvrages 
de  saint  Éphrem,  de  saint  Grégoire  de  Na- 
zianze;  —  La  Vie  de  saint  Fulgence,  celle  de 
Pierre  de  Blois  ;  —  Entretiens  sur  les  me- 
naces, punitions  et  imprécations  contenues 
dans  récriture  Sainte;  —  enfin,  une  Chrono- 
logie française  depuis  le  commencement  du 
monde  jusqu'à  la  centième  année  de  J.-C. 

Abbé  Jacques  Boilcau,  De  Librorum  circa  res  theo- 
lofiicas  Approbatione,  nomb.  V  (  Anvers,  1708,  ln-16). 
—  Dom  IXvon,  Bibliothèque  CAarêrffline,  S82  et  318;  — 
MotM  ,  Grand  Dictionnaire  historicité.  —  Richard  et 
Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FÉLIBIEN  { Jean- François  ) ,  fils  aîné  d'An- 
dré, architecte  français,  né  vers  1658,  mort  le 
23  juin  1733.  Grâce  aux  services  rendus  par  son 
père ,  il  fut  investi  d'emplois  éminents  :  l'Aca- 
démie d'Architecture  et  celle  des  Inscriptions  se 
l'associèrent  de  bonne  heure  ;  le  roi  le  fit  son 
conseiller.  Toutefois ,  nous  devons  l'avouer,  ses 
travaux  sont  en  général  superficiels;  les  érudits 
les  considèrent  comme  d'imparfaites  ébauches  ; 
mais  leur  forme  assez  soignée  a  plu  à  une  cer- 
taine classe  de  lecteurs.  En  voici  les  titres  :  Re- 


275  FÉLIBIEW  — 

cueil  historique  de  la  vie  et  des  ouvrages 
des  plus  célèbres  architectes;  Paris,  1687, 
in-4°  ;  —  Plans  et  dessins  de  deux  maisons 
de  campagne  de  Pline ,  avec  des  remarques 
et  îine  dissertation  touchant  rarchitecîure 
antique  et  gothique;  Paris,  1699,in-12  (une 
traduction  italienne  de  ces  deux  ouvrages  a  été 
publiée  par  Fossati  à  Venise,  en  1755,  in-S"  )  ; 

—  Description  de  la  nouvelle  Église  des  In- 
valides, avec  plans  ;  Paris,  1702,  in-12;  ou- 
vrage plusieurs  fois  réédité ,  même  format  et 
in-foi.,  entre  autres  en  1725,  à  la  suite  des  Entre- 
tiens de  son  père,  -  On  lui  attribue  encore  deux, 
travaux  qui  doivent  être  conservés  manuscrits 
à  la  bibliothèque  de  l'Institut  ;  Description  his- 
torique de  l'ancien  Louvre;  ^  Manuscrits 
anciens  de  la  ville  de  Paris.    Louis  Laoouk. 

Histoire  de  l'Académie  des  Inscriptions,  lubies.  — 
Histoire  do  Chartres. 

FÉLiBiEiv  (Michel),  historien  français,  fils 
d'André,  né  à  Chartres,  le  14  septembre  1666, 
mort  le  25  septembre  1719.  11  quitta  de  bonne 
heure  sa  famille  pour  venir  faire  ses  études  au 
collège  des  Bons-Enfants  de  Paris  ,  et  se  fit  bé- 
nédictin. VHistoire  de  VAbba'je  royale  de 
Saint-Denis  en  France  (Paris,  1706,  in-foi.) 
fut  son  ouvrage  le  plus  important;  il  y  fit  preuve 
d'une  habile  méthode,  d'un  goût  sain  et  éclairé. 
"  J'ai  eu  recours  aux  originaux ,  dit-il ,  la  vérité 
n'estant  jamais  plus  pure  que  dans  sa  source.  » 
Sur  ces  entrefaites  (  1710),  Rignon,  prévôt  des 
marchands  de  Paris ,  désirant  posséder  une  his- 
toire de  la  ville  ,  ne  trouva  pas  un  écrivain  plus 
apte  à  remplir  ses  vues  que  Michel  Félîbien  : 
celui-ci  accepta  l'offre,  malgré  les  infirmités  que 
des  études  trop  prolongées  lui  avaient  attirées.  li 
prépara  un  projet  auquel  Louis  XIV  donna  son 
approbation.  Le  livre  fut  commencé  et  pour- 
suivi pendant  huit  années  avec  persévérance  : 
Félibien  succomba  à  la  besogne.  Lobineau  {voy. 
ce  nom  )  acheva  l'œuvre  commencée,  et  fut  aidé 
dans  ce  travail  par  un  certain  de  Varigny,  se- 
crétaire de  Félibien.  VHistoire  de  la  ville  de 
Paris  parut  en  1755 ,  5  vol.  in-fol.  Voici  la  liste 
des  autres  travaux  de  notre  historien  :  lettre 
circulaire  sur  la  mort  de  M^^  d'Harcourt , 
abbesse  de  Montmartre;  Paris,  1699,  in-4"; 

—  Vie  cV Anne-Louise  de  Brigneul,  fille  du 
maréchal  d'Humières ,  abbesse  de  Mouchy ; 
Paris,  1711,  in-8° ;  —  Projet  cVune  Histoire 
de  la  ville  de  Paris;  Paris,  1713,  in-k". 

Louis  Lacour. 
Nlcéron,  Mémoires,  t.  XXVIII.  —  Lobineau,  Histoire 
de  la  ville  de  Paris,  Préface,  -r^  Voltaire,  éd.  Beuchot, 
tables. 

FÉLiCE  (Costanso) ,  en  htin  Consta7itius 
Felicius  Burantinus ,  latiniste  itahen,  né  à 
Castei-Durante  (marche  d'Ancône) ,  vers  1502, 
vivait  encore  en  1584.  Baillet  le  cite  au  nombre 
des  enfants  célèbres.  Félicefit  ses  études  au  col- 
lège de  Péronsc,  et  lorsqu'il  composa  ses  pre- 
miers ouvrages ,  «  à  peine ,  dit  Cochlée ,  était-il 
sorti  de  l'âge  de  l'enfance  pour  entrer  dans  celui 


FELICIANO  276 

de  l'adolescence  ».  IJ  étudia  le  droit  et  la  méde- 
cine, et  vécut  fort  âgé ,  puisqu'il  publiait  encore 
des  ouvrages  en  1584.  On  a  de  lui  ;  De  Conjv,- 
ratione  CatUlnx ;  De  Exiiïo  Ciceronis ;  De  fig- 
ditu  Ciceronis  ,  réunis  en  un  volume,  dédié  c||i 
pape  Léon  X,  Rome,  1518,  in-4°  ;  réimprimé  par 
J.  Cochlée.  avec  une  prélace, Leipzig,  1536,  in-4°; 
De  Conjuratione  Catilinx  a  été  publié  séparcj- 
ment;  Bàle,  1564;  — '  Calendario  overo  e/a- 
merida  storica ;  Vth'm ,  1577,  in'4";  --  Trah 
ialo  del  grand' Animale  o  gran  bestia,  cosi 
detta  volgarmente,  e  délie  sue  partie  /acultà, 
Rimini,  1584,  in-S";  trad.  de  l'ouvrage  d'Apollo- 
nio  Menabene  intitulé  :  De  magno  Animait  quod, 
Alcen  vocant;  Milan  ,1581,  in-4°.  La  traductionj 
de  Félice  est  suivie  d'un  lYaitutQ  d$lk  Virtù  p] 
Propriété  del  Lupo, 

HanK.  De  Scriploribns  llomanis,  122,  .^  Balllct,  JiiçiQ- 
ments  des  Savants,  III;  Enfants  célèbres,  n°  37. 

FEMCE  (Fortuné-Barthélémy  de),  publi 
ciste  italien,  né  à  Rome,  en  1723,  mort  le  7  fé- 
vrier 1789.  Sa  famille  était  originaire  de  Naples; 
il  étudia  chc/.  les  jésuites,  et  professa  à  Rome  et 
à  Naples.  Réfugié  à  Berne,  après  avoir  enlevé 
une  religieuse  d'un  couvent,  il  embrassa  le  pro- 
testantisme. Plus  tard  il  établit  une  imprimerie 
à  Yverdun,  et  publia,  avec  Tsçharner,  VEstatu 
délia  Letteratura  Eiiropaa,  qu'il  continua 
pendant  neuf  ans.  On  a  de  lui  :  Principes  du 
Droit  de  la  Natiire  et  des  Cens,  d'après  Burla 
maqui;  -—  un  abrégé  du  même  ouvrage  sous  ç| 
titre  :  Leçons  du  Droit  de  la  Nature  et  d^ 
Gens,  1769,  4  vol.  in-8°;  et  Paris,  1830,  2  vol, 
in-8";  -^Encyclopédie,  oic  dictionnaire  7<ni-, 
versel  raisonné  des  connaissances  humaines; 
Yverdun,  1770-1780;  —  Éléments  de  la  Po- 
lice d'un  État,  1781,  2  vol,  in-12. 
Fcllcr,  llioçirap/iic  imiccrselle  (éd.  Welss^. 

*  FÉLïcE  (  Frédéric-Charles  de),  théologien 
protestant  et  helléniste  français,  mort  à  la  IleHi; 
de  l'âge,  le  21  avril  1809, 11  était  professeur  d'hu 
manités  au  lycée  de  Metz  et  pasteui-  de  l'égligii 
réformée  de  la  même  ville.  On  a  de  lui  deuîi 
Lettres  pastorales  très-bien  écrites  :  l'une  en 
date  du  28  vendémiaire  an  xiv,  Metz,  in-4°, 
l'autre  en  date  du  10  août  1806,  in-4'' ;  elleg 
sont  relatives  aux  actes  belliqueux  et  pacifiques 
de  Napoléon  r'"(l).  Emile  Bégin 

G. -F.  Tcissier,  dans  VJlmanach  des  Protestants  ppui 
1810,  2«  partie,  p,  38.  —  Essai  philologique  sur  la  T^' 
pogr.  â  /)/ei;,  p.  22S. 

FELiciAKO  (  J'eZice),  surnommé  Antiqvu- 
rio,  ou  V Antiquaire ,  archéologue  italien ,  né  à' 
Vérone ,  vivait  au  quinzième  siècle.  11  fut  un  de? 
premiers  à  rassembler  des  débris  de  l'art  an- 
tique et  à  recueillir  des  inscriptions;  maïs 
comme  il  ne  publia  rien  à  ce  sujet,  Maffei  pensi 
queFerrarini,  Marcanuova  et  Bologni  profitèrent 
de  ses  travaux  manuscrits  et  lui  en  dérobèrenï 
l'honneur.  D'après  le  imême  Maffei,  F^eliciano' 

(1)  Félice  a  été  omis  par  M,  Quérard  dans  sa  France, 
littéraire. 


se! 


I 

1 


277 


FELICIANO  —  FELICIANUS 


278 


était  aussi  poëte  ;  mailieureusement  il  donna  dans 
les  folles  rêveries  de  l'alchimie.  Voici  ce  qu'on 
lit  à  ce  sujet  dans  les  Novelleàt  Sabadino,  pu- 
bliées en  1483  :  «  Dans  votre  terre,  magnifique 
comte,  généreux  gentilshommes,  et  vous,  très- 
nobles  dames,  vous  devez  avoir  connu  un  certain 
Feliciano,  homme  remarquable,  d'un  esprit  bril- 
lant et  érudit ,  lettré  et  plein  de  qualités  dignes 
de  louanges,  d'une  conversation  aimable  et  rem- 
plie d'agréments,  et  surnommé  V Antiquaire, 
pour  avoir  consumé  ses  années  en  recherchant 
les  nobles  antiquités    de  Rome,  de  Ravenne 
et  de  toute  l'Italie.  Celui-ci  donc  ayant,  outre 
les  antiquités,  mis  tout  son  zèle  et  tout  son 
génie  à  chercher  et  scruter  le  grand  art ,  c'est- 
à-dire  la  quintessence,  il  se  transporta  pour 
cette  raison  dans   la  marche  d'Ancône,  pour 
trouver  un  ermite.  »  Le  même  Sabadino  ajoute 
dans  un  autre  endroit  que  Feliciano  consacra 
à  cette  folle  recherche  son  patrimoine,  celui  de 
ses  amis,  et  pour  ainsi  dire  sa  vie  même;  et  il 
fut  presque  réduit  à  la  mendicité.  Ce  fut  proba- 
blement pour  rétablir  sa  fortune  que  Feliciano  se 
fit  imprimeur.  Il  donna,  avec  Innocente  Ziletti, 
une  édition  des  Uomini  famosi  de  Pétrarque, 
avec  un  Ragiona mento dalni  ;  Pogliano,prèsde 
Vérone,  1470,  in-fol.  Cette  belle  et  rare  édition 
est  le  seul  produit  connu  des  presses  des  deux 
associés.  Maffei  indique  un  ouvrage  de  Feliciano. 
intitulé:  Felicis  Feiîciani,  Veronensïs,  Epï- 
grammaton,  ex  vetustissimis  per  ipsumfide- 
Itlt'.r  lapidibus  inscriptonim,  ad  splendis.  An- 
dream  Mantegnam,  Patavum picêovem incom- 
parabilem.  —  Le  même  auteur  cite  encore  de 
Feliciano  des  Riine  et  un  recueil  iVAntiche  rime. 

A.  Sabadino  ,  Novetlc,  111,  XIV.  —  Maffcl,  Ferona 
tUustrata,  part.  Il,  p.  1»9.  —  Apostolo  Zeno,  Note  al 
Ftiitaniiii,  t.  Il,  p.  3.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  Lettc- 
rat.  Ital.,  t.  VI,  p.  I,  p.  i.82. 

FELICIANO  (Giovanni-Bernardino) ,  méde- 
cin et  latiniste  vénitien ,  né  vers  1490 ,  vivait  en- 
core en  1552.  Il  professait  l'éloquence  dans  sa 
patrie,  et,  suivant  la  méthode  d'isocrate,  habi- 
tuait ses  élèves  à  parler  publiquement  sur  les 
plus  hautes  questions  de  la  politique  ou  de  l'ad- 
ministration. La  connaissance  qu'il  avait  des 
langues  savantes  le  mit  à  même  de  traduire  un 
grand  nombre  d'auteurs  anciens.  Il  se  lit  recevoir 
médecin,  et  montra  beaucoup  de  goût  pour  l'a- 
natomie ,  sans  pourtant  que  ses  recherches  aient 
contribué  aux  progrès  de  cette  science.  On  pré- 
tend ,  mais  sans  preuve ,  qu'il  enseigna  la  mé- 
decine à  l'université  de  Paris.  On  a  de  lui  : 
Pnuli  ,'Eginetx  Liber  sex lus  deChirurgiai 
Bâlc ,  1533;  —  Galeni  De  Hippocratis  ei  Pla- 
tonis  decretis;  ibid.;  — De  Anatomia  matricis; 
ttiid.;  —  De.  Fœtuum  Formatione ;  ibid.  Ces  di- 
verses traductions  se  trouvent  aussi  dans  les 
Opéra  Ga/enùle  Froben  ;  —  Eustatlni  et  aUn- 
ruminsigniumperipateticorum  Comment,  in 
ni).  Arisfo'elis  De  Morilnis,  etc.;  Venise,  1541  ; 
Paris  et  Bàle,  1543,  in-fol.;  —  Porphyrius  et 
fMixippiis  in  Prxdicamenta  ArïstoteUs ;  Ve- 


nise, 1546,  in-fol.;  —  Porphyrd  De  Abstïnentia 
ab  esu  animalium;  Véhise,  1547,  in-4°.  Sui- 
vant Jacques  de  Rlioér,  cette  traduction  est  jus- 
(\n'\Q,iïdimQ\\\(è\xxe.-,  —  Alexander  Aphrodisiensis 
inpriorem  librum  Aristotelis  Analyticorum; 
Venise,  1548,  in-fol.  ;  —  De  Xenophane,  Ze- 
none  et  Gorgia ,  publié  par  les  Junte  à  la  suite 
de  leur  Aristole;  Venise,  1552  ;  —  Explanatio 
veterum  SS.  Patrum  Grœcorum^  seu  catena 
in  Acta  Apostolorum  et  Fpistolas  ab  (Ecmne- 
nio  ;  Bâle  ,  1552 ,  in-S",  et  Venise,  1556  ,  in-8''; 
—  une  traduction  du  dixième  livre  du  traité  d'A- 
ristote  De  Animalibus,  etc.  Huet  trouve  Feli- 
ciano trop  diffus  ;  «  Ses  traductions,  ajoute-t-il, 
tiennent  de  la  paraphrase  et  n'ont  pas  assez  de 
sirnplicité;  en  un  mot,  il  n'a  pu  parvenir  à  cette 
netteté  que  demande  une  traduction  fidèle.  » 

P.-D.  Muet,  De  clar.  Inierpret.,  lib.  Il,  166,  —  Voss, 
De  Scriptoribu?  math.  —  Gcsner,  Epitome.  —  Éloy, 
Dictionnaire  historique  de  ta  Médecine.  —  Baillct, 
Jvrjein.  des  Savants,  Il ,  Traducteurs  latins,  a"  S27  Ois. 

FELICIANO  (Bernardino),  orateur  vénitien, 
mort  à  Venise,  en  1577.  Il  était  lecteur  de  la 
secrétairerie  ducale  de  Venise.  On  a  de  lui  un 
recueil  de  Orationes  prononcés  publiquement  : 
Pro  munere  legendi  suscepto  ;  De  virtutis 
prœstantia;  De  optimo  imperatore ;  De  stu- 
diis  huvianitatis;  Depoetarum  laiidibus, etc.; 
Venise,  1564,  in-4°. 
Agostinl,  Scrittori  Feneiiani. 

*  FELICIANO  (  Francesco  ) ,  mathématicien 
italien,  né  à  Lazise  (  Véronais  ),  vivait  en  1563. 
On  a  de  lui  :  Scala  Grimadelli ;Yévone,  1563, 
et  très-souvent  réimprimé  depuis.  Sous  ce  titre 
bizarre  l'auteur  a  réuni  trois  livres  d'arithmé- 
tique et  de  géométrie. 

Mafft'i,  P'erona  illustrata,  lib,  IV,  205. 

*  FELICIANO  (Porfirio),  prélat  et  poëte  ita- 
lien, né  dans  le  pays  de  Vaud,  en  1562,  mort 
à  Foligno,  le  2  octobre  1632.  Il  savait  la  philo 
Sophie,  les  mathématiques,  la  jurisprudence, 
les  belles- lettres,  écrivait  avec  beaucoup  de  net- 
teté en  latin,  et,  ajoute  Janus  Nicius  Erythraeus, 
«  ses  égaux  étaient  en  fort  petit  nombre  pour  la 
poésie  italienne  ».  Attache  d'aboi'd  au  cardinal 
Salviati ,  il  devint  secrétaire  du  pape  Paul  V, 
qui  le  nomma  évêque  de  FoUgno.  Il  a  laissé 
Mme  diverse,  morali,  espirituali,  Foligno, 
1630,  et  plusieurs  volumes  de  lettres  en  latin 
et  en  italien. 

J.-N.  \L\-y\.\\TX\\s, Pinacoth.,\\  Ima(i.illiist.,n'>3'6,  p.  134. 
—  Luigi  Jacobilli,  liibliotheca  Umbrix,  232.  —  J.-B. 
Lauro,  De  flirts  illustribus  sui  tcmporis;  —  César 
Alexi.s,  De  f^iris  illustribus  Perus.,  cent.  I!.  —  Baiilet, 
Ju'jements  des  Savants ,  IV;  Poètes  modernes,  n"  1381. 

*  FELicîANUS  HisPALENSis,  théologien 
espagnol,  mort  entre  1730  et  1740.  Il  apparte- 
nait à  l'ordre  des  Capucins.  On  a  de  lui  :  In- 
structio  vitx  spirituatis  brevis  et  clara;  Sé- 
ville,  1696,  in-8°;  —  Cantiones  spirituales  de 
obligationibus  christianis  et  adversus  can- 
tica  vitiosa;  Séville,  1698-1705,  en  trois  parties 
in-S°;  —  De  Angelis  principtbus  Empyrei; 
Séville,  1704,  in-8°  ;  —  Cymhalum  igncum 


279 

id  est  De  Suffragiis  pro  Animabus  defuncto- 
rum;  ibid.,  1704,  in-4°  ;  —  Sol  increatus,  Deus 
trinus  et  unus ,  ubi  cultus  devotioque  fidelis 
excitatur;  Cadix,  1707,  in-4°;  —  Lux  apos- 
tolica;  ibid.,  1716,  in-S";  —  Canistrummys- 
ticum  afferendum  puero  Jesu  in  suo  sacro 
natali;  ibid.,  1719. 
Bern.  de  Bologne ,  ëibl.  Capucc. 

*FELiciATi  (Lorenzo),  peintre  de  l'école 
siennoise,  né  à  Sienne,  en  1732,  mort  en  1779. 
On  trouve  de  ses  tableaux  aux  confréries 
des  Saints-Clous  et  de  Saint-Sébastien,  à  l'église 
de  San-Pellegrino,  au  couvent  des  Observantins, 
et  dans  plusieurs  autres  édifices  religieux  de 
Sienne.  Aux  environs ,  on  voit  de  lui  à  la  villa 
dell'  Agazzara,  une  Vierge;  Saint  Just  à  l'é- 
glise de  S.  Casciano;  et  Saint  Etienne  à  celle 
de  Cerreto.  E.  B— n. 

Roraagnoli,  Cenni  storico-artistici  di  Siena. 

FÉLICIEN  (Saint),  martyrisé  à  Normento,  en 
286  ou  287.  Arrêté  à  Rome  comme  chrétien,  avec 
son  frère  Primus,  tous  deux  ils  furent  amenés 
devant  l'empereur  Maximien  Hercule,  qui, 
sur  leur  refus  de  sacrifier  aux  idoles,  les  fit 
fouetter  publiquement.  II  les  envoya  ensuite  à 
Promotus ,  juge  de  Normento ,  ville  à  quatre  ou 
cinq  lieues  de  Rome.  Promotus  n'ayant  pu 
ébranler  aucun  des  deux  frères,  les  fit  décapiter. 
Moréri  dit  que  "  les  actes  de  ces  martyrs  ne  pa- 
raissent pas  authentiques  »  ;  quoi  qu'il  en  soit, 
l'Église  honore  saint  Félicien  le  9  juin. 

Surius ,  Acta  Sanctornm.  —  Les  Bollandistes.  —  Bail- 
let,  f^ies  des  Saints,  11.  —  Moreri,  Grand  Dictionnaire 
historique.  -  Richard  et  Girard,  Bibliothèque  sacrée. 

FÉLICIEN ,  théologien  arien ,  vivait  vers  410. 
Il  soutenait  qu'on  devait  examiner  les  questions 
de  religion  par  la  raison  avant  de  consulter  l'É- 
criture. Il  fut  condamné  comme  hérétique.  Saint 
Augustin  a  écrit  contre  lui  son  livre  De  Unitate 
Trinitatis. 

Prateolus ,  De  Fitis,  Sectis  et  Dogmatibus  Hœretico- 
riim  etc.  —  Sanders,  De  Her.,  94.  —  Ricliard  et  Giraud, 
Bibliothèque  sacrée. 

*  FÉLICIEN  DE  SAINTE-MAGDELEINE,  re- 
ligieux de  l'ordre  des  Carmes,  né  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-septième  siècle,  à  Nantes, 
oO  11  mourut,  en  1685.  Il  fit  profession  dans  sa 
ville  natale,  enseigna  la  théologie  à  Bordeaux, 
fut  ensuite  prieur  à  Agen ,  et  enfin  définiteur  de 
la  province  de  Touraine.  Il  se  distingua  dans  ces 
divers  eijiplois  par  des  connaissances  variées  et 
une  grande  régularité  de  mœurs.  Soupçonné  d'ê- 
tre janséniste ,  et  tracassé  comme  tel ,  il  revint 
passer  les  dernières  années  de  sa  vie  à  Nantes. 
On  a  de  lui  :  Defensio  Providentix  divinse, 
juxta  doctrinam  divi  Augustini  et  sancti 
Thomse ,  Ecclesiee  catholicee  luminum;  Bor- 
deaux, 16.57,  3  vol.  in-4'';  —  Nova  Eloquentise 
Methodus,  quaecomplectitur  rhetoricaniAris- 
totelis  et  Raymundi  Lullii;  Paris,  1666,in-l2. 
P.  Levot. 

Cosme  de  VilUers ,  Bibliotheca  Carmelitana. 

*  FELiciAN  (Saint),  martyr  en  61  de  l'ère 


FELICIANUS  —  FÉLICISSIME 


280 


chrétienne ,  né  à  Cordoue ,  dans  la  Bétique  (  An- 
dalousie), province  d'Espagne.  Ami  de  Sénèque,  | 
dont  il  fréquentait  la  maison  lorsqu'il  venait  à  j 
Rome ,  il  se  convertit  au  christianisme.  Ayant  | 
appris  que  les  chrétiens ,  accusés  de  l'incendie  j 
de  Rome ,  étaient  persécutés  par  l'ordre  de  Né- 
ron ,  il  se  réfugia  dans  sa  patrie.  Conduit  au 
tribunal  du  juge  et  ayant  refusé  de  sacrifier  aux  [ 
idoles ,  il  fut  battu  de  verges ,  incarcéré ,  puis  !' 
mis  à  mort.  V.  Marty. 

Martyrolog.  Hispanum,  1.  IV,  de  Tava  de  Salaz. 

*  FÉLicissiME  (Saint),  martyrisé  à  Car-, 
thage,  vers  la  fin  de  250.  D'après  les  auteurs  de 
la  Bibliothèque  sacrée ,  Félicissime  n'était  que 
laïque.  Il  devint,  sous  la  persécution  de  l'empe- 
reur Dèce,  le  compagnon  de  saint  Rogatien,  prêtre 
de  Carthage;  «tous  deux,  disent  les  hagiographes, 
furent  mis  en  prison ,  mais  en  sortirent  triom-  \ 
phants  des  ennemis  de  leur  foi  «.  Ce  fut  à  ces  [ 
deux  confesseurs  que  saint  Cyprien ,  évêque  de 
Carthage ,  confia  l'administration  de  son  diocèse, 
lorsque  Dieu  lui  commanda,  dans  une  révélation, 
de  fuir  la  persécution.  En  son  absence,  Cyprien 
donna  aussi  à  ses  deux  vicaires  la  commission 
de  combattre  et  d'excommunier  un  autre  Féli- 
cissime (voy.  l'art,  suivant),  qui  soutenait  des 
propositions  nouvelles.  Les  martyrologes  fontj 
mention  de  saint  Rogatien  et  de  saint  Félicissime 
comme  de  deux  martyrs ,  quoique  quelques  au- 
teurs croient  qu'ils  sont  morts  en  paix.  L'É- 
glise les  lionore  le  26  octobre. 

s.  Cyprien,  Epistolœ,  38  et  81.  —  Baillet,  f^ies  des 
Saints,   III.  —  Tillemont,  Mémoires,  III.  —  Moréri,! 
Grand  Dict.  hist.  —  Ricliard  et  Giraud,  Bibl.  sacrée. 

*  FÉLICISSIME,   schismatique  du  troisième' 
siècle.  Il  était  diacre  dans  l'église  de  Carthage. 
En  248 ,  il  s'opposa  fortement  à  l'élection  de  ' 
saint  Cyprien  comme  évêque  de  cette  ville,  et 
pendant  la  fuite  de  ce  prélat,  il  jeta  la  divi- 
sion parmi  les  chrétiens.  Il  chercha  à  séparer 
saint  Cyprien  des  confesseurs  qui  accordaient  ' 
une  absolution  précipitée  aux  libellatiques  (1)  et 
quelquefois  à  ceux  qui  étaient  tombés  dans  une  ' 
apostasie  publique.  Félicissime  alla  plus  loin  ;  il 
voulut  que  l'on  reçût  les  laps  à  la  communion  j 
sans  aucune  pénitence  et  sur  une  simple  recora-  \ 
mandation  des  martyrs.  Il  forma  une  Éghse  sé- 
parée ,  se  joignit  à  cinq  autres  prêtres ,  assembla  j 
tous  ceux  de  son  parti ,  et,  se  retirant  sur  une 
montagne  hors  la  ville ,  lança  l'anathème  sur  les 
chrétiens  qui  ne  le  suivaient  pas.  De  concert 
avec  Privatus  et  quelques  évêques  déclarés  apos-  ' 
tats,  il  assembla  un  synode  dans  lequel  saint 
Cyprien  fut  déposé  et  le  prêtre  Fortunatus  élu 
en  sa  place.  Félicissime  fut  ensuite  député  à 

(1)  Chrétiens  qui,  pour  n'être  pas  obligés  de  sacrifler 
aux  dieux  en  public,  selon  les  édils  des  empereurs,  al- 
laient trouver  les  magistrats ,  et  obtenaient  d'eux,  par 
grâce  ou  par  argent,  des  certificats  par  lesquels  on  at- 
testait qu'ils  avaient  obéi  aux  ordres  souverains  et  on 
défendait  de  les  Inquiéter  davantage  sur  le  fait  de  reli- 
gion. Ces  certificats  se  nommaient  en  latin  libelli,  d'où 
l'on  donnait  à  ceux  qui  en  étalent  porteurs  le  nom  de 
libellatiques. 


I 


281  FÉLfCISSIME 

Rome  vers  le  pape  Corneille  pour  obtenir  la 
consécration  de  ce  changement  ;  mais  sa  demande 
fut  rejetée.  Par  une  contradiction  singulière ,  il 
se  joignit  alors  à  Novat  et  à  Novatien  (  voy.  ces 
noms  ),  autres  prêtres ,  qui  soutenaient  qu'il  ne 
fallait  point  recevoir  à  la  pénitence  ceux  qui 
étaient  tombés  dans  quelque  péché  après  le  bap- 
tême. Us  formèrent  ensemble  la  secte  des  no- 
vatiens,  appelés  aussi  cathares  (  du  grec  xa- 

Uorpo;,  pur). 

J  s.  Cyprien ,  Epistolœ,-  38 .  39,  40,  55,  etc.  —  Baronius  , 
Jnnales .  254,  253,  258.  —  Pearson .  Annales  Cypriani. 
—  Tilleraont ,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclé- 
siastique, in,  318,  702.  -  J.  Blngham,  Origines  eccle- 
siasUcœ.  —  Dupin,  Bibliothèque  des  Auteurs  ecclé- 
siastiques des  trois  premiers  siècles. 

FÉLICITÉ  (Sainte),  patricienne  romaine, 
martyrisée  à  Rome,  en  164.  Elle  était  d'une 
haute  naissance,  et  jouissait  d'une  grande  con- 
sidération, par  sa  fortune  et  sa  vertu.  Après  la 
mort  de  son  mari,  elle  garda  le  veuvage,  et  con- 
tinua à  élever  ses  sept  fils  dans  la  religion  chré- 
tienne. Ils  se  nommaient  Janvier,  Félix ,  Phi- 
lippe, Sylvain,  Alexandre,  Vital  et  Martial. 
Félicité ,  par  ses  bonnes  œuvres  et  son  exemple, 
attirait  chaque  jour  de  nouveaux  prosélytes  au 
christianisme.  Suivant  les  récits  des  hagiogra- 
phes,  les  prêtres  païens  en  prirent  ombrage,  et 
la  dénoncèrent  à  l'empereur  Marc-Aurèle  An- 
tonin.  Celui-ci  chargea  Pubhus ,  préfet  de  Rome, 
d'informer  sur  cette  affaire.  Ce  magistrat  manda 
devant  lui  Félicité,  lui  lut  les  décrets  des  em- 
pereurs, et  l'invita  à  sacrifier  aux  idoles  ;  elle  s'y 
refusa  formellement.  Publius  lui  donna  jusqu'au 
lendemain  pour  réfléchir.  Ce  terme  écoulé,  il  la 
fit  venir  de  nouveau ,  mais  cette  fois  avec  ses 
enfants.  11  lui  renouvela  sa  proposition,  lui  dé- 
clarant que  son  opmiâtreté  entraînerait  non- 
seukment  sa  mort,  mais  celle  de  ses  fils.  Féli- 
cité s'écria  :  (c  Votre  pitié  est  une  impiété  réelle,  et 
la  prétendue  compassion  à  laquelle  vous  m'exhor- 
tez annoncerait  la  plus  cruelle  des  mères.  «  Se 
tournant  vers  ses  enfants,  elle  ajouta  :  «  Re- 
gardez le  ciel,  oîi  Jésus-Christ  vous  attend  avec 
ses  saints  ;  persistez  dans  son  amour,  et  com- 
battez généreusement  pour  vos  âmes.  »  Publius 
la  fit  souffleter,  pour  avoir  donné  un  pareil  avis, 
et  s'adressa  à  chacun  des  enfants  séparément, 
espérant  en  obtenir  une  rétractation.  Tous  persis- 
tèrent dans  leur  croyance.  Publius  les  fit  fouetter, 
et  envoya  la  procédure  à  l'empereur.  Marc-Aurèle 
Antonin  les  fit  traduire  devant  des  juges  spé- 
ciaux. Ceux-ci,  n'ayant  pas  été  plus  heureux  que 
Publius,  condamnèrent  les  enfants  de  Félicité  à 
différents  supplices.  Janvier,  l'aîné  d'entre  eux, 
fut  battu  jusqu'à  la  mort  avec  des  fouets  garnis 
de  balles  de  plomb.  Félix  et  Philippe  eurent  la 
'  tête  fracassée  à  coups  de  massue.  Sylvain  fut 
jeté  dans  un  précipice.  Alexandre,  Vital  et  Mar- 
tial eurent  la  tête  tranchée.  Félicité  mourut  de  la 
même  manière  quatre  mois  après.  Quelques  au- 
teurs modernes  ont  attaqué  l'authenticité  des 
actes  de  ces  martyrs,  prétendant  que  l'histoire  de 


—  FÈLICULE  282 

sainte  Félicité  était  une  imitation  de  celle  des 
sept  Machabées.  «  Cette  légende,  écrivent-ils, 
est  tirée  de  Surius ,  moine  du  seizième  siècle, 
décrié  pour  ses  absurdités.  Aucun  document 
contemporain  ne  vient  d'ailleurs  confirmer  le 
récit  de  cet  hagiographe,  tout  rempli  d'invraisem- 
blances. »  D'un  autre  côté,  Richard  et  Giraud 
disent  que  «  les  actes  de  ces  saints  martyrs  sont 
bons  et  fidèles,  quoiqu'ils  n'aient  pas  tous  les 
caractères  des  originaux».  D'ailleurs,  Grégoire  le 
Grand  et  Pierre  Chrysologue  font  mention  de 
sainte  Félicité  et  de  ses  enfants.  L'Église  honore 
les  sept  frères  le  10  juillet  et  sainte  Félicité  le 
13  novembre. 

Grégoire  le  Grand,  Homeliœ ,  III,  super  Evangelia. 
—  Pierre  Chrysologue,  Sermones,  n°  134.  —  Surius,  Acta 
Sanctorum.  —  DomRuinart,  Acta  primorum  Martyrum 
sincera.  —  Alban  Butler,  tives  of  Feathers.  —  TUIe- 
mont,  M ém.  pour  servir  à  l'hist.  ecclésiastique  ,  II.— 
Balllet ,  ries  des  Saints.  —  Richard  el  Giraud  ,  Bibl.  sa- 
crée. 

FÉLICITÉ  (Sainte),  martyrisée  à  Carthage, 
en  mai  202  ou  203.  Elle  était  d'une  condition 
servile,et  professait  le  christianisme.  Elle  fut 
emprisonnée  comme  catéchumène,  avec  un  de 
ses  compagnons  nommé  Revocatus  et  deux  per- 
sonnages de  nobles  familles.  Saturnin  Secun- 
dule  et  Vivia  Perpétua.  Interrogée  par  le  procon- 
sul, elle  se  déclara  chrétienne  et  refusa  de  sacri- 
fier aux  idoles.  Elle  fut  condamnée  à  être  exposée 
dans  le  cirque  et  déchirée  par  les  bêtes.  Elle 
était  alors  enceinte  de  huit  mois;  «  mais  ayant, 
dit  son  hagiographe,  prié  Dieu  de  la  délivrer  avant 
le  jour  de  son  exposition ,  elle  fut  exaucée  et 
accoucha  instantanément  ».  Les  chrétiens  furent 
amenés  dans  l'amphithéâtre  le  jour  de  la  fête 
donnée  pour  célébrer  l'anniversaire  de  la  nais- 
sance du  césar  Antonin  Geta.  Félicité  fut  livrée 
à  une  vache  sauvage,  qui  la  maltraita  fort  ;  sur 
la  demande  du  peuple,  elle  fut  achevée  par  un 
gladiateur.  Samuel  Basnage  de  Flottemanville 
avait  placé  sainte  FéUcité  et  ses  compagnons  au 
nombre  des  montanistes  (1);  le  cardinal  Orsi 
lui  répondit,  et  prouva  l'orthodoxie  de  ces  mar- 
tyrs dans  un  ouvrage  intitulé  :  Dissertatio  apo- 
logetica  pro  sanctarum  Perpertuœ,  Felici- 
tatis,  et  sociorum  martyrum  orthodoxia, 
adversus  Samuelem  Basnagium.  L'Église  ho- 
nore sainte  Félicité  le  7  mars. 

s.  Augustin.  Sermones  CCLTiXXl  et  CCLXXXII.  - 
S.  Corneille  de  Compiègne,  Passio  sanctss  Perpetuse  et 
sanctœ  Felicitatis:  dans  le  recueil  de  Luc  Holste  (Rome 
1663).  —  nom  Ruinart,  .icta  Sanctorum  sincera.  — 
Tillemont ,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclé- 
siastique, 111.  -  Basnage  de  Flottemanville,  Exercita- 
tiones  historico-criticœ  de  rebiis  sacris.  —  Drouet  de 
Maupertuy,  Les  véritables  Actes  des  Martyrs,  I,  150.  — 
Fleury,  Histoire  ecclésiastiqtie,  liv.  V.  —  Baillet,  Fies 
des  Saints,  I,  mois  de  m«rs.  —  Richard  et  Giraud,  Bi- 
bliothèque sacrée,  XIX,  24î. 

*  FÈLICULE  (  Sainte  ) ,  martyrisée  à  Rome, 
vers  89.  Elle  fut  accusée  de  christianisme.  Sous 
le  règne  de  Domitien ,  elle  subit  plusieurs  tor- 
tures, fut  mise  à  mort  et  son  corps  fut  jeté  dans 

(1)  On  appelait  ainsi  les  sectateurs  du  schlsmatlque 
Montin  (voy.  ce  nom  ). 


283 

un  cloaque.  SaîtotNicodème  alla  retirer  ce  cadavre, 
et  l'enterra  dans  une  de  ses  terres  située  aux 
environs  de  Rome,  sur  la  route  d'Ardée.  Le 
clergé  de  l'église  Saint-Paul  à  Parme  affirme 
posséder  cette  relique.  L'Église  honore  sainte 
Félicule  comme  vierge  le  1 3  juin. 

BaUlet,  II,  Vies  des  Saints,  13  Juin.  —  Richard  et  Gl- 
raud ,  Bibliothèque  sacrée. 

*  FÉLIN  (Saint)  ou  FELINUS,  martyrisé  à 
Pérouse,  vers  250.  11  était  soldat,  et  se  convertit 
au  christianisme  avec  Secondien,  Marcellien, 
Vérien  et  Gratinien.  Lui  et  ses  compagnons 
furent  arrêtés  à  Rome,  en  vertu  des  ordres  de 
l'empereur  Dèce,  et  y  subirent  diverses  tortures. 
On  les  envoya  ensuite  à  Péiouse,  où  ils  furent, 
dit-on,  mis  à  mort  par  le  glaive.  L'Église  honore 
saint  Félin  le  9  août. 

Alban  Butler,  Life  of  Feathers.  —  Baillet,  Vies  des 
Saints.  II,  août.  —  Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sa- 
crée, XII,  268. 

*  FELINA  (Clément-Marie),  théologien  latin, 
de  l'ordre  des  Carmes,  natif  de  Bologne,  mort 
le  18  avril  1699.  11  fut  trois  fois  vicaire  général 
de  sa  congrégation.  On  a  de  lui  :  Proludium  pro 
morali  lectura;  Bologne,  1666,  in-4°;  —  Sa- 
crum Muséum  Mantuanse  congregat/wnis  Car- 
melitarum  de observantia ;\hià.,  1691,  in-4<'; 
—  /  sacri  Notturni  délie  nove  lezioni  di  Giobbe, 
ridotfi  in  versi  ;  Milan,  1694,  in-S". 

Fantuzzi,  Scritt.  Dologn. 

FEUKo  (  Marquis  Guillaume- Léon  de  ), 
homme  d'État  italien.  Voijez  Tillot  (Du). 

*FELmsRA  {Emilie),  cousine  du  suivant, 
traduisit  en  vers  polonais  la  cantate  de  Circé  de 
J.-B.  Rousseau. 

Une  autre  dame  polonaise  du  même  nom  est 
connue  par  son  patriotisme  :  elle  fut  envoyée 
arbitrairement  par  ovàvQ  du  czar  Nicolas  l"  en 
Sibérie.  Avant  de  moui'ir,  elle  écrivit  VJIistoire 
de  sa  Captivité  et  de  ses  malheurs,  trad.  en 
anglais  à  Londres,  eu  1853,  par  M.  Christin  Lach- 
Szyi'ma.  L.  Ch. 

Doc.  partie. 

FELiNSKi  (Aloïs),  littérateur  polonais ,  né  à 
Ossow,  prèsdeLuck(Wolhynie),  en  1771;  mort 
à  Krzémiénietz  (  Wolhynie) ,  le  23  février  1820. 
il  fit  ses  études  chez  les  Piaristes  à  Dorabrowiça, 
plus  tard  à  Wlodzimiérz  sur  le  Bug,  chez  les 
Basiliens.  Il  se  trouvait  à  Varsovie  à  l'époque 
de  la  mémorable  diète  constituante  (1788-1792), 
et  coiïiposa  à  cette  occasion  un  ouvrage  intitulé  : 
Sénaius-consulte  sous  le  règne  de  Jean  So- 
bieslii,  et  plusieurs  écrits  anonymes,  tendant  à 
la  réforme  du  gouvernement  de  Pologne.  En 
1791,  on  lui  confia  l'éducation  de  Jean  Tar- 
nowski,  neveu  de  Thadé  Czacki.  En  1794,  il  se 
distingua  comme  soldat  à  la  défense  de  Varsovie, 
et  remplissait  en  même  temps  les  fonctions  de  se- 
crétaire des  correspondances  françaises  auprès  de 
Kosciuszko.  En  1819,  il  accepta  le  titre  de  profes- 
seur de  la  littérature  polonaise  et  de  directeur 
du  lycée  de  Krzémiénietz,  et  mourut  peu  après. 
Felinski  connaissait  à  fond  les  littératm-es  grec- 


Léonard  Ghodzro. 
jurisconsulte  italien. 


FELICULE  —  FÉLIX  284 

que,  latine,  française  et  italienne,  traduisit  en 
partie  Boileau,  Racine,  Voltaire,  Crébillon,  De- 
mie, et  fit  en  langue  polonaise  des  odes  à 
Kosciuszko,  à  Trembecki,  etc.,  et  enfin  Barbe 
Radziwill ,  tragédie  en  vers ,  puisée  dans  l'his- 
toire de  Pologne ,  et  traduite  en  prose  française 
dans  les  Chefs-d'œuvre  des  Théâtres  étran- 
gers ,  à  Pans.  Il  a  laissé  un  écrit  remarquable 
sur  la  réforme  de  l'orthographe  de  la  langue  po- 
lonaise. Gustave  Olizar,  a  publié  les  œuvres 
posthumes  de  Felinski. 

Documents  particuliers. 

PELlNtrS    SAND^CS 

Voyez  Sandei  (Felino). 

*  FÉLIX  (Saint),  martyrisé  à  Sedeloé,  dans 
la  province  Lyonnaise  (aujourd'hui  Saulieu) 
(Bourgogne),  vers  170.  Il  était  marchand,  lors- 
que saint  Andoche  et  saint  Thyrse,  disciples  dô 
saint  Polycarpe,  évêque  de  Smyrne,  vinrent 
prêcher  l'Évangile  dans  les  Gaules;  ils  furent 
accueillis  par  Félix,  qui  les  logea  dans  sa  maison 
et  se  fit  chrétien.  Lors  de  la  persécution  de  l'em- 
pereur Marc-Aurèle,  ayant  été  dénoncés  tous 
trois  au  gouverneur  de  la  province  Lyonnaise, 
ils  furent,  sur  leur  refus  de  sacrifier  aux  idoles, 
mis  à  mort.  Félix  fut  assommé  à  coups  de  bâton. 
Son  corps  fut  enterré,  dit-on,  dans  une  abbaye  de 
filles  fondée  à  Autun  par  la  reine  Brunehaut  sous 
l'invocation  de  la  sainte  Vierge  et  de  saint  An- 
doche. Quelques  hagiographes  ont  écrit  pourtant 
que  le  corps  de  saint  Félix  avait  été  brûlé  avec 
celui  de  saint  Andoche,  lors  du  martyre  de 
ces  confesseurs.  L'Église  honore  saint  Félix  le 
24  septembre. 

Baillet,  Vies  des  Saints,  IV,  24  septembre.  —  Richard 
et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée ,  H,  194. 

FÉLIX  (Saint),  né  à  Scillite,  martyrisé  à  Car- 
thage,  en  juillet  200.  Il  fut  arrêté  comme  chré- 
tien, et  conduit  avec  Spérat,  Narzal,  Cittin, 
Voiture,  Azyllin,  Letance,  Janvière,  Généreuse, 
Vestine,  Donate  et  Seconde  devant  Saturnin, 
proconsul  en  Afrique  pour  les  empereurs  Sévère 
et  Antonin  Caracalla.  Ayant  déclaré  devant  ce 
magistrat  leur  religion  et  refusé  de  donner 
leurs  livres  sacrés ,  ils  furent  condamnés  à  mort 
et  décapités.  L'Église  honore  ces  martyrs  le 
19  juillet,  sous  le  nom  de  martyrs  scillitains. 

Baronius,  Annales.  —  Dom  Ruinart,  Acta  sincerA 
Martyrum.  —  Drouet  de  Maupertuy,  Les  véritables 
Actes  des  Âlartijrs. 

FÉLIX  (  Saint  ) ,  évêque  de  Tubise ,  Thibiare, 
ou  Thibare  (  dans  la  province  proconsulaire  d'A- 
frique ),  né  en  247,  décapité  à  Venuze  (  Fouille), 
le  30  août  303.  Les  empereurs  Dioclétien  et 
Maximien  ayant  ordonné  la  destruction  de  tous 
les  livres  chrétiens  dans  l'étendue  de  l'empire 
romain,  leur  édit  fut  pubhé  en  Afrique  le  24  fé- 
vrier 303  et  affiché  à  Thibiare  le  5  juin.  Magni- 
lien,  procureur  du  fisc  et  intendant  de  la  province, 
manda,  en  l'absence  de  l'évoque  Félix ,  alors  à 
Carthage,  le  prêtre  Aper  et  les  lecteurs  Girus  et 
Vital  (selon  Surins,  le  prêtre  se  nommait  Janvier 
et  les  lecteurs  Fortunat  et  Septimien);  il  leur 


FÉLIX 


286 


(i; manda  les  livres  sacrés  pour  les  brûler.  Ils 
IV  pondirent  que  leur  évêque  en  était  seul  déposi- 
laire.  Au  retour  de  Félix,  Magniiien  lui  ordonna 
(l'obéir  à  l'édit  impérial.  Félix  refusa  de  le  faire  : 
le  magistrat  romain  lui  donna  trois  jours  pour 
I  réfléchir.  Ce  délai  expiré  et  l'évêque  ayant  per- 
sisté dans  son  refus ,  il  fut  appelé  au  tribunal  de 
Carthage,  où  il  comparut  devant  le  proconsul 
Anulinius.  Félix  lui  répondit  avec  la  même  réso- 
lution ;  Anulinius  le  fit  conduire  le  7  juillet  au 
préfet  du  prétoire,  qui  setrou  vait  alors  en  Afrique. 
Celui-ci,  non  plus  que  les  magistrats  précédents, 
!ic  se  crut  autorisé  à  prononcer  la  condamnation 
de  l'évêque;  après  l'avoir  gardé  neuf  jours  en 
jrison ,  il  le  fit  embarquer  et  l'envoya  aux  empe- 
reurs mêmes ,  à  Rome.  Ceux-ci  déléguèrent  un 
"oramissaire,  qui,  à  l'arrivée  de  Félix  à  Venuse, 
lui  fit  renouveler  ses  refus  et  le  condamna  à  perdre 
la  tête.  Comme  on  menait  le  saint  au  supplice,  la 
lune,  dit  Suriu.s,  parut  toute  sanglante  ;  au  mo- 
ment de  recevoir  le  coup  mortel,  il  leva  les  yeux 
vci's  le  ciel,  et  s'écria  :  «  Seigneur  Jésus ,  je  vous 
rends  grâces  de  ce  que  vous  remettez  mon  àme 
en  liberté.  J'ai  demeuré  sur  la  terre  cinquante- 
six  ans ,  mais  j'en  sors  avec  ma  première  inno- 
cence :  j'ai  vécu  vierge  et  je  meurs  vierge  ;  j'ai 
gardé  les  préceptes  de  votre  Évangile  et  j'ai  ap- 
pris aux  autres  à  les  garder  ;  comme  une  vic- 
time choisie  dans  le  troupeau ,  je  baisse  la  tête 
sous  le  couteau  qui  va  m'ôter  la  vie.  «  L'Église 
Honore  saint  Félix  le  24  octobre. 

Surius,  ^cta  Sanctorum.  —  Barnnius,  Ànnàjcs  eccles. 
—  Dom  i\uinart.  Acta  primorum  Martyrum  sincera.  — 
Tilleraont,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclésias- 
'igue.  —  Tleary,  Histoire  ecclésiastique.—  Baillet,  Fies 
des  Saints.  —  Drouet  âe  Mattpertay ,  Les  véritables  Jetés 
des  Martyrs,  I,  603, 

FÉLIX  de  Noie  (Saint),  prêtre,  né  à  Noie 
(  Campanie  ) ,  mort  dans  la  même  ville,  vers  256 
ou  266.  Il  était  fils  d'un  Syrien ,  nommé  Her- 
mias,  officier  dans  les  armées  romaines,  et  qui 
était  venu  se  fixer  en  Italie.  Saint  Maxime,  évê- 
que  de  Noie ,  ayant  pris  en  affection  le  jeune  Fé- 
lix, réleva  dans  la  religion  chrétienne,  et  le  fit 
dès  sa  jeunesse  lecteur  et  exorciste  :  plus  tard  , 
il  lui  conféra  le  sacerdoce ,  et  se  déchargea  sur 
lui  d'une  partie  du  gouvernement  de  son  diocèse. 
Saint  Maxime  s'étant  caché  durant  la  persécu- 
tion de  Dèce  ou  de  Valérien ,  Félix  fut  arrêté  à 
sa  place ,  condamné  ,  fouetté ,  chargé  de  fers  et 
jeté  dans  un  cachot  parsemé  de  têts  de  pots. 
<t  Mais,  écrivent  les  hagiographes ,  un  ange  le 
délivra,  afin  qu'il  pût  aller  secourir,  son  évêque, 
prêt  à  expirer  de  froid  et  de  faim  dans  les  mon- 
tagnes où  il  s'était  retiré.  II  le  trouva  sans  con- 
naissance dans  ini  champ  plein  de  ronces.  Ayant 
rencontré,  parla  permission  de  Dieu,  des  raisins 
au  milieu  de  ces  ronces,  Félix  en  pressa  une 
îîrappe  dans  la  bouche  de  saint  Maxime,  ce  qui 
le  fit  revenir.  Félix  le  chargea  ensuite  sur  ses 
épaules  et  le  rapporta  dans  Noie,  où  il  le  mit  en 
r.rtreté.  Lui-même  reparut  dans  la  ville,  et  conti- 
nua ses  prédications.  Les  idolâtres  qui  le  cher- 


chaient l'épée  à  la  main  l'eussent  infaQliblement 
tué,  si  Dieu  ne  l'eût  dérobé  à  leur  fureur  par  un 
double  miracle  qu'il  fit  sur-le-champ  en  les 
aveuglant  pour  les  empêcher  de  le  reconnaître, 
et  en  le  couvi'ant  d'une  toile  d'araignée  subite- 
ment formée  flévant  une  masure  dans  laquelle  il 
s'était  caché.  La  nuit  suivante  il  se  retira  dans 
une  vieille  citerne  à  demi  sèche,  où  il  demeura 
près  de  six  mois,  durant  lesquels  la  Providence 
lui  procura  la  nourriture  de  chaque  jour  par  le 
ministère  d'une  femme  dont  la  maison  tenait  à 
la  citerne ,  sans  qu'elle  sût  ce  qu'elle  faisait  ni 
la  personne  qu'elle  servait.  » 

Le  danger  passé,  Félix  sortit  de  la  citerne,  et 
reprit  son  ministère  avec  un  nouveau  zèle.  Après 
la  mort  de  Maxime,  il  déclina' les  honneurs  de 
l'épiscopat,  et  poussa  le  désintéressement  jusqu'à 
refuser  les  biens  qu'une  dame  nommée  Archélaïde 
lui  offrait.  II  se  contenta  d'un  jardin  d'un  arpent 
et  demi  qu'il  cultivait  lui-même,  et  acheva  ainsi 
sa  carrière.  Son  corps  a  toujours  été  en  grande 
vénération  à  Noie,  et,  selon  saint  Paulin,  saint 
Augustin,  Sulpice  Sévère  et  le  pape  Damase,  un 
grand  nombre  de  miracles  s'accomplirent  sur  son 
tombeau.  Son  culte  passa  bientôt  en  Afrique.  Sa 
fête  est  célébrée  à  Rome  et  à  Noie  le  14  janvier. 
L'histoire  de  saint  Félix  a  été  traitée  par  saint 
Paulin  en  quatre  poèmes,  dont  saint  Grégoire 
de  Tours  a  composé  un  abrégé.  Les  poèmes  de 
saint  Paulin  ont  été  pubfiéspar  Muratori,  dans  ses 
Anecdota  ex  Ambros.  Bibliot.  Cod.;  Milan, 
1697-1698,  etPadoue,  1713,  2  vol.  in-4°. 

Saint  Paulin,  P/at.  de  sancto  Felice,  Carminé  XX.  - 
Saint  Augustin,  De  cura  pro  mortuis ,  Epistolse  78  et 
137.  —  Sulpice  Sévère,  Epist.W,  Ad  Severum.  —  S>amt 
Grégoire  de  Tours,  De  Gloria  Blartyrum.  —  Bollandus, 
Acta  Sanctorum.  —  Dom  Ruinart,  Acta  sincera  Marty- 
rum. —  Uu  Fossé,  Fie  de  saint  Félix  de  Noie.  —  De 
Tillemont,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclésias- 
tique, IV.  —  Baillet,  Fies  des  Saints ,  1 ,  14  janvier.  — 
Richard   et  Giraud  ,   Bibliothèque  sacrée. 

FÉMX  OCTA  vius  (Saint),  martyrisé  à  Abitine, 
dans  la  province  proconsulaire  d'Afrique,  en  304. 
Il  était  lecteur  du  prêtre  saint  Saturnin  et  avait 
ouvert  sa  demeure  à  la  célébration  des  mystères 
de  la  religion  chrétienne.  En  exécution  des  décrets 
des  empereurs  Dioctétien  et  Maximien,  il  fut 
arrêté  un  dimanche  de  collecte  avec  quarante- 
huit  de  ses  coreligionnaires,  parmi  lesquels  se 
trouvaient  deux  autres  Félix.  Conduits  devant  le 
proconsul  Anulinus ,  ils  confessèrent  hardiment 
leur  foi  et  furent  mis  aux  fers.  Félix  Octavius 
périt  sous  le  bâton  ;  un  second  Félix  partagea 
son  supplice;  le  troisième,  dit  Félix  le  jeune, 
subit  la  mort  quelques  jours  plus  tard.  L'Église 
honore  ces  martyrs  le  1 2  février. 

Les  Bollandistes  ,  y^cta  Sanctorum  —  Don)  Ruin.nrt, 
Acta  sincera  primorum  Martyrum.  —  Drouet  de  Man- 
pertuy ,  Les  véritables  Actes  des  Martyrs,  II,  25. 

*  FÉLIX  (  Saint  ) ,  évêque  de  Ravennc ,  mort 
dans  cette  ville,  le  25  novembre  716.  II  fut  or- 
donné en  708  :  il  était  abbé  de  l'église  Saint-Bar 
thélemy  et  économe  de  celle  de  Ravennc,  lorsque 
son  savoir  et  son  éloquence  le  firent  élire  au  siège 


287 


FELIX 


288 


épiscopal  de  Ravenne,  devenu  vacant  par  la  mort 
de  Damien.  Oubliant  les  promesses  qu'il  avait 
faites  lors  de  sa  consécration  et  ses  devoirs 
comme  prôtre  et  comme  sujet ,  il  engagea  le  peu- 
ple de  Ravenne  à  secouer  le  joug  de  l'empereur 
Justinien  II  et  le  clergé  à  se  soustraire  à  l'obéis- 
sance au  pape.  Justinien ,  informé  des  menées 
de  Félix,  envoya  contre  lui  le  patrice  Théodore, 
général  de  l'armée  de  Sicile.  Théodore  prit  Ra- 
venne, et  emmena  prisonniers  l'archevêque  et  ses 
principaux  adhérents.  A  leur  arrivée  à  Constan- 
tinople ,  l'empereur  fit  crever  les  yeux  au  prélat 
rebelle,  et  l'envoya  en  exil  dans  le  Pont.  Philip- 
picus,  successeur  de  Justinien,  rétablit  Félix 
dans  son  siège  (  vers  712).  Depuis  lors  ce  dernier 
ne  s'occupa  plus  que  de  l'administration  de  son 
diocèse.  Se  sentant  près  de  mourir,  il  pria  ceux 
qui  l'entouraient  de  lui  apporter  les  homélies  et 
les  ouvrages  qu'il  avait  dictés,  et  fit  brûler  le  tout, 
disant  qu'étant  aveugle ,  et  par  conséquent  hors 
d'état  de  revoir  ses  écrits ,  comme  il  pouvait 
s'être  trompé,  ou  que  son  secrétaire  pouvait  être 
infidèle,  il  ne  voulait  pas  que  ceux  qui  viendraient 
après  lui  fissent  passer  des  fautes  pour  ses  pen- 
sées. 11  laissa  néanmoins,  en  les  recommandant 
fort  aux  assistants,  les  sermons  de  saint  Pierre 
Chrysologue,  l'un  de  ses  prédécesseurs  ;  ils  ont 
été  publiés  avec  un  prologue  par  Casimir  Oudin, 
dans  son  Supplementum  de  scriptnribus  vel 
scriptis  ecclesiasticis  a  Bellarmino  omissis  ad 
ann.  14G0;  Paris,  1686,  in-8°.  Il  reste  encore  de 
saint  Félix  de  Ravenne  une  explication  de  l'É- 
vangile du  dernier  dimanche  de  la  Pentecôte,  où 
il  est  question  du  jugement  dernier.  Onlui  attribue 
aussi  les  vers  qui  étaient  gravés  sur  la  porte  de 
la  sacristie  qu'il  fit  bâtir  à  Ravenne  à  son  retour 
de  l'exil.  Félix  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint- 
ApoUinaire,  où  on  mit  une  épitaphe  qui  lui 
donne  de  grandes  louanges  et  le  qualifie  de  sanc- 
tissimus  episcopus.  Il  est  au  surplus  considéré 
comme  tel  par  l'Église. 

Ughel,  Italia  sacra,  XH ,  342.  —  Andréa  AgnelU', 
f^it.-e  Pontiftcum  Ravennatum.  —  Dom  Liron,  Singula- 
rités historiques  et  littéraires ,  kÉ6.  —  Dom  Ceilller, 
Histoire  des  Axiteurs  sacrés  et  ecclésiastiques,  XVIII, 
35.  —  Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FÉLIX  (Saint),  seizième  évêque  de  Nantes, 
né  vers  512  et  mort  vers  583.  Il  appartenait  à  une 
ancienne  et  illustre  famille  d'Aquitaine,  et  se  glo- 
rifiait de  compter  au  nombre  de  ses  aïeux  trois 
consuls  et  un  préfet  du  prétoiredes  Gaules.  L'his- 
toire est  muette  sur  les  premières  années  de  saint 
Félix.  Il  les  passa  sans  doute  à  Bourges,  que  l'on 
regarde  généralement  comme  le  lieu  de  sa  nais- 
sance. Évemerns  ou  Eumerius,  évêque  de  Nantes, 
étant  mort  en  549,  il  fut  choisi  pour  lui  succéder. 
L'éclat  de  son  nom  et  probablement  aussi  son  ha- 
bileté et  son  talent  d'orateur  le  désignèrent  aux 
suffrages.  Il  était  marié;  mais,  en  prenant  la 
mitre  il  se  sépara  de  sa  femme  (1).  La  position 

(1)  (Félix)  ad  episcopatum  conjugatus  assnmitur,  sed 
sponsarn  postea  dlmlslt ,  ornatua  Infula  -Gallia  christ., 
t.  111.  anc.  édit..  v.  761.) 


d'évêque  à  Nantes  était  des  plus  difficiles.  Il  ne 
suffisait  pas  pour  la  remplir  dignement  des  vertus 
apostoliques,  qu'on  accordait  si  libéralement 
aux  évoques  de  cette  époque  ;  il  fallait  un  homme 
qui  sût  manier  les  choses  du  monde;  qui,  à  dé- 
faut de  force,  eût  assez  d'adresse  et  de  diplo- 
matie pour  arrêter  les  empiétements  des  Bre- 
tons sans  irriter  leur  ambition,  et  tenir  à  dis- 
tance les  prétentions  des  Francs.  Dans  ce  rôle, 
plein  de  périls ,  Félix  paraît  avoir  déployé  une 
remarquable  habileté  politique.  Placé  au  milieu 
d'une  société  que  la  politesse  des  mœurs  ro- 
maines avait  à  peine  effleurée ,  il  réussit  plus 
d'une  fois  à  faire  prévaloir  dans  les  conseils  des 
sentiments  d'humanité.  C'est  ainsi  qu'à  son  ins- 
tigation Canao,  comte  de  Nantes,  qui  venait  d'é- 
gorger trois  de  ses  frères,  pour  réunir  dans  ses 
mains  l'héritage  paternel ,  épargna  le  quatrième. 
Plus  tard ,  quand ,  pour  la  première  fois,  le  pays 
de  Nantes  tomba  ,  par  le  sort  des  armes  ,  aux 
mains  de  Clotaire ,  après  la  défaite  de  Canao  et 
de  Cbranime .  Félix  reçut  du  vainqueur  le  gou- 
vernement de  la  ville  de  Nantes.  II  employa 
les  premières  années  de  tranquillité  qui  suivirent 
à  faire  exécuter  dans  certaines  parties  de  la  ville 
de  grands  travaux  d'utilité  publique,  et  ne  se 
montra  pas  moins  zélé  pour  le  bien-être  des  po- 
pulations que  pour  leurs  intérêts  spirituels.  II  fit 
creuser  entre  les  prairies  de  Mauves  et  de  la  Ma- 
deleine un  canal  qui  porte  encore  son  nom  ;  fit 
établir  des  moulins  sur  l'Erdre,  en  fit  exhausser 
les  bords,  y  fit  construire  des  barrages,  et  par 
là  contribua  à  assainir  des  quartiers  que  les  eaux 
stagnantes  rendaient  dangereux  pour  la  santé 
des  habitants.  Félix  ne  négligeait  pas  cependant 
les  affaires  de  l'ÉgUse.  En  557,  il  alla  prendre 
part  au  concile  de  Paris,  où,  entre  autres  articles 
remarquables,  les  évêques,  protestant  contre 
l'immixtion  des  rois  francs  dans  les  élections 
ecclésiastiques,  rappelaient  «  que  nul  ne  pouvait 
être  ordonné  évêque  sans  le  libre  choix  du  peu- 
ple et  du  clergé  (1)  ».  Félix  prit  aussi  part  aux  tra- 
vaux des  conciles  de  Tours  de  559  et  de  567. 
Dans  ce  dernier  on  régla  les  rapports,  mal  dé- 
finis jusque  là,  des  évêques  de  basse  Bretagne 
avec  l'évêque  métropolitain.  L'année  suivante 
(568) ,  Félix  fit  à  Nantes  la  dédicace  d'une  cathé- 
drale commencée  par  son  prédécesseur.  Saint 
Euphrone  de  Tours,  assisté  de  quatre  évêques 
présidait  à  cette  cérémonie.  Cette  église  fut  en 
569  dignement  inaugurée  par  la  conversion  des 
Saxons  du  Croisic,  que  saint  Félix  gagna  à  l'É- 
glise. En  même  temps  qu'il  remportait  ce  succès 
sur  la  barbarie,  il  envoyait  son  diacre  évangé- 
liser  les  populations  du  midi  de  la  Loire. 

Il  serait  injuste  de  ne  pas  reconnaître  les  ta- 
lents administratifs  de  Félix  et  son  zèle  à  dé- 
fendre les  intérêts  de  son  diocèse  ;  il  est  plus 
difficile  de  faire  l'éloge  de  la  douceur  et  de  la 

(1)  NuUusclTlbus  invitis  ordinetur  episcopus,  nisi  quein 
populi  et  clericorum  eleclio  plenisslma  quaeslerlt  volun- 
tate  (8*  ca"p  ■    w  3'' concile  de  Parts 


I 


Grégoire  de  Tours,  Hist.  Ecoles.  Franc,  I.  V,  passina. 
—  Fortunat,  liv.  III,  et  passirn.  —  Gallia  christiana , 
tom.  111,  p.  761.  —  ^cta  Sanctorum ,  tom.  II ,  p.  471.  — 
Hist.  lut.  des  Bénédictins  de  \Saint-Maur,  tom.  III , 
[).  330.  —Travers,  tom,  I,  eh.  17,  p.  69.  —  August. 
Thierry,  ifecifs  merow. ,  5«  récit.  —  M.  Guépin  ,  Hist. 
ie  Nantes,  p.  18.  —  Hist.  de  saint  Félix,  dédiée  à  M.  du 
Hercé.évêque  de  Nantes,  1q-24;  Nantes,  1845. 

FÉLIX  de  Valois  (  Saint  ) ,  l'un  des  fondateurs 
Je  l'ordre  de  la  Trinité  ou  de  la  Rédemption  des 
Captifs,  dit  aussi  des  Mathurins,  né  le  19  avril 
1127,  mort  à  Cerfroid,  le  4  novembre  1212.  Il  fut 
surnommé  de  Valois,  non  parce  qu'il  sortait  de  la 
maison  royale  de  ce  nom,  comme  les  auteurs  de 
a  Biographie  universelle  de  Michaud  l'ont 
supposé,  mais  parce  qu'il  était  originaire  du  Va- 
ois  (1).  Résolu  de  se  consacrer  tout  entier  au 
service  de  Dieu,  il  se  retira  dans  le  bois  de  Gale- 
'esse,  situé  aux  extrémités  du  Valois, de  la  Brie  et 
lu  Soissonnais,  et  y  construisit  un  ermitage,  qu'il 
Habita  seul  jusqu'à  l'âge  de  soixante  ans,  époque 
Uaquelle  saint  Jean  de  Matha  {voy.  ce  nom) 
Vint  se  mettre  sous  sa  conduite  et  lui  suggéra  la 
généreuse  pensée  de  se  dévouer  à  la  délivrance 
les  chrétiens  pris  par  les  infidèles.  Ils  partirent 
)onr  Rome  sur  la  fin  de  1197,  et  communiquèrent 
eur  dessein  au  pape  Innocent  III,  qui  l'approuva 
ît  établit  à  cette  intention  un  nouvel  ordre  re- 
igieux  dit  de  la  Trinité  ou  de  la  Rédemp- 
ion  des  Captifs ,  et  dont  saint  Jean  de  Matha 

(1)  Petit  pays  de  rUe-de-Franse  dont  Crespy  était  la 
'llle  principale.  Les  habitants  étaient,  du  temps  de  César, 
es  ï'adicasses  ou  Fiducasses.  Comté  en  1284,  duché  en 
402,  le  Valois  fut  toujours  l'apanage  d'un  prince  de  la 
naison  royale  de  France. 

NOUV.  BIOGR.  GÉNÉR.  —  T.   XVII. 


289  FÉLIX 

mansuétude  de  son  caractère.  Plus  d'un  fait 
prouve  au  contraire  la  roideur  et  l'instinct  de  do- 
mination de  Félix.  Sa  nièce  ayant  été  enlevée  par 
un  jeune  homme  auquel  elle  était  fiancée,  Félix 
la  força  de  prendre  le  voile.  Il  voulut  disposer 
d'un  domaine  situé  près  de  Nantes,  et  qui  rele- 
vait de  l'église  de  Tours.  Grégoire ,  évêque  de 
cette  ville ,  refusa  de  le  céder.  De  là  échange 
d'amères  récriminations  et  de  lettres  pleines 
d'aigreur;  de  là  un  vif- dissentiment  entre  les 
deux  évêques  :  Félix  surtout  semblait  avoir 
oubUé  ce  qu'il  devait  à  son  métropolitain.  Lors 
de  la  querelle  de  Grégoire  et  de  Riculfe,  Félix 
soutint  et  peut-être  excita  l'animosité  de  ce  der- 
nier. Quand,  après  le  concile  deBrain  (580),  Gré- 
goire eut  gagné  sa  cause,  et  qu'un  synode  se 
réunit  à  Tours  pour  juger  Riculfe,  Félix  s'abstint 
ou  donna,  par  son  attitude  dans  la  discussion,  des 
marques  de  sa  malveillance  pour  Grégoire.  Bien 
plus ,  ii  parvint  par  ses  intrigues  à  faire  sortir 
Riculfe  du  monastère  où  il  avait  été  enfermé,  et 
l'accueillit  avec  empressement  auprès  de  lui,  au 
mépris  de  la  sentence  du  synode.  Les  dernières 
années  de  Félix  furent  troublées  par  ces  dissen- 
timents. Nous  n'avons  rien  dit  des  rapports 
d'amitié  du  poëte  Fortunat  et  de  Félix  ;  ils  com- 
mencèrent probablement  vers  567  ou  568,  épo- 
que où  se  tenait  le  deuxième  concile  de  Tours. 
B.  AcBÉ. 


290 


fut  nommé  ministre  général.  Félix  et  Jean,  à 
leur  retour,  fondèrent  le  monastère  qui  a  passé 
depuis  pour  la  souche  de  l'ordre,  à  Cerfroid,  près 
Gandelu  (Picardie).  Saint  Félix  propagea  son 
ordre  avec  beaucoup  de  zèle  ;  il  forma  un  éta- 
blissement à  Paris,  à  l'endroit  où  s'élevait  une 
chapelle  dédiée  à  saint  Mathurin ,  ce  qui  fit  dou- 
ner  à  ses  religieux  le  nom  de  Mathurins.  L'É- 
glise honore  saint  Félix  de  Valois. 

Baillet,  Fies  des  saints,  III,  20  novembre.  —  Richard 
et  GIraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FÉLIX,  nom  commun  à  plusieurs  papes. 

FÉLIX  1^'"  (Saint),  vingt-sixième  pape,  mort 
le  22  décembre  274.  Il  était  fils  de  Constantius, 
et  fut  élevé  au  pontificat  après  la  mort  de  saint 
Denis,  ie  28  ou  le  29  décembre  269.  Il  ordonna 
quedes  messes  se  célébreraient  dans  les  tombeaux 
des  martyrs,  appelés  alors  mémorise  (souvenirs) . 
Il  eut  beaucoup  à  lutter  contre  les  novateurs  et 
surtout  contre  Sabellius  et  Paul  de  Samosate.  Sous 
le  gouvernement  de  Félix  eut  lieu  la  neuvième 
persécution  contre  les  chrétiens.  Elle  fut  ordon- 
née par  l'empereur  Aurélien,  et  causa  une  grande 
frayeur  dans  l'Église.  Félix  est  qualifié  de  mar- 
tyr par  le  concile  d'Éphèse  et  par  Cyrille  ;  il  ac- 
quit cette  dénomination  comme  plusieurs  de  ses 
prédécesseurs,  et  suivant  le  langage  du  temps,  «en 
souffrant  beaucoup  pour  Jésus-Christ,  »  mais 
non  toutefois  par  une  mort  violente.  Il  fut  enterré 
dans  le  cimetière  de  la  voie  Aurélienne,  là  où  fut 
•consacré  depuis  un  temple  par  Félix  II  (1).  L'É- 
glise honore  saint  Félix  I^"^  le  30  mai.  Il  avait 
écrit  une  lettre  à  Maxime,  évêque  d'Alexandrie, 
contre  Paul  de  Samosate  et  pour  la  défense  des 
mystères  de  la  Trinité  et  de  l'Incarnation;  il  en 
reste  un  fragment  dans  les  Concil.  Ephes.  et 
Chalced.  On  lui  en  attribue  trois  autres  :  la  pre- 
mière adressée  à  Patemus,  évêque;  la  seconde, 
aux  prélats  des  Gaules  -,  la  troisième  à  Bénigne, 
évêque  ;  elles  n'ont  aucun  caractère  authentique. 

Eusèbe,  Hist.,  lib.  Vil,  cap.  26.  —  Anastase,  De  Rom. 
Pont._  —  Baronlus,  Annales,  272-275.  —  Louis  Jacob ,  Bi- 
blioth.  Pontif.  —  Artaud  de  Montor,  Hist.  des  souv. 
Pontifes  romains ,  1,124.—  Ciaconi,  Fitx  Pontiflcum 

FÉLIX  II  (Saint) ,  trente-septième  pape,  selon 
plusieurs  autorités  ecclésiastiques,  anti-pape  se- 
lon d'autres,  mort  le  22  novembre  365.  On  con- 
teste à  Félix  non-seulement  le  titre  de  pape,  mais 
encore  celui  de  saint.  Il  était  en  355  archidiacre 
de  l'église  de  Rome ,  lorsque  le  pape  Libère,  ayant 
refusé  de  souscrire  à  la  condamnation  de  saint 
Athanase,  fut  exilé  à  Bérée  par  l'empereur  Cons- 
tance. Félix  et  ses  collègues  firent  serment  de  ne 
reconnaître  aucun  autre  évêque  de  Rome  (c'é- 
tait alors  le  titi'e  des  successeurs  de  saint  Pierre  ) 
du  vivant  de  Libère  ;  mais  Constance  ayant  of- 
fert le  sacerdoce  à  Féhx,  celui-ci  l'accepta,  et  se 
laissa  ordonner  par  Épictète,  évêque  de  Cen- 
tum-Celles.  Saint  Jérôme  et  Socrate  rapportent 
qu'Acacius  eut  part  à  cette  ordination  et  accusent 
Félix  d'arianisme  ;  mais  Rufin  et  Théodoret  af- 

(1)  Cette  consécration,  affirmée  par  Artaud  de  Montor. 
semble  douteuse  (voj/.  Félix  II). 

10 


59Ï 


FÉLIX 


292 


firment  «  qu'il  n'a  été  arien  que  de  communion  et 
non  pas  de  doctrine  ».  «  Quoi  qu'ii  en  soit,  ajoute 
Moréri,  tous  les  anciens  conyiennent  que  son  or- 
dination n'était  pas  légitime.  »  Saint  Athanase, 
dans  son  Epistola  ad  Soliiarios,  dit  «  qu'il  fut 
ordonné  dans  Je  palais  sans  le  consentement  du 
peuple  et  sans  être  élu  par  le  clergé ,  et  que  son 
ordination  fut  faite  par  Épictète  en  présence  de 
trois  eunuques  etde  troisévêques,  qui  pouvaient 
passer  plutôt  pour  des  espions  que  pour  des 
prélats  ;  que  le  peuple  ne  lui  permit  pas  d'entrei- 
dans  l'église,  et  ne  voulut  pas  communiquer  a\ec 
lui  ».  Mai'cellin  et  Faustin  assurent  la  même 
chose  dans  la  préface  de  leur  requête  aux  em- 
pereurs Valentmien,  Théodose  et  Arcade,^  Optât 
et  saint  Augustin  ne  mettent  point  Félix  dans  le 
catalogue  des  papes,  et  saint  Jérôme  le  qualifie 
d'anti-pape.  Suivant  le  Livre  pontifical.  Libère 
aurait  donné  son  consentement  à  l'élection  de 
Félix.  D'autres  auteurs  prétendent  qu'il  n'aurait 
été  élu  que  comme  vicaire  ou  coadjuteur  de 
Libère ,  et  pour  le  temps  seulement  de  l'absence 
de  celui-ci.  En  effet.  Libère  ayant  obtenu  son 
rappel,  le  sénat  romain,  d'accord  avec  le  peuple, 
le  rétablit  comme  seul  et  légitime  évêque  de  Rome. 
Félix  se  retira  dans  ses  domaines,  et  y  mourut 
paisiblement.  «  C'est  donc  à  tort,  conclut  Mo- 
réri, que  quelques  nouveaux  auteurs  mettent 
Félix  dans  le  Catalogue  des  Papes;  etc'est  avec 
moins  de  raison  encore  qu'on  l'a  mis  au  nombre 
des  saints  martyrs.  »  S'il  faut  en  croire  Artaud 
de  Montor,  «  Félix ,  pendant  qu'il  était  revêtu  de 
la  dignité  suprême,  osa  condamner  Constance 
comme  arien  ;  et  au  retour  de  Libère,  l'empe- 
reur, par  vengeance ,  condamna  Félix  II  à  l'exil 
dans  la  petite  ville  de  Cori,  sur  la  voie  Aurélia, 
à  dix-sept  milles  de  Rome.  Là  il  souffrit  le  mar- 
tyre avec  un  grand  courage.  Le  corps  de  Félix, 
transporté  à  Rome,  fut  enterré  dans  les  thermes 
de  Trajan  ,  et  ensuite  placé,  par  saint  Damase, 
dans  la  basihque  que  Félix  lui-même  avait  fait 
construire  sur  la  voie  Aurélienne,  à  deux  millea 
de  Rome ,  d'où  il  fut  transféré  dans  l'église  des 
saints  Côme  et  Damien.  »  Ces  détails  ne  s'ap- 
puient sur  aucune  preuve ,  et  les  constructions 
attribuées  par  Artaud  de  Montor  à  Félix  semblent 
en  contradiction  manifeste  avec  le  peu  de  durée 
qu'il  accorde  lui-même  au  gouvernement  légitime 
de  ce  pontife  (du  29  août  358  au  11  novembre 
359  ) .  Voici  ceque  Marcellin  et  Faustin  rapportent  : 
«  Constance  étant  venu  à  Rome  deux  ans  après 
l'ordination  de  Félix ,  le  peuple  lui  demanda  le 
retour  de  Libère  -.  l'empereur  y  consentit,  et  Li- 
bère revint  la  troisième  année  de  son  exil,  le 
2  août  338  ;  Félix  fut  aussitôt  chassé  de  Rome, 
mais  il  y  revint  s'établir,  dans  la  basilique  de 
Jules,  dont  il  fut  expulsé  de  nouveau.  »  Théodo- 
ret  confirme  ces  détails,  et  ajoute  «  que  Constance, 
cédant  aux  vœux  des  dames  romaines  et  leur 
accordant  le  rappel  de  Libère,  ordonna  que  Libère 
et  Félix  gouvernei'aient  tons  deux  l'église  de 
Rome  et  que  chacun  administrerait  son  parti- 


mais  le  peuple  ayant  entendu  cet  ordre,  s'écria 
«  Il  n'y  a  qu'un  Dieu,  qu'un  Christ,  qu'un  évê- 
que. »  Libère  étant  revenu ,  Félix  se  retira  danb 
une  de  ses  terres,  comme  il  est  écrit  dans  l'an- 
cien Catalogue  des  Papes  et  dans  Philostorge.  » 
Quant  au  droit  de  Félix  II  de  figurer  an  marty- 
rologe ,  dans  le  temps  de  la  réforme  du  Marty- 
rologe romain,  sous  Grégoire  XIII ,  Baronius 
composa  une  dissertation  pour  prouver  que  Félix 
n'était  ni  saint  ni  martyr.  Le  cardinal  Santorio 
pritladéfense  de  FéHx  ;  cependant,  son  client  au- 
rait été  rayé  du  martyrologe  si,  par  un  hasard 
singulier,  on  n'eût  découvert  pendant  la  discus- 
sion et  la  veille  même  de  la  fête  du  saint  (  4  août 
1582),  sous  un  autel  de  l'église  de  Saint-Cômeet 
Saint-Damien  à  Rome,  un  cercueil  de  marbre,  oà 
d'un  côté  étaient  lies  retiques  des  martyrs  Marc, 
MarcelHn  et  TranquilKn,  et  de  l'autre  un  squelette 
avec  cette  inscription  :  Corptis  S.  Féticis,  pa 
pse  et  martyris,  qui  damnavit  Constantium 
Baronius  se  rendit  à  ce  témoignage ,  qui  serait 
peut-être  de  quelque  poids  s'il  n'était  contraire 
à  ce  que  les  anciens  ont  écrit  de  Félix  et  si  l'his- 
toire du  prétendu  martyre  de  ce  pontife  n'était 
insoutenable  ;  car  il  reste  certain  que  Félix  sur- 
vécut à  Constance ,  et  que  jamais  Constance  n'a 
été  excommunié  par  Félix.  L'inscription  trouvée 
dans  l'église  Saint- Côme  et  Saint-Damien  est 
donc  évidemment  fausse.  On  attribue  à  Félix 
quelques  lettres,  qui  sont  également  supposées. 
L'Église  honore  saint  Félix  le  29  juillet. 

Eufin,  Ub.  I,,cap.  lU  —  Saint  Jérôme,  De  Virts  illu».- 
tribus  ;  et  dans  sa  Chron.  —  Socrate,  Historia,  Ub,  H^' 
Sozouiène,  ixb.  IV,  cap.  H.  —  Théodoret.  Ub.  Il,  cap.  194 

—  Philostorge,  Historien  ecclesiastica^  Ub.  IV,  C9.p.  3.  -r 
l^aronhis,  Jnnales.  —  BeUarmin,i;e  Scriptoribus  ec- 
clesiasticis.  —  Le  P.  J.  Gresser,  Defensio  Bellarininii 

—  Le  cardinal  .Duperron ,  fSéplique  à  Jacques  l^'',  roi 
delà  Grande-Bretagne.  —Noël  Alexandre,  Histoire^ 
ecclésiastique.  —  Fleury,  Histoire  ecclésiastique.  —  Go- 
defroy,  Chronol.  Cod.  Theodosiani,  notes  sur  la  loi  XiVi 
du  XVP  livre.  —  Hermant,  Histoire  des  Hérésies.  —  Osi 
Tillenaont,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiaf\ 
tique,  VI.  —  Papebroeck,  Acta  Sanctorum  :  Dissertati^ 
ad  Papas.  —  Le  P.  Fonteau,  De  Cultu  Sauctorum  ;  dani 
les  Dissertationes  de  Kalendar.  Rom.  —  IMoréri,  GrandA 
Dictionnaire  historique.  —  .irtsad  de  Moatoi',  Nistoive\ 
des  souverains  Pontifes  rotïMins,  1, 171. 

FÉLIX  II  ou  lîi  (Saint),  quarante-septième  o»^ 
quarante-huitième  pape,  mort  à  Rome,  le  24  ou 
le  25  février  492.  Il  était  fils  du  prêtre-cardinal  Fé- 
lix Anieius,  et  appartenait  à  l'une  des  familles  Im 
plus  nobles  et  les  plus  riches  de  Rome.  Il  succéda; 
à  saint  SimpUce ,  le  2  mars  483.  «  Ce  pape  dé^^ 
Clara,  dit  Artaud  de  Montor,  qu'il  préférerait  la 
sûreté  du  dogme  à  tout  respect  humain,  à  tout^ 
prudence  terrestre.  »  Il  débuta  par  rejeter  Vli4ff 
notique  ou  édit  d'union  (!)  de  l'empereur  Z^ 
non,  et  excommunia  tous  eeuix  qui  l'acceptaient.' 
Le  28  juillet  484,  dans  le  premier  concile  assem- 
blé à  Rome,  où  se  trouvaient  soixante  sept  évê^; 
qnes,  Félix  condamna  Pierre  Mongus  comme 
faux  évêque  d'Atexandrie;  le  nom  du  fameux 
Acace,,patriarchede  Constantinople,  fut  prononcé 

(1)  Cet  édit,  nommé  aussi  anjfi/,  avait  poiii-  bat  de  C0B- 
cilier  les  catholiques  et  les  eutychéens. 


293  FÉLIX 

pour  la  première  fois  dans  les  diptiques  et  qua- 
ifië  d'hérétique;  Vital ,  évêque  de  Trente,  et  Mi- 
~ène,  évêque  de  Curnes,  légats  à  Constantinople, 
furent  dans  le  même  concile  déposés  et  excom- 
uuiniés  pour  avoir  communiqué  avecAcace  (1). 
L'année  suivante  (  5  octobre  485  ),  dans  le  second 
;oncile  de  Rome,  Félix  fit  confirmer  devant 
5oixante-dix-sept  évêques  la  condamnation  d'A- 
■ace,  et  anathématisa  Pierre  Le  Foulon,  ou  Gnaf- 
feo,  comme  patriarche  intrus  d'Antioche  et  eu- 
ychéen.  Le  pontife  romain  jugea  nécessaire  de 
aire  publier  son  anathème  à  Constantinople.  Par 
on  oidre,  un  jour  de  dimanche,  pendant  qu'Acace 
e  rendait  solennellement  à  la  métropole ,  des 
iioines  acémètes  attachèrent  à  son  manteau  épis- 
opal  l'excommunication  de  Félix.  Les  envoyés 
lu  pape  payèrent  de  leur  vie  leur  obéissance. 
.e  3  mars  489,  dans  le  troisième  concile  de 
lome,  Félix  donna  lecture  d'une  épître  synodale 
idressée  aux  évêques  d'Afrique,  concernant  la 
éconciliation  de  ceux  qui  s'étaient  fait  rebaptiser 
lar  les  ariens  durant  la  persécution  des  Yan- 
laies  ;  en  même  temps,  il  refusa  la  communion 
lux  successeurs  d'Acace,  à  moins  qu'il  ne  lui 
loiinassent  complète  satisfaction.  Félix  fut  le 
jremier  pape  qui  ait  traité  l'empereur  de  flls  en 
ui  écrivant.  Il  fut  également  le  premier  qui  ait 
■rnployé  l'indiction  dans  ses  lettres.  Il  avait  été 
iiai'ié,  car  saint  Grégoire  le  Grand  l'appelle  son 
lisaïeul.  On  connaît  de  lui  les  lettres  suivantes 
idi  essées  :  une  à  l'empereur  Zenon,  touchant  l'au- 
oi'ité  du  concile  de  Chalcédoine;  —  une  à  Acace 
le  Constantinople,  à  laquelle  il  joignit  un  acte 
lu'il  qualifie  de  plainte  à  l'empereur  Zenon;  — 
nie  au  même,  pour  lui  mai-quer  les  motifs  de  sa 
oridamnation ;  —  trois  à  Zenon;  —  plusieurs 
m  clergé  et  au  peuple  de  Constantinople;  —  une 
iu\  abbés  Rufin,  Talassius,  et  aux  moines  de 
Jonstantinople  ;  —  deux  à  Fravita,  prêtre  de 
îainte-Tbècle  et  successeur  d'Acace  ;  —  une  à 
Talassius  et  aux  abbés  de  Constantinople,  pour 
eur  défendre  de  communiquer  avec  leur  pa- 
riarche  ;  —  une  à  l'empereur  Anastase  ;  —  une 
i  saint  Césaire  d'Arles  (  quelques-uns  croient  cette 
missive  de  Félix  IV  )  ;  —  enfin,  uneà  Zenon,  évê- 
|ue  de  Séville  :  cette  dernière  lettre  a  été  perdue. 
yautr.es  Epistolse  sont  attribuées  à  Félix  III  ; 
elles  sont  les  lettres  adressées  à  Pierre  Le  Foulon , 
ivêque  d'Antioche.  L'auteur  y  reconnaît  Le  Fou- 
on  pour  évêque,  et  déclare  qu'il  est,  ainsi  qu'A- 
iace,  uni  de  communion  avec  lui.  L'ÉgUse  honore 
saint  Félix  le  25  février. 


294 


Saint  Grégoire  le  Grand,  Hometise,  XXX  VIII  ;  in  EvaiKj. 
tX.  Dialng.,\Va.  IV,  cap.  16.  —  Baronius,  ^nnaie^.  — 
Bollandus,  Acta  Sanctortim.  —  François  Pagi ,  Brevia- 
Hum,  Mstorico-chronologico-criticum,  Uluitrium  fon- 
'iflcum,  Romanorum  cjesta  complectens.  —  t^iaconi, 
fitx  et  gcstœ  Pontificum  Jiomanortim.  —  Le  P.  Pape- 
broeck,  tYJ£.  od  t'Arojtoi.  l'ap.  —BaMel,  f^iei  des  Saints, 
m,  30  décembre.  —  Dom  Ceillier,  Histoire  des  Auteurs 
sacTés  et  ecclésiastiques ,  XV,  148.  —   Moréri ,  Grand 

(1)  Misène  fut  relevé  de  cette  condamnation  par  le 
pape  Gélase  dans  le  quatrième  concile  tenu  à  Rome,  en 
■498.  Vital  était  mort  auparavant. 


Dictionnaire  historique.  —  Artaud  de  Mentor,  Histoire 
des  souverains  Pontifes  romains,  I,  230. 

FÉLIX  m  ou  ïV,  cinquante-troisième  ou  cin- 
quante-quatrième pape ,  né  à  Bénévent ,  mort 
le  18  septembre  ou  au  commencement  d'octobre 
530.  Il  était  fils  de  Castorius  Fimbri  et  prêtre- 
cardinal  des  titres  de  Saint-Sylvestre  et  Saint-Mar- 
tin a'  Mon  ti.  Il  fut  nommé,  par  le  roi  des  Goths 
Théodoric,  en  remplacement  de  saint  Jean  T'". 
Le  peuple  et  le  clergé  romains  repoussèrent  quel- 
que temps  le  choix  de  Théodoric,  et  Félix  IV, 
inauguré  le  12  juillet  526,  ne  fut  ordonné  que  vers 
la  fin  de  septembre.  Il  montra,  dans  son  gouver- 
nement du  zèle,  de  l'intelligence  et  de  la  piété.  Il 
résista  avec  iermeté  à  l'oppression  des  Goths,  et 
obtint  du  roi  Athalaric  un  édit  en  faveur  des  ca- 
tholiques. Il  dédia  à  saint  Côme  et  à  saint  Da- 
mien  le  temple  qui  avait  été  élevé  à  Rémus  et  à 
Romulus  dans  le  Forum,  et  rebâtit  l'église  de  Saint- 
Saturnin,  qui  était  devenue  la  proie  des  flammes. 
On  a  de  lui  une  lettre  à  saint  Césaire ,  approu- 
vant le  règlement  des  évêques  des  Gaules  et 
décrétant  que  les  laïques  ne  seraient  plus  ordon- 
nés prêtres  que  sur  des  certificats  de  mœurs  ir- 
réprochables. Deux  autres  letti'es  attribuées  à 
Félix  IV,  l'une  adressée  à  tous  les  évêques  et 
l'autre  à  Sabinus,  sont  reconnues  supposées. 

Platina, //sstoria  de  Fitis  Pontificum.,  f °  73.  —  Gen- 
nado,  De  Scriptoribus  ecclesiasticis,  cap.  S6.  —  Françoi 
Pagi,  Breviarium  historico-chronologico-criticum,  iltus 
irium  Pontificum  Romanorum  gesta  complectens.  — 
Baronius,  Annales  eccles.,  ann.  526-530  et  607.—  No- 
vaes,  Dissertazioni,  1, 12.  —  Duchêne,  Fies  des  Papes.— 
Dupin,  Bibliothèque  des  Auteurs  ecclÉs.,  sixième  siècle. 
—  Dom  Ceillier,  Histoire  des  Auteurs  sacrés  et  ecclé- 
siastiques, XVI ,  20.5.  —  Artaud  Uc  Mentor,  Histoire  des 
souverains  Pontifes  romains,  I.  231.  —  Richard  et  Gi- 
raud,  Bibliothèque  sacrée. 

FÉLIX  V,  anti-pape.  Votjez  Savoie  (Amé- 
dée  VIII,  duc  de  ). 

*  FÉLIX  BULLA,  célèbre  chef  de  brigands, 
vivait  vers  200  de  J.-C.  A  la  tête  d'une  bande 
de  six  cents  hommes,  il  ravagea  l'Italie  pendant 
deux  ans,  sous  le  règne  de  Septime  Sévère ,  dé- 
fiant tous  les  efforts  des  officiers  impériaux.  A 
la  fin,  il  fut  livré  par  sa  maîtresse  et  expose  aux 
bêtes  du  Cirque.  On  trouve  dans  Dion  Cassius 
le  récit  de  plusieurs  de  ses  exploits,  qui  attestent 
à  la  fois  une  extrême  audace  et  une  prudence 
consommée. 

Dion  Cassius,  LXXVÏ,  21. 

*  FÉLIX  LCELius,  jurisconsulte  romain ,  vi- 
vait dans  la  première  moitié  du  deuxième  siècle 
de  l'ère  chrétienne.  Dans  un  fragment  du  juris- 
consulte Paul ,  il  est  question  d'un  Lœlius  qui 
aurait  vu  dans  le  palais  d'Adrien  une  lemrae 
libre  venue  d'Alexandrie  en  Egypte  pour  mon- 
trer à  l'empereur  quatre  enfants  qu'elle  aurait 
mis  au  monde  le  même  jour  et  un  cinquième , 
né  quarante  jours  après  les  autres.  Gains,  qui 
reproduit  cette  liistoire,  appelle  cette  femme 
Sérapia,  mais  ne  dit  rien  de  cet  intervalitt 
de  quarante  jours.  Selon  Ant.  Augustinus, 
qui  ne  cite  aucune  preuve  à  l'appui  de  cette 
assertion,  Lœlius  ne  serait  autre  que  Gaïus 

10. 


295 

Pau!  fait  une  nouvelle  mention  de  Félix  Lœlius, 
à  propos  de  la  législation  relative  à  l'hérédité. 
Selon  Grotius  Heineccius  et  d'autres  juriscon- 
sultes, le  Lœlius  du  Dig'es^e  est  identique  avec  Lœ- 
lius Félix,  auteur  de  notes  sur  Q.  Mucius  Scae- 
vola  {librum  ad  Q.  Mucium),  dont  Aulu-Gelle 
a  donné  d'intéressants  extraits.  Dans  ce  même 
ouvrage,  Félix  cite  Labéon.  Selon Zimmerin  ,  le 
style  archaïque  des  passages  cités  par  Aulu- 
Gelle  fait  [supposer  que  Félix  Lœlius  est  plus 
ancien  encore  que  le  Lœlius  du  Digeste.  Enfin, 
d'après  Pline,  il  est  incertain  s'il  faut  lire  Lœlius 
ou  jEHus.  Il  résulte  de  toutes  ces  opinions  que 
rien  n'est  moins  établi  que  l'identité  du  person- 
nage qui  porte  ce  nom.  V.  R. 
'  Dirksen ,  Bruchstuecke  ans  den  Schriften  der  Rœ- 
mischen  Juristen.  —  Maiansius,  ad  XXX,  Ictorum 
Fragm.  Comment.,  II.  —  Smith,  Dict.  of  Greek  and  Ro- 
man Biography. 

*  FÉLIX  SEXTiLius,  général  romain,  vivait 
dans  le  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne.  An- 
tonius  Primus  le  laissa  sur  les  frontières  de  la 
Rhétie  pour  surveiller  les  mouvements  de  Por 
cius  Septiminus,  procurateur  de  'cette  province 
sous  Vitellius.  Félix  resta  dans  la  Rhétie  jusqu'à 
l'année  suivante,  où  on  le  voit  occupé  à  réprimer 
«ne  insurrection  des  Trévires. 
Tacite,  Mst.,  III,  5;  IV,  70. 

FÉL.1X  ANTONitrS;,  administrateur  romain, 
vivait  dans  le  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Frère  de  l'affranchi  Pallas ,  il  fut  lui-même  un 
affranchi  de  l'empereur  Claude  I;  Suidas  l'ap- 
pelle Claudius  Félix.  Il  est  probable  en  effet 
qu'il  portait  le  nom  de  son  patron,  aussi  bien 
que  celui  de  la  mère  de  l'empereur,  Antonia,  à  la- 
quelle il  devait  peut-être  son  affranchissement. 
La  date  de  sa  nomination  au  gouvernement  de 
Judée estincertaine.  11  semblerait,  d'après  le  récit 
de  Tacite,  que  Ventidius  Cumanus  et  Félix  furent 
à  la  fois  procurateurs  de  ce  royaume,  le  premier 
dans  la  province  de  Galilée ,  le  second  dans  celle 
de  Samarie.  «  Les  Samaritains  et  les  Galiléens^ 
dit  Tacite,  étaient  toujours  à  se  piller  entre  eux, 
à  se  lancer  les  uns  contre  les  autres  des  bandes 
de  brigands ,  à  se  tendre  des  embûches  ;  ils  en 
vinrent  même  à  des  combats  en  règle.  Comme 
des  deux  parts  on  reportait  le  butin  et  les  dé- 
pouilles aux  procurateurs ,  ceux-ci  furent  d'abord 
enchantés  de  ces  troubles.  Bientôt  le  désordre 
devenant  alarmant ,  les  procurateurs  voulurent 
le  réprimer  par  la  force  ;  les  soldats  qu'ils  en- 
voyèrent furent  tués.  Toute  la  province  eut  pris 
feu,  si  Quadratus,'gouverneurdeSyrie,  ne  fût  ac- 
couru. Le  sort  des  Juifs  qui  avaient  tué  des  sol- 
dats romains  ne  fut  pas  longtemps  douteux; 
Quadratus  les  fit  mettre  à  mort.  Cumanus  et 
Félix  l'embarrassaient  davantage  ;  car  l'empereur, 
instruit  de  la  cause  des  troubles,  lui  avait  donné 
pouvoir  de  statuer  aussi  sur  les  procurateurs. 
Quadratus  sauva  Félix  en  le  plaçant  au  nombre 
des  juges  et  en  empêchant  ainsi  les  accusations 
de  se  produire.  Cumanus  seul  fut  puni  des  dé- 
lits communs  à  tous  deux  et  le  calme  se  réta- 


FÉLIX  29G 

blit  dans  la  province.  »  D'après  Josèphe,  au  con- 
traire, Cumanus  était  seul  procurateur  en  Judée 
pendant  les  troubles  en  question ,  et  lorsqu'il  eut 
été  condamné  et  destitué,  Félix  fut  envoyé  de 
Rome  pour  le  remplacer,  et  réunit  sous  son  au- 
torité la  Judée ,  la  Samarie ,  la  Galilée  et  l'Arabie 
Pétrée.  Dans  sa  vie  privée  comme  dans  sa  car- 
rière politique,  Félix  se  montra  sans  scrupules  et 
déréglé.  C'est  à  bon  droit  que  Tacite,  avec  son 
énergique  concision,  dit  que  «  Félix,  au  milieu  de 
toutes  sortes  de  cruautés  et  de  débauches,  exerça 
le  pouvoir  souverain  avec  le  caractère  d'un  es- 
clave. M  Devenu  amoureux  de  Drusilla,  fille 
d'Agrippa  I"'  et  femme  d'Azizus ,  roi  d'Émèse , , 
il  l'engagea  à  quitter  son  mari,  et  l'épousa.  Il 
fit  assassiner  le  grand-prêtre  Jonathan,  coupable  , 
de  lui  avoir  donné  de  sévères  avis.  Si  le  gouver- 
nement de  Félix  fut  cruel  et  oppresseur,  il  fut  aussi , 
fort,  et  délivra  la  Judée  des  bandes  de  voleurs 
qui  l'infestaient,  des  fourbes  de  toutes  espèces , 
magiciens ,  faux  prophètes,  faux  messies  qui  ex- 
citaient des  troubles  continuels.  Félix  fut  rap- 
pelé en  62,  et  remplacé  par  Porcins  Festus.  Les 
principaux  Juifs  de  Césarée,  siège  du  gouverne- 
ment romain,  envoyèrent  une  députation  à  Rome, 
pour  accuser  Félix  auprès  de  l'empereur;  l'in- 
fluence de  son  frère  Pallas,  alors  tout-puissant 
auprès  de  Néron,  le  sauva  d'une  juste  condam- 
nation. Quant  à  son  mariage  avec  une  Drusilla, 
petite-fille  d'Antoine  et  de  Cléopâtre  et  différente 
de  la  fille  d'Agrippa  P'',  voy.  Drusilla. 

Tacite,  Ann.,  XII,  54  ;  Hist.,  V,  9.  —  Josèphe,  Ant.,  XX, 
fi-8  ;  Bell.Jud.,  II,  12, 13.  —  Eusèbe  ,  Hist.  Eccles.,  111, 19- 
21.  —  Acta  Apostolorum,  XXI,  38;  XXIV,  2,25,87. 
—  Suétone ,  Claude,  28,  avec  les  notes  de  Casaubon. 

*  FÉLIX  BiAGNUS,  contemporain  et  corres- 
pondant de  Sidoine  Apollinaire,  vivait  entre  430 
et  480.  Il  était  de  la  famille  des  Philagriens,  et 
fut  élevé  au  rang  de  patricien.  Les  lettres  de 
Sidoine  à  Félix  contiennent  les  faits  les  plus  in- 
téressants sur  la  détresse  et  le  démembrement 
des  provinces  romaines  au  nord  des  Alpes  dans 
le  cinquième  siècle.  Outre  ces  lettres,  au  nombre 
de  cinq,  Félix  Magnus  a  aussi  adressé  une  pièce 
de  vers  à  Sidoine  Apollinaire.  ; 

Sidoine  Apollinaire,  Epist.,  Il,  3;  III,  4,  71;  IV,  S,  10; 
Carm.,  IX  ;  Propempt.  ad  Libell.,  90.  —  Histoire  litté- 
raire de  France,  t.  II. 

*  FÉLIX  FLAVIUS ,  poëte  africain,  vivait  vers 
la  fin  du  cinquième  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
On  a  de  lui  cinq  petites  pièces  dans  Y  Anthologie 
latine.  Les  quatre  premières  célèbrent  la  ma- 
gnificence et  l'utilité  des  Thermas  Alianse ,  cons- 
truits dans  le  voisinage  de  Carthage  par  le  roi 

»^Thrasimond,  dans  l'espace  d'une  seule  année;  la 
cinquième  est  une  pétition  pour  un  emploi 
ecclésiastique  adressée  à  Victorianus ,  principal 
secrétaire  du  roi  des  Vandales. 

Anthologia  Latina,  III,  34-37;  VI,  86,  éd.  Burniann, 
n°«  291-295,  éd.  Meyer. 

FÉLIX  SECURUS  MELiOR  OU  MEMOR,  rhé- 
teur, vivait  au  commencement  du  sixième  .siè- 
cle. On  ne  connaît  pas  sa  patrie ,  mais  on  sait 
[qu'il  était  chrétien  et  qu'il  occupa  soit  chez  un 


297 


FÉLIX 


298 


roi  visigoth  du  midi  de  la  Gaule,  soit  chez  un 
I  roi  ostrogoth  d'Italie,  une  dignité  assez  impor- 
i  tante,  puisqu'il  jouissait  du  titre  de  spectabilis. 
Il  enseigna  la  rhétorique  à  Clermont  en  Au- 
vergne, ce  qui  a  fait  croire,  ainsi  que  son  nom, 
qui  se  retrouve  assez  fréquemment  dans  quel- 
ques-unes de  nos  provinces ,  qu'il  était  Gaulois , 
et  on  le  voit  à  Rome,  en  534,  sous  le  consulat 
de  Paulin ,  exerçant  proballement  son  emploi  de 
rhéteur.  C'est  là  qu'il  corrigea  les  sept  livi'es 
d'humanités  de  Félix  Capella,  qui  passaient  pour 
contenir  tous  les  secrets  des  arts  libéraux,  et  qui 
au  temps  de  Grégoire  de  Tours  étaient  fort  ré- 
pandus dans  la  Gaule.  Ce  qui  nous  apprend  que 
Securus  Félix  donna  cette  édition  de  Capella, 
c'est  une  note  qu'il  mit  lui-même  à  son  exem- 
plaire corrigé ,  et  qui  se  lit  encore  au  bas  d'un 
manuscrit  de  Parme.  Il  fut  aidé  dans  ce  travail 
par  un  disciple  distingué ,  Deutère ,  à  qui  saint 
Ennode  adressa  une  lettre  et  un  petit  poëme.  La 
meilleure  édition  que  nous  ayons  aujourd'hui  de 
Capella  est  celle  Kopp,  Francf.,  1336  (voy.  l'ar- 
ticle Capella).  Ern.  Brehaut. 

s.  Ennodius,  Opéra.  —  TiUemont,  Histoire  des  Empe' 
reurs.  —  Grégoire  de  Tours,  Epitome  historiée  Fran- 
r.orum.  —  Gérard  Vosslus,  De  Historicis  Latinis. 

FÉLIX  d'Urgelf  célèbre  schismatique  espa- 
gnol, mort  en  818.  On  ne  sait  rien  sur  les  pre- 
miers actes  de  sa  vie.  En  779,  il  succéda  à  Do- 
lella  sur  le  siège  épiscopal  d'Urgel,  et  gouverna 
assez  paisiblement  jusqu'en  791.  Quelque  temps 
avant  cette  époque,  Élipand,  archevêque  de  To- 
lède et  ancien  disciple  de  Félix ,  lui  demanda 
s'il  reconnaissait  Jésus-Christ  en  tant  qu'homme 
pour  flls  de  Dieu,  et  dans  ce  cas  s'il  lei  croyait 
fils  par  nature  ou  seulement  par  adoption.  Félix 
répondit  «  que  Jésus-Christ,  selon  la  nature  hu- 
maine, n'était  que  fils  adoptif  et  nuncupatif(  c'est- 
à-dire  de  nom  seulement),  comme  les  hommes 
sont  appelés  dans  l'Écriture  enfants  de  Dieu  et 
dans  l'Oraison  Dominicale  disent  «  Pater  nos- 
ier  ».  Le  nom  de  Fils  de  Dieu  exprime  d'une 
manière  plus  particulière  le  choix  que  Dieu  avait 
fait  de  l'humanité  de  Jésus-Christ  ;  car  selon  la 
nature  il  est  impossible  qu'un  homme  ait  deux 
pères  :  l'un  est  donc  naturel,  et  l'autre  adoptif. 
Pour  faire  voir  que  Jésus-Christ,  comme  homme, 
n'est  que  Dieu  nuncupatif,  Félix  ajoutait  :  «  Sui- 
vant le  témoignage  de  Jésus-Christ  lui-même, 
l'Écriture  nomme  dieux  ceux  à  qui  la  parole  de 
Dieu  est  adressée  à  cause  de  la  grâce  qu'ils  ont 
reçue  ;  donc,  comme  Jésus-Christ  participe  à  la 
nature  humaine ,  il  participe  aussi  à  cette  déno- 
mination de  la  Divinité  comme  à  toutes  les  au- 
tres grâces.  Jésus-Christ  étant  un  nouvel  homme 
devait  avoir  aussi  un  nouveau  nom,  mais  sans  pour 
cela  que  sa  génération  première  et  charnelle  ne 
le  fît  pas  descendant  d'Adam  par  Marie,  sa  mère. 
S'il  a  été  Dieu  dès  qu'il  a  été  conçu  dans  le  sein 
de  la  Vierge,  comment  expliquer  ces  paroles 
d'Isaïe  (\),  «  que  Dieu  l'a  formé  son  serviteur 

(1)  XLix,  e. 


dans  le  sein  de  sa  mère.  »  Sa  filiation  hu- 
maine est  d'ailleurs  constatée  par  les  Saintes 
Écritures,  qui  le  font  naître  delà  maison  de  Da- 
vid. La  génération  spirituelle  du  Christ  n'est 
arrivée  qu'après  son  baptême  volontaire  et  n'est 
dès  lors  qu'une  adoption  de  Dieu.  —  Saint  Pierre 
dit  que  Jésus-Christ  faisait  des  miracles  parce 
que  Dieu  était  avec  lui  (1).  —  Saint  Paul  dit  que 
Dieu  était  en  J.-C.  en  réconciliant  le  monde  (2). 
Mais  ils  ne  disent  pas  que  J.-C.  était  Dieu.  » 
J.-C.  est  donc  un  médiateur,  un  avocat  auprès 
de  Dieu  pour  les  pécheurs  ,  ce  qu'on  ne  doit  pas 
entendre  du  vrai  Dieu,  mais  de  l'homme  dont  il 
a  pris  la  forme.  —  On  le  voit,  Félix  divisait  par  là 
Jésus-Christ  en  deux  fils ,  l'un  adoptif  et  nuncu- 
patif, l'autre  propre  et  naturel,  «  ce  qui,  selon 
Alcuin,  était  soutenir  que  Jésus-Christ  n'était  ni 
vrai  Dieu  ni  vrai  fils  de  Dieu».  Quelque  obscure 
que  puisse  paraître  aujourd'hui  cette  distinction, 
de  pareilles  subtilités  préoccupaient  alors  for- 
tement les  chefs  de  l'Église  chrétienne,  dont ,  il 
est  vrai,  le  dogme  n'était  pas  encore  arrêté  ou  du 
moins  formulé  d'une  manière  précise.  Élipand 
répandit  la  doctrine  de  Félix  dans  les  Asturies 
et  la-lGahce,  d'où  elle  se  propagea  dans  la  Septi- 
manie  et  de  là  en  Allemagne.  Pour  prévenir  les 
suites  de  ce  schisme ,  le  pape  Adrien  F'',  d'ac- 
cord avec  l'empereur  Charlemagne,  convoqua  le 
27  juin  791  un  concile  à  Narbonne.  Daniel,  ar- 
chevêque diocésain,  y  présida  ;  vingt-neuf  prélats, 
presque  tous  espagnols  ou  aquitains,  s'y  ren- 
contrèrent. Félix  s'y  trouva  en  personne ,  mais 
ilne  fut  rien  statué  sur  ses  opinions,  dont  l'examen 
fut  renvoyé  à  un  autre  concile  tenu  l'année  sui- 
vante à  Ratisbonne.  J^es  évêques  francs  et  al- 
lemands se  trouvèrent  cette  fois  en  grande  majo- 
rité. Charlemagne  y  assista  lui-même.  Félix  y 
présenta  sa  défense,  mais  il  fut  condamné,  et 
l'empereur  l'envoya  au  pape  sous  la  conduite 
d'Angilbert,  abbé  de  Centule.  Le  procès  de  Félix 
s'instruisit  à  Rome ,  et  il  fut  déclaré  coupable 
d'hérésie.  Il  simula  alors  une  abjuration  de  ses 
erreurs,  et  obtint  d'être  renvoyé  dans  son  diocèse. 
Dès  son  retour  (793),  Félix  recommença  à  dog- 
matiser selon  son  opinion,  et  engagea  à  ce  sujet 
une  vive  controverse  avec  Alcuin,  qui  lui  re- 
prochait son  manque  de  foi.  L'évêque  d'Urgel 
se  vit  également  attaqué  par  Paulin  d'Aquilée , 
Richbode  de  Trêves  et  Théodulfe  d'Orléans.  En 
794,  le  grand  concile  de  Francfort  blâma  de  nou- 
veau la  doctrine  de  Félix  et  d'Élipand.  Ceux-ci 
n'en  persévérèrent  pas  moins  dans  leur  cause.  Le 
pape  Léon  in  les  frappa  alors  d'anathème,  sans 
cependant  que  ce  nouveau  coup  arrêtât  les  pro- 
grès du  schisme.  L'empereur  eut  alors  recours  à 
des  mesures  plus  énergiques  et  plus  efficaces  :  il 
dépêcha  vers  Félix,  Leidrade  de  Lyon,  Néfride 
où  Nébride  de  Narbonne ,  et  saint  Benoît,  abbé 
d'Aniane.  Ces  ambassadeurs  n'ayant  pu  con- 
vaincre le  prélat  espagnol ,  lui  persuadèrent  de 

(l!^c«.,  X,38; 

(2)  U,  Cor.,  IV,  19. 


FELIX 


S  00 


venir  à  Aix-la-Chapelle.  Aussitôt  Charlemagne  fit 
assembler  un  grand  nombre  d'évêques ,  de  ba- 
rons et  de  moines,  et  fit  comparaître  Félix  de- 
vant cette  cour  exceptionnelle  ;  celui-ci,  intimidé 
renonça  à  son  hérésie,  et  signa  la  profession  de 
foi  que  nous  avons  encore.  En  conséquence,  il  fut 
reçu  à  la  communion  de  l'Église  (décembre  799). 
Néanmoins,  il  fut  déposé  et  relégué  à  Lyon  pour 
le  reste  de  ses  jours.  Il  ne  put  demeurer  tran- 
quille dans  son  exil,  et  bientôt  il  chercha  à  faire  de 
nouveaux  disciples.  Agobard,  évêquede  Lyon,  le 
força  encore  à  se  rétracter  publiquement.  Mais 
Félix  n'en  mourut  pas  moins  dans  sa  croyance, 
comme  il  paraît  dans  un  écrit  qu'il  laissa  en  mou- 
rant. Les  ouvrages  qu'il  mit  au  jour,  tant  pour 
soutenir  sa  doctrine  que  pour  la  rétracter,  ne  sont 
pas  arrivés  jusqu'à  nous  ou  seulement  par  frag- 
ments et  dans  les  auteurs  qui  prenaient  soin  de  le 
réfuter.  Il  ne  nous  reste  en  entier  que  sa  Pro- 
fession de  foi  faite  à  Aix-la-Chapelle  en  799.  On 
la  trouve  dans  les  Opéra  d'Alcuin,  Paris ,  1617, 
in-fol.;  dans  le  supplément  de  Pierre  de  Lalande 
aux  Concilia  antiqua  Galliaa,  Paris,  1666,  in- 
fol.  ;  du  P.  Sirmond,  dans  ceux  du  P.  Labbe, 
Paris,  1171,  in-fol.;  et  dans  J.  Saëns,  CoU.ectio 
maxivi.  Concil.  Hispanix ,  Rome  1694,  in-fol. 

A.  DE  L. 
Alcuin,  Contra  EHpandvm.  —  Eginhard,  Annales.  — 
Agobard,  Opéra,  t.  1,  p.  1-59.  —  liibliotkeca  Hispana 
vet,,  l.  m,  1.  VI,  chap.  ii,  n°  27  .  —  Le  Cointc,  Annales  ec- 
clesiastici  Francorwn,  n°  42.  —  Balaze,  Miscellan.,  1. 1, 
p.  4l3-4ia.  —  GaUia  ckristiana  nova,  t.  IV,  p.  53-56.— 
Sigebert,  Annales,  793.  —  Feu  Ardent,  App.  ad  cast.  V . 
christ.  Hœr.,  3.  —  Sander,  Hœres.,  151.  —  liaronius,  Ann., 
792-794.  —  Marca  ,  De  Hisp.  —  Dupin,  Bibliothèque  des 
Auteurs  ecclésiastiques  du  huitième  siècle.  —  Dom  Rivet, 
fiist.  littéraire  de  la  France,  t.  IV,  p.  428-433,  450-571 

FÉLIX  surnommé  Pratensis,  hébraïsan  tos- 
can ,  né  à  Prato ,  mort  en  1557.  Il  était  fils  d'un 
rabbin,  et  apprit  dès  l'enfance  les  langues  orien- 
tales. Son  père  étant  mort,  Félix  voyagea  en  Italie, 
se  fit  baptiser,  et,  vers  1506,  entra  dans  l'ordre 
des  Ermites  de  Saint- Augustin.  On  a  de  lui  :  Psal- 
terium  ex  hehrxo  ad  verbum  fere  tralatiim 
adjectis  notationibus ;  Venise,  1515;  Hague- 
nau,  1522;  et  Bàle,  1524,  !n-4°  :  cette  version  a 
été  imprimée  dans  le  Psalterium  sextuplex  ; 
Lyon,  1530,  in-8°;  — Biblia  sacra  Hebresa,ciim 
utraque  Blasora  et  Targum ,  item  cum  Com- 
mentarïisrabbinorum,  etc.;  Venise,  1518,4  vol. 
in-fol.  Félix  a  fait  aussi  une  version  de  Job  et  de 
quelques  autres  livres  de  la  Bible,  mais  elle  est 
restée  manuscrite. 

Dom  Oandolfo,  Dissertàtio  de  diicentis  Auqustinianis. 
—  HuinphredHody,  DeBibliorum  Textibusoriginalibus  ; 
Oxford,  1705,  in-fol.  —  Colomiès,  Italia  et  Hispania 
orientalis.  —  Phil.  Elssilus,  Encomiasticon  AvgusU- 
nianum. 

FÉLIX,  de  Cantalicio  (Saint),  capucin  ita- 
lien, né  à  Cantalicio  (Ombrie),  en  1513,  mort  le 
18  mai  1587.  Il  garda  d'abord  les  troupeaux, 
puis  entra  au  service  (1621)  d'un  gentilhomme 
de  Città-Ducale,  chez  lequel  il  demeura  vingt- 
deux  ans.  Il  prit  ensuite  (1543)  l'habit  de  ca- 
pucin à  Ascoli.  En  1546  il  fut  envoyé  à  Rome 


comme  frère  quêteur.  «  Quoique  cet  office  fût 
dissipant  par  lui-même,  dit  son  biographe,  le 
P.  Jean-François  de  Dieppe,  le  recueillement 
du  P.  Félix  était  tel  qu'on  se  plaçait  dans  les 
rues  de  Rome  pour  le  voir  passer  les  yeux  bais- 
sés, dans  un  silence  édifiant  et  récitant  son  cha- 
pelet. Il  ne  parlait  à  personne  que  quand  la  né- 
cessité ,  la  charité  ou  la  bienséance  l'y  forçait , 
et  trouvait  partout  de  pressants  besoins  d'élever 
à  Dieu  les  âmes  les  plus  attachées  au  monde. 
Il  marcha  plus  de  trente-six  ans  nu-pieds.  Son 
lit  se  composait  de  deux  courtes  planches  et  d'un 
fagot  de  sarments.  Il  ne  prenait  que  deux  heures 
de  sommeil,  à  genoux ,  la  tête  appuyée  sur  sa 
main.  Il  jeûnait  sept  carêmes  par  an,  et  ne  pre- 
nait les  lundis,  mercredis  et  vendredis,  que  du 
pain  et  de  l'eau.  Toutes  les  nuits  il  se  donhait  une 
discipline  sanglante,  malgré  une  colique  bi- 
lieuse qui  le  tourmentait  cruellement,  mais  dont 
il  faisait  ses  délices  amsi  que  de  toutes  ses  au'l 
très  douleurs,  qu'il  appelait  les  fleurs  du  pd^ 
radis.  «  Ce  qui  est  surtout  louable  et  plus  utile, 
c'est  que  dans  la  peste  qui  désola  Rome  en  1580' 
Félix  se  fit  remarquer  par  un  zèle  vraiment 
chrétien  ;  il  en  fut  de  même  dans  une  famine 
arrivée  en  1585.  Malgré  ses  privations  et  ses 
pénitences,  il  vécut  jusqu'à  soixante-quatorze 
ans.  Urbain  VIÏI  le  déclara  bienheureicx  dam 
sa  bulle /n  spécula  du  l*"^  octobre  1625.  Inno; 
cent  X  en  commença  la  canonisation  le  6  févriei 
1652,  et  Clément  XI  la  termina  le  8  mai  1709, 

Le  P.  Jean-François  de  Dieppe,  Fie  de  saint  Félix  dt 
Cantalice  (Rouen,  1714).  —  Richard  et  Giraud,  BibliO; 
théque  sacrée. 

FÉLIX  BRANDïMARTE,  théologien  siciUea 
mort  en  lfiS5.  Il  appartenait  à  l'ordre  des  Ca^ 
pucins ,  et  devint  provincial  de  la  province  di 
Palerme,  consulteur  et  censeur  de  l'inquisitioQi 
«  Il  était,  disent  Richard  et  Giraud,  docte,  éloj 
quent  et  prudent.  »  On  a  de  lui  :  Arc-us  triom\ 
phalis,  panegyricus  in  laudem  sanctx  Roi 
salias ,  virginis  Panormitanee ;  Palerme  | 
1659;  —  Sapientïse  tubae  scientia  ,  id  est 
tractatus  scholasticus  de  arte  sacra  concio- 
nandi,  etc.;  Palerme,  1667,  in-4'';  -  Seré 
mânes;  ihid.  ;  —  Cursus  théologiens  admeni 
tem  Scoti  per  quatuor  annos  juxta  quatuo% 
sententiai'um  libros  commodis  lectionibu^ 
distributus,  etc. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula,  I.  —  Le  P.  Jean  d^ 
Saint-Antoine,  Bibliotheca  univ.  Francic,  1 ,  344.  -  .1 
Richard  et  Giraud,  Bibl.  sacrée. 

FÉLIX  DE  TASSY  (  Charles-Frauçois),  chi- 
rurgien français,  né  à  Paris,  mort  le  25  mai 
1703.  Il  était   fils  aîné  de  François  Féfix  de 
Tassy  (1),  premier  chirurgien  de  Louis  XIV,  et 
homme  remarquable  par  son  savoir.  Instruit  par 
son  père  ,  Charles-François  Félix  acquit  de  ra-jgl 
pides  connaissances,  qu'il  mit  en  pratique  dansleU 
hôpitaux  et  dans  les  armées.  Il  devint  prévôt  de" 
la  communauté  de  Saint-Côme,  et  succéda  à  soi) 

(1)  Ne  à  Avignon,  mort  le  5  aoiit  1676. 


301  FÉLÏX 

l^èie  en  qualité  de  premier  chimrgieH  du  roi.  Ce 
lut  lui  qui  opéra,  le  2 1  novembre  1667,  Louis  XIV 
(l'une  tistule  à  l'amis.  On  avait  appelé  les  chi- 
rurgiens les  plus  célèbres  ;  aucufi  ae  connaissait 
ni  ne  pouvait  pratiquer  l'opération.  Celse  et 
Paul  d'Égine  en  avaient  i)ourtant  fait  mention,  et 
d'après  eux,  Jean  Arderne  {voy.  cenom),chi- 
rui'gien  anglais  du  quatorzième  siècle^  avait  déjà 
traité  cette  tnaladie  par  l'incision  et  la  ligature. 
Félix  fit  d'abord  des  essais  sur  des  roturiers,  et 
après  deux  moisd'études,  il  opéra  le  roi,  et  réus- 
sit complètement. 

éloy.  Dictionn.  historique  de  ia  Médecine.  —  Bayle» 
Encyclopcdie  des  Sciences  médicales.  H,  1S3,  199-  — 
Docteur  Barjavel,   Dict.  hist.  dic  raucluse. 

*  FÉLÏX  DÉ  coaîMEacY  vivait  en  1706.  Dom 
'  Calmet  regarde  ce  nom  comme  le  pseudonyme 

de  l'auteur  d'un  livre  très-rare  intitulé  :  Symbo- 
lum  MuncU,  hoc  est  doctrina  solida  de  Deo, 
spiriiibus,  mundi  religlone,  ac  de  bono  et 
malo ,  superstitioni  paganse  ac  christianas 
opposita  ;  Eleuiheropolis ,  1668.  Comme  on 
accusait  ce  livre  d'être  fortement  entaché  d*a- 
théisme,  Félix  de  Commercy  fit  paraître  une 
Lettre  apologétique,  qu'il  joignit  à  son  ouvrage, 
et  dans  laquelle  il  se  défend  du  reproche  qliî  lui 
était  fait.  Cette  lettre  parut  en  1706. 

Dora  Calmet,  Bibl.  Lorraine.  —  Richard  et  Giraud,  Bihl. 
sacrée.  —  Prosper  Marchand,  LeVtre  crJttgttC;  Amster- 
dam, 1711,  12-lS. 

*  FÉLIX  AL^MiN ,  théologiea  espagnol ,  vi- 
vait en  1727.  Il  appartenait  à  l'oixlre  des  Capu^ 
cins,  et  se  fit  remarqaer  par  son  savoir  et  son 
talent  comme  prédicateur.  On  a  de  lui  de  nom- 
breux ouvi'ages,  entre  autres  :  Espejo  de  laver- 
dadera  é  de  la  falsa  Contemplacion,  lîb.  lY  ; 
Madrid,  1691,  in-4*';  ^—  De  los  Enganos  de 
los  Demonios,é  de  los  vicios;  Madrid,  1693, 
2  vol.  in-4",  et  1694  et  1714,  ia-fol.;  —  Et  Re- 
trato  de  tino  verdadero  Sacerdote,  é  el  ma- 
imat  de  sus  obligaclones;  Madrid,  1704, 
ia-fol.  ;  ^  De  ta  BeatWid  natural  é  sobre- 
nal'ural  del  Hombre;  Madrid,  1723,  in-(bl.  ; 
—  ÏM  Puerta  del  Salud,  é  espejo  de  la  ver- 
dadera  é  de  la  falsa  confesion;  Madrid,  1724, 
in-fol.;  —  Exortacion  à  la  exacta  obsei'va- 
cion  del  Decâlogo;  Madrid,  1714,  in-fol.;  — 
El  Tesoro  de  los  Beneficios  escondos  en  Sim- 
bolo  de  los  Apôstoles;  Madrid,  1727,  m-S»  ;  — 
Los  Judios  mahomctanos  é  los  heréticos  com- 
bnfcs  ;  ihid. 

I.e   P.  .kan  c!g  Saint-Antoine,  BiM.  univ.  Francise, 

*  S'^ÉLax  (Lepère),capucinmissionnaire,  né  en 
Lorraine,  au  commencement  du  dix-huitième  siè- 
cle. Il  se  rendit  célèbre  par  se.s  nombreux  voyages 
en  France,  en  Allemagne,  en  Hollande  et  en  Italie, 
et  par  les  relations  étendues  qu'il  avait  dans  los 
quatre  parties  du  monde.  On  le  considérait  cotnme 
le  banquier,  le  trésorier  des  Capucins  de  l'Eu- 
rope. Vers  1751,  le  P.  Félix,  ayant  mis  un  terme 
à  ses  pérégrinations  lointaines ,  habita  Remire- 
mont,  puis  Nancy,  où  il  mourut.  Le  fameux 
P.  Noubert  et  le  P.  Félix  étaient  liés  intimement. 


—  FELL 


302 


Ils  ont  pris  une  grande  part  dans  ia  scission  qui 
s'est  opérée  entre  les  jésuites  et  les  franciscains. 
Emile  BÉGUs. 

Chevrin,  f^ie  du  P.  Norbert.  —  Michel,  Biog.  de  Lor- 
raine, p.  159.  —  Chevrier.  Mem.  pour  servir  à  l'hist, 
àesàommes  illustres  de  Lorraine,  t.  lî,p.  ite. 
FÉLÏX  Mïî«t^TiïTS.  Voyez  MiNOTics  (Marcus.) 

FÉLIX   CASSÏÏJS.   Voy.  CASSIDé. 

FÉLIX      MALLEOLES.      Voy.      ïiÀMMËftt,É;fl« 

(Félix). 

FÉLIX  DÉ  KAiivIr-ARSÈNE.  Fo^.  LeIbarié. 

FÉLIX.  Voy.  Rachfx  (M"e). 

FELL  (  John  ) ,  célèbre  théologieii  et  îiellé- 
niste  anglais,  né  à  Longworth,  en  1625,  mort 
en  1686.  11  étudia  d'abord  à  l'école  libre  de 
Thame  ;  à  onze  ans  il  fut  envoyé  à  Oxford,  et  à 
seize  ans  il  obtint  le  titre  de  maître  ès-arts. 
Vers  la  même  époque,  il  figura  parmi  les  dé- 
fenseurs de  Charles  P""  à  Oxford,  et  devint  ensei- 
gne (ensign).]!  perdit  cet  emploi  en  1648;  de- 
puis lors  jusqu'à  la  restauration  de  Charles  II, 
il  vécut  dans  une  studieuse  retraite.  A  l'avéne- 
mentde  Chéries  II,  il  fut  pourvu  du  bénéfice  de 
Chichester  etducanonicat  de  Chrisl-Church.  Il 
fut  nommé  doyen  en  liS60,  puis  chapelain  ordi- 
naire du  roi.  De  1666  à  1669,  Fell  remplit  les 
fonctions  de  vice-clianceher  de  l'université,  au 
sein  de  laquelle  il  introduisit  de  nombreuses 
améliorations.  En  1676,  il  fut  élevé  à  l'épiscopat 
d'Oxfoixl.  Wood  fait  de  ce  prélat  le  plus  grand 
éloge,  et  le  représente  à  la  fois  comme  zélé  pour 
le  bien  de  l'Église  de  l'Angleterre  et  comme  porté 
à  encourager  l'instruction  et  à  pratiquer  la  cha- 
rité. On  a  de  John  Fell  :  Alcinoi  in  Platoni' 
eam  Philosophiam  Introductio;  1667;  — 
In  laudem  Musices  Carmen  sappkicum; 
1674,  in-4'';  —  Saint  Clément' s  two  Epistles 
ta  the  CorinthianSy  in  greek  and  latin,  ivith 
notes;  1677;  —  Ti^;  xaivyji;  Ataôyjxv]?  aTravta 
Novi  Testamenti  libriomnes,  etc.;  1675,  in-S", 
et  Leipzig,  1697,  1702;  Oxford,  1702;  —  une 
édition  d'/lra^i<5,  excellente  au  rapport  de  Fa- 
bricius;  Oxford,  1672,  in-8°. 

Wood ,  Athen.  Oxon.  —  Biog.  Brit.  —  Fabricius, 
Bibiiotheca  Grteca. 

FELL  ( /o^»),  théologien  et  érudit  anglais, 
né  à  Cockermouth,  en  1735,  mortie  o  septembre 
1797.  Il  appartenait  à  une  famille  pauvre,  qui  le 
fit  entrer  chez  un  tailleur  de  Londres,  où  il 
employa  ses  loisirs  à  l'étude  des  auteurs  clas- 
siques. Il  fut  admis  ensuite  à  l'académie  des 
Indépendante  à  Mile-End.  Il  manifesta  alors  son 
désir  d'etttrer  dans  la  carrière  ecclésiastique,  et 
bientôt  il  remplit  l'office  de  prédicateur  au  sein 
de  la  congrégation  de  Boccles,  d'où  il  se  rendit  à 
Tliaxted,  dans  le  comté  d'Essex.  Quelques  an- 
nées plus  tard ,  il  fut  ministre  de  la  secte  des 
dissidents  d'Homerton;  mais  s'étant  permis  de 
lire  le  journal  un  dimanche,  il  perdit  immédiate- 
ment cet  emploi.  Cependant  il  obtint  un  secours 
annuel  de  100  hv.  sterl.,  et  fut  invité  à  faire 
des  lectures  publiques  sur  l'évidence  du  chris- 
tianisme. Il  les  fit  à  l'ésrUse  écossaise  de  Lou- 


303 


FELL  —  FELLENBERG 


3041 


don-Wall.  Outre  ces  lectures,  publiées  en  1798, 
on  a  de  Jean  Fell  :  Genuine  Protestantism  ; 
1773,  in-8";  —  A  Fourth  Letter  to  M.  Pic- 
kardon  Genuine  Protestantism;  1774,  in-S"; 
—  The  Justice  and  utility  of  pénal  Lawsjor 
the  direction  of  conscience;  1774,  in-8°;  — 
Deemonias  ;  1779,  in- 8°;  —  Eemarks  on  the 
Appendix  of  the  editor  of  Rowley's  Poems; 
an  Essay  towards  an  English  Grammar; 
1784,  in-12  ;  —  The  Jdolatry  of  Greece  and 
Rome  distinguished  from  that  of  other  hea- 
then  nations;  1785,  in-8°. 

Chalmers,  Gen.  biog.  Dictionary. 

FELLE  (Guillaume),  théologien  et  voya- 
geur français,  né  à  Dieppe,  en  1633,  mort  àRome, 
en  1710.  Il  fit  profession  chez  les  Dominicains, 
à  Metz,  en  1660.  Il  parcourut  presque  toute 
l'Europe  et  voyagea  en  Afrique  et  en  Asie.  Il  se 
fit  ensuite  recevoir  docteur  en  théologie,  et  de- 
vint aumônier  de  Jean  III ,  roi  de  Pologne.  On 
a  de  lui  :  Brevissimum  Fidei  Propugnaculum  ; 
2®  édii,  Venise,  1684,  in-4°;  —  Lapis  Theolo- 
gorum ,  ou  Resohitissima  ac  profundissima 
omnium  difficilium  argumentorum  quas  un- 
quam  a  Christi  nativitate  potuerunt  afferre 
hseretici  contrabeatee  Virginis  cultum;  1687, 
in-4''  :  dans  ce  petit  livre,  G.  Felle  prétend  com- 
battre et  anéantir,  en  latin  et  en  allemand,  tous 
les  arguments  soulevés  contre  les  mystères  qui 
accompagnent  le  culte  de  la  Vierge  et  l'imma- 
culée Conception  ;  —  La  Ruina  del  quietismo , 
e  deir  amor  puro;  Gènes,  1702,  avec  le  por- 
trait de  l'auteur  :  Felle  dit  dans  la  préface  de  ce 
livre  qu'il  a  déjà  composé  trente  volumes  :  il  se 
déclare  :  Apprime  vero  patribus  Societatis 
Jesu  addictissimus  ;  —  Fel  Jesuiticum  (  sans 
date  ni  lieu  ),  in-4°.  Moréri  pense  que  si  l'au- 
teur est  fidèle  à  sa  déclaration  précédente,  son 
ouvrage  doit  contenir  tout  autre  chose  que  ce 
que  le  titre  offre  d'abord  à  l'esprit.  Les  autres 
écrits  de  Felle  sont  restés  inconnus. 

Le  P.  Écuard,  Scriptores  Ordinis  Prxdicatorum,  II, 
775.  —  Moréri,  Grand  Dict.  fiist.  —  Richard  et  Giraud, 
Bibliothèque  sacrée. 

FELLENBERG  (Philippe- Emmanuel  de), 
philanthrope  et  agronome  suisse,  fondateur  des 
instituts  d'Hofwyl,  né  le  27  juin  1771,  à  Berne, 
mort  le  21  novembre  1844.  Il  reçut  de  son  père, 
qui  était  membre  du  gouvernement  de  cette  ville, 
les  premiers  éléments  de  son  éducation  ;  mais  ce 
fut  sa  mère,  arrière-petite-fille  du  fameux  amiral 
hollandais  Van  Tromp  ,  qui  lui  inspira  l'amour 
de  l'humanité  et  l'ardent  désir  d'être  utile  à  ses 
semblables.  Cette  femme  respectable  lui  disait  sou- 
vent :  «  Les  grands  ont  assez  d'amis  ;  sois  celui  des 
pauvres.  »  Après  avoir  passé  quelque  temps  à 
l'université  de  Tubingue  (1789),  où  il  étudia  le 
droit,  le  jeune  de  Fellenberg  fut  employé 
(1795)  à  l'institut  d'Éducation  de  Colmar,  et  y 
resta  quelques  années  ;  mais  le  mauvais  état  de 
sa  santé  le  força  de  revenir  dans  son  pays  natal. 
Peu  de  temps  après,  il  commença  ses  voyages' 
en  Suisse,  en  France  et  en  Allemagne,  cherchant 


partout  la  société  des  anisans  et  du  peuple  des  ' 
villages,  de  préférence  à  celle  des  riches  oisifs 
habitants  des  villes.  Son  but  était  d'étudier  à 
fond  les  hommes  pour  connaître  leurs  mœurs 
et  leurs  besoins,  afin  de  pouvoir  un  jour  contri- 
buer à  améliorer  leur  condition.  Il  s'attacha 
aussi  à  connaître  les  méthodes  d'enseignement 
des  arts  les  plus  usuels  et  les  plus  utiles,  et  se 
convainquant,  dès  ses  premières  observations, 
combien  était  vicieuse  la  routine  suivie  par  les 
maîtres,  il  déplora  le  temps  qu'elle  faisait  perdre 
aux  élèves ,  dont  l'instruction  d'ailleurs  restait 
toujours  très-incomplète.  Frappé  de  cette  vé- 
rité, il  conçut  le  projet  d'établir  un  nouveau  mode 
d'enseignement  pratique  pour  l'agriculture  et  les 
arts  qui  s'y  rattachent.  De  retour  dans  sa  patrie, 
il  fut  nommé,  par  suite  de  la  révolution  de  1798, 
commandant  de  quartier  à  Berne ,  et  en  cette 
qualité  il  rendit  d'importants  services  à  ses  con- 
citoyens dans  une  révolte  des  paysans  de  l'Ober- 
land  :  il  apaisa  les  révoltés  en  leur  faisant  des 
promesses  que  le  gouvernement  ne  tint  point. 
Cela  le  décida  à  se  démettre  de  sa  place  pour  se 
consacrer  exclusivement  à  l'agriculture  et  à 
l'éducation,  qu'il  entreprit  |de  perfectionner  en 
marchant  sur  les  traces  de  Pestalozzi.  Dans  ce 
double  but,  il  fit  l'acquisition  de  la  terre  d'Hof- 
wyl, à  deux  lieues  de  Berne,  et  y  fonda  successi- 
vement uninstitut  d'agriculture  théorique  et 
pratique,  une  fabrique  d'instruments  aratoires 
et  de  machines  employées  à  l'agriculture ,  une 
école  rurale  pour  les  pauvres,  im  grand  in- 
stitut supérieur  destiné  à  l'éducation  de  la  jeu- 
nesse des  classes  élevées  de  la  société,  une 
école  intermédiaire  consacrée  à  la  classe  qui 
désire  acquérir  une  éducation  industrielle,  enfin 
une  école  normale,  oîi  les  régents  ou  institu- 
teurs du  canton  de  Berne  venaient  passer  leurs 
vacances  et  jouir  des  leçons  des  professeurs  et 
de  l'hospitalité  de  Fellenberg. 

L'établissement  d'Hofwyl  acquit  |à  son  fon- 
dateur une  très-grande  réputation;  bientôt  les 
élèves  accoururent  de  tous  les  pays  du  monde, 
et  plusieurs  princes  y  envoyèrent  des  pension- 
naires; mais  en  même  temps  les  succès  de 
l'intelligent  agronome  lui  suscitèrent  beaucoup 
d'envieux,  qui  osèrent  même  le  dénoncer  au 
gouvernement  de  Berne  comme  un  mauvais  ci- 
toyen; «  il  enrégimentait,  disait-on,  la  classe  pau- 
vre, sous  prétexte  de  lui  donner  de  l'instruc- 
tion ,  et  en  faisait  des  corvéables  à  son  profit  ; 
il  arrêtait  le  développement  de  ses  élèves  par 
le  travail  continuel  auquel  il  les  assujettis- 
sait, etc.,  etc.  »  Ladiète  généralede  Suisse  se  crut 
obligée  d'intervenir.  Le  landamann  nomma  une 
commission  qui  se  rendit  sur  les  lieux,  et  cette 
commission,  composée  d'un  magistrat,  d'un 
ecclésiastique  et  de  trois  citoyens ,  fit  un  rapport 
unanime  dans  lequel  on  rendait  une  justice 
pleine  et  entière  à  Fellenbei^  (1). 

(1)  Parmi  les  nombreux  écrits  qui  ont  paru  relatiTC- 


305 


FELLENBERG  --  FELLER 


306 


Fellenberg  est  auteur  d'un    grand  nombre  i 
d'ouvrages  allemands  sur  l'agriculture  et  l'édu- 
cation, traduits  en  partie  par  M.  Pictet  de  Ge- 
nève, (Enc.  des  G.  du  M.  ] 

Raymond  de  véricourt.  Rapport  sur  les  Instituts 
d'Hofwyl;  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  l'In- 
dustrie. —  Haam,  Fellenberg's  Leben  und  ff^irken; 
Berne,  1845.  —  Conv.-Lex. 

FELLER  (Joacliim),  érudit  allemand ,  né  à 
I  Zwickau,  le  30  novembre  1628,  mort  le  5  avril 
:  1691.  Il  étudia  dans  sa  ville  natale  et  à  Leipzig, 
et  se  livra  ensuite  à  la  culture  de  la  poésie. 
•  D'abord  attaché  à  l'école  Nicolai  de  Leipzig,  il 
devint  professeur  de  poésie  en  1676,  puis   bi- 
bliothécaire de  l'Académie.  Il  travailla  pendant 
plusieurs  années  aux  Acta  Eruditorum.  L'a- 
mertume de  sa  critique  lui  fit  de  nombreux  en- 
nemis. Feller  mourut  d'une  chute  qu'il  fit  la 
nuit,  I  au  moment  où  il  s'était  rois  à  sa  fenêtre 
pour  y  respirer  le  frais.  Ses  principaux  ouvra- 
ges sont  :  Catalogus  codicum  manu  scrip- 
\  torum   Bibliothecse  Patilinas  Lipsiensis;  — 
!  Oratio  de  Bibliocheca  Academise  Lipsiensis 
i  Paulina,  etc.;  Leipzig,    1676;   ibid.,   1686, 
;  in- 12,  avec  additions  et  corrections  ;  ibid.,  1744, 
j  in-4°,  éditions  de  Christ.-Gottheb  Jocher.  L'ou- 
I  vrage  de  Feller  est  terminé  par  des  Corollaria 
I  metrica,  collection  de  quatre-vingts  formules  de 
i  vers  léonins  placés  à  la  suite  de  plusieurs  ma- 
I  nuscrits  de  cette  bibliothèque  ;  —  Supplemen- 
i  tum  ad  Rappolti  Commentarium  in  Hora- 
^iMm;  Leipzig,    1678,  in-8°;  — Vindiciœ  ad- 
versus   Joannem   Henricum   Eggelingium; 
Leipzig,  f  1685,  in-4'*;  —   Cygni  quasi  modo 
geniti ,  id  est  clari  aliquot  cygnxi  ab  obli- 
vione  vindicati  ;  Leipzig,  1686,  in-4°;  —  Epis- 
Ma  ad  Adamum  Rechenbergium  de  intolera- 
MU  fastu  criticorum  quorumdam,  speciatim 
Jac.  Gronovii;  ibid.,  1687,  in-4'^ ,  sous  le  pseu- 
donyme deDermascus  ;  —  DeFratribus  calen- 
dariis  ,  prsemissa  Historia  Collegii  imperia- 
Zis  ;  Francfort,  1692,  avec  des  notes  de  l'éditeur 
Ludolf;  —  Flores  philosophici  ex  Virgilio; 
—  Notse    in    Lotichii  De  Origine   Domus 
Saxonicae  etiPalatinœ. 

Jucher,  Allgemeines  Gelehrten-LexiJion.  —  Clarmund, 
Fit.  Felleri. 

FELLER  (Joachim-Frédéric) ,  historien  al- 
lemand, fils  du  précédent,  né  à  Leipzig,  le  26  dé- 
cembre 1673,  mort  le  15  février  1726.  Reçu  doc- 
teur en  philosophie  dès  l'âge  de  quinze  ans ,  il 
voyagea  ensuite  pour  compléter  ses  études.  A 
Wittemberg ,  il  fut  reçu  chez  Kirchmaier,  et  à 


ment  aux  instituts  d'Hofwyl,  on  remarque  les  suivants  : 
Rapport  sur  l'école  rurale  fait  au  parlement  anglais, 
par  lord  Brougham  ;  Rapport  fait  à  l'empereur  de 
Russie,  par  le  comte  Capo-d'Istrias  ;  Foyage  à  Hofwyl, 
par  M.  Hofmann,  envoyé  de  la  princesse  de  Sctiwartz- 
bourg-Rudolstadt;  Des  Instituts  d'Hofwyl,  par  le  comte 
de  V.  ;  Lettres  sur  Hofwyl,  par  M.  Charles  Pictet;  No- 
tice sur  Hafwyl,  par  M.  de  Gérando  ;  Rapport  rédigé 
par  M.  Rcngger  au  nom  d'une  commission  ;  Letters 
on  Hofwyl,  par  M.  Woodbridge,  publiées  à  Boston,  dans 
les  American  Annals  of  Education. 


Fribourgchez  Bayer.  A  Zwickau,  il  fut  chargé  par 
le  sénat  de  cette  ville  de  dresser  le  catalogue  de 
la  bibliothèque  de  Chrétien  Daum.  La  mort  de  son 
père  l'ayant  obligé  d'interrompre  ce  travail  pour 
retourner  à  Leipzig ,  il  vint  le  reprendre  quelque 
temps  après ,  et  ne  quitta  Zwickau  qu'après  l'a- 
voir achevé.  A  son  retour  à  Leipzig,  en  1693 ,  il 
s'adonna  à  l'étude  du  droit  sous  Titus,  Mencke- 
uius  et  Franckenstein.  En  1696,  il  recommença 
ses  voyages.  A  Wolfenbuttel,  il  vit  Leibnitz,  qu'il 
seconda  dans  ses  travaux  Uttéraires ,  et  princi- 
palement dans  la  composition  de  V Histoire  de 
la  Maison  de  Brunswick,  pour  laquelle  il  lui 
fournit  de  nombreux  matériaux.  Après  s'être 
séparé  de  Leibnitz ,  Feller  alla  trouver,  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein ,  Ludolf,  qu'il  aida  dans  sa 
composition  de  l'Histoire  du  Monde.  Mais  déjà 
âgé ,  Ludolf  ne  sut  pas  utiliser  tous  les  docu- 
ments mis  à  sa  disposition  par  Feller.  En  1701, 
ce  dernier  s'arrêta  quelque  temps  chez  Gode- 
froy  Thomasius,  médecin  à  Nuremberg,  dont 
il  mit  à  profit  la  riche  bibliothèque.  Venu  en 
France  avec  des  recommandations  de  Leibnitz , 
il  fut  admis  chez  les  personnages  notables  du 
temps,  le  marquis  de  L'Hôpital,  de  Longuerue,  etc. 
En  passant  à  Ratisbonne ,  lors  de  son  voyage  de 
retour  en  Allemagne,  en  1701,  il  y  fut  retenu 
par  Schrader,  envoyé  du  duc  de  Zell ,  qui  lui 
confia  l'éducation  de  son  fils  unique.  En  1706, 
Feller  devint  secrétaire  du  duc  de  Weimar.  Il  se 
rendit  ensuite  à  Vienne  avec  Lyncker,  qui  allait 
complimenter  l'empereur  sur  son  avènement, 
puis  à  Wittemberg,  en  1708  et  1720.  Il  dressa 
dans  cette  ville  l'état  des  archives  que  la  maison 
de  Saxe  y  possède.  L'excès  de  travail  abrégea, 
dit-on ,  les  jours  de  Feller.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  Monumenta  varia  inedita  va- 
riisq^ie  linguis  conscripta,  nunc  singulïs 
trimestribus  prodeuntia;  léna,  1714  et  an- 
nées suivantes,  en  12  parties,  1  vol.  in-4°;  -  - 
Genealogische  Historié  des  chur-fûrstl. 
Braunschweigischen  Hauses  (  Généalogie  de  la 
maison  électorale  de  Brunswick  )  ;  Leipzig ,  1717, 
in-8°  ;  —  Otium  Hanoveranum,  sive  miscel- 
lanea  ex  ore  et  schedis  G.-G.  Leibnitii;  ib., 
1717,  in-8°. 

Acta  Erud.  Lips.  —  Nicéron,  Mém.  XIX. 

FELLER  (Jean-David) ,  polygraphe  alle- 
mand ,  natif  de  Chemnitz ,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-huitième  siècle.  II  fut  recteur 
à  Luckau  dans  la  basse  Lusace.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  Disputatio  de  Paulo  philoso- 
pho  plane  dlvino;  1740,  in-4°;  —  Von  dem 
rechtniasssigen  Gebrauch  der  Weisheit  und 
Vernunft  in  Erlernung  gelehrter  Sprachen 
(Du  convenable  Usage  de  la  Sagesse  et  de  la 
vertu  dans  l'enseignement  des  langues  savantes); 
Wittemberg,  1741;—  Untersuchung  von  dem 
welches  sey  ein  vernuenftiger  Gottesdienst 
(Recherche  sur  la  question  de  savoir  quel  serait 
le  culte  divin  rationnel);  1742;  —  Frueh 
aufgelesene  Sammlung  sur  dcutschen  Spra- 


307 


FELLER 


che  (  Collection  choisie  pour   la  Langue  Alle- 
mande); ib.,  1746,  in-4°. 

Adelurig,  Suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexihon. 

FELLER  (François -Xavier  de),  publiciste 
belge,  né  à  Bruxelles,  le  18  août  1735, 
mort  le  23  mai  1802.  Son  père ,  secrétaire  des 
lettres  du  gouvernement  des  Pays-Bas  autri- 
chiens, fut  anobU  en  1741,  par  l'impératrice  Ma- 
rie-Thérèse. Jusqu'à  l'âge  de  dix-sept  ans, 
François  Feller  fut  élevé  auprès  d'un  aïeul  ma- 
ternel. A  la  mort  de  celui-ci ,  on  l'envoya  dans 
un  pensionnat  .des  jésuites  à  Reims,  pour  y  faire 
un  cours  de  philosophie;  il  y  montra  une  grande 
propension  pour  la  géométrie  et  la  physique. 
Deux  ans  après  (1754),  il  entrait  au  noviciat 
des  jésuites  à  Tournay;  c'est  à  cette  époque 
que  sa  grande  prédilection  pour  l'apôtre  des  Indes 
et  du  Japon  lui  fit  ajouter  à  son  prénom  celui 
de  Xavier.  Sorti  de  ce  noviciat ,  il  enseigna  la 
rhétorique  à  Luxembourg  d'abord ,  ensuite  à 
Liège.  Sa  prodigieuse  mémoire  lui  permettait 
d'expliquer  les  principaux  auteurs  classiques 
sans  avoir  besoin  de  recourir  aux  textes.  Pen- 
dant les  deux  premières  années  de  son  cours  de 
théologie,  qu'il  commença  à  Luxembourg  en 
1763,  on  le  chargea  de  prêcher  le  carême  en 
latin  devant  un  grand  nombre  de  théologiens,  de 
philosophes  et  d'humanistes.  Il  paraît  qu'il  par- 
lait cette  langue  avec  beaucoup  de  facilité.  La 
suppression  des  Jésuites  en  France ,  qui  eut  lieu 
en  1764,  lit  refluer  dans  les  collèges  des  Pays- 
Bas  autrichiens  une  multitude  de  jeunes  religieux, 
et  cette  hospitalité  nécessita  l'envoi  dans  d'autres 
provinces  d'élèves  qui  n'avaient  pas  achevé  leur 
cours  de  théologie.  Alors  le  P.  Feller  fut  envoyé 
à  Thyrnau ,  en  Hongrie ,  où  son  érudition  fut 
appréciée.  Il  parcourut  tout  le  pays,  puis  une 
partie  de  l'Italie,  de  la  Pologne,  de  l'Autriche, 
de  la  Bohême ,  en  prenant  toujours  des  notes 
qui  lui  servirent  pour  écrire  ses  Voyages ,  qui 
n'ont  été  publiés  qu'après  sa  mort.  Lors  de  son 
retour  dans  les  Pays-Bas ,  il  remplit  encore  pen- 
dant'un  an  les  fonctions  de  professeur  à  Nivelles. 
En  1771  il  fit  sa  profession  solennelle.  La  sup- 
pression de  la  Société  de  Jésus  ayant  eu  lieu 
dans  les  Pays-Bas  en  1773,  au  moment  où  il  était 
prédicateur  du  cohége  de  Liège,  le  P.  Feller  se 
livra  tout  entier  à  la  vie  d'écrivain.  De  Liège ,  où 
une  révolution  survint  en  1789,  il  passa  à  Maës- 
tricht  ;  de  là  il  alla  en  Westphalie  (  1 794  ) .  Retenu 
dans  ce  pays  par  le  prince-évêque  de  Paderborn, 
qui  lui  confia  le  ministère  de  l'enseignement  dans 
son  collège  ,  il  se  rendit  à  Ratisbonne  en  1797. 
L'accueil  qu'il  reçut  dans  cette  ville  l'engagea  à 
résister  aux  instances  qu'on  faisait  auprès  de  lui 
ipur  l'attirer  en  Italie  et  en  Angleterre.  Attaqué 
d'une  fièvre  lente  en  1801,  il  mourut  moins  d'un 
an  après ,  avec  la  résignation  d'un  vrai  chrétien. 
Le  P.  de  Feller  a  beaucoup  écrit;  mais  il  n'est 
guère  connu  que  par  son  Dictionnaire  histo- 
rique. Cet  ouvrage,  qui,  il  faut  l'avouer,  doit 
beaucoup  à  celui  de  Chaudon,  a  eu  un  grand 


succès.  Les  nombreuses  éditions  qui  en  ont  été 
faites,  les  suppléments  successifs  qu'on  y  a 
ajoutés  jusqu'en  1848,  témoignent  de  sa  réussite. 
On  pourrait  sans  doute  y  relever  beaucoup  de 
fautes  :  quelle  œuvre  de  ce  genre  pourrait  sortir 
victorieuse  d'un  examen  de  détails  !  mais  il  avait 
un  mérite  incontestable  sur  son  devancier,  qu'il 
avait  fortement  mis  à  contribution  ;  nous  voulons 
parler  de  l'unité  de  jugements  qu'il  présente.  Fel- 
ler avait  en  vue,  en  composant  son  Dictionnaire, 
d'être  utile  à  l'Église  ;  il  reprochait  à  Chaudon 
son  langage  ambigu  à  l'égard  des  impies.  Lui, 
au  contraire ,  repoussait  toutes  sortes  de  com- 
promis avec  ses  ennemis;  aussi  mit-il  souvent 
trop  de  vivacité  dans  sa  polémique  :  c'était  l'ar- 
deurl  de  son  zèle  qui  l'entraînait.  On  ne  peut 
lui  reprocher  d'avoir  agi  ainsi  dans  le  but  de 
tirer  de  plus  gros  bénéfices  de  ses  livres:  il  n'en 
retirait  aucun  profit.  Nous  croyons  donc  qu'il 
faut  voir  dans  Feller  un  homme  rempli  de  zèlt 
pour  les  intérêts  delà  religion,  au  service  de 
laquelle  il  a  mis  beaucoup  d'érudition  et  une 
activité  remarquable. 

Nous  nous  bornerons  à  donner  la  liste  de  ses 
principaux  ouvrages.  A  l'un  d'entre  eux  se  rat- 
tache une  particularité  qui  nous  a  paru  assez 
curieuse  pour  n'être  point  passée  sous  si- 
lence. Il  s'agit  du  Catéchisme  philosophique, 
dont  la  première  édition  remonte  à  1773,  et  qui 
fut  livré  au  public  sous  le  pseudonyme  de 
Flexier  de  Reval,  anagramme  du  nom  de  Xavier 
de  Feller.  M""'  de  Genlis,  qui  a  publié  un  nombre 
de  livres  qui  ferait  envie  à  M"^  de  Scudéry,  eut  un 
jour  la  fantaisie  d'accompagner  ce  livre  de  notes, 
de  l'enrichir  d'un  discours  préliminaire  de  Gré- 
goire ,  de  l'habiller  à  la  mode  du  temps  (  c'était 
sous  la  Restauration)  et  de  le  présenter  avec 
ce  déguisement  :  Catéchisme  critique  et  Moral. 
Et  cette  femme  d'esprit  était  dans  une  telle  igno- 
rance de  la  source  de  ce  livre,  qu'elle  l'attribuait 
à  plusieurs  pères  jésuites  :  il  était  cependant  de 
notoriété  publique  que  Feller  l'avait  seul  écrit. 

Outre  les  ouvrages  cités  dans  le  courant  de 
cet  article ,  on  a  de  lui  ;  Coîip  d'œil  sur  le 
congrès  d'Ems;  1788,  in-12; —  Cours  de  Mo- 
rale chrétienne  et  de  Littérature  religieuse  ; 
Paris,  1824,  5  vol.  in-8°;  — -  Défense  des  Ré- 
flexions sur  les  73  articles  du  P.  M.  Ratis- 
bonne; 1789,in-8°;—  Dictionnaire  géogra- 
phique; Liège,  1788-1792,  2  vol.  in-S";  — 
Discours  stir  divers  sujets  de  religion  et  de 
morale;  Luxembourg,  1777,  Paris,  1778, 
2  vol. in-12,  publiés  souslepseudonymedei^'ZeaJïer  • 
de  Reval  ;  —  Dissertatio  de  Deo  unico  ;  Luxem- 
bourg, 1780,  in-S";  —  Entretien  entre  Vol- 
taire et  un  docteur  de  Sorbonne  sur  la  né- 
cessité de  la  foi  catholique  au  salut  ;^  Liège, 
1771,  \n-%°;  — Examen  impartial  des  Époques 
de  la  Nature  de  Bl.  le  comte  de  Ruffon; 
Luxembourg,  1780,  in-12,  réimprimé  plusieurs 
fois  ;  —  Journal  historique  et  littéraire; 
Luxembourg  et  Blaëstricht,  60  vol.  ia-8°;  col- 


309 


FELLER    -  FELS 


310. 


lection  evenue  rare;  —  Jugement  d'un  Écri- 
vain protestant  touchant  le  livre  de  Fabro- 
nius  intitulé  :  De  Statu  Ecclesiae  et  de  legi- 

I  tiiïia  potestate  Romani  Pontificis  ;  Liège,  1771, 
in-12  ;  —  Lettre  critique  sur  THistoire  natu- 
relle de  Buffon;  Mélanges  de  politique,  de 

I  morale  et  de  littérature ,  extraits  de  journaux 
rédigés  par  Feller;  Louvain,  4  vol.  in-8°;  — 
Musse  Leodienses;  Lonvain,  2  yoI.  in-8"  :  cet 

(  ouvrage  contient  diverses  poésies  des  élèves  de 
Feller;  —  Observations  philosophiques  sur  les 
systèmes  de  Newton,  de  Copernic ,  etc.;  1778, 

I  in-12;  —  Observations  sur  la' juridiction  at- 
tribuée aux  hérétiques,  etc.;  Liège,  1794, 
in-12  ;  —  Observations  sur  les  rapports  phy- 
siques de  l'huile  avec  les  flots  de  la  mer  ; 
Paris,  1778,  in-S"  ;  —  Opuscules  théologico- 
philosophiques  ;  Malines ,  1824 ,  in-12  ;  —  Re- 
cueil des  représentations,  protestations,  etc., 
faites  à  S.  M.  I.  par  les  représentants  des 
provinces  des  Pays-Bas  autrichiens  ;  Ser- 
mons ,  Panégyriques  et  Discours  de  religion 
et  de  morale;  uouv.  édit. ,  Lyon,  1819,  2  vol. 
!n-8°.  A.  R. 

L'Ami  de  la  Heligion,  passira.  —  Slassart,  Notices 
biographiques. 

*  FELLETTi  (  Nicolas  ) ,  helléniste  italien , 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  de  lui  :  /  Caratteri  d'Epitteto,  con 
laSpiegazione  délia  Tavola  di  Cebete;  Venise, 
1714,  in-12;  —  Le  Filippiche  dl  Demostene, 
con  osservazioni  ;  ib.,  1715,  in-S". 

Paitoni,  Bibl.  degli  Kolgarizz. 

*  FELLINI  (Gm/io-Ceiare),  peintre  de  l'é- 
cole bolonaise,  né  avant  1600,  mort  vers  1671. 
Élève  de  Gabriele  Ferrantini  et  d'Annibale  Car- 
rache,  il  peignit  habilement  les  chevaux,  la 
ligure  et  surtout  l'ornement.  Son  frère  Marcan' 
tonio  eut  les  mêmes  maîtres  et  partagea  ses 
travaux.  E.  B — n. 

Malvasia,  Pitture  di  liolopna.  —  Orlandi,  Abbeceda- 
rio.  —  Gualandi,  Memorie  oriyinuU  di  Belle- Artl. 

FELLON  (Le  P.  Thomas-Bernard) ,  prédi- 
cateur français,  né  à  Avignon,  le  17  juillet 
1672 ,  mort  à  Lyon,  le  25  mars  1759.  Il  fit  ses 
études  dans  sa  \ille  natale,  et  entra  dans  la  So- 
ciété de  Jésus  le  28  décembre  1687.  H  enseigna 
la  grammaire  et  les  humanités  pendant  six  ans , 
puis  la  rhétorique  durant  trois  autres  années. 
Il  cultivait  en  même  temps  les  belles-lettres  et 
réussissait  dans  la  poésie  latine.  Plus  tard,  il 
s'adonna  à  la  prédication  et  à  la  composition  de 
divers  ouvrages  de  théologie.  Il  acquit  une 
grande  réputation  de  piété.  <c  On  le  voyait ,  di- 
sent ses  biographes,  entraîné  par  son  zèle,  s'ex- 
poser dans  des  circonstances  où  la  prudence  hu- 
maine semblait  condamner  ses  démarches  pour 
retirer  du  désordre  de  jeunes  personnes  que  l'indi- 
genceou  le  libertinage  avaient  précipitées  dans  la 
débauche.  »  Unedes  maximes  favorites  du  P.  Fel- 
lon  était  pourtant  celle-ci,  «  qu'il  fallait  prendre 
garde  si  sous  l'ombre  de  faire  une  bonne  œuvre 
on  ne  cherchait  pas  à  contenter  une  secrète  pas- 


sion )).  On  a  de  lui  :  Faba  Arabica  {i),carmen; 
Lyon,  1696,  in-S";  —  Magnes,  carmen  ,  suivi 
d'une  Lettre  de  M.  D.  P.  (Louis  de  Puget,  le 
physicien)  sur  l'aimant,  pour  servir  à  expli- 
quer le  poëme  précédent;  ibid.  Ces  deux  petits 
poèmes  ont  été  réimprimés  dans  les  Poemata 
didascalica;  Paris,  1749  et  1813,3  vol. in-12; 
—  Oraison  funèbre  de  monseigneur  Louis, 
dauphin,  prononcée  à  Marseille  ;  M.cixs.^\\\e , 
1711,  in^"  ;  —  Oraisons  funèbres  de  Louis  dau- 
phin de  France  (2) ,  et  de  Marie-Adélaïde  de 
Savoye,  son  épouse;  1712,  in-4°;  —  Oraison 
funèbre  du  très-haut,  très-puissant  et  très- 
excellent  prince  Louis  XIV,  roi  de  France 
et  de  Navarre ,  surnommé  le  Grand ,  pronon- 
cée dans  l'église  du  séminaire  royal  de  la  marine 
à  Toulon  le  16  octobre  1715,  Lyon,  1716,  in-4°; 
réimprimée  dans  le  Recueil  des  Oraisons  fu- 
nèbres de  Louis  XIV,  1716,  2  vol.  in-12;  — 
Catéchisme  spirituel  du  P.  Surin,  jésuite, 
retouché;  Lyon,  1730,  2  vol.  in-12;  —  Para- 
phrase des  Psaumes  de  David  et  des  Canti- 
ques de  l'Église,  avec  une  application  suivie 
de  chaque  Psaume  et  de  chaque  Cantique  à 
un  sujet  particulier,  propre  à  servir  d'en- 
tretien avec  Dieu;  Lyon,  1731,  4  vol.  in-12; 
-—  Traité  de  l'Amour  de  Dieu,  divisé  en  douze 
livres ,  avec  un  Discours  préliminaire  à  la  tête 
de  chaque  livre ,  et  à  la  fin  de  chaque  tome  un 
Recueil  de  Maximes  splrltxielles ,  de  Sen- 
tences et  de  pieuses  affections  tirées  dit  corps 
de  Vouvrage,  selon  la  doctrine ,  Vesprit  et  la 
méthode  de  saint  François  de  Sales;  Lyon, 
1738,  3  vol.  in-12;  Paris,  1747,  4  vol.  in-12; 

—  Heures  chrétiennes,  tirées  uniquement  des 
Psaumes  ;  Lyon,  1740,  in-12. 

Ersch,  La  France  littéraire  (édit.  de  1769).  —  Lelong, 
bibliothèque  historique  de  la  France,  n»»  25697  et  25714. 

—  L'abbé  de  Capris  de  Beauvezer,  dans  le  Dictionnaire 
de  la  Provence.  —  Barbier,  Examen  critique  des  Dic- 
tionnaires historiques.  —  Augustin  et  Aloys  de  Backer, 
Bibliothèque  des  Écrivains  de  la  Compagnie  de  Jésus. 

*FELMER  {Martin),  historien  transylvain, 
né  à  Hermannstadt ,  mort  le  28  mars  1767.  Il 
fut  membre  de  l'Académie  de  Leipzig ,  de  celle 
de  Roveredo,  recteur  à  Hermannstadt,  prédica- 
teur à  Helten,  enfin  chef  d'église  {kirchenvor- 
steher)  à  Hermannstadt.  Ses  ouvrages  sont  : 
Ein  Schreiben  ueber  zehn  allé  ungarische 
Muenzen  )  Un  Mot  sur  dix  Monnaies  anciennes 
de  la  Hongrie);  Nuremberg,  1764,  in-8°;  — 
Primœ  Linex  Principatus  Transylvanie  his- 
torix  antlqui,  medii  et  recentioris  aJï;j;  Her- 
mannstadt, 1780,in-8°. 

Bcnkoe,  Transyiv.,  II. 

FELS  (Jacques),  jurisconsulte  et  historien 
allemand,  né  le  6  janvier  1730,  mort  le  26  dé- 
cembre 1773.  On  a  de  lui  :  Disputatio  de  Re- 
tractîi,  x>^'xcipue secundum  statuta  R.  I.  ci- 
vitatis  Lindaviensis  compétente  ;  léna ,  in-4"  ; 

—  De  Confœderationibus  liberarum  S.  R.  I. 

(1)  Le  cnfé. 

(2)  Ce  dauphin  était  fils  du  précédent. 


Sli 


FELS  —  FELTON 


31J 


Civitatum;  1752,  in-4"; —  Beytrag  zu  der 
Deutschen    Reichstagsgeschichte    (  Mémoire 
pour  servir  à  l'histoire  des   diètes   alleman- 
des, etc.);  Lindaii,  1765. 
Adeliing,  Suppl.  à  JOcher,  Allgetn.  Gelehrten-Lexikon. 

*  FEL.SING  {^Jacques ) ,  graveur  allemand ,  né 
à  Darmstadt,  en  1802.  Initié  à  l'art  de  la  gra- 
vure par  son  père ,  il  fut  envoyé  comme  pension- 
naire du  prince  de  Darmstadt  à  l'Académie  de 
Milan.  Plus  tard ,  il  se  rendit  à  Florence ,  où  il 
exécuta  une  de  ses  meilleures  gravures,  le 
Christ  au  mont  des  Oliviers,  d'après  Carlo 
Dolce,  ouvrage  qui  lui  valut  le  grand  prix  de 
l'Académie  de  Milan.  Puis  il  entreprit  la  repro- 
duction de  la  Madone  dite  del  Trono,  chef- 
d'œuvre  de  Sarto.  A  Rome  et  à  INaples,  il  étudia 
soigneusement  les  beautés  de  la  nature  et  de  l'art. 
Sa  liaison  avec  Toschi ,  qu'il  connut  à  Parme , 
lui  apprit  à  éviter  les  extrêmes  dans  l'exécution 
de  ses  œuvres.  L'Académie  de  Florence  le  nomma 
professeur.  En  1832,  il  retourna  à  Darmstadt, 
>ù  il  grava  le  Joueur  de  violon  de  Raphaël , 
i'après  le  tableau  de  la  galerie  Sciarra  à  Rome. 
Il  reproduisit  aussi  ]&  Jeune  fille  à  la  fontaine 
de  Bendemann.  Il  visita  ensuite  Munich  et  Paris. 
Revenu  en  Allemagne ,  il  grava  une  Sainte  Fa- 
mille d'après  Overbeck,  1839.  Felsing  s'est  tou- 
jours attaché  à  rendre  exactement  non-seulement 
le  sujet ,  mais  la  manière  du  maître.  Outre  les 
gravures  déjà  mentionnées,  on  doit  citer  les  sui- 
vantes :  Le  Christ  avec  la  Croix,  d'après 
Crespi;  —  Les  Fiançailles  de  sainte  Cathe- 
rine, d'après  Corrége, 

Nagler,  Neues  Allg.  Kunstl.-Lexic.  —  Conversations- 
Lexikon. 

* FELSZTYNSKi  (Sébastien),  musicien  et 
compositeur  polonais ,  né  vers  1490 ,  mort  vers 
1550.  Il  termina  ses  études  à  l'université  de 
Cracovie,  en  1518 ,  et  fut  le  premier  professeur 
de  musique  de  cette  université.  Plus  tard,  il 
embrassa  la  carrière  ecclésiastique,  et  devint  suc- 
';essivement  curé  de  Sarabor,  de  Kalisz  et  de 
Sanok.  On  a  de  lui  :  Opusculum  utriusque 
Musicas ,  tam  choralis  quam  etiam  mensura- 
lis;  Cracovie,  1519  ;  —  Aliquot  hymni  eccle- 
siastici,  varia  melodiarum  génère  editi  ;  Cra- 
covie, 1522;  —  Opusculum  Musices  noviter 
congestum,  pro  institutione  adolescentum  in 
cantu  simplici,  seti  Gregoriano  ;  Cracovie, 
1534;  —  Directiones  Mtisicse  ad  cathedralis 
ecclesise  Premisliensis  usum;  Cracovie,  1544, 
in-4''.  Léonard  Chodzko. 

lanotzki,  Bibliothèque  de  Zaluski.  —  Soltykowicz, 
Hist.  de  l'Académie  de  Cracovie.  —  Chodynlcki,  Les 
Polonais  savants  et  ai-tistes  ,•  Léopol,  1830. 

*FELOAGA.  Y  ozcoYDE  (Don  Antonio) , 
jurisconsulte  espagnol ,  né  à  Pampelune,  mort  à 
Madrid,  le  24  novembre  1658.  Il  passait  en 
Navarre  pour  un  des  hommes  les  plus  savants 
de  son  temps.  Il  enseigna  la  jurisprudence  civile 
et  le  droit  canonique  à  l'université  de  Salaman- 
que,  puis  fut  nommé  chevalier  de  Saint-Jacques  et 
avocat  du  roi  au  Conseil  des  Indes,  On  a  de  lui 


plusieurs  ouvrages  de  droit,  entre  autres  :  Phe\ 
nix  juridica  ,  etc.  ;  Pincia,  1649,  in-4°;  —  4rfi 
L.  quisquis  C.  adLeg.  Jul.  Majest.;  Pincia,  etc. 
Nicolas  Antonio ,  Bibliotheca  Scriptorum  Hispaniee, 
—  Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique.  —  Richard 
et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

*  FÉLOT  {Jean),  sieur  du  Ponceau,  méde- 
cin français ,  né  en  Anjou ,  vivait  au  seizième 
siècle.  Il  fut  médecin  de  Marguerite  de  France, 
reine  de  Navarre,  fille  du  roi  Henri  II.  On  a  de 
lui  plusieurs  traités  sur  l'art  de  guérir,  tant  en 
latin  qu'en  français.  Ch — p — c. 

.I.-F.  Bodin,  Becherches  historiques  sur  l'Anjou  et  ses 
Monuments,  Biographie  Angevine,  t.  Il,  p.  615. 

*  FELTON  (Jean,  sire  de),  fameux  capi- 
taine anglais  du  quatorzième  siècle.  Il  fut  du 
nombre  de  ceux  qui,  après  la  rupture  du  traité 
de  Brétigny  (1364),  envahirent  de  nouveau  la 
France.  A  la  tête  d'une  troupe  de  douze  cents 
Anglais,  il  débarqua  à  La  Hougue,  et  pénétra  en 
Bretagne.  Il  s'approcha  avec  sa  troupe  du  châ- 
teau de  Pontorson ,  défendu  par  Du  Guesclin  , 
qu'il  défia  avec  arrogance.  Le  héros  breton  y 
répondit  par  une  sortie  vigoureuse,  et  mit  la 
troupe  de  Felton  en  déroute  dans  les  landes  de 
Meillac,  près  de  la  petite  ville  de  Combourg, 
et  retint  prisonnier  leur  chef.  Celui-ci,  rendu  à 
la  liberté  contre  rançon,  recommença  ses  rava- 
ges ;  il  fut  repris  par  Du  Guesclin,  et  on  n'en  en- 
tendit plus  parler.  Ch — p — c. 

Clievalier  de  Frérainville,  Hist.  de  Du  Guesclin. 

FELTON  (  Jean),  criminel  irlandais,  exécuté 
le  23  août  1628.  Il  était  lieutenant  dans  l'armée 
qui  assiégeait  l'île  de  Ré,  lorsqu'un  passe-droit 
dont  il  fut  l'objet  lui  fit  prendre  le  service  mi- 
litaire en  dégoût.  En  même  temps  il  conçut  une 
grande  aniraosité  contre  le  duc  de  Buckingham, 
qu'il  considérait  comme  un  obstacle  au  bonheur 
de  son  pays.  Il  résolut  en  conséquence  de  faire 
périr  ce  personnage,  dans  la  chambre  duquel  il 
s'introduisit  un  matin  :  il  le  blessa  mortelle- 
ment au  cœur  avec  un  couteau.  Arrêté  immé- 
diatement, il  fut  condamné  et  exécuté.  Il  subit 
sa  peine  avec  le  courage  habituel  aux  fanatiques. 

Hume,  Hist.  of  Engl. 

FELTON  (Henri),  littérateur  anglais,  né  en 
1679,  mort  en  1740.  Il  étudia  à  Oxford,  et  entra 
dans  les  ordres  en  1704.  En  1708  il  eut  la  di- 
rection de  l'éghse  anglaise  d'Amsterdam,  et  l'an- 
née suivante  il  revint  en  Angleterre,  et  entra 
comme  chapelain  dans  la  maison  du  duc  de 
Rutland.  Il  exerça  cet  emploi  sous  les  trois  ducs 
de  ce  nom  qui  se  succédèrent.  En  1711  il  fut 
nommé  recteur  de  Whitewell,  et  principal  d'Ed- 
mond-Hall en  1722.  En  1736,  il  dut  au  duc  de 
Rutland,  devenu  chancelier  du  duché  de  Lan- 
castre  ,  sa  nomination  au  rectorat  de  Berwick 
in-Elmet.  Felton  écrivit  sur  l'éducation  et  sur 
diverses  matières  ecclésiastiques.  On  a  de  lui  : 
Dissertation  on  reading  the  classics  and  for- 
ming  ajuste  style;  1711;  in-12,  et  1757.  Cette 
dernière  édition  est  la  meilleure;  —  The  Résur- 
rection of  the  same  nurnerical  Body  and  Us 


313  FELTON  —  FELVmiZKI 

réunion  to  the  same  soûl,  against  M.  Locke,  s 


314 


l^otion  of  personality  and  identity  ;  1725; 
—  The  Common  People  taught  to  défend 
Iheir  communion  with  the  Church  of  En- 
gland  against  the  Attempts  and  Insinuations 
ofPopish  Emissaries];  1727  ;  —  Nineteen  Ser- 
mons; 1748  (posthume). 

Rose,  New  biog.  Dict.  —  Adelung/,  Suppl.  à  JOcher, 
/itlg.  Gel.-Lex. 

*  FELTON  (/arrj/),  architecte  russe,  dorigine 
anglaise,  mort  à  Saint-Pétersbourg  en  1801.  Il  a 
construit  à  Saint-Pétershourg  le  Palais  d'Hiver, 
la  grande  façade  de  V Académie  et  le  grand 
escalier  du  même  bâtiment.  Il  acquit  la  répu- 
tation d'un  habile  architecte,  et  mourut  directeur 
de  l'Académie  impériale  des  Arts. 

Dictionnaire  historique  {éàW..  de  1822).  —\D\ctionn. 
biographique  et  -pittoresque. 
FEL.TRE  (Duc  de).  Voy.  Clarke. 
*FELTRiNO  i^Andrea),  peintre  de  l'école 

I  florentine,  né  vers  1490,  mort  vers  1554.  On 
ignore  le  véritable  nom  de  cet  artiste,  qui  porta 
d'abord  celui  A' Andréa  di  Cosimo  Rosselli,  en 
l'honneur  de  son  premier  maître,  et  qui  se  fit 
appeler  Feltrino  lorsqu'il  eut  étudié  sous  Morto 
da  Feltro  la  peinture  d'arabesques,  dans  laquelle 

.  il  excellait.  Il  appliqua  son  talent  en  ce  genre  non- 
seulement  à  la  décoration  des  édifices,  mais  en- 
core aux  pompes  des  fêtes  et  cérémonies  publi- 
ques. On  peut  presque  le  regarder  comme  chef 
d'école  en  ce  genre,  dont  il  répandit  le  goût  à 
Florence.  Son  imagination  était  brillante;  ses 
ornements  étaient  plus  riches  et  plus  nombreux 
que  ceux  des  anciens,  et  il  y  mêlait  les  figures 
avec  intelligence.  Il  eut  pour  élèves  et  pour  aides 
Mariotto  et  Raffaele  Mettidoro.  Il  avait  épousé 
une  sœur  du  Sansovino  ;  il  fuyait  la  société,  et 
passait  à  la  campagne  tout  le  temps  dont  ses  tra- 
vaux lui  permettaient  de  disposer.     E.  B— n. 

Baldinucci,  Notizie.  —  Lanzi,  Storia.  délia  Pittura. 
— Orlandi,  Abbecedario. 

*  FELTRO  (  MoRTO  da),  peintre  de  l'école  vé- 
nitienne, né  à  Feltre,  vers  1474,  tué  près  de  Zara, 
vers  1519.  Lanzi  croit  qu'il  put  être  le  même 
que  Luzzo  da  Feltro,  dit  aussi  Zarotto.  Il  alla 
cune  à  Rome,  où  la  vue  des  arabesques  antiques 
l'entraîna  vers  ce  genre  de  peinture,  qu'il  remit 
en  honneur  et  qu'il  rapporta  à  Venise.  Il  acquit 
en  ce  genre  une  grande  réputation,  et  vers  1505 
il  travailla  avec  le  Giorgione  à  la  décoration 
extérieure  du  Fondaco  de'  Tedeschi;  malheu- 
reusement ses  arabesques  ont  disparu,  et  il  ne 
reste  presque  plus  de  traces  des  figures  du  Gior- 
gione. Malgré  ses  succès,  Morto  quitta  le  pinceau 
pour  l'épée  ;  il  fut  Tait  capitaine,  s'embarqua  pour 
la  Dalmatie,  et  fut  tué  dans  un  combat  près  de 
Zara.  Dans  la  collection  de  portraits  de  peintres 
de  la  galerie  de  Florence ,  on  attribue  au  Morto 
un  portrait  évidemment  apocryphe ,  sans  autre 
preuve  qu'une  tête  de  mort  dans  laquelle  on  a 
cru  voir  une  allusion  à  son  nom.      E.  B— n. 

Ridoin,  f'ite  de'  Pittori  Veneti.  -  Cambrucci,  Istoria 
manuscritta  di  Feltro.  —  Vasarl,  rite.  —,  Lanzt,  Storia 
délia  Pittura. 


*  FELTZ  (/ean-ZTewri),  jurisconsulte  français, 
mort  vers  1750.  Il  professa  le  droit  à  Strasbourg. 
On  a  de  lui  :  Disputationes  I  et  11  de  Jure 
venandi;  Strasbourg,  1708,  in-4°;  —  Dispu- 
tatio  de  ElectorumJuribus  ac  prserogativis ; 
ibid.,  1711,  in-4°  ;  —  Specimina  differentia- 
rum  juris  communis  et  juris  gallicani  circa 
materiam  restitutionis  in  integrum  ;  ibid. , 
1713,  in-4";  —  Disputationes  I  et  II  ex  histo- 
ria  Henrici  sancti;  ibid.,  1712,  1714, in4"  ;  — 
Schediasma  de  methodo  juris  publici,  dans  la 
Collectio  de  fatis  Methodo  Juris  publici,  etc., 
deFranken;  Leipzig,  1739,  in-4°; — Opuscula 
de  dignitate  nobilitatis  immediatx  S.  R.  I.  ; 
ibid.,  1747,  in-4''. 

Adelung,  Suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexikon. 

FELTZ  (Guillaume- Antoine- François ,  ba- 
ron de),  administrateur  belge,  né  à  Luxembourg, 
le  5  février  1744,  mort  en  1820.  Il  était  fils  de 
Jean-Ignace,  échevin  du  Luxembourg,  conseil- 
ler-receveur des  aides  et  subsides  du  duché.  Il 
entra  fort  jeune  dans  la  carrière  administrative, 
et  fut  nommé  en  1766  directeur  et  en  1770 
commissaire  général  du  cadastre  de  sa  province. 
Il  devint  ensuite  conseiller  de  la  chambre  des 
comptes,  membre  et  trésorier  du  comité  de  reli- 
gion, assesseur  au  conseil  du  gouvernement.  La 
révolution  brabançonne  l'ayant  forcé  de  s'éloi- 
gner de  la  Belgique,  où  son  dévouement  connu  à 
la  maison  d'Autriche  pouvait  lui  attirer  des  périls , 
il  se  retira  en  Hollande.  Après  les  troubles ,  en 
1790,  il  vint  à  Bruxelles  avec  les  titres  de  con- 
seiller d'État  et  de  secrétaire  du  gouvernement 
général.  Il  fut  alors  élu  membre  de  l'Académie  de 
Bruxelles.  Les  victoires  de  Dumouriez  obligèrent 
Feltz  à  chercher  un  refuge  en  Autriche.  L'em- 
pereur François  II  l'attacha  à  son  ministère  des 
affaires  étrangères,  le  créa  chevalier-noble  de  la 
basse  Autriche  et  membre  du  conseil  aulique 
pour  les  finances.  11  l'envoya  ensuite  en  quahté 
de  ministre  plénipotentiaire  en  Hollande.  Feltz 
garda  cette  position  jusqu'à  la  réunion  de  ce  pays 
à  la  France  (1810).  Rentré  en  1814  dans  sa  patrie, 
il  fut  nommé  par  le  roi  des  Pays-Bas,  Guil- 
laume I*",  conseiller  d'État  et  commandant  de 
l'ordre  du  Lion-Belgique.  Feltz  devint  en  même 
temps  membre  de  la  première  chambre  des  états 
généraux ,  l'un  des  curateurs  de  l'université  de 
Louvain,  et  en  1816  président  de  l'Académie 
royale  de  Bruxelles.  On  a  de  lui  :  Réponse  au 
discours  d'installation  prononcé  par  Repelaër 
van  Driel,  ministre  de  l'instruction  publique  des 
Pays-Bas,  le  18  novembre  1816,  à  l'Académie 
royale  de  Bruxelles.  Ces  discours  ont  été  insé- 
rés dans  le  t.  H  des  Nouveaux  Mémoires  de 
l'Académie  de  Bruxelles,  p.  4-6;  —  Dis- 
cours prononcé  le  7  mai  1817;  même  recueil, 
p.  16-17. 

annuaire  de  F  Académie  de  Bruxelles;  1836.  —  Bi- 
bliothèque  générale  des  Belges. 

FELViNTZKi  (Alexandre),  orientaliste  hon- 
grois du  dix-septième  siècle.  Il  étudia  à  Leyde 


315 


FELVINTZRI  —  FENEL 


HQ 


et  à  Groningue,  et  devint  ministre  protestant. 
On  a  de  lui  :  Hœresiologia  ;  Debreczen,  1680, 
!n-8i>  :  recueil  dans  lequel  il  fait  connaître  par 
ordre  alphabétique  toutes  les  hérésies  qui  se 
sont  produites  dans  le  christianisme  depuis  le 
moyen  âge.  Alex.  B. 

Cuittinger,  Speclm.  Hong.  Ut. 
FELViNTZKi(  Georges),  poète  hongrois,  natif 
de  Kolosvar,  vivait  vers  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  [dusieurs  poè- 
mes en  langue  hongroise,  parmi  lesquels  Echo  ; 
Samaritayms  ;  Sckola  Salernitana  ;  Mauso- 
leum  regum  ducumque  Hungariœ. 

Horanyi,  Memoria  Hung.  —  Benlcoe,  Transylv.,  II, 
p.  475. 

*  FELWiNGER  (Jeaïi-Paul),  théologien  alle- 
mand, né  à  Nuremberg,  en  1616,  mort  en  1681. 
Après  avoir  été  professeur  à  Altorf ,  il  prit  part 
aux  controverses  religieuses  de  l'époque,  et  se 
signala  par  son  zèle  contre  les  écrivains  soci- 
niens,  auxquels  il  opposa  entre  autres  ouvrages  : 
Ânti-Ostorodus ;  —  Defensio  pro  A.  Grmvero 
contra  Smalzium.  G.  B. 

Zeltner,  Theat.  corr.,  p.  176.  —  Hugen,  Mem.  Philos., 
p.  158.  —  Baillet,  Jugements  des  Savants,  t.  VI,  p.  17. 

FEiVAUOLi  (Camilla  Sola.r  d'Asti,  signora), 
poétesse  italienne ,  née  à  Brescia,  vers  1705, 
morte  en  1769.  Quoique  d'une  famille  noble  et 
aisée,  son  éducation  fat  très-négligée.  r^éanmoins 
la  lecture  des  romanciers  et  des  poètes  développa 
chez  elle  le  goût  de  la  littérature.  Elle  cultiva 
avec  succès  la  jwésie,  apprit  les  langues  grecque 
et  latine,  etseJivra  même  à  l'étusle  de  la  philoso- 
phie et  de  la  métaphysique.  On  trouve  plusieurs 
de  ses  pièces  do  vers  dans  le  Récolte  deglt 
Autori  Breaciani  viventi  de  Carlo  Roncalli. 

Biografla  universelle,  édit.  de  Venise. 

FE.^'AROLi  (Fedele),  compositeur  napoli- 
tain, né  àLanciano  (Abruzzes),  en  1732,  mort 
à  Naples,  le  1"'"  janvier  1818.  Ilfut  élevé  au  Con- 
servatoire de  Saint- Onuphre,  à  Naples,  où  il 
reçut  les  leçons  de  Durante.  Il  entra  ensuite  au 
Conservatoire  de  Santa-Maria-di-Loreto  comme 
maître  d'accompagnement,  et  passa  ensuite  à 
celui  délia  Pietà  de'  Turchini,  où  il  professa 
jusqu'à  sa  mort.  Il  a  formé  d'excellents  élèves  ; 
toute  sa  science  n'était  que  de  tradition  et  de 
sentiment,  mais  sa  méthode  était  simple  et  fa- 
cile :  elle  est  bornée  à  un  petit  nombre  de  règles 
que  l'auteur  a  exposées  avec  Uicidité  dans  ses 
ilegole  per  i  principianti  di  Cembalo,  suivies 
de  Partïmentl,  trad.  en  français  par  Imbembo 
et  reproduites  en  partie  dans  les  Principes  de 
Composition  des  Écoles  d'Italie  de  Choron  ; 
Paris,  1808. 
Fétis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

FENARUOL.O  (Gerommo) ,  poète  italien,  né 
à  Venise,  mort  à  Rome,  A^ers  1570.  Sa  famille 
était  originaire  de  Brescia.  Il  acquit  une  belle 
réputation  comme  littérateur  dans  sa  patrie , 
qu'il  quitta  pour  s'attacher  au'  cardinal  Farnèse. 
S'il  faut  en  croire  le  Quadrio ,  Fenaruolo  em- 
brassa l'état  ecclésiastique ,  et  vécut  à  Rome  où 


il  devint  préltit.  On  a  de  ce  poète  quatre  Satire 
en  terza  rima,  insérées  dans  le  Vile  Hvi-e  des 
Satire  recueillies  et  publiées  par  Francesco 
Sansovino;  Venise,  1563,  in-8":  ces  satires  ou 
plutôt  ces  épîtres  semblent  avoir  été  composées 
vers  1544. 

QuaJrlo,  Let.  Fen. 

*  FEivni  (Pieire),  peintre  allemand,  né  à 
Vienne,  le  4  septembre  1796,  mort  le  28  août 
1842.  Il  étudia  le  dessin  à  l'Académie  de  cette 
ville.  En  1818,  à  la  mort  de  Mannsfeld,  des- 
sinateur en  titre  du  cabinet  des  antiques, 
il  fut  désigné  pour  le  remplacer  dans  cet  em- 
ploi. En  1821  il  accompagna  à  Venise  le  dir«e- 
teur  de  Steinbùchel,  et  mérita  la  médaille  d'or 
pour  son  tableau  de  la  Grotte  de  Corgnole.  Il 
dessina  presque  tous  les  monuments  d'or  et 
d'argent  renfermés  dans  le  cabinet  des  monnaies 
et  antiques  de  Vienne.  Il  peignit  aussi  pour  le 
cabinet  des  médailles  les  portraits  des  principaux 
numisniates  européens.  Fendi  réussissait  parti- 
culièrement à  rendre  avec  vérité  les  antiques; 
peut-être  apportait-il  parfois  trop  d'élégance 
dans  cette  reproduction.  Ses  peintures  histori- 
ques sont  presque  toujours  empruntées  à  l'his- 
toire allemande.  On  voit  à  Raiz  ,  au  château  du 
comte  Hugues  de  Salm  ,  les  œuvres  suivantes, 
dues  à  son  pinceau  :  Eginhard  et  Emma; 
V Anneau  de  la  Fidélité;  La  Ville  de  Saltz- 
bourg  ;  La  Fille  au  bureau  de  poste,  des 
aquarelles  tirées  des  poésies  de  Schiller.  Il  fit 
aussi  des  illustrations  pour  le  Bïbliographical 
Tour  in  France  and  Germany  de  Dibdin  et 
pour  la  Geschichte  von  Wien  (  Histoire  de 
Vienne)  d'Hoimayr. 

Conversations- Lexikon. 

FÉNEL  {Charles- Maurice) ,  historien  ecclé- 
siastique, mort  vers  1720.  11  était  doyen  de  l'é- 
glise de  Sens.  On  a  de  lui  :  Mémoires  potir 
servir  à  l'histoire  des  Archevêques  de  Sens 
jusqu''en  1716  ;  3  vol.  in-fol.  Les  Bénédictins  se 
sont  utilement  servis  de  cet  ouvrage  pour  leur 
Gallia  christianu. 

Lelong,  Bibl.  historique  de  la  France,  n"  10,023. 

FÉNEL  (  Jean  -  Baptiste  -  Paschal  ) ,  érudit 
français ,  neveu  du  précédent,  né  à  Paris,  en 
1695,  mort  dans  la''même  ville,  le  19  décembre 
1753.  Il  dut  son  éducation  aux  soins  de  son  père, 
avocat  renommé ,  et  à  ceux  du  célèbre  Ménage, 
ami  de  sa  famille.  Cet  enseignement  particulier 
et  soigneux  développa  rapidement  les  disposi- 
tions naturelles  du  jeune  Fénel,  et  dès  l'âge  de 
treize  ans ,  il  pouvait  passer  pour  érudit  ;  mais 
ses  professeurs  lui  avaient  trop  laissé  le  choix 
de  ses  études  pour  qu'il  se  fornwt  une  méthode, 
et  quoiqu'il  travaillât  sans  relâche,  ses  travaux 
eurent  peu  de  résultats  pour  la  science.  En  1743 
il  remporta  un  prix  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions, et  l'année  suivante  cette  société  l'admit 
dans  son  sein.  Il  y  lut  de  nombreux  et  volumi- 
neux mémoires,  qui  la  plupart  restèrent  inache- 
vés. 11  avait  embrassé  l'état  ecclésiastique,  de- 


317  FÉNEL  - 

^int  chanoine  de  Sens  et  prieur  de  Notre- 
Dame  d'Anclresy.  Son  insociabilité  l'éloignait  du 
inonde;  Fénel  demeura  seul,  et  prit  en  goût  la  so- 
litude. Cependant,  il  ne  put  résister  à  une  mélan- 
colie que  l'excès  de  travail  soulageait  mal.  11 
tomba  rapidement  dans  un  état  complet  d'épuise- 
ment, et  mourut,  dit-on,  d'une  faim  Torace  que 
lien  ne  pouvait  apaiser.  On  a  de  lui  :  Eecueil  de 
différentes  expériences  ,  essais  et  raison- 
nements sur  la  meilleure  construction  du 
cabestan,  par  rapport  aux  usages  auxquels 
il  s'applique  dans  les  vaisseaux,  présenté  à 
l'Académie  des  Sciences  en  1740  et  imprimé  dans 
le  Recueil  des  Prix ,  t.  V  ;  —  Dissertation 
sur  la  Conquête  de  la  Bourgogne  par  les  fils 
de  Clovis  I^^,  couronnée  par  l'Académie  de 
Soissonsen  1743;  Paris,  1744,  in-12;  cette  Dis- 
sertation contient  des  recherches  très-intéres- 
santes ;  —  Mémoire  sur  Vétat  des  sciences  en 
France,  depuis  la  mort  de  Philippe  le  Bel 
jusqu'à  celle  de  Charles  V,  couronné  par 
l'Académie  des  Inscriptions  en  1744;  —  Essai 
pour  rétablir  un  passage  d%i  troisième  livre 
de  Cicéron  DeNatura  Deorum;  inséré  dans  les 
Mémoires  sur  l'Académie  des  Inscriptions, 
tome  XVIII;  —  Mémoire  sur  ce  que  les  an- 
ciens païens  ont  pensé  de  la  résurrection  ; 
!  aômes  Mémoires ,  tome  XIX  ;  —  Remarques 
y->ir  la  signification  du  mot  Dunum  ;  mêmes 
Mémoires ,  tome  XX,  p.  39-5 1  ;  —  Plan  sys- 
tématique de  la  religion  et  des  dogmes  des 
anciens  Gaulois;  ibid.,  tome  XXIV,  345-388. 
(  ette  savante  et  curieuse  dissertation  est  divisée 
!î  deux  parties.  La  première  traite,  en  trois 
étions,  de  la  religion  des  Gaulois^  de  leur  mé- 
L  ,i)hysique  et  de  leur  morale.  D'après  l'auteur 
c'étaient  de  vrais  polythéistes,  quoiqu'ils  ne 
reconnussent  que  deux  divinités  principales, 
l'une  du  ciel  et  l'autre  de  la  terre,  auxquelles 
\U  rendaient  un  culte  sanguinaire.  Ils  croyaient 
à  l'immortalité  de  l'âme,  et  qu'après  sa  sépara- 
tion d'avec  un  corps  elle  retournait  dans  un 
autre.  La  seconde  partie  développe  les  change- 
ments arrivés  dans  la  religion  ces  Gaulois  et  dans 
celle  des  Germains  depuis  Jules  César  jusqu'à 
Tacite.  Fénel  a  laissé  en  manuscrits  l'Histoire 
(fe  la  ville  de  Sens  et  une  Histoire  des  Ma- 
nufactures chez  les  Anciens. 

l.elong,  JlibliotJièilue  historique  de  la  France,  nos  sgg^ 
S8Û9, 16060,  34876.  —  Quérard,  Aœ  t'rmice  littéraire.  — 

FÉNELOM,  nom  d'une  ancienne  famille  origi- 
naire du  Périgord,  dont  les  personnages  remar- 
quables sont  : 

FÉîiELON  {Bertrand  de  Salagnac  (1),  mar- 
quis de  La  Mothe),  diplomate  français,  mort 
en  1589.  C'était  un  militaire  distingué.  Ambas- 
sadeur de  France  en  Angleterre  en  1572,  il  fut 
chargé  par  Charles  IX  de  calmer  le  ressentiment 

(1)  Le  nom  de  Salagnac  a  été  changé  depuis  en  celai 
Ae.  Salignac.  Cependant,  on  trouve  encore  dans  des  actes 
<j^  famille,  (le  na't,  un  comte  de  Fénelon  qui  prend  tou- 
jojirs,  avant  ce  titre,  le  nom  de  Salagnac.  On  lit  Sala- 
gniac  dans  des  titres  plus  anciens. 


FÉNELON  318 

d'Elisabeth  au  sujet  du  massacre  de  la  Saint- 
Barthélémy.  Quelques  biographes  rapportent  qu'il 
refusa  cette  mission,  en  disant  au  roi  :  «  Adres- 
sez-vous, sire,  à  ceux  qui  vous  l'ont  conseillée.  » 
Cette  réponse  n'est  pas  probable ,  car  Fénelon 
conserva  son  emploi.  Le  31  mai  1574,  Catherine 
de  Médicis  lui  annonça  la  mort  de  Charles  IX 
et  son  avènement  à  la  régence.  Elle  le  chargeait 
en  outre  «  de  se  condouloir  avec  la  reine  d'An- 
gleterre de  ce  triste  et  fâcheux  inconvénient,  dont 
elle  ne  doute  pas  que  la  dite  reine  ne  porte 
beaucoup  de  déplaisir  ».  En  même  temps  elle 
recommande  à  Fénelon  «  d'avoir  l'œil  soigneu- 
sement ouvert  aux  nouvelles  délibérations  qu'elle 
(Elisabeth)  prendra,  lesquelles,  comme  elle  s'as- 
sure, tendront  toujours  à  troubler  le  royaume, 
pour  l'extrême  désir  qu'elle  à  de  trouver  moyen 
d'y  entreprendre,  afin  d'y  avoir  si  elle  pouvoit 
un  autre  Calais  » .  Catherine  prit  encore  La 
Mothe-Fénelon  pour  confident  lorsque  le  comte 
de  Montgomiïiery  fut  tombé  en  son  pouvoir. 
«  J'eusse  volontiers  fait  différer  son  jugement  et 
exécution  jusqu'à  l'arrivée  du  roi,  monsieur  mon 
fils  ;  mais  l'on  n'a  pu  retarder,  craignant  qu'il 
n'advînt  quelque  émotion ,  tant  le  peuple  étoit 
animé  contre  lui.  »  Ici  Catherine  trompait  son 
ambassadeur  :  ce  fut  elle-même  qui  pressa  la 
condamnation  de  Montgommery  et  ordonna  son 
supplice  immédiat,  auquel  elle  voulut  assister. 
Fénelon  revint  en  France  peu  après.  On  a  de 
lui  :  Le  Siège  de  Metz,  en  1552;  Paris,  1553, 
et  Metz,  1665,  in-4°,  avec  carte;  — Lettres  au 
cardinal  de  Ferrare  sur  le  voijage  du  roi 
(Henri  II)  aux  Pays-Bas  de  l'empereur  en  Van. 
1554, Paris,  1 554, in-4°; réimprimées  sousletitre 
de  :  Le  Voyage  dîi  roi  aux  Pays-Bas  de  l'em- 
pereur en  1554,  etc.;  Paris  et  Lyon,  1554,  et 
Rouen,  1555,  in-8°;  ce  sont  quatre  Lettres  dan.s 
lesquelles  l'auteur  raconte  comme  témoin  ocu- 
laire tout  ce  qui  s'est  passé  dans  cette  campa- 
gne. La  troisième  contient  un  récit  fort  détaillé 
de  la  bataille  de  Renty.  Ce  journal  est  assez 
bien  coordonné  ;  —  Mémoires  touchant  l' An- 
gleterre et  la  Suisse,  ou  sommaire  de  la  né- 
gociation faite  en  Angleterre,  Van  ibli, par 
François  de  Montmorency,  par  Paul  de  Foix 
et  par  de  La  Mothe-Fénelon;  insérés  dans  le 
tome  ler  des  Mémoires  de  Castelnau,  Paris, 
1659,  in-fol.;  —  Négociations  de  La  Mothe- 
Fénelon  et  de  Michel,  sieur  de  Mauvissière , 
en  Angleterre;  mêmes  Mémoires,  édit.  de 
Bruxelles,  1731.  Cet  ouvrage  contient  cent  une 
lettres  très-curieuses ,  entre  autres  celles  du  roi 
Charles  IX  et  de  sa  mère,  avec  les  réponses; 
elles  sont  relatives  à  la  reine  Éhsaheth ,  à  la 
liberté  de  Marie  Stuart  et  à  la  journée  de  la 
Saint-Barthélémy  ;  —  Dépêches  de  M.  de  La 
Mothe-Fénelon  :  Instructions  au  sieur  de  La 
Mauvissière;  mêmes  Mémoires. 

L'Estoile.  Journal  de  Henri  III,  99.  —  De  Thou, 
Ilisloria,  \ib.  LVlll,  67.— La  Popclinière,  IJist.  de  fronce, 
liv.  XXXVUl,  fol.  227.  —  Secousse,  dans  les  jT/c'm.  dé 
l'.tcadémie  des  Inscriptions  et  Bettes-Lettres,  XVII,  64». 


319 


FÉNELON 


—  Castcncaii,  Mém.,  lll.J  seS,  406,  407.  -  Prosper  Mar- 
chand, Dict.  hist.  —  Lclong,  Bibl.  fiist.  de  la  France, 
II,    n°s    17662,17668.26219;    111,  n°»    30138,30139,    30140. 

FÉNELON  {François  de  Salignac  de  La 
Mothe),  célèbre  prélat  français,  archevêque  duc  de 
Cambray,  né  au  château  de  Fénelon,  enPérigord, 
le6aoilitl651,mortàCambray,  le? janvier  1715. 
De  la  famille  du  précédent ,  il  fut  élevé  dans  la 
maison  paternelle  jusqu'à  l'âge  de  douze  ans. 
Son  précepteur,  qui  paraît  avoir  eu  le  goût  des 
lettres  grecques  et  latines,  s'appliqua  à  lui  en- 
seigner ces  deux  langues  ainsi  que  les  beautés 
que  renferment  les  chefs-d'œuvre  des  littératures 
classiques.  On  l'envoya  à  l'âge  de  douze  ans  à 
l'université  de  Cahors,  où  il  acheva  ses  cours 
d'humanités ,  et  commença  l'étude  de  la  philoso- 
phie, qu'il  continua  à  Paris  au  collège  duPlessis. 
Dans  cette  célèbre  maison,  il  apprit  le  théologie, 
et  fit  connaissance  avec  l'abbé  de  Noailles,  qui 
devait  arriver  au\  premières  dignités  de  l'Église. 
Il  n'avait  encore  que  quinze  ans  quand  on  lui  fit 
prêcher  son  premier  sermon,  qui,  assure-t-on, 
eut  un  succès  extraordinaire.  Singulière  coïnci- 
dence !  Bossuet  avait  au  même  âge  débuté  dans 
la  prédication  à  l'hôtel  de  Rambouillet.  Fénelon 
entra  ensuite  au  séminaire  de  Saint-Sulpice,  qui 
était  alors  placé  sous  la  direction  de  Tronson. 
C'est  de  ce  directeur  qu'il  reçut  les  principes 
et  les  sentiments  de  cette  charité  pure  et  affec- 
tueuse, de  cet  amour  de  Dieu  pour  lui-même ,  qui 
plus  tard  l'entraînèrent  dans  la  voie  dangereuse 
du  quiétisme.  Vers  l'an  1675,  il  reçut  les  ordres 
sacrés  au  séminaire  de  Saint-Sulpice.  Pendant 
trois  ans  l'abbé  de  Fénelon  remplit  les  fonctions 
du  ministère  sacerdotal  dans  la  communauté  des 
prêtres  de  la  même  paroisse.  Il  fut  chargé  d'y 
expliquer  l'Écriture  Sainte  au  peuple  les  diman- 
ches et  les  jours  de  fête  ;  il  prenait  aussi  une  part 
très-active  aux  catéchismes,  et  l'église  de  Saint- 
Sulpice  conserve  encore  les  Litanies  de  l'Enfant- 
Jésus  qu'il  composa  pour  l'usage  des  sulpiciens. 
Il  songeait  alors  à  se  consacrer  aux  missions  du 
Levant  ;  mais  des  circonstances  l'ayant  empêché 
de  réaliser  ce  dessein,  l'archevêque  de  Paris  le 
nomma  supérieur  des  Nouvelles  Catholiques. 
Cette  communauté ,  qui  avait  pour  protecteurs 
Louis  XIV  et  Turenne,  récemment  converti, 
avait  pour  objet  d'affermir  dans  l'orthodoxie 
les  nouvelles  converties,  et  d'instruire  celles 
qui  se  montraient  disposées  à  abandonner  l'hé- 
résie. La  connaissance  qu'il  fit  de  Bossuet 
date  à  peu  près  de  cette  époque.  Il  assista  pen- 
dant quelque  temps  aux  Promenades  philoso- 
phiques et  aux  Conférences  siir  V Écriture 
Sainte  qui  eurent  lieu  à  Saint  -  Germain  et 
à  Versailles  sous  la  direction  de  l'évêque  de 
Meaux,  de  1672  à  1685.  L'évêque  de  Sarlat, 
son  oncle,  ayant  résigné  en  sa  faveur,  en 
1681 ,  le  doyenné  de  Carénas,  qui  valait  3  à 
4,000  livres ,  Fénelon  quitta  un  moment  la  di- 
rection des  Nouvelles  Catholiques  pour  aller 
se  mettre  en  possession  de  ce  bénéfice.  Il  ne  tarda 


4 


pas  à  revenir  reprendre  le  gouvernement  de  cette 
communauté,  qu'il  conserva  pendant  dix  ans. 
Vers  ce  temps ,  Fénelon  écrivit  son  premier  ou- 
vrage, qui  commença  sa  réputation,  et  qui  porto 
le  titre  De  l'Éducation  des  Filles.  Ce  traité, 
composé  à  la  sollicitation  de  la  duchesse  de 
Beauvilliers,  qui  voulait  un  guide  pour  diriger 
l'éducation  de  ses  enfants ,  est  devenu  un  livre 
élémentaire  à  l'usage  de  toutes  les  familles  ;  il 
est  consulté  avec  profit  par  tous  ceux  qui  écri- 
vent sur  ce  sujet.  Il  aimait  le  commerce  de 
Bossuet  ;  et  quand  ce  grand  prélat  allait  goûter 
à  Germigny  quelques  jours  de  repos ,  Fénelon 
se  rendait  dans  cette  retraite,  où  il  recevait  les  - 
conseils  de  celui  que  l'opinion  publique  considé- 
rait comme  le  chef  de  l'Église  gallicane.  De  la 
communauté  de  vues  de  ces  deux  esprits  à  l'é- 
gard d'une  question  fort  agitée  alors ,  résulta  la 
Réfutation  du  système  de  Malebranche  sur 
la  nature  et  la  grâce.  Bossuet  avait  revu  ce 
travail ,  et  y  avait  fait  quelques  corrections.  A 
cet  ouvrage  théologique  succéda  promptement 
un  livre  de  polémique  intitulé  :  Traité  du  Mi- 
nistère des  Pasteurs,  dans  lequel  il  établit  que 
les  ministres  protestants  n'ont  ni  caractère  ni 
mission  légitimes.  A  cette  époque  le  public  prêtait 
beaucoup  d'attention  aux  écrits  de  ce  genre  ;  les 
femmes  mêmes  s'y  intéressaient  vivement.  Il  ne 
faut  pas  s'en  étonner  :  on  touchait  au  moment 
où  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  allait  être 
prononcée.  Dès  que  cet  acte  politique  eut  été 
signé  par  Louis  XIV,  des  missions  catholiques 
furent  organisées  dans  les  diverses  provinces. 
Sur  la  proposition  de  Bossuet,  l'abbé  de  Fénelon 
fut  chargé  de  celles  du  Poitou  ;  au  nombre  de 
ses  collaborateurs ,  qu'il  fut  autorisé  à  choisir 
lui-même,  se  trouvait  l'abbé  Fleury.  La 
simplicité,  la  douceur  et  la  charité  furent  les 
moyens  qu'il  employa  avec  beaucoup  de  suc- 
cès pour  obtenir  des  conversions  qui  se  multi- 
plièrent rapidement.  Il  ne  se  fit  point  illusion 
sur  le  nombre  de  ses  conquêtes;  toutes  n'étaient 
pas  sincères.  Cependant  les  fruits  de  sa  mission 
furent  encore  très-satisfaisants.  Il  eut  à  se  dis- 
culper de  certaines  imputations  dont  il  fut  l'objet  : 
on  lui  reprochait  trop  de  condescendance  envers 
les  hérétiques  ;  sa  méthode  de  conversion  était 
attaquée.  Il  n'eut  pas  de  peine  à  se  justifier.  Sur 
ces  entrefaites,  le  siège  épiscopal  de  Poitiers 
étant  venu  à  vaquer,  on  proposa  à  Louis  XIV  de 
placer  Fénelon  à  la  tête  de  ce  diocèse  ;  ce  mo- 
narque y  consentit.  Mais  sa  nomination  n'eut 
point  lieu,  et  cette  disgrâce  fut  attribuée  aux  in- 
trigues de  l'archevêque  de  Paris,  de  Hailay,  qui 
voyait  avec  déplaisir  que  le  futur  prélat  entre- 
tînt des  rapports  d'amitié  avec  Bossuet.  On  le 
desservit  également  auprès  de  Louis  XIV  au  mo- 
ment où  l'évêque  de  La  Rochelle  le  demanda  poui 
coadjuteur.  Il  fut  bientôt  dédommagéde  ce  double 
insuccès. 

Le  duc  de  Beauvilliers ,  à  qui  furent  confiées 
les  fonctions  de  gouverneur  du  duc  de  Bourgo- 


1 


321 

«ne  (1689),  fit  agréer  Fénelon  comme  précep- 
teur lie  ce  prince.  Le  choix  ne  pouvait  être 
;  meilleur.  On  connaît ,  principalement  par  Saint- 
i Simon,  combien  était  impétueux  et  peu  raa- 
'  niable  le  caractère  de  cet  élève,  doué,  il  est  vi'ai, 
des  facultés  les  plus  heureuses.  La  douceur  unie 
à  la  fermeté,  la  grâce  jointe  à  la  dignité  firent 
ilisparaiti'e  peu  à  peu  les  aspérités  d'un  naturel 
dont  la  propension  aux  emportements  les  plus 
fougueux  alarmait  tous  ceux  qui  l'entouraient. 
Fénelon  s'attacha  d'abord,  dans  des  Fables  qu'il 
composa  à  cet  effet ,  à  corriger  les  inclinations 
Vicieuses  de  son  élève.  Les  Dialogues  des 
Morts  qu'il  écrivit  aussi  pour  le  duc  de  Bour- 
gogne, avaient  en  partie  le  même  but.  Partout , 
iisque  dans  les  plus  petits  détails  de  cette  édu- 
;atioa,  apparaît  l'intention  très-marquée  du 
;irécepteur  de  former  un  roi  vertueux  et  instruit. 
Destiné  au  trône ,  selon  les  apparences ,  Fénelon 
aisait  converger  vers  ce  point  toutes  les  par- 
ies de  l'éducation  de  l'héritier  présomptif.  Pour 
jue  rien,  dans  la  pratique  du  plan  d'études 
ju'il  avait  arrêté,  ne  contrariât  ses  vues,  lui- 
nême  préparait  les  matières  de  thèmes  et  de 
rersions.  Plus  loin  il  sera  question  du  Télé- 
naque,  qui  était  destiné  à  cette  éducation.  On 
)drlait  (le  tous  côtés  des  heureux  fruits  de  ce 
préceptorat,  et  l'opinion  favorable  qui  se  for- 
nait  sur  le  duc  de  Bourgogne  fit  naître  l'espé- 
ance  d'un  règne  heureux.  Bossuet  voulut  s'as- 
urer  par  lui-même  des  talents  du  jeune  prince  ; 
'examen  auquel  il  le  soumit  lui  démontra  que  la 
oix  publique  n'était  nullement  exagérée.  Féne- 
on  donna  aussi  ses  soins  à  l'éducation  des  ducs 
'Anjou  et  de  Berry,  également  fils  du  dauphin. 
dais  il  fut  éloigné  de  la  cour  peu  de  temps  après 
voir  commencé  celle  du  dernier  de  ces  princes, 
la  conduite  à  Versailles  se  fit  remarquer  par  un 
are  désintéi'essement.  Jouissant  d'un  grand  cré- 
lit  auprès  de  madame  de  Maintenon,  il  n'en 
isa  jamais  ni  pour  lui  ni  pour  les  membres  de 
.a  famille.  Il  s'était  imposé  cette  règle,  dont  il  ne 
.e  dépai'tit  point.  Et  cependant  on  voit  par  sa 
orrespondance  que  pendant  qu'il  vécut  à  la 
;our  il  éprouva  plusieurs  fois  des  embarras  d'ar- 
;ent.  Bien  qu'il  n'eût  encore  publié  que  les  deux 
luvrages  cités  plus  haut,  l'Académie  Française 
eta  les  yeux  sur  lui  à  la  mort  de  Pélisson.  Il  est 
rai  que,  d'après  un  usage  constant  de  l'illustre 
ompagnie,  tous  les  précepteurs  des  princes  de  la 
amille  royale  y  étaient  appelés.  Est-il  néces- 
aire  de  faire  remarquer  que  Fénelon  n'avait  pas 
lesoin  de  ce  titre  pour  faire  partie  du  docte 
iorps  ?  Deux  boules  d'exclusion  lui  furent 
léanmoins  données.  D'Alembert,  dans  son  His- 
oire  des  Membres  de  l' Académie  Française , 
.'en  indigne ,  et  il  termine  en  ces  termes  : 
'  Heureusement  pour  eux,  et  surtout  pour  nous, 
lui  devons  être  leur  historien ,  ils  seront  à  ja- 
nais  inconnus.  »  Madame  de  Maintenon  le  plai- 
santait quelquefois  sur  sa  nouvelle  qualité  ;  elle 
le    regardait   point    l'Académie    comme    un 

NOUV.    BIOGK.  GÉNKR.    —  T.  XVU. 


FÉNELON  322 

corps  sérieux.  Dans  l'éloge  qu'il  fit  de  son  pré- 
décesseur, lors  de  sa  réception,  le  31  mars  1693, 
on  lit  ces  paroles  :  «  Pour  montrer  sa  vertu ,  il 
ne  lui  manquait  que  d'être  malheureux;  il  le 
fut.  »  Lui  aussi  éprouvera  la  disgrâce  de  son 
souverain,  et  la  réponse  du  directeur  de  l'Acadé- 
mie renferme  un  jugement  sur  le  récipiendaire 
que  confirmera  la  postérité.  On  voit  par  ce  dis- 
cours que  Fénelon  jouissait  déjà  d'une  grande 
réputation.  De  plus  en  plus  apprécié  par  madame 
de  Maintenon ,  il  fut  un  de  ceux  auxquels  cette 
femme  célèbre  soumit  les  règlements  qu'elle 
avait  préparés  pour  l'institution  de  Saint-Cyr. 
Elle  alla  même  jusqu'à  demander  au  prélat  de 
lui  indiquer  ses  défauts.  La  tâche  était  délicate. 
Fénelon  s'en  acquitta  non-seulement  en  homme 
d'esprit,  il  en  avait  à  faire  peur,  selon  l'expres- 
sion de  Bossuet,  mais  encore  avec  toute  la  sin- 
cérité que  comportait  la  matière.  Voicil  quelques 
traits  de  caractère  qui  paraissent  bien  saisis  : 
■■'  Vous  êtes  bonne  à  l'égard  de  ceux  pour  qui  vous 
avez  du  goût  et  de  l'estime,  mais  vous  êtes 
froide  dès  que  ce  goût  vous  manque  :  quand 
vous  êtes  sèche,  votre  sécheresse  va  assez  loin; 

ce  qui  vous  blesse  vous  blesse  vivement 

Vous  êtes  naturellement  disposée  à  la  confiance 
pour  les  gens  de  bien  dont  vous  n'avez  pas  assez 
éprouvé  la  prudence;  mais  quand  vous  com- 
mencez à  vous  défier,  votre  cœur  s'éloigne  d'eux 
trop  brusquement.  » 

Madame  de  Maintenon  eut  l'intention  de  le 
prendre  pour  son  directeur;  mais,  par  des  mo- 
tifs qu'on  ne  connaît  pas  bien ,  elle  en  choisit 
un  autre.  Pour  récompenser  les  services  qu'il 
avait  rendus,  Louis  XIV  le  nomma,  en  1694,  à 
l'abbaye  de  Saint- Valéry,  monastère  de  l'ordre 
de  Saint-Benoît,  situé  dans  le  diocèse  d'Amiens. 
Vers  la  fin  de  cette  même  année ,  Fénelon  i-é- 
digea  le  projet  de  la  fameuse  lettre  anonyme 
à  Louis  XIV,  que  D'Alembert  a  publiée  pour  la 
première  fois  dans  le  IIP  vol.  de  son  Histoire 
des  Membres  de  V Académie  Française.  Après 
un  préambule  où  l'auteur  proteste  de  son  zèle, 
de  son  respect  et  de  sa  fidélité  pour  Louis  XIV, 
les  abus  du  règne  de  ce  roi  sont  successivement 
signalés ,  entre  autres  l'injustice  de  plusieui's 
guerres ,  notamment  de  celle  de  Hollande  en 
1672,  l'indignité  de  certains  sujets  auxquels 
le  souverain  accordait  sa  confiance ,  etc.  L'au- 
thenticité en  a  été  fort  longtemps  contestée, 
mais  tous  les  doutes  ont  été  levés  en  1825,  par 
la  découverte  du  manuscrit  original  dont  M.Au- 
gustin Renouard,  libraire ,  fit  l'acquisition  à  la 
vente  des  livres  de-M.  Gentil.  Louis  XIV  a-t-ileu 
connaissance  de  cette  lettre  ?  Rien  ne  le  prouve. 
Il  est  même  très-vTaisemblable  que  s'il  la  con- 
nut un  jour,  il  ne  la  lut  point  dès  le  prin- 
cipe, puisque  nous  voyons  Fénelon  nommé  à 
l'archevêché  de  Cambray  au  mois  de  février 
1695.  En  apprenant  sa  nomination,  le  nouveau 
prélat  fit  observer  à  Louis  XIV  que  les  lois  ec- 
clésiastiques ne  lui  permettaient  pas  d'acceptei- 

11 


•■Ui 


i'hoHiieur  qu'il  avait  bien  voulu  lui  faire.  Il  était 
encore  précepteur  des  enfants  dudaapîiin.  Le  roi 
lui  répondit  :  «  Non,  non,  les  canons  ne  vous 
obligent  qu'à  neuf  mois  de  résidence;  vous  ne 
donnerez  à  mes  petits-fils  que  trois  mois,  et  vous 
surveillerez  de  Cambray  leur  éducation  pendant  le 
reste  de  l'amiée,  comme  sivous  étiez  à  Versailles.  » 
Pourvu  d'un  siège  dont  les  revenus  étaient  im- 
portants ,  il  ctut  ne  pas  pouvoir  conserver  l'ab- 
baye de  Saint- Valéry.  La  cérémonie  «lu  sacre 
eut  lieu  dans  la  chapelle  de  Saint-Cyr,  le  lOjuil- 
let  1695  ;  Bossuet  fut  un  de  ses  consécrateurs.  Ici 
doit  trouver  place  une  anecdote  qui  a  fait  beau- 
coup de  bruit  et  qu'ont  répétée  beaucoup  d'écri- 
vains à  la  suite  de  Voltaire.  Après  une  conférence 
qu'il  venait  d'avoir  avec  Fénelon  surla  politique, 
peu  de  temps  après  sa  nomination  au  siège  de 
Cambray,  Louis  XIV  aurait  dit  avec  humeur 
«  qu'il  venait  de  s'entretenir  avec  le  plus  bel  es- 
prit et  le  plus  chimérique  de  son  royaume  ».  Ce 
jugement  de  Louis  XIV  sur  un  prélat  qu'il  avait 
récemment  élevé  à  un  poste  émineat  aurait  be- 
soin, pour  mériter  créance,  d'une  autorité 
moins  suspecte  que  celle  de  Voltaire.  On  ne  voit 
d'autre  source  à  cette  anecdote  que  le  témoi- 
gnage du  chancelier  d'Aguesseau  ,  qui  n'est  pas, 
il  est  vrai ,  à  l^eaucoup  près ,  aussi  favorable  à 
Fénelon  que  le  propos  de  l'auteur  du  Siècle  de 
Louis  XIV.  Mais  s'il  paraît  peu  vraisemblable  que 
Louis  XIV  à  l'époque  indiquée  se  suit  exprimé 
sur  l'archevêque  de  Cambray  en  termes  aussi  peu 
fiatteurs  pour  le  prélat,  il  est  vrai  de  dire  que  le  cré- 
dit de  Fénelon  à  la  cour  va  bientôt  s'amoindrir 
et  que  le  temps  des  tribulations  n'est  pas  éloi- 
gné. Les  sympathies  qu'il  ne  cessa  de  montrer 
pour  madame  Guyon ,  et  les  opinions  qu'il  pro- 
fessa sur  les  conditions  et  l'état  de  la  perfection 
chrétienne,  furent  l'origine  et  la  cause  de  sa  dis- 
grâce. 

La  natiu'e  du  quiétisme  et  surtout  les  gra- 
ves conséquences  sociales  que  comporte  cette 
doctrine,  l'éclatante  illustration  des  deux  pré- 
lats qu'elle  mit  aux  prises ,  l'importance  des 
personnages  qui  furent  mêlés  à  cette  contro- 
verse ,  l'attention  publique  qu'elle  tint  en  éveil 
pendant  plusieurs  années ,  la  multitude  d'écrits 
qu'elle  suscita,  principalement  ceux  des  deux 
adversaires,  enfin  la  solution  qu'elle  a  reçue  du 
saint-siége  ,  ne  permettent  pas  de  résumer  en 
quelques  mots  cette  fameuse  polémique,  qui  res- 
tera toujours  la  partie  la  plus  attachante  de  la 
biographie  de  Fénelon.  Le  quiétisme  ,  dans  son 
sens  le  plus  général,  n'est  autre  chose  qu'une 
spiritualité  exclusive.  I!  prend  sa  source  dans  la 
disposition  de  certains  esprits  que  ne  peut  satis- 
faire l'exercice  des  vertus  recommandées  à  tous 
les  fidèles  par  l'Église ,  et  qui,  par  des  voies 
moins  frayées,  aspirent  à  un  degré  de  perfection 
singulier.  Arriver  par  la  contemplation  pure  jus- 
qu'à l'anéantissement  de  soi-même,  perdre  le 
sentiment  de  sa  personnalité  dans  un  état  entiè- 
rement passif,  telle  est  la  fin  suprême  que  cher- 


FÉNELON  324 

chent  à  atteindre  les  partisans  de  cette  doctrine. 
Avant  Molinos  et  madame  Guyon,  il  y  a  eu  des 
sectes  chi'étiemies ,  les  hésychastes ,  les  beg- 
gards,  etc.,  etc.,  qui  se  firent  remarquer  par  des 
singularités  analogues  à  celles  des  quiétistes  du 
dix-septième  siècle.  Il  faut  distinguer  cependant 
et  établir  entre  tous  ces  sectaires  deux  catégo- 
ries bien  tranchées.  Les  uns,  comme  les  ada- 
mites,  par  exemple,  n'ont  cherché  dans  les  doc- 
trines qu'ils  professaient  qu'un  moyen  de  cou- 
vrir les  dérèglements  de   leur  vie  ;  d'autres , 
voulant  réaliser  ici-bas  un  idéal  de  perfection  chi- 
mérique, ont  seulement  méconnu  les  forces  et 
les  limites  de  notre  nature.  Fénelon  abhorrait 
les  principes  de  MoUnos;  il  trouvait  répréhen- 
sibles  certaines  expressions  de  madame  Guyon , 
mais  il  proclamait  l'innocence  des  intentions  de 
cette  dame.  Dans  quel  sens  donc  ce  prélat  fut-il 
quiétiste  ?  On  le  verra  par  l'historique  qui  va  suivre 
delà  dispute  qu'ont  soulevée  ses  opinions  sur  cette 
matière.   On  parlait  déjà  depuis  quelque  temps 
de  madame  Guyon  et  du  P.  Lacombe,  son  direo 
teur,  de  ses  voyages  à  Genève ,  à  Annecy  et  dans 
d'autres  villes,  ou  ellerépandit  ses  idées  erronées 
sur  la  mystique  chrétienne ,  quand  Fénelon  la 
connut  dans  la  société  de  madame  de  Beauvilliersj 
où  elle  avait  été  chaudement  accueillie.  li  parait 
que  les  grâces  de  son  esprit  et  de  sa  personne  1% 
rendaient  très-sympathique;  elle  se  concilia  bieui 
vite  l'amitié  de  madame  de  Chevreuse  et  de  ma- 
dame de  Maintenon,  qui  la  reçut  à  Saint-Cyr,  où, 
die  se  fit  des  prosélytes ,  madame  de  La  Mai- 
sonfort  entre  autres.  A  cette  époque,  vers  le 
commencement  de  1689,  elle  venait  de  quitter 
le  couvent  dans  lequel  on  l'avait  emprisonnée  ài 
la  suite  de  son  arrestation  avec  le  P.  Lacombe, 
Les  rapports  de  ces  deux  amants  d'une  spiritua^ 
lité  raffinée  ont  donné  lieu  dans  le  temps  à  des 
insinuations  malveillantes   et  à  des  contes  sa- 
tiriques que  n'arrêta  point  le  témoignage  de  l'ar- 
chevêque de  Paris ,  qui  proclama   que  dans  la; 
procédure  de  son  officiai  il  n'avait  rien   aperçu 
qui  pût  inculper  les  mœurs  de  madame  Guyon. 
Si  la  vie  de  cette  dame  a  été  bizarre ,  rien  ne^ 
prouve  en  effet  qu'elle  n'ait  pas  été  sincère  dans 
ses  opinions  et  que  la  piété  qu'elle  montra  ton- 
jours  ait  été  feinte  un  seul  instant.  Cependant,  le 
sens  droit  de  madame  de  Maintenon  lui  fit  bien-, 
tôt  concevoir  des  doutes  sur  les  maximes  étranges 
qu^on  faisait  entendre  à  ses  demoiselles  de  Saint- 
Cyr;  elle  crut  devoir  consulter  son  directeur, 
l'évêque  de  Chartres,  qui   voulut  la  prémunir 
contre  le  danger  auquel  serait  exposée  cettei 
maison  si  l'on  y  professait  une   doctrine  qui, 
sous  prétexte  d'abandon  à  Dieu  et  de  renonce- 
ment à  soi-même  ,  invitait  «  à  ne  se  gêner  en 
rien,  à  s'oublier  entièrement,  etc.  ».  Madame  de 
Maintenon  commençait  à  s'inquiéter  ;  mais,  par 
suite  de  son  attachement  pour  Fénelon,  qui  favo- 
risait cette  doctrine  ou  du  moins  qui  défendait  sa 
propagatrice,  elle  ne  s'arrêta  point  à  cette  première' 
consultation.  Bossuet ,  Noailles ,  évoque  de  Châ-| 


325 


lons-sur-Marne  et  depuis  archevêque  de  Pans , 
Bourdaloue  et  d'autres  théologiens  célèbres  fu- 
rent priés  de  donner  leur  avis  sur  cette  matière. 
Tous,  à  des  degrés  divers,  trouvèrent  dange- 
reuses les  maximes  du  nouveau  mysticisme.  Fé- 
nelon,  qui  n'était  pas  encore  archevêque,  en- 
gagea madame  Guyon  à  se  soumettre  à  l'examen 
de  Bossuet,  Ce  prélat  obtint  des  explications  qui 
le  satisfirent  à  peu  près. -Mais  comme  il  avait 
envoyé  à  Fénelon  quelques  extraits  des  écrits 
de  cette  dame  sur  le  pur  amour,  et  que  le  pré- 
cepteur du  duc  de  Bourgogne  n'y  trouvait  à 
l'éprendre  que  des  expressions  inexactes  ,  Bos- 
suet vit  avec  un  vif  déplaisir  cette  approbation 
implicite  d'une  doctrine  qu'il  considéra  tout  d'a- 
liord  comme  un  danger  pour  l'Église.  Il  s'en 
émut.  Madame  Guyon ,  se  voyant  de  nouveau 
attaquée,  demanda  des  commissaires  pour  juger 
sa  personne  et  ses  écrits.  Bossuet,  l'évêque 
,1e  Châlons,  Tronson,  directeur  de  Saint-Sul- 
picc,  furent  nommés.  Les  conférences  eurent 
lieu  à  Issy;  Fénelon  souscrivit  d'avance  à  tout 
ce  qui  serait  décidé  dans  ces  i-éunions.  Pendant 
qu'on  discutait  à  Issy,  l'archevêque  de  Paris 
rendait  une  ordonnance  contre  les  livres  du 
P.  Lacombe  et  de  readame  Guyon,  et  Féne- 
lon était  nommé  archevêque  de  Cambray.  Alors 
ce  prélat  fut  admis  aux  conférences  d'Issy.  Les 
trois  commissaires  s'étaient  mis  d'accoi'd,  et 
Bossuet  avait  préparé  un  projet  en  trente  ar- 
ticles, qui  allait  être  adopté,  quand  Fénelon,  trou- 
vant (ju'on  avait  négligé  l'amour  désintéressé,  fit 
insérer  quatre  nouveaux  articles.  Tous  ces  ar- 
licles  avaient  pour  but  principal  de  prévenir  les 
abus  d'une  fausse  spiritualité.  Nonobstant,  ma- 
dame Guyon  ne  se  tint  pas  tranquille ,  comme 
elle  l'avait  promis,  et  on  l'incarcéra  à  Vincennes, 
en  1695.  Fénelon,  qui  apprit  cette  nouvelle  dans 
son  diocèse,  sentit  bien  que  les  dispositions  de  la 
cour  avaient  changé  et  qu'il  fallait  se  tenir  sur 
la  plus  grande  réserve. 

En  même  temps  on  réforma  la  direction  spi- 
l'ituclle  de  la  maison  de  Saint-Cyr.  Bossuet  y 
fit  (les  conférences  pour  détruire  l'effet  qu'a- 
vaient produit  madame  Guyon  et  Fénelon,  dont 
la  voix  était  si  bien  écoutée  naguère.  L'orage 
(|ui  venait  d'éclater  sur  la  tête  de  l'une  attei- 
gnit également  l'autre.  Madame  de  Maintenon 
fit  supprimer  dans  l'établissement  de  Saint-Cyr 
les  écrits  de  l'archevêque  de  Cambray.  Bos- 
suet ,  qui  à  l'origine  de  cette  dispute  n'avait 
puint  lu  les  auteurs  mystiques,  se  mit  à  les  étu- 
dier à  fond,  et  composa  ensuite  son  Instruction 
sur  les  états  croraison,  qu'W  destina  aux  fidèles, 
f|ue  les  articles  d'Issy,  conçus  en  des  termes 
ti'op  généraux,  ne  pouvaient  suffisamment  éclai- 
rer. Fénelon ,  qui  s'était  d'abord  montré  disposé  à  y 
donner  son  approbation,  changea  d'avis,  et  refusa 
l'adhésion  que  l'auteur  attendait  de  lui.  Après  la 
publication  d'un  mémoire  pour  justifier  son  re- 
fus, qui  avait  fortement  mécontenté  Bossuet, 
l'archevêque  de  Cambray  fait  paraître  YExpli- 


FENELON.  326 

cation  des  Maximes  des  Saints,  qui  devait  lui 
causer  tant  de  peines  et  lui  fournir  l'occasion 
d'un  grand  acte  d'obéissance.  Ce  livre,  où  l'au- 
teur croyait  seulement  soutenir  la  doctrine  du 
pur  amour  telle  qu'elle  avait  été  enseignée  par 
les  écrivains  mystiques  les  plus  autorisés,  ren- 
fermait ,  contre  son  intention    sans  doute ,  un 
quiétisme  à  peine  mitigé ,  dont  le  principe  fon- 
damental était  un  état  habituel  de  pur  amour, 
dans  lequel  le  désir  des  récompenses  et  la 
crainte  des  châtiments  n'ont  plus  départ.  La 
lecture  de  cet  ouvrage  augmenta  les  appréhen- 
sions de  Bossuet  et  les  mauvaises  dispositions  de 
ce  prélat  contre  Fénelon.  L'évêque  de  Meaux 
crut  le  danger  si  grand  qu'il  alla  jusqu'à  de- 
mander pardon  à  Louis  XIV  de  ne  lui  avoir  pas 
révélé  plus  tôt  le /arm^wme  de  son  confrère.  Ce 
monarque,  qui  avait  déjà  moins  de  goût  pour  Fé- 
nelon et  aux  yeux  duquel  toutes  les  nouveautés 
étaient  suspectes ,  vit  dans  cette  démarche  de 
Bossuet   un  grand    péril    pour  la   religion.  Il 
en  fut  très-irrité.  Naturellement  la  cour,  sauf 
quelques  amis  intimes ,  se  tourna  contre  l'ar- 
chevêque   de    Cambray.    D'autres   causes  de 
chagrin  s'ajoutèrent  à  celle-ci.  L'abbé  de  Rancé 
écrivit  à  Bossuet  des  lettres  qui  furent  publiées, 
et  dans  lesquelles  le  célèbre  réformateur  de  la 
Trappe    jugeait    très-sévèrement    le  livre  des 
Maximes.  La  grande  réputation  de  sainteté  dont 
jouissait  l'auteur  de  ces  lettres  dut  entraîner  un 
grand  nombre  d'esprits  du  côté  de  Bossuet.  Ce 
prélat,  dont  le  crédit  à   la  cour  était  considé- 
rable, et  que  presque  tout  le  clergé  de  France 
regardait  comme  la  colonne  de  l'Église  gallicane, 
demanda  que  Fénelon  signât  une  rétractation.  Ce- 
lui-ci s'y  refusa.  On  convint  alors  que  le  livre  des 
Maximes    serait    l'objet  d'un    examen.   Mais 
Bossuet  n'ayant  point  envoyé  les  Remarques 
qu'il  avait  promises,  l'archevêque  de  Cambray 
prit  la  résolution  de  soumettre  son  livre  au  ju- 
gement du  pape.  Indépendamment  de  l'examen 
qu'on  en  faisait  à  Rome ,  des  conférences  eurent 
lieu  dans  le  même  but  à  l'archevêché  de  Paris. 
Au  moment  où  Fénelon  écrivait  au  souverain 
pontife,  trois  rehgieuses, qu'on  soupçonnait  être 
très-attachées  à  la  doctrine  de  ce  prélat,  reçurent 
l'ordre  de  quitter  le  monastère  de  Saint-Cyr.  Fé- 
nelon lui-même  est  renvoyé  de  la  cour  dans  son 
diocèse.  Quelques  mois  après  l'envoi  du  livre 
des  Maximes  à  Rome,  Louis  XIV  écrivit  au  pape 
une  lettre  rédigée  par  Bossuet  dans  le  but  d'in- 
fluencer le  saint-siége.  Le  livre  de  l'archevêq'ie 
de  Cambray  y  est  signalé  comme  très-mauvais 
et  très-dangereux.  Pendant  que   les  dix  consnl- 
tcurs  nommés  par  Innocent  XII  se  livraient  à 
l'examen  du  livre  qui  leur  était  soumis,  la  polé- 
mique se  continuait  en  France,  et  chaque  jour  elle 
devenait  plus  acerbe.  Les  écrits  succédaient  aux 
écrits,  et  en  les  lisant  aujourd'hui  on  est  émer- 
veillé des  ressources  infinies  de  ces  deux  esprits. 
On  ne  saurait  trop  admirer  la  llexihilitédu  génie 
deFéneloa,  qui  dans  unecausequ'il  croyait  bonne 


11. 


327 


FÉNELON 


328 


sut  toujours  se  défendre  habilement  contre  les 
attaques  d'un  lutteur  tel  que  Bossuet.  Ce  prélat, 
voyant  que  la  cour  de  Rome  ne  se  prononçait 
point,  employa  d'autres  armes  que  celles  dont  il 
s'était  servi  jusque  là.  La  controverse  changea 
de  nature.  Aux  discussions  purement  doctrinales 
vinrent  se  mêler  des  faits  personnels.  Bossuet 
publia  au  mois  de  juin  1698  sa  Relation  du 
Quiétisme.  Dans  cet  ouvi-age,  où  la  personne  et 
les  écrits  de  M"""^  Guyon  sont  ridiculisés ,  l'ar- 
chevêque de  Cambray  est  représenté  comme  le 
fauteur  de  sa  doctrine ,  comme  le  partisan  de  ses 
extravagances ,  en  un  mot  comme  le  Montan  de 
cette  nouvelle  Priscille.  Cette  relation  fut  ac- 
cueillie avec  enthousiasme ,  et  devint  la  matière 
des  entretiens  du  salon  de  Marly,  où  se  trouvait 
la  cour.  Sollicité  instamment  par  l'abbé  de  Chan- 
terac ,  son  agent  à  Rome ,  Fénelon  répond  au 
livre  de  Bossuet.  Il  s'attache  à  montrer  la  faus- 
seté des  faits  qui  lui  étaient  imputés;  il  repousse 
victorieusement  l'indigne  assimilation  à  l'héré- 
tique Montan,  que  son  adversaire  avait  eu  le  cou- 
rage de  faire.  Cet  ouvrage ,  un  des  meilleurs 
qu'ait  produits  cette  polémique,  opéra  un  chan- 
gement dans  les  esprits  en  faveur  de  Fénelon. 
L'examen  de  l'affaire  à  Rome  paraissait  égale- 
ment tourner  à  l'avantage  de  ce  prélat.  Après 
soixante-quatre  congrégations ,  les  dix  consul- 
teurs  se  trouvèrent  partagés  ex  œquo.  Ce  ré- 
sultat, conformément  aux  règles  ordinaires  du 
saint-siége,  aurait  dû  être  favorable  à  Fénelon. 
Mais  Louis  XIV  ayant  conjuré  le  souverain  pon- 
tife de  condamner  une  doctrine  qu'il  représen- 
tait comme  capable  de  troubler  la  paix  de  son 
royaume,  Innocent XII  porta  l'examen  définitif  du 
livre  des  Maximes  à  la  congrégation  des  cardi- 
naux du  saint-office.  ;En  attendant,  le  roi  de 
France  obtint  une  censure  des  docteurs  de  la  Sor- 
bonne.  Ce  moyen,  ainsi  que  d'autres  de  ce  genre, 
avait  été  imaginé  par  l'abbé  Bossuet,  l'un  des 
agents  de  l'évêque  de  Meaux  à  Rome.  Cet  ecclésias- 
tique ,  d'un  caractère  violent  et  qui  ne  manquait 
pas  d'esprit,  entraîna  Bossuet  dans  la  voie  péril- 
leuse des  personnalités.  H  est  probable  que,  sans 
les  incitations  constantes  et  passionnées  de  cet 
abbé  ,  la  lutte  qui  nous  occupe  aurait  conservé 
jusqu'au  bout  son  vrai  caractère  de  discussion 
doctrinale.  Au  mois  de  janvier  1699,  Louis  XIV 
enleva  à  Fénelon  le  titre  de  précepteur  des  en- 
fants de  France  et  la  pension  qui  y  était  atta- 
chée. Enfin,  le  12  mars  de  cette  même  année.  In- 
nocent XII  signa  le  décret  convenu  et  arrêté  entre 
les  cardinaux  du  saint-office  contre  le  livre  des 
Maximes,  qui  avait  été  déféré  à  leurlexamen. 
Vingt-trois  propositions  furent  extraites  de  ce 
livre  et  déclarées  respectivement  téméraires, 
scandaleuses,  malsonnantes,  offensives  des 
oreilles  pieuses ,  pernicieuses  dans  la  pratique  et 
même  erronées.  Le  bref  exprimait  en  outre  les 
dispositions  d'usage  pour  les  livres  condamnés, 
à  l'exception  de  la  clause  qui  les  condamne  au 
feu.  Avant  l'enregistrement  de  ce  bref  à  la  cour 


du  parlement  et  dès  qu'il  en  eut  reçu  l'autorisa- 
tion du  roi,  Fénelon  fitim  mandement- dans  le- 
quel il  accepta  sa  condamnation  avec  une  sim- 
plicité et  une  dignité  remarquables.  Cette  sou- 
mission fut  généralement  admirée  ;  toutefois, 
les  protestants  et  les  jansénistes  en  furent  mé- 
contents. Vers  la  fin  de  sa  vie,  l'archevêque  de 
Cambray  constata  de  nouveau  sa  soumission  par 
un  ostensoir  d'or  qu'il  offrit  à  son  église ,  et  qui 
représentait  un  personnage  symbolique  foulant 
aux  pieds  plusieurs  livres  hérétiques,  sur  l'un 
desquels  on  lisait  ces  mots  :  Maximes  des 
Saints.  Ainsi  finit  ce  fameux  débat,  dans  lequel 
Bossuet,  par  intérêt  pour  la  religion,  qu'il  croyait 
menacée ,  se  montra  quelquefois  emporté ,  dur  et 
même  injurieux.  Fénelon  n'est  pas  non  plus 
exempt  dereproches.  Par  égard  pour  une  femme 
dont  la  doctrine  était  généralement  réprouvée, 
il  ne  parut  pas  toujours  sincère  dans  ses  protes- 
tations de  déférence  qu'il  prodiguait  à  ses  ad- 
versaires. La  situation  qu'il  s'était  faite  kù  créa 
des  difficultés;  elle  l'obligea,  par  exemple,  à  se 
défendre  par  des  subtilités,  qui  prouvèrent  la 
souplesse  de  son  esprit,  mais  qui  gâtèrent  par- 
fois sa  cause.  Ces  deux  prélats  y  gagnèrent  ce- 
pendant quelque  chose  :  Bossuet,  une  connais- 
sance de  la  théologie  mystique  qu'il  n'avait  point 
et  qui  lui  servit  à  corriger  ses  idées  sur  la  cha- 
rité ;  Fénelon ,  une  plus  grande  circonspection 
dans  la  matière  extrêmement  épineuse  de  la 
spiritualité.  Si  le  triomphe  de  l'un  a  été  glo- 
rieux, la  défaite  de  l'autre  n'est  pas  moinsdigne 
d'éloges. 

Après  un  acte  de  soumission  aussi  méritoire, 
les  amis  de  Fénelon  espéraient  qu'il  reviendrait 
à  la  cour,  où  il  ferait  de  nouveau  briller  les  grâces 
infinies  de  sa  conversation.  C'était  là  une  illusion 
de  l'amitié.  Louis  XIV  ne  lui  pardonnait  pas 
l'obstination  qu'il  avait  mise  à  défendre  une  doc- 
trine où  le  roi  ne  voyait  que  des  illusions  et 
des  éblouissements  de  l'esprit  qui  répugnaient  à 
son  bon  sens  pratique. 

Une  autre  circonstance  allait  aggraver  la  si- 
tuation de  l'archevêque  de  Cambray.  Peu  de 
temps  après  sa  condamnation,  parut  le  livre  qui 
l'a  rendu  le  plus  populaire  et  qui,  après  la  Bible  et 
Y  Imitation  de  Jésus-Christ,  est  un  de  ceux  qui 
ont  eu  le  plus  d'éditions  :  Les  Aventures  de  Télé- 
maque.  On  doit  la  publication  de  cet  ouvrage  à 
l'infidélité  d'un  domestique  auquel  Fénelon  avait 
confié  son  manuscrit  pour  lui  en  faire  une  copie. 
Cette  transcription  circula  clandestinement  dans, 
quelques  sociétés  dès  le  mois  d'octobre  1698, 
et  la  curiosité  qu'elle  fit  naître  encouragea  le  co- 
piste a  la  vendre  à  un  libraire  sans  désignation 
d'auteur.  La  veuve  Barbier  obtint  un  privilège, 
et  l'ouvrage  s'imprimait,  lorsque,  au  mois  d'avril 
1699,  la  cour,  ayant  été  informée  que  le  Télé- 
maque  était  de  l'archevêque  de  Cambray,  fit 
saisir  les  exemplaires  des  feuilles  imprimées  et 
prit  les  mesures  les  plus  sévères  pour  sa  des- 
truction totale.  Mais  quelques  exemplaires  ayant 


329 

échappé  à  la  vigilance  de  la  police  ,  cette  édi- 
tion, tout  imparfaite  qu'elle  était,  se  répandit  très- 
rapidement ,  et  le  reste  de  l'ouvrage  parut  sans 
nom  de  ville  ni  d'impriuieur,  en  1699.  Un  li- 
braire de  La  Haye,  Moetjens,  (it  réimprimer,  à 
mesure  que  la  copie  lui  parvenait,  les  différentes 
parties  de  ce  livre.    Il  s'en  faisait  concurrem- 
ment en  France  plusieurs  éditions  avec  des  va- 
liantes,  ce  qui  autorise  à  penser  qu'il  existait 
alors  plusieurs  copies  différentes.  La  Biblio- 
thèque britannique  de  l'année  1743  témoigne 
rie  la  vogue  de  ce  livre  en  ces  termes  :  «  A  peine 
les  presses  pouvaient  suffire  à  la  curiosité  du 
f)iiblic;  et  quoique  ces  éditions  fussent  pleines 
lie  fautes ,  à  travers  toutes  ces  taches  il  était  fa- 
cile d'y  reconnaître  un  grand  maître.  »  Ce  fut  le 
jugement  qu'en  portèrent  Bernard,  le  continua- 
iiuateur  des  Nouvlles  de  la   République  des 
Lettres,  et  Beauval ,  auteur  du  journal  intitulé  : 
Histoire  des  Ouvrages  des  Savants ,  les  deux 
jikis  fameux  critiques  qui  existaient  alors  dans 
les  pays  étrangers.  »  Les  premières  éditions  du 
Télémaque  n'eurent  point  de  divisions.  Plus  tard 
on  divisa  l'ouvrage  en  dix  et  en  seize  livres.  Les 
divisions  en  dix-huit  et  en  vingt-quatre  livres 
n'existent  que  dans  les  éditions  postérieures  à 
Fënelon.  Cefut  seulement  en  1717  que  le  marquis 
(le  Fénelon ,  petit-neveu  de  l'auteur,  donna  la 
première    édition   conforme    au  m,anuscrit 
i»-if/inal.  Il  ne  faudrait  pas  trop  se  lier  à  cette 
iudication.  D'abord  le  nouvel  éditeur  a  divisé 
le   Télémaque  en    vingt-quatre  livres,  tandis 
que  le  manuscrit  original  est  absolument  dé- 
fioiirvu  de    divisions;  ensuite  le   marquis   de 
l'éiielon  a  cru  pouvoir  corriger  des  expressions 
et  lies  tournures  qui  n'avaient  pas  son  agrément  : 
«  'cîait  là  une  des  libertés  du  siècle  où  il  vivait. 
Ce  n'est  quedans  les  éditions  de  Versailles  qu'on 
liiiiive  ce  livre  vraiment  conforme  au  manus- 
(1  il  et  aux  copies  revues  par  Fénelon.  D'autres 
eiiilious,  pubUées  en  Hollande  et  ailleurs,  dont 
un  pourrait  faire  une  catégorie  à  part,  sont  ac- 
compagnées de    Remarques  satiriques  où  l'on 
|)i  étend  donner  la  clef  de  ce  livre  en  appliquant  à 
Lijuis  XIV  et  aux  prmcipaux  personnages  de  sa 
cour  les  portraits  et  les  actions  de  ceuxquel'au- 
teur  à   mis  en  scène.  Parmi  les  éditions  enri- 
chies de  notes  géographiques  et  littéraires ,  on 
doit  placer  en  tête  celle  de  Lefèvre  qui  fait  partie 
de  sa  Collection  des  Classiques  françaiSi  Des 
traductions  de  Télémaque  ont  été  faites  en  vers 
latins,  en  prose  latine,  en  grec  moderne,  en 
arménien  et  dans  presque  toutes  les  langues  de 
l'Europe  moderne.  Dès  l'apparition  du  livre,  plu- 
sieurs   critiques    furent  publiées,  entre  autres 
celles  de  Gueudeville  et  de  Faydit.  Elles  étaient 
loin  d'être    remarquables;'  cependant  Fénelon 
tint  compte  de  quelques-unes  d'elles.  Boileau,  au 
contraire,  l'approuva  fort.  Dans  une  lettre  écrite 
à  son  ami  Brossette ,  on  lit  :  «  L'avidité  avec  la- 
quelle on  le  lit  fait  bien  voir  (|ue  si  on  trarlui- 
sait  Homère  en  beaux  mots  il  ferait  l'effet  qu'il 


FÉNELON  330 

doit  faire  et  qu'il  a  toujours  fait,  etc.  »  Bayle,  qui 
d'ailleurs  avoue  ne  l'avoir  point  lu,  l'apprécie 
sous  un  autre  rapport.  La  vogue  de  Télémaque 
tiendrait  à  ce  que  l'auteur  «  y  a  parlé  selon  le 
goût  des  peuples  qui,  comme  la  France,  ont  le  plus 
senti  les  mauvaises  suites  de  la  puissance  arbi- 
traire (1)  M. 

En  écrivant  son  livre,  Fénelon  a-t-il  eu  le  des- 
sein ,  comme  on  l'a  supposé,  de  faire  la  satire  de 
Louis  XIV  et  de  son  gouvernement  ?  Plusieurs 
raisons  militent  pour  la  négative;  d'abord  l'au- 
teur s'exprime  ainsi  à  ce  sujet  :  «  Je  n'ai  jamais 
songé  qu'à  amuser  M.  leducde  Bourgogne  et  qu'à 
l'instruire  en  l'amusant  par  ces  aventures,  sans 
jamais  vouloir  donner  cet  ouvrage  au  pubUc.  » 
Pour  invalider  une  pareille  affirmation ,  faite  par 
un  homme  dont  le  caractère  et  la  vertu  ont 
toujours  été  admirés,  il  faudrait  des  preuves 
bien  concluantes  ;  or,  il  n'y  en  a  point  de  cette 
nature.  Des  suppositions  ,  des  inductions  plus  ou 
moins  ingénieuses ,  voilà  tout  ce  qui  a  été  pro- 
duit. L'époque  probable  de  la  composition  du  Té- 
lémaque n'est  pas  favorable  à  l'hypothèse  d'une 
intention  satirique.  D'après  le  témoignage  de  Bos- 
suet,  qui  aurait  eu  communication  de  la;première 
partie  du  Télémaque,  cet  ouvrage  paraît  avoir  été 
écrit  en  1694  ou  1695.Cette  date  s'accorde  d'ailleurs 
avec  ces  paroles  de  Fénelon  :  «  Je  l'ai  fait  dans 
un  temps  où  j'étais  charmé  des  marques  de 
bonté  et  de  confiance  dont  le  roi  me  comblait.  » 
11  est  difficile  de  croire  que  dans  cette  situation 
où  il  se  trouvait  alors  Fénelon  ait  songé  à 
déprimer  un  roi  auquel  il  avait  souvent  donné 
des  marques  pubUques  d'estime.  Sans  doute, 
le  Télémaque  renferme  beaucoup  de  vues 
politiques  et  administratives  peu  conformes 
à  celles  de  Louis  XIV  et  de  son  gouvernement. 
Fénelon  exprime  même  des  idées  qu'on  peut 
prendre  pour  des  indications  de  réformes; 
mais  le  livre  dans  son  ensemble  ne  saurait 
être  considéré  comme  un  traité  de  politique 
pratique.  A  côté  de  maximes  très-sages,  on 
trouve  des  pensées  chimériques  et  des  détails 
un  peu  puérils.  On  sent  en  le  lisant  qu'on  n'a 
pas  affaire  à 'un  homme  d'État.  Si  le  Télé- 
maque a  été  une  satire  du  gouvernement  de 
Louis  XIV,  ce  n'est  qu'indirectement  et  comme 
la  conception  de  l'idéal  peut  l'être  de  la  réalité. 
Voyons  maintenant  Fénelon  dans  son  dio- 
cèse ,  où  ses  qualités  personnelles  seront  plus  en 
saillie.  Le  mécontentement  de  Louis  XIV  après 
la  condamnation  du  livre  des  Maximes,  qu'ac- 
crut la  publication  du  Télémaque,  fit  craindre 

(1)  Fénelon  eJt-il  biefn  l'auteur  du  Télémaque?  Cette 
question  étonnera  sans  doute,  et  personne  assurément 
ne  suppose  l'auteur  capable  d'une  supercherie  littéraire, 
n  existe  cependant  un  Journal  anglais  du  mois  de  jan- 
vier 1806,  où  le  Télémaque  est  présenté  comme  la  tra- 
duction d'un  roman  grec,  imprimé  à  Florence,  en  l'tBS, 
sous  le  titre  de  ^<Aé«é  Skelkaté;  pour  donner  ((ucique 
crédit  à  cette  fable,  qui  ne  mérite  pus  une  réfutation, 
ie  plaisant  inventeur  a  prétendu  que  le  président  Cousin 
avait  approuve  le  Télémaque  comme  traduit  fidèlement 
du  ijrec 


331 


FÉNELON 


332 


à  Fénelon  qu'on  ne  lui  créât  des  difficultés  qui 
le  paralyseraient  dans  l'exercice  de  son  ministère 
épiscopal  et  l'empêcheraient  par  conséquent  de 
faire  tout  le  bien  que  comportait  sa  charge.  Cette 
appréhension  était  naturelle;  cependant,  il  put 
reconnaître  dans  la  suite  qu'il  s'était  un  peu 
trompé  à  cet  égard.  Le  roi  avait  le  sentiment  de 
ses  devoirs,  et  son  éloignement  pour  les  personnes 
n'allait  pas  jusqu'à  le  faire  renoncer  au  bénéfice 
des  vertus  qu'elles  pouvaient  avoir.  Il  eut  sou- 
vent recours  à  la  protection  de  Louis  XIV,  et  le 
monarque  accueillait  ordinairement  avec  intérêt 
les  observations  que  lui  présentait  Fénelon  par 
le  canal  du  P.  Tellier. 

L'archevêque  de  Cambray  se  levait  de  grand 
matin,  après  un  sommeil  de  quelques  heures  seu- 
lement. Tous  les  samedis  il  confessait  indistincte- 
ment tous  ceux  qui  se  présentaient.  D'une  sobriété 
extrême ,  il  avait  néanmoins  une  table  servie  avec 
magnificence,  où  étaient  admis  tous  les  ecclésias- 
tiques attachés  à  son  service.  Fénelon  faisait  les 
honneurs  de  sa  table  et  de  sa  maison  avec  une 
politesse  noble  et  facile  ;  une  modestie  pleine  de 
charme  et  au  besoin  une  autorité  toujours  tempérée 
par  les  gi'âces  d'une  diction  incomparable  lui  va- 
lurent l'affection  de  tous  ceux  qui  l'entouraient. 
La  promenade  était  la  seule  récréation  qu'il  se 
permît;  il  aimait  beaucoup  la  campagne,  diffé- 
rent en  ce  point  de  la  plupart  de  ses  contempo- 
rains ,  et  dans  ses  perambulations  champêtres 
il  se  plaisait,  comme  Cicéron ,  à  causer  avec  ses 
amis.  Dans  ces  entretiens  sur  des  sujets  variés, 
il  s'abandonnait  aux  douces  inspirations  de  son 
tendre  et  facile  génie.  Tous  ses  contemporains , 
Saint-Simon  parmi  eux ,  et  celui-là  n'est  pas  sus- 
pect, attestent  que  personne  ne  possédait  mieux  le 
talent  d'une  conversation  aisée ,  légère  et  tou- 
jours décente,  et  que  son  commerce  était  en- 
chanteur. Il  allait  visiter  les  paysans  dans  leurs 
cabanes,  et  se  faisait  un  plaisir  de  partager  le 
repas  qu'ils  ne  craignaient  pas  d'offrir  à  un  pré- 
lat si  simple,  si  affable  et  si  parfaitement  aima- 
ble. Sa  réputation  européenne  lui  facilita  l'ac- 
complissement d'un  des  principaux  devoirs  de 
son  ministère.  Ses  visites  pastorales  ne  furent 
point  interrompues  pendant  la  guerre  ;  il  eut  la 
liberté  de  parcourir  toutes  les  parties  de  son  dio- 
cèse occupées  par  les   armées  ennemies.  Les 
Anglais,  les  Allemands,  les  Hollandais  profes- 
saient pour  lui  une  très-grande  vénération.  On 
lui  offrit  même  des  escortes  militaires,  qu'il  re- 
fusa. Il  avait  sur  la  prédication  des  idées  parti- 
culières ,  qui  se  trouvent  développées  dans  ses 
Dialogues  sur  F  Éloquence  de  laChaire.  Voici 
quelques-uns  de  ses  principes  ;  «  Ne  point  écrire 
un  sermon  ni  le  débiter  par  cœur  ;  s'abstenir 
de  divisions  et  de  sous-divisions,  qui  dessèchent 
et  gênent  le  discours  ;  instruire  les  peuples  de 
l'histoire  de  la  religion ,  ordinairement  trop  né- 
gligée. »  On  connaît  peu  Fénelon  comme  prédi- 
cateur; cela  tient  particulièrement  à  ce  qu'il  a 
rarement  parlé  devant  les  illustres  auditoires  de 


Bossuet,  de  Bourdaloue  et  de  Massulon.  Ren- 
fermé dans  son  diocèse ,  il  cherchait  surtout  à 
instruire  les  simples  fidèles  et  non  à  prononcer 
des  discours  d'apparat.  Il  a  monti-é  toutefois 
dans  plusieurs  circonstances  qu'il  n'était  point 
étranger  aux  beautés  de  l'art  oratoire.  Un  juge 
très-compétent  dans  ces  matières ,  le  cardinal 
Maury,  nous  a  fait  connaître  son  sentiment  sur 
l'éloquence  de  Fénelon  :  «  La  première  partie  du 
discours  pour  le  sacre  de  l'électeur  de  Cologne 
est  écrite,  dit-il,  avec  l'énergie  et  l'élévation  de 
Bossuet;  la  seconde  suppose  une  sensibilité  qui 
n'appartient  qu'à  l'archevêque  de  Cambray.  » 
La  Bruyère  et  Vauvenargues  ne  portent  pas  un 
jugement  moins  favorable.  Voici  les  paroles  du 
premier  :  «  On  sent  la  force  et  l'ascendant  de 
ce  rare  esprit ,  soit  qu'il  prêche  de  génie  et  sans 
préparation,  soit  qu'il  prononce  un  discours 
étudié  et  oratoire ,  soit  qu'il  explique  ses  pensées 
dans  la  conversation.  Toujours  maître  de  l'o- 
reille et  du  cœur  de  ceux  qui  l'écoutent,  il  ne 
leur  permet  pas  d'envier  ni  tant  d'élévation ,  ni 
tant  de  facilité,  de  délicatesse,  de  politesse,  etc.  i. 
Le  second  s'est  exprimé  de  cette  manière  : 
«  Mais  toi ,  qui  les  a  surpassés  (  Bossuet  et 
Pascal)  en  aménité  et  en  grâces,  ombre  illustre, 
aimable  génie ,  toi  qui  fis  régner  la  vertu  par 
l'onction  et  par  la  douceur,  pourrais~je  ou- 
blier le  charme  et  la  noblesse  de  ta  parole  lorsr 
qu'il  est  question  d'éloquence?  »  On  voit  que 
Fénelon  aurait  pu  ajouter  le  titre  d'orateur  à 
ceux  que  la  voix  publique  lui  a  décernés. 

L'établissement  d'un  séminaire  à  Cambray  fut 
un  des  premiers  objets  de  sa  sollicitude  épiscopale  ; 
ces  institutions  étaient  alors  assez  récentes,  elles 
étaient  la  réalisation  d'un  des  vœux  exprimés 
par  le  concile  de  Trente.  Voulant  en  confier  la 
direction  au  séminaire  de  Saint-Sulpice ,  il  de- 
manda, dans  ce  but,  des  ecclésiastiques  à  l'abbé 
Tronson.  Des  obstacles  ayant  empêché  la  mise 
à  exécution  de  son  projet,  Fénelou  fit  transférer 
à  Cambray  le  séminaire  de  Valenciennes  :  il  put 
ainsi  connaître  par  lui-même  tous  les  sujets  qui 
se  destinaient  au  saint  ministère.  Le  maintien 
de  la  discipline  dans  son  diocèse  eut  en  lui  u 
défenseur  zélé  et  ferme,  mais  prudent.  Les  m&i 
sures  des  évérité  qu'il  se  vit  obligé  de  prendr 
contre  des  pasteurs  indignes  sont  marquées  ai 
coin  de  la  sagesse.  Il  attachait  surtout  une  grand 
importance  à  la  présentation  aux  bénéfices,  qui 
trop  souvent  étaient  accordés  aux  soUicitationi 
de  personnages  en  crédit.  Les  recommandation! 
qui  ne  s'appuyaient  pas  sur  des  titres  sérieux, 
il  n'hésitait  pas  à  les  repousser.  Son  désintéres- 
sement éclata  dans  plusieurs  occasions.  Lors  de 
son  premier  voyage  à  Cambray,  en  1695,  les 
besoins  de  l'État  et  les  dépenses  de  la  guerre 
ayant  obligé  Louis  XIV  à  établir  pour  la  pre- 
mière fois  une  capitation  générale  sur  tous 
ses  sujets,  il  écrivit  à  de  Pontchaiirain ,  con- 
trôleur général  des  finances,  pour  le  prier  d'ob- 
tenir de  sa  majesté  qu'il  lui  fût  permis  d'ajouter 


333  FENELON 

à  sa  taxe  personnelle  la  totalité  de  la  pension 
qu'il  recevait  eu  qualité  de  précepteur  des  prin- 
ces ses  petits-fils.  Ses  historiens  ont  cité  plusieurs 
faits  de  ce  genre,  il  se  montra  toujours  très- 
jaloux  des  droits  de  l'Église,  fréquemment  atta- 
quée par  des  magistrats  trop  imbus  des  maximes 
gallicanes.  Sa  vigilance  épiscopale  se  porta  sur 
.  un  autre  point.  On  sait  que  la  quatrième  règle 
de  V Index  interdit  aux  simples  fidèles  la  lecture 
de  l'Écriture  Sainte  en  langue  vulgaire.  Des  dif- 
ficultés étant  survenues  à  ce  sujet  dans  le  diocèse 
d'Arras ,  Fénelon  écrivit  à  l'évêque  de  ce  siège, 
qui  l'avait  consulté,  une  savante  dissertation  dans 
laquelle  il  explique  et  justifie  la  différence  qui 
existe  sur  ce  point  entre  la  discipline  ancienne 
et  celle  des  derniers  siècles  de  l'Église.  Une 
controverse  qui  a  fait  beaucoup  de  bruit  dans 
le  temps,  sur  certaines  cérémonies  religieuses 
que  les  jésuites  de  la  Chine  avaient  cm  devoir 
autoriser,  dans  l'intérêt  de  la  propagation  du 
calholicisme,  mit  de  nouveau  en  relief  la  cir- 
conspection éclairée  de  Fénelon.  Consulté  par 
le  P.  de  La  Chaise  sur  la  question  en  litige,  il 
répondit  de  manière  à  dissiper  les  préjugés  fâ- 
cheux que  les  ennemis  des  jésuites  faisaient 
circuler  partout  à  l'occasion  de  cette  affaire. 
Les  inculpations  dont  il  s'agit  ici ,  lancées  cette 
fois  par  les  supérieui's  des  Missions  étrangè- 
res de  Paris  contre  les  disciples  de  Loyola, 
n'étaient  que  le  renouvellement  de  celles  qui 
avaient  été  formulées  quarante  ans  plus  tôt 
par  les  Dominicains.  Clément  XI  termina  cette 
dispute,  en  1704,  en  proscriv^aut  plusieurs  cé- 
rémonies chinoises,  comme  superstitieuses. 

La  facilité  île  son  commerce  et  sa  bienveil- 
lance naturelle  lui  attiraient  beaucoup  de  vi- 
siteurs étrangers.  Parmi  eux  figure  le  cheva- 
lier baronnet  de  Ramsay.  Les  déchirements  du 
doute  et  les  mécomptes  que  lui  avait  fait  éprou- 
ver le  principe  du  libre  examen  le  conduisirent 
à  Cambray,  où  il  s'entretint  avec  Fénelon  sur 
des  matières  religieuses.  Le  résultat  de  ces  con- 
férences est  connu;  on  peut  en  lire  les  détails 
àdin&V  Histoire  de  Fénelon  que  publia,  en  1723, 
cet  Écossais  converti.  On  ne  peut  s'empêcher  de 
citer  au  nombre  des  personnes  qui  recherchè- 
rent les  entretiens  de  l'illustre  prélat  le  maré- 
chal de  Munich,  fait  prisonnier  à  la  bataille  de 
Deuaiu  et  fameux  par  ses  campagnes  de  Crimée, 
et  Jacques  III,  plus  connu  sous  le  titre  de  che- 
valier de  Saint-Georges.  Les  lignes  suivantes 
de  Saint-Simon  expliquent  l'empressement  qu'on 
mettait  à  le  voir  et  à  l'entendre  :  «  On  ne  pou- 
vait le  quitter,  dit-il,  ni  s'en  défendre,  ni  ne 
pas  chercher  à  le  retrouver.  »  Ce  n'est  pas  seu- 
lement à  Cambray  et  directement  qu'on  le  con- 
sultait sur  toutes  sortes  de  questions  déhcates 
et  principalement  sui-  les  voies  qui  conduisent 
à  la  perièction.  Sa  cUentèle  était  nombreuse  ;  il 
nous  reste  beaucoup  de  lettres  écrites  à  ses  cor- 
respomlants,  remplies  dérègles  de  conduite  aussi 
simples  que  raisonnables.  Réunies  sous  le  titre 


334 


de  Lettres  spirituelles ,  elles  viennent  d'être 
éditées  de  nouveau  par  les  soins  de  M.  de  Sacy, 
qui  les  a  fait  précéder  d'une  préface  excellente. 
Les  controverses  religieuses  étaient  fréquentes 
au  dix-septième  siècle.  La  plus  considérable  de 
toutes  fut  celle  qui  occasionna  la  propagation 
en  France,  par  l'abbé  de  Saint-Cyran,  des  opi- 
nions sur  la  grâce  contenues  dans  un  livre  inti- 
tulé Aiigustinus ,  et  qui  avait  pour  auteur  Jan- 
senius ,  évêque  d'Ypres.  Après  la  signature  d'un 
formulaire  dressé  dans  le  but  d'obtenir  une  adhé- 
sion expresse  du  corps  épiscopal  français  à  la 
condamnation  de  cinq  propositions  extraites  du 
livre  de  Jansenius  prononcée  par  plusieurs  sou- 
verains pontifes ,  la  paix  régna  dans  l'Église  pen- 
dant trente-quatre  ans.  La  soumission  ne  fut 
pas  d'abord  générale  ni  sans  réserves.  Ce  n'est 
qu'à  la  suite  de  contestations  subtiles  et  ani- 
mées que  les  récalcitrants  se  rendirent,  et  encore 
quelques-uns  ne  souscrivirent  pas  sincèrement 
à  l'acte  émané  du  saint-siége.  L'acceptation  n'en 
fut  pas  demandée  seulement  aux  évêques ,  les 
ecclésiastiques  séculiers  et  réguhers  et  même 
les  religieuses  et  les  instituteurs  de  la  jeunesse 
durent  également  la  donner.  On  connaît  la  résis- 
tance opiniâtre  des  religieuses  de  Port-Royal,  dont 
l'archevêque  de  Paiis  de  Péréfixe  a  dit  avec  raison 
«  qu'elles  étaient  pures  comme  des  anges  et  or- 
gueilleuses comme  des  démons  ».  Pour  concilier 
l'obéissance  due  par  tout  catholique  aux  juge- 
ments réguliers  de  la  cour  pontificale  avec  les  sen- 
timents sm'  la  grâce  qu'ils  voulaient  conserver, 
les  jansénistes  imaginèrent  plusieurs  subterfuges  à 
l'aide  desquels  ils  cherchèrent  à  éluder  la  sen- 
tence qui  les  frappait.  La  distinction  du  droit  et  du 
fait,  le  silence  respectueux,  etc.,  ne  furent  que 
des  moyens  artificieux  employés  par  cette  secte 
pour  paraître  orthodoxes  et  enfants  soumis  de 
l'Église.  Fénelon  ne  fut  pas  mêlé  à  cette  contro- 
verse pendant  la  première  phase ,  qui  s'arrêta  à 
1669,  époque  de  la  pacification  connue  sous  le 
nom  à^paix  de  Clément  XI.  Mais  quand  la  guen'e 
se  ralluma,  en  1702,  par  la  publication  d'un  livre 
intitulé  Le  Cas  de  Conscience ,  l'archevêque  de 
Cambray  fut  un  des  premiers  à  signaler  le  dan- 
ger et  à  réfuter  les  erreurs  qu'on  voulait  répandre 
de  nouveau.  Il  démontre  très-bien  que  le  sys- 
tème qu'on  veut  faire  revivre  ébranle  tous  les 
jugements  de  l'Église ,  et  que  s'il  était  adopté,  il 
n'y  a  pas  d'hérétique  qui  ne  pût  se  soustraire 
aux  anathèmes  de  l'Église.  Fénelon  revient  plu- 
sieurs fois  sur  les  procédés  captieux  des  jansé- 
nistes; il  s'attache  à  dévoiler  les  ruses  et  les 
pièges  cachés  sous  leur  protestation  d'obéissance. 
Il  fait  voir  surtout  combien  le  silence  respec- 
tueux favorise  l'hypocrisie,  le  parjure  et  mênie 
les  restrictions  mentales ,  dont  ils  avaient  fait 
la  matière  de  tant  de  plaisanteries  contre  leurs 
ennemis  les  Jésuites.  La  part  que  prit  Fénelon 
dans  cette  seconde  période  de  la  controverse 
nous  montre  ce  prélat  animé  d'un  grand  zèle 
pour  les  intérêts  de  l'Église,  qui   se  trouvait 


335 


FÉNELON 


336 


alors  menacée  d'un  schisme.  Mais ,  avant  de  re- 
tracer les  faits  principaux  dans  lesquels  inter- 
vint l'archevêque  de  Cambray,  il  convient  de 
faire  connaître  les  principes  sur  lesquels  repose 
le  système  de  Jansenius.  Ces  principes  ayant  été 
parfaitement  exposés  par  i'abbé  Gosselin,  qui 
a  fait  une  étude  approfondie  du  jansénisme , 
nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  les  transcrire 
àeï Histoire  littéraire  des  Œuvres  deFénelon, 
où  nous  les  avons  trouvés.  Ils  sont  au  nombre 
de  quatre  :  «  1"  La  volonté  humaine,  parle  péché 
d'Adam ,  a  perdu  son  libre  arbitre ,  c'est-à-dire 
la  force  de  se  déterminer  à  son  gré  au  bien  ou 
au  mal  ;  2°  le  libre  arbitre ,  perdu  par  le  péché 
d'Adam,  a  été  remplacé  par  deux  délectations  : 
l'une  terrestre,  qui  porte  au  mal,  l'autre  céleste, 
qui  porte  au  bien  ;  3°  ces  deux  délectations  agis- 
sent l'une  sur  l'autre  par  degrés ,  de  sorte  que 
la  délectation  supérieure  l'emporte  nécessaire- 
ment sur  l'autre,  comme  le  plus  fort  poids  d'une 
balance  enlève  nécessairement  le  plus  léger; 
4"  La  nécessité  où  se  trouve  la  volonté  de  suivre 
la  délectation  supérieure  n'est  pas  une  nécessité 
absolue  et  immuable,  mais  une  nécessité  re- 
lative aux  circonstances;  c'est-à-dire,  par 
exemple,  que  la  volonté  se  trouvant  actuelle- 
ment sollicitée  au  mal  par  la  délectation  supé- 
rieure ,  ne  peut  en  ce  moment  faire  le  bien , 
quoiqu'elle  le  pût  en  d'autres  circonstances  où 
les  degrés  de  la  délectation  terrestre  seraient 
inférieurs  à  ceux  de  la  délectation  céleste. 
C'est  en  ce  sens  que  l'évêque  d'Ypres  et  ses 
partisans  donnent  à  la  délectation  supérieure 
en  degré  le  nom  de  délectation  victorieuse,  » 
On  comprend  à  quelles  conséquences  désastreu- 
ses pour  la  morale  peut  entraîner  une  pareille 
doctrine  ,  qui  enlève  à  l'homme  son  libre  arbitre 
et  en  fait  dès  lors  un  être  irresponsable.  L'Église, 
qui  avait  condamné  des  erreurs  analogues  dans 
Luther  et  dans  Calvin,  ne  pouvait  se  taire  en 
présence  des  nouveaux  hérétiques.  On  a  vu  plus 
haut  que  la  lutte,  longtemps  assoupie,  se  réveilla 
à  l'occasion  d'un  livre  qui  portait  pour  titre  Cas 
de  Conscience.  Louis  XIV,  très-hostile  aux  jan- 
sénistes, qui  lui  paraissaient  dangereux  non-seu- 
lement comme  fauteurs  d'hérésie,  mais  aussi 
comme  étant  peu  dociles  à  l'autorité  politique , 
demanda  au  pape  une  bulle  qui  mît  un  terme 
aux  factieuses  contentions  qui  venaient  de  se 
renouveler.  Fénelon  écrivit  à  ceteffet  un  Mémoire 
dans  lequel  il  fit  ressortir  la  nécessité  de  définir 
l'infaillibilité  de  l'Église  dans  le  jugement  qu'elle 
porte  sur  des  textes  dogmatiques  et  d'exiger  de 
tous  les  fidèles  une  adhésion  intérieure  et  ab- 
solue à  cette  définition.  Ce  Mémoire  fut  mis  sous 
les  yeux  du  souverain  pontife  par  le  cardinal 
Gabrielli,  à  qui  l'archevêque  de  Cambray  l'avait 
adressé,  et  on  reconnaît  en  Usant  la  bulle  Vi- 
neam  Domini,  par  laquelle  Clément  XI  condamne 
les  nouvelles  erreurs,  qu'il  a  tenu  compte  des 
recommandations  de  Fénelon.  Les  sentiments 
de  l'archevêque  de  Cambray  sur  l'infaillibilité  de 


l'Église  le  conduisirent  à  exposer  dans  une  dis- 
sertation latine  l'opinion  qu'il  s'était  formée  sur 
l'autorité  du  souverain  pontife,  et  principale- 
ment sur  les  questions  agitées  dans  la  célèbre 
assemblée  de  1682.  Il  n'admit  dans  cette  disser- 
tation qu'avec  d'importantes  modifications  la 
doctrine  des  théologiens  ultramontains  sur  l'in- 
faillibilité du  souverain  pontife.  Il  ;  explique  aussi 
dans  cet  écrit,  extrêmement  remarquable,  la 
conduite  des  papes  qui  ont  autrefois  déposé 
des  princes  temporels.  Cette  question,  très-agitée 
à  différentes  époques  et  que  la  passion  a  singu- 
lièrement envenimée,  a  reçu  de  Fénelon  des 
éclaircissements  qui  ont  mis  sur  la  voie  d'une 
véritable  solution.  A  ses  yeux  la  puissance  spi- 
rituelle ne  possède ,  ni  par  sa  nature  ni  par  son 
institution,  aucun  pouvoir  de  juridiction  sur  les 
princes  dans  l'ordre  temporel,  et  elle  n'exerçait 
pas  un  pouvoir  civil  ei  juridique ,  mais  un  pou- 
voir purement  direct  if  et  ordinal  if ,  c'est-à-dire 
la  faculté  d'interpréter  le  serment  de  fidélité  et 
d'apprendre  aux  peuples  les  obUgations  de  cons- 
cience qui  en  résultent.  Quesnel ,  à  la  mort  d'Ar- 
nauld,  étant  devenu  le  chef  des  jansénistes, 
Fénelon  lui  écrivit  dans  l'intention  d'apaiser  cet 
esprit  inquiet  et  turbulent.  Ce  fut  en  vain.  La 
dispute  continua;  elle  engendra  une  multitude 
d'écrits  qu'il  serait  impossible  de  citer  ici.  Fé- 
nelon en  publia  plusieurs,  entre  autres  une  Ins- 
truction  pastorale ,  qui  eut  ua  grand  succès. 
Elle  fut  louée  avec  beaucoup  de  feu  et  d'esprit 
par  Houdard  de  La  Motte,  ce  malencontreux 
correcteur  d'Homère.  L'archevêque  de  Cambray 
ne  devait  pas  voir  la  fin  de  cette  controverse. 
Le  cardinal  de  Noailles ,  archevêque  de  Paris , 
qui  avait  donné  son  approbation  à  l'ouvrage  de 
Quesnel  intitulé  Réflexions  morales,  etc. ,  ayant 
persisté  dans  sa  résolution  de  ne  la  point  retirer, 
il  en  résulta  de  nombreux  démêlés,  où  nous  ne 
voulons  point  entrer.  Ce  prélat,  d'un  caractère 
très-irrésolu ,  montra  dans  toute  cette  affaire 
qu'il  n'était  que  l'instrument  du  parti,  et  quoi- 
qu'il fût  naturellement  doux  et  très-versatile , 
rien  ne  put  le  fléchir,  ni  les  instances  de 
Louis  XIV  ni  les  prières  de  M"^  de  Maintenon. 
Il  alla  même  jusqu'à  défendre  dans  un  mande- 
ment l'acceptation  de  la  bulle  Vnigenitus,  qui 
avait  condamné  le  livre  de  Quesnel.  Peu  de  temps 
avantde  mourir,  Fénelon  écrivit  un  Mémoire  où 
se  trouvent  exposés  les  moyens  de  rigueur  qu'on 
pouvait  employer  contre  le  cardinal  de  Noailles 
et  les  autres  prélats  qui  s'étaient  associés  à  son  op- 
position. La  voie  d'un  concile  national  lui  sembla 
préférable,  et  il  paraît  que  Louis  XIV  fut  de  cet 
avis,  car  il  envoya  à  Rome  le  marquis  de  Gour- 
nay  pour  s'entendre  avec  le  pape  dans  le  but  de 
convoquer  cette  assemblée  ecclésiastique.  Mais 
la  négociation  ayant  éprouvé  de  longs  retards 
et  le  roi  étant  mort  dans  l'intervalle,  la  face  des 
choses  changea  entièrement. 

Toutes  ces  controverses  et  les  soins  qu'il  don- 
nait à  son  diocèse  n'épuisèrent  point  l'activité 


537 


FÉNELON 


338 


de  sott  esprit.  On  doit  à  sa  plume  féconde  et 
brillante  un  grand  nombre  d'écrits  politiques , 
presque  tous  destinés  au  duc  de  Bourgogne  et 
que  ce  prince,  depuis  la  disgrâce  de  son  précep- 
teur, ne  recevait  que  par  des  intermédiaires 
Fénelon ,  dans  ces  opuscules ,  n'habite  plus  les 
régions  de  l'Empyrée  où  son  imagination  se  com- 
1  plaisait  naguère  ;  il  est  descendu  sur  la  terre , 
et  voit  les  choses  humaines  de  plus  près.  Son 
Examen  de  Conscience  sur  les  devoirs  de  la 
royauté  renferme  beaucoup  de  vues  très-judi- 
cieuses et  des  observations  pleines  de  finesse  et 
i  de  sagacité.  Lors  des  calamité*  qui  suivirent  la 
guerre  de  la  succession  d'Espagne ,  qui  a  inspiré 
à  Fénelon  plusieurs  Mémoires  très-instructifs, 
l'archevêque  de  Cambray  proposa  la  convoca- 
tion d'une  assemblée  de  Notables.  S'adresser 
à  la  nation  dans  un  moment  où  elle  était  acca- 
blée  lui  paraissait  le  moyen  le  plus  efficace 
pour  sortir  d'une  situation  désespérée.  Un  pa- 
reil remède  ne  pouvait  être  goûté  de  Louis  XIV, 
qui  n'aurait  jamais  consenti  à  l'amoindrissement 
du  pouvoir  royal.  Un  peu  plus  tard,  dans  un 
Plan  de  Gouvernement ,  dressé  en  vue  de 
servir  à  son  ancien  élève,  que  la  mort  du  dau- 
phin faisait  héritier  du  trône ,  Fénelon  proposa 
l'institution  d'États  provinciaux  et  d'États 
généraux.  Ce  prélat  tenait  beaucoup  à  ces  as- 
semblées, qu'il  considérait  comme  nn  tempéra- 
ment utile  dans  un  gouvernement  absolu  ;  tou- 
tefois ,  il  voulait  qu'ils  fussent  des  conseils  de  la 
royauté  et  non  des  coparticipants  de  la  puis- 
sance publique.  Sur  l'étendue  du  pouvoir  royal, 
il  avait  les  mêmes  idées  que  presque  tous  les 
publicistesde  son  temps.  Comme  Bossuet,  il  pen- 
sait que  l'autorité  du  roi  n'admet  aucun  juge  qui 
lui  soit  supérieur,  et  que  les  sujets  n'ont  aucune 
force  coactive  contre  elle.  Il  condamnait  donc 
toute  espèce  de  révoltes  et  d'insurrections.  Le 
Plan  de  Gouvernement  est  remarquable  dans 
beaucoup  de  parties;  il  suppose  chez  l'auteur  des 
connaissances  très-variées  et  des  études  spéciales 
sur  toutes  les  branches  de  l'administration.  Sans 
doute,  parmi  les  nombreuses  réformes  qu'il  in- 
dique ,  on  pourrait  facilement  en  découvrir  quel- 
ques-unes qui  ne  seraient  point  déplacées  dans 
le  Télémaque;  mais  il  est  juste  de  reconnaître 
que  l'inspiration  générale  est  toujours  élevée  et 
digne  du  grand  esprit  de  l'auteur.  Il  est  un  des 
rares  écrivains  du  dix-septième  siècle  qui  aient 
songé  aux  intérêts  du  peuple.  Si  c'était  une  chi- 
mère au  temps  de  Louis  XIV ,  elle  était  au  moins 
noble  et  généreuse.  Après  la  mort  inopinée  du 
duc  de  Bourgogne,  Fénelon  dut  perdre  toute 
espérance  de  voir  se  réaliser  les  idées  politiques 
qu'il  caressait  depuis  longtemps.  Nonobstant,  il 
ne  crut  pas  devoir  se  taire  dans  les  conjonctures 
difficiles  où  se  trouvait  alors  la  France.  11  écrivit 
plusieurs  Mémoires,  où  l'on  remarque ,  entre 
autres  projets ,  celui  de  fonder  un  conseil  de 
régence  cjui  fonctionnerait  sous  l'œil  exercé  de 
'  Louis  XIV,  et  qui  après  la  mort  de  ce  monarque. 


alors  très-vieux,  pourrait  faire  traverser  sans 
secousses  les  années  de  minorité  du  jeune  prince 
à  qui  devait  échoir  le  gouvernement  du  royaume. 
Ce  projet ,  on  le  pense  bien ,  ne  fut  point  ac- 
cueilli. 

En  même  temps  qu'il  écrivait  tous  les  opus- 
cules politiques  qui  viennent  d'être  mentionnés, 
Fénelon  s'occupait  de  travaux  littéraires  et  phi- 
losophiques, dont  il  nous  reste  à  parler.  Da- 
cier,  au  nom  de  l'Académie  Française,  dontil  était 
le  secrétaire  perpétuel ,  ayant  prié  l'archevêque 
de  Cambray  de  lui  communiquer  ses  vues  sur 
le  plan  que  devait  suivre  l'illustre  compagnie 
dans  la  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  qui  se 
préparait  alors ,  Fénelon  écrivit  cette  Lettre  à 
l'Académie  que  tout  le  monde  a  lue  et  qui  a  été 
justement  vantée  par  les  meilleurs  critiques. 
On  y  sent  partout  le  souffle  d'un  génie  heureux 
et  nourri  des  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité.  11 
ne  se  borne  pas  à  des  conseils  sur  la  manière  de 
composer  un  dictionnaire ,  il  voudrait  que  l'Aca- 
démie s'occupât  également  d'une  grammaire, 
d'une  poétique  et  d'un  traité  sur  l'histoire.  La 
partie  qui  concerne  la  poétique  est  toute  parfu- 
mée des  senteurs  de  la  muse  virgilienne.  Il  dit 
anathème  à  ceux  qui  restej'aient  froids  en  en- 
tendant ces  vers  du  poète  de  Mantoue  : 

Fortunate  senex  ,  hicinter  flumina  nota 
Et  foules  sacros  ,  frlgus  captabis  opacuin. 

Ce  n'est  pas  que  Fénelon  eût  pour  les  grands 
écrivains  de  l'antiquité  cette  admiration  outrée 
et  ce  culte  superstitieux  que  beaucoup  de  ses 
confrères  à  l'Académie  professaient  alors;  il 
savait  aussi  goûter  les  modernes ,  et  il  no  crai- 
gnit point  de  louer  le  mérite  de  ces  derniers.  Il 
resta  donc  neutre  dans  la  querelle  que  fit  naître 
l'attaque  de  Perrault  contre  les  anciens ,  qu'il  ne 
connaissait  guère.  Pendant  que  l'Académie  le 
consultait  sur  ses  travaux  lexicographiques,  le 
duc  d'Orléans,  futur  régent  du  royaume,  lui 
témoignait  le  désir  d'entrer  en  correspondance 
sur  certaines  questions  philosophiques.  La  pre- 
mière partie  du  Traité  de  l'Existence  de  Dieu, 
la  seule  qui  parut  du  vivant  de  l'auteur  et  à  son 
insu,  venait  d'être  publiée.  Le  succès  de  ce  livre 
fut  très-grand.  Un  juge  compétent,  Leibnilz , 
dans  une  lettre  écrite  en  17t2,  à  Grimaret,  en 
parle  en  ces  termes  :  «  J'ai  lu  avec  plaisir  le  beau 
livre  de  M.  de  Cambray  sur  l'Existence  de  Dieu. 
Il  est  fort  propre  à  toucher  les  esprits,  etc.  » 
Pour  déférer  au  vœu  du  prince,  Fénelon  exposa, 
dans  trois  Lettres  que  nous  avons,  les  meilleurs 
arguments  rationnels  sur  lesquels  peuvent  être 
établis  le  culte  de  la  divinité,  l'immortalité  de 
l'âme  et  le  libre  arbitre.  Ces  trois  points  de  phi- 
losophie sont  ceux  au  sujet  desquels  le  duc  d'Or- 
léans avait  demandé  des  explications.  Ce  n'était 
point  une  règle  de  doctrine  qu'il  voulait;  cette 
discussion  devait  rester  étrangère  à  tous  les  té- 
moignages et  à  toutes  les  autorités  d'une  révéla- 
tion positive.  Ne  reconnaissant  que  l'existence 
de  Dieu ,  tous  les  raisonnements  devaient  de- 


339 


FENELON 


310 


couler  de  ce  seul  principe  fondamental.  Mais  ces 
Lettres  ne  traitant  que  des  dogmes  de  îa  religion 
naturelle ,  Fénelon  jugea  à  propos  «l'en  écrire 
d'autres  sur  la  véiHté  de  la  religion  chrétienne 
et  sur  Vautorité  de  VEglise  catholique,  aux- 
quelles plusieurs  théologiens  postérieurs  ont  fait 
quelques  emprunts. 

Fénelon,  sentant  que  son  dernier  jour  appro- 
chait, écrivit  à  Louis  XIV  pour  lui  recommander, 
entre  autres  choses,  de  choisir  pour  le  remplace!- 
un  prélat  dont  les  opinions  sur  la  matière  du  jan- 
sénisme fussent  notoires  et  solides.  Les  partisans 
de  cette  secte  étaient  nombreux  dans  son  diocèse, 
et  il  était  urgent  d'arrêter  la  propagande  des  nou- 
veaux hérétiques.  Deux  jours  avant  de  rendre  son 
àrae  à  Dieu,  il  rédigea  son  testament,  dans  lequel 
il  renouvelle  sa  parfaite  soumission  au  siège 
apostolique.  En  apprenant  sa  mort.  Clément  XI 
parut  regretter  de  ne  l'avoir  point  fait  cardinal, 
par  condescendance  pour  Louis  XIV.  Sur  le 
mausolée  que  fit  ériger  le  marquis  de  Fénelon, 
on  Usait  une  longue  épitaphe  latine  composée  par 
le  P.  Sanadon,  que  D'Alembert  a  trouvée  froide. 
Dans  celle  que  ce  savant  avait  proposée,  on  lit 
cette  phrase  recherchée  :  «  Sous  cette  pieri-e 
repose  Fénelon  :  Passant ,  n'efface  pas  par  tes 
pleurs  cette  épitaphe,  afin  que  d'autres  la  lisent 
et  pleurent  comme  toi.  "  Les  restes  de  ce  prélat 
trouvèrent  grâce  devant  les  révolutionnaires. 
Tirées  de  son  cercueil,  ses  dépouilles  mortelles 
furent  replacées  dans  le  caveau  où  elles  avaient 
été  déposées.  Un  monument  funéraire  en  l'hon- 
neur de  Fénelon  fut  élevé  en  1824  aux  frais  de  la 
ville  de  Cambray.  Onle  voit  aujourd'hui  dans  une 
chapelle  de  la  cathédrale.  Il  convientde  donner  ici 
quelques  traits  du  portrait  qu'en  a  tracé  le  duc 
de  Saint-Simon  :  «  Ce  prélat,  dit-il,  était  un  grand 
homme  maigre,  bien  fait,  avec  un  grand  nez, 
des  yeux  dont  le  feu  et  l'esprit  sortaient  comme 
un  torrent,  et  une  physionomie  telle  que  je  n'en 
ai  vu  qui  y  ressemblât ,  et  qui  ne  pouvait  s'ou- 
bher,  quand  on  ne  l'aurait  vue  qu'une  fois.  Llie 
rassemblait  tout,  et  les  contraires  ne  s'y  com- 
battaient point  ;  elle  avait  de  la  gravité  et  de 
l'agi'ément,  du  sérieux  et  de  la  gaieté;  elle  sen- 
tait également  le  docteur ,  l'évèque  et  le  grand 
seigneur,  etc.  » 

Les  qualités  les  plus  saillantes  du  caractère  de 
Fénelon  furent  la  douceur  et  la  dignité.  Cette 
dernière ,  poussée  un  peu  loin  dans  certaines 
circonstances ,  a  fait  croire  à  beaucoup  de  per- 
sonnes qu'il  était  fier.  Comme  la  plupart  des 
nobles  du  dix-septième  siècle,  il  avait  à  un  très- 
haut  degré  le  préjugé  de  la  naissance,  et  si  chez 
lui  le  grand  seigneur  se  monti'ait  toujours,  ce  n'é- 
tait jamais  avec  ces  formes  hautaines  et  bles- 
santes qui  rendent  odieux  et  haïssable.  Au  con- 
traire, par  raffabilitc  de  son  ton  et  l'aménité  de 
ses  manières,  il  se  concilia  l'affection  de  tous 
ceux  qui  eurent  des  rapports  avec  lui. 

La  vie  de  ce  prélat  a  été  singulièrement  défi- 
gurée dans  certaines  notices  biographiques.  Les 


protestants  d'abord,  par  haine  pour  le  saint- 
siége  et  pour  Bossuet,  ont  altéré  son  caractère 
et  travesti  ses  opinions;  les  philosophes  du  der- 
nier siècle,  principalement  les  écrivains  ency- 
clopédistes, en  ont  fait  ensuite  une  espèce  de  libre 
penseur  et  un  philanthrope.  La  charité  de  Fé- 
nelon était  grande  assurément,  mais  elle  ne  res- 
semblait point  à  cette  bienfaisance  vague  et  ad- 
ministrative à  laquelle  ou  a  donné  le  nom  de 
philanthropie.  Quant  à  son  affiliation  à  la  secte 
nombreuse  |^Qà  libres  i>enseurs,  sa  piété  pro- 
fonde et  son  obéissance  absolue  aux  décrets  de 
l'Église  protestent  suffisamment  contre  cette 
prétention,  Enfin,  les  républicains  qui  ont  ménagé 
ses  dépouilles  étaient  sous  i'iniluence  d'une  sin- 
gulière illusion  en  croyant  que  Fénelon  avait  été 
un  ennemi  de  la  royauté. 

Les  Œuvres  de  Fénelon  ne  sont  complètes 
que  dans  l'édition  de  Versailles ,  34  vol.  in-S" , 
commencée  à  Versailles  en  1S20,  chez  Lebel,  et 
terminée  à  Paris  en  1830,  chez  Leclerc.  L'édition 
de  Besançon  (1830,  27  vol.  in-8")  comprend  à 
peine  la  moitié  de  la  correspondance.  En  1782 
l'assemblée  du  clergé  de  France  décida  qu'elle 
avancerait  40,000  livres  à  l'abbé  Gallard,  qui  de- 
vait diriger  une  édition  des  Œuvres  de  Fénelon. 
Cet  hommage  public  rendu  à  la  mémoire  de  ce 
grand  prélat  ne  reçut  pas  son  accomplissement 
total.  Le  P.  de  Querbeuf,  qui  fut  chargé  de  pour- 
suivre cette  œuvre ,  retrancha  un  grand  nombre 
d'écrits ,  paiticulièrement  ceux  relatifs  au  qiiié- 
tisme  et  au  jansénisme.  On  a  publié  également 
beaucoup  d'éditions  A' Œuvres  choisies  de  Féne- 
lon; la  meilleure  est  celle  qu'a  donnée  la  maison 
Périsse  frères  en  1842,  4  vol.  grand  in-S".  A.  R. 

Le  chevalier  (le  Rarasay,  Fie  de  Fénelon.  —  Le  marquis 
de  Fénelon,  Abrégé  de  la  Fie  du  même.  —  Le  P.  de 
Querbeuf,  Fie  du  même.  —  Le  cardinal  de  Bautrel,  His- 
toire de  fénelon,  etc.;  4  vol.  in-8".  —  Le  chancelier  cl'A- 
guesseau,  3Iémnires.  —  Saint-Simon,  Mémoires.  -• 
L'abbé  Gosselin,  directeur  au  séminaire  de  Saint-Sulpice, 
Histoire  littéraire  de  Fénelon,  on  revue  historique  et 
analytique  de  ses  œuvres  ;  1S43, 1  vol.  in-S". 

FÉNELON  (  Gabriel-Jacques  de  Salignàc  , 
marquis  de  La  Mothe-),  général  et  diplomate  fran- 
çais, neveu  du  précédent,  né  en  1688,  tué  à  Rau- 
coux,  le  11  octobre  1746.  Il  avait  épousé,  en 
décembre  1721,  M"""  Le  Pelletier,  fut  nommé  en 
mai  1724  ambassadeur  en  Hollande,  et  à  la  fin 
d'août  1727  il  représenta  la  France  au  congrès  de 
Soissons.  Il  s'y  fit  remarquer  par  son  esprit  con- 
ciliant ,  et  réussit  à  conclure  avec  les  États  de 
Hollande  un  traité  de  neutralité  (4  novembre 
1733).  11  obtint  en  récompense  le  titre  de  con- 
seiller d'État  d'épée,  et  fut  nommé  chevalier  des 
ordres  du  roi.  Devenu  lieutenant  général  en  1738^ 
il  servait  sous  les  ordres  du  maréchal  de  Saxe, 
lorsqu'il  fut  tué  par  un  boulet  à  la  bataille  de 
Raucoux ,  gagnée  sur  les  bords  de  la  Meuse  par 
les  Français  contre  les  Anglais ,  les  Autrichiens , 
les  Hanovrienset  les  Hollandais,  commandés  par 
le  prince  Charles  de  Lorraine.  On  a  du  marquis 
de  Fénelon  des  3'Iémoires  diplomatiques,  con- 
tenant les  diverses  missions  dont  il  a  été  chargé. 


3^1  FÉTŒLON 

11  a  publié  la  première  édition  complète  des 
Aventures  de  Télémaqtie,  avec  xxn&ÉpUre  dé- 
(licatoire;  Paris,  Delaulne,  1717,  2  vol.  in-12; 
cotte  édition  est  recherchée. 

Sahuguet  d'Espagniic,  Hist.  dit  Maréchal  de  Saxe, 
liv.  IX,  2SS-309- —  Maurice,  maréchal  de  S&xe,  Lettres 
et'jllém.,  III,  S49.  —  Voltaire,  Siècle  de  Louis  Xr , 
ch.  XVIII. 

FÉNELON  {François- Louis  de  Salignac, 
marquis  de  La  Mothe-),  littérateur  français, 
fils  du  précédent,  né  en  1722,  mort  vers  1780. 
Il  était  capitaine  de  cavalerie  et  chevalier  de 
Saint-Louis.  On  a  de  lui  :  Alexandre,  tragédie; 
Paris,  1761,  in-S";  —  Nouvelle  Histoire  de 
messire  F.  de  Salignac  de  La  Mothe-Féne- 
lon ,  archevêque-duc  de  Cambray  ;  La  Haye , 
1747,  in-8°.  C'est  une  réimpression  du  Récit 
abrégé  de  la  Vie  de  Fénelon. 

La  France  litt. 

FENESTELLA. ,  historien  romain ,  né  en  49 
avant  J.-C,  mort  l'an  21  de  l'ère  chrétienne.  Il 
paraît  avoir  joui  chez  les  anciens  de  beaucoup 
de  célébrité.  Son  grand  ouvrage,  intitulé  ;  An- 
nales, souvent  cité  par  Asconius,  Pline ,  Aulu- 
Celle  et  autres,  comprenait  au  moins  vingt-deux 
livies.  Il  contenait  un  récit  minutieux,  mais 
souvent  inexact,  des  affaires  intérieures  de  Rome. 
Les  rares  fragments  qui  nous  restent  de  cette 
composition  se  rapportent  exclusivement  à  des 
événements  postérieurs  aux  guerres  puniques. 
On  ignore  si  le  récit  de  Fenestelia  s'étendait  de- 
puis la  fondation  de  Rome  jusqu'à  la  chute  de  la 
république,  ou  s'il  comprenait  seulement  une 
portion  de  cette  vaste  période  ;  nous  savons  du 
moins  qu'il  embrassait  la  plus  grande  partie  de 
la  carrière  de  Ciiéron.  Outre  les  Annales, 
Diomède  cite  encore  «  Fenestellam  in  libro  lipi- 
tomarum  secundo;  »  mais  cet  Epilome  de  Fe- 
nestelia n'est  mentionné  nulle  part  ailleurs.  Saint 
Jérôme  parle  de  Garmina  Fenestelia.  Quant  aux 
Archaica  attribuées  à  Fenestelia  dans  quelques 
éditions  de  Fulgentius,  si  un  pareil  ouvrage  a 
jamais  existé ,  c'était  probablement  l'œuvre  de 
quelque  écrivain  d'une  époque  bien  postérieure. 

Un  traité  De  Sacerdotiis  et  Magistratibus 
Ronianorum  Libri  II,  publié  à  Vienne,  en  1510, 
sous  le  nom  de  Fenestelia,  et  souvent  réim- 
primé, est  en  réalité  la  production  de  Andréa  Do- 
menico  Fiocchi ,  juriste  llorentin  du  quatorzième 
siècle  {voir  ce  nom). 

Pline,  Hist.  Nat.,  VIII,  7;   IX,  17,35;  XV,  1;  XXX,  11. 

—  Senèquc,  Epist.,  108.  —  Suétone,  Fit.  Terent.  — 
Aulu-Gelle,  XV,  28.  —  Lactancc,  De  falsa  Beligione, 
I,  6.  —  Saint  Jérôme,  In  Euseb.  Chron.,  Olym.  CXCIX. 

—  Diomède,  p.  3C1,  éd.  Putsch.  —  Nonius  Marcellus,  aux 
mots  Prœsente;  Reticulum;  Rumor.  —  Madrig,  De  As- 
con.  Pcd.,  p.  04.. 

*  FÉNÉTiiANGES  {Bernard  de),  guerrier 
lorrain,  vivait  en  1336.  U  avait  une  grande  répu- 
tation de  courage  parmi  les  plus  hardis  chevaliers 
de  ce  siècle  belliqueux.  .Jean,  roi  de  France, 
ayant  été  fait  prisonnier  à  Poitiers  par  les  An- 
glais, Charles,  son  fils,  duc  de  Normandie  et 
régent  durant  la  captivité  de  son  père ,  acheta  les 


—  FENm 


342 


secours  de  Bernard  de  Fénétranges ,  moyennant 
une  somme  d'argent  considérable.  Fénétranges 
entra  aussitôt  en  Champagne,  accompagné  de 
cinquante  chevaliers  et  de  cinq  cents  hommes 
d'armes  qu'il  avait  à  ses  gages.  Il  se  joignit  aux 
troupes  françaises,  attaqua  Eustache  d'Auber- 
ticourt ,  chevaher  du  Hainaut ,  qui  commandait 
les  Anglais,  et  le  battit  près  de  Nogent-sur-Seine. 
Poursuivant  activement  son  succès ,  il  expulsa 
les  ennemis  de  toute  la  Champagne.  Ayant  ainsi 
rempli  ses  engagements ,  Fénétranges  réclama 
au  duc  Charles  trente  mille  livres  qui  lui  res- 
taient dues.  Ciiarles  éluda  le  payement.  Féné- 
tranges, furieux  de  cette  fourberie ,  envoya  dé- 
fier le  prince  a  un  combat  singulier;  il  se  saisit 
en  même  temps  de  Bar-sur-Seine,  qu'il  mit  au 
pillage ,  fit  cinq  cents  prisonniers  et  commit  plur 
sieurs  dégâts  en  Champagne.  Charles,  pour  ar- 
rêter ces  désordres,  se  décida  à  payer  ce  qu'il 
avait  promis. 

Mènerai,  Jbréçé  de  l'histoire  de  France.  —  Dora  Cal- 
met,  Bibliothèque  de  Lorraine. 

FENILLE.  Voyez  Varenne. 

*  FÉNiw  {Pierre  de)  ,  gentilhomme  artésien, 
né  au  quatorzième  siècle,  mort  à  Arras,  le  5  juin 
1433.  Il  fut  marié  à  Marguerite  de  Marne,  dont  il 
était  veuf  en  1410.  Vers  cette  époque  il  remplît 
l'office  de  pannetier  auprès  du  roi  Charles  VI,  qui 
le  fit,  par  lettres  du  18  février  1412  (nouv.  style), 
chevalier  de  la  Cosse  de  Genêt.  Il  fut  ensuite 
garde  du  scel  de  la  prévoté  de  Beauchêne,  poste 
qu'il  occupait  encore  en  septembre  1421.11  de- 
vint en  1424  prévôt  d'Arras,  et  y  mourut.  Pierre 
de  Fénin  a  été  longtemps  regardé  comme  l'aiî- 
teur  d'une  chronique  connue  sous  son  nom 
{voyez  l'arricie  suivant. )  V.  de  V. 

*  FÉNUN  {Pierre  de),  chroniqueur  français, 
fils  du  précédent,  né  dans  l'Artois,  mort  en 
1506.  La  chronique  qu'il  a  laissée  avait  été  jus- 
que aujourd'hui  attribuée  à  son  père;  c'est 
m"*  Dupont,  l'un  des  éditeurs  de  cette  chronique, 
qui  la  première  a  signalé  cette  méprise  (1).  On 
ne  connaît  de  la  vie  du  chroniqueur  que  son  épË- 
taphe,  conservée  dans  le  recueil  de  Jean  de  Pitr 
pance  :  «  Cy-gist  Piei-re  de  Fenin,  esq.,  sire  de 
Grincourt,  1506.  «  Son  livre  est  l'histoire  abré- 
gée de  la  terrible  lutte  des  familles  d'Orléans  et 
de  Bourgogne.  Il  complète  Monstrelet  sous  plu- 
sieurs rapports,  et  fournit  au  moraliste  quelques 
sujets  d'étude  :  cinq  éditions  en  ont  été  faites , 
dont  la  plus  soignée  est  celle  de  M"''  Dupont,  pu- 

(1)  Le  nom  de  Pierre  de  Fenin  ne  figura  peut-être  dV. 
bord  que  sur  un  ex  libris,  comme  étant  le  nom  de  l'oil 
des  possesseurs,  et  non  celui  de  l'auteur  de  cette  clironiquc. 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  Chronique  de  Fenin  p.-iraît  être  une 
compilation,  dont  le  commencement  et  la  lin  manquent. 
Elle  se  compose  de  deux  parties  :  l'une  s'étend  de  1407 
à  U22  (  On  du  règne  de  Charles  Vi);  l'autre  cmbra.ssc 
les  cinq  premières  années  de  Charles  VII.  Ces  deux 
parties  .-ionl  écrites  suivant  deux  méthodes,  rt  peut-être 
par  deux  écrivains  distincts,  r.lle  ressemble,  sous  beau- 
coup de  rapports,  pour  le  fond  et  souvent  pour  la  (orme, 
à  Monstrelet.  Ce  fragment  semble  appartenir  à  la  cla.sse 
ries  écrits  anonymes,  et  auxquels  on  ne  saurait  donner 
légitinicment  un  nom  à'aiiteur.  V.  ukV 


343 


bliée  par  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  1837, 
in-8°.  Louis  Lacour. 

D.  Godefroy,  Appendices  à  l'hist.  de  Charles  VI  par 
Juvenal  des  Ursins,  p.  445.  —  Pelitot,  Collection  de 
Mémoires,  VII,  p.  237,  etc.  —  Fenin,  Mémoires,  éd. 
Dupont,  préface. 

FENIUS   RUFUS.  Voy.  RuFDS. 

FENizER  Voy.  Fennizer. 

FEMN  (John),  antiquaire  anglais,  né  à  Nor- 
wicli,  en  novembre  1739,  mort  à  East  Dercham, 
le  14  février  1794.  Il  fut  élevé  à  Scarning  et 
à  Boresdale.  Il  vint  ensuite  étudier  à  l'univer- 
sité de  Cambridge,  où  il  fut  reçu  maître  es 
arts,  en  1764.  Il  entra  dans  la  carrière  des  em- 
plois en  devenant  membre  du  comité  de  la  paix  ; 
puis  il  remplit  les  fonctions  de  schérif  du  comté 
de  Norfolk  en  1791.  Il  fit  revivre  l'usage  d'as- 
sister eu  personne ,  comme  magistrat ,  au  sup- 
plice des  condamnés,  pour  imprimer  à  l'exécution 
plus  de  solennité.  11  s'appliqua  particulièrement 
à  l'étude  des  chroniques  et  de  l'histoire  d'An- 
gleterre. On  a  de  lui  :  Original  Letters,  written 
during  the  reigns  of  Henry  VT,  Edward  IV, 
Richard  III  and  Henry  Vil,  1787,  2  vol. 
in-4",  d'après  les  papiers  de  la  tamille  Paston , 
établie  jadis  dans  le  comté  de  Norfolk.  Deux 
autres  volumes,  dédiés  au  roi  Georges  IJI,  qui 
donna  le  titre  de  chevalier  à  l'éditeur,  parurent 
en  1789,  avec  notes  et  illustrations.  Un  cin- 
quième volume  était  annoncé  ;  mais  il  ne  paraît 
pas  qu'il  ait  vu  le  jour.  Le  recueil  de  ces  lettres 
renferme  de  curieuses  anecdotes,  relatives  non- 
seulement  au  comté  de  Norfolk ,  mais  encore  à 
tout  le  royaume.  Au  recto  de  chaque  page  se 
trouvent  les  originaux  des  pièces  citées  et  au  verso 
la  traduction  en  anglais  moderne.  Des  planches 
gravées  reproduisent  des  fac-similé  d'écritures 
et  de  cachets. 

Gentleman' s  Magaz.,  LXIV.  -Malcolm,  Granger's 
Letters. 

*  FENNACCioLi  (Thopias  ),  théologien  ita- 
lien, né  à  Ascoli,  vivait  en  1761.  On  a  de  lui  : 
Summee  theologicse  S.  Thomx  Aquinatis, 
quinti  EcclesicV  docforis ,  Catena  argentea, 
ipsius  Angelici  prœceptoris  verbis  contexta , 
ordine  alphabetico  disposita,  etc.;  Fano,  1761, 
in-fol.  Cet  ouvrage,  par  son  ordre,  permet  de 
trouver  immédiatement  le  sentiment  de  saint 
Thomas  sur  chaque  matière. 

Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

*FE]XNER  DE  FENNEBERG  (  Jean-Hcnri- 
Christophe-Matthieu),  balnéographe  et  médecin 
allemand,  né  àKirchhain,  le  25  décembre  1774, 
mort  le  16  décembre  1849.  Il  étudia  à  l'univer- 
sité de  Marbourg,  et  fut  reçu  médecin  à  l'âge  de 
dix-sept  ans.  Attaché  d'abord  comme  tel  aux 
bains,  encore  peu  fréquentés ,  de  Schwalbach,  il 
devint  ensuite  mécleciu  de  la  ville  de  Rastadt. 
Quelques  années  plus  tard  il  retourna  à  Schwal- 
bach, où  il  s'occupa  spécialement  de  médecine 
mirtérale  et  thermale.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  Schwalbach  und  seine  Heilquellen, 
(  Sclmalbach  et  ses  eaux  minérales  )  ;  Darmstadt, 


FÉWm  —  FENOLLAR  344 

1834,  3*^  édition;  —  Zur  GescMchte  Schwal- 


bachs  (  Ouvrage  pour  servir  à  l'Histoire  de 
Schwalbach);  Darmstadt,  1836;  —  Schlangen- 
bad  and  sein  Heilwerth  (Schlangenbad  et  son 
efficacité  en  médecine)  ;  Darmstadt,  1840  ;  —  Ta- 
schenbuch  j'uer  Gesundbrunnen  und  Baider, 
(Manuel  des  Sources  et  Bains  minéraux);  1816- 
1818. 

Conversat.-Lex. 

*  FEKNER  DE  FENNEBERG,  révolutionnaire 
allemand,  natif  du  Tyrol.  Il  fut  élève  à  l'Acadé- 
mie militaire,  devint  cadet,  puis  officier  dans 
l'armée  en  1837,  et  se  démit  de  son  grade  en  1843. 
Il  consigna  bientôt  après  ses  souvenirs  militaires 
dans  un  ouvrage  intitulé  :  Oestreich  und  seine 
Armée  (l'Autriche  et  son  Armée);  1847.  Cet  ou- 
vrage révélait  trop  d'abus  pour  que  l'auteur  pût 
rester  dans  le  pays  qui  fut  l'objet  de  ses  critiques  ; 
il  alla  donc  demeurer  dans  l'Allemagae  méridio- 
nale. Il  revint  en  Autriche  en  1848,  et  fut  un  des 
chefs  des  insurgés  d'octobre.  Lors  de  la  prise  de 
Vienne  par  les  troupes  impériales,  Fenner  n'eut 
que  le  temps  de  gagner  les  frontières  bavaroises. 
II  se  rendit  dans  le  Palatinat  à  l'époque  du  sou- 
lèvement de  la  population  de  ce  pays  en  1849,  et 
fut  nommé  commandant  de  l'armée  dite  du  peu- 
ple ;  une  tentative  malheureuse  sur  la  forteresse 
de  Landau  l'obligea  à  résigner  ses  fonctions.  Il  se 
rendit  alors  en  Suisse,  à  Zurich,  dont  le  séjour 
lui  fut  interdit.  Venu  ensuite  en  Amérique,  il 
fonda  à  New-York,  en  18ôl ,  un  journal  hebdo- 
madaire ayant  pour  titre  :  Atlantis.  On  a  en 
outre  de  lui  :  Geschichte  der  Wiener  October- 
tage  (Histoire  des  Journées  d'Octobre  à  Vienne); 
Leipzig,  1849;  —  Zur  Geschichte  der  Rhein- 
Ixnd.  Révolution  (  Documents  pour  servir  à 
l'histoire  de  la  révolution  dans  les  provinces 
rhénanes);  Zurich,  1850. 

Coraersat.-Lexik. 

FENNIZER  OU  FENiZER  (Jean),  couteliev 
et  philanthrope  allemand,  mort  le  21  novembre 
1629.  Tout  en  se  livrant  à  sa  profession ,  il  con- 
sacra ses  loisirs  â  favoriser  la  propagation  des 
lumières  et  de  l'instruction  au  sein  des  masses. 
C'est  ainsi  qu'il  fonda  des  bourses  pour  les  étu- 
diants en  théologie,  et  qu'en  1615  il  fit  les 
fonds  d'une  bibliothèque  ecclésiastique ,  enri- 
chie depuis  par  des  fondations  nouvelles  et- dont 
le  catalogue  fut  dressé,  en  1736,  par  Michel 
Weis,  avec  une  biographie  de  Fennizer,  et,  en 
1776,  par  Léonard  Rinder. 

Wurz,  Memorabilia  Blhl.  Norimberg. 

FENOLLAR  (Bcrnardo),  poète  espagnol,  né  à 
Valence,  au  treizième  siècle.  Il  fut  chanoine  dans 
sa  patrie,  et  il  cultiva  avec  zèle  la  poésie.  On  im- 
prima quelques-uns  de  ses  écrits  sous  le  titre  de  : 
Lo  Procès  de  los  olives  e  disputa  del  Jovens  y  ■ 
dell  Vells;  Valence,  1497,  in-fol.  Ce  volume,  ex- 
trêmement rare,  reparut  en  1561,  sous  le  titre  de 
Lo  procès  de  los  olives  y  sunmi  de  Joan  Joan, 
ordonat  principalment  perloreuirent  mossen 
Bernât  Fenollar  ;  Valence,  in-S".  C'est  à  Fe- 


345  FENOLLAR  - 

nollar  que  revient  la  majeure  partie  du  Certamen 
poetich  en  lohor  de  la  Concecio  ;  Valence , 
1474,  {11-4°.  Ce  volume,  le  premier  avec  une 
date  qui  ait  été  imprimé  en  Espagne ,  renferme 
trente-six  pièces  de  vers  composées  par  diffé- 
rents auteurs  à  l'occasion  d'un  concours  poé- 
tique ouvert  à  Valence  le  25  mars  1474.  A 
l'exception  de  quatre  de  ces  pièces  qui  sont  en 
espagnol  et  d'une  en  itplien ,  elles  sont  toutes 
écrites  dans  le  dialecte  limousin.  Les  bibliogra- 
phes indiquent  un  autre  ouvrage  de  FenoUar,  qui 
est  aussi  d'une  extrême  rareté  :  Historla  de  la 
Pasiô  de  nostre  Senyor  Deu  Jesu  Christ; 
Valence,  1494.  Ce  poète  ne  saurait  prétendre  à 
occuper  un  rang  élevé  sous  le  rapport  du  talent  ; 
mais  il  offre  un  intérêt  réel ,  si  l'on  considère 
l'époque  à  laquelle  il  écrivait.  G.  B. 

N.  Antonio,  Bibliotfieca  Hispana,  t.  II,  p.  336.  —  Ro- 
driguez,  Bibliotheca  f^alentina  .'(ITiT),?.  81.—  Ximenez, 
Escritores  del  regno  de  Valencia ,  p.  S9.  —  Velasquez, 
Origenes  de  la  Poesia  Castellana,  p.  58.  —  F.  Torres  Amat, 
Memorias  para  ayudar  à  formar  dicionario  critico 
de  los  Autores  Catalanos;  Barcelone,  1836,  in-8°. 

FENOUILLET  OU  FENOiLLET  (  Pierre  de), 
évêque  de  Montpellier,  né  à  Annecy  (Savoie), 
mort  à  Paris,  le  23  novembre  1652.  Il  fit  ses 
études  dans  sa  ville  natale ,  embrassa  la  car- 
rière ecclésiastique,  et  devint  théologal  à  Gap. 
Ses  talents  le  décidèrent  à  venir  à  Paris,  où 
Henri  IV  le  choisit  pour  son  prédicateur  ordi- 
naire. En  1607 ,  après  la  mort  de  Jean  Granier, 
il  fut  nommé  à  l'évêché  de  Montpellier.  En  1609 
il  assista  au  concile  provincial  de  Narbonne ,  et 
signales  décrets  de  cette  assemblée.  Ces  décrets, 
partagés  en  quarante-neuf  chapitres ,  contiennent 
divers  statuts  sur  la  discipline  ecclésiastique, 
«  qui,  selon  dom  Vaissette,  avait  grand  besoin  de 
réforme  ».  Il  y  est  défendu  entre  autres,  dans 
le  XXXIII'*  chap.,  «  de  faire  des  danses  et  des 
festins  et  de  tenir  des  marchés  dans  les  églises; 
d'y  c\id.nie,\:  Mémento,  Domine,  David  sans 
tru/e  ;  d'y  représenter  les  prophètes  et  les  ber- 
gers la  nuit  de  Noël  ;  d'y  chanter  les  prophéties 
des  sibylles  ;  d'y  faire  voler  des  pigeons  et  pleu- 
voir de  l'eau  etdu  feule  jour  delà  Pentecôte,  etc.  ». 
Fenouillet  dans  son  diocèse  se  signala  par  son 
zèle  pour  le  catholicisme.  Les  moines  qui  avaient 
été  chassés  lui  durent  d'être  réintégrés  dans 
leurs  monastères,  et  il  fonda  une  nouvelle  cathé- 
drale à  Montpellier,  mais  il  ne  put  l'achever.  Les 
protestants  élevèrent  de  vives  plaintes  conti-e 
son  administration,  et  la  guerre  de  religion  se  ral- 
luma. Fenouillet  abandonna  Montpellier,  et  se  ren- 
dit au-devant  de  l'armée  royale,  le  20  juillet  1621. 
Suivant  de  Montchal,  <(  il  liarangua  Louis  XIII  à 
Béziers  au  nom  des  trois  ordres  de  son  diocèse, 
et  le  pressa  vivement  de  venir  enlever  Mont- 
pellier aux  religionnaires,  dont  il  représenta  pa- 
thétiquement les  violences  et  les  excès  qu'ils  exer- 
çaient sur  les  catholiques  du  pays.  On  ne  goûta 
pourtant  pasqu'il  voulût  engager  sa  majesté  à  faire 
le  siège  durant  l'automne.  »  En  1635,  Fenouillet 
assista  à  l'assemblée  générale  du  clergé  de  France, 


FENOUILLOT  34G 

et  signa  la  délibération  qui  annulait  le  mariage  de 
Gaston,  duc  d'Orléans,  avec  Marguerite  de  Lor- 
raine ,  «  attendu  qu'il  n'avait  pas  été  contracté 
avec  l'agrément  du  roi  ».  Le  cardinal  de  Riche- 
lieu l'envoya  ensuite  à  Rome  pour  y  poursuivre 
la  «ohtirmation  de  cette  délibération  ;  mais  elle 
rencontra  des  difficultés  qui  retinrent  fenouillet 
hors  de  son  diocèse  jusqu'au  20  septembre  163G. 
En  1652,  ayant  été  amené  à  Paris  par  quelques  af- 
faires relatives  à  son  diocèse,  il  mourut  dans  cette 
capitale ,  et  fut  enterré  à  l'église  de  Saint-Eusta- 
che.  On  a  de  lui  :  Harangue  au  roi  (Louis  XIII), 
imprimée  dans  le  tome  VIII  du  Mercure  fran- 
çais ;  —  Recueil  de  pièces  touchant  lu  nul- 
lité ou  la  validité  du  mariage  de  Monsieur 
avec  Marguerite  de  Lorraine,  en  1634,  1635  et 
1636 ,  in-fol.;  conservé  à  la  Bibhothèque  impér., 
sous  les  n°'  9242 ,  9244;  —  Oraison  funèbre  du 
chancelier  Pompone  de  BelUèvre;  Paris,  1607, 
in-8°;  —  Oraison  funèbre  de  Henri  1",  duc 
de  Montpensier;  Paris,  1608,  in-8°;  —  Dis- 
cours  funèbre  sur  la  mort  de  Henri  le  Grand; 
Paris,  1610,  in-S"  ;  —  Remontrance  au  roi 
contre  les  duels,  prononcée  au  nom  dît  clergé 
de  France  à  la  tenue  des  États,  le  26  janvier 
1615;  Paris,  1615,  in-S" ;  —  Oraison  funèbre 
de  Louis  XIII;  1643,  in-4o. 

De  GrefeuUle,  Histoire  ecclésiastique  de  Montpellier, 
liv.  V,  chap.  5.  —  Jean  Rinlan,  Recherches  sur  les  Écoles 
de  Médecine  de  Paris  et  de  Montpellier.  283.  —  De 
Monlchal,  Mémoires.  —  Archives  des  États  du  Lan- 
guedoc. —  Le  Mercure  français,  ann.  1622.  —  l.abbe , 
Concil..  XV,  1574.  —  Dom  Vaissette,  Hist.  générale  du 
Languedoc,  V,  502-536.  —  Leiong,  Biblioth  hist.  de  la 
France,  n"^  5936,  7380,  20020,  20253,  22138,  25869  et  31515. 

*FENOtriLLOT  DE  LA  VANS  {François), éco- 
nomiste français,  était  en  1815  conseiller  à  la 
cour  royale  de  Besançon  ;  on  ignore  les  détails  de 
sa  vie  et  l'époque  de  sa  mort.  Il  n'est  connu  que 
par  une  brochure  intitulée  :  Moyens  proposés 
pour  rétablir  les  finances  de  VÉtat,  en  unis- 
sant d'une  manière  avantageuse  les  intérêts 
des  familles  à  ceux  du  gouvernement;  Be- 
sançon, 1815,  in-8°.  A.  J. 

Biographie  des  Contemporains.  —  Biunet,  Manuel 
du  Libraire. 

FENOUILLOT  DE  FALBAIRE  DE  QUINGET 

{Charles-Georges  ),  auteur  dramatique  français, 
frère  du  précédent,  né  à  Salins,  le  16  juillet  1727, 
mort  à  Sainte-Menehould,  le  28  octobre  1 800  selon 
les  uns,  et  selon  les  autres  en  mai  1801.  11  fit 
ses  études  au  collège  Louis-Ie-Grand,  abandonna 
l'état  ecclésiastique,  que  ses  parents  voulaient  lui 
faire  prendre,  pour  entrer  dans  les  finances,  et  dé- 
buta au  théâtre  en  1767  ^avV Honnête  criminel, 
drame  en  cinq  actes  et  en  vers,  inspiré  par  le  dé- 
vouement et  les  malheurs  de  Jean  Fabre.  Cette 
pièce  fut  accueillie  avec  enthousiasme,  et  c'est  à 
elle  que  Jean  Fabre  dut  son  entière  réhabilitation  ; 
elle  a  été  souvent  réimprimée  et  traduite  en  alle- 
mand, en  italien  etevn  hollandais.  Eu  1772  Fenouil- 
lot  de  Falbaire  obtint,  dit-on,  par  l'influence  de  sa 
femme,  la  baronnie  de  Quingey,  dont  il  prit  le 
nom ,  et  la  place  très-lucrative  d'inspecteur  gé- 


347  FENOUILLOT 

néral  dep  salines  de  l'est.  Outre  L'Honnête 
criminel.,  on  a  de  Fenouillot  de  Falbaire  :  Le 
Premier  Navigateur,  pastorale  lyrique  en  trois 
actes,  qui  ne  fut  pas  jouée,  mais  qui  donna  l'idée 
du  ballej  de  ce  nom  ;  Falbaire  se  plaignit  de  ce 
plagiat  Sans  obtenir  justice  ;  —  Les  Deux  Ava- 
res, opéra-comique,  musique  de  Grétry,  joué 
avec  sucûès  au  Théâtre-Italien,  en  1770  ;  —  Le 
Fabricant  de  Londres,  drame  en  cinq  actes,  en 
prose,  tonîbé  au  Théâtre-Français,  le  12  janvier 
1771,  et  cependant  traduit  en  allemand  et  en 
italien  ;  cette  chute  fut  causée  par  le  bon  mot 
d'un  plaisant,  qui  s'écria ,  lorsqu'au  cinquième 
acte  on  annonce  la  faillite  du  fabricant  :  «  J'y 
suis  pouT  vingt  sous  «  (c'était  le  prix  du  billet  de 
parterre  à  cette  époque)  ;  —  L'École  des  Mœurs, 
ou  les  suites  du  libertinage,  drame  en  cinq 
actes,  eu  vers,  tombé  en  1776,  repris  sans  succès 
en  1790,  traduit  en  allemand  et  en  hollandais; 
—  Les  Jammabos ,  ou  les  moines  japonais,  tra- 
gédie en  cinq  actes ,  non  représentée,  dirigée 
contre  les  Jésuites.  Ces  pièces  ont  été  imprimées 
dans  les  CEuvres  dremaïiç'Mesderauteur;  Paris, 
1787,  3  vol.  in-8".  On  a  encore  de  lui  des  poésies 
assez  faibles  et  deux  morceaux  intitulés  V Insen- 
sibilité et  Description  des  Salines  de  la  Fran- 
che-Comté; dans  l'Encyclopédie.    H.  Malot. 

Mercure  de  France.  -  Rivarol,  Petit  Almanach  des 
Crands Hommes.  —  Galerie  des  Contemporains.  —  Dic- 
tionnaire de  la  Conversation. 

FENOïTïLLOT  {Jean),  publiciste  français, 
frère  des  précédents,  né  à  Salins,  en  1748,  mort 
à  Besançon,  le  27  mai  1826.  Il  était  avocat  du  roi 
au  bureau  des  finances,  et  inspecteur  de  la  li- 
brairie pour  ïa  Franche-Comté ,  lorsque  la  ré- 
volution éclata.  Il  se  prononça  très-énergique- 
ment  contre  les  idées  nouvelles,  demanda  la 
fermeture  des  clubs,  refusa  de  prendre  part  aux 
élections  faites  en  vertu  des  lois  constitutionnelles, 
et  fit  paraître  plusieurs  écrits  dirigés  contre  les 
mesures  révolutionnaires ,  et  pleins  de  la  plus 
amer e  critique.  Dénoncé  à  l'administration  dépar- 
tementale ,  Fenouillot  en  fut  quitte  pour  une  sé- 
vère admonestation;  cependant,  après  un  court 
voyage  à  Paris,  il  crut  prudent  d'émigrer;  il  re- 
joignit l'armée  de  Condé,  et  s'attacha  à  la  per- 
sonne du  prince.  Intimement  lié  avec  Fauche- 
Borel  (  voyez  ce  nom  ) ,  Fenouillot  eut  part 
à  tous  les  projets  royalistes ,  et  accomplit  plu- 
sieurs missions  délicates  et  périlleuses.  Ce  fut 
lui  qui,  pendant  la  négociation  entamée  pour 
détacher  Pichegru  du  parti  républicain,  était 
chargé  de  rédiger  et  de  répandre  une  foule  de 
petits  pamphlets  écrits  en  style  populaire  et  des- 
tinés à  agir  sur  la  classe  ouvrière  et  sur  l'armée. 
En  juin  1795,  il  fut  envoyé  en  Franche-Comté 
pour  y  sonder  l'opinion  publique.  Il  alla  ensuite 
à  Eàle  se  mettre  en  communication  avec  l'agent 
anglais  Wickham.  Fenouillol  profita  de  l'amnistie 
accordée  aux  émigrés  après  le  18  brumaire.  11 
se  fixa  à  Lyon,  et  reprit  avec  distinction  son  an- 
cienne orofession  d'avocat.  En  181 1  il  fut  nommé 


FENTON  348 

conseiller  à  la  cour  impériale  de  Besançon;  la 
Restauration  ne  changea  pas  sa  position.  On  a 
de  lui  :  Lettres  à  mes  Commettants  ;  Besan- 
çon, 1790  :  cette  lettre  renferme  une  critique 
très-vive  de  la  constitution  civile  du  clergé.  — 
Les  Pourquoi  du  peuple  à  ses  représentants, 
à  leur  retour  de  V Assemblée;  Paris,  1791 ,  in-8°  : 
le  but  de  cette  brochure  était  de  démontrer 
qu'en  parlant  beaucoup  d'économies ,  on  avait 
réellement  augmenté  les  dépenses ,  et  que  les 
impôls  étaient  presque  doublés  depuis  la  révo- 
lution; —  Le  Dîner  du  Grenadier  à  Brest; 
Paris,  1792,  in-8°  :  c'est  un  dialogue  en  style 
picard  contre  la  constitution  du  clergé  ;  —  La 
Table  d'Hôte  à  Provins,  ou  la  croisée  des  di- 
ligences; ibid.  :  ce  pamphlet  traite  du  même 
objet  que  le  précédent  et  affecte  le  même  lan- 
gage; —  Frécis  historicité  de  la  vie  de 
Louis  XVI  et  de  son  martyre,  suivi  du  Pré- 
cis historique  de  l'horrible  assassinat  de  son 
auguste  épouse;  Neufchâtel,  1793,  et  Besançon, 
1821  ; —  La  Rencontre  imprévue,  ou  le  souper 
de  l'auberge  de  la  Cigogne  à  Bâle,  dialogue 
politico-tragi-comique;  Neufchâtel,  1793,  in-8°; 
—  Le  meilleur  des  Almanachs  pour  1794, 
in-4°  ;  —  Les  Fruits  de  l'arbre  de  la  liberté 
française  en  Suisse;  1798,  in-8°;  —  Adresse 
des  Requins  de  la  Méditerranée  au  Direc- 
toire exécutif;  Constance,  1798,  et  Paris  1799 
in-S";  —  La  France  à  ses  enfants;  Bâle  (Be- 
sançon), 1814,  in-8°  ;  —  Le  Cri  de  la  vérité  sur 
les  causes  de  la  révolution  de  1815;  Besançon, 
1815.  Cet  écrit  a  été  attribué  à  tort  à  Fenouillot 
de  Lavans.  A.  Jadin. 

Fauche-Borel,  Mémoires,  1,277,  et  !!>  passim.  —  f^er- 
sailles,  Paris  et  la  Province,  11,  263.  —  Archives  du 
Rhône,  IV,  79.  —  Brunet,  Manuel  du  Libraire.  —  Do- 
cuments particuliers. 

*  FENSONï  (  Giambattista),  jurisconsulte 
italien,  né  à  Faenza  (Romagne),  vivait  vers  1590. 
Il  fut  d'abord  attaché  au  cardinal  Borghèse,  puis 
investi  d'un  emploi  dans  la  judicature  romaine. 
Il  a  composé  des  Commentaires  sur  les  cou- 
tumes de  Rome  et  quelques  autres  ouvrages  de 
jurisprudence. 

Victor  Rossi,  Elog.  Fensonii,  dans.  la  Pinoth.  imag. 
illust.,  cap.  XXVlli. 

FENTON  (Edward),  navigateur  anglais, 
né  dans  le  Nottinghamshire,  vers  1 550,  mort  à 
Deptford,  en  1603.  Fort  jeune  encore,  il  réalisa 
le  petit  patrimoine  que  lui  avait  laissé  sa  famille, 
et  prit  du  service  dans  les  troupes  anglaises  en- 
voyées pour  réduire  les  Irlandais.  Il  se  distin- 
gua en  diverses  occasions.  En  1576,  lorsque 
Martin  Frobisher,  de  retour  de  son  premier 
voyage  au  nord-ouest,  organisait  une  compa- 
gnie ayant  pour  but  la  recherche  d'une  commu- 
nication entre  les  mers  du  Nord  et  du  Sud  et  un 
moyen  rapide  d'arriver  à  la  Chine  et  aux  Indes , 
Fenlon  s'intéressa  dans  cette  entreprise,  y  ob-  ; 
tint  le  second  grade  et  le  commandement  du  Ga- 
fcrie/,  navire  de  vingt-cinq  tonneaux.  L'expédition 
rtartit  d'Harwich  le  31  mai  1578;  on  découvrit  le 


349  FENTON  ■ 

20  juin  le  Groenland  occidental,  auquel  on  donna 
[enom  à' Angleterre  occidentale;  le  9  août  on 
atteignit,  par  63°  de  lat.  septentrionale ,  le  dé- 
troit qui  a  consef'vé  le  nom  de  Frobisher;  mais 
les  glaces  et  les  tempêtes  empêchèrent  la  flottille 
anglaise  de  pénétrer  plus  avant;  le  31  août  on  dé- 
:ifhi  le  retour  (1).  Une  nouvelle  tempête  dispersa 
IV'\pédîtion,  et  fit  périr  trois  de  ses  bâtiments  de 
harge.  Fenton,  séparé  d&son  chef,  atteignit  pé- 
jiblcmentBristoi,  sur  la  fin  de  septembre.  Ce  mau- 
vais succès  ne  le  rel^uta  pas  ;  il  prit  part  à  une 
louvelle  entreprise  dans  le  même  but  et  dans 
les  mêmes  })arages;  le  résultat  ne  fut  pas  plus 
heureux.  Fenton  persista  néanmoins  dans   sa 
croyance  d'un  passage  au  nord,  et  obtint  du  con- 
seil privé  le  cotrrmandement  d'une  troisième  ex- 
pédition; mais  cette  fois  il  devait  chercher  le 
passage  par  l'Amérique.  Il  devait  aussi  explorer 
la  me)'  du  Sud,  et  quoiqu'on  ne  fût  pas  alors  en 
■^uerre  ouverte  avec  l'Espagne,  il  était  autorisé 
tacitement  à  faire  tout  le  mal  possible  à  cette 
puissance.  Fenton  appareilla  au  printemps  de  1582 
avec  quatre  bâtim.cnts  bien  armés  et  montés  par 
des  équipages  nombreux  et  déterminés,  li  se 
dirigea  sur  le  firésii   pour  gagner  le  détroit  de 
Magellan  ;  mais,  ayant  appris  que  les  Espagnols  le 
guettaient  et  tenaient  en  force  ce  passage,  il  re- 
lâcha à  San-Vicenfe,  où  il  attaqua  trois  vaisseaux 
de  gueiTe  espagnols,  qu'il  prit  ou  brûla.  Content 
de  ce  résultat,  qui  était  probablement  le  but  réel 
de  l'expédition,   il  revint  dans  sa  patrie  en  mai 
1583,  et  y  reçut  un  brillant  accueil.  En  1588  il 
commanda  le  vaisseau  The  Antilope,  et  se  dis- 
tingua par  ses  talents  et  sa  bravoure  dans  les 
divers  combats  livrés  contre  la  fameuse  armada 
(îspagnole.  La  guerre  terminée,  Fenton  finit  ses 
jours  dans  la  retraite.  Son  gendre  Richard,  comte 
de  Cork  ,  lui  fit  élever  un  monuinent  à  Dept- 
ford.  A.  RE  L.vcAzi:. 

WavXiwyt,  Pilçirims.  —  liioçi.  ISrit.  —  l\izos,,  Cycl.  — 
l'"uller,  JForthies. 

FENTON  (Elijah  ),poëte  anglais,  né  à  Shelton, 
le  20  mai  1683,  mort  le  13  juillet  1730.  Il  fit  de 
bonnes  études  au  collège  Jésus  à  Cambridge,  et 
accompagna  ensuite  en  Flandre,  comme  scci'é- 
taire,  le  comte  Charles  d'Orrery,  avec  qui  il  re- 
vint en  Angleterre  en  1705.  11  remi)Iit  alors  di- 
verses fonctions  dans  l'enseignement  à  Lea- 
therbead  et  à  Sevenoak.  Accueilli  par  le  célèbre 
Saint-Jean  (Bolingbroke  ),  il  était  sur  le  point 
d'avoir  quehfue  place  importante,  quand  un  chan- 
gement d'administration  fit  tout  avorter  et  laissa 
Fenton  endetté.  Heureusement  que  son  premier  pa- 
tron, lord  Orrery,  lui  confia  l'éducation  d'un  fils, 
âgé  alors  de  sept  ans.  Six  ans  plus  tard,  Fenton 
entra  en  relation  avec  Pope,  qui,  ayant  entrepris, 
après  l'immense  succès  de  sa  version  de  V Iliade, 
do  traduire  aussi  V Odyssée,  prit  des  auxiliaires. 
Il  se  réserva  la  tiaduction  dedoir/.e  chants,  et  ré- 
partit les  autres  entre  Teuton  et  Broome.  Au  rap- 
port de  Johnson  et  de  Warton,  ce  fut  Fenton  qui 

(1)  Voir  poui-  )PS  détails  de  ce  voyage  l'art.  Frobisher. 


-  FENYES  350 

traduisit  les  premier,  quatrième ,  dix-nenvième 
et  vingtième  chants  de  cette  épopée.  Selon  Or- 
rery, Fenton  aurait  contribué  à  l'oeuvre  dans  une 
plus  grande  proportion,  sans  avoir  eu  beaucoup 
à  se  louer  de  Pope,  dont  il  vantait  peu  le  ca^ur 
et  à  qui  il  appliquait  ces  paroles  de  l'évêque  At- 
terbury  :  Mens  curva  in  corpore  curvo.  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ces  i-apports  entre  le  poète  et  ses 
traducteurs,  ceux-ci  s'acquittèrent  de  cette 
tâche  avec  un  tel  zèle  qu'on  ne  put  pas  distinguer 
leur  version  d'avec  celle  de  Pope.  Une  tragédie 
intitulée  Marianne,  que  Fenton  fit  représenter 
en  1723,  eut  le  plus  grand  succès,  et  lui  rapporta 
plus  de  mille  livres  ;  ce  qui  lui  permit  de  payer 
enfin  ses  dettes.  L'œuvre  de  Fenton  avait  un 
mérite  réel,  quoiqu'elle  fût  empreinte  d'un  peu 
de  recherche.  En  1727  Fenton  donna  une  édition 
des  Poèmes  de  Millon,  qu'il  fit  précéder  d'une 
élégante  et  impartiale  biographie  du  grand 
poète.  En  1729,  il  publia  une  magnifique  édition 
des  Oiuvres  de  Waller.  La  fin  de  sa  vie  s'écoula 
paisiblement  au  sein  d'une  famille  oir  il  était  pré- 
cepteur. Outre  les  ouvrages  cités,  on  a  de  lui  : 
Bliscellaneous  Poems  ;  \1\1.  V.  R. 

.lolinson  et  Chaliners,  Pocts.  —  PAog.  lirit.  —  lîowle , 
Edition  of  Pope.  —  Centl.  niCKjaz.,  LXI,  LXIV. 

FKNTON  (  Geqffrey,  sir),  frère  du  précédent, 
homme  politique,  polygraphe  anglais,  mort  à  Du- 
blin, le  19  octobre  1608.  Il  reçut  une  éducation 
soignée.  Outre  les  langues  anciennes,  dans  les- 
quelles il  était  versé,  il  savait  l'espagnol ,  l'ita- 
lien et  le  français.  Il  quitta  l'Angleterre  pour  aller 
servir  dans  l'armée  de  la  reine  en  Irlande.  Parti- 
culièrement protégé  par  Arthur  Grcy,  lord  dé- 
puté de  ce  pays,  il  fut  nommé  membre  du  con- 
seil privé.  Il  usa  de  sa  position  pour  conseiller  à 
Elisabeth  l'application  d'une  i)olitique  équitable 
à  l'Irlande,  et  la  reine  avait  souvent  recours  aux 
conseils  de  Fenton,  (jui  prévînt  plus  d'une  rébel- 
lion et  gagna  à  la  couronne  d'Angleterre  plus 
d'une  province  irlandaise.  On  a  de  hii  :  T/w  His- 
tory  of  tlie  Wars  of  ltaly_,  by  Gtùcciardini; 
1579  :  ouvrage  dédié  à  la  reine  Elisabeth;  — 
Certain  tragical  Discourses ,  written  ouf  of 
frencfi  and  latin;  1567,  in-4°,  et  1579;  —  Goï- 
den  Epis  lies;  c'est  un  recueil  d'œuvres  de  di- 
vers auteurs,  notamment  de  Guevarra;  —  3ton 
heur  viendra;  1577. 

Biog.  Brit.  —  Warton,  Hist.  of  Poetry.  —  Lloyd , 
Trort/iies. 

*  FENTES  (Alexis),  géographe  et  statisticien 
hongi'ois,  né  à  Csokaj,  en  1S07.  11  étudia  à  De- 
breczin,  Grosswardein  et  Preshourg ,  fut  avocat 
en  1829,  et  siégea  comme  ablégat  à  la  diète  de 
Presboui'g  de  1830.  Rendu  à  la  vie  privée,  il  s'oc- 
cupa exclusivement  des  études  géographiques  et 
statistiques,  surtout  en  ce  qui  concernait  la  Hon- 
grie, qu'il  parcourut  pendant  plusieurs  années.  En 
1836,  il  s'établit  à  Pesth,  y  devint  directeur  de  la 
Société  Industrielle,  président  du  l{ridi/,all;oer, 
référendaire  de  la  Société  d'Économie  politique, 
enfin  rédacteur  de  deux  journaux  d'industrie  : 


851  FENTES 

Vismerteioe  et  le  Hetilap.  Fenyes  fut  nommé 
chef  de  la  section  de  statistique  au  ministère  hon- 
grois de  l'intérieur  en  t848  et  président  du  tri- 
bunal de  guerre  à  Pesth  en  1849.  A  l'issue  des 
troubles  dont  la  Hongrie  fut  le  théâtre,  il  rentra 
dans  la  vie  privée,  etreprit  ses  travaux  géographi- 
ques, qui  contribuèrent  beaucoup  aux  pi'ogrès  de 
la  Hongrie  dans  cette  branche  de  la  science.  On  a 
de  lui  :  3Iagyarorszagnak\<i  a  hozzd  kapcsolt 
tartomdnyoknak  mostani  allapotja  statis- 
tikai's  geographiài  tekmtetben  (État  de  la 
Hongrie  et  des  pays  circonvoisins  sous  le  double 
rapport  géographique  et  statistique)  ;  Pesth,  1839- 
40,  6  vol.  Cet  ouvrage  obtint  un  prix  académique 
de  200  ducats;  —  Magya  7-orszàg'  statisti- 
kaja  (Statistique  de  la  Hongrie);  Pesth,  1842-43, 
3  vol.  ;  —  Kôzônségés  kézi's  iskolai  atlasz 
(Atlas  manuel  et  général  des  écoles)  ;  Pesth,  1845. 

Conversât.- Lexili. 

*  FEO  (Francesco),  compositeur  italien,  né 
à  Naples,  en  1699.  Il  eut  Dominique  Gizzi  pour 
maître,  et  étudia  à  Rome  le  contre-point  sous 
Pitoni.  Il  composa  ensuite  son  premier  opéra, 
Ipermnestra,  que  le  public  applaudit.  De  1728 
à  1731,  il  composa  trois  autres  opéras.  Revenu  à 
Naples  en  1740,  il  y  prit  la  direction  de  l'école 
de  chant.  Ses  œuvres  ont  de  la  correction  et 
beaucoup  d'expression.  Outre  ses  opéras,  il 
composa  des  Psaumes,  des  Blesses,  entre  autres 
une  Messe  à  dix  voix,  un  Oratorio,  des  Litanies 
et  un  Requiem. 

Conversat.-Lexik. 

*  FEO  (Frà  Antonio),  prédicateur  portugais, 
mort  en  1627,  à  Lisbonne.  Ses  succès  lui  acqui- 
rent une  grande  célébrité  dans  tout  le  Portugal, 
alors  occupé  par  les  Espagnols.  H  fut  appelé  à 
Madrid,  où  il  obtint  d'éclatants  succès.  On  a  de 
lui ,  outre  le  recueil  de  ses  Sermons,  un  Traité 
des  Fêtes  de  V Église  et  un  recueil  des  Vies  des 
Saints.  Ch— p— c. 

Bonterwek,  Hist.  de  la  Littérature  espagnole  etpor- 
tuyaUe.  —  Em.  Lefranc,  Hist.  critique  de  la  Littérature 
portugaise. 

FER  {Nicolas  DE  ),  graveur  et  géogi-aphe  fran- 
çais, né  en  1646, mort  le  15  octobre  1720.  Il  avait 
parcouru  les  principales  contrées  de  l'Europe,  et 
mourut  géographe  du  roi.  Peu  de  géographes  ont 
autant  travaillé  que  lui  :  malheureusement  son 
exactitude  ne  fut  pas  toujours  en  rappoi't  avec  sa 
fécondité,  et  beaucoup  de  ses  cartes  ne  durent 
leur  succès  qu'aux  ornements  et  aux  dessins  ingé- 
nieux dont  elles  étaient  accompagnées.  Son  œuvre 
compte  plus  de  six  cents  planches ,  parmi  les- 
quelles on  distingue  :  La  France  triomphante 
sons  le  règne  de  Louis  le  Grand,  6  feuilles, 
1693, 1747,  1701 .  Cette  carte  est  chargée  de  plus 
de  deux  cents  cartouches ,  où  se  voient  les  por- 
traits des  rois ,  tirés  des  médailles,  des  tom- 
beaux, des  anciens  monuments  ,  etc.;  —  Plu- 
sieurs Cartes  de  la  France,  avec  ses  routes  et 
le  plan  des  principales  villes;  Paris,  1698, 
1726,  1730,  1755,  1760  et  i7&3;  —  La  France 
diinsée  par  généralités;  Paris,  1718;  —  Les 


FER 


3.52 


Postes  de  France  et  d'Italie;  Paris,  1700, 1728, 
1761  ;  —  Les  Côtes  de  France  sur  l'Océan  et 
la  Méditerranée  avec  leurs  fortifications  ; 
Paris,  1695  ;  —  Les  cartes  des  diverses  provinces 
de  France  :  Alsace  (1691);  Berry ,  Nivernais, 
Beauce,  Sologne  (  1713  )  ;  Bourgogne ,  Bresse, 
Bretagne  (1713-1760);  Champagne  (1710); 
Dauphiné  (1693-1760);  Flandre  française 
(]  593)  ;  Franche-Comté  (1689);  Guyenne,  Sain- 
tonge,  Gascogne  (1711-1760);  Ile-de-France 
(  1668);  Languedoc,  Lorraine,  Barrois,  Trois- 
Évêchés ,  Lyonnais,  Forez,  Beaujolais,  Bour- 
bonnais, Soissonnois  (1713-1760);  Maine, 
Anjou,  Touraine  (  i7i3-i7 GO);  Normandie 
(1710-1760);  Picardie  et  Artois  {i709)  ;  Poitou 
et  Aulnis  (1737-1740);  Proi;ence  (1708-1760)  ; 
Rousslllon  (1706-1760);  Angoumais,  Marche, 
Limosin  (  1711  )  ;  quelques-unes  de  ces  cartes 
comprennent  plusieurs  feuilles  et  la  plupart  ont  eu 
plusieurs  éditions.  —  Cartes  des  principaux  cours 
d'eau  de  la  France,  entre  autres  :  la  Moselle,  la 
Saare,  V Oise,  V Aisne,  la  Somme  (3  feuilles, 
1697  )  ;  le  canal  d'Orléans  et  de  Briare  (1697};  ' 
le  canal  du  Languedoc  (1669,  1712,  1716); 
le  Rhin  (  1691-1702  ),  etc.;  —  la  France  ecclé- 
siastique (1674-1714)  et  les  cartes  des  prin- ' 
cipaux  diocèses  :  Yévêché  d'Angers  (1697); 
Varchevêché  de  Paris  (  4  feuilles,  1714  ) ,  etc.; 
—  les  plans  et  descriptions  de  quelques  villes 
de  France  ;  Bourges,  Dijon,  Doua  y.  Fontaine^  ' 
bleau,  son  château  etsaforét  ;  —  Paris  (1701),  I 
ses  environs  (4  feuilles,  1090-1764);  Versailles, 
ses  jardins,  ses  fontaines  et  ses  bosquets^ 
(1700);  —  les  Cévennes  (1705);  — ■  lesfron-  ' 
tières  de  France  et  d'Espagne  (  1694  );  le 
Comté  de  Nice,  le  Marquisat  de  Saluées,  la 
Principauté  de  3Ionaco,le  Piémont,  le  Mont-  ' 
ferrât,  la  Savoye,  le  Palatinat,  V Électoral  de 
Mayence  (1689);  les  dix-sept  provinces  des 
Pays-Bas  (5  feuilles,  1691-1762);  la  Flandre 
espagnole  {1&9&),  etc.;  — Histoire  des  Rois  de 
France,  depuis  Pharamondjusqu' à  Louis  XV; 
Paris,  1722,  in-4''  :  c'est  simplement  une  col- 
lection de  portraits,  avec  des  notices  très-abré- 
gées.  De  Fer  a  publié  aussi  différents  jeux  ins- 
tructifs ;  tels  sont  ceux  des  Constellations ,  des 
Métamorphoses,  des  Nations ,  des  Rais  de 
France,  etc.,  et  une  Intraduction  à  la  Géo- 
graphie; Paris,  1708,  in-12. 

Journal  de  yerdun,  août  1722.  —  Leiong,  Bibliothêqt/e 
historique  de  la  France,  t.  I,  Il  et  IV.  —  Lenglet-Dufres- 
noy,  Itléthode  pour  étudier  la  géographie.  —  Ephémé- 
rides  géographiques  ;  Weimar,  1803. 

FEB  DE  LiA  NOUÈRRE  (De),  hydrographe  et 
économiste  français ,  né  vers  1740,  mort  vers 
1790.  11  était  capitaine  d'artillerie,  servit  long- 
temps dans  les  colonies ,  et  prit  sa  reti'aite  vers 
1770.  Il  devint  ensuite  inspecteur  des  ponts  et 
chaussées,  et  compta  parmi  les  membres  des 
académies  de  Dijon  et  de  Turin.  11  s'occupait 
particulièrement  des  améliorations  à  apporter 
dans  les  moyens  de  circulation  par  terre  et  par 
eau  ;  ses  plans,  démontrant  des  économies  possi- 


353  FÊR  — 

blés  et  importantes,  renconti'èrent  de  vifs  adver- 
saires parmi  les  ingénieurs  du  gouvernement 
et  dans  les  bureaux  des  ministres;  aussi  les 
propositions  de  De  Fer  restèrent-elles  sans  ré- 
sultats. C'est  ainsi  qu'ayant  obtenu,  le  3  novem- 
bre 1787,  la  concession  du  canal  destiné  à 
amener  les  eaux  de  l'Yvette  à  Paris ,  il  ne  put 
^réussir  à  faire  exécuter  les  travaux  nécessaires, 
et  abandonna  son  privilège  en  1790.  De  Fer, 
entre  autres  projets ,  avait  soumis  au  comte 
de  Provence ,  frère  de  Louis  XVI  et  depuis 
Louis  XVIII,  les  plans  et  devis  d'un  canal  qui, 
réunissant  les  deux  petites  rivières  de  l'Eure  et 
du  Loir,  arroserait  le  parc  de  Versailles,  puis  se 
prolongerait  jusqu'à  Rouen,  faisant  ainsi  de  Ver- 
sailles un  entrepôt  commercial  important  (1). 
En  1785,  il  avait  également  proposé  la  cons- 
(iiiction  d'une  écluse  destinée  à  maintenir  les 
3aux  de  la  Seine  à  un  niveau  permanent  et 
:onvenable  pour  la  navigation.  On  a  de  De  Fer  ; 
Mémoire  sur  la  théorie  des  écluses;  Paris, 
1780;  —  Mémoire  sur  le  pont  de  Neuilly  ; 
lans  le  Recueil  de  V Académie  des  Sciences, 
anvier  1783;  —  Mémoire  sur  le  projet  d'à- 
nener  à  Paris  les  eaux  de  l'Yvette;  même 
ecueil,  mars  1783;  —  La  Science  des  Ca- 
aaux  navigables,  ou  théorie  générale  de 
'sur  construction  ;  l'&ns,  1786,  2  vol.  in-8°, 
ivec  cartes  ;  Réflexions  sur  le  projet  de  l'Y- 
;etfe  ;  Paris,  1786,  in-8°  ;  —  Nouveau  Mémoire 
mr  le  canal  de  l'Yvette;  Paris,  1790,  in-4°; 
~  Mémoire  sur  la  navigation  de  la  Seine, 
ur  les  gares  et  stir  les  travaux  de  charité  ; 
>aris,  1790,  in-4°  .  ■ 

Dictionnaire  biographique  et  pittoresque. 

*FERA  {Bernardino) ,  peintre  de  l'école 
apolitaine,  florissaiten  1700.  Élève  deaSolimène, 
I  se  fit  connaître  par  des  fresques  et  par  de 
randes  compositions  peintes  en  détrempe.  Il 
ut  un  frère  qui  fut  également  peintre  et  élève 
u  iiième  maître  ;  mais  Dominici  ne  nous  en  pas 

ansmis  le  prénom.  E.  B — n. 

Dorninici,  Fite  de'  Pittori  NapoUtani.  —  Orlandi,  1 
Ibbecedarie.  j 

*FERABOSCo  (Pie^ro),  peintre  italien ,  vi-  | 
ait  en  1616.  On  le  croit  de  Lucques,  quoiqu'il  [ 
ppartînt  à  l'Académie  de  Rome,  où  peut-être 

fit  ses  études;  cependant  son  brillant  coloris, 
ans  le  genre  du  Titien,  a  plutôt  du  rapport  avec 
<'('j1o.  vénitienne.  Il  passa  lapins  grande  partie 
>t  sa  vie  en  Portugal.  On  trouve  en  ce  pays 
liisieurs  des  productions  de  Ferabosco,  entre 
utres  trois  demi-figures  qui  portent  la  date 
>■  1616. 

Piotro  Guarienli,  contin.  de  VAbbecedario  pittorico 
(î  î'ellegrino  Orlandi.  —  Lanzi,  Storia  pittorica,  !,  331. 

l'ERABOSCO.  Voy.  FORABOSGO. 

FKRALDO  (Raymond).  Voyez  Feraudi. 
FKRANDiÈRE.  Voycz  La  Férandière. 

(1)  Uéjà.sous  Louis  XIV,  il  avait  été  question  d'amener 
Kiiro  à  Versailles  :  les  plans  avaient  été  dressés  et 
iiL'IquL's  déblais  commencés.  Les  nécessités  de  la  guerre 
"piil.  abandonner  ces  travaux. 

NOCV.    BIOGR.    GÉNÉR.    —   T.    XVII. 


FERAUDI  354 

FÉRAUD  (Je«w-Fm«çoi.s),  philologue  fran- 
çais, né  le  17  août  1725,  à  Marseille ,  mort  dans 
cette  ville,  le  8  février  1807.  Destiné  à  l'état  ec- 
clésiastique ,  il  étudia  la  théologie  sous  les  jé- 
suites, au  collège  de  Belsunce.  Dès  qu'il  eut  reçu 
les  ordres,  il  se  livra  à  la  prédication,  mais  n'y 
obtint  que  de  médiocres  succès  ;  il  donna  bientôt 
une  autre  direction  à  ses  travaux,  et  il  fit  pa- 
raître le  Nouveau  Dictionnaire  des  Sciences 
et  des  Arts,  etc.;  Avignon,  1753,  in-8°  :  cet 
ouvrage  était  regardé  comme  un  supplément  au 
Dictionnaire  de  V Académie.  Plus  tard,  il  pu- 
blia un  Dictionnaire  général  de  la  Langue 
Française;  Avignon,  1761,  in-8°.  II  en  a  paru 
plusieurs  éditions  ;  la  5^  est  de  1786,  2  vol.  in-8». 
Enfin,  on  a  de  lui  wn  Dictionnaire  critique  de 
la  Langue  Française,  1787-1788,  3  vol.  in-4°. 
Féraud  avait  travaillé  longtemps  à  un  traité  de 
la  langue  provençale;  mais  ses  manuscrits  ont 
été  détruits  ou  égarés.  Forcé  d'émigrer,  il  alla 
en  Italie  pendant  la  révolution,  et  ne  revint  à 
Marseille  qu'en  1798.  Malgré  son  âge  et  ses  in- 
firmités, il  tint  avec  assiduité,  pendant  plusieurs 
années,  des  conférences  religieuses  dans  l'é- 
glise de  Saint-Laurent.  Il  mourut  dans  la  plus 
profonde  misère.  La  deuxième  classe  de  l'Ins- 
titut l'avait  mis  au  nombre  de  ses  correspon- 
dants. GUYOT  DE  FÈRE. 

statistique  morale  de  la  France  (  dép.  des  Bouchcs- 
du-Rhône). 

FÉRAUD.  Voy.  Ferradd. 

FERAUDI  DE  THOARD  (iJaz/mowtZ),  trouba- 
dour  provençal,  mort  vers  1324.  Il  appartenait 
à  l'ancienne  famille  de  Glandevès.  Sa  jeunesse 
fut  fort  agitée.  Il  suivit  d'abord  Charles  1er  d'An- 
jou à  la  conquête  du  royaume  de  Naples,  et  se 
fit  assez  remarquer  par  sa  valeur  pour  être  admis 
au  nombre  des  cent  chevaliers  qui  devaient  com- 
battre en  champ  clos,  avec  ce  prince,  contre 
Pierre  d'Aragon.  Plus  tard,  après  avoir  suivi  Ro- 
bert, dit  le  Sage,  duc  de  Calabre,  Feraudi  vécut 
à  la  cour  de  Charles  II,  roi  de  Naples  et  comte 
de  Provence.  Il  était  alors  fort  estimé  de  la 
reine  Marie  de  Hongrie.  Devenu  amoureux  de  la 
dame  de  Curban,  l'une  des  présidentes  de  la  cour 
d'amour  de  Provence,  il  l'enleva  du  château  de 
Romanie,  et  passa  dans  son  intimité  de  douces 
années.  L'âge  ayant  éteint  les  feux  des  deux 
amants,  d'un  commun  accord  ils  embrassèrent 
l'état  monastique.  Feraudi,  après  avoir  brûlé 
toutes  ses  poésies  mondaines  «  pour  ne  donner, 
dit  Nostradamus,  mauvais  exemple  à  la  jeu- 
nesse, «  obtint  de  Marie  de  Hongrie  un  prieuré 
dans  l'île  de  Lérins  ;  et  la  dame  de  Curhan  prit 
le  voile  dans  un  couvent  de  Sistéron.  Feraudi  ne 
renonça  pas  pourtant  à  la  gaie  science,  car  il 
composa,  vers  1309,  plusieurs  pièces  de  vers  en 
l'honneur  de  Robert  le  Sage,  devenu  roi  de 
Naples  et  de  Sicile.  Il  avait  précédemment  dédié 
à  Marie  de  Hongrie  une  traduction  en  vers  pro- 
vençaux de  la  Vie  de  saint  Andronic  de  Hon- 
grie (plus  connu  sous  le  nom  de  saint  Honorât), 

12 


t'55  FERAUDI  —  FERBER 

premier  abbé  et  fondateur  de'Lérins.  Cette  tra- 
duction se  trouve  parmi  les  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris.  C'est  le  seul 
des  ouvrages  de  Feraudi  qui  soit  parvenu  jus- 
qu'à nous  ;  il  est  suivi  d'un  fragment  de  sonnet. 

A.  Ja-din. 

Chronigue  dite  du  Moine  des  îles  cPOr.  —•  Nostrada- 
raus.  Histoire  de  Provence,  8«  partie,  p.  870. 

*  FÉRAULÏ  OU  PEBBAULT  (  et  non  pas  PEB- 

RAND)  (Jean),  jurisconsulte  français,  né  à 
Angers,  vivait  en  1515.  Son  père  fut  successive- 
ment garde  de  la  monnaie,  échevin,  puis  maire 
de  la  ville  d'Angers  en  1450  et  1451.  Jean 
Férault  lit  ses  études  dans  sa  ville  natale,  lut 
reçu  licencié  en  droit,  et  devint  en  1509  con- 
seiller du  fisc  et  procureur  du  roi  au  Mans. 
On  a  de  lui  :  Tractatus  jura  seu  privilégia 
oMqua  reijni  Franciae  continens  ;  la  première 
édition  de  cet  ouvrage  est  en  lettres  gothiques, 
sans  date,  mais  publiée  avant  1515-  Cette  pre- 
mière édition  fut  dédiée  au  roi  Louis  XII  «  ut 
notes,  dit  Du  Moulin,  barbariem  et  imperitiam 
temporis  ».  On  en  possède  d'auti-es  éditions  de 
Paris,  1545  et  1555,  in-8'*;  le  Tractatus  jura 
est  aussi  imprimé  dans  le  Stylus  Parlamenti, 
1550  et  1558,  où  il  occupe  la  partie  IV  ;  dans  le 
t.  XVI  des  Tract.  Juris,  Venise,  1584,  in-fol.; 
et  dans  le  t.  II  des  Œuvres  de  Du  Moulin, 
p.  535,  Paris,  1661,  in-fol.  Cet  ouvrage  est  le 
même  quaje  suivant,  qui  est  néanmoins  men- 
tionné comme  différent  par  beaucoup  de  biblio- 
graphes :  Insignia  peculiaria  christïanissimi 
Francorum  regni  numéro  viginti,  seu  totidem 
illustrissimse  Francorum  coronse  prœrogu' 
tivœ  ac  prxeininentise ;  Paris,  1520,  in-8°;  —  i 
on  a  aussi  de  Férault  une  Topographie  du  \ 
Duché  de  Bourbonnais ,  in-fol.,  restée  en  ma- 
nuscrit à  la  Bibliothèque  impér.,  n"  9865. 

Lclong,  Bibl.  hist.  de  la  France,  t.  I,  n"  2192;  t.  H, 
il»  26794;  t.  III,  n°  37481  bis;  t.  Il,  et  IV,  n°  26884.  — 
Dom  Liron,  Singularités  historiques,  t.  Ill,  p.  389.  — 
Catalogue  de  la  Bibliothèque  impériale. 

FERBER  {Jean-  Jacques) ,  minéralogiste 
suédois,  né  à  Karlskrona,  le  9  septembre  1743, 
mort  le  12  avril  !790.  Élevé  avec  soin  par  son 
père  Jean-Henri  Ferber,  assesseur  au  Collège 
royal  de  Médecine^  il  fut  lui-même  destiné  à  étu- 
dier l'art  de  guérir.  Cependant  il  avait  un  goût  pro- 
noncé pour  la  minéralogie,  goût  qu'il  contracta , 
dit-on ,  après  avoir  assisté  aux  travau.\.  chimi- 
ques d'Antoine  Schwaab.  Les  leçons  de  Wallerius, 
de  Kronstedt  et  de  Linné,  qu'il  suivit  a  Upsal 
en  1760,  ne  firent  qu'accroître  sa  passion.  Logé 
dans  cette  ville  chez  Mallet,  il  étudia,  sous  la 
direction  de  ce  savant ,  les  mathématiques  et 
l'astronomie.  Puis  il  se  lia  avec  Bergmann, 
dont  il  publia  plus  tard  la  Sciagraphia  Regni 
Miner alïs.  En  1763  il  se  rendit  d'Upsal  à 
Stockholm,  où  il  fut  attaché  au  Collège  des  Mines, 
visita  les  provinces  suédoises,  riches  en  gîtes 
métalliques,  et  revint  à  Karlskrona  pour  y  tra- 
vailler au  Diarium  Florx  Carolicoronensis.  Il 
commença  ses  voyages  en    1765,   séjourna  à 


356 

Berlin  pour  y  étudier  la  chimie  sous  Pott  et 
Markgi'af,  s'arrêta  quelque  temps  à  Leipzig,  vi- 
sita les  mines  de  l'Italie,  du  Harz,  du  Palatmat, 
de  la  Bavière,  du  pays  de  Nassau,  de  l'Autriche, 
de  la  Bohême,  de  la  Hongrie,  vint  en  France,  alla 
en  Hollande,  en  Angleterre ,  où  il  étudia  la  situa- 
tion des  mines  des  comtés  de  Derby  et  de  Cor- 
nouailles.  Revenu  en  Suède,  il  devint,  en  1774, 
professeur  d'histoire  naturelle  et  de  physique  à 
Mittau.  En  1781 ,  sur  la  demande  du  roi  de 
Pologne,  il  fit  un  voyage  minéralogique  dans  ce 
pays.  Deux  ans  plus  tard  il  accepta  une  chaire 
d'histoire  naturelle  que  lui  offrait  l'impéi'atrice 
Catherine  II.  Ne  pouvant  supporter  les  rigueurs 
du  climat,  il  refusa  la  direction  des  mines  de  la 
Sibérie.  En  1786  il  passa  au  service  de  la  Prusse. 
En  1788  il  entreprit  un  nouveau  voyage  dans  le 
pays  d'Anspach ,  le  duché  de  Deux-Ponts ,  ia 
Suisse  et  la  France.  En  1789  il  se  rendit  en 
Suisse,  sur  l'appel  des  magistrats,  pour  y  amé- 
liorer l'exploitation  des  mines.  Il  succomba  à  une 
attaque  d'apoplexie  qui  le  surprit  pendant  une  ex- 
cursion dans  les  montagnes.  Ferber  fit  d'exactes 
et  précieuses  observations  en  minéralogie.  Ses 
ouvrages  contribuèrent  aux  progrès  de  la  géo- 
graphie physique  du  globe.  Les  principaux  sont  : 
Dissertatio  de  prolepsi  2)lantarum;  Upsal, 
1763,  in-4°;  —  BrieJ'eaus  Wclschland  iieber 
natuerliche  Merkivuerdigkeïten  dièses  Lan- 
des, etc.  (  Lettres  écrites  d'Italie  sur  les  curio.si- 
tés  naturelles  de  ce  pays,  etc.)  ;  Prague,  1773,  ! 
in-S".  Ces  lettres  ont  été  traduites  en  français  |j 
par  le  baron  de  Dietrich  ;  Strasbourg,  1776,  in-S". 
Ce  traducteur  améliora  et  rectifia  l'original.  Elles 
ont  été  traduites  en  anglais  par  R.-E.  Raspe  ;  Lon-  j, 
dres,  1776,  in-8"; —  Betjtraege  zu  der  Mine-  i 
ralgeschichte  von  Boehmen  (Mémoires  sur 
l'histoire  minéralogique  de  la  Bohême  )  ;  B(îrliii, , 
1774,  in-8°;  — Beschreibung  des  Quecksilber' 
bergwerks  zu  Idria  (Description  des  Mines  de^ 
Mercure  d'Idria)  ;  Berin,  1774,  in-8";  —  Ver- 
such  einer  Oryktographie  von  Derbyshire  in  : 
England  (  Essai  d'un  Oryktographie  du  Der- 
byshire en  Angleterre  )  ;  Mittau  ,  ]  776,  in-B"  ; 
—  Bergmànnische  Nachrichten  von  der. 
mineralischen  Merkiouerdigkeiten  der  her- 
zogl.  zweybriieckischen ,  Churpfaelzischen , 
Rlieingrœflichen  und  Nassauischen  Laender 
(  Rapports  de  Bergmann  sur  les  Curiosités  mi- 
néralogiques  du  duché  des  Deux-Ponts ,  du 
Palatinat,  des  pays  du  Rhin  et  de  Nassau); 
Berlin,  1776,  in-8°  ;  ~  Neue  Beytraege  zur 
Mineralgeschichte  (Nouveaux  Mémoires  pour 
l'histoire  des  Mines)  ;  1778,  in-8°;  —  Physifsa- 
Usch  -  meiallurgische  Abhandlungen  uebeï 
die  Gebirge  in  Vngarn, etc.  (Dissertations  phy- 
sico-métallurgiques sur  les  montagnes  de  la' 
Hongrie, etc.;  Berlin,  1780, in-8";  —  Nachrich-^ 
ten  vom  Anquiken  der  gold-und  silberhal- 
tigenFrze,  Kuffersteine  etc.,  in  Ungarnund 
Boehmen,nack  eigenen  Berner  kungen  daselbst 
(Notice  sur  l'affinage  des  minerais  aurii'è!e.s.  etc., 


357  FERBER  — 

tle  la  Bohême,  etc.  )  ;  Berlin ,  1787,  in-S"  ;  Leipzig 
ctVienne,  1787,  in-8°  ;  —  Untersuchung  cler 
Hypothèse  von  der  Verivandlung  der  mine- 
ralischsn  Kœrper  in  einander  (Essai  sur 
l'hypothèse  de  la  transmutation  des  corps  )  ; 
Berlin,  1788,  in-8'',  et  dans  les  Nova  Acta 
de  l'Académie  de  Saint-Pétesbourg  :  Ferber 
se  prononce  dans  ce  mémoire  contre  cette 
hypothèse;  —  Drei  JBriefe  miner alogischen 
iJnhalts  (Trois  lettres  dont  le  sujet  est  rainéra- 
I logique);  Berlin,  1789,  in-8";  —  Mineralogh 
sche  und  metallurgische  Bemerkungen  in 
Neufchâtel,  Franche-Comté  und  Bourgogne 
(  Observations  minéralogiques  et  métallurgiques 
faites  à  Neufchâtef ,  dans  la  Franche-Comté,  et 
ou  ISourgogne);  Berlin,  1789,  in-S";  —  Nach- 
richten  und  Beschreibungen  einiger  che- 
itaischen  Fabriken,  nebst  J.-Chr.  Fabricius 
I  mineralogischen  und  technologischen  Be- 
I  merkungen  auf  einer  Reise  durch  verschie- 
dene  Laender  in  England  und  Schottland 
(  Observations  minéralogiques  et  technologiques 
recueillies  durant  un  voyage  dans  diverses  con- 
trées de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse);  Haiber- 
stadt,  1793,  in-8°  ;  —  Zusaetze  zu  einem 
Ver.mch  einer  Naturgeschichte  von  Liejland 
(Appendices  à  l'Essai  sur  l'histoire  naturel  le  delà 
Livonie  par  Fischer)  ;  Riga,  178'},  in-SOj  avec  des 
annotations  relatives  à  la  géographie  de  la  Cour- 
lande; —  des  observations  dans  divers  recueils, 
notamment  sur  le  Solfatare;  en  itaUen,  dans  les 
Notizie  sopra  le  acque  acidulé  medicinali , 
scoperte  net  Monti  di  Arzignoro  ;  Padoue, 
1774,  in-8o;~  le  catalogue  des  principales  mines 
de  la  Bavière  et  du  haut  Palatinat;  dans  le  iVa- 
turforscher  ; — la  description  des  gisements  du 
lapis-lazuli  ;  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
d'Histoire  naturelle  de  Berlin,  1786. 

Schlichtegroll.  ?iékrolog.  auf  clas  Jahr  1790.  —  Salz- 
raann,  Denkwnerdigkeiten  aus  dem.  Lebeu  ausgezei- 
chneter  Teutschen  des  18«  Jakrhund.  —  Meusel,  Lexih. 
der  vom  Jalire  1750-1800  verstorbenen  Tentschen 
Schriftsteller.  — A.-J.-L.  Jourdan,  dans  la  [iiog.  médicale. 
FERCHAITLT  DE  RÉAUMCR.  Voy.  RÉAUMUR. 

FERDINAND  (1),  nom  commun  à  un  grand 
nombre  d  e  souverains  (empereurs,rois,ducs,  etc.  ) , 
classés  ci-dessous  par  ordre  alphabétique  des 
pays  sur  lesquels  ils  ont  régné  ;  les  princes  non 
souverains  sont  classés  dans  la  seconde  caté- 
gorie. 

I.  Ferdinand  princes  souverains. 

FERDINAND  i^"^,  empereur  d'Allemagne,  roi 
de  Bohême,  de  Hongrie  et  des  Romains,  landgrave 
et  landvogt  d'Alsace ,  second  (ils  de  Philippe  le 
Beau,  archiduc  d'Autriche  et  roi  de  Castille,etde 
Jeanne  la  Folle,  reine  d'Aragon  et  de  Castille,  né 
à  Alcala  de  Henarès,  le  10  mars  1503,  mort  h 
Vienne,  le  25  juillet  1564.  A  la  mort  de  son  père, 
en  1506,  il  fut  élevé  sous  les  yeux  et  par  les 

(i)  On  ne  connaît  pas  au  juste  l'étymologie  du  nom 
de  Ferdinand,  qui  semble  ôtre  déBivé  de  verdienen  et 
Mgnllier  méritant,  mais  que  d'autres  expliquent  diffe- 
reimncnt,  tout  en  ne  contestant  pas  cette  élymologie. 


FERDINAND  358 

soins  de  son  grand-père  Ferdinand  V,  dit  le  Ca- 
tholique, roi  d'Aragon  et  de  Castille.  Envoyé 
ensuite  aux  Pays-Bas ,  il  y  reçut  les  leçons  du 
célèbre  Érasme.  A  la  mort  de  l'empereur  Maxi- 
milien  I^'^,  il  eut  en  partage  les  provinces  autri- 
chiennes et  le  landgraviat  de  la  haute  Alsace. 
Lorsque  son  beau-frère,  Louis  H  le  Jeune,  roi 
de  Hongrie,  eût  péri  à  la  bataille  de  Mohacz 
contre  les  Turcs  ,  Ferdinand  lui  succéda  :  il  lut 
reconnu  roi  de  Bohême  le  24  février  1527,  et  de 
Hongrie  le  28  octobre  suivant.  C'est  à  dater  de 
cette  époque  que  la  Bohême  et  la  Hongrie  furent 
considérées  comme  parties  intégrantes  de  i'Em- 
pire.  Toutefois,  la  possession  de  la  Hongrie 
fut  vivement  disputée  à  Ferdinand  par  le  pré- 
tendant Jean  Zapolya,  que  soutenait  Soliman  H. 
Le  sultan,  après  s'être  avancé  jusqu'aux  fron- 
tières de  la  Styrie,  fut  d'abord  repoussé  par 
Nicolas  Jarissiz ,  puis  forcé  à  la  retraite  par 
une  diversion  d'Andréa  Doria  {voy.  ce  nom). 
L'éloignement  de  Soliman  ne  fit  pas  cesser  les 
hostilités  entre  Zapolya  et  Ferdinand;  elles 
durèrent  jusqu'au  traité  de  Gross-Wardein,  en 
1538,  traité  en  vertu  duquel  Jean  Zapolya  de- 
vait garder  le  titre  de  roi  jusqu'à  sa  mort. 
A  ce  moment ,  la  guerre  éclata  de  nouveau  au 
nom  de  Jean-Sigismond,  son  lils,  et  par  suite 
des  menées  de  Maitinuzzi,  prélat  remuant  et 
ambitieux.  La  Turquie  se  mêla  encore  du  con- 
flit. Ferdinand  eut  recours  au  crime  pour  se  dé- 
faire de  Martinuzzi,  qui  fut  assassiné,  le  19  dé- 
cembre 1 5  5 1  .La  guerre  se  continua  plus  vivement, 
et  ne  finit  qu'en  1562,  après  la  conclusion  d'un 
armistice  de  huit  années  et  d'un  engagement 
à  payer  tribut  à  Soliman.  Cependant  Ferdinand 
ne  jouit  jamais  paisiblement  de  la  possession  de 
la  Hongrie.  Mécontent  des  traités,  qui  ne  lui  as- 
suraient que  la  domination  sur  la  Transylvanie, 
Jean-Sigismond  continua  défaire  des  incursions 
en  Hongrie.  L'étal  de  la  Bohême  n'était  guère  plus 
calme  que  celui  delà  Hongrie.  Lescalixtins  et  les 
luthéi'iens  y  suscitaient  des  troubles.  A  peine 
déhaiTassé  de  la  guerre  avec  Soliman,  Ferdinand 
s'appliqua  à  l'énergique  répression  des  sectaires  : 
il  poussa  les  choses  jusqu'à  la  persécution.  Il 
livra  l'instruction  publique  aux  Jésuites,  et  établit 
une  censure  sur  les  livres  nouveaux. 

Roi  des  Romains  dès  le  9  janvier  1531,  du 
fait  de  Charles-Quint,  Ferdinand  devint  empe- 
reur d'Allemagne  le  24  février  1558,  par  l'ab- 
dication de  son  frère,  qui  ne  put,  comme  il  l'au- 
rait voulu,  assurer  la  coui'onne  impériale  à  son 
fils  Philippe,  auquel  il  avait  déjà  transmis  de- 
puis deux  ans  la  monarchie  espagnole.  Mais 
ce  prince  n'avait  pas  les  sympathies  de  l'Alle- 
magne. Trop  âgé  déjà  lorsqu'il  monta  sur  le 
trône  impérial  d'Allemagne ,  Ferdinand  ne  put 
réaliser  tout  le  bien  qu'il  méditait.  Il  opérii 
cependant  quelques  réfoimes  utiles,  réorganisa 
le  con.seil  aulique,  et,  devenu  plus  tolérant  à  me- 
sure qu'il  avançait  en  Age,  il  .•<e  constitua  le  dé- 
fenseur de  la  liberté  religieuse  de  ses  sujets  de- 

13. 


359 


FERDINAND 


Î60 


vant  le  concile  de  Trente,  qui  s'était  rouvert  en 
1562.  Il  acheta  en  1558  pour  cinquante  mille  flo- 
rins la  land  vogtied'Âlsace,que  Charles-Quint  avait 
rendue  aux  électeurs  palatins.  Depuis  ce  temps 
les  archiducs  d'Autriche  furent  landvogts  d'Al- 
sace. Ce  fut  sous  son  règne  aussi  que  la  diète 
d'Augsbourg  de  1559  s'ociîupa  du  système  mo- 
nétaire en  Allemagne.  Ferdinand  F''  mourut 
après  avoir  fait  élire  roi  des  Romains,  en  1562, 
son  fils  Maximilien.  f  Enc.  des  G.  du  M.,  avec 
add.  ] 

Ersch  et  Gruber,  Allg.  Enc. 

FERDINAND  II,  empereur  d'Allemagne,  roi 
de  Hongrie  et  de  Bohême,  petit-fils  du  précé- 
dent, naquit  le  9  juillet  1578,  et  mourut  le  15 
février  1637.  Il  était  fils  de  l'archiduc  Charles 
de  Carinthie  et  de  Styrie,  et  de  Marie,  fille  du 
duc  de  Bavière  Albert  III.  Son  père  était  le 
troisième  fils  de  l'empereur  Ferdinand  1er.  Dès 
1617,  son  cousin  Matthias,  qui  n'avait  point 
d'enfants ,  lui  assura  sa  succession.  Il  devint  roi 
de  Bohême  en  1617,  roi  de  Hongrie  en  1618 
et  empereur  en  1619.  Il  monta  sur  le  trône 
à  une  époque  où  la  guerre  de  Trente  Ans  met- 
tait en  feu  l'Allemagne  et  menaçait  de  renver- 
ser la  puissance  de  la  maison  d'Autriche.  D'un 
caractère  sombre  et  taciturne,  entièrement  dé- 
voué aux  Jésuites,  qui  l'avaient  élevé  à  Ingol- 
stadt,  adversaire  déclaré  de  toute  opinion  qui 
s'écartait  de  la  doctrine  proclamée  au  concile  de 
Trente,  il  différait  essentiellement  sous  le  rapport 
religieux  de  ses  prédécesseurs  Ferdinand  fer  et 
Maximilien  II,  et  même  de  Rodolphe  II  et  de 
Matthias.  Après  avoir  forcé  à  la  retraite  les  Bo- 
hèmes, qui  assiégeaient  Vienne  sous  la  conduite 
de  Thurn ,  il  sut  se  faire  couronner  empereur, 
en  1619,  malgré  leur  opposition  et  celle  de  l'U- 
nion. Soutenu  par  la  ligue  catholique  et  par  l'é- 
lecteur de  Saxe,  Jean-Georges  ler,  il  vainquit  les 
Bohèmes,  chassa  et  mit  au  ban  de  l'Empire 
l'électeur  palatin  Frédéric  V ,  qu'ils  s'étaient 
choisi  pour  roi,  et  soumit  les  protestants  aux 
plus  cruelles  persécutions.  Il  expulsa  les  prédi- 
cateurs de  la  réforme,  força  àémigrerdes  mil- 
liers de  Bohèmes  industrieux,  rappela  les  Jé- 
suites, et  déchira  de  sa  propre  main  la  lettre 
impériale  de  Rodolphe  H.  Pour  prouver  sa 
reconnaissance  auducdeBavière,Maximilien,  qui 
l'avait  secondé  dans  la  guerre,  il  le  nomma  électeur 
palatin  en  1622,  en  dépit  des  réclamations  de 
l'électeur  de  Saxe.  Ses  généraux,  Tilly  et  Wallen- 
stein,  défirent  Christiern  IV,  roi  de  Danemark , 
Christian  duc  de  Brunswick-Lunebourg  et  le  comte 
deMansfeld.  Les  deux  ducs  de  Mecklembourg,qui 
avaient  donné  des  secours  au  roi  de  Danemark, 
furent  mis  au  ban  de  l'Empire  et  dépouillés  de 
leurs  États,  dont  Ferdinand  investit  Wallenstein, 
pour  le  récompenser  de  ses  services.  Désireux 
de  se  rendre  maître  du  commerce  de  la  Baltique, 
il  fit  assiéger  Stralsund,  que  les  villes  hanséati- 
ques  défendirent  vaillamment.  Son  projet  favori 
cependant  était  l'extirpation  du  protestantisme. 


Ce  fut  pour  atteindre  ce  but  qu'il  publia,  en 
1629,  \'édit  de  restitution.  Tous  les  biens  im- 
médiats enlevés  au  clergé  catholique  par  les  pro- , 
testants  devaient  être  rendus  aux  évêques  et 
prélats  ;  les  réformés  étaient  exclus  de  la  paix 
de  religion  et  les  sujets  protestants  des  souve- 
rains catholiques  devaient  rentrer  immédiate- 
ment au  giron  de  l'ÉgUse.  Mais  le  renvoi  de 
Wallenstein  ,  demandé  unanimement  par  les 
États  de  l'Empire,  les  menées  de  Richelieu,  qui 
faisait  jouer  tous  les  ressorts  de  la  poHtique  pour 
donner  à  la  France  une  influence  prépondérante 
en  Europe  et  pour  mettre  des  bornes  à  la  puis- 
sance de  la  maison  de  Habsbourg  ;  l'entrée  de 
Gustave- Adolphe  en  Allemagne,  et  la  ligue  que' 
formèrent  avec  ce  monarque  les  protestants,  dont 
les  yeux  s'étaient  dessillés  par  suite  du  siège  de 
Magdebourg,  oîi  l'édit  de  religion  devait  être  mis 
à  exécution;  toutes  ces  circonstances  vinrent; 
arrêter  Ferdinand  dans  la  réalisation  de  ses 
projets.  Ce  qu'il  n'avait  pu  obtenir  encore,  il  es- 
pérait y  parvenir  après  la  mort  de  Gustave-Adol- 
phe ,  et  surtout  lorsque  son  fils  Ferdinand  eut 
battu  à  Nœrdlingue,  en  1634,  Bernard  de  Wei- 
mar,  et  que  la  Saxe  eut  signé  à  Prague,  l'année 
suivante,  une  paix  particulière  avec  lui.  Mais  l'ar- 
restation de  l'électeur  de  Trêves,  enlevé  par  son 
ordre  et  par  celui  de  Philippe  IV,  roi  d'Espagne, 
parce  qu'il  avait  demandé  la  protection  de  la 
France  et  reçu  garnison  française  dans  ses  places 
fortes;  cette  arrestation,  jointe  au  massacre 
des  soldats  français  par  les  troupes  espagnoles, 
donna  à  la  France  un  prétexte  pour  déclarer  la 
guerre  à  l'Autriche  et  à  l'Espagne.  La  Suède 
put  agir  dès  lors  avec  plus  de  vigueur.  Baner 
(voy.  ce  nom  )  défit  les  Saxons  unis  aux  Impé- 
riaux près  de  Wittstock,  en  1636,  les  chassa  de 
la  Hesse,  et  Ferdinand  mourut  sans  qu'il  lui  res- 
tât même  l'espoir  que  ses  projets  se  réalisas- 
sent un  jour.  [Ene.  des  G.  du  M.,  avec  add.] 

Ersch  et  Gruber,  Alla.  Enc. 

FERDINAND  III ,  empereur  d'Allemagne,  fils 
et  successeur  du  précédent,  né  à  Grsetz,  en  1608, 
mort  le  2  avril  1657.  II  avait  été  couronné  roi' 
de  Bohême  en  1625,  roi  de  Hongrie  en  1627,  et' 
se  montra  plus  disposé  à  la  paix  que  son  père. 
Ce  qui  contribua  surtout  à  l'entretenir  dans  ses  ' 
sentiments  pacifiques ,  ce  furent  les  défaites  suc- 
cessives que  Baner  et  le  duc  Bernard  de  Wei- 
njar  firent  essuyer  à  ses  troupes.  Cependant,  la  ' 
diète  convoquée  à  Ratisbonne,  en  1640,  ne  vou- 
lut pas  entendre  parler  de  faire  cesser  les  hosti-  ' 
lités.L'écrit  pseudonyme  à'Hippôlytus  a  Lapide, 
intitulé  :  Dissertatio  de  ratione  status  in  Im- 
perio  nostro  Romano-Germanico  ;  Stettin,  1640, 
ne  fut  pas  sans  influence  sur  sa  détermination.  ; 
Cet  écrit,  composé  par  le  conseiller  et  histo- 
riographe suédois  Bogislav-Philippe  de   Chem-  ' 
nitz,  à  l'instigation  de  l'électeur  de  Brandebourg, 
avait  pour  but  de  prévenir  les  États  contie  une 
paix  qui  aurait  été  d'autant  plus  funeste  pour 
l'Empire  que  les  concessions  faites  à  la  France 


361 

leussent  été  plus  grandes.  Moins  dévoué  aux  in- 
térêts de  l'Espagne  et  moins  esclave  des  Jésuites 
que  son  père,  Ferdinand  ni  accorda  des  amnis- 
ties à  plusieurs  États  de  l'Empire  qui  avaient 
embrassé  le  parti  suédois.  Ce  fut  lui  aussi  qui 
fil  le  premier  des  ouvertures  de  paix,  dont  les 
préliminaires  de  Hambourg  lurent  le  résultat; 
mais  il  se  passa  bien  du  temps  encore  avant  que 
le  congrès  de  Munster  ctd'Osnabriick  vînt  pro- 
clamer la  paix  générale.  Pendant  la  tenue  du 
congrès,  comme  il  n'avait  pas  été  conclu  d'ar- 
mistice, la  guerre  continua  avec  diverses  chances 
de  succès  et  de  revers ,  jusqu'à  ce  que  l'occupa- 
tion d'une  partie  de  Prague  par  les  Suédois, 
commandés  par  Wrangel,  hâta  la  signature  du 
traité  de  paix  par  Ferdinand  III. 

Pendant  qu'on  en  discutait  les  bases,  l'empe- 
reur avait  fait  élire  roi  d'Allemagne  ou  des  Ro- 
mains son  fils  Ferdinand  IV,  qui  mourut  en  1654. 
Trois  ans  après,  il  le  suivit  dans  la  tombe ,  au 
moment  où  il  venait  de  conclure  avec  les  Polo- 
nais une  alliance  contre  la  Suède.  D'importants 
changements  dans  la  constitution  judiciaire  de 
l'Allemagne ,  changements  décrétés  par  la  diète 
de  1653  à  1654,  signalèrent  son  règne.  Il  encou- 
ragea la  musique ,  qu'il  cultivait  lui-même.  On 
lui  doit  quelques  compositions,  imprimées  à 
Prague,  en  1648,  par  les  soins  de  l'organiste  de 
la  cour  Wolfgang  Ebner  et  dans  la  Musurgie  de 
Kircher,  t.  I.  Il  eut  pour  successeur  son  second 
fils,LéopoldF''.  {Enc.  des  G.  du  M.,  avec  add.] 

Erscli  et  Gruber,  Jll(i.  Enc. 

*  FERDINAND  i'^'"  (1)  (Charles-Léopold- Jo- 
seph-François-MarcelUn) ,  empereur  d'Au- 
triche, fils  de  François  T*"  et  de  sa  seconde 
épouse,  Marie-Thérèse,  l'une  des  filles  du  roi 
Ferdinand  IV,  de  Naples,  naquit  à  Vienne,  le 
19  avril  1793.  Ce  prince  eut  une  enfance  mala- 
dive ,  et  son  éducation  fut  peu  soignée,  d'abord 
par  suite  de  sa  mauvaise  santé,  ensuite  à  cause 
de  l'incapacité  de  ses  gouverneurs,  dont  le  pre- 
mier fut  congédié  le  jour  même  de  la  mort  de 
l'impérati'ice  mère  de  Ferdinand ,  et  dont  le  se- 
cond fut  attaqué  d'une  maladie  mentale  avant 
d'avoir  terminé  l'éducation  de  l'archiduc  héritier. 
On  le  remplaça  par  le  maréchal  comte  de  Belle- 
garde,  qui  reçut  le  titre  de  Oberhofmeister, 
(premier  intendant  ou  grand-maître  de  cour)  ;  et 
en  1832,  lorsque  le  grand  âge  de  ce  gouverneur 
exigea  un  nouveau  mentor,  on  choisit  le  grand- 
veneur  comte  de  Hoyow-Sprinzenstein.  La  santé 
du  prince  s'était  raffermie  ;  mais  son  moral  se 
ressentit  encore  de  sa  première  faiblesse  phy- 
sique ,  et  peut-être  aussi  de  l'état  imparfait  de 
sa  première  instruction.  En  1815,  on  le  fit  voya- 
ger dans  les  États  héréditaires  de  sa  maison,  en 
Italie,  en  Suisse  et  dans  une  partie  de  la  France; 
les  seules  qualités  qui  furent  remarquées  en  lui 
partout ,  ce  furent  la  bonté  et  la  douceur  de  son 


(1)  L'iinipii'ïï  d'Allemagne  ;iyaiU  été  supprimé  depuis 
François  1"  (en  1806),  les  empereurs  d'Aulriclio  ont 
changé  leur  clîiffre  dynastique. 


FERDINAND  362 

caractère.  Son  père,  François  1",  lui  conféra  le 
grade  de  i'eld-maréchal  impérial ,  et  bientôt  il  ju- 
gea prudent,  à  l'exemple  de  quelques-uns  de  ses 
prédécesseurs ,  de  faire  couronner  de  son  vivant 
son  fils  en  qualité  de  roi  de  Hongrie.  Cette  cé- 
rémonie eut  lieu  en  présence  de  la  diète  hon- 
groise, le  28  septembre  1830;  l'archiduc  prit  le 
nom  de  Ferdinand  V,  rex  junior  de  Hongrie. 
Là  27  féviier  1831,  il  fut  marié  à  la  princesse 
sarde  Marie-Anne-Caroline  ,  fille  du  roi  Victor- 
Emmanuel  ,  née  le  19  septembre  1803. 

Par  la  mort  de  son  père,  le  2  mars  1835,  Fer- 
dinand se  trouva  appelé  au  trône  à  l'âge  de  qua- 
rante-deux ans.  On  s'attendait  alors  à  un  chan- 
gement dans  le  gouvernement  autinchien ,  d'au- 
tant plus  que  Ferdinand  marquait  beaucoup  de 
déférence  pour  un  des  archiducs  ses  oncles; 
mais  les  personnes  qui  connaissaient  mieux 
l'esprit  du  cabinet  autrichien  furent  persuadées 
que  son  système,  toujours  le  même  depuis  tant 
de  siècles ,  ne  varierait  point.  Ferdinand  ac- 
corda en  effet  à  M.  de  Metternich  la  même  con- 
fiance que  son  père  lui  avait  témoignée,  le  laissa 
régler  les  affaires  de  l'extérieur,  tandis  que  la 
politique  intérieure  resta  absolument  invariable, 
ainsi  que  Ferdinand  l'avait  annoncé  par  sa  pro- 
clamation lors  de  son  avènement.  Cependant, 
le  6  septembre  1838,  date  de  son  couronnement 
comme  roi  de  Lombardie,  il  promulgua  une 
amnistie  générale  pour  les  crimes  et  délits  po- 
litiques commis  dans  les  provinces  italiennes. 
Sous  son  règne  l'industine  autrichienne  prit  un 
essor  inaccoutumé  ;  on  améliora  les  routes ,  on 
construisit  des  voies  ferrées.  Le  soulèvement  de 
la  Gallicie  en  1846  amena  l'incorporation  de 
Cracovie  et  de  ses  dépendances  à  l'empire.  Lors- 
que, à  la  fin  de  1847,  les  agitations  révolution- 
naires commencèrent,  l'empereur  fit  les  conces- 
sions commandées  par  les  circonstances.  Il  con- 
sentit, au  mois  de  mars  1848,  à  la  démission  de 
M.  de  Metternich,  à  la  formation  d'un  ministère 
responsable;  enfin,  il  posa  les  bases  d'une  cons- 
titution impériale.  Les  troubles  qui  éclatèrent 
ensuite  à  Vienne  l'obligèrent  de  se  réfugier  à 
Inspruck  avec  sa  famille.  Revenu  à  Vienne  au 
mois  d'août,  il  dut  encore  fuir  cette  capitale  en 
octobre.  Venu  à  Olmiitz,  il  abdiqua  le  2  décembre 
suivant,  en  faveur  de  son  neveu,  le  prince  Fran- 
çois-Joseph. Depuis  lors  Ferdinand  vit  retiré  à 
Prague.  Ses  occupations  sont  peu  connues,  et  pa- 
raissent toutes  renfermées  dans  l'intérieur  de  son 
palais.  Il  a  montré  du  goût  pour  la  technologie 
et  le  blason.  Son  mariage  est  resté  stérile. 

Enc.  des  G.  du  M.  —  Conversât.- Lex. 

FERDINAND  n,  landgrave  d'Alsace  et  comte 
de  Tyrol,  né  le  14  juin  1529,  mort  le  24  janvier 
1595.  Il  était  second  fils  de  Ferdinand  F'",  em- 
pereur d'Allemagne,  qui  lui  laissa  en  mourant 
l'Alsace  et  le  Tyrol  (25  juillet  1564).  Le  règne 
de  Ferdinand  n'offre  aucune  parhcularité  digne 
de  remarque.  Il  accepta  le  calendrier  julien  ré- 
formé par  le  pape  Grégoire,  et  commença  à  i'exé- 


363  FERDINAND 

cuter  dès  le  17  novembre  1583,  qui  fut  alors 
compté  pour  le  27  ;  mais  Strasbourg  et  les  pro- 
testants d'Alsace  refusèrent  d'adopter  ce  chan- 
gement, qui  ne  devint  d'un  usage  général  qu'en 
1682,  sur  l'ordre  positif  de  Louis  XIV.  Ferdi- 
nand avait  épousé  en  1560  Philippine  Welser 
de  Zinnenberg,  morte  le  24  avril  1580,  laissant 
de  son  mariage  deux  fils  :  Charles,  margrave  de 
Burgau,  et  André,  dit  le  cardinal  d'Autriche , 
évêque  de  Constance  et  de  Brixen.  Ces  deux 
princes  furent  déclarés  d'une  filiation  maternelle 
trop  inférieure  pour  succéder  à  leur  père.  La 
seconde  femme  de  Ferdinand  IT,  Anua-Catharina 
de  Gonzague,  mariée  en  mai  1582,  morte  en 
1620,  ne  laissa  qu'une  fille,  Anna,  qui  épousa 
l'empereur  Matthias.  Les  biens  de  Ferdinand  pas- 
sèrent à  ses  neveux,  qui  étaient  l'empereur  Ro- 
dolphe et  ses  frères. 

Sedier,  Univ.  Lex.  —  Chronologie  des  Landgraves  de 
la  haute  Alsace ,  dans  VArt  de  vérifier  les  dates  ,  édit. 
de  1819,  t.  XIV,  p.  28. 

*FERmNAND-CHARLES,  dernier  landgrave 
de  la  haute  Alsace,  né  le  17  mai  1628,  mort  à 
Inspruck,  le  30  décembre  1662.  Il  était  fils  de 
Léopold  IV,  landgrave  et  landvogt  d'Alsace  et 
comte  du  Tyrol.  11  succéda  à  son  père  sous  la 
tutelle  de  sa  mère,  Claudia  de  Médicis.  Ce  fut 
pendant  sa  minorité  que  les  Suédois,  qui  avaient 
fait  Ja  conquête  de  l'Alsace,  la  cédèrent,  par  le 
traité  de  Paris  (  1"'  novembre  1634),  au  roi  de 
France,  Louis  XIII.  En  1648,  la  paix  de  Munster, 
et  en  1659,  celle  des  Pyrénées  confirmèrent  cette 
cession.  En  compensation,  Louis  XIV,  par  un 
traité  passé  le  16  décembre  1660,  s'engagea  à 
payer  à  Ferdinand -Charles  3,000,000  de  livres 
tournois.  Cette  somme  fut  acquittée  le  3  décem- 
bre 1663  entre  les  mains  de  Sigismond-François , 
frère  et  héritier  du  landgrave.  Dès  lors  l'Alsace, 
le  comté  de  Ferette  et  la  landvogtie  d'Haguenau 
furent  définitivement  acquis  à  la  France.  Ferdi- 
nand-Charles avait  épousé,  le  10  juin  1646,  Anna 
de  Médicis,  dont  il  n'eut  pas  d'enfants. 

Traités  de  Paix,  111,  p.  805-825.  —  Monglat,  Mémoires, 
p.  109.  —  Sismondi , //i.ïiciire  des  Français,  t.  XXIV, 
p.  598.  —  Sedier,  tiniv.  Lex.,  au  mot  Alsatia. 

*FERDïNAN»-R!ASiiE  ,  électeur  de  Bavière, 
né  le  31  octobre  1636,  mort  à  Schleisheim ,  le 
26  mai  1679.  Il  était  fils  aîné  de  Maximilien  F"", 
électeur  de  Bavière,  et  de  Marie- Anne  d'Autriche. 
1!  succéda  à  son  père,  le  27  septembre  1651,  sous 
la  tutelle  de  .son  oncle  Albert,  landgrave  de 
Leuchtenberg  et  comte  de  Halle.  Après  la  mort 
de  l'empereur  Ferdinand  III  (  1657  ),  le  comte  de 
Furstemberg  ,  député  de  Bavière  à  la  diète  élec- 
torale, brigua  pour  son  maître  le  trône  impérial. 
Fei'dinand-Marie  désavoua  son  représentant,  et 
déclara  que  si  les  électeurs  lui  imposaient  la  cou- 
ronne impériale,  il  secouerait  la  tête  pour  la  faire 
tomber.  Sa  mère  lui  ayant  fait  de  vifs  reproches 
sur  son  peu  d'ambition, il  répondit:  <  Madame, 
J'aime  mieux  être  un  riche  électeur  qu'un  pauvre 
empereur.  «  Il  entra  cependant  en  contestation 
avec  Charles-Louis,  électeur  palatin,  au  sujet  du 


vicariat  de  l'Empire.  Ce  différend  ne  fut  termine 
qu'en  1724,  après  la  mort  des  deux  compétiteurs. 
Ferdinand-Marie  sut  toujours  conserver  une  pru- 
denie  neutrahté  au  milieu  des  longues  guerres 
qui  affligèrent  alors  l'Europe.  Il  avait  épousé, 
le  22  juin  1652,  Henriette- Adélaïde  de  .Savoie 
(morte  le  18  mars  1676),  et  eut  de  ce  mariage 
Maximilien-Emmanuel,  qui  lui  succéda;  Marie- 
Anne-Christine-Victoire,  mariée,  le  7  mars  iGSO, 
à  Louis,  dauphin  de  France;  Joseph-Clément, 
électeur  de  Cologne,  évêque  de  Liège,  de  Ratis- 
bonueet  d'Hildesheim,et Violante-Béatrix,  ma- 
riée, en  1689,  à  Ferdinand,  prince-héréditaire  de 
Toscane. 

Sedier,  Univ.  Lex. 

FERDINAND  ï,  ïi,  liï,  rois  de  Bohême.  Voy. 
Ferdinand  I,  II,  IH,  empereurs  d'Allemagne. 

FEROiNAND-ALiBERT,  ducs  de  Bvunswick, 
Voy.  Brunswick. 

Fs^RDiNANO  »E  6JAVIÈRE,  quatre-vingt-ct- 
unième  archevêque  de  Cologne  ,  et  soixante-et- 
unième  prince-évêque  de  Liège  et  de  Munster, 
néie7  octobre  1577,  mort  à  Arnsberg,le  13  sep- 
tembre 1650.  Il  était  fils  de  Guillaume  V,  duc  de 
Bavière  et  de  Renée  de  Lorraine.  Dès  son  en- 
fance, prévôt  de  l'église  de  Cologne,  chanoine 
de  Mayence  et  de  Trêves,  il  succéda,  le  12  mars 
1612,  à  son  oncle  Ernest  de  Bavière,  non-seule- 
ment dans  l'archevêché  de  Cologne,  mais  aussi 
dans  les  évêchés  de  Liège  (  16  mars  1612)  et  de 
Munster  (11  avril  1612).  En  mai  suivant  il  se 
rendit  à  Francfort  et  contribua  à  l'élection  de 
l'empereur  Matthias  d'Autriche,  dont  il  fit  le  24  du 
même  mois  le  couronnement,  conjointement  avec 
Jean  Suicard  de  Cronenbourg ,  archevêque  de 
Mayence.  Après  la  mort  de  Matthias,  Ferdinand 
de  Bavière  prit  encore  une  part  active  à  l'élec- 
tion de  l'empereur  Ferdinand  II,  qui  par  recon- 
naissance lui  conféra  l'évêché  de  Paderborn.  En 
1630,  il  conduisit  lui-même  des  troupes  contre 
les  Suédois  et  les  protestants  allemands,  et,  en 
1637,  il  chassa  les  Français  de  la  citadelle  d'Eh- 
renbreitstein.  En  1641  ,  il  accueillit  Marie  de 
Médicis,  mère  de  Louis  XIH,  que  la  persécution 
de  Richelieu  forçait  de  quitter  la  France  ,  et  lui 
donna  un  asile  au  couvent  de  Saint-Tron.  De 
1642  à  1648,  Ferdinand  de  Bavière  vit  ses  États 
occupés  et  ravagés  par  les  Français,  les  Hessois 
et  les  Suédois.  Ce  fut  seulement  lors  de  la  paix 
de  Munster  qn'il  recouvra  ses  places  fortes  ;  en- 
core fut-il  obligé  de  payer  aux  Hessois  une  in- 
demnité de  six  cent  mille  rixdalers.  Dans  le  pays 
de  Liège  le  gouvernement  de  Ferdinand  de  Ba- 
vière fut  une  suite  de  révoltes ,  de  bannisse- 
ments, de  tortures  et  de  massacres,  causés  par 
les  prétentions  réciproques  de  l'évêque  et  du 
peuple.  Le  prélat  soutenait  le  parti  espagnol,  et 
la  bourgeoisie  celui  de  la  France.  Un  accom- 
modement fut  enfin  conclu  le  7  avril  1631,  et 
Ferdinand  se  retira  à  Bonn.  En  mai  1636,  la  lutte 
recommença  :  les  Impériaux,  appelés  par  l'évê- 
que, vinrent,  sous  la  conduite  de  Charles  IV,  duc 


FERDINAND 


366 


dç  Lorraine,  de  Picolomini  et  de  Jean  de  Werth, 
assiéger  Liège.  Les  bourgeois  chassèrent  les  cha- 
noines, prirent  les  armes ,  et,  commandés  par 
Sébastien  de  La  Ruelle,  leur  bourgmestre,  ils  se 
(liMendirent  vaillamment,  firent  des  sorties  heu- 
it'iises  et  défirent  Jean  de  Werth.  Le  nonce  mé- 
nagea un  arrangement  entre  l'évêque  et  ses  sujets. 
Ceux-ci  promirent  de  reconnaître  l'empereur,  et 
(lunnèrent  une  forte  somme  au  prélat  et  à  ses 
alliés.  Mais  aussitôt  rétabli  sur  son  siège,  Fer- 
dinand de  Bavière  recommença  ses  empiéte- 
itients,  et  les  Liégeois  portèrent  plainte  au  pape 
Urbain  VIII.  Le  bourgmestre  La  Ruelle  (vo^J. 
ce  nom  )  était  l'âme  de  la  résistance  des  iDour- 
geois  ;  le  comte  René  de  Renesse ,  seigneur  de 
Warfusée,  agent  du  parti  espagnol,  invita  ce  ma- 
gistrat à  un  grand  repas,etle  fit  égorger,  le  15  avril 
1637.  Les  Liégeois,  exaspérés,  écrasèrent  les  sol- 
dats étrangers  ,  prirent  de  force  la  maison  de 
Warfusée,  le  percèrent  de  raille  coups,  le  pen- 
dirent ensuite,  et,  après  l'avoir  brûlé,  jetèrent 
ses  cendres  dans  la  Meuse.  Ferdinand  aurait  eu 
le  même  sort  s'il  n'eût  eu  la  précaution  de  se 
retirer  dans  un  de  ses  châteaux  avant  l'accom- 
plissement du  meurtre  de  La  Ruelle.  Mais  ses 
principaux,  partisans  et  ceux  de  l'Espagne  furent 
les  victimes  de  la  colère  populaire.  Les  jésuites 
et  les  carmes  furent  très-maltraités  et  expulsés 
de  la  ville.  Ferdinand  eut  beaucoup  de  peine  à 
se  laver  de  l'assassinat  du   bourgmestre.  Ce- 
pendant, avec  le  temps,  le  peuple  se  calma,  et, 
oubliant  ses  griefs,  rouvrit  ses  portes  au  prélat. 
Les  états  de  Liège  lui  accordèrent  même,  en  sep- 
tembre 1641,  cent  cinquante  mille  florins,  au 
moyen  desquels  Frédéric-Maurice  de  La  Tour, 
prince  de  Sedan,  renonça  à  ses  prétentions  sur 
le  duché  de  Bouillon.  Quelques  écrivains  ecclé- 
siastiques ont  vanté  la  piété,  la  bienfaisance  et 
les  bonnes  mœurs  de  Ferdinand  de  Bavière  ;  ces 
qualités  semblent  peu  d'accord  avec  l'histoire. 
Il  est  vrai  que  Liège  lui  dut  en  particulier  l'éta- 
blissement de  nombreuses  congrégations  reli- 
gieuses. Il  y  étabht  des  augustins  du  Saint-Sé- 
pulcre en    1614  ,  des  carmes  déchaussés  et  des 
minimes  en   1617,  des  ursulines  l'année    sui- 
vante; puis,  deux  ans  après ,  des  célestins,  des 
dominicains,  des  capucins,  des   récollets,  des 
carmélites ,  des  l'eligieuses  de  la  Conception,  des 
urbanistes ,  enfin  des  filles  du  tiers  ordre  de 
Saint-François.  De  magnifiques  monastères  furent 
élevés  pour  cessociétés.qui  étaient  en  outre  dotées 
aux  dépens  de  la  ville.  A.  de  L. 

Le  M cTcnrc  français,  t.  XXII,  ann.  1638.  —  Abbc  d'Ar- 
tipny,  Mémoires  d'histoire  critique,  t.  II,  p.  322.  — 
/,«  f-'oix  du  peuple  Liégeois  ;  Liège,  1637,  in-4°.  —  Foul- 
lon ,  Histoire  do  Lierje.  —  L.  Polain,  Le  Banquet  de 
If^arfnsée,  dans  la  hernie  belge,  %^  ann.,  p.  181.  —  Comte 
de  Bccdelicvrc-Hamal,  Biographie  Liégeoise,  t.  i.  p.  479. 

FERDINAND  ler^  djt  le  Juste  et  Y  Honnête, 
roi  à' Aragon  et  de  Sicile  né  en  1373,  mort  à 
Ygualada  (  Catalogne,),  le  2  avril  1416.  Il  était  le 
deuxième  fils  de  Juan  P'',  roi  de  Castille,  et  d'K- 
leonora  d'Aragon.  Il  refusa  la  couronne  de  Cas- 


[  tille,  que  lui  offraient  les  états  à  la  mort  de  son 
j  frère  aîné,  Henri  III,  dit  le  Maladif.  Content  du 
I  titre  de  régent ,  il  gouverna  la  Castille  pendant 
\  la  minorité  de  son  neveu  Jean  II ,  à  qui  il  laissa 
j  plus  tard  le  gouvernement  de  la  Vieille-Castille. 
i  La  sagesse  avec  laquelle  il  dirigea  les  affaires  et 
!  ses  succès  contre  les  Maures  lui   donnèrent  la 
plus  haute   influence.   Il  en  profita  pour  aug- 
menter sa  puissance  et  celle  de  sa  famille.  Le 
troisième  et  le  quatrième  de  ses  fils  furent  élevés 
aux  maîtrises  d'Alcantara  et  de  Santiago.  Lorsque 
le  roi  d'Aragon  et  de  Sicile  D.  Martin,  frère  de 
sa  mère,  D.  Léonore,  lui  fit  offrir  sa  succession 
à  la  couronne  d'Aragon,  Ferdinand  assiégeait  An- 
tequera,  dont  il  ajouta  ensuite  le  nom  au  sien. 
La  prise  de  cette  ville,  la  plus  forte  que  possé- 
dassent encore  les  Maures,  de  Grenade,  lui  donna 
une  grande  prépondérance  et  décida  les  députés 
d'Aragon ,  de  Catalogne  et  de  Valence,  réunis  à 
Caspé,  à  le  reconnaître  dès  le  30  juin  1412.  Ses 
compétiteurs  étaient  Federigo,  comte  de  Luni, 
fils  naturel  de  don  Martin,  Matthieu  de  Castelbon, 
comte  deFoix,  gendre  de  Juan  F"",  frère  aîné  de 
don  Martin;  Alfonso ,  duc  de  Candie  ;  le  marquis 
de  Villena;  Jayme  II,  comte  d'Urgel.  Ce  dernier 
osa  seul  lui  disputer  l'héritage  du  roi  d'Aragon. 
Ferdinand  non-seulement  repoussa  son  attaque, 
mais  l'assiégeant  dans  Balagner,  il  l'obligea  de  se 
rendre  à  discrétion,  confisqua  ses  biens,  et  l'en- 
voya prisonnier  en  Castille.  Le  vainqueur  rentra 
ensuite  dans  Saragosse  ,  oij  il  se  fit  couronner 
solennellement,  en  1414.  Il  éprouva  aussi  quelque 
difficulté  à  établir  son  pouvoir  en  Sicile.  La  reine 
Elança  de  Navarre ,  veuve  de  Martin  I^'',  roi  de 
Sicile,  fils  de  don  Martin  et  mort  avant  son  père, 
jouissait  alors  de  la  régence  en  vertu  du  testa- 
ment de  son  mari  :  Ferdinand  la  confirma  vice- 
reine  ;  mais  il  nomma  en  même  temps  un  con- 
seil supérieur  de  huit  vice-gérants.  Blanca  avait 
refusé  avec  dédain  la  main  deBernardo  Caprera, 
comte  de  Modica,  favori  de  Martin  F",  et  qui  as- 
pirait aussi  à  la  royauté.  Celui-ci  s'en  vengea  en 
chassant  la  régente  de  Palerme  ;  Ferdinand  eut 
à  réduire  l'audacieux  prétendant,  qui  fut  expulsé 
de  Sicile.  Blanca ,  néanmoins,  voyant  ses  pou- 
voirs limités  par  l'autorité  des  vice-gérants,  se 
retira  en  Navarre.  Ferdinand  dans  tout  le  cours 
de  son  règne   ne  trompa   nullement  la  bonne 
opinion  qu'il  avait  fait  concevoir  de  lui.  Il  sut 
joindre  à  l'habileté,  qui  inspire  la  confiance,  la 
fermeté,  qui  commande  le  respect,  la  justice  et 
la  clémence,  qui  lui  concilièrent  l'amour  de  ses 
sujets.  Aussi  son  influence  fut-elle  grande  au 
dedans  comme  au  dehors.  Le  roi  d'Angleterre 
et    l'empereur   d'Allemagne  reclierchèrent  .son 
alliance,  et  son  intervention  fut  réclamée  dans  les 
affaires   de  l'Église.  Jusqu'au  concile  de  Cons- 
tance, Ferdinand   avait  suivi   le  parti  de  Be- 
noît XITI  ;  mais   Grégoire  XII  ayant  donné  sa 
démission  et  Jean  XXIII  ayant  été  déposé-,  Fer- 
dinand crut  devoir  engager  Benoît  à  se  retirer 
aussi,  afin  do  rendre  la  paix  à  l'Église.  Il  se  tranS' 


3()7 

porta  auprès  de  lui  à  Perpigaau,  et  épuisa  toutes 
les  \oies  de  persuasion  sans  rion  en  obtenir  : 
il  ralwndonna  alors,  et  se  soumit  à  Tobeissiuice 
lie  Martin  V.  Feniinaml  mourut  en  revenant  de 
cotte  entrevue.  11  avait  épousé  Leonore  il'Albu- 
querque,  dont  il  laissa  quatre  lils  :  Alfouse  V,  dit 
le  Sage  et  le  MaQiuiniiue,  qui  lui  succéda; 
Juan  U ,  roi  de  îSavarre,  puis  d'Aragon  ;  don  En- 
rique;  don  Pedro;  et  deux  tilles:  Maria,  qui 
épousa  en  1420  Juan  II ,  roi  de  Castille;  et  Eleo- 
nora,  mariée  en  1428  avec  don  Duarte,  iul'ant  de 
Portugal.  V.  M.VKTY. 

Mariuua,  Hist.  fiisp,  —  Garibaï,  Historia  de  todos  los 
Reinos  di  EspaiUi.  —  Zurlta  ,  .-Inales  de  la  Corona  de 
Mragoii.  —  Ferreras,  Uist.  rien,  de  E^paiia. 

FEKmxASD  II,  voi  d'Aragon.  Voyez  Fer- 
DiiSAJin  V,  dit  le  Catholique ,  roi  de  Castille. 

FERDiA'AKU  1er,  /(■  Grand,  roi  de  Castille, 
de  Léon,  de  Galice,  mort  à  Léon, le  27  décembre 
1065,  était  le  second  tils  de  Sancbe  EŒ,  le  Grand 
{voij.  ce  nom),  roi  de  iNavarre,  qui  força  Ber- 
mude  III,  roi  de  Léon,  à  renoncer  à  tout  droit 
sur  la  Castille,  ainsi  érigée  eu  royaume  indépen- 
dant (1032).  Ferdinand  épousa  eu  même  temps 
la  sanir  du  roi  vaincu,  doua  Sancba,  qui  avait  été 
tiaucee  à  Garcia  [roi/,  ce  uonO, comte  de  Cas- 
tille. Bermude  crut  que  la  mort  de  Sancbe  III 
lui  ottniit  uue  occasion  favorable  de  recouvrer  la 
Castille,  et  envahit  cet  Etat,  maigre  les  liens  de 
parente  qui  Tunissaieut  à  sou  possesseur.  Fer- 
dinand le  vainquit,  et  le  tua-,  il  lit  alors  valoir 
les  droits  de  sa  femme  et  de  la  victoire,  et,  par 
l'occupation  des  Astmies  et  de  Léon,  il  devint 
le  plus  puissant  souverain  de  l'Espagne  cbré- 
tienue.  Bermude  ni  était  le  dernier  rejeton  màle 
d'une  dynastie  de  rois  qui,  par  Pelage,  remon- 
tait aux  rois  Gotbs.  Ferdinand  .  qui  ne  la  repré- 
sentait que  par  les  fenuues,  eut  à  faire  oublier 
le  titiH?  d'étranger  que  lui  donnaient  ses  nouveaux 
sujets.  11  plut  au  peuple  par  la  coutirmation  des 
fneros  d'Alfouse  V.  complètes,  et  imposa  par  sa 
fermeté  et  sa  justice.  Il  employa  trei"/.e  ans  à  la 
restauration  des  antiques  lois  des  Goths,  appro- 
priées à  son  époque.  La  révolte  de  son  trère, 
Garcia,  roi  de  ^'avarre,  vint  l'arracher  à  ces  utiles 
travaux.  11  marcha  contre  lui,  le  detit,  et  le  tua  à 
Pennalèue.  dans  les  plaines  d'Atapuerca,  appelées 
depuis  Champ  di(  Meurtre;  par  l'occupation 
de  la  Rioja.  des  Asturies  et  de  la  Galice,  il  limita 
à  l'Èbre  la  Navarre,  qui  resta  à  Sancbe,  son  neveu. 
Se  vovant  à  la  tète  de  troupes  grossies  par  la 
victoire ,  il  tourna  ses  armes  couti-e  les  infidèles. 
11  avait  à  les  punir  de  l'assistance  prêtée  contre 
lui  au  roi  de  Navarre.  Envahissant  le  Portugal, 
il  emporta  d'assaut  Viseu,  malgré  l'énergie  de  sa 
défense,  puis  Lamego  ,  et  vint  mettre  le  siège 
devant  Coïmbre.  Six  mois  après,  il  faisait  son 
entrée  dans  cette  dernière  place,  la  plus  impor- 
tante du  pays,  26  juillet  (,iOô8\  L'année  suivante, 
maître  de  San-Estevan  de  Gormas,  il  poussa  son 
expédition  jusqu'à  Mediua-Celi  (_1060),  en  dé- 
truisant la  ligne  d'atalayas  (  espèces  de   ve- 


FERDTN.AND  368 

dettes),  que  l'ennemi  avait  élevées  sur  les  fron- 
tières de  la  Cantabrie,  dont  il  occupa  plusieurs 
places.  Il  se  jeta  ensuite  sur  le  royaume  de 
Tolède,  dévastant  tout  sur  son  passage,  et  sans 
laisser  prendre  haleine  ni  à  ses  soldats,  ui  à 
l'ennemi ,  il  remonta  jusque  vers  Madrid  et  Al- 
cala  de  Henarès.  Les  riches  présents  d'Al-Ma- 
moun,  émir  \ie  Tolède ,  purent  seuls  arrêter  sa 
conquête.  Après  un  traité  en  vertu  duquel  l'émir 
se  reconnut  son  vassal,  Ferdinand  se  retira 
chargé  de  butin.  Il  dépensa  ces  richesses  en 
améliorations  intérieures.  Il  restaura  Zamora, 
et  réédilîa  à  Léon  l'église  de  Saint-Jean-Baptiste, 
destinée  ;\  recevoir  les  reliques  des  saints  en- 
fouies dans  les  lieux  qu'occupaient  encore  les 
infidèles.  11  porta  ses  ravages  dans  l'Andalousie, 
et  força  Ebn-.Ab,  émir  de  Séville,  à  se  recon- 
naître son  tributaire  et  à  lui  rendre  les  reliques 
de  saint  Isidore,  qu'il  transporta  dans  sa  nouvelle 
église  (  1063  ),  où  il  passait  de  longues  heures  en 
prières.  Atteint  d'une  grave  maladie,  c'est  là 
qu'il  se  fit  transporter  au  retour  d'une  expé- 
dition dirigée  contre  '^'alence,  et  qu'il  voulut 
terminer,  sous  le  eilice  du  pénitent),  sa  vie  de 
roi  législateur  et  guerrier.  Aussi  actif  et  non 
moins  habile  à  gouverner  pendant  la  paix  que 
pendant  la  guerre ,  Ferdinand  fut  un  des  plus 
grands  rois  de  l'Espagne.  Fondateur  du  royaume 
de  Castille ,  il  éleva  au  titre  d'empereur  des  pré- 
tentions ,0  qui  lui  furent  contestées.  Le  Cid  de 
Bivar,  élevé  à  sa  cour,  vint  à  Toulouse  pour 
soutenir  contre  l'aïubassadeur  d'Hemù  le  Noir, 
empereur  d'Allemagne,  la  discussion  élevée  à  ce 
sujet.  La  médiation  du  pape  y  mit  tin.  Ferdinand 
mourut  au  comble  de  la  gloire  et  de  la  puis- 
sance. Des  trois  tils  qu'il  eut  de  dofia  Sancha, 
son  épouse,  Sanche  fut  roi  de  Castille  ;  Alonzo, 
de  Léon  ;  Garcia,  de  Gahc«.  "V.  M  vrtv. 

Roderic  de  Tolède,  Chi'ouicon.  —  D.  Diego  de  Saave- 
dra,  Corona  Gotkica,  Castellmia.  —  Ferreras,  Hist. 
nen.  de  Espaha.  —  La  Fuente,  id.,  t.  IV,  1851. 

FERDINAND  II,  roi  de  Léon,  deuxième  lils 
d'Alfonse  "S'III,  régna  de  1157  à  llSS.  C'était  un 
prince  gai,  libéral,  brave  et  plein  de  cette  piété 
ardente ,  particuhère  aux  rois  d'Espagne  dans 
leur  lutte  continuelle  avec  le  fanatisme  musul- 
man :  il  se  répandit  en  largesses  envers  l'Église, 
et  fut  très-heureux  dans  ses  guerres.  Sanche  III, 
son  frère ,  roi  de  Castille ,  s'etant  déclaré  protec- 
teur des  grands  de  ses  Etats  soulevés  contre  lui, 
il  prévint  les  hostilités  en  se  rendimt  stms  suite 
en  Castille  et  en  faisant  di'oit  aux  prétentions 
de  plaignants.  11  épousa  Urraque,  tille  d'Alfonse- 
Henriquez,  roi  de  Portugal .  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas  d'être  en  guerre  avec  son  beau-père.  Il  en- 
valiit  les  possessions  de  ce  monarque,  et  lui  en- 
leva plusieurs  villes  ,  entre  autres  Salanianque. 
Ayant  pris  le  roi  son  beau-père  dans  Badajoz, 
il  l'obligea  de  tah-e  la  paix.  Alarmes  de  voir  s'é- 


(I)  Le  Pagi  dit  positivement  :  x  Ce  prince  se  qualiiUil 
d'empereur  dans  ses  diplômes,  ce  que  nous  avons  vérifie 
sur  quelques-xuies  de  ces  pièces.  » 


iiîver  les  fortifications  de  Ciudad -Rodrigo ,  les 
habitants  de  Satemanfjue  reprirent  les  arrnes,  et 
fuient  vaincus  par  Ferrlinand,  qui  fit  mourir  leur 
chef  et  força  la  ville  k  se  rendre  à  discrétion. 
I  fiflinand  hatlit  eusuite  successivement  les  Mu- 
sulmans et  les  Navarrais.  11  réprima  la  révolte  des 
Castro  et  ries  Osorio,  et,  profitant  des  troubles 
(le  la  Castilie,  il  gouverna  cet  État  pendant  l'ora- 
<;i;use  minorité  d'Alonzo  Vlll  fou  IX  ;,  dit  le  No- 
ble  ;  c'est  ainsi  qu'il  transmit  a  son  fils  Alonzo  IX 
lin  État  bien  affermi.  V.  Maktv. 

ftoderic  de  Tolède,  Chronicon.  —  Schott,  Hispania 
iUustrata.  —  Garibay,  fXimpendio. 

FERDINAND  III,  le  Saint,  Toi(]e  Castilie,  en 
1217,  de  Léon,  de  12:iO  a  12ô2.  Il  dut  son  trône 
à  l'empressement  que  mit  sa  mère,  Bérengère,  à 
lui  assurer  la  succession  de  son  oncle  Henri  P'', 
qu'elle  brigua  au  détriment  de  Blanche,  femme 
de  Louis  VIII  de  France ,  sœur  comme  elle  de 
ce  même  Henri ,  et  son  aînée.  Devenu  ainsi  roi 
de  Castilie  malgré  l'opposition  de  son  père,  Al- 
phonse IX,  roi  de  Léon  ,  qu'il  sut  apaiser,  il  ré- 
prima la  révolte  des  Lara ,  qui  suscitaient  sans 
cesse  de  nouveaux  troubles.  Il  tourna  ensuite 
son  ardeur  contre  les  Maures ,  força  le  vvali  de 
Baça  à  reconnaître  sa  suzeraineté,  et  se  fit  céder 
dix  places  fortes  par  Al-Marnoun,  dont  il  soutint 
l'usurpation.  Il  s'ouvrit  ainsi  les  portes  de  l'An- 
dalousie, dont  il  entreprit  la  conquête,  après 
.s'être  assuré  du  royaume  de  Léon,  qu'il  unit  à 
la  Castilie  malgré  les  dispositions  de  son  père, 
qui,  après  avoir  fait  déclarer  nul  son  mariage 
avec  Bérengère,  avait  désigné  pour  lui  succéder 
à  cette  couronne  ses  filles  Sanche  et  Douce,  nées 
de  son  premier  mariage.  «  Brave,  actif,  patient 
«  dans  son  ambition ,  et  mêlant  habilement  la 
«  politique  au  courage  (1)  ",  il  rallia  autour  de 
lui  une  foule  de  chevaliers,  qui  forcèrent  sous  ses 
ordres  Cordoueà  capituler,  en  1236.  Il  continua 
sa  conquête  par  la  prise  d'Ubedaet  deTruxillo, 
et  la  termina  par  l'occupation  de  Séville,  qui  se 
rendit  ^  23  novembre  1248;,  après  un  siège  qui 
dura  près  de  deux  ans.  En  enlevant  la  forte  place 
de  Jaen  (1245j,  il  avait  réduit  l'émir  de  Gre- 
nade à  lui  payer  tribut  et  à  lui  fournir  le  con- 
cours de  ses  armes  contre  ses  coreligionaires  de 
Murcie.  En  donnant  l'unité  politique  à  ses  États 
agrandis,  Ferdinand  commença  l'unité  législa- 
tive ,  accomplie  par  son  fils  AJonzo  X  (  ou  XI  ). 
L'Église  lui  décerna  le  surnom  de  Saint,  qu'il 
justifia  par  ses  libéralités  envers  les  prêtres, 
mais  qu'il  ternit  par  la  cruauté  avec  laquelle 
il  persécuta  et  fit  brûler  les  albigeois  réfugiés 
dans  ses  États. 

Il  avait  épousé,  en  1220,  Béatrix  de  Souabe, 
fille  de  l'empereur  Philippe  et  sœur  de  l'em- 
pereur Frédéric  II.  Il  en  eut  :  1"  Alfonse,  qui  lui 
succéda  ;  2"  Frédéric  ;  3"  Ferdinand  ;  4'^  En- 
rique;  5''  Philippe;  fi"^  Sancho;  1"  Manuel, 
8°  D.  Léonor;  9"  D.  Bérengère,  religieuse.  De 

(1)  Rosseeuw  SalDl-Uilaire,  Hist.  d'Esp.,  t.  V. 


FERDINA^îD  370 

Jeanne,  fille  du  comte  de  Ponthieu  ,  sa  seconde 
épouse ,  il  eut  D.  Fernand  de  Ponthieu ,  D.  Louis 
et  dona  Le<^)nor,  qui  par  son  mariage  avec 
Edouard  I*'',  roi  d'Angleterre,  porta  dans  cette 
maison  les  comtés  de  Ponthieu  et  de  MontreuiJ. 
V.  Marty. 


Schott,  I/isp.  iUustrata.  —  Romey,  Hist.  rjénér. 
d'Esp.—  Chron.  de.Santo  rey  Fernando  lit.  —  La  Fuente, 
Bist.  gêner,  de  Esp. 

FERDINAND  IV,  roi  de  Castilie,  dit  VA- 
journé,  régna  de  1295  à  1312.  Il  n'était  âgé  que 
de  dix  ans  lorsqu'il  succéda  a  son  père,  D.  San- 
che IV,  le  Vaillant,  sous  la  tutelle  de  la  reine 
Marie  de  Molina,  sa  rnère.  Sa  minorité  fut  des  plus 
orageuses  :  on  ne  vit  que  meurtres  et  brigandages 
de  toutes  sortes  se  manifester  impunément  à  la 
faveur  de  la  plus  complète  anarchie.  Le  gouver- 
nement, sans  force,  eut  recours  aux  moyens  de 
conciliation.  Le  peuple ,  toujours  peu  exigeant , 
fut  apaisé  par  la  suppression  de  l'impôt  sur  les 
denrées;  mais  les  grands,  avides  de  pouvoir,  fX)n- 
tinuèrent  les  troubles  et  les  factions.  Don  Juan 
i\uSez  de  Lara ,  qui  voulait  agrandir  ses  posses- 
sions ,  et  l'infant  D.  Henri ,  qui  ambitionnait  la 
régence,  se  mirent  à  la  tête  des  mécontents. 
Les  infants  D.  Juan  et  D.  Alonzo  de  La  Cerda 
revendiquèrent  la  couronne ,  le  premier  soutenu 
par  le  roi  de  Portugal ,  le  second  par  le  roi  d'A- 
ragon ;  l'un  et  l'autre  se  préparant  à  démembrer 
la  Castilie.  Trop  faible  pour  tenir  tête  a  tant 
d'ennemis ,  la  reine  les  divisa  par  la  ruse.  Elle 
attira  dans  son  parti  l'héroïque  défenseur  de 
Tarifa,  D.  Perez  de  Guzrnan,  qui  réprima  les 
Maures  (1296^,  tandis  que  D.  Alfonse  de  Lara  re- 
poussait les  Xavarrais.  Le  roi  d'Aragon,  absorbé 
par  ses  propres  affaires,  fut  obligé  d'abandonner 
la  lutte,  et  la  paix  fut  scellée  avec  le  roi  de  Por- 
tugal parle  mariage  de  dona  Constance ,  sa  fille, 
avec  le  jeune  roi  de  Castilie ,  et  celui  de  dona 
Béatrix,  sœur  de  Ferdinand  ,  avec  l'infant  de 
Portugal,  fils  du  roi  Denis  (1298).  Fiéduits  ainsi 
a  leurs  seules  forces ,  les  prétendants  furent 
obligés  de  traiter  à  leur  tour.  Jouissant  de  la 
paix  à  l'intérieur,  Ferdinand  fit  avec  le  roi  d'A- 
ragon une  alliance  qu'il  resserra  par  le  mariage 
de  l'infante  Léonore,  sa  sceur,  avec  D.  .layme, 
infant  d'Aragon.  Les  deux  alliés  profitèrent  des 
divisions  qui  régnaient  parmi  les  Maures  pour 
diriger  contre  eux  une  attaque.  Ferdinand  se 
prépara  à  la  guerre  sainte  par  un  trait  de  piété 
filiale  et  par  un  acte  de  clémence  (  1.305]  :  il  fit 
transporter  le  corps  du  roi  son  père  dans  le  su- 
perbe mausolée  que  lui  avait  préparé  la  reine 
rnère.  Comme  il  y  avait  en  Galice  un  grand  .sou- 
lèvement, il  appela  près  de  lui  les  révoltés,  et, 
par  un  pardon  généreux,  .s'en  fit  d'ardents  auxi- 
liaires. Étant  ensuite  parti  de  Tolède,  il  mit 
le  siège  devant  Algesiras,  le  2ô  juillet  1305.  Il 
l'abandonna  aprèf  des  attaques  vigoureuses, 
surpris  par  la  rigueur  de  la  saison  et  surtout  par 
la  rnort  de  D.  Diègue-Lopez  de  Haro.  Mais  il 
avait  dans  l'intervalle   enlevé  Gibraltar,  et  il 


371 


FERDINAND 


â7î 


obligea  les  Maures,  par  un  traité,  de  lui  céder 
les  villes  de  Quesada  et  de  Bedmar. 

Ferdinand  obtint  du  pape  Clément  V  la  per- 
mission de  lever  un  décime  sur  tous  les  biens  de 
l'Église,  et  se  désista,  à  cette  condition,  de 
poursuites  contre  la  mémoire  de  Boniface  VIII . 
Il  confisqua,  en  vertu  d'une  bulle  du  même  Clé- 
ment V,  les  biens  des  Templiers,  acquittés  cepen- 
dant au  concile  de  Salamanque,  et  les  distribua 
entre  les  ordres  de  chevalerie  de  Calatrava  et 
autres.  En  se  rendant  à  son  armée  pour  une 
nouvelle  guerre  contre  les  Maures,  il  fit  mourir  les 
frères  Carvajal,  malgré  leurs  protestations  d'in- 
nocence. Ajourné  par  les  deux  suppliciés  à  com- 
paraître devant  Dieu  trente  jours  après,  il  mourut 
en  effet  au  bout  de  ce  terme,  des  suites  d'un 
excès  de  table,  et  fut  surnommé  l' Ajourné. 
V.  Marty. 

Scholt,  Il ispania  Ulustrata.  —  Estevan  de  Ganibajf, 
Compendio  historial  de  la  Chronica  de  todos  Reinos 
de  Espana. 

FSîRïîïNAND  V,  dit  le  Catholique ,  roi  de 
Castille  et  d'Aragon,  né  le  10  mars  1452,  mort 
à  Madrigalejo,  le  23  janvier  1516.  Il  était  fils  de 
Juan  If,  roi  de  Navarre  et  d'Aragon,  et  de  Juana 
Henriquez,  fille  de  Federigo  Henriquez,  amirante 
de  Castille.  Juana  Henriquez  prépara  de  longue 
main  la  splendeur  de  son  fils ,  par  la  ruine  et  la 
mort  de  don  Carlos  et  de  dona  Bianca  (voyez 
ces  noms),  enfants  aînés  de  don  Juan  II  et 
d'un  premier  lit  (1).  Ferdinand,  resté  seul  prince 
royal ,  fut ,  devant  les  états  du  royaume  tenus 
à  Saragosse  en  1468  déclaré  par  son  père  roi 
de  Sicile  et  associé  à  la  couronne  d'Aragon.  La 
même  année,  se  trouvant  pour  la  première  fois 
à  la  tête  d'une  armée,  il  marcha  contre  le  duc 
Jean  de  Lorraine,  qui  s'était  emparé  de  Girone. 
Il  espérait  surprendre  ce  capitaine,  mais  il  fut 
lui-même  obligé  de  se  retirer  après  une  perte 
considérable.  De  grands  troubles  agitaient  alors 
la  Castille  ;  Isabelle ,  princesse  des  Asturies  , 
sœur  du  roi  Henri  IV,  dit  Vimpuissant,  venait 
d'obtenir  de  son  frère  qu'il  répudiât  sa  femme, 
Juana  de  Portugal,  et  deshéritât,  comme  illégi- 
time, la  fille  de  cette  princesse  (elle  se  nommait 
Juana ,  comme  sa  mère,  et  reçut  dès  lors  le  sur- 
nom de  Beltraneja,  Bâtarde).  Cette  concession 
avait  été  obtenue  par  une  révolte  et  avec  l'aide 
de  Juan  II,  qui  demandait  la  main  d'Isabelle  pour 
son  fils,  quoique  Ferdinand  n'eût  encore  que 
dix-sept  ans.  Deux  puissants  rivaux  se  présen- 
taient :  c'étaient  Alfonso  V,  roi  de  Portugal,  pour 
lui-même,  et  le  roi  de  France,  Louis  XI,  pour 
son  frère,  le  duc  de  Guyenne.  A  force  d'intrigues 
et  de  présents,  le  monarque  aragonais  fit  pencher 
la  balance  en  faveur  de  son  fils  ;  et  afin  qu'Isa- 
belle ne  pût  se  raviser,  il  envoya  vers  elle  Ferdi- 
nand, déguisé.  Le  jeune  prince  fut  bien  accu eilH, 

(t)  Siiiviuit  Zurita,  Miguel  Carboncl  et  quelques  autres 
historiens  espagnols,  lorsque  Juana  mourut,  à  Tarragone 
(13  février  1468),  elle  s'écria  plusieurs  fois  clans  ses  der- 
niers moments:  «  Ferdinand,  mon  fils,  que  tu  coûtes 
cher  à  ta  mère  !  » 


et  son  mariage  consacré  presque  clandestine-^ 
ment,  le  18  octobre  1469,  à  Valladolid,  par  l'ar- 
chevêque de  Tolède.  Irrité  de  cette  hardiesse, 
Henri  IV  reconnut  de  nouveau  sa  fille  Juana  pour 
héritière  et  la  fiança  avec  le  duc  de  Guyenne  ; 
mais  celui-ci  mourut  avant  d'avoir  régularisé 
son  union  (12  mars  1472).  A  cette  époque  Fer- 
dinand aidait  son  père  à  soumettre  Barcelone, 
et  jusqu'en  1474  il  tint  habilement  la  campagne 
contre  les  Français.  La  même  année  il  rétablit 
le  pouvoir  royal  à  Saragosse  (1).  Voyant  péricliter 
ses  intérêts  en  Castille,  il  chercha  à  se  rappro- 
cher de  son  beau-frère.  Il  se  rendit  avec  Isabelle 
à  Ségovie,  où  Henri  IV  se  trouvait  alors.  Le  roi 
de  Castille  consentit  à  une  réconciliation  ;  mais, 
après  un  superbe  repas  pris  en  famille,  il  fut  su- 
bitement attaqué  d'un  mal  de  côté  et  de  violentes 
douleurs  d'entrailles  qui  le  conduisirent  au  tom- 
beau, le  12  décembre  suivant.  Le  lendemain, 
Isabelle  et  Ferdinand  furent  proclamés  et  recon- 
nus souverains  par  la  plupart  des  seigneurs  pré- 
sents à  Ségovie.  Le  puissant  don  Juan  dePacheco, 
marquis  de  Villena  ,  favori  de  Henri  [V,  et  par- 
tisan déclaré  de  l'infante  Juana  la  Beltraneja , 
avait,  par  un  hasard  singulier,  précédé  de  quelques 
jours  son  maître  dans  la  tombe  ;  néanmoins,  il 
laissait  un  fils,  héritier  de  son  esprit  actif  et 
ambitieux.  Ce  seigneur  se  ligua  avec  don  Alonzo 
de  Carillo,  archevêque  de  Tolède ,  et  tous  deux,  à 
la  tête  d'une  puissante  faction,  firent  proclamer 
dona  Juana  à  Palencia.  En  même  temps  ils  pro- 
posèrent pour  femme  cette  princesse  au  roi  de 
Portugal,  Alfonso  V, «on  oncle  maternel.  Alfonso 
se  laissa  tenter  par  cette  offre  ;  il  entra  immédia- 
tement en  Estramadure,  et  fit  demander  à  Rome 
la  dispense  nécessaire  pour  épouser  sa  nièce. 
En  attendant,  il  se  fiança  avec  elle,  prit  le  titre 
de  roi  de  Castille,  et  occupa  quelques  villes,  dont 
les  partisans  du  marquis  de  Villena  lui  ouvrirent 
les  portes.  Ferdinand  n'hésita  pas  à  attaquer  ses 
ennemis.  Abandonné  par  une  partie  de  la  no- 
blesse et  du  clergé ,  il  appela  aux  armes  les 
mifices  des  villes  et  saisit  l'argenterie  des  égfises. 
Il  reprit  bientôt  Baeza,  Truxillo,  Villena,  Burgos 
et  Zamora  ;  poursuivant  l'armée  portugaise  dans 
sa  retraite,  il  l'atteignit  près  de  Toro,  et  après 
plusieurs  heures  d'un  combat  opiniâtre,  la  mit 
en  déroute.  Cette  victoire  jeta  le  découragement 


(1)  Voiri,  d'après  Zurita,  la  manière  énergique  dont  Fer- 
dinand rétablit  l'ordre  dans  Saragosse  :  «  11  y  avait  alors 
dans  cette  ville  un  homme  du  peuple  appelé  Ximen 
Gordo,  qui  avait  tant  de  crédit  qu'on  ne  pouvait  rien  l'aire 
sans  son  consentement;  il  avait  en  l'adresse  de  foire, 
élever  ses  parents  et  ses  alliés  aux  prenaières  charges 
municipales,  et  ceux-ci  encourageaient  le  peuple  dans  la 
désobéissance  aux  lois.  Don  Ferdinand,  ne  voyant  aucun 
moyen  de  remédier  au  désordre  par  les  voies  ordinaires 
de  la  justice  ,  manda  Xiinen  Gordo  an  palais  ;  il  fut  con- 
duit dans  une  chambre  particulière,  oii  l'on  se  saisit  du 
lui.  Le  prince  le  laissa  entre  les  mains  d'un  prêtre  et  du 
bourreau,  et  après  qu'il  eut  été  exécuté,  son  corps  fut 
exposé  au  publie.  Don  Ferdinand  se  rendit  après  dans 
l'assemblée  des  états,  auxquels  il  dit  que  c'était  à  eux 
à  faire  le  reste.  Ils  firent  arrêter  les  créatures  de  Gordo; 
leur  procès  fut  fait,  et  Us  furent  livrés  au  supplice.  » 


373 


parmi  les  partisans  de  l'infante,  qui  se  soumirent 
successivement.  D'un  autre  côté,  les  Français 
avaient  envalii  le  Roussillon  ;  ils  s'étaient  rendus 
maîtres  d'Elne  et  de  Perpignan,  qui  avait  capitulé 
le  14  mars  1475;  mais  Louis  XI,  ayant  vu  ses 
troupes  repoussées  trois  fois  devant  Fontarabie, 
et  d'ailleurs  préoccupé  de  la  puissance  du  duc 
de  Boui-gogne ,  conclut  la  paix,  avec  la  Castille, 
le  9  novembre  1476.  Ferdinand  et  Isabelle  ob- 
tinient  en  même  temps  du  pape,  qui  avait  accordé 
une  bulle  autorisant  le  mariage  de  dona  Juana 
avec  son  oncle,  qu'il  révoquât  cette  dispense. 
Alfonso  V,  désormais  sans  moyens  de  légitimer 
ses  prétentions,  ne  tarda  pas  à  déposer  les  armes, 
et  par  le  traité  d'Alcocebas  (24  septembre  1479) 
il  renonça  au  titre  de  roi  de  Castille.  Juana  la 
Bcltraneja,  abandonnée  delous,  aima  mieux  re- 
noncer au  monde  que  de  souscrire  aux  condi- 
tions avilisantes  que  sa  tante  Isabelle  lui  dictait. 
Elle  prit  le  voile  dans  le  couvent  de  Sainte-Claire 
de  Coïmbre. 

Possesseuis  tranquilles  de  la  Castille ,  Ferdi- 
nand et  Isabelle  s'occupèrent  à  purger  leur 
royaume  des  bandits  qui  l'infestaient.  C'étaient 
pour  la  plupart  des  gens  de  guerre,  accoutu- 
més à  vivre  de  rapine  et  de  pillage,  et  qui  aus- 
sitôt qu'ils  ne  trouvaient  plus  à  satisfaire  leur 
cupidité  sur  le  pays  ennemi  ravageaient  leur 
patrie.  Les  uns  attaquaient  les  voyageurs  et  les 
marcbands  sur  les  grandes  routes ,  les  autres 
s'emparaient  de  quelque  cbàteau  et  mettaient  à 
contributioo  le  pays  environnant,  enlevant  les 
bestiaux  et  rançonnant  les  habitants.  La  jus- 
tice ordinaire  était  impuissante  à  réprimer  ces 
coupables  ;  les  seigneurs ,  occupés  de  leurs 
démêlés  particuliers,  ne  prêtaient  à  l'autorité 
royale  qu'une  aide  précaire:  plusieurs  d'entre  eux 
même  étaient  les  complices  des  malfaiteurs,  et 
partageaient  avec  eux  le  produit  de  leurs  crimes, 
Ferdinand  s'adressa  aux  villes,  et  surtout  aux 
villages,  qui  avaient  le  plus  grand  intérêt  à  faire 
cesser  un  tel  désordre;  il  les  réunit  dans  une 
immense  lorce  nationale,  qui  reçut  le  nom  de 
hcrmandad  (fraternité).  ïl  posa  les  bases  de 
cette  vaste  association ,  dans  les  cortès  réunies , 
en  1476,  à  Madrigal.  Les  membres  de  cette  so- 
ciété, pris  parmi  les  citoyens  établis,  furent 
chargés  spécialement  de  veiller  à  la  sûreté  gé- 
nérale et  d'assurer  par  tous  les  moyens  la  ré- 
pression des  crimes.  Dans  une  assemblée  de 
députés,  une  organisation  militaire  fut  donnée 
à  la  hermandad  ;  elle  eut  ses  lois  et  ses  juges 
particuliers  ;  on  forma  un  fonds  spécial  qui  ser- 
vit à  lever  deux  mille  cavaliers  et  un  grand 
nombre  de  fantassins,  dont  on  donna  le  com- 
mandement à  don  Alonzo,  duc  de  Vilia-Hermosa 
et  de  Riba-Gorce ,  frère  naturel  du  roi.  Le  duc 
se  mit  à  la  poursuite  des  routiers  avec  une  in- 
fatigable activité;  il  dispersa  leurs  bandes,  prit 
et  rasa  les  châteaux  qui  leur  servaient  de  re- 
paires; et  s'il  ne  parvint  pas  à  extirper  entière- 
ment le  brigandage,  cette  plaie  invétérée  de  la 


FERDINAND  374 

Péninsule ,  au  moins  en  diminua-t-il  considéra- 
blement le  mal.  Plus  tard,  le  29  juillet  1498,  la 
constitution  de  la  hennoandad  fut  modifiée;  mais 
jamais,  ainsi  que  les  romanciers  étrangers  à  l'his- 
toire d'Espagne  l'écrivent  encore,  elle  ne  fut  une 
dépendance  du  saint-office  et  de  l'inquisition  (1). 
Le  19  janvier  1479  mourut  Juan  II,  roi  d'A- 
ragon et  de  Navarre;  Ferdinand  V  lui  succéda. 
Il  réunit  ces  couronnes  à  celles  de  Castille ,  de 
Léon  et  de  Sicile  ;  mais  il  n'osa  pas  alors  s'em- 
parer de  la  Navarre,  dont  sa  sœur  Léonor,  veuve 
du  comte  de  Foix,  prit  le  titre  de  reine.  De  ce 
jour  date  véritablement  le  royaume  d'Espagne. 
Désormais  les  plus  grandes  forces  de  cette  pé- 
ninsule se  trouvèrent  concentrées  en  une  seule 
main  et  son  peuple  prit  rang  parmi  les  grandes 
nations.  Tout  jusque  ici  avait  réussi  à  l'ambilieux 
Ferdinand  ;  mais  il  restait  beaucoup  à  faire  pour 
consolider  son  pouvoir.  Les  privilèges  an-aciiés 
par  les  Castillans  à  leurs  précédents  monarques 
gênaient  le  nouveau  souverain  :  en  1480  ils 
furent  abolis  ;  les  franchises  disparurent ,  le,; 
impôts  arriérés  furent  rappelés,  et  30  millions  de 
maravedis  (2)  entrèrent  dans  le  trésor  royal  ou 
servirent  à  récompenser  des  agents  dévoués. 
Ferdinand  ne  s'en  tint  pas  là  :  les  Maures  et  les 
Juifs  possédaient  d'immenses  richesses  dans  ses 
États  et  avaient  accepté  le  baptême  [jour  cciiapper 
aux  confiscations  prononcées  contre  lesinfidèies. 
Le  plus  grand  nombre  d'entre  eux  pratiquaient 
cependant  leur  religion  d'une  façon  occulte. 
L'Andalousie  présentait  le  plus  d'exemples  de  ce 
genre  d'apostasie.  Sur  la  proposition  du  cardinal 
de  Mendoza,  le  roi  et  la  reine  firent  eux-mêmes 
au  pape  Sixte  IV  la  demande  d'autoriser  l'éta- 
blissement d'un  tribunal  chargé  spécialement  de 
rechercher  les  relaps.  Cette  institution  fut  ap- 
prouvée par  le  saint-père.  Les  juges,  laisses  à  la 
nomination  des  souverains,  étaient  au  nombre  do 
trois,  et  s'engageaient  strictement  à  ne  rien  épar- 
gner pour  trouver  les  délinquants;  ils  avaient 
un  pouvoir  illimité  sur  la  propriété  et  la  vie  de 
tous  les  criminels  en  matière  de  religion.  Un 
tiers  des  biens  confisqués  revenait  à  la  couronne; 
les  deux  autres  étaient  abandonnés  au  saint-siége 
et  aux  inquisiteurs.  Ferdinand  comprit  tout  le 
parti  qu'il  pouvait  retirer  d'un  ai  redoutable  éta- 
blissement :  il  trouvait  dans  l'inquisition  le  moyen 
de  remplir  son  trésor;  puis  ce  tribunal,  qui 
frappait  dans  l'ombre,  qui  condamnait  sans 
contrôle ,  sans  publicité,  devait  aider  l'artificieux 
monarque  à  se  défaire  de  ceux  de  ses  ennemis 
qu'il  h  oserait  pas  attaquer  en  face.  L'inquisition 
devait  abattre  individuellement  tous  ces  grands 


(1)  «  Si  on  lui  donne  quelquefois  le  nom  de  saintn  her- 
mandad, écrit  Hernando  de!  Pulgar,  ce  n'est  pas  qu'elle 
se  rapporte  en  aucune  manière  aux  matières  rclii;ieuscs, 
mais  c'est  chose  sainte  que  celle  qui  a  trait  au  service 
du  roi  elà  l'administration  de  la  justice.  "(Voir  le  texte 
même  rie  la  loi  rendue  par  Ferdinand  et  Isabelle  à  Cor- 
rioue,  le  7  juillet  1496,  liv.  rili,  de  la  Recnpilacion  de 
don  Felipe  II.) 

(2)  Petite  monnaie  espagnole  qui  valait  environ  un 
centime  et  demi. 


375 


FERDINAND 


376 


d'Aragon  et  de  Castille,  toujours  prêts  à  se  sou- 
lever,toujours  menaçants  pour  le  souverain.  Aussi, 
sans  s'inquiéter  de  ce  que  ce  tribunal  avait  d'o- 
dieux pour  l'humanité,  de  dangereux  pour  les 
prérogatives  royales  et  d'attentatoire  aux  libertés 
du  pays ,  il  s'empressa  de  l'établir  à  Séville.  Le 
6  janvier  1481  six  condamnés  furent  livrés  aux 
flammes,  le  26  mars  dix-sept  eurent  le  même 
sort,  le  4  novembre  deux  cent  quatre-vingt-dix- 
huit  victimes  avaient  déjà  subi  la  peine  du  feu 
dans  Séville  seulement,  et  environ  deux  mille 
dans  le  reste  de  l'Andalousie.  Dix-sept  mille 
avaient  été  frappés  de  peines  diverses  et  un  plus 
grand  nombre  de  contumaces  avaient  été  exé- 
cutés en  effigie.  Beaucoup  d'Espagnols ,  recom- 
,  mandables  par  leur  position  et  leur  fortune,  se 
trouvaient  au  nombre  des  condamnés,  et  leurs 
biens  avaient  été  répartis  entre  le  fisc  et  le  saint- 
office.  Les  supplices  devinrent  si  nombreux  qu'on 
construisit  sur  le  champ  de  la  Tablada  une 
plate-forme  en  pierre  à  laquelle  on  donna  le 
nom  de  Quemadero  (Brûloir).  On  y  éleva  quatre 
grandes  statues  de  pierre  nommées  les  quatre 
prophètes.  Les  condamnés  y  étaient  enfermés 
et  consumés  par  le  feu  qu'on  allumait  autour  des 
statues.  Le  dominicain  Thomas  Torquemada 
{voyez  ce  nom),  confesseur  de  la  reine  Isabelle, 
fut  le  premier  grand-inquisiteur  qui  présida  à 
ces  horreurs.  Ferdinand  lui  adjoignit  comme 
conseillers  Alonzo  de  Carillo ,  évêque  de  Mazara 
(Sicile),  et  les  docteurs  en  droit  Sancho  Ve- 
lasquez  de  Cuellar  et  Ponce  de  Valencia.  Les 
règles  de  l'ancienne  inquisition,  rédigées,  il  y  avait 
■un  siècle,  par  Nicolas Eymeric  {voijezctnom), 
inquisiteur  d'Aragon,  ne  suffirent  plus  au  nouveau 
tribunal  ;  il  lui  fallut  des  lois  plus  sévères,  et  le 
29  octobre  1484  Ferdinand  V  promulgua  un 
nouveau  code  de  l'inquisition  en  vingt-huit  ar- 
ticles, qui  fut  publié  sous  le  nom  à' Instructions . 
Cette  réforme,  appliquée  d'abord  à  toute  la  Cas- 
tille, fut  étendue  à  l' Aragon  ;  mais  son  application 
y  souleva  une  résistance  presque  générale.  On  in- 
voqua \eii  fueros  An  pays,  qui  défendaient  la  con- 
fiscation. Ferdinand  ne  se  pressa  pas  de  statuer 
sm*  les  l'éclamations  qui  lui  furent  adressées  à  ce 
sujet.  Sur  ces  entrefaites,  Pedro  Arbuès  y  Epila, 
inquisiteur  principal  de  Saragosse,  fut  assassiné 
dans  une  église  par  quelques  désespérés.  Alors  le 
gouvernement  tira  parti  de  ce  meurtre  pour  frap- 
per toute  la  population ,  et  la  proscription  ne 
connut  plus  de  bornes.  Le  propre  neveu  de  Fer- 
dinand, don  Jayme,  infant  de  Navarre,  fut  jeté 
dans  les  cachots  de  l'inquisition,  et  n'en  sortit  que 
pour  subir  une  punition  publique  et  dégradante. 
Au  commencement  de  1482,  il  s'éleva  entre  le 
roi  d'Espagne  et  le  pape  Sixte  IV  un  différend 
au  sujet  de  l'évêché  de  Cuença.  Le  pape  avait 
conféré  cette  prélature  au  cardinal  son  neveu, 
malgré  les  remontrances  de  Ferdinand  V,  qui 
avait  recommandé  un  de  ses  serviteurs.  La  con- 
duite du  saint-père  était  contraire  aux  conven- 
tions passées  entre  les  cours  d'Espagne  et  de 


Rome;  mais  les  souverains  pontifes  avaient 
tenté  plusieurs  fois  de  ces  usurpations  avec  un 
plein  succès.  Cette  fois  Ferdinand  envoya  l'or- 
dre à  tous  ses  sujets  de  quitter  les  États  Ro- 
mains, refusa  de  donner  audience  au  légat,  et 
soutint  ses  droits  avec  tant  d'énergie  que  non- 
seulement  le  pape  conféra  l'évêché  à  celui  que  le 
roi  désignait,  mais  que  par  une  bulle  il  accorda  au 
roi  de  Castille  de  pourvoir  directement  aux  sièges 
épiscopaux.  Ferdinand  et  Isabelle  montrèrent 
toujours  la  même  fermeté  conti'e  les  empiétements 
des  papes.  En  1491,  la  reine  ayant  appris  que  la 
chancellerie  de  Valladolid  avait  toléré  un  appel 
au  pape  dans  une  affaire  civile ,  en  destitua  tous 
les  membres. 

Quand  Ferdinand ,  par  la  création  de  la  her- 
mandad ,  eut  assuré  dans  ses  États  la  répression 
des  délits,  et  que  l'extension  donnée  à  l'inquisi- 
tion fut  devenue  pour  lui  une  source  abondante 
de  revenus,  il  tourna  toutes  ses  pensées  et  toutes 
ses  forces  vers  son  grand  but  :  l'expulsion  com- 
plète des  Maures  du  territoire  espagnol.  La  dis- 
corde qui  régnait  entre  les  princes  musulmans 
était  une  circonstance  favorable;  le  monarque 
chrétien  sut  habilement  en  profiter.  En  1478  le 
roi  de  Grenade,  Muley-Abu'l-Hasan,  s'étaitrefusé 
à  acquitter  le  tribut  que  les  rois  de  Castille  avaient 
imposé  à  son  pays  ;  sa  fière  réponse  fut  «  que 
dans  tous  les  lieux  où  jadis  l'on  battait  l'or  et  l'ar- 
gent pour  payer  le  tribut  on  forgeait  maintenant 
des  lances  et  des  cimeterres  pour  s'en  affranchir  •» . 
Ferdinand,  embarrassé  alors  dans  une  guerre 
contre  le  Portugal,  dissimula  et  renouvela  même 
la  trêve  qui  existait  entre  les  chrétiens  et  les 
Maures;  mais  le  27  février  1482  (8  muharrem 
887  de  l'hégire),  le  marquis  de  Cadix  s'empara 
tout  à  coup  d'Alhama ,  ville  forte  située  sur  le 
Rio-Frio,à  sept  lieues  de  Grenade.  Muley-Abu'I- 
Hasan  rassembla  à  la  hâte  une  armée  de  50,000 
fantassins  et  de  3,000  cavaliers ,  et  tenta  jus- 
qu'à trois  fois,  mais  sans  succès,  de  rentrer  dans 
Alhama;  il  força  néanmoins  Ferdinand  de  lever 
le  siège  de  Loxa,  le  13  juillet  1482  (26  sjumada 
prior  887),  avec  une  perte  considérable,  et  se 
rendit  maître  de  Canète.  Tandis  qu'il  était  oc- 
cupé à  cette  expédition,  la  plus  grande  partie  des 
habitants  de  Grenade  se  révoltèrent,  et  procla- 
mèrent souverain  Abu'-Abd-AUad  (  en  espagnol 
Boabdil),  fils  aîné  du  roi  et  de  la  sultane  Aïja. 
Muley-Abu'l  dut  se  réfugier  à  Malaga,  auprès 
d'Abdoullah-El-Zagal,  son  frère.  Les  chré- 
tiens reprirent  Canète  ;  mais  en  mars  1483 
(saphar  888),  étant  entrés  au  nombre  de  2,700 
cavaliers  dans  l'Axarquia  (1),  ils  y  furent  exter- 
minés par  les  Maures.  La  fortune  changea,  et 
bientôt,  le  21  avril  suivant  (13  rabia  prior  888), 
le  célèbre  Gonzalve  de  Cordoue  battit  les  musul- 
mans devant  Lucena,  et  fit  prisonnier  Boabdil. 
Il  s'ensuivit  un  traité  par  lequel  le  roi  de  Gre- 
nade se  reconnaissait  vassal  du  roi  île  Castille , 

(1)  C'est  le  nom  d'une  partie  de  la  campagne  de  Ma- 
laga située  au  levant. 


377  FERDINAND 

âi)iinait  en  otage  son  fils  aîné  et  douze  de  ses      Dès  qu'il  fut 
principaux  émirs,  se  soumettait  en  outre  à  l'obli- 
gation d'assister  aux  cortès  générales  du  royaume 
et  à  payer  un  tribut  annuel  de  12,000  écus.  Les 
Maures  refusèrent  de  reconnaître  ces  honteuses 
conditions ,  et  mirent  sur  le  trône  Abdoullah- 
'  Zagal.  Alors  Ferdinand ,  dans  la  vue  d'entretenir 
la  division  parmi  ses  ennemis ,  relâcha  BoabcUl, 
et  lui-même,  entrant  sur  le  territoire  grenadin, 
prit  rapidement  Alora ,  Alozayna ,  Cazarabonela , 
Setenil,    Cohin,    Marbella  et    Ronda  (1).  Le 
9  décembre  1489,  après  sept  mois  de  siège,  Baza, 
la  plus  forte  ville  du  royaume  de  Grenade,  se 
rendit  aux  Espagnols.  Abdoullah-Zagal,  désespé- 
rant de  conserver  ce  cjui  lui  restait,  et  continuel- 
lement harcelé  par  son  neveu,  se  rendit  avec 
l'infant  Yahia  au  camp  de  Ferdinand ,  et  s'en- 
gagea à  lui  livrer  Almeria,  Cadix  et  toutes  les 
places  qui  restaient  en  son  pouvoir;  il  stipula 
seulement  que  les  habitants  conserveraient  leurs 
biens ,  leur  liberté  et  leur  religion.  Le  roi  chré- 
tien ratifia  ces  conditions ,  et  assura  à  Zagal  des 
revenus    et  des  terres  considérables.    Celui-ci 
passa  l'année  suivante  en  Afrique,  et  fixa  son 
séjour  à  Tlemcen,  où  sa  postérité  existe  encore. 
Quelques  villes  qui  essayèrent  de  se  défendre 
furent  réduites  par  la  force,  et  bientôt  l'heureux 
Ferdinand  vint  sommer  Boabdil  de  lui  remettre 
Grenade.  Celui-ci  reconnut  trop  tard  les  fautes 
qu'il  avait  faites  ;  resté  sans  aUiés ,  il  dut  se  ré- 
signer à  lutter  sans  espoir.  Après  une  héroïque 
défense  mêlée  de  succès  et  de  revers,  pressé  par 
la  famine,  il  capitula  le  2  janvier  1492  (1^''  rabia 
prior  897).  Son  vainqueur  lui   offrit  de  riches 
seigneuries  dans  les  Alpuxarres  ;  mais  Boabdil 
préféra  une  somme  de  80,000  ducats  comptant, 
et  se  retira  en  Afrique  avec  sa  famille.  Enfin,  après 
une  guerre  acharnée  de  dix  années ,  Ferdinand 
et  Isabelle  entrèrent  dans  rAlhambra(6  janvier). 
Ils  y  remercièrent  la  Providence  de  les  avoir  fait 
triompher  de  la  domination  musulmane ,  étabUe 
en  Espagne  depuis  près  de  huit  siècles  (2).  Cette 
glorieuse  conquête  mérita  à  Ferdinand  et  à  Isa- 
belle le  titre  de  rois  catholiques,  qui  leur  fut 
accordé  par  le  pape  Innocent  vm  et  confirmé 
par  Alexandre  VI  (3). 

L'abaissement  des  barons  castillans  et  ara- 
gonais,  la  création  de  l'hermandad,  la  soumis- 
sion des  Maures  avaient  donné  à  Ferdinand  le 
souverain  pouvoir  eu  Kspagne.  L'établisse- 
ment de  l'inquisition  l'entraîna  à  vouloir  plus. 


378 


(1)  Ronda  fut  prise  le  23  mai  1485  (8  sjumada  prior  8901. 
C'est  au  siège  de  cette  place  importante  qne  ies  ciiré- 
tlens  firent  pour  la  première  fois  usage  de  projectiles 
creux,  fjcs  historiens  de  l'époque,  après  avoir  décrit  les 
fusées  Incendiaires,  dont  on  se  servait  déjà,  ajoutent  : 
«  Les  canonniers  fabriquèrent  avec  de  la  fonte  de  fer 
une  autre  sorte  de  grosses  et  petites  boules  creuses,  qu'ils 
lançaient  dans  la  ville,  où  elles  faisaient  d'affreux  ra- 
vages. » 

(2)  .Selon  Mariana ,  sept  cent  soixante-dix-neut  années 
deux  mois  et  neuf  Jours. 

(3)  Ce  titre  n'était  pas  nouveau  :  les  papes  l'avalent  déjà 
accordé  à  Récarède  I""-,  roi  des  Visigoths  d'Espagne,  et 
à  Alfonse  1^'',  roi  des  Asturles. 


maître  de  Grenade,  lui  et  son 
épouse  rendirent  un  décret  pour  obliger  les 
juifs  à  recevoir  le  baptême  ou  à  sortir  dans 
quatre  mois  de  leurs  États.  Les  habitants  chré- 
tiens des  villes  commerçantes  virent  avec 
alarme  le  coup  fatal  qu'une  telle  mesure  allait 
porter  à  la  prospérité  nationale.  Des  représenta- 
tions furent  faites  aux  souverains  ;  ce  fut  en  vain  : 
la  cupidité  et  le  fanatisme  eurent  le  dessus.  A 
l'expiration  du  délai ,  selon  la  plupart  des  écri- 
vains espagnols,  cent  vingt  mille  familles  (1)  se 
retirèrent  à  l'étranger,  emportant  des  richesses 
immenses,  car  les  juifs  s'étaient  emparés  de  tou- 
tes les  branches  de  commerce,  que  l'indolence  et 
les  distractions  guerrières  des  Espagnols  et  des 
Maures  leur  abandonnaient  exclusivement.  Plu- 
sieurs d'entre  les  proscrits  feignirent  de  se  con- 
vertir plutôt  que  de  quitter  leur  patrie  et  leurs  ri- 
chesses ,  mais  les  cachots  et  les  bûchers  reten- 
tirent bientôt  de  leurs  plaintes;  la  plupart  d'entre 
eux  furent  condamnés  comme  relaps,  et  leurs 
biens  confisqués.  On  frappa  jusque  dans  les  hé- 
ritiers la  croyance  des  parents.  Cette  mesure 
terrible  et  impolitique  entraînait  la  persécution 
des  mahométans.  Ceux-ci  éprouvèrent  bientôt 
que  les  traités  qui  garantissaient  solennellement 
l'exercice  de  leur  croyance  étaient  de  peu  de 
poids  sur  la  conscience  d'un  prince  qui  n'hési- 
tait jamais  à  violer  sa  parole  lorsqu'il  s'agissait 
de  ses  intérêts.  Cependant,  le  nombre  des 
Maures,  leur  habitude  des  armes ,  l'assistance 
qu'ils  pouvaient  recevoir  d'Afrique,  firent  ajour- 
ner leur  pi'oscription  en  masse.  Ce  fut  dans  le 
même  temps  qu'après  bien  des  peines  et  des 
sollicitations  réitérées  le  Génois  Christophe  Co- 
lomb signa  à  Santa-Fé,le  17  avril  1491,  un  traité 
avec  la  reine  Isabelle  pour  la  découverte  d'une 
nouvelle  partie  du  monde.  On  trouvera  sur 
cette  grande  entreprise  les  détails  les  plus  inté- 
ressants à  l'art.  Colomb. 

Sur  ses  entrefaites  (  7  décembre  ) ,  la  vie  de 
Ferdinand  fut  mise  en  danger  à  Barcelone  par 
un  nommé  Juan  Canamares ,  qui  le  frappa  d'un 
coup  de  poignard  entre  la  tête  et  le  dos.  La 
pointe  du  fer  rencontra  la  chaîne  d'or  que  le  roi 
portait  au  cou,  et  ne  lui  fit  qu'une  légère  blessure. 
Le  meurtrier,  arrêté  aussitôt,  fut  reconnu  privé 
de  raison,  et  Ferdinand  sollicita  sa  grâce  ;  néan- 
moins, sur  l'ordre  du  cardinal  ministre  Ximenès 
de  Cisneros,  l'assassin  fut  étranglé  publiquement, 
puis  écartelé. 

Pendant  que  Christophe  Colomb  augmentait 
la  puissance  des  rois  catholiques  d'une  immense 
étendue  de  terre  et  de  richesses  incalculables , 
ces  princes  recouvraient  sans  coup  férir  le  Rous- 
sillon  et  la  Cerdagne,  que  trente  années  aupara- 
vant don  Juan  II  avait  mis  en  gage  à  Louis  XI 
contre  une  somme  de  200,000  écus  d'or.  Le 
19  janvier  1492  intervint,  à  Barcelone,  un  traité 
avec  Charles  VII,  par  lequel  Ferdinand  et  Isa- 

(4;  Mariana  dit  800,000  ûmes.       * 


379 


belle  s'engagèrent  à  ne  jamais  marier  leurs  en- 
fants avec  les  souverains  d'Autriche  et  d'Angle- 
terre ,  ni  avec  les  descendants  de  ces  princes , 
ni  avec  aucun  auke  ennemi  de  la  France.  Ils 
firent  de  plus  avec  le  monarque  français  une 
alliance  offensive  et  défensive,  alliance  contre 
tous  leurs  ennemis,  quels  qu'ils  fussent.  En 
considération  de  ce  traité,  Charles  VIII  renonça 
au  payement  des  200,000  éciis,  et  remit  les 
deux  provinces  qui  en  faisaient  la  garantie.  Le 
roi  d'Espagne  en  prit  aussitôt  possession  ;  mais 
lorsque  Charles,  après  avoir  soumis  l'Italie  sep- 
tentrionale, s'avança  sur  Naples,  Ferdinand  lui 
déclara  qu'ayant  lui-même  des  prétentions  sur  ce 
royaume,  il  ne  souffrirait  pas  que  les  Français 
avançassent  plus  loin.  Charles  VIII  répondit  qu'en 
vertu  du  traité  par  lequel  il  avait  rendu  le  Rous- 
sillon  et  la  Cerdagne,  Ferdinand  s'était  engagé  de 
ne  point  s'opposer  à  ses  entreprises  sur  des  tiers. 
Il  eût  été  difficile  de  repousser  cet  argument  par 
de  bonnes  raisons  :  aussi  Antonio  de  Fonseca  , 
l'ambassadeur  castillan,  ne  l'essaya-t-il  pas  ;  mais 
prenant  l'original  du  traité  de  Barcelone,  il  le  la- 
céra en  présence  du  roi  de  France  (  29  janvier 
1495),  déclarant  que  son  maître  se  dégageait  ainsi 
de  toute  promesse  antérieure.  Charles  eut  beau- 
coup de  peine  à  empêcher  les  seigneurs  français 
de  faire  justice  immédiate  du  téméraire  envoyé. 
Il  ne  répondit  qu'en  précipitant  sa  marche,  et  le 
22  février  il  entra  vainqueur  à  Naples.  Se  croyant 
trop  faible  pour  combattre  seul  son  rival ,  Fer- 
dinand parvint  à  former,  sous  le  nom  de  sainte 
ligue,  une  coalition  avec  l'empereur,  le  pape ,  le 
duc  de  Milan  et  la  république  de  Venise.  En 
vain  Charles  VIII  écrasa  l'armée  des  confédérés 
dans  les  plaines  de  Fornoue,  Gonzalve  de  Cor- 
doue  força  le  duc  de  Montpensier  à  évacuer  le 
royaume  de  Naples,  qui  demeura  aux  Espagnols. 
En  même  temps  Ferdinand  lança  un  corps  d'ar- 
mée dans  le  Languedoc.  De  ce  côté  le  maréchal 
Albon  de  Saint- André,  qui  commandait  en  ce  pays, 
contraignit  les  ennemis  à  la  retraite,  et  leur  re- 
prit une  partie  du  RousslUon.  Une  trêve  fut 
alors  consentie;  l'avènement  au  trône  du  roi 
Louis  XII  la  changea  en  paix  définitive ,  et  les 
Français  abandonnèrent  l'Italie. 

Tout  paraissait  s'accorder  pour  fau'e  de  Fer- 
dinand le  Catholique  un  des  monarques  les  plus 
puissants  et  les  plus  heureux  de  la  terre.  Maître 
absolu  chez  lui,  obéi  aveuglément  par  une  nation 
asservie,  possesseur  d'immenses  provinces  dans 
les  deux  mondes ,  secondé  par  des  capitaines  et 
des  hommes  d'État  éminents,  époux  d'une  reine 
que  distinguaient  de  grandes  qualités  ,  rien  ne 
semblait  manquer  à  la  satisfaction  de  l'ambitieux 
monarque.  Cependant  ce  cours  de  félicités  ne 
tai'da  pas  à  être  troublé  par  l'anéantissement 
de  sa  famille.  Pour  resserrer  la  coalition  contre 
la  France  et  contrairement  au  traité  de  Barcelone, 
le  roi  catholique  avait  marié  (4  août  1497)  son 
unique  fils,  don  Juan,  prince  des  Asîuries ,  avec 
l'archiduchesse  Marguerite,  fille  de  rempereni- 


FERDINAND  330 

Maximilien.  Le  prince  Juan  mourut  soixante 
jours  après  son  mariage  (4  octobre),  et  sa  veuve, 
qu'il  avait  laissée  enceinte,  accoucha  d'un  enfant 
mort.  Dofia  Isabelle,  fille  aînée  de  Ferdinand ,  et 
femme  en  secondes  noces  (1)  de  don  Manuel ,  roi 
de  Portugal,  fut  alors  proclamée  héritière  de 
la  monarchie  espagnole  ;  mais  elle  mourut  elle- 
même  le  23  août  1498,  en  mettant  au  monde  un 
fils  (Miguel)  qui  ne  lui  survécut  que  deux  an- 
nées. On  reconnut  alors  pour  héritière  de  la  cou- 
ronne de  Castille  la  seconds  fille  des  rois  catho- 
liques, dona  Juana,  épouse  de  l'archiduc  Phi- 
lippe d'Autriche,  dit  le  Beau.  La  raison  de  cette 
princesse  se  troubla  à  la  suite  d'une  couche 
(10  mars  1503).  La  reine  Isabelle  prit  tant  de 
chagrin  de  ces  pertes  successives,  qu'elle  en 
mourut,  laissant  le  royaume  de  Castille  à  cette 
même  fille  (connue  sous  le  nom  de  Jeanne  la 
Folle),  mais  en  instituant  Ferdinand  V  régent 
jusqu'à  la  majorité  de  son  petit-fils  Charles  d'Au- 
triche, duc  de  Luxembourg  (depuis  Charies- 
Quint).  Les  cortès  convoquées  à  Toro,  prenant  en 
considération  la  maladie  de  dona  Juana,  rati- 
fièrent le  testament  d'Isabelle.  L'archfduc  Phi- 
lippe protesta  contre  cette  décision ,  rassembla 
des  troupes  pour  revendiquer  ses  droits  les 
armes  à  la  main,  et  chercha  à  s'appuyer  sur  le 
loi  de  France;  mais  l'adroit  Ferdinand  rompit 
toutes  les  mesures  de  son  gendre  en  demandant 
à  Louis  XJI  la  main  de  sa  nièce ,  Germaine  de 
Foix  {voy.  ce  nom),  promettant  d'assurer  la 
couronne  de  Naples  aux  enfants  qu'il  aurait 
de  cette  princesse.  Louis  XII  consentit  volontiers 
à  ce  mariage,  et  renonça  en  faveur  de  sa  nièce 
à  tous  ses  droits  sur  le  royaume  de  Naples.  Cette 
union  fut  un  coup  sensible  pour  l'archiduc  ;  il  se 
liâta  de  passer  en  Espagne,  où  il  comptait  de 
nombreux  partisans.  Parti  de  Middelbourg,  le 
10  janvier  1506,  avec  une  nombreuse  flotte,  il  fut 
jeté  sur  les  côtes  d'Angleterre,  où  il  séjourna 
près  de  trois  mois.  Il  débarqua  enfin  à  La  Co- 
rogne,  et  ne  fut  pas  plus  tôt  à  terre  qu'une  foule 
de  seigneurs  mécontents  s'empressèrent  d'accou- 
rir à  lui.  Le  roi  catholique,  se  voyant  abandonné, 
céda  aux  circonstances.  Il  sollicita  une  entrevue 
de  l'archiduc  :  elle  eut  lieu  à  Remesal  ;  le  traité  qui 
en  fut  la  suite  ,  souscrit  le  27  juin  1506,  obligea 
Ferdinand  à  résigner  la  régence  et  à  se  retirer  dans 
ses  États  d'Aragon.  Il  se  réservait  cependant  l'ad- 
ministration et  les  rentes  des  trois  grandes  maî- 
trises des  ordres  mihtaires  de  Calatrava,  d'Avis, 
de  Santiago ,  plus  la  moitié  des  revenus  d'Amé- 
rique. Cette  convention  fut  immédiatement  exé- 
cutée ;  mais  Philippe  ne  jouit  pas  longtemps  de 
son  triomphe.  Trois  mois  après,  il  mourut  inopi- 
nément à  Burgos,  le  25  septembre  1506.  Un  grand 
nombre  d'historiens  attribuent  cette  fin  prématu- 
rée au  poison  ;  d'autres  prétendent  que  le  jeune 
roi  mourut  pour  s'être  trop  échauffé  en  jouantà  la 


(1)  îi'lle  (itait  déni  veuve  de  l'iafant  don  Alfoiiso,  lils 
unique  du  roi  .roao  II  de  l'ortiigîil.  L'infant  était  mort 
i,\\w.  cliuto  de  fiiieval,  après  neuf  mois  de  mariage. 


mi  FERDINAND 

:  aiuiie.  Quoiqu'il  en  soit,  Ximenès  de  Cisneros, 
archevêque  de  Tolède ,  réussit  à  faire  remettre 
la  régence  entre  les  mains  de  Ferdinand  V.  Ce 
monarque  était  alors  enitalie  ;il  récompensa  aus- 
sitôt le  prélat  par  un  chapeau  de  cardinal  et  le 
titre  de  grand-inquisiteur.  Après  s'être  abouché, 
à  Savone,  avec  Louis  XII  et  avoir  terminé  selon 
ses  désirs  les  affaires  de  Naples ,  Ferdinand  dé- 
barqua à  Valence  en  J'uillet  1507,  et  se  rendit 
en  Castiile.  Il  y  trouva  une  vive  opposition  or- 
ganisée contre  son  pouvoir  ;  mais,  à  force  d'a- 
dresse et  de  fermeté,  il  rétablit  la  tranquillité,  et 
par  degrés  son  autorité  fut  reconnue  par  tout  le 
royaume.  Quelque  temps  après  il  conclut  un  traité 
avec  l'emperein'  Maximilien  ,  qui  revendiquait 
la  tutelle  de  l'infant  Charles  de  Luxembourg. 
Moyennant  une  rente  de  cinquante  mille  ducats, 
Maximilien  se  désista  de  ses  prétentions,  et  offrit 
même  à  Ferdinand  le  titre  A' empereur  cV Italie; 
mais  ce  prince ,  craignant  avec  raison  de  blesser 
les  puissances  italiennes,  eut  le  bon  esprit  de 
refuser. 

Non  content  d'avoir  détruit  en  Espagne  la  do- 
minatioif  des  musulmans ,  le  roi  catholique,  à 
l'instigation  du  cai'dinal  Ximenès ,  porta  ses  ar- 
mes en  Afrique.  Ximenès  se  chargea  de  tous  les 
frais  de  cette  expédition ,  Ferdinand  ne  fournit 
que  les  vaisseaux  nécessaires  au  transport  d'une 
armée  de  dix  mille  hommes  de  pied  et  de  quatre 
raille  chevaux.  L'entreprise  réussit  complète- 
ment; Oran  fut  emporté  après  une  courte  résis- 
tance; l'année  suivante  ,  Bougie  capitula  ;  Alger, 
Tunis  ,  Tlemcen  et  autres  places  se  reconnurent 
vassales  de  l'Espagne.  Une  autre  expédition  ré- 
duisit Tripoli.  En  1 511 ,  Ferdinand,  sollicité  par  le 
pape  Jules  II  de  secourir  l'Église  contre  les  schis- 
matiquesque  soutenaient  la  France  et  l'Empire, 
fournit,  contrairement  à  ses  traités,  des  troupes 
au  souverain  pontife,  et  !a  guerre  se  ralluma  dans 
toute  ritahe.  Les  alliés  du  pape  furent  défaits  à  Ra- 
venue,  le  11  avril  1512  ;  mais  cette  guerre  amena 
un  résultat  mémorable.  Désirant  porter  les  hos- 
tilités en  France,  Ferdinand  V  demanda  à  Jean 
d'Albret,  roi  de  Navarre,  le  passage  pour  ses 
troupes.  Jean  refusa,  déclarant  qu'il  voulait 
'garder  une  stricte  neutralité.  Le  roi  d'Espagne 
rassembla  alors  des  troupes  nombreuses  dans 
l'Alava,  sous  le  prétexte  de  les  faire  passer  en 
Guyenne  par  les  ports  de  la  Guipuscoa.  Le 
8  juin  1512,  une  flotte  anglaise  de  quatre-vingts 
voiles  vint  aborder  au  Passage,  et  débarqua  une 
armée  commandée  par  le  duc  de  Dorset.  Ferdi- 
nand ,  au  lieu  d'employer  ces  troupes  en  Guyenne 
suivant  la  convention  conclue  avec  le  roi  d'An- 
gleterre, Henri  Vlir,  profita  de  leur  présence  pour 
envahir  la  Navarre  sans  déclaration  de  guerre. 
Le  duc  d'Albe  s'empara  ainsi  de  Pampelune 
sans  éprouver  la  moindre  résistance,  et  bientôt  la 
liante  Navai  re  tout  entière  fut  réunie  à  l'Espagne. 

Ferdinand,  quoique  avancé  en  âge,  nourrissait 
encorel'cspoir  d'avoir  un  héritier  qui  recueillît  les 
couronnes  d'Aragon,  de  Navarre,  de  Naples  et  de 


382 


Sicile.  En  1509,  Germaine  de  Foix  avait  mis  au 
m.onde  un  fils  nommé  Juan ,  qui  mourut  au  bout 
de  quelques  jours.  En  1513,  le  roi  prit  une  potion 
aphrodisiaque,  qui  devait,  croyait-on,  rappeler  sa 
virilité;  mais  ce  remède  mal  préparé  ou  mal  ad- 
ministré, causa  au  monarque  une  maladie  de  lan- 
gueur, à  laquelle  il  succomba  trois  ans  plus  tard. 

Ferdinand  fut  sans  doute  l'un  des  princes  les 
plus  capables  qui  portèrent  le  sceptre  de  l'Es- 
pagne. Il  est  justement  regardé  comme  le  fon- 
dateur de  cette  monarchie ,  à  laquelle  il  donna 
une  puissance  redoutable.  Il  sut  faire  la  guerre 
avec  courage  et  bonheur,  et  conquit  plusieurs 
royaumes.  Ce  dont  il  faut  surtout  le  louer,  c'est 
d'avoir  rétabli  l'ordre  et  la  tranquillité  dans  un 
pays  bouleversé  depuis  tant  de  siècles  par  les 
discordes  civiles.  II  abaissa  les  nobles ,  réprima 
leurs  excès,  et  institua  une  milice  civile  chargée 
de  poursuivre  le  vol  et  le  brigandage;  l'impri- 
merie fut  par  ses  soins  importée  en  Espagne,  et 
la  conquête  d'une  partie  de  l'Amérique  suffirait 
seule  pour  illustrer  son  règne.  Cependant  il  fut 
craint  et  peu  aimé.  Cruel,  perfide,  intéressé ,  tous 
les  moyens  lui  semblèrent  légitimes  pour  satisfaire 
une  ambition  sans  frein ,  et  son  ingratitude  se 
fait  détester  surtout  dans  deux  grands  exemples  : 
Christophe  Colomb  et  Gonzalve  de  Cordoue. 
Henri  Lesueur, 

Hier.  Blanca ,  Comment.  Rervm  Aragon.  —  Ztiwta, 
Anales  de  Aragon.  ~  Miguel  Carbonel,  Chroniques 
de  Espanya;  Barcelone,  1d36.  —  OElius  Antnnius  Nc- 
brissensis,  Rerum  Hispanarum  Décades,  I,  lib.  VI.  — 
Lncius  Marineiis  Siciiliis,  De  Rébus  Hispanix,  lib.  XX. 
—  Hernando  del  Piilgar,  Cronica  de  Ins  senores  Reyes 
Catolicos.  —  Lemos,  Histoire  gcnërale  de  Portugal.  — 
Alvar  Gomez,  De  liebns  gestis  a  Francisco  Ximenès 
Cisnerio.  —  Conde,  Historla  de  la  Dominacion  de  las 
Jrabes.  —  JMariana,  De  Rébus  Hispanicis,  lib.  XXVIU. 
~  Moret,  Anales  de  Navarra,  III.  —  Kr.  Tarapha,  De 
Regibus  Hisjjunicis.  —  Ch.  Paqiiis  et  Dochcz,  Histoire 
d'Espagne,  II. 

FER05NAN0  vs ,  roi  d'Espagne,  né  le  23  sep- 
tembre 1713,  mort  le  10  août  1759.  Il  était  fils 
de  Philippe  V  et  de  Louise-Marie  de  Savoie.  Il 
succéda  à  son  père  le  10  aotVt  1746.  C'était  un 
prince  d'une  santé  faible,  et  par  cette  raison  pins 
ami  de  la  paix  que  de  guerres  et  ne  conquêtes. 
I!  débuta  sur  le  trône  par  des  actes  de  bienfai- 
sance, accorda  de  nombreuses  grâces  et  assigna 
deux  jours  par  semaine  pour  entendre  lui-même 
les  plaintes  de  ses  sujets.  Secondé  par  son  nn"- 
nistre  La  Ensenada,  il  mit  son  application  à 
rendre  ses  sujets  heureux  et  à  les  délivrer  des 
calamités  de  la  guerre;  il  y  réussit  en  signant, 
le  28  juin  1748  ,  le  traité  d'Aix-la  Chapelle,  qui 
rendit  la  paix  à  l'Europe.  Ferdinand  Yt  était 
sujet  à  des  accès  de  mélancolie  que  le  chant  de 
Farinelli  {l'oy.  ce  nom)  était  seul  capable  de 
dissiper.  Aussi  l'Opéra  est  un  des  établissements 
dus  à  ce  monarque,  ainsi  que  l'Académie  de 
Saint-Ferdinand,  destinée  aux  beaux-arts,  et  le 
Jardin  de  botanique  à  Madrid.  Il  se  (il  sous  son 
règne  quelques  réformes  dans  l'administration 
des  finances  et  plusieurs  améliorations  dans 
l'agriculture,  la  marine  et  l'industrie  du  royaume. 


383 


FERDINAND 


384 


Par  im  concordat  avec  Rome,  il  s'assura  la  no- 
mination à  tous  les  bénéfices  ecclésiastiques ,  à 
l'exception  de  cinquante-deux  ;  vivant  économi- 
quement, il  entassa  beaucoup  d'argent.  En  1758 
il  perdit  Marie-Madeleine-Thérèse  de  Portugal , 
qu'il  avait  épousée  le  19janvier  1729.  Cette  mort, 
dont  il  ne  put  se  consoler,  augmenta  sa  mélan- 
colie ,  qui ,  devenue  permanente ,  dégénéra  en 
démence.  Il  n'avait  point  d'enfants  de  son  ma- 
riage avec  Marie-Thérèse  de  Portugal ,  et  après 
sa  mort  ce  fut  son  frère  Charles  {voy.  ce  nom), 
roi  des  Deux-Siciles,  qui,  sous  le  nom  de  Char- 
les III ,  lui  succéda ,  conformément  au  traité  de 
paix  qui  avait  été  conclu  en  1748. 

W.  Coxe,  1,'Espagne  sous  les  Bourbons,  t.  III  et  IV, 
ch.  XXXIV  à  Lviii.  —  Le  maréchal  de  ViUars,  Journal, 
t.  LXX,  p.  214-408.  —  Voltaire,  Siècle  de  Louis  Xf, 
ch.  XIX,  p.  201.  —  Soulavle,  Mémoires  de  Richelieu, 
t.  VI,  ch.  XXIX,  p.  345.  —  D'Argenson,  Mémoires,  p.  402. 
—  Flassan,  Diplomatie,  V.  —  Sismondi,  Histoire  des 
Français,  t.  XXVII,  XXVIII,  XXIX. -.).  I.avallée,  Es- 
pagne, dans  l'Vnioers  pittoresque,  II,  p.  106. 

FERDINAND  VII ,  roi  d'Espagne ,  né  à  Saint- 
Ildefonse,le  13  octobre  1784,  mort  à  Madrid,  le 
29  septembre  1833.  Il  était  fils  de  Charles  IV  et 
de  Louise-Marie  de  Parme.  En  1789,  il  fut  re- 
connu prince  des  Asturies  ou  héritier  du  trône. 
Il  eut  pour  gouverneur  le  duc  de  San-Carlos , 
et  pour  précepteur  Escoiquiz  {voy.  ces  noms). 
Son  instruction  fut  ensuite  continuée  par  les  plus 
savants  hommes  de  l'Espagne.  Mais  ce  prince 
témoigna  moins  de  goût  pour  la  science  que 
pour  les  intrigues  de  cour.  Dominé  par  son  pré- 
cepteur Escoiquiz,  il  se  prêta  aux  vues  ambi- 
tieuses de  son  entourage,  et  devint  d'abord  le 
chef  nominal  du  parti  ennemi  du  prince  de  la 
Paix,  c'est-à-dire  du  parti  anglais.  La  princesse 
Marie-Antoinette-Thérèse  de  Naples,  qu'il  épousa 
le  21  août  1802  ,  et  qui  mourut  en  1806,  acheva 
de  le  jeter  dans  ce  parti,  opposé'  à  l'influence 
française,  qui  pesait  sur  le  gouvernement  du 
prince  delà  Paix.  Le  voyant  ainsi  parmi  ses  en- 
nemis les  plus  déclarés  ,  Godoï  (voy.  ce  nom) 
provoqua  l'éloignement  d'Escoïquiz,  et  plus 
que  jamais  il  écarta  le  prince  des  affaires  du  gou- 
vernement, auquel  il  était  si  impatient  de  prendre 
part.  «Réduit,  dit  Toreno,  à  la  plus  complète  so- 
litude ,  sans  aucune  participation  aux  affaires , 
Ferdinand ,  coulait  tristement  les  plus  belles  an- 
nées de  son  adolescence,  assujetti  à  la  monotone 
et  sévère  étiquette  du  palais,  entouré  d'espions 
qui  l'observaient  dans  ses  moindres  démarches.  » 
Irrité  d'une  telle  contrainte  et  de  l'inutilité  des 
réclamations  qu'elle  lui  inspirait,  le  prince  se 
montra  d'autant  plus  rebelle  aux  volontés  de 
ses  parents  et  plus  hostile  que  jamais  au  mi- 
nistre qui  était  leur  conseiller.  Veuf  depuis  seize 
mois ,  il  repoussa  obstinément  le  mariage  qu'ils 
voulaient  lui  faire  contracter  avec  D.  Maria- 
Luisa  de  Bourbon,  sa  cousine;  par  cela  seul 
qu'elle  était  sœur  de  la  princesse  de  la  Paix. 
Bien  plus ,  voyant  que ,  malgré  ses  antagonistes , 
le  favori  ne  faisait  que  grandir  en  influence  et 
en  crédit,  il  prit  un  parti  extrême  en  abandon- 


nant ses  anciens  amis  politiques  :  conseillé  par 
Escoiquiz  et  encouragé  par  Beauharnais ,  am- 
bassadeur de  France,  il  se  décida  à  s'adresser  à 
l'empereur  Napoléon.  Dans  une  lettre  pleine  de  > 
flatteries ,  il  déclara  à  ce  souverain  que ,  se  met-  f 
tant  sous  sa  protection ,  il  sollicitait  l'honneur  ! 
de  s'unir  avec  une  princesse  de  sa  famille.  Mais 
les  espions  de  la  reine  s'aperçurent  qu'il  passait 
ses  nuits  à  écrire.  Dénoncé  au  roi ,  il  fut  surpris 
dans  son  cabinet  à  six  heures  du  matin  (octobre  i 
1807).  On  lui  ôta  son  épée;  on  l'enferma  dans 
une  salle  du  palais,  et  on  se  saisit  de  ses  cachets 
et  de  ses  papiers.  On  y  trouva  deux  longs  mé- 
moires où  il  dénonçait  les  menées  de  Godoï ,  des 
projets  de  lettres  adressées  à  Napoléon  ;  le  tout 
copié  par  lui,  mais  rédigé  par  Escoiquiz.  «  Alors 
eut  lieu ,  continue  Toreno ,  ce  scandaleux  procès 
de  l'Escurial ,  qui  soumet  à  la  censure  sévère 
de  la  postérité  ceux  qui  y  prirent  part ,  ceux 
qui  le  provoquèrent,  ceux  qui  le  terminèrent, 
en  un  mot ,  les  accusés ,  les  accusateurs ,  les 
juges.  "  Le  prince,  s'avouant  coupable,  fut 
remis  en  liberté  après  avoir  dénoncé  ses  com- 
plices, ses  amis,  les  ducs  de  San-Carlos,  de 
rinfantado  (voy.  ce  nom)  et  Escoiquiz,  qui 
furent  exilés.  Les  événements  qui  suivirent 
furent  le  juste  châtiment  de  sa  coupable  ambi~ 
tion.  L'occupation  de  l'Espagne  par  les  Français, 
les  scènes  d'Aranjuez  et  de  l'Escurial,  imposèrent 
à  Charles  IV  son  abdication.  Salué  roi  par  la  foule 
empressée,  Ferdinand  parutdans Madrid  au  milieu 
de  l'allégresse  générale.  «  Ce  n'était  pas  que  ce 
prince,  dit  le  général  Foy  {Guerre  de  la  Pénin- 
sule, t.  IV),  eût  reçu  de  la  nature  les  formes  se-  - 
duisantes  et  les  qualités  inspiratrices  qui  enflam- 
ment la  multitude.  On  eût  cherché  en  vain  dans 
les  traits  de  son  \isage  la  bonhomie  de  la  figure 
de  Charles  IV.  Il  ressemblait  davantage  à  sa 
mère;  quoiqu'il  fût  grand  et  bien  fait,  sa  tour- 
nure manquait  d'élégance ,  ses  mouvements 
étaient  brusques ,  son  regard  incertain ,  sa  jeu- 
nesse sans  fraîcheur.  Il  parlait  peu ,  et  on  ne 
pénétrait  pas  si  c'était  par  timidité  ou  par  dissi- 
mulation. On  ne  connaissait  de  lui  ni  vices  ni 
vertus.  «  A  peine  parvenu  à  la  couronne,  au 
lieu  de  chercher  un  point  d'appui  dans  l'affec- 
tion de  ses  sujets,  il  préféra  s'adresser  à  un  sou- 
verain étranger,  déjà  plus  roi  que  lui  en  Es- 
pagne. Mais  le  protectorat  qu'il  implorait  n'é- 
tait rien  moins  qu'assui'é.  Murât  venait  d'occuper 
Madrid  (mars  1808),  et  se  montrait  mécontent  de 
l'abdication  de  Charles  IV,  qui  déjà  regrettait  d'a- 
voir cédé  à  l'émeute.  L'empereur,  qui  faisait  es- 
pérer sa  présence  en  Espagne,  la  différait  de  jour 
en  jour.  Ferdinand  se  laissa  persuader  d'aller  au- 
devant  de  ce  potentat.  Avançant  toujours  sans 
le  rencontrer,  il  lui  adressa,  de  Vittoria,  une 
lettre  assez  humble.  Dans  la  réponse  qui  lui 
fut  faite ,  on  ne  lui  donnait  que  le  titre  de  prince 
des  Asturies.  L'empereur  revendiquait  le  droit 
de  s'informer  des  circonstances  de  l'abdication. 
Malgré  les  effoi'ts  de  ses  conseillers  les  plus 


38£ 


avisés,  sans  se  fier  au  dévouement  de  ceux  qui 
otïraieiit  d'arriver  en  force  pour  favoriser  son 
,'vasion  du  milieu  des  troupes  françaises ,  éclie- 
lonnées  sur  son  passage  sous  prétexte  de  lui 
lendre  honneur  ;  bien  que  tout  dût  l'avertir  du 
danger  où  il  se  précipitait,  aveuglé  par  Escoï- 
quiz,  Ferdinand  se  laissa  entraîner  à  Bayonne. 
Alors  eurent  lieu  ces  conférences  fameuses  où 
l'on  vit  le  père  et  le  fils ,  le  roi  déchu  et  le 
nouveau  roi ,  plaider  leur  cause  respective  en 
présence  du  puissant  arbitre  qui  voulait  «■  tout 
pour  le  peuple,  mais  rien  par  le  peuple  ■».  Juge 
de  ce  triste  conflit,  Napoléon  le  trancha  en  dé- 
clarant que  la  maison  de  Bourbon  avait  cessé 
de  régner  en  Espagne.  Vainement  Ferdinand 
tenta  de  résister  aussi  énergiquement  que  le 
lui  permettaient  le  lieu  et  le  moment,  il  lui  fal- 
lut opter  entre  l'abdication  ou  la  mort.  C'est 
le  6  mai  1808  qu'il  signa  son  acte  de  renoncia- 
tion au  trône  d'Espagne.  De  Bayonne  il  passa 
alors  au  château  de  Valençay,  où  il  résida,  avec 
son  frère,  D.  Carlos,  et  son  oncle  D.  Antonio, 
jusqu'en  1814. 

Ferdinand  n'eut  pas  même  la  dignité  de  sa  po- 
sition nouvelle.  Sorti  de  Bayonne  pour  se  rendre 
au  lieu  de  sa  captivité ,  il  s'empressa  de  trans- 
mettre à  l'empereur  «  ses  sincères  complùnents 
sur  l'installation  de  son  frère  bien  aimé  (Joseph) 
sur  le  trône  d'Espagne  «.  Non  content  de  sup- 
plier S.  M.  Catholique  le  roi  Joseph  de  l'honorer 
de  son  amitié,  il  demanda  à  ce  prince  le  grand- 
cordon  de  ses  ordres ,  en  lui  transmettant  des 
proclamations  où  il  engageait  les  Espagnols  à  se 
soumettre  à  leur  nouveau  souverain.  11  célébrait 
par  des  feux  d'artittce,  par  des  illuminations 
splendides,  les  victoires  remportées  par  Napo- 
léon non-seulement  sur  l'étranger,  mais  en- 
core sur  ses  anciens  sujets.  En  outre ,  après 
avoir  vainement  sollicité  son  union  avec  une 
princesse  impériale ,  il  écrivait  à  un  des  princi- 
paux membres  du  sénat  :  «  Ce  qui  m'occupe  à 
présent,  c'est  le  désir  bien  vif  et  bien  cher  de  de- 
venir \efils  adopti/de  S.  M.  l'empereur  notre 
auguste  souverain  (1).  »  Il  était  le  premier  à  dé- 
noncer ceux  qui  tentaient  de  le  rendre  à  la  li- 
berté. La  Navarre  et  une  rente  de  800,000  francs 
lui  avaient  été  promises.  Les  événements  qui  em- 
pêchèrent l'exécution  du  traité  de  Bayonne 
allaient  lui  donner  davantage.  Tandis  que  les 
grands  et  les  hauts  fonctionnaires  espagnols  ne 
songeaient  la  plupart  qu'à  conserver  leurs  posi- 
tions, alors  que  leur  roi  s'était  contenté  d'a- 
voir la  vie  sauve ,  le  peuple,  blessé  dans  son 
orgueil  national ,  préféra  les  dangers,  les  maux  et 
les  chances  d'une  lutte  terrible  aux  douceurs  d'une 
paix  obtenue  sans  son  consentement  et  sans  qu'il 
eût  même  été  consulté  dans  ce  changement  sou- 
dain de  dynastie.  Le  sang  versé  à  Madrid  (2  mai  ) 
criant  vengeance,  il  passe  tout  à  coup  de  l'épou- 
vante à  la  fureur.  Le  même  cri  d'indignation  et  le 

(1)  Vaulabellc,  t.  V,  p.  s,  Histoire  des  Deux  Restau- 
irations. 

NOUV.    BIOGR.   CÈNP.R.    —   T.    XVII. 


FERDINAND  S  86 

même  appel  au  patriotismetrouventdel'échodans 
toutes  les  âmes.  Des  Asturies,  où  elle  éclata,  l'in- 
surrection gagna  la  Galice ,  Santander,  Léon,  la 
Vieille- Castille,  et  de  l'Andalousie  remonta  en 
Estradamure.  De  sourdes  commotions  ébranlè- 
rent la  Nouvelle-Castille  ;  bientôt,  enfin,  des  Ba- 
léares à  la  Navarre ,  du  Portugal  aux  Provinces 
Basques,  l'embrasement  fut  général.  Amis  et  en- 
nemis se  trouvèrent  partout  en  présence.  Les  gué- 
rillas s'organisèrent  ;  enfin,  la  résistance  de  Sara- 
gosse  \votj.  Palafox  )  eut  pour  couronnement 
la  mémorable  journée  de  Baylen  {voy.  Rei- 
DiNG  et  Dupont). 

A  une  junte  insuffisante  succédèrent  les  cor- 
tès,  qui  inaugurèrent  leur  retour  par  la  consti- 
tution de  1812.  Secourue  par  les  Anglais,  triom- 
phante à  Salamanque  et  à  Vittoria,  après  six 
années  d'efforts  héroïques  contre  des  armées 
aguerries  et  les  généraux  les  plus  renommés, 
l'Espagne  revit  enfin  son  roi  légitime.  Elle  es- 
péra que  le  pi'ince  dont  elle  avait  jadis  salué 
avec  bonheur  l'avènement ,  instruit  par  le  mal- 
heur, s'empresserait  de  calmer  les  maux  dont  il 
pouvait  voir  partout  les  déplorables  traces  ;  mais 
cet  espoir  fut  déçu. 

L'adversité,  qui  élève  les  âmes  fortes,  avait 
produit  un  effet  tout  opposé  sur  Ferdinand.  Il 
devint  fanatique  et  dissimulé.  L'isolement  dans 
lequel  il  avait  vécu  à  l'Escurial  s'était  d'ail- 
leurs continué  à  Valençay.  Pilote  inexpéri- 
menté, il  était  appelé  à  diriger  un  navire 
constamment  battu  par  les  orages.  «  En  remon- 
tant sur  le  trône  de  ses  pères,  Ferdinand,  dit 
Manuel  (séance  du  27  février  1823,  n'avait 
pas  à  punir,  mais  à  récompenser.  »  Or,  voici 
comment  il  interpréta  et  comment  il  l'emplit'  ce 
devoir  de  la  royauté.  Poussé  par  les  funestes 
conseils  des  servîtes  (  c'était  ainsi  que  l'on  appe- 
lait les  partisans  du  pouvoir  absolu  )  et  par  son 
propre  penchant  à  rejeter  la  constitution  de  1812, 
qu'il  avait  promis  de  reconnaître,  il  s'avança, 
accompagné  par  la  division  du  général  Elio,  sur 
Madrid ,  où  le  précédèrent  le  comte  de  Montijo 
et  le  général  Eguia ,  le  premier  ayant  à  disposer 
le  peuple  à  l'acceptation  des  volontés  telles 
quelles  du  monarque ,  le  second  à  en  assurer 
l'exécution. 

Avant  même  d'entrer  dans  sa  capitale ,  Ferdi- 
nand rendit  à  Valence  ce  décret  du  4  mai  1814, 
qui  marquera  si  tristement  dans  les  annales  de  la 
Péninsule  (1).  Api'èsune  longue  énumération  de 


(1)  C'est  le  limai  que  les  habitants  de  Madrid  lurent,  à  la 
pointe  du  Jour,  affiché  sur  les  murs,  le  placard  suivant  : 

«  Victime  de  la  cruelle  perfidie  de  Bonaparte ,  et 
privé  de  ma  liberté  par  un  attentat  atroce,  sans  exemple 
dans  l'histoire  des  nations  civilisées,  j'ai  été  retenu  pen- 
dant six  ans  en  prison;  une  assemt)lée  des  cortès,  con- 
voquée d'une  manière  tout  à  fait  inusitée  en  Espagne, 
a  mis  à  profit  ma  captivité,  usurpé  mes  droits,  en  im- 
posant à  mes  peuples  les  lois  les  plus  arbitraires  ainsi 
qu'une  constitution  anarchique,  séditieuse,  basée  sur  les 
principes  démocratiques  de  larévolutîon  française.  Ayant 
égard  à  l'extrême  répugnance  des  Espagnols  pour  une 
constitution  où  l'on  affecte  de  repousser  tout  ce  qui 
rappelle  le  nom  de  roi,  où  l'on  nomme  nationales  les  ar- 

13 


387 


FERDINAND 


388 


ses  griefs  contre  les  certes  de  1812;  après  une 
promesse  formeile  de  donner  lui-même  des 
institutions  à  son  peuple  ,  Ferdinand,  s'appuyant 
sur  son  pouvoir  absolu,  annule  et  abolit  tout  ce 
qui  s'est  fait  en  son  absence  ;  puis  il  proscrit  en 
masse  et  condamne  à  mort ,  comme  coupables 
du  crime  de  lèse-majesté ,  tous  ceux  qui  avaient 
osé  substituer  à  ses  droits  ceux  de  la  nation.  A 
ce  début,  de  si  fâcheux  augure,  succéda  pour 
l'Espagne  un  long  régime  de  despotisme  et  de 
terreur.  «  L'inquisition,  dit  Viardot,  fut  rétablie  et 
dotée  de  toute  la  puissance  qu'elle  avait  sous  les 
Torquemada;  les  Jésuites,  chassés  par  Cliarles  III, 
furent  rappelés  et  chargés  de  l'éducation  pu- 
blique; dix  mille  Espagnols,  qu'on  appelait  a/mw- 
cesados  {francisés),  parce  qu'ils  avaient  cru 
possible  et  praticable  la  réunion  de  l'Espagne  à 
l'empire,  condamnés  à  l'exil  et  dépouillés  de 
leurs  biens ,  allèrent  vivre  d'aumônes  sur  la  terre 
étrangère  ;  enfin,  tous  les  membres  des  certes,  des 
régences  et  des  ministères ,  tous  ceux  qui  avaient 
coopéré  au  travail  de  la  constitution  ou  s'en 
étaient  montrés  les  zélés  partisans  ,  furent  tra- 
duits devant  des  commissions  et  jugés  sans 
forme  légale.  Les  échafauds  furent  dressés ,  les 
présides  ouverts ,  les  prisons  encombrées  ,  et 
des  hommes  qui  avaient  honoré  leur  pays  ,  les 
Arguelles ,  les  Calatrava  ,  les  Martinez  de  la 
Rosa,  échappant  avec  peine  à  là  mort,  et  ne 
pouvant, .comme  Toreno  et  d'autres,  obtenir  la 
faveur  d'un  bannissement ,  allèrent  expier  dans 
les  bagnes  d'Afrique  le  crime  d'avoir  imposé 
des  conditions  au  trône  en  le  sauvant.  L'Espa- 
gne ,  affaiblie  par  sa  longue  lutte  et  frappée  de 
stupeur ,  resta  pendant  six  années  la  proie  d'un 
despote  sanguinaire  (1).  » 

L'exil  du  cardinal  de  Bourbon  et  de  plusieurs 
autres  royalistes  modérés  témoigna  que  tout  était 
livré  aux  courtisans,  qui  s'efforçaient  de  faire 
oublier  leurs  défections  passées  par  l'exagé- 
ration de  leur  zèle  présent.  On  institua  une 
chambre  ardente  pour  le  jugement  des  constitu- 
tionnels, dont  les  arrestations  se  multipliaient  de 
jour  en  jour.  «  Si  parfois  ces  juges  féroces  et  al- 
térés de  sang,  dit  Toreno,  n'osaient  condamner, 
Ferdinand  prononçait  la  condamnation,  de  son 
chef,  sans  l'assistance  d'aucune  autorité.  »  Ré- 
putés dangereux,  les  hommes  les  plus  éclairés , 
que  l'on  ne  pouvait  poursuivre  comme  révolu- 
tionnaires ou  comme  afraneesados,  étaient  per- 
sécutés comme  suspects  de  franc-maçonnerie. 
C'est  par  les  gibets  de  Madrid,  de  Pampelune, 

rnées  et  les  instilutions  qui  depuis  si  longtemps  s'ho- 
noraient du  Ulre  de  royales,  je  la  proclame  nulle  et  de 
nul  effet,  ainsi  que  les  autres  institutions  politiques 
nouvellement  établies,  pour  le  passé  comme  pour  l'a- 
venir. Quiconque  osera,  par  fait,  par  cciit  ou  par  parole, 
exciter  ou  engager  qui  que  ce  soit  à  l'observation  ou 
exécution  desdiles  constitutions  et  institutions,  se  ren- 
dra conpable  du  crime  de  lése-majesté,  et  sera,  comme 
tel,  pwii  de  mort. 

«  Daté  de  Faïence,  't  mai. 

«  Slçiné  Ferdinand.  » 
;î)  Viarriot,  Études  sur  l'Espagne,  p.  83  et  suiv. 


de  Valence ,  c'est  par  la  guerre  à  outrance  faite 
aux  libéraux  et  la  disgrâce  des  modérés,  que  le 
roi  netto  (  absolu  )  prétendait  substituer  le  ré- 
gime du  bon  plaisir  aux  réformes  dont  le  besoin 
se  faisait  si  vivement  sentir  dans  un  pays  dé- 
pourvu d'industrie,  de  commeixe,  de  voies  de 
communication,  de  finances,  de  crédit,  où 
tous  les  services  publics  étaient  dans  le  dé- 
sordre ,  où  la  marine  était  nulle ,  les  chantiers 
et  les  arsenaux  dégarnis ,  où  l'armée  restait  sans 
solde  et  sans  vêtements.  En  même  temps  les  co- 
lonies, travaillées  par  les  Anglais,  achevaient  de 
s'émanciper.  Ferdinand ,  qui  attendait  qu'elles 
fussent  rentrées  dans  l'obéissance  po'jr  convo- 
quer les  cortès  auxquelles  chacune  devait  en- 
voyer ses  représentants,  dut  s'apercevoir  ealin, 
en  présence  des  maux  toujours  croissants  de 
l'État ,  qu'ajourner  les  difficultés ,  c'était  les 
aggraver.  Lorsqu'il  se  décida  à  convoquer  l'as- 
semblée ,  l'insurrection  était  générale ,  dans  le 
pays ,  où  le  supplice  de  Porlier,  de  Lacy,  de 
Richard  ,  de  Yidal ,  de  Bertrand  de  Lys  (  votf. 
ces  noms),  l'exil  ou  l'emprisonnement  de  beau- 
coup d'autres  libéraux,  révoltaient  au  lieu  d'inti- 
mider les  patriotes.  L'armée  destinée  à  l'Amé- 
rique, retenue  à  Cadix,  faute  de  transports  et 
d'ai-gent,  poussée  à  des  insurrections  partielles  par 
la  dureté  de  L'Abisbal,  se  souleva  en  masse  après 
le  remplacement  de  ce  général  en  chef.  C'est  dans 
l'île  de  Léon  que,  le  5  janvier  1820,  elle  pro- 
clama la  constitution  de  181'i.  Quiroga  et  Riego 
(voy.  ces  noms)  en  prirent  le  com.mandement, 
sous  le  titre  d'armée  nationale.  O'Donnei,  qui 
s'avança  pour  la  combattre ,  fut  arrêté  par  son 
frère  D.  Henri  O'Donnei  [voij.  ce  nom),  comte 
de  L'Abisbal ,  gouverneur  de  Cadix,  qui  se  dé- 
clara en  faveur  du  mouvement.  Les  cortès  ne 
vinrent  que  pour  sanctionner  la  révoiOtion 
triomphante.  Deptiis  la  proclamation  qu'il  adressa 
au  duc  de  l'Infantado,  président  du  conseil  de  Cas- 
tille,  pour  là  convocation  immédiate  des  cortès, 
le  roi  ne  fit  plus,  jusqu'à  la  contre- révolution, 
que  contre-signei'  les  volontés  de  l'assemblée,  qui 
tout  aussitôt  s'empara  de  îa  direction  des  af- 
faires d'État.  Il  hésitait  encore  à  jurer  la  consti- 
tution. Rempli  d'effroi  par  l'émeute  qui  éclata 
dans  la  nuit  du  7  au  8  mars  1820,  il  prêta  tout 
aussitôt,  entre  les  mains  du  président  de  la 
junte,  son  serment  à  cette  constitution,  dont  lai 
pierre  fut  relevée  sur  la  place  publique  de  Ma-j 
drid. 

Le  9  juillet  1820  ,  à  l'ouverture  des  séances 
des  cortès,  debout,  la  main  sur  l'Évangile,  Fèf- 
dinand  renouvela  son  serment  en  ces  termes  :: 
'i  Moi ,  don  Ferdinand  VIT,  par  la  grâce  de  Dieu 
et  la  constitution  de  la  monarchie  espagnole ,  roi 
des  Espagnes ,  je  jure  par  Dieu  et  par  les  saints 
Évangiles  que  je  défendrai  et  conserverai  la  re^ 
iîgion  catholique ,  apostolique  et  romaine,  sans 
en  permettre  d'irutre  dans  le  royaume;  quej'ob-j:^ 
serverai  et  ferai  observer  la  constitution  politi 
que  et  les  lois  delà  monarchie  espagnole,  n'ayanli 


389 


FERDINAND 


dans  tout  ce  que  je  ferai  d'autre  (in  que  son  bien 
et  son  utilité;  que  je  n'aliénerai,  ne  céderai  ni  ne 
démembrerai  aucune  partie  du  royaume  ;  que  je 
n'exigerai  jamais  d'impôts  en  argent  ou  de  quel- 
que autre  nature  que  ceux  que  les  Cortès  auront 
décrétés  ;  que  je  ne  prendrai  jamais  à  personne 
ce  qui  lui  appartient;  que,  par-dessus  tout,  je 
respecterai  la  liberté  politique  de  la  nation  et  la 
liberté  individuelle  ;  et  si  j'agissais  contre  ce  que 
I  j'ai  juré  en  tout  ou  partie,  je  désire  n'être  pas 
obéi,  et  que  tout  ce  qui  serait  ordonné  en  con- 
travention soit  regardé  comme  nul  et  non  avenu. 
VA  que  Dieu  me  soit  en  aide  et  en  protection.  » 
Il  signa  et  jura  depuis  tout  ce  qu'on  voulut, 
sans  perdre  une  seule  occasion  d'éluder  les  pro- 
messes qu'il  devait  violer  plus  tard.  Il  ne  se 
lassait  pas  de  faire  une  guerre  sourde  à  ses  adver- 
saires, en  se  montrant  en  apparence  d'accord  avec 
eux.  A  l'ouverture  de  la  session  de  1821,11  écri- 
vit au  ministre  Bardaji,  chef  du  nouveau  cabinet, 
qu'il  avait  nommé  pour  ministre  de  k  guerre  le 
général  Cantador.  Personne  ne  connaissait  ce  gé- 
néral. VAlmanach  militaire  sen\  faisait  men- 
tion d'un  vice-amiral  de  ce  nom ,  âgé  de  quatre- 
vingts  ans,  retiré  du  service  depuis  près  d'un 
demi-siècle.  Non  content  de  refuser  la  démission 
des  ministres,  le  roi  renchérit  encore  sur  la 
mystification  injurieuse  qui  les  portait  à  cette 
d.'termination.  Il  substitue  à  Contador  Rodri- 
guez-Marfinez ,  général  qu'on  sut  être  enfermé 
dans  une  maison  de  fous,  depuis  une  blessure 
qu'il  avait  reçue  au  siège  de  Badajoz,  en  1813. 
Puis  on  vit  Ferdinand  non-seulement  mettre 
son  veto  à  plusieurs  décrets  importants,  ou  re- 
fuser avec  la  plus  capricieuse  obstination  d'ouvrir 
ou  de  clore  lui-même  les  sessions,  mais  abuser 
de  sa  prérogative  au  point  de  laisser  à  l'ouver- 
ture des  dernières  sessions  le  gouvernement  sans 
représentation,  en  renvoyant  le  ministère  au  mo- 
ment où  les  cortès  s'assemblaient.  On  l'avait  vu 
même,  îi  l'ouverture  de  la  session  de  1821,  s'in- 
terrompre dans  la  lecture  de  son  discours  ofli- 
ciel  pour  lancer  une  amère  diatribe  contre  ses 
ministres  et  l'assemblée  à  laquelle  il  venait  de 
prêter  serment.  Son  entente  parfaite  avec  les 
ennemis  intérieurs  et  extérieurs  de  cet  ordre  de 
choses  et  les  conspirations  qu'il  ne  cessait  d'our- 
dir ou  de  diriger  ne  pouvaient  manquer  d'ame- 
ner une  catastrophe.  Le  7  juillet  1822,  après  l'as- 
sassinat deLandaburru  {voy.  ce  nom  ),ouvit  la 
garde  royale,  en  pleine  révolte  contre  le  gouver- 
nement constitutionnel ,  s'élancer  dans  la  capi- 
tale, au  cri  de  Vive  le  roi  absolu  (1)!  Les  mi- 
liciens les  vainquirent,  en  répondant  Vive  la  cons- 
titution !  et  ils  arrachèrent  à  la  vengeance  popu  - 
laire  le  roi  instigateur  du  complot,  et  le  même 
roi  iit  pendre  plus  fard  ses  sauveurs. 

Ferdinand  Yîl  ne  dut  son  salut  qu'aux  se- 
cours de  l'étranger  et  aux  divisions  de  ses  ad- 
versaires,    partagés    en    tragalisles,   paste- 

(1)  f^'iva  et  re/j  netlo. 


390 

communistes,   qui  com- 


leros  (pâtissiers' 
prenaient  les  exaltados  et  les  descamisados 
(sans  chemise),  zurriagistes.  Certains  actes  de 
l'assemblée  suscitèrent  des  mécontentements. 
Les  principaux  chefs  libéraux  s'attirèrent  de  j  ustes 
reproches  en  s'assurant  de  gros  revenus  aux 
dépens  de  l'État,  c'est-à-dire  en  faisant  ce  qu'ils 
auraient  critiqué  chez  leurs  adversaires.  Impa- 
tients de  l'atteinte  portée  à  leurs  fueros,  les  pays 
Basques,  soulevés,  devinrent  le  noyau  de  l'armée 
de  la  Foi,  recrutée  par  les  moines,  commandée 
par  les  ultra-royalistes  {voy.  d'Éroles,  d'Es- 
pagne, Romagosa  ,   MiRALLÈS  ,    MERINO,    CtC.  ). 

Cependant,  les  succès  d'Espoz  y  Mina  {\ioy.  ce 
nom)  donnèrent  à  l'assemblée  une  prépondé- 
rance qu'elle  justifia  par  l'activité  de  sesmesures. 

«  Le  premier  emploi  que  tirent  de  leurs  mains, 
encore  meurtries  par  les  fers,  les  hommes  qui 
passèrent  des  présides  au  gouvernement ,  ce  fut 
de  signer  une  amnistie  générale.  Tout  le  monde 
y  fut  compris  ,  proscrits  et  prescripteurs  ,  afran- 
cesados  et  apostoliques ,  et  cette  mesure  témoi- 
gnait certes  d'un  sentiment  de  force  en  même 
temps  que  d'une  véritable  grandeur  d'âme.  L'abo- 
lition de  l'inquisition,  que  le  despotisme  restauré 
n'osa  plus  relever  avec  lui  ;  la  suppression  de 
la  Compagnie  de  Jésus  et  l'organisation  toute 
nouvelle  de  l'instruction  publique;  la  liberté 
rendue  au  commerce  ,  à  l'industrie ,  à  l'agri- 
culture; la  suppression  des  substitutions,  des 
majorais  et  des  biens  demain  morte  ;  l'extinction 
des  monopoles,  privilèges  et  maîtrises;  la  ré- 
duction des  dîmes  et  prémices,  la  taxe  des  bulles 
et  la  suppression  des  droits  payés  à  Rome;  la 
division  du  territoire  et  la  création  d'autorités 
civiles  telles  qu'on  les  voit  aujourd'hui;  l'orga- 
nisation uniforme  des  douanes;  la  liberté  de  la 
presse  s'exerçant  dans  toute  sa  plénitude ,  sans 
entraves,  sans  limites;  les  associations  poli- 
tiques reconnues ,  autorisées  et  mises  seulement 
en  surveillance  ;  la  formation  de  milices  natio- 
nales ;  l'établissement  du  crédit  public ,  la  re- 
connaissance des  dettes  anciennes  et  la  vente  des 
biens  domaniaux  ;  un  code  pénal ,  un  code  mi- 
litaire (1)  :  »  tels  sont  les  actes  par  lesquels  l'as- 
semblée légitimait  le  triomphe  delà  révolution. 
Le  roi,  qui  n'y  remplit  d'autre  rôle  que  celui  d'eu 
contrarier  l'action ,  dominé  par  la  peur,  signa 
tout,  consentit  à  tout,  il  attendait  avec  impa- 
tience le  secours  de  l'éti-anger,  qu'il  appelait  de 
tous  ses  vœux. 

Les  progrès  d'une  insurrection  qui  avait  réagi 
dans  le  Piémont  et  à  Naplcs  attirèrent  toute 
l'attention  de  la  sainte-alliance.  Après  avoir  reçu, 
au  congrès  de  Vérone ,  la  mission  d'intervenir 
militairement  en  Espagne,  s'alarmant  d'ailleurs 
de  la  position  <lu  roi,  de  jour  en  jour  piusdiflicile, 
depuis  surtout  la  journée  du  7  juillet  1822,  oii  il 
avait  été  contraint  de  revêtir  de  sa  signature 
plusieurs  actes  l'évoiutionnaires,  craignant  que  le 


Louis  Viai'Uot,  p. 


i:tuil.  sur  rE.tp. 
13. 


39  î 


FERDINAND 


892 


peuple  no  se  portât  à  de  nouveaux  et  plus  grands  ]  relies.  »  Entendez-vous  lesvivaP  dit-il  au  duc 
excès,  redoutant  enfin  le  contre-coup  du  mou- 
vement en  Fi'ance,  le  gouvernement  français  ré- 
solut d'agir  avec  une  armée  décent  mille  hommes. 
Le  retour  de  Bessières  {voy.  ce  nom),  sa  mar- 
che sur  Madrid ,  et  sa  victoire  sur  le  général 
O'Daly  furent  d'un  triste  présage  pour  les  cons- 
titutionnels. 

Leur  gouvernement  avait  montré  plus  de  di- 
gnité que  de  prudence  vis-à-vis  des  grandes  puis- 
sances. Plus  irrité  cependant  qu'effrayé  par  une 
invasion  opérée  sans  déclaration  préalable  de 
guerre,  n'ayant  pas  à  opposer  aux  Français  des 
forces  suffisantes  et  voyant  qu'ils  s'avançaient  sur 
Madrid,  il  prit  le  parti  de  transporter  son  siège  à 
Séville.  Raffermi  par  les  premiers  succès  de  l'in- 
tervention, le  roi  commença  de  se  montrer  moins 
docile  aux  volontés  des  parlementaires.  Non-seu- 
lement il  refusa  de  partir,  mais  encore  il  renvoya 
deux  fois  ses  ministres,  qu'il  accabla  d'injures  ; 
la  peur  de  l'émeute  le  décida  encore  à  suivre  le 
gouvernement.  Quand  il  fallut  passer  de  Séville 
à  Cadix ,  il  fit  bien  plus  de  difficultés  encore,  il 
ne  s'y  résigna  qu'après  la  nomination  d'une  ré- 
gence (voy.  Galiano)  et  l'avortement  d'un  com- 
plot tramé  pour  sa  délivrance  (12  juin  1823)  par 
l'Anglais  Dawnie.  Il  partit  dès  le  lendemain,  et 
arriva  le  15  à  Cadix,  où  il  fut  reçu  par  les  régents 
avec  les  mêmes  honneurs  que  s'il  eût  joui  de  la 
plénitude  de  son  pouvoir. 

Pour  appuyer  ses  déterminations  énergiques , 
il  eût  fallu  au  gouvernement  des  forces  autres 
que  celles  dont  il  disposait.  Mais  ses  armées 
étaient  mal  organisées,  insuffisantes,  et  il  n'a- 
vait pas  même  les  finances  nécessaires  à  la  solde 
des  troupes  déjà  sur  pied.  Les  défections  de  L'A- 
bisbal ,  de  Ballesteros ,  de  Morillo ,  de  Manso 
(voy.  ces  noms)  vinrent,  en  même  temps  que 
la  défaite  et  la  prise  de,Riego,  précipiter  sa 
ruine,  avec  la  reddition  de  Cadix,  hâtée  à  prix 
d'argent  (voy.  Ouvrard).  Mina  seul,  par  l'opi- 
niâtreté de  sa  résistance ,  sauva  l'honneur  des 
armes  espagnoles.  Contraintes  de  céder  à  la  force, 
les  cortès  (  28  septembre  1823  )  abdiquèrent 
leur  autorité  entre  les  mains  de  Ferdinand,  qui 
promit  à  son  tour  «  de  ^préserver  de  toute 
vengeance  et  de  toute  persécution  toutes  les 
personnes  compromises  ;  se  réservant ,  quant 
au  reste,  de  consulter  l'intérêt  et  l'honneur  de  la 
nation  » .  Le  29  il  accorda  un  édit  d'union  et  d'ou- 
bli à  la  milice,  qui  refusait  de  se  rendre  à  discré- 
tion. A  peine  était-il  arrivé  au  port  Sainte-Marie, 
dans  le  quartier  général  des  Français  (1er  octobre), 
que,  libre  de  contrainte,  il  oublia  toutes  ses  pro- 
messes ,  annula  tous  ses  actes  depuis  le  7  mars 
1820.  Yandiola,  Quiroga,  Alava  et  Valdès,  sa- 
chant à  quoi  s'en  tenir  sur  les  caresses  et  les  in- 
vitations qu'il  leur  faisait,  s'étaient  rembarques  à 
temps.  La  foule  des  fanatiques  et  des  absolu- 
tistes, qui  vinrent  pousser  autour  de  lui  les  cris 
de  Vive  le  roi  absolu  !  3lorl  aux  negros  ! 
avait  rendu  Ferdinand  à  ses  dispositions  natu- 


d'Angoulême,  qui  lui  parlait  d'institutions.  Mais 
l'acte  qui  caractérisa  le  mieux  ses  intentions  fu- 
tures ,  ce  fut  le  titre  de  premier  ministre  qu'il 
donna  au  moine  don  Victor  Saez ,  son  confes- 
seur. 

Le  13  novembre,  Ferdinand  fit  son  entrée  dans 
Madrid,  «  sur  un  char  de  triomphe  de  forme  an- 
tique, haut  de  vingt-cinq  pieds,  et  que  traînaient 
cent  hommes  uniformément  habillés  de  vestes 
et  de  pantalons  verts  et  roses.  Ce  char  gigantes- 
que était  précédé  et  suivi  de  nombreux  groupes 
de  danseuses  et  de  danseurs  revêtus  de  costumes 
brillants,  et  qui  se  livraient  aux  démonstrations 
de  l'enthousiasme  le  plus  frénétique  ;  des  fleurs 
tombaient  de  toutes  les  fenêtres  et  de  tous  les 
balcons  ;  des  cris  d'allégresse  sortaient  de  toutes 
les  bouches.  Des  revues,  des  danses  publiques, 
des  courses  de  taureaux  et  des  illuminations 
prolongèrent  durant  plusieurs  jours  les  joies  de  - 
cette  journée  (I).  « 

«  Peu  après,  dit  à  son  tour  un  autre  historien  (2), 
un  morne  silence  avait  succédé  aux  fêtes  ;  l'as- 
pect de  la  ville  était  sombre  et  menaçant;  la  dé- 
fiance et  le  soupçon  s'étaient  glissés  peu  à  peu 
dans  le  sein  de  chaque  famille  ;  personne  n'osait 
ouvrir  sa  maison  ni  recevoir  du  monde  :  la  ter- 
reur des  cachots  semblait  passée  dans  tous  les 
salons.  »  La  province  n'offrait  pas  un  spectacle 
moins  triste.  Nul  n'était  à  l'abri  des  coups  d'im 
despotisme  sanguinaire.  Altéré  du  sang  des  ré- 
volutionnaires, Ferdinand  n'en  trouvaitpas  moins 
lourde  la  contrainte  des  ultras.  Après  le  départ 
des  volontaires  royaux  venus  pour  le  saluer,  il 
s'écria  :  «  Ce  sont  les  mêmes  chiens,  avec  des  col- 
liers différents.  »  Impitoyable  envers  ses  enne- 
mis ,  il  fut  ingrat  envers  ses  plus  dévoués  ser- 
viteurs (voy.  Palafox,  MATAFLORmA, etc. ).  Le 
cleï-gé  reprit  sa  domination;  en  1826  on  fut  té- 
moin à  Valence  d'un  auto-da-fé.  Du  reste,  Ferdi- 
nand A^I  ne  s'arrachait  à  l'influence  du  moment 
que  pour  tomber  dans  de  nouvelles  contradic- 
tions. Prenant  au  sérieux  son  titre  de  roi  ab- 
solu ,  il  finit  par  en  user  au  détriment  de  ceux- 
là  même  qui  ne  le  lui  attribuaient  que  pour 
l'exercer  à  leur  profit.  Déjà  trois  fois  veuf  (3) , 
il  se  trouvait  encore  sans  postérité,  lorsqu'il 
épousa,  en  quatrièmes  noces,  le  11  octobre  1829, 
Marie-Christine,  lille  de  François,  roi  de  Naples. 
Cédant  aux  suggestions  de  cette  princesse,  et 
s'appuyant  sur  une  loi  signée  en  1789,  mais  non 
promulguée,  il  rendit,  de  sa  propre  autorité, 
le  décret  fameux  qui  rétablissait  le  droitl  des 
femmes  à  la  succession  au  trône.  Ainsi  devenu 
pouvoir  constituant,  il  mettait  en  opposition  la 
constitution  de  la  Castille  et  celle  d'Aragon, 
jetait  la  division  entre  son  frère  et   sa  veuve, 

(1)  Vaulabelle,  t.  VI,  p.  190.  i 

(2)  Ouvrard,  Mém.,  t.  II,  p.  266. 

(3)  Sa  secoade  femme  était  Marie-Francisque  d'Assise, 
princesse  portusaise,  qu'il  épousa  et  qu'il  perdit  en  1818. 
La  troisième  fut  Marie-Joséphine-Amélie  ,  nièce  du  roi 
de  Saxe,  et  qu'il  épousa  le  8  août  1819. 


393 


FERDINAND 


394 


et  en  proclamant,  le  13  octobre,  sa  fille  Isabelle 
princesse  des  Asturies ,  née  trois  jours  aupara- 
vant ,  il  léguait  la  guerre  civile  à  ses  États.  Ce- 
pendant, pour  calmer  son  frère  D.  Carlos,  il 
cassa  la  loi  qu'il  avait  faite  sous  l'influence  de 
la  reine,  puis  il  la  rétablit,  par  la  crainte  que  lui 
inspira  le  courroux  de  sa  belle-sœur,  D.  Luisa 
Cai'lota,  femme  de  l'infant  don  François  de  Paule 
et  sœur  de  la  reine  Christine.  C'est  au  milieu  de 
cette  situation  compliquée  que  succomba  le  mé- 
chant et  infirme  roi  Ferdinand  VU. 

V.  Marty. 

Toreno  .  'Uist.  de  la  Guerra,  révolucion  y  levanta- 
miento  de  Espafia.  —  Miraflores,  1°  Apuntes  historico- 
critico  para  escribir  la  kistoria  de  la  \Uevolucion  de 
Espana,  1820-1823.  —  M.  Nellerio  (  /.  Antoine -l, or  ente  ), 
Memor.  par  ki  historia  de  la  Révolucion,  de  Espaiia  ; 
1814-1816.  s  V.  in-8°  ;  trad.,  1815-1819.  —De  Pracit.,  Mém. 
sur  la  Révolution.d'Esp.  ;  Paris,  1816,  Jn-8°.  —  Martignac, 
Essai  hist.  sur  la  licv.  d'Esp.;  1820-1823  ,  3  vol.  ln-8o  , 
1832.  —  Salmon  (  El  I'.  M.  ) ,  Résumé  histor.  de  la  Rév. 
d'Esp.,  1808-1814;  Madrid,  1820,  6  vol.  in-8°.  —  Hist. 
de  la  Rév.  d'Esp.,  1820-1823  ,  par  un  Espagnol  témoin 
oculaire  (Mlnano);  2  vol.  in-S"  ,  Pari.s,  1823.  —  Godoï, 
Mem.;  4  V.  in-8o,  trad.  en  fr.  —  Mém.  historiq.  sur  Fer- 
dinand VU,  roi  des  Espagnes,  par  D***,  avocat,  trad. 
en  franc,  et  en  angl.  par  M.  G.-H*",  1824.  —  Southey,  Pe- 
niusular  IFar  ;  6  v.  in-S".  —  Génér.  Foy,  Guerre  de  la 
Péninsule;  4  vol.  in-S».  —  Le  comte  Victor  du  Hamel, 
Hist.  constitutionnelle  de  l'Esp.;  2  v.  In-S»,  1846.  —  Louis 
Viardot,  Études  sur  l'Esp.;  1  v.  in-S";  —  Ouvrard,  Mém.; 
3  vol.  in-8°,  1826.  —  Congrès  de  Férone.  —  Vaulabclle, 
Hist.  des  Deux  Restaurât.,  tom.  4,  5  et  B.  —  Lesur,  Ann. 
Jiist.  univ.,  1816-1833.  —  Monit.  vniv.,  1807-33.  —  Anto- 
nio da  Piralla,  Hist.  civ.,  6  vol.  in-8°. 

FEiSDiKANn,  comtes  de  Guaslalla.    Voy. 

GONZAGUE. 

l'ERDiNAîSD,  duc  Aq  Mantouc.  Voy.  Gon- 

ZAGUE. 

î'-'KRDiNAKD  î" ,  lï,  iii,  rois  de  Hongrie. 
Voy.  FeudinandI,  II,  III,  empereurs  d'Alle- 
magne. 

*FEROiiVAiV!>  IV  d'Autriche,  roi  deHongrie, 
de  Bohême  et  des  Romains,  né  en  1634,  mort  le 
9  juillet  1654.  Il  était  fils  de  Ferdinand  III,  em- 
pereur d'Allemagne,  et  de  Mariana  d'Espagne. 
Le  5  août  1646  son  père  le  fit  couronner  roi  de 
Bohême,  et  le  16  juin  1647  roi  <le  Hongrie. 
Cette  dernière  cérémonie  se  fit  à  Presbourg,  selon 
l'usage  consacré  (1).  Ferdinand  IV  fut  aussi  élu 
roi  des  Romains  en  1653;  mais  il  succomba  à  la 
petite  vérole  l'année  suivante.  Sous  son  règne  !a 
Hongrie  jouit  de  quelque  tranquillité,  malgré  les 
murmures  des  réformés,  qui  se  plaignaient  de 
l'inexécution  des  promesses  qui  leur  étaient  faites 
à  chaque  avènement  d'un  prince  autrichien  au 
trône  de  Hongrie. 

Sedicr,  Univers. Lexi/i. 

FERDINAND,  archiduc  d'Autriche,  duc  de 
Massa  et  Carrara,  né  le  1'"''  juin  1754,  mort  le 
24  décembre  1806.  Il  était  le  troisième  fils  de 


(1)  Apres  la  cérémonie  ,  le  roi  monta  â  cheval ,  tra- 
versa a  pas  lents  le  faubourg  de  la  ville,  et  lorsqu'il  fut 
arrivé  à  la  colline  qui  domine  le  Danube,  il  la  «ravit  au 
galop,  tira  son  sabre,  et,  parvenu  au  .sommet,  figura  qua- 
tre croix  en  l'air  en  se  tournant  vers  les  quatre  points 
cardinaux. 


l'empereur  François  I'^'^  de  Lorraine  et  de  Marie- 
Thérèse  d'Autriche.  Le  15  octobre  1771  il  épousa 
Maria -Béatrice  d'Esté,  princesse  souveraine  de 
Massa  et  Carrara ,  et  unique  héritière  des  États 
de  Wodèue,  Reggio  et  La  Mirandole.  Lui-même 
fut  nommé  gouverneur  de  la  Lombardie  pour 
l'Autriche.  Les  victoires  des  Français  et  l'insur- 
rection des  Italiens  dépossédèrent  les  deux  époux 
(1796).  A  la  paix  de  Lunéville ,  on  assigna  à  Her- 
cule-Renaud d'Esté ,  duc  de  Modène ,  le  Brisgaw 
et  l'Ortenaw,  en  échange  de  ses  États  hérédi- 
taires; mais  ce  prince  refusa,  et  fit  la  cession  de 
ces  provinces  à  son  gendre  Ferdinand.  Celui-ci 
n'en  conserva  la  souveraineté  que  jusqu'en  1805, 
où  Napoléon  les  réunit  au  grand-duché  de  Bade, 
par  suite  du  traité  de  Presbourg.  Ferdinand  mou- 
rut peu  après,  laissant  sept  enfants  :  1°  Marie- 
Thérèse  ,  épouse  de  Victor-Emmanuel  P"',  roi 
de  Sardaigne;2°  Maiie-Léopoldine,  veuve  de 
Charles-Théodore,  électeur  palatin;  3"  Fran- 
çois IV  d'Autriche,  qui  devint  duc  de  Modène  en 
1814;  4°  Ferdinand,  prince  de  Modène,  né  le 
25  avril  1781,  et  qui  servit  dans  les  armées  au- 
trichiennes comme  général  de  cavalerie  ;  5°  Maxi- 
mihen,  né  le  14  juillet  1782,  feld-maréchal  lieu- 
tenant au  service  d'Autriche;  6"  Charles-Am- 
broise,  né  le  2  novembre  1783,  mort  en  1809  ; 
7"  Marie-Louise-Béatrix ,  qui  épousa  l'empereui' 
d'Autriche  François  ^^ 

Conversât. -Lexik. 

FERDîNAWD,  infant  et  duc  de  Parme,  fils  de 
don  Philippe  d'Espagne  et  d'Elisabeth  de  France, 
lillc  de  Louis  XTV,  naquit  à  Parme,  le  20  janvier 
1751,  et  moui'ut  dans  la  même  ville,  le  9  oc- 
tobi'e  1802.  Il  eut  pour  précepteur  Keralio, 
et  Condillac  composa  pour  lui  son  Cours  d'É- 
tudes. Millot  et  Mably  perfectionnèrent  encore 
.son  éducation.  Il  put  apprendre  dans  le  Dis- 
cours sur  l'étude  de  r/iistoire  quelles  sont  les 
limites  de  l'autorité  royale  et  le  respect  que  doit 
avoir  le  souverain  des  droits  de  ses  sujets.  Pen- 
dant que  le  jeune  prince  s'instruisait  dans  la  phi- 
losophie et  dans  la  politique,  le  ministre  Fe- 
lino  (1)  augmentait  les  revenus  de  l'État  de 
quinze  cent  mille  livres.  Ferdinand  succéda  à 
son  père  en  1765.  Ses  goîits  le  portant  vers  la 
vie  paisible,  il  laissa  les  soins  du  gouverne- 
ment au  marquis  Felino.  11  voulut  introduiie 
dans  le  duché  de  Parme  des  réformes  utiles,  et 
suivre  l'exemple  de  Joseph  II,  empereur  d'Al- 
lemagne. A  cet  effet,  au  mois  de  janvier  1768,  il 
fit  publier  une  pragmatique-sanction  dans  la- 
quelle il  faisait  défense  absolue  à  ses  sujets  de 
porter  sans  sa  permission  les  affaires  conten- 
tieuses  devant  des  tribunaux  étrangers,  et  décla- 
rait nuls  les  brefs .  décrets  et  bulles  non  revêtus 
de  Vexequatur.  Ces  mesures  ne  tardèrent  pas  à 
le  brouiller  avec  Clément  XIU,  et  une  querelle 
s'éleva  au  sujet  delà  limitation  des  privilèges  de 
main  morte ,  et  des  appels  à  l'autorité  suprême 

(1)  Son  nom  de  famille  était  Du  Tillot. 


395 


FERDINAND 


du  pape  ;  en  outre,  i!  refusa  le  tribut  réclamé  par 
le  saint-siége  pour  les  investitures.  Malgré  les 
menaces  du  Vatican,  il  expulsa  de  ses  États 
les  jésuites ,  et  abolit  l'inquisition.  Ces  réfor- 
mes, toutes  imprégnées  de  l'esprit  de  l'épo- 
que, allaient  attirer  sans  doute  sur  le  duc 
Ferdinand  un  monitoire  de  Clément  XIII;  les 
foudres  de  Rome  étaient  prêtes  à  le  frapper, 
lorsque  le  pape  mourut  dans  l'intervalle  ;  et  le 
cardinal  Ganganelli ,  qui  lui  succéda  sous  le  nom 
de  Clément  XIV,  se  montra  moins  hostile  à  ces 
innovations. 

Ferdinand  épousa  à  cette  époque  Marie- Amé- 
lie, fille  de  l'impératrice  Marie-Thérèse.  L'in- 
fluence du  cabinet  de  Vienne  se  fit  bientôt  sentir 
à  la  cour  de  Parme.  Le  ministre  Felino  fut  ren- 
voyé en  1773,  pour  faire  place  à  Llano,  dont  la 
faveur  fut  de  courte  durée. 

A  l'approche  des  troupes  de  la  république 
française,  le  duc  essaya  d'opposer  quelque  ré- 
sistance ;  mais  l'apparition  de  Bonaparte  sur  les 
frontières  du  duché  de  Parme  fit  tomber  les  il- 
lusions de  Ferdinand.  La  paix  lui  fut  accordée 
moyennant  un  tribut  de  deux  millions  de  francs, 
dix-sept  cents  chevaux,  dixmille  quintauxde  blé, 
cinq  mille  d'avoine  et  la  cession  de  vingt  de  ses 
plus  beaux  tableaux,entre  autres  le  Saint  Jérôme 
du  Corrége,  qu'en  vain  il  voulut  racheter  au  prix 
d'un  million,  et  qui  tous  furent  envoyés  au 
Musée  de  Paris.  Il  dut  à  ces  conditions  de  pou- 
voir garder  ses  provinces  pendant  cinq  années. 
I!  assista  ainsi,  en  simple  spectateur,  aux  dé- 
mêlés qui  s'élevèrent  entre  la  France  et  rAsitri- 
che  et  à  ces  batailles  qui  ensanglantèrent  et 
achevèrent  d'énerver  i'Iialie,  pays  toujours  des- 
tiné à  devenir  la  proie  des  vainqueurs  étran- 
gers. 

En  1801,  les  traités  de  Lunéville,  de  Madrid 
et  de  Florence  réglèrent  une  fois  encore  le  sort 
de  la  péninsule.  Contraint  par  le  cabinet  espa- 
gnol, Ferdinand  dut  renoncer  à  son  duché  en  fa- 
veur de  la  France,  et  recevoir  en  échange  la  Tos- 
cane ,  érigée  en  royaume  d'Étrurie.  Le  duc  re- 
fusa d'abord  obstinément ,  et  il  ne  céda  ensuite 
qu'à  la  forcé  :  tout  ce  qu'il  put  obtenii'  fut  que  ce 
traité  ne  serait  mis  à  exécution  qu'après  sa  mort. 
En  conséquence  de  ce  refus,  son  fils  Louis  fut  en- 
voyé à  sa  place  en  Toscane.  Pendant  les  dix-huit 
mois  qu'il  vécut  encore,  Ferdinand  continua  àpre- 
tester;  mais  à  partir  du  21  mai  1801  il  ne  fut 
plus  que  le  souverain  nominal  de  Parme ,  car  le 
véritable  maître  était  le  résident  français,  Mo- 
reau  de  Saint-Méry.  Le  duc  ne  survécut  que  peu 
de  temps  à  la  perte  de  son  trône ,  quoique  le 
résident  eût  pour  lui  tous  les  égards,  en  faisant 
respecter  une  autorité  devenue  très-précaire. 
Ce  ne  fut  qu'après  la  mort  de  ce  prince  que 
l'incorporation  du  duché  à  la  république  fi'an- 
çaise  fut  officiellement  proclamée. 

La  veuve  de  Ferdinand  mourut  en  1805. 

G.   VlTALÎ. 

UoUa ,  Histoire  d'Italie.—  Zc]]er,  Histoire  cVltalie. 


306 

Montholon ,  Ma- 


—  Enciclopedia  popolare  Torinese. 
moires  de  Napoléon. 

FERDINAND  i"'',  DE  MÉDicis ,  troisième 
grand-duc  de  Toscane,  né  en  1549,  mort  le  17 
février  1609  (1608,  selon  le  style  llorentin).  Il 
était  le  quatrième  fils  de  Côme  F"",  dit  le  Grand, 
premier  grand-duc  de  Toscane,  et  d'Eléonore  de 
Tolède.  Il  avait  à  peine  quatorze  ans  lorsque  le 
pape  Pie  IV  le  créa  cardinal-diacre  du  titre  de 
Sainte-Marie  in  Dominica ,  puis  de  Saint- 
Eustache  et  de  Sainte-Marie  in  Via  Lata.  Il  fixa 
son  séjour  à  la  cour  de  Rome,  et  y  acquit  une 
grande  influence.  Le  19  octobre  1587,  son  frère 
François-Marie ,  grand-duc  de  Toscane ,  étant 
mort  sans  enfants  mâles  légitimes,  il  fut  appelé  à 
lui  succéder.  S'il  est  vrai  qu'il  monta  sur  le  trône 
par  un  double  empoisonnement,  ainsi  que  quel- 
ques historiens  contemporains  l'ont  écrit  sans 
preuves,  il  effaça  ce  crime  par  la  sagesse  de  son 
règne.  En  prenant  le  pouvoir,  il  trouva  des  tré- 
sors immenses  accumulés  par  son  frère,  et 
s'empressa  de  les  employer  à  la  prospérité  de  son 
pays.  Par  les  conseils  de  Catherine  de  Médicis, 
reine  de  France,  il  céda  son  chapeau  de  cardinal 
à  Francesco  del  Monte,  et  épousa,  le  30  avril 
1 589 ,  Christine  de  Lorraine ,  petite-fille  de  Ca- 
therine. Il  obtint  adroitement  des  Espagnols  l'in- 
vestiture de  Sienne  (1604),  et  purgea  ensuite  la 
Toscane  d'une  multitude  de  bandits  qui,  sous  la 
la  conduite  d'Alfonso  Piccolomini,  duc  de  Monte- 
Marciana,  semblaient  vouloir  s'y  étabhr.  Devenu 
maître  de  ce  chef  le  2  janvier  1591,  Ferdinand  le 
fit  pendre,  le  16  mars  suivant.  Peu  après  il  équipa 
une  flotte  avec  laquelle  il  fit  donner  la  chasse  aux 
corsaires  musulmans  qui  désolaientles  côtesd'Ita- 
iie.Les  chevaliers  del'ordredeSaint-Étienne  secon- 
dèrent ses  vues  avec  beaucoup  de  courage ,  et  après 
plusieurs  avantages  obtenus  sur  ces  écumeurs  de 
mer,  les  Florentins  assiégèrent  Famagousf e  (  Chy- 
pre) enl607etprirentBone  (l'ancienne //ippo»e), 
en  Afrique,  l'année  suivante.  Durant  les  troubles 
de  la  Ligue,  Ferdinand  de  Médicis  prêta  des  som- 
mes considérables  à  Henri  IV,  mais  plutôt  avec  les 
précautions  d'un  marchand  qu'avec  la  noblesse 
d'un  prince  :  pour  sûreté  de  son  prêt,  il  s'était  em- 
paré des  îles  d'If  et  de  Pomègues,  sur  les  côtes  de 
Provence,  et  ce  ne  fut  qu'avec  grand 'peine  que 
Henri  Vint  à  bout  de  les  lui  faire  rendre.  Cependant 
Ferdinand  montra  une  intelligence  parfaite  des 
intérêts  italiens  en  cherchant  à  conserver  une  au- 
torité puissante  à  la  France,  qui  seule  pouvait 
tenir  tête  à  l'Espagne  et  empêcher  d'anéantir  les 
restes  d'indépendance  de  l'Italie.  Il  agit  même 
avec  succès  pour  rendre  le  pape  plus  favorable 
à  Henri  IV,  et  le  poussa  à  entraver  les  plans  de 
l'Espagne  relativement  à  la  France.  Les  choses 
en  vinrent  au  point  que  l'ambassadeur  espagnol, 
Olivarès,  menaça  le  pape  d'un  concile  et  de  la 
guerre  ;  mais  Sixte  V  répondit  par  la  menace 
d'excommunier  Philippe  H  et  de  prêcher  une 
croisade  contre  l'Espagne.  Ferdinand  se  montra 
très-froid  envers  la  cour  d'Autriche,  et  se  main- 


S97 

tint  clans  les  meilleurs  termes  avec  les  princes 
protestants.  11  embellit  considérablement  les 
principales  villes  de  son  duché  :  Pise  et  Li- 
vourne  refleurirent  par  ses  soins  ;  la  dernière 
de  ces  villes  devint  un  refuge  pour  les  juii's  et 
les  nouveaux  chrétiens  persécutés  en  Espagne. 
A  Florence ,  enti'c  autres  monuments,  il  com- 
mença, en  1604,  la  rcal  capeUa  de'  deposiU, 
consacrée  à  la  sépultur.e  des  jiiands-ducs.  A  sa 
mort ,  on  trouva  dans  ses  coffres  dix  millions 
d'or  et  la  valeur  de  deux  millions  en  pierreries. 
«  Ferdinand,  dit  Galuzzi,  se  montra  toujours 
doux,  affable,  humain ,  complaisant  et  accessible 
à  tout  le  monde.  Il  fut  le  premier  des  princes  de 
sa  maison  que  ses  vertus  et  sa  bienfaisance 
aient  fait  regretter  généralement.  11  était  sincère, 
mais  réservé ,  ferme  dans  ses  résolutions,  cou- 
rageux et  grand  dans  l'exécution  de  ses  projets. 
Les  revers  qu'il  éprouvait,  loin  de  le  décourager, 
l'animaient  davantage.  11  savait  balancer  habile- 
ment la  rigueur  et  la  clémence.  »  Ferdinand 
laissa  de  sa  femme,  décédée  le  20  décembre 
1G36,  quatre  lils  :  Côrae,  qui  lui  succéda  ;  Charles, 
cardinal  en  1615,  mort  en  1666;  Fi'ançois  et 
Laurent  ;  et  trois  filles  :  Eléonore  ;  Catherine,  ma- 
riée à  Ferdinand,  duc  de  Mantoue;  et  Claude, 
femme  de  Frédéric-Ubalde  de  La  Rovèrc,  puis  de 
Léopold  ,  archiduc  d'Autriche. 

Arrimirati,  Istoria  di  Firenze,  Ub.  XXII.  —  AUiratori, 
Jnnal.  Itai.,  XV,  89.  —  De  Thou,  Historia,  !ib.   XXII. 

—  Imhoff,  Genealoçjiœ  iihistriiiin  inltalia  Familiarum, 

—  Dochcz,  Histoire  de  l'Italie,  III,  164,  173,  189. 
FEBOINAND  II,  DE  MÉDicis ,  grand-duc  de 

Toscane,  petit-fils  du  précédent,  né  le  14  juil- 
let 1610,  mort  le  23  mai  1670.  Il  était  fils  de 
Corne  II  et  de  Marie-Madeleine  d'Autriche.  11 
succédaà  son  père  le  28  février  1620  (1621,  se- 
lon le  style  florentin  ),  sous  la  tutelle  des  grandes- 
duchesses  sa  mère  et  son  aïeule  (  Christine  de 
Lorraine).  Il  garda  une  prudente  neutralité  du- 
rant la  guerre  que  la  France  et  l'Espagne  se 
firent  en  Italie;  mais  il  intervint  auprès  de 
l'empereur  Ferdinand  II,  son  oncle ,  en  faveur 
de  Charles  T"",  duc  de  Nevers,  qui  revendiquait  à 
juste  titre  les  duchés  de  Mantoue  et  de  Mont- 
ferrat,  et  obtint  pour  ce  prince  la  restitution  et 
l'investiture  des  fiefs  en  litige.  Ferdinand  II 
épousa,  le  26  septembre  1631,  Victoire  de  La 
Rovère,  sa  cousine.  En  vertu  de  ce  mariage,  il 
eût  pu  prétendre  au  duché  d'Urbin  après  la 
mort  de  son  beau-père  François-Marie  ;  mais  il 
laissa  réunir  cet  État  à  celui  de  l'Église,  dont  il 
était  un  fief  dévolu  par  le  défaut  d'héritiers 
mûIes ,  et  se  contenta  de  recueillir  les  biens  allo- 
diaux  du  feu  duc.  Eu  1644,  il  s'entremit  effica- 
cement pour  réconcilier  Odoard,  duc  de  Parme, 
avec  le  pape  Urbain  Vlfl,  et  lui  fit  recouvrer  son 
duché  de  Castro.  Dans  la  querelle  qui  s'éleva, 
en  1662,  entre  la  cour  de  France  et  celle  deRorae, 
à  l'occasion  de  l'insulte  faite  à  l'ambassadeur 
français  par  la  garde  corse  du  pape,  Ferdi- 
nand II  se  porta  comme  médiateur,  et  réussit  à 
faire  conclure,  le  12  février  1G64,  le  traité  de 


FERDINAND  398 

Pise,  qui  rapprocha  les  deux  puissances.  Son 
zèle  pourla  religion  l'engagea,  en  1668,  à  fournir 
des  secours  aux  Vénitiens  contre  les  Turcs,  qui 
assiégeaient  Candie.  Ferdinand  était,  comkne  tous 
ceux  de  sa  maison,  grand  amateur  des  lettres,  des 
arts ,  et  généreux  protecteur  des  savants.  11  ai- 
mait beaucoup  la  chimie,  possédait  un  labora- 
toire ,  et  fit  plusieurs  essais  pour  fixer  le  mer- 
cure; il  inventa  divers  instruments  de  physique, 
et  plusieurs  sociétés  scientifiques  possèdent 
encore  des  thermomètres  de  sa  façon.  Il  encou- 
ragea par  ses  libéralités  la  fondation,  par  son 
frère  le  cardinal  Léopold  de  Médicis,  de  l'A- 
cadémie del  Cimente  (19  juillet  1657),  et  lui- 
môme  se  fit  recevoir  au  nombre  des  membres 
fondateurs  de  cette  société  savante.  <(  Ferdi- 
nand 11,  dit  Silhouette,  était  d'ailleurs  grand 
politique  et  l'un  des  princes  les  plus  adroits  de 
l'Europe.  Sous  son  règne  disparurent  dans  son 
pays  les  dernières  traces  des  moeurs  républi- 
caines. »  11  laissa  deux  fils  :  Corne  III,  qui  lui 
succéda ,  et  François-Marie ,  créé  cai'dinal  par 
Innocent  XI,  en  1686.  Ce  cardinal  rendit  la  bar- 
rette en  1709,  pour  épouser  Eléonore  de  Gonza- 
gue-Guastalla,  et  mourut  en  1711. 

Miiratori,  Jnnales  Ital.  —  Nelli,  Saç/gio  di  Storia 
letteraria  Fiorentina  del  secolo  Xf^ll.  —  SillioueUe, 
Foyage  de  FrtincOj  d'Espagne,  etc.  —  Dochcz,  Histoire 
de  l'Halte,  111,  210-269. 

FEBiDSNAMD  Bii  (  Joseph-Jean-Bapttste  ), 
graiid-duc  de  Toscane,  archiduc  d'Autriche, 
prince  royal  de  Hongrie  et  de  Bohême,  né  à 
Florence,  le  6  mai  1769,  du  grand-duc  Pierre- 
Léopolii  et  de  Marie-Louise  infante  d'Espagne, 
mort  dans  la  même  ville,  le  18  juin  1824.  Son 
père ,  appelé  à  la  couronne  impériale  d'Allema- 
gne ,  le  mit  en  possession  de  la  Toscane  le  7  mai 
1791,  et  le  maria  à  Louise-Améhe,  fille  du  roi 
de  Naples.  Les  temps  étaient  difficiles,  et  la  ré- 
volution venait  d'éclater  en  France.  En  vain  le 
Piémont,  excité  par  l'Autriche,  essayait-il  de 
s'opposer  à  la  marche  triomphale  des  troupes 
françaises ,  qui  avaient  franchi  les  Alpes.  Fer- 
dinand ,  quoique  frère  de  François  H,  empereur 
d'Alleiïiagne,  fut  le  premier  des  piinces  italiens 
qui,  par  son  ambassadeur  Carlelti ,  reconnut  la 
république  française  (février  1793).  La  neutralité 
qu'il  garda  à  l'époque  des  conquêtes  du  général 
Bonaparte  lui  valut  la  conservation  de  ses  États 
jusqu'en  1799  ;  mais  une  coalition  des  princes  dé- 
trônés imposa  au  gouvernement  de  la  république 
le  devoir  de  réunir  entièrement  l'Italie  à  laFrauce. 
Le  25  mars,  lîerthier,  frère  du  maréchal,  entra  sur 
le  territoire  de  la  Toscane,  enjoignit  au  grand-duc 
de  se  retirer,  et  installa  à  Florence  un  gouverne- 
ment provisoire  aux  tendances  républicaines.  Les 
victoires  de  Kray  et  de  Souwaroff ,  au  moment 
oii  Bonaparte  cueillait  de  nouveaux  lauriers  en 
Egypte),  obligèrent  Schérer,  Moreau  et  Macdo- 
nald  à  battre  en  retraite.  Le  gouvernement  pro- 
visoire de  Florence  tomba  avec  ceux  de  Sienne 
et  de  Livourne,  et  l'autorité  de  Ferdinand  y  fut 
rélobliele  16  juin. 


S:)9  FERDINAND 

Le  retour  soudain  de  Bonaparte  et  la  jour- 
née mémorable  de  Marengo  changèrent  une 
fois  encore  les  destinées  de  la  péninsule.  En  vain 
Sommariva,  gouverneur  de  la  Toscane  pour  le 
grand-duc,  agissant  d'après  les  instigations  de 
l'Angleterre ,  avait-il  armé  les  paysans  ;  six  mille 
Français  ou  Cisalpins  entrèrent  en  Toscane ,  oc- 
cupèrent Florence  ,  Sienne,  Arezzo,  etc.,  et  les 
traités  qui  en  1801  réglèrent  le  sort  de  l'Ita- 
lie transformèrent  l'héritage  de  Ferdinand  en 
royaume  d'Étrurie,  avec  garnison  française  à  Li- 
vourne.  Don  Louis  de  Parme  fut  nommé  roi  en 
titre  de  ces  provinces.  Le  grand-duc  dépossédé  se 
retira  à  Vienne.  Le  recès  de  février  1803  lui 
donna,  à  titre  d'électeur  de  l'Empire,  l'ancien  ar- 
chevêché de  Salzbourg.  Il  devint  à  la  fin  de  1805 
électeur  de  Wurtzbourg,  et  en  1806,  échangeant 
ce  titre  contre  celui  de  grand-duc ,  il  fut  admis 
dans  la  Confédération  du  Rhin. 

Ferdinand  rentra  en  possession  de  ses  anciennes 
provinces  après  l'abdication  de  Fontainebleau.  Le 
peuple  accueillit  au  milieu  de  Wïva^  enthousiastes, 
le  7  septembre ,  son  ancien  seigneur,  dont  l'ab- 
sence n'avait  pas  duré  moins  de  quinze  ans. 

Aussitôt  que  la  bataille  de  Waterloo  lui  per- 
mit de  se  croire  assis  solidement  sur  son  trône, 
Ferdinand  dirigea  ses  soins  vers  l'achèvement 
des  judicieuses  réformes  commencées  par  son 
père.  Seul,  entre  les  princes  italiens,  il  eut  hor- 
reur du  sang  et  des  procès  politiques  ;  seul  il 
rendit  son  peuple  heureux.  Il  donna  la  publicité 
aux  procès  criminels,  améliora  le  commerce, 
ouvrit  des  routes  nouvelles  à  l'industrie,  res- 
taura l'instruction  publique,  protégea  les  beaux- 
arts  et  les  lettres,  accueilHt  les  réfugiés  des  au- 
tres contrées  d'Italie,  et  gagna  ainsi  l'affection 
des  Toscans.  Les  révolutions  de  Naples  et  du 
Piémont,  en  1821 ,  ne  l'effrayèrent  pas  ;  au  con- 
traire ,  il  osa  résister  aux  influences  et  aux  sug- 
gestions de  l'Autriche ,  qui  voulait  que  les  pro- 
cès sanguinaires  faits  aux  carbonari  des  diffé- 
rentes provinces  d'Italie  fissent  oublier  les 
prisons  du  Spielberg. 

Ferdinand  légua  à  son  fils  Léopold  II  mie  do- 
mination raffermie  par  d'utiles  réformes  et  de 
beaux  exemples  à  suivre.  G.  Vitau. 

Zeller,  Histoire  d'Italie.  —  La  Farina,  Histoire  d'I- 
talie depuis  ISiS  jusqu'à  18îiO.  —  Montanelli,  Mémoires 
sur  l'Italie  et  spécialement  sur  la  Toscane. 

FERDINAND  i'^''  d'Aragon ,  premier  roi  de 
Naples,  né  en  1423,  mort  le  25  janvier  1494.  De- 
puis que  les  Vêpres  siciHennes  avaient  arraché 
à  Charles  d'Anjou  le  plus  beau  fleuron  de  sa 
couronne,  cent  cinquante  années  s'étaient  écou- 
lées pendant  lesquelles  Naples  et  la  Sicile  avaient 
été  divisées.  Le  continent  était  au  pouvoir  des 
Angevins,  l'île  obéissait  aux  Aragonais.  Le  sort 
des  armes  se  déclara  pour  ces  derniers  :  Al- 
fonse  V,  dit  le  Magnanime,  réunit  les  deux 
États,  et  le  premier  s'intitula  roi  des  Deux 
Sïciles.  A  sa  mort,  qui  arriva  l'an  1458,  Alfonse 
légua  ses  États  de  Sicile,  de  Navarre  et  d'Ara- 
gon, à  Jean  son  frère,  et  ceux  de  Naples  àFer- 


400 


dinand,  son  fils  illégitime  et  adultérin.  Ce  der- 
nier était  fils  d'une  Castillane  de  basse  condi- 
tion, nommée  Carlina  Villardone.  Ses  ennemis 
prétendaient  que  cette  femme  l'avait  supposé 
fils  d'AIfonse  V,  tandis  qu'en  réalité  il  était 
né  d'un  cordonnier  mahométan  de  Valence,  heu- 
reux rival  du  roi  d'Aragon.  Sous  le  pontificat 
de  Nicolas  V,  un  traité  avait  été  conclu  à  Na- 
ples entre  ce  pape,  Alfonse  le  Magnanime, 
et  quelques  autres  puissances,  à  l'effet  de  pa- 
cifier l'Italie  et  de  faire  la  guerre  aux  Turcs. 
Dans  ce  traité ,  le  prince  Ferdinand  avait  été 
reconnu  héritier  présomptif  des  États  de  Naples. 
A  son  avènement  au  pontificat,  Cahxte  III 
ratifia  le  traité ,  mais  refusa  l'investiture  à 
Ferdinand ,  sous  prétexte  que  sa  naissance 
était  entachée  d'opprobre-,  et  à  peine  Alfon- 
se V  eut-il  fermé  les  yeux  que  le  pontife  dé- 
clara, par  une  bulle  datée  du  12  juillet  1458,  le 
royaume  de  Naples  dévolu  à  l'Église  ;  défenses 
furent  faites,  sous  peine  de  censure ,  à  tous  les 
ordres  de  l'État,  ecclésiasti.ques  et  séculiers  ,  de 
reconnaître  d'autre  souverain  que  le  saint-siége. 
Cet  événement  ranima  les  espérances  et  les  pré- 
tentions des  Angevins ,  et  on  vit  Charles  VII , 
qui  occupait  alors  le  trône  de  France ,  donner 
le  gouvernement  de  Gênes  à  Jean  d'Anjou,  duc- 
de  Calabre,  afin  de  mettre  ce  prince  à  portée 
de  saisir  la  première  occasion  de  reconquérir 
les  domaines  de  ses  ancêtres. 

Ferdinand  ne  se  laissa  point  abattre  :  il  appela 
de  la  bulle  au  futur  concile,  convoqua  le  parle- 
ment, et  reçut  des  principaux  barons  napolitains 
le  serment  de  fidélité.  La  mort  de  Calixte  acheva 
de  relever  le  parti  des  Aragonais.  Pie  II  conclut 
(le  1 7  octobre  1458)  avec  Ferdinand  un  traité,  par 
lequel  il  reconnaissait  ce  prince  en  sa  qualité  de 
roi  de  Naples ,  à  la  condition  que  le  monarque 
rembourserait  à  la  chambre  apostolique  les  ar- 
rérages du  cens ,  prêterait  secours  au  saint-siége 
toutes  les  fois  qu'il  en  serait  requis,  rendrait 
au  pape  la  ville  de  Bénévent  immédiatement 
et  celle  de  Terracine  dans  dix  mois,  et  rap- 
pellerait enfin,  en  employant  la  force  si  cela  était 
nécessaire,  le  général  comte  Piccinino,  qui  à  la 
tête  des  troupes  aragonaises  infestait  les  États 
de  l'Éghse.  Dans  la  bulle  d'investiture,  qui 
date  du  10  novembre  suivant,  on  remarque  cette 
clause ,  sauf  le  droit  d'autrui  ;  c'était  une 
ressource  que  le  pape  se  i-éservait  pour  l'éven- 
tualité du  succès  des  Angevins. 

Une  fois  en  possession  de  son  trône,  Ferdi- 
nand ne  songea  qu'à  s'y  affermir.  Il  combla  les 
barons  napolitains  de  faveurs  et  de  caresses,  il 
diminua  les  impôts,  et  ne  négligea  rien  pour  ga- 
gner l'affection  de  ses  sujets.  Ce  prince  épousa 
(1444)  Isabelle,  fille  de  Tristan  de  Clermont, 
jeune  et  belle  personne,  douée  d'un  courage  au- 
dessus  de  son  sexe,  et  dont  l'énergie  ne  contri- 
bua pas  médiocrement,  en  diverses  circonstan- 
ces, à  soutenir  le  trône  chancelant  de  son  époux. 

Des  orages  continuels  troublèrent  le  règne  de 


401 


FERDINAND 


402 


Ferdinand.  Le  comte  Piccinino,  à  qui  on  n'avait 
pu  donner  aucune  compensation  pour  îes  places 
qu'il  avait  été  forcé  de  rendre  au  saint-siége  dans 
le  duché  de  Spolète  et  l'Ombrie,  rentra  dans  le 
royaume  de  Naples  à  la  tôte  d'une  armée  d'An- 
gevins, tandis  que  le  duc  de  Calabre  opérait  une 
descente  à  la  vue  de  Gaète,  et  envoyait  sa  flotte 
jeter  l'ancre  dans  le  golfe  de  Naples.  Le  prince 
de  Tarente,  le  marquis  de  Crotone,  le  duc  de 
Sessa  et  une  foule  de  barons  de  la  Terre  de 
Labour  et  des  Abruzzes  embrassèrent  le  parti 
de  la  maison  d'Anjou.  Le  7  juillet  1460,  Ferdi- 
nand perdit  contre  Jean  d'Anjou  une  grande 
bataille  sur  les  bords  du  Sarno,  près  de  Noie.  Sa 
déroute  fut  telle  qu'il  eut  peine  à  gagner  Naples 
avec  vingt  cavaliers.  Fei'dinand  se  vit  quelque 
temps  réduit  à  la  plus  dure  condition.  L'argent 
lui  manquant,  on  vit  la  reine  Isabelle,  sa  femme, 
une  bourse  à  la  main,  quêter  de  maison  en  mai- 
son. L'épuisement  de  ses  finances  et  la  fidé- 
lité chancelante  des  seigneurs  napolitains  l'obli- 
gèrent d'une  part  à  engager  ses  plus  précieux 
joyaux  aux  marchands  de  Florence  et  de  Venise, 
et  de  l'autre  à  faiie  avec  les  barons  un  traité 
onéreux,  dans  lequel  il  dut  passer  par  toutes 
les  conditions  qu'il  plut  à  ceux-ci  de  lui  imposer. 
Louis  XI  avait  à  cœur  les  intérêts  de  Jean  d'An- 
jou ;  il  sollicita  le  pape  Pie  II  d'accorder  à  ce 
prince  l'investiture  du  royaume  de  Naples.  Pour 
y  déterminer  le  pape ,  le  roi  de  France  offrait 
de  révoquer  la  pragmatique -sanction  etd'envoyer 
soixante-dix  mille  hommes  contre  les  infidèles. 
Pie  II,  loin  de  se  rendre  aux  offres  du  monarque, 
fit  venir  d'Albanie  le  fameux  Scanderberg  {voy. 
ce  nom),  et  le  mit  à  la  tête  des  partisans  de 
Ferdinand.  Ce  dernier,  avec  le  secours  du  prince 
grec,  remporta  une  victoire  décisive,  le  18  août 
1462,  près  de  Troja  (Capitanate)  sur  son  com- 
pétiteur. Il  acheva  en  1463  de  reconquérir  son 
royaume.  Dès  ce  moment  ses  actes  ne  justifiè- 
rent pas  les  espérances  que  le  commencement 
de  son  règne  avait  fait  concevoir.  Il  fit  jeter  dans 
une  prison  le  duc  de  Sessa,  au  mépris  des  traités 
faits  avec  ce  seigneur  ;  il  fit  traîtreusement  as- 
sassiner Piccinino,  qui  avait  fait  sa  paix  avec  lui  ; 
il  enleva  au  pape  le  duché  de  Sora ,  et  refusa  de 
payer  les  arrérages  du  cens  qui  avaient  été  for- 
mellement promis.  En  1475,  la  reine  Isabelle 
étant  morte,  Ferdinand  épousa  l'année  suivante 
Juana,  fille  de  Jean  II,  roi  d'Aragon  et  de  Sicile 
(morte  le  9  janvier  1517). 

Ce  fut  sous  le  règne  de  ce  prince  qu'une  es- 
cadre ottomane  opéra  une  descente  sur  les  cô- 
tes de  la  Pouille  et  s'empara  d'Otrante  (  1 1  août 
1480  ).  Douze  mille  habitants  sur  vingt-deux 
mille  furent  passés  au  fil  de  l'épée.  Otrante  fut 
reprise,  l'année  suivante,  par  les  chrétiens. 

Cependant  Charles  VIII,  roi  de  France,  héri- 
tier des  droits  de  la  maison  d'Anjou  sin-  le 
royaume  de  Naples ,  avait  terminé  les  formida- 
bles préparatifs  de  son  expédition  en  Italie. 
Ferdinand  vit  se  former  l'orage,  il  ne  le  vit  pas 


éclater.  Ce  prince  mourut  après  trente-six  ans 
de  règne,  laissant  la  réputation  d'un  habile  po- 
litique, mais  d'un  prince  cruel  et  de  mauvaise 
foi.  Naples  lui  dut  une  partie  de  sa  grandeur  ; 
ce  fut  lui  qui  le  premier  introduisit  rimprimerie 
dans  cette  cité  (1474);  il  protégea  les  belles- 
lettres,  veilla  à  la  bonne  administration  de  la 
justice,  et  favorisa  très-efficacement  les  pro- 
grès de  l'industrie  manufacturière  et  le  déve- 
loppement du  commerce.  Il  est  le  premier  sou- 
verain qui  ait  pris  le  titre  de  roi  de  Naples. 
Il  laissa  la  couronne  à  son  fils  aîné,  Alphonse  IL 
[Enc.  des  G.  rfw  M.,  avec addit. ] 

Franc.  Guicciardini,  Istoria  d'italia,  lib.  I.  —  Onofrio 
Panvini,  f^itx  Pontiflcum  (Innocent  Vlif  ).  —  juan  Ma- 
riana,  Historia  di  Relnis  Hispaniœ,  lib.  XXV,  cap.  vu. 
—  BzoYius,  Annales.  —  Giov.-Anton.  Summonte,  Hist. 
délia  città  e  ret/no  di  Napoli,  l.  III,  lib.  VI,  p.  48i.  — 
Angelo  di  Costanzo,  Ist.  del  Regno  di  Napoli,  lib.  XIX, 
p.  187-201.  —  Philippe  de  Comines,  Chron.,  lib.  VU.  _ 
Mezerai,  Hist.  de  France  (Charles  M\\).—  kilawi, Italie, 
dans  ['Univers pittoresque,  p.  194.  —  Sismondi,  Hist.  des 
Franc.,  t.  XIV,  p.  41-48  ;  XV,  140-133.—  Le  même.  Ré- 
publiques italienne  s,  t.  _X,  chap.  LXXVI,  p.  76-106. 

FERDINAND  II,  roi  de  Naples,  petit-fils  du 
précédent  et  fils  d'Alphonse  II  et  d'Ippolila 
Sforce ,  mort  à  Naples,  le  7  octobre  1496.  Il 
n'était  encore  que  duc  de  Calabre  et  héritier 
présomptif  de  la  couronne  lorsque  son  père 
lui  confia  le  commandement  de  l'armée  des- 
tinée à  agir  contre  Charles  VIII,  qui  s'avan- 
çait en  ce  moment  à  la  conquête  du  royaunte 
de  Naples.  Ferdinand  pénétra  dans  la  Romagne 
à  la  tête  de  soixante  escadrons,  d'un  corps 
nombreux  d'infanterie,  et  vint  camper  sous  les 
murs  de  Faenza.  Charles  VIII  lui  opposa  Ebe- 
rard  d'Aubigny.  Refoulé  par  la  marche  victo- 
rieuse du  roi  de  France,  le  duc  de  Calabre  rentra 
à  Naples  dans  les  premiers  jours  de  l'année 
1495,  et  le  23  janvier,  lendemain  du  jour  où 
son  père  avait  abdiqué,  il  fut  sacré  dans  l'église 
métropolitaine  ,  et  parcourut ,  la  couronne  en 
tête,  tous  les  quartiers  de  la  ville.  Il  prit  ensuite 
des  mesures  pour  la  défense  du  royaume;  mais 
le  peuple,  qui  n'avait  point  perdu  le  .souve- 
nir des  vices  et  des  cruautés  de  ses  deux  der- 
niers souverains,  se  montra  peu  disposé  à 
seconder  les  efforts  du  nouveau  monarque. 
Ferdinand  II  vint  camper  à  San-Germano,  où 
Louis  d'Armagnac  (depuis  duc  de  Nemours) 
le  battit  complètement.  Un  malheur  en  entraîne 
souvent  un  autre  :  Jacques  Trivulce,  qui 
commandait  à  Capoue  pour  le  roi  de  Naples , 
passa  au  service  du  monarque  français  et  le  mit 
en  possession  de  cette  ville.  Ces  revers,  joints 
aux  mauvaises  dispositions  des  habitants  de  la 
capitale,  obligèrent  Ferdinand  à  abandonner  son 
royaume  (21  février  1495).  Il  s'enfuit  en  Si- 
cile avec  la  princesse  Jeanne,  sa  fille,  et  la  reine 
Juana  d'Aragon,  sa  femme  et  sa  tante ,  veuve  de 
Ferdinand  1*""  (décédée  le  27  août  1518). 

Le  traité  de  la  sainte-union,  signé  à  Venise, 
le  4  avril  1495,  entre  l'empereur  Maximiiien  P*", 
!e  roi  d'Espagne  Ferdinand  V,  dit  le  Catholique, 


403  FERDINAND  404 

le  duc  de  Milan,  Ludovic-Mavie  Sforce,  dit  le  \  Marie-Amélie  de  Saxe.   Le   5  octobre  1759,  ii 


Maure,  les  Vénitiens  et  le  pape  Alexandre  VI , 
rendit  bientôt  au  prince  fugitif  l'espoir  de  rentrer 
dans  ses  États.  En  effet,  à  peine  les  événements 
de  la  guerre  eurent-ils  contraint  Cliarles  VIII  à 
sortir  de  Naples,  que  Ferdinand  II,  secondé  par 
la  flotte  espagnole  et  par  i'armée  que  lui  avait 
amenée  Gonzalve  de  Cordoue,  se  l'endit  maître 
de  Reggio  et  de  plusieurs  autres  places  de  la 
Calabre.  Il  en  remit  une  partie  entre  les  mains 
de  Gonzalve,  conformément  à  ses  engagements. 
C'était  le  premier  pas  de  l'usurpation  que  mé- 
ditait le  roi  d'Espagne.  Fier  de  ses  succès,  Fer- 
dinand Il  voulut  se  rendre  à  Naples,  malgré  les 
avis  de  Gonzalve  ;  mais  en  route  il  rencontra 
d'Aubigny  etPercy,  qui  lui  firent  éprouver  une 
sanglante  défaite.  Une  heureuse  inspiration 
sauva  le  prince  vaincu.  Tandis  que  Gonzalve 
rassemblait  les  débris  de  l'armée  espagnole, 
Ferdinand  se  rendit  à  Messine,  s'embarqua  sur 
la  flotte  qui  stationnait  dans  ce  port ,  et  parut 
inopinément  dans  le  golfe  de  Naples,  oii  sa  pré- 
sence fit  lever  en  masse  toutes  les  populations 
riveraines.  Le  drapeau  aragonais  fut  arboré  de 
nouveau,  et  Ferdinand  i-entra  dans  sa  capitale 
le  7  juillet,  aux  acclamations  de  la  foule. 

Le  duc  de  Montpensier  défendit  longtemps  les 
châteaux  de  Naples ,  où  il  s'était  enfermé  avec 
les  débris  de  l'armée  française  ;  s'étant  ensuite 
retiré  dans  la  Fouille  avec  5,000  Français,  il  s'y 
maintint  jusqu'à  la  (in  du  mois  de  juillet  1490. 
Obligé  alors  de  capituler,  il  obtint  des  condi- 
tions honorables,  qui  ne  furent  point  exécutées 
loyalement.  Montpensier  et  environ  3,500  sol- 
dats de  son  armée  périrent  victimes  des  retards 
que  le  roi  de  Naples  apporta  à  leur  fournir  les 
vaisseaux  qu'il  s'était  engagé  à  mettre  à  leur 
disposition.  Ferdinand  ne  jouit  de  son  triomphe 
que  pendant  peu  de  mois.  Il  mourut  sans  laisser 
d'enfants.  Son  oncle  Frédéric,  prince  d'Alta- 
niura,  lui  succéda.  [Enc.  des  G.  du  M.,  avec 
additions.  ] 

Franc.  Gnicciaidini,  Istoria  d'Italia,  lib.  I,  31-38.  — 
Philippe  de  Comiiies,  C/j?-on.,  liv.  VII,  chap.  vnr,  p.  rï9. 
—  Paul  Jove,  Historia  siti  temporis,  lib.  II,  p.  37.  — 
Le  même,  De  P'ita  maçini  Consalvi  Cordnbensis , 
Jib.  I,  p.  fïG  ;  Florence,  1551,  in-fol.  —  Franc.  Belcari, 
Comment.,  I.  V,  p,  U3.  —  Surainonle ,  Hist.  di  A'apoii, 
liv.  VI,  p.  bOO.—  André  de  La  Vigne,  Journal  du 
ropaçe  de  Charles  VIII,  p.  115.  -  Bern.  Oricellarias, 
Comment.  —  Guillaume  de  Villeneuve,  Mémoires, 
t.  XIV.  —  Muratorl,  Annales.  -  Sisinnndi,  Histoire  des 
Français,  t.  XV,  p.  loi-236.  —  Le  môme,  Hist.  des  Be- 
ptihUques  italiennes,  chap.  LXXX.VIII,  p.  114. 

*  FEUOiNAND  531,  roi  de  Naples  ou  fekds. 
NANM  ïs  roi  de  Sicile  est  le  même  que  Fer- 
niN.yND  V,  dit  le  Catholique  {voy.  ce  nom), 
roi  d'Espagne. 

FERDINAND  i^"",  roi  du  royaiime-uni  des 
Dei«-.Sk'iZe.s,  porta  jusqu'en  1817  le  titre  de  Fek- 
niNAND  IV,  roi  de  Naples  et  de  Sicile  :  il  naquit 
à  Naples,  le  12  janvier  1751,  et  mourut  dans  la 
même  ville,  le  4  janvier  1825.  Il  était  le  troisième 
nis  de  don  Carlos ,  roi  de  Naples  (  depuis  roi 
d'Espagne,  sous  le  nom  de  Charles  III),  et  de 


succéda  à  son  père,  appelé  au  trône  d'Es- 
pagne à  la  mort  de  Ferdinand  Vî ,  en  vertu 
des  traités  qui  interdisaient  la  réunion  sur  une 
même  tête  des  couronnes  de  Naples  et  d'Es- 
pagne. Trop  jeune  pour  i-'^gner,  il  fut  confie 
aux  soins  d'un  conseil  de  régence,  présidé  par 
le  marquis  de  Tanucci.  Son  gouverneur,  le 
prince  de  San-Nicandro,  grand  seigneur  parfai- 
tement nul,  le  laissa  grandir  dans  une  ignorant 
presque  complète,  et  s'attacha  seulement  à  déve 
lopper  en  lui  le  goût  des  exercices  corporels. 
.Au  lieu  de  se  préparer  au  maniement  des  affaires, 
le  jeune  prince  consacra  tous  ses  instants  à  la 
pêche,  à  la  chasse,  au  jardinage,  au  jeu  de  paume. 
Aussi  à  l'époque  de  sa  majorité,  se  trouvant  in- 
capable de  régner,  il  laissa  sa  femme  et  ses  mi- 
nistres se  disputer  le  gouvernement  de  ses  États. ^ 
Il  avait  épousé,  en  avril  17CS,  Marie-Caro- 
line-Louise, archiduchesse  d'Autiiche ,  fille  de 
Marie-Thérèse.  Une  clause  du  contrat  stipulait 
qu'après  la  naissance  d'un  premier  fils ,  elle  au- 
rait voix  délibérative  au  conseil.  Mais  l'impé- 
rieuse princesse  n'attendit  même  pas  ce  mo- 
ment pour  prendre  part  aux  affaires  et  com- 
battre l'influence  de  Tanucci,  qu'elle  finit  par 
renverser.  Le  marquis  de  La  Sambuca,  qui  le 
remplaça,  ne  resta  pas  longtemps  au  pouvoir.  H 
ne  ménagea  pas  assez  la  reine,  et  fut  exilé.  Acton 
lui  succéda  en  1784.  La  reine  et  son  favori  gou- 
vernèrent fort  mal  le  royaume,  dont  Ferdinand 
leur  laissait  aveuglément  la  direction,  et  finirent 
par  faire  perdre  momentanément  aux  Bourbons 
la  couronne  de  Naples.  Pendant  toute  cette  pé- 
riode si  agitée  de  1792  à  1806,  Ferdinand  ne  put 
guère  revendiquer  personnellement  qu'un  seul 
acte  :  il  fit  en  1 792  un  voyage  à  Rome,  et  termina 
avec  le  pape  tous  les  différends  qui  existaient 
entre  Naples  et  le  saint-siége.  Par  ce  traité ,  la 
cour  de  Rome  céda  une  partie  de  ses  droits  aux 
nominations  et  aux  évêchés,  et  renonça  définiti- 
vement à  l'iiommage  de  la  haquenée(l);  il  fut 
aussi  convenu  que  les  rois  de  Naples  payeraient 
à  leur  avènement  500,000  ducats  aux  papes.  En 
1792,  il  fut  sur  le  point  d'adhérer  à  la  coalition 
contre  la  France,  et  il  fallut  la  présence  de  La- 
touche-Tréville  avec  une  escadre  française  pour 
lui  faire  ajourner  ses  projets  de  guerre.  En  1794 
il  se  rangea  ouvertement  du  côte  des  ennemis 
de  la  France,  et  unit  sa  flotte  à  celles  de  l'Espa- 
gne et  de  l'Angleterre.  En  1795,  cédant  à  l'exas- 
pération publique,  il  renvoya  Acton,  qui,  en  per- 
dant sa  place,  garda  son  crédit.  En  1796,  il  fit  la 
paix  avec  la  France.  Il  ne  l'observa  pas  longtemps, 
et  renouvela  la  guerre  après  le  départ  de  Bo- 
naparte pour  l'Egypte.  Soixante  mille  Napoli- 
tains, commandés  par  le  général  Mack,  pénétrè- 

(1)  Jusqu'à  Ferdinand  \"  les  roi.5  de  Naples  avaient 
été  tenus  d'offrir  annuellement  une  haquenéc  liarnachée 
aux  souverains  pontifes.  Cette  présentation  avait  lieu  le 
28  juillet,  la  veille  de  la  Saint-rierrc.  La  suppression  de 
cet  hommage  par  Ferdinand  l'-'",  en  1788,  donn  lieu  à 
une  protestation  du  pape  Pic  VI. 


405  FERDINAND 

rent  dans  les  États  du  Pape,  alors  occupés  par 
l'cirniée  française  sous  les  ordres  du  général 
Championnet.  Ferdinand,  se  mettant  lui-même  à 
la  tête  de  la  division  du  comte  Roger  de  Damas, 
forte  de  tO  à  12,000  hommes,  entra  triomphale- 
ment dans  Rome  le  24  novembre  1798.  Ce  facile 
succès  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Mack,  vaincu 
par  Championnet,  battit  précipitamment  en  re- 
;raite,  son  armée  se  dispersa,  et  lui-même,  me- 
nacé par  ses  propres  soldats,  se  sauva  dans  le 
camp  irançais.  Ferdinand  n'osa  pas  défendre  sa 
capitale,  et  s'embarquant  le  24  décembre  sur  la 
{lotte  de  l'amiral  anglais  Nelson,  il  se  retira  à  Pa- 
lerme.  Cette  retraite  était  au  moins  prématurée  ; 
car  l'armée  française  ne  parut  qu'un  mois  plus 
tard  sous  les  murs  de  Naples,  livrée  à  une  com- 
plète anarchie.  Les  lazzaroni  seuls  se  battirent 
pour  le  roi,  qui  les  avait  abandonnés  ;  mais  la  bour- 
geoisie et  la  noblesse  accueillirent  fort  bien  les 
Français,  et  instituèrent  une  RépubUqîie  Parthé- 
nopéenne.  Les  événements  survenus  dans  le 
nord  de  l'Italie  ayant  forcé  les  Français  d'aban- 
donner Naples,  le  7  mai  1799,  la  République 
Parthénopéenne  succomba  sous  les  attaques  des 
bandes  calabraises  commandées  par  le  cardinal 
Rulfo.  La  lutte  dura  plusieurs  jours.  Les  répu- 
blicains déposèrent  les  armes  le  17  juin,  en 
vertu  (l'une  convention  qui  leur  garantissait  le 
pardon.  Le  30 ,  Ferdinand  arriva  avec  son  mi- 
nistre Acton  dans  la  rade  de  Naples ,  et  sans 
descendre  à  terre  i!  enleva  à  la  ville  de  NanlC' 
ses  droits  et  sa  constitution,  supprima  les  seggl 
de  la  noblesse,  érigea  un  tribunal  d'État  {una 
(j'mnta  cil  Stato  )  pour  rechercher  les  traîtres,  et 
chargea  une  commission  de  purger  son  royaume 
des  révolutionnaires.  La  convention  conclue  avec 
les  républicains  fut  scandaleusement  violée  (voij. 
Fëdeiuci)  :  la  ville  fut  abandonnée  à  la  discré- 
tion des  lazzaroni,  qui,  sous  prétexte  depunir  les 
partisans  de  la  France ,  égorgèrent^t  pillèrent 
pendant  plusieurs  jours.  La  commission,  de  son 
côté,  expédiait  lapidement  les  coupables  ou  les 
suspects  de  républicanisme.  Les  historiens  s'ac- 
cordent à  faire  peser  la  responsabilité  de  cette 
cruelle  réaction  sur  la  reine  Caroline  et  sur  Nel- 
son. Quant  à  Ferdinand,  il  sembla  n'être  venu 
que  pour  voir  couler  le  sang  de  ses  sujets. 
Lorsque  les  lazzaroni  et  les  bourreaux  eurent 
achevé  leur  œuvre,  il  retourna  à  Palerme,  après 
avoir  nommé  le  cardinal  Ruffo  capitaine  général 
et  vice-roi  deNapies.  !1  nerentra  dans  sa  capitale 
qu'au  mois  de  janvier  1800.  Les  succès  des  Fran- 
çais en  Allemagne  et  en  Italie  le  forcèrent  de 
traiter  avec  eux  (1801).  Les  présides  de  Toscane, 
la  principauté  de  Piombino  et  Porto-Longone 
f.n-ent  cédés  aux  vainqueurs  ;  les  ports  de  Naples 
et  de  Sicile  durent  être  fermés  aux  Anglais.  Une 
amnistie  fut  promise  h  tous  les  proscrits.  Par 
des  articles  secrets  il  fut  encx>re  stipulé  ((ue 
quatre  mille  Français  occuperaient  la  côte  des 
Abruzzps  jusqu'au  Sangro,  douze  mille  la  pro- 
vince d'Otrante  jusqu'au  Brandano;  qu'ils  y  res- 


406 


teraient  en  attendant  la  paix  entre  la  France  et 
l'Angleterre ,  et  que  ces  troupes  seraient  entre- 
tenues par  le  royaume  de  Naples.  Ce  traité  pla- 
çait Naples  sous  la  domination  de  la  France.  T) 
n'est  pas  étonnant  que  Ferdinand,  inspiré  par 
î'altière  Caroline,  cherchât  à  secouer  le  joug.  II 
crut  trouver  une  occasion  dans  la  guerre  qui 
éclata  en  1805  entre  la  France  et  l'Autriche.  Au 
mépris  du  traité  de  Paris  ,  il  accueillit  avec  em- 
pressement un  corps  de  treize  mille  Anglais  et 
Russes,  mit  ses  troupes  sous  les  ordres  d'un 
général  russe,  et  fit  de  grands  préparatifs  ;  ils 
n'étaient  pas  encore  achevés,  lorsque  l'Autriche, 
vaincue  à  Austerlitz ,  signa  le  traité  de  Pres- 
bourg.  Dès  le  26  novembre  1805,  un  violent 
article  du  Moniteur  fit  prévoir  le  sort  réservé 
aux  Bourbons  de  Naples.  Il  y  était  dit  :  «  De 
trois  filles  de  Marie -Thérèse,  l'une  a  perdu  la 
monarchie  des  Bourbons ,  l'autre  a  causé  la 
perte  de  la  maison  de  Parme,  la  troisième  vient 
de  perdre  Naples.  Une  reine-  furieuse  et  insen- 
sée, ime  femme  méchante  et  sans  mœurs,  est 
le  présent  le  plus  funeste  que  le  ciel,  dans  sa 
colère,  puisse  faire  à  un  souverain,  à  un  époux, 
à  une  nation.  »  Après  la  trêve  qui  suivit  la  ba- 
taille d'Austerlitz,  Napoléon  fit  marcher  sur 
Naples  une  trentaine  de  mille  hommes,  placés 
sous  les  ordres  de  son  frère  .Joseph  Bonaparte 
et  dirigés  par  Masséna.  Ferdinand  se  hâta  de 
s'enfuir  en  Sicile,  en  laissant  Caroline  conjurer 
comme  elle  pourrait  l'orage  qu'elle  avait  soulevé. 
La  l'eine  essaya  vainement  de  négocier,  elle  dut 
fuir  à  son  tour  ;  et,  par  un  décret  du  30  mars 
1806,  le  royaume  de  Naples  et  de  Sicile  fut 
donné  à  Joseph  Napoléon,  grand-électeur  de 
Fiance.  La  conquête  du  royaume  de  Naples  ne 
coûta  pas  plus  de  deux  mois.  Gaètc  seule  se  dé- 
fendit jusqu'au  18  juillet,  et  la  Caiahre  devint 
ie  siège  d'une  insurrection  qui  ne  fut  complè- 
tement apair.ée  que  sous  le  règne  de  Murât. 
Mais  la  Sicile,  protégée  par  les  flottes  de  l'An- 
gleterre, échappa  à  la  conquête  française.  Dans 
ce  royaume  diminué  de  moitié,  Ferdinand  aurait 
enfin  trouvé  le  calme  si  la  reine  ne  s'était 
brouillée  avec  les  Anglais.  Ceux-ci  exerçaient 
s;n'  la  Sicile  un  protectorat  bienfaisant,  mais 
trop  hautain  pour  ne  pas  blesser  la  fierté  de 
Caroline,  et  trop  libéral  pour  ne  pas  choquer 
ses  idées  despotiques.  Elle  essaja  de  leur  ré- 
sister et.de  briser  le  parlement  qui  s'était  établi 
sous  leur  influence.  Sir  William  Bentinck,  am- 
bassadeur auprès  de  Ferdinand ,  fit  approcher 
des  troupes  de  Païenne  ;  et  quand  il  eut  acquis 
la  preuve  que  Caroline  ne  cachait  plus  fa  haine 
contre  l'Angleterre  et  qu'elle  avait  même  tenté 
de  nouer  des  intelligences  avec  Napoléon,  il  la 
força  de  quitler  la  Sicile  à  la  tin  de  1811.  Deux 
ans  auparavant  Ferdinand  avait  marié  la  prin- 
cesse Amélie,  l'une  de  ses  filles,  au  duc  d'Orléans 
(depuis  le  roi  Louis-Philippe).  Le  départ  de  la 
reine  ne  lui  rendit  pas  l'autorité  ;  car  lui  aussi 
était  suspect  de  peu  aimer  les  idées  anglaises,  et 


407 


FERDINAND 


408 


il  dut,  le  16  janvier  1812,  abandonner  le  gou- 
vernement à  son  fils  aîné  François,  duc  de  Ca- 
labre,  qui  reçut  le  titre  d'alter  ego  (vicaire  gé- 
néral) de  la  Sicile.  En  1814,  Bentinck  ayant 
quitté  la  Sicile,  Ferdinand  reprit  le  pouvoir. 
L'année  d'après,  le  trône  de  Naples,  perdu  par 
Murât,  fut  rendu  à  son  ancien  maître ,  et  le 
17  juin  1816  Ferdinand  rentra  dans  sa  capitale. 
11  confirma  l'état  de  choses  existant,  et  parut 
disposé  à  continuer  l'administration  française. 
La  tentative  de  Murât  si  promptement  réprimée 
ne  donna  lieu  qu'à  une  réaction  passagère.  La 
réunion  de  la  Sicile  et  de  Naples  en  une 
seule  puissance ,  sous  le  titre  de  royaume-uni 
desjDeux-Siciles,  en  1817,  deux,  tremblements  de 
terre  en  Sicile  (1818  et  1819),  un  concordat 
avec  le  pape ,  tels  furent  les  principaux,  événe- 
ments du  règne  de  Ferdinand  de  1816  à  1820. 
Sous  cette  tranquillité  apparente  se  cachaient  les 
menées  des  car bonari.  La  classe  moyenne,  acca- 
blée d'impôts,  désirait  un  changement  politique. 
Dans  la  nuit  du  1^'  au  2  juillet  1820,  quelques 
escadrons  partirent  de  Nola  avec  armes  et  bagages, 
et  se  dirigèrent  sur  Avellino  au  cri  de  Vive  la 
constitution  !  La  garnison  d'Avellino  se  joignit 
à  eux.  Le  gouvernement  voulut  d'abord  arrêter 
ce  mouvement ,  et  envoya  à  cet  effet  quelques 
troupes  sous  les  ordres  du  général  Carrascosa. 
Celles-ci  passèrent  en  partie  sous  les  ordres  des 
insurgés.  Ferdinand  ,  découragé ,  ne  poussa  pas 
la  résistance  plus  loin.  A  la  foule  qui  demandait 
une  constitution  il  répondit  :  «  Oui,  mes  enfants, 
vous  aurez  une  constitution,  vous  en  aurez  même 
deux  si  vous  voulez.  «  Les  insurgés  ne  se  conten- 
tant pas  de  cette  promesse  et  réclamant  immé- 
diatement la  constitution  espagnole ,  Ferdinand 
céda  encore  une  fois  le  gouvernement  à  son  fils, 
avec  le  titre  à'alter  ego.  Le  duc  de  Calabre  s'em- 
pi-essa  de  donner  au  royaume  uni  la  constitu- 
tion des  Cortès  ;  les  Siciliens,  qui  voulaient  plus, 
ou  du  moins  autre  chose,  et  qui  songeaient  à 
se  constituer  en  État  indépendant,  furent  rame- 
nés à  l'obéissance  par  le  général  constitutionnel 
Pepe.  Le  vieux  roi  jura  la  constitution  à  l'ouver- 
ture du  parlement  le  1*'' octobre.  Les  empereurs 
de  Russie  et  d'Autriche  et  le  roi  de  Prusse  s'in- 
quiétèrent de  cette  révolution ,  et  [écrivirent  au 
roi  de  Naples  pour  l'inviter  à  se  rendre  à  Lay- 
bach,  où  devait  se  tenir  un  congrès.  Ferdinand 
demanda  au  parlement  l'autorisation  de  faire  ce 
voyage,  et  déclara  qu'il  avait  l'intention  de  dé- 
fendre auprès  des  souverains  la  cause  de  la  li- 
berté. Le  parlement  ne  fut  pas  dupe  de  cette 
promesse  ;  mais  il  ne  s'opposa  pas  au  départ  de 
Ferdinand  ,  qui  s'embarqua  le  13  décembre.  Le 
26  il  arriva  à  Livourne,  et  le  8  janvier  1821  à 
Laybach.  Les  Napolitains  ne  purent  pas  se  faire 
longtemps  illusion  sur  le  résultat  du  congrès. 
L'armée  autrichienne  s'ébranla  vers  le  sud,  et  le 
28  janvier  1821  Ferdinand  adressa  à  ses  peu- 
ples une  proclamation  par  laquelle  il  ordonnait 
de  recevoir  les  Autrichiens  et  de  dissoudre  le 


parlement.  Le  parlement  répondit  qu'il  n'avait 
pas  d'ordres  à  recevoir  d'un  roi  prisonnier,  et  se 
prépara  à  la  résistance.  Elle  ne  pouvait  être  lon- 
gue :  les  Autrichiens,  commandés  par  le  baron 
de  Frimont,  avaient  l'avantage  du  nombre  et  de 
l'organisation  militaire.  Ils  franchirent  la  fron- 
tière napolitaine  dans  les  derniers  jours  de  fé- 
vrier ,  et  le  25  mars  ils  entrèrent  dans  la  capitale 
après  quelques  rencontres  peu  importantes  Ce 
rétablissement  du  pouvoir  absolu  fut  suivi  d'une 
réaction  qui  rappela  celle  de   1799.  Ferdinand 
eut  le  malheur  d'attacher  encore  une  fois  son 
nom  à  des  rigueurs  qu'il  n'approuvait  peut-être 
pas.  11  se  rendit  au  congrès  de  Vérone  en  1822. 
Là  les  souverains  réunis  lui   déclarèrent  quel 
pour  assurer  la  tranquillité  de  son  royaume  les  ] 
Autrichiens  l'occuperaient    pendant   plusieurs  ; 
années.  Ferdinand,  qui  depuis  longtemps  était 
habitué  à  n'être  pas  maître  chez  lui,  ne  protesta  ; 
pas  contre  cette  mesure  ;  il  revint  à  Naples ,  où,  ' 
trois  ans  plus  tard  (,8  septembre  1814),  il  mou-  j 
rut  subitement.  Après  la  mort  de  Marie-Caro-  ! 
line  sa  première  femme,  il  avait  épousé,  lei 
27  novembre   1815,  la  princesse  douairière  de^ 
Partana,  qu'il  créa  duchesse  de  Floridia.  11  avait  ; 
eu  de  Marie-Caroline  un  grand   nombre  d'en- 
fants. Ceux  qui  vécurent  au  delà  de  l'enfance 
furent  :  François  F'',  son  successeur,  Lëopold ,  ^ 
prince  de  Salerne ,  et  cinq  filles ,  mariées  à  l'em- 
pereur d'Autriche  François  P^  au  grand-duc 
de  Toscane  Ferdinand  III ,  au  roi  de  Sardaigne 
Charles-Félix  ,  à  Louis-Philippe  duc  d'Orléans, 
AU  princedes  Asturies ,  depuis  Ferdinand  VU, 
roi  d'Espagne. 

A.  Coppi,  Annali  d'Italia  dal  mille  settecento  cin- 
qiianta.  —  Botta,  Storia  d'Italia  dal  1789  al  1814.  — 
Tliier.s,  Hist.  de  la  Révolution  française  ;  Hist.  du 
Consulat  et  de  l'Empire.  —  Le  général  Pepe,  mémoires. 

*  FERDîTSAN»  II,  roi  des  Deux-Siciles ,  né 
le  12  janvier  1810. 11  monta  sur  le  trône  le  8  no- 
vembre 18S0,  et  commença  par  se  rendre  popu- 
laire en  suivant  une  marche  opposé  à  celle  de 
François  I^",  son  père.  Il  renvoya  Viglia,  son  ca- 
mérier  et  les  anciens  ministres,  Caropreso, 
Amati,  délia  Scaletta,  etc.,  réalisa  des  économies 
sur  le  budget  particulier  de  la  cour  et  sur  les 
traitements  de  certains  employés,  et  réforma 
l'organisation  de  l'armée,  qui  se  trouvait  dans  le 
plus  déplorable  état.  Il  entreprit-  aussi  plusieurs 
voyages  dans  les  provinces ,  afin  d'étudier  les  be- 
soins du  peuple  de  plus  près.  L'union  de  F^erdi- 
nand  II  avec  Christine-Marie  de  Savoie,  le  2 1  no- 
vembre 1832,  ne  fut  pas  de  longue  durée  :  cette 
princesse  mourut  le  3t  janvier  1836,  après  lui 
avoir  donné  un  fils.  Le  roi  visita  alors  les  diffé- 
rentes cours  d'Italie,  celle  de  Piémont  exceptée, 
et  épousa  à  Vienne,  le  9  janvier  1837,  Marie- 
Thérèse-Isabelle,  fille  de  l'archiduc  Charles. 
L'arrivée  de  la  nouvelle  reine  fut  suivi  de  trou- 
bles dans  l'intérieur  de  la  famille  royale;  le 
prince  de  Capoue,  héritier  présomptif,  s'était 
déjà  éloigné,  et,  par  suite  de  ces  querelles  domes- 
tiques et  de  diilérends  avec  la  France  et  avec 


409  FERDINAND 

'Angletei're,  Ferfiinand  II  contracta  une  alliance 

)liis  étroite  avec  l'Autriche,  alliance  à  laquelle  il 

•st  demeuré  fidèle.   Mais  bientôt  ses  tendances 

ibsolutistes  lui  suscitèrent  de  graves  embarras, 

tant    à  l'extérieur   qu'au  dedans.    C'est  ainsi 

[Il 'il  faillit  se  brouiller  avec  l'Angleterre  à  pro- 

!)0s  du  commerce  des  soufres;  ce  différend  ne 

fut  aplani  qu'en  1840,  par  l'intermédiaire  de  la 

Fiance.  Le  mécontentement  à  l'intérieur  se  tra- 

liiisit  par  une  série  de  révoltes,  qu'il  réprima  par 

es  moyens  les  plus  violents. 

En  1837,  l'invasion  du  choléra  en  Sicile  fut 
suivie  d'un  soulèvement  à  Syracuse  :  cinquante- 
v'îinq  insurgés  furent  fusillés  par  ordre  du  roi.  L'in- 
troduction des  Jésuites,  qui  s'emparèrent  de 
l'enseignement  public,  la  suppression  de  l'an- 
cienne constitution  sicilienne,  l'établissement  du 
monopole  des  sels  et  des  tabacs  excitèrent  un  mé- 
contentement universel.  La  population  se  souleva 
[t  Aquila  en  1841,  à  Cosenza  en  1844;  mais  la 
prison  et  l'échafaud  rétablirent  l'ordre.  Le  25 
juillet  1844,  les  frères  Bandiera,  Ricciotti,  Lu- 
patelli  et  beaucoup  d'autres  citoyens  payèrent 
de  leur  vie  la  tentative  d'une  descente  en  Ca- 
ilabre. 

L'automne  de  1845  fut  signalée  par  la  visite  du 
czar  de  Russie  à  la  cour  de  Naples  ;  le  motif  de 
ce  voyage  était  le  séjour  de  laczarine  à  Palerme 
pour  raison  de  santé. 

L'exaltation  de  Pie  IX  et  les  réformes  qui  la 
suivirent  lurent  le  signal  d'une  insurrection 
nouvelle  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles.  Le 
cri  de  liberté  retentit  encore  en  Sicile,  à  Messine 
et  à  Reggio.  La  prise  de  Messine,  le  bombarde- 
ment de  Reggio,  l'exécution  militaire  de  vingt- 
cinq  prisonniers  comprimèrent  d'abord  le  mou- 
vement; mais  le  12  janvier  1848  les  Palermi- 
tains  se  soulevèrent,  et  bloquèrent  dans  la  cita- 
delle les  troupes  royales  qui  formaient  la  garni- 
son. En  quelques  jours  la  Sicile  entière  était  en 
feu;  le  18  du  même  mois,  dix  mille  hommes  en 
armes  marchaient  sur  Naples  pour  demander  un 
gouvernement  plus  libéral.  Une  constitution  leur 
lut  accordée  :  elle  était  modelée  sur  la  charte 
française  del830.  Tous  les  princes  d'Italie  suivi- 
rent alors  l'exemple  du  roi  de  Naples,  et  le  régime 
parlementaire  régna  un  instant  sur  la  péninsule 
entière,  à  l'exception  du  royaume  Lombard-Vé- 
nitien, qui  ne  tarda  pas  à  suivre  l'élan  donné. 
Chacun  des  États  nouvellement  affranchis  voulut 
contribuer  à  cette  éclatante  revendication  de  l'in- 
dépendance nationale,  et  le  contingent  napoli- 
tain prit  la  route  du  Pô,  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Pepe,  un  des  vétérans  d  e  la  cause  d  e  la  liberté 
italienne.  Mais  Ferdinand  II  n'était  pas  de  bonne 
foi  dans  ce  subit  enthousiasme.  Le  15  mai  1848 
éclata  à  Naples  un  mouvement  réactionnaire 
longtemps  préparé  :  on  se  hâta  de  dissoudre  les 
chambres  à  peine  réunies,  de  rappeler  les  troupes 
en  marche,  et  le  général  Pepe,  avec  deux  divi- 
sions, l'uiKî  d'infanttM'ie,  l'autre  de  cavalerie!, 
resta  sou!  fidèle  j^i  la  c^use  du  peuple.  La  ba- 


4t0 

taille  de  Custoza  enleva  tout  espoir  aux  Siciliens 
qui  voulaient  s'organiser  en  royaume  indépen- 
dant, avec  le  duc  de  Gênes  pour  monarque; 
l'ancien  ordre  de  choses  fut  rétabli ,  avec  l'ag- 
gravation de  l'état  de  siège ,  et  sous  la  protec- 
tion d'une  police  tracassière  autant  qu'odieuse,  qui 
règne  encore  souverainement  dans  les  Deux-Sici- 
les. Sur  ces  entrefaites,  le  pape  Pie  IX  s'enfuit  de 
Rome,  quelques  jours  après  l'assassinat  deRossi, 
et  vint  se  mettre  à  Gaète  sous  la  protection  de 
Ferdinand  II,  de  préférence  à  l'appui  que  lui  offrait 
le  gouvernement  français.  A  partir  de  cette  épo- 
que, les  Napolitains  ont  été  en  butte  à  toutes 
sortes  de  vexations ,  les  uns  emprisonnés  pour 
la  forme  de  leur  chapeau  et  de  leur  barbe, 
les  autres  soumis  sans  contrôle  à  la  commission 
des  bastonnades,  dirigée  par  le  fameux  Mazza; 
en  un  mot,  l'état  de  ce  pays  est  tel  que  l'a  décrit 
M.  Gladstone  dans  ses  Lettres,  dont  on  a  vaine- 
ment essayé  de  contester  la  véracité.  Les  sym- 
pathies de  Ferdinand  II  pour  la  Russie  et  l'Au- 
triche ont  dans  les  derniers  temps  fait  naître 
entre  ce  prince  et  les  puissances  occidentales  des 
difficultés  qui  ne  sont  pas  encore  aplanies. 

La  physionomie  de  Ferdinand  II  offre  le  type 
bouibonien  :  ce  prince  est  robuste  et  notablement 
chargé  d'embonpoint;  il  a  huit  enfants  du  second 
lit;  l'aîné,  son  héritier  présomptif,  FraHçoJs- 
Marie-Léopold ,  duc  de  Calabre ,  est  né  le 
16  janvier  1836.  G.  Vitali. 

Giuseppe  La  Farina,  Storia  d'Italia,  dal  1815  al  1830; 
Turin,  1852.  —  Masa ,  Eivoluzione  di  Sicilia;  Tu- 
rin, 1849.  —  Farini,  Lo  Stato  Romano;  Turin,  1850.  — 
Mnntanelli,  Memorie  sulla  Toscana;  Tar\n,  1852-1855.— 
D'Ariincourt,  L'Italie  rouge.  —  Guallerio,  Storia  dei  Ri- 
voloimenti  Italiani;  Florence,1852.— storia  documentata 
délia  Rivoluzione  Siciliana.  —  Correspondence  res- 
pcctinçj  the  affairs  of  Italy.  —  Archivio  triennale  délie 
Cose  d'ituiia.  —  Memorie  del  gênerai  Pepe;  Turin, 
1852.—  Correspondence  respecting  the  affairs  o/ Na- 
ples and  Sicihj,  1848-1849  ;  presented  to  botJi  Houses  of 
Parliament  by  command  of  Her  Majesty,  4   mai  1849. 

FERDINAND  (Dom),  septième  roi  de  PorïM^^a^, 
né  à  Coïmbre,  le  13octobre  1345,mortàLisbonne, 
le  22  octobre  1383.  Fils  aîné  de  D.  Pedro  le  Jus- 
ticier et  de  sa  femme  dona  Constança,  il  avait 
vingt-deux  ans  lorsqu'il  monta  sur  le  trône,  fortifia 
prudemment  ses  frontières ,  et ,  après  la  mort 
tragique  de  Pierre  le  Cruel,  réclama,  en  sa 
qualité  d'arrière-petit-fils  de  D.  Sanche  IV,  la 
couronne  de  Castille.  Pour  soutenir  ses  pré- 
tentions, il  alléguait  la  bâtardise  de  D.  Heniique 
deTranstamare  plus  encore  peut-être  que  le  crime 
dont  celui-ci  venait  de  se  souiller  en  poignardant 
son  frère.  En  vain  Ferdinand  s'allia-t-il  avec  le 
roi  maure  de  Grenade,  en  vain  réclama-t-il  le 
secours  de  D.  Pedro,  roi  d'Aragon,  l'événement 
prouva  qu'il  avait  obéi  à  de  fatales  suggestions  : 
une  première  guerre  ruineuse  pour  les  deu\ 
partis  désola  l'Espagne  et  le  Portugal ,  jusqu'à 
ce  que,  le  pape  Grégoire  XI  intervenant,  on  con- 
clut à  Evora  le  traité  de  1371. 

Un  fatal  amour  alluma  bientôt  une  guerre  plus 
désastreuse  encore:  bien  qu'il  eût  demandé  tour 
è  tour  la  main  de    dona    Léonor  d'Aragon  et 


4  !  / 

«îelle  de  doSa  Leonor  de  Castille,  Ferdinand 
devint  éperdùment  épris  de  Léonor  Tellez  de 
Menezes,  épouse  de  Joâo  Lourenço  da  Ciinlia, 
seigneur  de  Pombeiro.  Le  roi  de  Portugal  parvint 
à  faire  annuler  le  mariage  de  sou  vassal,  et  plaça 
sur  le  trône  la  femme  artificieuse  qui  lui  faisait 
oublier  à  la  fois  ses  devoirs  comme  gentilhomme 
et  comme  souverain.  Vainement  aussi  un  homme 
énergique,  Fernand  Vasquez,  se  rendit  l'inter- 
prète du  peuple,  qui  s'était  soulevé  ;  Leonor  Telicz 
prit  sur  son  mari  un  ascendant  qu'elle  ne  devait 
plus  quitter ,  et  seul  des  grands  du  royaume,  le 
fils  d'inez,  D.  Diniz,  refusa  de  lui  rendre  hom- 
mage comme  reine  en  lui  baisant  la  main.  Il  sut 
se  dérober  par  la  fuite  à  cet  àcte  de  vasselage 
qu'exigeait  son  frère  irrité.  Lourenço  da  Cunha 
passa  en  Castille,  et  de  là  fit  une  guerre  sourde 
à  son  rival  couronné,  vraie  guerre  du  quator- 
zième siècle,  oii  le  poison  et  la  trahison  jouaient 
leur  rôle  tour  à  tour  ;  on  confisqua  ses  biens ,  et 
il  fut  mis  au  ban  d'\  royaume. 

Obéissant  h  la  plus  étrange  des  politiques , 
Ferdinand,  qui  venait  d'élever  de  si  hautes  pré- 
tentions sur  la  Castille ,  s'unit  à  Jean,  duc  de 
Lancastre,  fils  du  roi  Edouard  IIl  d'Angle- 
terre, qui,  par  son  mariage  avec  l'infante  dona 
Constança,  fille  de  Pierre  le  Cruel,  réclamait  aussi 
la  couronne  d'Espagne  :  c'était  le  jeu  de  cett£  di- 
plomatie cauteleuse  qui  marcha  si  souvent  avec 
la  violence  durant  le  moyen  âge.  Ferdinand  ou- 
bliait si  peu  ses  prétentions  antérieures  au  traité 
de  1371,  que  son  nom  était  déjà  proclamé  dans 
quelques  villes  espagnoles  :  une  guerre  nouvelle 
s'alluma ,  guerre  terrible ,  qui  amena  les  Espa- 
gnols sous  les  murs  de  Lisbonne;  guerre  d'au- 
tant plus  désastreuse,  que  les  nouveaux  alliés 
de  Ferdinand  étaient  plus  redoutés  encore  pour 
leur  cruauté  que  les  Espagnols.  Tandis  que  Henri 
(le  Transtaraare  s'était  logé  hors  des  murs  dans 
le  couvent  de  San-Francisco,  les  habitants  de 
Lisbonne  mettaient  eux-mêmes  le  feu  par  déses- 
poir à  leurs  faubourgs;  et  retiré  paisiblement  à 
Santarem,  sur  les  bords  du  Tage,  Ferdinand 
voyait  les  bandes  pillardes  accourir  vers  sa  capi- 
tale et  la  flamme  dévorer  une  partie  des  édifices 
que  les  trésors  de  son  père  servaient  naguère  à 
réparer.  Le  saint-siége  intervint  encore;  ce  fut  le 
cardinal  Guido  de  Montfort,  qui  fut  chargé  d'é- 
tablir les  préliminaires  de  la  paix,  signée  le 
19  mars  1373. 

Ce  fut  sui-  le  Tage  que  l'entrevue  des  deux 
rois  eut  lieu  ,  en  -vue  de  Lisbonne.  Aussi  Henri 
de  Transtamare  ne  put-il  s'empêcher  de  dire 
au  retour  :  «  .le  viens  de  voir  belle  ville  et  beau 
roi.  »  La  tradition  prête  à  D.  Ferdinand  un  propos 
qui  montre  à  quel  point  il  avait  été  subjugué  par 
les  manières  à  la  fois  nobles  et  insinuantes  de 
son  rival  (1).  Un  événement  très-significatif 
suivit  ce  traité:  dona  Brites,  l'infante  de  Portu- 


(1)   Fernand  Lopez  nous  l'a  transmis  :  «  Quamto  en 
hanrricado  venfio. 


FERDINAND  ih 

gai,  fut  solennellement  fiancée  avec  l'héritier  du 
trône  de  Castille. 

Les  années  qui  succédèrent  à  ces  luttes  fu-i 
rent  employées  par  Ferdinand  à  d'utiles  réformes' 
et  à  de  sérieuses  améliorations.  Les  villes  da 
royaume  furent  de  nouveau  fortifiées,  et  les  rem- 
parts de  Lisbonne,  commencés  à  la  fin  de  sep- 
tembre 1373,  se  trouvèrent  complètement  ter- 
minés au  mois  de  septembre  1375.  Dans  le  but  de 
multiplier  les  moyens  d'étude ,  l'université  dé 
Coïmbre  fut  transportée  dans  la  capitale  :  plu- 
sieurs hommes  éminents,  appelés  des  pays  étran- 
gers, n'avaient  consenti  à  venir  en  Portugal  que 
pour  séjourner  à  Lisbonne.  Les  lois  commer- 
ciales subirent  également  de  notables  change- 
ments, et  plusieurs  ordonnances  furent  revisées. 

On  a  de  la  peine  à  concilier   l'esprit  de  sa- 
gesse qui  dictait  ces  réformes  à  Ferdinand  avec 
la  légèreté  déplorable  qu'il  apportait  dans  l'exé- 
cution des  traités;  celui  de   1373  fut    bientôt 
brisé,  et  le  Portugal  ne  demeui'a  pas  cinq  ans  en 
paix.  L'alliance  avec  l'Angletene  fut  conclue  avec 
plus  d'insouciance  encore;  l'agent  le  plus  actif 
de  cette  ligue  qui  allait  désoler  le  royaume  fut, 
du  reste,  un  favori  dont  la  mémoire  est  restée 
odieuse  au  peuple.  Fei-nandez  Andeiro,  ce  gen- 
tilliomme  galicien    qui    précipita    la    dynastie 
vers  sa  ruine ,  punit  Ferdinand  de  toutes,  sea 
faiblesses  par  l'éclat  d'un  insolent  amour.  Aim® 
de  la  reine,  il  put  faire  comprendre  au  coupable 
monarque  ce  que  valaient  les   serments  d'une 
femme  telle  que  Leonor  Tellez.  En  1380  la  guerre 
avec  les  Espagnols  éclata  de  nouveau.  L'alliance 
des  Anglais,  que  Ferdinand  avait  appelés  encore 
à  son  aide,  fut  bientôt  considérée  par  la  popula- 
tion entière  comme  un  fléau  plus  grand  qne  la 
lutte  qui  se  renouvelait  ;  et  lorsque  après  une 
succession  d'incendies,  de  pillages,  de  ravages 
de  toutes  espèces,  l'union  de  dona  Brites  avec 
D.  Juan  i",  roi  de  Castille,  vint  rendre  momenta- 
nément la  paix  h  la  péninsule,  on  dit  que  les  ha- 
bitants  des    campagnes    s'embrassaient  et    se 
jetaient  à  genoux,  en  rendant  grâces  surtout  au 
ciel  de  ce  qu'ils  allaient  être  enfin  débarrassés 
des  Anglais.  I!  est  certain  que  nulle  période  dans 
l'histoire  du  Portugal  ne  saurait  être  comparée 
à  celle-ci  et  aux  misères  intérieures  qu'elle  nous 
révèle.   Dans  les  derniers  temps  de  son  règne, 
Ferdinand  ouvrit  les  yeux  sur  la  conduite  de 
leonor  Tellez ,  surtout  lorsqu'elle  eut  ordonné 
sans  sa  participation  le  meurtre  du  mestre  d'A- 
viz,  qui  bientôt ,  mais  après  une  lutte  glorieuse, 
devait  le  remplacer  sur  le  trône,  sous  le  nom  de 
Jean  ^^  Cet  esprit  léger,  si  peu  fait  pour  gou- 
verner un  peuple,  sentit  même  alors,  dit-on,  les 
atteintes  du  remords.  Il  ne  profita  pas  longtemps 
de  la  paix  conclue  en  1383  ,  et  mourut  cette 
année  même  à  Lisbonne,  dans  le  palais  du  Li- 
moeiro.  Sa  tombe  se  voyait  dans  le  nouveau 
chœur  du  couvent  de  S.  Fi-ancisco  à  Santarem. 
Ferdinand  Denis. 
Monarqttia  Lusitana,  parte  VMI.  —  Fernand  Lopei 


FERDINAND  414 

par  l'Acad.  des  Sciences  de  Us-  |  il  en  était  par  son  titre  administrateur  et  gouver- 
neur perpétuel.  A  l'âge  de  trente-quatre  ans,  il  ac- 
conipajina  l'infant  D.  Henrique,  sou  frère,  dans 
l'expédition  hasardeuse  que  celui-ci  méditait 
contre  les  États  Barbaresques.  Après  avoir 
obtenu,  non  sans  difficultés,  la  permission 
du  roi  Edouard,  pour  entreprendre  ce  voyage, 
il  partit,  le  22  août  1437,  sur  la  flotte  qui  por- 
tait en  Afrique  les  forces  portugaises  destinées 
à  conquérir  Tanger  et  à  porter  plus  loin  les  ar- 
mes des  chrétiens,  en  conservant  toujours  pour 
base  d'opération  la  ville  de  Ceuta,  dont  la  prise 
avait  coûté  naguère  tant  d'efforts  au  fondateur 
de  la  dynastie  d'Aviz. 

Cette  expédition  aventureuse,  annoncée  avec 
pompe  dans  tout  le  royaume  et  favorisée  par  le 
pape ,  ne  trouva  en  réalité  qu'une  faible  adhé- 
sion :  sur  14,000  hommes  prorais  par  les  villes 
du  royaume,  8,000  seulement  s'embarquèrent. 
Ces  troupes,  si  peu  nombreuses,  gagnèrent  heu- 
reusement la  côte  d'Afrique,  après  cinq  jours  de 
navigation,  et  marchèrent  vers  la  cité  arabe, 
dont  on  prétendait  s'emparer.  Les  péripéties  de 
cette  expédition  furent  nombreuses ,  le  courage 
des  chrétiens  s'y  montra  avec  l'éclat  le  plus  che- 
valeresque ;  mais  il  ne  put  rien  contre  le  nombre 
et  contre  la  trahison.  D.  Henrique  fut  contraint 
de  subir  les  conséquences  d'une  convention  dé- 
plorable ,  sans  laquelle  sa  petite  armée  eût  été 
infailliblement  anéantie.  Le  chef  de  l'expédition 
s'embarqua  pour  le  Portugal  avec  les  débris  de 
cette  espèce  de  croisade,  dont  les  résultats 
avaient  été  prévus  par  tant  de  gens  ;  mais  il  eut 
!a  douleur  de  laisser  comme  otage  entre  les 
rnains  de  Çala-ben-Çala  ce  prince  au  courage 
si  résigné  qu'on  s'accoutuma  à  appeler  dès  cette 
époque  le  saint  Infant,  ou  le  Prince  constant. 
Rien  en  effet  dans  riiistoirede  Portugal  ne  peut 
être  comparé  à  l'inaltérable  constance ,  à  la  ré- 
signation sublime  que  D.  Fernando  sut  montrer 
durant  sa  longue  captivité.  Il  fut  livré  par  Çala- 
ben-Çala  an  roi  de  Fez;  celui-ci  espéra  un  mo- 
ment obtenii-  en  échange  de  son  captif  la  ville 
de  Ccuta,  regardée  alors  comme  la  clef  des  pos- 
sessions africaines  convoitées  par  les  chrétiens  ; 
mais  le  prince  ne  lui  laissa  pas  longtemps  cette  il- 
lusion :  il  refusa  les  sacrifices  que  le  roi  D.  Duarto 
(  Edouard  )  voulait  faire  en  sa  faveur.  Enfermé 
dans  une  cave  infecte  et  employé  aux  travaux  les 
plus  durs,  il  mourut  à  l'âge  do  quarante-et-un  ans. 
Son  corps  même  fut  outragé;  on  le  fit  pendre 
nu,  le  long  des  murailles  de  Fez,  au-dessus 
d'une  des  portes  de  la  cité  ;  il  y  resta  suspendu 
jusque  sous  le  règne  d'Alfonse  V  ;  plus  tard  il  fut 
rapporté  à  Lisbonneet  déposéd'abord  dans  le  cou- 
vent des  religieuses  du  Sauveur,  puis  dans  celui 
de  Batalha.  Sans  qu'il  ait  été  canonisé,  le  saint 
infant  a ,  dans  le  couvent  magnifique  oîi  il  repose, 
un  autel  où  chaque  jour  on  disait  naguère  une 
messe  particulière  en  souvenir  de  son  martyre. 
Les  Boîlandistes  ont  placé  sa  vie  et  même  son 
portrait  dans  leur  vaste  recueil,  avec  cette  ru- 


■Jironica.  édlt.  publ 

joniie,  avec  les  soins  de  Correadc  Serra.  — Fariay  Souza, 
Ewopa  Portugueza.—  Henry  Schsf.tfer,  Ccschichte,  etc., 
rad.  en  français  par  Henri  Soiiiange-Bodin  ;  l'aris,  1840, 
^T.  in-8°.  —  Ferdinand  Denis,  Portugal,  dans  Vlriiivers 
aitloresgtie.  —  Vicomte  de  Santarciu,  Quadro  elementar. 

l  FERoiXAND  (  Auguste-François-Anloine) , 
roi  régent  de  Portugal,  duc  de  Saxe-Cobourg- 
(>utlia,  né  le  29  octobre  1816.  Fils  aîné  de  Fer- 
dinand-Georges-Auguste et  de  Marie -Antonia- 
Gabrielle ,  il  fit  de  sérieuses  études  sous  la  di- 
rection du  conseiller  Dietz.  Il  épousa,  en  1836, 
dona  Maria ,  reine  de  Portugal ,  et  reçut  officiel- 
lement le  titre  de  roi-époux.  De  ce  mariage 
sont  issus  cinq  princes  et  deux  princesses  :  le 
roi  régnant,  né  le  16  septembre  1837;  le  duc 
de  Porto,  connétable  du  royaume,  le  31  octo- 
bre 1838;  l'infant  D.  Joâo,  le  16  mars  1842; 
l'infante  D.  Mai-ia-Anna,  le  21  juillet  1843;  l'in- 
fante D.  Antonia-Maria ,  le  17  février  1845;,  l'in- 
fant D.  Fernando,  le  23  juillet  1846,  l'infant 
D.  Auguste,  le  4  novembre  1847. 

Lors  de  la  régence  qui  lui  a  été  dévolue  en 
1853,  le  roi  Ferdinand  fit  preuve  d'une  rare  ap- 
titude pour  les  affaires,  en  adoptant  une  poli- 
tique toute  de  conciliation.  Il  se  renferma  sévè- 
rement dans  la  ligne  que  lui  imposait  sa  situa- 
tion nouvelle,  et  offrit  l'exemple  si  rare  d'une 
régence  sans  trouble.  On  lui  doit  aussi  la  con- 
servation de  j)lusieins  monuments  historiques 
du  Portugal,  parmi  lesquels  on  remarque  le 
château  de  la  Peuha  de  Cintra.  Il  a  exécuté  lui- 
même  de  grandes  peintures  à  fresque ,  indépen- 
damment de  nombreuses  gravures  à  l'eau-forte 
qui  témoignent  d'une  grande  délicatesse  d'exécu- 
tion :  ces  planches  se  trouvent  réunies  dans  di- 
vers cabinets.  Il  y  a  dix  ans  le  musée  de  Berlin 
en  possédait  déjà  plus  de  quarante;  il  en  existe 
plusieurs  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  (1). 
Les  amateurs  trouveront  une  liste  à  peu  près 
complète  de  ces  planches,  dont  les  premières 
datent  de  1837,  dans  l'ouvrage  du  comte  A.  Ra- 
czynski ,  Les  Arts  en  Portugal.     F.  D. 

Comte  Raczynski,  Dictionnaire  historico-artisliqiie 
du  Portugal.  —  Le  même,  Les  Arts  en  Portugal.  —  Mé- 
inoires  particuliers. 

ir.  Ferdinand  non  souverains, 

FERDir* ANO  ou  B.  FERNANDO,  de  Portugal, 
surnommé  le  saint  Infant ,  né  à  Santarem,  le  29 
septembre  1402,  mort  à  Fez,  le  5juin  1443.  Il  était 
le  huitième  enfant  du  roi  Jean  I''",  fondateur  de  la 
maison  d'Aviz.  Très-jeune  encore,  il  fut  nommé 
grand-maître  de  l'ordre  célèbre  régi  par  son  père  ; 

(1)  Le  comte  A.  de  Raczynskl  a  dit,  à  propos  de  ces 
gravures  :  «  II  y  en  a  dans  le  nombre  qui  réunissent  sur 
la  même  planche  plusieurs  sujets  :  tantôt  des  copies  de 
tableaux  ou  d'aquarelles,  tantôt  des  compositions.  Quel- 
quefois le  sujet  principal  est  encadré  dans  une  série  de 
petites  figures  ou  d'autres  objets,  que  l'impression  du 
moment  a  fait  naître  et  qui  se  suivent  sans  ordre  et 
dans  des  proporlions  diverses.  Sur  quelques-unes  de  ces 
gravures,  le  roi  a  représenté  des  membres  de  la  famille 
loyale,  sur  d'autres  des  personnes  de  la  cour  ou  de  la 
société.  » 


b 


415 


FERDINAND 


416 


brique  :  Sanctus  princeps  Ferdinandus,  in- 
fans Liisitaniœ,  obiit  Fessœ  apud  Mauros, 
obses,  A.  D.  MCCCCXLIIl,  v  Junii  (1). 

Ferdinand  Denis. 
j4rta  Sanctorum,  t.  I  du  mois  de  juin.  —  Jorge  Car- 
doso,  Agiologio  Lusitano,  1651,  et  ann.  suiv.,3  vol.  petit 
in-fol.  —  Le  P.  Antonio  de  Vasconcellos,  Anaceph.  reg. 
Ltisitanise,  p.  173  194.  —  liarbosa  Machado,  Biblintheca 
lusitana.  —  F.  Jeronymo  Ramos,  Cronica  do  Infante 
D.  Fernando.  —  Figueyredo,  Elogios  e  lietratos,  etc., 
ln-4".  —  Ferdinand  Uems,J^oi'tugal,  dans  VUnivers  pit- 
toresque. —  Schœffcr,    Hist.  du  Portugal. 

*  FERDINAND,  second  duc  de  Braganec, 
marquis  de  Villa- Viçosa,  comte  de  Barcellos,  etc., 
né  en  1403, mort  à  Villa-Viçosa,  le  1^''  avril  1478. 
Il  était  fils  d'AlfonseT'^etdedona  Brites  Pereira, 
qui  avait  pour  père  Nuno  Alvarez,  le  grand-con- 
nétable. Il  joignait  à  l'instruction  une  maturité  de 
jugement ,  une  noblessede  caractère,  qui  le  rendit 
l'arbitre  des  dissensions  qui  s'élevèrent  entre  son 
père  et  le  duc  de  Coïmbre,  D.  Pedro  d'Alfarro- 
beira.  Lors  de  l'expédition  dirigée  en  1437  conti-e 
Tanger,  ii  remplit  les  fonctions  de  connétable,  et 
donna  des  preuves  d'un  grand  courage.  En  1445 
il  fut  choisi  par  Alfonse  V  pour  commander  dans 
Ceuta  ;  il  n'en  sortit  que  pour  venir  à  Lisbonne  ré- 
tablir la  bonne  intelligence  entre  le  roi  et  son  oncle  : 
c'est  à  lui  en  effet  que  sont  adressées  les  lettres 
si  remarquables  de  ce  prince  dont  la  Bibliothèque 
impériale  de  Paris  possède  des  copies  authenti- 
ques du  quinzième  siècle;  il  retourna  en  Afrique 
en  1449,  puis  il  passa  de  nouveau  à  Lisbonne, 
lorsque  Alfonse  V  voulut  accomplir  ses  croisades, 
parfois  si  malheureuses.  A  la  seconde  de  ces 

(11  Tous  les  princes  issus  de  Jean  I'*''  étaient  essentiel- 
lement lettrés,  surtout  si  l'on  considère  le  siècle  où  Ils 
vivaient;  dom  Fernando  ne  dérogea  pas  à  cette  dis- 
position si  naturelle  dans  sa  famille  -.  on  posséda  long- 
temps une  lettre  de  lui  inscrite  ainsi  dans  les  archives  : 
Carta  escrita  em  Fez  a  12  de  junlio  de  1441,  etn  que 
narra  diffusamente  os  trabalhos  que  padecia  no  Ca- 
tiveiro.  Cette  lettre  précieuse  était  conservée  encore  à 
la  fin  du  seizième  siècle  dans  le  couvent  de  Batalha  ; 
les  discours  du  prince,  ses  exhortations  éloquentes  à  ses 
compagnons  de  captivité,  sont  contenus  dans  l'ouvrage 
suivant,  toujours  mal  indiqué  :  Cronica  do  sancto  e 
virtuoso  Iffante  D.  Fernando,  filho  del  rey  do  Johà 
Primeiro  deste  nome,  que  se  ftnou  em  terra  de  âlouros,  » 
dirigida  a  sua  alteza  ;  In-tol. 

On  lit  ces  mots  à  la  page  suivante  : 

Começa  se  a  Cronica  da  p'ida  e  Feitos  do  muy  virtuoso 
Iffante  dom  Fernando,  que  se  ftnoti  em  terra  de  Mou- 
ros,  escriptaporfrey  Joliam,  Alvres  (sic)  mavalheiro  da 
ordem  d'Avis,  secretario  do  dilo  senhor,  e  que  coin  elle 
esteveno  cativeiroaté  sua  morte,  e  depoys  cincoannos. 

Kt  à  la  fin  du  volume  ; 

Acahouse  de  emprimir  a  f^ida  e  Cronica  do  muy  ca- 
tholico  e  virtuoso  Iffante  dom.  Fernando, fll/io  del  rey 
dom  Joham  Primeiro  de  Portugal ,  aos  Xf^IlI  dias  de 
Janeiro  de  mile  quinhentos  e  vinte  sete  annos  (1527), 
par  Germon  GalKarde  imprimidor.  Corregida  eemen- 
dada  por  Jeronimo  Lopes,  escudeiro,  fldalgo  da  casa 
del  rey  nosso  senhor. 

Ce  livre  rarissime  fut  réimprimé  et  altéré,  sous  prétexte 
de  correction,  en  1577.  Cette  seconde  édition  est  aussi 
fort  difficile  à  rencontrer. 

La  pièce  célèbre  qui  a  été  consacrée  par  Caldéron  de 
La  Barca  à  la  mémoire  du  saint  Infant  est  intitulée  :  El 
Principe  constante  y  martir  de  Portugal.  M.  La  Beau- 
raelle  en  a  donné  la  traduction  dans  les  Chefs-d'OEmire 
des  T/iéâtres  étrangers.  Tarréga  a  traité  le  même  sujet, 
en  conservant  à  sa  pièce  pour  ainsi  dire  le  même  titre. 


expéditions,  en  14G3,  il  leva  à  ses  frais  un  corps 
d'infanterie  de  2,000  hommes,  auquel  il  joigîTlt 
70  lances.  Lors  delà  troisième  expédition  d  Al- 
fonse sur  les  côtes  de  Barbarie,  en  1471,  D.  Fer- 
nando fut  chargé  des  pleins  pouvoirs  du  roi 
pour  gouverner  le  royaume;  il  mourut  à  .soixante- 
quinze  ans,  dans  sa  délicieuse  retraite  de  Villa- 
Viçosa.  Outre  ses  lettres  restées  manuscrites ,  on 
en  trouve  plusieurs  qui  ont  été  imprimées  dans 
YHistoria  genealogica  daCaza  real;  telles 
sont  les  trois  suivantes  :  Carta  escrita  de  Villa- 
Viçoza  em  XIX  de  outubro  de  1468  a  el  rey 
D.  Affonso  V;  —  Cai'ta  escrita  de  Villa-Vi- 
çosa, a  2  de  Marco  de  1469  a  D.  AJfonse  V  ; — 
Voto  acerca  de  casar  D.  Affonso  V  coin  a 
princeza  D.  Joanna  filha  de  Henrique  IV  de 
Castella.  Parmi  ses  mémoires  manuscrits,  il 
y  en  a  un  qui  porte  le  titre  :  Voto  acerca  de 
que  se  era  licito  entregar  Ceuta  pelo  resgate 
do  Infante  D,  Fernando;  on  le  gardait  dans  , 
la  bibl.  du  marquis  de  Gouvea.  On  a  aussi  de 
lui  imprimé  un  écrit  politique  :  Voto  que  deu 
a  el  Rey  D.  Duarte  acerca  de  ndo  dilaiar  as 
Cories,  que  tinha  convocado  logo  que  subio 
ao  Trono;  cet  ouvrage  se,  trouve  dans  l'Histoire 
généalogique  de  Souza.  F.  D. 

Ruy  (le  l'ina,  Chronica  de  D.  Duarte,  cap.  16.  — 
iJuarte  Nunez  deLiam,  Chronica  de  don  Duarte.  — Souza, 
Historia  genealogica  da  Casa  real  portvgueza.  — 
Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

FERDINAND  D'ESPAGNE ,  cardinal-infant 
et  gouverneur  des  Pays-Bas,  né  le  17  mai  1609, 
mort  à  Bruxelles,  le  9  novembre  1641.  Il  était 
le  troisième  fils  de  Philippe  III,  roi  d'Espagne, 
et  de  Marguerite  d'Autriche,  fut  nommé  fort 
jeune  archevêque  de  Tolède,  puis  cardinal ,  et 
en  1631  il  fut  désigné  par  son  frère,  Philippe  IV, 
pour  succéder  à  l'archiduchesse-infante  Isabelle- 
Claire-Eugénie.  A  la  mort  de  cette  princesse 
(2  décembre  1633),  le  cardinal  Ferdinand  se 
trouvait  à  Milan  ;  il  en  partit  aussitôt  avec  un 
corps  de  dix  à  douze  mille  hommes.  Chemin 
faisant,  il  eut  part  à  la  victoire  remportée  par  les 
Impériaux  sur  lesSuédois  àNordhngue  (Souabe) 
le  6  septembre  1634.  Il  fit  son  entrée  àf  Bruxelles 
le  4  novembre  suivant.  Le  8  février  1635 ,  une 
ligue  offensive  fut  signée  à  Paris  entre  les  Fran- 
çais et  les  Hollandais;  le  cardinal-infant  se  vit 
attaqué  par  une  armée  de  quarante  mille  hommes, 
sous  les  ordres  des  maréchaux  de  Châtillon  et  de 
Brézé,  tandis  que  le  prince  Frédéric-Henri  de 
Nassau  agissait  vigoureusement  de  son  côté.  11 
perdit  rapidement  Arscbot,Diest,  Tirlemont  et 
quelques  autres  places  non  moins  importantes  ; 
mais  ayant  reçu  des  renforts  amenés  par  les  ha- 
biles généraux  Piccolomini  et  Jean  de  Werth, 
il  reprit  l'offensive,  obligea  les  Français  à  lever 
le  siège  de  Louvain,  et  envahit  la  Picardie  (juillet 
1636).  La  Capelle,  Fonsommes,  Fervaques,  le 
Catelet  tombèrent  entre  ses  mains  presque  sans 
coup  férir.  Il  força  alors  le  passage  de  la  Somme, 
qu'essaya  de  défendre  le  comte  de  Soissons  : 
Roye  et  Corbie  lui  ouvrirent  lems  portes  ;  bientôt 


417  FERDINAND 

il  fut  maître  de  toute  la  rive  droite  ae  l'Oise ,  et 
les  carabiniers  allemands  de  Werth  vinrent 
faire  la  maraude  à  quelques  lieues  de  la  capitale. 
Les  Parisiens  abandonnèrent  leur  ville,  et  s'en- 
fuirent vers  Orléans.  «  La  consternation  était 
«  générale,  ditFontenay-Mareuil,  et  longtemps  la 
«  mémoire  se  conserva  de  l'année  de  Corbie  et 
«  de  l'effroi  qu'on  avait  ressenti.  »  Mais  l'armée 
victorieuse  trouva  son  affaiblissement  dans  son 
succès  même  ;  et  Ferdinand  se  vit  abandonné 
de  toute  sa  cavalerie  et  de  ses  laaskenets,  qui, 
gorgés  de  butin,  désertèrent  pour  retourner  en 
Allemagne  ou  dépenser  dans  la  débauche  le 
produit  de  leurs  pillages.  Réduit  à  ses  vieilles 
bandes  espagnoles  etlombardes,  le  cardinal-infant 
dut  se  retirer  en  laissant  des  garnisons  dans  les 
villes  conquises.  Les  Français  reprirent  facile- 
ment le  terrain  perdu ,  et  l'année  suivante  les  opé- 
rations fui'ent  reportées  dans  les  Flandres  avec 
des  succès  partagés.  Le  2  août  1640,  Ferdinand, 
réuni  au  duc  de  Lorraine,  attaqua  avec  trente- 
six  mille  hommes  les  maréchaux  de  Châtillon 
et  de  La  Meilleraye ,  qui  assiégeaient  Arras  ;  il 
fut  repoussé  avec  perte,  et  la  ville  fut  prise.  En 
juillet  1641  il  laissa  de  même  réduire  sous  ses 
yeiix  la  forte  place  d'Aire  en  Artois.  Le  mois  sui- 
vant, il  essaya  de  reprendre  cette  vilie  ;  mais, 
tombé  gravement  malade ,  il  remit  le  comman- 
dement de  son  armée  à  D.  Francisco  deMello,  et 
s'en  fut  mourir  à  Bruxelles.  Ce  prince  montra 
quelques  vertus  privées  et  surtout  une  grande 
honnêteté  de  mœurs.  Toujours  en  guerre  pour 
défendre  les  provinces  dont  le  gouvernement 
lui  avait  été  confié,  il  ne  put  s'occuper  d'amé- 
liorer le  sort  de  ses  sujets.  On  peut  lui  reprocher 
également  d'avoir  trop  sacrifié  à  la  barbare  cou- 
tume qui  permettait  aux  chefs  de  l'Église  de 
3e  changer  en  chefs  d'armée  ;  mais  il  imitait  en 
ceci  Richelieu,  La  Valette  et  autres  prélats  de 
5on  siècle. 


4iS 


Richelieu,  Mémoires,  t.  Vlll  et  IX.  —  Puffendorf ,  De 
Rébus  Sueciœ,  iib.  VI,  p.  162.  —  Coxe,  Histoire  de  la 
Maison  d' Autriche,  chap.  5C,  p.  338.  --  Schiller,  Dreijs- 
••igjiehrige  Krieg,  Iib.  IV,  p.  346.  —  Le  Vassor,  Histoire 
ie  Louis  XIII,  liv.  XL,  p.  166-199.  —  Bassompierre, 
^ie  de  Louis  XIII,  t.  Ifl,  p.  336.  —  Monglat,  Mémoires, 

XLIX,  156-272. —Bazin  de  Baucou,//Jstoîre  de  France 
■ous  Louis  XIII,  t.  m,  p.  440.  —  Capeligue,  Richelieu, 
Mazarin,  lu  Fronde,  etc.,  t.  V,  p.  314-318.  —  Sismondi, 
Histoire  des  Français,  XXIII,  245-463. 

FERDINAND  -  PHILIPPE  ,  duc  d'Orléans, 
prince  royal  de  France.  Voyez  Orléans. 

FERDINAND-CHARLES-JOSEPH  D'ESTE, 

irchiduc  d'Autriche,  prince  royal  de  Hongrie  et 
ïe  Bohême,  et  prince  de  Modène,  né  le  25  avril 
I78t,  mort  le  5  novembre  1850.  Il  était  le  second 
ils  de  Ferdinand-Charles- Antoine-Joseph,  frère 
les  empereurs  Joseph  et  Léopold ,  et  de  Marie- 
Séatrix  d'Esté.  A  vingt-quatre  ans ,  il  reçut  le 
commandement  supérieur  du  troisième  corps  de 
l'armée  autrichienne  dans  la  campagne  de  1805 
îontre  la  France.  Cette  division,  forte  de 80,000 
iiommes ,  s'empara  de  la  Bavière  et  entra  en 
Souabe,  Mais  ce  fut  en  réalité  le  général  Mack , 

NOUV.   BIOGK.    GÉMÎR.   —    T.    XVII. 


feldzeugmeister,  qui  dirigea  toutes  les  opéi'a- 
tions  en  qualité  dé  chef  de  l'état-rnajor  général. 
Lorsque  ce  dernier  eut  laissé  tourner  ses  posi- 
tions sur  l'Iller,  entre  Ulm  et  Giintzbourg,  et 
couper  ses  communications  avec  la  Bavière, 
l'Autriche  et  le  Tyrol ,  Ferdinand ,  qui  comman- 
dait l'aile  gauche ,  fut  battu  le  9  octobre  par  le 
maréchal  Ney.  Malgré  le  feu  des  Autrichiens ,  les 
Français  passèrent  sur  la  rive  droite  du  Danube, 
au  moyen  des  traverses  des  ponts  qui  avaient 
été  détruits.  Ferdinand ,  le  prince  de  Schwart- 
zenberg,  le  général  Kollowrath  et  d'autres 
chefs  pressèrent  alors  Mack  de  s'emparer  de 
la  rive  gauche  et  de  gagner  Nœrdlingen ,  pour 
sortir  de  la  position  désavantageuse  où  il  se 
trouvait  près  d'Ulm.  Ce  fut  en  vain  :  le  14  oc- 
tobre l'armée  autrichienne  se  vit  cernée  de  tous 
côtés  et  enfermée  dans  Ulm.  Ferdinand  déclara 
alors  qu'il  était  résolu  de  s'ouvrir  un  passage 
à  la  tête  de  douze  escadrons.  Le  prince  de 
Schwartzenberg  en  prit  le  commandement,  et 
il  réussit  effectivement  à  traverser  les  lignes  fran- 
çaises et  à  atteindre  Geilingen ,  où  il  espérait 
faire  sa  jonction  avec  le  corps  du  général  Wer- 
neck  ;  mais  celui-ci  fut  obligé  de  capituler  le  18, 
près  de  Trochtelfingen.  Ferdinand  se  retira  dès 
lors  vers  Œttingen,  où  il  rallia  les  débris  de  la 
division  Hohenzollern.  Toute  sa  troupe  ne  s'é- 
levait pas  à  plus  de  3,000  hommes,  dont 
1,800  de  cavalerie.  Atteint  près  de  Gùnzenhau- 
sen,  sur  l'Altmùhl ,  par  la  cavalerie  de  Murât, 
il  ne  dut  son  salut  qu'aux  pourparlers  du  prince 
de  Schwartzenberg  et  du  général  français  Klein, 
pourparlers  qui  lui  laissèrent  le  temps  de  s'é- 
chapper avec  quelques  escadrons.  Toute  l'in- 
fanterie et  la  grosse  cavalerie  tombèrent  entre 
les  mains  des  Français.  Atteint  une  seconde 
fois  près  d'Eschenau ,  il  fut  sauvé  encore  par 
la  résistance  héroïque  de  son  arrière-garde 
commandée  par  le  général  Mecserey,  qui  fut 
blessé  à  mort  et  fait  prisonnier.  Après  avoir 
parcouru  cinquante  milles  allemandes  en  huit 
jours,  au  milieu  de  combats  sans  cesse  renou- 
velés, l'archiduc  arriva  enfin  à  Eger  avec  moins 
de  1,500  hommes.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il 
reçut  l'ordre  d'aller  prendre  le  commandement 
supérieur  de  la  Bohême.  11  y  organisa  la  land- 
sturm  et  disputa  pied  à  pied  le  terrain  aux  Ba- 
varois, qu'il  vainquit  dans  plusieurs  combats. 
A  la  tête  de  18,000  hommes,  il  fut  chargé  en- 
suite de  couvrir  l'aile  droite  de  la  grande  armée 
coalisée  jusqu'à  la  bataille  d'Austerlitz.  Nommé, 
en  1809,  commandant  du  7*  corps  d'armée, 
fort  de  36,000  hommes,  il  traversa  la  Piliça  et 
entra,  le  15  avril,  dans  le  grand-duché  de  Var- 
sovie. Ce  fut  en  vain  qu'il  publia  une  proclamation 
pour  appeler  les  Polonais  à  la  révolte  contre 
Napoléon  et  le  roi  de  Saxe.  Poniatowski  lui 
opposa ,  le  19  avril,  une  résistance  vigoureuse 
à  Rascyn;  mais  il  n'en  fut  pas  moins  obligé, 
le  22,  de  rendre  Varsovie  par  capitulation 
et  de  se  retirer  à  Praga  et  sur  la  rive  di-oite 

14 


419 

de  la  Vistule.  Ferdinand  d'Esle  marcha  alors 
contre  Kalisch,  et  attaqua  inutilement  Thora. 
PoniatowskJ  réussit  à  tourner  les  Autrichiens , 
battit  plusieurs  corps  détachés ,  et  excita  un  sou- 
lèvement populaire  à  Lublin ,  qui  faisait  partie 
de  la  Gailicie autrichienne.  Les  Polonais  conqui- 
rent ensuite  Sandomir,  Zamosc,  et  le  28  mai 
Léopol.  Dombrowsky  traversa  la  Bzura,  et 
força  les  Autrichiens  à  évacuer  Varsovie.  Il 
est  vrai  que  Ferdinand  reprit  la  Gailicie;  mais 
il  ne  put  empêcher  les  Polonais  de  faire  leur 
jonction  avec  le  corps  auxiliaire  russe  sous 
les  ordres  du  prince  Gallitzin.  Poniatowski 
chassa  les  Autrichiens  de  Lemberg  et  de  San- 
domir, et  prit  possession  de  la  Gailicie  au  nom 
de  Napoléon.  11  entra  à  Cracovie  le  15  juillet. 
Ferdinand  se  retira  en  Hongrie,  et  l'armistice 
deZnaïm,  signé  le  12  juillet,  vint  mettre  un 
terme  à  cette  guerre.  Dans  la  campagne  de  1815, 
l'archiduc  prit  le  commandement  supérieur  de 
la  réserve  autrichienne,  qui  comptait  44,000 
liommes.  Il  traversa  le  Rhin  le  26  juin  avec 
deux  divisions  de  cette  réserve,  et  s'avança  sur 
Lunéville ,  tandis  que  le  prince  de  Hohcînzollern 
marchait  contre  Strasbourg  et  que  le  général 
CoUoredo  forçait  Lecourbe  à  se  rejeter  dans 
Belfort. 

En  1826,  Ferdinand  d'Esté  assista,  en  qualité 
d'ambassadeur  extraordinaire,  au  couronnement 
de  l'empereur  Nicolas  à  Moscou,  et  parut  jouir 
à  un  haut  degré  de  la  confiance  du  nouveau  sou- 
verain de  la  Russie.  Gouverneur  général  du 
royaume  de  Gailicie  depuis  1830,  il  se  démit  de 
ces  fonctions  après  les  troubles  de  1846,  et  vécut 
depuis  lors  presque  toujours  en  Italie  [Eric,  des 
G.  du  M.  ] 

Thiers,  Hist.  du  Consulat  et  de  l'Empire. 

*  FERDINAND -MARIE  { Albert -Amédée) , 
duc  de  Gênes,  fils  de  Charles-Albert,  roi  de  Sar- 
daigne,  et  de  Marie-Thérèse,  archiduchesse  de 
Toscane,  né  à  Florence,  le  15  novembre  1822, 
et  mort  à  Turin,  le  10  février  1855.  Il  se  dis- 
tingua à  la  prise  de  Peschiera  dans  la  cam- 
pagne de  1848,  qui  fut  si  funeste  à  la  cause  de 
l'indépendance  italienne.  îl  dirigea  l'assaut  de 
Rivoli ,  et  à  la  désastreuse  bataille  de  Custoza 
il  soutint  avec  moins  de  4,000  hommes  les  at- 
taques renouvelées  d'une  division  autrichienne 
trois  fois  plus  forte,  et  défendit  avec  bravoure 
les  positions  de  la  Bicocca.  Son  frère,  le  roi 
Victor-Emmanuel,  fut  assez  grièvement  blessé  à 
la  journée  de  Goïto.  Comme  ses  compagnons 
le  pressaient  de  quitter  le  champ  de  bataille  : 
«  Non ,  répondit-il ,  mon  frère  sérail  bien  con- 
tent d'avoir  reçu  une  pareille  blessure.  «  Ce 
mot  peint  la  bravoure  du  duc  de  Gênes.  Il  fut 
appelé  au  trône  de  Sicile  par  le  parlement  réuni 
à  Palerme ,  et  les  cabinets  de  Londres  et  de 
Paris  agréèrent  ce  choix;  mais  la  retraite  de 
l'armée  piémontaise  de  Lombardie  l'empêcha 
d'accepter. 

Le  22  avril  1852,  lors  de  l'explosion  de  la 


FERDINAND  420 

poudrière  de  Turin ,  il  se  précipita  au  milieu  des 
décombres  enflammés ,  et  dirigea  lui-même  les 
secours. 

La  guerre  d'Orient  et  l'alliance  du  Piémont 
avec  les  puissances  occidentales  allaient  offrir 
au  duc  de  Gênes  une  occasion  nouvelle  de  se 
signaler,  lorsque  au  moment oùil  allait  conduire 
le  contingent  sarde  en  Crimée  il  fut  emporté  par 
une  maladie  de  poitrine,  suite  de  ses  fatigues 
et  de  ses  exercices  violents.  Marié,  le  22  avril 
1850,  avec  la  princesse  Marie-Élisabeth  de  Saxe, 
le  duc  de  Gênes  a  laissé  deux  enfants,  la  princesse 
Marguerite ,  née  le  20  novembre  1851 ,  et  le  prince 
Thomas,  né  le  6  février  1854.  Sa  veuve  se  dis- 
pose, dit-on,  à  publier  des  Mémoires  sur  là 
campagne  de  1848;  ils  seraient  un  des  monU* 
ments  curieux  de  cette  époque.      G.  Vitali. 

annuaire  militaire  de  1853.  —  I^e  Spectateur  mili- 
taire de  1833.  —  Gualterio,  Stor^ia  dei  Rivolgimenti  Ita- 
liani.  —  Farini,  Storiu  d'Italia,  en  continualioii  de 
celle  de  Carlo  Bottii.  —  Ranalll,  Storie  Italiane.  — 
Thouar,  Leiture  di  famiglia.  -■  Almanacco  nazionale, 
Turin  ,  1853. 

FERDINAND  D'ARAGON,  prince,  prélat  et 
historien  espagnol,  mort  le  20  janvier  1575.  Il 
était  fils  d'un  bâtard  de  Ferdinand  V,  dit  le 
Catholique ,  roi  d'Aragon  et  de  Castille.  Phi*- 
lippe  n  lui  confia  le  vice-loyauté  de  l'Aragon.  Il 
se  fit  surtout  remarquer  par  son  goût  pour  les 
belles-lettres,  et  écrivit  plusieurs  ouvrages  sur 
l'histoire  :  on  cite  de  lui  :  La  Historia  de  los 
Reyes  de  Aragon;  —  Catalogo  de  todos-  los\ 
Prelados  dcl  Reyno  de  Aragon; —  Nohiliariô 
de  las  Casas  principales  de  Espana,  esto  es , 
Castilla,  Aragon,  Cataluna,  Navarra  y  Viz- 
caya.  Ces  ouvrages  n'ont  pas  été  publiés  ;  mais 
ils  ont  amplement  servi  aux  historiens  postérieurs* 

N.  Antonio,  Bibliotheca  nova.  Hispana. 

FERDINAND  DE  CORDOUE,  savant  espagnol, 
vivait  en  1 50 1 .  Théodore  Godefroi  rapporte  <(  qu'il 
n'étoit  chevalier  en  armes  et  en  fait  de  guerre 
nul  plus  expérimenté;  qu'il  se  servoit  merveil- 
leusement bien  d'une  épée  à  deux  mains ,  et  que 
quand  il  voyoit  son  ennemi ,  il  ne  manquoit  point 
à  saillir  sur  lui  vingt  ou  vingt-quatre  pas  en  uil 
saut;  qu'il  sa  voit  jouer  de  tcils  instruments, 
chanter  et  danser  mieux  que  nul  autre,  peindre 
et  enluminer  mieux  qu'homme  qu'on  sût  à 
Paris  ni  ailleurs.  Et  vraiment,  ajoute-t-il,  si  un 
homme  pouvoit  vivre  cent  ans  sans  boire,  ni 
manger,  ni  dormir,  il  ne  sauroit  apprendre  ce  qUe 
le  dit  jeune  homme  fait.  »  A  cet  éloge,  Trithèmeet 
d'autres  historiens  ajoutent  que  Ferdinand  deCor- 
doue  «  sâvoit  l'hébreu,  le  grec,  le  latiu,  le  chat-i 
déen,  les  droits  canon  et  civil,  les  mathématiques, 
la  médecine  et  la  théologie.  Il  savoit  par  cœur  nofl-^ 
seulement  toute  la  mythologie,  m.ais  encoi'e  les 
livres  d'Aristote,  d'Hippocrate,  de  Galien ,  d'Avl-= 
cenne,  d'Albert  le  Grand,  de  Nicolas  de  Lvi'â, 
de  saint  Thomas  ,  de  saint  Bonaventure  ,  d'A- 
lexandre de  Halès,  de  Scot  et  d'autres  philoso- 
phes anciens  et  modernes,  qu'il  répétoit  facile- 
ment et  citoit  très  à  propos.  »  A  cette  époque,  la 


4n 


FERDINAND 


422 


léunion  de  telles  connaissances  était  extraordi- 
naire. Aussi,  Ferdinand  de  Cordoue  fut-il  regardé 
par  ses  contemporains  tantôt  comme  un  sorcier, 
tantôt  comme  l'Anti-Christ  lui-même.  Néanmoins 
Ferdinand  V,  dit  le  Catholique,  roi  de  Castille 
et  d'Aragon ,  n'hésita  pas  à  lui  confier  diverses 
missions  importantes  à  Rome  et  à  Paris  (1475); 
«  il  y  surprit  beaucoup  de  monde  par  son  ha- 
bileté, et  prédit  la  mort  de  Charles  le  Témé- 
raire (1),  duc  de  Bourgogne  longtemps  avant  sa 
mort  ".  On  a  de  Ferdinand  de  Cordoue  :  Com- 
mentarms  in  Almagestum  Ptolemm;  —Com- 
mentariiis  in  Apocalypsim  S.  Joannis  Apos- 
toli  ;  —  Quelques  opuscules  sur  diverses  par- 
ties de  la  Bible  ;  —  De  ArUficio  omnis  et  in- 
vestigandi  et  inveniendi  natura  scibilis; 
dédié  au  cardinal  Bessarion;  —  De  pontificti 
PalUi  Mysterio  ;  dédié  au  cardinal  Francesco 
Piccolomini;  —  De  Jure  Beneficiorum  vacan- 
tîum  medios  Jructus  annatasque  exigenti,  et 
de  Potestate  Papœ  in  temporalibus;  dédié  au 
pape  Sixte  IV;  —  An  sit  licitapax  cum  Sara- 
cents?  —  Prœfatio  à  l'ouvrage  d'Albert  le 
Grand  De  Animalibus;  Rome,  1478,  in-fol. 

Journal  d'un  Bourgeois  de  Paris.  —  Godefroi ,  0&- 
servations  sur  l'histoire  du  roi  Charles  Kl.  —  BzoviuSj 
Annales  cont.  année  ISOl,  n»  18-10.  —  Hottinger,  Hist. 
ercisi.  sac.  XVI,  sect.  III,  p. 113.  —  Nicolas  Antonio, 
BibUotheca  Hispana  nova. 

FERDIW.4NBÎDE  JÉSUS  (Le  P.),  prédicateur  et 
théologien  espagnol,  né  à  Jaen,  en  1.571,  mort  à 
Grenade,  en  1644,  En  1538  il  entra  à  Grenade 
dans  l'ordre  des  Carmes  réformés  par  sainte 
Thérèse.  Il  possédait  déjà  Une  vaste  érudition; 
tant  sacrée  que  profane,  et  était  familier  avec  les 
langues  savantes.  Use  fit  tellement  remarquer  par 
son  éloquence  religieuse,  que  ses  compatriotes  le 
surnommèrent  le  Clirijsostome  espagnol,  et  que 
lorsqu'il  approchait  d'une  ville,  les  magistrats,  le 
clergé  et  une  partie  de  la  population  se  portaient 
à  sa  rencontre  et  le  recevaient  triomphalement. 
Ferdinand  de  Jésus  parcourut  la  plus  grande  partie 
de  l'Espagne  comme  prédicateur,  et  enseigna  en 
quelques  villes  les  théologies  scolastique  et  mo- 
rale. Ses  biographes  lui  accordent  une  vie  aussi 
pieuse  qu'austère.  Le  nombre  de  ses  écrits 
s'élève  à  quarante-huit  :  il  faut  là-dessus  con- 
sulter les  écrivains  de  son  ordre.  On  y  trouve 
des  commentaires  sur  la  logique,  la  physique, 
les  livres  d'Aristote  (De  Anima),  la  homme  de 
saint  Thomas,  les  prophètes  Abdias ,  Nahum , 
Aggée,  etc.  ;  des  traités  sur  la  Trinité,  les  Sacre- 
ments ,  la  Justice  et  le  Droit,  les  Miracles,  l'É- 
lection desévêques;  des  introductions  à  l'étude 
de  l'Écriture-Sainte  et  autres  écrits  pour  en  fa- 
ciliter l'intellisgence  ;  des  grammaires  grecques 
et  hébraïques  ;  quelques  ouvrages  historiques, 
surtout  conceniant  son  ordre;  cent  soixante- 
cinq  sermons,  etc.  Plusieurs  de  ces  ouvrages 
sont  écrits  en  latin ,  les  autres  sont  en  espagnol. 
i  Le  p.  Martial  de  S.  Jean-Baptiste  ,  BibUotheca  Srrip- 

(1)  Tué  devaRt  Nancy  en  1477. 


torum  utriusgue  congregationis  et  sexus  Carmelita- 
rum,  etc  ,  p.  158.—  Moréri,  Grand  Dictionnaire  histo- 
rique. —  Richard  et  Glraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FERDIXAND  !)E  SANTIAGO,  OU  EîE  SAÎKT- 

JACQUES,  prédicateur  espagnol ,  né  à  Séville , 
vers  1541,  mort  dans  la  même  ville,  presque 
centenaire ,  en  avril  1639.  Il  appartenait  à  l'ordre 
de  la  Merci ,  et  passa  pour  un  des  plus  habiles 
prédicateurs  de  son  siècle.  11  fut  en  grande  fa- 
veur auprès  des  rois  Philippe  II  et  Philippe  III  et 
du  pape  Paul  V.  Il  devint  préfet  de  son  ordre 
à  Grenade.  On  a  de  lui  :  Consideraciones  sobre 
los  Evangelios  de  los  Santos ,  con  un  brève. 
parafrasis  de  las  letras  de  los  Evangelios  ; 
Madrid,  1593,  in-4°;  Saragosse,  1605;  Sala- 
manque,  1615,  in-4°;  —  Consideraciones  sobre 
los  domingos  y  ferias  de  Quaresma  ;  Sala- 
manque,  1597;  Barcelone,  1598,  in-4°;  Valla- 
dolid,  1604,  in-4'';  —  Sermon  que  predicô  a 
Malaga  en  las  honras  del  reij  D.  Felipe  II  ; 
Séville,  1598,  in-4'°;  —  Sermon  en  las  honras 
del  rey  Felipe  III;  Grenade,  1621,  in-4°;  — 
Tratado  del  Acto  de  Conlricion  ;  Séville,. 1634  ; 

—  Mariai,  ou  Sermones  de  Nuestra  Senora; 

—  Apologia  pro  iisii  aereee  moneiœ  in  Hispa- 
nia,  et  quelques  autres  ouvrages  aujourd'hui 
perdus  ou  restés  manuscrits. 

Nicolas  knionw,  Biblioth.  Hispana  nova.  —  IMorépi, 
Grand  Dictionnaire  historique.  —  Richard  et  Giraud 
Bibliothèque  sacrée. 

FERDIKANO  DE  TA  LAVERA ,  prélat  et  théo- 
logien espagnol ,  né  à  Talavera-la-Reyna  (Cas- 
tille-Vieille),  en  1445,  mort  à  Grenade,  le  14  mai 
1507.  Il  était  religieux  hiéronymite,  devint 
évêqued'Avila,  confesseur  et  conseiller  de  Ferdi- 
nand V,  dit  le  Catholique,  roi  de  Castille,  et 
de  sa  femme  Isabelle.  Il  les  encouragea  surtout 
dansles  entreprises  qu'ils  tirent  contre  les  Maures, 
entreprises  qui  eurent  pour  résultat  la  conquête 
de  Grenade.  Ferdinand  de  Talavera  obtint  l'ar- 
chevêché de  cette  ville,  et  travailla  avec  zèle  à 
la  propagation  de  la  religion  catholique.  Les 
biographes  prétendent  qu'il  mourut  en  odeur  de 
sainteté  et  que  plusieurs  miracles  eurent  lieu  sur 
son  tombeau.  On  a  de  lui  :  Provechosa  doctrina 
de  lo  que  debe  saber  todofiel  Christiano  ;  — 
Confesional,  ou  Avisacion  de  las  maneras  de 
pecados;  —  Del  restitulr  y  satisfacer  ;  — 
De  como  hemos  de  comulgar ;  —  Contra  et 
murmurar ; —  Delas  Ceremonias  de  la  Misa; 
Antonio  croit  que  cet  ouvrage  est  le  même  que 
celui  publié  sous  le  titre  de  Memoria  de  nues- 
tra Redencion  en  los  santisimos  mysterios  de 
la  Misa;  Salamanque,  1673,  in-8°;  —  Contra 
la  Demasia  en  el  vestir  y  en  el  corner;  — 
De  como  debemos  aprovechar  el  tiempo;  — 
Impugnacion  catholicaen  defensa  de  nuestra 
Fe;  — Cérémonial  de  todos  los  Oftcios  divi- 
nos ,  en  latin  et  en  espagnol  ;  —  Forma  de  vi- 
sitar  Iglesias,  y  conventos  de  Monjas;  — 
Instruccion  para  las  Monjas  de  un  Monas- 
terio  de  Avila;  et  divers  autres  ouvrages  de 
piété. 

14. 


423 


FERDINAND 


Jos(!f  (le  Sigiienza,  Hist.  de  la  Ord.  do  S.  (ieron.  - 
AliMi/.o  lie  Madrid  ,  Historia  nrbis  falenlinie.  —  Pedro 
<!oii/ale/.  d(;  Mendoza,  Domus  .Salicetanœ.  —  Francisco 
lt(!iiriii(l(;z  de  l'cdraza,  Uistor.  Hcrum  Cranutensium  — 
Pierre  Martyr,  liputiiL,  XI,  XII,  XVI  or  XXXVIII.  - 
Luc.  Marin,  Laud.  de  Hisj).,  lib.  VII.  —  iNicolas  Antonio, 
moi.  Hispana  Nova. 

VISKUINANO,  |)S{ui(loiij'tne  <1(!  plusieurs  au- 
teurs dramatiques  modernes.  Voyez  Dw\'ay]:\  , 
Lalouk,  Langli?;,  Vii;M',ni;i)ve. 

VVRUINANO \m sAiNTK-niAKii:.  Voij.  Mar- 
tin HZ  {Fernando). 

i^'isiioiiVAN».  Voij.  J'HiiuANn  et  Fkknani). 

KKKniNANDi  (lipifnnio),  m<'((leciii  italien,  né 
à  )VIessap;na  (Otrante),  1(^  '?.  oetol)re  liO!),  morteii 
lO.JS.  Il  se  rendit  à  Naples  en  158;i,  et  y  lut  re(,;u 
docteuieii  piiilosopliicM't  en  médecine  le  '.Vi  aoiU 
IhWi.  Il  revint  ensuite;  dans  sa  ville  natale,  et 
y  |)rati(iua  l'art  de  guérir  avec  succès.  Jl  s'y 
maria  eu  Jf)'.)?.  J'-n  UlKi,  .Iulia  l'^arnése,  in-Jn- 
cessc  d'Aretraria,  l'attiiclia  à  sa  personne;  il  vi- 
sita avec  elle!  l'arme,  Rome  et  l'adoue,  iriais  ne 
voulut  s'arréteiMlans  aucune  de  «-es  villes,  malgré 
les  odres  honorables  (|ui  lui  furent  laites.  "  Fer- 
dinandi ,  écrit  Éloy,  était  un  homme  vraiinent 
philosophe.  Rent'ermé  dans  lui-ménH;,  les  hon- 
neurs, les  distinctions,  les  avantafji»!s  de  la  l'or- 
tune,  lien  n'était  capahie  do  l'eu  (aire  sortir. 
Un  jour  (pi'il  e\[)li<iuait  un  aphorisme;  d'Ilippo- 
crate,  on  vint  lui  apprendre  (lu'uii  di;  ses  fils, 
â{»é  de  vingt  ans ,  était  mort  ;\  Naples ,  où  il 
(îtudiait;  il  si;  contenta  de  dire  :  JJoniinus 
dedU,  Dom'mns  ahs/u/if,  et  continua  .son  dis- 
cours. A  la  mort  de  .sa  femme,  il  répondit  à  un 
de  ses  amis  (pii  lui  adressait  d(;s  paroles  de;  con- 
solation :  "  .le  .serais  iudij>;ne  du  nom  de  phi- 
losophe, si  j(>.  ne  .savais  pas  me  consoU^r  moi- 
même  <ruiie  .semhlahle  perte.  »  l''erdinan<li 
a  composé  :  Thcorenuifa  mcUica  cl  philoso- 
■phini;  Venise,  U'.li,  in-fol.;  —  De  VUaproro- 
ganda,  .ve«  juventale  conservandn  et  senec- 
t/ute  retnrdanda;  Naples,  Kil'.?,  in-4'' ;  — 
(k'nlum  Historix,  seu  observaliones  et  casus 
/rtce/vd;  Venise,  ICi'^.l,  in-fol.  Ce  recueil  a  été 
plusieurs  l'ois  réimprimé  en  Allemagne  et  en 
Hollande;  —  Aureus  de  Peste  a;/;c///<a;  Naples, 
lo;!l,  in-4". 

/lioyraphie  médicale.  —  l'îloy  ,  Dictionnaire  hislo- 
riqwi  de  la  Médecine. 

*  a<'iau)iivAM)ii  ou  riîRNANin  (France.ico), 
dit  hiri;ui\i,i,  peintre  de  l'école  romaint; ,  tra- 
vaillait h  Rome  en  17;iO.  On  y  voit  <le  lui  A  l'é- 
f^lise  Sainl-I''iistache  un  excellent  martyre  du 
saint,  tableau  d'un  bon  coloris.  On  doit  suppo.ser 
(pie  cet  artiste,  (pii  donnait  les  plus  belles  es- 
pérances uiourut  jeuiK;  ou  (|u'il  passa  en  pays 
étraiij!;er,  car  à  l'exception  d'un  saint  HoniiuUd 
'mourant,  eii;alement  à  Jîome,  on  ne  connaît  de 
lui  aucun  aulm;  tableau  en  llalie.       K.  \i — m. 

rico/zi,  JHzianario.  —  Slrel,  J)ict.  hist.  de.i  l'eint.res. 

¥KiitHmc\.  Voy.  Vuuwvn-  {Aboul-Cacem- 
Mansour). 

■  j''Jf.!ica)ir.:Tii ,  roi  des  Pietés,  tué  au  coin- 
meiueinent  du  neuvième  siècle.  Il  était,  selon 


—  FKREY  .124 

Bucbanan ,  contemporain  d'Alpin,  soixante-hui- 
tième roi  d'  l^:eosse,  contre  lequel  il  fit  constamment 
la  f^uerre.  Dans  une  rencontre  décisive,  Férédeth, 
voyant  ses  troupes  mises  en  désordre,  rallia 
l'élite  de  ses  guerriers,  pénétra  au  centre  de 
l'aniKH!  écossaise,  et  tomba  accablé  sous  le 
iiombic  :  il  était,  ajoute  l'historien,  à  la  fleur  de 
la  jeunesse, 
liiielianan,  IHst.  Scott. 

*  FKiuîii  (Jacques),  et  non  don  Jaens, 
comme  on  l'a  dit  à  tort,  navigateur  français  du 
quatorzième  siècle ,  qui ,  d'a|»rès  les  cartes  cata- 
lanes, aurait  découvert  le  cap  liojador  en  (346; 
voici  le  passage  qui  l'indique  :  «  (Janaria; 
Partich  luxer  dn.  Jâc.  Ferer  per  anar  al 
rut  de  Vor,  al  gorn  de  sen  Lorens  qui  es  a  X. 
de  agost  a  fo  en  l'ayn  M.  CCC.  XLVl.  » 
.lusqii'i'i  l'interprétation  de  ces  cartes,  écrites, 
eommi;  on  le  voit ,  dans  un  mélange  de  jilusieurs 
langues,  on  croyait  que  cette  découverte  n'a- 
vait été  faite  qu'en  1365  par  d(;s  voyageurs  diep- 
pois.  Louis  l^acour. 

Iliiot,  édiUnn  de.s  O/i'ui're.s  de  Maltc-lirun.  —  Paulin 
l'a  lis,  IManuserits  français  de  la  /tihiiot/ii'qve  du  lioi, 
t.  I ,  p.  :146. 

*  ncKKT  (/)cH//,s), littérateur fran(;ais,  néàMo- 
rel,près  l<'onlainehleau,en  (.'■)73,  mort  vers  1630, 
Hélait  avocat,  mais  [laraît  s'être  beaucoup  plus 
o(;ciipé  de  belles-hittres  que  de  jurisprudence.  On 
maïupie  (h;  délails  sur  .sa  vie.  D'après  les  cpiel- 
ipies  ouvragesde.Féret(pii  sont  parvenus  jusqu'à 
nous  et  l'opinion  de  .ses  contemporains,  il  avait 
reçu  de  la  nature  plus  de  facilité  cpie  de  talent, 
et  s'exerça  dans  divers  genres,  sans  s'élever 
au-dessus  du  médiocre.  On  connaît  de  lui  :  Les 
Prémices,  dites  Is  vrai  François,  ou  poëmes, 
advis  et  mémoires  pour  le  bien  du  S.  Père, 
du  clergé,  etc.;  1614,  in-8".  Ce  recueil,  devenu 
rare,  contient  entre  autres  les  pièces  suivantes  : 
Les  Amours  conjugales  en  Dieu;  Acrostiches , 
Anagrammes;  Plaintes  et  J)oléance^^,pour 
les  Estais  de  1614;  Paraphrase  de  W  table 
des  portraits  des  empereurs  de  Conslanti- 
nople;  l'Hymne  de  saint  Denis;  Sonnets  sur 
la  loi  Salique;  Quatrains  sur  le  même  sujet; 
Élégie  de  Solon  paraphrasée;  l'y,  martel 
d'hérésie,  en  sonnets;  Poëmes  des  affaires 
dejîistice. 

Lclonj,',  lUbl.  française,  Il,!)94.. 

*  FEREY  {François-Placide-Nicolas  ),  juris- 
consulte français,  né  au  Neubourg,  prèsd'Évreux, 
en  1735,  mort  à  Paris,  le  5  juillet  1807.  Après 
avoir  fait  de  fortes  études  en  droit  à  l'université 
de  Caen,  il  fut  reçu  avocat,  et  vint  en  oxercer 
la  profession  devant  le  modeste  siège  de;  lieau' 
niont-le-Roger  et  ensuite  au  présidial  d'iWreux 
La  nature  lui  avait  refusé  les  dons  d'une  élocu- 
tion  facile  et  brillante  ;  mais  elle  l'avait  ample- 
ment dédommage''  par  une  pénétration  |)eti  com- 
mune, il  devint  en  piui  d'années  l'un  des  meil- 
leurs interprètes  di;  la  coutume  de  Normandie, 
et  fut  considéré  sous  ce  rapport  comme  un  des 
oracles  de  la  [irovince.  Chargé  des  inlérêts  du 


(l'ft 


FEREY  —  FERGUSON 


4l>6 


duc  (le  Bouillon,  il  parvint  à  faire  reconnaître 
los  droits  contestés  que  ce  prince  prétendait 
;i\  oir  à  la  propriété  du  duché  de  Chàteaa-Thieri7. 
(i  soutint  au  barreau  de  Paris  la  réputation  de 
(li.ilecticieu  consommé  et  d'habile  jurisconsulte 
■  |iril  s'était  acquise  en  Normandie,  et  ne  cessa 
(le  la  conserver  sons  l'empire  des  lois  nouvelles, 
(loiit  quelques-unes  froissaient  ses  sentiments, 
t't's qualités  solides,  généralement  reconnues,  ap- 
prirent sur  lui  l'attention  du  premier  consul, 
(|ui ,  malgré  son  peu  de  sympathie  pour  les 
,(\(icats,  le  nomma  membre  de  la  Légion  d'Hon- 
neur. Ferey  fit  aussi  partie  du  conseil  des 
cludos  de  droit.  Son  éloge  fut  prononcé  par 
l\I.  I>ellart,  son  confrère ,  dans  la  bibliothèque 
(lu  lycée  C harlemagne ,  le  à  février  tSlO,  en 
présence  de  S.  A.  S.  Varcliicliancelier  de 
l'empire.  L'orateur  rapporte  plusieurs  traits 
(le  désintéressement  de  Ferey  qui  recommandent 
sa  mémoire  à  la  reconnaissance  de  l'ordre  des 
avocats ,  auquel  il  légua  sa  bibliothèque  et  une 
rente  de  six  cents  francs  pour  sou  entretien  et 
dix-sept  volumes  in-fol.,  d'extraits  du  corps  de 
droit  et  des  tactums  des  jurisconsultes  les  plus 
célèbres,  (pie,  dans  ses  moments  de  loisir,  Ferey 
s';>taitplu  <i  écrire  lui-même.  J.  L. 

Jîcllart,  Éloge  de  M.  Ferey.  —  Docvm.  particuliers. 

FERG  (François-Paul),  peintre  allemand, 
né  à  Vienne,  en  tr.,S9,  mort  en  (738  ou  1740.  II 
éli!i!i;i  ncndanl  plusieurs  années  à  iJanibera;. 
IMus  tard  il  se  forma  à  la  peinture  de  portraits 
sous  Jean  Graaf  et  à  celle  du  paysage  chez 
Lorient.  Ayant  acquis  ensuite  une  certaine  célé- 
brité, il  se  rendit  à  Dresde,  on  il  eut  du  succès. 
Puis  il  visita  l'Angleterre  :  son  talent  fut  surtout 
apprécié  à  Londres.  Il  y  acquit  quelque  fortune, 
mais  à  la  suite  d'un  mariage  malheureux  il  fut 
réduit  à  une  extrême  pauvi'eté.  Ses  œuvres  con- 
sistent principalement  en  pay  sages  conçus  dans 
le  style  de  Berghem.  Elles  se  font  remarquer  par 
l'éclat  des  couleurs. 

Poscamp'i, /'ies  des  Peintres flatnands,  allemands,  etc. 

t<'Ei;«;EiST.  Voijez  Bkctacnh  (Alain  fV , 
duc  de). 

*  FURCioNi  ( ncrnardino),  iim\tve  de  l'é- 
cole romaine ,  vivait  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle.  Il  peignit  d'abord  des  ani- 
maux et  des  fleurs  ;  mais  bientôt  il  s'adonna 
exclusivement  à  la  marine,  genre  dans  lequel  il 
devint  un  des  premiers  peintres  de  sou  temps. 
Ses  modèles  étaient  généralement  des  i)orts  de 
mer  qu'il  savait  animer  par  des  groupes  intéres- 
sants, originaux  et  bien  composés.  I<L  H — iv. 

OrUiiKli,  Jbbecedario.  —  I-anzl,  .Itoria  delta  l'iltnra. 
—  Ticox.ïl,  Vizionario.  —  Wiiickelinana,  Neucs  M^t-'i- 
ler  Icrikon. 

FEur.oLA  (Nicolas  ),  géomètre  napolitain,  né 
à  Napli's,  en  octobre  175;!,  mort  le  21  juin  1824. 
11  était  professeur  de  mathématiques  à  l'univer- 
sité dcNaples  et  membre  de  l'Académie  des  Scien- 
cesdecette  ville.  On  a  de  lui  :  llisoluzioncdipro- 
blemi  sulla  misura  délie  volte aspira ,  e  thne- 
todoper  la  soiuzione  de'  difficiU  problemi  di 


sito  e  posizioné;  dans  le  Recueil  de  V Académie 
des  Sciences  de  Naples  ;  —  plusieurs  disserta- 
tions et  problèmes  importants  ;  dans  les  A  tli  délia 
R.  Società  Borbonica ,  t.  l"  ;  —  Prelezioni  sut 
tprincipïi  mathematici  délia  filosofia  naturale 
del  ISeivton  ;  Naples,  1 792  ;  —  L'Arte  euristica  ; 
Naples,  1811;  —  Trattato  délie  Sezioni  coni- 
che;  Naples,  1817;  —  Trattato  analitico  de' 
Luoghi  geometrici  ;'!iàp\es,  1818.  Pergola  laissa 
en  manuscrit  deux  traités  intitulés  :  Introdu- 
zione  alV  Analisi  degV  tnfiniti; —  Trattato 
del  Calcolo  di/ferenziale  e  intégrale. 

Le  marquis  de  Villurosa  ,  RitratU;  Naples,  182S,  p.  143. 

—  Gatli.  Eloçii;  Naples,  1832,  vol.  le"",  p.  169.  _  'Cipaldo, 
Biografia  degli  Italiani  illustri ,  t.  111,  p.  345. 

FEiiGUs  1",  fondateur  du  royaume  d'Ecosse, 
mort  en  356  ou  357.  Il  était  fils  d'un  roi  d'Ir- 
lande. 11  aida  en  332  les  Écossais  à  repousser 
les  Pietés,  et  fut  reconnu  roi  par  ceu.v  qu'il  avait 
secourus.  Quelques  auteurs  le  font  vivre  justiu'en 
404 ,  époque  à  laquelle  il  serait  retourné  en  Ir- 
lande. 

I.osley,  De  Origine,  moribus  et  robus  gestis  Scotorum. 

—  Buchanan,  Heruni Scoticarum  Historia,  —Rose,  New 
biograpkical  Dictionary. 

FERGUS  II,  roi  d'Ecosse,  mort  vers  427.  Il 
succéda  à  Eugène,  son  aïeul  ou  son  oncle,  en  4 1 1 . 
Ayant  su  qi\e  le  tyran  Constantin  avait  été  tué 
dans  les  Gaules,  il  envahit  la  Grande-Bretagne. 
Il  y  donna  tant  de  peine  aux  Romains  que  l'em- 
pereur Valentinien  fut  obligé  d'envoyer  contre 
le  roi  calédonien  une  partie  des  troupes  d'Aétius, 
sous  la  conduite  de  Gallio. 

Lesley,  De  Origine  Scotorum.  —  Buchanan,  Historia 
lierum  Scoticarum.  —  Calvisins,  Citron. 

FERGUS  m ,  roi  d'Ecosse ,  empoisonné  en 
767.  Il  était  tils  du  roi  Etbuvin,  et  succéda  à  Eu- 
gène VIII,  en  764.  Son  court  règne  ne  fut  qu'une 
suite  de  débauches,  auxquelles  sa  femme  mit  fin 
en  l'empoisonnant. 

Lesley,  De  Origine  Scotorum.  —  Buclianan,  Historia 
lierum  Seotienrum.  —  Calvisius,  Chron. 

FERiîiTsoN  (James),  astronome  et  méca- 
nicien écossais,  né  en  1710,  à  Keith  (Banff- 
sliire),  mort  en  1776.  D'une  famille  pauvre,  il 
apprit  à  lire  en  écoutant  les  leçons  (jue  son 
père  donnait  à  son  frère  aine.  Il  annonça  de 
bonne  heure  un  gortt  particulier  pour  la  méca- 
nique, en  fabriquant  une  horloge  en  bois,  d'a- 
près les  pièces  intérieures  d'une  horloge  qu'on 
lui  avait  montrées.  Un  cultivateur  l'enii^loya  à 
gard(T  ses  brebis ,  et  cette  position  lui  fournit 
l'occasion  d'acquérir  la  connaissance  des  astres 
et  de  construire  un  globe  céleste.  Des  personnes 
distinguées  <lu  voisinage,  ayaut  appris  celte 
aptitude  extraordinaire  du  jeune  berger,  le  mi- 
rent à  même  d'étudier  les  mathématiques  et 
le  dessin,  et  il  fit  dans  ce  dernier  art  des 
progrès  si  rapides  qu'il  se  rendit  à  Edimbourg, 
où  il  lit  des  portraits  en  nnniature  au  lavis, 
et  trouva  dans  cette  occupation  des  moyens 
d'existence  pendant  plusieurs  années  En  1743 
il  partit  pour  Londres,  où  il  publia  des  tables  et 
des  leçons  d'astronomie.  Jl  enseigna  aussi  les 


427 


FERGUSON 


428 


sciences  naturelles ,  et  il  compta  au  nombre  de 
ses  auditeurs  Georges  III,  alors  prince  (ie  Galles, 
qui,  lorsqu'il  fut  monté  sur  le  trône,  lui  accorda 
une  pension  annuelle  de  50  livres  sterling.  En 
1763,  il  fut  nommé  membre  de  la  Société  royale. 
Oa  a  de  lui  ;  Astronomical  Tables  and  Pre- 
cepts;  —  Astronomy  explained;  Londres, 
1756,  in-4";  —  An  easij  Introduction  to  Astre- 
nomij;  2®  éd.,  1769;  —  Lectures  on  sélect 
subjects  in  Méchantes,  Hijdrostatics ,  Pneu-, 
matics  and  Optics;  Londres,  1760,  Edim- 
bourg, Brewster,  2  vol.  in-8°;  -  Select  Me- 
chanical  Exercises,  suivis  dune  autobiographie 
de  l'auteur;  Londres,  1773;  —  The  art  oj 
drawing  in  perspective;  1775;  —  une  Intro- 
duction à  V électricité;  —  Three  Letters  ta 
D^  John  Kennedy  ;  — divers  articles  insérés  dans 
les  Transactions  philosophiques.  Ferguscn  fut 
surtout  remarquable  par  ses  talents  enmécaniquc. 
Il  possédait  bien  l'astronomie  et  les  sciences  phy- 
siques et  naturelles;  mais  ses  connaissances  ma- 
thématiques étaient  à  peu  près  nulles.  Il  ne  savait 
de  l'algèbre  tjue  la  relation,  et  s'avouait  lui-même 
incapable  de  démontrer  une  proposition  d'Euclide. 

Hutton,  Math.  Dict.  —  Nichols,  Bowijer. 

*  FERGOSON  {David),  ministre  écossais,  né 
à  Dumferline,  mort  en  1598.  Il  s'était  occupé  à 
réunir  les  proverbes  en  usage  dans  son  pays,  et 
il  en  laissa  en  mourant  une  collection  curieuse , 
rangée  d'après  l'ordre  alphabétique.  Elle  a  clé 
imprimée  plusieurs  fois,  notamment  en  1641, 
1675  (édition  qui  contient  940  proverbes), 
1706  et  1785.  Une  collection  semblable  &i  bien 
plus  complète  a  été  formée  par  Kelly  ;  i'ouvTage 
de  Ferguson  n'est  cependant  pas  inutile.  G.  B. 

Biogrph.  Néerlandaise. 

FEiiGUSON  (Jacques),  mathématicien  hol- 
landais, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  écrit  en  hollandais  un  ou- 
vrage intitulé  :  Labijrinthus  Algebrœ;  La  Haye, 
1667,  in-4°. 

Ch;iu(lon  et  Delandine,  Nouveau  Dict.  hist. 

FERGUSOM  OU  FERGUSSON  {Adam),  phi- 
losophe écossais,  né  en  1724,  à  Logierait,  dans 
le  comté  de  Perth  (Ecosse),  paroisse  dont  son 
père  était  pasteur,  mort  le  22  février  1816. 11 
reçut  son  éducation  à  Perth  et  à  l'université 
de  Saint-André,  d'où  il  se  rendit  à  Edimbourg 
(1739),  dans  l'intention  d'y  faire  les  études  pro- 
pres au  ministère  ecclésiastique.  Il  resta  attaché 
comme  chapelain  au  42"  régiment  d'infanterie 
Jusqu'à  la  paix  d'Aix-la-Chapelle,  en  1748.  Il 
retourna  alors  à  Edimbourg,  devint  en  1757 
gouverneur  des  enfants  de  lord  Bute,  et  fut 
nommé,  eu  1759,  professeur  des  sciences  na- 
turelles, puis  de  philosophie  morale  à  l'uni- 
versité d'Edimbourg.  En  1767  il  publia  son 
Essay  on  the  history  of  civil  Society.  On 
en  a  une  traduction  française  par  Bergier  et 
Meunier;  Paris,  1783,  2  vol.  in-i2,  et  1796, 
ia-8°.  En  1773  il  accompagna  le  comte  de  Ches- 
lerfield  dans  ses  voyages.   En  1776  il  fit  une 


réponse  au  traité  du  docteur  Priée  sur  la  li- 
berté civile,  et  reçut,  en  récompense  de  son 
ouvrage,  la  charge  de  secrétaire  de  la  légation 
envoyée  en  Amérique,  en  1778,  pour  travailler 
à  une  réconciliation  entre  les  deux  pays.  A  son 
retour ,  il  reprit  ses  fonctions  de  professeur,  et 
composa  son  ouvrage  sur  V Histoire  de  la 
République  Romaine.  En  1785  il  résigna  ses 
fonctions  de  professeur,  et  fut  remplacé  par  Du- 
gald  Stewart.  Adam  Ferguson  fit  ensuite  un 
voyage  à  Rome,  et  se  proposait  de  prolonger 
son  séjour  sur  le  continent ,  lorsque  les  événe- 
ments de  la  révolution  française  le  forcèrent 
de  retourner  en  Ecosse.  Il  y  vécut  dans  sa 
terre  de  Paebles,  près  d'Edimbourg,  et  mou- 
rut à  Saint- André,  après  avoir  joui  d'une  heu- 
reuse vieillesse.  Ferguson  mérite  un  rang  dis- 
tingué dans  les  lettres,  soit  comme  historien, 
soit  comme  philosophe.  Sou  ouvrage  sut  l'histoire 
romaine  est  moins  un  exposé  de  faits  qu'un  com- 
mentaire pouvant  servir  d'introduction  à  l'ou- 
vrage de  Gibbon  et  aux  recherches  de  Niebulir. 
Comme  philosophe,  Ferguson  est  de  l'école  de 
Bacon  :  il  recommande  l'expérience  et  l'étude  des 
faits.  Il  se  rapproche  de  Locke  sur  la  question 
de  l'origine  des  idées.  En  morale  il  reconnaît  trois 
motifs  d'action  :  la  disposition  à  se  conserver,  la 
disposition  à  l'état  social ,  enfin  la  disposition  à 
la  pei'fectibilité.  Ce  qui  dislingue  Ferguson,  c'est 
une  rare  justesse  de  sens,  souvent  une  grande 
sagacité ,  enfin  une  véritable  étendue  d'esprit. 
Outre  l'ouvrage  cité  sur  la  société  civile,  on  a 
de  lui  :  Pneumatic,  etc. ,  ou  Andlyse  de  Psycho- 
logie; Edimbourg,  1066;  —  History  of  the 
Progress  and  the  Termination  ofthe  Roman 
Republic;  1783,  3  vol.  in-4'';  —  Principles  of 
Moral  and  Political  Science;  1792,  2  vol.. 
in-4°;  —  Institutes  of  moral  Philosophy , 
1 769  ;  plusieurs  fois  reproduit  depuis  ;  traduit 
en  français  par  Picverdit,  Genève,  1775,  in-12. 
[E)ic.  des  G.  du  M.,  avec  add.] 

Dict.  des  Sciences  phil.  —  Penny  Cycl.  —  De  Rerau- 
-sat,  L'École  écoss.,  dans  la  Revue  des  Deux -M  ondes, 
l^"^  avril. 1856. 

FERGUSON  OU  FERGîissow  (  Robert),  poète 
écossais,  né  à  Edimbourg,  en  1751,  mort  en 
1774.  Il  fit  ses  études  dans  sa  ville  natale,  puis 
à  Dundee,  enfin  à  l'université  de  Saint-André,  où 
il  s'acquit  la  protection  de  Wilkie,  poêle  lui- 
même.  Chassé  ensuite  pour  quelques  écarts  dans 
sa  conduite,  il  retourna  à  Edimbourg.  Le  besoin 
le  rendit  poète.  Abandonné  par  un  parent  qui 
l'avait  d'abord  accueilli,  il  coniposri  deux  élégies, 
l'une  intitulée  The  Decay  of  FriendsMp ,  l'au- 
tre ayant  pour  titre  ^lf/«i)î.s^  replning  at  for- 
tune. Sa  fortune  ne  s'améliora  cependant  pas. 
Après  de  rares  intervalles  de  bonheur,  il  s'aban- 
donna à  des  excès  qui  altérèrent  emnême  temps 
sa  santé  et  sa  raison.  Il  mourut  dans  un  hospice 
d'aliénés.  Burns  lui  éleva  un  monuînent.  Le  re- 
cueil de  ses  poésies,  dont  la  plupart  avaient  paru 
dans  le  Weekly  Magazine,  précédé  de  sà  vie 


,j29  FERGUSON 

écrite  par  D.  Irving,  parut  à  Glasgow,  1813, 
2  vol.  in-12  ;  celles  qu'il  composa  en  langue  an- 
glaise a'ont  rien  de  bien  saillant ,  nriais  ses  poé- 
sies écossaises  sont  pleines  de  vie  et  d'enthou- 
siasme. 
Irving,  Life  of  Soi).  Ferguson.  —  Conver.-Legc, 
FËKISAD-KHAN,  général  persau ,  vivait  dans 
la  dernière  moitié  du  seizième  siècle.  Il  rendit 
de  grands  services  à  son  pays  dans  les  guerres 
contre  les  Turcs  et  les  Ouzbeks ,  et  parvint  au 
plus  haut  degré  de  faveur  sous  le  règne  d'Abbas 
le  Grand;  mais  riniluence  dont  il  jouissait  lui 
inspira  de  coupables  desseins.  Il  trama  une 
conspiration  contre  Abbas,  et  profita,  pour  le 
perdi-e,  de  l'invasion  que  les  Ouzbeks  firent 
en  1597  sur  le  territoire  persan.  Les  deux  ar- 
mées s'étant  rencontrées  près  d'Hérat,  et  le  roi 
se  trouvant  engagé  assez  avant  avec  un  corps 
peu  considérable,  Ferhad,  au  lieu  de  le  ren- 
forcer, fit  reculer  les  troupes ,  livrant  ainsi  son 
maître  à  une  perte  à  peu  près  certaine.  Mais  les 
autres  chefs  placés  sous  ses  ordres,  comprenant 
bientôt  la  pensée  de  Ferhad ,  se  précipitèrent 
au  secours  d'Abbas,  le  sauvèrent,  et  forcèrent 
les  Ouzbeks  à  prendre  la  fuite.  Convaincu  de 
trahison ,  Ferhad  fut  mis  à  mort.  Quelques  his- 
toriens mahométans  prétendent  cependant  que 
la  mort  de  ce  général  n'eut  d'autre  cause  que  ses 
exigences,  toujours  plus  grandes,  qui  finirent 
par  lasser  la  patience  du  schah.  Al.  Boinneau. 

Malcolm,  Histoire  de  Perse.  —  Anthony  Sherley, 
Votjages,  pages  60  et  61. 

FEKHAEJ-PACHA,  ministre  et  général  otto- 
man, mort  en  1596.  fl  était  d'abord  cuisinier 
d'une  des  odas  des  janissaires.  Un  jour,  de 
grand  matin,  un  inconnu  le  rencontra  sur  la 
place  du  marché,  parlant  et  jurant,  parce  que, 
malgré  sa  diligence,  il  n'avait  plus  rien  trouvé 
pour  sa  chambrée ,  et  s'emporlant  contre  le  kiaïa 
(officier  chargé  de  prendre  des  mesures  pour  as- 
surer l'approvisionnement  de  la  ville),  qui,  disait- 
il,  n'entendait  rien  à  son  métier.  Quelques  heures 
à  peine  s'étaient  écoulées,  que  Ferhad,  mandé  au 
palais ,  se  trouva  en  présence  de  l'inconnu ,  qui 
n'était  autre  que  le  sultan  Amurath  III.  Investi 
par  ce  prince  des  fonctions  de  kiaïa,  il  s'en 
acquitta  à  la  satisfaction  générale,  et  se  distingua 
par  son  intégrité  autant  que  par  ses  qualités 
administratives.  En  1581,  Sinan-Pacha  ayant  été 
disgracié  pour  avoir  parlé  trop  franchement  au 
sultan ,  Ferhad  fut  nonnné  grand-vizir  à  sa  place, 
et  administra  l'empire  avec  une  rare  habileté; 
mais  un  nouveau  caprice  d'Araurath  le  fit  bientôt 
redescendre  dans  les  rangs  obscurs  de  la  foule  , 
d'où  il  fut  tiré  ensuite  pour  remplir  les  fonctions 
(le  paclia.  Placé  à  la  tête  d'une  armée,  Ferhad 
marcha  contre  les  Persans,  fut  tantôt  vainqueur, 
tantôt  vaincu  comme  les  généraux  qui  l'avaient 
(irccédé,  et  redevint  gra!)d-vizir,  pour  être  fait 
encore  ma&zaoul,  c'est-à-dire  pour  retomber 
dans  la  plus  complète  disgrâce.  11  se  vit  môme 
enlever  par  le  sultan  tontes  les  riciic-îscs  qu'il 


—  FERHAT 


430 


avait  acquises  en  faisant  la  guerre  en  Asie,  et 
qui  s'élevaient,  dit-on,  à  trois  raillions,  de  sorte 
qu'après  avoir  consacré  quinze  années  au  service 
de  l'État,  dans  l'exercice  des  plus  hauts  em- 
plois ,  il  se  trouva  plus  pauvre  qu'a  l'époque  où 
il  était  simple  cuisinier.  Après  la  mort  d'Amu- 
rath ,  la  faveur  vint  encore  le  trouver.  Maho- 
met III  le  mit  à  la  tête  de  l'armée  chargée  d'o- 
pérer au  nord  du  Danube.  Ferhad  s'avança  avec 
des  forces  imposantes  vers  Nicopolis,  qui  fut  prise 
et  pillée  sous  ses  yeux ,  et  il  fut  bientôt  vaincu 
dans  une  grande  bataille  où  il  perdit  28,000  hom- 
mes ,  ses  canons ,  ses  étendards  et  tous  ses  ma- 
gasins. Rappelé  sur-le-champ  à  Constantinople, 
et  accusé  par  Sinan-Pacha ,  son  ennemi  acharné, 
d'avoir  détourné  le  khan  de  Crimée  d'envoyer 
des  secours  aux  Ottomans,  il  reçut  le  cordon 
fatal ,  et  fut  forcé  de  s'étrangler.  Al.  B. 

De  Hammer,  Histoire  de  l'Empire  Ottoman.  —  Sala- 
berry,  Histoire  de  i Empire  Ottoman.  —  La  Turquie, 
clans  Y  Univers  pittoresque. 

*  FERHAT    OU    FAIIHAT    BEN    SAÏD,    chef 

arabe  en  Algérie,  mort  en  novembre  1841.  Il 
appartenait  à  une  ancienne  famille  de  la  province 
de  Constantioe ,  les  Darbou-Eukous,  qui  dispu- 
tait à  la  famille  de  Ben-Gannah  le  titre  de  chéik 
des  Arabes  du  désert.  Lorsque,  après  la  chute 
du  bey  de  Tittery,  le  général  Clausel  eut  pris  la 
résolution  de  remplacer  Hadji-Ahmed ,  bey  de 
Constantine,  celui-ci,  se  défiant  de  Ferhot  Ben 
Saïd ,  le  destitua  des  fonctions  de  chéik,  et  en 
investit  Ben  Asiz  Ben  Gannah.  Ferhat  avait  pour 
lui  l'affection  de  plusieurs  tribus  puissantes.  Il 
repoussa  Ben  Gannah.  Hadji-Ahmed  marcha  con- 
tre lui,  et  le  vainquit,  mais  sans  l'abattre.  Ferhat 
entama  alors  des  négociations  avec  le  duc  de 
Rovigo,  et  ne  cessa  depuis  d'écrire  aux  généraux 
français  pour  les  presser  de  marcher  sur  Constan- 
tine ,  promettant  qu'à  sa  voix  les  tribus  se  lève- 
raient contre  Ahmed-Bey.  Il  n'arriva  cependant 
à  Constantine  que  quelques  jours  après  que  cette 
ville  fut  tombée  au  pouvoir  des  Français.  Néan- 
moins le  généra!  Valée  le  nomma  chéik  du  désert, 
et  le  ciiargeade  poursuivre  Hadji-Ahmed.  Il  revint 
après  avoir  exécuté  quelques  razzias  insignifian- 
tes, et  fut  revêtu  des  insignes  de  sos  fonctions.  II 
habitait  de  préférence  les  environs  d'Oiiled-Djedal 
sur  l'Oued  Djidi.  Sa  conduite  devint  bientôt  indé- 
cise et  tortueuse.  On  apprit  qu'au  mois  de  mai 
1837,  il  était  entré,  sous  le  patronage  d'Abd-el- 
Kader,  dans  une  ligue  des  chefs  du  sud  contre 
Ahmed;  on  sut  aussi  qu'il  était  allé  devant  Aïn- 
Madhi  faire  acte  de  soumission  à  l'émir.  Le  gou- 
verneur général  se  décida  alors  à  le  remplacer. 
Au  commencement  de  1839,  Ben  Azis  Ben  Gan- 
nah reçut  solennellement  le  Lurnous  d'investi- 
ture de  chéik-el-Arab,  Le  nouveau  chéik  eut 
aussitôt  à  combattre  l'influence  des  kalifas 
nommés  par  Abd-el-Kader.  Au  mois  de  juin  1841 
un  avantage  qu'il  remporta  sur  Ferliat  i^en  Saïd 
lui  ouvrit  les  portes  de  Biskara  ;  mais  les  habi- 
tants se  soulavèrcnt,  et  Ben  Gannah  ne  put  s'y 


43? 


FERHAT  —  FERÏNO 


432 


maintenir.  Vers  le  mois  de  novembre  suivant, 
Ferhat  Ben  Saïd  fut  tué ,  dans  un  engagement 
contre  un  parti  d'Arabes.  L.  Louvet. 

Dictionnaire  de  la  Conversation,  siippl.  à  la  l"  édi- 
tion. —  L'Illustration,  tome  IX,  page  ÎW,  numéro 
du   31  juillet  1847. 

FERID  ED-DiN  ATH.4R  (Schéikh  Abou  Ha- 
mid  Mohammed  ben-Ibrahim  Atthar  Nischa- 
pou7-i,  connu  sous  le  nom  de),  sofi  et  poëte 
persan,  né  en  513  de  l'hégire  (1119  de  J.-C), 
à  Kerken  près  de  Nischapour,  massacré  par  les 
Mogols,  en  519  (1122),  lors  de  la  prise  de  Scha- 
dyakh.  Il  étudia  dans  sa  jeunesse,  sous  la  dl- 
i-ection  du  schéikh  Kothb  ed-din  Haïder,  et 
quoicfu'il  se  fût  initié  de  bonne  heure  à  la  con- 
naissance des  doctrines  des  sofis,  il  ne  laissa 
pas  d'embrasser  la  profession  de  son  père ,  qui 
était  marchand  de  drogues  et  de  parfums.  Maître 
d'une  immense  fortune,  il  en  disposait  avec 
magnificence  et  ne  négligeait  pas  d'en  consacrer 
une  partie  au  soulagement  des  malheureux.  Mais 
craignant  que  la  possession  des  biens  de  ce 
monde  ne  le  détournât  de  rechercher  ceux  de 
l'autre  vie,  il  abandonna  ses  richesses,  et  se 
retira  dans  le  monastère  du  schéikh  flokn  ed-din 
Asaf.  Sa  conversion  fut  si  radicale  qu'il  parvint 
à  Y  anéantissement ,  c'est-à-dire  au  détache- 
ment absolu  des  jouissances  corporelles.  Lors 
de  son  pèlerinage  à  La  Mecque,  il  ha  connaissance 
avec  les  plus  illustres  sofis  de  son  temps.  Il  avait 
réuni  pli]>i  de  quatre  cents  ouvrages  de  théolo- 
gie ,  dont  il  s'était  si  bien  approprié  la  substance 
qu'il  passait  pour  l'un  des  plus  savants  person- 
nages de  sa  secte.  Tous  ses  écrits,  sans  en  ex- 
cepter ses  poèmes,  ont  une  tendance  mystique; 
c'est  pourquoi  ils  ont  trouvé  peu  de  lecteurs 
en  Europe.  Les  plus  souvent  cités  sont  le  Tedz- 
kiret  al-Ewliya  (Mémorial  des  Saints),  ouvrage 
en  prose,  contenant  la  vie  de  70  sofis  ;  —  Pend- 
Nameh  (Livredes  Conseils),  recueil  de  préceptes 
de  piété,  de  morale,  de  politique,  d'hygiène, 
de  décence,  édité  par  Hindley,  Londres,  1809, 
in-12  ;  par  Silvestre  de  Sacy,  avec  une  traduction 
française  dans  le  t.  Il  des  Mines  de  l'Orient, 
et  à  Paris,  1819,  in-8°  ;  imprimé  à  Boulac,  1244 
(1828)  ;  1253  (1838)  ;  1257  (1842) ,  in-8°  ;  à  Cons- 
tantinople,  1251  (1834),  in-8°;  lithographie  à 
Calcutta  et  à  Lucknow,  1264  (1847);  traduit  en 
turc  par  Hafitz  Mohammed  Mourad,  et  im- 
primé à  Constantinople  en  1256  (1836).  Le  com- 
mentaire turc  d'Ismaïl  Hakki  sur  le  Pend- 
Nameh  a  paru  à  Constantinople  1250  (1834), 
in-8°;  —  Manthie  at-Thaïr  fi  aradet  al- Kheir 
(Entretien  des  oiseaux  sur  la  recherche  du 
bien),  poëme  dont  M.  Garcin  de  Tassy  a 
donné  des  extraits  et  une  analyse  éteadue  dans 
la  Revue  Contemporaine,  1856.  —  Aszar-Na- 
meh  (  Livre  des  Secrets  )  ;  —  Bidbul-Nameh , 
poëme  relatif  aux  amours  de  la  rose  et  du  ros- 
signol;—  îlahi-Nameh  {Livre  divin); —  Te/sir 
al-Fatihet  (  Commentaire  sur  la  première  sou- 
rate du  Coran).  E.  Beadvois. 

Lolhf  AU  Beg,  Atesch  Kedah.  —  Mohainaied  Awfi,  Lo- 


bab  al-.4lbab,  X.  —  T:iki  ed-din  Kascbi,  Kholasset  al-  ! 
AscUaar,  I.  —  Doalet  Schah  IV,  fragm.  en  tête  de  la 
trad.  du  Pend-N ameh,  par  de  Sacy.  —  Khonderair,  Ha- 
bib as-Siyer.  —  Siradj  ed-din  Hoscini  Aurarigabadi,  Di- 
wan.  —  Hndji-Khalfah,  Lexic.  bibliogr.,  t.  I,  n°  661, 
1170;  II,  1829,  1901,  1941,  2797,  3359,  4235-96;  HI,  4653,  l 
4710,  7040;  IV,  741S;  V,  12207-83;  VI,  14776-14780.  —  Sil- 
vestre  de  Sacy,  art.  dans  les  Notices  des  Manuscrits  de 
laBibl.  impér.,  1. 1,  p.  597;  X.ll,  p.  307.— Tholuck,5.9M^j- 
mus;  Berlin,  1821,  in-8».  —  Hammer,  Gesch.  der  schônen 
Redehûnste  Persiens.  —  G.  Ouscley,  Biogr.  Not.  of  Per- 
sian  Poets,  p.  236.  —  Duncan  Forbes,  Biogr.  dict.  of 
the  Soc.  for  t/ie  Diffus,  of  Knowledge,  au  mot  Jitar.  — 
Sprenger,  Catal.  des  bibl.  du  roi  d'Oude,  t.  I,  p.  346-358. 
—  Zenker,  Bibl.  orient.,  574-580. 

*    FERÎOOîJi^     KEJi-AHJMED      AT-TÉWRî 

(Ahmed),  écrivain  turc,  mort  en  991  de  l'hé- 
gire (1583).  Il  était  secrétaire  d'État  pour  le 
chiffre  du  sultan,  et  il  épousa  une  princesse  de 
la  famille  impériale.  Lors  de  la  disgrâce  de  son 
protecteur  le  grand-vizir  Mohammed  Sokolli,  en 
1577 ,  Feridoun  obtint  le  gouvernement  de  Bel- 
grade. On  a  de  lui  :  Ai-Moraselat  loe  al-Me- 
toïi6(  Lettres  et  Écrits),  aussi  intitulés  :  Moun- 
schiat  as-Selathin  (Lettres des  Sultans),  ouvrage 
terminé  en  982  (1575),  et  offert  au  sultan  Mou- 
rad in.  C'est  un  précieux  recueil  de  pièces  di- 
plomatiques et  d'itinéraires  des  armées  otto- 
manes. Il  contient  1,800  pièces.  M.  de  Hammer 
en  a  tiré  un  grand  parti  pour  la  composition  de 
l'Histoire  de  l'Empire  Ottoman.  Feridoun  écri- 
vit aussi  quelques  poésies  en  turc  et  en  arabe. 
E.  Beauvois. 

Hadji-Khaifah,  Lexic.  bibliogr.,  édit.  Fiuegel,  t.  V, 
a°  11760.  —  J.  de  Hammer,  Literalurgesch.  der  Osma- 
nischen Dichtkunst, t.  Il, p. 491.  —  Hist. de l'Emp.  Ottom. 
trad.  de  Hellert,  t.  VI,  230,  232;  t.  Vil,  16,  19,  56. 

FERÏNO  {Pierre-Marie-Barthélemy,  comte), 
général  français,  né  à  Caravaggio  (  Milanais),  en 
1747,  mort  à  Paris,  le  28  juin  1816.  Fils  d'un 
sous-officier  du  régiment  autrichien  de  Bender, 
il  fit  la  guerre  de  Sept  Ans,  et  obtint  (  1779)  le 
brevet  de  capitaine.  Victime  d'une  injustice  com- 
mise à  son  égard  par  le  gouvernement  autrichien, 
Ferino  vint  en  France,  y  obtint  (  1'^''  août  1792  ) 
le  grade  de  lieutenant-colonel  de  la  légion  de 
Biron,  devenue  chnsseurs  du  Rhin  ;  passa 
(  13  décembre  1792)  à  l'armée  du  général  Cus- 
tine;  présida,  dans  la  cathédrale  de  Mons,  l'as- 
semblée qui  vota  la  réunion  de  la  Belgique  à  la 
France,  et  obtint  successivement  les  grades  de 
général  de  brigade  (fin  de  décembre  1792),  et 
de  division  le  23  août  1793.  «  Destitué  pour 
avoir  fait  observer  la  discipline  avec  trop  de 
sévérité  (1) ,  •»  mais  bientôt  rétabli  dans  son 
grade ,  Ferino  passa  à  l'armée  de  Rhin  et  Mo- 
selle, que  commandait  Moreau ,  et  prit  une  part 
des  plus  actives  aux  succès  remportés  à  Lindau, 
à  Bregentz,  sur  le  lac  de  Constance,  ainsi 
qu'à  la  mémorable  retraite  de  Bavièi'e.  Le  cou- 
rage qu'il  déploya  tant  à  la  défense  du  pont 
de  Huningue  qu'aux  combats  qui  suivirent  lui 
mérita  (14  juin  1804)  le  grade  de  grand-officier 
de  la  Légion  d'Honneur,  ainsi  que  le  titre  de  sé- 
nateur (  5  février  1805).  Deux  ans  après  (1807) 

(.1)  Mémoires  du  duc  de  Rovigo. 


433  FERmO  — 

il  reçut  de  Napoléon  la  sénatorerie  de  Florence , 
le  gouvernement  de  la  ville  et  du  port  d'Anvers, 
et  enfin  le  titre  de  comte  (1808).  Ayant  voté 
la  déchéance  de  Napoléon,  Ferino  reçut  de 
Louis  XMn  la  croix  de  Saint-Louis,  ainsi  que 
les  lettres  de  naturalisation  qui ,  par  suite  de  la 
distraction  du  Milanais  de  la  France,  lui  deve- 
naient nécessaires  pour  siéger  à  la  nouvelle  cham- 
ibre  des  pairs.  Il  moijrut'  bientôt  après.  Le  nom 
I  de  ce  général  est  gravé  sur  l'arc  de  triomphe  de 
l'Étoile  côté  est.  A.  Saczat. 

^rchivesdelaguerre.  —  Vict.et  Conq.,  t.  VI,  VU,  VIII, 
X.  —  Fastes  de  la  Légion  d'Honneur,  t.  III,  où  Du  Ro- 
zoir  cite  une  assez  curieuse  conversation  de  Louis  XVIII 
avec  Ferino. 
FÉRIOL.  Voy.  Pont-i)e-Vbyle. 
FÉRIOL.  Voy.  Ferréol. 
*FERISCHTAH   ( Mohammed-Cosim- Hiu- 
dou-Schah,  surnommé),  célèbre  historien  mu- 
sulman de  l'Inde,  né  à  Asterabad,  dans  le  Ma- 
zandcran,  vers  957  de  l'hégire  (1550  de  J.-C.  ) 
selon  M.  Mohl,  ou  vers  978  (  1570)  selon  le  géné- 
ral Briggs,  vivait  encore  en  1036  (  1626  ).  Gholam- 
Ali-Hindou-Schah,   son  père,    vint  s'établir  à 
Ahraed-Agar,  dans  le  Deccan,  où  il  fut  chargé 
d'enseigner  le  persan  au  prince  Miran-Hoséin  ; 
maisil  mourut  quelque  temps  après,  etFerischtah 
resta  orphelin  dans  un  âge  très-tendre.  En  996 
(  1587)  il  était  conseiller  intime  et  capitaine  des 
gardes  de  Mortedha-Nitzam-Schah ,  souverain  de 
Ahmednagar  ;  dépouillé  de  ces  fonctions  lorsque 
ce  prince  fut  détrôné  par  son  fils,  il  n'échappa  à  la 
mort  que  grâce  à  l'intervention  de  Miran-Ho- 
séin. Ce  dernier  périt  lui-même  après  quelques 
mois  de  règne ,  et ,  au  milieu  des  troubles  ci- 
vils, la  faction  des    sunites  s'empara  du  pouvoir. 
Ferischtah,  qui  était  schiite,  voyant  sa  carrière 
brisée,  se  rendit  à  Bidjapour  en  998  (  1589),  au- 
près de  Dilawer-Khan,  qui  gouvernait  pendant 
la  minorité  d'Ibraiiim-Adil-Schah  II.  Il  fit  partie 
du  corps  (le  troupes  que  le  régent   mena  au  se- 
cours'de  Borhan-Schah,   neveu  de  Mortedha  et 
ennemi  des  sunnites.  Lors  de  la  défaite  qu'es- 
suya Dilav^er-Khan ,  Ferischtah  fut  blessé  et  fait 
prisomiier  ;  mais  il  parvint  à  recouvrer  sa  liberté. 
Vers  1002  (  1595)  il  fut  présenté  à  Ibrahim- Adil- 
Schah,  qui  lui  fit  don  d'un  exemplaire  du  Raud- 
het  us-sefu  de  Mirkhond ,  et  l'engagea  à  écrire 
d'après  ce  modèle  une  histoire  générale  de  l'Inde. 
Ferischtah  se  rendit  d'autant  plus  facilement  à 
cette  demande,  qu'il  avait  déjà  depuis  longtemps 
formé  le  projet  d'entreprendre  ce  travail.  En 
1015  (1606)  il  fut  envoyé  en  qualité  d'ambassa- 
deur auprès  de  Djihanguir,  successeur  d'Akbar, 
pour  le  féliciter  de  son  avènement  au  trône.  On 
a  de  lui    :  Tari kh-ï- Ferischtah  (Histoire  de 
Ferischtah).   Cet  ouvrage,  aussi  intitulé  Gul- 
schen-i-Ibruhim  (Parterre  de  Roses,  dédié  à  Ibra- 
him ),  et  Newrouz-Nameh  (  Livre  écrit  dans  la 
ville  de  Newrouz)  a  été  lithographie  à  Bombay, 
1831,  2  vol.  in-fol.,  par  les  soins  du  major-gé- 
néral Briggs,  assisté  de  Mounschi-Mir-Khairat- 
Ali,  khan-muschtak  de  Akberabad.  Cette  édition 


FERISCHTAH  431 

est  écrite  d'une  main  élégante.  Malheureuse- 
ment on  n'y  trouve  pas  de  variantes,  et  les  dates 
ajoutées  en  marge  par  l'éditeur  ne  sont  pas  tou- 
jours placées  en  regard  des  faits  auxquels  elles 
correspondent.  Ferischtah  acheva  son  histoire 
en  1015  (1606);  il  y  fit  postérieurement  plu- 
sieurs   additions   et   changements.  Son   style 
est  pur,  (clair,  mais  quelquefois  entremêlé  de 
mots  qui  manquent  dans  nos  dictionnaires.  Il  a 
mis  à  contribution  plus  de  trente  histoires,  dont 
il  a  extrait  tous  les  faits  dignes  d'être  re(;ueil- 
lis;  aussi  a-t-il  fait  oublier  toutes  les  autres 
histoires,  qui  sont  devenues  fort  rares,  même 
dans  l'Inde  ;  la  sienne,  au  contraire,  est  tellement 
répandue,  que  toutes  les  villes  importantes  en 
possèdent  des  exemplaires.  C'est  un  honneur 
dont  il  est  bien  digne;  car  s'il  ne  tient  aucun 
compte  du  peuple,  de  ses  institutions ,  de  ses 
tendances,  s'il  se  montre  étranger  à  toute  idée 
générale ,   il  a  le  rare  mérite  de  raconter  les 
faits  avec  impartialité.,  de  n'adresser   aucune 
flatterie  au  prince   régnant,   et  de  se  mettre 
presque  toujours  au-dessus  des  préjugés  de  ses 
compatriotes.  L'introduction  contient  une  his- 
toire fort  incomplète  de  l'Inde  avant  la  conquête 
musulmane;  livre I,  histoire  des  rois  de  Lahore; 
II,  deDehli;  III,  du  Deccan;  IV,  de  Guzzerate; 
V,  de  Malwa;  VI,  de  Kandisch  ;  VII,  de  Ben- 
gale et  de  Behar;  Vin,  du  Sind  et  de  Tatta; 
IX,  du  Moultan;  X,  du  Kaschmir;  XI,  des  mu- 
sulmans de  la  côte  de  Malabar;  XII,  saints  mu- 
sulmans de  l'Inde;  conclusion,   géographie  de 
l'Inde.  Alex.  Dow  a  publié  sous  le  titre  de  The 
Historij  of  Hiyidustan ,  Londres,  1768,2  vol. 
in-4°  ;  1770-72,  3  vol.  in-4''  ;  1792,  3  vol.  in-S"; 
1813,  3  vol.  in-8°,  une  traduction  très-inexacte 
du  premier  et  du  deuxième  livre,  faite  proba- 
blement d'après  une  version  hindoustani ,  sous 
le  titre  de  Ferishta's  Historij  of  Dekkan.  Jona- 
than Scott  a  donné  une  traduction  libre  du  troi- 
sième livre,  suivie  de  mémoires  sur  Aurengzeb  ; 
Shrcwsbury,  1794,  2  vol.  in-4°  ;  Londres,  1800, 
2  vol.  ia-4°,  et  3  vol.  in-8";  le  texte  et  la  tra- 
duction de  fragments  du  onzième   livre  ont  été 
publiés  par  Anderson,  dans  The  Asiutick  Mis- 
cellany,  Calcutta,  1786,  t.  II,  p.  278,  et  dans 
The  Asiatic  annual  Register,  année  1802,  t.  IL 
Stewart  a  donné  un  fragment  du  livre  X  dans  le 
Catalogue  de  la  Bibliotb.  de  Tippo-Saheb,  p.  257. 
Enfin,  le  général  Briggs  a  publié  The  History  of 
the  Rise of  the Mohammedan  Power  in  India, 
Londres,  1829,  4  vol.  in-8'';  il  a  fait  quelques 
additions   à  l'ouvrage  de  Ferishtah ,  mais  il  a 
omis  tout  le  douzième  livre  et  quelques  passages 
qui  se  trouvent  dans  le  texte  lithographie  pos- 
térieurement; sa  traduction  est  néanmoins  très- 
préférable  aux  précédentes.       E.  Beauvois. 

Briggs,  prêt,  de  la  trad.  et  art.  dans  The  Journal  of 
the  B.  As.  Society,  t.  II,  1829,  p.  3i1.  -  Mohl,  article 
dans  le  /.  Jaiat.,  1829, 11,  et  dans  le  J.  des  Sav.,  13Vo.  — 
Hammer,  article  dans  les  jriener  JahrbUcher,  t.  M.  p. 
36.  —  lîlflot,  Biogr.  Index  ta  the  Hist.  of  Muh.  India,  I, 
p.  178,  310.  —  W.  H.  Morley,  A  descr.  Catal.  of  the  hist. 


435 


FERISCHTAH 


mss.  preserved  in  the  libr.  of  the  M.  As.  Society  of 
G.  Britain  and  Ireland ;  Londres,  1851,   in-8°,  p.  63. 

—  Zenker,  Bibl.  orient ,  n°^  866-869. 

*FERius,  dit  HELPERic,  auteui'  delà  fin  du 
liuitième  siècle  et  du  comraencenaent  du  neu- 
vième. Il  lit  une  description  en  vers  héroïques 
de  ce  qui  se  passa  dans  l'entrevue  du  pape 
Léon  IIl  avec  Charlemagne  en  799.  Quelques- 
uns  ont  attribué  cette  pièce  à  Alcuin ,  et  il  est 
difficile  de  savoir  si  ce  nom  de  Ferius  Helpe- 
ricus  est  véritable  ou  supposé. 

Vossius, //t«t.  Lut.,  lib.  II,  —  Bartliius,^dt)ers.,  lib,  V, 
cap.  II. 

FERLET  (Abbé  Edme),  littérateur  français, 
mort  à  Paris,  le  24  novembre  1821.  Il  fut  suc- 
cessivement avant  1789  professeur  de  belles-let- 
tres à  Nancy,  secrétaire  de  l'archevêché  de  Paris 
et  chanoine  de  Saint-Louis-du-Louvre.  On  a  de 
lui  :  Sur  le  bien  et  le  mal  que  le  commerce 
des  femmes  a  faits  à  la  littérature ,  ouvrage 
couronné  par  l'Académie  de  Nancy,  précédé  d'un 
Discours  du  chevalier  Solignac;  Nancy,  1772, 
in-8°;  —  De  l'Abus  de  la  Philosophie  ixir 
rapport  à  la  littérature;  Nancy,  1773,  in-S"; 

—  Éloge  de  M,  le  chevalier  de  Solignac,  se- 
crétaire du  cabinet  du  feu  roi  de  Pologne; 
Londres  et  Paris,  1774,  ia-8°;  —  Réflexions 
sur  une  lettre  adressée  par  Vahbé  Massillon 
à  M.  de  Beauvais,  évéque  de  Senez,  au  sujet 
de  son  Oraison  funèbre  de  Louis  XV;  Louvain 
(  Paris),  1 776,  in-8°  ;  écrit  attribué  à  Ferlet,  mais 
sans  preuves;  • —  Oraison  funèbre  de  M.  de 
Beaumont,  archevêque  de  Paris  ;  1784,  in-8°; 

—  Observations  littéraires ,  critiques  ,  poli- 
tiques, militaires,  géographiques  ,  etc.,  sur 
les  Histoires  de  Tacite ,  avec  six  cartes  et  un 
Tableau  du  mouvement  des  légions  romai- 
nes,  etc.;  Paris,  1801,  2  vol.  10-8°;  —  Ré- 
ponse à  un  écrit  anonyme  intitulé  :  Avis  au 
lecteur  sans  partialité  (  sur  les  Observations  con- 
cernant les  Histoires  deTacite);  Paris,  1801, in-8". 

Mahul,  Jnnuaire  nécrologique ,  année  1821. 

FER  LUS  (François) ,  littérateur  français,  né 
à  Casteinaudary,  en  mai  1748,  mort  à  Sorrèze, 
le  11  juin  1812.  Il  entra  en  1764  dans  la  con- 
grégation des  Bénédictins  de  Saint-Maur,  et  pro- 
fessa les  belles-lettres  et  la  philosophie  dans  dif- 
férents collèges.  Il  prêta  serment  à  la  constitution 
civile  dn  clergé,  et  fit,  en  l'an  v,  l'acquisition  du  col- 
lège de  Sorrèze,  dont  il  conserva  la  propriété  jus- 
qu'à sa  mort.  Lors  de  la  création  de  l'Institut,  il 
futnommé  correspondantde  la  classe  des  Sciences 
morales.  On  cite  de  lui  :  Le  Patriotisme  chré- 
tien ,  discours  prononcé  aux  états  de  Langue- 
doc en  1787;  Montpellier,  1787,  in-8°;  —  La 
Cour  du  Collège  ;  Montpellier,  1787,  in-8°  ;  — 
De  l'Influence  que  doit  avoir  la  Révolution 
sîir  r éducation  de  la  jeunesse];  Carcassonne, 
1790,  in-8";  —  Discours  sur  l  histoire  natu- 
relle, suivi  d'un  Discoiirs  sur  la  langue  ita- 
lienne; Carcassonne,  1790,  in-8";  —  Le  Génie 
dans  l'homme  public,  éloge  funèbre  de  Mira- 
beau; Toulouse,  1791,  in-8'';  —  Projet  d'Édu- 


-  FERMAINEL  43G 

cation  nationale ,  présenté  à  l'Assemblée  na- 
tionale le  10  juin  1791;  in-8°  ;  —  Casseno  et 
Zamé,  ou  l'affranchissement  des  nègres, 
drame  en  trois  actes;  Revel,  in-8",  —  et  plu- 
sieurs opéras  mis  en  musique  par  Azaïs. 

Dardé,  Notice  hislorique  de  l'École  de  Sorrèze.  ~ 
Écho  de  l'Aude  des  29  mai ,  5  et  19  juin  1852.  —  Quéiard, 
La  France  littéraire. 

FER Lt's  ( Raymond- Dominique),  littérateur 
français,  frère  du  précédent.  Il  fit  d'abord  partie 
de  la  congrégation  des  Doctrinaires,  puis  devint 
officier  de  l'université  et  de  la  Légion  d'Honneur. 
En  1812,  il  succéda  à  son  frère  dans  la  direction 
du  collège  de  Sorrèze.  Il  la  conserva  jusqu'en 
1825.  On  a  de  lui  plusieurs  Discours ,  des  Odes, 
des  Épitres,  des  Élégies,  et  quelques  autres 
pièces  de  vers  insérées  dans  divers  journaux 
littéraires  de  l'époque  et  surtout  dans  VAlma- 
nach  des  Muses.  Il  a  traduit  en  vers  français 
les  Fables  de  Phèdre  ainsi  que  les  chefs-d'œu- 
vre des  satiriques  latins. 

Journal  des  Débats,  année  1824.  —  Biographie  et 
chroniques  castraises.  —  Écho  de  l'Jude  ,  n"'  des  29 
mai,  S  et  19  juin  18S2.  —  Dardé  ,  Notice  historique  de 
l'École  de  Sorrèze. 

FERMAKEt,  (***),  voyageur  français,  vivait 
en  1633.  Il  était  conseiller  au  parlement  de 
Rouen.  Il  fit  en  1630  un  voyage  avec  Fauvel 
d'Oudeauville,  maître  des  comptes  à  Rouen, 
Beaudouin  de  Launay  (de Rouen),  et  de  Stochore, 
gentilhomme  de  Bruges.  Ils  quittèrent  Paris  le 
9  mars,  s'embarquèrent  à  Toulon,  visitèrent  Li- 
vourne,  Florence  et  Gênes,  revinrent  à  Livourne, 
qu'ils  quittèrent  de  nouveau,  le  8  septembre , 
touchèrent  à  Smyme,  et  descendirent  à  Constan- 
tinople  en  novembre.  Ils  reprirent  la  mer  en  avril 
1631,  explorèrent  en  détail  l'archipel  Ionien  et 
les  côtes  de  Natolie ,  gagnèrent  l'Egypte,  s'arrê- 
tèrent à  Alexandrette ,  de  là  à  Alep.  Ils  prirent 
la  route  de  la  Perse,  et  franchiront  l'Euphrate  à 
Bir;  mais,  arrivés  à  Bagdad,  alors  assiégé  par 
les  Turcs ,  ils  durent  relourner  sur  leurs  pas 
et  rentrer  à  Alep.  Ils  prirent  ensuite  par  la  Sy- 
rie, et  traversèrent  le  Liban.  Suivant  leur  rap- 
port ,  les  montagnes  habitées  par  les  Maronites 
comprenaient  à  cette  époque  environ  quarante  vil- 
lages, dont  la  population  s'élevait  à  90,000  âmes, 
sm"  lesquelles  vingt  mille  hommes  étaient  en  état 
de  porter  les  armes.  Fermanel  et  ses  compa- 
gnons faillirent  périr  de  froid  dans  ces  régions 
élevées.  Ils  y  admirèrent  des  cèdres  remarqua- 
bles par  leur  âge  et  leur  développement.  «  On 
ne  peut  rien  voir,  disent-ils,  de  plus  vieux  que 
ces  arbres  ;  ils  ont  le  tronc  si  gros  que  cinq  per- 
sonnes auraient  de  la  peine  à  en  embrasser  un  : 
ils  sont  de  moyenne  hauteur  et  étendent  fort 
leurs  rameaux  ;  le  bois  en  est  odoriférant  et  peu 
sujet  à  la  pourriture.  Le  nombre  de  ces  arbres 
est  peu  considérable,  nous  n'en  comptâmes  que 
vingt-deux,  placés  dans  deux  vallées  étroites  que 
dominent  de  hautes  montagnes.  »  Arrivés  à  Bal- 
bec  ,  les  voyageurs  gravirent  avec  beaucoup  de 
fatigue  les  pentes  de  l'Anti-Liban  et  de  Dam.as,  et 


J37 


FERMANEL 


se  rendirent  à  Beyrouth.  Des  moines  grecs  leur 
expliquèrent,  à  leur  façon,  la  légende  de  saint 
Georges  vainqueur  d'un  dragon;  c'était  comme 
une  réminiscence  de  la  fable  de  Persée  et  d'An- 
(liomède.  La  fille  d'un  roi  de  Beyrouth  avait 
éfé  exposée  près  de  la  ville  pour  être  dévorée 
par  un   monstre  redoutable.   Saint  Georges  se 
jirésenta  pour   la  délivrer.   Les    moines  indi- 
quèrent à  Fermanel  le  heu  où  le  saint  engagea 
le  combat  et  celui  où  il  se  termina  par  la  mort 
du  dragon;  ils  lui  montrèrent  aussi  la  caverne 
qui  servait  d'asile  au  miraculeux  animal.  Les 
voyageurs  traversèrentensuiteSéyde.Sour,  Acre, 
Nazareth,  leThabor,  Tibériade,  Naplouse,  attei- 
gnirent Jérusalem,  et  parcoururent  les  saints  lieux 
avec  un  recueillement  sincère»  Ils  parient  ainsi 
de  la  vallée  Royale  ou  de  Josaphat  :  «  Cette  val- 
lée commence  au  sépulcre  de  la  Vierge,  et  finit 
vers  le  mont  de  Sion.  Elle  a  environ  onze  cents 
pas  de  long  et  cent  de  large  ;  le  torrent  de  Cédron 
passe  au  milieu.  Cette  vallée  nous  est  grandement 
recommandable ,  parce  que  la  commune  opinion 
est  qu'en  icelle  se  doit  faire  le  dernier  jugement; 
les  Tnrcs  et  les  Juifs  ont  la  même  croyance,  et 
il  y  a  de  ces  Juifs  si  simples  qu'ils  viennent  ex- 
pressément demeurer  à  Jérusalem,  afin  d'être 
enterrés  dans  cette  vallée  et  d'être  des  premiers 
à  la  résurrection.  »   Fermanel  visita  ensuite  la 
mer  Morte  et  Jéricho  ;  il  décrit  ainsi  les  ai'bustes 
nommés  parles  md]géiies  figuiers  d'Adam  (ba- 
naniers ),  et  fait  connaître  le  système  particulier 
de  reproduction  de  ces  végétaux  :  «  Ces  arbus- 
tes, dit-il,  croissent  à  la  hauteur. d'une  pique; 
ils  n'ont  point  de  branches  ;  mais  toutes  les 
feuilles  sortent  du  tronc,  et  sont  si  larges  qu'une 
seule  peut  couvrir  un  homme  :  son  fruit  croît 
par  bouquets,  comme  une  grappe  de  raisin;  cha- 
([ue  grain  est  de  la  grandeur  et  de  la  forme  d'un 
moyen  concombre  :  l'écorce  s'enlève  d'elle-même. 
Le  dedans  est  fort  jaune ,  moelleux  et  doucereux, 
et  d'un  goût  assez  fade.  Ces  arbres  ne  portent 
qu'une  fois  ,  qui  est  la  troisième  année  de  leur 
être;  puis  ils  se  dessèchent,  et  jettent  une  certaine 
liqueur  blanche  de  laquelle  croît  un  autre  arbre. 
Cette  liqueur  prolifique  est  leur  seul  moyen  de 
reproduction,  u  Les  quatre  voyageurs  s'embar- 
quèrent à  Jalfa,  virent  à  Damielte  le  déborde- 
ment du  Nil,  montèrent  au  Caire,  visitèrent  les 
pyramides ,  Suez ,  le  Tur,  le  Siuaï ,  revinrent 
à  Séyde,  qu'ils  quittèrent  le  2  novembre,  et  pi'irent 
terre  à  LivourneleSl  décembre  1632.11s  par- 
coururent l'Italie  et  le  midi  de  la  France,  enfin 
furent  de  retour  à  Rouen  le  4  août  1633.  Le 
voyage  de   Fermanel  et  de  ses   compagnons, 
d'abord  pu'ilié  en  français  à  Bnixelles,  par  les 
soins  et  sur  la  rédaction  de  Stochove,  eut  trois 
éditions.  Plus  tard ,  sur  un  original  de  Fauvcl 
d'Oudeauville ,  il  parut  à  Rouen,  16G4,  in-4'',  et 
1670,  in-12,  sous  ce  titre  :  Le  Voi/age  d'Italie 
et  d^t  Levant  de   MM.  Fermanel,  Fauvel, 
BeaudovJn,  et  de,  Stochove  ;  enfin,  Robert  Fauvcl 
fit  paraître  les  Obser va  lions  curieuses  sur  le 


-  FERMAT  438 

voyagedu  Levant  fait  en  1630  jocr  MM.  Ferma- 
nel, etc.;  Rouen,  1668,  in4''.  Si  l'on  veut  juger 
sans  trop  de  sévérité  ce  voyage,  on  doit  se  re- 
porter au  temps  où  il  fut  exécuté  et  imprimé. 
Tout  ce  qu'on  y  rapporte  ne  peut  être  cru  ;  mais 
les  auteurs  sont  de  si  bonne  foi  dans  leur  récit, 
qu'on  excuse  volontiers  leur  manque  de  critique. 
Quelques  détails  sur  les  villes  de  la  Judée  inspi- 
rent encore  de  l'intérêt ,  malgré  tout  ce  qu'on  a 
écrit  depuis  sur  ce  sujet.    Alfred  de  Lacaze. 

Giiilbert ,  Mémoires  biographiques   et  littéraires  sur 
la  Seine-Inférieurg. 

FERMAT  (Pierre  de),  célèbre  géomètre  fran- 
çais, naquit  au  mois  d'août  1601,  à  Beaumont- 
de-Lomagne  près  de  Montauban  (1)  (et  non  à 
Toulouse,  en  1695),  et  mourut  en  janvier  1665. 
D'après  un  acte  authentique ,  découvert  par 
M.  Taupiac  dans  les  archives  de  Beaumont ,  il 
était  «  fils  de  Dominique  Fermât,  bourgeois  et 
second  consul  de  la  ville  de  Beaumont,  et  de 
Françoise  de  Cazeneuve  ou  Cazenave.  »  La  vie 
du  gi-and  géomètre  offre  peu  d'incidents  remar- 
quables. Il  passa  son  enfance  auprès  de  ses  pa- 
rents, honnêtes  marchands  de  cuir  ;  il  étudia  en- 
suite le  droit  à  Toulouse ,  débuta  avec  succès 
dans  la  carrière  d'avocat,  et  fut  nommé,  par  un 
arrêt  du  14  mai  1631  ,  conseiller  à  la  chambre 
des  requêtes  du  parlement  de  Toulouse.  Quel- 
ques jours  après  son  entrée  en  fonctions,  il 
épousa  Louise  du  Long,  fille  d'un  conseiller  au 
même  parlement  (2).  Dans  les  intervalles  de  re- 
pos que  lui  laissaient  ses  devoirs  de  magistrat, 
il  se  hvrait,  en  guise  de  délassement,  à  la  cul- 
ture des  lettres  et  surtout  des  mathématiques  ; 
les  problèmes  difficiles  qu'il  résolut  ou  qu'il  pro- 
posa de  résoudre,  et  dont  les  plus  importants  at- 
tendent encore  une  solution  générale,  le  mirent 
bientôt  en  rapport  avec  les  hommes  les  plus 
éminents  de  son  temps,  avec  Descartes ,  Rober- 
val,  Mersenne,  Frenicle,  Toricelli,  Wallis;  et  c'est 
non  comme  jurisconsulte,  mais  comme  mathéma- 
ticien, qu'il  s'acquit  une  gloire  immortelle.  On 
admire  ce  vaste  génie  dans  sa  correspondance , 
dans  ses  écrits,  çà  et  là  dispersés,  qui  attendent 
encore  un  intelligent  éditeur. 

Newton  et  Leibnitz  se  disputaient  l'invention 
du  calcul  différentiel,  de  ce  calcul  qui  servit  à 
l'un  à  expliquer  le  système  du  monde,  et  à  l'au- 
tre à  fonder  une  nouvelle  école  de  philoso- 
phie. La  Société  royale  de  Londres  fut  appelée 
à  prononcer  entre  les  antagonistes,  les  deux  plus 
grands  philosophes  de  l'époque  :  les  Anglais  dé- 
clarèrent leur  compatriote  seul  créateur  du  nou- 
veau calcul,  et  essayèrent,  mais  en  vain,  de  faire 
passer  Leibnitz  pour  un  indigne  plagiaire.  Mais 

(1)  Voy.  M.  Libri,  3*  article  sur  Fermât,  dans  le  Jour- 
nal des  Savants,  novembre  184S.  et  M.  Taupiac,  dans  la 
France  méridionale  du  16  avril  18'»V. 

(2)  te  n'est  que  postérieurement  à  ce  mariasc  que 
Fermât  lit  prcctider  son  nom  de  la  particule  nobiliaire 
((?,  qui  n'est  point  dans  son  acte  de  haptCinc.  On  ignore 
s  il  lut  ncllenient  anobli  par  un  arrêt  spécial,  ou  si  sa 
chariîc  de  conseiller  donnait  implicitement  ce  qu'on  ap- 
pelait la  noblesse  Oc  robe. 


439 

îine  étude  pius  attentive  de 
science  ,  qu'on  a  si  tort  de  négliger,  a  montré 
depuis  que  l'honneur  de  cette  découverte  re- 
vien'î:  en  grande  partie  à  Fermât.  D'Alembert  ré- 
clama le  premier  en  faveur  de  son  compatriote 
dans  Y  Encyclopédie  ;  en  déclarant  qu'on  de- 
vait à  Fermât  «  la  première  application  du  cal- 
cul aux  quantités  différentielles  pour  trouver 
les  tangentes.  »  Lagrange,  dans  ses  Leçons 
sur  le  calcul  des  fondions ,  le  proclama  sans 
hésiter  »  le  premier  inventeur  des  nouveaux 
calculs  «  ;  et  Laplace ,  dans  sa  Théorie  analy- 
tique des  Probabilités  ,  se  range  complètement 
de  cette  opinion.  M.  Libri  (dans  son  article  sur 
Fermât  dans  la  Revue  des  Deux  Moyides,  15  mai 
Année  1845,  p.  683)  montre  très-bien  pourquoi 
la  revendication  de  cette  découverte  en  faveur 
de  Fermât  ne  fut  pas  acceptée  sans  contesta- 
tion par  les  savants  anglais ,  qui ,  après  avoir 
repoussé  d'abord  si  outrageusement  les  droits 
de  Leibnitz  ,  n'avaient  admis  Tillustre  philo- 
sophe allemand  à  partager  la  gloire  de  Nevvton 
qu'afin  de  mieux  masquer  leur  opposition  contre 
Fermât.  «  Tant  qu'on  n'avait,  ajoute  M.  Libri , 
à  discuter  que  les  droits  de  Leibnitz  ,  on  pou- 
vait les  méconnaître  ;  mais  dès  qu'un  concurrent 
français  se  présente  avec  des  titres  incontesta- 
bles, Newton  et  Leibnitz  s'embrassent,  et  l'Angle- 
terre se  ligue  avec  l'Allemagne  contre  !a  France. 
De  l'autre  côté  du  détroit  on  a  toujours  mis  habi- 
lement en  pratique  le  système  des  coalitions.  •» 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  dans  la  méthode  de  Fer- 
mat,  De  Maximis  et  Minimis,  que  l'on  trouve  la 
première  idée  du  calcul  différentiel  (I).  Et  à  ce 
sujet  nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de  laisser 
parler  ici  Lagrange  :  «  Fermât  y  égale ,  dit-il , 
l'expression  de  la  quantité  dont  on  recherche  le 
maximum  et  le  mmimuni  à  l'expression  de  la 
même  quantité  dans  laquelle  l'inconnue  est  aug- 
mentée d'une  quantité  indéterminée.  I!  fait  dispa- 
raître dans  cette  équation  les  radicaux  et  les  frac- 
tions ,  s'il  y  en  a,  et  après  avoir  effacé  les  termes 
communsdaus  les  deux  membres,  il  divise  tous  les 
autres  par  la  quantité  indéterminée  qui  se  trouve 
les  multiplier  ;  ensuite  il  fait  cette  quantité  nulle, 
et  il  a  une  équation  qui  sert  à  déterminer  l'in- 
connue de  la  question.  Or,  il  est  facile  de  voir  au 
premier  coup  d'œii  que  la  règle  déduite  du  calcul 
différentiel  (  qui  consiste  à  égaler  à  zéro  la  dif- 
férentielle de  l'expression  qu'on  veut  rendre  au 
maximum  ou  au  minimum,  prise  en  faisant 
varier  l'inconnue  de  cette  expression)  donne  le 
même  résultat ,  parce  que  le  fond  est  le  niême , 
et  que  les  termes  qu'on  néglige  comme  intini- 

(1)  On  donne  le  nom  de  méthode  dé  jnaximis  et  mi- 
nimiii\  la  règle  gui  détermine  la  croissance  ou  la  décrois- 
sance d'une  grandeur  jusqu'à  son  maximum  d'augmen- 
tation ou  à  son  minimum  de  diminution.  Cette  méthode 
avait  déjà  été  [entrevue  par  Kepler,  dans  sa  Stereome- 
tria  Doliorum,  savoir  que  lorsqu'une  grandeur,  par 
exemple  l'ordonnée  d'une  courbe,  est  parvenue  à  son 
maximum  ou  à  son  minimum,  dans  une  situation  in- 
finiment voisine,  son  accroissement  ou  sa  diminution  est 
nulle.  (Comp.  Moatucla,  Hist.  desMath.,  t.  Il,  p.  137,; 


FERMAT  4i 

l'histoire  de    la      mont  petits  dans  le  calcul  différentiel  sont  ceu 
qu'on  doit  supposer  comme  nuls  dans  le  procéd 
de  Fermât.  Sa  méthode  des  tangentes   déped 
du  même  principe.  Dans  l'équation  entre  l'abi 
cisse  et  l'ordonnée,  qu'il  appelle  la  propriété  spé 
citique  de  la  courbe ,  il  augmente  et  diminu 
l'abscisse  d'une  quantité  indéterminée,  et  il  n 
garde  la  nouvelle  ordonnée  comme  appartenai 
à  la  fois  à  la  courbe  et  à  la  tangente;   ce  qi 
fournit  une  équation  qu'il  traite  comme  celle  d'u 
cas  de  maximum  ou  de  minimum.  On  vo 
encore  ici  l'analogie  de  la  méthode  de  Ferms 
avec  celle  du  calcul  différentiel  ;  car  la  quantit 
indéterminée  dont  on  augmente  l'abscisse  répoui 
à  la  différentielle  de  celle-ci ,  et  l'augmentatioi 
correspondante  de  l'ordonnée  répond  à  la  diffé 
rentielle  de  cette  dernière.  Il  est  même  remar 
quable  que ,  dans  l'écrit  qui  contient  la  décoU 
verte  du  calcul  différentiel,  imprimé  dans  le 
Acta  Erudit.  Lips.  d'octobre  1684,  sous  le  titr 
Nova  Met hodus  pro  maximis  etminimis,  etc< 
Leibnitz  appelle  la  différentielle  de  l'ordonné 
une  ligne  qui  soit  à  l'accroissement  arbitraire  d 
l'abscisse  comme  l'ordonnée  à  la  sous-tangente 
ce  qui  rapproche  son  analyse  de  celle  de  Fermât 
On  voit  donc  que  ce  dernier  a  ouvert  la  carrier 
par  une  idée  très-originale,  mais  un  peu  obscure 
qui  consiste  à  introduire  dans  l'équation  un 
indéterminée  qui  doit  être  nulle  par  la  natur 
de  la  question ,  mais  qu'on  ne  fait  évanouir  qu'a 
près  avoir  divisé  toute  l'équation  par  cette  mêm 
quantité.  Cette  idée  est  devenue  le  germe  dé 
nouveaux  calculs  qui  ont  fait  faire  tant  de  pn 
grès  à  la  géométrie  et  à  la  mécanique.  Mais 
peut  dire  qu'elle  a  porté  aussi  son  obscurité  su 
les  principes  de  ces  calculs.  Maintenant  qu'on  a 
une  idée  bien  claire  de  ces  principes,  on  voit 
que  la  quantité  indéterminée  que  Fermât  ajou- 
tait à  l'inconnue  ne  servait  qu'à  former  \à  fonc- 
tion dérivée,  qui  doit  être  nulle  dans  le  cas  du 
maximum  et  du  minimum,  et  qui  sert  en  gé- 
néral à  détprminer  la  position  des  tangentes  et 
des  courbes.  Mais  les  géomètres  confeirq^orains 
de  Fermât  ne  saisirent  pas  l'esprit  de  ce  nouveau 
genre  de  calcul  :  ils  ne  le  regardèrent  que  comme 
un  artifice  particulier,  applicable  seulement  à 
quelques  cas  et  sujet  à  beaucoup  de  difficultés. 
Aussi  cette  invention ,  qui  parut  un  peu  avant  la 
Géométrie  de  Descartes,  demeura-t-elle  stérile 
pendant  près  de  quarante  ans.  Enfin  Barrow 
imagina  de  substituer  aux  quantités  qui  doivent 
être  supposées  nulles,  suivant  Fermât,  des  quan- 
tités réelles,  mais  infiniment  petites,  et  il  pubha, 
en  1674,  sa  méthode  des  tangentes,  qui  n'est 
que  la  construction  de  celle  de  Fermât  par  le 
moyen  du  triangle  infiniment  petit  (1).  » 

(1)  Voici  en  quels  termes  Fermât  expose  sa  méthode: 
Methodits  ad  disQuirendam  maximam  et  minimam. 
Omnis  de  inventione  maximœ  et  mlnimae  doctrina,  dua- 
bus  positiGuibus  ignotis  innititur,  et  hac  unica  pr<ecep- 
tione;  statuatur  quilibet  qusestionis  terminus  esse  A, 
sive  planura,  sive  solidum,  aut  iongitudo,  proul  propo- 
slto  satisfieri  par  est,  et  inventa  maxima  aut  rainimalD 


441 


FERMAT 


442 


Fermât  avait  été  mis  en  rapport  avec  Des- 
ci.itcs  par  l'intermédiaire  du  P.  Mersenne.  Ce 
l'ut  par  la  même  voie  qu'il  reçut  (en  1637  )  le  pre- 
mier exemplaire  de  la  Dioptrique  de  Bescartes; 
il  s'empressa  de  le  lire  et  d'en  exprimer  son  ju- 
gement dans  une  lettre  que  le  P.  Mersenne  fit 
remettre  à  l'auteur.  Cette  lettre  contenait  des 
olijections  et  des  critiques  qui  déplurent  à  Des- 
cartes. Celui-ci  se  contenta  de  lui  envoyer  sa 
Gcométrïe;  Fermât  y  répondit  par  l'envoi  de 
son  traité  De  Maximis  et  Minimis.  Tout  cela 
avait  bien  l'air  d'un  défi,  et  ce  fut  là  en  effet 
le  commencement  de  ce  que  Fermât  appelait  sa 
petite  guerre  contre  M.  Descartes,  et  ce  que 
Descartes  nommait  son  petit  procès  de  mathé- 
matiques contre  M.  de  Fermât  (voy.  l'article 
Descartes).  Descartes  tardant  à  faire  connaître 
ses  remarques  sur  le  traité  de  Fermât ,  ce  der- 
nier s'imagina  que  le  P.  Mersenne  ne  voulait 
pas  les  lui  faire  voir ,  de  crainte  d'envenimer  la 
querelle.  «  S'il  y  a,  lui  écrivit  Fermât,  quelque 
petite  aigreur  dans  ces  réponses  ou  dans  ces 
remarques ,  comme  il  est  difficile  qu'il  n'y  en 
ait,  vu  la  contrariété  qui  se  trouve  entre  nos 
sentiments,  cela  ne  doit  point  vous  détourner  de 
me  les  faire  voir;  car  je  vous  proteste  que  cela 
ne  fera  aucun  effet  dans  mon  esprit,  qui  est  si 
éloigné  de  vanité ,  que  M.  Descartes  ne  sauroit 
m'estimer  si  peu,  que  je  ne  m'estime  encore 
moins.  Ce  n'est  pas  que  la  complaisance  me 
puisse  obliger  de  me  dédire  d'une  vérité  que 
j'auroy  connue;  mais  je  tous  fais  par  là  con- 
noître  mon  humeur.  Obligez-moi ,  s'il  vous  plaît, 
de  ne  différer  plus  à  m'envoyer  des  écrits 
auxquels  par  avance  je  vous  promets  de  ne  faire 
point  de  réplique  (1).  » 

Peu  de  temps  après  (en  1638),  le  P.  Mer^ 
senne  reçut  les  observations  de  Descartes  sur 
l'écrit  de  Fermât.  Ces  observations  sont  perdues  ; 
mais,  à  en  juger  par  la  lettre  qui  les  contenait, 
elles  étaient  peu  bienveillantes.  «  J'ay  cru,  lui 
dit-il ,  devoir  retenir  l'original  de  cet  écrit ,  et  me 
contenter  de  vous  en.  envoyer  une  copie,  vu 
principalement  qu'il  contient  des  fautes  qui  sont 
si  apparentes ,  qu'il  m'accuseroit  peut-être  de 
les  avoir  supposées ,  si  je  ne  retenois  sa  main 
pour  m'en  défendre.  En  effet,  selon  que  j'ay  pu 
juger  par  ce  que  j'ay  vu  de  luy ,  c'est  un  esprit 


terminis  sub  A  gradu  ut  libet  involutis  ;  ponatur  rursns 
Idem  qui  prius  esse  terminus  a  -|-  E,  Iterumque  inve- 
niatur  innxima  aut  miniina  in  terminis  sub  A  et  E  gra- 
dibns  ut  libet  coefûcientibus.  ,Ada;quentur,  ut  loquitur 
Diopliarilus ,  duo  homogenea  omaia  ex  parte  alterutra 
ab  E,  vel  ipsius  gradibus  afficiuntur,  applicentur  orania 
ad  K,  vel  ad  elatiorem  ipsius  gradum,  donec  aliquod  ex 
horaogenels,  ex  parte  ulra  vis  affcctione  sub  E  omntno 
llberatnr.  Elirtantur  delnde  utriusque  homogenea  sub  E, 
aut  ipsius  gradibus  quomodollliet  involuta  et  reilqua 
œquentiir.  Aut,  si  ex  una  parte  nibil  superest,  ïquentur 
sanr- ,  quod  eodeni  recidit,  negata  adfirraatis.  Rcsotutio 
ultima;  Istins  œquulitatls  dablt  valorem  A  ,  qna  cognita  , 
maxima  aiit  minima  ex  repetitis  prioris  resolutionis  ves- 
tigils  Innotcscet.  (  Fermât,  Faria  Opéra  mathematica, 
p.  63.) 

(ij  Lettres  de  Descartes,  t.  III,  p.  167  et  168. 


vif,  plein  d'invention  et  de  hardiesse,  qui  s'est 
à  mon  avis  précipité  un  peu  trop,  et  qui,  ayant 
acquis  tout  d'un  coup  la  réputation  de  sçavoir 
beaucoup  en  Algèbre  pour  en  avoir  peut-être  été 
loué  par  des  personnes  qui  ne  prenoient  pas  la 
peine  ou  qui  n'étoient  pas  capables  d'en  juger, 
est  devenu  si  hardy ,  qu'il  n'apporte  pas ,  ce  me 
semble ,  toute  l'attention  qu'il  faudroit  à  ce  qu'il 
fait Que  s'il  vous  parle  de  vous  envoyer  en- 
core d'autres  écrits  pour  me  les  faire  voir,  priez- 
le  ,  s'il  vous  plaît ,  de  les  mieux  digérer  que  les 
précédents.  Autrement,  vous  m'obligeriez  de  ne 
point  prendre  la  peine  de  me  les  adresser  (1).  » 
Le  P.  Mersenne,  au  lieu  d'envoyer  les  obser- 
vations de  Descartes  directement  à  Fermât,  les 
communiqua  àdeuxamisdece  dernier,  àRoberval 
et  au  père  du  célèbre  Pascal.  Ils  en  écrivirent  à 
Descartes,  qui  railla  le  «  conseiller  De  Minimis  » 
d'avoir  besoind'avocatspour  sedéfendre.  La  «  pe- 
tite guerre  »  se  ralluma  donc,  et  elle  aurait  peut- 
être  duré  jusqu'à  la  mort  des  combattants,  si  Fer- 
mat  n'avait  pas  pris  le  sage  parti  de  s'en  expli- 
queravec  Descartes  loyalement  etlaissantde  côté 
tout  amour-propre.  Descartes ,  radouci ,  en  écri- 
vit au  P.  Mersenne,  et  celui-ci  s'empressade  com- 
muniquer la  lettre  à  Fermât.  Il  y  prie  son  ami 
de  l'excuser  auprès  de  Fermai  s'il  lui  était 
échappé  des  paroles  trop  aigres.  Puis,  le  naturel 
reprenant  le  dessus  :  «  Mais,  ajoute-t-il,  son  écrit 
De  Maximis  me  venant  en  forme  de  cartel  de 
la  part  d'un  homme  qui  avait  déjà  tâché  de  ré- 
futer ma  Dioptrique  avant  même  qu'elle  fût 
publiée,  comme  pour  l'étouffer  avant  sa  nais- 
sance ,  en  ayant  eu  un  exemplaire  que  je  n'avois 
point  envoyé  en  France  pour  ce  sujet,  il  me 
semble  que  je  ne  pouvois  luy  répondre  avec  des 
paroles  plus  douces  que  j'ay  fait,  sans  témoigner 
quelque  lâcheté  ou  quelque  faiblesse.  Et  comme 
ceux  qui  se  déguisent  au  caraaval  ne  s'offensent 
point  que  l'on  se  rie  du  masque  qu'ils  portent 
et  qu'on  ne  les  salue  pas  lorsqu'ils  passent  par 
la  rue ,  comme  l'on  feroit  s'ils  étoient  dans  leurs 
habits  accoutumez ,  aussi  ne  doit-il  pas ,  ce  me 
semble ,  trouver  mauvais  que  j'aye  répondu  à 
son  écrit  tout  autrement  que  je  n'aurois  fait  à 
sa  personne,  laquelle  j'estime  et  honore  comme 

son  mérite  m'y  oblige La  civilité  m'obli- 

geroit  de  ne  plus  parler  de  cette  affaire,  si 
M.  de  Fermât  n'assuroit,  nonobstant  cela ,  que 
sa  méthode  est  racomparablement  plus  simple , 
plus  courte  et  plus  aisée  que  celle  dont  j'ai  usé 
pour  les  tangentes.  A  quoi  je  suis  obligé  de  ré- 
pondre que  dans  mon  premier  écrit  et  dans  les 
suivants  j'ai  donné  des  raisons  qui  montrent  le 
contraire,  et  que  ni  lui  ni  ses  défenseurs  (Ro- 
berval  et  Pascal)  n'y  ayant  rien  répondu,  ils 
les  ont  assez  confirmées  par  leur  silence.  En- 
core que  l'on  puisse  recevoir  sa  règle  pour  bonne, 
étant  corrigée,  ce  n'est  pas  une  preuve  qu'elle 

(!)  Fermât  venait  de  lui  envoyer  son  nouveau  traité; 
De  Locis  planis  ac  solidis,  concernant  la  solution  de« 
problèmes  plans  et  solides. 


443 


FERMAT 


444 


soit  si  simple  ni  si  aisée  que  celle  dont  j'ay  usé, 
si  ce  n'est  qu'on  prenne  les  mots  de  simple  et 
aisée  pour  la  même  chose  qu'industrieuse  : 
en  quoy  il  est  certain  qu'elle  l'emporte ,  parce 
qu'elle  ne  suit  que  la  manière  de  prouver  qui 
réduit  ad  absurdum.  Mais  si  on  les  prend  en 
un  sens  contraire ,  il  en  faut  aussi  juger  le  con- 
traire par  la  même  raison.  Pour  ce  qui  est  d'être 
plus  coicrte,  on  pourra  s'en  rapporter  à  l'expé- 
rience qu'il  serait  aisé  d'en  faire  dans  l'exemple 
de  la  tangente  que  je  lui  avois  proposée.  Si  je 
n'ajoute  rien  davantage,  c'est  par  le  désir  que 
j'ay  de  ne  point  continuer  cette  dispute  ;  et  si 
j'ay  mis  ici  quelque  chose  qui  ne  soit  pas  agréable 
à  M.  de  Fermât ,  je  le  supplie  très-humblement 
de  m'en  excuser  et  de  considérer  que  c'est  la 
nécessité  de  me  défendre  qui  m'y  a  contraint  et 
sans  aucun  dessein  de  luy  déplaire  (1).  » 

Cette  lettre  amena  la  réconciliation  des  deux 
adversaires,  et  Fermât  ne  cessa  point  d'être  au 
nombre  des  admirateurs  les  plus  sincères  du 
génie  de  Descartes  (2).  L'écrit  De  Maximis  et 
Minimis ,  qui  ne  paraît  avoir  été  imprimé  du 
vivant  de  Fermât  qu'à  un  très-petit  nonabre 
d'exemplaires  (si  toutefois  il  l'a  été),  a  été  re- 
produit dans  les  Mélanges  pubhés  par  Samuel 
Fermât  (le  fils  de  l'auteur),  sous  le  titre  de: 
Varia  opéra  mathematica  D.  Pétri  de  Fer- 
mât, senatoris  Tolosani  ;  accesserunt  selectae 
quœdara  ejusdem  epistolse,  vel  ad  ipsum  a 
plerisque  doctissimis  viris  gallice,  latme, 
vel  italice ,  de  rébus  ad  mathematïcas  disci- 
plinas aut  physicam  pertinentibus  scriptse; 
Toulouse,  l679,in-fol.  (avec  portrait).  Ce  re- 
cueil posthume  est  dédié  au  prince  l'erdinand 
de  Furstemberg,  évêque  de  Paderborn.  Après 
l'Avis  au  lecteur  vient  V Éloge  de  Fermât,  extrait 
du  Journal  des  Savants  du  9  février  1665.  Puis, 
on  y  trouve  successivement  :  —  Observation 
de  M.  de  Fermât  sur  Synesiics ,  rapportée  à 
la  fin  de  la  traduction  du  livre  de  la  mesure 
des  eaux  courantes  de  Beriedetto  Castelli. 
Fermât  y  explique  de  la  manière  la  plus  exacte 
un  passage  d'une  lettre  de  Synesius  à  la  savante 
Hypathia,  passage  qu'aucun  interprète  n'avait 
jusque  alors  pu  comprendre.  11  y  est  question  d'un 
instrument  appelé  barijUion  ;  c'était  un  véritable 
aréomètre  oa  hydroscope ,  ainsi  que  le  donne  à 
entendre  Fermât  :  «  C'est  un  tuyau  en  forme  de 
cylindre,  qui  a  la  figure  et  la  grandeur  d'une 
note;  sur  sa  longueur  il  porte  une  ligne  droite 

(1)  Lettres  do  Descartes,  t.  Ilî,  p.  336  et  suir. 

(2)  Dans  une  de  ses  lettres  à  pescartes.  Fermât  s'exprime 
ainsi  :  «  Je  n'ay  pas  eu  moins  de  joie  de  recevoir  la  lettre 
par  laquelle  vous  me  faites  la  faveur  de  me  promettre 
votre  amitié,  que  si  elle  rae  venait  de  la  part  d'une 
maîtresse  dont  j'aurois  passionnément  désiré  les  bonnes 
grâces.  Et  vos  autres  écrits  qui  ont  précédé  me  font  sou- 
venir de  la  Bradaniante  de  nos  poëtes  ,  laquelle  ne  vou- 
lolt  recevoir  personne  pour  serviteur,  qui  ne  se  fût  au- 
paravant éprouvé  contre  elle  au  combat.  Ce  n'est  pas 
toutefois  que  je  prétende  me  comparer  à  ce  Roger,  qui 
étoit  seul  au  monde  capable  de  lui  résister,  mais,  tel 
que  Je  suis,  je  vous  assure  que  j'honore  extrêmement 
votre  mérite.  »  {Lettres  de  Descartes,  1. 111,  p.  347.) 


qui  est  coupée  en  travers  par  de  petites  lignes , 
par  lesquelles  nous  jugeons  du  poids  des  eaux. 
L'un  des  bouts  est  couvei't  d'un  cône,  qui  est 
posé  également  dessus,  en  telle  sorte  que  le  tuyau 
et  le  cône  ont  une  même  base.  Si  on  le  met  dans 
l'eau  par  la  pointe,  il  y  demeurera  debout,  et 
l'on  peut  aisément  compter  les  sections  qui  cou- 
pent la  ligne  droite,  et  par  là  l'on  connaît  le 
poids  de  l'eau....  Cet  instrument  servait  pour 
examiner  le  poids  des  difféi'entes  eaux  pour  l'u- 
sage des  malades;  caries  médecins  sontd'accor  1 
que  les  plus  légères  sont  les  meilleures  :  le  terme 
ponr\,  dont  se  sert  Synesius,  le  montre  claire- 
ment. Tl  ne  signifie  pas  ici  libramenium,  nivel- 
lement ,  comme  a  cru  le  P.  Petau ,  mais  le  poids, 
que  les  Latins  appellent  momentum,  et  de  là 
le  traité  des  équipondérants  d'Archimède,  qui  a 
pour  titre  laoppoTrixwv,  etc.  »  —  Ad.  Locos  pia- 
nos et  solidos  Isagoge,  suivi  d'un  appendice 
ad  Isagogem  topicam,  et  de  la  restitution  de 
deux  livres  d'Apollonius  de  Perga  (Apollonii 
Pergœi  libri  duo  De  Locis  plains  restitua,  et 
de  Apollonii  Pergœi  Propositiones  de  Locis 
planis  restitutcc  (p.  1-44).  Dans  son  traité 
Des  Lieux  plans  et  solides ,  il  détermine  les 
diverses  formes  de  i'équation  d'une  section  co- 
nique, et  l'application  de  ces  formes  à  l'établis- 
sement des  équations  solides  les  plus  compli- 
quées; —  De  /Equationum  localium  transmu- 
tatione  et  cmendatione  ad  multimodam 
curvilinearum  interse,  vel  eum  rectilineis, 
comparationem  (p.  44).  L'auteur  y  propo.s!' 
des  moyens  ingénieux  pour  ramener  la  qua- 
drature de  plusieurs  courbes  à  celle  du  cercle  et 
de  l'hyperbole,  et  montre  mieux  que  ne  l'avait 
fait  Descartes  qu'il  suffit  que  le  pi'oduit  des 
degrés  des  courbes  que  l'on  emploie  ne  soit  pas 
moindre  que  le  degré  de  l'équation;  —  Novus 
secundarum  et  ulterioris  ordinis  radicum  in 
analyticis  Usus,  smvià'nn  Appendice  (p.  58-63). 
Il  y  expose  un  procédé  algébrique  pour  faire 
disparaître  des  équations  les  asymétries 
(quantités  irrationnelles).  —  Methodxis  ad  dis- 
quirendam  maximamet  minimam  (p.  63-74), 
traité  déjà  mentionné.  A  ce  traité  se  rattachent 
plus  ou  imoins  directement  ceux  qui  suivent 
(p.  74-119),  savoir  De  contractibus sphxricis ;' 
De  linearum  curvarum  cum  lineis  redis 
comparatione ;  Appendix  ad  dissertationem 
de  linearum  curvarum  cum  lineis  redis  com- 
iparatione  ;  De  solutione  problematum  geo- 
metricorumper  ciirvas  simplicissimas;  Poris- 
matum  Fuclidseorum  rénovât  a  Dodrinn,  etc. 
La  fin  du  recueil  (p.  121-210)  comprend  une 
série  de  lettres  scientifiques  adressées  à  divers 
savants  de  l'époque,  tels  que  le  P.  Mersenne, 
Roberval,  Pascal  père,  Fi-enicle,  Carcavi, 
le  chevalier  Digby ,  Wallis,  Gassendi,  cic.  On 
trouve  aussi  des  lettres  de  Fermât  dans  le  re- 
cueil de  Descartes ,  dans  les  œuvres  de  Wallis 
{Commercium  epistolicum.) ,  et  dans  quel- 
ques bibliothèque.s  publiques.  Les  autres  écî'its 


4. 


FERMAT 


446 


de  Fermât  sont  disséminés  dans  les  notes  sur 
iJiophante  (1),  édition  précédée  de  Doctrinx 
Analyticum  inventum  novum,  extrait  de  la 
correspondance  de  Fermât  par  le  P.  de  Biliy. 
I  Enfin ,  M.  Libi'i  a  découvert  dans  les  manuscrits 
d'Arhogaste  plusieurs  lettres  ou  documents 
inédits  de  Fermât,  dont  il  a  communiqué  quelques 
iragments  dans  le  Journal  des  Savants ,  sep- 
tembre 1839,  p.  539  et  suiv.  (2). 

Au  jugement  de  Laplace,  Fermât  partage  avec 
l^ascal  l'honneur  de  l'invention  du  calcul  des  pro- 
labilités.  On  en  trouve  quelques  indices  dans  la 
correspondance  insérée  à  la  fin  des  Varia  Opéra. 
Mais  c'est  surtout  dans  la  théorie  des  nombres 
que  Fermât  était  plus  avancé  qu'on  ne  l'est  au- 
jourd'hui. «Il  savait,  dit  M.  Libri,  des  choses 
que  nous  ignorons;  pour  l'atteindre,  il  faudrait 
(les  méthodes  plus  perfectionnées  que  celles  qu'on 
a  inventées  depuis.  En  vain  les  plus  beaux  génies 
s'y  sont  exercés  ;  en  vain  Eiiler,  Lagrange  ont  re- 
doublé d'efforts;  un  seul  homme  jouit  du  privi- 
lège unique  de  s'être  avancé  plus  loin  que  ses 
'Successeurs,  et  cet  homme,  c'est  Fermât  (3).  » 

Il  importe  donc  de  faire  connaître  ici  les  princi- 
pales propositions  de  Fermât  relatives  à  la  théorie 
des  nombres  et  surtout,  comme  il  disait  lui- 
même,  «  à  l'invention  de  la  somme  omnntmpo- 
iestatum  in  injlnitum  »  (4).  —  Un  nombre  com- 
posé de  trois  carrés  seïilement  en  nombres  en- 
tiers ne  peut  jamais  être  divisé  en  deux  carrés, 
pas  même  en  fractions.  «  Cette  proposition  de 
Diophante,  écrivit  Fermât  au  P.  ftîersenne,  per- 
sonne ne  l'a  jamais  encore  démontrée;  et  c'est  à 
quoi  je  travaille ,  et  crois  que  j'en  viendrai  à 
bout  :  cette  connaissance  est  de  grandissime 
usage ,  et  il  semble  que  nous  n'avons  pas  assez 
de  principes  pour  en  venir  à  bout...  Si  je  puis 
étendre  en  cela  les  bornes  de  l'arithmétique, 
vous  ne  sauriez  croire  les  propositions  merveil- 
leuses que  nous  en  tirerons  (5).  ■»  A  cette  pro- 

(i)  Fermât  avait  crayonné  sur  son  exemplaire  de  Dio- 
phante édit.  de  Bachet)  quelquei  observations  rela- 
tives aux  problèmes  du  mattiénialiclcn  grec.  Cet  exem- 
plaire a  été  la  base  d'une  nouvelle  édition  publiée  par  le 
(ils  de  Fermât,  sous  le  titre  de  Ulophanti  Jlerandrini 
Jrithmeticorum  libri  F  ;  et  De  niinir'ris  viuiiamiulis 
liber  uims  cum  comrnentariis  C.  G.  Bacheti  et  obser- 
vdUonibxis  D.  P.  de  /'^rwiai,- Toulouse,  1670,  in-fol. 

(2)  Le  gouvernement  du  roi  Louis-Philippe  (M.  Ville- 
main  étant  ministre  de  l'instruction  publique)  avait  le 
projet  de  réunir  tous  les  fragments  épars  du  célèbre 
!.;éomètrc  français  et  d'en  former  un  corps  d'ouvrage  qui 
serait  publié  aux  frais  de  l'iîtat  i.  voy.  la  Rapport  i\ii 
M.  Arago  à  la  chambre  des  députés,  en  1844  ).  Ce  pro- 
jet n'a  point  été  réalisé. 

(3)  M.  Libri,  dans  USevtie  des  Deux  Moiules,  iS  mai, 

1348,  p.  690. 

(4)  P^aria  Opéra,  p.  148.  Lettre  à  I\oborval,16  déc.  1636. 

(5)  Lettre  du  2  sept.  1636,  Dpera  Faria,  p.  123.  Dans 
la  même  lettre  Fermât  précise  ainsi  le  sens  de  sa  pro- 
position ;  «Quand  nons  parlons  d'un  nombre  compose  de 
trois  carrés  seulement,  nous  entendons  un  nombre  qui 
n'est  ni  carré  ni  composé  de  deux  carrés  ;  et  c'est  ainsi 
ipie  Diophante  et  tous  ses  interprètes  l'entendent,  lors- 
qu'ils disent  qu'un  nombre  composé  de  trois  carrés  seu- 
létnent  en  nombres  entiers  ne  peut  jamais  être  divisé  en 
deux  carrés,  pas  môme  en  fractions.  Autrement,  et  au 
sens  que   vous  semblez  donner  à  votre  proposition,  il 


position  se  rattache  la  suivante  :  Un  nom- 
bre moindre  de  l'unité  qu'un  multiple  du 
quaternaire  n'est  ni  carré,  ni  composé  de 
deux  carrés,  ni  en  entiers  ni  en  frac- 
tions (1).  C'est  la  reproduction  de  son  Obser- 
vation sur  la  12^  quest.  du  5*^  livre  de  Dio- 
phante, ainsi  conçue  :  Numerus  21  non  polest 
dividi  in  duos  quadratos  in  fractis.  Hoc  au- 
tem  facillime  demonstrare  possumus ,  et  ge- 
neralms  omnis  numerus  cujus  triens  non 
habet  trientem  non  potest  dividi  in  duos 
quadratos,  neque  in  integris,  nequein frac- 
tis (2).  —  Dans  la  lettre  à  Roberval,  Fermât  for- 
mule ainsi  plus  nettement  sa  proposition  :  «  Si  un 
nombre  donné  est  divisé  par  le  plus  grand  carré 
qui  le  mesure,  et  que  le  quotient  se  trouve  mesuré 
par  un  nombre  premier  moindre  de  l'unité  qu'un 
multiple  du  quaternaire,  le  nombre  donné  n'est 
ni  carré ,  ni  composé  de  deux  carrés ,  ni  en  en- 
tiers ,  ni  en  fractions.  Exemple  :  soit  doimé  84  ; 
le  pins  grand  carré  qui  le  mesure  est  4  ;  le  quo- 
tient 21 ,  lequel  est  mesuré  par  3  ou  bien  par  7, 
moindres  de  l'unité  qu'un  multiple  de  4.  Autre 
exemple  :  soit  donné  77;  le  plus  grand  carré  qui 
le  mesure  est  l'unité;  le  quotient  77,  qui  est  ici 
le  même  que  le  nombre  donné,  se  trouve  me- 
suré par  1 1  ou  par  7,  moindres  de  l'unité  qu'un 
multiple  du  quaternaire;  je  disque  77  n'est 
ni  carré,  ni  composé  de  deux  cari-és,  ni  en 
entiers,  ni  en  fractions.  »  Puis  il  ajoute  :  «  Je 
vous  avoue  que  je  n'ai  rien  trouvé  en  nombres 
qui  m'ait  tant  plu  que  la  démonstration  de  cette 
proposition ,  et  je  serais  bien  aise  que  vous  fas- 
siez effort  poin-  la  trouver,  quand  co  ne  seroit 
que  pour  apprendre  si  j'estime  mon  invention 
plus  qu'elle  ne  vaut.  » 


n  y  auroit  que  le  seul  nombre  de  3  qui  fut  composé  de 
trois  carrés  seulement  en  nombres  entiers.  Car  prenuè- 
rement  tout  nombre  est  composé  d'autant  de  carrés 
entiers  qu'il  y  a  d'unités  ;  secondement  vos  nombres  11 
et  14  se  trouvant  composés  chacun  de  5  carrés  :  le  pre- 
mier de  4-|-4+l-)-i-fi,  le  second  de  4+4-|-4f  l-|-l.  Que 
si  vous  entendez  que  le  nombre  que  vous  demandez 
soit  composé  de  trois  carrés  seulement,  et  non  pas  de 
quatre,  alors  la  question  lient  moins  du  hasard  que  d'une 
conduite  assurée,  et  si  vous  m'envoyez  la  construc- 
tion, peut-être  vous  le  ferai-je  avouer.  De  sorte  t>ue:)'a- 
vois  satisfait  à  votre  proposition,  au  sens  de  Diophante, 
qui  semble  être  le  .seul  admissible  en  cette  sorte  de 
questions.  » 

Dans  la  lettre  suivante  (16  aoiit  1636),  adressée  par 
Pascal  père  et  Roberval  à  Fermât,  ou  trouve  un  pas- 
sage assez  curieux  sur  la  théorie  de  la  pesanteur  : 
"  ..  D'autres  sont  d'avis  que  la  descente  des  corps  pro- 
cède de  Vattraction  d'un  autre  corps  qui  attire  celui  qui 
descend,  comme  delà  Terre.  Il  va  une  troisième  opinion, 
qui  n'est  pas  hors  de  vraisemblance  ;  c'est  que  c'est  une 
attraction  nwtuelte  entre  le»  corps,  causée  par  un  désir 
naturel  que  les  corps  ont  de  s'unir  ensemble.  » 

(•)  Cet  énoncé  se   trouve   dans   la   lettre  où  Fermât 

écrit  à  Roberval  :  «  M.  Frenicle  m'a  donné  depuis 

quelque  temps  l'envie  de  découvrir  les  mystères  des 
nombres  ;  en  quoy  il  me  semble  qu'il  est  extrêmement 
versé.  » 

(■•2)  Diophante,  Jrith.,  p.  22*;  comparez  aussi  p.  228: 
«  Oportct  dalum  numcrnm  non  esse  iniparcm  ,  neque 
duplum  cjus  unilate  uuctinn  per  maximum  quadra- 
tum  ex  quo  niensuratur  divisum  dividi  a  quovis  nu- 
méro primo  nnitate  minori  qua  multiplex  qualernaril.  » 


447 


FERMAT 


448 


T  «  Si  un  nombre  est  composé  de  deux  car- 
rés premiers  entre  eux,  je  dis  qu'il  ne  peut  être 
divisé  par  aucun  nombre  premier  moindre  de 
l'unité  qu'im  multiple  du  quaternaire.  Comme, 
par  exemple ,  ajoutez  l'unité,  si  vous  voulez,  à 
un  carré  pair,  soit  le  carré  100,  lequel  avec  1  fait 
101  ;  je  dis  que  101  ne  peut  être  divisé  par  au- 
cun nombre  premier  moindre  de  l'unité  qu'un 
multiple  de  4.  Et  ainsi,  lorsque  vous  voudrez 
éprouver  s'il  est  nombre  premier.il  ne  faudra  point 
le  diviser  ni  par  3,  ni  par  7,  ni  par  11,  etc.  (1).  » 

3°  <(  Tout  nombre  premier  mesure  infailli- 
blement une  des  puissances  —  1  de  quelque  pro- 
gression   que  ce  soit,   et  l'exposant  de  ladite 
puissance  est  sous-multiple  du  nombre  donné 
—   1.   Et  après   qu'on  a   trouvé  la  première 
puissance   qui  satisfait  à  la   question,  toutes 
celles  dont  les  exposants  sont  multiples  de  l'ex- 
posant de  la  première   satisfont  de  même  à  la 
question.  Exemple  :  soit  la  progression  donnée  : 
12      3       4        5         6 
3     9     27     81     243     729,  etc., 
avec  ses  exposants  au-dessus. 

«  Prenez,  par  exemple,  le  nombre  premier  13  : 
il  mesure  la  3^  puissance  —  1 ,  de  laquelle  3  ex- 
posant est  sous-multiple  de  12,  qui  est  moindre 
de  l'unité  que  le  nombre  13.  Et  parce  que  l'ex- 
posant de  729,  qui  est  6,  est  multiple  du  pre- 
mier exposant  3,  il  s'ensuit  que  13  mesure  aussi 
ladite  puissance  de  729 —  1. 

<(  Cette  proposition  est  généralement  vraie 
en  toutes  pi-ogressions  et  en  tous  nombres  pre- 
miers (2).  Mais  il  n'est  pas  vrai  que  tout  nombre 

(1)  Oper.  Var.,p.  161-162.  Cette  proposition  de  Fermât 
a  été  autrement  énoncée  :  «  Tout  nombre  premier  qui 
surpasse  de  l'unité  un  multiple  de  4  peut  être  dé- 
composé en  deux  carrés,  et  ne  peut  l'être  que  d'une 
seule  manière.»  — lle«t  certain  que  les  propriétés  du  qua- 
ternaire avaient  particulièrement  attiré  l'attention  de  Fer 
mat  et  de  son  ami  Frenicle.xFrenicle,  dit-il,  m'a  donné  de- 
puis quelque  temps  l'envie  de  découvrir  le  mystère  des 
nombres,  en  quoy  11  me  semble  qu'il  est  extrêmement 
versé  ;  je  lui  ai  envoyé  les  belles  propositions  sur  les 
progressions  géométriques,  qui  commencent  à  l'unité, 
lesquelles  j'ay  non-seulement  trouvées,  mais  encore  dé- 
monstrées,  bien  que  ya-démonstration  en  soit  assez  ca- 
chée. »  Et  plus  loin,  p.  17S,  dans  la  lettre  au  père  Mer- 
senne,  il  dit  :  «  Pour  M.  Frenicle,  ses  inventions  en  arith- 
raétiqueme  ravissent;  et  je  vous  déclare  ingénument  que 
j'admire  le  génie  qui,  sans  l'aide  de  l'algèbre  ,  pousse  si 
avant  dans  la  connoissance  des  nombres  entiers,  et  ce 
que  j'y  trouve  de  plus  excellent  consiste  en  la  vitesse 
de  ses  opérations,  de  quoy  font  foy  les  nombres  aliqùo- 
taires  qu'il  manie  avec  tant  d'aisance.  S'il  vouloit  m'o- 
blifîer  de  me  mettre  dans  quelques-unes  de  ses  routes, 
Je  lui  en  aurois  très-grande  obligation,  et  ne  ferois  ja- 
mais difficulté  de  l'advouer;  car  les  voyes  ordinaires 
mêlassent,  et  lorsque  entreprends  quelqu'une  de  ces  ques- 
tions, il  me  semble  que  je  voie  devant  raoy  : 

Magni'm  maris  aequor  arandum, 
à  cause  de  ces  fréquentes-  divlsioas  qu'il  faut  faire  pour 
trouver  les  nombres  premiers.  »(P.  161,  lettre  àRoberval.) 
(2)  C'est  ce  qu'on  a  aussi  énoncé  ainsi  :  Si  on  élève  à 
la  puissance  p  moins  un  tout  autre  nombre  qu'un  mul- 
tiple de  p,  le  résultat  diminué  d'une  unité  sera  divi- 
sible par  p  (  en  désignant  par  p  un  nombre  premier  quel- 
conque). Si  la  plus  petite  puissance  d'un  nombre  quel- 
conque qui  diminuée  d'une  unité  se  divise  par  p  est 
impaire,  aucune  puissance  de  ce  nombre  augmentée  de 


premier  mesure  une  puissance  ■\- 1  en  toutes  sortes 
de  progressions.  Car  si  la  première  puissance 
—  1,  qui  est  mesurée  par  ledit  nombre  premier, 
a  pour  exposant  un  nombre  impair,  il  n'y  aura 
aucune  puissance  -J- 1  dans  toute  la  progression 
qui  soit  mesurée  par  ledit  nombre  premier. 
Exemple  :  parce  que  dans  la  progression  double 
23  mesure  la  puissance  —  1  qui  a  pour  expo- 
sant 11,  ledit  nombre  23  ne  mesurera  aucune 
puissance  -\- 1  de  ladite  progression  à  l'infini  ;  que 
si  la  première  puissance  —  1 ,  qui  est  mesurée 
par  le  nombre  premier  donné,  a  pour  exposant 
un  nombre  pair,  la  puissance  ■\- 1 ,  qui  a  pour 
exposant  la  moitié  dudit  premier  exposant,  sera|i 
mesurée  par  le  nombre  premier  donné. 

«  Toute  la  difficulté  consiste  à  trouver  les 
nombres  premiers  qui  ne  mesurent  aucune 
puissance+1  en  une  progression  donnée;  car 
cela  sert,  par  exemple,  à  trouver  que  les  deux 
nombres  premiers  mesurent  les  radicaux  des 
nombres  parfaits,  et  à  mille  autres  choses, 
comme,  par  exemple,  d'où  vient  que  la  37^  puis- 
sance —  1  en  la  progression  double  (  selon  la 
table  ci-dessus  indiquée)  est  mesurée  par  223. 
En  un  mot,  il  faut  déterminer  quels  nombres 
premiers  sont  ceux  qui  mesurent  leur  première 
puissance — 1,  et  en  telle  sorte  que  l'exposant 
de  ladite  puissance  soit  un  nombre  impair,  ce 
que  j'estime  fort  mal  aisé  en  attendant  un  plus 

grand  éclaircissement »  Puis  Fermât  ajoute  : 

«  Voici  une  de  mes  propositions  que  j'estime 
beaucoup,  bien  qu'elle  ne  découvre  pas  tout  ce  ! 
que  je  cherche.  En  la  progression  double ,  si 
d'un  nombre  carré,  généralement  parlant,  vous 
ôtez  2  ou  8  ou  32,  etc.,  les  nombres  premiers 
moindres  de  l'unité  qu'un  multiple  du  quater- 
naire, qui  mesureront  le  reste  feront  l'effet  re- 
quis; comme  de  25,  qui  est  un  carré,  ôtez  2,  le 
reste,  23,  mesurera  la  1 1^  puissance  —  1  ;  ôtez  2 
de  49,  le  reste,  47,  mesurera  la  23^  puissance 
—  1  ;  ôtez  2  de  225,  le  reste,  223,  mesurera  la 
37^  puissance —  1,  etc. 

«  En  la  progression  triple ,  si  d'un  nombre 
carré, 2i<  supra,  vous  ôtez  3,  ou  27,  ou  243,  etc., 
les  nombres  premiers  moindres  de  l'unité  qu'un 
multiple  du  quaternaire  qui  mesureront  le  reste 
feront  l'effet  requis;  comme,  ôtez  3  de  25,  le 
reste,  22,  est  mesuré  par  11  qui  est  premier  et 
moindre  de  l'unité  qu'un  multiple  de  4;  aussi 
1 1  mesure  la  5*^  puissance  —  1  ;  ôtez  3  de  121, 
le  reste  118  est  mesuré  par  59,  moindre  de  l'u- 
nité, etc.  ;  aussi  59  mesure  la  29  puissance —  1. 
«  En  la  progression  quadruple,  il  faut  ôter 
4,  ou  64,  etc.,  à  l'infini  en  toutes  progressions, 
procédant  de  la  même  façon  (1).  « 
4°  «  Si  d'un  carré  vous  ôtez  2,  le  reste  ne 

l'unité  ne  pourra  se  diviser  exactement  par  p,  et  le 
contraire  arrivera  si  cette  puissance  est  paire.  Fermât 
n'a  pas  donné  la  démonstration  de  celte  proposition  : 
«  de  quoy,  dit-il  (  dans  sa  lettre  du  18  oct.  1640,  à  M.  de...) 
Je  vous  envoyerois  la  démonstration,  si  je  n'appréhen- 
dols  d'être  trop  long.  »  (  Op.  Var.,  p.  163  ). 
(1)  Opéra  Varia,  p.  163-184. 


449 


peut  être  divisé  par  aucun  nombre  premier,  qui 
surpasse  de  2  un  carré.  Exemple  :  prenez  pour 
carré  100,000,  duquel  ôtez  2,  reste  99,998.  Je 
(tis  que  ledit  reste  ne  peut  être  divisé  ni  par  11, 
ai  par  83,  ni  par  167,  etc.  Vous  pouvez  éprou- 
ver  la  même  règle  aux  carrés  impairs ,  et  si  je 
onlais,  je  vous  la  rendrais  belle  et  générale; 
nais  je  me  contente  de  l'avoir  indiquée  seu- 
ement  (1).  « 

5"  Les  nombres  moindres  de  l'unité  que 
eux  qui  procèdent  de  la  progression  double, 
omme 

12     3      4      5      6         7         8,  etc. 

1  3  7  15  31  63  127  255,  etc., 
les  appellerai  nombres  parfaits,  parce  que 
utes  les  fois  qu'ils  sont  premiers,  il  les  pro- 
uisent.  Mettez  au-dessus  de  ces  nombres 
utant  en  progression  naturelle,  1,2,  3,  etc., 
ui  soient  appelés  leurs  exposants.  Cela  sup- 
osé,  je  dis  que, 

«  a.  lorsque  l'exposant  d'un  nombre  radical 
it  composé,  son  radical  est  aussi  composé; 
)mme  parce  que  6,  exposant  de  63,  est  com- 
)sé,  je  dis  que  63  est  aussi  composé; 
«  b.  Lorsque  l'exposant  est  nombre  premier, 
dis  que  son  radical  moins  l'unité  est  mesuré 
irle  double  de  l'exposant;  comme  parce  que 7, 
Lposant  de  127,  est  nombre  premier,  je  dis  que 
!6  est  multiple  de  14  ; 

«  c.  Lorsque  l'exposant  est  nombre  premier,  je 
s  que  son  radical  ne  peut  être  mesuré  par  au- 
ffl  nombre  premier  que  par  ceux  qui  sont  plus 
ands  de  l'unité  qu'un  multiple  du  double  de  l'ex- 
sant  ou  que  le  double  de  l'exposant  ;  comme, 
rc«  que  11,  exposant  de  2047,  est  nombre 
emier,  je  dis  qu'il  ne  peut  être  mesuré  que 
r  un  nombre  plus  grand  de  l'unité  que  22 , 
mme  23,  ou  bien  par  un  nombre  plus  grand 
I  l'unité  qu'un  multiple  de  22.  En  effet,  2047 
st  mesuré  que  par  23  et  par  89 ,  duquel,  si 
us  ôtez  l'unité,  reste  88,  multiple  de  22.  » 
Fermât  faisait  grand  cas  de  ces  trois  propo- 
ions  :  il  les  appelait  les  Jondements  de  l'in- 
ntion  des  nombres  parfaits.  C'est  à  cette 
:asion  qu'il  s'écria  :  mi  par  di  veder  un 
an  hime  (2). 

6°  Touver  un  cube  qui,  ajouté  à  ses  parties 
îuotes,  fasse  un  carré.  Exemple  :  343  est  le 
3e  de  7;  ses  parties  aliquotes  sont,  1,  7,  49, 

ajoutées  à  343,  donnent  400,  carré  de  20. 
)uver  un  autre  cube  du  même  genre.  « 
(I  demandait  aussi  un  carré  qui  ajouté  à  ses 
rties  aliquotes  donne  un  cube.  La  proposition 
ta  sans  réponse  (3). 

)  Ibid.,  p.  164. 

)  Op   Far.,  p.  177.  «  Ce  que  j'estirae  le  plus  est  cet 

égé  pour  l'invention  des  nombres  parfaits,  à  quoi  je 

résolu  de  m'aitacher.  si  M.  de  Frenicle  ne   me  fait 
tde  sa  raétliodp....  J'espère  faire  sur  ces  propositions 
?rand  bastlinent.  » 
i)  Ces  problèmes  avaient   été  adressés  en  latin   aux 

hématiciens  étrangers.  Has  solutiones  expectamus, 
ite  Fermât  ;  quas  si  Jnglia  mit  Gallia   Behjica   et 

ÏSOUV.    BIOCR.    GÉNÉR.    —  T.   XVII. 


FERMAT  450 

«  7°  Dans  l'infinité^es  nombres  entiers,  il  n'y 
a  qu'un  seul  carré  qui,  joint  à  2,  fasse  un  cube; 
et  il  n'y  en  a  que  deux  qui,  ajoutés  à  4,  fassent 
un  cube  (1).  » 

<c  8°  Trouver  autant  de  nombres  que  l'on  vou- 
dra dont  la  somme  ou  la  différence  soit  toujours 
un  carré  (2).  » 

«  9°  L'aire  d'un  triangle  rectangle  en  nombres 
entiers  ne  peut  point  être  un  carré  (  Area  trian- 
guli  in  numeris  non  potest  esse quadratus).  » 
C'est  la  seule  proposition  (  qui  se  rattache  indi- 
rectement au  théorème  des  puissances)  dont 
Fermât  ait  laissé  la  démonstration  (3). 

10°  Voici  une  proposition  dont  Fermât  n'a  point 
donné  à  dessein  la  démonstration,  parce  qu'il 
aurait  probablement  trahi  le  secret  du  théorème 
d'où  il  tirait  ses  problêmes  les  plus  embarras- 
sants :  In  progressione  naturali  quee.  ab  uni- 
tate  sumit  exordium,  quilibet  numerus  in 
proxime  majorem  facitduplumsui  trianguU, 
in  trianguli  proxime  majoris  facit  triplum 
suse  pyramidis,  in  pyramidem  proxime  majo- 
ris facit  quadruplum  sui  triangulo  trian- 
guli, et  sic  uniformi  et  generali  in  infinitum 
methodo.  —  «  Je  ne  pense  pas,  ajoute  l'auteur, 
qu'il  y  ait  dans  les  nombres  un  théorème  plus 
beau  ou  plus  général  (pulchrius  aut  genera- 
lius)  ;  mais  je  ne  puis  ni  ne  veux  en  donner 
ici  la  démonstration  {cujus  démons trationem 
margini  inserere  ncc  vacat  nec  libet)  (4).  » 

«  1 1°  La  somme  ou  la  différence  de  deux  cubes 
n'est  jamais  un  cube,  la  somme  ou  la  différence 
d'un  carré-carré  (  4*  puissance  )  n'est  jamais  un 
carré-carré,  et  en  général  au-dessus  du  carré. 


Celtica  non  dederint,  dabit  Gallia  Narbonensis,  eas- 
qne  in  pigrtvs  nascentis  amicitiœ  De  Digby  ofjeret  et 
dicabit.  (  Op.  Far.,  p.  188.  )  Dans  une  lettre  au  cnevaller 
DIgby  (20  juin  1657  ),  il  dit  que  «  si  mylord  Brouncker 
répond  qu'en  entiers  il  n'y  a  que  le  seul  nombre  343 
qui  satisfasse  à  la  question,  je  vous  promets  et  à  lui 
aussi  de  le  désabuser  en  lui  en  exhibant  un  autre,  n  Mais 
cet  autre  ne  fut  pas  exhibé.  Un  défi  du  môme  genre  a  été 
formulé  ainsi  ;  Data  quovis  numéro  non  qvadrato, 
dantur  inftniti  quadrati  qui  in  datum  numerum  diicti, 
adscita  unitate ,  conjlciant  quadratvm.  Ex.  Datur  3, 
numerus  non  quadratus  ;  ille  ductus  in  quadratum  i, 
adscita  unitate,  conficit  4,  qui  est  quadratus.  Item 
idem  3  ductus  in  quadratum  16,  adscita  unitate,  fa- 
cit 49,  qui  est  quadratus.  Et  loco  1  et  16,  possunt  alii 
inftniti  quadrati  idem  prœstantes  «wweniri.  Il  deman- 
dait pour  cette  proposition  une  règle  générale  (canonevi 
géneralem,  data  quovis  numéro  non  quadrato,  inquiri- 
mus;  (ibid  ,  p.  190). 

(1)  Le  carré  25  satisfait  au  premier  cas  :  en  y  ajoutant  2  on 
a  27,  qui  est  le  cube  de  8.  Les  carrés  4  et  121  (carrés  de  i  et 
de  11)  satisfont  au  second  cas  :  4+  4  =  8,  cube  de  2  ;  lîl  -f- 
4=  125,  cube  de  5.  C'est  ce  que  Fermât  nous  apprend  lui- 
même.  Mais  pourquoi?  Voilà  ce  qui  n'a  pas  été  démon- 
tré. Fermât  :ivait  proposé  ce  problème  aux  mathémati- 
ciens anglais  •'t  à  Frenicle.  «  Je  ne  sais,  dit-il  dans  sa 
lettre  au  chevalier  Digby,  ce  que  disent  vos  Anglois  de 
ces  propositions  négatives,  et  s'ils  les  trouveront  trop 
hardies.  J'attends  leur  solution,  et  celle  de  monsieur 
Frenicle.  n(Op.  P'ar.,  p.  192;  comp.  Dlophantc,  p.  SIC.) 

(2)  Inrenire  qvotcvnqtie  numéros  vt  unius  cujusgiw 
quadratus  siimma  omnium  sive  addlta  sire  delructa 
quadratum  facial.  Diophante, -<H<A.,  11b.  V,  queest.,  1o. 
(  Observât.,  Fermât,  p.  ï2l),  el  [nvenlum  novum,  p.  Î3. 

(3)  Diophanlc,  Ârith.,  p.  220  et  338. 

(4)  Dioph.,  De  multiangulis  numeris,  p.  16. 

15 


45î  FERMAT  - 

aucune  puissance  à  l'infini  n'est  décomposable  ] 
en  deux  puissances  de  même  nom.  »  —  C'est  le 
plus  important  des  problèmes  de  Fermât ,  et 
celui  qui  attend  encore  sa  solution  générale. 
Voici  les  termes  mêmes  de  Fermât  :  Cubum 
in  duos  cubos  aut  quadratoquadratum  in 
qmdratoquadratos ,  et  gencraliter  nullam 
in  infinitum  ultra  quadratum  potestatem  in 
duos  ejusdem  nominis  fas  est  dividere.  Puis 
il  ajoute  :  cujns  rei  aemonstrationem  mira- 
bilem  sane  detexi  ;  hanc  marginis  eoçiguïtas 
non  caperet.  Comme  si  ailleurs  et  dans  sa  cor- 
respondance avec  Roberval  et  Frénicle  il  n'avait 
eu  assez  de  marge  pour  démontrer  sa  proposi- 
tion! 

Non,  je  le  répète,  Fermât  n'a  pas  voulu 
révéler  aie  monde  le  théorème  général  on  il 
puisait  ses  questions  pour  embarrasser  les  (nathé- 
maticiens.  Il  s'était  sans  doute  proposé  de  pu- 
blier là-dessus  un  ouvrage  ex  professa,  lors- 
que la  mort  vint  arrêter  ce  projet.  Quoi  qu'il 
en  soit ,  celui  qui  découvrira  un  jour  le  grand 
théorème  de  toutes  les  puissances  à  Vin  fini, 
ainsi  que  la  démonstration  de  ce  théorème  em- 
brassant tous  les  cas  particuliers  ci-dessus  énon- 
cés et  bien  d'autres  encore,  celui-là  aura  seul 
le  droit  d'y  attacher  inséparablement  son  nom  ; 
l'appeler  théorème  de  Fermât,  ce  serait  une 
injustice,  contre  laquelle  il  faudrait  protester 
hautement.  F.  H. 

Montucla,  Histoire  des  Mathématiques.  —  Genty,  De 
l'influence  de  Fermât  sur  son  siècle;  1784  (ouvrage 
couronné  par  l'Académie  de  Toulouse).  —  1-ibri,  Hevue 
des  Deux  Mondes,  15  mai  1845;  le  même,  Irois  articles 
sur  les  manuscrits  inédits  de  Fermât,  Journal  des  Sa- 
vants, septembre  1839,  mai  1841,  novembre  1845.  -  Re- 
nouvier,  article  dans  ['Encyclopédie  nouvelle.  —  E.  Rras- 
3ine,  Précis  des  CRUvres  mathématiques  de  Fermât,  dans 
les  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences,  Imcriptions 
et  Belles-lettres  de  Toulouse,  1853,   p.  1-164. 

FERMAT  {Samuel  de),  poète  et  jurisconsulte 
français,  fils  du  précédent,  né  à  Toulouse,  en 
1630,  mort  en  1690.  Il  se  fit  recevoir  avocat, 
et  acheta  peu  de  temps  après  une  charge  de 
conseiller  au  parlement.  Il  cultivait  les  belles- 
lettres  avec  succès  et  faisait  les  vers  avec  facilité  : 
il  était  lié  avec  Antoinette  de  Salvan  de  Saliez , 
et  entretint  avec  cette  dame  une  correspondance 
restée  manuscrite.  On  a  de  Fermât  :  Variornm 
Carminum  Libri  IV;  Toulouse,  1680,  in-S"  : 
on  trouve  dans  ce  volume  des  vers  français  et 
des  vers  latins,  rpais  ces  derniers  sont  de  beau- 
coup supérieui-s  ;  —  Dissertationes  de  Re  mili- 
tari; De  Autoritate  Homeri  apud  jnriscon- 
sultos  ;  De  Historin  naturali  :  accessit  opus- 
culum  De  Mirandis  |je/ag'i  ;  Toulouse,  1680, 
in-8°  ;  et  dans  le  Supplément  au  Thésaurus 
noin  Juris  civilis  de  Meermann  ;  La  Haye,  1680, 
infol.  :  l'auteur  dans  son  traité  De  Autori/ate 
Homeri,  avance  qu'Homère  a  fait  grande  autorité 
dans  la  rédaction  des  Pandectes  et  des  Insti- 
tûtes,  et  que  son  nom  y  figure  plus  souvent  que 
celui  de  tous  les  aufres  poètes  ensemble.  Mé- 
nage s'est  donné  la  peine  de  réfuter  cette  asser- 


•  FERMIN  452 

tion,  en  montrant  «  qu'Hoipère  n'est  cité  que  six 
fois  dans  le  Digeste,  et  trois  fois  dans  les  Insti- 
tûtes,  «  —  Traités  de  la  Crosse,  trad.d'Arrian 
et  d'Qppian,  suivis  d'une  Lettre  de  Synesius, 
évêque  de  Cyrène ,  et  d'une  Homélie  de  saint 
Basile  sur  le  même  sujet;  Paris,  1680,  in-12. 

Ménage,  Anti-Baillet,  tit.  XIV,  p.  211.  —  Lallcmand. 
Bîbl.  des  Théreuticographes,  28.  —  Julien  d'fléricourt, 
De  Academia  Suessionensi.  —  Moréri,  Grand  Dic.t.  hist. 
—  Biog.  Tottlousaine. 

FEBME-L'HUIS  (  Jean- Baptiste),  panégy- 
riste français  ,  vivait  en  1721.  Il  professait  la 
médecine  à  Paris.  On  a  de  lui  :  Éloge  funèbre 
d'Elisabeth- Sophie  Chéron  (  femme  de  M.  Le 
Hay),  de  V  Académie  royale  de  Peinture  et 
Sculpture  ;  Paris,  1712,  in-8°;  —  Éloge  funèbre 
de  M.  (Antoine)  C'oî/sfi?'o.x,  sciitpteur  du  roi; 
Paris,  1721,  in-8o. 

l.clong,  Bibti.  hist.  de  la  France,  n"'  4783R,  47SC9 

FESiME-L'HUîS  (***),  autcur  lyrique,  fils  du 
précédent,  mort  à  Paris,  en  1742.  On  a  de  lui  : 
PijrrhMS ,  opéra ,  musique  de  Royer,  et  rppi{''- 
senté  en  1730. 

l.clong,  Bibl.  hist. 

FSîBi.'^iELUYS  (  Jean  ),  écrivain  et  maître  dT- 
cole  à  Paris  au  commencement  du  dix-septicmtî 
siècle;  tels  sont  les  titres  qu'il  prend  entête 
d'un  Poëme  spirituel  contenant  l'histoire  de 
la  vie,  mort  et  miracles  de  saint  Roch;'Pàvh. 
1619,  in-80.  L'auteur  convient  naïvement; 
a  qu'il  n'a  jamais  eu  le  bonheur  de  la  connais-i 
sance  des  lettres,  mais  il  a  voulu  témoigner  sa 
reconnaissance  à  un  saint  auquel  il  attribue  d'à 
voir  vu  sa  femme  guérie  et  d'avoir  été  lui-mênr. 
préservé  de  la  contagion  ».  Cette  histoire,  es 
écrite  avec  bonne  foi ,  avec  simplicité ,  et  avei 
moins  d'incorrection  qu'on  pourrait  le  suppo 
ser.  G-  ^■ 

VioLlet-Leduc,  Bibl.  poétique,  1. 1,  p.  39a. 

FERMIN   {Philippe),  médecin  et  voyagent j, 
hollandais,  né  à  Maëstricht,  vivait  en  17711: 
Après  avoir  exercé  plusieurs  années  la  médecpl 
dans  sa  patrie,  il  s'embarqua  en  1754  pour  Si|  j 
rinam,  la  plus  grande  et  la  plus  occidentale  df  j. 
îles  de  la  Sonde  (1),  et  sur  laquelle  les  Holl^l 


dais  possédaient  d'importants  établissemeip 
depuis  1599,  Il  séjourna  dans  cette  contrée  jus 
que  vers  1764,  époque  à  laquelle  il  revint;^. 
Amsterdam.  Ses  relations  continuelles  avec  ^, 
diverses  populations  indigèneset  ses  connaissapp 
ces  personnelles  en  histoire  naturelle  lui  avaiej 
permis  de  recueillir  de  nombreuses  et  intérçs 
santés  observations,  qu'il  a  consignées  dans  pÎH 
sieurs  ouvi-ages  encore  estimés.  Fermin  finit  se 
jours  dans  sa  patrie,  où  il  remplissait  un  empk 
dans  la  magistrature  urbaine.  On  a  de  lui  :  Traii 
des  Maladies  les  plus  fréquentes  à  SuPi 
nam,  etc.  ;  suivi  d'une  Dissertation  sur  l 
fameux     crapaud    de    Surinam,    noom 

(1)  Elle  a  380  lieues  du  nord-ouest  an  sud-est  et  GO  IieO( 
dans  sa  plus  grande  largeur;  elle  est  située  entre  5'  4f 
de  latitude  nord  et  .5°  50'  de  latitude  sud,  et  entre  92°  S 
et  103"  40'  de  longitude  est 


453 


FERMIN     -  FERNAND 


454 


Pipa,  etc.;  Maëstricht,  1764,  in -8°,  et  Amster- 
<îam,  1765,  in-S";  la  Dissertation  a  été  trad. 
en  allemand  par  J.-A.-E.  Gœtze,  Brunswick, 
1776,  in-8°,  fig.  et  addit.;  —  Histoire  na- 
turelle de  la  Hollande  équinoxiale  oit  de 
Siirinam;  Amsterdam,  in-8°;  —  Instructions 
importantes  au  peuple  sur  les  maladies 
chroniques,  pour  faire  suite  à  l'Avis  de  Tis- 
sât sur  les  maladies  aiguës;  Paris,  1768, 
2  Tfol.  in-12  ;  —  Description  générale,  histori- 
que, géographique  et  physique  de  la  colonie 
de  Surinam;  Amsterdam,  1769,  2  vol.  m-8°, 
avec  ligures  et  une  carte  topographique  :  nou- 
velle édition,  avec  de  nombreuses  additions 
de  l'Histoire  naturelle  de  la  Hollande  équi- 
noxiale. Cet  ouvrage,  un  des  meilleurs  sur  Su- 
rinam, pèche  cependant  par  le  peu  d'exactitude 
des  descriptions  locales.  Il  a  été  traduit  en  alle- 
mand par  F.-H.-W.  Martini  ;  Berlin,  1775,  2  vol. 
in-8° ,  avec  fig.  et  remarques  ;  —  Dissertation 
sur  la  question  s'il  est  permis  d'avoir  des  es- 
claves en  sa  possession;  Maëstricht,  1770, 
in-8°  :  c'est  uneapologie  de  l'esclavage; — Tableau 
histoi'ique  et  politique  de  l'état  ancien  et  ac- 
tuel de  la  colonie  de  Surinam  et  des  causes 
de  sa  décadence;  Maëstricht,  1778,  in-8°;  ce 
tableau  est  le  complément  de  la  Description 
générale ,  etc.,  de  Surinam.  Il  a  été  traduit  en 
allemand  par  F.-G.  Canzlen;  Gœttingue,  1788, 
in-8°.  A.  DE  L. 

QuérartI,  La  France  littéraire.  —  Biogr.  médicale. 

*FERiwo  {Lorenzino  da),  peintre,  italien, né  à 
Ferme,  ilorissait  en  1660.  On  ignore  quel  lut  le 
maître  de  cet  habile  artiste ,  dont  le  style  est  tel- 
lement varié  qu'il  est  difficile  de  le  rattacher 
positivement  à  aucune  école.  Ses  tableaux  sont 
nombreux  dans  les  villes  de  la  Marche  d'Ancône  ; 
on  admire  surtout  une  Sainte  Catherine,  placée 
dans  l'église  des  Conventuels  deFermo.  Loren- 
zino eut  pour  élève  Giuseppe  Ghezzi. 

E.  B— N. 

Orlandi,  Abbecedario.  —  Lanzl,  Storia  delta  Pittiira 

■  Ticozzi ,  Oizionario. 

FERMO  {Thomas  de).  Voyez  Tomaso  di 
Fermo. 

"FERMOR  (Guillaume,  comte  de),  général 
russe,  né  à  Pleskow,  en  1704,  mort  en  1771.  11 
se  distingua  dans  les  guerres  du  maréchal  Mun- 
nich  contre  les  Turcs,  et  fut  élevé  en  1758  au 
commandement  général  de  l'armée  russe,  lors- 
que le  général  Apraxin  eut  été  destitué  pour 
s'être  retiré  vers  les  provinces  orientales  de.  la 
Prusse  sans  l'ordre  exprès  do  l'impéralricc  Eli- 
sabeth. Fermor  s'empara  de  Thorn  et  d'Elbing, 
poussa  jusqu'aux  rivesde  l'Oder,  et  assiéga  Kus- 
trin.  Surpris  à  Zorndorf  jiar  Frédéric  ii,  il  n'aban- 
donna le  champ  de  bataille  qu'après  une  lutte 
tellement  acharnée,  qu'il  ne  craignit  pas  de  s'at- 
tribuer la  victoire,  et  fut  pour  ce  fait  nommé 
comte  par  l'impératrice  Elisabeth.  Il  se  retira 
lensnite  en  Pologne,  et  dut  laisser  le  commande- 
ment de  son  armée  au  comte  Soltikow,  sous  les 


ordres  duquel  il  ne  dédaigna  point  de  servir  en- 
suite comme  simple  général. 

Conversât.- Lexik . 

* VERjiANfi  (Gonzales) ,  premier  comte  de 
Castille,  né  et  mort  à  Burgos,  vivait  de  9 10  à  970. 
Il  descendait  des  juges  de  Castille  par  son  père 
Gonçalo  Fernandez ,  comte  de  cet  Etat.  Vaillant 
guerrier,  rusé  diplomate,  il  négocia  et  com- 
battit avec  autant  de  bonheur  que  de  succès. 
Devenu  populaire  par  ses  victoires  sur  les  musul- 
mans, il  sut  aussi  se  rendre  redoutable  aux  rois 
de  Léon  et  de Navarre.  Ayant  peuplé  Sepulveda,  il 
constitua  le  comté  de  Castille  qu'il  agrandit  par  ses 
conquêtes  et  qu'il  affranchit  par  son  habileté.  Sa 
vie  aventureuse  et  agitée  fut  remplie  des  chances 
les  plus  diverses,  où  la  politique  ne  lui  fut  pas 
moins  utile  que  le  courage.  En  933 ,  les  infidèles 
envahirent  la  Castille;  il  les  vainquit  à  Osma, 
avec  le  secoursdeRamirelI,  roi  de  Léon  A  son 
tour  il  vint  en  aide  à  ce  monarque  l'année  suivante, 
et  força  le  waH  don  Aben  Ayeb  à  reconnaître 
la  suzeraineté  de  Ramire.  En  938,  il  assista  à  la 
bataille  de  Simancas,  où  Abd-el-Rahman,  émir  de 
Cordoue ,  perdit  trente  mille  hommes.  Il  défit 
encore  à  Dozio  les  Maures  qui  avaient  de  nou- 
veau envahi  la  Castille.  Il  s'éleva  si  haut  dans 
Testime  des  peuples  et  se  montra  si  actif  à 
s'agrandir,  que  le  nouveau  roi  de  Léon,  Garcia, 
en  fut  alarmé.  Ce  monarque,  de  concert  avec  la 
reine  de  Navarre  dona  Teresa ,  résolut  de  se 
défaire  du  puissant  comte.  Dona  Teresa  avait 
à  venger  la  mort  de  son  père,  Sancho  Abarca, 
tué  par  Fernand.  Elle  appela  le  comte  à  sa  cour, 
sous  le  prétexte  de  lui  faire  épouser  sa  sn'ur 
dona  Sancha  et  le  déclara  son  prisonnier.  Mais 
Fernand  fut  délivré  par  dona  Sancha,  et  se  rendit 
à  Burgos,  où  il  épousa  sa  libératrice,  qui  l'avait 
suivi  dans  sa  fuite.  L'adroite  princesse  enleva 
encore  son  époux  des  mains  du  fils  et  succes- 
seur de  Garcia,  Sancho  III,  qui  avait ,  lui  aussi, 
surpris  et  emprisonné  le  trop  redoutable  comte 
de  Castille.  Redevenu  libre,  Fernand  força  le 
roi  de  Léon  de  renoncer  à  tout  droit  de  suzerai- 
neté sur  son  comté.  Selon  la  chronique,  c'est 
dans  l'impossibilité  où  se  vit  Sancho  de  payer 
un  cheval  de  grand  prix  (1),  que  lui  avait  cédé 
Fernand,  qu'il  fut  réduit  à  affranchir  ce  vassal. 
Quoi  qu'il  en  soit,  pour  ôter  à  son  acte  toute  cou- 
leur d'usurpation,  Fernand  fit  épouser  sa  fille 
Uraca,  répudiée  par  Ordogno  III  (voy.  ce  nom), 
roi  de  Léon,  à  Ordogno  le  Mauvais  ou  l'In- 
trus,  fils  d'Alonzo  IV.  Il  régna  ensuite  paisi- 
blement sous  le  nom  de  son  grendre.  Fo- 
mentant aussi  des  troubles  dans  le  royaume  di> 
Léon ,  il  força  Sancho  d'aller  chercher  un  refupe 
chez  les  Maures.  Il  y  envoya  bientôt  Vêla,  qui , 
pour  avoir  osé  protester  contre  l'exil  de  son  roi, 
eiijcourut,  avec  la  môme  peine,  la  perte  de  sou 
comté  d'Alava.  Almanzor  s'avança  à  la  tête  de 

(1)  La  somme  devait  doubler  de  Jour  en  Jour,  ai  elln 
li'olail  soldée  ;t  échéance,  ce  qui  la  grossit  il  tmc  ma  • 
iiiéie  exorbitante. 

15. 


45^ 


FERNAND 


ses  Maures  pour  soutenir  le  parti  des  exilés  ; 
Fernand  Gonzalès  les  battit  après  trois  jours 
de  combat.  Les  romanciers  se  sont  exercés  à 
l'envi  à  célébrer  et  à  exagérer  les  aventures  de 
ce  prince,  qui  laissa  sa  succession  à  son  fils 
Garcia.  Il  fut  enterré  dans  l'église  de  San-Pedro 
de  Arlansa  à  Burgos.  V.  Marty. 

Estevan  de  Gdribay,  Compendio  historial  fie  las  Chro- 
nicas  y  Hist.  univ.  de  todos  loi  fteynos  de  Espaîla.  —  El 
R.  rf.  Franc.  -  Benito  Montejo  ,  Oisertaf.  .softre  e/  prin- 
cip.  de  la  independencia  de  la  Cast.,  y  soberan  de  sus 
cond  desde  el  cel.  Fern  Gonzal.  —  Florez,  Esp.  sa- 
grada,  t.  XXVI.  —  La  Fuente,  Hist.  gen.  de  Espaîla.  — 
Rosseuw-Saint-Hilaire,  Hist.  d'Esp. 

FERNAJND  OU  PHERNAMDUS  (selon  Paquot), 

FEKDINAND  OU  FER  BAN  D  (selon  Moréri), 
FRENANU  (selon  la  Biographie  de  Michaud) 
(  Charles  ),  canoniste  et  réformateur  ecclésias- 
tique belge ,  probablement  originaire  d'Espagne , 
né  à  Bruges,  vers  1450,  mort  en  1496.  Il  perdit 
la  vue  dans  son  enfance  (  selon  Paquot),  ou  na- 
quit aveugle  (  selon  dom  Calmet  et  dom  Berthe- 
let),  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'apprendre  la  phi- 
losopliie ,  la  théologie ,  l'éloquence,  la  poésie  et 
la  musique.  D'après  toute  probabilité,  ce  fut  à 
Paris  qu'il  étudia  ces  sciences;  du  moins  est- 
il  certain  qu'un  roi  de  France,  sans  doute  Char- 
les Vlll,  lui  confia  une  chaire  pour  enseigner  les 
belles-lettres  à  l'université  de  Paris  et  lui  ac- 
corda un  traitement  considérable.  Le  Mire  et 
Possevin  disent  qu'il  professa  aussi  la  théologie 
(  sacras  lifteras)  ;  mais  Sanders  en  doute,  Tri- 
thème  n'en  parle  pas,  et  Paquot  le  nie.  Quoi  qu'il 
en  soit,  Fernand  s'acquit  beaucoup  de  réputation, 
et  expliqua  avec  succès  les  meilleurs  auteurs  la- 
tins. En  1490  il  prit  l'habit  de  bénédictin  dans 
le  monastère  de  Chézal-Benoît(l),  fondé  en  1488, 
par  Pierre  du  Mats,  qui  venait  d'y  établir  la  ré- 
forme monacale  dite  Vétroite  observance.  Le 
pape  Innocent  VIII  permit  à  Fernand  de  prendre 
l'ordre  de  diacre  {leviia)  (2),  en  vertu  duquel 
il  exerça  la  prédication.  Sa  cécité  ne  l'empêcha 
pas  de  composer  les  ouvrages  suivants  :  Epis- 
toise  Caroli  Phernandi,  Brugensis,  Paris  (sans 
date  ) ,  in-4°.  Il  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris;  —  De  S.  Ca- 
tharina  Oratio;  Paris,  1505,  in-fol.  ;  —  Epis- 
tola  parœnetica  Caroli  Fernand  ad  Sagienses 
monackos  observationis  Benedictinœ ,  ou 
De  observatione  regulae  Benedictinœ ,  Epis- 
tola  parœnetica;  Paris,  1512  (d'après  Pos- 
sevin), 1516  (d'après  Valère  André).  C'est  une 
réponse  aux  moines  de  Saint-Martin  de  Séez, 
qui  demandaient  si  en  n'observant  pas  le 
jeune  ils  pouvaient  être  en  sûreté  de  conscience. 
Dans  une  épître  détaillée,  Fernand  leur  dit  (3)  que 

(11  Ce  monastère  acquit  une  grande  célébrité.  11  était 
situé  dans  une  épaisse  forêt,  à  douze  lieues  de  Bourges. 
Le  Mire,  Possevin.  Valère  André,  Moréri  le  confondent 
à  tort  avec  celui  de  Saint- Vincent  du  Mans. 

(2)  Possevin  dit  :  «  i'ordre  de  la  prêtrise  »,  contre  le 
sentiment  de  Trithème  et  de  Paquot. 

(3)  «  Non  ingenil  inopia,  nec  ignorantia  voluntaria , 
nec  consnetudine  mala  a  peccato  quisquam  excusa-^ 
tur  ;  pruinde  formidanda  illa  ApostoU  sententia  : 
Ignorans  Ignorabitur  ». 


ni  l'ignorance  volontaire,  ni  le  défaut  d'intelli- 
gence, ni  la  coutume,  fût-elle  immémoriale, 
n'excusent  pas  devant  Dieu  ceux  qui  ne  gardent 
pas  la  règle  dont  ils  ont  fait  profession;  que  les 
moines  ne  seront  pas  jugés  sur  la  coutume,  mais 
d'après  leurs  règles ,  comme  les  auti'es  hommes 
d'après  leur  serment;  qu'ayant  fait  vœu  de  les  ob- 
server, ils  sont  obligés,  sous  peine  de  damnation, 
de  faire  tous  leurs  efforts  pour  les  pratiquer.  Il 
répond  à  ceux  qui  alléguaient  la  faiblesse  de  leur 
complexion  :  qu'ils  ne  devaient  pas  embrasser 
un  ordre  où  l'abstinence  est  expressément  re- 
commandée. «  Saint  Bernard,  ajoutait-il,  voulait 
que  ceux  qui  entraient  dans  les  monastères 
laissassent  leur  corps  à  la  porte  :  aujourd'hui  il 
n'entre  dans  les  cloîtres  que  des  corps  pour  s'y 
engraisser  et  y  vivre  dans  la  mollesse.  »  —  De 
Animi  Tranquillitate  Libri  duo  ;  Paris,  1512; 

—  Spéculum  monasticse  disciplina',  reUgiosi, 
docti ,  et  perquam  diserti  Patris  Benedicti 
Magni,  assecLv  maximi ;  etc. ;  Paris,  151,^, 
in-fol.  :  Dom  Calmet  attribue  cet  ouvrage  à  saint 
Benoît  d'Aniane  ou  à  Bernard ,  abbé  du  Mont- 
Cassin;  —  Monasticarum  Confabulationum 
Libri  quatuor,  cum  vocum  et  sententiarum 
quarumdam  eorplanatione ;  Paris,  1515  ou 
1516  :  Le  Mire  désigne  cet  ouvrage  sous  le  titre 
de  Collationes  monasticœ;  —  In  decertatio- 
nem  metricam  Ruperti  Gaguini  ;  Depurissima 
conceptione  sacrée  Dei  genetricis  et  virginis 
Mariée,  adversus  Vincentium,  de  Castro-Novo 
(  le  père  Bandelli,  général  des  Dominicains  ) , 
ordinis  Preedicatorum ,  opus  elegantissimmn 
commentariorum ;  Paris;  —  De  Conceptione, 
contra  Vincentium ,  etc.  ;  Paris;  —  Carinen 
iambicum  de  eadem,  etc.;  —  De  Conceptione, 
ad  Carthusienses ;  —  Elegix  de  Contemptu 
Mundi  ;  —  Odarum  in  laudem  Chrisli  Libri  ; 

—  De  Beatissima  Virgine  :  poèmes  en  vers 
ïambiques  ;  —  Larides  ordinis  Carmelitarum  ; 

—  Garmina;  Trithème  dit  que  ces  poésies 
étaient  «presque innombrables.  «  —  De  quatuor 
Novissimis  ;  —  et  beaucoup  d'autres  ouvrages, 
perdus  aujourd'hui  ou  mal  désignés  ;  car,  s'écvie 
Paquot  à  ce  sujet ,  «  C'est  une  chose  pitoyable 
que  la  manière  dont  nos  vieux  bibliographes  onl 
dressé  leurs  catalogues.  » 

Trithème,  Scriptores  eccL,  c.  933,  p.  225.  —  Le  Mire, 
Eloyia  Belgica,  142.  —  Possevin,  Apparatus  sacer,  1. 
298.  —  Sanders,  De  Brugensibus  eruditionis  fuma  rla- 
. ris,  etc.  ;  Tongres,  1624—  ?,\se.e,tl ,  Athenx  Belijicn' 
167.  —  Valère  André,  Blbliotheca  Belgica,  120.  -  Dom 
Gr.  Berthelet,  Traité  de  l'Abstinence ,  220.  —  Dom  Ol- 
met,  Comment,  sur  la  règle  de. Saint-Benoît,  I,  78  et 
!)93.  —  Paauot,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  litté- 
raire des  Pays-Bas,  VU,  403.  —  Moréri,  Crand  Diction- 
naire historique.  —  C.hampier,  Des  Hommes  illusln's 
de  France.  —  Catalogi/e  de  la  Bibliothèque  impériale. 

FERNAND  on  PHERNANDCS  (Jean),  lati- 
niste belge,  frère  du  précédent,  vivait  en  1494. 
11  cultiva  avec  succès  les  belles-lettres,  et  s'ac- 
quit une  grande  réputation  comme  musicien.  Le 
roi  de  France  Charles  VIlî  l'attacha  à  sa  per- 
sonne, et  le  rétribua  généreusement.  On  a  de  Jean 


457 


FERNAND 


l'cinand ;  Horx  S.  Crucis ,  et  compassionis 
sanctas  Mariai  Virginis,  en  vers  (qualifiés  par 
Trithème  di" élégants);  Paris  1592;  —  De  sancto 
Johanne  Baptista,  autre  poëme,  et  des  Ora- 
tiones,  Carmina ,  JEplgrammafa,  Epistolee  et 
autres  pièces  latines  en  grand  nombre. 

Trithème,  Script,  eccles.,  c.  936. 

FERNAND  (  Francisco  ) ,  missionnaire  espa- 
gnol, né  près  de  Tolède,  en  1557,  mort  à  Cha- 
tigam  (Bengale),  le  14  novembre  1602.  Il  était 
bachelier  en  droit  civil  lorsqu'en  1570  il  entra 
dans  la  congrégation  de  Jésus  et  fut  envoyé  par 
Francisco  Borgia,  en  1573,  aux  Indes  orientales 
avec  Alessandro  Valignani.  En  1575  il  devint 
visiteur  des  missions  portugaises  de  Goa,  y  pro- 
fessa la  théologie ,  et  fit  avec  succès  plusieurs 
missions  dans  le  Concan  et  dans  le  Bengale. 
Ayant  voulu  intervenir  à  Chatigam  dans  les  que- 
relles qui  divisaient  les  Portugais  et  les  Indiens, 
ces  derniers  le  jetèrent  en  prison  après  l'avoir 
maltraité  si  cruellement  qu'il  mourut  peu  après. 
On  a  de  lui  deux  Catéchismes  traduits  en  langue 
bengalaise. 

Dictionnaire  biographique  et  pittoresque. 

FERNAND  CORTEZ.    Voy.  CORTEZ. 

FERNAND  G091EZ.  VoiJ.  GOMEZ. 

FERNAND  N UNES  (Comte  de),  diplomate 
et  grand  d'Espagne,  né  à  Madrid,  en  1778, 
mort  à  Paris,  le  26  octobre  1821.  Son  père, 
ambassadeur  en  France  sous  Louis  XVI ,  écrivit 
un  bon  ouvrage,  imprimé  à  Madrid,  en  1796,  qu'il 
consacra  à  l'éducation  de  ses  enfants.  Le  jeune 
Fernand  profita  heureusement  d'une  aussi  sage 
diiection.  A  la  cour,  où  il  parut  de  bonne  heure, 
il  se  distingua  par  ses  connaissances  et  l'indé- 
pendance de  ses  opinions.  Au  lieu  de  faire  sa 
cour  au  tout-puissant  ministre  prince  de  la  Paix, 
il  se  rapprocha  de  l'infant  Ferdinand,  qu'il  voyait 
sans  influence  et  persécuté.  Il  s'éleva  hautement 
contre  la  violence  qui  fut  faite  à  ce  prince,  in- 
carcéré par  suite  d'un  intrigue  de  cour.  Le  comte 
Fernand  Nunes  n'ayant  pu  dissuader  Ferdi- 
nand VII  du  funeste  voyage  de  Bayonne,  alla 
peu  après  l'y  rejoindre.  Néanmoins,  lorsque  Na- 
poléon le  nomma  grand -veneur  du  roi  Joseph, 
4  juillet  1808,  il  ne  crut  pas  devoir  décliner  cette 
faveur.  Le  comte  suivit  le  roi  Joseph  à  Ma- 
drid ,  mais  ne  se  servit  de  l'influence  que  lui 
donnait  sa  charge  que  pour  mieux  trahir  ce 
roi.  Il  employa  dans  ce  but  40,000  réaux 
(10,000  francs),  qu'il  remettait  chaque  mois  à 
la  caisse  des  secours  nationaux,  et  le  concours 
de  ses  vassaux ,  qu'il  faisait  armer  en  secret. 
Joseph,  apprenant  qu'en  outre  le  comte 
soudoyait  des  insurgés  dans  la  Castille ,  le  dé- 
clara (décret  du  3  nov.  1808)  ennemi  de  la 
France ,  de  l'Espagne ,  et  traître  aux  deux  cou- 
ronnes. Fernand  Nunes  n'eut  que  le  temps  de 
se  réfugier  dans  ses  terres.  Il  servit  dans  l'armée 
de  l'indépendance,  et  se  rallia  d'abord  aux  cortès, 
puis  abandonna  les  constitutionnels  pour  se  ranger 
(lu  parti  de  l'opposition  ultra-royaliste.  Il  cou- 


FERNANDES  458 

tribua  beaucoup  à  soutenir  l'autorité  royale 
contre  les  attaques  de  l'assemblée.  Ferdi- 
nand VII,  rétabli  sur  le  trône ,  récompensa  les 
services  d'un  partisan  si  dévoué ,  et  l'envoya 
en  ambassade  à  Londres  en  1815,  et  en  mai 
1817  il  le  chargea  de  représenter  son  gouver- 
nement près  de  la  cour  de  Louis  XVIU,  en  qualité 
de  ministre  plénipotentiaire.  Le  comte  de  Fer- 
nand Nunes,  remplacé ,  en  1 820 ,  par  décret  du 
gouvernement  des  cortès,  continua  de  résider 
à  Paris,  où  il  mourut,  des  suites  d'une  chute  de 
cheval.  V.  Marty. 

M.  Nellerlo  (Antoine  Liorente),  Memorias  por  la  He- 
vol.,  de  Esp.,-PsLT\i,  1814-16,  8  vol.  in  8=.  —  Toreno,  Guerra 
revolut.  y  levantamiento  d«  Espaîia. 

FERNAND.  Voyez  Ferdinand. 

FERNANDES  (Diniz),  navigateur  portugais. 
Voy.  Dus  (Diniz). 

*  FERNANDES  (Mattheus) ,  architecte  por- 
tugais, mort  le  3  avril  (515.  Cet  artiste,  dont 
la  critique  moderne  s'est  vivement  préoccupée, 
ne  peut  pas  réclamer  l'honneur  qu'on  lui 
accordait  jadis,  d'avoir  présenté  les  premiers 
plans  du  couvent  de  Batalha;  il  ne  vivait  pas, 
comme  on  l'a  cru  d'abord,  sous  le  règne  de 
Jean  l",  fondateur  de  ce  magnifique  édifice ,  et 
il  n'appartenait  point  non  plus  à  la  race  israélite. 
Comme  tous  les  architectes  de  ce  temps ,  il  avait 
fait  des  études  qui  permettent  de  le  ranger  parmi 
les  ingénieurs  habiles  de  la  Péninsule.  En  1480 
nous  le  voyons  chargé  des  œuvres  de  Santarem, 
et  il  ne  quitte  cette  ville  que  pour  prendre  la 
direction  des  immenses  travaux  qui  s'exécutaient 
à  Batalha.  Ce  fut  donc  à  lui  que  l'on  dut  les 
précieux  détails  ajoutés  au  plan  primitif  de  ce 
bâtiment  leligieux,  et  l'admirable  ornementa- 
tion ,  qui  en  font  un  des  plus  beaux  monuments 
gothiques  existant  encore  dans  la  Péninsule.  On 
lui  attribue  généralement  la  chapelle  inachevée 
(capella  imparfeita)  qui  se  trouve  reproduite 
dans  tant  d'ouvrages  à  figures  et  dans  beaucoup 
d'albums  illustrés.  Il  travailla  également  au  beau 
monastère  d'Alcobaça,  où  reposent  les  cendres 
d'Inez.  Tout  prouve  la  haute  faveur  dont  il  jouis- 
sait à  la  cour  :  la  moindre  ne  fut  pas  d'être  en- 
terré dans  l'intérieur  du  couvent  de  Batalha,  où 
il  repose ,  à  l'entrée  de  la  porte  principale  de  l'é- 
glise, entouré  des  siens  :  on  y  voit  aussi  son  por- 
trait, sculpté  au  sommet  d'un  pilastre  à  l'un  des 
angles  de  la  salle  du  chapitre. 

Son  fils  Mattheus  lui  succéda,  le  23  avril  1516, 
dans  la  direction  de  ces  travaux,  mais  il  ne 
fournit  pas  une  longue  carrière,  et  mourut 
en  1528. 

Il  y  a  eu  en  Portugal  plusieurs  architectes  et 
plusieurs  autres  artistes  de  ce  nom.  Nous  cite- 
rons Pedro  Feknandes,  né  à  Abrantes,  et  qui 
vivait  au  temps  de  Jean  [II,  en  1542  ;  il  fut  chargé 
de  la  construction  du  portique  en  pierre  de  Ou- 
rem  ; 

Pedro  FERNANDES  DE  ToRREs,  architccte,  vi- 
vant également  au  seizième  siècle; 


459 

Thomas  Fernandes,  maître  des  travaux  de 
fortification  aux  Indes  orientales  en  1508  ; 

Marco  Fernanhes,  maîlre  des  conduits  d'eau 
du  palais  de  Cintra,  exerçant  en  J533  l'office 
de  maître  du  palais  dans  cette  ville  ; 

Gil  Fernandes,  architecte  en  1521  ; 

Laurent  Fernandes  ,  maître  des  travaux  du 
couvent  de  Belem  vers  1511,  et  qui  à  ce  titre 
mérite  une  mention  particulière.  Nous  ignorons, 
toutefois,  s'il  n'a  pas  été  confondu  avec  Luis 
Fernandes,  autre  architecte  du  même  couvent, 
vivant  à  la  même  époque  ; 

Balthazar  Fernandes,  architecte  au  temps  de 
ï).  Sébastien  ; 

Michel  Fernandes  ,  qui  vivait  au  commen- 
cement du  dix-huitième  siècle,  et  qui,  en  1725, 
fournit  le  plan  du  monastère  des  Bénédictins  de 
Saint-Jean  de  Pendorada.    Ferdinand  Denis. 

Retratos  e  elogios  dos  varoens  e  donas,  voir  les  deux 
notices  contradictoires  sur  Mattheus  Fernandes.  —  O 
Panorama, jornal  literario.  —Cardinal  Saraïva,  connu 
sous  les  dénominations  de  Patriarche  et  àeBispo-Conde, 
Liite  de  quelques  Artistes  portugais  ;  Lisbonne,  1839.  — 
Janaes  iMurpiiy,  Truvels  in  P  or  tua  al ,  in-4°.  Le  même, 
Plan,  P'iews,  etc.,  of  Batalka ,•  il9S  ,in-fol.  —  namaso- 
.I.-L.  de  Soiiza  Moureiro ,  Riographia  das  Personagens 
iius'res  de  Portugal.—  Comte  Raczynski,  Dictionnaire 
fiistorica-artisiique  du  Portugal;  Paris,  1847.  —  Le 
même.  Lettres^  etc. 

FERNANDES  (Joham),  voyageur  portugais , 
vivait  au  quinzième  siècle.  11  était  écuyer  de 
l'infantD.  Henrique;  mais  selon  toute  probabilité, 
avant  de  remplir  cet  office,  il  avait  été  fait  pri- 
sonnier sur  la  Méditerranée  et  emmené  en  es- 
clavage sur  les  côtes  de  Barbarie.  Là  il  apprit 
l'arabe  et  recueillit  quelques  notions  sur  l'inté- 
rieur de  l'Afrique.  Azurara  l'avait  connu  person- 
nellement, et  il  a  soin  de  dire  que  «  c'était 
un  homme  de  bonne  conscience,  suffisamment 
chrétiencathoiique  ».  Lors  de  l'expédition  ma- 
ritime de  Gonçalo  de  Cintra  et  d'Antâo  Gonçal- 
ves,  en  I445,  Fernandes  résolut  de  se  faire  dé- 
poser à  l'embouchure  du  Rio  do  Ouro,  afin  de 
recueillir  sur  les  tribus  des  Azénègues,  qui  fré- 
quentaient ces  parages,  des  renseignements  pro- 
pres à  guider  les  expéditions  ultérieures.  Dé- 
barqué sur  ces  rjves  désolées,  il  s'avança  parmi 
les  Maures,  demeura  avec  eux  durant  sept  mois, 
se  contentant  de  la  bouillie  de  doura  et  du  lait 
de  chameau  qui  font  la  base  de  la  nourriture 
de  ces  peuples.  «  En  arrivant  au  rionar,  dit 
Barros ,  il  avait  été  débarrassé  de  tout  ce  qu'il 
avait  apporté  ,  c'est-à-dire  d'un  peu  de  biscuit 
de  froment  et  de  quelques  légumes  ;  on  ne  lui 
avait  pas  même  laissé  ses  vêtements  d'Europe  ; 
on  s'était  contenté  de  lui  donner  r.n  mauvais 
manteau  pour  couvrir  sa  nudité.  Le  hardi  voya- 
geur uon-seiilement  ne  se  plaignit  pas,  mais 
s'offrit  de  lui-même  pour  accomplir  tous  les  tra- 
vaux qu'on  lui  voudrait  imposer.  Noos  suppo- 
sons qu'il  employa  quelque  stratagème  analogue 
à  celui  qu'imagina  Eené  Caillé,  pour  traverser 
l'Afrique,  car  il  n--'  fut  pas  réduit  en  esclavage;  il 
re  fit,  au  contraire,  aimer  de  ces  baibares ,  et 


FERNANDES  4m 

l'étrange  régime  auquel  il  fut  soumis ,  loin  de 
nuire  à  sa  santé  ,  le  laissa  dans  une  prospérité 


apparente  sur  laquelle  Barros  insiste,  tout  en 
disant  qu'au  lait  de  chamelle  succédaient  quelque- 
fois, dans  ses  repas,  les  lézards  et  les  sauterelles 
séchées,  comme  on  les  prépare  au  désert ,  en  y 
joignant  néanmoins  de  temps  à  autre  du  gibier 
en  assez  grande  abondance  et  la  chair  de  quel- 
ques oiseaux.  Barros  avait  recueilli  sur  ce  pre- 
mier voyageur  aux  terres  afi'icaines  d'amples 
renseignements ,  qu'il  promet  dans  sa  première 
décade  et  que  malheureusement  il  mit  en  réserve 
pour  un  autre  ouvrage  ;  Fernandes  donna  en  ef- 
fet ,  au  quinzième  siècle,  les  premières  notions 
que  l'on  eût  eues  sur  la  manière  de  se  diriger  dans 
le  désert.  Il  paraît  que  le  dialecte  arabe  qu'il 
trouva  en  usage  chez  les  Azénègues  différait  de 
l'arabe  des  villes,  comme  le  portugais  diffère  du 
castillan.  Fernandes  demeura  parmi  ces  tri- 
bus de  pasteurs  jusqu'à  ce  qu'il  jugea  convenable 
de  gagner  le  douar  d'un  chéik  nommé  Ouad ,  ou 
Huad-Meimon.  Cet  Arabe  se  montra  plein 
d'humanité  à  l'égard  de  son  hôte,  et  il  lui 
permettait  d'errer  sur  la  côte  dans  l'attente 
des  navires.  Hâlé  par  le  soleil,  vêtu  de  haillons, 
il  avait  si  bien  l'air  d'un  Azénègue  lorsque  l'ex- 
pédition envoyée  a  sa  recherche  l'aperçut,  qu'on 
le  prit  pour  un  pasteur  arabe  qui  venait  de  son 
plein  gré  vers  les  navires,  afin  de  racheter 
quelques  captifs  ;  «  mille  cris  de  joie  paiiireht 
des  caravelles  lorsqu'on  l'eut  reconnu ,  nous 
dit  la  vieille  chronique  d'Azurara,  et  l'on  peut 
supposer  quel  aspectdevait  avoir  !e  noble  écuyer, 
ajoute-t-il,  lui  accoutumé  aux  mets  et  aux  vins  de 
l'Europe,  et  qui  s'était  vu  condamné  à  vivre  de- 
puis plusieurs  mois  d'un  peu  de  poisson  et  de  lait 
de  chamelle.»  Ces  derniers  mots,  chez  un  contem- 
porain qui  avait  connu  le  hardi  voyageur,  nous 
font  soupçonner  quelque  exagération  chez  Bar- 
ros ,  lorsqu'il  nous  vante  son  einbonpoint.  Fer- 
nandes n'en  suivit  pas  moin;  ses  compagnons, 
et  il  put  donner  à  l'infant,  dans  son  austère  soli- 
tude de  Sagres,  plus  de  renseignements  qu'on 
n'en  avait  encore  recueillis  sur  les  tribus  de 
pasteurs  errantes  dans  ces  régions.  Durant  l'ex- 
pédition, commandée  par  Diego  Gil,  «  homme  de 
très-bon  savoir,  «  nous  dit  Barros,  et  qui  avait 
été  expédié  en  (447,  pour  établir  des  relations 
avec  ks  Maures  de  Meça,  à  douze  lieues  au 
delà  du  cap  de  Gué,  Fernandes  fut  embarqué 
probablement  en  quahté  d'interprète.  Il  fut  en- 
voyé à  terre,  et  fit  avec  les  Maures  l'échange  de 
quelques  prisonniers  contre  une  cinquantaine 
de  noirs.  Une  tempête  subite  s'étant  élevée ,  le 
commandant  de  l'expédition  s'éloigna  de  terre,  et 
Fernandes  demeura  dans  le  pays  d'Arguim, 
parmi  les  Maures ,  où  il  utilisa  son  séjour 
pour  lier  des  relations  commerciales  avec  les 
habitants.  C'est  à  cette  époque  qu'il  faut  fixer 
la  venue  en  Portugal  d'un  lion  pris  sur  la  côte, 
ei  que  D'ego  Gif  rapporta  à  l'infant  D.  Henri- 
que, qui  e.i  fit  présent  à  son  tour  à  un  gentil- 


461 

homme  irlandais ,  avec  lequel  il  se  ti-ouvait  en 
bonnes  relatio  ^s  et  qui  demeurait  à  Gaiway  (1). 
Si  l'on  en  croit  le  vieux  chroniqueur,  ce  serait 
pour  la  première  fois  qu'un  animal  de  cette  es- 
pèce aurait  été  transporté  en  Irlande.  Barros  se 
tait  sur  le  sort  de  Fernandes,  et  c'est  ce  qui 
a  fait  croire  que  le  hardi  éciiyer  fut  abandonné  à 
tout  jamais  sut  cette  côte  inhospitahère.  Ce  si- 
lence a  trompé  beaucoup  de  biographes.  Azurarâ 
nous  apprend  que  Fernandes  ne  resta  daiis  Ces 
parages  que  jusqu'à  l'année  suivante. 

Les  renseignements  fournis  par  cet  e5i.pIo- 
rateul-  sur  les  peuples  de  l'intérieur  de  l'Afri- 
que sont  beaucoup  plus  précis  et  plus  notnbreux 
qu'on  ne  le  supposerait  par  l'analyse  sommaire 
qu'en  fournit  l'élégant  auteur  des  Décades  ;  c'est 
dans  Gomez  Eanez  de  Azurara  qu'il  faut  exa- 
miner ces  documents;  c'est  sur  soU  rapport 
qu'il  faut  peser  leur  valeur.  Entre  autres  choses 
curieuses,  on  voit  que  jusqu'au  milieu  du  quin- 
zième siècle  les  Berbères  n'avaient  point  aban- 
donné l'écriture  qui  leur  était  propre  pour  adopter 
celle  des  Arabes.  Ferdinand  Denis. 

Gonaez  Eanez  de  Azurara,  Conquxsta  de  Guhw,  inss-  dé 
la  Bib .  iirip.  de  Prtrls,  reprod.  parle  vicomte  da  tlar- 
reira.  —  Jotto  de  Barros,  Da  Asia-,  decuda  1.  —  (Jardin;il 
Saraïva,  Indice  chronologico. 

FERNANDES  (  Le  P.  Luiz),  missionnaire  por- 
tugais, né  à  Lisbonne,  en  1550,  mort  dans  les 
Moiuques ,  vers  1609.  Il  entra  prêtre  dans  la 
Compagnie  de  Jésus  en  1580,  et  passa  aux  mis- 
sions des  Indes  orientales.  Il  fut  supérieur  à 
iîaçaïm  ou  Basséin,  ville  maritime  îilahratîe  (2)^ 
puis  aux  îles  Moluques,  où  il  vécut  de  nombreuses 
années.  On  a  de  lui  :  Epistola  ad  prœpositnm 
proi'incialem  apud  Indos,  datée  de  Malucco, 
1603.  Cette  lettre  se  trouve  p.  147-151  des 
Littéral  Socïetatis  Jesu,  années  1602  et  1603, 
Mayence,  1607,  et  dans  la  Carta  anima  de  Mo- 
liico,  recueil  traduit  en  italien,  Rome,  i605, 
in-8",  et  en  françaissous  ce  titre  -.  Lettre  annuelle 
du  Japon  de  l'an  mil  six  cens  et  trois,  avec  une 
Espitre  de  la  Chine  et  des  Moluques;  Dcuay, 
160G,  in-12-,  —  Carta  escrita  de  Amboinu, 
imprimée  dans  la  Relaç.  Annualde  1606. 

\iif;iistin  et  Alnï.-:  de  Baker,  bibliothèque  des  Écrivains 
('.I'  la  Cumpciiinie  tSe  Jésus:.  —  Nalhanael  Snuthwell , 
lliblio!hei!a  Sci-iptôt-tim  Societatis  Jesu.  —  Summarin 
(Ut  Uiljliothet'a  Lusltana. 

'=  FK!tNA]*ïDËS  (  Frt.«'o),  pL'inlre  portufiais , 
né  le  18  septembre  1552,  à  YiseU,  mort  au  com^ 
mencenient  du  dix-septième  siècle.  11  ressort 
d'immenses  recherches  faites  sur  la  vie  de  cet 
artiste  par  le  comte  Raczynski ,  que  c'est  le 
peintre  auquel  on  peut  imposer  le  surnom  de 
Gran  Vasco ,  surrtoin  qui  commençai  à  se  ré- 
pandre dans  la  péninsule  seulement  aiî  dix- 
huitième  siècle.  I!  était  fils  d'un  peintre  nonmié 
Francisco  Fernandes.  Sa  mèi-e  s'appelait  Maria 

(1)  Gah cil, selon  Azurara  flBdrfOs;  cette  ville  se  trouve 
sliiK-e  dans  une  bnie  du  .L.omc  ikj.ii,  t:n  lilaïui;:. 
(2;  F.lle  f;ii.i;i  (  p..rrK;  (.c   1' .xiir'Mig-Ali.nl ,  <•(  appartient 


FERNANDES  .  462 

Henriques.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  été  étudier 
en  Italie ,  ou  qu'il  ait  même  quitté  sa  ville  na- 
tale-, on  suppose  qu'il  eut  pour  se  former  dans 
son  art  des  gravures  allemandes  et  flamandes, 
fort  répandues  en  Portugal  sous  les  règnes 
d'Emmanuel  et  de  Jean  III  ;  dans  cette  hypo- 
thèse même  il  serait  demeuré  étranger  au  mou- 
vement artistique  de  soi!  époque.  De  l'aveu 
du  savant  critique  allemand ,  c'est  dans  ce  peu 
de  lignes  que  se  résume  la  biographie  du  peintre 
le  plus  renommé  qu'ait  produit  le  Portugal. 
M.  Raczynski  ajoute  :  «  Au  fond  Gran  Vasco 
n'est  qu'un  mythe ,  car,  quoique  nous  ayons  dé- 
couvert Vasco  Fernandes,  peintre  de  Viseu, 
quoique  ce  peintre  ait  eu  du  mérite ,  que  nous 
ayons  vu  de  ses  ouvrages  à  Viseu,  qu'un  au- 
teur contemporain  l'ait  jugé  grand,  cependant  ce 
n'est  pas  à  celui-là  que  ce  surnom  revient 
de  droit  ;  car  aucun  des  auteurs  qui  ont  écrit 
sur  Gran  Vasco ,  et  qui  eussent  été  à  même  de 
juger  de  son  mérite  (Guarienti  Cyrillo,  Ta- 
borda),  n'a  vu  les  ouvrages  de  Vasco  Fernandes. 
On  attribue  à  Gran  Vasco ,  on  ne  sait  pourquoi, 
l'immense  quantité  de  tableaux  gothiques  peints 
sur  bois  (jui  se  trouvent  répandus  dans  tout 
le  Portugal,  et  dont,  excepté  les  tableaux  de 
Viseu ,  ))as  un  n'est  de  Vasco  Fernandes.  Le 
Grand  Vasco  de  la  Iradition  est  supposé  auteur 
de  tous  ces  tableaux.  »  Ces  données  n'ajoutent 
rien  à  la  vie^  à  peu  près  inconnue,  de  cet  artiste. 
On  trouve,  éparse  çà  et  là  dans  les  deux  vo- 
lu..iiet  ^mbliés  par  M.  le  comte  Raczyn.'.l»i ,  l'in- 
dication des  divers  ouvrages  attribués  à  V^asco 
Fernandes.  F  D. 

Orlandi,  Jbecedurio  pitt.orico.  —  Le  Comte  A.  Rac- 
zynski, Lfs  Arts  en  t'ortugal,  lettres  adressées  a  la  So- 
ciété artistique  et  scientifique  de  Berlin;  l'aris,  )8i6.  — 
),e  uième.  Dictionnaire  historico-a,rtiStique  du  l'ortu- 
(lul;  l'aria,  1847,  ia-8°. 

fESîNANDES  OU  FF.KDINAND  {Valentin), 
typographe  et  traducteur  allemand,  vivait  à  la 
fin  du  quinzième  et  au  commencement  du  sei- 
zième siècle.  Il  était  originaire  de  la  Moravie, 
et  possédait  pail'aitement  bien  le  latin.  On 
ignore  Tépoque  précise  à  laquelle  il  vint  se  fixer 
en  Portugal.  Tout  ce  que  nous  a  transmis  Bar- 
ho,sa  à  son  s. jet  est  rempli  de  confusion;  il 
n'avait  de  portugais  que  la  dénomination  sous 
laquelle  il  s'était  fait  connaître.  Quoi  qu'il  en 
soit,  sa  qualité  d'étranger  ne  l'avait  pas  empê- 
ché d'être  bien  accueilli  à  LLshonne,  et  l'épouse 
de  D.  Manoel ,  la  reine  dona  Lianor,  lui  avait 
accordé  dans  sa  maison  les  fonctions  d'éfuyer; 
il  n'en  continua  pas  moins,  cérame  il  le  dit  lui- 
même,  d'exercer  le  noble  art  de  la  topogra- 
phie dans  cette  capitale.  Dès  1492  ses  fonctions 
-itai'  -it  laborieuses,  cî  il  est  incertain  qu'il  eu  tira 
grand  p^'olit.  Bien  que  depuis  longtemps  M.  Pe- 
dro d'Alfarrobeira  eût  rapporté  le  se:;  voyag.;s 
un  l\Iarco  Polo  manuscrit,  <iue  lui  avait  donné  la 
seigneurie  de  Venise,  Valentin  Fprunnd.-s  tra- 
d'>>s;t  du  î?<-'i  en  portu'^ai*  une  sorte  rfe  recueil 
reniv!-;.  ant  ]  .  -iouî's  versions  Jucs.  ùFi.  ripino 


463  FERNANDES 

de  Bologne  et  à  Pogge  le  Florenlin,  auxquelles 
ii  joignit  celle  du  voyageur  vénitien.  Ce  livre, 
qu'il  édita  lui-même,  est  intitulé  :  Marco  Paulo. 
(sic)  Ho  liuro  deNycolao  Veneto.  0  trallado 
da  carta  de  hûu  genoues  dus  ditas  terras; 
au-dessus  du  frontispice  on  voit  une  sphère,  et 
au  bas,  à  la  partie  inférieure  du  feuillet  :  Corn 
priuileçjio  del  Rey  nosso  senhor.  que  nenhum 
faça  a  impressam  desle  liuro.  ne  ho  venda 
em  iodos  seos  regnos  e  senhorios,  sem  li- 
cença  de  Valentim  Fernandez,  sopenacon- 
teuda  na  carta  do  seu  previlegio.  Ho  preço 
délie  cento  e  dez  reaes.  Au  verso  on  lit  ; 
Começa  se  a  epistola  sobre  a  trasladaçam  do 
liuro  de  Marco-Paulo.  Feyta  por  Valêtym 
Fernâdez  escudeiro  da  excellentissima 
raynha  dona  Lyanor.  Endereçanda  ao  se- 
renissimo  e  inuictissimo  rey  e  senhor  dom 
Emanuel  o  Primeiro,  rey  de  Portugal  e  dos 
Algarues.  doquem  e  alem  mar  en.  Africa, 
senhor  de  Guinée,  e  da  conquista  da  naue- 
guaçom  e  comercio  de  Ethiopia,  Arnbia,  Per- 
sia.  e  da  India.  La  pagination  commence  à  la 
neuvième  page ,  où  se  trouve  placée  la  rubrique 
suivante  :  Começase  ho  liuro  primeiro  de  Marco 
Paulo,  de  Veneza,  das  condiçoôes  e  eustumes 
dus  génies  et  das  terras  et  prouincias  orien- 
taes.  —  Vient  ensuite  le  voyage  de  Nicolas  le 
Vénitien,  ou  si,  on  l'aime  mieux,  de  Nicolas  de 
Conti  ;  c'est  à  la  suite  de  cette  relation  que  se 
trouve  placée  la  date  del  impression  :  Imprtmido 
per  Valéntym-Fernâdez  Alemaào.  Em  a  muy 
nobre  cidade  Lyxboa,  era  de  mil  equinhentos 
e  dous  (1502  ),  aos  qUatro  dias  do  mes  de  feu- 
reyro;  in-foî,  goth. 

Comme  on  le  devine  aisément,  ce  livi-e,  pres- 
que introuvable  aujourd'hui,  et  qui  fut  ignoré 
du  savant  Barbosa,  dut  produire  une  sensation 
profonde  à  l'époque  où  il  parut,  c'est-à-dire  trois 
ans  après  le  retour  de  Gama ,  et  au  début  des 
grandes  expéditions  du  Portugal  vers  les  régions 
de  l'Inde.  Aussi ,  en  joignant  aux  deux  relations 
qu'il  donne,  celle  de  Santi-Estevam ,  mar- 
chand génois,  qui  écrivit  en  1492,  Fernandes 
a-t-il  soin  de  faire  remarquer  qu'il  offre  cette 
collection  pour  guider  ceux  qui  se  rendent  aux. 
Indes ,  et  dont  il  demande  humblement  les  cor- 
rections géographiques,  afin  d'améliorer  son 
travail.  Il  est  remarquable,  pour  l'époque,  que 
Ferdinand  s'occupe  déjà  de  la  réforme  des  noms 
de  lieux  et  même  des  distances. 

Cet  érudit  zélé  avait  imprimé,  de  concert  avec 
Nicolas  de  Saxe ,  un  livre  célèbre,  Vita  Christi, 
qui  parut  en  1495.  Les  lettres  de  Cataldus  Si- 
culus  furent  imprimées  également  par  Valentin 
Fernandes  ou  Ferdinand  le  Morave,  à  Lisbonne, 
le  21  février  1500,  et  le  comte  d'Alcoutim,  qui  loi 
confia  l'impression  de  ce  beau  volume,  vrai 
chef-d'œuvre  de  la  typographie  portugaise  à 
cette  époque ,  lui  adresse  quelques  paroles  qui 
servent  parfaitement  à  apprécier  à  quel  degré 
d'estime  s'était  élevé  l'habile  imprimeur  dans 


464 

la  patrie  nouvelle  qu'il  s'était  choisie  volontaire- 
ment. 

Ferd.  Denis. 

césar  de  Figanière,  Bibliotheca  historica.  —  Cataldus 
Siculus,  Epist,;  Lisbonne,  150O,  pet.  in-fol.  —  (ioairz  Ëanez 
de  Azurara,  Note  du  vicomte  de  Santarem,  p.  227. 

FERKANDES  ( Alvaro),  navigateur  portu- 
gais, vivait  au  seizième  siècle.  Il  embrassa  la 
carrière  de  marin,  et  se  familiarisa  de  telle  sorte 
avec  les  mers  de  l'Orient,  qu'il  acquit  dans  l'Inde 
une  grande  réputation.  Il  était  îe  gardien  (  guar- 
diâo)  du  navire  Le  Sain ^-/eaw,  lorsque Manoel  de 
Souza  s'embarqua  surce  vaisseau,  avec  sa  femme 
Lianor  de  Sa  et  ses  enfants;  une  effroyable 
tempête  accueillit  ce  navire  le  24  juin  1552,  et  il 
alla  se  briser  sur  les  écueils  de  la  côte  du  Natal. 
Échappé  au  naufrage,  Fernandes  raconta  ce  dou- 
loureux événement,  qui  devait  inspirer  Ca- 
moens  et  Corte-Real,  dont  nous  restituons  ici  le 
titre  ;  ou  peut-être  n'a-t-il  fourni  que  les  docu- 
ments pour  la  composition  de  cet  opuscule  raris- 
sime :  Hisloria  da  mui  votavd  perda  do 
galeâo  grande  S.  Jôao.  Em  que  se  contam  os 
grandes  trabalhos  e  lastimosas  cousas  que 
aconteceram  ao  capilào  Manuel  de  Souza. 
Eo  lamentavel  Jim  que  elle  esua  mulher  e 
ûlhos,  e  toda  a  mais  da  gentehouveram.  0 
quai  se  perdeu  o  anno  de  1552  a  24  dejunho, 
na  terra  do  Natal,  em  trintae  hum  graus  ; 
Lisboa,  por  Antonio  Alv ares,  1625.  Cette  rela- 
tion si  émouvante,  qui  circula  probablement  long- 
temps en  manuscrit,  se  conserve  à  la  biblio- 
thèque royale  de  Lisbonne;  elle  consiste  en  16 
feuillets  in-4°,  non  chiffrés  ;  elle  a  été  réimpri- 
mée à  Lisbonne  dans  la  même  typographie, 
1633,  in-4°  ;  enfin,  on  la  trouve  dans  VHistoria 
iragica  maritima  et  dans  la  Colecçào  de  Nau- 
fragios.  F.  Denis.  ; 

lîarbnsa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana.  —  C  ésàr  de 
Figanicre,  Bibliotheca  historica  de  Portugal.  —  Léon 
Piiielo ,  âibliotheca  historica  de  Portugal. 

FERNANDES  (Alvaro),  navigateur  portugais, 
vivait  au  milieu  du  seizième  siècle.  11  était  neveu 
de  J.  Gonçalvez  Zarco,  auquel  on  attribue  la  dé-  i 
couverte  de  Madère ,  et  qui  était  devenu  gou- 
verneur de  Funchal.  Il  faisait  partie  de  l'expé- 
dition de  Lançarote,  lorsque  celui-ci  eut  dé- 
passé, le  long  de  la  côte  d'Afrique,  le  lieu  où  s'é- 
tait arrêté  le  marin  que  Barros  appelle  Diniz 
Fernandes,  mais  que  Azurara  nomme  Diniz  Dias 
{voy.  Dus).  Après  avoir  combattu  vaillamment 
contre  six  almadias  de  noirs,  qui  étaient  venues 
l'attaquer  et  dont  une  tomba  en  son  pouvoir,  il 
passa  jusqu'à  un  endroit  qu'il  désigna  sous  le  nom 
de  Cabo  dos  Mastos  (1),  en  raison  de  deux  pal- 
miers dépourvus  de  feuillage  qui  se  dressaient  sur 
la  plage.  Il  y  inscrivit  la  devise  de  l'infant  don 
Henrique  :  Talent  de  bien  faire.  Tel  est,  du 
moins ,  en  substance,  le  récit  qui  nous  a  été 
transmis  par  Barros ,  lorsqu'il  raconte  l'expé- 
tion  de  Lançarote,  parti  en  1447,  à  la  tête  d'un.\ 

(1)  Ou  mieux  Cabo  dos  Matos.  Voy.  Azurara,  Conquista 
de  Guiné,  p.  157. 


465 


FERNANDES 


466 


expédition  sortie  du  port  de  Lagos,  et  composée 
de    quatorze  caravelles ,  auxquelles  vinrent  se 
joindre  plusieurs  embarcations  qui  avaient  mis  à 
la  voile  de  différents  ports  et  notamment  de  l'île 
de  Madère.  Ce  récit,  adopté  depuis  des  siècles, 
diffère  en  bien  des  points  de  celui  qui  nous  a  été 
transmis  par  Azurarà,  qui  ne  lie  pas  ainsi  le 
voyage  d'Alvaro  Fernandes  à  celui  de  Lançarote, 
et  qui  le  présente  comme  formant  une  expédi- 
tion isolée,  infiniment  plus  intéressante  à  nos 
yeux,  puisqu'elle  était  essentiellement  scientifique 
et  ne  devait  se  mêler  à  aucun  intérêt  commer- 
cial.   Par  reconnaissance  pour  son  protecteur, 
Gonçalvez  Zarco ,  est-il  dit,  expédia  de  Madère 
vers    l'Afrique   son    neveu   Fernandes,    jeune 
marin  plein  d'activité  et  de  résolution,  et  qui 
avait  été  élevé  dans  la  maison  de  l'infant  don 
Henrique.  «Il  lui  ordonna,  ajoute  le  chroniqueur, 
de  n'avoir  en  vue  d'autre  gain  que  la  possibilité 
d'examiner  et  de  savoir  tout  ce  qu'il  pourrait 
connaître,  sans  se  préoccuper  de  faire  des  sorties 
en  terres  de  Maures  ;  il  devait  pousser  son  voyage 
directement  vers  la  terre  des  nègres,  en  aug- 
mentant sa  relation  dorénavant  de  ce  qui  pour- 
rait l'accroître  et  en  s'efforçant  lorsqu'il  retour- 
nerait vers  l'infant,  son  seigneur,  de  lui  apporter 
quelques  nouveautés  de  nature  à  lui  faire  com- 
prendre qu'on  voulait  lui  être  agréable.  »  Le  na- 
vire d'Alvaro  Fernandes  était  d'une  construction 
supérieure,  et  rien  n'avait  été  négligé  pour  son 
équipement.  Alvaro  Fernandes  se  dirigea  d'abord 
vers  le  Sénégal  (le  Nil  des  noirs  ),  et  là  il  remplit 
deux  pipes  d'eau ,   dont  l'une  fut  plus  tard  dé- 
barquée à  Lisbonne  (1).  Après  avoir  dépassé  le 
Cap- Vert,  il  aborda  à  une  île  que  l'on  suppose  être 
Gorée,  par  les  14"  39'  55"  de  lat.  nord.  Cette  île 
était  complètement  déserte,  mais  laissait  voir 
dans  ses  campagnes  des  chèvres  apprivoisées;  ce 
fut  là  que  le  marin  portugais  cloua  sur  un  tronc 
d'arbre  l'écusson  aux  armes  de  don  Henrique, 
avec  la  devise  de  l'infant  dont  Barros  fait  men- 
tion; un  peu  plus  loin,  comme  il  se  préparait  à 
poursuivre  ses  explorations,  sa  caravelle  fut 
abordée  par  six  canots  remplis  de  noirs,  avec 
lesquels  il  eut  d'abord  les  relations  les  plus  pa- 
cifiques ,  mais  qui  finirent  par  l'attaquer  caute- 
leusement,  et  auxquels  il  enleva  deux  hommes. 
Il  poursuivit  son  voyage  cette  fois  jusqu'au  cap 
dos  Matos,  et  revint  à  Madère,  sans  que  rien  in- 
dique des  rapports  ultérieurs  avec  les  navires  de 
Lançarote. 

L'année  suivante,  Gonçalvez  Zarco  poursuivit 
son  dessein ,  toujours  dans  le  but  de  servir  les 
nobles  préoccupations  de  don  Henrique,  et  Alvaro 
Fernandes ,  parti  de  Madère  sur  sa  belle  cara- 
velle, continua  ses  explorations.  Ses  incursions 
sur  la  terre  des  noirs  au  delà  du  Cap-Vert  fail- 
lirent lui  être  fatales  ;  l'humanité  d'ailleurs  ne 
paraît  pas  avoir  été  la  vertu  favorite  de  ce  bouil- 
li) Azurara  tait  remarquer  qu'Alexandre,  avec  toute 
sa  puissance,  n'avait  jamais  bu  probableaient  d'eau 
puisée  en  des  régions  si  lointaines. 


iaut  jeune  homme;  et  s'il  fit  mettre  à  terre  les 
deux  nègres  faits  prisonniers  pendant  son  premier 
voyage,  il  ensanglanta  durant  celui-ci  les  lieux 
qu'il  visitait  ;  la  cruauté  de  ses  compagnons  ne 
respecta  pas  même  une  pauvre  mère ,  qu'on  at- 
tacha dans  le  désert,  parce  qu'elle  ne  voulait  pas 
suivre  ses  ravisseurs,  et  qui  dut  y  périr.  Il  est 
vrai  que  les  tribus  nomades  de  ces  parages 
faisaient  usage  de  traits  empoisonnés  et  qu' Al- 
varo Fernandes,  atteint  à  la  jambe  par  une  flèche, 
aurait  succombé  rapidement  lui-même  s'il  n'a- 
vait résolument  arraché  l'arme  dont  une  main 
vengeresse  venait  de  le  frapper  et  si  des  lotions 
d'urine  n'avaient  précédé  un  pansement  dans 
lequel  entrait  de  l'huile  et  de  la  thériaque.  Il  ne 
mourut  pas,  mais  il  resta  languissant,  et  eut 
néanmoins  le  courage  de  continuer  sa  naviga- 
tion. Il  avança  même  quarante  lieues  au  delà 
du  Cap-Vert,  et,  après  avoir  passé  jusqu'au  Rio- 
Grande ,  il  parvint  jusqu'au  Rio-Tabite  ;  c'était 
plus  loin  qu'on   n'était  encore  allé.    Il  fallait 
tenter   d'explorer  l'intérieur  du  pays  ;  il  y  fit 
débarquer  quelques  Portugais;  mais  120  noirs 
bien  armés,  et  qui  vinrent  au  devant  des  Eu- 
ropéens en  dansant  leur  danse  belliqueuse,  leur 
ôtèrent  le  désir  de  prendre  part  à  la  fête,  nous 
dit  naïvement  le  vieux  narrateur.   Alvaro  Fer- 
nandes avait  reculé  notablement  encore  le  point 
de  démarcation  des  premières  découvertes;  mais 
sa  santé  avait  subi  une  rude  atteinte  ;  il  ne  put 
aller  plus  loin  :  contraint  de  rétrograder,  il  se  di- 
rigea sur  l'île  d'Arguim.  A  défaut  de  truchement, 
il  communiqua  avec  les  Maures,  par  le  moyen 
d'une  négresse  intefligente  qu'on  lui  donna,  puis  il 
fit  voile  pour  le  Portugal.  Non-seulement  Fer- 
nandes fut  bien  accueilli  de  l'infant  don  Hen- 
rique, qui  lui  accorda  cent  dobras  d'or  de  gra- 
tification; mais  il  reçut  la  même  somme  de  don 
Pedro,  duc  de  Coïmbre,  dont  on  méconnaît  trop 
souvent  la  part  active  dans  les  grandes  décou- 
vertes du  quinzième  siècle,  et  qui,  régent  du 
royaume  durant  la  minorité  d'Alfonse  V,  ne  fit 
servir  son  pouvoir  passager  qu'à  l'amélioration 
intellectuelle  du  pays  et  au  développement  de  ses 
relations  à  l'extérieur.  Fernandes  reçut  de  ses 
deux  protecteurs  d'autres  récompenses;  mais 
après  avoir  rapporté  ce  fait ,  Azurara  ne  songe 
plus  à  le  nommer.  S'il  cessa  de  naviguer,  il  est 
probable  qu'il  alla  se  fiNcr  à  Madère,  où  son 
oncle   Gonçalvez  Zarco   gouvernait  l'île  pour 
le  comte  de  l'infant  don  Henrique.  Ferd.  Denis. 

Gomez  Eanez  de  Azurara,  Historia  de  la  Conquistà 
de  Cuine.  —  Joao  de  Barros,  Da  Asia ,  decada  I.  —  Os 
Portuguezes  em  Jfrica,  Jsiu,  etc.  ;  Lisbonne,  18't9,  t.  i. 

*  FERNANDES  (Le  P.  Maïioel),  missionnaire 
portugais,  né  à  Olivença ,  mort  à  Fremona,  le  25 
décembre  l.'j93.  Il  embrassa  l'état  ecclésiastique, 
et  fit  ses  vœux  dans  l'institut  des  Jésuites,  le  9 
septembre  1553.  Au  bout  de  deux  années  de  sé- 
jour dans  le  collège  de  Coïmbre ,  il  partit  pour  les 
Indes,  et  débarqua  à  Goa,  le  7  septembre  1555. 
Le  patriarche  d'Ethiopie,  Jean-Nunes  Barreto,  ve- 


467  FERNANDES  —  FERNANDEZ 

nait  d'arriver  dans  ceae  métropole  avecrévêque 
don  André  de  Oviedo;  il  voulait  s'assurer  de 
l'état  religieux  de  rAfriqiie  chrétienne;  il  en- 
voya le  P.  Manoel  Fernandes  en  Abyssinie  avec 
l'évêque  dont  il  était  accompagné  ;  ils  débarquè- 
rent dans  les  premiers  mois  de  1557  au  port 
d'Arquiço.  Là  ils  se  présentèrent  à  l'empereur 
Claudios,  auquel  fut  signifiée  l'incorporation  de 
ses  États  dans  la  circonscription  des  royaumes 
catholiques.  Bien  qu'il  n'admit  pas  les  préten- 
tions du  saint-siége ,  ce  souverain  accueillit  avec 
une  bienveillance  pleine  de  grandeur  les  deux 
délégués  ecclésiastiques.  Par  suite  de  la  mort 
du  patriarche,  le  P.  Manoel  Fernandes  resta 
chargé  de  l'administration  apostolique  de  ce  vaste 
empire ,  dans  lequel  il  compta  de  nombreux 
néophytes.  Il  se  trouvait  à  Fremona ,  villiî  du 
Tigré,  lorsqu'il  termina  sa  carrière.  On  a  de  cet 
inl'aligable  rehgieux  des  lettres  publiées  dans  di- 
vers recueils  ou  demeurées  en  manuscrits  ;  elles 
ne  roiilent  pas  toutes  sur  l'Abyssinie  :  —  Carta 
escrita  de  Moçamblque  a  6  de  agoslo  1555, 
ao  provincial  de  Portugal,  cm  que  llie  da 
conta  da  jornada;  carta  escrita  de  Goa,  ao 
Padre  An  t.  Correa,eic.;  ces  deux  lettres  étaient 
conservées  dans  la  maison  professe  des  jésuites, 
à  Saint-Roch  de  Lisbonne  ;  —  Carta  escrita  de 
Etiopia  a  29  dejul/io  de  1562  ,  ao  gérai  Diego 
Laines;  imp.  dans  VHist.  d'Ethiopie  du  P.  Telles; 

—  Carta  escrila  da  Etiopia  o  3  de  jtinho  de 
1566,  aos  padres  e  irmâos  do  collegio  de  Santo- 
Faiilo  de  Goa;  imp.  Relac.  anal,  do  annal. 
orient,  dos  ann.  1607  e  1608  parle  P.  Guerreiro  ; 

—  Carta  escrita  na  Etiopia  a  10  de  junho 
de  1568,  ao  padre  gérai;  carta  escrita  da 
Etiopia  em  20  de  dezembro  de  1585,  ao  pro- 
vincial da  Incita;  imp.  dans  le  P.  Telles,  liv.  U, 
chap.  37,  et  dans  le  P.  Guerreiro,  Ann.  do 
Oriente,  liv.  iîl,  cap.  xi.     »     Ferd.  Denis. 

FEiiKAKDES-viLLAREAL  {Manoel),  écri- 
vaia  portugais ,  natif  de  Lisbonne,  étranglé  dans 
!a  même  ville,  le  10  octobre  1652.  Selon  toute 
probabilité,  il  était  de  race  juive,  et  dès  son  bas 
âge  il  partit  pour  Madrid,  d'oii  on  l'emmena  à 
Paris.  Il  y  fut  nommé  par  la  suite  consul  de  Portu- 
gal. De  retour  à  Lis'oonne,  il  fut  mis  dans  les  ca- 
chots de  l'inquisition.  Une  enquête  constata 
qu'il  suivait  ostensiblement  la  loi  de  Moïse,  et  fut 
en  conséquence,  nous  dit  Barbosa,  livré  au  br.as 
séculier.  Ce  malheureux  abjura,  et,  ce  qui  est  hor- 
rible à  rappeler,  il  n'en  fut  pas  moins  étranglé. 
Il  est  l'auteur  d'un  livre  célèbre  qui  se  lie  à  l'un 
des  événements  les  plus  étranges  de  ce  temps, 
où  le  Portugal  disputait  encore  sa  nationalité  à 
l'Espagne,  et  i!  a  cherché  à  expliquer  par  quelles 
trames  odieuses  îe  frère  de  Jean  IV  fut  retenu 
prisonnier  en  Allemagne;  cet  ouvrage  curieux 
porte  le  titre  suivant  :  El  principe  vendido,  o 
venta  dei  innocente  y  Libi-e principe  D.  Diiarte, 
infante  de  Portugal,  celebradaen  Vianaalb 
dejnnio  de  1642  annos.  El  reyde  Ungriaven- 
dador  y  et  rey  de  Castilla  coniprador.  Sti- 


4t)(S 
pulantes  em  el  acuerdo  por  el  rey  de  Cas- 
tilla, D.  Fràcisco  de  Melto,  governador  de 
sus  exercitos  em  Flandes  ;  D.  Manoel  de 
Corta-Real,  su  enibaxador  en  Alemania; 
por  el  rey  de  Vngria,  Fr.  Diego  de  Quiroja, 
su  conf essor,  el  doclor  Navarro,  secretario  de  i 
la  reyna  de  Vngria  ;  Paris,  Juan  Paie,  1643, 
in-8°.  Ce  volume,  un  peu  verbeux,  comme  l'in- 
dique son  titre,  avait  été  écrit  primitivement  en 
latin.  —  Fernandes-Villareal  avait  publié  deux 
ans  auparavant  :  El  politico  Christianismo , 
0  discursos  politicos  sobre  algunas  accio- 
nes  de  la  vida  del  emminentissimo  (  sic)  seîior 
cardinal  duqiie  de  Richelieu  ;  Pampelune , 
1641  :  ce  livre  fut  traduit  en  italien  et  en  fran- 
çais par  Chatonnière  de  Grenailles  ;  Paris , 
1643,  in-4''.  On  a  encore  de  cet  écrivain,  dont 
M™^  de  Sainte-Oronge  vante  l'agréable  com- 
merce, un  hvre  de  discussion  politique  qui  cher- 
chait à  réfuter  un  livre  très-passionné  ;  il  est  in- 
titulé :  Anti-Caramuel,  o  defensa  del  Mani- 
/iesto  del  reyno  de  Portugal  que  escrevio 
D.  Juan  Caramuel  Lobkowitz,  religioso  de  , 
Dunas,  doctor  de  santa  théologia,  abade 
de  Melorsa  y  vicario  de  la  orden  de  Cistêr; 
Paris,  1643,  in-8°.  Il  fut  aussi  l'éditeur  du  conti- 
nuateur de  Barros  en  publiant  :  Cinco  livras  da 
decada  XII da  Historia  da  India  por  Diego  do 
Couto,  chronista  e  guardamôr  da  torre.  do 
Tombo  do  Estado  da  India;  Pans,  1645,  pet. 
in-fol.  On  trouve  en  tête  de  ce  livre  une  longue 
épître  dédicatoir;^  à  D.  Vasco  Lui/  da  Gama, 
comte  da  Vidigueira,  alors  ambassadeur  du  Por- 
tugal en  France,  et  qui  fut  un  protecteur  bien 
peu  zélé  pour  l'infortuné  écrivain. 

Fernandes-Villareal  était  aussi  qaelque  peu 
poète,  et  faisait  même  des  vers  en  français,  qu'il 
publiait,  il  est  vrai,  à  Lisbonne;  il  donna  en  Es- 
pagne quelques  vers  castillans  sous  ce  titre 
bizarre  :  El  Colorverde,  ala  divina  Celia.  C'est 
tout  simplement  un  éloge  ao  la  couleur  verte, 
mêlé  à  quelques  madrigaux  dans  le  style  de 
l'époque.  Ferd.  Denis. 

Earhosa  Macbado,  Bibliotheca Lusitana.  —Documenti 
partirtUiers. 

FEiiNAKB>ES(AHi'oHio),  musicleu  portugais, 
né  à  Villa  de  Souzel  (Alem-Téjo  ),  vivait  au  dix- 
septième  siècle,  il  entra  dans  les  ordres,  et  devint  \ 
maîtredeschœurs  de  l'église  de  Sainte-Catherine 
de  Lisbonne;  il  mourut  fort  âgé,  car  il  compo- 
sait encore  à  quatre-vingt-ciaq  ans.  On  a  de  lui  : 
Arte  da  Musica  de  canto  de  orgào,  ecanto 
chào,  e  proporçoens  da  musica  divïdida  har- 
moHicanieîi7é;  Lisbonne,  1625,  'm-k°;—Ex- 
plicaçâo  dos  Segredos  da  Musica,  inédit,  ma- 
nuscrii  de  la  Bibliotlièque  royale  de  Lisbonne. 

F.  D. 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

*  FBîïiKAKîJEîS  {Juan),  capitaine  {conquis- 
tador) et  navigateur  espagnol,  mort  en  1538. 
En  1531  il  étaifà  Nicaragua,  et  amena  avec  le 
capitaine  don  Sébastien  de  Benaicaçarun  sccoLirr, 


469  FERNANDEZ 

de  trente  hommes  et  de  douze  chevaux  à  Fran- 
cisco PizaiTo,  au  moment  où  ce  célèbre  aventurier 
venait  de  s'emparer  de  la  province  de  Puerto- 
Viejo.  Mécontent  du  service  de  Pizarro,  Fer- 
nandez  passa  (1633)  à  celui  de  don  Pedro  de 
Alvarado ,  officier  qui  s'était  distingué  dans  la 
conquêtedu  Mexique  etavait  été  nommé  adelan- 
tado,  ou  gouverneur,  de  toute  la  partie  du  Pérou 
-qu'il  pourrait  découvrir  tiors  des  pays  déjà  pos- 
sédés par  Pizarro.  Fernandez  avait  fait  plusieurs 
fois  le  trajet  entre  le  Chili  et  le  Pérou  en  cô- 
toyant les  terres  ;  l'adelantado  lui  coaiia  sa  Hotte 
en  qualité  de  pilote,  et  le  chargea  d'explorer  la 
côte  d'Amérique  depuis  Puerto-Viejo  jusqu'aux 
confins  du  gouvernement  de  Pizari-o,  et  d'en 
prendre  possession  devant  notaire.  Fei'nandez 
fut  ensuite  envoyé  à  Nicaragua  et  à  Panama  pour 
y  chercher  les  troupes  laissées  par  Alvarado,  ci 
reçut  ordre  (1534)  de  longer  le  rivage  avec  sa 
tlotte,  tandis  que  l'adelantado  marchait  par  terre 
sur  Quito.  Don  Diego  de  Almagro,  qui  tenait  ie 
parti  de  Pizarro,  écrivit   aussitôt  à  Nicola  de 


Ribeira  et  à  ses  partisans  de  Pachacamà  de  se 
saisir  de  Fernandez  et  de  ie  pendre;  mais  ce  pi- 
lote échappa  au  danger  en  ne  relâchant  pas  sur 
le  point  où  l'embuscade  était  tendue.  Peu  après, 
Alvarado  ayant  fait  une  convention  avec  Pizaiio 
Bt  Almagro,  par  laquelle,  moyennant  120,000  cas- 
tellanos  (1),  il  renonçait  à  toute  prétention  sur 
le  Pérou  et  cédait  ses  navires  à  ses  competi- 
teui's,  Feruandez  se  vit  contraint  de  repasser 
jous  l'autoi'ité  de  Pizarro ,  qui  lui  pardonna  et 
le  nomma  même  au  commandement  d'un  galion. 
En  1538  Fernandez  accompagna  don  Antonio  de 
Sedeno,  chargé  par  le  gouvernement  d'IIispa- 
liola  (2)  de  soumettre  l'île  de  la  Trinidad.  Sedeno 
Jt  Fernanf^lez,  au  lieu  de  s'acquitter  de  leur  mis- 
sion, débarquèrent  sur  le  continent  pour  décou- 
i^rii  la  province  de  Meta,  qu'on  prétendait  riche 
m  mines  d'or  et  d'argent.  Après  avoir  défait  et 
fait  prisonnier  le  licencié  Frias  qui  voulait  les 
"aire  rentrer  dans  le  devoir,  ils  s'avancèrent  dans 
es  provinces  d'Anapuya  et  de  Orocoma  y ,  où 
Is  furent  reçus  amicalement.  A  leur  entrée  dans 
e  pays  de  Gotocjuaney,  ils  furent  obligés  d'enle- 
ifer  un  fort  construit  en  bois ,  dont  les  pieux, 
mtremêlés  de  joncs,  laissaient  de  petites  ouver- 
lires  par  lesquelles  les  Indiens  lançaient  une 
^rèle  de  flèches  empoisonnées.  Repoussés  le 
premier  jour,  les  Espagnols  revinrent  à  la  chaige 
e  lendemain.  Après  un  combat  meurtrier,  les 
Indiens  se  retirèrent  dans  leurs  forêts,  mais  sans 
s'être  laissé  entamer.  Sedeno  fut  obligé  de 
i'ariêtei'  quelques  jours  en  cet  endroit,  pour 
soigner  ses  blessés.  L'expédition  se  remit  en 
marche  par  le  12°  de  latitude  nord,  à  travers  une 
plaine  déserte,  coupée  de  rivières.  La  chaleur 
était  accablante ,  le  gibier  était  abondant,  mais 
les  autres  vivres  manquaient.  Une  partie  de  la 

(1)  Horre-Ji,  Zarntf-  et  d'aulres  liislohcns  disent  100,000 
pesos  (in  2,000  tnarc;, 

(2)  Depuis  Sairil-Domingue  et  Haïti. 


470 

troupe  se  mutina ,  et  les  chefs  ne  trouvèrent 
moyen  de  rétablir  l'ordre  qu'en  faisant  pendre 
un  officier  nommé  Ochoa  et  un  autre  révolté. 
Sedeno  passa  de  là  dans  le  Cataparo,  où  il  y 
avait  du  maïs  en  abondance.  Il  résolut  d'y  hi- 
verner ;  mais  il  tomba  malade,  et  mourut.  Juan 
Fernandez,  acclam.é  chef  suprême ,  lui  survé- 
cut peu.  Les  Espagnols  revinrent  sur  leurs  pas, 
et  après  mille  fatigues,  mille  privations  et  des 
combats  continuels,  qui  les  décimèrent ,  attei- 
gnirent enfin  les  uns  Venezuela ,  sous  la  con- 
duite de  Ger.  Reinoso ,  les  autres  Cubagua,  sous 
celle  de  Diego  de  Lusada.    Alfred  de  Lacaze. 

Goma.-a,  Hist.  de  las  Indias,  lib.  V,  cap.  m.  —  Her- 

rera,  Descripcion  de  las  Indias  occidentales,  décart.  VI, 

lib.  III,  cap.  xvr,  et  lib.  V,  cap.  viir.  —  AgostiQo  de  Za- 

rate,  Hist.  délia  Conquista  del  Peru,  lU).  II,  cap.  1.  — 

Cornent,  real.,  lib.  I,  cap.  xm, 


Garcilasso  de  La  Vcj 
xtv  et  XV. 

FERNANBEZ  (Juan),  navigateur  espagnol , 
mort  en  1576.11  n'existe  pas  de  renseignements 
biographiques  sur  la  première  partie  de  la  vie  de 
ce  navigateur.  Plusieurs  auteurs  le  confondent 
à  tort  avec  le  précédent,  Juan  Feruandez  était 
pilote,  et  naviguait  sur  les  côtes  de  l'Amérique 
espagnole;  il  remarqua  que  les  vents  du  sud  l'é- 
gnaient  presque  constamment  dans  ces  parages  et 
gênaient  les  rapports  maritimes  entre  le  Pérou  et 
le  Chili,  et  dont  la  traversée  n'exigeait  pas  alors 
moins  de  six  mois.  Il  imagina  que  peut-être  cet 
obstacle  n'existait  pas  au  large,  et  s'aventura  assez 
loin  en  mer  pour  chercher  des  vents  plus  favora- 
bles. Cette  idée  ingénieuse  fut  couronnée  de  suc- 
cès, et  Juan  Fernandez,  arrivé  à  une  certaine  dis- 
tance, fut  porté  sur  les  côtes  du  Chili  avec  une 
grande  rapidité,  ce  qui  lui  permit  de  passer  de 
Calao  au  Chili  en  trente  jours  (1),  merveille 
nautique  qui  lui  valut  une  accusation  en  règle 
comme  pratiquant  !a  sorcellerie.  Par  bonheur,  les 
inquisiteurs  de  Lima  voulurent  bien  l'absoudre, 
lorsqu'il  eut  prouvé  au  saint-office  que  cette  pré- 
tendue sorcellerie  pour  laquelle  on  l'avait  amené 
devant  le  tribunal  avait  son  explication  naturelle 
dans  la  connaissance  de  certains  courants  qu'il 
fallait  aller  chercher  à  400  lieues  des  côtes.  II 
recommença  plusieurs  fois  cette  traversée,  et 
en  1563,  allant  de  Lima  à  Vadivia,  il  découvrit 
à  150  lieues  ouest  des  côtes  du  Chih,  par  33°  40' 
de  lat.  sudetSO"  18' 40"  de  long,  ouest,  deux  îles 
qui  depuis  ont  porté  son  nom.  La  Plus  grande, 
appelée  Isola  Mas-a-Tierra  (île  Plus  près  de 
Terre),  porte  plus  spécialement  le  nom  de  Juan 
FenuDidez  :  c'est  une  île  de  forme  irrégulière, 
s'étendant  de  l'est  à  l'ouest ,  ayant  environ  cinq 
lieues  d3  long  sur  cinq  de  large.  La  seconde,  nom- 
mée Isola  Mas-a-F'uero  (île  Plus  en  Dehors), 
n'a  qu'une  lieue  d'étendue.  Un  troisième  îlot  ou 
plutôt  un  rocher  porte  le  nom  (V isola  del  Ca- 
brilo  (île  du  Cabri).  L'extérieur  de  ces  terres 
présente  un  aspect  sauvage  et  déscié;  l'accès  en 
est  difficile  :  néanmoins  Juan  Fernandez  y  des- 

(1)  Ce  passage  s'accomplit  aujourd'hui  en  seize  ou  dix- 
liuil  jours  avec  des  veuts  favorables. 


471 


FEBNANDEZ 


472 


cendit.  Il  n'y  rencontra  aucun  habitant ,  mais  il 
fut  enchanté  de  la  fertilité  de  sa  découverte. 
Partout  il  trouva  de  gracieux  paysages,  fécondés 
par  de  belles  nappes  d'eau  tombant  de  rocher 
en  rocher  et  se  perdant  dans  d'ombreuses  forêts 
de  cèdres  rouges,  d'arbres  à  piment,  de  myrtes  et 
d'autres  végétaux  utiles  ou  précieux.  Une  quan- 
tité innombrable  d'oiseaux  d'espèces  diverses 
animaient  ces  solitudes;  de  nombreuses  troupes 
(le  phoques  sommeillaient  sur  les  rivages ,  où 
fourmillaient  les  tortues ,  les  crustacés  et  les 
coquillages  de  toutes  espèces.  La  mer  environ- 
nante contenait  en  abondance  des  congres,  des 
brèmes,  des  morues,  des  anges  de  mer,  des 
cavaliers,  et  quantité  d'autres  poissons  délicieux  ; 
tout  enfin  y  promettait  à  l'homme  une  nourriture 
facile  et  abondante.  Juan  Fernandez  tint  sa  dé- 
couverte cachée  durant  plusieurs  années,  pendant 
lesquelles  il  en  sollicita  la  concession  du  gou- 
vernement espagnol.  II  ne  l'obtint  que  vers  1572. 
Il  établit  alors  à  Mas-a-Tierra  une  petite  colonie 
(|ui  aurait  pu  vivre  heureuse;  mais  la  nostalgie, 
kl  paresse,  l'inconduite,  découragèrent  les  arri- 
vants. Us  partirent  bientôt ,  ne  laissant  d'autre 
f  l'ace  de  leur  court  séjour  que  quelques  chèvres 
«[ui  se  multiplièrent  tellement,  que  durant  de  lon- 
gues années  les  navigateurs  des  mers  du  Sud 
allaient  aux  îles  Fernandez  s'approvisionner  de 
ces  animaux,  et  qu'aujourd'hui  encore  ils  forment 
laprincipàle  richt'sse  de  ce  groupe(l).  Fernandez, 
dégoûté  du  métier  de  colon,  reprit  la  mer,  et  dé- 
couvrit, en  1574,  les  îles  San-Felice  etSan-Am- 
bor  ou  Ambrogio  (2),  situées  par  27°  de  lat., 
82°  7'  de  long,  et  à  cent  quatre-vingts  lieues  ouest 
de  Copiapo  (Chili  ).  Ces  deux  îles  étaient  désertes. 
On  n'y  trouva  que  des  phoques  et  des  crabes. 
Leur  sol  semblait  être  le  produit  d'anciens  vol- 
cans éteints.  San-Felice  était  surtout  remarquable 
par  un  rocher  qui,  dans  presque  tous  ses  points 
de  vue,  oitVait  l'image  d'un  vaisseau  sous  toutes 
voiles.  En  1576,  Fernandez  s'avança  encore  plus 
au  large,  et  après  une  navigation  d'environ  un 
mois  il  atteignit,  rapporte-t-on,  une  grande  terre, 
dont  les  naturels  l'accueillirent  avec  bienveil- 
lance. Us  étaient  blancs ,  bien  faits  et  couverts 
(le  vêtements  de  toile.  Les  Espagnols  convinrent 
de  garder  le  secret  sur  leur  prétendue  décou- 
verte ,  et  en  effet  à  leur  retour  au  Chili  il  n'en 
fut  pas  question.  Ce  n'est  qu'après  la  mort  de 
Fernandez  que  quelques  personnes  affirmèrent 
tfue  ce  navigateur  leur  avait  confié  une  partie  de 
ion  secret.  Juan-Luiz  Arias,  dans  le  hvre  qui 
renferme  cet  épisode,  nomme  un  officier  au- 
quel Fernandez  aurait  montré  la  carte  de  la 
terre  qu'il  avait  reconnue.  Quoi  qu'il  en  soit, 
l'affaire  en  resta  là,  et  aucune  tentative  ne  fut 

(1)  Ces  lies  devinrent  ensiiile  le  séjour  de  quelques 
naufragés,  entre  autres  de  l'Écossais  Alexandre  Seikirk 
(  voy.  ce  nom  ),  dont  les  aventures  ont  fourni  à  Daniel  de 
Kaé  ie  sujet  du  roman  si  connu  sous  le  nom  de  Mobinson 
Criisoë. 

(21  Ces  deux  îles,  ainsi  qu'un  rocher  qui  les  avoisine.,  ont 
«té  appelées  aussi  Terre  de  Davis. 


faite  pour  retrouver  le  mystérieux  continent. 
Plusieurs  géographes  modernes  se  sont  épuisés 
en  conjectures  sur  la  découverte  de  Fernandez  ; 
les  uns  ont  voulu  y  voir  la  Nouvelle-Zélande  j 
malgré  l'espace  immense  qui  la  sépare  du  Chifi. 
la  faiblesse  du  bâtiment  espagnol ,  son  mauvais 
équipement,  son  peu  de  vivres,  etc.;  d'autres 
ont  supposé  une  grande  terre  existant  dans  1( 
grand  Océan ,  vers  le  40°  austral ,  et  échappé* 
jusque  ici  aux  recherches  des  navigateurs.  Ces 
deux  hypothèses  paraissent  également  inadmis 
sibles,  et  tout  porte  à  croire  que  l'on  doit  rejetei 
la  révélation  attribuée  à  Juan  Fernandez  au  ranj 
des  mystifications  géographiques  assez  nombreu 
ses  à  l'époque  du  pilote  espagnol,  où  le  mer 
veilleux  et  même  l'impossible  trouvaient  facile 
ment  créance. 

Selon  une  tradition  admise  par  plusieurs  bio 
graphes,  l'île  de  Pâques,  vue  en  1722,  par  Rog 
gewin ,  aurait  eu  pour  premier  explorateur  Juai 
Fernandez,  et  cette  découverte  se  serait  accomplii 
en  1576,  c'est-à-dire  en  l'année  même  où  1 
marin  espagnol  cessa  de  vivre.  L'île  de  Pâques 
si  rarement  visitée ,  n'est  qu'à  600  lieues  de  1 
côte,  et  il  est  infiniment  probable  que  Juan  Fer 
nandez  put  l'atteindre  durant  la  série  d'expé 
riences  nautiques  qu'il  tentait.  D'autres  histo 
riens  espagnols  supposent  que  cette  découvert! 
fut  reculée  jusqu'en  1670,  et  qu'elle  fut  due 
don  Philippe  Gonçalez ,  commandant  d'un  naj 
vire  nommé  la  Rosalia.  Le  commandant  Du 
perrey,  dont  le  nom  fait  si  bien  autorité  en  cei 
sortes  de  matières ,  paraît  être  persuadé  qu'î 
faut  en  restituer  l'honneur  à  Juan  Fernandez; 
auquel  du  reste  on  attribue  encore  d'autres  dél 
couvertes.  F.  D.  et  A.  de  L. 

Jean  Luiz  Arias,  Mémoire  pour  recommander  au  ro 
la  conversion  des  îles  nouvellement  découvertes  (  e( 
espagnol);  1609.  —  Anson,  f^oyage  round  the  IForld  i\ 
the  years  1740  to  174S.  —  Alex.  Dalrymple,  A  CoUectioi 
of  South  Sea  Foyaçies.  —  F  réville,  Voyages  de  la  met 
du  Sud  par  les  Espagnols  et  les  Hollandais.  —  Doi 
VWoA,  Relacion  del  Fiage,  lib.  Il,  cap.  iv.—  Molina 
Saggio  Sulla  Storia  naturale  de  Chili  (  Bologne,  I8I0) 
libri,  §  1,  2  et  3. 

*  FERNANDE^:  (  Thomus).  Selon  Cordovai 
il  y  eut  au  seizième  siècle  un  navigateur  de  cl 
nom,  que  le  célèbre  Candish  trouva  seul  vivani 
dans  cette  cité  imaginaire  que  Ton  supposai 
exister  vers  les  régions  Magellaniques  etquel'o^ 
désignait  sous  le  nom  de  la  Ciudad  de  los  Ce\ 
sares  ;  mais  cet  unique  habitant  d'une  espèc( 
d'Eldorado,  qui  ne  vit  plus  aujourd'hui  q^ 
dans  les  légendes,  n'a  probablement  pas  plus  ( 
réalité  que  la  ville  enchantée  qu'il  habitait. 

Ferd.  Denis. 

Claudio    G.Ty.  Historia  flsica  y  politica  de  Chili,  t. 
—  Du   Petit-ïhouars,  Foyage  autour  du  Monde  sur  U 
frégate  La  Vénus. 

*  FERNANDEZ  (Alfonso) ,  poëte  espagnol 
peu  connu;  il  choisit  Gonzalve  de  Cordoue  poui 
le  héros  d'un  poëme  qu'il  publia  sous  le  tifrt 
d'Hisiorla  Parthenopea,  et  qui,  divisé  en  huii 
livres,  parut  à  Rome,  en  1516.  C'est  une  rarett 


473  ■  FERNANDEZ 

.    bibliographique  fort  difficile  à  rencontrer,  mais 
]ui  n'offre  d'ailleurs  rien  d'intéressant.  G.  B. 

Antonio,  Biblioth.  Hispana  nova,  t.  I,  p.  23. 

!       FERNANDEZ  (Diego),  capitaine  (conç'Mis- 

Itador)  et  historien  espagnol,  né  à  Palencia 
royaume  de  Léon),  vivait  en  1571.  Il  embrassa 
là  carrière  des  armes ,  s'embarqua  pour  le  Pérou 
'Fers  1545 ,  et  prit  part  aux  différentes  luttes  qui 
leurent  lieu  entre  les  chefs  espagnols.  En  1553 
ît  1554 ,  il  combattit  pour  la  cause  royale 
sous  les  ordres  de  don  Alonso  de  Alvarado, 
jorregidor  et  capitaine  général  de  los  Charcos, 
contre  Francisco  Hernandez  Giron  (voy.  ce 
nom  ) ,  capitaine  espagnol ,  qui  avait  levé  l'éten- 
dard de  la  révolte  et  s'était  fait  proclamer  juge 
suprême  dans  Cusco  (  27  novembre  1553). 
Après  des  succès  variés ,  Giron  ayant  été  aban- 
lonné  par  ses  lieutenants ,  fut  arrêté  dans  la 
vallée  de  Xauxa  (  24  novembre  1554)  et  décapité 
4  Lima.  Cependant  le  calme  ne  fut  complètement 
rétabli  au  Pérou  que  par  l'arrivée  (6  juillet 
f\  1555)  de  don  Hurtado  de  Mendosa,  marquis  de 
Cauete.  Ce  nouveau  vice-roi  attacha  à  sa  per- 
sonne Diego  Fernandez  en  qualité  d'historiogra- 
plie.  Ce  fut  alors  que  Fernandez  commença 
son  Historia  del  Peru.  Plus  tard,  il  revint  en 
Espagne,  et,  sur  l'invitation  de  don  Sandoval , 
président  du  conseil  des  Indes,  étendit  de  beau- 
coup son  ti'avail,  auquel  il  ajouta  une  première 
partie.  L'ouvrage  complet  fut  publié  sous  ce  titre  : 
Primera  et  secundo  parte  de  la  Historia  del 
Peru  (1);  Séville,  1571  (2),  in-fol.  Gàrcilassode 
Vega  attaque  vivement  Diego  Fernandez,  et  lui 
reproche  sa  partialité  ;  il  est  probable  qu'un  mo- 
tif contraire  décida  le  conseil  des  Indes  a  inter- 
diie  la  publication  de  V Historia  del  Peru  dans 
les  provinces  soumises  à  sa  juridiction.  Diego 
Fernandez  avait  beaucoup  vu  :  il  avait  été  acteur 
dans  les  premiers  drames  qui  suivirent  la  décou- 
verte du  Pérou;  il  en  connaissait  tous  les  per- 
sonnages ,  et  savait  les  motifs  secrets  qui  avaient 
fait  agir  chacun  d'eux;  ses  révélations  devaient 
doue  effrayer  plusieurs  de  ses  contemporains 
haut  placés.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'œuvre  de  Diego 
Fo mandez  est  aujourd'hui  regardée  comme  le 
plus  fidèle  récit  des  faits  relatifs  à  la  conquête 
du  Pérou.  A.  de  Lacaze. 

Garcilasso  de  Vega,  Cornent,  real.,  part.  Il,  lib.  VI  et 
VU.  —Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  {Bova ) Scriptorum 
Hispanise,  III,  283. 

FERNANBEZ  (G0WSa?0)»E  OVIEDO  Y  VAL- 

nEz,  voyageur  et  historien  espagnol.  Voy.  Oviedo. 
*  FERNANDEZ  (Lticas),  écrivain  drama- 
tique espagnol,  né  à  Salamanque,  vivait  au  com- 
mencement du  seizième  siècle.  Il  publia  en  1514 
dans  sa  patrie  un  volume  petit  in-foho,  devenu 
excessivement  rare,  et  intitulé  :  Farsas  y  Eglo- 
gas  al  modo  y  estilo  pastoral  y  castellano. 
Il  renferme  six  compositions  dramatiques  ;  l'une 
d'elles  est  qualifiée  de  comedia;  une  autre  est 


474 


(11  Et  non  Piru,  comme  l'écrit  Nicolas  Antonio. 
(2)  Et  non  1671,  comme  l'écrit  Eyriès,  dans  la  Biographie 
*<  Mlchaud. 


désignée  sous  le  nom  d^auto,  o  farsa,  et  deux 
sous  celui  de/arsa,  o  quasi  comedia.  Fernandez 
imita  le  genre  de  Juan  de  La  Enzina  (  voy.  ),  qui 
avait  été  accueilli  avec  grande  faveur;  mais  il 
offre  peu  d'intérêt.  G,  B. 

Ticknor,  History  of  Spanish  Literature,  t.  IH,  p.  2.SG. 

*  FERNANDEZ  (/acoôo),  peintre  espagnol, 
vivait  en  1535.  Il  appartenait  à  l'école  de  Séville 
et  peignait  l'histoire.  On  connaît  de  lui  la  décora- 
tion de  l'ancien  maître  autel  de  la  chapelle  d(^ 
Saint-Pierre  dans  la  cathédrale  de  Séville.  Ces 
tableaux  ne  sont  pas  sans  mérite,  quoique  d'un 
style  sec,  selon  la  manière  du  temps. 

F.  Quilliet,  fie  des  Peintres  espagnols. 

FERNANDEZ  (  Francisco  ) ,  peintre  et  gra- 
veur espagnol,  né  à  Madrid,  en  1605,  tué  en 
1646.  Il  était  élève  de  Vicente  Carducho.  Il  pei- 
gnait le  portrait  et  l'histoire  avec  beaucoup  de 
talent,  et  fut  employé  à  la  décoration  du  palais 
royal  de  Madrid.  On  possède  de  lui  plusieurs  ta- 
bleaux dans  le  couvent  de  la  Victoria,  entre  autrer. 
les  Obsèques  de  saint  François  de  Paule;  Saint 
Joachim  ;  Sainte  Anne.  Ces  morceaux,  quoique 
détériorés,  montrent  à  quel  point  Francisco  Fer- 
nandez savait  dessiner.  Un  jour,  après  avoir 
dîné  chez  son  intime  ami  le  maître  d'école 
Francisco  de  Varras ,  une  dispute  s'éleva  entre 
eux,  et  devint  si  vive  que  Varras,  échauffé  par 
le  vin  et  la  colère,  frappa  son  ami  d'un  coup  de 
poignard  et  i'étendit  mort.  Fernandez  fut  le  pre- 
mier maître  de  José  Donoso,  et  fit  une  partie  des 
eaux-fortes  destinées  à  l'ouvrage  de  Carducho 
{voy.  ce  nom)  intitulé  Dialogo  de  la  Pintura; 
Madrid,  1633,  in-4°. 

Palomino  Velasco,  El  Museo  pictorico.  —  F.  Quilliet, 
fie  des  Peintres  espagnols. 

*  FERNANDEZ  (Ltiis  ) ,  peintre  espagnol ,  né 
à  Séville,  vivait  en  1 580.  Ce  peintre  peignait 
l'histoire.  Il  possédait  une  couleur  brillante, 
avait  de  l'expression  et  donnait  à  ses  compo- 
sitions de  genre  un  grand  charme.  Ses  tableaux, 
qui  ont  été  souvent  confondus  avec  ceux  de  Luis 
Zambrano,  sont  aujourd'hui  perdus  ou  inconnu.-;. 
Luis  Fernandez  a  formé  d'excellents  élèves,  entre 
autres  Herrera  le  Vieux,  Agustin  d'el  Castillo  , 
et  Francisco  Pacheco. 

F.  Quilliet,  yie  des  Peintres  espagnols. 

*  FERNANDEZ  (Luis) ,  peintre  espagnol ,  m'', 
à  Madrid,  en  1596,  mort  dans  la  même  ville,  en 
1654.11  était  élève  d'Eugenio  Caxes,  dont  il  suivit 
le  dessin ,  la  couleur  et  le  style.  Il  se  faisait  re- 
marquer, comme  son  maître ,  par  une  imitation 
franche  de  la  nature,  des  teintes  suaves  et  imc 
grande  pureté  de  trait.  On  admire  surtout  df 
cet  artiste  la  Vie  de  saint  Raimond ,  série  de 
tableaux  qui  orne  le  couvent  de  la  Merceda,  à 
Madrid,  et  que  Fernandez  termina  en  1625.  Il 
avait  décoré  à  fresque ,  à  l'aquarelle  et  à  l'huile, 
une  chapelle  de  l'église  de  Santa-Criiz  :  la  vie  de 
la  Vierge  y  était  représentée  dans  toutes  ses 
phases  ;  un  incendie  dévora  cette  œuvre. 

Palomino  Vclasco,  El  IPtvseo  pictorico.  —  Quilliet, 
Dictionnaire  des  Peintres  espagnols. 


475 


FERNANDEZ 


FERNANDÈZ  (Juan-Patricio) ,  missionnaire 
espagnol,  mort  en  1672.  Il  appartenait  à  la  Com- 
pagnie de  Jésus,  fut  envoyé  dans  les  missions 
du  Paraguay,  et  y  demeura  plusieurs  années.  On 
a  publié  sous  son  nom  Eelacion  historica  de 
la  Mision  en  la  nacion  Chiquifo.s  ;  Madrid, 
(726,  in-S";  trad.  en  allemand,  Vienne,  1729, 
in-8";  en  latin,  ibid.,  1733,  in-4".  Cet  ouvrage 
donne  peu  de  détails  intéressants.  Il  ne  renferme 
guère  que  des  faits  particuliers  à  la  mission. 
Nicolas  Antonio,  Bibliotàeca  liUpana  nova. 
*    FERNANDEZ    DE     CASTBO    (Antonio) , 

peintre  espagnol,  mort  à  Cordoue,  le  22  avril 
173-9.  Il  était  prébendier  de  la  catliédrale  de 
Cordoue.  Il  manifesta  son  goût  pour  la  peinture 
par  deux  tableaux  qu'il  fit  pour  la  salle  capitu- 
laire  de  son  église;  i'un  représentait  Zff  Concep- 
tion ,  l'autre  ^aint  Ferdinand  ;  il  fit  ensuite 
plusieurs  compositions  assez  vastes.  Quoique 
Fernandez  de  Castro  ait  été  classé  par  Quilliet 
parmi  les  peintres  de  l'école  de  Séville ,  on  ne 
peut  guère  voir  en  lui  qu'un  habile  amateur. 
Quilliet,  Dictionnaire  des  Peintres  espujinols. 

*  Fli^RNANDËZ    DE   «ïîJADAtUPE  (Pedro)  , 

peintre  espagnol ,  vivait  en  1527.  Il  résida  cons- 
tamment à  Séville ,  où  il  laissa  de  nombreuses 
peintures  à  fresque.  Plus  que  tout  autre  artiste, 
il  contribua  à  la  décoration  de  la  catliéîlrale  de 
cette  ville,  dont  il  coloria  en  1509  les  vingt-deux 
statues  de  la  coupole,  et  en  1510  les  cinq  situées 
près  de  la  cour  des  Orangers.  La  Cèna  et  les 
cinq  statues  en  grisaille  qui  se  trouvent  daiis  la 
même  coupole  sont  aussi  de  Fernandez.  Eu  1527 
il  exécuta  le  grand  écusson  pour  le  maître  autel 
et  décora  l'autel  antique  de  la  chapelle  Saint- 
Paul. 
Quilliet,  Dictionnaire  des  Peintres  espagnols. 

*  FERNANDEZ    DE  HE31EDJA,   (Juan-Fl'an- 

risco  ),  littérateur  espagnol ,  vivait  vers  la  lin  du 
dix-septième  siècle.  Il  publia  à  Madrid,  eu  1682  , 
in-4°,  une  espèce  de  reciîci!  d'emblèmes  qu'il 
intitula  Trabajos  y  A/mes  de  HemUes,  et  qui 
(^st  une  des  plus  médiocres  productions  qu'offre 
ce  genre ,  justement  délaissé.  G.  B. 

Latana,  B'ùlioth,  nova,  t.  IV,  p.  3.  —  Tic.knor,  fjist.  of 
Spanish  LitcraUire,  t,  III,  p.  19S. 

FERNANDEZ  s)E  LARED®  (Jitan),  peinti'e 
espagnol,  né  à  Madrid,  en  1C32,  mort  en  1692. 
î!  était  élève  de  Francisco  Rizzi,  qu'il  aida  pour 
l'ornementation  du  Retire.  Fernandez  de  Laredo 
devint  un  des  plus  habiles  fresquistes  de  son 
temps,  et  ses  talents  lui  méritèrent  de  Charles  II 
le  titi'e  de  peintre  du  roi  (24  janvier  1687).  11 
l'empiaça  Rizzi  dans  la  direction  des  travaux  de 
peinture  exécutés  dans  les  propriétés  royales,  et 
peignit  plusieurs  tableaux  pour  quelques  établis- 
sements religieux. 

Quilliet,  nutionnaire  des  Peintres  espa.çinols. 

*  FBRNAiSDEZ  Y  PESiALTA  (Jîf«?i),  écrivain 
espagnol,  vivait  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  composa  un  recueil  de  contes 
et  nouvelles  qu'il  intitula  Para  .«  (  Pour  soi- 
même  ) ,  prenant  ainsi  la  contre-partie  des  titres 


-  FERINEHAM  476 

que  Montalvan  et  Matias  de  los  Reyes  avaient 
donnés  à  leurs  ouvrages  (  Para  todos  et  Para 
algunos).  Le  volume  de  Fernandez,  imprimé  en 
1621,  est  devenu  presque  impossible  à  rencon- 
trer. G.  B. 
Ticknor,  History  of  Spanih  Literature,  t.  III,  p.  106 

FERNANDEZ  DE  CORDOUE.  VOîJ.  GONSALVK. 

FERNANDEZ  XIMENEZ  DE  NAVARETTE. 
Voy.  Navarette. 

FERNANDEZ  {Geronimo).  Voy.  Toribio. 

FESiWANDEZ.  Voy.  Hernandez. 

FERNANDi  (Francisco) ,  surnommé  l'Impé- 
l'iali ,  peintre  italien ,  vivait  à  Rome  vers  1730. 
On  a  de  lui  :  Le  Martyre  de  saint  Eustache, 
qui  décore  l'église  du  mêine  nom  à  Rome.  C'est 
un  ouvrage  bien  conçu  et  d'un  bon  coloris. 

Guida  di  Iloma.  —  Filippo  Tili  de  Città  di  Castello, 
Descrizione  délie  Pitiure,  etc.  —  l.arizi,  Storia  pittoricri 

*  FERNAU  (  Charles  ) ,  connu  sous  le  noni 
de  Sébastien-François  Daxemberger,  poëtf 
allemand,  né  à  Munich,  le  3  octobre  1809.  Il 
est  fils  d'un  chaudronnier,  qui  le  fit  étudier  dans 
sa  ville  natale  et  plus  tard  à  Berlin  et  à  Gœttin- 
gue,  où  il  se  prépara  à  la  pratique  du  droit. 
Employé  d'abord  au  ministère  de  l'intérieur,  il 
devint  ensuite  secrétaire  du  prince  héréditaire, 
depuis  roi  de  Bavière,  Maximilien  II.  En  1843  il 
fut  nommé  conseiller  d'État  et  en  1847  conseiller 
ecclésiastique  etd'instructionpubhque.  En  184911 
fut  élu  membre  de  l'assemblée  nationale  de  Franc- 
fort. Il  s'y  posa  en  défenseur  de  la  monarchie 
constitutionnelle  et  de  l'indépendance  de  la  Ba- 
vière. Outre  des  contes  et  des  légendes  en  vers, 
insérés  dans  le  Damenzeitung  (Journal  des 
Dames)  de  Spindler,on  a  de  Fernau  ;  FaUjui, 
oder  Blaetter  ans  dem  Leben  eines  Dichteis 
(  Edgar,  ou  pages  de  la  vie  d'un  Poète)  ;  Munich, 
1838;  _  Mythische  Gedichte  (Poèmes  my- 
thiques) ;  Munich,  1835;  —  Gedichte  (Poésies); 
Ratisbonne,  1845  ;  —  Béatrice  Cenci;  —  Ulrich 
Schwars,  ;  —  Bianca,  Cqpello  ; —  Bas  Fest 
der  M'usen  (La Fête  des  Muses)  ;  Munich,  1844. 

Conversations-  Lexikon. 

*  FERNEHAM(^'^^co^rt.s  «e),  médecin  etnatu- 
raliste anglais,  mortàDurbam,  en  1241.  Il  fut  élève 
de  l'université  d'Oxford,  puis  des  universités  de 
Paris  et  de  Bologne.  Son  goût  pour  la  botanique 
lui  fit  entreprendre  de  longs  voyages,  après 
lesquels  il  revint  dans  sa  patrie,  où  l'attendait 
une  réputation  brillante.  Le  roi  Henri  III  se 
l'attacha  comme  médecin;  il  s'occupa  beaucoup 
d'astrologie  judiciaire,  et  cette  étude  agit  de  telle 
sorte  sur  son  esprit  qu'abandonnant  l'art  de  guérir^ 

il  ne  s'occupa  plus  que  de  théologie.  On  voulut" 
le  nommer  évéque  de  Chesîer,  mais  il  s'y  refusa. 
Vaincu  plus  tard  par  des  sollicitations  puissantes, 
il  monta  sur  le  siège  de  Dnrham,  et  mourut 
dans  un  âge  avancé,  laissant  sur  la  médecine, 
les  sciences  naturelles  et  la  religion,  beaucou[) 
d'écrits ,  qui  sont  probablement  perdus  aujour- 
d'hui. Emile  BÉGiN.  j 
Documents  manuscrits  de  la  Bibliothèque  d'Oxford,   \ 


477 

FERNEL  (Jean),  célèbre  médecin  français, 
surnonfinné  le  Galien  moderne,  naquit  en  1497, 
suivant  la  version  la  plus  probable ,  à  Clermont  en 
Beauvoisis,  et  mourut  le  26  avril  15â8.  Il  fit  ses 
premières  études  dans  sa  ville  natale,  et  vint  à  l'âge 
de  dix-neuf  ans  les  terminer  à  Paris,  au  collège  de 
Sainte-Barbe,  qui  jouissait  dès  lors  d'une  grande 
célébrité.  Là,  grâce  à  une  remarquable  aptitude, 
secondée  par  une  opiniâtre  application,  il  se  dis- 
tingua tellement  dans  les  mathématiques,  la  phi- 
losophie et  les  lettres,  qu'à  peine  reçu  maître  es 
arts  il  fut  pressé  d'accepter  une  chaire  impor- 
tante dans  un  collège  de  la  capitale;  et  peut- 
être  eût-il  été  perdu  pour  la  science  sur  laquelle 
il  devait  jeter  tant  d'éclat,  s'il  n'eiit  préféré  se 
consacrer  tout  entier  dans  la  retraite  à  ses 
études  favorites.  Obligé,  à  peu  de  distance  de  là, 
de  quitter  Paris  pour  rétablir  sa  santé,  fatiguée 
par  de  longues  veilles ,  il  y  revint  bientôt,  avec 
l'intention  d'y  choisir  une  carrière.  Après  quel- 
(jue  hésitation ,  il  se  détermina  pour  la  méde- 
cine; et  comme  sa  famille  avait  peu  d'aisance,  il 
résolut  pour  subvenir  aux  frais  de  son  séjour 
à  Paris,  d'enseigner  la  philosophie  au  collège 
de  Sainte -Barbe  tout  en  poursuivant  ses 
("tudes  médicales.  Reçu  docteur  en  1530,  et  ma- 
rié deux  ans  plus  tard ,  il  finit,  sur  les  instances 
de  sa  femme  et  de  son  beau-père,  par  aban- 
donner, bien  qu'il  s'y  montrât  fort  habile ,  l'é- 
tude des  mathématiques  et  de  l'astronomie,  qui 
l'entraînait  dans  des  dépenses  ruineuses,  parce 
qu'il  faisait  construire  à  grands  frais  des  instru- 
ments chez  lui.  Livré  exclusivement  dès  lors  à  la 
.pratique,  et  nommé  professeur  aux  écoles  de 
médecine  en  l534,Fernel  se  trouva  en  quelques 
années  à  la  tête  de  l'enseignement ,  et  acquit 
la  réputation  d'un  des  premiers  praticiens  de  son 
ivMnps.  C'est  alors  qu'au  milieu  des  occupations 
multipliées  de  l'enseignement  et  de  la  plus  vaste 
clientèle ,  trouvant  encore  le  temps  de  se  livrer 
à  des  travaux  de  cabinet ,  il  conçut  la  pensée 
de  rassembler  ce  que  les  auteurs  grecs,  latins 
et  arabes  pouvaient  lui  offrir  d'excellent,  pour 
en  composer  un  corps  de  doctrine  approprié  aux 
besoins  de  son  siècle  et  qui  fîlit  l'expression  la 
plus  complète  de  la  science  d'alors  :  «  quse  vera 
ac  solida  ab  optimis  quibusque,  tum  Graecis , 
tum  Arabibus,  firmrssimis  argumentis  probata 
ad  medendi  usnm  conducere  observaveram , 
e.xcerpsi  et  in  unura  contuli.  {Epist.  dedic, 
p.  3.)  Tarn  peccantqui  a  veferibus  pervestigata 
omnia  compreheiisaque  esse  contendunt ,  quam 
qui  eisdem  primam  rerum  cognitionem  detra- 
Imnt,  illosque  de  veteri  doctrinarum  posses- 
sione  dejiciunt.  •>  (De  nbdit.  Rerum  Causis, 
prœf.,  478).  On  a  quelquefois  regardé  l'éclec- 
tisme comme  l'indice  d'une  certaine  timidité  d'es- 
prit ou  d'une  tendance  au  scepticisme  ;  certes, 
c'était  faire  preuve  d'une  indépendance  d'esprit 
p.t  d'une  fermefé  de  raison  peu  communes  que 
de  s'en  déclarer  liautemeut  le  partisan,  à  une 
épocpie  où  douter  de  l'infaillibilité  des  anciens,  et 


FERWEL  ^73 

en  particulier  de  Galien,  passait  pour  une  hérésie 
au  premier  chef. 

Regardant  la  connaissance  du  corps  humain 
comme  le  point  de  départ  de  la  médecine ,  Fer- 
nel  consacra  ses  premières  publications  et  ses 
premiers  cours  à  l'anatomie  et  à  la  physiologie. 
Le  traité  de  Pathologie ,  son  plus  beau  titre , 
suivit  de  près.  Professeur  éloquent ,  écrivain  non 
moins  élégant  que  disert,  artiste  en  l'art  d'ex- 
poser et  d'enchaîner  avec  lucidité  les  doctrines 
qu'il  conciliait,  tels  furent  ses  succès  ,  que  de 
son  vivant  même  ses  ouvrages ,  placés  au  rang 
des  classiques,  furent  lus  et  commentés  dans  les 
cours  comme  ceux  des  pères  de  la  science.  Aux 
suffrages  des  savants  et  du  public  vint  s'ajouter 
la  faveur  des  gi^ands.  Satisfait  des  soins  que  Fer- 
nel  avait  donnés  à  Diane  de  Poitiers  dans  une 
maladie  grave,  Henri  II,  devenu  roi  de  France, 
avait  désiré  l'attacher  à  sa  personne  à  titre  de 
premier  médecin.  Fernel,  alléguant  l'état  de  sa 
santé  et  le  respect  des  convenances,  avait  décliné 
cet  honneur,  qui  lui  paraissait  revenir  de  droit 
au  médecin  du  feu  roi  ;  mais  à  la  mort  de  l'ar- 
chiâtre,  n'ayant  plus  de  prétexte  à  faire  valoir,  il 
fut  contraint  d'accepter  ce  poste ,  dont  les  exi- 
gences allaient  assez  mal  aux  goûts  du  savant 
et  aux  habitudes  de  sa  vie.  Obligé  peu  de  temps 
après  de  quitter  Paris  pendant  un  hiver  rigou- 
reux pour  suivre  le  roi  au  siège  de  Calais ,  puis 
de  revenir  à  Fontainebleau,  où  se  trouvait  la 
cour,  il  y  perdit  Madeleine  Tournebue,  sa 
femme.  Frappé  douloureusement  par  ce  coup  im- 
prévu, et  atteint  lui-même ,  à  ce  qu'il  parait,  de 
la  fièvre  à  laquelle  sa  compagne  avait  succombé, 
Fernel  ne  lui  survécut  que  quelques  semaines. 
II  fut  inhumé  à  Paris,  dans  l'éghse  Saint-,iacqnes- 
de-la- Boucherie.  11  laissait  deux  filles,  aUiées  à  la 
haute  magistrature. 

L'amour  de  l'étude  fut  chez  Fernel  une  pas- 
sion dominante ,  au  point  de  lui  sacrifier  les 
soins  de  sa  santé.  De  mœurs  rigides ,  d'un  ca- 
ractère défiant ,  avec  une  nuance  de  mélancolie , 
il  se  plaisait  surtout  dans  les  fonctions  de  l'en- 
seignement et  dans  les  travaux  de  cabinet.  Et 
ce  qui  ne  laisse  pas  que  de  surprendre,  c'est 
qu'avec  de  tels  goûts,  ordinairement  si  peu  com- 
patibles avec  la  poursuite  du  gain ,  il  devint  le 
plus  riche  praticien  de  son  époque.  Maison  peut 
dire  que  la  fortune  vint  le  trouver  plutôt  qu'il 
n'alla  au-devant  d'elle,  grâce  à  la  libéralité  des 
grands  de  son  temps ,  à  l'affluence  des  malades 
que  lui  attirait  son  immense  rcjiutation  ,  et  enfin 
aussi  à  l'écononiie  et  à  l'esprit  d'ordre  qu'il  por- 
tait en  toute  chose.  Fernel  eut  quelques  détrac- 
teurs. On  lui  reprocha  de  ne  point  user  assez 
fréquemmentde  la  saignée.  Duret,  qui  ne  pouvait 
comprendre  qu'onadmît  d'autre  autorité  quecelle 
d'Hippocratt",  disait  de  lui  assez  plaisamment, 
jnais  à  coup  sûr  très-injustement  :  F.rces  Ara- 
hiim  vielle  latïnitafis  condidit.  En  revanche, 
Fernel  compte  parmi  ses  admirateurs  les  plus 
enthousiastes,  j'allais  dire  les  plus  prévenus, 


479 


FERNEL 


480 


Bol'deu,  qui  n'hésite  pas  à  le  placer  un  peu  au- 
dessous  d' Hippocrate  et  presque  de  niveau 
avec  Galien.  Voyons  donc  ce  qu'un  examen  ra- 
pide de  ses  oeuvres  nous  permettra  de  penser,  à 
cent  ans  de  distance,  du  jugement  porté  sur  lui 
par  le  médecin  béarnais. 

Partisan  déclaré  de  l'analyse,  possédant  la 
méthode  de  l'art  des  divisions  à  un  degré  in- 
connu jusqu'à  lui  en  médecine ,  Fernel  partage 
cette  science  en  trois  grandes  divisions  :  anato- 
mie  et  physiologie ,  pathologie ,  thérapeutique. 
Chacune  de  ces  divisions  renferme  sept  livres; 
peut-être  sacrifie-t-il  même  en  ceci  plus  qu'il  ne 
convient  à  la  symétrie  de  son  plan.  Quelques 
mots  sur  chacune  de  ces  parties.  Quoique  Vé- 
sale  se  soit  fait  gloire  d'avoir  été  son  disciple  , 
et  que  Riolan  fasse  l'éloge  de  ses  connaissances 
anatomiques,  on  ne  doit  à  Fernel  aucune 
découverte  en  ce  genre.  Cependant  il  rectifia 
plusieurs  erreurs  de  Galien  et  d'Aristote ,  et  s'ef- 
força de  faire  considérer  l'anatomie  comme  la 
base  ferme  et  immuable  de  toute  doctrine  médi- 
cale. «  La  connaissance  du  corps  humain,  dit-il,  est 
à  l'art  de  guérir  ce  que  la  géographie  est  à  l'his- 
toire; c'est  comme  le  sol  sur  lequel  tout  s'ap- 
puie. >>  On  trouve  dans  les  derniers  livres  de  sa 
pathologie  de  nombreuses  relations  d'autopsie, 
dont  plusieurs  ne  sont  pas  dénuées  d'intérêt. 
En  physiologie  Fernel  suit  tous  les  errements 
de  Galien ,  et,  quittant  le  domaine  de  l'observa- 
tion pour  se  lancer  dans  celui  de  la  spéculation 
pure  (car  la  physiologie  expérimentale  n'était 
pas  encore  née),  il  explique  avec  la  foi  inébran- 
lable d'un  dogmatisme  absolu  les  mystères  les 
plus  intimes  de  l'organisme ,  quœ  sola  cogita- 
Uone  discentitr,  dit-il;  fidèle  néanmoins,  lors 
même  qu'il  s'égare,  à  cette  belle  méthode  d'ex- 
position qui  ne  l'abandonna  jamais ,  et  qui  cons- 
titue l'un  de  ses  principaux  mérites. 

C'est  encore  pour  ne  pas  se  dépai'tir  de  la  régu- 
larité de  son  plan ,  et  pour  procéder  du  général 
au  particulier  qu'il  aborde  la  Pathologie  par  des 
considérations  abstraites  sur  l'étiologie  et  sur  la 
séméiotique ,  qu'il  donne  comme  des  axiomes , 
mais  qui  ne  sont  en  réalité  que  des  théories  a 
priori,  de  subtiles  hypothèses,  reflet  des  doc- 
trines arabo-galéniques ,  alors  acceptées  sans 
contrôle  dans  l'école  comme  la  base  inébranlable 
de  l'art  de  guérir.  Ces  généralités,  qui  com- 
prennent les  trois  premiers  livres,  correspondent 
à  la  Pathologie  générale  de  nos  jours.  L'auteur, 
analysant  chaque  symptôme,  cherche  à  remonter 
à  sa  cause  et  à  en  déduire  les  signes  qu'il  peut 
fournira  l'histoire  des  maladies,  les  indications 
qu'il  peut  présenter  à  là  thérapeutique.  La  pouls 
et  Yurine  sont  pour  Fernel ,  comme  pour  tous 
les  médecins  de  ce  temps ,  la  base  du  pronostic 
et  du  traitement  :  «  le  premier,  en  nous  faisant 
connaître ,  dit-il ,  l'état  du  cœur  et  des  artères, 
nous  montre  l'énergie  dont  jouit  la  faculté  vitale; 
la  seconde,  en  nous  décelant  l'état  du  foie  et  les 
qualités  des  humeurs,  nous  éclaire  sur  les  mala- 


dies qui  en  dérivent.  »  (Paih.,  lib.  m,  cap.  1  ). 
L'uroscopie  était  tellement  dans  la  tradition  de 
ce  temps,  «  qu'il  était  passé  en  usage,  dit  Bayle, 
pour  les  petites  gens  qui  n'avaient  pas  le  moyen 
d'appeler  le  médecin ,  de  lui  envoyer  leur  urine, 
sur  l'inspection  de  laquelle  l'Esculape  consulté 
décidait  du  traitement  à  suivre.  ^>  Les  trois 
derniers  livres  de  la  Pathologie  sont  consacrés  à 
la  nosographie  proprement  dite ,  c'est-à-dire  à  i 
une  brève  description  des  maladies  alors  ad-j 
mises.  L'auteur  les  divise  en  deux  grandes  clas- 1 
ses  :  1°  celles  qui  n'occupent  aucun  siège  déter- 
miné, incertœ sedis  :  ce  sont  les  fièvres;  2"  les  i 
maladies  spéciales  ou  locales ,  lesquelles  sont  in- 
ternes ou  externes,  situées  au-dessus  ou  au 
dessous  du  diaphragme ,  et  en  outre  desquelles 
il  admet  des  maladies  totius  substantix,  telles 
que  les  épidémies  et  les  affections  contagieuses. 
On  a  reproché  à  Fernel  trop  de  laconisme  dans 
ses  descriptions ,  mais  c'est  un  défaut  du  genre. 
Ce  qui  s'explique  moins,  c'est  qu'on  ne  trouve 
pas  dans  ce  traité  de  description  spéciale  des 
fièvres  éruptives ,  bien  connues  pourtant  de- 
puis les  travaux  des  Arabes.  Il  n'y  est  pas  ques- 
tion non  plus  de  quelques  affections  récemment 
observées,  telles  que  le  scorbut ,  la  coqueluche  : 
à  l'exception  cependant  de  la  syphilis,  dont  Freind 
érigea  même  le  premier  en  doctrine  la  viru- 
lence ,  l'attribuant  à  un  agent  occulte ,  conta- 
gieux, qui  une  fois  absorbé  porte  ses  effets  sur 
l'économie  tout  entière,  bien  qu'il  affecte  de 
préférence  certains  tissus  et  certaines  régions. 
Néanmoins,  Fernel  rejetait  le  mercure,  et  lui 
substituait  le  gayac.  Malgré  ses  défauts ,  il  reste 
dans  la  pathologie  supérieur  à  tout  ce  qui  avait 
paru  à  cette  époque ,  au  point  de  vue  surtout 
de  la  clarté ,  de  la  précision  et  de  la  simplicité 
de  la  classification.  Certes  personne  n'a  mieux 
compris  le  rôle  du  médecin  en  présence  du  ma- 
lade que  celui  qui  a  écrit  ces  lignes  : 

«  Equidem  nunquam  uUum  plane  cognituin  petii- 
tusque  perspectum  morbum  esse  putaverim ,  nisi 
compertum  habeatur  et  quasi  oculis  cernatur  quae 
in  liumano  corpore  sedes  primario  laboret,  quis  in 
ea  affectus  sit  praeter  naturam,  unde  is  processit, 
utriim  in  ea  sede  genitus,  an  aliunde  profectus ,  an 
denique  causa  interior  aliqua  illuni  foveat.  » 

Ne  croirait-on  pas,  à  la  vue  de  ce  programme, 
lire  la  profession  de  foi  d'un  médecin  de  nos 
jours?  —  Parmi  les  faits  curieux  que  relate 
notre  auteur,  je  me  bornerai  à  citer,  parce 
que  des  observations  analogues  ont  été  publiées 
récemment  comme  nouvelles,  des  vomisse- 
ments par  luxation  de  l'appendice  xyphoïde. 
Rappelons  aussi  qu'en  proclamant  le  cœur  sus- 
ceptible de  toutes  les  affections  qui  atteignent 
les  autres  organes  {cor  morbi  omne  genus 
obsidet),  et  en  décrivant  quelques-unes  d'entre 
elles  avec  soin,  il  ouvrit  une  voie  nouvelle  à 
cette  branche,  jusque  là  si  peu  avancée,  delà 
Pathologie. 

Fernel  suit  dans  sa  Thérapeutique  un  plan 


481  FERNEL 

analogue  à  celui  qu'il  a  adopté  dans  sa  Patho- 
logie; d&?i.-^-à\r&  que,  procédant  du  général  au 
particulier,  il  part  de  ce  qu'il  considère  comme 
les  principes  généraux  de  la  science  pour  passer 
aux  règles  particulières  de  la  pratique.  Le  fameux 
axiome    Contraria  contrariis  curantur  est 
pour  lui  la  boussole  du  praticien ,  le  pivot  de  la 
médecine  pratique ,  et  il  appelle  à  son  aide  dans 
le  développement  de  cette  proposition  fondamen- 
tale toutes  les  ressources  de  la  dialectique  la  plus 
subtile.  Sans  entrer  dans  une  discussion  qui  se- 
rait ici  déplacée  sur  la  valeur  de  cet  axiome 
et  éur  le  sens  qu'il  faut  donner  particulièrement 
au  mot  contraires,  bornons-nous  à  dire  que 
telle  est  l'extension  démesurée  qu'il  prend  sous 
la  plume  de  notre  auteur,  qu'à  force  de  s'étendre 
et  de  vouloir  tout  expliquer,  cet  adage  théra- 
peutique finit  par  ne  rien  expliquer  du  tout, 
et  qu'il  peut  s'appliquer  à  toute  espèce  de  trai- 
tement. Mais  on  retrouve  le  grand  praticien  dans 
les  considérations  qui  suivent ,  et  où  Fernel  pose 
d'une  main  sûre  les  limites  dans  lesquelles  doit 
se  renfermer  la  médecine  expectantc ,  dont  la 
théorie    de  la    Nature  médicatrice,  mise  en 
vogue   par  l'hippocratisme ,    avait    fait    tant 
abus.  Un  précepte  sur  lequel  Fernel  revient  fré- 
quemment aussi  dans  plusieurs  de  ses  ouvrages, 
c'est  de  chercher  à  détruire  la  cause  d'une  ma- 
ladie avant  de  s'en  prendre  à  la  maladie  elle- 
même.  A  cette  occasion,  il  fait  remarquer  qu'il  y 
a  souvent  dans  les  affections  pathologiques  une 
série  de  causes  qu'il  faut  combattre  et  détruire 
dans  l'ordre  de  génération  oii  elles  se  sont  pro- 
duites ,  en  commençant  par  les  plus  anciennes. 
Cette  méthode  peut  avoir  quelque  chose  de  spé- 
cieux, mais  elle  est  d'une  application  bien  diffi- 
cile, sinon  impossible,  sur  le  terrain  de  la  pra- 
tique ,  en  raison  des  complications  inextricables 
\m  naissent  de  ces  causes  ,  des  phénomènes  pa- 
hologiques  qui  en   résultent  et  des  indications 
;oinpiexes  auxquelles  celles-ci  donnent  lieu.  Aux 
iui)tilités  dans  lesquelles  tombe  l'auteur  à  pro- 
)os  de  la  distinction  des  causes,  on  reconnaît  le 
iisciple  de  Galien.  Mais  ce  qui  a  plus  lieu  de 
urprendre,  c'est  de  voir  ce  grand  esprit  payer 
a  dette  aux  superstitions  de  son  temps  par  sa 
oi  à l'uroscopie,  voire  même  (qui  le  croirait.^)  à 
arnagie  et  à  la  démonologie  (  De  abditis  Rerum 
'ausis;  lib.  H,  cap.  16). 
Dans  s,on  Methodus  medendi,  il  réduit  à  trois 
ous  les  modes  de  médication  :  1°  évacuer  Vex- 
édant  des  humeurs  ;  et  à  ce  propos  il  entre 
lans  de  longs  développements  sur  la  question, 
lors  tant  controversée,  de  la  révulsion  et  de  la 
érivation  ;  2"  purger ,  et  par  là  il  entend  toute 
:  lédication  de  nature  à  provoquer  la  sortie  d'une 
lumeur,  par  quelque  voie  que  ce  soit;  3°  alté- 
er  ou  restituer,  c'est-à-dire  ramener  à  l'état 
ormal  les  parties  viciées  dans  leur  constitution, 
a  distinction  des  qualités  des  médicaments  en 
rimaires,  secondaires  et  tertiaires  repose  en 
rande  partie  sur  des  vues  hypothétiques  et  con- 

NOUV.    PIOGR.    GÉNÉR.    —  T.    XVII. 


482 
fuses,  auxquelles  l'analysé  expérimentale  n'a 
pas  présidé.  —  Les  trois  derniers  livres  de  la 
thérapeutique  renferment  la  matière  médicale 
proprement  dite,  d'oii  Fernel  s'efforce  d'élaguer 
beaucoup  de  remèdes  mis  en  faveur  par  une 
aveugle  polypharmacie ,  et  dont  l'efficacité  ne  lui 
paraissait  pas  démontrée  par  l'expérience.  11 
passe  même  sous  silence  les  préparations  mer- 
curielles,  aurifères,  antimoniales  et  cuprifères 
récemment  introduites  dans  la  pratique  par  les 
alchimistes ,  et  à  l'égard  desquelles  sa  position 
scientifique  lui  commandait  une  sage  réserve.  Il 
prétendait  que  les  substances  médicinales  qui 
se  trouvent  en  chaque  pays  ont  une  certaine 
affinité  avec  la  constitution  de  leurs  habitants  : 
argument  emprunté  à  la  philosophie  des  causes 
finales.  Il  est  fâcheux  (  ce  fut  même  son  plus 
vif  regret  à  son  lit  de  mort  )  qu'une  fin  pré- 
maturée n'ait  pas  permis  à  Fernel  de  publier  les 
observations  qu'il  avait  faites  sur  l'action  de 
plusieurs  substances  médicinales ,  la  partie  ex- 
périmentale ou  empirique  de  ses  travaux  eût  eu 
tout  à  gagner  d'être  séparée  de  la  partie  dog- 
matique. Aujourd'hui  on  ne  lit  plus  guère 
Fernel  que  pour  connaître  l'état  de  la  médecine 
à  cette  époque.  La  faveur  extraordinaire  dont 
avaient  joui  ses  ouvrages  ne  fut  pas  même  de 
longue  durée  ;  le  crédit  des  doctrines  arabo-ga- 
léniques  avait  baissé  en  proportion  des  progrès 
que  faisaient  l'hippocratisme  et  la  chimiâtrie. 
Enfin,  un  siècle  plus  tard ,  la  découverte  de  la 
circulation  du  sang  amenait  une  profonde  révo- 
lution dans  la  science.  Fernel  n'en  restera  pas 
moins  au  premier  rang  dans  celte  grande  œuvre 
de  restauration  accomplie  à  l'époque  érudite  de 
la  science.  «^Artem  medicam  pêne  sepultam  in 
vitam  revocavit  »  a  dit  de  lui  Guy  Patin.  Si  les 
théories  galéniques  tiennent  malheureusement 
plus  de  place  dans  ses  écrits  que  l'esprit  d'ob- 
servation ,  la  faute  en  est  à  son  siècle ,  et  on  ne 
refait  pas  son  temps.  On  ne  peut  du  moins  re- 
fuser à  Fernel  d'avoir  été  la  personnification  la 
plus  intelligente  du  sien  dans  l'art  de  systéma- 
tiser les  sciences  et  de  coordonner  les  doctrines 
de  ses  prédécesseurs ,  en  les  présentant  sous  la 
forme  la  plus  attrayante,  dans  un  style  d'une 
pureté  et  d'une  élégance  soutenues. 

Voici  les  titres  des  principaux  ouvrages  de 
Fernel  :  De  naturali  parte  Medicinœ  libri 
septem;  Paris,  1542,  in-ml.  ;  traité  de  physio- 
logie devenu  rare,  parce  qu'il  fut  réuni  plus 
tard  aux  autres  ;  —  De  evacuandi  ratione  liber; 
Paris,  1545,  in-S".  L'auteur  s'y  élève  contre  l'a- 
bus de  la  saignée  ;  —  De  abditis  Rerum  Causis 
libri  duo;  Paris,  1548,  in-fol.,  réimprimé  au 
moins  trente  ms  ■  cet  ouvrage,  dans  lequel 
Fernel  s'efforce  d'expliquer  le  quid  divinum 
d'Hippocrate,  est  sous  forme  de  dialogue;  il  a 
moins  de  valeur  que  les  suivants;  —  Jos.  Fern. 
Medicina;  Paris,  1554,  in-fol.  :  cet  ouvrage 
comprend  la  physiologie,  la  pathologie,  la  thé- 
rapeutique et  le  traité  précédent  ;  il  en  a  paru 

16 


483 


FERWEL  —  FÉROUX 


484 


plus  de  trente  éditions  en  différents  formats.  Une 
des  plus  estimées  est  celle  qui  a  pour  titre  : 
Jos.  Fern.  Ambïani  Vniversa  Medicina,  tri- 
bus et  viginti  lïbris  absoluta;  Paris,  1567, 
in-fol.  Cette  édition  est  due  à  G.  Plancy,  neveu 
de  l'auteur,  qui  y  a  ajouté,  dans  les  réimpressions 
posthumes,  une  vie  de  Fernel.  Le  père  de  Fer- 
nel  était  originaire  d'Amiens  :  c'est  sans  doute 
le  motif  pour  lequel  il  prend  lui-même  le  sur- 
nom d'Ambianus  ;  —  Therapeutices  tmiver- 
salis ,  seu  medendi  rationis  libri  septem; 
Lyon,  1571,  in-8°  ;  plusieurs  éditions  en  différents 
formats,  et  une  traduction  française  par  Duteil  ; 
Paris,  1648-1668,  in-8°;  —  Febrium  curan- 
darum  Methodiis  generalis;  Francfort,  1577, 
in-S"  ;  traité  posthume ,  publié  par  Lancy,  et 
traduit  en  français  par  Ch.  de  Saint-Germain; 
Paris,  1665,  in-S";  —  Conslliorum  inedicina- 
lium  Liber;  Paris,  1582,  in-8°;  —  De  Lîiis  Ve- 
nerese  Curatione,  perfectissima  liber  ;  Anvers, 
1579,  in-8";  publié  par  Giselinus;  traduit  en 
français  par  Leiong;  Paris,  1633,  in-l2. 

La  Pathologie  de  Fernel ,  le  plus  estimé  de 
ses  ouvrages,  et  qui  se  trouve,  ainsi  que  les 
précédents ,  dans  ses  œuvres  réunies,  a  été  pu- 
bliée à  part,  et  traduite  en  français  en  1655  par 
A.  D.  M.;  in-8°.  La  partie  chirurgicale  des  œuvres 
de  Fernel  a  eu  aussi  les  honneurs  d'une  tra- 
duction française,  par  Siméon  de  Provenchières  ; 
Paris,  1579,  in-l2.  Enfin,  Fernel,  qui  était  un 
très-habile  mathématicien,  très-versé  dans  l'as- 
tronomie, a  publié,  au  début  de  sa  carrière  scien- 
tifique ,  un  traité  de  la  sphère  et  un  traité  de  cos- 
mologie. 11  y  donne,  l'un  des  premiers,  la  mesure 
à  peu  près  exacte  d'un  degré  du  méridien. 
D'  C.  Saccerotte. 

De  Thou ,  Historia  met  temporis,  1.  XXI.  —  Sainte- 
Marthe,  Elogia  Doct.  Gall.,  L  I.  —  Guill.  Plantius,  p-'ita 
Fernelii,  en  tête  des  Œuvres  de  Fernel.  —  Bayle,  Dic- 
tionnaire  historique  et  critique.  —  Kioy,  Dictionnaire 
historique  de  la  Médecine.  —  Biographie  médicale. 

FERNER  {Benoît),  érudit  et  homme  poli- 
tique suédois,  du  dix-huitième  siècle.  11  fit  ses 
études  scientifiques  à  Upsal,  et  voyagea  ensuite 
dans  plusieurs  pays  de  l'Europe  avec  le  fils  d'un 
négociant  suédois.  A  son  retour  dans  sa  patrie, 
il  fut  chargé  de  continuer  l'éiucation  du  prince 
royal  ,  depuis  roi  sous  le  nom  de  Gustave  III. 
Il  obtint  le  titre  déconseiller  de  chancellerie,  et 
fut  membre  de  l'Académie  de  Stockholm.  Le 
discours  qu'il  lut  au  sein  de  cette  société  sur 
l'abaissement  des  eaux  de  la  mer  donne  une 
haute  idée  de  ses  connaissances  scientifiques. 
Un  extrait  de  ce  travail  a  été  inséré  dans  l'En- 
cyçXopédie  méthodique. 

bnc  métfi.  —  Chaudon  et  Delandine,  Nouv.  Dictionn. 
historique. 

FERNO  OU  FERNîJS  {Michel),  biographe 
italien,  mort  en  1513.  Il  fut  avocat  et  notaire  à 
Milan.  Il  plaida  quelque  temps  à  Rome ,  où  il 
acquit  les  bonnes  grâces  du  pape  Alexandre  VI. 
En  1500,  il  entra  dans  la  carrière  ecclésiastique, 
et  devint  chanoine.  Ses  ouvrages  sont  :  Historia 


nova  Alexandri  VI;  Rome,  1493,  in-4'';  — 
De  Legationîbus  italicis  ad  Alexandrum  VI  ; 
ib.,  1493,  in-4"; — Jo.  Antonii  Campant  Opéra, 
cum  ejus  Vita  a  Ferno  scripta  et  annotata; 
ib.,  1495,  in-fol.  ;  —Epitomede  Regno  Sicilix 
et  Apulix  ;  1496 ,  in-4'*  ;  —  Vniversx  Curise 
Compendium;  —  Cento  Facette;  —  De  Vita 
Virorum  doctrina  illustrium. 

Argelati,  Bibl.  lUediol.,  II. 

FERHOW   (  Charles-Louis  ) ,  critique  alle- 
mand, né  le   19  novembre  1763,  à  Blumenha- 
gen,  village  de  rUckermark  (Prusse),  mort  le  4 
décembre  1808.  Ayant  gagné  l'amitié  du  seigneur! 
dont  son  père  était  un  des  serviteurs,  il  fut  placé 
par  lui,  à  l'âge  de  douze  ans,  chez  un  notaire  ed 
qualité  de  clerc,  et  plus  tard  chez  un  apothicaire.] 
Pendant  qu'il  apprenait  à  préparer  les  drogues^ 
il  eut  le  malheur  de  tuer  d'un  coup  de  feu  u 
chasseur,  et  fut  longtemps  inconsolable  de  ce 
accident.  Son  apprentissage  achevé,  il  se  rendi 
à  Lubeck,  où  il  trouva  une  place  qui  lui  laissî] 
assez  de  loisir  pour  pouvoir  travailler  à  s'ins 
truire  encore.  De  bonne  heure  il  avait  donné  de.i 
preuves  de  son  goût  pour  la  poésie  et  la  pein 
ture.  Il  s'exerça  dans  l'une  et  dans  l'autre,  et  1 
connaissance  qu'il  fit  du  peintre  Carstens  luj 
donna  des  idées  plus  élevées  et  plus  justes  su; 
l'art.  II  renonça  dès  lors  à  l'état  d'apothicaire  pou 
se  consacrer  tout  entier  à  ses  études  favoritesi 
A  léna,  où  le  conduisit  un  amour  romanesquf 
il  se  lia  avec  Reinhold  et  Baggesen  ;  ce  demie 
lui  proposa  de  l'accompagner  dans  un  voyag 
en  Suisse  et  en  Italie.  Rien  ne  pouvait  être  plu 
agréable  à  un  jeune  homme  avide  d'instructioi 
Plein  d'admiration  à  l'aspect  des  chels-d'œuvi'] 
antiques,  Fernow  étudia  avec  ardeur,  sous 
direction  de  son  ami  Carstens,  qu'il  avait  n 
trouvé  à  Rome ,  la  théorie  et  l'histoire  de  l'ar 
ainsi  que  la  langue  et  la  poésie  italiennes.  E 
retour  en  Allemagne  (1803),  il  obtint  la  place  c 
professeur  extraordinaire  à  léna,  puis  celle  (1 
bibliothécaire  de  la  duchesse  douairière  Amél 
deWeimar.  On  a  de  lui:  Ital.  Sprachlehre  fn\ 
Deutsche  { Cours  de  Langue  italienne  à  l'usaj 
des  Allemands);  Tubingue,  1804,  2  vol.;  —  Ro 
mische  Studien  (Études  romaines);   1806-0) 
—  Leben  des  Kuenstlers  Carstens  (Vie de  l'a 
liste  Carstens); Leipzig,  1806  ;  —  Ariosto's  L 
benslauf  (Vie  de  l'Arioste);  Zurich,  1809;  - 
Francesco  Peifrarca; Leipzig,  1818  (posthume 
Ses  œuvres  complètes  ont  été  publiées  à  Leipzig 
1829.  [Enc.  des  G.  du  M.,  avec  addit.  ] 

Jeanne  iichopuiiluiuer,  yernow's  Leben.  —  Conrersaij 
Lex. 

FÉROUX  {Christophe-Léon,  dom),  écon< 
miste français, né  à  Frévent  (Artois),  en  173 
mort  à  Paris,  en  1803.  Il  entra  dans  l'ordre  dj  n 
Bernardins,  et  y  devint  prieur  en  1757.  H  )  | 
fit  remarquer  par  l'intelligence  avec  laquelle  j  | 
administra  les  diverses  possessions  monacali)  j 
qui  lui  furent  confiées.  11  prit  dans  sa  gestion  dij  ( 
idées  pratiques  qui  le  décidèrent  à  publier  pli 


[m 


ma 
iijilijt 
'».  n 


1 


i85  FÉROUX  —  FERRADIS 

iieurs  écrits  ayant  pour  but  de  diviser  ies  gi-andes 

)ropriétés  et  d'augmenter  ainsi  le  nombre  des 

)ropriétaires ,    c'est-à-dire  des   citoyens    inté- 

essés  à  conserver  et  à  féconder  le  sol.  Féroux 

tait  (rès-partisan  du  système  d'association,  et  af- 

imiait  que  de  ce  côté  les  communautés  religieuses 

.valent  fait  beaucoup  plus  pour  l'humanité  que 

3S  individualités,  quelque  puissantes,  quelque 

liches,  quelque  bienveillantes  qu'elles  fussent. 

I  En  effet,  disait-il,  quel  est  le  laïque  propriétaire 

e  la  maison  de  Saint-Lazare  qui  voulût  nourrir 

•ois  cents  pauvres  par  semaine?  »  Dom  Féroux 

vait  des  connaissances  très-étendues  en  agro- 

omie  et  en  arboriculture  ;  il  était  membre  de 

1  Société  académique  des  Sciences.  On  a  de  lui  : 

'ues  d'un   solitaire  patriote  (anonyme);  la 

ayeet  Paris,  1784,  2  vol.  in-12;  —  Nouvelle 

utitution    nationale;  Paris,   1788,  2    vol. 

1-12  ;  avec  cette  épigraphe  tirée  de  La  Balance 

aturelle  d'Antoine  Lasalle  :  «  Une  collection 

hommes  vicieux   ne  fera  jamais  une  nation 

hommes  vertueux  :  faites  des  hommes  sains, 

;lairés,  puis  vous  les  combinerez  »  ;  —  Vîtes 

ûitiques  sur  la  division  légale  des  grandes 

•opriétés;  1793,  in-12. 

jenco,  Biographie  littéraire;  183S,  in-8°.  —  Qiiérard, 

!  France  littéraire. 

FERQtJARD  i*^'',  roi  d'Écosse ,  vivait  au  sep- 
sme  siècle.  En  622,  il  succéda  à  Eugène  III, 
n  père.  Au  rapport  de  quelques  historiens,  il 
gnadixans  ;  selon  d'autres,  il  fut  déposé  par  ses 
jets,  qu'il  opprimait,  et  se  donna  la  mort  dans 
prison  où  il  était  détenu.  On  lui  reprochait 
rtout  de  manifester  trop  de  sympathie  pour  le 
lagianisme. 

FERQUARD  II,  roi  d'Écosse ,  fils  du  précé- 
nt,  vivait  au  septième  siècle.  En  641,  il  rem- 
iça  sur  le  trône  son  oncle  Donald.  Son  règne 
ra  dix-huit  ans,  et  fut  signalé  par  les  vertus 
li  distinguent  les  rois  dignes  de  ce  nom. 

liichanan,  fJist.  Scot. 

*FEKRA!iOsco  (Pie^ro  ),  peintre  italien,  flo- 
sait  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
1  croit  qu'il  naquit  à  Lucques,  mais  qu'il  étudia 
Rome.  Il  figure  en  effet  parmi  les  membres  de 
célèbre  Académie  de  Saint- Luc,  quoique  par 
a  coloris  il  semble  plutôt  avoir  pris  pour 
odèles  les  maîtres  vénitiens.  Vers  l'âge  de 
;ntc  ans  il  passa  en  Portugal,  et  ce  n'est  que 
ns  ce  pays  que  son  talent  peut  être  apprécié, 
cim  tableau  de  lui  n'étant  connu  en  Italie. 

E.  B— N. 
.ami,  Storia  délia  Pittura.  —   Ticozzi,  Dizionario. 
Siret,  Vict.  hist.  des  Peintres. 

FERRACINO   (Bariolomeo) ,  ingénieur  ita- 

n,  né  à  Solagna,  près  Bassano,  le  18  août  1692, 

îrt  dans  la  même  ville,  le  24  janvier  1777. 

!  d'une  famille  fort  pauvre ,  il  travaillait  tout 

jour  avec  son  père  et  ses  frères  à  abattre  des 

bres  et  aies  scier  en  planches.  Doué  de  rares 
I  spositions  pour  la  mécanique,  il  inventa  une 

achine  qui,  mise  en  activité  par  le  vent,  faisait 
I  ouYoir  une  scie  et  divisait  les  planches  sans 


4S6 


l'intervention  d'un  ouvrier  ;  il  trouva  ensuite  un 
appareil  pour  fabriquer  des  tonneaux  d'une 
grande  solidité,  quoique  sans  cercles,  et  quel- 
f[ues  autres  ingénieuses  combinaisons  du  même 
genre.  Il  construisit  en  1716  pour  i'archi prêtre 
de  Sologna  une  horloge  en  fer  fort  juste  et 
très-simple ,  puis  une  machine  hydraulique  peu 
compliquée,  par  le  moyen  de  laquelle  il  fabri- 
quait de  grandes  roues  dentelées.  Il  mit  aussi 
une  trompette  à  la  bouciie  d'une  statue ,  et  par 
un  coulant  d'eau  cette  trompette  modulait  cinq 
tons  différents.  Ces  diverses  inventions  le  firent 
connaître,  et  bientôt  il  trouva  des  protecteurs  qui 
l'appelèrent  d'abord  à  Bassano,  puis  à  Padoue. 
En  1749,  il  construisit,  pour  mettre  la  ville  de 
Trente  à  l'abri  des  inondations  du  Fersina,  une 
machine  hydraulique  qui  élevait  l'eau  à  trente- 
cinq  pieds  et  qu'une  jeune  fille  suffisait  pour 
mettre  en  mouvement.  C'était  l'application  de 
la  vis  d'Archimède.  Il  fit  ensuite  l'horloge  de  la 
place  Saint-Marc  à  Venise,  et  dirigea  la  construc- 
tion de  la  voûte  de  la  grande  salle  à  Padoue.  Ce 
fut  à  Ferracino  que  la  ville  de  Bassano  dut  son 
fameux  pont  de  bois  sur  la  Brenta,  œuvre  aussi 
admirable  par  la  hardiesse  que  par  la  solidité.  Le 
marquis  dePoleni  disait  de  lui  «  qu'il  était  étonné 
de  deux  choses  :  la  première,  de  ce  que  toutes 
les  fois  qu'on  présentait  à  Ferracino  une  ma- 
chine, quelque  parfaite  qu'elle  semblât,  cet  ha- 
bile mécanicien  trouvait  le  moyen  de  la  simpli- 
fier; la  seconde,  de  ce  qu'il  produisait  tous  ces 
chefs-d'œuvre  sans  avoir  jamais  pu  apprendre 
à  hre  ».  Un  monument  fut  élevé  en  l'honneur  de 
Ferracino  par  la  ville  de  Bassano. 

F.  Memmo,  f'ita  e  Macchine  di  Bartolomeo  ferra- 
cino. —  Vei'ci,  Elogio  storico  del  fanioso  ingegnere 
Bartol.  Ferracino.  —  Giambattista  Baseggio,  dans  la 
Biografla  degli  Italiani  de  Tipatdo.  t  VI,  p.  464.  —  Ti- 
raboschi,  Storia  delta  Letteratura  Italiana. 

■*FERRACïiTî  (  Giovanni- DomeMco) ,  pein- 
tre de  l'école  romaine ,  né  à  Macerata  (  Mar- 
che d'Ancône),  florissait  à  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle,  il  se  fit  connaître  par  de  bons  pay- 
sages et  surtout  par  des  effets  de  neige  qu'il  se 
plaisait  à  reproduire  de  préférence.  Il  fut  élève 
de  Claude  Lorrain  qui  l'avait  comblé  de  bien- 
faits, et  qu'il  paya  de  la  plus  noire  ingratitude. 
Des  envieux  ayant  fait  courir  le  bruit  que  Claude 
faisait  faire  une  partie  de  ses  tableaux,  Gio- 
vanni Domenico,  au  lieu  de  démentir  cette  ca- 
lomnie, contribua  à  la  propager  en  réclamant  le 
salaire  de  travaux  prétendus  dont  il  aurait  été 
chargé  par  Claude  Lorrain  ;  le  grand  maître  le 
fit  venir,  et,  sans  lui  faire  aucun  reproche,  lui 
paya  tout  ce  qu'il  demandait;  mais  de  ce  jour 
il  ne  voulut  plus  avoir  d'élèves.        K.  B — n. 

Lanz.i,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario  — 
Siret,  Dict.  hist.  dcf  Peintres. 

*  FERRADIS  (Fî«cen<  )>  poëte  espagnol  du 
quatorzième  siècle ,  né  dans  la  province  de  Va- 
lence. Le  Cancionero  gênerai,  Anvers,  1573, 
renferme  de  lui  trois  pièces  sur  des  sujets  pieux. 

Catalogue  de  la  Bibl.  imp. 

16. 


487 


FERRAJUOLl  —  FERR  AND 


4SS 


FKRHAJtrOL.1  ou  FERRA JrOLO   (Nunsio),    j 

dit  degli  Afflitti ,  peintre  de  l'école  bolonaise , 
né  en  1660,  à  Nocera-dei-Pagani  (royaume  de 
Naples),  mort  à  Bologne,  en  1735.  Il  avait 
puisé  à  Naples  les  premières  notions  de  l'art  à 
l'école  de  Luca  Giordano  ;  mais,  étant  allé  jeune 
encore  se  fixer  à  Bologne ,  il  entra  dans  l'ate- 
lier de  Gian-Giuseppe  del  Sole.  Il  réussit  assez 
bien  dans  la  peinture  d'histoire ,  et  cependant, 
entraîné  par  sa  vocation,  il  quitta  ce  genre 
pour  le  paysage,  dans  lequel  en  effet  il  se  montra 
supérieur  à  la  plupart  de  ses  contemporains , 
sans  cependant  qu'on  puisse,  avec  Orlandi,  oser 
le  placer  au  niveau  de  Claude  Lorrain  et  du 
Poussin.  Sa  manière  rappelle  celle  de  l'Albane , 
mais  avec  moins  de  vérité  dans  le  coloris ,  et 
quelquefois  aussi  celle  de  Paul  Brill.  Peu  d'ar- 
tistes poussèrent  aussi  loin  la  connaissance  de 
la  perspective  ;  ses  paysages  sont  pour  la  plu- 
part entièrement  d'invention,  et  rarement  ils  rap- 
pellent même  de  loin  un  site  connu.  Les  petites 
figures  qui  les  animent  furent  souvent  peintes 
par  Angelo  Malavena.  Nunzio  eut  pour  élèves 
Carlo  Lodi  et  Bernardo  Linozzi. 

E.  B— N. 
Orlandi,  Âbbecedario.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura. 
— ^Ticozzi,  Dizionario.  —  Maivasia,  Pitture  cli  Bologna. 
—  M.  A.  Gualandi,  Tre  Ciomi  in  Bologna.  —  Winc- 
kelmann,  Neues  Mahlerlexihon. 

*FERRAMOLA  (Fioravaïite),  peintre  italien, 
né  à  Brescia,  mort  en  1528.  Il  se  trouvait  à 
Brescia  lors  de  la  prise  de  cette  ville  par  Gaston 
de  Foix  (1512).  Non-seulement  le  général  fran- 
çais fit  sauvegarder  la  personne  et  les  proprié- 
tés de  Ferramola,mais  il  lui  fit  de  riches  cadeaux, 
honorant  en  lui  l'un  des  plus  habiles  peintres  de 
l'époque.  Ferramola  a  suivi  complètement  le 
goût  de  Muziano,  dont  peut-être  était-il  élève  ;  il 
a  laissé  des  preuves  de  son  mérite  dans  quelques 
églises  de  son  pays  natal.  Celle  des  Grazie 
renferme  un  Saint  Jérôme,  tableau  bien  conçu 
et  embelli  par  un  riche  paysage. 

Baldassare  Zamboni,  Memorie  intorno  aile  pubbliche 
Fabbriche  più  insigni  délia  città  di  Brescia;  Brescia, 
1798,  in-fol.  —  Lanzi,  Storia  pittorica  ,  III,  80. 

PERRAND,  nom  commun  à  plusieurs  person- 
nages français,  classés  ci-dessous  par  ordre 
chronologique  : 

FERRAND  (  David),  poète  et  imprimeur  nor- 
mand, vivait  à  Rouen  dans  le  dix-septième  siè- 
cle. On  n'a  pas  de  détails  sur  sa  vie.  Ses  ouvra- 
ges sont  :  Réjouissances  de  la  Normandie 
sur  le  triomphe  de  la  paix;  Rouen,  1616, 
in-8°  ;  —  Figures  des  Métamorphoses  d'O- 
vide, sommairement  décrites  en  vers  ;  Rouen, 
1641,  in-12;  —  Inventaire  général  de  la 
Muse  normande,  divisé  en  vingt-huit  parties, 
où  sont  décrites  les  choses  remarquables  ar- 
rivées à  Rouen  depuis  quarante  ans;  Rouen, 
1655,  in-8°.  Ce  recueil  contient  des  épîtres,  des 
ballades,  des  chants  royaux,  des  stances,  des 
complaintes ,  des  sonnets ,  des  épigrammes ,  etc. 
La  plupart  de  ces  pièces  sont ,  pour  nous  servir 


des  expressions  de  l'auteur,  écrites  en  langue 
purinique  ou  gros  normand. 

Fenand,  préface  de  son  Inventaire  général. 
FERRAND  (Jacqucs),  médecin  français,  né 
à  Agen,  vivait  dans  le  dix-septième  siècle.  On 
a  de  lui  :  Traité  de  la  Maladie  de  l'amour, 
ou  mélancholie  erotique;  Paris,  1623,  in-S". 
Ferrand  regarde  l'amour  moins  comme  une  pas- 
sion que  comme  une  affection ,  une  infirmité 
physique.  Éloy  attribue  à  Jacques  Ferrand  des 
Lettres  apologétiques  xm^tvimé^?,  à  Paris,  1685, 
in-1?.  Il  est  difficile  que  deux  publications  sé-i» 
parées  par  un  intervalle  de  soixante-deux  ans' 
appartiennent  au  même  auteur. 
Jîloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine. 
FERRAND  {Antoine),  poète  français,  né  à' 
Paris,  en  1678,  mort  dans  lamême  ville,  enl719.' 
Il  était  conseiller  à  la  cour  des  aides  de  Paris. 
Il  s'exerça  avec  succès  dans  la  poésie  légère,  fit 
des  chansons  fort  agréables  et  des  épigrammes' 
dignes  de  Rousseau.  Ses  poésies  galantes,  aux- 
quelles on  reproche  pai'fois  trop  de  licence,  ne' 
manquent  d'ailleurs  ni  de  grâce  ni  de  natui'el  ;| 
on  en  jugera  par  la  charmante  petite  pièce  sui- 
vante : 

D'arnour  et  de  mélancolie 

Célemnus  enfin  consumé 

En  fontaine  fut  transformé. 

Et  qui  boit  de  ses  eaux  oublie 

.fusqu'au  nom  de  l'objet  aimé. 

Pour  mieux  oublier  Égérie, 

Hier  j'y  courus  vainement  : 

A  force  de  changer  d'amant 

L'infidèle  l'avait  tarie. 

La  plupart  des  poésies  de  Ferrand  ont  été  in- 
sérées dans  le  recueil  intitulé  :  Pièces  libres  ei 
Poésies  de  quelques  auteurs  sur  divers  sujets  ; 
Londres,  1737,  1744,  1747,  1760,  1762,  in-S": 
Ce  qui  appartient  à  Ferrand  dans  ce  recueil  ne 
va  pas  au  delà  de  la  page  20.  Le  président  Hé- 
nault  attribue  à  Ferrand  Les  Caractères  de 
l'Amour,  opéra  donné  sous  le  nom  de  l'abbéj 
Pellegrin. 

La  femme  de  Ferrand,  née  de  Belizani  et  morte 
en  1740,  est  auteur  d'un  roman  intitulé  :  Histoire 
des  amours  de  Cléante  et  de  Bélise;  Leyde,' 
1691,  in-12. 

Voltaire,  Siècle  de  Louis  Xlf.  —  Ilénault,  âlémoires'; 
—  Quérard,  France  littéraire.  :| 

FERRAND  (Jean),  théologien  français,  ne 
au  Puy-en-Velay,  en  1586,  mort  à  Lyon,  le  30 
octobre  1672.  Il  entra  dans  la  Société  de  Jésu^ 
en  1604,  professa  la  rhétorique  et  la  théologie 
dans  les  écoles  de  son  ordre,  et  devint  recteur 
du  collège  d'Embrun.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages peu  importants  ;  le  principal  est  intitulé  : 
Disquisitio  reliquiaria,sive  de  suscïpiendo  et 
suspecta  earumdem  numéro  reliquiarum  quee\ 
in  diversis  ecclesiis  servantur  multUudine  ;. 
Lyon,  1647,in-4°. 

Solhwel,  Bibliotheca  Scriptorum  Societatis  Jesu. 
FERRAND  (  Louis  ) ,  orientaliste  et  controver- 
siste  français,  né  à  Toulon,  le  3  octobre  1645, 
mort  le  11  mars  1699.  Il  commença  ses  études 


489  FERRAND 

dans  sa  ville  natale,  et  les  acheva  à  Lyon,  où  il 
apprit  l'hébreu  et  d'autres  langues  orientales. 
Il  se  rendit  à  Paris,  à  l'âge  de  vingt  ans,  et  fit  en- 
suite un  voyage  à  Mayence,  pour  travailler  à 
une  traduction  du  texte  hébreu  de  la  Bible.  Ce 
projet  n'ayant  pas  réussi ,  il  revint  en  France , 
étudia  le  droit,  et  se  fit  recevoir  avocat  au  par- 
lement de  Paris.  Mais  il  s'occupa  beaucoup  moins 
de  sa  nouvelle  profession  que  d'écrits  de  contro- 
verse et  de  travaux  sur  l'histoire  de  l'Orient. 
«  Ferrand  ,  dit  Dupin ,  avait  beaucoup  d'érudi- 
tion ;  il  savait  les  langues  et  avait  lu  l'antiquité. 
[1  accable  son  lecteur  de  citations  rapportées 
assez  confusément  et  sans  beaucoup  de  choix.  Il 
n'écrit  pas  d'une  manière  sublime ,  et  n'est  pas 
extrêmement  fort  dans  le  raisonnement.  »  On  a 
de  Ferrand  :  Conspectus  seu  Synopsis  libri 
hebraiciqtil  inscribitur:  Annales  Regum  Fran- 
cix  et  regum  domus  Othomanicx  ;  Paris,  1670, 
in-8°  ;  —  Réflexions  sur  la  Religion  chrétienne, 
contenant  les  prophéties  de  Jacob  et  de  Da- 
niel, sur  la  venue  du  Messie,  etc.;  Paris, 
1679,  2  vol.  in-12;  — Liber  Psalmormn,  cum 
argumentis,  paraphrasi  et  annotationibus  ; 
Paris,  1683,  in-4"  ;  —  Traité  de  V Église,  contre 
les  hérétiques  ,  et  principalement  contre  les 
calvinistes;  Paris,  1685,  in-12;  —  Réponse  à 
V Apologie  pour  la  Réformation,  pour  les  ré- 
formateurs et  pour  les  réformés;  Paris,  1685, 
in-12  ;  —  Psaumes  de  David  en  latin  et  en 
français  selon  la  Vulgate;  Paris,  1686,  in-12; 

—  Lettre  à  JfS'  l'évéque  de  Beauvais  sur  le 
monachisme  de  saint  Augustin  ;  dans  le  Jour- 
nal des  Savants  (30  août  et  6  septembre  1688); 

—  Discours  oit  Von  fait  voir  que  saint  Au- 
gustin a  été  moine;  Paris,  1689,  in-12;  — 
Summa  Biblica,  seu  dissertationes prolegome- 
nïcw  de  Sacra  Script ur a;  Paris,  1690,  in-12. 
C'est  le  premier  volume  d'un  ouvrage  qui  devait 
en  avoir  huit.  Ferrand  laissa  en  manuscrit  des 
extraits  considérables  des  Pères  et  des  conciles. 

Son  frère,  //e«rj  Ferrand,  pubha  un  recueil 
d'inscriptions ,  sous  ce  titre  :  Jnscriptiones  ad 
res  notabiles  spécialités  ab  anno  1707  ad  an- 
num  1726;  Avignon,  1726,  in-4''. 


490 


Dupin,  Bibliothèque  des  Auteurs  ecclésiastiques,  dlx- 
scplième  siècle,  t.  ÏX.  —  Nicéroa,  Mémoires  pour  servir 
à  l'histoire  des  hommes  illustres,  t.  I"'  et  X. 

FERRAND  ( ),  voyageur  français,  né  vers 

1670,  vivait  encore  en  1713.  Médecin  du  khan 
des  Tartares ,  il  fit  partie  de  l'expédition  que  le 
fils  de  ce  prince  dirigea  contre  la  Circassie.  Le 
bey  de  Cabartha ,  dont  il  avait  gagné  l'affection, 
voulut  lui  faire  épouser  une  de  ses  nièces.  Fer- 
rand ne  se  prêta  pas  à  ce  dessein  ;  mais,  touché 
des  attentions  du  bey ,  il  se  proposa  de  le  bap- 
tiser avec  toute  sa  famille  ;  il  différa  pourtant 
l'exécution  de  ce  projet  jusqu'à  ce  qu'il  pût 
envoyer  de  Batchi-Seraï  un  missionnaire  pour 
!  leur  enseigner  les  principes  du  christianisme. 
Cette  mission  de  Crimée  était  peu  florissante  à 
cette  époque  ;  mais  en  1706  Ferrand  fit  venir  de 


Constantinople  quelques  jésuites,  qui  changèrent 
entièrement  la  face  des  choses.  Il  fut  toujours 
traité  avec  beaucoup  de  considération  par  les 
khans  et  les  principaux  personnages  de  la  Crimée. 
On  a  de  lui  :  Réponse  à  quelques  questions 
faites  au  sujet  des  Tartares  Cir casses,  et 
Voyage  de  Crimée  en  Circassie  par  le  pays 
des  Tartares  Nogaïs,  insérés  dans  le  t.  III  de 
la  nouvelle  édition  des  Lettres  édifiantes ,  et 
dans  le  t.  X  du  Recueil  des  Voyages  au  Nord  ; 
—  Relation  du  sieur  Ferrand ,  touchant  la 
Crimée,  les  Tartares  Nogaïs  et  ce  qui  se 
passe  au  sérail  du  kan  des  Tartares  ;  dans  le 
t.  IV  du  Recueil  des  Voyages  au  Nord.  Dans 
ces  divers  opuscules,  Ferrand  fait  connaître  les 
mœurs  des  Tartares,  leurs  relations  avec  les 
Moscovites,  et  l'état  physique  des  pays  qu'il  a 
visités.  E.  B. 

Ferrand ,  Ses  ouvrages. 

FERRAND  {Jacques-Philippc) ,  peintre  fran- 
çais, né  à  Joigny  (Bourgogne),  vers  1653, 
mort  à  Paris,  en  1732.  Fils  d'un  médecin  de 
Louis  XIII,  il  apprit  le  dessin  chez  Mignard 
et  la  miniature  chez  Samuel  Bernard.  Le  jeune 
Ferrand  se  forma  de  lui-même  à  peindre  sur 
émail,  et  excella  dans  ce  genre.  En  1684,  il  eut 
une  place  de  valet  de  chambre  de  Louis  XIV, 
et  en  1690  il  fut  reçu  à  l'Académie  royale  de 
Pemture  et  de  Sculpture.  Il  voyagea  ensuite  en 
Italie ,  séjourna  à  Turin ,  à  Gênes ,  à  Florence , 
à  Rome ,  et  fut  partout  reçu  avec  beaucoup  de 
distinction.  Ses  dernières  années  furent  trou- 
blées par  des  chagrins  domestiques.  On  a  de 
lui  un  curieux  traité  intitulé  :  L'Art  du  Feu, 
ôïT la  manière  de  peindre  en  émail;  Paris, 
1723. 

Mercure  de  France,  mars  1732.  —  Moréri,  Grand 
Dictionnaire  historique. 

FERRAND  DE  MONTHELON,  peintre  fran- 
çais, né  à  Paris,  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle,  mort  dans  la  même  ville,  en  1752. 
D'abord  professeur  de  l'Académie  de  Saint-Luc 
à  Paris,  et  ensuite  professeur  de  dessin  à  Reims, 
il  composa  un  Mémoire  sur  l'établissement  de 
l'École  des  Arts  à  Reims;  Reims,  1748,  in-4°. 

Chaudon  et  Deiandlne ,  Dictionnaire  historique.  — 
Quérard,  La  France  littéraire. 

FERRAND  (  /ffcg'Mes  ),  général  français,  né  le  1 1 
novembre  1746,  à  Ormoy,  (Franche-Comté),  mort 
à  Amance  (Haute-Saône),  le  30  novembre  1804. 
Entré  au  service  en  1766,  il  était  colonel  en  1791. 
Sa  conduite  au  siège  de  Lille  lui  valut  le  grade 
de  général  de  brigade.  Nommé  peu  après  général 
de  division,  il  eut  quelque  temps  le  comman- 
dement en  chef  de  l'armée  des  Ardennes.  Il  passa 
ensuite  à  l'armée  du  nord,  puis  à  celle  du  Rhin. 
Élu  en  1797  membre  du  Conseil  des  Cinq  Cents 
par  le  département  de  la  Haute-Saône,  il  suivit 
la  même  ligne  politique  que  Pichegru ,  son  ancien 
général  en  chef  et  son  ami.  Cependant,  il  ne  fut 
pas  compris  au  18  fructidor  sur  la  Uste  des  dé- 
portés ;  le  gouvernement  se  contenta  d'annuler 


491  FERKAND 

son  élection.  Depuis  cette  époque  jusqu'à  sa 
mort  Ferrand  vécut  dans  la  retraite. 

Archives  de  la  guerre.  —  Moniteur  (année  179-7). 

FEBRANU  DE  LA  CA5JSSADE  (Jecm-Henri- 
BÉcAïs),  général  français,  né  à  Montflanquin 
(Agenais),  en  1736,  mort  à  La  Planchette,  près 
Paris,  en  1805.  Il  fut  destiné  de  bonne  heure  à  la 
profession  des  armes,  et  nommé  très-jeune  lieu- 
tenant au  régiment  de  Normandie  (infanterie). 
Il  fit  avec  ce  corps  les  campagnes  de  1747  et 
1748,  et  assista  au  siège  de  Berg-op-Zoom , 
à  la  prise  du  fort  Lillo,  et  à  la  bataille  de  Lau- 
felt.  A  Clostercamp  (1760),  il  se  signala  par  sa 
bravoure  et  fut  grièvement  blessé.  Cette  belle  con- 
duite lui  valut  le  grade  de  capitaine.il  devint  ensuite 
major-commandant  de  Valenciennes ,  et  remplit 
ces  fonctions  jusqu'en  1 790,  époque  de  la  suppres- 
sion des  états-majors  de  place.  En  1792,  les  habi- 
tants de  Valenciennes ,  dont  Ferrand  s'était  con- 
cilié l'affection,  le  nommèrent  commandant  de  la 
garde  nationale  de  leur  ville.  La  même  année , 
il  fut  promu  au  grade  de  maréchal  de  camp  et 
envoyé  à  l'armée  du  nord ,  dont  il  commanda 
l'aile  gauche  à  la  bataille  de  Jemmapes.  11  con- 
tribua au  succès  de  cette  journée,  par  l'intré- 
pidité avec  laquelle  il  emporta  à  la  baïonnette 
les  villages  de  Carignan  et  de  Jemmapes ,  et  par 
l'habileté  qu'il  déploya  en  manœuvrant  sur  le 
flanc  droit  de  l'ennemi.  Après  la  victoire,  il  fut 
nommé  commandant  de  Mons.  Devenu  général 
de  division  le  15  mars  1793,  il  reçut  de  Dumou- 
riez  l'ordre  de  se  rendre  à  Condé  et  à  Valen- 
ciennes; mais  il  ferma  les  portes  de  ces  places 
aux  troupes  du  général  transfuge ,  et  les  conserva 
ainsi  à  la  France.  Bientôt  Ferrand  fut  investi 
dans  Valenciennes  par  1 50,000  hommes  de  l'ar- 
mée des  coalisés ,  commandés  par  le  prince  de 
Cobourg,  le  duc  d'York  et  le  général  Ferraris. 
11  n'avait  avec  lui  que  9,000  hommes.  Avec  une 
si  faible  garnison ,  il  défendit  pendant  trois  mois 
les  remparts  qu'il  avait  arrachés  à  la  trahison, 
et  ne  capitula  qu'en  désespoir  d'être  secouru , 
après  avoir  soutenu  quatre  assauts  et  défendu 
trois  brèches  praticables  dans  le  corps  de  la  place. 
Ferrand,  destitué  ensuite  comme  ancien  noble, 
fût  arrêté  et  détenu  jusqu'après  le  9  thermidor. 
Bonaparte,  devenu  premier  consul,  le  nomma,  en 
1800,  préfet  de  la  Meuse-Inférieure.  Après  deux 
années  d'exercice  de  ces  fonctions,  Ferrand 
fut  remplacé  en  novembre  1801,  ses  infirmités 
le  forçant  à  renoncer  à  la  carrière  adminis- 
trative. Il  se  retira  dans  une  terre  qu'il  pos- 
sédait piès  de  Paris.  On  a  de  lui  :  Précis 
de  la  Défense  de  Valenciennes  ;  1805,  in-8°. 

De  Courcelles,  Dict.  des  Généraux  français.  — 
Rabbe,  ISoisjolin,  etc.,  Biog.  univ.  et  port,  des  Contem- 
poralns. 

FERRAND  (  Marïe-Louis ) ,  général  français, 
né  à  Besançon,  le  12  octobre  1753,  mort  à  Porto- 
Hincado(île  Saint-Domingue),  le  7  novembre 
1808.11  venait  de  terminer  ses  études  lorsque 
son  frère,  nommé  chirurgien  en  chef  de  l'armée 


492 
de  Rochambeau,  l'emmena  en  Amérique,  oîi  il 

fit,  comme  voloniaii-e,  les  premières  campagnes 
de  la  guerre  de  l'indépendance.  De  retour  en 
France,  Ferrand  entra  dans  un  régiment  de  dra-; 
gons,  où  il  fut  nommé  lieutenant  en  1792  eti 
ciief  d'escadron  en  1793.  Arrêté  à  cette  époque; 
sous  l'accusation  de  fayetttsme ,  il  ne  recouvra 
la  liberté  qu'après  le  9  thermidor.  Nommé  bien- 
tôt après  général  de  brigade ,  il  commanda  en 
cette  qualité  aux  armées  de  l'ouest,  des  Ar- 
dennes  et  de  Sambre  et  Meuse.  Il  devint  com- 
mandant du  département  du  Pas-de-Calais,  etfit 
ensuite  partie  de  l'expédition  de  Saint-Domingue, 
sous  les  ordres  du  général  Leclerc.  En  moins  de 
quatre  mois ,  cette  colonie  se  trouva  de  nou- 
veau soumise  à  la  France  ;  mais  la  tranquillité 
ne  tarda  pas  à  être  troublée  par  une  insurrection 
générale  des  hommes  de  couleur,  qui  éclata  en 
novembre  1802.  Sur  ces  entrefaites,  le  général 
en  chef  Leclerc  mourut,  emporté  par  la  fièvre 
jaune.  Ferrand  fut  alors  chargé  de  défendre  la 
partie  française  delà  colonie;  mais  Dessalines 
occupant  le  Cap ,  il  se  vit  contraint  de  se  retirer 
à  Santo-Domingo ,  dont  les  habitants,  d'un  com- 
mun accord ,  lui  confièrent  le  commandement. 
Investi  par  Dessalines  à  la  tête  de  22,000  noirs, 
ille  combattit,  et  le  força  de  lever  le  siège,  le  18 
mars  1803.  Ferrand  se  maintint  à  son  poste,  et  se 
fit  respecter  pendant  près  de  cinq  ans.  A  la  fois 
administrateur  et  guerrier,  il  s'était  concilié  les; 
suffrages  de  tous  les  habitants,  lorsqu'on  apprit 
aux  Antilles  que  la  guerre  venait  d'éclater  entre 
la  France  et  l'Espagne.  Le  gouverneur  de  Porto- 
Rico  n'eut  pas  plus  tôt  été  instruit  de  ces  hosti- 
lités ,  qu'il  résolut  de  traiter  en  ennemi  le  gé- 
néral français  :  ceîui-ci ,  désirant  épargner  de 
grands  malheurs  aux  colons,  essaya  de  faire 
comprendre  à  l'Espagnol  qu'il  était  de  l'intérêt 
commun  de  vivre  en  bonne  harmonie,  et  de  ne 
pas  épouser  les  différends  entre  les  deux  métro- 
poles. 11  répugnait  à  une  inutile  effusion  du 
sang ,  et  il  mit  tout  en  œuvre  pour  l'éviter  ;  mais 
le  gouverneur  de  Porto-Rico ,  sourd  à  la  voix  de 
la  raison  et  de  l'humanité,  fomenta  une  insur- 
rection à  Barahonde,  et  le  général  Ferrand  se 
vit  réduit  à  prendre  les  armes  pour  la  réprimer. 
Le  nombre  des  rebelles  s'élevait  à  plus  de 
2,000,  et  il  avait  à  peine  500  soldats  à  leur  op- 
poser. Il  tenta  d'abord  la  voie  des  pourparlers  ; 
mais  ses  propositions  ayant  été  rejetées,  il  ne 
balança  pas  à  marcher  ;  son  intention  était  d'at- 
taquer les  insurgés  avant  que  la  révolte  eût  fait , 
des  progrès  plus  étendus.  En  vain  les  habitants 
s'efforcèrent-ils  de  le  détourner  de  ce  projet, 
et  lui  représentèrent  les  dangers  de  son  exé- 
cution. Ferrand ,  à  la  tête  de  sa  petite  tioupe , 
sortit  de  Santo-Domingo,  et  le  7  novembre  \ 
1808  il  se  trouva  en  présence  de  l'ennemi,  qui  ! 
avait  pris  position  à  Porto-Hincado.  Aussitôt  il  \ 
engagea  l'action  :  le  premier  choc  fut  terrible.  ! 
Bientôt  la  cavalerie  ennemie  déboi'dant  les  deux  j 
ailes  *de  la  colonne  française ,  les  rangs  furent  j 


493 

rompus ,  la  plupart  des  officiers  et  des  soldats 
furent  tués ,  et  le  reste  s'enfuit  sans  pouvoir  se 
rallier.  Ferrand ,  réduit  au  désespoir,  se  fit  alors 
sauter  la  cervelle  d'un  coup  de  pistolet. 

Arnault,  Jouy,  Jay ,  etc.,  Nouv.  Biogr.  des  Contempo- 
rains. -  Kabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biographie  univ.  et  port, 
des  Contemporains. 

SfEKKAWD  (  Antoine  -  François  -  Claude  , 
comte),  magistrat  et  pùbliciste  français,  pair 
de  France,  couseiller  d'État,  membre  de  l'Aca- 
démie française,  etc.,  né  à  Paris,  le  4  juillet 
1751,  mort  dans  la  même  ville,  le  17  janvier 
1825.  Appartenant  à  une  famille  de  robe,  il 
avait  à  peine  atteint  sa  dix-huitième  année  que, 
par  dispense  d'âge,  il  entra  au  parlement  de 
Paris  comme  conseiller  aux  enquêtes.  Il  partagea 
la  résistance  de  sa  compagnie  aux  mesures  du 
chancelier  Maupeou,  et  fut  envoyé  en  exil.  Il  en 
adoucit  les  rigueurs  par  la  culture  des  lettres, 
et  débuta  par  quelques  ouvrages  de  poésie  et 
des  compositions  dramatiques.  Chargé  en  1787 
de  la  rédaction  des  remontrances  du  parlement 
à  l'ein-egistrement  forcé  des  édits  royaux  et  de 
l'impôt  du  timbre,  il  ne  répondit  qu'imparfaite- 
ment à  l'attente  de  ses  collègues.  Il  se  releva 
quelque  temps  après ,  à  la  séance  royale  du 
19  novembre ,  par  un  discours  dans  lequel  il 
rappelait  au  roi  la  conduite  de  son  prédécesseur 
Louis  XV,  qui,  en  1770,  avait  cédé  aux  vœux 
du  parlement.  Bientôt  Ferrand  combattit  le  projet 
de  convocation  des  états  généraux.  Ce  fut  encore 
lui  cependant  que  le  parlement  chargea  de  la 
rédaction  des  troisièmes  remontrances  contre  les 
impôts  du  timbre  et  la  subvention  territoriale, 
remontrances  dans  lesquelles  l'allégation  d'in- 
compétence de  la  cour  plénière  devait  être  moti- 
vée sur  ce  que  aux  états  généraux  seuls  ap- 
partenait le  droit  de  consentir  les  impôts. 

Dès  le  mois  de  septembre  1789,  Ferrand  émi- 
gra.  Son  zèle  éclata  alors  dans  une  multitude 
de  jietits  factums  monarchiques.  Le  prince  de 
Condé  l'admit  à  son  conseil,  et  en  1793  il  fut 
appelé  à  faire  partie  du  conseil  de  régence.  Il  se 
rendit  à  l'armée  des  princes,  puis  en  1794  il  se 
retira  à  Ratisbonne,  où  il  reprit  ses  travaux  lit- 
téraires, et  s'occupa  de  la  composition  d'un  livre 
qu'il  destinait  à  l'éducation  de  son  fils  unique, 
qui  mourut  à  l'âge  de  seize  ans.  En  1801,  pro- 
fitant des  facilités  offertes  par  le  nouveau  gou- 
vernement aux  émigrés  (|ui  voulaient  rentrer  en 
France,  il  y  vint,  suivant  l'expression  du  mar- 
quis de  Clermont -Tonnerre ,  »  avec  l'autorisa- 
tion du  roi,  attendre  paisiblement  que  les  cir- 
constances ramenassent  la  royauté  légitime  ». 
Peu  de  temps  après  il  fit  paraître  son  Esprit  de 
V histoire.  «  Ce  livre,  dit  un  biographe,  fut  ac- 
cueilli avec  le  plus  grand  empressement ,  et  par 
les  hommes  qui  s'étaient  toujours  montrés  op- 
posés aux  idées  de  la  révolution,  et  par  ceux 
qui,  produits  par  cette  même  révolution,  cher- 
chaient déjà  à  entraîner  l'opinion  publique  dans 
un  mouvement  rétrograde,  favorable  aux  projets 


FERRAND  494 

de  Bonaparte.  »  L'Esprït  de  l'histoire  est  un 
long  plaidoyer  en  faveur  de  ce  qu'on  a  appelé 
depuis  le  principe  d'autorité.  Le  corps  ensei- 
gnant en  aida  le  débit,  et  le  donna  fréquemment 
en  prix.  Cependant,  la  censure  prit  ombraged'un 
discours  adressé  par  Vioraandus  à  Childéric,  roi 
légiHme  des  Français,  qu'il  rétablit  sur  son 
trône.  Il  était  facile  d'y  voir  un  conseil  indirect 
adressé  au  chef  de  l'État,  et  l'ouvrage  dut  rece- 
voir quelques  cliangements.  D'un  autre  côté,  l'era- 
pereur  de  Russie  envoya  à  l'auteur  une  lettre 
flatteuse  avec  une  bague  de  prix.  A  la  mort  de 
Rulhière,  Ferrand  fut  chargé  de  finir  l'Histoire  de 
l'Anarchie  de  Pologne,  que  l'auteur  laissait  ina- 
chevée ;  mais  Ferrand  ne  craignit  point  de  faire 
subir  au  manuscrit  des  corrections  considérables 
pour  l'approprier  à  ses  idées ,  et  au  moment  oii 
l'ouvrage  allait  paraître  la  police  fit  enlever  la  co- 
pie en  déclarant  que  Rulhière  ayant  été  pension- 
naire de  l'État,  son  ouvrage  ne  pouvait  être  publié 
sans  le  consentement  du  gouvernement.  Daunou 
devenu  alors  l'éditeur  de  Rulhière,  accusa  hau- 
tement  Ferrand  d'avoir  altéré  le  texte  de  son 
auteur.Letravail  de  Ferrand  parut  néanmoins  plus 
tard.  Au  moment  de  l'entrée  des  armées  étrangères 
à  Paris,  Ferrand,  qui  faisait  partie  d'une  sorte  de 
comité  royaliste,  se  rendit,  avec  M.  Soslhène  de 
La  Rochefoucauld  et  Chateaubriand,  chez  M.  de 
Nesselrode  pour  demander  le  rétablissement  des 
Bourbons  sur  le  trône  de  France,  bien  qu'il  eût 
été  d'avis  d'abord  de  s'adresser  au  sénat. 

Le  13  mai  1814,  Ferrand  fut  nommé  ministre 
d'État  et  directeur  général  des  postes.  Il  fut  en 
outre  appelé  dans  la  commission  chargée  d'élabo- 
rer la  Charte  constitutionnelle.  Bourrienne  l'ac- 
cuse d'avoir  dit  de  cette  charte  «  que  c'était  une 
bonne  chose,  mais  qu'il  lui  manquait  d'avoir  été 
enregistrée  au  parlement  ».  A  cette  époque  une 
brochure  ayant  pour  titre  ;   Protestations  du 
parlement  de  Paris  contre  sa  suppression, 
parut  avec  des  initiales  qui  permettaient  de  l'at- 
tribuer au  comte  A.  Ferrand.  Lanjuinais  dénonça 
cet  écrit  à  la  chambre  des  pairs  ;  mais  Ferrand 
formula  une  espèce  de  rétractation  habile.  II 
contre-signa  comme  ministre  du  roi  l'acte  par 
lequel  Louis  XVIII  ordonna  le  séquestre  des 
biens  de  Napoléon  et  de  sa  famille.  Au  mois  de 
juillet,  il  fut  nommé  membre  de  la  commission 
chargée  d'examiner  les  demandes  en  restitution 
des  biens  non  vendus  des  émigrés,  et  le  13  sep- 
tembre il  présenta  un  projet  de  loi  à  ce  sujet. 
C'est  alors  qu'il  alarma  si  fort  les  esprits  en 
établissant  la  fameuse  distinction  entre  les  roya- 
listes de  la  ligne  droite  et  ceux  de  la  ligne 
courbe.  «  Il  est  bien  reconnu ,  disait-il ,  que  les 
régnicoles  comme    les  émigrés   appelaient  de 
tous  leurs  vœux  un  heureux  changement,  lors 
môme  qu'ils  n'osaient  encore  l'espérer.  A  force 
de  malheurs  et  d'agitations,  tous  se  retrouvaient 
donc  au  même  point;  tous  y  étaient  arrivés, 
ks  uns  en  suivant  une  ligne  droite,  sans  ja- 
mais dévier ,  les  autres  après  avoir  parcouru 


495 

plus  ou  moins  les  phases  révolutionnaires  au 
milieu  desquelles  ils  se  sont  trouvés.  »  Durant  la 
maladie  et  après  la  mort  de  Malouet,  Ferrand 
remplit  par  intérim  les  fonctions  de  ministre  de 
la  marine ,  jusqu'à  la  nomination  de  Beugnot. 
Ce  fut  pendant  ce  temps  qu'il  rédigea  un  projet 
de  loi  pour  l'abolition^  de  la  traite  des  noirs  en 
Afrique. 

Le  20  mars  1815,  Ferrand  occupait  encore  le 
poste  de  directeur  général  des  postes  quand  le 
comte  de  Lavalette  vint  l'en  déposséder.  Avant 
de  quitter  l'hôtel,  Ferrand  demanda  un  sauf- 
conduit,  que  Lavalette  refusa  d'abord;  mais 
jyjme  perraud  insista  tellement,  qu'elle  obtint  enfin 
cette  pièce,  qui  devait  plus  tard  former  la  princi- 
pale charge  du  procès  intenté  à  l'ex- directeur 
général  des  postes  de  l'empire.  Ferrand  ne  mé- 
nagea guère  alors  son  compétiteur  dans  sa  dépo- 
sition, n  n'alla  pas  rejoindre  le  roi  à  Gand. 
Il  se  rendit  en  Vendée,  et  après  y  avoir  séjourné 
quelque  temps  il  vint  à  Orléans,  où  on  le  laissa 
parfaitement  tranquille.  A  la  seconde  restaura- 
tion, il  reprit  la  direction  générale  des  postes; 
mais  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps.  Il  fut  de  plus 
nommé  pair  de  France,  membre  du  conseil 
privé,  grand-officier  et  secrétaire  des  ordres  de 
Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit,  et  nommé  par 
le  roi  membre  de  l'Académie  Française  lors  de 
la  réorganisation  de  l'Institut  en  1816. 

Malgré  ses  infirmités ,  impotent  et  aveugle , 
Ferrand  suivit  avec  assiduité  les  séances  de  la 
chambre  des  pairs ,  où  il  vota  constamment  en 
faveur  des  projets  ministériels.  Il  soutint  comme 
rapporteur  le  projet  de  loi  sur  l'établissement 
des  cours  prévôtales ,  provoqua  une  loi  sur  la 
compétence  et  un  règlement  sur  les  formes  de 
procéder  de  la  cour  des  pairs ,  et  demanda  une 
loi  qui  permît  au  roi  d'autoriser  par  une  simple 
ordonnance  les  communautés  de  femmes.  Il 
mourut  le  jour  même  où  il  devait  présenter  un 
rapport  sur  ce  sujet.  Casimir  Delà  vigne  lui  suc- 
céda à  l'Académie  Française. 

On  a  de  Ferrand  :  Accord  des  principes  et 
des  lois  sur  les  évocations,  commissions  et 
cassations;  Paris,l786,  in-12;  1789,  avec  notes 
et  additions;  —  Essai  d'un  citoyen;  Paris, 
1789,  in-8°  ;  —  Nullité  et  despotisme.ijde  l'As- 
semblée prétendue  nationale  ;  Paris,  1789;  — 
Les  Conspirateurs  démasqués ,  par  Vauteur 
de  Nullité  et  despotisme,  etc.;  Turin,  1790, 
jn_8°;  —  État  actuel  de  la  France;  Paris, 
1790;  —  Les  Français  à  l'Assemblée  natio- 
nale, ou  Réponse  aux  pamphlets  de  V  Assem- 
blée nationale  aux  Français;  Paris,  1790; 
—  Adresse  d^un  citoyen  très-actif  aux  ques- 
tions présentées  aux  états  généraux  du  Ma- 
nège ,  vulgairement  appelés  Assemblée  natio- 
nale; février  1790;  —  Douze  Lettres  d'un 
commerçant  à  un  cultivateur  sur  les  affaires 
du  temps;  Paris,  1790;  —  Le  Dernier  Coup 
de  la  ligue;  octobre  1790;  —  Réponse  au 
post-scriptum    de    M.    Lally  -  Tollendal   à 


FERRAND  496 

M.  BurTte;  1791  ou  1793;  —  De  là  révolution 
sociale;  1793,  in-8°;  —  Le  Rétablissement  de 
la  monarchie  française  ;  Nice,  septembre  1792, 
in-8°;  1"  édition,  Liège,  1794,  in-8'';  —  Lettres 
d'un  ministre  d'une  cour  étrangère  sur  l'état 
actuel  de  la  France;  1793  ;  —  Considérations 
sur  la  révolution  sociale  ;  Neufchâtel  et  Lon- 
dres, 1794,  in-8°;  —  L'Esprit  de  l'histoire, 
ou  lettres  politiques  et  morales  d'un  père  à 
son  fils  sur  la  manière  d'étudier  l'histoire 
en  général  et  particulièrement  celle  de  la 
France;  Paris,  1802,  4  vol.  in-8'*;  2^  édit., 
1803;  3*^  édit.,  1804;  4*  édit.,  1805;  5«  édit., 
1809;  avec  de  nouveaux  titres,  1816;  6**  édi- 
tion, précédée  d'une  notice  biographique  de  l'au- 
teur; par  Héricart  deThui7,  son  neveu;  Paris, 
1826,  4  vol.  in-8°,  ou  5  vol.  in-12;  —  Éloge 
historique  de  madame  Elisabeth  de  France , 
suivi  de  plusieurs  lettres  de  cette  princesse; 
Paris,  1814,  in-8°  :  ime  première  édition  de  cet 
éloge,  mais  bien  différente,  avait  déjà  paru  à  Lyon 
en  1795,  in-8";  —  Œuvres  dramatiques  de 
M.  A.  F.  ;  Paris,  1817,  in-8''.  Ce  volume  con- 
tient Le  Siège  de  Rhodes,  tragédie  en  cinq  actes 
(  1784);  Zoari,  tragédie  en  cinq  actes  (1799), 
reçue  au  Théâtre-Français  en  1786;  Philoc- 
tète,  tragédie  en  trois  actes  (1780),  imprimée 
en  1786,  à  Paris,  in-8°;  Alfred,  tragédie  en 
cinq  actes  (1785);  —  Théorie  des  révolutions 
rapprochée  des  principaux  événements  qui 
en  ont  été  l'origine ,  le  développement  ou  la 
suite,  avec  une  table  générale  et  analytique  ; 
Paris,  1817,  4  vol.  in-8°;  —  Histoire  des  trois 
Démembrements  de  la  Pologne,  pour  faire 
suite  à  l' Histoire  deV  Anarchie  de  Pologne,  de 
Rulhière;  Paris,  1820,  3  vol.  in-8°  ;  —  Vues 
d'un  pair  de  France  sur  la  session  de  1821  ; 
Paris,  1821,  in-8'';  —  Réflexions  sur  la  ques- 
tion du  renouvellement  intégral  de  la  cham- 
bre des  députés;  Paris,  1823,  in-8°.  On  a  en 
outre  du  comte  Ferrand  des  Opinions  et  des 
Rapports  exprimées  ou  présentés  à  la  chambre 
des  pairs  et  imprimés  par  ordre  de  cette  assem- 
blée. On  a  aussi  fait  paraître  de  lui  un  ouvrage 
posthume  intitulé  :  Testament  politique  de  M.  le 
comte  Ferrand;  Pans,  1830,  in-S".  L.  Louvet. 

Biographie  universelle  et  portative  des  Contempo- 
rains. —  Encyclopédie  des  Gens  du  Monde.  —  Diction- 
naire de  la  Conversation.  —  La  France  littéraire.  — 
Éloge  du  comte  Ferrand,  prononcé  par  M.  de  Cler- 
raont-Tonnerre  à  la  Chambre  des  Pairs,  le  7  juin  1825.  — 
Discours  de  réception  de  Casimir  Delavigne  à  l'Acadé- 
raie  Française. 

FERRAND  (  Anthclme  ) ,  homme  politique 
français,  né  en  1757,  à  Arandax  (  Bugey  ),  mort 
en  1833.  Élu  en  1792  suppléant  à  la  Conven- 
tion, il  n'entra  dans  cette  assemblée  qu'après 
le  jugement  de  Louis  XVI.  Il  vota  toujours  avec 
le  parti  modéré.  Il  siégea  au  Conseil  des  Cinq 
Cents  de  1795  à  1797,  et  prit  une  part  assez  vive 
à  la  réaction  royahste.  Il  fut  nommé  en  1800 
président  du  tribunal  civil  de  Belley,  et  conserva 
ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort.  ... 


497  FERRAND  — 

Arnauld,  Jouy,  Jay ,  Biographie  nouvelle  des  Contem- 
porains. 
FERRAND.  Fo^es  Fernand  (Charles). 
FERRAND,  comte  DE   Guastallu.  Voy.  Gon- 

ZAGtE. 

FERRAND  FULGENCE.  Voy.  FerrANDUS. 

*  FERRANDINO  (Leonardo),  sculpteur  gé- 
nois, vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Élève  de  Taddeo  €arlone,  il  eut  un  style 
gracieux,  dont  il  a  laissé  un  seul  exemple  dans 
sa  Madone  de  l'église  de  la  Nunziata  del  Guas- 
tato  à  Gênes.  Il  mourut  dans  un  âge  avancé. 

E.  B— N. 
Orlandi ,  Abbecedario. 

FERRAKDO  (Raymond).  Fo?/ez Féraud. 

FERRANDO  (Gonsolve).  Voyez  Fernandez. 

FERRANDUS  (Fulgentius),  théologien  afri- 
cain ,  né  vers  le  commencement  de  l'ère  chré- 
tienne ,  mort  vers  550.  Élève  de  saint  Fulgence, 
il  suivit  ce  saint  dans  son  exil  de  Sardaigne,  et 
y  embrassa  l'état  monastique.  De  retour  en 
Afrique,  il  devint  diacre  de  l'église  de  Carthage. 
On  voit  dans  ses  écrits  qu'il  était  en  grande  ré- 
putation ,  et  plus  d'une  fois  les  tliéologiens  de 
Constantinople  et  de  Rome  le  consultèrent  sur 
des  points  de  dogme  et  de  discipline.  On  a  de 
lui  :  Breviatio  Canonum ,  publiée  pour  la  pre- 
mière fois  par  Pierre  Pithou  dans  le  Breviarium 
de  Cresconius  ;  —  Epistola  ad  S.  Fulgentium 
de  duabus  queestionïbus  super  sainte  yEthio- 
pis  moribundi;  —  Ep.  ad  eundem  de  quinque 
quxstionibus  ;  —  Ep.  ad  Eugyppium,  abba- 
tem,  de  Trinitate  et  de  duobus  Ghristi  na- 
turis;  —  Vitasancti  Fulgentii,  Ruspensis  epis- 
copi.  Cette  vie,  ainsi  que  les  trois  ouvrage  pré- 
cédents, ont  été  généralement  insérés  parmi  les 
œuvres  de  saint  Fulgence  ;  —  Ep.  ad  Severum 
Scholasticum  C.  P.,  quod  unus  de  Trinitate 
passus  dici  possit;  —  Epist.  ad  Anatolium 
R.  E.  Diaconum,  sur  le  même  sujet  ;  —  Para;- 
neticus  ad  Reginum  comitem,  de  septem  re~ 
gulis  innocentix;  —  Ep.  ad  Pelagium  et 
Anatolium,  R.  E.  diaconos.  Les  œuvres  com- 
plètes de  Ferrandus  parurent  par  les  soins  de 
Chifflet;  Dijon,  1649,  in-4°  ;  elles  furent  réim- 
primées dans  la  Bibliotheca  Patrum. 

Cave ,  Historia  literaria. 

*  FERRANTE  (Le  chev.Giovanni-Francesco), 
peintre  de  l'école  bolonaise,  né  à  Bologne,  vers 
1600,  mort  à  Plaisance  en  1652.  Après  avoir 
étudié  dans  sa  patrie  sous  le  Gessi ,  il  fut  appelé 
à  Plaisance,  qu'il  embellit  de  nombreuses  pein- 
tures à  l'huile  et  à  fresque.  On  trouve  aussi 
quelques-uns  de  ses  ouvrages  à  Bologne ,  tels 
quesain^  Paul  battu  par  la  tempête,  à  l'église 
Saint-Paul;  Apparition  de  Jésus-Christ  à  saint 
Antoine;  Sainte  Lucie  à  Santa-Maria-della  Mi- 
sericordia.  Ferrante  eut  pour  élève  Bartolom- 
meo  Baderna.  E-  B — n. 

Lanzi ,  Storia  délia  Pittura.  -  Ticozzi ,  Dizionario. 
—  M.  A.  Gualandi,  Mernorie  originali  di  Belle  Jrti.  — 
Malvasia ,  Pitlure  di  Bologna. 

*  FËRRANTi  {Agosto  et  Decio),  peintres  de 


FERRAN'rmi 


498 


l'école  milanaise,  florissaient  vers  1500.  Agosto 
fut  le  fils  et  l'élève  de  Decio  ;  tous  deux  peigni- 
rent la  miniature  avec  une  rare  perfection.  Dans 
la  cathédrale  de  Vigevano  on  conserve  d'eux  un 
évangéliaire,  un  livre  d'épitres  et  un  missel,  qui 
sont  au  nombre  des  plus  beaux  livres  à  minia- 
tures qui  soient  parvenus  jusqu'à  nous. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,   Dizionario. 

*  FËRRANTI  (  Hieronimo  de),  charlatan 
italien  du  dix-septième  siècle,  natif  d'Orvieto, 
d'où  le  surnom  d'Orviétan.  11  vint  de  bonne 
heure  à  Paris,  et  s'installa  sur  le  Pont-Neuf,  où 
il  débita  pendant  longtemps  la  fameuse  panacée 
qui  porte  son  nom.  S'étant  enrichi  à  ce  métier, 
il  vendit  son  secret  à  un  certain  Blegny,  apothi- 
caire du  roi ,  qui,  dit-on,  s'enrichit  également. 

Louis  Lacour. 

Guy  Patin  ,  Lettre  du  8  janvier  1654.  —  Livre  commode 
des  Adresses  pour  1690  ,  chap.  des  Matières  médici- 
nales. —  Moïse  Ciiaras,  l'harmacopée,  1733,  2  vol.  in-4», 
table.  —  Furetière,  éd.  Fournier,  Bibl.  elzevirienne , 
p.  106. 

FERRANTiNi  (Gabriele),  plus  connu  sous  le 
nom  de  Gabriele  degli  Occhiali  (des  lunet- 
tes), peintre  italien,  né  à  Bologne,  à  la  fin 
du  seizième  siècle.  Malvasia,  et  après  lui  tous 
les  autres  biographes,  disent  qu'il  florissait  en 
1588  ;  Ticozzi  ajoute  même  qu'il  naquit  vers  1550  ; 
mais  en  même  temps  ils  le  font  élève  de  Denis 
Calvart,  né  seulement  en  1565.  Une  preuve  plus 
positive  encore  de  leur  erreur  résulte  d'une 
pièce  publiée  par  Gualandi;  c'est  un  acte  en  date 
du  18  mai  1599,  par  lequel  Ermete  Ferrantini, 
père  de  Gabriele,  l'émancipé  ;  par  conséquent  à 
cette  époque  il  n'avait  pas  encore  atteint  sa 
majorité.  Nous  avons  donc  ainsi  la  certitude  que 
cet  artiste  doit  être  né  au  plus  tôt  en  1580.  Son 
père ,  ancien  soldat,  mourut  à  Bologne,  à  l'âge 
de  cent-six  ans.  La  manière  de  Gabriele  est  plus 
moderne  et  plus  colorée  que  celle  de  Calvart , 
et  l'on  voit  qu'il  s'efforça  souvent  d'imiter  les 
Carrache;  aussi  quelques  auteurs  et  Lanzi  lui- 
même  l'ont-ils  cru  sorti  de  leur  école.  11  eut 
lui-même  de  nombreux  élèves,  et  son  plus  beau 
titre  de  gloire  est  d'avoir  enseigné  à  peindre  à 
fresque  à  l'immortel  Guido  Reni.  Il  excella  en 
effet  dans  la  pratique  de  cet  art,  qu'il  préféra 
toujours  à  la  peinture  à  l'huile ,  et  vers  lequel  le 
portait  une  grande  habileté  de  main  et  un  ta- 
lent de  dessinateur  facile ,  quoique  correct.  Ga- 
briele avait  laissé  à  Bologne  de  nombreux  ou- 
vrages ;  beaucoup  ont  malheureusement  disparu  ; 
parmi  ceux  qui  ont  survécu,  les  plus  remarquables 
sont  un  Saint  François  de  Paule  à  l'église  de 
San-Benedetto ,  Les  quatre  Evangélistes  peints 
à  fresque  au  porche  de  San-Domenico ,  et  un 
Saint  Jérôme,  tableau  à  l'huile,  à  l'église  pres- 
que abandonnée  de  Saint-Mathias.     E.  B— in. 

Malvasia,  Felsina  pittrice.  —  Lanzi,  Stoi-ia  delta 
Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario.  —  Orlandi,  Abbece- 
dario. —  M.  A.  Gu3\an<ii ,  Mernorie  originali  di  Belle 
Arti. 

*  FERRANTINI  (IppoUto),  peintre  de  l'école 
bolonaise ,  frère  du  précédent,  florissait  au  corn- 


439 


FERRANTINI  —  FERRARA 


mencement  du  septième  siècle.  Il  paraît  avoir 
comme  lui  étudié  sous  les  Carrache,  dont  il  ne 
fut  pas  un  des  meilleurs  disciples.  On  voit  de  lui 
à  l'église  Saint-Mathias  de  Bologne  un  tableau 
représentant  L' archange  saint  Michel,  et  dans 
ie  haut  La  sainte  Trinité  et  La  Vierge. 

E.  B— N. 
Malyasia  ,  Folsina  pittrice.  —  Lanzi ,  Storia  délia  Pit- 
lura.  —  Gualandi,  Tre  Ciorni  in  Bologna. 

*FERRANTiNï  (Orazio),  peintre  de  l'école 
bolonaise ,  né  à  Florence.  On  le  trouve  inscrit  à 
l'année  1600  parmi  les  membres  de  l'Académie 
de  Bologne;  on  pense  qu'il  fut  parent  de  Ga- 
briele  et  d'Ippolito. 

Orlandi,  Abbecedario. 

fëkrar  (Nicolas),  enthousiaste  religieux 
anglais ,  né  à  Londres,  en  1 592  ,  mort  le  5  no- 
A'erabre  1637.  Il  fut  élevé  à  l'université  de  Cam- 
bridge, et  se  lit  recevoir  docteur  en  1610.  La 
faiblesse  de  sa  santé  lui  rendant  les  voyages 
nécessaires ,  il  suivit  la  princesse  Éhsabeth  dans 
le  Palatinat  en  1613,  et  ne  revint  en  Angleterre 
qu'en  1618,  après  avoir  visité  les  universités 
d'Allemagne.  Peu  après  son  retour,  il  devint 
secrétaire  de  la  Société  de  la  Virginie,  et  fut 
nommé  membre  du  parlement  en  1624.  Il  n'oc- 
cupa cette  place  que  peu  de  temps,  et  quitta 
le  monde  pour  mener  la  vie  monastique  au  cœur 
d'un  pays  protestant.  Dans  ce  dessein,  il  acheta 
la  propriété  seigneuriale  de  Little-Gidding,  dans 
le  comté  de  Huntingdon ,  et  alla  s'y  établir  avec 
sa  mère ,  sa  sœur,  et  des  parents ,  en  tout  qua- 
rante personnes.  Pour  mieux  remplir  ses  fonc- 
tions de  directeur  de  monastère,  il  se  fit  ordonner 
diacre  par  le  docteur  Laud,  alors  évêque  de  Saint- 
David.  Il  était  aussi  médecin ,  et  apprenait  aux 
jeunes  femmes  de  cette  pieuse  congrégation  à 
soigner  les  vieillards  et  les  malades.  Il  se  levait 
régulièrement  à  une  heure  du  matin ,  et  passait 
souvent  toute  la  nuit  en  prières.  Ferrar  composa 
quelques  ouvrages  de  piété,  mais  il  ne  fit  impri- 
mer qu'une  traduction  anglaise  de  l'ouvrage  es- 
pagnol de  Valdesso,  intitulé  :  Cent  dix  Consi- 
dérations. 

p.  Peckard,  Life  of  Ferrar.  —  Chalmers,  General  bio- 
graphical  Dictionary. 

FP.RRARA  (  Camillo  ou  Gabriele  ),  chirurgien 
italien,  vivait  au  seizième  siècle.  Il  exerça  son  art 
à  Milan.  Il  entra  dans  un  ordre  monastique,  et 
quitta  son  prénom  de  Camillopour  prendre  celui 
de  Gabriele.  Ferrara  fut  un  des  premiers  méde- 
cins qui  osèrent  conseiller  d'ouvrir  la  dure-mère 
pour  donner  issue  à  l'humeur  épanchée  entre 
cette  membrane  et  la  pie-mère.  On  a  de  Ferrara  : 
Nuova  Selva  di  Cirurgia  ;  Venise,  1596,  in-8°  ; 
trad.  en  latin  par  Pierre  Uffenbach  ;  Francfort, 
1625,  in-8". 
»  Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

FERRARA  (Michèle),  chimiste  napolitain, 
né  dans  la  Terre  de  Labour,  le  6  févi-ier  1763, 
mort  le  16  juin  1817.  Il  étudia  les  sciences  à 
l'université  de  Naples,  sous  les  professeurs  Jo- 
seph Vaira,  Dominique  Ciriilo  et  Antoine  Barba. 


50C 


Il  s'adonna  particulièrement  à  la  chimie  appli- 
quée. Les  manufactures  du  royaume  de  Naples 
lui  durent  d'utiles  améliorations.  On  a  de  lui  : 
Istitiiziont  di  Farmacia  chimica  ;  t.  T'"  Naples 
1805,  in-8-;  t.  II,Naples,  1811,  in.8'>;  -  Delïu 
Staio  deU"  arte  vetraria  nel  regno  di  NapoU 
e  de'  mezziper  migliorarla  (dans  les  Atti  del 
regio  Islituto  d' Incorragïamento) ;  Naples, 
1811,  in-4°,  t.  P'';  —  Memoria  dell'  ImMan- 
camento  délie  TeZe;  ibid.;—  Memoria  sulla 
depurazione  délia  canfera  greggia;  dans  les 
Atti  del  regio  Istituto ,  Naples,  1818,  in-4", 
t.  II;  —  Rapporta  délia  classe  chimica  del  regio 
Istituto  d'Incoraggiamento  suite  Memorie 
risguardanti  l'indaco  estratto  dal  Guado; 
ibid. 

Tipaldo,  Biofjrajla  degli  Italiani  illustri ,  1. 1^'. 

FERRARA  ( Alfio) ,  médecin  italien,  né  à 
Trestacagne  (  Sicile  ),  en  1777  ,  mort  à  Paris,  le 
27  octobre  1829.  Il  fit  ses  études  à  Catane,  sous 
la  direction  de  son  frère  aîné ,  savant  natura- 
liste. Pendant  l'occupation  de  la  Sicile  par  l'ar- 
mée anglaise,  il  obtint  la  place  de  médecin  en 
chef  de  l'hôpital  de  Messine.  II  suivit,  comme 
chirurgien  major ,  les  troupes  anglaises  d'abord  ' 
en  Angleterre ,  puis  en  Espagne  et  enfin  à  Sainte- 
Maure  (île  Ionienne)  :  il  profita  du  voisinage  delà 
Grèce  pour  visiter  ce  pays.  Après  avoir  obtenu  sa 
retraite,  il  vint  s'établir  à  Paris,  où  il  mourut;  On 
a  de  lui  :  Memoria  sopra  le  acque  délia  Sicilia;  ' 
Londres,  1811  ;  —  Sur  le  corail  de  la  Sicile 
(en  anglais);  Londres,  1813;  —  Coup  d'' œil  sur 
les  maladies  les  plus  importantes  qui  régnent 
dans  une  des  lies  les  plus  célèbres  de  la 
Grèce,  ou  topographie  médicale  de  Pile  de 
Leucade  ou  Sainte-Maure;  Paris,  1827,  in-S". 

Tipaldo,  ISiografta  degli  Italiani  illustri,  t.  l^''. 

l  FEnK&.iiA  (Francesco),  homme  politique 
et  économiste  sicilien,  né  à  Palerrae,  en  1810.  Il 
fut  nommé  en  1834  directeur  du  bureau  de  sta- 
tistique à  Palerme,  et  fonda  le  Giornale  di  Sfa- 
tistîca.  Nommé  secrétaire  de  la  chambre  de 
commerce  de  Palerme  et  sociétaire  de  l'Ins- 
titut d'encouragement  de  la  même  ville,  il  fut 
ensuite  appelé,  comme  professeur  d'écono- 
mie politique ,  au  lycée  TuUien ,  fondé  à  Pa- 
lerme en  1847  :  ses  leçons  et  ses  écrits  contri- 
buèrent beaucoup  au  mouvement  insurrection- 
nel du  12  janvier  1348.  Arrêté  au  commencement 
de  la  lutte,  il  ne  sortit  de  captivité  que  le  5 
février  suivant.  La  ville  de  Palerme  l'élut 
député  à  la  presque  unanimité.  Persécuté  pour 
ses  opinions,  il  obtint  d'aller  avec  les  délé- 
gués offrir  la  couronne  de  Sicile  au  duc  de 
Gênes.  Pendant  son  séjour  à  Turin,  il  publia 
dans  le  Risorgimento  un  travail  qui  attira  sur 
lui  l'attention  du  comte  de  Cavour.  Ce  ministre 
lui  fit  donner  une  chaire  d'économie  politique 
et  la  direction  d'un  journal  consacré  à  la  défense 
du  parti  de  M.  de  Cavour.  Il  se  sépara  depuis 
de  ce  ministre ,  et  soutint  la  pofitique  du 
centre   gauche  dans  un  nouveau  journal,  La 


601 


FERKARA  —  FERRARE 


502 


Croix  de  Savoie ,  qui  ne  subsista  que  deux  ans. 
Il  entreprit  alors,  avec  M.  Pomba,  la  publication 
de  la  Bibliothèque  des  Économistes,  où  de 
savantes  préfacés  précédent  les  divers  ouvra- 
ges étrangers  ou  italiens  contenus  dans  cette 
collection.  M.  Ferrara  met  la  dernière  main  à 
la  composition  d'un  Cours  complet  cV Économie 
politique.  _  G.  Vitali. 

Renseignements  particuliers.  —  Dictionnaire  de  l'E- 
conomie politique. 

*  FERRÂKE  (Gelasio  Di  NicoLo),  le  plus 
ancien  peintre  de  l'école  de  Ferrare.  On  croit 
qu'il  florissait  en  1242  ,  époque  où  Cimabuë  n'é- 
tait encore  âgé  que  de  douze  ans.  Il  fut  élève 
à  Venise  d'un  peintre  grec ,  Théophane  de  Cons- 
tantinople,  dont  il  est  probable  qu'il  adopta  le 
style  sans  y  apporter  de  grandes  modifications. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  on  peut  le  regarder  comme 
le  premier  peintre  du  moyen  âge  qui  ait  osé 
aborder  un  sujet  païen;  en  1242,  Azzo  d'Esté, 
premier  seigneur  de  Ferrare,  lui  commanda  une 
peinture  représentant  La  Chute  de  Phaéthon , 
sujet  éminemment  national,  puisque  c'est  dans 
le  Pô  que  périt  le  malheureux  fils  d'Apollon. 
Philippe ,  évêque  de  Ferrare ,  fit  faire  à  Gelasio 
une  Madone  et  une  Bannière  de  Saint-Geor- 
ges, avec  laquelle  il  alla  à  la  rencontre  de  Tie- 
polo,  ambassadeur  de  la  république  de  Venise. 

E.  B— N. 

Baruffaldi,  f'ite  de'  Pittori  Ferraresi.  —  Lanzi,  Storia 
delta  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*  FERRARE  (Cristoforo  de),  peintre  de 
l'école  ferraraise,  florissait  en  1380.  On  le 
trouve  quelquefois  désigné  sous  les  noms  de 
Cristoforo  rfe  M)rfène  on  de  Bologne;  caries 
trois  villes  se  disputent  l'honneur  de  lui  avoir 
donné  naissance.  Toutefois ,  il  paraît  probable 
qu'il  naquit  à  Ferrare,  mais  qu'il  passa  une 
grande  partie  de  sa  vie  à  Bologne ,  où  il  a  beau- 
coup travaillé  sur  bois  et  sur  mur.  Il  y  avait 
peint  le  tableau  du  maître  autel  de  la  Madona 
di  Mezzaratta,  et  on  conservait  de  lui  dans  la 
même  ville,  au  palais  Malvezzi,  un  tableau  divisé 
en  dix.  compartiments  dont  les  nombreuses  figu- 
res étaient  d'un  dessin  assez  barbare  et  d'un 
coloris  pâle,  qui  ne  rappelaient  en  rien  le  style  du 
Giotto,  en  vogue  à  cette  époque.  Le  musée  de 
Ferrare  possède  un  petit  Christ  sur  fond  d'or 
de  cet  artiste. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario.  — 
Vasari,  f^ite. 

*  FERKKKE  { Antonio  de),  peintre  de  l'école 
de  Ferrare,  florissait  au  milieu  du  qinnzième 
siècle.  Lanzi  croit  que  son  nom  de  famille  était 
Alberti.  Suivant  Vasari,  il  étudia  à  Florence,  sous 
Agnolo  Gaddi,  et  laissa  de  beaux  ouvrages  à 
Saint-François  d'Urbin  et  à  Città-di-Castello. 
Ailleurs,  en  parlant  de  Timoteo  délia  Vite,  Vasari 
dit  que  celui-ci  naquit  à  Urbin  de  Calliope  ,  fille 
de  maître  Antonio  Alberti ,  de  Ferrare ,  fort  bon 
peintre  pour  son  temps,  ainsi  qu'on  peut  en  juger 
par  les  ouvrages  qu'il  fit  à  Urbin  et  ailleurs. 
Antonio  avait  peint,  en  1438,  pour  Albert  d'Esté, 


marquis  de  Ferrare,  dans  des  salles  du  palais 
aujourd'hui  détruites,  le  Concile  général  con- 
voqué à  Ferrare  pour  la  réunion  des  Grecs  à 
l'Église  cathoHque,  en  présence  du  pape  Eu- 
gène IV  et  de  l'empereur  Jean  Paléologue.  An- 
tonio représenta  dans  une  autre  salle  La  Gloire 
des  bienheureux  ;  i\  était  resté  de  cette  fresque 
quelques  fragments  d'après  lesquels  Lanzi  a  pu 
encore  reconnaître  que  les  têtes  avaient  plus  de 
beauté,  le  coloris  plus  de  moefleux,  les  poses 
plus  de  variété  que  dans  les  ouvrages  de  Galasso 
Galassi ,  son  contemporain.  Orlandi  fait  vivre 
Antonio  jusqu'en  1500,  ce  qui  n'est  guère  ad- 
missible. E.  B — N. 

Baruffaldi,  Fite  de' piû  insigni  Pittori  e  Scultori  Fer- 
raresi. —  Vasari,  /^ife,—  Orlandi, ^66ecerfœrjo.  —Lanzi, 
Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*  FERRARE  (Stefano  de),  peintre  de  l'é- 
cole vénitienne,  vivait  vers  le  milieu  du 
quinzième  siècle.  Suivant  Vasari ,  il  aurait  été 
élève  du  Squarcione;  mais  il  est  plus  probable 
qu'il  ne  fut  que  son  contemporain ,  puisque  déjà 
en  1430  Savonarola  parle  de  son  principal  ou- 
vrage, le  cercueil  de  saint  Antoine  de  Padoue, 
quMl  avait  décoré  de  peintures  représentant  les 
miracles  du  saint,  et  dont  les  figures  semblaient 
vivantes.  Ce  cercueil  n'existe  plus,  mais  on 
conserve  encore  dans  l'église  Saint-Antoine  de 
Padoue  une  demi-figure  de  la  Vierge  que  Vasari 
attribue  au  même  maître.  Baruffaldi  croit  qu'il 
vécut  jusqu'à  l'année  1500. 

E.  B— N. 
Savonarola,  De  Laudibus  Patavii.  —  Vasari,  Fite.  — 
Baruffaldi,  f-'ilede'  Pittori  Ferraresi.  —  hanzx ,  Storia 
pittorica.  —  Orlandi,  Abbecedurio. 

FERRARA  {Ste/ano  Falzagalloni ,  dit  S^e- 
fano  j)e),  peintre  de  l'école  de  Ferrare ,  floris- 
sait au  commencement  du  seizième  siècle.  Il 
faut  se  garder  de  le  confondre  avec  le  pré- 
cédent, comme  l'ont  fait  la  plupart  des  biogra- 
phes. En  1531,  il  avait  peint  pour  l'église  de 
Santa-Maria-in-Vado  de  Ferrare  un  tableau, 
aujourd'hui  au  musée  de  cette  ville,  représen- 
tant ia  Viei-gesur  un  trône  entre  saint  Jérôme 
et  îin  saint  évêque.  On  voit  de  lui  au  même 
musée  Les  douze  Apôtres,  en  six  tableaux,  qui 
ont  été  attribués  au  Garofalo,  honneur  qui  suffit 
pour  donner  la  mesure  du  talent  de  Stefano. 

E.  B— N. 

Lanzi,  Storia  delta  Pittura.  —  N.  L.  Ciltadella,  Indice 
délie  cosu  più  rimarcubili  di  Ferrara. 

*  FEKUARE  ( Giovanni- Battista de),  peintre 
de  l'école  de  Ferrare,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Vers  1563,  en  com- 
pagnie de  plusieurs  autres  peintres ,  il  décora 
de  fresques  le  casino  di  Soprà  près  Novellara; 
ces  fresques,  transportées  sur  toile,  ont  été  ré- 
cemment acquises  par  le  comte  de  Chambord, 
qui  en  a  orné  la  galerie  de  son  palais  à  Venise. 
Giovanni-Battista  peignit  aussi  au  château  de 
Bagnolo  en  1567.  Il  est  probable  que  ce  peintre 
est  le  même  que  celui  indiipié  dans  les  notes  de 
Baruffaldi  à  l'année  1597  et  nommé  par  Zaui 
comme  vivant  en  1600. 


503  FERRARE 

Davolio,  Memorie  storiche  jîîsj.  —  Baruffaldi,  Fite 
de' Pittori  Ferraresi.  —  Zani,  Materiali  per  servire 
alla  Storia  deW  Incisione.  —  Campori,  Gli  ytrtisti 
Italiani  e  stranieri  negli  Stati   Estesi. 

*  FERRARE  (Pteti'o  de),  peintre  de  l'école 
bolonaise ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Malvasia  dit  qu'il  fut  un  des  bons 
élèves  de  Louis  Carrache  ;  mais  il  est  probable 
qu'il  mouiTit  jeune,  car  on  ne  connaît  aucune 
peinture  qui  puisse  lui  être  attribuée  avec  certi- 
tude. 

Malvasia  ,  Felsina  pittrice.  —  Lanzi ,  Storia  délia  Pit- 
tura.  —  Ticozzi,  Vizionario. 

FERRARE  (  Galttsso    DE  ).    Voy.    Galassi. 
FERRARE  (  Ercole  DE  ).  Voy.  Grandi. 

FERRARE.  VoyeZ  ESTE. 

FERRARE  {Renée  clc  France,  duchesse  de). 
Voy.  Renée. 

FERRARE  (Anne  de).  Voyez  Guise,  Ne- 
mours et  Savoie. 

FERRARESINO.  Voy.  Berlinghieri  (  Ca- 
millo). 

FERRARI ,  nom  commun  à  un  grand  nombre 
de  personnages  italiens,  classés  ci-dessous  par 
ordie  ciironologique. 

FERRARI ,  troubadour  italien  ,  né  à  Ferrare, 
vivait  durant  la  première  moitié  du  treizième 
siècle.  Il  occupait  un  rang  honorable  auprès  du 
marquis  d'Esté.  Il  connaissait  fort  bien  l'idiome 
provençal,  et  il  improvisait  les  réponses  qu'il 
faisait  aux  troubadours  qui  venaient  animer 
les  fêtes  de  la  petite  cour  du  prince.  Aucun 
de  ses  ouvrages  ne  s'est  conservé.      G.  B. 

Raynouard,  Choix  de  Poésies,  l.  V,  p.  147.  —  Histoire 
littéraire  de  la  France,  XIX,  512. 

*  FERRARI  {Jean-François),  poète  italien, 
de  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  On 
manque  de  détails  sur  sa  vie;  mais  on  acquiert 
la  preuve  qu'il  ne  manquait  ni  de  verve  ni  de 
gaieté  si  l'on  prend  la  peine  de  parcourir  ses 
Rime  burlesche;  Venise,  1570,  in-8°.  Ce  volume 
peu  connu  renferme  53  pièces  facétieuses,  contre 
Aristote,  contre  Cicéron,  à  la  louange  de  la 
gale,  etc.  Plusieurs  de  ces  morceaux  sont  en  pa- 
tois bergamasque,  modenais  ou  romagnol  ;  il  y 
en  a  deux  en  argot  ;  l'auteur  a  même  pris  la  peine 
de  faire  passer  en  argot  une  épître  d'Horace;  on 
trouve  chez  lui  la  fable  de  La  Cigale  et  de  la 
Fourmi,  que  La  Fontaine  semble  avoir  traduite 
mot  pour  mot.  G.  B. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  Libri,  n°  1539. 

*  FERRARI  {Andreolo  de'),  architecte  ita- 
lien et  religieux  franciscain  du  quatorzième  siè- 
cle. Il  fut  un  des  juges  choisis  pour  prononcer 
sur  les  différends  élevés  entre  les  architectes 
et  les  ingénieurs  italiens  au  sujet  de  la  construc- 
tion de  la  cathédrale  de  Milan. 

Cicognara,  Storia  délia  Scultura. 

*  FERRARI  {Antonio),  peintre  de  l'école  de 
Crémone,  florissait  en  1419.  Il  n'était  pas  né 
dans  cette  ville,  comme  le  prétend  Ticozzi,  mais 
bien  à  Pavie ,  car  ses  ouvrages  sont  signés  Ant. 
Ferrari  de  Papia.  Il  avait  peint  à  fresque  à 


-  FERRARI  504 

Saint-Luc  de  Crémone  la  chapelle  Saint-Jean- 
Baptiste.  Ces  peintures,  que  l'on  croyait  perdues, 
ont  été  retrouvées  sous  le  badigeon  au  commen- 
cement de  ce  siècle,  par  Giuseppe  GrasseDi, 
biographe  Crémonais ,  qui  croit  pouvoir  attribuer 
au  même  artiste  une  Madone  entre  saint  Lue 
et  saint  François,  peinte  au-dessus  de  la  porte 
de  la  même  église.  E.  B— n. 

Zaist,  Notizie  storiche  de'  Pittari  Cremonesi.  —  Ti- 
cozzi ,  Dizionario.  —  Oriandi,  Abbecedario. 

FERRARI  {Giovanni-Matteo) ,médiQQm  ita- 
lien, né  au  commencement  du  quinzième  siècle, 
au  château  de  Grado  (  Milanais  ) ,  ce  qui  le  fit 
surnommer  de  Gradibus ,  mort  à  Padoue,  en 
décembre  1472.  Reçu  docteur  à  Milan,  il 
exerça  la  médecine  dans  cette  ville ,  et  fut  en- 
suite appelé  à  la  première  chaire  de  médecine 
de  Padoue.  Il  occupa  cette  place  jusqu'à  sa  mort. 
Ses  ouvrages  ne  sont  que  de  longs  et  ennuyeux 
commentaires  de  Rhazès  et  d'Avicenne.  En  voici 
les  titres  ;  Praeticae  Pars  prima  e  t  secunda, 
vel  commentarius  textualis  cum  ampliatio- 
nibus  et  additionibus  materiarum  in  nomim 
Rhazis  ad  Almansorem  ;  Pavie,  1471,  in-fol.; 
—  Expositiones  super  vigesimam  secundam 
fen  tertise  canonis  Avicennx;  Milan,  1494, 
in-fol.;  —  Consiliorum  secunduvi  vias  Avi- 
cennee  ordinatorum utile Repertorium  ;  Pavie, 
1501,  in  fol. 
Éloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine. 

FERRARI  (  Antoine ),  surnommé  Galateo,  en 
latin  Galateus  Leccensis,  naturaliste  et  éu-chéo- 
logue  italien,  d'origine  grecque,  né  à  Galatina 
(terre  d'Otrante),  en  1444,  mort  à  Leçu, 
le  22  novembre  1516.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  àNardo  et  à  Otrante ,  il  alla  suivre 
à  Ferrare  les  cours  de  médecine  de  Nicolo  Leo- 
niceno  et  de  Girolamo  Castelli,  et  se  lit  rece- 
voir docteur.  De  retour  à  Naples ,  il  devint  mé- 
decin de  Ferdinand  P'"  et  de  ses  successeurs,  et 
se  lia  avec  Sannazar,  Pontanus ,  et  d'autres  éru- 
dits  napolitains.  Mais  ni  la  faveur  des  princes 
ni  l'estime  des  savants  ne  le  mirent  à  l'abri  de 
la  pauvreté  et  des  infirmités.  Il  fut  aussi  victime 
des  troubles  qui  agitèrent  le  royaume  de  Naples, 
et  resta  quelque  temps  en  prison  vers  1504. 
II  passa  ses  dernières  années  à  Lecce.  Homme 
d'esprit  et  de  savoir,  il  cultiva  à  la  fois  la  phi- 
losophie ,  la  médecine,  l'archéologie ,  l'histoire , 
la  poésie.  On  a  de  lui  :  De  Situ  Japygiée;  Des- 
criptio  urbis  Gallipolis  ;  De  Villa  Vallœ  ;  Râle, 
1558,  in-8";  Naples,  1624,  in-4°.  La  meilleure 
édition  est  celle  de  Lecce,  1727,  {n-8° ,  avec  les 
notes  de  Jean-Bernardin  Taffuri  ;  cette  édition 
contient  plusieurs  opuscules  de  Ferrari,  entre 
autres  son  morceau  De  Laudibus  Venetiarum. 
Le  De  Situ  Japygisea.  été  inséré  par  Burmann 
dans  le  Thésaurus  Antiquit.  Italiœ,  t.  IX; 
par  Dominique  Giordano,  dans  le  Delectus 
Scriptorum  Rerum  Neapolitanarum;  et  par 
Calogera,  Raccolta  d'opuscoli  scientiflci, 
t.  VII;  —  De  Situ  Elementorum,  de  situ 


505 


FERRARI 


506 


terrarum,  de  mari  et  aquis  etfiuviorum  ori- 
gine; Bâle,  1558,  in-8°.  Marziano  attribue  à 
Ferrari  les  ouvrages  suivants  :  Successi  delV 
armata  turchesca  nella  città  d' Oîranto  dalV 
anno  1480;  Progressi  delV  esercito  ad  ar- 
mata condotavi  da  Alfonso,  duca  di  Cala- 
bria;  Cupertino,  l583;Naples,  1612,  in-4°. 

Dominique  de  Angelis,  f'ite  de'  Letter.  Salentini.  — 
G.-J.  R.  PoUidoro,  dans  Calogera,  Raccol.  —  Toppi, 
Jlibliot/i.  Napolet.  —  Cinelli ,  Bibliot.  volante.  —  Tira- 
boschi,  Storia  délia Letteratura  Italiana,  t.  VI,  p.  11. 

FERRARI  (  Gaudenzio),  peintre  et  sculp- 
teur de  l'école  milanaise,  né  à  Valdugia  (  ter- 
ritoire de  Novare),  en  1484,  mort  à  Milan,  en 
1550  ou  vers  la  lin  de  1549.  Il  étudia  d'abord 
la  peinture  à  Verceil,  sous  la  direction  de  Giro- 
lamo  Giovenone,  puis  à  Milan,  sous  Stefano 
Scotto  et  Bernardino  Luini ,  et  même,  selon  le 
P.  délia  Valle,  sous  Léonard  de  Vinci.  Novare  se 
vantait  de  posséder  un  de  ses  premiers  tableaux 
à  l'un  des  autels  de  sa  cathédrale  ;  il  est  divisé  en 
plusieurs  compartiments  et  enrichi  de  dorures 
selon  l'usage  qui  régnait  encore  à  cette  époque. 
Dès  l'âge  de  vingt  ans,  en  1504,  il  exécuta  des 
fresques  remarquables  dans  la  chapelle  della 
Pietà  del  Sacro  Monte  à  Varallo.  C'est  sans 
doute  aussi  à  cette  première  période  de  sa  vie 
qu'appartiennent  quelques  petits  tableaux  qui 
sont  d'un  fini  extrême,  mais  qui  tiennent  encore 
un  peu  de  la  manière  du  quinzième  siècle,  sans 
pourcela  rappeler  en  rienl'école  du  Pérugin,  dont 
quelques-uns  prétendent  qu'il  devint  aussi  le 
disciple.  Nous  croyons  plutôt  que  dans  son  pre- 
mier voyage  à  Rome  il  connut  Raphaël,  qu'il  se 
proposa  pour  modèle,  et  que  c'est  ainsi  qu'il  se 
forma  un  style  plus  grand  et  un  coloris  plus 
agréable  que  ceux  d'aucun  autre  peintre  mila- 
lanais.  Vers  1510  Gaudenzio  revint  à  Varallo, 
où  en  1513  il  peignit  dans  la  chapelle  Sainte- 
Marguerite  une  suite  considérable  de  fresques 
tirées  du  Nouveau  Testament.  En  1516  nous 
le  retrouvons  à  Rome  aidant  Raphaël  dans  ses 
fresques  du  Vatican,  et  da.Qsl' Histoire  de  Psyché 
à  la  Farnésine.  Après  la  mort  du  Sanzio,  en 
1520,  Gaudenzio  continua  à  travailler  avec 
Jules  Romain  et  Pierino  del  Vaga ,  et  il  s'ap- 
propria tellement  leur  style  qu'il  est  certaine- 
ment de  tous  les  auxiliaires  de  Raphaël  celui 
qui  approcha  le  plus  de  ses  deux  illustres  élè- 
ves. De  retour  à  Varallo,  en  1524,  il  exécuta 
au  sanctuaire  du  Sacro-Monte  de  nombreuses 
statues  en  plastique  et  des  peintures  à  fresque 
qui  appartiennent  à  sa  seconde  manière.  Il  orna 
aussi  le  chœur  de  l'église  du  couvent  de  pein- 
tures qui  rappellent  la  manière  de  Raphaël. 

Ces  divers  travaux  acquirent  à  Gaudenzio 
une  réputation  qui  engagea  Bernardino  Lanini, 
Fermo  Stella,  G.-B.  della Cerra,  Cesare  Luini, 
et  plusieurs  autres  jeunes  artistes  à  se  faire  ses 
disciples ,  et  c'est  ainsi  que  Ferrari  devint  le 
chef  d'une  seconde  école  milanaise,  presque 
digne  de  rivaliser  avec  la  première,  ouverte  par 
Léonard  de  Vinci.  Il  compta  aussi  parmi  ses 


élèves  le  malheureux  Paolo  Lomazzo,  qui  plus 
tard,  devenu  aveugle,  devait  être  le  biographe 
de  son  maître.  En  1531,  Gaudenzio  travailla  à 
Verceil  dans  l'église  Saint-Christophe;  il  peignit 
au-dessus  de  l'autel  le  saint,  et  sur  les  parois 
divers  traits  de  la  vie  de  JésuS'Christ  et  de  la  Ma- 
deleine. Il  a  déployé  dans  ce  grand  ouvrage  plus 
que  dans  aucun  autre  une  grâce,  une  beauté  que 
l'on  reconnaît  bien  avoir  été  puisées  à  l'école 
de  Raphaël.  Les  petits  anges  qu'il  a  introduits 
dans  ses  compositions  ont  autant  de  charme 
dans  leur  forme  que  d'esprit  dans  leurs  mouve- 
ments. Ces  peintures  sont  au  nombre  des  meil- 
leures productions  de  leur  auteur.  Ce  fut  en  1534 
ou  1 535  que  Gaudenzio  peignit  la  coupole  de  l'é- 
glise de  Notre-Dame  de  Saronno  ;  il  y  avait  re- 
présenté V Assomption  de  la  Vierge  en  présence 
des  .'Ipd^res;  mécontent  de  ces  figures,  il  les  dé- 
truisit lui-même,  et  les  remplaça  par  des  chœurs 
d'anges  chantant  et  jouant  de  divers  instru- 
ments. Cette  fresque  est  parfaitement  conser- 
vée ainsi  que  les  quatre  ovales  des  pendentifs, 
représentant  La  Création  de  la  Femme,  La  Ten- 
tation d'Eve,  L'Exil  du  paradis  terrestre 
et  Le  travail  de  la  terre.  Les  figures  de  ces 
diverses  fresques  sont  belles,  variées,  bien 
groupées  ;  mais  on  retrouve  encore  dans  ces 
peintures  quelques  traces  de  l'ancien  style ,  un 
peu  de  dureté,  une  disposition  un  peu  symé- 
trique des  personnages,  quelques  draperies 
pliées  à  la  manière  du  Mantegnaet,  ce  qui  est 
moins  pardonnable,  quelques  reliefs  en  stuc 
colorié.  Les  fresques  de  Gaudenzio  à  l'église 
délie  Grazie  de  Milan  datent  de  1542;  elles  re- 
présentent La  Passion  de  Jésus-Christ,  et  là  sur- 
tout il  a  imprimé  à  ses  personnages  le  caractère 
de  la  force ,  non  pas  qu'il  ait  fait  sentir  les  mus- 
cles d'une  manière  trop  marquée ,  mais  parce 
qu'il  a  choisi  des  attitudes  à  la  fois  imposantes 
et  terribles.  Ces  fresques  sont  malheureuse- 
ment en  mauvais  état.  Le  même  caractère  éner- 
gique se  retrouve  peut-être  encore  à  un  plus 
liant  degré  dans  La  Chute  de  saint  Paul,  tableau 
de  l'église  des  Conventuels  de  Verceil. 

A  la  suite  de  ses  fresques  de  l'église  délie 
Grazie,  Gaudenzio  avait  espéré  obtenir  la  com- 
mande du  tableau  du  maître  autel  ;  mais  le  Ti- 
tien lui  fut  préféré,  et  peignit  alors  ce  magnifi- 
que Couronnement  d'épines  qui,  conquis  parles 
Français  en  1797,  est  resté  au  Musée  du  Louvre. 
Pour  dédommager  Gaudenzio,  on  le  chargea  de 
peindre  pour  la  même  église  Saint  Paul  en 
méditation ,  qui,  enlevé  en  même  temps  que  le 
tableau  du  Titien,  est,  comme  lui,  resté  à  Paris. 
Ce  tableau,  l'un  des  meilleurs  du  maître,  au 
dire  de  Baldinucci  et  de  Scaramuccia,  porte 
la  date  de  1543.  Indiquons  encore  rapidement 
les  plus  célèbres  parmi  ses  autres  ouvrages  :'^à 
Milan,  au  musée  de  Brera,  plusieurs  fragments  de 
fresques  provenant  de  Santa-Maria  della  Pace, 
église  convertie  en  magasin  militaire,  et  le  Mar- 
tyre de  sainte  Catherine  tableau  comprenant 


507 

de  nombreuses  figures  un  peu  plus  grandes  que 
nature  ;  à  Santa-Maria  di  S.  Celso,  le  Baptême 
de  Jésus-Christ  ;  à  Santa-Marta ,  autrefois  San- 
Giorgio  al  Palazao,  unmagnifique  Saint  Jérôme; 
à  Saint- Ambroise ,  Xa  Vierge  entre  saint  Bar- 
thélémy et  saint  Jean,  et  les  restes  d'un  Christ 
mort,  d'une  Madelaine  pleurant  et  de  quel- 
ques autres  figures;  au  palais  Andriane,  La 
Crèche  avec  Saint  Jérôme,  l'un  des  chefs-d'œu- 
vre du  maître  ;  enfin  à  Santa-Maria  deila  Pas- 
sione,  La  Cène,  peinture  pleine  de  feu  et  colorée 
avec  une  grande  énergie,  mais  que  la  mort 
ne  lui  permit  pas  d'achever  entièrement;  à 
Côme,  dans  la  cathédrale,  La  Fuite  en  Écjijpte 
et  Le  Mariage  de  la  Vierge  ;  à  Rome,  au  palais 
Sciarra,  une  Vision,  et  au  musée  du  Capitol e, 
une  Madone,  La  Femme  adultère,  et  La  Crèche, 
esquisse;  à  Venise,  au  palais  délia  Rovere,  Za 
Nativité;  h.  Bruxelles,  au  musée,  une  Madone 
avec  trois  anges  et  un  donataire  agenouillé; 
enfin,  à  Berlin,  une  autre  Nativité  et  un  por- 
trait d'homme. 

Gaudenzio  Ferrari  fut  après  Léonard  de 
Vinci  le  premier  peintre  de  l'école  milanaise, 
et  l'un  des  plus  illustres  de  son  époque;  ses 
compositions  sont  nobles ,  ses  expressions  vraies 
et  animées  ,  son  coloris  vif  et  agréable,  ses  car- 
nations variées,  ses  attitudes  gracieuses,  ses 
étoffes  brillantes  et  bien  choisies  ;  il  eut,  comme 
Pierinodel  Vaga  et  Jules  Romain,  une  étonnante 
fécondité  d'idées ,  mais  dans  un  genre  différent, 
car,  à  l'exception  des  peintures  de  laFarnésine, 
qn'il  ne  fit  qu'exécuter  d'après  Raphaël ,  il  ne 
traita  jamais  que  des  sujets  sacrés.  Il  l'emporta 
sur  tous  ses  rivaux  par  le  talent  d'exprimer  la 
majesté  divine,  les  mystères  de  la  religion  et  les 
sentiments  de  piété  auxquels  lui-même  fut  tou- 
jours fidèle.  Dessinateur  habile,  il  se  plut  sou- 
vent à  rechercher  les  raccourcis  les  plus  difficiles. 
Lorsqu'il  enrichissait  ses  compositions  de  pay- 
sages ou  d'architectures ,  il  faisait  preuve  d'une 
parfaite  entente  de  la  perspective  ;  en  un  mot,  il 
fut  digne  d'être  mis  par  Lomazzo  au  nombre  des 
sept  plus  grands  peintres  qu'ait  produits  l'Italie. 

E.  BîlETOiN. 

tovaazzo,  Idea  del  Tempio  délia  Piltm-a.—G.  Ror- 
diga ,  f'itadi  G.  Ferrari.  —  Vasari,  P'iti^.  —  Baldi- 
nucci,  IVotizie.  —  Scaramnccia,  Le  Finezze  de'  PennelH 
Italiani.  —G.  délia  Vallc,  préface  du  dixième  volume 
de  Vasari.  —  I-anzi,  Storia  délia  PiUura.  —  Ticozzi , 
Dizionario.  —  Orlandi,  Abbeccdario.  —  Memorie  suit' 
insigne  tempio  di  Nostra  Signora  pressa  Saronno.  — 
l'irovanno,  Guida,  di  Milano.  —  Villot,  Musée  du 
Louvre. 


FERBARS  [Jérôme^,  philologue  italien,  né 
à  Correggio,  en  1501,  mort  à  Rome,  en  1542.  Il 
entra  dansles  ordres,  se  distingua  par  son  savoir, 
et  obtint  la  protection  de  plusieurs  cardinaux, 
entre  autres  d'Alexandre  Cesarini,  qui  le  logea 
dans  son  palais.  On  a  de  lui  :  Emendationes  in 
Philippicas  Ciceronis;  Rome,  1542. 

Ortensio  Landi ,  Catuloqhi,  \i.  460.  —  Paul  Manuco, 
Dédicace  de  son  édiUon  de  la  3"  partie  des  Discours  de 
Cloérnn.  —  CoUeoni,  Scrittor.  di  Corregqio,  p.  xxxii. 


FERRARI  508 

—  Tiraboschi,  Storia  délia  Letteratura  Italiana,  t.  Vil, 
part.  II,  p.  233. 

*  FERRARî  {Benedetto),  peintre  de  l'école 
de  Mantoue,  llorissait  au  commencement  du 
seizième  siècle.  Il  n'est  connu  que  par  un  docu- 
ment précieux  conservé  dans  les  archives  des 
Gonzagues,  et  publié  récemment  par  M.  A.  Gua- 
landi.  C'est  un  état  des  sommes  payées  à  cet  ar- 
tiste pour  des  travaux  exécutés  dans  le  palais  de 
Mantoue  du  12  avril  au  9  juillet  1518,  travaux 
consistant  en  architectures  à  fresque  enrichies  de 
figures  et  de  chevaux  de  grandeur  naturelle,  et 
pour  lesquels  l'auteur  reçut  la  somme  de  188 
Hv.  10  s.  E.  B.— N. 

M.  A.  Gualandi,  Memorie  originali  di  Belle  Arti; 
Bol'ogna,  1S42. 

FEiftUARi  {Bartolomeo),nommé  quelquefois, 
mais  à  tort,  Fekkera,  fondateur  italien  d'ordres 
religieux,  né  à  Milan,  en  1497,  mort  en  novembre 
1544.  11  était  fils  de  Luigi  Ferrari  et  de  Cata- 
linadeCastiglione,  et  appartenait  aune  des  pre- 
mières familles  du  Milanais.  Il  perdit  ses  parents 
dans  une  extrême  jeunesse.  Resté  sans  guides , 
il  se  fit  néanmoins  remarquer  par  sa  piété,  sa 
charité  et  la  pureté  de  ses  mœurs.  Une  grande 
conformité  de  sentiments  le  porta  à  se  lier 
avec  Antonio- Maria  Zaccario  de  Crémone  et 
Giaconio-Antonio  Morigia,  gentilhomme  de  Mi- 
lan. Ils  instituèrent  ensemble  la  congrégation  des 
Clercs  réguliers  de  Saint-Paul ,  qu'on  appela 
ainsi  parce  qu'ils  prirent  cet  apôtre  pour  leur 
patron;  mais  on  leur  donna  communément  le 
nom  de  Barnabites,  de  l'église  de  Saint- Barnabe 
deMilan,  qui  leur  fut  accordée  en  1545.  Cette  con- 
grégation fut  approuvée  en  1530,  par  Clément  VII, 
et  confirmée  trois  ans  après  par  Paul  III.  Les 
règles  du  nouvel  ordre  obligeaient  ses  membres 
à  renoncer  aux  biens  temporels  et  à  ne  fonder 
leur  subsistance  journalière  que  sur  la  libéralité 
des  fidèles  ;  mais  ils  se  lassèrent  bientôt  de  cette 
manière  de  vivre ,  et  ils  prirent  dans  la  suite  le 
soin  d'assurer  à  leur  communauté  des  fonds  etdes 
revenus  fixes.  Leur  principale  fonction  était  d'al- 
ler de  ville  en  ville,  comme  les  apôtres ,  pour 
convertir  les  pécheurs  et  les  ramener  dans  le 
chemin  du  repentir  et  de  la  foi.  Ferrari  fut  élu 
supérieuren  1542;  mais  il  ne  gouverna  .son  ordre 
que  deux  années.  Les  barnabites  se  répandirent 
en  Allemagne,  en  Bohême,  en  Savoie,  en  Fran- 
ce, etc.,  et  enseignèrent  dans  les  principales  uni- 
versités. On  vit  bientôt  aussi  s'élever  des  com- 
munautés de  femmes  nommées  Angéliques  ,  qui 
observaient  la  règle  des  Barnabites,  sous  la 
direction  de  ces  pères;  mais  la  discipfine  de 
ces  religieux  ne  garda  pas  longtemps  sa  pureté 
primitive. 

Morl^ia,  Istor.  dell.  Orig.  di  lutte  le  Relig.,  lib.  I, 
cap.  Lxv.  —  Anaclet  .Sicco  et  Val.  Madio,  Stjnops.  de 
Cleric  reg.  congregationis  Sancti  Pauli.  —  Mosheini, 
Histuire  ecclésiastique  ancienne  et  moderne,  t.  IV, 
p.  204.  —  Hélyot,  Hist.  des  Ordres,  t.  IV,  cliap.  xvi. 
p.  100. 

FESiiiARi  (Ottaviano),  philosophe  et  archéo- 
logue italien,  né  à  Milan,  le  23  septembre  151  S, 


509  FERRARI 

mort  danslamême  ville,  en  1586.  Après  avoir  étu- 
dié la  philosophie  et  la  médecine  dans  les  plus 
célèbres  universités  d'Italie ,  il  devint  professeur 
au  collège  Canobio  à  Milan.  Le  sénat  de  Venise 
l'appela  à  Padoue  pour  y  enseigner  la  philosophie 
d'Aristote.  Au  bout  de  quatre  ans ,  il  retourna 
à  Milan,  où  il  continua  de  professer  la  philosophie 
jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  :  De  Sermonibus 
exotericis;  Venise,  1575,  in-8°.  Cet  ouvrage, 
fort  utile  pour  l'intelligence  des  doctrines  d'Aris- 
tote ,  fut  réimprimé  avec  les  additions  de  Mel- 
chior  Goldast  et  une  nouvelle  dissertation  de 
Ferrari  intitulée  :  De  Disciplina  encycUca,  sous 
letitrede  Clavis  Phllosophiseperipateticse  aris- 
Joife^icôe  ;  Francfort,  1606,  in-8°;  —De  Origine 
Romanorum ;M\\ài),  1607,  in-8°;  réimprimé  dans 
les  Antiquitates  Romanse  de  Grsevius,  t.  l*"". 

Nicéron,  Mémoires  x)Our  servir  à  l'histoire  des  hom- 
mes illustres,  t.  V.  —  Argelati,  Bibliot.  Script.  Mediol., 
t.  I,  part.  H. 

*  FERRAni  (Bernardo) ,  peintre  de  l'école 
milanaise,  né  à  Vigevano ,  ville  du  Piémont,  qui 
alors  appartenait  au  Milanais ,  florissait  à  la  moi- 
tié du  seizième  siècle.  Il  fut  élève  et  imitateur 
de  Gaudenzio  Ferrari.  Deux  panneaux  d'orgue 
peints  par  lui  dans  la  cathédrale  de  Vigevano  ne 
justifient  pas  complètement  les  éloges  que  Lo- 
mazzo  a  donnés  à  cet  artiste.        E.  B.— n. 


510 


Lomazzo,  Idea  del  Tempio  délia  Pittura,  —  Ticozzi, 
Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  delta  Pittura. 

PERRA.RI  {Louis),  mathématicien  italien, 
né  à  Bologne,  le  2  février  1522,  mort  dans  la 
même  ville,  en  1565.  Né  de  parents  pauvres,  il 
entra,  à  l'âge  de  quatorze  ans,  sans  aucune  tein- 
ture des  lettres,  à  l'école  de  Cardan ,  et  fit  des 
progrès  si  rapides  qu'il  put  à  dix-huit  ans  faire 
un  cours  public  d'arithmétique  et  sortir  vain- 
queur de  luttes  publiques  soutenues  contre 
Giovanni  Colla  et  Niccolà  Tartaglia.  Il  était  de 
plus  très- versé  dans  l'architecture,  la  géographie, 
l'astronomie,  la  philologie  grecque  et  latine. 
«  Pour  les  mathématiques ,  dit  Tiraboschi ,  il 
n'avait  pas  son  pareil.  »  Les  princes  italiens  se 
le  disputaient  :  il  donna  la  préférence  au  car- 
dinal Ercole  de  Gonzague  et  à  son  frère  don 
Ferrante,  gouverneur  de  Milan.  Celui-ci  lui  confia 
le  soin  de  lever  la  carte  du  Milanais.  En  quit- 
tant le  service  du  prince  Ferrante,  il  retourna  à 
Bologne,  où  Cardan  lui  procura  une  chaire  de 
mathématiques.  Il  mourut  moins  d'un  an  après 
l'avoir  obtenue.  On  doit  à  Ferrari  la  première 
solution  des  équations  du  quatrième  degré.  Il 
n'a  laissé  aucun  ouvrage. 

Cardan,  Opéra,  t.  IX.  —  Tiraboschi,  Storia  delta 
IMterutura  Ituliana.—  Montucla,  Histoire  des  Mathé- 
matiques, l.  II. 

FERRARI  {Philippe),  géographe  italien, 
né  à  Ovillo  (  Milanais  ) ,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  mort  à  Milan,  en  1620.  Il  en- 
tra dansTordre  des  Servîtes,  professa  pendant 
quarante-huit  ans  les  mathématiques  ,  et  fut  élu 
deux  fois  général  de  son  ordre.  11  composa  divers 
livres,  tels  que  :  Ti/pographia  in  martyrologium 


Romanum  ;  Epitome  Geograph.  lib.  lY ;  Ca- 
talogus  SS.  Italise;  il  les  réunit  dans  son  Lexi- 
con  Geographicum ,  imprimé  api'ès  la  mort  de 
l'auteur  par  Jean  Côme;  Milan,  1627,  in-4°; 
réimprimé,  avec  des  additions,  par  Baudrand; 
Paris,  1670,  in-fol. 

Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique. 

FERRARI  {François-Bernardin) ,  archéo- 
logue italien  ,  né  à  Milan,  en  1576,  mort  dans  la 
même  ville,  le  3  février  1669.  Entré  dans  la  con- 
grégation de  Saint-Ambroise ,  il  s'appliqua  avec 
succès  à  la  philosophie,  à  la  théologie,  ainsi 
qu'aux  langues  anciennes  et  modernes ,  et  se  fit 
recevoir  docteur  du  Collège  ambrosien.  Par  ordre 
du  cardinal  Frédéric  Borromée,  archevêque  de 
Milan ,  il  parcourut  l'Espagne  et  l'Italie  pour  re- 
cueillir des  livres  et  des  manuscrits.  Il  en  fit  une 
ample  collection,  qui  fut  le  commencement  de  la 
célèbre  Bibliothèque  ambrosienne.  Vers  1638,  il 
devint  directeur  du  Collège  des  Nobles  établi  à 
Padoue.  Il  occupa  cette  place  pendant  deux  ans, 
au  bout  desquels  sa  mauvaise  santé  l'obligea  à 
revenir  à  Milan,  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée dans  un  âge  très-avancé.  On  a  de  Ferrari 
plusieurs  ouvrages  pleins  d'érudition  et  de  re- 
cherches curieuses.  En  voici  les  titres  :  De  an- 
iiqiio  ecclesiasticarum  epistolarum  génère 
Libri  très;  Milan,  1612,  in-8°;  —  i)e  Ritu  sa- 
cranim  EcclesLv  catholicse  concioniim  Libri 
très;  Milan,  1618,  in-8";  1620,  in-4<*.  Ce  savant 
ouvrage  était  devenu  extrêmement  rare  lorsqu'on 
en  fit  une  troisième  édition  ;  Paris,  1664,  in-S".  Il 
fut  encore  réimprimé  à  Utrecht,  1692,  in-8'',  par 
les  soins  de  Graevius,  et  à  Vérone,  1729,  in-8°;  — 
De  Veterum  acclamationibus  et  plausu  Libri 
septem  ;  Milan,  1627,in-4°,  réimprimé  par  Grae- 
vius, dans  son  Thésaurus  Antiquit.  Romana- 
rum,  t.  VI. 

Ghilini,  Teatro  d' Huomini  letterati.  —  F.  Picinelll, 
Ateneo  de  i  Letterati  Milanesi.  —  Argelati,  Bibliot. 
Scrifjt.  Mediol.,  t.  1,  part.  Il,  p.  602,  —  Nicéron,  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  des  hommes  illustres, 
t.  XXVlli. 

FERRARI  (  Ottavio),  archéologue  italien,  ne- 
veu du  précédent,  né  à  Milan,  le  20  mai  1607, 
mort  à  Padoue,  le  7  mars  1682.  Élevé  par  les 
soins  de  son  oncle  François-Bernardin ,  il  fit  ses 
études  au  Collège  Ambrosien.  Ses  progrès  furent 
si  rapides,  qu'à  l'âge  de  vingtet-un  ans  il  obtint 
dans  ce  collège  une  chaire  de  rhétorique.  Six 
ans  après  ,  c'est-à-dire  en  1634,  la  république  de 
Venise  l'appela  à  Padoue  pour  y  enseigner  l'élo- 
quence et  la  langue  grecque.  L'université  de  Pa- 
doue était  fort  déchue.  Ferrari  lui  rendit  son  an- 
cien lustre.  La  république  l'en  récompensa  en 
augmentant  ses  appointements,  qui  de  cinq  cents 
ducats  furent  portés  jusqu'à  deux  mille.  Après  la 
mort  de  Ripamonte,il  lui  succéda  dans  la  place 
d'historiographe  de  Milan,  avec  une  pension  de 
deux  cents  éciis.  11  commença  une  histoire  de 
cette  ville;  mais,  n'ayant  pu  obtenir  communica- 
tion des  pièces  contenues  dans  les  archives  de 
Milan,  il  laissa  son  oeuvre  inachevée,  et  défendit 


m, 


511 


FERRARI 


512 


â  ses  héritiers  de  la  publier.  La  réputation  et  le 
mérite  de  Ferrari  lui  valurent  des  présents  et  des 
pensions  de  la  part  des  princes  étrangers.  La 
reine  de  Suède,  Christine,  lui  donna  une  chaîne 
d'or,  et  Louis  XIV  lui  accorda  une  pension  de 
cinq  cents  écus.  Ferrari  était  de  mœurs  si  douces, 
qu'on  lui  donna  le  surnom  de  Conciliateur  et  de 
Pacificateur  ;  il  avait  des  connaissances  très- 
étendues  ;  son  style,  plein  d'élégance ,  manque 
quelquefois  de  simplicité  et  de  précision.  Voici 
la  liste  de  ses  ouvrages  :  De  Re  Vestiaria  Libri 
ires;  Padoue,  1642,  in-8°  ;  2°  editio:  libri  VII; 
quatuor  postremi  nunc  primum  prodeunt, 
reliqui  emendatiores  et  auctiores ,  adjectis 
iconibus;  Padoue,  1654,  'm-i° ;  editio  nova  : 
accedunt  Analecta  de  Re  Vestiaria,  et  Dis- 
sertatio  de  Lucernis  sepulchralibus  veterum  ; 
Padoue,  1685,  in-4".  Ces  deux  derniers  traités 
avaient  déjà  paru  à  Padoue,  1670,  in-4°.  Le  De 
Re  Vestiaria  et  les  Analecta  ont  été  insérés 
dans  le  tome  VI  des  Antiquitates  Romanx  de 
Graevius,  et  la  Dissertatio  de  Lucernis  dans 
le  tome  XII  du  même  ouvrage.  Cette  dissertation 
est  dirigée  contre  les  archéologues  qui  attri- 
buaient aux  anciens  l'invention  de  lampes  inex- 
tinguibles. Ferrari  prouve  que  ces  prétendues 
lampes  éternelles  sont  des  chimères  d'érudits  ;  — 
Prolusiones  XXVI.  Epistolae.  Formulée  ad 
capienda  doctoris  insignia.  Inscriptiones. 
Parsl  et  II ;  Padoue,  1664, in-4'';  Pars  III, 
cui  accessit panegyr tous,  Lxidovicorummagno 
Francorum  régi  dictus  ;  Padoue,  1668,  in-4". 
Ces  petits  ouvrages  et  quelques  autres  impri- 
més séparément  ont  été  recueillis  et  mis  en 
ordre  par  Jean  Fabricius  sous  le  titre  à'Opus- 
cula;  Helmstœdt,  1710,  2  vol.  in-8°;  —  Ori- 
gines Linguse  Italicas  ;  Padoue,  1676,  in-fol.  ;— 
Electorum  ZiiôridMO; Padoue,  1679,  in-4'';  — 
De  Pantomimis  et  mimis  Dissertatio  nunc 
primum  édita;  Wolfenbûttel  ;  1714,  in-8°.  Ce 
petit  traité,  publié  pour  la  première  fois  par  Jean 
Fabricius,  a  été  inséré  dans  le  second  volume 
àes  Antiquités  Romaines  de  Sallengre;  —  Dis- 
sertationes  dus:,  altéra  de  Balnets,  de  Gla- 
diatoribus  altéra,  nunc  demum  in  lucem  edi- 
tgeaJoanne  Fa&ncio  ;  Helmstsedt,  1720,  in-8". 
Charles  Patin,  I.yceum  Patavinum.  —  .1.  Fabridus, 
Fita  Ferrarii,  en  tète  de  ses  Opuscula.  —  Nicéron, 
JMëmoires  pour  servir  à  l'histoire  des  hommes  illustres, 
t.  V.  —  Le  Clerc,  liibliot.  anc.  et  mod.,  t.  VI,  p.  177. 

FERRARI  ou  FERRARirs  (  Jean- Baptiste  ), 
orientaliste  et  naturahste  italien ,  né  à  Sienne,  en 
1584,  mort  dans  la  même  ville,  en  1655.  Il  entra 
dans  la  Société  de  Jésus  à  l'âge  de  dix-huit  ans, 
et  se  distingua  également  par  sa  piété  et  par 
l'étendue  de  ses  connaissances.  Il  occupa  pendant 
vingt-huit  ans  la  chaire  d'hébreu  au  collège  ro- 
main. On  a  de  lui  :  Nomenclator  Syriacus  ; 
Rome ,  1622,  in-4*.  L'auteur  déclare  dans  sa  pré- 
face qu'il  s'est  principalement  appliqué  à  expli- 
quer les  mots  syriaques  de  la  Bible.  Il  fut  aidé 
dans  son  travail  par  des  savants  maronites.  Bo- 
chart  faisait  peu  de  cas  de  cet  ouvrage  ;  —  De 


Christi  liberatoris  Obitu  Oratio;  Rome,  1623, 
in-4"  ;  —  Orationes  ;  1625,  in-12  ; —  De  Florum 
Cultura  Libri  IV ;  Rome,  1633,  in-4°;  traduit 
en  italien  par  Lodovico  Aurelio ;  Rome,  1638, 
in-4°  ;  —  Hesperides,  sive  de  malorum  aureo- 
rum  cultura  et  usu  libri  quatuor;  Rome, 
1646,  in-fol.  ;  —  Collocationes ;  Sienne,  1646, 
in-4°. 

Sothwel,  Scriptores  Societatis  Jesu.  —  Aug.  et  Al.  de 
Backer,  Bibliothèque  des  Ecrivains  de  la  Comp.  de 
Jésus. 

FERRARI  (  Sigismond  ) ,  historien  et  contro- 
versiste  italien,  né  à  Vigevano  (Milanais), 
en  1589,  mort  à  Rome,  en  1646.  Il  entra  dans 
l'ordre  des  Dominicains,  et  fit  ses  études  en  Es- 
pagne. Il  fut  ensuite  envoyé  comme  directeur 
des  études  à  Gratz,  à  Vienne,  et  finit  par  être 
nommé  procureur  général  des  Dominicains  en 
Autriche ,  et  commissaire  de  la  mission  de  Hon- 
grie. Il  passa  ses  dernières  années  à  Rome,  dans 
le  couvent  de  Sainte-Sabine.  On  a  de  lui  :  De 
Rébus  Eungaricx  provinciee  sacri  Ordinis 
Prœdicatorum  ;  Vienne,  1637,  in-4°  ;  — Correc- 
torium  poematis  super  imiversam  s.  Thomee 
Summam  ;  Yienae,  1646. 

Qaétif  et  Échard,  Scriptores  Ordinis  Prsedicatorum. 

FERRARI  (  Gîowflnni-ylndrea  de'),  peinti-e 
italien,  né  à  Gênes,  en  1599,  mort  en  1669. 
Issu  d'une  des  premières  familles  de  son 
pays ,  il  renonça  à  la  carrière  qui  eût  pu  être  ou- 
verte à  son  ambition,  pour  se  livrer  entièrement 
à  son  goût  pour  la  peinture.  Il  fut  successivement 
élève  de  Bernardo  Castello  et  de  Bernardo 
Strozzi.  Il  se  fit  prêtre,  ou  plutôt,  comme  dit 
Orlandi ,  il  prit  l'habit  ecclésiastique  pour  éviter 
les  embarras  d'un  ménage  ;  car  on  ne  voit  pas 
que  les  devoirs  de  son  nouvel  état  l'aient  dé- 
tourné un  seul  instant  de  ses  travaux  artistiques. 
Dans  un  âge  déjà  avancé ,  il  ne  quittait  le  pin- 
ceau que  quand  il  y  était  absolument  forcé  par 
de  cruels  accès  de  goutte  aux  pieds  et  aux  mains  ; 
aussi  at-il  énormément  produit,  et  n'y  a-t-ii 
dans  l'État  de  Gênes  presque  pas  d'église  ou  de 
palais  qui  ne  possède  quelques-uns  de  ses  ou- 
vrages. Ferrari  fut  un  artiste  presque  universel  ; 
histoire,  paysages ,  fleurs,  animaux,  portraits  en 
grand  et  en  miniature,  il  peignit  tout,  il  aborda 
tous  les  genres,  et  dans  tous  il  réussit  avec  le 
même  bonheur.  Ses  premiers  ouvrages  se  res- 
sentent un  peu  de  la  langueur  puisée  à  l'école  du 
Castello;  mais  plus  tard  Ferrari  se  montre  ha- 
bile imitateur  du  Strozzi ,  comme  en  font  preuve 
La  Crèche  de  la  cathédrale  de  Gênes,  et  la  Nati- 
vité de  la  Vierge  placée  dans  une  église  de  Vol- 
tri.  Quoique  cet  artiste  ne  soit  pas  assez  connu, 
et  que  le  Soprani  se  soit  peut-être  montré  envers 
lui  un  peu  trop  sobre  de  louanges ,  il  est  sans 
contredit  du  nombre  des  premiers  peintres  de 
Gênes.  Il  suffit  d'ailleurs  pour  faire  son  éloge 
de  dire  qu'il  fut  le  maître  de  G.  Bernardo  Car- 
bone ,  le  premier  peintre  de  portraits  de  l'école 
Génoise.  E.  B— n. 

Soprani,  Vite  de'  Pittori  Genovesi.  —  BaWinuccl,  Pfo- 


513 

tizie.  —  Oriandi,  Abbeceiario.  —  Lanzi,  Storia  délia 
Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario.  ~  Winckelrnann,  N'eues 
Malilerlexihon. 

*FERRAiaï  (Leonardo),  dit  le  Leonardino 
on  le  Lonardino,  peintre  de  l'école  bolonaise, 
■vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  et  mourut  vers  1648.  Élève  de  Lucio  Mas- 
sari,  il  aima  à  peindre  des  sujets  familiers  et  des 
caricatures,  genre  vers  lequel  le  portait  un  esprit 
I  tourné  à  la  facétie,  et  qui  sous  plus  d'un  rapport 
.  avait  de  l'analogie  avec  celui  de  Salvator  Rosa  ; 
■  comme  le  grand  maître  napolitain ,  à  chaque 
'  carnaval  il  paraissait  spus  le  masque  et  traînait 
après  lui  la  foule  avide  d'entendre  ses  lazzis  et 
ses  piquantes  saillies.  11  peignit  cependant  à 
l'huile  et  à  fresque,  et  avec  un  égal  succès,  des 
sujets  religieux ,  et  on  trouve  un  assez  grand 
nombre  de  ses  ouvrages  en  ce  genre  dans  les 
églises  de  Bologne.  M.  Gualandi  a  pubhé  le  testa- 
ment du  Lonardino  écrit  peu  de  temps  avant  sa 
mort,  le  13  février  1648  ;  par  cet  acte,  il  laisse 
à  un  peintre  de  ses  amis,  Filippo  Menzani,  tous 
ses  dessins ,  esquisses ,  chevalets ,  toiles ,  pin- 
ceaux, etc.,  à  la  charge  de  terminer  tous  les 
tableaux  qui  lui  avaient  été  commandés  en  en 
touchant  le  prix,  ou  à  son  choix  de  restituer 
les  arrhes  qu'il  avait  reçues. 

Le  Lonardino  laissa  un  frère,  surnommé  Gule- 
piedi ,  ce  qui  supposerait  qu'il  était  cul-de-jatte. 
Il  fut,  dit-on,  excellent  copiste.      E.  B — n. 

Malvasia,  FÉlsinapittrice.  —  Or\anài,  Abbecedario.  — 
1  M.  A.  Gualandi,  Memorie  originali  di  Belle  Arti. 

*  FERRARI  (Lîica),  dit  Luca  de  Reggio, 
peintre,  né  à  Reggio  de  Modène,  en  1603,  mort 
à  Padoue,  en  1654.  Par  le  lieu  de  sa  naissance , 
il  appartiendrait  à  l'école  de  Modène;  Lanzi  le 
classe  parmi  les  peintres  de  l'école  vénitienne, 
parce  que  pendant  longtemps  il  vécut  et  enseigna 
à  Padoue;  nous  croyons  que  l'école  bolonaise 
doit  le  revendiquer  à  plus  juste  titre,  car  il  fut 
élève  du  Guide,  et  ses  peintures  à  Santa-Maria 
délia  Ghiara  de  Reggio  ont  un  caractère  gran- 
diose qui  a  fait  croire  à  Scanelli  qu'il  s'était  pro- 
posé d'imiter  le  Tiarini.  Cependant  on  reconnaît 
à  ses  airs  de  tête  et  à  certains  mouvements  pleins 
de  bonheur  qu'en  cherchant  à  agrandir  son  style 
il  n'a  pas  oublié  la  grâce  de  son  maître.  Son  co- 
loris est  admirable,  ainsi  que  le  prouve  l'une  de 
ses  meilleures  toiles  ,  La  Descerite  de  croix  de 
Saint-Antoine  de  Padoue.  Il  réussissait  moins 
bien  dans  les  compositions  qui  comprenaient  un 
grand  nombre  de  figures,  telles  que  La  Peste  de 
1630,  aux  Dominicains  de  la  même  ville.  Citons 
encore  parmi  les  bons  ouvrages  de  Luca  de  Reg- 
gio, Élie  et  Saint  Jean  à  la  Madonna  délie  La- 
grime  de  Bologne.  Son  portrait  peint  par  lui- 
rnême  fait  partie  de  la  collection  de  la  galerie  de 
Florence.  Ferrari  eut  pour  élèves  Minorello ,  Ci- 
rello  et  Francesco  Zanella.  E.  B — n. 

Scanelli,  Il  Microcosme  délia  Pittura.  —  Tirabosclii , 
Notizie  degli  Jrtejlci  Modenesi.  —  Lanzi,  Storia  délia 
^Pittura.  —  Ticozzi,  Oizionario.  —  Siret,  Dict.  hisst. 

*  iR'ERRARi  (Orazio),  peintre  de  l'école  gé- 

KOUV.    DIOGR.    GÉKIÎR,    —   T.    XVII. 


fERRARI  .514 

noise,  né  en  1606,  à  Voltri  (État  de  Gênes), 
I  mort  en  1657.  Suivant  Oriandi,  il  fut  neveu  et 
'  élève  d'Andréa  Ansaldi  ;  mais  Lanzi  croit  qu'il 
ne  fut  que  son  compatriote  et  son  ami.  Il  fut 
habile  dessinateur  et  bon  coloriste;  il  peignit 
bien  à  fresque,  mais  encore  mieux  à  l'huile, 
témoin  le  tableau  de  La  Cène  à  l'oratoire  de 
San-Siro  de  Gênes.  Protégé  par  beaucoup  de 
grands  personnages,  et  principalement  par  le 
souverain  de  Monaco,  il  vécut  quelque  temps 
à  la  cour  de  ce  prince,  qui  le  fit  chevalier.  De 
retour  à  Gênes,  il  fut  enlevé  par  la  peste  de  1657, 
avec  son  fils  Giovanni-Andrea  et  sa  famille  en- 
tière. 

Soprani,  f^ite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Oriandi,  Abbe- 
cedario.  —  Lauzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Di- 
zionario. 

*  FERRARI  (Giovanni-Andrea) ,  peinti-e  de 
l'école  génoise  du  dix-septième  siècle.  Fils  et 
élève  du  précédent,  il  peignit  dès  l'âge  de 
douze  ans  un  portrait  conservé  dans  la  biblio- 
thèque de  Vintimille.  Il  fut  avec  toute  sa  famille 
enlevé  jeune  par  la  peste  qui  désola  Gênes  en 
1657. 

Soprani,  f^ite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Oriandi ,  Abbe- 
cedario. 

*  FERRARI  {Francesco),  peintre  de  l'écols 
de  Ferrare,  né  aux  environs  de  Rovigo,  en 
1634,  mort  à  Ferrare,  en  1708.  Il  avait  appris 
d'un  Français  à  peindre  la  figure  ;  il  étudia  en- 
suite la  perspective  et  l'ornement  sous  le  Bolo- 
nais Gabriele  Rossi.  On  ne  connaît  plus  aucun 
des  ouvrages  de  celui-ci  ;  mais  les  auteurs  qui 
avaient  pu  leur  comparer  ceux  de  son  élève 
disent  que  Ferrari  ne  l'égala  pas  par  la  majesté 
de  ses  architectures,  mais  le  surpassa  par  le  re- 
lief et  la  force  du  coloris.  Il  peignit  aussi  quel- 
ques tableaux  d'histoire  pour  les  églises  de 
Ferrare  ;  mais  ils  sont  inférieurs  en  mérite  à  ses 
architectures  et  à  ses  perspectives,  car  là  était 
sa  véritable  vocation.  Après  avoir  peint  de  nom- 
breux décors  pour  les  théâtres  d'Italie,  il  tra- 
vailla assez  longtemps  à  Vienne  pour  l'empereur 
Léopold  T'";  mais  l'état  de  sa  santé  le  força  de 
revenir  en  Italie,  où  il  ouvrit  une  école  d'où  sor- 
tirent Mornassi,  Grassaleoni,  Paggi,  Raffanelli , 
Giacomo  Filippi,  et  son  fils  Antonio-Felice  Fer- 
rari, qui  les  surpassa  tous.  E.  B — n. 

Baruffaldi,  y%te  de'  Pittori  Fcrraresi.  —  Lanzi,  Storia 
délia  Pittura.  —  Oriandi ,  Abbecedario.  —  Ticozzi,  Di-- 
zionario. 

*  FERRARI  QAntonio-FeHce),  peintre  de  l'é- 
cole de  Ferrare ,  fils  et  élève  du  précédent , 
né  dans  cette  ville,  en  1668,  mort  en  1719.  Il 
peignit  avec  une  rare  habileté  l'architecture, 
l'ornement  et  la  décoration  ;  au  style  délicat  de 
son  père,  il  sut  réunir  une  noblesse  d'invention 
qui  lui  concilia  tous  les  suffrages.  Il  travailla 
beaucoup  à  Ferrare,  à  Ravenne,  à  Venise,  etc.; 
mais  sa  santé  ayant  été  altérée  par  une  pi'atique 
trop  assidue  de  la  lres(]ue,  il  prit  cet  art  en  telle 
aversion  que,  par  son  testament,  il  déclara  son 
fils  déchu  de  sa  succession  s'il  voulait  embrasser 

17 


515 


la  profession  de  son  père.  Ferrari  compta  parmi 
ses  élèves  Giuseppe  Faccliinetti ,  Maurelio  Goti 
etGirolarno  Mengozzi.  E.  B — n. 

Baruffalcli,  itoria  de  Pittori  Ferraresi.  —  Lanzi, 
Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario.  —  Orlandi, 
Abbecedario. 

*  FERRARI  (Gregorio) ,  peintre  de  l'école 
génoise,  né  à  Port-Maurice,  en  1644,  mort  à 
Gênes,  en  1726.  Après  avoir  fréquenté  l'atelier 
de  Domenico  Fiasella,  dit  le  Sarzana,  il  alla  à 
Parme  étudier  les  ouvrages  du  Corrége,  qu'il 
parvint  à  copier  avec  une  rai'c  perfection.  Il  se 
forma  ainsi  un  style  large,  neuf,  original,  qu'il 
n'eût  jamais  pu  puiser  à  l'école  du  Sarzana  ;  i! 
acquit  un  coloris  vrai  et  vigoureux  dans  ses 
peintures  à  l'huile ,  quoique  pâle  et  languissant 
<lans  ses  fresques;  mais  pour  la  science  du  clair- 
obscur  il  n'approcha  pas  de  son  divin  modèle,  et 
il  conserva  une  incorrection  de  dessin  surtout 
sensible  dans  les  raccourcis.  Les  draperies  flot- 
tantes, qu'il  affectionnait,  choquent  souvent  par 
l'affectation  et  le  défaut  de  naturel.  Parmi  ses 
meilleurs  ouvrages,  on  cite  Saint  Michel  à  la 
Madonna  délie  Vigne  de  Gênes,  et  deux  ta- 
bleaux aux  Théatins  de  San-Pier  d'Arena.  Il 
a  travaillé  également  à  Turin  et  à  Marseille.  Il 
mourut  à  quatre-vingt-deux  ans,  laissant  son  fils 
Lorenzo  digne  héritier  de  sou  talent.    E.  B— n. 

Katti ,  Fite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Lanzi,  Storia 
delta  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*  FERRARI  (  Lorenzo  ) ,  dit  Vabbé  Ferrari, 
peintre  de  l'école  génoise ,  fils  et  élève  du  pré- 
cédent, né  en  1680,  mort  en  1744.  Quoique  ayant 
embrassé  l'état  ecclésiastique,  il  n'en  fut  pas  moins 
le  meilleur  élève  de  son  père,  Gregorio.  Il  alla  se 
perfectionner  à  Rome  sous  Carlo  Maratta  ;  aussi 
trouve-t-ondanssa  manière  beaucoup  du  style  de 
l'école  roniame,  quoiqu'il  ait,  comme  son  père, 
imité  souventle  Corrége,  surtoutdans  les  raccour- 
cis. Son  dessin  est  plus  correct  que  celui  de  Grego- 
rio ;  son  coloris,  qui  tombe  parfoisdans  la  langueur 
lorsqu'il  n'a  à  craindre  aucune  comparaison, 
sait  dans  la  fresque  atteindre  la  vigueur  de 
l'huile  lorsqu'il  est  exposé  au  voisinage  de  fres- 
ques des  Carloni  ou  de  quelque  autre  coloriste.  Il 
excella  à  peindre  les  camaïeux,  et  les  églises 
aussi  bien  que  les  palais  de  Gênes  sont  remplis 
de  ses  travaux  en  ce  genre.  Parmi  ses  fresques, 
celles  du  palais  Carega  représentent  des  sujets 
tirés  de  ï Enéide.  Un  des  meilleurs  tableaux 
de  l'abbé  Ferrari  est  celui  qu'il  peignit  pour 
l'église  de  la  Visitation  des  Augustins  déchaus- 
sés, et  dans  lequel  il  a  réuni  plusieurs  saints  de 
cet  ordre.  Cet  artiste  n'était  pas  moins  distingué 
pour  son  esprit  et  son  excellente  éducation,  et 
Orlandi  dit  qu'il  chai'mait  tout  le  monde  par  l'é- 
nergie et  la  grâce  de  ses  discoui's.      E.  B — n. 

Ratli,  Fite  de*  Pittori  Genovesi.  —  Orlandi ,  Abbece- 
dario.  —  l^anzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Tit'ozzi,  Di- 
zionario. 

FERRARJ  (  Barfolomeo  ),  mécanicien  italien, 
né  à  Bologne,  vivait  dans  le  dix-septième  siècle. 
Il  était  <!octein-  en  philosophie  et  en  médecine. 


FERRARI  51 G 

Il  construisit  pour  Gonzague,  duc  de  Sabionetta, 
une  horloge  compliquée,  dont  il  publia  ladescrip- 
tion  sous  le  titre  de  Bello  Sferologio  e  sue  ope- 
razioni;  Bologne,  1683,  in-8°. 
Cinelli,  Bibl.  volante. 

*  FERRARI  (  Eusebio  ) ,  peintre  de  l'école 
piémontaise,  né  à  Verceil,  llorissait  vers  1660. 
Doué  d'un  esprit  élevé  et  intelligent,  il  fit  de  son 
art  une  longue  et  consciencieuse  étude,  dont  té- 
moignent de  nombreux  tableaux  existant  dans 
les  églises  de  Verceil,  et  notamment  dans  celle 
de  Saint-Paul  des  Dominicains. 

Orlandi,  Jbbecedario. 

*  FERRARI  (Giacomo),  peintre  de  l'école 
de  Crémone,  mais  originaire  de  Mantoue ,  llo- 
rissait dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  On  voit  de  lui  dans  l'égfise  Saint-Georges- 
et-Saint-Pierre  de  Crémone  quatre  grands  ta- 
bleaux. Les  deux  principaux,  placés  dans  le 
chœur,  représentent  les  Martijres  de  saint  Gua- 
rini  et  saint  Alexandre,  et  portent  les  dates  de 
1657  et  1658.  Dans  le  second,  l'artiste  prend  la 
qualification  de  Mantouan.  Les  deux  autres  ta- 
bleaux, dont  les  sujets  sont  tirés  de  la  légende  de 
Pepiyi  et  Plectrude,  surmontent  les  portes  laté- 
rales et  sonldatésde  1664.  Ferrari  a  laisse  à  Saint- 
Dominique  un  très-grand  tableau,  représentant  le 
saint  et  Simon  de  Monfort  chassant  les  All)i- 
geois.  Dans  sa  vieillesse,  Ferrari,  s'étant  adonné 
à  l'alchimie,  perdit  à  la  fois  la  raison  et  tout  ce 
qu'il  avait  acquis  par  son  travail,  et  mourut  mi- 
sérablement. E.  B—  N. 

Zaisl,  Notiz4e  storiche  de'  Pittori,  Scultori  e  Archi- 
tetti  Crcmonesi.  —  Ticozzi ,  Dizionario.—  G.  Grasselli , 
Guida  storico-sacro  di  Cremona. 

FERRARI  (  Gïii),  biographe  et  publiciste  ita- 
Uen ,  né  à  Novare,  en  1717,  mort  en  1791.  Il 
entra  dans  la  Société  de  Jésus,  et  professa  dans 
les  collèges  de  son  ordre.  Il  cultiva  presque  tous 
les  genres  littéraires,  sans  exceller  dans  aucun. 
Ses  nombreux  ouvrages  ne  sont  guère  remar- 
quables que  par  une  latinité  élégante.  On  a  de 
lui  :  De  Rébus  gestis  Eugenii  principis  a  Sa- 
baudia,  bello  Pannonico ,  Libri  III;  Rome, 
1747,  in-4"  ;  La  Haye,  1749,  in-8°  ;  —  Epïstola 
de  Institutione  Adolescenticc  ;  Milan,  1750, 
ia-8" ;  .^  De  Politica  arte  oratio  dicta;  Ni- 
mègue,  1750,  in-4°  ;  —  De  optimo  Statu  Civi- 
tatis  ;  Nimègue,  1751  ;  —  De  Rébus  gestis  \ 
Eugenii  principis  bello  Ttalico,  Libri  IV ;  Mi- 
lan, 1752; —  De  Jurïsprudentia;  1755,  in-4"-,' 

—  Orationes  actionesque  academicœ  ;  Augs- 
bourg,    1756,  in-4°;  —  De    Rébus  gestis  Eti-\ 
genii  principis   bello  Germanico,  Libri  If , 
belle  Belglco,  Libri  ///;Zutphen,  1773,  in-8"  ; 

—  Res  bello  gestx  auspiciïs  BL-Thcresix\ 
AugustcC,ab  ejus  regni  initio  ad  anmtm  1763, 
inscriptionibus  explicutœ ;ym'\nQ,  1773, in-S", 

—  De  Vita  qtiinque  Imperniorum  Germa-  \ 
norum;  Vienne,  1775,in-8°.  Ces  cinq  génC- ' 
raux  sont  Brown,  Daun,  Nadasti,  Serbelloni  cl  | 
Laudon. 

Biographia  univers.  Italiana,  { 


517 


FERRARI  - 


FERRARI    (Giambattista)  ,  biographe  ita- 
lien, né  à  Trieste,  le  21  juin  1732,  mort  à  Padoue, 
en  1806.  Latiniste  distingué,  il  se  voua  à  l'en- 
seignement, et  devint  préfet  des  études  au  col- 
Jége  de  Padoue.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
Laudatïo  infunere  démentis  XIII  ;  Padoue, 
I  in-4°;  —  VUa  JEgidïi  Forcellini;  Ma.,  1792, 
!  in-4°;  —  Vitœ  lllustrlum,  Virorum  Seminarii 
Patavinensis ;  ibid.,  1799,  in-S"; —  VUa  Ja- 
cobi  Facciolati;  ibid.,   1799,   in-S"  ;  —   VUa 
Pu  VI,  cum  appendice;  ibid.,  1802,  in-4°. 
Biografta  universale. 

FERRARI  {Pietro),  ingénieur  italien,  né  à 
Spolète,  en  1753,  mort  à  Naples,  le  7  décembre 
1825.  Pendant  la  domination  française  en  Italie, 
il  fut  nommé  ingénieur  en  chef  du  département 
du  Trasimène,  s'occupa  de  grands  travaux  d'u- 
tilité publique,  et  commença  le  tracé  d'un  canal 
de  jonction  entre  la  Méditerranée  et  l'Adria- 
tique. La  chute  de  l'empire  français  fit  abandon- 
ner ce  projet;  mais  Ferrari  ne  cessa  d'en  faire 
l'objet  de  ses  études  et  de  ses  méditations,  et 
vers  la  fin  de  sa  vie  il  publia,  en  1825,  une  livre 
intitulé  :  De  VOiiverture  d'un  canal  navigable 
qui  de  la  mer  Adriatique ,  en  traversant 
V Italie,  déboucherait  par  deux  endroits  dans 
la  mer  Méditerranée. 

Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biogr.  univ.  et  port,  des  Cont. 

*FERRARi  (Bartolomeo),  sculpteur  italien, 
né  à  Venise,  en  1780,  mort  le  S  février  1844. 
Élève  de  son  oncle  Giovanni  Ferrari-Torretti, 
il  a  laissé  un  grand  nombre  de  statues  et  de  mo- 
numents funèbres,  ainsi  que  de  remarquables 
sculptures  en  bois  et  quelques  morceaux  en 
bronze.  En  1815,  il  restaura  le  célèbre  Lion  ailé 
de  Saint-Marc  de  Venise.  Cii — p— c. 

Fulcliiron,  f-'oyaoB  en  Italie. 
*  !'"EÊî!îAR8  (  Joseph  ),  écrlvain  français,  d'o- 
rigine italienne,  né  ;i  Milan,  en  181!.  Étant  en- 
core \\  Milan,  il  publia,  en  1834-1835,  une  édi- 
tion complète  des  Œuvres  de  Vico,  en  6  vol. 
in-8'',  qui  est  très-estimée.  Arrivé  à  Paris,  il 
publia,  (  n  1839,  un  ouvrage  intitulé  Vico  et  l'I- 
talie,  1  vol.  in-8".  L'inlluence  de  Vico  sur  l'I- 
talio,  riiistoire  de  Xd^  Science  nouvelle  e,i  ses 
rapports  avec  les  systèmes  plus  récents  forment 
le  pWiKiipal  sujet  de  ce  livre.  En  1842,  il  fit  pa- 
raître des  Idées  sur  la  politique  de  Platon 
et  d^Aristote,  exposées  en  quatre  lettres  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Strasbourg,  suivies 
d'un  Discours  sur  l'histoire  de  la  philoso- 
phie à  l'époque  de  la  Renaissance,  in-8°. 
Ciiargé  do  suppléer  l'abbé  Bautain  à  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Strasbourg,  il  fut  vivement 
atlaqué  par  la  parti  catholique,  qui  l'accusait 
d'avoir  professé  la  communauté  des  biens  et  des 
femmes.  M.  Ferrari  s'éleva  contre  cette  accusa- 
tion, qui  occupa  beaucoup  la  presse  à  cette  épo- 
que, et  M.  Hambourg  prit  sa  défense  dans  une 
lirochure  intitulée  :  Opinions  exaltées  sur 
l'enseignement  universitaire,  et  reproduc- 
tion véridique  de  la  philosophie  .sociale    de 


FERRARIS  5!8 

M.  J.  Ferrari.  On  a,  en  outre,  dé  M.  Fersari 
deux  thèses ,  l'une  intitulée  :  De  religiosis 
Campanellee  Opinionibus,  1840, in-S"; l'autre: 
De  l'Erreur,  1840,  in-8°.      Guyot  ne  Fére. 

Louandre,  Littéral,  icontempor.  —  Journal  de  la  Li- 
brairie. 

FERRARI  {GabrielejiE'),  imprimeur  italien. 

Voyez.  GioLiTO. 
*  FERRARlis    {Théophile  de),   philosophe 

scolastique  italien,  né  à  Crémone,  vers  1431. 
I!  entra  à  Venise  dans  le  couvent  des  Dominicains , 
se  livra  à  l'étude  de  la  philosophi',^  péripatéti- 
cienne, et  publia,  en  1493,  un  volume  in-4''  inti- 
tulé :  Propositiones  ex  omnibus  libris  Aris- 
totelis  collectas;  il  fut  en  outre  éditeur  des  Com- 
mentaires de  saint  Thomas  sur  divers  livres 
d'Aristote.  G.  B. 

QuéUf,  Scriptores  Ordinis  Prœdicalorum,  1. 1,  p.  84". 
—  Arisi ,  Cremona  litteraria,  t.  J,  p.  328.  —  Fabriciiis, 
Bibliotheca  Latina,  t.  V! ,  p.  6'M. 

FERRARiKi  {  Michel- F p.brice) ,  archéologue 
itahen,  né  à  Reggio ,  au  quinzième  siècle,  mort 
dans  la  même  ville,  en  1492.  Il  entra  dans  l'ordre 
des  Carmes,  et  devint  prieur  de  son  couvent  en 
1481. 11  recueillit  avec  beaucoup  de  soins  toutes 
les  inscriptions  qu'il  put  trouver  concernant  l'Ita- 
lie, les  copia  avec  une  grande  exactitude ,  et  en 
composa  un  gros  volume  in-4°,  sur  vélin  et  orné 
de  dessins  et  d'arabesques.  Ce  précieux  manus- 
crit fut  conservé  longtemps  à  la  bibliothèque  des 
Carmes  à  Reggio.  La  Bibliothèque  impériale  de 
Paris  en  possède  une  copie.  Ferrai'ini  donna  la 
[jremière  édition  de  l'ouvrage  de  Yaierius  l-roiins, 
Significatio  Litlerarnm  antiquarum;  Bo- 
logne, 1586. 

G.  Guasco,  Stor.  deW  Accad.  di  Reggio. 
FEKR.4  81IS  (/o.vep/?.,  comte  de),  général  autri- 
chien, né  à  Ijunévil'.o,  le  20  avril  1726,  mort  à 
Vienne,  le  1*""  avril  1814.  Issu  d'une  famille  nobie 
du  Piémont  établie  en  Lorraine ,  il  fut  admis  er. 
1735  dans  les  pages  de  l'impératrice  Amélie, 
veuve  de  Joseph  F''.  En  1741,  il  entra  avec  le, 
grade  d'enseigne  dans  le  régiment  de  Griine,  fut 
i)lessé  à  la  bataille  de  Czasiau,  en  1742  ,  et  ob- 
tint avant  la  fin  de  la  campagne  une  compagnie 
d'infanterie.  Colonel  pendant  la  guerre  de  Sept 
Ans,  il  se  signala  particulièrement  à  la  bataille 
de  Hochkirchen.  En  1761  il  fut  promu  au  grade 
de  général-major,  et  en  1773  à  celui  de  lieute- 
nant général.  Nommé  on  1767  directeur  général 
de  l'artillerie  des  Pays-Bas  il  s'occupa  de  ia 
carte  de  Belgique.  Cet  ouvrage,  composé  sur  le 
modèle  de  la  carte  de  France  par  Cassini,  fut 
achevé  en  1777.  Quoique  déjà  avancé  en  i\g(!, 
Ferraris  prit  une  [lart  active  à  ia  campagne  de 
1793  contre  la  France.  Il  alla  ensuite  occuper 
à  Vienne  la  place  de  vice-président  du  conseil 
auliquc.  I!  fut  élevé  en  1808  à  ladia;nité  <ie  fi'ld- 
maréchal.  Ferraris  joignit  à  de  remarquables 
talents  militaires  une  grande  culture  d'esfii'it  et 
beaucoui)  d'aménité  dans  les  manières. 

Conversation' s  Lexicon.  —  ArnaïUt,  Jouy,  Plr.,  A'i'7 
pgrahie  nniivelle  i!es  Contemporains. 

17. 


3Î9 


FERRARO  —  FERRATA 


520 


•  FERKAK,©  {Jean-Baptiste),  médecin  vété- 
rinaire italien,  né  à  Napïes,  vivait  au  seizième 
siècle.  Il  futécuyer  de  Philippe  II,  roi  d'Espagne. 
On  a  de  lui  :  Due  Anatomie,  una  clelli  membri 
e  viscère,  l'altra  delV  ossa  de'  cavnlli;  Bo- 
logne, 1673,  in-12.  Ferraro  avait  aussi  composé 
sur  l'art  d'améliorer  les  différentes  races  de  che- 
vaux et  de  guérir  les  maladies  auxquelles  ils 
sont  sujets  ,  un  traité  imprimé  en  tête  du  livre 
intitulé  :  Il  Cavallo  frenato;  Naples,  1602, 
in-fol.;  Venise,  1620,in-fol.;  ibid.,  1653,  in-fol., 
composé  par  son  fils,  Pierre- Antoine  Ferraro, 
écuyer  comme  lui  du  roi  d'Espagne. 

Cinelli ,  Bibliotheca  volante.  —  Toppi ,  Biblioteca  Nu- 
poletana,  avec  les  addilions  de  Nicodemi. 

FERRARO  {André),  hagiographe  italien,  né 
à  Noie  (  royaume  de  Naples  ) ,  vivait  dans  la 
première  partie  du  dix-septième  siècle.  11  était 
chanoine  et  trésorier  de  la  cathédrale  de  Naples. 
On  a  de  lui  :  Del  Cemeterio  Nolano,  con  le 
vite  d'alcuni  santi  che  vi  furono  sepeliti; 
Naples,  1644,  in-4°. 

ToDpi,  Biblioteca  Napoletana,  avec  les  additionis  de 
Nicodemi. 

FERRARS  (  Georges),  jurisconsulte,  historien 
et  poète  anglais,  né  près  de  Saint- Alban,  vers 
1512,  mort  à  Flamstead  (Hertford-Shire). 
Élevé  à  Oxford,  il  se  distingaa  de  bonne 
heure  par  ses  talents  d'avocat.  Lord  Cromweil 
le  remarqua,  et  l'attira  à  la  cour.  Ferrars  fut  en 
faveur  auprès  de  Henri  VIII ,  d'Edouard  VI  et 
de  Marie  ;  cependant,  il  n'acquit  pas  une  grande 
fortune,  et  resta  dans  une  position  politique  se- 
condaire. On  lui  attribue,  sur  l'autorité  deStowe, 
History  of  the  Reign  of  queen  Mary,  publiée 
sous  le  nom  de  Richard  Grafton.  Ferrars  avait 
aussi  traduit  en  latin  et  en  anglais  l'original  fran- 
çais de  la  Grande  Charte.  On  trouve  dans  le 
Mirror  for  Maglstrates,  de  W^iUiam  Baldwin 
(1587,  seconde  édit.),  ses  ouvrages  envers; 
savoir  :  The  Fait  of  Robert  Tresilian ,  chief 
justice  of  England,  and  other  his  fellows, 
for  misconstruing  the  laws ,  and  expoun- 
ding  them  to  serve  the  prince' s  affections; 
The  Tragedy  or  unlaioful  Murder  of  Thomas 
of  Woodstock,  duke  of  Gloucester ;  The  Tra- 
gedy of  king  Richard  II;  The  Sfory  of  dame 
Eleanor  Cobham,  duchess  of  Gloucester  ;  The 
Story  of  Humphry  Plantagenet ,  duke  of 
Gloucester,  protector  of  England  ;  The  Tra- 
gedy of  Edmund,  duke  of  Somerset. 

Biographia  Britannica.  —  Warton,  History  of  Poetry. 

FER.RARS  (//ewn),  archéologue  anglais,  pa- 
rent du  précédent,  né  en  1549,  mort  en  1633. 
Il  s'adonna  particulièrement  à  l'étude  du  bla- 
son ,  des  généalogies  et  des  antiquités.  Il  ne  pu- 
blia pas  d'ouvrages,  mais  il  laissa  de  volu- 
mineux manuscrits ,  qui  servirent  de  base  aux 
Antiquities  of  Warivickshire  illustrated  de 
Dugdale. 

Wood ,  Athense  Oxonienses. 

*  FERRARY  {Eusèbe),  aumônier  supérieur 
adjoint  «îo   l'aimée  d'Orient,   né  à  Collonges 


(Ain),  le  18  août  1818,  mort  à  Constantinople, 
le  7  décembre  1854.  Il  fit  ses  études  au  séini- 
naire  de  Saint-Sulpice ,  reçut  les  ordres  en  1841, 
et  fut  attaché  à  la  paroisse  de  Saint-Médard,  où 
il  fonda  l'œuvre  de  Sainte-Elisabeth  de  Hongrie 
pour  les  jeunes  filles  pauvres.  En  1854,  lorsque 
la  guerre  contre  la  Russie  éclata ,  il  fut  appelé , 
sur  la  demande  du  maréchal  Saint-Arnaud,  aux 
fonctions  d'aumônier  en  chef  adjoint  de  l'armée 
d'Orient.  Au  camp  de  Varna,  pendant  les  ra- 
vages du  choléra,  il  déploya  une  admirable  ac- 
tivité. Il  suivit  l'état-major  général  dans  l'expé- 
dition de  Crimée;  après  avoir  assisté  les  mou- 
rants ,  à  l'Aima,  sous  le  feu  de  l'ennemi,  il  fut 
chargé  d'accompagner  les  blessés  de  cette  jour- 
née mémorable,  évacués  dès  le  lendemain  sur 
Constantinople;  puis  il  alla  rejoindre  l'armée 
devant  Sébastopol.  Les  transports  de  blessés  et 
de  malades  entre  Kamiesch  et  Constantinople 
furent  encore  confiés  à  ses  soins,  et  quatre  fois  en 
moins  d'un  mois  il  traversa  la  mer  Noire  au 
milieu  des  plus  violentes  tempêtes.  D'une  cons- 
titution très-déhcate,  il  ne  put  résister  à  tant  de 
fatigues  ;  atteint  d'une  attaque  de  choléra ,  à 
bord  du  Titan,  dans  le  port  de  Constanti- 
nople ,  amenant  de  Crimée  un  nouveau  convoi 
de  blessés,  il  fut  transporté  à  Galata,  dans  le 
couvent  de  Saint-Benoit  des  Lazaristes,  où  il 
expira.  M.  Ch. 

Doc.  et  corresp.  particul.  —  moniteur  universel  du 
S  janvier  1855.  —  La  Croix  et  l'Épée,  récits  de  la  guerre 
d'Orient  (1856).  —  Eiig.  Veuillol,  L'Église,  la  France  et 
le  schisme  en  Orient  (1855).  —  Faits  religieux  de  l'armée 
d'Orient  (1855).  —  Gazette  de  France  du  6  janvier  1855. 

*  FERRART  {François),  chimiste  et  natura- 
liste français,  né  le  20  février  1780,  à  Saint-Brieuc 
(Côtes-du-Nord),  mortdans  la  même  ville,  le  13  fé- 
vrier 1842.  Il  voyagea  pendant  vingt  ans  comme 
chirurgien  de  la  marine ,  et  se  consacra  ensuite 
tout  entier  à  l'étude  des  sciences  naturelles.  On 
a  de  lui  :  Essai  sur  l'histoire  naturelle  du  dé- 
partement des  Côtes-du-Nord,  par  François 
Ferrary,  pharmacien,  docteur  es  sciences, 
membre  correspondant  de  l'Académie  royale 
de  Médecine,  des  Sociétés  de  Géologie,  d'His- 
toire naturelle,  des  Sciences  naturelles  de 
France,  etc.;  Saint-Brieuc,  1836  et  années  suiv., 
in-18.  P.  L. 

Annuaire  des  Côtes-du-Nord.  —]Biographie  Bretonne. 
FERRATA  (  Ercole  ) ,  célèbre  sculpteur  ita- 
lien, né  à  Pelsotto  (  diocèse  de  Côme),  vers 
1610,  mort  à  Rome,  en  1685.  Il  travailla  d'a- 
bord dans  l'atelier  d'Orsolino,  artiste  assez  mé- 
diocre; il  vint  plus  tai'd  à  Rome,  où,  sur  la  re- 
commandation de  Spada,  il  fut  chargé  de  l'exé- 
cution de  quelques-uns  des  enfants  qui  sur  les 
piliers  de  Saint-Pierre  soutiennent  les  attributs 
pontificaux.  A  la  même  époque  il  sculpta  pour 
le  maître  autel  de  Sainte-Françoise-Romaine  un 
bas-relief  de  la  sainte  lisant  un  livre  soutenu  par 
un  ange.  S'étant  lié  d'amitié  avec  plusieurs  des 
élèves  de  l'Algarde,  il  entra  dans  l'atelier  de  ce 
maître,  et  fit  sous  sa  direction  la  statue  de  La 


521 


FERRÂTA  —  FERRAUD 


522 


Force  qaenoas  voyons  surle  tombeau  de  Léon  XI 
à  Saint-Pierre.  L'Algarde  lui  confia  aussi  l'exé- 
cution de  la  figure  de  saint  Pierre  dans  le  grand 
bas-relief  d'Attila  qui  surmonte  l'autel  de  Saint- 
Léon  dans  là  même  basilique.  Le  séjour  que  Fer- 
rata  fit  dans  l'atelier  de  l'Algarde  eut  sur  son 
talent  une  grande  influence;  et  en  effet  on  re- 
trouve plutôt  le  style  de  ce  maître  que  celui  du 
Bernin  dans  les  nombreux  ouvrages  qui  rem- 
plirent le  reste  de  sa  carrière.  Nous  ne  ferons 
qu'indiquer  les  principaux,  tels  que  Saint  Jo- 
seph et  Saint  Nicolas  de  Tolentino,  placés 
dans  l'église  consacrée  à  ce  saint ,  la  statue  de 
La  Charité  qui  orne  le  tombeau  de'Clément  ECà 
Sainte-Marie-Majeure,  et  surtout  les  sculptures 
qui  décorent  l'église  de  Sainte-Agnès  de  la  place 
Navone.  Sur  le  maître  autel  est  la  statue  de  la 
sainte  au  milieu  des  flammes ,  et  sur  les  autels 
latéraux  figurent  deux  grands  bas-reliefs  repré- 
sentant les  Martyres  de  sainte  Émerance  et  de 
saint  Eustache  livré  aux  lions  avec  ses  en- 
fants. Ce  dernier  avait  été  commencé  par  l'un  de 
ses  élèves,  Melcbior  Caffa,  Maltais;  mais  une 
moit  prématurée  ne  lui  avait  pas  permis  de  l'a- 
chever, non  plus  qu'une  statue  de  Sainte  Anas- 
tasie  à  l'église  de  cette  sainte,  et  un  Saint  Thomas 
de  Villeneuve  à  Saint-Augustin,  ouvrages  que 
Ferrata  termina  également.  Au  commencement 
du  règne  d'Alexandre  VII ,  il  aida  le  Bernin  à 
faire  les  modèles  des  colosses  qui  portent  la  fa- 
meuse chaire  de  Saint-Pierre,  et  ceux  des  deux 
enfants  qui  la  surmontent  et  tiennent  des  clefs. 
Successivement  il  fut  chargé  de  faire ,  pour  l'é- 
glise de  la  Minerva,  le  Tombeau  du  cardinal 
Bonelli,  avec  une  figure  deVÉternité  soutenant 
un  médaillon  ;  pour  la  façade  de  Saint-André 
délia  Valle,  La  Renoramée elles  statues  de  Saint 
André  apôtre,  et  du  B.  André  d'Avellino; 
pour  le  pont  Saint-Ange,  Y  Ange  colossal  tenant 
la  croix;  pour  Saint-Augustin,  Le  Père  éternel 
et  deux  anges  qui  surmontent  l'entrée  de  la  cha- 
pelle Panfili  ;  pour  la  place  de  la  Minerva,  Y  Élé- 
phant de  marbre  qui  porte  l'obéHsque;  pour 
Saint-Jean  des  Florentins,  une  statue  de  La  Foi, 
placée  au  côté  du  maître  autel ,  et  les  Tombeaux 
d'Ottaviano  Acciajuoli  et  du  cardinal  Falco- 
nieri  ;  pour  l'églisedella  Pace,  un  Saint  Bernard 
et  Quatre  Enjants  qui  soutiennent  le  frontispice 
de  la. chapelle  décorée  des  Sibylles  de  Raphaël; 
pour  Nepi,  Saint  Romain  avec  sainte  Sabine  et 
des  anges  ;  pour  la  chapelle  Chigi  de  la  cathé- 
drale de  Sienne,  Saint  Bernardin  et  la  statue  d'^- 
Icxandre  Vil,  d'après  un  médiocre  modèle  du 
Bernin;  pour  la  cathédrale  de  Modène,  l'effigie 
(leVÉvêqtie  Roberto  Fontana  ;  pour  le  baptistère 
de  Reggio,  Sainte  Jeanne  Chantai  ;  pom  \a. 
,  Sicile,  un  Christ  bénissant  ;  enfm,  pour  le  Portu- 
gal, Neptune  avec  trois  tritons,  des  dauphins 
et  des  poissons  destinés  à  une  fontaine.  En  1677, 
le  grand-duc  de  Toscane,  Côme  III,  voulant  faire 
apporter  de  Rome,  où  ils  étaient  encore,  les  trois 
précieux  groupes  de  la  Vénus  de  Médicis,  des 


Lutteurs  et  éa  Rémouleur ,  chargea  Ferrata  d'as- 
sister à  Florence  à  leur  déballage  et  de  réparer 
quelques  petites  parties  qui  manquaient.  Ce  fut 
ainsi  qu'il  refît  à  la  Vénus  plusieurs  doigts,  au 
Rémouleur  quelques  fragments  de  draperies  der- 
rière l'épaule,  et  plusieurs  morceaux  aux  Lut- 
teurs. Content  de  ce  travail,  le  grand-duc  voulut 
que  le  même  artiste  restaurât  diverses  autres 
statues  antiques  qui  avaient  été  mal  réparées 
dans  le  siècle  précédent  ;  et  il  lui  donna  à  cet 
effet  un  logement  dans  le  Palais- Vieux.  Après 
un  assez  long  séjour,  consacré  à  ces  restaura- 
tions, mais  sans  les  avoir  toutes  entièrement 
terminées ,  Ferrata  voulut  retourner  à  Rome , 
où  l'appelaient  d'autres  travaux,  tels  que  la  sta- 
tue de  Clément  X  pour  son  tombeau  à  Saint- 
Pierre,  un  Saint  Antoine  abbé  et  une  Sainte 
Elisabeth  de  Hongrie,  enfin  un  Hercule  en- 
fant luttant  contre  un  serpent.  Ce  ^ouçe,  fait 
pour  Venise,  ei\mha^ieia cardinal  Cibo,  furent 
ses  derniers  ouvrages;  car  en  1685  il  fut  pris 
d'une  fièvre,  qui  l'enleva  en  quelques  jours  ;  il 
fut  inhumé  honorablement  dans  l'église  de 
San  -  Carlo  al  Corso.  Personne  n'a  mieux 
connu  l'antique  que  Ferrata ,  personne  surtout 
ne  l'a  mieux  restauré  ou  copié  ;  et  cependant  on 
ne  trouve  dans  aucun  de  ses  ouvrages  la  moindre 
trace  du  style  de  la  Grèce  ou  de  Rome.  Le  désir 
de  gagner  beaucoup  d'argent  lui  faisait  accepter 
un  grand  nombre  de  commandes,  qu'il  était  forcé 
d'exécuter  avec  une  rapidité  qui  dut  nuire  à  la 
perfection  de  son  travail  ;  ce  ne  fut  d'ailleurs 
qu'en  sacrifiant  au  goût  de  son  siècle  qu'il  put 
obtenir  la  vogue  dont  ces  nombreuses  com- 
mandes étaient  la  conséquence  et  qui  dès  1657 
lui  avait  valu  l'honneur  d'être  admis  parmi  les 
membres  de  l'Académie  de  Saint-Luc. 

Ferrata  eut  de  nombreux  élèves ,  la  plupart 
florentins;  outre  Melcbior  Caffa,  que  nous  avons 
déjà  nommé,  on  compte  parmi  les  plus  connus 
FilippoCarcani,  Giuseppe  Mazzuoli ,  Carlo  Mar- 
cellino  Giovanni-Battista  Foggini ,  Giuseppe  Pia- 
montini,  Antonio-Francesco  Andreozzi,Camillo, 
Cateni ,  Giuseppe  Nusman,  Lorenzo  Lottone  et 
Pietro  Balestri.  E.  Breton. 

Cicngnara  ,  Storia  délia  Scultttra.  —  Baldinucci ,  iVo- 
iizie.  —  Orlandi,  Abbecedario.  —  Ticozzi,  Dizionario. 
—  Romagnoli,  Cenni  di  Siena.  —  Pistolesi,  Descrizionc 
di  Roma.  —  Campori,  Gli  Artisti  negli  Stati  Estensi. 

*  FERRATiNi  (Gaetano-Felice) ,  peintre  de 
l'école  bolonaise,  né  en  1697,  mort  en  1765.  Il 
fut  élève  de  M. -A.  Franceschini ,  dont  fl  imita 
assez  heureusement  la  manière.  On  voit  plu- 
sieurs de  ses  tableaux  dans  les  éghses  de  Bo- 
logne. E.  B — N- 

Malvasia .  Pitture  di  Bologna.  —  M.  A,  Gualandi,  Me- 
morie  originali  di  Belle- Arti. 

FEBKAODou  FÉRACD  (***),  homme  politique 
français,  né  en  1764,  dans  la  vallée  d'Aure ,  mas- 
sacré à  Paris,  le  1*"'  prairial  an  m  (  26  mai  1 795  ) . 
Il  avait  embrassé  avec  ardeur  les  principes  de  la 
révolution ,  et  fut  envoyé  à  la  Convention  nationale 
(septembre  1792)  parle  département  des  Hau- 


i23 


FERRAUD  -    FERRÉ 


524 


tes-Pyrénées.  Il  se  distingua  par  ses  connais- 
sances en  économie  politique,  et  s'occupa  parti- 
culièrement des  questions  relatives  aux  subsis- 
tances. Lorsque  les  partis  se  séparèrent  osten- 
siblement, il  se  rallia  aux  girondins,  et  combat- 
tit avec  énergie  les  mesures  violentes  proposées 
par  la  montagne;  cependant,  dans  le  procès  de 
Louis  XVI,  il  vota  pour  la  mort  sans  appel  ni 
sursis  (1).  Il  se  prononça  vivement  conti'e  Pa- 
che,  et  demanda  que  cet  ex-ministre  de  la  guerre 
fût  forcé  de  rendre  ses  comptes.  11  proposa 
également  à  la  Convention  de  déclarer  que  les 
vingt-deux  députés  accusés  par  ce  fonctionnaire, 
à  la  tête  des  sections  insurgées,  avaient  bien 
mérité  de  la  patrie.  Plus  tard ,  il  fut  nommé 
commissaire  près  l'armée  des  Pyrénées  orien- 
tales, et  dut  à  cette  circonstance  de  ne  pas  être 
compris  parmi  les  proscrits  du  31  mai  1793. 
Dans  sa  mission ,  Ferraud  montra  autant  de  ta- 
lent que  de  courage,  et  chargea  plus  d'une  fois 
à  la  tête  des  colonnes  républicaines.  1!  fut  môme 
blessé  au  côté  droit  en  délogeant  les  Espagnols 
du  camp  d'Argelès.  Rappelé  à  la  Convention 
aussitôt  après  sa  guérison,  il  fut,  le  9  thermidor, 
adjoint  à  Barras  comme  général  de  la  garde  na- 
tionale, dirigea  une  des  trois  colonnes  qui  in- 
vestirent l'hôtel  de  Ville ,  et  contribua  à  l'arres- 
tation de  Robespierre  et  de  ses  partisans.  Depuis 
lors  il  vota  avec  la  nouvelle  majorité  qui  s'é- 
tait formée  des  débris  des  girondins  et  des  dan- 
tonistes.  11  prit  une  part  active  à  la  nouvelle 
organisation  des  comités  du  gouvernement.  En 
l'an  ni,  il  fut  envoyé  successivement  aux  armées 
du  nord  et  de  Rhin  et  Moselle ,  où  il  se  signala 
encore  par  son  intrépitlité.  Rentré  à  l'assemblée 
après  l'insurrection  du  12  germinal  (  t"'  avril 
1795  ),  il  s'occupa  jour  et  nuit,  avec  un  dévoue- 
ment sans  bornes,  de  parcourir  les  environs  de 
Paris  pour  rassembler  des  subsistances  et  en 
presser  les  arrivages  dans  la  capitale.  Les  mon- 
tagnards, désireux  de  reprendre  le  pouvoir,  ex- 
citaient sourdement  le  peuple,  rendu  facile  à 
émouvoir  par  la  misère  et  la  disette.  Le  i*^""  prai- 
rial, le  comité  révolutionnaire  de  la  rue  Mau- 
conseil  donna  le  signal  du  mouvement.  A  sa 
voix,  une  fouie  de  femmes,  mêlées  à  des  hom- 
mes ivres  et  criant  :  «  Du  pain  et  la  constitution 
de  93  !  »  des  troupes  de  bandits  brandissant  des 
piques,  des  sabres ,  des  armes  de  toutes  espèces  ; 
des  flots  de  la  plus  vile  populace;  eniin,  les  sec- 
tions régulièrement  organisées  des  quartiers 
Saint- Antoine,  Saint-Marceau,  du  Temple,  Saint- 
Denis,  Saint-Martin  et  de  la  Cité,  se  ruèrent  sur 
les  Tuileries,  où    siégeait  la   Convention.  Les 

(1)  Voici  le  texte  de  son  vote  :  «  Fidèle  à  la  Déclara- 
tion des  Droits,  je  vote  pour  la  mort;  je  n'attends  rien 
pour  ma  patrie  de  la  réclusion  du  ci-devant  roi;  son 
existence  ne  fait  rien  aux  autres  despotes  ;  tous  nos 
succès  extérieurs  dépendent  du  coura;;c  de  nos  soldats; 
contre  les  enneniis  intérieurs,  du  règne  des  lois,  du  re- 
tour de  l'ordre,  et  de  la  cessation  des  méfiances.  Je 
vote  pour  la  mort.  » 

{Moniteur  du  20  janvier  1793  {  an  n),  p.  100.) 


portes  furent  brisées,  les  couloirs  envahis.  Fer- 
raud vole  au-devant  de  la  foule,  et  la  conjure  de 
ne  pas  pénétrer  plus  avant  :  «  Tuez-moi  !  s'écrie- 
t-il  en  découvrant  sa  poitrine;  vous  n'entrerez 
qu'après  avoir  passé  sur  mon  corps  !  J'ai  été  at- 
teint plus  d'une  fois  du  feu  ennemi  :  voilà  mon 
sein  couvert  de  cicatrices,  je  vous  abandonne  ma 
vie  ;  mais  respectez  le  sanctuaire  des  lois.  »  Il 
est  bientôt  renversé  et  foulé  aux  pieds  par  la 
multitude;  une  mêlée  sanglante  s'engage  dans 
la  salle  même,  où  les  députés  Auguis,  Legendre, 
M.-.T.  Chénier,  Delecloy,  Bergoeng  et  Kerve- 
légan,  le  sabre  à  la  main,  et  à  la  tête  de  quelques 
gardes  nationaux  rassemblés  à  la  hâte,  essayent 
une  résistance  désespérée,  mais  impuissante.  Les 
furieux  se  précipitent  vers  le  bureau  où  prési- 
dait Boissy  d'Anglas,  immobile  et  calme  ;  toutes 
les  baïonnettes,  toutes  les  piques  sont  dirigées 
sur  lui.  Ferraud,  qui  s'est  relevé  à  demi  brisé, 
s'élance  au  pied  de  la  tribune,  et  voyant  le  dan- 
ger du  président,  veut  le  couvrii-  de  son  corps. 
L'un  des  factieux  le  saisit  par  l'habit  ;  un  officier, 
pour  dégager  Ferraud,  assène  un  coup  de  poing 
à  l'homme  q'ai  le  retenait  ;  celui-ci  riposte  en 
déchargeant  un  pistolet  dont  la  balle  atteint  Fer- 
raud à  l'épaule;  l'infortuné  jeune  homme  tombe; 
aussitôt  on  le  traîne  par  les  cheveux  hors  de  la 
salle.  Une  folle  furieuse,  Aspasie  Migelli,  lui 
écrase  le  visage  avec  ses  galoches.  Cent  assas- 
sins le  frappent  à  la  fois.  Sa  tête,  séparée  de  son 
corps,  apparaît  au  bout  d'une  baïonnette,  et  est 
présentée  à  Boissy  d'Anglas,  qui  s'incline  avec 
respect  devant  ce  triste  trophée,  et  n'en  persiste 
pas  moins  à  résister  aux  injonctions  des  insurgés. 
Les  restes  sanglants  de  Ferraud  furent  ensuite 
prom.enés  par  la  ville.  S'il  faut  en  croire  quelques 
historiens ,  une  cruelle  méprise  fut  cause  de  la 
m>ort  du  malheureux  Ferraud:  sannom  l'avaitfait 
confondre  avec  son  collègue  Fréron,  objet  de  la 
haine  particulière  des  jacobins.  Un  serrurier, 
nommé  Boucher,  convaincu  d'avoir  porté  la  tête 
de  Ferraud,  fut  condamné  à  mort.  Au  moment  de 
l'exécution,  il  fut  déhvréet  porté  en  triomphe  dans 
le  faubourg  Saint-Antoine.  Mais  ,  arrêté  après  le 
désarmement  des  insurgés,  il  subit  son  châti- 
ment, le  4  prairial.  La  Convention  décréta  l'érec- 
tion d'un  monument  funèbre  pour  immortaliser 
l'héroïsme  de  son  courageux  membre  ;  des  hon- 
neurs touchants  furent  rendus  à  sa  mémoire,  et 
les  députés  J.-B.  Louvet  et  Dulaure  prononcè- 
rent son  éloge ,  le  premier  à  Paris ,  le  second  à 
Brives.  H.  Lesceur. 

Moniteur  universel,  an  1792,  n^^  322-324;  an  l^' 
(1793),  n°»  36,  78  an  II,  113,  236,  261  ;  an  III.  37,  222.  294. 
— Thiers,  tlist.  de  la  Révolution  française,  1.  XXVIII.  — 
Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Cioçr.  univ.  et  portative  des  Con- 
temporains. —  I-e  Bas,  Dict.  encijcl.  de  la  France. 

FERRAUOL.O.  Voij.  Ferrajuoli    (Nunzio). 

FEKRÉ  OU  dit  le  GRAND  FERïîÉ,  chef  depay- 
sans  au  quatorzième  siècle.  II  était  à  la  tête  des 
Jaquiers,  qui,  révoltés  contre  les  nobles  duBeau- 
voisis,  ravagèrent  les  châteaux  des  environs  de 
Compiègne.  En  1359,  il  se  fit  remarquer  par  sa 


52£ 


FERRÉ 


force  herculéenne,  et  tua  un  grand  nombre  d'An- 
glais. Ceux-ci  n'osèrent  passer  l'Oise  pendant  citi'i! 
se  tenait  à  Rivecourt.  «  Ces  paysans,  au  nombre 
de  200,  dit  M.  Michelet  d'après  le  continuateur 
de  Nangis  ,  (  1359),  s'étaient  établis  dans  le  châ- 
teau de  Longucil ,  sous  les  ordres  du  capitaine 
Guillaume  Alaud  ou  aux  Alouettes.  Les  Anglais, 
qui  campaient  à  Creil,  n'en  tinrent  grand  compte, 
et  dirent  bientôt  :  «  Chassons  ces  paysans;  la 
place  est  forte  et  bonne  à  prendre.  »  On  ne  s'aper- 
çut pas  de  leur  approche;  ils  trouvèrent  les  por- 
tes ouvertes,  et  entrèrent  hardiment.  «  Ceux  du 
dedans  qui  étaient  aux  fenêtres  sont  d'abord  tout 
étonnés  de  voir  ces  gens  armés.  Le  capitaine  est 
bientôt   blessé  mortellement.  Alors  le  Grand- 
Ferré  et  les  autres  se  disent  :  «  Descendons, 
«  vendons  bien  notre  vie  ;  il  n'y  a  pas  de  merci 
à  attendre.  »  Ils  descendent  en  effet,  sortent  par 
plusieurs  portes,  et  se  mettent  à  frapper  sur  les 
Anglais ,  comme  s'ils  battaient  leur  blé  dans 
Taire  ;  les  bras  s'élevaient ,  s'abattaient,  et  cha- 
que coup  était  mortel.  Ferré  voyant  son  maître 
et  capitaine  frappé  à   mort,  gémit  profondé- 
ment, puis  il  se  porta  entre  les  Anglais  et  les 
siens,  qu'il  dominait  également  des  épaules,  ma- 
niant une  lourde  hache,  frappant  et  redoublant  si 
bien  qu'il  fit  place  nette  ;  il  n'en  touchait  pas  un 
qu'il  ne  fendît  le  casque  ou  n'abattît  les  bras.  Voilà 
tous  les  Anglais  qui  se  mettent  à  fuir;  plusieurs 
sautent  dans  le  fossé  et  se  noient.  Ferré  tue 
leui'  porte-enseigne,  et  dit  à  un  de  ses  cama- 
rades de  porter  la  bannière  anglaise  au  fossé. 
L'autre  lui  montrant  qu'il  y   avait  encore  une 
foule  d'ennemis  entre  lui  et  le  fossé  :  «■  Suis-moi 
donc,  »  dit  Ferré.  Et  il  se  mit  à  marcher  de- 
vant, jouant  de  la  hache  à  droite  et  à  gauche, 
jusqu'à  ce  que  la  bannière  eût  été  jetée  à  l'eau... 
Il  avait  tué  en  ce  jour  plus  de  quarante  hom- 
mes...   Quant    au    capitaine,    Guillaume    aux 
Alouettes ,  il  mourut  de  ses  blessures...  Les 
Anglais  furent  encore  battus  une  autre  fois  par 
Ferré ,  mais  cette  fois  hors  des  murs.  Plusieurs 
nobles  anglais  furent  pris ,  qui  auraient  donné 
de  bonnes   rançons ,  si  on  les  eût  rançonnés 
comme  font  les  nobles;  mais  on  les  tua,  afin 
qu'ils  ne   fissent  plus  de  mal.    »  Cette  fois. 
Ferré ,  échauffé  par  une  si  rude  besogne ,  but 
de  l'eau  froide  en  quantité,  et  fut  saisi  de  la 
lièvre.  Il  s'en  alla  à  son  village ,  i-egagna  sa  ca- 
bane, et  se  mit  au  lit,  non  toutefois  sans  garder 
près  de  lui  sa  hache  de  fer,  qu'un  homme  ordi- 
naire pouvait  à  peine  lever. 

«  Les  Anglais,  ayant  appris  qu'il  était  malade, 
envoyèrent  un  jour  douze  hommes  pour  le  tuer. 
Sa  femme  les  vit  venir,  et  se  mit  à  crier  :  »  0 
mon  pauvre  le  Grand,  voilà  les  Anglais,  que 
faire?...  »  Lui ,  oubliant  à  l'instant  son  mal ,  se 
lève ,  prend  sa  hache,  et  sort  en  chemise  (  in 
««•#M»icztZrt)  dans  la  petite  cour  :  «  Ah,  bri- 
grands  !  vous  venez  donc  me  prendre  au  lit  ; 
vous  ne  me  tenez  pas  encore...  »  Alors,  s'a- 
dossant  à  nu  mur,  il  en  tue  cinq  en  un  moment; 


FERREIRA  526 

les  autres  s'enfuirent.  «  Le  Grand  Ferré  se  remit 
au  lit  ;  mais  il  avait  chaud,  il  but  encore  de  l'eau 
froide;  la  fièvre  le  reprit  plus  lort,  et  au  bout 
de  quelques  jours ,  ayant  reçu  les  sacrements 
de  l'église ,  il  sortit  du  siècle,  et  fut  enterré  au 
cimetière  de  son  village.  Il  fut  pleuré  de  tous 
ses  compagnons,  de  tout  le  pays  ;  car  lui  vivant 
jamais  les  Anglais  n'y  seraient  venus,  w 

Le  continuateur  de  JSangis.  —  MicheJet,  Histoire  de 
l'rance,  1.  III,  p.  419. 

FERSiE!i5f  (Antoine),  médecin  français,  né 
à  Frespech  (Agenais),  le  25   octobre   1693, 
mort  le  28  février  1769.  Il  fit  ses  études  chez 
les  jésuites  d'Agen,  et  s'occupa  d'abord  de  ma- 
thématiques et  de  théologie  ;  ce  fut  seulement  à 
l'âge  de   vingt-deux    ans    qu'il   alla  suivre  à 
Montpellier  les  cours  de  médecine.  Il  passa  en- 
suite plusieurs  années  à  Marseille,  où  il  enseigna 
l'anatomie  et  la  chirurgie.  En  1732,  U  fut  pré- 
senté par  les  professeurs  de  Montpellier  pour 
remplir  la  chaire  d'anatomie  vacante  par  la  dé- 
mission de  Deidier;  mais  le  gouvernement  donna 
cette  place  à  Fizes.  Ferrein,  blessé  de  cette  injus- 
tice, quitta  Montpellier,  et  se  rendit  à  Paris.  Il 
obtint  peu  après  la  place  de  premier  médecin 
de  l'armée  française  en  Italie.  U  entra  à  l'Aca- 
démie des  Sciences   en  1741,  succéda   à  Adry 
dans  la  chaire  de  médecine  du  Collège  de  France 
en  1742,  et  fut  nommé  eu  1758  professeur  d'a- 
natomie et  de  chirurgie  au  Jardin  des  Plantes ,  à 
la  place  de  Winslow.  «  Ferrein,  dit  la  Biogra- 
phie médicale,  forma  d'illustres  élèves  ;  il  pro- 
fessa la  médecine,  et  l'exerça  pendant  longtemps 
avec  le  plus  grand  éclat.  Il  passe  avec  raison 
pour  un  des  plus  grands  anatomistes  du  siècle 
dernier.  »  Ferrein  n'a  publié  aucun  livre,  mais 
c'est  d'après  ses  leçons  qu'ont  été  rédigés  les 
ouvrages  suivants  :  Introduction  à  la  matière 
médicale  en  forme  de  thérapeutique;  Paris, 
1751  ;  —  Cours  de  Médecine  pratique,  par 
Arnauld  de  Nobleville  ;   Paris,    1769,   3   vol. 
in-12;  —  Éléments  de  Chirurgie  pratique, 
par  Gauthier  ;  Paris,  1771.  On  a  aussi  de  Ferrein 
des  thèses  et  plusieurs  mémoires  insérés  dans 
les  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences;  un 
des  plus  importants  a  pour  objet  la  formation 
de  la  voix  de  l'homme  (  1741  ).  Ferrein  y  sou- 
tient que  l'organe  de  la  voix  est  un  instrument  à 
cordes,  et  que  les  différents  tons-sont  déterminés 
par  les  différentes  vibrations  que  l'air,  en  sortant 
des  poumons ,  imprime  aux  fibres  tendineuses 
des  bords  de  la  glotte.  L'auteur  donne  à  ces 
fibres  le  nom  de  cordes  vocales  ou  rubans  de  la 
glotte.  Ce  mémoire  suscita  une  vive  polémique. 
Éloy,  Dict.  hist.  de  la.  iMédecine.  —  Biogr.  mcdica/e. 

*  FERREIRA  (Bemarda),  dame  portugaise, 
vivait  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Elle  se  consacra  à  la  littérature.  La  plupart  de  ses 
écrits  ne  virent  pas  le  jour;  il  faut  cependant 
excepter  son  poëme,  L'Espagne  délivrée,  qui 
est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  parut 
on  If)  18,  la  seconde  en  1673,  longiomns  après  la 


527 


FERREIRA 


528 


mort  fie  l'auteur.  Ce  n'est  qu'une  chronique  er- 
ronée, <lont  rien  ne  rachète  la  sécheresse.  Cette 
chronique  devait  sans  doute  être  conduite  jusqu'à 
la  prise  de  Grenade ,  mais  elle  s'arrête  brusque- 
ment au  règne  d'Alfonse  le  Sage.         G.  B. 

Ticknor,  History  of  Spanish  Literature ,  t.  II,  p.  800. 

FERRE.IRA.  (Antonio) ,  poète  célèbre,  sur- 
nommé V Horace  portugais,  né  en  1528,  mort  en 
1569  (1).  Sa  de  Miranda,  Camoens  et  Ferreira 
forment  une  triade  peu  connue  en  France,  à 
l'exception  du  grand  poète  épique;  mais  on  ne 
les  sépare  guère  dans  l'histoire  littéraire  du  Por- 
tugal. Ferreira  ne  quitta  jamais  son  pays  ;  il  occupa 
une  chaire  à  Coimbre,  et  sa  courte  vie,  partagée 
entre  l'étude  de  l'antiquité  et  les  soins  que  récla- 
mait le  professorat,  ne  présente  aucun  incident. 
Il  fut  reçu  docteur  en  droit  à  Coïmbre  ;  mais  on 
ignore  à  quelle  époque  il  quitta  cette  ville  pour 
visiter  Lisbonne  et  Porto,  ni  dans  laquelle  de  ces 
trois  villes  il  devint  amoureux  de  la  femme  qu'il 
célébra  dans  ses  poésies  et  qu'il  épousa.  11  paraît 
bien  avéré  qu'il  avait  contracté  cette  union  lors- 
qu'il était  encore  professeur,  et  que  même  l'épouse 
qu'il  s'était  choisie  lui  avait  donné  un  lils  avant 
qu'il  quittât  Coïmbre  pour  venir  se  iixer  à  Lis- 
bonne. Nommé  desembargador  da  relaçâo 
(juge  de  la  cour  suprême),  et  revêtu  de  celte 
haute  magistrature,  il  vécut  dans  l'intimité  des 
plus  grands  personnages  de  la  cour  de  Jean  IH. 
D.  Constantin  de  Bragance,  le  vice-roi  des  In- 
des, qui  sut  si  bien  apprécier  Camoens,  D.  Jorge 
de  Tavora,  qu'on  devait  voir  s'illustrer  à  Alca- 
çar-Kebir,  Alfonse  d'Albuquerque,  le  fils  du  con- 
quérant des  Indes,  D.  Jean  de  Lancastre,  fils 
du  duc  d'Aveiro,  le  secrétaire  d'État  Pcro  d'Al- 
caçova  Carneiro ,  et  bien  d'autres ,  qu'il  serait 
trop  long  d'énumérer,  faisaient  partie  de  sa 
société  habituelle.  Jean  III  l'honorait  d'une  fa- 
veur particulière,  et  cette  faveur  se  perpétuait 
dans  l'esprit  des  deux  princes  qui  reçurent  la 
couronne  après  lui.  Une  si  brillante  existence 
fut  interrompue  par  la  peste  qui  ravagea  Lis- 
bonne en  1569,  à  l'époque  où  Camoens  revit 
l'Europe.  Les  deux  poètes,  qui  avaient  pu  se 
connaître  à  Coïmbre,  n'eurent  cependant  aucun 
rapport  intime  entre  eux.  Outre  que  Ferreira 
fut  l'une  des  premières  victimes  de  l'épidémie 
de  1569,  il  jouissait  alors,  sans  avoir  rien  publié, 
d'une  réputation  comme  poète  infiniment  supé- 
rieure à  celle  de  son  ancien  condisciple  (2).  Si  Ca- 


(1)  C"est  par  erreur  que  divers  biographes  l'ont  fait 
naître  à  Porto:  il  vint  au  monde  à  Lisbonne;  son  père, 
Martim  Ferreira,  chevalier  de  l'ordre  de  Sant-lago, 
administrateur  des  biens  du  duc  de  Coimbre,  l'envoya  à 
l'université  pour  l'y  faire  étudier  le  droit.  Le  jeune  Anto- 
nio, à  peu  près  contemporain  de  Camoens,  fît  comme  lui 
à  Coïmbre  de  solides  études.  On  peut  supposer  qu'il  eut 
pour  professeur,  de  même  que  l'antcur  des  Lusiades,  la 
plupart  de  ces  doctes  écrivains  que  Jean  III  avait  en- 
voyés se  perfectionner  à  Sainte-Barbe,  sous  les  maîtres 
habiles  qui  y  professaient. 

(2;  Au  milieu  du  trouble  que  causa  dans  la  capitale 
du  Portugal  l'épidémie  la  plus  redoutable  que  l'on  y 
eût  ressentie,   Ant.  Ferreira  fut  enterre  avec  une  cer- 


moens  en  effet  avait  acquis  une  juste  renommée 
à  Goa  ,  son  nom  devait  être  à  peu  près  ignoré 
alors  à  Lisbonne. 

Ferreira  faisait  d'abord  circuler  ses  poésies  en 
manuscrits,  avec  discrétion  cependant ,  à  raison 
des  fonctions  qu'il  remplissait.  Dès  l'année  1557, 
étant  encore  à  Coïmbre,  il  avait  formé  un  re- 
cueil qu'il  destinait  à  l'impression  ;  certaines  ob- 
servations amères,  auxquelles  il  répondit  et  qui 
se  dirigeaient  contre  le  magistrat  poète,  lui  firent 
très-probablement  retarder  cette  impression; 
il  était  d'ailleurs  fort  amoureux  de  la  forme,  et 
celui  que  Diego  Bernardes  ainsi  que  l'élégant 
Caminha  regardaient  comme  leur  maître  ne 
trouvait  pas  qu'il  eût  donné  à  sa  versification, 
déjà  si  correcte ,  ce  degré  de  perfection  dont  les 
auteurs  de  l'antiquité  lui  offraient  l'inimitable 
modèle.  Aucune  de  ses  poésies  ne  fut  donc  im- 
primée de  son  vivant;  et  ce  fut  même  bien  long- 
temps après  sa  mort ,  lorsque  le  Portugal  avait 
perdu  son  indépendance,  que  son  fils,  Miguel- 
Leyte  Ferreira ,  songea  à  lui  rendre  cet  hommage 
tardif.  Caminha  ne  devait  être  imprimé  que  du- 
rant le  dix-neuvième  siècle.  Le  recueil  intitulé  : 
Poemas  Lusitanos;  Lisbonne,  Crasbeeck,  1598, 
in-4'',  parut  en  un  temps  où  vingt  années  de 
domination  étrangère  avaient  modifié  le  génie 
portugais,  jadis  si  fier,  si  abattu  sous  les  trois 
Philippe  ;  hàtons-nous  de  le  dire ,  jamais  voluine 
ne  tint  mieux  ce  que  son  titre  promettait  :  ce  sont 
bien  des  poésies  nationales ,  écrites  exclusive- 
ment pour  le  pays  qu'elles  enseignent.  Sa  de 
Miranda  ,  Diego  Bernardes,  Caminha,  Camoens 
lui-même,  ont  mêlé  des  vers  castillans  à  leurs 
vers.  Ferreira,  qui  connaissait  si  bien  les  idio- 
mes issus  de  la  langue  latine,  ne  veut  écrire  qu'en 
portugais ,  et  il  reprend  même  avec  une  sorte 
d'amertume  ceux  des  poètes  contemporains 
qui  font  des  vers  espagnols  ;  il  fait  mieux  :  on 
lui  voit  adresser  à  ce  sujet  quelques  strophes 
vraiment  touchantes  au  spirituel  Caminha,  l'un 
des  poètes  contemporains  dont  les  tendances 
vont  le  mieux  à  son  génie.  A  ses  yeux  le  roi 
Diniz  est  le  plus  grand  roi  qui  ait  gouverné  son 
pays,  parce  qu'il  a  donné  une  impulsion  favo- 
rable à  l'esprit  national  ;  quant  à  lui,  la  seule 
gloire  qu'il  ambitionne ,  c'est  elle  qu'il  réclame 
dans  ces  deux  vers  : 

Eu  desta  gloria  so  fico  contente 

Que  a  rainlia-terra  araei  e  a  minha  gente. 

taine  solennité,  dans  le  chœur  du  magnifique  couvent 
des  Carmes,  fondé  au  quinzième  siècle  par  le  grand 
connétable  Nuno  Alvares  Pereira.  Ce  vaste  édifice  fut 
renversé  en  1755  par  le  tremblement  de  terre  qui  fit 
un  monceau  de  ruines  de  tant  de  monuments;  la  tombe 
du  poëte  ne  fut  pas  épargnée,  sans  être  détruite  com- 
plètement :  elle  portait  une  inscription  en  vers  latins 
qu'on  peut  lire  tout  au  long  dans  Barbosa  Maehado  :  on 
s'était  contenté  d'écrire  en  portugais  comme  commen- 
taire à  ces  vers  redondants  :  «  Epitaphe  du  docteur  An- 
tonio Ferreira,  jadis  professeur  à  l'université,  conseiller 
à  la  cour  suprême,  poëte  rare;  il  mourut  en  l'année 
1569.  M  En  1771,  la  pierre  tombale  se  voyait  encore;  mais 
elle  était  brisée.  L'église  étant  devenue  l'atelier  d'un 
scieur  de  long,  on  ignore  complètement  où  l'on  a  pu 
transporter  les  restes  de  l'Horace  portugais. 


529  FERREIRA 

Ainsi  qu'on  l'a  fait  remarquer,  Ferreira  ne 
(ut  jamais  un  poëte  populaire  ;  il  était  trop  imi- 
tateur des  anciens ,  trop  savant  dans  les  mètres 
qu'il  adopta  ,  trop  amant  de  la  simplicité  anti- 
que ,  pour  acquérir  ce  titre  envié  ;  mais,  bien 
qu'il  n'eût  rien  fait  imprimer,  son  jugement 
sûr,  sa  haute  raison,  son  indépendance,  étaient 
respectés  dès  le  seizième  siècle  par  les  autres 
poètes,  et  même  par  les  -sommités  sociales,  qui 
le  savaient  apprécier.  Son  langage  est  toujours 
sévère  ;  l'amour  national  qu'il  recommande  aux 
poètes,  il  l'exige  des  souverains.  Les  oeuvres 
d'Antonio  Ferreira  se  composent  de  sonnets 
nombreux ,  qu'on  place  immédiatement  après 
ceux  de  Sa  de  Miranda,  et  auxquels  il  faut  join- 
dre quelques  épigrammes ,  quelques  épitaphes  ; 
de  treize  odes,  divisées  en  deux  livres  ;  de  plu- 
sieurs élégies,  parmi  lesquelles  on  remarque 
diverses  imitations  libres  de  Moschus  et  d'Ana- 
créon  ;  on  a  enfin  de  lui  deux  livres  d'épîtres, 
vrais  chefs-d'œuvre,  infiniment  supérieurs  à  ses 
autres  écrits  :  c'est  sous  cette  forme  élevée  et 
familière  à  la  fois  que  le  poëte  donne  ses  meil- 
leurs préceptes.  Habile  disciple  d'Horace,  il  est 
devenu  maître  à  son  tour,  et  a  réuni  des  ensei- 
gnements assez  féconds  pour  ranimer  le  goût 
national  après  une  décadence  qui  a  duré  près  de 
deux  siècles. 

Ferreira  occupe  une  place  à  part  parmi  les 
poètes  dramatiques  de  son  pays.  Après  avoir  com- 
posé, à  l'imitation  des  Italiens  et  dans  le  but  d'a- 
nimer des  fêtes  qui  se  célébraient  à  Coïmbre,  la 
comédie  intitulée  Le  Brislo,  il  donna  successive- 
ment :  une  comédiede caractère,  Cioso  (le  Jaloux), 
et  une  tragédie  avec  chœurs,  calquée  absolument 
sur  les  formes  du  théâtre  grec  :  dans  cette  pièce, 
destinée  surtout  à  être  lue,  il  mit  en  action  l'é- 
vénement le  plus  tragique  et  le  plus  populaire  à 
la  fois  dont  il  soit  fait  mention  dans  les  chroni- 
ques portugaises  :  la  catastrophe  d'Inez  de  Cas- 
tro. A  cette  époque  l'Italie  ne  possédait  encore 
que  la  Sophonisbe  du  Trissin.  On  peut  donc  con- 
sidérer la  pièce  de  Ferreira  comme  la  seconde 
tragédie  régulière  qui  ait  paru  en  Europe.  Un 
critique  portugais,  auquel  nous  accordons  plus 
de  zèle  que  de  perspicacité,  a  émis  dernière- 
ment une  opinion  qui  tendrait  à  déposséder  le 
poëte  portugais  de  la  gloire  légitime  qui  lui  est 
dévolue  depuis  tant  de  siècles  :  selon  M.  Costa 
e  Sylva ,  Vfnez  de  Castro  pourrait  bien  n'être 
qu'une  traduction  de  la  Nise  lastimosa,  pu- 
bliée par  Frai  Jeronymo  Bermudez ,  moine  gali- 
cien ,  qui  sous  le  pseudonyme  d'Antonio  de 
Sylva,  fit  imprimer  cette  pièce  à  Madrid  dès 
1577,  et  osa  la  compléter  par  la  Nise  laureada, 
secondepartie,  en  réalité  fortdéfectueuse.  M.  Mar- 
tinez  de  la  Rosa  a  restitué  heureusement  à 
Ferreira  l'honneur  qui  lui  appartient.  Les  raisons 
qu'il  allègue  sontéminemment  littéraires,  puisque 
elles  ressortent  d'un  examen  approfondi  du  style^ 
Nous  ajouterons  que  de  son  vivant  Diego  Ber- 
nardes  complimente  son  maître  et  son  ami  sur 


.'530 

cette  composition,  vraiment  grandiose.  M.  Patin 
a  signalé  récemment  les  rares  beautés  qu'on  ren- 
contre dans  la  pièce  de  Ferreira  en  la  considé- 
rant comme  une  pure  émanation  de  la  tragé- 
die grecque.  Dès  son  apparition,  ces  mêmes 
beautés  frappèrent  assez  vivement  les  érudits 
du  seizième  siècle  pour  qu'un  Français,  que  nous 
supposons  avoir  été  Nicolas  Grouchy,  le  traduc- 
teur de  Castanheda,  ait  songé  à  en  donner  une 
version  française ,  aujourd'hui  introuvable.  En 
1825  elle  a  été  traduite  en  anglais  par  M.  Miis- 
grave ,  et  l'auteur  de  cet  article  en  a  publié  une 
version  française  insérée  dans  le  Théâtre  eu- 
ropéen, Paris,  1835,  avec  un  extrait  de  la 
chronique  de  Fernand  Lopes  qui  raconte  si  naï- 
vement les  taalheurs  d'Inez.  Il  demeure  désor- 
mais acquis  à  l'histoire  littéraire  que  Antonio 
Ferreira  est  l'auteur  de  la  première  comédie  de 
caractère  qu'ait  produite  la  Péninsule  et  qu'on 
lui  doit  aussi  la  seconde  tragédie  régulière  qui 
ait  signalé  l'époque  si  féconde  de  la  Renaissance. 
Ferdinand  Denis. 

Barbosa  Machado,  bibliotheca  Lusitana.  —  Franrisco 
Dias  Gomes,  An&lyses  et  combinaçoes  filosoflcas  sobre  a 
elocuçâo  de  Sa  de  Miranda,  Ferreira,  Bernardes,  etc.; 
Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne,  an- 
née 1790.  —  J.-M.  (la  Costa  e  Sylva,  Ensaio  biorjruflco- 
critico  sobre  os  melhores  Poetas  Portuguezes;  Lisb., 
1852,  t.  II.  —  Sylvestre  Ribeiro,  Prirneiros  Traças  d'una 
Resenha  da  historia  litteraria  ;  Lisb.,  1833.  —  Ferdi- 
nand Denis,  Résumé  de  l'histoire  littéraire  de  Portu- 
gal. —  Le  même,  Camoens  et  ses  contemporains.  —  Le 
même,  Le  Jaloux,  trad.  avec  notice,  insérée  dans  le 
Théâtre  européen.  —  .\danison,  Lusitania  illustrada,- 
Notices  on,  the  history,  antiquities,  literature,  etc., 
of  Portugal,  New-Castle-upon-Tyne,  1842,  in-S".  —  Mar- 
linez  de  la  Rosa,  Obras;  Paris,  in-l2,  t.  \. 

FERREIRA  OU  FERREYRA  {Antoïiio),  chi- 
rurgien portugais ,  né  à  Lisbonne,  en  1G26,  mort 
en  1697.  Il  était  fils  d'un  chirurgien  de  Lisbonne, 
prit  ses  degrés  à  l'université  de  Coïmbre,  et  alla 
exerceràTanger,oùilgagnala  peste,  dont  il  par- 
vint à  se  guérir.  Après  son  retour  à  Lisbonne,  il 
fut  pendant  vingt  ans  chirurgien  de  l'hôpital  de 
Tous  les  Saints,  et  il  rendit  à  cet  établissement 
d'utiles  services;  nommé  chirurgien  du  roi,  il  fut 
choisi  pour  accompagner  en  la  même  qualité  l'ia- 
fante  dona  Catharina,  lorsqu'elle  alla,  en  16G2, 
épouser  Charles  II  en  Angleterre;  i!  revint  en 
Portugal,  et  mourut  à  Lisbonne.  Ferreira  laissa 
trois  fils,  qui  se  distinguèrent  dans  des  facullés 
diverses.  L'ouvrage  dans  lequel  il  avait  consigné 
ses  observations  fut  longtemps  recherché  ;  il  est 
intitulé  :  Luz  verdadeiru ,  e  recopilado  exaine 
de  toda  a  Cmirgia;  Lisbonne,  1670,  |n-fol.; 
T  édit.,  augmentée,  Lisbonne,  1705,  in-fol. 

Barbosa  M;ichado ,  Bibliotheca  Lusitana. 

*  FERREIRA  {  Cfirisiovam) ,  missionnaii'e 
portugais,  né  à  Zibreria,  vers  1578 ,  martyrisé  au 
Japon,  en  1652.  Il  fit  profession  chez  les  Jésuitis 
dès  1596.  Ses  supérieurs  l'envoyèrent  à  Goa, 
d'où  il  se  rendit  au  Japon.  C'était  l'époque  oïi 
commençaient  les  grandes  persécutions  contre 
les  chrétiens.  Plus  ses  prédications  ardentes 
étaient  suivies  de  succès ,  plus  il  avait  à  redouter 
les  lois  promulguées  récemment  contre  les  mis- 


531 


sionnaires;  il  fut  condamné  en  effet  au  supplice 
de  la  fosse,  martyre  effroyable ,  durant  lequel 
le  chrétien  était  suspendu  par  les  pieds  dans  un 
sépulcre  ténébreux.  L'infortuné  missionnaire 
recula  devant  cette  longue  agonie,  et  pour  avoir 
la  vie  sauve ,  il  embrassa  la  religion  de  ses  per- 
sécuteurs. Il  vécut  au  Japon  durant  dix  -  neuf 
ans;  mais,  vaincu  par  le  remords,  il  appela  lui- 
même  la  condamnation  sur  sa  tête,  et  implora, 
pour  laver  sa  honte,  le  supplice  qu'il  avait  re- 
douté. Il  a  donné  :  Relaçâo  da  Perseguiçào 
contra  a  fé  levantada  no  reyno  de  Taicu  no 
anno  de  1627.  Ce  livre  a  été  traduit  en  italien. 

F.  D. 

liarbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

FEBRERRA  liE  LA  CERDA.   Voy.  LaCERDA. 

FER21EIEIA  (Le  P.  Mcinoel),  missionnaire 
portugais,  né  en  1630,  à  Lisbonne,  mort  après 
1694.  Il  entra  dans  l'ordre  des  Jésuites,  occupa 
d'abord  une  chaire  de  littérature,  et  fut  en  1658 
envoyé  aux  Indes  par  ses  supérieurs.  Après 
un  séjour  de  plusieurs  années  dans  l'extrême 
Orient,  pendant  lesquelles  il  explora  des  régions 
pour  ainsi  dire  inconnues,  il  revint  en  Europe; 
mais  ce  fut  pour  se  consacrer  à  de  nouvelles 
missions, et  il  partit  en  1694 pour  l'Indo-Chine, 
sur  laquelle  on  n'avait  que  les  données  les  plus 
confuses.  On  affirme  que  dans  le  ïonquin  seu- 
lement plus  de  20,000  idolâtres  reçurent  le 
baptême  grâce  à  lui.  Le  livre  dans  lequel  il  fit 
connaître  à  l'Europe  la  Cochinchine  a  paru 
sans  nom  d'auteur  sous  ce  titre  :  Noticias  sum- 
marias  das  PerseguiçOes  da  viissàode  Cochin- 
china  prïncïpïoÂa  e  continuada  pelos  padres 
da  Companhia  de  Jésus;  Lisbonne,  1700, 
in-fol. 

Durant  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle  deux  hommes  du  même  nom  ont  publié 
des  travaux  curieux  pour  l'histoire  de  l'Amérique 
méridionale;  le  premier,  Ferreira  da  Sylva 
(Sylvestre),  avait  visité  le  Rio  de  la  Plata,  et  a 
donné  l'ouvrage  suivant  :  Relaçâo  do  sitio  que 
0  governador  de  Buenos-Ayres  D.  Miguel  de 
Salzedo,  poz  no  anno  de  1735,  d  praça  da 
nova  colonia  do  Sacramento ,  sendo  gover- 
nador da  mesma  praça  Antonio  Pedro  Vas- 
concellos ,  brigadeiro  dos  exercitos  de  sua  Ma- 
gestade;  com  algumas  plantas  necessarias , 
para  a  intelligencia  da  mesma  Relaçâo;  Lis- 
bonne,  1748,  ia-4''. 

Le  second,  Ferreira  Machado  (Simâo),  né 
à  Lisbonne,  a  publié  :  Triumpho  eiicharistico , 
exemplar  da  christandade  lusitana,  cm  pu- 
blica  exaltaçào  dafé  na  solemne  trasladaçâo 
do  divinissimo  Sacramento,  da  Igreja  da 
Senhora  do  Rosarlo, paraimi  novo  templo  da 
Senhora  do  Pilar  em  Villa-Rica ,  coi-te  da 
capitania  das  Minas,  aos  24  de  maio  de  1733  ; 
Lisbonne,1734,  in-4°.  Ferd.  Denis. 

Karbosa  Machado  ,    Bibliotheca  Lusitana. 

*  FERiiEiSiA  (Joze-Martins),  écrivain  por- 
tugais, né  à  S.  Pedro  de  Roriz,  près  Porto,  mort 


FERREIRA  âSÎ 

dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle 
L'exécution  du  maréchal  de  Biron  trouva  en  lu 
un  narrateur  fidèle ,  et  cela  ferait  supposer  qu'i 
était  venu  en  France.  Ce  livre  fut  publié  en  1604 
mais  son  ouvrage  le  plus  recherché  est  une  espèci 
de  roman  dont  la  scène  est  aux  Indes;  il  est  in^ 
titulé  :  Relaçâo  que  contem  os  venturosos 
prodigiosos  successos  de  Jouo-Baptista  Gal\ 
linato,  e  como  veyo  a  ser  rey  das  provincias  < 
reynos  de  Canibaya,  que  esta  junto  com  i 
grande  e  potentissimo  reyno  de  China;  LiS' 
bonne,  1607,  in-4°.  F.  D. 

BarJbosa  Machado ,  Bibliotheca  Lusitana. 

FERREIRA  { Diogo  -  Femandcs  ) ,  écrivait 
portugais,  né  vers  1646,  mort  dans  la  premièri 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  étaitfilsde  Pednj 
Ferreira,  page  de  la  chambre  et  veneur  du  ce-' 
lèbre  infant  D.  Luiz,  frère  de  Jean  III.  Ferrein 
devint  lui-même  chasseur  en  titre  deD.  Francisct 
de  Mello;  et  à  l'âge  de  soixante-dix  ans  il  publi^ 
un  livre  fort  recherché  aujourd'hui  :  Arteda  caçi^ 
de  altenaria;  Lisboa,  1616,  in-4°.  F.  D.  ; 
Barbosa  Machado  ,  Bibliotheca  Lusitana. 

*  FERREIRA  {  Alexandre-Rodrigues) ,  mt\ 
nommé  le  Humboldt  brésilien ,  célèbre  voya; 
geur  brésilien ,  né  à  Bahia,  ancienne  capitale  di 
Brésil,  le  27  avril  1756,  mort  le  23  avril  1815 
Il  étudia  à  Coïmbre,  où  il  devint  démonstrateu) 
du  cours  d'histoire  naturelle.  Le  gouvernement 
portugais  se  préoccupait  singulièrement  à  cett« 
époque  de  la  nécessité  d'explorer  enfin,  souj 
le  double  rapport  de  la  géographie  et  de  l'his' 
toire  naturelle,  les  vastes  régions  si  imparfai' 
tement  connues  alors  sous  le  nom,  bien  vague,  d'A- 
mazonie. Le  docteur  Domingos  Vandelli  reçu! 
l'ordre  conjointement  avec  une  commission  d( 
présenter  un  sujet  capable  de  remplir  cette  mis- 
sion difficile  ;  l'habile  professeur  n'hésita  point  : 
Rodriguez  Ferreira  fut  proposé ,  il  accepta  san^ 
hésitation  ;  et  le  15  juillet  1778  il  quitta  Coïmbre^ 
et  se  rendit  à  Lisbonne,  où  l'attendaient  ses 
instructions.  Des  circonstances,  restées  Jus 
qu'ici  ignorées,  retardèrent  son  départ,  et  il 
eut  cinq  ans  pour  se  préparer  à  ses  immenses- 
excursions;  ce  retard  ne  fut  perdu  ni  pour  laj 
science  ni  pour  l'industrie  du  Portugal.  De  con- 
cert avec  Joâo  da  Sylva  Feijo ,  le  jeune  natura- 
liste fit  l'examen  des  mines  de  charbon  de  terre 
de  Buarcos  ;  puis  il  donna  la  description  des  pro-i 
duits  naturels  du  muséum  d'Ajuda,  et  publia  plu-» 
sieurs  mémoires  importants.  L'Académie  des 
Sciences  de  Lisbonne  récompensa  les  efforts  de 
Ferreira  en  l'admettant  au  nombre  de  ses  corres- 
pondants, le  22  mai  1780.  Ce  fut  trois  ans  plus^ 
tard  qu'il  quitta  Lisbonne  pour  remplir  sa  mis- 
sion. Au  mois  d'octobre  1783  il  débarquait  à 
Santa-Maria-de-Belem,  capitale  du  Para.  11  com- 
mença la  série  de  ses  travaux  par  l'explora- 
tion delà  grande  île  de  Marajo  ou  de  Joannes, 
dont  l'hydrographie  a  été  faite  depuis  avec 
tant  de  soin  par  M.  Le  Serrée,  lors  de  la  mé- 
morable expédition  de  M,  Tardy  de  Montravel.| 


;333 


FERREIRA 


Bientôt  i!  revint    sur  le  continent,  et   ce  fut 
[)our  suivre  dans  leurs  détours,  presque  inextri- 
cables, les  grands  fleuves  tributaires  âe  l'Ama- 
zone, tels  que  le  Rio  Negro ,  le  Rio-Branco,  le 
Madeira ,  le  Guaporé  ;  il  visita  des  territoires 
tout  à  fait  inconnus  avant  lui,  au  nombre  des- 
([iiels  nous  citerons  la  Serra  de  Cannuru,  le 
!>Iato-Grosso ,  le  district   de  Guyaba,   et   tant 
d'autres  régions,  qui  n'avaient  pas  encore  reçu 
de  dénominations  sur   les    cartes  imparfaites 
(!e  ce  temps,  et  qui  servaient  de  i-efuge,  comme 
elles  en    servent    encore ,  aux  nations    déci- 
mées du  bord  de  la  mer.  L'homme  de  la  race 
indienne,  au  point  de  vue  physiologique ,  ses 
coutumes  parfois  si  étranges ,  ses  langues  si  ha- 
!)i!ement    construites,  l'occupèrent   essentielle- 
ment, dans  l'intérêt  de  l'ethnographie.  Une  na- 
tion   nombreuse  et   vagabonde,   redoutée  des 
autres  tribus ,  les  Muras ,  l'arrêta  longtemps,  et 
fut  étudiée  par  lui  avec  un  soin  particulier.  A 
ces  recherches  vinrent  se  joindre  des  travaux 
imposés  par  la  politique.  Des  discussions  s'étaient 
élevées  entre  l'Espagne  et  le  Portugal  touchant 
la  ligne  de  division  qui  séparait  les  possessions 
des  deux  puissances ,  ou  plutôt  les  Espagnols 
avaient  envahi  quelques  lieues  désertes  faisant 
partie  de  la  capitainerie  de  Mato-Grosso  ;  il  fallut 
étudier  la  question  sur  les  lieux  et  y  trouver  iine 
solution  :  neuf  années  furent  employées  par  le 
voyageur  philosophe  à  la  poursuite  de  ces  tra- 
vaux si  variés ,  et  qui  ne  pouvaient  même  s'exé- 
cuter qu'en  bravant  des  périls  de  tous  genres  ou 
bien  en  se  condamnant  aux  plus  rudes  priva- 
tions. Rodriguez  Ferreira  revint  enfin  dans  la 
capitale  du  Para-,  il  y  fit  un  séjour  de  neuf  mois 
avant  de  se  rendre  en  Europe.  Là  il  épousa  la 
fille  d'un  brave  militaire ,  qui  était  demeuré  dé- 
positaire de  ses  vastes  collections,  et  qui  avait 
dépensé  des  sommes  considérables  pour  secon- 
der le  voyageur  dans  ses  généreux  efforts.  Ar- 
rivé à  Lisbonne  en  1793,  Ferreira  remplit  d'a- 
bord un  emploi  au  ministère  de  la  marine,  puis 
il  fut  chargé  de  l'administration  du  cabinet  royal 
d'histoire  naturelle  fondé  à  Lisbonne  et  du  jar- 
din botanique  qui  y  était  annexé.  Ferreira  avait 
travaillé  au  sein  même  des  solitudes  qu'il  avait 
parcourues  pendant  neuf  ans  ;  sa  santé  s'en  était 
ressentie,  et  en  proie  à  une  profonde  mélancolie, 
il  succomba  un  23  avril,  quelques  instants  après 
avoir  ordonnancé  les  comptes  administratifs  qui 
devaient  clore  le  budget  de  l'année  1814.  Dès 
cette  époque,  le  gouvernement  portugais  avait 
fait  des  dépenses  fort  considérables  en  dessins 
et  en  gravures  pour  la  publication  du  voyage 
dans  l'Amazonie.  On  persista  durant  près  d'un 
deini-siècle  à  multiplier  ces   documents  icono- 
graphiques. Malgré   cela,   presque  toutes    les 
cartes  qui  devaient   accompagner  ce   voyage, 
les  nombreux  mémoires  dont  il  devait  se  com- 
poser, et  dont  le  catalogue  occupe  huit  pages  in- 
8",  sont  à  peu  près  perdus  aujourd'hui.  Nous 
ne  connaissons  d'écrits  publiés  et   portant  le 


-  FERRÉOL  534 

nom  de  Rodriguez  Ferreira  que  divers  opus- 
cules imprimés  dans  des  collections  académi- 
ques ou  des  revues  ;  nous  citerons  entre  autres 
Descripçâo  da  Grata  do  Inferno,  feita  em 
Guyaba;  voy.  Revïsta  trimensaL,  t.  IV, 
p.  363.  —  Propriedade  e  passe  das  terras  do 
Cabo  do  Norte,  pela  corôa  de  Portugal;  mé- 
morla  escripta  no  para  em  1792;  même  re- 
cueil, t.  m,  p.  339.  —  Viacjem  a  Qruta  das 
Onças;  même  recueil,  t.  XII,  p.  87. 

On  nous  affirme  que  les  nombreux  manuscrits 
de  Ferreira ,  déposés  naguère  dans  la  biblio- 
thèque de  l'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne, 
en  ont  disparu.  Un  jeune  naturaliste  brésilien, 
M.  Capanema ,  qui  s'est  livré  récemment  à  quel- 
ques recherches  sur  ce  point,  n'est  pas  éloigné  de 
croire  que  diverses  vicissitudes  les  ont  réunis  à 
Paris ,  où  ils  demeurent  sans  doute  ignorés.  Dans 
l'intérêt  de  la  science,  il  est  à  souhaiter  que  ces 
manuscrits  se  retrouvent:  ils  signalent  l'existence 
de  plusieurs  nations  jadis  considérables,  aujour- 
d'hui anéanties.  On  nous  affirme  que  les  planches 
gravées  du  voyage  de  Ferreira  font  aujourd'hui 
partie  des  collections  rassemblées  par  ordre  de 
l'empereur  D.  Pedro  II,  dont  on  connaît  la  sol- 
licitude pour  le  progrès  des  sciences. 

Ferdinand  Denis. 
Revista  trimensal,  t.  IV.  —  Memorias  da  Jcad.  das 
Sciencias  de  Lisboa,-  mémoire    présenté  à  l'Académie 
par  le  conseiller  Manuel-Jozé  da  Costa  e  Sa. 

FERRELO  (Barthélémy),  navigateua-  espa- 
gnol. Voy.  Ferrer. 

FERRÉOL  (  Saint  ) ,  martyr  et  premier  évêque 
de  Besançon,  décapité  le  16  juin  211.  11  était 
d'une  illustre  famille  d'Athènes,  embrassa  le 
christianisme  avec  son  frère  Ferrutien  ou  Fer- 
jeux,  et  tous  deux  suivirent  Irénée  dans  les 
Gaules.  Lorsque  ce  saint  évêque  eut  succédé  à 
saint  Pothin  sur  le  siège  de  Lyon ,  il  envoya 
Ferréol  et  Ferrutien,  l'un  prêtre ,  l'autre  diacre , 
prêcher  l'Évangile  dans  la  Séquanie  (1).  Ils  y 
opérèrent  de  nombreuses  conversions.  Mais 
Claude,  préfet  romain,  les  fit  arrêter;  et  après 
les  avoir  sommés  de  sacrifier  aux  idoles ,  sur  leur 
refus,  les  fit  décapiter.  Leurs  corps  furent  retrou- 
vés en  370,  par  les  soins  de  saint  Agnan.  L'Église 
célèbre  la  fête  de  ces  martyrs  le  16  juin,  et  celle 
de  l'invention  de  leurs  reliques  le  5  septembre. 

Tillemont,  i)/emoi7'es  pour  servir  à  l'histoire  ecclà ■ 
siastigue  des  six  preiniers  siècles,  lll,  p.  174.  —  Dunod, 
Histoire  de  l'Eglise  de  Besançon,  \.  —  Dora  Rivet,  His- 
toire littéraire  de  la  France,  I,  226. 

*  FERRÉOL  (Saint),  né  à  Limoges,  mort  dans 
la  même  ville,  le  18  septembre  597.  Après  la  mort 
de  saint  Exotius ,  on  le  nomma  évêque  de  Li- 
moges, et  il  vint,  la  fête  couverte  de  cendres,  prier 
Dieu  à  l'église  Saint-Martial ,  pour  que  les  Li- 
mousins fussent  délivrés  d'un  fiéau.  En  579, 
Cliilpéricr'"  ayant  envoyé  lever  de  nouveaux  im- 
pôts en  Aquitaine,  les  habitants  de  Limoges  se  ré- 
voltèrent et  voulurent  massacrer  le  référendaire 
Marc,  qui  était  chargé  de  percevoir  ces  impôts. 

(1)  Aujourd'hui  Franche-Comté. 


535  FERRÉOL  —  FERRER 

Mare  ne  dut  son  salut  qu'à  l'intervention  de  Fer- 
réol  ;  mais  les  registres  du  référendaire  furent 
lacérés  et  brûlés.  Chilpéric,  voulant  tirer  ven- 
geance de  cette  sédition,  envoya  des  officiers  pour 
rechercher  les  coupables,  et  Ferréol  ne  put  arrê  ■ 
ter  les  violences  dont  furent  victimes  les  citadins. 
En  584,  Gondebaud étant  venu,  à  la  tête  de  ses 
troupes,  saccager  le  Limousin,  l'église  de  Saint- 
Martin  de  Brives  fut  brûlée ,  et  elle  ne  dut  sa  re- 
construction qu'à  Ferréol ,  qui  l'année  suivante 
assista  au  deuxième  concile  de  Màcon,  et  en  588  au 
troisième  concile  de  Clermont.  Ferréol  était,  di- 
sent quelques  auteurs ,  parent  de  saint  Yrieix , 
abbé  d'Attane.  Il  mourut  à  Limoges  :  son  corps, 
après  avoir  été  transféré  de  l'église  Saint-Paul  à 
celle  de  Saint-Augustin,  passa  au  château  de  Las- 
tours;  ses  cendres  reposent  aujourd'hui  dans 
l'éghse  de  Nexon.  Martial  Audoin. 

Grégoire  de  Tours.  —Le  Bréviaire  de  Limoges  de  1736. 
—  Legros,  Manuscrits  du  séminaire,  de  Limoges. 

FERRÉOL  (Tonance),  homme  d'État  gau- 
lois, né  vers  420,  au  château  de  Trevidon 
(Rouergue),  mort  vers  490.  Son  père  avait  été 
préfet  de  la  Gaule,  sous  l'empereur  Honorius  ; 
sa  mère,  Papianilla,  était  fille  du  consul  Afranius 
Syagrius.  Lui-même  épousa  la  fille  de  l'empe- 
reur Avitus,  et  fut  élevé  comme  son  père  à  la 
préfectiu-e  des  Gaules.  Il  en  remplissait  les  fonc- 
tions en  450,  à  l'époque  de  l'invasion  d'Attila.  11 
décida  les  Gaulois  à  se  joindre  à  Aétius  pour 
repousser  les  Huns.  Un  peu  plus  tard,  il  per- 
suada à  Thorismond,  roi  des  Goths,  de  lever  le 
siège  d'Arles.  En  468 ,  les  Gaulois  l'envoyèrent, 
avec  Thaumaste  et  Pétrone,  porter  plainte  à 
Rome  contre  leur  ancien  préfet  Arvande.  Fer- 
réol possédait  aux  bords  du  Gardon,  entre 
Nîmes  et  Clermont ,  une  magnifique  maison  de 
campagne  appelée  Prusiane;  il  y  avait  rassemblé 
la  plus  belle  bibhothèque  des  Gaules.  Sidoine 
Apollinaire  nous  a  laissé  une  longue  description 
de  cette  opulente  demeure,  et  il  fait  le  plus 
grand  éloge  de  l'hospitalité  de  Ferréol.  On  ignore 
la  date  de  la  mort  de  celui-ci ,  mais  l'on  sait 
par  Sidoine  Apollinaire  qu'il  vivait  encore  en  485. 

Sidoine  Apollinaire,  Carm.  et  Epist.  —  Histoire  litté- 
raire de  la  France,  t.  II. 

"  FERRER  (Rafaël),  missionnaire  espagnol, 
né  à  Valence,  mort  en  1611.  Il  appartenait  à 
l'ordre  des  Jésuites,  et  se  voua  à  la  prédication 
dans  les  déserts  de  l'Amazonie.  Il  eut  le  courage 
d'aller  seul  parmi  les  Cofanes,  nation  nom- 
breuse et  féroce,  qui  n'avait  jamais  reçu  de 
missionnaires,  et  qui  occupait  dans  la  Cordillère, 
à  soixante  lieues  de  Quito ,  un  territoire  qu'on 
n'osait  pas  soumettre.  Ce  peuple  redoutable, 
divisé  en  20  tribus ,  avait  déjà  détruit  la  ville 
d'Ecija  et  nombre  de  villages.  Le  P.  Ferrer, 
n'ayant  d'autre  arme  que  son  bréviaire,  entra 
sans  hésitation  chez  la  tribu  la  plus  nombreuse; 
et  au  bout  de  quatorze  mois  d'apostolat,  le  29 
juin  1603,  la  belle  mission  de  San-Paulo  et  de 
San  -  Pedro  de  los  Cofanes  était  régulièr> 
ment  organisée;  en  1604,  deux  autres  village.} 


â36 

faisaient  monter  ce  pieux  établissement  à  6,500 
âmes.  Non  content  d'avoir  soumis  au  christia- 
nisme ces  peuples  naguère  l'effroi  des  colons , 
le  P.  Ferrer  partit,  en  1605,  pour  suivre  le  cours 
de  l'Aguarico ,  pénétrer  dans  le  Napo,  et  s'a- 
vancer ainsi  parmi  les  nations  indomptées  du 
grand  fleuve.  Il  fit  de  cette  façon  plus  de  1,000 
lieues  ;  et  nul  à  son  époque  ne  pouvait  se  vanter 
de  connaître  comme  lui  les  nations  sauvages 
de  l'Amazonie.  Après  deux  ans  et  sept  mois 
d'explorations  incessantes ,  il  était  de  retour  à 
la  fin  de  1608  parmi  les  Cofanes.  Durant  un  sé- 
jour de  quelques  mois  dans  cette  mission  floris- 
sante. Ferrer  s'appliqua  à  l'étude  de  la  langue  co- 
fane ,  et  composa  un  arte  de  cet  idiome  amé- 
ricain, si  peu  connu;  il  traduisit  même  pour 
ses  Indiens  convertis  le  Catéchisme.  Il  fallait  à 
cette  âme  ardente  sans  cesse  de  nouveaux  pé-  ' 
rils.  L'apôtre  des  Cofanes  résolut  de  se  rendre 
à  Quito,  afin  de  décider  l'autorité  temporelle 
à  fonder  de  nouvelles  missions.  Il  se  garda  bien 
de  suivre  une  route  déjà  frayée  pour  gagner 
cette  ville  :  il  entra  dans  les  forêts  jusque  là' 
inexplorées ,  et  ce  fut  durant  ce  voyage  qu'il 
découvrit  non-seulement  un  lac  magnifique,  mais 
le  fleuve  Putumayo,  dont  la  navigation  intérieure 
peut  rendre  de  si  grands  services.  Après  avoir 
obtenu  ce  qu'il  souhaitait  et  lutté  avec  succès 
contre  l'autorité  militaire,  qui  prétendait  s'immis- 
cer dans  les  affaires  de  la  mission  et  soumettre 
les  Indiens  à  un  joug  auquel  ils  préféraient  leur 
vie  errante ,  il  retourna  chez  les  Cofanes.  Son 
zèle  lui  coûta  la  vie;  il  prêchait  avec  véhémence 
contre  la  polygamie  ;  un  des  curacas,  ou  chefs 
de  tribu,  qu'il  avait  contraint  de  se  séparer  de 
ses  concubines ,  le  précipita  du  haut  d'un  rocher 
étroit ,  servant  à  franchir  un  torrent.  Bien  des 
années  après  on  fit  une  enquête  sur  cet  événe- 
ment, à  la  suite  de  laquelle  il  fut  prouvé  que 
l'intrépide  apôtre  avait  prêché  ses  meurtriers  au 
fond  même  de  la  ravine  où  il  allait  trouver  la 
mort.  Ferd.  Denis. 

D.  Juan  de  Velasco ,  Historia  del  lieino  de  Quito  ; 
Quito,  1841,  pet.  in-40.  —  Le  P.  Casani ,  farones  ilus- 
tres. 

*  FERRER  (Jayme),  cosmographe  catalan, 
mort  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle  (1). 
Dès  l'époque  de  la  découverte  du  Nouveau 
Monde,  il  avait  acquis  une  grande  réputation; 
et  le  premier  ministre  des  rois  catholiques ,  l'ar- 
chevêque de  Tolède,  D.  Pedro  Gonzalez  de 
Mendoza,  lui  écrit  de  Barcelone,  le  26  août 
1496,  pour  l'attirer  à  la  cour,  en  lui  donnant  le 
titre  d'ami  (2)  ;  il  le  prévient  que,  voulant  conférer 
avec  lui  de  matières  importantes ,  il  le  prie  de 
se  rendre  à  Barcelone ,  muni  de  sa  mappemonde 
et  des  autres  instruments  nécessaires  à  la  con- 
naissance de  la  cosmographie.  L'intervention  de 

(1)  U  prend  dans  un  de  ses  ouvrages  la  dénomination 
de  INlosen  .Jayme  Ferrer  dcBlanes,  ce  qui  peut  faire  sup- 
poser qu'il  était  né  dans  cette  ville  de  Catalogne. 
(:)  Especial  amigo.  Foy.  Navarrete,  I^weriacion 
'  sorbe  la  historia  de  la  nautiea,  p.  120. 


537  FERRER 

Ferrer  devenait  en  effet  nécessaire ,  au  milieu 
des  vives  agitations  que  causaient  dans  la  Pé- 
ninsule les  grandes  découvertes  accomplies  par 
Colomb,  découvertes  qui  avaient  provoqué  les 
réclamations  du  roi  Jean  II.  Le  traité  du  7  juin 
1494  ayant  en  effet  eu  lieu ,  et  l'Océan  allant 
être  partagé  entre  les  deux,  puissances  rivales 
au  moyen  d'une  ligne  de  démarcation  qui  de- 
vait être  fixée  à  370  lieues  à  l'ouest  des  îles  du 
Cap-Vert,  Isabelle  et  Ferdinand  voulaient  avoir 
l'avis  de  l'éminent  cosmograpbe  sur  cette  opéra- 
tion. Ferrer  se  rendit  à  la  cour,  et  quoique  procé- 
dant d'après  les  méthodes  imparfaites  du  temps , 
n'en  déploya  pas  moins  une  grande  habileté.  Fer- 
nandez  de  Navarrete  ne  s'est  pas  contenté  de 
vanter  le  savoir  de  Ferrer,  il  a  expliqué  les 
moyens  que  celui-ci  mit  en  usage  pour  en  venir  à 
ses  fins,  et  ils  dénotent  une  science  peu  commune 
pour  l'époque  où  vivait  ce  mathématicien. 

Il  y  a  un  autre  Catalan  portant  le  même  nom, 
Jacques  Ferrer,  dont  les  explorations  vers  les 
côtes  d'Afrique,  accomplies  en  1346,  ont  soulevé 
en  ces  derniers  temps  une  vive  polémique.  Les 
documents  biographiques  sur  ce  marin  du  moyen 
âge  manquent  complètement  (1)  ;  on  ne  sait  pas 
même  d'une  manière  bien  nette  s'il  s'appelait 
Jacques  ou  Jean.  Il  partit  de  la  ville  de  Ma- 
jorque le  10  août  de  l'année  citée  plus  haut, 
pour  se  rendre  au  fleuve  de  l'Or.  Le  navigateur 
catalan  se  dirigea  vers  cette  contrée ,  dans  la- 
quelle on  a  voulu  voir  le  Rio  do  Ouro,  dont  les 
Portugais  revendiquent  la  découverte,  postérieure 
d'un  siècle;  mais  il  ne  revint  jamais.  Plusieurs 
critiques,  entête  desquels  il  faut  placer  M.  Walc- 
kenaër,  n'admettent  pas  cette  priorité ,  que  con- 
teste également  M.  de  Santarem.  M.  d'Avezac 
me  présente  pas  seulement  comme  certain  le 
voyage  de  Jacques  Ferrer  en  1346;  il  ajoute 
qu'une  expédition  génoise  avait  dès  longtemps 
précédé  celle  du  navigateur  catalan.  (  Il  s'agit  ici 
de  l'expédition  de  Thedisio  Doria,  d'Ugolino  di 
Vivaldo  et  de  Guy  son  frère,  que  l'on  peut  faire 
remonter,  selon  les  sources,  de  1285  à  1290). 
«  Désaccord  apparent,  ajoute  M.  d'Avezac,  et 
qui  dépend  uniquement  de  la  manière  de  lire  le 
dernier  caractère  d'une  date  énoncée  en  chiffres 
romains.  »  Nous  renvoyons  aux  traités  spéciaux, 
qui  présentent  tous  les  éléments  de  la  discussion. 
Ferdinand  Denis. 


538 


Pour  le  !<"■  nom  :  Fcrnandez  de  Navarrete,  ^isforia 
de  la  Navtica.  —  Pour  le  2'=  :  Le  vicomte  de  Santarem  , 
Recherches  sur  la  découverte  des  pays  situés  sur  la  côte 
occidentale  d'Afrique  au  delà  du  cap  Bojador,  et  sur 
les  progrès  de  la,  science  géographique  après  les  navi- 
gations des  Portugais  au  quinzième  siècle;  Paris,  1842, 
ln-8°.  —  D'Avezac,  Notice  des  découvertes  faites  au 

•  (1)  On  Ht  simplement  sur  la  fameuse  carte  catalane  de 
i  la  Bib.  imp.  de  Paris  : 

Partich  l'uxer  d'En.  Jac.  Ferer,  per  anar 
al  riu  de  l'Or,  al  gorn  de  .Sen  Lorens  qui 
es  a  X  de  agost,  et  fo  en  l'any  M.  CCCI.f^I. 
C'est  un  manuscrit  de  date  plus  récente  et  qui  avait  jadis 
appartenu  aux  archives  secrètes  de  Uènes,  qui,  en  répétant 
cette  version  avec  quelques  variantes,  affirme  que  le  bâ- 
timent de  Ferrer  ne  revint  pas. 


moyen  âge  dans  l'océan  Atlantique ,  antérieurement 
aux  grandes  explorations  portugaises  du  quinzième 
siècle,  lue  à  l'Acad.  des  Inscript,  et  Belles-Lettres  de 
l'Institut,  etc.;  Paris,  1845,  in-8".  —  Le  même,  Note  sur 
la,  première  expédition  dé  Bethencourt  aux  Canaries; 
Paris,  1846.  —  Le  même,  Note  sur  la  véritable  situation 
du  mouillage  marqué  au  sud  du  cap  de  Bogador;  Paris, 
1846, In  8°. 

FERRER,  et  non  pas  ferrelo  (l)  {Barto- 
lomeo),  navigateur  espagnol,  vivait  en  1543.  Il 
fit  partie,  comme  premier  pilote,  de  l'expédition 
commandée  par  Joâo-Rodrigo  Cabrillo  et  des- 
tinée par  don  Antonio  de  Mendoza,  alors  vice-roi 
du  Mexique ,  à  la  reconnaissance  de  la  côte  oc- 
cidentale de  la  Californie.  Cette  expédition,  com- 
posée des  deux  navires  Le  San-Salvador  et  La 
Victoria,  mit  à  la  voile  de  La  Navidad  (Nueva- 
Espana)  le  27  juin  1542.  Le  lendemain  elle 
doubla  le  cap  Corrientes,  le  2  juillet  elle  reconnut 
le  port  que  Fernand  Cortez  avait  nommé  de  la 
Cruz  (  aujourd'hui  San- José  ),  et  elle  vint  mouil- 
ler à  San-Lucas,  par  23°  dé  latitude  nord.  Lon- 
geant ensuite  la  côte  occidentale,  les  navigateurs 
relevèrent  avec  soin  tous  les  caps,  entrées  et 
coupures.  Le  8  ils  arrivèrent  à  la  punia  de  La 
Trinidad,  extrémité  sud-est  de  l'île  Santa- 
Margarita.  Le  19  ils  découvrirent  le  beau  port 
de  La  Magdalena,  et  les  jours  suivants  ceux  de 
Santa-Catalina  et  de  Santiago,  situés  dans  la 
Ensenada  de  Abrojos  de  Santa- Anna  (  île  de 
l'Assomption  )  ;  le  puerto  fondo  de  San-Pedro 
Advencula  (port  de  San-Bartolomé);  l'île  de 
San-Esteban  (laNatividad);  ceWe  de  losCedros 
(Cerros);  les  ports  de  Santa-Clara,  Mal- 
Abrigo  (  punta  de  Canoâs),  San-Bernardo  (  île 
San-Geronimo).  Le  20  août  l'expédition  doubla 
la.  punta  del  Engano  (Cabo-Bazo),  et  entra 
dans  un  excellent  port ,  qui  reçut  le  nom  de 
Ptierto  de  la  Posesion  (  Port  des  Onze  mille 
Vierges  ),  parce  que  Cabrillo  y  prit  pos.'^essioiî 
du  pays  au  nom  du  roi  d'Espagne.  Les  naturels 
informèrent  les  navigateurs  que  des  Espagnols 
avaient  déjà  pénétré  dans  ces  contrées,  et  que 
plusieurs  d'entre  ces  premiers  explorateurs  rési- 
daient à  cinq  journées  de  marche  dans  l'intérieur. 
Cabrillo  leur  adressa  une  lettre  par  un  Indien, 
et  remit  à  la  voile  le  27  août.  Il  aborda  à  Puerto 
San-Agustino  (île  San-Martin).  Il  doubla  en- 
suite les  caps  San-Quintino,  de  La  Cruz  etSan- 
Mateo  (aujourd'hui  de  Todos  los  Santos),  dont  il 
prit  possession  et  où  il  vit  des  troupeaux  d'a- 
nimaux semblables  aux  brebis  du  Pérou  {lamas). 
Ferrer  conduisit  ensuite  l'expédition  devant  los 
Coronados,  groupe  d'îles  désertes,  et  fit  jeter 
l'ancre  dans  le  port  de  San-Miguel  (  aujour- 
d'hui San-Diego,  situé  par  32°  43'  latitude  nord  et 
111°  5'  de  longitude  ouest  ).  On  y  apprit  encore 
qu'il  y  avait  des  Espagnols  dans  les  terres.  Le 
7  octobre  l'expédition  découvrit  les  îles  San-Sal- 

(1)  La  Biographie  des  frères  Michauil,  le  Dictionnaire 
historiq^ic  (éii\t  de  18^2),  \e  Dictionnaire  biographique 
universel  et  pittoresque,  ont  écrit  Ferrelo.  Leur  erreur 
vient  de  ce  qu'ils  ont  consulté  les  écrivains  hollandais  et 
leurs  traducteurs,  au  lieu  de  puiser  directement  aux 
sources  espagnoles. 


539 


FERRER  —  FERRERI 


540 


varfor  (San-Cleiïiente)  et  de  La  Victoria  (Santa- 
Catalina).  De  !à  elle  se  rendit  dans  la  baie  de 
Fumos,  puis  dans  un  golfe  spacieux,  sur  le  bord 
duquel  s'élevait  un  village  dont  les  maisons 
étaient  aussi  bien  construites  que  celles  delà  Nou- 
velle-Espagne. Les  habitants  vinrent  au-devant 
des  Espagnols  dans  de  grands  canots,  et  leur 
confirmèrent  qu'il  se  trouvait  des  Européens  à 
sept  journées  de  distance.  Cabrillo  écrivit  encore, 
et  donna  à  cette  peuplade  le  nom  de  las  Ca- 
noas  (1).  Le  13  on  remit  à  la  voile ,  et  on  passa 
près  de  deux  grandes  îles  inhabitées,  qui  lurent 
nommées  Santa-Cruz  etSan-Miguel.  On  longea 
■  ensuite  une  côte  délicieuse,  bien  peuplée,  dont 
les  habitants  apportèrent  aux  navigateurs  des 
fruits  et  du  poisson  frais.  On  atteignit  ainsi  le 
cap  de  LaGalera  (aujourd'hui pww^arfe  laCon- 
cepcion,  située  par  34°  24'  de  latitude  nord  ).  A 
dix  lieues  en  mer,  Ferrer  fit  relâcher  dans  le 
groupe  San-Lïicas  (San-Bernardo).  Il  en  sortit 
le  25;  mais,  ayantéprouvé  un  grand  froid  et  des 
mauvais  temps,  il  abrita  les  navires  derrière  le 
cap  de  La  Galera,  dans  un  port  qui  reçut  le  nom 
de  Todos-Santos.  De  là  il  passa  à  celui  de  Las 
Sardinas,  où  il  fit  de  l'eau  et  du  bois.  Plusieurs 
Indiens,  accompagnés  de  leur  cacique,  se  rendi- 
rent à  bord.  On  apercevait  quelques  hautes  mon- 
tagnes boisées ,  qui  furent  appelées  de  San- 
Martin.  Une  violente  tempête,  qui  dura  deux 
jours,  sépara  les  deux  navires,  qui  ne  se  rejoigni- 
rent que  le  15  novembre.  Le  17  on  jeta  l'ancre 
dansunegrande  baie,  nommée  Los  /'«ho.s,  àcause 
des  hauts  pins  qui  l'environnaient  (2).  Cabrillo  y 
renouvela  la  céi'émonie  de  la  prise  de  possession. 
Après  s'ètreavancéjusqn'au38°  40',ilrevintdans 
les  îles  San-Lucas  pour  hiverner.  Il  y  mourut,  le 
3  janvier  1543  (3),  etlaisSa  le  commandeRient  gé- 
néral à  Bartolomeo  Ferrer.  Celui-ci,  pressé  parla 
disette,  mita  la  voile  le  19janvierpour  gagner  le 
continent  ;  mais  les  vents  contraires  le  retinrent 
dans  les  San-Lucas  jusqu'au  12  février,  où  il  fut 
encore  obligé  de  se  réfugier  dans  l'île  San-Sal- 
vador.  Après  s'y  être  ravitaillé,  il  reprit  la  mer, 
et  découvrit  quatre  grandes  îles  et  une  petite,  dont 
il  ne  put  approcher;  il  se  dirigea  alors  vers  le  cap 
de  Los  Pinos,  où  il  atterrit  le  1**'  mars,  par  un  froid 
très-rigoureux.  Le  3,  entre  les  41'  et  43"  de  lati- 
tude nord,  il  découvrit  l'embouchure  d'une 
grande  rivière,  que  l'on  croit  être  celle  que  Mar- 
tin de  Aguilar  reconnut,  en  1603,  près  du  Cabo- 
Blanco.  )De  là  Ferrer  X'evint  à  l'île  Juan-Rodri- 
guez  :  un  ouragan  lui  fit  perdre  sa  conserve, 
qu'il  retrouva  cependant  le  24  mars  à  l'île  de 
Los  Cedros.  Manquant  de  tout  et  hors  d'état 
de  tenir  plus  longtemps  la  mer,  il  fit  voile  le  2 
avril  pour  la  Nouvelle-Espagne,  et  mouilla  le  14 
dans  le  port  de  La  Navidad,  d'où  il  était  parti 

(1)  On  croit  que  ces  Indiens  résidaient  sur  les  bords  du 
golfe  San-Juan-Capistrano. 

(2)  Otte  baie  est  celle  de  Monlerey. 

(3)  L'ile  où  mourut  Cabrillo,  d'abord  appelée  de  La  Po- 
sesion,  reçut  dés  lors  le  nom  de  Juan-Rodriguez.  Elle 
n'était  habitée  que  par  de  pauvres  pécheurs. 


neuf  mois  et  demi  auparavant.  Les  détails  de 
l'expédition  de  Cabrillo  et  de  Ferrer  se  trouvent 
rapportés  très  au  long  dans  Herrera  et  dans  Na- 
varetîe;  on  les  trouve  aussi  dans  V Histoire  des 
Indes  de  J.  de  Laët.  Ils  offrent  peu  d'intérêt 
pour  le  philosophe  et  le  naturaliste; il  en  sera 
question  dans  la  notice  de  Sébastian  Vizcaino 
{voij.  ce  nom),  qui  a  visité  les  mêmes  contrées 
que  Ferrer,  en  1596.  Alfred  de  Lacaze. 

Herrera,  dec.  VIII,  lib.  V,  cap.  m  et  iv.  —  l,oren/,ana, 
Historia  de  Nueva-Espana  ;  Vlex\coAT!Q.  —  Ravarette, 
Relacion  del  nage  kecho  por  las  galetas  Sutil  tj  Mexi- 
cana  en  el  afio  1192,  introd.,  p.  29-36;  Madrid,  1802. — 
M.  de  Fleurieu,  introduction  au  f^oyage  d'Etienne  Mar- 
chand. -  M.  Humboldt,  Essai  politique  sur  la  Nonvelle- 
Espagne.  —  Venegas,  Noticia  de  la  California. 

FERREKA.  Voycz  Ferrari  (Barthélémy). 

FERRERAS  (  Juan  de),  historien  espagnol, 
naquit  à  Labaneza,  en  1652 ,  d'une  famille  noble, 
mais  pauvre,etmouruten  1735.  Il  fut  élevé  par  son 
oncle,  qui  le  fit  recevoir  au  collège  des  jésuites 
de  Montfort  de  Lemos.  Après  y  avoir  appris  les 
langues  grecque  et  latine,  il  étudia  successive-! 
ment  dans  trois  couvents  de  dominicains  la' 
poésie,  l'art  oratoire,  la  philosophie  et  la  théo- 
logie; il  se  fit  remarquer  par  une  grande  sagacité, 
par  son  assiduité  au  travail  et  par  la  régularité 
de  sa  conduite.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il 
acheva  ses  études  à  l'université  de  Salamanque. 
Comme  prêtre,  il  se  fit  une  grande  réputation 
par  son  éloquence.  Le  commerce  qu'il  entretint 
avec  le  savant  marquis  de  Mendoza  ne  contri- 
bua pas  seulement  à  l'accroissement  de  ses  con- 
naissances ,  mais  lui  procura  encore  l'occasion 
de  développer  ses  talents  comme  historien. 
Son  mérite  et  la  protection  dont  il  jouit  le  firent 
avancer  en  dignités  ;  il  fut  même  agrégé  à  la 
congrégation  de  l'Inquisition;  mais  il  refusa 
plusieurs  autres  postes,  bien  plus  élevés  que 
celui-ci ,  et  entre  autres  un  évêché.  Piiilippe  V 
le  nomma  son  bibliothécaire.  L'Académie  de 
Madrid  le  choisit  pour  un  de  ses  membres  l'année 
même  de  sa  fondation,  en  1713.  Il  fut  très-utile 
à  l'académie  naissante,  et  l'aida  surtout  dans  la 
composition  du  Dictionnaire  espagnol  publié 
par  cette  compagnie  en  1739,  6  vol.  in-foî.  Les 
écrits  de  Ferreras  sont  nombreux,  mais  ils 
n'ont  pas  tous  été  publiés.  Le  plus  important  est 
La  Historia  de  Espana;  Madrid,  17O0-Î727, 
16  vol.  in-4'',  traduite  en  français  par  Vaquette 
d'Hermilly,  sous  le  titre  de  Histoire  générale 
d'' Espagne,  tradiiïte  de  l'espagnol.,  avec  des 
notes  historiques  et  critiques,  V&xh,  1751,  10  v. 
in  4°;  et  en  allemand,  avec  des  observations 
de  Bamngarten,  Halle,  1754-72,  13  vol.  in-^". 
Il  conduit  l'histoire  jusqu'en  1589;  et  bien  que 
son  style  ne  soit  point  à  beaucoup  près  compa- 
rable à  la  narration  de  Mariana,  il  donne  tou- 
tefois un  aperça  clair  des  événements. 

Mémoires  de  Trévoux  (  août  1743  }.  --  Morcri,  Grand 
Dictionnaire  historique. 

FEEKEE5  (Zachurie),  poète  latin  moderne, 
né  à  Vicence,  en  1479,  mort  à  Rome,  vers  1530. 
Il  fut  d'abord  moine  au  Jîont-Cassin,  puis  évêque 


.-,,(1  ir'ERPiERI 

(l,î  Guardia,  dans  le  royaume  deNaples.  Membre 
(lu  concile  de  Pise  en  1511 ,  il  se  prononça  éner- 
^iquement  contre  l'ambition  de  Jules  II,  et  fut 
eliargé  de  rédiger  les  actes  du  concile.  Léon  X 
l'envoya  comme  nonce  apostolique  en  Hongrie. 
Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  consacrés  à  des 
sujets  de  piété  et  de  controverse;  le  plus  im- 
portant est  intitulé  :  Hijmni  novi  ecclesiastici 
luxta  veram  metri  et  lafinitatis  normam; 
ilome,  1525,  in-4°;  ibid,  1549,  in-8°. 
Tiraboschi ,  Giornale  di  jModena,  t.  XXVI. 

FERSîERi  (Mathias),  théologien  italien,  né 
à  Casalmaggiore,  en  Piémont,  vivait  au  dix-sep- 
tième siècle.  Il  professa  la  théologie  dans  plusieurs 
maisons  de  son  ordre.  On  a  de  lui  :  Jus  re- 
(jnandl  apostolicum  per  missiones  ecclesias- 
ticas  religiosorum  tot'nis  ordinis  hierarchici, 
ab  initio  Ecclesiee;  Turin,  1659,  2  vol.  in-fol. 
Bernard  de  Bologne,  Bibliotheca  Capuccinorum. 

*  FEKRËRi  (Andréa),  sculpteur  et  peintre 
italien,  né  à  Milan,  en  1673,  mort  à  Ferrare,  en 

1744.  Il  quitta  sa  patrie  dès  son  enfance,  et 
vint  habiter  Bologne,  où  plus  tard  il  étudia  la 
sculpture  sous  Giuseppe  Mazza;  à  cette  école, 
il  devint  surtout  habile  modeleur  en  stuc  et  en 
terre  cuite,  quoiqu'il  ait  aussi  travaillé  le  mar- 
bre. Il  a  laissé  peu  d'ouvrages  à  Bologne ,  où 
l'on  ne  connaît  guère  de  lui  qu'une  statue  de 
Notre-Dame  du  Mont-Carmel,  placée  sur  une 
f'olonne  près  de  l'église  deSan-Martine-Maggiore. 
U  quitta  cette  ville  en  1722  pour  Ferrare,  où  il 
passa  le  reste  de  sa  vie ,  et  qu'il  a  enrichie  d'in- 
nombrables travaux,  tels  que  deux  autels  à  la 
l'athédrale,  une  statue  de  La  Vigilance,  deux 
Enfants  soutenant  une  lampe,  et  quelques 
médaillons  dans  l'escalier  de  l'archevêché ,  plu- 
sieurs saints  en  terre  cuite  à  San-Maurelio,  enfin 
une  Vierge  en  marbre,  placée  sur  une  colonne  de 
granit  oriental  devant  l'église  Saint-Georges  hors 
la  porte  Romaine.  Le  style  de  cet  artiste  est  froid 
st  maniéré  ;  mais  cependant  ses  ouvrages  ont  une 
certaine  grâce  qui  les  fait  souvent  préférer  à  ceux 
(le  la  plupart  de  ses  contemporains.  Ferreri  com- 
posa quelques  dessins  d'architecture  et  peignit 
les  ornements  à  fresque.  Il  eut  pour  élève  son 
iils  Giuseppp,  qui  probablement  mourut  sans 
avoir  beaucoup  produit,  car  nous  n'avons  trouvé 
le  lui  qu'une  buste  en  terre  cuite  de  Saint  Ma- 
thias ,  destiné  à  remplacer  dans  la  cathédrale  de 
Ferrare  celui  qui  manquait  à  la  série  des  Apôtres 
par  Alfonso  Lombaidi.  E.  B — n. 

Cicosnara ,  Storia  délia  Scullura.  —  Malvasia,  PiC- 
Uire,  Scultnre  e  Arcliitettiire  di  Bologna.  —  M.  A.  Gua- 
landi,  TrcCiorni  in  Jloloçma.  —  N.-L.  GxituieWa,  Guida 
di  Fcrraru. 

FERUEiio  (Guido),  théologien  italien,  né  en 
août  1537,  à  Bielle  (Piémont),  mort  à  Rome,  le 
16  mai  1585.  11  était  Iils  do  Sébastien,  marquis 
de  Romagnano,  et  de  Madeleine  Borromée.  Cette 
dame  fonda  à  Milan  un  monastère  de  filles  péni- 
tentes. Guido  Ferrero,  héritier  du  titre  de  son 
()ère,  fut  élevé  sous  la  direction  de  son  oncle  le 
cardinal  Pierre-François  Ferrero.  11  entra  dans 


■  FERRETI  542 

les  ordres,  et  fut  placé  sur  le  siège  épiscopal  de 
Verceil.  Pie  IV  le  créa  cardinal  en  1565.  Il  ad- 
ministra avec  sagesse  les  légations  de  Ravenne 
et  de  la  Romagne  :  On  a  de  lui  :  Sommario  di 
Decreti  conciliari  e  diocesani  spettanti  al 
cultodivino;  1572; —Synodus  in  qua  multa 
pro  cleri  et  populi  reformatione  décréta 
sunt;  1567, 1572 ,—Decretum  Gratiani  enien- 
datum;  Rome,  1582. 
Dghelli ,  Italia  sacra. 

*  FERRERO  (  Glrolamo  ) ,  sculpteur  ro- 
main, travaillait  à  Rome  en  1650,  quand  il  fut 
appelé  en  Espagne  par  Philippe  IV  pour  exécuter 
en  bronze  plusieurs  statues  que  Velasquez  avait 
l'apportées  d'Italie.  Ces  travaux  lui  valurent  la 
faveur  du  roi,  qui  lui  donna  un  logement  dans 
l'ancien  palais  royal  de  Madrid,  où  il  passa  le 
reste  de  sa  vie.  E.  B — n. 

Ticozzi,  Dizionario. 

*  FERRERO  (  Jacinthe),  naturaliste  pié- 
montais,  né  à  Turin,  en  1785  ,  mort  dans  cette 
ville,  en  1833.  Reçu  docteur  en  médecine,  il 
consacra  une  partie  de  son  temps  à  l'étude  de 
la  botanique  et  de  l'entomologie.  On  lui  doit  de 
nombreuses  observations  sur  l'entomologie  des 
Alpes  piémontaises,  où  il  faisait  chaque  année  de 
fructueuses  excursions.  La  belle  collection  qu'il 
avait  formée  fut  léguée  par  lui  à  la  ville  de 
Gênes.  Gutot  de  Fère. 

Henrion,  Annnaire  biograpli.iqve. 
FERRET.  Voij.  Ferré  et  Ferreti. 
FERRETI  (  Emile  ) ,  jurisconsulte  italien ,  né 
à  Castelfranco ,  le  14  novembre  1489,  mort  le 
15  juillet  1552.  Envoyé  à  Pise  àl'àge  de  douze 
ans,  il  y  étudia  le  droit  civil  sous  Petrucci  et  le 
droit  canon   sous  Jean  Croto.  Il  compléta  ses 
connaissances  à  l'université  de  Sienne  ;  et  deux 
ans  plus  tard   il  devint  secrétaire  du  cardinal 
Salviati.  Docteur  endroit  à  dix-neuf  ans,  après 
avoir  soutenu  des  thèses  brillantes,  il  remplaça 
son   prénom  de  Dominique   par  celui  d'Emile. 
Nommé  professeur  de  droit  à  Rome ,  il  débuta 
par  une  leçon  si  remarquable,  que  Léon  X  le 
choisit  pour  son  secrétaire.  Après  avoir  exercé 
ces  fonctions  pendant  plusieurs  années,  il  vécut 
quelque  temps  dans  une  retraite  studieuse  à  Cas- 
telfranco. A  la  mort  de  son  père  ,  Ferreti  se  re- 
tira à  Trente  avec  sou  frère  Nicolas.  Quatre  ans 
plus  tard  ,  il  suivit  à  Rome  et  à  Naples  le  mar- 
quis de  Montfevrat.  Tombé   à  son  retour  aux 
mains  des  Espagnols ,  il  recouvra  sa  liberté  au 
moyen    d'une    rançon,   et  vint    demeurer   en 
France,    où    il   professa   le  droit    à   Valence. 
Nommé  conseiller  au  parlement  de  Paris  par 
François  I""',  il  fut  député  par  ce  souverain  à  Ve- 
nise et  à  Florence.  )1  fut  envoyé  ensuite  par  le 
marquis  deMontferrat  vers  Charles-Quint,  qu'ii 
suivit  en  Afrique.  Revenu  en  France,  il  se  ren- 
dit ensuite  à  Florence  pour  le  service  du  roi  de 
France.  Il  se  démit  quelque  temps  après  de  sa 
charge  de  conseiller  au  parlement,  et  se  fit  don- 
ner le  droit  de  bourgeoisie  à  Florence;  enfin ,  il 


FERRETI 


54- 


fut  appelé  à  professer  le  droit  à  Avignon,  où  il 
mourut.  On  a  de  lui  :  Marci  Tullii  Ciceronis 
Orutlones  Verringe  ac  Philippicae,  ad  co- 
dicum  veterum  fidem  castigatœ;  Lyon, 
Gryphe,  1541,  in-S".  Ses  œuvres  sur  le  droit, 
contenant  plusieurs  traités,  ont  été  publiées  à 
Lyon,  en  1553. 

Gui  Allard,  Bibl.  du  Dauphiné.  -  l'anzlrole,  Le  clar. 
Lerj.  Interp.  —  J.  Lami,  VUiB  Erudit.  —  Buder,  Fit. 
Clariss.  Jurisc.  —  Bayle,  Dict.  hist. 

FERRETi  (  Nicolas  ),  grammairien  italien,  né 
vers  1450,  mort  en  1523.  Il  tint  à  Venise  une 
célèbre  école  de  grammaire.  On  a  de  lui  :  De 
Eloquentïa  Linguse  Latinas  servanda  inepis- 
tolis  et  orationibus  componendis  Prxcepta; 
Forli,  1495,  in-4<' ;  Paris  (sans  date),  in-4°. 
Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  dans  un  recueil 
d'opuscules  grammaticaux  de  Ferreti,  publié  à 
Venise,  1507,  in-fol. 

Ginani,  Memorie  storico-critiche  degli  Scrittori  Ra- 
vennati. 

FEHRETi  (Jules) ,  jurisconsulte  italien,  fils 
du  précédent,  né  à  Ravenne,  en  1480,  mort  à 
San-Severo  (Fouille),  en  1547.  Il  se  lit  la  répu- 
tation d'un  bon  jurisconsulte,  et  fut  nommé 
gouverneur  de  la  Fouille  par  l'empereur  Cliarles- 
Quint.  Ses  ouvrages  ne  furent  imprimés  qu'a- 
près sa  mort;  en  voici  les  titres  :  Gonsilia  et 
Tractatus  varii;  Venise,  1562,  in-4'';  —  De 
Re  et  Disciplina  militari;  Venise,  1575,  in- 
fol.;  —  De  Jure  et  Re  Navali,  et  deipsius  rei 
navalis  et  belli  aquatici  prxceptis  legitimis 
Liber;  Venise,  1579,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  été 
inséré  dans  les  Tractatus  magni  universi  ré- 
gis ;  Venise,  1 584,  t.  XII,  ainsi  que  deux  autres 
petits  traités  du  même  auteur,  savoir  :  De  Ga- 
bellia,  publicanis  muneribus  et  oneribiis,  et 
De  Duello. 

Jérôme  Rossi,  T-^ita  Ferreti,  en  tète  du  De  Re  et  Dis- 
ciplina Militari. 

FERRETI  (/ean-Pterre),  historien  et  poëte 
italien ,  frère  du  précédent ,  né  à  Ravenne,  en 
1482,  mort  en  1557. 11  entra  dans  les  ordres,  et 
devint  évêque  de  Milazzo,  en  Sicile.  11  fut  ensuite 
transféré  à  Lavello,  dans  le  royaume  de  Naples, 
et  garda  cet  évêché  jusque  dans  un  âge  avancé. 
Il  s'en  démit  peu  de  temps  avant  sa  mort.  Il 
composa  un  grand  nombre  d'ouvrages,  restés 
presque  tous  manuscrits  ;  les  moins  insignifiants 
sont  des  Mémoires  sur  Vexarchat  de  Ravenne, 
et  deux  poèmes  latins,  l'un  sur  Y  Origine  de 
Rovigo,  et  l'autre  sur  la  ville  d'Hadria. 

Gin:inni,  Scrittori  Ravennati. 

FERRETI  {Jean- Baptiste),  archéologue  ita- 
lien ,  né  à  Vicence,  en  1639,  mort  en  1682.11  en- 
tra dans  l'ordre  des  Bénédictins  de  la  congréga- 
tion du  Mont-Cassin.  On  a  de  lui  :  Miisœ  lapi- 
darix  antiquorum  in  marmoribiis  Garmina , 
seu  deorum  donaria ,  homïnumquo  illus- 
trium  obliterata  monumenta  et  deperdita  epi- 
taj}hia;  Vérone,  1672,  in-fol.  C'est  un  recueil 
de  toutes  les  inscriptions  en  vers  contenues  dans 
Gruter.  L'auteur  y  a  ajouté  quelques  pièces  iné- 


dites ,  *et  des  explications  en  général  satisfai- 
santes. Cependant  Sax  lui  reproche  avec  raison 
de  n'avoir  pas  fait  usage  des  Epïgramrnata  ci 
Poematia  veterum  Poetarum  de  P.  Pithou,  qui 
lui  aurait  fourni  d'excellentes  corrections.  Ferreti 
dédia  son  recueil  au  dauphin  fils  de  Louis  XIV, 
et  en  fut  récompensé  par  un  présent  considé- 
rable. 

Sax,  Onomasticon  literarium,  pars  V,  p.  194. 

*  FERRETI  { Giovanni- Domenico) ,  peratre 
de  l'école  florentine,  né  à  Florence,  en  1692,  mort 
après  1750.  Suivant  Orlandi,  il  serait  mort  versj 
1730;  mais  nous  savons  qu'en  1745  il  peignail 
encore  à  Sienne  ses  fresques  du  palais  Sanse- 
doni.  Cet  artiste  est  quelquefois  nommé  Domei 
nico  d'Imola ,  sans  qu'il  nous  ait  été  possible 
de  découvrir  l'origine  de  ce  surnom,  que  rien  nç 
semble  justifier.  Il  étudia  à  Bologne  sous  Gian-, 
Giuseppe  del  Sole  ;  mais  il  a  passé  tout  le  reste  de 
sa  vie  en  Toscane ,  où  il  a  laissé  de  nombreuses 
preuves  de  son  talent.  On  trouve  dans  ses  ou- 
vrages un  dessin  correct  et  délicat ,  un  coloris 
vif  et  agréable,  qui  lui  acquirent  une  réputation 
méritée.  Il  l'emporta  sur  ses  deux  compagnon^ 
d'étude,  M.  Soderini  et  Veu.  Meucci  par  son  ima- 
gination et ,  comme  dit  Lanzi ,  par  son  instinct 
de  la  peinture.  C'est  sans  doute  cette  imagina-^ 
tion  même  qui  fut  cause  qu'il  réussit  moins 
bien  dans  la  peinture  à  l'huile  que  dans  la  fresque,' 
genre  dans  lequel  il  déploya  une  grande  habileté. 
Quelques-uns  de  ses  tableaux  ne  sont  cependanf 
pas  à  dédaigner,  et  l'on  regarde  comme  l'un  de 
ses  meilleurs  ouvrages  le  Martyre  de  saint  Bar- 
thélémy,  dans  l'église  de  ce  nom  à  Pise;  lai 
Translation  du  corps  de  saint  &uide,  dans 
la  cathédrale  de  la  même  ville ,  est  au  contraire  ^ 
quoique  ne  manquant  pas  de  pittoresque ,  une 
des  productions  les  moins  heureuses  de  son  au- 
teur. Parmi  les  nombreux  tableaux  de  ce  maître! 
qui  existent  à  Florence,  nous  citerons  :  à  San-l 
Martino ,  La  Conception  de  la  Vierge  ;  à  l'é- 
glise del  Carminé,  une  Descente  de  Croix;  à 
Saint-Paul ,  V Adoration  des  Mages  et  la  Mort 
de  Saint-Joseph ,  autrefois  placée  dans  la  ca- 
thédrale, et  attribuée  à  Soderini  ;  à  San-Procolo,; 
une  Gloire  d'Anges  ajoutée  si  habilement  à  une 
Visitation  du  Ghirlandajo,  qu'on  a  peine  à  dis- 
tinguer la  manière  des  deux  artistes ,  enfin  une 
Descente  de  croix  au  palais» -Rinuccini  (l).i 
Parmi  ses  fresques ,  les  plus  célèbres  sont  celles; 
de  la  voûte  de  l'éghse  Saint-Philippe  de  Pistoja;i 
la  même  ville  possède  de  lui,  à  l'église  de  l'An-i 
nunziata,  des  fresques  représentant  des  saints' 
de  l'ordre  des  Servîtes  ;  à  Santa-Maria  dell'  Umi-' 
lità,  ime  lunette  offrant  les  mystères  de  La  Pas-' 
sion  ;  enfin,  une  voûte  d'escalier  au  palais  Amati, 

A  Florence,  nous  trouvons  à  l'église  d'Ogni- 
Sanli  la  coupole  de  la  chapelle  de  la  croisée' 
de  droite;  à  la  Badia,  au-dessus  du  maître  autel,! 

(1)  t.e  portrait  de  Ferretti  peint  par  lui-même  fait  par-  [ 
lie  de  la  collection  iconographique  de  la  galorie  de  Flo-  ■ 
renée. 


545  FERRETI 

une  grande  lunette  offrant  le  Martyre  de  saint 
Etienne,  et  à  la  voûte  du  chœur  une  Assomp- 
tion; à  l'église  des  Dominicaines,  plusieurs  lu- 
nettes; Sainte  Catherine  dé' Ricci  en  proces- 
sion avec  des  anges  ;  Saint  Louis  Beltrando  ; 
Moïse  et  Aaron;  L'Arche  de  Noé;  Le  Sacrifice 
d'Abraham,  et  Saint  Dominique  délivrant 
une  possédée;  à  Saint-Sauveur,  Les  douze 
Apôtres;  en  camaïeu,  lâ  coupole  et  la  tribune 
représentant  La  Nativité;  Ogni-Santi,  deux 
médaillons,  La  Vierge  et  Saint  Joseph,  et  une 
petite  coupole  avec  La  gloire  du  nom  de  Jésus. 
A  Pise ,  il  existe  quelques  fresques  de  Ferretti, 
dans  les  palais  Curini  et  Ceoli  ;  eniîn,  à  Sienne, 
le  palais  Sansedoni  offre  dans  ses  appartements 
des  fresques  représentant  La  Nuit,  Les  Arts  li- 
béraux, Les  Travaux  d'Hercule,  L'Hymen,  La 
Renommée,  Les  Saisons,  Dédale,  et  La  Gran- 
deur d'Ame;  ces  peintures,  exécutées  en  1745, 
paraissent  être  la  dernière  grande  entreprise  du 
maître.  E.  B~n. 

Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Orlandi,  Àbbecedario. 
■  Ticozzi,  Dizionario.  —  iMorrona,  Pisa.  —  Roma- 
jnoU ,  Cenni  storico-artistici  di  Siena.  —  Fantozzi, 
Vvovo  Guida  di  Firenze.  —  Tolomei,  Guida  di  Pistoja. 

FERRETO,  historien  italien,  néà  Vicence,  vers 
a  fin  du  treizième  siècle ,  mort  vers  1335.  Il  était 
ssu  d'une  famille  noble .  Sa  vie  est  inconnue.  On 
ait  seulement  qu'après  avoir  cultivé  avec  suc- 
és la  poésie  latine ,  il  s'adonna  à  l'histoire.  On 
8  regarde  comme  un  des  pré(!urseurs  de  la  Re- 
laissance.  Onade  lui  :  Ferreti,poetx  Vicentini, 
uorum  et  paulo  ante  actorum  temporum 
iistoria.  Cette  histoire,  divisée  en  cinq  livres, 
ommenceà  la  mort  de  Frédéric  II,  en  1250,  et  va 
isqu'à  l'année  1380.  Elle  est  intéressante;  mais 
n  a  reproché  à  l'auteur  de  s'être  quelquefois 
endu  inintelligible  par  élégance ,  c'est-à-dire  en 
ésignant  les  peuples  modernes  par  des  noms 
lassiques  ;  ainsi,  au  lieu  de  Vicentins,  il  dit  Cim- 
riens  (Cimbrici);  au  lieu  de  Florentins,  Fé- 
ilans  {Faesulani).  V Histoire  de  Ferreti  a  été 
isérée  dans  les  Scriptores  Rerum  Italicarum 

Muratori,  t.  IX.  Ce  volume  contient  encore 
s  opuscules  poétiques  suivants  du  même  auteur  : 
'e  Scaligerorum  Origine  Libri  TV;  In  obitura 
nantis ,  poètes  Florentini  ;  In  excessum  Be- 
evemiti  de  Campesanis,  poetae  Vicentini; 
i  Albertum  Mussatum,  vatem  Patavinum. 
erreto  avait  aussi  laissé  des  Priapeia;Psi^\ia.- 
ni  en  a  publié  le  commencement,  dans  le  VI^  livre 
!  son  Histoire  de  Vicence. 
Fabricius,  Bibliotheca  Latina  médise  et  inflmee  sstatis. 
Vossius,  De  Historicis  Latinis. 

FERRi  (  Alfonse  ),  plus  connu  sous  le  nom 
tinisé  de  Ferrus  ou  Ferriiis ,  médecin  italien, 
§àFaenza,versl515,  mort  à  Rome,  vers  1595. 

enseigna  la  chirurgie  à  Naples  avec  beaucoup 
i  succès,  et  se  rendit  ensuite  à  Rome,  où  il  de- 
nt médecm  du  pape  Paul  III.  Il  y  donna  aussi 
Js  leçons  publiques  d'anatomie.  On  a  de  lui  : 
e  IJçini  sancti  muliiplici  Medïcina  et  vint 
xhibitione  Libri  quatuor  ;  Rome,  1527,  in-4". 

NOUV,    BIOGR,    GÉNÉR.   —   T.    XVII. 


—  FERRI 


546 


Ce  traité  est  consacré  aux  propriétés  médici- 
nales du  gaïac  :  l'auteur  préconise  ce  bois  comme 
une  espèce  de  panacée  universelle,  particu- 
lièrement propre  à  la  guérison  des  maladies 
vénériennes.  Cette  dissertation  a  été  insérée 
dans  le  recueil  deLuisini;  Venise,  1566,  1567, 
2  vol.  in-fol.  ;  —  De  Sclopetorum  sive  archi- 
busorum  Vulneribus  Libri  très  :  corollarium 
de  sclopeti  ac  similium  tormentorum  pulvere  ; 
de  caruncula ,  sive  callo  quse  cervici  vesicx 
innascitur  opusculum;  Rome,  1552,  in-4°. 
Cet  ouvrage  est  un  des  premiers  qui  aient  paru 
sur  les  plaies  d'armes  à  feu.  On  y  trouve  des 
détails  intéressants  ;  mais  l'auteur,  supposant  que 
ces  blessures  étaient  vénéneuses,  indique  un  très- 
mauvais  traitement.  Il  avait  inventé  un  instru- 
ment pour  l'extraction  des  balles,  et  l'avait 
appelé  de  son  nom  Alphonsina.  Par  la  descrip- 
tion qu'il  en  donne ,  on  voit  que  cet  instrument 
était  d'un  usage  peu  commode;  aussi  n'a-t-ii  été 
jamais  adopté. 

Toppi,  Biblioteca  Napoletana.  —  Éloy,  Dictionnaire 
historique  de  la  Médecine.  —  Biographie  médicale. 

FERRI  (  Ciro),  peintre,  architecte  et  graveur 
de  l'école  romaine ,  né  à  Rome,  en  1 634,  mort  en 
1 689.  Il  avait  hérité  de  son  père  une  fortune  assez 
considérable,  qui  lui  permit  de  se  Hvrer  sans 
préoccupation  à  l'étude  de  son  art.  Il  suivit  les  le- 
çons de  Pierre  de  Cortone,  et  fut  de  tous  ses  élèves 
celui  qui  s'attacha  le  plus  à  lui,  et  par  son  affec- 
tion, et  par  l'imitation  de  son  style,  qu'il  sut 
s'approprier  mieux  encore  que  Romanelli  et  Pie- 
ti'o  Testa;  aussi ,  après  la  mort  de  son  maître, 
qu'il  avait  aidé  dans  presque  tous  ses  travaux, 
fut-il  chargé  de  terminer  plusieurs  de  ses  ou- 
vrages, tels  que  la  coupole  de  Saint-Nicolas  de 
To/ew^ino  à  Rome,  etleplqfond  delasalle  d'A- 
pollon au  palais  Pitti  de  Florence.  Il  reproduisit 
si  exactement  le  faire  de  Pierre  de  Cortone,  qu'il 
est  impossible  de  reconnaître  ce  qui  appartient 
au  maître  ou  à  l'élève.  Vers  1640,  Pierre  de 
Cortone,  appelé  à  Florence  par  Ferdinand  II  pour 
peindre  les  plafonds  du  palais  Pitti,  y  avait  ap- 
porté son  style  et  jeté  les  fondements  d'une  nou- 
velle école.  Ciro  Ferri  ne  contribua  pas  peu  à  son 
développement,  le  grand-duc  Côme  III  l'ayant 
chargé,  lorsqu'il  retourna  à  Rome,  de  diriger  les 
jeunes  Toscans  qui  allaient  y  étudier. 

Ferri  déploya  dans  ses  compositions  de  la 
grandeur  et  de  l'imagination;  mais  il  y  montre 
généralement  moins  de  grâce  que  son  maître,  et 
c'est  avec  raison  que  Winckelmann  accuse  ses 
figures  d'être  un  peu  lourdes.  Ses  draperies  ont 
aussi  moins  d'ampleur  que  celles  de  Pierre  de 
Cortone,  et  son  coloris  est  plus  faible.  Lui- 
même  avait  reconnu  ce  défaut  ;  car  lorsque  la 
mort  le  surprit,  il  se  proposait  d'aller  à  Venise 
étudier  les  grands  coloristes  de  son  école.  Ciro 
Ferri  fut  un  artiste  presque  universel  ;  il  fit  des 
cartons  pour  le  Vatican ,  beaucoup  de  miniatures 
pour  des  bréviaires,  de  dessins  pour  des  thèses 
et  des  titres  de  livres,  dont  plusieurs  furent  gra- 

18 


547 


FERRI  —  FERRÏ-PISANI 


vés  par  Spierre  et  Bloëmaert,  enfin  d'innom- 
brables peintures  à  l'huile  ou  à  fresque.  11  fut 
architecte  distingué,  ainsi  que  le  prouvent  les 
beaux  autels  de  Saint-Sébastien-hors-les-murs , 
de  Saint-Jean-des-Florentins  et  de  la  Chiesa- 
Nuova  à  Rome  ;  enfin ,  il  a  laissé  un  assez  grand 
nombre  d'eaux-fortes,  soit  de  sa  composition,  soit 
d'après  des  tableaux  d'autres  maîtres  ;  elles  ont 
le  grand  mérite  de  rendre  parfaitement  le  carac- 
tère de  l'original. 

Parmi  ses  tableaux,  nous  signalerons  :  à 
Rome,  Saint  Ambroise,  dans  l'église  dédiée  à 
ce  saint;  à  Saint-Marc,  Sainte  Martine  et  Une 
Madone;  au  palais  de  Monte-Cavallo ,  une 
Annonciation  et  ï Histoire  de  Cyrus;  à  Flo- 
rence, dans  la  galerie  publique,  V Annonciation, 
Le  Christ  sur  la  Croix,  Alexandre  lisant 
Homère,  et  son  portrait  peint  par  lui-même  ; 
dans  la  galerie  Corsini,  La  sainte  Famille  et 
Saint  Jean  Gualberti;h  Pérouse,  dans  l'église 
Saint-Philippe,  La  Conception  de  la  Vierge, 
excellente  copie  exécutée  d'après  Pierre  de  Cor- 
tone,  en  1658;  à  Milan,  dans  Santa-Maria- 
incoronata,  Saint  Augustin;  à  Sienne,  dans  la 
salle  capitulaire  de  la cathédiale,  plusieurs  Ver- 
tus ,  et  Sainte  Thérèse  à  l'hôpital  de  la  Scala  ; 
enfin,  à  Cortone,  dans  l'église  des  Franciscains, 
un  tableau  représentant  La  Conception  ,  Saint 
.Louis  évéque.  Saint  Louis  roi,  Sainte  Mar- 
guerite et  Le  B.  Guido  de  Cortone.  Gualandi 
a  publié  le  traité  fait  en  1660  pour  l'exécution 
de  ce  tableau,  qui  fut  payé  180  écus. 

On  trouve  des  peintures  de  Ciro  Ferri  dans 
divers  musées  de  l'Europe  ;  à  celui  de  Dresde, 
Didon  et  Enée  et  la  Mort  de  Bidon  sur  le 
bûcher  -,  à  la  pinacothèque  de  Munich,  deux 
Eepos  en  Egypte  ;  à  Londres ,  le  Triomphe  de 
Bacchus  ;  à  Vienne  enfin,  Le  Christ  apparais- 
sant à  la  Madeleine. 

A  Sainte -Marie -Majeure  de  Bergame  se 
voit,  à  gauche  du  maître  autel,  une  voûte  peinte 
à  fresque,  qui  passe  pour  l'un  des  ouvrages  les 
plus  remarquables  de  Ciro  Ferri.  Le  cul-de-four 
de  l'église  San-Firenze  à  Florence  présente 
une  Gloire  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry, 
grande  composition  à  personnages  de  proportions 
colossales,  mais  faible  de  coloris.  Le  dernier  ou- 
vrage du  maître  fut  làcoupole  de  Sainte-Agnès 
de  la  place  Navone  à  Rome ,  terminée  maladroi- 
tement après  sa  mort  par  Corbellini ,  son  élève , 
sur  le  refus  de  Carlo  Maratte,  que  Ferri  avait 
prié  de  s'en  charger.  On  dit  que  le  chagrin 
qu'éprouva  Ferri  en  voyant  combien  son  coloris 
était  pâle  auprès  de  celui  des  pendentifs  du  Ba- 
ciccio  ne  fut  pas  étranger  à  la  maladie  qui  ter- 
mina ses  jours.  Il  fut  enterré  en  grande  pompe 
à  Santa-Maria-in-Trastevere,  où  l'on  voit  encore 
son  épitaphe.  Il  n'a  laissé  aucun  élève  qui  ait 
hérité  de  son  talent  et  de  sa  réputation ,  et  ce 
sont  des  noms  assez  obscurs  que  ceux  de  Cor- 
bellini, Urbano ,  Romanelli  et  Giovanni  Odazzi. 
E.  Breton. 


OrlandI,  Abbecedario.  —  Baldinucci,  Notizie.  —  Lanz', 
Storia  délia  flttura.  -  O'Ai'genTiUe,  Histoire  des 
Peintres  italiens.  —  TIcozzi,  Dizionario.  —  Winckel- 
iiiann,  Neues  Mahlerlexikon.  —  Siret,  Dictionnaire 
historique  des  Peintres.  —  Gualandi,  Memorie  ôriylnali 
di  Belle  Arli.  —  Roinagnoli,  Cenni  storivo-ilriistici  di 
Siena.  —  Gamb'mi, Guida  di  Perugia  —  Pirovano,  Guida 
di  Milano.  —  Pistolesi,  Descrizione  di  Itoma.  —  Valéry, 
Foyages  historiques  et  littéraires  en  Italie. 

*  FERRî  (Gesualdo),  peintre  de  l'étiolé  flo- 
rentine, né  à  San-Miniato,  eu  1728,  vivait  encore 
en  1776.  Il  fut  élève  de  Pompeo  Batoni ,  et  assez 
bon  dessinateur.  On    cite  parmi  ses  meilleurs 
ouvrages  quelques  peintures  à  Poggio-impériale, 
villa  du  grand-duc,  et  à  Florence,  à  l'égliso  dB)l,l| 
Carminé,  L'Exaltation  de  la  Croix,  et  datisll 
l'oratoire  de  San-Firenze  Le  rideau  de  l'orgue,' 
et  au  dessous,  deux  Traits  de  la  vie  de  saint 
Philippe  peints  kVhmle  sur  mur.    E.  B — n. 

Orlandl,  Jbbecedario.—  Fantozzi,  Nuovo  Guida  «tj 
Firenze.  } 

FEHUi  (Jérôme),  archéologue  italien,  né  1« 
5  février  1713,  à  Longiano  (Romagne),  mort  s 
FerrarCj  le  27  juin  1786. 11  entra  dans  les  ordres^ 
et  professa  successivement  les  belles  ■  lettref 
dans  les  collèges  de  Massa,  de  Faenza  et  de  Rimiill^' 
et  enfin  dans  l'université  de  Ferrare.  Il  possédait 
un  savoir  assez  étendu,  et  écrivait'  fort  bien  ea 
latin.  On  a  de  lui  :  Epistolx  pro  linguœ  latines 
usu,  adversus  Alembertium;  Faenza,  177i 
in-8°  ;  —  De  Tabulario  azuriniano  ad  seûi 
viros  Faventinos  Commentariolum ,  dans  '1« 
De  Litteratura  Faventinorum ,  de  Mittarelli 
Faenza,  1775,  in-fol.;  —  De  Alexandri  Sard^ 
Vita  Commentarius  ;  Rome,  1775  ;  —  De  Viià 
et  scriptis  Balth.  Castilionis  ;  Mantoue ,  1789 

Adam  Carichevich,  P'ita  di  Ferri;  dans  la  BibliotHi 
ëcclesiastlca. 

FERRI.  Voy.  Ferry. 

*  FERRï-PisANi  (,Comtède  Saint- Anastaisi^ 
administrateur  français ,  conseiller  d'État ,  né  k 
Ajaccio  (Corse),  en  1770,  mort  à  Paris,  le  21  oc- 
tobre 1846.  Venu  dans  la  capitale  vers  1801,  il 
fut  attaché  comme  chef  de  division  au  minisfèrt 
des  relations  extérieures  du  royaume  d'Italie  éta- 
bli près  de  l'empereur,  et  plus  tard  il  devint  chei  Ik 
d'une  division  de  la  secrétairerie  d'État  qui  em^ 
brassait  l'expédition  de  toutes  les  affaires  de  ée 
royaume.  Après  la  bataille  d'Austerlitz  il  recul 
l'ordre  de  suivre  le  prince  Joseph  Napoléon,  qui 
partait  pour  Naples,  Nommé  secrétaire  du  cabij 
net,  conseiller  d'État  et  surintendant  des  postes 
du  nouveau  gouvernement  napolitain,  il  épouse 
alors  la  fille  aînée  du  maréchal  Jourdan.  Josepl] 
ayant  été  appelé  au  trône  d'Espagne,  Ferri-Pisani 
l'accompagna,  et  aux  emplois  qu'il  remplissai' 
à  Naples  il  joignit  à  Madrid  la  présidence  de  1^ 
section  des  finances  du  conseil  d'État.  Retttré  Oij 
France  après  la  désastreuse  bataille  de  Vittoriâ; 
l'empereur  le  créa  comte,  sous  le  tih'e  de  Salnt^ 
Anastase.  A  son  retour  de  l'île  d'Elbe,  Napoléoi:] 
l'envoya  comme  préfet  dans  le  département  de  la 
Vendée.  Ferri-Pisani  resta  étranger  aux  affaires] 
publiques  pendant  la  Restauration  ;  mais  aptèslj 
la  révolution  de  Juillet  1830  son  nom  fut  comJ 


549 


FERRI-PISANI  —  FERRÏER 


550 


plis  dans  la  première  liste  des  conseillers  d'État 
(11  service  ordinaire.il  était  depuis  1845  conseil- 
ler d'État  honoraire,  lorsqu'il  mourut. 

L.    LOOVET. 

Documents  particuliers. 
FEîîRaEE  (^Saint  ).    Vog.  Vincent. 
FERïïiEsi  (5oHi/«ce  ),  théologien  espagnol, 
frère  de  saint  Vincent  Ferrier,  né  à  Valence,  en 
1355,  mort  le  27  avril  1417.  Il  étudia  d'abord  le 
droit,  et  se  fit  la  réputation  d'un  habile  juriscon- 
sulte. Ayant  perdu  sa  femme  et  neuf  de  ses  enfants 
■■ur  onze,  il  distribua  toute  sa  fortune  aux  pauvres, 
(11  réservant  476  florins  à  chacun  des  fils  qui  lui 
I  estaient,  et  entra  dans  l'ordre  des  Chartreux  à 
l'âge  de  quarante-et-un  ans.  Il  fut  élu  général  de 
.m  ordre  le  23  juin  1402.  L'Église  était  alors  di- 
visée par  le  gi-and  schisme.  Les  chartreux  d'Italie, 
(|Uî  relevaient  de  l'obédience  d'Urbain  VI,  prirent 
pour  général  Etienne  de  Sienne.  Ferrier  se  dé- 
iiiit  alors  de  sa  place;  il  la  reprit  à  la  demande 
lie  l'antipape  Benoît  Xill,  qui  était  son  ami;  il  l'a- 
iaiiilonna  de  nouveau  après  que  ce  pape  eut  été 
:^  nilamné  par  le  concile  de  Constance,  en  1416. 
;  1  composé  divers  ouvrages,  restés  inédits,  entre 
;:   ;n's  une  traduction  de  la  Bible  en  espagnol. 

TriUièiiie,  De  Scripioribus  écoles.  —  Petreius,  [iiblio- 
theca  Carthxisiarta.  —  Sainte-Warthe,  Gallia  christiana. 

FEBRiEii  ( ,4î7iaî<d  du),  jurisconsulte  fran- 
çais ,  né  à  Toulouse,  vers  150G,  mort  en  1585.  Il 
commença  ses  études  de  di"oit  en  France,  et  les 
acheva  en  Italie,  à  l'université  de  Padoue.  Il 
professa  ensuite  la  jurisprudence  dans  sa  ville 
natale,  où  il  devint  conseiller  au  parlement.  Il 
passa  de  là  au  parlement  de  Paris  comme  pré- 
sident aux  enquêtes,  et  devint  maître  des  re- 
quêtes. Chargé  de  représenter  le  roi  de  France 
au  concile  de  Trente,  il  y  prononça  une  harangue 
si  hardie  que  les  prélats  demandèrent  son  éloi- 
gnement.  Ferrier  fut  en  effet  envoyé  en  ambas- 
sade à  Venise.  De  retour  en- France,  il  se  retira 
à  la  cour  du  roi  de  Navarre ,  depuis  Henri  IV,  y 
fit  profession  de  protestantisme,  et  devint  garde 
des  sceaux  du  jeune  prince.  On  conserve  à  la  Bi- 
bliotiièqne  impériale  un  recueil  manuscrit  de  sa 
correspondance  diplomatique. 

De  Thou,  Historiasui  temporis.  —  La  Croix  du  Maine, 
Bibliothèqne  française.  —  lîlancliarrt ,  Histoire  des 
Maîtres  des  requêtes.  —  Denys  Simon,  Bibliotl).  hist. 
des  Anteiirs  de  droit.  —  Bayle,  Diction,  histor.  et  crlt. 
—  Lelon?,  Bibl.  hist.  de  la  France. 

FERRiEEi  {Auger),  médecin  français  >  né 
dans  les  environs  de  Toulouse,  en  1513,  mort 
dans  cette  ville,  en  1588.  Après  avoir  fait  ses 
études  médicales  à  Montpellier,  il  se  rendit  à  Paris, 
où  le  garde  des  sceaux  Jean  Berti-and  ,  plus 
tard  cardinal ,  l'introduisit  auprès  de  la  reine 
Catherine  deMédicis,  qui  le  nomma  son  médecin 
brriinaire.  Cette  place,  qui  était  sans  doute  liono- 
raire ,  ne  l'empêcha  pas  d'accompagner  le  garde 
des  sceaux  à  l'vome,  et  de  s'établir  ensuite  à 
Toulouse,  où  il  resta  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie. 
Ses  dernières  années  furent  signalées  par  une 
violente  polémique  avec  Jean  Bodin,  à  propos  de 


la  liépublique  de  ce  dernier.  «  Cette  dispute  fut 
menée  vivement,  dit  Éioy,  et  avec  toute  l'aigreur 
dont  les  gens  de  lettres  sont  capables  quand  ils 
s'ouMient.  »  Ferrier  réussit  dans  le  monde  et 
à  la  cour,  moins  par  son  savoir,  qui  était  mé- 
diocre ,  que  par  sa  prétendue  habileté  dans  l'as- 
trologie judiciaire ,  espèce  de  jonglerie  alors  fort 
à  la  mode.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages,  tous 
oubliés  aujourd'hui;  en  voici  les  titres  :  De 
Diebiis  secretoriis  secundum  pythagoricam 
doctrinam  et  astronomicam  observationem ; 
Lyon,  1541,  in-16;  — Liber  de  Somniis  ;  Hip- 
pocratis  De  Insomnm  Liber  ;  Galeni  Liber  de 
Somniis;  Synesii  Liber  de  Somniis;  Lyon^ 
1549,  in-16;  —  De  Pudendagra,  lue  hispa- 
nica,  Libri  duo  ;  Toulouse,  1553,  in-12.  Jules- 
César  Scaliger,  grand  ami  de  Ferrier,  fait  le  plus 
pompeux  éloge  de  ce  traité,  que  la  Biographie 
médicale  déclare  «  plus  qu'insignifiant  »  ;  —  i>e 
radiée  China  Liber,  quo  probahir  diversam 
esse  ab  apio;  Toulouse,  1554,  in-8";  —  Vera 
Methodus  medendi,  duobus  libris  compre- 
hensa  ;  Castigationes  practicee  Medicinse, 
Toulouse,  1557,  in-8°,  —  Avertissement  à 
JeanBodin  sur  le  quatrième  livre  de  saRépu- 
bhque;  Toulouse,  1580,  in-8°.  Moréri  lui  at- 
tribue encore  un  traité  intitulé  :  Remèdes  pré- 
servatifs et  curatifs  de  la  Peste  ;  Paris,- 1619, 
in-8°.  . 

ta  Croix  du  Maine  et  DuVerdier,  Bibliothèques  fran- 
çaises. —  Sainte-Marthe,  FAog.  Doct.  Calliœ,  I.  III.  — 
Élov,  Dictionn.  historique  de  la  3Iédecine.  —  Biograph. 
médicale.  —  Moréri,  Grand  Dictionn.  histor: 

FERRIER  (Jérémie),  controversiste  français, 
né  vers  1560,  mort  à  Paris,  le  26  septembi-e  1626. 
Rlinistre^rotestant  et  professeur  de  théologie  à 
Nîmes,  il  soutint  en  1602,  dans  une  thèse  pu- 
blique, que  «  le  pape  Clément  VIII  était  propre- 
ment l'antechrist  n .  Le  parlement  de  Toulouse  le 
décréta  de  prise  de  corps  à  cause  de  cette  thèse, 
et  il  fallut  l'intervention  d'Henri  IV  pour  le  dé- 
rober aux  suites  d'une  procédure  criminelle.  Par 
reconnaissance  pour  ce  prince,  Ferrier  seinon^ 
tra  favorable  aux  mesures  restrictives  adoptées 
par  la  cour  à  l'égard  des  protestants.  Cette  con- 
duite le  rendit  suspect  à  ses  coreligionnaires,  qui 
le  regardèrent  comme  un  traître.  Le  synode  de 
Pi'ivas  lui  intei'dit  la  prédication  en  1612,  et  les 
habitants  de  Mîmes  faillirent  l'assommera  coups 
de  pierres.  Cette  émeute  le  décida  à  changer  de 
religion.  Il  se  fit  cathofique,  et  se  rendit  à  Paris. 
Son  ti-aité  De  l'Antéchrist  et  de  ses  marques, 
contre  les  ennemis  de  V Église  catholique;  Paris, 
1615,  acheva  de  lui  concilier  la  bienveillance  de 
la  cour.  Louis  XHI  le  nomma  conseiller  d'État, 
et  le  cardinal  de  Richelieu  l'honora  d'une  estime 
toute  pai-ticulièie.  Moréri  attribue  à  Jérémie 
Ferrier  Le  Catholique  d'Ëfat,  on  discours 
des  alliances  du  roi  très-chrétien  ,  contre  tes 
calomnies  cM  ennemis  de  son  AYrt^;  1625, 
in-S". 

li.iylc,  Dictionn. 


Moréri,  Grand  Dictionn.  histor. 
histor   tt  oil. 


18. 


55 1 


FERRIER  — 


FERBiiER  (....)>  mécanicien  français,  vivait 
en  1640.  Il  se  distingua  par  son  habileté  à  cons- 
truire des  instruments  de  matliématiques.  Des- 
cartes, à  qui  il  avait  été  recommandé  par  My- 
dorge ,  lui  lit  exécuter  sous  sa  direction  des  ins- 
truments d'optique.  Il  essaya  même  de  l'emmener 
avec  lui  en  Hollande.  Malgré  cette  illustre  pro- 
tection ,  Ferrier  vécut  dans  la  gêne  et  mourut 
dans  l'obscurité. 

Baillet,  Fie  de  Descartes.  —  Moréri,  Grand  Dict. 

FERRIER  DU  CHATELET  { Piètre- Joseph 
DE  ) ,  général  français ,  né  au  Chàtelet ,  près  de 
Béfort,  le  25  mai  1739,  mort  à  Luxeuil ,  le 
29  décembre  1828.  Entré  au  service  en  1754,  il 
était  maréchal  de  camp  lorsque  éclata  la  révo- 
lution française,  dont  il  adopta  les  principes  avec 
ardeur.  11  commanda  le  corps  de  troupes  mis 
à  la  disposition  des  commissaires  envoyés  pour 
rétablir  la  paix  dans  le  coratat  Venaissin.  II  ne 
fit  pas  preuve  d'énergie  dans  cette  mission  diffi- 
cile, et  laissa  s'accomplir  les  massacres  de  la 
Glacière.  Nommé  peu  après  général  de  division , 
il  servit  sans  beaucoup  de  distinction  sous  les 
ordres  de  Custine,  et  fut  mis  à  la  retraite  au  mois 
de  septembre  1793. 

Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biog.  univers. et  port,  des  Con- 
temporains. —  Archives  de  la  guerre. 

FERRIER    DE    LA   MARTINIÈRE   (Louis), 

poëte  et  auteur  dramatique  français,  né  à  Arles, 
en  1652,  mort  eu  Normandie,  en  1721.  11  vint 
dans  sa  jeunesse;  habiter  Avignon;  mais,  accusé 
d'avoir  composé  quelques  pièces  entachées  d'hé- 
résie ,  et  dans  lesquelles  on  signalait,  entre  au- 
tres, ce  vers  : 

L'amour  pour  les  mortels  est  le  souverain  bien, 
il  fut  poursuivi  par  l'inquisition.  11  se  rendit  alors 
à  Paris ,  obtint  une  place  de  précepteur  chez  le 
duc  de  Saint-Aignan ,  et  abandonna  bientôt  cette 
position  pour  diriger  l'éducation  de  Charles- 
Louis  d'Orléans,  chevaher  de  Longueville;  ses 
soins  furent  généreusement  récompensés  par  un 
bénéfice  assez  important  en  Normandie.  On  a  de  lui 
un  volume  de  vers  :  Préceptes  galants;  1678, 
in-12  ; —  trois  tragédies ,  Anne  de  Bretagne, 
1679;  Adraste,  1680;  et  Montezuma,  1702. 
Toutes  ces  pièces  sont  assez  faibles,  surtout 
Montezuma,  qui  n'eut  que  cinq  représentations 
et  ne  fut  point  imprimée.  «  La  singularité  «t  la 
nouveauté  des  personnages  employés  dans  la 
pièce ,  jointes  à  la  manière  brillante  dont  elle  fut 
représentée ,  en  faisaient  tout  le  mérite ,  disent 
les  frères  Parfaict;  et  ce  qui  séduisit  le  plus  les 
spectateurs  fut  un  décor  neuf,  chose  extraor- 
dinaire à  une  époque  où  toutes  les  tragédies  se 
jouaient  avec  le  même  portique  pour  décoration.  » 
On  attribue  en  outre  à  Ferrier  une  traduction  de 
Y  Histoire  universelle  de  Justin ,  qui  parut  en 
1693  sans  nom  d'auteur.        Hector  Malot. 

Mercure  galant  de  1702.  —  Les  frères  Varin\ct,  Histoire 
du  Théâtre  français.  —  Dict.  de  la  Provence. 

*  FERRIER  DE  TOVR'EtTES  (Alexandre) , 
historien  français ,  né  à  Draguignan  (  Var  ) ,  en 


PERRIÈRE  552 

1810,  d'une  famille  espagnole.  Il  se  fit  connaître 
vers  1832  par  un  perfectionnement  du  télé- 
graphe ,  qu'il  cherchait  à  appliquer  aux  relations 
civiles  et  commerciales.  Une  société  formée  dans 
ce  but  étabUt  une  première  ligne  de  Paris  à 
Rouen;  mais  le  gouvernement  ne  permit  pas 
qu'elle  fût  mise  à  la  disposition  du  public. 
M.  Ferrier  fut  appelé  en  Belgique  pour  y  exé- 
cuter son  système  télégraphique  :  l'invention  du 
télégraphe  électrique  mit  fin  à  cette  entreprise. 
Il  s'occupa  alors  de  recherches  historiques,  et 
publia  des  descriptions  de  plusieurs  localités  de 
la  Belgique  et  de  la  Hollande.  On  a  de  lui  :  Des- 
cription historique  et  topographique  de  Ma- 
lines;  Bruxelles,  1831-1832,  in-12;  2«  édit., 
1 841,  in-18  ;  —  Description  historique  et  topo- 
graphique d'Anvers;  Bruxelles,  1835,  in-18; 
—  Description  historique  et  topographique  de 
Bruges;  Bruxelles,  1836,  in-12;  —  Descrip- 
tion historique  et  topographique  de  Liège; 
Bruxelles,  1838  et  1841,  in-18;  —  Géographie 
de  la  Belgique  et  de  la  Hollande,  sur  le  plan 
du  Manuel  de  ra&ôeGaw^ifier;  Bruxelles,  1840, 
in-18;  — Du  Voyageur  sur  le  chemin  de  fer 
ôeZjre;  Bruxelles,  1840,  in-8°  (a  été  traduit  en 
anglais); —  La  Russie;  1841,  in-S" ,  orné  de 
cartes  et  de  plans  ;  —  Description  historique 
et  topographique  de  Louvain;  1840,  in-18  ;  — 
Guide  pittoresque  du  Voyageur  enBelgiqite; 
Bruxelles,  1841,  in-18;  —  Description  histo- 
rique et  topographique  de  Gand;  Bruxelles, 
1841,  in-18;  —  VHistoire  de  Belgique  racon- 
tée aux  enfants;  Bruxelles,  1842,  in-12;  — 
La  Belgique  nouvelle ,  guide  pittoresque  et 
artistique  du  voyageur  à  Bruxelles;  1844, 
in-18,  avec  cartes  et  plans;  —  Introduction  à 
V histoire  philosophique  et  pratique  de  laphré- 
nologie;  Bruxelles,  1845,  in-8°.  Guyot  de  Fère, 
Ch.  Louandre,  Littér.  contemporaine. 

FERRIÈRE  (  Claude  DE  ) ,  jurisconsulte  fran- 
çais, né  à  Paris,  le  6  février  1639,  mort  à  Reims, 
le  11  mai  1715.  Il  étudia  le  droit  dans  sa  ville 
natale ,  où  il  obtint  le  grade  de  docteur,  et  devint 
en  1690  agrégé  de  la  Faculté  de  droit.  En  1695 
il  fut  appelé  à  Reims  pour  y  occuper  une  chaire 
de  droit  civil  et  de  droit  canon.  La  même  année 
le  chancelier  Boucherat  lui  accorda,  en  outre,  la 
chaire  de  droit  français,  qui  se  trouvait  vacante. 
De  Ferrière  a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages, 
dont  les  principaux  sont  :  La  Jtirisprudence 
du  Digeste  conférée  avec  les  ordonnances 
royaux ,  les  Coutumes  de  France  et  les  déci- 
sions des  cours  souveraines ,  etc.;  Paris,  1677 
et  1 688 ,  2  vol.  in-4°  ;  —  Nouveau  Commen- 
taire sur  la  coutume  de  la  prévôté  et  vicomte 
de  Paris;  Paris,  1679,  2  vol.  in-12,  souvent 
réimprimé;  —  Traité  des  Fiefs,  suivant  les 
coutumes  de  France,  etc.  ;  Paris,  1680,  in-4°; 
—  Introduction  à  la  pratique,  etc.;  Paris, 
1684,  in-12  ;  —  La  Science  parfaite  des  No- 
taires ,&\c.;  Paris,  1684,in-4°;  —  La  Juris- 
prudence du  Gode  de  Justinien,  conférée  avec 


PERRIÈRE  —  FERRIÊRES  SAUVEBOEUF 


553 

les  ordonnances  royaux,  etc.;  Paris,  1684, 
2  vol.  in-4°;  —  Traité  des  droits  de  patro- 
nage ,  de  présentation  aux  bénéfices ,  de  pré- 
séance et  droits  honorifiqties ;  Paris,   1686, 
in-4°  ;  —  La  Jurisprudence  des  Novelles  de 
Justinien,   conférée   avec    les   ordonnances 
'  royaux,  etc.;  Paris,  1688,   2  vol.  in-4°;  — 
(  Corps  et  compilation  de  tous  les  commenta- 
i  teurs,  anciens  et  modernes,  sur  la  Coutume 
t  de  Paris  ;  Paris,  1688,  3  vol.  ia-fol.  ;  —  Les 
,  Institutes  de  Justinien,  traduites  en  français 
:  avec  des  notes;  Paris,  1692,  2  vol.  in-12;  — 
Nouvelle  Institution  coutumière,  etc.  ;  Paris, 
1692,  2  vol.  in-12  ;  ibid.,  1702  ,  3  vol.  iii-12.  Il 
a  publié  comme  éditeur  :  Les  Œuvres  de  J.  Bac- 
quet,  augmentées  de  questions,  décisions, 
arrêts,  tic.  ;  Paris,  1688,  in-fol.  De  Perrière  était 
instruit  et  laborieux  ;  mais  il  écrivait  pour  vivre, 
et  ses  ouvrages  se  ressentent  de  la  rapidité  avec 
laquelle  ils  ont  été  composés.    E.  Regnard. 

Taisand,  p^ies  des  plus  célèbres  Jurisconsultes.  —  Ni- 
céron,  Mémoires,  tom.  XI.  —  Moréri,  Dict.  histor.  — 
BaTh\eT ,  Examen  critique  des  Dict.  àist. 

PERRIÈRE  (Claude-Joseph  de),  juriscon- 
sulte français  ,  fils  du  précédent ,  né  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle ,  mort  vers 
1748.  Il  devint  en  1694  agrégé  et  en  1703  pro- 
fesseur à  la  Faculté  de  droit  de  Paris ,  dont  il 
fut  plus  tard  le  doyen.  On  a  de  lui  :  Nova  et 
methodica  Juris  civilis  Tractatio;  Pâtis,  1702, 
2  vol.  in-12  ;  souvent  réimprimée  ;  —  Histoire 
du  Droit  romain;  Paris,  1718  et  1726,  in-12. 
L'auteur  s'est  presque  borné  à  traduire  l'ouvrage 
de  V.  Gravina.  Il  a  publié,  comme  éditeur  : 
Institutes  de  Justinien  ,  traduites  en  fran- 
çais, par  Claude  de  Perrière;  Paris,  1721, 
6  vol.  in-12.  C.-J.  de  Perrière  y  a  joint  des 
notes  relatives  à  l'application  du  droit  français 
au  droit  romain  ;  —  Dictionnaire  de  Droit  et 
de  pratique;  Paris,  1717,  in-4°;'  ibid.,  1734, 
2  vol.  in-4°;  nouv.  édit.,  augmentée  par  Bou- 
cher d'Argis;  Paris,  1749,  1755,  1771,2  vol. 
in-4°  :  c'est  l'ouvrage  que  Cl.  de  Perrière  avait 
donné  sous  le  titre  à' Introduction  à  la  pra- 
tique ;  —  Les  Œuvres  de  Jean  Bacquet,  aug- 
mentées par  Claude  de  Fer rière  et  par  Claude- 
Joseph  de  Perrière;  Lyon,  1744  ,  2  vol.  in-4''; 
—  La  Science  parfaite  des  Notaires ,  par 
Claude  de  Perrière ,  augmentée  par  C.-J.  de 
Perrière;  Pans,  1715,  1721,  1728,  1733,  1771, 
2  vol.  in-4".  Mahé  a  donné  le  Nouveau  parfait 
Notaire,  ou  la  Science  des  Notaires  de  feu 
C.-J.  de  Perrière,  mise  en  harmonie  avec  les 
dispositions  du  Code  Civil,  etc.  ;  Paris,  1805, 
2  vol.  in-4";  6^  édit.,  ibid.,  1828,  3  vol.  in-4°. 
On  attribue  à  de  Perrière  l'édition  des  Vies  des 
plus  célèbres  Jurisconsultes  de  toutes  les  na- 
tions, par  Taisand  ;  Paris,  1737,  in-4". 

E.  Regnard. 

Nicéron,  Mémoires,  tom.  XI.  —  Barbier,  Exatnen 
critig.  des  Dictiomi.  àist. 

PERRIÈRE.  Voy.  La  Perrière. 

FERRIÊRES  {Charlcs-ÉUe ,  marquis  de), 


554 

historien  français ,  né  à  Poitiers,  le  27  janvier 
1741,  mort  au  château  de  Marsay,  près  de  Mi- 
rebeau,  le  30  juillet  1804.  Il  servit  dans  les  che- 
vau-iégers ,  fut  député  de  la  noblesse  aux  états 
généraux ,  et  publia  des  Mémoires  pour  servir 
à  l'histoire  de  l'Assemblée  constituante  et  de 
la  révolution  de  1789;  an  vu,  3  vol.  in-8", 
réimprimés  en  1821  et  continués  jusqu'à  la  mort 
du  roi,  sur  un  manuscrit  de  l'auteur,  avec  une 
notice  sur  l'auteur,  avec  des  notes  et  des  éclair- 
cissements par  MM.  Berville  et  Barrière.  Cet  ou- 
vrage est  remarquable  par  son  impartialité.  «  Je 
n'écris  point  l'histoire  de  la  révolution  française, 
dit-il  en  commençant  son  livre  :  c'est  aux  hom- 
mes qui  ont  vu  et  suivi  les  événements  à  fournir 
les  matériaux  à  l'histoire ,  ce  n'est  point  à  eux  à 
l'écrire.  «  Il  ne  parut  point  à  la  tribune  de  l'As- 
semblée constituante,  mais  il  lit  imprimer-  ses 
opinions  Sur  la  constitution  qui  convient  aux 
Français ,  1789  ;  Contre  l'arrestation  du  roi  à 
Varennes,  1791,  etc.  Le  marquis  de  Perrièresa 
aussi  publié  Le  Théisme ,  ou  recherches  sur  la 
nature  de  l'homme  et  sur  ses  rapports  avec 
les  autres  hommes  dans  l'ordre  moral  et  dans 
l'ordre  politique  ;  P&ris,  1791,  2'' édit.,  2  vol. 
in-12  :  la  première  édition  avait  paru  sous  le 
voile  de  l'anonyme,  en  1785  ;  —  et  Justine  et 
Saint-Plour,  précédé  d'un  Entretien  sur  les 
femmes  considérées  dans  l'ordre  social;  Paris, 
1792,  2  vol.  in-12.  L.  Louvet. 

Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biog,  univ.'et  portJ\des  Contemp. 

FERRIÊRES -SAUVEBŒUF      (Comte     DE)  , 

voyageur  et  agent  politique  français,  né  en 
Champagne,  assassiné  à  Montmort  (Marne),  en 
1814.  Il  suivit  d'abord  la  carrière  militaire  ;  mais 
il  la  quitta  vers  1782,  pour  aller  remplir  une 
mission  diplomatique  à  Constantinople  et  à  Is- 
pahan,  et  parcourut,  s'il  faut  l'en  croire,  la  Tur- 
quie, la  Perse  et  l'Arabie  durant  six  années.  De 
retour  en  France  vers  1789,  il  affecta  les  prin- 
cipes ulti'a-révolutionnaires,  et  se  fit  affilier  à  la 
Société  des  Jacobins  de  Paris.  Il  y  fut  dénoncé 
en  1794,  comme  ayant,  en  sa  qualité  de  membre 
du  comité  des  défenseurs  officieux ,  fait  rendre 
la  liberté  à  plusieurs  détenus  et  entre  autres  à 
M"e  Fleury,  comédienne  ;  il  représenta  que  si 
parmi  ces  élargis  il  y  avait  quelques  culottés , 
c'est  qu'ils  avaient,  ainsi  que  la  citoyenne  Fleury, 
rendu  des  services  à  des  sans-culottes.  Il  fut 
néanmoins  exclu  de  la  Société  et  traduit  devant 
le  comité  de  sûreté  générale ,  qui  le  fit  écrouer  au 
Luxembourg.  Mais  cette  persécution  ne  sembla 
qu'apparente,  et  Perrières-Sauvebœuf  fut  soup- 
çonné de  remplir  le  rôle  d'agent  provocateur  au- 
près de  ses  compagnons  de  prison.  Après  le  9  ther- 
midor, Lecointre  de  Versailles  le  désigna  à  la 
tribune  sous  l'épithète  de  mouton  (dénonciateur, 
terme  d'argot).  En  1799,le.Directoire  l'envoya  en 
mission  secrète  dans  la  Cisalpine  auprès  de  Tar- 
mée  de  Schérer ,  et  au  moment  où  ce  général  ve- 
naitd'ètre  repoussé  par  les  Autrichiens.  Ferrières, 
n'ayant  pu  représenter  de  pouvoirs  réguliers, 


65« 


FERRIÈRES-SAUVEBOEUF  —  FERRO 


5û() 


Schérer  le  fit  arrêter  et  enfermer  dans  la  cita- 
delle de  Milan,  d'où  il  s'évada.  De  retour  à 
Paris  ,  il  publia  un  pamphlet  contre  Schérer  ; 
celui-ci  porta  plainte  contre  le  libelliste,  qui  fut 
détenu  quelques  mois  au  Temple.  Après  le  coup 
d'État  du  18  brumaire,  Ferrières-Sauvebœuf  se 
retira  en  Champagne,  où  il  vécut  jusqu'en  1814. 
A  cette  époque,  il  leva  un  corps  franc  pour  com- 
battre l'invasion  étrangère;  mais  peu  après  il  fut 
assassiné  en  plein  jour  dans  les  rues  de  Mont- 
mort.  Quoique  le  meurtrier  fût  connu ,  il  de- 
meura impuni.  Le  comte  de  Ferrières-Sauve- 
bœuf avait  épousé  la  fille  du  marquis  de  Mont- 
mort.  Cette  union  contractée  sous  la  terreur 
ne  fut  point  heureuse.  Il  avait  un  frère  qui  se 
montra  toujours  aussi  opposé  à  la  révolution 
que  lui-même  y  avait  été  attaché.  On  a  de  lui  : 
Mémoires  historiques  et  politiques  de  mes 
Voyages  faits  depuis  1782  jusqu'en  1789,  en 
Turquie,  en  Perse  et  en  Arabie,  mêlés  d'ob- 
servations sur  le  gouvernement ,  les  mœurs , 
la  religion  et  le  commerce  de  tous  les  peuples 
de  ces  différents  pays,  avec  les  relations 
exactes  de  tous  les  événements  qui  ont  eu  lieu 
dans  l'Empire  Ottoman  depuis  1774  jusqu'à 
la  rupture  des  Turcs  avec  les  deux  cours 
impériales  ;  suivis  de  tous  les  détails  de  ce 
qui  s'est  passé  de  remarquable  entre  les 
deux  armées  de  ces  trois  puissances  belligé- 
rantes et  d'un  calcul  raisonné  des  avantages 
que  les  cours  de  Vienne  et  de  Saint-Péters- 
bourg peuvent  retirer  de  leurs  victoires  sur 
les  Ottomans;  Maëstricht  et  Paris,  1790, 
1  vol.  in-8°  ;  L'auteur  y  attaque  violemment 
Choiseul-Gouffier,  ambassadeur  de  France  près 
la  Porte  Ottomane ,  et  critique  le  Voyage  en 
Syrie  et  en  Egypte  de  Volney,  ainsi  que  les 
Considérations  sur  la  guerre  des  Russes  et 
des  Turcs  du  même  auteur;  Paris,  1787,  2  vol. 
in-4°  ;  —  Précis  des  lettres  écrites  par  le  cit. 
F.  S., pendant  sa  détention  ati  Temple,  au 
cit.  Merlin,  alors  président  du  Directoire; 
Paris,  1799,  in-8°.  H.  Lesuecr. 

Le  Moniteur  universel ,  4  juillet  1790,  n°  185  ;  10  octo- 
bre 1790,  n°  284.  —  Biofiraphie  moderne,  édit.  de  1806. 
—  Qiiérard,  La  France  littéraire. 

FEBKiNS  (  Luc  ) ,  biographe  et  hagiographc 
italien ,  né  à  Florence,  vivait  au  seizième  siècle. 
îl  entra  dans  l'ordre  des'  Servîtes.  11  publia  les 
ouvrages  laissés  manuscrits  par  son  confrère  le 
P.  Poccianti  ;  les  plus  importants  sont  :  Cata- 
logus  Scriptorum  Florentinorum  omnis  ge- 
neris ;  Florence,  1589^  in-4°;  Ferrini  y  ajouta 
près  de  deux  cents  noms  nouveaux;  —  Vite 
di  sette  beati  Fiorentini  fundatori  delV  or- 
dine  de'  Servi;  Florence,  1589,  in-8".  Ferrini 
inséra  dans  ce  volume  deux  opuscules  de  lui  ; 
Délia  Nhbilità  de'  Fiorentini,  et  Délia  Reli- 
gione  de'  Servi. 

Negri ,  Storia  degli  Scrittori  Fiorentini. 

FERRiwî  (Fiwcenso),  théologien  italien,  né  à 
Castel-Nuovo-de-Garfagnana  (  Toscane  ) ,  vivait 


à  Venise  en  1596.  II  entra  dans  l'ordre  des  Do- 
minicains, devint  vicaire  général  du  saint-of- 
fice à  Parme  en  1583,  et  l'année  suivante  pro- 
vincial de  Hongrie,  de  Slyrie,  de  Carinlhie. 
C'était  un  habile  et  zélé  prédicateur.  On  a  de 
lui  :  Alfabetto  spirituale ;  Venise,  1586, 
in-12  ;  —  Alfabetto  essemplare  ;  Venise ,  1590  ; 
in-12;  —  Lima  univer sale  de'  F?ïm;  Venise, 
1596,  in-4°. 
Échard,  i'crjptorcs  OriHnis  Prxdieatomm,  t.  U,p.  313. 

FERRïOL  ou  FÉRîOL  (Charles,  marquis 
d'Argental,  comte  de),  ambassadeur  français, 
né  en  1637,  mort  à  Paris,  en  1722.  Après  avoir 
pendant  plusieurs  années  accompagné,  en  qualité 
de  commissaire,  le  révolté  hongrois  Tekeli, 
il  fut  nommé  ambassadeur  de  France  à  la  Porte 
Ottomane,  le  18  mai  1699.  Lors  de  la  première 
audience  qu'il  devait  obtenir  du  grand-seigneur, 
le  5  janvier  1700,  il  se  présenta  avec  une  épée 
cachée  sous  son  caftan.  Les  officiers  chargés  de 
l'introduire  essayèrent  inutilement  de  la  lui  en- 
lever ;  et  comme  on  ne  put  nullement  le  décider 
à  s'en  dessaisir,  il  dut  se  retirer  sans  avoir  été 
présenté  au  sultan;  il  ne  le  fut  même  jamais 
pendant  tout  le  temps  de  sa  mission.  Quelques 
mois  après,  se  promenant  dans  le  Bosphore,  sur 
un  yacht  semblable  à  celui  du  sultan ,  on  le  me- 
naça de  le  couler  à  fond  s'il  continuait  à  af- 
fecter les  marques  d'une  dignité  qui  n'était  pas 
la  sienne.  Il  ne  contribua  pas  peu,  par  sa  con- 
duite irréfléchie ,  à  confirmer  les  Turcs  dans  l'o- 
pinion qu'ils  ont  conçue  de  la  légèreté  du  peuple 
français.  C'est  lui  qui,  à  l'instigation  des  Jésuites, 
fit  enlever  à  Khios  le  patriarche  arménien  Avedikh. 
Il  fut  rappelé  en  1710,  et  revint  en  France,  ame- 
nant avec  lui  M""  Aïssé.  Il  avait  perdu  la  raison 
quelque  temps  auparavant.  Le  Hay  publia ,  d'a- 
près les  tableaux  de  Ferriol,  un  Recueil  décent 
estampes  représentant  différentes  nations  du 
Levant;  Paris,  1714,  in-fol.,  avec  un  texte  ex- 
plicatif. E.  Beauvois. 

Explicat.  du  Recueil,  p.  ,6.  —  Journ.  de  Ferdun,  an. 
1723,  p.  76.  —  La  Motraye,  P'oyagcs,  t.  I,  eh.  xvii,  nx. 
—  .1.  deHammer,  Hist.  del'Emp.  Ottom.,  t.  XU,  p.  3§4  ; 
XIII,  38-42,  180,  184,  227-228.  —  Suiats-fienve,  Derniers 
Portraits  littéraires. 

*FEREis  (  François  de)  ,  moraliste  français 
du  seizième  siècle.  Il  était  médecin  à  Toulouse. 
Il  a  traduit  du  latin  et  considérablement  déve- 
loppé le  livre  de  Jehan  de  La  Case  ayant  pour 
titre  :  Des  Offices  mutuels  qui  doivent  être 
entre  les  grands  seigneurs  et  leurs  courtisans  ; 
Paris,  1571 ,  in-8".  On  doit  au  même  écrivain 
un  Traité  du  Devoir  entre  les  maîtres  et  ser- 
viteurs privés  ;  Paris,  1572,  in-8°. 

Emile  BÉGiN. 

La  Croix  du  Maine,  Bibliothèque  française,  I,  p.  217; 
Du  Verdier,  Bibl.  franc.,  I,  p.  648. 

*  FESiRO  [Scipion),  mathématicien  italien,  né 
à  Bologne,  vers  1465.  11  professa  depuis  1496  jus- 
qu'en 1525  dans  cette  ville,  et  fit  faire  à  l'algèbre 
un  progrès  des  plus  notables  en  découvrant  une 
méthode  pour  résoudre  les  équations  du  troisième 


557  FERRQ  r- 

degré.  ïl  ne  publia  point  sa  découverte,  et  ce  n'est 
que  par  liasard  que  son  nom  est  arrivé  jusqu'à 
nous;  les  écrivains  de  l'époque  n'en  parlent  pas  ; 
'I  Cardan  est  le  premier  qui  dans  son  Ars  magna 
Ffiit  cité  avec  de  grands  éloges.  G.  B. 

I.ibri,  Nist.  des  Sciences  math,  en  Italie,  t.  lU,  p.  149. 

FEURO  (  Jean-François  ) ,  historien  italien , 
né  à  Comacchio,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  11  a  publié  nne  Istoria  deW  antica 
I  città  di  Comacchio;  Ferrare,  1701,  in-4''.  Len- 
I  glet-DuiVesnoy  attribue  cette  histoire  à  Barthé- 
I  leniy  Ferro,  né  comme  le  précédent  à  Comacchio 
'  et  auteur  d'une  Storia  délie  Missioni  dé"  Clerici 
regolari  Teatini ;  Rome,  1704,2  vol.  in-foL 

Lenglet-Dufresnoy  ,  Méthode  pour  étudier  l'histoire , 
Catalogue  des  historiens.—  Coletti,  Catal.  délie  storie 
particol.  dclle  città  d'Jtalia. 

*  FERRORHi ,  poëte  persan,  vivait  à  la  fin  du 
quatrième  siècle  de  l'hégire  (dixième  de  J.-C.  ). 
11  était  disciple  d'Ansari,  et  florissait  à  la  cour 
de  Mahmoud  le  Ghaznewide.  On  a  de  lui  :  un 
Diwan;  —  Terdjeman-al-belaghet(lïvi&[\)vh,iQ 
de  l'Eloquence),  le  premier  traité  de  métrique  et 
de  poétique  qui  ait  été  écrit  en  persan.  Cet  ou- 
vrage jouit  d'une  grande  autorité.  B — s. 

Oouletschah,  Tedzkiret  as-schoara,  I.  —  Hadii-Klial- 
fah  ,  Lex.  bibl.,  t.  II,  n°  2894;  111,  5599.  —  J.  de  Hammer, 
Cesch.  der  schœnen  Redek.  Persiens,  p.  A8. 

FJîBiiOM   (Arnoul  Le).  Voij.  Le  Ferron. 

*FERROMi  (Girolaino) ,  peintre  et  graveur 
de  l'école  milanaise,  né  à  Milan,  en  1687.  Après 
avoir  reçu  dans  sa  patrie  les  premières  notions 
de  l'art,  il  partit  pour  Rome ,  où  il  étudia  sous 
Carlo  Maratta.  Il  ne  fit  que  de  médiocres  progrès, 
à  en  juger  d'après  la  Mort  de  saint  Joseph  à 
San-Eustorgio,  qui  passe  pour  le  meilleur  de 
ses  ouvrages.  Il  eut  plus  de  talent  comme  gra- 
veur, et  les  amateurs  recherchent  les  planches 
qu'il  a  exécutées  d'après  Carlo  Maratta,  telles 
que /05we  arrêtant  le  soleil ,  Bébora  chan- 
tant un  hymne,  Jael  tuant  Sisara,  Judith 
coupant  la  tête  à  Holopherne,  La  Chasteté 
de  Joseph,  etc.  E.  B — n. 

Ticozzi,  Dizionario. 

FERiiPNMAYS.  Voyez  La  Ferronnays. 

*  FERROKiviËRE  (La  belle),  maîtresse  de 
François  P"",  morte  vers  1540.  Suivant  l'opinion 
générale,  elle  était  née  en  Castille ,  et  avait  passé 
en  France,  mêlée  à  la  troupe  de  vagabonds  et  de 
saltimbanques  qui  suivirent  François  \^^  à  son 
retour  de  captivité.  Le  roi  se  trouvait  à  Com- 
piègne  en  1538,  lorsque  le  bruit  se  répandit 
qu'il  était  dangereusement  frappé  d'une  maladie 
honteuse  dans  son  origine,  dégoûtante  dans  ses 
symptômes,  et  contre  laquelle  on  n'avait  encore 
trouvé  aucun  remède  efficace.  On  racontait,  pour 
expliquer  lacausedumal,  que  le  roi  avait  séduit 
une  femme  désignée  seulement  par  le  nom  de  la 
belle  Ferronnière  (1)  ;  que  le  mari,  appelé  Jean 

(1)  I,es  lins  prétendent  que  son  mari  était  un  ferron- 
nier (  marchand  de  fer,  fabricant  ou  reiarchand  de  gros 
ouvrages  de  ce  métal  |;  d'autres  ont  dit  que  c'était  un 
avocat  nommé  Ferron.  Guyon-,  qui  affirme   avoir  vu  la 


FERROUX 


558 


Ferron,  vieux  et  austère  bourgeois,  logé  à  Paris, 
dans  la  rue  Barbette ,  en  face  de  cet  hôtel  No- 
tre-Dame d'où  étaient  sortis  jadis  les  assassins 
de  Louis  d'Orléans,  avait  conçu,  dans  les  trans- 
ports de  sa  jalousie ,  le  projet  d'une  vengeance 
horrible;  qu'il  s'était  infecté  à  desseùi  d'un  mor- 
tel venin,  et  l'avait  communiqué  à  sa  jeune  et 
belle  compagne ,  pour  qu'à  son  tour,  sans  le  sa- 
voir, elle  l'inoculât  au  roi.  François  F''  ne  par- 
vint jamais,  dit-on  ,  à  se  guérir,  et  il  mourut  de 
ce  mal  redoutable,  après  huit  ans  de  souffrances. 
L'histoire  de  la  Ferronnière  aura  peut-être  le 
sort  de  l'admirable  portrait  de  Léonard  de  Vinci, 
conservé  au  Louvre,  et  qui,  disait-on,  la  re- 
présentait :  longtemps  on  le  regarda  comme 
authentique ,  et  aujourd'hui  il  est  reconnu  apo- 
cryphe ;  il  représente  une  femme  dont  le  front 
est  ceint  d'une  ganse  noire,  retenue  par  un  dia- 
mant. [Comtesse  de  Bradi,  dans  V£nc.  des 
G,  du  M.] 

Le  Bas,  Diction,  encyc,  de  la  France.  —  Garnier,  His- 
toire de  France,  t.  XIll,  p.  106.  —  Mézeray,  1. 11,  p.  1005. 

FERROUX  {Etienne- Joseph),  homme  poli- 
tique français,  né  le  25  avril  1751,  mort  à  Salins, 
le  12  mai  1834.  Il  était  fils  d'un  conseiller  au 
parlement  de  Besançon.  Il  était  lorsque  éclata  la 
révolution  attaché  au  ministère  des  finances. 
En  1789  il  fut  élu  député  extraordinaire  près 
l'Assemblée  nationale  par  la  ville  de  Salins,  puis 
en  septembre  1792  envoyé  comme  représentant 
du  département  du  Jura  à  la  Convention,  et  siégea 
parmi  les  girondins.  Il  s'opposa  d'abord  à  la 
mise  en  jugement  de  Louis  XVI ,  mais,  dans  le 
cours  du  procès  de  ce  monarque ,  il  vota  pour 
la  mort  avec  appel  au  peuple  et  sursis.  Orateur 
peu  brillant,  on  ne  le  vit  pas  figurer  dans  les 
grandes  et  terribles  luttes  de  l'époque;  mais, 
après  le  31  mai,  il  signa  courageusement  la  fa- 
meuse protestation  des  soixante-treize,  et  fut  com- 
pris dans  le  nombre  des  représentants  proscrits. 
Arrêté  aussitôt,  il  fut  incarcéré  au  Luxembourg. 
Les  événements  du  9  thermidor  an  ii  (  27  juillet 
1794  )  préservèrent  sa  tête,  et  le  18  frimaire  an 
m  (  8  décembre  1794  )  il  fut  rappelé  à  la  Con- 
vention. Le  10  prairial  de  la  même  année,  il  fut 
envoyé  en  mission  dans  les  départements  de 
l'Ain,  de  l'Isère,  du  Rhône,  de  la  Loire  et  de 
Saône-et-Loire.  Le  11  thermidor  (  29  juillet  1795), 
il  écrivit  à  la  Convention  pour  demander  que 
Péthion,  Buzot  et  Barbaroux  eussent  part  aux 
honneurs  décernés  aux  députés  morts  victimes 
du  parti  ultra-révolutionnaire.  Le  Directoire  rap- 
pela Ferroux  en  brumaire  an  iv.  Il  venait  d'être 
élu  simultanément  par  la  Haute-Saône  et  le  Jura, 
et  reprit  sa  place  au  Conseil  des  Anciens.  C'est 
sur  son  rapport  au  Corps  législatif  que  fut  abrogé, 
le  16  mai  1796,  le  décret  rendu  par  la  Convention 
contre  les  administrateurs  de  Longwy,  accusés 

belle  Ferronnière,  se  refuse  à  donner  des  détails  sur  sa 
famille,  «  parce  qu'elle  a  laissé  des  enfants,  gens  de 
bonne  renommée  et  pourvus  de  hauts  emplois.  Elle  mou- 
rut jeune,  et  fut,  ajoute-t-il,  ensevelie  dans  le  couvent 
de  Saint-Maur,  sa  paroisse.  » 


559 

en  1792  d'avoir  rendu  leur  ville  aux  Prussiens. 
Le  18  août  il  fut  élu  secrétaire;  le  11  mai  il  fit 
un  bon  rapport  sur  l'administration  des  salines. 
Il  se  laissa  -entraîner  dans  les  rangs  des  réaction- 
naires, et  par  suite  de  la  journée  du  18  fructidor 
an  v(4  septembre  1797)  il  fut  compris  sur  la 
liste  des  déportés  àCayenne.  Poulain-Gi>andprey 
et  plusieurs  autres  de  ses  collègues,  connaissant 
ses  principes  modérés,  le  firent  rayer  de  la  pros- 
cription. Il  cessa  de  faire  partie  du  Conseil  des 
Anciens  le  1''''  prairial  an  vi  (20  mai  1798),  et 
fut  bientôt  nommé  commissaire  du  Directoire 
pour  les  salines  du  Jura.  Le  premier  consul,  Bo- 
naparte, le  fit  passer  à  la  direction  des  contri- 
butions directes  du  Jura ,  puis  aux  mêmes  fonc- 
tions dans  le  Doubs.  Après  quarante  ans  de  ser- 
vices, il  fut  mis  à  la  retraite  par  les  Bourbons,  le 
20  juillet  1814  ,  et  privé  de  sa  pension  le  l*""  jan- 
vier 1816  et  obligé  de  sortir  de  France  en  vertu 
de  la  loi  dite  d'amnistie,  rendue  le  12  du  même 
mois.  Il  se  réfugia  à  Nyons  (Suisse),  où  il  vé- 
cut pauvre  et  infirme  jusqu'en  septembre  1830  , 
époque  à  laquelle  le  gouvernement  issu  de  la 
révolution  de  Juillet  lui  permit  de  venir  mourir 
dans  sa  patrie.  Il  a  publié  :  Compte-rendu  à 
mes  commettants  ;  juin  1793;  —  lestament 
politique  de  M.  Ferroux,  ex-conventionnel; 
1829,  in-8°.  H.  Lesueur. 

Biographie  moderne  ,  édit.  de  1806.  —  Petite  Bi»gra- 
phie  conventionnelle.  —  Arnault,  A;  Jay,  etc..  Biogra- 
phie nouvelle  des  Contemporains.  —  Kabbe ,  Boisjo- 
lin ,  etc.,  Biographie  universelle  des  Contemporains. 
—  Louandre  et   Bourquclot ,  la  Littérature  française. 

*FERRUCCi  {Andréa),  sculpteur  italien, 
né  à  Fiesole,  vers  la  moitié  du  quinzième  siècle, 
mort  à  Florence,  en  1522.  Ce  grand  artiste,  au- 
quel Vasari  n'a  pas  rendu  justice,  avait  com- 
mencé par  sculpter  l'ornement  ;  mais  bientôt  il 
aborda  la  figure,  devint  dessinateur  gracieux, 
simple  et  vigoureux  à  la  fois  ;  et  il  tailla  le  mar- 
bre avec  tant  de  grâce,  de  charme,  de  morbi- 
desse,  que  ses  œuvres  peuvent  être  comptées  au 
nombre  des  meilleures  productions  de  son  temps, 
et  ne  le  cèdent  pas  même  à  celles  de  son  illustre 
compatriote  Mino  da  Fiesole.  Ayant  vécu  à  la 
fin  du  quinzième  et  au  commencement  du  sei- 
zième siècle ,  il  participa  du  style  des  deux  siè- 
cles, et  rappelle  à  la  fois  Donatello  et  Michel- 
Ange.  Ce  mélange  des  deux  manières  est  surtout 
sensible  dans  les  sculptures  dont  il  avait  enrichi 
l'église  Saint-Jérôme  de  Fiesole,  devenue  au- 
jourd'hui, avec  le  couvent  dont  elle  dépendait,  ia 
villa  Ricasoli.  Les  deux  bas-rehefs  de  l'autel , 
Saint  Jérôme  respecté  par  le  lion,  et  La  3îule 
adorant  le  Saint-Sacrement ,  ont  de  la  grâce 
et  de  l'expression,  mais  conservent  encore 
quelques  restes  de  la  simplicité  \m  peu  naïve  du 
quinzième  siècle,  tandis  que  Les  deux  Anges  ado- 
rant la  croix  n'eussent  pas  été  désavoués  par 
Michel-Ange.  Ces  sculptures  ont  été  publiées  par 
Cicpgnara.  On  voit  aussi  à  Fiesole,  dans  la  ca- 
thédrale, un  superbe  rétable  de  marbre  enrichi 
par  Ferrucci  de  statuettes  et  de  bas-reliefs  du 


FERROUX  —  FERRUCCI  560 

travail  le  plus  fini  et  le  plus  délicat.  A  Florence , 
il  a  laissé-dans  la  cathédrale  une  statue  de  Saint 
André  apôtre ,  et  le  buste  de  Marsile  Ficin  sur 
son  tombeau;  à  Sainte-Marie-Nouvelle , le  mau- 
solée du  célhiare  jurisconsulte  Antonio  Strozzi, 
ouvrage  de  sa  vieillesse,  dans  lequel  il  fut  aidé  par 
deux  de  ses^ compatriotes,  Silvio  et  BoscoU, 
qu'employa  aussi  Michel- Ange.  A  Pistoja,  il  a 
sculpté  les  élégants  fonts  baptismaux  ornés  des 
figures  du  Christ  et  de  Saint  Jean,  d'enfants  et 
de  petits  sujets  en  demi-relief.  Enfin,  dans  une 
église  de  Volterra ,  on  conserve  deux  anges 
sortis  de  son  ciseau.  Ferrucci  mourut  dans  un 
âge  avancé,  et  fut  enseveli  dans  l'église  des  Ser- 
vîtes de  Florence. 

Il  faut  se  garder  de  confondre  cet  artiste 
avec  un  autre  Andréa  Ferrucci,  qui  vécut  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  et  en- 
core moins,  ainsi  que  l'ont  fait  plusieurs  auteurs, 
avec  un  ancien  sculpteur  connu  comme  lui  sous 
le  nom  d'Andréa  da  Fiesole.         E.  B — n. 

Baldinucci,  Notizie.  —  Orlandi,  Abbecedario.  —  Ci- 
cognara,  Storia  délia  Scultura.  —  Ticozzi ,  Dizionario. 
—  Fantozzi,  Nuovo  Guida  di  Firenze.  — Tolomei,  Guida 
di  Pistoja.  —  Valéry,  f^oijages  historiques  et  littéraires 
en  Italie. 

*FERRiTCCi  (Francesco) ,  surnommé  del 
Tadda ,  sculpteur  florentin ,  originaire  de  Fie- 
sole, florissait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
et  mourut  en  1585.  Il  se  rendit  célèbre  par  la 
découverte  de  l'art  de  tremper  les  outils  d'acier 
de  manière  à  pouvoir  tailler  le  porphyre.  C'est 
à  l'aide  de  ce  procédé  qu'il  exécuta  dans  cette 
matière  si  dure  la  grande  coupe  de  la  fontaine 
du  palais  Pitti,  une  tête  de  Christ,  et  les 
bustes  de  Corne  1er  et  de  sa  femme.  En  1564, 
il  fut  chargé  par  ce  prince  de  l'exécution  de  la 
statue  de  La  Justice,  qui  fut  placée,  en  1580,  sur 
la  colonne  érigée  devant  l'église  de  la  Sainte- 
Trinité.  N'ayant  lien  voulu  perdre  du  bloc  de  por- 
phyre long  et  mince  qui  lui  avait  été  confié ,  Fer- 
rucci avait  fait  la  figure  trop  svelte,  défaut  qui 
devint  surtout  sensible  lorsqu'elle  fut  mise  en 
place,  et  auquel  il  dut  remédier  à  l'aide  d'une 
draperie  flottante  de  bronze.  On  cite  parmi  les 
rares  ouvrages  en  marbre  de  Ferracci  le  tom- 
beau de  Giovanni-Francesco  Vogio,  dans  le 
Campo-Santo  de  Pise ,  monument  exécuté  vers 
1550.  Après  une  brillante  carrière,  pendant  la- 
quelle il  fut  estimé  et  protégé  par  Côme  F'"  et 
François  T"^,  il  mourut  dans  un  âge  assez 
avancé,  et  futinhumé  dans  l'église  Saint-Jérôme 
de  Fiesole,  où  dès  1576  il  s'était  préparé  une 
sépulture  de  famille.  E.   B — n. 

Baldinucci,  Notizie.  —  Orlandi,  Abbecedario.—  Cam- 
pori,  Gli  Artlsti  negii  Stati  Estensi.  —  Morrona,  Pisa. 
—  Fantozzi,  Guida  di  Firenze. 

*  FERRUCCI  (  Pompeo  ) ,  sculpteur  de  l'école 
florentine ,  originaire  de  Fiesole ,  vivait  à  Rome 
sous  le  pontificat  de  Paul  V,  et  mourut  sexagé- 
naire, vers  1625.  Neveu  de  Romola  Ferrucci,  il 
futile  dernier  de  cette  nombreuse  famille  d'ar- 
tistes ;  malheureusement  il  n'eut  pas  la  pureté 
de  goût  de  ses  ancêtres,  s'il  hérita  de  leur  halà- 


5G1  FERRUCCI 

leté  à  tailler  le  marbre.  Il  n'en  obtint  pas  moins, 
et  peut-être  à  cause  de  ce  défaut  même,  qui  était 
celui  de  son  temps,  une  grande  réputation,  et 
fut  prince  de  l'Académie  de  Saint-Luc.  Il  se  fit 
connaître  par  la  i-estauration  de  monuments  an- 
tiques et  par  un  grand  nombre  de  statues,  telles 
que  La  Religion  sur  le  tombeau  du  cardinal 
Alexandrin ,  neveu  de  Pie  V,  à  la  Minerva  ;  La 
Vierge  placée  sur  la  grande  porte  du  Quirinal  ; 
et  Deux  Vertus,  au  tombeau  de  Paul  V,  dans  la 
chapelle  Pauline  de  Sainte-Marie-Majeure.  Le 
plus  important  de  ses  ouvrages  est  im  grand 
bas-relief  presque  de  ronde-bosse  à  la  chapelle 
Vidoni  de  l'église  délia  Vittoria  ;  c'est  une  As- 
somption avec  Sai7it  Jérôme  et  un  cardinal  de 
la  famille  Vidoni.  Cette  sculpture  est  traitée 
avec  amour  ;  mais  elle  est  peut-être  encore  plus 
maniérée  que  les  autres  productions  de  son  au- 
teur. E.  B— N. 

Cicognara ,  Storia  délia  Scultura.  —  Baldiniicci ,  No- 
tlzie,  —  Ticozzi ,  Dizionario.  —  Bagiioni,  f^ite  de'  Pit- 
tori,  Scultori,  etc.,  dal  1373  al  1642.  —  Oriandi,  Abbece- 
dario. 

*  FERRUCCI  (  Nicodemo  ) ,  peintre  de  l'école 
florentine,  né  à  Fiesole,  mort  à  Florence,  en 
1650,  Il  futle  disciple  favori  du  Passignano,  qu'il 
suivit  à  Rome  et  qu'il  aida  dans  la  plupart  de 
ses  travaux.  Il  tint  beaucoup  de  la  manière  har- 
die et  animée  de  son  maître,  et  il  eut  une  grande 
habileté  de  main ,  une  rare  franchise  de  touche, 
surtout  dans  la  fresque.  Malgré  le  prix  élevé  qu'il 
mettait  à  ses  ouvrages,  il  n'en  eut  pas  moins  à  exé- 
cuter de  nombreuses  commandes.  En  1619,  avec 
le  Passignano  et  les  principaux  artistes  de  Flo- 
rence, il  peignit  à  fresque  la  précieuse/acarfe  du 
palais  de'  signori  del  Borgo ,  sur  la  place  de 
Santa-Croce.  Parmi  ses  autres  fresques  de  Flo- 
rence, les  plus  remarquables  sont  deux  Apôtres 
à  Saint-Simon-et-Saint-Jude ,  six  sujets  de  la- 
vie  de  saint  François  au  cloître  d'Ogni-Santi, 
plusieurs  lunettes  au  réfectoire  du  couvent  de 
Santa-ïrinità,  enfin ,  sous  le  portique  de  l'hô- 
pital de  San-Bonifazio,  une  grande  lunette  où  est 
représentée  Sainte  Catherine  d'Alexandrie 
entourée  rfe^'ewwes  j^Wes,  dont  les  têtes  sont 
aussi  jolies  que  variées.  On  voit  aussi  quelques 
bonnes  fresques  de  Ferrucci  au  couvent  des 
Capucins  de  Fiesole.  Les  principaux  tableaux  de 
ce  maître  sont  une  Conception  à  Saint-Simon- 
et-Saint-Jude,  Le  Christ  au  jardin  des  Olives 
et  La  Vierge  avec  saint  Charles  à  Sainte- Ver- 
diane ,  La  Madone  du  Rosaire  dans  l'église  de 
l'hôpital  de  San-Bonifazio;  enfin,  dans  la  galerie 
consacrée  à  la  gloire  de  Michel-Ange  dans  le 
palais  Buonarotti,  Ferrucci  a  peint  au  plafond 
les  plus  célèbres  peintres,  sculpteurs  et  archi- 
tectes qui  se  soient  inspirés  des  œuvres  du  grand 
artiste.  E.  B — n. 

Baldinucci ,  Noiizie.  —  Lanzl ,  Storia  délia  Pittttra. 
—  Oriandi,  Abbecedario.  —  Ticoizi,  Dizionario.  — 
Fantozzi,  Nuovo  Guida  di  Firenze.  —  Keminiscenze 
pittoriche  di  Firenze,  in-*";  Firenze,  1845. 

*FERRUS  {Guillaume-Marie- André),  mé- 
decin français  ,  né  au  Château-Queyras ,  près 


FERRUS 


562 


Briançon  (  Dauphiné  ),  le  2  septembre  1784. 
Son  père,  député  à  l'Assemblée  législative, 
laissa  le  jeune  Ferrus  aux  soins  d'un  frère  qui 
était  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  militaire 
de  Briançon.  Plus  tard,  l'élève  fit  ses  études  à 
Paris,  et  fut  nommé,  sur  la  recommandation  du 
maréchal  Bessières ,  chirurgien  de  troisième 
classe  à  l'ambulance  de  la  garde  impériale,  et  fit 
en  cette  qualité ,  sous  les  ordres  de  Larrey,  la 
campagned'Austerhtz.  Il  devint  chirurgien-major 
des  chasseurs  à  cheval  de  la  garde ,  et  partagea 
les  fatigues  et  les  dangers  de  l'armée  française 
dans  les  campagnes  de  Pi'usse,  de  Pologne, 
d'Espagne,  d'Autriche  et  dans  la  retraite  de 
Russie. 

Après  le  licenciement  de  la  garde,  en  1814,  il 
vint  se  fixer  à  Paris,  et  pendant  les  Cent  Jours 
Corvisartle  fit  nommer  médecin  par  quartier  près 
de  l'empereur.  En  1818  M.  Ferrus  fut  adjoint  à 
Pinel  pour  le  service  de  l'hôpital  de  la  Salpé- 
trière.  En  1826  il  devint  médecin  en  chef  des 
ahénés  de  Bicêtre.  Avant  de  prendre  possession 
de  cet  emploi  important,  il  alla  visiter  les 
hôpitaux  de  la  Grande-Bretagne  pour  perfec- 
tionner son  instruction  dans  le  traitement  des 
aliénés.  A  son  retour,  il  introduisit  à  l'hospice 
de  Bicêtre  une  nouvelle  discipline ,  adoucit  le 
traitement  des  fous,  les  soumit  au  travail,  sur- 
tout à  celui  de  l'agriculture  en  obtenant  la  créa- 
tion de  la  ferme  de  Sainte-Anne.  Il  introduisit 
ea  outre  à  Bicêtre  l'enseignement  clinique  des 
maladies  mentales.  Plusieurs  fois  ses  élèves  ont 
recueilli  et  inséré  dans  les  journaux  de  médecine 
une  analyse  de  ses  leçons.  Ses  succès,  toutefois, 
furent  un  moment  troublés  par  un  événement 
déplorable.  Le  conseil  des  hospices  avait  appelé 
l'attention  de  M.  Ferrus  sur  quel(]ues-uns  des 
moyens  préconisés  pour  le  traitement  de  l'é- 
pilepsie,  lorsque  ce  médecin  conçut  la  pensée 
d'employer  l'acide  hydrocyanique  sur  plusieurs 
malades,  dont  l'état  serait  observé  comparative- 
ment; mais,  par  une  déplorable  fatalité,  au  lieu 
du  sirop  hijdrocij unique  de  3L  Magendie, 
qui  était  le  seul  connu  dans  la  pratique,  et  que 
le  docteur  Ferrus  avait  voulu  employer,  on  ad- 
ministra le  sirop  hydrocyanique  préparé  d'après 
la  formule  placée  en  appendice  dans  le  nouveau 
Codex  :  peu  d'heures  après ,  quelques  épilepti- 
ques  étaient  morts.  Du  reste ,  une  enquête , 
provoquée  par  M.  Ferrus  lui-même,  le  justifia 
complètement.  En  1830  il  fut  nommé  médecin 
consultant  du  roi  et  membre  du  conseil  supé- 
rieur de  santé.  Dans  le  sein  de  ce  conseil ,  il  a 
vivement  combattu  le  système  des  prohibi- 
tions, des  quarantaines  et  des  cordons  sani- 
taires pour  cause  d'insalubrité.  Chargé  depuis 
1835  des  fonctions  d'inspecteur  général  des  éta- 
blissements d'aliénés  ,  il  a  visité  presque  toutes 
les  maisons  de  ce  genre  qui  existent  en  France, 
et  ses  importantes  observations  ont  [)rovoqué 
la  loi  sur  les  aliénés.  Membre  de  l'Académie  de 
Médecine  depuis  sa  création,  il  y  a  lu  un  grand 


I 


SG3  FERRUS 

nombre  de  i-apports  et  de  mémoires,  parmi  les- 
quels on  remarque  :  un  Mémoire  Sur  ^e,s  bles- 
sures du  cœur;  —  un  rapport  étendu  sur  les 
eaux  minérales  en  France  ;  —  v.n  autre  plus 
détaillé  encore  Sur  l'étal,  sanitaire  et  moral 
des  maisons  de  détention  entretenues  par  le 
gouvernement. W  adonné  dans  \(i Dictionnaire 
de  Médecine  les  articles  Asthme,  Cancer,  Épi- 
démie, Foie,  Ictère,  Goutte,  Néphrésie,  Bhu- 
matisme,  etc.  On  a  en  outre  de  lui  :  Notice 
sur  le  docteur  Esparron  ;  1818,  in-8°  ;  —  No- 
tice historique  sur  Corvisart;  1821,  in-8°;  — 
Rapport  médico-légal  sur  quelques  cas  dou- 
teux de  folie;  1831,  in-S"  (Extr.  de  la  Ga- 
zette médicale);  —  Sur  quelqxies  questions 
de  médecine  légale  et  de  législation  relatives 
à  Vétat  civil,-  1834,  in-8°,  avec  2  pi.  et  5  ta- 
bleaux. GUI'OT  DE    FÈRE. 

Sarrut,  Biograph.  des  Hommes  dn  Jour.  —  Sachaille, 
Les  Médecins  de  Paris.  —  Louandie,  Littérature  con- 
temporaine. 

FERtiuz  (....),  littérateur  espagnol,  vivait  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle.  Tout  ce  qu'on  sait 
de  lui,  c'est  qu'il  figure,  avec  la  qualification  de 
maestro,  et  comme  auteur  d'une  composition 
dramatique  en  vers  sur  le  meurtre  d'Abel,  dans 
un  recueil  manuscrit  conservé  à  la  Bibliothè- 
que nationale  de  Madrid. 

Ticknor,  Histonj  of  Spanish  Litcraturc,  t.  II,  p.  230. 

FERRY  (Paul),  théologien  protestant ,  né  à 
Metz,  le  24  février  1591,  mort  dans  cette  ville, 
le  28  décembre  1669.  Il  appartenait  à  une  fa- 
mille honorable;  sa  mère  était  la  sœur  du 
procurerir  général  Joly.  Pendant  le  cours  de  ses 
études  à  l'académie  protestante  de  Montauban, 
il  publia  un  recueil  de  poésies  diverses,  compre- 
nant des  sonnets,  des  stances  et  une  pastorale 
en  six  actes.  Mais,  regardant  la  culture  de  la 
poésie  comme  incompatible  avec  la  gravité  du 
ministère  évangélique,  auquel  il  se  préparait,  il 
annonça  lui-même  au  public,  dans  l'avertissement 
placé  en  tête  de  ce  volume,  qu'il  renonçait  pour 
toujours  à  ce  genre  frivole  d'occupation.  Reçu 
ministre  en  1612,  il  exerça  les  fonctions  pasto- 
rales à  Metz  pendant  l'espace  de  soixante  ans. 
D'après  dom  Calmet,  Ferry  était  l'homme  le  plus 
éloquent  de  la  province.  Une  belle  prestance,  un 
air  vénérable,  des  manières  gracieuses  et  polies 
donnaient  un  nouveau  lustre  à  ia  considération 
qu'il  devait  à  ses  talents.  Doué  d'une  grande  ac- 
tivité d'esprit,  et  à  la  fois  d'une  rare  prudence  et 
d'un  esprit  conciliant,  il  s'acquit  l'estime  des 
hommes  influents  de  son  temps,  et  il  eut  de 
bonne  heure  une  grande  autorité  morale  aussi 
bien  auprès  des  catholiques  qu'auprès  de  ses  pro- 
pres coreligionnaires.  La  vaste  correspondance 
qu'il  laissa  prouve  qu'on  le  consultait  de  tous  les 
points  de  la  France.  On  a  donné  une  idée  de  ia 
considération  dont  il  jouissait  dans  le  jeu  de  mots 
du  distique  suivant  mis  au  bas  de  son  portrait  : 

Taies  si  muUos  ferrent  hscc  ssecula  ferri, 

In  ferri  sœolis  aurea  ssecla  forent. 

Affligé  des  divisions  qui  régnaient  entre  les 


—  FERRY  56  î 

I  diverses  fractions  du  protestantisme,  et  ne  dé- 
sespérant pas  de  pouvoir  contribuer  en  quelque 
chose  à  les  faire  disparaître ,  il  enti-ctint  à  ce 
sujet  une  correspondance  avec  Durseus,  théolo- 
gien anglais ,  grand  partisan  de  la  réunion  de 
toutes  les  communions  chi-étiennes.  Celui-ci  si; 
rendit  même  à  Metz  en  1662,  pour  conférer  avec 
lui  sur  les  moyens  de  rapprocher  les  diverses 
églises  protestantes.  Ce  projet  échoua  devant  la 
roideur  dogmatique  des  théologiens  de  tous  les 
partis.  Le  pasteur  de  Metz  semble  môme  avoir 
porté  plus  loin  encore  l'amour  de  la  conciliation. 
On  a  prétendu  qu'il  ne  regardait  pas  comme 
impossible  la  réunion  des  protestants  et  des  ca- 
thohques.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  eut 
sur  ce  sujet  une  longue  correspondance  avec  Bos- 
suet.  Voici  comment  se  noua  cette  affaire  :  Ferry 
avait  publié  en  1654  un  Catéchisme  général  de 
la  Réformation,  Sedan,  1654,  in-8°,  2"  édit.,. 
Genève,  1656,  dans  lequel  il  prouvait  que  la  ré- 
formation avait  été  une  réaction  nécessaire  con- 
tre la  corruption  de  l'Église.  Bossuet,  alors  cha- 
noine et  archidiacre  de  Metz,  débuta  dans  la 
controvei'se  par  une  réfutation  de  ce  petit  ou- 
vrage. Cette  discussion,  loin  de  diviser  les  ad- 
versaires, leur  inspira  l'un  pour  l'autre  une  es- 
time réciproque;  et  quand,  en  1667,  on  s'occupa, 
par  suite  des  désirs  de  la  cour,  d'un  projet  de 
réunion  des  protestants  et  des  catholiques,  on 
s'adressa  à  Ferry,  qui  se  mit  en  relation  avec 
Bossuet.  Sa  correspondance  a  été  imprimée  dans 
Je  t.  XXV  des  Œuvres  de  Bossuet  (édit.  de 
Versailles).  Guy  Patin  déclare,  dans  une  lettre 
du  14  mars  1670,  que  Ferry  était  un  des  mi- 
nistres gagnés  par  le  cardinal  de  Richelieu  pour 
parler  et  agir  en  faveur  de  la  réunion  des  deux 
religions,  et  qu'il  touchait  cinq  cents  écus  de 
pension  en  récompense  du  service  demandé. 
Cette  déclaration,  qu'on  a  essayé  de  combattre, 
a  été  depuis  mise  hors  de  doute  par  une  quit- 
tance de  Ferry  trouvée  dans  les  manuscrits  (ca- 
hier de  comptes  et  quittances  )  de  îa  Bibliothè- 
que impériale. 

Ferry  laissa  un  grand  nombre  d'écrits,  dont  la 
plupart  sont  restés  inédits.  Ceux  qui  ont  été  pu- 
bliés sont,  en  outre  de  son  Catéchisme  général 
de  la  Réformation  -.  Les  Premières  Œuvres 
poétiques  de  Paul  Ferry,  Messin,  où,  sous  la 
douce  diversité  de  ses  conceptions ,  se  rencon- 
trent les  honnestes  libériez  d'une  jeunesse; 
Montauban  et  Lyon,  1610,  in-8°,  —  Scholastici 
orthodoxi  Spécimen,  hoc  est  salutis  nostrsc 
methodus  analytica,  ex  ij)sis  scholasticorum 
veterum  et  recentiorum  intimis  juxta  nor- 
mam  Scripturarum  adornata  et  instructa  ; 
Genève,  1616,  in-8°;  2^  édit,,  Leyde,  1630, 
in-S".  L'objet  de  ce  livre,  qui  eut  du  succès,  est 
de  montrer  qu'un  grand  nombre  de  scolastiques 
ont  professé  sur  la  grâce  le  même  sentiment  que 
les  réformés  ;  —  Le  Dernier  Désespoir  de  la 
Tradition  contre  l'Écriture;  Sedan  ,  1618, 
in-8"  :  c'est  une  réfutation  d'un  livre  di;i  jésuite 


.;=j5  •  FERRY 

fiiuiçais  Véron  contre  les  protestants  ;  —  Réfu- 

lation  des   calomnies  semées  nouvellement 

contre  certain  endroit  d'un  livre  publié  il 
y  a  plusieurs  années  et  intitulé  :  Le  dernier 
Désespoir,  etc. ;  Sedan,  1624,  in-8°,  sans  nom 
(l'auteur  ;  —  Remarques  d'histoire  sur  le. 
Discours  de  la  vie  et  de  la  mort  de  saint  Li- 
vier  et  le  récit  de  ses  miracles  publiés  par 
le  sieur  de  Rambervitter ;  1624,  in-S",  sans 
nom  d'auteur;  —  Vindicix pro  scliolastico  or- 
l/iodoxo,  adversus  Léon.  Perinum,Jesuit.,  in 
quibus  agitur  de  prgedestinatione  et  an- 
nexis,  de  gratia  et  lïbero  arbitrio,  dé  causa 
peccati  et  fustificatione ;  Leyde,  1630,  in-8°. 
in-8°.  C'est  une  défense  et  comme  mi  supplément 
de  son  Scholastici  orthodoxi  Spécimen;  — 
Quatre  Sermons  prononcés  en  divers  lieux 
et  sur  différents  sujets;  La  Ferté-au-Col , 
1646,  in-12;  —  Lettre  aux  Ministres  de  Ge- 
nève, dans  le  t.  II  de  la  Bibliothèque  anglaise. 
Cette  lettre  fut  écrite  en  faveur  d'Anthoine,  con- 
damné à  mort  à  Genève  pour  cause  d'impiété 
et  d'incrédulité.  Ses  nombreux  manuscrits  se 
composent  de  centaines  de  sermons,  de  plusieurs 
volumes  d'écrits  théologiques,  d'une  foule  de 
pièces  diverses,  d'une  correspondance  très-riche 
et  de  4  vol.  in-fol.  de  recherches  sur  l'histoire 
de  Metz.  S'il  faut  en  croire  Bayle ,  la  partie  de 
ces  recherches  qui  concerne  l'histoire  de  la  ré- 
formation était  assez  travaillée  pour  pouvoir 
être  livrée  à  l'impression.  Ferry  avait  dessein  de 
la  publier,  pour  réfuter  Y  Histoire  de  la  nais- 
sance et  de  la  décadence  de  V Hérésie  dans 
la  ville  de  Metz,  par  Maurice.  La  plupart 
de  ces  inanuscrits  se  trouvent  actuellement  à  la 
bibliothèque  publique  de  Metz.  Michel  Nicolas. 

Baylc,  Dict.  hist.  —  E.-A.  B(?gin,  Biogr.  de  la  MoseUc. 
—  MM.  Haag,  La  France  'protestante.  —  Docum.  part. 

FERRY  (4Hrfré),  géomètre  français,  né  à  Reims, 
en  1714,  mort  le  5  septembre  1773. 11  entra  dans 
l'ordre  des  Minimes.  II  lit  servir  à  l'utilité  publi- 
que ses  profondes  connaissances  en  physique  et 
en  hydraulique.  Les  villes  d'Amiens,  de  Dôle  et 
de  Reims  lui  doivent  les  fontaines  qui  les  déco- 
rent. Il  fut  le  premier  professeur  des  écoles  de 
mathématiques  et  de  dessin  établies  à  Reims 
sur  ses  plans.  On  a  de  lui,  en  l'honneur  du 
cardinal  de  Tencin,  un  poëme  en  vers  latins. 

Desessarts,  Siècles  littéraires. 

8''Er.RY!)ESAiNT-coKSTAMT(/e«H-Z..),  litté- 
rateur italien,  né  en  1755,  àFano(États Romains), 
mort  dans  la  même  ville,  le  16  juillet  1830.  H 
s'établit  de  bonne  heure  en  France,  et  obtint  la 
place  de  secrétaire  de  l'ambassadeur  français  en 
Hollande.  Il  quitta  la  France  pendant  la  révolu- 
tion, et  n'y  revint  qu'après  le  18  brumaire.  Il  fut 
nommé  en  1807  [n'oviseur  du  lycée  d'Angers, 
et  envoyé  à  Rome  en  1811,  pour  y  organiser 
l'instruction  publique.  Après  la  chute  de  l'empire 
français ,  il  revint  dans  sa  patrie.  On  a  de  lui  : 
Le  Génie  de  Buffon,avccun  discours prélimi- 
mire  ;  Paris,    1778,  in-12;  —  Les  Portraits , 


caractères  et  mœurs  du  dix-huitième  siècle  ; 
AmsterfJam,  1780,  in-12-,  —  Considérations 
sur  les  révahitions  des  Provinces-  Unies; 
Paris,  1788,  in-S"  ;  —  De  l'Éloquence  et  des  ora- 
teurs anciens  et  modernes;  Paris,  1789, in-8"; 
—  Londres  et  les  Anglais;  Paris,  1804,  4  vol. 
in-8°;  —  Les  Rudiments  delà  Traduction,  ou 
l'art  de  traduire  le  latin  en  français;  1818,  in-12  ; 
— Spettatoreitaliano  ;W\dLn,  1824,  4  vol.in-i". 

Arnault,  Jouy,  etc..  Biographie  nouv.  des  Contemp.  — 
Quérard,  La  France  littéraire. 

*FERR¥  {Claude- Joseph),  homme  d'Élat, 
savant  et  littérateur  français,  né  en  1756,  à  Raon- 
l'Estape,  près  Saint-Dié  (Lorraine),  mort  à  Lian- 
coiirt  (Oise),  le  1''''  mai  1845.  H  fit  de  brillantes 
études,  commencées  à  l'École  militaire  de  Paris, 
et  continuées  sous  la  direction  et  d'après  les  con- 
seils du  célèbre  D'Alembert ,  qui  plus  tard  l'ho- 
nora de  sa  protection  et  de  son  amitié.  A  peine 
âgé  de  trente  ans.  Ferry  fut  nommé  professeur 
à  l'École  du  Génie,  alors  établie  à  Mézière-s. 
Élu  nombre  de  la  Convention  par  le  départe- 
ment des  Ardennes  en  1792,  il  s'y  distingiia  par 
une  rare  netteté  d'esprit.  Lors  du  procès  du 
roi  Louis  XYI,  persuadé,  comme  beaucoup  de 
ses  collègues,  que  les  actes  contradictoires 
émanés  de  la  couronne  n'étaient  que  les  résul- 
tats de  la  trahison,  il  vota  la  mort  de  l'accusé. 
En  1793,  il  fut  envoyé  en  mission  dans  les  dé- 
partements du  centre,  et  présida,  de  concert 
avec  Monge,  aux.  mesures  propres  à  repousser 
l'étranger  qui  envahissait  la  France.  Ils  surveil- 
lèrent et  activèrent  la  fabrication  des  armes ,  la 
fonte  des  canons,  etc.  Son  mandat  expiré.  Ferry 
reprit  ses  fonctions  de  professeur  à  l'École  du 
Génie,  transférée  à  Metz.  Lors  de  la  création  de 
l'École  Polytechnique  (appelée  d'abord  École 
centrale  des  Travaux  piiblics),\\  y  fut  attaché 
en  qualité  d'examinateur,  et  revint  à  Paris.  Ses 
opinions,  sincèrement  républicaines ,  l'empêchè- 
rent de  se  rallier  au  gouvernement  de  Napoléon; 
et  lors  de  l'établissement  du  consulat  il  se  démit 
de  ses  fonctions  publiques ,  pour  se  livrer  à  la 
culture  des  sciences  et  des  lettres.  Il  acquit  de 
grandes  connaissances  pratiques  dans  de  longs 
voyages  scientitiques  qu'il  fit  au  nord  de  l'Eu- 
rope, et  parti cuhèrement  en  Russie.A  son  retour. 
Ferry  reprit  ses  fonctions  fie  professeur  à  l'École 
du  Génie,  et  en  1812  succéda  à  Malus  comme 
examinateur  à  l'École  Polytechnique.  Il  con- 
serva ce  poste  jusqu'en  1814,  où  il  fut  destitué 
comme  régicide.  Fidèle  aux  convictions  de  sa  vie 
entière  ,  quand  vinrent  les  Cent  Jours,  il  refusa 
de  signer  l'acte  additionnel  aux  constitutions  de 
l'empire.  A  la  seconde  rentrée  des  Bourbons, 
Ferry  ne  fut  pas  exilé  :  il  reçut  au  contraire  une 
pension.  Il  put  ainsi  se  livrer  aux  études  et  aux 
travaux  qui  avaient  fait  le  charme  de  sa  longue 
vie.  On  a  de  lui  :  Notice  sur  l'organisation, 
l'administration  et  V état  présent  des  colonies 
mililaires  en  Russie,  tr;»].  de  l'anglais  du  doc- 
teur Lyall-,  Paris,  1S25,  in-8°  ;  —Nouvelles 


567  FERRY  — 

Idées  sur  la  population,  avec  des  remarques 
sur  les  théories  de  Malthus  et  Godwin, 
traduit  de  l'anglais  d'Alexandre-H.  Everett  ; 
Paris,  1826,  in-8".  Ferry  a  donné  de  nombreux 
articles  dans  la  Revue  encyclopédique  et  dans 
le  Dictionnaire  de  la  Conversation. 

Ch— c. 
Renseignements   particuliers.   —   Ch.  Oupia,   Essai 
liist.  sur  Monge. 

.     FERRY.  Voy.  FeRRI. 

FERSEiv  {Axel,  comte  de),  homme  d'État 
suédois ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  appartenait  à  une  ancienne 
famille  de  Livonie,  qui  marqua  dans  l'histoii-e  de 
Suède  durant  les  règnes  de  Christine ,  de  Char- 
les X  et  de  Charles  XI.  Lui-même  servit  plu- 
sieurs années  en  France,  d'où  il  revint  dans  son 
pays  avec  le  grade  de  maréchal  de  camp.  Il  eut 
ensuite  un  commandement  en  Poméranie,  et  de- 
vint trois  fois  maréchal  de  la  diète.  Son  influence 
se  manifesta  particulièrement  dans  l'assemblée 
des  états  en  1756,  époque  à  laquelle  on  décou- 
vrit un  complot  dont  le  but  était  une  révolution 
en  faveur  de  la  cour.  Cette  découverte  fut  suivie 
de  l'exécution  de  plusieurs  personnages  impor- 
tants, tels  que  le  comte  Brahé,  le  baron  Horn, 
ordonnée  par  les  états.  Opposé  aux  changements 
dans  la  forme  du   gouvernement  médités   par 
Gustave  HT,  et  ne  pouvant  lutter  à  la  fois  contre 
le  roi  et  le  peuple,  Fersen  quitta  Stockholm,  et 
devint  sénateur  lorsque  tout  fut  consommé.  Mais 
l'abaissement  du  pouvoir  de  ce  corps  politique 
le  détermina  ainsi  que  d'autres  sénateurs  à  don- 
ner sa  démission.  Membre  de  l'ordre  de  la  no- 
blesse durant  les  diètes  de  1778  et  de  1786,  il 
déploya  son  ancienne  activité  politique.  Ce  fut 
dans  la  première  de  ces  assemblées  qu'il  de- 
manda une  enquête  sur  le  comité  de  la  banque 
qui  empêchait  le  gouvernement  de  recourir  à  cet 
étabUssement  dans  ses  embarras.  Le  roi,  mécon- 
tent" de  ces  interpellations  de  Fersen ,  l'accusa 
d'empiéter  sur  sa  prérogative.   «  Une  telle  ac- 
cusation dans  la  bouche  d'un  roi,  répondit  le 
courageux  membre  de  la  diète,  est  souvent  un 
arrêt  de  mort  ;  mais  en  me  vouant  au  service  de 
ma  patrie  je  lui  ai  fait  le  sacrifice  de  mes  jours. 
Je  ne  changerai  rien  à  mes  convictions.  J'at- 
tache peu  de  prix  à  ma  vie,  accablée  qu'elle  est 
d'années  et  d'infirmités  ;  cependant  ma  tète  ne 
tomberait  pas  sans  danger  pour  le  roi.  »  Eu  1789 
Fersen  essaya  de  défendre  les  droits  de  la  no- 
blesse contre  le  roi,  qui  témoigna  contre  lui  une 
vive  irritation  :  «   Yous   avez  plus  d'une  fois 
ébranlé  le  troue  de  mon  père,  lui  dit  Gustave  ; 
gardez-vous  de   jamais  toucher  au  sceptre  de 
mon  fils.  »  Fersen  fut  arrêté  ainsi  que  quelques 
autres  membres  de  la  noblesse.  Rendu  ensuite 
à  la  liberté,  il  dut  assister  sans  pouvoir  y  porter 
obstacle  au  triomphe  du  roi,  qui  s'empara  du 
pouvoir  absolu.  Lors  de  l'asassinatde  Gustave, 
Fersen  alla,  avec  le  comte  Brahé,  présenter  ses 
hommages  à  ce  souverain,  qui  lui  témoigna  le 


FERSEN  568 

plaisir  qu'il  avait  de  se  réconcilier  avec  le  vieux 
représentant  de  la  noblesse. 

Geyer,  Hist.  de  la  Suède.  —  Le  Bas,  La  Suéde,  dans 
VVniv.  pitt. 

FERSEN  (  Axel ,  comte  de  ),  maréchal  de 
Suède,  fils  du  précédent,  né  à  Stockholm,  en 
1750,  massacré  le  20  juin  1810.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  sous  la  direction  de  son  père , 
il  vint  en  France ,  oii  il  fut  nommé  colonel  du 
régiment  royal  suédois.  Il  fit  ensuite  les  guer- 
res d'Amérique,  visita  l'Angleterre  et  l'Italie , 
et  à  son  retour  en  France ,  lorsque  la  révolu- 
tion éclata  dans  ce  pays,  il  se  fit  remarquer' 
par  son  attachement  à  Louis  XVI  et  à  la  famille 
royale.  Ce  fut  lui  qui  disposa  leur  fuite  à  Va- 
rennes  ;  déguisé  en  cocher ,  il  les  conduisit  hors  ' 
de  Paris.  Le  décret  d'amnistie  lui  ouvrit  les 
portes  de  la  prison  où  le  mauvais  succès  de  ce 
projet  d'évasion  l'avait  fait  enfermer  ;  et  malgré 
les  dangers  auxquels  il  venait  ainsi  d'échapper,  le 
comte  de  Fersen  n'abandonna  pas  la  famille  royale 
déchue,  et  accablée  par  le  malheur.  Il  trouva 
moyen  dé  faire  parvenir  des  consolations  aux 
nobles  victimes  dans  leur  prison  du  Temple. 
Forcé  enfin  de  quitter  la  France,  il  séjourna  tour 
à  tour  à  Vienne,  à  Dresde  et  à  Berlin.  A  la  fin  il 
retourna  en  Suède,  où  le  roi  le  promut  successi- 
vement aux  dignités  de  gi-and-raaître  de  samaison, 
de  chancelier  de  l'université  d'Upsal  et  de  maré^ 
chai  du  royaume.  Mais  bientôt  il  s'attira  la  haine  ! 
du  peuple.  La  mort  subite  du  prince  Christian 
de  Holstein-Augustenbourg  (28  mai  1810),  qui 
peu  de  temps  auparavant  avait  été  nommé  suc- 
cesseur au  trône  et  avait  su  mériter  l'affection 
générale,  porta  cette  haine  au  plus  haut  degré. 
Le  bruit  se  répandit  que  Fersen  et  la  comtesse 
Piper  {voy.  ce  nom),  sa  sœur,  avaient  eu  part, 
de  concert  avec  d'autres  grands  de  la  cour,  à  la 
mortde  Christian,  que  l'on  supposait  avoir  été  em- 
poisonné. Aussi  le  20  juin  1810,  lorsque  le  corps 
du  prince  fut  transporté  solennellement  de  Lil- 
jeholm  à  Stockholm,  le  peuple  lança  des  pierres 
contre  la  voiture  du  comte,  qui  se  vit  forcé  de 
se  réfugier  dans  une  maison.  Celle-ci  ayant  été 
assaiUie,  le  général  Silfversparre  ne  put  le  sous- 
traire pour  quelques  instants  à  la  mort,  dont 
les  furieux  le  menaçaient,  qu'en  promettant 
au  peuple  de  conduire  immédiatement  Fersen 
comme  prisonnier  à  l'hôtel  de  ville.  Mais  à 
peine  le  malheureux  comte  y  fut-il  arrivé,  que  la 
multitude  qui  l'y  avait  suivi  l'arracha  des  mains 
de  ses  gardes,  le  précipita  du  haut  de  l'escalier, 
le  'tua  et  exposa  son  cadavre  sur  la  place  du 
marché.  La  sœur  de  Fersen ,  cherchée  en  vain 
dans  la  ville ,  avait  su  échapper  à  la  colère  du 
peuple.  Il  est  reconnu  aujourd'hui  que  cette  co- 
lère n'avait  aucun  fondement.  L'investigation 
judiciaire  la  plus  sévère  n'a  jamais  pu  fournir 
le  moindre  indice  d'empoisonnement  du  prince 
Christian.  [Enc.  des  G.  du  M.,  avec  add.  J 

Lamartine,  Hist.   des  Girondins.  —  Getfroy,  dans  la 
Rèv,  des  Deux  Mondes,  1855.  —  Le  Bas,  La  Suède,  dans 


569 


FERSEN  - 

Brown,  Les 


VUniv.  pitt.   —  Conversations-Lexikon. 
Cours  du  Nord. 

FERTÉ-iMBAUT  (Le  maréchal  de  La). 
Votj.  Étampes. 

FERTÉ-SENNETERRE  (De  La  ).  Voy.  La 
Ferté. 

FERTEL  (  Martin- Dominique  ) ,  imprimeur 
français ,  né  à  Saint-Omer,  vers  1672,  mort  dans 
la  même  ville,  en  1752-.  On  a  de  lui  :  Science 
pratique  de  l'Imprimerie;  Saint-Omer,  1723, 
in-4°.  Ce  curieux  ouvrage  a  été  réimprimé  avec 
des  additions  par  Annoy  vande  Wyder;  Bruxel- 
les, 1822,  in-4". 
Chaudon  et,  Delaodlne,  Dict.  univ.  hist.  et  crxt. 

*FERTiAULT  {François),  littérateur  fran- 
çais,  né  à  Verdun  (Saône-et-Loire),  le  25  juin 
1814.  De  parents  sans  fortune,  il  suivit  d'abord 
l'enseignement  de  l'école  des  Frères,  puis  il  en- 
tra au  collège  de  Châlons.  Des  vers  qu'il  publia  à 
seize  ans  furent  l'objet  des  louanges  unanimes 
de  la  société  de  la  ville,  qui  se  cotisa  pour  lui 
donner  les  moyens  d'achever  ses  études.  Venu 
à  Paris  en  1835,  il  s'adonna  à  la  culture  des  let- 
tres, tout  en  occupant  l'emploi  de  caissier  chez 
un  banquier.  On  a  de  lui  :  La  Nuit  du  Génie, 
poërae;  Chalons-sur-Saône,  1835,  in-8°;  —  Ar- 
thur, ou  le  dîner  des  sept  châtelains ,  poëme 
en  3  parties;  Paris,  1837,  in-8°;  —  Le  Dix- 
neuvième  Siècle ,  satires  morales  en  vers,  avec 
Eugène  Nus;  Paris,  1840,  in-S";  —  Les  Noëls 
boîir guignons,  de  B.  de  La  Monnoye,  texte  et 
traduction  littérale  ;  1842,  in-16;  —  Le  Sélam, 
langage  des  fleurs  illustré;  1844,  in-64;  —  Pâ- 
querettes et  Boutons  d'or,  nouvelles  pour  la 
jeunesse;  1844,  in-8"  ,  avec  gravures  ;  —  La 
Bonne  Étoile;  1845,  in-8°;  —  Les  Contes  de 
Perrault,  avec  une  moralité  pour  chaque  conte  ; 
1846,  in-8";  —  Les  Rimes  de  Dante ,  traduc- 
tion littérale  (Sonnets,  canzones,  ballades)  ;  1848 
et  1854,  in-16;  —  Histoire  pittoresque  et 
anecdotique  de  la  danse.  Il  a  en  outre  coo- 
péré à  diverses  pubhcations  :  Les  Français 
peints  par  eux-mêmes  (1840)  ;  —Paris  chan- 
fa»i!  (1844)  ;  —  Le  Feuilleton  de  Paris  (  1847- 
1851);  —Le  Moyen  Age  et  la  Renaissance 
(1847)  ,  et  a  inséré  beaucoup  de  vers  et  de  nou- 
velles dans  des  revues  ou  recueils  littéraires, 
tels  que  la  Revue  française.  Le  Voleur,  le 
Journal  des  Dames,  Le  Conseiller  des  Da- 
mes et  des  Demoiselles ,  Ze  Conseiller  des 
Enfants,  Le  Souvenir,  etc.  M.  Ch. 

Documents  particuliers.  —  Journal  de  la  Librairie. 

FERUS  {Georges),  controversiste  et  philolo- 
gue français,  né  à  Teyn  (Bohême),  en  1585, 
mort  à  Brczniz,  le  21  janvier  1655.  Il  entra  dans 
la  Société  de  Jésus  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  et 
professa  au  collège  de  Prague  pendant  plus  de 
trente  ans.  11  composa  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages religieux ,  oubliés  aujourd'hui  ;  on  ne 
connaîtque  sa  Grammatica  Linguse  Bohemlcee  ; 
Prague,  1642,  in-8°. 
Sotwell,  Bibliotheca  Societatis  Jesu.  —  Balblnus,  So- 
'  hemia  docta. 


FÉRUSSAC  570 

FERUS,  prédicateur  anglais.  Voy.  YviLu. 
FÉRUSSAC  {Jean-Baptiste-Louis  d'Aude- 
BARD,  baron  de),  naturaliste  français,  né  à  Clé- 
rac  (Languedoc),  en  1745,  mort  en  1815.  Il  ap- 
partenait à  une  ancienne  famille  d'épée ,  origi- 
naire de  Férussac,  près  d'Agen.  Il  s'occupa  avec 
un  égal  succès  de  l'art  militaire,  de  l'artillerie 
surtout,  des  mathématiques,  de  la  physique,  de 
la  zoologie,  de  la  géologie,  de  l'histoire,  et  des 
questions  les  plus  élevées  de  littérature  et  de 
philosophie.  Capitaine  de  vaisseau  au  commen- 
cement de  la  révolution ,  il  crut  devoir  émi- 
grer,  comme  la  plupart  des  officiers  de  marine. 
Il  joignit  l'armée  du  prince  de  Condé,  où  il 
servit  jusqu'en  1801 ,  époque  où  une  amnistie 
lui  rouvrit  les  portes  de  la  France.  Il  reçut  à 
la  première  restauration  le  grade  honorifique 
de  colonel.  Outre  un  grand  nombre  de  mémoi- 
res et  d'articles  insérés  dans  divers  recueils,  le 
baron  de  Férussac  a  publié  :  Observations  sur 
l'Encyclopédie;  1782,  in-8°;  —  Essai  d'une 
méthode  conchyliologique  appliquée  aux  mol- 
lusques fluviatiles  et  terrestres,  d'après  la 
considération  de  l'animal  et  de  son  test  ;  et 
Mémoires  de  la  Société  médicale  d'Émulation, 
année  1802,  t.  IV;  Paris,  1807,  in-8°.  M.  de 
Férussac  fils  le  fit  réimprimer,  avec  des  additions 
très-importantes.  Le  baron  de  Férussac  a  laissé 
des  matériaux  pour  une  histoire  générale  des 
mollusques. 
Biog.  des  Contemporains. 

FÉRUSSAC  (  André-Étienne-Just-Paschal- 
Joseph-François  T>'AvT)TS.BKRj>,  baron  de),  natu- 
raliste français,  fils  du  précédent,  né  en  178g, 
mort  à  Paris,  en  1836.  Entré  dans  les  véUtes  à 
dix-sept  ans,  il  ne  tarda  pas  à  fixer  l'attention 
des  savants  de  la  capitale  par  divers  travaux 
d'histoire  naturelle  présentés  à  l'Institut.  Appelé 
en  Espagne,  il  se  signala  au  siège  de  Saragosse , 
prit  part  à  toutes  les  affaires  où  se  trouva  son  ré- 
giment, et  recueillit  de  nombreux  matériaux  sur 
la  géographie  ancienne,  l'aichéologie,  la  géologie 
et  l'histoire  naturelle  du  pays.  11  reçut  à  Moguer 
un  coup  de  feu  qui  lui  traversa  la  poitrine,  et  se 
vit  obligé  de  prendre  sa  retraite  au  moment  oi'i 
il  venait  d'être  nommé  capitaine.  11  reprit  alors 
à  Paris  ses  relations  et  ses  travaux  scientifiques. 
Son  Coup  d'œil  sur  l'Andalousie  eut  un  grand 
succès.  L'empereur  voulut  lire  cet  ouvrage,  se 
fit  rendre  compte  de  la  position  du  jeune  inva- 
lide, et  le  nomma  sous-préfet  d'Oleron.  A  l'ap 
proche  des  alliés ,  Férussac  se  rendit  à  Agen , 
ensuite  à  Bordeaux,  où  il  alla  se  présenter 
au  duc  d'Angoulême,  qui  le  renvoya  reprendre 
ses  fonctions,  et  liji  fit  obtenir  plus  tard  le 
grade  de  chef  de  bataillon  de  la  garde  natio- 
nale de  Paris.  Pendant  les  Cent  Jours  Férussac 
fut  nommé  à  une  sous-préfecture  ;  il  refusa  d'ap- 
poser sa  signature  à  l'acte  additionnel  et  de  prê- 
ter son  serment  au  préfet.  A  la  seconile  restau- 
ration il  remit  ses  fonctions  k  son  prédécesseur, 
et  reprit  ses  travaux  scientifiques.  Devenu ,  en 


571 


FÉRDSSAG 


1817,  chef  d' état-major  de  la  2e  division  mili- 
taire, il  fut  nommé  successivement  membre  de 
la  commission  chargée  de  l'organisation  de  l'É- 
cole d'AppHcation  d'État-Major,  et  professeur  de 
géographie  et  de  statistique  militaire  à  cette 
école. 

En  1823,  Férussac,  sentant  combien  il  im- 
portait d'établir,  après  le  long  isolement  où  la 
goei-re  avait  retenu  les  savants  des  divers  pays, 
un  lien  commun  et  des  rapports  habituels ,  jeta 
les  fondements  du  Bulletin  imiversel  des 
Sciences  et  de  V Industrie.  Les  huit  recueils 
dont  se  composait  le  Bulletin  attirèrent  l'atten- 
tion, et  consignèrent  les  travaux  les  plus  re- 
marquables de  tous  les  savants  et  industriels 
du  globe.  Malheureusement  la  pubhcation  en 
l'ut  arrêtée  quelques  années  après  la  révolution 
de  Juillet,  parce  que  leâ  chambres  refusèrent 
d'allouer  la  somme  nécessaire  -pour  soutenir 
une  si  vaste  entreprise.  On  a  de  Férussac  :  Con- 
sidérations générales  sîir  les  mollusques 
tei'restres  et  Jluviatiles  et  sur  les  fossiles 
des  terrains  d'eau  douce;  Paris,  1812,  in-4°; 
—  Extrait  du  journal  de  intS  Campagnes 
en  Espagne,  contenant  un  coup  d'oeil  sur 
V Andalousie ,  une  dissertation  sur  Cadix  et 
sur  son  île,  une  relation  historique  du  siège 
de  Saragosse;  Paris,  1813,  in-8°;  —  Mémoires 
géologiques  sur  les  terrains  formés  sous 
l'eau  douce  par  les  débris  fossiles  des  mol- 
lusques vivant  sur  la  terre  oïl  dans  l'eau 
non  salée;  Paris,  1814,  in-4°j  —  Chambres 
départementales  considérées  comme  moyen 
d'arrêter  toute  usurpation  sur  la  puissance 
légitime,  et  de  rétablir  la  liberté  convena- 
ble aux  comnmnes;  Paris,  1810,  in-8°;  — 
Histoire  naturelle,  générale  et  particulière 
des  mollusques  terrestres  et  fluviatiles ,  tant 
des  espèces  que  l'on  trouve  aujourd'hui  vi- 
vantes que  des  dépouilles  fossiles  de  celles 
qui  n'existent  plus ,  classés  d'après  les  ca- 
ractères essentiels  que  présentent  ces  ani- 
maux et  leurs  coquilles;  ouvi'age  posthume 
de  Jean-Baptiste  de  Férussac,  continué  ,  tnis  on 
ordre  et  publié  par  son  lils  ;  Paris,  1817,  in-4'' 
et  in-fol.  Cet  important  ouvrage,  dont  J.-B.  de 
l'érussac  avait  en  partie  rassemblé  les  maté- 
riaux, a  été  conduit  par  An.-tt.  de  F'érussac 
jusqu'à  la  29^  livraison.  Il  a  été  continué  depuis 
par  M.  G.sp.  Deshayes;  — De  la  Nécessité  de 
fixer  et  d'adopter  un  corps  de  doctrine  pour 
la  géographie  et  la  statistique  ;  Paris,  1819, 
in-S";  —  De  la  Géographie  et  de  la  Statisti- 
que, considérées  dans  leurs  rapports  avec  les 
sciences  qui  les  avoislnen  t  de  plus  près  ;  Pa- 
ris, 1821,  in-8°; —  Tableaux  sijstémaliqucs 
des  Animaux  mollusques,  classés  en  familles 
naturelles  ;  Paris,  1822,  in-4°  ;  —  3îonographie 
des  espèces  vivantes  et  fossiles  du  genre  Mé- 
lanopsides;  Paris,  1823,  in-4°;  —  Additions  et 
corrections  au  Tableau  méthodique  de  la 
classe  des  Céphalopodes  ;  Paris,  1827,  in-8°; 


—  FESCH  672 

—  Catalogue  des  espèces  de  molhisques  ter- 
restres et  fluviatiles  recueillies  par  M.  Sander- 
Rang  dans  un  voyage  aux  grandes  Indes;  l 
Paris,  1827,  in-8°;  —  Examen  analytique  de  | 
la  conférence  de  Mor  Vévêque  d'Hermopolis  j 
dans  laquelle  Moïse  est  considéré  comme 
historien  des  temp's  primitifs  ;  Paris,  1827, 
in-80  ;  —  Histoire  naturelle  des  Aplysiens , 
avec  M.  Sander-Rang  ;  Paris,  1828,  4  livraisons 
iu-fol.  ;  —  De  la  Nécessité  d'une  Correspon- 
dance régulière  etsanscesse  active  entre  tous 
les  Amis  des  Sciences  et  de  V Industrie  ;  Parisj 
1829,  in-40;  —  Mémoire  sur  la  Colonisation 
de  la  régence  d'Alger;  Paris,  1833,  in-8°;  — 
De  l'État  actuel  de  la  France  et  de  la  néces- 
sité de  s'' occuper  de  son  ai;e?iïr  ;  Paris ,  1834, 
in-S";  —  Histoire  naturelle,  générale  et  par- 
ticulière des  Céphalopodes  cryptodibranches 
(avec  M.  d'Orbigny);  Paris,  1834-1842,  20  li- 
vraisons in-fol.;  —  Note  sur  la  Seiche  à  six 
pattes  et  sur  deux  autres  espèces  de  Sei- 
ches ;  Paris,  1835,  in-8".  Indépendamment  des 
ouvrages  que  nous  venons  de  citer,  on  doit  au 
baroh  de  Férussac  un  grand  nombre  de  mémoires 
et  d'articles  insérés  dans  divers  recueils. 

Le  Bas,  Dict.  hist.  de  la  France— Kahhc,  Boisjolin,  etc., 
Biog.  vniv.  et  port,  des  Conteinj^orains.  —  Cliarlos  Ou- 
pin,  d.-iiis  le  Moniteur  du  21  jiiiivier  1836.  —  Quérard, 
l.a  France  littéraire.  —  I.ouandre  et  Bourquelot,  Littc- 
raturu  française  contemporaine. 

FKiiYB.  Voyez,  Chyr-Schah. 

f'ERVD-EDDYM.    VoyeZ  pERm-EDDYN. 

FESCA  {Frédéric-Ernest),  musicien  com- 
positeur allertiând,  né  le  17  février  1789,  ii  Mag- 
deiiourg,  mort  à  Carlsruhe  le  24  mai  1826. 
Fils  d'un  amateur  de  musique  et  d'une  canta- 
trice qui  avait  été  attachée  à  la  chambre  de  la 
duchesse  de  Courlande,  Fesca  puisa  dans  sa  fa- 
mille  le  goût  de  son  art.  Il  fut  maître  des  concerta 
du  grand-duc  de  Bade.  Ses  productions  consis- 
tent en  quatuors  et  quintettes  pour  instrumenis 
à  cordes,  symphonies,  ouvertures, etc.  lia  écrit 
des  psaumes,  des  chorals  à  quatre  parties,  et 
d'autres  morceaux  de  musique  religieuse  qui  at- 
testent le  mérite  do  leur  auteur.  On  connaît  aussi 
de  lui  deux  opéras ,  Cantemire ,  en  deux  actes, 
et  Omar  et  Léila,  en  trois  actes;  des  chants 
allemands  à  quatre  parties  ;  des  chansons  de  table 
pour  deux  ténors  et  deux  basses;  etc.  Une  col- 
lection complète  des  quatuors  et  des  quintettes 
de  Fesca  a  été  publiée  à  Paris.  Le  style  de  ce 
compositeur  a  de  la  grâce  et  porte  le  cachet  d'une 
sensibilité  expansive;  sa  musique  abonde  en  mo- 
dulations, et  se  distingue  par  l'élégance  des  dé- 
tails; mais  ses  idées  manquent  souvent  de  pro- 
fondeur et  de  développement. 

Dieudonné  Denne-Baron. 

FéUs,  Biographie  universelle  des  Musiciens.  —  Docu- 
ments inédits. 

FESCH  {Joseph),  cardinal  français,  né  à  Ajac- 
cio,  le  3  janvier  1763,  mort  à  home,  le  13  mai 
1839.  Son  père,  François  Fesch,  officier  suisse  aii 
service  de  Gênes,  avait  épousé  en  secondes  noces 


573  FESCH  — 

Atigcie-Marie  Pietra-Santa ,  mère  de  Laetitia  Bo- 
naparte. Après  avoir  fait  ses  études  au  collège 
(i'Aix  eii  Provence,  il  entra  dans  les  ordres. 
Au  moment  où  éclata  la  révolution  il  était  ar- 
(;liidiacre  et  prévôt  du  chapitre  d'Ajaccio.  Il  pro- 
testa avec  ses  collègues  contre  la  constitution  ci- 
vile du  clergé ,  et  à  la  suite  de  la  suppression 
(les  chapitres  il  rentra  dans  sa  famille.  Cette  fa- 
mille ayant  pris  énergiquement  parti  pour  la 
France  contre  les  Anglais  appelés  par  Paoli ,  fut 
proscrite  et  forcée  de  quitter  la  Corse,  en  1793. 
Fesch  suivit  les  Bonaparte  à  Toulon;  et  comme 
il  se  trouvait  sans  ressources ,  il  fut  obligé,  pour 
vivre,  de  quitter  l'habit  ecclésiastique  et  d'en- 
trer dans  l'administration  des  armées.  D'abord 
l^arde-magasin  dans  une  division  de  l'armée  des 
Alpes  ,  il  fut  nommé,  en  1795  ,  commissaire  des 
[■uerres  à  l'armée  d'Italie ,  dont  son  nevea  Na- 
poléon Bonaparte  venait  d'obtenir  le  commande- 
ment. Après  le  18  brumaire,  lorsque  le  rétablis- 
sement du  culte  catholique  eut  été  arrêté  dans 
la  pensée  du  premier  consul,  Fesch  reprit  Je  cos- 
tume ecclésiastique,  et  s'employa  très-activement 
dans  les  négociations  qui  préparèrent  le  concor- 
(iat  signé  le  15  juillet  1801.  Son  neveu,  qui, 
déjà  premier  magistrat  de  la  France,  aspirait  à 
ini  devenir  le  souverain  héréditaire ,  le  nomma 
archevêque  de  Lyon.  Le  15  aoftt  1802,  Fesch  prit 
[)OSsession  du  siège  de  Lyon,  après  avoir  été 
;;acré  parle  cardinal-lépjat.  Six  mois  après  il  reçut 
la  barrette,  comme  cardinal  du  titre  de  Saint-Lau- 
rent in  Lucina.  En  1804  il  remplaça  Cacault  dans 
!e  poste  d'ambassadeur  auprès  du  saint-siége.  îl 
était  accompagné  du  vicomte  de  Chateaubriand, 
tji!i  venait  d'entrer  dans  la  carrière  diplomatique/. 
!c  célèbre  écrivain  s'entendait  assez  mal  avec  son 
chef,  et  de  nombreux  dissentiments  survinrent 
entre  eux.  Napoléon  venait  d'être  proclamé  em- 
jiûreur.  Comme  il  voulait  être  sacré ,  il  écrivit  à 
Pie  VII  une  lettre  qui  fut  remise  au  pontife  par 
le  cardinal  et  dans  laquelle  ou  le  priait  de  faire 
le  voyage  de  Paris.  Cettre  lettre  consterna  le  pape, 
et,  après  délibération,  un  mém.oire  fut  rédigé  ;  il 
concluait  à  un  refus.  L'empereur  y  fit  répondre, 
1 1  Pie  Vlï  ne  résista  point  aux  conseils  que  ini 
tionna  le  cardinal  Consalvi.  Cette  mission  du  car- 
dinal Fesch  a  été  1res  attaquée  par  des  hommes 
tla  différents  partis,  il  faut  dire  cependant  que  sa 
position  était  difficile  :  il  était  à  la  fois  oncle  de 
liioreur  et  prince  de  l'Église.  Il  assista  au  cou- 
.Htment  de  Napoléon  et  à  toutes  les  cérémo- 
nies (|ui  s'y  rattachèrent.  Ses  services  à  Rome 
i'urent  l'écompensés  par  la  charge  de  grand-au- 
tnônier,  par  la  collation  du  grand-cordon  de 
ia  Légion  d'Honneur  et  par  un  siège  au  sénat. 
Le  prince  électeur,  archevêque  de  Ratisbonne, 
(Irchi-chancelier  de  l'empire ,  le  choisit  pour  son 
coadjutcîir  et  futur  successeur.  Il  reçut,  en  at- 
tendant, le  litre  d'aUesse  éminenlissime,  avec 
ttee  aabvenliim  annuelle  de  150,000  florins.  Tous 
ces  honneurs  ne  lui  firent  point  négliger  l'édu- 
cation des  clercs  dans  son  diocèse ,  où  il  fonda 


FESSARi)  574 

une  maison  de  hautes  études  ecclésiastiques. 
Les  dissentiments  de  Napoléon  avec  le  saint-siége 
vinrent  bientôt  placer  le  cardinal  Fesch  dans  une 
position  dont  il  ne  put  surmonter  les  difficultés. 
Malgré  sa  soumission  à  son'  tout-puissant  neveu, 
il  respecta  toujours  dans  Pie  VII  les  droits  du 
souverain  pontife  et  du  malheur,  et  refusa  de  s'as- 
socier aux  mesures  prises  par  le  gouvernement 
français  contre  l'autorité  pontificale.  Napoléon, 
qui  tenait  à  avoir  ini  de  ses  parents  à  la  tète  du 
clergé  français,  le  nomma,  en  1 809,  archevêque  de 
Paris.  Fesch  déclina  cette  dignité,  pour  laquelle 
il  n'aurait  pu  l'ecevoir  l'institution  canonique,  et 
malgré  les  instances  du  chapitre ,  il  refusa  même 
l'administration  du  diocèse  de  Paris.  L'empereur, 
qui  n'avait  rien  pu  obtenir  de  satisfaisant  des  deux 
commissions  ecclésiastiques  qu'il  avait  nommées 
afin  de  terminer  ses  différends  avec  le  pape,  con- 
voqua un  concile  en  1811,  qui  fut  présidé  par  le 
cardinal  Fesch.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  dans 
cette  circonstance  il  ne  satisfit  pas  le  chef  du 
pouvoir,  car  on  le  relégua  dans  son  diocèse. 
Une  lettre  qu'il  écrivit  en  1812  au  pape,  alors 
transféré  à  Fontainebleau,  lettre  qui  fut  inter- 
ceptée ,  attira  sur  lui  une  plus  grande  rigueur. 
Sa  subvention  de  150,000  florins  lui  fut  enlevée. 
Des  historiens ,  M.  Thiers  entre  autres ,  ont 
blâmé  sévèrement  cette  opposition  du  cardinal 
Fesch  aux  volontés  de  l'empereur.  Ils  l'ont  ac- 
cusé d'ambition  ;  mais  il  paraît,  au  contraire, 
que  la  conduite  du  cardinal  eut  pour  principal 
mobile  des  convictions  religieuses  vives  et  sin- 
cères. Il  se  montra  toujours  le  promoteur  déclaré 
de  tout  ce  qui  pouvait  contribuer  à  l'éclat  et  à  la 
grandeur  du  catholicisme.  Il  introduisit  en  France 
l'Institut  des  frères  des  écoles  chrétiennes,  éta- 
blit à  Lyon  un  collège  des  missions  intérieures,  et 
fu  t  un  de  ceux  qui  concoururent  le  plus  au  rappel 
des  Jésuites,  qu'on  admit  d'abord  sous  le  nom  de 
Pucanaristes.  Lors  delà  ciiute  de  Napoléon  F'', 
il  se  rendit  à  Ro'ne,  où  Pie  Vil  l'accueillit  trè.^bien. 
Les  Cent  Jours  le  ramenèrent  en  France  et  dans 
son  archevêché.  L'empereur  l'appela  à  Paris,  et 
le  nomma  membre  de  la  chambre  des  pairs  le 
4  juin  1815.  Le  cardinal  Fesch  ne  siégea  pas  à 
cette  assemblée,  et  après  la  bataille  de  \^/at('r- 
loo,  il  retourna  à  Rome.  11  refusa  de  donner  sa 
démission  d'archevêque  de  Lyon,  et  passa  les 
vingt-quatre  dernières  années  de  sa  vie  dans  une 
retraite  embellie  par  le  goût  des  beaux-arts  et 
remplie  d'exercices  de  piété.  11  possédait  une 
fort  belle  galerie  de  tableaux  ;  il  en  légua  une 
partie  à  la  ville  de  Lyon,  lui  ISàO,  M.  Vifal-Du- 
Ijray  a  fait  pour  la  ville  d'Ajaccio  la  statue  en 
bronze  du  cardinal  Fesch.  A.  R. 

liiofiraphie  du  Clcrgc  contemporain.  —  IJJmi  de  la 
Relinio»,  pnssim.  —  Lyonnet  (L'abijc),  Lr  Cardinal 
F  cich,  fragments  biographiques  ;  I.yon,  1S41, 1  vol.  in-8°. 
—  /,«  Mérité  sur  h',  cardinal  Fescli;  Lyon,  IS'tS,  in-S».  _ 
TliltTS,  Histoire  du  Consulat  et  de  l'ïimpire,  t.  X!il. 

FKSCH  (Joseph).  Voif.  li'.\EScn. 

t<'KSSAR»  (i 'terre  -  .4lpIion.se) ,  .statuaire 
français,  né  à  Paris,  en  1798,  mort  à  Paris,  en 


575  FESSARD 

J844.  Élève  de  Bridan  et  de  Bosio,  il  remporta 
quelques  médailles  à  l'École  des  Beaux-Arts.  Il 
exécuta  successivement  :  en  1822,  une  statue  de 
Capanée  foudroyé  soiis  les  murs  de  Thèbes; 
—  en  1824 ,  Adonis  mourant  changé  en  fleur, 
pour  lequel  il  reçut  une  médaille  d'or;  —  en 
1827,  Daphné  suppliante  à  l'autel  de  Diane, 
qui  la  change  en  laurier.  Ces  trois  statues  pa- 
rurent aux  expositions  du  Louvre;  —  un  bas- 
relief  en  plâtre  représentant  Saint  Paul  prê- 
chant à  Ephèse ,  pour  l'église  du  couvent  des 
sœurs  de  Sàint-Paul,  à  Cherbourg;  —  une 
statue  de  La  ville  de  Mâcon,  pour  l'hôtel  de 
ville  de  Mâcon  ;  un  bas-relief  en  marbre,  repré- 
sentant La  première  Visite  au  tombeau , 
pour  la  famille  Guttierez ,  et  placé  dans  l'église 
de  Campêche  (Mexique)  (exposé  au  salon  de 
1835);  —  un  grand  bas-rehef  pour  le  monu- 
ment de  M"^  Diaz  Sanctos,  au  cimetière  de 
l'Est,  à  Paris ,  ayant  pour  sujet  une  Jeune  fille 
se  dégageant  de  son  linceul  en  entendant 
la  voix  de  Vange  de  la  résurrection;  —  le 
buste  en  bronze  du  monument  de  Fourier,  au 
même  cimetière  ;  le  buste  en  marbre  de  Boyer, 
à  l'École  de  Médecine  de  Paris,  et  celui,  aussi 
en  marbre ,  qui  est  chez  le  fils  de  ce  célèbre 
médecin;  —  le  buste  en  marbre  de  Simon 
Vouet  et  de  Valentin,  placés  au  musée  du 
Louvre;  —  celui  en  marbre  de  M""-'  Cottereau, 
pour  l'hospice  de  Villeneuve-Saint-Georges  ;  — 
un  second  buste  en  marbre  de  Vouet,  pour 
le  musée  de  Versailles;  —  un  second  buste  en 
marbre  de  Fourier,  pour  le  musée  de  Greno- 
ble; —  une  esquisse  de  Fabert  pour  le  musée 
de  Metz  ;  —  une  statue  de  L'abbé  Grégoire  de- 
mandant l'abolition  de  l'esclavage,  laquelle 
est  à  Haïti;  —  une  autre  semblable,  qui  était 
chez  le  président  Boyer.  Fessard,  malgré  ses 
succès,  resta  plusieurs  années  sans  travaux, 
et  mourut  à  peu  près  de  misère ,  dans  un  âge 
peu  avancé.  Guyot  de  Fère. 

Doc.  partie.  —  Journal  des  Beaux- Arts,  1844. 

*  FESSiK  (Pierre-/o5epA),  fondeur etmoraliste 
français,  né  à  Paris,  le  14  septembre  1774, 
mort  dans  la  môme  ville,  le  20  avril  1852.  11  fut 
pendant  cinquante  ans  économe  du  tribunal 
civil  de  première  instance.  Cet  emploi  ne  suf- 
fisant pas  à  son  activité,  il  établit  une  fonderie 
en  caractères.  11  inventa  un  nouveau  genre  de 
■filets  d'imprimerie  dits  filets  mixtes  ,  et  obtint 
à  l'exposition  de  1839  une  médaille  de  bronze. 
On  a  de  lui  :  Le  Petit  Portefeuille  d'un  ano- 
nyme ouvert  à  ses  amis  ;  Paris,  1828,  et  1850, 
in-S".  Ce  volume,  tiré  à  un  petit  nombre  d'exem- 
plaires, contient  des  chansons  et  un  Essai  sur 
la  Bienveillance  ;  L'ouvrier  homme  comme 
Il  faut  ;  1850,  in-8°  ;  —  Lettre  à  M.  Darttey ; 
Paris,  1841,  in-fol.  :  c'est  un  traité  sur  l'immorta- 
lité de  l'âme.  Si  les  arguments  de  l'auteur  ne  sont 
pas  d'un  métaphysicien  profond,  ilsannoncentdu 
moins  un  doux  et  aimable  moraUste.     N.  M — y. 

Bulletin  du  Bibliophile,  juillet  et  août  1853, 


—  FESTA  576 

FESSLER  {Ignace- Ararélien) ,  historien  hon- 
grois, né  à  Czurendorf  (basse  Hongrie), 
en  juillet  1756,  mort  à  Saint-Pétersbourg,  le 
15  décembre  1839.  Destiné  par  sa  mère,  fer- 
vente catholique,  à  l'état  ecclésiastique,  il  entra 
dans  l'ordre  des  capucins  en  1773.  En  1784  il 
fut  nommé  lecteur  de  l'empereur  Joseph,  à  qui 
il  avait  révélé  les  habitudes  intérieures  des  cou- 
vents et  des  moines,  qui  ne  le  lui  pardonnèrent 
jamais.  Il  fut  bientôt  appelé  à  la  chaire  de  lan- 
.gues  orientales  et  d'herméneutique  de  l'Ancien 
Testament,  à  l'université  de  Lemberg.  Il  entra 
ensuite  dans  la  société  des  francs-maçons, 
et  renonça  au  titre  de  capucin.  En  1787  il  fit 
jouer  une  tragédie  intitulée  Sidney,  que  ses 
ennemis  qualifièrent  d'impie.  Les  persécutions 
qu'il  éprouva  à  cette  occasion  le  contraigni- 
rent à  se  démettre  de  l'emploi  qu'il  occupait 
et  à  se  réfugier  en  Silésie,  où  le  prince  de 
Carolath  lui  confia  l'éducation  de  ses  fils.  Ea 

1791  Fessier  se  fit  protestant.  Après  avoir  long- 
temps séjourné  à  Berlin ,  il  alla  en  Russie,  où  il 
fut  nommé  professeur  de  langues  orientales  à 
l'Académie  de  Saint-Alexandre  Newski.  Accusé 
d'athéisme,  il  perdit  cet  emploi.  Après  avoir 
été  ensuite  membre  de  la  commission  de  légis- 
lation, il  vint  en  1817  à  Sarepta,  siège  du  prin- 
cipal établissement  des  Herrnhutes  (1)  dans  la 
Russie  d'Europe.  En  1820  il  obtint  la  surinten- 
dance (évêché)  de  la  communauté  évangélique 
de  Saratow.  Enfin,  en  1833,  il  fut  nommé  surin- 
tendant général  (archevêque)  de  la  communauté 
luthérienne  de  Pétersbourg.  Ses  ouvrages  sont  : 
Marc-Aurel ,  roman  historique;  Breslau,  1790- 
1792,  3  vol.;  —  Matthias  Corvinus  ;  Breslau, 
1793; — Aristides  und  Themistokles  ;  Berlin, 

1792  et  1818,  3^'  édition;  —  Attila;  Breslau, 
1794;  —  Geschichte  der  Ungai-n,  etc.  (His- 
toire des  Hongrois);  Leipzig,  1812-1825;  — 
Riickblicke  auf  meine  70  jaehrige  Pilgerschaft 
(Coup-d'œil  rétrospectif  sur  mes  soixante-dix 
années  de  pèlerinage)  ;  Breslau,  1826. 

Conversations- LcxUion. 

*  FESTA  [Constant) ,  compositeur  de  l'école 
romaine ,  né  vers  la  fin  du  quinzième  siècle , 
mort  le  10  avril  1545.  Il  fut  agrégé,  en  1517, 
au  collège  des  chapelains-chantres  de  la  chapelle 
pontificale.  Aaron  fait  un  très-grand  éloge  de  ce 
musicien.  L'abbé  Baini  cite  comme  des  œuvres 
remarquables  plusieurs  de  ses  compositions, 
notamment  son  Te  Deum,  qui  se  chante  encore 
à  Rome  dans  les  occasions  solennelles ,  La  plu- 
part des  compositions  de  Festa  sont  conservées 
en  manuscrit  dans  les  archives  de  la  Chapelle 
pontificale.  Ceux  de  ses  ouvrages  qui  ont  été 
imprimés  soit  de  son  vivant ,  soit  après  sa  mort, 
se  trouvent  dans  les  recueils  suivants  :  Collec- 

(1)  Ou  frères  Moraves,  association  religieuse  formée 
en  1547  des  débris  des  Hussites.  Établis  d'abord  à  Ful- 
neck  (Moravie^,  sous  le  nom  àe  Frères  de  l'Unité  ou 
Frères  Bohèmes,  Ils  vinrent,  en  1721,  chercher  un  asile 
à  Hernhut  (Haute-Lusace),  chez  le  comte  ZInzendorf 
[.voy.  ce  nom),  qui  se  déclara  leur  protecteur. 


S77 


FESTA  --  FESTUS 


578 


Mon  des  Motets  de  la  Couronne  à  quatre  et 
cinq  voix,  par  Petrucci;  Fossombrone,  1519; 

—  Raccolta  delFiore;  Venise,  1539;  —  Ma- 
drigaux d'Arcadelt,  3"  livre;  Venise,  1541;  — 
Motetti  a  tre  voci;  Venise,  1543;  —  Motetta 
irium  vocum,  a  plùribus  auctoribus  compo- 
sïta,  publiés  par  Jérôme  Scoto;  Venise,  1543; 

—  Recueil  publié  par  le  même  en  1554  ;  —  Ma- 
'  drigali  a  tre  voci;  Venise,    1536.  —  Le  Te 

Deum  de  Festa  a  été  imprimé  à  Rome,  en  1596. 

Dieudonné  Denne-Bakon. 

Aaron,  Lucidario  in  musica  di  alcune  opinioni  an- 

tiche  e  moderne  ;  Venise,  1K45.   —  Baini,   iVemorie  sto- 

\  rico-crit.  délia  Vitae  dette  Opère  di  Cio.-Pierluigi  da 

i  Palesirina.  —  Fétis,  Biographie  univ.  des  Musiciens. 

I  FESTA-MAFFEi  (  Franccsca  ) ,  cantatrice 
I  italienne,  née  à  Naples,  en  1778,  morte  à  Saint- 
Pétersbourg,  en  1836.  Elle  était  sueur  de  l'babiîe 
i  violoniste  Josepli  Festa.  Après  avoir  chanté  avec 
!  succès  sur  les  divers  théâtres  de  l'Italie ,  elle  vint 
'  à  Paris,  etdébutaen  1809àrOdéon,où  elle  balança 
î  le  succès  de  M™*  Barilli.  De  retour  en  Italie,  elle 
;  épousa  M.  Maffei,  et  quitta  le  théâtre  pour  quel- 
ques années;  elle  y  reparut  en  1828,  et  alla  en- 
suite se  fixer  à  Saint-Pétersbourg.  M""^  Festa 
I  se  fit  surtout  applaudir  dans  les  deux  opéras  de 
jPaesiello,  La  Nina,  et/  Zingariin  Fiera. 

Fetis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

FESTARi  (Jérôme),  médecin  italien,  né  à 
Valdagno,  le  12  octobre  1738,  mort  dans  la 
même  ville,  le  3  juillet  1801.  Fila  d'un  médecin, 
il  étudia  lui-même  la  médecine  ,  et  fut  nommé, 
«n  1778,  directeur  de  l'établissement  des  eaux 
minérales  de  Recoara.  Il  accompagna  le  sénateur 
■Querini  dans  son  voyage  en  Suisse,  et  en  com- 
posa une  relation  qui,  après  être  restée  longtemps 
inédite,  a  été  publiée  par  Emmanuel  Cicogna; 
Venise,  1835.  Outre  cet  ouvrage  et  plusieurs  au- 
tres restés  manuscrits,  Festari  a  laissé  ;  Saggio 
di  Osservazïoni  sopra  alcune  Montagne  e  Alpi 
altissime  del  Vicentlno  confinanti collo  Stato 
Austriaco;  dans  le  Giornale  d'Italia  de  Gri- 
selini,  Venise,  1773,  vol.  IX;  —  Description 
d'une  hutte  basaltique  qui  s'élève  presque 
vis-à-vis  de  celle  d'Altissimo,  du  côté  opposé 
de  la  vallée  de  VAgno;  dans  les  Mémoires  de 
l'abbé  Fortis ,  pour  servir  à  l'histoire  naturelle 
de  V Italie;  Paris,  1802,  in-8°. 

Tipaido,  BiograHa  degli  Itatiani  illvstri,  •vol.  I. 

*FESTivrs  AURELiANtrs,  biographe  ro- 
main ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  troisième 
siècle  de  l'ère  chrétienne.  Affranchi  d'Aurélien , 
il  écrivit  la  vie  d'un  obscur  usurpateur  nommé 
'Firmus ,  en  s'attachant  plutôt  aux  détails  de  la 
vie  privée  qu'aux  grands  faits  historiques.  «  Cet 
écrivain,  dit  Vopiscus,  raconte  que  Firmus, 
oint  d'Iiuile  de  crocodile ,  nageait  au  milieu  de 
ces  animaux  ;  qu'il  dressait  des  éléphants ,  qu'il 
montait  des  hippopotames,  et  qu'assis  sur  d'é- 
normes autruches  ,  il  semblait  voler  avec  elles. 
Mais  quel  fruit  peut-on  tirer  de  tout  cela.'  » 

F.  Vopiscus,  Firmus,  VI. 

*  FESTUS  PORCius ,  administrateur  romain, 

iSODV.   lîlOGR.    GÉNÉK    —   T,   XVII. 


vivait  vers  le  miheu  du  premier  siècle  de  l'ère 
chrétienne.  En  62  il  succéda  à  Antonius  Félix 
comme  procurateur  de  la  Judée.  Il  proclama 
l'innocence  de  saint  Paul,  qui  cette  année  même 
comparut  à  son  tribunal  et  se  défendit  en  personne. 
Il  réprima  vigoureusement  les  voleurs  et  les  as- 
sassins qui  infestaient  sa  province.  Il  fut  rem- 
placé par  Albinus. 

Josèphe,  ^nt„  XX,  8,  9;  Bel.  Jud.,  II,  14.  —  Acta 
Apostoloruyn,  XXIV,  27;  XXV,  XXVI. 

*  FESTUS,  affranchi,  favori  de  Caracalla, 
mort  vers  215  après  J.-C.  Il  était  aide-mémoire 
de  l'empereur  (tïji;  SaciXEtaç  [aviqjjlyjç  Tipoeai-wi;). 
Caracalla  le  fit  ensevelir  dans  la  Troade  avec 
toutes  les  cérémonies  observées  aux  obsèques 
de  Patrocle.  D'après  un  bruit  public  rapporté  par 
Hérodien ,  l'empereur  ayant  eu  l'idée  d'imiter  le 
deuil  d'Achille,  et  n'ayant  perdu  aucun  ami  dont 
il  pût  déplorer  la  mort ,  y  suppléa  en  faisant  em- 
poisonner le  plus  cher  de  ses  affranchis. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  Festus  avec  un 
chambellan  de  Caracalla,  nommé  aussi  Festus, 
puisque  Dion  Cassius  nous  représente  ce  dernier 
comme  vivant  sous  Macrin,  et  prenant  une 
grande  part  aux  intrigues  qui  placèrent  Hélioga- 
bale  sur  le  trône. 

Hérodien,  IV,  14.  —  Dion  Cassius,  LXXVIII. 

*  FESTUS  PESCENivics,  historien  latin,  vi- 
vait probablement  dans  le  troisième  siècle  de 
l'ère  chrétienne.  Lactance  le  cite  à  propos  des 
sacrifices  humains  pratiqués  à  Carthage ,  et  dé- 
signe son  ouvrage  sous  le  titre  de  Satura. 

Un  sénateur  du  même  nom  fut  mis  à  mort 
sans  jugement  par  l'ordre  de  Septime  Sévère , 
après  la  défaite  d'Albinus. 

Lactance,  Instit.,  I,  21.  —  Spartien,  Severus,  13.  —  Dion 
Cassius,  LXXV,  8.  —  Hérodien,  III. 

FESTUS  (  Sextus  Pompeius)  ,  grammai- 
rien latin,  d'une  époque  incertaine.  Il  vivait 
après  Martial  (  premier  siècle  de  l'ère  chré- 
tienne) ,  qu'il  mentionne  au  mot  Vespse ,  et  avant 
Macrobe  (  cinquième  siècle  de  l'ère  clirétienne  ) , 
qui  le  cite  plusieurs  fois.  D'après  ses  remarques 
sur  le  mot  Supparus,  on  voit  qu'il  écrivait  à 
une  époque  où  les  cérémonies  du  christianisme 
étaient  familières  au  commun  des  lecteurs,  c'est- 
à-dire  au  plus  tôt  vers  la  fin  du  troisième 
siècle  de  notre  ère.  Son  nom  est  attaché  à  un 
glossaire  latin  divisé  en  vingt  livres  et  portant 
ordinairement  le  titre  de  Sextt  Pompei  Festi 
De  Signijlcatione  Verborum.  Ce  livre  est  d'une 
grande  importance  pour  la  connaissance  des  an- 
tiquités romaines ,  de  la  mythologie  et  de  la 
grammaire  latine;  mais  avant  de  l'apprécier  il 
est  indispensable  de  raconter  comment  il  est 
venu  jusqu'à  nous  et  de  quels  éléments  il  se 
compose. 

Marcus  Venins  Flaccus,  célèbre  grammairien 
du  siècle  d'Auguste  (voy.  Flaccus  Verkius)  , 
était  l'auteur  d'un  volumineux  traité  intitulé  : 
De  SigniJicat'U  Verborum.  Festus  abrégea  cet 
ouvrage ,  y  fit  des  ciiangements,  le  critiqua  quel- 
quefois très-vivement,  et  le  compléta  en  y  insé- 

19 


579 

ranî  de  nombreux  passages 


FESTUS 


m<) 


extraits  d'autres 
écrits  de  Verrius,  tels  que  De  obscuris  Cato- 
nis,  De  Plauti  Calculis,  De  Jure  sacro  et 
augurali,  etc.;  mais  en  même  temps  il  omit 
un  certain  nombre  de  mots  tombés  en  désuétude 
{iïiUrmortua  et  sepulta  verôa) , réservant  ces 
vocables  antiques  et  inusités  pour  un  livre  sé- 
paré qui  devait  porter  le  titre  de  Libri  prisco- 
rum  Verborum,  cum  exempUs.  Quatre  ou  cinq 
siècles  plus  tard,  Paul,  fils  de  Warnefrid,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Paul  Diacre ,  fit  de  V Epi- 
tome  de  Festus  un  abrégé  qu'il  dédia  à  Charle- 
magne. 

VEpitome  de  Festus  avait  fait  oublier  le  grand 
ouvrage  de  Verrius  Flaccus ,  qui  a  péri  tout  en- 
tier, à  l'exception  de  fragments  peu  étendus; 
l'abrégé  de  Paul  Diacre  eut  presque  le  même  ré- 
sultat pour  le  livre  de  Festus.  On  le  cita  rare- 
ment, on  ne  le  transcrivit  plus.  Aussi  n'est-il 
fait  mention  que  de  quatre  manuscrits  de  Festus  ; 
et  des  quatre  un  seul  est  venu  jusqu'à  nous.  Ces 
manuscrits  sont  :  1°  celui  que  possédait  Macrobe 
au  commencement  du  quatrième  siècle  de  notre 
ère  :  il  n'existe  plus;  2°  celui  que  possédait 
Placidus ,  grammairien  d'une  époque  incertaine , 
et  auteur  de  Glossx  publiées  par  Angelo  Mai 
{Auctores  classïci  e  Vat.  codd.,  t.  IIF,  p.  427  )  : 
il  est  également  perdu  ;  3"  celui  dont  se  servit 
Paul  Diacre  :  il  est  perdu  comme  les  deux  auties  ; 
4°  enfin  le  mstauscrit  farnésieii.  L'histoire  de  ce 
dernier  manuscrit  est  curieuse  et  mérite  d'être 
racontée  en  détail.  11  fut,  dit-on,  apporté  d'Il- 
lyrie,  et  tomba  entre  les  mains  de  Pomponius 
Laetus,  célèbre  philologue  du  quinzième  siècle. 
Ce  savant ,  par  des  raisons  qui  nous  sont  incon- 
nues, ne  garda  qu'un  petit  nombre  de  feuillets,  et 
donna  les  autres  à  un  certain  Manilius  Rallus. 
Ange  Politien  les  transcrivit  en  1485,  ainsi  que 
les  feuillets  restés  e*la  possession  de  Pomponius 
Laetus.  Le  manuscrit  de  Rallns  passa  dans  la 
Bibliothèque  farnésienne  de  Parme,  et  delà,  en 
1736,  dans  celle  de  Naples ,  où  il  est  encore  au- 
jourd'hui. La  portion  gardée  par  Lsetus  était  déjà 
perdue  en  1581,  époque  où  Drsmus  donna  son 
édition  de  Festus;  heureusement  il  en  existait 
des  copies,  d'après  lesquelles  on  put  la  publier. 
Le  manuscrit  original  écrit  sur  parchemin  ,  pro- 
bablement dans  le  douzième  ou  le  treizième 
siècle,  semble  s'être  composé,  quand  il  était 
entiei,  de  cent  vingt-huit  feuillets  ou  deux  cent 
cinquante-six  pages,  à  deux  colonnes  ;  mais  lors- 
que les  savants  l'examinèrent  pour  la  première 
fois ,  il  y  manquait  les  cinquante-huit  premiers 
feuillets,  comprenant  toutes  les  lettres  jusqu'à  M. 
Trois  lacunes,  formant  en  tout  dix  feuillets,  exis- 
taient dans  l'intérieur  du  manuscrit,  et  le  der- 
nier feuillet  en  avait  été  arraché,  de  sorte  qu'il 
n'en  restait  que  cinquante-neuf.  Si  de  ce  reste 
on  retranche  les  dix-huit  gardés  par  Lfetus,  et 
aujourd'iisn  perdus,  on  trouve  que  le  contenu 
du  manuflcrit'/ffl/'nesïf»  se  réduit  à  quarante-et- 
un  feuillets.  Outre  les  mutilations  qu'il  a  eu  à 


subir  et  les  ravages  que  Ini  ont  causés  la  pous- 
sière ,  l'humidité ,  les  vers  et  les  souris ,  ce  ma- 
nuscrit a  cruellement  souffert  d'un  incendie.  Un 
tiers  environ  de  la  largeur  de  chaque  feuillet  a 
été  consumé.  Lapremière  etla  quatrième  colonnes 
sont  intactes  ;  les  deux  autres  sont  plus  d'à  moi- 
tié détruites.  Les  vides  causés  par  le  feu  ont  été 
ingénieusement  remplis  par  Scaliger  et  Ursinus, 
soit  au  moyen  de  conjectures ,  soit  à  l'aide  des 
passages  correspondants  de  Paul  Diacre.  Mais 
cet  abréviateur  est  si  ignorant ,  si  infidèle  et  si 
incomplet,  que  son  ouvrage  est  d'un  bien  faible 
secours  pour  la  restitution  du  texte  de  Festus. 

Par  ce  qui  précède,  on  voit  que  le  livre,  tel 
qu'il  a  été  imprimé  généralement  sous  le  nom  de 
Festus ,  se  compose  de  quatre  parties  distinctes  : 
1"  les  fragments  de  Festus  contenus  dans  le  ma- 
nuscrit/artésien; 2°  les  fragments  conservés 
par  Pomponius  Laetus  :  ces  deux  parties  peuvent 
être  regardées  comme  des  extraits  un  peu  mai- 
gres ,  mais  fidèles ,  du  savant  traité  de  Veri'ius 
Flaccus;  3"  VEpitome  de  Paul  Diacre:  c'est  un 
mauvais  abrégé  d'un  abrégé,  l'ombre  d'une 
ombre  ;  mais  ces  traces,  si  imparfaites  et  si  f.ii- 
bles,  de  l'œuvre  primitive  ii'en  sont  pas  moins 
très-précieuses;  4°  les  restitutions  conjecturales 
de  Scaliger  et  d'Ursinus.  Curieuses  comn«î  sj)t«i- 
mens  du  savoir  de  ces  érudits,  elles  n'ont  d'ail- 
leurs aucune  autorité. 

Ces  quati'e  parties,  si  diverses  d'origine  éi  de 
valeur,  ont  été,  dans  la  plupart  des  éditions, 
amalgamées  en  un  seul  tout ,  de  sorte  qu'il  était 
impossible,  sans  beaucoup  de  travail,  de  retrou- 
ver les  débris  authentiques  sous  «ette  triple 
couche  d'additions  hétérogènes.  On  était  sans 
cesse  exposé  à  prendre  les  barbarismes  de  Paul 
Diacre  et  les  conjectures  <le  Scaliger  et  d'Ur- 
sinus  pour  des  locutions  de  bonne  et  antique  la- 
tinité. Enfin,  l'admirable  édition  d'Ottfried  Muller 
a  mis  de  l'ordre  dans  ce  chaos.  Grâce  aux  tra- 
vaux de  ce  grand  philologue,  on  peut  aujourd'hui 
apprécier  en  toute  sûreté  l'œuvre  de  Verrius 
Flaccus  abrégée  par  Festus. 

Le  système  suivant  lequel  les  mois  de  ce  le)* 
que  sont  classés  n'est  ni  le  plus  naturel  ni  le  plas 
intelligible.  Cet  arrangement  est  alphabétique, 
en  ce  sens  que  tous  les  mots  commençant  parla. 
même  lettre  sont  placés  ensemble.  Mais  chaque 
série  de  mots  se  divise  elle-même  en  deux  par- 
ties. Dans  la  première,  les  .mots  sont  groapés 
non-seulement  d'après  la  lettre  initiale,  mais 
d'après  la  deuxième,  k  troisième  et  môme  U 
quatrième  lettre.  Ces  groupes  se  succèdent  irré- 
gulièrement ;  ainsi  la  série  R  commence  non  par 
les  noms  en  Ra,  mais  par  «eux  en  Rn;  puis 
viennent  ceux  en  Ro,  pisis  ceux  en  Rian,  puis 
ceux  en  Rh,  puis  ceux  en  Re  et  en  Ri  mêlés, 
puis  ceux  €n  Ra,  puis  de  nouveau  Re  et  ili  mê- 
lés. Dans  la  seconde  partie ,  il  est  simplemeiri;  1 
tenu  compte  de  la  lettre  initiale.  Cependant,  entre 
ces  mots  jetés  au  hasard  ,  on  démêle  certaiss 
liens  de  convention.  Ainsi,  dans  la  seconde  pailie  y 


.-'Jt.  i 


f,Sl  FESTUS  —  FETH-ALI-SCHAH 

du  P,  on  trouve  une  suite  de  locutions,  telles  que 

Palatualis,  Portenta,  Postularia,  Pestifera, 

Peremptalia ,  Pulhis,  qui  toutes  appartiennent 
aux  rites  sacrés,  et  particulièrement  aux  aus- 
pices; plus  loin,  Propius  sobrino,  Possessio, 
Preefecturse ,  Parret,  Posttim,  Patrocinia, 
Posticam  lineam,  termes  relatifs  au  droit  civil; 
Pomptina,  Papiria,  Pupinnia,  Piipillia, 
noms  de  tribus,  et  ainsi  de  suite.  Remarquons 
i  encore  que  certains  mots  figurent  à  la  fois  dans 
les  deux  parties,  et  qu'ils  n'y  sont  pas  toujours 
expliqués  de  la  même  manière.  De  ces  faits  et  de 
quelques  autres  qu'il  serait  trop  minutieux  de 
lelever  ici,  on  peut  tirer  les  conclusions  sui- 
vantes. Les  mots  groupés  dans  la  première  par- 
tie de  chaque  lettre  sont  empruntés  directement 
au  Be  Significatîi  Verbornm  de  Verrius  F!ac- 
cus  ;  les  mots  de  la  seconde  partie  forment  une 
espèce  de  supplément,  recueilli  par  Festus  dans 
divers  écrits  du  même  auteur.  Verrius  lui-même 
né  s'assujettit  pas  à  un  système  alphabétique  ré- 
gulier, il  écrivit  ses  observations  sur  des  groupes 
(le  mots  dont  les  deux  ou  trois  premières  lettres 
étaient  identiques,  et  il  réunit  ces  groupes  au 
hasard  en  tenant  seulement  compte  de  la  lettre 
initiale.  Tous  ces  points  sont  parfaitement  dis- 
cutés et  établis  dans  la  préface  de  Muîler. 

L'édition  publiée  à  Milan  par  Zarotus,  3  août 
1471,  sous  le  titre  de  Sex?.  Pompeius  Festus, 
J)e  Verbonmi  Significatione  ,■  celle  de  Joannes 
de  Colonia  et  Joannes  Manthen  de  Gherrezen , 
Venise,  1784,in-4°;  une  très-ancienne  édition, 
peut-être  antérieure  aux  deux  précédentes,  et 
probablement  imprimée  à  Rome  par  G.  Lauer  ; 
nne  dizaine  de  réimpressions  exécutées  dans  les 
dernières  années  du  quinzième  siècle,  n'offrent 
que  Yabrégé  de  Paul  Diacre.  En  1510  on  im- 
prima à  Milan  un  volume  contenant  ÎN^onius  Mar- 
cellus,  Festus,  Paul  Diacre  et  Varron.  Cette 
édition,  commencée  par  J.-B.  Plus,  fut  achevée 
par  un  certain  Conagus,  qui  avait  eu  connaissance 
des  deux  portions  du  manuscrit  de  Festus ,  et 
qui  les  incorpora  avec  Paul  Diacre,  donnant 
ainsi  lieu  à  une  confusion  qui  se  perpétua  dans 
les  éditions  subséquentes.  Festus ,  Nonius  Mar- 
cellus  et  Varron  furent  réimprimés  dans  la  même 
forme  à  Paris  ,1511,  1519 ,  et  à  Venise  par  Aide 
Manucedans  son  Tliesaurus  Corniicop'ue,  1513, 
1517,  et  en  1527  avec  quelques  notes  de  Michel 
Bentinus. 

Le  Tliesnunis  Cornupix  fut  souvent  repro- 
duit dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
sans  que  les  éditeurs  songeassent  à  améliorer 
le  texte  donné  par  Conagus.  Antoine-Augustin, 
évêque  de  Lerida,  et  depuis  arclievêque  de  Tar- 
ragone,  essaya  de  le  faire  dans  son  édition  de 
Venise,  1559,  in-S".  11  collalionna  les  fragments 
de  Festus  sui'  le  manuscrit  farnésien ,  les  dis- 
tingua de  Vabrrgé  de  Paul  Diacre,  et  y  ajouta  de 
bonnes  notes.  Ce  fut  sur  cette  édition  que  Joseph 
Scaliger  rédigea  son  commentaire  et  ses  supplé- 
ments ;  Paris  ,1505,  in-8°.  Ce  travail  de  restitu- 


tion fut  continué  par  Fulvius  Ursinus  ;  Rome , 
1581,  in-8".  Son  édition  est  une  espèce  de  fac- 
similé  du  manuscTit  farnésien,  dont  elle  repro- 
duit les  pages  avec  leurs  mutilations  et  leurs  la- 
cunes que  Ursinus,  à  l'exemple  de  Scaliger,  es- 
saya de  combler.  L'édition  de  Dacier,  ad  lisum 
Delphini,  PciS-is  ,  1681,  quoique  souvent  réim- 
primée ,  n'offre  aucun  mérite  particulier.  Linde- 
mann,  dans  son  Corpus  Gramm.  Latin,  vet., 
t.  II,  Leipzig,  1832,  in-4°,  a  séparé  Festus  de 
Paul  Diacre;  le  texte  de  ces  deux  auteurs,  revu 
avec  soin,  est  enrichi  de  notes  nombreuses;  mais 
si  cette  édition  est  supérieure  aux  précédentes , 
elle  a  été  bien  surpassée  par  celle  de  K.-O.  Mill- 
ier, Leipzig,  1839,  in-4*'.  Celle-ci  contient  : 
1°  une  préface,  dont  nous  avons  déjà  signalé  le 
mérite  ;  2°  le  texte  de  Paul  Diacre,  d'après  les 
meilleurs  manuscrits;  3°  le  texte  de  Festus 
d'après  le  manuscrit  farnésien ,  collationné  en 
1 833,  expressément  pour  cette  édition,  par  Arndts. 
Les  fragments  sont  imprimés  exactement  comme 
ils  s'offrent  dans  le  manuscrit,  sur  deux  co- 
lonnes, et  vis-à-vis  des  passages  correspondants 
de  Paul  Diacre ,  de  manière  à  permettre  facile- 
ment la  comparaison.  Les  conjectures  les  plus 
plausibles  de  Scaliger  et  d'Ursinus  sont  insérées , 
mais  avec  un  caractère  différent,  qui  empêche  la 
confusion  ;  4°  le  texte  des  feuillets  de  Pomponius 
Lestus,  imprimé  aussi  sur  deux  colonnes:  cette 
disposition  détruite  par  les  copistes  de  ces  feuillets 
a  été  rétablie  au  moyen  de  calculs  rigoureux; 
5°  un  recueil  des  meilleurs  commentaires.  Un 
peu  avant  le  grand  et  définitif  travail  de  Muller, 
M.  Egger  avait  fait  paraître  à  Paris,  1838,  in-16, 
une  élégante  et  correcte  édition,  qui  reproduit 
fidèlement  (moins  les  fautes  )  le  texte  et  la  pagi- 
nation d'Ursinus.  On  y  trouve  de  bons  index  et 
une  collection  de  fragments  de  Verrius  Flaccus, 
plus  complète  que  celles  qui  avaient  été  publiées 
jusque  alors.  Léo  Joubert. 

Charisius,  II,  p.  19.j,  au  mot  Sarcte  pour  Intègre.  — 
Macrobe,  Sat.,  111,  3,  S,  8.  —  Kabricias  ,  Bib.  Lut.,  t.  Hl, 
p.  320.  —  Fiinccius,  De  Inert.  ac  Decrcp.  Ling.  Lat.  se- 


Bergb,  dans  les  Hallischeri  allaem.  Litter. 

103. 


nect.  IV, 
Zeitung,  n 

FESTUS  (Sextus).  Vo?/ez  Rv¥vs. 

FESULANus  (  Prosper).  Voyez  Inghikami 
{Curzio). 

FETH-ALi-.sGHAH,  connu  avant  .son  avène- 
ment au  trône  sous  le  nom  de  Baba-Khan, 
roi  de  Perse,  né  vers  1762,  mort  en  1834.  Dé- 
claré héritier  présomptif  de  son  oncle  Agha- 
Mohammed,  il  se  trouvait  à  Chiraz,  dont  il  était 
gouverneur,  à  l'époque  où  le  roi  fut  assassiné.  A 
la  première  nouvelle  qu'il  reçut  de  cet  événe- 
ment, il  se  rendit  en  toute  hâte  à  Téhéran  pour 
y  faire  reconnaître  ses  droits  (1797).  Mais  déjà 
plusieurs  autres  prétendants  avaient  pris  les 
armes  pour  lui  disputer  la  couronne.  C'était  : 
Sadik-Kltan,  chef  de  la  tribu  des  Schckakis, 
maître  de  l'Adherbaïdjan ,  et  l'instigateui-  du 
meurtre  commis  sur  Agha-Mohammed  ;  il  fut 
vaincu ,  amniâtié ,  couiblc  d'honneurs  et  do  bien- 

19. 


583  FETH-ALT 

faits;  mais  deux  ans  après,  sur  un  léger  pré- 
texte ,  le  roi  le  condamna  à  mourir  de  faim. 
Hoséin-Couli-Khan,  frère  de  Baba-Khan,  échoua 
dans  la  tentative  qu'il  dirigea  contre  Téhéran  , 
obtint  son  pardon,  et  fut  nommé  gouverneur  de 
Schiraz.  Sa  seconde  révolte  se  terminade  même 
par  une  réconciliation;  mais  à  la  troisième  il 
fut  fait  prisonnier  et  privé  de  la  vue  ;  Ali-Couli- 
Kan,  frère  du  défunt  roi ,  et  Mohammed-Khan,  fils 
de  ZekiKhan,  membre  de  la  famille  des  Zends, 
subirent  le  même  supplice  que  Hoséin;  Nadir- 
Mirza,  fils  de  Schah-Rokh-Schah,  maître  du  Kho- 
rassan,  fut  mis  à  mort  avec  tous  ses  fils  ;  enfin, 
Djafar-Couli-Khan,  gouverneur  de  Klioi,  fut 
vaincu,  et  s'enfuit  chez  les  Russes  en  1799.  Feth- 
Afi-Schah  se  vit  alors  possesseur  paisible  de  l'A- 
dherbaïdjan,  du  Ghilan,  du  Mazenderan,  du  Kui - 
distan ,  de  l'Irak  ,  du  Farsistan  ,  du  Laristan  et 
du  Kerman.  Le  Khorassan  était  encore  inquiété 
par  les  incursions  des  Ouzbeks,  et  la  Géorgie  con- 
tinua longtemps  encore  à  être  un  objet  de  dispute 
entre  la  Perse  et  la  Russie.  Ce  royaume  avait  été 
enlevé  par  les  Persans  à  Héraclius  II.  Gourgaï-Khan 
(  Georges  ),  fils  de  ce  prince ,  rétabli  sur  le  trône 
par  les  Russes ,  réclama  de  nouveau  leur  inter- 
vention contre  Feth-Ali  -  Schah ,  qui  favorisait 
Alexandre  Mirza,  frère  et  rival  du  roi  de  Géorgie. 
En  1803,  l'armée  russe ,  par  une  suite  non  in- 
terrompue de  succès ,  s'avança  jusqu'à  Tauriz  ; 
mais,  forcée  de  céder  aux  armes  de  Feth-Ali-Schah 
et  de  son  fils  Abbas-Mirza,  elle  fut  entièrement 
expulsée  de  Géorgie.  La  guerre  se  prolongea 
pendant  dix  ans  avec  des  chances  variées.  Pen- 
dant cette  période  la  Perse  s'allia  successivement 
avec  l'Angleterre  et  la  France,  selon  l'intérêt 
du  moment.  Déjà  en  1799  Mehdi-Khan  avait  été 
envoyé  par  le  gouverneur  de  l'Inde  comme  am- 
bassadeur auprès  de  la  cour  de  Perse.  En  1801 
le  colonel  Malcolm  avait  conclu  avec  la  Perse  un 
traité  d'alHance  contre  les  Afghans  ;  mais  en  1806, 
l'Angleterre  s'étant  alliée  avec  la  Russie  contre 
la  France ,  la  politique  de  Feth-Ali-Schah  dut 
éprouver  un  revirement:  il  confia  à  un  marchand 
arménien  la  mission  d'aller  demander  l'amitié  de 
Napoléon.  Depuis  le  voyage  d'Olivier,  qui  visita 
la  Perse  en  1798,  le  gouvernement  français  avait 
perdu  de  vue  ce  royaume,  et  on  était  fort  mal 
renseigné  sur  sa  situation  actuelle.  M.  Jaubert 
partit  secrètement  en  1805  pour  prendre  à  cet 
égard  toutes  les  informations  nécessaires.  Deux 
ans  plus  tard  le  général  Gardanne  (  voy.) ,  envoyé 
auprès  de  Feth- AU,  promit  que,  par  l'intervention 
delaFrance,  la  Géorgie  serait  restituée  à  la  Perse. 
L'inaccomplissement  de  cette  promesse ,  l'inca- 
pacité del'ambassadeur,  l'exiguïté  des  ressources 
pécuniaires  que  l'on  avait  mises  à  sa  disposition, 
enfin  la  redoutable  rivalité  des  ambassadeurs 
anglais ,  qui  éblouirent  le  roi  par  leur  générosité 
et  la  magnificence  de  leur  train  de  vie ,  toutes 
ces  causes  contribuèrent  à  faire  passer  aux  An- 
glais l'influence  dont  les  Français  avaient  joui  à 
la  cour  de  Perse.  Sir  Gore-Ouseley  compléta  les 


-SCHAH 


584 


essais  d'organisation  militaire  tentés  avec  succès  ' 
par  des  officiers  de  la  suitedu  général  Gardanne; 
il  s'engagea  au  nom  de  son  gouvernement  à 
fournir  un  subside  de  200,000  livres  sterling , 
destiné  à  l'entretien  de  12,000  hommes  d'infan- 
terie. En  1813,  à  la  suite  des  succès  obtenus  par 
les  Russes,  Feth-Afi-Schah  se  vit  forcé  de  signer 
le  traité  de  Gulistan ,  par  lequel  il  cédait  le  Da- 
ghestan et  renonçait  à  toutes  ses  prétentions  sur 
la  Géorgie  et  ses  annexes  ;  la  Russie  seule  avait 
le  droit  d'entretenir  une  marine  militaire  sur  la 
mer  Caspienne;  et  elle  obtenait  des  conditions 
favorables  à  son  commerce  avec  la  Perse.  En 
1821,  éclata  une  guerre  entre  la  Perse  et  l'Empire 
Ottoman,  au  sujet  des  exactions  et  des  mauvais 
traitements  que  les  fonctionnaires  turcs  faisaient 
subir  aux  pèlerins  persans.  Elle  se  termina  par 
un  traité  signé  le  25  juillet  1823.  La  Perse  ren- 
dait les  pays  conquis  sur  la  Turquie  avant  et  pen- 
dant la  guerre  ;  et  les  pèlerins  persans  n'étaient 
plus  soumis  qu'aux  taxes  anciennement  établies. 
Le  traité  de  Gulistan  n'avait  pas  mis  fin  à  toute 
difficulté  ;  un  de  ses  articles  portait  que  les  li- 
mites des  deux  empires  seraient  ultérieurement 
fixées  par  des  commissaires  nommés  à  cet  effet. 
On  restait  depuis  plus  de  douze  ans  dans  cet  état 
d'incertitude,  lorsque  l'empereur  Alexandre  vint 
à  mourir,  en  1825.  A  la  nouvelle  des  troubles 
qui  accompagnèrent  l'avènement  de  Nicolas,  le 
schah  se  flatta  d'avoir  trouvé  l'occasion  de  re- 
couvrer les  provinces  cédées  en  1813.  Il  fit  donc 
mettre  son  armée  sur  le  pied  de  guerre,  et  il 
hâtait  les  armements,  tandis  que  le  prince  Ment- 
chikoff  venait  de  la  part  du  nouvel  empereur 
pour  terminer  les  difficultés  relatives  aux  fron- 
tières. Accueilli  à  son  entrée  en  Perse  par  de 
feintes  démonstrations  d'amitié ,  il  se  rendit  sans 
défiance  à  Sultanieh,  où  le  schah  résidait  pendant 
la  saison 'd'été.  Quelques  pourparlers  eurent  lieu  ; 
mais  bientôt  l'envoyé  reçut  l'ordre  de  s'éloigner, 
et  sur  son  chemin  il  fut  arrêté,  et  retenu  un  mois  à 
Érivan.  Pendant  ce  temps  les  tribus  du  Caucase 
se  soulevaient ,  et  les  Persans  s'emparaient  de 
plusieurs  places  du  territoire  russe.  Le  gouver- 
neur, pris  au  dépourvu,  se  trouva  d'abord  dans 
l'impossibflité  de  résister  à  ces  attaques;  mais 
le  général  Madatoff  battit  à  Schamkor  un  déta- 
chement de  dix  mifle  hommes,  formant  l'avant- 
gardede  l'armée  persane ,  et  reprit  Élisabethpol. 
A  peu  de  distance  de  cette  ville  9,000  Russes, 
sous  le  commandement  du  général  Paskewitch, 
mirent  en  déroute  39,000  Persans.  L'année  sui- 
vante, le  vainqueur,  nommé  gouverneur  des  pro- 
vinces transcaucasiennes,  poursuivit  les  avan- 
tages de  la  campagne  précédente  ;  il  pénétra  dans 
l'Arménie  persane,  resta  maître d'EdchmiadzinI, 
résidence  du  grand  patriarche  des  Arméniens , 
défit  les  Persans  à  Djiwan-Boulak,  où  Abbas- 
Mirza  faillit  être  fait  prisonnier  ;  il  s'empara  d'Ab- 
basabad ,  de  Serdarabad ,  d'Érivan  dont  la  gar- 
nison, composée  de  3,000  hommes,  se  rendit  à 
discrétion  après  une  vigoureuse  résistance  ;  enfin, 


585 


FETH-ALI-SCHAH  —  FETI 


586 


de  Tauriz,  capitale  de  l'Adherbaïdjan  et  la  se- 
conde ville  du  royaume.  Accablé  de  ces  dé- 
sastres, Feth-Ali-Schah  se  décida  à  faire  des  ou- 
vertures de  paix,  et  sur  la  fin  de  1826  son  fils 
Abbas-Mirza  signa  dans  le  camp  des  Russes  les 
préliminaires  d'un  traité  par  lequel  la  Perse  cé- 
dait tous  les  pays  situés  au  nord  de  l'Araxe  et 
s'engageait  à  payer  une  indemnité  de  vingt  mil- 
lions de  roubles.  Malgré  ces  tentatives  d'arrange- 
ment, les  hostilités  furent  reprises,  parce  que  les 
■  Russes  tardaient  à  évacuer  les  provinces  situées 
au  sud  de  l'Araxe.  La  victoire  se  prononça  de 
nouveau  en  leur  faveur  ;  les  villes  de  Ourmiah  et 
d'Ardébil  étant  tombées  entre  leurs  mains,  Feth- 
AliSehah  fit  de  nouvelles  propositions  de  paix  ; 
enfin,  les  préliminaires  de  1826  furent  convertis 
en  un  traité  définitif,  signé  au  village  de  Tourk- 
mantchaï,  le  10-22  février  1827.  Un  déplorable 
accident ,  qui  arriva  quelque  temps  après ,  faillit 
occasionner  uue  nouvelle  rupture.  L'envoyé  Gri- 
boïedoff,  chargé  par  l'empereur  Nicolas  de  rame- 
ner dans  leur  patrie  les  Géorgiens  elles  Arméniens 
nés  dans  les  provinces  nouvellement  acquises  par 
la  Russie,  s'acquittait  de  cette  mission  avec  une 
rigueur  excessive.  Ayant  voulu,  contre  toute  jus- 
tice, enrôler  parmi  les  sujets  de  la  Russie  deux 
femmes  arméniennes  de  Turquie*  il  fut  massacré 
à  Téhéran  par  la  population  soulevée.  Abbas- 
Mirza  avait,  par  ordre  de  son  père,  fait  tous  ses 
efforts  pour  prévenir  ce  malheur,  et  il  avait 
amené  2,000  hommes  au  «secours  de  l'envoyé. 
Le  schah  n'était  cependant  pas  rassuré  sur  les 
suites  qui  pouvaient  résulter  de  cette  violation 
du  droit  des  gens  ;  il  dépêcha  à  Saint-Péters- 
bourg un  fils  ,d'Abbas-Mirza,  qui  fit  au  czar  un 
récit  fidèle  de  ce  qui  s'était  passé ,  et  lui  présenta 
des  excuses  de  la  part  de  son  aïeul.  Grâce  à  cette 
démarche,  la  paix  n'eut  à  souffrir  aucune  brèche. 
Feth-Ali  eut  la  douleur  de  se  voir  précédé  au 
tombeau  par  son  héritier  présomptif  Abbas- 
Mirza.  Quoiqu'il  eût  d'autres  fils,  il  les  écarta 
du  trône,  parce  que  leur  mère  n'était  pas  de  la 
tribu  des  Khadjars,  et  il  choisit  pour  successeur 
Mohammed,  fils  d' Abbas-Mirza.  Ce  prince  resta 
en  effet  maître  du  pouvoir,  quoiqu'il  se  fût  pré- 
senté plusieurs  concurrents  pour  le  lui  disputer. 
Feth-Ali-Schah  ne  possédait  pas  de  bien  grands 
talents  militaires  :  aussi  s'abstint-il  ordinaire- 
ment de  se  mettre  à  la  tête  des  armées  ;  mais  il 
aimait  à  s'occuper  du  gouvernement,  et  dirigeait 
tout  par  lui-même.  L'on  doit  reconnaître  qu'à 
l'intérieur  son  règne  a  été  paisible  et  assez  heu- 
reux pour  la  Perse.  C'est  à  des  mirzas  ou  gens 
de  loi  qu'il  confiait  les  détails  de  l'administra- 
tion. Ses  passe-temps  étaient  la  chasse,  et  la 
culture  des  lettres.  11  a  laissé  un  Biwan  (recueil 
(i'odes  et  de  chansons),  qui  se  trouve  h  la  Bi- 
bliothèque impériale.  E.  Beauvois. 

Maicnlm,  The  History  of  Persia,  t.  II.  —  Prlce,  ^/ 
Journal  of  the  British  Embassy  ta  Persia,-  Londres. 
1825,  in-i».  —  Sir  Harford  Jones  Brydges,  A)i  Account 
of  /lis  Majesty's  Mission  to  the  court  of  Persia  in  the 
years  1807-1811    Londres,   1834,  2  vol.  in-S"  ;  The  Dy- 


nasty  of  the  Kajars.translated  from  the  original  per- 
sian  mss.;  Londres,  1833,  in-8°.  —  W.  Ouseley,  Travels 
in  varions  countries  of  the  East;  Londres,  1823,  in-4'', 
III*  vol.  —  .faubert,  Voyage  en  Artnénie  et  en  Perse  ; 
Paris,  1821,  in-8n.  —  Cirbied,  Détails  sur  la  situation 
actuelle  du  royaume  de  Perse;  Paris,  1816,  in-4°.  — 
F.  Fonton,  La  Russie  dans  VAsie  Mineure;  Paris,  1840, 
in-8°.  —  E.  Cazalès,art.  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes, 
l'^r  septembre  1838.  —M.  Dubeux,  La  Perse,  dans  VUniv. 
pittor.  —  Asialic  Journal  urui.  Monthly  Register. 

FETI  (  Domenico  ) ,  peintre  de  l'école  ro- 
maine, né  à  Rome,  en  1589,  mort  à  Venise,  en 
1624.  Il  fut  élève  de  Cigoli;  mais,  ayant  été  con- 
duit à  Mantoue  par  le  cardinal  Ferdinand  de 
Gonzague  (depuis  duc  de  Mantoue),  il  s'éprit 
du  style  de  Jules  Romain,  et  s'efforça  de  l'i- 
miter. Il  fit  par  l'étude  de  ce  maître  de  rapides 
progrès ,  puisa  à  son  école  la  fierté  des  carac- 
tères, la  vérité  de  l'expression,  et  eut  une  touche 
plus  grasse,  plus  large  et  plus  moelleuse  que  son 
modèle;  mais  il  ne  l'égala  pas  par  la  pureté  du 
dessin,  la  science ,  la  correction  et  la  vigueur. 
On  trouve  plus  de  force  et  de  vérité  dans  ses 
derniers  ouvrages,  exécutés  pendant  son  séjour 
à  Venise  ;  mais  quelquefois  ses  tableaux  pous- 
sent au.  noir  à  force  de  rechercher  la  vigueur  du 
coloris.  Feti  était  doué  d'une  imagination  féconde  : 
cependant  on  lui  reproche  un  peu  trop  de  symé- 
trie dans  la  disposition  de  ses  groupes.  Cet  ar- 
tiste a  peu  travaillé  pour  les  églises,  et  la  plupart 
de  ses  ouvrages  sont  des  tableaux  de  chevalet  ; 
aussi  ne  connaît-on  de  lui  qu'un  très-petit  nom- 
bre de  fresques,  dans  lesquelles  il  se  montra  in- 
férieur à  lui-même.  Ses  plus  importants  et  ses 
meilleurs  ouvrages  en  ce  genre  sont  la  voûte  du 
chœur  et  le  cul-de-four  de  la  cathédrale  de  Man- 
toue ,  où  il  a  représenté  La  Sainte-Trinité ,  La 
Vierge,  Saint  Jean-Baptiste  et  des  Groupes 
d'Anges.  Lanzi  donne  quelques  éloges  mérités 
à  une  Visitation  peinte  dans  le  cloître  de  l'é- 
glise de  la  Minerva  à  Rome. 

Les  tableaux  de  Feti  sont  répartis  dans  toutes 
les  galeries  de  l'Europe  ;  nous  n'indiquerons  ici 
que  les  principaux.  A  l'Académie  des  Beaux-Arts 
de  Mantoue  est  sa  plus  grande  composition  sur 
toile,  La  Multiplication  réelle;  —  à  Rome: 
au  palais  Doria,  une  Madeleine;  —  à  Florence: 
au  palais  Pitti,  à  la  galerie  publique,  Arté- 
mise,  les  Paraboles  de  la  Vigne  et  de  la  Perle 
perdue;  au  palais  Corsini,  trois  sujets  de  la 
Passion  ;  —  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  de 
Venise:  une  Tête  de  vieille  femme,  La  Béné- 
diction de  Jacob,  La  Mélancolie,  et  les  Para- 
boles du  Samaritain  et  du  Trésor  caché  ;  —  à 
Correggio ,  dans  l'église  de  San-Quirino  :  Le 
Christ  dans  des  nuages  ,  avec  saint  Martin 
en  prière;  —  à  la  Pinacothèque  de  Munich: 
L'apôtre  saint  Paul ,  demi-figure  ;  Tancrède 
blessé,  soutenu  par  son  écuijer;  Hei'minie 
chez,  les  bergers;  —  au  musée  de  Dresde: 
Le  Retour  de  V Enfant  prodigue;  le  Martyre 
de  sainte  Agnès;  David  vainqueur  de  Go- 
liath; les  Paraboles  de  la  Pièce  d'argent  et 
de  l'Agneau  perdu  et  retrouve;  celle  de  VA- 


587  FETÏ  ■ 

veugle;  enfin  le  Martyre  de  saint  Sébastien, 
provenant  de  la  galerie  clncale  f!e  Modène  ;  —  à 
Saint-Pétersbourg:  une  ISativité;  —  à  Vienne  : 
Un  Marché;  La  Fuite  en  Égijpte;  Le  Buisson 
Gardent;  le  3îariage  de  sainte  Catherine; 
la  Mort  de  Léandre;  le  Triomphe  de  Galatée  ; 
et  Sainte  Marguerite;  ^  au  Louvre  :  Vempe- 
reur  Néron;. La  Vie  champêtre;  La  Mélan- 
colie; e\  L'Ange  gardien;  —  au  musée  de 
Marseille  :  un  autre  Ange  Gardien  ;  —  au  Musée 
de  Rouen  :  une  troisième  figure  do  La  Mélan- 
colie; —  au  musé  de  Nantes  :  Une  vieille  femme 
filant  et  Sainte  Pudentienne  tenant  un 
vase  plein  du  sang  des  martrjrs. 

Les  dessins  du  Feti  sont  très-rares;  ils  sont 
généralement  largement  heurtés  à  la  pierre  noire 
et  rehaussés  de  crayon  blanc  ;  d'autres  sont  à 
la  sanguine,  hachés  de  droite  à  gauche  également 
partout ,  ce  qui  est  d'un  effet  peu  agréable  ;  en- 
fin, on  en  voit  aussi  de  lavés  au  bistre  avec  un 
bout  à  la  plume.  Dans  tous  on  trouve  de  la  cou- 
leur, de  l'expression  et  une  grande  habileté  de 
touche.  Feti  serait  devenu  sans  aucun  doute» 
l'un  des  meilleurs  peintres  du  dix-septième  siè- 
cle ,  s'il  ne  frtt  mort  à  l'âge  de  trente-cinq  ans, 
des  suites  de  sa  conduite  déréglée.  Il  laissa  une 
sœur,  son  élève,  qui  se  fit  religieuse  après  la 
mort  de  son  frère ,  et  a  enrichi  de  nombreuses 
peintures  les  couvents  de  Mantoue. 

Baglione  parle  d'un  Marmno  Feti  qui  fut  éga- 
lement jteintre ,  mais  il  ne  dit  pas  s'il  fut  parent 
de  Domenico.  E.  B — n. 

Baglione,  fitede'  Pittori,  clc,  Aal  1373  al  1642.  — 
Lanzi,  Storia  délia  Pittiira.  —  Orlandi ,  Jbbeeedurio. 
—  Ticozzi,  Dizionarlo.  —  D'Argenville,  ï^ies  des  Peintres 
italiens.  —  Caiiipori,  Gli  Jrtisti  negli  Stati  Estensi.  — 
G.  Susani,  Nuovo  Prospetto  di  Mantova.  —  Villot,  JHu- 
sée  du  Louvre.  —  Catalogues  des  musées  de  Florence, 
Venise  ,  Munich,  Dresde'.,  Vienne  ,  Saint-Pétersbourg, 
Marseille,  Rouen,  Piantes,  etc. 

*  FÉTis  (  François-Joseph) ,  maître  de  cha- 
pelle du  roi  des  Belges  et  directeur  du  Conserva- 
toire de  musique  de  Bruxelles,  né  le  25  mars 
1784,  à  Mons ,  où  son  père  était  organiste.  Des- 
tiné à  suivre  la  même  profession ,  il  apprit  la 
musique  dès  son  enfance,  et  à  l'âge  de  neuf  ans 
il  remplissait  déjà  les  fonctions  d'organiste  du 
Chapitre  noble  des  Dames  deSainte-Vaudru.  En 
1800,  on  l'envoya  à  Paris  pour  y  suivre  les  cours 
du  Conservatoire  ;  il  fût  admis  dans  la  classe 
d'harmonie  dirigée  par  Rey,  et  prit  des  leçons  de 
piano  deBoïeldieu,  puis  de  Pradher.  Rey  ensei- 
gnait l'harmonie  d'après  le  système  de  Rameau, 
et  n'admettait  même  pas  qu'il  y  en  eût  d'autre 
possible,  lorsqu'on  1802  parut  le  Traité  de 
Castel,  qui,  attaquant  de  front  la  théorie  de  Ra- 
meau, souleva  de  vives  discussions.  La  lecture 
de  ce  Traité,  sa  comparaison  avec  celui  de  Ra- 
meau et  avec  les  systèmes  de  Kirnberger  et  de 
Sabbatini,  impressionnèrent  le  jeune  Fétis,  et  fi- 
rent naître  en  lui  des  idées  qui  marquèrent  ses 
premiers  pas  dans  la  carrière  qu'il  était  appelé  à 
parcourir.  Au  commencement  de  1803,  M.  Fétis 
quitta  FariSj  et  fit  un  long  voyage,  dont  il  profita 


FÉTÏS 


588 


pour  se  familiariser  avec  les  oiivBages  des  grands 
maîtres  italiens  et  allemands.  Il  revint  ensuite  à 
Paris,et  contracta  en  1806  un  riche  mariage,  qui  lui 
donna  les  loisirs  nécessaires  pour  se  livrer  à  une 
étude  approfondie  de  l'histoire  de  l'art  et  parti- 
culièrement de  celle  du  moyen  âge;  mais  en  1811 
des  revers  de  fortune  le  contraignirent  à  se  re- 
tirer en  province  et  à  accepter  les  fonctions  d'or- 
ganiste delà  collégiale  de  Saint-Pierre,  à  Douai, 
et  de  professeur  de  chant  et  d'harmonie  à  l'École 
municipale  l'ondée  dans  cette  ville.  Il  avait  re- 
marqué que  dans  les  écoles  de  ce  genre  les  dé- 
goûts éprouvés  par  la  plupai't  des  commençants 
provenaient  de  ce  que  l'élève  était  obligé  de  par- 
tager son  attention  sur  des  éléments  complète- 
ment distincts,  tels  que  les  signes  de  la  musique, 
la  mesure,  l'intonation,  dont  il  lui  fallait  acquérir 
simultanément  la  connaissance.  M.  Fetis  remédia 
à  cet  inconvénient  en  établissant  dans  son  école 
la  division  des  études  qui  a  servi  de  base  aux 
Solfèges  progressifs  qu'il  publia  plus  tard.  Il 
composait  en  même  temps  des  morceaux  à  trois 
et  à  quatre  voix  pour  ses  élèves  ;  il  écrivit  aussi 
beaucoup  de  musique  pour  l'orgue  et  un  Re- 
quiem qui  fut  exécuté,  le  20  avril  1814,  en  com- 
mémoration de  la  mort  de  Louis  XVI.  Au  milieu 
de  ses  nombreuses  occupations,  M.  Fétis  conti- 
nuait ses  recherches  sur  la  théorie  de  l'harmo- 
nie; elles  l'amenèrent  à  conclure  que  la  tonalité 
est  la  seule  base  de  la  combinaison  des  soris , 
que  les  lois  de  cette  tonalité ,  appliquées  à  l'har- 
monie, sont  absolument  identiques  à  celles  qui 
régissent  la  mélodie,  et  que  par  conséquent  dans 
la  tonalité  moderne  ces  deux  branches  de  l'art 
sont  inséparables.  Cette  nouvelle  théorie  fut 
l'objet  d'un  mémoire  qu'il  envoya,  en  1816,  à 
l'Institut  de  France.  En  1818,  M.  Fétis  revint  à 
Paris.  Diverses  publications  musicales  signalè- 
rent son  retour  dans  la  capitale  ;  il  composa  aussi 
plusieurs  opéras,  dont  quelques-uns  furent  re- 
présentés pendant  le  cours  des  années  suivantes. 
En  1821  il  avait  été  nommé  professeur  décom- 
position au  Conservatoire  ;  il  publia  en  1624  sa 
Méthode  élémentaire  d'Harmonie  et  d'Accom- 
pagnement,  et  fit  paraître^n  1825  son  Traité 
de  la  Fugue  et  du  Contrepoint  ,  ouvrage  dans 
lequel  il  prit  la  tonalité  pour  base  de  la  mélodie, 
origine  du  contrepoint,  comme  il  l'avait  prise 
précédemment  pour  l'harmonie  et  la  modulation. 
En  1826  il  fut  nommé  bibliothécaire  du  Conser- 
vatoire; l'année  suivante  il  fonda  le  premier 
journal  musical  qui  ait  paru  en  France ,  la  Re- 
vue musicale;  ce  recueil  jouit  bientôt  d'une 
grande  autorité,  qui  s'est  maintenue  sans  inter- 
ruption jusqu'en  1835.  M.  Fétis  se  trouvait  alors 
engagé  dans  d'immenses  travaux.  En  même  temps 
qu'il  rédigeait  tous  les  articles  de  la  Revue  mu- 
sicale, il  s'était  chargé  de  feuilletons  de  musi- 
que dans  les  journaux  XeiYaiioHflZ  et  Le  Temps; 
il  publiait  deux  volumes  intitulés,  l'un  La  Mu- 
sique mise  à  la  portée  de  tout  le  monde,  l'au- 
tre, Curiosités  historiques  de  la  Micstque, 


589 


FÉTIS 


qui  forme  le  complément  du  premier  de  ces  deux 
ouvrages.  Dans  plusieurs  écrits  ,  il  avait  essayé 
do  déiïiontrer  que  si  l'histoire  de  l'art  indique  un 
développement  progressif  dauR  les  formes  et 
d'avancement  dans  les  moyens,  il  n'y  a  eu  que 
transformation  dans  le  but,  qui  est  d'émouvoir. 
Des  préjugés  répandus  non-seulemeut  parmi  les 
gens  du  monde,  mais  aussi  chez  les  artistes, 
foiit  considérer  la  musique  comme  étant  dans  une 
1  progression  incessante,  et  ont  pour  résultat  de 
faire  rejeter  comme  suranné  tout  ce  qui  n'est 
pas  de  l'époque  et  d'ébranler  la  foi  de  l'artiste 
dans  la  réalité  de  sou  art.  Pour  combattre  ces 
préjugés,  M.  Fétis  fonda,  en  1832,  ses  Concerts 
historiques,  dont  il  est  juste  cependant  de  faire 
remonter  l'idée  première  à  Choron.  Les  concerts 
de  la  musique  des  seizième  et  dix-septième  siè- 
cles et  celui  de  l'origine  et  des  développements 
de  l'opéra  en  Italie,  en  France  et  en  Allemagne, 
excitèrent  le  plus  vif  intérêt,  et  prouvèrent  qu'à 
toutes  les  époques,  et  quels  que  soient  les  moyens, 
l'art  consiste  dans  le  vi'ai.  Vers  la  tin  de  la 
même  année  M.  Fétis  se  rendit  en  Belgique,  où, 
au  mois  de  mars  suivant,  il  fut  nommé  maître 
de  chapelle  du  roi  et  dh'ecteur  du  conservatoire 
de  Bruxelles.  Depuis  lors  il  a  publié  une  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  précédée 
d'un  remarquable  résumé  de  l'histoire  delà  mu- 
sique ;  ce  travail  est  le  plus  complet  qui  ait  paru 
en  ce  genre.  11  a  donné  aussi  un  Traité  complet 
de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  VHarmo- 
nie,  ouvrage  dans  lequel  il  a  développé  les  idées 
qu'il  avait  formulées  d'une  manière  succincte  dans 
sa  Méthode  élémentaire  d' Harmonie  et  d'Ac- 
compagnement. 

Voici  la  liste  des  principales  productions 
de  M.  Fétis  :  Oi>ék\5  :  L'Amant  et  le  Mari, 
deux  actes,  au  théâtre  Feydeau  (  1820);  —  Les 
Sœurs  Jumelles ,  un  acte ,  au  même  théâtre 
(1823);  —  Marie  Siuart  en  Ecosse,  trois 
acte»  (  1823  );—  Le  Bourgeois  de  Reims  (1824), 
ouvrage  composé  à  l'occasion  du  sacre  de  Char- 
les X;  —  La  Vieille,  un  acte,  au  théâtre  Fey- 
deau (  1826)  ;  —  Le  Mannequin  de  Bergame , 
un  acte,  au  théâtre  Ventadour  (  1832)  ;  —  Phi- 
dias, deux  actes,  pour  l'Opéra  (non  représenté). 
—  MusiQun  UE  CHANT  :  Deux  nocturnes  et  une 
canzonnelte.  —  Musiqued'église  :  Mse?-ere,  pour 

3  voix  d'homme,  sans  accompïignement  ;  messe 
à  5  voix  et  chœurs,  avec  orgue,  violoncelle  obligé 
et  contrebasse;  messe  de  Requiem,  pour  4  voix 
et  chœur,   avec    accompagnement  de  6  cors, 

4  trompettes,  3  trombones,  cor  à  clef,  serpent, 
ophicléide  et  orgue,  composé  pour  le  service  des 
patriotes  belges  et  exécuté  à  Bruxelles  le  23  sep- 
tembre 1833;  plusieurs  messes,  motets,  litanies, 
hymnes  et  antiennes  pour  3, 4  et  5  voix  avec  orgue 
écrits  pour  la  chapelle  de  la  reine  des  Belges; 
Lamentations  de  Jérémie ,  à  6  voix  et  orgue. 
• —  Musique  instrumentale  :  M.  Fétis  a  publié 
des  pièces  d'harmonie  à  8  parties,  des  sonates , 
fantaisies  et  variations  pour  le  piimo;  un  gran;! 


FETÏAHI  590 

duo  pour  piano  et  violon;  un  sextuor  pour  piano 

à  4  mains,  2  violons,  alto  et  basse;  il  a  écrit 
en  outre  un  grand  nombre  d'autres  morceaux  de 
musique  instrumentale,  qui  sont  restés  manus- 
crits et  qui  consistent  eu  pièces  d'orgue  de  tous 
genres,  quatuors, quintettes,  sextuors,  sympho- 
nies ,  etc.  —  Ouvrages  didactiques  ,  histori- 
ques ET  cFJTiQDES  :  Méthode  élémentaire  et 
abrégée  d'Harmonie  et  d'Accompagnement; 
Paris,  1824;  —  Traité  de  la  Fugue  et  du  Con- 
trepoint, composé  pour  l'usage  du  Conserva- 
toire; Paris,  t825;  —  Traité  de  l'Accompa' 
gnement  de  la  Partition  ;  Paris,  1829;  —  Sol- 
fèges progressif  s ,  avec  accompagnement  de 
pîftHo,  précédés  de  V Exposition  raisonnée  des 
Principes  de  la  Musique;  Paris,  1827  ;  —  Re- 
vue  musicale,  huit  années  (1827-1834),  15 
vol.  dont  10  in-8°  et  5  in-4»  ;  —  Mémoire  sur 
cette  question  mise  au  concours  en  1828  par 
l'Institut  des  Pays-Bas  :  Quels  ont  été  les  mé- 
rites des  Néerlandais  davs  la  musique,  prin- 
cipalement aux  quatorzième ,  quinzième  et 
seizième  siècles  ;  etc.  ?  —  La  Musique  mise  à 
la  portée  de  tout  le  monde;  Paris,  1830, 
in-S*^;  —  Curiosités  historiques  de  la  Musi- 
que; Paris,  1830,  1  vol.  in-8'' ;  —  Biographie 
universelle  des  Musiciens  et  Bibliographie 
générale  de  la  Mttsique ;  Paris  et  Bruxelles, 
1834  à  1844,  8  vol.  in-8»;  —  Manuel  des  Prin- 
cipes de  Musique  à  l'usage  des  professeurs  et 
des  élèves  de  toutes  les  écoles ,  particulière- 
ment des  écoles  primaires;  Paris,  1837, 
in-8°  ;  —  Traité  du  Chant  en  chœur,  à 
l'usage  des  directeurs  des  écoles  de  chant  et 
des  chefs  de  chœur  des  théâtres;  Paris,  1837, 
Jn-4°;  —  Manuel  des  jeunes  Compositeurs , 
des  chefs  de  musique  militaire  et  des  direc- 
teurs d'orchestre;  Paris,  1837,   grand  in-4°  ; 

—  Méthode  des  Méthodes  de  Piano  ;  Paris, 
1837;  —  Méthode  des  Méthodes  de  Chant; 

—  Traité  complet  de  la  théorie  et  de  la  pra- 
tique de  l' Harmonie.  —  Notice  historiqtie  sur 
N.  Paganini,  précédée  d'une  Esquisse  de  l'his- 
toire du  Violon;  Paris,  1851,  in-8°.  —  On  an- 
nonce comme  devant  paraître  prochainement  une 
Philosophie  de  la  Musique,  une  Histoire  gé- 
nérale de  la  Musique,  et  le  Plain-Chant  j/re- 
(jorien  ramené  et  restitué  à  ses  véritables 
sources. 

M"'"  Fétis  (Adélaïde- Louise-Catherine),  née 
à  Paris,  le  23  septembre  1792,  s'est  livrée  à  l'é- 
tude des  arts  sous  la  direction  de  son  mari.  On 
lui  doit  une  traduction  française  du  livre  de 
W.-C.  Stafford  intitulé  il  Lllstory  of  Music, 
publiée  en  1832,  sous  le  titre  de  :  Histoire  de 
la  Musique,  traduite  de  l'anglais  avec  des 
notes,  des  corrections  et  des  additions. 
Dieudonné  Denne-Baron. 

llevuc  musicale.  —  Bioçiraphie  imiwrsellc  dex  Mu- 
siciens ;  \o\r  dans  cet  ouvrage  la  notice  faite  sur  lui- 
iiiôine  par  M.  Fétis.  —  J.  d'Ortiguc,  Dictionnaire  delà 
Conversation. 

■■■yKT'i'Mii  NîscHAnouRÏ  {hihija-ben-Setn- 


591  FETTAHI  - 

mak,  surnommé  Asrari,  Khomari  et),poëte 
persan ,  mort  en  852  de  l'hégire  (  1448  de  J.-C.  ). 
On  a  de  lui  :  Schebistan-i-Khial  (l'Apparte- 
ment de  nuit  de  l'Imagination  ),  poëme  qui  a  été 
commenté  par  Sorouri;  —  Hosn  we  DU  (la 
Beauté  et  le  Cœur  ) ,  poëme  traduit  en  anglais 
sous  le  titre  de  Beaiity  and  Heart,  par  Ar- 
thur Browne;  Dublin,  1801,  in-4'',  et  par  W. 
Price;  Londres,  1828,  in-4°;  —  Asrar-i-Kho- 
mar  (les  Mystères  de  l'ivresse).  E.  B. 

Doulelschah,  Tedzkiret  as-Schoara,  ch.  V.  —  Ilahi, 
Khazineh  kendj.  —  Taki  ed-din  Kaschi ,  Kholasset  al- 
Aschaar,  ch.  III.  —  Hadji-Khalfah ,  Lexic.  bibliog.,  édlt. 
Fluegel,  t.  III,  n°  4502,  IV,  7415.  —  J.  de  Hammer,  Gesch. 
der  scfiœnen  Redck.  Persiens,  p.  291. 

*  FETTi  (  Giovanni  ) ,  sculpteur  florentin,  du 
quatorzième  siècle.  D'une  pièce  publiée  par  Bal- 
dinucci,  il  appert  qu'en  1367  il  sculpta  une  figure 
de  La  Force  pour  la  Loggia  de'  Lanzi  de  Flo- 
rence, et  qu'il  commença  celle  de  La  Tempérance, 
que  la  vieillesse  ne  lui  permit  pas  d'achever. 
Vasari  et  tous  les  autres  écrivains  d'après  lui 
avaient  attribué  ces  figures  à  Orcagna. 

Baldinucci ,  Notizie. 

FEU  {Jean),  magistrat  français,  né  à  Or- 
léans, en  1477,  mort  le  17  novembre  1549.  Il  fut 
un  des  professeurs  qui  par  leur  érudition  mirent 
en  renom  l'université  d'Orléans.  En  1518  il  fut 
nommé  sénateur  de  Milan  par  François  F",  et 
plus  tard  second  président  au  parlement  de 
Rouen.  Il  siégea,  au  lit  de  justice  du  16  décem- 
bre 1527,  parmi  les  juges  qui  déclarèrent  innocent 
l'amiral  Chabot.  L'épitaphe  qu'on  lui  a  composée 
fait  allusion  au  nom  qu'il  portait;  elle  est  ainsi 
conçue  : 

Heu!  clnls  est  hodle  qui  fuit  ignis  heri. 

Les  traités  dont  il  est  l'auteur  ont  été  réunis 
sous.ce  titre  :  Joannis  Ignei  Opéra  ;  Lyon,  1509, 
et  1607,  3  vol.  in-fol. 

Pasquier,  OEuv.  —  Journal  des  Savants,  1692, 1695. 

FEU  (  François  ) ,  théologien  français  ,  né  à 
Massiac  (  Auvergne  ),  en  1633 ,  mort  à  Paris,  le 
26  décembre  1699.  Il  fut  grand-vicaire  de  Rouen, 
puis  curé  de  Saint-Gervais  à  Paris  en  1686.  Il 
était  docteur  de  Sorbonne,  et  publia  vers  la  fin 
de  sa  vie  un  Cours  de  Théologie,  qu'il  n'eut  pas 
le  temps  d'achever.  Les  deux  premiers  volumes 
parurent  à  Paris,  1692,  1695,  2  vol.  in-4°.  Son 
neveu,  qui  s'appelait  aussi  François  Feu ,  lui  suc- 
céda dans  la  cure  de  Saint-Gervais,  et  adminis- 
tra cette  paroisse  pendant  plus  de  soixante  ans. 
Il  mourut  à  Paris,  le  3  avril  1761,  âgé  de  plus 
de  quatre-vingt-dix  ans. 

Dupin ,  Bibliothèque  des  Auteurs  ecclésiastiques  du 
dix-septième  siècle.  —  Moreri,   Grand  Dict.  hist. 

FEU -ARDENT    {François),   controversiste 

français,  né  à  Coutances,  le  1^'"  décembre  1539, 

mort  le  1*""  janvier  1610.  11  fit  ses  premières 

études  à  Bayeux,  et  renonça  à  l'espoir  d'une 

forte  succession  pour  entrer  dans  l'ordre  des 

Cordeliers.  Après  sa  profession,  on  l'envoya  à 

Paris ,  où  il  se  fit  recevoir  docteur  en  théologie , 

le  5  mai  1576,  Il  se  livra  avec  beaucoup  d'ar- 


FEUCHÈRE  592 

deur  à  la  prédication  et  à  la  controverse.  Doué 
d'un  tempérament  parfaitement  conforme  à 
son  nom ,  il  combattit  les  hérétiques  à  toute  ou- 
trance, et  devint  un  de  leurs  plus  violents  adver- 
saires. Son  zèle  catholique  l'entraîna  dans  la  Ligue, 
qu'il  soutint  par  des  prédications  véhémentes  et 
particulièrement  injurieuses  pour  Henri  III  et 
Henri  IV.  On  a  de  lui  une  trentaine  d'ouvrages  ; 
les  principaux  sont  :  Sancti  Irenxi,  Lugdunensis 
episcopi,  adversus  Valentini  et  similium 
gnosticorum  hasreses,  Libri  V;  Paris,  1576,  in- 
fol.  Cette  édition,  revue  sur  un  ancien  manuscrit, 
est  accompagnée  d'un  commentaire  savant,  mais 
trop  prolixe; —Semaine première  des  dialo- 
gues, auxquels  sont  examinées  et  confutées 
cent  soixante-et-quatorze  erreurs  des  calvi- 
nistes; Paris,  1585,  in-8°;  —  Seconde  Semaine 
de  dialogues ,  auxquels  entre  un  docteur  ca- 
tholique et  un  ministre  calviniste  sont  pai- 
siblement examinées  et  confutées  quatre  cent 
soixanfe-et-cinq  erreurs  des  hérétiques;  Pa- 
ris, 1598,  2  vol.  in-8''  ;  —  Examen  des  confes- 
sions ,  prières,  sacrements  et  catéchisme  des 
calvinistes;  où  ils  sont  convaincus  de  six 
cent  soixante-et-six  tant  contradictions,  er- 
reurs,  que  blasphèmes  contenus  en  iceux, 
Paris,  1599,  in-8°  ;  seconde  édition  augmentée, 
Paris,  1601,  in-8°.  D'après  le  P.  Nicéron,  «  on 
trouve  partout  dans  cet  ouvrage  l'emportement 
ordinaire  à  cet  auteur,  qui  y  débite,  outre  cela, 
d'une  manière  fort  indécente ,  bien  des  histo- 
riettes sur  les  femmes  et  les  servantes  des  mi- 
nistres, qui  n'ont  d'autre  fondement  que  son 
imagination  »  ;  —  Entremangeries  ministrales ; 
c'est-à-dire,  contradictions,  injures,  con- 
damnations et  exécutions  mutuelles  des  mi- 
nistres et  prédicants  de  ce  siècle;  Caen,  1601, 
in-8°;  —  Theomachia  calvinistica ;  Paris, 
1604,  in-4''.  Feu- Ardent  prétend  signaler  et  ré- 
futer dans  cet  ouvrage  quatorze  cents  erreurs 
des  calvinistes.  «  On  voit  que  Feu-Ardent  pre- 
nait plaisir  à  les  multiplier  (  les  erreurs  )  ;  mais 
cela  ne  doit  pas  surprendre,  puisque,  sur  l'arti- 
cle seul  de  la  Trinité ,  sur  lequel  ils  sont  d'ac- 
cord avec  nous,  il  leur  en  trouve  jusqu'à  cent 
Soixante-quatorze  et  même  jusqu'à  deux  cents,  m 

W^addiDg,  Scriptores  Ordinis  Minorum.  —  Possevin, 
Apparatus  sacer,  t.  I ,  p.  496.  —  Bayle,  Dictionnaire 
historique  et  critique.  —  Nicéron,  Mémoires  pour  ser- 
vir à  l'histoire  des  hommes  illustres ,  t.  XXXIX. 

FEUCHÈRE  {Jean-Jacques),  sculpteur  fran- 
çais, né  à  Paris,  le  24  août  1807,  mort  dans  la 
même  ville,  le  25  juillet  1852.  Il  fut  élève  de  Cor- 
tot  et  de  Ramey,  et  débuta  au  salon  de  1831  par 
deux  statues,  Judith  et  David  montrant  la  tête 
de  Goliath,  qui  furent  très-remarquées  ;  mais  on 
lui  reprocha  de  trop  affecter  le  caractère  des 
grands  maîtres  du  seizième  siècle.  Depuis  lors  il 
produisit  avec  une  singulière  fécondité,  et  exposa 
successivement  :  Raphaël,  marbre  (  1835)  ;  — 
Sa^aw, bronze  (même  année);  —  La  Renais- 
sance des  Arts,  bas-relief  (  1836);  —  Benve- 
nuto  Cellini  (1837);  —  Sainte  Thérèse,  sta» 


593 

tue  de  pierre  pour  La  Madeleine  de  Paris  (  1 840  )  ; 
—  La   Poésie,  groupe  de  bronze  (1841);  — 
Bossuet,  statue  de  pierre  pour  la  fontaine  Saint- 
Sulpice  de  Paris  ;  —  Jeanne  d'Arc  sur  le  bû- 
cher (1845)  ;  et  un  grand  nombre  de  bustes,  parmi 
i  lesquels  ceux  d6  M"""  Théodorine  Mélingue,  de 
Provost  (du  Théâtre-Français),  de  Raffet,  etc. 
I  Outre  ces  ouvrages,  on  doit  à Feuchère  le  j1/o- 
1  nument  élevé  à  Georges  Cuvier,  au  coin  de 
I  la  rue  Saint-Victor;  —  Le  Passage  du  Pont 
I  d' Aréole,  bas-relief  de  l'Arc  de  Triomphe  de 
i  l'Étoile  ;  —  Le  Fronton  de  l'église  Saint-Denis 
du  Saint-Sacrement,  œuvre  qui  a  été  critiquée 
vivement,  et  une  quantité  de  bas-reliefs,  d'orne- 
ments, d'excellents  modèles  pour  l'orfèvrerie  et 
les  bronzes  de  luxe.  Feuchère  était  surtout  re- 
marquable par  la  facilité  de  son  exécution,  la 
variété  de  ses  types  et  de  ses  attitudes  ;  mais  sa 
sculpture  manque  de  grâce  et  de  correction. 

Dictionnaire  de  la  Conversation. 
FEUCHÈRES  (SopMc  Dawes  OU  Daws,  ba- 
ronne de),  née  vers  1795,  à  l'île  de  Wight, 
morte  en  Angleterre,  le  2  janvier  184i.  Fille  d'un 
pêcheur  et  élevée  par  charité,  elle  parut,  dit-on  , 
quelque  temps  au  théâtre  de  Covent-Garden.  La 
première  partie  de  sa  vie  est  inconnue,  et  ce 
qu'on  en  a  raconté  mérite  peu  de  confiance.  En 
1817,  elle  fut  admise  dans  l'intimité  du  duc  de 
Bourbon,  et  prit  bientôt  sur  son  esprit  un  ascen- 
dant sans  boi'nes.  Elle  épousa,  en  1818,  M.  le 
baron  de  Feuchères,  et  reçut  à  cette  occasion 
du  duc  de  Bourbon  une  rente  de  72,000  francs. 
De  graves  dissentiments  ne  tardèrent  pas  à  écla- 
ter entre  les  deux  époux,  et  amenèrent,  en  1822, 
un  procès  qui  eut  pour  résultat  une  séparation 
de  corps  et  de  biens.  Continuant  d'habiter  avec 
le  duc  de  Bourbon,  enrichie  par  ses  bienfaits,  qui 
s'élevaient  à  plusieurs  millions ,  pouvant  comp- 
'  ter  sur  une  large  part  dans  sa  succession,  M™^  de 
Feuchères ,  qui  ne  s'aveuglait  pas  sur  les  diffi- 
cultés et  les  dangers  d'une  position  aussi  équi- 
voque ,  résolut  de  se  créer  des  protecteurs  puis- 
sants, en  se  dévouant  aux  intérêts  de  la  famille 
d'Orléans.  A  force  d'instances,  qui  allèrent,  dit- 
on,  jusqu'à  l'extrême  obsession,  elle  obtint  que 
le  duc  de  Bourbon  fût  le  parrain  du  duc  d'Au- 
male  et  léguât  à  son  filleul  la  plus  grande  partie 
de  son  immense  fortune.  Ce  fameux  testament, 
qui  devait  donner  lieu  à  tant  de  récriminations, 
est  daté  du  30  août  1829  (1).  Onze  mois  plus 
tard,  la  révolution  de  Juillet  vint  rendre  très- 


(i;  M.  Diipin,  dans  le  I^''  volume  de  ses  mémoires, 
montre  que  le  duc  de  Bourbon  avait  d'abord  voulu 
adopter  le  duo  d'Aumale,  et  qu'il  s'était  arrêté  seule- 
ment devant  des  formalités  nombreuses  et  compliquées. 
«  J'ai  pensé,  dit-il,  qu'il  était  bon,  en  présence  de  tant 
de  passions  qui  ont  laissé  des  traces  de  leur  venin  dans 
les  journaux  du  temps,  d'ajouter  la  preuve  morale  qui 
résulte  de  ces  projets  d'adoption  discutés  entre  les  con- 
seils des  deux  princes,  pour  montrer  que  bien  avnnt  sa 
mort,  et  bien  avant  la  révohition  de  Jiiillct,  le  duc  de 
Bourbon  avait  la  volonté  très- arrêtée  de  faire  de  M.  le 
duc  d'Aumale  sou  liéritici-,  et  qu'on  n'avait  liésilé  que 
sur  la  forme,  adoption  ou  testament.  » 


FEUCHÈRE  —  FEUCHÈRES 


59^ 

!  difficile  la  situation  du  duc  de  Bourbon  Ses  tra- 
ditions de  famille  lui  faisaient  un  devoir  impé- 
rieux d'aller  rejoindre  dans  l'exil  le  prince  dé- 
i  trôné;  d'un  autre  côté,  il  lui  était  très-pénible, 
;  à  son  âge ,  de  quitter  ses  domaines  et  la  France, 
pour  aller  vivre  à  l'étranger.  On  a  acGusé  M™^  de 
Feuchères  de  n'avoir  rien  fait  pour  adoucir  les 
perplexités  du  duc  de  Bourbon,  de  les  avoir 
augmentées,  au  contraire,  en  s'opposant  obsti- 
nément à  son  départ.  On  a  rapporté  aussi  que  le 
jour  qui  précéda  la  mort  du  duc  fut  marqué  par 
une  violente  altercation  entre  lui  et  M"""  de  Feu- 
chères. Mais  tous  les  récits  relatifs  aux  derniers 
jours  du  malheureux  prince  sont  si  fortement 
î  empreints  de  passion  qu'il  faut  les  consulter  avec 
une  extrême  défiance.  Nous  nous  contenterons 
de  rapporter  des  faits  bien  constatés.  Dans  la 
matinée  du  27  août  1830 ,  le  duc  de  Bourbon  fut 
trouvé  pendu  à  l'espagnolette  d'une  fenêtre  de 
sa  chambre  à  coucher.  La  justice  fut  appelée 
immédiatement  à  faire  une  enquête  sur  ce  déplo- 
rable événement.  Après  une  instruction  minu- 
tieuse, la  chambre  du  conseil  rendit  l'ordon- 
nance suivante  :  «  Attendu  qu'il  résulte  de  l'in- 
formation que  la  mort  du  prince  a  été  volontaire 
et  le  résultat  d'un  suicide;  que  la  vindicte  pu- 
blique n'a  dans  cette  circonstance  aucun  rensei- 
gnement nouveau  à  rechercher  ni  aucun  cou- 
pable à  poursuivre ,  et  que  la  procédure  est 
complète,  déclare  qu'il  n'y  a  lieu  à  suivre.  » 
Malgré  cette  décision  judiciaire ,  la  rumeur  pu- 
blique fit  planer  sur  madame  de  Feuchères  des 
soupçons  que  les  passions  politiques  du  moment 
firent  même  remonter  plus  haut.  On  prétendit 
que  le  duc  de  Bourbon  était  sur  le  point  de  quit- 
ter la  France  et  de  rompre  avec  M""'  de  Feu- 
chères ;  qu'il  voulait  revenir  sur  ses  dispositions 
testamentaires  et  transmettre  au  duc  de  Bor- 
deaux les  biens  d'abord  destinés  au  duc  d'Au- 
male (1).  On  soutint  que  si  la  justice  n'avait  pas 
recueilli  les  traces  d'un  assassinat,  c'était  faute 
de  les  avoir  suffisamment  cherchées.  On  releva 
avec  soin  quelques  circonstances  qui  semblaient 
prouver  l'invraisemblance  et  même  l'impossibilité 
du  suicide.  Ces  accusations  et  une  plainte  des 
princes  de  Rohan,  héritiers  naturels,  décidèrent 
le  procureur  du  roi  de  Pontoise  à  demander  un 
supplément  d'instruction.  La  cour  de  Paris  évo- 
qua l'affaire,  par  arrêt  du  2  février  1831.  Cette 

(1)  .4  cette  opinion,  généralement  accréditée  touchant  le 
changement  survenu  dans  les  dispositions  du  duc  de  Bour- 
bon à  l'égard  du  roi  Louis-l'hilippe  et  de  sa  famille,  on 
peutopposer  plusieurs  témoignages,  et  entre  autres  celui 
de  M.  Dupin.  «  Après  la  révolution  de  Juillet,  dit  ce  ju- 
risconsulte, le  duc  de  Bourbon  avait  conservé  pour  M.  le 
duc  d'Orléans  les  mêmes  sentiments  qu'il  lui  avait  tou- 
jours montrés  ;  et  j'ai  tenu  dans  mes  mains  l'original 
de  la  lettre  qu'il  lui  écrivit  le  8  août,  veille  de  la  séance 
royale  du  serment,  lettre  pleine  d'affection,  dans  laquelle 
il  exprimait  le  regret  de  ce  que  sa  mauvaise  santé  ne  lui 
permettait  pas  d'assister  à  cette  séance.  »I1  ajoutait  :  «  Je 
vous  écris,  iMonsieur,  conune  au  lieutenant  général  du 
royaume.  —  Demain  je  serai  do  creur  avec  vous,  et  vous 
trouverez  toujours  en  moi  un  sujet  aussi  fidèle  que  dé- 
voué. »  C  Mémoires,  t.  1,  p.  340.  ) 


595 


FEUGHÈRES  — 


seconde  enquête  aboutit ,  comme  la  première ,  à 
une  ordonnance  de  non-lieu.  Les  princes  de  Ro- 
lian  attaquèrent  alors  le  testament  pour  capta- 
tion ,  suggestion  et  violence.  Ils  perdirent  leur 
procès  après  des  débats  retentissants,  qui  ne  con- 
Jirmèrent  pas  les  soupçons,  mais  qui  ne  les  firent 
non  plus  pas  disparaître,  «  Madame  de  Fenchères, 
dit  M.  Louis  Blanc,  gagna  son  procès  devant  les 
tribunaux ,  et  le  perdit  devant  l'opinion  pu- 
blique. »  Les  témoignages  de  considération  que 
lui  donna  le  roi  Louis-Philippe  en  la  recevant  à 
la  cour  ne  la  dédommagèrent  pas  des  sévérités 
du  public  (1).  Elle  ne  tarda  même  pas  à  être  en- 
traînée dans  un  procès  contre  la  famille  royale  à 
propos  du  legs  d'Écouen ,  legs  que  le  roi  refusa 
d'autoriser,  et  dont  elle  poursuivit  vainement  la 
revendication  devant  tous  les  degrés  de  juridic- 
tion. A  partir  de  ce  moment ,  M"'®  de  Feuchèrcs 
rentra  dans  l'obscurité.  Ses  dernières  années , 
remplies ,  dit-on ,  en  grande  partie  par  des  actes 
de  bienfaisance,  n'ont  pas  laissé  de  traces  dans 
l'histoire.  Elle  mourut  d'une  angine.  Si  l'on  en 
croit  les  témoins  de  sa  fin,  elle  garda  à  ses 
derniers  moments  un  calme  qui  semblait  pro- 
tester contre  la  terrible  accusation  dont  elle  avait 
été  l'objet.  La  baronne  de  Feuchères  légua  son 
immense  fortune, à  sa  nièce,  M"^  Sophie  Tan- 
ceron  (2). 

Gazette  des  Tribunaux  (ann.  1830-1831).  —  Louis  Blanc, 
Histoire  de  dix  ans,  t.  II.  —  Appel  à  l'opinion  pnbliqiie 
sur  la  mort  de  Louis-Henri  de  Bourbon  ,  prince  de 
Condé;  Farls,  1831,  ln-8°.  —  l/abbé  Pcllicr  de  La  Croix 
(aumônier  du  duc  de  Bourbon),  V Assassinat  du  der- 
nier des  Condé  démontré ,  contre  la  baronne  de  Feu- 
chères  et  ses  avocats,  suivi  d'observations  sur  les  pro- 
cès-verbaux et  de  pièces  importantes  et  inédites  con- 
cernant l'enquête,  le  fameux  testament  et  son  procès; 
Paris,  1832,  in-8o.  —  Théodore  Anne  et  Rousseau ,  La 
Baronne  et  le  Prince;  1832,  4  vol.  in-12.  —  Albert  de 
Calvimont,  Le  Dernier  des  Condé.  —  Histoire  complète 
et  impartiale  du  procès  relatif  à  la  mort  et  au  testa- 
ment du  duc  de  Bourbon,  prince  de  Condé;  Panis,  1832, 
in-18.  —  Examen  de  la  procédure  criminelle  iiutruite 
à  Saint-Leu,  à  Pantoise,  devant  la  Cour  royale  de  Pa- 
ris, stir  les  causes  et  les  circonstances  de  la  mort  de 
S.  A.  M.  le  duc  de  Bourbon  ;  Paris,  1832,  in-8'=. 

*  FESJCHTERSLEBEN  (Édouarcl) ,  médecin 
et  philosophe  allemand ,  né  à  Vienne,  le  29  avril 
1806,  mort  le  3  septembre  1849.  Élève  de  l'A- 
cadémie équestre  de  Sainte-Thérèse ,  il  s'appli- 
qua à  l'étude  de  la  médecine.  En  1833  il  obtint 
le  titre  de  docteur;  en  1845  il  fut  nommé  doyen 
de  la  Faculté  de  Médecine   de  Vienne,  et  en 


(1)  Tout  le  tenops  que  M.  Dupin  occupa  »  comme  pré- 
sident de  la  chambre  des  députés,  le  palais  Bourbon, 
lyime  de  Feuchèrcs,  qui  demeurait  dans  les  appartements 
du  teu  duc  de  Bourbon,  ne  put  obtenir,  malgré  les  ins- 
tances les  plus  pressantes,  d'être  admise  aux  bals  de  la 
présidence.  Des  démarches  réitérées  à  cet  effet  auprès 
de  M.  Dupin  de  la  part  de  personnes  qui  s'autorisaient, 
pour  insister,  de  la  réception  de  M™'=  de  Feuchères  aux 
Tuileries,  n'obtinrent  de  lui  que  cette  réplique  :  «Le 
roi  a  le   droit  de  faire  grAce  ;  moi,  je  ne  l'ai  pas.  » 

(2)  M.  le  baron  Ad. -Vie.  de  Feuchères  fit  donation  aux 
hospices  de  Paris  de  la  totalité  de  ses  droits  successifs 
dans  la  succession  de  Sophie  Dawes ,  sa  femme  (  Moni- 
teur, 29  Juillet ,  1841  ;.  Plus  tard  il  fit  donation  à  l'armée 
d'une  somme  de  100,000  fr.  {Moniteur,  5  janvier  184S  ). 


FEUERBACH  si 

1847  vice-directeur  des  études  médico-chirur-î 
gicales.  En  1848  il  refusa  le  portefeuille  de  minis- 
tre de  l'instruction  publique ,  et  consentit  seule- 
ment à  remplir  temporairement  les  fonctions  de 
sous-secrétaire  d'État,  qu'il  abandonna  bientôt 
pour  rentrer  dans  la  vie  privée,  dont  sa  santé 
lui  faisait  un  besoin.  On  a  de  lui  :  Ueber  das 
hippokratische  bvste  Buch  von  der  Dïxtetili. 
(  Du  premier  livre  de  la  Diététique  d'Hippocrate  ); 
Vienne,  1835  ;  —  Zur  Dixtetik  der  Seele  (De 
la  Diététique  de  l'Ame)  ;  Vienne,  1838;  —  Ueber 
die  Gewissheït  und  Wuerde  der  Heïlkunst( De 
la  Certitude  et  de  la  dignité  de  l'Art  de  guérir)  ; 
Vienne,  1839;  —  Lehrbuch  der  aerztlichen 
Seelenkunde  (Manuel  de  la  Connaissance  mé- 
dicale de  l'Ame);  Vienne,  1845.  Les  œuvres 
com[)lètes  de  Feuchtersleben ,  moins  les  œuvres 
uniquement  médicales,  ont  été  publiées  par  le 
poète  Hebbel;  Vienne,  1851-1852. 

Conv.-Lexikon.  ■-.'■■ 

FECDRîx.  Voy.  Bréquigny. 

FEUERBACH  (Pmil-Joseph-Anselme), célèbre 
criminaliste  allemand,  né  à  léna,  le  14  novembre 
1775,  mort  à  Francfort-sur-le-Mein,  le  29  mai 
1833.  Il  fit  ses  études  à  Francfort  et  à  léna.  Pré- 
disposé à  la  philosophie  par  les  excellentes  leçons 
de  son  professeur  Reinhold,  il  s'appliqua  ensuite 
au  droit  positif.  Après  avoir  publié  deux  ou- 
vrages intitulés,  le  premier  :  Anti-Hobbes ,  etc. 
(  l'Anti-Hobbes,  ou  des  limites  du  pouvoir  civil 
et  du  droit  de  contrainte  des  sujets  contre  leurs 
souverains),  Erfurt,  1798;  le  second  ayant  pour 
titre  :  TJntersuchung  ueber  das  Verbrechen 
des  Hochverraths  (Recherches  sur  le  Crime  de 
haute  Trahison),  ibid.,  1798,  Feuerbach  ouvrit 
l'année  suivante,  1799,  des  cours  académiques 
à  léna.  Les  ouvrages  qu'il  publia  firent  de  lui  le 
chef  des  rigoristes  :  c'est  ainsi  qu'on  désigne 
les  jurisconsultes  qui  font  de  l'intimidation  le 
but  de  la  peine.  Avec  Fichte ,  Feuerbach  veut 
que  le  droit  de  l'individu  soit  le  principe  de  la 
ioi;  et  avec  Kant,  il  pense  que  la  raison  pra- 
tique, c'est-à-dire  le  principe  moral ,  doit  être 
aussi  le  principe  de  la  loi  positive.  Dans  ce  sys- 
tème le  droit  a  la  même  fin  que  la  morale,  qui  le 
fimite  et  le  sanctifie  :  d'où  la  conclusion  pratique 
de  la  subordination  des  décisions  du  juge  au 
texte  des  dispositions  pénales.  Mais  alors  il  faut 
supposer  que  le  législateur  ne  se  méprend  ja- 
mais sur  la  loi  morale;  la  est  le  danger  du  sys- 
tème du  criminaliste  allemand.  En  1801  Feuer- 
bach fut  nommé  professeur  ordinaire  de  droit,  et 
en  1802  il  passa  en  !a  même  qualité  à  Kiel.  Deux 
ans  plus  tard  il  se  rendit  à  l'université  de  Lands- 
hut,  où  on  lui  proposa  de  rédiger  un  projet  de 
code  pénal  pour  la  Bavière.  Il  fit  alors  (1805) 
le  voyage  de  Munich,  devint  référendaire  intime 
au  département  de  la  justice  et  de  la  police ,  et 
en  1808  il  fut  nommé  conseiller  privé.  La  ré- 
forme de  la  législation  pénale  en  Bavière,  com- 
mencée dès  1806  par  la  suppression  de  la  torture, 
fut  complétée  sur  l'œuvre  de  Feuerbach,  et,  après 


697 

quelques  épreuves  et  amendements,  le  16  mai 
1813  parut  le  Sira/gesetzbucli  fuer  das  Kœnïcj- 
reich  Baiern  (  Code  pénal  ix)nr  le  royaume  de 
Bavière).  Ce  code  servit  de  base  à  la  législation 
nouvelle  projetée  pour  les  pays  de  Saxe- Weimar 
et  de  Wurtemberg.  Oldenbourg  l'adopta  égale- 
ment, et  il  fut  traduit  en  suédois.  En  même  temps 
Feuerbacb  fut  chargé  d'adapter  à  la  législation 
civile  de  la  Bavière  le  Code  Napoléon  ;  mais  ce 
travail  resta  à  l'état  de  projet.  Parmi  les  ouvra- 
ges qu'il  publia  ensuite ,  celui  qui  est  intitulé  : 
Betrachtimgen  ueberdas  Geschivornengericht 
(  01)Scrvations  sur  l'Institution  du  jury  ) ,  Lands- 
hut,  1812,  provoqua  de  nombreuses  discus- 
sions, l'auteur  se  montrant  opposé  à  cette  institu- 
tion. A  l'époque  des  dernières  guerres  de  l'Alle- 
magne, Feuerbacb  manifesta  dans  ses  écrits 
les  sentiments  les  plus  patriotiques.  En  1817  il 
fut  nommé  second  président  du  tribunal  d'appel 
de  Bamberg,  puis  premier  président  du  tribunal 
d'appel  du  cercle  de  Rézat ,  siégeant  à  Anspach. 
En  1821  il  visita  Paris,  Bruxelles  et  les  provinces 
rhénanes.  Attentif  à  tout  ce  qui  pouvait  intéresser 
la  chose  publique  dans  son  pays,  il  s'éleva  vive- 
ment en  1822  contre  l'introduction  des  adminis- 
trations presbytérales.  Dans  les  dernières  années 
de  sa  vie  il  témoigna  une  vive  sympathie  pour 
Gaspard  Hauser,  cet  enfant  dont  le  sort  pro- 
duisit en  Europe  une  si  profonde  sensation,  et  il 
composa  un  ouvrage  qui  fut  le  premier  résumé 
critique  des  faits  relatifs  à  cet  événement  mys- 
térieux. Feuerbacb  mourut  dans  un  voyage  aux 
eaux  de  Scbwalbacb.  Outre  les  ouvrages  cités, 
on  a  de  lui  :  Revision  der  Grundsaetze  wid 
Grundbegriffe  des  pelnlic/ien  Rechts  (  Révision 
des  Principes  et  des  notions  fondamentales  du 
Droit  pénal)  ;  Erfurt,  1799,  2  vol.  ;  —  Bibliotnek 
fuer  die  peinliche  Rechiswissenschaft  (Biblio- 
thèque de  la  Science  du  Droit  pénal),  1800-1801  ; 
de  concert  avec  Harscher  d'Alraendingen  et 
Grolmann  ;  —  Lehrbuch  des  gemeinen ,  in 
Deutschland  geltenden  peinlichen  Privai- 
rechts  (Manuel  du  Droit  pénal  commun  établi 
en  Allemagne)  ;  Giessen,  1801  et  1847,  l'i''édit., 
par  Mitterinaier  ;  —  Kritik  des  Kleinschrod'- 
schen  Entwurfs  zu  einem  peinlichen  Gesetz- 
buche  fuer  die  bairischen  Staaten  (Critique 
du  Projet  de  Code  pénal  de  Kleinschrod  pour 
les  États  bavarois);  Erfurt,  1804 ,  2  vol.;  — 
Merkwuerdige  Criminal- Rechtsfaelle  (Cas 
remarquables  de  Jurisprudence  criminelle)  ;  Er- 
furth,  1808-1811,  2  vol.,  et  1818,  2"  édit.;  — 
Themis,  uder  Beitrxge  zicr  Gesetzgebung, 
(Thémis,  ou  matériaux  pour  la  législation); 
Erfnrt,  1812;  —  Veber  deutsche  Freiheit  uncl 
Vertretung  deutscher  Voelker  durch  Land- 
staende  (  De  la  Liberté  germanique  et  de  la 
représentation  des  peuples  allemands  par  les 
états  des  pays);  Leipzig,  1814;  —  Ueber 
die  Gerichlsverfossung  und  das  gericht- 
Ikhe  Verfahren  Frankrc'ichs  (  Sur  la  cons- 
titution judiciaire  et  la  procédure  en  France) 


FEUERBACH  598 

Giessen,  1825;  —  K.  Hauser,  ein  Beispiel  eines 
Verbi-echens  am  Seelenleben  (G.  HauSer,  exem- 
ple d'un  attentat  à  la  vie  de  l'âme  )  ;  Anspach , 
1832;  —  Kleine  Schriften  vermischten  In- 
haUs  (Opuscules  ou  mélanges);  Nuremberg, 
1833.  La  vie  de  cet  éminent  jurisconsulte  a  été 
écrite  par  Louis  Feuerbacb,  son  fils.      V.  R. 

L.  Feuerbach,  I.eben  und  rf^trken  Jns.  von  Feuer- 
bach;  Leipzig,  1852.—  Dict.  des  Sciences  pkil.  —  Conv.- 
Lexikon. 

*  FEUERBACH  (Anselme),  fils  aîné  l  du 
précédent,  archéologue  allemand ,  né  le  9  sep- 
tembre 1798.  11  fut  nommé  professeur  d'ar- 
chéologie à  Fribourg  en  1851.  On  a  de  lui  :  Der 
Vaticanische  Apollo  (L'Apollon  du  Vatican); 
Nuremberg,  1833.  Cet  ouvrage  contient  d'im- 
portantes observations  archéologiques. 

Conversations- Lexikon. 

FECERBACii  {Charles -Guillaume),  frère 
puîné  du  précédent,  mathématicien  allemand, 
né  le  30  mai  1800,  mort  le  12  mars  1834.  Il  pro- 
fessa les  mathématiques  à  Erlangen,  et  se  fit  con- 
naître par  les  ouvrages  suivants  :  Eigenschaf- 
ten  einigermerkwuerdiger  Punkte  des  gerad- 
llnigen  Dreiecks  (Propriétés  de  quelques  points 
remarquables  du  Triangle  équilatéral  )  ;  Nurem- 
berg, 1822;  —  Grundriss  %u  analytischen 
Untersuchungen  der  dreieckigen  Pyramide 
(  Principes  de  la  recherche  analytique  des  Pyra- 
mides triangulaires)  ;  Nuremberg,  1827. 
Conversations-Lexiko7i. 

*FEiiERBACB  (Édouard-Auguste),  troisième 
fils  de  Paul-Joseph-Anselme ,  jurisconsulte  alle- 
mand, professeur  de  droit  à  l'université  d'Er- 
langen  depuis  le  25  avril  1843  ;  il  s'est  fait  con- 
naître par  un  ouvrage  ayant  pour  titre  •  Die 
Lex  salica  und  ihre  verschiedenen  Recen- 
sionen  (  La  Loi  sahque  et  ses  diverses  recen- 
sions); Erlangen,  1831. 

Conversations-Lexikon.      "'." 

*  FEUERBACH  (Fi'édéric-Ilenri), quatrième 
(ils  de  Paul-Joseph- Anselme ,  orientaliste  alle- 
mand, né  le  29  septembre  1806.  Il  étudia  à 
Paris  les  langues  orientales  et  les  langues 
modernes.  Outre  des  traductions  en  vers  tirées 
du  sanscrit,  de  l'italien  et  de  l'espagnol,  on  a  de 
lui  :  Theanthropos ;  Zurich,  1838;  —  Religion 
der  Zukunft  (  Religion  de  l'Avenir  )  ;  Nurem- 
berg et  Berne,  1843-1847. 

Conversations-Lexikon. 

;^  FEUERBACH  { Louis- André) ,  philo-sophe 
allemand,  né  à  Anspach,  le  28  juillet  1804.  Il 
reçut  sa  première  instruction  dans  sa  ville  na- 
tale, vint  ensuite  à  Heidelberg  en  1822,  et  y 
suivit  des  cours  de  théologie  sous  Paulus  et 
Daub.  En  1824  il  se  rendit  à  Berlin  pour  y  en- 
tendre Hegel ,  et  l'année  suivante  il  abandonna 
la  théologie,  pour  ne  plus  s'occuper  que  de  phi- 
losophie. Après  avoir  été  quelque  temps  répéti- 
teur universitaire  (Privaldoccnt),  il  quitta 
renseignement,  et  se  iivra  uniquement  aux  tra- 
vaux littéraires.  On  a  do  lui  :  Gcschichte  der 
neucrn   Philosophie  von- Bacon  von   Veru- 


599 


FEUERBACH  —  FEUERLEIN 


600 


lam  bit  Spinoza  (Histoire  de  la  Piiilosophie 
moderne,  depuis  Bacon  de  Vernlam  justju'à 
Spinoza);  Anspacii,  1833;  —  Abœlard  und 
Heloise  oder  der  Schriftsteller  und  der 
Mensch  (  A-bélard  et  Héloïse,  ou  l'écrivain  et 
l'homme);  ibid.,  1834;  —  Darstellung,  Ent- 
tvikelung  und  Kritik  der  Leibniz'  schen  Phi- 
losophie (Exposé,  développement  et  critique 
delà  Philosophie  de  Leibnitz)  ;  ibid.,  1837  ;  — 
Pierre  Baijle,nach  seinenfiierGeschichteund 
Menschheit  interessanten  Momenten  (Pierre 
Baylc,  jugé  d'après  ses  époques  intéressantes  pour 
l'histoire  de  la  philosophie  et  de  Thumanité); 
ibid.,  1838;  —  Ueber  Philosophie  und  Chris- 
tenthum  in  Beziehung  auf  den  der  HegeV- 
schen  Philosophie  gemachten  Vorwiirf  der 
Uncristlichkeit  (  De  la  Philosophie  et  du  Chris- 
tianisme au  point  de  vue  du  reproclie  de  non- 
chnslianisnic  fait  à  la  Philosophie  de  Hegel); 
Manheim,  1839;  —  Das  Wesen  des  Christen- 
thums  (L'Essence  du  Christianisme);  Leipzig, 
1841  et  1843,  2'^  édit.  ;  —  Grundsaetze  der 
Philosophie  der  Zukunft  (Principes  delà  Phi- 
losophie de  l'Avenir  );  Zurich,  1843;  —  Das 
Wesen  der  Zukunft  (L'Essence  de  l'Avenir); 
Zurich,  1843;  —  Das  Wesen  des  Glaubens 
im  Sinne  Luthers  (L'Essence  de  la  Foi  dans  le 
sens  de  Luther);  Leipzig,  1844;  —  Vorlesun- 
gen  ueber  das  Wesen  der  Religion  (Leçons 
sur  l'Essence  de  la  Religion),  dans  les  œuvres 
complètes  {SxinmtUc/ien  Werken);  Leipzig, 
1846-1851,  8  vol. 
Conversations-Lexikon. 

FEUERLEIN  (  Conrad),  surnommé Z'^wciew, 
théologien  allemand,  né  à  Schwahach,  en  1629, 
mort  le  29  mai  1704.  11  étudia  la  musique  à 
Nuremberg,  et  acquit  son  instruction  littéraire 
à  Ratisbonne,  à  léua,  à  Leipzig  et  à  Wittem- 
berg.  Il  ffft  ministre  dans  plusieurs  localités ,  en 
dernier  lieu  à  Nuremberg.  Il  laissa  des  Ser- 
mons ,  des  Dissertations  sur  divers  sujets  de 
théologie. 

Pipping,  Mem.  theolog. 

FEUERLEIN  (Jean-Conrad),  fils  de  Conrad 
V Ancien ,  théologien  allemand ,  né  le  5  janvier 
1656,  mort  le  3  mars  1718.  Il  étudia  et  devint 
maître  es  arts  à  Altorf ,  voyagea  en  Hollande  et 
en  Angleterre,  et  remplit  diverses  fonctions 
ecclésiastiques  à  Nuremberg.  En  1709  il  fut 
nommé  surintendant  général  (archevêque  pro- 
testant) à  Nordlingen.  On  a  de  lui  :  De  Imma- 
teriaUtate  Mentis  humanas;  —  Predigten 
(Sermons). 

Jôeher,  ^llg.  Gel.-Lexik, 

FEUERLEIN  {Jacques-Guillaume) ,  fils  de 
Jean-Conrad ,  savant  théologien  allemand ,  né  à 
Nuremberg,  en  1689,  mort  le  10  mai  1776.  Il 
étudia  à  Altorf,  à  léna,  enfin  à  Leipzig.  Revenu 
à  Altorf  en  1713,  il  y  devint  en  1715  professeur 
d'histoire,  puis  de  métaphysique.  En  1730  il  fut 
appelé  à  professer  les  langues  orientales  et  la 
théologie;  en  1736  il  fut  nommé  intendant  géné- 


ral de  l'école  supérieure  de  Gœttingue,  où  i\ 
finit  ses  jours,  après  avoir  été  nommé  conseiller 
consistorial.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages  ou 
dissertations,  dont  le  chiffre  s'élève  à  cent-six, 
dit-on, on  remarque: Dissertatio dedubitatione 
cartesiana  perniciosa;  léna,  1711,  in-4'';  — 
Dissertatio  ostendens  in  quantum  Cartesio 
atheismus  ac  scepticismus  possint  imputari; 
i'ijid.,  1712,  in-4°;  —  De  Logica  hieroglijphica ; 
1712,  in-4";  —  De  variis  modis  logicam  tra- 
dendi,  speciatim  de  logica  symbolica;  ibid., 
1712,  in-4";  —  Disputaiio  de  regulis  gênera- 
libus  quibus  scripta  supposititia  et  interpo- 
lata  dignoscuntur ;  1726;  —  Cursus  Philo- 
sophise  eclecticx;  Altorf  et  Nuremberg,  1727, 
in-fol.; —  Compendium  Theologix  symbolicx; 
1744;  —  Bibliotheca  sy7nbolica,  evangelica, 
lutherana;  Gœttingue,  1732,  in-4°; —  Dispu- 
tatio  de  errore  Augustini  solos  fidèles  esse 
legitimos  possessores  rer^im;  1739,  in-4°;'' — 
Disputatio  de  Confessione  Augustana,  eodem 
quo  exhibita  fiiit,  anno  1530,  septies  im- 
pressa; 1741,  in-4°;  et  Nuremberg,  1766,  édi- 
tion considérablement  augmentée;  —  Wat 
Plattduitsches  (  Recueil  en  bas  allemand  ) ,  en 
trois  parties  contenant  le  catalogue  de  94  ou- 
vrages conçus  dans  ce  dialecte;  ibid.,  1752, 
in-8";  —  Nachricht  von  dem  Gœttingischen 
Waïsenhause  (Notice  sur  la  maison  des  orphe- 
lins de  Gœttingue);  1748-1755;  — Dissertatio 
déprima  edit.  partis  N.  T.  Grœciper  Aldum 
Manutium  inter  carmina  Greg.  Naz.;  1748, 
in-4" ,  adressée  au  cardinal  Quirini,  avec  lequel 
Feuerlein  était  en  correspondance.  Cet  échange 
de  lettres  a  été  recueilli  dans  les  Vicennalia 
Brixiensia. 

Apin,  yitœ  Professor.  philos,  altorf.  —  Brucker,  Pi- 
nacoth.  —  Gœlten,  Gel.  Europa.  —  Will,  Nuerenb.  GeL- 
Lex. 

FEUERLEIN  {Frédéric),  deuxième  fils  de 
Conrad  l'Ancien ,  érudit  allemand,  né  à  Nurem- 
berg, le  10  janvier  1664,  mort  le  14  décembre 
1716.  Il  étudia  à  Altorf,  vint  à  léna  en  1688, 
parcourut  ensuite  le  reste  de  l'Allemagne,  et  de- 
vint en  1693  diacre  du  nouvel  hôpital  du  Saint- 
Esprit  à  Nuremberg.  11  laissa  une  dissertation 
curieuse  intitulée  :  De  Strenis  Romanorum; 
Altorf,  1687,  in-4'',  avec  figuras. 

W\\\,  Nuerenb.  Gel.-Lex. 

FEUERLEIN  (  Conrad-Frédéric  ) ,  fils  de 
Frédéric,  jurisconsulte  et  théologien  allemand, 
né  à  Nuremberg,  le  15  juillet  1694,  mort  le 
22  août  1742.  Il  étudia  dans  sa  ville  natale  et 
à  Altorf,  compléta  ses  connaissances  à  léna, 
devint  successivement  ministre  à  Regelsbach 
en  1720,  diacre  à  Nuremberg  en  1722,  prédi- 
cateur à  Sainte  Marie  de  la  même  ville  en 
1732 ,  enfin  professeur  de  langues  orientales  en 
1739.  Outre  quelques  sermons,  on  a  de  lui  : 
De  Noriberga  orientali ,  seu  de  meritis  No- 
ribergensium  in  philologiam  orientalem  et 
linguam  cum  primis  hebrseam;  Schwabach, 
1760,  in-4''. 


601 


Will,  Nuerenl).  Gel.-Lex.  —  Adelung,  Suppl.  à  Jôcher, 
j4ll<iem.  Gelehrlen-LexiUon. 

FECERîiEiN  {Jean- Jacques) ,  troisième  fils 
de  Conrad  l'Ancien,  théologien  allemand,  né  à 
Nuremberg,  le  9  mai  1670,  mort  le  30  mai  1716. 
JI  étudia  à  Altorf,  puis  à  léua.  Il  remplit  ensuite 
les  fonctions  de  ministre  à  Nuremberg  et  à  Re- 
gelsbach.  On  a  de  lui  :  An  principi  christiano 
aclversus  christianos  arma  ?ioxia  cum  Turcis 
consociare  liceat  ;  1691  ;  —  De  Christianorum 
migratione  in  oppidum  Pellam  imminente 
Hierosolymorum  excidio;  1692. 

Will,  Nuerenb.  Gel.-Lex. 

FEUERLEiN  (  Georges-Christophe  ), médecin 
allemand,  né  à  Nuremberg,  le  15  juillet  1694,  mort 
le  25  mai  1756.  Il  étudia  d'abord  en  vue  de  l'état 
ecclésiastique,  qu'il  se  proposait  d'embrasser 
comme  son  père ,  à  la  mort  duquel  il  suivit  la 
carrière  médicale  à  Halle ,  oii  il  se  rendit  à  cet 
effet;  il  étudia  sous  la  direction  d'Hoffmann.  En 
1722  il  vint  exercer  la  médecine  à  Nôrd- 
lingen;  en  172311  se  rendit,  dans  le  même  but, 
à  Feuchtwangen,  où  il  fut  médecin  pensionné  ; 
en  1730  il  devint  médecin  à  Heilbronn  ;  enfin, 
appelé  à  Anspach  par  le  margrave,  il  fut  admis 
dans  le  collège  des  médecins,  devint  médecin  de 
la  cour,  et  conseiller  aulique.  On  a  de  lui  :  Bis- 
sertatio  de  abusione  abstractionis  metaphy- 
sicse  in  doctrina  morum  ;  Altorf,  1717,  in-4°  ;  — 
Bissertatio  de  amore  Dei  puro  et  perfecto; 
ib.,  1717,  in-4°;  —  Bissertatio  de  situ  erecto 
in  morbis periculosis  valde  noxio;  Halle,  1722, 
in-4"  ;  —  Heilsbronnisches  Zeugniss  der  goett- 
lichen  Guete  und  Vorsorge,  etc.  (  Témoignage 
de  la  bonté  et  de  la  Providence  divine  tiré  d'Heil- 
bronn,  etc.);  Nuremberg,  1730,  in-4°, 

Will,  Nuerenb.  Gel.-Lex.  —  Biog.  méd. 

FEUERLEIN  (  /ea/i-Conrcff/), jurisconsulte  al- 
lemand ,  né  à  Wœhrd,le  2  août  1725,  mort  à  Nu- 
remberg, le  25  janvier  1 788.  Il  étudia  à  Altorf,  Gœt- 
tingue  et  léna ,  reçut  le  doctoi'at  dans  la  pre- 
mière des  deux  villes,  devint  avocat  à  Nuremberg 
en  1750,  syndic  delà  ville  en  1751,  puis  conseiller 
palatin  et  vice-chancelier  de  l'université  à  Altorf. 
11  se  fit  remarquer  comme  bibliophile  et  comme 
écrivain.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Bis- 
sertatio de  Hadriani  imperatoris  Eruditione; 
Altorf,  1743,  in-4°;  —  Catalogus  dissertationum 
et  tractutuum  reforinationem  Noricam  illus- 
irantiîcm ;ih.,  1755,  in-8°; —  Catalogus  candl- 
datorumjuris  et  dissertationum  juridicarum 
inauguralium  Academiae  Altorfinx  ah  anno 
1624  ;  Schwabach,  1762,  in-4"  ;  —  Ban.-Gutll. 
MolleriBispxitatio  de  bacillisflosculiferis  mtlgo 
Steckelein-Schmecken  ;  1708  et  1762,  Schwa- 
bach; 1762,in-4°;  —  Jo.-Dav.Koeleri  B.Berege 
MarcomannoruniMarabodio;\\)\A.,\lk'i,'m-V; 
—  Ejusdem  dissertatio  de  Nie.  Machiavello 
ejusque  scriptis  et  censuris  primum  édita; 
ib.,  1742, 111-4";  —  Supellex  literaria;  Nurem- 
Derg,  1768  et  1779,  2  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage 
contient  le  catalogue  raisonné  de  la  bibliothèque 


FEUERLEIN  —  FEUILLET  602 

de  Feueiiein.  On  y  trouve  5482  articles,  etjusqu'à 
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Hirsching,  Hist.  litt.  Hanclb. 

*  FECGÈRE  (  Léon-Jacques  ),  littérateur 
frauçais,  né  à  Villeneuve-sur-Yonne  (Yonne),  le 
2  février  1810.  Maître  d'études  au  collège  royal 
Henri  IV  en  1828  ,  il  y  devint  l'année  suivante 
agrégé  des  classes  supérieures,  puis  professeur 
de  diverses  classes,  et  en  1844  professeur  de 
rhétorique.  Il  est  depuis  1854  censeur  des  études 
au  lycée  Bonaparte.  M.  Feugère  remporta  en 
18341e  prix  d'éloquence  proposé  par  l'Académie 
Française,  et  dont  le  sujet  était  V Éloge  de  Mon- 
tyon.  On  a  en  outre  de  lui  :  Etienne  de  La  Boë- 
tie,  ami  de  Montaigne  ;  étudesur  savie  et  ses 
ouvrages,  précédée  d'un  Coîip  d'œil  sur  les 
origines  de  la  littérature  française;  Paris, 
1845,  in-8°;  réimprimé  dans  son  édition  des 
Œuvres  complètes  de  La  Boëtie;  Paris,  1846, 
in-12;  —  Essai  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
d'Etienne Pasquier;  Paris,,  1848, in-12; repro- 
duit dans  les  Œuvres  choisies  d'Etienne 
Pasquier,  accompagnées  de  notes  et  d'une 
Étude  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages  ;  Paris,  Didot, 
1849,  2  vol.  in-12  ;  —  Essai  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Henri  Estienne;  .suivi  d'une 
Étudesur  Scévole  de  Sainte- Marthe;  Paris, 
1853,  in-12;  reproduit  dansia  Précellence  du 
langage  français ,  par  Henri  Estienne ,  pré- 
cédée d'une  introduction  et  accompagnée  de 
notes;  Paris,  1850,  in-12;—  Conformité  du 
langage  français  avec  le  grec,  par  Henri 
Estienne;  accompagnée  de  notes  et  précédée 
d'un  Essai  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  cet 
auteur;  Paris,  1853,  in-12;  —  Mademoiselle 
de  Gournay  ;  étude  sur  sa  vie  et  ses  otivra- 
ges  ;I>ai'is,  1853,  in-8°.  M.  Feugère  est  collabo- 
rateur du  Journal  général  de  l'Instruction 
publique,  de  la  Nouvelle  Revue  encyclopédi-  ■ 
que,  du  Correspondant ,  de  VAthenseum  fran- 
çais, etc.  E,  Rëgnard. 

Journal  de  la  Librairie.  —  Documents  particuliers. 
FEUiLLADE.  Voyez  La  Feuillade. 

FEUILLASSE  DE  JOTEMPS.  VoyCZ  PER- 
RAULT (De). 

FEUILLÉE.  Voy.  FEUILLET. 

FEUILLET  [Nicolas),  théologien  français, 
Ré  en  1622,  mort  à  Paris,  le  7  septembre  1693. 
Chanoine  de  Saint-Cloud,  il  se  fit  connaître  par 
une  morale  sévère  jusqu'au  rigorisme.  «  Il  s'é- 
tait, dit  Moréri ,  acquis  le  droit  de  parler  avec 
une  entière  liberté  aux  premières  personnes  de 
la  cour  et  de  les  reprendre  de  leurs  dérègle- 
ments. »  Feuillet  assista  à  la  mort  subite  de  la 
duchesse  d'Oriéans,  Henriette  d'Angleterre,  el 
ii  nous  a  laissé  une  relation  des  derniers  moments 
de  cette  princesse.  On  a  aussi  de  l'abbé  Feuillet 
une  Histoire  de  la  Conversion  de  Chanteau. 
Comme  il  avait  pris  la  plus  grande  part  à  cette 
conversion,  il  en  écrivit  le  récit,  qui  fut  imprimé 
après  sa  mort;  Paris,  1702,  in-12. 

Moréii,  Grand  Diction,  hist. 


603 


FEUILLET 


604 


¥ E%j iLh^T  (3Iadeleine),  femme  auteur  fran- 
çaise, nièce  du  précédent,  vivait  encore  en  1693. 
Elle  reçut  uneexcellente  éducation, et  consacra  son 
talent  à  la  composition  d'ouvrages  de  piété,  dont 
voici  les  titres  :  Sentiments  chrétiens  sur  les 
principaux  mystères  de  Notre-Seigneur;  Paris, 
1 689,  in-1 2  ;  —  Concordance  des  Prophéties  avec 
r Évangile,  sur  la  Passion ,  la  Résurrection  et 
V Ascension  de  Jésus-Christ  ;  Paris,  1689 ,  in- 1 2  ; 
—Les  Quatre  Fins  de  l' Homme  ;\b.,  1694,in-12  ; 
—  L'Ame  chrétienne  soumise  à  Vcsprït  de 
Bleu;  ibid.,  1701,  in-1 2.  Madeleine  Feuillet  a 
aussi  traduit  du  latin  deux  ouvrages  du  jésuite 
Drexel  :  La  Voie  qui  conduit  au  ciel,  Paris, 
iùM,'m-i2  letV  Ange  gardien,  ibid.,  1691,  in-i2. 

Barbier,  Examen  critique  des  Dict.   historiques. 

FEUii>LET(LoMi5),  et  non  i^eMtWee,  voyageur, 
astronome  et  botaniste  français,  né  à  Mane,  près 
Forcalquier  (Provence),  en  1660,  mort  à  Mar- 
seille, le  18  avril  1732.  Il  passa  ses  premières 
années  dans  le  couvent  des  Minimes  de  sa  pa- 
tiie,  où  ses  parents,  peu  fortunés,  l'avaient  placé 
en  qualité  de  portier.  Il  y  fit  ses  premières  études, 
et  son  goût  le  poussa  vers  les  mathématiques 
et  surtout  vers  l'astronomie.  Dès  l'âge  de  dix 
ans ,  il  faisait  remarquer  que  le  mouvement  de 
la  Lune  d'orient  en  occident  était  beaucoup  plus 
rapide  que  celui  des  autres  planètes,  dont  il  ob- 
servait avec  soin  la  différente  situation  à  l'égard 
des  étoiles  fixes.  Afin  de  pouvoir  continuer  ses 
études  favorites ,  Feuillet  prit  la  seule  voie  qui 
îiù  était  alors  ouverte;  il  se  fit  moine,  et  pro- 
nonça ses  vœux  dans  l'oi'dre  des  Minimes,  à 
Avignon,  le  2  mars  1680.  Les  progrès  que  fit  le 
P.  Feuillet  dans  l'astronomie  et  la  physique 
furent  si  rapides  que  bientôt  ses  nouvelles  dé- 
couvertes ,  ses  observations  sagaces ,  ses  utiles 
lecherches,  lui  acquirent  une  réputation  parmi 
les  savants  de  l'Europe.  Les  deux  Cassini  surtout 
firent'connaître  son  nom  à  la  cour  de  France,  et 
l'un  d'eux,  Jacques,  obtint  que  le  P.  Feuillet  lui 
serait  adjoint  pour  un  voyage  géographique  et 
hydrographique  dans  le  Levant.  Le  résultat  de 
cette  expédition  scientifique  fut  l'exploration  des 
côtes  grecques,  de  l'Archipel ,  des  îles  de  Rhodes 
et  de  Candie  et  des  principaux  mouillages  de 
l'Asie  Mineure.  Le  succès  de  ce  voyage  encou- 
ragea Feuillet  à  solliciter  les  moyens  nécessaires 
pour  en  recommencer  un  second  dans  le  même 
but,  mais  cette  fois  dirigé  dans  la  mer  des  An- 
tilles. Parti  de  Marseille  le  5  février  1703,  il  des- 
cendit à  la  Martinique  le  11  avril.  Il  commença 
aussitôt  ses  observations,  ses  courses  à  l'inté- 
rieur ;  mais  les  dangereuses  fièvres  qui  régnent 
en  ces  climats  le  saisirent,  et  il  demeura  en 
danger  jusqu'en  septembre  1704,  époque  à  la- 
quelle il  s'embarqua  volontairement  à  bord  d'un 
bâtiment  monté  par  des  flibustiers  alors  en 
course  contre  les  Espagnols.  11  visita  dans  cette 
singulière  compagnie  Porto-Cabello ,  Sainte- 
Marthe,  Porto-Bello,  Carthagène  et  quelques 
autres  points  de  la  côte  de  Caracas,  et  s'exposa 


souvent  pour  étendre  ses  études.  De  retour  à  la 
Martinique,  il  visita  les  Antilles  du  nord  et  de 
l'ouest;  fit  voile  pour  la  France,  et  débarqua  à 
Brest,  le  20  juin  1706.  Les  documents  qu'il 
rapportait  furent  justement  appréciés;  l'Acadé- 
mie des  Sciences  le  choisit  pour  correspondant,  et 
le  gouvernement  le  nomma  mathématicien  du 
roi.  Feuillet  se  prépara  aussitôt  à  entreprendre 
un  nouveau  voyage,  sur  les  côtes  orientales 
de  l'Amérique.  Après  avoir  dressé  son  itiné- 
raire et  réuni  tous  les  moyens  de  réussite,  il 
mit  à  la  voile  de  Marseille  le  14  décembre 
1707;  mais,  retardé  par  des  vents  contraires,  il 
n'atterrit  à  Ténériffe  que  le  24  mai  1708.  Le  14  ' 
août  il  relâcha  à  Buenos- Ayres,  et  le  20  décembre, 
par  54°  50'  de  latitude  sud,  il  aperçut  les  rochers 
neigeux  et  inaccessibles  de  l'île  des  États  (1). 
Ne  voulant  [)as  s'engager  dans  les  détroits  ni 
doubler  le  capHora  dans  le  voisinage  des  terres , 
il  continua  à  s'avancer  au  sud  l'espace  de  plu- 
sieurs degrés  ;  il  gouverna  ensuite  au  nord-ouest, 
et  pénétra  dans  le  grand  Océan  austral.  Le  20 
janvier  1709  il  mouilla  dans  le  port  de  La  Con- 
ception ou  de  La  Mocha,  et  après  un  court  sé- 
jour releva  les  côtes  du  Chili,  dont  il  dressa  une 
nouvelle  carte,  qui  constate  des  différences  de 
plus  de  200  lieues  avec  les  cartes  connues  jus- 
qu'alors. Il  passa  le  reste  de  l'année  à  Lima, 
visita  les  principales  villes  du  PéMu,  faisant 
partout  des  observations  astronon^<iti0,  levant 
des  plans ,  décrivant  les  babitanls,'tes''animaux, 
recueillant  des  plantes  et  des  minéraux.  Il  revint 
à  La  Concepcion  qu'il  quitta  le  8  février  1711. 
Pour  opérer  son  retour,  il  reprit  la  route  qu'il 
avait  suivie  en  allant.  II  fit  porter  au  sud  jus-' 
qu'à  r)9''  de  latitude,  entra  dans  l'océan  Atlan- 
tique équinoxial ,  et  fit  aiguade  le  9  avril  à  San- 
Fernando  de  Noronlui ,  île  près  la  côte  du  Bré- 
sil, par  56"  25'  latitude  sud  et  34°  58'  longitude 
ouest.  Le  15  mai.  Feuillet  relâcha  à  la  Marti- 
nique, et  le  27  août  il  descendait  à  Brest.  Peu 
après  son  arrivée  à  Paris,  il  présenta  au  ror  un 
grand  volume  in-fol.,  dans  lequel  il  avait  des- 
siné tout  ce  que  la  nature  produit  dans  les  vastes 
régione  qu'il  venait  de  parcourir.  Louis  XIV  re- 
connut les  utiles  services  du  savant  explorateur 
en  lui  accordant  une  pension  et  en  lui  faisant 
construire  à  Marseille  un  observatoire  particu- 
lier. En  1724,  le  père  Feuillet  fut  envoyé  aux 
îles  Canaries  par  l'Académie  des  Sciences.  Les 
géographes  français  faisaient  passer  le  premier 
méridien  par  l'île  de  Fer;  et  Louis  XIII,  sur  l'avis 
des  savants  de  son  siècle,  avait  défendu  par  son 
ordonnance  du  1^"  juillet  1634  de  rien  changer 
à  cet  égard.  Il  était  essentiel  pour  la  sûreté  de  la 
navigation  et  l'exactitude  de  la  géographie  de 
relever  la  position  précise  de  cette  île;  Feuillet 
reçut  cette  mission.  Il  détermina  le  premier  mé- 
ridien rigoureusement  à  l'île  de  Fer;  il  marqua 

(1)  Dans  l'océan  Atlantique  méridional ,  à  l'est  de  la 
Terre  de  Feu.  Cette  île  stérile  et  déserte  fut  découverte 
en  )C16  par  Le  Maire,  navigateur  tiollandats. 


605  FEUILLET  — 

la  (lllTérence  en  longitude  qui  se  trouve  entre 
cette  île  et  l'Observatoire  de  Paris,  mesura 
la  liauteur  du  pic  de  Ténériffe ,  et  publia  les  ré- 
sultats de  son  intéressant  voyage.  On  a  de  lui  : 
Journal  des  observations  physiques,  mathé- 
matiques et  botaniques,  faites  sur  les  côtes 
orientales  de  l' Amérique  méridionale  et  dans 
les  fndes  occidentales  de  1707  à  1712;  Paris, 
1714,  2  vol.  in-4'' ;  —  Suite  du  Journal  des 
observations  p/iysiq-ues ,  mathématiques  et 
botaniques  faites  sur  les  côtes  orientales  de 
VAraérique  méridionale,  et  dans^un  autre 
voyage  fait  à  la  Nouvelle- Espagne  et  aux  îles 
de  l'Amérique  ;  Paris,  1725,  in-4'',  avec  pi.  et 
cartes.  «  Ce  Jotirnal,  écrit  durement,  disent  les 
auteurs  dn  Dictionnaire  historique,  mais  aussi 
exact  que  curieux,  peut  servir  de  modèle  aux 
voyageurs  et  de  flambeau  à  ceux  qui  naviguent 
en  Amérique.  >>  Dans  sa  préface  Feuillet  attaqua 
avec  beaucoup  d'aigreur  Amédée-François  Fré- 
zier,  qui  avait  fait  un  voyage  à  la  même  époque 
et  dans  les  mêmes  parages  que  lui.  Il  existait 
entre  les  relations  de  ces.savants  des  différences 
assez  notables;  Frézier  défendit  ses  opinions 
dans  un  écrit  intitulé  : -Ri^/jonse  au  P.  Feuillet; 
Paris,  1727,  in-4'';  —  Histoire  des  Plantes  mé- 
dicinales qui  sont  les  plus  d'usage  aux 
royaumes  du  Pérou  et  du  Chili ,  composée  sur 
les  lieux  par  l'ordre  du  roi,  en  1709,  1710  et 
1711  ;  Paris,  1714  et  1725,  3  vol.  ifl-4°.  C'est  à 
proprement  parler  le  complément  du /omvmZ  de 
Feuillet.  Il  contient  cent  planches,  dessinées  avec 
beaucoup  d'exactitude.  Cet  ouvrage  a  été  traduit 
en  allemand  par  G.-L.  Huth;  Nuremberg,  1756 
(t  1757,  2  vol.  in-4°.  — L'Académie  des  Sciences 
a  inséré  dans  le  Recueil  de  ses  Mémoires  beau- 
coup des  Observations  du  P.  Feuillet.  Les  bo- 
tanistes ont  consacré  à  ce  savant  un  genre  de  la 
famille  des  cuciirbitacées,  sous  le  nom  de  fe- 
villea.  Alfred  ne  Lacaze. 

LeloDg,  Bibliothèque  historique  de  la  France,  I, 
11°  3311.  — Histoire  des  Homvies  illustres  delà  Provence. 

*  FEUILLET  (  Laurent- François  ),  littérateur 
français,  né  à  Paris,  ou  à  Versailles,  en  1768; 
mort  à  Paris,  le  5  décembre  1843.  Il  était  bi- 
îiliothécaire  de  l'Institut  et  membre  libre  de 
l'Académie  des  Sciences  morales.  On  a  de  lui  : 
VÉmulation  est-elle  un  bon  moyen  d'éduca- 
tion? mémoire  couronné  par  l'Institut,  et  qui  fut 
publié  en  1831,  in-8'';  —  Les  Antiquités  d'A- 
thènes, par  Suard  ,  traduit  de  l'anglais,  1808; 
—  Les  Amours  de  Psyché  et  de  Cïipidon, 
trad.  d'Apulée.  Guyot  de  Fèue. 

statistique  des  (kns  de  Lettres.  —  Cli.  Louandre,  Litté- 
rature contemporaine. 

FEULiE  {Louis-Henri),  comédien  français, 
né  à  Paris,  le  25  février  1736,  mort  dans  la 
même  ville,  le  18  octobre  1774.  Fils  d'un  mar- 
cliand  tailleur  de  l'île  Saint-Louis,  il  débuta  à  la 
Comédie-Française  le  mardi  8  mai  1764.  Il  y 
parut  d'abord  clans  les  rôles  de  Frontin  du  Muet 
et  de  Labranclie  dans  Crispinrital  de  son  maî- 
tre; puis ,  successivement,  dans  Le  Légataire, 


FEUTRIER 


eon 


L' Impromptu  de  campagne,  Les  Folies  amou- 
reuses et  Le  Grondeur.  Il  fut  reçu  en  1766.  La 
Harpe  dit  de  lui  (dans  le  Mercure)  :  «  Feulie 
«  était  un  excellent  comédien,  saisissant  à  mer- 
.<  veille  la  caricature  et  le  ridicule  de  son  per- 
«  sonnage  et  le  rendant  avec  une  vérité  singu- 
<c  iière.  »  Un  rôle  dans  lequel  il  excella  fut  celui 
de  Tartufe.  Il  mourut  de  la  petite  vérole. 

E.  DE  Manne. 

Âlmanach  des  Spectacles,  177S.  —  Mercure  de  France, 
mai  1764.  —  Mémoires  de  Bachavmont,  1764,  1774.  — 
lu:  Mouhy,  Histoire  du  Théâtre-Français.  —  Lcmazu- 
rier.  Galerie  des  acteurs  du  Théâtre- Français. 

FECQUiÈRE  (Pas  de).  Voy.  Pas. 

FEUTRIER  (  Jean  -  François  -  Hyacinthe, 
comte),  prélat  français,  né  à  Paris,  le  2  avril  1 785, 
mort  le  27  juin  1830.  Après  avoir  achevé  ses 
études  dans  la  maison  de  Saint-Sulpice,  que  di- 
rigeait alors  l'abbé  Émery,  il  entra  dans  les 
ordres,  et  ne  tarda  pas  à  être  nommé,  par  le  car- 
dinal Fesch,  secrétaire  général  de  la  grande 
aumônerie.  Membre  du  concile  convoqué  par 
Napoléon  dans  le  but  de  mettre  un  terme  aux 
collisions  survenues  entre  le  saint-siége  et  l'em- 
pereur, l'abbé  Feutrier  fut  un  de  ceux  qui  vou- 
lurent opposer  une  certaine  résistance  aux  vues 
du  pouvoir  temporel.  Il  fut  choisi  comme  un  des 
principaux  agents  employés  à  faire  parvenir  des 
secours  au  pape  et  aux  cardinaux  alors  en  exil. 
Talleyrand ,  archevêque  de  Reims  et  grand-aumô- 
nier de  France ,  s'attacha  l'abbé  Feutrier  pendant 
la  première  Restauration.  Le  chapitre  royal  de 
Saint-Denis  le  compta  bientôt  au  nombre  de  ses 
membres  ;  ensuite  il  fut  nommé  curé  de  La  Made- 
leine, où  il  fitbeaucoup  de  bonnes  œuwes  ;  c'est  à 
lui  qu'on  doit  l'institution  de  Saint-Hyacinthe, 
qui  devint  très-florissante  après  lui.  Sa  réputation 
de  prédicateui'  était  établie  ;  ou  allait  entendre 
ses  sermons  avec  une  grande  assiduité.  A  la 
fête  commémorative  de  la  délivrance  d'Orléans 
en  1821,  cérémonie  qui  se  renouvelle  tous  les 
ans ,  il  prononça  le  panégyrique  de  .leanne  d'Arc. 
Le  25  août  1822  il  fit  entendre  à  l'Académie  l'é- 
loge de  saint  Louis,  qu'on  prononçait  annuellement 
et  que  l'abbé  Feutrier  sut  présenter  sous  une  forme 
assez  nouvelle.  Nommé  en  1823  vicaire  général  du 
diocèse  de  Paris  et  membre  du  conseil  de  M.  de 
Quélen,  il  rempht  ces  fonctions  jusqu'en  1826, 
époque  à  laquelle  il  fut  promu  à  l'évêché  de  Beau- 
vais.  En  1827  il  fut  chargé  de  présider  le  grand 
collège  du  département  de  l'Oise,  et  par  son  cré- 
dit il  fit  nommer  deux  députés  légitimistes.  Au 
commencement  de  l'année  1828  on  lui  confia  le 
portefeuille  des  affaires  ecclésiastiques,  et  en  sa 
qualité  de  ministre  il  prit  une  grande  part  aux 
fameuses  ordonnances  du  16  janvier  1828  sur  les 
écoles  secondaires  ecclésiastiques ,  dans  les- 
quelles une  partie  du  clergé  voyait  une  atteinte 
aux  prérogatives  de  l'épiscopat.  Le  ministre  fut 
vivement  attaqué  pour  avoir  concouru  à  une 
mesure  qui  était  considérée  comme  très-iniisible 
aux  intérêts  de  l'Église.  En  1829  il  fut  éloigné  du 
ministère,  et  retourna  à  Beauvais  avec  les  titres 


607 


FEUÏRiER  —  FEVREÏ 


608 


de  comte  et  de  pair  de  France.  Le  mauvais 
état  de  sa  santé  le  fit  venir  à  Paris  le  26  juin 
1830  pour  y  consulter  des  médecins,  et  le  len- 
demain il  n'existait  plus.  On  célébra  ses  obsè- 
ques à  l'Abbaye-aux-Bois.  On  a  de  lui  :  Élotje 
historique  et  religieux  de  Jeanne  d'Arc, 
pour  l'anniversaire  de  la  délivrance  d'Orléans , 
le  8  mai  1429 ,  prononcé  dans  la  cathédrale  de 
cette  ville  les  8  mai  1821  et  1823;  Orléans,  1823, 
in-8°;  —  Oraison  funèbre  de  S.  A.  E.  Mon- 
seigneur le  duc  de  Berry,  qui ,  d'après  le  vœu 
de  Louis  XVIII ,  n'a  point  été  prononcée  ;  1822 , 
in-8°;  —  Oraison  funèbre  de  S.  A.  R.  madame 
la  duchesse  d'Orléans ,  dernière  de  la  branche 
des  princes  légitimés,  fils  de  Louis  XIV;  1821, 
in-8".  A.  R. 

L'Ami  de  la  Religion. 

FEUTRY  (Aiiné-Ambroise- Joseph),  littéra- 
teur français,  né  à  Lille,  en  1720,  mort  à  Douai, 
le  20  mars  1789.  Après  avoir  exercé  pendant 
quelque  temps  la  carrière  d'avocat ,  il  entra  dans 
la  magistrature,  qu'il  quitta  pour  se  livrer  entière- 
ment à  la  littérature.  11  débuta  par  un  Recueil  de 
Poésies  fugitives  ;  Paris,  1760,  in-12  ;  ce  Recueil 
fut  suivi  d'0p2iscules  poétiques  et  philologi- 
ques, Paris,  1771,  in-S",  et  de  Nouveaux  Opus- 
cules ,  Dijon,  1778,  in-S".  La  versification  de 
Feutry  est  pure,  élégante,  mais  manque  de 
cette  grâce ,  de  cette  douceur  qui ,  sans  nuire  à 
l'énergie,  donnent  de  la  tournure  aux  vers  et  les 
font  paraître  faciles.  Outre  les  ouvrages  poétiques 
déjà  cités ,  on  a  de  lui  :  Épitre  d'Béloïse  à 
Abailard,  tirée  de  Pope  ;  1751,  in-8°;  —  Choix 
d'histoires  tirées  de  Bandel,  Belleforest,  Bois- 
tuaux,  dit  Launay  ;  Paris,  1753,  2  vol.  in-12;  — 
Le  Temple  de  ta  Mori,  poëme,  1753  ;  on  y  trouve 
entre  autres  ce  vers,  où  l'auteur  peint  ainsi  le 
temple  de  la  Mort  : 

Le  temps,  qui  détruit  tout,  en  affermit  les  mnrs; 

—  Mémoires  de  la  cour  d'Auguste,  tirés  de 
l'anglais  de  Th.  Blackwell  et  de  J.  Mills;  1754- 
1768,  4  vol.  in-12;  —  Les  Jeux  d'Enfants , 
poëme  en  prose,  tiré  du  hollandais;  1764,  in-12; 
Robinson  CrMSoé,  nouvelle  imitation  de  l'an- 
glais; Amsterdam,  1766,  2  vol.  in-12  :  ce  hvre 
obtint  un  immense  succès  ;  il  est  resté  au  pre- 
mier rang  des  rares  ouvrages  qui  sont  à  la  fois 
instructifs  et  amusants;  —  Manuel  tironien,  ou 
recueil  d'abréviations  faciles  et  intelligibles 
de  la  plus  grande  partie  des  mots  de  la  langue 
française;  1775,  in-8°;—  Essai  sur  la  cons- 
truction des  voitures  à  transporter  les  lourds 
fardeaux  dans  Paris  ;  1 781 ,  in-8°  ;  —  Le  Livre 
des  Enfants  et  des  jeunes  gens  sans  étude; 
1781,  in-12;  —  Supplément  à  l'Art  du  Serru- 
rier, ti'aduit  du  hollandais  de  Jos.  Bottermann; 
1781,  in-fol.  D'après  Quérard,  celivre  passe  pour 
être  original,  et  écrit  par  le  roi  Louis  XVI. 

A.  Jadin. 
Desessarts ,  Siècles  littéraires.  —  Quérard,  La  France 
littéraire.  —  Flescher,  Diction,  de  la  Bibliographie 
franc. 


*  FÉVAL  (Paul),  romancier  français,  né  à 
Rennes,  le  28  novembre  1817.  Il  fit  ses  études 
au  collège  de  sa  ville  natale ,  et  y  suivit  quelque 
temps  le  cours  de  droit.  Il  abandonna  le  barreau 
pour  les  lettres,  et  vint  à  Paris.  Il  entra  au  Nou- 
velliste comme  correcteur,  et  publia  dans  ce 
journal  quelques  articles  qui  le  firent  remar- 
quer; puis  la  Revue  de  Paris  accueillit  de  lui 
une  charmante  fantaisie,  Le  Club  des  Phoques. 
Le  succès  qu'obtint  ce  récit  original  lui  ouvrit 
les  portes  de  La  Quotidienne,  du  Commerce,  de 
L'Époque  et  du  Courrier  français.  Ce  fut  dans 
cette  dernière  feuille  qu'il  fit  paraître,  sous  le 
pseudonyme  de  sir  Francis  Trolopp,  Les  Mys- 
tères de  Londres  (Paris,  1844,  11  vol.  in-S°), 
qui  le  posèrent  comme  un  romancier  à  la  mode  ; 
cet  ouvrage  fut  trad  uit  en  espagnol  la  mém  e  année, 
sousletitrede Misterios  deLondres  ;  Paris,  1 844, 
in-8°.  —  Parmi  ses  nombreux  ouvrages  on  compte 
encore  Le  Capitaine  Spartacus;  Paris,  1843  et 
1845,  2  vol.  in-8";  —  Le  Banquier  de  cire; 
Paris,  1844,  in-8°,  et  dans  Les  Mille  et  un 
Romans,  1^  liv.;  —  La  Forêt  de  Rennes; 
Paris,  1844,  3  vol.  in-8'';  réimprimée  dans  1'^- 
cho  des  Feuilletons,  sous  le  titre  de  :  Le  Loup 
blanc;  —  Contes  de  Bretagne;  Paris,  1844, 
in-12;  —  Les  Chevaliers  du  Firmament; 
Paris,  1844,  in-8°;  —  Les  Amours  de  Paris; 
Paris,  1845,  6  vol.  in-8°;  —  Les  Contes  de  nos 
Pères  ;  Paris,  i8ià,m-i2;  —  Le  Fils  du  Diable; 

—  La  Quittance  de  Minuit;  —  La  Fontaine 
aux  Perles;  —  Les  Belles  de  Nuit;  —  Xe 
Champ  de  Bataille;  —  Le  Capitaine  Simon; 

—  La  Fée  des  Grèves  ;  —  Le  Jeu  de  la  Mort; 

—  Les  Parvenus; —  Le  Paradis  des  Femmes ^ 

—  L'Homme  de  Fer ,  dans  le  Journal  jiour 
tous,  du  8  décembre  1855  au  26  janvier  1856, 
n°'  36-43  ;  etc.  Comme  auteur  dramatique,  il  a 
été  moins  heureux  que  comme  romancier,  et  Les 
Mystères  de  Londres,  Le  Fils  du  Diable  et  La 
Bourgeoise ,  drames  tirés  de  ses  romans ,  ont 
eu  peu  de  succès.  Hector  Malot. 

Louandre  et  Bourquelot ,  Littérature  contemporaine. 

—  Eugène  de  Mirecourt ,  Lei  Contemporains. 

FÈVRE,  (Jean-François),  médecin  français, 
né  à  Pontarlier,  vers  1680,  mort  dans  la  même 
ville,  en  1739.  Il  fut  nommé  en  1721  professeur 
à  l'université  de  Besançon.  On  a  de  lui  :  Opéra 
medlca;  Besançon,  1747,  2  vol.  in-4''. 

Quérard,  La  France  littéraire, 

FÈVRE.  Voyez  Le  Febvre,  Le  Fèvre,  et 
Faeer. 

FE VRET  (CMHes),  seigneur  de  Saint-Mes- 
MiN,  jurisconsulte  français,  né  à  Semur-en- 
Auxois,  le  16  décembre  1583,  mort  à  Dijon,  le 
12  août  1661.  Fils  de  Jacques  Fevret,  conseiller 
au  parlement  de  Bourgogne,  il  étudia  le  droit 
dans  diverses  universités  de  France,  et  à  Stras- 
bourg sous  le  célèbre  Denis  Godefroy;  il  de- 
vint avocat  au  barreau  de  Dijon.  Louis  XIII, 
s'étant  rendu  dans  cette  ville,  en  1630,  pour 
punir  les  auteurs  d'une  sédition,  fut  harangué 


609 


FEVRET  —  FEYDEAU 


par  Fevret,  au'  nom  des  autorités  de  la  ville; 
il  fut  si  touché  de  l'éloquence  de  l'orateur  qu'il 
pardonna  aux  coupables ,  et  donna  une  charge 
de  conseiller  au  parlement  de  nouvelle  création 
à  Fevret,  qui  ne  voulut  pas  renoncer  à  sa  pro- 
fession ,  et  préféra  à  cet  emploi  l'office  de  se- 
crétaire de  la  cour.  Il  devint  aussi  conseiller  et 
intendant  ordinaire  des  affaires  de  Henri  n, 
prince  de  Condé ,  et  du  grand  Condé ,  son  fils. 
Il  est  auteur  du  Traité  de  l'Abus  et  du  vrai 
sujet  des  appellations  qualifiées  du  nom 
d'abus  ;  Dijon,  1603,  in-fol.  Des  exemplaires 
de  cette  édition  portent  la  date  de  1654,  et 
d'autres  exemplaires  celle  de  1655;  Cet  ouvrage, 
dans  lequel  les  principales  pailles  du  droit  ca- 
nonique sont  exposées  avec  autant  de  savoir  que 
d'indépendance,  a  été  réimprimé  à  Lyon,  1667 
et  1677,  2  vol.  in-fol.,  et  à  Lausanne,  1778, 
2  vol.  in-fol.  La  meilleure  édition ,  celle  de  Lyon, 
1736,  2  vol.  in-fol.,  contient ,  outre  les  notes 
anonymes  insérées  dans  quelques-unes  des  édi- 
tions précédentes,  et  les  notes  de  Brunet  et 
celles  de  Gibert ,  le  ti'aité  que  Hauteserre  com- 
posa par  ordre  du  clergé ,  en  1670,  sous  ce  titre  : 
Ecclesiasticee  Jurisdictionis  Vindiciee,adver- 
sus  C.  Fevretti  et  aliorum  Tractatus  de 
Abusu.  On  a  de  Fevret  divers  autres  écrits , 
parmi  lesquels  on  remarque  :  De  claris  fort 
Burgundici  Oratoribus ;  Dijon,  1654,  in-8°; 
—  De  Officils  Vitee  humanas ,  sive  in 
Pibraci  Tetrasticha  commentarius ;  Lyon, 
1607,  in- 12;  —  Carmen  de  Vita  sua, 
poëme  de  (plus  de  trois  cents  vers  insérés  par  le 
P.  Desmolets  dans  le  tome  II  de  sa  Continua- 
tion des  Mémoires  de  Littérature  et  d'Histoire 
de  M.  de  Salengre.  Fevret  a  laissé  manuscrit 
un  commentaire  sur  les  onze  premiers  titres  de 
la.Coutume  de  Bourgogne. 

Son  fils,  Pierre  Fevret  ,  aé  à  Dijon,  le  28 
novembre  1625,  mort  dans  la  même  ville,  le 
18  décembre  1706,  reçut  la  prêtrise  en  1655, 
et  devint  en  1666  conseiller-clerc  au  parlement 
de  Bourgogne ,  dont  il  était  le  sous  -  doyen  au 
moment  de  sa  mort.  Il  fonda  la  Bibliothèque 
publique  de  Dijon,  et  légua  une  somme  destinée 
à  son  entretien  et  à  son  accroissement.  Le  ca- 
talogue de  cette  Bibliothèque  fut  imprimé  à  Di- 
jon, 1708,  iû-4°,  avec  une  préface  du  P.  Oudin, 
jésuite.  E.  Regnajrd. 

Papillon  ,  Biblioth.  des  Auteurs  de  Bourgogne.  —  Tai- 
sand ,  f^ies  des  plus  célèbres  Jurisc.  —  Moréri,  Diction. 
hist.  —  Camus,  Biblioth.  choisie  des  Liv.  de  Droit. 

FEVRET  DEFONTETTE  (Charles-Marie), 
magistrat  et  littérateur  français ,  arrière-petit- 
fils  de  Charles  Fevret  |  né  à  Dijon,  le  14  avril 
1710,  mort  dans  la  même  ville,  le  16  février 
1772.  Pourvu  à  l'âge  de  vingt-six  ans  d'une  charge 
déconseiller  au  parlement  de  Bourgogne,  il  fit 
preuve,  dans  tout  le  cours  de  sa  carrière  de  ma- 
gistrat, d'un  savoir  profond  et  d'un  grand  zèle 
pour  le  bien  public.  Livré,  comme  ses  ancêtres , 
à  la  culture  des  lettres,  il  devint  membre,  puis 

NOUV.  BIOGR.    GÉNÉR.   —  T.  XVII. 


610 


directeur  de  l'Académie  de  Dijon,  et  fut  nommé, 
peu  de  temps  avant  sa  mort,  membre  associé 
de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 
Il  entreprit  de  donner  une  nouvelle  édition  de 
la  Bibliothèque  historique  de  la  France,  que 
le  P.  Leiong  avait  puWiée  en  1719,  en  un  seul 
volume  in-fol.,  contenant  17,487  articles  et  quel- 
ques additions.  Après  quinze  années  de  recher- 
ches et  de  travail ,  il  fit  paraître  le  premier  vo- 
lume de  cet  important  ouvrage  ;  mais  les  fatigues 
qu'il  éprouva  altérèrent  sa  santé ,  et  il  mourut 
ayant  l'impression  du  second  volume.  Cejrecueil, 
si  précieux  pour  l'étude  de  notre  histoire  natio- 
nale, fut  terminé  par  Barbeau-Labruyère  ,'^  et  se 
compose  de  5  vol.  in-fol.,  Paris,  1768-1778J  con- 
tenantprès  de  50,000  articles.  Fevret  s'était  formé 
une  nombreuse  bibhothèque ,  riche  en  ouvi-ages 
précieux,  et  y  avait  joint  une  collection  d'estampes 
représentant  une  suite  des  événements  de  l'his- 
toire de  France,  depuis  les  Gaulois  jusqu'au  règne 
dejLouis XV  inclusivement.  Cette  collection,  dont 
on  trouve  le  catalogue  dans  le  tome  IV  de  la 
Bibliothèque  historique  de  la  France,  est 
aujourd'hui  conservée  à  la  Bibliothèque  impé- 
riale. E.  Regnard. 

Éloges  de  Fevret  de  Fontette,  par  Dupuis  et  par  Perret, 
en  tête  du  4^  vol.  de  la  Biblioth.  hist.  de  la  France. 

FEYDEAU  (Claude),  écrivain  ecclésiastique 
français,  né  à  Paris,  vers  1580|,  mort  vers  1650. 
n  embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  devint  doyen 
de  l'église  collégiale  de  Moulins.  Il  fut  longtemps 
supérieur  des  religieuses  de  la  Visitation,  et  as- 
sista en  cette  qualité  aux  derniers  moments  de 
madame  de  Chantai,  fondatrice  de  cet  ordre.  On 
a  de  lui  :  Oraison  funèbre  de  Claude  Duret, 
président  à  Moulins ,  et  Panégyrique  sur  la 
paraphrase  de  CL  psaumes  d'Antoine  de  La- 
val, sieur  de  Bel-Air.  Ce  Panégyrique  parut 
en  1608  ;  il  a  été  réimprimé  avec  la  Paraphrase; 
Paris,  1619,  in-4°. 

Moréri ,  Grand  Dictionnaire  historique. 
FEYDEAU  (Matthieu),  théolo^en  français, 
frère  du  précédent,  né  à  Paris,  en  1616,  mort  à 
Annonay,  le  24  juillet  1694,  Il  entra  dans  les 
ordres,  et  se  fit  recevoir  docteur  en  théologie. 
Ami  d'ArnauId,  il  fut  exclu  de  la  Sorbonne  pour 
n'avoir  pas  voulu  souscrire  à  la  condamnation 
du  célèbre  théologien  janséniste.  Feydeau,  qui 
professait  les  mêmes  doctrines,  fut  pendant 
toute  sa  vie  en  butte  aux  persécutions  de  l'au- 
torité ecclésiastique  et  politique,  et  mourut  exilé 
à  Annonay.  On  a  de  lui  :  Méditations  sur  les 
principales  obligations  du  chrétien,  tirées 
de  l'Écriture  Sainte,  des  conciles  et  des  saints 
Pères;  1649,  in-12;  —  Catéchisme  de  la 
Grâce ;VaTis,  1650;  —  Méditations  sur  l'his- 
toire et  la  concorde  des  Évangiles  ;  Bruxelles, 
1673,  2  vol.  in-12;  Lyon,  1689-1696,  3  vol. 
in-12. 

Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique.  —  Richard  et 
Giraud ,  Bibliothèque  sacrée. 

FEYDEAU  DE  BROU  (Henri),  prélat  fran- 
çais, de  la  même  famille  que  les  précédents,  né 

20 


611 

en  1655,  mort  à  Amiens,  !e  14  juillet  1706.  j 
Nommé  en  1687  évêque  d'Amiens  par  Louis  XIV,  \ 
il  resta  cinq  ans  sans  recevoir  ses  bulles,  à  cause 
des  différends  survenus  entre  la  cour  de  Rome 
et  celle  de  France.  Il  se  distingua  par  sa  grande 
piété  et  son  savoir.  On  a  de  lui  :  une  Lettre  la- 
tine à  Innocent  XII ,  contre  le  Nodus  Prae- 
destinationis  du  cardinal  Sfondrate;  —  Or- 
donnance pour  la  juridiction  des  évêques  et 
des  curés,  contre  le  P.  Des  Imbrieux,  jésuite; 
—  Lettre  au  sujet  de  la  Lettre  à  un  Curieux 
sur  d'anciens  tombeaux  découverts  en  1597. 

Moréri ,  Grand  Dictionnaire  historique. 

FEYDEA.u  DE  BROU  (  Charles- Henri) ,  ad- 
ministrateur français ,  né  à  Paris,  le  25  août 
1754,  mort  le  10  décembre  1802.  Fils  d'un  in- 
tendant de  Rouen ,  il  suivit  aussi  la  carrière  ad- 
ministrative. Maître  des  requêtes  en  1775,  il  fut 
envoyé  comme  intendant  dans  le  Berry  à  l'âge 
de  vingt-et-un  ans.  Il  passa  de  là  en  Bourgogne 
et  ensuite  à  Caen.  Appelé  au  conseil  d'État  en 
1787,  il  fnt  chargé  des  économats.  Pendant  la 
révolution  il  vécut  dans  une  profonde  retraite. 
Feydeau  cultiva  avec  succès  les  sciences  exactes. 
Il  laissa  en  manuscrit  une  traduction  de  quel- 
ques ouvrages  d'Euler,  avec  des  notes  et  des  ob- 
servations. 
ehauQon  et  Delandine  ,  Dict.  univ.  hist.  et  crit. 

FEYERABEND ,  nom  d'une  famille  d'artistes 
allemands,  originaires  de  Francfort-sur-le-Mein, 
dont  les  principaux  furent  les  suivants  ; 

Feyerabend  {Jean  ) ,  le  plus  ancien  de  tous , 
graveur  sur  bois.  Ses  ouvi'ages  portent  deux 
initiales  de  son  nom.  Il  est  fait  mention  dans 
Papillon  d'un  Nouveau  Testament  en  latin  avec 
figures  en  bois  de  la  façon  de  cet  artiste. 

Feyekabend  (Jean),  dont  les  publications 
étaient  marquées  d'un  lion  debout  contre  un 
bouclier  dans  lequel  était  pratiquée  une  bande. 

Feyer\be!sd  (Jérôme),  imprimeur  célèbre, 
dont  les  publications  étaient  marquées  d'une  Re- 
nommée portant  dans  chaquemain  une  trompette. 
Il  avait  pour  devise  : 

i*ervigiles  habeas  oculos,  aniinumque  sagacem, 
Si  cupis  ut  eelebri  stet  tua  faraa  loco. 

Feyerabend  (Sigismond),  peintre,  graveur 
et  libraire  allemand,  né  à  Francfort,  vers  1526 
ou  1527,  vivait  encore  en  1585.  Selon  Jœcher,  il 
aurait  étudié  l'histoire  à  Augsbourg ,  où  il  aurait 
fait  paraître  Annales  seu  Historix  Rerum  Bel- 
jjicarum ,  a  diversis  auctoribus  conscriptae , 
1580,  et  un  ouvrage  intitulé  :  Geschlechter-Buch 
der  Reichstadt  Augspurg  (le  Livre  des  Familles 
de  la  ville  impériale  d' Augsbourg).  Il  est  beau- 
coup plus  certain  qu'il  eut  à  Francfort  un  grand 
commerce  de  librairie.  La  plupart  de  ses  pu- 
blications étaient  ornées  de  gravures  sui*  bois, 
exécutées  par  les  plus  célèbres  artistes,  tels  que 
Solis,  Jost,  Amann,  Boxberger,  Stimmer  et  Mau- 
rer.  Quelques-unes  sont  dues  à  Feyerabend  lui- 
même.  On  lui  attribue  en  particulier  celles  de 
la  Bible  de  Zœpflin,  imprimée  en  1561,  ainsi  que 


FEYDEAU  —  FEYNES  612 

\espo?'traits  des  doges  de  Venise  dans  la  chro- 
nique de  Kellner.  On  distingue  par  le  mono- 
gramme S.  F  les  productions  de  Sigismond  Feye- 
rabend d'avec  celles  de  ses  parents  également 
adonnés  à  la  gravure.  Les  ouvrages  publiés  par 
Feyerabend  seul  sont  marqués  d'un  lion  portant 
un  globe  duquel  jaillissent  des  flammes;  ceux 
qu'il  a  fait  paraître  avec  la  coopération  de  Rab, 
Hahû  et  Weigaud  ont  au  frontispice  une  Renom- 
mée soufflant  dans  deux  trompettes. 

Feyerabend  {Charles-Sigismond) ,  fils  de 
Sigismond,  libraire  et  graveur,  vivait  dans  la 
piernière  moitié  du  dix-septième  siècle.  En  1 590 
il  succéda  à  son  père  dans  le  commerce  de  li- 
brairie, et  fit  paraître  plusieurs  recueils  de  gra- 
vures, dont  quelques-unes  sont  marquées  des 
chiffres  M.  L.  et  V,  Feyerabend.  Un  (le  ces  re- 
cueils ,  possédé  par  Papillon  et  daté  de  1599, 
contenait  299  estampes,  avec  une  dédicace  écrite 
et  signée  en  allemand  par  l'éditeur. 

Feyekabend  [Christophe),  théologien  alle- 
mand, vivait  à  Elbing  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septiëme  siècle.  Il  fut  engagé  dans  de 
vives  controverses  avecles  syncrétistes ,  et  publia 
Idea  pseudoprophetariim. 

Foûr  tous  1er.  Feyerabend  ,  Papillon  ,  Traita  hist,  ei 
prat.  de  la  Grav.  en  buis  ;  Paris ,  176G.  —  Jôcher .  jillg, 
Gel.-Lexik.  —  Sedler,  Univ.Lex.  —  Nagler,  Pfeues  Allg. 
Â'ànstl.-Lexic, 

FEYJOO  Y  MONTEiNEGRO  (François-Be- 
noit- Jérôme),  critique  espagnol,  né  à  Com- 
postelle,  le  6  février  1701,  mort  à  Oviedo,  le 
16  mai  1764.  Après  avoir  fait  ses  études  à  l'u- 
niversité d'Oviedo ,  il  entra  dans  l'ordre  des  Bé- 
nédictins, et  devint  abbé  du  monastère  de  Saint- 
Vincent  à  Oviedo.  Ses  connaissances  étaient 
extrêmement  étendu  es.  On  a  de  lui  deux  ouvrages 
très  remarquables,  intitulés  :  Teatro  critico, 
sopra  los  errores  comunes;  Madrid,  1738- 
1746,  16  vol.  in-8'';  —  Carias  eruditas  y  eu- 
riosas;  Madrid,  1746-1748,  8  vol.  in-8".  Dans 
ces  deux  recueils  Feyjoo  ne  craignit  pas  d'atta- 
quer l'ignorance  des  moines,  la  licence  du  clergé, 
les  privilèges  ridicules  ,  l'abus  des  pèlerinages , 
des  exorcismes,  des  prétendus  miracles,  etc. 
Il  se  fit  ainsi  beaucoup  d'ennemis  ;  mais  les  sa- 
vants les  plus  distingués  de  son  pays  le  défen- 
dirent, et  il  évita  les  poursuites  de  l'inquisition. 
Bien  qu'il  ne  se  fût  pas  moins  moqué  de  la  mé- 
decine que  de  la  superstition,  la  faculté  de  Sé- 
ville  le  mit  au  nombre  de  ses  docteurs.  Une 
grande  partie  du  Teatro  critico  a  été  traduite 
en  français  par  d'Hermilly  ;  Paris,  1742,  12  vol. 
in-I2  ;  et  beaucoup  des  morceaux  qu'il  contient 
ont  été  traduits  en  anglais  par  John  Brett,  sous 
le  titre  de  Essays  or  disçourses,  selected 
from  the  works  of  Feyjoo;  i780,  4vol.  in-8°. 
Les  Œuvres  complètes  de  Feyjoo  ont  été  re-j 
cueiUiesparCampomanes;  Madrid,  1780,33  vol.i 
in-8°. 

Campomanes,  Fie  de  Feyjoo,  en  tête  de  ses  OEuvres. 
—  ïicknor,  History  of  Spanish  Literature.l.  III,  p.  22.ï, 

FEYNES  {François),  médecin  français,  né 


613 


FEYNES 


àBéziers,vers  1525,mort  à  Montpellier,  en  1573. 
B  fut  depuis  1557  professeur  h  l'université  de 
sa  ville.  On  a  de  lui  un  ouvrage  posthume  inti- 
tulé :  Medicina  practica,  in  quatuor  libros 
digesta...  nunc  primum  e  biblïotheca  Cl.  V. 
Renati  Moraei,  studïosorum  usibus  bénigne 
concessa;  Lyon,  1650,  in-4°,  H.  F. 

Astruc,  Histoire  de  la  Faoulté  de  Médecine  de  Mont- 
pellier. 

FEYNES  (Henri  de)  ,  voyageur  français,  vi' 
vait  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Il  était  gentilhomme  de  la  maison  du  roi  et  aide 
de  maréchal  de  camp.  Il  parcourut  l'Italie,  l'Es- 
pagne ,  l'Angleterre ,  les  Pays-Bas ,  l'Allemagne, 
la  Pologne ,  la  Hongrie ,  et  enfin  tout  le  sud  de 
l'Asie.  On  ignore  l'objet  de  son  voyage  dans  cette 
partie  du  monde  ;  peut-être  avait-il  reçu  du  roi 
la  mission  secrète  d'aller  examiner  les  établisse- 
ments fondés  dans  les  Indes  par  les  Portugais. 
Après  avoir  accompli  un  pèlerinage  à  Lorette ,  il 
alla  s'embarquer  à  Venise,  relâcha  en  Chypre, 
aborda  à  Alexandrette ,  se  rendit  à  Alep,  où  il  se 
joignit  à  une  caravane  pour  traverser  le  désert , 
visita  Bagdad,  Ispahan,  Cazwin,  Tauriz ,  Schiraz , 
Lar,  OiTOuz,  Mascate,  Cambaye,  Sourate,  Diu , 
la  côte  de  Malabar,  le  Bengale ,  Ceylan,  les  Mo- 
luques,  Macao,  Canton,  vit  à  son  retour  le  Pegou, 
Siam ,  s'embarqua  à  Goa,  et  arriva  enfin  à  Lis- 
bonne. Le  roi  d'Espagne,  qui  était  alors  maître 
des  Indes,  craignant  queFeynes  ne  fit  des  ré- 
vélations sur  l'état  de  cette  contrée  ,  le  fit  jeter 
en  prison.  Il  y  fut  retenu  malgré  les  réclamations 
de  Louis  XIII  et  conduit  secrètement  à  Xativa, 
dans  le  royaume  de  Valence,  où  il  resta  enfermé 
pendant  quatre  ans.  Mais  au  bout  de  ce  temps , 
son  confesseur  ayant  fait  connaître  le  lieu  de  sa 
captivité ,  il  fut  relâché  sur  une  nouvelle  de- 
mande du  roi  de  France.  On  a  de  lui  :  Voyage 
fait  par  terre  depuis  Paris  jusqu'à  la  Chine, 
avec  le  retour  par  jwer;  Paris,  1630,  in- 12. 
Cette  relation,  qui  traite  d'une  si  grande  étendue 
de  pays  dans  un  mince  volume  de  212  pages,  est 
fort  superficielle;  les  noms  des  contrées  sont 
souvent  mal  transcrits.  L'auteur,  au  reste,  est 
plein  de  candeur;  on  ne  trouve  dans  son  récit 
rien  de  merveilleux  ni  d'invraisemblable  ;  il  éva- 
lue en  journées  la  distance  entre  plusieurs  des 
villes  qu'il  a  traversées ,  et  il  les  compare  sou- 
vent pour  l'étendue  à  une  ville  de  France. 
E.  Beauvois. 

Feynes,  f^oyage. 

*FEZARi  { Mohammed- ben-Ibrahim  ben- 
Habib'Al-),  astronome  arabe,  vivait  au  deuxième 
siècle  de  l'hégire  ( huitième  de  J.-C.  ).  Il  traduisit 
en  ai'abe,  d'après  l'ordre  du  khahfe  Mansour,  un 
traité  d'astronomie  intitulé  Sind  Hind  :  ouvrage 
de  l'Indien  Katka.  Cette  traduction  est  connue 
sous  le  titre  de  Sind  Hind  al-Kebir  (  le  Grand 
Sind  Hind  );  elle  a  été  en  usage  depuis  157(773) 
jusqu'au  commencement  du  troisième  siècle  de 
l'hégire  (816  de  J.  C).  C'est  d'après  les  tables 
Indiennes  qu'il  construisit  le  premier  astrolabe 


-  FIACRE  614 

qu'aient  possédé  les  Arabes  ;  il  écrivit  deux  ou- 
vrages sur  ce  sujet ,  et  composa  un  traité  du  me- 
surage  du  Nil.  E.  Beauvois. 

Passage  du  Tarikh  al-Hokama  (  Hist.  des  PhilQsoplies  ), 
attribué  à  Djemal-ed-dlQ  A-1-Cofti,  dans  Caslri,  t.  I, 
426,  428-^29.  —  Hadji-Khalta ,  Lexie.  bibliogr.,  édit.  Flue- 

gel,  t.  V,  n"  9827  ;  VI,  12820. 

FiACCHi  (Louis) ,  poète  et  critique  italien, 
connu  souslenom  de  Clasio,  né  àSearperi  (Tos- 
cane), le  4juin  1754,  mort  à  Florence,  le  26  mai 
1825.  Il  entra  dans  les  ordres,  et  professa  plusieurs 
années  dans  un  collège  de  Florence.  Il  se  fit  con- 
naître par  des  poésies  élégantes.  Devenu  membre 
de  la  Crusca,  il  s'occupa  de  recueillir  des  maté- 
riaux pour  une  réimpression  du  dictionnaire  de 
cette  académie.  Les  observations  de  Fiacchi  sur 
Dante ,  Boceace  et  les  anciens  poètes  italiens  an- 
noncent beaucoup  de  savoir  et  de  goût.  On  a  de 
lui  -.Favole;  1807,  in-8°;  —  Sonetti  pastorali 
et  rusticali;  Milan  ,  1808,  grand  in-8'';  —  Di- 
chiarazionedi  molti  Proverbi,  detti  e  parole  ; 
Florence,  1820,  in-8°;  —  Osservazioni  sulDe- 
camerone  rfiSoccacio;  Florence,  1821,  in-8°. 

Tipaldo  ,  Biografla  degli  Italiani  illustri,  t.  VI,  p.  26. 

*  FiAcco  OU  FLACCO  (  Orlaudo) ,  peintre  de 
l'école  vénitienne,  né  à  Vérone,  vivait  en  1560. 
Les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord  sur  le  nom  de 
son  maître;  ies  uns  croient  qu'il  fut  élève  d'An- 
tonio Badile ,  les  autres  qu'il  reçut  les  leçons  de 
Battista  del  Moro  ou  de  Francesco  Torbido  ,  dit 
le  Moro.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  paraît  avoir  sur- 
tout visé  à  la  force  dans  la  plupart  de  ses  pein- 
tures, et  s'être  proposé  pour  modèle  le  Caravage, 
auquel  on  attribuerait  volontiers  son  tableau  de 
La  Vierge  avec  saint  Jean  et  La  Madeleine  à 
Saint-Nazaireei  Saint-Celse  de  Vérone.  Fiacco  a 
laissé  des  portraits  aussi  remarquables  par  l'exé- 
cution que  par  la  ressemblance.  Cet  artiste,  qui 
donnait  de  grandes  espérances,  est  mort  jeune, 
et  la  misère  ne  fut  peut-être  pas  étrangère  a  sa 
fin  prématurée.  E.  B— n. 

Pozzo,  f^ite  dei  Pittori  Veronesi.  —  Ridolfi,  Vite  de- 
gli illustri  Pittori  Feneti.  —  Vasari,  Fite.  —  Lanzi,  StO'- 
ria  délia  Pittura.  —  Benassuti ,  Guide  di  Ferona, 

*FIACRE,  anciennement  fèfre  (Saint)  (1), 
anachorète  irlandais ,  mort  à  Breuil  (  Brie  ),  vers 
670.  Il  était  d'une  illustre  famille  irlandaise  selon 
la  plupart  des  hagiographes  (  quelques  auteurs 
le  font  fils  aîné  d'un  roi  d'Ecosse).  11  fut  élevé 
par  un  évêque,  que  l'on  croit  être  saint  Conaa, 
évêque  de  Soder  où  des  Iles  occidentales.  Il  quitta 
sa  patrie  à  la  fleur  de  l'âge,  et  vint  en  France  ac- 
compagné de  quelques  jeunes  gens,  qui  comme 
lui  voulaient  se  consacrer  à  |la  solitude  et  à  la 
prière.  Il  vint  trouver  saint  Faron  ,  évêque  de 
Meaux,  qui  lui  assigna  pour  demeure  Breuil,  lieu 
désert  situé  dans  une  forêt  de  la  Brie.  Fiacre 
défricha  une  certaine  étendue  de  terrain,  s'y 
construisit  une  cellule,  et  fit  bâtir  à  quelque  dis- 
tance un  asile  pour  les  étrangers.  Sa  charité 
n'avait  point  de  bornes,  et  sa  vie  était  exlrême- 

(1)  Suivant  Ricliard  et  Giraud,  le  nom  de  Fiacre  ne  lui 
fut  donné  que  cinq  ou  six  cents  ans  après  sa  mort. 

20, 


FIACRE  —  FIALHO  FERREIRA 


ment  austère.  Suivant  la  règle  des  moines  irlan- 
dais,  il  ne  permettait  à  aucune  femme  d'entrer 
dans  l'enceinte  de  son  ermitage ,  usage  qui  s'est 
perpétué  longtemps  pour  les  lieux  où  le  chaste 
anachorète  était  honoré.  Chilien  ouKilain,  sei- 
gneur irlandais  ou  écossais,  vint  visiter  Fiacre,  et 
le  décida  à  faire  des  prédications  dans  les  pro- 
vinces voisines.  Ses  missions  furent  fructueuses, 
surtout  dans  l'Artois.  11  y  devint  l'objet  d'une 
vénération  particulière,  et  Arras  honore  sa  mé- 
moire le  13  novembre.  Fiacre  fut  enterré  dans 
son  oratoire  de  Breuil ,  sur  l'emplacement  du- 
quel, dans  la  suite,  les  moines  de  Saint-Faron 
élevèrent  un  prieuré.  Ses  reliques  devinrent 
bientôt  célèbres  par  plusieurs  miracles  :  on  en 
transporta  une  partie  à  Meaux  en  1568  ;  en  1627 
et  en  1695,  les  grands-ducs  de  Florence  en  ob- 
tinrent des  portions,  qu'ils  déposèrent  dans  la 
chapelle  de  Loppaïa,  construite  à  cet  effet.  Paris 
en  exhiba  successivement  au  Val-de-Grâoe,  aux 
Barnabites  et  à  Sainte-Catherine  de  la  Couture, 
chez  les  chanoines  réguliers.  Il  ne  paraît  pas  que 
la  grande  dispersion  de  ces  précieux  restes  ait 
influé  sur  leur  pouvoir.  En  1649,  Seguier,  évo- 
que de  Meaux,  et  Jean  de  Blois,  comte  de  Pen- 
thièvre,  reconnurent  que  ces  reliques  pouvaient 
opérer  la  guérison  de  maladies  dangereuses  ;  en 
1641  Anne  d'Autriche  attribua  à  la  protection  de 
saint  Fiacre  le  rétablissement  de  Louis  XIII,  alors 
gravement  malade  à  Lyon,  et  fit  à  pied  le  pèle- 
rinage de  Breuil ,  en  exécution  d'un  vœu  qu'elle 
en  avait  fait.  «  Elle  fut,  dit  l'abbé  Godescard,  déli- 
vrée par  le  même  moyen  d'un  flux  de  sang  qui 
avait  résisté  à  tous  les  remèdes  de  la  médecine.  » 
Plus  tard  elle  ne  douta  point  que  la  naissance 
de  Louis  XTV,  son  fils,  n'eût  été  le  fruit  de  sa 
dévotion  à  saint  Fiacre  et  de  ses  fréquentes  vi- 
sites au  prieuré  de  Breuil.  Saint  Fiacre  est  de- 
venu le  patron  des  jardiniers,  qui  célèbrent  so- 
lennellement sa  fête  le  30  août.  Ce  ne  fut  que 
très-indirectement  que  ce  saint  attacha  son  nom 
à'une  espèce  de  voitures  publiques  à  quatre  roues 
devenues  très-communes  depuis  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Suivant  le  père  Labat,  l'origine 
de  ce  mot  vient  de  l'enseigne  de  l'inventeur  de 
ces  voitures  (1).  Selon  d'autres  étymologistes,  à 
l'époque  de  la  création  de  ces  véhicules  il  mou- 
rut au  couvent  des  Petits-Pères  un  moine  nommé 
Fiacre.  Sa  mémoire  était  si  révérée  que  chacun 
voulait  avoir  son  portrait.  Dans  le  but  de  plaire 
au  public,  l'entrepreneur  des  nouveaux  carrosses 
fit  peindre  le  bienheureux  sur  les  portières  de 
ses  voitures. 

Saint  Fiacre  l'anachorète  avait  une  sœur, 
nommée  Syra.  Elle  mourut  dans  le  diocèse  de 
Meaux,  où  eUe  est  honorée  comme  vierge.  Quel- 
ques auteurs  font  mention  d'une  lettre  que  cette 

(1)  Il  se  nommait  Sauvage,  logeait  dans  la  rue  Saint- 
Antoine,  et  avait  pour  enseigne  J  saint  Fiacre.  On  ap- 
pela ces  carrosses  voiUires  à  cinq  sot«s,  parce  qu'on  les 
louait  à  cinq  sous  l'heure.  Les  cochers,  ainsi  que  leurs 
voitures ,  prirent  ensuite  le  nom  de  fiacres. 


Gie 


sainte  reçut  de  son  frère,  et  qui  renfermait  des 
maximes  de  morale. 

Alban  Butler,  Lives  of  Fathers,  etc.  —  Abbé  Godes- 
card ,  Fies  des  principaux  Saints ,  mois  d'août.  —  Su- 
rins!, ^cta  Sanctorum.  —  Baillet,  Fies  des  Saints,  U.  — 
Richard  et  Glraud,  Bibliothèque  sacrée. 

FiALETTi  (Odoard),  peintre  et  graveur 
vénitien,  né  à  Bologne,  en  1573,  mort  à  Venise, 
en  1638.  Il  fut  instruit  dans  l'école  du  Tintoret, 
et  il  en  sortit  bon  dessinateur.  Il  fixa  sa  résidence 
à  Venise,  pour  éviter  la  concurrence  des  Car- 
rache ,  et  il  y  passa  le  reste  de  sa  vie.  Il  a  laissé 
un  assez  grand  nombre  d'ouvrages,  fort  estimés, 
surtout  son  Crucifiement  pour  l'église  de  la 
Croix.  Fialetti  se  fit  surtout  connaître  coinme 
graveur.  On  cite  de  lui  un  recueil  de  vingt  pièces 
intitulé  :  Scherzi  d'Amore;  —  Vénus  et  VA- 
mour  ;  —  Diane  à  la  chasse  ;  —  Le  dieu  Pan  ; 

—  Un  Homme  qui  tient  un  wase,  d'après  le  Por~ 
denone  ;  —  les  Noces  de  Cana ,  d'après  le  Tin- 
toret ;  —  Abiti  délie  religioni  con  le  armi  e 
brevi  descrizioni  loro;  Venise,  1626,  in-4<'. 

Gandellini.  Notizie  istoriche  degV  Intagliatori,  t  11, 

—  Lanzi,  Histoire  de  la  Peinture  en  Italie,  t.  III,  p.  186, 

FIALHO  (  Manuel  ) ,  historien  portugais ,  né 
à  Evora,  en  1659,  mort  en  1718.  Il  entra  fort 
jeune  dans  l'ordre  des  Jésuites.  Ses  vingt  der- 
nières années  furent  employées  à  rassembler  des 
documents  sur  sa  ville  natale.  Ce  travail  ne  pa- 
rut sous  forme  d'abrégé  qu'après  la  mort  de 
l'auteur,  par  les  soins  du  P.  Francisco  Fonseca, 
auquel  on  l'attribue  fréqueimnent  tout  entier  ;  il 
a  paru  sous  ce  titre,  quelque  peu  mensonger  : 
Evora  Gloriosa,  epilogo  dos  quatro  Tomos  de 
Evora  illustrada  que  compoz  o  R.  P.  M.  Ma- 
noel  FiaIho,efa  Companhia  de  Jesus,escrita,ac- 
crescentada  e  amplificada  pelo  P.  Francisco 
de  Fonseca,  datnesmaCompanhia ;Rome,  1728, 
in-fol  (Aziziari).  Quelques  années  après  la  publi- 
cation du  livre  de  Fialho ,  on  publia  une  autre 
histoire  de  cette  ville  sous  le  pseudonyme  d'A- 
mador  Patricio  (Mart.  card.  de  Azevedo),  His- 
toria  das  Antiguidades  d' Evora;  primeira 
parte, repartida  emdez  libros,  onde  se  relatào 
as  cousas  que  acontecerûo  em  Evora  ate  ser 
tomada  aos  mouros  por  Giraldo  no  tempo  do 
rey  D.  Affonso  Henriques;  e  o  mais  que 
dahi  por  diante  aconteceo  ate  ào  tempo  pré- 
sente se  contant  na  secunda  parte;  Evora, 
1739,  in-4".  La  seconde  partie  n'a  point  paru, 
que  nous  sachions  du  moins.        Ferd.  Denis. 

Barbosa  Machado,  Bibl.  Lusitana,  —  Pinto  de  Souza, 
Bibliotheca  historica,  pet.  ln-4o.  —  César  de  Figanière ,, 
Bibliografla  historica. 

FIALHO  FERREIRA  (Anfonio),  voyageurj 
portugais ,  né  à  Macao ,  vivait  au  dix-septième 
siècle.  Nommé  capitâo  mor  dès  l'année  1633,  il 
se  trouva  à  la  tête  d'une  flotte  espagnole,  qui  de- 
vait ravitailler  Manifle.  De  retour  en  Chine,  il  prit 
part  à  une  émeute  qui  éclata  à  Macao  et  qui  ten- 
dait à  renverser  l'administration  établie;  en  1637 
il  quitta  cette  ville,  avec  l'intention  probablement 
de  s'en  référer  aux  autorités  de  l'Inde;  alors, 
traversant  l'empire  de  Narsingue  et  les  monta- 


I 


6Î7 


FIALHO  FERREIRA  —  FIARD 


618 


gnes  des  Gants,  il  franchit  le  passage  de  Dau- 
guim,  et  parvint  à  Goa.  Une  fois  établi  dans  la 
capitale  des  Indes  portugaises ,  Fialho  Ferreira 
fut  chargé  par  le  gouverneur,  Pedro  da  Sylveira 
d'aller  porter  jusqu'en  Espagne  les  justes  plamtes 
de  la  population  portugaise  établie  en  Orient  ;  et 
il  prit  la  résolution  de  se  rendre  en  Europe  par 
la  voie  de  terre.  Dans  cette  intention,  il  quitta 
Goa  dès  1639,  se  fit  débarquer  dans  le  golfe  Per- 
sique,  franchit  l'Arménie,  traversa  une  partie 
de  la  Grèce,  fit  un  séjour  de  quelque  durée  à 
Constantinople ,  visita  Rome,  et  se  rendit  à  Ma- 
drid, pour  passer  à  Lisbonne.  Pendant  ce  voyage, 
plus  difficile  à  effectuer  alors]  qu'il  ne  l'est  de 
nos  jours,  le  Portugal  s'était  séparé  de  l'Espagne, 
et  la  maison  de  Bragance  était  montée  sur  le  trône  ; 
Fialho  Ferreira  quitta  bientôt  Lisbonne ,  chargé 
par  Jean  IV  d'aller  annoncer  son  avènement  à  ses 
sujets  de  l'extrême  Orient.  Il  se  rendit  en  effet  à 
Macao,  et  il  excita  la  joie  la  plus  vive  en  décla- 
rant que  la  métropole  avait  recouvré  son  indépen- 
dance. Ici  nous  perdons  la  trace  du  voyageur; 
nous  savons  seulement  qu'il  fut  nommé  chevalier 
du  Christ  et  qu'en  l'année  1643  il  consigna  dans 
un  ouvrage  curieux,  devenu  fort  rare,  le  récit  de 
ses  aventures  ;  ce  livre  est  intitulé  :  Relaçào  da 
Viagem  quepor  ordem  de  sua  magestade  fez 
Antonio  Fialho  Ferreiradeste  reinoà  Cidade 
de  Macao  na  China,  etc.;  Lisbonne,  1643, 
in-4°.  Il  avait  consigné  ses  précédentes  observa- 
tions dans  un  volume  resté  en  manuscrit,  et  qui 
fut  traduit  du  portugais  en  espagnol;  il  porte  ce 
titre  :  Razones  y  preguntas  sobre  la  naviga- 
cion  que  se  ha  abierto  desde  la  China  à  la 
India  par  los  boquerones  del  valle ,  y  si  sera 
conveniente  hazer  viages  desde  la  China  à  la 
India  en  derechura.  Ce  livre  curieux  est  resté, 
dit-on,  dans  la  Bibliothèque  royale  de  Madrid. 
Fialho  Ferreira  avait  été  nonnné  gentilhomme 
du  palais.  Ferd.  Denis. 

Barbosa ,  Bibliotheca  Lusitana.  —  Léon  Plnelo ,  Bi- 
hliothcca oriental  y  occidentalise  edit.,  3  vol,  petilin-fol. 

*  FIAMMA  (Gabriel),  poète  italien,  né  à 
Venise,  en  1533,  mort  en  1585.  Ses  Rïme  con  i 
commenti  delV  autore,  Venise,  1570,  1573, 
1616,  sàSciolta  diRime  spiritualt,  Bei'game, 
1606,  in-4° ,  sont  tombés  dans  l'oubli.  G.  B. 
TIraboschi,  Storia  délia  Letteratura  Italiana. 

FIAMMA.  (Galvaneo),  historien  italien,  né 
à  Milan,  en  1283,  mort  vers  1372,  après  avoir 
passé  soixante-treize  ans  dans  l'ordre  de  Saint- 
Dominique.  Il  a  laissé  deux  ouvrages  :  Manipu- 
lus  Florum,seu  historiaMediolani,  ab origine 
urbis  usque  ad  a.  1371 ,  et  Opusculum  de  ré- 
bus gestis  ab  Azone,  Luchino  eu  Joanne, 
vicecomitibus  ;  ces  écrits  ont  été  insérés  dans  le 
recueil  de  Muratori ,  Script.  Rer.  Italie.,  t.  XI, 
p.  553,  etXI[,  991.  G.  B. 

Quotif,  Script.  Ord.  Prxdic,  t.  I,  p.  617.  —  Argclati, 
Biblioth.  Script.  Modiol.,  1. 1,  p.  H,  p.  635. 

FIANCÉ  (Antoine),  médecin  français,  né  à 
Fleuret,  près  de  Besançon,  le  1°'  janvier  1552, 


mort  le  27  mai  1581.  Il  étudia  à  Paris  les  belles- 
lettres  et  la  philosophie.  Il  alla  ensuite  faire  son 
cours  de  médecine  à  Montpellier,  exerça  succes- 
sivement cette  profession  à  Carpentras ,  à  Arles, 
et  se  fit  recevoir  docteur  à  Avignon.  II  mourut 
dans  cette  ville,  en  soignant  des  malades  atteints 
de  la  peste.  Sa  fin  prématurée  l'empêcha  d'écrire 
aucun  ouvrage  de  médecine.  Il  composa  seule- 
ment quelques  poésies  latines,  entre  autres  une 
satire,  intitulée  Platopodologie.  Ce  n'est  pas, 
comme  l'a  cru  La  Monnoie,  un  ti'aité  sur  les 
pieds  larges  et  plats ,  mais  une  invective  conti-e 
certains  envieux  ou  pieds  plats  qui  cherchaient 
à  nuire  à  l'auteur. 

La  Croix  du  Maine  et  Du  Verdier,  Biblioth.  franc. 
(  édit.  de  Rigoley  de  JuvignyJ,  t.  I.  —  Éloy ,  Dictionnaire 
historique  de  la  Médecine. 

FIARD  (L'abbé  Jean-Baptiste) , démonologue 
français,  né  à  Dijon,  le  28  novembre  1736,  mort 
dans  la  môme  ville,  le  30  septembre  1818,  Imbu 
dès  sa  jeunesse  d'opinions  superstitieuses,  il 
crut  voir  dans  les  philosophes  irreligieux  du  dix- 
huitième  siècle  et  dans  leurs  adeptes  des  diables 
et  des  sorciers ,  et  il  les  dénonça  en  ces  termes 
à  l'assemblée  du  clergé  de  France,  en  1775  : 
«  Messeigneurs,  il  se  commet  dans  ce  royaume 
un  crime  étrange....;  un  déluge  de  maux  est 
prêt  à  fondre  sur  la  nation,  si  on  ne  surveille 

pas  les  sorciers  ou  diabolâtres Les  suites 

seront  la  destruction  de  la  reUgion,  la  ruine 
des  peuples ,  des  pertes  étonnantes  des  biens  que 
donne  la  terre, . . .  des  divisions  intestines,  des  trou- 
bles dans  l'État...  Les  magiciens  et  les  sorciers  sa- 
pent sourdement  le  trône  et  l'autel Ils  sont 

ennemis  du  magistrat,  du  pruice,  du  ministre, 
du  sujet  ;  ils  ne  peuvent  que  nuire  et  renverser  ; 
ils  ne  sont  ni  parents ,  ni  amis ,  ni  hommes  ;  ils 
sont  sans  cesse  et  invinciblement  poussés  à 
commettre  des  crimes  contre  natm'e,  des  pro- 
fanations, des  sacrilèges,  des  meui-tres.  «  Fiard 
crut  voir  dans  la  révolution  l'accomplissement 
de  ses  prophéties.  Arrêté  en  92  comme  prêtre 
non  assermenté ,  il  fut  détenu  deux  ans  sur  les 
pontons  de  Rochefort.  Il  en  sortit  plus  persuadé 
que  jamais  de  l'influence  du  diable  et  des  sorciers 
sur  la  révolution  française.  Il  continua  de  les 
combattre  dans  des  livres  qui  trouvèrent  peu  de 
lecteurs,  et  mourut  dans  l'obscurité.  On  a  de  lui  : 
Lettres  magiques,  ou  lettres  sur  le  diable, 
Paris,  1781,  in-S"  ;  réimprimées  sous  le  titre  de 
Lettres  philosophiques  sur  la  Magie,  Paris, 
1801,  in-12;  ibid.,  1803,  in-8°;  —  La  France 
trompée  par  les  magiciens  et  les  démonolâtres 
du  dix-huitième  siècle,  fait  démontré  par  des 
faits  ;  Fàvis,  1303,  in-8°.  Fiard  assure  dans  cet 
ouvrage  que  le  diable  seul  a  fait  la  révolution 
française  à  l'aide  d'hommes  et  de  femmes  qui 
étaient  ou  des  démons  incarnés  ou  des  adora- 
teurs du  diable,  c'est-à-dire  des  démonolâtres  et 
des  magiciens.  On  atti'ibue  à  l'abbé  Fiard  :  Le 
Secret  de  l'État ,  ou  le  dernier  cri  du  vrai 
patriote,  publié  d'abord  en  1796  et  réimprimé 


619  FIARD  —  FICHET 

à  Paris,  1815,  in-8°;  —  Le  Mystère  des  Ma- 
,  gnétïseurs  et  des  Somnambules  dévoilé  par 
un  homme  du  monde;  Paris,  1815,  in-8°. 

AtnauU,  Jouy, etc.,  Biogr. nouvelle  des  Contemporains, 
•^  Qucrara,  Lu  France  littéraire. 

*  FïAsiELLA  (Domenico),  dit  le  Sarzana , 
peintre  de  l'école  génoise,  né  à  Sarzane,  en  1589, 
mort  à  Gênes,  en  1669.  Son  goût  pour  la  peinture 
se  développa  à  la  vue  d'un  magnifique  tableau 
d'Andréa  del  Sarto  qui  existait  dans  l'église  des 
Dominicains  de  Sarzane.  Il  fréquenta  pendant 
quelque  temps  l'atelier  de  G.-B.  Paggi ,  puis  il 
partit  pour  Rome,  où  il  fit  une  étude  toute  spé- 
ciale des  chefs-d'œuvre  de  Raphaël.  Après  avoir 
passé  dix  années  dans  cette  ville,  où  il  aida  le 
Passignano  et  le  chevalier  d'Arpin ,  il  revint  à 
Gênes,  où  il  se  fit  remarquer  par  sa  facilité  à 
composer  de  grands  sujets,  la  correction  de  son 
dessin,  la  vivacité  et  souvent  la  grâce  de  ses 
têtes,  le  brillant  de  son  coloris  surtout  dans 
les  peintures  à  l'huile,  et  son  habileté  à  imiter  les 
maîtres  dans  ce  qu'ils  avaient  d'approprié  aux 
sujets  qu'il  traitait.  On  lui  reproche  seulement 
d'avoir  manqué  de  patience  et  d'avoir  souvent 
fait  terminer  ses  ouvrages  par  ses  élèves.  Fia- 
sella,  pendant  sa  longue  carrière,  a  exécuté  d'in- 
nombrables peintures,  répandues  dans  toutes  les 
églises  de  l'État  de  Gênes.  En  mourant,  il  laissa 
pour  héritier  son  neveu  Giovanni-Battista  Fiasella, 
qui  suivit  Ses  traces  avec  assez  de  bonheur. 

E.  B— N. 
Sopratii,  ^ite  de' Pittori  Genovesi.  ~  Lanîi,  Storia 
délia  Pittura,   —  Baldinucci,  Notizie.  —  Carnpow,   Gli 
Artisti  neyli  Stati  Estensi. 

FIBONACCI.   Voy.  LÉONARD  DE  PiSE. 

*  FiCATELLi  (Stefano),  peintre  de  l'école 
bolonaise ,  né  à  Cento,  vers  1630,  mort  dans  les 
premières  années  du  dix-huitième  siècle.  Il  fut 
élève  et  bon  imitateur  de  son  illustre  compatriote 
le  Guerchin.  Il  a  travaillé  pour  les  églises  de 
Ferrare;  mais,  malgré  l'imagination  qu'il  a  dé- 
ployée dans  ces  peintures ,  on  préfère  encore  à 
ses  œuvres  originales  les  excellentes  copies  qu'il 
a  laissées  des  tableaux  du  Guerchin.    E.  B — n. 

Cittadellai,  Catalogo  istorico  de'  Pittori  e  Scultori  Fer- 
raresi,  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Ticozzi,  Dizio- 
nario. 

FtcHARD  {Jean),  jurisconsulte  allemand, 
né  à  Francfort,  en  1512,  mort  le  7  juin  1591.  Il 
étudia  à  Fribourg  en  Brisgau  et  à  Spire ,  devint 
docteur  en  droit  en  1531,  et  visita  Padoue  et 
Bologne  pour  y  compléter  ses  connaissances.  On 
a  de  lui  :  Perioche  Vitarum  Jurisconsultorum, 
ab  Irnerio  usque  ad  Zazimn;  Leipzig,  1721; 
—  Tractatus  Cautelarum  omnium  Juriscon- 
sultorum; —  Consilium  in  morbo  comitiali. 

Adam,  Fit.  Erudit.  —  Teissier,  Élog.  des  .Savants. 

*  FIËHERELLI  OU  FICARELLI  (Feltce),  dit 

Riposo ,  peintre  de  l'école  florentine,  né  à  San- 
Gemignâno  (Toscane),  vers  1605,  mort  en  1660. 
Il  fut  élève  de  l'Empoli ,  mais  imitateur  de  Cris- 
tofano  Allori ,  dont  il  fut  l'intime  ami.  Doué  d'un 
naturel  calme  et  {.Kiisible,  Ficherelli  travaillait. 


620 
lentement,  et  ne  parlait  que  lorsqu'il  était  forcé 
de  répondre  ;  de  là  le  surnom  de  Felice  Riposo, 
sous  lequel  il  est  souvent  désigné.  Son  talent 
est  simple,  naturel,  son  coloris  moelleux,  délicat; 
ses  têtes  sont  gracieuses.  Les  rares  ouvrages  de  ce 
maître  sont  des  modèles  de  la  peinture  finie,  sans 
tomber  dans  la  recherche  de  la  miniature.  Il  dut 
peut-être  cette  perfection  au  soin  qu'il  apporta 
dans  l'exécution  de  certaines  copies  d'après  le 
Pérugin ,  Andréa  del  Sarto  et  autres  maîtres.  Un 
de  ses  meilleurs  ouvrages  est  un  tableau  de  l'é- 
glise de  Santa  -  Maria  •  Nuova  de  Florence,  La 
Vierge  offrant  V Enfant- Jésus  à  l'adoration  de 
saint  Antoine  de  Padoue.  A  la  galerie  Capponi 
est  une  Dalila  de  ce  maître,  et  à  la  galerie 
Rinuccini  un  très -beau  tableau  d'Adam  et  Eve 
dans  le  paradis  terrestre  ;  le  musée  de  Dresde 
possède  de  lui  un  tableau  de  Lucrèce  et  Tar- 
quin.  E.  B — n. 

Baldinucci,  Notizie.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  ■ 
Orlandi,  Abbecedario.  —Ticozzi,  Dizionario,  —  Fantozzi, 
Guida  di  Firenze. 

FICHET  (Guillaume) ,  théologien  et  rhéteur 
français,  né  à  Aunay,  près  de  Paris ,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle.  Il  fut 
élu  recteur  de  l'université  de  Paris  en  1467.  Il 
professait  à  la  fois  l'art  oratoire ,  la  théologie  et 
la  philosophie.  Sa  réputation  d'éloquence  le  fit 
rechercher  par  Louis  XI ,  qui  l'employa  dans 
plusieurs  négociations  importantes.  Fichet  fut 
regardé  comme  auteur  de  la  paix  conclue  avec 
lé  duc  de  Bourgogne.  Il  se  rendit  ensuite  à 
Rome.  Bessariou  lui  dédia  les  discours  où  il 
excitait  les  princes  chrétiens  à  faire  la  guerre 
aux  Turcs,  et  le  pape  Sixte  IV  le  nomma  son 
camérier.  Fichet,  qui  était  très-zélé  pour  les  let- 
tres ,  favorisa  de  tout  son  pouvoir  l'imprimerie 
naissante,  et  fit  venir  d'Allemagne,  pour  en  éta- 
blir une  dans  la  Sorbonne  même,  Ulric  Gering, 
Martin  Krants  et  Michel  Friburger,  qui  imprimè- 
rent entre  autres  les  lettres  de  Guillaume  Fichet 
et  son  traité  de  rhétorique.  Ces  deux  livres , 
une  des  productions  les  plus  anciennes  de  l'im- 
primerie parisienne',  parurent  sous  les  titres  de 
Rhetoricorum  Libri  très,  sans  date  (probable- 
ment de  1470),  petit  in-4'';—  Epistolse,  in 
Parisiorum  Sorbona;  147t,  in^". 

Maittaire,  Annal,  ttjpograpfi.,  t.  I.  —  Gibert,  Jugem. 
des  Savants  sur  les  Rhétoriciens,  t.  III.  —  Moréri,  Gra«(i 
Dictionnaire  historique. 

FICHET  (Alexandre) ,  humaniste  et  hagio- 
graphe  français,  né  en  1588,  au  petit  Saint-Ber- 
nard, mort  à  Chambéry,  le  30  mars  1659.  II. 
entra  dans  la  Société  de  Jésus  en  1607,  et  prof 
fessa  les  humanités  et  la  rhétorique  dans  le  cof 
lége  de  La  Trinité  de  Lyon.  Il  avait  beaucouB 
d'érudition.  On  a  de  lui  :  Favus  mellis ,  ed 
variis  sanctis  Patribus  collectus  ;  Lyon,  1615, 
1617,  in-24  ;  —  Chorus  Poetarum  classicorum 
duplex,  sacrorum  et  profanorum;  Lyon, 
1616,  in-4'';  —  Vie  de  la  mère  de  Chantai, 
fondatrice  des  religieuses  de  la  Visitationi 
Lyon,  1642,  in-8°  ;  —  Arcana  Studiorum  oml 


62Î 


FICHET  —  FICHTE 


022 


)iium.  Methodus,  et  Bibliotheca  Scientiarum ; 
Lyon,  1649,  in-S". 

Coionia,  Histoire  littéraire  de  la  ville  de  Lyon.  — 
,  Morérl,  Grand  Dictionnaire  historique. 

FïCHET  DE  FLÉCHY  (Philippe),  médecin 
français,  vivaitaudix-huitième siècle.  Après  avoir 
été  chirurgien  dans  l'armée  française,  il  passa  au 
service  de  l'électeur  palatin,  qui  le  nomma  inspec- 
teur général  des  hôpitaux.  «  On  ne  connaît  de  lui, 
dit  la  Biographie  médicale,  qu'un  ouvrage,  dicté 
par  l'empirisme  le  moins  raisonné,  mais  dans  le- 
quel se  trouvent  des  observations,  au  nombre  de 
cent  trente-cinq,  dont  plusieurs  présentent  quel- 
que intérêt.  »  Cet  ouvrage  est  intitulé  :  Observa- 
tions sur  différents  cas  singuliers  relatifs  à 
la  médecine  pratique,  à  la  chirurgie,  aux  ac- 
couchements et  aux  maladies  vénériennes  ; 
Paris,  1745,  1761,  1765,  in-l2. 

jCiograpkie  médicale. 

*  FiCHi  (Ercole),  sculpteur  et  architecte  ita- 
lien, né  à  Imola.en  1595,  mort  à  Bologne,  en  1665. 
11  fut  élève  d'Emilio  Savonanzi.  Après  avoir  tra- 
vaillé en  stuc  et  enmarbredans  différentes  villes 
de  la  Romagne,  il  vint  se  fixer  à  Bologne,  où,  en 
1641,  il  fut  nommé  adjoint  à  Vincenzo  Porta 
comme  architecte  de  la  ville.  On  voit  de  lui  à 
l'église  Saint-Paul  les  statues  en  terre  cuite  de 
Saint  Charles  et  de  Saint  Philippe  Néri. 
E.  B— N. 

GiiaUndi,Me7norieoriginalidi  Belle  Arti.—  Gualandl, 
Tre  Giorni  in  Boloyna.  —  Malvasia,  Pitture,  ScuUure  e 
Jrchitetture  di  liotogna.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

FICHTE  {Jean-Théophile),  célèbre .  pliilo- 
sophe  allemand ,  chef  d'école,  naquit  le  19  mai 
178*2,  dans  le  village  de  Rammenau,  près  de  Bis- 
chofswerda,  dans  la  haute  Lusace,  et  mourut 
à  Berlin,  le  28  janvier  1814.  Il  était  fils  d'un  petit 
industriel  renommé  pour  sa  probité,  et  qui  des- 
cendait d'un  officier  suédois  établi  dans  le  pays 
lors  de  la  guerre  de  Trente  Ans.  Le  jeune 
Fichte  donna  de  Ibrt  bonne  heure  des  preuves 
de  l'originalité  de  son  esprit  et  de  l'indépen- 
dance do  son  caractère.  Son  père,  tout  en  le 
surveillant  dans  une  certaine  mesure,  le  laissa 
se  développer  avec  une  grande  liberté.  Le  ba- 
ron de  Miltitz,  qui  avait  été  frappé  des  heu- 
reuses dispositions  de  l'enfant,  se  chargea  de 
son  éducation;  il  le  plaça  d'abord,  sous  la  di- 
rection d'un  pasteur  des  environs  de  Missnie, 
dans  le  village  de  Niederau ,  où  il  passa  ses  pre- 
mières et  plus  douces  années;  puis  il  le  fit  en- 
trer au  collège  de  Schulpforta.  Fichte  avait  alors 
treize  ans  :  la  perte  de  sa  liberté ,  les  mauvais 
traitements  d'im  camarade  idiot,  lui  inspirè- 
rent une  de  ces  résolutions  extraordinaires,  que 
l'on  prend  à  cet  âge,  où  l'on  ne  connaît  le  monde 
que  par  les  lectures.  Fichte,  qui  avait  lu  Robin- 
son  Cnisoé,  voulut  marcher  sur  les  traces  de 
ce  héros  de  Foé.  Déjà  il  était  sur  la  route  de 
Hambourg  pour  aller  vivre  dans  quelque  île  loin- 
taine et  ignorée ,  quand  le  souvenir  de  sa  mère 
le  ramena  au  collège  et  au  devoir.  Dès  lors  il  se 
livra  avec  ardeur  à  l'étude,  et  devint  un  des 


meilleurs  élèves  de  l'établissement.  Une  grande 
lutte  était  engagée  en  Allemagne  à  cette  époque 
entre  la  vieille  génération  et  la  nouvelle.  La  lec- 
ture de  Wieland,  de  Lessing,  de  Gœthe,  était 
prohibée  au  collège  ;  mais ,  grâce  à  la  compli- 
cité d'un  des  jeuues  professeurs,  Fichte  réussit 
à  se  procurer  les  feuilles  satiriques  que  Lessing 
publiait  contre  le  pasteur  Gœtze  de  Hambourg, 
qui  était  le  type  de  l'intolérance  dogmatique. 
Cette  lecture  fit  naître  en  lui  le  besoin  d'une  li- 
berté d'examen  insatiable,  et  fut  pour  le  jeune 
élève  le  commencement  d'une  nouvelle  vie  in- 
tellectuelle. 

A  dix-huit  ans,  Fichte  se  rendit  àj'université 
d'Iénapour  étudier  la  théologie;  mais  son  génie 
philosophique  fut  de  plus  en  plus  excité  par  ses 
études  théologiques  mêmes  et  par  les  doutes 
qu'elles  lui  faisaient  concevoir.  Ce  fut  surtout  le 
problème  de  la  liberté  morale  dans  ses  rapports 
avec  la  nécessité  de  l'ordre  universel  et  avec  la 
Providence  qui  l'occupa  dans  ces  premiers  temps. 
11  se  décida  d'abord  pour  l'opinion  désignée  sous 
le  nom  de  déterminisme ,  et  selon  laquelle  tout 
dans  les  actions  humaines  est  prévu  et  destiné 
à  concourir  vers  un  b\it  commun  et  unique  avec 
ia  volonté  éternelle ,  absolue,  divine.  L'étude  de 
Spinosa  le  confirma  dans  ces  vues.  Néanmoins, 
il  sentait  en  lui  quelque  chose  qui  n'était  pas 
satisfait  :  c'était  le  sentiment  de  sa  personna- 
lité, sentiment  qui  se  fortifiait  de  toute  l'énergie 
de  son  caractère  et  que  le  déterminisme  ne  pou- 
vait ni  abolir  ni  expliquer.  Ce  sentiment  de  la 
liberté,  de  la  détermination  par  soi,  se  pro- 
nonça chez  lui  avec  tant  de  force  qu'il  devint, 
comme  on  va  le  voir,  la  base  de  toute  sa  philo- 
sophie. La  mort  de  son  père  adoptif  le  laissa 
livré  à  ses  propres  ressources,  et  pour  termi- 
ner ses  études  il  eut  à  s'imposer  des  privations 
qui  ajoutèrent  encore  à  la  force  de  son  caractère. 
Le  besoin  le  contraignit  d'accepter  la  place  de 
précepteur  dans  une  maison  de  Zurich.  Dans 
cette  ville ,  il  fit  connaissance  avec  M""  Rahn , 
nièce  de  Klopstock,  qu'il  épousa  depuis.  Il  quitta 
Zurich  au  printemps  de  1790,  pour  aller  cher- 
cher en  Allemagne  une  position  plus  analogue 
à  ses  goûts.  «  Je  suis  peu  fait,  écrivait-il  à  cette 
époque,  pour  n'être  qu'un  savant.  Je  ne  veux  pas 
seulement  penser,  je  voudrais  agir,  et  je  cherche 
moins  à  cultiver  mon  esprit  qu'à  former  mon  ca- 
ractère. »  Mais,  après  avoir  clierché  vainement  à 
être  employé  activement  à  Stuttgard  et  à  Wei- 
rnar,  il  se  rendit  à  l'université  de  Leipzig  pour 
s'occuper  principalement  de  la  philosophie  de 
Kant,  qui  avait  encore  tout  l'intérêt  de  la  nou- 
veauté. Plusieurs  lettres  écrites  par  lui  à  cette 
époque  de  sa  vie  nous  montrent  quelle  révolu- 
tion l'étude  de  cette  philosophie,  surtout  celle 
de  la  Critique  de  la  Raison  pratique,  pro- 
duisit dans  son  esprit.  «  Depuis  que  j'ai  étudié  la 
philosophie  de  Kant,  dit-il,  je  crois  de  toute 
mon  âme  à  la  liberté  de  l'homme.  Quel  respect 
ce  système  nous  inspire  pour  la   dignité  hu- 


623       .  FICHTE 

maine  !  quelle  force  nouvelle  el.e  nous  donne  !  » 
A  son  retour  de  Varsovie,  où  il  s'était  rendu 
pour  essayer  encore  une  fois  de  la  vie  de  pré- 
cepteur, mais  où  il  avait  été  refusé,  à  cause  de 
sa  vicieuse  prononciation  de  la  langue  française 
et  surtout  à  cause  de  ses  manières  pen  soumises , 
il  passa  par  Kœnigsberg  pour  voir  en  personne 
l'auteur  de  la  Critique.  Kant  le  reçut  [d'abord 
froidement,  et  ne  lui  témoigna  de  l'intérêt  qu'a- 
près que  Fichte  lui  eut  remis  le  manuscrit  de 
l'ouvrage  qui  parut  depuis  sous  le  titre  de  Ver- 
suche  einer  Kritik  aller  Offenbarung  (Essai 
d'une  Critique  de  toute  Révélation)  ;  1792.  Pour 
échapper  à  la  détresse  dont  il  fut  atteint  à  Kœ- 
nigsberg ,-il  se  fit  de  nouveau  précepteur.  Cette 
fois  il  fut  plus  heureux  ;  le  comte  et  la  comtesse 
de  Krockow,  chez  qui  il  vint  habiter  dans  les  en- 
virons de  Dantzig,  lui  firent  l'accueil  le  plus  bien- 
veillant, et  bientôt  un  premier  succès  littéraire, 
dû  en  partie  à  une  méprise ,  commença  sa  cé- 
lébrité. Après  bien  des  refus,  le  libraire  Har- 
tung  consentit  à  publier  à  Halle ,  sans  le  nom 
de  l'auteur,  la  Critique  de  toute  Révélation. 
Fondé  sur  ce  principe  que  la  vérité  d'une  reli- 
gion qui  se  dit  révélée  doit  moins  se  présumer 
en  raison  des  événements  miraculeux  qui  en 
auraient  accompagné  la  publication  qu'en  raison 
de  son  contenu,  surtout  de  son  accord  avec  la 
loi  morale ,  ce  livre  était  tellement  dans  l'esprit 
de  Kant  que  la  Gazette  littéraire  d'Iéna  n'hé- 
sita pas  à  l'annoncer  comme  une  production 
de  ce  philosophe  et  à  lui  décerner  les  plus  ma- 
gnifiques éloges  (1). 

Introduit  avec  tant  d'éclat  dans  le  monde  lit- 
téraire, Fichte  put  enfin  songer  à  consommer 
son  union  avec  sa  fiancée.  Il  se  rendit  à  Zurich, 
vers  la  fin  de  1793.  Deux  ouvrages  lemar- 
quables  furent  les  fruits  de  ses  loisirs  de  Zurich, 
Ainsi  que  Klopstock  et  Schiller,  Fichte  avait  pris 
un  vif  intérêt  à  la  révolution  française  ;  il  en 
avait  salué  l'aurore  avec  enthousiasme  ,  et  il  ne 
se  découragea  pas  lorsque  de  mauvaises  passions 
et  la  résistance  qu'elle  rencontra  lui  firent  dé- 
passer son  but;  Dans  un  écrit  intitulé  :  Beitrxge 
zur  Berichtigung  der  Urtheile  des  Puhli- 
kums  iiber  die  franzœsische  Révolution  (Do- 
cuments pour  servir  à  rectifier  les  jugements  du 
public  sur  la  révolution  française),  1793,  2  vol. 
in-12,  il  souleva  la  question  de  la  légitimité  des 
révolutions  en  général.  Il  y  établit  qu'il  ne  sau- 
rait y  avoir  de  constitution  absolument  invaria- 
ble ,  toute  constitution  étant  le  produit  du  temps 
et  des  besoins  du  moment.  Il  déduit  le  droit  de 
l'insurrection  de  l'existence  d'un  contrat  social. 
L'idée  d'un  contrat  est,  selon  lui,  renfermée  dans 
l'idée  même  de  l'État  ;  lui  seul  donne  des  droits 
et  impose  des  devoirs.  Fichte  dans  cet  écrit  se 


624 


(1)  «  Tous  ceux,  dit  alors  naïvement  ce  journal,  qui 
ont  lu  les  moindres  écrits  de  Kant  n'auront  pas  de  peine 
à  reconnaître,  dans  ce  livre  son  admirante  auteur.  »  Il 
laut  ajouter  à  l'honneur  de  Kant  qu'il  n'eut  rien  de 
plus  pressé  que  de  rendre  à  Fichte  ce  qui  lui  était  dû. 


montre fi-anchement  révolutionnaire;  mais  il  ne 
veut  pas  que  les  réformes,  même  les  plus  né- 
cessaires, se  fassent  aux  dépens  ide  la  justice 
et  de  l'humanité.  Le  second  ouvrage,  écrit  dans 
le  même  esprit,  est  intitulé  Zurûchforderung 
der  Denkfreiheit  von  den  Fûrsten  Europas 
(Revendication  de  la  Liberté  de  la  pensée,adressée 
aux  princes  de  l'Europe)  et  daté  de  Van  dernier 
des  ténèbres,  1793.  Ces  deux  ouvrages  lui  atti- 
rèrent l'accusation  de  démagogie  et  de  jacobi- 
nisme. Plus  tard ,  après  la  publication  de  sa  Phi- 
losophie du  Droit ,  il  eut  à  se  défendre  du  re- 
proche contraire. 

C'est  vers  ce  temps  qu'il  jeta  les  premiers  fon- 
dements de  son  sytème,  qui,  destiné  d'abord  à 
compléter  la  philosophie  de  Kant ,  ne  tarda  pas 
à  former  opposition  avec  elle^  Il  était  occupé  à 
méditer  sa  nouvelle  doctrine,  lorsque  le  gouver- 
nement de  Weimar  lui  offrit  la  chaire  de  phi- 
losophie ,  laissée  vacante  à  léna  par  le  départ  de 
Reinhold.  Fichte  accepta  et  arriva  au  printemps 
de  1794  à  léna,  où  l'attendaient  des  amis  en- 
thousiastes et  des  adversaires  non  moins  pas- 
sionnés. Il  comprit  tout  ce  qu'il  aurait  à  déployer 
de  talent  et  de  zèle  pour  répondre  à  l'attente  des 
uns  et  pour  triompher  de  la  jalousie  des  autres. 
Il  eut  tout  aussitôt  un  grand  succès.  Un  de  ses 
collègues ,  dans  un  écrit  qui  parut  en  1796,  s'ex- 
prime ainsi  sur  l'effet  que  Fichte  produisit:  «  On 
croit  l'entendre  cherchant  la  vérité  et  la  suivant 
dans  toutes  ses  profondeurs  ;  le  génie  de  sa  phi- 
losophie est  un  esprit  plein  de  force  et  de  fierté. 
Le  caractère  distinctif  de  son  individualité,  c'est 
la  plus  haute  probité...  Ce  qu'il  dit  de  meilleur 
porte  le  cachet  de  la  force  et  de  la  grandeur... 
La  sévérité  de  ses  principes  est  peu  tempérée  par 
la  politesse  ;  cependant  il  souffre  la  contradic- 
tion... Sa  diction  se  précipite  comme  un  torrent, 
éclate  comme  une  tempête.  Il  ne  touche  pas , 
mais  il  élève  l'âme...  Son  regard  est  sévère,  sa 
démarche  altière  et  décidée;  son  imagination 
n'est  pas  fleurie,  mais  vive  et  puissante.  » 

Dès  son  arrivée  à  léna,  Fichte  exposa  le  prin- 
cipe fondamendal  de  son  système  dans  un  pro- 
gramme intitulé  TJeber-  den  Begriff  der  Wis- 
senschaftslehre  (  De  l'Idée  de  la  Doctrine  de  la 
Science)',  1794,  annonçant  qu'il  avait  trouvé  le 
moyen  d'élever  enfin  la  philosophie  au  rang 
d'une  science  évidente.  II  développa  cette  idée 
dans  un  ouvrage  plus  étendu.  En  même  temps 
il  pubUa  ses  Vorlesungen  ueber  das  Wesen  des 
Gelehrten,  1805  (Leçons  sur  l'Essence  du  Sa- 
vant), qui  sont  l'expression  fidèle  de  son  carac- 
tère, et  dont  l'idée  principale  est  que  le  savant, 
qui  doit  être  l'homme  le  plus  vrai  et  le  plus  dé- 
veloppé, est  surtout  appelé  à  l'action.  «  Agir, 
agir,  s'écrie-t-il,  voilà  notre  rôle  ici-bas.  La  des- 
tination du  savant  est  de  se  perfectionner  sans 
cesse  par  une  libre  activité,  et  de  travailler  au 
perfectionnement  de  ses  semblables.  » 

Telle  était  aussi,  malgré  de  vives  sollicitations 
d'une  autre  nature ,  la  seule  action  qu'il  voulut 


625 


FICHTE 


626 


exercer  lui-même.  léna  était  alors  l'université  la 
plus  fréquentée  de  l'Allemagne.  L'unique  but  de 
Fichte  dans  ses  rapports  avec  la  brillante  jeu- 
nesse qui  l'entourait  fut  de  la  former  à  la  spé- 
culation et  à  une  activité  désintéressée,  deux 
choses  que  sa  philosophie  lui  paraissait  devoir 
concilier  plus  qu'aucune  autre.  Tandis  que  les 
adversaires  de  sa  doctrine  lui  reprochaient  de 
favoriser  l'égoïsme  et  de  ne  point  tenir  compte 
des  affections  du  cœur,  Fichte  y  puisait  le  plus 
énergique  enthousiasme  pour  la  vertu  et  les  plus 
nobles  inspirations.  Son  idéalisme  n'avait  laissé 
subsister  comme  réalité  unique  que  le  moi,  le- 
quel n'arrive  réellement  à  son  existence  propre 
que  lorsquel,  s'arrachant   aux  vaines  illusions 

i  d'un  monde  chimérique ,  il  s'élève  dans  la  sphère 
des  idées  morales  et  conquiert  ainsi  sa  véritable 
liberté.  11  n'était  si  pleinement  satisfait  des  ré- 
sultats de  sa  spéculation  que  parce  qu'ils  justi- 
fiaient à  ses  yeux  ses  vues  biens  arrêtées  sur  la 
iestination  morale  de  l'homme.  Cette  conviction 
^tait  pour  lui  une  garantie  de  la  vérité  de  sa 
philosophie.  Cette  philosophie  relevait  histori- 
quement de  celle  de  Kant  ;  mais  dans  sa  direc- 
;ion  particulière  et  dans  son  caractère  spécial , 
îlle  fut  surtout  déterminée  par  l'individualité  de 
ion  auteur. 

La  Critique  de  Kant,  tout  en  admettant  la  réa- 
ité  des  choses  extérieures ,  avait  néanmoins 
ibouti  à  une  sorte  d'idéalisme ,  en  ce  sens  que 
selon  ce  philosophe  nous  ne  pouvons  pas  con- 
laître  les  choses  telles  qu'elles  sont  en  soi ,  mais 
îeulement  telles  qu'elles  nous  apparaissent  selon 
es  formes  de  notre  entendement ,  selon  les  lois 
le  notre  esprit.  Mais  Kant  avait  posé  en  prin- 
;ipe  que  nous  ne  pouvons  réellement  connaître 
jue  ce  qui  nous  est  donné  dans  l'observation , 
ioit  externe ,  soit  interne,  et  il  n'avait  rétabli 
.  'existence  de  Dieu  et  l'immortalité  de  l'âme 
ju'au  moyen  de  la  raison  pratique ,  comme  con- 
litions  nécessaires  de  la  Uberté  et  de  la  loi  mo- 
ales.  Tel  est  le  point  de  départ  de  la  philoso- 
phie de  Fichte.  Il  l'appelle  Wissenschaftslehre 
Doctrine  de  la  Science),  parce  que  selon  lui  le 
)roblème  capital  de  toute  philosophie,  c'est  de 
echercher  sur  quel  fondement  repose  le  savoir, 
[uel  est  le  rapport  de  nos  idées  avec  leurs  ob- 
ets ,  sur  quoi  se  fonde  notre  conviction  de  la 
éalité  objective  de  nos  idées.  Pour  résoudre  ce 
Hoblème,  Fichte  ne  part  point,  comme  Kant, 
le  l'analyse  de  la  faculté  de  connaître,  ni,  comme 

i  ileinhold,  du  fait  primitif  de  la  conscience,  mais 
)ien  d'un  acte  spontané  du  moi,  qui  construit  la 
;onscience  elle-même  et  tous  ses  phénomènes. 
Fichte  ax'riva  ainsi  à  l'idéalisme  transcenden- 
',al,  ou  à  la  doctrme  de  l'identité  du  sujet  et  de 
'objet.  Le  principe  de  ce  système  est  cette  pro- 

i  position  :  le  moi  est  ce  qui  se  pose  lui-même, 
'/est-à-dire  que  la  conscience  de  soi  est  donnée 

'  mmédiatement',  qu'elle  est  le  produit  immédiat 
le  l'intuition  du  moi  par  lui-même.  Il  en  résulte 
lu'il  nous  est  impossible  de  sortir  de  la  sphère 


de  la  conscience,  et  que,  considérées  de  ce  point 
de  vue,  toutes  les  existences  ne  sont  autre  chose 
que  des  modifications  de  notre  intelligence. 
Royer-Collard ,  dans  un  discours  d'ouverture 
prononcé  en  1813,  soutint  que  le  caractère  le 
plus  général  de  la  philosopliie  moderne ,  c'est  de 
douter  de  l'existence  réelle  du  monde  extérieur, 
c'est-à-dire  d'êti-e  idéaliste;  que  toutes  les  éco- 
les, celles  de  Locke  et  de  Condillac,  tout  comme 
celles  de  Descartes ,  de  Leibnitz  et  de  Kant,  avec 
plus  ou  moins  de  connaissance  de  cause,  pro- 
fessent l'idéalisme.  Or  Fichte  n'a  fait  qu'exposer 
cet  idéalisme  d'une  manière  absolue,  sauf  en- 
suite à  rétablir  la  réalité  du  monde  par  la  foi  de 
la  raison  en  elle-même. 

Ainsi  que  Spinosa  déduisit  tout  son  système 
de  la  définition  de  la  substance,  Fichte  prétendit 
déduire  le  sien  de  cet  acte  spontané  du  moi  par 
lequel  il  se  pose  lui-même.  Dans  ce  principe  ab- 
solument primitif,  qu'il  exprirae  par  cette  formule 
a  =  a,  se  trouve  renfermée  toute  la  philoso- 
phie. Le  moi  est  à  la  fois  le  principe  actif  et  ce 
qui  est  produit  par  son  activité.  Là-dessus  se 
fonde  cette  définition  :  Ce  qui  tire  son  être  de 
ce  seul  fait  qu'il  se  pose  comme  étant  est  le 
moi  comme  sujet  absolu.  Un  second  acte  pri- 
mitif de  l'esprit  est  d'opposer  au  moi  un  non- 
moi  ,  et  peut  s'exprimer  ainsi  :  a  n'est  pas  =  a. 
Or,  par  cela  même  qu'un  non-moi  est  opposé 
au  moi,  le  non-moi  est  reconnu  pour  autre 
chose  que  le  moi,  et  il  semble  que  par  cet  acte 
la  réalité  d'un  monde  extérieur  se  trouve  primi- 
tivement posée.  Mais  cette  réalité  n'est  encore 
que  supposée,  et  elle  n'est  reconnue  ici  que  dans 
le  raoi  et  relativement  au  moi.  Une  troisième 
proposition,  résultant  d'un  troisième  acte  pri- 
mitif de  l'esprit,  est  celle-ci  :  Le  moi  et  le  non- 
moi  sont  posés  tous  deux  par  le  moi  et  dans 
le  moi  comme  se  limitant  réciproquement,  de 
telle  sorte  que  la  réalité  de  l'un  détruit  en 
partie  la  réalité  de  l'autre. 

Par  ces  trois  actes  primitifs  de  l'esprit  et  les 
trois  principes  qui  en  résultent,  toute  connais- 
sance absolue  et  immédiate  se  trouve  épuisée, 
et  il  est  impossible  de  remonter  plus  haut.  Le 
résumé  des  trois  principes  est  :  Le  moi  et  le  non- 
moi  se  déterminent  réciproquement;  et  cette 
proposition  renferme  ces  deux  autres  :  —  Le 
moi  se  pose  comme  déterminé  par  le  non-moi, 
comme  limité  par  lui  ;  —  le  moi  pose  le  non-moi 
comme  limité  par  le  moi ,  ou  le  moi  comme 
déterminant  le  non-moi.  La  première  de  ces 
deux  propositions  est  le  fondement  de  la  philo- 
sophie théorique,  la  seconde  celui  de  la  philoso- 
phie pratique.  La  réflexion  commence  nécessai- 
rement par  la  partie  théoiique,  parce  que  le 
principe  pratique  se  fonde  analytiquement  sur 
le  principe  théorique-,  mais  au  fond  la  raison 
théorique  dépend  de  la  raison  pratique.  En 
d'autres  termes,  la  réalité  d'un  monde  objectif, 
qui  demeure  problématique  dans  la  philosophie 
théorique,  ne  devient  certaine  que  dans  la  phi:; 


627  FïCHTE 

losophie  pratique;  car  pour  que  le  moi  puisse 
déterminer  le  non-moi,  pour  qu'il  puisse  agir 
sur  le  monde  extérieur,  il  faudra  bien  qu'il  en 
admette  l'existence  réelle  et  objective. 

C'est  sur  ces  bases  que  Fichte  établit  ce  qu'il 
appelle  l'idéalisme  critique  ou  transcenden- 
tal,  lequel  selon  lui,  en  ne  posant  le  monde  que 
par  le  moi  et  pour  le  moi,  tient  le  milieu  entre 
le  réalisme  et  l'idéalisme  dogmatique.  Le  fonde- 
ment de  toute  réalité  pour  le  moiest  l'action  ré- 
ciproque du  moi  et  du  non-moi.  Cette  doctrine 
est  réaliste,  en  ce  qu'elle  établit  que  le  moi 
pour  agir,  c'est-à-dire  pour  exister,  a  besoin  de 
recevoir  une  impulsion  du  dehors,  de  la  part 
d'une  puissance  qui  lui  est    opposée  et  qui  en 
est  indépendante;    elle  est  idéaliste,   en  ce 
qu'elle  déclare  que  cette  impulsion  qui  sollicite 
îe  moi  à  l'action  ne  lui  impose  rien  qui  lui  soit 
étranger,  que  cette  puissance  extérieure  ne  sau- 
rait être  que  sentie  et  non  pas  reconnue  en  soi, 
et  que  toutes  les  déterminations  de  l'objet  sont  j 
tirées  du  sujet.  En  même  temps  qu'il  dévelop-  ! 
pait  la  partie  théorique  de  son  système,  Fichte  | 
l'appliquait  à  la  philosophie  du  droit  et  à  la  mo-  j 
raie,  qu'il  exposa  dans  deux  ouvrages  remar-  ' 
quables  :  Grundlage  des  Naturreclits  (Fonde-  i 
ments  du  Droit  naturel  )  ;  1 796-1797  ;  —  System  \ 
derSi^t'enie/zre  (Système  de  ia  Morale);  1798.  ; 
Le  droit  et  la  morale  ont  pour  base  l'idée  de  la  \ 
liberté.  La  notion  du  droit  est  donnée  primiti-  | 
vement,  et  suppose   hors  du  mol  l'existence  i 
d'autres  êtres  également  raisonnables  et  libres.  | 
L'homme  ne  peut  se  concevoir  comme  un  être  ' 
isolé  et  ne  peut  devenir  ce  qu'il  est  que  par  la  | 
société.  Dans  ses  rapports  avec  ses  semblables,  ! 
il  se  sent  obligé  de  respecter  leur  liberté,  et  re-  | 
connaît  que  sa  liberté  est  limitée  par  celle  des  au-  i 
trui.  C'est  là  ce  qui  constitue  le  droit  naturel,  i 
qui  ne  peut  être  assuré  que  par  l'État ,  dont  ie  i 
but  doit  être  de  réaliser  le  droit.  L'objet  de  la  i 
philosophie  sociale  est  de  trouver  une  constitu-  | 
tion  qui  assure  à  la  volonté  générale  l'empire  j 
sur  les  volontés  particulières ,  afin  de  garantir  | 
les  droits  de  tous.  La  politique  de  Fichte  est  du 
reste  assez  semblable  à  celle  de  Rousseau  et  à 
celle  que  le  gouvernement  sincèrement  représen- 
tatif peut  seul  réaliser  dans  un  grand  État  ;  mais 
il  fait  dépendre  la  forme  du  gouvernement  du  de- 
gré de  respect  pour  la  légalité  où  est  arrivée  une 
nation,  et  il  juge  admissible  toute  constitution 
qui  rend  possibles  le  progrès  général  et  ie  déve- 
loppement légitime  des  facultés  de  chacun.  En 
ce  qui  concerne  le  droit  de  répression,  Fichte  se 
rapproche  du  système  pénitentiaire,  et  se  pro- 
nonce contre  la  peine  de  mort.  La  morale  de 
Fichte,  destinée  à  suppléer  à  l'insuffisance  des 
lois  civiles  et  à  servir  de  lien  à  l'humanité  tout 
entière,  a  beaucoup  de  rapport  avec  celle  de 
Kant,  et  en  partie  avec  celle  des  stoïciens.  Nous 
ne  pouvons  ici  en  indiquer  que  les  propositions 
principales,  i'  Le  principe  de  la  moralité ,  selon 
Fichte,  est  la  pensée  nécessairement  conçue  par 


62lj 
l'intelligence  qu'elle  doit  déterminer,  absolumenj 
et  sans  exception ,  sa  liberté  d'après  la  notioi' 
de  la  personnalité  indépendante  du  moi. 
C'est,  en  d'autres  termes,  à  peu  près  le  principi 
de  Kant ,  qui  veut  que  l'homme  obéisse  excluj 
sivement  à  la  voix  de  la  raison  morale,  san 
autre  motif  que  celui  de  lui  obéir.  Cette  con 
viction  que  nous  avons  que  telle  est  notre  des 
tination  constitue  le  devoir.  La  loi  morale  sup 
pose  la  réalité  du  monde  objectif;  elle  détei 
mine  à  la  fois  l'objet  de  l'action  morale  et  1 
commandement.  Elle  nous  apprend  qu'il  y  , 
hors  de  nous  des  hommes  libres  comme  noua 
et  nous  ordonne  en  conséquence  de  les  traite 
comme  tels.  La  loi  morale  constitue  notre  exis 
tence  dans  le  monde  intelligible  ;  par  l'actio 
seule  nous  existons  dans  le  monde  phénoménal 
La  fin  de  toute  action  morale  doit  être  de  d( 
livrer  le  moi  de  tout  ce  qui  entrave  et  limil 
la  liberté,  de  tendre  à  la  libellé  absolue. 

Les  doctrines  de  Fichte  ne  tardèrent  pas 
alarmer  le  dogmatisme  théologique.  Ayant  vu  1 
bon  effet  que  ses  leçons  sur  la  destination  d 
savant  avaient  produit  sur  les  étudiants,  il  di 
sirait  les  continuer  les  dimanches,  à  une  hem 
non  consacrée  au  culte  public.  Une  feuille  sei 
vile,  rappelant  les  opinions  démocratiques  pr( 
fessées  autrefois  par  Fichte,  l'accusa  de  voulo 
substituer  à  l'exercice  de  la  religion  chrétiem 
le  cuite  impie  de  la  Raison.  Il  fut  obligé  de  n 
noncer  à  ses  leçons  du  dimanche.  En  mên 
temps  il  échoua  dans  le  projet  qu'il  avait  forn 
d'amener  les  étudiants  à  renoncer  à  leurs  asS' 
dations  secrètes.  Déjà  ils  lui  avaient  décla 
qu'ils  étaient  prêts  à  les  dissoudre.  Le  gouve 
nement  crut  devoir  intervenir,  et,  par  les  pr 
cautions  qu'il  voulait  prendre  dans  cette  affair 
non-seulement  la  fit  mancpier,  mais  encoie  lais 
planer  sur  Fichte  le  soupçon  d'avoir  voulu  ab 
ser  de  la  bonne  foi  des  étudiants.  Pour  se  sou 
ti'aire  à  leurs  démonstrations  hostiles  ,•  il  f 
obligé  de  suspendre  ses  cours.  Cet  orage  été 
à  peine  dissipé  lorsqu'un  autre,  plus  violent ,  i 
leva  sur  sa  tête.  Un  article  inséré  par  lui  dai 
le  Journal  philosophique,  qu'il  pubfiait  en  S' 
ciété  avec  son  collègue  Niethammer,  le  fit  ace 
ser  d'athéisme.  Cet  article,  intitulé  :  Du  fond 
ment  de  la  foi  en  un  gouvernement  mon 
du  monde,  était  destiné  à  rectifier  le  travail  ( 
son  ami  Forberg ,  inséré  dans  la  même  feiiil 
sous  ce  titre  :  Développement  de  Vidée  de  i 
religion.  L'électeur  de  Saxe  fit  saisir  le  journa 
et  somma  le  gouvernement  de  Weimar  de  sév 
contre  les  auteurs  des  articles  incriminés.  Cela 
ci  se  serait  contenté  d'une  simple  réprimant, 
adressée  publiquement  aux  inculpés  ;  mais  Fich^ 
demanda  ou  une  absolution  ou  une  condama? 
tion  formelle,  et  offrit  sa  démission.  Elle  fil 
acceptée,  et  Fichte,  banni  de  tous  les  Étal 
saxons,  se  réfugia  à  Berlin,  en  1799.  Loin  de  s 
laisser  abattre  par  ces  persécutions ,  il  y  pui^ 
une  énergie  nouvelle,  n'y  voyant  qu'un  effet  fl 


029 

cette  réaction  que  rencontreat  toujours  les  hom- 
nii's  qui  prétendent  exercer  sur  leurs  contempo- 
rains une  action  puissante. 

Voyons  comment  à  cette  occasion  Ficlite,  dans 
son  Verantwortungsschrift  (Apologie),  1799, 
conciliait  l'idée  de  Dieu  avec  son  idéalisme. 
Selon  ce  philosophe ,  le  monde  sensible  n'étant 
qu'une  idée ,  une  représentation ,  ne  saurait 
i'ournir  une  preuve  de  l'existence  de  Dieu.  Cette 
existence  ne  peut  être  déduite  que  de  la  loi  mo- 
rale qui  se  révèle  dans  la  conscience  et  de 
l'oidre  moral  qui  en  résulte.  Dieu  est  cet  ordre 
moral  lui-même,  ou  plutôt  l'unité ,  le  principe, 
le  modérateur  de  cet  ordre.  Dieu  ne  doit  pas 
être  conçu  comme  une  substance,  mais  comme 
principe  actif,  action  pure.  Dans  son  essence,  la 
Divinité  est  tout  entière  conscience,  intelligence, 
vie  et  activité  spirituelle;  elle  ne  saurait  être 
renfermée  dans  une  notion,  elle  est  incompré- 
hensible. 

Le  premier  fruit  du  repos  (}ue  Fichte  retrouva 
à  Berlin  fut  son  ouvrage  intitulé  :  Von  der  Be~ 
stmmunrj  des  Menschen  (  De  la  Destinée  de 
l'Homme  ).  Dans  cet  important  ouvrage^  qui  com- 
mence dans  la  vie  philosophique  de  l'auteur 
une  période  nouvelle ,  on  voit  i 'homme  pensant 
passer  du  doute  à  la  science ,  de  la  science  à  la 
foi.  La  science  à  laquelle  Je  conduit  la  spécu- 
lation est  toute  négative  quant  au  monde  exté' 
rieur,  et  ne  laisse  subsister  pour  toute  réalité 
que  la  conscience  et  son  monde  idéal.  Cependant 
une  voix  intérieui'e  le  pousse  à  l'action ,  à  une 
action  conforme  à  la  loi  de  son  être ,  et  ce  com- 
mandement s'adresse  à  quelque  chose  qui  est 
hors  de  lui  et  indépendant  de  ses  idées.  D  se  sent 
obligé  d'avoir  foi  en  toutes  les  existences  que 
suppose  la  loi  morale.  Ainsi,  la  foi  commence  où 
la  science  nous  abandonne.  Cette  foi  n'est  autre 
chose  que  l'assentiment  que  l'homme  se  sent 
pressé  de  donner  à  ses  convictions  naturelles. 
Ces  convictions  sont  inébranlables  à  toutes  les 
subtilités  du  raisonnement.  C'est  donc  la  volonté 
et  non  l'entendement  qui  est  le  germe  d'où  se 
développera  son  intelligence.  Si  sa  volonté  est 
droite,  son  intelligence  sera  infaiUible.  La  vérité 
n'est  réelle  qu'autant  qu'elle  se  réclame  de  la 
foi ,  et  toute  vérité  découle  de  la  conscience  mo- 
rale. Désormais  il  s'en  rapportera  sans  hésiter 
au  témoignage  de  sa  conscience ,  et  s'appliquera 
à  savoir  et  à  faire  ce  qu'elle  veut  de  lui.  Soii 
devoir,  sa  destinée,  est  d'obéir  absolument  à 
cette  voix  intérieure.  Mais  cette  destinée  ne 
peut  s'accomplir  qu'autant  qu'il  admet  comme 
réels  les  objets  dont  la  foi  de  sa  conscience  sup- 
pose la  réalité.  C'est  ainsi  que  la  raison  pratique 
supplée  à  la  raison  théorique.  Sur  cette  base, 
Fichte  rétablit  l'existence  de  nos  semblables  et 
de  leurs  droits,  celle  du  monde  phénoménal,  et 
au-dessus  de  celui-ci  celle  d'un  monde  spirituel 
et  la  vérjté  d'une  autre  vie,  qui  poiu-  l'homme 
commence  déjà  ici-bas.  Le  ciel  est  dans  le  cœur 
ik  l'homme  de  bien;  une  vie  vertueuse  est  la 


FICHTE  630 

préparation  à  la  vie  éternelle;  elle  en  est  le  com- 
mencement. Fichte  déduit  enfin  de  la  raison  pra- 
tique l'existence  de  Dieu,  qu'il  conçoit  comme 
l'auteur  de  la  loi  du  monde  moral ,  comme  la 
volonté  infinie ,  éternelle ,  universelle,  qui  se  ré- 
vèle aux  intelligences  finies  par  l'organe  de  la 
conscience,  et  qui  est  l'âme,  le  lien  commun  de 
tout  ce  qui  existe.  Il  y  a  peu  d'ouvrages  mys- 
tiques où  respire  une  plus  fervente  piété,  un 
renoncement  plus  absolu  aux  choses  de  la  terre , 
avec  une  plus  ferme  croyance  à  la  sainteté  de  la 
loi  et  à  l'immortelle  destinée  de  l'homme,  que 
dans  les  dernières  pages  de  ce  livre ,  écrit  au 
moment  où  l'auteur  venait  d'échapper  à  l'accu- 
sation d'avoir  nié  Dieu. 

Il  n'avait  pourtant  abjuré  aucune  de  ses  con- 
victions philosophiques.  Il  renonça  si  peu  à  Fi- 
déaiisrae,  qu'il  publia  en  1802,  sans  aucun  chan- 
gement ,  une  nouvelle  édition  de  son  principal 
ouvrage  sur  la  Théorie  de  la  Science.  Mais  il 
Ir.  soumit  à  un  nouvel  examen ,  afin  de  la  mettre 
plus  d'accord  avec  sa  conscience  religieuse.  Com- 
bler l'abîme  qui  semble  séparer  la  réflexion  et  la 
foi  et  les  concilier  ensemble ,  telle  était  mainte- 
nant la  tâche  que  Fichte  mit  toute  la  force  de  son 
esprit  à  remplir.  C'est  à  cette  époque  de  transition 
qu'appartiennent  plusieurs  de  ses  ouvrages,  par- 
ticulièrement les  suivants  :  Ueber  die  Bestim- 
mung  des  Menschen  (De  la  Destinée  de 
l'Homme  )  ;  Berhn,  1800  ;  —  Antwortschreiben 
an  Reiniiold  (  Réponse  à  Reinhold  )  ;  1801  ;  — 
Sonnenklarer  Bericht  an  das  Publikum  ueber 
das  eigentliche  Wesen  der  neuesten  Philoso- 
phie (  Compte-rendu  clair  comme  le  soleil  sur 
l'état  véritable  de  la  philosophie  nouvelle  )  ;  1801 . 

Déjà ,  Comme  on  l'a  vu ,  dans  le  premier  de 
ces  écrits  ^  Fichte  passe  du  doute  à  la  foi  par  la 
science,  et  subordonne  la  réflexion  à  un  besoin 
plus  élevé  de  la  raison.  Cette  tendance  nouvelle 
de  son  esprit  devient  de  plus  en  plus  évidente 
dans  ses  leçons  sur  les  Grunôziige  des  gegen- 
loàrtigen  Zeitalters  (  Traits  caractéristiques  du 
siècle  actuel);  1806;.Sî<r  V Essence  du  Savant 
(Ueber  das  Wesen  des  Gelehrten);  1806;  et 
surtout  dans  sa  Anweisung  zîcm  sellgen  Leben, 
oderdie  ReligionsleM-e  (Théorie de  la  Vie  bien- 
heureuse, ou  science  de  la  religion)  ;  1806.  Le  pre- 
mier de  ces  trois  ouvrages  renferme  les  idées  de 
l'auteur  sur  la  plnlosophie  de  l'histoire,  idées 
qu'il  développa  plus  tard  dans  sa  Siaatslehre 
(Leçons  sur  la  Politique);  Berlin,  1813  et  1820. 
Dans  CCS  discours ,  le  fondement  de  sa  doctrine 
est  l'idée  d'une  révélation  éternelle  de  Dieu  dans 
la  conscience  de  l'homme.  Cette  révélation  se 
montre  d'.ihord  sous  la  forme  de  l'instinct  ot 
d'une  foi  traditionnelle,  et  devient  peu  à  peu  une 
vue  claire  et  raisonnée  de  l'univers  au  moyen 
de  l'idée  religieuse.  Le  dernier  terme  de  la  ma- 
nifestation divine  dans  l'humanité  serait  une 
sorte  de  théocratie  rationnelle,  le  règne  de  Dieu 
amené  par  les  progrès  de  la  raison  ,  et  sous  le- 
quel le  christianisme  raisonné  deviendrait  la  base 


631 


FICHTE 


632 


d'une  constitution  politique  universelle.  Dans  la 
Philosophie  de  la  Religion ,  Fichte  montre  en- 
core une  fois  comment  par  degrés  la  conscience 
morale ,  la  raison  pratique ,  en  se  développant , 
s'élève  jusqu'à  l'idée  de  Dieu,  dans  laquelle  toute 
réllexion  s'arrête  et  se  repose. 

Du  reste,  la  vie  de  Fichte  présente  peu  d'évé- 
nements à  cette  époque.  Il  réunit  autour  de  lui 
un  brillant  auditoire,  composé  de  jeunes  savants, 
d'hommes  du  monde,  de  hauts  fonctionnaires. 
Nommé  en  1805  professeur  à  l'université  d'Er- 
langen,  avec  la  faculté  de  passer  les  hivers  à 
Berlin ,  c'est  dans  cette  capitale  qu'il  apprit  la 
nouvelle  de  la  bataille  d'Iéna.  Résolu  de  partager 
le  sort  des  vaincus,  il  quitta  Erlangen,  et  se  rendit 
à  Kœnigsberg ,  où  on  lui  accorda  provisoirement 
une  chaire.  La  veille  de  la  journée  de  Fried- 
land ,  il  partit  pour  se  réfugier  jusqu'à  Copen- 
hague ,  et  ne  retourna  auprès  de  sa  famille  qu'a- 
près la  paix  de  Tilsitt.  Cependant  la  Prusse,  déchue 
de  son  importance  politique,  songea  à  se  fortifier 
intérieurement,  et  porta  surtout  son  attention 
sur  l'instruction  publique.  Une  université  devait 
être  établie  à  Berlin ,  et  Fichte  fut  chargé  d'en 
rédiger  le  plan  ;  mais  son  projet,  fort  remarquable 
d'ailleurs,  avait  quelque  chose  de  trop  idéal  pour 
pouvoir  être  adopté.  Vers  le  même  temps,  un 
autre  projet  occupait  Fichte.  Il  avait  vu  avec 
douleur  la  vieille  Allemagne  succomber  en  grande 
partie  par  sa  propre  faute ,  et  il  pensait  que 
pour  la  relever  il  fallait  avant  tout  retremper 
le  caractère  national.  C'est  pour  y  contribuer 
qu'il  prononça,  pendant  l'hiver  de  1807  à  1808, 
dans  une  des  salles  de  l'académie,  et  souvent  au 
bruit  du  tambour  français,  ses  Discours  aux 
yl^^emancZs,  empreints  d'une  noble  et  courageuse 
énergie.  Il  avait  fait  d'avance  le  sacrifice  de  sa 
liberté,  de  sa  vie  même,  s'il  le  fallait;  mais,  soit 
générosité,  soit  prudence,  la  police  française  ne 
l'inquiéta  point. 

L'université  de  Berlin  ayant  été  organisée , 
Fichte  y  fut  appelé,  et  la  gouverna  deux  années 
comme  recteur,  avec  une  grande  fermeté.  Quand, 
après  l'expédition  de  Russie,  l'Allemagne  conçut 
l'espoir  de  reconquérir  son  indépendance ,  il  of- 
frit à  son  gouvernement  de  servir  dans  l'armée 
en  qualité  d'aumônier.  Son  offre  fut  refusée; 
mais  il  eut  alors  le  bonheur  de  rendre  un  grand 
service  à  sa  patrie.  Berlin  avait  encore  une  gar- 
nison française,  et  le  gouvernement  hésitait. 
Pour  le  forcer  à  se  déclarer,  un  homme  auda- 
cieux forma  le  projet  de  faire  massacrer  nui- 
tamment cette  garnison.  Heureusement  un  des 
conjurés,  élève  de  Fichte,  ayant  conçu  des  scru- 
pules sur  la  légitimité  d'un  tel  attentat,  vint  lui 
faire  part  du  complot.  Fichte  ne  balança  point  : 
il  courut  chez  le  chef  de  la  police  prussienne,  et 
le  porta  à  empêcher  un  crime  odieux  et  d'ail- 
leurs inutile.  La  guerre,  en  s'éloignant  de  Berlin, 
y  laissa,  avec  une  foule  de  soldats  malades  et 
blessés,  un  mal  contagieux.  Avec  beaucoup  d'au- 
tres dames,  M"^**  Fichte  se  dévoua  à  les  soigner. 


La  contagion  la  saisit,  et  ne  la  quitta  que  pour 
attaquer  Fichte  lui-même.  C'était  au  moment  où  s 
ilji^vait  repris  ses  études  avec  plus  d'enthousiasme  j 
que  jamais,  où  il  allait  mettre  la  dernière  main  j 
à  son  œuvre.  Il  succomba,  ou,  comme  il  s'ex-i 
prima  quelques  instants  avant  de  mourir,  il  fut*! 
guéri  de  tous  les  maux.  Dans  son  extérieur  tout 
indiquait  la  force,  la  résolution,  l'énergie.  Son, 
corps,  court  et  ramassé,  était  musculeux,  et  uni 
sang  abondant  circulait  dans  ses  veines.  Sa  dé- 
marche ferme  et  décidée  annonçait  en  quelque 
sorte  la  droiture  et  la  vigueur  de  son  caractère. 
Sa  volonté  était  en  tout  temps  forte ,  entière  et 
invariable  dans  ses  déterminations.  On  pouvait 
l'accuser  de  roideur  et  d'obstination,  mais  c'est' 
à  ce  prix  qu'il  fut  au-dessus  de  toute  faiblesse. 
Il  ne  fut  pas  seulement  un  grand  penseur,  i] 
fut  encore  un  grand  citoyen  et,  suivant  sa  propre 
définition  du  savant,  un  homme  vrai , complet, 
au-dessus  de  tous  les  intérêts,  de  toutes  les  con- 
sidérations vulgaires ,  tout  entier  à  son  devoir 
et  ne  cherchant  d'autres  suffrages  que  celui  de 
sa  propre  conscience. 

Nous  avons  indiqué  les  traits  principaux  de 
la  philosophie  de  Fichte.  Nous  n'avons  pas  voulu 
la  séparer  de  sa  biographie,  parce  que  nulle  doc- 
trine n'a  été  autant  que  la  sienne  déterminée  \ 
par  le  caractère  de  son  auteur,  et  que  sa  vie 
est  le  meilleur  commentaire  de  sa  philosophie. 
Pour  la  comprendre  et  pour  la  juger  avec  équité, 
il  faut  la  considérer  dans  son  origine  historique 
et  dans  son  origine  psychologique.  La  philoso- 1 
phie  de  Fichte  est  à  la  fois  l'expression  de  son 
individualité  et  la  conséquence  naturelle  de  la 
philosophie  de  Kant.  Son  idéalisme  découle  iné- 
vitablement de  son  principe  :  si  l'on  part  non 
plus  des  faits  de  la  conscience,  des  lois  et  des 
formes  de  la  raison ,  mais  d'un  acte  primitif  et 
spontané  du  moi,  et  si  l'on  veut  faire  sortir 
exclusivement  de  ce  principe ,  comme  de  sa  ra- 
cine, un  système  tout  d'une  pièce,  on  arrive 
nécessairement  à  l'idéalisme  tel  que  Fichte  l'a 
formulé  ;  le  monde  extérieur  ne  paraîtra  qu'une  ; 
création  du  moi  ou  une  négation ,  et  il  ne  sera 
possible  de  reprendre  possession  de  la  réalité 
que  par  la  foi  de  la  raison  en  elle-même.  Sous 
sa  première  forme ,  la  philosophie  de  Fichte  est 
une  protestation  violente  contre  le  sensualisme, 
qui  représentait  le  moi  comme  un  produit  du 
non-moi ,  l'entendement  tout  entier  comme  le 
résultat  de  la  sensation.  Irrité  de  cette  préten- 
tion de  la  matière  sur  l'esprit ,  il  s'applique  à  la 
réduire  elle-même  au  néant,  afin  d'assurer  la 
souveraineté  de  celui-ci. 

Dans  ses  développements  ultérieurs ,  on  peut 
considérer  la  philosophie  de  Fichte  comme  une 
démonstration  de  la  vanité  de  la  spéculation,  et 
de  la  nécessité  de  s'en  rapporter  aux  convictions 
naturelles  de  la  conscience.  Se  rapprochant  alors 
de  la  philosophie  de  Jacobi  (  voy.  ce  nom  ) ,  et 
ne  retenant  de  l'idéalisme  qu'une  sorte  de  dé- 
dain oour  la  matière  et  un  profond  sentiment  de 


633 


FICHTE  —  FICIN 


G3-i 


la  liberté ,  il  place,  son  point  d'appui  dans  la  loi 
morale ,  comme  la  seule  vérité  positive  et  immé- 
diate ,  et  reconstruit  sur  cette  base  inébranlable 
l'édifice  de  ses  convictions  et  de  ses  croyances. 
Au  lieu  de  déduire  la  morale  de  la  science ,  il  fait 
dépendre  la  science  de  la  morale,  la  raison 
théorique  de  la  raison  pratique.  Celle-ci  est  in- 
faillible ,  et,  au  défaut  de  la  démonstration ,  la 
foi  qui  lui  est  due  nous  force  de  reconnaître 
toutes  les  existences  dont  elle  est  obligée  de 
supposer  la  réalité,  sous  peine  de  n'être  elle- 
même  qu'une  chimère.  Outre  les  ouvrages  cités, 
on  a  de  Fichte  ;  Grundlage  der  gesammten 
Wissenschqftslehre  (Principe  fondamental  de 
l'ensemble  de  la  Doctrine  de  la  Science);  1794; 
—  Grundriss  des  Eigenthumlichen  der  Wis- 
senschaftslehre  (Tableau  abrégé  de  ce  qu'il  y  a 

,  de  particulier  dans  la  Doctrine  de  la  Science)  ; 
léna,  1795;  —  Vorlesungen  ueber  die  Be- 
st immung  des  Geiehrten  (  Leçons  sur  laDcstina- 
tiou  du  Savant)  ;  lé'na,  1794  ; —  Anweisung  zum 

1    seitgen  Leben  (Guide  pour  la  vie  bienheureuse  )  ; 

:  Berlin,   1806.  —  Les  Œuvres  posthumes  de 

I    Fichte  ont  été  publiées  sous  ce  titre  :  Nachge- 

■  lassene  Werhe ,  herausgegeben  von  J.  -  G. 
Fichte  (fils  de  l'auteur);  Bonn,  1834-1835, 
3  vol.  Ses  Œuvres  complètes  ont  été  également 

;  éditées  par  son  fils,  sous  le  titre  de  :  Fichte's 

■  sxmmtliche  Werke;  Berlin,  1845-1846,  8  vol. 
I  J.  WiLM ,  dans  VEnc.  des  G.  du  M.,  avec  add.  ] 

Wilrn,  Nouv.  Bev.  germ.,  t.  VII  et  VIII.  —  Le  même, 
Hist.  de  la  Littérature  allemande.  —  J.-H.  Fichte, 
Fichte's  Leben  und  litterarischer  Briefwechsel,  2  vol. 
)n-8°.  —  De  Rémusat,  De  la  Philos,  ail.  —  Dict.  des  Se. 
phil.  —  Rltter ,  Hist.  de  la  Philos.  —  Ersch  et  Gruber, 
Jllg.  EncL  —  Conversât.- Lex.  —  W.  Smitb ,  Memoir 
of  John  GottUeb  Fichte;  Londres,  1848. 

FicHTEL  (Jean-Ehrenreich),  naturaliste 
hongrois,  né  à Presbourg,  le  29  septembre  1732, 
mort  le  4  février  1795.  Il  étudia  d'abord  la  jù- 

i  risprudence,  et  se  livra  à  la  pratique  pendant  plu- 
sieurs années.  Reçu  avocat,  il  eut  l'occasion  de 
fa'ire  un  voyage  en  Transylvanie;  en  1759,  il  fut 
nommé  notaire  de  l'intendance  à  Hermann- 
stadt.  Cette  administration  ayant  été  suppri- 
mée en  1762,  Fichtel  vint  à  Vienne  pour  s'y 
créer  des  ressources.  Il  y  fut  attaché  à  la 
chambre  des  comptes  jusqu'en  1768,  et  devint 

I  ensuite  chef  du  bureau  de  la  trésorerie  en  Tran- 
sylvanie. Chargé  de  la  surveillance  des  mines 
de  sel  gemme ,  il  en  accrut  le  produit  par  son 
activité.  Après  s'être  ensuite  occupé  pendant 
deux  ans  de  l'histoire  de  la  Transylvanie,  il  fit 
porter  toutes  ses  recherches  sur  les  productions 
du  règne  minéral ,  à  propos  de  l'ouvi'age  récem- 
ment publié  par  Fridwalsky.  Il  rassembla  un 
cabinet  minéralogique,  fruit  de  ses  explorations 
dans  diverses  contrées,  et  qui  passait  pour  le  plus 
riche  de  l'Autriche.  On  a  de  Fichtel  :  Beytrag 
zur  Mineralgeschichtevon  Siebenbuergen  {Mé- 
moire: pour  servir  à  l'histoire  minérale  de  la 
Transylvanie)  ;  Nuremberg,  1780,  in-8o  ;  —  Mi- 
neralogische  Bemerkungen  von  den  Karpa- 


then  (Observations  minéralogiques  faites  dans 
les  Carpathes  )  ;  Vienne,  1791 ,  in-8°  ;  —  Mine- 
ralogische  Au/saetze  (  Notices  minéralogiques  )  ; 
Vienne,  1794,  in-S". 
Biographie  médicale. 

FICIN  (  Marsile  ) ,  célèbre  philosophe  et  phi- 
lologue italien,  né  à  Florence,  le  19  octobre  1433, 
mort  à  Careggi,  le  1^"^  octobre  1499.  Il  était  fils 
du  premier  médecin  de  Cosme  de  Médicis.  Il 
avait  cinq  ans  à  l'époque  du  concile  de  Florence; 
et  cet  événement  eut  sur  la  direction  de  ses 
études  une  influence  décisive.  Parmi  les  savants 
grecs  réunis  au  concile  se  trouvait  Gémiste  Plé- 
thon,  sectateur  enthousiaste  de  la  philosophie  de 
Platon,  alors  et  depuis  plusieurs  siècles  déjà 
universellement   délaissée.    Gémiste  inspira  à 
Cosme  l'idée  de  fonder  une  académie  qui  fît  re- 
vivi'e  l'école  platonicienne.  Cosme  accueillit  ce 
prcyet  avec  ardeur;  et  comme  les  hommes  lui 
manquaient  pour  le  réaliser,  il  jeta  les  yeux  sur 
le  fils  de  son  premier  médecin ,  et  le  destina  à 
être  le  soutien  de  la  nouvelle  académie.  Élevé 
dans  ce  but,  le  jeune  Ficin  eut  pour  professeurs 
Luca  Quarqualio  da  San-Geminiano  et  Comando. 
Cependant,  par  une  anomalie  que  la  rareté  des 
maîtres  de  grec  peut  seule  expUquer,  le  futur 
restaurateur  des  doctrines  platoniciennes  n'apprit 
pas  la  langue  de  Platon.  Son  père,  qui  le  voyait 
avec  peine  négliger  une  carrière  lucrative  pour 
des  études  dont  le  profit  et  le  succès  étaient  in- 
certains, le  força  d'aller  à  Bologne  suivre  les 
cours  de  médecine.  Ficin  dut  malgré  lui  s'initier 
aux  formules  scolastiques  qui  composaient  ce 
qu'on  appelait  alors  la  philosophie  d'Aristote. 
Heureusement  Cosme,  qui  ne  l'avait  pas  perdu 
de  vue,  le  rappela  à  Florence,  et  le  mit  à  même 
par  ses  bienfaits  de  consacrer  tout  son  temps  à 
Platon.  Ficin  répondit  à  cette  généreuse  protec- 
tion en  composant  avant  l'âge  de  vingt-trois  ans 
ses  Institîitions  platoniques.  Il  les  montra  à 
Cosme  et  au  savant  Landini,  qui  lui  conseillèrent 
d'apprendre  le  grec  pour  remonter  à  la  source 
de  cette  philosophie.  Ficin  suivit  leur  conseil,  et 
bientôt,  grâce  à  ses  efforts  et  aux  leçons  de  Pla- 
tina,  il  fut  en  état  de  traduire  les  hymnes  attri- 
bués à  Orphée.  Il  se  plaisait;  aussi  à  chanter 
ces  mêmes  poésies  en  s'accompagnant  d'une  lyre 
semblable  à  celle  des  anciens  Grecs  ;  car,  ayant 
lu  dans  Platon  que  la  musique  nous  a  été  donnée 
pour  calmer  les  passions,  il  avait  voulu  l'ap- 
prendre. Cosme,  auquel  il  fit  hommage  de  ses 
premiers  travaux ,  lui  donna  une  villa  située  à 
Careggi  près  de  Florence ,  une  maison  de  ville 
et  quelques  magnifiques  manuscrits  de  Platon. 
Il  l'engagea  en  même  temps  à  traduire  en  latin 
les  œuvres  de  ces  deux  philosophes. 

Nous  savons  par  Marsile  Ficin  qu'il  commença 
à  s'occuper  de  la  traduction  de  Platon  dès  1463. 
Il  nous  apprend  aussi  que,  commencée  juste 
l'année  de  la  naissance  de  Pic  de  La  Mirandole, 
cette  traduction  fut  terminée  et  publiée  presque 
au  jour  et  à  l'heure  où  Pic  vint  à  Florence  (en 


635  FICîN 

1482  peut-être).  Il  traduisit  dix  dialogues  du  vi- 
vant de  Cosme ,  neuf  du  vivant  de  Pierre  de 
Médicis,  fils  de  Cosme ,  et  acheva  le  reste  sous 
Laurent  le  Magnifique,  auquel  il  dédia  le  tout. 
Longtemps  avant  d'être  terminé,  cet  immense 
travail  était  déjà  cité  et  avait  valu  à  son  auteur 
une  grande  réputation.  Pierre  de  Médicis  vou- 
lut que  Marsile  expliquât  publiquement  les  œu- 
vres qu'il  traduisait.  Les  hommes  les  plus  dis- 
tingués par  leur  érudition  et  leur  connaissance 
de  la  philosophie  ancienne  se  pressaient  autour 
delà  chaire  du  nouveau  professeur  ;  mais  au- 
cun de  ses  disciples  ne  lui  fit;  plus  d'honneur 
que  le  fils  même  de  Pierre  de  Médicis,  Lau- 
rent, surnommé  depuis  le  Magnifique.  L'élève, 
devenu  souverain  de  Florence,  garda  pour  son 
maître  un  attachement  inaltérable.  Marsile,  entré 
dans  les  ordres  à  l'âge  de  quarante-deux  ans, 
reçut  le  rectorat  de  deux  églises  et  plusieurs  bé- 
néfices qui  lui  assurèrent  une  grande  aisance. 
Content  de  ses  revenus  ecclésiastiques,  il  laissa 
à  ses  frères  tout  son  patrirnoine.  Sixte  IV  et 
Mathias  Corvin  essayèrent,  par  des  offres  bril- 
lantes, de  l'attirer  à  leur  cour  :  sa  reconnaissance 
pour  les  Médicis  et  son  amour  de  la  retraite  le 
retinrent  à  Florence.  Il  partageait  son  temps  entre 
les  études  philosophiques  et  ses  devoirs  de  prê- 
tre. Le  platonisme  et  le  christianisme  se  con- 
fondaient si  intimement  en  lui,  qu'il  est  impos- 
sible de  les  distinguer  dans  sa  vie  et  dans  ses 
écrits.  Il  croyait  sincèrement  que  «  la  sainte  re- 
ligion ,  fortifiée  par  les  prophètes,  les  sibylles  et 
les  docteurs  sacrés,  trouvait  un  degré  d'évidence 
de  plus  dans  les  démonstrations  philosophiques  ». 
Du  haut  de  la  chaire  sacrée ,  il  recommandait 
aux  fidèles  la  lecture  de  Platon.  Il  s'efforçait 
d'introduire  des  passages  de  ce  philosophe  jusque 
dans  les  offices  et  les  prières  de  l'Église.  Les 
sectateurs  du  platonisme  recevaient  de  lui  le 
nom  de  frères  en  Platon.  Il  voyait  dans  le 
Criton  les  fondements  du  christianisme.  Socrate 
lui  paraissait  une  figure  de  Jésus- Christ,  et  il 
établissait  entre  eux  un  parallèle  dans  lequel 
ils  se  ressemblaient  en  tout.  Enfin,  il  plaçait  dans 
le  ciel  Pythagore ,  Socrate  et  Platon.  On  a  dit 
que  sa  ferveur  platonicienne  avait  altéré  et  peut- 
être  détruit  ses  croyances  chrétiennes.  Il  est 
plus  vraisemblable  qu'il  trouvait  moyen  de  les 
concilier.  Ses  mœurs  étaient  exemplaires,  son 
caractère  doux ,  son  esprit  agi-éable.  Nous  avons 
dit  qu'il  aimait  la  retraite.  Il  se  plaisait  surtout 
à  la  campagne,  dans  la  société  de  quelques  amis 
intimes.  Des  témoignages  contemporains  nous 
apprennent  qu'il  était  d'une  taille  des  plus  pe- 
tites ,  et  d'un  tempérament  très-délicat.  Sa  santé 
exigeait  des  ménagements  infinis.  Il  ne  s'habillait 
jamais  sans  avoir  consulté  le  temps  qu'il  faisait 
et  le  vent  qui  soufflait,  afin  d'y  proportionner 
les  habits  qu'il  devait  mettre  ;  car  il  en  avait  pour 
toutes  sortes  de  temps. 

Baronius  rapporte  au  sujet  de  la  mort  de  Mar- 
sile Ficin  une  anecdote  trop  singulière  pour  être 


i 


636 

omise.  Nous  reproduisons  en  l'abrégeant  le  récit 
de  cet  annaliste.  Marsile  Ficin  et  Michel  Mercati, 
qu'un  pareil  attachement  pour  la  philosophie 
rendait  amis ,  raisonnant  un  jour  sur  l'iroraor- 
talité  de  l'âme  et  sur  ce  qu'elle  devenait  dans 
l'autre  vie,  convinrent  ensemble  que  celui  d'entrej 
eux  qui  mourrait  le  premier  viendrait ,  sous  lei 
bon  plaisir  de  Dieu,  dire  au  survivant  s'il  y  avaiti 
une  autre  vie.  Quelques  jours  après,  Michel 
Mercati,  étant  occupé  de  grand  matin  à  méditeri 
sur  des  matières  philosophiques,  entendit  uni 
cheval  courir  à  toute  bride  dans  la  rue  et  s'ar-l 
rêter  à  sa  porte.  Il  entendit  dans  le  même  mo^ 
ment  la  voix  de  Marsile  Ficin  qui  lui  disait  :  «  Mi- 
chel, Michel,  cela  est  vrai.  »  Mercati,  s'étant  levé, 
aussitôt,  ouvrit  sa  croisée  et  vit  un  fantôme  blanc, 
monté  sur  un  cheval  de  même  couleur,  qui,  con- 
tinuant sa  course ,  disparut  aussitôt.  Mercati  en- 
voya immédiatement  savoir  des  nouvelles  de 
Ficin,  et  apprit  qu'il  venait  de  mourir.  Le  P.  Ni' 
céron  fait  remarquer  que  peu  de  lecteurs  seront! 
assez  crédules  pour  se  persuader  ce  fait ,  «  dans 
lequel ,  dit-il ,  il  se  trouve  une  circonstance  qui 
est  certainement  fausse;  car  Baronius  dit  que 
Ficin  était  alors  à  Florence,  où  il  mourut  ;  au 
lieu  qu'il  est  sûr  qu'il  mourut  à  la  campagne  ». 
Ce  qui  donna  lieu  à  cette  légende,  ce  fut ,  outre 
le  livre  célèbie  de  Ficin  sur  l'immortalité  de 
l'âme,  son  goût  bien  connu  pour  les  rêve- 
ries astrologiques.  Ce  goût  était  le  défaut  de 
presque  tous  les  savants  du  quinzième  siècle. 
Ficin  le  poussa  au  point  d'être  soupçonné  de 
magie.  Malgré  cette  tendance  un  peu  visionnaire, 
Marsile  n'en  fit  pas  moins  sur  Platon  et  le  néo- 
platonisme d'immenses  travaux,  fort  imparfaits 
sans  doute,mais  encore  dignes  d'être  consultés. S'il 
n'a  pas  composé  d'œuvre  originale,  il  a  été  en  Oc- 
cident le  grand  propagateur  de  la  philosophie  de 
Platon.  C'est  un  titre  suffisant  à  une  gloire  du- 
rable. 

Les  ouvrages  de  Marsile  Ficin  sont  :  Mercurii 
Trismegisti  Pimander  De  potestate  et  sapien- 
tia;  Trévise,  1471,  in-4''  ;  —  De  Religione  chris- 
tiana  ;  traiié  composé  en  1474,  publié  seule- 
ment à  Paris,  en  1510,  in-4°;  —  Théologies 
platonicce  de  immort alitate  animorum  Li- 
bri  XV ni;  in  agro  Caregio;  1488,  in-8°.  Ce 
livre  est  destiné  à  réfuter  les  deux  sectes  qui  se 
partageaient  alors  l'école  péripatéticienne,  et 
dont  chacune  reconnaissait  pour  chef  un  des 
deux  grands  commentateurs  d'Aristote ,  Alexan- 
dre d'Aphrodisie  et  Averrhoès.  Les  disciples  dp 
premier  pensaient  que  l'âme ,  inséparable  dÙ 
corps,  périt  avec  lui;  les  averrhoïstes  prêtent- 
daient  qu'elle  retourne  à  Dieu,  d'où  elle  est  sortie, 
et  qu'elle  s'abîme  en  lui,  en  perdant  sa  person- 
nalité. Ficin  combat  ces  deux  opinions.  Les  ar- 
guments qu'il  leur  oppose  n'ont  rien  d'original. 
Il  les  emprunte  servilement  à  l'école  d'Alexan- 
drie, et  il  accepte  en  même  temps  toutes  les 
fables  débitées  par  les  néo-platoniciens  sur  une 
tradition  philosophique  commençant  à  Thot  ou 


637  FICIN  — 

Mercure  Trisniégiste ,  continuant  avec  Orphée , 
Aglaophèrae,  Pythagore,  Philolaiis,  et  aboutis- 
sant à  Platon,  qui  en  est  le  plus  glorieux  repré- 
sentant; —  De  Vita  Libri  très;  Florence,  1489, 
in-lbl.;  —  Platonis  Opéra;  Florence,  jji-fol., 
en  caractères  gothiques,  sans  date (1483-1484). 
A  cette  époque;  les  œuvres  de  Platon  n'avaient 
pas  encore  été  \  publiées.  Ficin  les  traduisit 
sur  des  manuscrits ,  et  le  premier  il  les  fit  con- 
naître dans  leur  ensemble.  Huet  et  d'autres  cri- 
tiques ont  adressé  à  sa  traduction  des  reproches 
très-exagérés ,  sinon  tout  à  fait  injustes.  Inter- 
prétant îe  premier  un  auteur  aussi  difficile  et 
aussi  étendu  ,  Ficin  a  dû  commettre  beaucoup 
d'erreurs;  mais  il  a  en  général  bien  saisi  le  sens. 
Sa  version  est  si  exacte  qu'elle  a  presque  par- 
tout l'autorité  d'un  manuscrit,  et  qu'elle  est 
d'une  grande  utilité  pour  constater  les  variétés 
de  lecture.  Cet  éloge  ne  s'adi'esse  qu'aux  éditions 
primitives.  Celles  qui  ont  paru  depuis  la  publi- 
cation du  texte  grec  de  Platon,  en  1513,  con- 
tiennent beaucoup  de  corrections,  de  change- 
ments, d'altérations.  L'édition  de  Platon  pu- 
bliée par  M.  Emm.  Bekker  (1816-»l8l8)donne  la 
traduction  de  Marsile  Ficin  rétablie  à  peu  de 
chose  près  dans  sa  forme  primitive;  —  Plo- 
tlni  Opéra;  Florence,  1492,  in-fol.;  —  De  Sole, 
liber  allegoricus  et  anagogicus,  cum  apologia 
ejusdem  libri;  Florence,  1493;  —  Epistola- 
rum  Libri  duodecim  ;  Venise,  1495,  in-fol.;  — 
Jamblichus,  Bemijsteriis;  Proclus, De  anima, 
dxmone,  sacrificiis,  magia;  Synesius,  De 
somniis;  Pselhis,  De  dœmonibus ;  Theophras- 
tus.  De  anima ,  phantasia  ,  intellechi ;  Alci- 
nous,  De  doctrina  Platonis;  Speusipptis,  De 
Platonis  definitionibus  ;  Ptjlhagorse  Aurea 
Verba  et  Symbola;  Xenocrates,  De  morte; 
Venise,  Aide,  1497,  in-fol.;  —  De  Vohiptate; 
Venise,  1497,  in-8°  ;  —  Apologia  in  qua  de 
medicina,  astrologia,  vitamundi,  item  de 
magis  qui  Christv,m  statim  natum  salutave- 
runt,  agitur;  Venise.  1498,  in-fol.  Les  œuvres 
complètes  de  Marsile  Ficin  ont  été  publiées  en 
deux  volumes  in-fol.,  à  Venise,  1516:  à  Bâ!e, 
1361,  1576;  à  Paris,  1641.        Léo  Joubert. 

Jul.  Negri,  Istor.  degli  Serittori  Fiorentini.  —  Nicéron, 
Mémoires  pour  sercir  d  l'histoire  des  hommes  illustres, 
t.  V,  2U.  —  Schelhorn,  Comment,  de  vita,  moribus  et 
scriptis  Marsilii  Ficini,  dans  ses  Am.œnitates,  î.  1=''. 
J.  Corsi,  Commentariiis  dejPlatonicœ  P/iilosophiœ 
-post  renatas  litteras  apud  Italos  Hestauratione ,  sive 
M.  Ficini  vita;  composée  en  1506,  publiée  par  Bandini, 
Pise,  1772.  —  Rosooe,  Fie  de  Laurent  de  iMédicis,  l.  F'. 
Tiraboschi,  Storia  délia  Letteratura  Italiana, 
t.  VI,  part.  1''*^.  —  Gingueiié,  Histoire  de  la  Littérature 
.italienne,  t.  IH-  —  Brucker,  fiistoria  Philosopkia: . 
t.  IV.  —  Sieveking,  Histoire  de  l'Académie  platonicienne 
de  Florence;  Gœttingue,  1812,  in-S".  Bulile,  Histoire  de 
la  Philosophie  moderne.  —  Ersch  et  Gruber,  EncyMo- 


FicR  (Jean- Jacques),  médecin  allemand, 
né  à  Jéna,  le  28  novembre  1662,  mort  dans  la 
même  ville,  le  23  août  1730.  Reçu  docteur  dans 
sa  ville  natale,  il  y  occupa  successivement  la 
chaire  de  médecine,  celle  d'anatomie  de  chirur- 


FïCQUET  038 

gie  et  de  botanique ,  et  enfin  celle  de  médecine 
théorique.  Outre  une  vingtaine  de  dissertations, 
il  a  laissé  im  ouvrage  intitulé  :  Manuductio  ad 
formularum  compositlonem ,  tabulïs  XXIII, 
cum  scholiis ,  notarum  schemate ,  atque 
exemplis  idoneis  absoluta;  léna,  1713,  in-4°. 

Biographie  médicale. 

PïCORONi  (Francesco) ,  antiquaire  italien, 
né  à  Lugano,  en  1664,  mort  en  1747.  Disciple 
de  Pierre  Bellori ,  il  â  publié  beaucoup  d'ouvra- 
ges sur  l'archéologie.  En  voici  la  liste  :  Osser- 
vazioni  sopra  Vantichità  di  Roma,  descritte 
nel  Diario  Italico  del  P.  Bernardo  de  Mont- 
faucon;  Rome,  1709,  in-4"  ;  —  Lettera  a  Gia- 
como  lord  Johnstone  sopra  un  nuovo  Cameo 
esprimente  Marcello,  nipote  di  Augusto;  Na- 
ples,  1718,  1726,  in-8°;  —  Le  Memorie  phï 
singolari  de  Roma ,  notate  in  una  lettera 
diretta  al  sign.  Bernard,  cavalière  Inglese;  ag- 
giuntavi  in  fine  la  spiegazicne  d'una  medaglia 
d'Omero  ;  Rome,  1730,  in-4°;  — Délia  Bolla 
d'Oro  de'  Fanciulli  nobili  romani ,  e  quella 
de'  libertini,  ed  altre  singidarità  spettanti 
a'  niausolei  mtovamente  scoperti,  spiegate  é 
divise  in  duo  parte;   Rome,  1732,  in-4";  — 
De'  tali  ed  altri  Strumenti  lusori  degli  an- 
tichi  Romani;  Rom.e,  1734,  )n-4°;  —  Brève 
Descrizione  di  tre  particolari  Statue  scoper- 
te  in   Roma;  Rome,  1739,  în-4°;  —  Arcus 
Trajano  dedicatus  Beneventi ,  porta  aurea 
dictus ,   sculpturis  et  mole  omnium  facile 
princeps;  Rome,  1739,  in-fol.  avec  dix  plan- 
ches ;   —  Le  Maschere  Sceniche ,   e  Figure 
Comiche  de'  antichi  Romani  ;Rome,  1736, 1748, 
in-4°;  —   De  Larvis  scenicis  ;  Rome,    1744, 
in-4°  ;  —  /  Piombi  antichi;  Rome,  1740,  in-4°, 
traduit  en  latin  par  Dominique  Cantagalli,  sous  le 
titre  de  De  Plumbeis  antiquorum  numismati- 
bus;  Rome,  1750,  in-8''  ;  —  Le  Vestigi  e  Rarità 
di  Roma  antica ,  ricercate  e  spiegate;  Rome, 
i  1 744,  in-4'^  ;  —  Memorie  ritrovate  nel  terri- 
I  torio  délia  prima  e  seconda  città  di  Labico; 
I  Rome,  1745,  in-4°;  —  Gemmœ  antiquœ  lite- 
\  ratcc,  aliasque  rariores  ;    ouvi'age   posthume 
i  publié  par  Galeotti;  Rome,  1757,  in-4°. 
I      Sax,  Onomasticon  literarium,  t.  V,  p.  434. 
I       FïCQtfET  (Etienne),  graveur  français,  né  à 
!  Paris,  en  1731 ,  mort  en  1794.  Il  a  gravé  une 
!  suite  de  petits  portraits  d'hommes  illustres  dans 
1  les  arts  et  les  sciences.  Le  talent  et  la  finesse  du 
i  burin  de  Ficquet  les  ont  placés  parmi  les  chefs- 
î  d'œuvre  de  l'art.  On  remarque  particulièrement 
]  ceux  de  Descartes,  T.   Corneille,  La  Fon- 
taine,   J.-B.     Rousseau,    Voltaire,    J.-J. 
Rousseau.    Ficquet  a  gravé  aussi  une  ])artie 
de  ceux  qui  ornent  les  Vies  des  Peintres  Jla- 
viands  par  Descamps,  entre  autres  ceu\  do 
Kubens  et  de  Van  Dyck.  Le  portraitdc  madame 
de  Maintenon  d'après  Mignard  passe  pour  une 
des  plus  belles  gi'avures  de  Ficquet. 

GandcUini ,   Notizie  degli  Intagliafori  (  avec  les  ad- 
ditions rte  Luigi  de'  Angelis),  t.  IX. 


639 


FIDANI  —  FIDÉ-JOSI 


640 


*  FiDANi  (Orazio),  peintre  de  l'école  floren- 
tine, né  vers  1610,  moi't  peu  après  1642.  Élève 
de  Giovanni  Uiliverti ,  il  fit  une  étude  conscien- 
cieuse du  style  de  son  maître,  qu'il  s'efforça  d'i- 
miter. Il  a  laissé  à  Florence  d'assez  nombreuses 
peintures,  dans  lesquelles  Ia]sécheresse  du  colo- 
ris est  compensée  par  la  pureté  du  dessin  et  la 
grâce  des  attitudes.  Parmi  ses  ouvrages,  on 
met  au  nombre  des  plus  importants  huit  grands 
tableaux  placés  dans  l'église  de  la  Chartreuse  de 
Florence  et  représentant  quatre  Docteurs  et  les 
quatre  Évangélistes.  La  galerie  Corsini  possède 
deux  beaux  portraits  par  ce  maître.     E.  B— n. 

Baldinuccl,  Notizie.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura. 
—  Ticozzl,  Dizionario.  —  Fantozzi ,  Guida  di  Firenze. 

*  FiDANZA  (Filippo),  peintre  de  l'école  ro- 
maine, né  vers  1720,  dans  la  Sabine,  d'une  fa- 
mille distinguée,  originaire  de  Città-di-Casteilo, 
mort  à  Rome,  en  1790.  Il  fut  élève  de  Marco 
Benefiale ,  dont  il  s'efforça  d'améliorer  le  style 
par  l'étude  des  grands  maîtres  et  particulière- 
ment du  Guide,  dont  il  approcha  sous  quelques 
rapports.  11  fit  à  Rome  de  nombreux  ouvrages 
à  fresque  et  à  l'huile,  qui  peut-être  n'auraient 
pas  sauvé  son  nom  de  l'oubli ,  s'il  n'eût  eu  trois 
fils,  dont  deux  surtout  obtinrent  une  juste  célé- 
brité. E.  B— N. 

Ticozzi,  Dizionario. 

*  FIDANZA  (Francesco),  peintre  de  l'école 
romaine,  fils  aîné  du  précédent,  né  en  1747,  mort 
en  1819,  à  Milan,  où  il  passa  une  grande  partie 
de  sa  vie.  Il  apprit  de  son  père  les  premiers 
principes  de  son  art,  puis  étudia  sous  Lacroix , 
l'un  des  bons  élèves  de  Joseph  Vernet.  A  cette 
école,  il  devint  excellent  peintre  de  marines  et 
de  paysages.  Au  commencement  de  ce  siècle ,  il 
exposa  à  Paris  un  tableau  qui,  après  avoir  ob- 
tenu un  grand  succès ,  fut  acheté  par  le  comte 
de  Sommariva  et  placé  dans  sa  villa  du  lac  de 
Côme.  Le  prince  Eugène ,  vice-roi  d'Itahe ,  le 
chargea  de  faire  pour  ce  pays  ce  que  Joseph 
Vernet  avait  fait  pour  la  France.  L'artiste  se  mit 
à  l'œuvre,  et  peignit  les  Points  du  Lido ,  de  Ma- 
lamocco ,  de  Chiozza ,  de  Rimini  et  d'Ancône  ; 
mais  la  vieillesse  et  l'inconduite  ne  lui  permirent 
pas  de  mener  à  fin  cette  vaste  entreprise.  On 
voit  aussi  de  lui  au  musée  de  Milan  un  bel  Effet 
de  Neige ,  et  deux  paysages  au  palais  Gherar- 
desca  de  Florence.  E.  B — n. 

Ticozzi,  Dizionario.  —  Siret,  Dict.  hist.  des  Peintre.^. 

*  FIDANZA  (  Gregorio  ) ,  peintre  de  l'école 
romaine,  né  vers  le  milieu  du  siècle  dernier, 
mort  vers  1821.  Second  fils  de  Filippo,  il  entra 
comme  son  frère  Francesco  à  l'école  de  Lacroix  ; 
mais  bientôt  il  en  sortit,  et  s'efforça  de  perfec- 
tionner son  style  par  l'étude  de  Salvator  Rosa  et 
de  Claude  Lorrain.  Il  prouva  bientôt  qu'il  avait 
choisi  la  bonne  voie,  et  une  Tempête  qu'il  fit 
pour  le  grand-maître  de  Malte,  et  qui  lui  valut 
le  titre  de  chevalier,  le  plaça  d'emblée  au-dessus 
de  son  frère.  Il  s'était  tellement  approprié  le 
style  de  ses  deux  grands  modèles  qu'ayant  été 


chargé  par  le  prince  Chigi  de  copier  le  fameux 
Moulin  de  Claude  Lorrain  du  pafâis  Doria,  tous 
les  connaisseurs  convinrent  qu'il  avait  donné  un 
second  exemplaire  de  cet  adïnirable  chef-d'œu- 
vre. E.  B— N. 
Ticozzi ,  Dizionario 

FI D DES  (iîicAard),  théologien  anglais,  né  à 
Hunmanby  (comté  de  York),  en  1671,  mort 
à  Putney,  en  1725.  Après  avoir  été  élevé  à  Ox- 
ford, il  entra  dans  les  ordres,  en  1694,  et  ob- 
tint le  rectorat  de  Hailsham  (comté  de  York)." 
L'insalubrité  de  ce  pays,  situé  au  milieu  de 
marais,  causa  de  fréquentes  maladies  à  Fiddes 
et  à  sa  famille.  Il  y  perdit  même  le  libre  usage 
de  la  parole,  et  ne  put  jamais  le  recouvrer  de- 
puis. Pour  arriver  à  prononcer  distinctement, 
il  avait  besoin  d'être  animé  par  deux  ou  trois 
coups  de  vin.  A  la  suite  de  cette  infirmité,  qui 
l'empêchait  de  prêcher,  Fiddes  quitta  son  rec- 
torat, et  se  rendit  à  Londres  pour  se  consacrer 
à  la  littérature.  Swift  le  recommanda  à  lord 
Oxford,  qui  le  nomma  chapelain  de  Hull.  La 
chute  des  tories  amena  la  destitution  de  Richard 
Fiddes,  qui  fut  réduit  à  vivre  de  sa  plume.  Mal- 
gré de  nombreux  ouvrages,  il.ne  put  jamais  par- 
venir à  la  fortune ,  et  laissa  ,en  mourant  sa  fa- 
mille dans  le  besoin.  On  a  de  lui  :  A  prefatory 
Epistle  concerning  some  remarks  to  be  pu- 
blished  on  Homer's  Iliad  ;  occasioned  by  the 
proposais  of  Mr.  Pope  towards  a  new  english 
version  ofthat  poem;  1714,  in-i2.  C'est  le  pro- 
gramme d'un  commentau-e  moral  que  Fiddes  se 
proposait  de  publier  sur  Y  Iliade  à  l'occasion  de 
la  nouvelle  traduction  de  Pope  ;  —  Theologia 
speculativa;  1718,  in-fol.;  c'est  la  première 
partie  d'un  corps  complet  de  théologie;  —  Theo- 
logia practica;  1720,  in-fol.;  c'est  la  seconde 
partie  du  même  ouvrage  ;  —  Fifty-tvjo  practir 
cal  Discourses  on  several  subjects ,  six  oj  \ 
whichivere  never  before  printed  ;  1720,in-fol.; 
—  The  Life  of  cardinal  Wolsey  ;  1724.  C'est 
le  plus  célèbre  des  ouvrages  de  Fiddes ,  celui  qui 
lui  fit  le  plus  d'amis  et  d'ennemis.  On  l'accusa 
de  papisme,  parce  qu'il  avait  été  impartial  et 
n'avait  pas  accepté  toutes  les  assertions,  souvent 
inexactes ,  du  Frà  Paolo  sur  la  papauté. 

Clialmers,  General  biographical  Dictionary. 

*  FIDÉ-JOSI,  surnommé TmAo-Sama,  cubo 
ou  cuboy  (  empereur  civU  )  du  Japon ,  mort  le 
16  décembre  1598.  Il  était  fils  d'un  paysan,  et 
devint  sommelier  d'un  prince  japonais.  Les  his- 
toriens ne  sont  pas  d'accord  sur  la  manière  dont 
il  gagna  les  faveurs  du  daîro  (empereur)  Ooki- 
matz,  qui  alors  réunissait  encore  le  pouvoir 
spirituel  et/temporel  :  toujours  est-il  que  le  sep- 
tième mois  de  l'an  2246  de  Sinmu  (1583  de  J.-C). 
Fidé-Josi  fut  honoré  par  cet  empereur  de  la  di- 
gnité dequanbuku  (lieutenant  général  de  l'em- 
pire). II  légitima  cette  haute  distinction  par 
son  courage  et  les  services  qu'il  rendit  à  l'em- 
pire en  réprimant  la  piraterie  et  plusieurs  ré- 
bellions. Devenu  chef  d'une  puissante  armée, 


641 


FIDÉ-JOSÏ  —  FIDE-TADA 


642 


il  réduisit  par  la  force  les  grands  vassaux, 
et  par  quelques  largesses  faites  à  propos  gagna 
l'esprit  de  la  populace.  De  rigoureuses  lois, 
largement  appliquées,  prévinrent  les  révoltes. 
Il  prit  alors  le  titre  de  taïko  (  souverain  sei- 
gneur), et  se  fit  reconnaître  cubo.  Jusque 
alors  ce  titre  signifiait  premier  ministre,  gou- 
vernant et  généralissime  des  troupes;  c'était 
d'ordinaire  l'héritier  présomptif  de  l'empire 
qui  en  était  investi.  Mais  Fidé-Josi  réduisit  le 
daïro  régnant,  Go-Joséi,  à  se  renfermer  exclu- 
si\ement  dans  l'autorité  ecclésiastique,  en  un 
mot,  à  n'être  plus  qu'un  souverain  pontife  ,  et 
depuis  lors  les  cubos  devinrent  les  véritables 
souverains  du  Japon.  Leur  cour  est  à  Yédo, 
tandis  que  les  daïros  résident  à  Miaco.  Fidé-Josi, 
afin  de  mieux  affermir  son  gouvernement,  ré- 
solut de  fermer  l'empire  à  tous  les  étrangers  et 
particulièrement  aux  Portugais,  qui  étaient  nom- 
breux, riches  et  puissants.  L  résolut  en  même 
temps  d'extirper  le  christianisme  et  de  l'inter- 
dire sous  les  plus  rigoureuses  peines;  mais  la 
mort  l'empêcha  de  mettre  à  exécution  ces  pro- 
jets (1).  Il  fut  mis  au  rang  des  dieux  :  le  daïro 
Daï-Scokouotéi  ou  Joséi  II,  l'honora  du  titre 
flivin  de  Tojokuni  Baïmiosin  et  de  celui  de 
S'm  Fatzman  (2)  ;  un  temple  lui  fut  élevé  à  Miaco, 
et  l'urne  qui  contenait  ses  cendres  y  fut  trans- 
portée ;  mais  ce  monument  est  aujourd'hui  en 
ruines,  la  puissance  impériale  ayant  passé  dans 
une  autre  famille,  qui  en  a  négligé  l'entretien. 
Alfred  de  Lacaze. 
Docteur  Ksempfer,  Histoire  naturelle,  civile  et  ecclè- 
siastiQue  de  l'Empire  du  Japon,  trad.  de  Damaizeaus  ; 
La  Haye,  1729,  2  vol.  in-fol.  —  Bernhard  Varenius,  Des- 
criptio  Regni  Japoniœ,  etc.,  liv.  1",  chap.  iv.  —  Le 
I'.  Louis  FroiJs,  Epistolse.  —  Le  P.  Hay,  De  Reb.  Japon. 

*  FIDÉ- JORI ,  fils  du  précédent ,  empereur 
ou  cubo  du  Japon,  né  en  1592,  brûlé  en  1612. 
Il  succéda  à  son  père  en  1.598,  sous  la  tutelle 
d'Ongoskio,  surnommé  Ijesaz-Sama,  l'un  des  con- 
seillers d'État  de  Fidé-Josi.  Le  vieil  empereur, 
pour  être  plus  sûr  de  la  fidélité  d'Ongoskio , 
i  avait  fait  épouser  la  fille  de  ce  ministre  à  Fidé- 
lori,  malgré  son  jeune  âge.  En  effet,  Ongoskio 
ionna  d'abord  des  preuves  d'attachement  à  son 
cendre  :  Josijda-Tsibbu,  l'un  des  grands  fonction- 
aaires  de  la  cour,  s'étant  révolté,  Ongoskio  le 
défit,  et  l'extermina  avec  toute  sa  famille.  Le 
vainqueur  reçut  à  cette  occasion  le  titre  de  séi 
'  daï  séogun  (3).  L'ambition  lui  fit  oublier  sesser- 
)  ments  et  les  hens  qui  l'unissaient  à  son  pupille. 
Sous  le  prétexte  que  Fidé-Jori  montrait  quel- 
que penchant  vers  le  christianisme  et  favorisait 
les  Portugais ,  Ongoskio  leva  l'étendard  de  l'in- 
surrection ;  Fidé-Jori  se  réfugia  dans  la  forteresse 
l'Osacca  en  Corée;  mais  son  beau-père  l'y  sui- 

(1)  Cependant ,  s'il  faut  en  croire  Kœmpfer,  Fidé-Josi 
Jvalt  fait  publier  dèslS86  un  édll  contre  les  chrétiens,  et 
vingt  mille  cinq  cent  soixante-dix  personnes  avaient  été 
suppliciées  en  quatre  années. 

(2)  C'est-à-dire  le  second  Fatzman  (dieu  Mars  du  Ja- 
pon). 

Général  en  chef. 

NOUV.  BIOGR.   GÉNÉR,   —  T.   XVII. 


vit,  et  après  quatre  années  de  siège  le  réduisit 
aux  dernières  extrémités.  Le  jeune  empereur  s'en- 
ferma dans  le  palais  avec  sa  famille  et  ses  amis, 
et  y  fit  mettre  le  feu ,  aimant  mieux  cette  mort 
cruelle  que  de  tomber  entre  les  mains  de  son 
perfide  beau-père.  Cet  événement  fut  le  signal 
de  l'expulsion  des  étrangers  et  du  massacre  gé- 
néral des  chrétiens,  qu'Ongoskio  accusa  de  tra- 
mer une  conspiration  et  de  vouloir  s'emparer 
du  pouvoir.  Deux  lettres  écrites  par  des  jésuites 
portugais,  et  interceptées  par  des  Hollandais,  qui 
les  remirent  à  l'usurpateur,  servirent  de  justi- 
fication à  cette  persécution.  A,  de  L. 

Kasmpfer,  Histoire  du  Japon  (  trad.  de  Damaizcaux  ). 
—  Charlevoix,  Histoire  du  Japon,  II. 

*  FIDÉ-TSCGU,  OU  QuABAcuNDONO ,  priuce 
impérial  japonais,  cousin  du  précédent,  mort  en 
1593.  Il  se  distingua  par  ses  talents  et  son  cou- 
rage. En  1 590  ,  d'après  les  ordres  de  son  oncle 
Fidé-Jori,  il  marcha  contre  Foodsjo,  roi  tribu- 
taire du  Sagami,  qui  s'était  déclaré  indépendant. 
Il  vainquit  ce  monarque,  et  le  fit  mettre  à  mort 
avec  toute  sa  famille ,  conformément  à  la  poli- 
tique japonaise,  qui  veut  que  l'on  extirpe  le  mal 
jusque  dans  sa  racine.  L'année  suivante,  Fidé' 
Tsugu  fut  honoré  du  titre  de  quanbuku.  Son 
oncle  l'associa  même  au  souverain  pouvoir  et 
le  déclara  son  successeur  ;  mais  il  le  disgracia 
ensuite,  et  l'obligea  à  se  fendre  le  ventre  (1). 

A.  DE  L. 

Kxfflpfer,  Histoire  de  l'Empire  du  Japon.  —  Caron , 
Description  du  Japon  (trad.  de  Thevenot),  dans  le  IV^ 
vq],  du  Recueil  des  Voyages  au  Nord. 

*FIDÉ-TADA    ou    TAÏTOKONNI,    et    TAÏ- 

TOKWiN-SAMA,  cubo  du  Japon,  mort  en 
1648.  Il  était  fils  de  l'usurpateur  Ongoskio 
Ijesaz-Sama,  et  se  distingua  dès  1601  en  sui- 
vant son  père  contre  le  révolté  Josijda-Tsibbu , 
ce  qui  lui  valut  en  1606  le  titre  de  dai  séi 
séogun.  Il  succéda  à  Ongoskio,  vers  1630,  et 
suivit  sa  politique  envers  les  Européens  et  les 
chrétiens.  Cependant,  il  renouvela  les  privilèges 
que  les  Hollandais  avaient  obtenus  du  monaïque 
précédent,  en  1611  et  1616;  mais  ceux-ci  ayant 
voulu,  en  1641,  fortifier  et  agrandir  le  comptoir 
qu'ils  possédaient  à  Firando,  ils  en  furent  ex- 
pulsés et  parqués  dans  la  petite  île  de  Désima, 
vis-à-vis  de  Nangasaki  :  on  s'assura  de  tous 
leurs  navires,  et  ils  furent  envii'onnés  de 
gardes,  qui  ne  leur  permirent  plus  aucune 
relation  directe  avec  les  Japonais.  Quant  aux 
chrétiens  indigènes,  la  persécution  de  Fidé-Tada 
n'eut  d'autre  terme  que  leur  extermination 
complète.  Elle  eut  lieu  le  12  avril  1638,  après 
la  prise  du  château  de  Sinabaro ,  situé  sur 
les  côtes  d'Arima,  dans  l'île  de  Xico.  Quarante 
mille  chrétiens  s'étaient  réfugiés  dans  cette  for- 
teresse, et  essayèrent  de  s'y  défendre;  mais  au 
bout  de  trois  mois ,  pris  d'assaut  par  des  forces 
supérieures ,  trente-sept  mille  d'entre  eux  furent 

(1)  C'est  un  privilège  accordé  aux  princes  japonais  ilis- 
graciés,  afin  de  ne  point  passer  par  les  mains  du  l/our- 
reau. 

21 


643 

massacrés.  Ce  fut  le  dernier  acte  de  la  san- 
glante tragédie  qui  durait  depuis  1586.  Depuis 
lors  le  Japon  resta  fermé  à  jamais  aux  chrétiens 
et  surtout  aux  Portugais,  qui,  ayant  tenté  la  voie 
des  négociations,  virent  leurs  ambassadeurs  mis 
à  mort.  Fidé-Tada  exclut  d'abord  les  Chinois  de 
la  mesure  générale  ;  mais,  après  qu'il  eut  reconnu 
qu'ils  servaient  d'agents  aux  missionnaires,  il  les 
réduisit  aux  conditions  des  Hollandais,  et  leur  as- 
signa le  seul  port  de  Nangasaki.  Fidé-Tada  mou- 
rut après  un  règne  de  dix-huit  ans,  et  laissa  le 
trône  à  son  fils  Jemitzko  ou  Ijetiruko, 

Alfred  de  Lacaze. 

Charlevois,  Histoire  du  Japon,   t.  II.  —  Kœmpfer, 
fiist.  de  l'Empire  du  Japon  (  trad.  de  Damaizeaux  ). 

FIDÈLE  (Saint).  Voy.  Sigmaringën. 

FIDÈLE  CÂSSANDKE.  Voyez  Mapelli. 

FiDELis  (Fortuné) ,  médecin  sicilien,  né  à 
Saint-Philippe  d'Agirone,  vers  1550,  mort  dans  la 
même  ville,  le  25  novembre  1630.  D'après  Mon- 
gitore,  «  il  exerça  la  médecine  avec  grand  succès, 
•  et  s'acquit  une  gloire  immortelle  en  écrivant  le 
premier  sur  la  médecine  légale  ».  A  ces  éloges 
emphatiques  se  borne  tout  ce  que  nous  savons 
de  Fidelis.  On  a  de  lui  :  Bissus ,  sive  medïco- 
rum  patrociniiim  quatuor  libris  distinctum  ; 
Palerme,  1598,  in-4''  ;  —  De  Retationibus  Me- 
dicorum  Libri  quatuor,  in  quibus  ea  omnia 
qux  in  forensibus  ac  publias  coMsis  medici 
referre  soient,  plenissime  traduntur ;  Pa- 
lerme, 1602,  in-4°  ;  Venise,  1617,  in-4"  ;  Leipzig, 
1674,  in-8°.  «  Comme  première  ébauche  dans  un 
genre  qui  a  été  tant  perfectionné  depuis,  dit  la 
Biographie  médicale ,  ce  travail  n'est  pas  sans 
mérite,  et  on  peut  encore  le  consulter  avec 
fruit  «  ;  —  Contemplatïonum  medicarum  Li- 
bri XXII ,  in  quibus  non  pauca  preeter  com- 
munem  multorum  medicorum  sententiam , 
notatu  digna  explicantur;  Palerme,  1621, 
in-4''. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula.  —  Biographie  méd. 

FiDENAS,  surnom  des  ÎB.mH\es  Sergia  et  Ser- 
vilia,  dérivé  de  Fidènes,  ville  située  à  cinq 
milles  de  Rome.  Le  premier  Sergius  qui  le 
porta  l'obtint ,  dit-on ,  pour  avoir  été  élu  con- 
sul en  437  avant  J.-C,  l'année  qui  suivit  la  ré- 
volte de  Fidènes.  Peut-être  aussi,  comme  cette 
ville  était  une  colonie  romaine ,  Sergius  y  était-il 
né?  Ses  descendants  prirent  son  surnom  pour 
leur  nom  de  famille.  Q.  ServiUus  Priscus  reçut 
le  premier  de  là  gens  Servilia  le  surnom  de  Fi- 
denas  pour  s'être  emparé  de  Fidènes  pendant  sa 
dictature.  Ses  descendants  se  servirent  de  cette 
dénomination  comme  d'un  prénom,  qu'ils  ajou- 
tèrent à  Prisais,  leur  nom  de  famille  (vojy. 
Priscus  ).  Deux  Sergius  Fidenas  occupent  seuls 
une  certaiae  place  dans  l'histoire  romaine  ;  sa- 
voir : 

Fidenas  (L.  Sergius),  général  romain,  vi- 
vait vers  430  avant  J.-C.  Il  fut  consul  deux  fois, 
et  trois  fois  tribun  militaire;  on  ne  cite  de  lui 
aucune  action  remarquable.  Voici  les  dates  de 


FIDÉ-TADA  —  FIELD 


fi-tl 


ses  consulats  et  de  ses  tribuuats  :  1*"^  consulat, 
437  avant  J.-C;  1'^''  tribunat  consulaire,  433; 
2"  consulat,  429;  2'' tribunat  cons.,  424;  3*  tri- 
bunat cons.  418. 
TitR-Live,  IV,  IT,  23,  30,  35,  43.  —  Diodorc  de  Sicile, 

XII,  43,  38,73,  82;  XIII,  2. 

Fidenas  (M.  Sergius),  général  romain,   filâ 
du  précédent,  vivait  vers  405  avant  J.-C.  il  fut  i 
ti'ibun  consulaire  pour  la  première  fois  en  404, 
et  pour  la  seconde  en  402. 11  se  conduisit  fort  mal  | 
dans  cette  dernière  charge ,  se  fit  battre  par  leS  i 
Véiens,  et  fut  condamné  à  une  amende  {voi/fl 

ESQUILINUS).  5' 

Tite-Live,  IV,  61;  V,  8.  —  Dlodore,  XIV,  19,  38.  " 

FIDENZA.    Voy.  Bonaventcre   (  Saint  )  nE 

FlDENZA. 

FiDENZi  (Jacques-Antoine),  dit  Cintiû, 
poète  et  acteur  italien,  né  à  Florence,  vers  1599, 
mort  vers  1660.  Après  avoir  fait  ses  études,  H 
embrassa  l'état  de  comédien,  dans  lequel  il  obtint 
de  grands  succès  dans  les  rôles  iV amoureux.  Il 
avait  pris  le  nom  de  Cintio  par  respect  pour  sa 
famille.  Il  cultiva  aussi  la  poésie,  et  fut  le  pro- 
tégé d'Alexandre  Farnèse.  On  a  de  lui  :  Ef/eitO 
di  divozione  consecrato  al  mento  indiclùile 
di  due/amosi  in  amicizia,  Niccolo  Barbarigo 
e  Marco  Trevisano;  Venise,  1628,  in-4";  — 
Poe^ici  mpricci;  Plaisance,  1652,  in-12. 

Cinem,  Bibliotecavolante.  —  Hist.  du  Théâtre  italien. 
*FlDîCtrLANUS  FALCCLA.  Voy.  FalCULA. 

FlELD  (  Richard),  théologien  anglais,  né  à! 
Hampstead  (comté  de  Hertford),  le  15  oû'> 
tobre  1561,  mort  en  1629.  Élevé  à  l'université 
d'Oxford,  il  se  fit  une  grande  réputation  par  ses 
sermons  sur  des  sujets  de  controverse  religieuse, 
et  fut  regardé  comme  le  premier  théologien  de 
son  temps.  D'abord  chapelain  d'Elisabeth  et  de 
Jacques  F'',  il  devint  en  1614  chanoine  de 
Windsor,  et  doyen  de  Gloucester  en  1609.  Field 
mourut  au  moment  où  il  allait  être  nommé 
évêque  d'Oxford.  On  a  de  lui  The  four  Books  of 
the  Church;  Londres,  1606,  in-fol. ;  Oxford, 

1628,  in-fol. 
ChaJmers,  General  biographical  Dictionary. 

FIELD  (Nathaniel) ,  auteur  dramatique  an- 
glais ,  vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  imprimé  deux  de  ses  comédies,  qui; 
se  recommandent  parleur  gaieté  et  lavivacitédesi 
allures  :  A  Woman  is  a  weathcrcoke  (UnOj 
Femme  est  une  girouette),  1612,  et  Amends  for 
the  Ladies,  with  the  merry  prankes  of  Mail 
Cut.  Purse,  1639.  On  manque  d'ailleurs  de  (\é*t 
tails  précis  sur  la  vie  de  cet  écrivain.  G.  B. 
Biographia  dramatica. 

FIELD  (John),  célèbre  pianiste-compositeur 
anglais,  né  à  Bath,  en  1783,  mort  à  Moscou.j 
en  janvier  1837.  Il  commença  l'étude  de  h\ 
musique  dès  son  enfance,  et  reçut  ensuite 
les  leçons  deClementi,  qui,  fier  de  son  élève,  le 
fit  entendre  avec  lui  à  Paris  en  1798.  Lorâ-i 
que,  en  1802,  Clementi  entreprit  son  grand 
voyage  artistique  en  France,  en  Allemagne  et  en 
Russie ,  Field  accompagna  son  maître ,  et  obtint^ 


FIELD  —  FIELDING 


G46 


partout  d'éclataots  succès.  En  1822  il  alla  s'é- 
tablir à  Moscou,  où  ses  concerts  ne  cessèrent 
d'attirer  une  foule  d'élite,  et  il  aurait  pu  faire 
une  brillante  fortune  dans  cette  ville,  si  une  pa- 
resse invincible  ne  lui  eût  fait  négliger  ses 
élèves.  En  1831,  il  se  décida  à  entreprendre 
une  nouvelle  tournée  artistique ,  et  parcourut 
l'Angleterre ,  la  France  et  l'Italie.  Une  maladie 
grave  le  retint  à  Naples,  et  en  1835  il  s'en  revint 
avec  une  famille  russe  à  Moscou ,  où  il  mourut 
bientôt  après,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans.  Field 
s'était  marié  à  une  pianiste  française,  dont  il  était 
séparé  depuis  longtemps.  Il  a  écrit  pour  le  piano 
sept  concerto;  deux  divertissements,  avec  ac- 
compagnement de  deux  violons ,  flûte ,  alto  et 
basse;  un  gziiw^'MeWo  pour  piano,  deux  violons, 
r  1  alto  et  basse,  et  d'autres  morceaux  ,  tels  que  so- 
N  nates ,  rondeaux ,  fantaisies ,  nocturnes ,  etc. 
«I Quoique  étant  très-habile  instrumentiste,  Field 
s'attachait  moins  à  faire  preuve  de  dextérité  qu'à 
réaliser  l'idéal  de  ses  touchantes  mélodies.  Ses 
compositions,  d'une  grande  difficulté  d'exécu- 
tion, brillent  cependant  moins  par  la  science  que. 
par  le  sentiment.  Ses  Nocturnes  créèrent  un 
nouveau  genre  de  musique  de  salon,  que  le  suc- 
cès des  Chants  sans  paroles  A^  Mendelsohn  et 
de  quelques  autres  a  pu  seul  faire  oublier.  Les 
productions  musicales  de  Field  ont  été  gravées 
plusieurs  fois  en  Allemagne,  en  France  et  en  An- 
glirterre.  Dieudonné  Denne-Baron. 

Fi'tis,  tiiogr.  univ.  des  Musiciens.  —  Documents  inéd. 

FIELDING  (Henry),  célèbre  romancier  et 
auteur  dramatique  anglais,  né  à  Sharpham-Park, 
le  22  avril  1707,  mort  à  Lisbonne,  en  octobre 
17.j4.  Il  était  le  troisième  fils  dugénéral  Edmond 
'  Fieiding,  et  sa  mère  était  fdle  du  juge  Gold. 
^11  eut  quatre  sœurs,  parmi  lesquelles  Sarah,  qui 
décrivit  elle-même  des  ouvrages  remarquables. 
Son  premier  maître  fut  le  révérend  Olivier,  qui 
posa  en  quelque  sorte  devant  son  élève  pour  le 
personnage  de  Trulliber  du  roman  de  Joseph  An- 
di  pws;  de  même  qu'il  prit  plus  lard  pour  types 
tons  les  caractères  tranchés  auxquels  sa  vie  si 
acfidentée  se  trouva  mêlée.  Des  mains  du  bon- 
lunnme  Olivier,  il  passa  à  l'école  d'Eton, 
oii  il  se  familiarisa  avec  les  chefs-d'œuvre  de 
l'antiquité ,  et  en  même  temps  il  s'y  lia  avec  des 
étudiants  destinés  à  jouer,  suivant  les  circons- 
tances, des  rôles  importants  sur  la  scène  du 
monde.  11  suffira  de  citer  dans  le  nombre  Fox, 
Pitt  et  Lyttleton.  Envoyé  ensuite  à  Leyde  pour 
y  suivre  les  cours  de  droit,  Fielding  s'appliqua  avec 
ardeur  à  cette  étude.  «  SiFielding ,  dità  cette  oc- 
casion Walter  Scott,  eût  continué  de  poursuivre 
avec  cette  régularité  la  voie  qui  lui  était  tracée,  les 
cours  du  l'oyaume  eussent  gagné  en  lui  un  légiste 
distingué  ;  mais  l'esprit  humain  y  aurait  perdu  un 
homme  de  génie.  »  Un  nouveau  mariage  ayant 
donné  de  l'accroissement  à  la  famille  du  général 
Fielding,  les  sommes  destinées  aux  études  du 
jeune  Henry  se  firent  attendre,  et  bientôt  ces- 
sèrent entièrement.  II  fallut  alors  prendre  une 


autre  direction,  et  celle  qu'il  choisit  put  bien 
favoriser  son  penchant  à  l'observation,  mais  elle 
lui  inspira  des  goûts  et  des  habitudes  qui  influèrent 
d'une  manière  fâcheuse  sur  le  reste  de  sa  vie. 
Jeune,  bien  fait,  d'une  heureuse  physionomie, 
d'une  constitution  vigoureuse ,  avec  un  amour 
excessif  du  plaisir,  il  se  trouva  abandonné  à  lui- 
même  dans  le  tourbillon  de  Londres.  Cependant 
il  fallait  vivre,  car  il  ne  lui  restait  plus,  ainsi 
qu'il  le  dit  lui-même,  qu'à  se  faire  cocher  de 
fiacre  ou  écrivain  public.  Il  eut  recours  en  effet 
à  sa  plume ,  mais  ce  fut  pour  composer  des 
écrits,  parmi  lesquels  il  en  est  d'impérissables. 
Le  théâtre  paraissait  lui  présenter  une  ressource 
immédiate  et  féconde.  Il  écrivait  facilement ,  et 
bientôt,  de  1727  à  1736,  il  eut  mis  sur  pied  dix- 
huit  pièces  de  genres  mêlés ,  comédies ,  farces 
(comme  on  les  appelle  en  Angleterre)  et  autres, 
dont  quelques-unes  empruntées  à  la  scène  fran- 
çaise. Mais ,  composées  avec  précipitation ,  sous 
l'empire  de  la  nécessité,  elles  étaient  loin  d'être 
dignes  du  futur  auteur  de  Joseph  Andrews  et 
de  Tom  Jones.  Quelques-unes  seulement  ont 
surnagé  dans  l'oubli  profond  où  les  autres 
sont  tombées.  On  cite  dans  cette  catégorie  ex- 
ceptionnelle la  tragi-comédie  intitulée  Tom 
Thumb,  les  farces  ayant  pour  titres  The 
Mock-Boctor  et  Y Intriguing  Chamber-Maid. 
Comme  auteur  dramatique,  Fielding  avait  un 
comique  assez  vif,  mais  dépourvu  de  finesse,  et 
son  style  manquait  de  délicatesse.  Il  était  doué 
d'une  telle  facilité  de  composition  que  souvent  il 
apportait  au  théâtre  dès  le  lendemain,  parfois  dans 
le  papier  servant  à  envelopper  son  tabac,  la  pre- 
mière scène  d'une  pièce  promise  la  veille.  Comme 
la  plupart  des  écrivains  de  son  temps,  Fielding  se 
laissait  entraîner  à  des  personnalités  contre  les 
hommes  en  place  ou  connus  du  public.  C'est 
ce  qui  lui  arriva  à  l'endroit  de  Robert  Walpole , 
dans  deux  de  ses  pièces  intitulées,  la  première 
Pasquin,  l'autre  The  historical  Register.  Il 
est  vrai  dédire  qu'en  1730  il  avait  sollicité  en 
vain  la  protection  de  ce  personnage.  Ses  attaques 
allèrent  si  loin  qu'elles  provoquèrent  en  manière 
de  réaction  une  mesure  générale  contre  la  licence 
des  théâtres.  A  dater  de  cette  époque  le  lord 
chambellan  fut  investi  du  pouvoir  d'empêcher 
la  représentation  de  toute  pièce  dont  le  contenu 
serait  de  nature  à  troubler  le  bon  ordre.  En  1735 
Fielding  songea  à  se  faire  directeur  d'un  théâtre 
sur  lequel  on  eût  surtout  joué  son  propre  réper- 
toire. Il  réussit  à  faire  entrer  dans  son  projet 
quelques  spéculateurs.  L'association  devait 
prendre  le  titre  pompeux  de  Great  MogiiVs 
Company  of  Comedians  (  Compagnie  des  Comé- 
diens du  grand  Mogol)  ;  mais  elle  ne  parvint  pas 
à  franchir  les  limites  de  l'imagination  de  ceux 
qui  en  avaient  conçu  le  plan.  Cependant,  vers 
1736  l'horizon  parut  s'éclaircir,  et  Fielding,  dont 
jusque  alors  la  conduite  avait  'aissé  beaucoup 
à  désirer,  sembla  vouloir  se  ranger.  Il  était 
temps  I  Malgré  le  succès,  au  moins  momentané, 

21. 


647 


FIELDING 


648 


de  ses  œuvres  dramatiques ,  il  se  trouvait  tou- 
jours gêné.  Il  est  vrai  que  sa  bourse  était  ou- 
verte à  ses  amis  et  surtout  aux  malheureux. 
Cette  générosité  avait  ses  inconvénients,  par- 
ce qu'elle  ne  marchait  pas  d'accord  avec  la 
prévoyance.  Pressé  un  jour  par  le  collecteur  des 
taxes ,  Fielding  s'était  fait  avancer  par  son  li- 
braire dix  guinées  sur  un  manuscrit.  Mais,  ayant 
rencontré  un  camarade  d'études,  il  l'invita  à 
dîner  dans  une  taverne.  Son  condisciple  n'était 
pas  heureux  ;  Fielding  n'eut  rien  de  plus  pressé, 
le  dîner  payé,  que  de  lui  laisser  le  reste  de  la 
bourse.  Le  collecteur  fut  sans  doute  peu  sen- 
sible à  cette  belle  action ,  car  il  fallut  que  le  li- 
braire Tonson  fît  une  nouvelle  avance  à  l'impru- 
dent écrivain. 

Tout  devait,  il  semble,  changer  de  face  en  1 73  6  : 
Fielding  épousa  alors  une  jeune  personne  de 
Salisbury,  miss  Craddock,  belle ,  bonne  et  pos- 
sesseur de  1,500  hv.  sterl.  La  mort  de  sa  mère, 
survenue  vers  la  même  époque ,  ajouta  à  cette 
petite  fortune  de  Fielding  un  revenu  annuel  de 
200  liv.  sterl.  Il  pouvait  dès  lors ,  en  adminis- 
trant sagement  son  bien ,  travailler  et  vivre  à 
l'aise.  C'est  aussi  le  parti  qu'il  prit  d'abord. 
Il  se  retira  avec  sa  femme  sur  le  domaine  ma- 
ternel, situé  à  Stower,  dans  le  Derbyshire, 
assez  loin  de  Londres  et  des  occasions  de  dé- 
pense. Mais  il  était  dans  sa  nature  de  donner 
toujours  dans  quelque  excès.  On  eût  dit  qu'il 
voulait  faire  sur  lui-même  les  expériences  et 
réaliser  les  défauts  qu'il  devait  personnifier  dans 
ses  créations  futures.  Retiré  à  Stower,  il  mena  le 
train  de  maison  du  squire  Western ,  ce  person- 
nage qu'il  a  si  bien  dépeint  dans  Tom  Jones  :  il  eut 
équipage,  nombreux  domestique,  à  livrée  jaune , 
chiens,  chevaux  et  portes  ouvertes  à  tout  venant. 
On  faisait  grande  et  bonne  chère  chez  Fiel- 
ding. Il  voulait  surtout  humilier  le  voisinage. 
Trois  années  de  cette  administration  de  son  pa- 
trimoine suffirent  à  tout  engloutir,  et  nous  re- 
trouvons Fielding  étudiant  les  lois  au  Temple ,  y 
faisant  son  stage  et  entrant  enfin  dans  la  carrière 
du  barreau.  Il  y  obtint  du  succès  ;  avec  l'intelli- 
gence peu  ordinaire  dont  il  était  doué,  c'était  un 
résultat  prévu.  Malheureusement  sa  santé,  altérée 
par  ses  excès  d'autrefois,  ne  lui  permit  pas  d'exer- 
cer longtemps  une  si  fatigante  profession.  Il  vou- 
lut alors  revenir  au  théâtre  ;  mais  il  n'obtint  pas 
du  lord  chambellan  pour  sa  nouvelle  pièce,  intitu- 
lée The  Virgin  unmasqued,  la  permission  de  la 
faù-e  représenter.  Il  s'occupa  dès  lors  de  politique, 
écrivit  dans  le  True  Patriote,  fit  paraître  le 
Jacobite ,  où  il  déploya  une  verve  qui  bien  sou- 
vent alla  jusqu'à  la  violence.  Puis  il  rentra  dans 
le  domaine,  plus  fécond,  de  la  poésie  et  de  l'ima- 
gination. C'est  alors  que,  nonobstant  les  plus 
cruelles  souffrances  physiques,  il  écrivit  The  His- 
torij  of  Jonathan  Wild  the  Great  ;  —  Essay  on 
Conversation  ;  —  4  Journey  from,  this  ivorld 
to  the  next,  et  d'autres  œuvi-es  qui  seraient  plus 
connues  si  le  svu^ès  de  Tom  Jones  n'eilt  tout 


éclipsé.  Il  y  préluda  par  le  roman  ;satirique  inti- 
tulé :  The  History  of 'Joseph  Andrew' s  (1742)  (1), 
composé  à  l'occasion  de  la  publication  du  roman 
de  Paméla  par  Richardson.  Dans  la  pensée  de 
Fielding,  .T^osepA^ndreiys  ne  devait  d'abord  ren- 
fermer qu'une  page  satirique  contre  la  production 
de  l'auteur  de  Clarisse  Harlowe  ;  mais,  entraîné 
par  son  sujet ,  il  aboutit  à  une  œuvre  dont  le  suc- 
cès fut  considérable. 

Un  malheur  domestique,  la  mort  de  sa  femme, 
qui  lui  fut  sensible  au  point  de  faire  craindre 
pour  sa  raison ,  interrompit  pendant  quelque 
temps  ses  travaux.  La  nécessité  les  lui  fit  re- 
prendre. Ses  embarras  pécimiaires  continuaient. 
Heureusement  que  le  ministère  whig,  dontil  avait 
souvent  pris  le  parti ,  lui  fit  une  pension ,  et  son 
ancien  condisciple  Lyttleton  le  fit  nommer  juge 
de  paix  de  Westminster  et  de  Middlessex.  Fiel- 
ding remplit  ces  fonctions  avec  une  intégrité 
peu  commune.  Il  porta  même  ses  travaux  audelà 
des  exigences  de  sa  magistrature ,  en  indiquant 
d'utilesmesures  d'économie  sociale.  Son  ouvrage 
intitulé  :  Enquiry  into  the  increase  of  thieves 
and  robbers,  et  d'autres  de  même  nature ,  ren- 
ferment des  idées  pratiques  dont  quelques-unes 
ont  été  converties  en  lois. 

La  dernière  période  de  la  vie  de  Fielding  en 
fut  aussi  la  plus  glorieuse.  Elle  vit  se  produire 
dans  tout  son  éclat  ce  grand  talent  qui  fait  de 
lui  le  père  du  roman  anglais,  pour  nous  servir 
de  l'expression  d'un  juge  compétent,  Walter 
Scott.  Et  cependant  le  chef-d'œuvre  de  Fiel- 
ding, Tom  Jones,  fut  composé  au  n)ilieu  de  toutes 
sortes  de  difficultés  :  les  devoirs  de  sa  position 
de  magisti'at,  la  nécessité  d'écrire  sur  les  ques- 
tions du  jour,  comme  il  en  était  constamment 
sollicité.  Sa  position  de  fortune  n'était  pas  non 
plus  des  plus  brillantes.  Cependant  il  avait  l'ap- 
pui de  lord  Lyttleton ,  et  un  admirateur  d'abord 
anonyme,  devenu  depuis  son  ami,  Allen,  lui  avait 
fait  passer  un  présent  de  200  liv.  sterl.  Tom 
Jones  eut  un  succès  universel.  Le  libraire  Mil- 
lar,  qui  l'avait  acquis ,  éleva  généreusement  de 
100  fiv.  à  600  liv.  le  prix  convenu  d'abord.  La 
Harpe  appelle  Tom  Jones  le  premier  roman  du 
monde  ;  Walter  Scottest  enmêmetemps  plus  vrai 
et  plus  précis ,  en  regardant  cet  ouvrage  comme 
une  exacte  reproduction  de  la  vie  humaine  .11  aj  oute 
que  la  plupart  des  types  sontsurtoutanglais;  maisil 
convient  de  remarquer  que  quelques-uns,  surtout 
le  héros ,  sont  l'homme  lui-même.  On  a  repro- 
ché à  Fielding  d'avoir  mis  le  lecteur  dans  la 
confidence  des  fautes  de-  To7n  Jones.  A  nos 
yeux,  c'est  une  des  qualités  du  livre  :  Fielding 
n'a  pas  voulu  raconter  la  vie  d'un  héros  de  con- 
vention, mais  celle  d'un  homme  chez  qui  les 
bonnes  qualités  l'emportent  de  beaucoup  sur  les 
mauvaises,  qu'il  fait  connaître  sans  ménagement, 
parce  que  telle  est  l'imperfection  de  la  nature 
humaine.  Peut-être  y  a-t-il  surabondance  d'inia- 

(1)  Nichols  prétend  que  cet  ouvrage  suivit  Jonathan 
fVild  ;  Walter  Scott  émet  l'opinion  contraire. 


649 


FIELDING  —  FIENNES 


650 


gination  dans  le  cours  du  récit;  peut-être  le 
romancier  perd-il  trop  souvent  de  vue  l'unité  de 
l'œuvre.  Quant  a\ix  caractères,  ils  ont-;  cette 
perfection  qui  en  fait  des  portraits,  parfois 
des  types,  comme  Partridge ,  dont  Fauteur  de 
Waverleij  s'est  certainement  inspiré;  comme 
le  squire  Western,  sa  sœur,  et  tant  d'autres. 
En  un  mot,  Tom  Jon.es  est  de  l'impérissable 
famille  des  Don  Quichotte,  des  Gil  Blas,  enfin 
du  Roman  comique. 

Amelia,  publié  en  1751,fut  le  dernier  ouvrage 
important  de  Fielding.  Comme  toujours,  il  y 
peignit  d'après  nature.  M.etMistress  Booth  au- 
raient été  sa  seconde  femme  et  lui.  Il  donne  à  la 
première  les  traits  les  plus  gracieux.  Il  est  moins 
indulgent  pour  lui-même.  L'œuvre  dans  son  en- 
semble est  bien  au-dessous  de  Tom  Jones.  Cer- 
tains caractères,  tracés  avec  la  précision  habi- 
tuelle de  Fielding ,  par  exemple  le  colonel  Bath, 
le  savant  Harrison,font  lire  Ameliaa.Yec  plaisir. 
Ce  roman,  publié  en  1751,  fut  acheté  1,000  liv. 
sterl.  par  le  libi-aire  Millar,  c'est-à-dire,  comme 
cela  s'est  présenté  si  souvent  dans  l'histoire  des 
lettres ,  que  le  chef-d'œuvre  fut  moins  payé  que 
l'œuvre  secondaire.  En  1752,  Fielding  commença 
le  Covent-  GardenJournal,  que  des  polémiques 
dégénérées  en  personnalités,  des  querelles  cau- 
sées par  des  vanités  littéraires ,  empêchèrent  de 
durer. 

La  constitution  physique  de  Fielding  s'al- 
térait de  jour  en  jour;  il  était  menacé  d'hyd'ro- 
pisie.  Néanmoins  il  trouva  le  temps  de  s'occuper 
de  questions  d'utilité  publique.  Sur  la  demande 
du  duc  de  Newcastle ,  alors  premier  ministre , 
qui  le  lui  paya  600  liv.  sterl.,  il  écrivit  un  plan  de 
répression  des  tentatives  des  filous  et  voleurs 
qui  infestaient  Londres,  combiné  avec  une  plus 
vigoureuse  organisation  de  la  police.  Mais  sa 
santé  allait  empirant,  au  point  que  les  médecins 
jugèrent  urgent  un  voyage  sous  une  meilleure 
latitude.  Il  se  décida  pour  Lisbonne.  Au  mois  de 
juin  1756  il  s'embarqua  vers  ces  parages.  On 
trouve  dans  sa  Journetj  of  Lisbonne  ses  tou- 
chants adieux  à  la  patrie,  qu'il  ne  devait  plus  re- 
voir. Arrivé  dans  )a  capitale  du  Portugal ,  il  ne 
put  même  plu  s  continuer  ses  travaux  littéraires. 
K  La  main  de  la  mort  était  sur  lui,  «  comme  le 
dit  si  expressivementWalter  Scott;  et  au  com-  | 
mencement  d'octobi-e  cet  ingénieux  esprit  s'étei-  I 
gnit  enfin ,  quand  il  était  encore  dans  la  force  de  j 
l'ûge.  Fielding  laissait  une  femme  et  quatre  | 
enfants,  dont  le  sort  est  resté  ignoré.  j 

Les  œuvres  complètes  d'Henry  Fielding    ont  ! 
paru  en  divers  formats,  avec  une  notice  sur  l'au-  | 
teur  par  Arthur  Murphy.  Ses  romans  ont  été  i 
traduits  en  français  à  différentes  époques.  Une  [ 
version  nouvelle  et  complète  de  Tom  Jones  a  été 
publiée  par  MM.  Didot;  Paris,  1833.  Baker  a 
donné  la  curieuse  liste  des  productions  drama- 
tiques de  Fielding.  V.  Rosenwald. 

Arthur  Murphy,  Jn  Essay  on  the  life  and  (jenius  of 
the  author  (en   tùtc  des  OEuvres).  —   Biog.  Drit.  — 


Nlchols,  Literary  Anecdotes.  —  Lady  Montague,  Letters. 

—  Quarterly  Revieio,  mai  1809-,  sept.  1828.  —  W.  Scott, 
Miscellaneous  prose  fForks.  —  G.  Planche ,  Revue  des 
Deux-Mondes,  1832.  —  D'Israeli,  Quarrels  of  AtUhors. 

—  Baker,  liiog.  dramat.  —  U.  Doering,  Lebensbeclirei- 
bung  englischer  Dichter  und  Prosatsien.  —  Bouterweck, 
Geschichte  der  Poésie  und  Beredsamkeit.  —  Chalmers, 
General  Biographie.  Dict.  —  Gortoii,  Biographie.  Dic- 
tionary.  —  Rose,  New.  Biograph.  DicUonary. 

FIELDING  {Sarah) ,  sœur  d'Henry  Fiel- 
ding, polygraphe  anglaise ,  née  en  1714,  morte 
en  avril  1768.  Elle  avait  l'esprit  cultivé.  Lors- 
que son  frère  eut  publié  le  roman  de  Joseph 
Andrews,  elle  fit  paraître  une  nouvelle  intitu- 
lée :  The  Adventures  of  David  Simple,  in 
search  of  afaithful  friend;  2  vol.  in-12.  Cet 
ouvrage  se  lit  encore  aujourd'hui  avec  plaisir; 
il  eut  beaucoup  de  vogue  en  son  temps.  Un 
troisième  volume,  ajouté  en  1752,  eut  moms  de 
succès.  Les  autres  ouvrages  de  Sarah  Fielding 
sont  :  The  Cry,  anew  dramatic  fable  ;  1753, 
3  vol.  ;  —  une  traduction  de  l'ouvrage  de 
Xénophon  intitulé  :  Xenophon's  Mernoirs  of 
Socrates,  with  the  defence  oj  Socrates  before 
his  judges  ;  1762,  in-8°;  —  quelques  autres 
œuvres  moins  connues,  telles  que  :  The  Gover- 
ness,  or  littlefemale  Academy  ;  —  The  His- 
toryofthe  Countess  of  Delwyn;  2  vol. 

Blair,  Leetures.  —  Mason,  Life  of  Gray. 

FIELDING  {John,  sir),  frère  d'Henry  Fiel- 
ding, jurisconsulte  anglais ,  mort  à  Brompton, 
en  septembre  1780.  U  succéda  à  son  frère 
dans  les  fonctions  judiciaires  que-  ce  der- 
nier remplissait  à  Westminster;  et  quoique 
frappé  de  cécité,  il  se  montra  plein  d'activité  et 
de  pénétration.  Il  contribua  à  la  fondation  de 
plusieurs  établissements  de  bienfaisance,  tels 
que  l'hôpital  de  la  Madeleine  pour  les  filles  re- 
penties, une  maison  de  refuge  pour  les  filles 
délaissées.  On  a  de  lui  :  An  account  of  the 
origln  and  effects  of  Police,  set  on  foot  by 
his  grâce  the  duke  of  Newcastle,  in  the 
y  car  1753,  upon  a  plan  presented  to  his 
grâce  by  the  late  Henry  Fielding  ;  to  which 
is  added  a  Plan  for  preserving  those 
deserted  girls  in  this  town  who  becomes 
prosiitutes  from  necessity  ;  1768,  in-8o;  — 
Extracts  from  such  of  the  pénal  laws  as 
particularly  relate  to  the  peace  and  good 
or  der  of  the  metropolis;  1761,  in-8°;  — 
Theuniversal  Mentor,  etc.;  1762,  in-12;  — 

—  A  brief  Descrip)tion  of  the  cities  of  Lon- 
don  and  Westminster  ;  to  ivhich  are  added 
some  cautions  against  the  tricks  of  shar- 
pers  ;  1 777,  in-12.  Il  n'est  pas  certain  que  l'œuvre 
soit  do  Jolui  Fielding,  dont  l'éditeur  aurait  spé- 
culé sur  le  nom  en  cette  occasion  :  on  ne  peut 
guère  lui  attribuer  que  l'appendice  intitulé  Cau- 
tions . 

Gcntlem.  Magaz.  (passlm).  —  Chalmers,  Gen,  biog. 
DicUonary. 

FIENNES  (Guillaume),  homme  d'État  an- 
glais, né  à  Broughton,  en  1582,  mort  le  14  avril 
1062.  II  était  l'aîné  des  fils  do  Richard  Fiennes, 


651 


FIENNES 


652 


qui  avait  été  confirmé  par  Jacques  V"  dans  le 
titre  de  baron  de  Say  et  Sele.  Après  avoir  reçu 
sa  première  instruction  à  l'école  de  Winchester, 
il  fut  envoyé  en  1596  au  New-College  d'Oxford. 
II  consacra  alors  quelques  années  à  l'étude; 
puis  il  voyagea  à  l'étranger.  Lorsque  la  guerre 
éclata  dans  le  Palatinat,  il  y  prit  une  vaillante 
part.  Emprisonné  pour  dettes,  parce  qu'il  n'avait 
pas  voulu  faire  supporter  à  ses  tenanciers  ses 
frais  de  campagne ,  il  fut  bientôt  rendu  à  la  li- 
berté. Au  mois  de  juin  1624  il  devint  vicomte 
de  Say  et  Sele.  A  cette  époque  il  se  montrait 
encore  partisan  des  privilèges  consacrés  par  la 
Grande-Charte;  mais  lors  de  la  révolution  il 
alla  plus  loin,  et  fut,  avec  Pym  et  Hampden,  un 
des  meneurs  du  long  parlement  et  des  parle- 
ments qui  suivirent.  Bientôt  il  se  posa  en  ad- 
versaire déterminé  de  la  royauté,  quoique  celle- 
ci  eût  fait  des  avances  pour  l'attirer  à  sa  cause. 
C'est  ainsi  qu'on  l'avait  nommé  grand-maître 
de  la  cour  des  tutelles  {master  of  the  court  of 
pupils).  Lorsque  Charles  F''  enjoignit,  au  mois 
de  février  1642,  aux  officiers  de  cette  cour  de 
venir  le  trouver  à  Oxford,  Fiennes  n'obéit  point. 
En  conséquence ,  il  fut  accusé  de  haute  trahi- 
son et  mis  hors  la  loi.  La  charge  qu'il  remplis- 
sait ayant  été  abolie  par  acte  du  parlement, 
en  1646,  il  obtint  une  indemnité  de  10,000  liv. 
sterling  et  une  portion  des  revenus  du  comté 
de  Worcester.  En  septembre  1648,  il  fut  un  des 
commissaires  chargés  d'aller  traiter  de  la  paix 
avec  le  roi  à  Newport,  dans  l'île  de  Wight.  II 
opposa ,  dit-on ,  à  ce  souverain  cette  maxime 
tirée  de  VEcclesiastical  Polity  de  Hooker  :  que 
«  pour  être  supérieur  aux  individus ,  il  n'en 
était  pas  moins  inférieur  à  tous  «.  Après  la 
mort  du  roi ,  il  se  rangea  sous  le  drapeau  des 
indépendants,  comme  précédemment  il  avait 
suivi  celui  des  presbytériens,  et  se  lia  avec 
Cromwell,  qui  l'appela  à  la  chambre  des  lords. 
A  l'époque  de  la  restauration ,  ce  même  Guil- 
laume Fiennes,  qui  avait  pris  une  si  grande  part 
à  la  rébellion  sous  Charles  l",  fut  nommé  lord 
du  sceau  privé.  Wood,  qui  rend  compte  de  ces 
faits,  ne  trouve  pas  d'expressions  qui  puissent 
peindre  sa  surprise  d'un  tel  revirement.  «  Ce  per- 
sonnage ,  dit-il  ingénument  en  parlant  de  Fien- 
nes, prit  en  quelque  sorte  part  au  meurtre  juri- 
dique de  Charles  l" ,  et  cependant  il  mourut  pai- 
siblement dans  son  lit!  « 

Fiennes  a  été  jugé  diversement  par  les  histo- 
riens, tels  que  Whitlok  et  Clarendon.  Mais  tous 
lui  accordent  les  qualités  qui  font  éviter  les 
écueils  en  temps  de  révolution  :  une  certaine 
austérité ,  une  apparente  intégrité ,  cachant  un 
grand  fonds  d'ambition.  Outre  ses  discours  au 
parlement,  on  a  de  lui  :  The  Scots  Design  disco- 
vered,  etc.,  1653,  in-4°  ;  —  Folly  and  Madness 
made  manifest ,  or  some  things  written  to 
shew  how  contrary  to  the  word  of  God  and 
practice  of  the  Saints  in  the  Old  and  New 
Testament,  the  doctrines  and  practices  of 


the  Quakers  are;  1659,  in-4° ;  —  The  Quakers 
Eeply  manifested  to  be  railing,  etc.j;  1659, 
in-4°. 

Biogr.  Brit.  —  Park,  Royal  and  noble  Authors,  — 
Vi'ood,  Àth.  Uxon.  —  Lloyct,  State  IForthies. 

FIENNES  (Nathanael),  fils  de  Guillaume 
Fiennes,  né  en  1608,  mort  en  décembre  1669.  Il 
étudia  à  Winchester  et  à  Oxford,  et  visita  en- 
suite la  Suisse.  Revenu  en  Ecosse  au  commen- 
cement des  troubles ,  il  fut  nommé  membre  du 
parlement  pour  Ranbury  en  1640.  Colonel  de 
cavalerie  sous  le  comte  d'Essex,  il  eut  ensuite 
le  commandement  de  la  place  de  Bristol  ;  mais 
ayant  rendu  cette  ville  au  prince  Rupert  le 
25  juillet  1643,  il  fut  mis  en  accusation  et  con- 
damné à  être  décapité.  On  lui  fit  grâce  de  la  vie 
en  souvenir  des  services  rendus  par  son  père. 
Après  l'expulsion  des  presbytériens  du  parle- 
ment, Fiennes  se  tourna  du  côté  des  indépen- 
dants, et  prit  parti  pour  Cromwell,  qui ,  devenu 
Protecteur,  le  fit  membre  du  conseil  et  lord  du 
sceau  privé,  en  1655,  enfin,  l'appela  à  siéger  à 
la  chambre  haute.  Opposé  jusqu'à  cette  époque 
à  la  forme  monarchique,  il  parut  changer  de 
sentiment  lorsque  Cromwell  inclina  de  ce  côté, 
et  publia  à  cette  occasion  un  ouvrage  intitulé  : 
Monarchy  asserted  to  be  the  best ,  most  an- 
cient  and  légal  form  of  government ,  in  a 
conférence  held  at  Whitehall  wifh  Oliver 
Lord  Proiector,  and  committee  of  Parlia- 
ment ,  etc.,  in  April  1657.  Après  la  restaura- 
tion, il  vécut  ignoré  à  Newton-Tony,  aux  envi- 
rons de  Salisbury.  Ouh'e  l'ouvrage  cité,  on  a  de 
lui  :  Anglia  rediviva,  sous  le  pseudonyme  de 
Spriggle. 

Bioçj.  Brit.  —  Noble,  Metmirs  of  Cromwell.  —  War- 
burton,  Letters  to  Hurd. 

FIENNES,  ancienne  famille  de  France  qui 
tire  son  nom  de  la  terre  de  Fiennes ,  l'une  des 
douze  baronnies  de  l'ancien  comté  de  Guines. 
Au  nombre  des  personnages  les  plus  marquants 
de  cette  famille,  dont  le  premier  membre.  Eus- 
tache  I"",  seigneur  et  baron  de  Fiennes,  vivait 
vers  l'an  1000,  nous  citerons  : 

*FiENNES  {Robert  DE,)ditMoreaM,  connétable 
de  France,  fils  aîné  de  Jean,  baron  de  Fiennes  et 
de  Tingry,  et  d'Isabelle  de  Flandre.  11  servit  avec 
beaucoup  de  distinction  sous  les  rois  Philippe 
de  Valois,  Jean  et  Charles  V.  Les  services  im- 
portants qu'il  rendit,  tant  comme  guerrier  que 
comme  diplomate,  relevèrent  (  1356)  à  la  charge 
de  connétable  de  France  devenue  vacante  pai' 
la  mort  de  Gauthier  de  Brienne,  duc  d'Athènes, 
tué  à  la  bataille  de  Poitiers,  le  19  septembre 
1356.  Après  avoir  déjoué  la  tentative  que  Jean 
de  Piquigny  entreprit  sur  la  ville  d'Amiens,  Ro- 
bert de  Fiennes  marcha  successivement  sur 
Saint-Valery,  qu'il  força  de  capituler  (avril  1359), 
aùisi  que  sur  Melun,  que  le  roi  de  Navarre  fut 
contraint  de  rendre  au  régent.  Ayant  remis  plu- 
sieurs places  fortes  sous  l'obéissance  du  roi ,  il 
fut  chargé  (avril  1360)  par  ordre  du  dauphin 


653 


FIENNES  —  FlESCHl 


654 


d'une  mission  près  le  roi  d'Angleterre.  De  retour 
en  France,  il  fut  nommé  (16  janvier  1361) 
lieutenant  de  roi  dans  tout  le  Languedoc,  où  il 
commanda  jusqu'au  20  septembre  suivant.  Après 
avoir  repris  la  ville  du  Pont-Saint-Esprit  (  1361), 
et  s'être  trouvé  au  sacre  du  roi  Charles  V 
(1364),  Robert  passa  en  Bourgogne,  d'où  il 
chassa  les  bandes  de  routiers  qui  désolaient  le 
pays.  Son  grand  âge  ne  lui  permettant  plus 
d'exercer  activement  la  charge  de  connétable, 
il  s'en  démit  (septembre  1370)  en  faveur  de 
Bertrand  du  Guesclin,  et  se  retira  dans  ses  do- 
maines, où  il  mourut,  vers  1382,  après  avoir 
fondé  (1368)  le  couvent  des  Frères  Prêcheurs  de 
la  ville  de  Lille.  A.  S....  y. 

Pinard,  Chron,  tnilit.,  1. 1,  p.  88.  —  Hist.  des  Grands- 
Officiers  de  la  couronne,  U  VI,  p.  167.  —  Froissart,  t.  I, 
p.  215. 

FiENNES  {M aximïlien- François  be  ),  comte 
de  Lumbres ,  général  français ,  baptisé  le  lO  juin 
1669,  mort  à  Paris,  le  26  avril  1716.  Mestre  de 
camp  d'un  régiment  de  cavalerie  de  son  nom,  il 
combattit  à  Fleurus,  et  prit  part  à  tous  les  com- 
bats qui  eurent  lieu  de  1691  à  1697.  Brigadier 
par  brevet  du  29  janvier  1702,  il  fut  employé  à 
l'armée  de  Flandre,  contribua  à  la  défaite  des 
Hollandais  sous  Nimègue,  et  se  trouva  aux  ba- 
tailles d'Eckeren  et  de  Spire,  où  il  fut  blessé. 
Les  services  qu'il  rendit  tant  en  Espagne,  sous  le 
maréchal  de  Berwick,  qu'en  Portugal,  lui  méri- 
tèrent le  grade  de  maréchal  de  camp.  Nommé 
lieutenant  général  des  armées  du  roi  (  28  no- 
vembre 1706),  il  combattit  à  Almanza  (1707), 
à  Lcrida,  à  Tortose  (1708),  remplaça  le  duc  de 
Noaiiles  dans  le  commandement  de  l'armée  de 
Roussillon ,  et  termina  sa  carrière  jnihtaire  en 
remportant  (1713-1714)  plusieurs  avantages 
sur  les  révoltés  de  la  Catalogue.      A.  S.,.,  y. 

Pinard,  Chron.  tnilit.,  t.  IV,  p,  624.  —  pe  Courcelies, 
Hist.  des  Cén.  franc. 

FiENNES  {Jean-Baptiste  de)  ,  orientaliste 
et  diplomate  français,  né  à  Saint-Germain-en- 
Laye,  le  9  octobre  1669,  mort  à  Paris,  en  1744. 
Lorsqu'il  sortit  du  collège  Louis-le-Giand ,  il 
fut  envoyé  au  Levant  en  qualité  de  drogman 
(1GI>7),  et  accompagna  Fr,  Pétis  de  La  Croix 
dans  sa  mission  snr  les  côtes  de  Barbarie. 
Nommé  premier  drogman  du  consulat  d'A- 
lexandrie eu  1692,  de  celui  du  Caire  en  1695, 
il  obtint  son  rappel  en  1706,  fut  pourvu  en 
1714  de  la  chaire  de  professeur  d'arabe  au  Col- 
lège de  France,  en  remplacement  de  Fr.  Pétis  de 
La  Croix,  et  en  1716  il  succéda  à  Dippy  en  qua- 
lité de  secrétaire  interprète  du  roi.  En  1718  il 
accompagna  en  Barbarie  Dussaux,  qui  était 
chargé  de  renouveler  les  traités  de  commerce 
avec  les  États  de  Tunis,  de  Tripoli  et  d'Alger.  En 
1729,  il  négocia  lui-même  un  traité  avantageux 
pour  la  France  entre  cette  puissance  et  l'État 
de  Tripoli.  On  trouve  plusieurs  de  ses  manus- 
crits à  la  Bibliothèque  impériale,  fonds  des  tra- 
ductions orientales,  savoir  ;  n°  36,  Traduction 
de  VHÏstoire  d'Egypte  de  Mohammed  ben 


Abdal'Mothy  ;  — n°38,  Relation  de  la  prise  de 
Ganisa,  en  Hongrie,  par  les  Turcs  en  1716, 
traduite  du  turc  ;  -^  n°  114,  Vocabulaire  Turc- 
Français;  —  n°  144 ,  Grammaire  Turque. 

E.  B. 
L'abbe  Goqjet,  Mém.  hist.  et  Uttér.lsur  le  Collège  de 
France,  parL,  tîl,  p.  106,  114,  117,  120. 

FiEMNES  { Jean-Baptiste- Hélin  de),  fils  du 
précédent,  orientahste  et  diplomate  français,  né 
à  Saint-Gerraain-en-Laye,  le  25  mars  1710, 
mort  en  1767.  Il  suivit  au  Collège  de  France  le 
cours  d'éloquence  de  Rollin.  En  1729  il  fqt  en- 
voyé en  Orient  avec  une  pension  de  1,200  hvres 
pour  y  étudier  le  turc ,  l'arabe ,  le  persan ,  et  les 
mœurs  des  Orientaux.  Un  an  après  son  retour, 
en  1740,  il  fut  chargé  d'enseigner  les  langues 
orientales  aux  Jeunes  de  langue  élevés  au  col- 
lège Louis-le-Grand.  En  1742  il  se  rendit  à 
Tunis  pour  conclure  un  traité  de  paix  entre  la 
France  et  le  bey,  et  ramena  des  euvoyés  tuni- 
siens, chargés  de  faire  des  excuses  au  roi. 
Nommé  secrétaire  interprète  pour  les  langues 
orientales  en  1746,  il  succéda  deux  ans  après 
à  Otter  dans  la  chaire  de  langue  arabe.  En 
1751,  il  porta  à  Tripoh  les  plaintes  du  roi  relati- 
vement à  la  conduite  des  pirates,  et  revint 
quatorze  mois  après ,  accompagné  d'Ali-Efendi, 
qui  donna  au  gouvernement  français  toutes  les 
satisfactions  exigées.  On  a  de  lui  une  traduction 
française  manuscrite  de  Tarikh  al-Hindi'l- 
Gharbi  (Histoire  des  Indes  occidentales).  C'est 
une  histoire  de  la  découverte  de  l'Amérique; 
elle  setrouve  à  la  Bibliothèque  impériale,  n°  65  du 
fonds  des  traductions  de  manuscrits  orientaux. 
Le  texte  de  l'original  turc  a  été  in^riraé  à  Cons- 
tantinople  en  1142  de  l'H.  (  1729  de  J.-C.  ).  On 
lui  attribue  aussi  la  traduction  de  Y  Ambassade 
de  Bourri-E/endi,  qui  a  été  publiée  par  Lan- 
glèsen  1810  («02/.  Dourri-Efendi).        E.  B. 

L'abbé  Goujet,  Mém.  histor.  et  littér.  sur  le  Collage 
de  France,  part,,  III,  p.  118.  —  Zenker,  Bibl.  orient., 
n"  1030. 

FiENNES  [Charles  de).  Voy.  Math/vrel. 

FiENCS.  Voy,  Fïens. 

FIEBA  (Jean-Baptiste),  médecin  italien, né 
à  Mantoue,  en  1469,  mort  en  1538.  Il  composa 
des  poésies  latines  fort  médiocres,  et  des  ou- 
vrages sur  la  médecine  qui  eurent  assez  de 
succès.  On  a  de  lui  ;  Commentaria  in  ar- 
tem  medicinalem  definitivam  Galeni.  Acce- 
dunt  qiiaestio  de  virtute  movente  pulsum  ; 
quœstio  de  phlegmatico  et  bilioso  sequaliter 
febrientibus ;  de  intentione  et  remissione; 
Mantoue,  1515,  in-fol.;  Venise,  1548,  in-fol.;  — 
Cœna ,  de  herbarum  virtutibus ,  et  de  me- 
dicinœ  artis  parte  quœ  in  victus  ratione 
consistit;  Mantoue,  1516,  in-4o;  Padoue,  1649, 
in-4''.  Cet  ouvrage  est  en  vers  latins. 

.  Baillet,  Jwjements  des  Savants,  t.  IV,  p.  162.  —  Millin, 
jVagasin  encyclopédique,  t.  111,  p.  91.  —  Tlraboschi, 
.Sto}-ia  delta  Letteratura  Ital.,  t.  XXV,  p.  9.  —  Biog. 
mi'dicale. 

FIERBERTCS.   Voy.  FiTZ-HerBERT. 

FlESCHl  (  au  singulier  FiEsto,  en  français 


655 


FIESCHI 


er;f, 


FiESQVE  ),  comtes  de  Lavagna  (1),  nom  de 
l'une  des  quatre  principales  familles  de  Gênes. 
L'origine  des  comtes  de  Lavagna  se  perd  dans 
l'obscurité  des  premiers  siècles  du  moyen  âge. 
Un  diplôme  de  l'année  994 ,  appartenant  à  l'an- 
cienne abbaye  de  San-Fruttuôso ,  fait  mention 
des  comtes  de  Lavagna  et  nomme  sous  ce  titre  : 
Tedisius,  fils  d'Obertus,  Aribert,  Albéric, 
Go/froy,  Lanfranc,  Brumeng  et  Guibert.  A 
cette  époque  la  Ligurie  était  partagée  entre  quatre 
familles  puissantes  :  les  comtes  de  Vintimille  et 
les  marquis  Carreti  à  l'ouest ,  les  comtes  de  La- 
vagna et  les  marquis  Malaspina  au  levant.  Gius- 
tiniano,  Priero,  Paolo  Panza,  Sansovino  et  au- 
tres historiens,  attribuent  l'origine  des  Fieschi 
aux  ducs  de  Bourgogne  ou  de  Bavière,  et  les 
disent  issus  de  trois  frères,  dont  l'un  fut  appelé  de 
Fisco  on  Friscus,  corruption  de  Fiscus,  attendu 
qu'il  était  chargé  du  recouvrement  des  droits 
appartenant  au  fisc  impérial.  Federico  Federici, 
le  plus  savant  et  le  plus  digne  de  confiance  des 
historiographes  de  cette  famille,  affirme  que  ce 
même  Fisco  portait  auparavant  le  nom  de  £o- 
boald;\e  second  frère  donna  naissance  à  la  fa- 
mille des  Obici.  Le  troisième  alla  en  Espagne,  où 
il  prit  le  nom  d'Urea. 

Les  comtes  de  Lavagna  étaient  en  guerre  avec 
les  Génois  depuis  1110;  vaincus,  ils  souscrivi- 
rent à  de  certaines  conditions,  qu'ils  cessèrent 
d'observer  en  1132;  mais  l'année  suivante, 
après  avoir  vu  leurs  châteaux  pris  et  détruits , 
ils  se  soumirent  de  nouveau,  et  prêtèrent  serment 
d'obéissance  aux  consuls  de  Gênes.  En  1150 
cette  commune  leur  accorda  le  droit  d'élever  un 
palais  dans  la  ville  même  de  Gênes  ;  et  enfin ,  en 
1198  ils  abandonnèrent  à  la  république  leur 
comté  de  Lavagna  et  leurs  auties  fiefs;  ils  re- 
çurent en  échange  le  droit  de  bourgeoisie  et  de 
noblesse. 

Les  Fieschi  avaient  des  fiefs  dans  le  Parmesan, 
le  Plaisantin  et  la  Lunigiane  ;  ils  possédaient 
Massa  et  Carrara,  Voghera  en  Lombardie, 
Vercell  dans  le  Piémont,  Mugnano  dans  l'Om- 
hrie,  le  comté  de  Saint- Valentin dans  le  royaume 
de  Naples ,  et  environ  cent  cinquante  terres  ou 
châteaux  dans  la  Ligurie. 

Dans  les  dignités  ecclésiastiques',  cette  noble 
famille  compte  deux  papes.  Innocent  IV  et 
Adrien  V  (voij.  ces  noms),  trente  cardinaux,  et 
plus  de  trois  cents  patriarches ,  archevêques  ou 
évêques  ;  il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  de  la  voir 
figurer  au  nombre  des  guelfes  les  plus  zélés. 
Dans  les  dignités  séculaires ,  il  devient  impos- 
sible d'énumérer  les  titres  dont  les  Fieschi  fu- 
rent revêtus  :  on  y  voit  plusieurs  nobles  du 
Samt-Empire ,  un  général  de  l'Église ,  un  grand 
maréchal  de  France  sous  Louis  IX  (Jacques 
Fieschi  ),  un  général  des  Milanais ,  deux  géné- 

(1)  Lavagna  est  un  bourg  situé  ;\  quelques  milles  de 
Gênes,  dans  la  partie  orientale  de  la  Rivière.  C'est  un 
lieu  renommé  depuis  une  haute  antiquité  par  ses  car- 
rières d'ardoises  (  ^ietra  lavûgna). 


raux  des  Florentins ,  quatre  amiraux  de  Gênes 
et  cinq  lieutenants  suprêmes  perpétuels  de  la 
république  génoise.  Enfin,  les  Fiesques  s'alliè- 
rent à  la  plupart  des  maisons  royales  de  l'Eu- 
rope. Voici,  selon  l'ordre  chronologique,  les  prin- 
cipaux personnages  de  cette  famille  : 

FiESCO{Guglielmo),pTé\SLt^,énois,  né  à  Gênes, 
mort  à  Rome,  en  1266.  Il  était  neveu  du  pape  In- 
nocent IV,  qui  le  fit,  en  décembre  1244,  cardinal- 
diacre  du  titre  de  Saint-Eustache.  Ce  pontife 
lui  donna  le  protectorat  des  Augustins,  et  le  mit, 
en  1254,  à  la  tête  de  quelques  troupes  destinées 
à  agir  contre  la  France.  Guglielmo  revint  à  Rome 
après  la  mort  de  son  oncle ,  et  prit  part  à  l'é- 
lection du  pape  Alexandre  IV,  le  12  décembre 
1254; il  mourut  peu  de  temps  après,  et  fut  en- 
terré dans  l'église  Saint-Laurent. 

Sigonius,  De  Rébus  Ital.,  lib.  XIX;  Auberl,  Histoire 
des  Cardinaux.  —  Chacon,  f  ifas  et  gesta  Romanorum 
Pontiftcum  et  Cardinalium. 

*FiESCO  (Luca),  prélat  génois,  né  à  Gênes, 
mort  en  1336.  Il  fut  nommé,  en  1298,  cardinal- 
diacre  du  litre  de  Sainte-Marie  in  Via  Laia  parle 
papeBoniface  VIU.  Luca  resta  attaché  à  ce  pontife, 
et  lui  prouva  sa  reconnaissance  le  9  septembre 
1303,  en  insurgeant  les  habitants  d'Anagni  et  en 
le  délivrant  des  mains  de  Sciarra-Colonna  et  de 
Guillaume  de  Nogaret.  Ce  dernier  resta  même 
au  nombre  des  prisonniers  de  Luca.  Le  6  jan- 
vier 1309,  il  était  à  Aix-la-Chapelle,  et  assistait, 
comme  légat  extraordinaire  du  pape  Clément  V, 
au  couronnement  de  l'empereur  Henri  Vil  de 
Luxembourg.  Jean  XXII  envoya  Luca  comme 
légat  en  Angleterre.  Il  fut  enterré  dans  l'église 
métropolitaine  de  Gênes ,  quoique  Onuphre  et 
Chacon  aient  dit  qu'U  était  inhumé  aux  Corde- 
liers  d'Avignon. 

FIESCO  (Giovanni),  prélat  génois,  mort  en 
1384.  Il  était  évêque  de  Verceil  et  fut  nominé  car- 
dinal-prêtre du  titre  de  Saint-Marc,  en  1378,  par 
le  pape  Urbain  VI.  Ce  pontife  affectionnait  par- 
ticulièrement Giovanni  Fiesco,  et  lui  confia  plu- 
sieurs missions  importantes. 

Francesco  Pagi,  Breviariurn  Romanorum  Pontiflcum, 
gesta,  etc.  —  Kubeus,  De  Bonifacio  VIU.  —  Oldoin,  add. 
à  Chacon,  Vitee  et  gesta  Romanorxim  Pontiftcum  et 
Cardinalium.  —  Giov.  Villani,  /sione,  lib.  IX.  —Du 
Chêne,  Histoire  d' Angleterre,  liv.  XIV.  —  La  Roche- 
Pozai,  Nomencl,  Card.  —  Auberl,  Histoire  des  Car 
dinaux  —  Artaud  de  Montor,  Histoire  des  souveraiiu 
Pontifes  romains,  III,  94. 

*  FIESCO  (Luigi),  prélat  génois,  neveu  du  pré- 
cédent, mort  à  Rome,  le  3  avril  1423.  Il  succéda  àj 
son  oncle  Giovanni  Fieschi  dans  les  bonnes  grâ- 
ces\du  pape  Urbain  VI,  et  fut  nommé,  en  1385, 
cardinal-diacre  du  titre  de  Saint-Adrien.  Luig3 
fut  l'un  des  quatorze  cardinaux  qui  élevèrent,! 
le  2  novembre  1389  ,  Pierre  Tomazelli  à  la  pa- 
pauté, sous  le  nom  de  Boniface  IX,  et  en  compé- 
tition de  Robert,  comte  de  Genève,  qui  depuis 
le  20  septembre  1378  portait  la  tiare  et  se  faisait 
appeler  Clément  VII.  Boniface  nomma  Luigi 
Fiesco  légat  du  saint-siége  dans  la  Romagne,  et 
obtint  par  son  moyen  la  soumission  de  plusieurs 


657 


villes,  entre  autres  d'Anagni.  En  1404,  Luigi  re- 
fusa de  reconnaître  Cosmo  de'  Migliorati  (  Inno- 
cent VII),  choisi  par  sept  cardinaux  seulement 
jjour  remplacer  Boniface  IX.  II  se  rangea  sous 
l'obédience  du  pape  d'Avignon  Pedro  de  Luna 
(l]enoît  XIII),  qu'il  abandonna  en  1409  ou  1410 
pour  se  réunir  à  Pierre  Philarque  (Alexandre  V). 
Le  successeur  de  ce  dernier  pontife ,  Baitassare 
Cossia(Jean  XXIII),  nomma  Luigi  gouverneur 
(le  Bologne.  En  1414  il  assistaauconcile;de  Cons- 
tance, et  en  1417  à  l'élection  de  Ottone  Colonna 
(  Martin  V  ).  Il  fut  envoyé  par  ce  pontife  comme 
légat  en  Sicile,  et  revint  à  Rome  pour  y  mourir. 

Chacon,  f^itœ  et  gesla  Romanorum  Pontiftcum  et 
Cardinalium.' —  Auberl ,{^isto(re  des  Cardinaux. — 
Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique. 

*  FIKSCO  (Giorgfjo),  prélat  génois,  mort  à 
Rome,  le  11  octobre  1461.  Il  était  archevêque  de 
Gènes  lorsque  le  pape  Eugène  lY  le  nomma  cardi- 
nal-prêtre du  titre  de  Sainte- Anastasie  et  évêqué 
d'Ostie.  Nicolas  V  lui  retira  l'évêché  d'Ostie, 
mais  lui  donna  la  légation  de  la  Ligurie.  Giorgio 
Fiesco  eut  beaucoup  de  part  à  la  bienveillance 
de  Calixte  UI  et  de  Pie  II.  Il  mourut  à  Rome; 
mais  son  corps  fut  transféré  à  Gênes. 

Cliacon,  Vitœ  et  gesta  Romanorum  Pontiflcum  et 
Cardinalium.  —  La  Roche-Pozai,  Nomencl.  Card.  — 
Aubéri,  Histoire  des  Cardinaux. 

*  FIESCO  (Cattarina),  fondatrice  de  commu- 
nautés religieuses,  fille  de  Giacomo  Fiesco  et  de 
Cattarina  Adorno,  morte  le  14  septembre  1510. 
Elle  fut  mariée  à  un  gentilhomme  de  la  famille 
des  Adorni.  Encore  jeune ,  elle  devint  veuve,  et 
se  livra  à  la  prière  et  à  la  charité.  Elle  fonda  à 
Gênes  deux  communautés  rehgieuses,  de  sexes 
différents,  dont  l'unique  vœu  était  le  service  des 
malades  et  le  secours  des  pauvres.  Ces  com- 
munautés se  dispersèrent  après  la  mort  de  leur 
institutrice.  On  a  de  Cattarina  Adorno  deux  livres 
de  dialogues ,  où  l'on  trouve  un  sincère  amour 
pour  la  Divinité. 

Federico  Federici,  Hist.  délia  Casa  Fiesca.  —  Sopranl 
et  Giustinianl ,  Scrit.  délia  Ligur. 

FIESCO  (Bartolomeo),  vivait  en  1505.  Il  fut 
l'une  des  causes  d'un  mouvement  populaire  qui 
changea  le  gouvernement  génois.  Les  charges 
étaient  alors  divisées  entre  le  peuple  et  la  no- 
'  "isse.  La  bourgeoisie ,  appuyée  par  les  artisans, 

jclamait  sa  part  dans  la  représentation  civile  et 
olitique.  Chaque  parti  ne  demandait  pour  faire 
riompher  ses  prétentions  que  les  prétextes  les 
plus  frivoles.  Bartolomeo  Fiesco,  passant  sur 
la  place  Saint-Laurent  à  Gênes ,  marchanda  des 
champignons  qu'avait  étalés  un  paysan  de  la 
vallée  de  Pozzo-Vero.  Il  les  trouva  trop  chers 
pour  leur  qualité.  Le  paysan  lui  répondit  d'une 
manière  grossière.  Bartolomeo  riposta  par  des 
coups.  Un  certain  Giglime  Beccaio  prit  parti 
pour  le  paysan,  et  appela  le  peuple  aux  armes. 
Une  mêlée  générale  s'ensuivit;  les  magistrats 
furent  méconnus.  Visconti  Doria ,  Augustino 
Doria  et  plusieurs  autres  nobles  furent  massa- 
crés. Roccabertino ,  gouverneur  de  Gênes,  bannit 


FIESCHI  658 

Bartolomeo  et  Beccaio  sans  faire  cesser  le  trouble. 
Le  peuple  pilla  ou  brûla  les  maisons  des  nobles, 


qui  durent  chercher  un  refuge  dans  les  cam- 
pagnes. L'intervention  du  roi  de  France, 
Louis  XII,  fut  invoquée.  Celui-ci  envoya  aussitôt 
le  comte  deRavenstein  avec  une  force  imposante. 
Les  Français  entrèrent  dans  Gênes  comme  paci- 
ficateurs ;  mais  de  nombreux  assassinats  témoi- 
gnèrent la  haine  du  peuple  contre  les  étrangers. 
Des  mesures  rigoureuses  furent  alors  adoptées,  et 
Gênes  passa  pour  plusieurs  années  sous  le  gou- 
vernement de  la  France. 

anecdotes  des  Républiques,  1 ,  p.  149.] 

FIESCO  (Nicola),  prélat  génois,  mort  le  14  juin 
1524.  Il  était  évêque  de  Fréjus  et  de  Toulon,  lors- 
qu'à la  recommandation  de  Louis  XII,  le  pape 
Alexandre  VI  le  nomma,  en  mai  1503,  cardinal- 
prêtre  du  titre  de  Saint-Nicolas  inter  imagines 
puis  du  titi'e  des  Douze  Apôtres.  Quelque  temps 
après,  Nicola  Fiesco  obtint  l'archevêché  d'Em- 
brun, à  l'exclusion  de  Claude  d'Arcès,  qui  avait 
été  nommé  par  le  chapitre  de  cette  église. 
Il  obtint  encore  en  Italie  l'archevêché  de  Ra- 
venne.  Il  fut,  selon  ses  contemporains ,  ce  con- 
seiller juste  et  libéral  des  papes  Alexandre  VI, 
Jules  II  et  Adrien  VI ,  contre  lesquels  il  défen- 
dit souvent  le  véritable  esprit  chrétien.  Il  refusa, 
dit-on ,  de  se  porter  comme  candidat  à  la  pa- 
pauté en  compétition  avec  Jules  de  Médicis  (Clé- 
ment VII),  successeur  d'Adrien  VJ. 

Foglleta,  Élog.  —  I».  Jove,  Adrian.  VI.  —  Geronimo 
Rubel,  Historia-Raven.,  lib.  IX.  —  Sainte-Marthe,  Gallia 
christ.  —  Auberi,  Histoire  des  Cardinaux. 

FIESCO  (  Giovanni-Luigi  ) ,  comte  de  Lava- 
GNA,  chef  de  conspiration,  né  en  1523,  noyé  le 
2  janvier  1547.  A  peine  âgé  de  vingt-trois  ans, 
il  se  trouvait  déjà  chef  de  sa  race  et  possesseur 
de  fiefs  considérables.  Aux  avantages  de  la  jeu- 
nesse et  de  la  fortune  il  réunissait  ceux  de  l'es- 
prit et  de  la  beauté.  Il  était  allié  à  l'une  des 
plus  anciennes  familles  génoises,  celle  de  Cibo, 
et  sa  femme,  Éléonore ,  qui  entrait  alors  dans 
sa  vingtième  année,  achevait  de  raUier  aux 
Fieschi  ceux  que  le  comte  n'avait  pu  s'attacher. 
A  tant  d'éclat  se  mêlait  une  ombre  importune  : 
Fiesco  se  croyait  fait  pour  commander,  et  le 
premier  rang  était  occupé  par  le  vieil  Andréa  Do- 
ria (voy.  ce  nom).  Déjà,  vers  l'année  1541, 
Giovanni-Luigi  s'était  mis  en  rapport  avec  un 
de  ses  compatriotes,  Cesare  Fregose,  qui  jouis- 
sait d'un  grand  crédit  à  la  cour  de  France; 
mais  ce  dernier  ne  put  rien  obtenir  :  l'obstination 
qu'il  mit  à  cacher  le  nom  du  chef  de  la  conspi- 
ration inspira  à  François  F"  des  doutes  qui  nui- 
sirent au  succès  de  la  négociation  ;  mais  plus 
tard  le  roi  entra  en  relation  avec  les  Fieschi,  par 
l'entremise  de  son  ambassadeur  et  principal 
agent  en  Italie,  Guillaume  du  Bellay  (voy.  ce 
nom).  Le  comte  de  Lavagna,  jugeant  alors 
le  moment  favorable,  se  rendit  à  Plaisance, 
où  il  n'eut  pas  de  peine  à  s'entendre  avec  le  duc 
Pietro-Luigi  Farnèse  auquel  il  acheta  (  uatre  ga- 


659  FIESCHI 

1ères.  A  peine  le  marché  était-il  conclu  que  Fiesco 
envoya  un  des  navires  à  Gênes ,  annonçant 
publiquement  qu'il  le  destinait  à  courir  sur 
les  corsaires  barbaresques.  Lui-même  visita  le 
pape  Paul  III,  qui  le  mit.  immédiatement  en  rap- 
port avec  Agostino  Trivuice,  cardinal,  joroifec- 
teu7'  de  France,  et  parent  des  Fieschi.  On  con- 
vint que  la  révolution  aurait  pour  objet  de  re- 
mettre la  république  sous  l'autorité  du  roi  de 
France.  Rentré  à  Gênes,  Giovanni-Luigi  convoqua 
les  trois  hommes  qui  lui  étaient  les  plus  dévoués, 
Vincenzo  Calcagiio,  de  Varèse,  Raffaello  Sacco, 
jurisconsulte  de  Savone,  qui  remplissait  les 
fonctions  de  juge  sur  les  terres  du  comte,  et 
Giambattista  Verrina,  fils  d'un  riche  négociant 
génois  et  homme  d'exécution  ;  il  fut  décidé  que 
le  comte  persévérerait  dans  son  projet,  mais  en 
agissant  avec  le  seul  secours  de  ses  amis  et  sans 
la  participation  de  la  France.  Cependant  le  duc 
de  Parme  et  de  Plaisance  levait  2,000  fantassins 
qu'il  s'était  engagé  à  mettre  à  la  disposition  des 
conjurés.  Ce  mouvement  de  troupes  éveilla  les 
soupçons  du  gouverneur  de  Milan,  qui  transmit 
à  l'ambassadeur  impérial  à  Gênes  l'ordre  de  faire 
connaître  à  Andréa  Doria  ce  qui  se  passait  dans 
les  États  de  Parme,  et  de  l'inviter  à  veillev  atten- 
tivement à  la  sûreté  de  la  république.  Doria,  qui 
affectionnait  le  comte  de  Fiesco,  se  refusa  à 
voir  en  lui  autre  chose  qu'un  aimable  étourdi, 
qui  pourrait  avec  le  temps  devenir  l'honneur  de 
la  république,  mais  jamais  un  chef  de  conjurés. 
Il  ne  prit  donc  aucune  précaution  contre  cet 
ennemi. 

Tout  étant  préparé,  Giovanni-Luigi  invita  les 
Dorie  à  venir  passer  la  soirée  du  4  janvier 
1547  dans  son  palais.  Le  motif  de  cette  invi- 
tation reposait  sur  l'alliance  prochaine  de  la 
sœur  de  Giannettino,  neveu  d' And i-ea  Doria,  avec 
le  frère  de  la  comtesse  de  Fieschi,  Giulio  Cibo, 
marquis  de  Massa.  Les  Dorie  devaient  trouver 
la  mort  au  moment  même  où  ils  prendraient 
place  au  banquet  qu'on  leur  offrait.  Ils  refusèrent 
l'invitation  :  l'amiral  souffrait  de  la  goutte  aux 
mains ,  et  Giannettino  devait  partir  pour  une 
tournée  qui  le  retiendrait  hors  de  Gênes  pendant 
un  mois  environ.  L'époque  marquée  pour  la 
réélection  du  doge  approchait;  le  gouvernement 
de  la  répubhque  devait  demeurer  alors  sans 
direction  pendant  plusieurs  jours.  Ce  moment 
d'inquiétude  et  d'agitation  parut  favorable  aux 
conspirateurs  :  l'ordre  fut  donné  aux  conjurés 
de  se  tenir  prêts  pour  la  nuit  du  2  janvier.  Dans 
la  journée  désignée,  Fiesco  envoya  Verrina 
parcourir  la  ville  pour  s'assurer  de  ses  dispo- 
sitions et  convoquer  les  conjurés.  Lui-même, 
afin  de  mieux  cacher  ses  desseins ,  affecta  de 
faire  plusieurs  visites  de  cérémonie;  le  soir,  il 
se  rendit  au  palais  des  Dorie ,  et  fit  sa  cour  au 
vieux  amiral  ;  puis,  prenant  dans  ses  bras  les 
enfants  de  Giannettino ,  il  les  baisa  tendrement, 
et  se  retira  satisfait  d'avoir  si  bien  réussi  à  en- 
dormir ses  adversaires.  De  là  il  se  rendit  à  sou 


-660 
château,  où  il  trouva  nombreuse  compagnie. 
Quiconque  s'y  présentait  entrait  librement,  mais 
personne  n'en  sortait.  Fiesco,  ayant  réuni  ses 
hôtes  autour  de  lui  dans  la  grande  salle  du  châ- 
teau, employa  pour  séduire  les  uns  et  raffermir  ; 
les  autres  tout  ce  que  l'éloquence  a  de  plus  en 
traînant,  faisant  sonner  bien  haut  le  despotisme  i 
des  Dorie  et  l'asservissement  des  Génois.  Vers 
le  milieu  de  la  nuit,  les  portes  du  palais  furent 
ouvertes,  et  les  conjurés  sortirent  en  bon  ordre, 
précédés  d'une  compagnie  de  450  hommes 
choisis  parmi  les  plus  intrépides.  Les  premiers 
postes  enlevés ,  on  se  dirigea  vers  l'arsenal  de 
mer,  où  se  trouvait  la  darse,  qui  fut  prise  après 
une  courte  résistance.  Bientôt  l'obscurité  de  ]a 
nuit  s'illumina  d'une  subite  clarté  que  suivit 
spontanément  une  violente  détonation  :  Verriua 
donnait  le  signal.  Aussitôt  Fiesco  et  sa  troupe  se 
précipitèrent  sur  les  galères  des  Dorie,  dont  les 
gardiens  furent  frappés  dans  le  sommeil  et 
jetés  à  la  mer,  pendant  que  Geronimo  et  Otto- 
boone  Fieschi,  à  la  tête  de  soixante  combat- 
tants, se  précipitèrent  sur  le  poste  qui  gardait  la 
porte  San-Tomaso  sous  les  ordres  du  capi- 
taine Lercaro  et  de  son  jeune  frère,  enseigne 
d'infanterie  (alfiere).  Le  jeune  Lercaro  tomba 
percé  de  coups ,  et  son  frèi'e  fut  obligé  de  se 
rendre  aux  vainqueurs.  Le  tumulte  et  la  confu- 
sion se  répandirent  dans  la  ville.  Les  cloches 
sonnèrent  l'alarme,  et  bientôt  de  tous  côtés  on 
vit  courir  des  soldats,  des  ouvriers  portant  des 
torches,  des  épées,  et  criant  avec  enthousiasme  ; 
Fieschi  !  Gatto  !  Gatto  !  (1)  » 

Giovanni-Luigi,  voyant  que  la  chiourme  des 
galériens  se  disposait  à  fuir,  voulut  prévenir  cet 
événement,  qui  aurait  paralysé  le  secours  qu'il 
attendait  de  la  flottille.  Il  courut  à  la  galère  ca- 
pitane.  Pour  y  parvenir,  il  fallait  passer  sur  une 
planche  jetée  entre  le  bord  du  quai  et  l'échelle 
de  poupe  de  la  galère.  Verrina  précéda  !e 
comte  ;  à  peine  arrivé  sur  le  vaisseau,  il  se  re- 
tourne pour  lui  donner  la  main.  Fieseo  ne  l'a- 
vait pas  suivi!....  Il  appelle,  Fiesco  ne  répond 
pas.  Ottoboni  se  rend  alors  à  la  darse  pour  sa- 
voir ce  qu'est  devenu  son  frère  aîné  :  personne 
ne  peut  l'en  instruire.  Il  était  urgent  de  prendrç 
un  parti.  Ottoboni  reste  pour  défend  i-e  les  ga- 
lères ;  Geronimo  Fiesco  et  Verrina,  à  la  tête  de 
200.hommes  d'élite,  entrent  dans  la  ville.  Gian- 
nettino Doria,  réveillé  en  sursaut,  était  ac- 
couru à  la  porte  San-Tomaso,  précédé  d'un 
page  portant  une  torche.  Les  conjui'és,  qui  le 
reconnaissent,  s'empressent  de  lui  ouvrir  la 
porte,  et  le  tuent  à  coups  d'arquebuse.  Plus  pru- 
dent et  mieux  informé,  le  vieux  Doria  se  fît  con- 
duire au  château  de  Masone,  appartenant  aux 
Spinole,  et  situé  à  quinze  milles  de  Gênes.  Ce  ne 
fut  qu'à  Sestri  qu'il  apprit  la  mort  de  son  neveu. 
Quelques  nobles  avaient  eu  le  courage  de  se 
rendre   au  palais  ducal,  où  vint  les  rejoindre 

(1)  Le  chat  figurait  dans  les  armes  de  ta  maison  de 
Fieschi. 


66  i  FIESCHI 

l'ambassadeur  de  Chaiies-Quint.  On  envoya  une 

}  petite  troupe ,  qui  fut  bientôt  dispersée  ou  prise 
!  par  les  conjurés.  Cependant  Verrina  se  retira 
sur  la  galère,  afin  d'être  à  portée  de  fuir  si  les 
chances  tournaient  contre  lui.  Geronimo  Fiesco, 
demeuré  seul ,  continua  à  s'avancer  liardiment. 
Ne  sachant  quel  parti  pi'endre,  les  sénateurs  lui 
envoyèrent  une  députation,  demandèrent  à  par- 
ler au  comte  Fiesco.  «-  Il  n'y  a  pas  d'autre 
comte  que  moi,  «  répondit  Geronimo,  ce  qui  fit 
regarder  comme  certaine  la  mort  de  Giovanni- 
Luigi  et  enhardit  les  sénateurs ,  qui  décidèrent 
que  douze  d'entre  eux  parcourraient  la  ville  en 
appelant  le  peuple  aux  armes.  Geronimo  vit  sa 
troupe  diminuer  avec  le  lever  de  l'aurore  : 
suivi  seulement  de  quelques-uns  des  plus  com- 
promis d'entre  les  conjurés ,  il  se  replia  sur  la 
porte  de  l'Arc,  dont  Corneille  Fiesco,  frère 
naturel  de  Giovanni-Luigi,  s'était  rendu  maître. 
Quand  on  connut  cette  retraite  dans  le  sénat, 
l'.iK^  nouvelle  députation  fut  envoyée  à  Geronimo 
pour  lui  enjoindre  de  quitter  la  ville,  avec  assu- 
rance d'oubli  et  de  pardon.  Il  se  retira,  en 
cliVl,  au  château  de  Montobbio  avec  ses  parents 
et  amis.  Ottoboni ,  Venina,  Calcagno  et  Sacco, 
qui  s'étaient  réfugiés  sur  la  galère  de  Giovanni- 
Luigi  ,  levèrent  l'ancre  et  gagnèrent  Marseille.  Le 
lendemain,  le  sénat  envoya  deux  députés  offrir 
à  Andréa  Doria  ses  compliments  de  condoléance 
sur  la  mort  de  son  neveu  et  le  prier  de  ren- 
trer dans  la  ville.  L'illustre  vieillard,  ayant 
acquiescé  à  cette  demande,  fut  reçu  avec  des 
honneurs  extraordinaires  et  salué  par  de  vives 
acclamations.  Ce  jour-là  même  Benedetto  Gentiii 
fut  élu  doge  de  la  république. 

On  se  demandait  encore  ce  qu'était  devenu 
le  comte  Fiesco  ;  on  craignait  qu'il  ne  se  fût  enfui 
pour  revenir  plus  terrible  à  la  tête  d'une  armée 
étrangère,  lorsque  enfin  on  trouva  son  corps  dans 
la  vase.  Voulant  passer  sur  la  planche  qui  con- 
duisait au  navire,  il  était  tombé  dans  la  mer; 
nul  ne  l'avait  vu,  et  le  poids  de  ses  armes  l'a- 
vait empêché  de  nager.  Son  cadavre,  exposé 
quelque  temps  à  la  vue  de  la  multitude ,  fut 
ensuite  porté  en  pleine  mer  pour  y  être  ense- 
veli dans  les  flots.  Andréa  Doria  fit  révoquer  ie 
pardon  accordé  aux  conjurés.  Tous  ceux  qui 
avaient  pris  part  à  la  conspiration  furent  déclarés 
«riminels  d'État.  Le  superbe  palais  des  Fieschi 
fut  rasé  jusqu'aux  fondements;  la  mémoire  du 
comte  Giovauni-Luigi  fut  flétrie  à  jamais.  Gero- 
nimo Fiesco,  Assereto,  Calcagno,  Sacco  et  Ver- 
rina furent  pendus.  Ils  avaient  été  pris  dans  ie 
château  de  Montobbio ,  où  les  quatre  derniers 
étaient  venus  depuis  peu  rejoindre  le  frère 
de  leur  chef.  Ottoboni  Fiesco  et  Corneille  le 
bâtard  s'étaient  retirés  à  Rome  ;  mais  le  pre- 
mier tomba  quelque  temps  après  entre  les  mains 
de  Doria,  qui  le  fit  mettre  à  mort  sans  forme  de 
procès.  Le  plus  jeune  des  frères ,  Scipion ,  se 
retira  en  France,  sous  le  coup  d'une  proscrip- 
tion qui  devait  s'étendre  jusqu'à  la  cinquième 


662 
génération;  il  fut  la  souche  d'une  nouvelle 
branche  de  sa  famille ,  qui  prit  alors  le  nom 
de  FiESQUE  (  voy  ce  nom  ).  Les  autres  Fieschi, 
errants  et  pauvres,  se  dispersèrent  en  Italie,  en 
Corse  et  en  Provence. 

La  conjuration  de  Fiesco  a  excité  la  verve 
des  historiens  et  des  poètes  :  les  uns  et  les  au- 
tres sont  restés  généralement  fort  au-dessous  de 
leur  tâche.  Dans  le  nombre  prodigieux  des  écrits 
de  toutes  natures  que  cet  événement  a  fait  éclore, 
l'histoire  d'Augustin  Mascardi,  Anvers,  1629,  pe- 
tit in-4'* ,  mérita  d'être  citée  pour  l'exactitude  des 
détails ,  sinon  pour  l'impartialité  de  l'historien. 
Nous  pourrons  en  dire  autant  d'un  roman  publié 
à  Milan,  1822,  sous  le  titre  de  II  Conte  di  Lava- 
gna,  par.  Giov.  Campiglio.  La  Conjuration  de 
Fiesque,  par  le  cardinal  de  Retz,  n'est  qu'une 
pâle  imitation  du  livre  de  Mascardi.  Schiller  a 
composé  une  belle  tragédie  sur  La  Conjuration 
de  Fiesque,  mais  il  ne  faut  pas  y  chercher  autre 
chose  que  la  brillante  étincelle  d'une  imagination 
féconde;  le  caractère  de  Verrina  est  complète- 
ment dénaturé.  M.  Ancelot  a  fait  représenter  en 
1824,  sur  le  Théâtre  del'Odéon,  une  tragédie  de 
Fiesque^où,  dans  l'intérêt  de  l'effet  dramatique, 
la  vérité  de  l'histoire  est  cruellement  outragée. 
[C.  Famin,  dans  r.S/îC.  des  G.  du  M.,  avec 
addit.] 

De  Thon,  Historia,  etc.,  lib.  III,  p.  203-217,  et  XV.  — 
Foglieta,  Elo(i.  —  Giustiniani,  Hist.  Gen.  —  Bern.  Segni, 
liv.  XII,  p.  316.  —  Fil.  Casoni ,  ^nn.  di  Genova.,  I.  V , 
p,  157.  —  Richer,  f^'ie  d'André  Doria.  —  Sismondj,  Hist. 
des  Républiques  italiennes,  XVI,  chap.  cxxtii.  —  Anec- 
dotes des  Républiques,  V^  part,,  p.  168,  —  E.  Vincens, 
Hist.  delà  République  de  Gènes,  II,  473. 

FIESCHI  {Joseph),  fameux  assassin,  né  à 
Murato  (Corse),  le  3  décembre  t790,  guillotiné 
le  16  février  1836.  Après  avoir  servi  dans  la  lé- 
gion corse  en  Italie  et  dans  l'armée  du  roi  de 
Naples,  Joachim  Murât,  il  revint  dans  sa  patrie. 
Convaincu  en  1816  de  vol  et  de  faux  en  écriture, 
il  fut  condamné  à  dix  ans  de  réclusion.  En  sor- 
tant de  prison  il  fut  employé  dans  diverses  ma- 
nufactures. Il  obtint  en  1831  la  garde  du  uioulin 
de  Croullebarbe.  Il  fut  aussi,  vers  la  même  épo- 
que, employé  dans  la  police.  Le  27  janvier  1835, 
un  arrêté  du  préfet  de  la  Seine  supprima  le  poste 
de  gardien  du  moulin  de  Croullebarbe.  Dans 
l'exaspération  que  lui  causa  cette  mesure,  Fies- 
chi se  décida  à  exécuter  un  projet  qu'il  méditait 
depuis  longtemps.  Avec  Pierre  Morey ,  sellier- 
bonrrelier,Théod.-Flor.  Pépin, marchand  épicier, 
Victor  Boireau,  ouvrier  lampiste,  il  disposa  dans 
un  logement  situé  sur  le  boulevard  du  Temple 
une  machine  composée  de  vingt  canons  de  fusil , 
disposés  de  manière  à  faire  feu  simultanément. 
Le  28  juillet  1835,  le  roi,  pour  célébrer  le  cin- 
quième anniversaire  de  la  révolution  de  Juillet, 
passait  une  revue  de  la  garde  nationale.  H  était 
parvenu  jusqu'au  milieu  du  boulevard  du  Tem- 
ple ,  lorsqu'une  horrible  décharge,  partie  d'une 
maison  du  boulevard,  vint  frapper  mortellement 
autour  de  lui,  et  sans  l'atteindre,  dix-huit  per- 


663 


FIESCHI 


sonnes.  Fieschi,  l'auteur  de  cet  attentat,  blessé 
lui-même  par  les  éclats  de  sa  machine,  fut  arrêté 
immédiatement,  et  remis  peu  après  à  la  justice 
de  la  cour  des  pairs.  Après  des  débats  qui  eu- 
rent un  immense  retentissement,  il  fut  condamné 
à  mort  ainsi  que  Pépin  et  Morey. 

Moniteur,  années  1835  etj  1836.  —  Louis  Blanc,;  Hist. 
de  dix  ans. 

FIESOLE  (MiNO  DA).  Voy.  MlNO. 

FIEUBET  (Gaspard  de),  magistrat  et  poëte 
français,  né  à  Toulouse,  en  1626,  mort  le  10  sep- 
tembre 1694.  Il  fut  successivement  conseiller  au 
parlement  de  Toulouse ,  chancelier  de  la  reine 
Marie-Thérèse  d'Autriche  et  conseiller  d'État 
ordinaire.  Ayant  perdu  sa  femme  en  janvier  1686, 
et  n'ayant  point  d'enfants ,  il  se  retira  chez  les 
Camaldules  de  Gros-Bois  près  Paris.  11  a  laissé 
quelques  pièces  de  vers  dispersées  dans  divers 
recueils.  On  y  trouve  de  la  délicatesse,  du  na- 
turel et  de  la  légèreté.  On  cite  ses  épitaphes  de 
Descartes  et  de  Saint-Pavin;  voici  cette  der- 
nière : 

Sous  ce  tombeau  gît  Salnt-Pavln  ; 
Donne  des  larmes  à  sa  fin. 
Tu  fus  de  ses  amis  peut-être? 
Pleure  ton  sort,  et  non  le  sien  : 
Tu  n'en  fus  pas  ?  Pleure  le  tien , 
Passant ,  d'avoir  manqué  d'en  être. 

On  estime  aussi  sa  fable  d'Ulysse  et  les  Sirènes, 
insérée  dans  le  Recueil  de  vers  choisis  du 
P.  Bouhours.  Le  P.  Anselme  prononça  l'oraison 
funèbre  de  Fieubet. 

Le  P.  Anselme,  Oraisons  funèbres.  —  \o\laiie,  Siècle 
de  Louis  XIV.  —  Biographie  Toulousaine. 

FIEUX.   Voy.  MOUHY. 

FiECZAL  (et  non  de  Frossac,  Madeleine 
Céleste),  connue  sous  le  nom  de  Durancy, 
actrice  et  cantatiice  française,  née  à  Paris,  le 
23  mai  1746,  morte  dans  la  même  ville,  le  28  dé- 
cembre 1780.  Elle  débuta  à  la  Comédie-Française, 
le  19  juillet  1759,  par  les  rôles  de  Dorine  dans 
Tartufe,  de  Marinette  dans  Le  Florentin,  et 
quelques  jours  après  dans  celui  de  Lisette  des 
Folies  amoureuses.  Elle  fut  fort  applaudie,  sur- 
tout dans  cette  dernière  pièce.  Malgré  ce  succès, 
elle  tourna  ses  vues  du  côté  de  l'Opéra,  et  parut 
sur  cette  scène  le  19  juin  1762.  Les  feuilles 
du  temps  sont  unanimes  sur  le  succès  qu'elle  y 
obtint.  Elle  revint  à  la  Comédie-Française  lors 
de  la  retraite  de  la  célèbre  Clairon.  Elle  y  re- 
parut le  13  octobre  1766 ,  dans  les  rôles  de 
Pnlchérie  â'Héraclius,  d'Aménaïde ,  de  Tan- 
crède.  Rebutée  par  les  contrariétés  qu'on. lui 
suscita,  cette  actrice  renonça  définitivement  à  la 
scène  française ,  et  le  23  octobre  1767  elle  ren- 
trait à  l'Académie  royale  de  Musique ,  dont  elle 
devint  une  des  meilleures  comédiennes.  Elle  ne 
quitta  plus  la  scène  lyrique  jusqu'à  sa  mort, 
advenue  dans  la  trente-cinquième  année  de  son 
âge.  Les  Mémoires  de  Bachaumont  donnent  à  ce 
sujet  certains  détails  qui  ne  sont  pas  de  nature 
à  èti'e  reproduits  ici.  Dans  le  public  on  attribua 
la  fin  prématurée  de  M"*^  Durancy  aux  efforts 
qu'elle  fit  dans  le  rôle  de  Médée  de  l'opéra  de 


-  FIÉVÉE  664 

Persée,  au  sortir  d'une  crise  qui  lui  commandait 

le  repos.  Ed.  de  Manne. 

Mercure  de  France,  ann.  1762 ,  1766,  1767, 1781 .  —  Jour- 
nal de  Paris,  1781.  —  Grimm,  Corresp.  littéraire.  — 
La  Harpe ,  id.  —  Lekaio',  Mémoires.  —  Mmanach.  des 
Spectacles ,  1782.  —  Bachaumont  ,  Mém.  secrets.  —  Le- 
mazurler,  Galerie  hist.  du  Théâtre  français. 

FIÉVÉE  (Joseph),  littérateur  et  publiciste 
français,  né  à  Paris,  le  8  avril  1767,  mort  dans 
la  même  ville,  le  7  mai  1839.  Il  était  fort  jeune 
encore  lorsque  son  père  mourut  ;  il  fut  élevé  à 
Soissons ,  où  sa  mère  s'était  remariée,  en  secon- 
des noces,  avec  le  directeur  des  postes.  A  peine 
adolescent,  il  revint  à  Paris,  et  apprit  l'état 
de  compositeur  d'imprimerie,  qu'il  exerça  pen- 
dant plusieurs  années ,  tout  en  se  livrant  à  la  lit- 
térature et  à  la  politique.  En  1789,  il  se  montra 
d'abord  partisan  des  idées  nouvelles,  et  coopéra 
avec  Condorcet,  Millin,  etc.,  à  la  rédaction  de  la 
Chronique  de  Paris.  A  la  même  époque  il  donna 
au  théâtre  une  comédie  qui  obtint  du  succès. 
Bientôt  dégoûté  par  les  excès  des  terroristes ,  il 
se  fit  remarquer  dans  les  rangs  opposés.  Doué 
d'un  extérieur  avantageux,  d'un  bel  organe  et 
d'une  facile  éloquence ,  il  brilla  dans  les  assem- 
blées publiques  de  Paris,  à  l'époque  de  la  réac- 
tion. La  section  du  Théâtre-Français,  depuis  ; 
Odéon,  l'élut  pour  président;  maisFiévée,  corn-  | 
promis  à  l'époque  du  13  vendémiaire  (octobre  j 
1795),  se  voyant  un  instant  en  danger,  dut  quit- 
ter Paris ,  sans  cependant  renoncer  à  la  rédac- 
tion de  la  Gazette  française ,  l'un  des  jour- 
naux les  plus  royalistes  d'alors.  Frappé  après 
le  18  fructidor  an  v  (4  septembre  1797  ),  par 
le  décret  de  déportation  rendu  contre  les  jour- 
nalistes anti-révolutionnaires,  il  parvint  à  se 
soustraire  aux  poursuites  dirigées  conti'e  lui ,  et 
vécut  quelque  temps  caché  en  Champagne,  où 
il  composa  deux  jolis  romans  (  La  Dot  de  Suzette, 
et  Frédéric),  qui  ont  obtenu  beaucoup  de  succès- 
Fiévée  ne  cessa  pas ,  dans  sa  retraite ,  d'entre- 
tenir des  correspondances  avec  les  l'oyalistes. 
Deux  lettres  qu'il  écrivait  à  Paris  aux  agents  des 
princes  furent  saisies,  et  provoquèrent  son  arres- 
tation en  janvier  1799;  et  sur  l'ordre  deFouché, 
il  futincarcéré  au  Temple,  où  il  resta  dix  mois  (1). 
Après  le  18  brumaire  il  fut  rendu  à  la  liberté,  et 
concourut  à  la  rédaction  de  plusieurs  écrits  pé- 
riodiques. En  1802,  Bonaparte,  sur  la  proposi- 
tion de  Rœderer,  l'envoya  en  Angleterre  pour 
remplir  une  mission  délicate.  A  son  retour  Fiévée 
fit  paraître  quelques  écrits  sur  le  pays  qu'il  ve- 
nait de  visiter,  écrits  qui  furent  vivement  com- 
battus par  les  journaux  anglais ,  et  surtout  par 
YEdinburgh  Review.ïl  travailla  ensuite,  avec 
La  Harpe,  Fontanes,  etc.,  à  la  rédaction  du 
Mercure,  dans  lequel  il  fit  paraître  plusieurs 
nouvelles.  En  1805  le  gcuvemement  impérial, 
pour  le  récompenser  de  ses  services ,  le  nomma 
censeur,  et  l'adjoignit  à  la  propriété  du  Journal 

(1)  Ces  lettres  parurent  depuis  dans  un  volume  que  la 
police  imiu^riale  ût  publier  sous  le  titre  de  :  .Correspon- 
dance anglaise. 


665  FIÉVÉE  — 

des  Débats,  qui  prit  dès  lors  le  titre  de  Journal 
de  r Empire.  En  1807  il  fut  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'Honneur,  puis  maître  des  requêtes, 
et  envoyé  (1810)  à  Hambourg  pour  vérifier  les 
opérations  de  certains  comptables.  Il  remplit  cette 
mission  délicate  avec  une  gmnde  intelligence. 
Le  13  mars  1813  il  reçut  sa  nomination  à  la  pré- 
fecture de  la  Nièvre.  Le  9  avril  1814  il  adressa 
à  ses  administrés  une  proclamation ,  reproduite 
dânale  Journal  des  Débats  àa  14,  dans  laquelle  : 
«  il  félicitait  les  puissances  alliées  de  leur  géné- 
rosité et  du  bonheur  qu'elles  apportaient  à  la 
France  ».  Ces  sentiments  furent  probablement 
mal  compris  par  Napoléon ,  qui  aussitôt  son  re- 
tour de  l'île  d'Elbe  destitua]  Fiévée  (22  mars 
1815).  Celui-ci  rentra  dans  la^presse,  et  ne  cessa 
plus  de  faire  partie  de  l'opposition  royaliste.  Ses 
articles ,  publiés  dans  le  Journal  des  Débats, 
Le  Conservateur,  La  Quotidienne,  Le  Temps 
et  Le  Constitutionnel,  tantôt  signés  L  (1), 
TL  (2),  quelquefois  en  toutes  lettres,  toujours 
pleins  d'esprit  et  de  vigueur,  n'ont  pas  peu  con- 
tribué à  la  chute  du  ministère  Villèle  et  aux 
événements  qui  amenèrent  la  révolution  de  1830. 
On  a  de  Fiévée  :  Les  Rigueurs  du  Cloître,  co- 
médie mêlée  d'ariettes,  en  deux  actes  ;  Paris,  1 792, 
in-8°;  —  Sur  la  Nécessité  d'une  Religion; 
Paris,  1795,  in-8°.  Cette  brochure  contribua  à 
donner  à  son  auteur  une  grande  influence  sur  le 
parti  religieux  et  monarchique  ;  —  La  Dot  de 
Suzette,  ou  histoire  de  madame  de  Senne- 
terre,  racontée  par  elle-même  ;  Paris,  1 798, 1803 
et  1821,  in-12;  1826,  in-32,  avec  fig.  :  la  première 
édition  est  anonyme.  Ce  roman,  plein  de  grâce 
et  de  fraîcheur,  a  été  traduit  par  l'auteur  en 
portugais,  sous  le  titre  :  0  dote  de  Suza- 
ninha,  etc.,  Paris,  1826,  2  vol.  in-18,  et  en  es- 
pagnol sous  celui  de  El  dote  de  Paquita,  etc.; 
Paris,  1827,  2  vol.  in-18.  En  1846,  Le  Constitu- 
tionnel puljlia  La  Dot  de  Suzette,  dans  sa  Bi- 
bliothèque choisie;  —  Frédéric;  Paris,  1799, 
3  vol.  in-12;  1800, 3  vol.  in-18;  traduit  en  anglais 
en  1 802  ;  —  Le  Dix-huit  Brumaire  opposé  au 
régime  de  la  Terreur;  Paris,  1802,  in-8".  C'est 
une  réponse  au  livre  intitulé  :  VArt  de  rendre 
les  révolutions  utiles;  —  Lettres  sur  l'Angle- 
terre, et  réflexions  sur  la  philosophie  du 
dix-huitième  siècle;  Paris,  1802,  in-S».  Cet 
ouvrage  avait  d'abord  paru  par  fragments  dans 
divers  journaux.  —  Nouvelles  intitulées  :  La  Ja- 
lousie; VÉgoïsme;  L'Innocence;  le  Divorce; 
Le  Faux  Révolutionnaire ,  et  L'Héroïsme  des 
Femmes;  Paris,  1803,  2  vol.  in-12;  —  Obser- 
vations et  projet  de  décret  sur  l'imprimerie 
et  la  librairie;  Varia,  1809,  in-4°;  —  Corres- 
pondance politique  et  administrative  com- 
mencée en  mai  1814;  Paris,  1815,  1819,  15 
parties  in-8°.  Chacune  des  parties  de  cette  cor- 

(1)  Lacroix;  il  fut  aussi,  dans  les  deux  années  qui  sui- 
virent la  révolution  de  1830  ,  l'un  des  rédacteurs  les  plus 
actifs  du  National. 

(2)  Initiales  de  son  ami  Théodore  Leclereq. 


FIGANIERE  666 

respondance  a  été  réimprimée  jusqu'à  quatre 
fois.  C.-J.  Schlosser  l'a  traduite  en  allemand, 
1828,  in-8''.  Cet  ouvrage,  dédié  au  duc  deBlacas, 
est  remarquable  par  la  hardiesse  des  vues  politi- 
ques et  administratives  qui  y  sont  développées.  Il 
fut  inspiré  par  le  royalisme  le  plus  fervent  ;  l'au- 
teur attaquait  le  système  ministériel  de  M.  De- 
cazes,  et  s'élevait  surtout  contre  les  accapa- 
reurs de  places.  A  la  suite  d'une  action  correc- 
tionelle,  Fiévée  fut  condamné  à  trois  mois  de 
prison  et  cinquante  francs  d'amende.  —  Des 
Opinions  et  des  Intérêts  pendant  la  Révolu- 
tion; Paris,  1815,  in-8'';  —  Histoire  de  la 
Session  de  1815;  Paris,  1816  et  1818,  in-8°;  — 
Histoire  de  la  Session  de  1816;  Paris,  1817, 
in-8";  —  Histoire  de  la  Session  de  1817  ;  Pa- 
ris, 1818,  in-8";  —  Quelques  Réflexions  sur 
les  trois  premiers  mois  de  1820;  Paris,  1820, 
in-8°  ;  —  Examen  des  discussions  relatives 
à  la  loi  des  élections  pendant  la  session  de 
1819;  Paris,  1820,  in-8";  —  Ce  que  tout  îe 
monde  pense,  ce  que  personne  ne  dit;  Paris, 
1821,  in-8°;  —  Examen  du  rapport  pour 
l'organisation  municipale ;PSins,  1821,  in-8°; 
—  Histoire  de  la  Session  de  1820;  Paris, 
1821,  in-8°;  —  Lettres  sur  le  projet  d'orga- 
nisation municipale  présenté  à  la  Chambre 
des  Députés  le  2i  février  1821;  Paris,  1821, 
in-8°  ;  —  De  l'Espagne  et  des  Conséquences 
de  l'intervention  armée;  Paris,  1823  et  1824, 
in-8°;  —  Résumé  de  la  conviction  publique 
sur  notre  situation  financière,  et  moyen 
pour  en  diminuer  les  dangers;  Paris,  1825, 
in-8°;  —  Causes  et  Conséquences  des  événe- 
ments de  Juillet  1830  ;  in-8°  •,  —  Dela  Pairie, 
des  libertés  locales  et  de  la  liste  civile  ;  Pa- 
ris, 1831,  in-8°.  Fiévée  a  édité  conjointement 
avec  Petitot  :  Le  Répertoire  du  Théâtre- Fran- 
çais; Paris,  1823,  23  vol.  in-8°;  —  Correspon- 
dance et  relations  avec  Bonaparte;  Paris, 
1837,  4  vol,  in-8°.  Il  a  aussi  travaillé  à  la  Biblio- 
thèque des  Romans;  Paris,  1799  et  années  sui-  ' 
vantes,  112  vol.  in-12  ;  à  la  Biographie  des  frères 
Michaud  et  à  celle  des  Contemporains;  il  a 
écrit  et  fait  imprimer  un  volume  sur  l'histoire 
de  France  ;  mais  cet  ouvrage  n'a  jamais  été  livré 
au  public.  Ses  Œuvres,  précédées  d'une  Notice 
biographique  et  Zi^^^rmre  par  Jules  Janin,  ont 
été  publiées  à  Paris,  1842,  in-12.      A.  Jadin. 

Biographie  des  Contemporains.  —  Sainte-Beuve,  Cau- 
series du  lundi,  t.  V  (  1853  ).  —  Documents  particuliers . 

*  FiGANiERE  E  MORAO  (Joaquim-César 
DE  ) ,  historien  portugais ,  né  à  Lisbonne,  le  6 
octobre  1798.  Il  entra  dans  la  diplomatie,  et  de- 
vint ministre  résident  à  Rio  de  Janeiro.  On  a  de 
lui  :  Descripçâo  de  Serra- Leoa  e  seus  con- 
tornos,  escripta  em  doze  car  tas,  a  quai  se 
ajuntâo  os  trabalhos  da  commissào  mixta 
portugueza  e  ingleza  estabelecida  naqziella 
colonia;  Lisbonne,  1822. 

Son  parent  Jorge-César  de  Figaniere,  né 
à  Rio  de  Janeiro,  aujourd'hui.'employé  au  secré- 


66  î 


tariat  des  affaires  étrangères  en  Portugal ,  a  pu- 
blié :  Blbliografia  historica  portugueza ,  ou 
Catalogo  methodico  dos  auctôres  portuguezes 
e  de  alguns  estrangeiros  domiciliarios  em 
Portugal,  que  tractaram  da  historia  civil , 
politica  e  eclesiastica,  etc.  ;  Lisbonne ,  1850, 
in-8°.  Cet  ouvrage,  dont  l'auteur  promet  un  vo- 
bime  complémentaire,  est  plus  exact  que  celui 
de  Pinto  de  Souza  et  rectifie  fréquemment  les 
erreurs  biographiques  qu'on  retrouve  dans  Bar- 
bosa.  Ferdinand  Denis. 

Renseignements  particuliers. 

*  PiGHAMi  ( Baba  ),  poète  persan,  né  à  Schi- 
raz,  mort  à  Mesched,  en  915  de  l'hégire  (1509 
de  J.-C.)  ou  en  925  (1519).  Il  vécut  d'abord  à 
la  cour  du  sultan  Yakoub,  à  ïauriz;  après  la 
mort  de  ce  prince  il  s'établit  à  Abiwerd  (  Kho- 
rassan).  L'exaltation  poétique  semble  avoir  été 
chez  lui  le  produit  de  réchauffement  du  cœur 
ou  du  cerveau  ;  car  dès  qu'il  eut  cessé  de  s'a- 
donner au  vin  et  à  la  sensualité ,  sa  verve  s'é- 
teignit. Retiré  à  Mesched ,  il  ne  composa  plus 
que  des  ouvrages  de  piété,  entre  lesquels  on 
cite  un  poëme  à  la  louange  du  huitième  imam 
Ali  Ben-Mousa.  On  lui  donnait  les  surnoms  de 
Baba-schoara  (père  des  poètes)  et  de  petit 
Hafitz,  à  cause  de  son  habileté  à  tourner  la 
ghazal  (  ode  de  moins  de  treize  vers)  ;  plusieurs 
poètes  connus  l'ont  pris  pour  modèle.  On  a  de 
lui  un  diioan  (recueil  de  ghazals).  M.  Nath, 
Bland  en  a  extrait  dix  pièces,  dont  il  a  donné  le 
texte  dans  4  Centurij  ofpersian  Ghazals from 
unpublished  Diwans;  Londres,  1851,  in-4°. 

On  connaît  im  autre  Fighani,  poëte  turc, 
étranglé  en  933  ou  938  de  l'hégire  (  1 526  ou 
1531  de  J.-C),  par  ordre  du  grand-vizir  Ibra- 
him, qu'il  avait  raillé  dans  un  de  ses  disti- 
ques. Il  laissa  un  Diwan  et  un  Iskender-na- 
meh  (  Alexandréide).  E.  Beâuvois. 

Arzou,  Medjma  an-nefaïs.  —  Sam  Mirza,  Tedzkiret, 
n°  215.  —  AbouThalcb,  Tedzkiret.  —  Taki  ed-Oir.  Mo- 
hammed Kaschi,  Kholasset  al-Aschaar.  —  J.  de  Hara- 
raer,  Gesch.  der  sehônen  Redelc.  Persiens,  p.  391.  — 
v/  Centurii  oj  Persian  Ghazals.  -  Sprenger,  Cat.  des 
Bibl.  du  roi  d'Aoude.  —  Hadji-Khalfah  ,  Lex.  bibliogr., 
t.  I,  n°  684;  III,  B610.  —  J.  de  Hammer,  Gesch.  der  Ostn. 
Dichtkiinst,  t.  Il ,  p.  18. 

*  FiGiNO  (  Ambrogio  ) ,  peintre  de  l'école 
milanaise,  né  à  Milan,  vers  1550,  vivait  encore 
en  1595.  Il  fut  élève  de  Gian-Paolo  Lomazzo,  et 
se  distingua  surtout  comme  peintre  de  portraits. 
On  regarde  comme  son  chef-d'œuvre  en  ce  genre 
celui  du  mestre  de  camp  Foppa,  conservé  à 
Milan  au  musée  de  Brera.  Figino  fit  également 
preuve  d'un  talent  hors  ligne  dans  ses  fresques  et 
surtout  dans  ses  tableaux.  Dans  ses  composi- 
tions, il  recherchait  moins  le  nombre  que  la 
perfection  des  figures.  Dans  l'école  milanaise , 
Gaudenzio  Ferrari  a  seul  donné  à  ses  figures  de 
saints  autant  d'élévation  et  de  caractère.  Parmi 
ses  tableaux ,  les  plus  estimés  sont  :  Sai77t  Mat- 
thieu et  Saint  Paul,  à  l'église  de  Saint-Raphael  ; 
une  Conception  et  une  Nativité  de  la  Vierge,  à 
Saint-Anloine-abbé;  Sain  ^  Benoît,  accompagné 


FIGANIERE  —  FIGUEIRA  668 

de  ses  disciples  saint  Maur  et  saint  Placide, 
à  San-Vittore-al-Corpo;  enfin,  La  Vierge  entre 
saint  Jean  évangéliste  et  saint  Michel  au 
musée  de  Brera.  Au  musée  de  Berhn  est  un 
tableau  de  ce  maître ,  La  Vierge  et  plusieurs 
saints.  Les  dessins  de  Figino,  qui  imitent  avec 
une  rare  perfection  ceux  de  Michel-Ange,  sont  y 
fort  recherchés  des  amateurs.        E.  B— n. 

G,-C.  Lomazzo,  Idea  del  Tempio  dellœ  Pittura.  —  Mo- 
rigia.  Delta  Nobillà  Milanese.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

—  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Pirovano,  Guida,  A\  I 
Milano. 

FiGLiucci  (Félix),  philosophe  et  théoloi 
gien,  né  à  Sienne,  dans  la  première  partie  dd 
seizième  siècle,  vivait  encore  en  1582.  Élève  de 
l'université  de  Padoue,  il  se  fit  une  grande  répu^- 
tation  par  ses  écrits  philosophiques ,  son  talent 
oratoire  et  ses  poésies.  «Après  avoir,  ditÉchard, 
goûté  à  la  manière  des  jeunes  nobles  des  délice*  i 
de  la  cour  et  des  voluptés  du  monde,  il  donna 
son  nom  au  Christ  et  à  saint  Dominique ,  et  fit  j 
profession  dans  le  couvent  de  Saint-Marc  à  Flo- 
rence. »  On  a  de  lui  :  Undici  Filippiche  di  De* 
mostene  dichiarate;  Rome,  1550  ,  in-8°;  — . 
Délia  Filosofia  morale  libri  X  sopra  libri  X 
d'Aristotele;  Rome,  1551,  in-4°;  —  La  Poli' 
tica,  overo  scienza  civile  secondo  la  dottrina  \ 
d'Aristotele  ;  Venise,  1583,  in  4°.  Cette  édition  , 
fut  probablement  précédée  d'une  autre,  donnée 
à  Rome,  et  dont  la  date  est  inconnue;  — Ca- 
techismo,  cioè  istruzione  secondo  il  decrelo 
del  concilio  di  Trento;  Rome,  1567,  in-8°.  Ce 
Catéchisme  parut  sous  le  nom  cV Alexis,  que  Fi- 
gliucci  avait  pris  en  entrant  dans  l'ordre  des 
Dominicains.  Figliucci  traduisit  le  Phédon  de 
Platon  ;  Rome,  1544,  in-8°  ;  il  fit  passer  du  latin 
en  italien  les  Lettres  de  Marsile  Ficin  ;  Rome;, 
1546-1548,  et  Y  Historia  septentrionalis  à'O- 

latis  Magnus. 
Quétlf  et  Échard,  Scriptores  Ordinis  Prxdicatorum_ 
FIGREHUS    GRIEPENHIELM    OU    GREIF- 

FENHELaï  (  Edmond  ),  historien  suédois,  mort 
le  24  août  1676.  Il  professa  à  Upsal  avec  une 
distinction  qui  le  fit  nommer  précepteur  du 
prince  royal,  depuis  roi,  Charles  XI.  Il  fut  en- 
suite anobli,  et  prit  le  nom  de  Griepenhielm 
ou  Greiffenhelm.  En  dernier  lieu  il  fut  nommé 
chancelier  et  conseiller  d'État.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  De  Statuis  illustrium  Roma- 
norum;  Stockholm,  1656,  in-8°  :  cet  ouvrage 
est  ordinairement  suivi  d'un  opuscule  ayant 
pour  titre  :  Joannis  Schefferi  De  antiquorum 
Torquibus  Syntagma;  Stockholm,  1656,  in-8°. 

—  Reipublicx  Suecise  cum  Romana  Compa- 
ratio;  Upsal,  1642,  in-4'';  —  Diagramma 
epicum  de  ultimo  mundi  die  et  vit  a  eeterna; 
Paris,  1648;  —  Consiliarius  ex  Curtii  1.  III, 
cap.  XII ,  ad  Hephsestionis  exemplum  direc- 
tus;  Upsal,  1654,  in-4''. 

Witte,  Diar.biog.  —  David  Cléraenl,  Bibl.  wr.,  VIII. 

FiGîJEiRA  (  Luiz  ),  missionnaire  et  philologue 

portugais,  néà  Almodovar,  mort  en  1643.  Il  entra 

dans  l'institut  des  Jésuites  en  1602,  au  moment 


669 


FIGUEIRA 


où  l'on  fondait  les  missions  destinées  à  civiliser 
les  Indiens  voisins  de  l'Amazonie.  Envoyé  dès 
1607  au  Maranham,  à  la  suite  d'une  expédition 
qu'organisait  le  capitâo  mdr  de  Pernambuco , 
Alexandre  de  Moura ,  et  qui  se  composait  d'une 
(juarantaine d'Indiens  civilisés;  on  l'avait  choisi 
sans  doute  à  cause  de  ses  rares  connaissances 
flans  la  linguistique  indienne,  et  il  avait  pour 
compagnon  le  P.  Francisco  Pinto.  Les  mission- 
naires se  dirigèrent  vers  le  nord  à  petites  jour- 
nées, et  à  Pâques  ils  arrivèrent  à  ïpiaba,  dans 
lies  villages  où  se  réunissaient  aux  indigènes 
quelques  colons  français.  Plusieurs  de  ces  aven- 
turiers se  joignirent  à  eux  ;  mais  leur  influence 
fut  fatale  aux  malheureux  voyageurs,  car  ceux-ci 
ayant  été  attaqués  par  une  horde  ennemie ,  les 
porteurs  du  P.  Pinto  le  laissèrent  choir  dans 
un  marais,  où  il  fut  frappé  d'une  flèche  en  pleine 
poitrine;  le  P.  Figueira  échappa  comme  par  mi- 
racle à  ce  sort,  et,  se  jetant  au  sein  des  forêts, 
joignit  des  Indiens,  qui  le  conduisirent  au  Ceara, 
d'où  il  gagna  le  Rio-Grande  ;  là  heureusement 
une  embarcation  avait  été  expédiée  pour  le  re- 
cueillir. Après  plusieurs  années  employées  a  des 
travaux  moins  périfleux,  il  retourna  en  Portugal  ; 
mais  bientôt  le  souvenu-  des  missions  lui  fit  une 
loi  de  retourner  au  Brésil.  Il  s'embarqua  de  nou- 
veau pour  le  Maranham;  toutefois,  il  ne  put 
gagner  les  établissements  [fondés  le  long  de  la 
côte  du  nord,  et  un  naufrage  le  fit  périr  aux  bou- 
ches de  l'Amazone.  Figueira  est  auteur  d'une 
grammaire  fort  renommée  de  la  langue  tupique, 
dont  la  première  édition  fut  publiée  vers  1621, 
et  dont  la  seconde,  très-augmentée ,  parut  long- 
temps après  sa  mort ,  sous  ce  titre  :  Arte  cla 
Gramatica  cla  Lingua  Brasilica;  Lisbonne', 
1687,  petit  in-8°.  Ce  travail  curieux  a  été  réim- 
primé vers  1798,  in-4°;  il  est  devenu  très-rare. 
Ferdinand  Deots. 

Barbosa  Machado,  Bibliotkeca  Ltisitana. 
FIGUEIRA   DURAM.  VOIJ.  DdRAlM. 

FiGUEiREDO  { Pedro- Jozé),  biographe  por- 
tugais ,  né  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  mort  après  1820.  C'est  le  principal 
rédacteur  d'un  essai  d'iconographie  publié  sous  le 
titre  :  Refratos  e  elogios  dos  varones  e  douas 
que  illustraram  a  naçâo  Portugueza,  em 
virtudes,  letras ,  armas,  e  artes  assim  na- 
cionaes  como  estranfios,  tanto  antigos  como 
modernos,  offerecidos  aos  generosos  Portu- 
j/weses;  Lisbonne,  1806-1817,  in-4°.  L'ouvrage 
pour  être  complet  doit  présenter  78  éloges,  qu'on 
trouve  l'arement  réunis.  Figueiredo  fut  aidé  dans 
la  rédaction  de  ce  travail  par  l'abbé  Agostinho 
de  Macedo,  l'auteur  du  poëme  sur  la  découverte 
des  Indes  (0  Oriente).  —  On  a  du  même  auteur 
une  excellente  grammaire  portugaise.  F.  D. 
Memorias  da  Acadcmia  das  Sciencias. 

FIGUEIREDO  {Antonio  Pereira).  Voyez 
Pereira. 

FiGUEROA  (Don  Lopez  DE  ) ,  général  espa- 
gnol, né  à  Valladolid,  vers  1520,  mort  dans  la 


FIGUEROA  670 

même  viile,  1595.  Il  servit  avec  succès  dans  la 
guerre  contre  les  Morisques  en  1562,  et  se  si- 
gnala à  la  bataflle  de  Lépante  ,  où  il  décida  la 
victoire  en  sautant  de  la  galère  amirale  sur  celle 
que  montait  l'amiral  Ali,  qui  périt  dans  l'action, 
et  en  s'emparant  de  la  galère  capitane. 

Mariana,  Historia  Hispanise. 
FiGUEBOA,  maison  illustre  d'Espagne,  ori- 
ginaire de  î'Estremadure ,  qui  s'éleva  aux  plus 
hautes  charges  de  l'État. 

FSGUEBOA  {D.  Gomez  Suarez  de),  mort, 
en  1571,  premier  duc  de  Feria,  fut  en  grande 
faveur  auprès  du  roi  Philippe  II.  Ce  prince ,  en- 
core infant  d'Espagne,  le  chargea  d'aller  féli- 
citer, de  la  part  de  l'empereur,  le  pape  Jules  III, 
sur  son  avènement  au  saint-siége.  Lors  de  son 
mariage  avec  la  reine  Marie  d'Angleterre,  D.  Go- 
mez Suarez  vint  lui  apporter  l'abdication  que 
venait  de  faire  en  sa  faveur  l'empereur,  son  père, 
des  royaumes  de  Naples  et  de  Sicile.  Devenu  roi, 
Philippe  II  lui  conféra  la  commanderie  de  Segura, 
le  nomma  frère  de  l'ordre  de  Santiago ,  l'appela 
dans  ses  conseils  d'État  et  de  guerre,  et  l'éleva 
au  grade  de  capitaine  de  sa  garde.  II  le  chargea 
de  garder  la  prison  d'où  le  malheureux  prince 
D.  Carlos  ne  sortit  que  pour  recevoir  la  mort 
par  ordre  de  son  père.  Le  roi,  pour  récompen- 
ser le  zèle  et  les  services  de  Figueroa,  l'éleva  à  la 
dignité  ducale.      •  V.  Marty. 

Louis  Cabrera  de  Cordova,  Felipe  II.  —  Ferreras,  //. 
Oen.  de  Esp.  -  Ortiz  y  Sanz,  Comp.  chr.  de  la  H.  de  Esp. 

FïGUEROÂ  (D.  Lorenzo  IV  Suakez  de), 
duc  de  Feria,  né  à  Malinea,  en  Flandre,  8  sep- 
tembre 1559,  mort  à  Naples,  en  février  1607. 
Il  fut  baptisé  par  le  cardinal  de  Granvelle.  Am- 
bassadeur en  France,  de  1593  à  1598  ,  il  tenta 
vainement  de  gagner  ce  royaume  à  Philippe  II, 
au  détriment  de  Henri  IV.  Il  essaya  de  faire 
accepter  pour  rois  des  princes  de  la  maison  d'Es- 
pagne; mais,  malgré  le  discours  latin  qu'il  pro- 
nonça devant  le  conseil  de  la  Ligue ,  malgré  les 
gai'nisons  vallones  et  espagnoles  qu'il  introduisit 
dans  Paris ,  il  ne  put  empêcher  l'avènement  du 
Béarnais.  Il  sortit  de  Paris  furieux  d'avoir  été 
joué  par  le  parti  des  politiques,  et  se  retira  à  La 
Fère.  Néanmoins,  Philippe  II  le  nomma  successi- 
vement capitaine  général  de  la  Catalogne  et  vice- 
roi  de  Naples.  V.  M. 

Iflém.  relat.  à  l'Hist.  de  France,  coll.  Dupuy,  coll. 
Petitot.  —  Herrera,  Hist.  del  Mundo,  in-4°,  t.  III. 

FIGUEROA  {D.  Gomez  II  Suarez  de),  diplo- 
mate espagnol,  né  en  1587,  à  Guadalaxara,  mort 
à  Munich,  le  14  janvier  1634.  Il  fut  successive- 
ment ambassadeur  à  Rome  sous  Philippe  III, 
vice-roi  et  capitaine  général  de  Valence.  A  la  mort 
de  Henri  TV  (1610),  il  vint  à  Paris  pour  faire  <les 
compliments  de  condoléance  à  la  reine-mère  et 
lui  offrir,  de  la  part  du  roi,  les  forces  nécessaires 
pour  assurer  la  tranquillité  de  la  régence.  Il  fit 
en  même  temps  la  première  ouverture  des  ma- 
riages qui  furent  conclus  depuis  entre  les  princes 
français  et  espagnols.  Il  ne  se  retira  qu'après 
avoir  conclu  un  traité  qui  interdisait  aux  deux 


671 


FIGUEROA 


672 


gouverneinents  d'écouter  les  propositions  des 
mécontents  huguenots  ou  catholiques,  et  en 
vertu  duquel  le  roi  d'Espagne  s'engageait  à  as- 
sister la  régente  contre  ses  adversaires.  En  1618, 
le  duc  de  Feria  remplaça  D.  Pedro  de  Tolède  dans 
le  gouvernement  de  Milan.  Il  protégea  la  Valte- 
line  catholique  contre  les  Grisons  protestants. 
Mais  le  pape  et  la  France  protestèrent  contre  la 
réunion  de  cette  province  à  l'Espagne ,  et  armè- 
rent pour  s'y  opposer.  Tandis  que  son  gouver- 
nement s'engageait ,  par  des  traités ,  à  l'évacua- 
tion de  cette  province,  Figueroa  y  prenait  des 
positions ,  et  pratiquait  les  Grisons  pour  se  mé- 
nager par  eux  des  communications  avec  l'Al- 
lemagne. Il  se  déclara  pour  Gênes  contre  le  duc 
de  Savoie ,  que  soutenaient  les  Français.  Mais  il 
jeta  cette  république  dans  les  bras  de  ces  der- 
niers en  voulant  lui  extorquer  l'argent  néces- 
saire pour  le  siège  de  Casai,  et  il  essaya  de 
détacher  de  la  France  les  ducs  de  Savoie  et  de 
Mantoue,  tandis  qu'il  envoyait  dans  la  Val- 
teline  le  marquis  de  Spinola,  arrivé  à  propos 
pour  relever  la  gloire  des  armes  espagnoles.  En 
même  temps,  il  gagna  l'aUiance  de  quelques 
cantons  suisses,  et  fit  dans  le  Milanais  des 
levées  considérables  de  troupes.  Il  finit  par  faire 
passer  en  Allemagne  19,000  hommes,  à  la  tête 
desquels  il  secourut  Brissach  (1633),  et  alla 
mourir  à  Munich,  laissant  un  fils  qui  décéda 
sans  héritier  direct.  V.  Marty. 

Mcfti.  relat.  à  l'hist.  de  France,  coll.  Pet.,  Dup.  — 
Léo  et  Botta,  Hist.  d'Italie,  trad.  de  l'allera.  par  Doch. 
—  Ort.  y  Sinz,  Ccntip.  chron. 

FIGUEROA  (Barthélémy  Cairasco  de), 
poëte  espagnol,  né  aux  Canaries,  en  1540,  mort 
vers  1620.  Il  entra  dans  les  ordres,  et  devint 
chanoine  des  Canaries.  Il  composa  sur  les  vies 
des  saints  un  long  poëme  intitulé  :  Templo  vii- 
litante,flos  sanctorum,  y  triunfosde  las  vir- 
tudes ,  IIP  vol.  ;  les  deux  premiers  parurent  à 
Lisbonne,  en  1614,  le  troisième  dans  la  même 
ville,  en  1628. 

Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova. 

FIGUEROA  (  François  de)  ,  poëte  espagnol , 
né  à  Alcala  de  Henarès,  vers  1540,  mort  en  1620. 
Il  embrassa  la  carrière  militaire ,  servit  dans  les 
guerres  d'Italie ,  et  fit  plusieurs  campagnes  en 
Flandre  avec  don  Carlos  d'Ai-agon ,  premier  duc 
de  Terra-Nova.  Quelque  temps  après,  il  revint  en 
Espagne.  Dès  sa  jeunesse ,  il  avait  montré  du 
talent  pour  la  poésie,  et  plus  tard  il  mérita,  ou 
du  moins  il  obtint  le  titre  de  divin  poëte.  Comme 
beaucoup  de  ses  contemporains ,  il  écrivit  des 
pastorales  à  la  manière  des  Italiens.  Le  pre- 
mier il  fit  usage  des  vers  blancs  introduits 
par  Boscan  dans  la  poésie  espagnole,  en  1543. 
Pendant  la  première  partie  de  sa  vie,  il  fut  peut- 
être  plus  connu  et  plus  admiré  en  Italie  qu'en 
Espagne.  Sa  réputation ,  pour  être  plus  tardive 
dans  sa  patrie,  n'en  fut  pas  moins  éclatante.  Son 
recueil  de  poésies,  daté  de  1572,  dut  dès  cette 
époque  circuler  en  manuscrit,  mais  il  ne  fut 


imprimé  qu'à  Lisbonne,  1626,  un  petit  in-8°,  , 
soiis  les  auspices  de  Luis  Tribaldo  de  Tolède. 
L'éditeur,  dans  son  discours  préliminaire ,  re- 
grette la  perte  des  autres  ouvrages  de  Figueroa , 
et  déplore  également  qu'on  ne  possède  pas  plus  de 
particularités  sur  la  vie  de  cet  excellent  poëte. 

Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova.  —  Tick- 
nor,  History  of  Spanish  Literature,  t.  II,  p.  472. 

FIGUEROA  {T>on  Garsias  y  Si^ra),  voya- 
geur et  diplomate  espagnol ,  né  à  Badajoz ,  vers 
1574,  mort  avant  1628.  Selon  Aubert  Le  Mire, 
il  aurait  péri  en  1620,  dans  une  tempête,  à 
son  retour  des  Indes  ;  mais  cette  assertion  est 
contredite  par  la  relation  de  l'ambassade  de  Fi- 
gueroa, où  l'on  voit  qu'il  revint  à  Madrid.  Il  se 
rattachait ,  mais  par  une  descendance  illégitime, 
à  la  maison  des  ducs  de  Feria.  Introduit  à  la  cour 
de  Philippe  II  en  qualité  de  page,  il  en  sortit 
pour  aller  faire  la  guerre  en  Flandre ,  et  obtint  le 
grade  de  capitaine.  Philippe  ni  l'employa  dans 
les  ministères ,  et  le  chargea  de  plusieurs  mis- 
sions diplomatiques.  Envoyé  en  qualité  d'ambas- 
sadeur auprès  de  Schah-Abbas,  qui  avait  mani- 
festé le  désir  de  conclure  un  traité  de  commerce 
avec  l'Espagne ,  don  Garcias  se  rendit  à  Goa,  en 
1614.  Pendant  plus  de  deux  ans,  il  fut  forcé  de 
suspendre  son  voyage  en  Perse,  par  suite  du 
mauvais  vouloir  du  gouverneur  des  Indes,  qui 
ne  voulut  mettre  à  sa  disposition  ni  argent  ni 
vaisseau  de  l'État.  Réduit  à  prendre  passage  sur 
un  vaisseau  marchand ,  il  arriva  à  Ormuz  le 
17  mars  1617,  et  n'en  repartit  que  le  12  octobre, 
sur  une  galère  qui  le  transporta  en  Perse.  Il  fut 
accueilli  avec  de  grands  honneurs  dans  toutes  les 
villes  par  où  il  passa,  et  arriva  enfin  à  Ispahan 
le  18  avril  1618.  De  là  il  se  rendit  à  Cazwin,  i 
auprès  de  Schah-Abbas ,  et  retourna  à  Ispahan. , 
Il  y  reçut,  en  1619,  la  visite  du  schah,  qui^ 
malgré  ses  démonstrations  d'amitié,  répondit 
négativement  aux  demandes  qui  lui  furent  adres- 
sées ,  savoir  de  rendre  le  port  de  Bender  aux 
Portugais  et  l'île  de  Bahréin  au  roi  d 'Ormuz, 
leur  vassal ,  et  de  n'accorder  qu'aux  Portugais 
le  droit  de  faire  le  commerce  en  Perse.  Figueroa 
quitta  Ispahan  le  25  août  1619,  reprit  la  route 
qu'il  avait  déjà  suivie,  et  alla  s'embarquer  à  Goa, 
le  19  novembre  1620.  Assailli  par  de  violentes 
tempêtes  dans  le  canal  de  Mozambique,  il  renti-a 
dans  le  port  d'où  il  était  parti ,  et  ne  put  se  rem- 
barquer qu'en  mars  1622.  Il  arriva  en  Espagne 
en  août  1624.  Figueroa  possédait  bien  l'histoire 
de  sa  patrie,  et  savait ,  outre  le  grec  et  le  latin , 
plusieurs  langues  orientales.  On  a  de  lui  :  De 
Rébus  Persarum  Epistola,  v  hal.  an.MDCXIX 
Spahani  exarata,  adressée  au  célèbre  marquis 
de  Bedmar,  imprimée  à  Anvers,  1620,  in-S",  et 
traduite  en  anglais  dans  Purchas's  Pilgrims ,  ^ 
t.  II,  p.  1533;  —  Breviarium  Historias  Hispa-  \ 
nicce;  Lisbonne,  1628,  in-S".  Le  Mire  lui  at-  ^ 
tfibue  :  Totius  Legationis  suse  et  Indicarum 
Rerum  Persidisque  Commentarii.  C'est  appa-  , 
remment  d'après  ce  dernier  ouvrage  qu'a  été  , 


(V/3 


FIGUEROA  —  FIGUEYRA 


G74 


(■ciife,  ea  espagnol,  par  un  des  attachés  de 
Faiiibassade  ,  ïa  relation  du  voyage  de  Figueroa. 
i;iic  est  remplie  de  remarques  judicieuses  ,  con- 
tient une  description  exacte  des  villes  traversées 
li;ii'  l'ambassadeur,  et  donne  de  grands  détails 
sur  l'état  de  la  Perse  au  temps  de  Schah-Abbas. 
Vv  icqfort  en  a  donné  une  traduction  française 
peu  fidèle,  sous  le  titre.de  :  L'Ambassade  de 
don  Guicias  de  Silva  et  Figueroa  en  Perse; 
Paris,  1667,  in-4<>. 

ambassade,  etc.  —  Pietro  délia  Valle,  Foyages,  Perse, 
lettres  v,  VI,  Vif.  —  Aubert  Le  iVIire ,  Bihtiothecu  ec. 
clesiastic.a,  part.  II,  p.  208.  —  Antonio,  Bibliotheca  nova, 
t.  l,p.  S17.  —  J.  Beckrannn,  Literatur  der  ûlteren  Reise- 
besckreibunr/en ;  Goettingue,  1807-1810, 10-8",  t.  II. 

FIGUEROA  (  Christophe  Suarez  de  ),  poète 
et  romancier  espagnol ,  né  à  Valladolid ,  vivait 
au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Doc- 
teur en  droit,  il  occupa  plusieurs  places  dans 
l'administration  espagnole  en  Italie,  et  il  passa 
dans  ce  pays  une  grande  partie  de  sa  vie.  Voici , 
d'après  Nicolas  Antonio,  la  liste  de  ses  ouvrages  : 
Espejo  de  Juventud  (  sans  lieu  ni  date  d'im- 
pression); —  El  Pastor  fido,  tragicomedia 
pastoral  de  Baptista  Guarini;  Valence,  1609, 
in-8°.  Suivant  Ticknor,  cette  traduction  est  ex- 
cellente ;  le  même  auteur  croit  que  la  première 
édition  est  de  Naples ,  1602  ;  Nicolas  Antonio  cite 
mssi  une  édition  de  Naples,  mais  de  1622  seu- 
ement;  —  La  Constante  Amaryllis,  en  quatre 
liscours;  Valence,  1609,  in-8°;  Madrid,  1781, 
n-S".  C'est  une  composition  romanesque,  en 
H'ose  et  en  vers  :  comme  la  plupart  de  ses 
jrédécesseurs  dans  ce  genre  d'ouvrages,  Fi- 
;ueroa  mêle  de  courts  poèmes  à  ses  récits ,  et 
)rétend  raconter  une  histoire  véritable.  Si  on  l'en 
roit,  «  son  Amaryllis,  composée  pour  plaire  à 
ine  personne  de  grande  considération,  ne  le 
latisfit  pas  lui-même  ».  Cette  pièce  est  cependant 
icrite  dans  un  style  facile  et  assez  pui-,  et  quoi- 
[u'elle  contienne  de  pédantesques  et  ennuyeuses 
îissertations  et  des  machines  poétiques  assez 
aàladroites,  c'est  le  seul  des  ouvrages  de  Fi- 
[ueroa  qui  ait  été  réimprimé  et  beaucoup  lu 
lansle  dernier  siècle;  —  Espana  de/endida, 
(oëme  épique;  Madrid,  1612,  in-S";  —  Me- 
hos  de  D.  Garcia  Hurtado  de  Mendoza , 
niarto  marques  de  Canete;  Madrid,  1613, 
a-4".  Cette  histoire,  dédiée  au  duc  de  Lerme  et 
crite  avec  élégance ,  mais  aussi  avec  affecta- 
ion  ,  est  pleine  de  flatteries  pour  la  grande  fa- 
nille  dont  le  marquis  de  Canete  était  membre  : 
e  marquis  commandait  les  Espagnols  dans  la 
;uerrede  l'Arauco,  célébrée  par  Ercilla(î)02/.  ce 
lom).  Le  poète,  mécontent  du  général,  ne  l'avait 
las  nommé,  et  Figueroa  s'efforce  de  réparer  cette 
mission;  —  Historia  y  anal  relacion  de  las 
osas  que  hïcieron  los  padres  de  la  Compania 
)or  el  Oriente  en  la  propagacion  del  Evange- 
to  los  anos  de  MDCVII  y  MDCVIII;  Madrid  , 
614,in-4"; —  Obras  espirituales  de  la  madré 
'iaptista  de  Genova;  traduit  de  l'italien;  — 
Haza  universal  de  todas  ciencias   y  artes , 

NOUV,   BÎOGR.   GÉNÉR.   —   T.   XVII. 


traduit  de  l'italien  de  Thomas  Garzoni  de  Bagna- 
cavallo;  Madrid  ,  1615,  in-4''; —  El  Pasagero, 
advertencias  uiilissimas  à  la  vida  humana; 
Madrid,  1617,  in-12.  C'est  un  ouvrage  moitié  nar- 
ratif, moitié  didactique,  contenant  dix  longues  dis- 
cussions sur  un  grand  nombre  de  sujets  et  tenues 
par  quatre  personnes  qui  se  rendaient  de  Madrid  à 
Barcelone  afin  de  s'y  embarquer  pour  l'Itahe.  Les 
discussions  elles-mêmes  portent  le  titre  A'Alivios, 
repos  de  la  route.  Figueroa  joue  le  principal  rôle 
dans  ces  dialogues  ;  le  huitième  tout  entier  est 
même  consacré  à  son  autobiographie.  Figueroa 
ne  donne  pas  une  idée  avantageuse  de  son  ca- 
ractère par  ses  attaques  ouvertes  ou  insidieuses 
contre  ses  plus  illustres  contemporains.  A  l'é- 
gard de  Cervantes,  qui  venait  de  mourir,  il  est 
tout  à  fait  malveillant  ;  il  n'est  pas  moins  injuste 
pour  Lope  de  Vega,  Villegas,  Espinosa,  etc. 
Ce  huitième  dialogue  est  cependant  intéressant , 
ainsi  que   le  neuvième  et  le  dixième   :    l'au- 
teur y  expose  ses  vues  sur  l'état  de  l'Espa- 
gne à  l'époque  où  il  écrivait  et  sur  les  moyens 
d'y  mener  une  vie  honnête  et  honorable.  Les 
plus  importants  de  ces  dix  dialogues  sont  le  troi- 
sième, qui  concerne  le  théâtre,  et  le  quatrième, 
qui  roule  sur  la  prédication  populaire  et  sur  la 
prédication  à  l'usage  du  beau  monde.  Le  style 
du  Pasagero  est  diffus ,  mais  élégant  et  moins 
déclamatoire  que  beaucoup  d'ouvrages  didac- 
tiques de  cette  époque  ;  —  Varias  Noticias  im- 
portantes à  la  humana  comunicacion  ;  Ma- 
drid, 1621,  in-4''.  Cet  ouvrage  se  divise  en  vingt 
essais,  intitulés  Variedades.  Il  est  moins  bien 
écrit  que  le  Pasagero,  et  tombe  plus  souvent 
dans  les  défauts  du  temps;  cependant  on  lit  avec 
plaisir  le  dix-septième  essai ,  consacré  à  la  vie 
domestique,  avec  des  exemples  pris  dans  l'his- 
toire d'Espagne. 

Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova.  —  Ticls- 
nor,  History  of  Spanish  Literature,  t.  II,  305,  43!,  463; 
t.  III,  46,  72,  169. 

FIGUEROA  {François  de),  médecin  espa- 
gnol, vivait  à  Séville  dans  la  première  partie  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Dos  Tratados, 
uno  de  las  calidades  y  efectos  de  la  Aloja,  y 
otro  de  una  especie  de  garrotdlo  0  esquïnencia 
mortal  ;  himdL ,  1616,  in-4°  ; —  Luxus  in  ju- 
dicium  vocatus  et  ad  recta  evocatus  ;  gelida 
saluttfera,  sive  de  innoxiofrigidopotu;  suivi 
d'une  dissertation  sur  le  sens  du  mot  acia  dans 
Celse;  Séville,  1633,  in-4''. 
Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova. 

FIGUEYRA  OU  FIGUIER  (^erworrf) ,  tra- 
ducteur portugais,  né  à  la  fin  du  seizième  siècle, 
mort  au  dix-septième.  Il  vint  jeune  à  Paris  ,  et 
acquit  une  assez  grande  habitude  de  la  langue 
française  pour  traduire  les  célèbres  aventures 
de  Mendez  Pinto,  qu'il  dédia  à  Richelieu  :  Les 
Voyages  advanlvrevx  (sic)  de  Fernand  Men- 
dez Pinto,  fui ellenient  tradvUs  de  portugais 
on  françois ;  Paris,  1045,  in-4".  Dans  l'averti.i- 
sement  au  lecteur,  Figueyra  assure  n'avoir  pas 

22 


675  FIGUEYRA  —  FIGUIEIRA 

employé  moins  de  sept  à  huit  ans  à  faire  sa 


676 


traduction.  F-  D. 

Barbosa  Machado ,  Bibliotheca  Lusitana.  —  Avertis- 
sement de  l'ouvrage  traduit. 

FIGUIEIRA  on  FiGUEiRAS  (1)  (GuUlem), 
célèbre  troubadour  provençal ,  né  à  Toulouse, 
vers  1190.  Fils  d'un  tailleur,  il  exerça  pendant 
quelque  temps  cette  profession  ;  mais,  doué  d'une 
vive  imagination,  d'une  grande  facilité  d'expres- 
sion, d'un  goût  naturel  pour  la  poésie  et  d'une 
voix  harmomeuse ,  il  composait  et  chantait,  en 
travaillant,  dessirventes,  qui  plaisaient  aux  sei- 
gneurs et  amusaient  le  peuple.  C'était  l'époque 
où  l'on  prêcliait  la  croisade  contre  les  albigeois. 
Témoin  des  calamités  qu'un  zèle  mal  dirigé  at- 
tirait sur  sa  patrie,  le  poète  prit  d'abord  la  dé- 
fense des  bons  comtes  (2)  ;  mais,  quoique  catho- 
lique, craiguant  les  bûchers  qui  dévoraient  les 
schismatiques ,  il  se  réfugia  en  Lombardie,  et  là, 
soit  nécessité,  soit  génie,  il  devint  tout  à  la  fois 
troubadour  et  jongleur,  lise  fit  bientôt  remarquer 
par  la  vivacité  de  son  esprit  et  la  hardiesse  de 
ses  pensées.  Ennemi  des  grands  et  des  prêtres, 
dont  il  fuyait  la  tyrannie,  il  ne  voulut  plus  fréquen- 
ter que  les  bourgeois  et  les  hommes  du  peuple; 
cependant,  d'après  l'aveu  de  son  plus  ancien 
biographe,  les  mœurs  de  Figuieira  ne  furent  pas 
dignes  d'éloges.  S'il  se  montrait  d'une  humeur 
sombre  dès  qu'il  voyait  des  gens  de  cour  ou 
d'église,  s'il  les  déchirait  dans  ses  vers  et  af- 
fectait de  les  mettre  au-dessous  de  la  populace, 
on  le  voyait  toujours  fréquenter  les  tavernes  et 
les  mauvais  lieux  (3).  Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne 
peut  refuser  une  certaine  attention  aux  sir- 
ventes  énergiques  de  Figuieira  lorsqu'il  s'élève 
contre  les  désordres  de  tous  genres  qui  affli- 
geaient alors  la  cour  de  Rome,  et  dont  l'humanité 
entière  se  ressentait  si  cruellement.  Il  peut  être 
utile  de  constater  que,  malgré  son  exagération, 
le  troubadour  fut  ici  le  précurseur  d'un  philo- 
sophe comme  Érasme,  d'un  réformateur  comme 
Luther.  «  Je  sais,  dit-il ,  qu'on  me  voudra  du 
mal  de  ce  que  je  fais  un  sirvente  contre  cette 
gent  fausse  et  mal  apprise  de  Rome,  qui  est  la 
source  de  toute  décadence;  mais  je  ne  saurais 
différer.  Je  ne  m'étonne  point  que  le  monde  soit  ! 
dans  l'erreur  ;  c'est  vous,  trompeuse  Rome,  qui  y  ; 
semez  le  trouble  et  la  guerre.  Votre  cupidité 
vous  aveugle,  et  vous  tondez  de  trop  près  la 
laine  de  vos  moutons.  Rome,  tu  traînes  avec  toi 
les  aveugles  dans  le  précipice;  tu  franchis  les 
bornes  que  Dieu  t'a  données,  car  tu  absous  le 
péché  à  prix  d'argent,  et  tu  te  chai-ges  d'un  far- 
deau plus  lourd  qu'il  ne  t'appartient.  Rome,  en 
trompant  les  barons  français  et  le  peuple  pari- 
Ci)  Et  non  pas  Fiqnier, comme  il  est  nommé  sans  raison 
dans  le  Dictionnaire  de  Chaudon  et  dans  la  Biographie 
universelle  de  MM.  Michaud  frères. 

(2)  C'eKt  ainsi  que  les  troubadours  reconnaissants  dé- 
signaient les  généreux  Raymond,  comtes  de  Toulouse. 

(3)  Non/o  hom  que  saiibes  caber  entré'  es  baron,  m 
entré'  la  bona  gent,  mas  mont  se  fez  grazit  arlota,  et 
alsputans,  et  als  hostes  taverniers. 


sien   par  la  promesse  d'une  indulgence  et  de 
faux  pardons  que  tu  ne  pourras  donner  ;  tu  les  as 
dévoués  à  la  misère  et  à  l'infortune.   N'as-tu 
pas  causé,  partes  prédications  insensées,  la  mort 
du  bon  roi  Louis  VIII  ?  Rome,  tu  fais  peu  de  mal 
aux  Sarrasins,  mais  tu  fais  un  grand  carnage  de 
Grecs  et  de  Latins.  Que  Dieu  jamais  ne  te  pardonne 
le  pèlerinage  que  tu  fis  à  Avignon,  où  sans  sujet 
tu  mis  à  mort  un  peuple,  un  peuple  innombrable  ! 
Tu  suis  des  voies  tortueuses  et  règnes  avec  mé- 
chanceté ;  Rome  de  mauvaises  mœurs  et  de  mau- 
vaise foi,  mal  se  conduit  qui  suit  tes  traces,  caria 
cupidité  se  cache  sous  ton  manteau,  et  voilà  le 
véritable  motif  de  tes  injustices  envers  le  comte 
Raymond.  Rome,  tu  te  fais  un  jeu  d'envoyer  les 
chrétiens  au  martyre,  mais  dans  quel  livre  as-tu 
lu  que  tu  doives  exterminer  les  chrétiens  ?... 
Comme  une   bête  enragée,  tu   as  dévoré  les 
grands  et  les  petits;  sous  les  dehors  d'un  agneau, 
avec  un  regard  simple  et  modeste,  Rome,  tu  es 
au   dedans    un  loup  ravisseur  et  un    serpent 
couronné  !  Si    ton    pouvoir   n'est   détruit ,   le 
monde  est  renversé.  Rome,  c'est  à  tes   car- 
dinaux qu'on  doit  imputer  tes  crimes,  ils  ne 
songent  qu'à  vendre  Dieu  et  ses  amis.  La  faus- 
seté, l'opprobre  et  l'infamie  régnent  dans  ton 
sein.  Tes  pasteurs  sont  faux,  ils  trompent,  et 
leurs  sectateurs  sont  privés  de  raison.  Rome , 
s'ils  vont  passer  la  nuit  avec  une  femme  perdue, 
tes  faux  prédicateurs ,   ils  vont  le  lendemain , 
avec  des   mains  impures,  toucher  le  corps   do 
Notre-Seigneur.  Et  c'est  une  hérésie  mortelle  de 
dire  qu'un  prêtre  ne  doit  pas  se  souiller  avec  s^ 
concubine  la  veille  du  Jour  qu'il  doit  toucher  le 
corps   de  Dieu.  Si   nous   crions   contre  ce  dé-, 
sordre,  ils  seront  nos  délateurs,  et  nous  feront 
excommunier ,  ne  nous  laissant  point  de  repo§ 
que  nous  ne  l'achetions  à  prix  d'argent.  Sainte 
Vierge  !  faites-moi  voir  le  jour  où  ils  ne  seront  plug 
redoutables  !  »  —  Quelques  écrivains  ecclésias-. 
tiques  ont  prétendu  que  Figuieira  était  lui-même 
entaché  d'hérésie  ;  mais,  comme  le  fait  remarquer 
l'abbé  Millot,  un  albigeois  n'aurait  pas  invoqué  la 
sainte  Vierge,  ni  reconnu  le  mystère  de  l'Eucha- 
ristie ;  il  n'était  qu'un  de  ces  cathohques ,  déjà 
nombreux  en  divers  pays ,  qui   appelaient  de 
leurs  vœux  et  par  tous  les  moyens  la  réforme 
cléricale.  On  ne  peut  pourtant  nier  que  le  sir- 
vente du  troubadour  n'ait   un  caractère  d'em-. 
portement  et  de   passion ,  qui  ne  peut  s'ex- 
cuser que  par  les  excès  dont  il  était  spectateur 
et  victime. Figuieira  trouva  unardent  adversaire 
dans  une  dame  de  Montpellier,  nommée  Ger- 
monda  (  voij  ce  nom  )  ;   elle  riposta  au  poëte 
toulousain  par  une  apologie  de  la  cour  de  Rome 
terminée  par  cette  invocation  :  «  Rome,  que  le 
cri  de  gloire  qui,  par  le  pai'don  acGordé  à  Made- 
leine, nous  remplit  de  confiance ,  fasse  mourir 
dans  les  supplices  ordonnés  contre  les  hérétiques" 
le  fou  enragé  qui  a  débité  tant  de  faussetés.  »  Ce 
souhait,  plus  fervent  que  chrétien,  ne  fut  pa$ 
accompli ,  car  Figuieira  produisit  plusieurs  autres 


677 


FIGIDIEIRA 


pièces  (le  vers  parvenues  jusqu'à  nous;  entre 
autres  deux  sirventes  sur  Frédéric  II.  Dans  le 
premier,  il  loue  l'empereur  d'Allemagne  de  dé- 
fendre ses  droits  en  Italie.  Dans  le  second ,  il 
r.ouhaite  que  la  paix  se  fasse  entre  le  pape  et 
l'empereur;  il  les  accuse  l'un  et  l'autre  d'opi- 
niâtreté et  de  favoriser  par  leurs  discussions  le 
triomphe  des  Turcs  et  des  Arabes.  Il  prie  Dieu 
pour  lui-même,  et  annonce  l'intention  d'expier 
ses  péchés  par  un  voyage  en  Terre  Sainte.  Mais 
il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  cédé  à  ce  désir.  On  a 
aussi  du  même  troubadour  plusieurs  Chansons 
ij  (liantes,  dont  Pétrarque  a  beaucoup  profité  ;  une 
Pastourelle  pleine  de  naïveté  et  de  fraîcheur  ; 
c'est  un  dialogue  entre  un  chevalier  et  une  ber- 
gère, qui,  tous  deux  trompés  ,  se  consolent  en- 
semble. Ce  petit  poème  est  certainement  un  des 
plus  gracieux  du  genre.  On  lit  dans  ï  Histoire 
Littéraire  des  Troubadours,  tome  II,  page  461, 
deux  traités ,  l'un  intitulé  :  Lan  Flagel  mortel 
dels  Tyrans,  et  l'autre  :  Contra  Amour  :  c'est 
dans  ce  dernier  que  se  trouvent  des  vers  que 
Beauchamps  a  rendus  ainsi  ; 

Amour,  Je  sais  que  ta  faveur 
Ne  se  peut  acquérir  sans  peine, 
Et  que  c'est  elle  qui  nous  mène 
Au  sanctuaire  du  bonlicur. 
Mais  ce  ne  fut  jamais  la  haine 
Qui  fit  prospérer  un  troupeau. 
On  doit  en  épargner  la  peau. 
Et  se  contenter  de  la  laine. 

A.  Jadin. 

De  Rochegude,  Le  Parnasse  oecitanien.  —  Millot, 
Histoire  littéraire  des  Troubadours ,  Il ,  448.  —  Ray- 
nouard,  Choix  de  Poésies  des  Troubadours.  —  Baron  de 
La  Mothe-Langon,  Biographie  Toulousaine. 

*  FIGUIER  {Louis-Guillaume),  chimiste 
français,  né  à  Montpellier,  le  15  février  1819. 
Fils  d'un  pharmacien  et  neveu  de  Pierre  Figuier, 
professeur  de  chimie  à  l'école  de  pharmacie  de 
Montpellier,  qui  a  découvert  les  propriétés  décolo- 
rantes du  charbon  animal,  il  étudia  de  bonne  heure 
les  sciences  dans  sa  ville  natale ,  et  y  obtint  à 
vingt-deux  ans  le  grade  de  docteur  en  médecine. 
En  1842  il  vint  à  Paris,  pour  se  perfectionner 
dans  la  chimie,  et  fut  nommé  en  1846  profes- 
seur agrégé  à  l'école  de  pharmacie  de  Montpel- 
lier, et  en  1853  à  celle  de  Paris.  En  1855  il 
remplaça  M.  Victor  Meunier  dans  la  rédaction 
scientifique  de  La  Presse.  Parmi  les  nombreux 
et  intéressants  travaux  de  M.  Figuier,  on  re- 
marque :  Exposition  et  histoire  des  principales 
Découvertes  ."scientifiques  modernes;  4*^  édit., 
Paris,  1855,  3  vol.  in-t2.  Le  4*  vol.  contiendra 
l'histoire  de  l'électricité  ,  etc.  La  première  édi- 
tion de  cet  excellent  et  utile  ouvrage  parut  en 
1851  ;  —  V Alchimie  et  les  Alchimistes;  Paris, 
1854,  in-12;  9/ édit.  en  185G;  —  Recherches 
sur  les  combinaisons  oxyr/énées  de  l'or,  le 
pourpre  de  Cassius  et  V  or  fulminant  ;  ûm.?, 
les,  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  t.  XL  ; 
—  Recherches  sur  le  dosage  du  brome  (  mômes 
Annales,  ann.  1851);  —  Mémoire  sur  le  li- 
(jneux  et  sur  quelques  produits  qui  lui  sont 


—  FIGULUS  678 

isomères!  (en  commun  avec  M.  Pommarède  )  ;  dans 
la  Revue  scientifique  de  1847;  — Sur  une  mé- 
thode nouvelle  pour  V analyse  dusang  et  sur  la 
constitution  chimique  des  globules  sanguins  ; 
dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique , 
3^  série,  t.  XI,  1844  ;  —  Observations  sur  l'exis- 
tence de  l'arsenic  dans  les  eaux  minérales  ; 
dans  le  Journal  de  Pharmacie,  1847  ;  —  Mé- 
moire sur  l'origine  du  sucre  contenu  dans  le 
foie  et  sur  P existence  normale  du  sucre  dans 
le  sang  de  l'homme  et  des  animaux;  dans  les 
Annales  des  Sciences  naturelles ,  4"^  série, 
t.  m,  et  Journal  de  Pharmacie,  1855.  M.  Fi- 
guier a  publié  dans  les  années  1855  et  1856 
d'autres  mémoires  sur  la  fonction  glycogénique 
du  foie,  pour  montrer  qu'on  ne  saurait  attribuer 
à  cet  organe  la  production  du  sucre  contenu  nor- 
malement dans  le  sang;  —  De  l'application 
méthodique  de  la  chaleur  aux  composés  07'- 
ganiques  définis,  thèse  de  concours  pour  l'a- 
grégation à  l'École  de  Pharmacie  ;  1853,  in-8"  ;  — 
Les  Applications  nouvelles  de  la  Science  à 
l'Indiistrie  et  aux  Arts;  Paris,  1856,  in-12;  — 
beaucoup  d'autres  articles  insérés  dans  divers 
journaux  et  recueils  périodiques. 
Documents  particuliers. 
FIGUIER.    Voy.  FiGUEYRA  et  Fl  GtJElRA. 

*  FIGULUS  (C.  Marcius),  général  romain, 
vivait  vers  160  avant  J.-C.  11  fut  élu  consul  en 
162.  Pendant  les  comices  tenus  pour  l'élection  , 
le  président  de  la  centuria  prxrogativa  mou- 
rut ,  et  les  aruspices  déclarèrent  l'élection  non 
valable.  Cependant,  le  consul  T.  Sempronius 
Gracchus,  qui  présidait  les  comices,  maintint  la 
validité  de  l'élection,  et  Marcius  Figulus  partit 
pour  sa  province,  la  Gaule  Cisalpine;  Sempro- 
nius Gracchus  ayant  écrit  plus  tard  au  sénat 
qu'il  avait  commis  une  erreur  en  prenant  les 
auspices ,  Figulus  résigna  sa  magistrature.  Il  fut 
réélu  consul  en  156,  et  eut  pour  mission  de  com- 
battre les  Dalraates  en  lllyrie.  Il  laissa  d'abord 
forcer  son  camp  par  les  ennemis  ;  mais  dans  la 
campagne  d'hiver  il  leur  enleva  toutes  leurs 
petites  ailles ,  et  finit  par  s'emparer  de  leur  ca- 
pitale, Delminium. 

Cieéron  ,  De  Nat.  Deor.,  II,  4;  De  Divin.,  II,  35;  Jd 
Q.  Frat.,  Il,  2—  Valère-Maxime,  I,  1.—  Plutarqae,  jVar- 
cellus,  5.  —  J.  Obsequens,  74.  —  Fast.  Capit.  —  Polybe, 
XXXII,  24.  —  Appien,  lllyr.,  II.  —  Titc-Uve  ,  Epit. 
XLVII.  -  Florus,  IV,  12. 

F5GULÏJS  (  C.  Marcius),  arrière-pelit-fils  du 
précédent ,  homme  d'État  romain  ,  vivait  dans  le 
premier  siècle  avant  J.-C.  Dans  le  débat  sur  le 
sort  des  complices  de  Catilina ,  il  se  prononça 
pour  la  peine  capitale  ,  et  approuva  les  mesures 
prises  par  Cieéron.  Sous  son  consulat,  le  sénat 
abolit  plusieurs  associations  (collegia)  illégales, 
comme- contraires  à  la  liberté  des  comices  et  à 
la  paix  publique.  Son  tombeau  fut  d'une  somp- 
tuosité extraordinaire. 

Cieéron,  ^ïd  ,-/tt.,  XII,  21;  Phitipp.,  II,  11;  De  Lrr)., 
Il,  25.  —  Asconius,  in  Pison.,  p.  7,  édit.  Orelli. 

*  FIGULUS  {P.  iSigidius),  philosophe  ro- 

22. 


679 


FIGULUS  -  FILANGIERI 


680 


main,  né  vers  100  avant  J.-C,  mort  en  exil, 
en  44.  Il  adopta  les  doctrines  de  Pythagorc,  et  se 
rendit  si  célèbre  par  ses  connaissances  que  Aulu- 
Gelle  n'hésite  pas  à  l'appeler  le  plus  savant  des 
Romains  après  Varron.  Les  recherches  mathé- 
matiques et  physiques  semblent  avoir  attiré  par- 
ticulièrement son  attention.  Telle  était  sa  re- 
nommée comme  astrologue,  qu'on  le  regardait 
généralement,  surtout  dans  les  derniers  siècles 
de  l'empire  romain ,  comme  ayant  grédit  dans 
les  termes  les  moins  ambigus  la  future  gran- 
deur d'Octave  en  apprenant  sa  naissance.  La 
Chronique  d'Eusèbe  donne  à  Figulus  les  qua- 
lifications de  Pythagoricus  et  de  Magus.  Mal- 
gré ses  études  abstraites,  Figulus  se  mêla  acti- 
vement aux  affaires  publiques.  Il  fut  un  des  sé- 
nateurs choisis  par  Cicéron  pour  recevoir  les  dé- 
positions relatives  à  Catilina  et  à  ses  complices , 
en  63,  et  devint  lui-même  préteur  en  59.  Dans 
la  guerre  civile ,  il  se  déclara  énergiquement 
pour  Pompée,  et  fut  en  conséquence  expulsé  de 
Rome  par  ordre  de  César.  Cicéron  lui  écrivit 
pour  le  consoler  une  lettre  pleine  de  témoignages 
d'amitié  et  d'admiration.  Aulu-Gelle,  grand  ad- 
mirateur aussi  des  talents  et  des  profondes  con- 
naissances de  Figulus ,  dit  que  ses  ouvrages 
étaient  peu  étudiés  et  n'avaient  qu'une  médiocre 
valeur  pratique ,  à  cause  de  la  subtilité  et  de 
l'obscurité  qui  les  caractérisent.  Ilciteàl'appui  de 
cette  critique  quelques  passages  qui  ne  la  justi- 
fient pas  entièrement  ;  car  leur  obscurité  tient 
plus  à  la  nature  du  sujet  qu'à  la  manière  de 
l'auteur.  Nous  avons  les  litres  de  quelques  ou- 
vrages de  Figulus  ;  savoir  :  De  Sphœra  barba- 
rica  et  grœcanica  ;  —  De  Animalibus  ;  —  De 
Extis  ;  —  De  Augtiriis;  —  De  Venfls  ;  — 
Commentaru  grammatici ,  en  24  livres  au 
moins.  Les  fragments  qui  nous  restent  de  ces 
traités  ont  été  recueillis  avec  soin  et  com- 
mentés par  .Tanus  Rutgersius,  dans  ses  Variée 
Lectîones,  UI,  16. 

Cicéron,  Tim.,  l;  Pro  Sull.,  U;  Ad  AU.,  H,  2;  VII,  24; 
Ad  Farn.,  IV,  13.  —  Uicain,  1,  640.  —  Suétone,  Octav., 
94.  —  Dion  Cassius,  XI. V,  1.  —  Aulu-Gelle,  IV,  9;  X,  11, 
XI,  11  ;  XIII,  10,2.3;  XIX,  14.  —  Saint  Jérôme,  in  Chron. 
Euseb.,  o'b.  clxxxiv.  —  Saint  Augustin,  De  Civit.  Dei, 
V,  3.  —  Brucker,  Bisstor.  PMI.,  vol.  II,  p.  24.  —  Burigny, 
Mém.  de  VAcad.  des  Inscriptions ,  \o\.  XXIX,  p.  190. 

FîGrLUS  (Charles),  naturaliste  et  botaniste 
allemand ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Tchthyologia,  seu 
dialogus  de  piscibus;  Cologne,  1540,  in-4''  ;  — 
Dialogtis  qui  inscribitur  Botano-Methodtis , 
sive  herbarium  ;  ib.,  1540,  in-4". 

Adelung,  Suppl.  à  .lôcher,  Allgem.  GelehrteU'Lexikon. 

FiLAMONDO  (  Raphael-Marie) ,  historien 
napolitain,  né  vers  1650,  mort  vers  1716.  En- 
tré jeune  dans  le  couvent  des  Dominicains  de 
Sainte-Marie  della-Sanità  à  Naples ,  il  cultiva 
avec  succès  les  belles-lettres ,  et  devint  l'un  des 
deux  conservateurs  de  la  bibliothèque  de  Casa- 
nata  à  Rome.  On  a  de  lui  :  Il  Genio  bellicoso 
di  Napoli  ;  memorie  istoriche  d'alcuni  capi- 


tani  celebri  Napolitani,  c'han  militato  per 
la  fede ,  per  lo  rè ,  per  la  patria  nel  secolo  l 
corrente,  abbellite  con  cinquanta  sei  ritratti  1 
intagliati  in  rame;  Naples,  1694,  in-fol.;  —  | 
Raguaglio  del  viaggio  fatto  da  padri  delV  1 
ordine  de'   Predicatori  inviati  dalla  sacra 
Congregazione  de  Propaganda  Fide  missio- 
nariiapostolicinellaTartaria  minore,  Vanno  u 
MDCLXII  :  aggiuntavi  la  nuova  spedizione  | 
delpadre  maestro  Fra  Francesco  Piscopo  in  'i 
Armenia  e  Persia  ;  Naples,  1 695, in-8°  ;  —  Theo- 
Rhetoricae  idea,  ex  divinis  Scripturis  et  poli- 
tioris  literaturœ  mystagogis  deducta ,  chris-  i 
tianis  oratoribus  ad  imitandum  proposita;  I 
Naples,  1700,  in-4''.  | 

Quétif  et  Échard,  Scriptores  Ordinis  Prxdlcatorum.     -, 

FIL4NGIERI  {Gaetano,  chevalier),  célèbre 
publiciste  italien,  naquit  à  Naples,  le  18  août  1752, 
de  César,  prince  d'Arianiello,  et  de  Mariana  Mon- 
talto,  de  la  maison  des  ducs  de  Fragnito ,  et  mou- 
rut le  21  juillet  1788.  A  en  croire  les  prétentions 
de  cette  famille,  ses  aïeux  seraient  descendus 
des  Normands,  compagnons  de  Roger,  qui,  après  J 
avoir  conquis  la  Sicile  et  la  Pouille ,  en  firent  | 
une  monarchie  nouvelle  ,  au  commencement  du  1 
onzième  siècle.  AngeriO),  fils  de  l'un  de  ces  Nor-  | 
mands,  nommé  Tunel,  aurait  été  l'auteur  de 
cette  nombreuse  postérité,  et  ses  descendants 
se  seraient  honorés  de  porter  le  titre  de  Fiiii 
Angerii,  d'où  viendrait  le  nom  de  F'dangieri. 
On  conçoit  facilement  qu'un  homme  de  la  trempe 
de  celui  dont  nous  esquissons  la  vie  s'inquiéta 
peu  d'une  aussi  illustre  origine.  Ce  fut  dans  son 
travail  qu'il  voulut  puiser  sa  célébrité  ;  et  loin 
de  s'enorgueillir  de  la  position  que  le  hasard  de 
la  naissance  lui  avait  donnée,  il  fut  l'un  des  phi- 
losophes qui  contribuèrent  le  plus  à  saper  de 
gothiques  préjugés  et  à  faire  triompher  les  pro- 
grès de  la  raison  humaine. 

Gaetano ,  troisième  fils  de  son  père ,  fut  dès 
l'enfance  destiné  à  la  carrière  des  armes.  D'après 
les  usages  de  son  pays  et  de  son  temps,  à  sept 
ans  il  avait  déjà  un  grade  dans  un  des  régiments 
du  roi ,  et  il  commença  son  service  à  quatorze. 
Quant  à  son  instruction,  elle  était  fort  peu  soi- 
gnée. Confié  à  un  précepteur  qui  voulut  com- 
mencer par  lui  apprendre  le  latin ,  il  en  prit  un 
dégoût  singulier  pour  l'étude.  On  en  augurait 
que  son  esprit  était  peu  susceptible  de  culture , 
lorsqu'un  heureux  hasard  vint  montrer  que  c'é- 
tait à  la  méthode  employée  et  non  à  l'élève  qu'il 
fallait  s'en  prendre  s'il  ne  faisait  aucun  progrès. 
Assistant  un  jour  à  une  leçon  qu'un  professeur 
de  matliématiques  donnait  à  l'un  de  ses  frères, 
il  s'aperçut  spontanément  que  celui-ci  s'était 
trompé  dans  l'expfication  d'un  théorème  d'Eu- 
clide.  Ce  trait  prouva  que,  dirigé  vers  les  sciences, 
le  jeune  Gaetano  pourrait  y  faire  de  remarquables 
progrès.  A  partir  de  cette  époque,  il  s'adonna 
spécialement  aux  sciences  exactes ,  qu'il  cultiva 
même  après  son  entrée  au  service ,  ainsi  que  les 
"sciences  morales  et  politiques,  qui  devaient  un 


681 

jour  le  conduire  à  la  gloire.  Ayant  vu  par  expé- 
rience combien  les  mauvaises  méthodes  d'ensei- 
gnement arrêtent  le  développement  de  l'esprit, 
le  premier  ouvrage  dont  il  conçut  la  pensée  eut 
pour  objet  La  reforme  de  l'éducation  publique 
et  privée.  Frappé  aussi  de  la  funeste  influence 
qu'exercent  sur  la  société  l'ignorance  des  princes 
et  les  déplorables  préjugés  au  milieu  desquels  ils 
étaient  élevés  alors,  Fiîangieri  voulut  appeler 
l'attention  du  public  éclairé  sur  cet  état  de  choses, 
,  et  il  essaya  de  l'exposer  dans  un  traité  particu- 
1  lier  intitulé  :  La  Morale  des  princes  fondée  sur 
la  nature  et  sur  l'ordre  social. 

De  telles  études  se  conciliaient  mal  avec  les 
devoirs  et  les  goûts  de  l'état  militaire  :  aussi  la 
famille  de  Fiîangieri  vit-elle  qu'il  était  doréna- 
vant inutile  de  persister  à  le  laisser  dans  la  car- 
rière des  armes.  On  l'autorisa  donc  à  en  sortir, 
mais  à  la  condition  qu'il  embrasserait  celle  du 
barreau.  Ce  n'était  point  encore  là  que  l'appelait 
'  sa  vocation.  Fiîangieri ,  il  est  vrai,  méditait  sur 
la  législation,  mais  c'était  en  homme  d'État,  et. 
sous  le  point  de  vue  le  plus  élevé  ,  qu'il  embras- 
sait la  science  du  droit ,  et  non  en  praticien  et 
en  homme  d'affaires.  Toutefois,  comme  la  pro- 
fession d'avocat  le  rapprochait  davantage  de 
l'objet  de  ses  études ,  il  déféra  au  vœu  de  sa  fa- 
mille, et  entra  en  1774  au  barreau,  où  son  élo- 
quence naturelle  devait  lui  procurer  d'honora- 
bles succès. 

La  jurisprudence  napolitaine  ne  présentait 
alors  qu'un  chaos  confus  ,  bien  propie  à  rebuter 
un  philosophe  tel  que  Fiîangieri.  Pour  y  porter 
remède ,  le  sage  ministre  Tanucci  (  voy.  ce  nom  ) 
fit  rendre  par  le  roi  Ferdinand  IV,  dans  cette  même 
année  1774  ,  une  ordonnance  destinée  à  réformer 
une  partie  de  ces  abus.  Les  jurisconsultes,  nour- 
l'is  dans  ces  vieilles  idées  et  y  trouvant  proba- 
blement leur  profit,  murmurèrent  conti'e  la 
nouvelle  ordonnance  :  Fiîangieri  la  défendit  dans 
un  écrit  substantiel,  qui  eut  pour  titre  :  Réflexions 
politiques  .sur  la  dernière  loi  du  souverain , 
relative  à  l'administration  de  Injustice.  Cet 
écrit  fut  dédié  à  Tanucci,  qui  ne  vit  pas  sans 
étonnement  combien  il  annonçait  dans  son  jeune 
auteur  de  maturité  et  de  savoir.  Mais,  cette  fois 
comme  tant  d'autres,  les  préjugés  furent  plus 
forts  que  le  ministre  qui  voulait  les  anéantir  et 
que  le  publiciste  qui  le  secondait  dans  cette  tâche 
honorable.  L'ordonnance  ne  fut  point  ou  fut  mal 
exécutée,  et  Fiîangieri,  abreuvé  de  dégoûts, 
quitta  le  barreau,  et  se  consacra  exclusivement 
à  ses  études  spéculatives  et  à  la  société  de  quel- 
ques amis  qui  partageaient  ses  opinions  et  ses 
espérances. 

Il  passait  au  milieu  de  ce  repos  paisible  et'de 
cette  retraite  studieuse  des  jours  heureux,  lors- 
que l'ambition  de  sa  famille  vint  encore  tenter 
de  l'arracher  à  une  obscurité  qui,  suivant  elle, 
était  indigne  du  rejeton  d'aussi  illustres  aïeux. 
Son  oncle ,  Serafino  Fiîangieri,  archevêque  de 
Naples,  n'eut  de  cesse  que  lorsqu'il  eut  procuré 


FILANGIERI  682 

à  Gaetano  une  charge  à  la  cour  :  il  le  fit  nommer, 
en  1777,  majordome  de  semaine,  gentilhomme 
de  la  chambre  du  roi|,  et  ensuite  officier  du 
corps  royal  des  volontah-es  de  la  marine.  Il  n'avait 
alors  que  vingt-cinq  ans.  Cette  nouvelle  posi- 
tion n'altéra  point  son  goût  pour  la  méditation  ; 
les  plaisirs  de  la  cour,  les  devoirs  de  sa  charge, 
ne  pui'ent  l'enlever  à  ses  occupations  favorites  ; 
et  ce  fut  au  milieu  des  agitations  de  cette  bril- 
lante carrière,  où  il  était  entré  contre  son  gré, 
qu'il  composa  et  publia  la  Science  de  la  Légis- 
lation (  Scienza  délia  Legislazione  ),  dont  les 
deux  premiers  livres  parurent  en  2  volumes,  à 
Naples,  en  1780. 

Pour  bien  apprécier  la  portée  de  cet  ouvrage, 
il  faut  jeter  un  coup  d'œil  en  arrière  et  recher- 
cher quel  était  l'état  des  sciences  morales  et  po- 
litiques en  Italie  à  l'époque  où  il  fut  mis  au  jour. 
Cette  terre  de  l'antiquité  classique  avait  som- 
meillé comme  les  autres  nations  pendant  la  longue 
nuit  du  moyen  âge  ;  toutefois,  son  réveil  avait 
été  plus  précoce.  La  littérature  y  avait  jeté  un 
vif  éclat,  lorsqu'elle  était  encore  enveloppée 
chez  les  autres  peuples  des  langes  de  l'enfance. 
Les  sciences  historiques  et  morales  y  avaient  eu 
aussi  de  dignes  représentants ,  et  sans  citer  des 
noms  obscurs  aujourd'hui,  mais  qui  cependant 
rappellent  des  hommes  en  avant  des  idées  de 
leur  temps ,  il  suffira  d'indiquer  Machiavel ,  Gra- 
vina  et  Vico  (voy.  ces  noms)  pour  montrer  que 
l'Italie  était  riche  aussi  en  grands  écrivains  phi- 
losophes. Toutefois,  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle ,  et  lorsque  la  France  et  quelques 
autres  nations  de  l'Europe  étaient  si  vivement 
émues  par  les  grandes  luttes  de  la  philosophie 
contre  les  anciennes  idées ,  l'Italie  était  loin  de 
se  ressentir  du  contre-coup  de  cette  révolution 
morale.  Le  grand  nom  de  Machiavel  n'y  appa- 
raissait plus  que  comme  un  emblème  d'immora- 
lité politique;  on  s'efforçait  de  le  réfuter  et  non 
de  le  conaprendre.  Gravina,  qui,  dans  ses  Ori- 
gines des  Lois,  avait  eu  l'honnexu'  de  fournir 
plus  d'un  trait  à  Montesquieu  et  à  Rousseau ,  y 
était  tombé  dans  l'oubli.  Enfin,  Vico,  qui  a  ex- 
posé avec  une  profondeur  souvent  systématique, 
mais  toujours  neuve  et  ingénieuse ,  les  vicissi- 
tudes des  gouvernements,  avait  passé  en  quelque 
sorte  inaperçu  au  milieu  du  peuple  qui  l'avait  vu 
naître.  L'honneur  de  faire  éclore  en  Italie  le  goût 
de  la  science  sociale  était  réservé  à  Beccaria 
(  voy.  ce  nom  ),  qui,  dans  son  Traité  des  Délits  et 
des  Pemes ,  mettant  l'éloquence  au  service  de  la 
raison ,  avait  excité  l'attention  de  l'Europe  en- 
tière et  réveillé  dans  sa  patrie  une  généreuse 
sympathie  pour  les  efforts  que  des  esprits  éclairés 
faisaient  partout  dans  l'intérêt  de  l'humanité.  Les 
voies  ainsi  préparées,  Fiîangieri  put  être  mieux 
compris;  et  lorsque  sa  Science  de  la  Législa- 
tion parut,  elle  fut  accueillie  comme  une  œuvre 
qui  devait  continuer  Montesquieu  et  concourir 
à  ré[)andre  la  lumière  sur  les  points  les  plus  obs- 
curs  des  théories  sociales.  11  ne  faudrait  pas 


683 


FILANGIERI 


684 


croire  néanmoins  que  les  succès  de  l'auteur  ne 
fussent  point  mêlés  d'amertume,  quoiqu'ils  lui 
eussent  valu  l'éclatante  protection  du  roi  de  Na- 
ples,  auquel  il  fut  redevable  d'une  commanderie 
de  l'ordre  royal  de  Constantin.  A  peine  les  deux 
premiers  volumes  avaient-ils  paru  en  effet ,  que 
ceux  qui  vivent  de  préjugés  s'agitèrent  pour  en 
empêcher  la  continuation.  Mais  Filangieri  ne 
s'effraya  pas  des  difficultés  que  l'on  voulait  lui 
susciter.  «  Je  n'ai  pas  entrepris  ce  travail  pour 
mon  avantage  particulier,  écrivait-il  à  l'un  de  ses 
amis,  mais  uniquement  pour  le  bien  de  tous  les 
hommes.  Quant  à  moi,  je  me  suis  proposé  de 
vivre  loin  des  affaires.  Je  n'écrirais  pas  si  les 
erreurs,  les  vices ,  qui  accablent  la  société,  ne 
m'en  imposaient  le  devoir.  Cet  affreux  spectacle 
est  toujours  présent  à  ma  pensée.  Veuille  le  ciel 
m'accorder  le  bonheur  de  remédier  en  quelque 
manière  à  tant  de  désordres!  Puissent  les  princes 
eux-mêmes  exaucer  mes  vœux  pour  la  gloire  de 
leur  nom  et  pour  la  félicité  de  leurs  peuples  !  » 
Cet  espoir  philanthropique  le  soutint,  et  en  1783 
il  publia  son  3^  livre  en  deux  volumes.  Les 
clameurs  des  partisans  exclusifs  des  idées  rétro- 
grades recommencèrent;  mais  Filangieri  ne  se 
rebuta  pas  davantage.  Tout  entier  au  désir  d'a- 
chever un  ouvrage  sur  lequel  il  fondait  l'espoir 
de  consolider  sa  réputation  et  d'être  utile  à  ses 
semblables ,  il  s'était  démis  de  ses  emplois  mi- 
litaires et  de  ses  charges  de  cour  pour  goûtei-  au 
milieu  de  la  paix  domestique  cette  tranquillité 
d'âme  nécessaire  aux  grands  travaux  littéraires; 
il  s'était  marié  ,  dans  cette  même  année  1783,  à 
Caroline  de  Frendel ,  noble  Hongroise ,  du'ectrice 
de  l'éducation  de  l'infante  seconde  fille  du  roi , 
et  qui  joignait  un  esprit  distingué  aux  agréments 
extérieurs.  Ce  fut  ainsi  que,  retiré  dans  une 
maison  de  campagne ,  près  de  la  petite  ville  de 
Cava  ,  à  la  distance  de  huit  lieues  de  Naples ,  il 
continua  son  ouvrage,  dont  il  fit  paraître,  en 
1785,  le  4*^  livre  en  trois  volumes. 

Cependant  des  circonstances  imprévues  vin- 
rent s'opposer  à  ce  que  Filangieri  pût  terminer 
son  œuvre.  Sa  santé,  d'abord  altérée  par  l'excès 
du  travail  et  de  la  méditation ,  le  forçait  sou- 
vent de  s'arrêter  ;  ensuite  le  roi  Ferdinand  IV 
(  voy.  Ferdinand  P""  des  Dexix-Slciles  )  l'appela, 
en  17 87,  dans  son  conseil  suprême  des  finances.  Il 
fiït  obligé  de  revenir  à  Naples  et  de  se  livrer  en- 
tièrement aux  travaux  de  l'administration.  Peu 
de  temps  après,  une  maladie  grave  de  son  fils 
aîné,  une  couche  malheureuse  de  sa  femme, 
vinrent  altérer  profondément  sa  santé,  déjà  ébran- 
lée. Atteint  d'une  mélancolie  profonde,  il  prit 
le  parti  de  se  retirer  avec  toute  sa  famille  à 
Vico-Equense ,  où  il  tomba  sérieusement  ma- 
lade ,  et  où  il  mourut,  n'étant  âgé  que  de  trente- 
six  ans.  Cette  mort  prématurée  donna  lieu  à  des 
bruits  populaires ,  et  l'on  en  accusa  le  ministre 
Acton  {voy.  ce  nom),  dont  Filangieri  aurait 
combattu  les  idées ,  dans  le  sein  du  conseil  su- 
prême ,  sur  le  système  commercial  des  Anglais  : 


il  est  inutile  d'ajouter  que  cette  conjecture  ne 
reposait  que  sur  les  préventions  qu'Acton  avait 
inspirées  aux  Napolitains.  Après  la  mort  de  Fi-  , 
langieri,  on  s'occupa  de  recueillir  ce  qu'il  avait  i 
laissé  de  son  travail.  On  ne  trouva  terminée  que 
la  première  partie  du  cinquième  livre,  que  l'on 
a  publiée ,  et  l'indication  du  sujet  des  chapitres 
de  la  seconde  partie.  Son  ouvrage  avait  obtenu 
une  si  grande  vogue  en  Italie,  que  cinq  éditions 
en  furent  successivement  publiées  à  Naples,  à 
Florence  et  à  Milan.  Depuis,  plusieurs  autres  édi- 
tions parurent  ;  parmi  elles  nous  citerons  celles 
de  Milan,  Rip.  de'  Classici  Ital.,  1822,  6  vol. 
in-8",  et  de  Livourne,  1 826,  6  vol.  in-S".  Nous 
n'entreprendrons  pas  de  présenter  ici  une  ana- 
lyse étendue  de  la  Science  de  la  Législation  et 
un  jugement  motivé  sur  cet  ouvrage;  nous  di- 
rons seulement  que  Filangieri  fait  reposer  la 
science  sociale  sur  la  conservation  et  la  tran- 
quillité. Partant  de  cette  base ,  il  démontre  que 
la  bonté  des  lois  est  ou  absolue  ou  relative  j 
il  expose  ses  principes  d'économie  politique ,  ses 
vues  sur  la  législation  criminelle,  sur  l'éduca- 
tion, les  mœurs  et  l'instruction  publique,  et 
donne  des  notions  sur  les  religions  qui  ont  pré-, 
cédé  le  christianisme.  Les  doctrines  de  Filan- 
gieri se  rapprochent  souvent  de  celles  de  Mon- 
tesquieu, qu'il  a  pris  évidemment  pour  guide  et 
pour  modèle.  Aujourd'hui  que,  après  soixante 
années  de  luttes  et  d'expériences ,  les  peuples  ont 
recueilli  beaucoup  d'heureux  résultats  des  théo- 
ries de  cette  grande  époque,  les  opinions  de  Fi- 
langieri ne  sauraient  être  acceptées  sans  de  nom- 
breuses modifications.  Benjamin  Constant  (  voy. 
cenom),  dans  le  commentaire  qu'il  a  publié,  en 
1822,  delà  Science  de  la  Législation,  a  com- 
battu plusieurs  des  idées  avancées  par  l'auteur 
de  ce  célèbre  ouvrage.  L'année  même  de  la  mort 
de  Filangieri ,  l'avocat  Donato  Tomasi ,  son  ami , 
publia  son  Éloge  historique,  et  Salfi  a  placé 
en  tête  de  l'édition  des  Œuvres  de  G.  Filan- 
gieri, traduites  de  l'italien  et  publiées  à  Paris 
en  1822,  en  6  vol.  in-8",  un  éloge  de  ce  publi- 
ciste.  C'est  le  6"  vol.  de  cette  édition  qui  con- 
tient le  commentaire  de  B.  Constant,  dont  nous 
avons  déjà  parlé.  Le  tout  a  été  réimprimé  à 
Paris  ,  en  1840,  en  3  vol.  in-8°.  Dès  1786  Gal- 
lois ,  depuis  tribun,  avait  commencé  la  publi- 
cation d'une  traduction  française  de  la  Science 
de  la  Législation,  qui  fut  complétée  successive- 
ment, et  qui  forma  7  vol.  in-8°.  Les  éditions  ci- 
dessus  mentionnées  de  1822  et  de  1840  ne  sont 
que  la  reproduction  de  cette  traduction,  juslc- 
ment  estimée.  11  a  paru  aussi  deux  traductions 
allemandes  et  une  traduction  espagnole  du  même 
ouvrage  :  cette  dernière  avait  été  faite  en  1787, 
par  don  Antonio  Rudio;  elle  était  très-imparlaite, 
à  cause  des  suppressions  et  des  changements 
que  le  traducteur  avait  jugé  à  propos  d'y  faire 
pour  éluder  la  censure,  ce  qui  n'empêcha  pas 
le  tribunal  de  l'inquisition  de  la  condamner,  ainsi 
que  l'ouvrage  itaUen.  Don  Juan  de  Ribera  en 


6S5  FILAINGIERI 

publia    une  édition   plus  complète  à  Madrid, 
en  1821. 

Filangiefl  a.vait  projeté  un  second  ouvrage, 
qu'il  se  proposait  d'intituler  Nuova  Scienza 
délie  Scienze,  dans  lequel  il  eût  remonté  aux 
vérités  primitives  de  chaque  science  et  recherché 
la  connexion  qui  existe  entre  elles.  Il  méditait 
aussi  un  nouveau  système  d'histoire,  qu'il  vou- 
lait intituler  Histoire'  civile,  universelle  et 
perpétuelle ,  qui  eût  eu  pour  objet  d'exposer 
dans  l'histoire  individuelle  de  cliaque  peuple 
l'histoire  générale  et  constante  de  l'homme,  de 
ses  facultés,  de  ses  penchants,  etc.,  et  les  faits 
qui  en  résultent  pour  l'organisation  sociale.  Il 
n'a  laissé  qu'un  fragment  très-court  du  premier 
de  ces  ouvrages  ;  tous  les  deux  étaient  seule- 
ment conçus  dans  sa  pensée,  mais  il  lui  eût  fallu 
probablement  beaucoup  de  temps  pour  les  réa- 
liser. [A.  TAILLANDIER,  dans  VEncycl.  des 
a.  du  M.] 

Tlpaldo,  Biografia  deqli  Italianl. 

*  FiLANGiERi  {Charles),  prince  de  Sa- 
triano,  duc  de  Taormina,  général  italien  ,  fils  du 
précédent,  né  à  Naples,  en  1785.  Il  étudia  au 
Prytanée  impérial  de  Paris,  et  revint  à  Naples, 
où  il  se  montra  l'un  des  officiers  de  l'armée  les 
plus  dévoués  à  Murât.  Chargé  en  1815,  avec  les' 
généraux  Pepe  et  Carascosa ,  de  s'opposer  au 
passage  du  Pô  par  les  Autrichiens ,  il  fut  griève- 
ment blessé.  L'historien  Colletta  attribue  à  ce 
fait  la  désorganisation  des  forces  napolitaines. 

Les  Bourbons,  rétablis,  comblèrent  Filangierî 
de  faveurs.  Le  roi  Ferdinand  II  lui  confia  en  1848 
la  difficile  mission  de  soumettre  la  Sicile  insur- 
gée. Après  un  bombardement  qui  dura  huit  jours, 
le  général  napolitain  s'empara  de  Messine,  qui 
n'était  pins  qu'un  monceau  de  ruines.  Les  ami- 
raux anglais  et  français  l'obligèrent  à  signer  un 
armistice  avec  les  insurgés.  Il  profita  de  cette 
circonstance  pour  réorganiser  son  armée.  Les 
puissances  occidentales  n'ayant  pas  réussi  à  ré- 
tablir la  paix,  Filangieri  dénonça  la  fin  de  l'ar- 
mistice en  février  1849,  et  marcha  sur  Palerme, 
à  la  tête  de  16^000  hommes.  Après  deux  jours 
de  bombardement ,  il  se  rendit  maître  de  Taor- 
mina, au  pied  de  l'Etna,  et  reçut  pour  cette 
conquête  le  titre  de  duc  de  Toarmina.  Catane 
ne  tarda  pas  à  subir  le  même  sort ,  ainsi  que 
Syracuse  et  Augusta.  Filangieri  mit  le  siège  de- 
vant Palerme,  qui,  malgré  la  résistance  héroïque 
de  Mieroslawski  {voy.  ce  nom),  aurait  sans 
doute  été  enlevée  d'assaut  sans  l'intervention 
des  amiraux  anglais  et  français.  Une  capitulation 
fut  obtenue  le  15  mai  1849 ,  et  suivie  d'une  am- 
nistie générale ,  dont  furent  exceptées  cinquante- 
trois  personnes.  iMlangieri  fut  nommé  lieutenant 
général  et  gouverneur  de  la  Sicile,  et  s'efforça 
de  faire  oublier,  en  usant  de  modération  et  de 
douceur,  les  événements  de  1849.  Cette  poli- 
tique ne  pouvait  être  longtemps  goûtée  à  la 
cour  de  Naples.  Dès  que  la  tranquillité  fut  réta- 
blie, Filangieri  dut  donner  sa  démission,  et  il 


—  FILASSIER 


686 


n'a  conservé  aujourd'hui  que  ses  titres  et  les 
fonctions  de  surintendant  généi-al  des  spectacles 
publics.  G.  YiTALi. 

CoUetta,  Storia  del  Reamc  di  Napoli.  —  La  Farina, 
Storia  d'italia,  —  La  Masa,  Storia  délia  Rivoltizione 
Siciliana.  —  Zeller,  Histoire  de  l'Italie.  —  Botta,  Storia 
d'italia. 

*  FiLARETE  { Antonio  ),  ait  l'Averulino  , 
architecte  et  sculpteur  florentin  du  (juinzième 
siècle.  Comme  sculpteur,  il  n'est  guère  connu 
que  par  la  grande  porte  de  bronze  qu'avec 
l'aide  de  Simon  Donatello  il  fit,  vers  1440,  par 
ordre  d'Eugène  IV,  pour  l'ancienne  église  de 
Saint-Pierre ,  et  que  Paul  V  fit  ajuster  à  la  nou- 
velle basilique,  où  elle  est  aujourd'hui.  P.ien 
de  plus  bizarre  que  la  composition  de  cette 
porte,  où  l'on  trouve  des  scènes  de  l'Écriture,  des 
traits  de  la  vie  du  pape  Eugène  IV  et  de  l'em- 
pereur Sigismond,  réunis  à  des  sujets  de  l'his- 
toire romaine  et  aux  fables  les  moins  pudiques 
du  paganisme. 

Filarete  est  plus  estimé  comme  architecte. 
En  1456,  il  construisit  le  grand  hôpital  de  Mi- 
lan ,  fondé  par  le  duc  François  Sforce ,  et  cet 
édifice  est  resté  un  des  plus  beaux  en  ce  genre. 
Il  donna  aussi  les  plans  de  la  cathédrale  de  Ber- 
gavne.  Doué  d'un  génie  ardent  et  fécond ,  il  au- 
rait voulu,  suivant  l'expression  de  Vasari,  re- 
construire le  monde.  En  1464,  il  dédia  à  Pierre 
de  Médicis  un  traité  d'architecture  contenant  une 
foule  de  projets  plus  ou  moins  exécutables, 
quelques  bons  préceptes  noyés  dans  une  foule 
de  détails  inutiles;  ce  traité  est  resté  manuscrit, 
et  on  n'en  connaît  que  deux  exemplaires,  l'un  à 
la  Magliabecchiana  de  Florence,  l'autre  à  la 
bibliothèque  Trivulzi  de  Milan.         E.  B — n. 

Vasari,  l'ite.  —  Cicognara,  Storia  délia  Scultura.  — 
Baldinucci,  Notizie.  —  Pistolesi,  Descrizione  di  Borna 
Quatrenière  de  Quinoy,  Dictionnaire  d'Architecture. 

FîLASsiER  [Marin),  théologien  français, 
mort  en  1733.  On  a  de  lui  :  Sentiments  chré- 
tiens propres  a^ix  personnes  malades  et  in- 
firmes ,  pour  se  sanctifier  dans  les  maux  et 
se  préparer  à  une  bonne  mort;  Paris,  1723, 
in-12. 

Morérl,  Grand  Dictionnaire  historique. 

FILASSIER  {Jean-Jacques),  moraliste  et 
agronome  français,  né  à  Warwick-Sud ,  dans 
la  Flandre,  vers  1736,  mort  à  Clamart,  en  1806. 
Grand  admirateur  de  Rous.seau,  il  voulut,  comme 
ce  philosophe,  perfectionner  le  système  d'éduca- 
tion alors  en  usage,  et  composa  dans  ce  but, 
avec  un  ancien  magistrat  nommé  Rose ,  un  ou- 
vrage intitulé  Éraste,  ou  l  ami  de  la  jeunesse. 
Filassier  aimait  aussi  beaucoup  la  campagne  et 
les  expériences  agronomiques.  Il  s'étaWit  aux 
enviro.is  de  Paris,  et  dirigea  la  pépinière  de  Cla- 
mart. Sous  la  révolution  il  fut  eiu  d'abord  procu- 
reur syndic  du  district  de  Bourg-la-Reine  ,  puis 
député  à  l'Assemblée  législative.  Après  le  10  août, 
il  exerça  quelque  temps  les  fonctions  de  juge  de 
paix,  et  rentra  ensuite  dans  la  vie  privée.  On 
a  de  lui  :  Dictionnaire  Idsloriqtie  de  l'Éduca- 


687 


FILASSIER  —  PILASTRE 


688 


tion;  Paris,  1771,  2  vol.  in-12;  1784,  2  vol. 
in-8°  ;  —  Éraste,  ou  l'ami  de  la  jeunesse  ; 
Paris,  1773,  in-S";  —  Éloge  du  Dauphin  père 
de  Louis  XVI;  Paris,  1777,  in-s";  —  Culture 
de  la  grosse  asperge  dite  de  Hollande,  la  plus 
précoce  et  la  plus  hâtive ,  la  plus  féconde  et 
la  plus  durable  que  l'on  connaisse  ;  Paris, 
1783,  in-12  ;  —  Dictionnaire  du  Jardinier 
français;  Paris,  1790,  2  vol.  in-8°. 
Kabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biog.  univ.  des  Contemporains. 

*  PILASTRE  OU  FiLLASTRE  (Guillaume), 
prélat,  helléniste  et  géographe  français,  né  en 
1347  OU  1348,  à  La  Suze  (Maine),  ou,  selon 
Charles  Ménard  et  l'abbé  Ménage,  à  Huillé,  près 
Duretal  (  Anjou  ) ,  mort  à  Rome,  le  6  novembre 
1428.  Il  fit  ses  études  à  l'université  d'Angers. 
Son  mérite  l'éleva  à  la  dignité  de  doyen  du  cha- 
pitre de  Reims,  où  il  enseigna  la  théologie  et  les 
mathématiques,  il  y  fonda  une  savante  biblio- 
thèque ,  fit  rebâtir  l'école  théologique  et  achever 
une  des  tours  de  la  cathédrale.  En  1406 ,  il  fut 
député  aux  assemblées  générales  du  clergé  qui 
se  tinrent  à  Paris  en  présence  du  roi  Charles  VI. 
Ses  discours  furent  une  entière  apologie  du  pape 
Benoît  XIII  et  une  aigre  condamnation  de  la  con- 
duite de  la  France,  qui  s'était  soustraite  à  l'o- 
bédience de  ce  pontife.  Exaltant  l'autorité  du 
pape  aux  dépens  de  celle  du  roi ,  il  alla  si  loin 
qu'il  fut  interrompu  et  obligé  de  demander  par- 
don au  prince.  Ce  zèle  pour  le  saint- siège  valut 
à  Pilastre  les  faveurs  de  la  cour  romaine  ;  il  fut 
nommé  prieur  de  Saint-Ayoub,  archevêque  d'Aix 
(en  Provence),  et  le  pape  Jean  XXIII  le  créa, 
en  1411,  cardinal-prêtre  du  titre  de  Saint-Marc. 
Il  prit  part  aux  conciles  de  Pise  et  de  Constance, 
et  s'y  montra  avec  une  telle  distinction ,  que 
dans  ce  dernier,  en  1415  ,  il  fut  élu  un  des  com- 
missaires, avec  pleine  autorité  dans  les  matières 
de  foi.  Il  conseilla  alors  l'abdication  de  Jean  XXIII 
et  la  déposition  de  Benoît  XIII  (5  juin  1417), 
comme  la  voie  la  plus  courte  et  la  plus  sûre  pour 
rendre  la  paix  à  l'Église.  Il  contribua  ensuite 
puissamment  à  l'élection  de  Martin  V.  Ce  pape 
l'envoya  en  France  avec  le  cardinal  Jourdain  des 
Ursins ,  archevêque  de  Naples,  pour  y  faire  ces- 
ser les  dissidences.  De  retour  à  Rome,  Pilastre 
y  mourut,  et  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint- 
Chrysogone ,  où  l'on  ht  encore  l'épitaphe  placée 
sur  son  tombeau.  Pilastre  était  un  des  hommes 
remarquables  de  son  époque.  Outre  ses  connais- 
sances profondes  dans  les  droits  civil  et  canon , 
il  possédait  parfaitement  les  langues  anciennes 
et  modernes  et  leur  littérature.  lia  traduit  quel- 
ques livres  de  Platon  et  a  fait  sur  Pomponius  Mêla 
des  notes  qui,  restées  manuscrites,  sont  conser- 
vées dans  la  bibliothèque  de  Reims.  Il  s'occupa 
aussi  de  cosmographie,  dans  un  temps  où  cette 
branche  dés  connaissances  humaines  n'offrait 
qu'une  tradition  fort  obscurcie  de  la  science  trans- 
mise par  l'antiquité.  Ce  fut  probablement  cette 
communauté  d'étude  qui  le  lia  avec  le  savant  car- 
dinal Pierre  d'Ailly  {Petrus  de  Allïaco),  évêque 


do  Cambray.  Pilastre  composa  des  commentaires 
sur  le  texte  de  Ptolémée,  qui  éclaircissent  singuliè- 
rement l'histoire  des  notions  géographiques  que 
l'on  avait  alors  touchant  les  parties  septentm- 
nales  de  l'Europe.  Ces  précieux  documents  font 
partie  d'une  cosmographie  de  l'auteur  grec,  qui 
n'a  point  été  publiée  et  qui  se  trouve  maintenant 
à  la  bibliothèque  de  Nancy.  Ce  manuscrit,  inti- 
tulé simplement  :  Cl.  Ptolomœi  Cosmographia, 
est  de  format  in-4°,  et  présente  214  feuillets, 
dont  160  en  vélin  et  54  en  parchemin.  Il  se  trouve 
inscrit  sous  le  n°  1 1 .  La  première  partie  contient 
simplement  la  traduction  latine  de  la  géographie 
de  Ptolémée,  par  Jacques  Angelo  de  Florence , 
qui  dut  l'écrire  de  1409  à  1410.  Pilastre  en 
devint  possesseur  vers  1417.  Les  cartes  géo- 
graphiques de  la  seconde  partie  durent  être 
exécutées  dix  ans  plus  tard ,  vers  1427  ;  mais 
c'est  surtout  la  11*  carte  de  l'Europe,  intercalée 
entre  la  1*^*  et  la  2™*  carte  de  l'Afrique,  qui  doit 
attirer  l'attention  des  savants  (1)  ;  elle  est  accom- 
pagnée d'un  texte  précieux,  dû  à  Pilastre  :  «  Cette 
j^me  j>^y|g  ^jg  l'Europe,  dit  M.  Thomassy,  fait 
faire  à  l'histoire  de  la  géographie  des  premières 
années  du  quinzième  siècle  d'immenses  progrès 
en  nous  révélant  l'idée  que  l'on  avait  alors  du 
Groenland  et  des  régions  septentrionales,  si  peu 
connues  jusqu'à  cette  époque.  »  Nous  n'ajoute- 
rons pas,  avec  cet  auteur,  que  Pilastre  se  place 
naturellement  sinon  à  côté,  du  moins  immédiate- 
ment après  son  contemporain  Pierre  d'Ailly; 
l'auteur  de  l'Imago  Mundi  a  suivi  scrupuleuse- 
ment dans  leurs  opinions  les  auteurs  anciens; 
il  n'a  d'autre  mérite,  pour  ainsi  dire,  à  nos 
yeux ,  que  d'avoir  dirigé  en  partie  la  pensée  de 
l'immortel  Colomb.  Plus  heureux,  son  contem- 
porain a  pu  ajouter  un  chapitre  nouveau  à  l'his- 
toire de  la  géogiapbie.  G.  de  F.  et  F.  D. 

Blau,  Notice  publiée  en  1836  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Nancy.  —  Mo- 
rérl ,  Grand  Dict.  historique.  —  Lelorain ,  Metropolis 
Romensis  Historia.  —  Gallia  purpurata ;  Paris,  in-fol. 
—  Raymond  Thomassy,  CuiUaume  Pilastre  considéré 
comme  géographe  à  propos  d'un  manuscrit  de  la  Géo- 
graphie de  Ptolémée  (extr.  du  Bulletin  de  la  Société  de 
Géogr.,  février  1842).  —  Vte  de  Santarem,  Histoire  de  la 
Cosmographie. 

PILASTRE  ou  FiLLASTRE  (Guillaume), 
prélat  et  historien  français,  neveu  du  précédent  et 
né ,  selon  toute  apparence ,  dans  la  province  du 
Maine,  dont  son  père,  Etienne,  était  gouverneur, 
mortàGand,  le  22  août  1473.  «  Sa  naissance  était 
illégitime,  dit  Valère  André,  mais  ses  vertus,  son 
savoir,  compensèrent  amplement  ce  défaut.  «  En- 
tré fort  jeune  au  monastère  de  Saint-Pierre  de 
Châlons-sur-Marne ,  il  se  fit  bénédictin ,  devint 
prieur  de  Sermaise,  et  bientôt  après  abbé  de  Saint- 

(1)  Nous  en  donnerons  ici  une  idée  en  citant  l'inscrip- 
tion  du  verso  de  la  10"  carte  :  Sequitur  descriptio  regio- 
nutn  septentrionalium,  videlicet  Danmarchie,  que  alias 
Dania  vel  Ducia  dicitur;  Item  Suessie,  Plorvcgie.  Gro- 
landie,  et  insularum  adjacentium  de  qvibus  Tholo- 
meus  non  egit ,  sed  omisit,  forsan  illas  regiones  igno- 
}'ans,  ut  videri  potest  in  3°  libro,  ubi  agit  de  Dacia  et 
partibiis  septentrionalibus,  etc. 


689 


FILASTRE  —  FILESAC 


690 


Thierry  en  Champagne.  Il  rut  reçu  docteur  à  Lou- 
vain  en  janvier  1436.  Philippe  le  Bon,  l'ayant  ap- 
pelé près  de  sa  personne ,  lui  confia  les  affaires 
les  plus  importantes ,  l'envoya  deux  fois  comme 
ambassadeur  vers  le  pape  Eugène  IV,  et  lui 
donna  pour  récompense  la  prébende  sacerdo- 
tale de  Cambray.  Lorsque,  le  1^"^  janvier  1430, 
Philippe  le  Bon  institua  l'ordre  de  la  Toison  d'Or, 
Guillaume  Filàtre  en  fut  nommé  le  chancelier. 
Député  au  concile  de  Bâle  pour  y  soutenir,  contre 
René  d'Anjou ,  les  prétentions  du  comte  de  Vau- 
démout  sur  le  duché  de  Lorraine,  Filàtre  dé- 
ploya dans  cette  affaire  beaucoup  de  prudence. 
Nommé  évêque  de  Verdun,  il  prit  possession  de 
ce  siège  le  30  septembre  1437,  et  trouva  son  cha- 
pitre ,  sa  noblesse ,  sa  bourgeoisie  très-mal  dis- 
posés contre  lui.  Ayant  voulu  opérer  des  ré- 
formes utiles ,  on  s'y  opposa ,  et  l'impôt  d'une 
taille  sur  les  biens  du  chapitre  devint  l'occa- 
sion de  violences,  qui  produisirent  une  guerre 
ouverte.  A  la  fia  néanmoins  l'évéque  céda,  et  le 
13  mai  1439  le  concile  de  Bàle  termina  cette 
[[uerelle.  Pendant  dix  années,  Guillaume  Filàtre 
(lit  en  lutte  constante  avec  le  clergé,  la  bour- 
geoisie et  les  magistrats  de  Verdun.  Fatigue 
t'nne  semblable  existence ,  il  changea  son  évêché 
iontrecelui  de  Toul,  qu'occupait  Louis  de  Haran- 
■ourt,  et  fut  installé  sur  ce  nouveau  siège  en  1449. 
Le  chapitre  toulois  se  montra  plus  docile  que  le 
ihapitre  verdunois;  mais  la  bourgeoisie  défendit 
;es  privilèges  avec  une  telle  fermeté  que  l'évéque, 
i^oyant  sa  dignité  compromise,  son  pouvoir  tem- 
porel anéanti ,  quitta  Toul ,  et,  du  château  de 
Liverdun,  fulmina  les  censures  ecclésiastiques 
contre  la  cité  rebelle,  dont  les  magistrats  furent 
iestitués  par  lui.  L'affaire  ayant  été  portée  au 
libnnal  de  l'empereur,  Guillaume  Filàtre  s'y 
endit,  eut  gain  de  cause,  et  les  bourgeois  furent 
tbligés  de  lui  demander  pardon  en  présence  de 
a  cour,  le  31  avril  1451.  L'année  suivante, 
lou veaux  conflits,  plus  vifs  que  jamais.  Forcé 
l'abandonner  son  diocèse,  Guillaume  se  retira 
i  Bruxelles,  et  tâcha  vainement  d'intéresser 
l'empereur  à  sa  cause;  la  bourgeoisie  touloise  se 
it  appuyer  près  du  duc  de  Lorraine ,  du  roi  de 
M  ance,  ducardinal légat  et  du  pape  lui-même,  qui 
ionna  tort  à  l'évéque,  bien  qu'il  se  fût  rendu  à 
fîonie  pour  mieux  justifier  sa  conduite.  Guillaume 
^iiastre  chercha  un  autre  èvôché  dans  les  Pays- 
:5as,  et  permuta  le  sien,  en  1452 ,  contre  celui  de 
rouniay,  dont  le  titulaire  venait  de  mourir.  Depuis 
ors  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  Guillaume  vécut 
ilus  tranquille.  On  a  <le  lui  :  La  Toison  d'Or, 
luquel  soubs  les  vertus  de  magnanimité  et 
ns/ice  sont  contenus  les  hauts,  vertueux  et 
mgnanimes  faits ,  tant  des  très-chrétiennes 
■naisons  de  France,  Bourgogne  et  de  Flandre, 
lue  d'autres  rois  et  princes  de  l'Ancien  et 
îSouveau  Testament  ;  Pdvh,  10  décembre  làl7, 
11-4";  Troyes,  1530,  in-l'ol.,  et  daté  de  Saint- 
:>iner, où  Filastre  lésidait liabituellement, comme 
liibé  de  Saint-Bertlu ,  après  qu'il  eut  été  fait 


évêque  de  Tournay.  Il  se  dit  le  dévot  orateur 
et  chancelier  du  très-noble  ordre  du  Toison 
d'Or,  et  dédie  son  livre  au  très-redouté  seigneur 
Charles,  duc  de  Bourgogne.  Fillastre  avait  pro- 
noncé l'oraison  funèbi-e  de  Philippe  le  Bon  ;  cette 
pièce  est  restée  manuscrite.  Il  aimait  les  arts  et 
la  magnificence;  il  décora  ses  cathédrales  de 
tentures  marquées  au  coin  de  ses  armes  ;  il  eut 
une  belle  bibliothèque,  composée.d'ouvrages  en- 
luminés avec  soin  ;  et,  malgré  les  malheurs  du 
temps,  il  ordonna  des  constructions  utiles  dans  le 
diocèse  de  Toul,  mais  principalement  à  Saint- 
Bertin ,  où  il  fut  enseveli.         Emile  Bégin. 

Le  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  t.  I,  p.  463.  —  l,e 
P.  Benoit,  Hist.  de  Toul.  p.  641-551.  —  Roussel,  Hist.  àe 
ferdun,  p.  385-394..—  Dom  Calmet,  Bibliot/i.  Lorraiiu:. 

FILATRE.  Voy.  Fillastre  et  Fillatku. 

FiLCHiNS  (  Benoit  ) ,  théologien  anglais,  né 
vers  1560,  mort  vers  1630.  Issu  d'une  famille 
noble,  il  fut  élevé  dans  les  principes  du  protes- 
tantisme ;  mais  pendant  un  voyage  qu'il  fit  en 
France  en  1599  il  abjura  cette  religion,  et  entra 
dans  l'ordredcs  Capucins.  Ayant  eu  l'imprudence 
de  repasser  en  Angleterre ,  il  fut  emprisonné. 
11  en  sortit  au  bout  de  trois  ans,  et  revint  en 
France.  Henri  IV,  qui  avait  réclamé  son  élaigis- 
sement,  l'honora  d'une  bienveillance  particulière. 
On  a  de  Filchins  :  Soliloquium  piuni  et  grave, 
in  quo  exponit  conversionis  sux  primordia  ; 
1602;  —  Liber  varioricni  exercitiorum  spiri- 
tualium;  Viterbe,  1608-  ~  Eques  christia- 
rcMs;  Paris,  1609,  2  vol.  in-12;  —  Régula  per- 
fectionis,  continens  brève  ac  lucidum  covi- 
pendium  totius  vitx  spiritualis  ;  Rome,  1625 
et  1628.  Cet  oiivi'age,  écrit  d'abord  en  anglais, 
puis  traduit  en  flamand  et  en  français ,  fut  mis 
en  latin  par  l'auteur  lui-même,  quelques  années 
avant  sa  mort.  Il  s'en  fit  plusieurs  éditions  à 
Kome  ,  Paris,  Lyon,  Viterbe,  etc. 

Feller,  Biographie  universelle  (éait.  Weiss).  , 

FlLELFO.  Voy.  Philelphe. 

FILESAC  ( /ea/i  ),  théologien  français,  né  à 
Paris,  vers  1550,  mort  dans  la  même  ville,  en 
1638.  Il  professa  les  humanités,  puis  la  philo- 
sophie, fut  élu  recteur  de  l'université  en  1586, 
se  fit  recevoir  docteur  en  1590,  et  mourut  doyen 
de  la  faculté  de  théologie,  dont  il  était  une 
des  lumières.  Son  pi-incipal  ouvrage  est  inti- 
tulé :  Traité  de  l'Autorilé  des  Évêques  ;  Paris, 
1606,  in-8°.  Il  a  écrit  aussi  Sur  le  Carême;  sur 
l'Origine  des  Paroisses;  sur  la  Confession 
auriculaire  ;  sur  l'Idoldtrie  ;  sur  l'Origine 
des  anciens  statuts  de  la  faculté  de  Paris. 
Les  divers  traités  de  Filesac  ont  été  réunis  sous 
les  titres  de  Opéra  varia,  Paris,  1614,  2  vol. 
in-8";  et  Opéra  sélect  a ,  Vax'u,  1621,  in-4°. 
Voici  le  jugement  de  Moréri  sur  ce  docteur  jadis 
célèbre  :  «  11  y  a  bien  de  l'érudition  ecclésiastique 
et  profane  dans  les  ouvrages  de  Filesac.  Us  sont 
pleins  de  citations ,  et  ne  sont  presque  qu'un 
tissu  de  passages  qu'il  joint  les  uns  aux  autres 
par  quelques  réflexions ,  sans  beaucoup  d'ordre 


69  f  FILES AC  - 

ni  de  métiiode.  11  passe  d'une  matière  à  l'autre, 
entreiiiêle  le  sacré  et  le  profane ,  et  fait  souvent 
des  digressions.  Il  y  a  beaucoup  à  profiter  dans 
la  lecture  de  ses  ouvrages ,  mais  elle  n'est  pas 
agréable.  » 

Dupin,-  Bibliothèque  des  Auteur:  ecclésiastiques  du 
dtx-septiéine  siècle.  —■  Du  Boulay,  Histoire  de  l'Univer- 
Hté  de  Paris,  t.  VI.  —  Moréri,  (.rand  Dict.  hist. 

FILHOL  {  Antoine- Michel),  graveur  fran- 
çais, né  en  1759,  mort  le  5  mai  1812.  Il  se  fit 
connaître  par  diverses  publications  pittoresques, 
dont  la  plus  importante  est  intitulée  :  Cours 
élémenfaire  de  Peinture,  ou  galerie  complète 
du  Musée  Napoléon;  Paris,  1804-1814,  10  vol. 
grand  in-8°.  Cet  ouvrage  se  compose  de  cent- 
vingt  livraisons  ;  le  texte  des  dix  premières  a  été 
rédigé  par  Caraffe,  et  les  suivantes  par  Jos.  La- 
vallée.  Le  Cours  élémentaire  fut  augmenté  d'un 
volume  par  M"""  Filliol.  Cette  suite,  dont  le  texte 
a  été  rédigé  par  .lal,  porte  le  titre  de  Musée  royal 
de  France,  ou  collection  gi-avée  de  chefs- 
d'œuvre  de  peinture  et  de  sculpture  dont  il 
s'est  enrichi  depuis  la  Restauration;  Paris, 
1827,  grand  in-8°.  —  Filhol  a  aussi  publié:  Con- 
cours décennal,  ou  collection  gravée  des  ou- 
vrages de  peinture,  sculpture,  architecture 
et  médailles;  Paris,  1812-1814,  10  livraisons 
in-4°. 
Barbier,  Examen  critique  des  Dictionn.  historiques. 

—  Quéranl,  La  France  litt. 

FBLIAS3  (Jacques),  archéologue  et  physi- 
cien italien,  né  à  Venise,  en  1750,  mort  dans 
la  même  ville,  !el7  février  1829.  Élevé  à  Man- 
toue,  il  se  livra  à  des  travaux  scientifiques  et  lit- 
téraires qui  lui  assurèrent  une  brillante  réputa- 
tion. Sa  vie  n'offre  d'ailleurs  aucun  événement 
remarquable.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  •, 
Memorie  storiche  dei  Veneti  primi:  Venise, 
1781,  2  vol.  in-8°;  le  même  ouvrage,  refondu 
et  considérablement  augmenté,  parut  sous  le 
titre  de  Memorie  storiche  sut  Veneti  primi  e 
secondi ;  Yenise ,  1796,  8  vol.  in-8°;  puis  avec 
un  essai  Sull'  antico  Commercio ,  Arti  e  Ma- 
rina dei  Veneziani  ;  Padoue,  1 81) ,  7  vol.  in-a"  ; 
— Belle Strade Romane chepassavano  antica- 
mente  pel  Ma;i#oî;fl?îo;  Guastalla,  1792,  in-8''; 

—  Memoria  délie  Procelle  che  annualmente 
sogliono  regnare  nelle  Maremme  Veneziane; 
Venise,  1794,  in-S" ;  —  Memorie  suite  an- 
nuali  Vicende  atmosferiche  ;  Venise,  1801  ;  — 
Ricerche  storico-critiche  sulV  Opportunità 
délie  Lagune;  Venise,  1803;  —  Riflessioni  so- 
pra  i  Fiumi  e  le  Lagune  ;  Venise,  1817,  in-4o; 

—  Lettere  familiari  astronomiche ;  Venise, 
1818;  plusieurs  inémoires  et  opuscules  publiés 
dans  divers  journaux  et  recueils  littéraires  d'I- 
talie. 

Tipaldo,  Biografta  degli  Italiani  illustri ,  t.  VII, 
p.  391. 

FIUCAJA  {Louis  de),  poète  italien,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  On 
a  de  lui  deux  poèmes  sacrés  intitulés  :  Xa  Vita 
dei  Nostro  Salvatore  G.-C,  ovvero  la  sacra 


FI  Lie  A  JA  692j 

storiaevangelica,tradottanon  solo  dilotino' 
in  volgare,  ma  anche  in  t>er5o ;  Venise,  1548,1 
in-8°;  —  Gli  Atti  degli  Aj^ostoli,  secondo  sah) 
Luca,  tradottiin  ter za  rima  ;  Venise,  1549,1 
iu-fol. 

Crpscimbenl,  Istoria  délia  Volgar  Poesia.  —  Negfl, 
Istoria  degli  Scrittori  Fiorentini.  i 

FïLiCAJA  (Vincenzo  d\)  ,  jui-isconsultc  et 
poète  italien,  lié  à  Florence  ,  en  1642,  mort  éil' 
1707.  Il  appartenait  à  une  famille  noble.  Soti' 
père  l'envoya  faire  ses  études  k  l'iiftiversité  dt' 
Pise  ;  le  jeune  Filicaja  ,  qui  avait  l'esprit  sérieit^L 
et  spéculatif,  étudia  avec  succès  la  théologie  ,  U 
philosophie  et  la  jurisprudence.  Après  avoir  reÇiv 
le  diplôme  de  docteur  en  droit,  il  retourna  dafls 
sa  ville  natale,  où  la  sagacité  de  soft  jugement^ 
l'intégrité  de  son  caractère  et  sa  profonde  cofl- 
naissance  des  lois  lui  assurèrent  une  honot-â- 
ble  réputation.  Non  moins  versé  dans  les  lettresj 
que  dans  les  sciences ,  il  ehiployait  ses  loisirs  h 
composer  des  poésies  dans  lesquelles  éclatent  des 
sentiments  religieux  et  patriotiques.  Fhl673,  il 
épousa  Anna  Capponi,  et  fut  nommé  sénateur  par 
le  grand-duc  de  Toscane.  La  levée  du  siège  de 
Vienne  par  les  Turcs,  en  1083,  luiinspiraunecaw- 
zona  ou  ode,  qui  lui  valut  des  félicitatious  de  plu- 
sieurs souverains  de  l'Europe.  L'abdication  de  la 
reine  de  Suède  l'avait  également  induit  à  composéi 
un  poème  à  la  louange  de  cette  princesse.  ChiiS' 
tine  lui  en  témoigna  sa  satisfaction  par  des  libéra- 
lités dont  sa  famille  aussi  bien  que  lui-même  fill 
l'objet  ;  mais  elle  défendit  à  Filicaja  de  les  révélei 
au  public,  sous  prétexte  qu'elle  avait  honte  de 
ne  pas  récompenser  plus  dignement  un  homme 
d'un  si  grand  mérite.  Par  déférence  pour  la  vo- 
lonté de  sa  bienfaitrice ,  le  poète  crut  devoii 
comprimer  l'expression  de  sa  gratitude ,  tant  que 
vécut  Christine.  Ce  fut  seulement  après  la  moi'l 
de  la  reine  qu'il  écrivit  une  ode  latine  en  l'hort- 
neur  de  sa  mémoire. 

Quelque  estimées  que  soient  les  odes  italien- 
nes et  latines  de  Filicaja,  elles  n'ont  pas  eu  un 
succès  aussi  durable  que  ses  sonnets.  Il  excella 
effectivement  dans  ce  dernier  genre  de  poésie, 
pour  lequel  les  Italiens  ont  toujours  eu  beaucouf 
de  prédilection;  les  plus  remarquables  des  son- 
netsde  Filicaja  sont  ia  Provvidenza  et  L'Italia;!^ 
la  pensée,  l'image,  le  style,  tout  en  est  sublime  ; 
L'Italia  particulièrement  excita  en  Toscane  unejj 
admiration  que  le  cours  des  siècles,  loin  de  l'af-i] 
faiblir,  a  propagée  dans  l'Europe  entière.    Cefl 
sonnet  a  pris  rang  dans  les  pays  étrangers,  parmi  |j 
les  poésies  classiques  qu'on  présente  pour  mo»  i'i 
dèle  et  dont  on  recommande  la  traduction  àjj 
quiconque  apprend  la  langue  italienne. 

Remarquons  ici,  à  la  gloire  de  Filicaja,  que  seS; 
actes  ne  se  trouvèrent  jamais  en  contradictioh' 
avec  ses  écrits-.  Les  idées  généreuses  que  sa 
plume  émettait  n'existaient  pas  seulement  dafiS' 
sa  tête;  elles  avaient  germé  et  fructifié  dans 
son  cœur.  Filicaja  fut  donc  un  savant  légiste,  uh 
magistrat  distingué,  un  poète  national,  et  uil] 


693  FILICAJA  — 

homme  de  bien.  Il  a  mérité  de  la  part  d'un  au- 
teur italien  l'éloge  suivant,  auquel  sa  concision 
même  donne  une  grande  valeur,  et  que  nous  tra- 
duisons ici  littéralement  :  «  Ainsi  aimé  et  estimé 
«  des  gi-ands  non  moins  que  des  petits ,  égale- 
«  ment  cher  à  Dieu  et  aux  hommes,  il  (Filicaja) 
«  vécut  jusqu'à  l'âge  de  soixante  ans.  » 

Vincenzo  Filicaja  était  membre  de  l'Académie 
degli  Arcadi  et  de  celle  délia  Critsca.  Ses  œu- 
vres poétiques,  dont  l'édition  complète,  commen- 
cée avant  sa  mort,  fut  achevée  par  son  fils,  con- 
sistent en  un  volume  in-4''  de  Poésies  toscanes 
et  en  un  autre  recueil  de  Poésies  latines.  On  a 
aussi  imprimé  plus  tard  sa  Correspondance 
littéraire  en  prose  avec  Francesco  Redi,  Men- 
zini  et  Gori.  Camille  Lebrun. 

Fabroni,    f'ite  Ifaliane.  --  Crescimbeni ,  fite  degli 
arcadi. —  Negri,  Istoriadei  Fiorentini  Scrittori.  —  Ti- 
raboschi ,  Storia  delta  Letteratura  ïtaliana. 
FILICE.    Voij.  CYRN4:tJS. 

FïLiPEPï  OU  FiLlPPï  {Alessandro).  Voy. 
BoTTiccELLi  (Sandro). 

*FIL1PPI  {Camillo),  peintre  de  l'école  de 
Ferrare ,  né  dans  cette  ville,  vers  1510,  mort  en 
1574.  On  ne  sait  quel  fut  son"  maître,  mais 
son  style  montre  qu'il  s'était  inspiré  de  l'école 
romaine ,  et  qu'il  s'était  proposé  surtout  Michel- 
Ange  pour  modèle ,  ainsi  que  le  fit  aussi  son  fils, 
surnommé  il  Bastïanino.  Il  travailla  avec  ce  fils 
à  la  décoration  des  arcs  de  triomphe  érigés  en 
1559  pour  fêter  l'avènement  du  duc  Alphonse  II. 
Il  avait  peint  aussi  avec  Dosso  Dossi  et  le  Dielaj 
quelques  fresques  dont  il  ne  reste  presque  plus  de 
traces,  dans  l'église  de  Santa-Maria-in-Vado,  qui 
conserve  aussi  son  meilleur  tableau ,  une  An- 
nonciation ,  peinte  avec  une  franchise  et  une 
pureté  admirables.  Filippi  mourut  phthisique, 
quoique  dans  un  âge  assez  avancé,  et  fut  enseveli 
dans  l'église  qu'il  avait  enrichie  de  ses  ouvi-ages. 

E.  B— N. 

Baruffaldi,  f^'ite  de'  PMori  Ferraresi.  —  Superbi.  ^p- 
parato  degli  Comini  illtistri  délia  città  di  Ferrara.  — 
Orlandi,  Abbecedario.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  — 
N.-L.  Ciltadella,  Guida  di  Ferrara. 

'  FILIPPI  (  Cesare),  peintre  de  l'école  de  Fer- 
rare,  né  après  <540,  mort  vers  1603;  second 
fils,  et  sans  doute  élève  de  Camillo,  il  ne  fut  que 
médiocre  peintre  de  figures;  mais  il  excella  dans 
les  oi'nements  et  les  arabesques  ,  genre  dans  le- 
quel il  fut  souvent  employé  par  son  frère  aîné  "le 
East.ïanino. 

Barruffaldi,  P^tede'  Pittori  Ferraresi.  —Lanzi, 'Storia 
délia  Pittura.  —  Tico7,zi,  Dizionario .  —  Sirft,  Diitinn- 
nairc  historique  des  Peintres. 

FiLiPPi.  Voij.  Gratella. 

*  FILIPPI  {.Joseph  de'),  médecin  italien,  né 
en  1781  j  à  "Varallo 'Pombia  (Piémont),  mort  le 
23  mars  1856.  Après  avoir  fait  ses  études  et  reçu 
ses  grades  à  l'université  de  Pavie,  il  servit  <lans 
l'armée ,  et  prit  part  à  toutes  les  campagnes  de 
Napoléon  ,  depuis  le  camp  de  Boulogne.  En  1814 
il  était  médecin  en  chef  de  l'armée  italienne.  Il 
refusa  de  servir  l'Autriche,  qui  supprima  sa 
solde  de  l'etraite.   Nommé  membre  de  l'Institut 


FILLASTRE 


694 


des  Sciences  de  Lombardie  par  l'Institut  lui- 
même,  il  fut  à  trois  reprises  rayé  par  le  gouver- 
nement autrichien ,  et  à  trois  reprises  réélu  de 
nouveau.  En  1848  il  fut  nommé  président  du  co- 
mité de  santé  publique ,  qui  comprenait  le  ser- 
vice de  santé  de  l'armée.  Au  retour  des  Autri- 
chiens, il  se  retira  à  Varèse,  où  il  succomba,  après 
deux  ans  de  cruelles  souffrances.  Il  a  publié  à 
Milan,.  Nuovo  Saggio  analitico  sulla  Infiam- 
mazione;  1821,  in-8";  —  Delta  Scienza  délia 
Vita;  1830,  in-12;  —  Galateo  medico  (Conseils 
pour  l'exercice  de  la  médecine);  2"  édition,  1841, 
in-S";  —  Annotazioni  di  Medicina  pratica; 
1845,  in-8'';  et  un  grand  nombre  de  mémoires 
dans  la  Bibiioteca  ïtaliana  et  dans  le  Journal 
de  V Institut  Lombard,  qui  succéda  à  ce  recueil. 
D'"  Beutillon. 
Gén.  Laugier,  GV  Italianiin  Russia.  —  Fasti  ef^icende. 

—  lHém  de  l'Institut  Lombard.  —  Docum.  particuliers. 

*  FILIPPI  {Philippe  he' ) ,  fils  du  précédent, 
naturaliste  italien,  né  à  Milan,  le  20  avril  1814  , 
reçu  docteur-médecin  à  l'université  de  Pavie , 
où  il  professa  l'histoire  naturelle  par  décret  de 
dispense  d'âge ,  professeur  de  zoologie  à  l'uni- 
versité de  Turin  depuis  1848,  membre  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  cette  ville  et;  du  conseil 
de  l'instruction  publique.  Il  a  publié  à  Milan  : 
Belle  Funzioni  riproduttive  negli  animait, 
pour  compléter  l'éd.  ital.  du  Cours  élémentaire 
de  Milne-Edwards;  1850,  in-8°  ;  —  /  Tre  Regni 
délia Natura,  Regno animale ;iSà2,  in-8°,  fig.  ; 

—  La  Creazione  terrestre,  lettere  a  mia  fi- 
glia;  1854,  in-1 6,  figures;  —  Plusieurs  mémoires 
dans  la  Bibiioteca  ïtaliana  et  II  Cimento;  — 
YHlstoire  génétique  des  trémotodes  (  infusoi- 
res  ),  dans  les  Mémoires  de  VAcad.  desScienc. 
de  Turin  (1854  et  1855),  avec  pi.  d'anatoraie 
microscopique.  D'"  Bertillon. 

Bibiioteca  Ital.  —  Il  Cimento.  —  Mém.  Acad.  Turin. 

¥iij\w\'Si{Antoine-Pierre),  historien  corse, 
né  à  Vescovato-de-Casinca,  près  de  Bastia,  en  1 529, 
mort  vers  la  fin  du  seizième  siècle.  Sa  vie  est 
presque  entièrement  inconnue.  On  sait  seulement 
qu'il  eut  beaucoup  à  souffrir  des  guerres  qui  déso- 
lèrent la  Corse  en  1555  et  1564.  Il  a  laissé  une 
compilation  historique  intitulée  Istoria  di  Cor- 
sica.  On  y  trouve  d'abord  les  chroniques  de  Jean 
de  la  Grossa,  de  Pierre-Antoine  Monteggiani  et  de 
Marc-Antoine  Ciaccaldi,  qui  contiennent  l'histoire 
de  la  Corse  depuis  les  temps  fabuleux  jusqu'à 
1559.  Filippini  a  continué  cette  histoire  jusqu'en 
1594.  Le  tout  forme  neuf  livres,  et  fut  publié 
pour  la  première  fois  à  Tournou ,  1594,  in-4". 
M.  Gregory  en  a  donné  une  nouvelle  édition, 
très-augmentée  ;  Pise,  1832,  5  vol.  in-8".  Quoi- 
que l'œuvre  de  Filippini  soit  dénuée  de  critique 
et  qu'elle  n'ait  presque  aucun  mérite  de  style 
et  de  narration,  elle  est  cependant  intéress^i'e , 
parce  qu'elle  contient  sur  l'île  de  Corse  des  dé- 
tails qu'on  ne  trouverait  pas  ailleurs. 

Filippini,  .Storia  di  Corsica  (éditiim  de  l'isc  préface 
de  M.  Gregory  ). 

FILLASTRE.   VoiJ .  FiLASTRE. 


695     •  FILLATRE 

FILLATRE  (  Dom'Guillaume  ) ,  controversiste 
et  archéologue  français,  né  au  Tilleul  (diocèse 
de  Rouen),  en  1634,  mort  en  1706,  à  l'ab- 
baye de  Fécamp.  11  entra  dans  la  congrégation 
des  Bénédictins  de  Saint- Maur  en  1652.  Très- 
versé  dans  les  lettres  et  le  droit  canonique ,  il 
était  en  relation  avec  le  P.  Mabillon,  qui  le  con- 
sultait souvent.  On  a  de  lui  un  Mémoire  sur  un 
point  de  juridiction  épiscopale;  1690,  in-fol.;  — 
des  Conjectures  sur  la  caverne  du  dieu  Mi- 
<Ara( dans  les  Lettres àe&âintJérôuie,  traduites 
par  dom  Roussel,  t.  I,  p.  516),  et  trois  Lettres 
dans  les  Œuvres  posthumes  de  Mabillon,  t.  l". 

Dom  Le  Cerf,  Bibliothèque  historique  et  critique  des 
auteurs  de  la  Congrégation  de  Saint-Maur. 

FiLLEAU  (Jean),  sieur  de  La  Bouchetterie, 
jurisconsulte  français,  né  à  Poitiers,  en  1600, 
mort  dans  la  même  ville,  le  26  juillet  1682.  Il 
étudia  le  droit  à  Poitiers,  et  obtint  en  1619  le 
grade  de  docteur.  D'abord  avocat  au  parlement 
de  Paris,  il  devint  en  1632  professeur  en  droit 
àj  l'université  de  Poitiers,  et  l'année  suivante 
avocat  du  roi  au  présidial  de  cette  ville.  Nommé 
chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Michel  en   1653, 
conseiller  d'État  des  finances 'et  conseiller  privé 
en  1654,  il  reçut  en  1661  des  lettres  de  no- 
blesse. Il  acquit  une  fâcheuse  célébrité  par  sa 
Relation  juridique  de  ce  qui  s'est  passé  à  Poi- 
tiers touchant  la  nouvelle  doctrine  des  jan- 
sénistes; Poitiers,  1654,  in-8Ml  y  rapportait 
qu'un   ecclésiastique ,  ayant  entendu  parler  de 
son  zèle  pour  la  bonne  doctrine,  lui  avait  dé- 
claré, en  sa  qualité  de  magistrat,  qu'il  avait 
assisté  en  1621,  à  Bourgfontaine,  près  de  Villers- 
Cotterets ,  à  une  assemblée  où  six  personnes , 
que  Filleau  désignait  par  des  initiales ,  avalent 
délibéré  sur  les  moyens  de  renverser   la  reli- 
gion romaine    et  d'élever  le  déisme  sur   ses 
ruines.  Pascal  repoussa  avec  énergie',  dans  sa 
seizième  Provinciale ,  cette  odieuse  imputation , 
qui  paraissait    dirigée  contre  l'abbé  de    Sainî- 
Cyran,  Jansenius,  évêque  d'Ypres,  Philippe, 
Cospeau,  évêque  de   Nantes  puis  de  Lisieux, 
Pierre  Camus,  évêque  de  Belley,  Arnauld  d'An- 
dilly,  et  Simon  Vigor,  conseiller  au  parlement. 
Filleau,  malgré  le   défi  des  solitaires  de  Port- 
Royal,    n'osa  jamais    nommer  l'ecclésiastique 
dontil  avait  pubUé  laprétendue  révélation.  L'ou- 
vrage de  Filleau  et  les  discussions  qu'il  fit  naître 
occupèrent  alors  vivement  les  esprits.    Parmi 
ses  autres  écrits  on  remarque  :  Les  Arrêts  no- 
tables du  parlement  de  Paris  ;  Paris,  1631 , 
2  vol.  in-fol.,  qui  renferment  les  arrêts  recueillis 
par  Chenu;  —  La  Preuve  historique  des  li- 
tanies de  la  grande  reyne  de  France  sainte 
fiadegonde,  etc.;  Poitiers,  1643,   pet.  in-fol.; 
—  De  l'Université  de  la  ville  dePoictiers,  du 
temps  de  son  érection,  du  recteur  et  offi- 
ciers et  privilèges  de  ladite  université;  ex- 
trait d'un  ancien  manuscrit  latin ,  gardé  en 
la  bibliotheque.de M.  Jean  Filleau;  Poitiers, 
16'i3,  pet.  in-fol.;  —Décisions  catholiques   ou 


FILLEUIL  696 

recueil  général  des  arrêts  rendus  en  toutes 
les  cours  souveraines  de  France,  en  exécu- 
tion ou  interprétation  des  édits  qui  concer- 
nent l'exercice  de  la  religion  prétendue  ré- 
formée; Poitiers,  1668,  in-fol.  (Dédié  à  Michel 
Le  Tellier,  ministre  et  secrétaire  d'État).  Ce  re- 
cueil montre  avec  quelle  ardeur  Filleau  pour- 
suivait les  hérétiques  et  les  jansénistes ,  qu'il 
considérait  aussi  comme  hérétiques.  Dreux  du 
Radier  attribue  à  Filleau  l'édition  des  Annales 
d' Aquitaine ,  de  Jean  Bouchet ,  publiée  à  Poi- 
tiers, 1644,  in-fol.  E.  Regnard. 

Moréri,  Dict.Aîst.  —  Dreux  du  Radier,  B«6<.  hist.  et 
crit.  du  Poitou.  —  H.  Filleau ,  Dict.  hist.  biog.  et  ge- 
néal.  des  Familles  de  l'ancien  Poitou.  —  Cti.  Mênardière, 
Essai  sur  lesJurisc.  poitevins  antérieurs  au  Code  Civ. 
*  FiLLEAtr  DELA  TOCCHE(Z/enn),  ma- 
gistrat et  généalogiste  français,  né  le  6  juin  1758, 
à  Poitiers,  où  il  est  mort,  le  31  mai  1832.  Il  était 
pourvu  depuis  quatre  ans  de  l'office  de  procu- 
reur du  roi  au  présidial  de  Poitiers,  lorsque  la 
noblesse  du  Poitou,  réunie  en  1789  pour  ré- 
diger ses  cahiers  et  nommer  des  députés  aux 
états  généraux ,  le  choisit  pour  secrétaire  et  pour 
l'un  de  ses  députés  suppléants.  11  émigra  en 
1791,  servit  à  l'armée  des  princes,  dans  la  com- 
pagnie commandée  par  le  chevaUer  de  Filleau, 
son  oncle,  coopéra  à  la  défense  de  Maestricht , 
et  passa  ensuite  en  Angleterre.  Rentré  en  France 
en  1801,  il  fut  successivement  juge  suppléant, 
puis  conseiller  titulaire  à  la  cour  d'appel  de 
Poitiers,  et  il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en 
1831,  époque  où  il  fut  admis  à  la  retraite.  Les 
Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Belles- 
Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Poitiers,  dont  il 
était  fondateur,  contiennent  plusieurs  de  ses 
travaux,  au  nombre  desquels  on  remarque  des 
Recherches  sur  l'histoire  de  la  magistrature 
poitevine.  On  lui  doit  en  outre  :  Du  droit  de 
mouture  perçu  par  les  meuniers;  moyens 
d'enréprimer  les  abus;  Paris,  1827,  in-8°  ; 
Dictionnaire  historique ,  biographique  et  gé- 
néalogique des  familles  de  l'ancien  Poitou , 
pubUé  par  le  petit-fils  de  l'auteur,  M.  Beauchet 
Filleau,  et  Ch.  de  Chergé,  ancien  président 
de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest ,  etc.; 
Poitiers,  1840-1854,  2  vol.  in-8°. 

P.  Levot. 
Dict.  historique,  etc.,  des  Familles  de  l'ancien  Poitou. 
FILLEUIL  (Nicolas),  ]ioète  dramatique  fran- 
çais, né  à  Rouen,  vers  1530;  l'époque  de  sa  mort 
est  inconnue.  Il  se  livra  à  la  littérature,  et  mit  au 
jour  divers  ouvrages,  dont  le  plus  digne  d'at- 
tention est  intitulé  :  Les  Théâtres  de  Gaillon, 
Rouen,  1565  ;  c'est  un  recueil  qui  contient  quatre 
églogues  diàloguées ,  une  tragédie,  Lucrèce,  et 
une  comédie  en  cinq  actes.  Les  Ombres;  ces  di- 
verses pièces  furent  composées  à  l'occasion  de 
fêtes  qui  furent  données  au  château  de  Gaillon 
en  septembre  1566,  et  une  partie  d'entre  elles 
furent  représentées  devant  le  roi.  Les  églogues, 
en  vers  de  douze  syllabes ,  ne  renferment  au- 
cune action;  tout  s'y  passe  en  dialogues  entre 


697 


FILLEUIL  -   FILLMORE 


f)9S 


deux  ou  trois  acteurs.  La  tragédie  de  Lucrèce 
a  du  moins  le  mérite  d'être  fort  courte;  Les 
Ombres,  qui  doivent  leur  nom  à  un  chœur 
d'Ombres  amoureuses ,  forment  une  pastorale 
où  l'on  trouve,  selon  l'usage,  des  bergers  pas- 
sionnés et  des  bergères  insensibles.  Filleul  avait 
déjà  fait  représenter  au  collège  d'Harcourt  et 
imprimer  à  Paris,  en  1563,  une  tragédie  d'A- 
chille;  elle  est  fort  ennuyeuse.  On  a  du  même 
auteur  un  volume  de  sonnets  moraux  et  parfois 
assez  bien  faits,  intitulé  Le  Discours  de  N.  Fil- 
leuil;  Rouen,  1560,  in-4'';  il  se  pressa  un  peu 
trop  de  publier  en  1573  La  Couronne  de  Henri 
le  Victorieux,  roi  de  Pologne.  On  sait 
qu'Henri  III  ne  remporta  guère  de  victoires  et 
ne  régna  pas  longtemps  sur  la  Pologne. 

G.  B. 
Goujet ,  Bibliothèque  française,  t.  XIV,  p.  294.  —  Bi- 
bliothèque du  Théâtre-Prariçais,  t.  I,  p.  175-178. 

*F1LLIEUL,  (SimoH),  prédicateur  français,  né 
à  Rouen,  vivait  à  la  fin  du  seizième  siècle  ;  il  de- 
vint prieur  d'un  couvent  de  carmes  ,  s'adonna 
à  la  prédication ,  et  se  distingua  au  milieu  des 
troubles  de  la  Ligue  par  la  violence  de  ses 
attaques  contre  Henri  IV.  Il  affirmait  que  lors 
même  que  le  Béarnais  aurait  bu  toute  l'eau  bé- 
nite de  Notre-Dame ,  sa  conversion  serait  encore 
douteuse.  Il  fallait  «;,se  défaire  de  ce  Judas,  et 
quelque  bonne  dame  Judith  devrait  sauver  la 
France  par  un  coup  du  ciel ,  et  la  débarrasser 
d'un  coquin ,  d'un  tyran  auquel  on  aurait  raison 
de  préférer  le  Turq  ».  Après  la  chute  complète  de 
la  Ligue ,  Fillieul  prit  le  sage  parti  de  la  retraite 
et  du  silence,  et  l'on  n'entendit  plus  parler  de 
lui.  G.  B. 

Labitte,  De  la  Démocratie  chez  les  Prédicateurs  de  la 
Ligue. 

*tFILLION0U  FIIiLON  DE  CHAVIGNEUX,  et 

non  de  Charigneu,  comme  ledit  La  France 
littéraire  d'Hébraïl,  historien  lorrain.  Il  ser- 
vit dans  les  gardes  à  pied  de  Stanislas,  où  il 
passa  presque  toute  son  existence  militaire.  On 
a  de  lui  :  Journal  de  ce  qui  s'est  passé  à  V ar- 
rivée et  pendant  le  séjour  de  Mesdames  de 
France  Adélaïde  et  Victoire  à  Lunéville  et 
au  château  de  la  Malgrange;  Nancy,  1761, 
in -8"  ;  —  Relation  du  second  voyage  de  Mes- 
dames de  France  en  Lorraine,  en  1762  ;  Nancy, 
1761,in-8°.  Énaile  BÉGiN. 

Hébraïl  et  de  Laporte,  La  France  litt.,  t.  ï".  —  Qué- 
rard  ,  La  l'r.  litt.  —  De  Lalance ,  Dictionnaire  de  la 
Noblesse  lorraine,  manuscrit. 

l  FILLMORE  (  M /Zarrf), président  des  États- 
Unis,  né  le  7  janvier  1800,  à  Summer-Hill  (État 
de  New- York  ).  Sou  père ,  Nathaniel  Fillmore, 
descendant  d'une  famille  anglaise ,  était  un  petit 
former,  classe  si  nombreuse  aux  États-Unis, 
c'est-à-dire  qu'il  cultivait  de  ses  propres  mains  le 
champ  de  quelques  arpents  qui  lui  appartenait. 
Par  suite  de  la  pauvreté  de  sa  famille,  le  jeune 
Fillmore  ne  reçut  d'abord  qu'une  instruction 
très-imparfaite,  dans  une  école  de  village.  A  l'âge 
de  aumze  ans ,  il  fut  envoyé  dans  le  comté  de 


Livingston,  alors  région  sauvage,  pour  y  ap- 
prendre l'état  de  drapier,  et  bientôt  devint  ap- 
prenti d'un  cardeur  de  laine  dans  la  petite  ville 
où  son  père  vivait.  Pendant  les  quatre  ans  qu'il 
travailla  à  ce  métier,  il  profita  de  tous  les  moyens 
de  cultiver  son  esprit,  consacrant  ses  veillées  à 
la  lecture.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  fit  la  connais- 
sance d'un  juge  riche  et  distingué  du  comté,  qui 
découvritdans  l'humble  apprenti l'inteUigence qui 
le|rendait  digne  d'une  position  plus  élevée.Le  juge 
s'intéressa  à  lui,  et  offrit  de  le  recevoir  dans  son 
office  et  de  fournir  aux  dépenses  de  l'élève  pendant 
la  durée  de  ses  études.  Le  jeune  Fillmore  s'y  livra 
avec  la  plus  grande  ardeur;  et  en  même  temps, 
pour  diminuer  les  sacrifices  de  son  bienfaiteur, 
il  consacra  une  partie  de  son  temps  à  des  leçons 
dans  une  école.  En  1821,  il  vint  à  Buffalo  pour 
continuer  ses  études ,  et  fut  reçu  avocat  en  1823. 
La  carrière  était  ouverte  devant  lui  ;  ses  res- 
sources et  sa  réputation  s'étendirent  peu  à  peu. 
Sa  vie  politique  commença  en  1829,  loi'squ'il 
fut  envoyé  à  l'assemblée  de  l'État  de  New- York, 
comme  représentant  du  comté  d'Érlé.  Apparte- 
nant au  parti  whig,  il  se  trouva  alors  dans  l'op- 
position, et  eut  peu  d'occasions  de  se  distin- 
guer, car  aux  États-Unis  c'est  le  parti  en  ma- 
jorité et  au  pouvoir  qui  joue  le  rôle  brillant  et 
actif.  Sa  probité  et  sa  modestie  lui  concilièrent 
une  estime  générale.  L'emprisonnement  pour 
dettes  dans  l'État  de  New- York  était  devenu  un 
fléau  public  ;  mais  il  était  défendu  par  bien  des 
gens  intéressés.  Fillmore  prit  une  grande  part 
à  la  discussion  qui  avait  pour  objet  de  détruire 
cet  abus.  Sa  logique  et  ses  efforts  finirent  par 
triompher.  L'emprisonnement  pour  dettes  a  dis- 
paru dès  lors  des  lois  de  New-York.  En  1832  il 
fut  élu  membre  du  congrès,  et  son  parti  n'ayant 
pas  la  majorité,  il  ne  put  y  jouer  qu'un  rôle  mo- 
deste. A  l'expiration  de  son  mandat,  il  reprit  ses 
travaux  d'avocat  ;  mais,  cédant  aux  instances  de 
ses  concitoyens,  il  retourna  au  congrès  en  1837. 
Il  fut  réélu  dans  les  deux  sessions  qui  suivirent, 
et  s'y  distingua  par  sa  capacité  pour  les  affaires , 
l'excellence  de  son  jugement  et  l'élégante  facilité 
de  sa  parole.  En  1841  il  refusa  les  offres  de  ses 
constituants  qui  voulaient  l'envoyer  encore  au 
congrès,  et  il  reprit  les  travaux  de  sa  profession. 
Ses  affaires  privées  l'exigeaient,  car  sa  fortune 
n'était  pas  au  niveau  de  sa  réputation.  Quelques 
années  lui  suffirent  pour  cela.  En  1847  il  fut 
élevé  par  une  grande  majorité  au  poste  impor- 
tant de  comptroller  de  l'État  (administrateur 
des  finances),  et  l'année  suivante  porté  par  les 
whigs  comme  candidat  pour  la  vice-présidence 
des  États-Unis.  Il  fut  élu,  donna  en  1849  sa 
démission  de  comptroller,  et  commença  en  mars 
ses  fonctions  de  président  du  sénat.  Il  s'y  dis- 
tingua par  sa  dignité ,  son  impartiale  justice  et 
son  tact  supérieur.  Le  général  Taylor  étant 
mort  en  juillet  1850,  après  une  courte  maladie, 
Fillmore  fut  appelé  de  droit  à  l'éminente  et  dif- 
ficile position  de  président.  Il  y  avait  alors  dans 


699 


FILLMORE 


les  esprits  une  grande  agitation  et  de  graves  dis- 
sidenc'es  au  sujetde  la  Californie,  de  Cuba,  etde 
la  question  bi'ûlante  de  l'esclavage.  En  Europe , 
on  attendait  avec  une  certaine  anxiété  les  pa- 
roles et  les  actes  du  nouveau  président.  La  pre- 
mière mesure  de  Fillmore ,  le  choix  de  ministres 
éclairés  et  estimés ,  inspira  la  confiance  à  l'inté- 
rieur et  au  dehors.  C'est  sous  son  administra- 
tion que  la  Californie  fut  admise  dans  l'union 
comme  nouvel  État  et  q  ue  l'Angleterre  et  la  France 
proposèrent  aux  États-Unis  de  s'associer  à  un 
traité  dont  l'objet  était  de  protéger  pour  le  pré- 
sent et  l'avenir  l'île  de  Cuba  contre  une  révolu- 
tion intérieure  ou  de  nouvelles  agressions  du 
dehors,  proposition  qui  ne  fut  pas  accueillie,  par 
suite  des   vues  secrètes  que,  pour  llatter  les 
passions  nationales,  nourrit  le  gouvernement 
fédéral.  L'administration  de  Fillmore  se  termina 
en  mars  1853.  Il  s'est  concilié  l'estime  générale 
à  l'intérieur  et  en  Europe  par  sa  probité ,  sa  mo- 
dération et  la  dignité  de  sa  conduite,  En  1865, 
M.  Fillmore  est  venu  voyager  en  Europe  et  a  été 
reçu  avec  beaucoup   de  distinction  en   Angle- 
terre et  en  France.  J.  Chanut. 

31en  of  the  Time.  —  Documents  particuliers. 

FILMER  (Sir  Robert),  écrivain  poUtique  an- 
glais, né  à  East-Sutton ,  dans  le  comté  de  Kent, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  mort 
en  1688.  Il  fut  élevé  à  Cambridge,  au  collège  de 
La  Trinité.  On  a  de  lui  :  The  Anarchij  of  a  U- 
mited  and  mixed  Monarcluj  {\iok&),  réponse 
au  traité  de  Hunton  sur  la  monarchie  imprimé 
en  1643;  —  Patrïarcha  :  dans  ce  traité  Filmer 
essaye  de  prouver  que  tous  les  gouvernements 
ont  commencé  par  être  monarchiques,  et  que 
tous  les  titres  au  'gouverneraent  sont  originaire- 
ment dérivés  des  chefs  de  famille ,  ou  de  ceux  à 
qui  leurs  droits  avaient  été  conférés ,  soit  par 
cession,  soit  par  manque  de  lignage.  Dans  le  ju- 
gement de  Sidney,  on  accusa  celui-ci  d'avoir 
fait  une  réponse  au  Patr'mrcha  de  Filmer, 
ouvrage  que  Locke  réfuta  complètement  dans 
ses  deux  traités  sur  le  gouvernement  publiés 
en  1689. 

Chalmers,  General  biographical  Bictionary. 

FIMBRIA  (C.  Flavius),  général  romain,  vi- 
vait vers  110  avant  J.-C.  Selon  Cicéron,  il  fut 
un  de  ces  hommes  nouveaux  qui  s'élevèrent 
par  leur  mérite  aux  premières  dignités  de  l'État. 
En  105  il  se  présenta  comme  candidat  au  con- 
sulat, et  le  .peuple  lui  donna  la  préférence  sur 
son  compétiteur,  Q.  Lutatius  Catulus.  Il  eut 
pour  collègue  Marius,  alors  consul  pour  la 
deuxième  fois.  La  popularité  qui  lui  valut  cette 
faveur  était  sans  doute  de  date  toute  récente, 
puisque,  d'après  Cicéron,  il  avait  vainement  sol- 
licité le  tribunat  quelque  temps  auparavant.  On 
ignore  qjielle  fut  sa  province ,  mais  il  paraît  qu'il 
s'y  rendit  coupable  de  concussion;  du  moins 
fut-il  accusé  de  ce  délit  par  M.  Gratidius  :  il  fut 
acquitté.  Pendant  la  révolte  de  Saturninus ,  en 
100,  Fimbria  prit  les  armes  avec  les  autres  con- 


—  FIMBRIA  700 

sulaires  pour  défendre  l'ordre  public.  Cicéron 
parle  de  lui  comme  d'un  habile  jurisconsulte; 
comme  orateur,  il  possédait  aussi  un  grand  ta- 
lent ,  mais  il  parlait  avec  trop  de  violence.  Ci- 
céron dans  son  enfance  avait  lu  les  discours  de 
Fimbria;  mais  ces  compositions  tombèrent  si 
rapidement  dans  l'oubli  que  le  même  Cicéron 
prétend  qu'il  était  fort  difficile  de  se  les-procurer. 

Cicéron,  Pro  Planco,  3;  In  Ferrem,  V,  70;  Brutus, 
34,  45  ;  Pro  Fonteio,  7  ;  Pro  Habir.  perd.  7  ;  De  0)J.,  III, 
19;  De  Orat.,  Il,  22.  —  Asconius,  in  Cornel.,;  p.  78.  — 
Valère-Maxinic,  VU,  2.  —  Jul.  Obsequens,  103. 

Fi.uBRiÂ.   (C.   Flavius),   général   romain, 
probablement  fils  du  précédent ,  tué  en  84  avant 
J.-C.  Pendant  les  guerres  civiles  entre  Marius 
et  Sylla,  Fimbria  fut  un  des  plus  violents  parti- 
sans du  premier.  Cicéron,  qui  appartenait,  il  est 
vrai,  à  un  parti  différent,  l'appelle  «  le  plus  au- 
dacieux et  le  pins  insensé  des  hommes  (homo 
aiidacissimns  et  insanissimus)  ».  Pendant  les 
funérailles  de  C.   Marius ,  Fimbria  trama  une 
machination  pour  faire  périr  Q.  Mucius  Sceevola, 
et  comme  celui-ci  s'échappa  avec  une  large  bles- 
sure ,  Fimbria  déclara  qu'il  allait  l'accuser  de- 
vant le  peuple.  Quand  on  lui  demanda  ce  qu'il 
avait  à  reprocher  à  cet  excellent  homme,  «  C'est, 
répondit-il,  de  n'avoir  pas  laissé  le  fer  pénétrer 
assez  profondément  dans  son  corps  ».  Après  la 
mort  de  C.  Marius,  en  86 ,  Cinna  prit  L.  Vale- 
rius  Flaccus  pour  son  collègue  dans  le  consulat, 
et  l'envoya  en  Asie  combattre  à  la  fois  Sylla  ei 
Mithridate.  Comme  Yalerius  Flaccus  manquait 
d'expérience  militaire,  Fimbria  l'accompagna  eq 
quaUté  de  lieutenant  et  de  commandant  de  la 
cavalerie ,  et  non  pas  de  questeur,  comme  le  dit 
Strabon.  Flaccus  s'attira  la  haine  des  soldats  par 
son  avarice  et  sa  cruauté,  et  Fimbria  en  prit 
avantage  pour  capter  la  bienveillance  de  l'armée. 
Pendant  son  séjour  à  Byzanoe,  il  s'engagea  dans 
une  querelle  avec  le  questeur  de  Yalerius  Flac- 
cus. Le  consul  ayant  donné  raison  au  questeur, 
Fimbria  l'accabla  d'injures,  et  fut  pour  ce  fait 
privé  de  sa  charge.  V.  Flaccus  partit  ensuite 
pour  Chalcédoine,  et  Fimbria,  resté  à  Byzance, 
excita  une  sédition  parmi  les  troupes.  Le  consul, 
revenu  en  toute  hâte,  fut  forcé  de  quitter  la 
ville  et  de  s'enfuir.  Fimbria  le  poursuivit  jusqu'à 
Chalcédoine,  et  de  là  jusqu'à  Nicomédie,  où  il  le 
fit  mettre  à  mort,  en  85.  11  prit  ensuite  le  com- 
mandement de  l'armée ,  et  l'exerça  avec  autant 
de  vigueur  que  d'habileté.  Après  avoir  vaincu 
dans  plusieurs  rencontres  les  généraux  de  Mi- 
thridate et  Mithridate  lui-même,   il  chassa  ce 
prince  de  Pergame,  et  le  poursuivit  j  usqu'à  Pin- 
tana.  11  l'eût  même  fait  prisonnier,  si  Lucullus, 
qui  commandait  la  flotte  romaine,  avait  voulu 
seconder  ses  opérations   et  n'avait  laissé   fuir 
Mithridate.  Débarrassé  ainsi  d'un  de  ses  enne- 
mis, Fimbria  commença  la  guerre  la  plus  cruelle 
contre  les  Asiatiques  qui  avaient  combattu  dans 
les  rangs  de  Mithridate  ou  qui  s'étaient  déclarés 
pour  Sylla.  C'est  ainsi   qu'il  s'empara  d'Ilion 
par  trahison  et  qii'il  le  détruisit  comnlétement. 


701  FIMBRIA 

îl  promena  ses  ravages  dans  toute  l'Asie  Mi- 
neure ,  et  parvint  à  conquérir  une  grande  partie 
de  ce  pays.  En  84,  Syila  passa  de  Grèce  en 
Asie ,  et,  après  avoir  fait  la  pai\  avec  Mithridate, 
il  attaqua  Fimbria  dans  son  camp  près  de  Thya- 
iteira.  Fimbria,  voyant  que  ses  soldats  refusaient 
de  marcher  contre  Syila,  essaya  de  se  débar- 
rasser de  son  adversaire  par  un  assassinat.  Cette 
tentative  n'ayant  pas  réussi,  il  voulut  négocier. 
Syila  s'y  refusa,  et  exigea  que  Fimbria  se  rendît 
;i  discrétion  ;  celui-ci  s'enfuit  à  Pergame,  et,  s'é- 
iant  retiré  dans  le  temple  d'Esculape,  il  se  perça 
de  son  épée;  comme  le  coup  n'était  pas  mortel, 
il  se  fît  achever  par  ses  esclaves.  Telle  fut  la  mi- 
sérable fin  d'un  général  qui  avait  commencé  sa 
«ourte  carrière  militaire  par  une  trahison  et  qui 
l'a\  ait  remplie  de  plus  de  crimes  que  de  victoires. 
D'après  Cicéron,  Fimbria  avait  le  seul  genre  d'é- 
lo{iuence  qui  pût  convenir  à  son  tempérament; 
c'était  une  véhémence  forcenée  plus  propre  à 
épouvanter  qu'à  convaincre. 

rite-Llve,  Epit.,-m.  —  Plutarque,  SxMa,  2,  23,  23  ;  Lu- 
cullui,  3.  —  Appien,  UUIir\d,,  51-60.  —  Velleius  Pater- 
culus,  11,24.  —  Cicéron,  Brut.,  &^.  —  Dion  Cassius, 
lî'ragmenta  Peiresc,  127-130.  —  Aurelius  Victor,  De  Fir. 
illust,  70.  —  Orose,  VI,  2.  —  Valère-Maxirao,  IX,  11.  — 
Krontin,  Strat.,  III,  17.  —  Jul.  Obsequens  ,  116. 

FiMIiKiA  (Flavius),  officier  romain ,  fils  du 
précédent,  vivait  vers  100  avant  J.-C.  Il  fut  le 
lieutenant  de  C.  Norbanus ,  dans  la  guerre  contre 
Syila,  en  82.  Lui  et  d'autres  officiers  du  parti  de 
Carbon  furent  invités  à  un  banquet  par  Albi- 
novanus  et  traîtreusement  mis  à  mort. 

Appien  ,  Bel.  c'w.,  1,  91. 

*FiNALi  (Angelo),  sculpteur  italien,  né  à 
Vérone,  en  1709,  mort  en  1782.  Il  sculpta  en 
marbre  de  Vérone  les  onze  statues  des  doc- 
teurs de  l'Église  et  des  saints  protecteurs 
de  Reggio  qui  ornent  l'église  Saint-Prosper  de 
cette  ville.  En  1747,  il  fit  également  en  marbre 
la  statue  de  Saint  Jean  Népomucène ,  placée 
sur  le  pont  près  de  La  Mirandole.        E.  B — n. 

Papotli,  jlnnali  Mirandolesi.  —  Campori,  Gli  Jrtiiti 
negli  Stati  Estensi. 

FiNARENSis  (  David),  astrologue,  médecin 
vi  naturaliste  du  seizième  siècle.  Il  a  fait  beau- 
coup d'expériences  chimiques  et  quelques;  dé- 
couvertes utiles.  On  a  de  lui  un  Traicté  de  la 
?hiisance  que  le  Vinaigre  porte  au  Corps  hu- 
main ;  in-8",  sans  date  de  lieu  ni  de  pubUcation  ; 
un  Traicté  de  la  Nuisance  du  Vin,  in-8",  sans 
date  de  lieu  ni  de  publication  ;  —  un  Epilome 
de  kl  vraye  Astrologie  et  de  la  reprouvée;  Pa- 
lis ,  Estieune  GrouUeau,  1547,  in-8°.  Cet  ou- 
vrage est  divisé  en  onze  chapitres,  dont  Du  Ver- 
dier  a  donné  un  long  extrait ,  dans  le  T.  J , 
pAi3-m  dé  sd.  Bibliothèque  françoise.  E.  B. 

La  Croix  dn  Maine  et  Un  Verclier,  tlibl.  franc.,  t.  I, 
p.  164;  t.  III,  p.  440  et  suiv. 

FINCH  {Henry),  jurisconsulte  anglais,  né 
vers  1550,  mort  le  11  octobre  1G25.  Il  se  dis- 
tingua par  sa  connaissance  des  lois,  et  remplit 
plusieurs  emplois  considérables  dansla  maison  de 
Jacques  F'\  On  a  de  lui  :  Nomotechnia  (  des- 


~  FINCH  702 

cription  des  lois  d'Angleterre);  Londres,  1613, 
in-fol.  Cet  ouvrage,  ttaduit  en  anglais  par  l'au- 
teur lui-même,  parut  sous  le  titre  de  Of  Law, 
or  a  discourse  thereof;  Londres,  1627,  1636 
et  1661,  in-S'". 

Chalmers,  General  biographical  Dictionary. 

FîA'CH  (Heyieage),  comte  de  Nottingharn, 
homme  d'État  et  orateur  anglais ,  né  dans  le 
comté  de  Kent,  en  1621,  mort  en  décembre 
1682.  Il  commença  ses  études  à  l'école  de  West- 
minster, et  les  acheva  au  collège  du  Christ,  à 
Oxford.  Charles  II  le  fit  solliciteur  général  et 
baronet  en  1661.  En  1667  il  prit  une  part 
active  à  la  défense  de  lord  Clarendon;  en  1670 
il  fut  nommé  atorney  (  procureur  général  ),  et 
trois  ans  après  il  fut  élevé  à  la  pairie.  Il  de- 
vint en  décembre  1675  lord  chancelier,  et  fut 
créé  en  1681  comte  de  Nottingharn.  C'était 
un  homme  de  beaucoup  de  sagesse  et  d'élo- 
(juence.  Quoique  vivant  à  une  époque  de  trou- 
bles et  de  révolutions,  il  sô  conduisit  de  ma- 
nière à  mériter  en  toute  occasion  la  faveur  du 
roi  et  celle  du  peuple,  ournet  le  loue  de  son  at- 
tachement à  l'Église  anglicane.  Dryden  l'a  placé, 
sous  le  nom  A'Amri,  dans  son  Absalon  et 
Achitojjhcl,  Le  talent  oratoire  de  Finch  le  lit 
surnommer  le  Cicéron  d'Angleterre.  Plusieurs 
de  ses  discours  prononcés  dans  le  procès  des 
juges  de  Charles  r"  ont  été  imprimés  dans  l'ou- 
vrage intitulé  :  An  exact  and  most  impartial 
Account  of  the  indictement,  arraignment , 
trial  and  jugement  of  twenty  nine  régicides; 
1660,  in-4°;  1679,  in-S".  On  trouve  aussi  plu- 
sieurs autres  de  ses  discours  dans  divers  re- 
cueils du  temps. 

ColUns,  Peerage.  —  Biographia  Britannica.  —  Chal- 
mers, General  biographical  Dictionary. 

Fl?iCH  (Anne),  comtesse  de  Winchelsea, 
femme  du  précédent,  dame  anglaise  connue  par 
ses  talents  poétiques,  née  vers  1660,  morte  en 
1720.  Fille  de  Wilham  Kingsmill  de  Sidmonton, 
elle  devint  demoiselle  d'honneur  de  la  ducliesse 
d'York,  seconde  femme  de  Jacques  II,  et  épousa 
ensuite  Heneage,  comte  Winchelsea.  Elle  cultiva 
la  poésie  avec  beaucoup  de  succès.  Une  de  ses 
plus  considérables  pièces  de  vers ,  celle  Sur  le 
Spleen,  parut  dans  le  recueil  de  Charles  Gildon 
intitulé  :  A  New  MiscelUiny  of  original  Poems 
on  several  occasions  ;  1701,  in-8°.  Un  recueil 
des  poésies  de  iady  Finch  fut  publié  en  1713, 
in-S".  On  y  trouve  entre  autres  une  tragédie 
d'Aristomène,  qui  ne  fut  jamais  représentée. 
Cette  dame  était  liée  avec  Pope,  qui  lui  adressa 
quelques  vers  ;  elle  y  fit  une  réponse  insérée 
dans  les  Vies  de  Cibber. 

lîirrli,  General  Dictionary .ari.  If'inclielsca.  —  Cib- 
ber, Lives.  —  Walpole,  Royal  and  nolilr  jKtlinn:  (  édit. 
de  Park  ).  —  Chalmers,  General  biogrupli.  DicI innary. 
FINCH  (naniel),  comte  de  Nottingharn,  lils 
de  la  précédente,  homme  d'État  anglais,  né  ver.s 
1047,  mort  le  21  janvier  1730.  Après  avoir  été 
élevé  à  Cin'ist-Church ,  il  entra  de  bonne  iieure 
dans  la  vie  publique ,  et  fut  plusieurs  fois  mein- 


703  FINCH  • 

bre  du  parlement,  sous  le  roi  Charles  If.  En 
1679  il  devint  premier  commissaire  de  l'ami- 
lauté  et  membre  du  conseil  privé,  et  à  la  fin  de 
l'année  suivante  il  se  prononça  énergiquement 
dans  la  chambre  des  communes  contre  le  bill 
d'exclusion  duducd^ork.  A  la  mort  de  son  père, 
en  1682,  il  succéda  aux  titres  et  droits  pater- 
nels, et  au  décès  de  Charles  II  il  fut  un  des  mem- 
bres du  conseil  privé  qui  le  0  février  1685  si- 
gnèrent à  Whitehall  l'ordre  de  proclamer  roi  le 
duc  d'York.  Il  fut  sous  ce  règne  l'un  des  hom- 
mes d'État  opposés  à  l'abrogation  de  l'acte  du 
test.  Quoiqu'il  eût  contribué  à  l'avènement  de 
Jacques  II,  il  ne  parut  jamais  à  la  cour  de  ce 
prince.  Lorsque  Jacques  abdiqua,  Finch  demanda 
la  nomination  d'un  régent.  A  Tavénement  de 
Guillaume  el  de  Marie,  il  refusa  les  fonctions 
de  chancelier  ;  mais  il  accepta  le  titre  de  secré- 
taire d'État.  En  1690,  Finch  suivit  le  roi  à  La 
Haye.  Jacques  II  fut  si  irrité  contre  lui ,  qu'il 
l'excepta  de  l'amnistie  dans  sa  proclamation  de 
1692.  En  1694  Finch  se  démit  de  ses  fonctions 
de  secrétaire  d'État,  que  la  reine  Anne ,  à  son 
avènement,  le  décida  à  reprendre.  A  l'avé- 
nement  de  Georges  1" ,  Finch  fut  nommé 
président  du  conseil.  Outre  un  pamphlet  dirigé 
contre  Whiston,  on  a  de  lui  :  A  Letter  to 
X»''  Waterland  ,  à  la  suite  du  traité  de  New- 
ton sur  les  Pluralités  (Pluralities); —  Obser- 
vations upon  the  State  qf  the  Nation  in  Ja- 
nuary,  1712-1713.  Selon  lord  Oxford,  cet  ou- 
vrage, attribué  à  Daniel  Finch ,  ne  serait  pas 
l'œuvre  de  cet  homme  d'État. 

Colllns,  Peerage.  —  Blrch,  Liées.  —  Wood,  Athen.  Ox. 
—  Walpole,  Royal  and  noble.  Authors.  —  Wliiston, 
Life.  —  Macaulay,  Hist.  of  Engl. 

FINCH  {William),  voyageur  anglais,  vivait 
en  1615.  Il  habitait  Londres,  et  suivait  la  car- 
rière du  commerce.  Il  avait  déjà  établi  des  rela- 
tions dans  les  Indes ,  lorsqu'il  obtint  d'accom- 
pagner comme  agent  commercial  les  capitaines 
William  Hawkins  et  J.  KeeUng,  envoyés  par  la 
Compagnie  anglaise  des  Indes  orientales  pour  con- 
clure des  traités  avec  les  peuples  indous  et  sur- 
tout avec  l'empire  mogol.  L'expédition  partit  des 
Dunes  le  1"'  avril  1607  ;  Hawkins,  arrivé  à  So- 
cotora,  se  sépara  de  Keeling,  et,  suivi  de  Finch, 
débarqua  à  Surate,  le  24  août  1608  :  il  solli- 
cita aussitôt  une  audience  du  gouverneur;  celui- 
ci  en  référa  à  Mikrab,  vice-roi  de  Cambay.  Les 
Anglais  reçurent  la  permission  de  débarquer  et 
d(  rendre  leurs  marchandises,^  mais  pour  cette 
fùis  seulement.  Ils  s'aperçurent  bientôt  du  mé- 
contentementdes  trafiquants  indigènes,effrayésde 
cette  nouvelle  concurrence  et  animés  secrètement 
par  un  jésuite  portugais,  qui,  plein  d'une  inimitié 
patriotique  et  religieuse,  fit  tout  ce  qui  dépendait 
de  lui  pour  entraver  les  efforts  des  négociants  an- 
glais. Il  y  réussit  assez  pour  rendre  leur  séjour 
dangereux  à  Surate.  Chaque  jour  les  Anglais 
étaient  insultés  par  la  populace  ameutée;  leur 
maison  fut  même  attaquée.  Les  Portugais  sai- 


FINCK 


704 


sirent  en  outre  deux  de  leurs  embarcations,  et  les 
envoyèrent  à  Goa  avec  leurs  équipages,  répon- 
dant aux  réclamations  des  ambassadeurs  que  les 
mers  de  l'Inde  appartenaient  au  roi  de  Portugal, 
et  que  personne  ne  devait  y  faire  le  comirierce 
sans  sa  permission.  Sur  ces  entrefaites ,  Finch 
tomba  malade,  et  Hawkins  se  décida  à  aller  en 
personne  solliciter  à  Agra  la  protection  impériale. 
Resté  seul,  Finch  eut  à  lutter  contre  l'influence 
portugaise  et  la  vénalité  des  autorités  indoues. 
En  janvier  1610  il  partit  de  Surate,  et  rejoignit 
Hawkins  à  Agra  le  4  avril  1610.  Il  assista  à  plu- 
sieurs réceptions  du  grand-mogol  Djihangire, 
qui  essaya  par  tous  les  moyens  de  le  fixer  à 
son  service.  Il  résista,  et  suivit  Hawkins,  lorsque 
celui-ci  quitta  Agra,  le  2  novembre  1611  (1). 
Il  ne  l'accompagna  pas  pourtant  dans  son  retour 
en  Angleterre,  et  fit  divers  voyages  dans  l'inté- 
rieur de  l'Hindoustan ,  entre  autres  à  Byâna  et 
àLahore.  En  1614,  Finch  revint  dans  sa  patrie, 
après  avoir  séjourné  quelque  temps  à  Sierra- 
Leone.  Il  a  laissé  des  notices  sur  ses  voyages  , 
notices  qui  ont  été  insérées  dans  les  Pilgrim's 
de  Purchas,  1. 1*"^,  et  dans  l'Histoire  des  Voya- 
ges de  l'abbé  Prévost.  La  relation  de  Finch 
contient  d'excellents  détails  sur  les  pays  qu'il  a 
visités,  sur  leurs  productions  naturelles  et  surtout 
sur  la  fabrication  du  nil  ou  indigo.     A.  de  L. 

Mclchisédech  Thévenot,  Relations  de  divers  P'oyages 
curieux,  etc.,  t.  I.  —  Théodore  de  Bry,  Collection  de» 
grands  F'oyages,  XII*  part.,  chap.  vit. 

FINCH  (  Robert  ) ,  antiquaire  anglais ,  né  à 
Londres,  en  1783,  mort  à  Rome,  en  1830.  Élevé 
à  l'école  de  Saint-Paul,  puis  au  collège  Baliol,  à 
Oxford ,  il  entra  dans  les  ordres.  Il  partit  en 
1814  pour  un  voyage  en  Portugal,  en  France, 
en  Suisse,  en  Italie,  en  Grèce,  en  Palestine ,  et 
revint  dans  son  pays  natal  en  1817.  Il  repartit 
bientôt,  et  s'établit  à  Rome,  où  il  résida  presque 
toujours  jusqu'à  sa  mort.  Il  légua  sa  riche  bi- 
bliothèque et  sa  collection  de  médailles,  de 
monnaies,  de  peintures ,  de  gravures  et  d'anti- 
quités au  musée  Ashmoléen  à  Oxford.  Il  publia 
en  1809  deux  sermons  intitulés  :  The  Crown 
of  pure  Gold ,  et  Protestantism  our  surest 
Bulwark. 

Rose,  New.  gen.  biogr.  Dict, 
FiNCR  (Henri),  compositeur  allemand  du 
quinzième  siècle.  Attaché  au  service  du  roi  de 
Pologne,  vers  1480,  il  n'eut  pas,  à  ce  qu'il  paraît, 
à  se  louer  de  ce  prince,  qui  répondit  un  jour  à 
une  demande  d'augmentation  de  traitement  faite 
par  Finck  :  «  Un  pinson  que  je  fais  enfermer 
dans  une  cage  chante  toute  l'année ,  et  me  fait 
autant  de  plaisir  que  vous ,  bien  qu'il  ne  me 
coûte  qu'un  ducat.  »  Cet  homme  assurément 
n'aimait  pas  la  musique.  On  ignore  si  Finck 
resta  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  au  §^vice  du  roi 
de  Pologne.  Quant  à  ses  ouv«ge|y^s  sont  assez 

(1)  On  trouvera  à  l'article  Hawkins  {^'Williams)  des 
détails  sur  ce  qui  concerne  l'ambassade  anglaise.  Ce  se- 
rait faire  double  emploi  que  te  les  rapporter  ici. 


705  FINCK 

rares  ;  on  en  trouve  un  dans  la  Bibliothèque  de 
Zwickau ,  sous  ce  titre  :  Schœne  ausserlesene 
Lieder  des  hochberiihmpten  Heinrici  Fïnc- 
kens,  etc.  (Ctiansons  choisies  du  célèbre  Henri 
Finck  j^  etc.  )  ;  petit  in-4°,  imprimé,  selon  Gerber, 
vers  1550.  On  trouve  aussi  quelques  morceaux 
de  ce  compositeur  dans  les  Concentus  4,  5, 6  et 
Swocwmde  Salblinger;  1545,  in-4°. 
Fétis,  Bographie  univers'elle  des  Musiciens. 

FINCK  (Hermann),  compositeur  allemand, 
vivait  à  Wittemberg  vers  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  On  a  peu  de  détails  sur  ses  com- 
mencements. Selon  Forkel,  il  fut  d'abord  maître 
de  chapelle  en  Pologne.  On  connaît  de  lui  : 
Practica  Musica,  exempla  variorum  signo- 
rum,  proportionum  et  canonum,  judicium  de 
tonis  ac  quœdam  de  arte  suaviter  et  artiji- 
ciose  cantandi  observationes ;  Wittemberg, 
1556  ,in-4<>  .Un  exemplaire  de  cet  ouvrage  se  trouve 
à  la  Bibliothèque  Mazarine. 
Fétls,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

FiNCR  (  Thomas  ) ,  médecin  et  mathématicien 
danois,  né  à  Flensbourg,  le  6  janvier  1561,  mort 
le  26  avril  1656.  Il  étudia  à  Strasbourg  pendant 
cinq  ans ,  visita  successivement  les  universités 
d'Iéna,  de  Wittemberg,  de  Heidelberg  et  de 
Leipzig ,  publia  quelques  ouvrages  à  Bàle ,  résida 
quatre  ans  en  Italie,  et  fut  reçu  docteur  en  1587. 
Nommé  médecin  du  duc  de  Holstein ,  et  appelé 
en  cette  qualité  à  Gottorp ,  il  quitta  la  cour  de 
ce  prince  en  1591,  pour  aller  professer  à  Copen- 
hague les  mathématiques  d'abord  ,  l'éloquence 
ensuite,  enfin  la  médecine,  qu'il  enseigna  jus- 
qu'à sa  mort.  Outre  des  dissertations  médicales 
peu  importantes  et  des  Observations  insérées 
dans  la  Cista  medica  de  Barthohn ,  on  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  de  mathématiques;  les  prin- 
cipaux sont  :  Geometrix  rotundi  Libri  XIV; 
Basle,  1583,  in-4°  ;  —  Thèses  de  constitutione 
Philosophise  mathematicse  ;  1591,  in-4'';  — 
Tabulée  Multiplicationis  et  Divisionis,  etiam 
Lanicce  monetee  accommodatce  ;  Copenhague, 
1604. 
MoUer,  Cimbr.  litt. 

FINCKE  (/ean-PflMZ),  jurisconsulte  et  poly- 
graphe  allemand ,  vivait  dans  la  seconde  moitfë 
du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Laudes 
Hamburgi ,  etc.,  Leipzig,  1736,  in-4°;  publié 
ensuite  sous  ce  titre  :  Topographia  et  Biblio- 
theca  Hamburgensis;  Hambourg,  1739,  in-8°, 
avec  une  table  des  Memorix  Hamburgenses  de 
J.-A.  Fabricius  ;  —  Index  in  Collect.  Scriptor. 
Rerum  Germanicarum ;  Leipzig,  1737,  in-4°;  — 
Conspectus  bibliothecx  chronologïco-diplo- 
maticœ;  Hambourg,  1739,  in-4°  ;  —  Versuch 
einer  Nachricht  von  gelehrten  Hamburgern 
(Essai  d'un  compte-rendu  de  quelques  érudits 
hambourgeois ) ;  ibid.,  1748,  in-4°;  —  Index 
diplomatum  civitatis  et  ecclesix  Hambur- 
gensis ;  ibid.,  1751,  in.4°;  —  Spécimen  histo- 

NOTJV.  BIOGR.  CÉNÉR.   —  T,  XVII. 


—  FINE  706 

rix  ssgculi  noni  et  îtndecimi  afàbulis  libe- 
ratx;  ibid.,  in-4°. 

Adeluns,  Suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt.-Lexikon. 
FINE,  et  non  fine  (Oronce) ,  Orontius  Fi- 
nxus,  mathématicien  et  astronome  français, 
né  à  Briançon,  en  1494,  mort  à  Paris,  le  6  octobre 
1555.  François  Fine,  son  père,  était  un  médecin 
estimé  du  Briançonnais ,  qui  s'occupait  d'astro- 
nomie, et  dont  on  a  un  traité  De  cœlestium 
Motuum  Indagatione ,  publié  en  1494,  par  les 
soins  de  Gilles  Zeiandus.  Sous  sa  direction,  le 
jeune  Oronce  étudia  les  premiers  éléments  des 
mathématiques  ;  puis ,  à  sa  mort  il  vint  cher- 
cher fortune  à  Paris.  Un  de  ses  compatriotes , 
Antoine  Silvestre ,  régent  de  belles-lettres  au  col- 
lège de  Montaigu,  le  fit  admettre  à  celui  de  Na- 
varre :  il  y  suivit  un  cours  d'humanités  et  de  phi- 
losophie, et  abandonna  ces  études  pour  se  con- 
sacrer entièrement  aux  mathématiques.  Cette 
science,  alors  fort  néghgée  en  France,  ne  possédait 
encore  qu'un  bien  petit  nombre  de  livres  impri- 
més, et  pour  y  faire  quelques  progrès  il  fallait 
nécessairement  recourir  à  des  manuscrits  anciens, 
pour  la  plupart  en  langues  étrangères  et  rédigés 
en  style  barbare.  Ce  n'était  qu'à  l'aide  d'efforts 
les  plus  opiniâtres  que  l'on  pouvait  arriver  non 
pas  seulement  à  les  comprendre ,  mais  à  y  trouver 
un  sens  raisonnable  au  milieu  de  formules  bizar- 
res, presque  mystérieuses,  empruntées  à  la  ca- 
bale. Oronce  aborda  résolument  ce  difficile  tra- 
vail, et  déjà  il  s'y  livrait  avec  ardeur  depuis 
plusieurs  années  lorsque,  dit-on,  il  fut  compro- 
mis en  1518  dans  les  troubles  occasionnés  par 
la  présentation  du  concordat  à  l'université,  et 
jeté  en  prison.  Les  historiens  qui  rapportent  cette 
particularité  ne  nous  apprennent  pas  l'époque 
précise  de  son  incarcération  ni  de  sa  mise  en 
Hberté;  ils  se  bornent  à  des  conjectures  tirées 
d'une  délibération  de  la  faculté  des  arts  que  Du 
Bonlay  a  insérée  dans  rz/is^oire  de  V Université 
de  Paris  (t.  VI,  p.  965  ),  en  ces  termes  :  «  27  oc- 
tobris  1524.  Incidit  quaestio  de  domino  Oron- 
tio  ad  longa  temporum  curricula  incarcerato, 
quatenus  litterse  per  artiurn  facultatem  ad  régis 
christianissimi  matrem  darentur  pro  ejus  liber- 
tate  ».  Goujet  {Mém.  sur  le  Collège  royal) 
pense  que  le  succès  de  cette  démarche  fut  heu- 
reux, «  puisqu'on  voit,  dit-il,  l'année  suivante, 
«  1525,  Fine  donner  quelques  ouvrages  au  pu- 
«  blic  ».  Mais  cette  conjecture  est  sans  valeur, 
car  notre  mathématicien ,  comme  on  le  verra  plus 
loin  dans  la  liste  de  ses  écrits ,  avait  déjà  publié 
VArlthmeticaA^  Scilicaeusen  1519  et  la  Marga- 
rita  philosophica  en  1523.  En  outre,  il  devient 
fort  difficile  de  concilier  la  délibération  de  la 
faculté  des  arts  avec  ce  passage  de  la  légende  de 
l'un  des  portraits  de  Fihe,  rapportée  dans  la  Bio- 
graphie dn  Dauphiné ,  légende  rédigée  très- 
probablement  d'après  des  documents  de  famille  : 
«...  L'amiral  de  Bonivet,  gouverneur  du  Dau- 
phiné, le  fit  connoîtreau  roiFrançois  I*' , qui  l'era» 

23 


707 


FINE 


708 


mena  au  Piémont  et  lui  donna  la  charge  de  tra- 
vailler aux  fortifications  de  Milan.  Il  le  fit  aussi 
consulter  sur  le  siège  de  Pavie ,  où  l'on  dit  qu'il 
prédit  au  roi  sa  prison.  L'une  de  ses  lettres  de 
Crémone,  du  16  mars  1525,  décrit  de  quelle  ma- 
nière il  fut  pn's  lui-même  faisant  construire  un 
pont  sur  le  Tésin,  le  18  février  de  cette  année-là, 
et  comment  il  avoit  refusé  les  avantageux  éta- 
blissements avec  quoi  le  connétable  de  Bourbon 
et  D.  Ferrante  d'Avâlos ,  marquis  de  Pescara , 
tâchèrent  de  l'arrêter.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  Oronce 
Fine  commença  par  ouvrir  chez  lui  un  cours  par- 
ticulier de  mathématiques ,  puis  il  en  donna  des 
leçons  publiques  au  collège  de  maître  Gervais. 
Enfin,  les  succès  de  son  enseignement  ayant  at- 
tiré l'attentiori  du  public ,  il  fut  nommé ,  vers 
1532,  professeur  au  Collège  royal,  en  remplace- 
ment de  Martin  Poblacion.  Il  remplit  ces  fonc- 
tions jusqu'à  sa  mort. 

Tous  les  écrivains  contemporains  sont  una- 
nimes dans  les  éloges  qu'ils  font  de  ce  profes- 
seur; ils  parlent  de  lui  avec  une  sorte  d'admi- 
ration :  et  en  effet  ses  leçons  paraissent  avoir 
jeté  le  plus  vif  éclat.  Tous  les  hommes  remar- 
quables de  son  temps,  dans  les  lettres,  les  arts  et 
la  magistrature,  des  princes,  des  ambassadeurs, 
se  pressaient  à  son  cours  :  le  roi  lui-même ,  as- 
sure-t-on ,  daigna  plus  d'une  fois  aller  l'entendre. 
Mais,  hélas  !  à  tous  ces  flatteurs  empressements, 
à  tous  les  éloges  dont  il  était  l'objet ,  le  pauvre 
mathématicien  eût  préféi-é  quelque  chose  de  plus 
réel.  «  Tout  en  philosophant,  dit  un  de  ses 
«  vieux  biographes  (Thevet),  il  contentoit  bien 
«  sonesprit,maisn'entloitpasguèresses  bouges.  » 
En  effet,  chargé  de  famille,  sans  fortune ,  réduit 
aux  seuls  émoluments  de  sa  chaire  et  du  faible 
produit  de  ses  ouvrages ,  Oronce  lutta  toute  sa 
vie  contre  la  misère.  Il  s'ingénia  de  raille  façons 
pour  améliorer  sa  position,  sans  pouvoir  y  réussir. 
Il  faisait  fabriquer  et  vendait  des  instruments  de 
mathématiques  et  d'astronomie ,  que  l'on  allait 
voir  chez  lui  comme  des  curiosités.  Une  hor- 
loge, notamment,  exécutée  en  1553  sous  sa  direc- 
tion ,  pour  le  cardinal  de  Lorraine ,  excita  une 
admiration  générale.  Elle  marquait,  à  l'aide  d'une 
complication  infinie  de  rouages,  les  heures,  les 
jours,  les  années,  les  mois,  le  cours  des  pla- 
nètes, du  Soleil,  de  la  Lune,  etc.  (1).  Lié  d'a- 
mitié avec  de  pauvres  écrivains  comme  lui,  entre 
autres  avec  Ant.  Mizauld ,  il  composait  des  vers 
à  leur  louange  :  ceux-ci  lui  rendaient  la  pareille 
à  l'occasion,  et  les  uns  et  les  autres  faisaient 
ensuite  imprimer  ces  vers  en  tête  de  leurs  ou- 
vrages comme  des  témoignages  sincères  et  spon- 
tanés de  l'admiration  publique.  Il  multipliait  au- 
tant que  possible  le  nombre  de  ses  écrits ,  soit 

(1)  Cette  horloge  est  aujourd'hui  placée  dans  la  salle 
de  lecture  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  Sainte-Ge- 
neviève. Ses  cadrans  en  cuivrosont  couverts  de  niellures 
de  bon  goût  et  d'une  grande  finesse  de  travail.  Depuis 
longtemps  elle  ne  marche  plus.  Il  serait  à  souhaiter  que  la 
restauration  de  eu  curieux  monument  de  l'horlogerie  au 
seizième  siècle  fût  confiée  à  quelque  habile  mécanicien. 


en  les  traduisant  lui-même  ou  en  les  faisant  tra- 
duire, soit  en  les  reproduisant  sous  de  nou- 
veaux titres  et  sous  d'autres  formats,  en  les 
pubfiant  séparément  ou  les  î'éunissant  en  recueils. 
Il  adressait  ses  dédicaces  à  François  P"^,  à 
Edouard  VI,  roi  d'Angleterre j  à  des  évêques, 
à  des  magistrats,  à  de  grands  seigneurs,  à  Diane 
de  Poitiers  elle-même,  et  le  cœur  se  serre  en  li- 
sant les  très-humbles  supplications  auxquelles 
la  misère  faisait  descendre  le  pauvre  savant, 
dans  l'espoir  d'obtenir  des  secours.  Mais  tous  ses 
efforts  furent  vains  :  les  riches  ne  lui  vinrent 
pas  en  aide,  et  le  laissèrent  mourir  épuisé  par 
les  privations  et  les  chagrins.  Sa  femme,  Denyse 
Blanc,  périt  de  même  peu  de  temps  après.  Voici, 
d'après  la  Biographie  du  Dauphiné,  avec 
quelle  énergique  indignation  l'Oîi  des  fils  d'O- 
ronce  raconte  la  fin  malheureuse  de  ses  parents  : 
«  Is  (pater)  post  très  annorum  suorum  décades 
et  amplius  instaurandis  et  illiistrandis  mathe- 
maticis,  cum  legendo ,  tttm  scribendo,  consump- 
tas  et  expositas ,  dum  exspectat ,  petit,  et  im- 
plorât pretium ,  dum  aulica  farina  dealbatus, 
toties  eluditur,  dum  multiplicato  liberorum 
grege ,  rem  familiarem  decrescere  et  senium 
accelerare  videt,  indignitatem  tantam  indigne 
ferens,  aborto  hinc  morbo,  sexagenarius  11- 
benter  ac  constanter  in  Domino  obdormivit. 
Quem  mater  charissima  in  eadera  exspectatio- 
num  et  angustiarnra  navi  deplorate  navigans, 
paulo  post  secuta  est,  relictis  sex  oviculis 
inter  famelicos  lupos,  absque  ullo  fautore  et 
pastore  quotidie  errantibus.  »  Il  va  sans  dire 
qu'après  la  mort  d'Oronce  les  beaux  esprits 
s'empressèrent  de  chanter  les  louanges  du  mal- 
heureux savant  :  ils  déplorèrent  sa  perte  en 
vers  et  en  prose ,  ils  s'épuisèrent  en  regrets  tar- 
difs, bref  il  ne  manqua  pas  d'admirateurs  après 
sa  mort.  Ses  enfants  du  moins  trouvèrent  de 
généreux  protecteurs.  Ils  étaient  au  nombre  da 
six  :  Jean,  l'aîné,  le  seul  sur  lequel  on  possède 
des  renseignements,  devint  chanoine  de  Meaux, 
doyen  de  la  faculté  de  théologie  de  Paris ,  et 
mourut  en  1609. 

Apprécié  avec  nos   connaissances   actuelles, 
le  mérite  d'Oronce  Fine  se  réduit  sans  doute  à 
fort  peu  de  chose ,  car  il  n'a  guère  enseigné  que 
des  notions  de  mathématiques  très-élémentaires 
et  déi  à  connues  de  son  temps.  11  est  même  certaines, 
de  ses  propositions  qui  feraient  sourire  un  m;"^ 
thémaficien  de  nos  jours  ;  telles  sont ,  par  exettP 
pie,  la  duplication  du  etibe ,  la  trisection  de  l'an 
gle ,  la  quadrature  du  cercle,  dont  il  se  vantait 
hautement  d'avoir  trou  vé  la  démonstration  (  1  ) .  Û 


(1)  Je  possède  un  superbe  exemplaire  imprimé  sur  vé- 
lin par  Simon  de  Colines  où  Fine  dit  «  que  la  quadra- 
ture  du  cercle,  que  le  père  de  la  philosophie,  Aristote 
(ce  serait  plutôt  Platon),  a  déclaré  en  plusieurs  endroits 
de  ses  écrits  n'être  pas  connue  de  son  temps,  quoiqu'elle 
ne  soit  pas  impossible  à  connaître,  a  été  découverte  et 
démontrée  par  lui,  à  la  grande  rage  de  ses  adversaires  ». 
11  établit  comme  conclusion  de  son  travail  que  trois 
cercles  équivalent  à  trois  carrés.  A.  F.-U. 


709 


FINE 


10 


prétentions  sont  en  effet  passablement  scanda- 
leuses de  la  part  d'un  professeur  du  Collège 
royal  ;  mais  il  faut  faire  la  part  des  idées  de  cette 
époque  et  de  l'état  dans  lequel  se  trouvait  alors 
la  science.  Le  seul  mérite  de  ce  professeur  est 
d'avoir,  par  l'éclat  de  son  enseignement ,  encou- 
ragé l'étude  des  sciences  exactes  ;  et  on  a  dit  de 
lui  avec  beaucoup  de  raison  qu'il  était  le  res- 
taurateur des  mathématiques  en  France. 

Les  ouvrages  d'Oroace  Fine  ont  pour  titres  : 
Qvadrans  asirolabicvs,  omnibus  Europee  re- 
gionibus  inserviës  ;  Paris ,  1527  et  1534,  in- 
fol.  ;  —  JLquatorium  planetarum ,  vnico  in- 
strumèto  côprehensum,  omnium  antehac  ex- 
cogitatorû,  et  intellectu  et  vsufaciUlmum: 
quo  {medijs  tâtûmodo  suppiitatis  motibus) 
vera  singulorû  errâtiu  loca  prôptissime  ca- 
piuntur;  Lutetiae,  1521,  1538  et  1548,  in-4°  ; 

—  La  Théoriqve  des  cievx  et  sept  planètes  ^ 
avec  levrs  mouuemens ,  orbes  et  dispositions, 
très-vtile  et  nécessaire,  tant  pouf  Vvsage  et 
pratique  des  tables  astronomiques ,  que  pour 
la  cognoissance  de  l'vniversité  de  ce  hault 
monde  céleste;  Paris,  Denise  Cavellat,  1607. 
Quelques  exemplaires  portent  l'adresse  de  lac- 
qves  Qvesnel,  rue  Saint -lacques,  aux  Colom- 
bes ,  M.  DC.  XIX;  mais  c'est  la  même  édition, 
avec  un  nouveau  titre.  Les  bibliographes  en 
citent  deux  autres  antérieures;  Paris,  1528,  in- 
fol.,  et  1557,  in-8°.  Elles  ne  se  trouvent  pas  dans 
les  bibl.  pub.  de  Paris  ;  —  Epistre  exhortatiue 
(envers)  touchant  la  perfection  et  commo- 
dité des  ars  liberaulx  mathématiques ,  com- 
posée sotibz  le  no  et  tïltre  de  la  très-ancienne 
et  noble  princesse  dame  philosophie ,  et  puis 
nagueres  présentée  au  tres-chrestien  roy  de 
Prâce  ;  Paris,  1531,  in-8",  goth.  ;  —  Proto- 
mat  hesis  :  opus  uariuni ,  ac  scitu  non  m,i- 
nus  utile  qiiam  iucundum,  nunc  primum 
in  lucem  féliciter  emissum;  Paris,  1532,  in- 
fol.  Cet  ouvrage  contient  quatre  traités  diffé- 
rents :  1°  De  Arithmetica  practica  Libri  III I, 
qui  a  été  ensuite  imprimé  à  part ,  Paris ,  1 535, 
1542,  in-fol.,  1555,  ih-4°;  et  réduit  en  abrégé, 
Lvtetix  Parisiorvm,  apudSimonem  Colinseum, 
1544,  in-8°;  2°  De  Geometria  Libri  duo; 
3"  De  Cosmographia  sive  mundi  sphserd  Li- 
bri V,  reproduit  avec  des  changements  de  ré- 
daction dans  le  Mundi  Sphsura  ci-après  ;  4°  De  so- 
laribus  Horologiis  et  qvadrantibus  Libri  tilt  ; 
imprimé  ensuite  à  part,  sans  changements; 
Parisiis ,  apud  GuUelmum  Cauellat  (1560), 
in^",  par  les  soins  de  Jean  Fine,  fils  d'Oronce. 
Ces  quati-e  traités  ont  ensuite  été  traduits  efl 
italien,  sous  le  titre  de  Opère  di  Orontio  fi- 
neo,  Deljinato,  diuise  in  cinq^ie  parti...  tra- 
dotte  da  Cosimo  Bartoli;  Venise,  1587,  in-4"; 

—  In  sex  priores  Libros  Geomclricorum  Ele- 
mentorum  Euciidis  ;  Paris,  1536, 1544  et  1551, 
in-fol.;  —  De  Mundi  Sphœra,  sive  Cosmo- 
graphia, Libri  V :  rectarum  in  circuit 

quadrante  subtensarum  (  qiios  sinus  vacant  ) 


demonstratio ;  organum  utiiversate,  ex 

sinuum  ratione  contextum,  quo  tû  geome- 
trici ,  tû  omnes  astronomici  canones ,  ex  qua- 
tuor sinuû  propoftione  pendentes ,  mirafaci- 
lita.te  practicantur  •  Paris ,  Sim.  Colin.,  1542, 
in-fol.  :  le  premier  des  trois  traités  que  con- 
tient ce  volume  a  été  publié  séparément,  Paris, 
1542,  in-8°;  ibid.,  1551,  1552  et  1555,  in-4°. 
Il  a  été  traduit  en  français  par  Fine  sous  ce  titre  : 
Le  (sic)  sphère  dv  monde,  proprement  dïtte 
cosmographie,  composée  nouuellement  en 
français,  et  diuisee  en  cinq  liures...  avec  une 
epistre  touchant  la  dignité,  perfection  et 
utilité  des  sciences  mathématiques;  Paris, 
1551,  in-4°;  le  deuxième  traité  a  été  publié 
séparément,  sous  le  titre  de  Tabulée  sinvvm 
rectorvm  in  partibiis  qualium  semidiameter 
est  60  per  ipsum  minutim  supputata  ;  Paris, 
1550,  in-4°  ;  le  troisième  de  ces  traités  a  été 
réimprimé  deux  fois  séparément  :  1°  avec  quel- 
ques changements ,  sous  ce  titre  :  De  vniversali 
quadrante,  sinuumve  organo;  Paris  1550, 
in-4°  ;  2°  avec  des  augmentations,  sous  cet  autre 
titre  :  In  eos  quos  de  Mundi  Sphgera  cons- 
cripsit  libros  ,  ac  in  Planetarum  Theoricas , 
Canomim  Astronomicorum  Libri  II  ;  Paris, 
1553,  in-4";  —  Les  Canons  et  documents  tres- 
amples  touchant  l'usage  et  praticque  des 
communs  Almanachz,  que  Von  nomme  Ephe- 
merides.  Rriefve  et  isagogique  introduction 
sur  la  ivdiciaire  astrologie...  auec  tm  traicté 
d'alcabice...  touchant  les  conionctions  des 
planètes  et  de  leurs  prognostications  es  reuo- 
lutions  des  années;  Paris,  1551,  in-S"; 
la  1'®  édition,  publiée  sous  le  titre  de  Canons 
des  Ephemerides,  est  de  Paris,  1543,  in-S"; 
autres  éditions,   Paris,  1556   et    1557,  in-8"; 

—  Quadratura  Circuli ,  tandem  inuenta  et 
clarissime  demonstrata.  De  circuli  mensura 
et  ratione  circûferéntix  ad  diametrum  de- 
monstrationes  dux.  De  multangulorû  omniû 
et  regulariû  figurarû  descriptione...  De  in- 
venienda  longitudinis  locorum  differentia, 
aliter  quam  per  lunares  éclipses  etiam  data 
quovis  tempore...  P lanisphserium  geographi- 
cum,  quo  tum  longitudinis  afq.  latitudinis  dif- 
ferêtia ,  tum  directs  locorilm  deprehendun- 
tur  elongationes  ;  Paris,  1544,  in-fol.  Ce  volume 
se  compose  de  quatre  traités  différents.  C'est 
dans  le  premier  que  Fine  démontre  la  quadra- 
ture du    cercle,   qu'il  croyait   avoir  trouvée; 

—  De  Speculo  ustorio ,  ignem  ad  propositam 
distantiam  générante.  Liber  unicus ;  e  quo 
duarum  linearum  semper  appropinquâtium 
et  nunquam  concurrêtium  colligitur  demons- 
tratio; Paris,  1551,  in-4" ;  —  De  duodecini 
cœli  domiciliis,  et  horis  insequalibus...  ima 
cvm  ipsarvm  domorvm ,  ntque  inxqualium 
horarum  instrumenta,  ad  latitudinem  Pari- 
siensem  ,  hactenus  ignota  ratione  dellneato; 
Paris,  1553,  in-4'' ;  —  De  Re  et  praxl  Geome- 
trica  Libri  très ,  figuris  et  demonstrationibus 


I 


711 


FINE  —  FINELLI 


712 


illustrati,  ubi  de  quadrato  geometrico  et  vir- 
gis  seu  baculis  mènsoriis ,  necnon  aliis ,  cum 
mathematicis ,  tum  mechanicis;  Paris,  1555 
et  1 586,  in-4°  ;  trad.  en  français  par  Forcadel,  à 
Paris,  chez  Gilles  Gourbîn,  1570,  in-4°;  —  De 
Rébus  Mathematicis  hactenus  desideratis 
Librl  IF II  :  quibus,  inter  caetera,  circuli 
quadratura  centuni  modis,  et  supra...  de- 
monstratur;  Paris,  1556,  in-fol.  Ce  traité  est 
précédé  de  la  vie  de  Fine,  écrite  en  vers  par 
Mizaul ,  son  ami  ;  —  La  Composition  et  vsage 
du  Qvarre  géométrique ,  par  lequel  on  peut 
mesurer  fidèlement  toutes  longueurs,  hau- 
teurs et  profonditez  ;  Paris,  1556,  in-4". 

Cartes  géographiques  dessinées  par  O.  Fine  : 
Gallise  totïus  Nova  Descriptio;  Paris,  1525, 
1557  ;  Venise,  1561, 1566,  in-foi.  ;  —  Nova  Des- 
criptio Terrarum,  ad  intelligentiam  titrius- 
que  Testamenti  maxime  conduc.  ;  Paris, 
1536,  in-foi.;  —  Cosmographia  universa- 
Zis;  Paris,  1536,  1566,  in-fol.  C'est  une  map- 
pemonde dessinée  dans  un  cœur.  —  Quelques 
catalogues  anciens  donnent  en  ces  termes  les 
titres  de  deux  autres  cartes,  que  nous  avons 
vainement  cherchées  dans  les  collections  de  la 
Bibl.  imp.  :  Descriptio  universi  Orbis,  sub  ge- 
mina  cordis  humani  figura  et  unico  papyri 
folio  comprehensa  ;  —  Chorographia  Terra- 
rum, ad  Sacrœ  Scripturse  intelligentiam  ne- 
cessariarum ,  quam  vocant  divi  Pauli  pere- 
grinationem. 

Oronce  Fine  a  édité  de  nouveau ,  ou  enrichi 
de  notes  et  de  figures;  quelques  ouvrages  de 
ses  contemporains ,  entre  autres  les  suivants  ; 
Arithmetica  Joannis  Martini  Scilicxi;  1519, 
in-fol.  Cet  ouvrage ,  le  premier  que  Fine  ait  pu- 
blié, parut  en  1519,  chez  Henri  Estienne  père  de 
Robert  Estienne.  Il  porte  à  la  fin,  ainsi  que 
presque  tous  les  ouvrages  de  Fine,  cette  devise 
qui  fait  allusion  aux  traverses  de  sa  vie  :  Vires- 
cit  vulnere  virtus;  —  Margarita  philoso- 
phica,  rationalis,  moralis  philosophiae  prin- 
cipia...  complectens  ;  Paris,  1523,  in-4°  :  sorte 
d'encyclopédie  fort  estimée  au  seizième  siècle  ; 
—  Theoricse  novœ  Planetarum,  authore 
Georgio  Purbachio  ;  Paris,  1525,  in-4°;  —  De 
his  quœ  mundo  mirabiliter  eveniunt  :  ubi  de 
sensuum  erroribus  et  patentis  animx  Cl. 
Cœlestini  et  de  mirabili  potestate  artis  et  na- 
turœ  Rogerii  Baconis  Anglici  Libellus  ;  Paris, 
1542,  in-4°;  — Antonii  Mizaldi,  Monlvciani, 
De  Mundi  Sphasra  ;  1552,  in-8°  :  c'est  un  traité 
de  cosmographie  en  vers  latins. 

O.  Fine  avait  composé  sur  diverses  branches 
des  mathématiques  un  assez  grand  nombre  d'ou- 
vrages qui  n'ont  pas  été  imprimés ,  et  qui  après 
sa  mort  firent  partie  de  l'ancienne  bibliothèque 
de  la  Sorbonne.  En  voici  une  indication  sommaire, 
d'après  la  liste  détaillée  qu'en  donne  la  Bio- 
graphie du  Dauphiné  :  Theoricx  motuum 
cœlestium;  —  De  componendis  artificialibus 
theoricis  ;  —  De  Usu  Astrolabii  ;  —  Lilium 


astronomicUm ,  universam  motuum  cœles- 
tium et  theoricam  et  praxin  complectens  ; 

Directorium  Planetarum, iis  quijudiciariam 
exercent  astrologiam  valde  necessarium  ;  — 
Novse  quadrantum  et  horariorum  annulo- 
rum  Descriptiones  ;  —  In  arithmetica  Eucli- 
dis  Elementa  Demonstrationes  ;—Nova  Orbis 
Descriptio;  —  Topographia  Delphinatus, 
Provincise,  Sabaudise  et  Pedemontii;  —  Gal- 
liarum  Chorographia.  Ces  trois  derniers  ou- 
vrages étaient  des  cartes  géographiques. 

A.  R.  D.  D. 

Orontii  Finœi  Tumtilus,  latine,  çrasce  et  gallice, 
autore  Th.  Fargœo  f^ellaunio,-  Paris,  1B55,  In-40.  — 
Funèbre  Symbolum  virorum  aliquot  illustrium  de 
Orontio  Finaso;  Paris ,  15S5 ,  in-S".  —  Description 
de  l'Horloge  planétaire  que  feu  monseigneur  Char- 
les cardinal  de  Lorraine  a  fait  faire  par  la  conduite 
et  de  l'invention  d'Oronce  Fine  ;  in-4''.  Cet  opuscule, 
sans  indication  de  lieu  et  de  date,  a  été  publié  après  la 
mort  de  Fine,  par  un  anonyme.  —  De  erratis  Orontii 
Finsei,  qui  putavlt  inter  duas  datas  lineas  binas  médias 
proportionales  sub  continua  proportione  invenisse , 
circulum  quadrasse,  cubutn  duplicasse,  multangulum 
quodcunque  rectilineum  in  circula  describendi  artem 
tradidisse  et  longitudinis  locorum  differentias  aliter 
quam.  per  éclipses  lunares ,  etiam  data  quovis  tempore, 
manifestas  fecisse.  Pétri  Nounii  Liber  unus;  Coimbre, 
1548,  in-fol.  Cet  ouvrage,  dont  nous  donnons  le  titre  en 
entier,  contient  une  bonne  réfutation  des  erreurs  de 
Fine.  Il  est  écrit  avec  une  modération  alors  peu  ordi- 
naire dans  les  disputes  scientifiques.  Son  auteur,  Pierre 
Nunez,  Portugais,  dit,  dans  l'Avis  au  lecteur,  qu'il  n'a  pas 
pris  la  plume  pour  le  plaisir  de  critiquer,  mais  seule-  . 
ment  afin  de  relever  des  erreurs  qui ,  appuyées  de  l'au- 
torité d'un  professeur  du  Collège  royal,  auraient  fini  par 
s'accréditer.  Oronce  a  encore  été  attaqué  par  un  de  ses 
élèves,  son  compatriote,  Jean  Borrel,  dit  Butéon,  dans 
l'ouvrage  intitulé  :  De  Quadratura  Circuli,  ubi  multo- 
rum  quadraturas  confutantur ;  Lyon,  1559,  in-8°.  — 
Thevet,  f^ies  des  hommes  illustres.  —  Du  Boulay 
Historia  Vniversitatis  Parisiensis.  <-  Launoy,  Histoire 
du  Collège  de  Navarre,  —  Goujet,  Mémoires  sur  le  Col- 
lège de  France,  t.  II.  —  Tetssler,  Additions  aux  Hommes 
illustres  de  De  Thou.  —  Sainte-Marthe,  Éloges.  —  Ni- 
céron,  Mémoires.  —  Lalande,  Bibliographie  astrono- 
mique. —  Delambre ,  Histoire  de  l'Astronomie  au 
^noyen  âge.  —  A.  Rochas,  Biographie  du  Dauphiné. 

FINE  DE  BRIANVILLÈ.  Voyez  Brianvill 
FINELLI  (  Giuliano  ),  sculpteur  italien,  né  à 
Carrare,  en  1602.  Après  avoir  étudié  à  Naples, 
sous  quelque  artiste  médiocre,  il  vint  jeune  à 
Rome,  où  il  entra  dans  l'atelier  du  Bernin,  qu'il 
aida  dans  l'exécution  de  la  Daphné  et  de  la  Sainte 
Bibiane.  Au  sortir  de  cette  école,  il  sculpta  pour 
l'église  de  la  Madonna  di  Loreto ,  de  la  place 
Trajane,  nne  Sainte  C^ciie,  qui  paraît  bien  faible 
auprès  de  la  Suzanne  de  Duquesnoy.  Étant  re- 
tourné à  Naples ,  il  fut  choisi  pour  exécuter  plu- 
sieurs des  statues  de  bronze  de  la  chapelle  du 
trésor  dans  la  cathédrale  de  Saint-Janvier.  Ces 
figures,  les  meilleures  de  ses  ouvrages,  sont  bien 
supérieures  à  celles  du  Fansaga  et  de  ses  autres 
collaborateurs.  On  voit  encore  de  lui,  dans  la 
même  église,  les  statues  en  marbre  de  Saint 
Pierre,  de  Saint  Paul  et  de  Saint  Janvier.  On 
ignore  l'époque  de  la  mort  de  cet  artiste,  qui  a 
laissé  à  Naples  un  grand  nombre  d'autres  ou- 
vrages. E.  B — N. 
Clcognara,  Storia  délia  Scultura.  —  Orlandi,  Abbece- 


71', 


FINELLl  —  FmiGUERRA 


714 


dario.  —  Pistolesi,  Deserizione  di  Roma.  —  L.  Galantl, 
Napoli  e  conterni. 

*FHVELLi  (  Charles) ,  statuaire  italien,  né  à 
Carrare,  vers  la  fin  de  1780,  mort  à  Florence,  en 
1854.  De  la  famille  du  précédent,  il  étudia  à 
Florence  les  chefs-d'œuvre  des  anciens  maîtres, 
puis  à  Rome,  où  Canova  régénérait  l'art  italien. 
Le  premier  fruit  des  études  de  Finelli  sous  ce 
maître  célèbre  fut  im  groupe  de  Mars  en/ant  et 
de  Junon ,  dont  la  perfection  excita  l'admiration 
des  connaisseurs.  Il  remporta  ensuite  le  prix 
dans  tous  les  concours ,  à  Rome ,  à  Florence ,  à 
Milan.  En  1814,  la  société  pontificale  de  Saint- 
Luc  l'appela  dans  son  sein ,  et  Canova  lui  offrit 
l'emploi  de  professeur  de  sculpture  à  l'école 
d'Amsterdam.  Mais  Finelli  refusa  cet  honneur, 
aimant  mieux  continuer  la  pratique  de  son  art. 
Parmi  les  œuvres  de  cet  habile  statuaire ,  on  re- 
marque :  L'Amour  au  papillon ,  L'Amour  en 
colère,  Mars ,  qu'il  donna  aux  Beaux- Arts  de 
Florence ,  Le  Discobole,  VHébé,  la  Petite  Ber- 
gère ,  la  Vénus ,  le  groupe  des  Trois  Heures , 
le  Triomphe  de  César,  bas-relief  placé  au  palais 
apostolique  de  Rome  à  côté  de  ceux  de  Thorwald- 
sen,  et  partageant  avec  eux  l'admiration  uni- 
verselle; la  statue  de  Raphaël,  pour  la  ville 
d'Urbin,  \eSaint-Matthias,  le  Saint  Maurice  , 
Y  Ange  du  jugement  dernier  et  Saint  Michel 
archange.  On  a  dit  de  cette  dernière  statue , 
qui  est  peut-être  son  chef-d'œuvre  et  qu'on  ad- 
mire dans  la  salle  des  armes  du  roi  de  Sardai- 
gne,  que  c'était  l'Apocalypse  sculptée  par  Phi- 
dias. 

Finelli  parvenait  à  satisfaire  les  exigences  des 
critiques  les  plus  difficiles,  mais  il  n'était  jamais 
satisfait  de  lui-même.  On  raconte  qu'ayant  rede- 
mandé le  Mars  aux  Beaux-Arts  de  Florence ,  il 
le  fit  apporter  dans  son  atelier,  et  que  là ,  pen- 
dant que  ses  élèves  s'extasiaient  devant  cette 
statue,  il  la  brisa  en  mille  pièces.  Le  même  trai- 
tement fut  infligé  à  une  Vénus  et  Paris  et  à 
un  groupe  d'Achille  et  Pentésilée  ;  il  fallut  les 
prières  et  les  larmes  de  tous  les  assistants  pour 
mettre  un  terme  à  cette  destruction.  Les  trois 
Grâces  sont  une  de  ses  dernières  œuvres. 
G.  VrrALi. 

Documents  particuliers.  —  Le  Arti  del  Disegno  ; 
Florence,  janvier  1856. 

FINESTRES  Y  MONSALVO.  Voy.  MONSALVO, 

FiNET  (  Sir  Jean  ) ,  historien  anglais ,  né  en 
1571,  mort  en  1641.  Son  grand-père,  originaire 
de  Sienne  en  Italie,  suivit  en  Angleterre  le  car- 
dinal Campegi,  légat  du  pape,  épousa  une  fille 
d'honneur  de  la  reine  Catherine ,  et  s'établit  dans 
ce  pays.  Finet  plut  au  roi  Jacques,  par  son  esprit 
et  son  habileté  à  composer  des  chansons.  En 
1614,  il  fut  chargé  d'une  mission  en  France.  Il 
composa  un  ouvrage  intitulé  :  Fineti  Philoxe- 
nus  :  some  choice  observations  touching  the 
réception  and  precedency,  the  treatment 
and  audience,  the  punctilios  and  contests 
offoreingn  ambassadors  in  England,  publié 


par  Jacques  Howel;  1658,  io-8".  Finet  a  aussi 
traduit  du  français  en  anglais  Le  Commence- 
ment, la  durée  et  la  décadence  des  États,  de 
René  de  Lusinge  ;  1606. 

Cbalniers ,  General  biographical  Dictionary . 

FiNETTi  (  Le  P.  Boniface),  orientaliste  ita- 
lien ,  vivait  au  dix-huitième  siècle,  [l  entra  dans 
l'ordre  de  Saint-Benoît ,  et  se  consacra  à  l'étude 
des  langues  orientales.  On  a  de  lui  :  Trattato 
délia  LinguaEbraica  edei  suoiajfini;  Y  enise, 
1758,  in-8°. 

Biografia  universale,  édit.  de  Venise. 

FINI.  Voy.  Frao. 

FiNiGUERRA  {Maso  OU  Tommaso),  célèbre 
orfèvre  toscan ,  né  à  Florence,  vers  1410,  mort 
vers  1475.  Il  fut  sinon  l'inventeur  de  la  gravure 
sur  métal,  du  moins  son  importateur  en  Italie  (1); 
car  le  premier,  dit  expressément  Vasari,  il  trouva 
le  moyen  de  reproduire  sur  le  papier  l'empreinte 
des  ciselures  exécutées  sur  les  métaux.  Finiguerra 
descendait  d'une  ancienne  famille  toscane;  son 
père  était  orfèvre,  et  mourut  en  1424;  lui-même 
fut  élève  de  l'habile  sculpteur  Lorenzo  Ghibei"ti,  et 
aida  ce  maître  dans  l'exécution  des  magnifiques 
portes  de  bronze  du  baptistère  de  l'église  Saint- 
Jean-Baptiste  à  Florence.  Il  abandonna  la  sculp- 
ture pour  la  ciselure  et  la  gravm'e  sur  métal, 
et  devint  rapidement  l'un  des  meilleurs  niel- 
leurs  de  son  temps.  Son  art  consistait  à  ciseler 
des  sujets  sur  des  planches  d'argent,  dont  on 
remplissait  les  creux  tracés  par  le  burin  avec  un 
mélange  d'argent,  de  plomb  et  de  soufre  liquéfié, 
auquel  sa  teinte  obscure  fit  donner  par  les  an- 
ciens le  nom  de  nigellum,  dont  les  modernes 
on  fait  niello.  Ce  mélange  incorporé  dans  l'ar- 
gent opposait  pour  ainsi  dire  une  ombre  à  l'é- 
clat du  métal  et  produisait  une  espèce  de  clair- 
obscur.  Finiguerra  fut  chargé  de  graver  et  nieller 
une  paix  (2)  pour  l'église  de  Saint-Jean-Bap- 
tiste. Il  grava  sur  une  planche  d'argent  le  Cou- 
ronnement  de  la  Vierge.  Voulant  juger  de  l'effet 
de  son  œuvre,  il  étendit  sur  le  métal  une  couche 
d'argile,  ou  de  terre  très-fine,  qui,  retirée  sèche, 
représentait  la  gravure  à  l'envers  et  en  relief  ; 
sur  l'argile  il  coula  du  soufre,  qui  au  contraire 

(1)  Contrairement  à  Vasari,  M.  Eugène  Bareste  croit 
que  cette  invention  tire  son  origine  de  l'Alleinague  ,  et 
ne  fut  que  le  complément  indispensable  de  la  gravure 
sur  bois.  Cependant,  il  est  prouvé  que  l'Allemand  Martin 
Scliœngaucr.  connu  sous  le  nom  du  Beau  Martin, 
auquel  il  rapporte  l'invention  de  la  gravure,  n'a  pro- 
duit aucune  estampe  avant  l'année  14G0.  D'ailleurs, 
comme  le  fait  observer  M.  Soyer,  Finiguerra  n'avait  pas 
tenu  secret  son  procédé  d'impression,  antérieur  proba- 
blement de  plusieurs  années  à  l'épreuve  du  Couronne- 
ment qui  établit  pour  nous  la  dale  historique  de  l'inven- 
tion (1452);  il  est  donc  présumable  que  la  connaissance 
s'en  propagea  simultanément  sur  tous  les  points  où  l'or- 
fèvrerie prospérait. 

(S)  On  désigne  sous  le  nom  Ae  paix,  dans  la  liturgie 
catholique,  un  objet  que  le  prêtre  offre  ù  bJiser  aux  as- 
sistants à  l'offrande  ou  après  la  consécration  ;  c'est  or- 
dinairement une  plaque  de  métal  en  forme  d'assiette  et 
appelée  patène;  quelquefois  c'est  un  reliquaire  ou  une 
image. 


715 


FINIGUERRA  —  FINK 


71« 


donnait  une  empreinte  creuse,  qu'il  remplit  de 
noir  de  fumée  détrempé  avec  de  l'eau;  puis, 
ayant  bien  nettoyé  la  surface  plane  du  soufre 
qui  devait  former  la  teinte  claire  ,  il  appuya  un 
papier  humide  sur  le  soufre,  et  tira  ainsi  plu- 
sieurs épreuves  de  son  Couronnement.  Il  fit  plus  : 
avant  de  couler  le  niello  dans  les  sillons  creusés 
par  le  burin  sur  les  lames  d'argent,  il  y  répandit 
une  encre  véritable,  formée  de  noir  de  fumée  et 
d'huile,  et,  au  moyen  d'une  pression  opérée  par  le 
passage  d'un  cylindre  bien  uni ,  il  obtint  des 
épreuves  directes  ettrès-nettes,qui  avaient  surtout 
l'apparence  d'être  dessinées  à  la  plume  (1).  La 
paix  niellée  par  Finiguerra  se  trouve  encore  à 
Saint-Jean-Baptiste  de  Florence  ;  elle  a  4  pouces 
8  lignes  de  hauteur  sur  3  pouces  2  lignes  de  lar- 
geur, et  contient  quarante-deux  personnages.  Le 
legistre  des  administrateurs  de  la  paroisse  cons- 
tate qu'elle  fut  terminée  en  1452  et  payée  à  son 
auteur  60'  florins  1  livre  6  deniers.  Le  cabinet 
de  la  Bibïiothèque  impériale  de  Paris  possède 
une  estampe  de  cette  pièce.  Le  dessin  en  est 
correct,  quoique  roide  et  symétrique.  Les  figures 
sont  distribuées  avec  recherche  ;  mais  elles  sont 
faites  avec  talent  et  pleines  d'expression.  »  Ce 
qui  prouve,  dit  Lanzi,  que  la  planche  n'était 
pas  destinée  à  l'impression,  c'est  que  les  lettres 
d'une  légende  qui  se  trouve  placée  au  haut  du 
sujet  sont  reproduites  de  droite  à  gauche  et  que 
tous  les  i)ersonnage3  écrivent,  jouent  des  instru- 
ments et  agissent  de  la  main  gauche.  »  La  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris  possède  deux  au- 
tres nielles  de  Finiguerra  :  l'Adoration  des 
Mages,  dont  d'autres  épreuves  se  trouvent  dans 
les  cabinets  Martelli  et  Serratti  ;  le  style  en  est 
moins  élevé,  mais  le  travail  plus  déhcat  que 
dans  le  Couronnement  (2);  —  La  Vierge  en- 
tourée d'anges  et  de  saintes.— 3.  Duchesne  cite 
comme  étant  de  Finiguerra  les  nielles  suivantes, 
gravées  sur  argent  :  La  Vierge  et  saint  Sé- 
bastien ;  —  Le  Baptême  de  Jésus-Christ;  — 
une  Allégorie  de  V Amour  ;  —  une  autre  allégo- 
rie. Il  a  exécuté  de  nombreux  bas-reliefs  pour 
diverses  églises  de  Florence,  et  la  galerie  de  la 
même  ville  possède  de  lui  cinquante-six  dessins 
coloriés  à  l'aquarelle.  M.  de  Murr,  d'après  Hei- 
necken  et  Huber,  prétend  que  M.  Otto  de  Leip- 
zig possédait  vingt-quatre  estampes  d'autant  de 
pièces  niellées  par  Finiguerra.  Struttcite  aussi  une 

{\)  Vasari  ne  dit  pas  que  Finiguerra  ait  employé  le  se- 
cond mode  d'impression  ,  c'est-à-dire  celui  direct.  Mais 
selon  M.Émeric  David,  «  la  réalité  en  a  été  démontrée 
par  l'inspection  de  l'épreuve  conservée  à  la  Bibliothèque 
impériale,  ensuite  par  l'état  de  deux  soufres  que  le  temps 
;i  aussi  respectés  et  qui  se  trouvent,  l'un  à  Gènes,  dans  le 
cabinet  du  comte  de  Uurazzo,  l'autre  à  Florence,  dans 
celui  du  sénateur  Prior  Serratti.  Sur  le  premier  de  ces 
soufres  la  gravure  n'est  pas  terminée.  11  y  manque  quel- 
ques fleurs  et  quelques  ornements  dans  les  habits  ;  elle 
ne  semble  point  d'un  aussi  beau  fini  et  paraît  plane  à 
la  superficie.  Dans  le  second,  on  voit  encore  des  restes 
du  mélange  de  noir  de  fumée  et  d'eau  que  Finiguerra 
employa  pour  ses  premiers  essais.  » 

(2)  Lanzi  pense  que  cette  Adoration  est  antérieure  au 
Couronnement. 


estampe  allégorique  marquée  d'un  F,  qu'il  croit 
être  de  ce  célèbre  artiste.  Cette  gravure  re- 
présente Le  Génie  de  la  Gravure  sous  les  traits 
d'un  vieillard  tenant  un  burin;  divers  attributs 
sontépars  autoiu'de  lui.  Le  même  auteur  attri- 
bue à  Finiguerra  sept  autres  gravures  in-fol., 
représentant  les  travaux  de  la  campagne,  et  ap- 
pelées Les  sept  Planètes  ;  mais  il  est  constant 
qu'elles  sont  l'œuvre  du  peintre  Sendro  Botti- 
celli.  On  doute  également  de  l'authenticité  des 
épreuves  que  les  PP.  Camaldules  de  Florence 
montrent  aux  curieux.         A.  de  Lagaze. 

Vasari,  p^ite  de'  più  excellenti  Pittori,  Scultori,  etc. 

—  Émeric  David,  Discours  sur  la  Gravure.  —  Lanzi,  i'to  - 
ria  pittnriea,  1,  157.  —  Baccio  lîaldini,  Lettere,  n"  1.  — 
Charles-Henri  de  Heinecken,  Dissertation  sur  l'Origine 
de  la  Cravure,  etc.  (Leipzig  et  Vienne,  1770,  in-8°).  — 
Giov.Gori  GandelUni,JVo«Jsie  istoriche  degl' Intagliatori. 

—  Anlonio-Francesco Gori,  Thésaurus veterum  Diptyeho 
rum  (Florence,  1759.  3  vol.  in-fol.),  t.  Ili,  p.  31B.  —  Mi- 
chel Huber,  Notice  générale  des  Graveurs,  etc.,  précédée 
de  l'Histoire  de  la  ^ra«Mre{Leipzig,et  Dresde,  l"87,in-8°J. 

—  Joseph  SlTutt,  Biographical  Dictionary  of  Engravers. 

—  Henri  Jansen,  Essai  sur  V Origine  de  la  Gravure, 
t.  !«'■,  pi.  VIII.  —  L'abbé  ^ani ,  Materiali  per  servire 
alla  storia  delV  origine  e  de'  progressi  délia  Incisione 
in  rame  e  in  legno  (  Parme ,  1802 ,  in-8°  ).  —  Eugène 
Bareste,  dans  V Encyclopédie  des  Gens  du  Monde.  — 
L.-C.  Soyer,  même  recueil,  art.  Gravure.  —  J.  Duchesne, 
Traité  sur  les  Nielles.  -  A.  Bartsch,  Le  Peintre  gra- 
veur, t.  XIII.  —Le  Musée  français,  t.  III. 

FINK.  Voyez  FiNCR. 

FINK  ( Frédéric- Auguste),  général  allemand, 
né  à  Strelitz  (Mecklenbourg)  ,  en  1718,  mort  à 
Copenhague,  en  1766.  Entré  d'abord  dans  les 
armées  russes,  il  y  parvint  au  grade  de  major. 
En  1743,  il  passa  au  service  deFrédéric  le  Grand, 
qui,  appréciant  en  même  temps  le  talent  de  Fink 
sur  la  flûte  (1),  le  fit  son  officier  d'ordonnance. 
Il  parcourut  ensuite  les  autres  grades ,  devint 
colonel  après  la  bataille  de  CoUin,  puis  général 
major,  enfin,  en  1759,  lieutenant  général.  La 
confiance  de  Frédéric  ne  faisait  que  s'accroître  ; 
et  lorsque,  au  début  de  la  campagne  de  1759,  le 
roi  de  Prusse  dut  laisser  au  prince  Henri,  son 
frère,  le  soin  de  défendre  la  Saxe,  il  lui  désigna 
Fink  comme  pouvant  l'aider  de  ses  conseils.  Le 
prince  n'eut  qu'à  se  louer  du  concours  de  Fink, 
qui  ne  fut  pas  étranger  à  la  tactique  par  suite 
de  laquelle  Daun ,  qui  commandait  l'armée  au- 
trichienne, fut  contraint  de  lever  son  camp  de 
Schilda.  .Resté  à  Dueben ,  Fink  reçut  l'ordre 
d'occuper  Dippoldswald  et  de  înanœuvrer  de 
manière  à  obliger  l'ennemi  à  abandonner  ses  po- 
sitions fortifiées.  A  la  suite  de  la  désastreuse  af- 
faire de  Maxen,  il  fut  fait  prisonnier  avec  2,000 
hommes.  Cependant  on  le  laissa  libre  sur  sa  pa- 
role. Une  enquête  ayant  eu  lieu  par  ordre  de  Fré- 
déric, Fink  fut  condamné  à  une  détention  de  deux 
|ans  dans  une  forteresse.  A  l'expiration  de  sa 
peine,  en  1764,  il  entra  au  service  du  roi  de  Da- 
nemark en  qualité  dégénérai  d'infanterie.  Frédéric 
lui  permit  d'accepter  ces  fonctions,  mais  le  cha- 

(1)  On  sait  que  le  roi  de  Prusse  aimait  bcjucou?  Cet 
instrument. 


717 


FINK  —  FINLAYSON 


718 


grin  avait  miné  les  jours  de  Fink  :  il  mourut 
deux  ans  plus  tard- 
Convers.-Lex.  —  OEuvres  de  Fréd.  II. 

*FmR  (Godefroi-Guillaicme),  théologien  et 
pédagogue  allemand,  né  à  Suiza,  le  7  mars  1783, 
mort  le  27  août  1846.  En  1804  il  se  rendit  à 
Leipzig  pour  y  étudier  la  théologie,  puis  il  s'ap- 
pliqua à  Id  musique,  et  composa  plusieurs  moF' 
ceaux,  dont  il  écrivait  lui-même  les  paroles.  Il  se 
fit  connaître  aussi  par  son  talent  comme  prédi- 
cateur; enfin,  il  se  livra  à  l'enseignement.  En 
1814  il  fohda  une  maison  d'éducation,  qu'il  di- 
rigea presque  seul  jusqu'en  1820.  Tout  en  se  li- 
vrant à  ces  occupations ,  il  publiait  dans  plu- 
sieurs  recueils ,  notamment  Y Encyhlopxdie 
d'Ersch  et  Gr:  Jjer,  et  dans  V Allgemeine  mu- 
sikalis  chc  Zeitung  (  Gazette  universelle  de  la 
Musique),  des  articles  sur  cet  art  chez  les  an- 
ciens. De  1827  à  1842  il  dirigea  lui-même  le 
dernier  de  ces  journaux.  Il  vécut  ensuite  dans 
la  retraite ,  livré  tout  entier  à  ses  études.  On  a 
de  lui  :  Predigten  (Sermons);  Leipzig,  1815; 
—  Vorlesungen  ueber  Geschichie  der  Reli- 
gion (Lectures  pour  l'histoire  de  la  religion); 
1844. 
Conversations-Lexikon. 

FiNKENSTEiN  (^Charles-GuiUaume  Fincr, 
comte  de)  ,  homme  d'État  prussien,  né  en  1714, 
mort  le  3  janvier  1800.  Il  fit  de  bonnes  études,  et 
s'appliqua  surtout  à  la  langue  française.  Envoyé 
à  Stockholm  en  qualité  de  plénipotentiaire,  à  une 
époque  (  1735)  où  on  discutait  beaucoup  en  Suède 
sur  les  alliances  et  l'administration  intérieure  du 
pays  ,  il  recueillit  sur  l'état  des  partis  de  nom- 
breuses observations,  dont  il  publia  l'ensemble 
en  français,  sous  le  titre  de  Relation  de  la 
Diète.  Rappelé  en  1740,  il  fut  ensuite  envoyé  en 
Russie,  où  il  séjourna  jusqu'en  1749.  Nommé  alors 
ministre  des  affaires  étrangères  par  Frédéric  II, 
il  eut  la  direction  de  ce  département  jusqu'en 
1800.11  était  membre  de  l'Académie  des  Sciences 
et  Belles-Lettres  de  Berlin  depuis  1744. 

Biog.  étr.  —  Conv.-Lex. 

FINLAY  {Jean  ) ,  poète  écossais,  né  à  Glas- 
gow, en  1782,  mort  en  1810.  On  a  de  lui  :  Wal- 
lace,  or  the  aie  of  Ellerslie ,  et  Scottish  Bal- 
lads  historical  and  romantic ,  principally 
ancient ,  with  notes  and  a  glossary  to  whicli 
are  prefixed  remarks  on  scottish  romance  ; 
1808,  2  vol,  in-80.  Ces  deux  productions  annon- 
cent une  coimaissance  approfondie  des  antiquités 
du  moyen  âge. 

Rose,  Nno  rjsneral  biograpfiical  Dictionary. 

FINLAVSON  (  Georges  ) ,  chirurgien ,  natu- 
raliste et  voyageur  anglais,  né  vers  1790,  à 
Thurso  (Ecosse  septentrionale),  mort  en  août 
1823.  D'une  famille  peu  fortunée,  il  étudia  la 
médecine  à  Edimbourg ,  avec  son  frère  aîné, 
Donald.  Encore  fort  jeune,  Georges  Finlayson 
fut  pris   pour  secrétaire  par  le  chef  du  ser\icc 


médical  militaire  en  Écosçe;  il  passa  aide-chi- 
rurgien dans  un  régiment,  dont  il  devint  en- 
suite chirurgien  major.  Son  frère  avait  le  même 
grade  que  lui,  et  tous  deux  se  trouvèrent  à  la 
bataille  de  Waterloo.  Donald  disparut  quel- 
ques jours  après  dans  les  environs  de  Saint- 
Quentin.  Georges  Finlayson  fut  si  affligé  de  la 
mort  de  son  frère  qu'il  résolut  de  quitter  l'Eu- 
rope ,  et  demanda  son  passage  pour  les  colonies 
anglaises.  Il  fut  envoyé  à  Ceylan,  en  qualité 
d'aide-chirurgien  d'état-major(  1816).  En  1820  il 
rejoignit  le  8^  de  dragons,  qui  occupait  alors  Mé- 
rut  (1),  ville  fortifiée  du  Delhi.  L'année  suivante, 
le  marquis  de  Hastings ,  gouverneur  général  de 
l'Inde ,  désigna  Finlayson  pour  accompagner 
John  Crawford  ,  chargé  d'une  mission  près  les 
souverains  de  Siam  et  de  Hoé  (Cochinchine). 
L'ambassade  mit  à  la  voile  de  Calcutta,  le  21  no- 
vembre 1821;  elle  franchit  le  détroit  de  Malacca, 
remonta  le  Méinam,  et  le  22  mars  1822  dé- 
barqua à  Bankok  ou  Bancoch,  capitale  actuelle  du 
royaume  de  Siam.  Finlayson  y  remarqua  d'assez 
belles  rues,  pavées  en  briques  et  plusieurs  édifices 
considérables,  tels  que  le  palais  du  roi  et  quel- 
ques pagodes  ;  une  de  celles-ci,  remarquable  par 
son  architecture  et  sa  vaste  étendue,  ne  conte- 
nait pas  moins  de  quinze  cents  statues  plus  ou 
moins  colossales.  Le  reste  de  la  ville  se  compo- 
sait de  chétives  maisons  construites  en  bam- 
bou ,  couvertes  en  roseaux,  en  paille  de  riz,  en 
feuilles  de  palmier,  et  élevées  sur  pilotis  de 
chaque  côté  du  fleuve.  Finlayson  peint  ainsi  les 
habitants  :  «  Ils  sont  d'une  petite  taille,  mais  assez 
bien  proportionnés.  Leur  visage  est  large  et  sail- 
lant vers  le  haut  des  joues  ;  leur  front  se  rétrécit 
tout  à  coup,  et  devient  presque  aussi  pointu  que 
le  menton  ;  leurs  yeux,  petits  et  inanimés ,  s'é- 
lèvent obliquement  vers  les  tempes.  La  partie 
nommée  communément  le  blanc  de  Vœil  est 
chez  eux  entièrement  jaune.  Ils  ont  la  bouche 
grande,  les  lèvres  d'un  rouge  de  sang  et  épaisses  ; 
ils  se  noircissent  les  dents,  se  rasent  presque  en- 
tièrement la  tête,  vont  presque  nus,  et  ont  une  ap- 
parence as^ez  hideuse.  Ils  senourrissentde  riz  et 
de  poissons  ;  la  plus  grande  partie  des  travaux  des 
champs  et  les  soins  les  plus  pénibles  du  ménage 
sont  laissés  aux  femmes.  »  Ce  tableau  rapide- 
ment esquissé  donne  une  idée  complète  du  style 
de  Finlayson.  Il  n'est  pas  moins  concis  lorsqu'il 
décrit  les  mœurs  :  «  Les  manières  des  Siamois 
sont  plus  douces  et  plus  polies  que  celles  de  la 
plupart  des  autres  habitants  de  l'Indo-Chine  ; 
mais  ils  sont  artificieux ,  vains,  craintifs,  avares, 
trop  cérémonieux,  dédaigneux  envers  ceux  qu'ils 
croient  leurs  inférieurs ,  rampants  devant  ceux 
auxquels  ils  se  voient  soumis.  Ils  ont  des  moines 
nommés  talapoins,  qui ,  là  comme  partout  ail- 
leurs, vivent  aux  dépens  de  ceux  qui  les  écoutent  ; 

(1)  Appelé  aussi  Mérot  et  Mcrat.  Celle  ville  est  située 
sur  la  rive  droite  du  Cally-Neddy,  dans  le  district  du 
Scharcmpour  méridional  (  présidence  du  Bengale),  et  à 

IV  licMies  N.-E.  de  Ocllii. 


719  FINLAYSON  —  FINOGLIA 

ils  adorent  un  dieu  qu'ils  nomment  Buddha ,  ou 
plutôt  chaque  ville  ou  village  se  choisit  son  génie 
tutélaire ,  qui ,  de  même  que   dans  l'ancienne 
Egypte ,  est  quelquefois  un  vil  animal.  La  basse 
classe  du  peuple  brûle  les  morts  ou  plus  sou-, 
vent  encore  les  livre  à  la  voracité  des  oiseaux  de 
proie;  les  grands  les  embaument  et  les  con- 
sei'vent.  Le  despotisme  le  plus  absolu  est  exercé 
par  le  roi  de  Siam;  il  a  le  monopole  du  com- 
merce, presque  exclusivement  exploité  par  les 
Chinois;  il  décide  de  la  liberté  et  de  la  vie  de  ses 
sujets  ;  et  ceux-ci,  lâchement  stupides,  le  révèrent 
à  l'égal   d'un    dieu.   La   population   de   Siam 
n'excède  guère  un  mUlion.   Le  pays ,  qui  pa- 
raît avoir   250  lieues  de  longueur  du  nord  au 
sud,  sur  une  largeur  de  20  à  100,  est  fertile  ;  mais, 
accablés  sous  la  tyrannie  la  plus  odieuse,  les  ha- 
bitants sont  pauvres,  indolents  et  malheureux.  » 
Quoique  reçus  par  le  monarque  indien,  les  en- 
voyés anglais  échouèrent  dans  leur  mission  :  la 
roideur  de  Crawford  et  son  refus  de  se  soumettre 
aux  coutumes  de  la  nation  ayec  laquelle  il  venait 
traiter  furent  les  principales  causes  de  cette  dé- 
convenue. Le  14  juillet  les  envoyés  anglais  re- 
mirent à  la  voile;  le  16  septembre  suivant  ils 
débarquèrent  à  Hué  ou  Hoé  (1) ,  ville  de  l'em- 
pire d'An-Nam  et  capitale  de  la  Cochinchine  (2). 
L'empereur  donna  ordre  que  l'ambassadeur  fût 

parfaitement  reçu  et  défrayé  durant  son  séjour, 

mais  il  refusa  de  lui  accorder  audience.  Finlayson 

mit  à  profit  le  temps  des  pourparlers  qui  eurent 

lieu  en  cette  occasion  pour  étudier  la  Cochin- 
chine, ses  habitants,  et  surtout  pour  faire  une 

ample  collection  des  productions  naturelles  de 

ce  pays  peu  connu.  Il  décrit  Hoé  comme  une 

ville  bien  fortifiée,  peuplée  d'environ  quarante 

mille  habitants,   et  d'un  aspect  fort  triste.  Les 

maisons  en  sont   construites  en  cannes   entre- 
lacées et  enduites  de  terre.  Le  palais  du  roi  est 

seul  remarquable,  et  les  ornements  bizarres  qui 

caractérisent  son  architecture  sont  d'une  grande 

richesse.   Les  fortifications  ont  été  construites 

par  des  ingénieurs  français,  et  d'après  le  sys- 
tème de  Vauban.  Elles  sont  à  l'épreuve  de  la 

bombe ,  parfaitement  entretenues ,   et  peuvent 

être  armées  de  1,200  pièces.  La  forteresse  est  de 

forme  carrée  ;  elle  a  8   kilomètres  de  périmètre. 

Quant  aux  habitants,  Finlayson  les  tiouva  assez 

semblables  aux  Chinois,  c'est-à-dire  vifs,  intelli- 
gents, sales,  rusés  et  voleurs.  Le  20  octobre 

l'ambassade  quitta  la  rivière  d'Hoé,  et  revint  au 

Bengale.  Depuis  longtemps  Finlayson  sentait  ses 

forces  décroître  ;  les  fatigues  qu'il  éprouva  dans 

ce   dernier  voyage  le  conduisirent  au  dernier 

degré  de  faiblesse.  Il  espéra  que  le  climat  de  sa 

patrie  lui  rendrait  la  santé,  mais  il  succomba 

dans  la  traversée.  On  a  de  lui  :  The  Mission 


(1)  On  l'appelle  aussi  Hué-Fo,  Phuxuan  et  Fou-Tchhouan. 
Elle  est  située  sur  la  rivière  de  son  nom  et  à  environ 
150  lieues  E.-N.-E.  de  Siam. 

(2)  La  Cochinchine  ou  An-Nara  méridional  est  appelée 
par  les  indigènes  Dangtrong  (  royaume  du  dedans  ]. 


720 
from  ihe  Bengal  to  Siam  and  to  Hue ,  etc., 
pendant  les  années  1821  et  1822;  avec  une 
introduction  par  sir  Stamford  Raffles  ;  Londres , 
1825,  in-8°.  Alfred  de  Lacaze. 

Revue  encyclopédique,  t.  XXIX,  aun.  1826,  p.  460 
XL,  p.  135. 

FiJVNO  (  Jacob  ) ,  prédicateur  finlandais ,  vi- 
vait à  Abo  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  deux  recueils  intéressants  in- 
titulés: Cantiones  piœ  episcoporum  veterum 
in  regno  Suecia ,  prassertim  magno  ducatu 
Finlandiœ  usurpatae,  cum  notis  musicalibus  ; 
Greifswald,  1582;  Rostock,  1625;—  Hymni 
ecclesiastici  FinnicUdiomatis  aucti  is&ns  date 
ni  nom  de  lieu. 

Fétis,  Biogr.univ.  des  Musiciens. 

FINO  OU  FINI,  surnommé  Adriano  ou  d'A- 
dria,  orientaliste  et  controversiste  italien ,  né  à 
Adria,  le  4  octobre  1431,mortàFerrare,en  1517. 
Issu  d'une  famille  noble,  il  devint  maître  du 
trésor  du  duc  de  Ferrare.  Il  s'adonna  particuliè- 
rement à  l'étude  du  grec  et  de  l'hébreu.  Il  mou- 
rut dans  un  âge  avancé,  avant  d'avoir  terminé 
un  grand  ouvrage  de  controverse  contre  les 
mifs.  Son  fils  Daniel  le  publia,  sous  le  titre  de 
FiniHadriani,  Ferrariensis,  in  JudeeosFlagel- 
lum,  exSacris  Scripturis  excei'ptum  ;\emse, 
1538,  in-4°.  n  fut  réimprimé  à  Venise,  1569; 
Ferrare,  1573. 

Wolf,  Bibliotheca  Hebrsea.  —   Fabricius.  Bibliotheca    ' 
medix  et  infimse  Latinitatis. 

FINO  (Alemanio),  historien  italien,  né  à 
Bergame,  dans  la  première  partie  du  seizième 
siècle,  mort  à  Crème,  vers  1586.  Sa  vie  est  in- 
connue ;  on  sait  seulement  qu'il  occupait  à  Crème 
une  place  de  magistrat ,  et  il  harangua  en  cette 
qualité  le  premier  évêquede  cette  ville,  Jérôme 
Diedo ,  lors  de  son  entrée  à  Crème.  On  a  de  lui  : 
La  Historia  di  Crema,  raccolta  da  gli  Annali 
di  Pietro  Terni;  Venise,  1566,  in-4°.  Cette  his- 
toire, queTiraboschi  appelle  excellente,  est  très- 
estimée  ;  elle  a  eu  plusieurs  éditions  ;  la  meil- 
leure est  celle  de  Crème,  1711,  in-8°.  L'Histoire 
de  Crème  essuya  des  critiques,  auxquelles  Fino 
répondit  dans  ses  Seriane  nelle  quale  si  dis- 
corre  intorno  a  moite  cose  contenute  nella  sua 
Historia  di  Crema;  Brescia,  1576, 1580,  2  par- 
ties in-8°  ;  —  La  Guerra  d'Atila,  Flagella  di 
Dio,  traita  dalV  archivio  de'  principi  d'Esté, 
con  la  dichiarazione  d'alcune  voci  oscure  ; 
Venise,  1569,  in-12;  — Scella  di  uomini  us- 
citi  da  Crema;  Brescia,  1581, in-s". 

Tiraboschi,  Storia  délia  Letteratura  Italiana,  t.  VII, 
part.  H,  p.  307.  —  Fontanini,  Biblioteca,  avec  les  notes 
d'Aposlolo  Zeno. 

*  FINOGLIA  (  Paolo-Domenico  ),  peintre  de 
l'école  napolitaine ,  né  à  Orta  (royaume  de  Na- 
ples  ),  mort  en  1656.  Elève  de  Massimo  Stan- 
zioni ,  il  s'éloigna  du  faire  de  son  maître,  et  fut 
le  premier  à  propager  à  Naples  le  style  des  Car- 
rache.  Ses  ouvrages  se  distinguent  surtout 
par  le  charme  de  l'expression,  l'harmonie  du 
coloris  et  la  correction  du  dessin.  Dans  le  pla- 


7-21  FmOGLIA  — 

fond  qu'il  a  peint  à  fresque  à  l'une  des  chapelles 
de  ]a  Chartreuse  de  Naples,  il  a  prouvé  qu'il  pos- 
sédait à  fond  la  science  des  raccourcis  de  bas  en 
haut,  que  les  Italiens  nomment  le  sotto-in-sù. 
On  n'admire  pas  moins  quelques  tableaux  à  l'huile 
qu'il  a  peints  pour  la  salle  du  chapitre  du  même 
monastère.  E.  B — n. 

Dominici,  f^ite  de'Pittori  Napolitani.  —  Lanzi,  Storia 
délia  Pitiura.  —  Tioozzi,  Dizionario.  ■—  Ad.  Siret,  Dic- 
tionnaire historique  des  Peintres. 

FINOT  (  Etienne  ),  homme  politique  français, 
né  à  AveroUes  (Bourgogne),  vers  1760,  mort 
dans  le  même  lieu,  en  1829.  Il  était  huissier  dans 
son  pays  natal  au  moment  de  la  révolution,  et 
accepta  les  nouveaux  principes  avec  une  grande 
ardeur.  Il  manifesta  hautement  ses  opinions 
dans  les  réunions  populaires,  et  fut  élu,  en 
septembre  1792,  député  à  la  Convention  na- 
tionale par  les  électeurs  de  l'Yonne.  Il  prit 
place  parmi  les  montagnards ,  et  lors  du  juge- 
ment de  Louis  XVI  il  vota  pour  «  la  mort  «. 
En  1795,  il  fut  l'un  des  vingt  commissaires 
chargés  d'examiner  la  conduite  de  Lebon  (  voy. 
ce  nom).  En  octobre  de  la  même  année,  il  fut 
du  nombre  des  conventionels  non  réélus  au  corps 
législatif.  L'année  suivante  l'administration  cen- 
trale de  l'Yonne  le  choisit  pour  président  ;  il  fut 
quelque  temps  après  employé  dans  son  dépar- 
tement en  qualité  de  commissaire  du  Directoire. 
Depuis  le  18  brumaire  il  resta  étranger  aux  af- 
faires publiques;  cependant,  en  1815  il  signa 
l'acte  additionnel.  Atteint  par  les  réserves  de  la 
loi  d'amnistie  du  12  janvier  1816,  il  dut  se  ré- 
fugier en  Suisse.  Dans  la  suite ,  par  une  excep- 
tion ,  basée  probablement  sur  le  rôle  de  second 
ordre  que  Finot  avait  toujours  joué,  le  gouverne- 
ment des  Bourbons  lui  permit  de  finir  ses  jours 
en  France.  H.  Lesueur. 

Moniteur  universel  du  20  janvier  1793.  —  Biographie 
moderne.  —  Petite  Biographie  Conventionnelle.  —  Ar- 
nault,  Jay,  etc.  ;  Biogr.  nouvelle  des  Contemporains. 

FiNOTTO  (  Christophe),  poète  latin  moderne, 
né  à  Venise,  vers  1570,  mort  vers  1640.  Il  entra 
dans  l'ordre  des  reUgieux  Somasques ,  et  fut 
chargé  de  prononcer  les  oraisons  funèbres  des 
doges  Marino  Grimani ,  Nie.  Donato  et  Giovanni 
Cornaro.  On  a  de  lui  :  Parnassi  Violse  ;  oda- 
rum,distichorum  et  anagrammatum  libri 
très  ;  Venise,  1617,  in-8°.  —  Orationes  selectœ; 
Venise,  1647,  in-8\ 

Biografla  universale  (édition  de  Venise). 

Fiocco  OU  FioccHi  (André' Dominique), 
en  \âtm  Floccus,  juriste  italien,  né  vers  la  fin  du 
quatorzième  siècle,  mort  en  1452.  Élève  d'Em- 
manuel Chrysoloras ,  il  devint  chanoine  de  la 
cathédrale  de  Florence  et  secrétaire  du  pape 
Eugène  IV.  On  a  de  lui  :  De  Romanis  potesta- 
tibus ,  sacerdotiis  et  magistratibus .  Dans  la 
première  édition,  Milan,  1477,  petit  in-4°,  et 
dans  plusieurs  réimpressions  subséquentes,  cet 
ouvrage  est  attribué  à  Fenestella,  contemporain 
d'Auguste  et  de  Tibère.  Gilles  Witt  le  restitua  le 
premier  à  son  véritable  auteur,  dans  l'édition 


FIORAVANTI 


722 


d'Anvers,  1561,  in-8°.  Le  traité  de  Fiocco  a  été 
traduit  en  italien  par  F.    Sansovino;  Venise, 
1547,  in-8°. 
Fabriclus,  Biblioiheca  médise  et  inftmse  Latinitatis.  - 

FIOCCO  (Pierre- Antoine),  compositeur  ita- 
lieo ,  né  à  Venise ,  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Il  était  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise Notre-Dame-du-Sablon  à  Bruxelles ,  et  du 
duc  de  Bavière.  On  a  de  hii  :  Sacrl  Concerti  a 
una  e  più  voci,  con  instrumentl  et  senza; 
Anvers ,  1691 ,  in-4°  ;  —  Missa  e  motetti  ;  Ams- 
terdam, 1693,  in-4°. 
•  Fétis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

FIOCCO  (Joseph-Hector),  musicienbelge,  ita- 
lien d'origine  et  fils  du  précédent,  né  à  Bruxelles, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- huitième 
siècle.  Il  fut  maître  de  chapelle  à  Anvers.  On  a 
de  lui  :  2  motetti  a  4  voci ,  con  3  stromenti  ; 
Amsterdam,  1730. 

Fétls,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

*  FiORAVANTi  (  Bartolomeo  m  RmoLFO  ) , 
dessinateur,  architecte  et  ingénieur  italien,  né  à 
Bologne,  florissait  vers  le  milieu  du  quinzième 
siècle.  Le  8  août  1455,  il  transporta  à  une  dis- 
tance de  35  pieds  le  clocher  de  Santa-Maria-del- 
Tempio  de  Bologne  ;  en  1485,  il  construisit  dans  la 
même  ville  la  façade  du  palais  du  Podestat.  Il  re- 
dressa le  clocher  de  l'église  Saint-Biaise  de  Cento, 
qui  penchait  de  cinq  pieds  et  demi.  11  travailla 
longtemps  en  Hongrie,  où  il  reconstruisit  plu- 
sieurs ponts  sur  le  Danube;  en  récompense, 
l'empereur  le  fit  chevalier  et  lui  accorda  le  privi- 
lège de  frapper  monnaie  à  sa  propre  effigie. 
E.  B— N. 
Orlandi,  Abbecedario.  —  Malvasia,  Pitture,  Sculture 
ed  Architetture  di  Bologna. 

FIORAVANTI  (Alessaudro) ,  mathématicien 
italien,  né  à  Bologne,  vers  1540,  mort  vers  1585. 
Il  entra  dans  l'ordre  des  Capucins,  et  se  distingua 
par  ses  connaissances  en  mathématiques.  On  a 
de  lui  :  Demodo  practicandi  retiariummathe- 
maticum,  eo  quod  ad  reiis  simiUtudinem  sit 
expansum ;\emse,  1585,  m-4°. 

Le  P.  .Jean  de  Bologne,  Bibliotheca  Capuccinorum. 

FIORAVANTI  (  Léonardo,comte),  médecin  et 
alchimiste  itahen ,  né  à  Bologne,  au  commence- 
ment du  seizième  siècle,  mort  dans  la  même  ville, 
le  4  septembre  1588.  Après  avoir  exercé  la  mé- 
decine à  Bologne,  puis  àPalerme,de  1548  à  1550, 
il  se  rendit  en  Afrique,  sur  la  flotte  espagnole.  De 
retour  en  Italie,  il  séjourna  successivement  à 
Naples ,  à  Rome ,  à  Venise ,  et  finit  par  revenir 
dans  sa  ville  natale.  Il  y  reçut  les  titres  de  doc- 
teur, de  chevalier  et  de  comte.  Avec  peu  de  sa- 
voir et  un  talent  médiocre,  il  acquit  une  grande 
réputation  par  sa  charlatanerie.  Il  se  fit  sur- 
tout connaître  par  l'invention  du  baume  qui  porte 
son  nom ,  et  auquel  il  attribuait  des  propriétés 
merveilleuses ,  celle  entre  autres  de  guérir  les 
personnes  empoisonnées  avec  de  l'arsenic.  On 
trouve  dans  l'Histoire  de  la  Chimie  de  M.  Ferd. 
Hocfer  une  description  détaillée  de  ce  fameux 
remède.  «  Les  ouvrages  de  Fioravanti ,  dans  les- 


723  FIORAVANTI  — 

quels ,  dit  la  Biographie  médicale ,  on  ne  sau- 
rait trouver  une  seule  idée  utile ,  furent  cepen- 
dant accueillis  avec  beaucoup  de  faveur,  comme 
on  peut  en  juger  d'après  le  grand  nombre  d'édi- 
tions qui  en  furent  faites.  ■»  Voici  la  liste  des  ou- 
vrages de  Fioravanti  :  Lo  Specchio  di  Scienza 
universale,  librïtre;  Venise,  1564,  1592,  1609, 
1679,  in-S"  ;  traduit  en  français,  par  Gabriel  Chap- 
puis,  1584,  in-8"  ;  en  allemand,  Francfort-sur-lfi' 
Mein,  1615,  in-8°;  en  latin,  ibid.,  1625,  in-8°; 

—  Bel  Reggimento  délia  Peste;  Venise,  1565, 
1571,  1594,  1626,  in-8°  ;  traduit  en  allemand, 
Francfort,  1632 ,  in-8"  ;  —  Li  Capricci  medici- 
nali;  Venise,  1568,  1582,  1665,  in-8";  —  Il 
Tesoro  délia  Vitaumana;  Venise,  1570,  1582, 
160S,  1620,  1670,  in-8°;  traduit  en  allemand  , 
Francfort,  1618,  in-8°;  Darmstadt,  1627,  in-8"; 
en  anglais,  Londres,  1653,  in-4°  ;  —  Il  Gompen- 
dio  dei  Secreti  razionali  tntorno  alla  Medi- 
cina,  Chirurgia  ed  Alchimia;  Venise,  1571, 
1591,  1666,  1675,  1680,  in-8°  ;  traduit  en  latin, 
Turin,  1580,  ln-8°  ;  en  allemand,  Darmstadt, 
1624,  in-8";  en  anglais,  Londres,  1652,  in-4"' ; 

—  La  Fisica,  divisa  in  qualtro  libri;  Venise, 
1582,  1603,  1629,  in-8° ;  traduit  en  allemand, 
Francfort,  1604,  1618,  in-8°;  —  LaCirurgia, 
distinta  in  tre  libri ,  con  una  giunta  di  se- 
creti  HMom  ;  Venise ,  1582,  1595,  1699,  in-8". 

Portai ,  Histoire  de  V Anatomic  et  de  la  Chirurgie.  — 
Biographie  médicale.  -  F.  Uoefer,  Histoire  de  la  Chi- 
mie, t.  II,  p.  132. 

FIORAVANTI  {Jérôme),  théologien  italien, 
né  à  Rome,  en  1555,  mort  dans  la  même  ville, 
le  9  octobre  1630.  Il  entra  dans  la  Société  de 
Jésus.  Savant  théologien,  très- versé  dans  la  con- 
naissance du  grec,  du  latin  et  des  langues  orien- 
tales, il  devint  recteur  du  collège  anglais,  puis  du 
collège  maronite.  Il  fut  aussi  confesseur  du  pape 
Urbain  VIII.  On  a  de  lui  :  De  beatissima  Trini- 
tate  Libri  très  :  primus  contra  hsereticos ,  se- 
cundus  contra  scholasticos ,  ter  tins  contra 
gentiles;  Rome,  1604,  1616,  1618,  1624;—  Sx- 
planatioin  nonnulla  Sacrée  Scriptiiras  loca; 
publiée  à  Anvers.  —Il  laissa  en  manuscrit  un  on- 
fr^s.Q\nt\tu\é:  SimimabrevisTheologisemoralis. 

Alegambe,  Scriptores  Societatis  Jesu.  —  P.  Mandoso, 
Bibliotheca  Romarin,  t.  II. 

FIORAVANTI  (  Valcntlno  ) ,  compositeur  ita- 
lien et  maître  de  la  chapelle  Sixtine  du  Vatican, 
né  à  Rome,  en  1767,  et  mort  le  10, juin  1837.  Il 
commença  ses  études  musicales  dans  sa  ville 
natale,  et  alla  ensuite  les  terminer  à  Naples,  au 
Conservatoire  de  la  Pietà  de'  Turchini,  sous  la 
direction  de  Sala.  Le  premier  ouvrage  par  lequel 
il  se  fit  connaître  fut  un  opéra  bouffe  intitulé  : 
Con  i  matti  il  savio  la  perde ,  ovvero  la  paz- 
ziaa  vicenda,  représenté  en  1791,  à  Florence, 
sur  le  théâtre  de  la  Pergola.  A.  ce  premier  essai 
succédèrent  rapidement  plusieurs  autres  opéras, 
notamment  11  Furbo  contra  Furbo ,  Il  Fabro 
parigino ,  et  La  Cantatrice  villane,  qui  furent 
joués  non-seulement  en  Italie ,  mais  sur  les  prin- 
cipales scènes  lyriques  de  l'Europe.  Le  succès 


FfORDIBELLO  72  > 

qu'obtint  à  Paris,  en  1806 ,  La  Cantatrice  vil- 
lane, fit  appeler  le  compositeur  en  cette  ville 
l'année  suivante.  Il  y  écrivit  l'une  de  ses  meil-; 
leures  productions,  ÏVirtuosi  ambulanti,  dontj 
le  sujet  avait  été  tiré  de  l'ancien  opéra-comique 
de  Picard ,  Les  Comédiens  ambulants.  Après 
avoir  composé  encore  quelques  autres  ouvrages,' 
Fioravanti  abandonna  le  théâtre ,  et  fut  nommé 
par  le  pape,  en  1816,  maître  de  chapelle  de 
Saint-Pierredu-Vatican.  A  partir  de  cette  époque 
il  se  consacra  exclusivement  aux  devoirs  de  sa 
place,  et  ne  s'occupa  plus  que  de  musique  sacrée. 
Il  mourut  dans  un  voyage  qu'il  fit  de  Naples  à 
Capoue.  C'est  particulièrement  dans  le  genre 
bouffe  que  ce  compositeur  s'est  acquis  une  ré- 
putation. Sa  musique,  que  l'école  nouvelle  a  fait 
oublier,  manque  peut-être  d'originalité ,  mais  on 
y  trouve  une  verve  comique ,  une  gaieté  franche 
et  naturelle,  une  heureuse  disposition  dans  le 
retour  périodique  des  phrases  mélodiques  prin- 
cipales ,  qui  ont  puissamment  contribué  à  la 
vogue  dont  quelques-uns  des  ouvrages  de  Fio- 
ravanti ont  joui  à  l'époque  où  ils  parurent.  On 
connaît  de  ce  musicien  les  vingt-quatre  opéras 
suivants  :  Con  i  matti  il  savio  la  perde,  ov-\ 
vero  la  pazzia  a  vicenda;  Florence  (1791); 

—  Amor  aguzza  Vingegno;  —  JJAmor  imma- 
ginario;  —  VAstuta;  —  La  Cantatrice  bi- 
zarra;  —  La  Cantatrice  villane;  —  La  Ca- 
pricciosa  pentita  ;  —  Il  Furbo  contra  i l  Furbo  ; 
Turin  (1797);  —  Il  Fabro  parigino;  —  Gli 
Amanti  comici  ;  Milan  (1798);  —  Lisetta  e 
Gianino;  —  I  Puntigli  per  equivoco;  —  L'Or- 
goglio  avvilito;  —  La  fortunata  Combina- 
zione;  —  IlBello  piace  a  tutti;  —  Vlnganyio 
cade  sopra  V Ingannatore  ;  —  /  Viaggiatori 
ridicoli; —  Amore  e  dispetto  ;  —  La  Schiava 
fortunata;  —  /  Virtuosi  ambulanti;  Paris, 
(1807);  —  La  Sposa  di  due  Mariti;  —  Lo 
Sposo  che  piîi  accomoda;  —  Camilla  (  1810); 

—  Adelaide  e  Commingio.  —  La  musique  re- 
ligieuse de  Fioravanti  est  généralement  écrite 
dans  le  style  concertant.  On  a  de  lui  plusieurij  ; 
messes ,  des  motets  pour  un  ou  deux  chœurs , 
un  Salve  Regina  à  quatre  voix,  un  Miserere  à  1 
trois  voix  de  soprani ,  et  un  Stabat  à  trois  voix  i 
avec  accompagnement  d'orchestre.  Toutes  ces 
compositions  sont  en  manuscrits  dans  lesarcliïves 
de  là  chapelle  pontificale.    D.  Denne-Baron. 

Fétis,  Biographie  univ.   des  Iilusiciens  —  Choron  et 
FayoUe,  Dict.  des   Musiciens.  —  Documents  inédits. 

FiORKiBELLO  {Antouio),  oratcur  et  bio-  ' 
graphe  italien,  né  à  Modène,  en  1510,  mort 
dans  la  même  ville,  en  1574.  Issu  d'une  famille 
illustre  et  ancienne,  il  s'appliqua  d'abord  à  l'é- 
tude du  droit ,  pour  obéir  aux  volontés  de  son 
père  ;  mais  il  l'abandonna  bientôt  pour  se  con- 
sacrer à  la  philosophie  et  aux  belles-lettres.  En 
1533  il  s'attacha  au  service  de  Sadolet,  alors 
évêque  de  Carpentras ,  et  vers  le  même  temps 
il  se  ha  d'amitié  avec  le  cardinal  Bembo  et  beau- 
coup de  savants  et  de  littérateurs  de  l'Italie.  En 


726 

1550  il  fut  ordonné  prêtre,  et  obtint  en  1558 

l'évêché  de  Lavello,  dans  le  royaume  de  Naples. 

Il  fut  ensuite  secrétaire  a   latere  des  papes 

Paul  rV  et  Pie  V.  En  1568  il  se  démit  de  cette 

place,  et  vint  finir  ses  jours  dans  sa  patrie.  On 

a  de  lui  ;  Ad  Carolum  V,  Jiomanorum  impera- 

torem ,  Panegijricus  ;  Rome ,  1 536  ;  —  Oratio 

ide  Concordia,  ad  Gennanos;  I.yon,  1541  ;  — 

'  De  Auctoritate  EcclesisÉ;  Lyon,  1546;  —  Corn- 

I  mentarius  de  Vita  Jacobi  Sadoleti. 

Costaïui,  t'ita  Fioridi  Belli,  à  la  s(iite  des  Ppistolse 
Pontifie.  J.  Sadol.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  Lettera- 
\tura  Italiana,  t.  "VII,  part.  V,  p.  282. 

FIORE  (Agnolo-Aniello  del),  sculpteur  na- 
politain du  quinzième  siècle.  Il  dut  les  progrès 
remarquables  qu'il  fit  dans  son  art  aux  exem- 
ples d'Andréa  Ciccione,  et  surtout  à  ceux  des 
sculpteurs  toscans  qui  avaient  travaillé  à  Naples 
pendant  Ta  première  moitié  de  son  siècle.  Les 
plus  beaux  titres  de  gloire  d'Agnolo  se  voient  à 
S.-Domenico-Maggiore ,  dans  la  chapelle  Caraffa  ; 
ce  sont  trois  tomlDeaux,  dont  le  plus  ancien  est 
celui  de  Mariano  d'Alagni  et  de  sa  femme  Cata- 
rinella  Orsini,  qui,  en  1447,  y  fut  réunie  à  son 
époux.  Mariano  est  couché  sur  le  sarcophage, 
dont  la  face  principale  présente  en  bas-relief  la 
figure  de  Catarinella.  Dans  la  lunette  qui  sur- 
monte le  monument  est  un  bas-relief  offrant  la 
madone  à  mi-corps,  tenant  l'Enfant- Jésus  debout, 
entre  deux  anges  agenouillés.  Ce  bas-relief  a  été 
publié  par  Cicognara.  A  gauche  de  l'autel  de  la 
même  chapelle  est  le  tombeau  de  Francesco 
Caraffa,  portant  cette  simple  inscription  : 

Huic  vlrtus  gloriam>gloria  immortalltatem  compa- 
ravit.  MCCCCLXX. 

Ce  tombeau ,  le  chef-d'œuvre  du  maître ,  est  sur- 
tout remarquable  par  les  élégantes  arabesques 
des  pilastres,  les  quatre  statuettes  de  Vertus  qui 
les  surmontent,  et  le  bas-relief  de  la  lunette, 
L'Annonciation,  gravé  égalementdans  l'ouvrage 
de  Cicognara.  La  pose  de  l'Ange  est  un  peu 
gauche ,  mais  la  Vierge  est  modeste  et  pleine  de 
piété ,  les  draperies  sont  légères ,  moelleuses  et 
bien  rendues.  Le  Tombeaudu  cardinal  Caraffa 
di  Ruvo,  qui  fait  pendant  au  précédent,  est  iden- 
tique pour  la  forme,  mais  il  fut  exécuté  en 
grande  partie  après  la  mort  d'Agnolo ,  par  son 
élève  Giovanni  di  Nola.  E.  B— n. 

Cicognara,  Storia  délia  Scultura.  —  Stanislao  d'AIoè, 
Napoli  e  sue  vicinanze.  —  Valéry,  yoyages  histor.  et 
littér.  en  Italie. 

*  FIORE  {Niccolo- Antonio  del),  dit  Colanto- 
nio  del  Fiore,  peintre  de  l'école  napolitaine,  né 
à  Naples,  en  1352,  mort  en  1444.  La  plupart  des 
auteurs  lui  accordent  cette  longue  carrière; 
Summonzio  seul,  et  sans  preuves,  le  fait  mourir 
jeune,  en  cette  même  année  1444.  Orlandi,  avec 
sa  légèreté  habituelle,  fait  deux  personnages 
distincts  de  Colantonio  del  Fiore  et  d'un  autre 
Colantonio,  qui  n'existe  que  dans  son  imagi- 
nation. 

Colantonio  del  Fiore  fut  élève  de  Francesco  di 
Simone,  et  il  ne  s'écarta  pas  beaucoup  plus  que 


FIORDIBELLO  —  FIORE  726 

son  maître  de  la  manière  byzantine.  On  trouve 
cependant  quelque  tendance  vers  le  progrès 
dans  le  tableau  qu'il  peignit  en  1436  pour  l'église 
Saint-Laurent  de  Naples.  Cette  peinture,  aujour- 
d'hui au  musée  de  cette  ville ,  représente  Saint 
Jérôme  tirant  une  épine  de  lapât  te  d'un  lion; 
elle  a  été  publiée  par  d'Agincourt ,  pi.  CXXXU. 
Le  même  auteur  lui  attribue  un  tableau  qui 
existe  dans  l'église  deSan-Antonio-del-Borgo,  et 
qui  porte  cette  inscription  :  A.  MCCCLXXI 
Nicholavs  Tomasto  de  Flore  pict.  C'est  un 
triptyque  à  fond  d'or,  offrant  au  mifieu  Saint 
Antoine  et  deux  anges,  et  sur  les  volets  deux 
autres  saints.  Les  historiens  de  l'école  na- 
politaine attachent  au  Saint  Jérôme  de  Colan- 
tonio une  grande  importance,  parce  qu'ils  le 
croient  peint  à  l'huile ,  et  qu'ainsi  selon  eux  ce 
peintre  aurait  le  premier  à  Naples  employé  ce 
procédé  ;  malheureusement  pour  la  gloire  de  Co- 
lantonio, cette  prétention  est  fondée  sur  une 
erreur,  et  d'Agincourt  a  constaté  que  le  Saint 
Jérôme  n'est  qu'une  peinture  à  la  détrempe, 
comme  toutes  celles  de  cette  époque. 

Colantonio  eut  pour  gendre  Antonio  Solario , 
ce  célèbre  forgeron,  dont  l'amour  décida  la  vo- 
cation  {VOy.    ZiNGARO).  E.  B — N.    j. 

Dominici,  p'ita  de'  Pittori  Napolitain.  —  Orlaodi,  Ab- 
becedario.  —  Lanzi,  Storia  délia  pittjira.  — Ticozzi , 
Dizionârio.  —  D'Agincourt,  Histoire  de  l'Jrt  par  les 
Monuments.  —  Vlardot,  Musées  de  l'Europe.  —  Valéry, 
F'oyages  historiques  et  littéraires  en  Italie. 

*  FIORE  (Francesco  del),  peintre  de  l'école 
vénitienne,  né  peu  après  1350,  mort  en  1434. 
Nous  ne  possédons  aucun  ouvrage  de  cet  artiste  ; 
mais  on  peut  juger  de  l'estime  en  laquelle  il 
était  tenu  par  ses  contemporains  par  le  monu- 
ment qui  lui  fiit  élevé  dans  le  cloître  de  Saint- 
Jean-saint-Paul  ;  on  y  voit  son  image  revêtue 
de  la  toge,  avec  cette  inscription  : 

Fert  persculpla  virum  magna;  vlrtiilis  imago, 
Urbe  satiim  Veneta  dédit  ;ir,s  pictoria  siimiimnu 
Franeiscum  de  Flore,  vocatiim  patrem  JacobelU. 
Hujus  et  uxorisLucia;  inombra  quiescunt. 
Hic  extrema  siios  haredes  fata  recondunt. 
iM.  CCCC.  XXXIV.  die  XXI  julii. 

E.  B— N. 
Ridolfi,  P^ite  degli  illustri  Pittori  Feneti.  —  Lanzi, 
Storia  délia  Pittura.  —  Baldinucci,  Notizie  de'  Profes' 
sori  del  Disegno ,  giunla  di  G.  Piacenza.  —  Ticozzi, 
Dizionârio. 

*  FIORE  (Jacobello  del),  peintre  de  l'école 
vénitienne,  fils  du  précédent,  florissait  de  1401  à 
1436.  Il  dut  être  élève  de  son  père,  qu'il  ne  tarda 
pas  à  surpasser.  Dès  l'an  1401  il  commença  à  se 
faire  connaître  par  un  tableau  qu'il  fit  pour  l'é- 
glise Santo-Casciano  de  Pesaro.  Lanzi  indique 
dans  la  même  ville  un  autre  tableau  de  sa  main 
portant  la  date  de  1409;  tous  deux  étaient  si- 
gnés :  Jacopetto  de  Flor.  Son  chef-d'œuvre  est 
un  Couronnement  de  la  Vierge  placé  dans  la 
cathédrale  de  Ceneda,  ville  de  la  Marche  Trévi- 
sane  ;  cette  composition,  d'une  grande  richesse 
de  figures,  fut  exécutée,  dit  un  manuscrit  con- 
servé à  l'évêché,  en  1432,  par  Jacobello  del  Fiore, 
le  premier  peintre  de  ce  temps,  ab  eximio  il- 


727 

lius  temporis  pictore  Jacobello  de  Flore. 
Lanjzi  cite  encore  ane,  Madone  àe  1421  apparte- 
nant à  la  galerie  G.  Manfrin,  et  une  figure  de  La 
Justice  entre  deux  lions  et  deux  archanges, 
portant  la  date  de  1421  et  peinte  sur  une  ar- 
moire du  palais  del  Magistrato  à  Venise.  Fla- 
minio  Cornaro,  dans  sa  description  des  églises 
de  cette  ville,  indique  un  B.  Pietro  Gambacarto 
agenouillé,  au  monastère  de  Saint-Jérôme.  Ridolfi 
attribue  aussi  à  Jacobello  une  Vierge  sur  un 
trône  et  quatre  docteurs  peints  dans  une  salle 
de  la  confrérie  délia  Carità ,  aujourd'hui  Acadé- 
mie des  Beaux- Arts;  mais  ce  tableau,  qui  porte 
la  date  de  1446 ,  est  évidemment  d'une  autre 
main.  Jacobello  fut  un  des  premiers  à  peindre 
des  personnages  de  grandeur  naturelle;  il  donna 
à  ses  figures  de  la  beauté,  de  la  noblesse,  et,  ce 
qui  était  plus  rare  alors,  de  la  grâce  et  de  la 
souplesse.  Vasari  l'accuse  à  tort  de  les  avoir 
placées  sur  la  pointe  des  pieds,  selon  l'usage 
des  Grecs;  personne  plus  que  lui,  au  contraire, 
ne  s'efforça  de  s'éloigner  de  la  roideur  de  l'école 
byzantine;  s'il  tient  encore  de  l'ancienne  ma- 
nière, c'est  plutôt  par  l'abus  qu'il  fit  des  dorures 
en  relief  que  par  tout  autre  défaut.  E.  B —  n. 

RldoJfi,  yito  degli  illustri  Pittori  f^eneti.  —  Vasari , 
f^ite  de'  Pittori.,  —  Lanzl,  Storia  délia  Pittura.  —  Bal- 
diQucci,  Notizie  de'  Professori  del  Disegno,  giunta  di 
G.  Piacenza.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

FiOKE  (Le  p.  Jean),  historien  napolitain,  né 
à  Cropani  (Calabre),  en  1622,  mort  dans  la 
même  ville,  en  1683.  Il  entra  dans  l'ordre  des 
Capucins,  et  se  distingua  par  sa  piété  et  son  sa- 
voir. On  a  de  lui  :  Délia  Calabria  illustrata; 
Naples,  1691,  3  vol.  in-fol.  D'après  Zavarroni, 
c'est  une  énorme  compilation,  qui  contient  des 
matériaux  utiles  pour  l'histoire  de  la  Calabre. 
Le  P.  Fiore  laissa  aussi  en  manuscrit  plusieurs 
ouvrages ,  dont  on  peut  voir  la  hste  dans  la  Bi- 
bliothèque  Calabraise. 

,    Aug.  Zavarroni,  J3»6Z.  Caiaôra. 

FiORESTiNi  (Francesco- Maria),  médecin 
et  historien  italien,  né  à  Lucques,  vers  1610,  mort 
le  25  janvier  1G73.  Il  cultiva  sans  succès  la  poé- 
sie et  la  médecine  ;  on  ne  connaît  de  lui  en  ce 
dernier  genre  qu'un  opuscule  intitulé  :  De  ge- 
nuino  puerorum  lacté,  mamillarum  usu  et  in 
viro  lactifero  5?rMc^z<ra;  Lucques,  1653,  in-8°. 
Ses  ouvrages  les  plus  estimés  sont  deux  com- 
positions historiques  ;  savoir  :  Memorie  délia 
gran  Confessa  Matilda;  Lucques,  1642,  in^". 
D'après  Leibnit/,  on  trouve  dans  ce  livre  un  tré- 
sor de  connaissances  précieuses;  —  Hetruscœ 
Pietatis  Origines,  seu  de  prima  Tuscix  chris- 
tianitate;  Lucques,  1701,  in-4°;  ouvrage  post- 
hume pubhé  par  Mario,  Fiorentmi ,  fils  de  l'au- 
teur. 

Mario  Fiorentini,  préface  en  tête  des  Hetruscse  Pieta- 
tis Origines. 

*KiORENTlNO  (Agostino) ,  sculpteur  flo- 
rentin, florissait  de  1442  à  1461.  Jusqu'à  ces 
derniers  temps,  on  l'a  cru  frère  de  Luca  délia 
Robbia,  et  il  a  été  désigné  par  le  nom  d'Agostino 


FIORE  —  FfORENTIINO  728 

délia  Robbia  ;  mais  les  érudits  annotateurs  de  la 
grande  édition  de  Vasari,  publiée  à  Florence  par 
Lemonnier,  ont  établi  par  des  preuves  irrécu- 
sables qu' Agostino  n'appartenait  pas  à  cette  il- 
lustre famille.  Si.nous  ne  connaissions  cet  artiste 
que  par  les  quatre  bas-reliefs  tirés  de  la  vie  de 
San  Geminiano  qu'il  sculpta  sur  le  mur  exté- 
rieur de  la  cathédrale  de  Modène,  et  sur  lesquels 
on  lit  ces  mots  :  Hoc  opus  egregium  Ludovicus 
Sangui  de  Furno  (fieri  fecit).  Augustinus  de 
Florentia  f.  MCCCCXLII,  nous  devrions  le  re- 
garder comme  bien  inférieur  à  Luca  délia  Rob- 
bia ;  mais  les  statues,  bas-reliefs  et  arabesques 
dont  il  décora  en  1461  la  façade  de  l'oratoire 
de  Saint-Bernardin,  dit  la  Giustizia,  à  Pérouse, 
lui  assurent  un  rang  honorable  dans  l'histoire  |J 
de  l'art,  et  ces  sculptures  peuvent  être  mises ij 
au  nombre  des  plus  charmantes  productions  de 
la  renaissance;  elles  sont  signées  :  Opus  Au- 
gustini  Fiorentini  lapicidœ.       E.   B — n. 

Cicognara,  Storia  délia  Sculturu.  —  G.  Campori,  Gli  [ 
Artisti  Italiani  e  stranieri  negli  Stati  Esténsi.  —  Van- 
delli,  Meditazioni  sulla  yita  di  san  Geminiano.  — 
Tiraboschi,  Biblioteca  Modenese.  —  Francesco  Sossaj, 
Madona  descritta.  —  R.  Gambini,  Guida  di  Perugia. 

*FiORENTiivo  (Stefano),  dit  Stefano  da 
Ponte-Vecchio,  et  aussi  lo  Scimmia,  (le  Singe), 
peintre  florentin,  né  en  1301,  mort  en  1350. 
Baldinucci  et  Lanzi  veulent  faire  de  Stefano  non- 
seulement  l'élève ,  mais  encore  le  petit-fils  de 
Giotto  par  sa  fille  Catherine,  mariée  à  un  peintre 
nommé  Riccio  di  Lapo  ;  ils  oublient  que,  d'après  | 
les  témoignages  les  plus  positifs ,  Giotto  naquit  < 
en  1276,  et  que  même  en  acceptant  la  date  de 
1265,  que  Baldinucci  a  proposée  sans  preuve, 
Giotto  eût  toujours  été  trop  jeune  pour  être  ' 
grand-père  en  1301.  Quoiqu'il  en  soit,  il  est  cer- 
tain que  Giotto  fut  le  maître  de  Stefano,  et  que 
ce  fut  à  la  perfection  avec  laquelle  le  disciple 
imitait  son  maître  qu'il  dut  le  surnom  de  Scim- 
mia. Stefano  reçoit  de  Vasari  des  éloges  qui 
peuvent  être  justement  taxés  d'exagération  ;  se- 
lon cet  historien ,  il  surpassa  Giotto  lui-même 
et  fut  regardé  comme  le  plus  habile  des  pein- 
tres qui  eussent  vécu  jusque  alors.  De  toutes  les 
fresques  que  Vasari  cite  à  l'appui  de  ses  louan- 
ges, soit  celles  du  cloître  de  Sancto-Spirito,  ou 
le  Martyre  de  saint  Marc  à  Santa-Croce  à  Flo- 
rence ,  soit  les  Sujets  du  Nouveau  Testament 
peints  dans  Saint-Pierre  ou  le  Saint  Louis  d'Ara 
Cœli  à  Rome,  soit  enfin  La  gloire  céleste  qu'U 
avait  commencée  dans  l'église  inférieure  de 
Saint-François  à  Assise,  rien  n'est  parvenu  jus- 
qu'à nous.  V Annonciation  qu'il  avait  exécutée 
au  Campo-Sancto  de  Pise  a  été  refaite  par  Be- 
nozzo  Gozzoli  dans  le  siècle  suivant  ;  enfin,  le 
Jugement  dernier  qu'il  avait  peint  à  la  cathé- 
drale de  Pistoja,  dans  la  chapelle  du  Crucifix,  a 
disparu  de  nos  jours.  Nous  n'avons  donc  qu'une 
seule  fresque  qui  puisse  nous  donner  la  mesure 


de  son  talent  ;  c'est  un  grand  Christ  entre 
saint  Thomas  d' Aquin  et  un  autre  saint,  dan-s 
le  cloître  Verde  de  Sainte-Marie-Nouvelle  à  Flo- 


729  FIORENTINO 

rence  ;  la  tête  du  Christ  est  un  peu  petite,  mais 
l'affaissement  du  corps  est  bien  rendu;  cette 
fresque  est  justement  estimée,  et  fait  regretter 
vivement  la  perte  des  autres  ouvrages  de  son 
auteur.  E.  B — n. 

Vasari,  f^ite.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Baldi- 
nucci,  NoUzie.  —  F.  Fantozzi,  Nuovo  Guida  dx  Fi- 
renze. 

FIORENTINO  (Domenico).  Voy.  Barbiere 
{Domenico  del). 

FIORENTINO  {GiuUano),  Voy.  Bugiardini. 
:   FIORENTINO    (  Orazio  ).  Voyez    Vajano. 

*  FIORENZA,  sculpteur  napolitain,  qui  travail- 
lait à  la  fin  du  neuvième  et  au  commencement 
du  dixième  siècle;  On  le  croit  auteur  d'un  grand 
nombre  d'anciens  crucifix  de  bois  et  de  quelques 
monuments  sépulcraux  qu'on  rencontre  dans  les 
églises  et  les  cloîtres  de  Naples. 

C\co%uara ,  storia  délia  ScuUura.  —  Ticozzi,  Dizio- 
nario. 

FiORi  {Georges  ),  historien  italien,  né  à  Milan, 
vers  1450,  mortvers  1512.  Jurisconsulte  distin- 
gué ,  il  professa  l'éloquence  pendant  plusieurs 
années.  Il  écrivit  une  histoire  des  guerres  des 
Français  en  Italie  sous  le  règne  de  Charles  VIII. 
Cet  ouvrage,  intitulé  De  Belle  Italico  et  Rébus 
Gallorum  preeclare  gestis  Libri  F/,  fut  publié 
pour  la  première  fois  à  Paris,  1613,  in-4°.  lia 
été  inséré  à  la  suite  de  ['Histoire  de  Charles  VIII 
de  Godefroy,  Paris,  1684,  in-fol.,  et  dans  Gree- 
vius,  Antiquit.  Italise,  t.  IX,  p.  6. 

Le  Mire,  Auct.  de  Script,  écoles.  —  Fabricius,  BiUioth. 
écoles.,  t.  Il,  p.  93.  —  Argelati,  Biblioth.  Script.  Mediol., 

t.  I«r,  634. 

FIORI  (Joseph),  poète  sicilien,  né  à  Cefalu, 
en  1623,mortdans  la  même  ville,  le  30  novembre 
1646.  Conduit  dès  l'enfance  à  Palerme,  il  y  fit 
des  études  brillantes.  Tout  en  se  distinguant 
particulièrement  dans  la  poésie  et  l'éloquence, 
il  ne  resta  étranger  ni  à  la  philosophie  ni  aux 
mathématiques.  Dans  son  ardeur  de  tout  con- 
naître, il  s'adonna  même  à  l'astrologie.  Il  tira 
lui-même  son  horoscope,  et  annonça,  dit-on,  qu'il 
mourrait  à  vingt-trois  ans.  Cette  prophétie  se 
réalisa,  et  Fiori  mourut  à  l'époque  prédite ,  lais- 
sant des  poésies  latines  et  italiennes  qui  font  vi- 
vement regretter  sa  fin  prématurée.  On  a  de  lui  : 
Carmina;  Venise,  1651 ,  in-12  ;  —  Poésie;  Ve- 
nise, 1651,  in- 12.  Les  poésies  italiennes  ont  été 
recueillies  par  un  ami  de  Fiori,  Vincent  Auria, 
qui  les  publia  avec  des  notes  et  ime  vie  de  l'au- 
teur; —  C'anzoni  Siciliane ,  insérées  dans  les 
Musse  Siculse;  Palerme,  1647,  1662,  in-12, 
t.  r*",  part.  2. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula. 

*  FIORI  (  Cesare),  peintre,  architecte  et  gra- 
veur de  l'école  milanaise,  né  en  1636,  mort  à 

I  Milan,  en  1702.  Il  montra  dès  son  enfance  une 
aptitude  extraordinaire  pour  toute  espèce  d'exer- 
cice, et  excella  dans  l'escrime  et  la  danse.  Un 
portrait  de  son  père  mort ,  qu'il  peignit  à  l'âge 
de  huit  ans,  sembla  indiquer  sa  vocation;  et  ce- 
pendant, comme  peintre  de  tableaux,  il  ne  s'éleva 


FIORINI  MAZZANTI  730 

jamais  au-dessus  de  la  médiocrité,  et  devint  seu- 
lement le  moins  mauvais  des  élèves  de  Carlo 
Cane,  pâle  imitateur  du  Morazzone.  Fiori  avait 
pris  des  leçons  d'architecture  de  Pietro-Paolo 
Caravaggio;  ces  études,  aidées  d'une  imagination 
vive  et  féconde ,  lui  permirent  de  se  rendre  jus- 
tement célèbre ,  par  la  composition  de  pompes 
triomphales  ou  funéraires,  de  processions  reli- 
gieuses, de  fêtes  et  autres  cérémonies  publiques. 
Plusieurs  princes  étrangers  mirent  son  talent  en 
ce  genre  à  contribution.  Fiori  a  gravé  lui-même 
plusieurs  de  ces  compositions  et  divers  projets 
d'architecture.  E.  B — n. 

Orlandi ,  Abbecedario.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura. 
—  Ticozzi,  Dizionario.  —  Siret,  Dict.  hist.  des  Peintres. 

FIORI  {Federico).  Voy.  Barocci. 

FIORILLO  ( /ginace  ),  compositeur  italien,  né 
à  Naples,  le  11  mai  1715,  mort  à  Fritzlar,  en 
juin  1787.  Il  fit  ses  études  à  Naples,  sous  la  di- 
rection de  Léo  et  de  Durante.  Il  devint  maître 
de  chapelle  à  Brunswick  vers  1754 ,  et  fut  ap- 
pelé à  Cassel  au  même  titre  vers  1764.  Il  oc- 
cupa ce  poste  jusqu'en  1780.  Les  principaux 
ouvrages  de  Fiorillo  existent  en  manuscrit  dans 
la  bibliothèque  de  Cassel.  D'après  Fétis,  les  plus 
remarquables  sont  :  Diana  ed  Endimione, 
opéra  représenté  à  Cassel,  en  1763;  —  Arta- 
serse,  opéra,  ibid.,  1765;  —  Nitteti,  opéra , 
ibid.,  1770;  —Andromeda,  opéra,  ibid.,  1771. 
«  Le  style  de  Fiorillo,  dit  Fétis,  est  simple, 
naturel  et  rempli  de  mélodie  ;  mais  il  manque 
d'originalité,  et  sa  manière  n'est  qu'une  imitation 
de  Hasse.  »  .    .  : 

Fétis ,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

FIORILLO  {Frédéric),  violoniste  allemand , 
fils  du  précédent,  né  à  Brunswick,  en  1753,  mort 
à  Londres,  vers  1824.  Il  se  plaça  de  bonne  heure 
au  rang  des  premiers  artistes.  En  1780  il  fit  un 
voyage  en  Pologne ,  et  trois  ans  après  il  obtint 
la  place  de  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Riga.  Il  habita  ensuite  successivement  Paris  et 
Londres.  Après  des  succès  brillants,  il  s'éteignit, 
dans  une  obscurité  si  complète,  qu'on  ignore  la 
date  exacte  de  sa  mort.  Presque  tous  ses  ou- 
vrages sont  oubUés;  on  ne  se  souvient  que  de 
ses  Études  de  Violon,  «  ouvrage  éminemment 
classique,  dit  Fétis,  et  qui  indique  non  moins 
d'imagination  que  de  connaissance  du  méca- 
nisme de  l'instrument  ». 

Félis  ,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

♦FIORINI  MAzzANTi (^/isa&e^//,comtesse), 
botaniste  italienne,  née  à  Rome,  vers  1812.  Elle  a 
publié  en  latin  un  traité  de  bryologie,  sous  ce  titre  : 
Spécimen  Bryologiœ  Romanas;  Rome,  1841, 
in-8°.  Les  mousses  décrites  dans  cet  ouvrage  sont 
partagées  en  quatre  grandes  tribus,  suivant  qu'el- 
les ont  ou  n'ont  pas  de  péristomeouquecelui-ciest 
simple  ou  double.  Il  existe  douze  groupes,  vingt- 
neuf  genres  et  cent-vingt  espèces ,  parmi  les- 
quelles il  en  est  plusieurs  qui  ont  été  découvertes 
par  l'auteur.  La  comtesse  de  Fiorini  qualifie  les 
mousses  de  végétaux  semi-vasculaires ,  ce  qui 


731  FIORINI  MAZZANTI  —  FIOT 

était  un  aperçu  nouveau  lors  de  la  publication  de  la 
Bryologie  Romaine.  Madame  Fiorini-Mazzanti 
est  membre  de  l'Académie  royale  de  Turin  et 
de  plusieurs  autres  sociétés  savantes.    A.  F. 

Documents  particuliers. 

*  FIORINI  (Giovanni-Battista),  peintre  et 
architecte  bolonais ,  florissait  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  étudia  d'abord  les 
ouvrages  du  Bagnacavallo  et  des  maîtres  véni- 
tiens; mais,  étant  allé  à  Rome,  oii  il  travailla  à  la 
sala  regia  du  Vatican,  il  s'éprit  de  la  douceur 
de  coloris  du  Zuccari;  mais  il  outra  tellement  cette 
qualité,  qu'il  en  fit  un  défaut.  Aussi^  malgré  une 
brillante  imagination  et  une  grandehabileté comme 
dessinateur,  il  n'eût  jamais  été  qu'un  peintre  mé- 
diocre si,  sentant  lui-même  l'insuffisance  et  la 
faiblesse  de  son  coloris,  il  ne  se  fût  uni  à  Cesare 
Aretusi,  qui  possédait  justement  la  riche  palette 
qui  lui  manquait,  tout  en  lui  étant  bien  intérieur 
pour  le  dessin  et  la  composition.  C'est  ainsi  que 
ces  deux  peintres,  qui  séparés  n'eussent  pas  dé- 
passé la  médiocrité,  parvinrent  réunis  à  produire 
des  ouvrages  remarquables.  Jl  n'est  peut-être 
pas  même  une  seule  des  peintures  qu'a  signées 
l'Aretusi  à  laquelle  Fiorini  n'ait  pris  part. 

On  cite  parmi  les  principaux  ouvrages  des 
deux  amis,  à  Bologne,  Le  Christ  donnant  les 
clefs  à  saint  Pierre,  en  présencedes  autres  apô- 
tres, fresque  peinte  en  1576,  à  la  tribune  de  la 
cathédrale  ;  la  Naissance  de  la  Vierge^  à  San- 
Giovanni-in-Monte;  La  Messe  miraculeuse  de 
saint  Grégoire,  à  Santa-Maria-dei-9ervi ;  une 
Descejî^e  rfe  croix,  à  San-Benedetto;  enfinàSanta- 
Maria-delia-Carità,  La  Vierge  avec  la  Charité  et 
saint  François,  tableau  peint  en  159!}.  Fiorini 
et  Aretusi  avaient  orné  le  chœur  de  Santa-Maria- 
della-Morte  de  fresques  aujourd'hui  détruites. 
On  trouve  aussi  de  leurs  ouvrages  dans  la  plu- 
part des  villes  delà  lyotnbarJie;  on  Vante  surtout 
ia  Nativité  de  la  Vierge  à  Santa-Al'ra  de  Bres- 
cia.  Fiorini  avait  aussi  étudié  l'architecture,  car, 
bien  que  nous  ne  connaissions  cucun  de  ses 
travaux  en  ce  genre,  nous  savons  qu'il  l'ut 
nommé  architecte  de  la  ville  de  Bologne  en  1570. 

Fiorini  fut  père,  et  non  grand- père,  ainsi  que 
le  prétend  Baldinucci ,  du  sculpteur  Gabriel 
Fiorini.  E.  B— in. 

Orelti,  Memorie.  —  Orlandi,  Diztlonario.  —  Lanzi , 
Sioria  délia  fitlura.  —  Haltiinucci ,  Notizie.  —  T\co7X\, 
Oi2io)ia?'jo.  — Malvasia,  Pitture  di  Uoloijnu.  —  Gualaiuli. 
Memorie  oricjinaU  di  Belle  Jrli. 

*  FsoRiNi  (  Ga&r/e//o  ),  sculpteur  bolonais, 
fils  du  précédent,  llorissait  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  prit  part  à  presque 
tous  les  grands  travaux  de  son  temps,  et  se  dis- 
tingua surtout  comme  sculpteur  d'ornements. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  les  quatre  Saints 
protecteurs  de  Bologne  à  Saint-François;  im 
Saint  Sébastien,  à  Sainte-Catherine  de  Sârfl- 
gosse;  et  le  Tombeau  du  cardinal  Girolamo 
Agucchi,  à  San-Giacomo-Maggiore.  Le  dessin  de 
ce  mausolée  est  attribué  au  Doininiquin.  On  doit 
aussi  à  Fiorini  la  décoration  de  plusieurs  autels, 


732 


dont  les  deux  plus  élégants  existent  à  San-Mar- 
tino-Maggiore  et  à  San-Bartolome-di-Reno. 
E.  B— N. 

Malvasia ,  Pitture,  Sculture  ed  Architetture  délie 
Chiese  di  Boloijna.  —  Gualandi,  Tro  Giorni  in  Éologna. 

*FiOKisii  (Pietro),  architecte  bolonais,  fila' 
du  précédent,  travaillait  déjà  en  1581,  et  mourut 
en  1622.  En  1583  il  fut  nommé  architecte  de  lai 
ville  en  compagnie  de  G.-B.  Ballarini,  et  depuis 
cette  époque  jusqu'à  sa  mort  il  ne  s'éleva  à  Bo^ 
logne  presque  aucun  édifice  public  auquel  il  n'ait 
pris  part.  Il  reconstruisit,  en  1583,  V église 
La  Carità;  en  1585,  celle  rfe  Saint-Matthias; 
en  1597,  Saint-Jean-Baptiste;  et  en  1608 
San-Barbaziano.  On  éleva  sur  ses  dessins  la 
Porte-Pie,  ou  AaSaint-Isaïe,  et  un  grand  ma 
nége,  ou  cavallerizza.  Son  chef-d'œuvre  est  le 
magnifique  cloître  octogone  de  San-Michele-in- 
Bosco,  ce  cloître  immortalisé  par  la  peinture  des 
Carrache  et  de  leur  école.  Parmi  les  projets  en» 
voyés  par  les  plus  célèbres  architectes  du  temps 
pour  la  façade  de  Saint-Pétrone,  on  en  conserve 
un  de  Fiorini.  Un  projet  d'hôpital  lui  avait  été  de- 
mandé par  la  confrérie  de  Saint-Roch  de  la  ville 
de  Carpi ,  mais  il  ne  fut  pas  exécuté,  parce  qu'il 
entraînait  une  trop  grande  dépense;  et  son  au 
teur,  ainsi  que  nous  l'apprennent  les  actes  de 
cette  confrérie,  reçut  une  indemnité  de  quatorze 
livres.  Pietro  Fiorini  fut  père  de  Sebastiano. 

E.  R— s 

filal\as']-d ,  Pitture ,  Seulture  ed  Jrchitctture  di  Sd- 
loiina.  —  G.  Campori,  OH  Artisti  Italiani  e  stranieri 
negli  Stati  Estensii  —  M.  A.  Gualandi ,  Memorie  origi- 
nali  di  Belle  Arti. 

FiORiTO  (  Augustin  ),  écrivain  ecclésias- 
tique sicilien,  né  à  Mazzara,  en  1580,  mort  i 
Palerme,  le  27  juin  1613.  11  entra  dans  la  So^ 
ciété  de  Jésus,  et  enseigna  la  langue  grecque  à 
Palerme.  Il  recueillit  dans  les  Pères  de  l'Église 
grecs  un  grand  nombre  d'opuscules  relatifs  è 
l'histoire  ecclésiastique  de  la  Sicile,  et  les  tra- 
duisit en  latin.  Octave  Gaétan  en  a  inséré  plu 
sieurs  dans  ses  Sanctorum  Siculorum  Vitse; 
Palerme  >    1657,  in-fol. 

Mongitore  parle  d'un  autre  Augustin  Fiorito , 
né  aussi  à  Mazzata  et  auteur  d'une  Topogra- 
phie de  cette  ville^ 

Mongitore,  ISibtiotheca  Sicula. 

*  FBOT  {A. -H.),  auteur  dramatique  français, 
vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle.  Il  était 
natif  de  Rouetl,  et  il  y  fit  imprimer  en  1682  une 
comédie  en  trois  actes  et  en  vers  :  VAmoilf 
fantasque,  Ou  le  juge  de  soy-mesme  ;  dans  le  m- 
cond  acte  est  intercalée  une  autre  pièce,  La  Sup<- 
position  véritable.  L'auteur  nous  apprend  que| 
son  œuvre  est  fondée  sur  une  histoire  très-réelle, 
qui  venait  de  se  passer  en  Normandie.  Il  s'agit 
d'une  fille  qui  ayant  signé  un  contrat  de  mariage 
par  raillerie ,  faiUit  d'être  forcée  d'en  exécuter  les 
clauses.  En  tête  du  volume  se  trouvent  des 
pièces  de  vers  composées  par  des  amis  qui 
mettent  le  très-inconnu  Fiot  à  côté  de  Molière 
et  qui  le  traitent  de  divin.  G.  B. 


733 


FIOT  —  FIRDOUSI 


734 


Catalogue  de  la  bibliothèque  dramatique  de  M.  de 
Soieinne,  t.  II,  p.  34. 

FiRBOis  (Noël  DE  ).  Voy.  Fribois. 

FIRDOUSI,  FîRDEWsï  OU  FERDOUCY  (pa- 
radisiaque). Abou'l-  Casïm  Mansour  Éen- 
Ahmecl  ben-Fakhr-ed-Din,  surnommé Firdousi 
!  Thousi,  célèbre  poète  persan,  né  à  Schadab , 
bourg  des  environs  de  Thous ,  en  329  de  l'hé- 
gire (940  de  J.-C),  mort  a  Thous,  en  411  (1020). 
Selon  Doulet-Schah,  il  se  serait  appelé  Hasan  ben- 
I  Ishuc  Scherifschah ,  et  il  aurait  été  fils  d'un 
jardinier.  Son  surnom  lui  vient  soit  de  l'état  de 
son  père  (Jirdous ,  jardin) ,  soit  d'un  compli- 
ment de  Mahmoud,  qui  dit  un  jour  :  «  Les  poésies 
d'Aboul-Casim  ont  fait  de  la  cour  un  véritable 
paradis  (^rdo?<5).  »  Outre  sa  langue  maternelle, 
qu'il  possédait  à  fond,  Firdousi  écrivait  l'arabe 
de  manière  à  exciter  l'admiration  des  Arabes 
eux-mêfnes.  Il  paraît  avoir  su  le  pehlwi.  C'est 
d'un  de  ses  compatriotes,  le  poète  Asadi ,  qu'il 
apprit  l'art  d'écrire  en  vers.  Les  traditions  rela- 
tives à  l'histoire  de  l'ancienne  Perse  lui  étaient 
fort  bien  connues,  et  il  songea  de  bonne  heure 
à  les  revêtir  des  ornements  de  la  poésie.  Il  ne 
communiqua  ce  dessein  qu'à  un  petit  nombre 
d'amis;  mais  ces  précautions  ne  purent  faire 
qu'une  entreprise  aussi  importante  restât  long- 
temps secrète.  Toute  la  ville  voulut  connaître 
ce  que  Firdousi  avait  déjà  composé.  Les  éloges 
qu'il  reçut  lui  inspirèrent  l'ambition  de  prétendre 
à  de  plus  grands  succès.  Informé  du  projet  que 
Mahmoud  le  Ghaznewide  avait  conçu  de  faire 
écrire  un  poème  sur  les  anciens  fois  de  Perse , 
il  se  rendit  à  la  cour  de  Ghaznah.  C'était  le 
lieu  de  réunion  de  tout  ce  qu'il  y  avait  alors  de 
plus  distingué  dans  les  lettres  et  dans  les  sciences. 
Le  sultan  aimait  à  s'entourer  de  poètes  et  de 
savants;  il  en  faisait  ses  conseillers  et  les  com- 
pagnons ordinaires  de  ses  plaisirs.  Au  milieu  de 
cette  foule  de  courtisans  qui  se  disputaient  les 
honneurs ,  Firdousi  eut  d'abord  assez  de  peine 
à  se  faire  jour  ;  mais  tous  les  obstacles  s'apla- 
nirent dès  qu'il  eut  présenté  à  Mahmoud  un  des 
épisodes  de  son  poème.  Le  roi  comprit  qu'il 
avait  ti'ouvé  l'homme  capable  d'illustrer  son 
règne  par  la  composition  du  Livre  des  Rois  ;  il 
récompensa  magnifiquement  le  nouvel  arrivé,  et 
le  présenta  aux  sept  poètes  qui  formaient  sa 
pléiade.  Quelques-uns  de  ceux-ci,  Ansari,  Asdjedi 
et  Ferrokhi,  résolurent  de  mettre  un  jour  à  l'é- 
preuve le  talent  de  Firdousi;  ils  lui  proposèrent 
de  prendre  part  à  un  Combat  littéraire  qu'ils  al- 
laient se  livrer,  ce  qui  fut  accepté.  Ansari  com- 
mença en  improvisant  un  vers  terminé  par  une 
rime  dont  la  consonnance  ne  se  trouvait  que 
trois  fois  dans  la  langue  usuelle.  Firdousi,  qui 
parla  le  dernier,  aurait  été  réduit  à  rester  court, 
si  ses  études  ne  lui  avaient  fait  connaître  le  nom 
d'un  des  anciens  guerriers  qui  rimait  avec  les 
vers  précédents.  Ce  n'est  pas  la  seule  occasion 
où  il  prouva  combien  l'histoire  de  Perse  lui  était 
familière  ;  la  cour   fut  souvent  étonnée  de  la 


promptitude  avec  laquelle  il  répondait  aux  ques- 
tions historiques  qui  lui  étaient  adressées.  Mah- 
moud, non  moins  satisfait  de  la  science  qi;o  du 
talent  poétique  de  Firdousi ,  n'hésita  plus  à  lui 
confier  l'exécution  de  son  projet  favori  ;  il  lui  fît 
remettre  un  exemplaire  du  Siyar  al-Molouk 
(Biographies  des  Rois)  par  Ibn  al-Mokaffa ,  lui 
promit  une  pièce  d'or  par  chaque  distique  qu'il 
composerait,  et  lui  assigna  pour  demeure  un 
magnifique  appartement  qui  communiquait  avec 
son  propre  palais.  Un  des  ministres  du  roi  reçut 
l'ordre  de  pourvoir  à  l'entretien  du  poète  et  de 
lui   fournir   tout    ce   qu'il    demanderait.  Mais 
celui   qui  avait  été  chargé  de  ce   soin,  Hasan 
Méimendi,  vint  à  s'irriter  de  ce  que  Firdousi 
ne  lui  adressait  pas  d'emphatiques  éloges.  Dès 
lors   il  s'acquitta  de  sa  mission  avec  tant  de 
malveillance  que  Firdousi  était  obligé  de  deman- 
der à  plusieurs  reprises  les  choses  les  plus  né- 
cessaires à  sa  subsistance  ;  il  finit  par  s'abstenir 
de  rien  réclamer,  afin  d'éviter  tout  rapport  avec 
son  ennemi.  Dans  cette  position  de  gêne,  il  fut 
quelquefois  secouru   par  Ah  le  Dilémite,    par 
Hoséinben-Khathib  et  par  Roustem,  fils  de  Fakhr 
ed-Daulet,  prince  du  Dilem.  Mais  tous  les  autres 
seigneurs  qui  faisaient  copier  ses  vers ,  ou  qui 
prenaient  plaisir  à  les  entendre  réciter,  se  con- 
tentaient de  l'assister  de  leurs  souhaits  et  de 
leur  bénédiction.  Ses  envieux  lui  firent  éprouver 
î  bien  d'autres  ennuis  ;  ils  prétendaient  que  tout 
I  l'intérêt  de  son  poème  tenait  à  la  nature  du  su- 
;  jet;  ils  blâmaient  les  passages  où  l'auteur  faisait 
j  profession  d'attachement  à  la  famille  d'Ali  ;  ils 
I  l'accusaient  d'impiété,  d'hérésie.  Aucun  reproche 
!  ne  pouvait,  autant  que  ces  derniers,  lui  nuire 
i  dans  l'esprit  de  Mahmoud,  qui  était  zélé  sonnite  ; 
j  ce  prince  ne  montra  plus  la  même  bienveillance 
]  envers  Firdousi ,  et  cessa  de  le  protéger  contre 
ses  calomniateurs.  Malgré  ces  griefs,  il  ordonna 
!  de  lui  compter   60,000   pièces  d'or  lorsque  le 
[  Schah-Nameh  fut  achevé.  Mais  Hasan  Méimendi, 
!  par  ses  malveillantes    suggestions,  étouffa  ce 
I  mouvement  de  justice  et  de  générosité.  Il  insi- 
nua que  60,000  pièces  d'argent  étaient  une  ré- 
!  compense  suffisante  pour  un  ouvrage  exclusive- 
:  ment  destiné  à  célébrer  des  infidèles.  Firdousi, 
I  indigné  de  ce  procédé,  distribua  le  tiers  de  cette 
dernière  somme  à  celui  qui  la  lui  avait  ap[)ortée, 
i  un  autre  tiers  au  maître  des  bains  où  il  se  trou- 
'  vait;  et  il  prit  un  verre  de  fouka  (espèce  de 
I  bière),  qu'il  paya  avec  le  reste.  Lorsque  Mah- 
I  moud  fut  instruit  de  l'accueil  fait  à  ses  présents, 
I  il  jura  qu'il  ferait  broyer  sous  les  pieds  des  élé- 
I  phants  cet  hérétique,   ce  carmathe.  Firdousi, 
I  épouvanté  de  cette  menace,  alla  se  jeter  aux 
pieds  du  sultan  ;  il  assura  qu'on  l'avait  calomnié, 
qu'il  détestait  les  opinions  des  carmathes;  il 
ajouta  qu'il  y  aurait  cruauté  à  le  punir  de  mort, 
lorsque  des  milliers    de   païens  et  d'infidèles 
vivaient  sans  être  inquiétés  dans  les  vastes  États 
du  roi.  Par  cette  démarche ,  il  évita  le  supplice 
qui   lui  était  réservé;  mais   l'humiliation  qu'il 


735  FIRDOUSÏ 

venait  de  subir,  jointe  au  ressentiment  de  l'in-  ment  entre  elles 
jure  dont  il  avait  été  victime,  lui  inspira  un  acte 
de  vengeance  à  jamais  célèbre.  Il  écrivit  contre 
Mahmoud  une  violente  satire ,  qu'il  confia  à  un 
de  ses  amis  pour  la  remettre  au  sultan  comme 
une  requête  ;  après  quoi,  il  se  hâta  de  s'éloigner, 
et  ii  était  déjà  en  sûreté  dans  le  Mazenderan , 
lorsque  des  émissaires  furent  envoyés  à  sa  pour- 
suite. Kabous,  roi  du  Djoi'djan,  auprès  duquel 
il  avait  cherché  un  asile,  l'accueillit  d'abord 
avec  honneur  ;  puis  il  craignit  d'encourir  la  co- 
lère de  Mahmoud,  et  pria  lé  fugitif  de  choisir  un 
autre  asile.  Firdousi  se  rendit  à  Baghdad ,  où  il 
se  lit  connaître  à  la  cour  par  des  poèmes  qu'il 
écrivit  en  arabe  à  la  louange  du  grand -vizir  et 
du  khalife  Cader-Billah.  Celui-ci  trouvant  mau- 
vais que  l'on  chantât  des  païens  et  des  infidèles, 
Firdousi  choisit  dans  les  traditions  musulmanes 
les  personnages  d'un  nouveau  poème,  qu'il  com- 
mença à  Baghdad.  Pendant  qu'il  travaillait  à 
cet  ouvrage,  il  éprouva  de  nouveau  les  effets  de 
la  colère  de  Mahmoud.  Informé  que  le  sultan 
exigeait  son  expulsion  des  États  du  khalife ,  il 
se  rendit  dans  le  Kouhistan ,  auprès  du  gouver- 
neur Nasir-Lek,  qui  lui  était  dévoué.  Cet  ami 
fidèle,  non  content  d'aller  solennellement  à  sa 
rencontre,  s'employa  à  lui  faire  obtenir  une 
amnistie.  Il  l'engagea  d'abord  à  détruire  un  pam- 
phlet qu'il  avait  composé  pour  flétrir  la  con- 
duite de  Mahmoud  ;  puis  il  écrivit  à  ce  dernier 
une  lettre  de  reproches,  et  lui  fit  promettre 
d'oubher  le  passé.  Firdousi  rentra  à  Thous,  où 
il  habita  jusqu'à  sa  mort.  Au  moment  même, 
disent  les  biographes  orientaux ,  au  moment  où 
son  convoi  funèbre  sortait  de  Thous ,  arrivaient 
dans  cette  ville  des  envoyés  chargés  de  lui  offrir 
une  réparation  tardive  des  préjudices  qu'il  avait 
éprouvés.  Mahmoud  s'était  enfin  repenti  de  son 
injustice;  il  avait  puni  de  mort  Hasan  Méimendi, 
son  perfide  conseiller,  et  il  envoyait  100,000 
pièces  d'or  à  Firdousi.  La  fille  du. poète,  à  qui 
l'on  présenta  cette  somme,  la  refusa  avec  dé- 
dain. Sa  sœur  voulut  bien  l'accepter  ;  mais  pour 
l'employer  à  des  travaux  que  Firdousi  avait 
longtemps  désiré  faire  exécuter.  Dans  son  en- 
fance ,  il  aimait  à  s'asseoir  sur  le  bord  du  canal 
qui  arrosait  le  jardin  de  son  père;  la  digue  cons- 
truite dans  la  rivière  de  Thous  pour  faire  refluer 
l'eau  dans  ce  canal,  n'étant  composée  que  de  fas- 
cines ,  était  souvent  emportée  par  les  grandes 
eaux,  ce  qui  causait  beaucoup  de  tristesse  au 
jeune  enfant ,  et  il  désirait  ardemment  devenir 
assez  riche  pour  élever  une  digue  en  pierre.  Ce 
vœu  ne  fut  réalisé  qu'après  sa  mort,  avec  l'ar- 
gent qui  lui  était  destiné.  On  raconte  de  lui  une 
foule  d'autres  anecdotes,  mais  elles  n'offrent 
rien  de  bien  instructif  ni  de  bien  intéressant, 
et  leur  authenticité  est  fort  douteuse.  Tel  est 
d'ailleurs  le  caractère  général  de  toutes  les  no- 
tions que  nous  possédons  sur  Firdousi;  re- 
cueillies par  des  auteurs  qui  vivaient  bien  long- 
temps après  sa  mort,  elles  s'accordent  rare- 


736 
et  souvent  elles  sont  tout  à 
fait  contradictoires.  Par  exemple,  Hasan  Méi- 
mendi, que  les  préfaces  du  Schah-Nameh  repré-  ij 
sentent  comme  l'ennemi  de  Firdousi,  joue  dans  | 
la  notice  de  Doulet-Schah  le  rôle  d'un  fidèle  ami. 
Les  motifs  du  voyage  de  Firdousi  à  Ghaznah ,  j 
l'itinéraire  qu'il  suivit  dans  sa  fuite,  les  motifs 
de  sa  disgrâce  sont  racontés  fort  diversement 
par  les  divers  auteurs.  Les  dates  de  sa  nais-  j 
sance  et  de  sa  mort  fournissent  aussi  matière  à  j 
discussion.  Ces  divergences  etce  manque  de  pré- 
cision ne  sont  malheureusement  pas  bornés 
aux  documents  biographiques;  ils  s'appliquent 
également  à  la  bibliographie.  Le  Schah-Nameh, 
selon  les  écrivains  persans,  doit  renfermer  60,000 
distiques;  cependant  les  manuscrits  n'en  don- 
nent pas  plus  de  46  à  56,000  ;  quelques-uns  n'en 
contiennent  que  40,000.  Firdousi  n'est  pas  ab- 
solument le  seul  auteur  du  Schah-Nameh  ;  il  y  a 
intercalé  textuellement  quelques  milliers  de  vers, 
qui  avaient  été  composés  parDakiki,  vers  360  de 
l'hégire  (970  de  J.-C).  Cette  intercalation  se 
trouve  dans  le  Règne  de  Guschtasp,  t.  IV  de  la 
traduction  de  M.  Mohl.  S'il  en  faut  croire  Taki 
ed-Din  Kaschi,  Asadi  Thousi  serait  l'auteur  des 
4,000  derniers  distiques.  Lorsque  Firdousi  sentit 
sa  mort  approcher,  il  exigea  de  son  maître  la 
promesse  de  terminer  le  poème.  Asadi,  qui  était 
extrêmement  âgé,  craignant  de  ne  pouvoir  tenir 
sa  promesse  s'il  ne  se  hâtait  de  la  mettre  à  exé- 
cution,écrivitdansrespace  de  vingt-quatre  heures 
l'histoire  de  l'invasion  des  Arabes  en  Perse.  Les 
divers  manuscrits  du  Schah-Nameh  renferment 
beaucoup  d'autres  fragments  qui  n'appartenaient 
pas  à  l'ouvrage  original.  M.  Mohl  a  été  fort  at- 
tentif à  rejeter  ces  passages  pour  les  placer  à 
l'appendice  qui  terminera  son  édition.  L'étude 
qu'il  a  faite  de  tous  les  poèmes  du  cycle  de  Fir- 
dousi l'ont  mis  à  même  de  distinguer,  mieux 
que  les  éditeurs  précédents ,  ce  qui  était  l'œuvre 
d'autres  poètes.  Quelques  lecteurs  instruits  ou 
des  copistes  ont  inséré  dans  leurs  manuscrits 
des  morceaux  de  leur  propre  composition.  Sou- 
vent aussi  on  a  substitué  aux  mots  tombés  en 
désuétude  des  termes  plus  nouveaux ,  tirés  de 
l'arabe,  du  mongol  et  du  persau.  Enfin,  un  der- 
nier travail,  encore  plus  ingrat  et  plus  difficile 
pour  l'éditeur,  c'est  de  rétablir  l'ordre  des 
phrases  et  des  mots;  car  on  ne  trouve  pas 
vingt  vers  de  suite  qui  soient  identiquement 
copiés  dans  tous  les  manuscrits.  Le  Schah- 
Nameh  (  Livre  des  Rois)  est  le  produit  de  trente- 
cinq  ans  de  travail  ;  il  fut  présenté  à  Mahmoud 
en  400  (1010).  C'est  un  long  poème,  où  est  ra- 
contée, selon  l'ordre  chronologique,  l'histoire  fa- 
buleuse des  anciens  rois  de  Perse,  depuis  Kaïou- 
raorts  jusqu'à  l'invasion  des  Arabes  en  636  ;  il 
embrasse  une  période  de  trois  mille  six  cents  ans. 
La  guerre  de  l'Iran  (Perse)  contre  le  Touran 
(Turkestan)  en  est  le  fait  principal  ;  tant  qu'elle 
dure,  eUe  forme  le  point  de  concours  de  presque 
tous  les  événements  qui  se  passent  à  la  même 


737 


FIRDOUSI 


738 


époque.  Presque  tous  viennent  s'y  ratta«hei' 
plus  ou  moins  directement;  mais  ceux  qui  ont 
Jieu  avant  ou  après  n'ont  aucun  rapport  soit 
entre  eux,  soit  avec  cette  guerre.  Ce  manque  d'u- 
nité nuit  à  l'intérêt  général  du  poëme;  aussi 
lit-on  rarement  de  suite  et  d'un  bout  à  l'autre 
tout  le  Schah-Nameh;  les  Persans  se  contentent 
d'en  connaître  les  plus  beaux  passages ,  et  ils  se 
servent  plus  souvent  d'abrégés    ou   d'extraits 
que  de  l'ouvrage  intégral.  La    distribution  du 
poëme  prête  elle-même  beaucoup  à  ce  mode 
de  lecture  :  il  est  divisé  en  épisodes,  qui  le  plus 
souvent  forment  un  tout  complet  et  peuvent  être 
sans  inconvénient  séparés  de  ce  qui  précède  et 
de  ce  qui  suit.  La  plupart  des  divisions  commen- 
cent par  une  introduction  où  le  poète  fait  con- 
naître ses  sources ,  et  sont  terminées  par  un 
épilogue  où  est  déduite  la  morale  de  l'événement. 
Le  Schah-Nameh  est  un  des  plus  anciens  mo- 
numents poétiques  de  la  langue  persane  ;  elle  s'y 
trouve  dans  sa  forme  archaïque,  sans  un  trop 
grand  mélange  de  mots  étrangers.  Cette  circons- 
tance suffirait  par  elle  seule  à  donner  une  haute 
valeur  au   poëme  de  Firdousi.  Il   serait  digne 
d'être  étudié  comme  document  philologique  et 
grammatical ,  quand  même  il  ne  posséderait  pas 
d'autres  mérites  ;  mais  il  a  des  titres  plus  sé- 
rieux à  l'attention  de  la  postérité.  C'est  la  plus 
belle  épopée  qui  ait  été  écrite  en  Orient.  Si  elle 
ne  forme  pas  un  magnifique  ensemble,  comme 
les  poèmes  d'Homère ,  de  Virgile,  du  Tasse,  de 
Camoens  ;  si  la  conception  du  plan  est  suscep- 
tible de  critique,  on  ne  peut  qu'admirer  l'art 
avec  lequel  sont  exécutés  les  détails.  Les  carac- 
tères sont  nombreux  et  bien  tracés  :  Roustem  et 
Isfendiar  représentent  la  valeur  jointe  à  la  pru- 
dence et  à  la  justice;  Barzou ,  le  courage  témé- 
raire;  Féridoun,  Minoutchehr,    Kéi-Khosrou, 
sont  le  modèle  des  bons  rois.  On  est  ému  de 
compassion  pour  le  jeune  Sohrab,  dont  la  mort 
prématurée  anéantit  bien  des  espérances;  pour 
Iredj ,  noble  victime ,  qui  aime  mieux  souffrir  la 
mort  que  d'entreprendre  une  guerre  impie.  L'u- 
surpateur Dhohak  restera  à  jamais  odieux  ;  Afra- 
siab ,  malgré  son  ambition  et  ses  crimes,  n'ins- 
pire pas  la  même  horreur.  Les  figures  de  femmes 
pour  être  plus  rares  n'en  sont  pas  moins  belles  ; 
on  remarque  Roudabeh,  Tehmineh,  Feranguis, 
'Schirin.  Soudaweh  est  la  Phèdre  des  Persans, 
comme  Siawonseh  en  est  l'Hippolyte.  Ces  per- 
sonnages sont  devenus  des  types  consacrés  par 
le  génie  de  Firdousi  ;  leur  nom  est  aussi  moins 
populaire  en  Orient  que  celui  des  héros  de  l'Iliade 
en  Occident. 

Firdousi  est  de  tous  les  poètes  musulmans 
celui  dont  les  écrits  sont  le  plus  conformes  à  nos 
idées  en  matière  de  goût.  Sans  doute  ses  pensées 
sont  quelquefois  pleines  d'affectation ,  il  se  sert 
souvent  de  métaphores  ambitieuses  et  de  péri- 
phrases enflées  pour  exprimer  les  idées  les  plus 
communes;  mais  généralement  son  style  est 
clair,   aisé,   dégagé  de  tournures  forcées;   les 

NOUV.    BIOGR.   GÉNÉR.   —   T.    XVII. 


I  images  sont  naturelles  ;  la  versification  est  douce 
et  coulante.  Le  récit  est  entremêlé  de  char- 
mantes descriptions,  mais  surtout  de  réflexions 
philosophiques  et  morales  du  caractère  le  plus 
élevé.  Ces  qualités  assurent  à  Firdousi  le  pre- 
mier rang  parmi  les  poètes  persans;  c'est  le 
seul  qui  n'ait  pas  trouvé  d'égal.  Dans  leur  ad- 
miration, ses  compatriotes  lui  donnent  les  titres 
de  nebi  (prophète)  et  de  danischmend-i-adjem 
(sage  de  la  Perse). 

Les  Orientaux  regardent  le  Schah-lSameh 
comme  la  source  la  plus  pure  de  l'histoii-e  de 
l'Asie  occidentale  ;  les  sectateurs  de  Zoroastre, 
frappés  de  la  ressemblance  qui  existe  entre  leurs 
propres  traditions  et  celles  qui  sont  consignées 
dans  ce  poëme,  le  considèrent  comme  un  docu- 
ment historique  de  la  plus  haute  importance. 
L'auteur  du  Modjmeï  at-Tewarikh  (Abrégé  des 
Annales  ),  qui  pouvait  contrôler  par  des  ouvrages 
aujourd'hui  perdus  les  récits  de  Firdousi,  as- 
sure qu'il  les  a  trouvés  parfaitement  exacts,  et  se 
contente  d'en  donner  un  abrégé.  Firdousi  déclare 
qu'il  n'a  rien  inventé  ;  il  se  borne  à  mettre  en 
vers  ce  qu'il  avait  trouvé  dans  des  ouvrages 
beaucoup  plus  anciens.  Du  temps  d'Yezdedjerd, 
le  dernier  des  Sassanides,  le  dihkan  Danischwer 
avait  recueilli  toutes  les  traditions  relatives  aux 
anciens  rois  de  Perse,  depuis  Kaïoumorts  jusqu'à 
Khosrou-Parwiz.  Ce  recueil  fut  traduit  en  arabe 
par  Ibn  al-Mokaffa.  En  260  (473),  Yacoub  ben 
Leïts  le  fit  traduire  en  vers  et  continuer  jusqu'au 
règne  d'Yezdedjerd.  Telles  sont  les  sources  où 
Firdousi  puisa,  sans  aucun  doute,  avec  une  scru- 
puleuse fidélité  ;  mais  comme  l'original  était  rem- 
pli des  plus  grossières  erreurs,  la  copie  ne  doit 
être  consultée  qu'avec  défiance.  La  chronologie, 
l'histoire ,  la  géographie  y  sont  en  effet  traitées 
avec  si  peu  de  respect,  qu'il  est  impossible  d'en 
tirer  un  parti  satisfaisant.  La  partie  relative  aux 
Sassanides  est  digne  néanmoins  d'être  étudiée 
par  l'historien. 

Le  Schah-Nameh  a  été  l'objet  d'un  grand 
nombre  de  travaux  de  la  part  des  Orientaux.  Il 
fut  abrégé  et  traduit  en  arabe  par  Feth-Ali- 
Bondari,  en  675(1274).  Au  commencement  du 
sixième  siècle  (1200),  Khodjah  fit  un  choix  des 
passages  les  plus  remarquables;  en  1065  (  1652), 
Tewakk  al-Beg  en  donna  un  abrégé  en  prose  per- 
sane mêlée  de  vers,  intitulé  Montekhab-at- 
Tewarikh  (Abrégé  des  Annales).  Il  ne  s'étend 
pas  plus  loin  que  la  mort  d'Alexandre.  En  825 
(1425)  le  Schah-Nameh  fut  révisé  par  ordre 
de  Baïsankar-Khan.  Cette  édition  est  précédée 
de  l'histoire  du  Schah-Nameh  et  de  la  vie  de  Fir- 
dousi, dont  la  plus  grande  partie  a  été  incor- 
porée dans  la  préface  persane  de  Turner-Macan. 
Une  autre  préface,  qui  traite  des  mêmes  matières 
avec  moins  d'étendue,  a  été  composée  à  peu 
près  vers  la  même  époque  ;  elle  a  été  traduite 
peu  exactement  par  de  Wallenbourg. 

Voici  la  liste  des  éditions ,  des  traductions  et 
des  abrégés  du  Schah-Nameh  qui  ont  été  impri- 

24 


739 

mes  :  W.  Jones,  traduction  française  de  quel- 
ques fragments  et  d'une  partie  de  la  satire ,  dans 
le  t.  Vde  ses  Œuvres;  — J.  Champion,  Poems  of 
Ferdosi;  Calcutta,  1785,  in^"  ;  Londres,  1790, 
in-4°  :  c'est  une  traduction  liijre  en  vers  anglais, 
dont  il  n'a  paru  que  le  premier  volume;  —  Lu- 
do!f ,  traduction  littérale  en  prose  allemande  de 
quelques  fragments,  dans  les  Mines  de  VOrient, 
t.  U,  p.  57  ;  dans  I)ie  For weZ^,  journal  de  Herder  ; 
et  dans  Memorabïlien,  journal  de  Augusti  ;    — 
W.  Kirkpatrick,  traduction  anglaise  d'un  frag- 
ment, dans  le  t.  P'^de  New  Asiatic  Miscellanies  ; 
dans  Moriumenti  Persepolitani  e  Ferdusio  11- 
lustratio,  Gœtlingue,  1801,  in-4°  ;  et  dans  Ea- 
ropa,  journal  de  Schlegel;  —  Mouradjea  d'Ohs- 
son.  Tableau  historique  de  VOrient;  Paris, 
1802,2  vol  in-S^jd'aprèsleSc^ffA-TVameA;— Wil- 
ken, fragments  dans  la  C^res^omai/^^e,àla fin  des 
Institution  es  adfundamenta  Linguœ  Persicœ  ; 
Leipzig,  1805,  in-8°;  —  Lumsden,  The  Shah- 
Namu,  by  Abool  Kausim  Firdoosee  o/Toos; 
Calcutta,  181 1,  in-4".  Le  premier  volume  seul  a 
été  publié.  Cette  édition,  que  Lumsden  laissa  faire 
par  des  mounschi  (  hommes  de  letti'es  ),  est  assez 
correcte  ;  mais  on  y  a  admis  sans  critique  des 
passages  interpolés  ;  —  J.  Atkinson ,  Soohrab  j 
traduction  libre,  accompagnée  du  texte  persan  ; 
Calcutta,  1814,  in-8°;  —  Et.  Weston,  Episodes 
from  the  Shah-Nameh,  traduction  en  vers  an- 
glais, accompagnée  du  texte  en  caractères  latins  ■ 
Londres,  1815,  in-8"  ;  —  G.  Wahl,  texte  et  tra- 
duction allemande  en  vers  blancs  de  quelques 
passages  du  Schah-Nameh,  dans  le  t.  Y  des  Mi- 
nes de  l'Orient  ; — J.  de  Hammer,  morceaux  tra- 
duits en  vers  allemands ,  dans  les  Mines  de  VO- 
rient, t.  II,  p.  421  ;  t.  III,  p.  57  ;  et  dans  Geschichte 
der  schœnen  Redekûnste  P er siens  ;  —  Sil- 
vestre  de  Sacy,  traduction  française  d'un  frag- 
ment, dans  les  Notices  et  extraits,  t.  X,  p.  140; 
—  J.  Gœrres,  Das  Heldenbuch  von  Iran;  Ber- 
lin, 1820,  2  vol.  in-S".  C'est  un  excellent  abrégé 
du  Schah-Nameh,  qui  s'arrête  à  la  mort  deRous- 
tem  ;  —  Alex.  Ross ,  connu  sous  le  pseudonyme 
de  Gulschin,  spécimen  d'une  traduction  anglaise 
accompagnée  du  texte,  dans  Annals  of  oriental 
■Sam.  Robinson, 


Literature  ;  Londres,  in-8 
fragm.  de  Salet-Rudabeh,  trad.  en  vers  anglais, 
dans  Memoirs  of  the  Literary  and  Philosophi- 
cal  Society  of  Manchester  ;  2^  série,  vol.  IV, 
1824,  I;  —  M.  Mohl,  fragments  relatifs  à  la  re- 
ligion de  Zoroastre,  Paris,  1820,  in-8°;  traduits 
en  allemand  par  Vullers ,  Leipzig,  1831,  in-8°  ;  — 
TurnerMacan.  The  Shah-Nameh,  by  Abool  Ka- 
slm  Firdonsee;  Calcutta,  1829,  4  vol.  in-8° , 
excellente  édition  ;  —  W.  Tulloh  Robertson,  Ros- 
tuni  Zaboole  and  Soornb ,  texte  et  traduction 
en  vers  anglais;  Calcutta,  1831,  in-8";  —  J.  At- 
kinson, Shah-Nameh  of  Firdousi,  traduction 
anglaise  en  vers  et  en  prose  de  l'abrégé  de 
Tewakk  ai-Beg.  A  la  fin  on  trouve  une  nouvelle 
traduction  deSohrab;  — J. -A.  Vullers,  Chres- 
tomathia  Schahnamiana,  textes  de  quelques 


FIRDOUSI  740 

passages  déjà  publiés  par  Wilken,  Wahl  et  Sacy; 
Bonn,  1833,  in-8°  ;  —  Fr.  Riickert,  Rostem 
und  Suhrab  ;  Eriangen ,  1838 ,  in-8<>  :  imitation 
en  vers  allemands  du  Soohrab  de  Atkinson  ;  — 
Alex.-Gust.-Jul ,  Hahsten,  Carminis  epici  Schah- 
Nameh  Fragmentum  de  Dario  et  Alexandro, 
traduit  en  vers  suédois  ;  Helsingfors,  1839,  in-8°  ; 
—  V.  de  Starkenfels ,  Sal  und  Rudabeh ,  tra.- 
duction  libre  en  vers  allemands;  Vienne,  1841, 
in-8°,  avec  Th.  de  Schwarzhuber;  Kej-Kawus 
in  Masenderan ,  épisode  traduit  en  vers  alle- 
mands, Vienne,  1841,  in-8";  —  Amthor,  tra- 
duction en  vers  allemands  de  trois  fragments, 
dans  Klaenge  aus  Osten;  Leipzig,  1841 ,  in-8"; 
avec  Fritschius  ,  traduction  en  vers  latins  dans 
Jïorti  Persici  et  Arabici  ;  Melocabum,  1842, 
in-8''  ;  —  Fr.  Spiegel ,  texte ,  dans  Chrestoma- 
thïa  Persica,  p.  41;  Leipzig,  1846,  in-S";  — 
Quissa-i-  Khusritan-i-Ajam  (  Histoire  des  Rois 
de  Perse)  ;  Calcutta,  1846,  gr.  in-8°  :  c'est  une 
traduction  abrégée  en  vers  hindoustanis  par  le 
mounschi  Mol;  —  Schah-Nameh,  lithographie 
à  Téhéran,  1267  (  1850  ),  in-fol.,  sous  la  direction 
de  Mohammed-Mehdi  ;  il  a  copié  entièrement 
l'édition  de  Turner  Macan  ;  —  A.-F.  de  Schack , 
Heldensagen  (  Chants  héroïques)  von  Firdusi  ; 
Berlin,  1851,  in-8°  ;  —  Epische  Dïchtungen 
(Poésies  épiques)  aus  dem persischen  des  Fir- 
dusi; Berlin,  1853,  2  vol.  in-8"  ;  —  M.  J.  Mohl, 
Le  Livre  des  Rois;  par  Abu" l-Kasim  Firdousi, 
publié,  traduit  et  commenté;  Paris, t. F"",  1838; 
t.  II,  1842  ;  t.  m,  1846  ;  t.  IV,  1854,  in-fol.  Cette 
belle  édition  n'est  pas  encore  complète  ;  le  vol.  IV 
s'arrête  à  la  mort  de  Roustem  ;  M.  Mohl  a  fait 
usage  de  plus  de  32  manuscrits  ;  il  s'écàrtê  sou- 
vent, et  avec  raison,  du  texte  donné  par  Turner 
Macan.  Sa  traduction  est  aussi  littérale  qiie  pos- 
sible ;  elle  sera  terminée  par  des  variantes  et  des 
notes  ;  par  une  analyse  des  poèmes  dû  cycle  de 
Firdousi  ;  par  le  texte  et  la  traduction  des  tra- 
ditions parses  analogues  à  celles  qiii  se  troiivéht 
dans  le  Schah-Nameh  ;  enfin,  par  un  mémoire  sur 
la  valeur  historique  de  ces  traditions. 

Le  poëmede  Yoiisoûfet  Zoleikha  (Joseph  et 
la  femme  de  Putiphar  ),  qui  fut  coiîiiriëncé  à  Bagh- 
dad  ,  est  devenu  très-rare.  On  n'en  connaît  que 
deux  manuscrits  :  l'un  à  la  bibliothèque  de  la 
Société  Asiatique  de  Londres ,  n"  605  ;  l'autre  à 
la  bibliothèque  de  î*opkaneh,  a  LùcknotV.  M.  Mor- 
lêg  a  promis  de  donner  Une  édition  de  ce  curieux 
ouvragé.  È.  ËEAufois 

Firdousi,  Schah-Nameh.  —  Mohammed-Awfl,  tobab-j 
al-Jlbab,  cli.  ix.  —  La  grande  et  la  petite  préface  ilii 
Séhah-Nairiéh. ,—  Djàmi ,  BehâHstan.  —  Doulet-Scliall 
Tedzkiret,  trad.  par  Sacy,  dans  Not.  et  extr.  des  Âlnn. 
t.  IV,  p.  230.  —  Ferischtah;  Hist.,  trad.  par  Brigss  ,  1. 1 
p.  90.  —  Lolhf-Ali-Beg,  Atescli  Uedah.  —  tladji-Khalfah, 
Lexlc.  biblloor.,  édit.  Kluégel  ;  l.  111,  h"  7dit)7.  ■-  Scott 
Waring,  A  T'eur  to  Sheeraz,  p.  159.  -  De  Wallenbourg, 
Not.  sur  le  Chah-Namé  de  Firdovcy  et  trad.  de  plus, 
■pièces  relat.  à  ce  poème,- Vienne,  1810,  lh-1-2.  —  De  SaC^, 
art.  dans  le  Magasin  encycl.,  atiîi.  18l3,  t.  IV,  203,  et  Jonm. 
des  Siiv..  1833.  —  Atkinson  ,  préface  de  Soohrab  et  du 
Schah-Nameh.  —  Hammer,  Gesch.  der  schœnen  Rede- 
kûnste Persiens,  p.  50,  et  art.  dails  JFUher  JahrbiXcher, 


\ 


FIRDOUSI  —  FIRENZUOXi 


t.  IX.— Essai  sur  la  Fie  et,  le  Génie  de  Firdousi ,  par 
Alex.  Ross,  clans  Annals  of  oriental  Literature;  Lond., 
1320  ,  in-8°.  —  Robinsôn ,  Sketch  of  the  Life  and  JVri- 
tings  of  Fei'doosee ; àans  3Îemoirs  of  theLiter.  and  Pki- 
los.Soi:.  of  Manchester, ■i'^sét.,  IV,  année  1824,  t.  I.—  Ha- 
inaker,  art.  dans  le  t.  V  du  Magazin  voor  JVetenschap- 
pen,  Kunsten  en  letteren ,  publié  par  G.  vaij  Karapen  j 
Amsterdam,  1823,  rn-'S".  —  Qûarterly  oriental  Magazine, 
an.  1826,  oct.  déc.  —  Turner  Macan ,  préf.  de  son  édit. 

—  Cochrane's  Foreign  qûarterly  Àeview,  183S,  n°  1.  — 
Rétrospective  Review ,  art.-tràd.  dans  la  Revue  Britan- 
nique, 1837,  t.  H.  —  Ampère  ,  Revue  des  Deux  Mondes, 
1839,  août,  sept,  —  De  Slarkenfels,  Fie  de  Firdousi,  en 
tête  de  KejKawus  in  Masenderan.  —  Goie  Ouseley, 
/iiog.  Notices  of  Persian  Poets.  —  Zenker,  BibL  orient. 

—  Et.  Nazarianz,  art.  Siir  là  Fie  et  les  Écrits  de  Fird.,  en 
rnsse;  Moscou,  1851,  in-g°.  —  Sprenger,  Cat.  des  bibl. 
dnroid'Oude,t.  l,  p.  403.—  M.  Quatremère,  art.  dans 
leJourn.  des  Sàv.,  1841-1842-1S43-Î7.  -  M.  Mohl,  art. 
dans  le  .Journ.  Asiat.,  1841 ,(;!!,  et  préfaÈe  de  chaque 
volume  du  Schah-NameK. 

FiiiiBiMzuoi,A  (Agnoîo),  poète  et  traducteur 
italien,  né  à  Florence,  le  28  septembre  1493, 
mort  vers  1545.  Il  fit  ses  études  à  Sienne  et  à 
Pérouse,  et  l'on  croit  qu'il  donna  plus  de  temps 
aux  plaisirs  qu'à  son  instruction.  A  Pérouse  ii 
se  lia  d'amitié  avec  Pierre  Arétin  ;  il  le  retrouva 
à  Rome ,  et  tous  deux,  dans  la  correspondance 
(iii'ils  échangèrent  plus  tard,  se  plaisent  à  revenir 
sur  les  distractions  de  cette  époque  de  leur  vie. 
Tous  les  biographes  affirment  que  Firenzuola  re- 
vêtit riiabit  de  religieux  dans  le  monastère  de 
Vallombreuse ,  et  il  faut  bien  les  en  croire,  mal- 
gré les  doutes  de  Tirabosclii.  Cet  historien  fait 
lemarquer  qu'aucun  écrivain  contemporain  ne 
parle  de  la  profession  religieuse  de  Firenzuola  et 
que  la  vie  de  celui-ci  fut  tout  l'opposé  de  celle 
qui  aurait  convenu  à  un  moine.  Firenzuola,  il 
est  vrai,  obtint  les  abbayes  de  Sainte-Marie  de 
Spolète  et  de  Saint-Sauveur  de  Vajano  ;  mais 
ne  pouvait-il  pas  les  posséder  en  qualité  d'admi- 
nistrateur et  de  commendataire  ?  Tels  sont  les 
arguments  de  Tiraboschi;  ils  ne  paraissent  pas 
concluants.  On  regarde  comme  avéré  que  Firen- 
zuola fut  moine  et  même  abbé,  ce  qui  ne  l'empê- 
cha pas  d'être  très-profane  dans  ses  écrits  et 
dans  ses  mœurs.  «  Dans  une  lettre  à  l' Arétin , 
datée  de  Prato,  5  octobre  1541  ,  il  se  plaint,  dit 
Tiraboschi,  d'ane  longue  maladie  de  onze  ans 
qui  l'avait  relégué  là ,  et  dont  seulement  alors 
il  commençait  à  se  remettre.  Peut-être  est-ce  le 
inal  auquel  il  faitalhision  dans  son  Capitolo^  peu 
honnête,  du  Legno  santo.  Si  Firenzuola  recou- 
vra alors  la  santé,  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps, 
puisque ,  bien  qu'on  ne  connaisse  pas  le  temps 
exact  de  sa  mort,  il  est  sûr  qu'en  1548  il  avait 
cessé  de  vivre  depuis  plusieurs  années  ;  c'est  ce 
qu'affirme  Francesco  Scala,  éditeur  des  JJis- 
corsi  (legli  Animali  et  des  Rime.  »  —  Les  ou- 
vrages de  Firenzuola  sont  :  Prose  di  M.  Agnolo 
Firenzuola,  Fiorentino  ;  Florence,  1 548,  in-8°  ; 
ibid.,  1552,  in-S"  ;  ibid.,  1562,  in-8°;  ce  re- 
cueil contient  les  ouvrages  suivants  :  Discorsi 
degli  Animali  :  c'est  une  imitation  des  fables 
orientales  et  ésopiques;  ils  ont  été  réimprimés 
sous  le  titre  de  Consigli  degli  Animali,  cio  è  ra- 
gionamenti  civili,  ne'  quali  con  mavariglïoso 


742 

e  vago  arteficio  ira  loro  parlando  ,  i-aceon- 
tano  simboli,  avertimenti ,isiorie,  proverbj 
e  motti,  che  insegnano  il  viver  civile  e  a 
governare  altricon  priidenza ;Yemse,  1621  , 
in-S".  11  existe  deux  traductions  françaises  de  cet 
ouvrage.  La  première,  dont  l'auteur  est  inconnu, 
a  pour  titre  :  Plaisant  et  facétieux  Discours 
des  Animaux,  avec  une  histoire  non  moins 
véritable  que  plaisante,  advenue  puis  n'a 
guières  en  la  ville  de  Florence  ;  Lyon  ,  1556, 
in-16  ;  la  seconde  est  de  Pierre  de  La  Rivey,  et 
fait  partie  d'un  ouvrage  intitulé  :  Deux  livres 
de  Philosophie  fabuleuse  ;  Lyon,  1579,  in-16; 

—  Dialogo  délie  Bellezze  délie  bonne,  traduit 
en  français  sous  le  titre  de  Discours  de  la 
Beauté  des  Dames,  prins  de  Vitalien  du  sei- 
gneur Ange  Firenzuole,par  J.  Pallet,  Sainton- 
geois  ;Paris,,  1578,in-8°  ;  —  Ragionamenti  amo- 
rosi,  novelle  otto  :  dans  ces  huit  nouvelles, 
Firenzuola,  imitateur  deBoccacé,  l'égale  quelque- 
fois en  élégance  et  le  surpasse  souvent  eh  li- 
cence; —  Discacciamento  délie  nuove  lettere: 
c'est  une  réfutation  du  Trissin,  qui  voulait  intro- 
duire de  nouvelles  lettres  dans  l'alphabet  italien. 
Cette  discussion  grammaticale  eut  pour  résultat 
la  distinction  du  J  et  de  l'I ,  du  V  et  de  l'U;  — 
Le  Rime  di  M.-Agnolo  Firenzuola  ;  Florence, 
1549,  in-8°.  Firenzuola  a  surtout  réussi  dans  le 
grotesque  ;  ses  poésies  en  ce  genre  ont  été  sou- 
vent réimprimées  avec  celles  de  François  Berni 
et  de  Jean  délia  Casa  ;  —  Apuleio,  DelV  Asino 
d'Oro,  tradotto  per  M.-Agnolo  Firenzuola; 
Florence,  1549,  in-S".  Firenzuola  s'est  donné 
beaucoup  de  liberté  dans  cette  traduction  :  il  s'est 
substitué  au  Lucius  d'Apulée,  et  a  placé  en  Italie 
la  scène  du  roman.  Enfin ,  il  a  débarrassé  le  récit 
de  ces  ornements  lourds  et  pédantesques  sous 
lesquels  Apulée  avait  comme  étouffé  les  char- 
mantes inventions  de  l'original  grec.  Voici  sur 
cette  traduction  le  jugement  de  Paul-Louis  Cou- 
rier :  «  Firenzuola  en  traduisant  le  latin  d'Apulée 
a  su  éviter  cet  excès  (l'archaïsme).  Sans  repro- 
duire les  phrases  obscures,  les  termes  oubliés 
du  Fra  Jacopone  ou  du  Cavalcanti ,  il  emprunte 
du  vieux  toscan  une  foule  d'expressions  naïves 
et  charmantes,  et  sa  version,  où  l'on  peut  dire 
que  sont  amassées  toutes  les  fleurs  de  cet  admi- 
rable langage,  est,  au  sentiment  de  bien  des  gens, 
ce  qu'il  y  a  de  plus  achevé  en  prose  italienne.  » 
Cette  traduction  a  eu  un  grand  nombre  d'édi- 
tions ;  les  plus  estimées  sont  celles  de  Florence , 
1598,  in-8°;  ibid.,  1603,  in-S";  —  I  Lucidi, 
commedia;  Florence,  1549,  in-8'';  —  La  tri- 
nuzia,  commedia;  Florence,  1551,  in-S".  Ces 
deux  comédies,  dont  la  première  est  imitée  des 
Ménechmes  de  Plaute,  sont  écrites  en  prose. 

—  Les  œuvres  de  Firenzuola  ont  été  réimprimées 
à  Florence,  1848,  2  vol.  in-12. 

Crescimbeni,  Istoria  délia  Folgar  Poesia.  —  Micliae- 
lis  Poccianti,  Catalogus  Scriptorum  Florentinornm.  — 
Olulio  Negri,  Istoria  de'  Fiorentini  Scrittori.  —  Nicéron, 
Mémoires  pour  servir  cl  l'hlsloirc  des  himiines  il/ii.t- 
tres,  t.  XXXVUI.-  Tiraboschi, Star ia délia /Mirratiira 

24. 


743  FIRENZUOLA 

ltaUana,t.  VII,  part.  III,  p.  73.  —  Fontanini,  Biblioteca, 
avec  les  notes  d'Apostolo  Zeno,  1. 1"',  p.  31.  —  Giuseppe 
Maffei,  Storia  délia  Letteratura  Italiana,  t.  I<*'',p.  339- 
340  de  l'édit.  de  Florence ,  1853. 

FiRMANUS  (Gavius).  Voy.  Gwrcs. 

FiRMANcrs  (  Tarutius  ) ,  mathématicien  et 
astronome  romain ,  vivait  dans  le  premier  siècle 
avant  J.-C.  Contemporain  de  Varron  et  de  Cicé- 
ron ,  il  fut  l'ami  intime  de  tous  les  deux.  Sur  la 
demande  de  Varron,  il  fitl'horoscope  de  Romulus. 
et  d'après  les  circonstances  de  la  vie  et  de  la 
mort  du  fondateur  de  Rome,  il  détermina  l'ère 
de  cette  ville.  Suivant  les  calculs  de  Firraanus , 
Romulus  était  né  le  23  septembre  de  la  deuxième 
année  de  la  n^  olympiade ,  et  Rome  avait  été 
fondée  le  9  avril,  entre  la  deuxième  et  la  troisième 
heure  du  jour.  Plutarque,  qui  rapporte  ces  dates, 
ne  dit  pas  à  quelle  année  Firmanus  plaçait  la 
fondation  de  Rome.  Quant  au  jour  indiqué  par 
lui,  il  était  antérieur  aux  Palilia  (  2 1  avril  ),  point 
de  départ  ordinaire  de  la  chronologie  romaine. 
Le  nom  de  Firmanus  dénote  un  natif  de  Fir- 
mum,  dans  le  Picenum  (aujourd'hui  Fermo,  dans 
la  Marche  d'Ancône),  tandis  que  Tarutius  est 
une  dénomination  étrusque;  il  est  probable  que 
Firmanus  la  devait  à  des  ancêtres  étrusques,  qui 
lui  avaient  transmis  le  goût  des  études  mathé- 
matiques. 

Plutarque ,  Rom.,  5,  12  ;  Qiuest.  Rom.,  35.  —  Ciceron, 
De  Divin.,  II,  47.  —  Macrobe,  Satum.,  1,  lo.  —  Saint 
Augustin,  De  Civit.  Dei,  VI,  7. 

FiRMAS-PERiEz  (  Armand  -  Charles  -  Da- 
niel, comte  DE  ),  général  et  publiciste  français , 
né  à  Alais  (Languedoc),  le  4  août  1770,  mort  en 
Allemagne,  en  1828.  Il  entra,  le  23  septembre 
1785,  comme  sous-lieutenant  au  régiment  de 
Piémont  (infanterie).  En  1789  il  quitta  sou 
corps,  qui  tenait  garnison  à  Besançon ,  pour  se 
rendre  à  Nîmes  et  de  là  au  camp  insurrectionnel 
de  Jalès.  Après  la  dispersion  des  vrais  Fran- 
çais (1),  Firmas-Periez  fut  arrêté  le  17  mars 
1791,  et  enfermé  au  fort  d'Alais.  Mis  en  liberté 
le  22  avril  suivant,  il  rejoignit  son  régiment,  lia 
des  relations  avec  les  princes  émigrés,  et  chercha 
à  propager  la  désertion  dans  les  garnisons  de 
l'Alsace.  Il  défendit  et  fit  acquitter  par  le  tribu- 
nal de  Colmar  le  baron  de  Roch,  lieutenant  de 
roi  à  Neu-Brisach ,  accusé  d'avoir  voulu  livrer 
cette  place  aux  princes.  Le  baron  de  Roch  et 
son  défenseur  émigrèrent  «nsuite,  et  Firmas-Pe- 
riez, arrivé  à  Worms,  accepta  les  fonctions  de 
lieutenant  de  police  du  quartier  général  du 
prince  de  Condé  (  17  décembre  1791  ).  Il  remplit 
parfaitement  les  conditions  de  cet  emploi,  et 
trouva  le  moyen  de  sauver  la  vie  au  prince  et 
au  roi  de  Prusse.  Nommé  colonel  du  régiment 
d'Hohenlohe-Schillingsfùrst,  il  fit  contre  les  répu- 
blicains la  campagne  de  1793,  et  fut  blessé  à 
l'affaue  de  Berchtslieim  (8  décembre).  Le  comte 
de  Provence  (depuis  Louis  XVni)  le  nomma 
chevalier  de  Saint-Louis,  le  10  août  1794.  Firmas 

(1)  C'était  le  nom  qu'avaient  pris  les  contre-révolu- 
tionnaires des  Cévennes. 


—  FIRMENICH 


r44 


continua  de  servir  dans  l'armée  de  Condé  jusqu'au 
licenciement  de  ce  corps ,  fut  encore  blessé  au 
combat  de  Schaffensied  (30  septembre  1796  ),  et 
passa  au  service  de  la  Russie.  Le  4  février  1799, 
il  épousa  la  comtesse  Joséphine  de  Wald- 
bourg-Wolfegg-Waldsée,  et  en  février  1800  il  fut 
blessé  de  nouveau  en  défendant  la  ville  de  Cons- 
tance contre  les  Français.  Le  15  décembre  1806, 
le  roi  de  Wurtemberg ,  Frédéric,  le  prit  à  son 
service  en  qualité  de  chambellan,  et  le  nomma 
grand -maître  des  cuisines  (5  décembre  1807), 
puis  conseiller-intime-privé-actuel  d'épée  (  6  no- 
vembre 1810).  Firmas  quitta  le  service  du  Wur- 
temberg le  6  mars  1813,  erra  quelque  temps 
en  Allemagne,  et  joignit  Louis  XVIII  à  Gand 
(1815).  Là  il  fut  créé  maréchal  de  camp,  et  plus 
tard  élevé  au  grade  de  lieutenant  général 
(31  mars  1819).  Il  reçut  saretraite  le  lendemain, 
1*"^  avril.  Le  reste  de  sa  vie  s'écoula  en  mis- 
sion auprès  des  petites  cours  d'Allemagne.  On 
a  de  lui  :  Observations  aux  députés  de  la 
noblesse  aux  États  Généraux  sur  les  objets 
m,ilitaires;  Nîmes,  1789,  in-8°;  —  Protesta- 
tion énergique  contre  les  décrets  de  V As- 
semblée nationale;  Colmar,  17  juillet  1791, 
insérée  dans  la  Gazette  de  Paris  du  17  août 
suivant;  — Le  Jeu  de  Stratégie,  ou  les  échecs 
militaires  ;  Memmingen,  1808,  in-8'',  et  Paris, 
1816,  in-12,  avec  2  planches;  —  Pasitélégra- . 
phie;  Stuttgard,  1811,  ih-8°  :  c'est  un  nouveau 
système  de  signaux,  pour  lequel  l'auteur  s'est 
servi  des  idées  de  Maimieux ,  inventeur  de  la 
Pasigraphie.  Ce  dernier  a  du  reste  aidé  Firmas 
dans  son  ouvrage;  —  Notice  historique  sur 
Louis  -  Antoine  -  Henri  de  Bourbon -Condé, 
duc  d'Enghien,  prince  du  sang  royal,  suivie 
de  son  Oraison  funèbre,  prononcée  dans  la 
chapelle  catholique  de  Saint-Patrice,  à  Lon- 
dres, par  l'abbé  de  Bouvens;  Paris,  1814  et 
1815,  in-S";  —  Bigamie  de  Napoléon  Buona- 
parte;  Paris,  1815,  in-8°;  —  Réflexions  politi- 
ques sur  le  projet  d'une  constitution  pour  le 
royaume  de  Wurtemberg;  ibid.;  —  Examen 
impartial  du  projet  de  constitution  pour 
le  royaume  de  Wurtemberg ,  ou  réflexions 
sur  ce  projet  tel  que  S.  M.  le  roi  l'a  pré- 
senté à  l'Assemblée  des  États  le  3  mars  1817  ; 
Paris,  Strasbourg ,  Londres  et  Stuttgard,  1817, 
in-8°.  H.  Lesueur. 

De  Courcelles,  Dictionnaire  des  Généraux  français. 
—  Aroault,  Jay,  etc.,  Biog.  nouv.  des  Contemporains.  — 
Quérard,  La  France  littéraire.  —  Rabbe ,  Boisjolin 
et  Sainte-Preuve ,  Bioç.  Contemporaine  et  portative- 

*  FIRIUEMCH  (  Jean- Matthias  ),  poète  alle- 
mand, né  à  Cologne,  le  5  juillet  1808.  Encore 
étudiant,  il  se  fit  connaître  par  ses  chants  popu- 
laires, écrits  en  patois  de  Cologne,  parmi  les- 
quels on  cite  les  suivants  :  De  Koellschen  in 
Paries  et  Dae  Bœve  un  et  Hœnnschen  om 
Gôozenich.  A  la  fin  des  études  universitaires 
qu'il  fit  à  Munich  et  à  Bonn,  il  parcourut  l'Alle- 
magne, l'Italie,  la  France.  Il  séjourna  trois  ans 
à  Rome,  où  il  connut  Thorwaldsen,  Horace  Ver- 


745 


FIRMENICH  —  FIRMIANUS 


746 


net,  Koch,  Reinhart  et  Cornélius ,  avec  lequel  il 
se  lia  d'amitié.  A  Vienne,  il  se  lia  de  même  avec 
le  comte  Auersperg  (  connu  sous  le  pseudonyme 
d'Ânastasius  Grùn  ).  A  cette  époque  il  écrivit 
sa  tragédie  de  Clotilde  Montalvi;  Berlin, 
1840.  Parmi  ses  autres  œuvres  on  remarque  : 
Nach  hundert  Jahren  oder  die  emancipirten 
Frauen  (  Après  cent  ans^  ou  les  femmes  éman- 
cipées )  ;  —  Die  Studentinnen  (  Les  Étudiantes  )  ; 
—  TpayoOSia  'Pa)[jiatxà;  Berlin,  1840;  —  Ger- 
maniens  Voelkerstimmen  ''Voix  populaires  de 
la  Germanie)  ;  Berlin,  1850-loo'i. 
Conversations-Lexikon. 

FiRMiAN,  noble  famille  tyrolienne,  dont  voici 
les  principaux  membres  : 

FiRMiAN  (Charles- Joseph  de),  homme  d'État, 
né  en  1716 ,  à  Deutschmetz  (Tyrol),  mort  le 
20  juillet  1782.  Il  reçut  sa  première  éducation  à 
Erthal ,  à  Inspruck  et  à  Salzbourg.  Après  avoir 
fréquenté  ensuite  l'université  de  Leyde,  il  se 
rendit  en  France  et  en  Italie,  où  il  perfectionna 
son  goût  pour  les  beaux-arts.  François  1er  étant 
monté  sur  le  trône  impérial  d'Allemagne ,  le 
comte  Firmian  retourna  dans  son  pays ,  et  prit 
part  aux  affaires  publiques.  Quelque  temps  après, 
Marie-Thérèse  l'envoya  comme  ministre  pléni- 
potentiaire à  Naples,  puis  enLombardie  (1759), 
auprès  du  gouverneur  généra!  de  cette  province. 
Dans  ces  fonctions  administratives,  il  déploya 
les  talents  d'un  homme  d'État  dirigé  par  la  re- 
ligion, la  philosophie  et  la  science.  Il  rendit  des 
services  signalés,  surtout  à  la  ville  de  Milan. 
Il  ranima  le  goût  des  études  sérieuses,  com- 
battit l'intolérance,  fonda  des  bibliothèques ,  et 
travailla  à  la  renaissance  de  l'université  de  Pa- 
vie.  Versé  dans  plusieurs  branches  de  la  litté- 
rature, il  vécut  dans  une  constante  union  avec 
des  artistes  et  des  savants  ;  il  donna  à  plusieurs 
d'entre  eux  des  preuves  marquantes  de  sa  libé- 
ralité. Le  comte  de  Firmian  laissa  une  biblio- 
thèque choisie,  composée  de  40,000  volumes, 
ainsi  qu'une  précieuse  collection  d'objets  d'art. 

Firmian  (  Jean-Baptiste-Antoine,  comte  de  ), 
frère  aîné  du  précédent,  prélat  autrichien,  mort 
en  1744.  Il  fut  archevêque  de  Salzbourg,  et  se  si- 
gnala par  ses  persécutions  contre  les  hérétiques 
domiciliés  dans  le  ressort  de  son  archevêché; 
ce  qui  contraignit  plus  de  30,000  protestants  à 
sortir  du  pays,  pendant  l'hiver  de  1731  à  1732. 
Ce  ne  fut  pas  seulement  le  zèle  pour  la  religion , 
mais  aussi  l'avarice,  qui  détermina  la  conduite 
du  prélat  dans  cette  circonstance.  Non  content 
de  l'argent  que  lui  payaient  ceux  qui  voulaient 
être  autorisés  à  voyager  à  l'étranger,  il  leur  fit 
intenter  des  procès  comme  à  des  rebelles,  pro- 
cès par  suite  desquels  ils  se  trouvaient  dépos- 
sédés de  ce  qu'ils  avaient.  En  récompense  des 
services  rendus  à  la  religion  par  l'archevêque  de 
Salzbourg,  le  pape  ordonna  qu'à  l'avenir  les  car- 
dinaux mêmes  lui  donneraient,  ainsi  qu'à  ses 
successeurs,  le  titre  de  grandeur  [celsitudo). 

Fmmxjn  (CharleS'Léopold-Maximilien  de  ) , 


né  à  Trente,  en  1766,  mort  le  29  novembre 
1831.  Il  fut  d'abord  prince-évêque  .de  Lavant, 
puis  désigné  pour  l'administration  de  l'archevê- 
ché de  Salzbouvg,  et  en  dernier  lieu  prince-ar- 
chevêque de  Vienne.  [Encycl.  des  G.  du  M.] 

Conversat.-Lex. 
*  FIRMIANUS    SYMPOSIUS  {Cœlius),  écrit 

aussi  Symphosius  ou  Symposius ,  poète  latin, 
d'une  époque  incertaine.  Ce  nom  est  placé  en  tête 
de  cent  Énigmes  insignifiantes ,  composées  cha- 
cune de  trois  vers  hexamètres,  et  recueillies,  à  ce 
que  prétend  l'auteur  dans  son  prologue,  pour  ex- 
citer la  gaieté  pendant  les  Saturnales.  Au  même 
auteur  appartiennent  probablement  deux  courtes 
odes:  l'une  intitulée  De  Fortuna,  en  quinze 
tétramètres  choriambiques ,  est  attribuée  dans 
quelques  manuscrits  à  un  certain  Asclepias  ou 
Asclepiadus,  méprise  qui  provient  d'une  con- 
fusion entre  le  poète  et  le  mètre  qu'il  a -em- 
ployé ;  l'autre ,  De  Livore,  en  vingt-cinq  hendé- 
casyllabes,  a  été  attribuée  quelquefois  à  un 
Vomanus  et  à  un  Euphorbus.  Ces  deux  pièces 
ont  été  souvent  insérées  parmi  les  Catalecta 
de  Virgile.  Nous  n'avons  aucun  détail  sur  Fir- 
mianus  ;  nous  ignorons  même  l'époque  de  sa 
vie.  Des  particularités  de  son  style  ont  fait  croire 
qu'il  était  Africain.  Sa  diction  et  sa  versifica- 
tion ,  sans  être  des  modèles  de  pureté  et  de  cor- 
rection, sont  cependant  encore  loin  de  la  barba- 
rie. Les  Énigmes  contiennent  diverses  allusions 
à  des  usages  qui  avaient  cessé  de  prévaloir  long- 
temps avant  la  chute  de  l'empire  romain.  [Le 
premier  écrivain  ancien  qui  ait  fait  mention  des 
ouvrages  de  Firmianus  est  Aldhelm ,  mort  au 
commencement  du  huitième  siècle. 
Ces  deux  premiers  vers  du  prologue  : 

Haec  quoque  Symposius  de  carminé  lusit  inepto. 
Sic  tu,  Sexte,  doces,  sic  te  deliro  magistro. 

ont  servi  de  point  de  départ  à  une  fort  singu- 
lière hypothèse  de  Heumann.  Les  regardant 
comme  fautifs,  il  commence  par  les  corriger  de 
la  manière  suivante  : 

Hoc  quoque  symposium  lusi  de  carminé  inepto. 
•  Sic  me  Sicca  docet,  Sicca  deliro  magistro. 

D'après  ces  vers  ainsi  refaits  ,  le  critique  alle- 
mand essaye  de  prouver  que  le  vrai  titre  de 
l'ouvrage  est  Symposium,  qu'il  n'y  a  jamais  eu 
personne  du  nom  de  Symposius,  et  que  le  vé- 
ritable auteur  de  ce  badinage  est  le  Père  de  l'É- 
glise Cœlius  Firmianus  Lactantius  ou  Lactance, 
élève  d'Arnobe,  qui  enseignait  à  Sicca,  et  auteur, 
d'après  saint  Jérôme,  d'un  Symposium.  Cette 
hypothèse,  fondée  sur  des  corrections  purement 
arbitraires ,  mérite  à  peine  ime  réfutation.  Re- 
marquons seulement  que  tous  les  manuscrits 
s'accordent  à  représenter  Symposius  comme  un 
nom  d'homme,  que  selon  toute  apparence  le 
Symposium  de  Lactance  n'était  pas  un  ouvrage 
d'un  genre  burlesque,  et  que  probablement 
c'était  un  dialogue  grave,  semblable,  pour  le 
plan,  aux  Symposia  de  Xénophon,  de  Platon, 
de  Plutarque  et  aux  Saturnalia  de  Macrobe. 


747 


FIRMIANUS 


Les  JEnigmata  furent  publiés  pour  la  pre- 
mière fois  avec  les  Dits  des  sept  Sages  de  la 
Grèce;  Paris,  1553,  in-8".  Heumann  en  donna 
une  savante  édition  (  Hanovre ,  1722 ,  in-8°  ) , 
suivie  de  celle  de  Heynatz  ;  Francfort,  1775, 
in-8°.  La  plus  commode  se  trouve  dans  les  Poet. 
Lat.  minores  de  Wernsdorf,  vol.  VI,  p.  ii, 
p.  474,  avec  des  Prolégomènes  étendus.  Les  odes 
ont  été  insérées  dans  la  même  collection , 
vol.  III,  p.  386,  389;  vol.  IV,  part,  m,  p.  853; 
vol.  V,  part,  m,  p.  1464. 

Wernsdnrf,  Prolegomena  in  Firmianum,  dans  les 
Poei.  Lut.  min.,  yol.  VI,  part,  n,  p.  410. 

FiRAiiccs  MATERNCS  (  Julius  OU  peut-être 
Villïus  ),  astronome  latin,  vivait  au  commence- 
ment du  quatrième  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Nous  avons  de  lui  un  traité  intitulé  :  Julii  Fir- 
micÀ  M aterni junior is,Siculi  V.  C,  Matheseos 
Libri  VIII.  L'auteur,  comme  il  nous  l'apprend 
lui-même,  avait  été  avocat  durant  une  partie 
de  sa  vie ,  mais  il  avait  quitté  cette  profession  par 
dégoût.  L'ouvrage  cité  plus  haut  est  une  intro- 
duction à  l'astrologie  judiciaire  conformément 
aux  doctrines  des  Égyptiens  et  des  Babyloniens, 
telles  qu'elles  avaient  été  exposées  par  les  maîtres 
les  plus  renommés ,  parmi  lesquels  Firmicus  cite 
Petosiris,  Necepso,  Abraham  et  Orphée.  Le 
premier  livre  est  principalement  consacré  à  l'a- 
pologie de  l'étude  ;  le  troisième ,  le  quatrième 
contiennent  les  définitions  et  les  maximes  de  la 
science,  tandis  que  dans  le  reste"  du  livre  les 
puissances  et  les  influences  natales  {apoteîes- 
mata)  des  corps  célestes  dans  leurs  divers  as- 
pects et  combinaisons  sont  pleinement  dévelop- 
pées; les  horoscopes  d'Œdipe,  de  Paris,  d'Ho- 
mère, de  Platon,  d'Archimède  et  de  divers  autres 
personnages  remarquables  sont  examinés  comme 
exemples  à  l'appui  des  propositions  énoncées. 

Firmicus  commença  probablement  son  œuvre 
v^rs  la  fin  du  règne  de  Constantin  le  Grand, 
puisque  une  éclipse  solaire  arrivée  sous  le  con- 
sulat d'Optatus  et  de  Paulinus,  en  334,  est  men- 
tionnée comme  un  événement  récent.  Il  paraît 
aussi  que  son  ouvrage  ne  fut  pas  publié  tout  à 
la  fois.  Chaque  livre  est  dédié  à  Manutius  Lollia- 
nus;  et  ce  nom  est  précédé  du  titre  de  proconsul 
dans  la  dédicace  des  quatre  derniers  seulement. 
Si  ce  Lollianus  est  le  FI.  Lollianus  qui  figure 
dans  les  Fastes  avec  FJ.  Arbitio,  en  355,  il  est 
évident  que  les  derniers  livres  de  Firmicus  sont 
postérieurs  à  cette  date. 
'  Bien  qu'on  puisse  indiquer  certains  rapports 
entre  \sl' Mathesis  de  Firmicus  et  les  Astroiio- 
mica  de  Manilius ,  il  est  probable  que  Firmicus 
ignorait  même  l'existence  de  ce  poëme.  En  effet, 
parlant  des  écrivains  romains  qui  avaient  traité  ce 
sujet ,  il  cite  seulement  Cicéron  et  César  Germa- 
nicuS;  traducteurs  d'Aratus,  et  Fronton,  qui  avait 
eu  letort,  ensuivant  les  Antiscia.  d'Hipparque,  de 
supposer  chez  ses  lecteurs  un  degré  de  connais- 
sances scientifiques  que  fort  peu  possédaient. 
L'auteur,  dans  la  MMhesis,   rappelle  divers 


—  FIRMICUS  748 

traités  qu'il  avait  composés  sur  des  sujets  ana- 
logues, entre  autres  une  dissertation  De  Domino 
Geniturse  et  Chronocr atone,  adressée  à  son 
ami  Murinus,  et  une  autre  De  Fine  Vitœ;  en 
même  temps  il  promet  un  supplément  en  douze 
livres  à  sa  Mathesis ,  une  explication  de  la  Mij- 
riogenesis  et  une  traduction  du  traité  de  Ne- 
cepso sur  la  santé  et  la  maladie.  De  tous  ces  ou- 
vrages composés  ou  promis ,  il  n'est  rien  venu 
jusqu'à  nous. 

Firmicus  Maternus  fut  publié  pour  la  première 
fois  à  Venise,  1497,  in-fiol.,  par  Biyilacqua,  d'a- 
près un  manuscrit  apporté  de  Gonstantinople  en 
Italie  par  Pe.scennius  Franciscus  Niger.  Aide  le 
réimprima,  Venise,  1499,  in-foL,  dans  un  vo- 
lume contenant  aussi  Manilius,  les  Phénomènes 
d'Aratus,  en  grec,  avec  les  traductions  de  Ci- 
céron ,  de  César  Germanicus  et  (J'Avienus ,  le 
commentaire  grec  de  Théon  sur  les  Phénomèms, 
etlaSp/ièredeProclusen  grec,  avec  la  traduction 
latine  de  Linacer,  collection  réimprimé^  quatre 
ans  après  sous  la  direction  de  Mazalis  à  Reggio 
(  dans  le  Piémont  ).  La  dernière  édition  mention- 
née par  les  bibliographes  a  été  corrigée  par 
Pruckner;  Bàle,  1551,  ir^-fol.,  et  publiée  avec 
le  Quadripartitum ,  le  Centiloquium  et  les 
Inerrantium  Stellarum  Signijicationes ,  traT 
duits  du  grec  de  Cl.  Ptolémée;  les  A^tranomicct 
de  Manifius,  et  divers  traités  par  d,es  astrologues  • 
arabes  et  orientaux. 

En  1562,  Matthias  FlacciuspubliaàStrasbpurg, 
d'après  un  manuscrit  de  Minden,  aujourd'hui 
perdu,  un  traité  intitulé  :  Julius  Firmicus  Ma- 
ternus,  V.  G.,  De  Errore  profanarum  Meligio- 
num,  ad  Constantium  et  Constantem  Augvs- 
tos.  Aucun  écrivain  ancien  n'a  fait  mention  de 
cette  pièce;  elle  ne  contient  aucun  détail  qui 
puisse  nous  éclairer  sur  l'auteur.  La  supposition, 
généralement  admise,  que  cet  auteur  est  le  même 
que  l'astronome  repose  uniquement  sur  l'iden- 
tité des  noms  ;  plusieurs  considérations  la  ren- 
dent très-improbable  :  les  Matheseos  Libri  ne 
furent  certainement  ni  cororjfiencés  avant  334, 
ni  achevés  ayant  355  ;  et  comme  cet  ouvrage  té- 
moigne manifestement  de  sentiments  païens ,  on 
ne  voit  pas  comment  l'auteur  aurait  en  même 
temps  écrit  contre  le  paganisme,  par  le  D.e  Er- 
rore ne  saurait  être  postérieur  à  350 ,  puisqu'il 
est  dédié  à  l'empereur  Constant,  mpvt  cette  ap- 
née même. 

Le  De  Errore  a  moins  pour  but  d'exposer  les 
dogmes  de  la  vraie  foi  que  de  démqiitrer  la 
fausseté  des  différentes  formes  de  la  foi  pi^ïen^^e 
et  d'indiquer  les  degrés  par  lesquels  l'hqriime  est 
tombé  de  la  connaissance  du  vrai  Djeu  d'abord 
à  la  déification  des  forces  dP  la  nature,  puis  à 
l'apothéose  des  hommes  mêmes.  Dans  toute  cette 
partie  de  son  argumentation ,  Firmicus  adopte  ia 
théorie  d'Évhémère,  qui  depuis  l'époque  d'En- 
nius  avait  exercé  une  grande  influence  sur  l'es- 
prit romain  ;  il  conclut  en  exhortant  les  païens  à 
abandonner  leur  culte  et  ep  pressant  le§  empe- 


749 


FIBMICUS  —  FIRMIN 


750 


reurs  de  prendre  les  mesures  les  plus  rigou- 
reuses pour  l'extippatioii  de  l'idolâtrie. 

L'édition  princeps  est,  camme  nous  l'avons  dit, 
de  Strasbourg,  t&62.  Celle  de  Wower,  Ham- 
bourg, 16Q3,  ifl'îô",  a  été  longtemps  tenue  en 
haute  estime ,  mais  elle  a  été  bien  surpassée  par 
celle  de  Miinter,  Copenhague,  1826,  in-8".  Qn 
trouve  aussi  ce  traité  à  la  suite  de  diverses  édir 
tions  d'Arnobe ,  de  saint  Cyprien  et  dans  la  £i- 
blïotheca  Patrum  de  Galland ,  vol.  V,  p.  23. 

Fabrieiljs,  Bibliotli,  Lç,t%na,  ]\\,  lU.  —  Hertz,  4)(S«erf, 
de  Julio  Firmico  Materna;  Copenhague,  1817,  iii-B",  — 
Baehr,  Geachichte  der  rômiscken  Citeratur,  §  326.  — 
Weidl'er,  Historia  Astrônomise,  p.  187.  —  Wàlch,  De 
F.  Materna,  dans  les  Comment  Soc.  Gœtting.,  t.  I.  — 
Smith  ,  Dictibnary  of  Greek  and  Roman  Biogràphy. 

F I RM I LIEN  (Saint),  théologien  grec,  ne  en 
Cappadoce,  vers.  200  de  l'ère  chrétienne,  mort 
à  Tarse ,  en  269.  Il  était  évêque  de  Césarée  dès 
l'an  230.  Il  se  trouva  en  cette  qualité  au  concile 
d'Icône,  qui  déclara  qu'il  fallait  rebaptiser  les 
hérétiques,  parce  que  tout  baptême  donné  hors 
de  l'Église  était  nul.  Il  présida  le  concile  d'An- 
tioche  j.tenu  en  264 ,  contre  Paul  de  Samosate. 
Il  résista  aussi  fortement  au  schisme  de  Nova- 
tien  ,  et  montra  beaucoup  de  courage  pendant  la 
persécution  de  Dèce.  Saint  Firmilien,  malgré  son 
opinion  erronée  sur  le  baptême  des  hérétiques , 
est  regardé  comme  un  des  plus  grands  prélats 
de  son  temps.  Les  Grecs  célèbrent  sa  fête  le 
28  octobre;  Baronius  ne  l'a  pas  mis  dans  son 
martyrologe,  S^int  Firrnilien  était  en  liaison  avec 
les  chrétiens  les  plus  éminents  de  cette  époque, 
tels  que  Ôrigènp,  saint  Cyprien,  saint  Denis 
d'Alexandrie,  Sfiint  Qrégoire' de  Néoçésarée,  le 
Thaumaturge.  On  a  de  lui  une  letjre  parmi  celles 
de  saint  Cyj)rien  sur  le  baptême  des  hérétiques. 

Eusèbe,  Hist.  eccL,  I.  VII.  —  Théodoret,  Hist.  eccL, 
1.  II.  —  Tillemont,  il/éwi.  eçei-,  t.  IV.  —  Oom  Ceillier, 
Histoire  des  Jitfetirs  sçiç-.fés  fit  pecfdsia^tiQues,  t.  III.  — 
Baillei,  f'ies  des  .S'gjinfs,  t.  III,  28  octobfe. 

FiRMir*  (Saint),  premier  évêque  d'Amiens 
et  martyr,  né  à  Pampelime^  décapité  à  Amiens, 
le  2.')  septembre  287-  ^1  ^"1  baptisé  et  instruit 
dans  la  foi  chrétienne  par  saint  Honeste,  prêtre 
de  Njmes  et  apôtre  de  la  Navarre.  Après  l'avoir 
gardé  sept  annéeg ,  celui-ci  l'envoya  vers  saint 
Honorât,  évêque  de  Toulouse ,  quj  l'ordonna  prê- 
tre et  pjus  tard  évêquC;  Firmin  alla  répandre  l'É- 
vangile daps  l'Agénois ,  l'Auvergne,  l'Anjou  ,  en- 
suite à  Be^uyais  età  Amiens,  où  il  opéra  ungrand 
nombre  de  conversions.  Ses  .succès  attirèrent 
l'atteption  d'uji  magistrat  romain,  Valerius  Se- 
bastianus,  qui  je  lit  emprisonner,  puis  décapiter. 
Les  actes  de  saint  Firmin  peuvent  être  du  sixième 
ou  septième  siècle.  Ils  renferment  beaucoup  de 
particularités  peil  dignes  de  foi ,  et  les  jongs  dis- 
cours que  l'on  fait  tenir  à  ceux  qui  parlent  suffi.: 
raient  seuls  pour  les  rendre  suspects. 

Gallia  christiana  nova,  t.  I,  p.  3.  —  Histoire  littér. 
de  la  France,  I,  80B,  a. 

FBRMIN  (  Saint),  dit  le  Confesseur,  troisième 
évêque  d'Amiens,  né  dans  cette  ville,  savait  dans 
la  seconde  mpitié  du  quatrième  siècle.  Il  a  sou- 
vent été  confondu  avec  le  précédent,  et,  suivant 


Moréri,  <t  sa  yie  n'est  qu'une  rhapsodie  de  faits  in- 
soutenables » .  Voici  ce  que  les  hagiographes  les 
plps  séiieux  en  rapportent.  Il  était  fils  deFaustia 
ou  Faustinien,  l'uj)  des  magistrats  romains  de 
Samarobriva  (nom  latin  d'Amiens).  Son  père, 
l'ayant  fait  baptiser  par  saint  Firmiii,  martyr, 
premier  éyêque  d'Amiens ,  voulut  qu'il  portât  le 
nom  de  celui  qui  l'avait  régénéré'.  Vers  350 ,  il 
succéda  à  Euloge  sur  le  siège  de  sa  ville  natale, 
g},  y  {{emeuF^  environ  quarante  ans.  On  l'enterra 
dans  l'église  de  la  Sainte- Vierge  (dite  aujour- 
d'hui Saint- Acheul),  qu'il  avait  fait  construire. 
Vers  555,  saint  Salve,  évêque  d'Amiens,  exhuma 
le  corps  de  saint  Firmin,  et  le  transporta  dans  sa 
cathédrale.  Otger,  autre  évêque  d'Amiens,  céda, 
en  893,  une  portion  des  ossements  du  saint  à  la 
collégiale  de  Saint-Quentin.  En  1714,  les  cha- 
noines réguliers  de  Saint-Acheul  prétendirent 
posséder  encore  les  reliques  de  saint  Firmin  le 
Confesseur.  Le  10  janvier  1715,  l'évêque  Pierre 
Sabbatier  procéda  à  l'ouverture  solennelle  de  la 
châsse  qui  se  trouvait  dans  la  cathédrale  d'A- 
miens; on  y  trouva  une  ancienne  inscription  sur 
vélin  portant  ces  mots  :  Hic  sunt  reliquiœ  sancti 
Firmini  Confessons,  et  une  autre  :  Pulvis  sancti 
Firmini  Confessoris,  avec  un  acte  dressé  par  les 
soins  du  cardinal  légat  Simon,  signé  et  scellé 
de  l'archevêque  de  Rouen  et  des  évêques  d'A- 
miens, de  Bath,  de  Beauvais,  d'Évreux  et  de 
Langres.  Cet  acte  était  daté  du  quatorzième 
jour  des  calendes  de  l'année  1279.  L'évêque 
d'Amiens  fit  dresser  un  procès -verbal  de  cette 
vérification ,  et  l'envoya  à  toutes  les  églises  de 
France,  ordonnant  en  même  temps  aux  religieux 
de  Saint-Acheul  de  faire  disparaître  les  restes  de 
leur  prétendu  saint.  Ces  Pères  en  appelèrent 
comme  d'abus  au  parlement  de  Paris;  mais  ils 
furent  déboutés  par  un  arrêt  contradictoire  du 
4  février  1716.  Cette  procédure  n'amena  au  sur- 
plus aucune  connaissance  sur  la  vie  et  les  actions 
de  saint  Firmin.  L'Église  honore  ce  prélat  le 
l*""  septembre. 

Suriu.s,  Jeta  Sanctnrum.  —  De  Tillemont,  Mémoires 
pour  l'histoire  ecclésiastique,  t.  III.  —  Baillet,  f^ies 
des  joints,  t.  III,  1'=''  septemftre.  —  Moréri,  Grand  Dic- 
tionnaire historique.  —  Abbé  Godescard,  f^ies  des  prin- 
cipaux Saints,  l"  septembre.  —  Richard  et  Giraud 
Sibl.  sacrée. 

FiR.Mm  (Saint),  évêque  de  Verdun,  né  à 
Tout,  mort  en  502.  Parent  de  saint  Loup  et  de 
saint  Pulchronius,  l'un  et  l'autre  évêques  de 
Troyes,  il  succéda  déjà  âgé  à  saint  Possessor 
sur  le  siège  épiscopal  de  Verdun.  Il  se  distingua 
par  sa  piété  et  sa'  charité.  Il  ne  put  empêcher 
ses  administrés  de  se  révolter  contre  Clovis,  qui 
bientôt  s'avança  pour  soumettre  la  ville  insurgée. 
Le  saint  évêque  conçut  une  telle  frayeur  à  la  vue 
de  l'armée  des  Francs,  qu'il  en  mourut  la  nuit 
môme.  Enterré  d'abord  dans  l'église  des  Saints- 
Apôtres  ,  son  corps  fut,  en  950,  transféré  à  l'ab- 
baye de  Flavigny,  par  les  soins  de  Bérenger, 
évêque  de  Verdun. 
Gt'/tia  Christ.  —  Dom  Calmel,  /fisf.  de  Lorraine 


751 


FIRMIN  —  FIRMUS 


752 


FIRMIN  (Saint),  évêque  d'Uzès,  né  dans  la 
Gaule  Narbonnaise,  vers  510,  mort  en  553.  De- 
venu de  bonne  heure  coadjuteur  de  son  oncle  Ro- 
nce, évêque  d'Uzès,  il  lui  succéda ,  et  s'acquitta 
avec  une  rare  vigilance  de  toutes  les  fonctions 
pastorales.  II  assista  aux  conciles  d'Orléans,  541, 
549,  et  à  celui  de  Paris,  551.  Saint  Firmin  fut 
un  des  quatre  auteurs  de  la  Vie  de  saint  Cé- 
saire  d'Arles. 

Baillet,  f'ies  des  Saints,  t.  III,  11  octobre.  —  Dom  Ri- 
Tet,  Hist.  littér.  de  France,  t.  111,  p.  S61. 

FIRMIN  (  Thomas  ),  philanthrope  anglais ,  né 
à  Ipswich ,  dans  le  comté  de  Suffolck,  en  1632, 
mort  en  1697.  Il  fut  mis  en  apprentissage  à 
Londres ,  chez  un  marchand  de  linge ,  s'établit 
ensuite  pour  son  compte,  et  gagna  une  fortune 
considérable.  Il  en  fit  un  si  bon  usage  que,  malgré 
ses  opinions  sociniennes ,  il  s'acquit  le  respect 
et  l'estime  de  prélats  éminents,  Wilkins,  Til- 
lotson,  Compton.  En  1676,  il  établit  une  ma- 
nufacture de  linge  pour  eroplojer  les  artisans 
qui  manquaient  d'ouvrage.  Quelques  années 
plus  tard ,  il  en  fonda  une  seconde  en  faveur 
des  protestants  français  réfugiés  à  Ipswich. 
Firmin  fut  un  des  bienfaiteurs  et  des  ad- 
ministrateurs des  hôpitaux  du  Christ  et  de  Saint- 
Thomas.  Il  n'y  eut  pas  de  son  temps  une  œuvre 
de  charité  publique  à  laquelle  il  ne  voulût  con- 
tribuer. On  a  de  lui  :  Some  Proposais  for  the 
employing  of  the  poor,  especially  in  and 
aboutthe  city  ofLondon,  and  for  the  préven- 
tion ofbegging  ;  Londres ,  1678,  in-4''. 

Cornish,  Life  of  Firmin.  —  Aikin,  General  Biography, 
—  Chalmers,  General  biographical  Dictionary. 

*  FIRMIN  ("**),  acteur  français,  né  à  Paris, 
vers  1790.  Il  suivit  la  carrière  dramatique  dès 
son  enfance.  A  treize  ans,  il  se  faisait  déjà 
applaudir  au  Théâtre  des  Jeunes  Élèves,  rue 
de  Thionville  (aujourd'hui  Dauphine).  Lors- 
qu'en  1807  un  décret  impérial  réduisit  à  huit 
le  nombre  des  spectacles  de  Paris,  M.  Fir- 
min entra  au  Théâtre  de  l'Impératrice  (Odéon), 
dirigé  alors  par  Picard  ;  il  y  débuta  dans  les  rôles 
d'amoureux  et  de  petits-maîtres.  Son  physique, 
d'accord  avec  son  emploi ,  une  grande  aisance 
sur  la  scène ,  de  la  passion  sans  efforts ,  lui  va- 
lurent les  succès  les  plus  brillants.  Appelé  au 
Théâtre-Français,  il  y  débuta  le  3  juillet  1811, 
par  les  rôles  de  Séide ,  dans  Mahomet,  et  de 
Dormilly,  dans  Les  fausses  Confidences  ;  et 
depuis  lors  il  garda  une  place  honorable  parmi 
les  meilleurs  acteurs  de  la  scène  française.  Le 
jeu  de  M.  Firmin  s'est  toujours  fait  remarquer 
par  beaucoup  de  chaleur,  de  gaieté,  de  finesse  et 
de  naturel.  De  nos  jours  personne  n'a  mieux 
jûué  que  lui  Auguste,  dans  L'Amour  et  la  Raison  ; 
Lindor ,  dans  Heureusement;  Horace,  dans 
L'École  des  Femmes,  les  rôles  du  Menteur,  de 
L'Homme  à  bonnes  fortunes,  etc.;  tous  les  amou- 
reux de  Marivaux.  Dans  le  nouveau  répertoire, 
M.  Firmin  a  montré  également  sa  supériorité  dans 
Le  Jeune  Mari,  Un  Mariage  sous  Louis  XV, 


Mademoiselle  de  Belle-Isle,  et  seul  il  a  pu 
montrer  aux  spectateurs  le  personnage  du  duc 
de  Richelieu  avec  la  courtoisie ,  la  légèreté ,  l'es- 
prit et  la  distinction  convenables;  enfin,  dans  Don 
Juan  d'Autriche.  «  Il  était  impossible,  dit  un 
excellent  critique,  de  donner  à  ce  personnage  une 
physionomie  plus  vaillante ,  plus  chevaleresque 
et  plus  castillane  que  celle  que  M.  Firmin  avait 
composée  avec  un  art  admirable.  »  M.  Firmin  a 
quitté  le  Théâtre-Français  le  6  décembre  1845. 
Depuis  lors  il  vit  retiré,  à  sa  campagne  du 
Coudray,  près  Corbeil.  A.  de  L. 

Eugène  Brifiault,  dans  le  Dictionnaire  de  la  Conver- 
sation. —  Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biographie  universelle 
et  portative  des  Contemporains.  —  Documents  parti- 
culiers. 

FiRM  I  US  (Ca^Ms).  Voy.  Catus. 

FiRMONT  {Henri  Essex-Edgeworth  de). 
Voy.  Edgeworth. 

*  VYKmvs (Plotius),  général  romain,  vivait 
vers  la  lia  du  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Il  fut  l'ami  dévoué  d'Othon.  Élevé  du  rang  de 
simple  soldat  aux  grades  de  préposé  aux  vigiles 
et  de  préfet  du  prétoire,  il  parvint,  pendant  une 
insurrection  des  soldats ,  à  réprimer  la  révolte 
en  s'adressant  séparément  à  chaque  compagnie  et 
en  leur  distribuant  de  larges  sommes  d'argent. 
Après  la  bataille  de  Bédriaque ,  il  supplia  Othon 
de  reprendre  courage  et  de  ne  pas  abandonner 
sa  fidèle  armée. 

Tacite,  Hist.,  I,  46,  82;  11,  46,  49. 

FIRMUS  {M.),  un  des  petits  tyrans  (mi~ 
nusculi  tyranni)  qui  s'élevèrent  sous  le  règne 
d'Aurélien,  mis  à  mort  vers  273.  Il  était  origi- 
naire de  Séleucie,  et  acquit,  probablement  dans 
le  commerce ,  des  richesses  immenses.  «  Il  avait, 
dit  Vopiscus,  orné  toute  sa  maison  de  glaces 
carrées,  qui  étaient  fixées  aux  murailles  avec  du 
bitume  et  avec  d'autres  mastics ,  et  il  se  vantait 
d'avoir  assez  de  colle  et  de  papyrus  pour  entrete- 
nir une  armée  du  produit  de  ces  marchandises  (1). 
Il  avait  formé  une  étroite  alliance  avec  les  Blé- 
myes  et  les  Sarrasins,  Il  envoya  souvent  des 
vaisseaux  faire  le  commerce  aux  Indes.  »  Lors- 
que Zénobie,  dont  il  était  depuis  longtemps  l'ami 
et  l'allié ,  prit  les  armes  contre  les  Romains , 
Firmus,  pour  faire  une  diversion  en  sa  faveur, 
se  saisit  d'Alexandrie.  Cette  rébellion  futpromp- 
tement  réprimée  parla  vigueur  et  l'heureuse  for- 
tune d'Aurélien.  Firmus,  fait  prisonnier,  fut  tué 
par  l'ordre  de  l'empereur.  Voici  le  curieux  por- 
trait que  Vopiscus  trace  de  cet  usurpateur. 
«  Firmus  était  d'une  haute  stature  :  il  avait  les 
yeux  saillants,  les  cheveux  crépus,  le  visage 
plein  de  cicatrices,  le  teint  noirâtre,  quoique  le 
reste  du  corps  fût  blanc.  Il  était  si  velu  qu'on 
l'appelait  généralement  le  Cyclope.  Il  lui  fallait 
pour  sa  nourriture  beaucoup  de  viande ,  et  l'on 
dit  qu'il  mangeaitdans  un  jour  une  autruche.  II 
buvait  peu  de  vin  et  beaucoup  d'eau.  11  avait  une 

(1)  Le  papier  avait  alors  une  grande  valeur;  il  était 
fait  avec  le  papyrus  d'Egypte ,  et  il  acquérait  de  la 
force  au  moyen  d'un  encollage.  A.  F.-D. 


753  FIRMUS  —  FISCHART 

grande  fermeté  de  caractère,  et  une  telle  force 


754 


corporelle  qu'il  l'emportait  sur  Tritanus,  dont 
parle  Varron-Elius.  Renversé  sur  le  dos  et  le 
corps  appuyé  sur  les  bras,  il  soutenait  sur  sa  poi- 
trine une  enclume  que  l'on  battait  à  coups  redou- 
blés. »  Il  existe  une  médaille  avec  cette  légende. 

AïT.  M.  «ï«iPMios  Erre 

Quelques  écrivains  supposent  que  cette  médaille 
appartient  à  l'usurpateur  égyptien. 
Vopiscns,  Firmus.  —  Eckhel,  Doct.  Nutn.,  vol.  Vil, 

p.  496. 

FIRMUS  MAURUS,  usurpateur  mauritanien, 
mort  vers  l'an  374  après  J.-C.  Fils  d'un  chef 
nommé  Nubel ,  il  fit  assassiner  son  frère  Zamma, 
et,  craignant  que  les  Romains  ne  le  punissentrde 
ce  crime ,  il  se  révolta  contre  eux.  Beaucoup  de 
soldats  romains  se  joignirent  à  lui.  Il  s'empara 
de  Césarée  (  aujourd'hui  Alger  ) ,  capitale  de  la 
Mauritanie  Césarienne ,  et  se  fit  proclamer  roi. 
L'empereur  Valentinien  envoya  contre  lui  Théo- 
dose, un  de  ses  meilleurs  généraux.  Firmus, 
battu  dans  une  première  rencontre,  demanda  et 
obtint  la  paix.  II  ne  tarda  pas  à  reprendre  les 
armes.  Après  avoir  fatigué  l'armée  de  Théo- 
dose par  une  guerre  d'escarmouches,  il  fut  ré- 
duit à  fuir  de  tribu  en  tribu.  Arrêté  par  Igmayen, 
chef  de  la  tribu  des  Isafliens ,  et  craignant  d'être 
livré  aux  Romains ,  il  s'étrangla  dans  sa  prison. 

Ammien  Marcellin,  1.  XXIX,  5.  —  Le  Beau,  Histoire  du 
Bas-Empire,  1.  XVIII. 

*FiRMCS,  évêque  de  Césarée,  mort  l'an  439, 
après  avoir  occupé  ce  siège  pendant  huit  ans.  Il 
composa  divers  ouvrages,  que  le  temps  a  dé- 
truits, ne  laissant  parvenir  jusqu'à  nous  que  45 
lettres  en  grec  ;  elles  ont  été  insérées  avec  traduc- 
tion latine  dans  les  Anecdota  grmca  de  Mura- 
tori  et  dans  le  recueil  de  Galland,  Bibliotheca 
graeco-latina  veterum  Patrum,  t.  IX,  p.  499. 

G.  B. 
Socrate,  Hist.  eceles.,  1.  Vil.  —  Fabrlcius,  Biblioth. 
Grseea.  t.  XIII,  p.  78t. 

FiROcrzABADi.  Voy.  Alfirouzabadi. 

FISCH  {Jean-Georges  ),  voyageur  et  pamphlé- 
taire suisse,  né  à  Aarau,  en  novembre  1758, 
mort  le  18  mai  1799.  Il  étudia  dans  sa  ville  na- 
tale ;  puis  il  s'appliqua  au  gymnase,  de  Berne ,  à 
la  philologie  et  à  la  théologie.  En  1785  il  se  pré- 
senta comme  candidat  aux  fonctions  de  prédica- 
teur ;  il  se  rendit  ensuite  en  France,  où  il  séjourna 
deux  ans.  Il  visita  aussi  les  villes  importantes 
de  l'Allemagne.  En  1791  il  fut  nommé  professeur 
de  littérature  ancienne  à  l'Institut  politique  de 
Berne,  et  en  1794  il  fut  élu  second  pasteur  par  ses 
concitoyens  d' Aarau.  En  1798  il  renonça  à  l'état 
ecclésiastique,  et  prit  part  aux  grandes  questions 
politiques  qui  s'agitaient  alors  dans  son  pays.  Il 
se  prononça  pour  les  principes  de  liberté  et  d'é- 
galité, fut  d'abord  sous-secrétaire  du  grand  con- 
seil de  la  République  Helvétique,  et  au  mois  de 
juillet  de  la  même  année  il  devint  premier  se- 
crétaire au  département  de  l'instruction  publique 
à  Lucerne.  En  même  temps  il  remplit  les  fonc- 


tions de  receveur  général  du  canton  d'Argovie. 
Pendant  qu'il  siégeait  au  conseil  d'instruction  à 
Aarau,  il  fit  plusieurs  motions  destinées  à  accé- 
lérer les  progrès  de  l'enseignement.  Fisch  se  donna 
la  mort  sans  qu'on  ait  su  exactement  pour  quel 
motif.  On  a  de  lui  :  Briefe  ueber  diesuedlichen 
Provinzen  von  Frankreich  in  den  Jahren 
1786-1788  (Lettres  sur  les  provinces  méridio- 
nales de  la  France  dans  les  années  1786-1788)  ; 
Zurich,  1790;  —  Reise  durch  die  suedlichen 
Provinzen  von  Frankreich  kurz  vor  dem 
Aus bruche  der  Révolution  (Voyage  dans  les 
provinces  méridionales  delà  France  peu  de  temps 
avant  la  révolution);  ibid.,  1795;  —  Auswahl 
seiner  Predigten  (  Choix  de  Sermons  )  ;  Aarau, 
1798. 
Erscb  et  Gruber,  Allg.  Enc. 

*  FISCHABIR  (Gottlieb-Christian-Frédéric), 
philosophe  allemand,  né  à  Gœppingen,  en  1779, 
mort  à  Stutlgard,  en  1829.  Il  professa  la  philoso- 
phie et  la  littérature  ancienne  à  Tubingue  et  à 
Stuttgard  ;  zélé  partisan  des  doctrines  de  Kant, 
il  les  défendit  contre  Fichte,  et  publia  entre 
autres  ouvrages  :  Bu  principe  et  du  problème 
fondamental  du  système  de  Fichte;  1801; 
—  Manuel  de  Logique ,  1818,  etc.        G.  B. 

Dictionnaire  des  Sciences  philosophiques,  t.  Il,  p.  414. 

FISCHART  (/eaw),  appelé  aussi  Mentzer,  cé- 
lèbre satirique  allemand,  né  vers  l'année  1545,  à 
Mayence  ou,  selon  d'autres ,  à  Strasbourg  ,  mort 
à  Forbach,  en  1614.  Il  fut  docteur  en  droit  et  avo- 
cat au  tribunal  de  la  chambre  impériale.  Vers 
1586  il  était  bailli  à  Forbach,  près  de  Saarbruck. 
Quant  à  ses  ouvrages,  conçus  en  partie  en 
prose,  en  partie  en  vers ,  ou  bien  encore  com- 
posés d'un  mélange  de  vers  et  de  prose ,  et  qui 
présentent  tous  des  titres  bizarres ,  il  règne  à  cet 
égard  beaucoup  d'obscurité.  Fischart  était  iné- 
puisable en  saillies  plaisantes ,  gaillardes ,  ingé- 
nieuses, quelquefois  équivoques  et  obscènes;  il 
connaissait  parfaitement  les  travers  de  son  siècle, 
et  savait  sur  quel  ton  il  devait  tantôt  en  rire  et 
s'en  moquer,  tantôt  aussi  les  flageller  sévère- 
ment. Il  traita  la  langue  allemande  avec  une  in- 
croyable licence,  forgea  des  expressions  d'une 
dimension  telle  que  rarement  on  les  pouvait  pro- 
noncer. Il  imagina  aussi  des  tours  de  phrases 
non  moins  singuliers,  sans  s'inquiéter  beaucoup 
de  l'analogie,  mais  en  faisant  voir,  même  dans 
son  néologisme  fantasque,  autant  d'érudition  que 
d'esprit.  On  ne  l'a  jamais  surpassé  sous  le  rap- 
port des  termes  burlesques  et  vraiment  comi- 
ques ,  et  dans  les  écrits  même  les  plus  désor- 
donnés de  son  fécond  génie  on  voit  surgir  par- 
tout une  jovialité  naturelle  et  un  naïf  sentiment 
d'honnêteté  et  de  justice.  Voici  les  plus  connus 
de  ces  ouvrages,  pubfiés  de  1570  à  1590,  et  dont 
un  grand  nombre,  suivant  l'habitude  du  temps, 
sont  dirigés  contre  la  cour  de  Rome.  On  en 
trouverait  difficilement  aujourd'hui  une  collec- 
tion complète.  D'abord  une  imitation  libre  du 
premier  livre  du  Gargantua  de  Rabelais,  sous 


755  FISCHARÏ 

ce  titre,  difficile  à  traduire  :  Affentheurlich  Rmt- 
pengehoerliche  GeschïchtkiiJterung  (1552,  et 
dans  ua  autre  idiome,  1575  ).  On  reconnaît  dans 
cet  écrit,  delà  manière  la  pius  frappante,  toutes  les 
particularités  du  cai-actère  et  de  l'esprit  de  l'au- 
teur, telles  que  nous  les  avons  mentionnées;  — 
IMs  Glilckhafftsckiff  von  Zurich  (  Le  Fortuné 
Navire  de  Zurich  (1576)   est  un  récit  simple, 
mais  spirituel,  du  voyage  de  la  bouillie  au  millet 
que  les  habitants  de  Zurich  (1)  amenèrent  toute 
chaude  à  une  fête  des  habitants  de  Strasbourg, 
leurs  amis  et  alliés.  Cette  composition  en  vers 
fut  publiée,  d'après  une  copie  fidèle,  parHalling, 
avec  un  commentaire  de  l'éditeur  et  une  intro- 
duction relative  à  l'Histoire  des  Francs-Archers 
du  poëteUhland  (Tubingue,  iS2S}  ■,  —  Flœhhatz 
Weihertratz,    par    Huldrich    Elloposcleron 
(d'abord  sans  date,  puis  public  en  1572),  aiitre 
titre   bizarre,  à  peu    près   intraduisible   d'un 
poëme  rimé  qui  annonce  une  licence  extrême. 
Le  fond  de  l'œuvre  est  le  rapport  ancien  et  in- 
time qui  existe  entre  la  feqime  et  la  puce  ;  — 
Aller  Praktik  Grossmutter  (La  Grand'Mère 
de  toute  Pratique)  (1572);  —  Die  zehn  Aller 
cler  Weiber  (  les  Dix  Ages  de  la  Feinme  )  ;  — 
Podagrammtisch  Trosibuechlein  (  Consola- 
tions pour  les  Goutteux  (  1577  );  —  J)as  phi 
losophisch  Ehzxichtbuechlçin  (  Pliilosophie  de 
la  discipline   conjugale)    (1578);  —  Bienen- 
korb  des  Heilig.   liœmischen  Imenschivarms 
(La  Euchc  du  saint  Essaim  de  Rome),  par  Je- 
suwall  Pickhart  (1579),  dont  le  titre  allemand 
est  up  peu  plus  voilé  :  c'est  une  censure  amère, 
mais  fondée,  de  la  vie  dissolue  des  ecclésiastiques 
de  son  temj)S.  —  Dans  le  Gargantua  de  Fis- 
chart ,  en  trouve  aussi  des  essais  en  hexamè- 
tres allcniands,  qu'on  a  cru  fausserneilt  avoir 
été  les  premiers  vers  de  ce  mètre  publiés  daps 
la  langue  de  notre  poète;  ils  sont  riniés,  et  jeur 
construction  est  fort  arbitraire.  —  En  regftrd  de 
ces  productions  empreintes  d'une  verve  satirique, 
il  cqnvient  de  citer  upe  œuvre  plus  édifiante  : 
Psalmen  nnd  GeistUche  Lieder  (  Psaumes  et 
Cantiques  )  ;  Strasbourg,  1576. 

De  l'avis  de  Jean-Paul-Frédéric  Richtcr,  sous 
le  rapport  du  langage,  des  figures  et  de  l'abon- 
dance des  idées,  Fischftrt  l'emporterait'de  beau- 
coup sur  Rabelais ,  et  il  serait  son  égal  pour 
l'érudition  et  la  création  de  locntions  nouvelles 
faite  à  la  manière  d'Aristophane.  «  Fischart,  ajoute 
.)ean-Paul,  a  reproduit  plntôt  que  traduit  Rabe- 
lais, et  ce  fleuve  charriant  l'or  mériterait  bien  de 
rencontrer  un  habile  homme  qui,  versé  dans  la 
connaissance  des  langues  et  des  mœurs,  en  sût 

(1)  Les  Zurichois,  voulant  montrer  à  leurs  alliés  de 
Strasljours  oombicn  il  leur  fautlriiit  peu  de  lemps  pour 
accourir  à  leur  secours  en  cas  de  besoin,  envoyèrent  à 
un  tir,  auquel  le  magistrat  de  Strasbouig  les  avait  invi- 
tés, une  députation  quidesecndit  le  f\]iin  dans  la  journée, 
apportantdans  leur  bateau  une  chaudière  qui  renfermait 
une  bnpillie  rie  tnjllet  encore  toute  cliaude  a  leur  arrivée, 
sans  qu'on  eût  rien  l'ait  en  route  pour  la  récliauffer.  On 
conserve  encore  cette  chaudière  dans  une  salle  de  l'ar-, 
senal  de  Strasbourg. 


-  FISCHER  '  756: 

tirer  le  précieux  métal.  «  Son  cinquième  chapitre 
.sur  le  mariage  est  un  chef-d'œuvre  de  descrip- 
tion et  d'observations  sensuelles,  description 
chaste  pourtant  et  naïvement  franche,  comme  la 
Bible  et  comme  l'étaient  nos  ancêtres.  La  col-i 
lection  moderne  la  plus  complète  des  œuvres  de 
Fischart  a  été  en  la  possession  du  conseiller 
Grégoire  ftleusebach,  dp  ferlin,  [\E}\c..  ^ç^  G-  du 
M.,  avec  add.] 

Ersch  et  Gr\iber,^llQ.  Enc.  —  Conversat,-Lex. 

FiscHBECK  {Chrétien-Michel  ),  théologien 
allemand,  mort  vers  p37.  I|  fut  rpcteur  àLan- 
gensalza,  et  professeur  à  Gotha  en  1717.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Comv}mtatio  de 
prsecipuis  Doctpribus  ^çholx  Arnstadiensis ; 
Langensalza,  1710,  in-3°;—  Vitse  ^phprornni 
Langosalissensium;ibiA.,i7m,inr^ô;—Ethica 
christiana;  1713;  —  Summqrimn  Thealogise; 
ib.,  1715,  in-8";  —  Disputcido  de  magnis  Lu- 
theri  in  majestatevi  Promeritis;  Gqtha,  1717, 
in-4«  ;  —  Brevis  EûcpMmatio  Epistolœ  Pauli  ad 
Romano.s;\\M.,i~!W,  in-fi";  -^  Oormlius Ne- 
pos  ex  sua  recensione ;  ibid.,  1721,  in-8";  — 
Doctrina  Monini;  ibid.,  1725,  in-Sf;  —  He 
Eruditis  sinepietaie;  ibid.,  sans  date. 
Adelung,  suppi.  i\  .Inpchçr,  4flq.  r;e<,-/,ex. 

FISCHER,  nom  cpmmiin  ^  qn  assez  gra^d 
nombre  de  personnages  allen-janfls,  classe's  cIt 
dessons  par  ordre  chronologique. 

FJSCHER  D'ERLACH  (Jean-Bemard),  archi- 
tecte allemand,  né  à  Prague,  en  1 650,  ou  à  Vienne 
selon  quelques  biographes,  mort  vers  1740.  Il  se 
forma  à  Rome  à  l'école  de  Bernini,  dont  la  plu- 
part de  ses  œuvres  portent  l'empreinte.  A  son 
retour  en  Allemagne  (1696),  il  posa  les  fonde- 
ments du  château  de  Schœnbrunn,  qu'il  édifia  à 
l'entière  satisfaction  de  la  cour  de  Vienne.  Sa 
réputation  s'accrut,  et  de  nombreuses  entreprises, 
dont  quelques-unes  durent  être  continuées  par 
son  fils,  lui  furent  confiées.  Parmi  les  édifices 
construits  sur  ses  plans  ,  on  doit  rnentionnei- 
ie  palais  du  prince  Eugène,  dans  lequel  ce 
grand  capitaine  reçut,  en  1711,  l'ambassadeur 
de  Turquie  ;  lepalais  Batthijani;  Véglise  Saint- 
Charles  Borromée.  Sauf  quelques  traces  du 
mauvais  goût  de  son  école,  ses  constructions 
témoignent  d'un  talent  fécond  et  réel. 

Conversat.-Kex.  —  Nagler,  Neucs  Jllg.-KumU.-Lex. 

FBSCHER  {Joseph-Emmanuel),  mécanicien 
allemand,  fils  du  précédent,  né  vers  1680,  mort 
vers  1740.  Après  avoir  voyagé  en  Italie  et  en 
Angleterre,  il  acheva  plusieurs  édifices  commen- 
cés par  son  père,  et  construisit  en  1727  la  pre- 
mière macliine  a  vapeur  destinée  à  la  conduite 
des  eaux  du  jardin  de  Schwarzenberg.  11  fut 
anobli  par  l'empereur  Charles  VI  en  1731.  Le 
style  des  églises  qu'il  édifia  est  conçu  dans  le 
genre  rococo  adopté  par  son  père;  mais  l'or- 
(tonnance  de  ses  palais  est  supérieure  et  ne  man- 
que pas  d'élégance. 

Cpnversat.-.lex.  —  Magler.  Weues  ÂUg.  Kunstl.-Lex. 

wiscu^M  {Jean-André),  médecin  allemand, 
né  à  Erfurt,  en  1667,  moii  dans  la  ni'yiio  ville 


757 


en  1729.  Il  étudia  la  méelecine  à  Leipzig,  sous 
Paul  Ammann,  Jean  Bohn  et  Thomasius.  Reçu 
docteur  en  1691,  il  devint  peu  après  médecin 
pensionné  de  la  ville  d'Eisenach.  Rappelé  à  Er- 
furt  en  1695,  il  y  remplit,  pendant  près  de 
vingt  années,  la  place  dé  professeur  extraordi- 
naire de  médecine;  en  1717  il  remplaça  Vesti 
dans  la  chaire  de  pathologie  et  de  médecine 
légale,  et  devint  doyen  de  la  Faculté  en  1719. 
Dans  la  même  année  il  fut  nommé  médecin  et 
conseiller  de  l'électeur  de  Mayence.  Outre  ua 
grand  nombre  de  dissertations,  Fischer  a  laissé  : 
Consilia  medica  quee  in  usum  praeticum  et 
forensem,  pro  scopo  curandi  et  renunciandi 
adornata  5M«#;  Francfort,  1704-1712,  3  vol. 
in-8°;  —  Ilias  in  mtce,  séu  Medicina  sijnop- 
tica  medicinx  conciliatrici  subsecuturai  prai- 
missa;  Erfurt,  1716,  in-4'*;  —  Responsa  prac- 
tica;  Leipzig,  1719,  in-8°. 
t,loy,  Dici.  hist.  de  la  Médecine.  —  Biog.  médicale. 
FISCHER  {Jean-Eberhard) ,h\&iox\&a,  an- 
tiquaire et  voyageur  allemand  ,  né  à  Essling,  en 
1697,  mort  à  êaint-Pétersbourg,  le  24 septembre 
1771.  Après  avoir  fait  ses  études  en  Allemagne, 
il  se  renditen  Russie,  et  fut  un  des  membres  de 
!a  commission  envoyée  en  1739  dans  le  nord 
des  possessions  russes  asiatiques  et  jusqu'au 
Kamtschatka  pour  rendre  compte  au  gouverne- 
ment de  la  situation  de  ces  contrées  au  point  de 
vue  de  la  topographie,  de  la  géologie,  de  la  miné- 
ralogie,  de  l'ethnographie ,  etc.  Gè  voyage  fut 
tiès-profitable  pour  Fischer,  qui  y  recueillit  une 
foule  de  documents  consignés  dans  les  livres  que 
nous  citerons  tout  à  l'heure.  Le  savant  voyageur 
revint  à  Saint-Pétersbourg  en  1747,  y  professa 
l'histoire  et  l'archéologie,  se  livra  avec  ardeur  à 
la  rédaction  de  ses  ouvrages,  et  mourut  en  1771. 
Il  avait  été  nommé  membre  de  l'Académie  de 
Saint-Pétersbourg.  On  a  de  lui  :  Sibirische 
Geschichte  von  der  Entdeckung  Sïbiriens  bis 
mif  die  Eroberunq  dièses  Landes  durch  die 
Russischen  Waffen  (Histoire  de  la  Sibérie  de- 
puis la  découverte  de  ce  pays  jusqu'à  sa  con- 
quête par  les  Russes)  ;  Saint-Pétersbourg,  1768, 
2 'vol.  ïn-S".  Ce  travail  ne  fait  pas  honneur  à 
Fischer  -.  c'est  un  véritable  plagiat  au  préjudice 
de  Mijller,  dont  l'ouvrage  ,  encore  manuscrit , 
lui  était  tombé  entre  les  mains.  Il  fit  précéder  ce 
résumé  d'une  introduction,  où  il  émit  au  sujet 
des  Tartares  des  opinions  hardies,  mais  qui  ne 
reposent  pas  sur  une  base  solide.  C'est  là  tou- 
tefois la  partie  la  plus  remarquable  de  son  li- 
vre. Schlozer  en  a  donné  de  longs  extraits  dans 
le  XXXI''  volume  de  son  Histoire  universelle  ;  — 
Quxstiones  Petropolilanae ;  Gœttingue,  1770, 
in-S",  ouvrage  composé  de  quatre  dissertations  où 
il  traite  :  de  l'origine  des  Madgyai's  ou  Hongrois, 
qu'il  fait  descendre  des  Yongres;  des  Tartares  j 
de  leur  nom  ;  des  anciens  Mongols  et  de  leur 
langue  ;  des  différents  noms  de  la  Chine  et  des 
titres  que  portent  les  empereurs  chinois  ;  des 
hyperboréens,  et  des  questions  oui  se  rattachent 


FISCHER  '  758 

à  l'histoire  et  à  l'origine  de  ces  peuples.  Fischer 
publia  aussi  en  allemand,  dans  le  Calendrier 
historique  de  Saint-Pétersbourg  pour  1770,  un 
mémoire  Sur  la  langue  et  Vorigine  des  Mol- 
daves, et  un  autre  sur  VOrigine  des  Améri- 
cains, 1771.  La  bibliothèque  de  Gœttingue 
possède,  en  manuscrit,  un  Vocabulaire  sibé- 
rien dont  Fischer  lui  avait  fait  hommage. 
A.  Bonne AU. 


Backmeisterj  Russische  Biblioth.  —  Meuse!,  l.exikon 
der  van  Ja/ire ,  1750-1800 ,  verstorbenen  teutschen 
Schrift  si  filer. 

FISCHER  {Jean- Bernard),  médecin  et  po- 
lygraphe  allemand ,  né  à  Lubeck ,  le  28  juillet 
1685,  mort  le  8  juillet  1779.  Il  étudia  la  médecine 
à  Halle,  léna,  Leyde,  Amsterdam ,  puis  il  visita 
la  France  et  l'Angleterre.  Revenu  en  Allemagne, 
il  alla  exercer  la  iflédpeine  à  Riga,  où  j|  devint, 
ep  1735,  président  du  cpljége  méd!(ial.  Efl  1736 
rimpératrice  Anne  le  choisit  pour  son  rjiédecin, 
je  nomma  archiâtre,  et  |ui  confia  la  direction  de 
la  médecine  dans  l'enipjre  russe.  Quelque  tepips 
après,  l'empereur  Charles  VI  lui  expédia  des 
lettres  de  noblesse ,  et  l'Académie  des  Cqrieux 
de  1^  Nfitwre  l'admit  dans  son  sein.  A  l'avé- 
nement  d'Elisabeth,  en  1740,  Fischer  dut  céder 
la  direction  suprême  du  service  médical  au  fa- 
vori Lestocq.  Il  se  retira  alors  à  Hinterbergen 
en  Livonie,  ou  il  finit  ses  jours.  Qn  a  de  lui  : 
Hinterbergens  allgemeine  uiid  eigene  Win- 
ter-und  Sommerhist,  etc.  (les  Agréments  d'hi- 
ver et  d'été  d'Hinterbergen,  etc.),  en  vers  ;  Riga, 
1745,  'm-^°;  —  Montan's  zu  Hinterbergen 
Erklaerung  des  fidelsteins  çim  Kometen , 
dessen  er  in  seineni  1745  zxi  Riga  gedruck- 
ten  Gedichte  ,  Hinterbergens  Winter-und 
Somnierhfst  genannt,  Erwsehnung  gethan 
Uvlacndisches  Landivlrthsclwftsbuch,  etc. 
(  Livre  de  l'économie  politique  en  Livonie,  sup- 
plément à  l'oiivrage  précédent ,  etc.  )  ;  Halle , 
1753,  in-8°;  —  De  Senio  ejusque  gradibus , 
et  morhi^ ,  necnon  de  ejusdem  acqulsitione 
TractatxiSi  Erfurt,  1754,  in-S",  avec  une  préface 
de  Buechner  ;  et  1760  avec  des  notes  de  Ranchin, 
Flqyer,  efc.  ;  —De  Febre  miliari,  purpura , 
alba  dicta,  etc.;  Riga,  1767,  in-8°. 

Gadebuscli,  Liefl.  liibl.  ~  Biographie  médicale. 
FISCHER  (Edmond-Rodophe) ,  érudit  alle- 
mand, né  à  Hasen-Preppach ,  le  28  novembre 
1687,  mort  le  l'""jnin  1776.  Ilreçutde  son  père, 
qui  était  prédicateur,  sa  première  instruction. 
Il  continua  ses  études  au  gymnase  de  Cobourg 
et  à  l'université  de  Wittemberg,  et,  après  s'être 
livré  à  la  théologie,  il  fut  chargé  en  1717  de 
suppléer  son  père.  Dé  1721  à  1741,  il  fut  succes- 
sivement diacre,  archidiacre  et  doyen.  En  1758 
il  parvint  à  la  dignité  de  général  superintendant 
(archevêque  protestant)  ;  en  même  temps  il  de- 
vint membre  du  conseil  consistorial  et  profes- 
seur au  gymnase  de  Cobourg.  On  a  de  lui  :  De 
(->£oSp6tJioi;,  veteris  Ecclesias  légat is ,  in  sancti 
Ignatli  Epistolam  ad    Polycarpum  brevis 


759 


Commentatio,  etc.;  Cobourg,  1717;—  Dos 
Leben  Ernst  -  Salomon  Cyprian's,  etc.  (Vie 
d'Ernest-Salbmon  Cyprien,  etc.)  ;  Leipzig,  1749; 
—  Vita  Joannis  Gerhardi,  etc.;  Leipzig,  1723 
et  1727,  sous  cet  autre  titre,  inaprimé  à  l'insu 
de  l'auteur  :  Historia  ecclesiastica  saeculi  XII, 
in  vita  Johannis  Gerhardi ,  etc.  ;  —  Voll- 
staendiges  Kirchenbuch ,  etc.  (Livre  complet 
d'église,  etc.);  Cobourg,  1743,  in-4°;  —  Rich- 
tige  Anweisung  zum  rechten  Gebrauch  des 
kleinen  Katechismus  Luther's  (La  plus  sûre 
manière  de  se  servir  du  petit  catéchisme  de 
Luther);  Cobourg,  1747;  —  De  eligenda 
inter  christianos  religione  dissidentes  sen- 
tentia  brevis  Gonsultatio ,  etc.;  Cobourg, 
1734. 

Ersch  et  Graber,  Allg.  Enc.  —  Sax.,  Onom.  liter. 

FISCHER  (Daniel),  médecin  hongrois,  né  à 
Kaesmark,  le  9  novembre  1695,  mort  en  1745. 
Il  étudia  la  médecine  à  Wittemberg,  et  fut  élevé 
au  doctorat  en  1718.  De  retour  dans  sa  ville 
natale,  il  en  devint  le  médecin  pensionné,  et  ob- 
tint peu  après  le  titre  de  médecin  de  INicolas 
Csacky,  évêque  de  Gross-Wardein.  En  1719,  il 
entra  sous  le  nom  de  Cajtis  à  l'Académ^ie  impé- 
riale des  Curieux  de  là  Nature.  «  Depuis  long- 
temps, dit  la  Biographie  médicale,  on  a  oublié 
les  elixirs  et  poudres,  décorés  de  noms  pompeux, 
dont  il  a  surchargé  la  matière  médicale.  On  con- 
sulte même  très-rarement  ses  ouvrages.  »  En 
voici  les  titres  :  Tentamen  pneumatologico- 
physicum  de  mancipiis  diaboli  seu  sagis  ; 
Wittemberg,  1716,  in-4°;  —  Commentationes 
physicx  de  calore  atmospherico ,  non  a 
sole,  sed  a  pyrite  fervente  deducendo  ;  Baut- 
zen,  1722,  in-4'>;  —  De  Terra  medicinali  To- 
kajiensi,  a  chimicis  quibusdam  pro  solari 
habita,  Tractatus  medico-chimicus  ;  Breslau, 
1732,  in-4o;  —  Epistolainvitatoria  ,  eruditis 
Pannoniee  dicata,  qua  ad  Acta  eruditorum 
Pannonica,  res  et  eventus  naturales,  ac 
morbos  patrios  exponentia ,  edenda  perhu- 
maniter  invitantur  ;  Brieg,  1732,  in-4°;  — 
De  Remedio  rusticano,  variolas  per  balneum 
primo  aquae  dulcis,  post  seri  lactis,  féliciter 
curandi;  Erfurt,  1745,  in-4°.  D'après  Éloy, 
«  cette  pièce  appuie  sur  les  bons  principes.  La 
méthode  d'employer  le  bain  d'eau  tiède  avant 
l'éruption  de  la  petite  vérole  est  adoptée  par  la 
plupart  des  praticiens.  » 

Horanyl,  Memoria  Hungarorum  et  provincialiûm . 
Éloy,    Dict.  hist  de  la   Médecine.  —Biog.  médicale. 

FISCHER.  (Jean-Chrétien),  polygraphé  al- 
lemand, né  en  1708,  à  Groeben,  mort  le  21  mars 
1793.  Il  étudia  à  léna,  y  devint  maître  es  arts, 
puis  adjoint  à  la  Faculté  de  philosophie.  Il  aban- 
donna ensuite  le  professorat  pour  se  faire  li- 
braire, et  fut  nommé  conseiller  de  commerce. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Demonstratio 
de  obligatione  hominis  ad  religionem  na- 
turalem  et  revelatam  ;  1737;  —  Disputatio 
de  judicio  phrasium  stili  romani,  vulgo  ne- 


FISCHER 

glecto ;lém,  1738,  iû-4°; 


760' 

Panegyricus  iri 


Fridericum  II,  Borussix  regem;  ibid.,  1740, 
in-4°  ;  —  Sarasse  Ars  semper  gaudendi;  léna, 
1740,  in-i"  ;  —  JaniNicii  Erythrœi  Epistolae 
ad  Tyrrhenum  et  ad  diversos;  ibid.,  1740, 
in-i"  ;  —  Jani  Nicii  Erythrœi  Orat.  XXII;  Al-, 
tenbourg,  1741,  in-8°;  —  B.  G.  Struvii  IntroA 
diictio  in  notitiam  rei  litterariœ  ;  Francfort  et 
Leipzig,  1754,  in-S"  ;—Acta  depositionis  Wen- 
ceslai ;  1754,  in-4°;  —  Neueste  Juristen-Biblio- 
thek  (  Nouvelle  Bibliothèque  du  Jurisconsulte)  ; 
1775,  in-8";  —  Hellfeldi  Opuscula  et  dis- 
sertât, juris  civilis  privati;  ibid.,  1775,  in-4°. 

Meusel,  Gel.  Deutschl. 

FISCHER  (  Jean-Frédéric  ),  philologue  alle- 
mand, né  à  Cobourg,  le  10  octobre  1726,  mort 
le  11  octobre  1799.  Son  père,  qui  était  un  savant 
distingué,  lui  donna  les  premiers  rudiments  de 
la  science.  Il  étudia  ensuite  au  gymnase  de  sa 
ville  natale.  En  1744,  il  alla  compléter  ses  études 
à  l'université  de  Leipzig,  où  il  eut  pour  maîtres 
Ernesti,  Kapp,  Winkler,  Hebenstreit  etKaest- 
ner.  Il  débuta  dans  l'enseignement  par  le  pré- 
ceptorat. Reçu  maître  es  arts  en  1748,  il  fut 
autorisé  à  prendre  le  titre  de  Docent  (  répéti- 
teur universitaire).  En   1751   il  devint  co-rec- 
teur  à  l'école  Thomas  en  remplacement  de  Hiilse  ; 
en  1762  il  fut  nommé  professeur  agrégé,  et  en  | 
1767  il  obtint  le  rectorat  du  Collège  des  Princes. 
Sa  profonde  érudition  le  mit  à  même  de  rendre 
de  grands  services   dans  l'enseignement.   Les 
ouvrages  de  ce  savant  sont  nombreux,  et  por- 
tent sur  les  littératures  grecque  et  latine  et  sur 
l'Écriture  Sainte.  Les  œuvres  de  la  première  ca- 
tégorie sont  :  JEschinis  Socrattci  Dialogi  très, 
in  usum  scholarum  editi;  Leipzig,  1753;  — 
Anacreontis  Carmina;  Leipzig,  1754  ;  —  Mœ- 
ridis  atticistse  Aé^etç  Arrtxwv  xai  ÏXXi^vtov  ;  ac- 
cedit  Timsei  sophistee  Lexicon,  curavit  nofas- 
que  suas  adjecit  et  prse/atus  est  J.-Fr.  F.  ; 
Leipzig,  1756;  — Axiochus  grœce  rec.  notis  il- 
lustravit  indicemque  verborum  locupletissi- 
mum  cum  H.  Wolfii  versions  latina  notis- 
que  uberioribus  adjecit  J.-Fr.  F.  ;  Leipzig, 
1788;  —  Paleephatus  de  incredïbilibus,  ^um 
animadversionibus  et  indice;  Leipzig,  1761  et  i 
1777;  —  Platonis  dialogi  quatuor   (Euty- 
phro,  Apologia,  Crito,  Phasdo),  cum  varietate 
lectionis  et  animadversionibus  criticis  ;  Leip- 
zig, 1770  et  1783;  —  Platonis  Cratylus  et 
Thesetetus,  cum  animadversionibus  ;   1770; 
—  Dialogi  très  (  Sophista ,  Parmenides,  Po- 
liticus)  grasce,  animadversionibus  criticis  il- 
lustrati  ;  1776  ;  —  Rhetores  selecti,  Demetrius 
Phalereus ,  Demetrius  rhetor,  Tiberius  rhe- 
tor,    anonymus   Alexandrinus  iterum  edi- 
dit   varietatemque  editionis  Aldinse    adje- 
cit J.-Fr.  F.;  Leipzig,  1773;  —  une  édition  des 
Caractères  de  Théophraste ;  Cobourg,  1763. 
Cette  édition,  accompagnée  de  la  réimpression  des 
notes  de  Casaubon,  est  un  excellent  index;  — 
Libellus  animadversionum  quibus  Jac.  Vel-  ■ 


761  FISCHER 

lerï  grammatïca  grxca  emendatur,supplehir, 
illiistratur ;  1798-1801,  en  2  parties;  continué 
par  Kûhncêl.  On  remarque  dans  cette  continua- 
tion un  appendice  intitulé  :  Vtilissïmse  virorum 
industrix ;—Aristophanis  Plutus  J.-Fr.  F.; 
Giessen,  1804  et  1805,  2  vol.;  —  Commentarius 
in  Xenophontis  Cyropœdiam;  1803.  Les  prin- 
cipaux travaux  de  Fischer  sur  la  littérature  latine 
sont  :  une  édition  de  Justin,  avec  des  notes  de 
Grœvius  et  de  J.-Fr.  Gronov  ;  —  Ovidii  opéra 
omnia,  e  rec.  Nicolai  Heinsii,  cum  ejusdem 
notis  integris;  Leipzig,  1758  et  1773  ;  —  Florus; 
1760  ; —  Selectse  e  profanis  scriptoribus  His- 
toriée; 1765  et  1784.  Ses  ouvrages  sur  l'Écriture 
et  les  matières  analogues  sont  :  une  édition  de 
la  Clavis  N.  et  V.  T.  de  Chr.  Stoch;  1752  et 
1753  ;  —  une  édition  augmentée  de  /.  Leusdenii 
De  dialectis  JS.  T.,  singulatim  de  ejus  ebrais- 
mis,  Libellus,  1754  et  1792,  avec  le  Commen- 
lariolus  de  adagiis  N.  T.  hebraicis  de  Vors- 
tius  ;  —  Georg.  Pasoris  Lexicon  vianuale 
N.  T.  emendatum  et  auctuni;  1755;  —  Cla- 
vis reliquiarum  versionum  grascarum  V.  T. 
Aquilas,  Symmachi ,  Theodotionis ;  1758;  — 
fo.  Vorstii  De  hebraismis  N.  T.  Commenta- 
rius, etc.;  1778;  —  Prolusiones  de  vitiis 
lexicorum  N.  T.;  ini-il'èQ;  — Prolusiones 
de  versionibus  greecis  V.  T.  literarum  he- 
braicarum  magistris  ;  1772;  —  Prolusiones 
quinque  in  quibus  varii  loci  Ubrorum  dïvi- 
norum  utriusque  Testamenti  eoi'umque  ver- 
iioninn  veterum,  maxime  Grsecorum,  expli- 
caniur  atque  illustrantur  ;  Leipzig,  1779. 
Fischer  a  composé  en  outre  de  nombreux  pro- 
grammes, parmi  lesquels  :  De  Joachimo  Ca- 
merario,  grammatico  pariter  atque  theologo 
excellente;  1762,  in-4°;  —  Oratiunculee  octo 
de  virtutibus  et  ornamentis  Ernesti  PU  at- 
que Viti  Ludovici  Sequendorfii  recitatse  ; 
Leipzig,  1777. 

Vi^imoe\^Narratio  de  Joli.-Friderico  Fischero.  — 
SchlichtegroU,  Nehrolog  auf  das  Jahr,  1799.  —  Harles, 
Fitx  philolog. 

*  FISCHER  {Jacques- Benjamin),  naturaliste 
livonien,  né  à  Riga,  en  1730,  mort  le  6  juin  1793. 
Il  fut  comptable  à  la  Maison  des  Orphelins  de 
Riga,  ce  qui  ne  l'empêcha  point  de  se  livrer  à 
l'étude  des  sciences  naturelles.  Outre  des  ar- 
ticles insérés  dans  la  Lïvlaendische  Bïbliothek 
(  Bibliothèque  Livonienne)  de  Gadebusch,  on  a 
de  Fischer  ;  Versuch  einer  Naturgeschichte 
von  Livland  (Essai  d'une  Histoire  naturelle  de 
laLivonie);  Leipzig,  1788,  et  Kœnigsberg,  1791, 
avec  add.  La  partie  relative  à  l'art  vétérinaire  a 
été  traduite  en  russe;  Moscou,  1774;  —  Abriss 
eines  neuen  Syst€7ns  ueber  die  menschliche 
Natur  (Abrégé  d'un  nouveau  système  sur  la 
nature  humaine)  ;  Kœnigsberg,  1791. 

Hupel,  Nordische  Miscellanen.  —  Meusel,  Lex.  der 
vom  J.  1750-1800  verstorbenen  teutschen  Sc/iriftstel- 
ler.  111. 

FISCHER  {Chrétien-Gabriel),  naturaUste  al- 
I  lemand,  mort  en  décembre  1751.   Disciple  de 


762 
Wolf,  il  fut  entraîné  dans  les  persécutions  sus- 
citées à  son  maître  et  obligé  comme  ce  dernier 
de  quitter  le  pays,  en  1725.  Il  se  rendit  alors  à 
Dantzig,  y  fit  des  cours,  visita  l'Italie,  la  France 
et  l'Angleterre,  d'où  enfin  il  revint  à  Kœnigs- 
berg. On  a  de  lui  :  Examen  laboris  menstfui 
Theophili  Amelii;  Kœnigsberg,  1712;  — 
Qusestio  philosophica  an  spiritus  sintin  loco; 
ib.,  1723,  in-4'';  —  Notée  et  animadversiones 
ad,  Plinii  Hist.  natur.,  I,  9,  c.  33,  n.  52,  de  Con- 
charum  differentiis  ;  dans  les  Acta  Erud. 
1733;  —  Demonstratio  solida  de  obligatione 
hominis  ad  religionem  et  naturalem  et  re- 
velatam;  léna,  1736,  in-8";—  Vernim/tige 
Gedanken  von  der  Natur  (  Pensées  raisonna- 
bles sur  la  nature). 

Dunkel,  Nachr.,  11. 

FISCHER  (  Gottlob-Nathanael),  philologue 
allemand,  né  à  Graba,  près  de  Saalfeld,  le  12 
janvier  1748,  mort  le  20  mars  1800.  11  dut  sa 
première  instruction  à  son  père,  pasteur  à  Saal- 
feld ,  puis  il  étudia  dans  les  écoles  de  sa  ville 
natale.  A  la  mort  de  son  père,  en  1762,  il  fut  re- 
cueilli et  instruit  à  Halle,  dans  la  maison  des 
orphelins,  et  tels  furent  ses  progrès  qu'il  put 
compléter  ses  études  à  l'université  dès  1766  et 
entrer  dans  l'enseignement  Tannée  .suivante. 
Lié  avec  Gleim,  il  obtint  en  1775  le  rectorat  de 
l'école  Martin  à  Halberstadt.  Depuis  1783  jus- 
qu'à sa  mort,  il  fut  recteur  de  l'école  de  la  ca- 
thédrale. Outre  de  nombreux  travaux  philolo- 
giques et  diverses  brochures  insérées  dans  les 
recueils  du  temps,  et  ayant  surtout  pour  objet 
l'améUoration  de  l'enseignement,  on  a  de  Fis- 
cher :  Olavides  und  Rochow;  1779;  —  Florile- 
gium  Latinum  anni  eerae  christianae  1786; 
Leipzig;  —  Freimiithige  Briefe  ûber  das 
Religionsvereinigungswesen  (Lettres  d'un  li- 
bre penseur  sur  la  que.stion  de  l'unité  reli- 
gieuse); Leipzig,  1782,  et  Berlin,  1787. 

Meusel,  Lexih.  der  verstorbenen  Schriftsteller.  — 
SchlichtegroU,  Nehrolog,  XI. 

FISCHER  {Frédéric -Christophe-Jonathan), 
publiciste  et  historien  allemand,  né  à  Stuttgard, 
en  1750 ,  mort  en  1797.  Il  fut  élevé  dans  sa  ville 
natale  et  à  Tubingiie.  Venu  à  Vienne  en  1775,  il 
y  remplit  jusqu'en  1778  les  fonctions  de  secré- 
taire de  la  légation  de  Bade.  En  1779,  il  fut 
nommé  professeur  de  droit  public  à  l'université 
de  Halle,  et  garda  cet  emploi  jusqu'à  sa  mort.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Versuch  einer  Ge- 
schichie  der  deutschen  Erbfolge  (Essai  d'une 
histoire  du  droit  de  succession  en  Allemagne  )  ; 
Memmingen,  1778;  —  Die  Erbfolgsgeschichte 
unier  Seïtenverwandten  in  Deulschland 
(Histoire  du  droit  de  succession  entre  collaté- 
raux en  Allemagne);  Leipzig,  1782;  —  Die 
Erbfolgsgeschichte  im  Herzogthtim  Baient 
(Histoire  du  droit  de  succession  en  Bavière); 
Leipzig,  1778-82;  —  Geschichte  des  Despotis- 
mus  in  Deutschland  {  Histoire  du  Despotisme 
en  Allemagne);  Halle,   1780;  —   Geschichte 


7e3 


FISCHER 


Friedrich' s  II  Kœnig  von  Prenssen  (Histoire 
de  Frédéric  II,  roi  de  Prusse);  Halle,  1787  ;  — 
Geschichte  des  deutschen  Handels  (  Histoire 
du  Commerce  allemand  )  ;  Hanovre,  t791-97. 

Conversat.-Lex. 

FISCHER  {Jean-Léonard),  chirurgien  alle- 
mand, né  à  Culmbach^  le  19  mai  1760,  mort  le 
8  mars  1763.  Il  étudia  à  Leipzig,  y  devint  prosec- 
teur, docteur,  enfin  professeur  agrégé.  En  1793 
il  fut  appelé  à  professer  l'anatomie  à  Kiel.  On  a 
de  lui  :  P.-Ch.-F.  Werneri  Vermium  intesti- 
7iaUum  brevis  Expositio,  publié  par  cahiers 
de  1786  à  1788;  ouvrage  dont  Fischer  a  donné 
la  continuation;  —  Historia  Teenise  hydati- 
gense  in  plexu  choroideo  nuper  inventée} 
Leipzig,  1789;  —  Descriptio  anatomica  Ner- 
vorum  himbaliwm,  sacralium  et  extremi- 
tatum   inferiorum;   Leipzig,    1791,    in-fol, ; 

—  Aniveisung  zur  praktischen  Zergliede- 
rungskunst  (  Méthode  d'Anatomie  pratique  )  ; 
Leipzig,  1793. 

Ersch  et  Gruber,  Allg.  Enc. 

FISCHER  { Jean-Char  les  {),  physicien  et  ma- 
thématicien allemand,  né  à  Altstisdt,  le  ii  dé- 
cembre 1760,  mort  le  22  mai  1833.  Outre  divers 
ouvrages  destinés  à  l'enseignement  des  mathé- 
matiques, on  a  de  lui  :  Physïkolisches  Wœrter- 
biich  (Vocabulaire Physique)  ;  —  Geschichte  der 
Physik  seit  der  Wiederlierstellung  der 
Kuenste  (Histoire  de  la  Physique  depuis  la  re- 
naissance des  arts);  Leipzig,  1801-1808,  8  vol.; 

—  Abhandluïig  von  der  Duengung  (  Traité 
des  Engrais)  ;  Leipzig,  1803;  —  Grundriss  der 
gesammten  Mathemaiik  (  Princiioes  de  l'En- 
semble des  Sciences  mathématiques  )  j  Leipzig , 
j  807-09. 

Ersch  et  Gruber,  AlUj.Enc. 

FISCHER  {Gotthelf- Auguste),  mathémati- 
cien allemand,  né  à  Okrylla,  le  28  août  1763, 
mort  le  8  février  1832.  En  1779  il  entra  comme 
sous-canonnier  dans  l'artillerie  saxonne.  Déjà 
versé  dans  les  sciences  mathématiflues,  il  devint 
bientôt  sous-officier,  et  fut  autorisé  à  suivre  les 
cours  de  l'école  d'artillerie.  Quatre  ans  plus  tard 
il  fut  nommé  artificier.  Il  continua  alors  ses 
études,  et  se  lia  avec  le  major  Lehmann,  qui 
l'encouragea  à  se  livrer  aux  mathématiques  ap- 
pliquées. Fischer  se  retira  du  service  militaire  en 
1794,  et  devint  professeur  à  l'École  des  Pages  de 
Dresde.  En  1815  il  professa  à  l'École  des  Cadets 
du  royaume  de  Saxe,  et  en  1818  à  l'École  d'Ar- 
chitecture dépendante  de  l'Académie  des  Arts  de 
Dresde.  A  cet  enseignement  il  joignit  ensuite 
celiii  des  mathématiques  à  l'Institut  polytech- 
nique, fondé  en  1828.  Ses  ouvrages  sont:  Samm- 
lung  der  vorzueglichsten  im  Forstivesen  vor- 
kommenden  Rechnungsaufgaben  (Recueil  des 
principaux  problèmes  de  calcul  qui  se  présen- 
tent en  matière  forestière)  ;  Pirna,  1805  ;  —Bas 
Kopfrechnen,  axij  phijsikalische ,  militairis- 
che,  etc.,  Gegenstaende  angewandt  {LeCal- 
cul  de  Tête  appliqué  à  des  sujets  physiques , 


militaires,  etc.);  Dresde,  1808  et  1812;-^: 
Zahlenrechmtng {Anthmétu\ue)  ;  ib.,  1826;  — - 
Buchstabenrechnimg  (Algèbre);  ib.,  1823;  — 
Constriiirende  Géométrie  (  Géométrie  des  Cons- 
tructions) ;  1825;  —  Rechnende  Géométrie 
(Géométrie  numérale);  1826;  —  Krumnb- 
linige  Géométrie  (Géométrie  des  Courbes)} 
1828  ;  -a-  Anfangsgruende  der  Siatik  und  der 
Dynamik  /ester  Koerper  (  Principes  élémen- 
taires de  la  Statique  et  de  la  Dynamique  des 
corps  solides);  Dresde,  1822;  —  Anfangs- 
gruende der  Hydrostatih  und  Hydraulih 
(  Principes  élémentaires  d'Hydraulique  et  d'Hy- 
drostatiqiie  )  ;  ibid.,  1824. 
Ersch  et  Gruber,  Allg.  Enc. 

FîsCHER  {Chrétien- Auguste),  littérateur  alle- 
mand j  né  à  Leipzig^  le29aoûtl771,mortàMayeil- 
ce,  le  14  avril  1829.  De  1792  à  1798,  i!  Visita  pouf 
des  affaires  de  commerce  la  Suisse,  l'Italie,  la 
France,  l'Espagne ,  la  Hollande  et  la  Russie  d'Eu- 
rope. Revenu  en  Allemagne ,  il  entra  dans  M 
carrière  de  l'enseignement,  et  fut  nommé  eH 
1814  professeur  de  belles-lettres  à  Wiirtzbourg, 
Une  brochure  publiée  sôus  le  pseudonyme  de 
Félix  de  FroelichsheiMf  et  intitulée  :  Katzen- 
sprung  von  Frankfurt  7iach  Mûnchen  (Saut 
de  chat  de  Francfort  à  Munich),  Leipzig,  1821, 
dans  laquelle  ii  attaquait  l'administratioit  ba- 
varoise ,  le  fit  incarcérer  pendant  trois  ans* 
Rendu  à  la  liberté  en  1824  ,■  il  se  retira  à 
Francfort,-  puis  à  Mayence,  où  il  mourut.  Ses 
principaux  ouvragés  sont  :  Reise  von  Amster- 
dam uebër  Madrid  und  Cadix  nach  Genua 
(Voyage^  par  Madrid  et  Cadix,  d'Amsterdairi 
à  Gênes);  Berlin,  1799;  —  Gemaelde  von 
Madrid  (Tableaux  de  Madrid);  Berlin,  1802  j> 
—  Geiilaelde  von  Valence  (Tableaux  empruntés 
à  la  ville  de  Valence  ),  d'après  Cavanilles; 
Leipzig,  1803;  —  Gemaelde  von  Spànien 
{  Tableaux  de  l'Espagne),  d'après  Laborde; 
1809-10; —  Bergreisen  (Voyages dans  les  mon- 
tagttës)  ;  Leipzig,  1 804  ;  —  Reise  nach  Blontpel- 
lier  (Voyage  à  Montpellier);  Leipzig,  1805;  — 
Reise  nach  Hyeres  (Voyage  à Hyères)  ;  Leipzig, 
1 806  ;  —  Allgeméîjié  unterhalteiide  Èibliothek 
{ Bibliothèque  universelle  et  récréa;! ive  )  ;  Ber- 
lin ,  1806-1808;  —  Gemaelde  von  BrasilieH 
(Tableaux  du  Brésil);  Pesth,  IS19. 

Conversai.- Lexik. 

FISCHER  {Gotthelf) ,  médecin,  chîiihisfe  et 
bibliographe  allemand,  né  à  Waldheim,  îê  15  oc- 
tobre 1771.  Il  professa  d'abord  l'histoire  natu- 
relle à  Mayence,  fut  reçu  docteur  en  médecine  È 
l'université  de  Leipzig,  et  devint  professeur  d'bis- 
toire  naturelle  etdirecteurdu  Muséum  deMoscoii. 
Parmi  ses  écrits,  assez  nombreux,  on  remarque  : 
Versuch  ueber  die  Schvnmmblase  der  Fls- 
che,' aie.  (Essai  sur  la  vessie  natatoire  des  pots'- 
sons);  Leipzig,  1795,  in-8^.  Dans  cet  ouvrage, 
Fischer  constate  le  mélange  de  l'azote  avec  l'oxy- 
gène et  l'acide  carbonique  dans  la  vessie  nata- 
toire des  poissons  ;  —  Ueber  die  verschiedene 


7  (-.5 


FISCHER  —  FJSHER 


766 


Form  des  Intermcixillarhnochens  in  verschie- 

denen  Thieren  (Des  diverses  formes  dé  l'os  in- 
termaxillaire dans  les  animaux);  Leipzig,  1800, 
■in-S";  —  Beschreibting  eïnïger  typographis- 
chen  Seltenheiten ,  nebst  Beytrxgen  %.ur  Er- 
ifindungsgeschichte  der  Buchdruckerkunst 
(Description  de  quelques  raretés  typographiques, 
avec  des  mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de 
l'art  de  l'imprimerie);  Mayence  et  Nuremberg, 
1800-1804;  — ^  Mémoire  poitr  servir  dHntro- 
'duetion  à  un  ouvrage  sur  la  respiration  des 
rniimaux,  contenant  la  bibliographie;  suivi 
(le  quelques  remarques  sur  les  milieux  des 
vers  intestinaux ,  et  en  particulier  sur  le  cys- 
tidicola  farionis;  Paris,  J798,  in-8°;  —  Èssdi 
ratr  les  momiments  ttjpographi^ues  de  Jean 
Gutlenberg ,  Maijençais ,  inventeur  de  Vim- 
primerie;  Mayence  ,  1802,  ih-4°;—  Dûs  JSd- 
lional-Miiseum  der  Natûrgeschichte  zu  Paris, 
von  seineni  erstën  Tjrspnifige  bis  zu  seinem 
jetzigen  ëlanze  gescMldert  (  Le  Muséum 
d'Histoire  iiâttlfellë  de  Paris  dëpeiflt  depiiis  son 
origine  jusqu'à  son  état  de  splendeur  actuel  j  ; 
Francfort-sur-le-Mein ,  1803,  1  vol.  m-8°;  — 
\Notice  du  premier  monument  typographique 
en  caractères  mobiles  avec  date  connue  jus- 
qu'à ce  jour;  Mayence,  1804  ,  in-4°;  —  Lettre 
au  citoyen  E.  Geoffroy  sur  une  nouvelle  es- 
pèce de  loris  j  accompagnée  de  la  description 
d'un  crdniomètre  de  nouvelle  invention; 
Mayence,  1804,in-4°;  —  Anatomie  der  Maki 
und  der  ihnen  verwandten  Thiere  (Anatomie 
des  Makis  et  des  animaux  qui  sont  parents  de 
cette  espèce  )  ;  Francfort ,  i  804  ,  in-4°  ;  —  Ver- 
such  die  Papierzeichen  als  Kennzeichen  der 
Alterthumskunde  anzuv>enden  (Essai  sur  ia 
manière  de  reconnaître  aux  marques  du  papier  des 
livres  l'ancienneté  de  leur  impression);  Nurem- 
berg, 1804,  in-8";  —  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle de  l'Université  impériale  de  Moscou,  mis 
en  ordre  et  décrit;  Moscou,  1806,  in-4'^;  —  Ca- 
talogue systématique  des  livres  de  la  biblio- 
thèque de  Paul  de  Demidoff;  Moscou,  1806, 
in-4"  ;  —  une  traduclion  allemande  des  Apho- 

ismes  sur  la  physiologie  chimique  des  plantes 
deHumboldt;  Leipzig,  1794,  in-8°;  —  une  tra- 

iction  des  deux  premiers  volumes  des  Leçons 
d\4natomie  comparée  par  Cuvier  ;  Brunswick , 
1801-1804,  in-S". 

Biographie  médicale^ 

*  PISBN  {Barthélémy  ) ,  historien  belge,  né 
il  Liège  i  en  1591,  mort  datis  la  même  ville,  le 
26  juin  1649.  Il  enti'a  dans  la  Société  de  Jésus  en 
1610,  fut  professeur  des  classes  élémentaires, 
[luis  de  rhétorique,  devint  successivement  i-ec- 
teùf  des  collèges  d'Hesdid,  de  Dinant  et  de  Lille, 
et  enfin  directeur  des  jésuites  qui  faisaient  leur 
troisième  épreuve,  ou  leur  second  noviciat.  Fisen 
était  profondément  versé  dans  l'histoire  des  an- 
tiquités de  la  Belgique  ,  et  surtout  de  la  princi- 
pauté de  Liège.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
>iancta  Legia,  Roman œE ce lesia  filiu,  sive  his- 


ioria  Ecclesiae  Leodiensis  ;  Liège,  1642,  in-fol.' 
2*  édit.,  ibid.,  1696,  in-fol.,  sous  le  titre  suivant  : 
Sancta  Legia,  Romanee  Ecclesiae  filia,  sivehis- 
ioriarum  Ecclesise  Leodiensis  partes  duse , 
quarum  prima  ab  ipso  auctore  aucta  fuit 
atque  recognita,  et  secunda  nunc  primurii 
in  lucem prodita  ;  —  Flores  Ecclesiœ  Leodien- 
sis ,  sive  vïtx  vel  elogia  sanctorum  et  alio- 
runi  qui  illustriori  virtute  hanc  diœcesim 
exornarunt ;  LiWe ,  1647,  in-fol.  (dédié  à  Guil- 
laume de  Lamboy,  maréchal  de  l'Empire).  Cet 
ouvrage  contient  des  hstes  des  abbés  et  abbesses 
de  tous  les  monastères  du  diocèse  de  Liège.  Fi- 
sen est  impartial,  mais  ses  écrits  sont  entière- 
ment dépourvus  de  critique.      E.  Regnard. 

Moréri,  Dict.  hlst-  —  Paquot,  Mémoires.  —  Comte  de 
Becdeliévre-Hamal,  Biographie  Liégeoise. 

*  FISEN  (Englebert),  peintre  belge,  né  à 
Liège,  en  1655,  mort  dans  la  même  ville,  en 
1733.  Élève  de  Bertholet,  il  fit  le  voyage  d'Ita- 
lie. Aussi  ses  premiers  et  ses  plus  beaux  ta- 
bleaux sont-ils  exécutés  dans  la  manière  ita- 
lienne. On  cite  de  lui  Le  Christ  en  croix  avec 
la  Vierge,  saint  Jean  et  la  Madeleine,  dans 
l'église  paroissiale  de  ce  nom,  à  Liège ,  et  la 
Descente  de  la  Croix,  dans  l'église  collégiale 
d'Ama. 

Becdelièvre-Hamal,  Biographie  Liégeoise. 

FISHËK  (Jean),  prélat  anglais ,  né  à  Bever- 
Isy,  en  1459,  mort  le  22  juin  1535.  Tl  fut  élève 
à  Beverley,  et  compléta  ses  études  à  Cambridge; 
Après  avoir  rempli  diverses  fonctions  dans  l'en- 
seignement, il  entra  dans  les  ordres.  Sa  réputa- 
tion de  science  et  de  vertu  lui  valut  d'abord  lai 
place  de  chapelain  de  Marguerite,  comtesse  de 
Richemond ,  mère  de  Henri  vu ,  sur  l'esprit  de 
laquelle  il  acquit  une  grande  influence.  En  1501 
il  fut  nommé  chancelier  de  .l'université  de  Cam- 
bridge, et  en  1502  il  obtint  le  titre  de  premier 
professeur  de  théologie.  Appelé  en  1504  à  l'é- 
vêché  de  Rochester,  il  ne  voulut  plus  entendre  à 
aucune  proposition  de  changement  de  diocèse. 
li  appelait  l'église  de  Rochester  «  sa  femme,- 
une  bonne  vieille  femme ,  qu'il  se  garderait  bien 
d'échanger  contre  une  plus  riche  ».  Ce  prélat 
fit  une  vive  opposition  aux  doctrines  de  Luther 
et  de  ses  partisans,  il  ne  s'éleva  pas  moins  contre 
Henri  VIII  lorsque  ce  monarque  sans  frein  vou- 
lut divorcer  d'avec  Catherine  d'Aragon  et  se 
faire  déclarer  chef  suprême  de  l'Église.  Fisher 
se  prononça  pour  la  validité  du  mariage ,  et  en 
1529  il  défendit  la  reine  accusée  devant  Wol- 
sey  et  Canipeggio.  Malheureusement  il  manqua 
de  prudence  lors  des  prétendues  visions  d'Eli- 
sabeth Barton,  dite  la  jeune  fille  de  Kent,  et 
s'attira  dès  lors  des  persécutions.  Aussi,  lorsque, 
en  1534,  un  acte  à'attainder  fut  lancé  contre 
Elisabeth  Barton  et  ses  complices,  Fisher  fut 
enveloppé  dans  l'accusation  ;  il  échappa  cette 
fois.  Quand  ensuite  il  fut  question  de  prêter  ser- 
ment au  roi  comme  chef  de  l'Église,  Kisher  s'y 
refusa  formellement.  II  fut  conduit  alors  à  la 


767 


FISHER  —  FITCH 


7Gf 


Tour  par  ordre  de  Henri  VIII;  ses  revenus  épis- 
copaux  furent  saisis.  C'est  à  peine  si  on  lui 
laissa  un  vêtement  (old  rags)  pour  se  couvrir. 
Une  telle  rigueur  exaspéra  le  parti  catholique, 
tandis  qu'elle  réjouissait  les  protestants,  que 
Fisher  avait  malmenés.  Pendant  qu'il  était  en 
prison ,  il  reçut  du  pape  le  chapeau  de  cardinal. 
Malgré  sa  protestation  qu'il  n'était  pour  rien  dans 
cette  faveur  non  sollicitée  par  lui ,  le  roi  lui  en 
fit  un  grief.  «  Ah  !  dit-il ,  on  a  envoyé  à  Fisher  le 
chapeau  de  cardinal;  eh  bien,  je  ne  lui  laisserai 
pas  la  tête  pour  s'en  coiffer.  «  Le  tyran  tint  pa- 
role. Le  17  juin  1535,  Fisher  fut  appelé  à  se 
justifier.  Un  tribunal  composé  du  lord-chance- 
lier, du  duc  de  Suffolk  et  de  quelques  autres, 
le  déclara  coupable,  et  le  condamna  au  sup- 
plice des  traîtres.  En  vertu  de  cette  sentence,  il 
fut  décapité  cinq  jours  après  avoir  été  mis  en 
accusation.  On  a  de  Fisher  :  Defence  of  the 
King  of  England's  Assertion  of  the  catholic 
faïth  against  M.  Luther's  Of  the  Captivity 
of  Babylon  ;  —  Defence  of  the  holy  order  of 
Priesthood,  against  Martin  Luther;  —  His 
Opinion  of  King  Henri  VIII's  Marriage  in 
a  Letter  to  T.  Wolsey,  dans  la  Collection  of 
Ricords.  V.  R. 

Burnet,  Hist.  of  the  Befor.,  I.  —  Biog.  brit. 

FISHER  {Marie),  missionnaire  anglaise  delà 
secte  des  quakers ,  vivait  au  dix-septième  siècle. 
Elle  conçut  le  dessein  bizarre  de  convertir  le  sul- 
tan aux  dogmes  des  quakers.  Après  avoir  sur- 
monté les  plus  grands  obstacles,  elle  arriva  à 
Constantinople,  et  parvint  jusqu'au  sultan  Ma- 
homet IV.  Celui-ci  la  prit  pour  une  folle  ;  et  comme 
les  Turcs  ont  un  respect  religieux  pour  les  mal- 
heureux atteints  de  démence,  il  ne  s'offensa  pas 
de  la  hardiesse  de  ses  paroles ,  et  se  contenta  de 
la  renvoyer  en  Angleterre.  Elle  y  fut  accueillie  avec 
enthousiasme  par  les  quakers,  et  épousa  Guil- 
laume Barlee,  un  de  leurs  principaux  prédicateurs. 

Le  p.  Catrou,  Histoire  du  Fanatisme,  1.  III. 

"FISQCET  {Honoré-Jean-Pien-e),  biographe 
français,  né  à  Montpellier,  le  16  juin  1818,  d'une 
ancienne  famille  établie  depuis  longtemps  en 
Languedoc.  Après  avoir  professé  pendant  deux 
années  au  collège  de  Bernay  (Eure),  il  aban- 
donna, en  1840,  la  carrière  universitaire,  et,  cé- 
dant à  ses  goûts  de  voyage,  parcourut  successi- 
vement ,  dans  un  but  d'instruction ,  la  France , 
l'Angleterre,  l'ItaUe,  l'Algérie,  etc.  A  son  retour, 
il  travailla  à  divers  journaux  et  recueils  pério- 
diques ,  tels  que  la  Gazette  de  France ,  L'Au- 
dience, La  Nation,  la  Gazette  de  la  Jeunesse, 
l'Encyclopédie  du  dise-neuvième  siècle,  etc.  On 
a  de  lui  :  Ode  à  la  France  sur  le  retour  des 
cendres  de  Napoléon  ;  1840 ,  in-8°  ;  —  Histoire 
de  l'Algérie  depuis  les  temps  les  plus  reculés 
jusqu'à  nos  jours ,  publiée  d'après  les  écrits 
et  les  documents  les  plus  officiels  ;  Paris,  1842, 
in-8°,  avec  estampes;  —  Biographie  des  Mem- 
bres du  Gouvernement  provisoire  (  24  février 
1848  )  ;  in-12  ;  —  Histoire  descriptive  et  archéo- 


logique de  Notre-Dame  de  Paris;  1855,  in-8°  ; 
—  La  France  pontificale  ou  histoire  chrono- 
logique et  biographique  des  évêques  qui  ont 
gouverné  les  diocèses  de  France,  depuis  l'éta- 
blissement du  christianisme  jusqu'à  nos  jours, 
extraite  de  la  Gailia  christiana  et  des  ouvrages 
des  pères  Longueval,  Mabiiion,  des  Bénédic- 
tins, etc.;  4  volumes  in-8°  ;  —  Biographie  des 
Hommes  célèbres  du  département  de  l'Hé- 
rault, œuvre  inédite.  Enfin  M.  Fisquet  a  com- 
posé ,  seul  ou  en  collaboration ,  plusieurs  pièces 
de  théâtre,  dont  une  entre  autres  a  pour  titre  : 
La  Préface  de  Tartuffe  (1845)* 

Supplément  à  La  France  littéraire.  —  Renseignements 
particuliers. 

FissiRAGA,  prince  de  Lodi,  mort  vers  1311. 
Sa  famille  avait  été  pendant  longtemps  à  la  tête 
du  parti  guelfe  de  Lodi.  Lui-même  en  devint 
seigneur  au  commencement  du  quatorzième 
siècle ,  et  fut  confirmé  dans  cette  souveraineté 
par  l'empereur  Henri  VII.  Il  se  déclara  ensuite 
contre  ce  prince ,  tomba  en  son  pouvoir,  et  mou- 
rut prisonnier. 

Alb.  Mussato,  Historia  Augusta,  1.  V.  —  Giov.  Vil- 
lani,  I.  IX. 

FISTENPORT  (/ean), chroniqueur  allemand, 
natif  de  Mayence ,  moine  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre,  continua  la  chronique  entreprise  par 
Hermann  Gigas,  et  la  conduisit  de  l'an  1352  à 
l'an  1421,  en  s'attachant  surtout  aux  événements 
survenus  en  Allemagne.  Ce  travail  a  été  inséré 
dans  le  recueil  de  Hahn,  Collectio  Monumento- 
rum  veterum,  1726, 1. 1,  p.  397  et  suiv.  G.  B. 

Documents  inédits. 

FITCH  (Ralph),  l'un  des  premiers  voyageurs 
anglais  dans  les  Indes,  vivait  en  1591.  Il  était 
négociant  à  Londres ,  et  trafiquait  avec  les  pro- 
duits orientaux.  Ébloui  par  les  récits  de  Drake , 
de  Cavendish ,  de  Stevens ,  il  forma  le  projet 
d'augmenter  sa  fortune  en  puisant  aux  sources 
mêmes  de  la  production.  Il  exposa  au  gouver- 
nement britannique  de  quel  avantage  seraient 
pour  la  nation  anglaise  des  relations  liées  direc- 
tement avec  les  peuples  de  l'Asie  centrale,  et  il 
obtint  de  la  reine  Elisabeth  deux  missives  adres- 
sées, l'une  à  l'empereur  de  la  Chine  Chin- 
Tsoung,  l'autre  au  grand  mogol  Akbar,  désigné 
dans  la  lettre  royale  sous  le  nom  de  Zelabdim 
Echebar,  roi  de  Cambaya.  La  reine  y  sollicitait 
les  bonnes  grâces  des  deux  monarques  asia- 
tiques en  faveur  de  ses  sujets  ,  promettant  une 
protection  réciproque.  Muni  de  ces  recomman- 
dations, Fitch  détermina  John  Newberry  et 
quelques  autres  artistes  ou  négociants  à  tenter  la 
même  fortune  que  lui.  Les  aventuriers  s'embar- 
quèrent en  janvier  1583,  et  prirent  terre  à  Tri- 
poli de  Syrie.  Ils  gagnèrent  Alep ,  traversèrent 
la  Mésopotamie ,  s'arrêtèrent  à  Bagdad  ,  et  des- 
cendant le  Tigre  arrivèrent  à  Bassora.  Après  un 
court  séjour  dans  cette  grande  et  commerçante 
cité,  ils  reprirent  leur  navigation,  entrèrent  dans 
le  golfe  Persique,  et,  côtoyant  les  provinces  per- 
sanes du  Kouzistan ,  du  Farsistan  et   du  La- 


789 

ristan,  atterrirent  à  Ormuz  (1).  On  leur  permit 
d'abord  de  négocier  librement  et  d'ouvrir  des 
magasins;  mais  les  marchands  européens  déjà 
éfabiis  dans  le  pays  ne  tardèrent  pas  a  les  jalou- 
ser, et  l'un  d'eux,  l'Italien  Michael  Stropène,  les 
dénonça  comme  hérétiques  aux  agents  du  saint- 
office  (2).  Les  jésuites  s'offrirent  pour  convertir 
les  nouveaux  arrivants  ;  mais,  doutant  du  suc- 
cès de  leurs  démarches ,'  ils  firent  arrêter  Fitch 
et  ses  associés ,  confisquèrent  leurs  marchan- 
dises, et  envoyèrent  les  prisonniers  devant  le 
tribunal  inquisitorial  de  Goa.  Après  un  mois  de 
captivité,  les  Anglais  s'étant  déclarés  catholiques, 
il  furent  rendus  à  la  liberté  par  l'intervention  de 
van  Linschoten  et  de  quelques  autres  Hollandais. 
Ils  durent  néanmoins,  par  une  forte  rançon,  in- 
demniser les  Pères  de  la  Compagnie  deJésus  des 
soins  donnés  au  salut  de  leurs  âmes  ;  et  pour 
qu'ils  ne  fussent  pas  tentés  de  retomber  dans 
l'hérésie,  les  autorités  inquisitoriales  leur  firent 
déposer  une  caution  personnelle  de  2,000  par- 
dâos.  Malgré  ces  rudes  échecs,  Fitch  et  Newberry 
ouvrirent  un  bazar  dans  l'une  des  principales 
rues,  de  la  ville.  A  force  d'activité  et  d'intelli- 
gence ,  ils  réalisèrent  rapidement  de  beaux  bé- 
néfices; mais ,  inquiétés  sans  cesse  par  les  mem- 
bres du  saint- office,  menacés  d'être  réduits  en 
esclavage  ou  d'être  soumis  à  l'estrapade  lorsqu'ils 
ne  pouvaient  faire  de  ruineux  cadeaux ,  ils  con- 
vertirent secrètement  leurs  marchandises  contre 
des  perles,  et  le  5  avril  1585  s'enfuirent  de  Goa. 
Pénétrant  dans  l'intérieur  de  l'Inde,  ils  pas- 
sèrent par  Belgaum,  où  se  faisait  alors  un  grand 
commerce  de  diamants ,  et  de  là  se  rendirent  à 
Visapour  (3).  Dans  cette  ville  Fitch,  dont  nous 
suivons  le  récit,  vit  l'idolâtrie  indienne  déployant 
tontes  ses  splendeurs  ;  les  forêts  voisines  de 
Visapour  étaient  remplies  d'un  nombre  immense 
de  temples  consacrés  à  des  idoles.  Le  narra- 
teur fut  frappé  de  la  majesté  des  éléphants  de 
guerre,  de  l'abondance  de  l'or,  de  l'argent,  des 
pierreries.  De  Visapour,  Fitch  se  rendit  à  Gol- 
conde,  qu'il  décrit  comme  une  grande  et 
agréable  ville ,  dont  les  maisons  sont  bâties  de 
bois  et  de  briques,  au  milieu  d'un  pays  fertileen 
fruits  délicieux  et  dans  le  voisinage  de  mines  de 
diamants  admirablement  riches.  Il  se  dirigea  en- 
suite au  nord  ,pénétra  dans  le  Deccan,  et  visita  Bar- 
hampour  (Bourânpour),  capitale  du  Candeish  (4). 
Il  représente  ce  pays  comme  extraordinaire- 
ment  fertile  et  populeux ,  bien  que  les  maisons 
n'y  soient  bâties  que  de  terre  et  de  feuillage.  Un 
orage  diluvien  en  enleva  une  grande  quantité 
pendant  le  séjour  de  Fitch,  et  lui-même  cou- 

;])  Ou  Orniouz,  lie  située  à  l'entrée  du  «olfe  Perslque. 
C'est  l"Ap(Jl.6(^£ia  d'Arrien  {Jndic,  XXXII1,2).  Elle  était 
depuis  1507  sous  la  domination  portugaise. 

i)  Gna  étnit  depuis  IStO  au  pouvoir  des  Portugais. 
L'inquisition  n'avait  pas  tardé  à  y  établir  un  tribunal. 

(S)  L'une  des  plus  grandes  villes  de  l'Hindoustan,  et 
alors  capitale  d'un  royaume  qui  portait  son  nom.  On 
l'appela  aussi  Rpjapoor,  lieydjapour  et  Visiapour. 

(4)  Kliandesh  ou  mieux  Khandeych  {pays  du  khan  ou 
pays  bas). 

ynm.  T'.ioan.  t.i^nép.  —  t.  xvii. 


FITCH  770 

rut  le  double  danger  d'être  écrasé  ou  noyé.  Les 
coutumes  matrimoniales  des  Indous  arrachent 
des  exclamations  au  voyageur  anglais ,  lorsqu'il 
voit  des  garçons  de  huit  à  dix  ans  être  unis  à  des 
filles  de  cinq  à  six ,  il  décrit  avec  étonnement  la 
pompe  qui  se  déploie  dans  ces  occasions.  Fitch 
passa  ensuite  à  Mandô  (1) ,  autrefois  Chadi- 
Abad,  ancienne  capitale  des  KhilUghis,  souverains 
mahométans  du  Maloua  (  Malvah  ),  pendant 
les  treizième  et  quatorzième  sièxles.  Les  ruines 
de  cette  ville  couvraient  une  circonférence  de 
vingt-et-un  milles. La  forteresse,  contenant  en- 
core de  très-beaux  monuments,  était  construite 
sur  un  rocher  à  pic  et  fort  élevé  ;  elle  avait  ré- 
sisté durant  douze  années  à  l'empereur  mogol 
Houmaïoun,  qui  s'en  était  emparé  en  1534.  Fitch 
se  rendit  à  Agra,  grande  et  populeuse  cité,  qu'il 
trouve  supérieure  à  Londres  pour  ses  larges  et 
belles  rues ,  et  ses  maisons  bien  bâties  en 
pierre.  L'empereur  Akbar,  dit  le  Grand ,  rési- 
dait alors  à  Fatipour,  ville  encore  plus  grande, 
mais  moins  belle  qu'Agra  ;  la  distance  qui  sé- 
parait ces  deux  grandes  cités  ressemblait  à  un 
champ  de  foire.  Un  des  compagnons  de  Fitch , 
le  joaillier  William  Leader,  resta  au  service 
d'Akbar,  qui  lui  donna  une  maison ,  \m  cheval , 
cinq  esclaves  et  un  traitement  fixe;  précédem- 
ment un  autre  Anglais ,  peintre  de  profession , 
avait  accepté  les  propositions  des  jésuites,  et 
était  demeuré  à  Goa.  La  petite  caravage  n'en  con- 
tinua pas  moins  ses  jférégrinations ,  et ,  suivant 
le  cours  de  la  Djemnah,  se  rendit  à  Allah-Abad, 
que  Fitch  désigne  improprement  sous  le  nom  de 
Pragi  (corruption  du  mot  deprayaga,  par  lequel 
on  désigne  les  confluents  sacrés  des  fleuves). 
C'était  alors  l'entrepôt  commercial  des  royaumes 
d'Aoude ,  de  Dekkan ,  du  Bendeikend  et  du  Bo- 
glekend.  Les  voyageurs  descendirent  le  Gange 
jusqu'à  Benarès  (2),  et  leur  admiration  n'eut  plus 
de  bornes  envoyant  les  merveilles  de  cette  capitale 
du  commerce  et  de  la  superstition  indoue.  Fitcii 
assista  au  sacrifice  des  femmes  qui  se  brûlaient  sur 
les  tombeaux  de  leurs  maris,  «  à  défaut  de  quoi, 
dit-il ,  on  leur  rase  la  tête,  et  elles  sont  désho- 
norées à  jamais  «;  Les  Indiens  ne  lui  parurent 
pas  pousser  loin  la  science  médicale.  Lors- 
qu'une personne  tombait  malade ,  on  lui  faisait 
passer  la  nuit  devant  une  idole  ;  et  si  le  lende- 
main il  n'y  avait  pas  de  signe  de  guéri  son ,  ses 
parents  s'assemblaient  autour  dumalade  ;  puis,  et 
poussant  de  grands  cris,  ils  le  portaient  au  bord 
du  fleuve ,  construisaient  un  léger  radeau  de  ro- 
seaux, et  l'abandonnaient  au  courant  sur  cette 
barque  fragile. 

De  Bénarès,  Fitch  se  rendit  à  Patna,  jadis 
capitale  d'un  royaume  indépendant ,  et  qui  ve- 
nait d'être  conquise  par  Akbar.  C'était  une  très- 
grande  ville  ;  mais  ses  maisons  n'étaient  bâties  que 
de  terre  et  de  paille.  Le  pays  était  infesté  de  voleurs 
nomades,  dont  les  Anglais  eurent  plusieurs  fois 


(1)  Mandou,  Mondou,  Mandow  ou  IVUindoo. 

(2)  Nommée  aussi  Casi  ou  Cacliy. 

2r, 


77î 


FITCIÏ  —  FITZ-GERALD 


772 


l'occasion  de  déjouer  les  mauvais  desseins.  Ils 
gagnèrent  le  Bengale,  et  s'arrêtèrent  à  Tânda 
(Taunda) ,  autre  conquête  d'Akbar,  dans  le 
Goudjérate.  Fitcli  s'en  écarta  pour  faire  une  ex- 
cursion au  nord,  dans  un  pays  qu'il  nomme  le 
Couche,  et  qui  doit  être  !e  Boutan  (  Bootan  ) ,  ter- 
ritoire peu  connu  et  hérissé  de  montagnes  très-éle- 
Yées,  formant  un  des  contre-forts  de  l'Himalaya. 
Il  ti'ouva  ce  pays  si  humide  que  certains  districts 
étaient  presque  continuellement  submergés  sous 
un  pied  d'eau.  Les  Tartares  et  les  Chinois  fré- 
quentaient seuls  cette  contrée,  dont  les  habitants , 
bouddhistes  de  religion,  entretenaient  des  hôpi- 
taux pour  les  animaux  âgés,  et  nourrissaient  des 
araignées.  Fitch  vint  ensuite  à  Kichenagor,  et  des- 
cendit l'Hougly, fleuve  formé  par  la  réuniondu  Cos- 
simbazar  (  BagMrati  )  et  du  Djellinghey,  les  deux 
branches  les  plus  occidentales  du  Gange.  Il  prit 
terre  à  Chandernagor,  puis  à  Calcutta.  Il  fit  en- 
suite un  voyage  dans  l'Orissa,  qu'il  trouva  in- 
culte, presque  désert,  couvert  d'herbes  aussi 
hautes  qu'un  homme ,  et  cachant  beaucoup  de 
tigres.  Le  port  à'Angeli,  qu'il  décrit  et  qu'il 
est  impossible  de  retrouver  aujourd'hui ,  était, 
selon  lui,  ie  siège  d'un  grand  commerce,  alimenté 
par  de  nombreux  navires  venant  de  Sumatra, 
de  Malacca  et  des  diverses  parties  de  l'Hindous- 
tan.  De  là  l'infatigable  explorateur  revint  vers  le 
Gange,  et  pénétra  dans  la  province  de  Tippara  (1)  ; 
les  habitants ,  nommés  Koukis,  étaient  presque 
sauvages  et  continuellement  en  guerre  avec  les 
Mog&xv^  {Mogang),  naturels  du  royaume  d'A- 
racan.  Retournant  sur  ses  pas  ,  Fitch  visita  Se- 
rampour(2) ,  jolie  ville  à  quatre  lieues  de  Calcutta, 
et  quelques  autres  ports,  situés  aux  embouchures 
de  l'Hougly.  Les  habitants  de  cette  partie  de 
l'Inde  vivaient  en  continuelle  insurrection  contre 
Akbar.  Us  se  faisaient  remarquée  par  leur  in- 
dustrie ,  et  tissaient  merveilleusement  le  coton. 
En  novembre  1586,  Fitch  s'embarqua  de  Seram- 
pore  pour  Négraïs ,  dans  le  royaume  de  Pégu , 
dont  il  visita  la  capitale  ainsi  que  quelques 
autres  grandes  villes,  telles  que  Jamahey,  dans 
le  pays  des  Jongoures ,  et  Caplan,  remarquable 
par  ses  riches  mines  de  rubis,  de  sapliirs,  etc.. 
Il  revint  à  Pégu,  et,  le  10  janvier  1587,  remit  à  la 
voile  pour  Martaban  (3),  place  alors  importante, 
et  dans  laquelle  s'élevait  une  pagode  de  150 
pieds  de  haut.  Il  toucha  ensuite  à  Malacca,  alors 
le  principal  établissement  des  Portugais  dans  ces 
mers.  Il  y  recueillit  quelques  renseignements  sur 
la  Chine  et  le  Japon ,  et  était  de  retour  à  Mar- 
taban en  mars  1588.  Il  regagna  ie  Bengale  par 
Pégu,  et  s'embarqua  pour  Cochin  en  mars  1589; 

(1)  Tiperah  ou  Tipperah;  les  mahométans  l'appellent 
Rochenabad.  C'est  un  vaste  pays  (900  lieues  carrées),  pres- 
que inculte,  La  capitale  est  Comillali. 

(2)  Elle  appartient  aux  Danois  depuis  1676.  Le  nom  de 
cette  ville  est  une  corruption  de  celui  de  Siri  Ram,  l'un 
des  dieux  Hindous. 

(3)  Martavan  ou  Maoutama.  C'est  peut-être  î'an- 
«ienne  Aspithra.  On  croit  que  le  golfe  auquel  cette  ville 
donne  son  nom  est  le  Magnus  Sinus  des  anciens. 


il  toucha  en  passant  à  Geyian ,  qui  est,  dit-il, 
«  une  brave  île,  très-fertile  et  très-belle  ».  Les 
Portugais  avaient  depuis  1517  un  fort  à  Co- 
lombo ,  capitale  de  l'île,  que  les  Chingulais  as- 
siégeaient alors  avec  une  armée  de  cent  mille 
guerriers ,  nus  pour  la  plupart ,  bien  qu'un  cer- 
tain nombre  fût  armé  de  mousquets.  Il  doubla 
ensuite  le  cap  Comorin,  qui  forme  l'extrémité  sud 
(le  i'Hindoustan,  sous  7°  56'  de  lat,  nord  et  75" 
12'  de  long.  est.  Ce  cap  est  entouré  de  rochers  , 
et  le  navire  de  Fitch  y  courut  le?  plus  grands 
dangers.  Les  Hindous  vénèrent  ce  promontoire, 
où  ils  placent  la  résidence  de  Kichena  et  des 
neuf  Gopis  ,  divinités  présidant  asiX  lettres  et 
aux  arts(l).  C'est  aussi  l'endroit '.S'a  monde  où 
l'on  pêche  les  plus  belles  perles  el  en  quantité 
considérable.  Fitch  relâcha  à  Coulan,  l'une  des 
plus  antiques  villes  de  l'Iade,  et  dont  le  vieux 
temple  est  des  plus  vénérés.  Les  brahmanes 
en  font  le  berceau  du  peuple  hindou.  Il  séjourna 
ensuite  durant  liuit  mois  à  Cochin.  Cette  ville, 
fondée  en  1 503  par  les  Portugais,  lui  sembla  une 
résidence  peu  agréable  ;  l'eau  y  était  mauvaise , 
et  les  vivres  rares.  Le  zamorin  de  Calicut  dé- 
solait la  côte  avec  ses  p7-ous  (2),  attaquant  et 
pillant  tous  les  navires  européens.  De  Cocliin, 
Fitch  revint  à  Goa,  puis  à  Châl,  dans  le  Bélou- 
chistan,  où  il  s'embarqua  por«r  Ormuz.  Il  reprit 
alors  la  route  qu'il  avait  parcourue  à  son  ar- 
rivée, revit  Bassora,  Ormuz,  Bagdad  ,  Alep,  et 
Tripoli  de  Syrie,  où  il  fréta  «n  navire  qui  le  ra- 
mena à  Londres  le  29  avril  1591,  après  avoir 
accompli  le  plus  grand  voyage  qu'aucun  Européen 
eût  encore  fait  dans  l'Inde.  La  relation  de  cette  dif- 
ficile et  fructueuse  expédition  a  été  recueillie  dans 
Purchas ,  His  Pilgrimages  ,  etc.,  t.  II,  et  dans 
Richard  Hakluyt,  The  Principal  Navigations 
and  Discoveriesofthe  EngUsh  Nation,\.  II  .On 
trouve  dans  cette  relation  une  foule  de  renseigne- 
ments précieux  sur  le  commerce  et  les  produits 
des  pays  parcourus  par  les  voyageurs  anglais. 
Alfred  de  -  Lacaze. 

Purchas.  —  Hakluyt.  —  Xavier  Raymond,  Inde,  dans 
{'Univers  pittoresque   p.  383-387. 

FïTE  Y. Voyez  L.a  Fitî^ 

Fî-Ti,  empereur  de  la  Chine.  Voy.  Lieou-tse- 

NlE. 

FïTZ-GEitALO ,  ancjenne  maison  irlandaise, 
dontl'arbre  généalogique  remonte  jusqu'au  règne 
d'Edouard  le  Confesseur.  Elle  eut  le  titre  de 
comte  de  ifiZrZare  dès  l'an  1314;  en  1761  elle  le 
convertit  en  celui  de  marquis,  et  y  ajouta  le  titre 
de  comte  d'Offaley;  le  26  novembre  1760  le 
chef  de  cette  famille  reçut  en  outre  le  titre  de  duc 
de  Leinster.  Les  principaux  membres  de  cette 
famille  sont  : 

FîTZ-GERALii  {Gérard),  médecin  irlandais,: 
né  à  Limerifck,  vers  la  fin  du  dix-septième  siè- 
cle, mort  à  Montpellier,  en  1748.  11  vint  étudier 

(1)  C'est  le  Parnasse  des  Grecs,  avec  .4pollon  et  les 
neuf  Muses. 

(2)  Barques  armées  àe  cinquante  à  soixante  hommes. 


77S 


FITZ-GERALD 


774 


ia  médecine  à  Montpellier,  fut  reçu  docteur  en 
1719,  obtint  en  t726  la  survivance  de  Chirac, 
et  devint  professeur  en  titre  après  la  mort  de 
celui-ci.  On  a  de  Fitz-Gerald  :  Dissert,  de 
Catameniis  ;  Montpellier,  1731,  in-S";  —  Dis- 
sert, de  Visu;  Montpellier,  1741,  in-S";  Dis- 
sert. deCarie  Ossium;  Montpellier,  1742,  in-8°. 
Les  caliiers  que  Fitz-Gerald  avait  dictés  sur  les 
!  maladies  des  femmes  fai'ent  publiés  en  latin; 
sous  le  titi'e  de  Tractatus  pathologicus  de  Af- 
fectibus  Fœminarum  preeternaturalibus  ;  Pa- 
ris, 1754,  in-12.  Cet  ouvrage  fut  traduit  en  fran- 
çais ,  sous  ce  titre  :  Traité  des  Maladies  des 
Femmes;  Paris  (Avignon),  1758,  in-12. 

Éloy,  Dictionnaire  liistorique  de  la  Médecine. 

FiTZ-GiËRALD  (Lord  Edward),  homme  po- 
litique irlandais,  fils  puîné  de  James,  premier 
duc  de  Leinster,  et  de  lady  Emiiia-Mary  Len- 
nox,  fille  du  duc  de  Richemond  et  nièce  du  cé- 
lèbre Fox,  né  le  15  octobre  1763,  au  château  de 
Carton,  près  Dublin,  mort  le  4  juin  1798.  Aus- 
sitôt après  la  mort  de  son  père  (  1773),  il  fut 
amené  en  France,  et  il  ne  retourna  en  Angleterre 
qu'à  l'âge  de  seize  ans.  Il  embrassa  la  carrière 
des  armes  ;  parvenu  bientôt  au  grade  de  major 
d'un  régiment  d'infanterie,  il  passa  en  Amérique, 
où  il  se  fit  remarquer  par  son  humanité  autant 
que  par  sa  brillante  valeur.  Edward  Fitz-Gérald 
applaudissait  en  secret  au  signal  d'indépendance 
que  le  Nouveau  Monde  venait  de  donner.  Ce  fut 
donc  avec  bonheur  que  le  jeune  Irlandais  revint 
en  Europe  et  alla  prendre  place  au  parlement  ir- 
landais, comme  représentant  du  bourg  d'Athy. 
A  cette  époque ,  l'Irlande  avait  encore  un  fan- 
tôme de  représentation  nationale,  siégeant  à  Du- 
blin; mais  les  lois  contre  les  papistes  défen- 
daient l'approche  de  la  tribune  aux  représen- 
tants de  la  plus  grande  partie  de  la  nation  ;  l'a- 
ristocratie régnait  en  maîtresse  absolue  dans  la 
chambre  des  communes  ;  tout  était  vénal  au  sein 
même  du  parlement.  Malgré  son  origine  seigneu- 
riale, le  représentant  d'Athy  s'était  de  bonne 
heure  dévoué  à  la  cause  du  peuple,  et  avait  rêvé 
l'amélioration  du  sort  de  ses  compatriotes;  il 
reconnut  bientôt  l'impossibilité  de  réaliser  ses 
projets  généreux.  Convaincu  que  l'on  n'arrache- 
rait jamais  par  les  voies  légales  l'Irlande  au  joug 
du  torysme  anglais ,  profondément  découragé  à 
la  vue  de  la  corruption  qu'il  avait  rencontrée  là 
oii  il  espérait  trouver  des  vertus,  lord  Fitz-Gerald 
quitta  sa  patrie  en  1787  pour  voyager  en  Espa- 
gne, et  de  là  dans  l'Amérique  du  Nord,  où  il 
alla  redemander  aux  vastes  solitudes  du  Nou- 
veau Monde  la  paix  de  l'âme  et  un  adoucisse- 
ment aux  tortures  morales  qu'un  amour  mal- 
heureux lui  faisait  éprouver.  Après  deux  ans 
d'une  vie  contemplative,  lord  Fitz-Gerald  re- 
vint en  Europe,  et  en  1790  il  reprit  sa  place  au 
parlement  d'Irlande.  La  révolution  française 
venait ,  d'éclater  ;  ainsi  que  Fox,  Sheridan  et 
tous  les  principaux  patriotes  anglais  de  l'épo- 
que, lord  Fitz-Gerald   l'avait  saluée  avec  en- 


thousiasme, persuadé  qu'elle  devait  être  l'au- 
rore de  la  liberté  des  nations  et  qu'elle  préludait 
à  l'affranchissement  universel  du  monde.  En 
1792,  afin  d'en  étudier  de  près  la  marche,  il  se 
rendit  à  Paris ,  où ,  présenté  par  Thomas  Payne 
(  voy.  ce  nom  ) ,  il  se  lia  bientôt  avec  les  plus 
ardents  révolutionnaires.  Mais  ses  liaisons  en 
France,  et  surtout  sa  conduite  dans  un  banquet 
où  il  porta  en  public  un  toast  à  la  gloire  des  av- 
mées  républicaines ,  ayant  été  connues  en  An- 
gleterre ,  il  fut  aussitôt  rayé  des  contrôles  de 
l'armée.  It  revint  dans  sa  patrie  avec  sa  jeune 
femme,  Paméla,  l'élève  et  selon  quelques  écri- 
vains la  fille  de  M*^"  de  Genlis,  qui  l'aurait  eue 
du  duc  d'Orléans ,  Philippe-Égalité.  Ils  se  fixè- 
rent dans  un  petit  domaine  du  conaté  de  Kildare, 
où  ils  passèrent  quelques  jours  pleins  de  bonheur. 
Mais  lorsque  Edward  Fitz-Gerald  vit  sa  patrie  en 
proie  aux  dissensions  civiles ,  son  âme  s'émut 
à  la  vue  des  souffrances  publiques  :  il  quitta  sa 
retraite,  et  parut  sur  la  scène  politique.  Sa  con- 
duite ne  pouvait  être  douteuse  :  il  prit  la  défense 
des  opprimés  contre  les  oppresseurs. 

Effrayé  du  développement  rapide  de  l'esprit 
public ,  et  redoutant  les  progrès  et  les  tendances 
de  la  révolution  française,  le  ministère  anglais 
faisait  peser  sur  l'Irlande  un  despotisme  intolé- 
rable. Les  Irlandais  ,  fatigués  enfin  du  joug  an- 
glais, et  stimulés  par  l'exemple  de  la  France , 
crurent  l'heure  venue  de  proclamer  leur  indé- 
pendance. Dans  toute  l'étendue  du  pays  se  for- 
mèrent en  secret  des  comités  directeurs;  une 
vaste  société  s'organisa  sous  le  nom  d'Irlan- 
dais-Unis {Irish  f/wi^erf),  elle  directoire  central, 
établi  à  Dublin,  imprima  l'impulsion  à  tous  les 
comités  en  fomentant  le  mécontentement  général. 
Ce  n'était  pas  une  fraction  du  peuple ,  c'était  le 
peuple  tout  entier  qui  se  préparait  à  se  dresser 
comme  un  seul  homme  :  catholiques,  pres- 
bytériens, anglicans,  etc.,  tous  avec  enthou- 
siasme venaient  s'enrôler  dans  Wnion  ,o\\  les 
autres  sociétés  secrètes,  telles  que  les  Enfants 
de  la  Lumière ,  les  Defenders  vinrent  bientôt 
se  fondre  ;  plus  de  500,000  citoyens  y  prirent 
part.  Lord  Fitz-Gerald,  devenu  l'idole  du  peuple, 
en  fut  d'une  voix  unanime  proclamé  le  chef,  avec 
le  titre  de  généralissime.  L'Union  reçut  une  or- 
ganisation parfaite  :  s'élevant  de  degré  en  degré  ; 
partant  de  simples  sections  de  douze  personnes, 
tous  les  fils  de  la  conjuration  venaient  aboutir 
à  un  directoire  exécutif  composé  de  cinq  grands- 
directeurs  ,  Fitz-Gerald ,  président,  Olivier  Bond, 
le  docteur  Mac-Nevin ,  Thomas-Addis  Eminett , 
et  Arthur  O'Connor,  l'un  des  descendants  des 
anciens  rois  de  la  vieille  Irlande.  Les  directeurs 
pensèrent  à  s'assurer  l'appui  de  la  France  :  Fitz- 
Gerald  entra  d'abord  en  correspondance  avec  le 
ministère  français,  et  se  rendit  bientôt  après  se- 
crètement à  Paris,  pour  s'entendre  avec  le  Direc- 
toire exécutif  (1796).  A  la  suite  de  plusieurs  négo- 
ciations, la  France  arma  une  Hotte  de  25  vais- 
seaux, de  15  à  20  frégates,  etc.,  et  le  général 

25. 


775  FITZ-GERALD 

Hoche  reçut  l'ordre  de  débarquer  25,000  soldats 
de  la  république  en  Irlande ,  pour  y  soutenir  les 
insurgés.  Mais  la  flotte  française,  après  avoir  été 
longtemps  battue  par  les  tempêtes,  fut  obligée  de 
regagner  Brest  en  décembre  1796.  Une  seconde 
tentative  eut  lieu  l'année  suivante,  et  fut  encore 
plus  malheureuse  :  attaqué  par  l'amiral  anglais 
Duncan  (voy.  ce  nom),  Winter,  amiral  de  la 
flotte  française,  fut  battu,  le  11  octobre  1 797,  près 
des  côtes  de  Hollande.  Malgré  l'inviolable  secret 
gardé  par  les  conjurés,  le  gouvernement  anglais, 
qui  se  défiait  de  Fiti-Gerald,  soupçonna  quel- 
ques trames,  et  parvint  à  découvrir  des  indices 
de  la  conjuration.  Dans  les  premiers  jours  de 
mars  1798,  le  directeur  O'Connor  fut  arrêté  à 
Margate,  comme  il  se  rendait  en  France  avec 
deux  de  ses  amis.  Cette  arrestation  amena  la 
saisie  de  la  correspondance  de  la  société  avec  le 
Directoire  français.  Ce  fut  alors  que,  dans  la 
crainte  d'être  prévenu  par  l'autorité,  le  comité 
exécutif  arrêta  qu'il  fallait  agir.  En  conséquence, 
dans  toute  l'étendue  de  l'Irlande  les  conjurés 
se  préparaient  pour  la  levée  en  masse ,  lorsque 
la  trahison  vint  tout  renverser.  Un  marchand 
catholique  de  Dublin ,  Thomas  Reynolds ,  repré- 
sentant du  comté  de  Kildare  et  qui  avait  le  rang 
de  colonel  dans  l'Union,  vendit  la  vie  de  ses  com- 
patriotes et  la  liberté  de  sa  patrie  moyennant 
5,000  livres  sterling  et  l'assurance  d'une  pension 
de  1,500  livres.  Le  12  mars,  les  directeurs 
Emmett,  Mac-Nevin  et  Bond  furent  arrêtés  ;  le 
lendemain  tout  le  comité  provincial  de  Leinster 
le  fut  également  :  tous  les  plans  de  la  conju- 
ration se  trouvèrent  dès  lors  entre  les  mains  du 
gouvernement.  Seul,  Fitz-Gerald,  averti  à  temps, 
put  se  soustraire  à  l'ordre  donné  de  le  saisir  ;  il 
se  cacha  dans  une  maison  de  Dublin  ;  mais  du 
fôM  de  sa  retraite,  secondé  par  le  dévouement 
de  nombreux  affiliés,  il  continua  à  dominer  l'Ir- 
lande. Les  chefs  arrêtés  furent  remplacés;  la 
hiérarchie  se  rétablit,  et  le  jour  de  l'insurrection 
fut  fixé  au  23  mai.  Une  nouvelle  trahison  perdit 
lord  Fitz-Gerald  :  le  capitaine  de  milice  Arms- 
trong  ayant  révélé  au  gouvernement  le  jour  de 
l'insurrection  et  les  dispositions  arrêtées,  la  prise 
ou  la  mort  du  puissant  chef  des  Irlandais  devint 
le  but  de  tous  les  efforts  de  la  police  anglaise. 
Sa  tête  fut  mise  au  prix  de  1,000  liv.  sterl.  ;  il  ne 
se  trouva  personne  qui  voulût  livrer  ce  patriote  à 
ses  ennemis.  Le  17  mai  au  matin  il  fut  rencontré 
dans  les  rues  de  Dubhn  par  le  major  de  la  ville  ; 
l'on  en  vint  aux  mains ,  et  Fitz-Gerald ,  dégagé 
par  ses  amis ,  s'échappa.  Il  était  encore  temps 
pour  lui  de  se  sauver  en  quittant  l'Irlande  ;  mais 
il  ne  voulut  pas  abandonner  sa  patrie.  Bientôt 
on  découvrit  la  maison  qui  lui  servait  de  retraite  : 
on  la  fit  cerner  le  19  mai  au  matin,  et  on  l'y 
surprit  seul  et  se  promenant  tranquillement. 
Il  se  défendit  en  brave,  et,  armé  seulement  d'un 
poignard ,  il  tua  l'un  des  chefs  des  assaillants  et 
blessa  l'autre;  mais  la  blessure  de  ce  dernier, 
quoique  dangereuse,  lui  laissa  assez  de  force 


—  FITZ-HERBËRT 


776 


pour  saisir  un  pistolet  :  il  tire,  et  la  balle  traverse 
la  poitrine  et  brise  l'épaule  du  champion  de 
l'Irlande.  Fiîz-Gerald  tombe  baigné  dans  son 
sang;  on  le  fait  prisonnier,  et  on  le  transporte  à 
la  Newgate  du  château  de  Dubhn.  Du  19  au  21, 
tous  les  chefs  de  l'insurrection  furent  emprison- 
nés. Cependant,  les  Irlandais-Unis  se  soulèvent 
de  toutes  parts  ;  sans  chefs,  sans  armes,  le  peuple 
s'insurge  en  masse  dans  tous  les  districts ,  et  se 
porte  sur  la  capitale  dans  la  nuit  du  23  mai. 
Edward  Fitz-Gerald,  du  fond  de  son  cachot,  en- 
tend les  cris  de  liberté  de  ses  compatriotes; 
mais  l'armée  anglaise  a  le  dessus ,  et,  après  plu- 
sieurs combats ,  les  conjurés ,  refoulés  dans  l'in- 
térieur du  pays ,  sont  à  la  fin  tous  exterminés. 
Quant  à  l'infortuné  Fitz-Gerald ,  il  n'était  plus , 
lorsque  sa  patrie  révoltée  s'agitait  encore  dans 
ses  dernières  et  héroïques  convulsions  ;  car,  après 
avoir  été  condamné  à  mort  par  la  cour  du  Banc 
du  Roi  et  avoir  aperçu  de  la  prisop  l'échal'aud 
où  il  devait  monter,  ainsi  que  les  autres  chefs, 
le  noble  lord ,  qui  avait  passé  quelques  jours 
dans  une  douloureuse  agonie ,  succomba  à  ses 
blessures,  après  s'être  fait  lire  par  son  chirurgien 
la  Passion  de  Jésus-Christ. 

Les  biens  de  Fitz-Gerald,  confisqués  alors,  fu- 
rent restitués  à  sa  famille  sous  George  IV. 

Lord  Fitz-G«rald  a  laissé  un  fils  et  deux  filles  : 
le  premier,  EDWA.RD-F0X,  né  en  1794,  après  avoir 
été  capitaine  de  hussards ,  est  devenu  représen- 
tant de  l'Irlande  à  la  chambre  des  lords  du 
Royaume-Uni.  [E.  Pascallet  ,  dans  YEncyc.  des 
G.  du  M.  ] 

Thomas  Moore,  The  Life  and  Death  of  lord  Edivard 
Fitz-Gerald  ;  Londres,  1831,  2  vol.  in-S".  —  Ersch  etGru- 
ber,  Allg.-Ency. 

FITZ-GERALD  (Lady  Paméla),  femme  d'E- 
douard Fitz-Gérald,  morte  à  Paris,  eu  1831.  Elle 
était,  dit-on,  fille  de  madame  de  GenUs  et  du  duc 
d'Orléans  ^gfaZî^ejavec  les  enfants  duquel  elle  fut 
élevée  par  leur  célèbre  institutrice ,  qui  la  faisait 
passer  pour  une  orpheline  anglaise.  En  1790, 
Paméla  épousa  à  Toumay  Fitz-(Jerald,  qui  s'était 
épris  d'elle  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  une 
miss  Sheridan,  qu'il  avait  passionnément  aimée  et 
dont  il  déplorait  la  perte.  Devenue  ensuite  veuve 
de  Fitz-Gerald,  elle  épousa  en  secondes  noces  un 
consul  américain  du  nom  de  Pitcairn.  Cette  se- 
conde union,  moins  heureuse  que  la  première,  fut 
marquée  par  une  séparation  amiable.  Paméla 
vécut  alors  en  province,  à  Montauban ,  chez  le 
duc  de  La  Force,  jusqu'en  1830 ,  époque  où  elle 
vifi't  à  Paris  pour  se  recommander  à  la  bien- 
veillance de  son  ancien  condisciple,  devenu  roi. 
Mais  Louis-Philippe  refusa  obstinément  de  la 
recevoir,  et  la  veuve  de  Fitz-Gérald  mourut 
dans  l'indigence  (1). 

Ersch  et  Gritber,  ^llg.  Enc.  —  Dict.  de  la  Conv. 
FïTZ-HERBERT   (Anthony),   jurisconsulte 
anglais,  né  à  Norbury,  mort'en  1538.  Il  étudia 

(1)  Cependant,  on  a  prétendu  qu'elle  avait  eu  une  pen- 
sion de  10,000  Jr.  Comment  expliquer  alors  le  fait  qu'on 
ne  trouva  pas  chez  elle  de  quoi  l'inhumer? 


777 


FITZ-HERBERT  —  FITZ-JAMES 


778 


à  Oxford,  puis  il  entra  dans  la  carrière  du 
barreau.  En  1511  il  fut  nommé  serjeant  at 
lato,  en  1516  il  parvint  à  la  chevalerie,  et  l'an- 
née suivante  il  fut  attaché  à  la  cour  en  sa  pre- 
mière qualité.  Appelé,  en  1523,  à  siéger  comme 
juge  à  la  cour  des  Plaids-communs ,  il  remplit 
ces  fonctions  jusque  dans  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  Comme  magistrat,  il  laissa  une 
grande  réputation  d'intégrité;  il  ne  se  fit  pas 
moins  connaître  par  ses  ouvrages.  On  a  de  lui  : 
Grand  Abridgement,  etc.,  recueil  de  jurispru- 
dence fort  estimé,  publié  en  1516,  in-fol.  L'é- 
dition de  1577  est  également  recherchée;  — 
The  Office  and  Authority  of  Justice  of  Peace, 
compUed  and  extracted  oui  of  the  old  books 
as  ivell  as  the  common  Law,  as  of  Statutes; 
1538;  —  The  Office  of  Sheriffs ,  Bailiffs  of 
Liberties,  Esclieators,  Constables ,  Coroners; 
1538;  —  The  Book  of  Husbandry  very  pro- 
fitable and  necessary  for  ail  persons;  1534. 

Biog.  Brit.—  Bridgman,  ie^ai.  Zfiô^oç;.  — Berkenhout, 
Biofj.  lit. 

FiTZeHERBERT,  en  latin  Fierbertus  (  Nico- 
las), théologien  irlandais,  vivait  dans  la  pre- 
mièie  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  était  ca- 
tholique, et  résida  longtemps  en  Italie.  On  a 
de  lui  :  Galateo,  overo  de''  costumi  da  Giov. 
délia  Casa,  colla  traduzione  latina  di  Nie. 
Fierberto ;  Rome,  1595,  Jn-8°  ;  —  Descriptio 
Àcademias  Oxoniensis;  ibid.,  1602,  in-8°;  — 
Le  Antiquitate  et  continuatione  Catholicse 
Religionis  in  Anglia;  ibid.,  1608,  in-8°;  —  De 
Flani  cardinalis  Vita;  ibid. 

Adelung,  Suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt.-Lexikon. 

FITZ-HERBERT  (  Thomas  ) ,  controversiste 
anglais ,  né  à  Swynnerton  (  comté  de  Staf- 
ford),  en  1552,  mort  en  1640.  Ayant  perdu  sa 
femme  à  l'âge  de  trente-six  ans,  il  embrassa 
l'état  ecclésiastique,  et  entra  dans  la  Société  de 
Jésus.  Il  fut  pendant  vingt-deux  ans  recteur  du 
collège  des  Anglais  à  Rome,  et  mourut  dans  cette 
charge.  On  a  de  lui  plusieurs  écrits  de  controverse 
religieuse,  dont  les  principaux  sont  :  Befence  of 
the  catholycke  cotise;  Saint-Omer,  1602,  in-4°; 
—  Treatise  concerning  Policy  and  Religion , 
en  trois  parties  ;  Douay,  1606,  in-4°;  ibid.,  1610, 
in-4";  Londres,  1652;  —  An  sit  utilitas  in 
scelere ,  contra  Machiavellum  ;  Rome,  1610, 
in-8°. 

Sotwel,  Bibliotfieca  Script.  Societ.  Jesu.  —  Aug.  et 
AI.  de  Backer,  Bibl.  des  Écriv.  de  la  Société  de  Jésus. 

FITZ-JAMES  (François,  duc  de),  prélat  et 
théologien  français,  fils  du  maréchal  duc  de  Ber- 
wick,néàSaint-Germain-en-Laye,  Ie9juinl709, 
mort  à  Soissons,  le  19  juillet  1764.  Il  renonça 
aux  dignités  de  son  père,  dont  il  avait  la  sur- 
vivance, pour  embrasser  l'état  ecclésiastique,  à 
l'âge  de  dix-huit  ans,  et  fut  nommé  abbé  de  Saint- 
Victor,  en  1727.  Mais  il  conserva  cependant  le 
titre  de  duc,  comme  chef  de  sa  famille.  Il  de- 
vint évoque  de  Soissons  en  1739,  et  succéda 
ensuite  au  cardinal  d'Auvergne  dans  la  charge 
de  pramier  aumônier  du  roi  Louis  XV.  Ce  prélat 


professait  les  doctrines  rigides  du  jansénisme. 
Lors  de  la  maladie  de  Louis  XV  à  Metz,  en  1744, 
il  exigea  le  renvoi  de  madame  de  Châteauroux, 
et  montra  trop  de  dureté  peut-être  pour  la  favo- 
rite disgraciée.  Celle-ci  reprit  bientôt  son  enapire, 
et  l'évéque  de  Soissons  fut  exilé  dans  son  dio- 
cèse. Il  n'en  continua  pas  moins  d'adresser  au 
prince  des  remontrances ,  que  celui-ci  écoutait 
sans  colère,  mais  dont  il  ne  tenait  aucun  compte. 
Les  ouvrages  de  ce  prélat  furent  publiés  après 
sa  mort,  sous  le  titre  d' Œuvres  posthumes  ; 
1769,  1770,  3  vol.  in-12. 

fie  du  duc  de  Fitz-James,  en  tête  des  Oeuvres  pos- 
thumes. —  Soulavie ,  Mémoires  de  Richelieu,  t.  VII. 
•  FITZ-JAMES  ( C^rZes,  duc  de),  pan-  et  ma- 
réchal de  France,  frère  du  précédent,  né  le  4  no- 
vembre 1712,  mort  en  mars  1787.  Connu  sous 
le  nom  de  comte  de  Fitz-James  jusqu'en  juillet 
1736,  qu'il  devint  duc  de  Fitz-James,  pair  de 
France,  et  gouverneur  du  Limousin  par  la  dé- 
mission de  son  frère  aîné,  il  entra  aux  mous- 
quetaires (1730),  obtint  un  régiment  de  cava- 
lerie de  son  nom  (1733),  et  il  le  commanda 
aux  sièges  de  Kehl,  de  Philisbourg  et  à  l'armée 
du  Rhin.  Nommé  brigadier  le  1*'  janvier  1740, 
il  passa  à  l'armée  de  la  Meuse ,  et  ne  rentra  en 
France  (1743)  qu'à  la  fin  de  la  campagne.  Ma- 
réchal de  camp  le  2  mai  1744,  il  servit  aux  siè- 
ges de  Tournay,  d'Oudenarde,  de  Dendermonde, 
et  combattit  à  Raucoux  ainsi  qu'à  Lawfeld.  Les 
services  importants  qu'il  rendit  en  plusieurs  cir- 
constances lui  méritèrent  (10  mai  1748)  le  grade 
de  lieutenant  général.  Dans  la  guerre  de  Sept 
Ans,  il  passa  à  l'armée  d'Allemagne ,  se  trouva 
aux  batailles  d'Hastembeck ,  de  Crevelt,  de 
Lutzelberg,  et  de  Minden,  où  il  chargea  l'ennemi 
à  la  tête  de  la  cavalerie.  Il  avait  succédé  à  son 
père  dans  le  gouvernement  du  Limousin  (1734). 
Nommé,  en  1761,  commandant  du  Languedoc  et 
des  côtes  de  la  Méditerranée ,  il  eut  de  grands 
démêlés  avec  le  parlement  de  Toulouse,  et  perdit 
le  commandement  en  1763.  Il  fut  même  décrété 
de  prise  de  corps  par  le  parlement  ;  et  il  fallut 
un  arrêt  du  conseil  pour  faire  cesser  cette  pour- 
suite. Il  obtint  en  1766  le  commandement  du 
Béarn,  de  la  Navarre ,  de  la  Guienne  ;  celui  de 
la  Bretagne  en  1771,  et  fut  élevé,  le  24  mars 
1775,  à  la  dignité  de  maréchal  de  France. 

A.  S Y. 

De  Courcelles,  Dict.  hist.  et  biog-  des  Génér.  français. 
—  Pinard,  Chronol.  mil.,  t.  V,  p.  46î.  —  De  La  Fortelle, 
Fastes  milit.,  t.  II,  p.  8. 

FITZ-JAMES  (Edouard ,  comte  de),  général 
français,  frère  des  deux  précédents,  né  le  17  sep- 
tembre 1715,  mort  à  Cologne,  le  5  mai  1758.  II 
reçut,  par  commission  du  22  décembre  1729,  le 
régiment  d'infanterie  irlandaise  de  Berwick ,  et 
le  commanda  au  siège  de  Kehl  (1733),  ainsi  qu'à 
celui  de  Philisbourg,  où  le  maréchal  de  Berwick, 
son  père,  fut  tué  à  ses  côtés  (1734).  Brigadier  des 
armées  du  roi  (1740),  il  servit  en  Flandre,  à  l'ar- 
mée du  Mein,  et  combattit  avec  la  plus  grande  va- 
leur à  Dettingen.  Maréchal  de  camp  (7  juin  1 744), 


7t9 


FITZ-JAMES 


780 


il  se  trouva  aux  sièges  d'Ypres  et  de  Furnes,  et 
fit  la  campagae  du  catnp  de  Courtray.  Fait  pri- 
sonnier de  guerre  par  les  Anglais ,  mais  bientôt 
rendu  à  la  liberté  après  quelques  mois  de  cap- 
tivité, le  comte  de  Fitz- James  se  rendit  à  Gand^ 
et  commanda  l'une  des  brigades  qui  emportèrent 
le  village  de  Lawfeld.  Les  services  qu'il  rendit 
au  siège  de  Maëstricht  lui  méritèrent  (  10  mai 
1748  ),  le  grade  de  lieutenant  général  des  armées 
du  roi.  Après  avoir  combattu  à  Hastembeck,  et 
s'être  trouvé  aux  prises  de  Minden  et  de  Ha- 
novre, il  tomba  malade  à  Cologne,  où  il  mourut. 

A.  S. ...Y. 

Pinard,  Ckronol,  milit.,  t.  V,  p.  445.  —  De  Courcelles, 
Dictionnaire  des  Généraux  français. 

Firz-JxmE.s  (Edouard,  duc  de),  homme 
politique  français ,  petit-fils  du  maréchal  de  ce 
nom,  né  à  Versailles,  en  1 776,  mort  en  novembre 
1838.  Dès  le  commencement  de  la  révolution , 
sa  famille,  abandonnant  la  France,  l'emmena 
en  Italie  (1789),  Après  la  formation  de  l'armée 
de  Condé,  il  crut  qu'U  était  de  son  devoir  d'y 
prendre  du  service.  Quoiqu'il  portât  les  armes 
contre  sa  patrie ,  on  peut  rendre  justice  à  son 
courage  et  à  sa  loyauté.  Il  fut  aide  de  camp 
du  maréchal  de  Castries,  et  se  distingua  en  plu- 
sieurs occasions.  Lorsque  cette  armée  nobi- 
liaire eut  été  licenciée,  le  jeune  officier  passa  en 
Angleterre,  où  il  épousa  M"^  de  Latouche  ;  puis 
il  parcourut  les  montagnes  de  l'Ecosse,  et  les 
sympathies  des  habitants  lui  révélèrent,  dit-on, 
combien  le  nom  de  Stuart  était  encore  cher  à 
leur  cœur. 

Lorsque  la  tempête  révolutionnaire  se  fut  cal- 
mée en  France,  M.  de  Fitz-James  sollicita  sa 
radiation  de  la  liste  des  émigrés  et  obtint  du 
gouvernement  consulaire  la  permission  de  ren- 
trer dans  sa  patrie  ;  mais  il  ne  voulut  recevoir 
ni  place  ni  dignité,  et  vécut  dans  la  retraite 
pendant  toute  la  durée  du  régime  impérial. 

A  la  fin  de  1813,  alors  que  la  chute  de  Na- 
poléon devenait  de  plus  en  plus  imminente, 
Fitz-James  accepta  le  modeste  grade  de  caporal 
dans  la  première  légion  de  la  garde  nationale  de 
Paris.  Dans  la  journée  du  30  mars  1814,  cette 
légion  ayant  eu  ordre  de  se  rendre  à  la  barrière 
Monceaux,  le  duc  sortit  des  rangs,  et  dissuada 
ses  camarades  de  marcher  contre  l'ennemi  qui 
s'avançait  sur  Paris.  Ses  paroles,  qui  ont  été 
recueillies  par  les  biographes,  produisirent  en 
partie  l'effet  que  le  duc  de  Fitz-James  en  atten- 
dait ;  car  si  les  hommes  de  coeur  qui  n'écoutaient 
que  l'amour  dé  la  patrie  allèrent  succomber  au 
champ  d'honneur,  les  royaUstes  et  les  hommes 
timorés  suivirent  l'avis  qu'on  leur  donnait  avec 
tant  de  hardiesse.  Le  lendemain,  la  capitulation 
de  Paris  fut  signée ,  et  on  vit  le  caporal  de  la 
veille,  à  la  tête  de  plusieurs  jeunes  nobles,  par- 
courir les  rues  de  la  capitale,  des  mouchoirs 
blancs  à  la  main  et  au  bras ,  et  répétant  le  cri 
de  Viv  le  roil  démonstration  qui  devait  mettre 
fin  à  l'hésitation  de  l'empereur  Alexandre,  si 


honorable  pour  ce  prince  et  si  menaçante  pour 
les  Bourbons. 

Après  la  restauration  de  cette  dynastie,  nommé 
aide  de  camp  et  premier  gentilhomme  de  Mon- 
sieur, pair  de  France ,  colonel  de  la  garde  natio- 
nale à  cheval,  etc.,  le  duc  de  Fitz-James  suivit  le 
comte  d'Artois  dans  les  provinces  du  midi  et  l'ac- 
compagna à  Lyon.  Les  Cent  Jours  le  trouvèrent  à 
Gand,  d'où  les  armées  étrangères  le  ramenèrent 
bientôt,  et  depuis  son  zèle  pour  la  famille  royale 
ne  se  démentit  jamais.  Le  4  juin  1814,  il  avait  été 
élevé  à  la  dignité  de  pair  :  dans  laséance  du  21  oc- 
tobre 1815,  il  proposa  de  voter  des  remercîments 
au  duc  d'Ajigoulême ,  réclama  avec  de  vives  ins- 
tances la  condamnation  du  maréchal  Ney  ;  et 
lorsque  la  chambre  haute  eut  prononcé  sur  le 
sort  de  cette  victime  des  réactions  politiques,  ce 
fut  lui  qui  le  premier,  dans  la  nuit  du  6  décem- 
bre 1815,  apporta  aux  Tuileries  la  nouvelle  que 
le  maréchal  devait  mourir  de  la  main  de  ses  con- 
citoyens. A  l'époque  du  jugement  du  général 
Bertrand ,  son  beau-frère ,  alors  inscrit  sur  une 
liste  de  proscription,  il  ne  craignit  pas  d'aggra- 
ver encore  la  position  de  ce  fidèle  ami  de  l'em- 
pereur en  publiant  une  lettre  dans  laquelle  il 
déclarait  que  le  général  avait  prêté  serment  à 
Louis  XVin.  Démenti  par  la  famille  de  Bertrand, 
il  répondit  par  une  autre  lettre,  qu'il  publia  le 
7  septembre  1815  et  dans  laquelle  il  ne  respecta, 
on  doit  le  dire,  ni  les  liens  de  famille  ni  les 
égards  auxquels  le  malheur  a  toujours  droit. 
Enfin,  l'espèce  de  fanatisme  royaliste  qui  s'était 
emparé  du  duc  de  Fitz-James  le  porta ,  dès  que 
le  gouvernement  semblait  revenir  dans  les  voies 
constitutionnelles,  à  se  ranger  dans  l'opposition. 
11  combattit  avec  force  la  loi  du  5  février  i817 
relative  aux  élections ,  prit  occasion  de  ces  mots 
prononcés  par  l'un  des  rainisties  :  «  Ayez  des 
«  vertus,  et  vous  aurez  de  l'influence!  «pour  lui 
adresser  une  apostrophe  violente,  mais  portant 
le  cachet  de  son  éloquence,  énergique  et  incisive. 
Pendant  tout  le  temps  qu'il  fit  partie  de  l'oppo- 
sition réactionnaire ,  on  le  vit  s'élever  avec  vi- 
gueur contre  les  lois  d'exception  qu'en  1815  il 
avait  approuvées  et  que  depuis  il  appuya  de  nou- 
veau. Ce  fut  surtout  sous  le  ministère  du  duc  De- 
cazes  que  le  duc  de  Fitz-James  se  fit  remarquer 
à  la  chambre  des  pairs  par  son  opposition;  il 
parla  même  alors  en  faveur  de  la  liberté  de  la 
presse ,  pour  laquelle  il  montra  beaucoup  moins 
de  sympathie  à  d'autres  époques.  Cette  opposi- 
tion lui  attira  quelques  ennemis  à  la  cour,  et  dé- 
fense lui  fut  faite  d'y  paraître.  Cependant  le  mi- 
nistère Villèle  le  compta  parmi  ses  amis  les  plus 
dévoués ,  et  il  appuya  toutes  les  lois  importantes 
qui  furent  présentées  à  la  chambre  pendant,  la 
durée  de  ce  ministère. 

Après  la  révolution  de  1830,  le  duc  de  Fitz- 
James  prêta  le  serment  de  pair  de  France,  mais 
ne  déserta  ni  ses  principes  ni  son  drapeau  ,  et 
depuis  toutes  ses  pensées  furent  tournées  vers 
la  terre  de  l'exil.  On  l'accusa  même,  en  1832, 


781 


FITZ- JAMES  —  FIURELLI 


782 


d'avoir  pris  part  aux  menées  de  M™"  la  du- 
chesse de  Berry,  alors  cachée  en  France,  et  il  fut 
momentanément  arrêté,  puis  élargi  faute  de 
preuves.  D'abord  ce  fut  à  la  chambre  des  pairs 
que  sa  voix  s'éleva  contre  le  gouvernement  nou- 
veau. Mais,  convaincu  bientôt  de  la  stérilité  de 
ses  efforts  dans  cette  assemblée,  il  donna  sa 
démission  pour  s'exposer  aux  chances  du  scru- 
tin éjecterai.  En  1834',  nommé  député  par  la 
ville  de  Toulouse,  qui,  le  8  novembre  1837,  lui 
continua  son  mandat,  il  vint  siéger  au  Palais- 
Bourbon  dans  les  rangs  de  la  droite.  Depuis,  cha- 
que fois  que  sa  voix  se  faisait  entendre  dans  cette 
assemblée,  elle  produisit  toujours  une  grande 
sensation.  L'undeses  plus  beaux  discours  comme 
député  est  celui  qu'il  prononça,  au  commence- 
ment de  la  session  de  1837,  contre  l'alliance 
anglaise ,  au  sujet  de  la  quadruple  alliance  et  de 
l'intervention  en  Espagne  ,  etc.  Après  ce  triom- 
phe oratoire,  la  santé  du  duc  de  Fitz-James  ne 
lui  permit  plus  guère  de  prendre  part  aux  luttes 
parlementaires.  L'éloquence  de  cet  orateur  avait 
quelque  chose  de  chevaleresque ,  d'aisé  et  de 
naturel ,  un  élégant  abandon  qui  semble  n'ap- 
partenir qu'à  lui.  Suivant  M.  de  Cormenin , 
il  avait  «  le  laisser-aller,  le  sans-gêne,  le  débou- 
tonné d'un  grand  seigneur  parlant  devant  des 
bourgeois  ».  [E.  Pascallet,  dans  1'£'wc.  des  G. 
du  M. ,  avec  add.  ] 

Rabbe,  HoisjoUn,  etc..  Biographie  unie,  des  Contemp. 
—  Coriiionin  (  Timon  ) ,  Études  sur  les  Orat.  parlem. 

Fiïz- JAMES  (/flc^'Mes  de).  Voy.  Berwick 
(Duc  de). 

FiTZ-siMONs  (Henri),  controversiste irlan- 
dais, né  à  Dublin,  en  1567,  mort  en  1644.  Il  entra 
au  noviciat  de  Douay  en  1592.  Après  avoir  en- 
seigné pendant  plusieurs  années  la  plùlosophie 
en  Belgique,  il  repassa  en  Irlande,  et  se  fit  une 
grande  réputation  par  sa  polémique  contre  les 
théologiens  anglicans  ;  il  s'attira  ainsi  la  persé- 
cution ,  fut  longtemps  emprisonné,  et  n'échappa 
à  la  potence  que  par  la  fuite.  On  a  de  lui  :  Con- 
/iitation  of  John  Rideras  Elaïm  of  antïquïty 
in  behaJf  of  the  pi'otestant  religion ,  and  a 
calming  conifort  against  hïs  caveat  ;  Rohan, 
1608,  in-4"  ;  —  The  justification  and  exposi- 
tion of  divine  sacrifice  ofmass,  and  of  ail  ri- 
tes and  ceremomes  thereto belonging;  Douay, 
1611,  iu-4°  ;  —  BrUayinomachia  ministrorum 
in  plerisque  fidei  fundamentis  et  articulis 
dissideiitium  ;J}ouày ,  1614,  in-4°;  —  Catalo- 
gnspreeciinLoriimSanctorum  Hibernix  ;\Aég(d\ 
1619,  in-8^ 

Sotwcl ,  Bibliothcca  Script.  Societ.  Jesu.  —  Aug.  et 
Alex,  de  Hacker,  Bibliothèque  des  Écrivains  de  la  So- 
ciété clc  Jé^NS. 

FîTZ-STEPHEN  (WilHain),  hagiographe 
anglais  ,  né  à  Londres  ,  vivait  au  douzième  siè- 
cle. Il  était  clen;  de  la  maison  de  Thomas  Becket 
(  saint  Thomas  de  Canterbury  ),  qui  eut  assez  de 
confiance  en  lui  pour  le  charger  d'emplois  im- 
portants dans  sa  ciiancellerie ,  dans  sa  cb.apelle 
et  dans  sa  cour.  Il  assista  à  ce  parlement  de 


Northampton  qui  tient  une  place  si  importante 
dans  la  fameuse  querelle  du  roi  d'Angleterre 
avec  Thomas  Becket;  il  fut  témoin  du  meurtre 
de  l'archevêque  de  Canterbury ,  ainsi  que  de 
plusieurs  autres  événements  qu'il  raconte  dans 
la  vie  de  ce  saint.  Il  paraît  qu'il  fut  épargné  dans 
la  persécution  qui  atteignit  les  amis  de  Becket. 
Il  avait  composée  la  vie  de  l'archevêque  de  Can- 
terbury, probablement  peu  après  la  mort  de  ce 
prélat.  Bien  qu'elle  soit  écrite  par  un  partisan 
du  saint,  le  style  en  est  moins  enthousiaste  et 
le  récit  moins  légendaire  que  dans  les  autres 
biographies  de  Thomas  Becket.  Cet  ouvrage  com- 
mence par  une  longue  et  curieuse  description 
de  la  ville  de  Londres.  Il  fut  imprimé  d'abord 
sous  le  titre  de  Vita  sancti  Thomse,  archiepis- 
copi  et  mart^jris,  a  Willielmo  filio  Stephani, 
dans  la  collection  de  Sparke  intitulée  :  His- 
torié Anglicanse  Scriptores  varii,  a  codicibus 
manuscriptis  nunc  primum  editi;  Londres, 
1723,  in-fol.  ;  —  La  Description  de  la  ville  de 
Londres  fut  traduite  en  anglais,  et  publiée  à 
part,  avec  commentaire,  par  Sam.  Pegge;  Lon- 
dres, 1772, in-4°. 

Wright,  Biographia  Britannica  literaria,  t.  U. 

FiTZ-wiLLiAM.  Voy.  Wentworth  (Lord). 

*  FIUMANA  (  Francesco  Alberti,  dit  ) ,  pein- 
tre de  l'école  bolonaise,  vivait  en  1740.  On 
voit  des  ouvrages  de  ce  maître  à  San-Giovanni- 
in-Monte  et  à  Sainte-Pétrone  de  Bologne.  Ses 
peintures  sont  ordinairement  entourées  d'orne- 
ments peints  par  Antonio  Ferrari.     E.  B — n. 

Malvasia,  Pitture  di  Bologna.  —  M.  A.  Gualandi  .i^re 
Giorni  in  Bologna. 

EIUMJCËLL8.  Voy.  FUMICELLI. 

FIURELLI  ou  FioRELLi  {Tibcrio) ,  sur- 
nommé ScARAMoucHE ,  fameux  acteur  de  la  Co- 
médie-Italienne,  né  à  Naples,  en  1608,  mort  le 
6  décembre  1694.  On  ignore  la  vie  le  cet  acteur 
jusqu'à  l'époque  où  il  vint  en  France,  en  1640.  Il 
faisait  alors  partie  de  la  première  troupe  de  co- 
médiens italiens  qui  furent  appelés  à  Paris  par  le 
cardinal  Mazarin  lui-même,  dit-on.  Fiorelli  avait 
déjà  une  certaine  réputation  dans  son  pays,  où  il 
avait  créé  le  rôle  de  Scaramuccio  (  Scaramou- 
che)  (1).  Les  lèvres  ornées  d'épaisses  moustaches, 
tout  habillé  de  noir,  à  la  fois  fanfaron  et  lâche, 
Fiorelli  faisait  consister  une  partie  de  ses  rôles , 
ordinairement  improNÏsés ,  en  grimaces  et  con- 
torsions, et  finissait  toujours  par  être  battu.  Ses 
lazzis  amusaient  beaucoup  la  cour  de  Louis  Xin  : 
il  eut  même  le  singulier  bonheur  de  distraire  le 
jeune  dauphin  de  France  d'un  accès  de  colère 
enfantine.  Il  avait  pris  le  prince  sur  ses  genoux, 
et  réussit  à  le  mettre  en  si  belle  humeur  que 
l'enfant  ne  put  résister  à  certain  besoin  que  l'hila- 

(1)  Ue  l'Italien  scaramuccia ,  escarmouche.  Quelques 
;i'jteurs  assurent  que  le  Scararaouclic  est  d'origine  espa- 
gnole et  existait  déjà  dans  la  troupe  que  Charles-Quint 
emmena  en  Italie.  Ce  rôle  ne  larda  pas  à  .s'y  naturaliser. 
Il  avait  dès  lors  une  grande  analogie  avec  celui  du  Ca- 
pitan  Matamore  et  du  cupiluine  Fracasse  .  que  Ton 
retrnnve  dans  les  anciens  auteurs  comiques  français. 


783 


FIURELLI   -  FIX 


784 


rilé  fit  naître  :  le  costume  du  comédien  en  fut  ma- 
culé, mais  depuis  lors  il  eut  ses  entrées  au  palais. 
Louis  XIV  lui  conserva  son  affection,  et  il  conti- 
nua de  jouer  devant  ce  monarque  jusqu'à  sa  re- 
traite, qu'il  ne  prit  qu'en  1691.  Il  avait  alors 
quatre-vingt-trois  ans,  et  conservait  tant  de  sou- 
plesse et  d'agilité  qu'il  donnait  un  soufflet  avec 
le  pied.  Suivant  son  biographe,  l'un  de  ses  ca- 
marades, Angelo  Constantini,  dit  Mezzetin,  Fio- 
relli  était  emporté,  avare,  méfiant,  et  commit 
plusieurs  tours  d'escroquerie.  On  trouve  cette 
biographie  dans  la  Bibliothèque  bleue,  in-12. 
—  Des  anonymes  ont  publié  des  recueils  sans 
authenticité  sous  les  titres  de  Scarumucciana , 
ou  bons  mots  de  Scaramouche,  in- 12  -,  et  Sca- 
ramouchiana ,  in-32.  Le  portrait  de  Fiorelli  a 
été  gravé  par  Vermeulen  ;  on  lit  en  bas  ce  qua- 
train, attribué  à  La  Fontaine,  et  qui  donne  une 
haute  idée  du  talent  de  cet  acteur  : 

Cet  illustre  comédien 
De  son  art  traça  la  carrière; 
11  fut  le  mailre  de  Molière  , 
Et  la  nature  fut  le  sien. 

D'Origny,  Annales  du  Théâtre- Italien.  —  Bes  Boul- 
niiers ,  i/jstoire  du  Théâtre -Italien.  —  Déaddé  ,  dans 
l'Éncycl.  des  Gens  du  Monde,  art.  Scaramouche.  —  Bi- 
bliothèque bleue. 

FIX  (  Théodore  ) ,  publiciste  et  économiste 
suisse,  né  à  Soleure  (  Suisse),  en  1800,  mort  à 
Paris,  le  31  juillet  1846.  Il  appartenait  à  une 
famille  française,  que  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes  avait  forcée  à  s'expatrier.  Son  père  exer- 
çait la  médecine.  Après  avoir  fait  de  bonnes 
études  dans  sa  ville  natale,  il  approfondit  les 
mathématiques ,  et,  grâce  à  cette  éducation  po- 
sitive ,  il  se  trouva  en  état  d'accepter,  à  l'âge  de 
dix-neuf  ans,  d'importants  travaux  d'arpentage 
dans  le  canton  de  Berne.  La  beauté  et  l'exacti- 
tude de  ses  plans  ne  le  mirent  toutefois  pas  à 
l'abri  d'un  procès  avec  l'administration  bernoise  : 
et  il  le  gagna.  Cet  incident  le  fit  connaître  ;  il  vint 
en  France ,  oti  le  cadastre  l'employa  successive- 
ment à  BKis,  à  Clermont-Ferrand  et  à  Ver- 
sailles. Cependant  la  monotonie  de  cette  be- 
sogne !e  dégoûta,  et  en  1830  il  travailla  au 
Bulletin  universel  des  Sciences,  où  il  ré- 
digea presque  exclusivement  la  partie  géogra- 
phique. En  1B33  il  entrepj-it  la  publication  de 
la  Revue  mensuelle  d'Économie  politique, 
qu'il  continua  "(jusqu' en  1836.  Cette  publication 
le  mit  en  relation  avec  les  économistes  les  plus 
distingués ,  et  notamment  avec  Sismondi,  Rossi 
et  Blanqui  aîné.  En  1840,  l'Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques  couronna  son  travail  sur 
l'Association  des  douanes  allemandes.  Peu 
de  temps  après,  il  s'occupa  de  la  mise  en  ordre 
des  matériaux  qui  devaient  servir  à  une  histoire 
des  progrès  des  sciences  sociales  depuis  1789, 
œuvre  dont  cette  académie  avait  chargé  Rossi.  Le 
Siècle,  La  Quotidienne,  le  Journal  des  Écono- 
mistes ,  la  Revue  nouvelle  comptèrent  Fix  au 
nombre  de  leurs  collaborateurs,  et  dans  les  deux 
dernières  années  de  sa  vie  il  rédigea  pour  Le 


Constitutionnel  des  articles  d'économie  politi- 
que. Peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  fit  paraître 
des  Observations  sur  les  classes  ouvrières. 
Dans  ce  livre,  après  avoir  examiné  les  causes 
principales  de  la  misère ,  l'ivrognerie  ,  l'impré- 
voyance, les  coalitions  et  les  crises  commerciales , 
il  attaque  le  principe  du  droit  au  travail,  combat 
les  plans  d'organisation  du  travail  et  tout  système 
tendant  à  régler  le  taux  des  salaires  ;  défend  le 
capital,  et  ne  demande  à  l'État  que  le  dévelop- 
pement de  l'enseignement  des  masses ,  la  cessa- 
tion de  la  concurrence  du  travail  des  prisons, 
et  quelques  mesures  de  police  pour  l'hygiène  et 
la  salubrité  des  manufactures;  il  recommande 
aux  ouvriers  la  sobriété ,  la  prudence  dans  le 
mariage  et  l'économie  -,  enfin,  il  discute  les  res- 
sources de  l'association  et  les  divers  modes 
d'encouragement  et  de  participation  qui  ont  été 
appliqués  dans  l'industrie.  Cette  défense  du  ré- 
gime social  actuel  le  fit  accuser  de  dureté. 

Fix  portait  en  lui  le  germe  d'une  grave  ma- 
ladie de  cœur.  Un  an  après  avoir  perdu  sa  femme, 
il  s'éteignit  subitement,  le  soir  d'une  journée 
étouffante ,  en  causant  avec  des  amis ,  et  au  mo- 
ment même  où  il  venait  de  se  féliciter  de  sa 
santé.  Le  style  de  Théodore  Fix  était  clair  et 
fort  travaillé,  et  s'était  dépouillé  peu  à  peu 
d'une  empreinte  germanique  que  l'on  trouve 
très-marquée  dans  ses  premiers  travaux.  On  lui 
doit  :  Revue  mensuelle  d' Économie  politi- 
ç'Me;  Paris,  1833-1836,  5  vol.  in-8°  ;  —  De  la 
Contrefaçon  des  Livres  français  en  Belgi- 
que; Paris,  1836,  in-8°;  extrait  de  la  Revue 
mensuelle;  —  Observations  sur  Véfat  des 
classes  ouvrières  ;  Paris,  1846,  in-8°  :  une  partie 
de  cet  ouvrage  avait  paru  dans  le  Journal 
des  Économistes.  Le  Mémoire  sur  V Associa- 
tion des  douanes  allemandes  n'a  pas  été 
publié.  On  signale  encore  parnoi  les  articles  de 
ThéodoreFis., dansleJournaldes  Économistes, 
dont  quelques-uns  ont  été  tirés  à  part  :  Notice 
sur  la  vie  et  les  ouvrages  économiques  de  M.  de 
Sismondi  (  1843  )  ;  —  Situation  des  classes  ou- 
vrières ;  —  Études  sur  les  traités  de  com- 
merce (  1844);  —  Tendances  industrielles  et 
commerciales  de  quelques  États  de  V Europe  ; 
—  De  la  manière  d'observer  les  faits  écono- 
miques (1845);  —  De  Vesprit  progressif  et 
de  Vesprit  de  conservation  en  économie  poli- 
tique; —  De  l'exposition  des  produits  de  l'in- 
dustrie en  1844;  —  Des  premières  ré/ormes 
financières  de  Robert  Peel ,  etc.  On  trouve 
dans  la  Revue  nouvelle,  numéro  d'août  1846, 
un  long  article  de  Th.  Fix  sur  les  affaires  reli- 
gieuses de  l'Allemagne.  L.  Louvet. 

J.  Garnier,  dans  le  Dictionnaire  de  l'Économie  politi- 
que. —  Louandre  et  BourqueLot,  La  Littérature  fran- 
çaise contemporaine.  —  Dictionnaire  de  la  Conversa- 
tion, suppl.  a  la  !"«  édition.  Documents  particuliers. 

l  FIX  (Théobald),  philologue  suisse,  frère 
du*précédent,  né  à  Soleure,  en  1802.  Après  avoir 
fait  ses  études  au  gymnase  et  à  l'académie  de 


7bô 


FIX  —  FIZES 


786 


Berne ,  U  se  rendit  à  l'université  de  Leipzig,  où  il 
M  un  des  élèves  de  prédilection  du  célèbre  Go- 
defiroy  Hermanu.  Il  vint  ensuite  s'établir  à  Paris. 
En  1827,  M.  Fix,  sur  la  recommandation  de 
M.  Letronne,  fut  chargé  avec  MM.  Hase  et 
Sinner  de  la  nouvelle  édition  du  Thésaurus 
LinguseGraecse  de  Henri  Ëstienne,  que  se  propo- 
sait de  publier  M.  Firmin  Didot.  Un  volume  du 
Thésaurus  avait  paru  quand  M.  Fix  cessa  d'y  col- 
laborer. Il  fit  ensuite  paraître  avec  M.  Sinner  les 
œuvres  de  saint  Jean  Chrysostome  :  S.  Joannis 
Chrtjsostomi,  archiep.  Constant. ,Operaomnia 
quœ  exstant,  studio  D.  Bernardï  de  Mont- 
faucon,  editio  altéra  emendata  et  aucta; 
1834-1839,  13  vol.  gr.  in-8°.  On  a  encore  de 
M.  Fix  une  édition  d'Euripide,  dans  la  Biblio- 
thèque Grecque  de  A. -F.  Didot;  Paris,  1844, 
in-8°,;  —  Electre,  tragédie  d'Euripide,  texte 
grec;  Paris,  1844,  ia-12;  —  Hippolyte,  trag, 
d'Euripide ,  texte  grec;  Paris,  1845,  in-12;  — 
Iphigénie  en  Tauride  ;  trag.  d'Euripide,  texte 
grec;  Paris,  1847,  in-12.  Toutes  ces  éditions  ont 
été  revues  avec  le  plus  grand  soin  sur  les  meil- 
leurs manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  ; 
—  Fables  de  Babrius,  texte  grec;  Paris,  1846, 
in-12.  M.  Fix  avait  déjà  publié  dans  la  Revue 
de  Philologie  (t.  I,  p.  46-81  )  un  article  re- 
marquable sur  le  langage,  la  métrique  et  le  dia- 
lecte de  Babrius.  M.  Fix  a  publié  en  outre,  en  col- 
laboration avec  M.  Ph.  Le  Bas,  ime  édition  du 
Prométhée  d'Eschyle;  Paris,  1843,  in-12;  avec 
M.  Sommer,  Les  Néméennes,Les  Pythiques  et 
Les  Isthmiques  de  Pindare  ;  1847,  3  vol.  in-12. 
W.  DE  SuciiAu. 

France  littéraire,  supplément. 

FiXLMiLLNER  (Placide),  astronome  alle- 
mand, né  à  Achlenthen,  en  1721,  mort  le  27  août 
1791 .  A  Salzbourg,  où  il  fit  ses  principales  études, 
1  prit  goût  pour  les  mathématiques ,  à  la  culture 
desquelles  son  entrée  dans  l'ordre  des  Bénédic- 
tins fit  d'abord  diversion.  H  étudia  alors  la  théo- 
logie, le  droit,  les  langues  orientales,  l'histoire, 
les  antiquités  et  la  musique.  Un  événement  as- 
tronomique, le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil, 
en  1761,  réveilla  en  lui  un  goût  déjà  ancien  pour 
l'étude  des  astres  ;  dès  lors  il  passa  une  bonne 
partie  de  son  temps  à  l'observatoire  de  Crems- 
munster,  construit  en  1748  par  son  oncle,  abbé 
du  monastère  de  ce  nom.  En  1765,  il  publia  un 
ouvrage  où  il  déterminait  la  longitude  et  la  la- 
titude de  cet  observatoire.  Onze  ans  plus  tard, 
Fixlmillner  fit  paraître  l'ouvrage  qui  assura  sa 
réputation.  Tout  en  se  livrant  à  l'enseignement 
et  à  l'administration  d'un  collège  établi  dans 
l'abbaye ,  Fixlmillner  trouva  le  temps  de  faire 
de  nombreuses  observations  astronomiques,  que 
la  mort  seule  put  interrompre.  Il  fut  un  des 
premiers  à  découvrir  la  planète  Uranus.  On  a 
de  lui  :  Decennium  astronomicum  ;  1777;  — 
Meridianus  Spéculai  astron.  Cremisanensis. 

Biog.  etr.  —  Philos.  Magaz.  —  Lalande, ZJjct.  des  Se. 
astron. 


FIZES  (Antoine),  médecin  français ,  "né  à 
Montpellier,  en  1690,  mort  dans  la  même  ville, 
le  14  août  1765.  Il  reçut  de  son  père,  professeur 
de  mathématiques,  les  premiers  éléments  de 
son  éducation,  et  étudia  la  médecine  à  l'académie 
de  sa  ville  natale,  où  il  prit  ses  degrés.  Il  suivait 
alors  la  pratique  de  Barbeyrac  et  de  Deidier.  Il 
se  rendit  ensuite  à  Paris,  où  il  se  perfectionna 
sous  Duverney,  Lemery  et  les  deux  Jussieu.  De 
retour  à  Montpellier  en  1718,  il  succéda  à  son 
père,  , conjointement  avec  de  Clapiers,  dans  la 
chaire  royale  de  mathématiques.  En  1732,  il 
remplaça  Deidier  comme  professeur  à  la  Faculté 
de  médecine.  «  Ses  théories  prolixes ,  dit  un  de 
ses  disciples,  étaient  un  mélange  décousu  de 
mécanique,  d'hydraulique  et  de  chimie,  auquel  il 
ajoutait  des  calculs ,  séduit  par  l'idée  d'arriver 
à  des  démonstrations  rigoureuses  dans  des  ob- 
jets qui  ne  les  comportent  point.  »  Sa  renommée 
s'étendit  jusqu'à  Paris,  et ,  par  les  conseils  de 
Senac,  le  duc  d'Orléans  le  choisit  pour  son 
premier  médecin.  Mais  Fizes,  qui  ne  parlait  que 
latin  ou  patois,  devint  bientôt  un  objet  de  ridi- 
cule pour  tonte  la  cour,  et  dut  donner  sa  dé- 
mission après  quatorze  mois  seulement  d'exer- 
cice. Il  revint  à  Montpellier,  et  y  reprit  les  fonc- 
tions de  la  chaire  et  de  la  pratique ,  fonctions 
qu'il  continua  jusqu'à  un  âge  très-avancé.  Fizes 
a  été  jugé  diversement  :  suivant  Estève,  «  il 
soutint  la  bonne  médecine  dans  le  temps  où  elle 
semblait  devoir  périr  par  la  multiplicité  de  senti- 
ments et  de  prétentions  ».  Astruc  le  regarde  comme 
«.  un  homme  médiocre,  »  et  Portai  lui  reproche 
«  une  orgueilleuse  opiniâtreté  à  soutenir  les  pro- 
positions les  plus  absurdes,  et  l'accuse  d'avoir 
retardé  les  progrès  de  l'art,  au  lieu  de  les  avancer  ». 
Éloy  le  dit  «  humble ,  vertueux,  et  vrai  ;  et  quant 
à  l'avarice  dont  on  l'a  taxé  dans  le  public,  elle 
n'avait  que  la  figure  de  cet  amour  sordide  des 
richesses.  Sa  fortune  n'a  guère  été  au  delà  de 
trois  cent  mille  livres.  »  On  a  de  lui  :  De  Genera- 
tione  H ominis,  thèse;  Montpellier,  1708.  L'au- 
teur y  adopte  le  sentiment  des  ovaristcs,  et  avance 
que  le  fœtus  se  nourrit  simultanément  par  le 
cordon  ombilical  et  par  la  bouche ,  et  que  les 
vices  congéniaux  sont  dus  aux  affections  qu'é- 
prouve la  mère  pendant  la  grossesse  ;  —  De  Ho- 
minis  Liene  sano  ;  Montpellier,  1716,  in-12. 
Fizes  croit  que  le  principal  usage  de  la  rate  est 
d'atténuer  les  particules  du  sang  artériel  et  d'en 
faire  un  mélange  homogène;  —  De  naturali  Se- 
cretione  JSiiw  in  jecore;  Montpellier,  1716,  in-12. 
— Spécimen  de  Suppurationein  partibusmol- 
iibus;  Montpellier,  1722, in-S"  ;  — -  Corporis  hu- 
mant partium  solidarîim  Conspectus  anato- 
ntico-mechanicus ;  MontpeWier,  1729,111-4";  — 
De  Cataracta;  Montpellier,  1731,  in-4°.  Dans  ce 
traité,  qui  est  justement  estimé  ,  il  admet  égale- 
ment les  cataractes  membraneuses  et  cristallines , 
mais  il  penche  plutôt  pour  les  dernières;  — 
Universx  Physiologie  Conspectus  ;  Montpel- 
lier, 1737,  iu-8";  —  De  Tumonbus  in  génère; 


787 


FIZES  -  FLACCUS 


7S8 


Montpellier,  1738,  in-4";  Paris,  1751,  m-8°;  — 
Tractatus  de  Febribits;  Montpellier,  1749, 
in-12,  C'est  cet  ouvrage  dont  le  professeur  Fou- 
quet  prétendait  avoir  acheté  bon  nombre  d'exem- 
plaires, afin  de  les  anéantir  pour  l'honneur  de 
l'école  de  Montpellier.  On  en  fit  cependant  une 
nouvelle  édition,  en  1757.  On  a  recueilli  presque 
tous  les  écrits  deFizes;  Montpellier,  1742,in-4°. 
Il  existe  aussi  un  recueil  qui  a  pour  titre  :  Obser- 
vations sur  les  Plaies  par  Chirac,  et  sur  la 
Suppuration,  par  Fizes;  Paris,  1742,  in-12. 
H.  FisQUET  (de Montpellier). 

Estève.iffl  f''ie  et  les  Principes  de,  M.  Fizes  ;  Mont- 
pellier, 1765,  in-8°.  —  Aslruc,  Mémoires  pour  servir  à 
V  histoire  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier; 
1767,  in-40.  —  Portai,  Histoire  deTAnatomie  et  de  la 
Chirurgie.  —  Éloy,  Diction,  hist.  de  la  Médecine.  — 
Desgenettes  ,  dans  la  Biographie  médicale.  —  Bayle , 
Encyclopédie  des  Sciences  médicales,  t.  Il,  p.  240. 

FLABKNIGO  (  Doinenico),  trente-et- unième 
doge  de  Venise,  mort  en  1043.  Il  était  d'une  des 
puissantes  familles  de  Venise,  et  se  mit  à  la  tête 
du  parti  aristocratique  pour  renverser  Do- 
menico  Urseolo,  qm  régnait  depuis  vingt  ans,  par 
la  faveur  populaire.  En  1026,  ils  l'accusèrent  de 
despotisme,  le  surprirent  dans  son  palais,  lui  ra- 
sèrent la  barbe,  et  l'envoyèrent  en  exil,  où  il 
mourut.  Flabenigo  ne  profita  point  de  son  at- 
tentat :  les  suffrages  publics  se  réunirent  pom* 
accorder  la  couronne  ducale  à  Pietro  Centranigo 
Barbolano.  En  1029 ,  le  peuple,  excité  par  le  pa- 
triarche de  Grado,  fils  du  doge  déposé,  rappela 
les  Urseoli,  et  chassa  Centranigo.  Flabenigo  fut  dé- 
claré traître  à  la  patrie,  et  dut  prendre  la  fuite.  Mais 
une  réaction  singulière  ne  tarda  pas  à  s'opérer  : 
Domenico  Urseolo,  frère  du  patriarche,  sans 
daigner  se  soumettre  à  une  élection,  s'empara  du 
gouvernement;  le  peuple,  indigné,  se  souleva  de 
nouveau,  et  l'usurpateur,  vaincu,  s'enfuit  à  Ra- 
venne.  La  haine  de  Flabenigo  pour  les  Urseoli 
devint  alors  un  mérite.  Il  fut  amnistié ,  élu  régu- 
lièrement et  installé  sui-  le  trône  ducal.  Son  pre- 
mier soin  fut  de  faire  proscrire  ses  adversaires  ; 
il  représenta  ensuite  que  depuis  trois  cents  ans 
la  plupart  des  doges  avaient  tenté  de  perpétuer 
le  pouvoir  dans  leur  famille  en  associant  leurs  pa- 
rents au  dogat,  sous  le  prétexte  de  prévenir  les 
troubles  de  l'élection,  et  rendaient  ainsi  la  répu- 
blique une  principauté  héréditaire.  Il  demanda 
l'abolition  de  cette  coutume.  Cette  proposition 
fut  accueillie  d'une  voix  unanime,  et  une  loi 
fondamentale  fut  rendue  qui  interdisait  toute 
désignation  d'un  successeur  avant  la  moi-t  du 
doge  régnant. 

Dandolo,  Chronica.—Sabe\l\co,  Historia  Fenet.,  dec.I, 
liv.  IV.  —  Francesco  Sansovino,  Chron.  —  Girolamo 
Eossi,  Historiarum  Savennatumlibri  X.  —  Muratori, 
Antiquitates  Italicse  medii  eevi ,  dissert.  V.  —  Daru. 
Histoire  de  Fenise,  liv.  II. 

FLACCiiiLA.  Voy.  Flacilla. 

*  FLACCINATOR  (  M.  Foslius  ) ,  généra]  ro- 
main, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  qua- 
trième siècle  avant  J.-C.  Il  fut  maître  des  cava- 
liers du  dictateur  C.  Maenius,  pour  la  première 


fois  en  320  suivant  les  Fastes  consulaires,  eit 
312  d'après  Tite-Live.  Le  dictateur  et  Flaccinator, 
accusés  d'abus  de  pouvoir,  résignèrent  leur?, 
charges;  tous  deux,  traduits  devant  les  consuls, 
furent  honorablement  acquittés.  Flaccinator  fut 
élu  consul  en  318,  et,  suivant  les  Fastes,. pomXdi 
seconde  fois  maître  des  cavaliers  de  C.  Msenius 
en  314.  Tite-Live  prétend  que  cette  fois  le  dic- 
tateur était  C.  Poetelius.  Pour  les  motifs  et  les 
circonstances  du  jugement  de  Flaccinator,  voy. 

MtENIUS. 
Fasti.  —  Tite-Live  ,  IX,  20,  26,  2S. 
FLACCCS  {M.  Fulvius),  \yomme  à'tAcA  ro- 
main, vivait  dans  la  première  partie  du  troisième 
siècle  avant  J.-C.  Il  fut  consul  avec  App.  Clau- 
dius  Caudex,  en  264,  l'année  même  où  éclata 
la  première  guerre  punique.  Sous  son  consulat^ 
les  premiers  jeux  de  gladiateurs  furent  célélirés 
à  P.ome  dans  le  Forum  boarium.  Orose  donne 
par  erreur  le  nom  de  Quintus  Fabius  au  collègue 
d'Appius  Claudius  Caudex. 

Velleius  Paterculus,  î,  12.  —  Aulu-Gelle,  XVII,  §1.  — 
Valère  Maxime,  II,  4.  —  Eutrope,  II,  10.  —  Orose,  IV,  7. 

FLACCUS  (  Q.  Fulvius  ),  général  romain,  l'un 
des  trois  fils  du  précédent,  né  vers  270  avant  J.  -C, 
mort  vers  201.  11  fut  consul  pour  la  première  fois 
en  237.  Lui  et  son  collègue  L.  Cornélius  Lentulus 
combattirent  les  Liguriens,  et  obtinrent  le  triom- 
phe. Consul  pour  la  deuxième,  fois,  en  224,  il  eut 
encore  pour  province  le  nord  del'Itahe,  et,  le  pre- 
miei*  des  généraux  romains,  il  porta  ses  armes  au 
delà  du  Pô.  Il  força  dans  cette  campagne  les  In- 
subriens  et  les  Gaulois  à  se  soumettre.  En  215, 
après  avoir  été  deux  fois  consul,  Q.  Fulvius  Flac- 
cus  obtint  la  préture  de  la  ville,  interversion  dans 
l'ordre  des  magistratures  que  Tite-Live  a  jugée 
digne  d'être  rapportée.  L'année  d'avant  sa  pré- 
ture il  avait  été  élu  pontife  a  la  place  de  Q.  Jilius 
Psetus,  tué  à  la  bataille  de  Cannes.  Pendant  sa 
préture,  le  sénat  plaça  sous  ses  oi-dres  vingt- 
quatre  vaisseaux,  pour  protéger  les  côtes  voisines 
de  Rome.  Bientôt  après  il  le  chargea  de  lever 
5,000  hommes  de  pied  et  400  chevaux ,  d'en- 
voyer cette  légion  en  Sardaigneleplus  tôt  possi- 
ble, et  d'en  confier  le  commandement  à  qui  il  vou- 
drait ,  en  attendant  que  son  collègue,  Q.  Mucius 
Scevola,  alors  malade;  fût  rétabli.  En  214,  seul 
de  ses  collègues ,  il  fut  réélu  préteur.  Le  sénat 
décréta  que  par  extraordinaire  il  aurait  Rome 
pour  province  et  qu'il  y  commanderait  en  l'ab- 
sence des  consuls.  En  213  il  fut  nommé  maître 
des  cavaliers  du  dictateur  C.  Claudius  Centho, 
et  l'année  d'après  il  fut  élevé  au  consulat  pour 
la  troisième  fois  avec  Appius  Claudius  Pulcher. 
La  même  année  il  se  porta  candidat  pour  la 
place  de  souverain  pontife,  et  il  ne  put  pas  l'ob- 
tenir. Pendant  son  troisième  consulat,  il  eut  la 
Campanie  pour  province.  Il  s'y  rendit  avec  son 
armée,  prit  position  à  Bénévent,  et  de  là  fit  une 
brusque  irruption  sur  le  camp  d'Hannon,  situé 
dans  le  voisinage.  Après  plusieurs  attaques  vi- 
goureuses ,  mais    inutiles     contre  les  retran- 


r89 


FLACCUS 


790 


cheinents  carthaginois  placés  sur  une  hauteur, 
Flaccus  résolut  de  remettre  l'assaut  au  lende- 
main ;  mais  l'indomptable  énergie  de  ses  soldats 
et  leur  indignation  en  entendant  sonner  la  re- 
traite l'obligèrent  à  continuer  l'attaque,  qui 
cette  fois  obtint  un  plein  succès.  'Les  Car- 
thaginois eurent  6,000  hommes  tués,  7,000 
prisonniers  ,  et  perdirent  leurs  bagages.  Après 
ce  fait  d'armes,  Fulvius  Flaccus  et  son  collègue 
marchèrent  contre  Capoue,  et  l'assiégèrent 
avec  la  plus  grande  vigueur.  L'année  suivante, 
sous  le  consulat  de  Cn.  Fulvius  Centuraalus  et 
de  P.  Sulpicius  Galba,  Fulvius  Flaccus  et  Ap- 
pius  Claudius  furent  prorogés  dans  leur  com- 
mandement ,  et  reçurent  avec  le  titre  de  pro- 
consuls l'ordre  de  continuer  le  siège  de  Capoue 
jusqu'à  la  prise  de  la  ville.  La  marche  d'An- 
nibal  sur  Rome  força  Fulvius  Flaccus  à  s'y 
rendre  pour  défendre  la  ville.  Après  la  retraite 
d'Annibai,  il  revint  devant  Capoue,  et  pi'essa  îe 
siégé  avec  un  extrême  acharnement.  Les  habi- 
tants, réduits  aux  dernières  extrémités,  résolu- 
rent de  se  rendre;  mais  avant  que  les  portes 
fussent  ouvertes  aux  Romains  les  principaux  sé- 
nateurs se  donnèrent  la  mort,  par  le  poison.  Le 
lendemain  les  proconsuls  entrèrent  dans  la  place, 
et  commencèrent  par  faire  égorger  la  garnison 
carthaginoise;  ils  délibérèrent  ensuite  sur  le  sort 
des  cinquante  sénateurs,  qui  vivaient  encore  et 
qui  avaient  été  transportés  à  Calés  et  à  Teanum. 
Appius  Claudius  voulait  pardonner,  et  sur  le 
refus  de  son  collègue,  ii  obtint  du  moins  que  le 
sénat  romain  serait  consulté.  Flaccus,  bien  ré- 
solu à  ne  pas  attendre  les  ordres  de  Rome,  se 
rendit  à  Teanum  avec  deux  mille  cavaliers  d'é- 
lite, et  fit  battre  de  verges  et  frapper  de  la  hache 
les  sénateurs  campaniens;  de  là  il  courut  à 
Calès,_pour  y  procéder  à  la  même  exécution. 
«  Déjà,  dit  Tite-Live,  Fulvius  Flaccus  était  assis 
sur  son  tribunal  ;  déjà  les  Campaniens  qu'on  lui 
avait  livrés  étaient  attachés  an  poteau,  lorsqu'un 
courrier  arrive  de  Rome  en  toute  hâte  et  lui 
remet  une  dépêche  du  préteur  C.  Calpurnius  et 
un  sénatus-consulte.  Le  bruit  se  répand  au  pied 
du  tribunal  et  dans  toute  l'assemblée  que  c'est 
un  ordre  de  renvoyer  au  sénat  toute  l'affaire 
des  Campaniens:  Fulvius,  qui  le  pressentait  aussi, 
prend  la  lettre,  la  met ,  sans  l'ouvrir,  dans  son 
sein,  et  enjoint  au  héraut  d'ordonner  au  licteur 
d'agir  selon  la  loi.  Ainsi  les  détenus  de  Calés 
sont  suppliciés  comme  ceux  de  Teanum.  Fulvius 
lit  ensuite  là  lettre  et  le  sénatus-consulte.  »  C'é- 
tait un  ordre  d'épargner  les  prisonniers  ;  Fulvius 
Flaccus,  qui  l'avait  prévu,  s'était  hâté  d'ordonner 
le  supplice,  pour  que  rien  ne  pût  l'en  empêcher. 
Tous  les  autres  actes  du  proconsul  à  l'égard  des 
habitants  de  Capoue  portent  le  même  caractère 
de  cruelle  sévérité.  A  la  fin  de  l'année  ,  il  revint 
à  Rome ,  où  il  fut  chargé ,  comme  dictateur,  de 
présider  aux  élections  consulaires.  Lvii-même 
garda  le  commandement  de  Capoue  une  année 
encore ,  mais  ses  deux  légions  furent  réduites  à 


une  seule.  En  209,  il  fut  élevé  au  rx)nsulat  pour 
la  quatrième  fois,  et  eut  la  Lucanie  et  le  Brut- 
tium  pour  province.  Les  Hirpiniens,  les  Luca- 
niens  et  les  Volcentiens  firent  leur  soumission, 
et  furent  traités  avec  douceur.  Son'commande- 
ment  fut  prorogé  l'année  suivante,  avec  Capoue 
pour  province  et  une  seule  légion  sous  ses  or- 
dres. En  207  il  commanda  deux  légions  dans 
le  Bruttium.  C'est  la  dernière  fois  qu'il  est  fait 
mention  de  lui  dans  l'histoire.  Fulvius  Flaccus 
obtint  de  nombreux  succès  dans  cette  dernière 
période  de  la  guerre  punique,  mais  il  les  dut 
peut-être  plus  à  la  fortune  qu'à  ses  talents,  et  il 
les  souilla  par  des  actes  de  cruauté. 

Tite-I.ive,  XXIII,  21-34;  XXIV,  9;  XX V,  2,  etc.,  13,  etc., 
20;  XXVI,  1,  etc.,  8,  etc., 22,  28  ;  XXVH,  6,  etc.,  11,  15, 
22,  36.  —  Ëutrope  ,  III,  1.  —  Zonaras,  VIll,  18,  etc.  —  Po- 
lybe  ,  II,  31.  —  Orose,  IV,  13,  etc.  —  Appieo,  Annvb.,  37, 
40,  etc.  —  Valère  Maxime,  II,  3, 8  ;  III,  2  ;  V,  2.  —  Cicéron, 
De  Leg.  agi:.  H,  33. 

*  FLACCUS  {Cneius  Fulvius) ^  général  ro- 
main, frère  du  précédent,  vivait  vers  220  avant 
J.-C.  Préteur  pendant  le  troisième  consulat  de 
son  père,  en  212,  il  eut  l'Apulie  pour  province. 
Il  fut  défait  par  Hannibal,  dans  le  voisinage 
d'Herdonée,  et  prit  le  premier  la  fuite  avec 
deux  cents  cavaliers.  Le  reste  de  son  armée 
fut  taillé  en  pièces,  et  de  22,000  hommes  il  ne 
s'en  échappa  que  2,000.  C.  Sempronius  Bkesus 
l'accusa  devant  le  peuple  d'avoir  perdu  son  ar- 
mée par  son  inhabileté  et  son  imprudence.  Flaccus 
tenta  d'abord  de  rejeter  sa  défaite  sur  ses  sol- 
dats; mais  l'enquête  prouva  qu'il  avait  montré 
de  la  lâcheté.  Il  essaya  alors  de  se  mettre  sous 
la  protection  de  son  frère,  que  la  prise  de  Capoue 
venait  de  placer  au  plus  haut  point  dans  la  fa- 
veur populaire  ;  ce  moyen  ne  lui  réussit  pas 
mieux  que  le  premier.  Se  voyant  exposé  à  une 
punition  sévère,  il  s'exila  volontairement,  et  se 
retira  à  Tarquinie.  Selon  Valère  Maxime,  Cneius 
Flaccus  n'accepta  pas  le  triomphe:  c'est  proba- 
blement une  méprise  de  l'historien,  ou  du  moins 
on  ignore  à  cpielle  occasion  il  refusa  cet  honneur, 

Tite-Live,  XXV,  3,  21  ;  XXVI,  2,  3.  —  Valère  Maxime, 
II,  8;  VIII,  4. 

*  FLACCUS  (  Cài«s  Fulvius),  général  romain, 
frère  des  deux  précédents,  vivait  vers  220  avant 
J.-C.  Il  servit  de  lieutenant  à  son  frère  Quintus 
pendant  le  siège  de  Capoue.  En  1209  il  fut 
chargé  de  conduire  en  Étrurie  un  détachement 
de  troupes ,  et  de  ramener  à  Rome  les  légions 
qui  stationnaient  dans  cette  province. 

Tile-Llve,  XXVI,  33  ;  XXVII,  8. 

*  FLACCUS  (  Q.  Fulvius),  général  romain , 
un  des  quatre  fils  de  Q.  Fulvius  Flaccus,  mort 
en  173  avant  J.-C.  En  185  il  fut  édile  curule 
désigné.  Le  préteur  de  la  ville  C.  Decimus  étant 
mort  cette  même  année,  Flaccus  se  porta  candi- 
dat pour  cette  place,  et  ne  put  l'obtenir,  malgré 
de  grands  efforts.  En  182  il  obtint  enfin  la 
charge  de  préteur,  avec  l'Espagne  Citérieure 
pour  province.  Il  commença  par  chasser  les 
Celtibériens  de  la  ville  d'Urbicua,  puis  il  les 
défit  dans  une  grande  bataille,  leur  tua  23,000 


791 


FLACCUS 


792 


hommes,  et  leur  fit  4,000  prisonniers.  Après  la 
réduction  de  la  ville  de  Contrebia,  il  remporta 
une  seconde  victoire,  qui  amena  la  soumission 
d'une  grande  partie  des  Celtibériens.  A  la  fin  de 
sa  préture  il  lui  fut  permis  de  ramener  avec  lui 
ceux  de  ses  soldats  qui  s'étaient  le  plus  dis- 
tingués, et  des  prières  publiques  furent  décrétées 
à  Rome  pour  célébrer  son  heureuse  campagne. 
Mais,  au  moment  de  son  départ,  il  fut  brusque- 
ment attaqué  dans  un  défilé  par  les  Celtibé- 
riens. Maigre  le  désavantage  de  sa  position ,  il 
remporta  une  complète  victoire,  due  principale- 
ment à  sa  cavalerie.  Les  ennemis  perdirent 
17,000  hommes.  Fulvius  Flacons,  après  avoir 
fait  vœu  de  célébrer  des  jeux  en  l'honneur  de 
Jupiter  et  de  bâtir  un  temple  à  la  Fortune  éques- 
tre, revint  en  Italie.  Il  célébra  ses  victoires  par 
un  triomphe  en  180,  et  fut  élu  consul  l'année 
suivante  avec  son  frère  L.  Maniius  Acidinus 
Fulvianus.  Après  la  célébration  des  jeux  en  l'hon- 
neur de  Jupiter  sanctionnés  "par  le  sénat ,  le  con- 
sul alla  faire  la  guerre  contre  les  Liguriens ,  les 
défit  et  prit  leur  camp.  A  son  retour  à  Rome,  il 
eut  les  honneurs  d'un  second  triomphe ,  le  jour 
anniversaire  du  premier.  En  174  il  devint  cen- 
seur avec  A.  Postumius  Albmus.  Pendant  sa 
censure  son  propre  frère  fut  expulsé  du  sénat. 
Q.  Fulvius  Flaccus'  s'occupa  alors  à  bâtir  le 
temple  qu'il  avait  voué  en  Espagne,  et  qui  de- 
vait être  plus  magnifique  qu'aucun  des  édifices 
religieux  existant  à  Rome.  Dans  cette  intention 
il  fit  enlever  la  toiture  du  temple  de  Juno  Luci- 
na  dans  le  Bruttium,  afin  d'en  employer  les 
tuiles  de  marbre  pour  couvrir  le  nouveau  tem- 
ple. Les  Bruttiens  souffrirent  par  crainte  le  sa- 
crilège ;  mais  quand  le  vaisseau  qui  portait  les 
marbres  arriva  à  Rome,  la  manière  dont  le  cen- 
seur se  les  était  procurés  ne  tarda  pas  à  se  di- 
vulguer. Les  consuls  portèrent  l'affaire  devant 
le  sénat,  qui  ordonna  de  restituer  les  tuiles  de 
marbre  et  de  faire  des  sacrifices  expiatoires  à 
Junon.  Les  ordres  du  sénat  furent  exécutés; 
mais  comme  il  ne  se  trouva  pas  d'architecte 
pour  remettre  les  tuiles  en  place,  elles  restèrent 
déposées  dans  l'area  dû  temple.  Q.  Fulvius 
Flaccus  n'en  devint  pas  moins,  après  sa  censuie, 
membre  du  collège  des  pontifes.  Il  commença 
bientôt  à  donner  des  signes  de  dérangement 
mental ,  et  le  peuple  regarda  cette  maladie  comme 
une  juste  punition  de  son  sacrilège.  Plus  tard 
Fulvius  apprit  que  de  ses  deux  fils,  qui  servaient 
en  Illyrie,  l'un  était  mort  et  l'autre  dangereu- 
sement malade.  Cette  nouvelle  acheva  d'égarer 
sa  raison,  et  le  lendemain  on  le  trouva  pendu 
dans  sa  chambre  à  coucher. 

Tite-Live,  XXXIX,  39,56;  XL,  1,  16,  o0,etc.,  35-44,  S3, 
S9;  XLI,  27  ;  XUI,  3,  28.  —  Velleius  Paterculus,  1,  10  ; 
11,  8.  —  Appien,  Hisp.,  2.  —  Valère  Maxime,  I,  1  ;  II,  S. 
—  Cicéron,  in  Ferr.,  I,  41. 

FL.4CCUS  {M.  Fulvius),  homme  d'État  ro- 
main, neveu  du  précédent,  mis  à  mort  en  121. 
Il  est  surtout  connu  par  son  amitié  pour  les 
Gracques.  Consul  en  125,  il  fut  envoyé  au  se- 


cours des  Massiliens,  dont  le  territoire  était  en- 
vahi par  les  Salluviens.  Il  soumit  le  premier  les 
Liguriens  transalpins,  et  obtint  les  honneurs  du 
triomphe.  Après  la  mort  de  Tib.  Sempronius 
Gracchus,en  129,  il  fut  nommé,  avec  Carbon  et 
Caius  Sempronius  Gracchus,  triumvir  pour  la 
division  des  terres  {agro  dividendo).  Il  fut  un 
zélé  défenseur  de  toutes  les  actions  de  Caius 
Gracchus,  et  particulièrement  de  ses  lois  agrai- 
res; mais  il  n'imita  pas  la  conduite  calme, 
ferme  et  toujours  digne  qui  caractérise  la  pure 
et  noble  carrière  de  Caïus  Gracchus,  et  le  grand 
ti'ibun  perdit  plus  peut-être  qu'il  ne  gagna  a 
l'amitié  de  Fulvius  Flaccus.  Parmi  les  accusa- 
tions élevées  contre  ce  dernier,  se  trouvait  celle 
d'avoir  voulu  exciter  les  alliés  en  proposant 
pendant  son  consulat  de  leur  garantir  le  droit 
de  cité.  En  122,  il  accompagna  C.  Gracchus  en 
Afrique  pour  établir  une  colonie  à  Carthage;  car 
le  sénat  était  ti'ès-désireux  de  les  écarter,  afin 
de  tout  disposer  en  leur  absence  pour  renverser 
leurs  projets.  Tous  deux  retournèrent  bientôt  à 
Rome.  La  veille  du  meurtre  de  Caius  Gracchus, 
Flaccus  rassembla  une  troupe  de  gens  prêts  à 
combattre  le  parti  sénatorial,  et  il  passa  la  nuit 
à  boire  avec  ses  amis.  Au  point  du  jour  il  se  sai- 
sit avec  sa  bande  du  mont  Aventin.  Caius  Grac- 
chus se  joignit  à  eux,  tout  en  refusant  d'user 
de  violence,  et  en  obtenant  de  Flaccus  qu'il  en- 
verrait son  fils  dans  le  Forum  pour  offrir  la  paix 
aux  partisans  du  sénat.  Le  consul  Opimius  re- 
fusa, et  exigea  qu'avant  toute  négociation  Flac- 
cus et  Gracchus  se  rendissent.  Fulvius  Flaccus 
fit  faire  une* seconde  demande  par  le  même  mes- 
sager. Cette  fois  Opimius,  impatient  de  commen- 
cer la  bataille,  ordonna  d'arrêter  l'enfant  et 'de 
le  mettre  en  prison  ;  puis  il  s'avança  contre  la 
bande  de  Flaccus,  qui  fut  bientôt  dispersée.  Flac- 
cus et  son  fils  aîné  se  réfugièrent  dans  un  bain 
public  ;  ils  y  furent  découverts  et  mis  à  mort.  Il 
ne  paraît  pas  que  Fulvius  Flaccus  ait  eu  aucun 
mauvais  motif  pour  se  joindre  au  parti  des 
Gracques ,  car  aucune  des  charges  élevées  contre 
lui  n'est  établie  avec  certitude;  mais  il  compro- 
mit par  son  audace  la  politique  moins  décidée 
de  C.  Gracchus.  Cicéron  le  mentionne  parmi 
les  orateurs  de  cette  époque,  et  prétend  qu'il 
ne  s'éleva  pas  au-dessus  de  la  médiocrité.  IFne 
de  ses  filles ,  Fulvie ,  épousa  P.  Lentulus ,  dont 
elle  eut  Lentulus  Sura;  une  autre  fut  mariée  à 
P.  Lentulus,  et  une  troisième  à  L.  Csesar.  qui 
fut  consul  en  91  ;  de  ce  dernier  mariage  naquit 
L.  Csesar,  consul  en  64. 

Tite-Live,  Epist.,  59,  61.  —  Appien  ,  Bel.  civ.,  1, 
18,  etc.  —  Plutarque,  Tib.  Gracch.,  18;  C.  Gracchus, 
10-16.  —  Velleius  Paterculus,  II,  6.  —  Cicéron,  Brut.,  28; 
De  Orat.,  11,  70  ;  in  Cat.,  I,  2, 12  ;  IV,  6  (  Schol.  Gronov.. 
Jd  Catil.,  p.  413  )  ;  Pro Dom.,  ii;  Pkil.,\\\l,  4.  —  Va- 
lère Maxime,  V,  3  ;  VI,  3  ;  IX,  5.  —  Meyer,  Frag.  Orat. 
Boni.,  p.  219,  2<=  edit. 

*  FLACCUS  (Q.  Fulvius),  homme  politique 
romain,  vivait  vers  190  avant  J.-C.  11  fut  pré- 
teur eu  Sardaigne  en  187.  Après  s'être  porté 


793 


FLACCUS 


r94 


trois  fois  candidat  pour  le  consulat ,  il  obtint 
enfin  cette  charge  en  180,  en  remplacement  de 
son  beau-père,  Pison,  qui  venait  de  mourir.  Il  fut, 
dit-on,  empoisonné  par  sa  femme,  Quarta  Hos- 
tilia. 

Tite-Llve,  XXXVIII;  42  ;  XL,  37. 

*  FLACCUS  (Ser.-Fulvius),  consul  en  135. 
Pendant  son  consulat,  il  soumit  les  Vardéens. 
Cicéron  l'appelle  un  homme  lettré  et  éloquent. 
Dans  une  certaine  occasion  il  fut  accusé  d'inceste 
et  défendu  par  Curion. 

Tite-Live,  Epist,  36.  —  Appien,  Illyr.,  10.  —  Cicéron, 
Brutus,  21,32;  De  Invent.,  1,43;  Schol.  Bob.,  in  Clod., 
p.  330,  édit.  Orelli. 

FLACCUS  (  P.  Valerius  ),  amiral  romain,  vi- 
vait vers  220  avant  J.-C.  En  218  il  fut  envoyé, 
avec  Q.  Baebius  Pâmphilus ,  en  ambassade  au- 
près d'Annibal,  alors  occupé  au  siège  de  Sagonte, 
avec  mission  de  lui  faire  des  remontrances ,  et 
s'il  n'en  tenait  pas  compte,  de  se  rendre  à  Car- 
thage  pour  y  porter  les  injonctions  menaçantes 
des  Romains.  En  215  il  commanda',  comme 
lieutenant,  un  détachement  de  troupes,  sous  le 
consul  M.  Claudius  Marcellus ,  et  il  se  distingua 
à  la  bataille  de  Nola.  Peu  après  il  eut  le  com- 
mandement d'une  escadre  de  25  vaisseaux  qui 
croisaient  sur  les  côtes  de  la  Calabre.  Il  inter- 
cepta vme  ambassade  envoyée  par  Annibal  à 
Philippe  de  Macédoine,  et  s'empara  de  diverses 
dépêches  et  du  traité  conclu  entre  le  général 
carthaginois  et  le  roi  de  Macédoine.  En  consé- 
quence de  cette  découverte,  la  flotte  de  Valerius 
Flaccus  fut  augmentée,  et  il  reçut  l'ordre  de  pro- 
téger les  côtes  d'Italie  et  de  surveiller  en  même 
temps  celles  de  Macédoine.  Pendant  le  .siège  de 
Capoue,  lorsque  Annibal  marcha  sur  Rome, 
Flaccus  conseilla  prudemment  de  ne  pas  retirer 
toutes  les  troupes  de  Capoue;  son  avis  fut 
adopté. 

Tite-Live,  XXI,  6;  XXIII,  16,  34,  38  ;  XXVI,  8.  -  Ci- 
céron, Philipp.,  V,  10. 

FLACCUS  (L.  Valerius),  homme  d'État  ro- 
main, mort  en  180  avant  J.-C.  Édile  curule  en 
201  avant  J.-C.,iil  fut  élu  préteur  l'année  suivante, 
et  reçut  la  Sicile  pour  province.  En  195,  il  de- 
vint pontife  à  la  place  de  M.  Cornélius  Cethegus. 
Dans  la  même  année  il  fut  investi  du  consulat 
avec  M.  Porcius  Caton,  et  obtint  l'Italie  pour 
province.  Pendant  l'été  il  fit  la  guerre  aux 
Boïens,  les  vainquit ,  leur  tua  8,000  hommes, 
et  dispersa  le  reste  de  leur  armée.  II  passa  la  fin 
de  la  campagne  sur  les  bords  du  Pô,  à  Plai- 
sance et  à  Crémone,  occupé  à  réparer  les  villa- 
ges détniits  par  la  guerre.  Il  resta  encore  dans 
le  nord  de  l'Italie  pendant  l'année  194,  en  qua- 
lité de  proconsul,  et,  près  de  Milan,  il  combattit 
avec  succès  les  Gaulois,  les  Insubriens  et  les 
Boïens,  qui  avaient  passé  le  Pô  sous  le  comman- 
dement de  Dorulacus  :  10,000  ennemis  périrent, 
dit-on,  dans  cette  bataille.  En  191  Valerius  Flac- 
cus, quoique  consulaire,  servit  de  lieutenant  à 
M.  Acilius  Glabrio  dans  la  guerre  contre  les 
Étoliens  et  les  Macédoniens.  Il  occupa  avec  deux 


mille  fantassins  Rhoduntia  et  Tichius.  Les  Ma- 
cédoniens s'approchèrent  de  son  camp  par  mé- 
prise ,  et,  saisis  d'une  terreur  panique  à  la  vue 
des  Romains,  ils  s'enfuirent  dans  le  plus  grand 
désordre.  Flaccus  les  poursuivit,  et  en  fit  un 
grand  carnage.  En  184  il  fut  collègue  de 
M.  Porcins  Caton  dans  la  censure ,  et  la  même 
année  il  devint  prince  du  sénat.  Il  mourut 
quatre  ans  plus  tard ,  et  eut  pour  successeur 
comme  pontife  Q.  Fabius  Labéon. 

Tite-Live,  XXXI,  4.  49,  50  ;  XXXII,  1  ;  XXXHI,  42,  43  ; 
XXXIV,  21,  46;  XXXVI,  17,  19;  XXXIX,  40,  etc.,  52  ; 
XL,  42.  —  Polybe,  XX,  9,  etc.  —  Plularque  ,  Cato  Ma- 
jor, 12.  —  Corn.  Népos,  Cato,  2.  —  Orose,  IV,  20. 

FLACCUS  {L.- Valerius),  homme  d'État  ro- 
main, vivait  vers  150  avant  J.-C.  Il  était  flamine 
de  Mars  {flamen  martialis),  et  fut  élu  consul  en 
131,  avec  P.-Licinius  Crassus,  alors  grand-pon- 
tife. Flaccus  désirait  prendre  le  commandement 
de  l'expédition  contre  Aristonique  en  Asie,  mais 
son  collègue  le  mit  à  l'amende  pour  avoir  né- 
gligé les  rites  sacrés  confiés  à  ses  soins.  Le 
peuple,  devant  lequel  ou  porta  la  question,  annula 
l'amende ,  tout  en  ordonnant  au  flamine  Vale- 
rius d'obéir  au  pontife  Crassus. 

Cicéron,  Phil.,  XI,  8. 

FLACCUS  (Z.  Valerius),  général  romain, 
probablement  fils  du  précédent,  tué  vers  87 
avant  J.-C.  Pendant  qu'il  était  édile  curule,  il 
fut  l'objet  d'une  accusation  de  la  part  du  tribun 
Decianus.  En  100  il  fut  collègue  de  Marius,  dans 
son  sixième  consulat,  pendant  les  troubles  exci- 
tés par  L.  Appuleius  Saturninus.  Les  deux  con- 
suls reçurent  du  sénat  l'ordre  de  requérir  l'aide 
des  tribuns  et  des  préteurs  pour  maintenir  l'or- 
dre public.  En  conséquence  Valerius  Flaccus  fit 
mettre  à  mort  Saturninus ,  Glaucia  et  les  autres 
chefs  du  parti  révolutionnaire.  Quatre  ans  après, 
Valerius  Flaccus  fut  élu  censeur  avec  Marc-An- 
toine l'orateur.  En  86  Cinna  le  choisit  pour  col- 
lègue à  la  place  de  Marins,  qui  venait  de  mourir 
dans  son  septième  consulat,  et  lui  confia  le  soin 
d'aller  en  Asie  résister  à  Sylla  et  meth'e  fin  à  la 
guerre  contre  Mithridate.  11  amenait  comme 
lieutenant  C. -Flavius  Fimbria.  Son  avarice  et  sa 
cruauté  lui  aliénèrent  l'esprit  des  soldats,  qui  dé- 
sertèrent du  côté  de  Sylla,  ou  ne  restèrent  que 
par  l'influence  de  Fimbria,  Celui-ci,  qui  avait 
gagné  la  faveur  des  soldats  par  son  indulgence, 
eut  une  querelle  avec  le  questeur  de  l'armée. 
Flaccus  lui  donna  tort,  et  le  destitua;  il  fit  de 
plus  la  faute  de  le  laisser  à  Byzance,  tandis  que 
lui-même  se  rendait  à  Chalcédoine.  Averti  que 
Fimbria  avait  profité  de  son  départ  pour  exciter 
une  révolte,  il  revint  en  toute  hâte;  mais  il 
fut  forcé  de  prendre  la  fuite,  et  se  sauva  à  Ni- 
comédie.  Fimbria  l'y  poursuivit,  et  le  fit  tuer. 
Sa  tête  fut  jetée  à  la  mer,  et  son  corps  laissé 
sans  sépulture.  La  plupart  des  historiens  rap- 
portent le  meurtre  de  Flaccus  à  l'année  même 
de  son  consulat,  en  86  ;  mais  Velleins  le  place 
l'année  suivante.  Au  commencement  de  son 
consulat,  il  rendit  une  loi  qui  abolissait  les  det- 


795 


FLACCUS 


798 


tes,  ou  du  moins  les  réduisait  des  trois  quarts. 
Sa  mort  violente  fut  regardée  comme  une  juste 
punition  de  cette  loi  inique.  Les  légions  que  l'on 
voit  figurer  sous  le  titre  de  Valerianae  dans 
l'armée  de  LucuUus  avaient  été  probablement  le- 
vées par  Valerius  Flaccus. 

Tite'Live,  Epist.,  82,  96.  —  Applen,  Mithrid.,  Si.  etc.  ; 
Betl.  civ.,  I,  75.  —  Platarque,  Sulla,  33.  —  Orose,  VI, 
2.  —  Cicéron,  Pro  Flacco,  23,  25,  32;  Pi-o  Rab.  perd., 
7,  10  ;/»  Cat,  I,  2;  Brut.,  62.  —  Val(ïrs  Maxime,  !I,  9. 
—  nion  Cassliis,  Fragm.  Peiresc,  n"  127,  p.  51,  édit.  de 
Selraarus,  XXXV,  14-16 ,  XXXVI,  29.  -  Salluste,  Hist.,  \l. 

FLACCCS  (L.  Valerius),  sénateur  romain, 
vivait  vers  85  avant  J.-C.  Il  n'est  connu  que  par 
un  seul  acte  politique.  Sylla  en  rentrant  à  Rome, 
après  la  défaite  du  parti  de  Marius,  ordonna  au 
sénat  de  nommer  un  interroi.  Le  choix  tomba 
sur  Valerius  Flaccus.  Celui-ci  rendit  aussitôt 
une  loi  qui  investissait  Sylla  de  la  dictature 
pour  un  nombre  indéfini  d'années,  sanction- 
nait et  donnait  force  de  loi  à  tous  ses  décrets 
antérieurs.  Sylla,  en  prenant  possession  de  la 
dictature,  choisit  Flaccus  pour  son  maîti'e  des 
cavaliers. 

Plutarque,  Sulla,  33.  —  Appien,  Bel.  civ.,  I,  97.  —  Ci- 
céron, De  Leg.  aoraria,  111,  2;  yid  Attic,,  VIII,  3; 
(Schol.  Gronov.,  Ad  Roician.,  p.  435,  é*t.  Orelll  ). 

FLACCUS  (C.  Valerius),  général  romain, 
vivait  vers  100  avant  J.-C.  Préteur  urbain  en  98, 
il  porta  devant  le  peuple,  du  consentement  du 
sénat ,  une  loi  qui  accordait  à  Calliphana,  prê- 
tresse de  Yélia,  le  droit  de  cité  à  Rome.  En  93 
il  fut  consul  avec  M.  Herennius,  et  plus  tard 
il  succéda  à  T.  Didius  comme  proconsul  en 
Espagne.  Les  Celtibériens,  qui  avaient  été  traités 
très-cruellement  par  ses  prédécesseurs ,  se  ré- 
voltèrent dans  la  ville  de  Belgida ,  et  brûlèrent 
tous  leurs  sénateurs ,  dans  la  maison  sénatoriale , 
parce  qu'ils  refusaient  de  se  joindre  à  l'insur- 
rection. Flaccus  s'empara  de  la  ville  par  sur- 
prise, et  mit  à  mort  tous  ceux  qui  avaient  pris 
part  au  meurtre  des  sénateurs.  Cicéron  parle 
d'un  C.  Valerius  Flaccus  imper ator  et  propré- 
teur de  la  Gaule  en  83,  sous  le  consulat  de 
L.  Cornélius  Scipion  et  C.  Norbanus;  c'est  peut- 
être  le  même  que  celui-ci. 

cicéron,  Pro  Balbo,  24  (  Schol.  Bob.,  Àd  Cic.  p.  Place, 
p.  233,  éd.  Orelli).  —  Appien,  Hispan.,  100. 

FLACCUS  (L.  Valerius),  administi'ateur  ro- 
main, fils  du  L.  Valerius  Flaccus,  assassiné  par 
Fimbria,  vivait  vers  80  avant  J.-C.  Il  servit  en 
Cilifiie  comme  tribun  des  soldats  sous  les  ordres 
de  P.  Servilius,  en  78,  et  plus  tard  comme 
questeur  sous  M.  Calpurnius  Pison,  en  Espagne. 
Préteur  en  63,  l'année  du  consulat  de  Cicéron , 
il  s'empara  des  ambassadeurs  allobroges,  et 
saisit  les  papiers  qu'ils  avaient  reçus  des  com- 
plices de  Catilina.  L'année  d'après  sa  préture,  il 
fut  chargé  de  l'administration  de  l'Asie,  et  eut 
pour  successeur  Q.  Cicéron.  En  59,  il  fut  ac- 
cusé par  D.  Lœlius  de  s'être  rendu  coupable  de 
concussions  dans  son  gouvernement  d'Asie. 
Flaccus ,  bien  qu'indubitablement  coupable ,  eut 
pour  défenseurs  Cicéron,  dont  le  discours  existe 


encore,  et  Q.  Hortensius  :  il  fut  acquitté.  Cicéron, 
pour  attendrir  les  juges,  fit  comparaître  le  jeune 
fils  de  Flaccus.  Plus  tard  ce  fils  prit  parti  pour 
Pompée  dans  la  guerre  civile,  et  fut  tué  à  Dyr- 
rachium,  en  48.  Eckbel  identifie  ce  Valerius 
Flaccus  avec  un  flamine  de  Mars  qui  portait  le 
même  nom  et  était  aussi  contemporain  de  Ci- 
céron ;  mais  le  premier  était  préteur,  tandis  que 
le  second  est  simplement  appelé  flamine  de  Mars 
par  Cicéron  et  par  Varron. 

Cicéron,  Pro  Flacco,  3,  13,  21,  36, 40  ;  in  Cat.,  III,  a,  6  ; 
Ad  Ait.,  I,  19;  II,  25;  ire  Pison,  23;  Pro  Plane,  il, 
(Schol.  Bob.,  Pro  Place,  p.  228);  Orat.,  38;  De  Divin. 
—  SaUuste,  Cat.,  45.  —  César,  Bel.  civ.,  111,  53.  —  Var- 
ron, De  Lingua  Latina,  VI,  21.  —  Eckhel,  Doctrina 
Nummorum, 

*  FLACCUS  (  C.  Norbanus  ),  général  romain, 
vivait  vers  50  avant  J.-C.  En  42  lui  et  Deci- 
dius  Saxa  furent  envoyés  par  Octave  et  An- 
toine en  Macédoine ,  avec  huit  légions  ;  de  là 
ils  marchèrent  sur  Philippes,  pour  opérer  contre 
Brutus  et  Cassius.  Ils  campèrent  dans  le  voisi- 
nage de  cette  place,  et  occupèrent  une  position 
qui  empêchait  l'armée  républicaine  de  s'avancer 
plus  loin.  Un  stratagème  de  Brutus  et  de  Cas- 
sius décida  Flaccus  à  s'en  éloigner  ;  mais  il  s'a- 
perçut à  temps  de  sa  méprise,  et  rentra  dans  sa 
première  position.  Voyant  que  l'ennemi  mena- 
çait de  la  tourner,  Norbanus  Flaccus  battit  eju 
retraite  sur  Amphipolis ,  et  les  républicains ,  sans 
le  poursuivre,  campèrent  près  de  Philippes; 
Antoine ,  qui  accourait  avec  des  renforts ,  fiiï 
heureux  de  trouver  Amphipolis  au  pouvoir  d( 
ses  soldats ,  et  il  laissa  à  Flaccus  le  soin  de  It 
défendre  tandis  que  lui-même  marchait  sur  Ph^ 
lippes.  Norbanus  Flaccus  fut  consul  en  38  ave 
Appius  Claudius  Pulcher.  Quant  à  C.  Norbanu 
Flaccus  consul  avec  Octave  en  24,  c'était  pro' 
bablement  un  fils  du  précédent. 

Appien,  Bel.  civ.,  IV,  87,  103,  etc.,  106,  etc.  —  Dion  Caë 
siiis,  XXX^iïlI,  43;  XLVII,  35;  XLIX,  âS;  LUI,  28.—  Plu 
tarque,  Brutus,  38. 

*  FLACCUS  (C.  Avianus),  ami  de  Cicéron 
vivait  vers  50  avant  J.-C.  Ses  deux  fils,C.  Avia 
nus  et  M.  Avianus,  se  trouvaient  probablemeri 
attachés  ainsi  que  leur  père  à  l'administration  gêné 
raie  des  taxes  publiques.  En  52,  Cicéron  recom 
manda  C.  Flaccus  le  fils  à  l'un  des  lieutenant 
de  Pompée ,  T.  Titius ,  qui  avait  alors  l'inten 
dance  des  grains  par  suite  de  la  loi  qui  avaj 
remis  à  Pompée  la  direction  suprême  des  ap 
provisionnements.  En  47,  le  même  Cicéron  « 
commanda  les  deux  fils  à  A.  Allienus ,  procon 
sul  de  Sicile. 

Cicéron ,  Ad  Fam.,  XIU,  35,  75,  79. 

*  FLACCUS  (  Pomponlus  ),  administrateur  rd 
main,  vivait  au  commencement  de  l'ère  chrétienn« 
En  19  après  J.-C,  Tibère  lui  confia  le  gouvei 
nement  de  la  Mésie,  et  le  chargea  d'agir  contj 
le  roi  Rhascupolis,  qui  avait  tué  Cotys,  son  frèr 
et  son  collègue  dans  la  royauté.  Veiieius  Pater 
culus  fait  de  lui  un  magnifique  éloge  :  «  C'était 
dit-il ,  un  homme  né  pour  n'accomplir  que  dci 
actions  justes,  faisant  le  bien  par  simple  vertU; 


797 

et  ue  cherchant  pas  la  gloire.  »  Mais  cet  éloge , 
venant  d'un  bas  flatteui'  de  Tibère,  est  suspect, 
puisqu'il  s'agit  d'un  ami  de  ce  prince.  Suétone 
raconte  que  Tibère  et  Flaccus,  dans  une  certaine 
occasion,  passèrent  une  nuit  et  deux  jours  à 
boire  sans  interruption.  Flaccus  mourut  en  34  ; 
il  était  alors  depuis  plusieurs  années  propréteur 
de  Syrie.  Velleius  lui  donna  le  titre  de  consu- 
laire. Aussi  quelques  écrivains  l'identifient  avec 
L.  Pornpouius  Flaccus,  consul  en  17,  et  légat  en 
51  dans  la  Germanie  supérieure.  Cette  identifi- 
cation est  évidemment  inconcifiable  avec  la  chro- 
nologie. 

Velleius  Paterculus,  II,  129.  —  Suétone,  Tiber.,  42.  — 
Tacite,  Ann.,  II,  32  ;  VI,  27.  —  Ovide,  Ex  Ponto,  IV,  9, 
75.  —  Masson,  l^it.  Ovid.,  ad  ann.  769. 

*  FLACCUS  (  Hordeonius  ),  général  romain , 
tué  en  69  de  l'ère  chrétienne.  Il  était  légat  con- 
sulaire à  l'armée  de  la  Germanie  supérieure  lors 
de  la  mort  de  Néron,  en  68.  Vieux,  infirme,  et 
sans  force  morale,  il  était  méprisé  par  ses  sol- 
dats. Quand  ceux-ci  refusèrent  de  reconnaître 
l'autorité  de  Galba,  Flaccus,  qui  n'était  pas  le 
complice  de  leur  trahison,  n'eut  pas  le  courage 
de  la  réprimer.  Vitellius  en  marchant  sur  l'Italie 
lui  confia  le  commandement  de  la  rive  gauche 
du  Rhin.  Flaccus  mit  beaucoup  de  retard  dans 
l'envoi  des  troupes  destinées  à  suivre  Vitellius. 
il  agit  ainsi  par  crarate  d'une  insurrection  des 
Baîaves,  laquelle  en  effet  ne  tarda  pas  à  éclater, 
et  aussi  parce  qu'au  fond  du  cœur  il  était  fa- 
vorable à  Vespasien.  Il  demanda  même  à  Civilis 
de  l'aider  à  retenir  les  légions  en  simulant  une 
révolte  parmi  les  Bataves.  Civilis  ne  s'en  tint 
pas  à  l'apparence,  et  se  révolta  bien  réellement. 
Flaccus  ne  fit  aucune  attention  aux  premiers 
mouvements  des  Bataves;  mais  bientôt  leurs 
succès  ie  forcèrent  de  faire  au  moins  une  ombre  de 
résistance.  Il  envoya  contre  eux  son  légat  Mum- 
mius  Lupercus ,  qui  fut  défait.  En  montrant  son 
mauvais  vouloir  ou  son  inhabileté  à  réprimer  la 
révolte ,  et  en  recevant  une  lettre  de  Vespasien , 
il  exaspéra  ses  soldats ,  qui  le  forcèrent  de  céder 
le  commandement  à  Vocula.  Peu  après ,  dans 
une  nouvelle  mutinerie  qui  éclata  en  l'absence  de 
Vocula ,  il  fut  accusé  de  trahison  par  Herennius 
Gallus ,  et  jeté  dans  les  fers.  Vocula  le  fit  re- 
lâcher. Il  conserva  encore  assez  d'influence  sur 
les  soldats  pour  obtenir  d'eux  de  prêter  ser- 
ment à  Vespasien  à  la  nouvelle  de  la  bataille  de 
Crémone  ;  mais  ils  n'en  restèrent  pas  moins  dans  ' 
un  état  de  complète  insubordination,  et  à  l'ar- 
rivée de  deux  nouvelles  légions  ils  demandèrent 
un  donativum.  Flaccus  y  consentit.  Les  soldats 
employèrent  cet  argent  à  la  débauche  et  à  la 
boisson ,  et,  dans  le  désordre  de  l'orgie ,  au  mi- 
lieu de  la  nuit,  ils  se  saisirent  de  Flaccus  et  re- 
gorgèrent. 

TacitP.  Hist.,  I,  9,  52,  84,  S6;,II,  S7,  97;  IV,  13,  18,  19, 

24,25,27,81,  30,  55;  V,  26.  —  Plutarque,  Galba,  10,18,22. 

FLACCUS  (Verrius) ,  grammairien  et  ar- 
chéologue romain ,  vivait  au  commencement  de 
l'ère  chrétienne.  Esclave  de  naissance,  il  fut  af- 


FLACCUS  798 

franchi  par  son  maître,  qui  est  inconnu,  mais 
qui  devait  s'appeler  Verrius  Flaccus.  D'après 
Aide  Manuce  (Ad  Ciceronis  Ep. addiv.,JX,  20), 
ce  maître  serait  un  certain  Verrius  Flaccus  dont 
il  est  question  dans  Macrobe  (.Sa^.,liv.  V),  et  qui 
était  très-instruit  dans  le  droit  pontifical.  Ce 
n'est  qu'une  conjecture.  Verrius  Flaccus  se  fit 
une  grande  réputation  comme  professem\  Pour 
exercer  l'esprit  de  ses  disciples,  il  établissait 
entre  eux  des  concours.  Non  content  de  leur  don- 
ner un  sujet  à  traiter,  il  accordait  un  prix  au  vain- 
queur. Ce  prix  était  quelque  livre  ancien,  beau  ou 
rare.  Les  enfants  de  la  première  noblesse  fré- 
quentaient son  école.  Auguste  le  choisit  pour 
précepteur  de  ses  deux  petits-fils ,  Caius  et  Lu- 
cius  César.  Verrius  Flaccus  fut  logé  au  palais 
impérial ,  et  il  professa  dans  cette  partie  du  pa- 
lais appelée  Y  Atrium  Catilinœ.  Il  lui  fut  permis 
de  garder  ses  anciens  élèves,  à  condition  qu'il 
n'en  admettrait  pas  de  nouveaux.  Il  recevait  un 
traitement  annuel  de  cent  mille  sesterces  (  plus 
de  vingt  mille  francs).  II  mourut  dans  un  âge 
avancé,  sous  le  règne  de  Tibère.  Sa  statue  se 
voyait  à  Préneste ,  dans  la  partie  inférieure  du 
forum,  en  face  derhémicycle,où  on  lisait,  gravés 
sur  une  table  de  marbre,  des  Fastes  coordonnés 
par  Flaccus  lui-même.  On  a  discuté  sur  la  nature 
de  ces  Fastes  :  il  faut  les  distinguer  des  Fasti 
Prsenestini ,  annales  de  Préneste,  semblables 
à  celles  que  possédaient  Aricium ,  Tibur,  Tuscu- 
lum  (Ovide,  Fasti,  VI,  57,  sqq).  Les  Fasti 
Verriani  étaient  un  calendrier  indiquant  les  jours 
où  les  tribunaux  vaquaient,  ceux  où  ils  étaient  fer- 
més, et  ceux  où  ils  n'étaient  ouverts  que  la  moitié 
de  Isl  \o\irnee  (dies  fasti,  nef  asti,  intercisi  ),  les 
fêtes  religieuses ,  les  triomphes,  etc.,  mention- 
nant spécialement  tout  ce  qui  était  particulier 
à  la  famille  des  Césars.  En  1770  on  découvrit 
les  fondations  de  l'hémicyc'e  de  Préneste,  et 
parmi  les  ruines  on  rencontra  des  portions  d'un 
ancien  calendrier  qui  furent  reconnues  pour  être 
des  fragments  des  Fasti  Verriani.  Des  fouilles 
ultérieures  firent  trouver  d'autres  parties  du 
même  ouvrage.  Le  savant  antiquaire  Foggini  re- 
construisit d'après  ces  débris  les  mois  entiers  de 
janvier, mars,  avril,  décembre  et  une  partie  de 
février.  Il  publia  son  travail  sous  le  titre  de  Fas- 
torum  anni  romani  reliquise;  Rome,  1779, 
in-8°.  Wolf  a  reproduit  ce  calendrier  à  la  fin  de 
son  Suétone  ;  Leipzig,  1802,  t.  IV,  p.  315-355;  et 
Orelli  l'a  inséré  dans  ses  Inscriptiones  Latinœ , 
vol.  n,  p.  379. 

Verrius  Flavius  avait  beaucoup  écrit  et  sur 
des  sujets  très-divers.  Il  était  à  la  fois  archéo- 
logue, historien,  philologue,  poète  même,  puis- 
que Priscien  cite  de  lui  ce  vers  hexamètre  : 

Blanditusqiie  labor  molli  ciirabltur  arte. 

Il  ne  nous  reste  que  huit  ou  neuf  titres  de  ses 
nombreux  ouvrages,  tous  perdus  aujourd'hui , 
à  l'exception  de  quelques  fragments.  Voici  ces 
titres  :  Libri  rerum  memoria  dignarum;  c'é- 
tait un  recueil  des  faits  et  des  coutumes  les  plus 


799 


FLACCUS 


80  G 


remarquables  de  l'histoire  publique  et  privée  des 
Romains.  Ce  recueil,  puisé  à  des  sources  an- 
tiques et  qui  ne  sont  pas  venues  jusqu'à  nous , 
serait  d'nn  très-gi-and  prix  pour  la  connaissance 
des  institutions  civiles  et  religieuses  de  l'an- 
cienne Rome  ;  ce  qui  nous  en  reste  est  peu  de 
chose ,  et  se  trouve  dispersé  dans  les  ouvrages 
d'Aulu-Gelle,  de  Pline,  de  Macrobe;  —  Sa- 
turnus ,  dissertation  mythologique  sur  le  culte 
de  Saturne  en  Italie  ;  —  De  Obscuris  Catonis 
(  sur  les  archaïsmes  de  Caton )  ;  ce  traité,  qui  con- 
tenait au  moins  deux  livres,  était  comme  un  ap- 
pendice du  grand  travail  de  Flaccus  sur  la  langue 
latine;  —  De  Orthographia;  cet  ouvrage  fut 
l'objet  d'une  réfutation  de  la  part  de  Scribonius 
Aphrodisius ,  grammairien  célèbre  de  la  même 
époque.  Scribonius  mêla  à  ses  critiques  philolo- 
giques des  attaques  contre  le  savoir  et  les  mœurs 
de  Flaccus  ;  —  De  duhiis  Generilms  :  ce  traité, 
cité  par  Arnobe,  Priscien  et  Charisius,  était  peut- 
être  simplement  un  chapitre  de  l'ouvrage  précé- 
dent; —  Epistolse:  ces  lettres,  mentionnées  par 
Servius  {Ad  Mn.,  VIII,  423),  étaient  aussi  rela- 
tives à  des  questions  grammaticales  ;  —  Etrus- 
carum  (  rerum  ou  disciplinaricm  )  Libri  :  cet 
ouvrage,  mentionné  par  un  vieux  scoliaste  de 
Virgile  {Interpres  vêtus ab  A,  Maioeditus,ad 
Virg.  Jeh.,  X,  183,  198),  était  moins  sans  doute 
une  histoire  des  Étrusques  qu'un  recueil  de  par- 
ticularités philologiques  et  archéologiques  rela- 
tives à  ce  peuple  ;  —  De  Verborum  Significn- 
tione.  De  Verborum  Significatu;  ces  deux 
titres,  presque  identiques,  doivent  indiquer  un 
seul  traité,  celui  qui  fut  abrégé  par  Festus. 
Pour  tout  ce  qui  concerne  cet  ouvrage,  voij. 
Festus.  VerriusFlaccus,quiétaitavecVarron  l'au- 
torité la  plus  considérable  pour  toutes  les  notions 
relatives  aux  origines  et  à  l'histoire  delà  langue 
latine,  et  qu'on  pourrait  appeler  le  Du  Cange  de 
l'antiquité  romaine ,  a  été  souvent  cité  par  les 
écrivains  des  premiers  siècles  de  l'empire  et  par 
les  grammairiens  postérieurs  ;  il  serait  trop  long 
et  sans  intérêt  d'indiquer  ici  toutes  ces  citations  ; 
on  les  trouve  recueillies  dans  l'édition  publiée 
par  M.  Egger  sous  ce  titre  :  Marci  Verrii  Flacci 

Fragmenta Sexti  Pompei  Festi  Fragmen- 

tum....;  Paris,  1839,  in-1 8.       L.  Jotoert. 

Suétone,  De  illust.  Gramm.,  XVII,  XVIII,  XIX; 
Aug.,  etc..  86.  —  R.  Ott.  Millier,  Pra?/at.  ad  Pnmpeium 
Festum;  Leipzig,  1839. 

FLACCCS  {Caius  Valerius),  poëte  romain, 
mort  dans  la  seconde  moitié  du  premier  siècle  de 
l'ère  chrétienne.  Son  nom  nous  apprend  qu'il  ap- 
partenait à  l'antique  et  illustre  maison  des  Vale- 
rius et  à  la  famille  des  Flaccus.  Tandis  qu'une 
autre  famille  de  la  même  maison ,  celle  des  Mes- 
sala,  gardait  son  ancien  éclat  jusque  sous  les 
premiers  empereurs  byzantins,  les  Flaccus,  rui- 
nés par  les  guerres  civiles,  tombèrent  dans  l'obs- 
curité. Le  père  de  Valerius  Flaccus  nous  est  in- 
connu ,  et  ce  que  nous  savons  du  poëte  lui- 
même  se  réduit  à  peu  de  chose.  Certains  manus-  * 


crits,  entre  autres  celui  du  Vatican,  lui  donnent 
les  noms  de  Setinus  Balbus  ;  mais  cette  mul- 
tiplicité de  noms  est  contraire  à  l'usage  général 
des  Romains  de  ce  temps  de  ne  pas  porter  plus 
de  trois  noms.  Les  mots  de  Setinus  Balbus 
ne  s'appliquent  sans  doute  pas  à  Valerius  Flaccus, 
mais  à  quelqu'un  de  ses  commentateurs ,  ou  au 
propriétaire  du  manuscrit  d'où  sont  dérivés  tous 
ceux  qui  donnent  ces  deux  noms.  Pourtant  plu- 
sieurs commentateurs  se  sont  appuyés  sur  l'ex- 
pression Setinus  pour  faire  naître  Valerius  Flac- 
cus à  Setia,  ville  de  Campanie  (aujourd'hui 
Sezza).  D'un  autre  côté,  Martial  l'appelle  «  l'es- 
poir et  le  nourrisson  du  foyer  d'Anténor,  «  c'est- 
à-dire  de  Padoue;  il  dit  que  «  Apona  (Padoue) 
ne  lui  devra  pas  moins  qu'àTite-Live  et  à  Stella»  : 
deux  passages  qui  indiquent  clairement  Padoue 
comme  le  lieu  de  naissance  de  Flaccus.  Pour 
concilier  cette  contradiction,  on  a  supposé  que 
Valerius  Flaccus,  né  à  Setia,  fut  élevé  à  Padoue. 
Mais  cette  conjecture  ne  serait  utile  que  si  Seti- 
nus s'appliquait  réellement  à  Valerius  Flaccus , 
ce  qui  est  fort  douteux..  Il  n'est  pas  non  plus 
probable  que  toutes  les  épigrammes  de  Martial 
qui  portent  la  suscription  Ad  Flaccum  aient  été 
faites  pour  l'auteur  des  Argonautiques.  On  doit 
donc  repousser  comme  suspectes  toutes  les  iu- 
ductions  que  des  critiques  en  ont  tirées  pour  re- 
construire la  biographie  du  poëte.  C'est  à  peine 
si  sur  l'autorité  de  ces  deux  vers  des  Argonau- 
tiques  : 

Phœbe,  raone,  sî  Cymae  ac  ralhi  conscia  vatls 

Stat  casta  cortina  dorao, 

on  peut  admettre  avec  Pius  et  Heinsius  que 
Flaccus  était  membre  du  collège  sacerdotal  des 
Quindécemvirs.  D'après  quelques  vers  très- 
obscurs  d'ailleurs  du  début  des  Argonaufiques, 
on  pense  qu'elles  furent  adressées  à  Vespasien 
et  publiées  lorsque  Titus  achevait  la  conquête  de 
la  Judée.  Un  passage  de  Quintilien  permet  de 
placer  vers  l'année  90  après  J.-C.  la  mort  de 
Valerius  Flaccus. 

Il  ne  nous  reste  aujourd'hui  de  cet  auteur 
qu'un  ouvrage  inachevé ,  en  huit  livres ,  sur  l'ex- 
pédition des  Argonautes.  Ce  sujet  avait  été  traité 
avec  beaucoup  d'art  et  d'élégance  par  Apollo- 
nius de  Rhodes.  Varron  d'Attax  fit  passer  en 
latin  l'œuvre  du  poëte  alexandrin.  En  le  prenant 
à  son  tour  pour  modèle ,  Valerius  Flaccus  ne 
s'astreignit  pas  à  la  fidélité  d'un  traducteur,  et  il 
modifia  souvent  le  poème  qu'il  imitait.  En  gé- 
néral il  le  développa,  l'amplifia,  insistant  lon- 
guement sur  les  aventures  du  voyage  avant  l'ar- 
rivée des  héros  dans  les  domaines  d'Aétès.  Le 
huitième  livre  finit  brusquement  au  moment  où 
Médée  supplie  Jason  de  l'emmener  en  Grèce  avec 
lui.  La  mort  d'Absyrte  et  le  retour  des  Argo- 
nautes suffisaient  pour  remplir  encore  trois  ou 
quatre  livres  ;  nous  ignorons  s'ils  sont  perdus  ou 
si  le  poëte  a  laissé  son  œuvre  inachevée. 

Quintilien  a  dit  :  «  Nous  avons  récemment 
beaucoup  perdu  en  Valerius  Flaccus.  »  Cette  ho- 


801 


FLACCUS 


802 


norable  mais  assez  vague  expression  de  regret  a 
induit  certains  critiques  à  attribuer  à  Flaccus  les 
plus  hauts  mérites  poétiques.  Cependant,  les 
Argonautiques  n'ont  aucune  de  ces  qualités  de 
premier  ordre  qui  conquièrent  et  gardent  l'ad- 
miration de  la  postérité.  Le  style  en  est  labo- 
rieusement élégant ,  obscur  par  rechercbe  de  la 
concision  ;  la  versification  en  est  harmonieuse , 
mais  de  cette  harmonie  un  peu  lourde  et 
monotone  qui  caractérise  les  poésies  de  dé- 
cadence. L'ensemble  del'œuvi-e  est  froid  et  en- 
nuyeux. Il  serait  aussi  difficile  d'y  trouver  des 
fautes  grossières  contre  le  goût  que  des  pensées 
neuves ,  des  images  vraiment  poétiques.  Le  ta- 
lent de  Valerius  Flaccus  ne  brille  guère  que  dans 
les  descriptions  :  elles  sont  vives,  riches ,  vigou- 
reuses ,  mais  trop  surchargées  de  détails  et  peu 
naturelles.  En  somme,  les  Argonautiques  sont 
l'œuvre  d'an  érudit ,  d'un  rhéteur,  d'un  versi- 
ficateur, non  d'un  vrai  poëte. 

On  les  abeaucoup  louées ,  on  les  a  peu  lues,  et 
elles  n'ont  jamais  exercé  d'influence  sur  aucune 
littérature.  Valerius  Flaccus ,  resté  inconnu  du- 
rant le  moyen  âge,  fut  remis  en  lumière  par  le 
Pogge,  qui,  pendant  le  concile  de  Constance,  en 
1416,  découvrit  dans  le  monastère  de  Saint-Gall 
un  manuscrit  contenant  les  trois  premiers  livres 
des  Argonautiques  et  une  partie  du  quatrième. 
L'édition  princeps  fut  imprimée  très-incorrecte- 
ment, d'après  un  bon  manuscrit,  à  Bologne,  par 
Ugo  Rugerius  et  Doninus  Bertochus,  1472, 
infol.;  la  seconde  édition,  qui  est  beaucoup  plus 
rare  que  la  première ,  fut  publiée  à  Florence,  par 
Sanctus-Jacobus  de  Ripoli,  in-4°,  sans  date,  mais 
vers  1481.  Le  texte,  d'abord  excessivement  cor- 
rompu, a  été  graduellement  épuré  par  la  colla- 
tion de  divers  manuscrits ,  dans  les  éditions  de 
lo.-Baptiste  Plus  ,  Bologne ,  1519,  in-fol.  ;  de 
[iUd.  Carrion,  Anvers,  1565,  1566,  in-8°;de 
Nicolas  Heinsius,  Amsterdam,  1680,  in-19,;  et 
iurtout  dans  celle  de  Pierre  Buraiann ,  Leyde , 
1724,  in-4".  C'est  l'édition  la  plus  complète  qui 
existe  de  Valerius  Flaccus ,  bien  que  celles  de 
iïarles,  Altenbourg,  1781,  in-8°,  de  Wagner, 
Soîttingue,  1805,  in-8'',  et  de  Leraaire,  Paris, 
1824,  2  vol.  in-S" ,  soient  d'un  usage  plus  com- 
node.  Le  huitième  livre  a  été  publié  séparé- 
nent,  avec  des  notes  critiques  et  des  disserta- 
ions  sur  certains  vers  supposés  apocryphes,  par 
k.  Veichert;  Misnie,  1816,  in-8°.  Les  Argonau- 
Hques  ont  été  traduites  en  vers  anglais  par  Ni- 
Bolas  Whyte,  en  1565,  sous  le  titre  de  The 
Story  ofJason,  how  he  gotte  the  golden  jlece, 
md  how  he  did  begyle  Media  ;  out  of  laten 
nto  englische  ;  en  vers  français,  par  A.  Bureau 
le  Lamalle;  Paris,  1811,  3  vol.  in-8°;  en  vers 
italiens,  par  M.-A.  Pindemonte;  Venise,  1776, 
«-4°,  et  en  vers  allemands,  par  C.-F.  Wunder- 
ich,  Erfurth,  1805,  in-8°. 

Léo  JoUliERT. 

Martial,  I,  62,  77.  -  Quinlilien,  X,  I.  —  Préfaces  de 
Plus,  de  Heinsius  ,  de  Burmann,  de  W^agner,  recueillies 
laiis  l'édition  Lcmaire,  t.  1''^. 

NOCV.   BIOGR.  GÉNÉR,   •—  T.  XVII. 


*  FLACCUS  GRANîus ,  jurisconsulte  romain  , 
vivait  un  siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Il  était 
contemporain  de  Jules  César.  Au  rapport  de 
Paul ,  il  écrivit  un  traité  ayant  pour  titre  :  Ve 
Jure  Papiriano.  On  appelait  ainsi  le  recueil  des 
lois  des  anciens  rois  de  Rome ,  fait  par  Papirius. 
Un  autre  ouvrage  de  Flaccus,  De  Indigita- 
mentis,  est  cité  par  Censorinus.  Ces  Indigita- 
menta  portaient  sur  certaines  invocations  en 
usage  dans  les  cérémonies  religieuses.  D'après 
d'autres  citations  de  Paul  et  de  Censorinus  ,  et 
par  suite  de  cette  circonstance  que  Papirius  était 
lui-même  pontife ,  on  peut  voir  combien  les  cé- 
rémonies religieuses  et  les  lois  civiles  se  con- 
fondaient souvent  à  cette  époque  reculée  de  l'his- 
toire romaine.  Une  loi  Papirio  citée  par  Servius, 
et  un  passage  du  Jus  Papirianum  mentionné 
par  Macrobe,  où  l'on  fait  allusion  à  une  distinc- 
tion entre  les  ornements  et  le  service  intérieur 
du  temple,  peuvent  être  attribués  à  Flaccus.  Il  en 
est  de  même  de  quelques  fragments  recueillis 
par  le  même  Macrobe,  par  Festus,  Arnobe  et 
Priscien.  V,  R. 

Paul,  Dig.,  SO.tit.  16.  —Servius,  y^d  ^n.,  XII.  —  Ma- 
crobe,  5at.  —  Censorinus ,  De  Die  Nat.  —  Malansius, 
Ad  XXX  Ictor.  Fragm.  Comment.,  vol.  II.  —  Dirksen, 
Bruchstueclie.  —  Smitb,  Dictionary  of  Greekand  Ro- 
man Biography. 

*  FLACCUS  sicuLUS,  jurisconsulte  romain, 
vivait  probablement  vers  la  fin  du  premier  siè- 
cle de  l'ère  chrétienne.  On  trouve  des  fragments 
des  écrits  de  ce  jurisconsulte  dans  les  Agrimen- 
sores  de  Turnèbe.  Ces  fragments  témoignent 
d'une  grande  connaissance  des  lois,  et  fournissent 
des  détaUs  de  mœurs  et  de  législation  qui  ne 
sont  pas  sans  intérêt.  On  y  voit,  par  exemple,  la 
distinction  entre  les  colonies,  les  municipes,  les 
préfectures  et  les  ager  occupatorius  et  arci- 
finius.  Des  passages  du  même  jurisconsulte  se 
rencontrent,  par  suite  de  quelque  transposition , 
dans  le  Liber  SimpUcii  attribué  à  Aggennus  Ur- 
bicus.  La  même  cause  explique  l'insei-tion  d'un 
autre  passage  de  Siculus  Flaccus  dans  une  Con- 
troversia  de  fine  qui  fait  partie  d'un  traité  De 
Controversiis  Agrorum,  publié  pour  la  première 
fois  dans  le  Rheinisches  Muséum  fuer  Juris- 
prudenz  (Muséum  rhénan  de  la  Jurisprudence), 
parBlume. 

Fabrlcius,  Bibl.  Lat.  (édit.  Krnestl  ).  —  Turnèbe,  Agri- 
mensores;  Paris,  1354,  in-i".  —  Smith,  Dictionary  of 
Greek  and  Roman  Biography. 

*  FLACCUS  STATlLlUS(i:TaxuXXto;*Xaxxo<;), 
auteur  de  quelques  épigrammes  de  V Anthologie 
Grecque ,  vivait  à  une  époque  incertaine.  Nous 
ne  savons  rien  de  lui,  mais  son  nom  prouve  qu'il 
était  Romain.  En  tête  d'une  de  ses  épigrammes, 
le  nom  de  Flaccus  est  écrit  TuXXioy  "ï>Xàxxou , 
et  trois  auti'es  portent  la  simple  inscription  de 
$Xàxxou. 

ViTuwc'k. ,  Anal. ,  vol.  II,  p.  SG2.  —  Jacobs,  Anthol. 
Grœca,  vol.  II,  p.  238  ;  vol.  XIH,  p.  955.  —  Fabrlcius  , 
Bibliothcca  Grœca,  vol,  IV,  p.  495. 

*  FLACCUS  (  Tibullus  ) ,  poëte  dramatique 
latin,  d'une  époque  inconnue.  On  ignore  son  hia- 

26 


803 


FLACCUS  —  FLACH-FRANCOWITZ 


804 


toire  ;  on  sait  seulement  qu'il  composa  des  mimes. 
Il  ne  nous  reste  de  ses  œuvres  qu'un  seul  vers, 
tétramètre  trochaïque ,  tiré  d'un  mime  intitulé 
Melcjene.  Ce  vers  est  cité  par  Fulgence ,  au  mot 
Capularem. 

Bothe,  Poetse  scenici  Latini,  vol.  V,  p.  273. 

FLACCUS  (Persius).  Voy.  Perse. 

FLACCCS  {Horatius).  Voy.  Horace. 

FLACCUS  (Calpurnius).   Voy.  Calpurnius. 

FLACCUS  iLLYRicus  (Matthias).  Voyez 
Flach  Francowitz. 

FLACILLA  OU  FLACCILLA  JELIA  (IlXaxiXXa 
dans  Grégoire  de  Nysse,  <ï)>,àxy.iXXa  dans  la  Chro- 
nique d'Alexandrie),  première  femme  de  Théo- 
dose le  Grand,  morte  en  385.  Quelques  modernes 
ont  induit  d'un  passage  obscur  de  Thémistius 
qu'elle  était  fille  d'Antonius,  consul  en  382,  mais 
cette  conjecture  est  fort  douteuse.  On  la  croit  née 
en  Espagne  et  tante  maternelle  de  ce  Nebridius 
qui  épousa,  après  388,  Salvina,  fille  de  Gildon  le 
Maure.  Flacilla  eut  au  moins  trois  enfants  de 
Théodose,  savoir  :  Arcadius,  né  vers  377  ;  Hono- 
rius ,  né  vers  384 ,  et  Pulchérie,  née  probable- 
mentavant379,puisque,  d'après  Claudien,  Théo- 
dose avait  pins  d'un  enfant  en  montant  sur  le 
trône.  Pulchérie  mourut  avant  sa  mère,  et  Gré- 
goire de  Nysse  composa  à  ce  sujet  un  discours 
de  consolation.  Quelques  critiques  ont  supposé, 
mais  sans  raison,  qu'elle  avait  un  autre  enfant 
nommé  Gratien.  Flacilla  mourut  à  Scotinum,  en 
Thrace,  et  Grégoire  de  Nysse  composa  son  orai- 
son funèbre.  Tous  les  écrivains  s'accordent  à 
louer  Flacilla  pour  sa  piété ,  sa  charité  et  son 
orthodoxie;  et  elle  a  été  canonisée  dans  l'Église 
grecque. 

Thémistius,  Orat.,  XVI;  De  Saturnino ;  De  Human. 
Theodos.  imp.  —  Claudien,  Laus  Serenx.  —  Saint  Jé- 
rôme, Epist.  ad  Salvin.,  vol,  IV,  édit.  des  Bénédictins.  — 
Saint  Ambroise  ,  De  Obitu  Theodos.  Orat.  —  Grégoire 
de' Nysse,  Orat.  funeb.  pro  Flacilla.  —  Théodoret , 
Histor.  eccles-,  V,  19.  —  Sozomène  ,  Hist.  écoles.,  VU, 
6.  _  Chron.  ^lex.,  V.  —  Chron.  Paschale ,  p.  363,  édit. 
de  Bonn.  —  Tilleraont,  Histoire  des  Empereurs,  vol.  V, 
p.  143,  192,  232. 

FLACÉ  (  René),  poète  français,  né  à  Noyen- 
sur-Sarthe,  le  23  novembre  1530,  mort  le  15  sep- 
tembreieoo.  Il  était  curé  de  La  Couture,  au  Mans, 
et  dirigeait  le  collège  établi  près  de  cette  église. 
C'était  alors,  suivant  La  Croix  du  Maine ,  le  plus 
célèbre  collège  de  la  ville.  Parmi  ses  principaux  ou- 
vrages, nous  indiquerons  :  Catechismus  caiho- 
Ucus,  in  quo  discipulus  doctorem  interrogat; 
Paris,  1574,  in-8°.  La  seconde  partie  de  ce  ca- 
téchisme latin  parut  au  Mans,  en  1590,  petit 
111-4" ,  sous  ce  titre  :  Catechismi  catholici  pars 
posterior.  C'est  un  poème  en  vers  élégiaques. 
Placé  le  traduisit  plus  tard  en  français ,  sous  le 
titre  de  :  Catéchisme  catholique  et  sommaire 
de  la  doctrine  chrestienne ;  Le  Mans,  1576, 
in-S".  Ses  vers  français  valent  beaucoup  moins 
que  les  vers  latins.  On  lui  doit  encore  :  Prières 
tirées  de  la  Bible,  tournées  du  latin  en  vers 
français;  Le  Mans,  1582,  in-12;  —  De  Cenoma- 
norum  Origine,  petit  poème  latin  inséré  dans  la 


Cosmographie  de  Belleforest,  t.  I,  p.  43  ;  —  De 
Admirabili  Ascensione  Christi  Carmen  pane- 
gyricum;LeM3LUS,  1591,  111-8°;  —  Copie  d'une 
lettre  envolée  par  le  curé  de  La  Coulture  a 
ung  sien  confrère  et  amy  touchant  le  dernier 
concile  de  Tours;  Le  Mans,  1592,  in-8".  La 
Croix  du  Maine  attribue  encore  à  Flacé  des  co- 
médies, des  noëls,  et  plusieurs  tragédies  inédites, 
entre  autres  sa  tragédie  d'^Zi;js,  comtesse  de 
Salbery,  représentée  au  Mans,  en  juin  1579; 
mais  nous  croyons  que  ces  pièces  sont  perdues. 
Nous  pouvons  cependant  désigner  entre  les  œu- 
vres inédites  de  Flacé  et  conservées  jusqu'à  nos 
jours  :  Spéculum  Heereticorum  carminé  per- 
strictum,  ancien  manuscrit  de  Colbert,  qui  porte 
aujourd'hui  le  n°  8,405  parmi  les  volumes  latins 
qui  appartiennent  à  l'ancien  fonds  du  roi.  B.  H. 
La  Crois  du  Maine,  BMioth.  française.  —  Desportes, 
Biblioçiraphie  du  Maine.—  B.  Hauré^u,  Hist.  litt.  du 
Mairie,  t.  I"',  p.  1. 

FLACH-FRANCOWITZ  {Matthias),  plus 
connu  sous  le  nom  de  Flacius  Illyricus  (1), 
célèbre  théologien  protestant,  né  en  1520,  à  Al- 
bona,  dans  l'Istrie,  et  mort  en  1575,  à  Francfort- 
sur-le-Mein.  Privé  jeune  encore  de  son  père  et 
négligé  par  ses  tuteurs ,  il  ne  dut  qu'à  lui-même 
les  connaissances  qu'il  acquit.  Il  se  tourna  vers 
l'étude  de  la  théologie,  et  pour  pouvoir  s'y  livrer 
tout  entier  il  forma  le  dessein ,  à  l'âge  de  dix- 
sept  ans ,  d'entrer  dans  un  couvent.  Il  consulta 
là-dessus  un  de  ses  parents,  Baldo  Lupetino, 
provincial  des  Franciscains.  Celui-ci,  qui  avait 
quelque  penchant  pour  les  principes  protes- 
tants ,  penchant  qu'il  paya  plus  tard  de  sa  vie, 
le  détourna  de  ce  projet,  et,  tout  en  l'exhortant 
à  continuer  ses  études  de  théologie ,  il  l'engagea 
à  visiter  les  universités  de  l'Allemagne.  Flacius 
suivit  ce  conseil.  En  1539  il  se  rendit  à  Bâle; 
Simon  Grynseus  raccueillit  dans  sa  maison ,  et 
Matthias  Garbicius ,  professeur  de  grec ,  le  reçut 
avec  bienveillance  et  l'aida  de  ses  lumières.  Ea 
1541  Flacius  passa  à  Wittemberg,  où  il  enter  '" 
Luther  et  Mélanchthon.  11  trouva  dans  ce  d  r" 
nier  un  utile  protecteur.  Cependant  le  mou  h 
ment  religieux  au  centre  duquel  il  se  trouAiîit 
échauffa  l'imagination  de  ce  jeune  homme,  na  i^■ 
rellement  plein  d'ardeur  et  de  fougue.  Les  gran-  •': 
doctrines  du  péché,  de  la  grâce,  des  peines  él  ■>> 
nelles ,  qui  occupaient  une  si  grande  place  di  if 
les  enseignements  des  réformateurs,  porter  i;f 
le  trouble  dans  sa  conscience;  il  eut  à  traver  «:• 
une  crise  pénible  avant  d'arriver  à  ce  calme  ^V 
l'âme  qui  n'est  jamais  le  résultat  que  d'une  fort  • 
croyance.  Il  était  soumis  d'un  autre  côté  à  d'assez- 
rudes  épreuves  ;  il  n'avait  aucune  ressource .  ei 
il  ne  put  pourvoir  à  son  existence  qu'en  donn  («< 
des  leçons  de  grec  et  d'hébreu  ;  heureusemifO' 
pour  lui ,  il  s'était  rendu  ces  deux  langues  as,* 
familières  à  Bâle ,  auprès  de  Gryncfius  et  de  GîK 
biclus.  Toutes  ces  difficultés  ne  l'empêcher  " 

(1)11  prit  lui-même  le  surnom  d'illyricus,  pour  ir 
quer  sa  patrie.  L'Istrie  était  une  partie  de  l'Illyrie. 


t 


805 


FLACH-FRANCOWITZ 


806 


pas  de  continuer  ses  études  avec  une  rare  cons- 
tance. 

En  1544  il  fut  nommé  professeur  d'hébreu  à 
Wlttemberg.  La  guerre  le  força  de  chercher  pen- 
dant quelque  temps  un  refuge  à  -Brunswick; 
mais  il  put  bientôt  reprendre  ses  fonctions,  qu'il 
continua  jusqu'en  1 549.  Après  la  mort  de  Luther, 
l'esprit  conciliant  de  Mélanchthon  domina  à 
Wittemberg.  Sous  cette  influence,  on  ne  fut  pas 
éloigné  de  sacrifier  à  l'amour  de  la  paix  quel- 
ques-unes des  formules  qui  dans  l'exposition 
des  doctrines  blessaient  le  plus  les  catholiques. 
Dans  l'assemblée  de  la  noblesse  et  du  clergé  de 
Saxe,  réunie  à  Leipzig  en  1 548  par  l'électeur  Mau- 
rice ,  Mélanchthon  avait  été  d'avis  qu'on  pouvait 
recevoir  l'intérim  comme  une  règle  suffisante 
dans  les  choses  indifférentes ,  c'est-à-dire  dans 
les  choses  qui  ne  constituent  pas  le  fond  même 
de  la  religion,  entendant  par  là  quelques-unes 
des  cérémonies  du  culte  catholique  dont  l'adop- 
tion lui  paraissait  offrir  peu  de  danger  pour  les 
croyances  protestantes.  Un  certain  nombre  de 
tliéologiens  saxons  se  rangèrent  à  cette  opinion. 
Ces  concessions  révoltèrent  le  fougueux  Flacius  ; 
il  rompit  avec  Mélanchthon,  et  pour  pouvoir 
combattre  plus  libi'ement  cette  tendance,  il 
quitta  Wittemberg,  s'établit  à  Magdebourget  se 
trouva  bientôt  à  la  tête  des  luthériens  rigides. 
Telle  fut  l'origine  des  controverses  violentes  sur 
ceqa'onaçpctlailes  points  adiaphoristiqueSjCon- 
troverses  qui  pendant  plusieurs  années  trou- 
blèrent les  églises  protestantes  de  l'Allemagne. 
Flacius,  pour  lequel  il  n'y  avait  point  de  choses 
indifférentes  quand  il  s'agissait  de  la  liberté 
chrétienne  ,  publia  un  grand  nombre  d'opuscules 
plus  ou  moins  étendus  contre  Mélanchthon  et 
ses  partisans ,  qu'on  appelait  philippistes ,  du 
prénom  de  leui"  chef.  En  même  temps  il  atta- 
quait dans  de  nombreux  écrits  l'Église  catholique, 
soutenant  ainsi  à  la  fois  la  guerre  au  dedans  et 
au  dehors.  Son  zèle  et  ses  ouvrages  lui  firent 
des  amis  parmi  tous  ceux  qui  craignaient  que  de 
concession  en  concession  on  ne  finît  par  ruiner 
l'Église  luthérienne. 

Quand  les  ducs  de  Saxe-Weimar  fondèrent 
l'université  d'Iéna ,  destinée,  dans  leur  intention, 
à  être  le  boulevard  du  luthéranisme,  Flacius  fut 
naturellement  désigné  à  leur  choix.  En  1557  il  y 
fut  nommé  professeur  de  théologie.  Il  apporta 
dans  son  enseignement  cet  esprit  roide  et  inexo- 
rable qui  avait  déjà  soulevé  la  tempête  des  points 
adiaphoristiques.  En  1559  il  engagea  les  ducs 
de  Saxe-Weimar  à  proscrire  par  un  édit  toutes 
les  erreurs  qui,  selon  lui,  s'étaient  glissées  dans 
l'Église  luthérienne,  et  en  particulier  les  opinions 
théologiques  de  Mélanchthon,  qîii  avait  aban- 
donné les  doctrines  de  Luther  sur  le  fibre  arbitre 
et  sur  la  grâce.  Ce  projet,  qui  aurait  allumé  un 
nouvel  incendie  en  Allemagne,  fut  repoussé; 
mais  cet  échec  n'arrêta  pas  l'ardeur  de  Flacius. 
Il  avait  pour  collègue  à  léna  Victorin  Strigel , 
disciple  et  ami  de  Mélanchthon.  Ces  deux  hom- 


mes ne  pouvaient  vivre  longtemps  en  bonne 
intelligence.  Strigel  donna  bientôt  occasion  à 
Flacius  de  se  déclarer  ouvertement  son  adver- 
saire, en  enseignant,  plus  librement  que  ne  l'avait 
fait  Mélanchthon,  que  l'homme  est  capable  de 
contribuer  en  quelque  chose  à  l'œuvre  de  sa  con- 
version. Ce  fut  en  vain  qu'il  prétendit  ne  s'écarter 
en  rien  des  doctrines  reçues  ;  Flacius  ne  se  con- 
tenta pas  de  cette  déclaration  ;  il  attaqua  la  doc- 
trine de  son  collègue,  et,  mi'  les  réclamations  de 
quelques  théologiens,  la  cour  de  Weimar  décida 
qu'il  y  aurait  une  conférence  entre  les  deux  pro- 
fesseurs. Elle  eut  lieu  à  Weimar,  en  1560,  ea 
présence  du  duc  Jean-Frédéric ,  de  ses  frères, 
de  plusieurs  conseillers  et  d'un  certain  nombre 
de  théologiens.  Flacius,  attiré  par  la  discussion 
sur  un  terrain  difficile,  poussa  jusqu'à  l'exagé- 
ration ses  assertions  sur  le  péché  originel.  Pour 
réfuter  son  adversaire,  il  avait  soutenu  que 
s'il  est  vrai,  comme  l'enseigne  l'Écriture,  que 
l'homme  est  entièrement  pénétré  par  le  péché 
originel,  il  est  impossible  qu'il  puisse  contribuer 
eu  rien  à  sa  conversion.  Strigel ,  habile  à  manier 
les  armes  de  la  dialectique ,  lui  deinandasi  après 
la  chute  le  péché  originel  était  dans  Thomme  un 
simple  accident  ou  la  substance  humaine  même; 
s'il  n'est  qu'un  accident,  l'argument  de  Flacius 
n'avait  pas  de  base  ,  et  il  semblait  difficile  d'ad- 
mettre qu'il  est  la  substance  même  de  l'iiomme. 
Peu  habitué  à  ces  distinctions  subtiles ,  Flacius 
voulut  s'en teniraux  déclarations  bibliques  ;  mais, 
pressé  par  son  adversaire ,  il  finit  par  répondre 
que  le  péché  originel  est  la  substance  même 
de  l'homme.  Cette  assertion  causa  une  surprise 
extrême;  elle  le  fit  accuser  de  manichéisme.  Il 
chercha  à  lui  donner  une  interprétation  raison- 
nable; mais  comme  il  ne  voulut  pas  la  rétracter, 
il  fut  destitué  en  1562  et  invité  à  quitter  les  États 
du  duc  de  Weimar.  Il  est  évident  cependant 
qu'il  n'avait  pas  voulu  prendre  dans  son  accep- 
tion métaphysique  l'expression  dont  il  s'était 
servi,  et  qu'il  ne  l'avait  employée  que  pour  peindre 
avec  plus  de  force  l'état  de  péché  de  l'homme. 
Ce  qu'il  y  eut  ici  de  plus  surprenant,  c'est  que 
l'assertion  hasardée  de  Flacius  trouva  des  par- 
tisans ,  parmi  lesquels  se  distinguèrent,  par  leur 
opiniâtreté,  Chr.  Irenaeus ,  prédicateur  de  la  cour 
de  Weimar,  Cyr.Spangenberg,  prédicateur  du  duc 
de  Mansfeld,  et  quelques  pasteurs  deces  deux  prin- 
cipautés et  des  pays  voisins.  Ils  furent  tous  éga- 
lement déposés.  Cet  acte  de  rigueur  ne  mit  pas 
fin  à  la  controverse  qui  s'éleva  sur  ce  point  avec 
une  incroyable  violence  et  qui  menaça  pendant 
quelque  temps  de  jeter  en  Allemagne  un  nouveau 
brandon  de  discorde. 

Flacius  se  retira  à  Ratisbonne.  En  1567  il 
fut  appelé,  avec  Spangenberg  et  quelques  autres 
de  ses  amis ,  à  Anvers  pour  diriger  l'Église 
évangélique  qui  venait  de  s'y  former.  Cette  Église 
fut"  bientôt  persécutée.  Flacius  se  réfugia  ;i  Stras- 
bourg; il  passa  bientôt  à  Francfort-sur-le-Mcin, 
oîi  il  finit  sa  carrière  agitée.  Il  est  peu  de  théo- 

26. 


807 

logiéns  du  seizième  siècle  qui  aient  exercé  par 
leurs  écrits  une  si  grande  action  que  Flacius. 
Possédant  bien  les  langues  bibliques ,  et  versé 
dans' la  connaissance  de  l'histoire  ecclésiastique, 
il  fut,  malgré  son  orthodoxie  rigide,  le  père  de 
la  théologie  critique.  Le  premier,  il  présenta 
sous  une  forme  scientifique  un  ensemble  de 
règles  propres  à  guider  l'interprète  de  l'Écriture 
Sainte,  jetant  ainsi  les  bases  de  l'herméneutique. 
Pendant  longtemps  on  n'a  rien  eu  de  supérieur 
à  ce  qu'il  a  écrit  sur  ce  sujet.  En  même  temps 
il  ouvrit  une  nouvelle  voie  à  l'histoire  ecclésias- 
tique, dont  il  repoussa  les  légendes  et  les  tra- 
ditions erronées,  fruits  d'une  piété  mal  éclairée, 
et  qu'il  ramena  aux  sources.  Ces  services  signalés 
ne  peuvent  cependant  faire  oublier  l'aigreur  avec 
laquelle  il  poursuivit  toute  opinion  s'écartant  de 
l'orthodoxie  luthérienne,  l'ardeur  avec  laquelle 
il  souleva  sans  cesse  de  nouvelles  querelles 
théologiques  ,  et  la  violence  et  l'exagération  qu'il 
apportait  dans  la  discussion.  Il  abreuva  d'amer- 
tume la  vieillesse  de  Mélanchthon,  qui  avait  été 
son  maître  et  son  bienfaiteur,  et  hâta  peut-être 
par  ses  attaques  immodérées  la  fin  de  cet  homme, 
essentiellement  ami  de  la  paix.  Mais  il  se  faisait 
illusion  à  lui-même,  en  excusant  sa  conduite  à 
ses  propres  yeux  par  cette  maxime  que  l'intérêt 
de  la  vérité  doit  passer  avant  la  reconnaissance 
et  l'amitié.  Un  historien  allemand  fait  remarquer 
avec  beaucoup  de  justesse  qu'il  semble  s'être 
donné  pour  mission  de  remplir  dans  les  affaires 
ecclé.siastiques  le  rôle  d'un  procureur  général. 
II  n'est  pas  étonnant  qu'un  homme  de  ce  carac- 
tère ait  excité ,  même  chez  ses  coreligionnaires, 
des  haines  ardentes.  Un  théologien  luthérien  de 
son  temps  assurait  que  la  seule  bonne  action 
qu'il  eût  jamais  faite  avait  été  de  mourir,  et  un 
de  ses  partisans,  Jacques  Andréas,  dit,  dans 
une  de  ses  lettres,  écrite  après  la  mort  de  Flacius, 
«  que  son  Dlyricus  était,  atout  prendre,  l'IUyricus 
du  diable  et  qu'il  soupait  avec  les  diables,  d'après 
son  intime  conviction.  «  Il  est  juste  cependant  de 
reconnaître  que ,  quelque  réels  qu'aient  été  ses 
torts,  il  les  expia  assez  largement  par  les' persécu- 
tions dont  il  fut  l'objet  dans  les  dernières  années 
de  sa  vie. 

De  ses  nombreux  écrits  nous  ne  citerons  que 
les  suivants,  qui  sont  les  plus  remarquables  et 
les  plus  dignes  d'être  mentionnés  :  OmniaScripta 
latina  contra  acUaphoristicas  fraudes  édita; 
Magdebourg,  1 550,  in-8°  ;  —  Con/essionis  Andr. 
Osiandrï  de  Justificatione  Refutatio;  Francfort- 
sur-le-Mein,  1552,in-4»;  — Catalogustestiumve- 
ritatisqui  ante  nostram  œtatem  Romanorum 
pontificibus  primatui  eorumque  erroribus  re- 
clamarunt  et  pugnantibus  sententiis  scripse- 
runt;  Bâle,  1556,  in-4''  :  cet  ouvrage  a  eu  plu- 
sieurs éditions,  dont  les  meilleures  sont  celles  de 
J,-C.  Dietrich,  à  Francfort-sur-le-Mein,  1666  et 
1674,  in-4°.  On  raconte  que  pour  avoir  des  pièces 
qui  ne  se  trouvaient  que  dans  les  bibliothèques 
de  quelques  couvents ,  Flacius  visita,  sous  un 


FLACH-FRANCOWITZ  SOS 

habit  de  moine,  divers  monastères  de  l'Allema- 
gne ;  —  Missa  latina  quse  olim  ante  romanam, 
ùirca  790  Domini  annum,  usu  fuit,  bona 
fide ,  ex  vetusto  authenticoque  codice  des- 
cripta;  Strasbourg,  1557,  in-S"  ;  livre  curieux, 
qui  a  été  réimprimé  dans  les  annales  du  P,  Le- 
cointe  et  dans  les  livres  liturgiques  du  car- 
dinal Bona;  —  Unanimis  primitivse  Ecclesise 
Consensus  de  non  scrutando  divinas  genera- 
tionis Filii  Dei  modo;  Bâle,  1560,  in-S";  —  De 
Translatione  imperii  romani  ad  Germanos, 
item  de  electione  episcoporum,  quse  seque  ad 
plebem  pertinet;  Bâle,  1 566,  in-8";  2«  édit. ,  Franc- 
fort-sur-le-Mein, 1612,  in-i^i  —  HistoriaCerta- 
minumde  Primatu  Papse  ;Bêi\e,  1554,  in-8°; 
—  Ecclesiastica  Historia,  integram  Ecclesise 
Christi  ideam  secundum  singulas  centurias 
perspicuo  ordine  complectens  ;  Bâle,  1 559-1 574, 
in-fol.  C'est  le  célèbre  ouvrage  connu  sous  le  nom 
de  Centurix  Magdeburgenses,  qualification  qui 
lui  a  été  donnée  parce  que  les  quatre  premières 
centuries  et  une  partie  de  la  cinquième  furent 
composées  à  Magdebourg  ;  il  a  eu  plusieurs  édi- 
tions, dont  aucune  ne  vaut  la  première.  «  Cet 
ouvrage  immortel ,  dit  Mosheim ,  a  répandu  un 
nouveau  jour  sur  l'histoire  des  commencements 
et  des  progrès  de  l'Église  chrétienne,  qu'une 
multitude  de  fables  avait  obscurcie.  »  Flacius 
fut  aidé  dans  la  composition  de  ces  centuries  par 
Nie.  Gallus ,  Jean  Wigand  et  Matth.  Judex ,  pré- 
dicateurs à  Magdebourg,  et  par  Bas.  Faber, 
André  Corvm  et  Th.  Holzbutter.  Comme  cette 
histoire  devint  entre  les  mains  des  protestants 
une  arme  de  guerre  formidable  contre  i'itglise 
catholique ,  on  fit  bientôt  à  Rome  travailler  à  sa 
réfutation ,  et  c'est  ce  qui  donna  lieu  à  Baronius 
A'écï:ïv&?,&?i  Annales  ecclésiastiques  (  1588-1607, 
12  vol.  in-fol.,  renfermant  l'histoire  des  douze 
premiers  siècles);  —  Glavis  Scripturœ  Sacrse; 
Bâle,  1567,  in-fol.,  et  plusieurs  autres  éditions , 
dont  la  meilleure  est  celle  de  J.  Musseus,  à  Téna, 
1675,  in-fol.  Cet  ouvrage  comprend  deux  parties, 
dont  la  première  est  un  dictionnaire  donnant 
l'explication  d'une  foule  de  mots  et  de  locutions 
de  l'Écriture  Sainte,  etdontla  seconde  se  compose 
de  plusieurs  traités  se  rapportant  en  général  à 
l'herméneutique  biblique.  Malheureusement  le 
dictionnaire  est  fait  pour  la  Vulgate,  et  non  pour 
les  textes  originaux.  Malgré  cela,  et  quoique 
trop  diffus  et  surchargé  de  discussions  dogmati- 
ques déplacées,  cet  écrit  pris  dans  son  ensemble 
a  été  ce  qu'on  a  eu  pendant  longtemps  de  pins 
complet ,  de  plus  riche  et  de  plus  savant  sur 
l'herméneutique  biblique;  —  Glossa  compen- 
diaria  in  Novum  Testamentum;  Bâle,  1570, 
in-fol.;  2®  édit. ,  Francfort-sur-le-Mein,  1659,  in- 
fol.  :  commentaire  qui  fut  fort  utile  à  l'époque  où  il 
parut,  quoiqu'il  soit  trop  empreint  des  défauts 
de  l'auteur,  c'est-à-dire  de  diffusion  et  de  digres- 
sion dogmatique.  —  On  a  encore  de  Flacius  un 
très -grand  nombre  d'écrits  polémiques  contre 
les  catholiques ,  contre  l'intérim ,  contre  les  cal- 


809 


FLACH-FRANCOWITZ  -  -  FLACKSENIUS 


810 


vinistes ,  contre  Slrigel ,  Osiander ,  Georges  Ma- 
jor, le  mystique  Schwenckt'eld,  etc.  Enfin,  il  tira 
de  la  poussière  des  bibliothèques  Y  Histoire  de 
Sulpice  Sévère  et  l'écrit  de  Julius  Firmicus  Ma- 
ternus ,  De  Errore  profanarum  Religionum. 
Michel  Nicolas. 
Twestus ,  Matthias  Flacius  lUyricus  ;  Berlin,  1844, 
!n-8'>.  —  J.-B.  RiUer,Beschreib.  des  Lebens  Flacii;  Franc- 
fort-sur-le-M.,  1723,  in-S";  2'^'éclit.,  1725.  —  Adamus,  f^itse 
Germanorum  Theolog.  —  Zeumerus,  yitœ  Theologorum, 
lenensium.  —  Boissard,  Icônes  P'irorum  illustrium, 
part.  III.  —  Camerarius,  f'ita  Melanchthonis.  Caméra- 
rius  n'est  pas  toujours  juste  envers  Flacius.  —  Bayle,  Dict. 
crit.,  art.  lUyricus  et  f^ict.  Strigelius.  —  Nlcéron,  Mé- 
moires, t.  XXIV.  —  Prosp.  Marchand,  Diction,  historiq. 

—  Schroeckh ,  Lebensbesckr.  berûfimter  Gelehrten,  t.  I. 

—  Rich.  Simon,  Hist.  crit.  des  Commentateurs  du  N.  T., 
ch.  47.  —  Mayer,  Geschichte  der  Schrifterhl.,  passim. 

—  De  Bure  ,  Bibliographie  instructive. 

FLACH-FRANCOWITZ  (Matthias  F lacius  II- 
lyricus  ) ,  fils  du  précédent  et  docteur  en  méde- 
cine. L'identité  de  noms  l'a  fait  confondre  avec 
son  père  par  la  plupart  des  biographes  et  des  bi- 
bliographes. Il  fut  professeur  de  médecine  à  Ros- 
tock.  On  a  de  lui  :  C'ommentariorum  physico- 
rum  de  Vita  et  Morte  Libri  IV,  in  quibus  ea 
quee  ejusdem  argumenti  ab  Arislotele  et  Ga- 
liano  cxterisque  philosophis  et  medicis  brevius 
obscurïusque  tradita  sunt,  expeditiori  mé- 
thode copiosius  explicantur;  Francfort,  1584, 
in-é";  2"  édit.,  Lubeck,  1616,  iu-8°;  —  The- 
mata  de  Concoctione  et  Cruditate;  Rostock, 
1594 ,  in-8";  —  I)isputattones,partim  physicse 
partim  medicx,inacademia  Rostochiana  pro- 
posita'.  ;  Rostock ,  1602  et  1603  ,  in-S"  ;  —  Opus 
lorjicum  absolutissimum  in  Organon  Aristote- 
l'is;  Francfort,  1593,  in-8°.      Michel  Nicolas. 

Supplementum  Epitomes  Bibliothecas  Gesnerianse,  à  la 
(in  de  la  Bibliothèque  franc,  de  Du  Verdier.  —  Prosp. 
Marchand,  Dict.  hist. 

Fî.ACHAT  [Jean-Claude) ,  industriel  etvoya- 
geur  français ,  né  à  Saint-Chamond ,  vers  le 
commencement  du  dix-huitième  siècle ,  mort  en 
1775.  Poussé  par  le  désir  de  s'instruire,  il  com- 
mença par  visiter  l'Italie ,  et  se  rendit,  en  1740, 
à  Constantinople  ,  par  Bâle  et  la  vallée  du  Da- 
nube. 11  avait  le  dessein  de  pousser  son  voyage 
jusqu'aux  Indes  ;  mais  il  ne  put  obtenir  un  pas- 
se-port de  l'ambassadeur  de  France ,  qui  donna 
pour  prétexte  de  son  refus  les  difficultés  et  les 
dangers  d'une  telle  entreprise.  Forcé  de  s'arrêter 
à  Constantinople ,  il  se  mit  à  étudier,  selon  son 
habitude ,  le  commerce ,  les  arts  et  l'industrie 
des  indigènes.  S'étant  rendu  agréable  au  kislar- 
agha  Hadji-Bekhtasch ,  il  obtint  par  la  protection 
de  ce  fonctionnaire  le  titre  de  bazerguian-bas- 
chi  (chef  des  marchands).  Il  pourvut  la  maison 
du  sultan  d'un  giand  nombre  de  produits  sortis 
des  manufactures  de  l'Occident  et  surtout  de  la 
France.  Sa  position  lui  offrit  la  facilité  de  péné- 
trer dans  divers  établissements ,  où  il  examina 
les  procédés  usités  chez  les  Grecs  pour  la  tein- 
ture, rétamage  et  la  fabrication  des  tissus;  et 
comme  il  parlait  le  turc  et  le  persan ,  il  put  s'in- 
former par  lui-même  de  tout  ce  qu'il  désirait 
apprendre.  En  1755  il  se  rendit  à  Smyrne,  où 


il  étudia  la  culture  de  la  garance.  Rentré  enfin 
dans  sa  patrie,  après  une  absence  de  dix-huit  ans, 
il  établit  à  la  manufacture  de  Saint-Chamond  en 
Lyonnais ,  qui  appartenait  à  son  frère ,  des  ou- 
vriers grecs ,  étameurs ,  teinturiers,  fileurs,  qu'il 
avait  à  grand'peine  ramenés  de  Smyrne.  Dans 
son  zèle  patriotique  pour  hâter  les  progrès  de 
l'industrie  française ,  il  permit  au  public  de  vi- 
siter les  ateliers  dont  il  était  directeur,  et  d'imi- 
ter les  procédés  nouveaux  qu'il  avait  rapportés. 
Cette  conduite  honorable  obtint  une  récompense. 
Louis  XV  accorda  à  la  manufacture  de  Saint- 
Chamond  le  titre  de  manufacture  royale  et  divers 
privilèges  pour  le  maître  et  les  ouvriers.  Flachat 
était  membre  de  l'Académie  des  Sciences,  Belles- 
Lettres  ^t  Arts  de  Lyon.  On  a  de  lui  :  Observa- 
tions sur  le  commerce  et  sur  les  arts  d'une 
partie  de  l'Europe ,  de  l'Asie ,  de  l'Afrique  et 
même  des  Indes  orientales;  Lyon,  1766,  2  vol. 
in-12 ,  traduit  en  allemand  sous  le  titre  de  Un- 
tersîmhung  zur  Befœrderung  des  Handels, 
der  Kûnste,  Handwerke  ;  Leipzig,  1767,  2  vol. 
in-8°.  Cet  ouvrage  contient  le  récit  des  voyages 
de  l'auteur,  la  relation  de  ce  qu'il  a  vu  ;  le  tout 
entremêlé  sans  ordre  de  remarques  et  de  mé- 
moires sur  divers  procédés  industriels,  de  la  des- 
cription de  machines  utiles  ou  curieuses  et  même 
de  quelques  anecdotes.  Quelques  figures,  assez 
grossièrement  exécutées,  et  trop  en  raccourci, 
servent  à  faire  comprendre  le  mécanisme  des 
machines.  On  trouve  de  plus  dans  le  l"  volume 
la  capitulation  accordée  par  la  Porte  aux  Fran- 
çais en  1 740  ;  dans  le  second,  des  détails  intéres- 
sants sur  les  sultans  Mahmoud  P"^  et  Osman  HT, 
et  une  longue  description  du  sérail.  Flachat  est 
un  des  premiers  Européens  qui  aient  visité  le  sé- 
rail ;  au  reste ,  il  n'en  parle  que  d'après  des  sou- 
venirs, car  il  lui  avait  été  expressément  inter- 
dit de  prendre  des  notes  ou  de  tracer  des  es- 
quisses. E.  Beauvois. 

Flachat,  Observations.  —  Meusel,  Bibl.  historica,  t.  II, 
part.  I,  p.  270.  —  lireghot  de  Lut  et  Péricaud,  Biographie 
Lyonnaise;  Lyon,  1839,  gr.  in-s». 

FLACHERON  (  Louis  •  Cécile  ) ,  architecte 
français,  né  à  Lyon,  en  1772,  mort  le  12  mars 
1835.  Il  dirigea  pour  la  ville  de  Lyon  un  grand 
nombre  de  travaux,  et  devint  membre  de  l'Aca- 
démie de  cette  ville.  On  a  de  lui  :  Éloge  de 
Philibert  Belorme,  mémoire  coiu-onné  par 
l'Académie  de  Lyon;  Lyon,  1814; — Mémoire 
sur  la  pierre  de  Choin  de  Fay  ;  Lyon  (  sans 
date),  in-8°.  Flacheron  lut  à  l'Académie  de  Lyon 
plusieurs  mémoires  et  une  traduction  de  la  Ba- 
silica  Lugdunensis  du  P.  de  Bussières. 

Breghot  du  Lut  et  Péricaud ,  Catalogue  des  Lyonnais 
dignes  de  mémoire.  —  Louandre  et  Bourquelot,  La 
Littérature  française  contemporaine. 

FLACKSENics  ( /eaw  j,  prélat  finlandais,  né 
à  Mackyla,.  en  1636,  mort  le  11  juillet  1708.  II 
étudia  à  l'université  d'Abo,  dont  il  devint  secré- 
taire en  1665;  plus  tard  il  fut  successivement 
adjoint  à  la  Faculté  de  philosophie ,  professeur 
de  mathématiques  en  1669 ,  pasteur  en  1682, 


811 


FLACKSE.NIUS  —  FLACOURT 


812 


professeur  agrégé  de  théologie  en  1688  et  profes- 
seur ordinaire  en  1689.  Enfin,  il  fut  élu  évêque 
de  Wiborg.  Ses  ouvrages  sont  :  Oratio  fune- 
bris  in  obitum  M.  Andreee  Tliuronis ,  etc.; 
Abo,  1665,  in-4°  ;  —Algebra  et  VIII  Epheme- 
rides  Cometse  visi;  ibid.,  1681;  — Synopsis 
mechanicse  \\hià.,  1682,  in-8°;  —  Disp.  syno- 
dal'is  de  Ecclesia  ejusque  subjecto,  etc.; 
1689,  in-4'';  —  Sijlloge  systematum  theolo- 
cjix  miindi  ante~et  postdiluviam  ad,  hase  nos- 
ira  tempora,  etc.;  ibîd.,  1690,  in-4";  —  Chro- 
nologia  sacra;  ibid.,  1692,  in-8°;  —  Har- 
moniv evangelicœ;  ibid.,  1701,  in-8°. 

Stiermann,  Suecia  litter. 

FLACHSENiîJS  (  Jacquss  ) ,  théologien  et 
physicien  finlandais,  natif  de  Mackyla,  mort  en 
1696.  Il  fut  docteur  en  théologie  et  prévôt  de  la 
cathédrale  d'Abc.  En  1665  il  professa  la  logique 
et  la  métaphysique  dans  cette  ville;  en  1679  il 
y  fit  des  cours  de  théologie.  On  a  de  lui  :  Insti- 
tutiones  pneumaticrc  ;  Abo,  1664,  in-5°  ;  — 
Collegium  logicuni;  ibid.,  1678,  in-8°;  —  des 
Oraisons  funèbres. 

Gezelius ,  Biog.  Lex. 
FLACIUS.  Voy.  FLA.CH-FRA.NCOWITZ. 

FLACON-ROCHELLE.  Voy.  ROCHELLE. 

FLACOURï  {Etienne  de),  administrateur  et 
voyageur  français,  né  à  Orléans,  en  1607,  mort 
en  mer,  le  lOjuin  1660.  Nommé  commandant  des 
troupes  du  roi  au  fort.  Dauphin  dans  l'île  de' 
Madagascar,  il  y  passa  en  Î64S.  Les  établisse- 
ments français  se  trouvaient  dans  la  plus  triste 
situation;  on  s'était  révolté  contre  le  comman- 
dant Pronis  ,  qui  ne  réunissait  pas  des  vivres  en 
quantité  suffisante  ou  les  laissait  gaspiller  par 
les  parents  de  sa  femme,  née  d'un  Madécasse. 
Flacourt rétablit  l'ordre,  et,  grâce  à  sa  fermeté  et 
à  sa  prévoyance,  il  sut  le  maintenir  pendant 
tout  le  temps  de  son  administration  ;  si  l'on  se 
permit  quelquefois  des  murmures  ,  on  n'en  vint 
jamais  à  une  rébellion  déclarée.  Plusieurs  dis- 
tricts inconnus  de  Madagascar  et  quelques  pe- 
tites îles  situées  dans  le  voismage  furent  explo- 
rés par  ses  ordres ,  et.  il  prit  possession  de  l'île 
Mascareigne,  à  laquelle  il  donna  le  nom  d'île 
Bourbon,  en  1649.  Malheureusement  la  même 
sagesse  ne  le'  guida  pas  dans  ses  rapports  avec 
les  naturels.  Déjà,  du  temps  de  Pronis,  les  chefs 
madécasses  avaient  fait  assassiner  quelques 
Français.  Flacourt ,  au  lieu  de  se  borner  à  lier 
avec  eux  des  relations  commerciales ,  eut  le  tort 
de  s'immiscer  dans  leurs  querelles  particulières  ; 
son  but  n'était  pas  de  faire  triompher  la  cause 
de  la  justice  (  car  il  paraît  ne  s'être  nullement 
enquis  des  motifs  des  dissensions  ),  mais  de  par- 
tager les  dépouilles  de  l'ennemi.  Cette  conduite 
n'était  pas  de  nature  à  diminuer  dans  l'esprit  des 
indigènes  la  crainte  que  leur  inspiraient  leurs 
redoutables  voisins  ;  aussi  n'attendaient-ils  qu'une 
occasion  pour  commencer  les  hostilités.  Fla- 
court leur  en  fournit  lui-même  le  prétexte.  Il 
s'était  engagé  à  doimer  un  fusil  à  l'un  des  prin- 


cipaux personnages  du  pays;  iMis  ,  informé  que 
cette  arme  devait  être  transmise  à  un  Madécasse 
mal  disposé  pour  les  Français ,  il  lit  percer  la 
culasse  et  bouclier  l'ouverture  avec  du  plomb; 
de  façon  que  le  projectile  frappât  la  poitrine  de 
celm  qui  ferait  usage  du  fusil.  Cette  combinai- 
son manqua  heureusement,  par  l'indiscrétion  de 
Pronis;  mais   les   chefs  du   district  de  Carca- 
nossi,  indignés  de  cette  perfidie,  formèrent  une 
ligue  pour  détruire  les  Français  ;  ils  massacrèrent 
ceux  qui  s'écartaient  du  fort,  volèrent  les  trou- 
peaux et  les  convois  de  vivres,  et  tentèrent^ 
d'assassiner  le  commandant.  Quoique  les  Frart 
çais  n'eussent  jamais  été  plus  de  175 ,  et  que  ci 
nombre  fût  alors  diminué ,  les  attaques  de  ces 
pauvres  indigènes  n'étaient  pas  bien  dangereuses  ; 
il  n'y  avait  qu'une  dizaine  d'entre  eux  qui  possé- 
dassent des  armes  à  feu  ou  qui  en  connussent 
le  maniement  ;  un  jour  on  mit  en  fuite,  par  un 
seul  coup  de   canon,  dix  mille  hommes   qui 
étaient  venus  entourer  le  fort.  Ces  malheureux, 
abusés  par  leurs  prêtres ,  remettaient  le  soin  de 
leur  défense  à  des  faiseurs  de  sortilèges  et  d'en- 
chantements. Flacourt,  au  lieu  de  tâcher  de  les 
ramener  pailla  douceur  à  de  meilleures  disposi- 
tions ,  les  traita  avec  une^rigueur  excessive  ;  il 
brûlait,  pillait  les  villages,  tuait  les  habitants, 
faisait  exposer  les  têtes  des  chefs  de  la  i-évolte. 
En  1652,  trois  cents  villages  du  district  de  Car- 
canossi  firent  leur  soumission;  ils  jurèrent  obéis- 
sance au  roi  de  France,  et  s'engagèrent  à  lui 
payer  le  tribut  qu'ils  portaient  auparavant  à  leur 
chef;  on  leur  promettait,  en  retour,  la  libre 
possession  de  leurs  biens   et  le  droit  de  les 
transmettre  à  leurs  enfants.  Mais  cette  soumis- 
sion n'était  ni  volontaire  ni  sincère  ;  et  les  chefs 
se  retirèrent  dans  l'intérieur  de  l'île  pour  aller 
fomenter  des  intrigues  contre  les  Français.  Les 
vivres  étant  venus  à  manquer  au  fort,  le  20  dé- 
cembre 1653  Flacourt  se  mit  en  mer,  sur  une 
petite  embarcation,  pour  aller  acheter  des  provi- 
sions aux  Portugais  de  Mozambique  ;  mais  il  fut 
forcé,  à  cause  du  temps  orageux,  de  rentrer 
au  port  vingt  jours  après  son  départ.  Comme  il 
était  parti  secrètement,  on  l'accusa  d'avoir  voulu 
abandonner  ses  compagnons  ;  mais  il  apaisa  les 
murmures  et  démontra  la  fausseté  de  cette  im- 
putation. Quelques  mois  après ,  arrivèrent  deux 
navires  que  Flacourt  avait  ordre  de  charger  de 
marchandises  à  son  choix.  Ayant  entendu  dire 
que  les  intéressés  de  la  compagnie  avaient  cédé 
leurs  droits  au  duc  de  La  Meiileraye,  il  confia  à 
Pronis  le  commandement  du,  fort,  et  passa  en 
France,  en  1655,  pour  s'informer  de  l'état  des 
choses.  Plus  tard  il  fut  nommé  directeur  géné- 
ral de  la  Compagnie  de  l'Orient;  il  se  rendit  une 
seconde  fois  à  Madagascar,  et  se  noya  à  son  re- 
tour. On  a  de  lui  :  Dictionnaire  de  la  Langue 
de  Madagascar,  suivi  d'un  petit  recueil  de  mots 
de  la  langue  des  sauvages  de  la  baie  de  Saldanha, 
près  du  cap  de  Bonne-Espérance;  Paris,  1658, 
in-8° .  Ce  dictionnaire  français-madécasse  est  très- 


813 


FLAGOURT 


incomplet ,  il  a  été  compilé  sans  soin  ;  les  mots 
sont  transcrits  en  caractères  latins.  Dans  le 
mérne  volume  se  trouvent  un  Catéchisme  et  un 
■recueil  de  prières  en  français  et  en  madécasse. 
Ces  ouvrages  sont  dédiés  à  saint  Vincent  de 
Paul ,  qui  avait  envoyé  des  missionnaires  avec 
Flacourt;  —  Histoire  de  la  grande  isle  Ma- 
dagascar, suivie  d'une  relation  de  ce  qui  s'est 
passé  entre  les  Français- et  les  originaires  de  cette 
île  depuis  1642  jusqu'en  1655;  et  des  moyens 
de  se  préserver  des  maladies  pendant  le  voyage 
et  le  séjour  dans  l'ile;  Paris,  1658,  in-4°  ;  2^  édi- 
tion, 1661.  Cette  dernière  contient  de  plus  une 
relation  de  ce  qui  s'est  passé  de  1655  à  1657  ; 
mais  on  n'y  trouve  pas  l'exposition  des  causes 
du  peu  de  succès  de  la  compagnie.  L'ouvrage 
est  divisé  en  deux  parties  :  la  première,  intitulée 
Histoire,  contient  une  description  de  Madagas- 
car, de  Bourbon,  de  Nossi-Ibrahim  et  de  Sainte- 
Marie;  des  détails  sur  la  religion,  les  mœurs,  les 
institutions,  les  productions,  les  quadrupèdes, 
les  poissons,  les  oiseaux  ;  la  traduction  française 
de  deux  traités  madécasses ,  et  une  traduction 
en  madécasse  de  quelques  prières.  Les  plantes 
et  les  animaux  sont  représentés  par  des  gravures 
assez  grossières.  La  seconde  partie ,  intitulée 
Relation,  est  une  histoire  des  établissements 
français  exposée  avec  confusion.  L'ouvrage  de 
Flacourt  est  précieux ,  comme  écrit  par  un  té- 
moin oculaire;  tous  les  écrivains  postérieurs 
l'ont  mis  à  contribution  ;  on  reproche  néanmoins 
à  l'auteur  d'avoir  trop  vanté  la  fertilité  du  ter- 
ritoire et  d'avoir  trop  dénigré  le  caractère  des 
habitants;  mais  ses  descriptions  d'histoire  na- 
turelle ont  toujours  été  fort  estimées.  Le  nom  de 
Flacurtia'àété  donné,  par  L'Héritier  à  l'arbuste 
que  Flacourt  appeUe  Alamaton.    E.  Beauvois. 

Klacoiirt,  Ueiatwn.  —  Brainac.  etc..  Hommes  illustres 
de  l'Orléanais,  1852  ,  t.  11.  —  Annales  des  F'oyayes, 
t.  XIV.  —  Boucher  de  La  Rlcharderie,  ISiblioth.  tiniv.  des 
Foyages,  t.  IV,  p.  269. 

FLAD  {Jean-Daniel) ,  économiste  allemand, 
né  à  Heidelberg,  le  12  juin  1718,  mort  à  Mann- 
heim,  en  juillet  1780.  Il  fut  conseiller  d'adminis- 
tration à  Heidelberg.  On  a  de  lui  :  Pensées  sur 
une  monnaie  d'argent;  1752,  in-8°;  —  Veber 
das  Aller  des  Lumpen.Papieres  (De  l'époque 
de  l'Invention  du  Papier  de  chiffon),  1756;  — 
Veber  die  Biicher-Insecten  (Des  Insectes  des 
Livres);  1774. 

Meuse!,  Gel.  DeutscM. 

*FLAGï  (/e«nDE),  trouvère  du  treizième 
siècle  ;  on  ne  connaît  rien  à  son  égard ,  si  ce 
n'est  qu'un  vers  du  roman  de  Garin  le  Loherain 
le  désigne  comme  l'auteur  de  cette  épopée,  dont 
le  but  est  de  raconter  les  guerres  de  Charles- 
Martel  et  de  Pépin  contre  les  Sarrasins  et  autres 
peuples.  M.  Amaury  Duval  observe  qu'à  travers 
beaucoup  de  faits  curieux ,  le  poète  a  semé  un 
grand  nombre  de  fables  dans  son  ouvrage.  Il 
confond  souvent  les  personnages,  les  temps  et 
les 'lieux  ;  mais,  malgré  ces  fautes,  cette  produc- 
tion, longtemps  peu  connue,  est  un  monument 


—  FLAHAUT  814 

précieux  de  l'ancienne  littérature  française.  On 
y  voit  comment  quelques  siècles  suffisent  pour 
que  les  faits  historiques  s'altèrent  et  se  trans- 
forment dans  l'esprit  des  peuples.  30,000  vers 
environ  sont  compris  dans  le  roman  de  Garin , 
mais  Flagy  n'en  a  guère  composé  que  la  moitié  ; 
on  ignore  le  nom  de  son  continuateur.  La  Biblio- 
thèque impériale  possède  plusieurs  manuscrite 
de  ce  poème;  M.  Paulin  Paris  en  a  donné  la  pre- 
mière édition;  Paris,  1833,  in-12;  et  M.  Raynouard 
a  rendu  compte  de  cette  publication  dans  le 
Journal  des  Savants,  août  et  septembre  1833. 

G.  B. 

Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XVIII,  p.  738-748- 
—  LeGlay,  Fragments  d'Épopées  romanes  du  dou- 
zième siècle;  Lille,  1838,  ln-8°.  —  Leroux  de  Lincy,  Ana- 
lyse critique  et  littéraire  du  roman  de  Garin  le  Lohe- 
rain ,  Paris,  1835,  in-8°. 

FLAHAUT  DE  LA  BILLAKDERIE,  famille 
originaire  de  la  Picardie.  Au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  César  de  i^'/flAoî*?,  chevalier, 
seigneur  de  La  Billarderie ,  en  Boulonnais ,  fut 
lieutenant-colonel  au  régiment  de  cavalerie  de 
Saint-Germain-Beaupré.  Il  laissa  deux  fils,  dont 
le  cadet,  Jérôme-François  de  Flahaiit,  né  en 
1672,  fut  d'abord  major  des  gardes  du  corps  et 
gouverneur  de  Saint-Quentin,  et  devint  ensuite 
lieutenant  général  des  armées  du  roi,  grand'  croix 
de  l'ordre  de  Saint-Louis,  etc.  Il  mourut  à  Paris, 
le  27  avril  1761.  Son  frère  aîné,  Charles-César 
de  Flahaut,  marquis  de  La  Billarderie,  seigneur 
de  Saint-Remy  et  d'Eau,  né  en  1668,  parcourut 
tous  les  grades  de  l'armée ,  à  partir  de  celui  de 
cornette,  et  fut  créé  maréchal  de  camp  en  1719, 
puis  lieutenant  général  en  1734.  Il  obtint  ensuite 
différents  cotnmandements ,  entre  autres  celui 
de  la  maison  du  roi.  Il  mourut  à  Wissembourg, 
le  23  mai  1742.  Il  avait  épousé  une  demoiselle 
de  Nesles,  dont  il  eut  quatre  fils.  L'aîné,  le  mar- 
quis de  La  Billarderie,  arriva  aussi  jusqu'au  grade 
de  lieutenant  général.  A  la  révolutiou,  il  se  retira 
dans  sa  terre  de  Saint-Remy,  près  Chaumont, 
et  passa  tranquillement  cette  époque  orageuse. 
Son  frère  puîné,  le  chevalier  de  La  Billarderie , 
fut  exempt  des  gardes  du  corps  dans  la  compagnie 
de  Villcroy ,  et  gentilhomme  auprès  des  princes 
petits-fils  de  Louis  XV,  devint  brigadier  des  ar- 
mées le  25  juillet  1762,  et  maréchal  de  camp  en 
1 770.  Un  troisième  frère  embrassa  l'état  ecclésias- 
tique. Enfin  le  quatrième  fut  chevalier  de  Malte,  et 
eut  dans  la  suite  le  titre  de  comte.  Il  eut  le  grade 
de  maréchal  de  camp,  et  fut  intendant  du  Jardin 
du  Roi,  après  Buffon,  jusqu'en  1792.  11  fut  le 
père  du  comte  de  Flahaut  actuellement  sénateur. 
Dans  .son  inaltérable  dévouement  à  la  royauté,  il 
se  prononça  l'un  des  premiers  et  avec  le  plus  de 
vigueur  coritre  la  révolution  et  toutes  ses  tendan- 
ces. Il  porta  sa  tête  sur  l'échafaud  dans  la  ville 
d'Arras.  L.  Louvet. 

Fiicpcl.  des  Cens  du  Monde.  —  Nobiliaire  de  la  Pi- 
cardie. —  Diction,  général  de  la  Noblesse  de  France. 
'FLAHAUT  DE  LA  BILLARDERIE  (AîigttSte- 

Charles-Joseph, comte,  ne),  général  et  diplomate 


815 


français,  sénateur,  etc.,  est  né  à  Paris,  le  21 
avril  1785.  Il  était  encore  enfant  quand  son  père 
périt  sur  l'échafaud  révolutionnaire.  Sa  mère, 
privée  par  la  coutiscation  du  peu  de  biens  qu'a- 
vait possédés  son  mari ,  emmena  son  fils  unique 
en  Angleterre ,  où ,  presque  réduite  à  la  misère , 
elle  trouva  une  ressource  dans  sa  plume.  Le 
jeune  Flahaut  commença  son  éducation  en  An- 
gleterre, et  l'acheva  en  Allemagne,  où  il  avait 
suivi  sa  mère.  Eii  1 798  tous  deux  revinrent  à  Pa- 
ris, et  à  la  fin  de  l'année  suivante  le  jeune  homme 
entra  dans  un  corps  de  cavalerie  qui  devait  accom- 
pagner Bonaparte,  premier  consul,  en  Italie.  Il  fit 
donc  ses  premières  armes  dans  la  campagne  de 
Marengo.  Dans  les  derniers  mois  de  1800,  il  passa 
en  Portugal  comme  simple  dragon ,  et,  à  son  re- 
tour en  France,  il  obtint  l'épaulette  de  sous-lieu- 
tenant. Attaché  ensuite  à  Murât  comme  aide  de 
camp ,  il  gagna  les  grades  supérieurs  à  Austerlitz, 
dans  la  campagne  de  Prusse,  puis  dans  la  guerre 
d'Espagne,  et,  après  avoir  été  nommé  colonel  à 
la  suite  delà  bataille  de  Wagram,  il  obtint  l'hon- 
neur, alors  très-recherché,  d'être  admis  dans 
l'état-major  du  maréchal  Berthier,  qui  lui  fit 
donner  le  titre  de  baron  de  l'empire.  Depuis 
1802,  sa  mère  s'était  remariée  au  comte  de 
Souza ,  nom  sous  lequel  elle  est  restée  connue 
dans  la  littérature.  Dans  la  guerre  de  Russie, 
M.  de  Flahaut  se  distingua  d'une  manière  particu- 
lière au  combat  de  Mohiief,  le  26  juillet  1812, 
et  le  22  février  suivant  il  fut  promu  au  grade 
de  général  de  brigade.  A  son  retour  à  Paris , 
Napoléon  le  nomma  l'un  de  ses  aides  de  camp. 
Sa  belle  conduite  à  la  bataille  de  Leipzig  lui  va- 
lut le  grade  de  général  de  division  et  le  titre 
de  comte  de  l'empire.  Il  se  fit  encore  remar- 
quer à  la  bataille  de  Hanau,  le  31  octobre  1813, 
et  reçut  la  croix  de  commandeur  de  la  Légion 
d'Honneur,  le  23  mars  1814.  Vers  cette  époque, 
l'empereur  le  désigna  pour  traiter  avec  les  plé- 
nipotentiaires alliés  d'un  armistice,  qui  ne  fut  pas 
conclu. 

Après  l'abdication  de  1 8 14,M.  de  Flahaut  adhéra 
aux  actes  du  gouvernement  provisoire.  Dès  que 
l'empereur  eut  réapparu  en  France,  il  cou- 
rut reprendre  près  de  lui  ses  fonctions  d'aide  de 
camp.  Envoyé  à  Vienne  avec  des  dépêches 
de  Napoléon  pour  Marie-Louise ,  il  fut  arrêté  à 
Stuttgard  et  forcé  de  rentrer  en  France  sans  avoir 
pu  remplir  sa  mission.  Créé  alors  pair  de  France, 
il  accompagna  Napoléon  à  la  frontière ,  et  com- 
battit encore  à  Waterloo.  A  l'issue  de  cette  mal- 
heureuse journée,  il  revint  à  Paris,  et  le  22  juin, 
à  la  séance  de  la  chambre  des  pairs ,  il  se  leva 
pour  contredire  le  maréchal  Ney;  il  fit  con- 
naître les  opérations  de  Grouchy ,  assura  que  ce 
général  avait  encore  plus  de  40,000  hommes 
sous  ses  ordres ,  et  appuya  avec  chaleur  la  pro- 
position de  Lucien  Bonaparte,  qui  demandait 
qu'on  proclamât  Napoléon  II.  «  Si  Napoléon  avait 
été  tué ,  disait  le  comte  de  Flahaut,  n'est-ce  pas 
son  lils  qui  lui  succéderait  ?  Il  a  abdiqué ,  il  est  ' 


FLAHAUT  —  FLAHERTY  ^  816 

mort  politiquement,  pourquoi  son  fils  ne  lui  suc- 


céderait-il pas  ?  >)  Le  général  de  Flahaut  fut  chargé 
le  1"  juillet,  par  le  gouvernement  provisoire, 
du  commandement  d'un  corps  de  cavalerie. 
Mais  les  destins  devaient  s'accomplir.  A  la  se- 
conde rentrée  du  roi  dans  Paris ,  M.  de  Flahaut 
fut  inscrit  l'un  des  premiers  sur  la  liste  de 
ceux  qu'on  devait  exiler  de  France  sans  juge- 
ment préalable  et  par  mesure  de  sûreté.  Il  dut 
cependant  à  l'intervention  du  prince  de  Tal- 
leyrand ,  ami  de  sa  famille ,  de  ne  pas  voir  son 
nom  figurer  dans  la  fameuse  ordonnance  du  24 
juillet;  néanmoins,  on  l'engagea  à  s'éloigner 
temporairement.  M.  de  Flahaut  se  rendit  d'abord 
en  Suisse,  dans  les  environs  de  Genève,  d'où, 
au  bout  de  quelque  temps ,  il  fut  obligé  de  passer 
en  Angleterre.  Il  y  épousa,  en  1817,  miss  Mercer 
Elphinstone ,  fille  de  lord  Keith,  riche  héritière 
qui  succéda  plus  tard  aux  titres  et  à  la  pairie  de 
son  père,  et  dont  il  n'a  eu  que  des  filles.  Pour 
accomplir  ce  mariage,  M.  de  Flahaut  avait  dû  don- 
ner sa  démission  du  grade  qu'il  occupait  dans 
l'armée  française.  11  vint  depuis  lors  plusieurs  fois 
visiter  la  France ,  et  finit  par  se  fixer  à  Paris  en 
1827.  La  révolution  de  Juillet  1830  lui  rendit  son 
grade  et  la  pairie.  En  1831,  il  fut  nommé  ministre 
plénipotentiaire  à  Berlin.  Au  bout  de  cinq  ou  six 
mois  il  donna  sa  démission.  Il  accompagna  en- 
suite le  duc  d'Orléans  au  siège  d'Anvers;  et  à 
l'époque  de  son  mariage,  en  1837,  ce  prince, 
formant  sa  maison ,  choisit  le  comte  de  Flahaut 
pour  son  premier  écuyer;  mais  celui-ci  garda 
peu  de  temps  cet  emploi. 

Le  salon  de  madame  de  Flahaut  eut  longtemps 
une  certaine  importance  politique.  M.  de  Flahaut 
paraissait  rarementàla  tribunede  la  chambre  des 
pairs;  il  était  du  petit  nombre  d  es  membres  d  e  cette 
assemblée  qui  votaient  constamment  contre  les 
lois  restrictives  des  libertés  publiques.  En  1841, 
il  fut  nommé  ambassadeur  à  Vienne ,  poste  (ju'il 
conserva  jusqu'à  la  révolution  de  février.  Le 
gouvernement  provisoire  le  mit  à  la  retraite,  par 
un- décret  du  17  avril  1848,  et  lorsque  l'Assem- 
blée législative  eut  annulé  cette  mesure,  par  un 
décret  du  11  août  1849,  il  ne  demanda  pas  à  ren- 
trer dans  les  cadres.  Au  2  décembre  1851,  il  se 
mit  à  la  disposition  du  président  de  la  république, 
et  fit  partie  de  la  commission  consultative 
nommée  alors.  Créé  sénateur  en  1 853 ,  il  a  été 
appelé  en  1 854  à  faire  partie  de  la  commission 
instituée  pour  recueillir  la  correspondance  de 
Napoléon  I*"^.  L.  Louvet. 

Encyclopédie  des  Gens  du  Monde.  —  Dictionnaire  de 
la  Conversation.  —  Biogr.  universelle  et  portative  des 
Contemporains. 

FLAHAUT  (Comtesse  de).  Voyez  Sovia.  (ba- 
ronne Adèle  de). 

FLAHAUT     DE     LA     BILLARDERIE.     Voy. 

Angiviller. 

FLAHERTY  (  Roderic  O'  ),  historien  irlandais, 
né  en  1630,  à  MoycuUin,  comté  de  Galway, 
mort  en  1718.  On  a  de  lui  :  Ogygia,  sive  rerum 


817  FLAHERTY 

Hibernicarum  chronologia;  Londres,  1685, 
m-4° ;  traduit  en  anglais,  Dublin,  1793,  2  vol. 
in-8°.  L'auteur  commence  son  histoire  au  déluge, 
et  la  continue  jusqu'à  l'année  428  du  Christ. 
Cet  ouvrage  se  divise  en  trois  parties  :  la  pre- 
mière contient  la  description  de  l'Irlande,  les 
divers  noms  de  cette  île ,  son  étendue ,  ses  ha- 
bitants, ses  rois,  le  mode  de  leurs  élections  an- 
nuelles ;  la  seconde  est  une  espèce  de  tableau 
synchronique  de  l'histoire  irlandaise  et  des  évé- 
nements arrivés  en  même  temps  dans  d'autres 
pays  ;  la  troisième  est  un  récit  très-ample  des 
affaires  particulières  de  l'Irlande.  L'auteur  donne 
ensuite  une  table  chronologique  exacte  de  tous 
les  rois  chrétiens  depuis  l'an  428  du  Christ  jus- 
qu'en 1022,  et  un  court  récit  des  principaux 
faits  de  l'histoire  de  l'Irlande.  O'Flaherty  publia 
une  défense  de  son  Ogygia  contre  les  objections 
de  sir  (ieorges  Mackenzie. 
Chalmers,  General  biographical  Dictionary. 
FLàMAEL.  Voy.  FlEMAEL. 

FLAMAND  (François).    Foî/es  Duquesnoy. 

FLAIHAND  (LE).  Voy.  LEFLA.MENC  et  Le- 
FLAMAND. 

FLAMAND-GRÉTRY  (Louis-Victor),  littéra- 
teur français,  né  à  La  Fère-en-Tardenois  (Aisne), 
le  25  novembre  1764,  mort  eu  1843.  Il  épousa 
en  troisièmes  noces  une  nièce  de  Grétry,  et  vécut 
dans  l'intimité  de  ce  grand  compositeur,  dont  il 
ajouta  plus  tard  le  nom  au  sien  propre.  Après 
être  resté  longtemps  dans  le  commerce,  il  s'a- 
donna à  la  poésie  avec  beaucoup  de  zèle  et  très- 
peu  de  succès.  Ses  nombreuses  productions  sont 
des  pièces  de  circonstance,  trop  insignifiantes 
pour  être  rappelées  ici  :  nous  citerons  seulement 
son  Itinéraire  historique,  biographique  et 
topographique  de  la  vallée  d'Enghien- Mont- 
morency; Paris,  1827,  in-8°;  Paris,  1835-1840, 
2  vol.  in-8°. 

Quérard  ,  La  France  littéraire. 

FLAMEL  (iVico^oa),  célèbre  écrivain-juré  et 
alchimiste  français ,  né  dans  la  première  moitié 
du  quatorzième  siècle ,  mort  à  Paris,  le  22  mars 
1418.  Nicolas  Flamel  est  un  personnage  com- 
plexe. Par  un  côté  il  appartient  à  la  biographie , 
par  l'autre  il  touche  au  roman  et  à  la  légende. 
On  ne  saurait  dire  avec  certitude  en  quel  lieu 
il  vint  au  monde.  «  Quelques  auteurs ,  dit  l'abbé 
Vilain ,  ont  écrit  qu'il  était  de  Pontoise.  Une 
signification  faite  vers  1432  à  un  habitant  de 
cette  ville,  au  sujet  d'une  rente  de  la  succession 
de  ce  bourgeois,  pourrait  favoriser  cette  opi- 
nion. Peut-être  Flamel  était-il  né  dans  le  fau- 
bourg de  la  ville  de  Pontoise ,  sur  la  paroisse 
de  Notre-Dame,  éghse  à  laquelle  il  a  fait  un 
don  par  son  testament  (1).  »  La  date  précise 
de  sa  naissance  nous  est  également  inconnue. 
Mais  il  résulte  des  faits  authentiques  de  sa  bio- 
graphie qu'en  fixant,  par  induction,  cette  date 

,  (1)  L'abbé  Vilain,  Histoire  critique  de  N.  Flamel,  p.  2. 


—  FLAMEL  818 

vers  1330,  on  ne  s'éloignerait  pas  beaucoup 
de  la  vérité.  Quoi  qu'il  en  soit,  Nicolas  Fla- 
mel exerça  de  bonne  heure  à  Paris  la  profes- 
sion distinguée  d'écrivain  libraire.  Un  auteur  à 
peu  près  contemporain  de  ce  personnage,  et  mis 
récemment  en  lumière,  nous  fournit  de  très- 
précieux  renseignements  sur  l'origine  et  les 
commencements  de  Flamel  comme  scribe  ou 
calligraphe.  Cet  auteur  est  Guillebert  de  Metz, 
qui  a  laissé  une  Description  de  Paris,  écrite  de 
visu  vers  1430.  «  Item,  dit-il  en  vantant  les  mer- 
veilles de  la  capitale  au  temps  passé.  Item  quand 
y  conversoient. . . .  Gobert  le  souverain  escripvain, 
qui  composa  L'Art  d'escripre  et  de  taillier 
plumes,  et  ses  disciples,  qui ,  par  leur  bien  es- 
cripre  furent  retenus  des  princes,  comme  le 
jeune  Flamel,  du  duc  de  Berry  ;  Sicart,  du  roy 
Richart  d'Angleterre  (1);  Guillemin,  du  grand 
maistre  de  Rodes;  Crespy,  du  duc  d'Orléans; 
Perrin,  de  l'empereur  Sigemundus,  delRonune; 
item  Flamel  Vaisné,  escripvain,  qui  faisoittant 
d'aumosnes  et  hospitalitez ,  et  fist  plusieurs  mai- 
sons où  gens  de  mestier  demouroient  en  bas  ; 
et  du  loyer  qu'ilz  paioient  estoient  soutenus 
povres  laboureurs  en  hault  (2).  »  Ainsi  donc  il 
y  avait  au  quatorzième  siècle  deux  Flamel  écri- 
vains :  Flamel  le  jeune,  qui  se  nommait  Jean  ;  nous 
lui  consacrerons  une  courte  notice  individuelle, 
après  son  frère,  l'aîné ,  qui  est  notre  Nicolas  Fla- 
mel. C'était  alors  le  beau  siècle  des  calfigraphes 
parisiens.  Le  roi  Jean  avait  laissé  pour  fils  trois 
princes  bibliophiles,  et  l'un  d'eux  portait  la  cou- 
ronne de  France  sous  le  nom  de  Charles  le  Sage, 
c'est- à-dire  le  Savant.  Les  deux  autres  :  Jean,  duc 
de  Berry ,  Philippe  le  Hardi,  duc  de  Bourgogne, 
leur  neveu,  et  Louis,  duc  d'Orléans,  firent  exécuter 
avec  zèle  ces  riches  manuscrits  qui  forment  en- 
core les  plus  splendides  joyaux  de  nos  biblio- 
thèques publiques.  La  haute  noblesse,  à  l'instar 
des  sires  de  la Fleur-de-Lis, rivalisait  d'une  ému- 
lation littéraire.  La  florissante  université  de  Paris 
multipliait  les  écrits  de  ses  renommés  clercs  et 
docteurs.  Le  nom  de  Nicolas  Flamel  ne  se  trouve 
pas  parmi  ceux  de  ces  artistes  en  écriture  qui 
ont  signé  les  beaux  manuscrits  auxquels  nous 
venons  de  faire  allusion  (3).  Mais  la  pratique  des 
tribunaux,  à  cette  époque  de  légistes  et  de  pro- 
cédure, put,  avec  la  littérature  courante,  offrir 
à  son  industrie  un  large  débouché.  Nous  em- 
ployons à  dessein  ces  expressions  positives  ;  car 
le  zèle  de  l'art  et  du  beau  idéal  paraît  avoir  été  do- 
miné chez  Nicolas  Flamel  par  l'idée  de  l'utile. 
Vers  1370,  et  sans  doute  un  peu  avant  cette  date, 
Nicolas  se  maria  ;  l'amour,  lorsqu'il  ne  préside 
pas  au  mariage,  a  pour  suppléant  d'ordinaire  l'in- 
térêt. Pernelle,   qui  fut  sa  femme,   était  une 


(1)  Qui  régna  de  1377  à  1399. 

(ï)Guilleb.  de  Metz,  éd.  par  M.  Le  Roux  de  Lincy;  Paris, 
1855,  ln-8»,  pag.  84.  Cet  opuscule  fait  partie  du  Trésor  des 
Pièces  rares  ou  inédités  que  publie  le  libraire  A.  Aubry. 

(3)  Par  contre,  on  y  voit  fréquemment  le  nom  de  Jean 
Flamel,  frère  de  INlcolas. 


819 

bourgeoise  de  Paris,  mère,  et  déjà  veuve  de  deux 
maris  ;  mais  elle  avait  du  bien.  Ils  s'épousèrent 
sous  le  régime  de  la  communauté.  Dès  1373  les 
deux  conjoints  se  firent  donation  générale  et  mu- 
tuelle de  leur  avoir,  acte  renouvelé  en  1386  et 
maintenu  par  le  testament  de  Pernelle,  qui 
mourut  en  1397.  Dame  Pernelle,  outre  son  bien, 
paraît  avoir  possédé  les  talents  d'une  ménagère 
active ,  vigilante  et  très-entendue.  L'un  des  pre- 
miers soins  et  des  premiers  succès  des  deux  époux 
fut  de  pourvoir  à  leur  domicile.  Deux  ouvroirs  ou 
échoppes  d'écrivain,  d'abord  très-modestes,  s'a- 
dossèrent pour  eux  aux  murs  de  l'église  Saint- 
Jacques-la-Boucherie.  C'est  là  que  Nicolas  Fla- 
mel  et  son  clerc  se  tenaient  pour  prêter  à  tout 
chalant  le  ministère  de  leur  plume.  Ces  ou- 
vroirs ou  échoppes  devinrent  de  petits  édifices. 
Un  terrain  se  trouvait  nu  en  face  de  la  même 
église,  en  un  point  qui  naguère  .encore  formait 
l'angle  de  la  rue  des  Écrivains  et  de  la  rue  de 
Marivaux.  Ils  achetèrent  ce  terrain ,  et  y  cons- 
truisirent une  maison  tout  enrichie  au  dehors 
à'Instoires  et  de  devises  peintes,  gravées  et 
sculptées.  Cette  maison  était  Vhostel  des  époux 
Flamel.  Ils  y  tenaient  aussi  une  sorte  de  pension 
ou  pédagogie,  en  sa  qualité  de  calligraphe  ou  de 
libraire ,  associé  ou  agrégé  (  vers  la  fin  de  sa 
carrière)  à  l'université ,  il  enseignait  à  de  jeunes 
écoliers  externes  l'écriture  et  les  premiers  élé- 
ments littéraires.  D'autres  écoliers  y  demeu- 
l'aient  en  bow^se,  c'est-à-dire  à  titre  de  pen- 
sionnaires. Une  partie  de  ces  jeunes  gens  étaient 
fils  de  famille  et  appartenaient  à  des  gens  de 
cour.  En  1389  Nicolas  Flamel  et  Pernelle,  sa 
femme,  firent  construire  de  leurs  libéralités  une 
arcade  au  charnier  ou  cimetière  des  Innocents. 
Le  petit  portail  de  Saint-Jacques-la- Boucherie , 
vis-à-vis  de  leur  maison,  fut  également  érigé  du 
liuit  de  leurs  aumônes.  Sur  l'un  et  l'autre  de 
ces  monuments ,  Flamel  et  sa  femme  étaient  re- 
présentés en  pied  (1),  avec  leur  chiffre.  Ces 
figures,  ainsi  que  divers  accessoires ,  accompa- 
gnaient un  sujet  pieux.  Le  tout  était  richement 
sculpté,  peint  et  doré. 

Nicolas  Flamel,  devenu  veuf,  poursuivit  et 
vit  se  développer  le  cours  de  ses  prospérités. 


(1)  Du  temps  de  l'abbé  Viliaia,  six  ou  sept  représenta- 
tions ou  portraits  originaux  de  Nicolas  Flamel  subsis- 
taient encore.  Voy.  lissai,  p.  SOS,  note  a,  et  Histoire 
critique,  etc.,  page  137  et  passiin.  Ces  monuments  furent 
successivement  détruits  peu  de  temps  après  cette  épo- 
que. I,a  trace  la  pins  précieuse  qui  nous  en  ait  été  conser- 
vée est  une  gravure  au  burin,  qui  accompagne  l'Histoire 
antique,  d'après  la  sculpture  de  Sainte-Geneviève-des- 
Ardents,  église  démolie  en  1747.  11  existe  une  autre 
figure  de'  Nicola.s  Flamel ,  alchimiste,  gravée  en  Alle- 
magne ,  et  copiée  depuis  par  Montcornet.  jMais  cette 
image  est  complètement  apocryphe.  On  voit  au  nausée 
de  Cluny ,  sous  le  n"  92,  la  pierre  tumulaire  que  Flamel 
avait  lui-même  préparée  pour  sa  sépulture.  M.  Brunel 
de  Presie  possède  une  série  de  gouaches  in-folio  peintes 
vers  la  lin  du  règne  de  Louis  XIV,  et  qui  paraissent  avoir 
été  exécutées  pour  quelque  alchimiste  de  cette  époque. 
On  y  remarque  divers  portraits  de  Nicolas  Flamel  et  les 
Figures  hiéroglyphiques  relatives  à  ses  prétendus  tra- 
vaux d'alchimie. 


FLAMEL  820 

Vers  1404,  il  jouissait  d'une  considération  qui 
paraît  s'être  attachée  autant  à  son  caractère  qu'à 
sa  fortune.  Un  curé  de  Paris  constitué  en  di- 
gnité ecclésiastique  le  choisit,  dis-je,  pour  exé- 
cuteur testamentaire,  en  compagnie  de  deux 
autres  notables  personnages.  Il  fitalors  construire 
une  seconde  arcade  au  charnier  des  Innocents. 
Il  contribua  aussi  au  bâtiment  et  à  la  décoration 
extérieure  de  deux  maisons  religieuses.  L'une 
était  la  paroisse  de  Sainte-Geneviève  des  Ar- 
dents, qui  s'élevait  rue  Neuve-de-Notre-Dame  en 
la  Cité,  et  l'autre  la  chapelle  de  l'hôpital  Saint- 
Gervais,  située  dans  la  rue  de  la  Tixeranderie. 
Sur  chacun  de  ces  édifices  il  eut  soin  de  faire 
représenter  aux  yeux  de  tous  l'image  et  les  at- 
tributs du  donateur.  Je  passe  rapidement  sur 
divers  autres  actes  de  munificence  ostensible 
qu'il  fit  à  sa  propre  paroisse  et  à  d'autres  églises, 
s'il  faut  en  croire  une  incertaine  tradition ,  no- 
tamment à  Saint-Côme  et  à  Saint-Martin-des- 
Champs.  Mais  Charles  V  avait  récemment 
agrandi  autour  de  la  capitale  cette  ceinture  qui 
s'élargit  de  siècle  en  siècle  et  sans  cesse.  Au 
delà  de  l'une  des  portes,  celle  qui  portait  le 
nom  de  Saint-Martin ,  le  prieuré  de  Saint-Mar- 
tin-des-Champs  étendait  sa  censive  ou  juridic- 
tion sur  des  terrains  médiocrement  peuplés 
ou  livrés  encore  à  l'agriculture.  Quelques  ma- 
sures qui  s'élevaient  dans  cq  faubourg  de  laça 
pitale  étaient  en  ruine.  Nicolas  Flamel  noua  des 
intelligences  d'affaires  avec  le  couvent,  s'in 
sinua  dans  sa  confiance ,  dans  ses  bonnes  grâces 
Peu  à  peu ,  et  piètre  à  pièce ,  ii  acquit  de  ces 
religieux  diverses  concessions  de  terrain,  avei 
ia  faculté  d'y  bâtir.  Une  fois  maître  d'un  espac 
suffisant ,  c'est-à-dire  vers  1407  et  années  sui 
vantes,  Nicolas  Flamel  fit  construire  en  ce  liei 
divers  édifices  d'un  caractère  mixte;  c'étaien 
à  la  fois  des  institutions  utiles,  des  maisons  d< 
i-apport  et  des  établissements  de  charité.  L'un( 
de  ces  maisons  notamment  s'appelait  le  Grand 
Pignon.  Elle  comprenait  une  lavanderie  oi 
lavoir  et  plusieurs  corps  de  logis.  Ainsi  que  noui 
l'apprend  Guillebert  de  Metz,  des  gens  de  mé 
tier  étaient  logés,  en  payant,  aurez-de-chaussée 
et  du  produit  de  ces  loyers,  des  laboureurs 
sans  moyens  pécuniaires,  trouvaient  un  asilî 
gratuit  dans  la  partie  supérieure.  Nicolas  Fia 
mel  voulut  consacrer  par  des  signes  durables  e 
visibles  la  destination  de  l'édifice.  Les  labou 
renrs  étaient  tenus ,  pour  s'acquitter,  à  dire  tou 
les  jours  un^o^er  et  un  ave  pour  les  pécheur 
trépassés.  A  la  hauteur  de  leur  logement  même 
une  large  frise  ou  sculpture  régnait  sur  la  fa; 
çade.  Le  Christ  ou  la  Trinité,  telle  qu'on  la  fîgu^ 
rait  alors,  occupait  le  centre.  Nicolas  Flamel  s'] 
était  fait  représenter.  On  y  voyait  en  outre  l'i; 
mage  des  locataires  gratuits,  ou  laboureurs, 
genoux  et  délivrant,  coraine  on  disait  autrefois 
leurs  menus  suffrages.  Au-dessous  de  cette  frisi 
s'étendait  sur  une  seule  ligne  une  inscriptioi 
explicative.    La  maison  du  Grand-Pignon 


821 


FLAMEL 


822 


perdu  son  pignon,  la  plupart  de  ses  sculptures 
et  de  ses  antiques  ornements.  Mais  elle  subsiste 
encore,  rue  de  Montmorency,  n"  51,  et  présente 
aux  regards  de  tous  l'inscription  primitive, 
ainsi  conçue  :  Nous  hommes  et  femmes  labou- 
reurs demourans  ou  porche  (  sur  le  deA^ant  )  de 
ceste  maison,  qui  fut  faicte  en  l'an  de  grâce 
mil  quatre  cens  et  sept,  sommes  tenus,  chas- 
cun  en  droit  soy,  dire  tous  lesjùurs  une  pa- 
tenostre  et  J.  ave  Maria  en  priant  Dieu  que 
de  sa  grâce  face  pardon  aus  povres  pécheurs 
trespassez.  Amen.  Nicolas  Flamel  mourut 
en  1418,  sans  avoir  cessé  d'accroître  sa  renom- 
mée et  sa  fortune.  11  acheta  le  lieu  de  sa  sé- 
pulture, dans  l'intérieur  même  de  l'église  de 
Saint-Jacques- la- Boucherie.  C'est  ce  que  nous 
apprend  l'une  des  nombreuses  clauses  de  son 
remarquable  testament  (I),  par  lequel  il  léguait 
à  Saint- Jacques-la  -  Boucherie  la  généralité  de 
ses  biens  (n'ayant  point  d'enfants).  Indépen- 
damment de  cette  disposition  principale ,  ce  tes- 
tament contient  un  grand  nombre  d'actes  écla- 
tants de  Hbéralité. 

L'idée  qu'on  se  fait,  d'après  ces  renseigne- 
ments authentiques,  au  sujet  de  Nicolas  Flamel 
n'est  déjà  plus  celle  d'un  bourgeois  vulgaire.  On 
y  voit  un  homme  sagace ,  habile  au  gain  (2), 
amoureux  de  sa  renommée,  imitant  la  dévote 
et  vaniteuse  ostentation  des  princes  de  son 
temps,  mais  mêlant  à  ces  travers  le  zèle  du 
bien ,  du  juste  et  de  l'utile.  Grâce  aux  monu- 
ments, aux  fondations  extraordinaires  et  multi- 
pliées qu'il  laissait,  sa  mémoire ,  après  sa  mort , 
au  lieu  de  s'éteindre  dans  l'onbH,  acquit  en 
quelque  sorte  un  éclat  et  un  retentissement  pro- 
gressifs. Entre  autres  exemples  de  ses  largesses, 
dix-neuf  calices,  ornés  de  son  chiffre,  furent  lé- 
gués par  lui  à  autant  d'églises.  Il  avait  ibndé  aussi 
et  doté  à  Saint-Jacques  une  chapelle  de  Saint- 
Clément  ou  de  Nicolas  Flamel.  Tous  les  mois, 
d'après  le  vœu  de  ce  même  testament,  on  voyait 
un  cortège  composé  d'un  prêtre  et  son  clerc, 
suivis  de  treize  pauvres  aveugles,  partir  en 
procession  de  l'hôpital  des  Quinze- Vingts  et  se 
rendre  ainsi  à  l'église  Saint-Jacques-la-Boucherie. 


(1)  Nous  avons  lu  ce  testament,  qui  subsiste  en  ori- 
ginal sur  parcliemln  à  la  direction  générale  des  ar- 
chives, S. 3376. 

(2)  On  a  dit  que  Nicolas  Flamel  s'était  enrichi  des  dé- 
pouilles des  juifs.  Rien  n'appuie  celte  accusation,  indé- 
pendamment du  produit  de  son  étude  d'écrivain  et  de 
sa  pédago^'ie,  Flamel  se  livrait  à  des  spéculations  fort 
analogues  h  celles  qui  se  pratiquent  aujourd'hui.  Il  tira 
de  là  une  fortune  assez  grande  pour  un  bourgeois  ;  mais 
cette  richesse  ne  dépassait  aucunement  les  bornes  du 
possible.  Nous  citerons  comme  spécimen  une  de  ses 
opérations  qui  n'a  rien  de  commun  avec  la  pierre  philo- 
sophale,  et  dont  nous  possédons  les  traces  positives.  I.,e 
11  novembre  1390,  Nicolas  Flamel  acheta  pour  trente 
francs  d'or  du  coin  du  roi  une  rente  de  deux  livres  six 
sousparisis,  hypothéquée  sur  une  maison  sise  devant  la 
pts«o«e(  prison)  du  prieuré  de  Saint-Martin-dcs-Chanips, 
au  coin  de  la  rue  Saint-Martin  et  de  la  rue  Gnérin-Iîuis- 
seau.  N'en  étant  pas  payé,  i|  fit  mettre  la  maison  aux 
enclières,  et  en  fut  déclaré  adjudicataire  le  17  novem- 
bre 1414. 


Là  ils  assistaient  à  un  obit  mensuel  du  testa- 
teur, et  le  prêtre  ne  se  retirait  qu'après  avoir 
dit  en  outre  une  messe  basse ,  à  la  chapelle  de 
Saint-Clément,  pour  l'âme  de  Nicolas  Flamel. 
Quatorze  autres  communautés  avaient  également 
reçu  une  fondation  perpétuelle  de  dix  sous  de 
rente  parisis,  et  venaient  chaque  année,  par  l'or- 
gane de  quatorze  chapelains ,  acquitter  ce  bien- 
fait en  disant  une  messe  basse  à  la  chapelle  de 
Saint-Clément  pour  Nicolas  Flamel.  Le  temps , 
en  vieillissant  les  figures  que  Flamel  avait  de 
toutes  parts  fait  sculpter  et  peindre,  y  ajoutait  le 
prestige  de  l'âge  et  du  mystère.  Dès  1463,  d'a- 
près un  témoignage  authentique , /cm  Flamel 
était  en  renom  d'être  plus  riche  la  moitié 
qiCil  n'étoit.  Plus  le  souvenir  de  la  réalité  s'é- 
loignait, plus  le  champ  s'ouvrait  à  l'imagma- 
tion,  iK»ur  expliquer  l'énigme  de  cette  renommée 
croissante  et  inusitée.  On  demanda  quelle  était 
la  source  de  cette  richesse ,  dont  la  crédulité 
amplifiait  l'étendue.  A  cette  question  l'état  des 
esprits  offrait  une  réponse  qui  déjà  servait  d'ex- 
plication à  la  fortune  de  Jacques  Cœur  et  de 
bien  d'autres.  On  dit  que  Nicolas  Flamel  était 
initié  au  grand  œuvre,  et  qu'il  avait  trouvé  le 
secret  Affaire  de  l'or.  Il  existe  au  département 
des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  un 
petit  livre  (1)  écrit  sur  parchemin  en  lettres  go- 
thiques, et  qui  débute  ainsi  :  Cy  commence  lu 
vraie  pratique  de  la  noble  science  d'alki- 
mie...  de  tous  les  philosophes  composé  et  des 
livres  des  anciens,  prins  et  tiré,  etc.  A  la  fin 
du  volume  on  lit  :  Ce  présent  livre  est  et  ap- 
partient à  Nicolas  Flamel,  de  la  paroisse 
Saint-J acqiies  de  la  Boucherie,  lequel  il  l'a 
escript  et  relié  de  sa  propre  main.  Mais  cette 
inscription  n'est  pas  authentique.  Un  œil  exercé 
y  reconnaît  la  main  d'un  faussaire,  qui  vivait  vers 
le  commencement  du  dix-septième  siècle  :  il  a 
gratté  une  inscription  plus  ancienne  qui  existait 
à  cette  place  ;  il  a  surchargé  cette  inscription  et 
substitué  le  nom  de  Flamel  à  celui  d'un  autre 
scribe  ou  propriétaire.  Quant  au  texte  du  ma- 
nuscrit lui-même,  il  paraît  avoir  été  écrit  en- 
viron de  1430  à  1480,  et  ne  saurait  remonter  à 
l'époque  de  Nicolas  Flamel.  Effectivement,  en 
1561,  un  recueil  anonyme,  attribué  par  quelques 
bibliographes  à  Gohorry,  parut  sous  le  titre  de 
Transformation  métalliqtie;  Paris,  Guillard 
et  Warancore,  in-S''.  Ce  recueil  contient  trois 
petits  traités  d'alchimie ,  parmi  lesquels  figure 
le  Sommaire  philosophique  de  Nicolas  Fla- 
mel. Dès  lors  la  réputation  de  Flamel  comme 
alchimiste  fut  définitivement  établie.  Les  figures 
pieuses  qu'il  avait  fait  peindre  et  sculpter,  son 
portrait,  celui  de  Pernelle,  sa  femme,  son  chiffre, 
les  devises  de  dévotion  gravées  sur  des  phylac- 
tères, et  jusqu'à  son  écritoire  ou  caicmard  d'é- 
crivain, qu'on  voyait  à  l'une  des  arcades  de  sa 


(1)  Saint-Germain,  n°  l9Co;français  ;  voyez  aussi,  même 
fonds,  n°«  1037  et  1942. 


823 


FLAMEL  —  FLAMEN 


824 


maison,  devinrent  autant  de  symboles  du  grand 
art.  Cette  croyance  ne  manqua  pas  de  trouver  un 
crédit  de  plus  en  plus  étendu  ;  elle  se  propagea 
par  la  double  voie  de  la  tradition  orale  et  de 
la  tradition  écrite.  Cette  double  tradition  sub- 
sistait encore  avec  beaucoup  de  force  vers  la  fin 
du  dernier  siècle.  Mais  à  cette  époque  l'abbé 
Vilain ,  prêtre  de  Saint-Jacques-la-Boucherie  et 
archéologue,  détruisit  cette  superstition  en  pu- 
bliant sur  ce  sujet  deux  opuscules  remplis  de  bon 
sens ,  et  d'une  critique  tantôt  maligne  et  tantôt 
timide.  On  trouve  dans  cet  ouvrage,  par  livres, 
sous  et  deniers,  le  compte  de  la  fortune  que 
possédait  Nicolas  Flamel ,  et  le  détail  explicatif 
des  ouvrages  qu'il  fit  élever,  ainsi  que  de  sa 
vie  :  tout  cela  est  tiré  des  archives  et  des  titres 
originaux  de  la  paroisse  Saint-Jacques  de  la 
Boucherie,  qui  subsistaient  alors  en  très-grande 
partie  (1).  Un  point  demeuré  douteux  était  celui 
de  savoir  si  Flamel  avait  au  moins  possédé  ou 
transcrit  quelque  ouvrage  de  philosophie  her- 
métique conservé  sous  son  nom.  Nous  croyons 
avoir  établi  qu'il  n'a  été  l'auteur  d'aucun  ou- 
vrage de  ce  genre.       Vallet  de  Viriville. 

Archives  de  la  paroisse  Saint-Jacqties  la  Boucherie, 
à  la  direction  générale ,  registre  S  3385  ;  cartons  S  3382, 
3383;  — L'abbé  Vilain ,  Essai  sur  l'histoire  de  Saint- 
Jacques-la'Boucherie  ;  1758,  ln-12.  —  Histoire  critique 
de  Nicolas  Flamel,  etc.;  1761,  in-i2,  fig.  —  Revue  fran- 
çaise et  Étrangère,  1837,  t.  III,  pages  65  et  suiv.  —  D' 
Ferd.  Hoefer,  Histoire  de  la  Chimie,  1842,  ln-8°,  tome  I , 
p.  427.  —  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  tome  XV,  XXI, XIII, etc.  (1856).—  Description  de 
la  faille  de  Paris  au  quinzième  siècle,  parlGuillebert'de 
Metz,  publiée  pour  la  première  fols  d'après  le  manuscrit 
unique  par  Le  Roux  de  Lincy  ;  Paris,  1855,  in-12  ;  — ;Louis 
Figuier,  L'Alchimie  et  les  Alchimistes;  Paris,  iS56,  in-i8, 
p.  171,  etc. 

*  FLAMEL.  (  Jean  ) ,  écrivain-libraire ,  frère 
cadet  du  précédent,  mort  avant  1418.  Il  fut  se- 
crétaire et  bibliothécaire  de  Jean  duc  de  Berry, 
qui  avait  réuni  l'une  des  collections  de  livres 
les  plus  riches  pour  son  siècle.  Son  nom  se  lit 
sur  un  grand  nombre  des  manuscrits  qui  nous 
sont  restés  de  cette  époque.  Les  formules  ou  ins- 
criptions dans  lesquelles  Jean  Flamel  se  men- 
tionne lui-même  occupent  parfois  toute  une 
page  in-fol.  Elles  constituent  souvent  à  elles 
seules  des  chefs-d'œuvre  de  calligraphie  et  suf- 
firaient à  justifier  le  rapport  que  fait  à  cet  égard 
Guillebert  de  Metz.  Nicolas  Flamel  en  mourant 
légua  une  sommé  de  40  livres  parisis  «  à  ses  pa- 
rents, si  aucun  en  a  ».  Personne  n'ayant  répondu 
à  cet  appel ,  il  y  a  lieu  de  penser  que  Jean  mou- 
rut avant  son  frère.  V.  de  V. 

Histoire  critique,  etc.,  p.  205.  —  Guillebert  de  Metz, 
—  Rarrois,  Bibliothèque  protypographique,  1830,  in-4°, 
passim.  —  Le  comte  de  Bastard .  Notice  sur  la  biblio- 
thèque de  Jean  duc  de  Berry  (inédit  ). 

*  FLAMEN  {Q.  Claudius) ,  général  romain, 
vivait  vers  210  avant  J.-C.  Préteur  en  209,  D 
eut  pour  province  les  districts  de  Salente  et  de 


(1)  Ces  archives  subsistent  encore,  mais  disséminées  ou 
réparties  entre  les  diverses  sections  de  la  direction  gé- 
nérale. 


Tarente,  et  succéda  à  M.  Marcellus  dans  le 
commandement  des  deux  légions  formant  la 
troisième  division  de  l'armée  qui  tenait  campagne 
contre  Annibal.  11  conserva  son  commandement 
en  207  avec  le  titre  de  propréteur.  Un  de  ses 
postes  arrêta  dans  le  voisinage  de  Tarente  deux 
Numides  porteurs  de  lettres  d'Asdrubal,  alors  à 
Plaisance,  pour  Annibal,  qui  se  trouvait  à  Méta- 
ponte.  Conduits  devant  le  propréteur  et  mena- 
cés d'être  mis  à  la  torture,  ils  avouèrent  quelle 
était  leur  mission.  Flamen  les  envoya  sous 
bonne  garde  au  consul  Claudius  Néron,  sans 
ouvrir  les  dépêches.  La  découverte  de  ces  lettres 
sauva  Rome,  car  elles  étaient  destinées  à  ap- 
prendre à  Annibal  l'arrivée  de  son  frère  en  Italie 
et  à  préparer  la  jonction  de  leurs  deux  ar- 
mées. 

Tite-Llve,  XXVll,  21,  22,  43  ;  XXVIII,  10.  * 

FLAMEN  {Albert),  peintre  et  graveur  fla- 
mand, né  à  Bruges ,  vivait  au  dix-septième  siè- 
cle. II  vint  jeune  à  Paris,  et  se  fit  connaître  par 
de  bonnes  estampes ,  qu'il  gravait  sur  ses  pro- 
pres dessins.  On  a  de  lui  :  Vues  des  environs 
de  Paris;  —  Diverses  espèces  de  Poissons  de 
mer  et  d'eau  douce;  in-4»;  —  Devises  et  em- 
blèmes d'amour  moralisez;  Paris,  1653,  in-8°. 
Basan,  Dictionnaire  des  Graveurs.  —  Gandellini,  No- 
tizie  istoriche  degli  Inîagliatori. 

*  FLAMEN  OU  FLAMiN  (Anselme),  sculp- 
teur français,  né  à  Saint- Omer  (Artois),  en 
1647,  mort  à  Paris,  le  15  mai  1717.  Élève  de 
Gaspar  Marsy,  il  se  perfectionna  dans  son  art  en 
Italie.  A  son  retour  à  Paris,  il  fut  reçu,  en  1681, 
membre  de  l'Académie  de  Peinture  et  Sculpture  ; 
il  avait  fait  pour  sa  réception  un  médaillon  re- 
présentant Saint  Jérôme  affaibli  par  les  pra- 
tiques de  la  vie  pénitente.  On  a  en  outre  de 
lui ,  à  l'hôtel  des  Invalides,  plusieurs  bas-reliefs, 
tels  qa'Un  Ange  tenant  la  sainte  ampoule, 
sculpté  au-dessus  d'une  des  portes  communi- 
quant du  dôme  dans  les  chapelles  ;  —  à  l'église 
de  Notre-Dame,  Un  des  six  anges  portant  les 
instruments  de  la  Passion,  statues  en  bronze 
qui  ornent  le  chœur;  —  à  l'église  Saint-Paul 
(  anciennement  église  de  la  maison  professe  des 
Jésuites),  \&  Mausolée  d'un  duc  de  Nouilles , 
monument  en  marbre  composé  de  plusieurs 
figures;  —  à  l'église  des  Carmélites  de  la  rue 
Saint -Jacques ,  xm  grand  bas-rehef  en  bronze 
doré,  représentant  V Annonciation  ;  ce  bas-re- 
lief était  sur.  l'attique  du  maître  autel ,  magnifi- 
quement décoré  de  colonnes  de  marbre-  avec 
chapiteaux  et  modillons  de  bronze  doré;  — 
Saint' Chrysostome  et  saint  Philippe,  deux 
des  vingt-huit  statues  colossales  en  pierre  qui 
décoraient  l'extérieur  de  la  chapelle  du  château 
de  Versailles  ;  —  Un  jeune  Faune  portant  un 
chevreau,  statue  en  marbre  d'après  l'antique , 
dans  ia  grande  allée  du  petit  parc  à  Versailles; 

—  Cyparisse  caressant  un  cerf,  statue  en 
lïiarbre,  dans  le  même  endroit,   à  Versailles; 

—  une  Nymphe  de  Diane ,  en  marbre,  qu'on 


825 


FLAMEN  —  FLAMINIKUS 


voyait  à  Versailles  dans  le  bosquet  des  Dômes  ;  — 
Diane  chasseresse,  en  marbre,  qui  décorait  une 
des  fontaines  de  Marly,  —  un  groupe  de  Nymphes, 
aussi  en  marbre,  décorant  un  des  bassins  de  ce 
môme  parc  ;  —  Une  Nymphe  chassant  av, 
cailleteau,  dont  on  voit  un  dessin  au  cabinet 
des  estampes  de  la  Bibliothèque  impériale  ;  — 
V Enlèvement  de  la  nymphe  Orythie  par  Bo- 
rée, hesm  groupe,  dans  l'origine  à  Versailles, 
aujourd'hui  dans  le  jardin  des  Tuileries;  — plu- 
sieurs vases  en  marbre,  ornés  de  bas-reliefs, 
dans  les  jardins  de  Trianon  et  de  Marly  ;  —  un 
bas-relief  en  bois  représentant  le  Ravissement 
du  prophète  Élie ,  qu'on  peut  voir  au  couvent 
des  Carmélites.  Une  grande  partie  des  œuvres 
de  Flamen  est  aujourd'hui  perdue. 

Champagnac. 
Saint-Victor,  Tableau  historique  et  pittor.  de  Paris. 
—  Documents  inédits. 

FLAMENC  (Le).  Voy.  Leflamenc. 

FLAMENG,  FLAMANG  OU  FLAMANT  (  Guil- 
laume ),  poète  et  hagiographe  français ,  né  à 
Langres,  vers  1460,  mort  à  Clairvaux,  vers  1540. 
Il  entra  dans  les  ordres  et,  après  avoir  été  cha- 
noine de  la  cathédrale  de  Langres  et  curé  de 
Montheries,  il  se  retira  à  l'abbaye  de  Clairvaux , 
où  il  finit  sa  vie.  Il  composa  en  prose  et  en 
vers  plusieurs  ouvrages  de  piété,  presque  tous 
inédits.  Nous  citerons  seulement  ceux  qui  ont 
été  imprimés.  En  voici  les  titres  :  Dévote  ex- 
hortation pour  avoir  crainte  du  grand  juge- 
ment de  Dieu;  in-4°  (sans  indication  de  date 
ni  de  lieu)  ;  —  La  Vie  de  sainct  Bernard; 
Troyes,  in-4'>  (sans  date);  Paris,  in-4°  (sans 
date);  —  La  Vie  et  passion  de  monsei- 
gneur sainct  Didier,  martyr  et  évesque  de 
Lengres,  jouée  en  ladicte  cité,  Van  mil 
CCCCITI^^  et  deux.  Ce  mystère,  comme  toutes 
les  pièces  du  même  genre  imprimées  jusque  ici, 
offre  une  extrême  confusion  dans  l'action,  beau- 
coup de  prolixité  et  de  trivialité  dans  le  langage, 
et  on  y  chercherait  vainement  du  sentiment  ou 
de  l'imagination.  Cette  pièce,  si  peu  digne  d'être 
imprimée,  l'a  été  cependant  par  les  soins  de 
M.  Carnaudet,  bibliothécaire  à  Langres;  Lan- 
gres, 1503,  in-8°. 

Carnaudet,  Introduction  à  La  Fie  et  passion  de  mon- 
seigneur saint  Didier. 

*  FLAMENG  (  N....),  guillotiné  le  10  décembre 
1 81 1 ,  àCambray,  victime  d'une  déplorable  erreur 
judiciaire.  Né  à  Marcoing ,  en  1780,  il  était  garde 
champêtre  à  Noyelle,  lorsqu'il  fut  accusé  d'a- 
voir incendié  la  maison  d'un  de  ses  parents.  Tra- 
duit devant  la  cour  d'assises  de  Douay,  il  fut, 
sur  des  présomptions  en  apparence  accablantes, 
jugé  coupable  et  exécuté  malgré  ses  protesta- 
tions d'innocence.  Six  ans  plus  tard,  le  10  octobre 
1817,  un  mendiant,  condamné  à  mort  pour 
crime  d'assassinat,  déclara,  avant  de  monter  sur 
l'échafaud,  qu'il  était  seul  l'auteiu-  de  l'incendie 
dont  l'infortuné  Flameng  avait  subi  la  peine. 

S.  P.  F. 
f  Notices  sur  les  saints  prêtres  du  diocèse  de  Cambray  ; 


in-8°;  Cambray.  —  A.-C.  Lcfebvre  ,  Une  Erreur  judi- 
ciaire au  dix-neuvième  siècle;  1851,  in-S».  —  Mémoires 
de  la  Société  d'Émulation  de  Cambray,  1850  à  1851.  — 
Kd.  RrayeWes,  Ephémerides  du  Cambresis;  Cavahray^iSo?, 
in-8». 

FLAMININCS,  nom  d'une  famille  de  la  maison 
(gens)  patricienne  Quintia.  Les  Flamininus  pa- 
raissent assez  tard  dans  l'histoire.  Le  premier 
qui  y  figure,  K.  Quintius  Flamininus,  fut  un 
des  duumvirs  qui,  en  216,  reçurent  l'ordre  de 
bâtir  le  temple  de  la  Concorde,  voué  deux  ans 
auparavant  par  le  préteur  L;  Manlius.  Les  mem- 
bres les  plus  connus  de  cette  famille  sont  : 

*  FLAMININUS  (£.  QMîn^Mts) ,  amiral  ro- 
main, né  vers  240  avant  J.-C,  mort  en  170. 
Édile  curule  en  200,  il  fut  investi,  l'année  d'après, 
de  la  préture  de  la  ville.  Son  frère  Titus  ayant 
été  chargé ,  en  198 ,  de  la  guerre  contre  la  Ma- 
cédoine ,  Lucius  eut  sous  ses  ordres  la  flotte  ro- 
maine destinée  à  protéger  les  côtes  d'Italie.  Il  fit 
d'abord  voile  pour  Corcyre ,  rencontra  près  de 
l'île  de  Zama  la  flotte ,  dont  son  prédécesseur, 
L.  Apustius,  lui  remit  le  commandement.  Il  se  di- 
rigea ensuite  sur  le  cap  Malée,  et  de  là  sur  le 
Pirée,pour  rejoindre  les  vaisseaux  romains  qui  y 
stationnaient.  Peu  après,  il  ralfia  les  escadres 
d'Attale  et  des  Rhodiens ,  et  avec  les  flottes 
combinées  il  entreprit  le  siège  d'Éi-étrie,  alors 
occupée  par  une  garnison  macédonienne.  Les 
habitants,  qui  craignaient  autant  les  Romains 
que  les  Macédoniens,  ne  savaient  quel  parti 
prendre.  Lucius  Flamininus  enleva  la  place  d'as- 
saut pendant  la  nuit.  Le  butin  des  vainqueurs 
consista  surtout  en  (euvres  d'art  qui  ornaient  la 
ville.  Caryste  se  rendit  immédiatement  après  sans 
coup  férir.  Ayant  ainsi ,  dans  l'espace  de  peu  de 
jours ,  pris  possession  des  deux  villes  les  plus 
importantes  de  l'île  d'Eubée,  Flamininus  fit  voile 
pour  Cenchrées ,  port  de  Corinthe,  et  se  prépara 
à  assiéger  cette  ville.  D'après  les  instructions  de 
son  frère ,  lui  et  les  aimiraux  alliés  envoyèrent 
des  ambassadeurs  aux  Achéens ,  et  leur  deman- 
dèrent de  s'unir  aux  Romains.  Cette  ambassade 
eut  du  succès ,  et  la  plupart  des  villes  achéennes 
envoyèrent  des  troupes  aux  assiégeants.  Lucius , 
qui  s'était  emparé  de  Cenchrées,  et  qui  avait  mis 
le  siège  devant  Corinthe,  venait  d'essuyer  une 
défaite.  GrAce  aux  renforts  qu'il  reçut  des  Achéens, 
il  continua  le  siège  avec  plus  de  chances  de  suc- 
cès. Mais  Ja  garnison  de  Corinthe,  composée 
d'un  grand  nombre  d'Italiens  qui,  dans  la 
guerre  d'Annibal,  avaient  déserté  l'armée  ro- 
maine ,  faisait  une  défense  désespérée.  Lucius ,  à 
la  fin,  leva  le  siège,  et  retourna  sur  sa  flotte, 
avec  laquelle  il  fit  voile  pour  Corcyre ,  tandis 
qu'Attale  se  rendait  au  Pirée.  L'autorité  de  Titus 
Flamininus  ayant  été  prorogée  pour  l'année  sui- 
vante, Lucius  garda  aussi  le  commandement  de 
la  flotte  en  197.  Il  accompagna  son  frère  à  une 
entrevue  avec  le  tyran  Nabis  à  Argos.  Peu  avant 
la  bataille  de  Cynoscéphales ,  apprenant  que  les 
Acarnaniens  étaient  disposés  à  abandonner  la 
Macédoine,  il  alla  mettre  le  siège  devant  Leu- 


827 


FLAMININUS 


828 


cade ,  leur  capitale ,  espérant  que  la  seule  pré- 
sence de  sa  flotte  les  déciderait  à  se  soumettre. 
Il  n'en  fut  pas  ainsi;  les  habitants  de  Leucade 
résistèrent  au  contraire  très  -  vigoureusement. 
Comme  ils  continuèrent  à  combattre  même  après 
que  les  Romains  eurent  pénétré  dans  la  citadelle, 
beaucoup  d'entre  eux  furent  massacrés.  A  la 
nouvelle  de  la  bataille  de  Cynoscéphales,  toutes  les 
tribus  acarnaniennes  se  soumirent.  En  195,  pen- 
dant l'expédition  de  Flamininus  contre  Nabis, 
Lucius ,  à  la  tête  de  quarante  vaisseaux ,  soumit 
plusieurs  places  maritimes  du  Péloponnèse ,  tan- 
dis que  d'autres  se  rendaient  volontairement,  et 
s'avança  vers  Gythium ,  le  grand  arsenal  de 
Sparte.  Titus,  de  son  côté,  commença  d'assiéger 
la  même  place  par  terre;  mais,  peu  après,  Goi- 
gopas ,  commandant  de  la  garnison ,  livra  par 
trahison  la  ville  aux  Romains. 

En  193,  L.  Flamininus  se  présenta  pour  le 
consulat.  Le  souvenir  de  ses  récents  exploits  en 
Grèce  le  fit  élire  consul  pour  192 ,  avec  Cn.  Do- 
mitius  Ahenobarbus.  Il  eut  la  Gaule  pour  pro- 
vince. En  s'y  rendant,  il  tomba  sur  les  Liguriens, 
dans  le  voisinage  de  Pise,  et  remporta  une  grande 
victoire.  9,000  ennemis  furent  tués,  les  autres 
se  sauvèrent  dans  leur  camp.  La  nuit  suivante, 
ils  s'échappèrent  en  laissant  leur  camp  au  pou- 
voir des  Romains.  Lucius  Flamininus  pénétra 
alors  dans  le  territoire  des  Boïens,  le  dévasta  et 
les  força  de  se  soumettre.  A  son  retour  à  Rome, 
il  leva  une  grande  armée,  afin  que  ses  collègues, 
en  entrant  en  charge ,  trouvassent  des  soldats  à 
conduire  contre  Antiochus.  En  191,  il  servit  de 
lieutenant  au  consul  Glabrion ,  qui  avait  la  con- 
duite de  la  guerre  en  Grèce.  En  184 ,  M.  Porcins 
Caton ,  alors  censeur,  chassa  Flamininus  du  sé- 
nat, et  prononça  contre  lui  un  discours  très-sé- 
vère, dans  lequel  il  lui  reprochait  les  crimes 
qu'il  avait  commis  pendant  son  consulat,  sept 
ans  auparavant.  Un  de  ces  crimes  atteste  le  ca- 
ractère le  plus  atroce.  <t  Flamininus ,  dit  Tite- 
Live,  avait  séduit  par  de  magnifiques  promesses, 
et  emmené  de  Rome  dans  sa  province  de  la 
Gaule,  un  ijeune  débauché  fort  célèbre  alors, 
nommé  Philippe  le  Carthaginois.  Ce  jeune  homme, 
voulant  se  faire  aux  yeux  du  consul  un  mérite 
de  sa  complaisance,  lui  reprochait  assez  ordi- 
nairement, par  forme  de  plaisanterie,  de  l'avoir 
emmené  de  Rome  la  veille  d'un  combat  de  gla- 
diateurs. Un  jour  qu'ils  étaient  tous  deux  à  table, 
et  qu'ils  avaient  la  tête  échauffée  par  le  vin  ,  on 
vint  annoncer  au  consul  qu'un  noble  boïen  s'é- 
tait réfugié,  avec  ses  enfants,  dans  le  camp  ro- 
main, et  qu'il  demandait  à  voir  Quinctius,  pour 
recevoir  de  lui  personnellement  l'assurance  de 
sa  protection.  Le  Boïen  introduit  dans  la  tente 
s'adressa  au  consul  par  l'organe  d'un  interprète. 
Tout  à  coup  Quinctius  l'interrompit  :  «  Veux-tu, 
dit-il  au  complice  de  ses  débauches,  pour  te  dé- 
dommager du  spectacle  que  je  t'ai  fait  manquer, 
voir  mourir  ce  Gaulois?  «  A  peine  Philippe  avait- 
il  fait  signe  d'assentiment ,  sans  croire  l'offre  sé- 


rieuse, que,  pour  lui  complaire,  le  consul  tira  du 
fourreau  l'épée  qui  était  suspendue  auprès  de 
lui,  et  en  ftappa  d'abord  le- Gaulois  à  la  tête 
pendant  qu'il  parlait  ;  puis ,  voyant  qu'il  fuyait 
en  implorant  la  protection  du  peuple  romain  et 
de  tous  ceux  qui  se  trouvaient  là,  il  le  poursuivit 
et  lui  perça  le  flanc.  »  Quoique  exclu  du  sénat, 
Flamininus,  à  l'époque  dé  sa  mort,  occupait  un 
office  pontifical. 

Tite-LiYe,XXXl,  4,  49;  XXXII,  1,  16,  39;  XXXIII,  16; 
XXXIV,  29  j  XXXV,  10,  20,  etc.,  40,  etc.  ;  XXXVI,  1,  2; 
XXXIX,  42,  43;  XL,  18.  -  Valère  Maxime,  II,  9;  IV,  S.  — 
Ciceron,  De  Senectute,  12.  —  Aurelius  Victor,  De  Fir. 
iilust.,  47.  —  Plularqiie,  Cato,  17;  Flamin.,  18.  —  Sé- 
néque,  Controv.,  IV,  25. 

FLAMININUS  {T.  Qulntius),  général  romain, 
frère  du  précédent,  né  vers  230  avant  .J.  C, 
mort  vers  175.  D'après  Aurelius  Victor,  Flami- 
ninus était  fils  de  C.  Flaminius ,  qui  fut  tué  à  la 
bataille  du  lac  de  Trasimène;  mais  cet  historien 
a  confondu  évidemment  lagens  Flaminia  avec  la 
famille  des  FtoKWïwi.  Flamininus  figure  pour  la 
première  fois  dans  l'histoire  en  201,  comme  un 
des  dix  commissaires  chargés  de  mesurer  et  de 
distribuer  les  terres  publiques  du  Samnium  et  de 
l'Apulie  entre  les  vétérans  qui  avaient  combattu 
en  Afrique  sous  P.  Scipion.  L'année  d'après,  il  fut 
un  des  triumvirs  qui  complétèrent  la  colonie  de 
Venouse,  extrêmement  réduite  pendant  la  guerre 
d'Annibal.  Nommé  questeur  en  199,  il  se  porta, 
à  l'expiration  de  sa  charge,  candidat  pour  le 
consulat.  Deux  tribus  s'y  opposèrent,  par  la  rai- 
son que' pour  solliciter  le  consulat  il  fallait  avoir 
exercé  les  magistratures  d'édile  et  de  préteur; 
mais  comme  il  avait  atteint  l'âge  légal ,  le  sénat 
déclara  sa  candidature  valable.  Les  tribus  cédè- 
rent ,  et  T.  Quintius  Flamininus  fut  élu  consul 
pour  198 ,  avec  Sext.  ^Elius  Pœtus.  Dans  le  par- 
tage des  provinces  entre  les  consuls,  Flamininus 
eut  la  Macédoine.  D'après  la  décision  du  sénat , 
il  leva  une  armée  de  8,000  fantassins  et  de  800 
chevaux,  pour  renforcer  l'armée  déjà  engagée 
contre  Philippe  de  Macédoine.  Il  choisit  les  hom- 
mes qui  s'étaient  distingués  en  Espagne  et  en 
Afrique.  Mais  certains  prodiges  le  retinrent  quel- 
que temps  à  Rome ,  et  il  fit  aux  dieux  des  sup- 
plications propitiatoires.  Aussitôt  qu'elles  furent 
achevées ,  il  partit  pour  sa  province ,  sans  passer 
à  Rome  les  premiers  mois  de  son  consulat,  comme 
c'était  l'usage  de  ses  prédécesseurs.  De  Brindes, 
il  fit  voile  pour  Corcyre,  et,  y  laissant  ses  troupes, 
il  se  hâta  de  gagner  l'Épire  et  le  camp  romain. 
II  prit  le  commandement  et  attendit  l'arrivée  des 
renforts  restés  à  Corcyre,  puis  il  tint  conseil  pour 
savoir  s'il  marcherait  droit  à  l'ennemi,  posté  dans 
le  défilé  d'Antigonée,  ou  si,  renonçant  à  une  en- 
treprise aussi  périlleuse,  il  ferait  un  détour  et 
entrerait  en  Macédoine  par  la  Dassarétie  et  le 
Lycus.  Ce  dernier  avis  l'eût  emporté  si  Quintius 
n'eût  craint  de  laisser  échapper  l'ennemi  en  s'é- 
loignant  de  la  mer.  Il  se  décida  donc  à  forcer  les 
ennemis  dans  leur  camp,  malgré  l'avantage  de 
leur  position.  Ce  projet  une  fois  arrêté,  il  chercha 


J 


829 


FLAMININUS 


830 


les  moyens  de  l'exécuter.  Il  comptait  sur  le  parti 
romain  en  Épire  et  sur  le  chef  épirote  Charops  ;  il 
espérait  aussi,  à  la  faveur  tl'une  victoire,  pénétrer 
en  Grèce,  détacher  l'un  après  l'autre  tous  les  États 
helléniques  de  l'alliance  macédonienne,  et  n'aller 
attaquer  Philippe  au  cœur  de  ses  États  qu'après 
l'avoir  complètement  isolé.  Pendant  quarante 
jours  les  Romains  restèrent  en  présence  des  Ma- 
cédoniens, attendant  une  occasion  favorable. 
Cette  inaction  donna  à  Philippe  l'espoir  d'obtenir 
la  paix  par  l'entremise  des  Épirotes.  Une  entre- 
vue fut  ménagée  entre  le  roi  et  le  consul  sur  les 
rives  de  l'Aoùs.  Flamininus  demanda  que  Phi- 
lippe retirât  ses  garnisons  de  la  Thessalie  et  de 
la  Grèce,  qu'il  rendît  aux  peuples  dont  il  avait 
pillé  le  territoire  le  butin  qu'il  avait  encore  en 
sa  possession,  et  qu'il  payât  des  indemnités  pour 
le  reste.  Ces  hautaines  conditions  amenèrent 
aussitôt  la  rupture  des  négociations.  Le  lende- 
main, les  avant-postes  des  deux  armées  s'atta- 
quèrent. Les  Romains ,  emportés  dans  l'ardeur 
du  combat,  se  lancèrent  dans  les  gorges  d'An- 
tigonée,  mais  ils  furent  forcés  de  se  replier.  Dans 
cet  état  de  choses,  un  pâtre,  envoyé  par  Cha- 
rops, annonça  que  si  on  voulait  lui  confier  un 
corps  de  Romains,  il  le  conduirait,  par  un  che- 
min sûr  et  facile,  à  une  hauteur  d'où  l'on  domi- 
nait l'ennemi.  Flamininus  envoya  4,300  hommes 
qui ,  par  des  sentiers  détournés ,  arrivèrent  au 
bout  de  trois  jours  sur  les  derrières  des  Macé- 
doniens. Ceux-ci,  pris  en  tête  et  en  queue, 
furent  mis  en  déroute ,  avec  une  perte  de  2,000 
hommes.  Cette  facile  victoire  valut  à  Flamininus 
la  soumission  de  toute  l'Épire.  Par  les  passages 
dont  il  s'était  emparé,  il  descendit  dans  la  Thessa- 
lie, que  Philippe  avait  dévastée  pour  ne  rien  laisser 
à  prendre  à  l'ennemi.  Flamininus  mit  le  siège 
devant  Phalorie,  la  première  des  villes  thessa- 
liennes  ;  il  s'en  empara ,  malgré  la  défense  éner- 
gique de  la  garnison  macédonienne ,  la  livra  au 
pillage  et  l'incendia.  Cette  exécution  ne  produi- 
sit pas  l'effet  que  le  consul  en  attendait,  et  ne 
facilita  pas  les  progrès  des  Romains.  Les  prin- 
cipales villes  de  la  Thessalie,  pourvues  de  fortes 
garnisons ,  recevaient  facilement  des  renforts  de 
l'armée  macédonienne,  campée  dans  la  vallée  de 
Tempe.  Flamininui,  en  quittant  Phalorie,  alla 
assiéger  Charax  sur  le  Pénée;  mais,  en  dépit  des 
efforts  les  plus  énergiques  et  malgré  des  succès 
partiels,  il  fut  obligé  de  lever  le  siège.  Il  dévasta 
cruellement  toute  la  contrée,  et  entra  dans  la 
Phocide.  En  combinant  ses  attaques  avec  celles 
de  la  flotte  commandée  par  son  frère ,  il  s'em- 
para de  plusieurs  places  maritimes.  Élatée  l'ar- 
réla  quelque  temps.  Dans  cet  intervalle,  son 
frère  Lucius  attira  les  Achéens  dans  l'alliance 
romaine.  Mégalopolis ,  Dyme  et  Argos  restèrent 
seules  fidèles  à  la  Macédoine. 

Après  la  prise  d'Élatée ,  Flamininus  mit  son 
anné(.>  en  quartiers  d'hiver  dans  la  Phocide  et  la 
Locride.  Tout  à  coup  une  insurrection  éclata  à 
Opus ,  et  la  garnison  macédonienne  fut  forcée 


de  se  retirer  dans  la  citadelle.  Parmi  les  insurgés, 
les  uns  appelèrent  les  Étoliens,  les  autres  les 
Romains.  Les  Étoliens  se  présentèrent  les  pre- 
miers ,  mais  les  portes  ne  furent  ouvertes  qu'a- 
près l'arrivée  de  Flamininus,  qui  prit  possession 
de  la  ville.  Cet  événement  commença  à  indisposer 
les  Étoliens  contre  les  Romains.  La  garnison  ma- 
cédonienne restait  toujours  dans  la  citadelle; 
Flamininus  s'abstint  pour  le  moment  de  l'atta- 
quer, parce  que  Philippe  faisait  des  propositions 
de  paix.  Le  consul  les  accepta,  mais  seulement 
comme  un  moyen  de  satisfaire  son  ambition.  Ne 
sachant  pas  s'il  serait  continué  l'année  suivante 
dans  son  commandement,  il  voulait  donner  aux 
affaires  une  tournure  telle  qu'il  pût  à  son  gré 
faire  la  paix  s'il  était  rappelé ,  ou  la  guerre  si  on 
le  laissait  à  la  tête  de  l'armée.  Un  congrès  eut 
lieu  sur  le  golfe  Maliaque,  près  de  Nicée.  Le  gé- 
néral romain  et  le  roi  de  Macédoine  eurent  trois 
entrevues.  Philippe  consentit  à  évacuer  immé- 
diatement la  Phocide  et  la  Locride,  et  il  obtint 
une  trêve  de  deux  mois ,  pendant  laquelle  il  en- 
voya des  ambassadeurs  à  Rome.  Ceux  dos  Éto- 
liens les  y  avaient  déjà  devancés  ;  ils  prouvèrent 
au  sénat  que  si  Philippe  conservait  Démétriade 
en  Thessalie,  Chalcis  en  Eubée,  Corinthe  en 
Achaïe ,  il  n'y  avait  pas  de  liberté  possible  pour 
la  Grèce.  On  introduisit  ensuite  les  ambassadeurs 
macédoniens.  Ils  allaient  commencer  un  long 
discours;  maison  leur  coupa  la  parole  pour  leur 
demander  en  peu  de  mots  si  leur  maître  aban- 
donnerait ces  trois  places.  Ils  répondirent  qu'ils 
n'avaient  reçu  aucune  instruction  formelle  à  cet 
égard.  Alors  on  les  congédia  sans  leiu-  accorder 
la  paix ,  et  en  laissant  Quintius  libre  de  faire  la 
paix  ou  la  guerre  à  son  gré.  Ce  général ,  dont  le 
commandement  venait  d'être  prorogé  pour  l'an- 
née suivante,  n'accorda  plus  d'entrevue  à  Phi- 
lippe, et  déclara  qu'il  ne  recevrait  de  sa  part  au- 
cune autre  ambassade  que  celle  qui  viendrait  lui 
annoncer  l'entière  évacuation  de  la  Grèce.  En 
présence  de  conditions  aussi  absolues  ,  Philippe 
se  décida  à  tenter  la  chance  d'une  bataille,  bien 
que  son  armée  fût  incomparablement  inférieure, 
pour  la  qualité,  à  celle  des  Romains.  D'abord, 
pour  s'assurer  de  Nabis ,  il  lui  livra  Argos.  Le 
tyran  n'eut  pas  plus  tôt  cette  ville  entre  les  niains, 
qu'il  oublia  de  qui  il  la  tenait.  Il  proposa  à  Fla- 
mininus d'avoir  avec  lui  uue  entrevue  à  Argos. 
Là  un  traité  entre  Sparte  et  les  Romains  fut  fa- 
cilement conclu,  parce  que  ceux-ci  ne  deman- 
dèrent que  des  auxiliaires  et  la  cessation  des 
hostilités  contre  les  Achéens.  Nabis  resta  en  pos- 
session d'Argos,  bien  qu'aucune  clause  à  ce  sujet 
n'eût  été  insérée  dans  le  traité.  Avec  les  auxi- 
liaires fournis  par  Nabis,  Flamininus  marcha  sur 
Corinthe,  espérant  que  te  commandant  de  la 
garnison,  Philoclès,  suivrait  l'exemple  de  Nabis, 
dont  il  était  l'ami.  Cet  espoir  ne  se  réalisa  pas. 
Le  général  romain,  entrant  alors  en  Oéolie,  força 
les  habitants  de  renoncer  à  l'alliance  macédo- 
nienne pour  se  joindre  aux  Romains.  Mais  la 


83  f 


FLAMmraus 


832 


plupart  des  Béotiens  en  état  de  porter  les  armes 
servaient  dans  l'armée  de  Philippe ,  et  combat- 
tirent contre  les  Romains.  Seuls  de  tous  les  alliés 
de  la  Macédoine ,  les  Acarnaniens  lui  restèrent 
fidèles. 

Dans  le  printemps  de  t97,  Flamininus  quitta 
ses  quartiers  d'hiver  pour  entreprendre  sa  se- 
conde campagne  contre  Philippe.  Son  armée, 
déjà  fortifiée  par  les  auxiliaires  achéens  et  autres, 
fut  augmentée  près  des  Thermopyles  par  nn 
corps  considérable  d'Ètoliens.  Il  s'avança  lente- 
ment danslaPhthiotide.  Philippe,  à  la  tête  d'une 
armée  presque  égale  en  nombre  à  celle  des  Ro- 
mains ,  marcha  rapidement  vers  le  sud  ,  décidé 
à  saisir  la  première  occasion  favorable  de  livrer 
une  bataille  décisive.  Une  première  rencontre  eut 
lieu  entre  les  deux  cavaleries  ennemies ,  près  de 
Phères  ;  l'avantage  resta  aux  Romains,  et  les  deux 
armées  belligérantes  se  dirigèrent  sur  Pharsale  et 
Scotussa.La  bataille  s'engagea  près  d'une  chaîne  de 
collines  appelées  Cynoscéphales  (tètesdechiea). 
Les  Macédoniens  furent  promptement  mis  en  dé- 
route ;  huit  mille  d'entre  eux  périrent ,  cinq  mille 
restèrent  prisonniers,  tandis  que  Flamininus  ne 
perdit  que  sept  cents  hommes,  k  la  suite  de 
cette  bataille,  les  villes  de  la  Thessalie  se  ren- 
dirent, et  Philippe  demanda  la  paix.  Les  Éto- 
liens,  qui  avaient  rendu  de  grands  services  à  Cy- 
noscéphales, élevèrent  des  prétentions  de  nature 
à  blesser  l'orgueil  de  Flamininus;  ils  s'attri- 
buaient l'honneur  de  la  victoire.  Le  consul  saisit 
toutes  les  occasions  de  les  humilier  et  de  ruiner 
leur  influence.  Il  commença  par  accorder  à  Phi- 
lippe sans  les  consulter  une  trêve  de  quinze 
jours,  et  il  lui  fit  espérer  la  paix,  tandis  que  les 
Étoliens  demandaient  une  guerre  d'extermina- 
tion. Ceux-ci,  furieux,  allèrent  jusqu'à  accuser 
Flamininus  de  s'être  vendu  au  roi  de  Macédoine. 
Il  en  résulta  qu'ils  ne  retirèrent  pas  de  la  vic- 
toire de  Cynoscéphales  les  avantages  qu'ils  en 
avaient  attendus ,  et  que  Philippe  profita  de  la 
désunion  des  alliés  pour  obtenir  de  meilleures 
conditions.  Flamininus  inclinait  à  la  paix  ;  son 
ambition  était  satisfaite ,  et  il  savait  qu'Antio- 
chus  se  disposait  à  passer  en  Europe  et  à  por- 
ter secours  au  roi  de  Macédoine.  Philippe,  dans 
une  entrevue  avec  le  consul ,  se  déclara  disposé 
à  toutes  les  cessions  commandées  par  les  Ro- 
mains ou  réclamées  par  leurs  alliés  ;  pour  le 
reste,  il  s'en  remettait  au  sénat.  Il  s'engagea  de 
plus  à  payer  immédiatement  une  contribution 
de  guerre  de  deux  cents  talents ,  et  à  donner 
pour  otages  son  fils  et  plusieurs  de  ses  amis.  A 
ces  conditions  on  lui  accorda  une  trêve  de  quatre 
mois.  Il  fut  convenu  que  si  la  paix  n'était  pas  ra- 
tifiée par  le  sénat,  on  rendrait  au  roi  ses  otages 
et  son  argent. 

Après  la  bataille  de  Cynoscéphales,  Flamininus 
avait  généreusement  mis  en  liberté  tous  les  Béo- 
tiens qui  servaient  dans  l'armée  de  Philippe  et 
qui  avaient  été  faits  prisonniers.  Loin  de  l'en  re- 
mercier, ils  semblèrent  n'attribuer  leur  délivrance 


qu'à  Philippe;  et  ils  insultèrent  même  les  Romains 
en  conférant  la  dignité  de  béotarque  au  général  qui 
les  commandait  dans  l'armée  macédonienne.  Le 
parti  romain  à  Thèbes  fit  assassiner  ce  général, 
de  l'aveu  de  Flamininus.  Cet  événement  acheva 
d'exaspérer  les  Thébains  contre  les  Romains, 
dont  l'armée  était  alors  campée  aux  environs 
d'Élatée  en  Phocide.  Tous  les  Romains  qui 
voyageaient  en  Béotie  y  furent  égorgés ,  et  leurs 
corps  restèrent  sans  sépulture  sur  les  routes.  Le 
nombre  des  personnes  qui  perdirent  ainsi  la  vie 
s'éleva,  dit-on,  à  500.  Flamininus,  après  avoir  en 
vain  demandé  réparation  pour  ces  crimes,  com- 
mença à  ravager  la  Béotie  et  bloqua  Coronée  et 
Acrsephia.  Ces  mesures  effrayèrent  les  Béotiens, 
qui  envoyèrent  des  députés  à  Flamininus.  Le 
consul  refusa  de  les  recevoir.  Les  Achéens  in- 
tervinrent alors  auprès  de  lui,  et  obtinrent  qu'il 
traiterait  les  Béotiens  avec  douceur.  Il  leur  ac- 
corda la  paix  à  condition  qu'ils  livreraient  les 
coupables  et  payeraient  trente  talents  d'indem- 
nité au  lieu  de  cent  qu'il  exigeait  d'abord. 

Au  printemps  de  196  et  peu  après  la  pacifica- 
tion de  la  Béotie ,  dix  commissaires  romains  ar- 
rivèrent en  Grèce  pour  arranger,  conjointement 
avec  Flamininus ,  les'  affaiies  de  ce  pays.  Ils 
apportaient  aussi  les  conditions  définitivement 
imposées  à?Philippe;  c'était  l'abandon  de  toutes 
les  villes  grecques  qu'il  avait  possédées  ou  qu'il 
possédait  encore  en  Grèce  et  en  Asie.  Phi- 
lippe devait  rendre  aux  Romains  les  prison- 
niers et  les  transfuges  ;  livrer  tous  ses  vaisseaux 
pontés  ;  n'avoir  pas  plus  de  cinq  mille  hommes 
sous  les  armes,  ne  pas  garder  un  seul  éléphant, 
et  payer  aux  Romains  mille  talents'de  contribu- 
tion. Les  Étoliens  firent  de  nouveaux  efforts 
pour  mettre  les  Grecs  en  garde  contre  les  inten- 
tions des  Romains  et  pour  apporter  des  obsta- 
cles à  la  paix.  Flamininus  voulait  une  conclusion 
immédiate  ;  il  rangea  les  Achéens  à  son  avis  en 
leur  rendant  Corinthe.  Ce  fut  dans  cette  ville 
même,  aux  jeux  isthmiques,  que  le  traité  fut  so- 
lennellement proclamé.  Ces  jeux  attiraient  tou- 
jours une  grande  influence.  «  En  cette  occasion, 
dit  Tite-Live,  la  curiosité  générale  était  plus 
vivement  excitée  par  l'attente  du  sort  qu'on  ré- 
servait à  la  Grèce  et  à  chaque  peuple  en  parti- 
culier^ c'était  là  non-seulement  la  préoccupation 
dé  tous  les  esprits ,  mais  le  sujet  de  tous  les  en- 
tretiens. Les  Romains  assistèrent  au  spectacle. 
Suivant  l'usage ,  le  héraut  s'avance  avec  le  mu- 
sicien au  milieu  de  l'arène,  où  il  annonça  l'ou- 
verture des  jeux  par  la  formule  consacrée.  Le 
son  de  la  trompette  commanda  le  silence,  et  le 
héraut  proclama  les  décisions  suivantes  :  «  Le  sé- 
nat romain  etT.  Quintius,  imper  ator,k\ai  suitede 
la  défaite  de  Phihppe  et  des  Macédoniens,  rendent 
la  liberté ,  les  franchises  et  l'exercice  de  leurs 
lois  aux  Corinthiens ,  aux  Phocidiens ,  aux  Lo- 
criens ,  à  l'île  d'Eubée ,  aux  Magnètes,  aux  Thés- 
saliens,  aux  Perrhèbes  et  aux  Achéens  phthiotes.  » 
Cette  énumération  comprenait  tous  les  peuples 


833 


FLAMININUS 


834 


qui  avaient  été  sous  la  domination  de  Philippe. 
Quand  le  héraut  eut  terminé,  rassemblée  faillit 
succomber  sous  l'excès  de  sa  joie...  On  rappela 
le  héraut  qui  avait  proclamé  la  liberté  de  la 
Grèce  ;  on  ne  voulait  pas  le  voir  seulement ,  on 
voulait  aussi  l'entendre  ;  il  renouvela  sa  procla- 
mation. Alors  la  multitude,  ne  pouvant  plus 
douter  de  son  bonheur,,  fit  éclater  sa  joie  par  des 
cris  et  des  applaudissements  tant  de  fois  répétés, 
qu'il  était  aisé  de  comprendre  que  le  plus  cher 
de  tous  les  biens  pour  elle  était  la  liberté.  Les 
jeux  furent  ensuite  célébrés  à  la  hâte;  les  esprits 
et  les  yeux  étaient  ailleurs  qu'au  spectacle.  A  la 
fin  des  jeux,  chacun  courut  auprès  du  général 
romain  ;  l'empressement  de  cette  foule  qui  se 
précipitait,  vers  un  seul  homme  pour  l'aborder, 
pour  toucher  sa  main ,  pour  lui  jeter  des  cou- 
ronnes et  des  guirlandes ,  pensa  mettre  sa  vie 
en  danger.  Heureusement  il  n'avait  que  trente- 
trois  ans  environ.  La  vigueur  de  l'âge  et  la  joie 
d'une  gloire  si  éclatante  lui  donnèrent  la  force 
de  supporter  cette  manifestation  enthousiaste.  i< 
Flamininus  et  les  dix  commissaires  s'occupèrent 
ensuite  à  régler  la  liberté  proclamée  dans  l'ivresse 
des  jeux  isthmiques.  La  Thessalie  fut  divisée  en 
quatre  États  séparés,  la  Magnésie,  la  Perrhé- 
bie ,  la  Dolopie  et  la  Thessaliotide.  Les  Étoliens 
reçurent  Ambracie ,  la  Phocide  et  la  Locride. 
Ils  réclamaient  beaucoup  plus;  Flamininus  les 
renvoya  au  sénat ,  et  le  sénat  à  son  tour  les  lui 
renvoya.  Les  ÉtoUens  furent  forcés  d'en  passer 
par  la  décision  du  général.  Les  Achéens  reçurent 
toutes  les  possessions  macédoniennes  ;  enfin,  les 
Athéniens  eux-mêmes  ne  furent  pas  oubliés ,  et 
Flamininus  lit  à  leur  ancienne  gloire  l'hommage 
de  quelques  portions  de  territoire. 

La  paix  générale  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
L'alliance  de  Nabis  pesait  aux  Romains,  et  au 
printemps  de  195  le  sénat  autorisa  Flamininus 
d'agir  sur  ce  point  comme  il  lui  plairait.  Il  con- 
voqua en  conséquence  une  assemblée  des  Grecs 
•  à  Corinthe.  Tous  furent  charmés  de  voir  renver- 
ser le  tyran  ;  les  Étoliens  donnèrent  seuls  libre 
carrière  à  leurs  sentiments  hostiles  à  l'égard  des 
Romains.  L'assemblée  vota  la  guerre  contre 
Nahis.  Flamininus,  après  avoir  reçu  des  ren- 
forts des  Achéens,  de  Philippe ,  d'Eumène ,  de 
Pergarae  et  desRhodiens,  marcha  sur  Argos, 
dont  la  garnison  lacédémonienne  était  com- 
mandée par  Pythagore,  beàu-frère  de  Nabis.  Le 
peuple  (V Argos ,  contenu  par  une  garnison  dé- 
terminée, se  trouva  dans  l'impossibilité  de  se 
soulever,  et  Flamininus,  renonçant  pour  le  mo- 
ment à  cette  ville,  envahit  la  Laconie.  Nabis,  bien 
que  son  armée  fût  très-inférieure  en  nombre, 
était  disposé  à  une  vigoureuse  résistance.  Deux 
fois  battu,  il  s'enferma  dans  les  murs  de  Sparte. 
Flamininus  ne  l'y  assiégea  pas ,  mais  il  ravagea 
tous  les  environs,  et  s'empara,  avec  l'aide  de 
.son  frère  Lucius,  de  la  place  forte  de  Gythium. 
La  chute  inattendue  de  cette  ville  convainquit 
Nabis  qu'il  ne  pouvait  pas  prolonger  sa  résis- 

NOUV.    BIOr.R.    CÉNKTi.    —  T.   XVIf. 


tance  plus  longtemps ,  et  il  demanda  la  paix. 
Flamininus  la  lui  accorda,  malgré  les  Grecs,  qui 
demandaient  l'extermination  du  tyran.  La  liberté 
des  Argiens  fut  une  des  |  conditions  imposées  à 
Nabis;  elle  fut  proclamée  aux  jeux  néméens. 

L'hiver  suivant ,  Flamininus  s'efforça,  comme 
il  l'avait  fait  jusque-là,  d'assurer  la  paix  inté- 
rieure delà  Grèce.  Hîaimait  certainement  ce  pays, 
et  il  avait  la  noble  ambition  d'en  être  le  bienfai- 
teur ;  mais  la  politique  l'empêcha  de  suivre  tou- 
jours ses  généreux  sentiments.  La  sagesse  de 
plusieurs  de  ses  mesures  fut  attestée  par  leur 
longue  durée.  Pour  répondre  aux  insinuations 
malveillantes  des  Étoliens,  Flamininus  obtint  du 
sénat  qu'avant  son  départ  les  garnisons  romaines 
seraient  retirées  de  l'Acrocorinthe,  de  Chalcis , 
de  Démétrias  et  des  autres  villes  grecques.  Après 
avoir  ainsi  arrangé  les  affaires  de  la  Grèce',  il 
convoqua  au  printemps  de  194  une  assemblée 
générale  à  Corinthe,  et  prit  congé  des  peuples 
qu'il  gouvernait  depuis  plusieurs  années.  En  les 
quittant,  il  les  exhorta  à  faire  un  bon  usage  de 
la  liberté  qui  leur  était  rendue  et  à  rester  fidèles 
aux  Romains.  Enfin,  il  signala  les  derniers  jours 
de  son  administration  par  un  acte  d'humanité. 
Pendant  la  guerre  d'Annibal  beaucoup  de  Ro- 
mains avaient  été  faits  prisonniers ,  et  comme  le 
sénat  avait  refusé  de  les  racheter,  ils  avaient  été 
vendus  ;  beaucoup  d'entre  eux  étaient  esclaves 
en  Grèce.  Flamininus  obtint  qu'ils  seraient  ra- 
chetés aux  frais  de  l'État,  et  rendit  ainsi  la  li- 
berté à  un  grand  nombre  de  ses  compatriotes. 
De  retour  à  Rome ,  -il  célébra  un  magnifique 
triomphe ,  qui  dura  trois  jours. 

A  peine  les  Romains  eurent-ils  quitté  la  Grèce 
que  les  Étoliens  poussèrent  Antiochus  et  Nabis 
à  une  coalition  contre  la  république.  Nabis  n'eut 
pas  de  peine  à  se  laisser  persuader,  et  il  assiégea 
Gythium,  alors  occupé  par  les  Achéens.  Le  sénat 
romain,  informé  de  cet  état  de  choses,  envoya  en 
Grèce  en  192  une  flotte  sous  les  ordres  de  C.  At- 
tilius  et  une  ambassade  présidée  par  Flamininus. 
Celui-ci  devança  en  Grèce  Attilius ,  et  il  pressa 
les  Grecs  de  ne  rien  entreprendre  avant  l'arrivée 
de  la  flotte.  Mais  le  péril  où  se  trouvait  Gythium 
exigeait  une  prompte  décision,  et  la  guerre  conti'e 
Nabis  fut  décrétée.  Le  tyran  fut  bientôt  réduit 
à  l'extrémité,  et  Pliilopœmen  allait  lui  porter  le 
dernier  coup ,  lorsque  l'intervention  de  Flamini- 
nus l'en  empêcha.  L'ambassadeur  romain  eut 
deux  motifs  d'en  agir  ainsi.  D'abord  il  ne  vou- 
lait pas  laisser  la  ligue  achéenne  sans  contre- 
poids, et  ensuite  il  était  blessé  du  mépris  avec 
lequel  les  Grecs  regardaient  le  traité  conclu  par 
lui  avec  Nabis.  Il  força  donc  Pliilopœmen  à  ac- 
corder une  trêve  au  tyran  de  Sparte.  Sur  ces  en- 
trefaites Antiochus  faisait  de  sérieux  préparatifs 
pour  passer  en  Grèce.  Flamininus,  par  des  pro- 
messes favorables,  engagea  Philippe  de  Macé- 
doine à  se  joindre  aux  Romains.  D'un  auti-e  côté, 
les  Étoliens  parvinrent  par  h'iirs  intrigues  à  dé- 
4,acher  plusieurs  villes  grecques  de  Talliance  ro- 

27 


835 


FLAMININUS 


maine  ;  l'arrivée  d'Antiochus  en  Grèce  augmenta 
encore  le  nombre  des  défections.  Flamininus 
rassembla  un  congrès  à  Egium  ;  des  négociateurs 
syriens  et  étoiiens  s'y  rendirent.  Les  Étoliens, 
selon  leur  habitude ,  se  répandirent  en  invec- 
tives contre  les  Romains  et  en  attaques  per- 
sonnelles contre  Flamininus;  ils  demandèrent 
que  les  Àchéens  gardassent  la  neutralité.  Flami- 
ninus, d'accord  en  cela  avec  Philopœmen,  insista 
pour  qu'ils  se  déclarassent  en  faveur  de  Rome; 
cet  avis  l'emporta.  La  plupart  des  alliés  de  la 
république  lui  restèrent  fidèles ,  et  des  troupes 
de  la  confédération  se  rendirent  immédiatement 
à  Chalcis  et  au  Pirée  pour  y  réprimer  le  parti 
syrien.  En  même  temps  la  bataille  des  Thermo- 
pylesen  191  força  Antiochus  à  quitter  l'Europe. 
Flamininus  continua  de  résider  en  Grèce  et  d'y 
exercer  une  sorte  de  protectorat ,  au  nom  &:\  sé- 
nat et  du  peuple  romain.  Après  le  départ  d'An- 
tiochus ,  le  consul  Acilius  Glabrion  voulait  châ- 
tier Chalcis  pour  l'hommage  que  cette  ville  avait 
rendu  au  monarque  syrien.  Flamininus  intervint, 
et  sauva  Chalcis  de  la  colère  du  consul.  La 
guerre  contre  les  Étoliens  venait  de  commencer. 
Cette  fois  encore  Flamininus  usa  de  son  in- 
lluence  pour  protéger  les  vaincus.  Il  se  rendit 
auprès  du  consul  qui  assiégeait  Naupacte .  ap- 
pela son  attention  sur  les  progrès  de  Philippe, 
qui  à  l'abri  de  l'alliance  romaine  s'était  emparé 
de  plusieurs  provinces,  et  le  décida  à  lever  le 
siège  de  Naupacte.  Vers  le  même  temps  une  in- 
surrection éclata  sur  différents  points  du  Pélo- 
ponnèse. Flamininus  autorisa  le  stratège  des 
Achéens  à  tenter  une  expédition  contre  Lacédé- 
mone,  et  lui-même  suivit  les  Achéens  en  Laconie, 
Philopœmen  parvint  à  rétablir  la  tranquillité  sans 
avoir  recours  à  aucune  mesure  violente.  Flami- 
ninus se  porta  médiateur  entre  les  Messéniens, 
qui  refusaient  d'entrer  dans  la  ligue  achéenne, 
et  les  Achéens,  qui  voulaient  les  contraindre  à  en 
faire  partie  ;  il  persuada  en  même  temps  à  ces 
derniers  d'abandonner  aux  Romains  l'île  de 
Zacynthe,  sous  prétexte  que  la  ligue  achéenne  de- 
venue plus  compacte  serait  aussi  plus  forte ,  et 
que  ses  possessions  hors  du  Pélopoimèse  l'affai- 
blissaient. Cette  opinion  pouvait  être  juste,  mais 
Flamininus  en  l'exprimant  n'était  pas  sincère,  et 
ce  n'était  certainement  pas  dans  l'intérêt  de  la 
ligue  achéenne  qu'il  lui  enlevait  l'Ile  de  Zacynthe. 
En  190  ,  Flamininus  retourna  à  Rome,  et  fut 
nommé  consul  pour  l'année  suivante,  avec 
M.  Claudius  Marcellus.  En  183,  le  sénat  l'envoya 
en  ambassade  auprès  du  roi  de  Bithynie,  Pru- 
sias,  qui  offrait  de  livrer  aux  Romains  Annibal, 
alors  réfugié  auprès  de  lui.  Le  général  prévint 
cette  trahison  par  une  mort  volontaire.  La  part 
que  Flamininus  prit  à  cette  tentative  contre  An- 
nibal est  une  tache  pour  sa  mémoire,  et  lui  fut 
sévèrement  reprochée  par  plusieurs  de  ses  con- 
temporains. Depuis  ce  moment  il  cesse  de  figurer 
dans  l'histoire.  On  ignore  la  date  précise  de  sa 
mort  ;  on  sait  seulement  qu'elle  ne  fut  pas  pos- 


—  FLAMINIO  836 

térieure  à  174,  puisque  cette  année  même  son 
fils  célébra  des  jeux  funèbres  en  son  honneur. 

Plutarque,  flarnininus.  —  Tite-Live,  XXXI,  4,  49; 
XXXII.T,  etc.;  XXXlll  ;XXX1V,  22,  etc.;  XXXV,23,eto!i 
XXXVl,  31,  etc.;  XXXVII,  58;  XXXVIII,  28.  XXXIX, 
51,  56.  -  Polybe,  XVil,  l,  etc.;  XVIII,  1,  etc.  ;  XXII,  la; 
XXni ,  2  ;  XXIV,  3,  etc.  —  Dlodore  de  Sicile ,  Excerpta 
de  Légat.,  Ili,  p.  619..—  Eutrope,  IV,  1,  etc.  —  Floruâ, 
l! ,  7.  —  Pausanias,  VI!,  8.  —  Appien  ,  3Iaced.,  IV,  2  ; 
VI;  Vil;  .S2/r.,2, 11.  —  Ocèron,  PfiiL.V,  11  ;  De  Senect., 
I,  12;  in  f^err-,lS.  58,  1;  Pro  Muren.,  14;  inPison.,'iô\ 
De  Leg.  agr.,  I,  2.  —  Schorn ,  Gesch.  Griechenlands, 
p.  237,  etc.  -  Thirlwall, //ûtorj/  of  Greece,  vol.  Vil". 
—  Niebuhr,  Leçons  sur  l'histoire  romaine,  vol.  I'"'.  — 
Brandstaeter,  Dîe  Gesch.  des  y£toL  Landes,  p.  413,  etc. 

*FLAMïNiMiTs  (Titus- Qumtius) ,  homme 
d'État  romain,  lils  du  précédent,  vivait  vers  180. 
Il  célébra  en  l'honneur  de  son  père,  mort  récem- 
ment, de  spleudides  jeux  de  gladiateurs,  et 
donna  au  peuple  quatre  jours  de  fête.  En  167, 
il  fut  un  des  trois  ambassadeurs  qui  ramenèient 
en  Thrace  les  otages  que  Cotys,  roi  de  ce  pays  , 
avait  offert  de  racheter.  Dans  la  même  année,  il 
succéda  comme  augure  à  C.  Claudius. 

On  connaît  encore  deux  Flamininus  ;  savoir  : 
T.  Quintius  Flamininus,  consul  en  150  avec 
M.  AciUus  Balbus,  et  T.  Quintius  Flamimnus 
consul  en  123  avec  Q.  Metellus  Balearicus.  Sous 
son  consulat ,  Carthage  devint  une  colonie  ro- 
maine. 

Tite-Llve,  XLÏ,  43  ;  XLV,  42,44.  —  ClcÉron,  De  Sencct., 
'5;  Ad  Att.,  Xll,  5;  Brutus ,  28,  74  ;  Pro  Dom.,  S3.  —, 
Eutrope,  IV,  20.  ~  Orose,  V,  12. 

FLAMINIO  (  Jean- Antonio) ,  dont  le  nom  de 
famille  était  Zarahbini  de  Cotignola,  littéra- 
teur italien,  né  à  Imola,  vers  1464,  mort  à  Bo- 
logne, le  18  mai  1536.  Il  fit  ses  études  à  Bologne 
et  à  Venise,  et  dès  l'âge  de  vingt -un  ans  il  fut 
nommé  professeur  de  belles-lettres  à  Serravalie, 
dans  le  diocèse  de  Trévise.  Il  rempht  successi- 
vement les  mêmes  fonctions  à  Montagnana,  à 
Vicence,  à  Imola  et  à  Bologne.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  de  poésies  latines ,  dont  peu  sont 
heureuses.  Ses  œuvres  en  prose  valent  mieux, 
quoiqu'elles  manquent  d'élégance.  Il  a  écrit  les. 
Vies  de  quelques  saints  de  l'ordre  des  Domini- 
cains ,•  un  Dialogue  sur  V Éducation  des  En- 
fants; un  traité  Sur  V Origine  de  la  Philoso- 
phie, une  Grammaire  Latine,  et  plusieurs  au- 
tres ouvrages,  dont  quelques-uns  ont  été  impri- 
més ;  parmi  ces  derniers  on  remarque  Lettres, 
en  douze  livres,  publiées  par  le  P.  Capponi,  avec 
une  Vie  de  l'auteur  ;  Bologne,  1744 ,  in-8°. 

Tiraboschi .  Storia  délia  Letteratura  Italiana,  t.  VU, 
part.III,  p.256. 

FLÂSiiNio  (Marcantonio),  poète  latin  mcj 
derne,  fils  du  précédent,  né  à  Serravalie,  en  14981 
mort  à  Rome,  le  18  février  1550.  Élevé  avel 
soin  par  son  père ,  il  composait  dès  l'âge  de  seiz| 
ans  des  vers  latins  remarquables.  Ce  talent  lu 
valut  la  protection  du  cardinal  Cornaro,  qui  l'introî 
duisit  auprès  du  pape  Léon  X.  Le  comte  Balthasa 
Castiglione  fut  aussi  un  de  ses  premiers  proteci 
teurs.  Après  avoir  quitté  la  maison  de  celui-ci  f 
Flaminio  s'attacha  à  divers  grands  dignitaires*" 
l'Église,  entre  autres  au  cardinal  Polus,  qui  l'emj 


837 


FLAMINIO  —  FLAMINIUS 


838 


mena  avec  lui  au  concile  de  Trente,  et  au  cardinal 
Alexandre  Farnèse.  Sa  ^ie,  tranquille  et  heu- 
reuse, ne  contient  que  très-peu  d'événements.  On 
a  de  lui  :  Paraphrasis  in  XII  libros  Aristo- 
telis  JDe  prima  Philosophia;  Bâle,  1537;  — 
Paraphrasis  in  triginta  P5flMo.s  ;  Florence , 
1558,  in-12;  —  De  Rehiis  divinis  Carmina; 
Paris;,  1552 ,  in-12 ,  traduit  en  vers  français  par 
la  sœur  Anne  des  Marquets;  Paris,  1569,  in-8°. 
Les  poésies  de  Marc-Antoine  Flaminio  ont  été 
imprimées  dans  un  recueil  intitulé  :  Flaminio- 
mm,  Marc- Anton.,  Joan.-Anton.  et  Gabrie- 
lis  Ca7inina,  edente  Mancurtio  ;Pdàoue,  1743, 
111-8°. 

Tiraboschi,  Storia  detla  Letteratura  Italiana,  t.  VII, 
par.  III,  p.  238.  —  Moréri,  Grand  Dictionnaire  histori- 
que.  —  Bayle ,  Dict.  kist.  et  crit. 

FiLAMiNio  (  Lucius  ) ,  philologuc  sicilien ,  né 
vers  1450,  mort  à  Salamanque,  en  1509.  Après 
avoir  fait  ses  études  dans  son  pays  natal,  il  se 
rendit  en  Espagne,  et  professa  les  belles-lettres 
à  l'université  de  Salamanque.  Il  se  fit  particu- 
lièrement remarquer  par  ses  savantes  leçons  sur 
Pline  le  naturaliste.  Il  était  lié  d'amitié  avec  Lu- 
cius Marini.  On  a  de  lui  :  In  Plinit  Proœmium 
Comvientarium ;  Orationes  et  Carmina;  Sa- 
lamanque, 1503;  —  et  cinq  lettres,  dans  les 
Epistolx  de  Marini  ;  Valladolid,  1514,  in-fol. 
Mongitore,  Bibliotheca  Siciila,  appendix. 

FLAMINIO  (Antoine),  philologue  sicilien, 
vivait  au  commencement  du  seizième  siècle.  Il 
professait  les  belles-lettres  dans  le  collège  de 
Rome.  Il  n'est  connu  que  par  la  singularité  de 
son  genre  de  vie.  «  Il  aimait  tellement  la  soli- 
tude, dit  Bayle,  qu'il  ne  se  plaisait  à  parler  ni 
avec  les  savants  ni  avec  les  ignorants.  Il  ne 
conviait  jamais  personne  et  ne  voulait  pas  qu'on 
le  conviât.  11  n'avait  ni  valet  ni  servante.  II 
achetait  chaque  jour  dans  une  auberge  qui  était 
au  voisinage  ce  qu'il  mangeait.  L'hôte  de  l'au- 
berge s'étant  aperçu  que  depuis  trois  jours  il 
n'avait  rien  demandé,  et  qu'il  ne  s'était  pas  même 
montré,  entra  dans  la  chambre  par  la  fenêtre 
du  jardin ,  et  le  trouva  mort  entre  ses  livres.  Il 
étudiait  couché  par  terre.  » 

Pierius,  Valerianus,  De  Litteratorum  Infelicitate , 
I,  I.  -  lîavlo,  Diction,  histor.  et  critique. 

FI.AMINHIS  (Maison  des  ),  Flaminia  gens, 
maison  plébéienne.  Pendant  les  cinq  premiers 
siècles  de  Rome  il  n'est  fait  mention  d'aucun 
membre  de  la  gens  Ftaminia.  Ce  nom,  dérivé 
évidemment  de  jlamen,  devait  désigner  dans 
l'origine  le  serviteur  d'un  flaraine.  On  a  long- 
temps regardé  les  Flaminîus  comme  une  famille 
de  la  gens  Quintïa;  cette  opinion  venait  d'une 
confusion  entre  les  Flaininius  et  les  Flamininus, 
lesquel.i  a|)partenaient  en  effet  à  l'ancienne  mai- 
son on  gens  patricienne  Quintïa.  Les  seuls  sur- 
noms connus  des  Flaminius  sont  Chilo  et 
Flanima.  Quant  au  surnom  de  Nepos  donné 
par  Orelli  au  Flaminius  tué  à  Trasimène,  il  est 
douteux. 

Paul  Diacre,  aux  mots  Flaminius  Camillus ;  Flaminius 
JActor.  —  Orelli,  Onoin.  Tiill.,  il,  p.  2S4. 


La  gens  Flaminia  n'a  fourni  à  l'histoire  ro- 
maine que  deux  noms  célèbres ,  savoir: 

FLAMINIUS  (Caius),  général  romaiû,  tué  le 
23  juin  217..  Il  fut  tribun  du  peuple  en  232. 
Malgré  la  plus  violente  opposition  du  sénat  et 
des  grands  (optimates),  il  fit  passer  une  loi  or- 
donnant la  distribution  aux  plébéiens  du  terri- 
toire gaulois  du  Picenum  (  ager  Gallicus  Pice- 
nM5),  récemment  conquis.  Suivant  Cicéron ,  le 
tribunat  de  Flaminius  et  sa  loi  agraire  appar- 
tiennent au  consulat  de  Sp.  Carvilius  et  de 
Q.  Fabius  Maximus,  en  228.  Cette  assertion  est 
peu  probable;  cependant,  on  peut  la  concilier 
avec  la  précédente  en  supposant  que  la  loi  pro- 
posée en  232  ne  passa  qu'en  228.  A  la  promul- 
gation de  cette  loi  se  rapporte  l'anecdote  sui- 
vante, qui  donne  une  idée  favorable  du  caractère 
de  Flammius  :  «  Étant  tribun  du  peuple,  dit  Va- 
lère-Maxime,  il  voulait  partager  par  têtes  aux 
citoyens  les  terres  d'un  canton  jde  la  Gaule;  et, 
malgré  la  résistance  opiniâtre  du  sénat,  il  avait 
hardiment  promulgué  sa  loi.  Insensible  aux 
prières  et  aux  menaces,  inflexible  même  devant 
une  armée  levée  contre  lui  pour  le  cas 'où  il 
persisterait  dans  sa  résolution,  il  était  à  la  tri- 
bune aux  harangues  et  y  faisait  la  lecture  de 
cette  loi;,  lorsque  son  père  vint  mettre  la  main 
sur  lui.  Vaincu  par  cet  acte  d'autorité  privée,  il 
descendit  de  la  tribune ,  sans  que  la  multitude , 
ainsi  frustrée  de  son  espérance,  fît  entendre 
contre  lui  le  moindre  murmure.  «  C.  Flaminius 
fut  un  des  quatre  préteurs  élus  en  227,  et  il  re- 
çut la  Sicile  pour  province.  Il  s'acquitta  de  ses 
devoirs  de  gouverneur  à  la  plus  grande  satis- 
faction de  ses  administrés.  Lorsque  trente  ans 
plus  tard  son  fils  parvint  à  la  dignité  d'édile  en- 
raie, les  Siciliens  témoignèrent  de  leur  recon- 
naissance pour  l'administration  du  père  en  en- 
voyant à  Rome  une  ample  provision  de  blé. 

En  225  éclata  la  guerre  avec  la  Gaule  Cisal- 
pine. D'après  Polybe,  la  loi  agraire  de  Flaminius 
en  fut  la  cause  :  car  les  Gaulois  du  nord  de 
l'Italie  furent  persuadés  que  l'objet  des  Ro- 
mains était  de  les  chasser  de  leurs  domaines  et 
de  les  anéantir.  Dans  la  troisième  année  de  cette 
guerre,  en  223 ,  C.  Flaminius  obtint  le  consulat 
avec  P.  Furius  Philus,  et  les  deux  consuls  mar- 
chèrent vers  le  nord  de  l'Italie.  Peu  après  leur 
départ,  le  parti  aristocratique,  furieux  de  l'élec- 
tion de  Flaminius,  parvint  à  la  faire  annuler  sous 
prétexte  que  les  auspices  n'avaient  pas  été  ré- 
gulièrement pris.  On  écrivit  donc  aux  consuls 
poui-  leur  ordonner  de  revenir  à  ;  Rome.  Mais 
comme  tout  était  prêt  pour  livrer  une  grande 
bataille  aux  Insubriens  sur  l'Addua,  ils  convin- 
rent de  n'ouvrir  la  lettre  qu'après  le  combat. 
Les  Romains  remportèrent  la  victoire.  Furius 
obéit  aux  ordres  du  sénat ,  tandi.-;  que  Flami- 
nius, fier  de  son  succès,  continua  la  guerre.  Quand 
il  revint  à  Rome,  le  sénat  l'appela  à  rendre 
com[)tc  de  sa  conduite,  et  le  peuple  lui  décerna 
les  honneurs  du  iriuuiphe.  Après  cette  céré- 

27. 


839 


FLAMINIUS 


840 


îBonie,  il  quitta  sa  charge,  soit  que  le  terme  de 
son  consulat  fût  arrivé,  soit  plutôt  pour  donner 
un  semblant  de  satisfaction  au  sénat  et  aux  grand  s. 
En  221,  probablement,  C.  Flaminius  fut  maî- 
tre des  cavaliers  du  dictateur  M.  Minucius 
Rufus.  Mais  tous  deux  durent  résigner  immédia- 
tement leurs  fonctions,  parce  qu'un  cri  de  sou- 
ris avait  été  entendu  aussitôt  après  l'élection. 
L'année  d'après,  en  220,  Flaminius  etL.  Jimi- 
lius  Papus  furent  investis  de  la  censure.  Pen- 
dant sa  magistrature,  Flaminius  fit  exécuter 
deux  grands  ouvrages  qui  portèrent  son  nom  : 
le  Cirque  Flaminien  (  Circus  Flaminius  )  et  la 
Voie Flaminienne  {Via  Flaminia).  Cette  route 
partait  de  Rome,  et  s'avançait  à  travers  l'Étrurie 
et  rombrie  jusqu'à  Ariminium.  D'après  une 
histoire  racontée  par  Plutarque,  on  pense  que 
Flaminius  employa  à  ces  ouvrages  l'argent  pro- 
venant de  la  vente  de  biens  récemment  con- 
quis. En  218,  le  tribun  Q.  Claudius  proposa 
une  loi  qui  interdisait  aux  sénateurs  romains  de 
faire  le  commerce.  C.  Flaminius,  quoique  mem- 
bre lui-même  du  sénat,  soutint  cette  proposition. 
La  haine  que  lui  portaient  les  grands  augmenta  de 
plus  en  plus,  et  sa  popularité  s'en  accrut  d'autant 
parmi  le  peuple.  Aussi  fut-il  élu  consul  pour  la 
seconde  fois  en  217,  avec  Cn.  Carvilius  Geminus. 
Au  lieu  de  recevoir  au  Capitole  l'installation  so- 
lennelle ,  il  partit  immédiatement  pour  Arimi- 
nium avec  des  renforts.  Là,  après  avoir  reçu 
de  son  prédécesseur,  Tib.  Sempronius,  le  com- 
mandement de  l'armée  romaine ,  il  entra  en 
charge  avec  la  forme  usuelle,  faisant  des  vœux  et 
des  sacrifices.  Ses  ennemis  l'accusèrent  de  mé- 
pris pour  les  rites  religieux  ;  ils  lui  reprochèrent 
aussi  de  n'être  pas  resté  à  Rome  pour  la  célé- 
bration des  Fêtes  Latines  (Fen«  Latinœ).  Deux 
raisons  justifient  le  consul.  Il  pouvait  craindre 
que  ses  enppmis  n'en  agissent^avec  lui  comme 
ils  l'avaient  fait  dans  son  premier  consulat  ;  en- 
suite Annibal,  qui  ne  devait  certainement  pas  se 
laisser  arrêter  par  les  Fêtes  Latines,  s'avançait 
déjà  à  travers  l'Etrurie  ;  ainsi,  il  n'y  avait  pas 
de  temps  à  perdre.  Les  historiens  ne  s'accor- 
dent pas  sur  les  mouvements  militaires  d'Anni- 
bal  et  de  Flaminius.  D'après  Zonaras,  Flaminius 
était  arrivé  à  Ariminium  lorsque  Annibal  com- 
mença sa  marche.  Tite-Live  fait  marcher  Fla- 
minius d'Aretium  sur  Ariminium  avant  qu' An- 
nibal eût  commencé  ses  mouvements.  Enfin, 
Polybe  dit  que  Flaminius  s'avança  dii-ectement 
de  Rome  à  Aretium,  et  ne  fait  pas  mention  de 
son  passage  par  Ariminium.  Mais  peut-être  An- 
nibal s'était-il  avancé  plus  au  sud  que  Flaminius, 
alors  à  Aretium.  Celui-ci  se  mit  à  la  poursuite 
du  général  carthaginois  avec  plus  de  courage 
que  de  prudence.  Annibal  le  força  d'accepter  la 
bataille  sur  les  bords  du  lac  de  Trasimène,  et  le 
vainquit  complètement,  le  23  juin  217.  Flaminius 
y  périt,  avec  une  grande  partie  de  son  armée. 
Ses  ennemis  expliquèrent  facilement  sa  catas- 
trophe. Il  avait ,  disaient-ils,  méprisé  les  céré- 


monies religieuses ,  et  il  était  parti  d'Aretium 
quoique  les  auspices  fussent  contraires.  On  s'é- 
tonne que  Tite-Live  juge  défavorablement  Fla- 
mmius,  et  on  aurait  attendu  de  Polybe  un  ju- 
gement plus  impartial.  Il  est  probable  que  cet 
historien  subit  l'influence  de  Scipion,  qui  abhor- 
rait Flaminius  et  le  regardait  comme  un  pré- 
curseur des  Gracques. 

Tite-Live,  XXI,  57,  63;  XXir,  1,  etc.  —  Polybe,  II,  21,  à 
32,  etc.  ;  III,  75,  77,  "iS,  80.  —  Denys  d'Halicarnasse,  II, 
26.  —  Solin,  11.  —  Orose,  IV,  13.  —  Flonis,  11.  4.  —  Silius 
Italiens,  IV,  704,  etc.  ;  V,  107,  etc.  ;  653,  etc.  —  Zonaras, 
VHI,  24,  25.  —  Appien  ,  Hannib.,  8,  etc.  —  tPlutarque, 
Fabius  Maximus,  2,  3  ;  Marcellus ,  4,  5;  Tiber.  Grac- 
chus,  21  ;  Quxstioites  JRom.,  63.  —  Cornélius  Nepos,  ■ 
Hannib.,  4.  —  Eulrope,  III,;9.  —  Cicéron,  De  Senect., 
4;  Brut.,  14,  19;  Jcad..  II,  5;  De  Invent.,  II,  17;  De 
Divin.,  I,  35  ;  II,  8,  31  ;  De  Nat.  Deor.,  II,  S  ;  De  Leg., 
III,  9.  —  Valère  Maxime,  I,  6;  V,  4.  —  Niebûhr,  Leçons 
sur  l'histoire  romaine. 

FLAMINIUS  {Caius),  général  romain,  fils 
du  précédent ,  vivait  vers  200  avant  J.-C.  En 
210  il  fut  questeur  de  P.  Scipion  l'Africain  en 
Espagne.  Édile  cm-ule  en  196,  il  distribua  au 
peuplejà  bas  prix,  une  grande  quantité  de  gi'ain 
que  les  Siciliens  lui  avaient  envoyée  comme  preuve 
de  gratitude  pour  son  père  et  pour  lui-même. 
En  193  il  fut  élu  préteur,  et  obtint  l'Espagne 
Citérieure  pour  sa  province.  Il  reçut  du  sénat 
l'ordre  d'emmener  avec  lui  une  armée  nouvelle 
et  de  renvoyer  en  Italie  les  vétérans  de  l'armée 
d'Espagne.  Il  fut  plus  tard  autorisé  à  lever  des 
soldats  en  Espagne  et  en  Italie.  Selon  Valeriiis 
Antias,  il  se  rendit  même  en  Sicile  pour  enrôler 
des  troupes ,  et  il  fut  jeté  par  la  tempête  sur  la 
côte  d'Afrique.  Avec  son  armée  ainsi  renforcée , 
il  fit  heureusement  la  guerre  en  Espagne.  Il  prit 
la  ville  forte  de  Litabrum,  et  fit  prisonnier  un 
chef  espagnol  nommé  Corribilo.  En  185  il  obtint 
le  consulat  avec  M.  Jîmilius  Lepidus.  Les  deux 
consuls  furent  envoyés  par  le  sénat  contre  les 
Liguriens.  Flaminius,  après  avoir  battu  en  plu- 
sieurs rencontres  la  tribu  liguriennedes  Triniates, 
les  força  de  se  soumettre  et  les  priva  de  leurs 
armes.  Il  marcha  ensuite  contre  les  Apuaniens, 
autre  tribu  ligurienne ,  qui  avait  envahi  les  ter- 
ritoires de  Pise  et  de  Bologne  ;  il  vainquit  aussi 
et  rétablit  la  paix  dans  le  nord  de  l'Italie.  Pour 
empêcher  ses  soldats  de  rester  oisifs  dans  le 
camp ,  il  leur  fit  construire  une  route  de  Bolo- 
gne à  Aretium,  tandis  que  son  collègue  en  fai- 
sait exécuter  une  autre  de  Plaisance  à  Arimi- 
nium. Strabon,  qui  confond  les  Flaminius ,  le 
père  avec  le  fils ,  dit  que  celui-ci  construisit  la 
voie  Flaminienne  de  Rome  à  Ariminium  et  que 
Lepidus  la  continua  jusqu'à  Bologne  et  Aqui- 
lée  ;  mais  il  n'est  pas  probable  que  les  Romains 
aient  continué  cette  route  jusqu'à  Aquilée  avant 
d'avoir  envoyé  une  colonie  dans  cette  ville  ;  or, 
cette  colonie  date  de  181  et  Flaminius  fut  un  des 
triumvirs  chargés  de  l'établir. 

On  cite  encore  deux  C.  Flaminius  :  le  premier 
fut  préteur  en  66  avant  J.-C.  ;  le  second  était 
d'Aretium:  il  est  mentionné  parmi  lescoraplices 
de  Catilina. 


841 


FLAMINIUS  —  FLAMSTEED 


842 


rite  Live,  XXVI,  47,  49  ;  XXXin.  42;  XXXIV,  54,  etc.; 
XXXV,  2,  22  ;  XXXVIII,  42,  etc.  ;  XXXIX,  2,  53  ;  XL,  34. 
—  Orose,  IV,  20.  —  Zonaras,  IX,  2i.  —  Valére  Maxime, 
VI,  6.  —  Strabon,  V.  —  Cicéron,  Pro  Cluentio,  45,  53.  — 
Salluste/Catii.,  28  et  36. 

*  FLAMMA,  officier  romain  du  parti  de  César, 
vivait  vers  50  avant  J.-C.  II  commandait  une 
escadre  pendant  l'expédition  de  C.  Curioa  en 
Afrique.  A  la  nouvelle  de  la  défaite  de  Bagrada, 
il  s'enfuit  à  Utique  avec  sa  flotte,  sans  essayer 
de  recueillir  les  fugitifs  de  l'année  de  Curion. 

César,  Bel.  civ.,  II,  42.  —  Appien',  Bel.  civ..  Il,  46. 
FLAMMA    CALPPRNirS.    Voy.    CalpURNIUS. 

*FLAMMA  (L.  Yolumnius) ,  surnommé  Vio~ 
Uns,  général  romain ,  vivait  vers  310  avant 
J.-C.  Il  fut  pour  la  première  fois  consul ,  avec 
Appius  Claudius  Cœcus,  en  307.  Il  marcha  avec 
une  armée  consulaire  contre  les  Salentins ,  peu- 
ple de  l'Apulie  ou  de  la  lapygie,  que  les  succès 
des  Samnites  venaient  d'entraîner  dans  la  ligue 
contre  les  Romains.  Suivant  Tite-Live,  Flarnma 
fit  la  guerre  avec  succès ,  prit  plusieurs  villes 
d'assaut,  et  se  rendit  très-populaire  parmi  les 
soldats  en  leur  distribuant  libéralement  le  butin. 
Ces  succès  sont  problématiques,  puisque  le  nom 
de  Flamma  ne  figure  pas  sur  les  Fasti  trïuvi- 
phales  ;  l'annaliste  Pison  n'avait  pas  même  faii 
mention  de  son  consulat.  Mais  on  n'a  pas  de  mo- 
tif suffisant  pour  douter  que  Flamma  ait  été 
consul,  avec  Appius  Claudius,  en  296.  C'était  ha 
moment  le  plus  critique  de  la  seconde  guerre 
samnite.  Flamma  stationna  d'abord  sur  la  fron- 
tière du  Samnium  ;  mais  le  sénat,  en  apprenant 
l'apparition  en  Étrurie  d'une  armée  samnite ,  or- 
doima  au  consul  de  courir  au  secours  dé  son  col- 
lègue, Claudius  refusa  d'abord,  puis,  sur  les  ins- 
tances de  ses  principaux  officiers,  il  accepta  J'a",- 
sistance  de  Flamma.  L'harmonie  entre  les  deux 
consuls  ne  fut  pas  de  longue   durée.  Aussitôt 
que  leurs  armées  réunies  eurent  l'epoussé  1  en- 
nemi ,  Flamma  revint  en  Campanie  à  marches 
forcées.  Les  Samnites  avaient  pillé  la  plaine  de 
Falerne;  ils  s'en  retournaient  avec  leur  butin  et 
leurs  prisonniers,  lorsque   le  consul  les  attei- 
gnit sur  les  bords  du  Liris    et  leur  enleva  le 
fruit  de  leur  expédition.  En  l'honneur  de  ce 
succès,  on  célébra  à  Rome  des  actions  de  grâces, 
Flamma  pré.sida  les  prochains  comices  consu- 
laires. A  sa  recommandation,  le  peuple  élut  con- 
sul pour  l'année  suivante  Q.  Fabius  Maximu:» 
RuUianus.  Lui-même,  de  l'assentiment  du  peuple 
et  du  sénat,  garda  son  commandement  en  qua- 
lité de  proconsul.  Avec  la  deuxième  et  la  qua- 
trième légion ,  il  envaliit  le  Samnium.  Selon  une 
conjecture  probable  de  Niebuhr,  il  fut  rappelé 
en  Étrurie,  qui  était  le  principal  théâtre  de  la 
guerre,  et  prit  part  à  la  bataille  de  Sentinum,  en 
295.  Il  épousa  Virginie ,  fille  de  cet  A.  Virginius 
qui  avait  consacré  une  chapelle  et  un  autel  à  la 
chasteté  plébéienne. 

Tite-Live,  IX,  42,  44  ;  X,  IS,  etc.  -  Niebuhr,  Histoire 
Romaine. 

*FLAMMA  (S^epAoreardMs),  historien  ita- 
lien, né  en  Lombardie,  entra  dans  l'ordre  des 


Dominicains,  professa  en  1296  la  théologie  à 
Milan,  et  mourut  en  1298.  Il  écrivit  en  vers 
l'histoire  des  événements  qui  s'étaient  passés  sous 
ses  yeux  :  Poema  de  gestis  in  civitate  Me- 
diolanensisub  Ottonevicecomite,  aban.  1263- 
1277.  Muratoria  donné  place  à  cet  ouvrage  dans 
ses  Anecdota  laiina ,  t.  ni,  p.  57,  et  l'a  repro- 
duit dans  ses  Script.  Rer.  Ital.,  t,  IX,  p.  57. 

G.  B. 

Oudin,  De  Script,  eccles.,  t.  III,  p.  609,  —  Fabrioius, 
Bi'ol.  Med.  Latin.,  t.  VI.  p.  569.    —  Tlrabosclii,   Storia 
délia  Letteratura  Ilaliana.,  t.  VIII,  p.  j55.  —  Argelati, 
Bibl.  script.  Mediol,,  t.  II,  part.  II,  p.  1669. 
FLAMMA  (Galvaneus).  Voy.  ï"iamma. 
FLAMSTEED   (  Jean  ) ,    célèbre    astronome 
anglais,  né  le  19  août  1646,  à  Derby  (comté 
de  Derby  ),  mort  le  31  décembre   1719.  Il  fit 
ses    premières   études   à   l'école   publique  de 
Derby.  A  l'âge  de  quatorze  ans,  il  prit  un  re- 
froidissement en  se  baignant,  et  il  s'ensuivit  une 
maladie  qui  porta  une  grave  atteinte  à  sa  cons- 
titution, naturellement  délicate.  L'état  précaire 
de  sa  santé  l'empêcha  d'aller  achever  ses  études 
dans  une  université.  Peu  de  temps  après  avoir 
quitté  l'école ,  il  lut  par  hasard  le  traité  de  Jean 
Sacrobosco  Sur  la  Sphère.  Cet  ou>frage  fit  sur 
lui  une  profonde  impression ,  et  dès  lors  toutes 
ses  pensées  se  tournèrent  vers  l'astronomie,  II 
commença  par  construire  des  cadrans,  puis,  s'é- 
tant  procuré  VAstronomia  Carolina  de  Street 
il  calcula,  au  moyen  des  tables  de  cet  ouvrage , 
les  lieux  des  étoiles  et  les  éclipses.  Un  de  ces 
calculs  tomba  entre  les  mains  du  mathématicien 
Halstou,  qui  se  hâta  d'envoyer  au  jeime  astro- 
nome YAlmagestum  novum  de  Riceioli,   les 
Tabula  Rudolphinx  de  Kepler,  et  quelques 
autres  livres  du  même  genre.  Encouragé  par 
cette  bienveillante  protection,  Flarasteed  pour- 
suivit ses  études  asti'onomiques  avec  la  plus 
grande  vigueur  et  un  succès  signalé.  En  1 669, 
ayant  calculé  une  éclipse  de  Soleil  omise  dans 
les  Éphémérides  pour  l'année  suivante,  et  aussi 
cinq  appulses  delà  Lune  aux  étoiles  fixes,   il 
envoya  ses  calculs  avec  quelques  autres  remar- 
ques astronomiques  à  lord  Brouncker,  président 
de  la  Société  royale.  Celui-ci  les  communiqua  h 
ce  corps  savant,  qui  fit  adresser  à  l'auteur  une 
lettre  de  remercîment  par  son  secrétaire  Olden 
burg.  John  CoUins,    membre    de  la   Société, 
écrivit  aussi  à  Flamsteed,  et  ce  fut  entre  eux  le 
commencement  d'une    longue  cori'espondance. 
Son  père,  flatté  de  tant  de  succès,  lui  conseilla  de 
se  rendre  à  Londres  pour  faire  personnellement 
connaissance  avec  ses  savants  correspondants.  II 
suivit  ce  conseil  avec  joie, 'partit  pour  Londres, 
oii  il  visita  Oldenburg  et  Collins.  Ce  deinier  le 
mit  en  rapport  avec  Jouas  Moore,  qui  lui  (it  pré- 
sent du  micromètre  de  Townley,  et  se  chargea 
de  lui  procurer  des  verres  pour  un  télescope.  Ce 
furent  les  premiers  instruments  mis  à  la  dispo- 
sition du  jeune  astronome.  Flamsteed  alla  aussi 
à  Cambridge,  oîi  il  visita^le  docteur  Barrow,  New- 
ton et  Broe ,  et  se  fit  inscrire  comme  éli«diant 


843 


sur  les  registres  du  collège  de  Jésus.  Au  prin- 
temps de  1672,  il  tira  dés  lettres  de  Gascôigne 
et  Crabtrée  diverses  observations  qui  n'avaient 
point  été  publiées,  et  les  traduisit  en  latin.  Parmi 
les  lettres  de  Gascôigne ,  il  en  trouva  quelques- 
unes  où  ce  savant  montrait  comment  les  images 
des  objets  éloignés  se  peignent  sur  la  base  du 
verre  objectif  convexe  ;  «  ce  qui,  d'après  Chauf- 
fepié,  mit  notre  auteur  au  fait  de  la  dioptrique 
en  quelques  beures  :  il  avait  lu  auparavant  la 
dioptrique  de  Descartes ,  mais  il  n'y  avait  pas 
appris  grand'cbose.  »  Flamsteed  employa  le  reste 
de  l'année  à  faire  des  o"bservations  astronomi- 
ques, dont  il  envoya  les  résultats  à  Oldenburg, 
qui  les  inséra  dans  les  Transacf/wns  philoso- 
phiques. En  1673,  il  composa  un  petit  traité  en 
anglais  sur  les  véritables  diamètres  de  toutes  les 
planètes,  et  sur  leur  diamètre  apparent  dans  leur 
plus  grande  proximité  ou  dans  leur  plus  grand 
éloignement  de  la  Terre.  «  Je  prêtai ,  dit-il ,  en 
1685  ce  traité  à  BI.  Newton,  qui  en  a  fait  usage 
dans  le  quatrième  livre  de  ses  Principes.  »  En 
1674,  il  écrivit  des  Éphéniérides ,  pour  exposer 
la  fausseté  de  l'astrologie  ;  il  donna  en  même 
temps  des^calculs  d  u  lever  et  du  coucber  delà  Lune 
avec  les  occultations  et  les  appulses  de  la  Lune 
et  des  planètes  aux  étoiles  fixes.  A  la  prière  de 
Jouas  Moore,  il  dressa  une  liste  du  véritable 
cours  de  la  Lune  pour  l'année  1674,  et  composa 
une  table  des  marées.  11  revint  la  même  année 
dans  sa  ville  natale ,  emportant  un  baromètre  et 
un  thermomètre,  avec  lesquels  il  fit  de  curieuses 
observations  sur  la  température.  «  Il  ne  les  con- 
tinua point ,  dit  Cbauffepié ,  parce  que  le  soin 
d'observer  tous  les  jours  et  de  noter  lui  parut 
demander  plus  d'attention  et  de  peine  que  ne 
le  mérite  une  chose  aussi  peu  importante  à  ob- 
server que  le  temps  qu'il  doit  faire.  »  Sir  Jonas 
Moore  entendit  parler  de  ces  observations,  les 
répéta  sur  deux  baromètres  que  Flamsteed  lui 
avait  envoyés,  en  fit  part  au  roi,  au  duc  d'York, 
et  leur  recommanda  vivement  l'auteur,  ainsi 
qu'aux  antres  personnes  de  la  cour.  Flamsteed, 
ayant  pris  ses  degrés  de  maître  es  arts  à  Cam- 
bridge, résolut  d'entrer  dans  les  ordres.  Sir  Jonas 
lui  écrivit  alors  de  venir  à  Londres ,  où  il  lui  fit 
obtenir  le  titre  d'astronome  du  roi,  avec  une 
pension  de  cent  livres.  Ces  faveurs  ne  détournè- 
rent pas  Flamsteed  de  son  projet  d'embrasser 
la  vie  ecclésiastique,  et  aux  fêtes  de  Pâques  1675 
il  fut  ordonné  prêtre  à  Ely-House,  par  l'évêque 
Gunning.  Le  10  août  de  la  même  année,  on  posa 
les  fondements  de  l'observatoire  royal  de  Green- 
wich ,  qui  reçut  le  titre  de  Flamsteed-House. 
Pendant  la  construction  de  cet  édifice,  Flamsteed 
établit  ses  instruments  dans  le  palais  de  la  reine 
à  Greenwich;  il  y  observa  les  conjonctions  de  la 
Lune  et  des  planètes  avec  les  étoiles  fixes ,  et 
il  écrivit  son  traité  sur  la  sphère.  Enfin,  l'obser- 
vatoire royal  fut  prêt  au  mois  de  juillet  1676. 
Baily  date  de  cette  époque  le  commencement 
de  l'astronomie  moderne ,  assertion  qui  ne  pa- 


FLAMSTEED  844 

raîtra  pas  trop  exagérée  si  l'on  considère  qu'au- 
jourd'hui encore  on  consulte  les  observations  de 
Flamsteed  pour  vérifier  celles  des  asti-onomes 
contemporains ,  et  que  son  catalogue  atteignit  le 
premier  une  précision  à  peine  dépassée  de  nos 
^ours.  Flamsteed,  c'est  Tycho-Brahé,  avec  le  té- 
lescope de  plus  :  même  habileté  à  se  servir  des 
instruments ,  même  sentiment  de  l'insuffisance 
des  tables  existantes ,  même  persévérance  infa- 
tigable dans  l'observation.  Mais  Tycho-Brahé, 
riche  et  noble,  disposait  de  la  bourse  d'un  roi , 
tandis  que  Flamsteed,  pauvre  prêtre,  devait  faire 
lui-même  les  frais  de  ses  instruments  au  moyen 
d'une  pension  mal  payée  de  cent  livres.  En  1682, 
il  regarda  comme  un  devoir  de  son  état  de  faire 
l'éducation  de  deux  enfants  de  l'hôpital  du  Christ; 
en  outre  il  fut  obligé  de  donner  des  leçons  par- 
ticulières pour  subvenir  aux  frais  de  ses  obser- 
vations. 11  n'avait  alors  qu'un  sextant  et  des  ca- 
drans de  sir  Jonas  Moore  ainsi  que  quelques 
instruments  qui  lui  appai'tenaient  à  lui-même;  il 
en  emprunta  quelques-uns  à  la  Société  royale,  et 
après  avoir,  à  plusieurs  reprises,  pressé  le  gou- 
vernement de  lui  faire  construire  un  grand  arc 
mural ,  il  se  décida  à  en  faire  les  frais  ;  mais  il 
échoua  dans  cette  tentative.  En  1684,  il  reçut  de 
lord  North  le  petit  bénéfice  de  Burstow  près  de 
Blechingly,  dans  le  comté  de  Surrey.  Encouragé 
par  ce  surcroît  de  fortune,  Flamsteed  fit  construire 
à  ses  dépens  un  nouvel  arc  mural,  après  avoir 
obtenu  du  gouvernement  la  promesse,  qui  ne  fut 
^jamais  tenue,  d'être  remboursé  de  ses  avances. 
Il  commença  à  faire  usage  de  son  arc  mural  en 
1689.  Quand  il  mourut,  le  gouvernement  reven- 
diqua les  instruments  de  l'infatigable  astronome 
comme  une  propriété  publique. 

A  partir  de  cette  époque  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie,  Flamsteed  redoubla  d'activité.  Il  recueillit 
la  masse  d'observations  dont  l'ensemble  consti- 
tue le  premier  bon  catalogue  des  étoiles  fixes  ; 
il  fit  les  observations  lunaires  dont  Newton  se 
servit  pour  vérifier  sa  théorie  de  la  Lune  ;  il  in- 
venta ou  perfectionna  les  méthodes  d'observa- 
tions encore  employées  aujourd'hui.  Malgré  tant 
de  ti'avaux,  Flamsteed  n'était  encore  que  peu 
connu  du  public  ;  une  violente  polémique  qu'il 
eut  avec  Newton  l'aurait  fait  connaître  davan- 
tage, si  elle  n'était  restée  en  grande  partie  se- 
crète ;  la  découverte  des  papiers  de  Flamsteed 
en  1833  est  venue  la  révéler  dans  tous  ses  dé- 
tails. En  voici  un  court  récit  :  Newton  avait  été 
longtemps  avec  Flamsteed  dans  les  termes  d'une 
intimité  cordiale.  Un  refroidissement  dont  on 
ne  connaît  pas  la  cause  commença  en  1696. 
Quelques  années  plus  tard,  Flamsteed,  qui  avait 
déjà  dépensé  plus  de  deux  mille  livTes  en  ob- 
servations, songea  à  en  imprimer  les  résultats. 
Le  prince  Georges  de  Danemark  apprit  cette  in- 
tention ,  et  offrit  en  1704  de  faire  les  frais  de 
l'impression.  Un  comité  composé  de  Newton, 
Christophe  Wren ,  Arbuthnot ,  Gregory  et  Ro- 
berts  fut  chargé  d'examiner  les  papiers  de  Flam 


845 


FLAMSTEED  —  FLANDIN 


846 


steed,  et  se  prononça  en  faveur  de  l'impression 
totale.  D'ailleurs,  le  soin  de  classer  les  ouvrages 
et  (!e  les  faire  imprimer  resta  tout  entier  entre 
les  malus  du  comité.  Flamsteed  dut  même  livrer 
aux  commissaires  le  manuscrit  de  son  catalogue 
des  étoiles,  encore  inachevé  ;  mais  il  le  mit  sous 
les  scellés,  et  obtint  que  les  sceaux  ne  seraient 
pas  brisés  avant  la  confection  du  reste  de  l'ou- 
vrage. Il  eut  beaucoup  à  seplaiqdre  des  procédés 
du  comité.  Après  plus  de  trois  ans,  son  premier 
volume  n'était  pas   encore  imprimé  ;  le  prince 
Georges  mourut  en  1708,  avant  le  commencement 
de  l'impression  du  second  volume ,  et  le  comité 
cessa  son  travail,  tout  en  conservant  les  papiers. 
Flamsteed,  renonçant  à  toute  publication  immé- 
diate, revint  à  ses  observations.  Il  fut  donctrès- 
étonué  d'apprendre,  au  mois  de  mars  1711,  qu'on 
avait  brisé  les  scellés  de  son  catalogue  et  qu'on 
l'avait  livré  à  l'impression.  Il  demanda  aussitôt 
une  entrevue  à  Arbuthnot,  et  obtint  de  celui-ci 
l'assurance  que  rien  n'avait  été  imprimé.  Mais 
peu  de  jours  après  il  reçut  plusieurs  feuilles  im- 
primées ,  et  apprit  que  Halley  en  avait  montré 
plusieurs  autres  dans  un  café,  et  s'était  vanté  de 
la  peine  qu'il  avait  prise  pour  en  corriger  les 
erreurs.  Enfin,  le  résultat  fut  la  publication,  par 
Halley,  du  catalogue  inachevé  de  Flamsteed,  sous 
ce  titre  :  Historioa  cœlestis  Libri   duo,  quo- 
rum prior  exhibet  catalogum  stellarum  fixa- 
rum  Britannicum  novum  et  locupletissimum, 
una  cum  eariimdem  planetarumque  omnium 
observationibus  ;  ■posterior  iransitus  siderum, 
per  planum  arcus  meridionalis  et  distantias 
eorum  a  vertice   cotnplectitur  ;  observante 
Joanne  Flamstedio,   in  observatorïo  regio 
Grenovicensi ,  con iimia  série  ab  anno  1676  ad 
annum  1705;  Londres,  1712,  in-fol.  Exaspéré 
de  cette  publication,  Flamsteed  s'en  prit  à  Halley, 
et  surtout  à  Newton,  avec  lequel  il  avait  eu  ré- 
cemment une  violente  querelle.  Des  personnes 
recommandées  par  Newton  devant  visiter  l'ob- 
servatoire, Fiam.steed  fut  invité,  dans  une  séance 
de  la  Société  royale,  à  voir  si  les  instruments 
étaient  eu  ordre.  Il  s'y  refusa,  en  déclarant  que 
ces   instruments  lui   appartenaient.   En   même 
temps  il  reprocha  à  Newton  de  lui  avoir  volé  ses 
travaux.  Newton  répondit  en  lui  donnant  plu- 
sieurs épithètes,  dont  la  moins  grave  était  celle 
de  ptippy  (faquin),  et  en  lui  rappelant  que  de- 
puis trente-six  ans  il  recevait  100  livres  par  an. 
Flamsteed  lui  demanda  à  son  tour  ce  qu'il  avait 
fait  pour  les  cinq  cents  livres  par  an  qu'il  rece- 
vait depuis  son  arrivée  à  Londres  ;  il  l'accusa 
aussi  d'avoir  hrisé  les  scellés  de  son  catalogue, 
et  Newton  répliqua  que  c'était  par  l'ordre  de 
la  reine.  Ala  suite  de  cet  échange  d'injures,  Flam- 
steed résolut  d'imprimer  ses  observations  à  ses 
frais,  et  réclama  175  feuilles  restées  entre  les 
mains  de  Newton.  Celui-ci  refusa  de  les  rendre. 
Il  s'ensuivit  lui  j)rocès  dont  on  ignore  les  tc- 
sultats,  et  qui  coûta  200  livres  à  Flamsteed. 
La  reine  Anne  et  le  comte  d'Halifax,  le  grand 


protecteur  de  Newton,  moururent,  l'un  en  1714, 
l'autre  en  1715.  Flamsteed,  devenu  plus  puissant 
à  la  cour  que  ses  adversciires ,  rentra  dans  la  to- 
talité de  ses  papiers,  et  obtint  la  remise  de  tout 
ce  qui  restait  de  l'édition  de  Halley ,  300  feuilles 
sur  400.  Il  en  Hvra  aussitôt  une  grande  partie 
aux  flammes,  ce  qu'il  appelait  faire  «  un  sacrifice, 
à  la  vérité  céleste  »  ;  il  ne  se  réserva  de  chaque 
volume  que  quatre-vingt-dix  feuilles  environ, 
qu'il  trouvait  imprimées  à  son  gré ,  et  dont  il 
composa  une  partie  de  son  premier  volume.  De- 
puis cette  époque  jusqu'à  sa  mort,  il  s'occupa 
de  l'impression  de  son  Historia  cœlestis,  im- 
pression qu'il  n'eut  pas  cependant  le  temps  de 
finir  ;  elle  fut  achevée  par  sa  veuve,  avec  l'aide 
de  Crosthwaitet  d'Abraham  Sharp,  et  parut  sous 
le  titre  de  Historia  cœlestis  Britannica; 
Londres,  1725,  3  vol.  in-fol.  Les  cartes  connues 
sous  le  nom  à' Atlas  de  Flamsteed  furent  sur- 
veillées par  les  mêmes  personnes.  V Historia  cœ- 
lestis Britannica  contient  une  description  des 
méthodes  et  des  instnunents  employés,  avec  une 
masse  considérable  d'observations  sidérales,  lu- 
naires et  planétaires  ,  et  le  catalogue  britan- 
nique des  étoiles.  Cet  ouvrage,  d'après  le  Penny 
Cyclopsedia ,  occupe  dans  l'astronomie  pratique 
la  même  place  que  les  Principes  de  Newton 
tiennent  dans  la  partie  théorique  de  cette  science. 
En  1833 ,  M.  Francis  découvrit  un  grand 
nombre  de  manuscrits  dans  la  commode  de 
Flamsteed  à  l'observatoire  de  Greenwicb  Ces 
manusciits,  une  collection  de  lettres  inertes 
du  grand  astronome ,  et  une  intéressante  auto- 
biographie, intitulée  Self  Inspections  by  J.  F., 
furent  publiés  aux  frais  du  gouvernement,  par 
l'ordre  des  lords  de  l'amirauté,  sous  le  titre  de 
An  Account  of  the  Rev.  John  Flamsteed. 
C'est,  au  jugement  du  Penny  Cyclopsedia,  la 
biographie  scientifique  la  plus  remarquable  qui 
ait  été  publiée  de  notre  temps.  Entre  autres  dé- 
tails curieux,  on  y  remarque  la  réfutation  com- 
plète d'une  histoire  qui  représentait  Flamsteed 
comme  ayant,  dans  sa  jeunesse,  volé  sur  le 
grand  chemin.  On  prétendait  que  son  pardon 
avait  été  trouvé  dans  ses  papiers.  M.  Baily 
prouve  que  le  fait  d'un  pardon  trouvé  dans  les 
papiers  de  Flamsteed  est  faux  ,  et  démonli-e  par 
diverses  circonstances  qu'il  était  impossible  qu'à 
l'époque  indiquée  cet  astronome  exerçât  la  cri- 
minelle profession  de  voleur.  L.  J. 

Biographia  Britannica.  —  Chauffepit-,  JVouveati  Dic- 
tionnaire historique.  —  Penny  Cyclopiedia. 

*  FLANDIN  (Charles),  médecin  et  chimiste 
français,  né  aux  Aubues,  commune  de  Lormes 
(Nièvre),  le  13  mars  1803.  11  étudia  la  médecine 
à  Paris,  où  il  fut  reçu  docteur  en  1832.  Le  pre- 
mier il  soutint,  dans  sa  thèse  inaugiu-ale  sur  le 
choléra ,  la  non-absorption  des  médicaments 
administrés  pendant  l'invasion  de  l'accès;  ce 
point,  d'abord  contesté,  a  été  depuis  mis  hors  de 
doute  par  les  travaux  du  signataire  de  cet  ar- 
ticle. De  1832  à  1835,  M.  Flandin  compléta  ses 


847 


FLANDIN 


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études  par  des  voyages  dont  il  publia  les  résul- 
tats sous  le  titre  :  Études  et  souvenirs  de 
Voyage  en  Italie  et  en  Suisse;  Paris,  1838, 
2  vol.  in-S".  Il  collabora  ensuite  au  Journal 
général  et  au  Moniteur  pour  les  comptes-ren- 
dus de  l'Académie  des  Sciences ,  et  présenta  à 
cette  académie  une  série  de  travaux  toxicolo- 
giques,  faits  en  commun  avec  M.  Danger.  Parmi 
ces  travaux  on  remarque  :  De  l'Arsenic, 
suivi  d'une  Instruction  propre  à  servir  de 
guide  aux  experts  dans  les  cas  d'empoisonne- 
ment, «tde  Rapports  faits  à  l'Académie  .  des 
Sciences  et  à  V Académie  de  Médecine  ;  Paris, 
1841,  in-8°.  Ce  mémoire  parut  à  l'occasion  du  fa- 
meux procès  de  madame  Lafarge,  et  donna  lieu  à 
une  vive  polémique  avec  Orfila  sur  l'arsenic  dit 
normal  ;  MM.  Flandin  et  Danger  démontrèrent 
que  l'arsenic  n'existe  pas  normalement  dans  le 
corps  humain.  —  De  l'Action  de  l'arsenic  sur 
les  moutons,  et  de  l'intervalle  de  temps  né- 
cessaire pour  que  ces  animaux  se  débarras- 
sent complètement  de  ce  poison ,  alors  qu'il 
leur  est  administré  à  haute  dose  ;  —  Mé- 
moire sur  l'empoisonnement  par  l'antimoine 
et  les  complications  que  la  présence  de  ce 
corps  peut  apporter  dans  les  cas  d'empoison- 
nement par  l'arsenic;  —  De  l' Empoisonne- 
ment parle  cuivre;  —  De  l'Empoisonnement 
par  le  plomb,  suivi  de  Considérations  sur 
l'absorption  et  la   localisation  des  poisons  ; 

—  De  l'Empoisonnement  par  le  mercure; 

—  De  l'Analyse  des  terres  de  cimetière 
dans  les  cas  d'empoisonnement  ;  —  De  la 
Recherche  des  principes  immédiats  des  vé- 
gétaux toxiques  ;  ce  dernier  mémou-e  a  été 
publié  par  M.  Flandin  seul. 

En  1845,  M.  Flandin  fut  nommé  membre  du 
conseil  de  salubrité,  et  il  rédigea  le  Rapport 
général  des  Travaux  du  Conseil  de  Salu- 
brité pendant  Vannée  1847;  in-4°, Paris,  1855. 
Mais  son  ouvrage  le  plus  important  est  un  Traité 
complet  des  Poisons,  dont  le  1""  volume  parut 
en  1846,  et  les  deux  derniers  en  1853  (  avec  une 
dédicace  à  Pariset).  Dans  l'opinion  de  l'auteur, 
«  les  poisons  sont  des  matières  inassimilables,  qui 
pénètrent  dans  l'organisme  par  absorption  ;  ils 
agissent  par  action  de  présence ,  et  non  comme 
des  irritants  ou  des  stupéfiants.  La  tolérance  de 
l'économie  pour  les  poisons  n'est  qu'un  défaut 
d'absorption.  »  A  la  suite  d'un  procès  politique  en 
1853  (sur  le  secret  des  lettres),  M.  Flandin  fut 
révoqué  de  ses  fonctions  de  membre  du  conseil 
de  salubrité.  D^  Duchaussoy. 

Documents  particuliers. 

*  FLANDIN  (Eugène- Napoléon) ,  peintre  et 
archéologue  français ,  né  le  15  août  1809,  à  Na- 
ples,  où  son  père  était  attaché  à  l'administration 
militaire  du  roi  Joachim  Murât.  Après  un  voyage 
en  Italie,  il  exposa  au  salon  de  1836  une  grande 
Vue  de  la  Piazzetta,  à  Venise,  qui  fut  achetée 
par  la  liste  civile,  et  une  Vue  du  pont  des 
Soupirs^  achetée  par  la  société  des  Amis  des 


Arts  de  Paris.  Il  fit  ensuite  une  excursion  en 
Belgique,  et  un  voyage  en  Algérie.  A  son  retour, 
en  1837,  il  mit  à  l'exposition  du  Louvre  une  Vue 
de  la  Marine,  à  Alger,  qui  fut  achetée  par  la 
liste  civile  et  lui  valut  une  médaille  de  deuxième 
classe.  Il  retourna  bientôt  en  Afrique,  pour  faire 
en  amateur  la  campagne  de  Constant! ne,  et  as- 
sista à  l'assaut  de  cette  ville,  qui  fut  l'objet  d'un 
tableau  par  lui  exposé  au  Salon  de  1838.  Ce 
tableau,  acheté  par  le  roi  pour  le  château  de 
Neuilly,  fut  percé  de  coups  de  baïonnette  en 
1848,  vendu  avec  d'autres  débris  et  racheté  par 
lareine  Marie-Amélie.  L'année  suivante,  M.  Flan- 
din exposa  un  tableau  représentant  la  Brèche 
de  Constantine  et  la  porte  oîi  le  colonel  de 
Lamoricière,  à  la  tête  des  zouaves,  fut  renversé 
par  l'explosion.  Ce  tableau  fut  aussi  acquis  par 
la  liste  civile.  En  1839,  désigné  par  l'Académie 
des  Beaux-Arts ,  il  fut  attaché  à  l'ambassade  de 
Perse  pour  remplir  une  mission  archéologique 
dans  ce  pays,  où  il  resta  jusqu'en  1841,  l'explo- 
rant dans  tous  les  sens  et  y  recueillant  des  ma- 
tériaux considérables,  qui  furent  soumis  à  une 
commission  de  membres  de  l'Académie  des 
Beaux- Arts  et  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres.  A  la  suite  du  rapport  fait  par 
cette  commission  en  1842,  M.  Flandin  reçut  la 
décoration  de  la  Légion  d'Honneur.  Le  ministre 
fit  publier  ses  travaux ,  savoir  :  Études  sur  la . 
Sculpture  perse  ;  2  vol.  in-folio,  et  1  vol.  in-folio 
de  texte  descriptif  et  critique  ;  —  Études  sur 
la  Perse  moderne ,  100  pi.  in-fol.  Utho- 
graphiées  par  l'auteur  ; — Relation  du  Voyage  en 
Perse,  depuis  le  départ  de  France,  etc.;  2  vol. 
in-S".  Ce  grand  ouvrage  a  été  terminé  en  1843. 
A  peine  de  retour  en  France,  M.  Flandin  fut 
désigné  par  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  pour  aller  àKhorsabad,  sur  le  bord  orien- 
tal du  Tigre  (  prétendu  emplacement  de  l'antique 
Ninive) ,  faire  sur  les  monuments  assyriens  des 
études  semblables  à  celles  qu'il  avait  rapportées 
de  la  Perse;  et  il  partit  en  novembre  1843.  Ar- 
rivé à  Constantinople,  il  eut  beaucoup  de  diffi- 
cultés à  vaincre  pour  obtenir  les  firmans  néces- 
saires aux  fouilles  à  faire ,  et  passa  deux  mois  à 
Rhodes  et  à  Beyrouth  avant  de  les  recevoir.  Il  par- 
tit enfin,  et,  après  d'autres  obstacles ,  il  arriva 
sur  les  bords  du  Tigre,  où  il  resta  campé  huit 
mois  au  milieu  des  ruines  et  des  fouilles.  Il  rap- 
porta en  France ,  deux  ans  après,  les  matériaux 
d'un  nouvel  ouvrage,  et,  à  la  suite  du  rap- 
port d'mie  commission,  un  crédit  spécial  fut 
voté  par  les  chambres  pour  la  publication  des 
Antiquités  assyriennes.  La  part  de  M.  Eugène 
Flandin  dans  cet  ouvrage,  qui  est  terminé,  con- 
siste en  deux  volumes  in-folio  de  planches.  Il 
a  pubhé  dans  le  Journal  des  Débats  des  no- 
tices sur  ses  deux  derniers  voyages,  et  dans  la  Re- 
vue des  Deux-Mondes  {I8i&)  un  article  intéres- 
sant sur  l'exhumation  de  la  prétendue  Ninive  (1). 

(1)  Voy.  Sur  la  non-authenticité  des  Ruines  de  Jfir 


849 


FLANDIN  —  FLANDRIN 


850 


Après  ces  grands  travaux,  M.  Flandin  s'est 
remis  à  la  peinture ,  et  il  a  exposé  en  1853: 
une  grande  Vue  de  Stamboul;  —  une  Vice  de 
la  Mosquée  royale  à  Ispahan.  En  1855  il  a 
réexposé  ces  deux  tableaux ,  en  y  ajoutant  une 
Vîie  générale  de  Constantinople  et  une  Vue 
de  V Entrée  du  Bosphore.  Il  s'occupe  d'un  ou- 
vrage intitulé  L'Orient,  comprenant,  au  point 
de  vue  pittoresque,  150  pi,  petit  in-fol.  qui  repré- 
sentent les  pays  situés  entre  les  rivages  euro- 
péens du  Bosphore  et  des  Dardanelles ,  et  la 
frontière  indienne.  Guyot  de  Fère. 

Renseignements  particuliers. 
FLANDRIN  {Pierre),  médecin  vétérinaire 
français,  né  à  Lyon,  le  12  septembre  1752,  mort 
au  commencement  de  juin  1796.  Neveu  de  Cha- 
bert ,  il  embrassa  la  même  profession  que  son 
oncle,  en  entrant  dès  l'âge  de  quatorze  ans  à  l'école 
vétérinaire  de  Lyon.  Il  y  fit  ses  études  avec  tant 
de  distinction,  qu'après  les  avoir  terminées,  il  fut 
nommé  professeur  d'anatomie  à  l'école  d'Alfort. 
En  1786  il  obtint  la  survivance  de  la  direction 
générale  des  écoles  vétérinaires.  Un  voyage 
qu'il  fit  en  Angleterre,  en  1785,  et  ime  mission 
en  Espagne,  en  1786,  pour  surveiller  l'envoi  de 
moutons  à  laine  fine ,  dirigèrent  son  attention 
vers  l'économie  rurale ,  et  il  entreprit  dans  ce 
but  des  travaux  considérables,  qu'une  mort  pré- 
maturée ne  lui  permit  pas  d'achever.  On  a  de 
lui  :  Précis  de  la  connaissance  extérieure  du 
cheval ;Pa.ns,  1787,  in-8°;  —  Précis  de  Vana- 
tomie  du  cheval;  Paris,  1787,  in-8"  ;  — Pré- 
cis splanchnologique ,  ou  traité  abrégé  des 
viscères  du  cheval  ;  Paris ,  1787  ,  in-  8°  ;  — 
Mémoire  sur  la  possibilité  d'améliorer  les 
chevaux  en  France;  Paris,  1790,  in-8°; 
—  Traité  sur  l'Éducation  des  Bêtes  à 
Laine;  Paris,  1791,  in-8°.  Flandrin  fut  l'un  des 
rédacteurs  de  VAlmanach  vétérinaire ,  Paris , 
1783-1793,  in-8°,  et  des  Instructions  et  obser- 
vations sur  les  maladies  des  animaux  do- 
mestiques ,  avec  l'analyse  des  ouvrages  vété- 
rinaires anciens  et  modernes  ;  V ma ,  1782- 
1795,  6  vol.  in-8".  Flandrin  rédigea  la  partie 
anatomique  de  Y  Encyclopédie  méthodique;  il 
publia  des  articles  dans  les  Mémoires  de  la  So- 
ciété d'Agriculture ,  le  Journal  de  Médecine , 
La  Feuille  du  Cultivateur,  le  Mercure  et  le 
Journal  de  Paris. 

Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biographie  univ.  et  port.  rfM 
Contemporains  (aappl).  —  Biographie  médicale. 

*  FLANDRIN  (Auguste),  peintre  français,  né 
à  Lyon,  en  1804,  mort  dans  la  même  ville,  en 
août  1842.  Il  entra  en  1818  à  l'école  des  beaux- 
arts  de  sa  ville  natale,  et  y  fit  de  rapides  progrès. 
L'aîné  d'une  famille  sans  fortune,  il  se  plaça  de 
bonne  heure  dans  un  atelier  de  lithographie,  et 
v  dessina  des  vignettes  de  romance  et  des  illus- 
trations de  toutes  espèces.  Venu  à  Paris  en  1832, 
il  travailla  deux  ans  sous  la  direction  de  M.  In- 

nivc  les  deux  mémoires  de  M.  Kerd.  Hoeler;  Paris,  (  Di- 
dot)  1852. 


gres.  Plus  tard ,  il  visita  l'Italie  avec  ses  deux 
frères,  MM.  Hippolyte  et  Paul  Flandrin,  puis  il 
revint  à  Lyon ,  où  il  professa  les  doctrines  ar- 
tistiques de  son  maître.  Une  médaille  d'or  obte- 
nue au  salon  de  1840  semblait  lui  annoncer  une 
certaine  réputation ,  quand  la  mort  vint  l'at- 
teindre. Il  succomba  en  peu  de  jours  aux  at- 
taques d'une  fièvre  typhoïde.  On  a  exposé  de  lui 
en  1840  :  Savonarole  prêchant  dans  l'église 
San-Miniato  ,  à  Florence  ;  Le  Repos  après  le 
bain;  Vue  intérieure  de  San-Miniato  à  Flo- 
rence; un  portrait  d'homme;  en  1841,  1842  et 
1843,  des  portraits  et  une  tête  d'étude. 

L.  LOUVET. 
Dictionnaire  de  la  Conversation. 
*  FLANDRIN  (  Jean-Hippolytc  ) ,  peintre 
français,  né  à  Lyon,  en  1809,  frère  cadet  d'Au- 
guste Flandrin,  étudia  d'abord  le  dessin  sous 
MM.  Legendre  etMagnin,  puis  sous  M.  Revoil. 
En  1829  il  vint,  avec  son  jeune  frère  Paul,  à 
Paris ,  et  entra  dans  l'atelier  de  M.  Ingres.  En 
1832  il  remporta  au  concours  le  grand  prix  de 
peinture,  et  partit  pour  l'Italie.  Il  arriva  à  Rome 
au  mois  de  janvier  1833;  un  an  après,  son  frère 
Paul  vint  le  rejoindre  ;  Auguste  le  suivit  bientôt, 
et  tous  trois  purent  encore  travailler  sous  leur 
maître,  M.  Ingres,  nommé  alors  directeur  de 
l'Académie  de  Peinture  à  Rome.  Vers  la  fin  de 
1838,  les  trois  frères  rentrèrent  en  France,  et 
s'arrêtèrent  à  Lyon.  Hippolyte  et  Paul  vinrent 
se  fixer  à  Paris ,  travaillant  dans  le  même  ate- 
lier ;  mais,  suivant  les  avis  deM.  Ingres,  M.  Hip- 
polyte Flandrin  seul  resta  fidèle  au  genre  his- 
torique. Ses  compositions  sont  savantes  et  supé- 
rieurement étudiées,  d'une  belle  ordonnance  et 
d'un  grand  caractère;  mais  la  recherche  du  style 
et  la  prétention  à  l'austérité  sont  souvent  pous- 
sées jusqu'à  la  froideur  ;  lé  dessin  est  d'une 
grande  pureté ,  mais  un  peu  uniforme.  Ses  figu- 
res sont  d'une  expression  contenue,  mais  élevée; 
on  voudrait  seulement  plus  de  mouvement,  d 'élan, 
de  verve ,  et  plus  de  vivacité  dans  le  coloris.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Thésée  reconnu  dans 
zm  festin  par  son  père ,  sujet  du  grand  prix  ; 

—  Euripide  écrivant  ses  tragédies;  —  Le 
Dante,  conduit  par  Virgile,  offrant  des  conso- 
lations aux  âmes  des  envieux  (salon  de  1836); 

—  Jeune  Berger  (1836);  —  Saint  Clair  gué- 
rissant des  aveugles  (1837);  —  Jésus-Christ 
et  les  petits  enfants  (1839);  —  portraits 
(1840  et  1841);  —  Saint  Louis  dictant  ses  Éta- 
blissements (1842)  :  grande  composition  exécu- 
tée pour  la  Chambre  des  Pairs  ;  —  portrait  de 
M.  le  comte  d'A.  (1843);  —  Mater  dolorosa 
(1845);  —  portraits  (1845-1846);  —  Napoléon 
législateur  (1847),  commandé  pour  la  salle  du 
comité  de  l'intérieur  au  Conseil  d'État  ;  —  jior- 
traits,  étude  de  femme  (1848);  —  portraits 
(1850),  etc.  M.  H.  Flandrin  a  en  outre  cxécnté 
bon  nombre  de  grandes  peintures  monumentales  ; 
on  lui  doit  la  chapelle  Saint-Jean ,  dans  l'église 
Saint-Severin,  terminée  en  1840;  en  1»41,  il  fit 


851 


FLANDRIN  —  FLATMAN 


852 


pour  M.  le  duc  de  Luynes  trente-six  figures  dé- 
coratives, au  château  de  Dampierre;  en  1843,  la 
ville  de  Dreux  a  acquis  de  cet  artiste  pour  sujet 
de  vitrail  un  Saint  Louis  prenant  la  croix  pour 
la  deuxième  fois.  Il  a  encore  peint  à  l'encaus- 
tique, pour  le  chœur  de  l'église  Saint-Germain- 
des-Prés,  YEntrée  de  Jésus-Christ  à  Jérusa- 
lem, et  la  Marche  du  Christ  au  supplice ,  puis 
différentes  figures.  11  exécute  en  ce  moment  des 
peintures  murales  dans  les  travées  de  la  nef  de 
la  même  église.  On  lui  doit  aussi  la  frise  de  l'en- 
tablement de  la  nef  de  Saint- Vincent  de  Paul ,  où 
il  a  représenté  des  groupes  de  saints  et  de  saintes 
marchant  vers  le  Christ.  C'est  un  des  chefs-d'œu- 
vre de  la  peinture  contemporaine.  M.  H.  Flandrin 
a  obtenu  la  deuxième  médaille  d'or  en  1836;  la  pre- 
mière en  1838;  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'Honneur  en  J841 ,  et  officier  le  12  août  1853,  il 
fut  appelé  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  trois  jours 
après",  à  la  place  de  M.  Blondel.  A  l'exposition  de 
1855  il  a  obtenu  une  médaille  de  première  classe. 

L.  LOUVET. 

Dlct.  de  la  Conversation.  —  Documents  particuliers. 

^  FLANDRIN  {Jean-Paul) ,  peintre  français, 
né  à  Lyon,  en  1811,  reçut,  comme  son  frère  Hip- 
polyte ,  les  leçons  de  MM.  Legendre,  Magnin  et 
Revoil  à  Lyon,  et  de  M.  Ingres  à  Paris.  En  1834 
il  partit  pour  Rome,  où  était  déjà  son  frère,  il  y 
peignit  d'après  nature  le  paysage,  en  même  temps 
qu'il  dessinait  la  figure ,  tantôt  d'après  les  maî- 
tres ,  tantôt  d'après  les  modèles.  M.  Ingres  le 
chai'gea  de  faire  trois  copies  des  Loges  de  Ra- 
phaël pour  la  collection  des  frère^  Balze.  En 
1838  il  revint  en  France  avec  ses  frères,  et  ac- 
compagna M.  Hippolyte  Flandrin  à  Paris.  Il  eût 
sans  doute  suivi  la  même  voie  que  ce  dernier 
sans  les  conseils  de  M.  Ingres ,  qui  engagea  les 
deux  frères  à  ne  point  courir  les  chances  d'une 
rivalité  dangereuse.  Dès  lors  M.  Paul  Flandrin 
s'adonna  au  paysage  historique  :  tous  deux  traitè- 
rent également  avec  succès  le  portrait.  Les  pay- 
sages de  M.  Flandrin  sont  des  œuvres  d'un  haut 
mérite,  d'une  conception  poétique  et  d'un  art  sé- 
vère. Les  lignes  variées  des  montagnes ,  le  feuil- 
lage divers  des  arbres  et  les  mouvements  de  ter- 
rain sont  accusés  avec  goût  et  finesse.  Il  y  a  tou- 
jours dans  ses  toiles  un  choix  de  sites,  un  ar- 
rangement d'arbres,  une  disposition  de  lignes, 
une  beauté  de  formes  qui  indiquent  le  maître.  On 
leur  reproche  seulement  un  peu  de  froideur,  une 
touche  trop  mince,  un  aspect  souvent  trop  sombre. 

M.  Paul  Flandrin  a  successivement  exposé  : 
Les  Adieux  d'un  proscrit  à  sa  famille  (1839)  ; 
—  Une  Nymphée  (1839)  ;  —  Campagne  de 
Borne  (1839);  —  Les  Pénitents  de  la  Mort 
dans  la  campagne  de  Rome  (1840);  —  Vue 
prise  à  l'île  Barbe.,  aux  environs  de  Lyon 
(1840); —  Saint  Jérôme;  Une  Vfl^Zée  ;  paysage  ; 
portrait  (1841);  —  Bords  du  Tibre  appelés 
à  Rome  la  Promenade  du  Poussin  ;  paysage  ; 
portraits  (1843);  —  Paysage;  Tivoli;  une  Fon- 
taine; Bords  du  Rhône;  Crépuscule ;j)0Ttr3i\is 


(1844);   —  Campagne  de   Rome;  Bords  du 
Tibre;  les  Rochers  ;  paysages  ;  portraits  (1845);  | 

—  Un  Ruisseau;  Bords  du  Rhône  aux  envi-  ; 
rons  d'Avignon;  portrait  (1846);  —  Lutte  de 
bergers  ;  La  Paix;  La  Violence;  Lionne  en 
chasse  (1847);  —  Paysages,  portraits   (1848); 

—  Dans  la  montagne;  Dans  les  bois;  Bords 
du  Gardon;  Chemin  creux;  Le  Berger;  Por- 
trait (1850); —  Paysages  ;  Montagnes  de  la  Sa- 
bine (1852);  —  Environs  de  Vienne (Dhaphiné); 
La  Rêverie;  Lafoux  (Gard)  (1853).  En  1855 
il  apporta  à  l'exposition  universelle  :  Monta- 
gnes de  la  Sabine;  une  Nymphée;  Gorges  de 
l'Atlas  ;  La  Lutte;  Bords  du  Gardon  ;  Solitude  ;  ' 
Paysages  ;  T^es  Tireurs  d''arc  ;  Vallée  de  Mont- 
morency ;  Le  Verger.  M.  Paul  Flandrin  a  peint 
pour  M.  le  duc  de  Luynes,  au  château  de  Dam- 
pierre, deux  tableaux  sur  mur,  dans  la  grande 
galerie;  il  y  a  là  aussi  de  lui  une  Vue  des  Alpes. 
Il  a  terminé  en  1847  la  peinture  de  la  chapelle 
du  baptistère  de  Saint-Severin  ,  et  il  est  un  de 
ceux  dont  les  Vues  des  environs  de  Paris 
ornent  la  galerie  de  pierre  de  l'hôtel  de  ville. 
En  1839  et  en  1848,  il  a  obtenu  la  médaille  de 
deuxième  classe,  celle  de  première  classe  en 
1847,  L.  LocvET. 

Dictionnaire  de  la  Conversation.  —  Documents  par- 
ticuliers. 

FLANGiNi  (  Comte  Louis),  littérateur  et  prélat 
italien,  né  à  Venise,  le  26  juillet  1733,  mort  dans 
la  même  ville,  le  29  février  1804.  Dès  sa  jeunesse 
il  se  distingua  par  ses  connaissances  philolo- 
giques. Il  occupa  successivement  quelques-unes 
des  principales  magistratures  de  la  république. 
Clément  XIV  l'appela  à  Rome  en  177C,  et  le 
nomma  auditeur  de  rote  ;  Pie  VI  l'éleva  au  car- 
dinalat le  30  août  1789.  En  1801  rem{)ereur 
d'Allemagne,  que  le  traité  de  Campo-Formio 
avait  mis  en  possession  de  Venise ,  nomma  Flan- 
gini  patriarche  de  cette  ville,  et  lui  conféra  le 
titre  de  comte  du  Saint-Empire.  On  a  de  lui  : 
Annotazioni  alla  corona  poetica  di  Ouerino 
Telpasinio,  in  Iode  délia  Republica  di  Vene- 
zia ,  sous  le  nom  d'Agamiro  Pelopideo  ;  Ve- 
nise, 1750;  —  Rime  di  Bernardo  Capello, 
con  annotazioni;  Bergame,  1750,  2  vol.;  — 
Orazione  per  l'esultamento  del  doga  Mario 
Foscarini  ;  Yenise,  1762;  —  Lettera  jmtriar- 
cale;  Venise,  1802 ;  —  Argonautica  di  Apol- 
lonio  Rodio,  traductii^n  en  vers  avec  des  notes; 
Rome,  1791-1794,  2  vol.  1^4°;  —  Apologia  di 
Socrate,  traduite  du  grec  de  Platon,  insérée 
dans  le  Corso  di  Letteratura  Greca  ;  Florence, 
1806. 
Tipaido,  Biografta  degli  Italiani  illustri,  t.  VU. 
FLASSAW  (  Gaétan,  comte  de  ).  Voyez 
Raxis. 

FLASSANS.  Voy.  Târaudet. 

FLATMAN  (Thomas) ,  poëte  et  peintre  an- 
glais, né  à  Londres,  vers  1633,  mort  en  1688. 
Élevé  d'abord  à  l'école  de  Winchester,  il  passa 
ensuite  au  New-CoUege  d'Oxford  ,  puis  il  entra 


853 


FLATMAN  — 


dans  la  carrière  cUi  barreau ,  qu'il  abandonna 
plus  tard  pour  la  poésie  et  la  peinture.  Il  fit 
surtout  (le  la  miniature.  Quant  à  ses  poëmes,  il 
en  donna  lui-même  une  troisième  édition  en  1682, 
avec  son  portrait.placé  en  tête.  On  a  en  outre  de 
lui  :  Don  Juan  Lamherto,  or  a  comical  htstorij 
of  the  Late  times ,  1661,  publié  à  cause  du  ca- 
ractère satirique  de  l'œuvre  sous  le  pseudonyme 
de  Montelion;  —  Pindarics  Ods;  1685. 

V^ooi,  Mh.  Oxon.  —  Nichols, /'oems.  —  Walpole, 
Anecdotes. 

*  FLATTERS  (***),  sculpteur  allemand,  né 
en  1784,  à  Crevelt  (province  de  Cleves-Berg). 
Soii  père,  fabricant  de  meubles,  et  architecte, 
le  destinait  à  la  double  profession  qu'il  exerçait. 
Le  jeune  homme ,  envoyé  à  Paris,  ne  se  montra 
pas  doué  de  dispositions  heureuses  pour  un  tra- 
vail tout  mécanique.  Enfin,  on  le  conduisit  chez 
le  célèbre  sculpteur  Houdon ,  qui  lui  donna  à 
copier  une  figure  en  bas-relief,  et  le  prit  comme 
élève.  Malgré  ses  brillantes  dispositions  et  de 
bonnes  études,  Flatters,  qui  était  dépourvu  de 
moyens  d'existence ,  dut  faire  preuve  d'une  rare 
persévérance  pour  se  tirer  de  l'obscurité.  Des 
médailles  décernées  par  l'Académie  des  Beanx- 
Arts  furent  les  premiers  encouragements  qu'il 
reçut.  En  1813  il  remporta  le  deuxième  grand 
prix  de  sculpture.  Peu  de  temps  après ,  il  en- 
dossa l'uniforme,  et  fit  la  campagne  de  France. 
L'année  1815  le  rendit  aux  arts.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :    une   statue  d'Hébé;  un  bas- 

elief  de  La  Fausse  Gloire  (  maintenant  en  Al- 
lemagne) ;  les  bustes  de  Louis  XVI fl,  Grétry, 
Talma,  Haydn,  Foy,  Gœthe,  Byron,  etc. 
On  a  remarqué  de  lui  aux  expositions  du  Salon  : 
un  Chasseur  au  repos  ;  Ganymède;  la  statue 
de  Delille  pour  la  ville  de  Clermont-Ferrand  ; 
Le  Sommeil ,  en  bronze  ;  une  Baigneuse  ;  un 
Amour ,  en  îjronze,  aujourd'hui  en  Russie;  une 
statue  représentant  Xe  Rêve,  envoyée  à  Londres, 
et  qui  passe  pour  une  de  ses  plus  remarquables 
productions  ;  Érigone;  le  Satan  de  Milton  ;  Héro 
attendant  Léandre ,  etc. 

JAvrets  dès  Salons.  -  Le  Bas,  DM.  enc.  de  la  France. 
—  Nagler,  Nencs  AlUj.  KUnstl.-Lex. 

FLAUGERGUES  (Honové),  astronomc  fran- 
çais, né  le  16  mai  1755,  à  Viviers  (Vivarais), 
mort  dans  la  même  ville,  en  1835.  Élevé  par  son 
père,  il  montra  dès  l'enfance  une  aptitude  remar- 
quable pour  les  sciences  naturelles  et  mathémati- 
ques, et  particulièrement  pour  l'astronomie.  En 
1779  il  obtint  une  mention  honorable  à  Paris  pour 
son  mémoire  Swr  la  théorie  des  Machines  sim- 
ples. Ses  mémoires  sur  la  Réfrangibilité  des 
rayons  ;  Sur  la  figure  de  la  Terre;  Sur  l'arc-en- 
ciel  ;  Sur  les  trombes,  furent  couronnés  à  Lyon,  à 
Montpellier,  à  Toulouse.  11  fut  nommé  en  1796 
"associé  de  l'Institut,  et  en  1797  directeur  de 
l'observatoire  de  Toulon.  11  n'accepta  pas  cette 
place,  et  préféra  rester  dans  sa  petit(;  ville.  En 
1815  il  obtint  à  l'Académie  de  Nîmes  le  prix  sur 
ia  question  suivante  :  Soumettre  à  une  discus- 
sion soigneuse  toutes  les  diverses  hypothèses 


FLAUGERGUES  854 

imaginées  jusque  ici  pour  expliquer  l'appa- 
rence connue  sous  le  nom  de  queue ,  chevelure 
ou  barbe  des  comètes.  Ces  succès  académiques 
ne  décidèrent  point  Flaugergues  à  quitter  Viviers, 
et  il  n'accepta  d'autre  place  que  celle  de  juge  de 
paix  dans  sa  ville  natale.  On  a  de  lui ,  dans  le 
l^'vol.  de  l'ancien  Recueil  de  rins(iMt{  section 
des  Sciences  mathématiques  et  physiques) ,  un 
Mémoire  sur  le  lieu  du  nœud  de  Panneau  de 
Saturne  en  1790;—  des  Observations  astro- 
nomiques faites  à  Viviers  en  1798. 

Rabbe,  Boisjolin,  etc.,  Biog.  univ.  et  port,  dos  Con- 
temporains. —  Quérard,  La  France  littéraire. 

FLAUGERGCES  (Pierre- François) ,  homme 
politique  français,  né  à  Rodez,  en  1759,  mort  à 
Brie  en  1836.  Il  exerçait  dans  sa  patrie  la  pro- 
fession d'avocat  lorsque  éclata  la  révolution;  il 
en  adopta  les  principes,  et  fut  élu,  en  1792,  pré- 
sident de  l'administration  du  département  de 
l'Aveyron.  Il  fut  dénoncé  à  la  tribune  par  Chabot, 
le  12  juillet  1793,  pour  son  attachement  aux  gi- 
rondins, et  accusé  par  ce  représentant  d'avoir 
fait  incarcérer  des  patriotes  partisans  de  la  nou- 
velle constitution.  La  Convention  le  traduisit  à  sa 
barre  ;  mais,  sur  la  rétractation  de  l'accusateur, 
elle  révoqua  son  décret  le  22  du  môme  mois. 
Néanmoins  Flaugergues  crut  prudent  de  donner 
sa  démission  ;  il  se  tint  à  l'écart  durant  la  terreur, 
et  ne  rentra  au  barreau  qu'après  le  9  thermidor. 
En  1795  il  fut  élu  haut-juré  national,  et,  pour  la 
seconde  fois,  administrateur  de  l'Aveyron,  fonc- 
tions qu'il  exerça  jusqu'au  18  fructidor.  Le  pre- 
mier consul  le  nomma  sous-préfet  à  Villefranche  ; 
mais,  par  suite  d'une  trop  longue  absence ,  il  fut 
destitué,  vers  la  fin  de  1810.  En  1811,  plusieurs 
collèges  électoraux  le  présentèrent  comme  can- 
didat au  corps  législatif,  et  le  sénat  le  choisit  pour 
représenter  l'Aveyron,  le  6  janvier  1813.  Le  22  dé- 
cembre suivant,  ses  collègues  l'élurent  membre 
de  la  commission  extraordinaire  chargée  de  l'exa- 
men des  pièces  originales  concernant  les  négo- 
ciations entamées  entre  Napoléon  et  les  puis- 
sances coalisées  contre  la  France.  Flaugergues  se 
déclara  pour  la  paix,  et  exerça  beaucoup  d'in- 
fluence sur  ses  collègues,  qui  se  prononcèrent  en 
ce  sens;  mais  le  rapport  qu'ils  présentèrent  à 
l'assemblée  fut  supprimé  dans  la  nuit  par  ordre 
supérieur  (1).  Le  30  décembre  Flaugergues  fut 
chargé,  avec  Laine  etRaynouard,  de  rédiger  une 
adresse  à  l'empereur.  Elle  fut  conçue  en  termes 
énergiques  ;  c'était  la  première  fois  que  le  mo- 
narque éprouvait  quelque  opposition  de  la  part 
d'une  assemblée  qui  jusque  alors  s'était  distinguée 
par  une  sei-vilité  muette  ou  approbatrice.  Il  pro- 
nonça la  dissolution  du  corps  législatif.  «  Le  soir 

(1)  Dans  ia  séance  du  22  décembre,  le  duc  de  Massa, 
ancien  f,'rand-juge,  el  que  l'empereur  avait  nonjniê  pré- 
sident du  corps  législatif,  (|UOiqu"il  n'en  fît  point  partie, 
reprocha  à  Flaugergues  de;  faire  des  motions  incons- 
titutionnelles. «  .le  ne  connais  rien  ici  de  plus  inconsti- 
tulionucl  que  vous-même,  repartit  Flaugergues,  vous 
(|ui,  au  mépris  do  nus  lois,  venez  présider  les  représen- 
tants du  peuple,  quand  vous  n'avez  pas  môrac  le  droit 
de  siéger  à  leur  côté.  » 


855 


FLAUGERGUES 


856 


même ,  rapporte  Le  Bas ,  Fiaugergues  proposa 
aux  députés  présents  à  Paris  de  provoquer  la 
déchéance  de  l'empereur  et  de  proclamer  les 
Courbons ,  à  charge  par  eux  de  régner  suivant 
le  gouvernement  représentatif.  11  fut  député  au 
sénat  pour  lui  faire  part  de  cette  résolution.  » 
Cette  démarche  n'aboutit  pas;  mais  dans  la 
séance  du  3  avril  1814  il  fut  un  des  premiers  à 
voter  pour  cette  déchéance ,  comme  il  signa  avec 
un  égal  empressement  le  7  la  lettre  d'adhésion 
à  l'acte  constitutionnel  proposé  par  le  sénat  et 
le  gouvernement  provisoire. 

Le  corps  législatif,  que  la  Charte  avait  con- 
verti en  chambre  des  députés ,  ayant  été  con- 
voqué par  le  roi  Louis  XVIII  pour  le  mois  de  juin 
suivant,  Fiaugergues  y  fut  proposé  comme  can- 
didat à  la  présidence.  Le  5  août  il  parla  en  fa- 
veur de  la  liberté  de  la  presse,  solennellement 
garantie,  mais  déjà  attaquée.  Le  2  septembre 
il  combattit  plusieurs  dispositions  financières  du 
nouveau  budget,  fit  ressortir  le  vice  de  la  eu- 
mulation  des  exercices ,  se  plaignit  de  la  non- 
lixation  des  pensions,  s'éleva  véhémentement 
contre  la  création  des  bons  royaux ,  prédit  les 
maux  résultant  de  l'agiotage,  et  le  premier  pro- 
posa d'établir  le  système  de  crédit  public  auquel 
on  recourut  depuis,  et  d'appliquer  à  l'amortis- 
sement le  produit  du  domaine  extraordinaire.  Le 
22  du  même  mois  il  parla  en  faveur  des  habitants 
des  départements  ci-devant  réunis  à  la  France, 
et  qui  désiraient  se  fixer  dans  ce  pays  ;  il  s'étonna 
qu'on  voulût  leur  ravir  les  droits  de  citoyen  qu'ils 
avaient  la  plupart  chèrement  acquis.  Le  29  no- 
vembre il  se  prononça  en  faveur  de  l'impôt  sur 
les  tabacs  et  de  son  mode  de  perception.  «  Si 
odieux  que  soit  en  lui-même  le  monopole,  dit-il, 
et  si  dangereux  qu'il  puisse  être  entre  les  mains 
d'un  gouvernement,  il  est  encore  préférable  au 
régime  des  fabricants  ;  celui-ci  soumet  à  leur  in- 
fluence tyrannique  la  culture  et  la  consommation. 
D'ordinaire  ils  font  naître  la  fraude  et  la  pro- 
tègent eux-mêmes.  »  Les  17  et  26  décembre 
il  s'opposa  avec  force  à  l'extension  des  pou- 
voirs du  chancelier  de  France  et  à  la  restriction  de 
ceux  de  la  cour  de  cassation.  Les  ministres  pré- 
tendaient réduire  cette  magistrature  au  rôle  <ie 
l'ancien  conseil  des  parties.  Fiaugergues  s'écria: 
«  Si  l'on  voulait  resti-eindre  les  prérogatives 
royales ,  je  croirais  prouver  mon  patiiotisme  en 
m'y  opposant  avec  chaleur;  mais  lorsque  l'on 
veut  les  étendre ,  je  crois  prouver  mon  dévoue- 
ment au  trône  en  m'y  opposant  avec  la  même 
force.  C'est  en  résistant  aux  empiétements  des 
différents  pouvoirs  qu'on  leur  rend  d'éminents 
services.  Le  véritable  homme  d'État  est  celui 
qui  ne  perd  jamais  de  vue  l'inévitable  loi  de  la 
réaction.  «  Ces  sages  paroles  entraînèrent  la  ma- 
jorité, qui  lepoussa  cette  tentative  contre  l'indé- 
pendance de  la  magistrature  suprême.  Lorsque  la 
chambre  fut  convoquée  à  la  nouvelle  du  débarque- 
ment de  Napoléon, Fiaugergues  fut  un  des  premiers 
à  son  poste,  et  ne  l'abandonna  pas.  Il  fut  réélu 


membre  de  la  chambre  de  1815,  et  le  7  juin  il  en 
obtint  la  vice-présidence.  Sa  conduite  dans  cette 
assemblée  fut  patriotique,  et  souvent  il  déve- 
loppa des  talents  oratoires.  Le  21  juin  il  rap- 
pela le  calme  au  •  sein  de  l'assemblée ,  émue 
des  nouvelles  fâcheuses  qui  surgissaient  de  toutes 
parts  :  «  Lorsque  Ânnibal ,  dit-il ,  eut  vaincu  à 
Cannes,  le  tumulte  était  dans  Rome,  mais  la 
tranquillité  dans  le  sénat.  «  Le  même  jour  il  fut 
nommé  membre  de  la  commission  chargée  de 
délibérer  sur  les  moyens  de  salut  public ,  et  le 
lendemain  il  proposa  que  la  guerre  fût  déclarée 
nationale ,  et  que  tous  les  Français  fussent  ap- 
pelés à  la  défense  commune.  Le  24  juin  il  fut 
chargé,  avec  Andréossy,  Boissy  d'Anglas ,  de  La 
Besnardière  et  de  Valence,  de  négocier  un  armis- 
tice avec  les  généraux  ennemis.  Dans  l'entrevue 
avec  le  duc  de  Wellington ,  il  s'opposa  fortement 
à  la  condition,  imposée  par  le  général  anglais, 
de  faire  dépendre  toute  négociation  ultérieure 
du  rétablissement  immédiat  de  Louis  XVin. 
Fiaugergues  demandait  que  la  France  fût  laissée 
libre  de  se  choisir  un  gouvernement  et  que  le» 
troupes  coalisées  n'entrassent  pas  dans  Paris. 
11  eut  même  plusieurs  entrevues  avec  le  comte 
de  Semallé ,  agent  du  comte  d'Artois ,  dans  le 
but  d'engager  ce  prince  à  solliciter  lui-même 
l'armistice,  mais  il  n'obtint  rien  de  ce  côté. 

Après  la  seconde  restauration  accomplie, 
Louis  XVIII  nomma  Fiaugergues  président  du 
collège  de  l'Aveyron,  qui  l'élut  pour  député. 
Soit  défaut  de  cens ,  soit  maladie  ou  toute  autre 
cause,  il  ne  parut  pas  à  la  chambre,  ne  fut  pas 
réélu  en  1816,  et  se  borna  jusqu'en  1820  à  faire 
paraître  quelques  brochures  politiques.  A  cette 
époque ,  il  tïït  nommé  maître  des  requêtes ,  mais 
il  sortit  du  conseil  d'État  en  1823,  et  termina  ses 
ijours  dans  la  retraite.  On  a  de  lui  :  De  la  Re- 
•présentation  nationale,  et  Principes  sur  la 
matière  des  élections  ;  Paris,  1820,  in-8";  — 
Application  à  la  crise  du  moment  des  prin- 
cipes exposés  dans  la  brochure  intitulée  :  De 
la  Représentation  nationale  ;  ibid.  H.  Lesueuk. 
Moniteur  universel,  an  I»',  n°  206  ;  an  VIII,  n^'  830;  ann. 

1813,  p.  29,  1427;  ann.  1815,  p.  696,  1262,-  1453  ;  ann.  1815, 
p.  293,  653,  710,  718,  719,  737,  715,  1045  ;  ann.  1816,  p.  1195; 

ann.  1820,  p.  143.  —  Biographie  nouvelle  des  Contempo- 
rains. —  Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la 
France.  —  Rabbe,  de  Boisjoliu  et  Sainte-Preuve,  Biog 
universelle  et  port,  des  Contemporains. 

FLACGERGïJES  (  Pierrc-Paul  ],  iphysiciea 
et  mathématicien  français,  né  à  Villefranche,  le 
28  avril  1810,  mort  à  Toulon,  en  décembre  1844. 
Il  fût  successivement  professeur  de  mathéma- 
tiques et  de  physique  au  collège  de  Châlous ,  au 
collège  et  à  l'école  normale  de  Troyes,  au  col- 
lège de  Chaumont ,  enfin  professeur  de  sciences 
appliquées  à  l'école  normale  de  Toulon.  Outre* 
diverses  observations  scientifiques,  on  a  de  lui  : 
Cours  de  Physique  expérimentale;  Troyes, 
1834;  —  Traité  sur  les  Machines  électro- 
dynamiques ;  iMQ  ;  —  Principes  etjormules 
sur  les  Machines  à  vapeur;  1843  ;  —  Consi- 


857 


FLAUGERGUES  —  FLAVIAWUS 


858 


dérations    sur    V instruction   publique   en 
France,  et  en  particulier  sur  V  institution  des 
maîtres  d'étude;  1844. 
rouandre  et  Bonrquelot ,  La  Littérature  contemp. 
FLAVACOURT.  Voy.  Mailly. 

*  FLAVEL  (Jo^n),  théologien  anglais,  né  dans 
le  comté  de  Worcester,  en  1627, mort  en  1 691.  Il 
était  ministre  non  conformiste  à  Darthmouth,  et 
composa  divers  ouvrages  de  piété ,  auxquels  il 
donnait,  selon  l'usagedu  temps,  des  titres  bizarres 
et  qui  sont  fort  oubliés  aujourd'hui.  Yoiciles  titres 
de  quelques-uns  d'entre  eux  :  Husbandry  spiri- 
tualized  ;  Londres,  1669  ;  —  A  saint  Indeed  on 
the  great  work  ofa  Christian;  1673 ;  —  Ato- 
kenformournen;i&lh.  G.  B. 

FLAVIA  BOMITILLA.  Voy.  DOMITILLA. 
.     FLAVJA  TITIANA.   Yoy.  TiTIANA. 

*  FLAVIANCS.  Ce  nom,  comparativement  rare 
dans  la  première  période  de  l'empire  romain, 
devint  beaucoup  plus  commun  dans  la  seconde , 
après  l'accession  au  trône  de  la  maison  Fla- 
vienne  (Flavia),  dans  la  personne  de  Constance 
Chlore ,  père  de  Constantin  le  Grand  ,  et  après 
l'adoption  du  nom  de  Flavius  par  les  dynasties 
successives  qui  occupèrent  le  trône  byzantin. 
Godefroy,  dans  son  édition  du  Codex  Theodo- 
sianus,  énumère  un  grand  nombre  de  Flavianus 
entre  le  règne  de  Constantin  le  Grand  et  celui 
de  Valentinien  UI.  Les  principaux  personnages 
du  nom  de  Flavianus  sont  : 

*  FLAVIANUS  (  T.  Ampius),  légat  consulaire 
et  gouverneur  de  la  Pannonie  pendant  les  guerres 
civiles  qui  suivirent  la  mort  de  Galba  en  69  de 
l'ère  chrétienne.  Vieux  et  infirme ,  il  aurait  voulu 
ne  pas  prendre  part  dans  le  débat.  Quand  les 
légions  de  sa  province  (  légions  galbiennes ,  la 
treizième  et  la  dix-septième)  embrassèrent  le 
parti  de  Vcspasien,  il  s'enfuit  en  Italie.  Cependant, 
il  revint  bientôt  en  Pannonie,  et  se  déclara  pour 
Vespasien,  à  l'instigation  du  procurateur  de  la 
province,  Cornélius  Fuscus ,  très-désireux  d'as- 
surer à  l'insurrection  l'influence  que  donnait  à 
Flavianus  son  rang  élevé.  Cependant  ses  pre- 
mières hésitations  et  sa  parenté  avec  Vitellius 
empêchèrent  les  soldats  d'avoir  confiance  en  lui; 
ils  soupçonnèrent  même  que  son  retour  avait 
pour  objet  quelque  trahison.  Flavianus  paraît 
avoir  accompagné  les  légions  de  Pannonie  dans 
leur  marche  en  Italie.  Pendant  le  siège  ou  le 
blocus  de  Vérone,  une  fausse  alarme  excita  de 
nouveau  les  soupçons  des  soldats ,  et  ils  deman- 
dèrent la  mort  de  Flavianus.  Ses  supplications 
pour  obtenir  la  vie  leur  parurent  un  aveu  de 
trahison.  11  ne  fut  sauvé  que  par  l'intervention 
d'Antimus  Primus,  le  général  le  plus  influent  des 
troupes  de  Vespasien.  On  fit  partir  Flavianus 
dans  la  nuit  même  ;  il  trouva  en  chemin  des  let- 
tres qui  le  rassurèrent  complètement. 

i,  Tacite,  Hist.,  II,  86;  III,  4,  10. 

*  FLAVIANUS,  vicaire  d'Afrique  sous  Gratien, 
en  377.  Il  fut  un  des  trois  commissaires  chargés 
de  faire  une  enquête  sur  la  mauvaise  conduite 


du  comte  Romanus  et  de  ses  complices.  Ammien 
Marcellin  dit  qu'il  était  d'une  grande  droiture 
dans  les  affaires.  C'est  probablement  le  même 
que  saint  Augustin  mentionne  comme  un  adhé- 
rent de  la  secte  des  donatistes.  Ceux-ci  pour- 
tant l'excommunièrent,  parce  que  dans  l'exer- 
cice de  ses  fonctions  il  avait  puni  de  mort  cer- 
tains criminels.  L'inscription  suivante  d'une  statue 
trouvée  à  Rome  :  Virius  Nicomachus,  consu- 
laris  Siciliœ,  vicarius  Africss,  quœstor  intra 
palatium,  prsef.,  prœtor  iterum  et  cos.,  est 
rapportée  par  Godefroy  àceFlavianus  ;  elle  appar- 
tient plutôt  au  suivant.  Godefroy  identifie  aussi 
Flavianus  avec  le  correspondant  d'Himerius, 
mais  la  mention  d'administrateur  d'Afrique 
peut  s'appliquer-aussi  justement  au  précédent  ;  le 
titre  d'àvèûTcatoç  lui  convient  môme  beaucoup 
mieux. 

Ammien  Ittarcellin ,  XXVIII,  6.  —  Saint  Aagiistin , 
ad  Emeritum,  Epist.  I6i.  —  Godefroy,  Prosop.  Cod. 
Theod. 

*  FLAVIANUS,  un  des  préfets  du  prétoire 
sous  Alexandre  Sévère ,  mort  vers  227  de  l'ère 
chrétienne.  A  l'avènement  d'Alexandre,  en  222, 
il  fut  élevé  à  la  préfecture  du  prétoire  avec 
Chrestus.  Tous  deux  étaient  des  militaires  et  des 
administrateurs  habiles.  La  nomination  d'UIpicn, 
en  apparence  comme  leur  collègue,  mais  en 
réalité  comme  leur  supérieur,  donna  lieu  à  un 
soulèvement  des  prétoriens  contre  le  nouveau 
préfet.  Flavianus  et  Chrestus,  soupçonnés  de  l'a- 
voir excité,  furent  mis  à  mort.  On  ignore  la 
date  de  leur  supplice,  mais  il  précéda  de  peu  de 
temps  le  meurtre  d'Ulpien  lui-même,  en  228. 

Dion  CassIus,  LXXX,  2.  —  Zozlme,  I,  11.  —  Zonaras, 
XII,  15. 

*  FLAVIANUS,  proconsul  d'Afrique  sous 
Constance  fils  de  Constantin  le  Grand,  de  357  à 
361.  C'est  probablement  à  ce  proconsul  que 
sont  adressés  quelques-uns  des  exercices  de 
rhétorique  d'Himerius. 

Godefroy,  Prosop.  Cod.  Theod.  —  HImerlus,  ap.  Phot., 
Biblioth.  Cod.,  16S,  243,  pp.  108,  376,  éd.  Ilekker.  — 
Fabricius,  Biblioth.  Grœca,  \oi.  VI. 

*  FLAVIANUS  ,  préfet  du  prétoire  d'Italie  et 
d'IUyrie ,  en  382.  Il  était  intime  ami  de  Q.  Aii- 
relius Symmaque.  Beaucoup  de  lettresdc  celui-ci 
(presque  toutes  celles  du  second  Hvre)  lui  sont 
adressées.  Symmaque  lui  donne  toujours  le  titre 
de  <r  frère  Flavianus  ».  On  interprète  générale- 
ment ces  mots  dans  le  sens  d'amitié  intime  et  non 
pas  de  parenté.  Godefroy  distingue  ce  Flavia- 
nus d'un  préfet  du  prétoire  en  391  et  392,  mais 
Tillemont  les  identifie  avec  raison.  Le  môme 
Tillemont  rapporte  aussi  à  ce  Flavianus  l'inscrip- 
tion citée  plus  haut  et  dans  laquelle  on  rappelle 
sa  seconde  préfecture  et  son  consulat.  Il  fut, 
comme  Symmaque ,  une  païen  zélé ,  et  un  dé- 
fenseur de  l'usurpateur  Eugène,  dont  il  obtint, 
d'accord  avec  le  Franc  Arbogaste,  la  restaura- 
tion de  l'autel  de  la  Victoire  à  Milan.  C'est  pro- 
bablement ce  même  Flavianus  qui,  d'après  Pau- 
lin de  Milan,  menaçait,  s'il  était  vainqueur  de 


859 


FLAVIANUS 


Théodose,  de  changer  l'élise  de  Milau  en  étable. 
Du  moins  le  nom  de  Fabianus,  qui  se  lit  dans  le 
texte  de  -Paulin,  paraît  être  une  corruption  de 
celui  de  Flavianus.  On  vantait  sa  sagacité  po- 
litique et  surtout  son  habileté  à  prévoir  l'avenir 
par  le  système  de  divination  païenne.  Il  avait 
annoncé  la  victoire  d'Eugène.  Lorsque  les  pre- 
miers succès  de  Théodose  prouvèrent  la  faus- 
seté de  sa  prédiction,  il  se  déclara  digne  de  mort, 
non  pas  comme  rebelle ,  mais  comme  faux  pro- 
pliète.  Eugène  l'avait  nommé  consul  en  394.  Son 
nom  ne  figure  pas  sur  les  fastes  consulaires. 
Tiilemont  pense  que,  chargé  de  défendre  les  pas- 
sages des  Alpes,  il  se  fit  tuer  pour  ne  pas  sur- 
vivre à  sa  défaite.  Cette  opinion  ne  repose  pas 
sur  des  autorités  suffisantes.  Godefroy  a  con- 
jecturé avec  plus  de  vraisemblance,  d'après  les 
lettres  de  Symmaque,  que  Flavianus  survécut  à  la 
guerre,  et  que  le  vainqueur,  épargnant  sa  vie,  se 
contenta  de  le  priver  de  sa  dignité  et  de  ses  biens. 

Symmaque,  Epist-  —  Sozomène,  Hist.  eccles..  Vil,  22.— 
RuDn, //ist.  eccles..  Il,  33.  —  Faulio  de  Milan,  f^ita  Am- 
brosii,  c.  26,  31,  dans  Gailand,  Bibliot/ieca  Patt-um,  vol. 
IX.  -  Godefroy,  Prosop.  Cocl.  Theod.  —  Tiilemont,  His- 
toire des  empereurs,  vol.  V. 

*  FLAVlANCS ,  proconsul  d'Asie ,  en  383 , 
probablement  fils  du  précédent.  II  figure  aussi 
parmi  les  correspondants  de  Symmaque ,  et  fut 
préfet  de  Rome  en  399.  Honorius  l'envoya  en 
Afrique  en  414,  pour  écouter  les  plaintes  des 
habitants  de  la  province  et  voir  jusqu'à  quel  point 
elles  étaient  fondées.  Une  inscription  du  recueil  de 
Gruter,  CLXX,  5,  parle  d'un  vir  inlustris  Fla- 
vianus,  fondateur  d'un  secrétariat  du  sénat, 
lequel  fut  détruit  par  le  feu  et  rétabli  du  temps 
d'Houorius  et  de  Théodose  II.  Cette  inscription 
doit  se  rapporter  à  ce  Flavianus  ou  à  son  père. 

Godefroy,  Prosop.  —  Tiilemont,  Histoire  des  Empe- 
reurs, vol.  V. 

*  FLAVIANUS,  jurisconsulte  romain,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  sixième  siècle  II 
était  avocat  du  fisc  sous  Justinien,  qui,  en  539 , 
le  nomma  un  des  juges  généraux  (xotvoi  iràvTwv 
ôixacTTaî  )  appelés  à  remplacer  les  juges  spé- 
ciaux, attachés  par  ime  constitution  de  Zenon 
à  chaque  tribunal.  Les  autres  juges  généraux 
nommés  en  même  temps  étaient  Anatole, 
Alexandre,  Etienne,  Menas,  Victor,  et  Théodore 
de  Cyzique.  On  institua  aussi  alors  des  juges 
supérieurs  ;  c'étaient  Platon ,  Phocas,  Marcellus 
et  un  autre  Victor.  Ils  furent  chargés  d'admi- 
nistrer Constantinople  sous  les  ordres  des  mi- 
nistres ou  archontes  (àpxovTsç  )  de  l'empereur. 
Les  attributions  et  émoluments  de  ces  fonction- 
naires sont  consignés  dans  la  Novelle  82. 

Smith  ,  Dict.  of  Greek  and  Roman  Biog. 
*FLAVIEN  (Saint),  évêqtie  d'Antioche,  né 
probablement  dans  cette  ville,  dans  la  première 
partie  du  quatrième  siècle  de  l'ère  chrétienne , 
mort  en  404.  Il  perdit  ses  parents  dans  sa  jeu- 
nesse. Riche ,  d'un  rang  élevé  et  libre  de  tout 
contrôle,  il  résista  courageusement  aux  tentations, 
et  se  livra  entièrement  à  l'étude  et  aux  exercices 


—  FLAVIEN  S(,0   ' 

de  piété.  Il  eut  de  bonne  heure  un  caractère  si 
calme  et  si  rassis,  que,  d'après  saint  Jean  Chry- 
sostome,  on  ne  put  jamais  l'appeler  un  jeune 
homme.  Lorsque  Eustathe,  évêque  d'Antioche , 
fut  déposé,  en  329  ou  330  ou  331,  par  le  parti 
arien,  Flavien  le  suivit,  dit-on,  en  exil.  Ce  fait 
est  douteux ,  tant  à  cause  du  silence  de  sain^ 
Chrysostome  que  parce  que  les  évêques  qui  suo: 
cédèrent  à  Eustathe,  quoiqueariens  ou  eusébiens^j 
ne  repoussèrent  pas  Flavien  de  la  communions 
de  leur  église  comme  ils  le  firent  pour  les  zélés 
partisans  d'Eustathe.  Flavien  n'en  était  pasi 
moins  un  courageux  défenseur  de  l'orthodoxie.; 
Lui  et  Diodore,  quoique  tous  deux  fussent  laï- 
ques, forcèrent  l'évêqueLéontiusà  priver  dudia-^ 
conat  Aétius,  qui  prêchait  des  doctrines  héré- 
tiques. L'épiscopat  de  Léontius  commença  eri 
348,  et  dura  environ  dix  ans.  On  ne  sait  pas  si 
Flavien  et  Diodore  étaient  diacres  avant  cette 
époque.  D'après  Philostorge,  Léontius  les  dé- 
posa à  cause  de  l'opposition  qu'ils  lui  faisaient 
Les  premiers  ils  introduisirent  l'usage  du  chan 
alterné  dans  les  psaumes.  Cette  division  dj 
chœur  devint  ensuite  universelle  dans  l'Église 
Flavien  fut  ordonné  prêtre  par  Mélétiiis,  él< 
évêque  d'Antioche  en  361.  Celui-ci  occupa  c< 
siège  jusqu'en  381,  avec  trois  intervalles  d'exil 
Sa  première  expulsion,  qui  suivit  de  près  soi 
élection ,  décida  Flavien  et  d'autres  fidèles 
quitter  la  communion  d'une  église  dirigée  pa 
l'arien  Euzoius.  L'église  que  formèrent  les  dissi 
dents  fut,  pendant  le  troisième  et  le  plus  lonj 
exil  de  Mélélius,  confiée  aux  soins  de  Flavien  e 
de  Diodore.  Flavien  ne  prêchait  pas  lui-même 
mais  il  fournissait  des  matériaux  pour  les  prédi 
cations  de  Diodore  et  d'autres  prêtres  ortho 
doxes.Lamort  deValens,  en  378,  amena  la  chut 
de  l'afianisrae  et  le  rétablissement  de  Mélétius 
Les  fidèles  rentrèrent  en  possession  de  leur 
églises  ;  mais  ils  étaient  divisés  entre  eux.  Le 
anciens  dissidents  du  temps  d'Eustathe  ne  cora 
muniaient  pas  avec  les  nouveaux  dissidents,  e 
leur  évêque  Paulinus  disputait  à  Mélétius  l 
siégé  épiscopal  d'Antioche.  Ce  différend  parta 
geait  toutes  les  églises  orthodoxes  de  l'empir 
romain.  Les  égUses  occidentales  et  égyptienne 
étaient  pour  Paulinus,  tandis  que  celles  d'Asie  e 
de  Grèce  reconnaissaient  Mélétius.  Pour  termi- 
ner le  schisme,  il  fut  convenu  par  serment  qui 
les  membres  du  clergé  d'Antioche  les  plus  apte 
à  succéder  à  celui  des  deux  évêques  qui  viea 
drait  à  mourir  déclineraient  cette  place  et  recon 
naîtraient  l'évêque  survivant.  Flavien  fut  un  dei 
prêtres  qui  prêtèrent  le  serment  ;  mais  comm< 
plusieurs  prêtres  eustathiens  le  refusèrent,  il  n( 
se  crut  pas  engagé.  Aussi,  à  la  mort  de  Mélétius 
en  381 ,  il  accepta  la  dignité  épiscopale,  à  la 
quelle  il  fut  porté  de  l'assentiment  de  toutes  lei 
églises  d'Asie.  Les  eustathiens  l'accusèrent  d< 
parjure,  et  le  schisme  parut  s'aggraver.  A  lî 
mort  de  Paulinus,  en  388  ou  339,  ils  élurent  Eva 
grius.  Ce  nouvel  évêque  mourut  bientôt  après. 


«G! 


FLAVIEN 


ses 


et  n'eut  pas  de  successeui-.  Le  schisme  ne  tarda 
pas  à  disparaître.  Flavien  se  concilia  Tliéophile, 
évêque  d'Alexandrie  ;  par  son  intervention  et 
celle  de  Chrysostome,  devenu  alors  évêque  de 
Constantinople  (  397-403  ) ,  il  se  fit  reconnaître 
de  l'Église  romaine  et  des  autres  Églises  d'Occi- 
dent. 

A  la  suite  de  la  grande  sédition  d'Antioche,  en 
387,  Flavien  fut  un  de  ceux  qui  intercédèrent 
auprès  de  l'empereur  Tliéodose  le  Grand  pour 
obtenir  le  pardon  des  habitants.  Il  partit  pour 
remplir  cette  mission,  malgré  les  infirmités  de 
l'âge ,  l'inclémence  de  la  saison ,  et  une  dange- 
reuse maladie  de  sa  sœur,  et  il  fit  tant  de  dili- 
gence qu'il  ari'iva  à  Constantinople  ayant  la 
nouvelle  officielle  de  la  révolte.  Les  écrivains 
ecclésiastiques  attribuent  le  pardon  des  habi- 
tants d'Antioche  à  l'intercession  de  Flavien; 
mais  Zosime,  dans  son  «ourt  récit  de  cet  événe- 
ment, ne  le  nomme  même  pas.  Flavien  fut  très- 
respecté  soit  pendant  sa  vie,  soit  après  sa  mort. 
!  Saint  Chrysostome,  son  élève  et  son  ami.  parle 
I  de  luiavecla  plus.liaute  admiration,  Théodore 
I  de  Mopsueste  était  aussi  son  élève.  Flavien 
mourut  peu  après  la  déposition  de  Chrysostome. 
Il  s'y  était  vivement  opposé,  mais-elle  fut  sanc- 
tionnée par  son  successeur  sur  le  siège  d'An- 
tiocîie.  11  nous  reste  de  ses  écrits  quelques  pas- 
sages appartenant  probablement  à  ses  sermons 
et  conservés  dans  les  Éranistes  de  Théodoret. 
Photius  mentionne  ses  Letlres  aux  évêques 
d'Osroène,  et  à  un  certain  évêque  arménien, 
touchant  le  rejet,  par  un  synode  que  présidait 
Flavien ,  d'un  hérétique  nommé  Adelphius,  qui 
désirait  se  réconcilier  avec  l'Église.  Le  même 
Photius  lui  attribue  une  confession  de  foi  et 
une  lettre  à  l'empereur  Théodose. 

Chrysostome,  Honiil.  cum  ordinatus  esset  presbyt., 
liomil.  111,  ad  l'op.  Jntioch.  —  Facundus,  De/,  trium 
cap.,  Il,  2.  —  Sociale,  Hist.  eccles. ,  V,  5,  10,  Ib.  — 
So/.oménc,  Hist.  eccl.,  vu,  11,15,  23;  VIII,  3,  24.  — 
Théodoret,  Hist.  eccl,  II,  24  ;  ÎV,  23  ;  V,  2,  9,  23  ;  Era- 
nist.  Dial.,  I,  II,  m  ;  Opéra,  vol.  IV,  p.  46,  66,  160, 
250,  231,  édit.  Schulzc,  Halle,  1769-1774.  —  Philostorge, 
Hist. eccles.,  III,  18.  —  Pliotius,  Uiljl.  cod.,  ,')2,  96,  p.  12, 
80,  81,  édit.  iîekker.  —  Fabricius,  Bibl.  Gnvca,  vol.  vm, 
p.  291;  X,  p.,  347,  693.  —  Cave,  Hist.  Ht. 

FLAVIEN,  évêque  de  Constantinople,  mort  en 
449.  Il  était  prêtre  et  gardien  des  vases  sacrés 
dans  la  grande  église^  lorsqu'il  fut  élu  évêque 
de  Constantinople,  en  446.  L'eunuque  Chrysa- 
phius ,  ami  et  défenseur  du  moine  Eutychès, 
avait  beaucoup  d'influence  à  la  cour;  il  s'efforça 
d'indisposer  l'empereur  Tbéodose  II  contrôle  nou- 
vel évêque.  Dioscore,  qui  venait  de  monter  sur 
le  siège  épiscopal  d'Alexandrie,  et  qui  poursui- 
vait les  partisans  de  son  prédécesseur  Cyrille, 
était  aussi  irrité  contre  Flavien,  qui  se  montrait 
favorable  aux  persécutés.  L'évoque  de  Cons- 
tantinople était  à  la  vérité  protégé  par  Pulché- 
rie,  sœur  de  l'euipereur,  mais  cette  protection 
était  plus  ([ue  contre-balancée  par  l'inimitié  de 
l'impératrice  Eudoxie.  Celle-ci,  influencée  par 
l'eunuque  Chrysapbius,  en  voulait  à    Flavien 


pour  avoir  fait  manquer  un  plan  qui  consistait 
à  écarter  pour  toujours  Pulchérie  du  pouvoir  et 
de  la  cour  en  l'ordonnant  diaconesse.  Malgré 
des  ennemis  aussi  redoutables ,  Flavien  ne  fit 
aucune  concession.  Il  assembla  un  synode  de 
quarante  évêques ,  déposa  Eutychès  de  sa  di- 
gnité d'archimandrite,  et  l'excommunia  comme 
hérétique.  Exaspérés  de  cet  acte,  les  ennemis  de 
Flavien  rassemblèrent  à  leur  tour  un  synode  à 
Constantinople,  et  mirent  Flavien  en  jugement 
sous  l'inculpation  d'avoir  falsifié  les  actes  du 
synode  qui  avait  condamné  Eutychès.  Flavien 
fut  acquitté,  et  ses  ennemis  persuadèrent  à  Théo- 
dose de  convoquer  un  concile  général  à  Éphèse. 
Ce  concile,  présidé  par  Dioscore,  a  reçu  des  his- 
toriens ecclésiastiques  le  nom  de  concile  de 
brigands  (t)  XyicrirpixTi).  Flavien  et  les  autres 
membres  du  synode  qui  avaient  condamné  Euty- 
chès assistèrent  au  concile  ,  mais  ils  ne  furent 
pas  admis  à  voter,  parce  que  leur  conduite  était 
mise  en  question.  Le  concile  rétablit  Eutychès, 
déposa  Flavien,  et  le  condamna  au  bannissement. 
On  fit  plus  encore.  Si  on  en  croit  Évagrius,  Dios- 
core donna  au  prélat  déposé  tant  de  coups  de 
pied  dans  l'estomac  que  ce  malheureux  mou- 
rut trois  jours  après.  Cette  détestable  violence 
hâta  probablement  la  réaction  qui  se  fit  dans 
l'esprit  de  l'empereur.  Pulchérie  reprit  son  an- 
cienne influence.  Par  son  ordre  le  corps  de  Fla- 
vien, transporté  à  Constantinople,  fut  enterré 
dans  l'église  des  Saints-Apôtres.  Le  pape  Léon 
le  Grand  honora  cet  évêque  comme  un  confes- 
seur, et  le  concile  de  Chalcédoine  le  canonisa 
comme  un  martyr.  Flavien  figure  aussi  sur  le 
martyrologe  de  l'Église  latine  et  sa  fête  se  célèbre 
le  18  février.  Coteler,  dans  ses  Monumenta 
Ecclesix  Grsecœ,  vol.  î,  p.  50,  a  donné  une 
lettre  de  Flavien  au  pape  Léon.  Sa  Confession 
de  foi,  présentée  à  l'empereur  Théodose,  a  été 
insérée  avec  les  Actes  du  Concile  de  Chalcé- 
doine, dans  les  Co;icJ/<ade  Labbe  ctdeMansi. 
Evagrius,  Hist.  eccles.,  1,  8  10.  —  Théophane,  Ckro- 
nog.,  p.  150-138,  édit.  de  Bonn.  —  M.jrcellin,  Chron. 
—  Victor  de  Tunes,  Chron.  —  Fabricius,  Bibl.  Grœca, 
vol.  IX  et  XII. 

FL.4.VIEN,  évêque  d'Antioche,  mort  vers  518. 
Suivant  Evagrius,  il  commença  par  être  moine 
de  Tilmognon,  en  Cœlé-Syrie.  Il  devint  ensuite 
prêtre  et  apocrisiaire  de  l'église  d'Antioche.  11 
fut  élevé  au  siège  épiscopal  de  cette  ville  par 
l'empereur  Anastase  F'',  à  la  mort  de  Palîadiiis, 
en  496,  497  ou  498.  Cette  dernière  date  est  la 
plus  probable.  L'Église  orientale  était  alors  di- 
visée par  les  controverses  <les  nestoriens  et  des 
eutychiens  et  par  la  dispute  sur  l'autorité  du 
concile  de  Chalcédoine.  Peut-être  Flavien  s'était- 
11  d'abord  montré  contraire  au  concile,'  et  dut-il  à 
cette  opinion  la  faveur  de  l'empereur,  birn  dis- 
posé pour  les  eutychiens;  mais  ces  sentiments, 
s'il  les  avait  jamais  eus,  ne  sub.>»istèrent  pas 
ajn'ès  son  élévation  à  la  dignité  d'évè(jue.  Son 
épiscopal  fut  agité  par  des  disso'isions  reli- 
gieuses,  qu'aggrava  l'inimitié  personnelle   de 


863 


FLAVIEN  —  FLAVIGNY 


8G4 


Xénaïas  ou  Philoxène,  évêque  d'Hiérapolis  en 
Syrie ,  qui  l'accusait  de  favoriser  le  nestoria- 
nisme.  Flavien  répondit  h  cette  accusation  en 
anathérnatisant  Nestorius  et  sa  doctrine.  Xé- 
naïas lui  demanda  alors  d'anathémiser  plusieurs 
personnes  mortes,  telles  que  Diodore  de  Tarse, 
Théodore  de  Mopsueste,  Théodoret  de  Cyrus  et 
autres,  suspectés  de  nestorianisme  à  tort  ou  à 
raison ,  lui  déclarant  que  s'il  se  refusait  à  cet 
acte,  il  resterait  suspect  de  nestorianisme.  Fla- 
vien résista  quelque  temps  ;  mais  enfin,  pressé 
par  les  réclamations  menaçantes  de  Xénaïas  et 
de  ses  adhérents,  désireux  de  complaire  à  l'em- 
pereur, qui  les  protégeait ,  il  souscrivit  à  Vhé- 
noUcon  ou  édit  d'union  de  Zenon.  Dans  une 
lettre  synodale  qu'il  envoya  à  l'empereur,  il 
reconnut  l'autorité  des  trois  conciles  de  Nicée, 
Constantinople  et  Éphèse ,  passa  sous  silence 
celui  de  Chalcédoine  ,  et  prononça  l'anathème 
contre  les  prélats  dénoncés  par  Xénaïas.  Il  en- 
voya aussi  h  l'empereur  l'assurance  qu'il  était 
tout  disposé  à  lui  complaire.  Victor  de  Tunes 
prétend  que  Flavien  et  Xénaïas  présidèrent,  en 
499,  un  concile  à  Constantinople,  dans  lequel 
furent  anathématisés  les  prélats  accusés  de 
nestorianisme  et  le  concile  de  Chalcédoine  lui- 
môme.  Cette  assertion  est  à  peine  vraisemblable. 
Les  ennemis  de  Flavien  ne  furent  pas  encore 
satisfaits  ;  ils  lui  demandèrent  d'anathématiser 
nettement  le  concile  de  Chalcédoine  et  tous  ceux 
qui  soutenaient  la  doctrine  des  deux  natures. 
Flavien  s'y  refusa,  et  fut  plus  que  jamais  accusé 
de  nestorianisme.  Les  églises  d'Isaurie  et  pro- 
bablement de  quelques  autres  contrées  de  l'Asie 
se  séparèrent  de  sa  communion.  Un  synode,  tenu 
à  Sidon  en  510,  condamna  le  concile  de  Chalcé- 
doine et  déposa  ses  défenseurs.  Flavien  espéra 
conjurer  l'orage  en  renouvelant  dans  une  lettre 
à  l'empereur  sa  déclaration  en  faveur  des  trois 
premiers  conciles,  et  sans  parler  du  concile  de 
Chalcédoine,  ce  qui  ressemblait  à  une  condam- 
nation indirecte.  En  même  temps  des  moines 
de  la  première  Syrie  s'assemblèrent  tumultuaire- 
ment  à  Antioche,  et  effrayèrent  Flavien  par  leurs 
anathèmes  conti'e  le  concile  de  Chalcédoine , 
Théodore  de  Mopsueste  et  les  autres  prélats 
dénoncés  par  Xénaïas.  Les  habitants,  qui  ne 
partageaient  pas  ce  zèle  antinestorien,  se  sou- 
levèrent contre  les  moines  syriens,  et  en  tuèrent 
plusieurs.  La  confusion  fut  encore  augmentée 
par  l'arrivée  d'une  troupe  de  moines  de  Cœlé- 
Syrie ,  partisans  de  Flavien  et  accourus  pour  le 
défendre.  Ces  troubles  fournirent  à  l'empereur 
une  occasion  de  déposer  Flavien  en  511 ,  et  de 
mettre  Sévère  à  sa  place.  Victor  de  Tunes  place 
la  déposition  de  Flavien  dès  504,  sous  le  con- 
sulat de  Cethegus.  Flavien  fut  exilé  à  Petra  en 
Arabie,  et  y  mourut.  Vitalien,  dans  sa  révolte 
en  513  et  514,  demanda  le  rétablissement  de 
Flavien.  L'Église  grecque  honore  Flavien  comme 
un  saint  ;  l'Église  romaine  l'a  aussi  canonisé , 
après  une  longue  opposition. 


Évagre,  Hist  eccles.,  III,  23,  30-32.  —  Théophanc, 
Chroftng.,  p.  220-217,  édlt  de  Bonn.  —  Marcellin,  Chron. 
—  Victor  de  Tunes,  Chron.  —  Baronius,  Annal,  eccles. 
ad  ann.i  496  et  Si2.  —  Pagi,  Critic.  in  Baron.  —  Tille- 
raont ,  Mém.,  vol.  XVI,  p.  675. 

f.  FLAVIGNY  (7aZ^neM),hébraïsantfrançais,né 
à  Villers-en-Prayères,  près  de  Laon,  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  et  mort  en  1674. 
Reçu  docteur  en  Sorbonne,  en  1628,  il  se  fit 
accorder  un  canonicat  à  Reims,  et  remplaça 
en  1630  P.  Vignal  comme  profeseur  d'hébreu 
au  Collège  de  France.  Flavigny  était  sans  con- 
tredit un  profond  hébraïsant,  et  il  acquit  une 
réputation  méritée;  il  possédait,  en  outre,  plu- 
sieurs langues  orientales;  mais  il  ne  sut  pas  tirer 
grand  parti  de  la  variété  de  ses  connaissances. 
Il  s'occupa  presque  exclusivement  de  discus- 
sions philologiques  relatives  au  texte  hébreu  de 
la  Bible,  et  eut  à  ce  sujet ,  avec  le  célèbre  Abra- 
ham Echellensis  et  Gabriel  Sionite,  des  que- 
relles qui,  d'abord  purement  scientifiques,  devin- 
rent ensuiteamères  et  passionnées.  La  dispute  prit 
même  de  vastes  proportions,  car  beaucoup  d'au- 
tres savants  distingués  finirent  par  y  prendre 
part ,  tels  que  Grandin ,  Morin  et  Le  Capelain, 
docteurs  en  Sorbonne,  qui  sur  plusieurs  points 
se  déclarèrent  contre  Flavigny.  La  fameuse  Bible 
polyglotte  de  Le  Jay  avait  déchaîné  toutes  ces 
tempêtes  qui  troublèrent  pour  toujours  le  repos 
de  Flavigny  comme  celui  d'Echellensis  ,  mais 
excitèrent  souvent  en  revanche  un  rire  presque 
inextinguible  parmi  les  indifférents  et  les  scep- 
tiques, surtout  lorsque  !a  discussion  vint  à  rou- 
ler sur  ce  texte  de  saint  Matthieu  :  Quid  vides 
festucam  in  oculo  fratris  tui  et  trabem  in 
oculo  tuo  non  vides  ?  L'imprimeur  de  Flavigny 
avait  eu  en  effet  l'imprudence  de  faire  tomber 
le  premier  o  à' oculo,  et  Echellensis  de  crier  au 
scandale ,  à  l'impiété,  et  presque  au  blasphème, 
tandis  que  le  docteur  en  Sorbonne  s'évertuait  à 
prouver  son  innocence  et  que  ses  graves  confrè- 
res en  exigeaient  la  preuve  morale  en  le  faisant 
jurer  sur  les  Livres  Saints.  Flavigny  eut  avec 
ces  savants  des  discussions  d'une  autre  sorte. 
Il  entreprit  de  faire  condamner  comme  entaché 
d'hérésie  le  système  de  Copernic,  qu'il  déclare, 
dans  son  Expostulatio  adversus  thesim,  etc. 
(Paris,  1666,  in-12),  attentatoire  à  l'autorité 
•  royale,  hostile  aux  droits  du  royaume,  tendant 
au  rétablissement  de  l'inqilisition,  contraire  aux 
canons  de  l'Église,  etc.  Les  écrits  de  Flavigny  au 
sujet  de  la  polyglotte  portent  les  titres  suivants  : 
EpistolœlVde  ingenti  Bibliorum  opère  septem- 
lingui  (  1636)  ;  —  Epistolœ  duse  in  quibus  de 
ingenti  Bibliorum  opère  quod  miper  Lute- 
tix  Parisiorum  prodiit  ac  ei  praefixa  prœfa- 
^ione(1646);  —  Epistola  IIlo-  in  qua  de  li- 
bello  Ruth  Syriaco,  quem  Abr.  Echellensis 
insertum  esse  voluit  ingenti  Bibliorum 
operi....  (1647);  —  Epistola  adversus  Abr. 
Echellensem  de  libella  Ruth,simulque  sacro- 
sancta  verilas  hebraica  strenue  defenditur 
atque  propugnatur  (1648)  :  c'est  dans  cette 


865 


FLAVIGNY  —  FLAVIUS 


866 


lettre  que  se  trouve  le  fameux  passage  de  saint 
Matthieu  dont  nous  avons  parlé  ;  Dïsqùisitio 
theologica,  an,  ut  habet  Capellanns  (Le  Ca- 
pelain  ) ,  nonnulla  sanctse  ScripUirse  testi- 
monia  alio  modo  proferantur  a  rabbinis 
quam  nunc   leguntur    in  voluminibus  he- 

braïcis (1666).  Flavigny  publia  aussi  une 

dissertation  contre  les  propositions  de  Louis  de 
Cièves  au  sujet  de  l'épiscopat  et  de  la  prêtrise. 
On  a  de  lui,  enfin,  une  édition  des  Œuvres  de 
Guillaume  de  Saint-Amour,  docteur  du  ti-ei- 
zième  siècle  ;  Paris,  1632.  Alex.  Bonneac. 
Uupin,  Bibl.  des  Auteurs  ecclésiastiques. 

F1.AV1GNY  (  Gratien- Jean-Baptiste-Louis, 
vicomte  de  ),  écrivain  et  traducteur  français,  né  à 
Craonne,  le  11  octobre  1741,  mort  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Réflexions  sur 
la  Désertion  et  sur  lapeine  des  déserteurs  en 
Finance;  1768,  in-8°  ;  —  Examen  de  la  Poudre, 
traduit  de  l'itaUen  d'Antoni  ;  Paris,  1 773,  in-8°  ; 

—  Principes  fondamentaux  de  la  construc- 
tion des  places ,  avec  tm  nouveau  système 
de  fortifications,  traduit  du  même;  Paris, 
1775,  in-8";  —  Introduction  à  l'histoire  na- 
turelle et  à  la  géographie  de  l'Espagne,  tra- 
duit de  l'anglais  de  Bowles;  Paris,  1776,  in-8°; 

—  Correspondance  de  Fernand  Cortez  avec 
l'empereiir  Charles-Quint  sur  la  conquête  du 
Mexique;  Paris,  1778,  in-12. 

Dcsessarts,  Siècles  littér.  —  Quérard,  La  France  litt. 

FLAvio  {Eiondo),  ou  mieux  biondo  {Fla- 
vio) ,  en  latin  flAvius  blondus,  historien  et 
arcliéologue  italien ,  né  à  Forli .  en  1388,  mort 
à  Rome,  le  4  juillet  1463.  Il  étudia  la  grammaire 
et  les  belles-lettres  à  l'école  de  Jean  Ballistario 
de  Crémone.  On  lui  doit  la  première  connaissance 
et  peut-être  la  consei-vation  du  Brutus  de  Cicé- 
ron.  «  Dans  ma  jeunesse,  dit-il,  j'allai  à  Milan, 
pour  y  traiter  des  affaires  publiques  de  ma  pa- 
trie ;  là ,  le  premier  de  tous ,  je  transcrivis  Bru- 
tus ,  de  Claris  oratoribus ,  avec  une  ardeur  et 
une  célérité  merveilleuses.  Je  l'envoyai  àGuarini 
à  Vérone ,  puis  à  Léonard  Justiniani  à  Venise , 
et  il  s'en  répandit  bientôt  un  grand  nombre 
d'exemplaires  dans  toute  l'Italie.  »  Après  avoir 
rendu  ce  service  aux  lettres  anciennes ,  Flavio 
Biondo  devint  chancelier  de  Françis().a.Jîarbarpj 
gouverneur  de  Bergame,  et  ensuite  secrétaire 
du  pape  Eugène  IV.  Sauf  une  courte  disgrâce  de 
1450  à  1453,  il  remplit  les  mêmes  fonctions  au- 
près des  trois  successeurs  de  ce  pontife ,  Nico- 
las V,  Calixte  TU  et  Pie  IL  II  eût  été  sans  doute 
élevé  aux  plus  hautes  dignités  ecclésiastiques  s'il 
n'avait  pas  été  marié.  Il  composa  sur  les  anti- 
quités de  Rome  et  de  l'Italie  des  omTages  au- 
jourd'hui encore  consultés  avec  fruit,  mais  sur- 
tout remarquables  pour  le  temps.  Des  savants , 
Sigonius  entre  autres,  ont  fait  mieux  depuis, 
mais  c'est  en  profitant  de  ses  recheiches.  Les 
œuvres  de  Flavio  Biondo  furent  recueillies  à  Bàle, 
1559  ,  in-fol.  Voici  la  liste  des  ouvrages  contenus 
dans  ce  recueil  :  Momas  triumphantis  Libri  X. 

NOUV.    BIOr.R,    r.ÉNÉK.    —  T.    XVII. 


Le  l*^"^  et  le  2*  traitent  de  la  religion  des  anciens 
Romains  ;  le  3^,  le  4*=  et  le  5",  du  gouvernement; 
le  6^  elle  7^,  de  la  guerre;  le  8%  le  9*=  et  le  10% 
des  triomphes,  des  mœurs  et  des  institutions  ; 
d'après  Maittaire ,  cet  ouvrage  fut  publié  pour  la 
première  fois  à  Brescia;  1482 ,  in-fol.  ;  —  Romx 
instauratse  Libri  III,  pubhés  pour  la  première 
fois,  d'après  Maittaire,  à  Vérone,  1482,  in-foL; 

—  De  Origine  ac  Gestis  Venetorum  Liber,  pu- 
blié pour  la  première  fois  à  Vérone,  1481,  in-fol.  ; 

—  Italia  lustrata  sive  illustrata  pe?  regiones 
seu  provincias  XVIII;  publié  pour  la  première 
fuis  à  Rome,  1474,  in-fol.,  par  les  soins  de  Gas- 
pard Biondo,  fils  de  Flavio  Biondo;  —  Histo- 
riarum  ab  inclinnto  romano  imperio,  et  Roma 
per  Alaricum,  Gothorumregem,anno  Christi 
410  capta,  usque  ad  annum  1440,  Décades 
très,  libri  XXXI ;  la  première  édition  est  de 
Venise,  1483,  in-fol.;  à  la  suite  de  la  seconde 
édition ,  Venise,  1484 ,  on  trouve  un  abrégé  des 
deux  premières  décades  par  le  pape  Pie  II  (  jE- 
neas  Sylvius).  Cet  abrégé  a  été  aussi  inséré  dans 
les  œuvres  de  ce  pontife.  D'après  le  Diarium 
Erudit.  Italïse,  Flavio  Biondo  laissa  plusieurs 
ouvrages  en  manuscrit,  savoir  :  Liber  de  Locu- 
tione  Romana,  ad  Leonhardum  Aretinum;  — 
Historia  Foroliviensis  :  VHistoria  Forolivien- 
sis  à  été  publiée  par  Muratori,  dans  les  Scriptores 
Rerum Italie, \o\.  XXI,  p.  226  ;  —  Consultatio 
an  bellum  vel  pax  cum  Turcis  magis  expé- 
diai Reipublicee  Venetse.  Enfin,  on  trouve 
dans  la  bibliothèque  Balliol ,  à  Oxford ,  un  ma- 
nuscrit intitulé  :  Blundius,  De  Cosmograpkia 
Italiae.  Ce  Blundius  paraît  être  le  même  que 
Flavio  Biondo. 

Vossius,  De  Historieis  iatim's.— Fabriclus,  Bibliotheca 
Latina  médise  et  infimes  setatis.  —  Tiraboschi,  Storia 
délia  Letteratura  Italiana,  t.  VI,  p.  ii. 

FLAViTAS  OU  FRAViTA,  patriarche  de  Cons- 
tantinople,  mort  en  490  de  l'ère  chrétienne.  Il 
succéda  au  patriarche  Acace,  en  489,  et  employa 
la  ruse  pour  se  faire  élire.  L'empereur  Zenon 
avait,  dit-on ,  fait  mettre  sur  l'autel  de  la  grande 
église  de  Constantinople  un  papier  blanc  et  ca- 
cheté ,  comptant  que  Dieu  ferait  écrire  par  un 
ange  le  nom  du  prêtre  qu'il  convenait  d'élever  à 
la  chaire  patriarcale;  Flavitas  corrompit  l'eu- 
nuque qui  avait  la  garde  de  l'église ,  et  traça 
son  nom  sur  le  papier.  Cette  fourberie,  peut-être 
apocryphe,  fit  de  Flavitas  un  patiiarche ;  elle  fut 
découverte  peu  de  temps  après,  et  l'imposteur 
allait  être  sévèrement  châtié  lorsqu'il  mourut. 
Tlllemont,  Mém.  potir  servir  à  l'hist.  ecclesiast. 
FLWICS  (Maison  des),  GensFlwi.v,  mai- 
son plébéienne.  Les  membres  de  la  gens  Flavia 
ne  sont  mentionnés  que  dans'Ies  trois  derniers 
siècles  avant  l'ère  chrétienne.  Ils  étaient  proba- 
!  blement  Sabins  d'origine ,  et  devaient  être  liés 
j  avec  les  Flavius  de  Réate,  auxquels  appartenait 
I  l'empereur  Vespasien.  Mais  le  nom  île  Flavius  se 
!  ti'ouvc  aussi  dans  d'autres  contrées  d'Italie  ,  eu 
I  Étrurieeten  Lucanie.  Durant  la  dernièri^  (iénodc 

28 


867 


de  l'Eiiipire  Romain ,  le  nom  de  Flavius  passa 
d'im  empereur  à  l'autre.  Constance,  père  de 
Constantin,  fut  le  premier  de  la  série.  Les  sur- 
noms de  cette  maison  sont  Fimbria,  GoÂlus, 
Lucanus  et  Pusio. 
Les  principaux  membres  sont  : 

*  FLAVIUS,  chef  lucamen  ,  vivait  vers  220 
avant  J.-C.  Pendant  la  seconde  guerre  punique, 
il  était  d'abord  à  la  tête  du  parti  romain  en  Lu- 
canie;  mais  en  213  il  changea  brusquement  de 
parti.  Non  content  de  passer  lui-même  à  l'ennemi 
et  de  pousser  ses  compatriotes  à  suivre  son 
exemple,  il  résolut  de  livrer  aux  Carthaginois  le 
général  romain  ,  auquel  il  était  uni  par  les  liens 
de  l'hospitalité.  Il  eut  donc  une  entrevue  avec 
Magon  ,  commandant  des  forces  carthaginoises 
dans  le  Bruttium,  et  promit  de  lui  livrer  le  con- 
sul Tib.  Sempronius  Gracchus,  à  condition  que 
les  Lucaniens  seraient  libres  et  garderaient  leur 
propre  constitution.  On  convint  d'un  endroit  où 
Magon  devait  se  tenir  en  embuscade  avec  la 
force  armée  et  où  Flavius  promit  de  conduire  le 
proconsul.  Flavius  alla  donc  trouver  Gracchus, 
et  en  se  faisant  fort  de  le  réconcilier  avec  les  Lu- 
caniens, qui  avaient  récemment  déserté  la  cause 
des  Romains ,  il  le  décida  à  l'accompagner  jus- 
qu'à l'endroit  convenu  avec  Magon.  A  leur  arri- 
vée, Magon  sortit  brusquement  de  l'embuscade, 
et  Flavius  passa  aussitôt  aux  Carthaginois.  Il 
s'ensuivit  une  rencontre  très- vive ,  près  d'une 
Tille  appelée  Gampi  Veteres.  Tib.  Sempr.  Grac- 
chus fut  tué. 

Tlte-Llve,  XXV,  16.  —  Appien,  Annib.,  3S.  —  Valère 
Maxime,  V,  i. 

*  FLAVIUS  [Lucïiis) ,  homme  politique  ro- 
main, vivait  vers  le  milieu  du  premier  siècle 
avant  J.-C.  Tribun  du  peuple  en  60,  il  proposa, 
à  la  suggestion  de  Pompée ,  une  loi  agraire  qui 
devait  tourner  suiiout  au  profit  des  vétérans  de 
ce  général.  Grâce  à  la  protection  de  Pompée , 
Flavius  fut,  en  59,  élu  préteur  pour  l'année  sui- 
vante. Cette  liaison  avec  Pompée  fut  probable- 
ment l'origine  de  son  amitié  avec  Cicéron.  Celui- 
ci  le  recommanda  très-vivement  à  son  frère 
Quintus,  alors  préteur  en  Asie,  où  Flavius  avait 
reçu  certains  legs.  Pompée  lui  avait  confié  le 
jeune  Tigran*  d'Arménie  ;  P.  Clodius  s'empara 
de  ce  prince ,  et  Flavius  tenta  vainement  de  le 
reprendre.  D'après  Cicéron,  Flavius  était  aussi 
l'ami  de  César,  et  c'est  probablement  à  lui  que 
ce  dernier  confia  une  légion  et  la  province  de  Si- 
cile. 

Cicéron,  Ad  Jtt.,  I,  18,  19  ;  II.  1  ;  X,  1  ;  ^ci  Ç.  fratrem, 
I,  2.  —  Asconius,  in  Cic.  Milon.,  p.  47,  édit.  d'Orelli.  — 
Dion  Cassius.  XXXVII,  SO;  XXXVIM,  SO. 

FLAVIUS  (  Gains  ) ,  jurisconsulte  romain,  vi- 
vait au  troisième  siècle  avant  .L-C.  Il  était  fils 
d'un  affranchi ,  appelé  Cneius  par  Tite-Live ,  et 
Annius  par  Aulu-Gelle  et  Pline.  Devenu  secré- 
taire d'Appius  Claudius  Csecus  ,  il  sut  s'élever, 
malgré  l'obstacle  que  lui  opposait  son  extraction, 
aux  plus  hautes  fonctions.  Il  se  fit  d'abord  con- 
naître par  un  acte  inouï,  la  publication  de  certai- 


FF.AVIUS  8(1  S 

nés  foi'mules  de  procédure,  dont  jusque  alors  les 
patriciens  elles  pontifes  avaient  eu  le  secret  et  le 
monopole.  Il  serait  assez  difficile  de  déterminer 
d'une  manière  bien  exacte  la  part  respective 
des  deux  castes  dans  l'application  et  l'inter- 
prétation des  premières  lois  de  Rome.  On  sait 
seulement  que  parmi  celles  dont  la  connais- 
sance était  réservée  à  un  petit  nombre  d'initiés 
se  trouvaient  les  actus  iegitimi  et  les  acHones 
legis.  Les  définitions  techniques  de  la  loi  étaient 
comprises  dans  les  actus  Iegitimi ,  tandis  quç 
les  legis  actiones  en  constituaient  l'application 
par  la  voie  de  la  procédure.  A  cette  catégorie  de 
formules  mystérieuses  se  rapportaient  les  jours 
fastes  du  calendrier  et  la  plus  grande  partie 
des  formulée.  Les  jours  désignés  au  calendrier 
comme  fastes  rendaient  licite  la  pratique  de 
certains  actes,  interdite  par  cela  même  les  autres 
jours.  Quant  aux  form^ules,  elles  avaient  trait 
à  la  manière  d'ester  en  justice ,  c'est-à-dire  à 
cette  partie  de  la  pi-océdure  qui  est  relative  à 
l'introduction  d'une  instance  et  aux  moyens  qu'on 
y  oppose.  Naturellement  ces  formules  étaient 
moins  connues  du  peuple  que  certains  actes  ex- 
trajudiciaires,  tels  que  la  mancipalio ,  la  spon- 
sio,  l'adoptio.  Or,  ce  fut  précisément  ces  fer- 
mules  moins  connues  que  Flavius  découvrit  aux 
Romains.  Comment  s'y  prit-il  pour  se  mettre  en 
possession  de  ce  secret,  si  jalousement  gardé 
par  ceux  qui  en  faisaient  leur  profit?  C'est  ce  que 
l'on  ne  sait  pas  précisément.  Peut-êti-e  déroba- 
t-il  le  registre  qui  le  renfermait,  et  dont  Appius 
Claudius  avait  fait  opérer  le  classement; 
peut-être  aussi ,  ainsi  que  le  suppose  PUne ,  se 
contenta-t-il  de  suivre  avec  attention  les  consul- 
tations données  sur  cette  matière  par  ceux  qui 
en  avaient  la  mission,  de  manière  à  en  si  bien 
pénétrer  le  sens  et  l'enchaînement  qu'il  se  trou- 
vât à  même  d'en  formuler  en  quelque  sorte  le 
code.  Pline  ajoute  qu' Appius  en  aurait  donné  lui- 
même  le  conseil  à  Flavius.  Ainsi  serait-il  par- 
venu ,  comme  le  dit  Cicéron ,  à  traduire  en  une 
rédaction  méthodique  la  vieille  expérience  des 
jurisconsultes  (  ab  ipsis  cautis  jtirisconsultis 
eorum  sapientiam  compïlavit).  Flavius  ne  se 
i  borna  point,  ainsi  que  le  font  croire  certains  écri- 
vains, à  divulguer  les  mystères  du  calendrier 
des  patriciens  et  des  pontifes,  il  puhlia  aussi 
des  formules  de  plaidoirie  qui  se  rattachaient 
aux  legis  actiones.  De  ces  diverses  publications 
est  sorti  ce  qu'on  a  appelé  le  jus  Flavianum, 
qui  fait,  avec  le  jiis  Papirianum,  le  plus  an- 
cien corps  de  droit  privé  des  Romains.  L'irrita- 
tion des  patriciens  fut  grande  quand  ils  virent 
produire  ainsi  au  jour  des  actes  et  formules  qui 
leur  donnaient  une  fructueuse  influence.  Pour 
conjurer  ce  résultat,  ils  imaginèrent  de  nouvelles 
legis  actiones  (actions  de  la  loi),  sous  le  titre 
de  IS'otfe.  Mais  celles-là  aussi  furent  publiées  dans 
le  siècle  suivant  (200  avant  J.-C),  par  Sex. 
iElius  Catus,  d'où  le  fus  Mlianum,  auquel 
ce  divulgateur  donna  son  nom.   Quant  à  Fia- 


869 


FLAVIUS  —  FLAVUS 


8ro 


vius ,  il  ne  se  contenta  pas  de  faire  connaître  le 
secret  des  patriciens,  mais  il  exposa  sur  un  ta- 
bleau blanc  les  fastes  dans  le  Forum  :  Fastos 
circa  Forum  in  albo  proposutt,  dit  Tite-Live. 
Ce  dernier  acte  de  Flavius  suivit  sans  doute  sa 
nomination  à  l'édilité.  Plus  tard  sa  popularité  lui 
valut  d'être  nommé  triumvir  nocturne  et 
triumvir  colonise  dediicendœ.  Pour  se  montrer 
à  la  hauteur  de  ces  fonctions  diverses ,  Flavius 
renonça  à  son  ancienne  profession  de  scribe  ou 
greffier.  Il  monta  plus  haut  encore,  et  fut  nommé 
sénateur,  grâce  aux  efforts  d'Appius  Claudius. 
En  303  avant  J.-C,  il  devint  édile  curule.  Son 
introduction  dans  le  sénat  indisposa  les  membres 
de  cette  assemblée  à  un  tel  point,  qu'ils  quittèrent 
en  le  voyant  entrer  leurs  anneaux  et  leurs  col- 
liers. Flavius  ne  fut  pas  en  reste  de  hauteur  avec 
eux.  Il  dédia  un  temple  à  la  Concorde  sur  l'em- 
placement de  celui  de  Vulcain,  e't  le  grand- 
pontife  Cornélius  Barbatus  fut  obligé ,  par  une 
décision  unanime  du  peuple,  de  dicter  les  for- 
mules sacrées ,  tout  en  affirmant  que  jamais  tem- 
ple n'avait  été  dédié  que  par  un  général  ou  un 
consul.  Dans  une  autre  occasion ,  Flavius  eut 
encore  le  dessus.  Un  jour  qu'il  était  allé  voir  son 
collègue  malade,  les  jeunes  nobles,  assis  à  son 
arrivée ,  affectèrent  de  ne  se  point  lever  ;  Flavius 
fit  chercher  alors  sa  chaise  curuie,  du  haut  de 
laquelle  il  put  dominer  ses  orgueilleux  ennemis. 

V.  ROSEJVWALD. 
'     Dig.,  1,  tit.  1!.  —  Tite-Llve,  IX,  46.  —  Valère  Maxime, 
IX,  3.  -  Aulu-Gelle,  VI,  9.  —  Pline,  Hist.  nat.,  XXXIII. 
—  Cicéron,  fro  Mur.  ;  De  Fin.,  IV,  27.—  Nlebuhr,  iiœm. 
Gesch. 

*  Fi.AVius,  chef  de  Chérusques,  frère  d'Ar- 
minius,  vivait  an  commencement  du  premier 
siècle  de  l'ère  chrétienne.  Dans  l'été  de  l'an  16, 
les  Romains  et  les  Chérusques  se  rencontrèrent 
sur  les  rives  opposées  du  Weser  (  Visurgis  ). 
Arminius,. prince  des  Chénisques,  s'avança,  avec 
une  troupe  d'autres  chefs,  jusqu'au  bord  du 
ileuve ,  et  demanda  qu'on  lui  permît  de  conférer 
avec  son  frère  Flavius,  officier  distingué  dans  l'ar- 
mée romaine.  L'entrevue  fut  accordée,  et  Flavius 
s'avança.  Il  avait,  quelques  années  auparavant, 
perdu  un  œil  au  service  des  Romains.  En  appre- 
nant la  cause  de  cette  cicatrice,  Arminius  demanda 
quelle  en  avait  été  la  récompense.  Flavius  répon- 
dit :Une  augmentation  de  solde,  un  collier,  une 
couronne  et  d'autres  dons  militaires.  Arminius  se 
moqua  de  ce  vil  salaire  de  l'esclavage.  L'entre- 
tien des  deux  frères  dégénéra  bientôt  en  vio- 
lente querelle;  et,  malgré  le  fieuvequi  les  sépa- 
rait, ils  allaient  passer  des  injures  aux  coups,  si 
des  deux  côtés  on  ne  les  eût  éloignés.  Un  fils  de 
Flavius,  nommé  Italiens ,  devint  en  47  chef  des 
Chérusques. 

Tacite,  Annal. ,\\,  9;  XI,  16. 

FLAVBiTs  (Dexter),  administrateur  romain, 
fils  de  Pacicn,  né  en  Espagne,  vivait  dans  le 
quatrième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Préfet  du 
prétoire,  il  se  montra  le  défenseur  dévoué  du 
christianisme.  Il  était  contemporain   de   saint 


Jérôme,  qui  lui  dédia  son  livre  De  Viris  illus- 
tribus.  Au  rapport  de  saint  Jérôme ,  il  passait 
pour  avoir  écrit  un  ouvrage  intitulé  Omnimoda 
liistoria  ;  mais  le  saint  déclare  n'avoir  pas  vu 
cette  composition.  Pendant  très-longtemps,  en 
effet ,  on  la  regarda  comme  perdue  ;  vers  la  fin 
du  seizième  siècle,  le  bruit  se  répandit  qu'elle 
venait  d'être  découverte ,  et  un  livre ,  sous  le 
titre  de  Omnimoda  historia,  parut  pour  la  pre- 
mière fois,  à  Saragosse,  en  1619.  Souvent  réim- 
primé depuis,  il  est  aujourd'hui  généralement 
reconnu  pour  apocryphe. 

Saint  Jérôme,  De  Fv-is  illust.,  Prœf.  —  Fabflclus,  /?»-. 
bliotheca  eccles.  —  Cave,  Hist.  litter. 

FLAVIUS  AVIANITS.    Voy.  AVIANUS. 

FLAVIUS  CAPEB.  Voy.  CapER. 

FLAVIUS  CLEMENS.  Voy.  CleMENS. 

FLAVIUS  JOSÈPHE.   Voy.  JOSÈPHE. 

*  FLAVUS  (  C.  Alfius),  homme  politique  ro- 
main ,  vivait  vers  60  avant  J.-C.  Pendant  le  con- 
sulat de  Cicéron,  Flavus  assista  celui-ci  dans 
toutes  les  mesures  prises  contre  Catilina.  Devenu 
tribun  en  59,  il  se  montra  le  zélé  défenseur  de 
tous  les  actes  et  de  toutes  les  lois  de  César. 
Cette  conduite  semble  l'avoir  empêché  d'être  élu 
édile.  Il  fut  cependant  nommé  préteur  en  54, 
après  avoir  échoué  au  moins  une  fois  dans  sa 
candidature.  Flavus  figura  ensuite  comme  ques- 
teur ou  comme  commissaire  spécial  dans  le  ju- 
gement de  A.  Gabinius  et  dans  celui  de  Cn.  Plan- 
cius.  Cicéron  parle  de  Flavus  comme  d'un  hon- 
nête homme  qui  se  trompait  malgré  de  bonnes 
intentions. 

Cicéron,  Pro  Planciô,  7,  4S;  Pro  Sest.,  58;  .Scliol.  Bob. 
in  Sexïian.,  p.  304;  in  Fatmian.,  p,  324,  éd.  Orelli;  .4d 
Quintum.  frairem,  III,  1. 

*  FLAVUS  (Alfius),  rhéteur  romain,  vivait 
au  commencement  du  premier  siècle  de  l'ère 
chrétienne.  Il  professa  l'éloquence  sous  Au- 
guste et  sous  Tibère.  Sa  réputation  attira  à  son 
école  Sénèque  l'ancien,  récemment  arrivé  de  Cor- 
doue.  Élève  de  Cestius,  Flavus  le  .surpassa.  Il  fit 
des  cours  publics  avant  d'avoir  pris  la  robe  vi- 
rile; aussi  passait-il  pour  un  prodige.  Cestins 
prédit  que  les  talents  de  Flavus  étaient  trop 
précoces  pour  être  durables.  Suivant  Sénèque 
il  devait  .sa  réputation  à  son  éloquence.  ISa 
jeunesse  excita  d'abord  l'admiration;  plus  tard 
son  aisance,  sa  faéilité  attirèrent  ou  retinrent 
autour  de  sa  chaire  de  nombreux  auditeurs. 
Outre  la  rhétorique ,  Flavus  cultivait  aussi  la 
poésie  et  l'histoire. 

Pline,  Hist.nat.,  IX,  8;  Elench,,  IX,  XII,  XIV,  XV. 
—  Sénèque.  Contrcrv.,  I,  VII,  X.  XIV.—  Scholt,  Z)e  c/ar. 
ap.  Senec.  Rhet.,  l,  p.  374. 

*  FLAVUS  (L.  Cœstiiis),  homme  jiolitique 
romain,  vivait  vers  50  avant  J.-C.  Tribun  du 
peuple  en  44,  il  fut  déposé  par  C.  Julius  Cé- 
sar, pour  avoir,  de  concert  avec  C.  Epidiiis 
Marullus ,  un  de  ses  collègues  dans  le  tribu- 
nat,  enlevé  des  rouronnes  placées  sur  les  sta- 
tues du  dictateur  et  emprisoimé  une  personne 
qui  avait  salué  César  du  titre  de  roi.  César  (it 

28. 


871 


FLAVUS  —  FLAVY 


871 


plus  :  il  l'expulsa  du  sénat,  et  pressa  même  le 
père  de  Flavus  de  le  deshériter.  Le  vieux  Caes- 
tius  répondit  qu'il  ainaerait  mieux  perdre  ses 
trois  enfants  que  d'en  noter  un  seul  d'infamie. 
Alix  prochains  comices  consulaires,  Flavus,  qne 
son  opposition  au  dictateur  avait  rendu  très- 
populaire  à  Rome,  obtint  beaucoup  de  suffrages. 

Appien,  Bel.  civ..  Il,  18S,  122;  IV,  93.  -  Suétone,  Cx- 
sar,  79,  80.  -  rtion  Cassius,  XLIV,  9,  10;  XLV!,  49.  - 
rlutarque,  Cœsar,  61  ;  Anton.,  12.  —  Velleius  Paterculus, 
11,  68.  —  Tlte-Live,  Epist.,  CXVI.  —  C\céron,  Ptiilipp., 
XIII,  15,  —  Valère  Maxime,  V,  7. 

*  FLAvrs  (Sp.  Larfius) ,  consul  romain  en 
506  avant  J.-C.  Denys  d'Halicarnasse  dit  qu'on 
ne  sait  rien  de  son  consulat ,  et  Tite-Live  l'omet 
également.  Niebuhr  pense  que  le  consulat  de 
Lartius  Flavus  et  de]  son  collègue  T.  Herminius 
Aquilinus  fut  inséré  dans  les  Fastes  consu- 
laires pour  remplir  une  lacune  d'un  an.  Lar- 
tius Flavus  appartient  à  la  période  héroïque  ou 
légendaire  de  l'histoire  romaine.  Son  nom  est 
généralement  réuni  à  celui  d'Herminius.  Dans 
les  chants  nationaux  de  l'ancienne  Rome ,  il  est 
un  des  deux  gueniers  qui  se  tiennent  à  côté 
d'Horatius  dans  la  défense  du  pont.  Niebuhr,  in- 
terprétant historiquement  cette  tradition ,  pense 
que  l'un  des  guerriers  représente  la  tribu  des 
Ramnes  et  l'autre  celle  des  Titienses.  Il  est 
digne  de  remarque  cependant  que  dans  la  ba- 
taille du  lac  de  Régille,  où  tous  les  héros  se  ren- 
contrent ensemble  pour  la  dernière  fois ,  Her- 
minius y  paraît,  mais  non  pas  Flavus  Lartius. 
Celui-ci ,  élu  consul  pour  la  seconde  fois  en  490, 
fut  un  des  cinq  députés  envoyés  à  Coriolan 
lorsqu'il  assiégeait  Rome  à  la  tête  des  Volsques. 
Il  fut  aussi  interroi  pour  la  tenue  des  comices 
consulaires  en  480,  et  il  conseilla  la  guerre  contre 
les  Véiens. 

Denys  d'Halicarnasse,  V,  S;  22-84,  36,  7B;  Vil,  68;  VIIl, 
72,  90,  91.  —  Tite-Live,  11,  10,  11, 19. 

FLAVCS  (T.  Lartius), premier  dictateur  ro- 
main, frère  du  précédent ,  vivait  vers  500  avant 
J.-C.  Il  futconsul  pour  la  première  fois  en  501 ,  et 
pour  la  seconde  en  498.  Dans  son  second  con- 
sulat, il  prit  la  ville  de  Fidènes.  Denys  d'Hali- 
carnasse met  sa  déférence  à  l'égard  du  sénat  en 
contraste  avec  l'arrogance  des  généraux  des 
derniers  temps  de  la  république.  En  498,  dix 
ans  après  l'expulsion  des  Tarquins,  les  curies 
jugèrent  nécessaire  de  créer  une  nouvelle  ma- 
gistrature, la  dictature  limitée  à  six  mois,  mais 
plus  absolue  dans  cette  période  que  la  monar- 
chie même ,  puisqu'on  ne  pouvait  pas  appeler  de 
ses  décisions.  T.  Lartius,  revêtu  le  premier  de  cette 
magistrature  suprême  ,  choisit  son  collègue  pour 
maître  des  cavaliers ,  fit  le  recensement  des  ci- 
toyens, régla  les  différends  de  Rome  avec  les  La- 
tins, et,  après  avoir  tenu  des  comices  consulaires 
il  déposa  ses  pouvoirs  longtemps  avant  qu'ils 
fussent  expirés.  Suivant  certains  récits ,  Lartius 
Flavius  dédia  le  temple  de  Saturne  ou  le  Capi- 
tole  sur  la  colline  Capitoline.  Il  fut  un  des  députés 
que  le  sénat  envoya  au  peuple  retiré  sur  le  mont 


Sacré ,  et  dans  la  même  année  il  servit  au  siège 
de  Corioles  comme  lieutenant  du  consul  Pos- 
tumus  Cominius.  Dans  un  tumulte  populaire 
excité  en  494  par  la  dureté  des  créanciers,  Fla- 
vus Lartius  recommanda  des  mesures  de  conci- 
liation, mesures  conformes  au  caractère  doux 
et  juste  que  lui  prête  Denys  d'Halicarnasse. 

Denys  d'Halicarnasse,  V,  BO,  59,  60,  71,  76,  77  ;  VI,  1,  81, 
92.  —  Tite-Live,  II,  21,  29.  —  Plutarque,  Coriolanns,  8. 

*  FLAVUS  OU  FLAVIUS  suBRius,  conspi- 
rateur romain,  mis  à  mort  en  66.  Tribun  dans 
la  garde  prétorienne,  il  fut  un  des  agents  les  plus 
actifs  du  complot  tramé  contre  Néron  en  66,  et 
qui  s'est  appelé,  du  nom  de  son  chef,  conspiration 
de  Pison.  Flavus  proposa  de  tuer  Néron,  soit 
pendant  qu'il  chantait  sur  le  théâtre,  soit  au  mi- 
lieu de  son  palais  en  flammes.  Il  avait,  dit-on, 
l'intention  de  se  défaire  aussi  de  Pison  et  d'of- 
frir l'empire  à  Sénèque.  Ce  choix,  pensait-il , 
pouvait  seul  justifier  les  conspirateurs  ;  autre- 
ment, ce  n'était  pas  la  peine  de  risquer  leur  vie 
pour  changer  un  musicien  contre  un  acteur,  car 
Pison  avait  aussi  paru  sur  le  théâtre.  Le  com- 
plot fut  découvert.  Flavus,  dénoncé  par  un  com- 
plice, essaya  d'abord  de  se  justifier,  et  n'y  réus- 
sissant pas,  il  se  glorifia  de  son  action.  Condamné 
à  la  peine  capitale ,  il  mourut  avec  courage.  Dion 
Cassius  l'appelle  Souêtoç  «ï>XàgiO!;,  et  dans  quel- 
ques manuscrits  son  nom  est  écrit  Flavius. 

Tacite,  Annal.,  X\,  49,  SO,  68,  67.  —  Dion  Cassius, 
LXU,  24. 

*  FLAVUS  VIRGINIUS,  rhéteur  romain,  vivait 
dans  le  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il 
n'est  connu  que  pour  avoir  été  un  ami  du  poète 
satirique  Perse. 

Suétone,  Persit  Vita.  —  Burmann,  Prœfat.  ad  Cic. 
Herennium,  éd.  Schutz,  p.  xiv. 

FLAVIUS  suLPicius,  littérateur  romain,  vi- 
vait dans  le  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Ami  de  Claude  P'',  il  l'assista  dans  la  composi- 
tion de  ses  ouvrages  historiques. 

Suétone,  Claudius,  t,  41. 

flavius  tricipitinus  lucretius.  voij. 

Tricipitinus. 

*  FLAVV  {Guillaume  de),  fameux  capitaine 
français,  né  à  Compiègne,  vers  1398,  mort  en 
1449.  Il  embrassa  de  bonne  heure  le  métier  des 
armes ,  et  suivit  la  bannière  de  Charles  VIL  En 
1428  il  était  capitaine  de  Beaumont-en-Argonne, 
et  défendit  vaillamment  ce  pays  contre  les  Bour- 
guignons et  les  Anglais.  Charles  VII ,  revenant 
du  sacre,  fit  son  entrée  à  Compiègne  le  18  août 
1429.  Pour  récompenser  les  services  que  lui 
avait  rendus  Guillaume  de  Flavy,  déjà  écuyer 
de  l'écurie  du  roi ,  ce  prince  le  nomma  capi- 
taine et  gouverneur  de  Compiègne.  Il  occupait 
ce  poste  lorsque  la  Pucelle  fut  prise  devant  la 
même  place,  le  23  mai  1430 ,  et  tomba  ainsi  au 
pouvoir  de  ses  mortels  ennemis.  On  sait  que 
Jeanne ,  à  la  suite  d'une  sortie  infructueuse  et 
cherchant  à  rentrer  dans  Compiègne ,  trouva  les 
portes  fermées  et  devint  prisonnière  des  Bour- 
guignons. Cette  mesure  fatale,  qui  coupait  toute 


873 


FLAVY  —  FLAXMAN 


874 


letraite  à  l'héroïne ,  fut  imputée  à  Guillaume  de 
Flavy  comme  un  acte  de  trahison.  Dès  la  fin  du 
quinzième  siècle ,  le  gouverneur  de  Compiègne 
passait  pour  avoir  trahi  et  vendu  la  Pucelle.  Ce- 
pendant, lorsqu'on  examine  avec  une  impartiale 
critique  les  témoignages  originaux  relatifs  à  cette 
question,  l'accusation  dirigée  contre  Fla\7  pa- 
raît dénuée  de  preuves  et  dépourvue  même  de 
vraisemblance.  Au  mois  d'août  1430,  le  conné- 
table de  Richement  distribua  au  nom  du  roi  des 
gratifications  en  argent  à  divers  chefs  de  guerre, 
et  ne  comprit  point  dans  cette  distribution  le 
gouverneur  de  Compiègne.  Flavy  entra  dès  lors 
en  lutte  à  l'égard  du  commandant  supérieur  de 
l'armée  :  il  dirigea  des  courses  militaires  contre 
la  garnison  et  -les  bourgeois  de  Reims.  Ceux- 
ci  furent  réduits  à  une  telle  extrémité ,  qu'ils 
capitulèrent  avec  Flavy,  moyennant  une  ran- 
çon ou  appâtis  de  cent  francs  d'or  par  mois. 
Ce  traité  non-seulement  demeura  impuni ,  mais 
fut  autorisé  par  la  sanction  royale  (1).  Vers  le 
mois  de  décembre  1436 ,  le  connétable  de  Riche- 
mont  fit  arrêter  le  capitaine  de  Compiègne ,  qui 
fut  enlevé  de  la  ville  et  destitué  de  songouver- 
nement.  Mais,  au  mois  de  mars  1437,  Guillaume 
de  Flavy,  aidé  de  ses  frères  et  de  nombreux 
adhérents ,  envahit  à  main  armée  la  place  de 
Compiègne ,  mit  à  mort  ou  en  fuite  les  lieute- 
nants du  connétable,  et  reprit  ainsi  possession  de 
son  commandement.  Flavy  toutefois  dut  payer 
au  connétable  une  indenmité  de  quatre  mille 
livres.  A  peu  de  temps  de  là,  Pierre  de  Rieux, 
comte  de  Rochefort ,  maréchal  de  France ,  ami 
et  subordonné  du  connétable,  passait  par  Com- 
piègne. Guillaume  de  Flavy  le  fit  arrêter.  Le 
maréchal  fut  traîné  en  diverses  prisons  et  finale- 
ment au  château  de  Nesle  en  Tardenois ,  appar- 
tenant à  Guillaume  de  Flavy,  où  il  mourut  d'une 
épidémie,  après  neuf  mois  de  captivité.  Le  re- 
doutable capitaine  obtint  pour  ces  faits  des  lettres 
d'abohtion  ou  de  rémission,  données  par  le  roi 
à  Laon  en  1441,  après  Pâques.  Guillaume  de 
Flavy  se  maintint  dans  sa  capitainerie  de  Com- 
piègne, et  gagna  une  fortune  considérable.  Il 
devint  plus  puissant  encoi'e  par  son  mariage 
avec  Blanche  d'Awrebruche ,  vicomtesse  d'Arsy, 
belle  et  jeune  damoiselle,  fille  de  Robert,  l'un 
des  seigneurs  notables  de  la  contrée,  et  d'A- 
gnès de  Francières.  Guillaume,  une  fois  marié , 
s'empara  de  la  personne  et  des  biens  de  son  beau- 
père  et.  de  sa  belle-mère.  L'un  et  l'autre  péri- 
rent dans  les  prisons  de  leur  gendre.  Blanche, 
dame  de  Flavy,  ne  fut  point  épargnée  de  son 
époux.  «  Guillaume,  dit  un  chroniqueur  contem- 
porain (2),  étoit  moult  hardy  et  vaillant  homme 
de  guerre,  mais  des  pieurs  (3)  en  villenies,  en 
femmes  et  luxures,  en  robber  (4),  piller,  faire 

(1)  LcUres  du  roi,  Urées  des  archives  de  Reims  ;  don- 
nées à  Gien,  au  ntiols  d'août  1430,  et  à  Châtellerault,  le  24 
avril  1431.  (Copies  communiquées  par  M.  Louis  Taris.  ) 

(2)  Jacques  Du  Clercq. 

(3)  Pires. 
«4)  Voler. 


noyer,  faire  pendre  et  faire  mourir  gens.  Estant 
marié ,  en  la  présence  de  sa  femme,  avoit  sou- 
vent en  son  lict  avec  elle  josnes  garces ,  avecq 
lesquelles  il  prenoit  compagnie  charnelle;  et 
quand  sa  femme  en  parloit  quelque  peu ,  il  la 
menaçoit  de  la  faire  enraurer  et  mourir  »  (1). 
Enfin  ,  vers  le  mois  de  février  1449,  Guillaume 
de  Flavy  trouva  le  terme  de  ses  méfaits  et  de  sa 
vie.  Blanche,  sa  femme,  en  avait  conspiré  la  mort, 
de  concert  avec  son  amant,  Pierre  de  Louvain , 
capitaine  de  cent  lances  de  l'ordonnance  du  roi. 
Un  barbier,  homme  de  confiance  de  Guillaume 
de  Flavy,  qui  l'avait  élevé,  nommé  le  Bâtard 
d'Orbendas,  était  également  du  complot.  Celui-ci, 
armé  d'un  rasoir,  coupa  la  gorge  de  Guillaume 
pendant  qu'il  faisait  sa  sieste  habituelle,  après 
l'avoir  étourdi  d'un  coup  de  bâton.  Cependant  la 
mort  n'étant  point  survenue  instantanément. 
Blanche  saisit  l'arme  sanglante,  et  acheva  le 
meurtre.  Puis  elle  s'enfuit  avec  Pierre  de  Lou- 
vain, et  obtint  à  son  tour  du  roi  Charles  vn  des 
lettres  de  rémission  qui  lui  furent  octroyées  en 
juillet  1449.  A.  V.  de  V. 

Cabinet  des  titres,  dossier  Flavy.  —  archives  mu- 
nicipales de  Reims.  —  Godefroy,  Historiens  de  Char- 
les f-'II,  à  la  table.  —  J,  Quicherat,  Procès  de  la  Pucelle, 
à  la  table,;  Aperçus  nouveaux,  etc..  page  77.  —  Anselme, 
Histoire  dei  Maréchaux  de  France,  etc. 

FLAXMAN  (Jean),  célèbre  statuaire  anglais , 
né  à  York,  le  6  juillet  1755,  mort  le  7  décembre 
1826.  Il  fut  conduit  à  Londres  lorsqu'il  n'avait 
encore  que  six  ans.  Son  père,  simple  mouleur, 
tenait  un  magasin  de  figures  de  plâti'e.  Ce  fut 
dans  cette  humble  boutique  de  praticien  que  le 
futur  sculpteur  reçut  ses  premières  impressions 
d'artiste.  Pendant  toute  son  enfance ,  sa  cons- 
titution, naturellement  faible,  et  la  délicatesse  de 
sa  santé  lui  firent  une  nécessité  et  un  plaisir 
d'une  vie  solitaire  et  sédentaire.  Il  vécut  à  la 
maison,  ayant  constamment  sous  les  yeux  les 
objets  les  plus  propres  à  tourner  toutes  ses  idées 
vers  les  arts  plastiques.  Assis  derrière  le  comp- 
toir, avec  du  papier  et  un  crayon,  ou  avec  des 
livres,  dessinant  et  lisant  à  son  gré,  il  étudia 
avec  plus  d'agrément  et  peut-être  avec  plus  de 
profit  et  d'ardeur  que  s'il  avait  rempli  une  tâche 
imposée.  Cette  éducation  libre  fut  un  bonheur 
pour  Flaxman  :  il  lui  dut  en  partie  cette  spon- 
tanéité facile ,  cette  originalité  sans  effort  qui 
caractérisent  ses  œuvres.  Flaxman  dut  beaucoup 
aussi  à  la  vie  de  famille,  oii  il  fut  constamment 
entouré  de  tendresse.  11  perdit  sa  mère  à  l'âge 
de  dix  ans ,  mais  son  père  épousa  une  seconde 
femme  qui  eut  pour  l'enfant  les  mêmes  soins 
que  la  première.  Cette  habitude  précoce  du  bon- 
heur domestique  développa  en  lui  la  pureté  mo- 
rale et  l'intimité  affectueuse  qui  sont  le  charme 
de  son  talent. 

Flaxman  n'avait  guère  plus  de  dix  ans  lors- 
qu'il attira  l'attention  du  révérend  Mathew,  qui 
le  présenta  à  sa  femme.  Cette  dame,  très-instruite, 

,  (1)  Mathieu  de  Coucy. 


^7b  FLAXMAJN' 

prit  plaisir  à  faire  connaître  à  l'enfant  les  beautés 
d'Homère  et  de  Virgile.  Flaxman,  tout  en  l'écou- 
tant, essayait  de  retracer,  avec  le  pinceau  ou  le 
crayon ,  les  descriptions  et  les  récits  qui  produi- 
saient le  plus  d'effet  sur  son  imagination.  Bientôt 
il  voulut  lire  les  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité 
dans  les  langues  originales.  Là  encore  il  n'eut 
guère  d'autre  maître  que  lui-même.  Grâce  à  ce 
travail  volontaire,  qui  fut  presque  un  amusement, 
il  se  rendit  capable  de  lire  les  principaux  poètes 
anciens  sinon  en  philologue,  du  moins  assez 
facilement  pour  entrer  dans  leur  esprit  et  pour 
saisir  leurs  conceptions,  comme  il  le  prouva  plus 
tard  par  ses  belles  compositions  d'après  Homère 
et  Eschyle. 

Il  n'avait  pas  à  faire  le  choix  d'une  profession  : 
elle  lui  était  tout  indiquée  par  la  nature  et  les 
circonstances  qui  l'avaient  pour  ainsi  dire  pré- 
destiné à  la  sculpture.  Après  s'être  exercé  à  tra- 
vailler en  bosse  et  y  avoir  acquis  une  certaine 
habileté ,  il  entra,  à  l'âge  de  quinze  ans,  à  l'Aca- 
démie royale.  Il  n'eut  pas  de  maître  particulier, 
mais  il  reçut  les  conseils  de  Banks,  de  Curnijer- 
land,'de  Sharp,  de  Blake,  et  surtout  de  Stoîhardt. 
En  1770  il  exposa  pour  son  premier  sujet  une 
figure  de  Neptune  en  cire.  Ses  études,  quoique 
très-assidues,  ne  furent  pas  immédiatement  cou- 
ronnées de  succès.  Lorsque,  après  avoir  remporté 
une  médaille  d'argent,  il  concourut  pour  la  mé- 
daillé d'or,  il  la  vit  décevner  par  Reynolds,  alors 
président  de  l'Académie,  à  Engleheart,  artiste 
aujourd'hui  profondément  oublié.  Cet  échec  ne 
découragea  pas  Flaxman,  qui  retourna  à  ses 
études  ;  mais  pour  vivre  il  fut  forcé  de  donner 
une  partie  considérable  de  son  temps  à  des  tra- 
vaux rétribués.  H  dessina  et  modela  pour  d'au- 
tres. Si  modeste  que  fût  la  rémunération  de  ces 
ouvrages,  elle  suffit  pour  le  mettre  à  l'aise,  car  il 
avait  l'habitude  de  la  frugalité  fet  un  grand  dé- 
goût de  la  dépense  et  des  amusements.  Même 
dans  la  seconde  partie  de  sa  vie,  lorsqu'il  pos- 
sédait une  fortune  qu'il  lui  eût  été  facile  d'ac- 
croître considérablement ,  lorsque  sa  renommée 
lui  ouvrait  les  plus  hautes  sociétés  ,  il  continua 
à  se  distinguer  par  une  parfaite  simplicité  dans 
ses  habits  et  dans  sa  manière  de  vivre,  égale- 
ment éloigné  du  luxe  et  de  la  parcimonie ,  et  ne 
prodiguant  pas  plus  l'argent  qu'il  ne  cherchait  à 
en  amasser.  L'année  1782  est  une  date  impor- 
tante dans  la  vie  de  Flaxman  ;  il  se  maria  avec 
Anna  Denman.  Reynolds  le  rencontrant  peu  après 
s'écria  :  «  Ainsi,  Flaxman,  j'ai  entendu  dire  que 
vous  étiez  marié;  s'il  en  est  ainsi,  vous  êtes 
perdu  pour  l'art.  »  Jamais  augure  ne  fut  moins 
vrai,  car  Anna  Denman  ne  fit  pas  seulement  le 
bonheur  de  Flaxman ,  elle  exerça  sur  ses  études 
et  ses  travaux  la  plus  salutaire  influence.  On 
put  reconnaître  bientôt  combien  la  prédiction  de 
Reynolds  était  trompeuse,  en  voyant  le  statuaire 
faii-e  preuve  d'une  habileté  toujours  croissante, 
dans  son  monument  du  poète  Co/^««s  (  église  de 
Chichester  )  et  dans  celui  de  mistress  Morley  (  ca- 


876: 

thédrale  de  Gloucester  )  ;  ce  dernier  ouvrage  sur- 
tout est  rempli  de  cette  simplicité  poétique  et  pa- 
thétique qui  distingue  presque  tout  ce  que  Flaxman 
a  fait  en  ce  genre.  En  1787,  il  partit  avec  sa 
femme  pour  l'Italie,  où  il  passa  sept  années.  Ce 
fut  pendant  son  séjour  à  Rome  qu'il  donna  de 
son  talent  le  témoignage,  sinon  le  plus  complet, 
du  moins  le  plus  éclatant  et  le  plus  populaire,  Il 
fit  pour  Hare  Naylor  des  figures  au  trait  repré- 
sentant les  principales  scènes  de  Ylliade  et  de 
rorf«/s5ee.  Ces  compositions,  au  nombre  detrente- 
neuf  pour  l'Iliade  et  de  trente-quatre  pour  l'O- 
dyssée,  ne  lui  furent  payées  que  quinze  shellings 
pièce.  Cette  incroyable  modicité  de  prix  prouve 
qu'il  y  attachait  d'abord  peu  d'importance,  et 
qu'il  les  exécuta  comme  en  se  jouant  pour  se 
délasser  de  travaux  plus  sérieux.  Si  ces  belles 
et  faciles  productions  ne  rapportèrent  pas  beau- 
coup d'argent  à  Flaxman ,  elles  mirent  le  sceau 
à  sa  réputation  et  lui  valurent  des  protecteurs. 
La  comtesse  Spencer  lui  demanda  des  dessins 
d'après  les  tragédies  d'Eschyle.  Lord  Bristol  le 
chargea  d'exécuter  un  groupe  en  marbre  d'A- 
thamas  d'après  les  Métamorphoses  d'Ovide.  Ce 
beau  travail,  composé  de  quatre  statues  colos- 
sales, se  voit  aujourd'hui  à  Ickworth,  dans  le 
comté  de  Suffolk.  Il  ne  fut  payé  à  Flaxman  que 
six  cents  li\Tes  ;  c'était  le  prix  convenu.  L'artiste, 
qui  fut  forcé  d'y  mettre  de  son  argent,  était  trop 
honnête  pour  revenir  sur  son  engagement  et  trop 
fier  pour  s'en  plaindre.  Pendant  son  séjour  à 
Rome,  Flaxman  exécuta,  pour  Thomas  Hope,  le 
petit  groupe  exquis  en  marbre  de  Cêphale  et 
Am'ore  ;  il  fit  pour  le  même  les  trois  admirables 
séries  de  compositions  sur  Dante ,  formant  en 
tout  cent-neuf  sujets,  savoir  trente-huit  pour 
L'Enfer,  autant  pour  Le  Purgatoire,  et  trente- 
trois  pour  Le  Paradis.  Dans  cette  tâche,  n'ayant 
pas  de  précédents  et  abandonné  aux  seules  res- 
sources de  son  imagination ,  l'artiste  anglais  fit 
preuve  de  plus  d'originalité  encore  et  de  vigueur 
que  dans  ses  illustrations  d'Homère  et  d'Es- 
chyle. Un  mérite  commun  à  toutes  ces  compo- 
sitions, et  qui  leur  assure  une  place  durable  dans 
l'histoire  de  l'art ,  c'est  la  combinaison  heureuse 
et  imprévue  des  qualités  propres  à  la  peinture 
à  la  sculpture  (1). 

Après  ce  long  séjour  en  Italie  qui  avait  beau- 
coup profité  à  sa  fortune  et  surtout  à  son  talent, 
Flaxman,  de  retour  à  Londres,  se  signala  par  le 
noble  mausolée  de  lord  Mansfeld ,  qui  repré- 
sente un  vieillard  assis ,  ayant  la  Justice  et  la 
Charité  à  ses  côtés,  et  la  Mort  derrière  lui.  L'A- 
cadémie royale  se  hâta  d'ouvrir  ses  portes  à  l'émi- 


(1)  Voici  les  dates  de  la  publication  de  ces  dessins  • 
The  Odyssée  engraved  bij  Th.  PiroH  ;  Rome,  1793.  — 
The  Iliad.  engrav.  by  PiroH;  Londres,  179S,-  —  La  Di- 
vinu  Comniedia  di  Dante  Alighieri  ;  1793  et  1794.  — 
Compositions  from  tke  tragédies  of  yEschi/lus,  engrav. 
bij  Piroli,  179t.  Tous  ces  ouvrages  ne  tardèrent  pas  à  être 
publiés  en  Allemagne  par  Riepenhausen,  Schnorr,  etc.  ; 
Gœttingue,  1803,  et  en  France  par  Nitot-Dufrcsne;  Pa- 
ris, an  XI. 


877 


FLAXMAN  —  FLÉCHIER 


878 


nent  artiste,  et'.t;  reçut  comme  associé  en  1797. 
Flaxinan  était  infatii^able.  La  liste  seule  de  ses 
travaux  remplirait  plusieurs  colonnes  ;  nous  ne 
citerons  que  les  plus  importants.  11  a  exécuté 
plus  de  trente  monuments  funéraires,  dont  qua- 
tre à  Westminster.  De  tous  ces  mausolées,  le 
plus  beau  peut-être  est  celui  de  la  famille  Baring 
à  Micheldever,  dans  le  Hampsliire.  Les  bas-reliefs, 
dont  les  sujets  sont  empruntés  à  V Oraison  do- 
tninicale,  traduisent  avec  autant  de  simplicité  que 
de  grandeur  les  sentences  suivantes  :  «  Que  ta 
volonté  soit  faite;  »  «  Que  ton  règne  arrive;  « 
«  Délivre-nous  du  mal.  »  Parmi  les  groupes  les 
plus  parfaits  sortis  du  ciseau  de  Flaxman,  on 
cite  L'Archange  Michel  combattant  Satan. 
Mais  le  plus  étonnant  de  ses  ouvrages  par  la  ri- 
chesse inépuisable  des  combinaisons,  c'est  le 
Bouclier  d'Achille ,  d'après  le  XVIII"  livre  de 
V Iliade.  Cette  immense  composition,  où  s'agitent 
plus  de  deux  mille  ligures,  fut  quatre  fois  exé- 
cutée en  vermeil  par  les  orfèvres  Rundell  et 
Bridge  (  pour  le  roi ,  le  duc  d'York,  le  comte  de 
Lansdale  et  le  duc  de  Northumberland).  Chacun 
de  ces  boucliers  avait  neuf  pieds  anglais  de  cir- 
conférence avec  un  relief  de  six  pouces.  Malgré 
ses  succès  dans  ces  divers  genres ,  c'est  encore 
aux  monuments  funéraires  consacrés  aux  parti- 
culiers qu'il  faut  demander  les  inspirations  les 
plus  neuves  et  les  plus  pures  de  son  doux  et 
pieux  génie.  Quand  il  fit  de  la  sculpture  histo- 
rique et  officielle,  il  ne  s'éleva  pas  plus  haut  que 
beaucoup  d'artistes  de  son  temps.  Le  plus  connu 
de  ses  ouviages  en  ce  genre  ,  le  monument  de 
Nelson,  est  aussi  froidement  conçu  qu'imparfai- 
tement exécuté.  Il  est  douteux  qu'il  eût  mieux 
réussi  dans  la  statue  colossale  qu'il  proposait 
d'élever  sur  la  colline  de  Greenwich.  Cette  sta- 
tue, qui  devait  dépasser  deux  cents  pieds,  aurait 
représenté  la  Grande-Bretagne.  Flaxman  publia 
à  ce  sujet  une  lettre  adressée  au  duc  de  Glo- 
cester  ;  Londres,  1799. 

En  1810  Flaxman  fut  appelé  à  la  chaire  de 
sculpture,  nouvellement  créée,  à  l'Académie 
royale.  Ses  leçons,  sans  avoir  un  grand  mérite 
littéraire,  sont  pleines  de  remarques  judicieuses 
et  de  bon  sens  ;  elles  ont  été  publiées  avec  une 
notice  sur  l'auteur,  son  portrait  et  des  planches 
gravées;  Londres,  1829,  in-8".  On  a  aussi  de 
Flaxman  quelques  articles  dans  l'Encyclopd- 
die  de  Rees  et  une  Caractéristique  dti  peintre 
Romneij  insérée  dans  la  Vie  de  Romneij  par 
Hayley. 

lin  1820,  Flaxman  perdit  sa  femme.  Cette 
mort  fit  dans  sa  vie  tm  vide  que  rien  ne  put 
remplir,  pas  même  le  travail.  11  continua  ce- 
pendant de  produire ,  et  quelques-uns  de  ses 
chefs-d'œuvre  datent  de  cette  époque.  Quand  les 
forces  lui  manquèrent  pour  tenir  le  ciseau,  il 
esquissa  et  dessina  sur  le  papier,  restant  jus- 
qu'à son  dernier  jour  fidèle  à  l'art  qui  avait 
eu  ses  premières  pensées.  Malgré  cette  pratique 
assidue,  ce  n'est  pas  dans  la  partie  mécanique 


de  son  art  que  Flaxman  excelle.  Ses  ouvrages 
n'offrent  pas  ce  fini  et  cette  délicatesse  d'exé- 
cution qui  captivent  l'œil  et  souvent  trompent  le 
jugement.  Chez  lui  l'exécution  laisse  à  désirer, 
le  modelé  est  imparfait.  Mais  pour  l'invention, 
la  composition ,  le  goût ,  il  est  admirable,  li  con- 
tribua à  tirer  la  sculpture  du  genre  fîiux  et  ma- 
niéré du  dix -huitième  siècle,  pour  la  ramener 
à  la  sévérité  antique.  Il  la  rendit  à  la  fois  plus 
poétique  et  plus  touchante;  il  lui  fit  exprimer 
les  plus  nobles  et  les  plus  affectueux  sentiments 
du  cœur  humain.  VŒuvre  de  Flaxman;  re- 
cueil de  ses  compositions,  gravées  au  irait 
par  Réveil,  a  paru  à  Paris,  1832  et  années  sui- 
vantes, grand  in-8°.  Outré  les  compositions  déjà 
mentionnées  sur  Homère ,  Eschyle  et  Dante , 
on  y  trouve  Œuvre  des  Jours ,  et  Théogonie 
d'Hésiode,  37  planches;  —  Statues  et  bas- 
reliefs,  18  planches.  Léo  jodbert. 

Zeitgenossen ,  S=  série,  !'•  livraison.  —  Penmj  Cyclo- 


FLÉCHÈRE  (De  La).  Voy.  La  Fléchère. 

*  FLÉCHEUX  (***),  astronome  et  mécanicien 
français,  né  en  1738,  mort  le  4  novembre  1793. 
Il  n'est  connu  que  par  un  Planétaire  ou  Pla- 
nisphère nouveau.  C'est  une  machine  ingénieuse, 
qui  exposait  le  mouvement  des  astres  et  en  ren- 
dait l'étude  facile.  Une  brochure  (Paris,  1780, 
in-4°  )  accompagnait  cette  invention,  et  donnait 
l'explication  de  son  usage;  —  Loxocosme ,  ou 
démonstrateur  du  mouvement  annuel ,  tro- 
pique et  diurne  de  la  Terre  autour  du  Soleil, 
et  causes  des  phénomènes  des  saisons ,  de 
l'inégalité  des  jours ,  du  lever  et  du  coucher 
du  soleil  par  toute  la  Terre ,  du  coitrs  de  la 
Lune  et  des  planètes,  etc.,  avec  des  réflexions 
sur  le  système  de  Copernic;  Paris,  1784, 
in-4'',  avec  figures. 

Arnault,  .lay,  eic.  Biographie  nouvelle  des  Contem- 
porains. —  Quérard,  La  France  littéraire. 

FLÉCHIER  {Esprit)  ,  célèbre  orateur  et  pré- 
lat français,  né  le  10  juin  1632,  à  Pernes,  petite 
ville  du  diocèse  de  Carpentras,  mort  à  Mont- 
pellier, le  16  février  1710.  Il  commença  par  en- 
seigner la  rhétorique  à  Narbonne,  avant  de  venir 
se  faire  une  réputation  d'orateur.  Appartenant  à 
une  famille  pauvre ,  il  avait  été  élevé  à  Avignon 
par  son  onele  Hercule  Audifret ,  supérieur  de 
la  Doctrine  chrétienne.  Cette  congrégation  se 
consacrait  spécialement  à  l'instruction  de  la  jeu- 
nesse. La  connaissance  approfondie  que  Fléchier 
acquit  rapidement  des  langues  anciennes  le  mit 
en  état  de  les  enseigner  lui-même  de  bonne  lieure 
avec  succès.  Il  fit  honneur  à  la  congrégation  par 
le  savoir  et  l'élégance  de  langage  qui  brillaient 
dans  ses  leçons ,  et  par  des  essais  de  poésie  la- 
fine  remplis  de  facilité  et  d'éclat.  Il  prononça 
devant  les  états  de  Languedoc,  en  1CÔ9,  l'oraison 
funèbre  de  Claude  de  Rebé ,  archevêque  de  ^'a^- 
bonne.  La  même  année,  quelques  mois  après 
la  mort  de  son  oncle,  Fléchier  quitta  la  congré- 
gation, dont  il  avait  à  se  plaindre,  et  vinl  à  Paris. 


879 

Il  était  sans  fortune  et  sans  protecteur.  Il  com- 
mença par  faire  obscurément  le  catéchisme  aux 
enfants  dans  une  paroisse.  Un  petit  poëme  latin, 
où  il  décrivait  en  vers  ingénieux  le  fameux  car- 
lousel  donné  en  1662  par  Louis  XIV,  fut  ad- 
miré comme  mi  tour  de  force  ;  et  c'en  était  un  en 
effet ,  à  cause  de  la  difficulté  de  rendre  en  latin 
tous  les  détails  de  cette  fête  singulière.  Bientôt 
après  il  entra  comme  préC;epteur  chez  le  con- 
seiller d'État  de  Caumartin.  Grâce  à  cette  posi- 
tion ,  qui  le  fit  connaître  à  plusieurs  personnes 
du  grand  monde ,  sou  mérite  sortit  de  l'obscu- 
rité; son  esprit,  la  grâce  séduisante  de  son  lan- 
gage, la  dignité  polie  de  ses  manières,  la  gravité 
douce  de  son  caractère ,  le  firent  estimer  et  re- 
chercher par  des  gens  dont  le  commerce  était 
aussi  agréable  que  leur  amitié  pouvait  être  utile. 
Admis  dans  la  société  de  l'hôtel  de  Rambouillet, 
Fléchier  y  obtint  de  grands  succès  comme  bel 
esprit,  comme  poète  latin,  comme  causeur  spi- 
rituel et  éloquent.  Ce  fut  à  cette  époque  qu'il 
embrassa  la  carrière  de  la  prédication.  Ses  ser- 
mons furent  estimés ,  mais  ne  produisirent  au- 
cune impression  plus  vive.  Ses  oraisons  funèbres 
parurent  des  chefs-d'œuvre  d'art  et  de  gortt,  et 
lui  firent  une  éclatante  réputation ,  quoiqu'il  ne 
fût  pas  le  premier  venu  dans  ce  genre  et  qu'il 
eût  eu  Bossuet  pour  devancier.  Tout  le  monde 
fut  frappé  du  merveilleux  talent  avec  lequel  il  sut 
soutenir  l'intérêt  dans  un  sujet  peu  étendu  et  peu 
varié,  l'éloge  de  madame  deMontausier,  en  1672  : 
on  y  admira  la  délicatesse  gracieuse  avec  laquelle 
il  peignit  les  vertus  de  son  modèle,  et  le  pathé- 
tique doux  et  insinuant  avec  lequel  il  déplora  la 
perte  de  cette  femme  accomplie.  Mais  l'oraison 
funèbre  de  Turenne,  en  1676,  donna  de  lui  une 
bien  plus  haute  idée ,  et  le  plaça,  dans  l'opinion 
de  la  plupart  des  contemporains,  à  côté  de  Bos- 
suet lui-même.  On  sait  que  le  même  sujet  avait 
été  traité  peu  de  temps  auparavant  par  Masca- 
ron,  et  si  heureusement,  que  beaucoup  de  gens 
pensaient  qu'il  n'était  pas  possible  de  mieux 
faire.  C'était  le  sentiment  de  madame  de  Sévigné. 
«  M.  de  Tulle,  dit-elle  en  écrivant  à  sa  fille,  a 
surpassé  tout  ce  qu'on  attendait  de  lui  dans  l'o- 
raison de  M.  de  Turenne  :  c'est  une  action  pour 
l'immortalité  ;  »  et  ailleurs  :  «  Il  me  semble  n'avoir 
«  jamais  rien  vu  de  si  beau  que  cette  pièce  d'é- 
<(  loquence.  On  dit  que  l'abbé  Fléchier  veut  la 
«  surpasser  ;  mais  je  l'en  défie.  Il  pourra  parler 
(c  d'un  héros,  mais  ce  ne  sera  pas  M.  de  Tu- 
«  renne  ;  et  voilà  ce  que  M.  de  Tulle  a  fait  di- 
te vinement  à  mon  gré  ;  la  peinture  de  son  cœur 
«  est  un  chef-ti'œuvre.  Je  vous  avoue  que  j'en 
«  suis  charmée  ;  et  si  les  critiques  ne  l'estiment 
«  plus  depuis  qu'elle  a  été  imprimée,  je  rends 
«  grâces  aux  dieux  de  n^ être  pas  Romain.  » 
Enfin ,  dans  un  autre  endroit  :  «  Je  n'ai  point 
«  vu  l'oraison  funèbre  de  M.  Fléchier  :  est-il 
«  possible  qu'il  puisse  contester  à  M.  de  TuUe.^ 
<c  .Te  dirois  là-dessus  un  vers  du  Tasse,  si  je 
«  m'en  souvenois.  »   Cependant  l'ouvi-age  de 


FLÉCHIER  880 

Fléchier  lui  jarvint ,  et  aussitôt  qu'elle  en  eut 
pris  connaissance  ,  elle  changea  d'avis,  et  revint 
sur  sa  première  admiration  avec  une  bonne  foi 
et  une  impartialité  qu'elle  aurait  dû  mettre  aussi 
dans  son  jugement  sur  Racine  et  Corneille.  «  En 
«  arrivant  ici,  dit-elle,  madame  de  Lavardin  me 
«  parla  de  l'oraison  funèbre  de  Fléchier.  Nous 
«  nous  la  fîmes  lire ,  et  je  demande  mille  et  mille 
«  pardons  à  M.  de  Tulle  ;  mais  il  me  parut  que 
«  celle-ci  étoit  au-dessus  de  la  sienne.  Je  la 
«  trouve  plus  également  belle  partout  ;  je  l'écoute 
«  avec  étonnement ,  ne  croyant  pas  qu'il  fût  pos- 
«  sible  de  dire  les  mêmes  choses  d'une  manière 
«  toute  nouvelle.  En  un  mot,  j'en  fus  charmée.  " 
Ce  qui  donnait  en  effet  la  supériorité  à  Flé- 
chier, c'est  que  son  oraison  était  plus  également 
belle  ;  mais  ,  du  reste ,  il  y  avait  dans  Mascaron 
des  parties  énergiques  et  des  traits  de  génie  que 
Fléchier  n'avait  pas  égalés  (1).  L'Académie  n'a- 
vait pas  attendu  cette  nouvelle  preuve  du  talent 
de  Fléchier  pour  l'appeler  dans  son  sein  :  elle 
l'avait  nommé  trois  ans  auparavant,  en  1673, 
à  la  place  de  Godeau ,  et  l'avait  reçu  le  même 
jour  que  Racine.  Le  discours  de  réception  de 
Fléchier  avait  été  fort  applaudi ,  et ,  chose  sin- 
gulière ,  tous  les  honneurs  de  la  séance  avaient 
été  pour  lui ,  tandis  qu'on  avait  à  peine  fait  at- 
tention à  Racine.  Soit  qu'il  fiit  intimidé  par  le 
succès  de  son  collègue ,  soit  qu'il  ne  fût  pas  con- 
tent du  remercîment  qu'il  avait  composé  lui- 
même  ,  l'auteur  à'Andromaque  et  de  Britan- 
nicus  lut  son  discours  avec  précipitation,  d'une 
voix  si  basse  et  si  confuse,  que  «  M.  Colbert , 
dit  Racine  le  fils ,  qui  étoit  venu  pour  l'entendre, 
n'en  entendit  rien ,  et  que  ses  voisins  même  en 
saisirent  à  peine  quelques  mots  » .  Nous  ne  pou- 
vons aujourd'hui  juger  si  le  discours  de  Racine 
méritait  en  effet  de  passer  inaperçu  à  côté  de 
celui  de  Fléchier,  car  il  ne  se  retrouva  pas  dans 
ses  manuscrits,  et  l'Académie  ne  prit  pas  la 
peine  de  l'insérer  dans  ses  recueils.  Après  l'o- 
raison funèbre  de  Turenne,  Fléchier  fut  regardé 
comme  un  des  hommes  qui  honoraient  le  plus 
l'Église  et  les  lettres  :  dès  lors  il  ne  pouvait  man- 
quer d'avoir  part  aux  bienfaits  de  Louis  XIV. 
Ce  prince  le  nomma  successivement  abbé  de 
Saint-Severin,  aumônier  de  la  dauphine,  évêque 
de  Lavaur,  dans  le  Languedoc.  Le  roi  lui  dit,  eu 
annonçant  cette  dernière  nomination,  ces  gra- 
cieuses paroles  :  «  Je  vous  ai  fait  un  peu  atten- 
te dre  une  place  que  vous  méritiez  depuis  long- 
«  temps  ;  mais  je  ne  voulais  pas  me  priver  si  tôt 
te  du  plaisir  de  vous  entendre.  »  Peu  de  temps 
après,  une  autre  faveur  fit  mieux  éclater  encore 
la  haute  estime  que  ressentait  pour  lui  le  mo- 
narque. Du  siège  de  Lavaur,  Fléchier  fut  trans- 
féré à  celui  de  Nîmes,  en  1687.  Ce  qui  prouve 


(1)  Les  autres  oraisons  funèbres  de  Fléchier  sont  celles 
de  la  duchesse  d'Aiguillon  (1675),  du  premier  président 
de  Lamoignon  (  1679  ) ,  de  la  reine  Marie-Thérèse  (  1689 1, 
du  chancelier  Le  TelUer  (  1686  ) ,  de  la  dauphine  Marie- 
Christine  de  Bavière,  et  du  duc  de  Montausier;  (I690j).  , 


iiSi  FLÉCHIER 

qu'il  n'était  point  ambitieux ,  c'est  qu'il  s'opposa 
autant  qu'il  put  à  ce  changement.  L'évêché  de 
Nîmes  était  infiniment  supérieur  à  l'autre,  par 
l'importance  et  par  les  revenus;  mais  à  La- 
vaur  Fléchier  s'était  attiré  en  peu  de  temps  la 
confiance  et  l'amour  de  tous,  il  s'était  fortement 
attaché  à  son  troupeau  et  s'était  promis  de  lui 
vouer  tous  ses  soins  r  il  ne  céda  qu'après  une 
longue  résistance  et  parce  qu'il  n'y  avait  pas 
moyen  de  se  soustraire  aux  ordres  du  monar- 
que. A  Nîmes ,  comme  à  Lavaur,  il  fit  bénir  son 
ministère;  dans  cette  nouvelle  résidence,  le 
gouvernement  ecclésiastique  était  plus  difficile, 
à  cause  de  la  résistance  qu'opposaient  les  pro- 
testants au  système  de  conversion  forcée  adopté 
contre  eux.  Fléchier,  tout  en  cherchant  avec 
zèle  à  détruire  l'hérésie,  selon  l'ordre  du  roi, 
dans  la  province  qui  lui  était  confiée ,  s'attacha 
à  prévenir  les  rigueurs  de  la  persécution.  11  s'a- 
dressait aux  esprits  et  aux  cœurs,  et  repoussait 
l'emploi  de  la  force.  Ses  raisonnements  et  sa 
charité  déterminèrent  un  grand  nombre  de  con- 
versions :  ceux  qu'il  ne  pouvait  persuader  étaient 
sûrs  de  trouver  en  lui  un  protecteur  contre  les 
violences  d'un  zèle  fanatique.  Enfin,  il  gagna 
tout  !e  monde  par  une  tolérance  qui  n'ôtait  rien 
chez  lui  à  l'ardeur  et  à  la  sévérité  de  la  foi,  et 
sa  mémoire  est  restée  également  chère  aux 
cathoHques  et  aux  protestants  dans  son  diocèse. 
Ses  loisirs  étaient  employés  à  composer  des  ou- 
vrages de  littérature  et  d'histoire  ou  à  diriger  les 
travaux  de  l'académ-ie  qu'il  avait  fondée  à  Nî- 
mes. 11  vécut  entouré  des  témoignages  de  l'es- 
time et  de  la  reconnaissance  publiques  jusqu'en 
l'année  1710.  Quelque  temps  avant  de  mourir, 
il  eut  un  songe  qui  fut  pour  lui  un  pressentiment 
de  sa  fin  prochaine.  Il  ordonna  sur-le-champ  à 
un  sculpteur  de  faire  un  dessin  très-modeste  pour 
son  tombeau ,  craignant  que  sa  famille  ne  mît 
dans  le  monument  qui  devait  renfermer  ses  restes 
un  faste  dont  toute  sa  vie  il  s'était  soigneu^^e- 
ment  préservé.  Quelque  temps  après  avoir  pris 
ce  soin,  il  mourut,  avec  une  pieuse  et  édifiante 
résignation.  Les  protestants  s'associèrent  au  deuil 
causé  par  sa  mort  dans  la  province.  Lorsque 
Fénelon  reçut  la  nouvelle  de  cette  perte,  il  s'é- 
cria :  «  Nous  avons  perdu  notre  maître!  »  Ces 
paroles  étaient  sincères,  et  si  le  jugement  qu'elles 
renferment  ne  nous  paraît  point  exact,  du  moins 
elles  sont  dans  la  bouche  d'un  tel  iiomme  un 
magnifique  éloge,  et  le  plus  bel  hommage  peut- 
être  qu'ait  reçu  la  mémoire  de  Fléchier. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  Fléchier  comme 
orateur  fut  presque  mis  au  même  rang  que  Bos- 
suet  par  un  giand  nombre  de  ses  contemporains. 
Beaucoup  de  gens  alors  trouvaient  Bossuet  su- 
blime ,  mais  trop  négligé,  et  préféraient  le  grand 
art  du  panégyriste  de  Turenne.  Cette  opinion 
fut  abandonnée  dans  l'époque  suivante ,  et  l'on 
reconnut  quel  immense  intervalle  séparait  ces 
deux  hommes.  Aujourd'hui  Fléchier  est  apprécié 
à  sa  juste  valeur,  et  la  place  qui  lui  a  été  défi- 


882 


nitivement  assignée,  bien  que  plus  modeste,  est 
encore  assez  belle.  Nous  ne  sommes  pas  de  ceux 
qui ,  réservant  à  Bossuet  la  gloire  de  grand  ora- 
teur, ne  veulent  voir  en  Fléchier  qu'un  habile 
rhéteur.  Nous  ne  caractériserons  pointée  dernier 
parcemotinjurieux.  «  Esprit  droit  et  sincère,  âme 
honnête  et  convaincue  ,•  la  vérité  était  pour  lui 
un  besoin  ,  et  l'éloquence  n'avait  pas  à  ses  yeux 
d'autre  mission  que  de  traduire  et  de  répandre 
la  vérité.  »  Ce  n'était  donc  point  un  rhéteur.  11 
serait  plus  juste  de  dire  qu'il  fut,  tout  en  s'atta- 
chant  à  des  idées  sérieuses  et  sincères,  un  artiste 
consommé  de  style.  Ce  fut  à  la  fois  un  prêtre  ver- 
tueux et  fervent,  un  littérateur  élégant,  un  écrivain 
habile.  C'était  un  prédicateur  zélé  et  vénérable, 
qui  avait  commencé  par  enseigner  la  l'hétorique, 
par  composer  des  poèmes  latins  et  par  être  bel 
esprit  à  l'hôtel  de  Rambouillet.  Il  était  jaloux 
de  recueillir  les  suffrages  qu'on  accorde  à  l'es- 
prit, au  talent,  à  la  grâce  et  à-  l'harmonie  du 
beau  langage;  cependant,  il  ne  l'était  pas  assez 
pour  se  préoccuper  uniquement  des  moyens  de 
flatter  les  esprits  et  de  se  faire  admirer.  Tout  en 
travaillant  son  style ,  il  ne  perdait  pas  de  vue  la 
gravité  et  l'élévation  de  son  ministère ,  et  son 
am.our  pour  la  forme  ne  lui  faisait  point  oublier 
le  but  sérieux  de  la  parole.  De  là  le  caractère 
de  ses  ouvrages ,  où  l'on  trouve  à  la  fois  une 
piété  douce  et  profonde,  un  sentiment  élevé  de 
la  perfection  morale ,  une  noblesse  de  pensées 
qui  tient  à  l'amour  du  vrai,  une  élégance  étudiée 
et  séduisante,  une  pompe  travaillée  et  majes- 
tueuse ,  une  délicatesse  de  nuances  et  d'opposi- 
tions spirituellement  élaborée ,  enfin ,  tout  l'art 
d'un  homme  qui  fait  jouer  l'idiome  français  sous 
sa  main ,  comme  un  instrument  compliqué  que 
sa  patience  ingénieuse  a  rendu  docile. 

Parmi  les  reproches  que  la  critique  adresse 
à  Fléchier,  quand  elle  insiste  sur  l'abus  qu'il  a 
fait  des  artifices  de  style',  le  plus  grave  est  d'a- 
voir prodigué  l'antithèse  outre  mesure.  Ce  re- 
proche est  juste  ;  mais,  du  reste,  il  faut  remar- 
quer que  l'antithèse  se  réduit  rarement  chez  lui 
à  de  simples  oppositions  de  mots.  L'antithèse 
est  toujours,  ou  du  moins  presque  toujours,  chez 
lui  dans  la  pensée.  Ce  qui  fait  qu'elle  devient 
blâmable  dans  ses  discours ,  c'est  qu'elle  se 
représente  trop  souvent,  c'est  que  tant  de 
phrases  soigneusement  divisées  en  deux  com- 
partiments qui  font  contraste  finissent  par  rendre 
la  marche  de  l'orateur  monotone  et  par  fati- 
guer l'attention. 

Fléchier  a  su  segarder,  en  général,  de  ce  défaut 
dans  son  Or  aison  funèbre  de  Turenne.  Ce  dis- 
cours, par  l'heureuse  disposition  des  (larties, 
par  l'élévation  simple  et  forte  des  pensées ,  par 
la  grandeur  touchante  du  pathétique ,  par  la 
beauté  harmonieuse  du  style,  est  réellement  son 
chef-d'œuvre,  et  un  des  chefs-d'onivrc  de  l'élo- 
quence française.  Mais,  toutefois,  pour  l'admirer 
sans  restriction ,  il  ne  faut  pas  trop  se  souvenir 
de  Bossuet,  et  de  Y  Oraison  funèbre  de  Condc. 


FLÉGHIER  --  FLECK 


8S4 


Ce  qui  fait  le  plus  de  tort  à  Fléchier,  quand  ce 
souvenir,  se  présentant  à  notre  esprit,  amène 
une  inévitable  comparaison,  c'est  la  nécessité 
qu'il  s'est  malheureusement  imposée  de  rappeler, 
en  retraçant  la  vie  de  son  héros ,  un  très-grand 
nombre  des  événements  qui  avaient  illustré  à  la 
guerre  son  habileté  ou  sa  valeur.  Re  pouvant 
faire  entrer  dans  son  discours  tous  les  noms  de 
lieux,  ou  d'hommes  qui  se  rattachaient  à  ces 
événements,  forcé  d'ailleurs  d'être  très-bref,  il 
se  borne  à  des  allusions  rapides,  à  des  indica- 
tions vagues ,  faites  en  termes  généraux ,  et  par 
conséquent  banales,  qui  refroidissent  singuliè- 
rement l'intérêt.  L'orateur  a  beau  donner  du 
mouvement  à  sa  phrase  et  dire,  par  exemple  : 
«  Ici  il  forçait  des  retranchements  et  secourait 
une  place  assiégée ,  là  il  surprenait  les  ennemis 
ou  les  battait  en  pleine  campagne  :  ces  villes 
où  vous  voyez  les  lis  arborés  ont  été  ou  défen- 
dues par  sa  vigilance,  ou  conquises  par  sa  fer- 
meté et  par  son  courage,  etc.  :  »  ces  allusions , 
dont  une  note  nous  avertit ,  en  nous  apprenant 
qu'il  s'agit  en  cet  endroit  du  secours  donné  à 
Arras,  de  la  défense  de  Condé,  de  la  prise  de 
Landrecies,  etc.,  n'ont  rien  de  frappant ,  n'of- 
frent rien  à  l'esprit ,  et  ne  sont  qu'une  peinture 
insignifiante  et  commune.  Sans  la  note  placée 
au  bas  de  la  page ,  pourrait-on  se  douter  qu'il 
y  à  là  quelque  cliose  qui  appartient  en  propre  à 
la  vie  de  Turenne ,  qui  est  particulier  à  son  his- 
toire? Nesont-cepas  là  de  ces  phrases  comme  il 
peut  s'en  trouver  dans  l'éloge  d'un  capitaine 
quelconque  ?  Ce  genre  de  reproche  s'applique- 
rait malheureusement  à  plus  d'une  partie  de 
l'Oraison  funèbre  de  Turenne.  Bossuet  avait  à 
parler  d'une  vie  aussi  remplie  de  faits  militaires 
de  tous  genres;  mais  il  a  sagement  choisi  deux 
ou  trois  événements  princip.ux  :  tels  que  la  ba- 
taille de  Rocroy  ,  celle  de  Lens,  la  célèbre  cam- 
pagne contre  Merci ,  et  les  a  mis  sous  les  yeux 
de  ses  auditeurs  par  des  narrations  ou  des  ta- 
bleaux aussi  pittoresques  qu'éloquents,  et  em- 
preints d'une  couleur  particulière  et  locale ,  sans 
se  croire  obligé  d'entrer  dans  d'autres  détails  et 
de  dire  et  d'indiquer  tout  ce  qu'a  fait  son  héros. 
Ici  Bossuet  est  supérieur,  même  pour  l'art,  à 
Fléchier.  La  ps.rt\e  deVOraisan  funèbre  de  Tu- 
ren7ieqm  soutient  le  mieux  la  comparaison  avec 
Bossuet  est  l'exorde,  qui  a  été  loué  et  cité  si 
souvent.  Le  cardinal  Maury  rapporte,  au  sujet 
de  cet  exorde ,  une  anecdote  assez  curieuse. 
Mascaron,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  fit  l'éloge 
de  Turenne  un  peu  avant  Fléchier.  Celui-ci  fon  - 
dait  avec  raison  de  si  grandes  espérances  sur 
l'heureux  choix  de  son  texte ,  relatif  à  la  vie  et 
à  la  mort  de  Judas  Machabée ,  qu'en  assistant 
hV  Oraison  funèbre  de  rMre?2«e  prononcée  par 
Mascaron  il  fut  hors  de  lui  et  saisi  de  fi-ayeui-, 
jusqu'au  moment  où  il  entendit  l'orateur  débuter 
par  le  texte  insignifiant  :  Proba  me,  Deiis,  et 
scUo  cor  meum.  Soulagé  alors  du  poids  de  la 
crainte  dont  il  était  su.ffoqué,.  ii  dit  en  plaisan- 


tant à  ses  voisins ,  qui  avaient  remarqué  son 
agitation  :  «  Me  voilà  tranquille  :  je  ne  redoli- 
«  tais  que  son  texte;  j'avais  peur  qu'il  n'eût  pris 
«  le  mien  :  il  peut  dire  à  présent  tout  ce  qu'il 
'(  voudra ,  j'applaudirai  de  bon  cœur.  » 

Outre  les  Oraisons  funèbres,  très-souvent 
réimprimées,  on  a  de  Fléchier  3  vol.  de  Pané- 
gyriques des  Saints,  et  3  vol.  de  Sermons,  qui 
n'ont  ni  mérité  ni  obtenu  le  même  succès.  Il 
composa,  pour  l'instruction  du  dauphin,  la  Vie 
de  Théodose  le  Grand  (1679,  in-4"),  qui  a  eu 
plusieurs  éditions,  etqu'on  lit  avec  intérêt,  tout  en 
reconnaissant  que ,  chargé  de  proposer  au  prince 
cet  empereur  pour  modèle,  Fléchier  atrop  voilé 
lestantes  du  règne  deThéodose.  On  estime  beau- 
coup moins  V Histoire  du  Cardinal  Ximenès,qm 
paruten  1693  (in-4°et  2vol.  in-12  )  :Fléchiern'y 
montre  guère  que  le  savant  archevêque  de  To- 
lède ,  et  oublie  trop  le  ministre  et  l'homme  d'État. 
Quant  à  V Histoire  du  Cardinal  Commendou 
(1671  ),  ce  n'est  qu'une  traduction  du  latin  de 
Gratiani.  Fléchier  n'a  pas  pris  rang  parmi  leshis' 
toriens.  Ses  poésies  latines  ont  été  réunies  en  un 
vol.  in-12,  imprimé  à  Bâle,  1782.  Ses  Lettres 
choisies  sur  divers  siijets  (1715,  2  vol.  in-12) 
sont  écrites  dans  un  style  travaillé  ;  on  n'y  trouve 
ni  familiarité  ni  abandon,  mais  l'auteur  y  montre 
souvent  dans  l'évêque  le  citoyen. 

Les  Œuvres  complètes  de  Fléchier  ont  été 
imprimées  à  Nîmes  (1782,  10  vol.  in-8'').Là 
sont  ses  discours,  ses  harangues,  ses  mande- 
ments, ses  lettres  pastorales,  des  mémoires, 
une  ReloMon  des  troubles  des  Cévennes,  des 
poésies,  dont  quatre  dialogues  sur  le  quié- 
tisme,  etc.  Elles  ont  été  réimprimées  en  1825, 
10  vol.  in-S".  M.  Gonod  a  publié  un  ouvrage 
inédit  de  Fléchier,  sous  le  titre  de  Mémoires 
sur  les  Grands-Jours  tenus  à  C  1er  mont- Fer- 
rana!  eîi  1665-1666;  Paris,  1844,  in-S".  «Les 
Grands-Jours,  disent  MM.  Louandre  et  Bour- 
quelot,  étaient  des  espèces  de  cours  prévôtales. 
Fléchier  assista  à  ceux  de  Clermont  en  qualité 
de  précepteur  du  fils  de  M.  Lefèvre  de  Caumar- 
tin,  conseiller  du  roi ,  maître  des  requêtes ,  qui 
fut  chargé  des  sceaux  pendant  les  assises.  Leâ 
Mémoires  de  Fléchier  offrent,  outre  de  curieux 
détails  sur  ces  assises ,  un  tableau  très-piquant 
de  la  vie  de  province  an  dix-septième  siècle ,  et 
montrent  l'auteur  lui-même  sous  un  jour  tout 
nouveau.  »  On  trouve  dans  la  Revue  rétro^ 
spective,  t.  r'',  p.  244,  une  Correspondance 
galante  de  Fléchier  avec  Mi^"  de  Lavigne. 

D'Alerabert,  Histoire  des  Membres  de  l'Académie, 
t.  I  et  \\.  —  Fabre  de  Narbonne,  Discours  sur  la  vie  et 
les  omraries  de  Flétiliier ;  en  tète  de  l'édit.  de  182S.  -,• 
Ch.  Labitte,  La  Jeunesse  de  Fléchier,  dans  la  Revue  des 
Deux-Mondes,  15  mai  1843.  —  Le  Bas ,  Diction,  encyc. 
de  la  France. 

FiLECR.  (Conrad),  minnesinger  du  treizième 
siècle,  né  en  Suisse  ou  en  Souabe,  si  l'on  en 
juge  par  le  dialecte  dans  lequel  il  a  écrit.  Il 
vivait  vers  1230,  comme  l'atteste  un  passage 
de  Rodolphe  d'Eros ,  qui  le  cite  avec  éloge  dans 


885 


FLECK  —  FLEETWOOD 


886 


son  poëirie  d'Alexandre  et  lui  donne  le  titre  de 
Herr,  réservé  alors  aux  chevaliers  (  Her  Flec, 
der  guote  Huonràt).  Il  nous  apprend  en  même 
temps  que  Conrad  Fleck  avait  composé  un 
poème  sur  Cites,  fils  cV  Alexandre  empereur  de 
Grèce,  et  neveu  d'Arthur  de  Bretagne.  Ce 
Clies  est  évidemment  le  même  personnage  que 
le  Cligès  de  Ciirétien  de  Troyes.  Mais  le  véri- 
table titre  de  notre  minnesinger  au  souvenir  de 
la  postérité,  c'est  d'avoir  traité  avec  quelque 
agrément  un  sujet  fort  populaire  au  moyen  âge 
et  qui  a  inspiré  successivement  un  grand  nombre 
de  poètes  français,  anglais,  suédois,  danois, 
italiens,  et  en  particulier  l'illustre  Boccace  (  Fi- 
locopo). 

Les  héros  du  poëme,  Flore  et  Blansche- 
/lur,  sont  nés  le  même  jour  et  à  la  même  heure, 
dans  le  palais  du  roi  de  Hongrie  ;  mais  l'un  est 
le  propre  iiis  du  souverain ,  tandis  que  l'autre 
est  la  itille  d'une  étrangère  attachée  au  service 
de  la  reine.  Les  deux  enfants  sont  élevés  en- 
semble, et  peu  à  peu  naît  et  grandit  avec  eux 
une  innocente  amitié  qui  clie-iue  jour  ressemble 
davantage  à  de  l'amour.  Le  roi  voit  le  danger,  et 
pour  le  conjurer  bannit  de  ses  États  la  belle 
Blanscheflur.  Il  était  déjà  trop  tard  ;  le  jeune 
prince  ne  peut  vivre  sans  la  compagne  de  son 
enfance,  et  il  part,  résolu  de  la  rejoindre  ou  de 
mourir.  Après  de  longues  pérégrinations,  il  ar- 
rive à  Babylone,  et  là  il  apprend  que  son  amie 
est  enfermée  clans  une  haute  tour  où  l'émir  la 
fait  garder  soigneusement ,  en  attendant  qu'elle 
soit  admise  à  partager  son  lit.  Flore  séduit  le 
geôlier,  et  pénètre  dans  la  tour,  caché  dans  un 
;"inier  de  fleurs.  Mais  les  deux  amants  ne  jouis- 
sent pas  longtemps  de  leur  bonheur  ;  ils  sont  dé- 
couverts et  condamnés  à  périr  :  ils  Jettent  avec 
dédain  un  anneau  magique  qui  ne  peut  les  sau- 
ver tous  deux,  et  se  décident  à  mourir  ensemble. 
Heureusement  l'émir,  touché  de  tant  d'amour 
et  de  dévouement,  îeur  fait  grûce  et  leur  rend  la 
libei'té.  Flore  et  Blanscheflur  vont  régner  sur 
l'Espagne,  où  ils  meurent  tous  deux  lemêmejour, 
après  avoir  vécu  plus  de  cent  ans  et  donné  nais- 
sance à  Berthe,  l'illustre  mère  du  roi  Charles. 

Le  récit  de  Conrad  Fieck  est  empreint  d'une 
certaine  simplicité  qui  ne  manque  pas  de  grâce 
et  qui  n'exclut  pas  l'imagination;  et  nous  sous- 
crivons volontiers  au  jugement  des  critiques  al- 
lemands (C.  Gœdeke,  E.  Sommer)  qui  le  dé- 
clarent supérieur  au  poëme  composé  sur  le 
même  sujet  par  un  trouvère  français,  et  con- 
servé à  la  Bibliothèque  impériale  sous  le  n"  6987. 
Mais  nous  croyons  qu'ils  se  trompent  en  l'egar- 
dant  ce  dernier  ouvrage  comme  le  modèle  que 
le  minnesinger  avait  sous  les  yeux.  A  en  juger 
par  le  style  et  la  versilicatioa  et  par  cerfaius  pro- 
cédés de  composition  parmi  lesquels  nous  si- 
gnalerons  de  fréquentes  allégories ,  le  l'oinan 

«  Du  rui  Flore  l'enfant 
lit  de  lUaiiccUor  le  vaillant  » 

rie  saurait  guère  être  antérieur  à  l'an  1230;  il 


est  probable  que  Conrad  Fleck  s'est  servi  d'une 
i-édaction  plus  ancienne  de  la  même  légende  ro- 
manesque et  à  laquelle  il  doit  plusieurs  détails 
qui  manquent  dans  le  poëme  français  que  nous 
avons  et  qui  se  retrouvent  dans  le  Flore  et 
Blanchefleur  composé  au  commencement  du 
treizième  siècle  par  le  Flamand  Dietric  van  As- 
senede.  Nous  ne  pouvons  donc  reconnaître 
dans  le  manuscrit  anonyme  de  la  Bibliothèque 
impériale  l'ouvrage  du  trouvère,  d'ailleurs  in- 
connu, Robert  d'Orbent  (Orléans?),  que  le  min- 
nesinger cite  en  commençant  : 

«  Ez  hàt  Ruoprecht  von  Orbcnt, 

Getlhtet  in  welschen 

Mit  rîraen  ungeveischen 

Des  icli  in  tiusclien  willen  hân.  » 

Il  existe  de  Flore  et  Blanschejlur  deux  ma- 
nuscrits du  quinzième  siècle ,  l'un  à  Berlin,  l'autre 
à  Heidelberg.  E.  Sommer  en  a  donné  une  ex- 
cellente édition;  Quedlinburg,  1846,   in-8". 
Alexandre  Pev. 

Koberstelii ,  Gescliiclitc  der  Geschichtc  der  deutschen 
Natlnnal-UlteraUir,  §  S7,  95,  141.  —  Hasen,  jViisciim 
fur  altdetitsclie  Litieratur  und  Kunst,  1  vol.  ;  —  Karl 
Greclehe,  Minnesinaer;  Hanovcr,  1834..  —  Documents 
inédits.  —  Erscliet  Gruber,  ^llçj.  Enc. 

FLECNOE  (  Richard  ),  poète  anglais,  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-seplième.  On  a 
peu  de  détails  sur  sa  vie;  quoiqu'il  ait  écrit  ' 
pour  le  théâtre ,  peut-être  serait-il  oublié  sans 
la  satire  dirigée  contre  lui  par  Dryden ,  soas  ce 
titre  :  Mac  Flecnoe,  une  des  plus  remarquables 
productions  de  ce  grand  poëte.  On  n'est  pas 
non  plus  bien  fixé  sur  les  causes  de  celte  animo- 
sité  de  Dryden.  Parmi  ;les  ouvrages  de  Flecnoe  , 
on  cite  :  Bamoiselles  à  la  mode  (sic) ,  comédie  ; 
1667  ;  —  Ermina,  or  the  chaste  lady,  comédie  ; 
—  Love^ s  Dominion  ;  1654,  et  1664  sous  cetautrc 
titre  :  Lové" s  Ktngdom;  — Epigrams  and  entg- 
matic  Characters  ;  1670,  in-8".  On  les  trouve 
aussi  avec  Love's  Dominion  ;  —  Miscellanea  ; 
1653,  in-12  ;  —  Diarù«?i;  Londres,  1656,in-12. 
Southey^  dans  VOmniana,  fait  l'éloge  des  poésies 
de  Flecnoe. 

CAbber,  Lives.  —  Malone,  Life  of  Dryden.  —  Ellis, 
Spécimens. 

FLEETWOOD  (Guillaume),  jurisconsulte 
anglais,  mort  le  28  février  tô94.  Après  avoir 
étudié  quelque  temps  à  Oxford  ,  il  entra  dans 
la  carrière  du  barreau,  où  il  se  fit  bientôt  re- 
marquer par  sa  grande  connaissance  des  lois. 
En  1 569,  il  fut  nommé  l'ecorder  de  Londres.  Il 
déploya  dans  ces  fonctions  im  zèle  souvent  ex- 
cessif contre  les  papistes.  En  1580  on  lui  conféra 
le  titre  de  sergent  es  lois,  et  en  1592  il  devint  un 
des  sergents  de  la  reine.  Il  n'était  pas  moins  es- 
timé comme  orateur  que  connue  jurisconsulte. 
On  a  (\(ihn -.AnnaUum  tam  rcgum  Fdwardi  V, 
Uichardi  lll  et  Henrici  VII,  quam  Hen- 
rici  VIll,  tilulorum.  ordine  alphabetico 
muUo  Jam  melius  quam  anlea  digestorum 
Elenchus;   1579  et  1597;  —  The  Office  of  a 


887  FLEETWOOD 

Justice  of  Peace;   1658,    in- 8°  (posthume). 
Wood,  Jth.  Oxon.  —  Lodgc,  Illustrât, 

FLEETWOOO  (  GuUlaume),  théologien  et 
antiquaire  anglais,  né  dans  la  tour  de  Londres, 
le  21  janvier  1656,  mortà  Tottenham,  le  4  août 
1723.  Il  étudia  à  Eton,  puis  à  l'université  de  Cam- 
bridge. A  l'époque  de  la  révolution  de  1688,  il  en- 
tra dans  les  ordres,  et  se  fit  tout  d'abord  connaître 
par  son  talent  comme  prédicateur.  11  devint  en- 
suite chapelain  de  la  reine  Marie  et  du  roi  Guil- 
laume; puis  il  fut  vice-prévôt  d'Eton,  recteur 
de  Saint-Austin:;à  Londres,  enfin  lecteur  à  Saint- 
Dunstan.  Nommé  chanoine  de  Windsor,  en  1702, 
il  devint  prédicateur  à  la  cour  de  la  reine  Anne. 
Tous  ces  emplois  et  bénéfices  il  les  abandonna 
un  jour  pour  aller  vivre  dans  la  retraite,  à 
Wexham ,  où  il  se  contenta  ,  comme  ministre, 
d'un  modeste  revenu  de  80  liv.  st.  Cependant, 
en  1707,  il  fut  ramené  à  la  cour  par  sa  nomina- 
tion à  l'évêché  de  Saint-Asaph.  Il  prêcha  alors 
souvent  en  présence  de  la  reine.  Il  assista  aussi 
avec  assiduité  aux  séances  de  la  chambre  haute, 
et  se  prononça  énergiquement  contre  l'intolérance 
religieuse  qui  dominait  alors  ;  il  s'éleva  surtout 
contre  le  parti  tory.  En  1714,  à  l'avènement  de 
la  maison  de  Hanovre ,  Fleetwood  fut  nommé 
évêque  d'Ély.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
^  Inscriptionum  Antiquarum  Sylloge  ;  1691, 
in-8°;  —Essay  upon  the  Miracles;  1701,in-8°; 
—  Sixteen  practical  Discourses  upon  the  re- 
lative Buttes  of  Parents  and  Children,  Hus- 
bands  and  Wives,  Masters  and  Servants, 
with  three  sermons  upon  the  case  of  selfmur- 
der;  1705,  2  vol.  in-8"  ;  —  Chronicon  pre- 
ciosum,  or  an  account  of  the  English  money, 
the  price  of  corn  and  other  commodtties  for 
the  last  600  y  car  s  ;  1726;—  Sermon  on  the 
Death  of  Queen  Mary;  1694;  —Sermon  on 
the  Death  of  King  William;  1701  ;  _  Ser- 
mon on  the  queen' s  accession  to  the  throne; 
1702. 

William  Powell,  Life  of  Fleetwood,  entête  des  OEiivrcs  | 

de   ce  prélat.  —  Biographia  Britannica.  —  lUst.   bibl.  j 

fabric.  —  Chauffepié,    Nouv.   Dict.  hist.  —    Nicéron  i 

Mem.,  XIII.  [ 

FLEETWOOD  {Charles),  homme  politique  ! 
anglais,  mort  après  1660.  Sa  famille,  originaire 
du  comté  de  Lancastre,  compta  parmi  ses  mem-  ! 
bres  des  pei'sonnages  qui  occupèrent  de  hautes  I 
fonctions  pubUques.  Un  de  ses  aïeux ,  Thomas 
fleetwood  de  Vache,  fut  maître  des  monnaies;  ; 
son  grand-père,  William,  remplit  l'emploi  de  ' 
receiver  of  the  court  of  wards  (  receveur  de  ! 
la  cour  des  pupilles  ) ,  et  lui-même  occupa  à  son 
tour  cette  position  en  1644.  Dès  le  commencement 
de  la  guerre  civile,  il  avait  pris  parti  pour  le  par- 
lement. L'année  suivante  (mai  1645)  il  lut  nommé  \ 
colonel  de  la  cavalerie,  et  au  mois  d'octobre 
gouverneur  de  Bristol.  En  juillet  1647  il  fut  un 
des  commissaires  chargés  de  traiter,  au  nom  de 
l'armée,  avec  les  membres  du  parlement.  Cepen-  ' 
dant ,  il  ne  fut  pas  compromis  personnellement  i 


-  FLEISCHER  888 

dans  la  moit  de  Charles  r' .  Lors  de  l'établisse, 
ment  de  la  république,  il  obtint  le  titre  de  lieute- 
nant général ,  et  au  mois  de  février  1650  il  de- 
vint membre  du  conseil  d'État.jIl  contribua  par  sa 
valeur  au  gain  de  la  bataille  de  Worcester  contre 
Charles  IL  Après  la  mort  d'Ireton,  il  épousa  la 
veuve  de  ce  général,  fille  aînée  de  Cromwell, 
qui  avait  recherché  cette  alliance  à  cause  de  l'in- 
fluence que  possédait  alors  Fleetwood  surl'armée. 
Cromwell  lui  conféra  aussitôt  (1052)  le  comman- 
dement en  chef  des  troupes  envoyées  en  Irlande, 
et  fit  de  lui  l'un  des  commissaires  chargés  de 
l'administration  intérieure  de  ce  pays.  Fleetwood 
y  rétablit  le  calme ,  et  lorsque  Cromwell   fut 
nommé  protecteur,  son  gendre  devint  lord-dé- 
puté d'Irlande.  Mais  l'opposition  qu'il  manifesta 
au  moment  où  Cromwell  songea  à  se  faire  pro- 
clamer roi  amena  son  remplacement  par  Henri 
Cromwell ,  le  plus  jeune  des  fils  du  protecteur. 
D'abord  favorable  en  apparence  à  Richard  Crom- 
well, Fleetwood  se  posa  en  adversaire  du  nouveau 
protecteur,  du  moment  qu'il  se  vit  déçu  dans 
sa  propre  ambition,  qui  ne  tendait  à  rien  de  moins 
qu'à  être  élevé  lui-même  au  rang  suprême.  Aussi 
contribua-t-il ,  en  se  hguant  avec  les  officiers 
mécontents,  à  la  chute  du  faible  Richard ,  après 
lui  avoir  conseillé  de  dissoudre  le  parlement. 
En  mai  1659  il  fut  appelé  à  faire  partie  du  con- 
seil id'État,  et  au  mois  de  juin  il  devint  lieu- 
tenant général  et  fut  chargé,  en  cette  qualité,  de 
commander  l'armée.  Il"  garda  ce  poste  jusqu'au 
commencement  d'octobre,   et  fut  nommé  alors 
l'un  des  commissaires  chargés  de  diriger  toutes 
les  forces.  Le  commandement  en  chef  de  l'armée 
lui  fut  de  nouveau  confié ,  par  le  conseil  d'État, 
le  17  du  même  mois.  Au  mois  de  décembre, 
Whitelock  lui  conseilla  de  députer  un  homme  de 
confiance  vers  Charles  II,  à  Breda,  pour  offrir 
à  ce  prince  la  couronne  et  prévenir  ainsi  les 
desseins  de  Monk.  Pendant  que  Fleetwood,  qui 
sentait  diminuer  son  empire  sur  l'armée ,  flottait 
dans  l'iiTésoIution,  suivant  sa  coutume ,  le  pays, 
agité  et  tiraillé  en  tous  sens  par  les  partis ,  prit 
les  devants ,  et  la  restauration  fut  consommée. 
Excepté  de  l'amnistie  générale  proclamée  à  l'a- 
vénement  de  Charles  U,  Fleetwood  échappa  à 
grand'peine  aux  suites  extrêmes  de  cette  excep- 
tion ,  et  vécut  dans  l'obscurité  à  Stoke-Newing- 
ton  jusqu'à   sa   mort.    C'était  un  homme  d'un 
caractère  assez  faible,  entreprenant  parfois,  et 
qui  n'eut  d'influence  sur  Cromwell  que  par  son 
fanatisme  d'accord  avec  les  desseins  secrets  du 
fameux  Protecteur.  V.  R, 

Hobbe,  Memoirs  oftlie  Cromwells.  —  Birch,  Lives,  — 
Lingard,  Hist.  of  Enyl.  —  Guizot,  Hist.  de  la  Rév.  d'Angl. 

—  Le  même,  Richard  Cromwell,  hist.  du  second  protec- 
torat. 

FLEISCHER  {Jean  ),  théologien  allemand,  né 

à  Breslau,  le  29  mars  1539,  mort  le  4  mai  i593. 

Il  étudia  à  Wittemberg,  y  devint  maître  es  arts, 

et  visita  ensuite  la  haute  Allemagne.  En  1567 

il  professa  au  gymnase  de  Goldberg,  et  revint  à 

Wittemberg  par  suite  de  la  peste  qui  avait  éc'até 


1889 


FLEÎSCHER 


dans  la  localité  où  il  professait.  En  1572  il  fut 
nommé  prédicateur  à  Sainte-Elisabeth  et  profes- 
seur du  gymnase  du  même  nom  à  Breslau;  en 
1583  il  fut  appelé  aux  fonctions  pastorales  à 
Sainte-Marie-Madeleine  ,  et  en  1 589  on  lui  confia 
l'inspection  des  églises  et  écoles  de  la  même  ville. 
Une  chute  grave  entraîna  sa  mort.  Il  a  laissé  : 
Tractât  von  dem  Regenbogen  (  Traité  de  l'arc- 
en-ciel). 
Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexikon. 
FLEISCHER  (  Jean) ,  fils  aîné  du  précédent, 
botaniste  allemand,  né  à  Breslau,  en  1582,  mort 
à  Bàle,  en  1606.  Reçu  docteur  en  médecine  dans 
cette  dernière  ville ,  il  fit  ensuite  le  voyage  de 
Virginie,  pour  y  étudier  les  productions  botani- 
ques de  ces  parages. 

Jôcher,  Mlg.  Gel.-Lex. 

FLEISCHER  (Joachim),  autre  fils  de  Jean 
Fleischer,  théologien  allemand ,  né  à  Breslau,  le 
le  11  janvier  1587,  mort  le  29  mai  1645.  Il  fut 
reçu  maître  es  arts  en  1606,  puis  il  se  rendit  à 
Wittemberg ,  où  on  l'admit  au  nombre  des  ad- 
joints de'la  faculté  de  philosophie.  En  1611  il  de- 
vint diacre  de  l'église  de  Marie-Madeleine  à 
Breslau;  en  1618  il  fut  nommé  prédicateur  et 
assesseur  du  consistoire  évangélique  de  Breslau  ; 
enfin,  en  i  637  on  l'appela  à  inspecter  les  temples 
évangéliques  et  les  écoles  de  la  même  ville.  On 
a  de  lui  :  Bericht  von  den  Mittelnzur  Bestaen- 
digkeit  bey  der  wahren  Religion  (  Exposé  des 
moyens  de  nature  à  consolider  la  vraie  reli- 
gion). 
Jocher,  All!i.  Gel.-Lex. 

FLEISCHER  (  Jean-Laurent  ) ,  jurisconsulte 
allemand,  né  à  Bareuth,  le  16  mars  1691,  mort 
le  13  mai  1749.  Il  étudia,  devint  docteur,  pro- 
fesseur agrégé,  puis  professeur  titulaire  de  droit 
à  Halle.  En  1733  il  fut  appelé  à  faire  le  cours 
de  Pandectes  à  Francfort-sur-l'Oder,  et  plus  tard 
à  professer  le  code  à  l'Académie.  Enfin,  il  devint 
directeur  de  la  faculté  de  droit.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  Institutiones  Juris  Gentium  et 
Naturx;  —  Einleitung  zum  geistlichen  Redite 
(Introduction  au  droit  ecclésiastique)  ;  —  Insti- 
tutionea  Juris  Feudalis  ;ïiai\le,  1724  et  1730, 
in-8°  ;  —  TÂsputatio  de  vera  origine,  naiura, 
progressu  et  interitu  judiciorum  Westphali- 
corum;  1711,  in-4"  ;  —  Dissertatio  dejuribiis 
et  judice  compétente  legatorum;  Halle,  1724, 
et  1745,  in-4°. 

Moller,  Cimbria  litt.  —  Hirsching,  Hist.  literar.  Hand- 
bitch. 

;  FLEISCHER  (Henri  Lebrecht  ou  Ortho- 
bius  ) ,  orientaliste  allemand ,  né  à  Schandau  sur 
l'Elbe,  le  21  février  1801.  Il  étudia  à  Leipzig  la 
théologie ,  la  philosophie  et  les  langues  orientales. 
En  1824  il  se  rendit  à  Paris,  pour  y  suivre  les 
cours  de  Silvestre  de  Sacy  et  copier  des  manus- 
crits orientaux  delà  Bibliothèque  impériale.  11  fut 
chargé  de  faire,  sous  la  direction  de  M.  Caussin 
de  Perceval,  un  cours  d'arabe  vulgaire,  à  l'usage 
des  commençants.  Les  relations  qu'il  entretint 


■  FLÉMALLE  890 

avec  les  jeunes  Égyptiens  élevés  à  Paris  aux 
frais  de  Méhémet-Ali  le  mirent  à  même  de  parler 
l'arabe.  Retourné  en  Allemagne  en  1828,  il  obtint 
une  place  de  professeur  à  Dresde.  En  1835,  après 
la  mort  de  Rosehmùller,  il  fut  nommé  professeur 
de  langues  orientales  à  l'université  de  Leipzig.  On 
a  de  lui  :  Catalogus  codicum  manuscriptorum 
orientalium  bibliothecse  réglée  Dresdensis; 
Leipzig,  1831,  in-8";  —  Ismaelis  Abulfedœ 
Historia  anteislamica,  texte  arabe,  traduction 
latine,  notes  et  index;  Leipzig,  1831,  in-4'';  — 
Samachschari's  goldene  Holsbânder  (  Colliers 
d'or  de  Zamakhschari ) ,  traduction  et  notes; 
Leipzig,  1835  ,  in- 8°.  La  critique  qu'il  fit  de 
l'édition  et  de  la  traduction  du  même  ouvrage 
données  par  M.  de  Hammer  souleva  entre  ces 
deux  savants  une  longue  polémique  ;  —  De 
glossis  Habichtianis  in  quatuor  tomos  MI 
noctium  Dissertatio  critica;  Leipzig,  1836, 
in-8"  ;  —  Tausend  und  eine  Nacht  (Mille  et 
une  nuits  ) ,  édition  de  Habicht ,  continuée  par 
Fleischer,  t.  IX  à  Xll;  Breslau,  1842-1843, 
in-12:  —  Ali's  ffundert  Sprûche  (les  Cent 
Proverbes  d'Ali  )  arabisch  und  persisch  para- 
phrasirt  von  Raschid  eddin  Watwat ,  texte, 
traduction,  remarques;  Leipzig,  1837,  in-4°;  — 
avec  Fr.  Delitzsch,  Codices  orientalium  lin- 
guarum,  dans  Catalogus  Ubrorum  manu- 
scriptorum  qui  in  bibliotheca  senatoria  civi- 
tatis  Lipsiensis  asservantur ;  éd.  par  Nauman , 
Grimma,  1838,  in-4°  ;  —  Beidhawi  Commenta- 
riusin  Coranum,  édition  accompagnée  d'index, 
en  cours  de  publication  à  Leipzig  depuis  1844, 
in-4°  ;  —  Grammatik  der  lebenden  persischen 
Sprache  (  Grammaire  de  la  Langue  Persane  ac- 
tuellement parlée  ) ,  traduite  de  l'anglais  de  Mirza 
Mohammed  Ibrahim  et  refondue  en  partie;  Leip- 
zig, 1847,  in-8°.  La  moitié  du  volume  est  rem- 
plie par  des  dialogues  dans  le  dialecte  de  Schiraz, 
fort  bien  composés,  et  qui  font  bien  connaître 
les  usages  des  Persans;  —  des  articles  dans  Die 
Zeilschrift  der  deutschen  morgenlàndischen 
Gesellschaft  (  Journal  de  la  Société  Orientale 
d'Allemagne),  et  dans  le  Journal  Asiatique  de 
Paris.  E.  Be\ijvois. 

Conversation' s  Lexicon.  —  Zenkcr,  Dibl.  Orient.  —  De 
Sacy,  art.  dans  le  Journ.  des  Sav.,  1832,  1836. 

*  Fi.KMAi.i^E  (Barthélémy,  dit  Borlholef.), 
peintre  belge,  né  à  Liège,  en  1614,  mort  dans  la 
même  ville,  en  1675.  Fils  de  Renier  Flémaile, 
peintre  sur  verre,  il  étudia  lui-môme  la  peinture 
sous  Henri  Trippey  et  Gérard  Douffet.  11  quitta 
Liège  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans ,  visita  l'Italie, 
et  se  rendit  ensuite  à  Paris,  où  il  peignit  plusieurs 
tableaux,  entre  autres  Le  Prophète  Élie  enlevé 
aiicielsurun  char  de/eu ,  àla  coupole  de  l'église 
des  Carmes  déchaussés; —  une  Adoration  des 
î'owpourle  couvent  des  Grands-Augustins  ;  —  un 
Plafond  aux  Tuileries.  Il  revint  à  Liège  en  1647, 
habita  quelque  temps  Bruxelles ,  puis  retourna  à 
Paris  en  1670,  et  y  fut  nommé  membre  de  l'Aca- 
démie de  Peinture.  Il  ne  tarda  pas  à  rentrer  dans 


891  FLÉMALLE 

sa  ville  natale ,  et  obtint  une  prébende  dans  l'é- 
glise collégiale  de  Saint-Paul. 

Les  trois  frères  de  Flémalle ,  Henri ,  Guil- 
laume et  Renier,  cultivèrent  aussi  les  arts;  le 
premier  fut  orfèvre,  le  deuxième  peintre  sur 
verre ,  le  troisième  peintre  à  l'huile. 

Becdelièvre-Hamal,  Biographie  Liégeoise,  t.  U. 

FLEMING  (46ra/iam),  érudit  et  traducteur 
anglais ,  né  à  Londres ,  vivait  dans  le  seizième 
siècle.  Sa  vie  est  inconnue,  mais  ses  ouvrages 
méritent  d'être  cités,  puisqu'ils  contribuèrent  à  la 
connaissance  des  lettres  anciennes  en  Angleterre. 
En  1575,  Fleming  publia  une  traduction  des 
Bucoliques  de  Virgile  avec  des  notes,  et  en 
1589  une  nouvelle  traduction  des  Bucoliques 
et  des  Géorgiques,  dédiée  à  Wbitgift,  archevêque 
de  Cantorbéry.  Il  surveilla,  corrigea  et  compléta 
la  Chronique  d'Holinshed  en  1585.  On  a  encore 
de  lui  :  une  traduction  des  Variée  Nistorias  d'É- 
lien,  sous  le  titre  d'yElian's  Registre  of  Histo- 
riés ;  1576,  in-4"';  —  Certaine  sélect  Epïstles 
of  Cicero  into  english;  Londres,  1576,  in-4"; 
—  Panegyric  o/  Baldness,  traduit  du  grec  de 
Synesius;  Londres,  1579,i'n-12;  —  A  Mémorial 
qf  the  charitable  Aimes  Decdes  nf  William 
Lambe,  gentleman  of  the  chapel  uncler 
Henri  VIII,  and  citizen  qf  London  ;  Londres, 
1580,  in-S";  —  The  Baille  between  the  Virtues 
and  Fices  ;  Londres,  1582,  in-S";  —  The  Dia- 
mant qf  Dévotion  ,  in  six  parts;  Londres, 
1586,  in-12;  et  divers  autres  ouvrages  peu  im- 
portants. 

Son  ffère  Samuel  l'aida  à  confectionner  l'index 
de  la  Chronique  d'Holinshed,  et  écrivit  en  latin 
une  Vie  de  la  reine  Maile. 

Warlon,  History  of  Poetry.  —  Chalmers,  General  bio- 
graphical  Victimiary, 

FLEMING  (Patrick  o[\  Christophe),  théolo- 
gien, nédans  le  comté  de  Louth,  le  17  avril  1 599 , 
massacré  près  de  Prague,  le  7  novembre  1631 .  Ses 
parents,  qui  le  destinaient  à  l'état  ecclésiastique , 
l'envoyèrent  en  Flandre  à  l'âge  de  treize  ans, 
et  !e  confièrent  aux  soins  de  son  oncle  maternel, 
Christophe  Cusack ,  directeur  des  collèges  de 
Douay,  Tournay,  et  d'autres  établissements  fon- 
dés dans  cette  province  pour  l'éducation  des 
jeunes  catholiques  irlandais.  Après  avoir  étudié 
quelque  temps  à  Douay ,  il  passa  au  collège  de 
Samt-Antoine  à  Louvain,  où  il  entra  dans  l'ordre 
des  Franciscains ,  et  changea  son  nom  de  bap- 
tême Christophe  contre  celui  de  Pairick.  En 
1623,  ayant  complété  ses  études  philosophiques 
et  théologiques,  il  partit  pour  Rome.  Sur  son  che- 
min il  j'encontra  à  Paris  Hugh  Ward ,  et  l'en- 
gagea à  écrire  les  vies  des  saints  irlandais.  Ar- 
rivé à  Rome,  il  lui  envoya  à  ce  sujet  de  nombreux 
matériaux  manuscrits.  Dans  cette  ville  il  con- 
tinua ses  études  au  collège  irlandais  de  Saint- 
Isidore.  Il  devint  ensuite  professeur  de  philoso- 
phie au  collège  de  Saint-îsidore,  puis  à  Lonvain. 
De  Louvain  il  se  rendit  à  Prague  comme  direc- 
teur du  couvent  de  l'Immaculée-Conception  et 


—  FLEMIiNG  892 

professeur  de  théologie.  II  y  resta  jusqu'au  siège 
de  Prague  par  l'électeur  de  Saxe.  Il  tenta  alOïs 
de  s'enfuir  avec  un  de  ses  confrères  nommé 
Matthieu  Hoar;  mais  tous  deux  tombèrent  entre 
les  mains  de  paysans  armés,  qui  les  massacrèrent. 
On  a  de  Fleming  :  Collectanea  sacra,  seu 
sancti  Columbani,  Hiberni  abbatis....  nec 
non  aliorum  aliquot ,  e  vetere  ibidem  Scotia 
seu  Hilyernia  antiquorum  sanctorum  acta  et 
opuscula,  nunquam  antehac  édita....;  Lou- 
vain, 1667,  in-fol.  —  Vita  rev.  patris  Hugonis 
C'flveZiî*  (Mac-Càghwell);  1626;  —  Chronicon 
consecrati  Pétri  Ratisbonse.  Un  confrère  de 
Fleming,  Francis  Magenis ,  publia,  en  tête  des 
Collectanea  sacra  un  récit  de  la  mort  de  ce 
théologien,  sous  le  titre  de  :  Historia  mar- 
tyrd  venerabilis  fratris  Patricii  Flemingi. 

Vi'are,  Ireland  (éciU.  de  Harris).  —  W^adding,  Scrip- 
tores  Ordinis  Minorutn.  —  Moréri,  Grand  Dictionnaire 
historique. 

FLEMING  {Robert),  théologien  écossais,  né  à 
Bathens  (comté  de  Tweeddale),  en  1630,  mort 
en  1694.  Il  fut  élevé  à  l'université  d'Edimbourg 
et  à  celle  de  Saint-André,  où  «il  étudia  la  théo- 
logie sous  le  célèbre  Samuel  Rutherford.  Il  obtint 
une  place  de  professeur  à  Cambuslang ,  dans  le 
Clydesdale,  et  il  la  perdit  en  1662,  lorsque  le 
gouvernement  essaya  d'établir  l'épiscopat  en 
Ecosse.  En  1673,  il  lut  emprisonné  comme  non 
conformiste,  mais  il  recouvra  bientôt  sa  liberté, 
et  se  rendit  en  Hollande,  où  il  officia  comme  mi- 
nistre delà  congrégation  écossaise  à  Rotterdam. 
On  a  de  lui  divers  livres  de  controverse  ;  le  plus 
connu,  intitulé  The  Fulfilling  of  the  Scriptu- 
res,  parut  d'abord  en  trois  parties  séparées,  qui 
furent  réunies  en  1726,  in-fol.  Cet  ouvrage,  qui 
est  précédé  de  la  vie  de  l'auteur,  est  très-popu- 
laire parmi  les  dissidents  calvinistes. 

Chalmers ,  General  biographioal  Dictionary. 

FLEMING  (Caleb),  ministre  anglais,  né  h 
Nottingham,  en  1698,  mort  en  1779.  Il  fit  ses 
études  dans  sa  ville  natale  et  à  Warrington. 
Après  avoirirefusé  une  place  dans  l'Église  an- 
ghcane,  il  fût  choisi  pour  prédicateur  d'une 
congrégation  de  dissidents  dans  Barthclomew- 
Closeà  Londres.  En  1752  il  devint  assistant  du 
docteur  James  Foster  à  Pinnershall,  et  fut 
plus  tard  le  seul  pasteur  de  cette  congrégation. 
II  composa  un  grand  nombre  de  panipliiets  reii; 
gieux,  qui  firent  peu  de  bruit  en  leur  temps  et 
qui  sont  tout  à  fait  oubliés  aujourd'hui.  D'après 
Kippis,  son  style,  original  et  vigoureux,  manque 
souvent  de  clarté  et  toujours  d'élégance.  Suivant 
le  même  auteur,  Fleming  était  un  socinien  très- 
zélé,  ennemi  déclaré  de  la  tyrannie  civile  et  ec- 
clésiastique. 

Kippis,  fJ/e  of  Lardner.  —  Clialraers,  General  bio- 
graphicul  Dictionary. 

*FLEMïSG  (C/ia7-Zes) ,  philologue  et  littéra- 
teur anglais,  né  en  1806,  à  Perth  (Ecosse).  Il 
fit  ses  premières  études  à  l'école  communale 
de  sa  ville  natale ,  et  ses  humanités  à  l'ancienne 
école  supérieure  d'Edimbourg.  Il  était  à  l'uni- 


893 


FLEMING  —  FLEMMING 


vei'Pité  de  Glascow  quand  il  fut  appelé  à  profes- 
ser à  l'école  communale  de  Perth.  En  1826  il 
vint  en  France,  où  il  s'occupa  exclusivement  de 
l'étude  du  français.  De  1829  à  1831  il  professa 
l'anglais  au  collège  Lonis-le-Grand  ,  et  de  1844  à 
1848  à  l'École  Polytechnique.  M.  Fleming  s'est 
fait  connaître  comme  grammairien  et  comme 
critique.  Outre  des  ou^Tages  ,  didactiques  •  ou 
élémentaires  publiés  de  1837  à  1843,  on  a  de 
lui  :  Grand  Dictionnaire.  Anglais-Français  et 
i'ï'rançaw-yl?iy  ^ftîs,  en  collaboration  avec  Tibbias; 
Paris,  Didot,  1839-1840,  2  vol.  in-4°;  c'est  le 
i)Ii3S  complet  en  ce  genre  ;  —  un  travail  raisonné 
■ourles  Difficultés  de  la  Langîie  Anglaise;  — 
et  une  édition  classique  du  Coriolan  de  Shaks- 
peare  avec  traduction  et  annotations  critiques  et 
littéraires.  W.  de  Suckau. 

Documents  particuliers. 
FLEMMING    OU    FLESIMYKGE    {Richard), 

prélat  anglais ,  né  à  Crofton,  dans  le  comté  de 
York,  vers  1360,  mort  en  1431.  Élevé  à  Oxford, 
il  obtint  en  1406  la  prébende  de  Soulh-Nevvbold 
dans  l'église  d'York,  et  l'année  d'après  il  de- 
vint proviseur  à  l'université  d'Oxford.  Il  com- 
mença par  être  un  sectateur  zélé  de  Wickleff , 
et  il  convertit  plusieurs  personnes  aux  doctrines 
de  cet  hérésiarque  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  pro- 
fesser des  opinions  tout  à  fait  contraires.  Il  fut 
nommé,  en  1415,  prébendaire  de  Langforddans 
la  cathédrale  d'York ,  et  élevé  en  1420  au  siège 
épiscopa!  de  Lincoln.  Il  assista,  en  1424,  au  con- 
cile de  Sienne ,  assemblé  pour  continuer  contre 
les  hussites  l'œuvre  du  concile  de  Constance.  11 
s'y  distingua  assez  pour  devenir  le  favori  de 
Martin  V,  qui  l'aurait  élevé  à  l'archevêché  d'York 
si  le  roi  et  le  chapitre  ne  s'y  fussent  opposés. 
Eu  1428,  Flemming  exécuta  le  décret  du  concile 
de  Constance  qui  ordonnait  de  déterrer  et  de 
livrer  aux  flammes  les  os  de  Wickleff.  Ce  prélat 
fonda  le  collège  Lincoln  à  Oxford. 

Biographia  r.ritannica.  —  Chalmcrs,  Hist.  of  Oxford. 
—  Wood ,  Collèges  and  Halls. 

FLEMMING  {Robert),  philologue  anglais, 
neveu  du  précédent,  né  vers  1415,  mort  en 
1483.  Il  futéievé  à  Oxford,  probablement  au  col- 
lège de  Lincoln,  qui  venait  d'être  fondé  par  son 
oncle,  et  devint  doyen  de  Lincoln  en  1451.  Il 
voyagea  ensuite  en  Italie ,  et  visita  les  principales 
universités.  Parmi  les  hommes  éminents  dont  il 
suivit  les  leçons,  on  cite  surtout  Baptiste  Guarini, 
professeur  de  grec  et  de  latin  à  Ferrare.  De  là 
Flemming  se  rendit  à  Rome ,  où  il  se  lia  avec 
Barth.  Platina ,  bibliothécaire  du  Vatican.  Il  se 
fit  aussi  connaître  du  pape  Sixte  TV,  et  pendant 
un  séjour  d'été  à  Tibur  ou  Tivoli,  il  composa 
à  la  louan.i^e  de  ce  pontife  un  poème  latin  en 
deux  livres.  Le  pape  en  fut  si  satisfait  qu'il 
choisit  l'auteur  pour  protonotaire.  Nous  n'avons 
de  ce  poëine,  intitulé  Lucubrntlones  Tihuvtinœ, 
(;u'un  pelit  nombre  de  vers  que  cite  Leland,  et  dont 
il  loue  l'élégance.  Flemming  rapporta  d'Italie 
plusieurs  livres  curieusement  enluminés  ;  il  les 


légua  à  la  bibliothèque  du  collège  de  Lincoln  avec 
quelques  ouvrages  de  sa  propre  composition , 
parmi  lesquels  Leland,  Baie  et  Pits  mentionnent  : 
Dictionarium  Grseco- Latinum  ;  —  Cannina 
diversi  generis  ;  —  Epistolarum  ad  diversos 
Liber  unus. 

Bioqraphia  Britannica.  —  Ctialmers,  llniversal  bio- 
grapliical  Dictionary. 

FLEMMING  {Claude),  homme  d'État  sué- 
dois, natif  de  la  Finlande,  mort  le  13  mai  1597. 
Nommé  chevaher  par  Éric  XIV,  il  devint  pres- 
que en  même  temps  conseiller  d'État.  ïl  assista 
au  siège  de  Bohus,  au  mois  de  février  1563,  et 
après  le  combat  naval  livré  entre  Gottland  et 
(Eland ,  le  30  mai  1 564,  il  remplaça  l'amiral  Bagge, 
fait  prisonnier,  et  ramena  à  Elfsnabben  les  débris 
de  la  flotte.  En  juillet  1570 ,  Flemming  livra 
aux  Danois ,  sur  la  côte  de  Scanie ,  une  bataille 
dont  le  résultat  fut  la  prise  du  vaisseau  Bioern. 
Un  calme  survenu  ensuite  empêcha  les  autres 
bâtiments  ennemis  d'avoir  le  même  sort.  Néan- 
moins, les  Suédois  restèrent  maîtres  de  la  Bal- 
tique pendant  la  saison  d'été.  Flemming  ne  con- 
tribua pas  d'une  manière  moins  décisive  à  l'af- 
faire de  Narva  (1581).  Son  dévouement  à  la 
couronne  lui  valut  le  titre  de  maréchal  d'État  et 
bientôt  après  le  commandement  de  l'Esthonie,  si 
vivement  attaquée  alors  par  les  Russes.  Au  mois 
d'août  1591,  il  se  mit  en  campagne,  entra  brus- 
quement dans  le  Pleskow,  et  engagea  une  action 
qui  tourna  à  l'avantage  des  troupes  suédoises  et 
fut  suivie  d'une  nouvelle  et  complète  victoire, 
qui  coûta  la  vie  à  6,000  Russes.  Les  hostilités 
furent  interrompues  par  la  mort  du  roi  Jean, 
survenue  le  17  novembre  1591,  et  par  la  mau- 
vaise saison.  On  négocia  pour  la  paix.  Des 
troubles  éclatèrent  ensuite  à  l'intérieur  entre  le 
régent  Charles,  duc  de  Sudermanie ,  et  le  jeune 
roi  Sigismond  :  Flemming  se  prononça  pour  ce 
dernier.  On  a  conservé  une  lettre  qu'il  écrivit  à 
cette  époque  à  son  ami  Olof  Elfkariy  ;  »  J'ai  affaire, 
y  dit-il,  à  trop  de  gouvernants,  mais  j'entends 
n'obéir  qu'à  un  seul,  le  roi  Sigismond.  Qu'on 
vienne  m'en  imposer  un  autre,  et  je  donnerai  sur 
la  tête  à  ceux  qui  se  présenteront  dans  ce  but.  "  11 
tint  parole,  résista  aux  suggestions,  aux  menaces, 
et  procura  à  Sigismond  une  flotte  avec  laquelle 
ce  prince  aborda  dans  la  capitale  de  la  Suède. 
Malheureusement  pour  Sigismond,  les  Suédois 
lui  étaient  peu  favorables  :  on  lui  supposait  le 
dessein  de  faire  dominer  le  catholicisme  dans  le 
royaume.  Flemming  était  moins  populaire  en- 
core :  on  lui  imputait  tous  les  abus  reprochés 
au  dernier  règne;  par  exemple,  l'état  fâcheux 
où  se  trouvaient  les  finances.  Mais  Flemming 
n'eut  pas  de  peine  à  se  justifier:  il  prouva  même 
que  Tonde  du  roi  était  pour  beaucoup  dans  ce 
désordre.  Quant  au  roi,  loin  de  retirer  sa  fiueur 
à  Flemming,  il  lui  confirma  ses  dignités  et  on 
augmenta  le  nombre.  Il  combla  même  les  parents 
et  alliés  de  ce  personnage.  La  paix,  conclue  enfin 
avec  la  Russie,  au  mois  de  mai  1595,  lui  |)ermit 


895 


FLEMMING 


89G 


de  songer  à  se  rendre  indépendant  du  duc  de 
Sudermanie.  llcoinptait  avec  quelque  raison  sur 
la  Finlande ,  dont  la  population  était  attachée  à 
ses  rois  légitimes.  En  vain  le  duc  essaya-t-il  de 
négocier  avec  Flemming  ;  on  ne  demandait  à  ce 
dernier  que  de  quitter  la  Finlande  et  de  venir  en 
Suède.  Flemming  n'eut  garde  d'obéir  :  il  lui  fal- 
lait, répondit-il,  un  ordre  exprès  du  roi.  Celui-ci, 
menacé  lui-même  par  l'ambition  de  son  oncle, 
intima  au  contraire  à  Flemming  l'ordre  de  se 
tenir  dans  sa  province.  C'est  alors  que  le  duc 
de  Sudermanie  publia  une  lettre ,  en  date  du  2 
décembre  1595,  dans  laquelle  Flemming  dé- 
clarait que  la  Finlande  était  indépendante  du 
royaume.  Une  guerre  civile  était  imminente.  Les 
paysans  prirent  parti  contre  Flemming.  Il  s'a- 
vança alors  pour  les  combattre,  le  23  décembre 
1596,  et  n'eut  pas  de  peine  à  dissiper  après 
quelques  rencontres  des  hordes  étrangères  à 
l'art  de  la  guerre.  Dans  une  de  ces  actions,  les 
paysans  perdirent  cinq  mille  des  leurs;  dans 
une  autre  affaire ,  ils  firent  une  perte  supérieure 
encore,  quoique  soutenus  par  le  duc  de  Suder- 
manie, qui  leur  avait  envoyé  pour  les  diriger  un 
guerrier  éprouvé.  Des  avantages  si  chèrement 
acquis  affligèrent  Sigismond,  qui  exprima  ses 
regrets  dans  une  lettre  adressée  à  Flemming. 
Celui-ci  ne  survécut  pas  longtemps  à  ces  san- 
glantes victoires  ;  le  poison,  dit-on,  trancha  su- 
bitement ses  jours.  La  fortune  de  Sigismond  dis- 
parut en  même  temps.  Vaincu  à  Linkœping  par 
le  duc  son  oncle,  il  dut  abandonner  au  vainqueur 
sa  couronne. 

Ersch  et  Gruber,  Allg.  Enc.  —  Geyer,  Hiit.  de  Suéde. 

FLE.'MMiNG  (Pciul),  poëtc  allemand,  naquit 
le  17  octobre  1609,  à  Hartenstein  ,  dans  le  dis- 
trict de  Schœnburg  (Saxe),  où  son  père  était 
pasteur,  et  mourut  à  Hambourg,  le  2  avril  1640. 
Après  avoir  reçu  dans  la  maison  paternelle  une 
excellente  instruction  élémentaire,  il  entra  à  l'é- 
cole normale  de  Misnie,  et  alla  ensuite  étu- 
dier la  médecine  à  l'universi*5  de  Leipzig.  Les 
troubles  excités  par  la  guerre  de  Trente  Ans  le 
décidèrent  à  se  rendre,  en  1633,  dans  le  Hol- 
stein,  où  le  duc  Frédéric  était  sur  le  point  d'en- 
voyer une  ambassade  à  son  beau-frère  le  tsar 
de  Russie  Michel  Fœdorovitch.  Avide  de  s'ins- 
truire, le  jeune  Flemming  sollicita  la  faveur 
d'accompagner  l'ambassadeur  :  il  l'obtint,  par- 
tit, et  revint  dans  le  Holstein  en  1635.  Bientôt 
après ,  il  reçut  la  permission  de  se  joindre  à 
une  nouvelle  ambassade,  plus  brillante  encore, 
que  le  duc  envoyait  en  Perse,  afin  de  procurer 
à  ses  États  des  avantages  commerciaux.  La 
première  partie  du  voyage  (  voy.  Olearius  )  se 
fit  par  mer;  on  mit  à  la  voile  le  27  octobre 
1635,  et  l'on  arriva  le  3  août  1637  à  Ispahan, 
où  l'on  resta  plus  de  cinq  mois.  On  revint  par 
Moscou.  Après  un  séjour  de  trois  mois  environ 
dans  cette  dernière  ville,  Flemming  en  repartit, 
au  mois  de  mars,  passa  par  Revel,  où  il  se  fiança 
avec  la  fille  d'un  riche  négociant,  et  revit  enfin 


sa  patrie,  qu'il  avait  quittée  depuis  quatre  ans. 
Comme  il  avait  l'intention  de  s'établir  à  Ham- 
bourg et  d'y  exercer  la  médecine,  il  se  remit  en 
route  dès  l'année  suivante  (1640),  pour  aller 
prendre  ses  degrés  à  Leyde.  Mais ,  à  peine  de 
retour  à  Hambourg,  il  mourut. 

Flemming,  doué  d'une  vive  imagination  et  plein 
d'admiration  pour  Opitz  ,  le  chef  de  l'école  siié- 
sienne,  avait  la  passion  des  vers  :  il  en  fit  en  latin 
et  en  allemand.  Ses  chansons  et  ses  sonnets  n'ont 
paru  qu'après  sa  mort,  sous  ce  titre  :  Poëmes 
religieux  et  mondains  (léna,  1642  ).  Plein 
d'esprit  et  d'indépendance,  le  poète  unit  à  une 
sensibihté  exquise  le  plus  aimable  enthousiasme. 
Lorsqu'il  décrit  ses  aventures,  on  admire  autant 
l'élévation  que  l'énergie  de  la  pensée  et  de  l'ex- 
pression ;  s'il  peint  d'autres  événements  ou  les 
phénomènes  de  la  nature,  ses  tableaux  respi- 
rent la  grâce  et  offrent  un  charme  qui  n'appar- 
tient qu'à  lui.  Toutes  ses  productions  portent 
l'empreinte  du  génie.  C'est  à  lui  qu'on  doit 
aussi  le  beau  cantique  allemand  :  Bans  toutes 
mes  actions,  etc.  M.  Schwab  a  publié  à  Stutt- 
gard,  en  1820,  un  choix  des  poésies  de  Flemming, 
qui  ont  aussi  été  comprises  par  Guillaume 
Millier  dans  sa  Bibliothèque  des  Poètes  alle- 
mands du  dix-septième  siècle  (Leipzig,  1822, 
t.  m, petit  in-8°)  [Enc.  des  G.  du  M.] 

Conversat.-Lex.—WoUt,  Bncyclop,  derDeut.  Nat.  Ut. 

FLEMMiiXG  {Jînns  Heinrich,  comte  de),' 
général  poméranien,  né  le  9  mai  1632,  mort  le 
28  février  1706.  Il  fréquenta  d'abord  plusieurs 
universités,  voyagea  en  France ,  et  servit  sous 
l'amiral  Ruyter  et  sous  Steinberg,  capitaine  de 
la  garde  hollandaise.  En  1657,  il  se  rendit  à 
l'armée  de  Brandebourg,  qu'il  suivit  en  Pologne. 
Après  la  guerre,  il  devint  adjudant  général  dans 
les  troupes  impériales.  Rappelé  ensuite  par  l'é- 
lecteur Frédéric-Guillaume  F"",  il  repassa  par 
divers  grades  jusqu'à  celui  de  colonel.  C'est  en 
cette  qualité  qu'il  commanda  les  Brandebour- 
geois  auxiliaires  de  l'armée  de  Pologne  conduite 
par  le  prince  Michel  contre  les  Turcs.  11  assista 
ensuite  avec  les  armées  alliées  au  siège  de  Nar- 
den  et  à  d'autres  affaires.  Il  se  fitremarquer 
ainsi  du  prince  d'Orange,  qui  voulut  se  l'attacher  ; 
mais  Flemming  préféra  marcher  à  la  tête  des 
Brandebourgeois  contre  les  Français  en  Alsace. 
Plus  tard,  il  fut  commandant  de  la  place  de 
Dantzig.  En  1680  il  passa  au  service  de  Bruns- 
wick-Lunebourg,  avec  le  titre  de  général  major, 
et  en  1681  il  devint  lieutenant-feld-maréchal 
dans  l'armée  de  la  Saxe  électorale ,  et  contribua 
à  la  levée  du  siège  de  Vienne.  11  fut  nommé 
feld-maréchal  en  1687.  Rappelé  à  la  cour  de  l'é- 
lecteur Frédéric  HI  en  1690,  il  y  devint  con- 
seillei-  de  guerre  et  d'État,  feld-maréchal.général 
et  gouverneur  de  Berlin  et  de  Cologne.  Il  prit 
part,  jusqu'à  la  paix  de  Ryswick,  à  la  campagne 
sur  le  Rhin,  et  se  retira  en  1698. 

Hirscliing,  Hist.  Uter.  Handb. 

FLEMMING  {Jacques-Heuri) ,homm&  d'É- 


897 


FLEMMING  —  FLÊRS 


898 


tat  suédois  au  service  de  Saxe,  mort  à  Vienne, 
le  30  avril  1728.  Après  avoir  suivi  les  cours 
universitaires,  il  visita  l'Angleterre  en  16S9, 
entra  ensuite  au  service  de  l'électeur  de  Brande- 
bourg, prit  part  aux  sièges  de  Kaiserslautern  et 
de  Bonn,  et  se  distingua  tellement  à  la  bataille  de 
Fleurus,  en  1690,  qu'il  fut  nommé  adjudant  du 
généralissime.  E  fit  ensuite ,  sous  le  maréchal 
Schomberg,  la  campagne  d'Italie,  et  se  trouva  à 
îa  bataille  delà  Marsaille,  en  1693.  Bientôt  après 
il  servit  sous  l'électeur  de  Saxe,  Jean-Georges, 
en  qualité  de  colonel  et  d'adjudant  général ,  et 
conserva  ce  dernier  grade  sous  Frédéric-Auguste, 
qui  le  députa  vers  l'empereur  Léopold,  au  sujet 
de  l'élection  de  Pologne.  Il  représenta  ce  prince 
le  jour  même  de  cette  élection  (1697),  et  con- 
tribua au  succès  de  Frédéric-Auguste.  Le  nou- 
veau roi  de  Pologne  se  montra  reconnaissant  : 
Flemming  fut  nommé  général  major,  conseiller 
secret  de  guerre  et  maître  général  des  postes 
en  Saxe.  A  Varsovie,  oîi  il  accompagna  le  roi,  il 
fut  élevé  à  la  dignité  de  grand  connétable  de 
Lithuanie.  Lors  de  la  guerre  de  Suède,  Flemming 
fit  capituler  la  ville  de  Marienbourg ,  et  s'empara 
de  la  place,  qu'il  appela  depuis  Augustenbourg. 
Il  fit  payer  cher  à  Charles  XII  la  victoire  de 
Clissow  et  d'autres  succès,  que  le  manque 
d'hommes  ne  lui  permit  pas  d'empêcher.  Le  roi 
de  Suède  ayant  demandé,  lors  de  la  conclusion 
de  la  paix,  l'extradition  de  Flemming,  qu'il  ré- 
clamait comme  sujet  suédois,  ce  personnage, 
voulant  éviter  des  embarras  au  l'oi  de  Pologne, 
se  retira  à  Brandebourg.  Cet  exil  ne  fut  pas  de 
longue  durée.  En  1707,  Auguste  II  le  nomma 
général  de  cavalerie,  gouverneur  de  Sonnenstein, 
Kœnigstein,  etc.  En  1710,  après  la  bataille  de 
Pultawa,  le  roi  de  Pologne,rentré  dans  Varsovie, 
«onféra  à  Flemming  le  commandement  général 
de  sa  garde.  Lorsque  la  guerre  avec  la  Suède  se 
ralluma,  il  fut  nommé  feld-maréchal  général, 
président  du  conseil  de  guerre  et  ministre  d'É- 
tat dirigeant.  En  1712  il  commanda  l'armée 
saxonne  ;  étant  entré  ensuite  dans  la  Poméranie 
avec  les  troupes  danoises  et  brandebourgeoises, 
il  y  remporta  de  tels  succès  que  le  général 
Steinbeck  se  rendit  avec  son  armée ,  que  le  roi 
Charles  XII  battit  en  retraite  (  1715) ,  et  qu'en- 
fin Stralsund  et  Wismar  tombèrent  au  pouvoir 
des  armées  alliées.  Les  troubles  qui  éclatèrent 
quelque  temps  après  en  Pologne  déterminè- 
rent le  roi  Auguste  à  envoyer  Flemming  dans  ce 
pays  avec  une  armée.  Ce  général  fut  encore  vic- 
torieux :  il  battit  près  de  Sandomir  les  révoltés, 
dits  les  confédérés,  qui  s'étaient  déjà  emparés 
de  plusieurs  places,  et  reprit  Zamosk  (  1715). 
Il  dirigea  alors  à  Rava  les  négociations  ouver- 
tes en  vue  de  la  paix;  mais  l'issue  en  fut 
si  contraire  à  son  attente,  que,  se  trouvant  éloi- 
gné de  l'armée  campée  à  Varsovie,  il  dut  se  re- 
tirer en  toute  hâte  vers  le  roi,  qu'il  accompagna 
aussitôt  après  à  Dantzig,  où  se  trouvait  alors 
Pierre  le  Grand.  Les  deux  souverains  décidèrent 

NOUV.   BIOGK.   GÉNÉR.   —  T.    XVII. 


qu'on  reprendrait  les  négociations  avec  les  con- 
fédérés, et  qu'il  sei'ait ouvert  un  congrès  d'abord 
à  Lublin,  ensuite  à  Varsovie.  L'activité,  les  lu- 
mières de  Flemming  contribuèrent  à  amener 
une  convention  qui  rétablit  le  calme  en  Pologne 
et  resserra  les  liens  de  sympathie  entre  ce  pays 
et  le  roi  Auguste  :  ce  résultat  lui  valut  de  nou- 
veaux honneurs.  Il  reçut  le  commandement  gé- 
néral des  troupes  allemandes  en  Pologne,  celui 
de  la  garde  polonaise  de  la  couronne  et  d'un  ré- 
giment de  dragons.  Ces  faveurs,  quoique  juste- 
ment méritées,  soulevèrent  un  tel  mécontente- 
ment au  sein  de  la  diète ,  que  Flemming  y  re- 
nonça, en  1724. 

Ersch  et  GrMbei.'.AUg.  Enc. 

FLERS  {Charles  de),  général  français,  né 
en  1766,  guillotiné  le  4  thermidor  an  ii  (22  juil- 
let 1794).  Il  était  officier  dans  un  régiment  de 
cavalerie  lorsque  éclata  la  révolution.  Il  embrassa 
le  parti  des  réformes,  et  fut  en,  1791 ,  promu  au 
grade  de  maréchal  de  camp.  En  1792,  sous  les 
ordres  de  Dumouriez,  il  se  distingua  dans  un 
combat  livré  devant  le  camp  de  Maulde,  et  fut 
grièvement  blessé.  Il  commanda  ensuite  une  di- 
vision de  l'armée  française  qui  envahit  la  Bel- 
gique et  la  Hollande,  et,  en  février  1793,  il  défen- 
dit courageusement  Breda  contre  les  forces  su- 
périeures des  coalisés.  Forcé  de  capituler  le 
2  mars,  il  sortit  de  la  place  avec  les  honneurs 
de  la  guerre,  et  s'enferma  dans  Tournay.  Appelé, 
en  juillet  suivant,  à  remplacer  Servan  dans  le 
commandement  en  chef  de  l'armée  des  Pyrénées, 
et  n'ayant  que  dix  mille  combattants  à  opposer 
aux  trente  mille  de  don  Ricardos  Carillo,  il  ob- 
tint d'abord  quelques  succès  ;  mais  la  fortune 
l'abandonna  bientôt  :  battu  à  Merden  et  dans 
trois  autres  affaires,  il  vit  les  Espagnols  s'empa- 
rer de  Bellegarde  et  de  Villefranche.  Ces  revers 
lui  furent  imputés  à  crime,  et,  malgré  un  avan- 
tage remporté  devant  Perpignan,  le  17  juillet,  il 
fut  accusé  de  trahison,  arrêté  par  ordre  des  re- 
pi'ésentants  du  peuple  présents  à  l'armée ,  di- 
rigé sur  Paris,  el  enfermé  au  Luxembourg. 
Traduit  devant  le  tribunal  révolutionnaire  comme 
complice  de  la  prétendue  conspiration  des 
prisons ,  il  fut  condamné  à  mort  et  exécuté  dans 
la  même  journée.  H.  Lesueur. 

Biog.  moderne,  6dlt.  de  1806.  —  Arnault,  Jay,  et  Biog. 
nouv.  des  Contemporains, 

*  FLERS  {Camille),  peintre  paysagiste  fran- 
çais, né  .\  Paris,  le  16  janvier  1802,  élève  de 
Paris,  fut  un  des  premiers  à  rompre,  vers  1830, 
avec  les  traditions  du  paysage  historique.  Cher- 
chant avant  tout  la  réalité,  il  voulut  peindre  la 
nature  dans  sa  simplicité.  Ses  tableaux  joignent 
à  des  qualités  de  coloris  incontestables  une  cer- 
taine poésie  naturelle ,  une  teinte  de  mélancolie 
douce  qui  porte  à  la  rêverie;  mais  sa  peinture  a 
])cu  (l'effet  en  général,  et  sa  couleur,  quoique 
liarmonieuse,  abuse  souvent  des  tons  jaunes. 
M.  Louis  Cabat,  qui  fut  pendant  quelque  temps 
l'élève  de  Fiers,  a  à  son  tour  réagi  sur   son 

29 


899 


FLERS  -    FLESSELLES 


9U0 


maître,  mais  sans  lui  faire  perdre  sa  manière  et 
son  originalité.  Depuis  le  salon  de  1831,  où 
M.  Fiers  envoya  le  Village  de  Pissevache,  on 
a  remarqué  de  lui  aux  expositions  :  Moulin  à 
eau  sur  la  Marne  (1833);  ~  Vue  prise  à  La 
Meilleraye  (1834);  —  Animaux  dans  un  pâ- 
turage ;  Route  en  Normandie;  Environs 
de  Dunkerque  (1835);  —  Ruines  du  châ- 
teau d'Arqués  (1836);  —  Le  Moulin  de 
Brisepot;  Environs    de    Compiègne   { i837  )  ; 

—  Le  Moulin  de  la  Loucque;  Vile  de  Sa- 
mois  (1838);  —  Vue  prise  au  Bas-Meudon 
(1839);  —  Environs  de  Toucques;  Le  Mou- 
lin de  Chelles  (1840);  —  Souvenirs  du 
marché  de  Toucques  (1841);  —  Vues  des 
environs  des  Prés  Saint-Gervais  (  1844)  ;  — 
Environs  de  Dole;  Environs  de  Beauvais 
{ 1845);  —  Bords  de  la  Marne;  Bords  de  la 
Seine;  Ile  Saint-Ouen  (  1847):  —  Cabanes  de 
Pécheurs;  Le  Moulin  de  Cailloux  (  1848);  — 
Inondation  à  Charenton  ;  Entrée  de  bois  à 
Montfermeil  ;  Vue  prise  à  Saint-Maur; 
Parc  aux  huîtres  à  Dieppe  (1849);  —  Vue 
prise  à  Saint-Denis  (automne);  —Moulin  à 
eau  aux  environs  d'Aumale  (  1850);  — Moic- 
lin  du  Cardonoix;  Une  Cour  à  Gonesse 
(  1853).  A  l'exposition  universelle  de  1855,  il  y 
avait  de  M.  Fiers  Les  Quatre  Saisons ,  repré- 
sentées par  quatre  paysages  et  caractérisées  par 
les  arbres  en  tleurs,  les  moissons,  les  feuillages 
jaunissants  et  la  neige. 

M.  Fiers  ne  s'en  est  pas  tenu  à  la  peinture 
à  l'huile;  il  a  fait  aussi  de  bons  paysages  au 
pastel ,  qui  sous  sa  main  acquiert  des  qualités 
solides.  Il  a  révélé,  en  1846,  dans  un  article  du 
journal  L'Artiste  les  moyens  employés  par  lui 
pour  appliquer  le  pastel  au  paysage.Dans  ce  genre, 
on  cite  de  M.  Fiers  :  Environs  de  Saint-Maur  ; 
Marais  aux  envii'ons  d'Aumale  (1843);  —  La 
Butte  de  Chelles  ;  Environs  de  Charenton,  ef- 
fets de  brouillard  (1844); —  Village  de  Saint- 
Pierre  dans  le  bas  Valais; La  Côte  des  deux 
Amants  ;  Environs   de   Dunkerque   (1845); 

—  Vue  prise  à  Garches  ;  Vue  prise  à  Trou- 
ville  (  1846);  —  Bords  de  la  Seine,  près  des 
Andelys;  Camp  de  Saint-Maur  (1849);  — 
Vue  prise  à  Quillebeuf  (  1850). 

M.  Fiers  a  obtenu  une  médaille  de  troisième 
classe  en  1840  ;  une  médaille  de  deuxième  classe 
en  1847,  et  la  croix  de  la  Légion  d'Honneur  en 
1849.  L.  LouvET, 

p.  Mantz,  Dict.  de  la  Conv.,  suppl,  à  la  !'■'*  édition. 

FLESSÈLE  ou  FLESSELLES  (  Philippe  DE  ), 

médecin  français,  né  vers  1560,  mort  à  Paris,  le 
20  mars  1561.  Il  fit  ses  études  médicales  dans  la 
faculté  de  Paris,  fut  reçu  licencié  en  1526oul527, 
et  docteur  à  la  fin  de  1528.  Il  devint  médecin  or- 
dinaire du  roi  de  France  François  l^^^,  et  fut  main- 
tenu dans  cette  charge  sous  Henri  II,  François  II  et 
Charles  IX.  Flessèle  a  laissé  une  réputation  peu 
honorable  ;  s'il  posséda  quelque  talent,  sa  basse 
jalousie  et  ses  intrigues  contre  ses  rivaux,  prin- 


cipalement contre  Fernel,  en  tei'nirent  l'éclat; 
il  mourut  riche,  et  fut  enterré  dans  la  chapelle 
de  la  Madeleine  de  l'église  Saint-Gervais. 
Il  avait  épousé  Guilleraette  de  Machault,  qui 
lui  survécut  jusqu'au  5  novembre  1586,  et 
fut  inhumée  près  de  lui.  On  a  de  Flessèle  :  Intro- 
duction pour  parvenir  à  la  vraye  cognoissance 
de  la  chirurgie ,  avec  une  Épitre  dédicatoire 
(en latin)  adressée  à  OdetdeColigny,  cardinal  de 
Chatillon;  Paris,  1547,  in- 8°;  suivant  van  der 
Linden  et  quelques  autres,  il  a  été  fait  une  tra- 
duction latine  de  cet  opuscule,  sous  le  titre  de 
De  Chirurgia,  Paris,  1553,  in-12  ;  il  en  existe 
une  autre  édition,  intitulée  :  Introduction 
pour  servir  ù  la  vraie  connaissance  de  la 
chirurgie  pratique,  avec  une  Apologie  pour 
les  chirurgiens  et  plusieurs  Paradoxes ,  en 
forme  d'aphorismes,  très-utiles  pour  la  pra- 
tique de  la  chirurgie  ;  aussi  un  Traité  pour 
la  Pratique  de  la  Chirurgie;  Paris,  1635, 
in-12.  «  Cette  production,  dit  Éloy,  déjà  très- 
mince  par  le  fond  ,  est  d'autant  moins  lue  au- 
jourd'hui que  l'auteur  y  a  fait  passer  le  galé- 
nisrae  qui  dominait  alors  dans  les  écoles.  » 

Van  der  Lindon  ,  Du  Script,  medicis.  —  Eloy,  Diction- 
naire historique  de  la  Médecine.  —  Lacliaisc  et  Londe, 
dans  la  tliog.  médicale. 

FLESSELLES  (Jac^ztes  dk),  magistrat  fran- 
çais, de  la  famille  du  précédent  (1),  né  en  1721, 
massacré  le  14  juillet  1789.  Il  fut  le  dernier  pré- 
vôt des  marchands  (2)  de  la  ville  de  Paris  et  l'une 
des  premières  victimes  des  vengeances  popu- 
laires lors  de  la  révolution  française.  Nommé  très- 
jeune  maître  des  requêtes ,  il  était  en  1765  in- 
tendant de  la  province  de  Bretagne,  et  partageant 
l'animosité  du  d  uc  d' Aigui  lion  et  du  comte  de  Saint- 
Florentin,  il  se  signala  par  son  acharnement  con- 
tre le  procureur  général  La  Chalotais  (voy.  ce 
nom).  Récompensé  par  la  cour  pour  sa  conduite 
dans  cette  occasion,  il  fut  appelé  à  l'intendance 
de  Lyon  en  1767.  Il  s'y  fit  aimer  par  des  mœurs 
douces,  faciles,  ainsi  que  par  le  zèle  qu'il  déploya 
pour  les  intérêts  de  cette  ville.  Il  y  créa  plusieurs 
étabhssements  utiles,  et  y  institua  en  1777,  pour 
le  perfectionnement  de  la  teinture  des  soies  en 
noir,  un  prix  de  300  livres  (3).  En  1784  Fies- 
selles  fut  nommé  conseiller  d'État,  et  devint  en 
1788  prévôt  des  marchands  de  Paris,  en  rempla- 
cement de  Louis  Le  Pelletier  de  Morfontaine. 
Selon  tous  les  historiens ,  il  n'avait  ni  l'énergie 
ni  les  talents  nécessaires  pour  occuper  une  place 
semblable  dans  un  moment  aussi  difficile.  Hommej 
de  plaisir,  d'un  caractère  léger,  incertain,  il  sej 
trouva  bien  au-dessous  des  circonstances,  et  futj 
écrasé  en  essayant  de  rester  en  équilibre  entre; 
les  deux  partis  qui  étaient  en  présence.  Le  ren 

(i)  U  était  petit-neveu  de  Léonor  de  Flesselles,  mar 
qiiis  de  Urégy  {voy.  Brégy). 

(2)  C'était  le  nom  que  l'on  donnait  sous  l'ancienne  rao- 
narchie  au  premier  magistrat  de  la  ville  de  Paris,  Les 
fonctions  de  eette  charge  étaient  à  peu  près  ce  que  sont 
aujourd'hui  celles  du  préfet  de  la  Seine. 

(3)  Ce  prix  fut  accordé  la  même  année  à  Jacques  La; 
fon'd. 


1 

I 


90Î 


FLESSELLES  —  FLETCHER 


902 


voi  de  Neclîer  venait  de  provoquer  des  démons- 
trations inquiétantes,  et  tout  annonçait  une  pro- 
chaine collision.  Lié  par  une  communauté  d'opi- 
nion avec  le  nouveau  ministère,  Flesselles  servait 
les  intrigues  de  la  cour,  et  en  même  temps , 
dans  les  réunions  publiques ,  il  affectait  le  lan- 
gage d'un  démocrate.  Comme  beaucoup  d'autres, 
il  s'obstinait  à  ne  voij'  dans  l'effervescence  gé- 
nérale qu'un  désordre  populaire  facile  à  châtier. 
Selon  sa  pensée,  quelques  régiments  suisses  ou 
allemands  devaient  aisément  combattre  et  arrêter 
l'insurrection.  Son  espoir  était  dans  les  troupes 
dont  le  baron  de  Bezenval  disposait  aux  envi- 
rons de  Paris,  et  toute  sa  politique  se  bornait  à 
gagner  du  temps.  Il  avait  d'abord  cru  que  l'an- 
cien conseil  des  échevins  pourrait  subsister  à 
côté  de  la  nouvelle  assemblée  toute- puissante 
des  électeurs  de  Paris  réunis  à  l'hôtel  de  ville. 
Le  12  juillet  il  sentit  enfin  qu'il  fallait  s'absor- 
ber dans  l'élément  révolutionnaire.  Un  comité 
central  se  forma ,  composé  d'électeurs  et  d'é- 
chevins  ;  la  présidence  en  fut  déférée  au  prévôt 
des  marchands.  Mais  les  soupçons  les  plus  vio- 
lents ne  tardèrent  pas  à  s'am,asser  sur  la  tête  de 
ce  magistrat.  Dans  les  journées  des  12  et  13  juil- 
let ,  les  citoyens,  voulant  se  former  en  garde  ci- 
vique, réclamaient  avec  instance  des  armes  et 
des  munitions.  Flesselles ,  fidèle  à  son  plan  de 
temporisation,  leur  délivrait  des  ordres  pour  aller 
tantôt  aux  Chartreux  chercher  des  fusils,  tantôt  à 
l'Arsenal  prendre  des  cartouches  qu'il  savait  ne 
pas  exister,  tandis  que  lui-même  «  gardait  les 
clefs  des  magasins  de  la  ville  où  étaient  les  armes 
et  les  canons  (1)  appartenant  à  la  cité  ».  Aux  ac- 
cusations formulées  contre  lui  par  les  députés  des 
rassemblements  du  Palais-Royal  et  ceux  des  dis- 
tricts des  Blancs-Manteaux,  de  Saint- André-des- 
Arts  et  des  Mathurins ,  il  répondait  avec  embar- 
ras :  «  Je  me  suis  trompé,  »  ou  «  Onm'a  trompé.  » 
L'orage  éclata  le  14  ;  le  peuple,  conduit  par  les 
gardes  françaises,  s'empara  de  la  Bastille,  après 
une  lutte  qui  n'aboutit  qu'à  exaspérer  les  esprits, 
déjà  trop  exaltés.  Les  vainqueurs,  enivrés  par  le 
combat,  vinrent  à  l'hôtel  de  ville  annoncer  leur 
succès.  Il  était  cinq  heures  et  demie.  Les  accusa- 
tions se  renouvelèrent  avec  uneénergieformidable 
contre  de  Flesselles.  On  avait,  rapporte  le  .v/o- 
nito»",  saisi  sur  deLaunay, l'infortuné  gouverneur 
de  la  Bastille,  une  lettre  dans  laquelle  Flesselles 
écrivait  :  «  J'amuse  les  Parisiens  avec  des  cocar- 
des (2)  et  des  promesses  ;  tenez  bon  jusqu'à  ce 
soir,  et  vous  aurez  du  renfort.  »  A  la  vue  de  cette 
lettre,  les  électeurs  lYancotay ,  de  La  Poëze  et  Ga- 
ran-Coulon  adressèrent  de  vifs  reproches  au  pré- 
vôt, qui  pâlit,  balbutia,  et,  descendant  enfin  de 
son  estrade,  fit  entendre  ces  mois  :  «  Messieui's, 
puisque  je  vous  suis  suspect,  je  me  retire.  »  Quel- 
ques personnes  voulurent  se  saisir  de  lui  et  le 

(1)  Procès-verbal  des  éiectcnrs,  t.  I,  p.  361-364. 

(2)  En  effet,  ce  magistral  venait  d'ordonner  que  la 
cocarde  verte  serait  reconnue  conrme  signe  d'opposition 
contre  la  cour. 


garder  comme  otage,  d'autres  l'écrouer  au  Châ^ 
telet;  mais  la  majorité  s'écria  qu'il  fallait  le  con- 
duire au  Palais-Royal  pour  y  être  jugé  (1).  Fles- 
selles répondit  :  «  Eh  bien,  messieurs ,  allons  au 
Palais-Royal.  »  «  Messieurs,  ajouta-t-il  dans  l'es- 
calier, vous  verrez  chez  moi  quelles  ont  été  mes 
raisons  ;  quand  vous  serez  à  la  maison,  je  vous 
expliquerai  tout  cela!  »  Quoique  pressé  par  la  mul- 
titude, il  descendit  sur  la  place  sans  être  l'objet 
d'aucune  violence.  Mais,  à  peine  arrivé  au  coin 
du  quai  Pelletier,  un  jeune  homme,  demeuré  in- 
connu, s'élança  vers  lui,  s'écriant  :  «  Traître,  tu 
n'iras  pas  plus  loin  -»,  et  l'abattit  d'un  coup  de 
pistolet  dans  la  tête.  La  foule  se  précipita  alors 
sui'  son  cadavre,  dont  on  sépara  la  tête  fracassée^ 
Ce  triste  objet  fut  promené  sur  une  pique  au 
Palais-Royal  et  dans  les  principales  rues.  Le 
corps  fut  traîné  dans  la  fange  par  d'autres  fu- 
rieux. Flesselles  avait  alors  soixante-huit  ans. 
H.  Lesueur. 

Moniteur  urdversel ,  ann.  1789,  n"»  20,  26  ;  an.  Il,  ili. 
—  Dusaulx,  Mémoires  ,  p.  282  et  suiv.  —  De  Bezenval, 
Mémoires,  H,  p.  363.  —  J.-A.  Dulaure,  Esquisses  histo- 
riques de  la  Révolution  française ,  11,107-151.  —  Af- 
nault,  Jay,  etc.,  Biographie  nouvelle  des  Contempo- 
rains. —  A.  Thiers,  Histoire  de  la  Révolution  fran^ 
çaise,  liv.  II.  —  Le  Bas,  Dict.  encycl.  de  la  France. 

FLESSELLES (L(^o«or  de).  Voîj. Brégy  (mar- 
quis DE  ) . 

FLETCHER  (Richard),  prélat  anglais,  mort 
le  15  juin  1596.  Il  était  originaire  du  comté  de 
Kent,  etfut  reçu  maître  es  arts  en  1572.  Au  mois 
de  septembre  de  la  même  année,  il  obtint  la 
prébende  d'Islington ,  à  l'église  Saint-Paul  de 
Londres;  en  158t  il  devint  chapelain  de  la  reine 
Elisabeth,  et  en  1585  11  eut  la  prébende  deSut- 
ton-Longa  dans  la  paroisse  de  Lincoln.  Ce  fut 
Richard  Fletcher  qui  reçut  la  mission  d'assister 
à  l'exécution  de  la  reine  Marie  d'Ecosse  à  Fothe- 
ringay.  Il  fit  alors,  dit-on,  des  efforts  assez  ma- 
lencontreux pour  convertir  au  protestantisme 
la  victime  d'Elisabeth. 

En  1 589,  la  reine  d'Angleterre,  qui  le  tenait  en 
grande  es'time,  l'appela  à  l'évêché  de  Bristol. 
et  eu  même  temps  elle  le  choisit  pour  son  au- 
mônier. En  1592  il  passa  à  l'évêché  de  Wor- 
cester,  et  deux  ans  plus  tard  il  obtint  celui  de 
Londres.  Sa  faveur  à  la  cour  reçut  un  grave 
échec  par  suite  de  son  mariage  en  secondes  noces, 
avec  la  veuve  de  sir  John  Baker.  On  sait  qu'E- 
lisabeth voyait  avec  déplaisir  le  mariage  des  prê  - 
très.  Elle  reprochait  particulièrement  à  Fletcher 
de  n'avoir  pas  su  s'en  tenir  à  une  première  union. 
En  conséquence,  elle  le  fit  suspendre  de  ses  fonc- 
tions épiscopales.  Quelque  temps  après,  l'irritation 
de  la  reine  se  calma,  et  Fletcher  recouvra  sa  haute 
position  dans  l'Église.  Il  mourut  subite'uent,  à 
Londres.  Selon  Camden,  l'usage  immodéré  du 
tabac  fut  l'une  des  causes  de  ce  trépas  imprévu. 
On  peut  reprocher  à  Fletcher  de  s'être  fait  le 
ministre  trop  complaisant  des  rigueurs  d'Élisa- 

(I)  D.ins  ces  moments  de  trouble,  les  rasseiribleiuents 
du  Palais  Royal  s'étaient  crif^és  en  autorité  publique. 

29. 


903 


FLEÏCHER 


go-i 


beth.  Il  a  pea  écrit.  On  trouve  dans  l'Ecclesias- 
tical  History  de  Collier  quelques  règlements  de 
lui  à  l'usage  de  son  diocèse.  V.  R. 

Wood,  Ath.  Oxon.  —  Biog.  Brit.  —  Mlgnet  Hist.  de 
Marie  Stuart. 

FliËTCHER  (Giles),  frère  du  précédent,  di- 
plomate anglais,  mort  en  1610.  Il  étudia  à  Eton 
et  à  Cambridge,  où  il  prit  ses  degrés.  Les  talents 
qu'il  annonça  de  bonne  heure  lui  méritèrent, 
l'estime  de  la  reine  Elisabeth,  qui  l'employa  à 
diverses  négociations ,  en  Ecosse,  en  Allemagne 
et  dans  les  Pays-Bas.  En  1588  il  alla  en  Russie, 
dans  le  double  but  de  conclure  une  alliance  entre 
ce  pays  et  l'Angleterre  et  de  rétablir  la  prospé- 
rité décroissante  de  la  compagnie  anglaise  en 
Moscovie.  Il  réussit  dans  cette  mission,  quoi- 
que entravé  par  les  Hollandais ,  qui  représen- 
taient l'Angleterre  comme  vaincue  par  l'Espagne , 
et  prétendaient  que  V Armada  avait  porté  le 
dernier  coup  à  la  puissance  maritime  anglaise.  A 
son  retour  à  Londres,  Fletcher  fut  nommé  secré- 
taire de  la  cité,  maître  de  la  cour  des  requêtes,  et 
en  iuin  1597  trésorier  de  Saint-Paul.  On  a  de 
lui  :  0/  the  Russe  commonwealth  :  or,  manner 
qf  government  by  the  Russe  emperor,  com- 
monly  calledthe  emperor  of  Moskovia,  ivith 
the  manners  and  fàshions  of  the  people  of 
that  country;  1590,  in-8°,  1643,  in-12,  et 
réimprimé  dans  le  recueil  d'Hakluyt  ;  —  A  Bis- 
course  concerning  the  Tartars,  inséré  dans  les 
Mémoires  de  Whiston,  qui  suppose,  comme  l'au- 
teur, que  les  Tartares  sontidentiques  avec  les  dix 
tribus  israélites,  transplantées  en  Médie  par 
Salmanazar. 

Chalmers ,  Gen.  biog.  Dict .  —  Hakluyt',  Navigat.  — 
Whiston ,  Memoirs. 

FLETCHER  (Giles),  fils  aîné  du  précédent, 
théologien  anglais ,  né  vers  1588,  mort  en  1623. 
D  fut  élevé  à  Cambridge,  entra  dans  les  ordres, 
et  obtint  le  bénéfice  d'Alderton,  qu'il  conserva 
jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  :  Chrisfs  Victory 
and  Triumph  in  Heaven  and  Earth  over  and 
a/ter  deâth;  Cambridge,  1610, in-4°,  et  1632, 
poëme  en  stances  de  huit  vers  chacune. 
,  Chalmers,  Gen.  biograph.  Dict. 

FLETCHER  (Phinéas) ,  frère ,  du  précédent, 
poète  et  polygraphe  anglais ,  né  vers  1584,  mort 
vers  1650.  Il  étudia  à  Eton  et  à  Cambridge,  où  il 
devint  maître  es  arts  en  1608.  Il  entra  ensuite 
dans  les  ordres,  et  obtint  le  bénéfice  de  Hilgay, 
dans  le  comté  de  Norfolk.  Il  remplit  pendant 
vingt-neuf  ans  ces  modestes  fonctions.  Outre  des 
poésies  diverses,  on  a  de  lui  :  Sicelides,  drame, 
1631.  On  en  conserve  une  copie  manuscrite  dans 
le  British  Muséum  ;  —  De  Literatis  antiques 
Britanniœ ,  prœsertim  qui  doctrina  clarue- 
runt,  quique  collegia  Cantabrigix  funda- 
rMW^;  Cambridge,  1632;  — Purple  Island,  or 
the  Isle  ofMan,  poëme;  1632,  1640;  —  Pis- 
catory  Eclogues;  1633  ;  Edimbourg,  1771.  Cette 
dernière  édition  est  la  plus  correcte  ;  —  Mis- 
cellanies ;  Cambridge,    1633,  in-4°.  Ces  trois 


derniers  ouvrages  ont  été  réunis  et  publiés  en- 
semble; ibid.,  1633. 

Biog.  Brit.  —  Johnson  et  Chalmers ,  Engîish  Poets  ; 
1810. 

FLETCHER  {Jean),  poète  et  auteur  drama- 
tique anglais,  né  dans  le  Northamptonshire,  en 
1576,  mort  à  Londres,  de  la  peste,  le  28  août  1625. 
Fils  de  Richard  Fletcher,  évéque  de  Londres,  il 
fit  ses  études  à  l'université  de  Cambridge ,  où  il 
rencontra  François  Beaumont,  qui  devint  bientôt 
son  ami  et  son  fidèle  collaborateur.  Ils  compo- 
sèrent ensemble  un  grand  nombre  de  pièces,  tra- 
gédies et  comédies  qui  eurent  beaucoup  de  vogue. 
«  Fletcher,  ditun  critique  anglais  de  cette  époque, 
a  été  un  des  trois  principaux  poètes  dramatiques 
du  siècle  passé  (  Shakspeare  et  Johnson  étaient  les 
I  deux  autres  ),  entre  lesquels  on  peut  dire  qu'il  y 
avait  une  symétrie  de  perfection ,  chacun  ayant 
i  son  talent  où  il  excellait  :  Ben  Johnson  pour  tra- 
i  vailler  d'une  manière  finie  et  pour  la  connaissance 
I  qu'il  avait  des  auteurs  ;  Shakspeare  pour  la  beauté 
de  son  génie  et  son  élévation  poétique  naturelle; 
I  Fletcher  par  une  élégance  polie  et  une  aimable 
j  familiarité  de  style;  il  avait  d'ailleurs  le  génie 
!  si  abondant  pour  l'invention,  que  son   fidèle 
!  compagnon  François  Beaumont  fut  souvent  obligé 
:  de  retrancher  ce  qu'il  y  avait  de  superflu  dans 
I  ses  compositions.  «  Ce  fut  avec  ce  fidèle  com- 
j  pagnon  que  lui  arriva  cette  aventure  qui  a  été 
j  souvent  rapportée  et  attribuée  à  d'autres  :  ils 
étaient  dans  un  cabaret  discu  tant  le  plan  d'une  tra- 
gédie et  se  partageant  le  travail  :  «  Moi,  dit  Flet- 
cher, je  me  charge  de  tuer  le  roi.  >>  L'aubergiste , 
qui  entendit  ces  mots,  crut  à  une  conspiration,  se 
hâta  d'aller  la  dénoncer  à  la  police,  et  Fletcher  fut 
arrêté  comme  prévenu  du  crime  de  lèse-majesté. 
Heureusement  il  était  facile  d'expliquer  la  méprise, 
et  tout  se  passa  fort  gaiement.  Après  la  mort  de 
François  Beaumont,  Fletcher,  qui  était  habitué 
à  la  collaboration ,  travailla  avec  Ben  Johnson, 
Philippe  Massinger,  Thomas  Middleton  et  Jac- 
ques Shirley.  Ses  pièces  les  plus  importantes 
sont  Valentinien  ;  The  Lovers's  Progress  (  Le 
Voyage  des  Amants);   The  Chances  {Les  Ha- 
sards); TheCoxcomb  (LeFat);  The  Woman-Ha- 
ter  (L'Ennemi des  Femmes).  Tous  ces  ouvrages 
se  font  remarquer  par  une  grande  vivacité  de 
dialogue  et  d'esprit  et  surtout  par  une  spirituelle 
peinture  des  mœurs  du  temps  dans  lequel  ils 
furent  composés  ;  plusieurs  ont  été  traduits  en 
français ,  IP École  des  Épouseurs ,  Les  Événe- 
ments imprévus,  etc.  Ses  œuvres  complètes  ou 
choisies  ont  eu  plusieurs  éditions  ;  Londres,  1679, 
in-fol.  ;  1711,  7  vol.  in-8'';  1812, 14  vol.  in-8% 
avec  notes  et  préfaces  par  N.  Weber,  etc. 
Hector  Malot. 
Langbalne  ,  Account  of  the  English  dramatiô  Poets  ; 
Oxford,  1691.  —Philips,  Modem  Poets;  Lond.,   1675. 
—  Georges  Colman,  dans  l'édition  des  œuvres  de  Flet- 
cher de  177S.  —  Biog.  Brit. 

FLETCHER  DE  SALTOWN  {André),  publi- 
ciste  écossais,  né  en  1653,  mort  à  Londres,  en 
1716.  A  la  mort  de  son  père,  qu'il  perdit  de 


905 


FLETCHER  —  FLEURANT 


906 


bonne  heure>  il  fut  confié  aux  soins  du  doc- 
teur Burnet,  à  l'enseignement  duquel  il  dut 
sans  doute  les  principes  politiques  qui  diri- 
gèrent ensuite  sa  conduite.  Après  avoir  voyagé 
quelque  temps  à  l'étranger,  il  vint  siéger  au  par- 
lement d'Ecosse,  et  s'y  prononça  tellement  contre 
les  mesures  arbitraires  de  la  cour,  qu'il  jugea 
nécessaire  à  sa  sûreté  de  fuir  en  Hollande.  On 
le  déclara  hors  la  loi,  -et  ses  biens  furent  confis- 
qués. Il  se  montra  de  nouveau  en  Angleterre  en 
1 683,  pour  s'y  concerter  avec  les  amis  de  la  li- 
berté du  pays,  et  en  1685  il  alla  prendre  part  à 
l'expédition  du  duc  de  Monmouth.  Mais  ayant 
tué ,  à  la  suite  d'une  altercation ,  un  de  ceux  qui 
en  faisaient  partie  avec  lui ,  il  dut  aussitôt  quitter 
l'armée.  Il  se  rendit  alors  en  Espagne ,  puis  en 
Hongrie,  d'où  il  alla  guerroyer  contre  les  Turcs. 
Réuni  plus  tard  aux  Écossais  réfugiés  en  Hol- 
lande', il  rentra  dans  sa  patrie  lors  de  la  révo- 
lution qui  précipita  pour  toujours  du  trône  la 
maison  des  Stuarts,  puis  il  fit  partie  de  la  con- 
vention chargée  de  réorganiser  le  gouvernement 
écossais.  Fletcher  se  montra  toujours  ami  des 
libertés  de  son  pays,  sans  acception  de  partis; 
il  composa  de  nombreux  écrits  politiques,  parmi 
lesquels  :  A  Discourse  of  government  with 
relation  to  Mllitias  ;  1698  ;  —  Tioo  Discourses 
concerni7ig  the  affairs  ofScotland. 

Laing ,  Bist.  of  Scotland. 

FLETCHER  (  Jacques),  historien  anglais,  né 
en  1811,  mort  en  1832.11  débuta  par  l'enseigne- 
ment, que  le  succès  de  -ses  travaux  histoi'iques 
lui  fit  abandonner.  Étant  tombé  ensuite  dans  des 
embarras  d'argent  inattendus,  il  perdit  la  raison, 
et  se  suicida.  On  a  de  lui  une  histoire  estimée 
de  Pologne  (  History  of  Poland),  et  un  recueil 
de  Poésies. 
Maunder,  Tlie  bioy.  Treasury. 

FLEURANCE  (De).  Voy.  RlVAUI.T. 

FLEURANGES  (  Robert  ///"DE  La  Marck,  sei- 
gneur de),  historienfrançais,  né  en  1491,  à  Sedan, 
mort  à  Lonjumeau,  en  décembre  1537.  M.  Pe- 
titot,  dans  la  notice  qu'il  lui  a  consacrée,  le  fait 
naître  en  1492  ou  1493;  mais  il  ne  cite  aucune 
indication  valable  pour  contredire  l'âge  que 
Fleuranges  se  donne  lui-même  dans  ses  Mé- 
moires, en  parlant  de  sa  venue  à  la  cour  de 
Louis  Xn ,  à  l'âge  de  neuf  ou  dix  ans.  A  dix- 
neuf  ans ,  il  épousa  la  nièce  du  cardinal  d'Am- 
boise  ;  au  bout  d'environ  trois  mois  de  mariage, 
il  partit  pour  les  guerres  du  Milanez ,  se  jeta 
dans  Vérone  avec  quelques  troupes ,  et  en  sortit 
bientôt  pour  lever  en  Flandre  10,000  hommes, 
que  conduisit  son  frère.  De  retour  en  Italie,  il 
reçut  à  la  bataille  d'Asti  quarante-six  blessures  ; 
son  frère,  le  seigneur  de  La  Mark,  l'arracha  seul  à 
une  mort  presque  certaine,  et  le  ramena  à  Lyon. 
De  nouveau  sous  les  armes  en  1515,  il  com- 
manda l'arrière-garde  à  Marignan,  eut  un  che- 
val tué  sous  lui,  et  fut  fait  chevalier  de  la  main 
du  roi.  Puis  il  prit  Crémone,  et  abandonna  un 
instant  les  combats  pour  une  mission  diplo- 


matique. Fleuranges,  favori  de  François  I*"", 
comme  il  l'avait  été  de  Louis  XII,  fut  chargé 
par  lui  d'aller  en  Allemagne  disputer  la  cou- 
ronne impériale  à  Charles  V  en  faveur  du  roi 
de  France;  il  échoua  dans  ce  mandat,  difficile 
autant  que  délicat,  et  lutta  plus  heureusement 
contre  l'empereur  élu  dans  les  nouvelles  guer- 
res qui  ne  tardèrent  pas  à  éclater  en  Italie. 
Vers  la  même  époque,  tenté  d'ailleurs  et  vaine- 
ment sollicité  par  les  offres  de  Charles  V,  il  se 
vit  déshériter  par  son  père  comme  fils  ingrat  et  re- 
belle, jusqu'au  jour  où  le  seigneur  de  La  Mark  se 
lassa  de  servir  l'Espagne  et  quitta  le  parti  des  Im- 
périaux. Il  le  rappela  alors  à  lui,  pour  lui  faire  dé- 
fendre et  perdre  presque  aussitôt  tous  ses  biens. 
Malgré  ces  désastres ,  Fleuranges  et  son  pèi-e  se 
montrèrent  encore  en  Italie,  à  la  tête  de  bonnes 
levées  flamandes.  Fleuranges  fut  élevé  au  grade  de 
capitaine  des  gardes  ;  peu  après,  se  trouvant  à  la 
bataille  de  Pavie  aux  côtés  de  François  V,  il  fut 
fait  prisonnier  presque  en  même  temps  que  lui.  II 
ne  fut  toutefois  pas,  comme  semblent  le  préciser 
plusieurs  notices,  son  compagnon  de  captivité 
à  Madrid.  Charles  V,  mécontent  de  la  défection 
de  Robert  II  de  La  Mark,  fit  souffrir  le  fils  de 
la  rancune  qu'il  gardait  au  père ,  et  le  retint  dans 
le  fort  de  l'Écluse,  en  Flandre,  soumis  à  une 
prison  sévère.  C'est  là  que  «  afin  de  passer  son 
temps  légèrement  si  n'est  oiseux  »,  il  écrivit 
sous  le  titre  de  :  Histoire  des  choses  mémo- 
rables advenues  de  1499  à  1521,  tout  ce  qui 
s'était  passé  de  remarquable  dans  cet  intervalle. 
Depuis  sa  captivité ,  pendant  laquelle  il  iTIt  créé 
maréchal  de  France,  Fleuranges  n'assista  plus 
qu'à  la  défense  de  Péronne,  en  1536.  L'année  sui- 
vante, étant  à  Amboise,  il  apprit  la  mort  de  son 
père ,  et  partit  aussitôt  pour  la  seigneurie  délLa 
Mark  ;  il  fut  pris  de  la  fièvre  à  Lonjumeau ,  où  il 
mourut  au  bout  de  quelques  jours.  Sg?,  Mémoires, 
peu  volumineux ,  sont  classés  parmi  les  plus  cu- 
rieux de  cette  époque,  surtout  pour  ce  qui  touche 
aux  coutumes  et  aux  détails  généralement  cachés 
ou  peu  connus  de  .cette  période.  Ainsi  les  particu- 
larités abondent  sur  le  Champ  du  Drap  d'or, 
et  c'est  chez  lui  sans  doute  qu'on  a  retrouvé  au 
complet  cette  curiosité  d'une  verrine  ou  palais 
de  verre,  qui  a  excité  quelques  discussions  ar- 
chéologiques et  littéraires  en  1855,  à  propos  des 
premiers  palais  de  cristal.  Il  y  reparaît  cons- 
tamment sous  le  nom  de  L'Aventureux,  qui 
était  vraisemblablement  son  nom  familier.  On 
lui  a  quelquefois  reproché ,  chez  les  étrangers 
surtout,  sa  partialité  pour  la  France  :  ce  dévoue- 
ment naïf  n'est  que  l'histoire  de  sa  vie  tout 
entière.  Ed.  Renaudin. 

Dictionnaire  universeli  historique  ;V3ir\i,  1820.  — Col- 
lection Petltot,  Mémoires  de  Fleuranges. 

FLEURANT  {Claude),  médecin  français,  né 
à  Lyon,  vivait  au  dix-huitième  siècle.  Il  était  chi- 
rurgien major  de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon.  On  a  de 
lui  :  Splanchnologie ;  Lyon,  2  vol.  in-12  On  dit 
qu'un  de  ses  ancêtres,  apothicaire  à  Lyon,  donna 


90-7 


FLEURANT 


à  Molière  l'idée  du  personnage  de  ce  nom  qui 
ligure  dans  le  Malade  Imaginaire. 

Molière,  édition  d'Auger,  t.  IX,  p.  28i. 

FLEtiBEAi;  (Dom  BasUç.) ,  historien  fran- 
çais, né  vers  1620,  mort  vers  1680.  Il  entra 
dans  l'ordre  des  Barnabites  de  la  congrégation 
de  Saint-Paul,  et  consacra  presque  sa  vie  entière 
à  recueillir  les  matériaux  d'une  histoire  à.  la- 
quelle il  ne  put  mettre  la  dernière  main,  et  qui 
fut  publiée  par  un  autre  barnabite ,  dom  Rémi 
de  Montmerlier,  sous  ce  titre  :  Les  Antiquités  de 
la  ville  et  du  duché  d'Étampes  ;  Paris,  1683, 
in-4°. 
Lenglet-Dufresnoy,  Méthode  historique,  t.  IV,  p.  210. 

—  Le  P.  Lelong ,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

*  FLEURI  (  Geoffroi  de),  argentier  deLouis  X, 
le  premier  des  officiers  de  nos  rois  qui  ait  porté 
ce  titre ,  né  dans  la  seconde  moitié  du  treizième 
siècle.  Il  entra  en  charge  en  1316  ;  mais  ses  lettres 
de  nomination  ne  sont  que  du  mois  de  janvier 
1317.  L'argentier  était  chargé  de  tout  ce  qui  con- 
cernait l'habillement  des  princes  du  sang  royal 
et  l'ameublement  de  leurs  palais  :  on  voit  ap- 
paraître cette  fonction  dès  l'an  1285;  mais  elle 
ne  fut  l'objet  d'une  ordonnance  qu'en  1323(1). 
M.  Douet  d'Arcq  a  publié,  d'après  un  manuscrit 
original  de  la  Bibliothèque  impériale  (IX''  vol. 
des  Mélanges  de  Cleravibazit),  un  compte  de 
cet  argentier,  portant  ce  titre  :  C'est  le  compte 
de  moy  Gieffroy  de  Flouri  du  XWjoîir  de 
jullet  Van  II le  et  XVI  jusques  au  premier 
jour  de  jenvier  ensuivant.        Louis  Lacour. 

Jlrch.  de  l'emp.,  registre  côté  J.  37.  —  Id.,  vol.  ln-4° 
intitulé  :  Comptes  de  l'argenterie,  côte  K  8.  —  Douet 
d'Arcq,  Comptes  de  l'argenterie  des  rois  de  trance  (  I85i, 
in-8°),  passim. 

FLEC RIAIT  (Louis-Gaston),  prélat  français, 
né  à  Paris,  en  1662,  mort  le  11  janvier  1733.  I! 
se  distingua  par  son  savoir  théologique.  Après 
avoir  été  successivement  chanoine  de  Chartres, 
abbé  de  Moreilles,  trésorier  de  la  Sainte-Cha- 
pelle, il  fut  nommé,  en  1698,  évêque  d'Aire,  et 
transféré  en  1706  sur  le  siège  épiscopal  d'Orléans. 
•A  son  entrée  dans  cette  ville,  il  délivra  854  pri- 
sonniers pour  dettes.  Ce  prélat  montra  beau- 
coup de  zèle  pour  la  discipline  ecclésiastique.  On 
a  publié  :  Ordonnances,  règlements  et  avis  sy- 
nodaux tenus  par  Vévêque  d'Orléans  depuis 
\1Q1  jusqu'à  sa  mort;  Orléans,  1736,  in-4''. 
L'entrée  de  Fleuriau  à  Orléans  donna  lieu  aux 
deux  opuscules  suivants  :  Histoire  de  Ventrée 
de  Louis-Gaspard  Fleuriau  d'Armenonville; 
Paris,  1707,  in-4'';  —  Discours  académique 
sur  Ventrée  solennelle  de  ce  même  prélat; 
Orléans,  1707,  in- 4°. 

Le  P.  Lclong ,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

—  Feller,  Biographie  universelle  (édit.  Weiss  ). 

FLEURIAU  (  Thomas-Charles  )  ,  historien 

(1)  Cette  charge  disparut  à  la  révolution;  le  dernier 
personnage  qui  en  fut  revêtu  porta  le  titre  de  trésorier 
de  l'argenterie  du  roi.  Les  argentiers  tenaient  note 
exacte  de  leurs  dépenses;  leurs  registres  contiennent  de 
précieux  renseignements  sur  le  commerce,  l'industrie  et 
les  mœurs  du  temps. 


-  FLEURÏEU  908 

français,  vivait  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  appartenait  à  la  Compagnie  de 
Jésus,  et  était  chargé  de  correspondre  avec  les 
missionnaires  jésuites  du  Levant;  il  reçut  un 
grand  nombre  de  lettres  et  de  mémoires ,  qu'il 
rédigea  et  publia  sous  le  titre  de  :  Nouveaux  Mé- 
moires de  la  mission  de  la  Compagnie  de 
Jésus  dans  le  Levant;  Paris,  1712  à  1717; 
7  vol.  in-12; —  État  présent  de  V Arménie; 
Paris,  1694,  in-12;  —État  des  missions  de 
la  Grèce;  Paris,  1695,  in-12.  E.  B. 

Journal  des  Savants,  1745,  p.  448. 

FLEURIAU  (Bertrand-Gabriel),  littérateur 
français,  né  en  1693,  mort  vers  1765.  Il  entra 
dans  l'ordre  des  Jésuites,  et  composa  quelques 
ouvrages  destinés  surtout  aux  collèges  de  son 
ordre.  On  a  de  lui  :  Relation  des  conquêtes 
faites  dans  les  Indespar  D.  P.-M.  d'Almeida, 
marquis  de  Casiel-Nuovo,  comte  d'Assamar, 
traduite  de  Vitalien;  Paris,  1749,  in-12;  — 
Principes  de  la  Langue  Latine,  mis  dans  un 
ordre  j}lus  clair,  plus  précis  et  plus  exact; 
Paris,  1750,  in-S";  —  Vie  du  P.  Claver;  Paris, 
1751,  in-12;  —  Dictionnaire  alphabétique 
de  tous  les  nomspropres  qui  se  trouvent  dans 
Horace;  cet  ouvrage  forme  le  troisième  volume 
d'ime  édition  de  la  traduction  d'Horace  du  père 
Sanadon  ,  publiée  par  Fleuriau;  Paris,  1756,  3 
vol.  in-12.  On  doit  aussi  à  Fleuriau  une  édition 
du  Théâtre  des  Grecs  du  P.  Brumoy,  publiée 
à  Paris,  1763,  6  vol.  in-12. 

Feller,  Biographie  universelle  (  édit.  Weiss  ).  — 
Quérard,  France  littéraire.  —  Barbier,  Examen  cri- 
tique des  Dictionnaires  historiques. 

FLEURIAU.  Voy.  Flebriot. 

FLEURIAU.   Voy.  MORVILLE. 

FLEURÏEU  (  Charles-Pierre  Claret  ,  comte 
DE  ) ,  marin ,  savant  et  homme  d'État  français , 
né  à  Lyon,  le  22  janvier  1738,  mort  à  Paris,  le 
18  août  1810.  Dès  l'âge  de  quatorze  ans,  il  entra 
dans  la  marine.  Après  la  guerre  de  Sept  Ans ,  à 
laquelle  il  participa  activement ,  il  se  livra  à  l'é- 
tude théorique,  des  sciences  nautiques  avec  un 
zèle  et  un  succès  dont  les  premières  preuves  sont 
consignées  dans  un  Mémoire  sur  la  construc- 
tion des  navires.  Ce  Mémoire,  qui  lui  mérita 
son  admission  à  l'Académie  de  Lyon ,  présente 
les  règles  de  l'équilibre  des  corps  flottants,  des 
calculs  sur  l'impulsion  du  vent,  le  sillage,  la 
mâture ,  la  forme  de  la  carène ,  le  mécanisme  et 
l'action  du  gouvernail,  etc. 

Le  problème  des  longitudes  occupait  alors  les 
savants  français  et  étrangers.  Fleurieu  pouvait 
d'autant  moins  rester  indifférent  au  mouvement 
général  des  esprits  qu'il  intéressait  au  plus  haut 
degré  la  profession  à  laquelle  il  s'était  voué. 
Porté  par  ses  goûts  vers  la  mécanique  plutôt  que 
vers  l'analyse  et  le  calcul ,  il  avait  conçu  l'idée 
d'une  montre  marine ,  presque  invariable ,  qui 
devait,  pendant  une  longue  traversée,  indiquer 
exactement  l'heure  constatée  au  moment  du  dé- 
part ,  ce  qui  est  la  grande  moitié  du  problème, 


909 

puisqu'il  n'y  a  plus  alors  qu'à  déterminer  l'heure 
du  vaisseau,  toujours  obtenue  par  l'astronomie 
avec  la  plus  grande  facilité  et  une  exactitude 
suffisante.  Mandé  à  Paris  par  M.  de  Choiseul, 
qui  avait  eu  connaissance  de  son  projet,  il  tra- 
vailla avec  Berthoud,  qui  l'initia  aux  pratiques 
de  son  art.  Promptement  formé  par  les  leçons 
de  cet  habile  maître ,  il  fit  lui-même  toutes  les 
pièces  d'une  pendule  à  secondes ,  qui  pendant 
quarante  ans  n'avait  rien  perdu  de  sa  régularité, 
et  dont  il  suivit  la  marche  jusqu'à  ses  derniers 
moments.  De  la  communauté  d'idées  et  de  travaux 
qui  s'était  établie  entre  Fleurieu  et  Berthoud  ré- 
sulta pour  le  premier  la  conviction  que  les  pro- 
cédés du  second  devaient  obtenirla  préférence  sur 
ceux  de  ses  devanciers.  Cette  conviction,  il  l'ex- 
prima dans  un  mémoire  qu'il  publia  sous  le  titre 
à^ Examen  critique  d'un  mémoire  publié  par 
M.  Leroy ,  horloger  du  roi ,  sur  l'épreuve  des 
horloges  propres  à  déterminer  les  longitudes 
en  mer,  et  sur  les  principes  de  leur  cons- 
truction ;  Londres  et  Paris,  in-4°.  Ce  mémoire 
était  une  réfutation  de  celui  de  Leroy,  intitulé  : 
Exposé  succinct  des  travaux  de  Harrison 
et  de  Leroy  dans  la  recherche  des  longitudes 
en  mer,  et  des  épreuves  faites  de  leurs  ou- 
vrages ;  Paris,  1767,  in-4°.  Fleurieu  comprit 
promptement  qu'une  expérience  des  procédés  de 
Berthoud  en  démontrerait  bien  mieux  la  supé- 
riorité. Berthoud  désirait  aussi  une  épreuve  de 
ses  horloges.  Elle  eut  lieu  pendant  la  campagne 
de  la  frégate  L'Isis,  dont  le  commandement  fut 
confié  à  Fleurieu,  quoiqu'il  ne  fût  encore  qu'en- 
seigne. 

Après  avoir  passé  près  de  trois  mois  à  faire 
des  épreuves  à  Rochefort  et  à  l'île  d'Aix,  L'Isis 
partit  au  commencement  de  février  1 769 ,  relâcha 
à  Cadix,  aux  Canaries,  à  Gorée,  aux  îles  du 
Cap-Vert,  aux  Antilles,  à  Saint-Domingue,  au 
banc  de  Terre-Neuve,  fit  le  tour  de  l'océan 
Atlantique ,  et,  après  avoir  de  nouveau  relâché 
aux  Canaries ,  à  Madère  et  à  Cadix ,  elle  était 
de  retour  en  France  le  11  octobre  1769,  ayant 
ainsi  voyagé  sous  des  latitudes  diverses,  ce  qui 
rendit  les  expériences  concluantes.  Le  succès  dé- 
passa les  espérances  de  Fleurieu.  Il  ne  s'était 
pas  borné  à  s'assurer  de  la  bonté  intrinsèque  des 
instruments  ;  il  les  avait  fait  servir  à  déterminer 
ou  à  rectifier  un  grand  nombre  de  points,  omis 
ou  mai  indiqués  sur  les  cartes ,  de  parages  très- 
fréquentés,  tels  que  la  côte  d'Afrique,  les  Cana- 
ries, le  Cap- Vert,  les  Antilles,  l'océan  Atlan- 
tique, etc.  Ce  fut  alors  qu'il  publia  l'ensemble 
de  ces  travaux  sous  le  titi-e  de  :  Voyage  fait  par 
ordre  du  roi,  en  1768  et  1769,  à  différentes 
parties  du  monde ,  poiir  éprouver  en  mer  les 
horloges  marines  inventées  pur  M.  Ferdi- 
nand Berthoud  ,  etc.;  Paris,  imp.  roy.,  1773, 
2  vol.  in-4'',  avec  pi. 

Fleurieu  avait  rassemblé  une  riche  collection 
de  cartes;  il  se  disposa  à  faire  une  histoire  cri- 
tique et  raisonnée  de  la  navigation.  Jl  préluda  à 


FLEURIEU  910 

ce  travail  en  révisant  la  traduction  que  Demeunier 
publia  en  1775  du  Voyage  de  Phipps  au  pôle  bo- 
réal. Il  était  parvenu  au  grade  de  capitaine  de  vais- 
seau ;  pour  se  livrer  complètement  à  ses  travaux, 
il  offrit  sa  démission  ;  mais  le  roi  créa  en  favem-  du 
savantmarin  (1776)  laplace-de  directeur  général 
des  ports  et  arsenaux.  Dès  son  entrée  en  fonctions 
il  eut  à  s'occuper  de  la  rédaction  de  l'ordonnance 
du  27  septembre  1776,  ordonnance  qui  eut  entre 
autres  inconvénients  celui  de  convertir  les  offi- 
ciers de  vaisseau  en  ingénieurs,  au  détriment  de 
leurs  fonctions  naturelles.  Il  prouva  bientôt  qu'il 
était  meilleur  stratégiste  qu'administrateur.  Tous 
les  plans  des  opérations  navales,  de  1778  à  1783 
furent  tracés  par  lui ,  et  à  en  juger  par  les  seules 
instructions ,  en  entier  de  sa  main ,  qu'il  adressa 
au  heutenant  général  d'Orvilliers ,  et.  qui  existent 
dsns  ies  archives  du  port  de  Brest,  on  peut  dire 
sans  exagération,  qu'il  guida  les  commandants 
de  nos  escadres,» et  que  si  ses  instructions,  où 
toutes  les  éventualités  étaient  prévues,  avaient 
été  plus  scrupuleusement  suivies ,  le  succès  aurait 
été  plus  complètement  obtenu.  La  sagacité ,  la 
clarté ,  la  précision  qui  forment  le  caractère  de 
ces  instructions  se  retrouvent  dans  celles  qu'il 
rédigea  ensuite  pour  les  expéditions  de  La  Pé- 
rouse  et  de  D'Entrecasteaux.  Louis  XVI  a  bien 
pu ,  comme  on  l'a  dit ,  indiquer  le  plan  général 
de  ces  deux  entreprises  ;  mais  il  y  a  loin  de  cette 
donnée  vague  à  l'itinéraire  précis  tracé  par  Fleu- 
rieu, itinéraire  qu'il  compléta,  d'abord  par  ses 
Notes  géographiques  et  historiqties  imprimées 
en  tête  du  voyage  de  La  Pérouse,  après  le  Mé- 
moire d'instruction ,  ensuite  par  les  indications 
tirées  de  sa  carte  du  grand  Océan  Atlantique, 
publiée  en  1776.  Les  Noies ,  qui  n'embrassent  pas 
moins  de  93  pages  in-é",  résument  avec  une 
parfaite  lucidité  les  explorations  laites  ou  à  faire 
dans  l'Océan  Méridional ,  le  grand  Océan  Aus- 
tral, le  grand  Océan  Équatorial  et  le  grand  Océan 
Boréal. 

Depuis  la  paix ,  Fleurieu  avait  repris  ses  tra- 
vaux historiques,  et  il  les  avait  assez  avancés 
pour  avoir  pu  présenter  à  l'Académie  des  Scien- 
ces, le  2-i  avril  1790,  le  prospectus  de  son  ou- 
vrage intitulé  :  Découvertes  des  Français  en 
176S  et  1769  dans  le  sud-est  de  la  Nouvelle- 
Guinée,  et  reconnaissance  postérieure  des 
mêmes  terres  par  des   navigateurs  anglais 
qui  leur  ont  imposé  de  nouveaux  noms;  pré- 
cédées de  l'abrégé  historique  des  navigations 
et  des   découvertes  des  Espagnols  dans  les 
!  mêmes  parages;  Paris, imp.  roy.,  1790,  in-4°, 
I  avec  1 2  cartes.  Le  but  principal  de  cet  ouwage 
I  était  d'assurer  les  droits  de  Bougainville  et  de 
{  Surville  contre  les  prétentions  ou  les  usurpations 
I  de  quelques  navigateurs  anglais.  Un  chef  d'œuvre 
!  de  discussion  est  le  chapitre  où  Fleurieu  démontre 
i  que  les  îles  Salomon,  découvertes  en  1567  par 
Mendana  ,  sont    absolument  les    mêmes    que 
celles  découvertes  par  Carteret  en  1767,   par 
Bougainville  en  1768,  et  par  Sliortland  en  1788. 


911 


FLEURIEU 


912 


L'exactitude  cle  ses  assertions  a  été  démontrée 
lorsque  D'Entrecasteaux ,  dans  son  voyage  à  la 
recherche  de  LaPérouse,  a  constaté  que  la  Carte 
systématique  dressée  par  Fleurieu  à  l'appui  de 
sa  discussion  était  conforme  pour  les  points  prin- 
cipaux à  la  situation  des  lieux.  Le  succès  de 
l'ouvrage  fut  grand  et  légitime ,  non-seulement 
en  France,  mais  encore  en  Angleterre,  où  l'auteur 
trouva  un  traducteur  impartial. 

Fleurieu  fut  appelé  au  ministère  de  la  marine 
le  27  octobre  1790.  Les  sept  mois  qu'il  y  passa 
furent  pour  lui  une  pénible  épreuve.  L'esprit 
d'insurrection  qui  s'était  propagé  dans  les  équi- 
pages et  dans  les  colonies  ,  la  désorganisation 
des  divers  corps  de  la  marine ,  lui  faisaient  une 
position  d'autant  plus  difficile,  à  lui,  homme 
honnête,  mais  timide,  que  l'Assemblée  Consti- 
tuante ne  le  soutenait  pas ,  ou ,  plus  souvent , 
prenait  parti  contre  lui.  Une  circonstance  fâcheuse 
le  détermina  à  se  démettre  (  17  mai  1791  ).  Un 
des  commis  de  son  ministère  le  dénonça  comme 
ayant  ordonnancé ,  pour  le  premier  trimestre  de 

1791,  le  payement  des  appointements  des  direc- 
teurs généraux  et  intendants  supprimés  à  comp- 
ter du  l""^  janvier  de  cette  année.  Fleurieu  avait 
signé  de  confiance.  Signalé  comme  volontaire- 
ment coupable  d'infraction  aux  décrets  de  l'As- 
semblée, qui  ordonna  la  restitution  des  sommes 
payées ,  il  démontra  sa  loyauté  dans  l'écrit  qu'il 
publia  sous  le  titre  de  :  Précis  de  V affaire  re- 
lative à  la  dénonciation  de  Fleurieu ,  ministre 
de  la  marine ,  par  un  commis  de  la  marine; 
Paris,  1791,  in-S".  «  S'il  ne  s'agissait  que  de 
«  sacrifices  de  ma  part ,  «  dit-il  dans  une  lettre 
qu'il  écrivit  au  roi  en  se  retirant ,  «  mon  dévoue- 
«  ment  pour  la  personne  de  votre  majesté, 
«  mon  amour  du  bien  public  me  les  rendraient 
«  faciles.  Mais  quand  on  a  bien  mesuré  ses 
«  moyens ,  et  qu'on  les  trouve  insuffisants ,  on 
«  doit  imposer  silence  à  son  zèle  et  se  rendre 
«  justice.  »  Louis  XVI  savait  que  cette  assurance 
de  dévouement  n'était  point- une  formule  banale. 
Aussi,  quand  il  eut  à  faire  choix  du  gouverneur 
du  dauphin,  jeta-t-il  les  yeux  sur  son  ancien 
ministre,  et  écrivit-il  à  l'Assemblée,  le  18  avril 

1792,  que  son  choix  s'était  porté  sur  Fleurieu, 
«  en  raison  de  sa  probité,  de  ses  lumières  et 
de  son  dévouement  à  la  constitution  «é  Les  évé- 
nements qui  survinrent  ne  lui  permirent  de  rem- 
plir ses  fonctions  que  pendant  quelques  mois. 
Sous  la  terreur,  Fleurieu  fut  emprisonné  qua- 
torze mois  aux  Madelonnettes ,  où  M""  de 
Fleurieu  partagea  volontairement  sa  captivité 
jusqu'au  9  thermidor.  Rendu  à  la  liberté,  et  ap- 
pelé à  faire  partie  de  l'Institut  et  du  Bureau 
des  Longitudes,  Fleurieu  put  reprendre  ses 
travaux  de  prédilection,  dont  il  ne  fut  détourné 
que  par  sa  courte  apparition  au  Conseil  des  An- 
ciens, où  les  électeurs  de  Paris  l'envoyèrent  sous 
le  nom  de  Claret-Fleurieu,  en  1797.  Il  en  fut 
élu  secrétaire,  et  futexclu  au  18  fructidor.  Dégagé 
de  toute  charge,  il   se  livra  exclusivement  à 


la  rédaction  de  l'ouvrage  intitulé  :  Voyage 
autour  du  monde  par  Etienne  Marchand, 
précédé  d'une  introduction  historique;  au- 
quel on  a  joint  des  recherches  sur  les  terres 
australes  de  Drake ,  et  un  examen  critique 
du  voyage  de  Roggeween,  avec  cartes  et 
figures ,  par  C.-P.  Glaret  de  Fleurieu  ;  Pa- 
ris, imp.  de  la  rép.,  ans  vi-viii,  4  voL  în-4", 
ou  6  vol.  in-8°.  Le  capitaine  Marchand,  habile 
navigateur  du  commerce ,  était  mort  à  l'île  de 
France,  le  15  mai  1793,  et  Fleurieu,  n'ayant 
pu  se  procurer  son  journal,  avait  recouru  à 
celui  du  capitaine  Chantai,  lieutenant  de  Mar- 
chand, et  personnellement  chargé  de  toutes 
les  reconnaissances  durant  le  voyage.  Par  la 
forme  et  les  développements  que  Fleurieu  a  don- 
nés à  son  travail ,  il  en  a  fait  un  ouvrage  capital. 
Le  premier  volume  est  précédé  d'une  introduc- 
tion dans  laquelle  il  résume  l'histoire  de  la  dé- 
couverte progressive  delà  côte  du  nord-ouest  de 
l'Amérique,  depuis  1537,  année  où  Cortez  décou- 
vrit par  mer  la  Californie,jusqu'en  1791,  époqueoù 
Marchand  aborda  à  cette  côte  par  le  53''  parallèle. 
Cette  introduction  est  complétée ,  à  la  fin  du  vo- 
lume, par  les  additions  qu'avaient  suggérées  à 
Fleurieu  les  voyages  de  Vancouver  et  de  Robert, 
exécutés  après  celui  de  Marchand.  Elle  rapproche, 
éclaircit,  confirme  ou  réfute,  les  unes  par  les  au- 
tres, les  diverses  relations  des  voyageurs  jus- 
qu'au moment  de  la  publication  de  l'ouvrage. 
L'histoire  du  voyage  elle-même  est  entremêlée 
de  discussions  semblables,  dont  les  plus  impor- 
tantes sont  l'exposé  des  raisons  qui  ont  conduit 
Fleurieu  à  établir  sa  carte  du  détroit  de  Billiton 
ou  de  Gaspard ,  ses  recherches  sur  les  terres  de 
Drake ,  et  son  examen  des  découvertes  de  Rog- 
geween.. Dans  toutes  ces  questions  on  retrouve 
la  saine  critique  et  l'impartialité  qu'on  avait  ap- 
plaudies dans  les  Découvertes  des  Français,  etc. 
Le  quatrième  volume ,  qui  a  fait  l'objet  d'un  ti- 
rage à  part,  forme  un  ouvrage  spécial  sous  le  titre 
de  :  Observations  sur  la  division  hydrogra- 
phique du  globe,  et  changements  proposés 
dans  la  nomenclature  générale  et  particulière 
de  l'hydrographie,  avec  cartes  ;  —  Application 
dusystème  métrique  décimal  à  l'hydrographie 
et  aux  calculs  de  la  navigation  ;  moyens  pour 
en  faciliter  l'établissement  et  tables  à  cet 
usage.  La  division  hydrographique  et  l'applica- 
tion du  système  métrique  obtinrent  l'assentiment 
de  deux  commissions  de  l'Institut,  dont  les  rap- 
ports se  trouvent  en  tête  de  ce  volume ,  renfer- 
mant quinze  cartes  qui  composent  l'atlas  de 
l'ouvrage. 

Le  dernier  service  rendu  par  Fleurieu  à  la  na- 
vigation, c'est  son  Neptune  du  Cattégat  et 
de  la  Baltique,  composé  de  65  feuilles  in-fol. 
(grand-aigle),  et  publié  en  1809.  Le  texte  expli- 
catif en  avait  paru  en  l'an  ii  sous  le  titre  de  Fon- 
dements des  cartes  du  Cattégat  et  de  la  Bal- 
tique, etc.;  Paris,  imp.  nat,  an  ii,  in-4°.  avec  pi. 
Ce  grand  et  magnifique  ouvrage ,  aux  lacunes 


915 


FLEURIEU  —  FLEURY 


914 


duquel  le  dépôt  général  de  la  marine  a  suppléé 
depuis,  occupa  pendant  près  de  vingt-cinq  ans 
son  auteur,  qui  n'épargna  ni  soins  ni  dépenses 
pour  le  mener  à  perfection.  Rédigé  par  Buache , 
dessiné  par  Beautemps-Beaupré,  ce  Neptune  est 
extrêmement  rare,  puisqu'il  n'en  a  été  imprimé 
que  trente  exemplaires.  Napoléon  avait  voulu  le 
faire  acheter  au  dépôt  de  la  marine  ;  mais,  sur  la 
représentation  que  cet- ouvrage  n'était  pas  au  ni- 
veau des  connaissances  acquises  à  cette  époque, 
il  décida ,  après  la  mort  de  Fleurieu ,  que  les 
200,000  francs  dépensés  par  ce  dernier  seraient 
remboursés  à  sa  veuve.  Après  le  tirage  des  trente 
exemplaires,  il  lui  fit  rendre  les  cuivres,  qui 
furent  détruits,  excepté  celui  du  plan  de  Saint- 
Pétersbourg,  qui  est  une  réduction  de  celui  en 
neuf  feuilles  publié  en  1753  par  Trescotti.  Ce 
Neptune  n'était  pas  le  seul  dont  Fleurieu  se  fût 
occupé.  C'est  sous  sa  direction  que  Bonne  avait 
publié,  de  1778  à  1780,  son  Neptune  américo- 
septentrional ,  en  dix-huit  cartes ,  le  meilleur 
des  travaux  de  cet  hydrographe. 

Fleurieu  rentra  dans  les  fonctions  publiques  à 
rétablissement  du  consulat.  Nommé  successive- 
ment conseiller  d'État ,  grand-officier  de  la  Lé- 
gion d'Honneur,  intendant  général  de  la  maison 
de  l'empereur,  sénateur  en  1805 ,  gouverneur 
du  palais  des  Tuileries,  comte,  il  était  assu- 
jetti à  des  devoirs  officiels  qui  le  détournaient 
de  ses  travaux.  Il  se  berçait  néanmoins  de 
l'espoir  de  termmer  son  Histoire  générale  des 
Navigations ,  dont  la  première  paiHe ,  com- 
prenant les  navigations  des  anciens,  était  seule 
avancée,  lorsqu'une  mort  subite  l'enleva.Soigneux 
et  méthodique  en  tout,  il  avait  dressé  de  sa 
propre  bibliothèque  un  catalogue,  dont  deux  co- 
pies autographes  existent  à  la  bibliothèque  du 
Dépôt  général  delà  Marine,  l'une ,  datée  de  1782, 
en  2  volumes  petit  in-fol.,  l'autre,  sans  date, 
en  un  vol.  in-4''.  Plus  tard  ,  quand  des  revers  de 
fortune,  occasionnés  par  la  révolution,  l'obligèrent 
à  vendre  ses  livres  et  ses  collections  géographi- 
ques ,  on  en  publia  le  catalogue  ;  Paris,  an  vu, 
in-8°. 

Fleurieu  avait  épousé,  en  1792,  M"®  Aglaé 
Deslacs  d'Arcambals,  mariée  en  secondes  noces 
à  Eusèbe  Salverte,  et  morte  en  1826.  Cette  dame 
est  auteur  du  roman  intitulé  :  Stella ,  histoire 
anglaise;  Paris,  1800,  4  vol.  in-12. 

P.  Levot. 

Delainbre,  Notice  sur  la  Fie  elles  Ouvrages  de  M.  le 
comte  de  Fleurieu.  —  Foyage  de  Fleurieu  pour 
l'épreuve  des  horloges  marines.  —  Ses  Découvertes  des 
Français,  etc.  —  Foyage  de  Marchand.  —  Fastes  de 
la  Légion  d'Honneur.—  archives  de  la  marine. 

Fi.EURiOT  -  LESCOT  {Jean  -  Baptiste  - 
Edouard),  homme  politique  français,  né  à 
Bruxelles,  en  1761,  guillotiné  le  10  thermidor  an  n 
(  28  juillet  1794  ).  Il  prit  part  aux  troubles  qui  agi- 
tèrent le  Brabant  à  l'occasion  des  réformes  de 
l'empereur  Joseph  II,  et  se  réfugia  à  Paris ,  où  il 
exerça  la  profession  d'architecte.  Ses  rapports 
continuels  avec  les  ouvriers  lui  facilitèrent  la  pro- 


pagation des  idées  d'égalité  politique,  et  ilfut  un  des 
agents  les  plus  actifs  des  mouvements  populaires 
qui  aboutirent  à  la  révolution.  Depuis  1788  on 
le  vit  figurer  dans  tous  les  tumultes ,  dans  toutes 
les  journées  sanglantes.  «  Il  s'y  distingua  plus 
encore,  dit  un  contemporain,  par  la  vigueur  de 
son  bras  que  par  la  force  de  son  raisonnement.  « 
Devenu  commissaire  aux  travaux  publics,  il  se 
fit  admettre  dans  la  Société  des  Jacobins ,  et  se 
lia  intimement  avec  Jlobespierre ,  qui  le  fit 
nommer  substitut  de  Fouquier-Tinville ,  accusa- 
teur public  au  tribunal  révolutionnaire.  Après  la 
chute  de  Chaumette  (voy.  ce  nom)  et  l'épura- 
tion de  la  commune  de  Paris  (germinal  an  ii), 
Fleuriot  fut  choisi  pour  maire  de  Paris  en  rem- 
placement de  Pache.  Le  9  thermidor  suivant 
(27  juillet  1794  ),  lorsqu'il  apprit  que  Robespierre 
venait  d'être  arrêté ,  il  courut  à  l'hôtel  de  ville , 
rassembla  les  officiers  municipaux  et  les  mem- 
bres de  la  commune ,  leur  adressa  un  discours 
énergique,  et,  montrant  autant  de  sang-froid  que 
d'activité,  fit  fermer  les  barrières,  sonner  le 
tocsin  et  placer  du  canon  sur  les  abords  de  l'hô- 
tel. Mandé  avec  l'agent  national  Payan  à  la  barre 
de  la  Convention  pour  y  répondre  de  la  tran- 
quillité pubhque ,  il  refusa  de  s'y  rendre,  et  ré- 
pondit à  l'huissier  Courvol,  qui  lui  demandait 
un  reçu  de  son  message  :  «  Un  jour  comme  aujour- 
d'hui on  ne  donne  pas  de  reçu.  Retourne  à  la 
Convention,  et  dis  à  Robespierre  que  nous  sau- 
rons le  maintenir  ;  qu'il  n'ait  pas  peur,  car  nous 
sommes  ici,  et  le  peuple  est  derrière  nous  !  »  Sur 
ces  entrefaites,  Coffinhal  délivrait  Robespierre 
de  la  prison  du  Luxemboui^  et  l'amenait  à  la 
commune.  Fleuriot  fit  placer  son  ami  au  fauteuil 
de  la  présidence,  le  proclama  le  sauveur  de  la 
patrie ,  et  fit  prêter  aux  assistants  le  serment 
de  vivre  ou  mourir  pour  sa  défense.  Les  récal- 
citrants furent  immédiatement  arrêtés  ainsi  que 
les  commissaires  de  la  section  des  Arcis,  qui  pu- 
bliaient là  proclamation  émanée  de  la  Convention 
nationale.  Il  venait  d'envoyer  des  agents  dans 
toutes  les  sections  de  Paris ,  afin  de  propager 
l'insurrection  et  de  la  centraliser  sous  les  ordres 
de  la  commune  ;  mais  quelque  rapides  que  fus- 
sent ses  mesures,  il  fut  devancé  par  la  Convention, 
qui  le  mit  hors  la  loi.  Arrêté  avec  Robespierre, 
Fleuriot-Lescot  partagea  le  sort  de  ce  dernier,  et 
monta  à  l'échafaud  avec  beaucoup  de  courage. 
H.  Lesceur. 
Moniteur  universel,  an  i,n<"  76,  122;  an  u.  iî2,  233, 
312  et  336.  —  Biographie  moderne,  édlt.  de  1802.  —  Ga- 
lerie historique  des  Contemporains.  —  Le  Bas,  Dict. 
encycl.  de  la  France.  —  A.  de  Lamartine,  Histoire  des 
Girondins,  llv.  LXI.  —  A.  Tblers,  Histoire  de  la  Révo- 
lution française,  llv.  XXIII. 

FLECRY  (Jean),  dit  Floridus,  poète  fran- 
çais ,  vivait  au  quinzième  siècle.  Il  n'est  connu 
que  par  l'ouvrage  suivant  :  Traité  très-plaisant 
et  récréatif  de  l'amour  parfait  de  Guisgardus 
et  Sigismonde,  fille  de  Tancredus.  Cet  ouvrage 
est  la  traduction  en  vers  de  la  première  nou- 
velle de  la  quatrième  journée  du  Décaméron 


915 

de  Bocace.  Il  a  eu  plusieurs  éditions,  recherchées 
des  amateurs  ;  on  cite  particulièrement  celles  de 
Paris  (Ant.  Vérard),  1493,  in-fol.;  Paris  (Le 
Caron),  1493,  iu-4°. 

La  Croix  du  iMaineet  Du  Y  erdier ,  Bibliothèques  fran- 
çaises (édit.  de  Rigoley  de  Juvigny  ),  t  !«■■. 

FLEUiiv  (L'abbé  Claude),  célèbre  écrivain 
religieux,  né  à  Paris,  le  6  décembre  1640,  mort 
le  14  juillet  1723.  Fils  d'un  avocat  au  conseil, 
qui  était  originaire  de  No^iandie,  il  fit  ses  études 
chez  les  jésuites  au  collège  de  Clermont  ;  puis 
il  étudia  le  droit ,  et  fut  reçu  avocat  avant  dix- 
huit  ans  accomplis  (  1658).  Il  fut  présenté  par 
un  de  ses  maîtres,  le  P.  Cossart,  à  M.  de 
Gaumont,  conseiller  au  parlement,  qui  le  prit 
en  affection  et  dirigea  ses  études  de  jurispru- 
dence. Il  fut  l'un  des  habitués  du  salon  de  M.  de 
Montmor,  savant  magistrat,  qui  aimait  à  s'en- 
tourer d'hommes  de  lettres;  il  se  vit  également 
accueilli  par  Guillaume  de  Lamoignon  ,  premier 
président  du  parlement,  qui  recevait  chez  lui  les 
Bourdaloue,  les  Bossuet,les  Boiieau,  les  Pellisson, 
les  Rapin  ;et  c'est  pour  V Académie  de  M.  de  La- 
moignon, comme  on  disait  alors,  qu'il  composa, 
en  1670,  un  Discours  sui'  Platon',  où  il  montre 
les  rapports  de  la  philosophie  de  Socrate  avec 
la  morale  de  l'Évangile  ;  opinion  qu'il  justifia 
par  la  traduction  de  quelques  passages  des  Dia- 
logues et  de  la  République.  Il  suivit  neuf  ans 
la  carrière  du  barreau  ;  mais  la  meilleure  par- 
tie de  son  temps  était  consacrée  à  des  études 
d'histoire,  de  littérature,  d'antiquités.  Il  étudia 
néanmoins  avec  soin  la  jurisprudence  et  surtout 
le  droit  canon,  comme  le  prouvent  deux  ouvra- 
ges  qu'il  écrivit  à  cette  époque,  l'Histoire  du 
Droit  français  et  Y  Institution  au  Droit  ec- 
clésiastique. 

Le  jeune  avocat  menait  une  vie  paisible  et 
laborieuse;  peu  à  peu  les  sentiments  religieux 
dont  il  avait  été  nourri  dès  l'enfance ,  et  peut- 
être  le  commerce  habituel  de  Bourdaloue  et  de 
Bossuet,  éveillèrent  en  lui  une  vocation  qui  avait 
sommeillé  jusque  là.  Fleury  résolut  d'embrasser 
la  carrière  ecclésiastique.  A  quelle  époque  prit- 
il  les  ordres?  On  l'ignore;  on  sait  seulement  que 
en  1672  il  était  prêtre  et  sous-précepteur  des 
princes  de  Conti,  élevés  avec  le  grand  dauphin, 
par  ordre  de  Louis  XIV  :  le  maître  du  dauphin, 
Bossuet,  l'avait  désigné  pour  cette  place.  Pu- 
bliant alors  ses  ouvrages  de  jurisprudence , 
Fleury  donnait  sans  nom  d'auteur  Y  Histoire  du 
Droit  français  (  1674,  in-12),  et  laissait  paraî- 
tre sous  un  nom  ?,\x\>^oié  Y  Institution  au  Droit 
ecclésiastique  {Xetll,  in-12;  réimprimée  avec 
le  nom  de  l'auteur  et  des  développements  nou- 
veaux en  1687,  in-12). 

La  reconnaissance,  se  joignant  à  l'admira- 
tion ,  fit  de  l'abbé  Fleury  le  disciple  fidèle  de 
Bossuet  ;  souvent  il  se  promenait  avec  lui,  Cor- 
demoy,  La.Bruyère  et  quelques  autres  dans  une 
allée  du  parc  de  Versailles,  qu'on  appela  depuis 
Y  Allée  des  Philosophes  ;  et  il  prenait  assidû- 


FLEURY  GÎG 

ment  sur  ces  entretiens  avec  un  homme  de 
génie  des  notes,  dont  quelques-unes  nous  sont 
restées.  C'est  sous  les  yeux  de  Bossuet  que 
Fleury  traduisit  en  latin  (1678,  in-12)  un  des 
derniers  ouvrages  de  l'illustre  évêque  ,  VExpo- 
sition  de  la  foi  catholique.  Ln  1680,  lorsque 
l'éducation  des  princes  de  Conti  fut  termi- 
née ,  Bossuet  fit  nommer  l'abbé  Fleury  précep- 
teur du  comte  de  Vermandois ,  fils  légitimé  do 
M"e  de  La  Vallière,  qui  avait  alors  treize  ans,  et 
qui  mourut  trois  ans  après  amiral  de  France, 
au  retour  d'une  première  campagne.  Fleury  avait 
composé  pour  ses  élèves  des  livres  excellents, 
qui  sont  encore  consacrés  en  France  à  l'instruc- 
tion de  la  jeunesse  :  Les  Mœurs  des  Israéliteà 
(1681,  in-12); —  Les  Mœurs  des  Chrétiens 
(1682,  in-12);  —  un  Grand  Catéchisme  his- 
toriqiie  (1683,  in-12  ).  Les  deux  premiers  offrent 
un  tableau  des  actes  édifiants  répandus  dans  la 
Bible,  l'Évangile  et  l'histoire  des  premiers  chré» 
tiens  ;  le  troisième  présente  la  suite  de  k  reli- 
gion depuis  la  création  jusqu'à  Constantin.  Lui- 
même  nous  apprend  que  dans  ces  trois  ouvra- 
ges il  a  mis  en  application  le  système  d'ensei- 
gnement religieux  et  moral  exposé  dans  sou 
Traité  du  choix  et  de  la  méthode  des  Études  ; 
ce  traité,  composé  dès  1675,  «  par  l'ordre  d'une 
personne  a  qui  il  devait  obéir  «,  sans  doute 
de  Bossuet,  fut  publié  seulement  en  1686,  in-12. 
C'est  la  clef  des  ouvrages  élémentaires  de 
Fleury  ;  c'est  de  plus  un  livre  où  l'on  trouve 
des  détails  utiles  sur  l'enseignement  au  dix- 
septième  siècle ,  dont  l'auteur  fait  une  critique 
assez  vive,  et  auquel  il  propose  de  substituer 
un  nouveau  plan  d'études.  On  doit  encore  aux 
travaux  du  préceptorat  de  Fleury  un  ouvrage 
intéressant  pour  ceux  qui  veulent  connaître 
les  relations  sociales  à  cette  époque,  le  traité 
des  Devoirs  des  maîtres  et  des  domestiques , 
écrit  chez  les  princes  de  Conti,  pubhé  plus  tard 
(1688,  in-12). 

Peu  après  la  mort  de  son  dernier  élève,  Fleury 
fut  pourvu  (  1684)  de  l'abbaye  de  Loc-Dieu  , 
dans  le  diocèse  de  Rhodez ,  où  il  écrivit  la  Vie 
de  Marguerite  d'Arbouze,  abbesse  et  réfor- 
matrice de  l'abbaye  du  Val-de-Grâce  (  1685), 
in-8'' ,  livre  dont  Bossuet  faisait  grand  cas  pour 
l'instruction  des  religieuses.  Vers  cette  époque  il 
suivit  (1 684),  en  compagnie  du  jeune  abbé  de  Fé- 
nelon,  l'évêque  deMeaux  dans  son  diocèse,  con- 
courut à  l'établissement  de  quelques  missions , 
aux  prédications  du  Carême,  à  la'  direction  des 
catéchismes,  et  seconda  le  prélat  dans  les  divers 
actes  de  son  administi'ation. 

Après  la  révocation  de  l'éditde  Nantes  (1685), 
Fieury  consentit  à  se  joindre  à  Fénelon,  qui  ve- 
nait d'être  chargé  de  diriger  les  missions  de  la 
Saintonge  et  du  Poitou,  et  dont  l'âme  charitable 
et  vraiment  chrétienne  devait  adoucir  pour  les 
habitants  de  ces  provinces  les  rigueurs  de  me- 
sures tyranniques  :  les  deux  prêtres  furent  assez 
heureux  pour  obtenir  des  conversions  sans  le 


917  FLEURY 

secours  des  dragonnades,  et  il  s'établit  entre  eux 
une  amitié  solide,  fondée  sur  une  mutuelle  es- 
time et  une  certaine  conformité  de  caractère: 
Aussi  lorsque,  la  mission  terminée,  Fénelon  fut 
récompensé  par  la  charge  de  précepteur  des  en- 
fants de  France,  il  s'empressa  de  s'associer  en- 
core  l'abbé  Fleury,  et  le  fit  nommer  (1689) 
sous-précepteur  des  petits-fils  du  roi  (les  ducs 
de  Bourgogne,  d'Anjou  et  de  Berry).  Pendant 
les  seize  années  que  Fleury  passa  à  la  cour  en 
cette  qualité ,  il  y  mena  une  yie  aussi  modeste 
et  retirée  que  dans  son  abbaye  de  Loc-Ûiea , 
s'occupant  uniquement  de  former  l'esprit  et  le 
cœur  de  ses  élèves,  et  d'élever  en  silence  un 
monument  de  vaste  et  judicieuse  érudition,  V His- 
toire ecclésiastique ,  ouvrage  dont  le  premier 
volume  parut  en  1691.  Fleury  remplaça,  en 
1696,  La  Bruyère  à  l'Académie  Française.  Il  au- 
rait pu,  la  même  année ,  selon  une  lettre  de 
i'abbé  Ledieu,  secrétaire  de  Bossuet,  être  nommé 
évêque  de  Montpellier  ;  mais  on  ne  put  le  dé- 
cider à  faire  la  moindre  démarche.  La  querelle 
du  quiétisme  vint  bientôt  le  rendre  impossible  -, 
non  qu'il  ait  partagé  les  erreurs  de  M™e  Guyon, 
mais  son  intimité  avec  l'archevêque  de  Cam- 
bray  faillit  l'entraîner  dans  la  disgrâce  commune 
à  tous  les  amis  de  Fénelon;  pour  l'en  sauver, 
il  ne  fallut  rien  moins  que  l'intervention  de 
Bossuet,  qui  répondit  de  lui  (1698). 

En  1706,  lorsque  l'éducation  des  princes  fut 
terminée,  Fleury  reçut  du  roi  le  prieuré  de  No- 
tre-Dame d'Argenteuil  ;  mais,  trop  désintéressé 
pour  cumuler  les  bénéfices ,  il  résigna  aussitôt 
son  abbaye.  Quelques  années  après  (1716),  le 
régent  ayant  voulu  choisir  pour  confesseur  du 
jeune  Louis  XV  un  prêtre  qui  ne  fût  ni  moli- 
niste,  ni  janséniste,  ni  ultramontain,  Fleury  fut 
rappelé  à  la  cour  et  charge  de  cette  fonction, 
dont  il  se  démit  en  1722 ,  à  cause  de  son  grand 
âge.  Il  mourut  l'année  suivante,  à  quatre-vingt- 
trois  ans.  Les  trente  dernières  années  de  sa  vie 
avaient  été  consacrées  à  son  Histoire  ecclé- 
siastique. C'est  l'œuvre  capitale  de  Fleury; 
«  C'est  la  meilleure  histoiredel'Église  qu'on  ait 
jamais  faite,  «  a  dit  Voltaire,  qui  recommande 
surtout  les  Discours  préliminaires.  Malgré  cet 
éloge  un  peu  hyperbolique,  plusieurs  critiques 
(l'abbé  Lenglet,  Longuerue,  La  Harpe)  ont  re- 
proché à  l'auteur  d'avoir  fait  moins  une  histoire 
qu'un  recueil  de  matériaux  excellents  pour  une 
histoire  ;  du  moins  on  s'accorde  à  rendre  justice 
à  l'exactitude  et  à  l'impartialité  de  l'abbé  Fleury. 
Quant  à  son  style,  il  est,  au  jugement  de  La 
Harpe,  «  simple ,  clair  et  naturel  ;  il  a  un  ca- 
«  raclère  de  candeur  qui  va ,  s'il  est  permis  de 
«  le  dire,  jusqu'à  une  sorte  de  bonhomie  affec- 
«  tueuse,  qui  ne  rabaisse  point  l'écrivain,  et  qui 
«  fait  estimer  l'homme  ».  La  plupart  des  ou- 
vrages de  Fleury  ont  été  souvent  réimprimés. 
Les  éditions  de  ses  ouvrages  élémentaires  sont 
trop  nombreuses  et  trop  répandues  pour  néces- 
siter une  mention  spéciale.  VH/sicire  ecclé- 


91S 

siastique,  publiée  du  vivant  de  Fleury,  a  20  vol. 
in-4'';  elle  a  été  rééditée  en  1740,  par  Rondet, 
qui  a  donné  séparément  une  Table  générale 
in-4°,  ou  2  vol.  in-12;  et  en  1840,  chez  Didier, 
6  vol.  gr.  in-S".  —  Les  Discours  ont  été  plu- 
sieurs fois  imprimés  à  part,  notamment  en  1752, 
2  vol.  in-12.  —  Aux  ouvrages  signalés  plus 
haut,  il  faut  ajouter  :  Discours  sur  les  liber- 
tés de  V Église  gallicane,  écrit  en  1690,  dont 
il  existe  plusieurs  éditions  publiées  après  la 
mort  de  l'auteur  et  assez  différentes  les  unes 
des  autres  (1724,  1763,  etc.  );  la  meilleure  est 
celle  qui  a  été  donnée,  d'après  un  manuscrit 
autographe,  par  l'abbé  Emery  {Nouv.  Opus- 
cules de  Flexiry  ;  1807,  in-12);  —  Discours 
sxir  la  prédication  ;  1733,  in-12;  —  Discours 
sur  la  poésie  des  Hébreux  ;  publié  en  1713, 
dans  le  Commentaire  sur  les  Psaumes  de 
dom  Calmet;  —  Traité  du  Droit  public  en 
France;  1769,  4  vol.  in-12,  dont  le  dernier 
contient  des  extraits  de  Platon  et  des  Ré- 
flexions sîcr  Machiavel  ;  —  Le  Soldat  chré- 
tien; 1772,  in-12.  Ces  divers  écrits  et  quel- 
ques autres,  tels  que  Lettres ,  Discours  acadé- 
miques ,  vers  latins ,  etc. ,  ont  été  réunis  sous 
le  titre  d'Opuscules  de  l'abbé  Fleury,  par 
Rondet,  Nîmes,  1780,  5  vol.  in-S",  et  sous  celui 
d'Œuvres  de  l'abbé  Fleury,  par  A.  Martin, 
1837,  gr.  in-8°.  On  attribue  encore  à  Flenry  un 
Traité  des  Études  convenables  aux  mission- 
naires ,  dans  les  Lettres  édifiantes  ,  t.  XXV, 
in-12.  A.  Chassang. 

Lettres  de  Gui  Patin;  de  Bossuet.  —  Mémoires  de 
Saint-Simon.  —  Discours  de  réception  à  iAcadèmio 
/rançaise  d'Adam,  successeur  de  l'abbc  Fleury  (1723). 
—  Nicéron,  Mémoires  pour  servira  l'kist.  des  h.  ill., 
t.  Vlll.  —  Dupin,  /iibl.  des  Àat.  ecclés.du  dix-septiéme 
siècle.  —  Voltaire,  Cutal.  des  Écriv,  du  siècle  de 
Louis  Xir.  —  La  Harpe,  Lycée,  —  Notice  sur  l'abbé 
FIcvry,  par  Rondet,  en  tête  de  son  édition  des  Opus- 
cules. —  Essai  sur  la  Fie  et  les  Ouvrages  de  Fleury, 
par.  A.  Martin,  en  tète  de  son  édition  des  OEuvres  de 
Fleury. 

FLEURY  (  André-Hercule  de  ) ,  cardinal  et 
homme  d'État  français ,  né  à  Lodève,  le  22  juin 
16.')3,  mort  à  Paris,  le  29  janvier  1743.  Il  était  fils 
d'un  receveur  des  décimes.  Jeune  encore,  il  vint 
à  Paris,  et  fut  mis  au  collège  de  Clermont,  que  di- 
rigeaient les  jésuites ,  et  qu'il  quitta  plus  tard 
pour  entrer  à  celui  d'Harcourt,  où  il  fit  sa 
rhétorique  et  sa  philosophie.  Saint-Simon,  dans 
le  portrait  qu'il  nous  a  tracé  de  ce  prélat,  laisse 
peut-être  percer  un  peu  de  cette  aigreur  que 
donne  la  jalousie  excitée  par  une  haute  fortune  : 
«  Après  des  études  telles  quelles ,  dit-il ,  faites 
à  Paris,  logé  dans  le  galetas  d'un  petit  col- 
lège à  bon  marché,  il  s'introduisit  chez  le  car- 
dinal de  Bonzi,  tout-puissant  en  Languedoc. 
L'éraincnce  le  goûta,  et  se  fit  une  affaire  de 
porter  son  protégé  à  une  charge  d'aumônier  de 
la  reine,  ce  qui  surprit  un  peu  ;  il  se  trouva  dis- 
cret, doux  ,  liant,  ce  qu'on  peut  appeler,  faute 
d'autre  terme,  un  vrai  patelin,  de  sorte  que,  la 
reine  étant  morte,  il  fut  fait,  par  la  même  pro 


919 


FLEURY 


920 


tection,  aumônier  du  roi  :  autre  surprise  ;  mais 
on  s'y  accoutuma.  Fleury,  souple  et  respectueux, 
d'un  esprit  agréable ,  d'une  figure  qui  l'était  en- 
core plus ,  gagna  toujours  du  terrain.  Il  eut  le 
bonheur  ou  l'entregent  de  parvenir  à  être  souf- 
fert, puis  admis  dans  les  meilleures  compagnies 
en  hommes  et  en  femmes ,  surtout  chez  les  gens 
en  place.  Il  était  reçu  chez  M.  de  Seignelay,  ne 
bougeait  de  chez  MM.  de  Croissy,  de  Pomponne, 
de  Torcy,  où  il  était  à  la  vérité  sans  conséquence, 
et  suppléait  aux  sonnettes  avant  leur  invention. 
Il  menait  ainsi  une  vie  très-agréable.  Mais 
Louis  XIV  n'estimait  pas  sa  conduite  ;  il  disait 
qu'il  était  trop  dissipé.  On  tenta  d'engager  le 
roi  à  lui  donner  un  évéché  ;  on  n'y  réussit  pas. 
Fleury  resta  quatre  ou  cinq  ans  dans  cette  es- 
pèce d'excommunication.  Quand  l'évêché  de 
Fréjus  vint  à  vaquer,  il  en  marqua  son  désir. 
L'archevêque  de  Paris ,  qui  l'en  vit  touché  jus- 
qu'aux larmes ,  en  prit  généreusement  pitié  ;  et, 
malgré  l'expresse  défense  du  roi,  il  hasarda 
encore  une  tentative.  Elle  fut  reçue  de  manière 
à  fermer  la  bouche  à  tout  autre  ;  mais  le  prélat 
ne  se  rebuta  pas.  Il  insista  si  fortement,  que 
Louis  XIV,  d'impatience,  lui  mit  la  main  sur  l'é- 
paule ,  et  le  serrant,  et  le  secouant ,  lui  dit  : 
«  Eh  bien ,  monsieur,  vous  voulez  donc  que  je 
«  fasse  l'abbé  de  Fleury  évêque  de  Fréjus.  Vous 
«  insistez  que  c'est  un  diocèse  au  bout  du 
«  royaume  et  en  pays  perdu.  11  faut  donc  vous 
«  satisfaire;  mais  souvenez- vous  bien,  je  vous 
«  le  prédis,  vous  vous  en  repentirez.  « 

Fleury  était  à  Fréjus  quand  le  duc  de  Savoie 
envahit  cette  province  en  1707.  Il  reçut  ce  prince 
avec  de  grandes  déférences,  au  grand  déplaisir  de 
Louis  XIV.  Plus  tard  il  demanda  d'abord  à  quit- 
ter son  évêché ,  dont  l'air  était  contraire  à  sa 
santé  (1715);  puis  il  accepta  l'abbaye  de  Tournus, 
et  signala  les  six  derniers  mois  de  son  admi- 
nistration par  des  rigueurs  inaccoutumées  contre 
les  jansénistes.  Ses  amis  ne  manquèrent  pas  de 
le  faire  valoir  à  la  cour  pour  préparer  sa  nomi- 
nation de  précepteur.  Tellier  craignit,  s'il  ne 
le  faisait  pas  agréer  au  roi ,  d'exciter  contre  lui 
tout  le  parti  du  duc  et  de  la  duchesse  du  Maine , 
favorables  au  candidat  :  Fleury  fut  donc  nommé. 
La  position  d'un  évêque  à  la  cour  du  régent  était 
difficile.  Placé  entre  Philippe  et  le  jeune  roi, 
Fleury  était  doublement  embarrassé.  Sans  com- 
promettre en  rien  l'attachement  qu'il  avait  ins- 
piré à  son  élève ,  il  sut  ménager  le  chef  intéri- 
maire de  l'État  en  se  maintenant  dans  une  hon- 
nête indépendance.  Sa  conduite  sage  et  modérée 
lui  valut  l'estime  du  duc  d'Orléans.  On  voulut 
lui  donner  l'archevêché  de  Reims  ;  mais  il  refusa 
cette  position  éminente ,  à  laquelle  était  jointe  la 
pairie ,  alors  si  haut  placée  dans  l'opinion ,  et  il 
déclara  avec  énergie  que  rien ,  dans  l'âge  où  il 
était ,  ne  devait  le  distraire  des  soins  qu'il  con- 
sacrait au  jeune  roi.  Le  régent  lui  fit  accepter 
cependant  l'abbaye  de  Saint-Étienne  de  Caen. 
En  1722,  lors  de  la  disgrâce  de  Villéroy,  gouver- 


neur de  Louis  XV,  M.  de  Fréjus  disparut  un  mo- 
ment de  la  cour.  Il  avait  promis  au  maréchal , 
qui  avait  été  son  protecteur,  mais  dont  le  joug 
commençait  à  lui  devenir  insupportable,  qu'ils 
se  maintiendraient  ou  tomberaient  ensemble. 
Cette  promesse  faite,  il  eut  soin  de  ne  pas  s'exi- 
ler au  loin ,  et  revint  sans  se  faire  presser. 

Peu  à  peu  le  précepteur  s'assura  entièrement 
de  la  confiance  de  son  élève ,  enfant  triste  et 
indolent.  Après  la  mort  du  duc  d'Orléans,  en 
1723,  il  aurait  pu  s'emparer  du  ministère;  mais 
il  conseilla  au  jeune  roi  de  donner  le  pouvoir  au 
duc  de  Bourbon,  se  réservant  de  renverser 
quand  il  le  voudrait  un  homme  qui  était  décrié 
pour  sa  grossièreté  et  ses  vices.  L'évéque  de 
Fréjus  toutefois  se  fit  donner  la  feuille  des  béné- 
fices. Bientôt  le  duc  et  sa  maîtresse ,  la  marquise 
de  Prie ,  commencèrent  à  voir  de  mauvais  œil 
l'influence  du  précepteur,  et  intriguèrent  contre 
lui.  L'évéque  alors  employa  le  moyen  qui  lui  avait 
réussi  après  la  disgrâce  de  Villéroy  :  il  se  réfugia 
au  village  d'Issy,  dans  la  maison  des  sulpiciens. 
Le  duc  de  Bourbon  eut  l'humiliation  de  rappeler 
lui-même  son  rival.  Dès  lors  la  chute  du  ministre 
était  immanquable  et  prochaine.  Le  désordre 
croissait  toujours ,  les  courtisans  assiégèrent  l'é- 
véque de  Fréjus ,  en  le  conjurant  de  mettre  un 
terme  aux  malheurs  de  l'État.  Le  roi  exila  le  duc 
et  la  marquise ,  et  écrivit  à  la  reine,  leur  protec- 
trice :  «  Je  vous  prie ,  Madame ,  et ,  s'il  le 
«  faut ,  je  vous  l'ordonne ,  de  faire  tout  ce  que 
«  l'évéque  de  Fréjus  vous  dira  de  ma  part, 
«  comme  si  c'était  moi-même.  «  —  Signé  Louis. 

Au  mois  de  juin  1726,  Fleury  prit  la  direction 
des  affaires ,  et  bientôt  après  obtint  le  chapeau 
de  cardinal.  Mais  il  ne  prit  point  le  titre  de  pre- 
mier ministre  :  il  n'en  voulut  d'autre  que  celui  de 
ministre  d'État  et  surintendant  des  postes.  Ainsi 
il  commença  à  gouverner  le  royaume  à  un  âge 
où  d'ordinaire  on  cherche  le  repos.  Au  lieu  de 
se  borner  à  instruire  son  élève  dans  l'art  de  ré- 
gner, le  cardinal  ne  s'occupa  qu'à  exercer,  à  pos- 
séder seul  le  pouvoir.  «  Il  trahit  son  roi,  en 
mettant  ses  soins  à  nourrir  en  lui  une  timidité 
fatale  et  à  l'éloigner  des  affaires.  On  a  dit 
même  que,  pour  mieux  atteindre  son  but,  il  avait 
eu  recours  au  plus  honteux  moyen  ;  mais  la  rai- 
son se  refuse  à  croire  qu'il  soit  allé  jusqu'à  de- 
venir secrètement  le  complice  d'un  Richeheu  et 
d'autres  courtisans,  qui  s'étudièrent  à  faire 
germer  des  vices  dans  l'âme  de  leur  maître  (t).  » 
Si  l'administration  de  Fleury  fut  économe,  probe, 
laborieuse,  elle  fut  aussi  sans  génie,  sans  gran- 
deur, et  sans  aucune  vue  d'avenir.  Ne  s'at- 
tachant  qu'à  empêcher  toute  secousse,  il  se  con- 
tenta de  laisser  le  pays  accroître  ses  richesses  et 
ses  lumières ,  pendant  une  période  de  léthargie 
et  de  médiocrité.  Le  calme  intérieur  ne  fut  trou- 
blé que  par  de  misérables  discussions  sur  la  bulle 
Unigenitus.  Fleury,  partisan  des  Jésuites  (2), 

(1)  Droz,  Histoire  du  Règne  de  Louis  Xfl,  t.  I*',  p.  9. 

(2)  En    quittant  son  diocèse,  Fleury  publia  un  man- 


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FLEURY 


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laissa  deux  anciens  agents  de  Dubois,  Tencin 
et  Lafitteau,  renouveler  la  persécution  contre 
les  jansénistes.  Le  pouvoir  royal,  le  parlement, 
tous  les  partis  enfin ,  ne  firent  que  du  scandale; 
les  petits  coups  d'État  du  ministre  troublèrent  la 
société,  discréditèrent  le  gouvernement ,  et  pré- 
parèrent le  champ  à  l'incrédulité.  A  l'extérieur, 
le  vieux  cardinal  suivit  les  mêmes  errements. 
Privé  de  ce  coup  d'œil  qui  embrasse  toutes  les 
faces  d'une  affaire,  de  ce  génie  qui  sait  se  dé- 
cider pour  le  parti  le  plus  avantageux  à  l'État,  il 
borna  son  ambition  politique  à  conserver  au 
royaume  le  repos  nécessaire  pour  réparer  ses 
pertes.  Ce  fut  l'alliance  anglaise  qu'il  considérait 
comme  legagele  plus  assuré  de  la  paix  dumonde, 
et  il  crut  se  l'assurer  par  une  complaisance  ser- 
vile.  Sous  prétexte  de  ne  pas  alarmer  l'Angleterre, 
dont  le  gouvernement  était  si  habilement  dirigé 
par  Walpole,  il  laissa  dépérir  la  marine,  né- 
gligea l'armée,  et  sacrifia  le  commerce.  Cepen- 
dant il  sut  parfois  tirer  un  parti  avantageux  de 
cette  alliance;  par  exemple,  en  1729,  lorsque 
sa  médiation  rétablit  la  paix  ,  swr  le  point  d'être 
rompue  par  l'empereur,  uni  au  roi  d'Espagne, 
et  en  1731 ,  lorsque  Charles  VI  consentit  à  ce 
que  don  Carlos  recueillit  en  héritage  les  duchés 
de  Parme  et  de  Plaisance. 

Stanislas  ,  beau-père  de  Louis  XV,  avait  été, 
en  1733,  réélu  roi  de  Pologne,  tandis  que  quel- 
ques dissidents  nommaient  Auguste  III  ;  c'était 
pour  la  France  une  belle  occasion  d'embrasser 
une  politique  nouvelle.  «  On  pouvait  arrêter  l'ac- 
croissement de  la  Russie  par  la  régénération  de 
la  Pologne ,  et  l'opinion  publique  semblait  le  de- 
viner en  se  prononçant  pour  la  guerre.  Fleury 
ne  comprit  pas  cette  politique ,  pour  laquelle  il 
fallait,  à  dire  vrai,  une  profonde  intelligence  de 
l'avenir  ;  il  ne  voyait  là  qu'une  expédition  che- 
valeresque, qui  allait  renverser  ses  plans  d'éco- 
nomie ,  la  nécessité  d'un  armement  qui  pouvait 
troubler  son  alliance  anglaise  ;  mais  il  fut  forcé 
de  céder  à  l'ardeur  de  la  noblesse.  Cependant 

Stanislas  avait  été  chassé  de  Varsovie Les 

Polonais  attendaient  une  flotte  et  une  armée  ; 
Fleury,  qui  craignait  d'alarmer  l'Angleterre ,  et 
dont  l'économie  dégénérait  en  lésinerie  honteuse, 
envoya  contre  50,000  Russes  un  vaisseau,  trois 
millions,  et  1,500  hommes.  »  La  Pologne  fut 
vaincue.  Cependant  le  ministre  sut  mieux  pro- 
fiter de  la  guerre  de  1734  et  1735  pour  arracher 
quelques  lambeaux  aux  ennemis  de  la  France. 
Berwick,  Noailles,  d'Asfeld,  sur  le  Rhin;  Vil- 
lars,  Coigny  et  Broglie,  en  Italie,  vengèrent 

dément  d'adieu  fulminant  contre  les  jansénistes.  Mais  ce 
mandement,  fait  uniquement  pour  les  circonstances, 
eut,  suivant  Saint-Simon  ,  des  effets  qu'on  n'avait  pas 
prévus.  «  Le  fameux  père  Quesnel  en  ayant  eu  connols- 
sance  ,  piqué  du  ton  de  persécuteur  que  prenait  le  nou- 
Tel  antagoniste,  enchâssa  cette  espèce  de  tocsin  dans  un 
de  ses  ouvrages  avec  l'ironie  la  plus  amère,  la  plus  mé- 
prisante. Fleury,  avec  son  air  doux,  riant  et  modeste, 
était  l'homme  le  plus  superbe  et  le  plus  vindicatif  que 
j'aie  jamais  connu.  Il  ne  le  pardonna  ni  au  père  Quesnel 
nia  ses  adhérents.  » 


bien  des  défaites.  Le  traité  de  Vienne  assura 
le  trône  de  Naples  à  un  Bourbon,  et  à  Sta- 
nislas les  duchés  de  Lorraine  et  de  Bar  :  ce 
fut  là  la  plus  belle  époque  du  ministère  de  Fleury. 
Mais  la  prospérité  et  le-calme  ne  furent  pas  de 
longue  durée.  Les  dispositions  pacifiques  du  car- 
dinal ne  purent  empêcher  la  France  de  s'engager 
dans  la  guerre  de  la  succession  d'Autriche.  Les 
sollicitations  de  l'électeur  de  Bavière ,  les  intri- 
gues des  deux  Belle-Isle ,  les  cris  de  la  noblesse, 
l'emportèrent  sur  ses  répugnances.  Pour  la  se- 
conde fois,  il  fit  manquer  les  chances  delà  guerre  ; 
alors  il  entama  d'infructueuses  et  maladroites 
négociations  avec  l'Autriche  (1) ,  et  entrava  par 
ses  instructions  les  opérations  des  généraux  fran- 
çais. On  n'en  continua  pas  moins  à  se  battre; 
mais,  au  milieu  de  ces  revers,  Fleury  mourut, 
âgé  de  quatre-vingt-neuf  ans  et  six  mois.  On 
attribue  à  Maurepas  l'épitaphe  suivante  : 

■  Ci-gît  qui,  loin  du  faste  et  de  l'ëclat, 

Se  bornant  au  pouvoir  suprême  ,  ' 

N'ayant  vécu  que  pour  lui-même, 
Mourut  pour  le  bien  de  l'État. 

Telle  était  la  probité  sévère  du  ministre,  qu'à 
sa  mort  on  trouva  sa  succession  à  peine  égale  à 
celle  d'un  bourgeois  médiocrement  riche,  et 
qu'elle  n'aurait  pas  suffi  à  la  moitié  de  la  dépense 
du  mausolée  que  Louis  XV  lui  fit  élever.  On  ne 
connaît  de  ce  prélat  aucun  ouvrage,  quoiqu'il 
ait  été  membre  des  trois  Académies  :  de  l'Aca- 
démie Française  depuis  1717,  de  celle  des 
Sciences  depuis  1791  ,  et  de  celle  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  depuis  1725.  Il  fut  en 
outre  proviseur  de  Sorbonne  et  supérieur  de  la 
maison  de  Navarre.  Malgré  la  réunion  de  tant 
de  dignités,  peu  d'hommes  ont  eu  plus  d'aménité 
dans  les  mœurs  et  plus  de  douceur  dans  le  ca- 
ractère. Ni  les  honneurs  du  pouvoir,  ni  le 
rang  de  cardinal  n'avaient  altéré  ses  habitudes 
de  simplicité.  Quoique  ami  de  Walpole,  Fleury 
fuyait  le  luxe  et  haïssait  la  corruption.  Il  était 
essentiellement  homme  de  goût  et  d'esprit.  «  Sa 
conversation,  dit  un  de  ses  biographes,  était 
aisée,  amusante  et  nourrie  d'anecdotes  curieu- 
ses. Il  avait  la  repartie  prompte  et  brillante;  il 
plaisantait  finement,  et,  ce  qui  est  ti-ès-rare,  il 
n'offensait  personne.  »  U  possédait ,  comme  ec- 
clésiastique ,  des  qualités  précieu.ses.  Les  man- 
dements qu'il  fit  pendant  son  épiscopat  de 
Fréjus  sont  des  modèles  de  cette  simplicité  qui 
fait    le  charme   de    l'éloquence   pastorale.   Il 

(1)  Dans  une  lettre  écrite  par  lui  au  général  autrichien 
Kœnigseck ,  H  s'excusait  de  la  guerre  entreprise  ;  il 
avouait  qu'on  l'avait  eutralné  au  delà  de  ses  mesures  : 
n  Bien  des  gens,  disait-Il,  savent  combien  J'ai  été  op- 
posé aux  résolutions  que  nous  avons  prises  ,  et  que 
j'a!  été  forcé,  en  quelque  sorte,  d'y  consentir.  »  La 
reine  de  Hongrie,  pour  toute  réponse,  fit  publier  la  let- 
tre. Cette  publication  déconsidéra  le  minislèrc  français, 
refroidit  nos  alliés,  enhardit  nos  ennemis.  Alors  le  car- 
dinal écrivit  une  seconde  lettre,  dans  laquelle  II  se  plai- 
gnit au  fîénéral  autrichien  d'un  pareil  procédé,  ajoutant 
«  qu'il  ne  lui  écrira  plus  désormais  ce  qu'il  pense.  » 
Cette  seconde  lettre  lui  fit  encore  plus  de  tort  que  la 
première.  Il  les  fit  désavouer  toutes  les  deux. 


923  FLEURY 

aimait  les  lettres  et  les  sciences ,  et  s'en  montra 
protecteur  éclairé.  Par  ses  soins ,  la  Bibliothèque 
du  Roi  fut  achevée  et  agrandie,  et  il  l'enrichit 
de  plusieurs  manuscrits  précieux,  qu'il  fit  acheter 
en  Egypte ,  en  Grèce ,  et  jusqu'en  Chine.  Ce  fut 
pendant  son  ministère  qu'on  envoya  à  grands 
frais ,  dans  la  Laponie  et  le  Pérou  ,  des  acadé- 
miciens chargés  de  mesurer  un  degré  du  méri- 
dien et  de  déterminer  plus  exactement  la  confi- 
guration du  globe  terrestre.  [Le  Bas  ,  Dict.  enc. 
de  la  FroMce ,  et  Enc.  des  G.  du  M.  ] 

Saint-Simon,  Mémoires.— Voltaire,  5iéde»  de  ioaisA'/f 
et  de  Louis  W.  —  Diictos,  Mémoires  secrets.—  Lacre- 
telle  ,  Histoire  du  dix- huitième  siècle.  —  Sisrnondi , 
Histoire  des  Français,  t.  VIII. 

FLEURY  (Julien),  philologue  français,  né 
vers  1650 ,  mort  à  Paris,  le  13  septembre  1725. 
Professeur  d'éloquence  au  collège  de  Navarre, 
il  fut  chargé  de  travailler  aux  éditions  ad  usum 
delphini.  Il  donna  pour  sa  part  l'édition  A'A- 
pulée;  Paris,  1688,  2  vol.  in-4°,  et  celle  de  la 
Concorde  évangélique  grecque  et  latine ,  de 
Nicolas  Toinard  d'Orléans;  Paris,  1707,  in-fol. 
II  avait  commencé  aussi  une  édition  d'Ausone , 
mais  il  interrompit  ce  travail,  par  scrupule  reli- 
gieux ;  l'abbé  Souchay  l'acheva,  et  le  publia  ;  Pa- 
ris, 1730,  in-4°.  Julien  Fleury  était  chanoine  de 
Chartres. 

D.  Liroii,  Bibliothèque  Chartraine. 

FLEURY  (Jean- Baptiste),  archéologue  fran- 
çais, né  à  Besançon,  en  1698,  mort  dans  la 
même  ville,  en  1754.  Il  était  chanoine  du  cha- 
pitre de  Besançon.  On  a  de  lui  :  plusieurs  Dis- 
sertations sur  des  usages  singuliers  de  l'é- 
glise de  Besançon,  publiées  dans  le  Mercure, 
1741,  1742,  et  réimprimées  dans  la  Revue 
franc-comtoise,  année  1845;  —  VAlmanach 
historique  de  Besançon  et  de  la  Franche-Comté 
des  années  1752  et  1753. 

Feller,  Biographie  universelle  (  édit.  Weiss }. 

FLEURY  (***  ),  auteur  lyrique  français,  né 
à  Lyon ,  vers  1705 ,  mort  en  1746.  II  n'est  connu 
que  par  les  deux  pièces  suivantes,  qui  eurent  du 
succès  :  Biblis,  tragédie-opéra,  cinq  actes,  avec 
prologue ,  musique  de  Lacoste ,  représentée  en 
1732,  imprimée  dans  le  tome  XV,  p.  205-264, 
du  Recueil  général  des  Opéras  de  J.-B. -Chris- 
tophe Ballard;  Paris,  1739  ,  in-12;  —  Les  Gé- 
nies, ballet  en  quatre  entrées ,  avec  prologue , 
musique  de  M'^^  Duval,  représenté  en  1736,  et 
imprimé  tome  XVI,  p.  371-428,  du  même  re- 
cueil; Paris,  1745.  Les  entrées  de  ce  ballet, 
fort  remarquable  par  ses  décors,  formaient  quatre 
petits  épisodes  séparés ,  sous  les  titres  de  Les 
Nymphes,  ou  V Amour  indiscret;  les  Gno- 
mes, ou  V Amour  ambitieux;  les  Salaman- 
dres, ou  r Amour  violent;  les  Sylphes,  ou 
V Amour  léger;  la  versification  laisse  beaucoup 
à  désirer.  A.  J/Vdin. 

Histoire  de  V  Académie  royale  de  Musique.  — ChAaion 
et  Delandlne,  Dictionnaire  historique. 

FLEURY  (  Jacques),  littérateur  français ,  né  à 
Paris,  vers  1730,  mort  dans  la  même  ville,  en 


924 

1775.  II  était  avocat  au  parlement  de  Paris.  Doué 
d'un  esprit  naturel  et  agréable,  il  se  distingua  plu- 
tôt comme  littérateur  que  comme  jurisconsulte. 
On  a  de  lui  :  Le  Bouquet  du  Roi,  opéra-comique, 
avec  Vadé  et  Lattaignant;  Paris,  1752-1753, 
in-8°;  — Le  Retour  favorable,  prologue-opéra- 
comique,  théâtre  de  la  Foire  Saint-Germain, 
3  février  1752;  Paris,  1758,  in-S";  — Ze  Xi^i^e- 
rateur  Impartial ,  ou  précis  des  ouvrages  i}é- 
riodiques,  Sivec  La  Marche-Courmont;  La  Ilaye 
et  Paris,  1760,  in-12;  ~  Folies;  Paris,  1760, 
in-12,  et  1769,  in-8°  :  c'est  un  recueil  de  chan- 
sons, épigrammes  et  fables,  écrites  avec  beau- 
coup de  facilité  et  de  gaieté  ;  —  Chansons  ma- 
coniques  ;  Paris,  1760,  in-S*";  —  Les  Grands 
Objets  de  la  Foi ,  ou  mystères ,  odes  chan- 
tantes  ;  kwânches,  1775,  in-8°;  —  Dictionnaire 
de  l'Ordre  de  la  Félicité  ;  ibid.,  même  année, 
in-8"  ;  —  Le  Miroir  magique ,  opéra-comique, 
avec  Lesage  et  d'Omeval  ;—  La  Mort  du  Goret, 
tragédie  pour  rire,  en  vers,  avec  vaudevilles; 
Paris,  1753,  in-8";  —  Le  Rossignol,  opéra-co- 
mique. A.  J. 

Nouveau   Théâtre  de  la  Foire,  III.  —  Quérard ,  Lct 
France  littéraire. 

FLEURY  (LiARD,  dit),  comédien  français,  né 
à  Paris,  vers  1708,  vivait  encore  en  1793.  Il 
était  fils  d'un  cent-suisse  du  roi  Louis  XV.  Ses 
parents  tenaient  une  auberge  au  faubourg  Saint- 
Honoré.  Fleury  débuta  le  23  avril  1733  ,  par  le  j 
rôle  d'Achille  dans  VIphigénie  de  Racine.  11  futi 
reçu  le  21  décembre  suivant,   mais  quitta  le  | 
théâtre  le  12  novembre  1736,  avec  une  pension 
de  500  livres.  Fleury  était  d'un  fort  beau  phy- 
sique et  disait  convenablement.  Quelques  biogra- 
phes du  temps  ont  attribué  à  la  passion  qu'il  sut 
inspirer  à  une  très-grande  dame  le  court  séjour 
qu'il  fit  au  théâtre.  A.  J. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  M.  de  Soleinne.  — 
Mercure  de  1733,  1736. 

FLEURY  (Aimée,  née  comtesse  de  Coigny, 
duchesse  de),  femme  de  lettres  française,  née 
à  Paris,  vers  1776,  morte  le  17  janvier  î820. 
Son  père  était  frère  cadet  du  dernier  maréchal 
duc  de  Coigny.  Elle  fut  mariée  très-jeune  au  duc 
de  Fleury,  petit-neveu  du  cardinal  ;  son  mari  ayant 
émi|  ,  V...O  uivorça,  et  reprit  le  nom  d'Aimée 
de  Coigny  et  plus  tard  celui  de  comtesse  de  Coi- 
gny. Elle  était  déjà  très-remarquée ,  grâce  à  se  i 
éducation  littéraire,  à  son  esprit  et  à  sa  beauté, 
lorsque,  en  1794,  elle  fut  emprisonnée  à  Saint- 
Lazare.  Sa  naissance  et  ses  relations  étaient 
ses  seuls  crimes.  André  Chénîer  (voyez  ce  nom) 
était  alors  détenu  dans  !a  même  prison  ;  il  vit 
Aimée  de  Coigny ,  et  fut  vivement  frappé  de  sa 
grâce  touchante  et  de -son  naïf  amour  de  la  vie. 
Son  cœur  de  poète  s'émut  devant  cette  infortune, 
et,  oubliant  sa  propre  destinée,  il  composa  la 
belle  ode  devenue  célèbre  sous  le  titre  de  La 
Jeune  Captive.  Quoique  M"""  de  Coigny  ne  soit 
pas  nommée  dans  ce  dernier  chant  de  Chénier, 
il  est  facile  de  reconnaître  la  muse  qui  inspira 


92â 

l'infortuné  poëte.  Le  9  thermidor  sauva  la  jeune 
femme,  qui  plus  tard  épousa  le  duc  de  Fleury. 
«  Aimée  de  Coigny  avait  connu ,  disait  Lemer- 
cier,  tout  ce  que  l-élégance,  la  délicatesse,  les 
grâces,  donnaient  de  charme  à  la  cour  de  Ver- 
sailles. Depuis  que  sa  séparation  d'avec  son 
mari  lui  avait  fait  reprendre  le  nom  de  son 
père ,  elle  avait  connu  tout  ce  que  la  révolution 
avait  fait  naître  de  plus  intéressant,  de  plus 
solide,  de  plus  éclairé  sur  les  affaires  et  les 
personnes  qui  les  avaient  dirigées.  Ce  mélange 
d'instruction  mit  en  valeur  les  qualités  naturelles 
<A  les  avantages  de  son  éducation,  qui  avait  été 
extrêmement  soignée.  Également  tamilière  avec 
les  belles-lettres  françaises  et  latines ,  elle  avait 
tout  l'acquis  d'un  homme  ;  mais  le  savoir  en  elle 
n'était  jamais  pédant  :  elle  resta  toujours  femme, 
et  l'une  des  plus  aimables  de  toutes.  Sa  con- 
versation éclatait  en  traits  piquants,  imprévus 
et  originaux  ;  elle  résumait  toute  l'éloquence  de 
M""*^  de  Staël  en  quelques  mots  perçants.  »  On 
connaît  de  M™^  de  Fleury  :  Alvar  ;  Paris,  Fir- 
minDidot,  1818,  2  vol.  in-12.  Ce  roman  ne 
fut  tiré  qu'à  vingt-cinq  exemplaires.  Le  style  en 
est  simple  et  pourtant  passionné  ;  l'intrigue  in- 
génieuse et  attachante;  —  Mémoires  sur  nos 
ismps; —  et  Collection  de  portraits  sur  nos 
contemporains  ;  ct&  deux  ouvrages  sont  restés 
manuscrits.  A.  Jadin. 

Népomucène  Lemercier,  Le  Censeur  européen,  22  jan- 
vier 18S0.  —  Dictionnaire  des  Contemporains. 


FLEURY  {Abraham-Joseph  Bénard,  connu 
sous  le  nom  de),  célèbre  comédien  français, 
né  à  Chartres,  en  1751 ,  mort  à  Oi'léans ,  le  3 
mars  1822.  Ses  parents  étaient  comédiens  de 
campagne.  Résolu,  très-jeune  encore,  à  tenter 
la  fortune ,  il  se  rendit  à  Lyon ,  et  offrit  ses  ser- 
vices au  directeur  du  théâtre  de  cette  ville,  qui 
les  accepta  et  le  garda  plusieurs  années  dans  sa 
troupe.  Le  7  mars  1774,  Fleury  débuta  sur  le 
Théâtre-Français,  parlerôled'Égisthe.  Ce  début 
ne  réussit  pas  :  il  avait  à  lutter  contre  la  réputation 
de  Bellecour,  de  Mole  et  de  Monvel ,  et,  bien 
qu'on  lui  reconnût  de  l'intelligence,  sa  voix  rauque 
et  certain  manque  de  tenue  excitèrent  des  mur- 
mures. 11  retourna  alors  en  province ,  et  ne  se 
représenta  sur  le  Théâtre- Français  que  le  20 
mars  1778,  dans  les  rôles  de  Sainville  fils,  de  La 
Gouvernante,  et  de  Dormilly  des  Fausses  In- 
Jidélités.  Cette  seconde  épreuve  lui  fut  favorable, 
et  le  fit  recevoir  dans  la  même  année;  mais  ce 
ne  fut  véritablement  que  dix  ans  plus  tard  qu'il 
se  plaça  sur  la  ligne  des  premiers  sujets. 
Dans  cet  intervalle  il  avait  considérablement 
travaillé,  et  lorsque  Mole,  déjà  vieux,  dut  renon- 
cer aux  rôles  de  petits-maîtres ,  Fleury  se  les 
appropria  avec  une  habileté  et  une  grâce  qu'on 
était  loin  de  soupçonner  chez  lui.  Plus  tard  il 
voulut  aborder  les  premiers  rôles,  tels  que  Le 
Misanthrope,  Tartufe,  Le  Philosophe  marié, 
V Homme  du  Jour,  et  il  les  joua  avec  une  grande 
supériorité;   cependant,  il  est  juste  de   divc 


FLEURY  92G 

qu'il  n'y  remplaça  pas  tout  à  fait  Mole.  Sa  dic- 
tion, quelque  peu  saccadée  et  plus  spirituelle  que 
correcte ,  ne  satisfaisait  pas  complètement  dans 
l'accomplissement  de  ces  rôles.  Il  avait  paru 
pendant  longtemps  dans  la  tragédie,  ainsi  que 
l'exigeaient  alors  les  règlements  ;  mais  il  renonça 
à  ce  genre  dès  1782,  afin  de  se  consacrer  exclu- 
sivement à  la  comédie.  Comme  Mole  était  encore 
à  cette  époque  en  possession  de  tous  les  grands 
rôles,  Fleury,  tout  en  cherchant  à  s'en  rappro- 
cher, se  garda  bien  de  le  copier  servilement. 
Aussi  chercha-t-il  ailleurs,  en  dehors  du  ré- 
pertoire, une  occasion  de  se  produire  sous  le 
jour  le  plus  avantageux ,  sans  porter  ombrage  à 
son  chef  d'emploi,  et  il  lit  remettre  à  la  scène  VÉ- 
cole  des  Bourgeois  de  D'Allainval.  Le  succès  en 
fut  prodigieux ,  et  a  été  le  moment  le  plus  bril- 
lant de  sa  réputation.  Le  6  mars  1789  avait  lieu 
la  première  représentation  des  Deux  Pages, 
et  l'on  sait  combien  fut  complète  l'illusion  que 
produisit  cet  éminent  comédien  dans  le  per- 
sonnage du  grand  Frédéric,  L'imitation  fut  si 
parfaite,  Iqu'elle  aiTacha  des  larmes  au  prince 
Henri  de  Prusse ,  frère  du  monarque,  qui  le 
lendemain  fit  remettre  à  Fleury  une  tabatière 
fort  riche,  ornée  du  portrait  du  feu  roi, 
et  accompagnée  d'une  lettre  autographe  que 
Fleury  aimait  à  montrer  à  ses  intimes.  Cet  ac- 
teur fut  moins  heureux  dans  la  reproduction 
d'Henri  IV  de  La  Partie  de  Chasse.  A  la  l'évo- 
lution, Flem'y  fut  incarcéré  ainsi  que  la  plupart 
de  ses  camarades ,  pour  avoir  représenté  Pa- 
méla,  pièce  de  François  (de  Neufchàteau ). 
Il  fut  sauvé  par  la  soustraction  des  pièces  du 
procès,  opérée  par  les  soir»"  de  La  Bussière, 
employé  au  comité  de  sûreté  générale.  11  comp- 
tait quarante-quatre  ans  de  service  lorsque , 
moins  volontairement  que  forcé  par  des  tracas- 
series intestines,  il  prit  sa' retraite ,  le  1*'  aviil 
1818,  avec  une  pension  de  9,000  francs ,  et  vint 
habiter  Orléans,  où  il  passa  les  quatre  der- 
nières années  de  sa  vie.  Il  a  paru,  de  1835  à 
1837,  un  ouvrage  intitulé  :  Mémoires  de  Fleury 
de  la  Comédie-Française,  rédigés .  sur  des 
notes  authentiques ,  6  vol.in-8°.  Ces  mémoires 
apocryphes ,  fort  spirituellement  composés  d'ail- 
leurs, sont  dus  à  la  plume  de  M.  J.-B.  Lafitte, 
qui  a  mis  à  contribution  tous  les  mémoires  du 
temps;  car  il  résulte  de  témoignages  authenti- 
ques que  jamais  Fleury  n'a  laissé  de  matériaux 
écrits.  Éd.  de  Manne, 

Mercure  de  France.  —  Almanach  des  Spectacles. 
—  Éphémérides  universelles.  —  Correspondance  de 
Grimm.  —  Mémoires  de  L.  Fusil. 


*Fi,v.iJR'Y  (Louis- Joseph),  médecin,  né  à 
Saint-Pétersbourg,  de  parents  français.  Reçu 
docteur  en  médecine  à  Paris,  en  1839,  il  a  ob- 
tenu au  concours  la  place  de  ])rofesseMr  agrégé. 
On  a  de  lui  :  Mémoire  et  observations  sur  les 
affections  cutanées  décrites  par  Willan  sous 
les  noms  de  Psoriasisei  de  Lepra  viilgaris;  dans 
les  Archives  médicales ,  1836  ;  —  Mémoire  sur 


927  FLEUR  Y 

la  suture  intestinale;  1837,  même  recueil  ;  — 
De  V Hydrosudopathie,  ou  système  thérapeuti- 
que; ibid.,  octobre  1837;  —  Observation  de 
grossesse  tubaire  ;  ibid.,  janvier  1838;  —  Ob- 
servations et  réflexions  sur  Vopération  de 
Vempyème;  ibid.,  juillet  1838;  —  Compen- 
dium  de  Médecine  pratique,  etc.;  Paiis, 
1836-1846;  —  V Homœopathie  dévoilée;  Paris, 
1839,  in-8",  2"  édit.;  —  Essai  sur  Vinfection 
purulente;  Paris,  1844,  in-8°;  —  Quelques 
Mots  sur  l'Organisation  de  la  Médecine  en 
France;  Paris,  1844. 

Sachaille,  Les  Médecins  de  Paris.  —  Louandrc  et  Bour- 
quelot,  La  Littérature  contemporaine. 

FLEURY  DE  CHAiJoiîLOX  { Pierre- AUxan- 
dre-Édouard),  administrateur  français,  né  en 
1779,  mort  le  28  septembre  1835.  Dans  la  jour- 
née du  13  vendémiaire  an  iv  (octobre  1795),  il 
combattit,  dit-on,  avec  la  garde  nationale  pari- 
sienne insurgée  conti'e  les  troupes  de  la  Con- 
vention ,  commandées  par  le  général  Bonaparte. 
Peu  de  temps  après ,  Fleury  de  Chaboulon  em- 
brassa la  carrière  administrative,  et  fut  employé 
dans  les  finances.  Appelé  ensuite  au  conseil 
d'Etat  comme  auditeur,  il  fut  attaché  à  la  di- 
rection générale  des  domaines.  Il  passa  bientôt 
à  la  sous-préfecture  de  Château-Salins,  et  s'y 
fit  rémarquer  par  son  zèle.  Lors  de  l'occupa- 
tion de  cette  ville  par  les  troupes  de  la  coali- 
tion ,  Fleury  de  Chaboulon  se  rendit  au  quartier 
général  de  l'empereur,  qui  lui  confia  d'impor- 
tantes missions  et  l'envoya  reprendre  ses  fonc- 
tions administratives  à  Reims.  Par  ses  pro- 
clamations et  son  exemple,  il  encouragea  ses 
nouveaux  administrés  à  la  résistance.  Mais  les 
Russes  parvinrent  à  s'emparer  de  la  ville,  et 
Fleury  de  Chaboulon  dut  se  cacher.  L'abdication 
do  Napoléon  le  rendit  à  la  vie  privée;  il  en  pro- 
fita pour  faire  un  voyage  en  Italie.  Son  retour  en 
France  coïncida  [avec  celui  de  l'empereur,  reve- 
nant de  l'île  d'Elbe.  A  Lyon,  Napoléon  le  prit  pour 
secrétaire  intime.  A  Paris,  l'empereur  le  chargea 
d'une  mission  pour  Bàle;  cette  mission  avait 
pour  but  de  préparer  l'ouverture  de  négociations 
avec  l'Autriche. 

Le  désastre  de  "Waterloo  rendit  ses  démar- 
ches inutiles.  Forcé  de  s'expatrier,  Fleury  de 
Chaboulon  profita  des  loisirs  que  lui  laissait  le 
gouvernement  de  la  Restauration  pour  publier 
des  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
vie  privée,  du  retour  et  du  règne  de  Napo- 
léon en  1815  (Londres,  1819,  2  vol.  in-8°).  Ce 
livre,  qui  eut  un  grand  succès  de  curiosité ,  a  élé 
réimprimé  trois  l'ois  en  1820,  à  Leipzig,  à  Ham- 
bourg et  à  Bruxelles.  Napoléon,  qui  avait  promu 
Fleury  de  Chaboulon  au  grade  d'officier  de  la 
Légion  d'Honneur  pendant  les  cent  jours ,  dit  de 
lui,  dans  ses  Mémoires,  qu'il  était  plein  de  feu  et 
de  mérite.  Ney  l'avait  appelé  l'intrépide  sous- 
préfet.  Revenu  à  Paris,  il  prit  la  direction  d'une 
des  premières  compagnies  d'assurance.  La  révo- 
lution de  Juillet  1830  lui  rouvrit  les  portes  du 


928 
conseil  d'État.  En  1834,  l'arrondissement 
Château-Salins  le  nomma  député  ;  il  prit  la  pan 
dans  la  discussion  du  budget  pour  appuyer  ■ 
amendement  relatif  à  la  prorogation  de  la  lotei  > 

L.  LOUVET. 

Kabbe,  Bolsjolin  et  Sainte-Preuve,  Biogr.  univ.  et  ;. 
tut.  desConfemp.  — Laurent  (de  l'Ardèche),  dans  le  r  t 
de  la  Coîiv.,  suppl.  à  la  1"^  édition.—  Quérard,  La  Fn  ■ 
littéraire.  —  Louandre  et  Bourquelot,  La  Littér.  fr . 
contemp.  —  Discours  de  MM.  de  Boursy  et  A.  de  Lab 
aux  obsèques  de  M.  Fleury  de  Chaboulon,  Mon.  du  /. 

1833. 

FLEURY-TERNAL  (1)  (Charles),  hist( 
et  prédicateur  français ,  né  à  Tain  (  DaupI 
le  29  janvier  1692  (2),  vivait  encore  en  17.' 
fit  ses  études  au  collège  de  Tournon,  et  e^. 
à  l'âge  de  seize  ans,  dans  l'ordre  des  Jésuites! 
De  1710  à  1716,  il  professa  à  Rodez,  à  Mont- 
pellier, à  Auch.  En  1719  il  fut  ordonné  prêtre 
à  Paris ,  où  trois  ans  plus  tard  il  débuta  dans 
l'éloquence  sacrée,  et  devint  prédicateur  delà 
cour.  On  a  de  lui  :   Vie  de  saint  Bernard, 
archevêque  de    Vienne;   Paris,  1722,  in-12. 
Ce  saint,   qu'il   faut   se   garder  de  confondre 
avec  l'abbé  de  Clairvaux ,  et  dont  le  véritable 
nom  est  Barnard ,  mourut  à  Romans ,  en  842. 
«  Cette  vie,  extraite  des  différentes  histoires  de 
France,  du  bréviaire  de  l'église  de  Romans, 
de  celui  de  l'ordre  de  Saint-Antoine ,  de  celui  de 
Grenoble,  des  manuscrits  du  père  Clùfflet,  des 
Bollandistes,  etc.,  dit  M.  l'abbé  Nadai,  dans  sa 
récente  Histoire  hagiologique  du  diocèse  de 
Valence ,  est  assez  bien  écrite ,  mais  l'imagina- 
tion de  l'auteur  y  embellit  les  faits  outre  me- 
sure; ■»  —  Histoire  du  cardinal  de  Tournon, 
ministre  de  France  sous  quatre  de  nos  rois; 
Paris,  1728,  in-8''  :  ouvrage  qui  emprunte  son 
principal  intérêt  aux  documents  tirés  des  archives 
du  château  de  Tournon,  anéanties  ou  dispersées 
à  l'époque  de  la  révolution  (3)  ;  —  Huit  sermons 
manuscrits  conservés  par  des  parents  du  père 
Fleury,  qui  ont  bien  voulu  nous  les  communi- 
quer :  ils  sont  écrits  avec  plus  de  correction  et 
d'élégance  que  les  ouvrages  imprimés  du  même 
auteur.  Dans  un  discours  Sur  le  pardon  des 
injures,  nous  rencontrons  quelques  traits  heu- 
reux.   Ainsi,   après  avoir   énuméré  différents 


(1)  Sur  le  titre  de  la  f^ie  de  saint  Bernard  ,  Fleury 
ajoute  à  son  nom  celui  de  Temal,  qui  était  celui  de 
sa  mère,  sans  doute  afin  de  se  distinguer  de  l'auteur  de 
l'Histoire  ecclésiastique,  vivant  encore  à  l'époque  de  la 
publication  de  ce  livre. 

(2)  Le  Dictionnaire  historique  de  Chaudon  et  Delan- 
dine,  Lyon,  1804,  fait  mourir  le  père  Fleury  vers  nso. 
Delacroix,  dans  sa  Statistique  du  département  de  la 
Drôme,  s'arrête  à  cette  année ,  comme  à  une  date  posi- 
tive. C'est  une  erreur  manifeste.  En  tête  d'un  des  sermons 
autographes  que  nous  avons  sous  les  yeux ,  le  père 
Fleury  indique  lui-même  qu'il  a  été  prêché  à  Paris  en 
1752.  F.nfin,  un  catalogue  imprimé  des  membres  de  l'ordre 
en  17  54,  dont  nous  devons  la  communication  à  l'obli- 
geance du  B.  P.  Gault,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  fait 
mention  de  notre  auteur  comme  appartenant  à  la  mai- 
son de  Tournon. 

(3)  Les  papiers  qui  échappèrent  à  la  destruction  furent 
recueillis  par  le  savant  marquis  de.Satilliec  (Charles- 
François  du  Faure  de  Saint-5ilvestre  ).  On  ne  sait  ce  qu'ils 
sont  devenus  depuis. 


929  FLEURY  - 

genres  de  haine,  l'orateur  ajoute  :  «  Comme 
cette  passion  se  replie  de  toutes  les  sortes, 
il  est  une  haine  modérée,  qu'on  appelle  des 
gens  d'honneur.  On  se  hait  avec  une  espèce 
de  méthode,  on  se  voit  avec  politesse,  on  se 
complimente  avec  effusion ,  on  se  détruit  avec 
respect.  Il  est  une  haine  d'un  zèle  apparent, 
d'autant  plus  dangereuse  qu'elle  est  moins  sus- 
pecte ,  haine  sacrée,  haine  éternelle  :  les  dévots 
ne  pardonnent  pas.  Dites  plutôt  les  hypocrites, 
car  il  n'est  point  de  piété  sans  la  charité.  » 
Anatole  de  Gallier. 
Documents  inédits. 

FLECRY.    Voyez  JoLY  DE  Fleurt  et  Ros- 

SET  (De). 

FLEXIER  DE  REVAL,  pseudonyme  (ana- 
gramme) de  Xavier  de  Feller.  Voy.  Feller. 

FLiNCR  (Govaërt) ,  peintre  hollandais,  né  à 
Clèves,  en  décembre  1616,  mort  à  Amsterdam, 
le  1  décembre  1660.  Son  père,  descendant  d'une 
riche  famille  de  commerçants ,  était  trésorier  de 
sa  ville  natale  ;  il  destina  son  fils  à  suivre  la  car- 
lière  qui  avait  enrichi  ses  ancêtres ,  et  Govaërt 
Fiinck  fut  placé  chez  un  marchand  de  soieries. 
Bientôt  le  patron  de  Fiinck  s'aperçut  que  son 
commis  s'occupait  plutôt  de  retracer  des  images 
que  détenir  ses  livres  decommerce.  Urenvoyale 
jeune  barbouilleur  à  sa  famille.  «  A  cette  époque, 
ditDescamps,  on  ne  comprenait  pas  qu'un  peintre 
pût  presque  être  un  honnête  homme.  >'  Fiinck 
fut  donc  admonesté  sévèrement  et  replacé  chez 
un  négociant  d'Amsterdam.  Là,  entraîné  par  son 
goût  favori,  il  fit  connaissance  d'un  peintre  sur 
verre  qui  lui  prêtait  des  dessins,  et  passa  ses 
nuits  à  les  copier.  Surpris  dans  cette  occupation , 
son  père  le  châtia  rudement ,  et  probablement  la 
vocation  du  jeune  artiste  eût  été  arrêtée,  si  Lam- 
bert Jacobs  de  Lewarde ,  éloquent  prédicateur  et 
bon  peintre,  ne  fût  venu  prêcher  l'évangile  à  Clè- 
ves. Fiinck  père  sentit  ses  préventions  s'effacer,  et 
confia  son  fils  au  ministre-artiste.  Govaërt  Fiinck 
devint  rapidement  assez  habile  pour  s'attacher 
à  Rembrandt ,  et  imita  la  manière  de  ce  grand 
maître  au  point  que  ses  tableaux  étaient  et  sont 
encore  confondus  avec  les  siens.  Il  peignait 
l'histoire  et  le  portrait  en  grand.  On  voit  beau- 
coup de  ses  toiles  à  Amsterdam  ;  entre  autres , 
dans  la  maison  de  ville  :  Marcus  Curius  refu- 
sant les  trésors  des  Samnites;  —  Salomon 
demandant  à  -Dieu  le  don  de  la  sagesse,  et 
un  grand  nombre  de  portraits  des  principaux 
citoyens  d'Amsterdam.  Les  magistrats  de  cette 
ville  venaient  de  lui  commander  douze  tableaux 
dont  il  avait  achevé  les  esquisses,  lorsqu'il  suc- 
comba en  cinq  jours  à  des  vomissements  violents. 

Descamps,  La  Fie  des  Peintres  hollandais,  etc. 

FLiNDERS  {Matthew) ,  navigateur  anglais, 
né  vers  1780,  à  Donington  (Lincolnshire),  mort 
le  19  juillet  1814.  Il  était  fils  d'un  chirurgien 
assez  distingué ,  entra  fort  jeune  dans  la  marine 
marchande,  et  dès  1793  naviguait  dans  l'Atlan- 
tique. Lorsqu'on  1795  le  capitaine  Hunter  {voy. 

NOIJV.   BIOGR.   GÉNÉK.  —    T.   XVII. 


FLINDERS  930 

ce  nom)  fut  nommé  gouverneur  de  Botany-Bay, 
Flinders  s'embarqua  sur  son  bord  en  qualité  de 
midshipman  (aspirant).  Durant  la  traversée,  il 
se  lia  d'affection  avec  le  chirurgien  du  vaisseau , 
Georges  Bass ,  caractère  hardi  et  aventureux,  do- 
miné aussi  par  le  goût  des  découvertes.  A  leur 
arrivée  au  Port-Jackson ,  les  jeunes  amis  firent 
construire  un  bateau  d'à  peine  huit  pieds  de  long, 
qu'ils  appelèrent  justement  Tom  Thumb  (Tom 
Pouce  ) ,  et  ce  fut  sur  cette  frêle  embarcation , 
sans  autre  compagnon  qu'un  mousse ,  qu'ils  ten- 
tèrent l'exploration  de  George's  River  (  rivière 
de  Georges).  Malgré  des  dangers  de  toutes  es- 
pèces et  capables  d'effrayer  les  phis  fermes  esprits, 
ils  réussirent  dans  leur  entreprise,  et  rappor- 
tèrent des  documents  précieux  sur  l'intérieur  du 
pays.  Le  succès  de  ce  premier  voyage  décida 
Fhnders  et  Bass  à  visiter  ainsi  toute  l'AustraHe, 
et  en  septembre  1798  ils  remirent  à  la  voile  sur 
une  grande  barque  pontée,  nommée  Norfolk, 
manœuvrée  par  six  matelots.  Le  but  de  leur  ex- 
pédition était  de  vérifier  si ,  suivant  la  pensée  de 
Bass,  il  existait  un  détroit  entre  la  Terre  de  Van- 
Diemen  et  la  Nouvelle-Hollande.  Le  détroit  fut 
en  effet  découvert,  et  reçut  le  nom  de  Bass, 
situé  entre  38°  40'  à  41°  de  lat.  sud  et  entre 
141°  et  147°  de  long,  est;  il  s'étendait  à  environ 
cinquante  lieues  de  l'est  à  l'ouest,  sur  un  es- 
pace presque  égal  du  nord  au  sud.  Il  était  semé 
de  nombreux  groupes  d'îles,  la  plupart  stériles, 
ou  de  roches  à  fleur  d'eau,  qui  rendaient  la  navi- 
gation très-dangereuse.  Plusieurs  fois  les  navi- 
gateurs anglais  coururent  les  i)lus  grands  périls. 
Après  une  navigation  de  trois  mois ,  employés  à 
dresser  les  plans  du  canal  découvert ,  ils  rega- 
gnèrent Port-Jackson.  L'année  suivante  (1799), 
Flinders  fut  nommé  lieutenant  dans  la  marine 
royale,  et  fut  envoyé  sur  la  même  barque  pour 
explorer  les  côtes  situées  au  nord  du  Port-Jack- 
son, qui  n'étaient  encore  connues  que  par  les 
données  incomplètes  de  Cook.  Flinders  releva 
avec  soin  la  terre  jusqu'au  25°,  et  surtout  les 
baies  d'Harvey  et  Glass-House.  Après  avoir 
rendu  compte  de  sa  mission ,  il  revint  eu  Angle- 
terre, où  il  reçut  le  grade  de  capitaine.  Il  pro- 
posa alors  au  conseil  de  l'amirauté  de  compléter 
la  reconnaissance  de  l'Australie;  son  plan  fut 
adopté ,  et  il  reçut  le  commandement  du  navire 
The  Jnvestigator,  de  334  tonneaux,  portant  un 
équipage  de  quatre-vingt-huit  hommes,  y  compris 
un  astronome,  un  naturaliste,  deux  peintres,  un 
botaniste  et  un  minéralogiste.  La  France  était 
alors  en  guerre  avec  l'Angleterre  ;  mais  le  pre- 
mier consul  Bonaparte  n'hésita  pas  à  accorder  à 
Flinders  un  laissez-passer,  qui ,  au  nom  des  droits 
sacrés  de  la  science,  devait  le  faire  respecter  des 
bâtiments  de  guerre  français  et  bien  accueillir 
dans  les  colonies  de  cette  nation  (1).  Flinders  mit 

(1)  Un  an  auparavant  un  pareil  passe-port  avait  été 
accordé  par  le  gonverneraent  britannique  en  faveur  du 
capitaine  liaurtln,  qui  partait  avec  deux  batimenU  pour 
un  voyage  de  découvertes. 

30 


931 


FLINDERS 


932 


à  la  voile  en  juillet  1801,  et  en  décembre  sui- 
vant il  était  en  vue  du  cap  Leuwen ,  sur  la  côte 
sud-est  de  l'Australie.  Il  commença  son  explo- 
ration en  longeant  la  terre  à  l'est  du  détroit  de 
Bass.  Dans  la  Encounter-Bay  (baie  de  la  Ren- 
contre), il  trouva  le  capitaine  Baudin  {voy.  ce 
nom  ) ,  qui  lui-même  venait  d'acbever  la  re- 
connaissanciB  de  la  Terre  de  Van-Diemen  et  de 
la  Nouvelle-Galles  du  Sud.  Un  certain  sentiment 
de  jalousie  entrava  les  relations  des  deux  navi- 
gateurs. Flinders  gagna  le  Port- Jackson  le  9  mai 
1802.  Il  y  fit  radouber  son  navire,  et  reprit  la 
mer  le  22  juillet  suivant;  il  remonta  vers  le  nord 
la  côte  orientale,  reconnut  les  îles  Nortbumberland 
et  Cumberland ,  et  releva  avec  soin  la  chaîne  de 
rochers  de  corail  nommée  Barrière  Reef.  Après 
quatorze  jours  d'une  navigation  sans  guide,  au 
milieu  d'un  labyrinthe  d'écueils,  il  franchit  le 
détroit  de  Torres,  et  visita  attentivement  le  golfe 
de  Carpentarie ,  sur  lequel  on  manquait  de  do- 
cuments certains  (1).  Il  séjourna  trois  mois  dans 
ces  parages ,  et  se  rendit  à  l'île  de  Timor  pour  y 
rétablir  son  équipage ,  exténué  par  les  fièvres. 
Déjà  il  avait  perdu  son  botaniste  et  ses  meilleurs 
matelots.  VInvestigator,  complètement  avarié , 
ne  flottait  plus  que  par  le  jeu  incessant  des 
pompes.  Flinders  atteignit  le  cap  Leuwen,  et, 
suivant  la  côte  sud ,  relâcha  dans  l'archipel  de 
La  Recherche.  Il  entra  ensuite  dans  le  golfe  Saint- 
Vincent,  et  mouilla,  par  35"  43'  de  lât.  sud  et 
135°  38'  de  long.,  sur  une  assez  grande  île,  qu'il 
nomma  île  des  Kangourous.  Ces  animaux  y 
étaient  si  nombreux  et  si  peu  farouches,  que  son 
équipage  en  tua ,  en  une  soirée ,  trente-et-un , 
pesant  de  soixante  à  cent  vingt-cinq  livres.  Non 
moins  nombreux,  des  phoques  monstrueux  se 
traînaient  sur  la  plage  jusque  auprès  des  bandes 
de  kangourous  ,  et  vivaient  avec  ces  derniers  en 
bonne  intelligence.  Des  aigles  d'une  grande 
taille  faisaient  seuls  la  guerre  à  ces  paisibles  pos- 
sesseurs d'un  Éden  de  verdure,  qui  avait  plus 
de  soixante-dix  lieues  de  circuit.  L'espace  com- 
pris entre  cette  île  et  l'archipel  de  Nuyts ,  c'est- 
à-dire  entre  les  130  à  135°  de  long.,  a  conservé 
le  nom  de  Terre  de  Flinders.  Ce  navigateur 
repassa  le  détroit  de  Bass,  et,  après  mille  dan- 
gers, rentra  au  Port-Jackson  le  9  juin  1803, 
ayant  ainsi  accompli  le  tour  de  l'Australie.  In- 
fatigable, il  voulut  immédiatement  continuer  son 
exploration,  et  faute  de  bâtiment  de  l'État,  il  monta 
à  bord  d'un  navire  marchand ,  la  Purpoise  ;  se 
faisant  suivre  de  deux  autres  bâtiments  de  com- 
merce, le  Bridyewater,  capitaine  Palmer,  et  le 
Cato ,  de  Londres ,  il  mit  le  cap  sur  le  détroit 
de  Torres.  Dans  la  nuit  du  17  août,  la  Pur- 

(1)  C'est  à  tort  que  certains  géographes  ont  attribué  la 
découverte  de  la  terre  de  Carpentarie  à  Pierre  Carpentier, 
gouverneur  général  des  Indes  hollandaises,  et  qu'ils  fixent 
cet  événement  à  l'année  1628;  à  cette  époque  Carpentier 
revint  en  Hollande,  sans  toucher  à  la  terre  australe.  La 
côte  orientale  était  connue  dès  1616  ;  elle  fut  ensuite  ex- 
plorée à  plusieurs  reprises,  principalement  par  Tasman, 
en  1644. 


poise  échoua  sur  des  rochers  de  corail  { situés 
entre  la  Nouvelle-Calédonie  et  l'Australie)  ;  pres- 
que immédiatement  le  Cato  éprouva  le  même 
sort.  Le  Bridgeioater  évita  le  danger  ;  mais  Pal- 
mer,  sans  s'inquiéter  de  la  destinée  de  ses  com- 
pagnons, poursuivit  inhumainement  sa  route  (l). 
Aussitôt  que  le  jour  parut,  Flinders  s'occupa  du 
sauvetage  de  ses  hommes,  et  réussit  à  atteindre 
un  banc  de  sable.  Grâce  à  son  sang-froid  intel- 
ligent, les  naufragés  s'organisèrent  avec  ordre  et 
tirèrent  de  grandes  ressources  des  navires  échoués. 
Une  chaloupe  fut  construite,  et  le 29  août  Flin- 
ders s'embarqua  sur  cette  frêle  embarcation 
pour  aller  à  sept  cent  cinquante  milles  chercher 
des  secours,  il  atteignit  heureusement  Port- 
Jackson  le  6  septembre.  Il  fréta  aussitôt  le  schoo- 
ner  le  Cwnberlandi  de  29  tonneaux,  un  autre 
schooner,  et  suivi  d'un  bâtiment  qui  allait  en 
Chine,  il  vint,  le  7  octobre,  délivrer  les  nau- 
fragés, demeurés  sur  le  BaJic  du  Naufrage;  les 
uns  revinrent  au  Port -Jackson ,  tandis  que  les 
autres  prirent  passage  pour  la  Chine.  Quanta 
Flinders ,  resté  avec  un  petit  nombre  de  ma- 
rins déterminés ,  il  résolut  de  continuer  sa  mis- 
sion et  de  regagner  l'Angleterre  sur  le  Cum- 
berland :  c'était  s'exposer  témérairement  à  de 
grands  périls.  Après  avoir  repassé  le  détroit  de 
Torres ,  il  relâcha  à  Timor,  et  s'élançant  à  tra- 
vers l'Océan,  il  atteignit  l'île  de  France,  au 
moment  où  son  schooner  allait  couler  bas.  Flin- 
ders se  fmit  au  passe-port  qui  lui  assurait  pro- 
tection dans  les  colonies  françaises;  mais  les 
autorités  de  l'île  crurent  devoir  le  retenir  comme 
prisonnier.  Elles  s'appuyèrent  sur  ce  que  son 
passe-port  désignait  la  mer  Pacifique  ou  le  grand 
Océan  comme  le  but  de  son  expédition,  et  non 
les  niers  des  Indes;  que  la  sûreté  qui  lui  avait 
été  accordée  devait  cesser  du  moment  où  il 
changeait  sa  route;  que  d'ailleurs  ce  passe-port 
portait  le  signalement  de  VInvestigator,  et  non 
celui  du  Cumberland.  C'étaient  de  pauvres  pré- 
textes; mais  d'autres  raisons  militaient  puissam- 
ment en  faveur  de  la  conduite  du  gouverneur 
français  (2).  On  était  au  plus,  fort  d'une  guerre 
terrible ,  sans  relations  avec  la  mère  patrie  ;  l'île, 
abandonnée  à  ses  seules  forces,  était  chaque  jour 
menacée  par  les  flottes  anglaises,  dont  les  espions 
cherchaient,  par  tous  les  moyens,  à  connaître 
l'état  des  forces  françaises  et  à  nouer  des  intri- 
gues avec  les  habitants.  Une  rigoureuse  prudence 
l'emporta,  et  Flinders  fut  déclaré  prisonnier  de 
guerre;  son  bâtiment  fut  saisi  et  ses  papiers  mis 
sous  le  scellé;  le  secret  en  fut  néanmoins  loya- 
lement respecté  pendant  les  six  ans  que  dura  la 
captivité  du  navigateur  anglais,  et  ils  lui  furent 
restitués  lorsque,  vers  la  fia  de  1810,  il  fut 
rendu  à  sa  patrie  (3).  A  son  arrivée,  il  s'em- 

(1)  Par  un  hasard  singulier,  quelques  jours  plus  tard 
Palmer  et  le  Bridiiewater  étaient  engloutis  en  pleino 
mer,  corps  et  biens,  tandis  que  Flinders  sauva  ses  équi- 
pages sans  perdre  un  seul  homme. 

(2)  Le  génér.'il  Oecaen. 

(3)  Aiasi  tonabe  l'accusation  portée  contre  Baudin  d'à- 


933 


FLINDERS  —  FLINS 


934 


pressa  de  mettre  en  ordre  ses  documents,  de 
corriger  ses  cartes  et  de  faire  imprimer  la  rela- 
tion de  ses  découvertes  ;  mais  sa  santé,  épuisée, 
né  put  résister  à  ce  travail ,  et  il  mourut  le  jour 
même  de  la  publication  de  son  ouvrage,  intitulé  : 
A  Voyage  to  the  Terra  Australis,  underta- 
Jcen  for  the  purpose  of  completing  the  disco- 
very  of  that  vast  country,  in  the  years  1801, 
1802  and  1803,  tn  H.  M.  ship  Investigator, 
and  subsequently  in  the  armed  vessel  Pur- 
poise  and  Cumberland  schooner,  avec  atlas; 
Londres,  1814,  2  vol.  in-4°.  Ce  travail  est  ac- 
compagné d'un  appendice  de  Robert  Brown  sur  la 
Flore  de  r  Australie.  OnaaussideFlinders  :  Mé- 
moire sur  l'usage  du  baromètre  pour  recon- 
naître la  proximité  des  côtes,  inséré  dans  les 
Philosophical  Transactions ,  ann.  1806,  par^ 
tie  IF  ;  —  Lettre  aux  membres  de  la  Société 
d'Émidation  de  l'Ile  de  France,  sur  le  Banc  du 
Naufrage  et  le  sort  de  La  Pérouse  ;  dans  les  A  n- 
nales  des  Voyages,  t.  X,  p.  88.  Tous  les  navi- 
gateurs et  les  géographes  sont  d'accord  sur  l'im- 
portance des  magnifiques  travaux  de  Flinders , 
que  l'Angleterre  met  justement  au  nombre  de 
ses  illustrations  maritimes. 

Alfred  de  Lacaze. 
Pinkerton,  General  Collection  of  f^oy âges  and  Travels, 
t.  XI,  p.  884-906.  —  Monthly  Review,  février  1815, 
vol.  LXXVI.  —  Monthly  Magazine.  —  Çuarterly  Re- 
view, vol.  X II,  p.  1  à  267.  —  The  Penny  Cyclopœdia.  — 
.1.  Gorton,  General  bioyraphical   Dictionary.  —  Rev. 

II.  J.  Kosc,  ^  nero  gênerai  biographical  Dictionary.  — 
Doraeny  deRienzy,  Océanie,  dans  Y  Univers  pittoresque, 

III,  p.  426-479. 

FLiMS  DES  OLIVIERS  (Claude-Mane-Louis- 
Emmanuel  Carbon  de),  écrivain  et  poète  fran- 
çais, né  à  Reims,  en  1757,  mort  à  Vervins,  en 
1806.  Son  père  était  maître  des  eaux  et  forêts 
de  Reims.  Il  montra  de  bonne  heure  des  dispo- 
sitions pour  la  poésie ,  et  il  terminait  ses  études 
dans  sa\ille  natale,  lorsque  le  sacre  de  Louis  XVI, 
en  1775 ,  lui  inspira  une  ode  qui  le  fit  comiaître. 
Ses  parents  l'envoyèrent  alors  à  Paris,  où  il 
arriva  peu  de  temps  après  la  mort  de  Voltaire. 
Il  composa  sur  cet  événement  un  Discours  qui 
concourut  pour  le  prix  proposé  par  l'Académie 
Française.  II  fournit  aussi  des  pièces  de  vers  à 
VAlmanach  des  Muses  et  aux  journaux  litté- 
raires ,  et  acheta  une  cliai'ge  de  conseiller  à  la 
cour  des  inonnaies  de  Paris ,  qu'il  perdit  à  la 
révolution.  «  Flins,  dit  Chateaubriand,  avait 
reçu  une  éducation  négligée  ;  an  demeurant , 
homme  d'esprit  et  parfois  de  talent.  On  ne  pou- 
vait voir  quelque  chose  de  plus  laid  :  court  et 
bouffi  ,  de  gros  yeux  saillants ,  des  cheveux  hé- 
rissés, des  dents  sales,  et  malgré  cela  l'air  pas 
trop  ignoble.  »  Chaque  jour  il  allait  au  Théàtre- 

voir  profité  des  travaux  dn  navigateur  anglais.  Flinders  ne 
l'accuse  d'ailleurs  que  d'avoir  donné  des  noms  nouveaux  et 
français  à  beaucoup  de  points  déjà  découverts,  tels  qu'une 
terre  Napn!éon,  une  baie  Talleyrand,  des  eaps  Marengn, 
Rivoli,  e!c.  En  l'absence  de  cartes  même  inexactes, 
il  n'est  pas  étonnant  que  le  navigateur  français  ait  oru 
■  devoir  dénommer  les  lieux  qu'il  relevait.  Flinders  lui- 
mêoie  n'est  pas  exempt  de  ce  reproche 


Français  ;  chaque  année  il  allait  passer  quelques 
mois  à  Reims,  vivant  de  crédit,  ajoute  Cha- 
teaubriand ,  et  toujours  gai  et  bien  reçu.  Il  ré- 
pondit au  Petit  Almanach  des  Grands  Hommes 
de  Rivarol  par  une  satire  ;  puis ,  au  commence- 
ment delà  révolution,  il  fit  jouer  Le  Réveil  d' É- 
piménide ,  pièce  d'une  donnée  ingénieuse ,  où 
l'on  applaudissait  surtout  ce  couplet  : 

.T'aime  la  vertu  guerrière 
De  nos  braves  défenseurs  ; 
Mais  d'un  peuple  sanguinaire 
.Te  déteste  les  fureurs. 
A  l'Europe  redoutables. 
Soyons  libres  à  jamais; 
Mais  soyons  toujours  ain]at>les. 
Et  gardons  l'esprit  français. 

Il  fit  jouer  encore  quelques  autres  pièces,  et  se 
retira,  en  1797,  piès  de  Reims,  dans  un  ancien 
presbytère  qu'il  avait  acheté.  Fontanes,  son  ami, 
avec  lequel  il  avait  rédigé  Xe  Modérateur,  lui  ob- 
tint de  Napoléon  la  place  de  commissaire  impérial 
près  le  tribunal  de  Ver'vins,  où  il  termina  sa  car- 
rière. Ce  poète,  qui  ne  portait  d'abord  que  le 
nom  de  Carbon,  y  ajoula  successivement  ceux 
de  Flins  et  des  Oliviers ,  ce  qui  lui  valut  cette 
épigramme  de  Lebrun  : 

Carbon  de  Flins  des  Oliviers 

A  plus  de  noms  que  de  lauriers. 

On  doit  à  Carbon  de  Flins  :  Ode  sur  le  Sacre 
de  Louis  XVI;  1775  ;  —  Voltaire,  poème  lu  à 
la  fête  académique  de  la  loge  des  Neuf  Sœurs , 
1779,  in-«°',  2"  édition,  Ferney  et  Paris,  1779, 
in-8°  ;  —  Les  Ainours ,  élégies  en  trois  livres , 
avec  un  Essai  sur  la  poésie  erotique  ;  Londres  et 
Paris ,  1780 ,  in-8''  ;  —  Fragments  d'un  jméme 
sur  l'affranchissement  des  serfs,  lus  à  une 
séance  publique  de  l'Académie  Française  ;  1781, 
in-8"  ;  —  Poèmes  et  Discours  en  vers  lus  et 
mentionnés  aux  séances  publiques  de  l'Aca- 
démie Française  ;  Paris ,  1782 ,  in-«"  ;  —  Plan 
d'un  cours  de  littérature,  présenté  à  tnon- 
s.eigneur  le  Dauphin;  1784,  in-12;  —  Dia- 
logue  entre  l'auteur  et  le  frondeur;  sans  date 
(1789),  in-8°  ;  —  Le  Réveil  d'Épiménide  à 
Paris ,  ou  les  étrennes  de  la  liberté,  comédie 
en  un  acte  et  en  vers  ;  Paris ,  Beaucaire  et  Tou- 
louse, 1790,  in-S^  —  Le  Mari  directeur,  ou 
le  déménagemen  lu  couvent  :  comédie  assez 
leste ,  en  un  acty  t  en  veis ,  imitée  du  Mari 
confessetir  de  u  fontaine;  Paris,  1791,  in-8"; 
—  La  Jeune  Hoiesse ,  comédie  en  trois  actes  et 
en  vers,  imitée  de  La  Locandïera  de  Goldoni, 
et  qui  dut  surtout  son  succès  au  jeu  de  M"*'  de 
Candeille;  Paris,  1792  et  1802,  in-8";  —  La 
Papesse  Jeanne,  comédie  en  un  acte,  mêlée  de 
vaudevilles,  jouée  au  théâtre  Feydeau;  1793, 
Barbier  lui  attiibue  Les  Voyages  de  l'opinion 
dans  les  quatre  paities  du  monde ,  par  Louis- 
Emmanuel,  Paris,  1789;  Journal  très-piquant, 
dit  le  savwt  bibliographe ,  et  dont.il  a  paru  cinq 
numéros.  Éditetir  des  oeuvres  du  chevalier  Ber- 
lin (  1 785,  2  vol.  in- 18),  Flins  avait  commence  un 
^loënie  ^'Umftetl ,  en  cinq  chants ,  dont  on  tiumie 

30. 


63  s  FLINS  — 

des  fragments  dans  ï'Almanach  des  Muses, 
dans  la  Décade  et  dans  le  Mercure.  On  a  pu- 
blié en  1810  nn  Choix  de  ses  poésies,  réunies 
à  celles  de  Barthe  et  de  Masson  de  Morvilliers. 

L.  LOUVET. 
•  Cubières  de  Palmezeaux,  Notice  historique  et  litté- 
raire sur  Carbon  de  Flins.  —  Chaudon  et  Delandine, 
Dict.  univ.,  histor.,  crit.  et  bibliographique.  —  Rabbe, 
Vieilh  de  Boisjolin  et  Sainte-Preuve,  Biogr.  univ.  et  por- 
tative des  Contemporains.  —  Quérard,  La  France  litt. 
—  Le  Bas,  Dict.  encycl.  de  la  France.  —  Chateaubriand, 
Mém.  d' Outre-tombe,  !"=■■  vol. 

FUPART  [Jean-Charles  ),  graveur  français, 
né  à  Paris,  en  1700,  mort  vers  1750.  Il  grava 
pour  le  recueil  de  Crozat  deux  tableaux  de  Ra- 
phaël, et  on  cite  de  lui  une  Madeleine  péni- 
tente, d'après  Charles  Le  Brun. 

Gandellini,  A'^oïizie  degli  Intagliatori,  avec  les  addi- 
tions de  Luigi  de  Angelis. 

FLIPART  (Jean- Jacques),  graveur  français, 
fils  aîné  du  précédent,  né  à  Paris,  en  1723,  mort 
en  1789.  Il  se  distingua  surtout  par  la  finesse  et 
l'élégance  du  dessin.  Il  fut  reçu  à  l'Académie 
royale  en  1755.  Voici  la  liste  de  ses  principaux 
ouvrages  :  une  Sainte  Famille,  d'après  Jules 
Romain  ;  —  Adam  et  Eve  après  leur  péché, 
d'après  Natoire  ;  —  Vénus  et  Énée,  d'après  le 
même;  —  deux  Sacrifice,  d'après  Vien; —  une 
Tempête,  d'après  Vernet  ;  —  une  Jeune  Fille 
dévidant  du  fil,  d'après  Greuze;  —  Le  Paraly- 
tique environné  et  soulagé  par  ses  enfants, 
et  L'Accordée  de  village  ,  d'après  le  même  ;  — 
Le  Gâteau  des  Rois ,  d'après  le  même  ;  —  le 
Combat  des  Centaures,  d'après  Boulogne;  — 
deux  Chasse,'d'a.pTès  Vanloo  et  Boucher. 

Gandellini,  Notizie  degli  Intagliatori ,  avec  les  addi- 
tions de  Luigi  de  Angelis. 

FLIPART  (  Charles-François),  graveur  fran- 
çais, frère  du  précédent,  mort  eu  1773.  On 
connaît  de  lui  quelques  petites  estampes  d'après 
Fragonard  et  autres  maîtres  modernes  de  l'école 
française. 
,    Basan,  Dictionnaire  des  Graveurs  (supplément). 

FLiscus  {Etienne),  grammairien  italien  du 
quinzième  siècle,  né  à  Soncino,  petite  ville  du 
Crémonais.  Sa  vie  est  très-peu  connue  ;  on  sait 
seulement  qu'il  se  fit  recevoir  docteur  en  droit 
civil  et  canonique,  et  qu'il  était  vers  1453  rec- 
teur du  gymnase  de  Raguse.  On  a  de  lui  :  Va- 
riationes,  sive  sententiarum  synonyma;  cet 
ouvrage  a  eu  beaucoup  d'éditions.  La  première, 
d'après  Panzer,  est  de  1477,  in-fol.,  sans  indica- 
tion de  ville.  On  cite  encore  celle  de  Rome, 
1479,  in-4°,  Per  Joann.  Bulle  de  Bremis,  et 
celle  de  Turin,  1480,  in-fol.  ;  —  Comment,  in 
Décret.  Innocenta  IV ;  Y emse,  1481,  in-fol.; 
—  De  Componendis  Epistolis  ;  Venise,  1493; 
1505,  in-80;  1567,  in-8".  Arisi,  dans  sa  Cre- 
mona  literata,  mentionne  aussi  de  Fliscus  : 
Regulœ  Summaticae,  et  Luctus  Sonciniensis. 

Gesner,  Bibliotheca.  —  Arisi,  Cremona  literata,  t.  I, 
p.  278.  —  Fabrlcius.  Bibliotheca  Latina  mediœ  et  inflmse 
sstatis,  1. 1,  p.  106.  —  Panzer,  Annales  typographici. 

FLiTTNER  {Jean),  poète  latin  allemand, 
natif  de  la  Franconie  ,  vivait  dans  la  première 


FLODOARD  -  936 

moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Ma- 
nipulum  epigrammatum  ;  —  Promptuarium 
Christianse.  Sapientiœ;  —  Murneri  JSebulo 
nebulonum,  hoc  est  jocoseria  nequitise  cen- 
sura, traduit  de  l'allemand  en  latin,  sous  l'ana- 
gramme de  FKnfer  ;  Francfort,  1663,  in-S".  _^; 
Jôcher,  yillg.  Gel.-Lex. 
FLOCCO.   Voy.  Floke. 

FLOCCCS.    FlOCCO. 

FLODOARD  OU  FRODOARD,  historien  et  ha- 
giographe  français ,  né  à  Épernay,  en  894,  mort 
le  28  mars  966.  Il  fut  élevé  dans  la  célèbre  école 
de  Reims ,  et  obtint  successivement  la  protec- 
tion de  Hervé ,  de  Seulfe  et  d'Artaud,  archevê- 
ques de  cette  ville.  Son  mérite  et  son  savoir  lui 
donnèrent  entrée  dans  le  clergé  de  la  cathédrale. 
On  lui  confia  d'abord  la  garde  des  archives  de 
cette  éghse.  Il  fut  ensuite  élevé  au  sacerdoce  et 
à  la  dignité  de  chanoine.  On  lui  confia  aussi  la 
cure  de  Cormici,  bourg  à  trois  lieues  de  Reims. 
En  936,  il  fit  le  voyage  de  Rome,  et  reçut  du  pape 
Léon  VII  l'accueil  le  plus  gracieux.  Quelques 
années  plus  tard,  l'archevêque  Artaud  l'envoya 
en  mission  à  Aix-la-Chapelle  auprès  du  roi  Otlion. 
Dans  la  longue  lutte  soutenue  par  cet  archevêque 
contre  un  prélat  intrus,  Hugues,  fils  du  comte 
de  Vermandois,  Flodoard,  resté  fidèle  à  Artaud, 
fut  exposé  à  des  persécutions  de  la  part  du  comte 
de  Vermandois  et  subit  une  captivité  de  plu- 
sieurs mois.  Cette  affaire,  qui  se  prolongea  pen- 
dant près  de  dix  ans,  l'obligea  de  plus  à  divers 
voyages.  Tant  d'agitations  et  de  contrariétés  le 
décidèrent  à  quitter  le  monde  et  à  s'enfermer 
dans  un  cloître.  Il  devint  plus  tard  abbé,  on 
ignore  dans  quel  monastère.  En  951,  après  le 
décès  de  Rodolphe,  évêque  de  Noyon  et  de  Tour- 
nay,  le  clergé  et  le  peuple  de  ces  deux  églises 
élurent  Flodoard  pour  lui  succéder.  Cette  élec- 
tion resta  sans  effet,  parce  que  Foucher,  soutenu 
par  Louis  d'Outre-mer,  se  mit  en  possession  de 
l'évêché  vacant.  Flodoard  songea  d'abord  à  sou- 
tenir son  droit  ;  mais  le  légat  du  pape,  Adelage, 
archevêque  de  Brème,  l'en  dissuada,  en  lui  re- 
présentant qu'un  moine  pouvait  faire  son  salut 
bien  plus  facilement  qu'un  évêque.  En  962,  Flo- 
doard assista  à  l'élection  d'Odalric  pour  le  siège 
épiscopal  de  Reims,  et  l'année  suivante  il  se  dé- 
mit de  sa  prélature  (probablement  sa  dignité 
d'abbé  )  en  faveur  de  son  neveu.  Ses  trois  der- 
nières années  furent  uniquement  consacrées  à 
l'étude  et  aux  exercices  de  piété.  Il  laissa  en  mou- 
rant une  grande  réputation  de  sainteté.  D'après 
son  épitaphe,  il 

Véquit  caste  clerc,  bon  moine,  meilleu  abbé. 
Aucun  auteur  du  dixième  siècle  n'a  laissé  des 
ouvrages  aussi  considérables  que  Flodoard.  En 
voici  la  liste  :  une  sorte  de  Chronique  sacrée^ 
écrite  en  vers  latins  et  divisée  en  trois  parties. 
Dans  la  première ,  en  trois  livres ,  l'auteur  célè- 
bre les  triomphes  de  Jésus-Christ  et  des  saints  de 
Palestine;  la  deuxième,  en  deux  livres,  est  aussi 
consacrée  aux  triomphes  de  Jésus-Christ  et  aux 


937 


FLODOARD  —  FLOERKE 


938 


événements  d'Antioche  concernant  la  religion;  la 
troisième  contient  l'histoire  abrégée  de  tous  les 
papes  depuis  saint  Pierre  jusqu'à  Léon  VII, 
mort  en  939,  et  des  saints  les  plus  illustres  d'I- 
talie ,  tant  martyrs  que  confesseurs.  Mabillon  a 
donné  des  morceaux  considérables  de  cette  troi- 
sième partie,  dans  ses  Annales  Ordinis  Sancti 
Benedicti,  t.  II  et  IV;  Muratori  les  a  repro- 
duits dans  ses  Rerum  Itallcarum  Scrlptores, 
t.  m.  Cet  ouvrage  témoigne  d'immenses  recher- 
ches ;  mais  il  ne  faut  pas  y  chercher  de  critique. 
D'après  l'Histoire  littéraire  de  la  France, 
«  la  versification  de  Flodoard  n'a  rien  au-dessus 
de  celle  des  autres  poêles  de  son  temps.  C'est 
dans  les  uns  et  les  autres  même  goût,  même 
génie  :  des  vers  durs,  forcés,  malsonnants,  obs- 
curs, dans  lesquels,  au  lieu  des  traits  de  bonne 
poésie,  on  ne  découvre  que  rudesse ,  platitude , 
contrainte  et  autres  défauts  ordinaires  en  son 
siècle  »  ;  —  une  Histoire  de  l'église  de  Reims,  ou 
gestes  des  archevêques  de  Reims.  Cet  ouvrage, 
divisé  en  quatre  livres,  comprend  toute  l'histoire 
de  l'église  de  Reims  depuis  sa  fondation  jusqu'à 
l'année  948.  Il  est  Récrit  en  prose  latine  cor- 
recte, et  même  élégante  eu  égard  au  temps. 
L'auteur  l'a  tiré  des  archives  dont  il  était  le 
gardien.  Non  content  d'indiquer  les  pièces  sur 
lesquelles  il  a  travaillé ,  il  en  donne  de  longs 
extraits,  ou  même  les  reproduit  en  entier.  «  La 
manière  dont  il  a  exécuté  son  dessein,  dit 
l'Histoire  littéraire,  montre  un  homme  d'es- 
prit, de  jugement,  de  bonne  foi,  qui  avait  de 
grandes  connaissances  et  de  l'ardeur  pour  le 
travail.  Il  est  exact  à  rapporter  les  choses,  ou 
telles  qu'il  les  a  trouvées  écrites,  ou  telles  qu'il 
les  a  vues  lui-même.  S'il  a  quelquefois  suivi  de 
fausses  pièces,  et  donné  dans  des  traditions  po- 
pulaires ,  il  faut  l'attribuer  aux  défauts  de  son 
siècle  plutôt  qu'à  ceux  de  son  génie.  Jl  paraît 
effectivement  qu'il  ne  lui  manquait  que  plus  de 
bon  goût  et  de  critique  pour  en  faire  un  excel- 
lent historien.  «  VHistoire  de  l'église  de 
Reims  parut  d'abord  traduite  en  français  par 
Nicolas  Chesneau  ;  Reims,  1580,  ia-4°.  Le  P.  Sir- 
mond  publia  pour  la  première  fois  le  texte  latin , 
Paris,  1611,  in-8° ,  sans  notes,  mais  avec  quel- 
ques opuscules  concernant  l'église  de  Reims.  La 
meilleure  édition  est  celle  de  Couvenier  ou  Coi- 
vener.  Douai,  1617,  in-8°;  elle  a  été  reproduite 
dans  la  Bibliotheca  Patrum  de  Lyon,  1677, 
t.  XVII;  —  Chronicon  Rerum  inter  Francos 
gestarum.  Cette  chronique  commence  en  919 
et  finit  en  966.  L'auteur  ne  se  contente  pas, 
comme  les  autres  annalistes  de  son  temps,  de 
rapporter  deux  ou  trois  faits  pour  chaque  année; 
il  raconte  tout  ce  qu'il  a  vu  par  lui-même  et  ap- 
pris d'ailleurs,  concernant  les  affaires  civiles  et 
militaires.  «  En  un  mot,  suivant  l'Histoire  litté- 
raire, on  peut  dire  que  la  chronique  de  Flo- 
doard est  comme  un  flambeau  lumineux,  qui 
dissipe  une  grande  partie  des  ténèbres  de  ce 
dixième  siècle,  par  rapport  à  l'histoire.  «  La 


Chronique  de  Flodoard  parut  pour  la  première 
fois  dans  les  Rerum  Burgiindicarum  Chroni- 
con ,  Bàle,  1575,  in-4";  elle  fut  réimprimée  dans 
le  premier  recueil  de  Pithou,  **aris,  1588,  et 
dans  les  Historias  Francorum  Scriptores  de 
Duchesne. 

Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  VI. 

FLŒGEL  et  non  flogel  (  Charles-Frédé- 
ric ),  polygraphe  allemand,  né  à  Jauer,  le  3  dé- 
cembre 1729,  mort  le  7  mars  1788.  Dès  1738 
il  étudia  à  l'école  de  sa  ville  natale,  puis  il  s'ap- 
pliqua à  la  poésie  et  à  la  littérature  romaine.  En 
1748  il  entra  au  gymnase  de  Breslau,  et  en 
1752  il  alla  étudier  la  théologie  à  l'université 
de  Halle.  Revenu  dans  sa  ville  natale,  il  s'y  livra 
à  la  prédication,  et  fut  en  même  temps  pré- 
cepteur particulier.  Beaucoup  plus  porté  vers 
l'enseignement  que  vers  l'état  ecclésiastique,  il 
accepta  une  place  de  professeur  au  gymnase 
de  Breslau;  en  1762,  il  fut  pro-recteur  à  l'é- 
cole urbaine  de  Jauer,  et  recteur  en  1773. 
Nommé  professeur  titulaire  de  philosophie  à 
l'académie  de  Leignitz  en  1774  ,  il  put  enfin 
s'adonner  entièrement  aux  études  qu'il  aimait. 
Ses  ouvrages  sont  :  Geschichte  des  menschli- 
chen  Verstandes  (  Histoire  de  l'Intelligence 
humaine);  1776;  —  Geschichte  der  Komis- 
chen  Literaiur;  Leipzig,  1784-1786,  4  vol.  Le 
tome  V  de  cet  ouvrage  important  est  consacré 
aux  satiriques  grecs  ;  les  tomes  II  et  III  portent 
sur  les  satiriques  romains,  italiens,  espagnols ,  an- 
glais, français,  néerlandais,  russes,  danois,  sué- 
dois, etc.  ;  —  Geschichte  des  Grotesk-Komis- 
chen,  etc.  (Histoire  du  Comique  grotesque); 
Liegnitz,  1788  (posthume);  —  Geschichte  der 
iro/nan-en  (Histoire  des  Fous  de  cour);  Lie- 
gnitz, 1789  (posthume);  —  Geschichte  des 
Burlesken  (Histoire  du  Burlesque);  Leipzig, 
1794  (posthume),  publiée  par  Schmill. 

Streit,  Alphabetisches  yerzeichniss  aller  im  Jahr 
mk  171  Schlesien  lebenden  Schriftsteller.  —  Hirsching, 
Hist.  Hier.  Handb. 

FLOERKE  {Jean- Ernest),  polygraphe  alle- 
mand ,  né  à  Altenkalden,  le  7  juillet  1767,  mort 
le  6  mai  1830.  D'excellentes  études  élémentaires 
faites  sous  des  maîtres  éprouvés,  tels  que  Wa- 
gner, Karsten,  Simonis  et  Walter,  le  préparè- 
rent aux  exercices  académiques,  qu'il  commença 
à  Rostock,  où  il  s'appliqua  à  la  théologie  et  à  la 
philologie.  Il  se  livra  ensuite  pendant  quelque 
temps  à  l'enseignement  privé.  En  1793  il  fut  se- 
cond maître  élémentaire  à  Waren;  en  1805  il 
devint  pasteur  à  Kisch-Mulsow  et  Passée,  et  en 
1812  il  fut  appelé  à  la  prévôté  du  cercle  ecclé- 
siastique de  Buckow.  Outre  de  nombreux  mé- 
moires, publiés  dans  des  recueils  scientifiques  ou 
littéraires,  presque  toujours  sous  le  voile  de  l'a- 
nonyme, ou  a  de  lui  :  Auroru;  1705  ;  —  Fcie.r- 
.sVî«if/eu  (  Heures  de  repos  )  ;  1796,  le  T'"  ciihier 
seulement  en  a  paru  ;  — Nordteutsches  Unter- 
hnltungsblattfuer  Gebildete  aus  allen  Stœn- 
den  (  Journal  de  la  Conversation  pour  les  per- 


939 


FLOERKE 


sonnes  éclairées  de  toutes  le^  classes)  ;  1816 ^  12 
cahiers  ou    2   vol.  ;  en  collaboration  avec  Gei- 
senhayner;    —     Lesefrûchten    (Antiiologie)  ; 
Hambourg^  18  «8. 
Mensel,  Cel.  Teutschl. 

FLONCEL  (  Albert- François  ),  bibliophile 
belge,  né  à  Luxembourg,  en  1097,  mort  le  15  sep- 
teriïbfe  1773.  D'abord  avocat  au  parlement  de 
Paris,  puis  secrétaire  d'État  de  la  principauté  de 
Monaco,  i!  devint,  en  1739,  premier  secrétaire  des 
affaires  étrangères.  Particulièrement  versé  dans 
la  littérature  et  membre  des  académies  de  Rome, 
de  Florence,  de  Bologne,  de  Cortone ,  il  forma 
une  magnifique  collection  de  livres  italiens.  Le 
Catalogue  de  sa  bibliothèque  a  été  publié  en 
1774,  2  vol.  in-4".  Ce  Catalogue  est  rare  et  re- 
cherché. On  a  de  Floncel  une  traduction  de  la 
Lettre  de  M.  Riccoboni  à  M.  Muratori^  sur  la 
comédie  de  L'École  des  Maris  de  M.  de  La 
Chaussée;  1757,  in- 12. 

Sa  femme,  Jeanne-Françoise  Floncel  de 
Lavau,  née  en  1715,  morte  en  1764,  avait  tra- 
duit les  deux  premiers  actes  de  la  comédie  de 
L'Avocat  vénitien  de  Goldoni;  1760,  iri-12. 

Son  fils,  Albert-Jérôme  Floncel,  a  donné  un 
Fssai  sur  la  Vie  et  les  Découvertes  de  Galileo 
Galilei,  traduit  de  l'italien  du  P.  Frisi;  1767, 
in'12. 

Chaiidon  et  Delandine^  Dict.  univ.  —  Oesessarts, 
Siècles  littéraires.  —  Quérard ,  La  France  littéraire. 

Fi,ooD  (Henri),  homme  politique  irlandais, 
né  en  1732,  mort  le  2  décembre  1791.  Après 
avoij"  fait  ses  premières  études  à  DubUn ,  il  les 
continua  à  l'université  d'Oxford.  Il  n'y  porta 
qu'assez  tard  une  certaine  ardeur.  Membre  du 
parlement  irlandais  en  1759  et  en  1761,  il  se  fît 
remarquer  tout  d'abord  par  son  éloquence  et  ses 
efforts  pour  faire  adopter  les  mesures  utiles  à 
l'Irlande.  C'est  ainsi  qu'il  fit  rapporter  une  loi 
qui  datait  du  roi  Hepri  VII,  et  en  vertu  de  la- 
quelle les  actes  du  parlement  irlandais  devaient 
être  sanctionnés  par  un  conseil  d'État  anglais. 
Cependant  son  opposition  n'avait  rien  de  systé- 
matique. En  1783  il  fut  élu  membre  du  parle- 
ment anglais,  où  il  siégea  aussi  les  années  sui- 
vantes. En  1790  il  proposa  un  plan  de  réforme 
parlem.entaire,  qui  eut  l'assentiment  de  plusieurs 
hommes  d'État,  en  particulier  celui  de  Fox.  Il 
fit ,  en  faveur  de  l'Irlande ,  diverses  fondations 
utiles,  celle,  entre  autres,  d'une  chaire  de  langue 
persane.  Comme  orateur,  Flood  brillait  surtout 
dans  la  réplique.  On  a  de  lui  :  une  traduction  de 
la  Première  Pythique  de  Pindare;  —  Poem  on 
the  Death  of  Frédéric  prince  of  Wales  ;  — 
Pindaric  Ode  to  Famé. 

Rose,  Neiv  biog.  Dict. 

FLOQtTET  {Etienne-  Joseph)  ^  compositeur 
français,  né  à  Aix,  en  Provence,  le  25  novembre 
Î750,  mort  le  10  mai  1785.  Il  composa  avec  Le- 
monnier  L'Union  de  l'Amour  et  des  Arts,  opéra 
qui  fut  joué  le  7  septembre  1773,  avec  un  grand 
succès,  et  eut  quatre-vingts   représentations. 


—  FLOR  940 

L'opéra  d'Azolan,  que  Floquet  fit  représenter 
l'année  suivante,  eut  moins  de  succès.  Il  se  ren- 
dit ensuite  en  Italie,  où  il  eut  pour  maîtres  Sala 
et  Martini.  De  retour  en  France,  Floquet  donna, 
en  1778,  Hellé  ;  en  1779,  Le  Seigneur  bienfai- 
sant; en  1781,  La  Nouvelle  Omphale. 

Fétis,  Biographie  universelle  des  3Iusiciens. 

*  FLOQPET  { Pierre- Amable),  historien  et 
littérateur  français,  né  à  Rouen,  le  9  juillet  1797. 
Après  avoir  fait  son  droit  à  !a  faculté  de  Caen , 
il  se  fit  recevoir  en  1819  avocat  au  barreau  de 
sa  ville  natale,  puis  en  1821  il  fut  admis  à  l'É- 
cole des  Chartes  comme  élève  pensionnaire.  Il 
occupait  depuis  1828  à  la  cour  royale  de  Rouen 
la  place  de  greffier  en  chef,  à  laquelle  il  re- 
nonça en  1843.  Ses  travaux  historiques  lui  va- 
lurent, en  1839,  le  titre  de  correspondant  de 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-lettres. 
Il  est  en  outra  mciïibrc  de  rAcadémic  de  Rouen 
et  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Éloge  de  Bos- 
suet,  évêque  de   Meaux ;  Paris,,  1827,   in-8°; 

—  Histoire  du  Privilège  de  saint  Romain, 
en  vertu  duquel  le  chapitre  de  la  cathé- 
drale de  Rouen  délivrait  anciennement  un 
meurtrier,  tous  les  ans,  le  jour  de  VAscen'- 
sion;  Rouen,  1833,  2  vol.  in-8°; —  Anecdotes 
normandes;  Rouen,  1838,  in-8°;  — Histoire 
du  Parlement  de  Normandie  ;  Rouen,  et  Paris, 
1840-1843,  7  vol.  in-8°.  En  1842,  l'Académie 
des  Inscriptions  a  décerné  à  ce  savant  ouvrage, 
avant  son  entier  achèvement,  le  grand  prix 
Gobert.  L'auteur  en  a  extrait  et  publié  sé- 
parément :  Histoire  de  l'Échiquier  de  Nor- 
mandie; Rouen  et  Paris,  1840,  ln-8°,  tiré  à 
125  exemplaires. —  Études  sur  Bossuet;  Paris, 
1855,  3  vol.  in-S".  —  Diaire  ou  journal  du 
voyage  du  chancelier  Seguier  en  Normandie, 
après  la  sédition  des  nu-pieds  (  1 639-1 G40), 
et  documents  relatifs  à  ce  voyage  et  à  la 
sédition,  etc.;  Rouen  et  Paris,  1842,  in-8°.  On 
trouve  des  notices  de  M.  Floquet  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie  de  Rouen ,  les  Mé- 
moires de  la  Société  d'Émulation  de  Rouen, 
la  Revue  de  Rouen,  la  Bibliothèque  de  l'École 
des  Chartes  et  la  Revue  rétrospective.  Il  a 
pubUé  comme  éditeur  :  Œuvres  inédites  de 
Bossuet  ;  Paris,  1828,in-8'' ,  contenant,  outre  un 
traité  de  logique ,  une  instruction  pour  la  pre- 
mière communion  ,  un  petit  écrit  sur  l'existence 
de  Dieu,  et  une  table  latine,  le  tout  composé 
pour  le  Dauphin.  E.  Regnard. 

La  Littérat.  franc,  contemp.  —   Docum.  part. 

FiuOR.  (Roger  DE),  célèbre  aventurier  alle- 
mand ,  né  à  Brindes,  en  1 280 ,  mort  en  avril 
1307.  Son  père,  Richard  de  Flor,  grand-fau- 
connier de  l'empereiu-  Frédéric  II,  fut  tué  au 
service  de  Conradin,  fils  de  ce  prince.  Le  jeune 
Roger,  réduit  à  l'indigence,  entra  dans  l'ordre  du 
Temple.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  avait  déjà  la 
réputation  d'un  très-habile  marin,  et  à  vingt  ans 
il  commandait  une  galère  de  l'ordre.  Pendant 


941  FLOB  — 

le  siège  d'Acre  par  Mélek-Aachraf,  sultan  d'E- 
gypte, il  fut  chargé  de  mettre  à  l'abri  sur  sou 
A'aisseau  les  richesses  des  maisons  de  son  ordre. 
On  ci'oit  que  Roger  se  les  appropria.  Il  est  cer- 
tain que  le  grand-maître  du  Temple  le  dénonr;a 
au  pape  comme  un  voleur  et  un  apostat.  Roger, 
instruit  qu'ont  voulait  le  faire  arrêter,  s'enfuit  à 
Gênes,  forma  un  petit  armement,  et  alla  offrir  ses 
services  à  Robert,  duc  de  Calabre,  qui  se  dispo- 
sait à  faire  la  guerre  à  Frédéric,  roi  de  Sicile. 
Reçu  dédaigneusement,  il  se  tourna  du  côté  de 
Frédéric,  et  lui  rendit  d'assez  grands  services 
pour  eu  obtenir  le  titre  de  vice-amiral.  A  la  paix, 
Roger,  ne  sachant  comment  faire  subsister  ses 
soldats,  leur  proposa  de  passer  en  Orient  pour 
y  combattre  les  Turcs  qui  désolaient  l'empire 
grec.  L'empereur  Andronic  accepta  toutes  les 
conditions  que  lui  firent  ces  aventuriers.  Roger 
sortit  du  port  de  Messine  en  1303  avec  vingt-six 
navires  équipés  en  partie  à  ses  frais.  Le  nombre 
des  troupes  embarquées  sur  cette  flotte  se  mon-- 
tait  à  environ  huit  mille  hommes  de  différentes 
nations  :  il  s'y  trouvait  des  Siciliens ,  des  Cata- 
lans ,  des  Aragonais  et  des  Ahnogavares.  Arrivé 
à  Constantinople  au  mois  de  septembre  1303, 
Roger  fut  reçu  avec  de  grandes  réjouissances, 
et  élevé  à  la  dignité  de  grand-duc.  Une  sanglante 
querelle  entre  les  Génois  et  les  Catalans  marqua 
les  premiers  temps  du  séjour  de  ces  aventuriers 
à  Constantinople.  Andronic  se  hâta  de  les  faire 
passer  en  Asie.  Ils  traversèrent,  au  printemps  de 
1304,laPropontide  et  battirent  complètement  les 
Turcs.  Mais  ils  ne  profitèrent  pas  de  leur  succès, 
et  se  fortifièrent  dans  Cyzique  pour  y  passer  la 
mauvaise  saison.  Au  mois  de  mai  1305  Roger 
quitta  Cyzique ,  prit  Ancyre ,  et  vainquit  les  Turcs 
à  Philadelphie,  dont  il  s'empara.  Il  échoua  devant 
Magnésie.  Après  un  siège  long  et  inutile,  il  repassa 
en  Européen  1306,  avec  ses  Catalans,  qui  lais- 
sèrent partout  des  traces  de  leurs  dévastations 
et  s'établirent  à  Gallipoli.  Andronic ,  tremblant 
devant  de  pareils  auxiliaires  ,  ne  chercha  plus 
qu'à  s'en  débarrasser  ;  il  témoigna  beaucoup  de 
froideur  à  Roger,  qui  fut  même  obligé  de  céder 
son  titre  de  grand-duc  à  un  autre  aventurier, 
nommé  Bérenger  d'Entença.  Le  brusque  départ 
de  Bérenger  et  les  incursions  des  Turcs  en  Asie 
Mineure  forcèrent  Andi-onic  de  revenir  à  Roger, 
qui  fut  élevé  à  la  dignité  de  césar  en  1307.  Les 
Grecs  virent  avec  peine  cet  honneur  accordé  à 
un  étranger,  et  le  fils  d' Andronic,  Michel,  associé 
à  l'empire;  s'en  montra  surtout  très-irrité.  Roger, 
au  moment  de  partir  pour  ime  nouvelle  cam- 
pagne en  Asie,  eut  l'imprudence  de  rendre  visite 
à  Michel,  qui  le  fit  égorger.  Cette  mort  fut  ven- 
gée par  les  Catalans,  qui  battirent  à  plusieurs  re- 
prises les  armées  byzantines. 

Zurita,  Jnndl.  Araq  ,  I.  V,  VI  ;  —  Pachymère,  I.  V;  — 
Le  Beau, //isfoffe  d!/ Bas-AHipire,  t.  XIX. 

FLORE  {Franc).  Voy.  Vriendt  (FlorisoÈ). 

l  FhonESCovRT  {Fronz,  Cuassotpe),  pu- 

blicii>':eai!cmand,  né  à  Brunswick,  le  4  juillet  1803. 


FLORENT  942 

Son  aïeul,  attaché  au  service  du  duc  Charles-Guil- 
laume-Ferdinand de  Brunswick,  mort  en  1806, 
descendait  d'une  ancienne  famille  normande. 
Après  s'être  occupé  d'économie  rurale,  le  jeune 
Florencourt  se  rendit  à  Marbourg^jour  y  étudier  le 
droit.  Les  circonstances  le  portèi'ent  à  s'occuper 
de  politique.  Enveloppé  à  Kiel ,  où  il  se  trouvait 
alors,  dans  l'instruction  de  l'affaire  de  Francfort 
en  1834,  instruction  qui  s'étendit  à  toutes  les 
universités  allemandes,  il  fut  relâché  quelque 
temps  après  ;  dès  lors  il  se  trouva  porté  vers  la 
carrière  du  pubUciste.  En  1838 ,  il  entreprit  à 
Hambourg  la  rédaction  des  Liierarischen  und 
k?-itischen  Blaetter  der  Boersenhalle  (Feuilles 
httéraires  et  critiques  de  la  Bourse).  Établi  à 
Naumbourg ,  il  s'y  montra  zélé  catholique  et  op- 
posé à  la  propagande  protestante.  En  1847,  il 
rédigea  le  Nord-deutsche  Correspondent.  En 
1850  il  se  convertit  publiquement  au  catholi- 
cisme ,  et  écrivit  à  ce  sujet  une  brochure  justi- 
ficative. Eu  1851  il  devint  correspondant  de  la 
Deutsche  Volkshalle  de  Vienne.  Outre  de  nom- 
breux articles  insérés  dans  les  journaux  et  re- 
cueils périodiques,  on  a  de  lui  :  Kirchliche,  po- 
litisciie  und  literœrische  Zustaende  Deutsch- 
land.s  (Événements    ecclésiastiques,  politiques 

et  littéraires  de  l'Allemagne);  Leipzig,  1840; 

Zeitbilder  (Esquisses  du  temps);  Grimma,  1847- 
48;  — -  Fliegende  Blâtter  uber  Fragen  der 
Gegenwart  (  Feuilles  volantes  sur  des  questions 
d'actualité);  Naumbourg,  1845;  — Zur  preus- 
siscken  Verfassungsfrage  (  Sur  la  question  de 
la  constitution  en  Prusse);  Hambourg,  1847; 
Frankfurt  und  Preussen  (Francfort  et  la 
Prusse);  Grimma,  1849. 
Conversai.  Lexik. 

*  FLORENCOURT  {Guillaume  Chassot  de), 
frère  aîné  du  précédent,  antiquaire  et  numis- 
mate allemand.  Professeur  particulier  à  Trêves, 
il  s'est  fait  connaître  par  sa  science  de  la  nu- 
mismatique et  des  antiquités.  Ses  ouvrages  sur 
cette  matière  sont  estimés.  On  a  de  lui  Bei- 
traege  zur  Kunde  aller  Goetterverehrung  in 
Belg.  Gallien  { Documents  pour  servir  à  la  con- 
naissance du  culte  des  dieux  dans  la  Gaule 
Belgique);  Trêves,  i^kl;—  Erklaerung  der 
raethselhaften  Umschriften  der  Consécra- 
tions-Muenzen  des  Romulus  (Explication  des 
légendes  énigmatiques  des  monnaies  commé- 
moratives  de  Romulus  )  ;  Trêves,  1843. 

Conversat.-Lex. 

FLORENT  (François),  jurisconsulte  fran- 
çais, né  à  Amayle-Duc  (Bourgogne),  vers  la 
fin  du  seizième  siècle,  mort  le  29 octobre  1650. 
D'abord  avocat  au  parlement  de  Dijon ,  il  devint 
«nsuite  antécesseur  à  Orléans.  On  a  de  lui  : 
Dissertationes  selectx  Juris  canon i ci  ;  Paris, 
1632,  in-S";  —  Disputaliones  de  nuptiis  con- 
sobrmarum ;  Paris,  1636,  in-8".  Ces  deux  ou- 
vrages ont  été  réimprimés  en  1679,  2  vol.  in-4°. 

l'.ipillen    Bibliothèque  des  Juteurs  de  JJouraogne. 
FLORENT  CHRESTIKN.  Voy.  CuRtSTIEN, 


943 


*  FLORENT  OU  FLORIS  p% 

de  Frise,  tué  le  18  juin  1061.  Il  était  fils  de 
Thierri  H  et  d'Othilde  ou  Withilde  de  Fran- 
conie.  A  la  mort  de  son  père  (  1039  ),  il  par- 
tagea l'héritage  paternel  avec  son  frère 
Thierri  III,  et  eut  d'abord  pour  apanage  la 
West-Frise  (1)  et  le  Kennemerland  (2).  A  la 
mort  de  Thierri  III  (  1049  ),  il  fut  proclamé 
comte  de  toute  la  Frise,  non  par  droit  hérédi- 
taire, car  le  droit  de  succession  n'était  pas  en- 
core établi  dans  ce  pays,  mais  par  la  grâce  de 
Conrad  II,  dit  le  Salique,  empereur  d'Allemagne. 
Quelques  historiens,  postérieurs  au  quatorzième 
siècle,  rapportent  que  vers  1058  Florent  T"  eut  à 
soutenir  une  guerre  acharnée  contre  Bernald, 
évéque  d'Utrecht,  aidé  par ^  Annon,  archevêque 
de  Cologne ,  Théodwin  de  Bavière,  prince  évé- 
que de  Liège,  Herman,  comte  de  Cuyck,  Lam- 
bert II,  comte  de  Louvain  et  avoué  de  Gem- 
blours,  Otton  P' ,  comte  de  Zupthen,  Udon  l", 
comte  de  Stade  et  margrave  de  Brandebourg, 
le  marquis  d'Anvers,  et  Baudouin  V^  de  Mons, 
comte  de  Hainaut.  Malgré  le  nombre  de  ses  enne- 
mis, il  remporta  sur  eux  de  grands  avantages. 
Mais,selon  toute  vraisemblance,  ces  événements  se 
rapportent  au  règne  de  Thierri  IV  (voy.  ce  nom). 
Ce  qui  paraît  certain,  c'est  qu'en  1058  les  Frisons 
se  révoltèrent  contre  leur  comte,  et  que  Henri  IV, 
empereur  d'Allemagne,  réduisit  les  révoltés.  Flo- 
rent r""  eut  une  nouvelle  lutte  avec  Herman  de 
Cuyck  et  Frédéric  de  Luxembourg ,  duc  de  la 
basse  Lorraine  (de  Lothier  et  de  Brabant),  et 
fut  encore  victorieux.  «  Cependant,  dit  la  clu'o- 
nique  d'Egmont,  il  arriva  qu'un  jour,  revenant 
d'une  bataille  qu'il  avait  gagnée,  épuisé  de  fatigue, 
il  laissa  les  siens  errer  dans  la  campagne ,  tandis 
que,  pour  se  délasser,  il  reposait  sous  un  saule 
dans  un  lieu  nommé  Hamenthe  (  Hemert  en  Thie- 
lervaard).  Il  dormait  à  midi  en  pleine  sécurité, 
lorsque  inopinément  survinrent  les  ennemis  (les 
Brabançons),  qui  le  massacrèrent  avec  ceux  qui 
l'environnaient  avant  qu'ils  eussent  le  temps  de 
monter  à  cheval.  »  Il  avait  épousé  Gertrude 
de  Saxe,  dont  il  eut  Thierri  VI,  qui  lui  succéda  ; 
Florent,  mort  en  bas  âge  peu  après  son  père; 
Berthe,  qui  épousa  Philippe  F'',  roi  de  France,  et 
une  autre  fille,  demeurée  inconnue.  Gertrude  de 
Saxe  (morte  en  1113)  se  remaria  à  Robert,  dit 
le  Frison,  depuis  comte  de  Flandre. 

Adrien  Kluit,  Historia  critica  Comitatus  Hollandise 
et  Zelandias.  —  Dujardin,  Histoire  chronologique  de 
Bruxelles.  —Le  P.  Foulon,  Histoire  de  Liège.  —  Cerisier, 
Tableau  de  l'histoire  générale  des  Provinces- Unies.  — 
Buttens ,  Trophées,  tant  sacrés  que  profanes,  du  duché 
de  Brabant  (  La  Haye ,  1724-1726,  4  vol.  in-fol.  ),  t.  I, 
p.  81.  —  Uom  Edmond  Martenne,  yeterum  Scriptorum 
CoUectio,  t.  IV.  —  B«ka,  Chronicon.  —  Batavia  sacra. 
—  A.-J.  van  der  Aa,  Biographisch  Jf^oordenboek  der 
]\federlanden. 

*  FLORENT  II ,  dit  le  Gros  ou  le  Gras ,  neu- 
vième comte  de  Hollande,  né  vers  1081,  mort  le 
2  mars  1122.  Il  était  fils  de  Thierri  ou  Diede- 

(1)  Frise  ultérieure. 

(2)  Comitatus  in  ffestflinga  et  ctrca  oràs  Rheni. 


FLORENT  944 

septième  comte      rie  V  et  d'Othilde  de  Saxe.   Il  succéda  à  son 


père  le  17  juin  1091,  sous  la  tutelle  de  sa  mère. 
Prince  très-dé vôt,  son  règne  ne  présente  qu'un 
incident  remarquable.  Un  seigneur,  nommé  Ga- 
lama ,  s'étant  permis  de  chasser  dans  une  forêt 
réservée  au  comte ,  celui-ci  fit  tuer  les  chiens  et 
maltraiter  les  gens  du  malencontreux  chasseur. 
Galama  épia  le  comte ,  l'assaillit  l'épée  à  la  main, 
et  lui  demanda  raison  de  cet  affront;  puis,  sans 
écouter  les  explications  pacifiques  du  comte ,  il  le 
blessa  au  bras.  Les  serviteurs  de  Florent  voulu- 
rent faire  justice  immédiate  de  l'assassin.  Florent 
les  arrêta  et  voulut  prendre  le  duc  de  Brabant , 
Henri  II,  dit  le  Guerroyeur,  pourjuge  dans  cette 
querelle-  Les  West-Frisons,  prenant  pour  faiblesse 
la  longanimité  du  comte ,  se  soulevèrent  à  l'insti- 
gation de  Galama;  mais  Florent  les  combattit 
avec  tant  de  vigueur  qu'en  une  seule  campagne 
il  les  réduisit  à  implorer  sa  miséricorde.  Il 
acheva  son  règne  paisiblement ,  et  fut  inhumé  à 
l'abbaye  d'Egmond.  De  sa  femme  Pétronille- 
Gertrude  de  Lorraine,  morte  en  1144,  il  laissa 
Thierri  VI,  qui  lui  succéda  ;  Florent  dit  le  Noir,' 
mort  en  1133;  Simon;  et  Hedwige,  mariée  avec 
Otton,  comte  de  Benthem. 

Nicol.  Kolyn-  Klaas,  Chron.,  p.  281.  —  Gérard  Dumbar. 
Analscta  Belgica,  t.  I.  —  Wagenaer,  Histoire  de  Hol- 
lande.— Butkens,  Trophées,  tant  sacrés  que  proranes, du 
duché  de  Brabant.  —  Dujardin,  Histoire  générale  des 
Provinces-  Unies. 

*  FLORENT  III ,  onzième  comte  de  Hollande, 
mort  à  Antioche,  le  l*""  août  1190.  Il  était  fils 
aîné  de  Thierri  VI  et  de  Sophie  de  Rineck.  Il 
succéda  à  son  père  le  5  août  1157,  et  assista 
comme  prince  de  l'Empire  à  la  fameuse  diète  de 
Roncaille  (Lombardie),  tenue  en  1158  par  l'em- 
pereur Frédéric  P"".  De  septembre  1159  à  juin 
1160,  il  soutint  Geoffroi  de  Rhenen,  évêque 
d'Utrecht,  contre  les  frères  Supperothes,  qui,  aidés 
du  duc  Albertde  Gueldre,  revendiquaient  la  châ- 
tellenie  de  Groningue.  Les  hostilités  cessèrent 
par  la  médiation  du  comte  Renaud  de  Dassel , 
archevêque  de  Cologne ,  qui  adjugea  Groningue 
aux  réclamants,  moyennant  une  indemnité  pé- 
cuniaire. Les  West-Frisons  de  Dreghte  étaient 
depuis  1130  en  révolte  contre  la  Hollande;  Flo- 
rent III  les  soumit  enfin,  en  1161.  En  1165,  ayant 
voulu  établir  un  péage  à  Geervliet,  sur  la  Bor- 
nisse,  dans  le  pays  de  Putten,  Philippe  d'Alsace, 
comte  de  Flandre,  s'y  opposa,  et,  secouru  par 
son  frère  Matthieu ,  comte  de  Boulogne,  et  par 
Godefroi  IX,  dit  le  Courageux,  duc  de  Bra- 
bant ,  envahit  la  Hollande.  Attaqué  pendant  qu'il 
faisait  le  siège  d'Arnsteiu  (1166),  et  après  un 
combat  de  sept  heures,  dans  lequel  il  perdit  sept 
mille  soldats ,  Florent  HI  fut  vaincu  et  fait  pri- 
sonnier. Il  demeura  captif  à  Bruges  jusqu'au 
27  février  1168  ,  et  dut  céder  pour  prix  de  sa  li- 
berté la  partie  de  la  Zélande  comprise  entre  l'Es- 
caut et  Heedensée.  Vers  la  même  époque  les 
West-Fvisons  se  soulevèrent  de  nouveau,  et  ra- 
vagèrent les  environs  d'Harlem  et  d'Alkmaer. 
Les  troupes  que  Florent  envoya  contre  les  ré- 


945  FLORENT 

voltés,  s'étant  avancées  inconsidérément  dans 
les  marais,  furent  enveloppées  et  exterminées. 
Un  désastre  commun  suspendit  les  hostilités. 
Dans  l'été  de  1170,  une  violente  tempête  ayant 
soulevé  la  mer,  les  flots  rompirent  les  digues, 
et  une  grande  partie  de  la  Hollande  fut  submer- 
gée. En  1178,  Florent  et  son  frère  Baudouin  II, 
évéque  d'Utrecht ,  se  concertèrent  pour  subju- 
guer la  Frise  ;  ils  furent  repoussés ,  mais  leurs 
ennemis ,  s'étant  jetés  sur  le  Kenneraerland  en 
1182,  furent  à  leur  tour  taillés  en  pièces ,  et  Flo- 
rent s'empara  en  1184  des  îles  de  Texel  et  de 
Wœringen.  Les  Frisons  se  décidèrent  alors  à 
acheter  la  paix  moyennant  quatre  mille  marcs 
d'argent  (1).  En  1189,  le  comte  de  Hollande 
suivit  l'empereur  Frédéric  en  Terré  Sainte.  Il 
donna  de  brillants  témoignages  de  sa  valeur  au 
siège  de  Damiette,  et  mourut  l'année  suivante.  Il 
fut  enterré  à  Antioche.  Il  avait  épousé,  en  1160 
ou  1162,  Ada  d'Ecosse  (morte  après  1206).  Il 
en  eut  Thierri  VH,  qui  lui  succéda;  Béatrix; 
Elisabeth  ;  Ada  ou  Aléide,  qui  épousa  Otton  I", 
margrave  de  Brandebourg;  et  Marguerite, 
femme  de  Thierri  IV,  comte  de  Clèves. 

Eginond,  Chron.,  p.  SO  à  129.  —  Beka,  Chronic.  —  Me- 
lis  Stoke,  Cliron.  de  885  à  1305.  —  Lambert  Watrelos, 
Chron.  Cambraci.  —  Kluit,  Historia  critica  Comitatus 
Hollandiee.et  Zelandix,  t.  1,  p.  119  à  254;  t.  II,  p.  184. 

*  FLORENT  IV,  quinzième  comte  de  Hol- 
lande, né  le  24  juin  1210,  tué  à  Corbie  ou  à 
Nimègue,  le  19  juillet  1234  ou  1235.  Il  était  fils 
de  Guillaume  P""  et  d'Adélaïde  de  Gueldre,  et 
succéda  à  son  père,  le  4  février  1223 ,  sous  la 
tutelle  de  son  oncle  maternel  Gérard  IV,  comte 
de  Gueldre.  L'année  suivante,  Florent  suivit  son 
tuteur  dans  là  guerre  que  celui-6i  soutint  contre 
Othon  II  de  Lippe,  évêque  d'Utrecht,  au  sujet 
de  la  propriété  de  la  Frise.  Le  26  janvier  1225 
intervint  une  sentence  du  légat  impérial  Conon, 
qui  partagea  le  gouvernement  et  les  revenus  du 
pays  disputé  entre  les  parties  belligérantes  (2). 
L'année  suivante,  Florent  IV  secourut  Othon  II 
contre  Rodulfe ,  châtelain  de  Coevorden  ;  mais  ' 
leurs  troupes  furent  battues  le  27  juillet  1226, 
et  l'évêque,  pris  dans  l'action,  fut  supplicié  cruel- 
lement par  ses  vassaux  révoltés.  «  Le  10  février 
1230,  rapporte  Emo,  abbé  de  Verum  et  au- 
teur contemporain,  il  s'éleva  une  furieuse 
tempête,  mêlée  de  vents,  de  tourbillons  et  de 
tonnerres ,  qui  brûla  et  abattit  une  grande  quan- 
tité de  maisons  ;  en  même  temps,  il  se  fit  en 
Frise  un  si  grand  débordement  de  la  mer,  qu'elle 
inonda  une  vaste  étendue  de  pays,  et  une  quan- 
tité prodigieuse  de  villages ,  qui  n'ont  jamais  re- 
paru, furent  engloutis  dans  les  flots  avec  leurs 
habitants.  >>  Ce  désastre  a  formé  le  grand  golfe 
de  Zuyderzée  qui  sépare  la  Frise  occidentale  de 

(1)  213,833  francs  30  centimes  de  notre  monnaie. 

(2)  Cette  sentence  portait  :  De  comitatu  Frisix  ita  est 
orditiatum  .-  Quod  si  episcopiis  voluerit  ire  in  Frisiam 
in  comitatttm/  signiftcabit  lioc  sex  septimanis  antc 
comiti  HoHandix  ;  et  si  cornes  secum  iverit,  partientur 
seque  lucrum  de  comitatu  ,•  si  vero  cornes  no7i  iverit,  nec 
nuntium  suwn  miserit,  totum  cedet  episcopo. 


946 

la  Frise  orientale.  Il  avait  déjà  été  commencé 
par  l'inondation  de  1170.  En  1234,  Florent  prit 
les  armes  en  faveur  de  l'archevêque  de  Brème 
contre  les  Stadings ,  qui  refusaient  de  payer  la 
dîme.  Le  pape  Grégoire  IX  ayant  ordonné  une 
croisade  contre  les  révoltés,  le  comte  de  Hol- 
lande fut  déclaré  chef  de  l'expédition.  Il  investit 
Stade ,  et  la  força  à  se  rendre,  le  24  juin.  Selon 
les  chroniqueurs ,  le  19  juiiïet  de  la  même  année, 
ou  de  la  suivante,  étant  à  Corbie,  d'autres  écri- 
vent à  Nimègue,  il  fut  assassiné  à  la  suite  d'im 
tournoi  par  Phi\ipi)e  à'\t  Hurepel  (Rude-Peau), 
comte  de  Boulogne,  jaloux  de  la  passion  que  la 
comtesse  sa  femme,  Mahaut  de  Boulogne,  ma- 
nifestait hautement  pour  le  jeune  et  vaillant 
comte  de  Hollande.  La  mort  de  celui-ci  aurait 
été  immédiatement  vengée  par  Thierri  V,  comte 
de  Clèves ,  et  Mathilde  de  Brabant ,  femme  de 
Florent  IV,  serait  morte  de  douleur  et  d'effroi 
pendant  ces  scènes  sanglantes.  Rien  de  semblable 
ne  se  rencontre  dans  les  historiens  contempo- 
rains. Albert  de  Stade  dit  simplement  que  le 
comte  de  Hollande,  revenant  de  soumettre  les  Sta- 
dings, fut  tué  dans  untournoiàNimègue(l).  D'im 
autre  côté,  la  Chronique  d'André  attribue  la 
mort  de  Philippe  Hurepel  au  poison  (2).  La 
comtesse  Mathilde  changea  .en  monastère  de 
Cisterciennes  son  château  de  Losdunen,  et  y 
mourut,  le  21  décembre  1267.  Florent  IV  fut  en- 
terré à  l'abbaye  de  Rynsbourg.  Il  eut  pour  en- 
fants :  Guillaume  II,  dit  Williquins,  qui  lui  suc- 
céda; Florent,  drossart  (grand -prévôt),  puis 
régent  de  Hollande  ;  AUx  ou  Adélaïde,  qui  épousa 
Jean  d'Avesnes  ;  et  Marguerite ,  comtesse  de 
Henneberg,  célèbre  dans  les  chroniques  (voy. 
Henneberg). 

Anonyme,  De  Rébus  Ultraj.,  p.  21.  —  Oderico  Binaldi, 
Annales  ecclesiast.,  ann.  1234.  —  Albert  de  Stade,  C/iro- 
nicon.  —  Beka,  Chronicon.  —  Emo,  Chronicon.—  Louis 
Guichardiu,  Description  des  Pays-Bas,  trad.  de  Belle- 
forest;  Paris,  1612.  —  Ktuit,  Historia  critica  Comitatus 
flollandix  et  Zelandix,  t.  li,  p.  367. 

*  FLORENT  V,  dix-septième  comte  de  Hol- 
lande, né  à  Leyde,  en  1254  ,  assassiné  près  de 
Muyderberg,  le  28  juin  1296.  11  était  fils  de  Guil- 
laume II,  dit  WiUiquins,  comte  de  Hollande  et 
roi  de  Germanie ,  et  d'Elisabeth  de  Brunswick. 
A  peine  âgé  de  deux  ans  ,  il  succéda  à  son  père 
dans  le  comté  de  Hollande  (28  janvier  1256), 
sous  la  tutelle  de  son  oncle  Florent.  Le  premier 
soin  de  celui-ci  fut  de  conclure  la  paix  avec  Mar- 
guerite, comtesse  de  Flandre  ,  et  Gui  de  Dam- 
pierre,  son  fils.  Cette  paix  fut  arrêtée  à  Péronne 
(24  septembre  1256),  par  la  médiation  et  en  pré- 
sence de  saint  Louis  ,  roi  de  France.  Le  tuteur 
n'avait  pas  oublié  ses  intérêts  dans  ce  traité  :  on 
convint  qu'il  épouserait  Béatrix  de  Dampierre, 
veuve  de  Hugues  de  Chàtillon  et  fille  aînée  de 
Gui ,  et  qu'il  aurait  pour  dot  la  Zéelande  occi- 


(1)  Cornes  Hollandix  renient  in  torneamenlo  apud 
Noviomarium   est  occisus. 

(2)  Nobilis  :omes,  gloriosi  rcçiis  l'hilippi  {Avgusti) 
fllius,  qui,  sicut  creditur,  potionalus  obiit. 


947 


FLORENT  —  FLORENTINUS 


948 


dentale.  Par  un  autre  article,  il  fut  stipulé  que 
la  Zéelande  orientale  demeurerait  aux  comtes  de 
Hollande,  mais  à  la  charge  par  ceux-ci  d'en  faire 
hommage  à  la  comtesse  de  Flandre,  dont  jamais 
les  comtes  de  Hollande  n'avaient  relevé.  C'est  à 
cet  hommage  qu'il  faut  attribuer  la  plupart  des 
guerres  qui  surgirent  dans  la  suite  entre  les  Fla- 
mands et  les  Hollandais,  et,  par  suite,  l'antipathie 
qui  existe  encoi'e  entre  ces  deux  peuples.  Le 
drossart  Florent  étant  mort  le  26  mars  1258,  à 
Anvers,  des  blessures  qu'il  avait  reçues  dans  un 
tournoi ,  il  fut  remplacé  {jure  hereditario  )  dans 
sa  tutelle  par  sa  sœur  Alix  ou  Adélaïde,  veuve  de- 
puis le  24  décembre  1257  de  Jean  d'Avesnes  ,  et 
par  Henri  IV,  dit  le  Débonnaire,  duc  de  Brabant, 
que  la  noblesse  l'obligea  de  s'associer.  Henri  IV 
étant  mort  le  28  février  1261,  on  lui  substitua 
(  10  juillet  1263  )  Henri  HI  de  Gueldre,  évêque  de 
Liège,  et  Othon  IV,  dit  Claude  ou  le  Boiteux , 
comte  de  Gueldre.  Alix  défendit  ses  droits  par 
les  armes  ;  mais,  vaincue ,  elle  dut  céder  le  pou- 
voir aux  princes  de  Gueldre.  La  majorité  de 
Florent  V,  arrivée  vers  le  10  juillet  1266,  mit  fin 
au  pouvoir  de  ces  derniers,  et  le  jeune  comte  con^ 
céda  à  sa  tante  dans  le  gouvernement  de  la  Zé- 
lande  (24  octobre  1268).  En  1272,  les  indomp- 
tables W^est-Frisons  reprirent  les  armes.  Flo- 
rent V  leur  livra,  le  20  août  suivant,  près  d'Alk- 
maer,  une  bataille  où  il  fut  grièvement  blessé. 
Cependant,  après  dix-sept  années  d'une  guerre 
presque  sans  trêve,  et  aidé  par  deux  grandes 
inondations,  il  réduisit  les  révoltés  (1).  Le 
21  janvier  1287,  par  un  traité  passé  à  Tooren- 
bourg,  ils  le  reconnurent  pour  leur  seigneur; 
s'obligeant  à  payer  les  dîmes ,  à  fournir  les  cor- 
vées, à  servir  dans  ses  armées,  à  souffrir  la  cons- 
truction de  grands  chemins  dans  toute  l'étendue 
de  leur  pays  et  l'édification  des  châteaux  de  Me- 
denblick  ,  Niewenbourg,  Middelbourg  et  Eenia- 
genbourg ,  tenus  par  des  garnisons  hollandaises 
et  occupant  les  points  les  plus  importants  de  la 
Frise.  La  marine  de  la  Hollande  était  déjà 
prospère.  Florent  venait  dépasser  (1285)  avec 
Edouard  F'',  roi  d'Angleterre,  un  traité  par  lequel 
ce  monarque  permettait  aux  Hollandais  la  pêche 
du  hareng  sur  les  côtes  de  son  royaume  et  leur 
accordait  le  monopole  de  la  traite  des  grains,  du 
plomb ,  de  l'étain  et  des  laines  d'Angleterre.  En 
1290,  Florent  V  eut  à  combattre  son  beau-père, 
Gui  de  Dampierre,  comte  de  Flandre.  Le  refus  de 
l'hommage  pour  la  Zélande  occidentale  fut  la 

(1)  Dans  une  lettre  écrite  en  1282  à  Edouard  J^'  (IV),  dit 
aux  longues  jambes,  roi  d'Angleterre,  Florent  V  lui 
mande  qu'il  a  gagné  sur  les  Frisons,  «  mutins  et  féroces  », 
qu'il  appelle  ses  ennemis  mortels  ,  quatre  batailles  ,  en- 
levé leurs  plus  forts  pas  ;  «  et  ravons,  ajoute-t-il,  le  corps 
de  mon  seigneur  mon  père  ,  laquelle  chose  je  désiroie 
sur  tûtes  riçns  ».  (Ryiner,  Jeta,  t.  I,  part.  2,  p.  212.) 
Ce  fut  à  Hoogtwoude ,  où  il  s'était  avancé  en  poursuivant 
les  fuyards,  qu'il  fit  la  découverte  dont  il  parle.  Un  vieil- 
lard auquel  il  promit  la  vie  lui  ayant  montré  l'endroit 
où  les  Frisons  avaient  caclié  les  os  du  comte  Guillaume 
Williquins,  Florent  les  fit  enlever,  et  les  transporta  à 
Middelbourg,  où,  dans  !a  suite,  il  les  enferma  dans  un 
superbe  mausolée  (Beka,  Chron.,  p.  9'0. 


principale  cause  de  cette  guerre.  Un  arrangement 
fut  ménagé  par  Jean  T',  dit  le  Victorieux,  duc 
de  Brabant ,  et  Florent  V  se  rendit  avec  lai, 
pour  le  ratifier,auprès  de  Gui  de  Dampierre,  alors 
à  Biervliet  ;  mais  à  peine  furent-ils  arrivés  ,  que 
Gui  s'empara  de  son  gendre.  Jean  I^"^  se  cons- 
titua généreusement  prisonnier  à  la  place  de 
Florent ,  et  ne  recouvra  sa  liberté  qu'au  moyen 
d'une  forte  rançon.  La  guerre  continua  entre  la 
Flandre  et  la  Hollande  jusqu'au  27  octobre  1295, 
jour  où  les  Flamands  furent  complètement  défaits. 
Les  prétentions  des  seigneurs  faisaient  om- 
brage à  Florent  V.  Il  tourna  ses  affections  vers 
les  communes,  dont  il  se  plut  à  augmenter  les 
privilèges,  et  créa  ainsi  de  nombreux  mécontents 
parmi  la  noblesse.  Quelles  que  fussent  ses  qua- 
lités politiques ,  le  comte  se  laissait  aller  sans  re- 
tenue à  ses  passions  ;  il  osa  violer  la  femme  d'un 
gentilhomme,  nommé  Gérard  de  Vielsen.  Le  mari 
outragé  forma  une  conspiration,  et  Florent  fut 
enlevé  pendant  une  partie  de  chasse  qu'il  faisait 
dans  la  forêt  de  Muyden.  Poursuivis  et  atteints 
près  de  Muyderberg ,  les  conjurés  percèrent  le 
comte  de  vingt-deux  coups  d'épée  (1).  Florent ,V, 
après  la  mort  de  son  oncle,  avait  épousé  la 
fiancée  de  celui-ci,  peut-être  sa  veuve,  Béatrix 
de  Dampierre  (morte  en  mars  1296);  il  en  eut 
neuf  enfants,  dont  huit  moururent  avant  leur  père. 
L'aîné  seul,  Jean  F'",  lui  survécut  et  lui  succéda. 

J. -F.  Le  Petit,  La  Grande  Chronique  ancienne  et  mo- 
derne de  Hollande.  Zéelande,  etc.  ;  Dordrecht,  1601, 
2  vol.  in-fol.  —  Grotius,  Annales  et  Historiée  de  Rébus 
Belgicis.  —  Lévold  de  Northof,  Chronicum  Comitum  de 
iVarca  et  Mtona  ;  Hanovre,  1613,  in-fol.  —  Rainert,  de 
Rébus  Batav.  —  Eginond,  Chrnn.  —  Gérard, Hist.  Batav. 

—  Fr.  Mieris,  Recueil  des  Chartes  de  Hollande  (  en  hollan- 
dais) ,  etc.;  Leyde,  1753,  nss,  t.  I,  p.  347.  —  Le  même  , 
Historia  critica  Comitatus  Hollandise  et  Zelandix.  1. 1, 
p.  323;  t.  II,  p.  731-763.  —  Kluit,  Cad.  diplom.  Holland  , 
n°  353,  p.  936-966.  —  Dujardin,  Histoire  générale  des 
Provinces-Unies,  m,  206. 

FLORENT,  évêque  d'Utrecht.    Voy.  Weve- 

LICHOVEN. 

*  FLORENTINUS ,  jurisconsulte  romain,  con- 
temporain d'Ulpien  et  d'Alexandre  Sévère.  11 
jouit  longtemps  d'une  grande  réputation,  et  les 
Instantes  de  Justinien  reproduisent  plusieurs 
fois  les  principes  et  les  décisions  de  ce  légiste  ; 
divers  érudits  allemands  ont  travaillé  avec  zèle 
à  réunir  et  à  discuter  tout  ce  qu'on  a  pu  découvrir 
à  son  égard.  G.  B. 

A.-F.  Rivinus,  Z)e  Florentino,jurispr  ,  Testam ;  Wit- 

temberg,  1752,in-4°.  —  C.-J.  Walch,  Epist.  de  Flor.,  Icti 
philos.;  léna,  1754,  in-4°.  —  Chr.-G.  Jaspis,  De  Florentino 
ejusque  eleganti  Doctrina  ;  Chemnitz,  1753,  in-4<'.  — 
T.  SchmaVi,  Dissert,  de  Florent.;  Regiom.,  1801,  in-4<'.  — 
J.-T.  Matthews,  Diss.  de  Flor..  Icto.  ;  Leyde,  1801,  in-S". 

—  Ziramern,  Geschichte  des  RUm.  Privatrechis,  p.  381. 

*  FLORENTINUS ,  préfet  prétorien  de  la  Gaule 
sous  le  règne  de  Constance  II  (337-361  de  l'ère 
chrétienne  ) .  Son  administration  ty  rannique  excita 
l'indignation  de  Julien,  qui  refusa  de  sanctionner 

(1)  La  mort  de  Florent  fut  vengée  par  celle  de  Gérard 
de  Velsen,  qui,  pris  dans  cette  occasion, fut  amené  à  Leyde 
Il  fut  enfermé  dans  un  tonneau  plein  de  clous  et  roulé 
ainsi  par  toute  la  ville. 


949  FLORENTmUS  —  FLORES 

ses  ordonnances.  Lorsque  les  légions  reçurent 
l'ordre  embarrassant  de  revenir  en  Orient,  Flo- 
rentinus,  pour  échapper  à  la  responsabilité  de 
prendre  un  parti  entre  Julien  et  Constance,  s'obs- 
tina à  rester  à  Vienne  ^  sous  prétexte  de  remplir 
les  devoirs  de  sa  charge.  Mais  en  apprenant  la 
révolte  ouverte  des  troupes  et  le  choix  qu'elles 
avaient  fait  de  Julien  pour  aurjuste ,  il  reparut 
immédiatement  à  la  cour  de  Constance ,  pour 
montrer  sa  propre  fidélité  et  pour  faire  ressortir 
d'autant  le  crime  du  prince  rebelle.  En  récom- 
pense de  son  dévouement,  il  fut  nommé  consul 
pour  l'année  361  ,  et  préfet  prétorien  de  l'Illyrie 
à  la  place  d'Anatolius,  décédé  récemment.  Après 
la  mort  de  Constance,  Florentinus  s'enfuit  avec 
son  collègue.  Taurus  pour  éviter  la  colère  de 
l'empereur,  et  pendant  le  règne  de  ce  prince , 
se  tint  soigneusement  caché.  Il  fut  en  son  ab- 
sence jugé  et  condamné  à  la  peine  capitale.  Ju- 
lien refusa,  dit-on,  généreusement  de  s'informer 
de  l'endroit  où  se  cachait  son  ancien  ennemi. 

Julien,  Epist.,  18.  —  Aminien  Marcellln,  XVI,  la,  14; 
XVU,  3,  2;  XX,  4,  8,  90;  XXI  ;  XXII,  3,  6,  T.  —  Zosime, 
III,  10. 

*  FLOREKtiîstrs  ,  poète  latin,  vivait  vers  la 
fin  du  cinquième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  On  a 
de  lui  un  panégyrique  en  trente-neuf  vers,  con- 
sacré à  la  gloire  de  Thrasimond ,  roi  des  Van- 
dales, et  à  la  splendeur  de  Carthage  sous  son 
règne.  Ces  vers,  écrits  dans  un  langage  barbare, 
n'offrent  qu'un  tissu  de  flatteries.  Voy.  Félix 
FLivius  et  LuxoRius. 

Anthologià  Latina ,  VI,  85,  édit.  Burmann,  oïl  fto  290 
de  l'édit.  de  Mayer. 

*  FLORENTINUS,  écrivain  byzantin,  d'une  épo- 
que incertaine.  On  sait  du  moins  qu'il  ne  fut  pas 
postérieur  au  dixième  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
On  croit  qu'il  compila  les  Géoponiques  (  Tew- 
îtovtxà),  généralement  attribuées  à  Cassianus 
Bassus.  Cet  ouvrage,  fait  probablement  par 
ordre  de  Constantin  Porphyrogénète  ,  est  divisé 
en  vingt  hvres,  et  se  compose  d'extraits  de  divers 
auteurs,  dont  voici  les  noms  par  ordre  alphabé- 
tique :  Africanus  (  Sextus  Julius),  Anatolicus  de 
Béryte ,  Apulée ,  Aratus  de  Soles ,  Aristote  le 
philosophe,  Cassianus  Bassus ,  Damogéron,  Dé- 
mocrite  ,  Didyme  d'Alexandrie,  Dionysius  Cas- 
sius  d'Utique  ,  Diophatte  de  Nicéc ,  Florentinus , 
Fronton ,  Hiéroclès ,  gouverneur  de  la  Bithynie 
sous  Dioclétien,  Ilippocrate  de  Cos,  chirurgien 
vétérinaire  du  temps  de  Constantin  le  Grand, 
Leontinns  ouLeontius,  Nestor,  poète  du  temps 
d'Alexandre  Sévère,  Pamphile  d'Alexandrie, 
Paramus,  Pelagonius,  Ptolémée  d'Alexandrie, 
les  frères  Quinlihus  (  Gordianus  et  Maximus); 
Tarentinus ,  Theomnestus ,  Varron  ,  Zoroastre. 
Pour  donner  une  idée  des  divers  sujets  traités 
dans  les  Géoponiqves ,  il  suffira  d'indiquer  l'ob- 
jet particulier  de  chaque  livre.  Le  j)rernier 
traite  de  l'atmosphère,  du  lever  et  du  couciicr 
des  étoiles;  le  deuxième,  des  matières  générales 
concernant  l'agriculture ,  et  des  différentes  es- 
pèces de  blés  ;  le  troisième,  des  devoirs  particu- 


950 
liers  de  l'agriculteur  dans  chaque  mois  ;  le  qua- 
trième et  le  cinquième,  de  la  culture  delà  vigne; 
le  sixième,  le  septième  et  le  huitième,  de  la 
manière  de  préparer  le  vin;  le  neuvième,  de 
la  culture  de  l'olivier  et  de  la  manière  de  faire 
l'huile;  le  dixième,  le  onzième  et  le  douzième,  de 
l'horticulture  ;  le  treizième,  des  animaux  et  des 
insectes  nuisibles  aux  plantes;  le  quatorzième, 
des  pigeons  et  des  autres  oiseaux  ;  le  quinzième, 
des  sympathies  et  des  antipathies  naturelles  et 
de  l'élève  des  abeilles;  le  seizième,  des  chevaux, 
des  ânes  et  des  chameaux;  le  dix-septième,  de 
l'élève  des  bestiaux  ;  le  dix-huitième ,  de  l'élève 
des  bêtes  à  laine  ;  le  dix-neuvième,  des  chiens , 
des  lièvres,  des  bêtes  fauves,  des  porcs,  des 
salaisons;  le  vingtième,  des  poissons.  La  meil- 
leure édition  des  Géoponiques  est  celle  de  Ni- 
das;  Leipzig,  1781,  4  vol.  in-8".  Pour  les  au- 
tres détails  bibhographiques  sur  cet  ouvrage, 
voy.  Cassianus  Bassus. 

Needham,  Prolepomena  ad  Geoponica  ,•  Cambridge  , 
1704,  in-8o. 

FLORES  (Fra  Louis  ),  missionnaire  flamand  , 
né  à  Gand,  le  14  janvier  1576,  brûlé  au  Japon , 
le  29  août  1622.  il  passa  avec  sa  famille  en  Es- 
pagne, et  delà  à  Mexico,  où  il  entra  dans  l'ordre 
des  Dominicains.  Il  fut  envoyé  prêcher  l'Évan- 
gile dans  les  Philippines,  et  s'acquitta  avec  ferveur 
de  cette  mission,  d'abord  à  Manille,  puis  à  la  Nueva- 
Segovia.  De  retour  à  Manille ,  il  apprit  que  plu- 
sieurs de  ses  collègues  étaient  dans  les  fers  au 
Japon  ;  il  sollicita  et  obtint  de  ses  supérieurs 
l'autorisation  d'aller  partager  leur  sort.  Dans  la 
traversée  ,  il  fut  pris  par  des  pirates  hollandais, 
qui  le  retinrent  plus  de  deux  ans  prisonnier.  Ils 
le  livrèrent  ensuite  aux  Japonais,  qui  le  condam- 
nèrent au  feu.  Flores  a  écrit  Eelacion  de  los  suce- 
SOS  de  la  Christiandad  del  Japon  hasta  xxiv 
mayo  del  ano  MDCXXII. 

Antonio  de  Leone,  Bibliotheca  Orientalls.  —  Échard, 
Scriptores  Ordinis  Prxdicatorum ,  t.  II,  p.  428.  —  Ni- 
colas Antonio,  Bibliotheca  {nova)  Scriptorwn  Hispanix, 
t.  Il,  p.  35. 

*FLORES  {'Juan  de),  écrivain  espagnol,  qui 
vivait  vers  le  commencement  du  seizième  siècle. 
Il  composa  un  petit  roman  intitulé  :  La  Hïstoria 
de  Cerisel  y  Mirabella,  con  la  disputa  de  Tor- 
relias  y  Braçayda  ;  la  première  édition  vit  le 
jour  à  Séville,  1524  ;  elle  fut  suivie  d'une  autre, 
Tolède,  1526  :  toutes  deux  sont  très-rares.  La 
Disputa  est  une  ennuyeuse  discussion  sur  la 
question  do  savoir  lequel  des  deux  sexes  donne 
à  l'autre  le  plus  d'occasions  de  pécher;  cette 
controverse  étrange  est  jointe  aune  fiction  de  fort 
peu  d'intérêt,  mais  qui  a  grandement  attiré  l'at- 
tention des  critiques  anglais,  lesquels,  sachant 
que  cet  ouvrage  avait  été  promptement  traduit 
et  imprimé  à  Londres ,  ont  cru  découvrir  que 
Shakspearo  lui  avait  fait  des  cmpnmts,  qu'il 
avait  placés  dans  sa  pièce  La  Tempête.  Le 
livre  do  Flores  eut  d'ailleurs  en  Europe  une 
immense  vogue;  dès  1535  un  poète  français, 
Maurice  Lièvc,  le  traduisit,  en  l'intitulant  La  Dé- 


951 


FLORES  —  FLORIAN 


952 


plorable  Fin  de  Flamète;  cette  traduction 
changea  parfois  de  titre  (Le  Jugement  d' amour, 
auquel  est  racontée  l  histoire  d'Ysabel,  fille 
du  roi  d'Ecosse;  biL' Histoire  d'Aurelio  et  d'Isa- 
belle), et  obtint  douze  à  quinze  éditions  dans  le 
cours  du  seizième  siècle  ;  il  fut  également  traduit 
en  italien,  et  l'on  en  connaît  diverses  éditions  de 
Milan  et  de  Venise.  G.  B. 

Malone ,  édition  de  Sliakspeare.  —  Ticknor,  History 
of  Spanish  Literature  ,i.  III,  p.  77.  —  Bibliothèque  des 
Romans ,  avril  1778.  —  A.  Dinaux,  dans  le  Bulletin  du 
Bibliophile;  Paris,  1842,  p.  16.  —  J.-Ch.  Brunet,  Manuel 
du  Libraire,  t.  Il,  p.  296. 

FLORES  [André  ) ,  poëte  et  théologien  espa- 
gnol ,  né  en  Andalousie,  \ivait  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  Il  entra  dans  l'ordre  de  Saint- 
Dominique.  On  a  de  lui  :  Suma  de  toda  la  Es- 
criiuraSagrada,  en  verso  heroyco  castellano; 
il  reconnaît  .lui-même  que  Pierre  Ortis ,  curé 
dans  le  territoire  de  Madrid,  a  eu  la  plus  grande 
part  à  cet  ouvrage.  On  lui  attribue  aussi  un 
catéchisme  intitulé  :  De  la  Doctrina  Christiana  ; 
Tolède,  1552,  in-8°,  auquel  il  avait,  dit-on,  tra- 
vaillé par  ordre  de  l'empereur  Charles-Quint. 
Thomas  Tamajo  assure  que  ce  catéchisme  n'est 
point  d'André  Flores  ,  mais  d'un  ermite  hiéro- 
nymite ,  du  même  nom,  né  à  Torrijos,  dans  le 
diocèse  de  Tolède. 

Nicolas  Antonio,  Bibliotheca  Hiipana  nova.  —  Quétif 
et  Échard,  Scriptores  Ordinis  Prœdicatorum. 

*  FLORESTAN  i^''  (Tancrède-Roger-Louis 
Grimaldi),  prince  de  Monaco,  né  le  10  octobre 
1785,  mort  à  Paris,  le  20  juin  1856.  Il  épousa  le 
27  novembre  1810  la  princesse  Marie-Louise- 
Caroline  Gibert  de  Lamet,  et  succéda  à  son  frère 
Honoré  V,  le  4  octobre  1841  (1).  Lors  des  évé- 
nements de  1 848 ,  Menton  et  Roquebrune  se  sou- 
levèrent contre  Florestan,  et  firent  cause  com- 
mune avec  Charles- Albert.  Après  la  défaite  de 
Novare ,  ces  deux  villes  demandèrent  à  être  an- 
nexées au  Piémont,  et,  malgré  les  réclamations 
du  prince  Florestan,  la  chambre  élective  sarde  fit 
droit  à  leur  vœu.  Mais  ce  projet  d'annexion  n'a 
pas  encore  été  complètement  ratifié,  et  les  choses 
restent  dans  l'ancien  état.  Le  prince  Florestan  ré- 
sidait habituellement  à  Paris,  oîi  il  figurait, dans 
sa  jeunesse,  au  théâtre  de  l'Ambigu-Comique. 

En  1853,  le  prince  Charles -Henri  Grimaldi, 
duc  de  Valentinois,  né  en  1818,  fils  et  successeur 
de  Florestan  I*"^,  essaya  de  provoquer  en  sa  fa- 
veur une  démonstration  pubfique  à  Menton  ;  mais 
à  peine  fut-il  reconnu  que  le  peuple  s'ameuta 

(1)  La  principauté  de  Monaco  se  compose  de  trois 
petites  villes ,  Monaco ,  Menton  et  Koquebrune ,  dont  la 
population  ne  s'élève  pas  à  plus  de  7,000  âmes,  et  les 
revenus  à  1,500,000  fr.  environ.  Réunie  à  la  France  en 
1793,  elle  (ut  reconstituée  en  souveraineté  indépendante 
lors  les  traités  de  1815-1816,  qui  rétablirent  le  statu  quo 
ante  bellum ,  et  Honoré  V,  sur  les  réclamations  de  son 
secrétaire.  Anglais  de  naissance,  put  remonter  sur  le  trône 
de  ses  ancêtres.  Seulement,  à  cause  de  l'insuffisance  des 
revenus  de  l'État  pour  entretenir  une  force  armée  capa- 
ble de  sauvegarder  l'ordre  public  ,  le  congrès  de  Vienne 
décida  que  la  principauté  de  Monaco  serait  mise  sous  le 
protectorat  de  la  Sardaigne,  et  que  cette  puissance  y 
entretiendrait  garnison. 


contre  lui,  et  il  ne  dut  son  salut  qu'à  l'interven- 
tion de  la  garde  nationale  et  des  carabiniers 
sardes,  qui  le  conduisirent  en  prison.  Transféré  à 
Gênes,  il  fut  immédiatement  mis  en  liberté. 
Depuis  la  mort  de  son  père  il  a  pris  le  titre  de 
prince  de  Monaco,  sous  le  nom  de  Charles  III;  il 
a  épousé,  le  28  septembre  1846,  la  comtesse  An- 
toinette de  Mérode.  G.  Vitali. 

Brofferlo,  Histoire  du  Piémont.  —  La  Farina,  His~ 
taire  d'Italie.  —  Documents  inédits. 

FLOREZ  {Henri),  archéologue  et  numismate 
espagnol,  né  à  Valladolid,  le  14  février  1701, 
mort  en  1773.  Il  entra  dans  l'ordre  de  Saint- Au- 
gustin en  1715,  et  consacra  sa  vie  à  de  grands 
travaux  sur  l'iiistoire  civile  et  ecclésiastique  de 
l'Espagne.  On  a  de  lui  :  Cursus  Theologise; 
1732-1738,  5  vol.  in-4°-,  —  Clave  istorical  ; 
Madrid,  1743,  in-4°.  C'est  un  livre  dans  le  genre 
de  ÏArt  de  vérifier  les  dates.  Comme  ce  der- 
nier ouvrage  ne  parut  qu'en  1750,  Florez  aies  hon- 
neurs de  la  priorité.  —  La  Espana  sagrada , 
0  theatro  geographico-histarico  de  la  Iglesia 
de  Espana;  Madrid,  1747-1779,  29  vol.  in-4°. 
Cette  histoire  de  l'Église  a  été  continuée  par  les 
PP.  Risco  etFernandès;  elle  est  pour  l'Espagne 
ce  que  la  Gallia  christiana  est  pour  la  France  ; 
—  Espana  carpetana;  medallas  de  las  colo- 
nias ,  municipios  y  pueblos  antiquos  de  Es- 
pana; Madrid,  1757-1775,  3  vol.  grand  in-4°  ;  — 
Disertacion  de  la  Cantabria;  Madrid,  1768, 
in-4'';  —  Memorias  de  las  Reynas  Catolicas; 
1770, 2  vol.  in-4''  ;  —  des  éditions  fort  estimées  de 
quelques  ouvrages,  entre  autres  la  Relacion  del 
Viaje  literario  de  Ambrosio  Morales;  Madrid, 
1765,  in-fol.  Florez  était  associé  correspondant 
de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-lettres. 

Boutepweck,  Hist.  de  la  Littérature  espagnole. 

FLORIAN  (Jean-Pierre  Claris  de),  littéra- 
teur français,  né  le  6  mars  1765,  au  cliàteau  de 
Florian,  près  de  Sauve  (  aujourd'hui  département 
du  Gard),  mort  à  l'orangerie  de  Sceaux,  le  13  sep- 
tembre 1794.  «  Sur  les  bords  du  Gardon,  au 
pied  des  hautes  Cévennes,  entre  la  ville  d'An- 
duze  et  le  village  de  Massanne,  est  un  vallon  où 
la  nature  semble  avoir  rassemblé  tous  ses  tré- 
sors :  »  c'est  dans  ces  lieux  poétiques  que  vint 
au  monde  Florian.  Les  premières  années  de  sa 
vie  restèrent  profondément  gravées  dans  sa  mé- 
moire ;  jusqu'à  sa  mort  il  se  plut  à  les  raconter 
à  ses  amis.  Avant  d'être  enfermé  au  collège  de 
Saint-Hippolyte,  il  vécut  quelque  temps  chez  son 
père,  dans  le  château  bâti  à  grands  frais  par  son 
aieul  :  car,  dit-il,  «  c'était  un  gentilhomme  qui 
dissipait  son  bien  avec  les  femmes  et  les  ma- 
çons ».  Le  jeune  Florian  eut  beaucoup  de  maî- 
tres. L'un  d'entre  eux  le  menait  souvent  chez 
une  demoiselle  de  la  rue  des  Prêtres,  qui  demeu- 
rait à  u;i  cinquième  étage  et  peignait  des  éven- 
tails. «  Je  remarquai ,  racontait-il  plus  tard  lui- 
même,  qu'il  avait  toujours  quelque  chose  à  lui 
dire  en  particulier,  ce  qui  les  obligeait  de  passer 
dans  la  chambre  d'à  côté.  Un  jour  j'eus  la  eu- 


953 


FLORIAN 


954 


riosité  d'aller  regarder  par  le  trou  de  la  serrure  ; 
je  les  vis  qui  causaient,  mais  d'une  manière  qui 
me  rendit  rêveur  plus  de  huit  jours.  »  Le  hasard 
lui  mit  dans  les  mains  comme  premier  livre 
d'études  une  traduction  de  l'Iliade;  il  le  relut 
plusieurs  fois,  et  aimait  à  se  transporter  dans 
ce  monde  de  héros  grecs.  En  juillet  1765,  il 
obtint  une  faveur  alors  enviée  de  l'Europe  en- 
tière :  il  fut  présenté  à  Voltaire.  La  sœur  de  ma- 
dame Denis  (nièce  de  Voltaire)  avait  épousé  un 
oncle  de  Florian  :  les  deux  nièces  amenèrent  l'en- 
fant à  l'hôte  de  Ferney.  Grâce  à  ses  reparties 
heureuses,  il  fut  reçu  avec  une  amabilité  toute 
particulière;  on  le  surnomma  Floriannet,  et  on 
écrivit  pour  lui  de  jolies  chansons,  qui  nous  ont 
été  conservées.  Trois  années  après,  Florian  fut 
nommé  huitième  page  du  duc  de  Penthièvre. 
Pour  se  faire  bien  venir  auprès  de  ses  cama- 
rades, il  dépensa  une  partie  de  son  argent  en  café 
et  en  liqueurs,  et  il  en  gagna  «  une  maladie  assez 
sérieuse  ».  A  quelque  chose  malheur  est  bon; 
depuis  ce  jour  Florian  devint  sobre,  et  ne  se 
rendit  plus  malade.  C'est  aussi  quelque  temps 
après  qu'il  improvisa  pour  son  maître  un  Ser- 
mon sur  la  mort,  dont  on  nous  a  conservé 
entre  autres  ce  passage,  digne  d'un  prédicateur  : 
«  Ce  grand  de  la  terre  qui,  fier  de  sa  haute 
naissance,  se  croit  pétri  d'un  limon  plus  noble 
que  le  mien,  doit  tout  à  la  mort  ;  il  tient  d'elle 
seule  tout  ce  qui  fait  sa  fausse  gloire.  Qu'il  ose 
produire  les  titres  qui  l'élèvent  au-dessus  de 
ses  égaux  !  chacun  de  ces  titres  est  un  bienfait 
de  la  mort.  Sa  noblesse?  elle  est  appuyée  sur 
un  monceau  de  cadavres  ;  plus  le  monceau 
grossit,  plus  elle  devient  illustre.  Ses  dignités , 
à  qui  les  doit-il  ^  à  la  mort,  qui  a  moissonné  ceux 
qui  les  avaient  méritées.  » 

Florian  avait  étudié  Horace  et  Virgile  ;  il  savait 
Là  Henriade  par  cœur  ;  il  voulut  aussi  connaître 
les  mystères  de  la  science.  On  l'envoya  donc  à 
l'école  de  Bapaume  :  il  y  travaillait  beaucoup  et 
s'y  amusait  tout  autant.  «  Oui ,  s'écrie-t-il , 
avant  dix-sept  ans  j'étais  assez  heureux  pour 
posséder  une  maîtresse,  un  coup  d'épée  et  un 
ami.  »  Mais  quel  ami  !  un  bretteur,  qui  le  lance 
dans  nombre  d'affaires  qui  lui  valent  plusieurs 
mois  de  cachot.  Le  jeune  homme  mit  dès  lors  en 
pratique  ces  mots,  qu'il  écrivit  plus  tard  :  «  La 
joie  ressemble  au  soleil  d'hiver,  qui  se  lève  tard 
et  se  couche  de  bonne  heure  ;  »  il  ne  ressemblait 
donc  guère  au  timide  et  mélancolique  Florian 
de  la  plupart  des  biographes.  Après  avoir  dé- 
pensé gaiement  sa  jeunesse  et  son  patrimoine, 
il  revint  auprès  du  bon  duc  de  Penthièvre,  qui 
lui  fit  obtenir  une  pension  de  la  cour,  et  l'atta- 
cha à  sa  personne  avec  le  titre  de  son  gentil- 
homme. Dès  lors  il  se  consacra  tout  entier  au 
culte  des  lettres. 

Les  œuvres  qui  fondèrent  la  réputation  de 
Florian  sont  :  Galatée,  puis  Estelle  :  ces  deux 
fictions,  où  le  goût  de  l'époque  est  étudié  de  la 
façon  la  plus  parfaite,  réussirent  avec  cet  éclat 


dont  la  mode  est  toujours  suivie  ;  on  les  lit  au- 
jourd'hui encore  avec  un  certain  intérêt,  un 
doux  plaisir,  qui  ne  manqué  pas  de  charme. 
Numa  Pompilius  eut  un  moindre  succès  ;  quoi- 
que d'un  style  correct,  ce  roman  possède  au 
plus  haut  degré  le  défaut  capital  de  ses  aînés , 
la  prétention  ;  néamoins,  on  y  trouve  çà  et  là  de 
bonnes  idées  et  d'éloquentes  paroles.  Sa  tra- 
duction de  Don  Quichotte,  très-bien  écrite,  eut 
un  succès  mérité,  quoi  qu'en  aient  dit  des  tra- 
ducteurs plus  récents,  qui  savaient  peut-être 
moins  bien  l'espagnol  que  Florian.  Son  Gonzalve 
de  Cor  doue  est  précédé  d'une  introduction, 
chapitre  d'une  histoire  d'Espagne  que  Florian 
avait  dessein  d'écrire.  Mais  ce  qui  mit  le  sceau  à 
sa  réputation,  ce  sont  ses  fables ,  qui  ont  quelque 
chose  de  la  naïveté  et  de  l'élégance  que  le  maîti'e 
du  genre,  La  Fontaine,  a  mises  dans  les  siennes. 
En  1788,  l'Académie  l'admit  dans  son  sein,  après 
avoircouronnédeuxde  ses  œuvres.  L'une  d'elles  : 
Voltaire  et  le  serf  du  mont  Jura,  discours  en 
vers  libres ,  faillit  le  faire  enfermer  à  la  Bastille. 
On  commençait  à  craindre  ces  transfuges  du 
parti  noble  par  qui  la  cause  du  peuple  était 
embrassée  avec  ardeur.  La  parole  de  Voltaire 
avait  porté  des  fruits  dans  l'âme  de  son  élève  : 
la  fable  des  Singes  et  du  Léopard  dut  être 
conçue  à  Ferney.  L'une  des  passions  de  Florian 
fut  le  théâtre  :  il  a  écrit  plusieurs  pièces,  qui 
ont  joui  longtemps  d'un  succès  mérité.  Ses  amis 
se  rappelaient  encore  dans  leur  vieillesse  la  ma- 
nière dont  il  jouait  en  société  les  rôles  de  cet 
Arlequin  sentimental  qu'il  a  pour  ainsi  dire  in- 
venté ;  car  personne  avant  lui  n'avait  pensé  à 
faire  éprouvera  ce  personnage  balourd  les  tran- 
quilles émotions  de  l'âme.  La  vie  de  Florian  était 
celle  d'un  homme  de  bien,  plein  de  franchise, 
ayant  des  tendances  fort  libérales  :  la  révolution 
n'aurait  pas  songé  à  lui  s'il  n'avait  pas  à  plaisir 
attiré  ses  regards.  Une  fois  dans  les  serres  du 
comité  de  salut  public,  en  vain  Guillaume  Tell 
prouva  son  civisme,  en  vain  ses  letti'es  furent 
éloquentes;  il  eut  beau  s'écrier  :  «  Un  fabuliste, 
un  berger,  le  chantre  de  Galatée  etd' Estelle  peut- 
il  commettre  des  crimes  ?  peut-il  seulement  en 
concevoir?  Si  l'on  me  croit  coupable,  qu'on  me 
juge  ;  mais  si  je  suis  innocent,  que  l'on  me  rende 
à  la  liberté ,  à  mes  ouvrages,  à  mes  ouvriers 
d'imprimerie,  que  j'ai  fait  vivre  depuis  quinze 
ans ,  et  que  ma  détention  empêche  de  poursui- 
vre une  très-grande  entreprise.  »  On  ne  l'écouta 
pas.  Le  9  thermidor  le  rendit  à  la  liberté  ;  mais 
le  chagrin  et  l'effroi  l'avaient  frappé  à  mort,  et 
il  ne  quitta  les  prisons  que  pour  aller  s'éteindre 
dans  les  bras  de  ses  amis.  Il  fut  inhumé  à 
Sceaux.  Ainsi  ne  purent  être  exaucés  les  vœux 
que  jadis  il  formulait  si  poétiquement  en  ces 
termes  :  «  Que  ne  puis-je  être  certain  de  repo- 
ser sous  le  grand  alisier  de  mon  village,  où  les 
bergères  se  rassemblent  pour  danser  !  Je  vou- 
drais que  leurs  mains  pieuses  vinssent  arracher 
le  gazon  qui  couvrirait  mon  tombeau;  que  les 


95^ 


FLORIAN  —  FLORIDUS 


956 


enfants,  après  leurs  jeux,  y  jetassent  leurs  bou- 
quets effeuillés;  je  .voudrais  enfin  que  les  bergers 
de  la  contrée  y  fussent  quelquefois  attendris,  en 
y  lisant  cette  inscription  : 

Dans  cette  demeure  tranquille 
Kepose  notre  bon  ami , 
Il  vécut  toujours  à  la  ville, 
Et  son  cœur  fut  toujours  ici.  » 

Florian,  quoique  petit,  était  bien  fait  ;  sa  physio- 
nomie franche  portait  l'empreinte  d'une  douce 
mélancolie  :  ses  yeux  surtout,  grands  et  noirs, 
signes  brillants  de  sa  rare  intelligence  poétique, 
plaisaient  d'abord  et  lui  assuraient  la  sympathie 
de  tous.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités,  onadelui  : 
Le  Baiser,  comédie  en  trois  actes  ;  i782,in-8°  ;  — 
Le  Bon  Ménage,  comédie  en  un  acte  ;  1783,  in-8"  ; 
—  Le  Bon  Pète;  comédie  en  un  acte;  —  La 
Bonne  Mère,  comédie  en  im  acte  ;  —  Jeannot 
et  Colin,  comédie  en  trois  actes  (imitée  plus  tard 
par  Etienne  )  ;  —  Blanche  et  Vermeille,  pasto- 
rale en  deux  actes  ; — Les  Jumeaux  de  Bergame, 
comédie  en  un  acte; —  Éloge  de  Louis  XII; 
1785;  —  Ruth,  églogue  couronnée  par  l'Aca- 
démie; 1784;  — Jeunesse  de  Florian,  ou  mé- 
moires d'un  jeune  Espagnol  :  fort  curieuse 
histoire  des  premières  années  de  notre  écrivain, 
retrouvée  par  Pujoulx  dans  ses  papiers  et  publiée 
en  1807,  in-18;  —  Eliézer  et  Nephtali;  — 
Mélanges  de  Poésie  et  de  Littérature  ;  il  87 
et  1806;—  Six  Nouvelles;  1784,  in-18;  — 
Nouvelles  noiivelles;  1792,  in-12; —  Lettres 
à  M.  Boissy  d'Anglas;  1807  (posthume).  —La 
meilleure  édition  de  ses  Œuvres  complètes  est 
celle  donnée  par  Renouard,en  16  vol.  in-18, 1820, 
à  laquelle  il  faut  joindre  les  Œuvres  inédites  pu- 
bliées par  Guilbert  de  Pixérécourt,  en  4  vol., 
1824.  On  attribue  à  Florian  :  Henriette  Stuart, 
traduit  de  l'anglais;  Lausanne,  1795,  2  vol. 
in-12.  Ce  roman  n'a  jamais  été  réimprimé.  Le 
nom  de  Florian  sert  aussi  de  titre  à  une  pièce 
de  Bouilly  et  Piis ,  jouée  au  Vaudeville,  le  27  fri- 
maire an  IX  (  décembre  1800  ).  Louis  Lacour. 
Rosny,  Fie  de  Florian;  an  v,  in-18.  —  Lacretelle, 
■  Éloyo  de  Florian;  1812.  —  Jauftret,  Éloge  de  Florian; 
1812.  —  Fables;  éd.  Jnmel;  id.,  éd.  Ponthieu,  id.,  éd. 
Froment.  —  Voltaire,  Correspondance. 

FLORIAK   nOCASIPO.  Voy.  DOCAMPO. 
*FL0KÏGER!0     OU    FLORïGORÎO    {ScbaS- 

tiano,  dit  Bastianello),  peintre  de  l'école  véni- 
tienne, né  à  Udine,  florissait  vers  1533,  et  mou- 
rut âgé  ^'environ  quai-ante  ans.  Élève  de  Pel- 
legrino  da  San-Daniele ,  il  semble  s'être  proposé 
le  Giorgione  pour  modèle,  surtout  dans  son 
meilleur  ouvrage,  peint  pour  le  maître  aute!  de 
l'église  Saint-Georges  à  Udine  :  dans  le  haut  on 
voit  la  Vierge  dans  une  gloire,  et  dans  le  bas,  au 
milieu  d'un  beau  paysage,  saiiit  Jean  et  saint 
Georges  à  cheval  terrassant  le  dragon.  L'au- 
teur s'est  peint  lui-même  sous  les  traits  de  saint 
Georges.  Dans  ce  bel  ouvrage,  le  plus  estimé  des 
tableaux  existant  à  Udine ,  et  qui  suffirait  seul 
pour  faire  la  réputation  d'un  peintie,  Florigerio 
a  joint  une  composition  riche  et  abondante  à  une 


vigueur  de  coloris  qui,  dans  quelques  autres  de 
ses  ouvrages,  dégénère  parfois  en  crudité.  Flo- 
rigerio excella  dans  la  peinture  de  portraits.  Il 
ne  reste  rien  des  fresques  qu'il  avait  exécutées 
à  Udine  ;  mais  on  en  voit  encore  quelques-unes 
à  Padoue.  e.  B — n. 

Kenaldi,  Be.lla  Pittura  Friulana.  —  Ridolfi,  Délia 
Pittura  Keneziana.  —  Vasari ,  Vite.  —  Orlandi,  Âbbe- 
cedario.  —  Lanzi,  Storia  délia  Pittura.  —  Siret,  Dict. 
hist.  des  Peintres. 

*FLORiAi«us  {M.  Annius),  frère  utérin  de 
l'empereur  Tacite,  mourut  en  276  de  l'ère  chré- 
tienne. Après  la  mort  de  Tacite,  il  prit  la  pour- 
pre impériale,  comme  s'il  eût  été  son  héritier  lé- 
gitime. Cette  hardiesse  réussit  en  partie.  Son 
autorité,  sans  être  formellement  reconnue,  fut 
tolérée  par  le  sénat  et  par  les  armées  d'Occi- 
dent. Les  légions  de  Syrie  ne  se  soumirent  pas, 
et  donnèrent  la  pourpre  à  leur  général  Probus. 
Une  guerre  civile  s'ensuivit;  elle  fut  brusque- 
ment terminée  par  la  mort  de  Florianus,  qui 
tomba  sous  les  coups  de  ses  soldats,  ou  qui  se 
tua  de  ses  propres  mains-,  après  avoir  joui  pen- 
dant deux  mois  environ  (juin  et  juillet  276)  de 
la  dignité  impériale. 

Zonaras,  XII,  29.  —  Zosime,  I,  64.  —  Aurelius  Victor, 
Cœsares,  39,  37;  Epist.,  36.  —  Eutrope,  IX,  10.  —  Vo- 
piscus,  florianus. 

*FL«RiANl  (Francesco),  architecte  et  peintre 
de  l'école  vénitienne ,  né  à  Udine,  florissait  de 
1Ô65  à  1586.  11  fut  élève  de  Pellegrino  di  San- 
Daniele.  Il  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie 
à  Vienne ,  au   service  de  l'empereur  Maxinii- 
lien  II,  auquel  il  dédia  un  recueil  de  dessins  à  la 
plume  renfermant  une  foule  de  projets  de  théâ- 
tres, palais,  ponts,  arcs  de  triomphe  et  autres 
fabriques.  Floriani  a  laissé  à  Udine  deux  ta- 
bleaux portant  les  dates  de  1579  et  1586.  Son 
chef-d'œuvre,  un  tableau  à  compartiments  con- 
1  tenant  chacun  une  figure  de  saint,  tableau  qu'il 
avait  peint  pour  l'église  de  Reana  près  Udine , 
I  a  été  vendu,  et  doit  se  trouver  dans  quelque 
j  collection  particulière.  Floriani  excella  surtout 
j  dans  la  peinture  de  portraits,  et  quelques  au- 
I  teurs  n'ont  pas  craint  de  le  comparer  au  Mo- 
1  roue.  E.  B — n. 

i  Renaldi,  Délia  Pittura  Friulana.  —  Orlandi ,  Abbece- 

\  dario.  —  Lanzi.  Storia  délia  Pittura.  —  Tioozzi,  Dizio- 

I  nario.  —  Siret,  Dictionnaire  historique  des  Peintres. 

\  FLOMDA-BLANCA.   Voy.  MONINO. 

j  FLORiDï;  (  Marquis  de  La  ).  Voy.  La  Flo- 

j  RmA. 

j  FLOEiDOR.    Voyez  SouLAS  DK    Frinefosse 

I  {Josias). 

I  *  FLORIDUS  (François),  philologue  italien, 

i  surnommé  Sabinus ,  né  à  Donadeo  (  Sabine  ) , 

I  vers  1500,   mort   en    1547.   Après  avoir  en- 

I  seigné  le  grec  et  le  latin  à  Bologne,  il  fut  appelé 

\  en  France  par  François  ^^  A  la  demande  de  0,6 

''  prince ,  il  commença  une  traduction  de  VOdyssée 

I  en  vers  latins  ;  mais  une  mort  prématurée  ï'em- 

!  pécha  d'achever  cet  ouvrage.  On  a  de  lui  :  Apo- 

1  logia   in   Plauti  aliorumque  poetarum   et 

■  linguœ  latlnse  calumniatores  ;  accessit  libellns 


957  FLORIDUS 

de  legum  commèntaforibus ;  Lyon,  1537, 
!n-4°;  —  Lectïonum  subcesivarum  Libri  très; 
Bologne,  1539,  111-4";—  Adversus  Stephani 
Doleti  calumnias  Liber  ;Iiome,  1541,iii-4°;  — 
De  Juin  Csesarls  Preestantia  Libri  très  ;  Bàle, 
1540,  in-fol.;  —  Hovieri  Odysseœ  Libri  oeto 
priores,  latinïs  versibus  redditl;  Paris,  1545, 
ia-4". 

Balllet ,  Jugements  des  Savants,  t.  II,  p.  133  et  289.  — 
Morérl,  Crand  Dictionnaire  historique, 

FLORîuus.  Voij.  Fleury  {Julien)&i  Masek. 
FLORiEJf    (  Marc- Antoine,).    Voyez   Flo- 

UIANUS. 

*  FLORIN  {Jean),  fameux  marin  français, 
vivait  en  1521.  Il  se  distingua  par  son  courage 
et  son  expérience,  et  était  l'un  des  meilleurs  ca- 
pitaines protestants  de  La  Rochelle.  11  comman- 
dait sons  François  1°'"  six  navires  rochellois,  et 
faisait  la  course  contre  les  Espagnols.  II  ren- 
contra en  1521 ,  à  10  lieues  du  cap  Vincent,  trois 
caravelles  parties  de  la  Vera-Cruz  et  envoyées 
par  Fernand  Cortez  à  Charles-Quint.  Ces  na- 
vires portaient  les  procuradores  de  la  Nueva- 
Espana,  Alonso  Davila  et  Antonio  Quinones,  et 
étaient  chargés  de  tous  les  ouvrages  précieux 
d'or  et  d'argent  provenant  du  pillage  de  Mexico 
(13  aov'it  1521  ).  Jean  Florin  s'empara  de  deux 
des  c&ravelles;  la  troisième  put  gagner  l'île 
Sainte-Marie  (l'une  des  Açores).  Quinones  fut 
tué  dans  l'action  et  Davila  conduit  à  La  Rochelle, 
où  il  demeura  trois  ans  prisonnier.  Le  butin  fut 
incalculable.  Fiançois  T'  s'empara  de  la  plus 
grande  partie  eu  disant  «  que  le  roi  très-chré- 
tien était  lils  d'Adam  aussi  bien  que  le  roi  ca- 
tholique ■>>,  A.  DE  L. 

Antonio  de  Herrera,  Historia  gênerai  de  los  kecàos 
de  los  Castellanos  en  las  islas  y  tierra  firma  del  mar 
(tceano,  dec.  III,  lib.  IV,  cap.  i  et  xx. 

FLOîiîisîJs  (Henri),  théologien  finlandais, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  dirigea  une  école  à  Tawastehus  (Fin- 
lande), et  obtint  l'archidiaconat  de  Pemar.  On  a 
de  lui  :  Epitome  Theologiee  ;  1667;  —  Nomen- 
clatura  Latinb-Suecico-Finnica;  !678;  —  By- 
peraspistes,  seu  defensio  veritatis  adversus 
en-ores  Joh.  Heseri;  î694. 

Gezelius,  Bio'jr.  Lcx. 

FLORIG  {François),  romancier  italien,  né  à 
Florence,  vivait  au  quinzième  siècle.  Sa  vie  est 
inconnue;  on  est  même  ailé  jusqu'à  nier  son 
existence.  On  a  sous  son  nom  un  ouvrage  in- 
titulé :  De  amore  Camltli  et  /Emiliœ,  Aretino- 
ninn,  liber.  On  lit  à  la  fin  :  Liber  editiis  in 
(lomo  domini  Guillermi,  archiepiscopi  Tiiro- 
nensis,  pridie  kalendas  jamcarii ,  anno  Do- 
mini 14*67.  On  a  conclu  de  ces  lignes  que  Florio 
était  secrétaire  de  l'archevêque  de  Tours ,  et  que 
son  livre  fut  imprimé  en  1467.  La  première  de 
ces  assertions  est  assez  probable,  la  seconde 
est  controuvce'.  Le  roman  de  Florio  fut  imprimé 
pour  la  première  ibis  à  Paris,  par  Pierre  Cjesaris 
etJeanStol,  vers  1475,  in-4".  Jean  Maan  citeen- 
core  de  Florio  une  lettre  restée  manuscrite  et 


FLORIOT 


958 


intitulée  :  Epistola  ad  Jacobum  Tarlatum  de 
commendatione  urbis  Turonensis. 

Foncemagne ,  Mémoires  de  l'.lcad.  des  Inscriptions, 
t.  VII.  —  Jean  Maan,  Hist.  des  Archevêques  de  Tours. 

FLORIO  {Jean  ),  surnommé  le  Résolu,  philo- 
logue et  traducteur  anglais,  né  à  Londres,  vers 
1540,  mort  en  1625.  Il  descendait  de  la  famille 
Toscane  des  Florii.  Son  père  et  sa  mère,  qui 
étaient  protestants,  quittèrent  la  Valteline  pour 
éviter  la  persécution ,  et  se  réfugièrent  en  An- 
gleterre. L'avènement  de  Marie  les  força  de  cher- 
cher un  autre  asile.  Ils  revinrent  en  Angleterre 
sous  le  règne  d'Elisabeth.  D'abord  professeur 
d'italien  et  de  français  à  l'université  d'Oxford, 
Florio  fut  ensuite  chargé  d'enseigner  ces  deux 
langues  au  prince  Henri,  fils  de  Jacques  F'.  Il 
devint  plus  tard  gentilhomme  de  la  chambre  et 
secrétaire  de  .  la  reine.  On  a  de  lui  :  First 
Fruits,  wich  yieldfamiliar  speech,  merrypro- 
ver bs,  witty  sentences,  and  golden  sayings; 
1578,  in-4";  1591,  in-S";  —  Perfect  Introduc- 
tion to  the  Italian  and  English  Tongnes, 
imprimé  avec  l'ouvrage  précédent;  —  Second 
Fruits,  to  be  gathered  of  twelve  trees,  of  di- 
vers but  delightsome  taste  to  the  Tangues  qt 
Italian  and  English  Men  ;  1591,  in-8°;  — 
Garden  of  Récréation,  yielding  six  thousand 
Italian  proverbs;  Dictionary  Italian  and 
ffjîfjto/i;  1597,  in- fol.;  réimprimé  en  1611,  in-fol., 
sous  le  titre  de  Queen  xinna's  neio  World  qf 
ivords.  Florio  traduisit  en  anglais  les  Essais  de 
Montaigne  ;  i603,  1613,  1632.  Il  avait  épousé  la 
sœur  du  poète  et  historiographe  Samuel  Daniel. 

VVood,  Athenie  OxoniensKS.  —  Chalrncrs,  General  bio- 
çiraphical  Dictionary . 

FLORIO  {Danielle,  comte),  poète  italien, 
né  à  Udine,  en  1710,  mort  dans  la  même  ville, 
en  1789.  Après  avoir  fait  ses  études  à  l'univer- 
sité de  Padoue,  il  se  fit  connaître  par  des  poé- 
sies qui  ont  été  recueillies  sous  le  titre  de  Poésie 
varie  ;\]i\m(i,  1777,in-4°. 

Son  frère  aîné,  François  Florio,  né  à  Udine,  en 
1705,  mort  dans  la  même  ville,  le  13;mars  1791, 
cultiva  particulièrement  l'archéologie  sacrée  et 
[)rofane,  et  inséra  plusieurs  dissertations  dans 
les  Memorie  de  la  Société  Colombaire.  Il  publia 
aussi  un  Éloge  funèbre  de  Daniel  Florio; 
Udine,  1790,  in-4''. 
liiografia  imiversale  C  êdlt.  de  Venise  ). 

FLORIOT  {Pierre),  théologien  français,  né 
dans  le  diocèse  de  Langres,  en  1 604,  morl  »  Paris, 
le  l*^"' décembre  1691.  Dans  sa  jeunesse  il  demeura 
au  Jardin  des  Plantes,  chez  Bouvard,  premier  mé- 
decin du  roi  Louis  XIII.  Plus  tard  il  dirigea  une  des 
petites  écoles  de  Port-Royal.  Il  devint  ensuite  curé 
des  Lais,  paroisse  à  quelques  lieues  de  Paris,  et 
finit  par  être  confesseur  des  religieuses  de  Port- 
Royal-des-Champs.  On  a  de  lui  :  La  Morale  du 
l'ater;  Rouen,  1672,  in-4".  H  a  été  fait  beau- 
coup d'éditions  de  cet  ouvrage;  la  pins  complète 
a  été  publiée  sous  ce  titre  :  La  Morale  chré- 
tienne, rapportée  aux  instructions  que  Jé- 
sus-Christ nous  a  données  dans  Z'Oraison  do- 


959 


FLORIOT  —  FLORIS 


960 


minicale;  Rouen,  1741,  5  vol.  in-12;  — Ho- 
mélies morales  sur  les  évangiles  de  tous  les 
dimanches  de  l'année ,  et  sur  les  principales 
fêtes  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  de  la 
sainte  Vierge;  Paris,  1677,  2  vol.  in-4°;  — 
Traité  de  la  Messe  de  paroisse;  Paris,  1679, 
in-8°;  —  Recueil  de  pièces  concernant  la  mo- 
rale chrétienne,  Rouen,  1745,  in-12. 

Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique, 

FLORIS.  Voy.  VRiE\nT(DE). 

FLORIS  { Peters  -  Williamson  ) ,  voyageur 
allemand ,  né  à  Dantzig,  mort  à  Londres,  en  dé- 
cembre 1615.  Il  passa  en  Hollande,  s'y  livra  au 
commerce  avec  les  pays  asiatiques  ,  fit  en  1608 
un  voyage  à  Siam,et  acquit  une  grande  réputation 
d'expérience  et  d'habileté.  La  Compagnie  anglaise 
des  Indes  orientales  (fondée  depuis  1599)  lui  offrit 
de  brillantes  conditions  s'il  consentait  à  naviguer 
pour  ses  intérêts.  Floris  accepta  les  propositions 
de  cette  société,  et  se  rendit  à  Londres.  Le  2  jan- 
vier ICIO,  il  s'embarqua  en  qualité  de  facteur  à 
bord  du  navire  Globe,  capitaine  Hippon,  et 
le  2 1  mai  suivant  il  atterrit  dans  la  baie  de  Sal- 
danha,  à  l'extrémité  sud  de  la  côte  occidentale 
de  l'Afrique.  Il  s'occupa  activement  de  la  recher- 
che du  ginseng  (panax  vera  ),  plante  originaire 
du  Japon  et  de  la  Chine,  et  à  laquelle  on  attri- 
buait alors  des  vertus  merveilleuses.  Floris  n'en 
recueillit  qu'une  très-petite  quantité,  la  saison 
n'étant  pas  encore  favorable  pour  cette  récolte. 
Le  l*""  août  il  doubla  la  pointe  de  Galles,  ex- 
trémité méridionale  du  Dekkan,  et,  passant  de- 
vant Négapatam ,  s'arrêta  à  Pulicate.  Dès  le  len- 
demain de  son  arrivée ,  van  Wersicke,  président 
de  l'établissement  hollandais  sur  cette  côte,  lui 
déclara  que  ses  compatriotes  avaient  obtenu  du 
souverain  du  pays,  résidant  à  Narsinga,  un  kaul 
ou  privilège  qui  leur  conférait  le  monopole  du 
commerce.  Floris  et  Hippon  protestèrent,  et  s'a- 
dressèrent au  shah  Bandour ,  gouverneur  d  u  pays  ; 
celui-ci  les  renvoya  à  la  princesse  suzeraine 
Konda-Maa,  qui  éluda  leur  demande.  Floris  se 
rendit  alors  à  Petapoli,  où,  mieux  accueilli,  il  put 
créer  un  petit  comptoir.  Il  eut  le  même  succès  à 
Masulipatam,  le  grand  entrepôt  des  magnifiques 
étoffes  fabriquées  sur  cette  côte;  mais  une  guerre 
civile ,  survenue  à  l'occasion  du  décès  du  prince 
régnant,  l'obligea  à  quitter  cette  ville  en  janvier 
1612,  après  un  an  de  séjour.  Floris  et  Hippon  se 
dirigèrent  alors  sur  Bantam ,  puis  sur  la  pres- 
qu'île de  Malacca,  et  le  20  juin  descendirent  à  Pa- 
tani.  Pour  en  imposer  aux  naturels,  les  Anglais 
débarquèrent  en  grande  pompe,  enseignes  dé- 
ployées, musique  en  tête  et  faisant  porter  la  lettre 
du  roi  d'Angleterre  sur  le  dos  d'un  éléphant.  La 
reine  du  pays  les  reçut  gracieusement,  et  leur  ac- 
corda la  permission  d'ériger  une  factorerie  sur 


son  territoire.  Le  capitaine  Hippon  mourut  à  Pa- 
tani  :  Floris  prit  alors  le  commandement  de  l'ex- 
pédition, et  envoya  son  navire  à  Siam.  Quatre  ans 
plus  tôt,  lors  de  son  précédent  voyage,  Floris 
avait  remarqué  dans  cette  ville  une  demande 
si  vive  des  marchandises  européennes  qu'il  lui 
semblait,  écrit-il,  que  le  monde  entier  n'y  aurait 
pu  satisfaire;  mais  cette  fois  le  marché  était 
tellement  encombré  qu'on  n'y  put  rien  traiter. 
Les  indigènes  étaient  d'ailleurs  influencés  par 
les  marchands  portugais  et  hollandais,  et  re- 
jetèrent les  avjpces  des  Anglais.  Ceux-ci  du- 
rent regagner  Patani.  Peu  après  leur  retour, 
un  incendie  immense  anéantit  cette  ville,  et 
ce  fut  à  grand'peine  que  Floris  et  ses  marins 
purent  sauver  la  reine.  Le  20  octobre  1613,  ils  re- 
mirent à  la  voile,  et  débarquèrent  à  Masulipatam 
en  décembre  suivant.  Le  gouverneur  de  cette 
ville  se  montra  fort  disposé  à  traiter,  et  Floris  se 
défit  rapidement  de  toutes  ses  marchandises  à 
des  prix  très-avantageux  ;  mais  lorsqu'il  en  de- 
manda le  payement,  il  rencontra  d'innombra- 
bles difficultés.  Le  gouverneur  lui-même ,  en  sa 
qualité  d'émir  ou  descendant  de  Mahomet,  pré- 
tendit que  ses  paroles  devaient  seules  faire  loi , 
et  renia  toutes  les  conventions  d'achat.  Floris, 
indigné,  eut  recours  à  un  moyen  extrême  :  en 
plein  jour,  il  s'empara  du  fils  du  gouverneur,  et 
le  conduisit  à  son  bord ,  déclarant  qu'il  ne  le 
rendrait  qu'après  avoir  été  soldé.  Cette  énergie 
eut  un  plein  succès,  et  bientôt  Floris,  complè- 
tement désintéressé,  relâcha  son  prisonnier,  et 
mit  à  la  voile  pour  l'île  de  Java  (7  décembre 
1614).  Le  3  janvier  1615  il  revint  à  Bantam, 
y  conclut  des  conventions  favorables  au  com- 
merce anglais,  et  le  20  février,  avec  des  béné- 
fices énormes ,  il  reprit  la  route  de  sa  patrie.  Il 
relâcha  dans  la  baie  Saldanha,  puis  à  Sainte- 
Hélène  (l*""  juin),  et  arriva  à  Londres  vers  la  fin 
de  septembre  ;  mais  deux  mois  après  il  succom- 
bait aux  fatigues  de  la  traversée.  Il  a  laissé  la  re- 
lation de  ses  voyages  écrite  en  hollandais  ;  elle 
contient  des  détails  curieux  sur  les  pays  qu'il  a 
parcourus  et  est  d'un  précieux  secours  pour 
l'histoire  des  premiers  établissements  européens 
dans  l'Inde.  Cette  relation  a  été  traduite  en  an- 
glais et  insérée  dans  les  Pilgrimages  de  Purchas 
(4*'  édit.,  1626,  in-fol.  ).  En  français,  on  la  trouve 
dans  Thévenot,  Relation  de  divers  Voyages 
curieux,  etc.  (Paris,  1663-1672  ),  tome  I", 
sous  le  titre  de  Journal  de  Pierre  Will.  Flo- 
ris ;  et  dans  l'abbé  Prévôt,  Histoire  des  Voyages 
(  1745-1770,  tome  II,  p.  98,  et  IX,  p.  56  ). 
Alfred  DE  Lacaze. 
Camus ,  Mémoire  sur  la  Collection  des  grcyids  et  des 
petits  Foyages.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgem.  EncyUop. 
—  X.  RaymonJ ,  Inde,  dans   {'Univers  pittoresque. 


FIN  DU   DIX-SEPTIEME  VOLUME.