rb
^
3^
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
Boston Public Library
http://www.archive.org/details/nouvellebiograph17hoef
r r
NOUVELLE
BIOGRAPHIE GÉNÉRALE
DEPUIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS.
TOME DIX-SEPTIEME.
Faescli. — Floris.
FAKIS. — TVPOGliAl'HIE m FinMI\ niDOT FUÈRES , FILS ET Ci% RUE JACOB, 56.
f r
NOUVELLE
BIOGRAPHIE GÉMRALE
DEPUIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS,
AVEC LES RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
ii'i l'indication des sources a CONSULTEIî;
PUBLIÉE PAU
illH. FIRMIIV DIDOT FRÈRES,
sots i.A DIRECTION
DE M. LE D' HOEFER.
(Lomé IDir^ôrptinnc.
v'^X
PARIS,
FIHMIN DlbOT FRÈRES, FILS ET C'^ EDITEURS,
IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE l' INSTITUT DE FRANCE,
RUt JACOB, ;«.
M DCCG LVI.
Les éditeurs se réservent le droit de traduction cl de reproduction à iélrani;er.
XZ, i: ^^
\;.
/ ^' s s.
NOUVELLE
BIOGRAPHIE
GÉNÉRALE
DEPUIS LES TEMPS LES PLDS RECULÉS JUSQU'A NOS JOUKS.
F
FAËSCH OU FESCH (Rémi), jurisconsulte et
antiquaire suisse, né à Bàle, en 1595, mort le
1'"' mais 1667. Il étudia le droit à Genève, Lyon,
Bourges et Marbourg, et visita la France, l'Alle-
magne et l'Italie. Il montra un goût prononcé
pour la numismatique et les antiquités. Sa col-
lection et sa bibliothèque , léguées par un fidéi-
ommis à l'Académie de Bâle, et connues sous la
dénomination de cabinet Faesch , excitent encore
lujourd'hui la curiosité des voyageurs.
Hoffmann , Lex. univ. — Freher, Theat, erudit.
FA.ESCH (Sébastien) , antiquaire suisse, né
i Bâle, le 8 juillet 1647, mort le 27 mai 1712.
Il étudia la jurisprudence à Bâle et à Grenoble,
risita ensuite d'autres parties de la France, l'An-
gleterre et la Hollande. En 1678, il se rendit à
Vienne et en Italie, pour s'y livrer à des recher-
îhes numismatiques. A Padoue il fut reçu membre
le l'Académie des Ricovrati. A Milan, il seconda
le comte Mediobarbus dans la piiblication des
Numismata Imperatorum Rovianorum. En
1681 Faesch fut chargé de professer les Institutes
et en 1695 le Code. En 1706 il laissa l'enseigne-
ment pour l'emploi, plus lucratif, de greffier de la
ville. On a de lui : Dissertatio de Insignibus
eorumque Jure; Bâle, 1672, in-4°; — De
Nummo Pylœmenis Evergetœ ; Bâle, 1680,
m-4", et dans le Thesaur. Antiq. Ch'sec. de
Grœvms, IX.
Eckhcl, Doctr. Ifumorum.—Erscïi etGruber, Mlg. Enc.
FAESCH ( fionJ/ace), jurisconsulte suisse,
né à Bâle, le 25 août 1651 , mort le 23 décem-
bre 1713. Il étudia et prit ses grades dans sa
ville natale. Il voyagea ensuite pour compléter ses
connaissances , devint professeur de rhétorique
en 1686, de morale en 1689, d 'Institutes en 1692
et de Code en 1706. En 1709 il fut nommé syn-
dic. Il laissa des Dissertations sur la jurispru-
dence.
Âthen. Hauric.
NOUV. BlOCn. GÉNÉR. — T. XTII.
FAESCH ( Jean-Louis ), jurisconsulte et
peintre suisse, né à Bâle, mort à Paris, en 1778.
Après avoir étudié la jurisprudence , il peignit
le portrait, et fit des caricatures qui eurent du
succès. Ses productions étaient également re-
cherchées en France et en Angleterre, où il avait
représenté l'acteur Garrick dans un grand nom-
bre de rôles.
Nagier, Neues. Allg. Kûnstl.-Lexic.
FAESCH ( Jean-Rodolphe ) , ingénieur alle-
mand d'origine suisse, mort à Dresde, en 1742.
Il fut officier supérieur au corps des ingénieurs et
architecte au régiment des cadets de Dresde. Cp.
a de lui : Vorschlag wie ein Fiirst seine Kinder
in allen zur Mathematik gehœrigen Wissen-
schaften kann unterrichten lassen ( Plan d'a-
près lequel un prince pourrait faire instruire ses
enfants dans toutes les branches des sciences
mathématiques); Dresde, 1713, in-4°; - - Von
den Mitteln die Fliisse schiffbar zu machen
(Des Moyens de rendre les fleuves navigables) ;
Dresde, 1728, in-8°; — Kriegs-ingénieur - Ar-
tillerie-und See-Lexicon ( Dictionnaire de l'In-
génieur de la guerre, de l'artillerie et de la ma-
rine) ; Dresde , 1735 , in-8° ; — Anfangsgrûnde
der Fortification (Principes élémentaires de
Fortification); ibid., sans date, in-fol. ; — Ar-
chitectura civilis; sans date, in-fol.
Adelung, Sappl. à Jôcher, AUgem. Gelehrteri'Lerikon,
FAESCH (Georges-Rodolphe), fils de Jean
Rodolphe, ingénieur allemand, né en 1710, mort
le l"mai 1787. Il fut un des ingénieurs de la Saxe,
et dirigea les fortifications de Dresde. On a de
lui : une traduction allemande de VArt de In
Guerre par Puységur; Leipzig, 1753, in-4'' ; —
une traduction française des Instructions mili-
taires du roi de Prusse pour ses généraux ;
1761, in-4° ; — Règles et Principes de VArt de
la Guerre, traduit aussi en allemand; Leipzig,
1771, 4 vol. in-8"; —Histoirede la Guerre de
FAESCH — FAGEL
la succession d'Autriche de 1740 à 1748;
Dresde, 1787, in-8° (ea allemand).
Jôcher, Allg. Gel.-LexiJc,
FAESi (Jean- Jacques), astronome suisse,
natif de Zurich, vivait dans la première moitié
du dix-huitième siècle. Outre les Almanachs de
Zurich, on a de lui : Delicise Astronomiœ, 1697 ;
— Planetoglobium; 1713, in-4".
Catalogue de la Bibl, imp.
FAGAK {Chi^istophe- Barthélémy), auteur
dramatique français, né à Paris, en 1702, mort
en cette ville, le 28 avril 1755. Fils d'un employé
au grand bureau des consignations, il obtint une
place près de son père , ce qui lui permit de se
livrer à ses goûts pour la littérature et le plaisir ;
malheureusement le plaisir l'emporta toujours
sur le travail, et l'empêcha d'obtenir tout le
succès dû à son talent. Fagan a donné au Théâtre-
Français : Le Rendez-vous, comédie en un acte,
en vers, un de ses meilleurs ouvrages, resté long-
iempsàla scène; 1733 ; — La PtipUle, comédie en
un acte, en prose; 1734; — V Amitié rivale, co-
médie en cinq actes, en vers ; 1736 ; — Le Marié
sans le savoir, comédie en un acte, en pi'ose ;
1740; — Joconde, comédie en un acte, en prose ;
1741 ; — V Heureux Retour, comédie en un acte,
en vers libres , en société avec Panard ; 1744; —
VÉtourderie, comédie en un acte, en prose;
1761 ; — Les Originaux, comédie en un acte, en
prose ; 1763 ; cette dernière pièce obtint un grand
succès ; elle a été remise au théâtre en 1 802 par
Dugazon, qui y ajouta trois scènes nouvelles.
11 a aussi fait jouer au Théâtre-Italien plusieurs
pièces assez applaudies : La Jalousie impré-
vue; 1740; — Vlsle des Talents; 1743; — La
Fermière, etc. Enfin il a donné au Théâtre de la
Foire sept opéras comiques faits en collaboration
avec Panard : Le Sijlphe supposé; Le Temple
du Sommeil; Momus à Paris, etc. Deux, autres
de ses pièces, composées en société avec Favart,
ont été imprimées dans le Théâtre de ce dernier,
et Isabelle grosse par vertu, parade d'une folie
charmante , jouée au Théâtre de la Foire , a été
imprimée dans le Théâtre des Boulevards de
Corbie -, 1756. Ses Œuvres ont été publiées par
Pesselier; Paris, 1760, 4 vol. in-12. H. Malot.
Pesselier, Éloge historique de Fagan. — La Harpe ,
Cours de Littérature. — Quérard, La France littéraire.
FAGE (La). Voy. La^fage.
FAGE (Durand), un des prophètes des Cé-
vennes, né à Aubais (Languedoc), en 1 68 1 . et mort
probablement en Angleterre, vers le milieu du
dix-huitième siècle. Les sentiments religieux,
surexcités par la persécution, avaient poussé
à l'illuminisme un grand nombre de protestants.
L'enthousiasme a sa contagion. Fage, homme
sans instruction et fortement attaché à son culte,
se laissa gagner par la maladie régnante. Après
avoir été témoin, à trois reprises différentes,
de scènes d'inspiration , il finit aussi par pi'o-
•jihétiser. On a de lui dans le Théâtre sacré des
Cévennes; Londres, 1707, in-12, réimprimé
sous ce titre : Les Prophètes protestants,
Paris, 1847, in-S"; il y raconte la manière dont il
fut conduit peu à peu à rins{»iration. Après la
défaite à peu pi'ès complète des camjsards, en
1705, il fit sa soumission, et fut conduit jus-
qu'aux frontières de Genève. Il se rendit de là
en Hollande, et vers l'automne de 1706 il arriva
à Londres, avec Élie Marion et Jean Cavalier.
On avait entendu dire en Angleterre des choses
si surprenantes de ce qui venait de se passer
dans les Cévennes, que la curiosité pubh'que fut
vivement excitée par la présence de ces trois
camisards : on accourut de tous côtés pour les
voir et les entendre. Le célèbre mathémati-
cien Nicolas Fatio, Jean Daudé, et Charles Por-
tâtes se firent, pour ainsi diie, leurs patrons, et
recueillirent avec soin leurs discours. On ne
tarda pas à se diviser sur le compte de ces pro-
phètes. Quelques personnes, mais en petit nom-
bre , crurent qu'il y avait quelque chose de sur-
naturel dans leurs extases; d'autres suspendi-
rent leur jugement jusqu'à plus ample informa-
tion; d'autres, enfin, les regardèrent comme des
fourbes, ayant l'intention d'armer les puis-
sances étrangères pour la défense des protes-
tants français. Par ordre de l'évêque de Lon-
dres, le consistoire de l'Église française de la
Savoie instruisit cette affaire. Sa décision fut
peu favorable aux inspirés. Un grand nombre
d'écrits parurent aussitôt, les uns pour, les au-
tres contre les prophètes des Cévennes, mais tous
également empreints de passion. Ce n'est que
de nos jours que des médecins philosophes ont
porté un jugement sain, et dégagé de tout pré-
jugé , sur ce singulier phénomène, qui s'est re-
produit si souvent dans l'histoire de l'Église,
au sein des sectes exaltées par les persécutions.
On prétend que Fage finit par se calmer et par
revenir à des sentiments plus raisonnables.
Michel Nicolas.
Théâtre sacré des cévennes. — Court, Histoire des
Camisards, t. I, p. 132, et t. III, p. 186, 223-227.
FAGEL , nom d'une famille d'hommes d'État
hollandais, dont les principaux membres sont
les suivants :
FAGEL, (Gaspard), né à Harlem, en 1629,
mortle 15 décembre 1688. Jeune encore, en 1603
il fut nommé pensionnaire dans sa ville natale.
Ayant su mériter ensuite la confiance des frères de
Witt, il fut nommé greffier des états générauTv en
1670. Le 20 août 1672, le jour même du meurtre
de ses protecteurs, Fagel succéda à l'un d'eux ,
Jean, dans les fonctions de grand-pensionnaire. Il
fut récompensé ainsi du dévouement qu'il montra
pour ia cause du prince d'Orange, dévouement qui
paraît avoir été le fruit de la conviction et que
rien ne put altérer désormais. Fagel se montra
zélé partisan des entreprises de ce prince contre
la France. A l'intérieur, il s'attacha de même
au système orangiste. C'est ainsi qu'il contribua
à faire proposer au prince d'Orange la souve-
raineté du duché de Gueldres, par les états de
FAGEL — FAGET
6
ce pays, proposition que le prince refusa en ac-
ceptant seulement le titre de stathouder de la
province (1675). Enfin, ce fut lui qui porta la
•.^■'ille de Harlem à proposer pour la première
fbi., le 23 janvier 1674, l'hérédité du stathou-
dérat. Il combattit vivement le traité de Ni-
mègue ; et à cette occasion il se prononça avec
amertume contre le premier ambassadeur, Be-
verningk. Mais le pays lui-même était poui la
paix ; et Fagel dut se contenter de lutter par
toutes les voies contre les atteintes portées par
Louis XIV à la liberté européenne. A l'ambas-
sadeur français d'Avaux, qui lui offrait , dit-on,
deux millions, pour l'attirer à la cause du roi ,
Fagel répondit que sa patrie était assez riche pour
récompenser dignement ses services. Il déploya la
même énergique opposition lors de la proposition
faite par la France d'une trêve de vingt années
avec l'Espagne et l'empereur d'Allemagne :
« Sans doute, la république est en danger, dit-il,
mais le danger ne fut pas moindre un siècle plus
tôt , lorsque, après la perte de Harlem , un mi-
racle seul put sauver Alkmar et Leyde. Le dieu
d'alors est encore là , et mieux vaut chevaucher
de Bruxelles et d'Anvers que de Bréda et de Dor-
drecht à la rencontre des Français ; mieux, enfin,
vaut mourir que de tomber aux mains de l'in-
exorable Louvois ou de quelques laquais fran-
çais chargés de la levée des contiibutions. En
combattant pour la patrie, nos ancêtres se sont
couverts d'une immortelle gloire ; à nous de
marcher sur leurs traces. « Cependant la trêve
fut conclue le 29 juin 1684. Fagel eut une grande
part à la prise de possession du trône d'Angle-
terre par le prince d'Orange; il en prépara les
voies en représentant le gendre de Jacques II
comme le défenseur du protestantisme; mais la
mort l'empêcha de voir s'opérer cette révolu-
tion. Sans avoir l'énergie des de Witt, Fagel
comprit parfaitement la situation de son pays,
qu'il sut diriger dans le sens des alliances qui lui
convenaient.
Ersch et Gruber, Allg. Enc. — Van Hasselt, Vniv.
put.— Macaulay, Hist. of Engl.
FAGEi. (François-Nicolas), général hollan-
dais, neveu de Gaspard, mourut en 1718. 11 entra
dans l'armée en 1 672, et devint général d'infanterie
au service des états généraux et feld -maréchal-
lieutenant au service de l'Empire. Il se signala à
la bataille de Fleurus en 1690, commanda lors de
la célèbre défense de Mons eu 1691, et lit preuve
de grands talents militaires au siège de Namur, à
la prise de Bonn, puis dans le Portugal en 1703,
en Flandre en 1711 et 1712, ainsi qu'aux ba-
tailles de Ramiilies et de Malplaquet.
Eue. des G. du M. — C07iver.-Lex.
FAGEL (Henri), né à La Haye, en 1706,
mort eu 1790. En 1744, il devint greffier des
états généraux , et contribua en cette qualité à
l'élévation de Guillaume V au stathoudérat, en
31747. Il ne prit pas une moindre part aux événe-
ments qui signalèrent le règne de ce prince, et
fit tous ses efforts pour empêcher l'expulsion
de la maison d'Orange. On lui attribue une
traduction des Lettres de lachj W. Montagne,
publiée en société avec deux Français ; Rotter-
dam, 1764.
Biog. étr. —^ Conv.'Lex.
FAGEL. (Henri, baron), petit-tils du pré-
cédent , natif de La Haye , mort dans la môme
ville, le 24 mars 1834. Il devint secrétaire d'État
après son père. Au mois de novembre 1793, il
fut envoyé à la cour de Copenhague pour engager
le Danemark à entrer dans la coalition contre
la France. Au mois de juillet 1794, le baron de
Fagel se rendit au quartier général du prince
de Cobourg pour signer le traité d'alliance des
états généraux avec les rois de Prusse et d'An-
gleterre. Après la conquête de la Hollande par
les Français, il s'exila avec les princes de la mai-
son d'Orange. Il rentra avec eux dans sa patrie
en 1813, et signa le manifeste par lequel le prince
d'Orange invitait les Hollandais à secouer le
joug de la France. En 1814, il alla à Londres en
qualité de ministre plénipotentiaire, et y conclut
un traité d'alliance entre les Pays-Bas et la Grande-
Bretagne. Rappelé en 1S24, il fut nommé mi-
nistre secrétaire d'État.
Bioçir. élr. — Conv. Lex. — Eue. des G. du M.
l FAGEL ( Robert, baron de ), frère du précé-
dent, diplomate et général néerlandais , né en
1772. Entré de bonne heure au service, il se
distingua dans les campagnes de 1793 et de 1794
contre la France, Il s'exila lors de la chute de la
maison d'Orange et de la conquête de la Hol-
lande, et ne revint dans sa patrie qu'en 1813. Ac-
crédité à Paris depuis 1814 par le roi Guil-
laume F', il resta dans cette ville jusqu'au mois
de janvier 1854, époque à laquelle il prit sa
retraite.
Bioyr. etr. — Conversations-Lexilion. — Lesur, Âiui.
hist. univ.
FAGET DE BAURE [Jacques-Jeun, baron),
magistrat et historien français,né à Orthez(Béarn),
le 30 octobre 1755, mort le 30 décembre 1817.
Envoyé fort jeune au collège de Juilly, il acheva
rapidement ses études, et fut dès l'âge de dix-neuf
ans appelé à remplir les fonctions d'avocat gé-
néral au parlement de Pau. Il se tint à l'écart
pendant la révolution et les premières années
de l'empire. En 1809 il obtint, sur la recomman-
dation de Daru, son beau-frère, la place de
rapporteur du conseil du contentieux de la mai-
son de Napoléon. Il fut élu en 1810 membre
du corps législatif, et nommé en 1811 président
de chambre à la cour impériale de Paris. Main-
tenu sous la Restauration dans cette haute posi-
tion judiciaire, il fut envoyé à la chambre des dé-
putés par les électeurs des Basses-Pyrénées, et sié-
gea parmi les membres les plus modérés du côté
droit. On a de lui : Histoire du Canal du Lan-
guedoc ; Paris, 1805, in-S"; — Essai historique
sur le Béarn; Paris, 1818, in-8°; — divers
morceaux de littérature, insérés sans nom d'au-
teur dans Le Spectateur du Nord.
1.
7 FAGET -
SoQ fils, Henri, né en 1802, est conseiller à
la cour impériale de Paris.
Rabbe, Bois),, etc., Biog. univ. et port, des Contemp.
FAGGIVOLA ( Uçuccione della), prince ita-
lien, né à Maia-Trebara , dans la seconde moi-
tié du treizième siècle, mort à Vérone, en 1319.
Il se signala dans le parti gibelin au commen-
cement du quatorzième siècle. Uni aux Tarlati
d'Arezzo, il fit la guerre aux Florentins, qu'il
battit à plusieurs reprises. Il mit ensuite au ser-
vice de Pise sa petite armée d'aventuriers, et il
devint bientôt seigneur de cette ville. Son pre-
mier soin fut d'enlever Lucques au parti guelfe.
Il se servit dans ce but de certaines familles
lucquoises dévouées au parti gibelin; ces fa-
milles excitèrent une émeute, et, à la faveur du
tumulte, elles ouvrirent à Faggiuola une des
portes de Lucques. Celui-ci pénétra dans la ville,
que ses soldats mirent au pillage. Le trésor de
l'église de Rome, qu'on avait depuis peu trans-
porté à Lucques pour le mettre à l'abri de l'em-
pereur Henri Vil, tomba entre les mains du
vainqueur. Ces richesses le rendirent très-puis-
sant, dans un temps où l'on pouvait avoir pour
de l'argent autant de soldats que l'on voulait.
Les Florentins, voyant que Faggiuola avait joint
la seigneurie de Lucques à celle de Pise , qu'il
avait conquis toutes les forteresses des guelfes
dans la vallée inférieure de l'Ai'no et dans la
Valdinievole , implorèrent le secours du roi Ro-
bert d'Anjou, qui leur envoya son frère Pietro,
duc de Gravina. Faggiuola assiégeait Monteca-
tini dans la Valdinievole. Pietro marcha contre
lui avec des forces supérieures. Faggiuola, se
voyant coupé du seul passage par lequel il pût
recevoir des vivres, leva le siège, et se retira.
Les ennemis essayèrent de lui barrer le chemin;
mais ils furent enfoncés par les cavaliers alle-
mands. Le duc Pietro périt dans la bataille, livrée
le 29 août 1315. Montecatini se rendit aussitôt
après. La fortune de Faggiuola ne tarda pas à
changer. Son fils Neri, qui gouvernait la seigeurie
de Lucques, fit arrêter, pour cause de brigandage
et d'actes sanguinaires, Castruccio,jeune homme
de la famille des Interminali , tandis que lui-
même faisait trancher la tête à Banduccio Buon-
conte , citoyen important de Pise, et à son fils,
comme coupables de correspondance avec Robert. -
Ces deux actes d'autorité excitèrent à Lucques et
à Pise un soulèvement, auquel Faggiuola et son
fils ne crurent pas pouvoir résister. Ils quittèrent
leurs seigneuries , et se rendirent auprès de Can
della Scala, seigneur de Vérone. En 1317, Fag-
giuola essaya de rentrer dans Pise, avec le se-
cours de della Scala. Cette tentative échoua com-
plètement ; et deux ans après Faggiuola mourut,
d'une maladie contractée au siège de Padoue ,
où il avait accompagné le seigneur de Vérone.
Villani, Istorie Florentine , c. 59. — Memorie et docu-
tnenti per serv. ail' islor. del princ. di Lucca, vol. I,
p. 245. — Caprlolo, Rittrati di cento Capitani illustri,
p. 17. — Léo et Botta, Histoire de l'Italie (traduite par
M. Dochez), t. II, p. 68-71.
FAGIUS 8
v^GGOT (Jacques), célèbre ingénieur et éco-
nomiste suédois , né dans l'Upland, le 23 mars
1699, mort en 1778. Après avoir étudié dans sa
ville natale, il entra à vingt -deux ans au collège
des mines. Dès cette époque il fit des cours de
physique expérimentale ; en même temps il fut
chargé par le bureau des arpenteurs de profes-
ser la géométrie. En 1726 il obtint dans la même
administration un emploi d'ingénieur, qu'il dut
abandonner pour se consacrer à l'exploita-
tion des mines d'alun situées aux environs
de Calmar et dans l'île d'Aaland. A son retour
il fut nommé inspecteur du bureau des arpen-
teurs. Les indications qu'il donna ensuite pour
la réforme du système des poids et mesures lui
firent confier la surveillance de cette branche
de l'économie publique. Sur la proposition de
Faggot, le bureau des arpenteurs obtint, en 1734,
le privilège de la levée des cartes de la Suèfle. Les
résultats de ses opérations furent la suppression
légale des communes et un système d'agricul-
ture plus intelligent : on ne confia plus à de
simples mercenaires le soin de cultiver le sol.
Il publia même sur ce sujet un important ou-
vrage. Après la guerre de Finlande (1741 ), Fag-
got, consulté sur le mçde d'administration de
cette province, indiqua, d'après la connaissance
qu'il avait du cadastre, d'utiles mesures. En
1747, il succéda à Nordenkreutz dans la direc-
tion du collège des arpenteurs. Il indiqua les
moyens d'améliorer la fabrication du salpêtre,
proposa un nouvel établissement de greniers pu-
blics, enfin fit introduire d'utiles modifications
dans la régie des domaines de la couronne. Secré-
taire de l'Académie des Sciences depuis plusieurs
années,il enrichit de plusieurs mémoires le recueil
de cette compagnie, qui fit frapper une médaille
en l'honneur de Faggot. Son éloge funèbre, écrit
en suédois par Nicander, a été publié à Stock-
holm, en 1779. On a de Faggot : Von den Hin-
dernissenundder Aufhelfung der Landwirth-
schaft (Des Obstacles qui entravent l'économie
rurale et des moyens d'y remédier).
Adelung, Suppl. ù Jôcher, Allg. Gel.-Lexik. — Hirs-
ching, Hist. literar. Handb.
FAGiroLi (Jean- Baptiste ), poète italien, né
à Florence, le 24 juin 1660, mort le 12 juillet
1742. Il se rendit célèbre par ses poésies bur-
lesques, et fut l'un des fondateurs de l'acaclémie
des Apatastes. Après avoir longtemps voyagé
et éprouvé toutes les vicissitudes de la fortune,
il revint mourir dans sa patrie. On a de lui :
Bime piacewZi ; Florence, 1729, 2 vol. in-S"; —
un recueil de Comédies; Florence, 1734-1736,
7 vol. in-12 ; — des Ouvrages en prose ; Florence,
1737.
Giulianelli, Orazione funèbre di J.-B. Fagiiioli; Flo-
rence, 1742.
FAGICS (Paul BncHHEiM, plus connu sous
le nom latin de), savant hébraïsant, né à Sa-
verne, en 1504, mort à Cambridge, le 13 no-
vembre 1549. Il eut pour premier maître son
FAGIUS — FAGNAN
10
père, qui tenait une école dans le lieu de sa
naissance. Envoyé en 1515 à Heidelberg, où il
fit ses humanités, il alla en 1522 étudier la théo-
logie à Strasbourg ; il se livra surtout à l'étude
de l'hébreu, qu'il apprit de Wolfgang Capiton. La
pauvreté l'obligea, en 1527, d'accepter la place
de maître d'école à Isny, petite ville de la Souabe.
Il occupa cet emploi pendant dix ans , consa-
crant tout le temps que lui laissait l'accomplis-
sement de ses devoirs à des travaux de théo-
logie et de philologie hébraïque. En 1537 U
changea ces modestes fonctions pour celles de
ministre dans la même localité. Cette améliora-
tion dans sa position lui permit de se procurer
quelques livres et de joindre à l'étude de l'hé-
breu celle du chaldéen. Cependant il avait le pro-
jet de chercher un poste plus avantageux, quand
un riche marchand d'Isny, Pierre Buffler, lui of-
frit de faire les fonds pour l'établissement d'une
imprimerie, à condition qu'il se chargerait lui-
même de la diriger. Fagius accepta , fit venu-
d'Italie Elias Levita, et avec son aide publia de
bonnes éditions de divers ouvrages en langue
hébraïque. Ces publications lui firent en Allema-
gne la réputation d'un orientaliste distingué , et
presque au même moment le landgrave de Hesse
lui proposa une chaire de théologie à l'uni-
versité de Marbourg, la ville de Strasbourg
celle d'hébreu, laissée vacante par la mort de
Capiton, et la ville Je Constance une place de
pasteur, en remplacement de l'éloquent prédica-
teur Jean Zwick. Fagius consentit à desservir
pendant deux ans l'église de Constance, et en
1544 il alla occuper la chaire d'hébreu de Stras-
Iwurg. Deux ans après, l'électetu- palatin, Fré-
déric II, le chargea de la réorganisation de l'u-
niversité de Heidelberg ; Fagius retourna ensuite à
Strasbourg, où il continua de professer jusqu'à
la publication de l'intérim. Ayant refusé de
l'accepter, il fut déposé ainsi que Bucer. Ils
passèrent tous les deux en Angleterre , au mois
d'avril 1549. Thomas Cranmer les fit nommer
l'un et l'autre professeurs à Cambridge; mais à
peine étaient-ils rendus à leur poste , que Fagius
fut emporté, à l'âge de quarante-cinq ans, par
une fièvre violente. Quelques-uns de ses amis
soupçonnèrent qu'il avait été empoisonné. Sa
dépouille mortelle, déposée dans l'église Saint-
Michel, en fut tirée, sept ans après, sous le règne
de Marie , pour être brûlée publiquement , en
même temps que le corps de Bucer, qui était
mort en 1551. Elisabeth fit recueillir en 1560
les cendres de ces deux savants protestants et
réhabiliter leur mémoire.
On a de Fagius : Lexicon Chaldaicum, au-
ihore Elija Levita , qiiod nullum hactenus
a quoquam absolutius editum est, aim prae-
fatione triplici,una hebraica ipsius authoris
a P. Fagio latine reddlta, relïquis diiabus
latinis ab eodam prœfixis ; Isny , 1541, in-fol. ;
— Liber Thesbitis a doctissimo hebrxo
Elija Levita germano grammatice élabora-
ius,per P. Fagium latinitate donatus ; Isny,
1541, in-4°; 2" édit.,Bâle, 1557, in-4°; — Com-
mentarius hebraicus R. David Kimclii in
Xprimospsalmos Bavidicos, cum versione la-
tina; Isny, 1541, m-fol.; — Sententias vere
élégantes, piœ mireeque veterum sapientium
Hebrmorum, in latinum versm scholiisque
illustratee; Isny, 1541, in-4'' ;—Exegesis sïve
expositio dictionum hebraicarum Utteralis
et simplex in IV cap. Geneseos; Isny, 1542,
in-4°; réimp. dans les Critici sacri; — Sen-
tentix morales ordine alphabetico Ben
Syrse , cum succincto commentariolo , he-
braice et latine; Isny, 1542, in-4°; — Tobias
hebraico ut is adhuc hodie apud Judeeos in-
venitur, omnia ex hebrœo in latinum trans-
lata; Isny, 1542, in-4° ; — Liber Fidei seu
Ver itatis, in latinum translatus ;ïmj , 1542,
in-4'' : la même année, Fagius avait publié le
texte hébreu de cet ouvrage ; — Translatio-
num prsecipuarum Veteris Testamenti inter
se variantium Collatio; Isny, 1543, in-4°,
réimp. dans les Critici sacri; -■ Compen-
diaria Isagoge in Lingua Hebrxa; Constance,
1543, in-40; — Prima IV Capita Geneseos
hebraica cum versione germanicn, hebralcis
tamen characteribus exarata, una cum suc-
cinctis scholiis et ratione legendi hebrxo-
germanico ; Constance, 1543, in-4°j 2^ édit.,
Strasbourg, 1546; _ Paraphrasis Onkelichal-
daica in sacra Biblia, ex chaldeeo in latinum
fidelissime versa : additis in slngulafere ca-
pita succinctis annotationibus ; Strasbourg,
1546, in-fol. Les annotations ont été reproduites
dans les Critici sacri. — M.Weiss, dansla^/o-
gruphie universelle, lui attribue par erreur
une Metaphrasis et enarratio in Epistolam
sancti Pauli ad Romanos : cet ouvrage est
de Martin Bucer. Michel Nicolas.
MM. Haag, La France protest. — Boissard, Bibliot.
f^irorwn illustr. — Sclielhorn, Amœnitates, t. XUI. —
De F'ita, Obitu, Combustione et Restitutione 3Iart.
Buceri et Pauli Fagii; Strasbourg, 1562,10-8°.
FAGIUS. Voyez Fau {Jean- Nicolas).
FAGNAN (Marie- Antoinette dame) roman-
cière française , née à Paris , et morte dans la
même ville, vers 1770. Les détails biographiques
manquent sur cette dame , qui cependant obtint
une certaine célébrité littéraire. On connaît d'elle :
Minet bleu et Louvette ; ce conte a été imprimé
d'abord dans le Mercure de France , réniiprimé
depuis dans la Bibliothèque des Fées et des
Génies, dansXe Cabinet des Fées, tome XXXV,
et dans les Contes merveilleux ; 1814, 4 vol.
in-12. L'auteur y prouve qu'il ne peut exister
de véritable laideur chez les femmes qui ont de
l'âme , du sentiment et une véritable tendresse.
Quelques critiques malins ont prétendu que
M""* Fagnan avait gagné sa propre cause dès son
premier ouvrage; — Kanor, conte traduit du
sauvage ; Amsterdam (Paris ), 1750, in-12: la
scène de ce conte se passe sur le bord du fleuve
des Amazones. Le but de l'auteur est de prouver
il
FAGNAN — FAGOIN
12
que le véritable amour peut faire des prodiges :
des détails ingénieux et une critique plaisante des
usages français de l'époque rendent agréable la
lecture de cet opuscule ; ■-- Le Miroir des Prin-
cesses orientales i Pai'is, 1755, in-12 : c'est un
miroir qui révèle tout ce qui se passe dans les
âmes. L'idée n'est pas nouvelle : elle se trouve
dans les Mille et une Nuits de Galland : Lesage
de Pitténée en avait fait le sujet d'un opéra-co-
mique ; — Le Miroir magique , représenté en
1734. Barbier et plusieurs autres bibliographes at-
tribuent encore à M^e Fagnan une plaisanterie de
mauvais goût, intitulée : Histoire et Aventures
de niylord Pet, par M'^e F*** ; La Haye (Paris),
1755, in-12. L'épître dédicatoire est signée Jean
Fesse. Ersch, refusant de croire que cette œuvre
fût l'ouvrage d'une dame, l'a mise sur le compte
du chevalier DucloS. A. Jadisn.
Ersch, La France littéraire. — Barbier, Dict. des Jno-
nymes. — Chaudon et Delandinc, Dict, hist.
FAGNANi (Jean-Marc), poète italien , né à
Milan, en 1524, mort en 1609. Il obtint dans sa
patrie des magistratures éminentes, et cultiva
avec succès la poésie latine. Le seul de ses ou-
vrages qui ait été publié est intitulé : De Bello
Ariano Libri Vî; Milan, 1604, in-4°. Argelati
cite encore de lui : Versus de natalt suo; —
Carminaad Franclscum Givellium, parmi les
Epigrammata de Civelli.
Argelati, Biblioth. 3Iediolanensis, t. I, p. 888. - Tira-
boschi, Storia delta Leitcrat. Ital., t. VIII, p. 403.
FAGWANi (Raphaël), archéologue italien,
né à Milan , vers le milieu du seizième siècle,
mort le 22 septembre 1623. Tout en exerçant la
profession de jurisconsulte , il s'occupa particu-
lièrement des antiquités de Milan. On a de lui :
Nobiles Familise Mediolanenses , i. Vlîl; resté
en manuscrit dans la bibliothèque des avocats de
Milan; — des poésies latines dans les Poésie la-
tine ed italiane di diversi, per la partenza di
ZaccariaSagredOi podesfà di Verona; Vérone,
1618, in-4°.
Argelati, Biblioilieca Mediolanensis, t. I, p. 590. —
Tiraboschi, Storia delta Letterat. Ital., t. VI!I, 341.
FAGNANï (Prosper), canoniste italien, né
en 1598, mort en 1678. Considéré comme le
premier jurisconsulte de son temps en tout ce
■ qui touchait le droit ecclésiastique, Fagnani fot
pendant quinze ans secrétaire de !a Sacrée Con-
grégation. Il perdit la vue à quarante-quatre ans,
et n'en poursuivit pas moins ses importants tra-
vaux sur la jurisprudence canonique. On a de
lui un Commentaire sur les Décréfales ; Rome,
1661, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage, entrepris par
l'ordre du pape Alexandre VU, témoigne d'un
grand savoir. L'index est rai chef-d'œuvre d'au-
tant plus extraordinaire qu'il à été dressé par un
aveugle. La meilleure édition du Commentaire
est celle de Venise 1697, qui contient en entier le
texte des Décrélales.
Tiraboschi, Storia delta Letterat. Ital., t. Vill, 281. -
Moréri, Grand Ùict. hist.
ikAgnani ou FAGNAUiO ( Le comte Jules-
Charles), marquis de Toschi, mathématicien
italien, né à Sinigaglia, le 6 décembre 1682,
mort le 26 septembre 1766. Il montra une apti-
tude précoce pour les lettres et les scienceSj et
dès l'âge de seize ans il était membre de l'Aca-
démie des Arcades. Divers mémoires publiés
dans des journaux italiens et dans les ^Ic^cs de
Leipzig le placèrent bientôt au premier rang
des mathématiciens de son pays. Il recueillit
ces mémoires sous le titre de Produz,ioni ma-
tematiehe ; Pesaro, 1730, 2 vol. in-fol. On
trouve dans le premier volume une Théorie gé-
nérale des proportions géométriques que Mon-
tucla trouve « un peu volumineuse ». Le second
contient un Traité des diverses Propriétés des
Triangles rectilignes, " qui en contient en effet,
dit Montucla, un grand nombre do curieuses et
de remarquables » . Parmi les autres pièces de ce
second volume , on en distingtie plusieurs rela-
tives aux propriétés et à quelques usages de la
courbe appelée lemniscate. Aussi l'auteur en
a-t-il fait graver la figure dans le frontispice de
son livre. Le comte Fagnani laissa un fds, Jean
François de Toschi e Fignano , archidiacre de
Sinigaglia et habile géomètre. On a de Jean-
François divers mémoires intéressants de géo-
métrie et d'analyse mathématique, dans les Acta
Erud. de Leipzig (1774, 75, 76).
Montucla, Histoire des Mathématiques, t. \U, p 2S6.
— Tipaldo, Biografia degli Italiani illustri, t. !«', p, 160.
FAGJViER. Voyez Faîniek.
FÂGON (Giii-Crescent) , médecin et bota-
niste français, né à Paris, le 11 mai 1638, mort
en 1718. Il était fils d'un commissaire des guer-
res, qui fut tué en 1640, au siège de Barcelone.
Son oncle. Gui de La Brosse, était intendant du
Jardin du Roi. Il fut de bonne hem-e destiné à la
médecine, prit le bonnet de docteur en 1664,
et soutint à cette occasion une thèse sur la ciicu-
latlon du sang : action hardie alors , que les vieux
docteurs ne pardonnèrent au jeune étudiant qu'en
faveur de l'esprit avec lequel il avait défendu ce
prétendu paradoxe, aujourd'hui reconnu comme
mie vérité. Vallot, premier médecin du roi , avait
entrepris de repeupler le Jardin royal , le livre
commun de tous les botanistes ; Fagon lui offrit
ses soins. Il parcourut les Alpes , les Pyrénées ,
l'Auvergne, la Provence, le Languedoc, et en
revint avec une riche moisson de plantes. Son
zèle fat récompensé par les places de professeur
de botanique et de chimie au Jardin du Roi. Sa
réputation le fit choisir, en 1680, pour premiei
médecin de la dauphine (Marie-Christine de Ba»
vière). Quelques mois après , il le fut de la reine
(Marie-Thérèse d'Autriche) , et après la mort de
cette princesse , le roi le chargea du soin de la
sauté des eafents de France. Enfin , Louis XIV le
nomma, en 1693, son premier médecin , po?fe
éminent, où Fagon ne se fit pas moins remarquer
par son désintéressement que par son liabileté.
« Quoique parvenu à la première dignité de sa
profession, Fagon, dit Fonteneile, ne se relâcha
13
FAGON
nullement du travail qui l'y avait élevé. Il vou-
lait la mériter encore de plus en plus après l'a-
voir obtenue. Les fêtes , les spectacles , les diver-
tissements de la cour, quoique souvent dignes
de curiosité , ne lui causaient aucune distraction.
Tout le temps où son devoir ne l'attachait pas
auprès de la personne du roi , il l'employait ou
à voir des malades , ou à l'épondre à des con-
sultations, ou à étudier. Tous les malades de
Versailles lui passaient par les mains, et sa
maison ressemblait à ces temples de l'antiquité
où étaient en dépôt les ordonnances et les re-
cettes qui convenaient aux maux, différents. Il
est vrai que les suffrages des courtisans en fa-
veur de ceux qui sont en place sont assez équi-
voques , qu'on croyait faire sa cour de s'adresser
au premier médecin, qu'on s'en faisait même une
espèce de loi; mais, heureusement pour les cour-
tisans, ce premier médecin était aussi grand
médecin. « Devenu, en 1698, surintendant du
Jardin royal, Fagon donna à Louis XIV l'idée
d'envoyer Tournefort dans le Levant pour enri-
chir ce jardin de nouvelles plantes. Il devint
l'année suivante membre de l'Académie des
Sciences. Sa santé avait toujours été très-faible;
elle ne se soutenait que par un régime presque
superstitieux, et « il pouvait, dit Fontenelle, don-
ner pour preuve de son habileté, qu'il vivait ».
Mais l'art céda enfin , et il mourut âgé de
près de quatre-vingts ans. Il laissa deux fils :
l'aîné, Anioine, évêque de Lombez, puis de
Vannes , mourut le 16 février 1742 ; et le second,
Zoîcis , conseiller d'État ordinaire au conseil
royal, intendant des finances, mourut à Paris,
le 8 mai 1744, sans avoir été marié. Outre un
profond savoir dans sa profession, Fagon avait
une érudition très-variée. 11 eut part à la rédac-
tion du Catalogue du Jardin royal, public en
1665, sous le titre à'Horlus reghis. Il orna ce
recueil d'un petit poème latin, intitulé ; Car-
men cjratulatorium illustrissimo Horti Regii
restauratori D. D. Antonio Vallot , archla-
iroruni prlncipi. On a encore de lui : Les
Qualités du Quinquina; Paris, 1703, in-12; —
plusieurs Observations publiées dans les Mé-
moires de l'Académie des Sciences , une entre
autres Sur le blé cornu en ergot et sur Vespèce
de gangrène qu'il procure à ceux qui en man-
gent la farine.
VonicnaUe, Éloges (1er, Académiciens, t. II. — t^^loy.
Dut. kisl. de la Médecine. —Saint-Simon, Mémoires.
* FAGîTNDSîs (Le. P. Estevam), tiiéoiogien i)or-
tugais, né à Viana, dans la deuxième moilic du
seizième siècle , mort le 31 janvier 1G45. Il entra
à dix-sopt ans chez les Jésuites, qui l'envoyè-
rent professer la théologie à Bra^a, puis à Porta-
lègre. C'était une des lumières de son ordre; il
a donné : Quxstiones de christiants officns
et casibus conscieniix, etc.; Lyon, 1626, in-
fol. : livre prohibé par l'inquisition; — Infor-
matio pro opinione esus ovorum et lacticinlo-
rum tempore QuaOragcslmce ; 1630, in- fol..
FAHRENHEIT 14
imp. à Salamanque, au collège de la Compagnie.
Ce livre a paru de nouveau sous ce titre : Apo-
logeticus tractatus ad quœstionem de lacti-
ciniorum ovorumque esu tempore quadra-
gesimali; Lyon, 1631, in-8°. F. Denis.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
;j FAHLCRAWTZ { Charles- Jean ) , peintre
paysagiste suédois, né le 29 novembre 1774. Il
se forma dans son art à l'aide de ses seuls ef-
forts : il s'appliqua surtout à l'étude de la nature,
qui depuis l'inspira toujours. Il ne connut guère
que les paysages septentrionaux, et ne visita point
l'Italie. Renommé comme peintre dès le com-
mencement du siècle, il fut nommé professeur
en 1815. Ses tableaux les plus remarquables sont
en la possession du roi de Suède; il peignit
aussi des Vues du Nord pour le roi de Dane-
mark Frédéric VI. Quelques-unes de ses pro-
ductions, tirées du Frithiofssage de Tegner, ont
été lithographiées par Ancharsward.
Conversat.-Lex. — Nagler, Neues Allg. Kûnstl.-Lexic.
— Ehrenstioom, Notice sur la Littérature et les Beaux-
Jrts en Suéde; 1826.
* F A.Bi.cnxNrz (Christian-Eric) , frère du
précédent, poète et théologien suédois, né à
Upsal, en 1790. Nommé professeur à Upsal en
1829, il devint ensuite évêque de Westeras. On a
de lui : Noach's Ark (L'Arche de Noé); 1825-
1820; — Ansgarius, poème épique; Upsal,
1846; — Evangelische Alliancen (Alliances
évangéliques ) ; Upsal, 1847. Fahicrantz publie
depuis 1839, avec Knôs et Almquist, Die eccle-
siastik Tidskrift {h%5oums\ ecclésiastique).
Conver.iations-Lexikon.
FAHLENius (Eric), théologien suédois,
vivait dans la première moitié du dix- liuitième
siècle. De 1701 à 1708, il professa le grec et les
langues orientales à Pernau. Ses ouvrages sont :
Disputationes duo priora caplta ex comment.
li. Isaae Abarbanelis in prophetam Jonam,
in linguam latinam translata; 1696; — Ora-
tio introductoriade triplici Judœorum libros
sacros commentandi ratione eorumdemque
scriptorum tisu et utilitate in scholis chris-
tianorum; 1701; — Disputatio de promut-
gafione Decalogl; 1706.
Gadebusch, Liefl. Bibl.
FAHRENHEIT (Gabriel-Daniel), physicien
allemand , né à Dantzig, en 1690, mort eu 1740.
Destiné au commerce par ses parents, il préféra
à cette carrière les spéculations scientifiques. Il
construisit des instruments, et visita ensuite la
France et l'Angleteri-e pour compléter ses con-
naissances. Établi plus tard en Hollande, il y
vécut dans la société des hommes les plus dis-
tingués. Après avoir adopté l'alcool comme li-
quide thermométrique, il eut l'idée, vers 1720,
de choisir le mercure comme moyen de mesurer
la chaleur. « Ce métal , dit M. Figuier, réunit
en effet toutes les conditions désirables : il n'entre
en cbullition qu'à une température très- élevée,
et peut servir, par conséquent, à mesurer la cha-
15
FAHRENSEIT — FAIDIT
16
leur dans des termes fort étendus : il ne se con-
gèle qu'à une température qui ne se réalise ja-
mais dans nos régions ; enfin, et c'est là le point
capital pour son application comme agent ther-
mométrique, il se dilate uniformément, c'est-à-
dire que son augmentation de volume est exac-
tement proportionnelle, au moins dans une
échelle très-étendue , à la quantité de calorique
qu'il reçoit. » Fahrenheit prit l'ébullitioa de l'eau
pour point fixe supérieur, et pour l'inférieur il
adopta le degré de froid éprouvé à Dantzig en
1709, et qu'il reproduisit au moyen d'un mélange
de neige et de sel ammoniac. L'intervalle qui
séparait ces deux points fut divisé eu 212 parties
égales, de telle sorte que le point de la congéla-
tion de l'eau correspondait à 32 degrés, celui de
la température du corps humain à 96 degrés , et
celui de l'ébuUition de l'eau à 212 degrés. Le
thermomètre de Fahrenheit n'est plus aujour-
d'hui en usage qu'en Angleterre; en France on
adopta celui deRéaumur, construit vers 1730, et
dont les deux points fixes sont le terme de la
glace fondante et celui de l'ébuUition de l'eau,
avec un intervalle de 80 parties égales. Le ther-
momètre de Réaumur a fait depuis lors place au
thermomètre centigrade. « En multipliant, les
degrés du thermomètre de Réaumur par ^U, on
les transforme en degrés centigrades ; et réci-
proquement, en multipliant les degrés centigrades
par Vj, on les transforme en degrés de Réaumur.
Pour convertir en degrés centigrades une tempé-
rature exprimée en degrés de Fahrenheit, il suffit
d'en retrancher 32 et de multiplier le reste par
V» ». Fahrenheit construisit aussi un aéromètre,
pris ensuite pour modèle par Tralles, Nicholson
et Charles. Dans ses dernières années, il inventa
une machine à dessécher les contrées inondées
et pour laquelle il se fit accorder un privilège ; il
légua à son ami S'Gravesande le soin de perfec-
tionner cette machine. Le légataire y introduisit
des changements qui la rendirent impraticable, et
l'invention de Fahrenheit tomba dans l'oubli. On
trouve dans les Philosophical Transactions
(1724, t. XXXIII) cinq mémoires scientifiques de
Fahrenheit ayant pour titres : Expérimenta
circa gradum caloris liquorum nonnullo-
rum ebullientiîim instituta; — Expéri-
menta et Observationes de congelatione aquse
in vacuo fact3È ; — Materiarum quarumdam
gravitâtes specificse, diversis temporibus ad
varias scopos exploratae; — Arœometri novi
Descriptio et usus ; — Barometri novi Des-
criptio. V. R.
Ersch et Gruber, Allgem. Encyelop. — Convers.-Lexik.
— Figuier, Expos, et Hist. des principales Découvertes
scientifiques modernes, p, 112.— F. Hoefer, Dict. dePhy-
siqite et de Chimie , p. 421-422.
* FAiDER (Charles), jurisconsulte belge,
né*vers 1805. Il étudia le droit, fut reçu avocat à
Bruxelles, et plus tard nommé avocat général. En
novembre 1852, le roi Léopold lui confia le mi-
nistère de la justice. M. Faider avait déjà mérité,
par ses écrits , d'être reçu au nombre de^ mem-
bres correspondants de l'Académie royale des
Sciences, Lettres et Beaux- Arts de Belgique. On
a de lui : Coup d'œii historique sur les ins-
titutions provinciales et communales en Bel-
gique, suivi de quelques mots sur les prin-
cipes d'organisation; Bruxelles, 1834, in-8o;
— Études sur les constitutions nationales
( Pays-Bas autrichiens et pays de Liège ) ;
Bruxelles, 1842, in-8° ; — Esquisse du déve-
loppement social de la Belgique (dans le
Trésor national, livraison de septembre t842) ;
— État de l'instruction' primaire en Belgi-
que, de 1830 à 1840; Bruxelles, 1842, in-8''; —
Remarques sur Hembyse , histoire gantoise à
la fin du seizième siècle (dans la Revue belge ,
tome m, 26 livraison) ; — De la Nationalité
littéraire en Belgique et du nouveau drame
de M. Prosper Noyer (ibid., 5e livraison); —
Paroles d'un Voyant; Bruxelles, 1834, in-18;
œuvre de jeunesse, inspirée par les Paroles
d'un Croyant de l'abbé de Lamennais ; — De
la Personnification civile des Associations
religieuses en Belgique ; Bruxelles, 1846, in-S";
— Jurisprudence scandée; Bruxelles, 1847,
in-8° ( extrait de la Belgique judiciaire , année
1847, n° 52); — De la Désuétude des Lois;
Bruxelles, 1848 (extrait du Moniteur belge);
— Particularités sur les anciennes fonda-
tions de bourses de l'université de Louvain ;
in-8° (extrait du tome XV des Bulletins de
l'Académie royale de Belgique , et reproduit
dans {'Annuaire de l'Université catholique de
Louvain, année 1849); — Étude sur l'Appli-
cation des lois Inconstitutionnelles; in-S"
(extrait du tome XVII des Bulletins de V Aca-
démie royale). M. Faider, dans cet ouvrage, se
range à l'avis de ceux qui pensent que les tribu-
naux doivent appliquer la loi , sans en examiner
préalablement la constitutionnalité. Cet ou-
vrage a été réfuté par M. Eugène Verhaegen,
sous ce titre : Lettre à M. Ch. Faider, avocat
général à la cour d'appel de Bruxelles , sur
son examen de la brochure intitulée ; Des Lois
inconstitutionnelles; Bruxelles, 1850, in-S";
— Des articles bibliographiques, dans la Belgi-
que judiciaire; — des rapports étendus et rai-
sonnés, dans les Bulletins de la Commission
centrale de Statistique, etc.
Moniteur belge, n° 289, 17 octobre 1832. — Bulletin du
Bibliophile belge, t. VU. — Biographie générale des
Belges. — Dict. des Hommes de Lettres de la Belgique.
FAIDIT ( Gaucelm ) , célèbre troubadour, né
àUzerehe, mort vers 1220. Il était fils d'un
bourgeois de cette ville , et eut une jeunesse des
plus orageuses. S'étant ruiné au jeu de dés , il
se fit histrion et jongleur, et se maria à une fille
de mauvaises mœurs, nommée Guillelma Monja.
Ils parcoururent ensemble le monde en chanteurs
ambulants (e cantava piegz dôme delmon).
La réputation de Faiditse fit longtemps attendre,
et il parut s'en consoler avec Guillelma , en vi-
dant des brocs de vin et en faisant bonne chère,
Î7
FAIDIT — FAIGUET
T8
ce qui leur donna un embonpoint de Silène , et
les mit souvent dans le besoin. Le marquis de
Montferrat vint à leur secours en des jours de
détresse ; il les mit en avoir, et leur fit présent
de robes et d'armes ( mes lo en aver et en rau-
bas et en armes ). Lorsque Faidit eut acquis le
nom de troubadour, il fut recherché par le fils
de Henri H, Richard Cœur de Lion, comte de
Poitou , qui devait monter sur le trône de l'An-
gleterre et venir mourir dans la patrie de Faidit,
devant Chalus, non loin du castel d'Hélias
d'Hisel, autre troubadour limousin. Il existe sur
la mort de Richard des vers de Faidit , et ce sont
les plus beaux de sa muse : « La mort, s'écrie-
t-il , a enlevé au monde tout l'honneur, toutes
les joies , tous les biens , en frappant Richard.
Si rien ne peut garantir d'elle, devrait-on tant
craindre de mourir.!» » Les autres poésies de
Faidit roulent en partie sur l'amour, et les au-
teurs se plaisent à parler de celles qu'il adressa
à Marie de Ventadour. Faidit l'aima passionné-
ment ; elle le souffrit , à raison du mal qu'elle
lui causait, et leur amour dura sept ans ( et en
aissi duret lur amor be sept ans). C'était du côté
de Marie de Ventadour un amour vaniteux et
sournois, qui porte la femme à sourire au poète
pour en être chantée et appelée la plus belle entre
toutes les belles. Faidit voulait d'autres faveurs,
et ne pouvant les obtenir, il fut jusqu'à implorer
la pitié. Il compare Marie de Ventadour à la ta-
rentule qui fait mourir en riant, et lui souhaite
un amant dont les infidélités le vengent. «. Il l'ai-
mera toujours, ajoute-t-il, quoiqu'il sache bien
que c'est là une folie. « Marie, fatiguée de ses ob-
sessions et voulant conserver son poète , sans se
rendre pourtant à ses désirs, alla consulter la
jeune et jolie Audièrede Malemont, qui prit sur elle
d'arranger l'affaire. Celle-ci écrivit à Faidit
« qu'il eflt à aimer mieux un petit oiseau sur le
poing qu'une grue volant dans le ciel ». Faidit
étant accouru lui demander l'explication de cette
énigme, en reçut la réponse suivante : <c Marie
est la grue, et je suis le petit oiseau que vous
tiendrez sur le poing: je vous veux pour amant,
et je vous ferai don de moi et de mon amour. »
Faidit à ces mots fut transporté de joie, et
pi'omit d'oublier Marie de Ventadour ; mais il ne
tarda pas à se convaincre que les paroles d'Au-
dière de Malemont n'étaient point sincères. « Ce
que je vous ai promis, lui dit-elle, ce n'est pas
de vous aimer d'amour ; mais j'ai voulu vous
arracher de la prison où vous étiez. » Faidit
en vain implora grâce , il lui fallut chercher d'au-
tres amours. Il ne fut pas plus heureux auprès
de la comtesse d'Aubusson, qui donna rendez-
vous à son amant , Hugues Brun , dans la maison
même de Faidit, pendant que ce dernier était
absent; ce fut Guillelma qui les reçut. Faidit,
étant de retour, apprit cet outrage, et s'en vengea
par une chanson satirique, où il dit qu'il « con-
naît une dame qui ne logea jamais l'honneur
sous sa ceinture ». Il fit part de ces vers à Marie
de Ventadour, dans l'espoir de rentrer dans ses
bonnes grâces , mais elle ne voulut plus le revoir.
Faidit partit alors pour la croisade : c'était
Marie de Ventadour qui l'avait engagé à se faire
croisé, pour être plus digne d'elle. Les adieux du
poète ressemblent à ceux de Marie Stuart quit-
tant la Fiance ; « Adieu , s'écrie-t-il , gentil Li-
mousin; je quitte votre doux pays, pays si
agréable, des seigneurs et des voisins , des dames
d'un mérite distingué, fleurs de courtoisie; aussi
je languis, je gémis, je soupire nuit et jour. «
De retour de la croisade , Faidit fut reçu par le
marquis de Montferrat, puis par messire d'Agoult,
seigneur de Sault et provençal. Ce qui sur-
prendra, après ses mésaventures en amour,
c'est qu'il aima encore une noble châtelaine,
Jordana de Brun , et il eut pour rival Alphonse II,
comte de Provence. La jalousie le jeta dans le
plus profond désespoir. Il crut que Jordana
payait le comte de retour; mais détrompé , il im-
plora sa grâce, et dit à Jordana qu'il lui serait aussi
fidèle que le lion de Gouffier de Lastours. Faidita
laissé un grand nombre de chansons et plusieurs
autres pièces devers. Nous citerons Le Triomphe
de V Amour, que Pétrarque a imité; —L'Hé-
résie des Prêtres, espèce de comédie, dans la-
quelle il favorise les sentiments des Vaudois et des
Albigeois. Il en composa d'autres, qu'il vendit,
dit-on, jusqu'à 3,000 livres. Martial Abdoin.
Nadaud, niss.,t.lV, p. 195-196.— J. deNostrc-Dame.Wisï.
poét. prov., ch. 14. — La Croix du Maine, Bibl. franc.,
p. 11. — Du Verdier de Vauprivas, Bibl. franc., t. I, p. is,
16. — Bib. imp,, Mss. 7225.— Vaissettc, Hist. du Langue-
doc, t. lli, p. 518. — Fontenelle . t. IV, p. 367-368. — hist-
littéraire des Troubadours, t. I, p. 3B4. — Dict. des
Mœurs des Français, poésie. — Marchangy, Caule poé-
tique. — Pétrarque, Poëme du Triomphe de l'Amour,
chant. 4.
FAiEL. Voyez Fayel.
FAiGCET DE VILLENEUVE (Joachim), et
non Faignet , économiste français , né à Mon-
contour (Bretagne), le 16 octobre 1703, mort
en 1780. Il fut d'abord maître de pension à Paris,
puis trésorier au bureau des finances de Cliàlons-
sur-Marne. Ona de lui: dans V Encyclopédie mé-
thodique, les articles Citation, Dimanche,
Épargne, Études; V Économie politique
contenant des moyens poxir enrichir et pour
perfectionner l'espèce humaine; Paris, 1763,
in-12. L'auteur y propose d'établir en Franc* une
régie ou compagnie perpétuelle, destinée à recevoir
les économies des artisans, des domestiques, etc.;
cette idée , on le voit, a été réalisée de nos
jours par la création des caisses d'épargne. Fai-
guet donna à plusieurs exemplaires de son ou-
vrage le titre de L'Ami des Pauvres, ou l'éco-
nome politique; 1766, in-12. Il y joignit un
Mémoire sur la diminution des fêtes , im-
primé avec des signes ou caractères nouveaux,
qui le rendent fort difficile à lire. 11 y essayait de
rapprocher l'orthographe de la prononciation ; —
Mémoire sur la conduite da: finances et sur
d''autres objets intéressants ; Amsterdain, 1720
(1770), in-12. On y trouve les Moyens de
19
FAIGUET — FAIIS
20
subsistance pour nos troupes, à la décharge
du roi et de l'État, imprimés séparément en
1769 ; — Légitimité de l'usure légale , où l'on
prouve son utilité , etc. ; Amsterdam , 1770,
in-12. L'auteur y discute les passages de rAncien
et du Nouveau Testament sur l'usure ou prêt à
intérêt ; et il démontre clairement que les ca-
suistes sont en contradictiou avec eux-mêmes. A
la fin de son livre, on lit les deux vers suivants :
A cinquante-cinq ans, avocat de l'usure.
J'instruisais la Sorfaonne et la magistrature ;
— V Utile emploi des Religieux et des Commu-
nautés, ou mémoire politique à l'avantage
des habitants de la campagne; Amsterdam,
1770, in-12. Faiguet se fit encore connaître par
différents moi'ceaux de prose et de vers, insérés
dans le Mercure et dans d'autres journaux. Il
inventa , pour le service des armées , une sorte
de fours mobiles et portatifs, dont les Mémoires
de l'Académie des Sciences, année 1761 , font
une mention honorable. Il est aussi le premier
qui ait fabriqué en France un pain composé de
trois parties égales de froment, de seigle et de
pommes de terre. P. Levot.
Barbier, Examen critique et Complément des Diction-
naires historiques.
* FA-HiAN OU cHi-FÀ-inAN , célèbre voya-
geur chinois, vivait au quatrième siècle de J.-C.
Il se livra dès sa jeunesse à l'étude des idées re-
ligieuses que les disciples de Bouddha avaient
nouvellement introduites en Chine. Instruit par
un des plus zélés missionnaires venus del'Hin-
doustan , Kieou-Ma-Lo-Chi , il voulut l'imiter et
contribuer à répandre dans le monde les prin-
cipes saraanéens. Accompagné de quelques reli-
gieux, il partit vers 400 de Tchhang'An, et parcou-
rut successivement les royaumes deKhian-Kouei,
de Néou-Than, de Chen-Chen, de On-I, de Kiè-
Tchha,deTho-Ly, d'Ou-Tchang, deSu-Ho-To,et
plus de vingt-cinq autres qu'il serait trop long d'é-
numérer; il traversa des déserts, tels que le Cha-
Ho (Fleuve de Sable), large de 150 lieues, passa
le Gange, ainsi que beaucoup d'autres fleuves,
gravit les plus hautes montagnes , escalada les
rochers, rampa sur le bord d'immenses préci-
pices, affronta les tempêtes dans les mers de
Ceylan,et revint sain et sauf à Tchhang'An, près
de quinze années après sondépart, ayant fait plus
de trois mille lieues européennes. Il s'occupa aus-
sitôt de la rédaction des notes qu'il avait prises
durant sa route, et les publia, vers 419, sous le
titre de Foe-Koue-Ki, avec la collaboration d'un
certain Pa-Lo-Thsan. Ce livre a eu en Chine un
grand nombre d'éditions ; on le considère comme
un des plus importants pour l'étude de la géo-
graphie et de l'histoire. M. Rémusat, qui en a fait
le sujet d'une étude spéciale et très-conscien-
cieuse, dit du Foe-Koue-Ki qu'il est écrit dans
un style très-simple et sans difficultés. Il ajoute
qu'il contient des renseignements que l'on cher-
cherait vainement dans les écrits des Occiden-
taux et peut-être dans ceux des Indiens eux-
mêmes. « Sa relation est donc aussi précieuse
pour la géographie comparée que pour l'histoire
des régions orientales. » L'édition de M. Abel
Rémusat est ainsi intitulée : Foe-Koue-Ki, ou re-
lation des royaumes bouddhiques, voyage
dans la Tartarie, dans l'Afghanistan et
dans l'Inde, à la fin du quatrième siècle, par
Chi-Fa-Hian ; Paris, imprimerie royale, 1836 ,
in-4". Il est accompagné d'un commentaire
très-précieux, et d'autant plus méritoire que
tous les monuments décrits par Chi-Fa-IIian
ont disparu depuis des siècles et qu'un très-grand
nombre des lieux qu'il indique ont changé de
nom. M. Charton a donné, en 1S54, une nou-
velle édition du Foe-Koue-Ki dans son Histoire
des Voyages {!" vol., p. 356). Louis Lacour.
Documents inédits.
FAIL (iVoé7 nu). Voy. Dufail.
FAILLE (De La). Voyez La Faille.
FAIN (Agathon- Jean-François, baron), his-
torien français, né le 11 janvier 1778, à Paris,
mort dans la même ville, le 16 septembre 1837.
Entré comme surnuméraire , dès l'âge de seize
ans, au comité militaire de la Convention natio-
nale, il fut admis dans les bureaux du Directoire
après le 13 vendémiaire an iv par Barras et Le-
tourueur (de la Manche), et de Lagarde,
alors secrétaire générai , en fit le chef de son
bureau particulier. Devenu bientôt après chef de
division, Fain se trouva chargé de la direction
de tous les travaux du secrétariat général. Sous
le consulat, il passa à la sécrétai l'erie d'État. Il
eut d'abord la division des archives, et bientôt
il obtint la confiance de Maret, depuis duc
de Bassano. En 1806, c'est-à-dire à vingt-huit
ans, il entra avec le titre de secrétaire-archiviste
au cabinet particulier de l'empereur. Depuis lors
il suivit Napoléon dans toutes ses campagnes et
dans ses différents voyages. Ce prince le créa
baron de l'empire en 1809, et deiix ans après
maître des requêtes. Au commencement de 1813,
après la campagne de Russie, le baron Fain fut
nommé secrétaire du cabinet. Il ne quitta plus
l'empereur jusqu'à l'abdication de Fontainebleau.
Le soir même du 20 mars 1815, il fut réins-
tallé dans ses fonctions aux Tuileries avec le ti-
trede premier secrétaire du cabinet de l'empereur,
qu'il accompagna à Waterloo. Le baron FaiH ,
oui le 6 juillet avait été porté, après la seconde
abdication de Napoléon, aux fonctions d'adjoint
au ministre secrétaire d'État pi'ès le gouverne-
ment provisoire, se retira dès le 8 du même mois,
jour où les Bourbons rentraient à Paris. Il em-
ploya les loisirs de cette retraite de quinze
années à rédiger ses souvenirs sur l'empereur,
et il a inscrit avec honneur son nom parmi
les annalistes du règne de Napoléon P''. Rappelé
aux Tuileries, dès le mois d'aofit 1830, par
le roi des Français, avec le ttrc de premier
secrétaire du cabinet, il fut également rétabli
l'année suivante, dans la dignité de commandeur
de la Légion d'Honneur, qui lui avait été con-
21 F AIN —
férée eti 1815. Lorsqu'à deux reprises lestrans-
fbrmations du îninistère appelèrent M. de Mon-
talivet au déparieinent de l'intérieur, le roi remit
aux mains du Ijaron Fain l'administration de sa
liste civile. Lors des élections de 1834, il fut
porté à la députalion par l'arrondissement de
Moatargis (Loiret) , lieu de sa retraite pendant
la Restauration. Aucune cll'constance particulière
ne fixa sur lui l'attention piiblique durant la lé-
gislature dont il fit partie. Il fut aussi membre du
conseil d'État. On a du baron Fâin • Manuscrit
de l'an iit (1794-1795), contenant les premiè-
res transactions de V Europe amc la Républi-
que française et le tableau des derniers évé-
nements du régime conventionnel, pour servir
à r histoire du cabinet de cette époque; Paris,
1828, in-8"; — Bîanttscrit de mil huit cent
douze, contenant le précis des événements
de cette année pour servir à l'histoire de
Napoléon; Paris, 1857, 2 vol. in-8"; — Ma-
nuscrit de mil huit cent treize, contenant
le précis des événements de cette année, pour
servir à Vhistoire dé VempereUr Napoléon;
Paris, 1824, 2 vol. in-8"; — Mamiscrit de mil
huit cent quatorze, contenant Vhistoire des
six derniers mois du règne de Napoléon; Pa-
ris, 1823, in-8". Les trois derniers de ces ou-
vrages sont au nombre des livres les plus exacts
et les plus intéressants qui aient été écrits sur
les derniers temps de l'empire. Le Bîémorial de
Sainte-Hélène les apprécie en ces termes : « 11
« serait difficile d'exposer avec plus d'intérêt et de
« vie que n'en présente cette peinture d'ëvéne-
« ments aussi importants et néanmoins auss,i peu
« connus, surtout l'immortelle et courte campa-
« gne de 1814. C'est un épisode de véritables
« merveilles M. le baron Fainnous a enrichis
« d'un tableau de juste orgueil national ; la re-
« connaissance des citoyens lui est assurée. »
« [ Paul DE CuAMROBERT, Encijcl. dcs G. du Al. ]
FAiPOULT. Voyez Fa\poult.
FAiRCLOiJGH ( Daniel). Voij. Featly.
FAîlsrAX {Edouard) , célèbre poète anglais.
On ignore la date de sa naissraice; il mourut
vers 1632. 11 était fils de Thomas Fairfax de
t)enton. Contrairement av!x habitudes guerrières
de sa famille , il vécut retire à Newhall, unique-
ment occupé de ses travaux littéraires et de
l'éducation doses enfants et de ses neveux, i^armi
lesquels est le célèbre lord Fairfax. Quant à ses
opinions, il dit lui-même dans ses écrits qu'il ne
fut « ni un papiste superstitieux ni un fanatique
puritain ». ÈrJouai-d Fairfax est surtout connu
par sa traduction de la Jérusalem délivrée du
Tasse , publiée en 1600 , dédiée à la reine Elisa-
beth et remarquable par la fidélité et l'harmonie
de la versification. On a préféré longtemps hî tra-
duction de Hoode, quoique inférieure en méi'itc.
Des éditions récentes témoignent de la justice
que rend enfin à l'iruvre de Fairfax le public an-
glais. Outre la traduction du Tasse, onadeFairfax
une Histoire du Prince Noir et des Églogues.
FAIRFAX
22
Biogr. Brit. — Prffciec to Faitfax's TasSo, édit. de
1749. — Coopcr, Mitses Library.
rAiBPAX (Thomas), général et homme
politique anglais, né à Otley , en 1611, mort
le 12 février 1671. 11 étudia quelque temps au
collège Saint-Jean de Cambridge; mais, entraîné
par son goût pour la carrière militaire, il alla
servir en HollandCj Sous les ordres de loid Yere.
Revenu en Angleterre, il épousa la fille de ce gé-
néral, dont il embrassa les doctrines presbyté-
riennes. Lorsque le roi et le parlement en vinrent
à une guerre ouverte, Fairfax prit parti pour cette
assemblée. Il fut d'abord battu en plusieurs ren-
contres par les royalistes, notamment à Adderton-
Moor, en 1643. Plus tard, il répara ses échecs
par d'importantes victoires , celle, par exemple,
de Marston-Moor. 11 succéda, après cette af-
faire , au comte d'Essex dans le commandement
de l'armée. Après la victoire de Waseby, cà la-
quelle il contribua puissamment par sa valeur, il
s'avança vers l'ouest, et continua de combattre
pour la cause qu'il avait embrassée. Il réduisit
Colchcster en 1648, et fit passer par les armes
Lisie et Lucas, qui avaient défendu la place au
nom du roi. La conduite de Fairfax parut se mo-
difier lorsque Charles fut tombé au pouvoir des
parlementaires; il eût voulu empêcher le parti
victorieux de pousser les choses à l'extrême.
Malheureusement la force de son caractère n'é-
tait pas à la hauteur de ses intentions. Il se borna
à quelques démonstrations respectueuses envers
l'infortuné monarque. Dominé par Crorawell , il
se laissait entraîner, et devenait sans le vouloir
l'instrument de projets dont il n'avait pu sonder
la profondeur. C'est ainsi qu'il marcha contre
les derniers débris du parti royaliste et les anéan-
tit à Colchester (1643 ). De retour à Londres, il
étabht son quartier général à Whitehali. Il es-
pérait sans doute en imposer au parlement et à
la cité ; mais ses bonnes intentions furent para-
lysées. Cromwell et les révolutionnaires arrivè-
rent à leur but, et Charles I^i- fut mis en juge-
ment. Fairfax ne voulut point assister à cet acte ;
et lorsqu'à l'appel des membres du parlement on
prononça son nom, lady Fairfax, placée dans une
des tribunes de la salle où se tenait l'assemblée,
s'écria: «Il est trop honnête homme pour se trou-
ver ici. » Fairfax fit d'inutiles tentatives pour em-
pêcher l'exécution du roi : la sentence fut exécutée.
Néanmoins , aussi ambitieux que faible, il accepta
le commandement des troupes en Angleterre et en
Irlande. 11 battit complètement les niveleurs à
Burlord, et apaisa les troubles du Hampshire. En
1650, les Éco'^safs s'étant déclarés pour Char-
les If, Fairfax refusa de Uiarcher contre eux;
Cromwell s'empressa de le remplacer. Débar-
rassé d'emplois qui lui pesaient, Fairfax se re-
tira dans sa terre de Nunappleton, dans l'York-
shire. Là, rcveiui de toutes les erreurs oii l'avait
Jeté un caractère impétueux, irréfléchi, il se livra
aux douceurs d'une vie paisible, partageant ses
loisirs entre l'étude et la culture de ses terres ,
Tè
FAIRFAX — FAKHR-ED-DIN
24
et faisant des vœux pour le rétablissement de la
famille des Stuarts , bien décidé cette fois à les
aider de tout son pouvoir pour remonter sur le
trône d'Angleterre. Au premier signal que donna
Monk(voy, ce nom), et qui fit naître l'espoir d'une
restauration, il sortit de sa retraite (3 déc. 1659),
suivi d'un corps d'habitants de sa province et de
1,200 Irlandais, qu'il avait enlevés aux drapeaux
du général Lambert. Monk étant entré en Angle-
terre, Fairfax s'empara d'York. Devenu membre
du parlement réparateur et chargé d'aller à La
Haye prier Charjes II de venir reprendre la cou-
ronne , Fairfax sut faire agréer à ce prince son
repentir. Après la restauration , il alla dans sa
retraite reprendre ses paisibles occupations. Il
mourut des suites d'anciennes blessures.
Sa fille, iUfane Fairfax, épousa le duc deBuo-
kingham.
Fairfax contribua à la publication de la Poly-
glotte. 11 est compté au nombre des poètes et des
orateurs de l'époque où il a vécu. On trouve
dans les catalogues anglais la liste de ses ouvra-
ges, la plupart peu importants. Ses Mémoires
ont été publiés en l699,'in-8°. [De Latena, dans
YEnc. des G. du M., avecadd.]
Hume, Hist. of Engl.— Lingard, Hist. of Engl. — Gui-
zot, Hist. de la Rév. d'Angl. — Villeraaln, Hist. de
Cromwell.
FAISTENBERGEROU FEISTENBERGER {An-
toine ) , peintre allemand , né à Inspruck , en
1678, mort à Vienne, en 1721. Il apprit le pay-
sage chez Bontisch , et perfectionna son style à
l'école de Gaspard Poussin à Rome. Les paysages
de Faistenberger sont encadrés dans des orne-
ments d'architecture romaine ; les figures y sont
peintes par Jean Graf et Alexandre Bredael. Les
tableaux de Faistenberger ont du coloris et une
grande vigueur d'expression.
Nagler, Neues Allg. Kûnstl.-Lexik, — Ersch et Gruber,
Allg--Enc.
FAITHORN OU FAYTHORNE {William),
peintre et graveur anglais, né à Londres, en 1616,
mort dans la même ville, en 1691. Il était élève
de Peake. Ce peintre ayant pris les armes pour
soutenir Charles F'', Faithorn suivit son maître,
et tomba entre les mains des puritains à l'affaire
de Bassinghouse. Amené à Londres, il y fut en-
fermé dans la prison de l'Aldersgate. Pour se
distraire des ennuis de la captivité , il se mit à
graver, et exécuta le portrait de Villiers , duc
de BucMngham. Ses amis obtinrent sa mise en
liberté ; mais, ayant refusé de prêter serment à
Olivier Cromwell, il reçut l'ordre de quitter
l'Angleterre. Il se retira en France, où il étudia
sous Philippe de Champaigne; il se lia aussi avec
le célèbre Nanteuil, qui lui donna d'excellents
conseils, et lui fit prendre une manière plus large.
De retour dans sa patrie, vers 1650, Faithorn
ouvrit à Londres un commerce d'estampes ; il
gravait pour les libraires, et exerçait son talent
l)our la peinture en miniature. « Ses portraits ,
dit Gori Gandellini, sont d'une exécution admi-
rable, d'un style libre, délicat et d'une couleur
vigoureuse. Ses tableaux d'histoire sont moins
bons, et laissent à désirer dans la coirection du
dessin. » Faithorn signait ordinairement ses es-
tampes de son nom et quelquefois F. F. Ses prin-
cipales gravures sont les portraits de sir Wil-
liam Pas ton, regardé comme son plus bel
ouvrage ; — Lady Paston, d'après Van Dyck ;
— Marguerite Smith , femme de sir Edward
Herbert; — Montagu , comte de Lindsay ;
— William Saunderson ; — Charles II , roi
d'Angleterre; — Sir Thomas Fairfax; — John
Milfon ; — John Hacket ; — Armand, cardi-
nal de Richelieu: ces quatre derniers morceaux
sont très-rares ; — UaeSam^e Famille, d'après
Vouët; — LaSainte Vierge caressant l'enfant-
Jésus , d'après La Hire; — le portrait du Sau-
veur tenant un globe du monde , d'après Ra-
phaël; — Le Christ mort, d'après Van Dyck;
— La Sainte Cène, etc. Il a publié aussi un
traité sur le dessin, la gravure au burin et à l'eau-
forte; 1662.
Strutt, Biographical Dictionary of Engravers : 1783-
1786, 2 vol, — Basan , Dictionnaire dés Graveurs. —
G. Gori Gandellini, Notizie degliintagliatori.
FAITHORN ( William ) , dit le jeune , gra-
veur et dessinateur anglais, fils du précédent,
né à Londres, en 1656, et mort en 1686. Il fut
élève de son père , mais renonça à graver au bu-
rin pour prendre la manière noire. Il grava ainsi
avec succès des portraits et quelques autres su-
jets. Mais sa dissipation et sa paresse le con-
duisirent à la misère et bientôt au tombeau. Ses
principales productions sont les portraits de Tho-
mas Flantmann { premier ouvrage de Faithorn ) ;
— Marie Stuart , princesse d'Orange, d'après
Hanneman, faussement attribuée par Basan à
Faithorn père ; — Sir William Read, célèbre
oculiste ; — Frédéric, duc de Schomberg ; — Sir
Richard Haddock , d'après Clostermann ; —
Anne , reine d'Angleterre ; — John Morr, évé-
qued'Ély; — Lady Catherine Hyde, etc.
Glov. Gori Gandellini , Notizie degli Inlagliatori.
FAKHR-ED-DiN ( le Faux) , historien arahe,
vivait en 701 de l'hégire ( 1302 de J.-C. ). La
dénomination de cefeécrivain était jusque ici restée
inconnue , car son titre honorifique et son nom
manquent dans le manuscrit , et son surnom est
illisible. Mais M. Reinaud a découvert qu'il s'ap-
pelait : Schérif So^ ed-Dïn- Mohammed ben-Ali
ben-Thébatheba, surnommé Ibn-al-Thacthaki,
Il comptait parmi ses ancêtres Ibrahim-Theba-
theba, qui joua un certain rôle dans les guerres ci-
viles qui signalèrent le troisième siècle de l'hégire.
On adelui : Al-Fakhrifi'l-Adabas-selathaniyet
we ad-dowel al-islamiyet (Le Fakhri, traité
de la conduite des rois , et histoire des dynasties
musulmanes). Cet ouvrage a reçu le titre de
Fakhri , parce qu'il était dédié à Al-Melik al-
Moatzem Fakhr al-Melet-vs^e-ed-din-Isa-ben-
Ibrahim, prince de Moussoul. La première partie
est un traité dc.[)olitique, la seconde une histoire
du khalifat depuis Abou-îiekr Jusqu'à la mort de
25
FAKHR-ED-DIN — FAKHR-ED-DIN BINAKITI
2G
Motasim-Billah ( 656-1258 ). C'est une des his-
toires les plus précieuses qui nous soient restées
des Arabes ; elle est écrite d'un style simple ,
renferme une foule d'anecdotes intéressantes sur
la vie des principaux personnages , et se distin-
gue par un esprit d'impartialité et de saine cri-
tique. On n'en connaît qu'un seul exemplaire,
celui delà Bibliothèque impériale, n° 895 de
l'ancien fonds arabe. Le texte et la traduction de
plusieurs fragments ont été publiés ; savoir : les
khalifatsde Haroun-ar-Raschld, et de Mostasim-
Billah, et les droits des souverains sur leurs su-
jets, par Silvestre de Sacy, dans le t. P'' de la
Chrestomathie Arabe; — la translation de
l'empire des mains des Ommiades en celles des
Abbassides, par Am. Jourdain, dans le t. V des
Fundgruben des Orients (Mines de l'Orient);
Vienne, 1816, in-fol. ; — L'Histoire des quatre
premiers Califes, par M. Freytag, à la suite
des Locmani Fabulie, etc.: Bonn., 1823, in-8°,
par Henzi, dans ses Fragmenta Arabica ; Saint-
Pétersbourg, 1828, in-8°; — Les Califats d'A-
rain , de Mamoun , de Motasim , de Watsic , de
Motewekkel etdeMontasir, par M. Cherbonneau,
dans le Journal Asiatique de Paris , an. 1846,
1. 1, II; an. 1847, t. I. E. Beautois.
Silvestre de Sacy, Cfirest. Ar., t. I. — Cherbonneau ,
dans le Journ. Asiate, I8'i6, t. I, p. 296. — Omdet at-
thalib, manuscr. arabe, n° 636, f" 108 de l'ancien fonds. —
Docuin. inédits communiqués par M Reinaud.
FAKHR-ED-DIN AR-RAZi. L'iman Abou-ab-
dallah-Mohammed-ben-Omar-ben - al-Huséin-
ben-Ali-at-Taïmi, al-Beeri, at-Thabar estant,
surnommé Ibn-al-Khatib (le Fils du Prédica-
teur) et Falchr-ed-din-ar-Razi, célèbre docteur
musulman de la secte de Schaféi, né à Réi (ville
derirak-Adjemi),en543 ou 545 de l'hégire (1149
ou 1151 de J.-C. ) , mort à Hérat, le 1er schewal
606 (mars 1210). C'est auprès de son père qu'il
apprit les premiers éléments des sciences : après
la mort de celui-ci , il se rendit à Merw pour y
suivre les leçons de Kemal-ed-Din-Al-Simnani.
Revenu au lieu de sa naissance, il se plaça sous
la direction de Madjd-ed-Din-Al-Djili, qu'il suivit
à Meragha. Lorsqu'il eut terminé ses études, il
passa dans le Khowarezin, puis dans le Mawar-
an-Nahr. Les doctrines d'Ibn-Keram, qui profes-
saitranthropomorphisme,avaienttrouvé un grand
nombre de sectateurs dans ces contrées. Fakr-ed-
Din entreprit de les combattre, et ne le fit pas
sans succès. Les chefs de cette hérésie , irrités
de voir diminuer le nombre de leurs adhérents,
soulevèrent le peuple contre Fakhr-ed-Din. Malgré
l'appui du sultan, celui-ci fut forcé de sortir du
Mawar-an-Nahr, et rentra dans sa patrie. Il ne
tarda pas à s'en éloigner pour se rendre à Ghaz-
nah, auprès de Schebab-ed-Din-ben-Sam, sultan
de la dynastie des Gaurides. Ce prince le combla
d'honneurs et de richesses. Peu de temps après,
Fakbr-ed-Din rçtourna dans le Kliowarezm , et
s'attacha au sultan ftloliammed Khothb-ed-Din-
ibn-Tacasch , qui fonda pour lui un collège à
Hérat, et le retint auprès de lui pour le reste
de ses jouis. Les sciences les plus diverses, la
philosophie, la théologie, la jurisprudence , les
mathématiques , la médecine , l'asti-ologie , l'al-
chimie , l'histoire , les traditions , la théologie ,
la philologie furent l'objet des études de Faklir-
ed-Din ; il a laissé des écrits sui- toutes ces ma-
tières, et même quelques pièces de poésie. Il
s'exprimait avec éloquence en arabe et en per-
san ; quelquefois il était tellement ému de com-
ponction, qu'il pleurait lui-même à ses discours.
Il est, avec Al-Gazali, l'un des premiers qui aient
introduit la logique dans les discussions théolo-
giques ; aussi quelques zélés musulmans l'ontils
traité de novateur, d'impie, de rationaliste, de
corrupteur de la morale et de la religion. Mais,
malgré ces reproches, il n'a pas laissé de con-
server une belle réputation ; ses ouvrages se sont
répandus dans toutes les contrées soumises à
l'islamisme , sont devenus classiques, et ont fait
oublier les autres écrits relatifs aux mêmes su-
jets. Parmi les ouvrages de Fakhr-ed-Din on re-
marque : Khamsin fi ossoul-ed-Din ( Les Cin-
quante Questions sur les Principes de la Religion ) ;
—4r&m>2 (Quarante Questions), sur la métaphy-
sique. On trouve la liste de ses autres écrits dans
Hadji-Khalfa , dans Ibn-Khallikhan , dans Khon-
demir,etdans unpassagedu Tarikh-al-Hokama
(Histoire des Philosophes), publié parCasiri.
E. Beauvois.
Ihn-al-Atsir, Kam.il at-Teivarikh. — Abou'l-Karadj,
Hist. Dynast; trad. par Pococke, p. 298, 817. — Ibii-
Khallikan , Biogr. Diction.., trad. par M. Mac-Guckin
deSlane, t. Il, p. 652. — Aboiri-Féda, Ann. Moslem., trad.
par Reiske t. IV, p. 173, 239. — Khondcmir, Hîibil, as-
siyer. — Léon l'Africain, ^'ie des Médec. et dus Philos.,
dans le t. XITI, p. 289 de la Biblioth. Grxca de J. Alb.
Fabricius. — Hadji-Khalfa, I^exic. bibliog. et encyclop.,
trad. et publ. par Fluegel , t. Il, n» 31d2, et passim. —
Casiri, Bibl. Jrab. Hispana, t. I, p. 181, 198-466,518.
* FAKHR.ED-DIN BINAKITI (Abotl-Sou-
leijman Daoudben-abou'l-Fadhl ben-Moham-
med, plus connu sous le titre honorifique de),
historien persan, né à Binakit ouFinakit (ville du
Mawar-an-Nahr) , mort en 730 de l'hégire ( 1329
de J.-C). Il remphssait la charge de poète lau-
réat à la cour de Ghazan-Khan. On a de lui :
quelques pièces de vers ; — Rawdhet oulVl-
albab fi towarikh al-akabir tv'nl-ansab (Le '
Jardin des Savants relativement à l'histoire des
grands hommes et des généalogies), ou plus briè-
vement Tarikh-i- Binakiti (Chronique du Bi-
nakiti). Elle a été achevée en 717 (1317) et
dédiée au sultan Abou-Saïd. C'est un abrégé du
Djamï-at-Tewarikh de Raschid-ed-Din. On n'y
trouve aucun fait nouveau; aussi cette histoire
a-t-elle beaucoup perdu de sa valeur depuis la
récente découverte de l'ouvrage original. Il y est
traité des prophètes jusqu'à Abraham, des rois \
de Perse, des khalifes jusqu'à la mort de Mos-
tasem-Billah, des Juifs, des Francs, du chris-
tianisme, de l'Inde , de la Chine et des Mogols.
Le viu'' chapitre de cette chronique a été tra- /
duit en latin et publié par André Millier, sous /
le titre erroné de : Abdallx fieidhavxi Historia
27 FAKHR-ED-DIN BINAKITI
Sinensis (Histoire chinoise), Berlin, 1677, in-4°;
et réimprimée par son fils, avecdes additions, léna,
1689, ia-4°. Il en existe une traduction anglaise
par Weston; 1820. E. Beauvois.
Doulatschah, TedzUret as-Schoara, liv. IV. — Hadji.
Khalfa , Lexic. BibUogr., édit. Fluegel, t. III, n° 6635. —
J. de Hammer, Gesch. der sc/ionen Redekûnste Persiens,
p. 242. — Art. dans les ff^tener JahrbUcher, an. 1835. —
Bullef. delaSoc.Géogr. de Paris, an. 1735, p. Bl.— M. Et.
Quatremère, m$t. des Mongols de Raschid-ed-Din, X. I,
préf., p. 83, 421. — H. Elliot, BibUogr. Judex to Vie His-
torians of Muhammedan India, 1. 1, p. 70.— VV.H. Morley,
A descr. Catal. of t/ie IJistor. inss. in the Arabie and
Persian long, prescrv. in the libr. of the R. Anat. Soc.
of Cr.-Britain and Ireland ; Lond., 1854, in-8°.
FARHii-ED-DiSf (1), FAKKARDix et quel-
quefois FACARDiN , grand-émir des Druses, né
en 1584, décapité le 13 avril 1635. Il était de la
famille de Maan Monogly , et fut élevé par un
chrétien maronite, qui l'initia aux sciences et
aux arts. Son père ayant été empoisonné en
1586, sa mère, Setnesep, prit la régence, et gou-
verna avec tant d'intelligence, que sous sa direc-
tion le fils l'econqult les provinces que le père
avait perdues et fut même proclamé grand-émir
par les chefs des Druses. 11 profita des guerres
que soutint successivement le sultan Achniet P""
contre ses pachas d'Asie révoltés , contre la
Hongrie et la Perse, pour obtenir des conces-
sions importantes du monarque ottoman. En
1608, Fakhr-ed-Din s'allia avec Ferdinand,
grand -duc de Florence, qui lui fournit une flotte.
Il attaqua alors la Perse, et s'empara de Séida,
(le Balbek et des pays de Libanon. Le sultan
Achmct, inquiet d'un tel voisin, lui donna ordre de
discontinuer ses conquêtes, et l'invita à venh' à
Constantinople pour déterminer les frontières de
leurs États réciproques. L'émir y consentit; mais
il se rendit d'abord à Florence, où Cosme H de
Médicis, qui venait de spccéder à son père, le reçut
en ami. Sur les conseils intéressés de son allié ,
Fakhr-ed-Din fit détruire et combler les ports
llorissants de Saint-Jean-d'Acre , de Tyr, de
Séida et de Beyrouth. Le sultan, irrité , envahit
ies États de Fakhr-ed-Dyn ; mais Setnesep re-
poussâtes Turcs, et obtint une suspension d 'armes
que le retour de son fils changea en paix. Plus
tard Fakhr-ed -Din, confiant dans les promesses du
pape, du roi d'Espagne et du grand-duc de Tos-
cane , recommença la guerre ; il prit Antioche,
soumit les montagnards des monts Sajou, et s'en-
gagea dans une guerre injuste etdésastreuse contre
les Arabes. Setnesep moin-ut sur ces entrefaites,
et avec elle la bonne fortune de son fils s'évanouit.
Abandonné par les princes chrétiens, attaqué par
les pachas de Damas et de Jérusalem, battu par
les Arabes ettrahi par ses principaux chefs, Fakhr-
ed-Din fut envoyé à Constantinople, oîi le sultan
Amurath ÎV le reçut avec quelque considération
et lui aurait peut-être rendu la liberté si les Dru-
ses, conduits par les petits-fils de l'émir, n'eussent
recommencé les hostilités. Amurath crut alors
(1) Mot qui signifie dans l'Orient Gloire de la Heli-
gion.
FALCAND 28
être bon politique en faisant décapiter Fakhr-.
ed-Din et tous les membres de sa famille qu'il
tenait entre ses mains.
Chaudon et Delandine , Dictionnaire hist.
*PAKHHS 8EN-ERIIBI HËRAWI, écrivain
persan , vivait en 947 de l'hégire (1540 de J.-C. ).
Il était ami du célèbre Ali-Schir. On a de lui :
Djewahrr al-adjaïb (Perles des Merveilles),
biographies de vingt femmes poètes quiontécrjt
en turc ou en persan. Cet ouvrage fut dédié à
Moiiammed Isa-Tarkhan, souverain du Sind;_
Tohfet ai-Habib ( Pi'ésent pour l'Ami ), ouvrage
dédié à Habib-Allah. C'est un recueil alphabé-
tique de ghmals (odes) tirées des meilleurs écri-
vains, E. Beauvois.
A. Sprenger, A Catah of the arab., pers. and hin-
dustany ms$. ofthe Libraries of the king of Oudh; Cal-
cutta, 1854, in-S" , 1. 1, p. 9.
* FAJARDo (Alonso Guajardo), poète et
moraliste espagnol du seizième siècle, né à Cor-
douc. Il écrivit une série de 280 quatrains, qui
sont parfois des dictons vulgaires mis eu vers,
mais le plus souvent des maximes morales ; ces
Proverbios morales en redondillas (1) parurent
à Cordoue, 1588, in-S", et ils furent réimprimés
à Paris, 1614, in-l2, avec une comédie De Filo-
sofia moral, composée par Hurtado de La Veras
{voy. ce nom). César Oudin a placé 50 de ces
Proverbios à la suite de quelques éditions de ses
Refranescastellanos, et notamment dans celles
de 1604 et de 1659. G. B.
G. Duplessis, Bibliographie parémiologique, p. 297.
FAJARDO (Diego). Voyez Saavedra.
* FALAiZE (M'"'= Carollne-Phillberte), née
Jacquemain, femme de lettres fi'ançaise, à Cliâ-
teauroux, le 4 mars 1792, morte à Bourges, le 25
janvier 1852. Elle apublié plusieurs ouvrages d'é-
ducation : Leçons d'une mère à sa fille sur la
religion. Ce livre a en une seconde édition sous
le titre de Leçons dhme mère à ses enfants '^
Paris, 1837, 2 vol. in-8" ; — Hommage à la
sainte couronne; Bourges, 1840, in-)8; — Ç/o-
tilde, ou le triomphe du christianistne chez
les Francs ; Lille, 1848, in-12; — Souffrance
et Courage, ou la pieuse Madeleine; Paris,
1850, in-8° ; — Confidences d'une jeune fille ;
^aris, 1851, 3 vol. in-S". — Mme Fajaize, qui a
publié dans divers recueils des pièces de poésie
fort gracieuses , a laissé en manuscrits 1° plU'
sieurs pièces de théâti-e , dont quelques-unes en
vers; 2° un poème sur les guerres de la Vcndéa,
intitulé La Fiancée du Bocage ; 3"^ une Histoire
de sainte Jeanne de Valois. H. Boyer.
Documents inédits, — Girardqt, Notice, dans l'Art en
Province de 1832.
falba7.be de qui!«gey. Voyez Fenouillot.
FALCAM. FoyeS RÉSENDE.
FALCANO (i/M^'wes), historien sicilien, d'o-
rigine normande, vivait dans la seconde moitié
du douzième siècle. Sa vie est tout à fait in-
connue. Muratori ,1e croit Sicilien ; Mongitore,
au contraire, pense qu'il fut élevé seulement en
(1) Rcdondilla, Rtanee en fjiintre vers.
29
FALCAND
Sicile, et qu'il appartient plus à la Norman-
die qu'à la Sicile, ijien qu'il ait passé plusieurs
années dans ce dernier pays. Suivant les auteurs
de VArt de vérifier les dates, le véritable
nom de cet liistorieu était Fulcaudus ou Fou-
cault. D'après eux, Hugues Foucault, Français
de naissance et abbé de Saint-Denis, avait suivi
en Sicile son patron Etienne du Perche, oncle,
du côté maternel, du roi Guillaume II, arclievé-
que de Palerme et archi-chancelier du royaume
de Sicile. VHistoïre littéraire de France, qui
adopte cette opinion, cite à l'appui deux passaj^es
de Falcand lui-même , lesquels semblent établir
qu'il n'était pas Sicilien et qu'il écrivit son His-
toire hors de la Sicile. Deux autres passages
cités par le môme recueil prouvent que l'abbé de
SaintrDenis avait écrit sur les malheurs de la
Sicile. D'un autre côté, l'auteur, quel qu'il soit, de
l'Histoire de la Sicile se dit alumnus Siciliœ ; ce
qui semble indiquer qu'il était né dans cette île,
ou du moins qu'il y avait été élevé, ce qui ren-
drait insoutenable l'identité établie par VArt de
vérifier les dates entre Falcand et Foucault.
Sans prétendre trancher la question, contentons-
nous de dire que Falcandns pour Fulcaudus est
une faute de copiste très-facile à concevoir ; que,
<i'après Carusius, le manuscrit conservé à Ca-
tane dans la bibliotlièque de Saint-Nicolas de
Arenis , ne porte point le nom de l'auteur, et que
dans celui de la Bibliothèque impériale n° G262,
c'est Baluze qui a écrit Hugo Falcand us, èur l'au-
torité des éditions, faites toutes d'après celle de
Gervais de Tournay.
L'ouvrage de Falcand ou Foucault roule en-
tièrement sur les troubles de la Sicile sous le
règne de Guillaume P' et de Guillaume H; il se
leimine à la fuite et àla mort de ce dernier prince,
en 11 G9. On a donné quelquefois à Falcand le titre
du Tacite sicilien, et Gibbon a fait de lui uu
fort bel éloge. « Son récit, dit il, est rapide et
clair, son style hardi et élégant ; ses observations
ont de la portée. On voit qu'il connaissait bien
les hommes et qu'il pensait lui-môme comme
uii homme. )i L'histoire de Falcand ne contient
j:as seulement un récit intéressant des révolutions
(le la Sicile, elle offre aussi des diîtails très-cu-
riiyix. sur l'industrie manufacturière et agricole
de ce pays. La ville de Païenne, alors partagée
on trois quartiers, renfermait un grand nombre
de manufactures d'étofles en laine et en .soie,
enrichies d'or et de pierreries. Les Palermitains
tiraient leurs meilleures laines de France, où l'art
de tisser les étoffes était alors moins avancé.
Parmi les végétaux qui croissaient ou qu'on
cultivait aux environs de Palerme, Falcand
nomme les siliques ou carroubes,et surtout la
canne k miel, no ^, dit-il, qui lui vient de la
douceur du suc qi 'elle renferme. Une légère
( iiisson donne à ce .'. 'cla saveur du miel; mais
si on le fait bouillir \ssez Ion-temps, il prend
la consistance et la qualité du sucre.
L'Histoire de Sicile de Falcand est intitulée
FALCIERI 30
De Tîjrannide Siculorum ; elle fut publiée pour
la première fois par Gervais de Tournay, sur un
manuscrit de Matthieu de Longue-Joue , Paris,
1550, in-4''; elle a été réimprimée dans le Re-
cueil des Historiens de Sicile, Fraiadort, 1579;
dans Ia Bibliothèque de Sicile de Carusius en
1723, et enfin en 1735, dans les Scriptores Re-
rum Itatlcarum, t. VU. D'après VHistoire lit-
téraire de France, « toutes ces éditions ne sont
que des répétitions de la première, à quelques
légères corrections près, qui ne sont fondées sur
l'autorité d'aucun manuscrit. »
Fabricius, Blbliotlieca Latina rnediœ et infltnse setatis.
— Vossius, De HUloricis Latinis. — Mongitore, Bibiio-
theca Sicula , append., 1. II, p. 51. — Art de vérifier les
dates, t. III, p 813. — Breqiiigni, Dissertation sur
Etienne du Perche, dans les Mémoires de l'Acad. des
Inscriptions, t. XLI, p. 622. — Histoire littéraire de
France, t. XV, p. 274.
* FALCE {Antonio la.), peintre de l'école
napolitaine, né à Messine, vers 1640, mort en
1712. Élève d'Agostino Scilla, il peignit avec
succès l'ornement à la détrempe et à l'huile •
Ayant voulu, dans un c\ge déjà assez avancé,
essayer de la fresque, il ne réussit pas égale-
ment, et, suivant l'expression de Lanzi, il n'y
parut qu'un peintre de taverne. E, Tj— n.
LaDzi, Storia délia Pittura. — Ticnzzi, Dizionario.
*FALCETTi {Giovanni- Baitista), archilectc
bolonais, mort en 1629. En 1620 il travailla à
Uologne, au palais Bentivogiio ; mais on ignoi-e
quelles parties de ce bel édifice doivent lui être
attribuées. 11 décora dans la même ville une des
chapelles de San-Martino-R'Iaggiore. En 1627,
il donna des dessins pour la façade et deux cha-
pellesde la cathédrale de Carpi ; mais il n'est pas
bien certain que le portail en bossage qui fut
construit quelques années après sa mort soit
celui qu'il avait projeté. E. B — n,
Cafiipori, Gli Artisli Ilaliani e stranieri neijU Stati
Estensi. -Malvasia, Pitture, Scolture e Archiletture di
liologna. -M. A.Gualandi, Tre Cinrni in liulor/na.
* FALCiAïORE (Filippo), peintre do l'école
napolitaine, vivait eu 1740. On a de lui de char-
mants tableaux avec des figures de petite pro-
portion représentant des scènes de brigands,
des batailles, des incendies, etc.
"Winckelinann, IVeues Mahlerlexikon.
* FALCiDius (P...), jurisconsulte romain,
vivait vers l'an 40 avant J.-C. Il ne doit pas
être confondu avec un C. Falcidius contempo-
rain de Cicéron et mentionné par cet orateur
dans son discours Pro lege ManHïa. P. l-'alci-
dius, dont il est question ici, donna son nom à
la loi Falcidia, qui assurait à l'héritier inscrit le
quart des biens du testateur. La loi Falcidia, in-
corporée aux Instit'utes de Justinien, fut remise
en vigueur à dater du sixième siècle. V. R.
Dion Cassius, XLVIH. — Inst. de JusUnlcn, passirii. —
Clcéroi), Pro lege filanil.
* FAi.ceEKi (Biar/io), peintre de l'école vé-
nitienne, né à San-,\mbrogio (Yéronais), en
1628, mort en 1703. Il fut élève à Vérone de
Giacomo Locatelli, et à Venise du cav. Liberi. Il
J
31
FALCIERI — FALCKENSTEIN
32
imita ce dernier clans ces teintes grasses et
chaudes qui sont le plus grand charme de ses
ouvrages. Plein de feu, d'imagination, de fécon-
dité, Falcieri avait une grande habileté de main,
et ses nombreux travaux lui procurèrent une
brillante fortune. C'est à Vérone que se trou-
vent la plupart de ses ouvrages ; le plus remar-
quable est un grand tableau placé au-dessus de
la porte de la sacristie dans l'église de Sainte-
Anastasie; il représente le Concile de Trente, et
dans sa partie supérieure saint Thomas terras-
sant les hérétiques ; cette oeuvre brille surtout
par la richesse de la composition et la variété
des expressions. Citons encore dans la même
ville les peintures de l'orgue de la cathédrale
et celles qui entourent un ancien crucifix vénéré
à Saint-Luc. Au nombre des travaux les plus
importants de Falcieri figure la galerie qu'il
peignit dans le château de La Mirandole pour le
duc Alexandre II. E. B— n.
Pozzo, f^ite de' Pittori feronesi. — Orlandi, Abbece-
dario. — Lanzl, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizio-
nario. — Campori, Gli Jrtisti negli Stati Estensi. —
liennassuti, Gtiida di Ferona.
* FALCw{Antoine-Reinhard,havon), homme
d'État hollandais, né à Amsterdam, en 1776,
mort le 1 6 mars 1 843. Après avoir fait ses premières
études à l'athénée de sa ville natale, il alla les
compléter dans les universités d'Allemagne, pour
se préparer à la carrière diplomatique. Peu de
temps après son retour à Amsterdam, il fut
nommé secrétaire de l'ambassade hollandaise en
Espagne. Lorsqu'il revint dans sa patrie , elle
était sur le point de devenir un royaume, destiné
à servir de dotation à un frère de Napoléon.
Falck fut du petit nombre des hommes publics
qui ne voulurent pas servir directement le sou-
verain imposé à leur patrie. Il se tint à l'écart, et
ne voulut accepter que la place , très-lucrative il
est vrai, de secrétaire général de l'administration
des affaires de l'Inde, affaires qui alors se ré-
duisaient à peu de chose; Falck eut ainsi du
loisir pour se livrer à la littérature, qu'il aimait.
Nommé membre de la troisième classe de l'Institut
royal de Hollande, classe qui répondait à l'A-
cadémie des Inscriptions et Belles-Lettres en
France, il y lut un mémoire traitant de l'influence
de la civilisation hollandaise sur les peuples du
nord del'hlurope, particulièrement sur les Danois.
Ce travail, plein de remarques intéressantes, fait
partie du tomeP*^ des Mémoires de la troisième
classe de V Institut de Hollande; Amst.,
1817. Lors delà retraite des troupes françaises,
en 1813, Falck provoqua une révolution dans la
Hollande, et favorisa l'entrée des alliés, dans
l'espoir de parvenir au rétablissement d'un gou-
vernement indépendant. Aussi fut-il nommé se-
crétaire du gouvernement provisoire ; puis l'an-
née suivante, lors de l'organisation du royaume
des Pays-Bas, il fut appelé au poste important
de secrétaire d'État, et eut beaucoup de part à
l'établissement des nouvelles institutions de sa
patrie. Ce fut lui qui rétablit, en 1816, l'Acadé-
mie de Bruxelles et lui donna des statuts. Il
fut élu membre de cette Académie deux ans
après. Dans la même année 1818, le roi des
Pays-Bas, qui lui accordait une confiance illi-
mitée, le chargea à la fois des ministères de
l'instruction publique, de l'industrie nationale et
des colonies. Le baron Falck encouragea et
améliora beaucoup l'instruction primaire, et les
universités ne se ressentirent pas moins de sa
direction éclairée. Le rapport qui fut distribué
en 1827 aux états généraux sur la situation des
écoles du royaume fit voir tout ce que le ministre
avait fait pendant ses fonctions et tout ce qui
avait reçu de lui sa première impulsion. Mais les
embarras du gouvernement allaient croissant.
Les Belges exposaient avec énergie les griefs
qu'ils avaient contre le système hollandais; le
ministère auquel le baron Falck appartenait n'é-
tait pas lui-même entièrement d'accord. Van
Maanen, ministre de la justice, détruisait en
partie par sa véhémence le bien que Falck
cherchait à faire dans la baute instruction. Ti-
raillé en dedans et en dehors, le ministère fut
enfin dissous , et Falck se retira avec ses deux
collègues, de Nagell et le baron Goubau, lais-
sant le champ libre à Van Maanen. Cette re-
traite fut vivement blâmée par le parti hollan-
dais ; mais sans doute les ministres qui donnaient
leur démission avaient jugé impossible de se
maintenir avec dignité. En 1840 Falck sortit de
sa retraite pour remplir les fonctions d'ambassa-
deur à Bruxelles, qu'il garda jusqu'à sa mort.
[Depping, dans l'Enc. des G. du M.]
Quetelet, Hommage à la mémoire de l'ambassadeur
.4. R. F.; Bruxelles, 1845. — Convers.-Le.xiTcon.
FALCREMBERG. Voyez Jean de Falckem-
KERG.
FÂLCKBNBOURG {Gérard), en latin Fal-
coburcjius, philologue belge, né à Nimègue, vers
1535, mort en 1578. Il voyagea en France, et
suivit les cours de Cujas à Bourges. Il était atta-
ché au comte Hermann de Niewenair. Un jour
que, pris de vin, il se rendait à Steinfurt, il
tomba de cheval, et se tua. On a de lui : Notx
in Nonni Panopolitani Bionysiaca ; Anvers
(Plantin), 1560, in-4°; Francfort, 1606, in-8°;
— des vers grecs que Janus Dousa inséra dans
son Schediasma in Tibullum; — des Notes sur
Catulle et des Observations sur le Promptua-
riumJuris d'Harmenopule, restées en manuscrit
dans la Bibliothèque de Leyde.
Foppens, Bibliotheca Belgica.
FALCKEKSTEiN (Jean Henri de), historien
allemand, né le 6 octobre 1682, mort le 3 fé-
vrier 1760. Préparé aux études académiques
par des précepteurs particuliers, il visita les
universités allemandes et hollandaises, devint
en 1715 prodirecteur de l'académie équestre
d'Erlangen, et y fit des cours de jurisprudence,
de généalogie et d'art héraldique. En 1718 il
se convertit du protestantisme au catholicisme,
et obtint aussitôt de, l'évéque d'Eichstsedt un
33 FALCRENSTEIN — FALCON
emploi d'historiographe. En 1730, après douze
années de fonctions, et par suite d'intrigues de
cour, Falckenstein abandonna Eischstaedt, gou-
vernée par un nouvel évêque, et vint s'établir
à Schwabach , où il devint conseiller du mar-
grave Charles-Guillaume-Frédéric de Branden-
bourg-Onolzbach. Tout en vaquant à ses fonc-
tions, il se livrait avec ardeur aux recherches
historiques. De 1736 à 1740 il rassembla àEr-
furt les matériaux de son Histoire de Thuringe.
Ses dernières années furent troublées par des
tracasseries dues en partie à son changement de
religion : Ses ouvrages sont : Antiquitaies
Nordgavienses ; Francfort et Leipzig , 1733 ; —
Delicise topogragraphicas Norimbergenses ;
1733, in-fol. ; — Antiquitaies Sudgavienses :
écrites en 1733 et formant le prodrome de
l'ouvrage publié en 1763; — Analecta Thu-
ringo-Nordgaviensia ; Schwabach, 1734-1743,
tiois parties ; une quatrième partie est intitulée :
Antiquitatum Nordgaviensium Codex dipl'o-
jnaiicMS;Neustadt, 1788, in-fol.; — Thuringi-
sche Chro7iica; Erfurt, 1737-1739 ; — Givitatis
Erfurtensis Historia critica et diplomatica;
Erfurt, 1739-1740; Schwabach, édition de Mau-
rer, 1756, in-4°; — Cronicon Suabacense ;
Ulm, 1740, in-4° ; — Tugend und Ehrenspie-
gel der Thuringischen Princes simmd fraen-
kischen Kœnigin, der heil. Radegundis (Le
Miroir de l'honneur et vertu de sainte Rade-
gonde, princesse de Thuringe et reine de Franco-
nie); Wurtzbourg, 1740, in-4°; — Wahre und
Grund haltende Beschreibung der heuti-
gen Tages weltberuhmten reichsfreien Stadt
JVûrnberg (Description véridique et détaillée de
la ville libre et renommée de Nuremberg) ; Er-
furt, 1750, in^"; — Antiquitates et Memora-
bilia Marchiee Brandenburgicas ; 1751, 1752;
— Vollstaendige Geschichte des grossen Her-
zogthums und ehemaligen Kœnigreichs
Baiern ( Histoire complète du Grand-Duché,
autrefois royaimie, de Bavière); Munich, 1763.
34
Meusel, Lex. vom Jakre 17S0-1800. — Verstor-
bene Schriftsteller. — Adelung, Suppl. à Jôcher, Allg.
Cel.-Lexik. — Hirscliing, Hist, liter. Handb.
FALCO ( jBenof/ )» grammairien et historien
italien, né à Naples, vivait dans la première par-
tie du seizième siècle. Très-versé dans la philo-
logie italienne, il possédait de plus le latin, le
grec et l'hébreu. Il enseigna avec succès cette
langue à Naples. On a de lui : De Origine He-
hraicarum, Greecarum Latinarumque Litte-
rarum, deque numeris omnibus libellus ;
Naples, 1510, in-4°; — De Syllabarum poetica-
rum quantitate noscenda; Naples, 1529,in-4°;
—Rimario; Naples, 1535, in-4° ; — La Dichia-
ratione de molti luoghi dubbiosi d'Ariosto e
d'alquanti del Petrarcha ; escusatione fatta
infavordi Dante ;m-i°; —La Descriitione
dei luoghi antichi di Napoli e del suo dis-
trefto ;mi)\es, 1539, 1568,1580, 1589, in-8°.
Cette description géographique et historique
NOUV. BIOGR. nÉNÉR. — T. XVII.
fut traduite en latin par Sigebert Havercamp, d'a-
près la sixième édition italienne, Naples, 1G79,
in-4'', et insérée dans le Thésaurus Antiquita-
tum Italiœ de Burmann, t. IX.
Toppi, Biblintheca TfapoUtana. — Fabriclus , Biblio-
theca Latina médise et inflmee eetatis. — Tiraboschi,
Storia délia Letteratura Italiana, t. VU, part. U,
p. 416; Vil, p. 111, 401.
FALCO OU FALCON ( Aymar ), théologien
français, né dans la seconde moitié du seizième
siècle, mort en 1544. Issu d'une famille illustre
du Dauphiné, il fut d'abord curé de la paroisse
de Saint-Antoine, et obtint ensuite la grande
commanderie de Bar-le-Duc. Il était chanoine
régulier de Saint-Antoine. Le chapitre général
de son ordre le députa à Rome, auprès du pape
Clément VII. A son retour , il fut choisi pour
gouverner l'ordre sous le titre de vicah-e géné-
ral. On a de lui : Antonianse Historige Com-
pendium; Lyon, 1532. C'est une histoire de
l'ordre de Saint-Antoine ; — De tuta Fidelium
Navigatione inter varias peregnnorum dog-
matum, nec non claudicantium opinionum
fluctuationes, Dialogi decem; Lyon, 1536; —
De Exhilaratione Animi , quem metus mor-
tis angit et excruciat ; Vienne, 1541, in-8"; —
De compendiosa Ratione qua quis ditari pas-
sif; et de Fœdere cum Turco non ineundo;
sans indication de date.
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.
FALCO. Voy. CONCHILLOS.
* FALCON (Q. Sosiîis), homme d'État romain,
vivait dans la seconde moitié du deuxième siè-
cle de l'ère chrétienne. Né d'une famille illustre,
possédant une grande fortune, et consul en 193,
il était un de ceux que Conamode avait résolu
de faire mettre à mort la nuit même où il fut
assassiné. Les prétoriens, dégoûtés des réformes
de Pertinax, proposèrent le trône à Falcon, et
le proclamèrent empereur. Ce mouvement
échoua, et les chefs furent mis à mort. Falcon,
dont la complicité dans le mouvement était bien
loin d'être prouvée, obtint sa grâce, et se rôtira
dans ses domaines, où il mourut, de sa mort na-
turelle.
Dion Dassius, LXXII, 22; LXXIII, 8. — Capitolln, Per-
tinax, 8.
* FALCON ou FAUCON, moine de Tournus,
vivait vers la fin du onzième siècle. Certains
écrivains ont prétendu qu'il appartenait à la
maison de Mercœur et était neveu de saint
Odon de Cluny. L'abbé de Tournus Pierre P"",
voulant voir mettre en ordre différents monu-
ments historiques qui se conservaient dans son
monastère, s'adressa au moine Falcon, que re-
commandait son érudition. Falcon, après quel-
ques difficultés, accepta le travail, et composa
la Chronique de Tournus. Cet ouvrage, assez
curieux, peut se diviser en quatre parties, bien
distinctes : 1° les actes de saint Valérien, l'apô-
tre du pays, martyrisé en 179 , et dont le corps
repose à Tournus ; 2" l'origine légendaire du mo-
nastère de Luçon, érigé depuis en évôché;
2
35 FALCON —
3" l'histoire de ia translation du corps de saint
Philibert en différents endroits, en dernier lieu
à Tournus, avec l'histoire des àbbés de la com-
munauté errante qui accompagnait pendant ce
temps les saintes reliques, sujet déjà traité avec
détails au neuvième siècle par l'abbé Ermen-
taire ; et 4" l'histoire des abbés de Tournus de
875 à 1087 , époque où s'arrête la chronique.
Falcon écrivait mieux que beaucoup de chroni-
queurs du moyen âge. Un autre moine de Tour-
nus, Garnier, qui vivait au douzième siècle, et
qui a développé la partie du livre relative à saint
Valérien, a sauvé le nom de l^'alcon de l'oubli, en
expliquant l'initiale F, sous laquelle il écrivit, et
nous apprend que l'initiale P désigne l'abbé
Pierre I, auquel fut dédiée la Chronique de Tour-
nus. Mabillon fait assez de cas de Falcon, et le
P. Chifilet s'en est beaucoup servi dans son His-
l:oire de Tournus, in-4°, publiée à Dijon, en 1 664 .
L'abbé Jueniny a corrigé quelques erreurs dans
son Histoire de V Abbaye de Saint-Philibert et
de la ville de Tournus. Ern. Bréhaut.
Mabillon, Acta Sanctorum Ordinis S. lienedicti. —
Gallia christiana nova. — Jacques Lelong, ISibliotliéque
historique de France. — Moréri, Dict. hist. — L'ubbii
Papillon, Bibl.des Auteurs de Bourgogne. —Hist. de la
Littérature française, par des Bénédictins de Saint-
Maur.
~FAî.coNEEii«GE ( AUxander ) , voyageur
anglais, mort à Sierra-Leone, en 1792, il fit plu-
sieurs voyages en Afrique, le plus souvent en
qualité de cliirurgien, à box'd des bâtiments né-
griers. Il publia le résultat de ses observa-
tions, sous ce titre (en anglais) Précis de la
Traite des Nègres sur la côte d'Afrique ; 1789,
in-8". L'auteur y raconte d'affreux épisodes, et
plaide vivement la cause de l'humanité, prise
même au pointde yae de l'intérêt des traitants.
Catalogue de la Bibl. imp.
FALCONERiDGE ( Anna-Maria), femme du
précédent, vivait encore en 1795. Elle suivit son
mari dans quelques voyages, dont elle donna ia
relation sous ce titre (en anglais ) : Deux Voya-
ges à Sierra-Leone , dans les années 1791,
1792 et 1793, dans une suite de lettres ; Lon-
dres, 1793, in- 8% 1794 et 1795, in- 12. Cet ou-
vrage, écrit avec conscience, offre des détails
remplis d'intérêt sur les mœurs des habitants
de la côte ouest de l'Afrique. A. de L.
Cbaudon et Delandine, Dict. hist.
FALCONCiNi ( Benedetto), biographe italien,
né en 1657, à Volterra, mort à Arezzo, le 6 mars
1724. Après avoir fait ses premières études dans
sa patrie, il alla étudier la théologie, la philoso-
phie et la jurisprudence à Pise,où il obtint, jeune
encore, la chaire de droit canon. En 1704 il fût
nommé évêque d'Arezzo. Il jouissait d'un grand
crédit à la cour de Rome et à celle de Côrae III,
grand-duc de Toscane. On a de lui : La Vita
del nobil tiomoet buon servodi Dio Raffaello
Ma/fey, detto il Volterano; Rome, 1722, in-4°.
Chaudon et Delandine , Dict. universel, hist. et crit.
: FALCONE {Benedetto m) , historien italien,
FALCONER
36
né à Bénévent , vivait dans le douzième siècle.
Quoique juif d'origine, il devint notaire du pa-
lais apostolique, et secrétaire du pape Inno-
cent II. Il écrivit une histoire ou chronique des
principaux événements arrivés particulièrement
à Bénévent de 1102 à 1140. D'après Le Mire,
la narration de Falcone est si vive, que le lecteur
croit assister aux événements racontés. La lati-
nité de ce chroniqueur est d'ailleurs barbare,
même pour le temps. L'ouvrage de Falcone fut
publié pour la première fois avec trois autres
chroniqueurs par Ant. Caraccioli, sous le titre
de Antiqui chronologi quatuor ; Naples, 1626,
in-4°; il a été réimprimé dans VHistorïa Prin-
cipum Longobardorum, de Camille Peregrin,
Naples, 1643, in-4"; àansla. Biblioiheca'hislorica
Sicilix, de Carusius, Palerme, 1720,in-fol., t. I;
dans les Reruni italicarum Scriptores de Mu-
ratori, t. II et V, et dans le Thesaiirus Anti-
quitatum Italise de Burmann, t. IX.
Le Mire, Bibliotheca ecclesiastica, t, I, p. 241, — Fa-
briciiis, Bibl. Lat. med. et inf. œtat.
FALCOîJE (Aniello), peintre italien, né à
Naples, en 1600, mort en France, en 1665. 11 se
distingua surtout comme peintre de batailles.
Lanzi vante la correction de son dessin , la vi-
gueur de son coloris , la vivacité , la variété et
le naturel de ses figures. Falcone eut de nom-
breux élèves, parmi lesquels on remarque Salva-
tor Rosa, qui le surpassa en l'imitant. 11 prit avec
toute son école une part active à l'insurrection
de Mas Aniello, et lorsque les Espagnols eurent
repris le dessus , il se réfugia en France , où il
composa un grand nombre d'ouvrages.
Lan?,!, Storia délia Pittura , t. II, 413.
*FAL,coKE (Andréa), sculpteur napohtain,
vivait à la fin du dix-septième et au commence-
ment du dix-huitième siècle. Élève de Cosimo
Fanzaga, il ne brilla guère plus que son maître par
la pureté de son goût, et ne contribua pas peu
à propager à Naples le style dégénéré de l'école
du Bernin. Ses ouvrages ne se recommandent
guère que par une grande habileté d'exécution.
E. B— N.
Cicognara, Storia délia Scultura. — Ticozzi, Di:iio-
nario.
* FALCONE ( JosepZi), annahste et prédicateur
italien, né à Plaisance (Italie), mort en 1597,
après avoirexercé plusieurs dignités dans l'or-
dre des Carmes , auquel il appartenait. On cite
de lui : Chronicon Ordinis Carmelitici ; Plai-
sance, 1593, in-4°; — Sermones qnadragesi-
males ; Venise, 1594. N. M— y.
Possevin , Apparatus sacer. — Labbe, Bibliotheca
bibliothecarum. — Antonio, Bibliotheca Hisp. nova.
FALCONER (William), poëte anglais, né
vers 1730, naufragé en décembre 1769. Fils d'un
pauvre 'oarbier d'Edimbourg, il reçut d'abord
l'éducation que comportait la modeste position
de son père. Il avait cependant quelques no-
tions de littérature, lorsque, jeune encore, il
prit du service à bord d'un vaisseau marchand.
Plus tardii entra chez le poëte Campbel, qui lui
37
FALCONER
trouva des dispositions naturelles et prit la peine
de les développer. Falconer répondit à l'attente de
son protecteur. En 1751, il composa un poëmc sur
la mort de Frédéric, prince de Galles. Deve-nu
second maître à bord d'un bâtiment frété pour
le commerce du Levant, il fut témoin d'un
naufrage, qui lui inspira un de ses plus beaux
poèmes, intitulé : Shipivreck. Il écrivit aussi de
petites pièces, parmi lesquelles le chant popu-
laire : Cease, rude Boreas. Le duc d'York, de-
venu son pi'otecteur par suite de la dédicace du
ShipivrecJi, que lui avait adressée le poète , lui
ayant donné le conseil d'entrer dans la marine
royale, Falconer s'embarqua abord du Royal-
George eu qualité de midshipman. Après avoir
composé un poème de circonstance, sous le
titre Ode on the Duke of York' s departure
from England as rear-admiral, il fut nommé
intendant des vivres (purser) de la frégate
Glortj en 1763 ; et en 17C9 il remplit les mêmes
fonctions sur la frégate Aurora, eu paiiance
pour l'Inde. Ce bâtiment, qui devait transporter
dans l'Inde plusieurs inspecteurs de ia Compa-
gnie, fit voile d'Angleterre le 30 septembre 1769,
et toucha au Cap au mois de décembre de la
même année. Depuis on n'en entendit plus parler.
On suppose qu'il périt dans le canal de Mozam-
bique. Comme poète descriptif, Falconer mérite
un rang distingué : son chef-d'œuvre, The Sliip-
wreck, reproduit d'une manière pittoresque et
saisissante les grandes scènes de l'Océan. On lui
reproche d'avoir abusé des termes techniques,
au point d'être souvent inintelligible pour ceux
qui sont étrangers à la marine. Les autres poésies
de Falconer n'ont guère survécu aux circon-
stances qui les avaient inspirées. On a en outre
de lui : Universal Marine Dictîonary, publié
en 1769, ouvrage où se trouvent d'utiles docu-
ments. V. R.
Aikiii, Gen. bior/r. Dict. — Clarke, en tête de son
Odilion de Shipivreck.
FALCONER ( William ), médecin et littéra-
teur allemand, né à Chester, en 1741, mort en
ISOf». 11 étudia la médecine à Edimbourg, et s'é-
tablit ensuite à Bath. Il s'appliqua à la littéra-
ture autant qu'à la médecine. Ses ouvrages sont :
Disscrtatio de NephrUlde liera ; Edimbourg,
1766; — An Essay on the Bath Waters,
in four parts ,with apre/atory introduction
to the study of minerai ivaters ; Londres ,
1770; — Observations on D'' Cadogan's Dis-
sertation on the (jout and ail chrome diseu-
ses ; Londres, 1771 ;— Observations and Ex-
periments on the Poison of copper ; Londres,
1774; — An Essay on the Waters commonly
used in diet ai Bath; Londres, 1776; — Ex-
perivienis and Observations ; Londres, 1777;
— Observations on some articles of diet
and regimen usually recommended to vale-
tudinarians ; Londres, 1778; — Remarks on
the Influence of Climate, situation, nature
of country, population, nattire of food, and
- FALCONET 38
ivay of life ; On the disposition and temper^
manner, and behaviour, intellects laws and
customs, forms of government and reli-
gions ofmankind; Londres, 1781 ; — Account
on the épidémie catarrhal Fever commonly
called the Influenza, as it appeared at
Bath in 1782; — Dobson on fixed air;wlth
an appendix on the use of the solution of
iixed alkaline salts in the stone and gravel;
Londres, 1785 ; — A Dissertation upon the
infltience of passions upon the disorders of
body ; Londres, 1788; — An Essay on the
Préservation of the Health of persans em-
ployed in agriculture, and on the cure of
diseuses incident to that way o/^i/e; Londres,
1789; — Apractical Dissertation on the mé-
dical Effects of the Bath Waters; Londres,
1790 ; — Miscellaneous Tracts and collections
relating to natural Mstory, selected from
the principal ivrilers of antiquity on that
subject ;lionAïs,?,, 1795, in-4"; — An Account
oj the use, application and success of the
Bath Waters in rheumacic cases; Bath, 1796;
— Observations respect ing the Puise; Lon-
dres, 1796 ; — An Essay on the Plague, etc.;
Bath, 1801 ; — An Account qf the epidemical
catarrhal Fever in the winter and spring of
1802; Bath, 1803; —A Dissertation on Is-
chias, etc.; Londres, 1805.
Krsch .et Gruber, Allg. Enc.
*FAi.cqMET, troubadour provençal, vivait
au commencement du treizième siècle; on man-
que de détails sur sa vie, mais il reste de lui
deux pièces de vers , dont l'une offre une
forme singulière : c'est une satire contre divers
seigneurs de l'époquy. Falconet suppose qu'ils
servent d'enjeu à une partie qu'il engage avec
un autre troubadour, nommé Fabrc ou Faure ;
il les pèse et donne à chacun une valeur; ce qui
amène des railleries mordantes. G. B.
MiUot. Hist. des Troubadours, lii, 399. — Pichoii, Hist.
de l'rovenea, II, 411. — Raynouard , Choix de Poésies,
V, 147. — Hist. lut. de la France, t. XVII, p. S28.
FALCONET (Ambrotse), jurisconsuhe fran-
çais, mort en avril 1817. Avocat au parlement
de Paris eu 1790, il donna ses conseils à Beau-
marchais, dans l'affaire Lablache, et concourut,
dit-on, à la rédaction des mémoires publiés à
cette occasion. Il plaida avec succès plusieurs
autres causes importantes. On a de lui : Le
Début, ou premières aventures du chevalier
de...; Londres et Paris, 1770, in-l2. On trouve
quelques exemplaires de cet ouvrage sous le
titre de Mémoires du chevalier de Saint-
Vincent; Londres et Paris, 1770; — Essai sur
le Barreau grec , romain et français; Paris,
1773, in-s" ; — une édition des Œuvres choisies
de Lcmaistrc; 180G, in-4" ; — Le Barreau
français moderne; 1806-1807, 2 vol. in-4";
— IMlre à S. M. Louis XVIII sur la vente
des biens nationaux; 1814, in-8".
QuOrard, La France littéraire.
FALCONET (André), médecin français, né
3.
39
FALCONET
40
à Roanne, le 12 novembre 1612, mort en 1691.
Après avoir fait ses études chez les jésuites de
Roanne , il se rendit à Montpellier, où il se fit
recevoir docteur en 1634 ; il s'établit à Lyon
en 1636, et ne se fit agréger qu'en 1641
au collège des médecins de cette ville. La même
année il alla prendre à Valence le grade de
docteur en droit. En 1663 il fut appelé à Turin
pour donner ses soins à Christine de France ,
fille d'Henri IV, et celte princesse lui donna le
titre de son premier médecin. Falconet profita
de son séjour à Turin pour inspirer au duc
Charles-Emmanuel II l'idée de faire réparer les
bains de la ville d'Aix en Savoie, abandonnés
depuis longtemps et presque ruinés. Il était en
correspondance avec Charles Spon et Guy Patin.
On a de lui : Moyens préservatifs et méthode
assurée pour la parfaite guérison du scor-
but; Lyon, 1642, in-8°; ibid., 1684, in-8°.
Èloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
FALCONET (Noël), médecin français, fils
d'André, né à Lyon, le 16 novembre 1644, mort
à Paris, le 14 mai 1734. Il fit ses études à Paris
en 1658, sous la direction de Guy Patin. Il alla
les achever à Montpellier, où il fut reçu docteur
en 1663. Il revint ensuite à Lyon, et se fit agréger
au collège des médecins en 1666. Ayant obtenu
en 1678, par le crédit du comte d'Armagnac,
la place de médecin des écuries du roi , et en-
suite celle de médecin consultant du roi, il s'é-
tablit à Paris, et y resta jusqu'à la fin de sa vie.
On a de lui : La Méthode de M. de Lucques
sur la maladie de madame Dugué , femme
de Vintendant de Lyon, réfutée ; Lyon, 1675,
in-4" ; — Système des Fièvres et des crises,
selon la doctrine d'Hippocrate ; des fébrifti-
ges , des vapeurs, de la petite vérole, de Fé-
ducation des enfants, de Vahus de la bouil-
lie; Paris, 1723, in-8°.
Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
FALCONET ( Camille), médecin et littérateur
français, fils de Noël Falconet, né à Lyon, le
1"' mars 1671, mort à Paris, le 8 février 1762.
Il étudia la médecine à Montpellier, où il eut pour
professeur Chirac et pour condisciple Chicoy-
neau, avec lesquels il se lia d'une étroite amitié.
Il alla prendre le grade de docteur à Avignon ,
et s'établit à Lyon. En 1707 il vint à Paris, où
il obtint d'abord la survivance de la place de
médecin des écuries du roi, et plus tard les titres
de médecin de la famille de Bouillon et de méde-
cin de la chancellerie, et enfin celui de médecin
consultant du roi. Il fut reçu en 1 709 à la Faculté
de Médecine de Paris. Sept ans après , il fut élu
à l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres.
Il avait formé une riche collection de livres ,
augmentée par le legs que lui fit M"^ de Bouillon
delà bibliothèque qu'elle tenait du duc son père.
En 1742,ildisposaenfaveurdela Bibliothèque du
Roi deceux de ses livres, au nombrede onze mille
environ, que cette bibliothèque ne possédait pas, en
s'en réservant seulement l'usage pendant sa vie.
Falconet mourut âge de quatre-vmgt-onze ans.
Parmi ses ouvrages nous citerons : Dissertation
historique et critiquesur ce que les anciens ont
cru de V aimant (dans les Mémoires de VAcad.
des Insc, tom. IV) ; — Dissertation sur les As-
sassins {ibid., tom. Vil); — Dissertation sur
les principes de Vétymologie par rapport à
la langue française ( ibid., tom. XX) ; — Dis-
sertation sur Jacques de Dondis (ibid., ibid.) ;
— Observations sur nos premiers traduc-
teurs français, avec un Essai de bibliothèque
française ( Histoire de VAcad., tom. Vil).
Il a retouché YÉloge de la Folie, traduit du
latin d'Érasme par P. Gueudeville; Paris, 1757,
in-12. On lui attribue l'édition des Amours pas-
torales de Daphnis et Chloé, traduction d'A-
myot, Paris, 1781, in-S"; et (avec Lancelot)
l'édition du Cymhalum Mundi de Bonaventure
Desperriers, Amsterdam, 1732, in-12. Falconet
avait légué à Lacume de Sainte-Palaye , son
ami, cinquante mille cartes sur lesquelles il
avait consigné le résultat de ses lectures et de
ses réflexions. RigoUey de Juvigny a fait usage
d'un certain nombre de ces cartes pour l'édition
qu'il a donnée en 1772 A&s, Bibliothèques fran-
çaises de La Croix du Maine et de Du Verdier.
On a publié le Catalogue de la bibliothèque
de feu M. Falconet; Paris, 1763,2 vol. in-8''.
Les livres donnés à la Bibliothèque du Roi sont
compris dans ce catalogue , et placés entre cro-
chets. E. Regnard.
0. Lebeau, Éloge 'historiquc.de Falconet; Paris; 1762,
In-i". — Avertissement, en tête du Catalogue de la
bibl. de feu M. Falconet. — Quérard, La France litt.
FALCONET {Éticnne-Maurice) , sculpteur
français, né à Paris, en 1716, mort en 1791,
Sa famille était peu aisée, et plus d'une fois son
maître, Lemoine , ne l'aida pas moins de sa
bourse que de ses conseils. Tout en se livrant à
son art avec ardeur, Falconet trouva le temps
d'étudier le grec et le latin et d'acquérir une
instruction dont, malheureusement pour lui, il
n'a pas toujours fait le meilleur emploi. Doué
d'un esprit remuant, inquiet, porté à la con-
tradiction et au paradoxe, il écrivit une foule de
brochures, de mémoires, de libelles, d'articles
de journaux, attestant tous une immense estime
de lui-même et presque toujours une égale dis-
position à dénigrer les autres. L'antiquité même
ne fut pas à l'abri de ses attaques. Il préférait
hautement le Puget aux plus habiles artistes de
la Grèce et de Rome, « qui, disait-il, n'ont jamais
rendu comme le sculpteur marseillais le senti-
ment des plis de la peau, la mollesse des chairs
et la fluidité du sang». Selon lui, les anciens
n'ont jamais su faire un cheval; les chevaux
de Venise, ceux de Marc-Aurèle et des Balbas
seraient au nombre des plus pitoyables produc-
tions de l'art. Le Marc-Aurèle surtout, dont il
n'avait vu que le plâtre placé dans la grande
cour de Fontainebleau , tandis qu'il ne connais-
sait les chevaux de Venise et d'Herculanum
41
FALCONET
que par des dessins, le Marc-Aurèle, dis-je, fut
surtout en butte à ses incessantes diatribes. Fal-
conet n'était pas plus indulgent, mais cette fois
avec plus de raison, pour le cheval de Constantin
au Vatican, par le Bernin, cheval qu'il appelle
une des plus mauvaises et impertinentes produc-
tions quel'on puisse voir en sculpture.
On conçoit qu'avec un semblable caractère
Falconet ne devait prendre de conseils que de
lui-même; aussi ses ouvrages sont-ils em-
preints d'une originalité qui trop souvent dé-
génère en bizarrerie; s'il avait eu autant de
goût et de modestie que d'imagination et de
savoir, il occuperait un poste plus élevé parmi
les artistes modernes.
Beaucoup de ses ouvrages, placés dans des
églises , ont été détruits à la révolution ; tel fut
le sort d'une grande Assomption, placée à Saint-
Roch de Paris et que surmontait une gloire cé-
leste éclairée par un transparent. Ces étranges
inventions, excellentes pour des décorations de
théâtre ou de fêtes publiques, étaient devenues
fort à la mode au dix-huitième siècle, et déjà
dans le siècle précédent le Bernin en avait
donné un avant-goût à Rome dans la chaire de
Saint-Pierre et dans la chapelle Sainte-Thérèse
à l'église de la Victoire. Falconet n'avait pas
atteint sa trentième année quand une statue de
Milon de Crotone, qu'il ne craignit pas d'entre-
prendre après le Puget , lui ouvrit les portes de
l'Académie royale des Beaux-Arts. Un Pygmalion
et une Baigneuse, qu'il offrit ensuite au
public, furent accueillis avec une égale faveur ;
il n'en fut pas de même d'un Amour me-
naçant, qui lut virement critiqué : toutefois ses
ouvrages de sculpture et ses nombreux écrits
n'eussent peut-être pas sauvé de l'oubli le nom
de Falconet, s'il n'eût eu le bonheur de se voir
chargé d'une de ces entreprises gigantesques
qui marquent dans l'histoire de l'art, ne fût-ce
que par leur importance matérielle.
En 1776, Catherine n appela Falconet à Saint-
Pétersbourg, et le chargea d'une statue équestre
et colossale de Pierre le Grand, destinée à sur-
monter un immense bloc de granit du poids de
deux millions de kilogrammes, qu'un habile ingé-
nieur était parvenu à extraire du fond d'un ma-
rais et à amener sur des boulets, d'une distance
de six kilomètres, jusque sur la place de l'église
Saint-Isaac. Il faut reconnaître que dans cette en-
treprise Falconet fit preuve d'un véritable talent
et d'une rare énergie. Abandonné par les fon-
deurs, découragés ou gagnés par ses ennemis, au
moment où le moule était à moitié rempli, il ne
désespéra pas du succès , et parvint à vaincre
une des plus grandes difficultés de la fusion en
achevant de remplir le moule quand la moitié
du bronze y était déjà refroidie. La statue de
Pierre le Grand a 3'°,66 de hauteur et le cheval
5"',60 ; le groupe entier pèse 18,000 kil. L'ar-
tiste a placé le czar sur un cheval fougueux qui
se cabre sur le bord de la roche escarpée ; calme
FALCONETTO 42
sur son cheval frémissant, il jette un regard
sur sa ville , qui s'élève florissante du sein des
marais, et paraît étendre sur elle sa main pro-
tectrice. Cette pose est extrêmement hardie et
serait impossible à tenir si la queue du cheval,
posant sur le roc, ne servait de contre-poids, ar-
tifice ingénieux qui a été imité par Bosio dans
la statue de Louis XTV à Paris. On prétend que
lorsque Falconet eut arrêté son projet, il le sou-
mit à l'impératrice, en lui exposant la difficulté
qu'il y aurait à représenter un homme et un
cheval dans une position si hardie sans avoir
un modèle sous les yeux, et qu'alors le général
Melissino, très-habile écuyer, offrit de monter
chaque jour devant lui un cheval dressé à cet effet
et de le faire cabrer sur le bord d'une plate-forme
présentant la forme du roc. Cette expérience
eut un plein succès , et le cheval de Pierre le
Grand se cabre réellement avec beaucoup de
vérité. La figure du czar est moins parfaite ; les
draperies sont d'une ampleur excessive et traîne-
raient à terre si le cavalier pouvait descendre de
sa monture. On dit que la tête, qui est d'une
grande ressemblance, avait été modelée par un
autre artiste français, M"« Callot, qui avait saisi
parfaitement le caractère du modèle. Malgré
son mérite incontestable, ce groupe fut en butte
à de nombreuses critiques, qu'avait peut-être pro-
voquées l'amour-propre démesuré de son auteur.
Desservi par un personnage puissant, dont il
s'était attiré l'inimitié, Falconet ne fut pas digne-
ment récompensé, et en 1778 il quitta la Russie,
et revint en France. Il se préparait à aller visiter
l'Italie quand, au conomencement de mars 1783,
il fut frappé de paralysie ; il conserva intactes
ses facultés intellectuelles ; mais il ne fit plus que
languir jusqu'à sa mort, qui arriva en 1791.
Falconet était studieux, et il fit preuve d'une
parfaite connaissance des classiques en publiant
les trois livres de Pline sur les arts, accompagnés
de nombreuses illustrations et de coramentaii-es
intéressants. Dans ses nombreux opuscules, qui
ne forment pas moins de 6 vol. in-8° , il attaque
vigoureusement et de front les préjugés les mieux
établis, et en cela il fit preuve de courage ; mais
il attaqua avec le même fiel W^inckelmann , Hu-
bert, Mengs et les autres artistes ou écrivains
sur les arts. En un mot, dans ses écrits il blâme
tout le monde, et ne loue que lui seul. « Peut-
être, dit Cicognara, n'eut-il d'autre tort que ce-
lui de dire tout haut et avec franchise ce que
tant d'autres se contentent de penser tout bas
d'eux-mêmes. » E. Breton.
Cicognara, Storia délia Scultura. — Ticozzi, Dizio-
nario. — Orlandi, Abhecedario. — Magazin pittores-
que, t. I, 1883.
* FALCONETTO ( Gtovanni-Antomo), peintre
de l'école vénitienne, né à Vérone, à la fin du
quinzième siècle. Il était, ainsi que son frère Gio-
vanni-Maria, issu d'une famille de peintres. Son
père, Jacopo, artiste très-médiocre, était fils d'un
autre Giovanni- Antonio, qui n'était pas sans ta-
43
FALCONETTO
44
îcnt, mais qui avait été complètement éclipsé par
son frère , l'un des grands peintres véronais ,
Stefano da Verond, plus connu sous le nom de
StefanodaZevio {voy. ce nom). G.-A. Falconetto
reçut sans doute de son père les premières no-
tions de son art ; mais on pense que, ainsi que son
frère, il étudia sous le Melozzo ; il devint habile
peintre de fruits et d'animaux, et a laissé un
assez grand nombre de tableaux à Vérone et
dans divers lieux du Véronais , ainsi qu'à Ro-
vereto , château du territoire de Trente, dans
lequel il passa les dernières années de sa vie.
E. B— N.
Vasafi, Fite- — Ticoz/-i, Dizionario. — Lanzi, Storia
■pittorica. — Siret, Dictionnaire historique dos Peintres.
. FALCONETTO ( Gïo Va?? w i-Mana ), peintre et
architectedel'école vénitienne, frère du précédent,
né à Vérone, en 1458, mort à Padoue, en 1534. Il
étudia la peinture d'abord sous son père Jacopo,
puis sous le Melozzo. Il ne montra pour cet art
que des dispositions médiocres , et il sentit lui-
même que sa vocation l'entraînait vers l'arciii-
tecture. 11 étudia avec ardeur les monuments et
les antiquités de Vérone; puis, ce champ ne suf-
fisant plus à ses recherches, il partit pour Rome,
où il ne resta pas moins de douze années , des-
sinant et mesurant tous les restes de l'antiquité;
il ne laissa pas non plus inexplorés le royaume
de Naples et le duché deSpolette, et ne re-
vint à Vérone que l'esprit retrempé à la vraie
source du beau et le portefeuille rempli de tous
les chefs-d'œuvre de l'art romain. 11 était pauvre
alors, et Vasari dit que pendant son séjour à
Rome il dut consacrer deux ou trois jours par
semaine à aider dans leurs travaux les peintres
à réputation pour pouvoir donner le reste de son
temps à ses études favorites.
Lorsqu'il revint dans sa patrie , il la trouva
dans un état politique qui ne laissait aucune oc-
casion aux grandes entreprises de l'architecture,
et il dut pendant quelque temps en revenir à
ses premiers travaux.
Vérone étant, en 1509, tombée au pouvoir de
l'empereur Maximilien, par la victoire que ses
troupes remportèrent sur les Vénitiens à la
Ghiara d'Adda , Falconetto obtint le privilège
de peindre seul sur les édifices publics les armes
impériales , triste privilège pour un artiste de ce
mérite ; mais il fut largement récompensé de
son travail. C'est à la même époque qu'il peignit
à fresque sur îa façade de l'église de Saint-Pierre
martyr, alors consacrée à saint Georges , divers
sujets\le l'Écriture, accompagnés des figures de
deux seigneurs allemands qui les lui avaient
commandés; il n'en reste plus qu'une belle An-
nonciatlon.
Vérone étant en 1517 retombée aupouvou-des
Vénitiens, l'artiste, favorisé par l'empereur, dut
sonp;er à sa sûreté, et il se retira à Trente; plus
tard, les affaires s'étant arrangées, il alla s'éta-
blir à Padoue, où l'appelaient la protection du car-
dinal Berabo et l'amitié du noble Luigi Cornaro ,
grand amateur des arts , écrivain distingué , au-
teur du traité Délia Vita sobrïa , chez lequel il
passa les dernières années de sa vie. Pendant ce
long séjour à Padoue , il fit de fréquents voyages
à Rome, soit seul , soit en compagnie de Luigi
Cornaro. Il avait pins une telle habitude de ce
voyage, que la moindre occasion suffisait pour
l'y décider. Vasariraconteque, n'étant pas tombé
d'accord avec un autre architecte sur la mesure
d'un certain entablement antique : «Nous saurons
bientôt qui a raison , « dit-il. Il rentre chez lui ,
fait son paquet et part pour Rome le même jour.
Il fit aussi un voyage en Istrie pour dessiner et me-
surer l'amphithéâtre de Poia, dont, à son retour,
ii publia les détails en même temps que ceux de
l'amphithéâtre de Vérone. Ses ouvrages en archi-
tecture sont peu nombreux dans cette dernière
^i!le; on lui attribue seulement le dessin de la
grande porte de l'église Santa- Maria délia
Scala. Il a beaucoup plus travaillé à Padoue. En
1530 il y construisit les deux belles portes de
Saint-Jean et de Savouarole; en 1532 il éleva
le superbe portail dorique du palais del Capi-
tanio; en 1533 il acheva dans l'église Saint-
Antoine la magnifique chapelle du saint, com-
mencée en 1500 par les deux Minello, et
continuée par Sausovino. On lui doit aussi une
salle de concert ou odéon , dite la Rotonde de
Padoue , que Palladio ne dédaigna pas d'imiter
dans la belle maison de campagne des comtes
Capra, appelée aussi la Rotonde. Le chef-
d'œuvre de Falconetto est le palais qu'il bâtit ,
en 1524, pour Luigi Cornaro,non loin de l'église
Saint- Antoine , et qui est connu aujourd'hui
sous le nom de palais Giustiniani al Santo; on
vante surtout la galerie ou loge construite en
avant de la cour, et consistant en deux étages
chacun de cinq arcades décorées en bas d'un
ordre dorique, et au-dessus d'un ordre ionique.
Ce fut dans ce palais même que, souffrant depuis
longtemps d'une goutte cruelle , Falconetto ren-
ditle dernier soupir, dans les bras de son ami, qui
voulut que ses restes fussent déposés dans le
tombeau où il devait reposer lui-même. Falco-
netto avait aussi commencé à Usopo dans le
Frioul, pour le comte de Savorgnano, un magni-
fique palais, que la mort de ce seigneur ne per-
mit pas d'achever.
Au milieu de ses travaux d'architecture, il
n'avait jamais renoncé entièrement à la pein-
ture ; ainsi nous voyons à Saint-Joseph de Vé-
rone un beau tableau , portant la date de 1523,
représentantla Madone entre saint Augustin et
saint Joseph. Dans la même ville, il a laissé un
Christ au tombeaic à Sainte- Hélène; il a peint
à fresque, à la voûte et aux pendentifs de la cha-
pelle Saint-Biaise à Saint-Nazaire et Saint-Celse,
quatre docteurs, deux évêques, une Annoncia-
tion et une Adoration des Mages, aujourd'hui
très-ruinée; enfin, dans la sacristie de Sainte-
Anastasie existent quatre allégories sacrées, dont
les figures sont de petite proportion. Falconetto
45
FALCONETTO
peignit aussi à Osimo, dans la marche d'Ancône,
et à Mantoue pour Louis de Gonzague.
Cet artiste > brave , spirituel, instruit, très-
versé dans l'étude des lettres et des arts , fut
l'ami de tous les hommes distingués de son
temps. Toujours porté aux grandes entreprises ,
il se plaisait à faire des projets et des modèles de
vastes édifices, sans qu'on les lui eût commandés,
et il se refusait aux demandes de travaux ordi-
naires que lui faisaient les simples particuliers.
Ce fut lui qui, avec Frà Giocondo, son contem-
porain , introduisit dans le territoire vénitien le
bon goût en architecture , que perfectionnèrent
Sammicheli , Sausovino et Palladio. Il eut six
filles, dont la dernière épousa le peintre véro-
nais Bartolommeo Ridolfi , et trois fils , dont les
deux premiers , Ottaviano et Provolo , furent
peintres et ses élèves ; le troisième , nommé
Alexandre, embrassa la carrière des armes, et
fut tué à la tête d'une compagnie d'infanterie
qu'il commandait au siège de Turin. E. Breton.
Vasari, f'ite. — Orlandi, Abbecedarin. — Cicognara,
Storia délia Scultura. — Lanzi, Storia délia Pittura. —
Baidinucci, Notizie. — Paolo Faccio, Niiova Guida di
Padova. — Bennassutl, Guida di Ferona. — QaatremèTe
de Qiiincy, Dictionnaire d'Architecture.
FALCONIA (Proba), poétesse latine, très-
célèbie au moyen âge , mais dont le nom réel et
le lieu de naissance sont incertains , vivait dans
le quatrième siècle de l'ère chrétienne. Les divers
manuscrits lui donnent les noms de Faltonia
Veccia, Faltonia Anicia, de Valeria Fia-
tonia Proba et Proba Valeria; Rome, Orta
et plusieurs autres villes réclament l'hon-
neur de sa naissance. Plusieurs historiens litté-
l'aires l'identifient avec la noble Anicia Faltonia
Proba, femme d'Olybrius Probusou Hermoge-
nianus Olybrius , dont le nom apparaît dans les
Fasti comme celui d'un collègue d'Ausone en
379. Cette Proba, mère d'Olybrius et de Pro-
binus, dont les consulats réunis ont été célébrés
dans Claudien , livra , selon Procope , les portes
de Rome à Alaric ; mais cette identification est
loin d'être certaine. Le témoignage d'Isidore se
réduit à ces mots : « Proba, uxor Adelfii pro-
consulis ; « on peut y ajouter ces lignes , d'un
manuscrit du dixième siècle , citées par Mont-
faucon dans son Diarium Italïcum : « Proba,
uxor Adolphi, mater Olibrii et Aliepii, cum Con-
stantii bellum adversus Magnentium conscrip-
sisset, conscripsit et hune librum. »
Il nous reste de Falconia un Cento Virgi-
lianus dédié à l'empereur Honorius , et écrit
après 393. Ce poème en vers hexamètres, et con-
tenant les principales histoires de l'Ancien et
du Nouveau Testament, est composé tout entier
de vers, de demi- vers, et de mots empruntés
exclusivement aux poèmes de Virgile. Un pareil
tour de force , quoique exécuté avec beaucoup
d'iiabileté, ne mérite certainement pas les éloges
que lui ont prodigués Boccace et Henri Kstienne.
La préface de ce centon nous apprend que Fal-
conia avait composé plusieurs autres ouvrages ,
— FALCULA 46
un entre autres sur les guerres civiles ; il n'en
reste pas de traces. Les Homerocentones, attri-
bués quelquefois à Falconia, appartiennent en
réalité à Eudocie.
Le Cento Virgilianus fut imprimé pour la
première fois à Venise, 1472, in-fol., avec les
épigrammes d'Ausone , ISiConsolatio ad Liviam,
les pastorales de Calpurnius, et quelques autres
pastorales et poèmes. Le Cento Virgilianus
fut réimprimé à Rome, 1481, in-4°; Anvers,
1489, in-4°; Brescia, 1496, in-8°. Les meilleures
éditions sont celles de Meibomius , Helmstaedt,
1597, in-4°, et de Kromayer, Halle, 1719, in-8".
Isidore de SévUle, Orig., 1, ii; De Script, eccles., S. —
Bibllotheca Max. Patrum; Lyon, 1677, vol. v, p. lais.
— Sruith, Diction, of Grée]!, and Roman Biography.
FALCONiERE ( OctavB ), archéologue italien ,
né en 1646, mort à Rome, en 1676. Issu d'une
ancienne famille florentine , et pourvu de digni-
tés éminentes dans l'Église romaine , il s'occupa
spécialement d'archéologie. On a de lui plusieurs
dissertations insérées dans les Antiquitate.s Ro-
manai de Grsevius, t. IV, et dans les Antiqui-
tates Grsecee de Gronovius, t. VIH; — A la pre-
mière édition de la Roma antica de Famiano
Nardini , Rome, 1666, in-4'', Falconieri ajouta
un discours sur la pyramide de C.Cestius; —
Inscriptiones athleticœ; Rome, 1668, in-4°:
Falconieri inséra dans cet ouvrage une curieuse
dissertation sur une médaille d'Apamée représen-
tant le déluge.
Apostolo Zeno, Note al Fontanini, t. II, p. 252. — Ti-
raboschi , Storia Délia Lelt. Italiana, t. VIII, p. 29S.
FAL.CUCCÏ (Nicolas), ou Nicolas de Flo-
rence , médecin italien , né vers le milieu du
quatorzième siècle, mort en 1411. Sa vie est
presque entièrement inconnue ; on sait seulement
qu'il professa et pratiqua la médecine avec assez
de succès pour être surnommé le Divin. On a
de lui : Sermones médicinales septem; Pavio,
1474, in-fol.; — Commentaria super Apho-
rismos Hippocratis ; Bologne, 1522, in-8°; —
Liber de Medica Materia ;Yenise, 1535, in-fol.;
— Une dissertation sur les fièvres, dans le recueil
DeFebribus Opusaureum; Venise, 1576, in-fol.
On lui a attribué par erreur ÏAntidotarium
Nicolai, médecin de Salerne,qui vivait vers
1350.
Tiraboschi , Storia delta Letteratura Ital., t.V, p. 222.
* FALCDL4 {G. Fidiculanius), sénateur ro-
main, vivait en 69 avant l'ère chrétienne. Il
siégea comme juge lors du procès capital intenté
à Statius Albius Oppianicus, prévenu en 74 d'a-
voir voulu empoisonner son beau-fils Cluentius,
qui se portait accusateur. Falcula fut enveIo|)pé
dans l'indignation produite par la condamnation
d'Oppianicus. Cette condamnation fut pronon-
cée à très-peu de voix de majorité. A son tour,
Falcula fut accusé par le tribun L. Quintius,
qui lui reprochait son immixtion illégale parmi
les juges et, chose plus grave, l'accusait de s'être
vendu pour 20,000 sesterces à Cluentius. Cepen-
dant Falcula fut acquitté. Il n'a plus été ques-
47 FALCULA — FAIERI
tion de ce personnage que dans les discours de
Cicéron pour Cluentius, accusé à son tour en 66,
et pour Ceecina, en l'an 69 avant l'ère chrétienne.
La première de ces harangues est considérée
comme une des meilleures du grand orateur ro-
V R
mam. ' , ,
Cicéron, Pre Cluent., 37, 41 ; Pro Ceecina, 10. — Schol.
Gronov. in orat. 1 in Verrem, p. 396, éd. OreUi.
FALDA. {Giovanni- Baptista), graveur italien ,
né vers 1640, à Valdugia (Milanais ) , mort vers
1700. Il passa presque toute sa vie à Rome. On
ignore quel fut son maître; mais ses gra-
vures rappellent le genre de Sylvestre. Ses es-
tampes les plus recherchées sont des vues des
principaux monuments de Rome ; voici les titres
de quelques-unes : Il nuovo Teatro délie fa-
briche ecl edifici di Roma moderna;A parties
en un voK in- fol., contenant l42 pièces; — Li
Giardini diRoma ; Rome, 1683, in-fol. ; — Le
Fontane di jRoma; Rome, 4 tomes en un vol.
in-fol., contenant 107 pièces.
Gandellini, Notizie degli Intagliatori, avec le supplé-
ment de Luigi de Angelis, t. VIII.
*FALDi (AïStonio), architecte italien, né à
Pistoja, en 1763, mort en 1819. H fut élève de
Beneforti et de Giacinto Giusti. Il dut sa réputa-
tion au bel amphithéâtre qu'il érigea en 1791 sur
la place Saint-François de Pistoja pour la repré-
sentation de la Liberazione di Despina , drame
tiré du Ricciardeéto, dans une fête offerte au
grand-duc de Toscane Ferdinand m, en l'hon-
neur de son avènement. E. B— -n.
I. F. Tolomei, Guida di Pistoja.
FALDONi ( Giovanni-Antonio ) , peintre et
graveur de l'école vénitienne, né vers 1690, dans
la Marche Trévisane. Il quitta la peinture de
paysage pour la gravure au burin , prenant pour
modèles et pour guides Sadeler et Claude Mellan,
qu'il imita avec succès. Parmi ses estampes, gé-
néralement estimées , les principales sont : les
portraits d'un doge et de plusieurs autres grands
personnages de Venise; — une Sainte Famille,
dans un beau paysage ; — une Conception de
la Vierge, d'après Sebastiano Ricci; — la Na-
tivité de Jésus -Christ; — David jouant de la
harpe devant Saûl, et David fuyant la colère
de Saûl, d'après Pierre de Cortone ; —enfin, une
Partie de campagne d'après Pietro Longhi.
E. B— N.
Ticozzl, Dizioiiario. — Siret , Dict. Mst. des Peintres.
FALEDRO. VOÎJ. FALIERI.
FAL.EIRO ( Francisco ), navigateur portugais,
vivait au seizième siècle; il a laissé Tratado de
la Esfera y del arte de marear con el Regi-
miento de las Alturas; Séville, 1.535, in-4°.
Devenu très-rare , ce livre n'offre d'intérêt que
sous le rapport des matériaux qu'il présente pour
l'histoire des progrès de la science nautique.
G. B.
•, Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana, t. II, p. 143.
* FALEIRO OU FALEBO (Ruy) , géographe
astronome portugais, collaborateur de Magellan;
né, selon toute probabilité, à Cubilla en Portugal,
48
à la fin du quinzième siècle, mort vers 1523.
Il avait déjà acquis une grande renommée comme
mathématicien astrologue , lorsqu'il lia ses inté-
rêts à ceux de Magellan. Comme l'illustre navi-
gateur, il croyait avoir à se plaindre du roi
D. Manoel, et il alla en 1518 offrir en Espagne
ses services à Charles-Quint. Dans l'association
qui eut lieu alors entre les deux fugitifs , Faleiro
appoi-tait un projet longuement élaboré sur la
possibilité de gagner les îles aux épices, autrement
dit les Moluques , en suivant une voie nouvelle ;
ce qu'il y a de certain, c'est que la capitulation faite
avec l'empereur accordait au géographe les mê-
mes droits qu'à Magellan. En arrivant à Saragosse
vers la fin de 1518 , et après avoir confié ses dé-
clarations au docteur Juan Fernandez de La Gama,
il fut revêtu , comme son associé Magellan, du
titre de commandeur de l'ordre de Sant-lago. Les
premiers temps qui marquent le séjour de Fa-
leiro en Espagne se lient si intimement à la
biographie de son célèbre compatriote, que nous
renvoyons à l'article Magellan. — Oviedo
nous représente l'astronome portugais comme
un homme d'un esprit subtil , et que l'on
voyait d'ordinaire profondément enfoncé dans
l'étude; l'homme aux théories, associé à l'homme
d'action , perdit complètement son intelligence lors-
qu'il fallut en venir aux faits ; l'expédition al-
lait partir, et Faleiro était à Séville quand ce
malheur arriva. « César, nous dit encore i'an-
naUste,le fit soigner et guérir. « Ce qu'il y a
de positif , c'est qu'une vive mésintelligence s'é-
tait manifestée précédemment entre les deux as-
sociés , et que Faleiro, livré à ses propres res-
sources, n'avait pas tardé à être mis décote. Des
écrivains contemporains donnent néanmoins à en-
tendre qu'en le privant d'un droit reconnu,
on lui réservait la dh'ection, si ce n'est le com-
mandement d'une autre expédition , destinée à
succéder immédiatement à celle de 1519. Après
le départ de Magellan, et probablement aussi
dès qu'il eut été guéri de sa triste maladie , Fa-
leiro quitta Séville et se rendit en Portugal , où
le gouvernement de D. Manoel le fit incarcérer ;
toute la science astrologique de l'habile mathé-
maticien n'avait pas été jusqu'à prévoir cette
mésaventure , qu'un homme de sens eût devinée.
Rendu à la liberté après ime détention assez lon-
gue, il vint en Espagne, et termina ses jours dans
un hôpital de fous. — Son frère, qui était venu
avec lui en Espagne, était un mathématicien cos-
mographe distingué; il a laissé sur les ma-
tières dont il s'occupait un ouvrage tellement
rare aujourd'hui, que Navarreten'a pu s'en pro-
curer un seul exemplaire et le cite même sans
l'avoir consulté. F. D.
Franc, de Navarette , Coleccion de Pliages , t. IV. —
Ensayo sohre la kistoria de la Naulica ; in-8°. — Ferd.-
Denis , dans la Notice sur Mlagellan qui fait partie des
ymjageurs anciens et modernes, pub. par M. Edouard
Charton, t. Ill
* FALERi ( Domenico ), peintre de l'école de
Sienne, né dans cette, ville, en 1 595, mort en 1 640.
49
FALERl — FALIERl
50
A Sienne, dans l'église de l'hôpital de Monagnèse,
on voit de lui une Nativité , et il a laissé aussi
quelques peintures à la Vicaria di Barontoli ,
ancien prieuré de Bénédictins , situé aux envi-
rons de Sienne. E. B — n.
Romagnoli, Cenni storico-artistici di Siena.
FALETTi OU FALLETTi { Geroïiimo ) , poëte
et historien italien, né à Trino, ( Montferrat ) ,
vers 1518, mort à Padoue, le 3 octobre 1564.
Il voyagea dans toute l'Europe pour compléter
son instruction. Se trouvant, en 1542, à Louvain
au moment de la guerre entre Charles-Quint et
François T"", il publia à ce sujet un poëme en
quatre chants. Il revint ensuite en Italie, et se fit
recevoir docteur en droit à Ferrare. Le duc Her-
cule II le prit à son service, et lui confia plusieurs
missions auprès de l'empereur Charles-Quint et
d'autres princes. Alfonse II , qui succéda à Her-
cule en 1559 , témoigna aussi beaucoup de bien-
veillance à Faletti, et l'employa dans des négo-
ciations importantes. On a de Faletti : Délia
Guerra di Germania in tempo di Carlo V;
Venise, 1552 , in-s"; — Délia Resurrezione ,
traduit d'Athénagoras , avec un discours Délia
Natività di Christo; Venise, 1556, in-4''; —
De Bello Sicambrico , libri IV, et alia poe-
mata, libri VIII ; Venise, 1557, in-4*'; —
Orationes Z//; Venise, 1558, in-fol.; — Rime,
insérées dans les Rime scelle de Barufaldi; —
Genealogia degli Principi Estensi; Francfort,
1581, in-fol.
Lilio Giraldl, De Poetis sui temporis, dial. II. — Vin-
cenzo Verzellini , Historia Savonse , 1. VU. — Ghllini,
Theatro d'uomini letterati. — Soprani et Giustinianl,
Scriltori délia Liyuria.
* FALGANi ( Gaspare ) , peintre de l'école flo-
rentine, né à Florence, dans les premières années
du dix- septième siècle. Il fut élève de Valerio
Marucelli, et s'adonna exclusivement au paysage,
genre dans lequel il tient un rang honorable
parmi ses contemporains. Ses nombreux ou-
vrages se trouvent dans toutes les galeries d'I-
talie; mais malheureusement ils se reconnaissent
aux verts , qui ont tellement poussé au noir,
qu'il n'est pas possible de juger du talent du
maître comme coloriste. E. B — n.
Ticozzi, Dizionario. — Lanzi, Storia delta Pittura.
FALIERl ou FALEDRi , nom d'une ancienne
famille vénitienne (1) , dont les principaux per-
sonnages sont, par ordre chronologique :
Vitale Faliero , trente-troisième doge de Ve-
nise, mort en 1096. La flotte vénitienne ayant
été en grande partie détruite devant Durazzo,
par Robert Guiscard, duc normand delà Fouille,
les Vénitiens s'en prirent à leur doge Dome-
nico SUvio, et le déposèrent. Vitale Faliero, qui
avait soulevé le peuple contre le prince vaincu,
fut placé sur le trône ducal. Il continua la guerre
contre lesNormands,mais ne fut pas plus heureux
que son prédécesseur. Vitale s'allia avec Alexis
(1) Un Faliero comptait parmi les douze électeurs qui
prirent part, en 697, à l'élection de Paul-Luc Anafeste
d'Héraclée, premier doge de Venise.
Comnène, empereur de Grèce; il stipula avec ce
monarque que les Vénitiens seraient désormais
considérés à Constantinople comme nationaux ,
que tous les négociants d'Amalfi qui aborderaient
sur les côtes de l'empire payeraient une redevance
de trois perperi au trésor de Saint-Marc. Alexis
accorda en même temps au doge le titre de proto-
sébaste, en y attachant un revenu considérable.
En 1094, Vitale Faliero, désirant augmenter le
commerce intérieur de Venise, et remarquant que
les cérémonies religieuses attiraient le plus les
nationaux et les étrangers, il fit rechercher
le corps de saint Marc, dont la sépulture était
oubliée depuis longtemps; il institua des fêtes
splendides en l'honneur de ce saint, accorda
des franchises aux voyageurs et marchands
qui viendraient à Venise lors de ces fêtes, et
obtint de l'Ëglise des indulgences pour les pè-
lerins. Le saint manifesta d'ailleurs sa présence
par de fréquents miracles qui ajoutèrent un nou-
vel attrait pour les dévots et les curieux. C'est
ainsi que Venise dut à l'adroit Vitale sa foire de
Saint-Marc, qui resta longtemps un des princi-
paux marchés du monde.
Sabellico, Historia Rerum yenetartim, Aéc. I, liv. V.
— Sébastiano Crotta, Memorie storico-civili sopra le
successive forme del governo de' f^eneziani. — Andréa
Dandolo, Chron. — Carlo-Antonio Marino, Storia civile
e politica del Commercio de' Veneziani, t. Il, Mb. IV,
cap. IV. — Daru, Hist. de Fenise, t. I, liv. Il, § 33, p. 104.
Ordelafo Faliero , trente-cinquième doge de
Venise, tué près de Zara, en 1117. Il avait une
belle réputation comme homme de guerre et
comme diplomate, lorsqu'il fut, en 1102, élu
doge en remplacement de Vitale Michieli. Il arma
pour la Terre Sainte une flotte de cent voiles, qui
concourut aux sièges de Ptolémaïs (Saint-Jean
d'Acre), de Sidon et de Bérythe. Baudoin F'' (de
Bouillon) , successeur de Godefroy sur le trône
de Jérusalem , récompensa les services des Vé-
nitiens en leur abandonnant un quartier de Pto-
lémaïs, la permission de commercer en franchise
dans toute la Palestine, et le privilège de ne re-
connaître d'autres magistrats que ceux de leur
nation. En 1110 , les Padouans ayant fait UTup-
tion sur le territoire vénitien , Ordelafo marcha à
leur rencontre , les battit complètement et leur
fit six cents prisonniers. Mais l'empereur Henri V
étant intervenu en faveur de Padoue, le doge fut
obligé d'indemniser les Padouans et d'accorder
à l'Empire le tribut d'un manteau d'or à chaque
avènement. Peu de temps après, Venise éprouva
de grandes calamités : deux incendies successifs
détruisirent la moitié de la ville , le palais ducal
et les principaux édifices. Presqu'au môme ins-
tant le même fléau ravagea Malamocco, et la
mer, s'élevant à une hauteur prodigieuse, rompit
ses digues , et submergea au loin les campagnes.
Venise semblait un volcan au milieu des eaux :
le commerce fut ruiné , les citoyens sans habita-
tions. Le doge déploya une activité sans égale et
une intelligence supérieure : bientôt des palais
de marbre s'élevèrent sur les débris des maisons
51
FALIERI
52
de bois , la ville fut agrandie, embellie, et, grâce
à Ordelafo , devint une des plus belles capitales
du monde. En 1115, Etienne II, surnommé le
Foudre, entreprit d'expulser les Vénitiens de la
Dalmatie. Il se présenta devant Zara , dont les
habitants lui ouvrirent les portes. Ordelafo tra-
versa aussitôt l'Adriatique, et commença le siège
de la ville révoltée. Etienne II accourut pour la
secourir; le doge marcha à sa rencontre, et rem-
porta une victoire signalée, qui décida la red-
dition de la place. Il punit les rebelles, pour-
suivit les Hongrois au delà des montagnes , et
rentra dans Venise en triomphe, précédé de ses
prisonniers et de trophées de guerre. Pour per-
pétuer le souvenir de cette victoire , le sénat dé-
créta que le doge ajouterait désormais à ses titres
celui de duc de Croatie (I). En mars 1116 , Or-
delafo reçut splendidement l'empereur Henri V,
qui vint lui rendre visite à Venise. En 1117,
Etienne II envahit de nouveau la Dalmatie; Or-
delafo lui livra bataille près de Zara, et, donnant
l'exemple , se précipita courageusement dans la
mêlée. Mais, atteint de plusieurs coups mortels,
il tomba. Son armée, demeurée sans chef, ne
combattit plus avec confiance ; presque tous les
Vénitiens furent pris ou tués, un petit nombre
seulement put se rembarquer. Le corps d'Orde-
lafo, rapporté à Venise, fut enterré pompeuse-
ment à Saint-Marc. Sonépitaphelui donne toutes
les vertus d'un héros chrétien ; cependant Ber-
nardino Zendrini lui reproche d'avoir usé de ses
privilèges pour enrichir sa famille et lui distri-
buer les principales charges de l'État.
SabcUico, Hist. F en., déc. 1, lib. VI. — Liinig, Codex
Italix diplomaticus. — Bernardino Zendrini , Memorie
slorichc dello stato antico e moderno délie Langiine di
Venciia ('Padoue, 1811, 2 vol. in-4<'), liv. î, p. 17. — Uaru,
Histoire de Venise, t. I, livre II, § 36-38
* Vitale Faliero vivait en 1175. Il était con-
sidéré comme l'un des plus illustres citoyens de
Venise, lorsque le doge Vitale Michieli II fut
massacré dans une sédition, le 27 mai 1173. La
constitution fut alors complètement changée ; le
peuple perdit unegrande partie de ses privilèges,
« entre autres , dit Daru , le plus grand , le plus
essentiel de tous, celui d'élire son souverain ».
L'élection du doge fut confiée à onze citoyens
désignés par le sénat. Ces onze délégués choisis-
saient le prince parmi eux, et à la pluralité de
neuf voix. Telle fut l'origine du Conseil des Dix,
dont la puissance effaça bientôt celle des doges,
qui n'en furent plus qu'une émanation. Vitale
Faliero fut l'un des premiers électeurs choisis
pour former ce suprême conseil.
l'ietro Giustiniani, Historia Rerum Fenetariim, lib. II,
— I>aru, Histoire de Denise, t. I, liv. II, p. 143.
Angelo Faliero vivait en 1225. II était pro-
curateur de la république vénitienne , lorsque le
doge PLetro Ziani , après avoir consulté les prin-
(1) Cet usage dura jusqu'à la paix conclue en 13SS entre
Louis \", dit le Grand, roi de Hongrie, et le doge Gio-
vanni Delfino. Les Vénitiens nyant perdu toutes leurs
possessions snr les cOtes illyrienncs , I.ouis exigea (pic
leur prince cessât de prendre le titre de duc de Croatie,
cipaux patriciens, proposa au grand conseil de
transporter le siège de l'État à Constantinople ,
qui appai'tenait aux Latins depuis mars 1204. II
fit valoir l'importance des établissements que la
république possédait dans le Levant , la force et
la fertilité de Corfou, l'étendue et l'heureuse situa-
tion de Candie, celle deNégrepontetdes meilleures
îles de l'Archipel soumises aux Vénitiens , et au
fond de cet archipel une ville superbe , popu-
leuse , assise entre deux mers. Les colonies ,
jusque là sans cesse révoltées contre une métro-
pole éloignée, obéiraient sans murmures à la
dominatrice du commerce de l'Europe et de l'A-
sie. '< D'ailleurs , ajoutait Ziani , nous avons un
État et pas de territoire , et sans territoiï'e, com-
ment maintenir notre puissance ^ » Cette per-
spective brillante séduisit l'assemblée, et le con-
seil allait sanctionner la proposition du doge,
lorsque Angelo Faliero prit la parole, et repré-
senta les difficultés de rentre[>risc : ce serait,
disait-il, abandonner aux Hongrois les provinces
adriatiques ; il faudrait commencer par chasser ou
assujettir les Français possesseurs de Constan-
tinople, s'assurer de l'obéissance douteuse des
Grecs, combattre ou intimider le roi des Bul-
gares , le prince de ThessaUe , les empereurs de
Trébizonde et de Nicée, enfin les Turcomans,
qui s'avançaient redoutables. Il leur peignit en-
suite Venise abandonnée, dépeuplée, ravagée
par les étrangers. « Non , s'écria-t-il en termi-
nant et en se précipitant aux pieds d'un Christ
qui décorait la salle , non , vous ne permettrez
pas , ô notre divin Sauveur ! que nous abandon^
nions la patrie que vous nous aviez assignée :
c'est vous qui en avez posé les fondements sur
l'abîme des mers; faites que ce peuple ne se
montre pas ingrat envers vous , que l'histoire ne
dise pas que , par une ambition inquiète , nous
avons renoncé aux bienfaits les plus signalés de
la Pi'ovidence et déti'uit l'un des monuments les
pins admirables de l'industrie humaine. « On
alla aux voix, et la proposition de Ziani, qui, si
elle eût été acceptée , eût certainement changé
la face du monde , fut rejetée à une voix seule-
ment de majorité.
Savina, Cronica. — Barbaro, Cran. — Sandi, Principj
di Storia civile di Venezia. - Abbé Tentori, Essai sur
l'Histoire de p-'enisc, t. IV. — Tomaso Tenuanza, Dell'
antica Planta délia città di Venezia, etc. — Sismondi,
Histoire des Républiqves italiennes, t. 111, p. 283. —
Daru, Histoire de f^'enise, t. I, liv. V, p. 277-288.
Marïno Faliero, comte de Val de Marina,
cinquante-sixième doge de Venise, né en 1274 ,
décapité à Venise, le 17 avril 1355. Il avait, par
des services sérieux , bien mérité de sa patrie
lorsqu'en 1346 il fut chargé de réduire la ville
de Zara , insurgée pour la septième fois contre
les Vénitiens. « Cette nouvelle révolte, dit Daru,
ne prouvait pas tant l'inconstance des sujets que
l'injustice des maîtres. » Marco Justiniani venait
d'échouer contre la défense des Zarétins, lorsque
Marine Faliero lui succéda. Il fut mis à la tête
d'une armée de vingt-sept mille hommes et d'une
.53
iiotte redoutable. Les Zarétins coulèrent leurs
propres vaisseaux dans le port pour le rendre
inaccessible aux galères ennemies. « Les Véni-
tiens, dit Dam, battirent la place avec des efforts
qui paraîtraient aujourd'hui incroyables. Il y
avait dans leur armée un mécanicien (1) qui était
parvenu à construire des machines capables de
lancer des blocs du poids de trois mille livres.
Ce détail donne une idée de la balistique et de la
puissance à laquelle l'industrie humaine était
déjà parvenue à cette époque. » Ces moyens
d'attaque étaient très-lents-, Louis F'", dit le
Grand, roi de Hongrie, s'avança avec quatre-
vingt mille hommes, et obligea les Vénitiens à se
retrancher dans leur camp. Attaqué avec impé-
tuosité, Falierose défendit avec bravoure, et re-
poussa plusieurs assauts. Louis , découragé , se
retira après une perte de sept à huit mille hom-
mes , et les Zarétins furent obligés de se rendre
à discrétion. Après avoir occupé les principales
dignités de la république et amassé do grandes
richesses, Marino Faliero, quoique presque octo-
génaire, fut élu doge le It octobre 1354 : il se
trouvait alors en ambassade à Rome. Le com-
mencement de son règne fut marqué par un dé-
sastre. Le 4 novembre , Paganino Doria {voy. ce
nom) surprit à Porto-Longone (île deSapienza)
la flotte vénitienne, forte de soixante-et-un bâti-
ments de diverses grandeurs et commandée par
Nicolo Pisani. Les Vénitiens perdirent quatre
raille hommes et toute leur flotte; Pisani fut fait
prisonnier avec cinq mille huit cent soixante-dix
de ses compatriotes. Venise se crut perdue; Fa-
liero se hâta d'ouvrir des négociations avec les
Génois, et fut assez heureux pour signer (le
5 janvier 1355) une trêve de quatre mois. Après
avoir rendu un repos momentané à sa pafrie , le
doge conspira contre elle, et faillit la hvrer aux
horreurs de la guerre civile. Voici à quelle occa-
sion : Faliero donnait une fête le jeudi gras
1355; : un jeune patricien, nommé Michèle
Sténo, s'y permit à l'égard d'une des dames de
la dogaresse quelques privautés que la gaieté
du bal et le mystère du masque rendaient j)eut-
être excusables. Le doge ordonna que l'on fit
sortir sur-le-champ l'insolent qui avait oublié le
respect dû à sa cour. Sténo , ulcéré de cet af-
front, se retira par la salle du conseil, et écrivit
sur le siège du doge : « Marin Falieri dalla bella
moglie, altrila gode ed egli la manlienc. »
Ces mots , injurieux pour la vertu de la doga-
resse, firent grand scandale. On informa contre
l'auteur ; Sténo avoua sa faute , et s'en excusa ;
mais Faliero, inflexible dans son ressentiment,
demanda que le coupable fût traduit devant le Con-
seil des Dix et jugé comme criminel d'État. Les
avogadors pensèrent autrement, et renvoyèrent
Sténo devant la quarantie criminelle, dont il était
(1) Frnncesco délia Ikrclic. II fut, dit-on, nnc des prc-
niiiTcs victimes de son Invention : au moment oii il
disposait une de ses catapultes, elle le lança lui-mûmc au
milieu de la Yllle qu'on assiégeait.
FALIERI
U
l'un des trois chefs. Ce tribunal , ayant égard à
l'âge du coupable et aux circonstances qui atté-
nuaient sa faute , le condamna à deux mois de
prison , suivis d'un an d'exil. Une satisfaction si
ménagée parut au doge une nouvelle injure. Il
éclata en plaintes qui furent mal écoutées ; alors
il étendit sa haine et son désir de vengeance
non-seulement à la quarantie, qui s'était montrée
si indulgente, mais à toute la noblesse, qui n'a-
vait point pris assez vivement parti pour lui.
Il régnait parmi le peuple de Venise, alors
comme toujours et partout, une haine secrète
contre la noblesse , qui s'était emparée exclusi-
vement de la souveraineté , et avait privé la na-
tion de ses droits naturels. L'insolence de quel-
ques patriciens alimentait l'animosité du peuple.
Sfu's de l'impunité, ils séduisaient les filles, en-
levaient les femmes et maltraitaient ensuite les
pères et les époux. Israele Bertuccio, plébéien,
(ammiraglio) chef des patrons de l'arsenal,
avait été insulté de cette manière par un gentil-
homme de la famille des Barbari. Furieux, le
visage ensanglanté, il se présenta à l'audience
du doge et demanda justice. « Comment veux-tu
que je te fasse justice d'im noble, répondit Fa-
liero, puisque je ne puis l'obtenir moi-même.'
N'ai-je pas été insulté comme toi , et la punition
prétendue du coupable n'a-t-elle pas été pour
moi , pour la couronne ducale , une nouvelle of-
fense ? — Ah ! s'écria Bertuccio , il ne tien-
drait qu'à nous de punir ces insolents ! Si vous
vouliez me seconder, je vous promets que nous
mettrions ces nobles à la raison , et que je vous
rendrais le seul maître de Venise. » Le doge,
loin de réprimander Bertuccio d'une telle pro-
position , lui témoigna de l'intérêt, le questionna
à l'écart , et remit son affaire à un auti-e jour.
Bertuccio, encouragé par la bienveillance du
doge, attroupa quelques-uns de ses matelots et
annonça hautement l'intention de se venger lui-
même. Barbdro écrivit au doge pour obtenir une
sauvegarde. Bertuccio fut appelé devant la sei-
gneurie, et en présence de tous Faliero le ré-
primanda vivement, et lui ordonna de cesser ses
poursuites armées; mais le soir même un émis-
saire amena mystérieusement Yammiraglïo dans
le palais ducal : le doge et le patron convinrent
d'unir leurs haines et leurs moyens d'action pour
exterminer la noblesse vénitienne et établir le
gouvernement populaire. Bertuccio fit connaître
à Faliero un nommé Filippo Calendaro, sculpteur
suivant les uns, ouvrier de l'arsenal suivant
d'autres; tous deux amenèrent au doge les prin-
cipaux et les plus influents mécontents parmi
les plébéiens; les conspirateurs s'assemblèrent
plusieurs nuils de suite au palais. On choisit
seize chefs, qui se distribuèrent les divers (juar-
tiers de la ville, après s'être assuré chacun de
soixante hommes intrépides et bien arm(''S. On
devait se borner à dire à ces associés qu'on agis-
sait par ordre de la seigneurie, qui voulait snr-
I)rendre et punir les gentilshommes dont les
55
FALIERI — FALIERO
56
désordres avaient excité la colère du peuple. Le
15 avril 1355 fut choisi pour agir. Le signal de-
vait être donné au point du jour par la cloche du
palais de Saint-Marc (1); aussitôt les conjurés
devaient se réunir en criant que les Génois étaient
dans les lagunes , courir vers la place du palais
et massacrer tous les nobles , à mesure qu'ils
arriveraient au conseil. Tous les préparatifs
étaient terminés, et le secret de la conjuration
avait été gardé jusqu'à la veille de l'exécution,
lorsqu'un pelletier, nommé Beltrame, de Ber-
game, voulant sauver le patricien Nicolo Leoni,
membre du Conseil des Dix , se rendit chez lui,
et le conjura de ne pas sortir le lendemain,
quelque chose qu'il pût arriver. Leoni voulut en
connaître la raison , et , n'obtenant de Beltrame
que des réponses évasives et mystérieuses , il le
lit arrêter, lui déclarant que la liberté ne lui se-
rait rendue qu'après une complète explication du
conseil qu'il lui avait donné. Le conjuré sentit
qu'il avait été trop loin pour reculer, et révéla
tout ce qu'il savait. Ni l'un ni l'autre ne soup-
çonnaient le doge d'être à la tête de l'entreprise.
Leoni courut donc la dénoncer à Faliero. Celui-ci
feignit d'abord de l'étonnement ; puis il déclara
être déjà instruit et avoir pourvu à la tranquil-
lité publique. Ces contradictions éveillèrent les
soupçons de Leoni, qui consulta deux autres
membres du Conseil des Dix, Giovanni Grade-
nigo et Marco Cornaro , et leur fit part des l'évé-
lations de Beltrame. Ces trois patriciens convo-
quèrent aussitôt au couvent de Saint-Sauveur
les Dix, la seigneurie, les avogadors, les chefs
de la quarantie criminelle, les seigneurs de nuit,
les chefs des six quartiers de la ville et les cinq
juges de paix. Beltrame ne pouvait dire ni les
liaisons ni les projets de ses comphces , mais il
dénonça Israele Bertuccio , Filippo Calendaro et
plusieurs autres. Ils furent arrêtés aussitôt et ap-
pliqués à la torture. A mesure qu'ils nommaient
quelque conjuré, on s'assurait de sa personne.
Cette nuit même , Bertuccio et Calendaro furent
pendus devant les fenêtres du palais, et huit
des autres chefs, qui s'étaient enfuis vers
Chiozza , furent arrêtés , soumis à la question et
exécutés. D'après les révélations arrachées aux
torturés, des gardes furent distribuées dans la
ville, aux clochers et à la tour Saint-Marc,
afin d'empêcher de sonner l'alarme. Enfin , on
apprit avec étonnement que le doge et son frère
Bertuccio Faliero étaient à la tête de la conju-
ration. Aussitôt on s'assura des issues du palais
ducal , et le procès du chef de l'État fut évoqué:
Le Conseil des Dix, obligé, pour la première
fois , d'interpréter la constitution de l'État , re-
cula devant une si lourde responsabilité ; il de-
manda que vingt membres choisis parmi les
plus nobles ou les plus riches lui fussent ad-
joints. C'est ainsi que commença un corps puis-
sant et permanent qu'on nomma la Giunta ou
■: (1) Elle ne pouvait être sonnée que par ordre du doge.
Zonta, et qui bientôt déplaça le pouvoir, mais
sans le rendre plus ferme ni plus libéral. Le
parti vaincu, la démocratie, ne fut naturelle-
ment pas représenté.
La journée du 15 fut employée à la procédure;
dans la même nuit , le doge , revêtu encore des
marques de sa dignité, vint subir un interroga-
toire et sa confrontation avec les témoins. Il
avoua tout. Le 17, à la pointe du jour, les portes
du palais furent fermées ; on amena Marino Fa-
liero au haut de l'escalier des Géants, où les
doges reçoivent la couronne ; on lui ôta le bon-
net ducal. Un moment après» le président du
Conseil des Dix , sur le grand balcon du palais,
tenant à la main une épée sanglante , s'écria ;
Justice a été faite d'un grand coupable! Les
portes furent ouvertes , et la foule put voir en-
core la tête du prince, roulant sur les degrés.
Dans la salle du grand conseil , où étaient tous
les portraits des doges, un cadre voilé d'un
crêpe fut mis à l'endroit que devait occuper l'i-
mage de Faliero avec cette inscription : Spazio
di Marino Faliero , decapito.
La conspiration et la fm tragique de Marino
Faliero ont fourni aux principaux littérateurs de
tous les pays le sujet de belles compositions. En
1817, Byron reproduisit le premier, sous la
forme du drame, les événements que nous ve-
nons d'esquisser. Hoffmann en fit l'objet d'une
de ses meilleures nouvelles, et Casimir Dela-
vigne l'appropria pour la scène française dans
une pièce en cinq actes et en vers représentée
au Théâtre de la Porte-Saint-Martin , à Paris,
le 30 mai 1829, avec un immense succès.
Alfred de Lacaze.
Marino Sanuto, ^'ife de' Duchide fenezia, p.627-63î!.
— Julio Farodo, Annal. Fenet. — Storia dell' Assedio
e délia Ricupera diZara. — Sabellico, liv. III. — Chron.
d'Esté,— Bonficius, Rerum Hunrjaricarum , dco. II,
lib. X, p. 259. — Joliannes de Kil4uUew, Chron. Hun-
garor,, dans les Scriptores Rerum Hungar. ( Vienne,
6 vol. in-fol., 1726 ). — Giovanni Villani, Istorie, lib. XII,
cap. rviii, p. 938, pars III, cap. viii, p. 178. — Matteo
Villani, Istorie, liv. IV et V, p. 249-312. — Andréa Navi-
gerio, Storia Feneziana, t. XIII, p. 1038-1040. — Uberto
Folieta, Historia Genuens., liv. VII, p. 452. — Giorgio
Stella, Ann. Genues., p. 1093. — Vittor Sandi, Storia
civile Fenez., part. II, liv. V, cap. v, p. 126-130. — Anec-
dotes des Républiques, V^ part. (Paris, 1771, in-12), p. 71.
— Sismondi, iïirf. des Rcp. italiennes, t. V, p. 388; VI,
133-148. — Daru , Histoire de Fenise, t. I, p. 445-474.
* FALIERO ( Micheli ) , capitaine vénitien , de
la famille des précédents, vivait en 1 357 . Il s'était
distingué dans les guerres contre les Grecs et les
Hongrois, et avait reçu le commandement de
l'importante ville de Zara ( Dalmatie) , lorsque le
ban de Bosnie, général de Louis P% dit le Grand,
roi de Hongrie, vint assiéger cette place. Michel
Faliero se défendit avec succès durant une année
entière, et déjà l'ennemi songeait à la retraite
lorsque deux officiers allemands de l'armée hon-
groise s'entendirent avec un de leurs compa-
triotes, prieur du monastère de Saint-Chryso-
gone (1), dont les murailles touchaient celles de
(1) Santa-Croce, selon Daniello Cbinazzo.
57
FALIERO — FALK
58
la ville. Dans la nnit du 23 décembre 1357, ce
prieur, fournit des échelles aux assiégeants, et
les introduisit dans son église ; la garde de la
porte voisine fut massacrée, et les Hongrois se
répandii-ent dans la ville. Micheli Faliero, après
une vigoureuse résistance, se réfugia dans le
château. La paix ayant été conclue en février
1358, Faliero fut accusé de lâcheté et d'impré-
voyance, et, malgré ses anciens sei'vices et sa
haute noblesse, fut traduit devant la quarantie
criminelle. Acquitté sur le premier chef, il fut
condamné sur le second, et puni d'une forte
amende, d'un an de prison et de l'exclusion per-
pétuelle de toutes charges publiques.
A. DE L.
Daniello Chinazzo, Cronica délia Guerra da Chiozza,
dans les Rerum Italicarum Scriptores, t. XV, p. 701. —
Matteo VUlanl, Istorie, liv. VIII, c. xix, p. 477. — Ma-
rlno Sanuto, P^ite de' Ducfii di yenezia, p. 646. — Gio-
vanni de Bazano, Chron. Mutinense, t. XV, p. 672. —
Gataro, Storia Padovana, p. 63. — Bonûcius, De Rébus
Hungar., dec. Il, lib. X, p. 269. — Sismondi, Histoiredes
Républiques italiennes, t. VI, p. 276. — Daru, Histoire
de Fenise, t. II, p. 3.
FALISCUS. Voy. Gratius.
FALK (Jean-Pierre) , médecin suédois, né
en 1727, mort le 30 mars 1774. Il étudia à Upsal,
et s'appliqua avec une ardeur peu commune aux
sciences naturelles. Mais dès lors il éprouva
les premiers symptômes d'une hypocondrie qui
devait abréger ses jours. Linné, qui lui confia
l'éducation de son fils, voulant le distraire de
cette mélancolie, le chargea de rechercher les
plantes et les zoophytes de l'ile de Gothland.
Falk s'acquitta avec zèle de cette tâche scienti-
fique, puis il suivit Forskaal à Copenhague. De
retour à Upsal, il y devint docteur en 1762; il fut
ensuite nommé professeur au jardin de pharmacie
de Saint-Pétersbourg, et en 1768 il fut désigné
par l'Académiede cette ville pour faire partie d'une
société de voyageurs ayant pour but d'enrichir le
domaine de la géographie et de l'histoire natu-
relle. La mélancolie qui le consumait l'arrêta
durant le voyage. Revenu à Casan en novembre
1773, il se brûla la cervelle au mois de mars
suivant. Ses notes et observations, recueillies par
le professeur Laxraan, ont été publiées, sous le
titre de Mémoire pour servir à la connais-
sance topographique de l'empire russe ; Saint-
Pétersbourg, 1784-1786, 3 vol. in-4». Thumberg
a donné le nom defalkia à un genre de plantes
de la famille des borraginées.
Biographie méd.
FALK {Jean-Daniel ) , poète satirique et phi-
lanthrope allemand , né à Dantzig, en 1768, mort
le 14 février 1826. Fils d'un pauvre perruquier,
il eut d'abord à surmonter les obstacles que sa
position lui créait ; ses parents mirent tout en
œuvre pour l'empêcher de suivre son penchant
pour les lettres. Ce penchant fut cependant irré-
sistible. Dès l'âge de treize ans, il confiait dans
une lettre à un ami la honle que lui faisait
éprouver l'ignorance à laquelle on le condam-
nait. « .Te grandis tous les jours, écrivait-il;
on m'en fait compliment. Autant vaut compli-
menter un âne sur sa croissance. Que me fait
de grandir si je ne puis étudier? » Pendant que
son père recourait même aux châtiments cor-
porels pour lui faire prendre goût à la confec-
tion des perruques, son grand-père maternel, qui
était de Genève, se montra plus indulgent, et lui
apprit le français. Il apprit aussi la musique, que
lui enseigna un organiste catholique. Jamais en-
fant ne fit plus d'efforts personnels pour acqué-
rir de l'instruction. Il consacrait ses épargnes
à louer dans un cabinet de lecture les classiques
allemands, Gellert, Wieland , Lessing , etc.,
qu'il lisait souvent à la lueur peu coûteuse d'un
réverbère. Enfin, la répugnance que lui inspi-
rait la profession de son père alla si loin, qu'il
résolut de s'embarquer. Il erra quelques jours
sur le bord de la mer; mais trouvé trop jeune,
et ne sachant pas l'anglais , il lui fallut revenir
à la maison paternelle, où enfin on ne s'op-
posa plus à ce qu'il étudiât. Il entra à seize
ans au gymnase de Dantzig, dont un excellent
homme, le recteur Payne, qui ne se fâchait que
lorsque la rétribution scolaire se faisait attendre,
lui donna une solide instruction. L'amour fit de
Falk, comme de tant d'autres , un poète. Sa bien
aimée Jeannette appartenait à une famille de
fonctionnaires. Malgré l'inégaUté de conditions,
elle paraissait distinguer le jeune étudiant ; mais
un malin elle prêta l'oreille aux propositions
d'un riche Anglais , qu'elle épousa, et Falk alla
pleurer à Halle ses espérances évanouies. Les
secours d'amis éclairés le soutinrent à l'univer-
sité de cette ville , où il compléta ses études sous
la direction de savants tels que Wolf. Les lettres
et surtout la poésie satirique l'attirèrent parti-
culièrement. Perse fut son premier modèle.
Quelques-unes de ses productions dans le même
genre : Die Helden (Les Héros), Dcr Mensch
(L'Homme), parurent d'abord dans Neuc Teitts-
che Mcrkur ( Nouveau Mercure allemand ) ,
1796 , et fixèrent l'attention du célèbre Wieland,
qui salua ces débuts dans un genre où les poètes
nationaux s'étaient encore peu exercés. Tou-
tefois, Wieland n'épargna pas les conseils à
Falk, dont l'imagination , disait-il , avait besoin
encore d'être domptée. Le jeune poète fit paraî-
tre presque en même temps deux autres pièces
satiriques, la première intitulée : Die heiligen
Grseber zu Kom (Les saints Tombeaux à Kom)
et Die Gebete (Les Prières); 1796. Ces deux
productions étaient le pendant l'une de l'autre.
Une erreur assez concevable fit imprimer Rom
au lieu de Kom , lieu de la scène , situé en Asie,
ce qui exigea un avertissement au public. Wie-
land prôna encore, trop peut-être , ces nouvelles
œuvres; le public n'en fut que plus exigeant
pour l'auteur, qui se montrait quelque peu enivre
de son succès. Conseillé par son illustre critique,
il étudia les anciens. De 1797 à 1803 il publia,
d'abord à Leipzig, ensuite à Weimar, une sorte
d'almanach sous ce titre : Taschenbuch fier
59 FAT.K —
Freunde des Scherzes und der Satyre (Manuel
dos Amis (h; la Plaisanterie, et tic la Satire). Cette
piihliealioii, où il i1a^ellaitle.s(>nnemis des liiiniè'
res, lui suscita dos haines asse/*vives. irne|)ièce
|iaiit()iiiimt;, jouée par des marionnettes et inti-
tulée Die il lias (Les Ciiats-iiuants ), parce (|uo
CCS oiseaux <l(^ nuit y (i^uraient comini! |)eison-
nag(\s principaux, causa surtout un ^i-and émoi,
et p(^n(lant (|uel(|iie tem|)s il w. fut (juestion que
(VlJ/ms. Verni à IJeiiin dans civtle même année
17!)(>, il sis^iiaia avec couraj;e l'(!tat insullisant
des iiApitaiix ( Ile'Uansl.alt) dans les Rcisen des
Skavdimiz ( Voya^^esde Scaramouclie), (pii font
partie du Tasclienlmch. de I7'.)8. Un hihliotlui-
cairc, appcN; Iticster, eut la maienconli'euse idée
de coudtadrc. I''alk dans un(^ occurrence où ce
poète plaidait la cause de l'humanité. I<'aik ré-
pii(pia par un petit écrit devenu rare, et intitulé :
.DenliwûrdUjka'Ueii der lîeiiiner CkariU iiuf
dus JahrilWl ( i'^iits mémorahles de La Charité
de IJi'rlin; 17!)7). l^e roi et la reine prirent parti
poiu' l'aik. (Tne connnission d'encpuMe tut nom-
mée ; et le |)oël(!contril)ua ainsi aux améliorations
do ce t;rand hôpital par (puilipies vers ass(!/,
[)laisants; on cite particulièrement les stances
<iui, eu preuve du ^oùt des administrateurs pour
la simplicité, rappelaient qu'ils fournissaient
(piinze chemises pour vini;t mala(h;s. lîiester eut
voulu poiu'suivie la discussion ; mais l''alk refusa
de lui douiu-r cette salisfa(;tiou. « Le doctcun-
IJiesler, écrivait-il, paraît vouloir vivre quelque
temps encore de diarU'é, comme il a vécu déjà
de jésuitisme et do ma5J,ué!isme. »
A l'occasion de son mariai!,(! avec Caroline Ito-
senfeld , l'"alk adressa à la jeune fennno un poëme
intitulé : /t;t Karo/iiU'ii (A Caroline). V^lahli à
'Weimar, l'aik continua de se livrer A la poésie;
seulement il eut le tort d'aliamlouner les types
}.',énéraux qui relèvent le i!;oure satiri(pic, |)our
liisti^^er des types particuliers, à l'occasion do
quel(|ues (luerolles individuelles, sans intérêt
pour le |)uhlic vraiment (iciairé. I<\»lk tenta ce-
Itondaid. un t^enre [loétiipie plus élevé. Do 1803 <»
1804 parut à Halle son Auipliitrijon , comédie, et
à Tuhingue son l'ruiiic/Jieus, drame. Ce dernier
ouvra{i;(>, dont la forme citait plus |)hi!osophi(iue
(|ue dramatiipie, ne nuuKpio ni d'éclat ni (le pro-
fondeur. On y admire surtout le choeur des lleu-
ves et des souires. Der Schmied von, Apolda
( Le l'orbe ron d'Apolda), 1(S0[>, termina en quel-
que sorte la carrière poétique de V<\\k. il fonda
un jouiiial de critique intitulé : KUjseam und
Tar/ariis, ou ZcJtnng fur Poésie h'unst und
neuere Zellgcschichle ( li' l'Elysée et le Tartare, ou
Journai iW. la poésie, de l'art et de l'histoire mo-
dernes), l'ai 18l'>. l'alk donna le commencement du
Komisches Tlieater der Franzosen und Br'ilten
(Tluii'itre comique di's l<'rançais et des Anglais) ,
qu'il ne continua point. Dans la même année
parurent ses Seestueclie ou Océanides (Pièces
maritimes), qui n'arrivèrent également pas jus-
qu'à la lia. Lié avec le coryphée <lo la littérature
FALKJNER 60
allemande, il laissa un ouvrage intitulé ; Goethe
ans nxlierem persœnUcheii Umgange dar-
gesletlt ( Goethe rcprés(!nté d'après des relations
intin\es); \M\y/.v<,, IH.'îî!, in-l:^. Outre les ou-
vi'ages cités et d(i nombreux articles dans les
recuKiils et Journaux contemporains, on a de
J''alk : Lebende.s Johannes von der Ostsee(Vi(i
de J(!an de la mer IJalticiuc); 1805 : c'est une
sorte d'autobiographie sous forme romanesque;
— /)'■ Mart^M Luther und die Reformation, in
Vol/isliedern ( U'' Martin Luther et la réforma-
tion en chants populaires) ; Weimar, 1830 ; pos-
thume. Adolphe Wagn(îr aj)uhlié les Auserlesene
Werke ((Isuvres clioisi(!s) de l'alk, en trois par-
ties. Il a consacré aussi une notice sou.s le titre
de : .Fa.lks fAebe, Leben und Leiden in Gott
(Vie, amour et souffrances en Dieu de Falk);
Leipzig, 1818. V. IIosunwam).
Ilnrn, l'ocaic und Ilcredsamkeit der Tentschen. —
Gerviiuis, Ccschichto der pnelischeii NationcU-IÀlorutui-
der TeutarUnt, — Meiiscl, Gel. Teulsclil.
* KAi.K (Niels-Nicolas), publiciste danois ,
né à lùnmerlef, le ^ii novembre 178''i, mort le
Il mai ISWJ. il (itudia d'abord la lhéologi(ï et la
philosophie, puis il entra comme i>récepleur
cluîz le comte Adam de Moltko. il s'appliqua
alors à l'étude du droit. Après avoir subi en 1809
son exannni sur cette matière, il fut attaché à la
chancellerie du Schleswig-llolstein. Devenu en-
suite professeur do droit à Kiel , il se lit connaître
en méuiiî temps (;onnne écrivain, lui 1835 et
1830 il représenta l'université de Kiel aux états
du Schleswig-llolstein, (pii le choi8irenli>our leur
président. 11 siégea dans les rangs de l'opposi*
tion libérale, proposa l'émancipation des juifs, et
se prononça |)our la liberté de la presse. A l'a-
véuement de Christian VIII, Falk prit part à la
polémi<pio soulev«;o par la quDslion d(>. successioa
en ce «pii concernait le Sciileswig, par un écrit
intituhi : Das Sfaats-und Erbredil des Her-
zogthuins Schlcswig (Le Droit public et succes-
soral du duché deSchleswig); Kiel, 1840. Lors
des événements de 1848, le publiciste holsteinois
s'éloigna des alfaires ; cependant, il fut membre
de l'assemblée constituante. Pendant (|uel<|uo
teiui)s il rédigea la Wochenblatt { l''euillc heb-
domadaire), destinée à combattre l'esprit démo-
cratique. Outre l'ouvrage mentioimé, on a de
lui : Das Herzogthum Schlcswig in seineni
gegeniiwriigen. ]'erh;vUnisse zu Dneneniurk
und zu deni Ilerzogthum Holsleln ( Le duché
do Schleswig dans ses rapports avec le Dane-
mark et le duché de Itolstein); — Handbueh
des Sc/ih'swig - IloLs/einschen Primlrechtx
(Manuel du Droit privé du Schleswig-llolstein);
!8:'.r)-l8'i0; — Jurisiische Encyclopxdle (En-
cyclopédie juridique); Leipzig, 1839.
Conversations- l,cxilion.
KALHNicïi [Thomas), chirurgien et mission-
naire anglais, né à Manchester, vers 1710, mort
à Plownden-lJall (Salopshiie ), le 30 janvier 1784.
Il appartenait à une famille prcsiiytérionne, et
fi!
FALKNER — FALKLAND
62
(itaitle fils (l'un chirurgien. Il suivit iui-mftino la
(•rofcs.sioa dt; sonpèro, (it ses études ;'i Londres,
visita la Guinée, puis le IJrésil. Il tomba malade
à Buonos-Ayres, l'ut soigné par (juciques jésuites,
qui le déterminèrent à changer de religion et à
entrer dans leur congrégation. Falkner, par son
habileté dans la chirurgie et ses connaissances
en inécaniipie, l'endit de très-grands scirvices à
son ordre, pour lequel, pendant quarante an-
nées, il remplit de nombreuses missions. 11 sé-
journa longtemps dans le Chaco, le Paraguay, le
Tuciunan et les I^ampas. Il l'ut chargé par le
gouvernement espagnol de (aire par mer le relevé
(les côtes américaines situées entr(; le Brésil et
la Ticrradcl L'iiego. Lors de la dissolution de son
ordi'e, l'alknei' lut envoyé en Es[)agne, et devint
chapelaind'uu de ses compatriotes, qu'il suivit en
Anglelerrc!. On a de lui : A Description of Pa-
l.agonia and tlie adjoiniiig -parts of South-
America, and sornc particulars relaling to
Faclilund Islands , elc. ; llerelbrd et Lon(lres,
1774, iu-4". Georges AUan a publié un abrégé de
C(!t ouvrage, sous le titre de : A Treatise of the
Patagonians, etc., IJarlington, 1788, in-4°;
trad. {!n allemand, Gotha, 1775, in-8"; et en
français par U*** (Bourret), sous le titre de
Desciipiion des Terres Magellaniques et des
pays adjacents ; Genève et Paris, 1788, 2 vol.
in-lG. « Le livre de Falkner offre des notions
précieuses sur les contrées que l'auteur a par-
courues , sur les mœurs des peuples (|ui les ha-
bitent et sur les productions naturelles que l'on
y trouve. Les Palagons qu'il a vus étaient grands
et bien faits; ils lui ont paru avoir sept pieds et
quel(|ues i)ouces (anglais) ; mais il n'a pioint en-
tendu parler de la race gigantesque citée par
(luehjues voyageurs. » Il a laissé beaucoup d'écrits
en différentes langues, entre autres : De Analome
Corporis humant; 2 vol.; — Botanical, mi-
nerai and lîke Observations , made bij him-
setfon the products of America ; 4 vol.in-lol. ;
— A Treatise on American Distempers, cured
btj American Drugs ; etc. A. de Lacazij.
Rldurd Hcbci-, Calai., n" 25S7. — QuOr.jfd, La France
HUéralre. — Ia: P. Diosdudo C.Tballcro, Supplum. lliblio-
t/icac Scriptorum Sncietalis Jesu. — \n^\i^\.. et Alo'/s de
liaokcr, liibliolUèquedes écrivains de lu Comp. de Jésus.
* FALKLANU ( Henri Cauv , vicomte; ) , poly-
graphe anglais, mort en 1033. Il était (ils d'Ed-
ward Cary de lîerkhamstead , dans le comté
d'Hcrtford. A seize ans il entra au collège l'Aeter
d'OxCord. En 1008 il fut en-é chevalier du IJain ,
en 10(7 contnMeur (h; la maison royale et inem-
l)re du conseil privé, enfin le 10 novembre 1C20
il fut nommé vicotnt(; Falkland, dans le comté de
l'Mfe, en Ecosse. En 1022 il alla en Irlande en
qualité de lord député, et y séjouina jusqu'en
1029, époque oii il fut rappelé sui' les instances
du parti catholique, (|u'il avait traité avec trop
de rigueur. On a de lui : A flislori/ of thaï
most nii/ortunate prince Edward H; ICSO,
in-8" et in-lol. ; — Letter to James I; — Jipi-
taph on theCoîintess of Hunlingdon ; — Let-
ters to the Dukcof Buckingham. Ces derniei's
ouvrag(îS sont restés manuscrits, à l'exception de
(iuelqu(!s lettres.
lUoij. /Iril. — Walpolc, Uoyal and noble Authors, —
Wood, Jl/ien. Oxon.
ii'"ALKi>ANt> ( fMcien-C\{{\, vicomte), homme
d'État anglais, (ils aîné du précédent, né à Bur-
ford, dans l'Oxfordsliire, vers IGIO, tué le 20 sep-
tembre 1043. Il étudia d'abord au collège de
La Trinité à Dublin, lors du séjour de son père
dans cette ville, et plus tard au collège Saint-
J(ian à C.mibridge. Après les écarts de la pre-
mière jeumîsse, il contracta avec une personne
peu fortunée un mariage (|ui mécontenta sou
l)ère. H voyagea ensuite à l'étranger. A son re-
tour, il donna tout son temps à la litléiatuie :
son chAteau, situé à quelques milles d'OxCord,
élait le rendez-vous de ce qu'il y avait de plus
considérable dans les lettres et l'université. A
vingt-trois ans il avait lu tous les Pères de l'É-
glise. 'J'outel'ois, il vivaii; à une époque trop agitée
pour n'être [)as appelé bientôt à se mêler aux
événements. Gentilhomme de la chambre de
Charles T' depuis 1033, il prit part, en 1G3!), à
l'expédition dirigée contre les Écossais; j)uis il
entia comme volontaire dans l'armée du comte
d'iîssex. En iCiO il fut élu membre du par-
lement pour iNewport, dans l'Ile de Wliigt. II
marcha de concert avec cette assemblée, et ma-
nifesta un vif mécontentemiint lorsque le gou-
vernement en prononça la dissolution. Dans le
pai'Iement qui suivit, il se montra ligide obser-
vateur des lois et ennemi des abus, au |(oint
que, (ionlrairement à la bonté natunîlle de son
caractère, il lit une assez violente; opposition
à StralCord et à lord l'inch. Jl contribua aussi à
enlever aux évôtiues le droit de voter dans la
chambre des lords. Plus tard, à mesure (pi'il eut
des doutes sin- les projets ultéiùeuis du parh;-
ment, il se relâcha de cette opposition. 11 iv.nUn
ïuéme pendant (|uel(iue temps dans la vi(! privée.
Mais la loyauté de son caractère, ses lumièrcjs
peu communes , le rendir(!nt bientôt à la vie pu-
blique. 11 accepta une i)lace dans l(;s conseils de
la couronne, et fut nommé secrétaire d'État. Il
porta dans ces hautes fonctions une droiture peu
ordinaire; c'est ainsi ([u'il refusa de jamais re-
courir à l'espionnage ou de violer le secret des
lettres. Dans tout le reste il renqdit les devoii's
d(! sa charge en homme expérimente'; autant qu'é-
clairé. Falkland Cul un des lords qui, le i> juin
1042, signèrent la déclaration (pu; le roi n'avait
pas l'intention de faire la gu(;rre au parlement.
Puis il leva vingt chevaux pour h; service royal.
Il avait, dit-on, dès cette (ipoque le pressen-
timent d(; sa mort prématurée. Se trouvant .'i
Oxford avec Charles 1' ' , ils visitèrent ensemble
la bibliotlK^epie de celte ville. En ouvrant un
hasard un Virgile, le roi tomba sur le passage
du IV*-" liv. (v. 014) commene.anl par ce vers,
At bcllo aiidaRis pupiill vcxatus cl anids,
et fut frappé de l'analogie qu'il y trouvait avec
63 FALKLAND
sa destinée. Falkland, s'étant aperçu de cette im-
pression , voulut y faire diversion en chercliant
à son tour dans le poëte latin quelque rapport
avec sa propre situation; c'était d'ailleurs la
mode d'alors : on appelait cela consulter les
sorts virgiliens. Il rencontra le passage si tou-
chant où Évandre pleure la mort de son fils :
Non lucc, 0 Pallas, dederas promlssa parenti.
Falkland continua de demeurer fidèle à la
cause du roi : il se trouva à la bataille d'Edge-
Hill et au siège de Glocester. Mais un profond
découragement s'était emparé de lui; peut être
cette âme honnête n'était-elle pas tout à fait à
la hauteur de la situation qu'il fallait défendre
contre les plus audacieux. La paix! la paix!
telle était la parole qu'il faisait volontiers enten-
dre, mais que les événements se hâtaient peu de
réaliser. L'amertume où le plongeait le triste
spectacle dont il était témoin ne fut sans doute
pas étrangère à la mort de Falkland. Il se pré-
cipita en quelque sorte dans le feu de la bataille
de Newbury, où il reçut une balle dans le bas-
ventre. Son corps ne fut retrouvé que le lende-
main matin. Falkland prit part , dit-on , à l'ou-
vrage de Chillingworth, intitulé : Religion of
Protestants. On a en outre de lui plusieurs dis-
cours politiques, parmi lesquels : A Speech on ill
counsellors about the King;—A Speech against
the Bishops ; 1 640 ; — A Discourse on the Infal-
imUty ofthe Church ofRome ; i 645. V. R.
JJiori. Brit. — Clarendon, History. — Walpole, Royal
ami noble Authors.
*FALiiA. (Fra Antonio da), religieux portu-
gais , vivait au seizième siècle. Son nom est lié
à l'un des incidents les plus singuliers et les
moins connus du règne de D. Sébastien. Ce
jeune monarque, neuf ans avant l'expédition dé-
sastreuse dans laquelle il succomba , fit , dit-on ,
ouvrir les tombes de ses ancêtres, afin de juger
par lui-même des ravages exercés par le temps
sur ces morts illustres auxquels il venait payer
un tribut de vénération. Antonio da Falla fut
choisi pour dresser le procès-verbal de ces ex-
humations , qui eurent lieu seulement dans le
couvent d'Alcobaça. On éprouva, dit-on, alors une
vive surprise en voyant que tant de siècles écou-
lés n'avaient point eu d'influence sur la personne
de dona Urraca , femme d'Alfonse II, qui était
ensevelie depuis 352 ans, et dont les vêtements
mêmes avaient été préservés dans la tombe de
toute souillure. Le procès-verbal de ces séances
mémorables, qui eurent lieu en 1569, a été donné
par le moine dominicain sous le titre : Relaçâo
dos Reys e Reynhas que estâo sepultadas em
Aico6aça,manuscrit conservé probablementdans
le monastère même, mais dont l'historien Bran-
dam possédait une copie. On a encore de ce
religieux : Instituiçâo do Mosteiro de Jésus
da villa de Aveirojuntamente con a vida da
princeza santa Joanna que nella foy reli-
giosa , ms,; — Fragmentos da istoria de Es-
vanha, ms. Perd. Denis. .
FALLE
64
Fr. Aiil. Brandao, k^ parte da MonarchiaLusitana,liv.
XIII, cap. 19. — Barbosa Machado, Bibl. Lusitana, t. I.
FALLATi {JeGHi)'; économiste allemand, né
à Hambourg, le 15 mars 1809, mort en 1854. En
1823, à la mort de son père , il reçut sa première
instruction à Stuttgard , et étudia le droit à Tu-
bingue et à Heidelberg. Il fut ensuite membre du
tiibunal civil de Stuttgard. Lors de la réorgani-
sation de la faculté d'économie politique, il fut
chargé de professer en qualité de répétiteur l'his-
toire et la statistique économique. En 1842 il
obtint le titre de professeur titulaire. En 1848 il
contribua à la réunion du congrès de la réforme
universitaire qui eut lieu à léna ; il fit ensuite par-
tie des chambres wurtembergeoises et de l'as-
semblée nationale de Francfort. Au mois d'août de
la même année, il fut nommé sous-secrétaire d'É-
tat au département du commerce dans le minis-
tère de l'Empire. Il travailla à la réforme du sys-
tème existant de navigation fluviale et à celle
des consulats. Fallati se retira avec le ministère
Gagern, et quitta l'assemblée nationale le 24 mai
1849. Revenu à Tubingue, il fut nommé premier
bibliothécaire de l'université. Ses ouvrages sont :
Die statistichen Vereineder Englœnder (Les
Sociétés statistiques desAnglais); Tubingue, 1840,
in-8°; — Ueber die sogenannte matérielle
Tendenz der Gegenwart ( Des Tendances maté-
rielles de l'époque) ; ibid., 1842, in-12 ; — Ein-
leltung in die Wissenscha/t der Statistik
( Introduction à la Science de la Statistique ) ;
ibid., 1843, in-8°; — un grand nombre d'ar-
ticles dans la Zeitschrift fuer die gesammie
Staatswissenschaft (Journal des Sciences écono-
miques ), qu'il dirigea depuis 1846.
Dict. de l'Écon. polit. — Conversat.-Lex.
* FALLA RO (Giacomo), peintre de l'école
vénitienne, florissait à Venise dans la première
moitié du seizième siècle. Vasari fait de lui une
honorable mention dans la vie du Sansovino,
l'indiquant comme l'un des plus habiles peintres
à fresque de l'école vénitienne, et donnant de
grands éloges aux peintures des volets de l'or-
gue de l'éghse des Dominicains délia Zattere,
sur lesquels il a représenté la Prise d'habit du
bienheureux Giovanni Colombini, en présence
de nombreux cardinaux. E. B— n.
Vasari, f^ite. — Lanzi, Storia délia Pittura. — Ti-
cozzi, Dizionario. — Orlandi, Abbecedario.
FALLE (PM^ippe), géographe anglais, né à
Jersey, en 1655, mort à Shenby, en 1742. Il étu-
dia à Oxford, entra dans les ordres, devint rec-
teur de Saint-Sauveur dans son pays natal, qu'il
représenta ensuite auprès du roi Guillaume et de
la reine Marie, lorsqu'il s'agit de solliciter des
moyens de défense contre une menace d'inva-
sion des Français. Outre des Sermons, on a de
lui : An Account of the isle of Jersey , the
greatest of those island that are nom the
only remainder of the Englïsh dominions
in France, with a new and accurate map
of that Island; 1694, in-4''.
Wood, Mh. oxon, — Hutchinson, Hist.'of nurham.
fi5
FALLET — FALLOPE
6G
FALLET (Nicolas ) , auteur dramatique fran-
çais, né à Langres, en 1753, mort à Paris, le 22
décembre 1801. Fils d'un chapelier, il fut des-
tiné au barreau; mais un penchant irrésistible
l'entraîna vers la carrière des lettres. Arrivé à
Paris, il s'y lia avec DuruQé et Gilbert, et publia,
dans te genre de Dorât : Les Aventures de Chœ-
réeetde Callirhoé, trad. dugrec; 1775; — Bar-
nevelt, ou le stathoudérat aboli, tragédie en
trois actes; 1795; — La FataUté,é^Vir&\ 1779; —
Matthieu, ou les deux soupers, opéra-comique
en trois actes, musique de Dalayrac , représenté
d'abord sur le théâtre de Fontainebleau, le 12 sep-
tembre 1783, donné à Paris, peu de temps après,
avec assez peu de succès pour faire dire que
dans ces deux soupers il n'y avait pas même un
plat de passable ; remis au théâtre l'année sui-
vante, sous le titre des Deux Tuteurs; — Mes
Bagatelles , ou les torts de ma jeunesse, con-
tenant Phaéton , poëme héroï-comique en six
chants, imité de l'Allemand Zacharie ; 1 776 ; — Mes
Prémices, recueil de poésies; 1773; — Tibère,
tragédie en cinq actes, accueillie avec froideur, et
parodiée cependant par Radet ; cette pièce a eu
deux édilions : la seconde a paru sous le titre de
Tibère et Seremis ; Toulouse, 1783; — Les
fausses Nouvelles, comédie; — Alphéeet Za-
rine, tragédie. Fatlet a aussi collaboré à la Ga-
zette de France , au Journal de Paris, et au
Dictionnaire universel, historique et critique
des Mœurs , lois , usages et couttimes civiles ;
1772, 4 vol. in-8°. H. Malot.
Grinim, Corre^p.— Rivarol, Petit Almanachdes Grands
Hommes inconnus —Arnault.Jouy, etc., Biographie des
Contemporains. — Quërard, La France litt.
FALLETTI. Voy. Faletti.
* ¥kiA^MURh.yv.Vi. [Philippe-Jacques), his-
torien et voyageur allemand, né à Tchœtsch, le
10 décembre 1791. Fils d'un pauvre paysan, il
dut à l'appui de quelques ecclésiastiques de pou-
voir commencer ses études à Brixen. Plus tard,
il alla à Saltzbourg, où il continua de s'instruire,
tout en donnant des répétitions pour vivre. II se
rendit ensuite à l'université de Landshut, où
il se livra à l'étude du droit, de l'histoire, de la
linguistique et de la philologie. Entré comme
sous-lieutenant dans un régiment bavarois en
1813, ilcombattit en maintes rencontres, notam-
ment près de Hanau et en France. A la paix, il
resta dans ce pays avec le corps d'occupation ,
et résida pendant six mois près d'Orléans, sur un
domaine du général Spreti , ce qui lui permit de
cultiver avec fruit la langue française. A son
retour en Allemagne, il reprit ses études de pré-
dilection, quitta le service militaire, s'appliqua
aux langues de l'Orient, et devint d'abord pro-
fesseur de latin à Augsbourg, ensuite professeur
de philologie à Landshut. En 1831 il accompa-
gna en Orient le général russe Tolstoï, visita
l'Egypte, la Palestine, la Syrie, Chypre, Rhodes,
les îles Ioniennes,enfin Constantinopl e, où il étudia
le turc. Revenu en Allemagne par la Grèce et
KOIJV. UlOCr.. GÉMÎR. — T. XVII.
Naples, il trouva sa place occupée. Il se rendit
alors en France, et de là à Florence, à Rome et à
Pise, et passa quatre années chez le comte Ostev-
mann Tolstoï, à Genève. En 1840, il entreprit
un nouveau voyage en Orient. 11 visita Trébi-
zonde, Constantinople, le mont Athos, la Macé-
doine,la ThessaHe et unegrande partiedela Grèce.
En 1847, il retourna une troisième fois dans les
parages orientaux, vit de nouveau Constantinople,
et parcourut la Palestine, la Syrie; mais les évé-
nements de 1848 le ramenèrent de Smyrne en
Allemagne, où le sultan lui envoya l'ordre du
Nischan-Iftichar. Fallmerayer fut nommé mem-
bre du parlement de Francfort par les électeurs
de Munich. 11 passa l'hiver de 1849-1850 en
Suisse. Depuis il a vécu dans la retraite à Mu-
nich. On a de lui : Geschichte des Kaiser-
thums Trapezunt (Histoire de l'Empire de Tré-
bizonde); Munich, 1831; — Geschichte der
Halbinsel Morea im Mittelalter ( Histoire de
la presqu'île deMorée au moyen âge); Stuttgard,
1830-1836.
Conversat.-Lexikon.
FALLOPE, FALLOPIOOU FALLOPIUS (Ga-
briele), célèbre anatomiste italien, néàModène,
vers 1523, mort en 1562. La date de sa nais-
sance est incertaine. Tomassini la place en 1490,
Castellan et d'autres en 1528. Haller est de ce
sentiment. Il le prouve par le Traité des Tu-
meurs de Fallope, où il est dit que l'auteur
n'avait que cinq ou six ans en 1528. Guilandini
prétend que Fallope mourut avant l'âge de qua-
rante ans ; De Thou, à l'âge de trente-neuf ou
quarante. Cette opinion, qui est aussi celle de
Haller, paraît incontestable; si on l'adopte, on
ne saurait admettre que Fallope ait enseigné
pendant vingt-quatre ans dans la seule univer-
sité de Padoue, car il n'a pu monter en chaire
avant l'âge de seize ans. Fallope fut un des troi.s
savants qui, d'après Cuvier, restaurèrent ou
plutôt créèrent l'anatomie au seizième siècle. Les
deux autres sont Vesale et Eustachi. Fallope
succéda à Vesale dans les chaires réunies d'a-
natomie et de chirurgie à Padoue. Eustachi
professait vers le même temps à Rome avec
moins de succès et plus d'habileté peut-être que
Fallope. Les écrits de ces savants témoignent
d'une jalousie mutuelle.
Fallope paraît avoir occupé pendant quelque
temps un emploi ecclésiastique dans la cathé-
drale de Modène. Il le quitta pour se vouer à
l'étude des sciences. Il eut pour maîtres Antonio
Brassavola, Giovanni - Baptista Monti et Luca
Ghini; mais l'on doute qu'il ait suivi les cours de
Vesale. Après avoir parcouru les principales con-
trées de l'Europe, pour profiter des leçons des
plus célèbres professeurs, il vint enseigner l'ana-
tomie à Ferrare, où il avait fait ses études médi-
cales. Comme cette université n'offrait à ses ta-
lents qu'un champ très-étroit , il la quitta pour
Pise, où il professa pendant plusieurs années sous
le patronage du premier grand-duc de Toscane,
3
67
FALLOPE
G8
Cosme T^"". Les offres du sénat vénitien le rappelè-
rent à Padoue. Il y succéda à Vesale, forcé de ré-
signer ses fonctions académiques par un de ces
cruels incidents qui répandent un intérêt roma-
nesque sur la dernière partie de sa vie. Fallope
ne se borna pas à l'anatomie, il s'occupa aussi de
botanique. Le premier jardin botanique avait été
établi à Pise par Cosme de Médicis en 1543,
et se trouvait alors placé sous la direction de
Césalpin. Le second jardin fut établi deux ans
plus tard, à Padoue. L'administration en fut
confiée à Fallope peu après son arrivée à Padoue.
Les recherches et les collections qu'il avait faites
dans ses voyages, son séjour à Pise, à portée des
meilleures sources d'information, lui permirent de
remplir ces nouvelles fonctions avec beaucoup
d'habileté et de succès. On n'est pas sûr qu'il
ait jamais enseigné expressément la botanique,
ou du moins il n'a pas écrit de traité spécial à
ce sujet, mais il en parle incidemment dans ses
ouvrages, parmi lesquels on remarque des traités
sur la préparation et l'usage des diverses herbes
médicinales aussi bien que sur les substances
minérales employées en pharmacie. Fallope ne
fut pas seulement un savant naturaliste, un ex-
cellent professeur, il fut encore un fort habile
chirurgien. Douglas a dit de lui : In docendo
maxime viethodicus, in medendofelicïssimus,
in secando expeditissimus. On lui reproche
d'avoir un peu trop fait mystère de ses remèdes,
d'en avoir un peu trop vanté les vertus curatives,
c'est-à-dire de n'avoir pas été, malgré tout son
génie, exempt de charlatanisme. Ce défaut, qui di-
minue un peu sa réputation aux yeux de la pos-
térité, dut l'augmenter au contraire pour ses
contemporains. Après une courte et brillante
existence, Fallope mourut en laissant sa chaire
à son élevé favori, Fabrice d'Aquapendente.
Le principal ouvrage de Fallope est intitulé
Observa (iones anatomicœ, in libra^ qidnque
digestx; Venise, 1561, in-8°; Paris, 1562,
in-8", avec les ouvrages de Columbus; Cologne,
1562; Helmstœdt, 1585, 1588, in-8°. C'est un
des meilleurs traités d'anatomie du seizième
siècle. Fallope a très-bien corrigé les fautes
échappées à Vesale. « Son ouvrage, dit Cuvier,
est plein d'observations utiles. L'auteur y fait
voir que le crâne du fœtus est composé d'un
plus grand nombre de pièces que celui de l'a-
dulte. Il montre aussi les différences du système
vasculaire chez l'un et chez l'autre. L'os, fort
compliqué, qui a reçu le nom d'ethmoide y est
mieux décrit que dans Vesale. C'est aussi à Fal-
lope que nous devons la description du trou
ovale du sphénoïde, paroii passent les nerfs de
la cinquième paire; celle des sinus sphénoïdaux
et pétreux. H a encore décrit les alvéoles dans
lesquelles sont enchâssées les dents , les veines
et les nerfs qui s'y rendent. Ce qu'il a surtout
étudié, c'est la structure de l'oreille interne.
Fallope a découvert les vestibules, les canaux
semi-circulaires, le limaçon, sa lame spirale, le
cadre et la corde du tympan, enfin le canal tor-
tueux ou aqueduc qui porte encore son nom. Il
a fait plusieurs remarques importantes sur dif-
férents muscles, particulièrement sur les muscles
de l'oreille, soit intérieure, soit extérieure. Les
muscles du voile du palais n'ont été bien dé-
crits que par Fallope ; dans la description qu'il
a faite de ceux de la face, il est aussi supérieur
à Vesale. Il a distingué dans la tunique des intes-
tins la veloutée, les valvules conni ventes ou
replis formés par les intestins. Pour tous ces
petits détails les additions au grand ouvrage de
Vesale devaient se multiplier, car il avait produit
une émulation générale. Fallope a passé près de
vingt ans à recueillir ses observations, et il n'est
pas étonnant que, travaillant avec attention et
aidé des facilités que lui donnait le gouverne-
ment de Venise, qui fàvorisait beaucoup tous les
savants (1), il ait fait à l'ouvrage de Vesale la
multitude d'additions intéressantes que noua ve-
nons de rapporter. » Toutes ces additions n'é-
taient pas neuves, et Fallope a plus d'iuio fois
donné pour des découvertes des faits connus
depuis longtemps. Il prétend avoir aperçu le
premier les muscles pyramidaux, dont Galien el
Jacques Dubois ou Sylyius avaient fait mention
avant lui. Il se vante aussi d'avoir résolu le
premier la difficulté indiquée par Oribase et Ga-
lien sur le mouvement de la paupière supérieure
après que le muscle orbiculaire est coupé. 11
assure avoir découvert en 1550 le muscle qui
sert à relever cette partie. On trouve dans Avi-
cenne une description très-clair« de co muscle,
et Realdus Columbus l'avait décrit aussi fort
exactement dans un ouvrage imprimé en 1550.
Fallope passe généralement pour avoir décou-
vert une partie de la matrice, qu'il nomma tnha
iiteri, et que nous appelons de son nom la
trompe de Fallope; mais ce canal était connu
d'Érophile et de Rufus d'Éphèse, qui nous en
ont laissé des descriptions fort exactes. Ses au-
tres ouvrages sont : Libelli duo, aller de ulce-
ribus , aller de Uimoribus prœter naturam;
Venise, 1563, in-i" ; — De ThermaliMis Aquis,
librï septem; De Metallis et Fossilibtis Liber;
Venise, 1564, in-4" : c'est un recueil des leçons de
Fallope sur Dioscoride; — 3e Morbo Gallico
Tractqtus; Venise, 1564, in-4° ; — De Simpti-
cibus Medicamentis purgantibus ; Venise,
1566, in-4° ; — Opiiscula varia; Padoue, 1566 ;
— Expositio in llbriim Galeni DeOssibus;
Venise, 1570, in-4°; — De Compositione Me-
dicamentorum ; Venise, 1570, in-^"; — De
parte medicinsf; qnx Chirurgia mincupatur,
née non in librum Hippocratis De vulneribus
(l)Le grand-duc lui donnait enpore plus de facilita, comme
on le voit par ce curieux passage de Fallope lui mémo :
« Princcps jnbet ut nobis dent hominem quem ndstip
modo iiiterflcimus, et illum anatomisanius. » 1,'liorarae
que le grand-duc livrait au scalpel du chirurgien était
lin criminel condamné ii mort. L'affreuse habitude de
disséquer des vivants existait chez les anciens; Celse la
décrit énergîquenient. {Foij.CmIlSK.)
69
FALLOPR — FALSTALF
70
capitis, dihicidissima Interpretatio;Yevhe,,
1571, ia-4°; — De humant Corporis Anatome
Compendium ;Yen\se, 1571 ; — Opéra genuina
omnia, tam practica quant theorica ; Venise,
1584, 1596, 1606,3 vol. in-foi.; Francfort, 1600,
4 vol. in-fol. La plupart des opuscules dont on
a grossi cette dernière édition étaient des dictées
de professeur. Le botaniste Loureiro lui a con-
sacré le genre Fallopia.
Tiraboschi , Biblioteca Modenese, t. II, p. 236. — Ni-
eéron. Mémoires, t. IV, p. 396. — Éloy, Diction.
J FALLOUX {Frédéric- Alfred- Pierre, vi-
comte de), historien et homme politique fran-
çais, né à Angers le 11 mai 1811. Issu d'une fa-
mille d'honnêtes commerçants, son père créa,
sous la restauration, un majorât au titre de
vicomte. Le jeune de Falloux fit de bonnes
études, et, dès 1840, il publia une Histoire de
Louis XVI qui faisait connaître ses sympathies
politiques; trois ans plus tard, ce premier ou-
vrage fut suivi d'une Histoire de saint Pie V, qui
indiquait ses tendances religieuses. Élu député
de Maine-et-Loire en 1846, M. de Falloux prit
place à côté des chefs du parti légitimiste et ne
cessa depuis de réclamer la hberté de l'enseigne-
ment. Lors de la révolution de 1848, il imprima
à ses convictions une direction conforme aux cir-
constances, et le 25 février il conjura ses conci-
toyens de la Vendée de se rallier franchement au
régime nouveau. Membre de l'assemblée consti-
tuante, il prit une part active aux travaux de ses
collègues. Chargé de rendre compte delà situation
des ateliers nationaux et des mesures à adopter
pour leur dissolution , M. de Falloux, dans un
rapport qui précéda de peu de jours les événe-
ments de juin, se prononça pour cette dernière
mesure, nécessaire sans doute, mais qui avait be-
soin d'être amenée avec prudence. En opposition
avec le pouvoir exécutif, il désapprouva le projet
d'envoi dans les départements de députés char-
gés d'étudier l'esprit du pays. Répondant à ceux
qui pensaient devoir fonder la république : « La
république, dit-il , a été fondée le 4 mai, jour
où , en présence de la population de Paris tout
entière, à la face d'un soleil, comme les cœurs,
radieux, nous sommes venus, tous ensemble
sans exception, proclamer la république. » En
même temps, M. de Falloux ajoutait, que « la ré-
publique avait été fondée encore par la double
victoire remportée le 15 mai et en juin sur les
ennemis du pouvoir établi ». Lors de la discus-
sion de l'article de la constitution , relative à
l'enseignement, M. de Falloux demanda pour
l'Église, comme il le fit depuis, la concurrence
avec l'Université, sous la surveillance de l'État.
« Si l'Université a besoin, dit-il, de relever le
niveau <le l'éducation , comme je le crois, et
comme je le dis franchement, les maisons qui
sont à côté d'elle le lui apprendront; et si les
maisons religieuses ont besoin elles-mêmes de
se familiariser avec res|)rit du siècle, si elles ont
toujours liesoin de se sentir un peu pressées et
stimulées de cet aiguillon humain, l'émulation,
la concurrence, la liberté enfin, le leur ap-
prendront. » Nommé ministre de l'instruction
publique parle prince président, le 20 décembre
1848, M. de Falloux proposa un projet de loi
conforme à cette déclaration de principes ; cette
loi, concernant l'organisation de la hberté de
l'enseignement, fut votée en 1850. A l'assemblée
législative , lorsqu'il fut question des mesures
que réclamait la position du pape, M. de Fal-
loux plaida avec chaleur la cause du souverain
pontife. Le 31 octobre 1849, il fut remplacé au
ministère de l'instruction publique par M. de
Parieu; et après le coup d'État du 2 décembre,
il voyagea. Retiré aujourd'hui dans ses domaines,
il consacre, à la manière des anciens, ses loisirs
à l'exploitation de ses terres et à la culture des
lettres. La première lui valut une médaille d'or
pour la beauté de ses bœufs , à l'exposition agri-
cole de 1856, et la seconde lui mérita son entrée
à l'Académie française. ' V. R.
L. Louvet, dans le Dict. de la Conv. — Moniteur, 1846-
1850. — l.e Correspondant, mars et juin 1836.
" FALSTALF (1) OU FALSTOLF (Sir Jolin),
fameux capitaine anglais, né vers 1377, à Gais-
ter-Castle , dans le Norfolkshire, mort le 15 oc-
tobre 1459. 11 fut d'abord ward ou pupille de
Jean , duc de Bedford , frère du roi Henri V.
Bientôt il fut attaché à Thomas de Lancastre,
duc de Clarence , lieutenant général en Irlande.
Vers 1410, selon toute vraisemblance, il accom-
pagna en France le duc de Clarence , et par actes
authentiques des 10 avril et 19 octobre 1413,
Charles, duc d'Orléans, versa entre les mains de
Falstalf, écuyer du duc de Clarence, diverses
sommes dues à ce dernier et assignées à sir John
pour la rançon de Jean comte d'Angoulême (2).
En 1415, après la prise de Harfleur par les An-
glais, Falstalf fut établi lieutenant dans cette ville
pour le comte de Dorset. Peu de temps après,
il se signala contre les là-ançais à la bataille d'A-
zincourt, où il fit pi'isonnier le duc d'Alençon.
Il était alors écuyer de la retenue de Henri V,
ayant sons son commandement dix lances et
trente archers. Bientôt il s'empara du château
de Bec-Crépin et de plusieurs places impor-
tantes en Normandie, et fut élevé au degré de
chevalerie. Il prit part en cette qualité aux sièges
de Montereau (1420), de Meaux ( 1421) et de
Meulan (1422). Après la mort de Henri V, H
devint grand maître d'hôtel de Jean, duc de
Bedford, sénéchal de Normandie, lieutenant du
roi et du régent aux ba'lliages de Rouen, Évreux,
Alençon; gouverneur d'Anjou et du Maine. Fait
chevalier banneret avant la bataille de Verneuil,
il conduisit en vainqueur les siéjfcs ou actions
militaires de Gennuye-en-Maine, Heaumont-Ie-
Vicomte, Sillé-le-Guillaume, Saint-Ouen-Lestray
près Laval, LaGravelle, et fut enfin créé, en 1425,
(11 Ce nom s'écrit aussi Falscaf, Fastol , Fastotz,
Fascot, etc.
(î) Arrbives du palais Soubi'îp, IC, uH, n' 4,
7i
FALSTALF — FAMIN
72
par le régent, chevalier de l'ordre de la Jarre-
tière. Le fameux Talbot, en 1426, fut nommé,
au lieu de Falstalf, gouverneur d'Anjou et du
Maine. Ce dernier en conçut un grand dépit, auquel
devaient se rattacher de graves conséquences
historiques. Falstalf eut encordes honneurs de la
journée des harengs, qui eut lieu le 12 février
1429. Jusque là ce capitaine ainsi que les ar-
mées anglaises n'avaient connu eu France que
la victoire ; bientôt il se trouva en présence de
la Pucelle, et la scène changea. Les Anglais fu-
lent battus : lord Talbot tomba prisonnier au
pouvoir des Français, et Falstalf, obligé de plier,
se retira sur Corbeil. Les historiens anglais, peu
riches d'ailleurs en chroniques originales sur
cette époque, spécialement Hollinshed, qui vivait
tiu temps d'Elisabeth, ont représenté la conduite
du chevalier banneret comme une fuite honteuse.
Quelques-uns prétendent que Falstalf, par suite
de cette action, fut dégradé de la Jarretière. Ils
ajoutent que cet ordre lui fut rendu sur ses ex-
cuses ou explications, malgré les instances de
Talbot, qui imputait aux graves torts de son com-
pagnon d'armes et sa captivité et la perte de ia
bataille. Les textes français, plus circonstanciés,
autorisent à penser que Falstalf, aussi bien que
Talbot, en cette circonstance, ne fut trahi que
par la fortune et par la supériorité de ses ad-
versaires. De 1430 à 1436, Falstalf continua de
jouir des bonnes grâces du régent, et fut employé
en diverses ambassades importantes, notamment
au concile de Bâie et aux négociations qui ame-
nèrent la paix d'Arras. Depuis 1430, il était lieu-
tenant duroi d'AngleterreàCaen. Dans l'intervalle
des voyages mentionnés, il était occupé à guer-
royer en Bretagne et en Normandie, jusqu'en
1440 , époque où , atteint par l'âge , il quitta ie
continent et vint se retirçr dans ses foyers. Les
loisirs de la paix et de l'opulence remplirent sa
longue vieillesse. Il avait acquis en France, par
droit de conquête ou par la concession des rois
d'Angleterre conquérants, d'importantes posses-
sions territoriales, dont il ne jouit que temporai-
rement. 11 était en outre, du chef de lady Fal-
stalf et du sien, baron de Gilliquillin, seigneur de
nombreux et riches manoirs sis enNoifolk, en
Yorkshire,enWiltshire,etc. Falstalf fit un géné-
reux emploi de sa richesse. Dans sa demeure de
Caister-Castle, qui subsiste encore, il construisit
de somptueux bâtiments. La tradition porte que
l'œuvre fut exécutée par un prisonnier du sei-
gneur ( le duc d'Alençon ? ) et selon le style de
l'architecture française. Il y fonda en outre un
collège, composé d'un maître, de six prêtres et
de sept pauvres clercs. Il fut aussi le bienfaiteur
des universités d'Oxford et de Cambridge. Fal-
stalf entretenait de ses deniers des clercs ou
écoliers qui se livraient à l'étude des lettres et
des sciences. Parmi ces élèves on cite W. Wyr-
cester , serviteur de Falstalf et auteur d'écrits
estimables sur l'histoire et sur d'autres branches
des connaissances humaines. Il avait rédigé une
biographie spéciale de son maître, qui ne nous
est pas parvenue.
Nous venons de retracer en termes succincts
mais exacts le personnage de Falstalf, tel que
nous le représente l'histoire. Celui-ci est peu
connu, même en Angleterre, où il manque dans
la plupart des dictionnaires de biographie. Tout
le monde en revanche connaît un autre type de
sir John Falstalf ; c'est celui qu'a créé et im-
mortalisé le génie comique de Shakspeare.
Pour expliquer le lien qui unit ces deux person-
nages si dissemblables, nous terminerons cet
article par les lignes judicieuses qui vont sui-
vre. Nous les empruntons à John Antis, le doct(î
éditeur du Register ou Annales de l'ordre de la
Jarretière : « Shakespeare, dit-il, ne saurait être
accusé de mauvaise hnmeur contre la mé-
moire de notre chevalier, au moment où il com-
posa ses comédies; car sir John Oldcastle fut
d'abord introduit ef mis en scène par lui sous
les traits du même personnage. Mais, averti du
ressentiment qu'avait causé aux descendants de
cette famille cette personnification ou personna-
lité, Shakspeare changea le rôle, qui fut bap-
tisé désormais sir John Falstalf. Shakspeare se
crut pour cett« fois à l'abri de toute rancune.
Ce changement même manifestait en effet avec
évidence que son unique but était de produire
sur la scène un type de fanfaron amoureux ,
vain , poltron , ivrogne, vieux-beau , maître en
débauches du jeune Henri V , comme un sujet
de rire et de ridicule. Ce dessein, Shakspeare
l'a rempli avec un incomparable esprit, avec une
humour inimitable. L'impression dont il a frappé
la généralité des spectateurs est si vive, que ceux-
ci ont dû être amenés à se figurer que ce type
de théâtre avait été fourni par la vérité même
de l'histoire. » Vallet de Viriville.
Antis, Register of GarterAl^t, in-folio, tome II.— Bio-
gi-ap/iia Britannica, l''SO,in-îol\o, tome II(. — Sketch
of the hislory of Caistcr-Castle, including biographi-
cal notices of sir John Falstalf ; London, 1812, in-8'>. —
Chroniqueurs français du quinzième siècle réunis dans
le Procès de la Pucelle par M. Quicherat, 1841 et an-
nées suivantes, in-S" (à la table ). — Registres du Trésor
des Chartes, n» 172 et 175. — Mss. de la Bibliottièquc
impériale, n° 9037, 7; suppl. franc. n<> 2542, fol. 22-27;
Bréguigny, vol. 80, ann. 1418-9, février 20; et vol. 81,
ann. 1423, sept. 24.
FALTO. Voy. Valerius.
FALTONIA. Voy. FalCONIA.
* FALCGi (Donienico), poète italien, vi-
vait au commencement du seizième siècle. On
manque de détails sur sa vie; il se qualifie de
poeta laureato, et dédia au cardinal Hippo-
lyte de Médicis une épopée dont les victoires
d'Alexandre avaient fourni le sujet; cet ouvrage
est intitulé : Triompha magno nel quai si
coniiene le famose guerre d' Alexandro Magno,
imperador di Grecia; Rome, 1521, in-4°. Sa
rareté seule lui donne quelque prix. G. B.
Melzi, Bibliografia délie Poésie romanzesclie d'Italia,
an. 1831.
FAMIN {Pierre-Noël), physicien et poète
français, né à Paris, en 1740, mort en 1830.
73 FAMIN -
Après avoir fdit de bounes études au collège
d'Harcourt, ou il eut pour condisciple et pour
ami le futur critique La Harpe, Famin entra dans
les ordres. Il fut nommé en 1772 à la cure de
Saniois, près de Fontainebleau, et attaché en
1784 à l'éducation des enfants du duc d'Orléans.
11 ouvrit en 1784 un cours gratuit de physique
dans l'appartement qu'il occupait au Palais-
Royal, et il le continua jusqu'en 1798, époque à
laquelle il fut forcé de quitter ce logement. Il
vécut dès lors fort obscurément jusqu'à un âge
avancé. On a de lui : Le Mariage impromptu,
vaudeville en un acte; Paris, 1775, in-8° ; —
Cours abrégé de Physique expérimentale
mise à la portée de tout le monde; Paris, 1791,
in-S" ; — Carmen Pacis (le Chant de la Paix) ;
ode latine et française; Paris, 1801, in-8°; —
Considérations sur le danger des lumières
trop vives pour l'organe de la vue et sur les
moyens de s'en garantir ; Paris, 1802, in-8°;
— Divertissement pour fêter le jour de nais-
sance de la princesse Louise de Rohan; Paris,
1802, in-8° ; — L'Obligeant maladroit, comé-
die en trois actes et en vers ; Paris, 1793 , in-8° ;
— Mes Opuscules et Amusements littéraires ;
Paris, 1820, in-8°; recueil de poésies qui avaient
été lues pour la plupart aux séances de l'Athé-
née de Paris et de l'Athénée des Arts, dont l'au-
teur était membre. Famin a aussi traduit le
School for Scandai de Sheridan, sous le titre
tV École de la Médisance; Paris, 1807, in-8".
Arnault, Jay, etc.; Biogr. des Contemporains.
*FAiM8N {Stanislas-Marie-César ), publiciste
français, né à Marseille, le 3 juillet 1799, mort le
23 décembre 1853. Il était d'une ancienne fa-
mille de Picardie, et entra de bonne heure dans
l'administration des affaires étrangères. I! fut
nommé, le 1^'' juillet 1823, chancellier du con-
sulat de France à Palerme. Ce fut dans cette
ville qu'il commença ses intéressantes études
sur la Sicile, et il les continua aux consulats de
Naples et de Gênes, où il publia un livre qui parut
en 1830, sous le titre de Peintures, bronzes et
statues erotiques, formant la collection du
cabinet secret du Musée de Naples ; Paris,
1832, in-4"; ce livre, très-recherché des curieux,
ne fut pas destiné par l'auteur à dépasser le seuil
des grandes bibliothèques. En septembre 1838, Fa-
min fut appelé à remplir le poste de chancelier de
la légation française à Lisbonne. Pendant qu'il
rassemblait une vaste collection de monnaies por-
tugaises, il faisait imprimer son Histoire des In-
vasions des Sn7Tazinsen Italie du septième au
onzième siècle; Paris, Didot, 1843, in-8°. La
publicationdecetexcellent livre a été interrompue
par la mort de l'auteur; mais il est complète-
ment terminé. Famin revint en France en 1848,
et il fut nommé successivement chancelier des lé-
gations françaises de Londres et de Saint-Péters-
bourg. On le récompensa de ses services en l'ap-
pelant en 1802 aux fonctions de consul à Yassy,
puis à Saint-Sébastien. De retour à Paris de-
FAMUEL
74
puis quelques mois, il venait d'être nommé con-
sul à Mogador lorsqu'une attaque de choléra
l'enleva inopinément. Quelque temps avant sa
mort , Famin avait pubhé un Uvre où il faisait
preuve à la fois d'une grande sagacité et d'une
connaissance incontestable des faits qui ont con-
tribué à allumer la dernière guerre; ce volume,
intitulé : Histoire de la Rivalité et du Protec-
torat des Églises chrétiennes en Orient,
Paris, Didot, 1853, in-8°, eut un grand succès.
L'ouvrage le plus important de Famin n'a pas
encore paru ; c'est une Histoire vionétaire du
Portugal, grand in-4'', dont toutes les plan-
ches sont gravées avec un soin minutieux et
dont le texte se trouve en grande partie ter-
miné : résultat de dépenses considérables et de
recherches incessantes , ce livre manque tout à
fait à la science, car on ne possède sur la nu-
mismatique portugaise que les travaux, fort
abrégés, de Severim de Faria et ceux de Caetano
de Souza, qui sont perdus dans un vaste recueil.
Famin a donné encore : Traduction inédite
d'un fragment de Dicéarque de Messine;
Paris, 1833, in-8°; — Une Histoire des Ama-
zones, 1834, et un livre pratique. Des Traités
de Commerce et de Navigation; Paris, 1837,
in-8". Outre de nombreux articles dans la col-
lection de l'Univers, tels que ceux qui ont
pour objet l'Histoire de la Crimée, de la Cir-
cassie , de la Géorgie, du Paraguay et ôai
Chili, il a écrit dans la Revue des Deux
Mondes, dans la Revue littéraire et dans
le Magazin pittoresque. Il eut pendant quel-
que temps la direction de Y Encyclopédie ca-
tholique, et il a été l'un des collaborateurs de
V Encyclopédie WMderne et de celle des Gens
du Monde. Nous ajouterons à cette série d'écrits
utiles un livre d'imagination, intitulé Les Lé-
gendes rouges ; Paris, 2 vol. in-8°.
Parmi ses ouvrages inédits , il faut citer une
Histoire de Gènes, un travail sur les Expédi-
tions maritimes des Portugais, un Essai sur
les Colonies portugaises , écrit de 1845 à
1847, qui ne comprend par conséquent que les
possessions de l'Inde et de l'Afrique , enfin un
Essai sur l'industrie agricole au Portugal.
Le jeune fils de Famin, que le gouvernement
a fait entrer à l'École des Langues orientales, en
récompense des services de son père , poursuit
avec diligence l'étude de la philologie orientale,
sans mettre en oubli les Langues du midi de
l'Europe, et pourra probablement faire impri-
mer un jour quelques-uns des travaux que nous
venons de signaler. Ferdinand Denis.
Renseignements particuliers.
FALZAGALLONi. Voy. Ferrare (S^e/awo de).
FAAiVEL (l/a^^Aiew), mathématicien français,
né à Metz, vivait au dix-septième siècle. Il
était chanoine de la cathédrale de Toul , quand
le roi le chargea d'enseigner les mathématiques
dans l'École des Cadets , qu'il venait d'établir à
Metz. Cette école fut ensuite transférée à Sar-
75 FAMUEL —
relonis. Famuel publia, en 1690, pour l'usage de
ses élèves, une arithmétique décimale, sous le
titre suivant : La Logistique, ou arithmétique
française; Metz, in-8". Cet ouvrage, flédié au
marquis de Boufflers, lieutenant général des ar-
mées du roi, est orné de vignettes en taille-douce
dessinées par l'auteur; on les suppose gravées
par Sébastien Leclerc. Emile Bégin.
Biographie de lu Moselle. — DocumenU inédits.
FANCELLi , nom d'une famille d'artistes
italiens classés ci-dessous par ordre chronolo-
gique.
* FA1VCEI.M (Luca), architecte, vivait dans le
quinzième siècle. Il était élève du célèbre Brunel-
leschi, et aida son maître, en i440, dans la cons-
truction primitive du palais Pitti à Florence. Cet
architecte a donné des plans pour plusieurs
autres édifices de la même ville. C— p— c.
J.-C. Fulchiron, Voyagé dans l'Italie méridionale.
*FANCELLi {Giovanni), sculpteur florentin,
vivait vers le milieu du seizième siècle. Élève
de Bandinelli, il fut chargé par lui d'exécuter
pour une grotte du jardin du palais Pitti des
chèvres jetant de l'eau et un paysan vidant un
baril dans un bassin. Il a aussi travaillé à la
cathédrale d'Orviette.
Vasari, Fite. — P. Guglielrao délia Valle, Storia del
Duomo d'Orvieto.
* FANCEL.L1 ( Chiarissimo ), sculpteur, né à
Settignano, en Toscane, travaillait à Pise à la fin
du seizième et au commencement du dix-sep-
tième siècle. En 1588 il a exécuté deux statues
colossales, qui existent encore dans la cathédrale,
et en 1627 il a concouru à la restauration de la
chaise. E. B— n.
Morrona, Pisa illustrata.
*FANCELi,i {Antonio), architecte et sculpteur,
né à Sienne, en 1606, mort en 1646. On lui doit
le dessin et la sculpture de plusieurs autels de
la cathédrale de Sienne, et du magnifique maître
autel de l'église Saint-François. E. B— n.
Roraasnoli, Cenni storico-artistici di Siena.
*FANCELLi ( J acopo- Antonio) , sculpteur
originaire de Settignano, en Toscane, mais né à
Rome, au commencement du dix-septième siècle.
Il fut un des meilleurs élèves du Berhin, qui lui
confia Tune des statues colossales de la fontaine
de la place Navonne, celle du Nil. On prétend
que le voile qui couvre la tête de cette figure ,
au lieu d'être une allusion au mystère de la
source du fleuve, est une épigramme contre le
Borromini, rival du Bernin, et que le Nil se
cache la tête pour ne pas voir la façade de l'église
Sainte-Agnès , qui est pourtant la moins bizarre
des productions du Borromini. E. B — x.
C\co<^na.r&, storia delta Scultura. —T\C077À. Diziona-
rio. — Valéry, Voyages hist. et lltt. en Italie.
■*tFANCELLi (Pietro), peintre italien, né à
Bologne, en 1764, mort en 1850. Fils d'un peintre
assez estimé, il chercha à imiter à la fois les Car-
vache et l'école vénitienne, et il y réussit assez
bien pour être regardé comme le meilleur peintre
moderne de Bologne. Il peignit avec un égal suc-
FANELLI
7()
ces l'histoire et la décoration. La toile du grand
théâtre de Bologne représentant l'entrée d'A-
lexandre à Babylone passa pour un chef-d'œuvre.
Les ouvrages de Fancelli sont assez nombreux
dans sa patrie ; il nous suffira d'indiquer la voûte
d'une chapelle à la Madonna di Galliera, à
San-Paolo, des anges accompagnant un cou-
ronnement de la Vierge peint par Bertusio, et la
restauration entière d'une voûte de chapelle
peinte par Lorenzo Garbieri, enfin à San-Gia-
como Maggiore le bienheureux Simon de Todi
et saint, Thomas de Villeneuve faisant V au-
mône. Il a décoré avec son frèreGiuseppe le chœur
de San -Giovanni al Blonte , et habilement
restauré en 1829 l'ornement d'une chapelle de
San-Martino Maggiore, peinte par Mauro Tesi.
Une chapelle de la cathédrale de Pistoja a été
décorée sur ses dessins par Ippolito Matteini.
Enfin , Modène possède plusieurs ouvrages de
cet artiste aux palais Rangoni et Campori. Dans
ce dernier, il a peint, en 1812 et 1813, un beau
plafond représentant Prométhée aidé de Mi-
nerve animant sa statue. E. B— n.
Massini, Cenno bioyrufico di Pietro Fancelli; Bologne,
ISSO. — M. A. Gualandi, Tre Giorni in Bologna. —
G. Campnri, Cli Jrtisti negli Stati Estensi. — Tolomei,
Guida di Pistoja.
FANCotTRT ( Sanmc/), théologien anglais, né
en 1678, mort en 1768. Pasteur d'une congréga-
tion de dissidents à Salisbury, il fut forcé de
quitter cette place parce que ses opinions ne
s'accordaient pas avec les doctrines calvinistes
sur les élus et les réprouvés. Il se rendit à
Londres, et eut le premier l'idée d'établir un
cabinet de lecture ( circulating library ). Cette
entreprise ne réussit pas ; Fancourt s'endetta
pour la soutenir, et sa bibliothèque passa aux
mains de ses créanciers. Il se retira à Hoxton-
Square, et y vécut dans la plus grande pauvreté.
Chalmers, General Uographical Dictionary.
*FANE!.o {Pier- Simone), peintre de l'é-
cole romaine, mort à Recanati, en 1703. Élève
de Giovanni Peruzzini, il eut un véritable talent,
et a beaucoup travaillé à Recanati, Talentino,
Jesi, Fermo, Montolmo, Macerata et autres lieux
des Marches , et cependant il a été omis par
Lanzi, Orlandi , Ticozzi et la plupart des bio-
graphes. E. B — N.
Calcagni', 3Iemorie istoriche di Recanati. — Aless.
Maggiore , Le Pitture, Sculture e Architétture délia
città d'Ancona.
*FANELLi {Virgilio), sculpteur florentin,
mort à Tolède, en 1678. En 1646 il s'était fixé
à Gênes; le roi d'Espagne Philippe IV ayant
envoyé au marquis de Vista-Allègre, son ambas-
sadeur à Gênes, le dessin d'un grand lustre des-
tiné à éclairer le panthéon de l'Escurial , avec
ordre de le faire exécuter par !e meilleur ar-
tiste en ce genre qui fût en Italie, Fanelli fut
choisi, et, ayant terminé son œuvre, l'accompa-
gna lui-même en Espagne. Ce lustre magnifique
a vingt-quatre branches, dont plusieurs sont sou-
tenues par des anges; dans la partie inférieure
77 FAINELLÏ
sont les quatre ÉVaiigélistes, et le tout se termine
par un nœud de serpents entrelacés. En 1655
Fanelli alla à Tolède pour exécuter le trône de
la Vergcn del Sanhiario, d'après le dessin de
Sebastiano Herrera , ouvrage qu'il acheva en
1(374. Parmi ses autres travaux on cite la statue
d'argent de saint Ferdinand^ les ornements de
bronze du maître autel des Capucins de Tolède,
enfin un crucifix accompagné d'un grand nombre
de figures, pour la ville de Casarubias. E. B— n.
Ticozzi, Vlzionario.
ï'ANELLl (François), archéologue italien ,
né à Venise , vivait an commencement du hui-
tième siècle. Sa vie est inconnue ; on sait seule-
ment qu'il était avocat à Venise. On a de lui :
Afene attica, descrïtta da suoi principi, colla
relazione de' suoi re, elc. ; Venise, 1707, in-4°,
avec seize planches. Fort médiocre en tout ce
qui touche l'antiquité , cet ouvrage contient des
détails forts curieux sur l'état d'Athènes depuis
la conquête turque.
^cta Erudlt. Llps., Supplem. IV, i8i. — Château-
bi'l.incl, Itinéraire, prôf. — De Laborde, ^*Aé«M au
quinzième siècle.
FANGE (Dom Augustin), polygraphe français,
né à Hatton-Chatel (Lorraine), vers 1720, mort
vers 1791. Neveu de dom Calmet, il entra dans la
congrégation des Bénédictins de Saint- Vannes ,
et devint abbé de Senones après la mort de son
oncle, en 1757. On a de lui : Vie du très-révé-
rend P. Dom Augustin Calmet , abbé de SC'
nones, avec un catalogue raisonné de tous
ses ouvrages; Senones, 1762, in-8°. On lui at-
tribue Mémoires pour servir à Vhistoire de
la barbe de V homme; Liège , 1775, in-8°. 11
acheva V Histoire universelle et la Notice de
Lorraine.
Quérard, La Frante littéraire.
* FAJfGO ou PHANGo (C. Fuficius ), général
romain, mort en 40 avant J.-C. 11 était probable-
ment originaire d'Afrique. Il commença par être
simple soldat, et Jules César l'éleva au rang de
sénateur. En 40, Octave ayant annexé la Numidie
et une partie de l'Afrique romaine aux provinces
qui formaient son lot dans le partage de l'empire,
en confia le gouvernement à Fango. Celui-ci se
vit contester son titre par T. Sextius, gouverneur
au nom d'Antoine. Fango et Sextius en appelèrent
aux armes. Après des alternatives de victoire et
de défaite , Fango fut rejeté dans les montagnes.
Là, pendant une nuit, ayant pris l'irruption d'un
troupeau de buffles pour une attaque delà cava-
lerie numide , il se tua. !3ans les lettres de Ci-
céi'on à Atticus , il faut lire probablement Fan-
gones au lieu de Frangones, et rapporter ce mot
à C. Fuficius.
Dion Cassius, XLVIII, 22-24. — Applen, Bel. civ.,
V, 26.
FAXIEBl ou FAGNIEU DE VIAIXNES. VoJJ.
VlMXNES.
* PANSEZ, et non eannieu (A/exandrine-
Loiilso.), actrice française, née à Cambray, le
20 octobre 1745, morte à Montmartre près Paris,
. FANNIUS 78 .
le 3 juin 1821. Elle débuta à la Comédie-Fran-
çaise le 11 janvier 1764, dans les rôles de Fi-
nette et de Lisette, du Dissipateur et du Pré-
jugé vaincu. Malgré son inexpérience , elle ne
laissa pas d'être assez bien accueillie. Rivale
en beauté de mademoiselle Luzy, elle n'eut
bientôt plus rien à envier au talent de cette ac-
trice. M"e Faniez, bien qu'étant d'une santé as-
sez délicate, fournit une assez longue carrière
théâtrale : elle prit sa retraite le l*"" avril 1786,
avec deux pensions : l'une, de 1,500 livres sur
la Comédie; l'autre, de 1,000 livres, accor-
dée par le roi en 1785 et 1786. La dernière re-
présentation où elle parut pour faire ses adieux
au public mit également fin à la carrière de
trois autres acteurs célèbres de la Comédie-
Française : Préville, sa femme, et Brizard, réunis
à elle dans la Partie de Chasse d'Henri IV.
Ed. DE Manne.
Menure de France, ann. 1764 et 1786. — Mémoii-ei
de Sachaiimont, 1764, 1786. — Journal do Paris, Ici. —
Correspondance littéraire de Grimm. — Almanach des
Spectacles, 1763, 1787. — Documents inédits.
*FAMiow, écrivain français , vivait au com-
mencement du règne de Louis XIII ; il publia
en 1626 un Discours pour et contre les ro-
mans. Lenglet-Dufresnoy dit que cet ouvrage est
fort rare , et il ajoute : " J'ai lu quelque part que
l'auteur était mort à la Bastille. « C'est tout ce que
nous en savons. G. B.
Lenglet-Dufresnoy, 8ibliothè<tue des Romans.
* FAIVNIA, femme romaine, connue pour avoir
donné asile à Marins, vivait vers 90 avant J.-C.
Bien qu'elle fût de mœurs suspectes, C. Titi-
nius l'épousa, parce qu'elle possédait une for-
tune considérable. Peu après il la répudia pour
cause de mauvaise conduite, et en même temps
il tâcha de garder la dot. Marins, appelé à déci-
der entre eux, pressa d'abord le mari de restituer
la dot. Voyant que celui-ci s'y refu.sait, il dé-
clara Fannia coupable d'adultère; mais il n'en
condamna pas moins Titinius à restituer la dof,
parce qu'il connaissait les mauvaises mœurs de
Fannia avant de l'épouser. Fannia fut reconnais-
sante de ce jugement. Lorsque plus tard Ma-
rins, pendant les proscriptions, chercha un refuge
à Minturnes , elle le reçut dans sa maison, et le
soigna de son mieux.
Valère Maxime, VIII, 2. — Plutarque, Marins, 38,
* FANNIA, seconde femme d'Helvidius Pris-
cus, vivait dans le premier siècle de l'ère chré--
tienne. Sous le règne de Néron, elle accompagna
son mari , exilé en Macédoine , et sous celui de
Vespasien, elle le suivit une seconde fois en exil.
Après le meurtre d'Helvidius Priscus, elle per-
suada à Herennius Senecion d'écrire sa vie.
L'imprudent biographe fut misa mort par l'ordre
de Domitien , et Fannia fut punie par l'exil du
conseil qu'elle avait donné.
Pline, Epist., I, 5 ; VII, 19. — Suétone, f-'esp., 15.
FANNics {Gens Fannia), mai=on plébéie;nne
romaine. Elle commence à paraître dans l'his-
toire avec C. Fnnnins Strabon, consul en (61
79 FANNIUS — FANSAGA
avant J.-C. Le seul nom de famille que l'on
80
trouve dans cette maison est celui de Straboa
( voy. ce nom). Quant aux autres membres de
la Gens Fannia , ils ne portent aucun surnom.
Les principaux sont :
FANNIUS (Caius) , tribun du peuple en 187
avant J.-C. Quand L. Scipion l'Asiatique fut con-
damné à payer une forte somme au trésor, le
préteur Q. Terentius Culleo déclara qu'en cas
de refus de payement , il ferait arrêter et empri-
sonner Scipion. Fannius déclara en son propre
nom et an nom de tous ses collègues (excepté
Tiberius Gracchus ) qu'il ne se joindrait pas au
préteur pour faire exécuter cette menace.
Tlte-Live, XXXVIII, 60.
FANNics (Lucius), générai romain, vivait
vers 90 avant J.-C. Il servait avec L. Magius,
dans l'armée de Flavius Fimbria, pendant la
guerre contre Mithridate, en 84. Tous deux pas-
sèrent à l'ennemi, et conseillèrent à Mithridate de
négocier avec Sertorius. Il y consentit , et en 74
il envoya les deux déserteurs en Espagne pour
y traiter avec Sertorius. Celui-ci promit à Mithri-
date, pour prix de son alliance, la Bithynie, la
Paphlagonie, la Cappadoce, la Gallo-Grèce ; il lui
envoya Varius pour discipliner ses soldats. Fan-
nius et Magius revinrent en même temps dans le
Pont. Par leurs conseils, Mithridate commença
sa troisième guerre contre les Romains. A la
suite de leur trahison, Fannius et Magius furent
déclarés ennemis publics par le sénat. Nous
trouvons plus tard Fannius commandant im
détachement de l'armée de Mithridate contre
Lucullus.
Appien, Mithrid., 68. — Plutarque, Sertorius, 24. —
Orose, VI, 2. — Cicéron, In Ferr., I, 34. — Pseudo-
Ascon., In Verr., p. 18S, édit, Orelll.
FANNIUS (Caiw), homme politique romain,
vivait vers 50 avant J.-C. Il fut un des citoyens
qui signèrent l'accusation contre Clodius, en 61
avant J.-C. Peu d'années après, en 59, on le voit
figurer avec L. Vetius dans une prétendue cons-
piration contre Pompée. Orelli l'identifie, proba-
blement à tort, avec avec C. Fannius, tribun en
59 avant J.-C. Cicéron, qui parle de lui, ne lui
donne pas ce titre. C'est peut-être le même
que le Fannius envoyé par Lépide auprès de
Sextus Pompée en 43, proscrit à la fin de la
même année, se réfugiant auprès de Sextus Pom-
pée , et le trahissant en 36 pour passer du côté
d'Antoine.
Cicéron, .-/d ^tf., 11,24; P^iHpi)., XIll, 6.— Appien,
Bel.civ., IV, 84; V, 139.
FANNIUS ( Caitis) , tribun du peuple en 59,
sous le consulat de J. César et de Bibulus. Fan-
nius se joignit à Bibulus pour repousser la loi
agraire proposée par César. Il appartenait au
parti de Pompée, qui , en 49, l'envoya comme
préteur en Sicile. La chute de Pompée , l'année
suivante, entraîna probablement celle de Fannius.
Cicéron, Pro Sext., 53; In Fatin., 7; Jd AU., Vil,
15; vni, 15; XI, 6.
FANNIUS Ifiaius ), historien latin, vivait vers
70 de l'ère chrétienne. Il composa sur les per-
sonnes exécutées ou exilées par l'ordre de Né-
ron un ouvrage intitulé Exitus Occisonim aut
Relegatorum. Cet ouvrage, qui contenait trois
livres, et qui aurait été plus étendu si Fannius
avait vécu plus longtemps, paraît avoir été très-
populaire , tant à cause du style qu'à cause du
sujet ; il n'en reste plus rien.
Pline, Epist, V, 5.
FANNIUS (Caspion). Foy. Cépion.
FANNIUS ( Quadratus). Voy. Quadratus.
* FANO ( Bartolommeo de ) , peintre de l'é-
cole romaine, né vers 1460, mort après 1534.
Quoique doué de quaUtés réelles , il ne voulut
jamais se départir de l'imitation des anciens
maîtres , et, se souciant peu de la réforme que
l'art avait subie dans le monde entier, il pei-
gnit à San-Michele de Fano une Histoire de
saint Lazare qui , par la sécheresse des con-
tours, serait attribuée à un artiste des premières
années du quinzième siècle , si un cartel ne por-
tait le nom de son auteur et la date de 1534.
Bartolommeo fut aidé dans ce travail par son
fils et élève Pompeo. E. B— n.
I.anzi, Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario. —
Siret, Dictionnaire historique des Peintres.
* FANO (Pompeo de), peintre de l'école ro-
maine, vivait dans la première moitié du
seizième siècle. Fils et élève de Bartolommeo , 11
peignit avec lui en 1534 l'Histoire de saint
Lazare à San-ivlichele de Fano. Comme son père,
il avait pris à tâche d'imiter la sécheresse des an-
ciens maîtres , et Lanzi cite de lui à Saint-André
de Pesaro un tableau représentant plusieurs
saints qui aurait fait honneur à un peintre du
siècle précédent. Dans les derniers temps de sa
vie, il modifia cependant un peu sa manière , et
eut la gloire d'être l'un des maîtres de Taddeo
Zuccaro. E. B— n.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Civalli, J^isita trien-
nale, /Intichità Picene, t. XXV. — Ticozzi, Dizionario.
FANSAGA {Cosimo, chevalier), architecte et
sculpteur italien, néà Clusone, près Bergame, en
1591, mortàNaples, en 1678. Il vint à Rome très-
jeune , et étudia sous Pietro Bernini , père du
chevalier Bernin. A peine avait-il quitté l'atelier,
qu'il construisit la façade de l'église Santo-Spirito
de' Napoletani. Quoique cette façade eût été
fort critiquée par les connaisseurs, elle ne valut
pas moins à son auteur d'être appelé à Naples,
où il passa le reste de sa longue carrière , riche ,
honoré , et continuellement chargé d'importants
travaux. Ses principaux ouvrages à Naples sont
le cloître , le grand réfectoire et le maître autel de
San-Severino, le maître autel de la Madona di Cos-
tantinopoli , les trois autels principaux du Gesù
nuovo , l'escalier de l'église de San-Gaudioso, les
façades de la Sapienza, de Saint-François-Xa-
vier, de Sainte-Thérèse degli Scalzi , et de la
chapelle du trésor de Saint- Janvier. Le vice-roi
de Naples, duc de Medina-las-Torres , chargea
Fansaga, qu'il avait créé chevalier, d'élever
sur la placé du Château-Neuf une fontaine qui
;i
FANSAGA —
avait déjà subi bien des vicissitudes : ce beau
monument, ouvrage de Domenico d'Auria, avait
été placé en 1601 près de l'Arsenal, transporté
en 1624 devant le palais du roi, et en 1633
sur le quai de Chiatamone, en face du château
de l'Œuf. Ce fut là que Fansaga le prit pour le
létablir au lieu où nous le voyons aujourd'hui. Il
l'enrichit d'un assez grand nombre de tritons , de
néréides et de dauphins qui accompagnent as-
sez bien le Neptune, dont le trident jette de
l'eau par ses trois pointes. Ce travail fait plus
d'honneur à Fansaga que les deux aiguilles ou
obélisques qu'il fut chargé d'élever en l'honneur
de saint Dominique et de saint Janvier, et
dans la composition desquelles il déploya tous les
dérèglements de son imagination. Ce ne sont
qu'enroulements bizarres, ornements impos-
sibles , figures tordues et maniérées, entassées les
unes au dessus des autres, sans motif et sans
raison. L'architecte semble avoir pris à tâche
d'imiter cet artiste grec qui, ne pouvant faire
Hélène belle , la surchargea d'ornements et la fit
riche. Jamais le Borroraini lui-même ou le
P. Guarini ne sont arrivés à ce degré d'extra-
vagance. Fansaga peut être regardé comme ayant
fondé à Naples cette déplorable école qui pro-
duisit des monuments bizarres qui affligent à
Naples l'esprit du voyageur arrivant de Rome,
tout imbu de la pureté des chefs-d'œuvre an-
tiques. Ce fut de cette école que sortirent Andréa
Falcone, Lorenzo Vaccaro, Matteo Bottiglieri,
et tant d'autres qui suivirent la même voie, en-
traînant l'art vers l'abîme où achevèrent de le
précipiter Persico, Celebrano et Sammartino.
Fansaga eut un fils nommé Carlo , qui fut
également architecte, et auquel Naples doit la
fontaine du Sebeto. Il survécut peu à son père,
et mourut jeune en Espagne. E. B— n.
Cicosnara, Storia délia Scultura. — Tassi, f^ite degli
Artificl Bergamaschi. — M. -A. Gualandi, iJfemorje ort-
ginali de Belle Arti. — L. Galanli, Napoli e contorni,
FANSBAWE (Richard), poëte et diplomate
anglais, né à Ware-Park, en juin 1608, mort
le 16 juin 1666. Il était le dixième fils d'un
Irlandais , Henri Fanshawe. Privé de son père
à l'âge de sept ans, il fut confié par sa mère
aux soins d'un instituteur renommé, Thomas
Farnaby. En 1623 il alla continuer ses études
au collège Jésus de Cambridge; puis en juin 1622
il fut envoyé au Temple, pour y étudier le droit.
A la mort de sa mère, il abandonna cette étude
pour se livrer à celle des lettres. Il se rendit
eu Espagne, en France, pour connaître les
mœurs et les langues de ces pays. A son re-
tour en Angleterre, il fut nommé secrétaire de
l'ambassade de Madrid sous lord Alton. Il garda
ce poste jusqu'en 1638. Se trouvant en Angle-
terre au commencement de la guerre civile, il
prit parti pour la couronne , et fut employé à di-
verses négociations. En 1644 Fanshawe obtint le
titre de secrétaire pour la guerre auprès du
prince de Galles et celui de trésorier de la ma-
FANTASTICI 82
rine sous le prince Robert en 1648. En 1650 il
fut envoyé à Madrid pour placer sous les yeux
de Philippe IV la position de son souverain , et
lui demander son concours. Ayant été fait pri-
sonnier à la bataille de Worcester, en 1651, il ob-
tint sa liberté couditionnelle , à raison de son
état de maladie. A la mort de Cromwell , il alla
rejoindre Charles II à Bréda. A la restauration il
fut nommé maître des requêtes et secrétaire la-
tin. En 1661 et en 1662 il alla en mission extraor-
dinaire à Lisbonne. L'objet de son second voyage
fut la négociation Ju mariage de son souverain
avec l'infante Catherine de Portugal. Il y réus-
sit, et se disposait à retourner en Angleterre,
quand une fièvre subite le conduisit au tombeau.
Comme poëte, il s'éleva au-dessus du médiocre.
On a de lui une traduction en vers de II Pastor
Fido de Guarini , sous le titre : The Faithful
Shepherd ; la 8^ édition de cet ouvrage contient
une version du 4* livre de Y Enéide de Virgile;
des Odes d' Horace ; — oe hLusiade; 1655,
in-fol. ; — Querer per solo Querer ; — To love
only for love's sake; — Fiestas de Aranjuez.
On a publié en 1701 la correspondance de Fan-
shawe sous ce titre : Original Letters ofhis ex-
cellency sir Richard Fanshawe during his
embassy in Spain and Portugal ; 1701, in-8°.
Chalraers, Gen. biog. Dict. — Biog. Brit.
* FANSHAWE (Ann), dame anglaise, femme du
précédent, née en 1625, morte en 1680. Elle était
la fille aînée de sir John Harrison , gentilhomme
établi dans le comté d'Hertford et royaliste zélé.
En 1644, Ann Harrison épousa sir Richard Fan-
shawe, et fit aveclui, dans l'intérêt de la royauté,
de dangereux voyages en France, en Irlande, en
Espagne. Ils furent une fois au moment d'être
capturés par un corsaire algérien. La restauration
de Charles II les trouva retirés à Paris; sir
Fanshawe fut nommé ambassadeur à Lisbonne,
poste qu'il quitta en janvier t664 pour occuper
celui de Madrid ; il y mourut, laissant cinq en-
fants. Sa veuve revint en Angleterre, et, pour
charmer les ennuis de sa retraite, elle écrivit des
Mémoires, qui ont été publiés pour la première
fois en 1829, et qui ont obtenu un juste succès.
II y règne une bonne foi, une sincérité , qui don-
nent une très-haute idée des qualités de lady
Fanshawe. Ses Mémoires renferment de curieux
détails sur les mœurs de différentes nations eu-
ropéennes à cette époque; ils donnent d'utiles
renseignements historiques, qui rectifient ou com-
plètent des assertions émises par des écrivains
en renom, mais qui n'ont pas toujours été aussi
bien informés qu'elle. G. B.
Jrestminster Review, n" XXII, octobre 1829.
* FANTASTici ( Maximine, veuve Rosskl-
lim), femme poëte italienne, née le 8 juin 1789,
à Florence. Elle eut pour premier maître sa mère.
Fortunée Sulgher, qui cultivait les letti'es et la
poésie avec succès. On a d'elle : Ode sur une
jeune femme de Pistoie; Ode sur lamorfde
Labindo; et le poëme de Céphale et Procris,
83
FANTASTICI — FANTIN DES ODOARDS
81
publiés en 1809; — un recueil de Comerfies, dédié
aux enfants; Florence, 1830; souvent réimprimé
depuis; — Amerigo Vespucci, poëme;1843; —
Guillaume Fiscon^i, roman; Florence, 1853.
G. VlTALI.
Il lUessaggero délie Donne Italiane de Liicques (1844).
FANTETTi ( Cesare ), graveur italien , né à
Florence, vers 1660, mortdans la première partie
du dix-huitième siècle. Il vécut presque toujours
à Rome. Il grava pour la Bible de Raphaël
trente-sept sujets; les autres estampes de ce
livre sont d'Aquila. Le burin de Fantetti est plus
facile, mais moins correct que celui d'Aquila ;
ses principales gravures sont : L'Orazione cli
Gesii-Cristo, d'après Louis Carrache; — La
Carità con due bambïni , d'après Annibal
Carrache ; — Latona insultata da Niobe ,
d'après le même; — La Morte desanta Anna,
d'après Andréa Sacchi.
Gandellinl, Notizie degli Intagliatori, avec le supplé-
ment de Luigi de Angelis.
i<'AKTi (Sigismondo) , écv'wàvQ. italien, né à
Ferrare, vivait dans la première moitié du sei-
zième siècle. 11 mit au jour à Venise, en 1527,
sous le titre de Triompha di fortuyia, un ou-
vrage singulier et d'un genre alors à la mode. On
y trouve les réponses à soixante-douze demandes
différentes sur le sort qui attend, dans les diver-
ses circonstances de la vie, les personnes qui font
ces questions ; des calculs basés sur les règles de
l'asti'ologiejudiciaire amènent des solutions, tou-
jours arbitraires et quelquefois ridicules. A l'ex-
ception du frontispice, du privilège et de la table
des questions , le volume ne se compose que de
ligures gravées sur bois. Quant aux procédés que
Fanti met en œuvre afin de dévoiler les oracles
du destin , ils sont trop compliqués pour que
nous les exposions ici ; nous renverrons le lec-
teur à un journal allemand où il trouvera d'am-
ples détails à cet égard. G. B.
Serapeum, Leipzig, 1850, pag. 53-62.
FANT! (Ercole-Gaetano), peintre de l'école
bolonaise, né à Bologne, en 1687, mort à Vienne,
en 1759. Élève de son beau-père, A. Cbiarini,
il peignit avec succès l'architecture et l'ornement
à fresque. E- B — n.
Siret, Dictionnaire historique des Peintres.
FANTIN DES ODOARDS ( Antoine- Étienne-
Nicolas ), publiciste et historien français, né le
26 décembre 1738, au Pont-de-Beauvoisin , où
son père était subdélégué de l'intendant du Dau-
phiné, mort à Paris, le 25 septembre 1820. Il
était chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris,
grand- vicaire de l'archevêque d'Embrun et prieur
deBetteville en Normandie, lorsque arriva la ré-
volution de 1789, dont il adopta les principes.
On l'a souvent cité, mais par erreur, comme
l'ami de Robespierre et de Danton. Accusé de
modérantisme à l'époque de la terreur, il ne
parvint à sauver sa tête qu'en se cachant. Relevé
de ses vœux par le pape Pie VII, en même
temps que Talleyrand , ancien évêque d'Autun,
Fantin des Odoards s'était marié. Il est auteur
d'un grand nombre d'écrits, dont les principaux
sont : Dictionnaire raisonné du Gouverne-
ment, des lois, des usages et de la discipline
de l'Église, conciliés avec les libertés et les
franchises de U Église gallicane, etc. ; Paris,
1788, 6 vol. in-8°; — Nouvel Abrégé chrono-
logique de Vhislolre de France , continué
depiiis la mort de Louis XIV jusquà lu paix
de 1783; Paris, 1783, 2 vol. in-S", formant les
tomes IV et V de l'ouvrage du président Hé-
nault ; 4e édit., continuée jusqu'au retour de
Louis XVIII, Paris, 1820, in-4°; — Histoire
philosophique de la Révolution française, etc. ;
Paris, 1796,2 vol. in-8" ; 6e édit., continuée
jusqu'à l'abdication de N. Bonaparte, Paris,
1817, 6 vol. in-8o ; — Histoire d'Italie depuis
lachute de la République Romaine jusqu'aux
premières années du dix-neuvième siècle;
Paris, 1802-1803, 9 vol. in-S"; — Histoire
de France , commencée par Velly, Villaret et
Garnier ; seconde partie, depuis la naissance
de Henri IV jusqu'à la mort de Louis XVI;
Paris, 1808-1810, 26 vol. in-12. Le vingt-sixième
volume, saisi par la police impériale, ne fut
rendu à l'auteur qu'en 1814; — Les Monuments
inédits de l'Antiquité, expliqués par Winc-
kelmann, gravés par David et 71/^'^ Sibire,
avec des explications françaises par A. F. des
Odoards; Paris, 1808-1809, 3 vol. iu-4o. Fantin
des Odoards a laissé un grand nombre de ma-
nuscrits, dont aucun n'a été livré à l'impression.
Ses ouvrages, écrits avec rapidité, sont en géné-
ral dépourvus de méthode, de clarté et de saine
critique. E. Regnakd.
Maliul, Annuaire nécrolog., année 1820. — Beuchot,
Journal de la Librairie, année 1821. — Feller, Biogr.
Univ., edit. Weiss. — Documents particuliers.
l FANTIN DES ODOARDS {LouiS-Flori-
mond), général français , neveu du précédent,
né le 23 décembre 1778, à Embrun, où son père
était subdélégué de l'intendant du Dauphiné.
Entré, en 1 800, comme sous-lieutenant dans la
légion vaudoise, devenue plus tard le 31e régi-
ment d'infanterie légère, il fit avec ce corps les
campagnes de l'an viii et de l'an ix en Italie,
celles de l'an xii et de l'an "siii à l'armée des côtes,
de l'Océan, et celles de 1806 à 1809 à la grande
armée. Blessé en ItaHe, il fut nommé lieutenant,
puis capitaine. Sa belle conduite à Friedland, où
il fut blessé au bras d'un coup de feu, fit mettre
son nom à l'ordre de l'armée. Il fut de nouveau
cité à l'occasion de la prise de Porto en Porhii-al.
I Après avoir servi de 1809 à 1811 en Espafj;n(^ et
! en Portugal , le capitaine Fantin des Odoards
I passa, en 1811, avec son grade et le rang de
j chef de bataillon, dans les grenadiers à pu d de
la garde. En 1812, à Moscou, il obtint le grade
de major du 17^ d'infanterie de ligne, et Fcumée
suivante, pendant la campagne de Saxe et de
Bohême, il reçut des mains mêmes de l'empereur
la croix d'officier de la Légion d'Honneur, pais
S5
devint colonel du 25e d'infanterie de ligne. Mis
en non-activité après les événements politiques
de 1814, il reprit du service dans les Cent Jours,
et combattit à Fleurus et à Wavre, à la tête du
22*= de ligne. Licencié avec l'armée de la Loire,
il fut rappelé à l'activité en 1819, sous le minis-
tère du maréchal Gouvion Saint-Cyr. En 1823,
dans la campagne d'Espagne, il fut cité à l'ordre
de l'armée pour avoir enlevé le pont de Molins-
de-Rey, après avoir eu son cheval tué sous lui.
11 fut promu au grade de maréchal de camp le
23 juillet de la même année. Gouverneur de
Taragone pendant cette campagne, puis inspec-
teur général d'infanterie en 1825, le général
Fantindes Odoards fit partie, de 1826 à 1829,
de la commission mixte de l'armement des places
du royaume. De 1832 à 1834 il fut membre du
comité de l'infanterie et de la cavalerie au mi-
nistère de la guerre, et de 1834 à 1838, du jury
d'examen de l'École militaire de Saint-Cyr et de
la commission d'état-major. Enfin, après avoir
eu le commandement successif des départements
de l'Ain et de la Marne, il est, depuis la fin de
1840, placé dans la section de réserve de l'état-
major général de l'armée. E. Regîvard.
Archives de la guerre. — Revue de l'Empire, année
1847. — Documents particuliers.
■♦fantimcs (A^ôert), théologien italien, né
à Bologne, vivait au quinzième siècle ; il entra
dans l'ordre des frères Mineurs, et il composa
divers ouvrages de philosophie scolastique ; un
d'eux a été imprimé , sans lieu ni date ( vers
1490), sous le titre de Destructio universalium
realium contra reaies. G. B.
Fantuzzi, Notizie degli Scrittori Bolognesi,t. 1, p. igs.
— Huin, Hepert. bibliogr., t. I, p. III, part. 153.
FANTONi ( Jean-Baptiste ) , médecin italien ,
né dans le Piémont, en 1652, mortàEmbrun, en
1692. Bibliothécaire et premier médecin de Vic-
tor-Amédée II, duc de Savoie, professeur d'a-
natomie à l'université de Turin , il laissa plu-
sieurs traités manuscrits, auxquelsil ne put met-
tre la dernière main et que son fils Jean Fan-
foni publia, sous le titre de Observationes ana-
tomîcse medïcas selectiores; Turin, 1699, in-4"* ;
Venise, 1713, in-4o.
Éloy, Dict. kist. de la Médecine.
FANTONi {'Jean), médecin et anatomiste
italien, fils du précédent, né à Turin, en 1675,
mort vers 1750. Il parconmt l'Allemagne, la
France et les Pays-Bas pour perfectionner ses
connaissances médicales, et revint à Turin, où il
professa l'anatomie avec distinction. On a de
lui : Anatomia Corporis htimani, ad usum
Theatri medici accommodata; Turin, 1711,
in-4°-, — Dissertationes duse de structura et
usu durœ matris et l)j7nphaticorum vasorum,
ad Anfonium Pacchionum conscriptx ; Rome,
1721, in-4°; — Dissertationes duœ de Ther-
mis Vaiderianis , Aquis Gratianis, Mauria-
nensibus; Genève, 1725, m-?," ; — Opuscula
medica et physiologica ; Gendvc, 1738, in-4o ;
— Dissertationes anatomicas seplem priores
FANTIN DES ODOARDS — FANTONI
86
renovatx, de abdomine ; Tmm, 174.5, in-8o;
— Comment, de Aquis Vindoliensibus, Augus-
tanis et Anfionetisibus ; Turin, 1747, in-4o.
Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
FANTONI {Jean), poète lyrique italien, né
le 27 novembre 1755, à Fivizzano (Toscane),
mort dans la même ville, le ler novembre 1807.
Élevé au monastère des Bénédictins de Subbiaco,
il y prit l'habit religieux ; mais il ne tarda pas
à y renoncer pour étudier la jurisprudence, et
occuper un emploi au secrétariat d'État. Dégoûté
bientôt de sa nouvelle position, il se fit sol-
dat, et s'éleva jusqu'au grade de sous-lieute-
nant dans le régiment de Chablais , de l'armée
piémontâise. Mais comme il s'occupait beaucoup
plus de poésie, de plaisirs et de duels que du
service militaire, il perdit son grade, et fut mis
en prison pour dettes. Il n'en sortit que lorsque
son père eut payé ses créanciers. En revenant
dans sa patrie, il s'arrêta à Gênes, où il composa
quelques odes et les Quattro Parti del Pia-
cere, poëmedédiéà la marquise Marina Doria,
qui y est désignée sous le nom de Lesbie. Ces
essais poétiques, suivis en 1782 des Scherzi, et
en 1785 des Odi oraziane ed anocreontiche,
firent recevoir Fantoni à l'Académie des Arcades,
où il prit le nom de Labindo, par lequel on le
désigne ordinairement. Lors de l'invasion des
Français en Italie, Fantoni se compromit au-
près des vainqueurs en protestant contre l'in-
corporation du Piémont à la France. Il fut
même mis en prison. Le général Joubert l'en
tira pour faire de lui un capitaine d'état-ma-
jor. Fantoni servit en cette qualité dans l'ar-
mée française , jusque après la bataille de Ma-
rengo. Il donna alors sa démission, et fut nommé
professeur d'éloquence à l'université de Pise.
Mais comme il passait trop souvent des pré-
ceptes de la rhétorique aux affaires d'État, le
nouveau gouvernement toscan lui enleva sa place.
Il se retira à Massa, où il cultiva plus que jamais
la poésie. Nommé secrétaire de l'académie de
Massa, puis président de la même académie,
quand l'État de Massa fut réuni à celui de Luc-
ques et passa sous la domination de la grande-
duchesse Élisa , il s'ennuya bientôt de sa nou-
velle position , et l'abandonna avec son incon-
stance ordinaire. Il était en route pour le royaume
d'Italie , lorsqu'il fut atteint à Fivizzano d'une
fièvre maligne, qui l'emporta. La meilleure édi-
tion de ses poésies a été publiée à Prato, avec
l'indication d'Italie, 1823, 3 voi. in-8°. Le troi-
sième volume contient les mémoires autobio-
graphiques de Fantoni.
Tipiildo, Biografia degli Italiani illtistri, t. l, p. 234.
* FANTONI {Francescu), peintre de l'école
bolonaise, florissait en 1760. îNièce et d'abord
élève de Gian-Gioseflb del Sole, elle étudia en-
suite sous A. -M. Cavazzoni. Elle a laissé un
grand nombre de bonnes copies et quelques ta-
bleaux originaux justement estimés. E. B — n.
Malvasii, Pittitre di «otoynrt. — Winckelmann, iVa«e5
Mahlerlexikon.
87
FANTOSME
*PANTOSMB {Jordan), poète et historien,
vivait en Angleterre dans la seconde moitié du
douzième siècle. On manque de détails sur sa
vie; on a avancé qu'il était d'origine italienne,
mais il est vraisemblable qu'il descendait d'une
tamille normande ; il fut chancelier spirituel du
diocèse de Winchester et régent d'une école ou
collège dans cette ville. Il composa en vers nor-
mands une chronique de la guerre entre les An-
glais et les Écossais pendant les années 1173 et
1 1 74 ; il fut témoin oculaire des faits qu'il raconte,
et son ouvrage est important pour l'histoire d'An-
gleterre. Quoique appartenantau parti d'Henri If,
il montra de l'impartialité pour le fils de ce mo-
narque, chef de la faction opposée. Louis le Jeune,
roi de France, se déclara contre Henri H, et
William le Lion, roi d'Ecosse, voulut profiter
de la circonstance pour reprendre le duché de
Noithumberland. Le poëme qui raconte toutes ces
querelles se compose de 2,071 vers ; il renferme
des morceaux où se révèle un certain talent, et il
contient de curieux détails sur les mœurs de l'é-
poque. Il en existe deux manuscrits, l'un dans
la bibliothèque du chapitre de Durham , l'antre
dans celle de la cathédrale de Lincoln. M. Fran-
cisque Michel l'a publié pour la |)remière fois
(Paris, 1839, in-80), pour le compte d'une as-
sociation littéraire d'Ecosse {The Furtees So-
ciety). Jly a joint une traduction anglaise placée
en regard, une introduction et un appendice de
pièces justificatives qui présentent une grande
masse de documents sur les événements dont
Fantosme a tracé le récit. G. B.
Francisque Michel, Rapport au ministre de l'instruc-
tion publique, 1839, in -4°, p. 205 et 243. — Monmerqué,
Analyse et Extrait de la Chronique de Jordan Fantosme,
dans la Revue anglo-française, !'« série, t. V, p. 400-418.
FANTUCCl OU FANTUZZI (Le com te Mrtrc ),
archéologue itaUen, né à Ravenne, le 15 août
1740, mort à Pesaro, le tO janvier 1806. Après
avoir fait ses études à Rome auprès de son oncle
paternel le cardinal Gaétan, il revint à Ravenne,
où il fut élevé à la première magistrature.
Cette ville était alors dans le plus triste état.
La municipalité, obérée, ne pouvait ni payer
ses dettes ni faire exécuter les travaux d'uti-
lité publique les plus indispensables : Fan-
tucci sut intéresser Clément XIV et Pie VI au
sort de sa ville natale ; il lui consacra sa bourse,
son temps et sa plume. Ses ouvrages ont tous
pour objet l'amélioration de Ravenne ; en voici la
liste : De Gente honesta; Césène, 1786, in-
fôl.; belle et rare édition; l'auteur la fit tirer
seulement à deux cents exemplaires ; — Monu-
menti Ravennati de' secoli di mezzo, per la
maggior parte inediti ; Venise, 1801-1804;
VI vol. in-40; — Memorie di vario argo-
mento; 1804, in-4o (sans indication du lieu
d'impression).
Tipaldo, BiograHa degli Italiani illvstri, t. Il, p. 62.
* FANTUZZI {A7itonio), peintre et graveur
de l'école bolonaise , né au commencement du
seizième siècle à Trente, selon quelques biogra-
- FANUCCI 88
phes; à Viterbe, selon d autres. On croit qu'il
fut élève du Primatice, avec lequel il travailla à
Fontainebleau. Il est plus connu comme graveur
que comme peintre; ses principales estampes,
fort recherchées des amateurs, sont : la Marche
de Silène, d'après Roux ; 1543 ; — le Défi des
Musesetdes Piérides ; — Alexandre et Roxane;
— Fêtes données par Alexandre à Thaïes-
tris; 1543; — Mort de Sardanapale ; — Ju-
piter entouré des dieux , d'après ie Prima-
tice; — Titan reposant dans le sein de la mer;
1544; — enfin, quatre pièces représentant des
Vertus. E. B — is.
Ticozzi, Dizionario. — Siret, Dict. hist. des Peintres.
FANTUZZI ( Giovanni , surnommé le jeune),
savant italien, né à Bologne, dans la seconde partie
du seizième siècle, mort dans la même ville, en
1646. Issu d'une illustre famille bolonaise , qui
avait produit des jurisconsultes et des littérateurs
distingués , il professa avec succès la logique et
la philosophie à l'université de Bologne. On a de
lui : Universi orbis Structura et partium ejus
motus et quietis peripateticis principiis con-
stabilita ; ^(Aogn^ , 1637; — Eversio demons-
trationis ocularis loci sine locato pro vacuo
imaginario dando in fistula vitrea , mer-
ciirio in ea descendente; Bologne, 1638.
Fantuzzi, Notizie degli Scrittori Bolognesi.
FANTUZZI ( Giovanni ) , biographe italien , de
la même famille que le précédent , né à Bologne ,
vivait vers la fin du dix-huitième siècle. On a
de lui un ouvrage d'un grand mérite, intitulé :
Notizie degli Scrittori Bolognesi; Bologne,
1781-1794, 9 vol. in-fol. Les biographies de Fan-
tuzzi et ses indications bibliographiques sont gé-
néralement très-exactes ; on ne peut lui reprocher
qu'une extrême prolixité.
Biografla universale (édit. de Venise ).
* FANTUZZI {Rodol/o), paysagiste italien,
né à Bologne, mort en 1832. Il fut élève de Via-
cenzo Martinelli, et a laissédans sa patrie de nom-
breux tableaux, justement estimés. E. B — N.
Rî.-A. Gualandi, Tre Ciorni in Bologna.
FANUCCi ( Giambatista ) , historien italien,
né à Pise, le 7 mars 1756, mort dans la même
ville, le 11 février 1834. Fils d'un maître d'ar-
mes, il suivit d'abord la profession de son père ,
puis il la quitta pour étudier à l'université de
Pise, et se fit recevoir avocat. Il n'en cultiva pas
moins avec ardeur la poésie et l'histoire. Nommé
professeur de droit maritime lorsque les Français
occupèrent la Toscane, en 1800, il fut exilé à
l'époque du rétablissement du gouvernement
gtand-ducal, et se retira à Gênes. Revenu en
Toscane après trois ans d'exil, il reprit ses grands
travaux historiques. On a de lui ; Orazione
academica sulV Istoria militare Pisana;
Pise, 1788, 1 vol. in-4''; — Storia dei tre ce-
lebri popoli maritimi delV Italia, Vene-
ziani , Genovesi e Pisani, e délie loro navi-
gazioni e commerzio nei bassi .secoZi; Pise,
1817-1822, 4 vol. in-S"; —des articles biogra-
89
phiques signés des initiales G. B. F. dans l'ou-
vrage intitulé: Vite d'Uomlni illustri Toscani;
Florence, 1800, 4 vol. in-8°.
Tipaldo, Biografla degli Italiani illustri , t. VIII.
*FASZ0!SI OU FENZONi {Ferrait), dit aussi
Ferrau da Faenza , peintre de l'école bolonaise,
né à Faenza, en 1562, mort en 1645. Quelques
auteurs l'appellent à tort Faenzone , croyant voir
dans cette dénomination un surnom tiré du lieu
de sa naissance. Il fut élève à Rome de Fran-
cesco Vanni. Fort jeune encore, en compagnie
d'Andréa d'Ancona, de Gentileschi, Salimbeni
et Baldassare Croce , il peignit à fresque divers
sujets du Nouveau Testament à Sainte-Marie-
Majeure , à Saint-Jean-de-Latran et à la Scala-
Santa. 11 paraît certain que, revenu dans sa pa-
trie, il fréquenta quelque temps l'école des Car-
rache , ou au moins fit une étude particulière de
leurs ouvrages , car son style subit une modifi-
cation remarquable , s'éloignant de celui du pein-
tre siennois pour se rapprocher de la manière
des grands maîtres bolonais. Ce changement est
surtout sensible dans les ouvrages qu'il exécuta
à Faenza, tels que la chapelle Saint-Charles à la
cathédrale, la Descente de croix aux religieuses
de Saint-Dominique, et La Piscine parabolique
de la confrérie de Saint-Jean, la mieux conservée
de ses peintures qui soit restée dans sa patrie
et celle qui offre le plus de conformité avec le
style de Luigi Carrache. Lanzi cite encore parmi
les tableaux de ce maître un Saint Onuphre, placé
dans la cathédrale de Foligno. Ses peintures sont
nombreuses à Ravenne et dans les autres villes
de la Romagne.
Fanzoni dessinait correctement et avec facilité ;
il avait un coloris agréable, d'un empâtement
solide, et peignait la fresque avec une grande ha-
bileté. 11 fut accusé d'avoir tué par envie un
jeune peintre de Faenza, nommé Manzoni, qui
I donnait de grandes espérances. Quoi qu'il en
soit , il éleva avec soin ses deux filles : Teresa
Fanzoni, qui travailla beaucoup dans sa patrie ,
et Claudia-Felice, qui, supérieui'e à sa sœur, pei-
gnit surtout à Bologne, où elle mourut, en 1703.
t. B— N.
Lanzi , Storia pitiorica. — Orlandi, Abbeeedario. —
Ticozzi , Dizionario.
FA-PRESTO. Voy. GiORDANO {Luca).
*FARA (N...), historien et prélat sarde, vi-
vait vers la fin du seizième siècle. Il était évêque
de Bosa, ville maritime de Sardaigne. On a de lui
De Rébus Sardois ; chronique assez curieuse ;
— CorografiaSarda, dont on conserve à Cagliari
l'unique exemplaire. « Ce manuscrit, dit M. Mi-
mant, est consulté par le petit nombre d'écrivains
nationaux qui ont voulu parler de leur pays avec
bonne foi et conscience. » Cn — p — c.
"Mimant, Histoire, de la Sardaigne.
*FARABi (Ishac ben-Ibrahim «7-), gram-
mairien arabe , mort vers l'an 350 de l'hégire
(961 de J.-C). Il eut pour disciple le lexico-
graphe Djewheri, qui était son neveu. Parmi ses
FANTJCCÏ — FARADAY 90
ouvrages on remarque le Diwanal-Edeb (Di-
van de la Philologie), grammaire qui jouit d'une
grande autorité. On en trouve des exemplaires à
la Bibl. bodleyenne et à celle de Leyde. £. B.
Soyoullii, Mozhir. — Hadji-Khalfa , Lexic, t. I,
n=> 338; III, n" S278. — Hamaker, Spec. Catal., p. 50. —
De Hamiiier-Purgstall, Literatur Gescfi. der Araber.
FARABY. Voyez Alfarabi.
* FARADAY ( Michel ) , célèbre physicien an-
glais, né en 1794, l'un des huit associés étran-
gers de l'Académie des Sciences de l'Institut de
France, et décoré de la croix d'officier de la
Légion d'Honneur à la suite de l'Exposition
universelle de 1855. La vie tout entière de
M. Faraday est dans ses travaux scientifiques,
et ce fut de même l'aptitude qu'il montra .pour
les sciences d'observation qui détermina l'adop-
tion de l'illustre chimiste Davy, sous la direction
duquel M. Faraday passa de l'état de simple
préparateur de chimie au rang de l'un des sa-
vants qui font le plus d'honneur à leur patrie
d'abord et à l'esprit humain en général.
M . Farad ay commença par être en apprentissage
chez un relieur de Londres. Son père , qui était
un simple maréchal -ferrant , le plaça dans cet
atelier presque dès son enfance, et il y resta plu-
sieui-s années. Les biographes rapportent que le
jeune apprenti s'occupait dès lors d'instruments
de physique, et qu'il réussit à construire une
machine électrique. Ces appareils ayant été mis
sous les yeux d'un des directeurs de l'Institution
royale de Londres, où le célèbre Davy était
professeur, le jeune M. Faraday obtint la faveur
d'assister à quelques leçons du cours de ce grand
chimiste. Il rédigea ces leçons, et adressa son
manuscrit au professeur avec une lettre où il lui
demandait la faveur d'être employé par lui comme
préparateur dans le laboratoire de l'Institution
royale. Davy fut frappé du mérite que décelait
l'écrit du jeune homme, et il lui donna, en
1813, une place de préparateur devenue va-
cante à cette époque. M. Faraday était alors dans
sa dix-neuvième année. Presque immédiatement
après , Davy, ayant fait un voyage sur le conti-
nent , il emmena avec lui son subordonné , qui
n'avait point encore le titre de son collabora-
teur. Revenu en Angleterre en 1814 , M. Faraday
reprit les fonctions modestes du laboratoire. Ce
n'est guère que depuis 1820 qu'il publia des
travaux de chimie et de physique qui émanaient
de sa propre initiative. Il étudia la fabrication
de l'acier et les qualités qu'il prend par son al-
liage avec l'argent et le platine- Il parvint à li-
quéfier et même à solidifier plusieurs gaz classés
parmi les gaz permanents, en employant habi-
lement d'une part l'effet de la pression, de
l'autre l'effet d'un froid très-intense. L'acide
carbonique est au rang des gaz auxquels il enleva
l'état de fluide élastique , non sans courir quel-
I ques dangers par la lorce avec laquelle de sem-
blables substances tendent à briser les vases
I qui les contiennent. M. Faraday est l'auteur d'un
91
FARADAY
92
travail admirable sur la fabrication du verre
destiné aux usages de l'optique, et qu'il forma
de silice , d'acide borique et d'oxyde de plomb.
Ce mémoire a ouvert la voie à des essais sub-
séquents qui ont servi utilement les intérêts de
l'industrie comme ceux de la science. L'électro-
magnétisme fut d'abord redevable à M. Faraday
du fait remarquable de la rotation d'un aimant
sur lui-même par l'action d'un courant électrique
convenablement dirigé, expérience qu'Ampère
regardait comme fondamentale pour sa théorie
électrique du magnétisme; mais il était réservé
à M. Faraday de faire faire un pas immense à
l'électro-magnétisme. Voici la découverte qui,
même après les recherches d'Œrsted, d'Ampère,
de Davy et d'Arago, frappa d'admiration le
inonde savant.
Ampère avait fait des aimants avec des cou-
rants électriques transmis le long de fils métal-
liques plies en hélice. Ces fils avaient montré
des pôles; ils s'étaient dirigés nord et sud,
comme l'aiguille aimantée. Il était donc bien
probable que l'état d'aimant n'était autre chose
qu'un état électrique particulier. Arago , de son
côté , par d'autres recherches qui n'avaient rien
de commun avec l'électiicité, avait constaté que
tandis que l'aiguille aimantée n'éprouve aucune
action de la part des métaux autres que le fer,
le nickel et le cobalt , elle est fortement influencée
dans le voisinage d'une plaque tournante faite
d'un métal quelconque. M. Faraday , combinant
ces deux découvertes , en conclut que l'aimant,
au moyen du mouvement, devait faire naître
dans la plaque d'Arago ou dans un fil métallique
une électricité que l'on pourrait faire agir comme
toute autre électricité, et qu'il devait être pos-
sible avec des barreaux d'acier aimanté de
remplacer l'action de la pile de Volta. Ces phé-
nomènes d'induction offraient la curieuse par-
ticularité de forces qui n'ont qu'une durée ins-
tantanée, contrairement à tout ce que l'on con-
naissait déjà dans les autres actions physiques.
Ampère avait fait des aimants avec de l'électri*
cité, M. Faraday fit de l'électricité avec des ai-
mants. Qu'auraient dit les savants de la fin du
siècle dernier et même ceux du commencement
du dix-neuvième siècle, habitués à regarder la
propriété magnétique comme la plus mysté-
rieuse et la plus occulte de toutes les qualités
physiques , s'ils avaient vu l'aimant entre les
mains de M. Faraday donner des étincelles, pro-
duire une chaleur intense, de la lumière même,
composer et décomposer les corps , donner de
violentes secousses aux êtres vivants , et enfin
transmettre les dépêches sur les fils des télégra-
phes électriques? Quand Thaïes, six siècles avant
notre ère, attirait un morceau de fer avec la
pierre de Magnésie appelée pierre herculéenne,
il était bien loin de soupçonner que l'agent muet
qui poussait le fer à l'aimant était le même que
la nature met en jeu dans les violentes explo-
sions des orages de la foudre. Par les découvertes
de M. Faraday comme par celles d'Ampère , uu
agent théorique, le fluide magnétique, fut banni
de la nature à Jamais. L'électricité seule pro-
din'sit tout et expliqua lout. C'est une des sim-
plifications qui honorent le plus l'esprit htumain
et l'un des plus heureux fruits des travaux des sa-
vants modernes, et de M. Faraday en particulier.
On doit encore à M. Faraday la découverte
du diamagnétisme , c'est-à-dire du magnétisme
en travers. Là on voit les substances diama-
gnétiques se diriger en travers de la position
que leur donne l'aimantation ordinaire, à peu
près comme une aiguille aimantée qui se diri-
gerait de l'est à l'ouest, et non du nord au sud.
Ces faits merveilleux attendent leur théorie.
Mentionnons encore les travaux conscien-
cieux de M. Faraday sur toutes les branches de
l'électricité, et notamment sur les effets de cet
agent quand il parcourt les fils plongés dans
Peau qui servent à la télégraphie sous-marine.
Partout l'art de l'observateur est récompensé
par des découvertes aussi inattendues que lé-
gitimement conquises par le travail et l'intelli-
gence. Parmi ces découvertes, qui auraient pu
trouver des incrédules s'il en pouvait exister
quand M. Faraday parle, nous choisirons ce fait
incroyable qu'un gaz peut être magnétique , et
que l'oxygène qui dans l'atmosphère environne
notre globe est, comme les minerais de fer,
susceptible d'action magnétique. Un beau travail
de M. Edmond Becquerel sur le même sujet a
associé la France à la découverte anglaise et of-
fert de nouveaux faits à la curiosité avide du
monde savant.
Diverses lectures de M. Faraday au sein de
la Société royale de Londres, qui est pour l'An-
gleterre ce que l'Académie des Sciences est pour
la France, ont eu pour objet de montrer que la
chaleur, la lumière et l'électricité sont les résul-
tats d'une même cause agissant diversement.
Sans doute l'attraction et les actions chimiques
sont aussi des effets de la même cause univer-
selle. La nature s'ennoblit parla simplification de
son mécanisme, mais il reste à faire pour ces
diverses forces ce qu'on a fait pour le magné-
tisme en le ramenant à l'électricité, et peut-être
qu'enfin tout se réduira à un seul principe, le
mouvement. Ces hypothèses entre les mains de
M. Faraday n'ont point été des spéculations im-
productives ; elles l'ont conduit à une découverte
aussi inattendue que celles qui l'avaient précédée,
savoir l'action de l'électricité sur la lumière.
Pour concevoir cette singulière action, on peut
dire que relativement à son plan de polarisation
un rayon de lumière est analogue à une flèche ar-
mée d'un fer aplati qui dans le mouvement de
la flèche peut être situé soit de haut en bas, soit
de droite à gauche ; on peut encore imaginer que
dans le mouvement de la flèche sa pointe plate
change de situation, et qu'au lieu d'être verticale
elle devient horizontale. Or, c'est précisément
ce qui arrive au plan qu'on peut reconnaître dan»
98
FARADAY
les rayons polarisés. En faisant agir sur eux l'é-
lectricité, M. Faraday a déplacé la direction du
plan de polarisation et l'a fait tourner sur lui-
même. L'^ther qui porte la lumière a été entraîné
circulairementpar l'action électrique. Mais ilreste
encore bien des recherches théoriques à faire
avant qu'on puisse avoir la clef de ces énigmes
de la nature physique.
M. Faraday est professeur de chimie à l'Insti-
tution royale et à l'École militaire de Woolwich;
il est docteurde l'université d'Oxford, etmembre
de la Société royale de Londres, Nous répéte-
rons qu'il est l'un des huit associés étrangers de
l'Académie des Sciences de Paris , et ce titre, qui
n'est conféré qu'aux plus grandes illustra-
tions scientifiques du monde entier, place son
mérite reconnu sur le même pied que sa va-
leur individuelle. On peut d'ailleurs rendre à
M. Faraday la justice qu'il s'est toujours montré
exempt de tout sentiment de jalousie ou même
de rivalité, et qu'il s'est empressé de faire va-
loir les travaux des autres autant que les siens
propres. 11 peut être cité comme caractère ho-
norable aussi bien que comme génie inventif.
Babiset (de l'Institut).
Conversât,- Lex. — Men of the Time ; London, 1S56.
fakazdâk. Voyez Al-Farazdak.
FAacoT {Joseph-Jean-Chrysostomey, éco-
nomiste français, né à Senlis, le 8 avril 1744 ,
mort le 23 août 1815. Entré jeune dans la con-
grégation de l'Oratoire, il y professa successive-
ment la philosophie , la physique et les mathé-
matiques. En 1779, des affaires de famille le
forcèrent de quitter sa congrégation ; il fonda à
Paris un établissement de commerce, qu'il diri-
gea jusqu'en 1793. En 1789 il fut élu suppléant
de la députation de Paris, et en 1795 membre
(lu directoire du département de la Seine. Ap-
pelé en 1798 à faire partie du Conseil des An-
ciens , il déclina cet honneur, et s'occupa d'é-
tablir des bureaux de prêt dans les quartiers
pauvres. Cette institution, destinée à détruire
l'usure, fut supprimée en 1805. Malgré cet échec,
Farcot ne continua pas moins à s'occuper avec
zèle d'économie politique et d'institutions cha-
ritables. On a de lui : Questions constitution-
nelles sur le commerce et l'industrie, et
'projet d'un impôt indirect; Paris, 1790, in-8°;
— Discussions relatives à l'influence du
(jouvernement siir les arts et le commerce;
Paris, 1808, in-4°; — Mémoire sur les moyens
d'encourager les découvertes utiles; Paris,
1809, in-4°.
Grégoire , Notice sur Farcot ; dans la Revue' encyclo-
pedique, 1819, t. III.
FARCY {Jean-Georges) , publiciste français,
né à Paris, le 20 novembre 1800, tué dans la
même ville, le 29 juillet 1830. Après avoir ter-
miné ses études, il entra, en 1819, à l'École Nor-
male, on il demeura jusqu'en 1822, époque de la
suppression de cette écolo. 11 .se retira alors au-
près de M. Cousin son maître et .son ami , et
— FARCY 94
continua ses études sous la direction de ce litté-
rateur éminent. Farcy publia vers 1825 quelques
traductions de l'anglais, et coopéra à la rédaction
du journal Le Globe. En septembre 1826, il
partit pour l'Itahe, visita Rome, Naples, et s'arrêta
à Ischia, où il composa plusieurs poésies. En
décembre 1827 il revint à Paris, et passa en
Angleterre, d'où il s'embarqua pour le.Brésil. De
retour à Paris en 1829, il alla professer la phi-
losophie à Fontenay-aux-Roses, chez M. Morin,
instituteur. Il demeurait à Aunay lors de la publi-
cation des ordonnances royales qui provoquèrent
la révolution de 1830. Le 28 février il accourut
à Paris , s'arma chez son ami le peintre Colin, et
prit une part active au combat commencé la
veille. Le lendemain, malgré les conseils de
M. Cousin, qui voulait le retenir auprès de lui à
la mairie du onzième arrondissement , il retourna
au feu, et se distingua parmi les plus braves. Il
fut frappé en pleine poitrine d'une balle tirée
d'un premier étage par des gardes royaux, au
coin des rues de Rohan et de Montpensier, et
expira deux heures après. On a de lui : outre
une trad. de l'anglais du troisième volume des
Éléments de la Philosophie de l'esprit hu-
main de Dugald Stewart ; — de nombreux ar-
ticles dans les écrits périodiques de 1824 à 1830 ;
— un volume de mélanges en prose et en vers
recueilli par les amis de l'auteur et intitulé :
J .-G. Farcy JSeZigMia?; Paris, 1831 , in-18, avec
portr. et une Notice de M. Sainte-Beuve. Quel-
ques-uns des morceaux qui figurent dans ce a^o-
lume se distinguent par de grandes qualités de
pensée et de style. M. Cousin a dédié à la dk'-
rnoire de Farcy sa ti'dduction des Lois de Platon.
A. DE L.
Le Globe et le Moniteur ttniversel des 30 et 31 juillet
1830. — Sainte-Beuve, Critiques et portraits littéraires.
— Paulin PAris, dans ie Temps du 13 janvier 1832. —
Louandre et Bourquelot, La Litt. française contempo-
raine.
* FARCY ( François-Charles ), homme de let-
tres français, né à Paris, le 30 août 1792. L'un de»
fondateurs en 1830 delà Société libre des Beaux-
Arts , qui existe encore aujourd'hui , il a aussi
dirigé comme rédacteur en chef le Journal des
Artistes, de 1827 à 1835. Outre un grand nom-
bre d'articles publiés dans le Jom'nal de Paris,
La Presse, le Moniteur parisien , etc., on a de
lui : De l'Esprit dit Ministère, depuis le com-
mencement de la Révolution jusqu'ànos jours ;
Paris, 1818, in-8° ; — Essai sur le Dessin et
la Peinture, nouveau précis de perspective;
1819, in-S", avec planches, — Résumé et ap-
plication des principes élémentaires de la
perspective; 1 822, in^", avec planches ; 2^ édit.,
1826; — Cours de Perspective à l'usage des
dames; 1822, in-8'', avec planches ; — Recher-
ches historiques sur l'Aigle; 1826, in-4"; —
De l'Origine et du Progrès de la Philosophie
en France; 1826, in-4° ; — Aperçu philoso-
phique des connaissances humaines ati dix-
neuvième siècle; 1827, un vol. in-8°; — De
95
FARCY — FARDULFE
96
l'Avantage et de V Inconvénient d'une Birec-
lion ou administration générale des Arts;
1830, in-8° ; — Lettre à M. Victor Hugo , sui-
vie d'un Projet de charte romantique; 1830,
in-S" ; — De la Force en matière de Gouverne-
ment; 1832,in-8°; — Traduction, a\ecdiscours
préliminaire et notes, de la Relation des trois
expéditions du capitaine Dupaix, etc.; 1834,
grand in-fol. ; — Du Gouvernement parlemen-
taire ;du Gouvernement constitutionnel, etc.;
1840, in-8°; — Simple Histoire de Napoléon,
d'après les notes des Mémoires de Las Cases ,
Ségur, Norvins, etc.; un vol. in-36, 1840 ( ano-
nyme); — De V Aristocratie anglaise , de la
Démocratie américaine et de la Libéralité des
institiitions françaises ; 1842; 2^ édit., 1843;
— Mémoire à V Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres sur les Antiquités mexicaines ;
1843, in-8°. A. R.
Henseiqncments particuliers.
FAiiBEAU {Louis-Gabriel), auteur drama-
tique français, né à Paris, en 1730, mort en
cette ville, vers 1806. Il acquit en 1757 une
charge de procureur au Chàtelet; mais ne trou-
vant point dans l'étude des lois un aliment pour
son esprit, il voulut se faire poète, et se mit à
composer des drames et des comédies ; il ne put
jamais parvenir à faire représenter une seule de
ses pièces, toutes plus que médiocres, et il dut
se contenter de les faire imprimer à ses frais pour
les distribuer à ses amis ; le titre de poète qu'il
se donnait ne lui paraissant pas assez illustrer sa
personne, il y ajouta, après la révolution, celui
de sapeur de la garde nationale , ce qui ne
fit que rendre plus vives les épigrammes qu'on
lui lançait ainsi que les plaisanteries sur son
talent et sur son nom , dont l'anagramme est :
// a Vair dti bœuf gras. On a de lui : Les Amu-
sements de la société; 1774; — Le Cabaretier
jaloux, ou la Courtille, comédie en un acte ,
en prose; 1780; — Le Mariage à la mode,
drame en un acte, en vers : « Cette pièce, dit Qué-
rard,aeuplus de quinze éditions» ; nous n'avons
pas vérifié l'exactitude de cette assertion , mais
nous ne pouvons comprendre la cause d'un
aussi grand succès; — Le Mérite discrédité,
ou le temps présent , comédie en un acte, en
prose; 1778; — Le Service récompensé , co-
médie en un acte, en prose ; — Le Triomphe de
l'Amitié , drame en un acte, en prose ; — Re-
cueil de Poésies patriotiques et de société,
offert à V Assemblée nationale et aux amis
du bon goût; Paris, 1792. H. Malot.
fiivarol, Petit Mmanac/i des Grands Hommes incon-
nus. — Barbier, Examen des Dictionnaires. — Quérard,
La France littéraire.
FAKDELLA { Michel- Ange) , philosophe et
géomètre sicilien, né à Trapani, en 1650, mort à
Naples, le 2 janvier 1718. Il entra à l'âge de quinze
ans dans l'ordre de Saint-François. Il professa
la philosophie dans des couvents de son ordre
à Trapani et à Messine. Il se rendit à Rome en
1676, et y professa la géométrie dans le collège
sicilien de Saint-Paul. Il alla ensuite en îrance,
et demeura trois ans à Paiis, occupé à se per-
fectionner dans la connaissance de la philosophie
de Descartes et de la géométrie analytique, en
fréquentant Arnauld, Régis, et les PP. Male-
branche et Lami. Ses supérieurs le rappelèrent
à Rome , et lui confièrent l'enseignement de la
théologie scolastique dans le couvent de Saint-
Cosme et Saint-Damien. 11 se lassa bientôt de
cette occupation; et comme son inclination le
portait vers les sciences naturelles, il fonda dans
son couvent une académie de physique expéri-
mentale. Le duc de Modène l'attira dans ses
États, et lui donna une chaire de philosophie et
de géométrie, if quitta ce poste pour aller à Ve-
nise. Le gouvernement de cette république le
nomma d'abord professeur d'astronomie et de
physique dans l'université de Padoue , puis en
1700 professeur de philosophie. En 1709 il sui-
vit à Barcelone l'archiduc Charles, qui le prit
pour son théologien et son mathématicien. Il eut
dans cette ville une attaque d'apoplexie, et se
rendit à Naples dans l'espoir de rétablir sa santé ;
il réussit en effet à prolonger sa vie de quel-
ques années. « C'était, dit Nicéron, un homme
d'un esprit vif et d'une imagination féconde.
L'habitude qu'il avait de méditer l'avait rendu
si abstrait, qu'il semblait quelquefois avoir
perdu l'esprit. Son application au travail, qui
lui faisait négliger ses affaires domestiques , et
sa générosité envers ses amis ont été cause que
malgré les gros appointements qu'il avait, il a
toujours été pauvre. Il était versé dans tous les
genres de littérature , mais il excellait principa-
lement dans la physique et dans la géométrie. »
Comme philosophe , Fardella adopta et exagéra
encore les tendances idéalistes de l'école de Des-
cartes. Il soutint avec Malebranche que l'exis-
tence des corps ne nous est connue que par la
révélation. On a de lui : Universse PMlosophise
Systema; Venise, 1691, in-12; — Vniversœ
usualis Mathematicas Theoria ; Yen\s,e, 1691,
in-12; — Prolusio ; Venise, 1693, in-4o ; —
Animée humanœ Natura, ab Augustino dé-
tecta ; Venise, 1698, in-fol. ; — plusieurs lettres
sur des sujets philosophiques, insérées darvî '-v
Galleria di Minerva; Venise, 1696, in-., le
Mohgitore, Bibliotheca Sicula. — Nicéron, Mémo ij ;
pour servir à l'histoire des hommes illustres, t. > jj
FARDULFE, théologien et poète latin, Lombard
de nation, mort en 807- Il fut emmené en
France avec le roi Didier, après la bataille de
Pavie. Tant que ce prince vécut, Fardulfe lui |j
demeura fidèle. Il s'attacha ensuite à Charle-
magne, et mérita sa faveur en lui découvrant la
conspiration de Pépin le Bossu , un de ses fils
naturels. Il obtint en récompense l'abbaye de
Saint-Denys, qu'il garda jusqu'à la fin de sa vie.
On a de lui trois épigrammes dans les Rerum Ja
Franc. Script, (t. Il , p. 645 ), de Duchesne, qui
les attribue par erreur à Alcuin.
Histoire littéraire de la France, t. IV, p. 885.
'à
\i'
97
FARE — FAREL
98
FARE (Sainte) ou burgundofara , née en
595, morte le 3 avril 655. Elle était fille d'Agné-
ric, un des principaux officiers de la cour de
Théodebert II, roi d'Austrasie. Elle eut pour
frères saint Cagnon, évêque de Laon, et saint
Faron, évêque de Meaux. Elle reçut le voile sa-
cré des mains de Gundoald, évêque de Meaux,
et bâtit un monastère à cinq lieues de cette
ville, dans un lieu appelé Éboriac, et qu'on
nomme aujourd'hui Faremoutier. Elle fut jus-
qu'à la fin de ses jours abbesse de ce couvent.
Les seuls détails que nous ayons sur cette
sainte se trouvent dans les Vies de saint Co-
lomban et de saint Eustase, écrites en deux li-
vres par Jonas, moine de Bobio. .
Baillet, P^ies des Saints, t. III, 7 décembre.
FARE. Voy. La Fare.
FAREL (Guillaume), un des plus célèbres
réformateurs français, né au hameau des Farels,
à trois lieues de Gap, en 1489, et mort à Neuf-
châtel, le 13 septembre 1565. II appartenait à
une famille de gentilshommes, et ce ne fut que
scutrairement aux désirs et aux projets de son
père qu'il s'appliqua à l'étude, qui avait pour
ui un irrésistible attrait. A Paris, où il se rendit
)our étendre ses connaissances, il fut le disciple
t l'ami de Lefèvre d'Étaples, qui le fit entrer
somme régent au collège du cardinal Lemoine.
^ien n'annonçait encore en lui le futur réforma-
eur. A cette époque de sa vie, il se distinguait
noins encore par son amour des lettres que par
m zèle outi'é pour toutes les pratiques de l'É-
;lise catholique. « Pour vray, dit-il dans une de
es lettres, en parlant de ce qu'il était alors, la
lapauté n'estoit et n'est tant papale que mon
œur l'a esté. » Il est probable que ce fut Lefè-
re d'Étaples qui jeta dans son esprit les pre-
miers doutes sur les croyances catholiques.
|uoi qu'il en soit, Farel eut recours à l'étude de
i Bible pour mettre fin aux agitations de sa
onscience. «Il fut fort ébahi, dit-il lui-même, en
oyant que sur la terre tout estoit autrement en
ie et doctrine que ne porte la saincte Escripture. »
Bune, ardent, enthousiaste, il n'était pas homme
\Se contenter de termes moyens. Dès que ses
ciennes convictions religieuses eurent été
riik'iîftil s'avança d'un pas rapide, quoique
nelle'iQ pénibles luttes intérieures, vers les
■p. ices nouvelles. Il venait à peine de prendre
. . pour la cause de la réforme, quand Le-
Te d'Étaples, appelé à Meaux par l'évêque
riçonnet, l'emmena , avec Gérard Roussel et
lelques autres hommes animés du même es-
it, dans cette ville, qui comptait déjà dans son
in un grand nombre de partisans du luthé-
nisme (1). Farel, trouvant des auditeurs bien
sposés, se mit à prêcher avec ardeur contre
iglise catholique. Les choses allèrent si loin,
le Briçonnet , déjà en lutte avec son clergé ,
gea nécessaire d'éloigner des amis si compro-
[1) Les premiers protestants français furent appelés
ndant quelque temps les hérétiques de Meaux,
NOUV. BIOGU. r.ÉNÉR. — T. XVII.
mettants. Ils retournèrent à Paris ( 1523). Farel
ne s'y ariêta que peu de temps. Au commence-
ment de 1524 il était à Bâle, où, le 15 février, il
soutint publiquement des thèses, au nombre de
treize, sur les principaux points controversés. Le
court séjour qu'il fit dans cette ville fut inter-
rompu par quelques excursions à Constance,
Schaffhouse, Berne et Zurich. Il se ha alors d'une
étroite amitié avec Grebel, Myconius, Haller et
Zwingle. Mais, tandis qu'il se rappi'ochait des
chefs du mouvement protestant, il se brouillait
avec Érasme (1). La fougue de l'un et la prudente
réserve de l'autre formaient un contraste trop
prononcé pour qu'ils pussent vivre en paix l'un
à côté de l'autre dans le même lieu. Il paraît
que Farel commença le premier les hostilités, en
comparant la conduite indécise du spirituel hu-
maniste à celledeBalaam. Cequi est certain, c'est
qu'il fut vaincu. Érasme, s'unissant aux adver-
saires de la réforme , réussit à le faire chasser
de Bâle , vers la fin de mars i 524. Farel se retira
alors à Strasbourg, où il vécut quelque temps
dans l'intimité de Bucer et de Capiton. Une lettre
d'Œcolampade le décida, en juin de cette même
année, à aller s'établir à Montbéliard, qui dépen-
dait du duc de Wurtemberg. La réforme y avait
déjà pénétré. Joignant ses efforts à ceux de
Jean Geyler, prédicateur du duc, il lui gagna en
peu de temps de nombreux partisans ; mais l'im-
pétuosité de son caractère arrêta bientôt ses suc-
cès, etmanqua même de lui être funeste. Jl s'était
déjà aliéné, par la violence de son zèle pour la
propagation de la réforme, une partie de la popu-
lation, quand un jour, se jetant au milieu d'une
procession, il arracha une statuette de saint
Antoine des mains d'un prêtre, et la jeta dans
la rivière. Il ne dut son salut qu'à l'extrême
surprise de la foule à la vue de cet acte auda-
cieux ; mais il fut obligé de sortir de Montbé-
liard. C'était au printemps de 1525. Ses amis,
Œcolampade entre autres, le blâmèrent vive-
ment et l'engagèrent à se modérer à l'avenir,
en lui représentant que la violence ne pouvait
que compromettre la cause de la réforme. Il re-
connut la sagesse de ces avis ; mais il faut avouer
que pendant le reste de sa vie il les oublia plus
d'une fois.
En passant à Bâle, il rencontra Pierre Tos-
sany, ancien chanoine de Metz, qui s'était rangé
du côté des réformateurs. Il le suivit dans cette
ville ; mais il ne put y faire un long séjour. Il
parcourut alors le pays messin , l'Alsace et ime
partie de la Suisse , prêchant partout où il pou-
vait réunir quelques auditeurs. Au commence-
ment de 1527, il alla, par le conseil de Haller,
à Aigle, le seul pays de la Suisse romande qui
dépendît entièrement des Bernois. Il s'y présenta
comme un maître d'école, sous le nom supposé
de Guill. Vrsinus. Ayant reçu bientôt de la sei-
gneurie de Berne l'autorisation de prêcher pu-
(1) Voyez l'arllcle Érasme.
99
FAREL
100
bliquement, il reprit son véritable nom, et com-
mença à enseigner ouvertement. Après que le
canton de Berne se fut déclaré protestant ( 15 fé-
vrier 1528), Farel put étendre son action sur
toute la partie de la Suisse romande qui était
liée à cet État par des traités de combourgeoisie,
et, à la suite de ses prédications, Aigle , Bex et
Olon embrassèrent la réforme cette même année,
Bienne, La Neuville et Le Vully l'année sui-
vante, Morat etNeufchâtel en 1530, et Orbe en
1531. Ce ne fut pas sans soutenir de nombreuses
luttes et sans exposer plus d'une fois sa vie,
qu'il obtint ces résultats ; mais il aimait à affron-
ter le danger, et d'ailleurs le gouvernement ber-
nois, qui avait intérêt à la propagation de la ré-
forme en Suisse, lui prêta constamment son
concours , chaque fois que les circonstances le
demandèrent. En 1532, les églises réformées
qu'il venait de fonder l'envoyèrent, avec An-
toine Sauniei', au synode que les vaudois du
Piémont tinrent au mois de septembre, à Chan-
forans, dans la vallée d'Angrogue, pour tendre
Ik main d'association, au nom des nouveaux
protestants, à ces anciens dissidents de l'Église
de Rome. A son retour, il s'arrêta à Genève. Il
prêcha dans des assemblées secrètes, et il eut
bientôt gagné un assez grand nombre de parti-
sans pour que le conseil épiscopal, dont l'autorité
avait été déjà fortement ébranlée dans les der-
niers mouvements politiques , en conçût des
craintes sérieuses. Une conférence lui fut propo-
sée, il l'accepta; mais au lieud'unediscussion pa-
cifique, ce fut une dispute orageuse, dans laquelle
les coups remplacèrent les arguments. Il y aurait
peut-être laissé la vie sans l'intervention des ma-
gistrats. Ceux-ci, pour maintenir la paix, le for-
cèrent à quitter la ville. H y envoya presque
aussitôt Ant. Froment, et il y retourna lui-même
au mois de mai de l'année suivante. Les mêmes
oppositions l'obligèrent encore à se retirer ; mais
vers le commencement de 1534 il y entra avec
des lettres de recommandation de la seigneurie
de Berne. Dès ce moment rien ne put arrêter
la marche envahissante de la réforme. Les pro-
testants, dont le nombre augmenta chaque jour,
s'empa,rèrent successivement de toutes les églises.
Le clergé catholique, déjà odieux au pai'ti pa-
triote pour la part qu'il avait prise à toutes les
tentatives du duc de Savoie et de l'évêque contre
la liberté de la ville, et auquel ni les séditions du
bas peuple, qui lui était encore attaché, ni les pré-
dications du docteur Furbity, dont il avait appelé
la savante habileté à son aide , ne purent rendre
son ancienne autorité morale , céda la place aux
réformateurs, et se retira à Lausanne et à Fri-
bourg. Une tentative d'assassinat sur Farel, Fro-
ment et Yiret, qu'une servante d'auberge, aveu-
glée parle fanatisme, essaya d'empoisonner, n'eut
pas d'autre effet réel que de les rendre plus
puissants. La timide circonspection du conseil
céda enfin devant l'opinion publique, et le 27 août
1535, dix-huit mois environ après le retour de
Farel , l'édit de la réformation fut promulgué.
11 s'agissait maintenant de constituer à Ge-
nève l'Église réformée. Farel, homme de lutte
plutôt que d'organisation, était peu propre à cette
œuvre. MaiS; au mois d'août de l'année suivante,
il réussit à retenir à Genève Calvin, qui passait
dans cette ville pour se rendre en Allemagne.
Lui cédant aussitôt la conduite des affaires, il
se contenta, avec le plus rare désintéressement,
de l'aider dans la réalisation de ses plans. De
nouvelles difficultés ne tardèrent pas à surgir.
Calvin et Farci se trouvèrent en présence
d'hommes qui, partant des principes invoqués
par les réformateurs contre l'Église catholique,
repoussaient toute autorité en matières religieu-
ses , et rendaient par là impossible l'établisse-
ment d'une nouvelle Église. Ces hommes, que
les réformateurs désignèrent sous le nom de
libertins, parvinrent à les faire expulser de Ge-
nève à la fin d'avril 1538. Farel accompagna
Calvin à Berne, à Zurich, puis à Bâie; là il se
sépara de lui, pour se rendre à Neufchàtel. Le
plus déplorable désordre régnait dans cette
Église, qui passée, sans y être assez préparée, du
régime de l'autorité catholique à celui de la li-
berté protestante, faisait au sein de l'anarchie
le difficile apprentissage de l'art de se gouverner
soi-même. Farel sentit la nécessité de resserrer
les liens de la discipline ; mais, encore sous l'im-
pression des idées, singulièrement despotiques,
de Calvin , il proposa aux Neufchàtelois des or-
donnances ecclésiastiques qui soulevèrent la plus
vive opposition. Ce ne fut qu'après des débats
longs et orageux qu'il parvint à les faire adopter,
le l"" février 1542. Mais si les règlements étaient
sévères , il faut dire qu'il ne les fit exécuter
qu'en ce qui concerne les mœurs. Tolérant au-
tant qu'on pouvait l'être à cette époque, il ne s'en
servit jamais paur opprimer et persécuter ceux
qui ne pensaient pas comme lui sur des points
difficiles et abstraits de théologie. Une seule fois
il se décida à laisser censurer un ministre
nommé Chapponneaux, qui avait avancé une
opinion hétérodoxe sur la Trinité, et encore il
ne le fit qu'obsédé par les demandes réitérées de
Calvin.
Dès que l'Église de Neufchâtel, régulièrement
organisée, n'offrit plus à son activité un aliment
suffisant, il chercha un nouveau champ d'action.
Précisément en ce moment les protestants de
Metz réclamèrent son aide ; il se hâta de partir
pour cette ville, où il arriva le 3 septembre 1542.
Le lendemain il prêcha dans le cimetière des
Jacobins , au bruit étourdissant des cloches du
couvent, que les moines sonnaient à toute volée
pour couvrir sa voix. Le 2 du mois suivant, il
voulut prêcher dans l'église de Saint»Pierre-aux-
Images ; le conseil des Treize l'en empêcha , et
pour couper court à toute nouvelle tentative
semblable , il lui défendit d'enseigner dans la'
ville, soit publiquement, soit en particulier. Il se'
retira alors à Montigny (à 2 kilom. de Metz), et
ioi
un mois ou deux, après, à Govze
BOUS la protection de Guill. de Furstenberg. Il
lui fallut cependant abandonner bientôt ce poste.
Le jour de Pâques, 25 mars 1543, Claude de
Guise étant tombé , à la tête d'un corps de
troupe, sur une assemblée l'éunie autour de
lui, Farel, blessé dans la mêlée, se réfugia dans
le château, qui était entre les mains des protes-
tants, et quand cette place eut été obligée de se
rendre, il n'eut d'autre moyen de salut que
de prendre place dans un chariot, au milieu de
lépreux dont il avait revêtu le costume. Il réus-
sit ainsi à gagner Pont-à-Mousson , et de là
Guill. de Furstenberg le conduisit à Strasbourg.
Après un séjour de quelques mois dans cette
ville, Farel retourna à Neufchâtel, qu'il ne quitta
plus pendant longtemps, si ce n'est pour faire
quelques courtes visites à Calvin. Ce fut pendant
une de ces visites qu'il accompagna au bûcher
le malheurenx Michel Servet, qu'il exhorta en
vain à confesser la doctrine de la Trinité. En
1 557 il fut envoyé avec Théodore de Bèze au-
près des princes protestants de l'Allemagne,
pour implorer leur intervention en faveur des
vaudois. A son retour, il entreprit de répandre
la réforme dans le Jura. Il le fit avec assez de
succès pour éveiller les craintes du parlement de
Besançon, qui porta plainte à la seigneurie de
Berne. A peu près à cette époque, il épousa
Marie Torel, de Rouen, réfugiée à Neufchâteiavec
sa mère. Ce mariage d'un vieillard de soixante-
neuf ans fut généralement désapprouvé de ses
amis. « Je suis muet d'étonnement, écrivit Calvin
à cette occasion. 11 y a un demy-an que le povre
frère eust prononcé hardiment qu'il eust fallu
attacher comme un homme radoteur celluy qui
en si grande vieillesse eust prétendu d'avoir
une si jeune fille. )> 11 faut dire, cependant, à la
décharge de Farel, que Marie Torel n'était pas
aussi jeune que Calvin veut bien le dire. Peu de
temps après il retourna en Allemagne pour im-
plorer encore la protection des princes protes-
tants , mais cette fois pour les protestants de
"rance. A peine était-il revenu à Neufchâtel, qu'il
iariit pour le Dauphiné, établit une égUse pro-
estante à Grenoble, et passa plusieurs mois à
lia!), prêchant contre le catholicisme avec au-
ant de fougue que pendant sa jeunesse. Jeté en
irison le 24 novembre 1561, il fut délivré par
].es partisans, qui le descendirent du hautdu rem-
)art dans une corbeille. Il ne s'éloigna pas ce-
(cndant de la ville, et il y rentra quelques mois
près, quand les protestants s'en furent rendus
|naitres ( 1*^'' mai 1562). Ce fut là son dernier
fl'ort pour la propagation du protestantisme,
'.entré bientôt à Neufchâtel, il ne quitta plus
etto ville que pour taire, en 1564, une dernière
'isite à Calvin mourant, et pour passer l'année
uivanto quelques jours à Metz, dont les protes-
ants l'avaient invité à venir être témoin de la
rospérité de leur église. Les fatigues de ce
oyagc aggravèrent ses infirmités , et quelques
FAREL lOîS
où il se mit semaines après son retour à Neufchâtel il mou-
rut, à l'âge de soixante -seize ans, laissant un tils
nommé Jean, qui ne lui survécut que trois ans.
Farel avait des connaissances étendues ; il
possédait entre autres assez bien l'hébreu et les
langues classiques ; Calvin avait eu un moment
le désir de l'attacher comme professeur à l'école
de Lausanne : ce n'était pas là le rôle qui lui con-
venait.Il était essentieliementun homme d'action,
peu propre aux spéculations théologiques, aux-
quelles il attachait d'ailleurs peu d'importance.
Tandis que Calvin , porté par la nature de son
esprit à tout considérer à un point de vue abs-
trait et logique, regardait la réformation comme
un retour à la véritable intelligence de la doc-
trine chrétienne, Farel, plus touché du côté
pratique de la religion , n'y voyait qu'un retour
à une foi plus simple, à des croyances plus unies
et par cela même plus saisissables que l'ensera-
ble si compliqué des dogmes et des pratiques de
l'Église catholique. Mais par ces différences
même ils se complétaient l'un l'autre , si l'on
peut ainsi dire, pour leur œuvre commune.
L'un, écrivain habile et logicien consommé, s'a-
dressait par ses écrits aux intelligences d'élite ;
l'anire, prédicateur ardent , missionnaire infati-
gable, parlait au peuple le langage éloquent du
sentiment, et entraînait les masses en leur prê-
chant une foi agissante par la charité. Farel
avait toutes les qualités de l'orateur, la parole
facile, animée , brillante , le geste pathétique, la
voix sonore et puissante. Ses contemporains
s'accordent à parler avec admiration de ses dis-
cours émouvants, de ses prières si ferventes qu'on
ne pouvait entendre sans ravissement. Il est à
regretter qu'aucun de ses sermons ne nous soit
parvenu ; mais il les improvisait , et ne les écri-
vait pas. Quant aux ouvrages , assez nombreux,
qu'il a laissés, ils sont peu propres à nous donner
une idée avantageuse de ses talents d'écrivain.
Ils ne sont en général que des écrits de circon-
stance, composés à la hâte et sans beaucoup de
soin, ou que des instructions familières, appar-
tenant plutôt à la morale qu'à la théologie pro-
prement dite. Ces ouvrages sont : Themata
qiixdam latine et gennanice prœposUa ; Bâ.\e
et Berne, 1528. Ce sont les thèses soutenues à
Bâle en 1524; — Sommaire: c'est une briève
déclaration dMulctms lieux fort nécessaires
à tin chacun chrestien pour mettre sa con-
fiance en Dieu et à atjder son prochain. On
ne connaît pas la date de la 1'*^ édition <lc cet
ouvrage , publié sans nom auteur ; la 2*^ édit. est
de 1 537, in-S". 11 y a eu plusieurs antres éditions,
dont la meilleure et la plus complète est celle de
Genève, 1552, in-8°; — De Orationedominica ;
1524, in-S". Farel remania cet ouvrage, et le
publia plus tard en français sous le titre : Lntrès-
saincte Oraison que TV. S. J.-C. a baillée à ses
apostres, avec un recueil d'atdcuns passages
de la Saincle Escripti(re,faict en manière de
prières; Genève, 1543, in-12; — A tot(s sei-
4.
103
FAREL — FARET
104
gneurs et peuples et pasteurs à qui le Sei-
gneur m'a donné accez, qui m'ont aidé et
assisté en Vœuvre de N. S. Jésus; daté de
Morat 1530, et imprimé dans l'appendice du
t. Il de la nouvelle édit. de VHist. de la Ré-
forme de la Suisse, de Ruchat : cet écrit con-
tient de nombreux détails sur la manière dont
Farel fut conduit au protestantisme ; — A toîis
mes très-chers frères en N. S., tous les ama-
teurs la Saincte Parole; daté de Morat 1532,
et imprimé dans le t. III de YHist. de la Ré-
forme en Suisse, de Ruchat; — Lettres cer-
taines d'aulcuns grands troubles et tumultes
advenus à Genève , avec la disputafion
faicte Van 1534; Genève, 1534, in-8°; publié
aussi la même année en latin et en français ; la
traduction latine seule, Genève, 1544, in-8" :
c'est le compte rendu de sa conférence avec
Furbity; — Confession de lafoy, laquelle
tous bourgeois et habitants de Genève et
subjects du pays doibvent jurer de garder
et tenir; Genève, 1537, in-24; souvent réim-
primée ; — Épistre envoyée au duc de Lor-
raine; Genève, 1543, in-12 ; 2e édit, 1545, in-8° :
cette lettre est datée de Gorze le 11 février
1543 ; — Épistres de maistre Pierre Caroly ,
docteur de la Sorbonne de Paris, faicte en
forme de deffiance et envolée à maistre
Guill. Farel, serviteur de J.-Ch. et de son
Église, avec la response; Genève, 1543, in-8";
— La seconde Épistre envoïée au doct. P. Ca-
roly^par G. Farel, prescheur de l'Évangile;
Genève, 1543, in-S"; — Traité du Purgatoire;
Genève, 1543, in-12; — Épistre exhortatoire
à tous ceux qui ont cognoissance de l'Évan-
gile, les admonestant de cheminer purement
et vivre selon iceluy, glorifiant Dieu et édif-
flant le prochain par parolles; 1544, in-12;
— Épistre envoïée aux reliques de la dissi-
pation horrible de l'Antéchrist; 1544, in-12 ;
— A tous ceux qui aiment et désirent ouïr
la Saincte Parole de Dieu; 1544; — A tous
ceux affamés du désir de la prédication
du saint Évangile et du vray usage des sa-
crements ; daté de Neufchâtel 1545, et imprimé
dans les Actes des Martyrs ; — Le Glaive de
la parolle véritable, tiré contre le Bouclier
de défense, duquel un Cordelier libertin
s'est voulu servir pour approuver ses fausses
et damnables opinions ; Genève, 1550, in-S";
— De la saincte Cène de N. S. Jésus et de
son Testament, confirmé par sa mort et pas-
sion; (Genève) 1553, in-S"; — Bu vray usage
de la croix de J.-Ch. et de l'abus et idolâ-
trie commise autour d'icelle, et de l'autorité
de la parole de Dieu et des traditions hu-
maines, avec un advertissement de P. Viret
touchant Vïdoldtrie et les empeschements
qu'elle baille au salut des hommes ; ( Genève)
1560, pet. in-8°; — Forme d'oraison pour
demander à Dieu la saincte prédicatioïi de
l'Évangile et le vray et droict usage des sa-
crements; Genève, 1545, in-8°; — D'après le
Syllabus aliquot synodorumet colloquiorum,
1628, Farel serait auteur du Livret auquel,
sans s'arrester à toutes les aultres disputes
et différens , est demandée seulement la
réformation dans la liturgie, pour pouvoir
prier Dieu tous ensemble et parvenir peu à
peu à une réconciliation ; 1536, in-16. Flori-
mond de Rairaond lui attribue les fameux pla-
cards répandus à Paris en 1 534. Enfin beaucoup
de lettres de Farel ont été insérées dans divers
recueils , et entre autres dans la dernière édition
de VHist. de la Réform. en Suisse de Ruchat.
La bibliothèque des pasteurs de Neufchâtel, celle
de Genève, les archives de la même ville , etc.,
en conservent un beaucoup plus gi'and nombre
d'inédites. Michel Nicolas.
Melch. Adam, f^Ux Theolor/orum exterorum. — Cliou-
part, Hist.'de Guill. Farel. — Ancillon , Idée du fidèle
ministre de J.-C, ou la vie de GuillAFarel ; Amster-
dam, 1691, in-12. — Baylc, Dict. hist. — Moréri, Dict. hist.
— Senebier, Hist. littéraire de Genève. — Musée des
Protestants célèbres. — Das Leben f^'ith. Farels, von
Melch. Kirchhofer ; Zurich , 1831,2 vol. in-8°. - Ch.
SchmiAt, É tildes sur Farel; Strasbourg, 1834, in-8°. —
Mignct, Établissement de la Réforme à Genève, dans
ses Notices et Mémoires historiq. — Cli. Chenevière,
Farel, Froment, f^iret, réformateurs religieux au
seizième siècle ; Genève, 1835, in-8''. — Sayoux, Études
litt. sur les écrivains de la Réforme. — MM. Haag,
La France protestante,
* FARELLi (Le chev. Giacomo), peintre de
l'école napolitaine, né en 1624, mort en 1706.
Élève d'Andréa Vaccaro, il imita sa manière avec
un tel succès qu'il fût devenu un rival redou-
table,même pour Luca Giordano ; mais, ayant vu
les peintures du Dominiquin à la chapelle du
trésor de Saint -Janvier, et rendant plus de jus-
tice que ses compatriotes au grand maître bolo-
nais , il voulut changer de manière et marcher
sur ses traces; il ne put y réussir, et de ce joui
ne fit plus aucun ouvrage remarquable. Cet
essai malheureux est surtout sensible dans les
fresques dont FareUi a décoré la sacristie annexée
au trésor de Saint-Janvier, où il a peint plu-
sieurs sujets tirés de la vie de la Vierge. On y
trouve de la grâce et quelques jolies figures d'en-
fants aux pendentifs, mais généralement le co-
loris est jaunâtre et le dessin peu correct. Dans
l'église Sainte-Brigitte , un tableau de la sainte
nous montre au contraire toutes les espérances
que dans sa jeunesse Farelli avait dû faire con-
cevoir. E. B — N.
Dominicl, Fite de' Pittori Napolitani. — Lanzi, Storia
délia Pittura. — Orlandi, Jbbecedario. — Ticoïzi, Di-
zionario.
FARET ( Nicolas ) , httérateur français , né h
Bourg en Bresse, vers 1600, mort à Paris, en
1646. Venu jeune de Bourg à Paris, il se lia avec
Vaugelas et Boisrobert, et s'attacha le prince des
prosateurs de ce temps , Coëffeteau , en lui dé-
diant une traduction d'Eutrope (1621). Pou de
temps après, il devint secrétaire du comte d'Har-
court, et sut, par l'intermédiaire de Boisrobert,
persuader à Richelieu que le meilleur moyen d'a-
baisser la maison de Lorraine , c'était de la dU
105
viser, et qu'il y arriverait facilement en s'attachant
le comte d'Harcourt, sans chercher à rallier ou
sa mère ou le duc d'Elbeuf, son aîné. Telle fut l'o-
rigine de la fortune du comte d'Harcourt. Quand
il fut chargé d'une expédition contre les îles de
Saint- Honorât et Sainte-Marguerite, Faret le sui-
vit, et appela près du prince Saint -Amant le poète,
qui l'a célébré surtout dans ses vers de débauche.
En 1633, Faret publia, à l'imitation du comte
de Castiglione, son livre de V Honnête Homme ,
ou, comme nous dirions, de L'Homme du Monde.
Présenté à cette occasion par Maleville, au petit
cercle qui se réunissait chez Conrart, et qui de-
vint l'Académie Française , Faret lut avec succès
son ouvrage , et fit dès lors partie de la société ;
plus tard , quand elle fut constituée , c'est lui qui
fut chargé de « dresser le projet de l'Académie ».
La considération dont il y jouissait n'a pas em-
pêché l'auteur de la comédie des Académistes de
le ranger parmi ceux qui, comme Saint- Amant,
se moquaient du docte corps. « il avoii, dit Pel-
Jisson, l'esprit bien fait, beaucoup de pureté et
de netteté dans le style, beaucoup de génie pour
la langue et pour l'éloquence. »
Ses ouvrages sont : Histoire chronologique
des Ottomans , à la fin de l'Histoire de Georges
Castriot , recueillie par Jacq. de Lavardin ;
Paris, 1621, in-4° ; — Histoire Romaine d'Eu-
Iropius, traduit en français ; Paris, 1621, in-18
et in-fol.; — Des Vertus nécessaires à un
prince pour bien gouverner ses sujets ; Paris,
in-é", 1623; — Recueil de Lettres nouvelles,
(Faret en a inséré dix des siennes) ; Paris, 1 vol.
in-S", 1627, et 1634, 2 vol. in-S" ; — Préface à
la tête de la r^ édition des Œuvres de Saint-
Amant; — V Honnête Homme, ou Vart de
plaire à la cour; — Poésies diverses (rares),
dans les recueils de son temps , et entre autres
une Ode à Richelieu, dans Le Sacrifice des Mu-
ses; — Vers, à la tête de la Vesontis de Chifflé;
— Mémoires du comte d'Harcourt , inédits.
Pellisson, qui indique' cet ouvrage d'après Gui-
chenon, l'a peut-être confondu avec les rapports
que Faret, secrétaire du comte , envoyait en son
nom à la cour au sujet de ses expéditions. On a
de lui en effet en ce genre un long mémoire
qui a été inséré par M. Eug. Sue en tête des
Mémoires de Sourdis dans la Collection des
Documents inédits; — une suite ( inédite et ina-
chevée) à V Histoire Romaine de Coëffeteau;
— enfin, d'après une lettre de Malherbe à Faret
(14 déc. 1625), une Histoire de France (ina-
chevée et inédite). Ch. Livet.
Pellisson, Hist. de l'Acad. — Guichenon, Hist. de
Bresse. — Sauvai, Hist. de Paris, l, 328. — Maynard,
Poésies, p. 21. — Saint-Amant, Poésies, passina. —Saint-
Évremond, Comédie des Académistes. — Mènagiana.
* FARGUEIL {Anaïs ) , actrice française, née
vers 1822. Fille d'un acteur de l'Opéra-Comique ,
elle débuta sur ce théâtre, où elle se montra
comédienne charmante, mais cantatrice assez
médiocre ; aussi rcnonça-t-elle bientôt au chant
pour se consacrer entièrement au vaudeville et
FARET — FARGIS loe
à la comédie. Ses débuts au théâtre du Vau-
deville furent très-brillants, et bientôt au Pa-
lais-Royal et au Gymnase dramatique elle se
plaça au premier rang. Après une assez longue
absence, elle reparut, en 1852, sur le théâtre du
Vaudeville, où tout Paris est venu l'applaudir
dans Les Filles de marbre. H. Maloi.
Dict. de la Conv, — Les Théâtres de Paris. — Galerie
dramatique.
FAREYDY-BASRI. VoyeZ KhaLYL-EEN-Ah-
MED.
" FARFUSOLA { Bartolommco ) , peintre de
l'école vénitienne , né à Vérone, vivait en 1640.
Il a laissé plusieurs tableaux dans les éghses de
Vérone, entre autres une sainte Ursule, dans la
petite église dédiée à cette sainte.
Benoassuti, Guida délia città di Ferona.
FARGANi (Al) Voyez Alfergany.
FARGET ou FERGEï {Pierre), traducteur
français , vivait à Lyon , vers la fin du quinzième
siècle. 11 était religieux de l'ordre de Saint- Au-
gustin, et docteur en théologie. Sa vie est in-
connue, mais ses livres ont assez occupé les
bibliographes pour mériter une mention; ce
sont des ti'aductions du latin en français, ou
des révisions d'anciennes traductions; en voici
les titres : Le Nouveau Testament en fran-
çais, vu et corrigé par F.-F.-Julien Macho
et Pierre Ferget, de l'ordre des Augustins; à
Lyon (chez Bartolomieu Buyer), petit in-fol.
gothique ; cette édition, qui est très-rare, ne porte
point de dat« , et on ne sait à quelle année la
rapporter. La date 1477, indiquée parle P. Leloug,
parait assez vraisemblable ; — Fleurs et Ma-
nières des temps passés et des faits merveil-
leux , etc. ; Paris, 1478, in-fol. : c'est une tra-
duction du Fasciculus Temporum, composé par
Werner Rolewinck , chartreux de Cologne ; —
Miroir de la Vie humaine; Strasbourg, 1482,
pet. in-fol. , traduction française du Spéculum
Vitœ humanse , de Roderic, évêque de Zamora ;
— Procès fait et démené entre Bélial, pro-
cureur d'enfer , et Jhesus, fils de la vierge
Marie et rédempteur de nature humaine,
translaté du latin en commun langage, par
vénérable et discrète personne frère Pierre
Farget, de l'ordre des Augustins ; Lyon, 1482,
in-fol. Cette traduction d'un ouvrage de Jacques
de Teramo a été -souvent réimprimée, avec
quelques modifications dans le titre ; — Le Pro-
priétaire des choses, lequel traicte m.oult
amplement de plusieurs nobles matières;
Lyon, 1485, in-fol. C'est une traduction de Jean
Corbichon, chapelain de Charles V ; Farget n'a
fait que la revoir.
La Croix du Maine et Du Verdier, Bibliothèques fran-
çaises, t. II (édit. de Rigoley de Juvlgny ). — Prosper
Marchand, Dictionnaire historique.
* FARGIS (Madeleine, dame du), née vers
la fin du seizième siècle ou le commencement du
dix-septième, morte à Louvain, en septembre
1639. Elle était fille d'Antoine de Silly , comte de
La Rochepot, gouverneur d'Anjou, et de Marie de
107
FARGIS — FARIA
108
Lannoy. De bonne heure elle eut des galanteries
avec le duc de Rouanez, puis avec de Créquy ,
ensuite avec le comte de Cramail, enfin avec
Beringhen, premier écuyer. « Elle était , dit Tal-
lernant, marquée de petite vérole, mais fort
agréable, vive , pleine d'esprit et la plus galante
personne du monde. » A la suite d'un scandale
causé par sa légèreté à Amiens, elle se retira
aux carmélites du faubourg Saint-Jacques , où
elle vécut trois ans sans faire de vœux , ce qui
lui permit, lorsqu'elle hérita de son père , de ren-
trer dans le monde. DuFargisd'Angennes, cousin
germain du marquis de Rambouillet, homme de
cœur, d'esprit et de savoir, dit encore Talle-
mant, mais d'une légèreté étrange , l'épousa, et
l'emmena en Espagne, où il allait comme ambas-
sadeur. A son retour, elle fut faite dame d'atours
de la l'eine mère Marie de Médicis; c'est alors
qu'elle se livra «outre Richelieu à toutes sortes
d'intrigues, détaillés dans le Journal du cardinal.
Elle suivit la reine dans son exil ; aussi l'arrêt
de la chambre de justice de l'Arsenal , qui la
condamnait à mort, ne put être exécuté que sur
son effigie ( 1631 ) : la découverte de lettres en
chiffres, qu'elle écrivait au comte de Cramail,
avait motivé sa condamnation. — Elle eut deux
enfants , un fils, qui mourut de ses blessures au
siège d'Arras (1640), et une fille, religieuse à
Port-Royal, morte en 1691. ^ Livet.
Tallemant des Réaux, Hist., édit. in-18, II, 237. — Ré-
pert. des Femmes célèbres. — Journal de monsieur le
card. duc de Richelieu, qu'il a fait durant le grand
orage de la cour, es années 1630 jusqîtes en 1644;
MDCXLlx, in-18, passim. — Aubeiy, Hist. du Card. de
Richelieu, in-(ol., p. 136, 133, 141. On trouve des copies
des lettres chiffrées : 1^ à la Bibl. Mazar., n" 9784, ms. ;
2° à la Bibi. de l'Arsenal, dans la collect. gr. in-fol. de
Gonrart, XI, 36S. Elles ont été imprimées : l" dans le
Journal du Card., déjà cite, p. 93 et saiT.; a° dans
l'Hist. du Card. de Rich., par Leclerc, 1753, 6 vol. in-12,
FAUGCE. Vofjez La Fargue.
FAUGUES {Balthasar de), gentilhomme
français, pendu le 27 mars 1665. Il suivit d'a-
bord la carrière des armes , passa ensuite dans
l'administration des subsistances militaires, et
devint major du régiment de Bellebrune. Il prit
parti pour la Fronde, s'empara de Hesdin, et s'y
défendit à la fois contre les Espagnols et contre
le roi de France. Le prince de Condé fit com-
prendre de Fargues dans la paix des Pyrénées.
<c On sait, dit Le Bas, que Louis XIV pendant
toute sa vie poursuivit avec acharnement les
auteurs et les souvenirs de la Fronde. En voici
un odieux exemple, raconté par Saint-Simon
(t. rv, p. 418) : « A une chasse du roi, en
1665, plusieurs seigneurs s'égarèrent et trouvè-
rent asile dans une maison près de Dourdan,
chez un gentilhomme appelé Fargues , qui avait
figuré dans la Fronde, et qui vivait obscurément
dans ses domaines. A leur retour, ces seigneurs
racontèrent leur aventure, en vantant l'iiospita-
lité qu'ils avaient reçue. Le roi leur demanda le
nom de leur hôte, et dès qu'il l'eut appris :
~ « Comment, Fargues est-il si près d'ici ? « —
Puis il manda le premier président Lamoiguon,
et le chargea d'éplucher la vie de ce gentilhomme,
en lui montrant « un extrême désir qu'il pût
trouver le moyen de le faire pendre ». Fargues
fut recherché pour cause d'anciennes déprédations
dans les vivres, et malgré l'amnistie il fut jugé
souverainement et sans appel par une commis-
sion composée des juges du présidial, qui le con-
damna à mort et le fit pendre le 27 mars 1665.
L'arrêt de Fargues portait qu'il avait été con-
damné pour « péculat, larcins, faussetés, abus,
et malversations commises à la fourniture du
pain à la garnison de Hesdin et autres troupes «.
Ses biens furent en partie confisqués (1) : le roi
les donna au président Lamoignon , dont la terre
(Bâville) était voisine de la terre de Courson,
appartenant à Fargues, » A. de L.
De La Place, Pièces intci-essantes et peu connues pour
servir à l'histoire. — Leinonley, Essai sur l'établisse-
Tnent monarchique de Louis XI f^, p. 198. — Le Bas,
Dlct. hist. de la France.
FARGUES (Comte de). Voyez Méallet.
FARIA {Antonio de), aventurier portugais,
né vers 1505, mort vers 1550 (2). II se rendit
aux Indes en 1530, auprès d'un parent qui était
alors gouverneur de Malacca. Dès les premiers
temps de son arrivée, il équipa un petit bâtiment,
qu'il arma en corsaire, et sur lequel montèrent
avec lui dix-huit Portugais ; aussitôt il se dirigea
vers le royaume de Siam ; quatorze de ses hommes
furent tués près de la rivière de Lugor ; il se sauva
à la nage avec ses quatre compagnons, et fut se-
couru par une Indienne. De là il gagna Patane :
il savait que le corsaire qui l'avait attaqué s'était
acquis une grande réputation sous le nom de
Caza-Azem ; après mainte aventure, Faria le joi-
gnit, et le tua de sa propre main. Il fut riche
alors, et put armer une flottille de jonques. Une
de ses embarcations s'étant perdue et l'équipage
en ayant été fait prisonnier par les Chinois de la
ville de Nonday , Faria, avec trois cents hommes,
s'empara de la ville, délivra ses compagnons, et
réduisit les maisons en cendre. Il alla s'établir
ensuite à Liampo. Dans cette résidence portu-
gaise le gouvernement le (;ombla d'honneurs; et
il est bien étrange, nous l'avouerons, que ses
hauts faits n'aient ici pour historien que Mendez
Pinto. De Liampo, Faria partit pour aller piller
les tombeaux des souverains delà Chine, qui
s'élevaient dans l'île de Calempbuy; il opéra sa
descente avec audace, s'empara de quelques
richesses , mais fut obligé de fuir devant cinq
mille Chinois, qu'un ermite gardien des dix-sept
tombeaux impériaux était parvenu à réumr. A
(1) Ses ennemis les évaluaient à quatre raillions.
(2i Malgré la prétendue célébrité qui est accordée à
ce personnage, nous avouerons que nous avons cherché
vainement son nom dans les Décades circonstanciées de
Barros et de Couto, et que toute sa réputaUon lui vient
de l'amusant Mendez Pinto, qui peut bien avoir person-
nifié en lai le génie aventureux de quelques-uns de ses
contemporains. On sait répitliétc que Shakspeare ajoute
au nom de Pinto ; nous ne aérons pas tout à fait aussi
rigoureux, mais nous renverrons pour les détails au fa-
meux voyageur.
109
la suite de cette expédition , il gagna la mer eu
toute bâte ; mais une tempête s'éleva , et il fut
jeté sur des écueils, où il périt avec ses compa-
gnons.
Cûuto parle d'un Anfdo Faria , qui était né
à Porto , et qui vint à Mangalor avec le vice-
roi D. Antonio de Noronha. Ce personnage pé-
rit en 1568, dans une circonstance où il fit preuve
de valeur ; mais il n'a qu'une ressenublance de
nom avec le héros de Mendez.
Le même historien signale les exploits d'un
Pero T)E Far! V qui commandait un galion sur les
côtes de Malabar, à l'époque où Lopo Vas de
Sampayo était gouverneur des Indes , et dont la
carrière brillante commença par le blocus du
fleuve de Bacanor ; il fut plus tard capitâo-môr
de Malacca, puis il continua à servir dans les
mers de l'Inde, et reçut successivement les am-
bassades des rois d'Arou et d'Achem , avant de
retourner à Cananor, où finit sa carrière.
Faru {Martinho Lopez) vient ensuite; il se
rendit dans le Sinde en 1556, et il accompagna,
en qualité de capitaine de navire, Pero Barreto
Rolim , lorsque celui-ci se rendit comme ambas-
sadeur auprès du roi du Sinde. Ayant été com-
mis à la garde des côtes pendant que les Abys-
sins ravageaient Damâo , S. Gens et Tarapor, il
fut tué dans ce dernier lieu après avoir fait acte
de valeur.
Il y eut encoi-e un Fauia {Francisco de) qui
périt à la bataille de Baharem. F. Denis.
Fernando Mendez Pinto , J'erif/rinaçûo em Que da
Conta de muitas, e muito estranlias causas que vio o
ouvio no Rcino da China, no da Tartaria.no de Sorn.au
Que vulgarmonte se chaîna Siam , etc.; Lisbonne ,.1614,
Infol. — Diego de Couto, Decadas.
FARiA ( Manoel Severim de), historien bio-
graphe portugais, né à Lisbonne, dans la deuxième
moitié du seizième siècle , mort le 23 septembre
1655. 11 était dignitaire de l'église d'Evora. Il
rassembla avee un zèle infatigable la plupart
des manuscrits déposés depuis dans les archives
pu à la Bibliothèque royale de Lisbonne. A sa
magnifique collection de livres précieux il joignit
un musée digne d'une tête couronnée. La con-
sidération qu'il s'était acquise le fit choisir pour
remplir les fonctions de doyen du chapitre par
Marguerite de Savoie, duchesse de Mantoue,
lorsqu'elle passa à Evora, le 18 décembre 1634,
sie rendant à Lisbonne , où elle allait jjrendre le
gouvernement du Portugal. Ce fut l'incident le
plus important de sa paisible existence. Lorsqu'il
:ic sentit chargé d'années, il résigna ses béné-
fices à son neveu, Manoel de Faria-Severim. A
i'cpoque où il cessa d'être chantre de l'église
«ri'jvora (1642), le Portugal avait recouvré son
indépendance; il employa une partie de sa for-
tune à accroître les moyens de défense de la ville
oii il résidait; i! contribua aussi à la ibndation
(lu collège des orphelins de cette cité littéraire.
Comme écrivain, Severim de Faria compte chez
ies Portugais parmi les classiques , mais il a peu
produit. Son ouvrage le plus utile et te plus re-
FARIA lie
cherché porte le titre suivant : Noticias de
Portugal, of/erecidas a Elrey D. Joào IV,
declaram se as grandes commodidades que
tem para crescer em gente, industria, com-
mcrcio, riquezas , e forças militares por
mar e terra , as origens de todos os appelli-
dos , e armas das familias nobres do Rein&g
as moedas que correram n'estes pi-ovincias
do tempo dos Romanos até o présente e se
referem varios elogios de principes e varoes
illustres Portuguezes; Lisbonne, 1655, petit
in-fol. D. Jozé Barbosa a donné une nouvelle
édition de ce livre avec des additions en 1740, pe-
tit in-fol.; enfin, il y en a une troisième, Lisbonne ,
1791, 2 tomes, in-8°. Ce curieux traité avait été
précédé par les deux ouvrages suivants : Dis-
cursos varios; Vidas de Joûo de Barros ,
Diego de Couto et Luiz de Camôes ; Evora ,
1024, in-4°; Lisbonne, 1791, in-S", et 1805,
in-8°. Ce volume est précieux, surtout dans
sa première édition , en raison des portraits dont
on l'a orné ; — Relaçào tmiversal do que suc-
cedeo em Portugal , e mais provincias do
occidente e oriente de mars 625 até todo se-
tembro de 626 : contem militas particulari-
dades e curlosidades ; Lisbonne, 1 626. Cet opus-
cule rarissime n'est point paginé ; — Discurso
sobre a origem e grande antiguedade das
vestes que usa por kabito ecclesiastico o clero
de Portugal. E o quinto dos seus discursos
vnrios; Evora, 1624, in-4°. Ce dernier volume,
à peu près inconnu en France , a eu deux autres
éditions : l'une en 1791, in-8°; l'autre sortie des
presses dérimpriraerie royale de Lisbonne, 1805,
même format. On trouve dans Barbosa Machado
le catalogue des ouvrages manuscrits laissés par
Severim de Faria. Ferd. Denis.
Barbosa Machado, Ilibliotltcra Lusitana. — Joâo-Bap-
tista de Castro, Mapa do Porpj.gal. — César de Flga-
niérc, liiblinthcca historica.
FARIA (Don F.-ThoméT)E), humaniste portu-
gais, né à Lisbonne, vers 1558, mort le 23 oc-
tobre 1628. Il se fit carmehte, devint coadjuteur
de l'archevêque de Lisbonne , et fut appelé à l'é-
piscopatde Targa le 2-aGiU 1616. On a de lui :
Lusiadum Lïbrï decem, authore domino fratre
Tlioma de Faria, episcopo Targensi , regioque
consiliario, ordinis Virginis Maria; de Monte-
Carmeli, doctore theologo Vlyssiponcnsi ;
Lisbonne, 1622, in-8°. Faria y Souza prétend que
l'évèque de Targa acquit plus d'honneur par son
admiration pour \q^ lAisiades , qu'il n'en fit à
Camoens par sa latinité. On l'a néanmoins réim-
primé , dans la grande collection donnée à Lis-
bonne, en 174 5, sous le titre suivant : Corptis Poe-
tariim Lusitanorum qui latine scripserunt ,
nunc primiim in lucem editum ab Antonio
dos Reys, congregationis Oratorii, S. P/ulippi
I^erii Lisbonensis presbytero, regio hislorico
latino Portugallix et regix Academix censore,
Joanni V, Lusitanorum régi consecratum,
nonnullisque poetarum vitis auctxim ab Em-
ill FARIA y
manuele Monteiro, ejusdem congregationis
presbytero regiœque Academise socio; Lis-
bonne , 7 vol. in-4°. Cette vaste collection, à la-
quelle il faut ajouter un huitième volume, pres-
que introuvable en France, existe à la biblio-
thèque de la ville de Paris, et la traduction du
poëme de Camoens est contenue dans le 5® vol.
sous ce titre : B. Fr. Thomse de Faria, Tar-
gensis episcopi, Lusiadse lib. X, cum annota-
tionibus. Le même tome renferme Ylgnitiados
d'Ant. Figueira-Duram ; Laurus Parnass. et
Templum eeternitatis. Ferd. Denis.
Emmanuel Monteiro, P'ita, etc. — Barbosa Machado,
Bibliotheca Lusitana. — L'abbé Coupé, Les Soirées lit-
téraires. — Adanason, Memoirs of tke Life and fTri-
tings of Camoens; 1820, 2 vol. In-S", fig.
FARIA Y souzA (Manoel de), célèbre his-
torien portugais, né à Porabeiro (1) en 1590, mort
en 1649. Il fit ses études dans un couvent dont
uii membre de sa famille était le prieur. Il se
maria à l'âge de vingt-quatre ans, avec une
femme d'un esprit élevé et d'une rare énergie.
Faria y Souza aimait à raconter une circonstance
de son premier voyage hors du Portugal. Fixé
d'abord à Madrid, il avait reçu en 1630 une mis-
sion diplomatique du gouvernement pour Rome et
était allé s'embarquer dans un des ports de la Pé-
ninsule; une tempête terrible l'attendait dans le
golfe du Lion. On voulait faire descendre dans
l'entre-pont les passagères, parce que l'on redou-
tait leurs clameurs et l'expression de leur ef-
froi sur l'esprit de l'équipage. « Ai-je crié ? dit en
souriant dona Catharina Machado, la femme
du poète ; laissez-moi voir au moins de quelle
couleur est le visage de la mort. «
La légation près du saint-siége n'exigeait pas
à cette époque une très-grande activité; le diplo-
mate vécut à Rome comme il avait vécu à Lis-
bonne et à Madrid , se vouant complètement à la
retraite , et employant son temps à la culture de
la poésie espagnole , ou à de vastes recherches
historiques sur son pays. C'est à Rome que
furent commencés la plupart de ses grands
ouvrages historiques , et l'on sera plus surpris
de leur variété et de leur nombre en ayant
présent à la pensée que" chacun de ces épais
volumes fut recopié par leur auteur jusqu'à six
fois. C'est que Faria était essentiellement ar-
liste en même temps qu'un annaliste laborieux ;
le grand mal fut qu'il ne sut pas se modérer et
qu'il appartint à une époque où le goût était
faussé. Son séjour à Rome fut de quatre ans
environ, et il revint à Madrid en 1634. Une sur-
dité, qu'il avait contractée dès 1628, ne fit que
(1) U règne une certaine Incertitude sur le lieu précis
de sa naissance. Selon Barbosa, il serait né dans la
Quinta do Sonto, et il aurait été baptisé seulement dans
la paroisse de Santa-Maria de Pombeiro , antique mo-
nastère des Bénédictins, entre Guimaracnset Amarantbe.
C'était, dans tous les cas, le lieu d'habitation de sa fa-
mille. Son père s'appelait Amador Ferez de Erro, sa
mère était héritière de 'l'ancienne maison de Faria, et por-
tait dans ses armes la fleur de lys. Notre historien prit
le nom de sa mère , quoique son père tât bon gentil-
bomme.
SOUZA
1Î2
s'accroître; il s'occupa fort peu d'affaires diplo-
matiques , et se livra plus que jamais à ses in-
vestigations littérah-es. Cependant, il parait qu'il
prit une part assez active à la conspiration qui
mit le duc de Bragance sur le trône de Portugal ;
im de ses biographes affirme même qu'il alla
baiser secrètement la main du prétendant bien
avant que la révolution eût éclaté, et que, fer-
vent admirateur de la gloire portugaise , quoi-
qu'il ait écrit la plupart de ses ouvrages en cas-
tillan , il eut une joie profonde à la nouvelle de
l'événement qui reconstituait l'indépendance de
son pays. Il y avait douze ans environ, à cette
époque , que Faria y Souza avait publié sa pre-
mière histoire générale sous le titpe dUEpitome
de las Historias Portuguezas,MdiAx\à, 1628,
2 part. in-4° ; et ce livre avait eu un succès assez
éclatant pour faire prévoir qu'il serait bientôt
réimprimé à Lisbonne ou dans les Pays-Bas (1).
Néanmoins, il n'avait pas enrichi son auteur, peu
courtisan, comme on l'a vu , et chargéd'ailleurs
d'une nombreuse famille, lorsqu'un ouvrage
d'une tout autre nature , et auquel il travaillait
depuis près de vingt-cinq ans avec une passion
réelle, vint aggraver sa situation ; ce fut son vaste
commentaire aux poésies de Camoens, qu'il
commença à publier en Espagne sous ce titre :
As Lusiadas de Luis de Camôes, principe de
los poetas de Espana. Al rey N. senor Fe-
lipe quarto el Grande, commentadas par Ma-
nuel de Faria y Souza, cavallero de la orden de
Christo, i de la Casa real. Contienen la mas
de principal de la hisforia i geografia del
mundo, i singularmente de Espana , mucha
politica excelente i eatolica : variamoralidad,
i doctrina; aguda y entretenida, satira en
comun à los vicios : i de profession los lan-
ces de la poesia verdadera i grave : i su mas
alto i solido pensar ; todo sen salir de la idea
del poeta ; MAdriA, 1639,3 tomes en 2 vol. in-fol.
Malgré le surnom de Grand donné à Philippe IV,
en dépit des réserves faites par l'historien com^
mentateur, dans ce long titre, qui est comme un
exposé de ses principes , ce livre valut à son
auteur les honneurs de la persécution.
Ceux qui se sont familiarisés avec les vieilles
éditions publiées dans la Péninsule ont remar-
qué certaines protestations placées en tête des
ouvrages de pure littérature les moins faits pour
inquiéter l'autorité ; il y est dit en termes exprès
que toute allusion aux dieux de l'antiquité et au
culte dont ils furent jadis l'objet doit être con-
sidérée comme étant absolument étrangère aux
(1) Il le fut en effet, avec ses compléments, sous des"
titres qui diffèrent d'une manière assez essentielle pour
que nous les reproduisions ici : Epitome de las Histo-
rias Portuguezas, dividido en quatropartes ; Bruxelles,
1677, in-fol., portr. — Historia del Reyno de Portugal,
dividida en cinco partes , que contienen en compendio,
stis poblaciones , las entradas de las naciones septen-
trionales en el reyno, su deseripcion antigua y mo-
derna, las vidas y. las hazafias de sus rey es , con sus
retratos, susconquistas, etc.,-nae\a edicion; Bruxelles,
1730, in-fo(.
113
FARIA
croyances de l'écrivain. L'esprit qui a dicté cette
déclaration , tout au moins bizarre , fut précisé-
ment celui qui excita à la persécution dont le
malheureux commentateur devint la victime. Il
avait trouvé dans les Lusiades l'alliance d'un
merveilleux puisé aux sources antiques , et ser-
vant de base à une épopée chrétienne ; son ima-
gination, par trop subtile, avait cru voir dans
cette fusion des deux cultes quelque chose
qui, bien loin d'infirmer la sincérité des croyances
catholiques de Camoens, honorait son esprit reli-
gieux. Selon lui, d'ailleurs, l'intervention de
certaines divinités païennes ne se produisait là
que pour mettre en relief des vertus révérées
par l'Église. Ce fut surtout ce qui éveilla les
susceptibilités de l'inquisition. Rien dans la con-
duite de Faria ne motivait le soupçon d'incrédu-
lité : il était sincèrement attaché aux dogmes
catholiques, comme on l'était en ce temps dans la
Péninsule. Le saint-office lui prêta d'autres sen-
timents. Sa liberté fut un moment compromise ;
mais il n'est pas juste de dire, comme l'affirme
Costa e Sylva , qu'il fut mis en prison en raison
de son séjour à Rome , et pour crime d^incon-
fidencia ou de trahison. En dernier lieu, la
chose fut traitée à Madrid comme étant de
faible conséquence, et les gens d'esprit en rirent ;
il n'en fut pas de même à Lisbonne, où le saint-
office fulmina de nouveau contre ce livre aussitôt
que l'auteur fut sorti de prison. L'un de ses
biographes pense même que ce fut la cause de
l'espèce d'exil volontaire auquel il se condamna
et qui le fit demeurer à Madrid. Celui qui avait
fait cesser sa détention, le secrétaire d'État
D. Jeronymo de Villanova , lui avait annoncé ,
en le mettant en liberté , que le roi d'Espagne
comptait de nouveau utiliser ses talents et lui
accordait une pension. Nous ne voyons pas qu'il
ait été mêlé aux affaires ; mais il se vit privé
dans les derniers temps du traitement qui lui
avait été accordé , et il paraît avoir vécu dans
la gêne jusqu'à la fin de ses jours, qu'il passa
dans une retraite studieuse, veillant à l'éduca-
tion de ses enfants ou à l'établissement de quel-
ques-uns d'entre eux,. Sur six, il n'y en eut que
trois qui survécurent , et ses deux filles se firent
religieuses.
Nous ignorons si , comme on l'affirme , il s'était
condamné à écrire chaque jour douze longues
pages in-folio ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il
entassa voliune sur volume , souvent au profit
de l'histoire contemporaine , mais aussi parfois
au détriment de sa réputation comme écrivain.
Cette persévérance dans un travail qui n'ad-
mettait aucune distraction finit par compro-
mettre gravement sa santé; les dernières années
de sa vie furent marquées par des infirmités
cruelles: il souffrit à la fois de la pierre et d'une
rétention d'urine. Ces deux maladies l'enlevèrent,
dans sa retraite de Madrid, à l'âge de cinquante-
neuf ans. H avait ojjposë le courage le plus ré-
signé aux douleurs atroces qui le tourmentaient;
Y SOUZA 114
il mourut en fervent catholique. Il fallut obtenir
une permission, qu'on accordait rarement alors,
pour faire l'autopsie de son corps , et l'on ne
trouva pas moins de cent-cinquante calculs, que
les chirurgiens n'avaient pas su extraire. On
l'enterra à Madrid, dans le couvent des Prémon-
trés, où il fut conduit en grande pompe, et l'on
grava sur sa tombe cette épitaphe en pur cas-
tillan : Aqui yace Manuel de Faria y Souza ,
caballero de la orden de Christo y hidalgo
delà Casareal, moriô as y/ue sepultado
di de junio de 1649. Cette inscription est
transcrite d'une manière peu exacte par Barbosa
Machado. L'épouse de Faria' ne laissa pas
les ossements de son mari en terre étrangère :
elle les fit transporter au bout de vingt ans dans
l'église de Santa-Maria de Pombeiro. Sur une
tombe voisine de la sacristie on lit encore : In-
clitus hic jacet, cum uxore sua sepultus,
scriptorillelusit. Emmanuelde Faria e Souza,
die 6 septembris 1669.
Faria y Souza ne demandait que huit ans pour
achever la loui-de tâche qu'il s'était imposée ; le
programme qu'il s'était tracé ne fut pas accompli.
La bibliographie de son œuvre embrasse cepen-
dant un ensemble de volumes qu'on ne peut
parcourir sans surprise : il s'était proposé d'é-
crire l'histoire de son pays non-seulement en
Europe, mais dans toutes les régions où le Por-
tugal avait poi'té ses armes ; malheureusement
celui de ces traités historiques dont on pour-
rait tirer aujourd'hui le secours le plus effi-
cace nous fait complètement défaut. L' America
Portugiieza fut, dit-on, achevée par l'histo-
rien , mais ne put pas être imprimée. Voici
l'ordre dans lequel se présentent ces dernières
publications, imprimées longtemps après la mort
de l'auteur : Europa Portugiieza ; Lisbonne,
1667, 3 vol. petit in-fol.; réimprimés avec des
améliorations en 1678. Le S** vol. va jusqu'à Phi-
lippe IV; — Asia Portugueza; Lisbonne,
1666, 1G74 et 1675, 3 vol. petit in-fol., fig.;
— Africa Portugueza; Lisbonne, 1681, petit
in-fol. Ces divers ouvrages furent édités sous
la direction du capitaine Faria y Souza.
Parmi les ouvrages en prose de Faria on re-
marque : Imperio de China, i cultura evange-
lica en él,por los religiosos de la Compania de
Jésus, compuestopor elP. Alvarado Semmedo
i Manuel de Faria y Souza : Madrid , 1642, petit
in-4° ). C'est un des premiers écrits véridiques
donnés sur la Chine. Le père Semmedo, qui
avait fait un long séjour dans le Céleste Em-
pire, emprunta pour le publier la plume de l'au-
teur fécond auquel on a dû l'Asie portugaise.
Ce livre a été traduit en italien et en français.
Comme traducteur, on lui doit encore un recueil
généalogique des plus importants. C'est le livre
du comte de Barcellos ; il le publia sous ce titre :
Nobiliario de D. Pedro de Burcelos, hijo del
rey D. Dionis de Portugal, tradazido, casti-
gado y con nuevas ilustraciones de varias
115
FARIA Y SOUZA — FARIN
IIG
notas por Manuel de Farta y Souza ; Madrid, !
1646, petit in-fol. • i
Faria y Souza occupe un certain rang parmi les
poêles espagnols et les poètes portugais ; mais il
appartient à l'école de Gongora, et ici encore sa
fécondité est vraiment déplorable. Que dire d'un
auteur qui a laissé plus de six cents sonnets,
écrits dans un style souvent incorrect et pi'es-
que toujours prétentieux? Quelle analyse peut-on
présenter d'une multitude d'églogues qui ap-
paraissent, dans le recueil où elles sont réunies
( à part les premières ), sous ces titres bizarres :
Eclogas amorosas , Eclogas maritimas, Eclo-
gas venatorias , Eclogas genealogicas , cri-
ticas, monasticas , eremeticas , justificato-
rias, arbitrarias , phantasticas e rusticas?
Lope de Vega a décerné à Faria y Souza le titre
de prince des critiques. A la lecture de titres pa-
reils , on est tenté de se demander si le fameux
dramatique espagnol avait lu tous les écrits de
son contemporain. Ce qui excuse ici l'historien
et l'habile commentateur, c'est que la plupart de
ses poésies furent composées au début de sa car-
rière ; il voulait, comme il le dit lui-même, dé-
guiser quelques faits réels sous une forme poétique
très-acceptée de son temps. La plupart de ces
vers furent rassemblés dans ces deux recueils ,
pour ainsi dire introuvables aujourd'hui : Las
JSoches claras et La Fuenie de Aganipe, 4 vol.
petit in-4°; le 4'' vol.de ce dernier ouvrage, que
l'on ne possède pas même complet à la Biblio-
thèque royale de Lisbonne , renferme un choix
des Églogues ; il y en a douze écrites en portu-
gais, huit autres sont en espagnol. Pour justifier
le succès qu'eut au début du dix-septième siècle
La Fuenie de Aganipe, nous dirons qu'il y a de
la vivacité , un coloris poétique très-réel et sou-
vent une grande richesse d'expressions.
Portugais par la naissance et par ses sympa-
thies, Faria y Souza doit être rangé néanmoins
parmi les écrivains espagnols, et l'un de ses bio-
graphes modernes a fait remarquer, avec raison,
qu'il écrivait d'une façon parfois incorrecte dans
sa propre langue; il a de l'éclat, de l'élégance,
mais il rencontre rarement la juste propriété
des expressions. Le comte d'Ericeira fait re-
marquer qu'en dépit de l'analogie qui existe
entre les deux idiomes, il est bien rare qu'un
écrivain initié aux secrets des deux langues
puisse se servir de l'une et de l'autre avec la
même supériorité. Malgré l'habileté qu'on re-
marque chez Faria y Souza, lorsqu'il fait usage
de l'idiome maternel , cette proposition générale
peut trouver ici son application : le pur cas-
tillan est évidemment son instrument de pré-
dilection. Par le cœur il était resté Portugais :
les circonstances dans lesquelles se trouva son
pays durant la première moitié du dix-septième
siècle l'empêchèrent seules d'écrire tous ses
ouvrages en prose dans la langue du poète pour
lequel il avait conservé une sorte de passion ; il
en est résulté que son nom a disparu pour ainsi
dire de l'histoire littéraire du Portugal, sans que
l'on puisse lui assigner l'un des premiers rangs
parmi les Espagnols.
Ferdinand Denis.
D. Frnncisco Moreno Porcel, Rétracta de Manoel de
Faria e Souza. — Nicolas Antonio, Bibl. Hisp., t. I
p. 266. — l,eo Allatius, in Jpibvs urbanis. — Darbosa
Riachado, Uibt. Liisit. — La Clède, Hist. de Portugal. —
John kdiimmnjMsilamailUtstratu; sélection of sonnets;
New-Castle-upon-Tyne, 1842, petit in-S". — Joze-Marla
cla Costa c Sylva, Ensaio biorjraftco-critico sobre os
melliorcs Poetas Portuguezes ; Lisbonne, 8 vol. ln-8°.
* FAaîA ( L'abbé Joseph Custodi de ), ma-
gnétiseur, d'origine portugaise, né à Goa ( Indes
orientales), vers 1755, mort à Paris, le 20 sep-
tembre 1819 (1). La vie de ce personnage fut à
peu près celle d'un aventurier. Fils d'un nègre
idolâtre , il fut amené dès sa jeunesse à Lisbonne
pour y être instruit des vérités de la religion
catholique, et reçut la prêtrise à Rome quelque
temps après. Lorsque la révolution éclata , il vint
en France, et prit une part active aux événe-
ments d'alors ; le 1 3 vendémiaire il marcha contre
la Convention à la tête d'un corps d'insurgés. Il
quitta plus tard la capitale pour allei- professer
la philosophie dans différents lycées de province,
à Marseille, à Nîmes , etc. Enfin, de retour à
Paris , il ne tarda pas à se faire une certaine ré-
putation comme magnétiseur. Son physique ré-
pondait parfaitement an rôle d'illuminé, qu'il af-
fectait. On alla jusqu'à le mettre sur la scène
dtms la Blagnétismomanie, vaudeville joué aux
Variétés. Il mourut d'une attaque d'apoplexie
foudroyante. Dans ces dernières années, l'abbé
Faria a été remis à l'ordre du jour par Chateau-
briand, qui lui fait jouer un rôle bizarre dans
un passage de ses Mémoires d' Outre-tombe,
et par Alexandre Dumas dans son roman de
Monte-Christo. L'ouvrage suivant a été publié
après sa mort : De la Cause du Sommeil lucide,
ou éhide de la nature de V homme, par l'abbé
Faria, bramine, docteur en théologie, 1819,
in-8° , dédié au marquis de Chastenet-Puységur.
C'est un premier volume ; le second et le troisième
sont restés manuscrits. Louis Lacouk.
Moniteur des i" et 5 octobre 1819. — Hénin de CuvH-
1ers, Archives dti Ma'jnétisme animal, t. !«'', mai 1820,
p. 134.— F.-B. Hoffman, OEuvres complètes , 1828, in-8",
t. IV, p. 384. — Burdin et Dubois, Hist. ucad. dn ma-
gnétisme ; in-S", 1841. — //Orrire, journal, 3 décembre
1851.— Kabbe, Siog. des Contem,porains.
FARIN (Nicolas-François), historien fran-
çais, né à Rouen, dans les premières années du
dix-septième siècle, mort en cette ville, en 1675.
La vie de Farin fut des plus simples; elle s'é-
coula tout entière en Normandie, à Notre-Dame-
de-Val ; et ce fut là que Farin, qui avait obtenu le
privilège de ce prieuré, se hvra à son goût pour
les recherches historiques et composa son His-
toire de la ville de Rouen, 3 vol-in-12 ; Rouen,
1 668. Pleine de faits nouveaux, clairement ex-
posés, cet ouvrage a été plusieurs fois édité, mal-
heureusement avec des changements assez peu
(1) Date vérifiée sur les registres de décès du 2« arron-
dissement de Paris.
n7
iutelligents ; Rouen, 1706, 3 vol. in-12, et 1721,
2 vol. in-4°. Ou doit encore à Farin : La Nor-
mandie chrétienne ; Rouen, 1669, in-4''.
Hector Malot.
Gullbert, Mémoires biog, et litt. sur les hommes qui
se sont fait remarquer dans la SeinC' Inférieure ;
Paris, 1812.
* FARINA (Fabrizio), sculpteur toscan, tlo-
rissait à la fin du seizième siècle. Il se rendit fa-
meux par son habileté et sa patience à sculpter le
porphyre. Baldinucci cite de lui un buste du grand-
duc François I^'',quidepuis a disparu et a été rem-
placé dans le vestibule de la galerie publique par
un autre buste, également de porphyre , sculpté
par Tadda. Farina prit part aussi aux grands
travaux de porphyre et autres pierres dures exé-
cutés pour la chapelle des Médicis à Saint-Lau-
rent. E. B— N.
Baldinucci, JYotizie. — Cicognara, Storia délia Scvl-
twa. — Ticezzi, Dizionario.
* FAKiNA (Frà Vbaldo), sculpteur bolonais,
travaillait à Bologne en 1716. Ce fut à cette
époque qu'il exécuta deux évangélistes en terre
cuite qui se voient à l'église de S.-Giovanni-in-
Monte.
M.-A. Gualandl, Tre Giorni in Bolor/na.
* FARINA ( Pier-Francesco ), peintre de
l'école bolonaise , vivait dans la seconde moitié
du dix-septième siècle. Sous la direction des
deux frères Antonio et Giuseppe Roli , il devint
habile peintre d'ornements, et fut employé à ce
titre à la décoration du palais de Carlsruhe et
dans plusieurs églises de Bologne.
OrUndi, Abbecedario. — Malvasla , Pitture di Bolo-
gna. — Crespi, Felsina pittrice. — M.-A. Gualandi, Tre
Giorni in Bologna.
FARiNACci (Prosper), célèbre jurisconsulte
italien, né à Rome, le 30 octobre J544, mort le
30 octobre 1613. 11 étudia le droit à Padoue, et
devint avocat à Rome, où il eut le triste mé-
rite de plaider les causes les plus opposées.
Nommé ensuite procureur fiscal, il exerça cette
cliarge avec une rigueur d'autant plus surpre-
nante que souvent il se rendait lui-même cou-
pable des délits qu'il punissait chez les autres.
Accusé à son tour d'un crime trop commun en
ïtalie , il échappa à la vindicte des lois par l'in-
tercession du cardinal Salviati, qu'il amusait par
son esprit et qui sollicita pour lui l'indulgence
du pape Clément YllI. « Votre farine peut être
bonne , aurait dit à cette occasion le pontife en
jouant sur le nom du coupable ; mais le sac
qui la renfei'me est bien souillé. » Si comme
homme Farinacci était peu estimable, comme
jurisconsulte il eut une autorité qui dura jus-
qu'au dix-huitième siècle. 11 fut d'ailleurs infa-
tigable au travail, à tel point qu'on disait de lui
qu'il était de fer. Il rédigea ses traités avec une
judicieuee méthode , imitée depuis par plusieurs
jurisconsultes célèbres, et qui consistait dans l'ex-
posé des doctrines diverses ou contradictoires, à
la suite duciuel il émettait lui-même ses opinions.
Les principaux de ses traités sont : Consiiia et
FARIN — FARINELLI IIS
variée Decisiones ; — Praxis et Theoria crimi-
nalis ; — De Testibus; — De Immunitate
Ecclesise ;[^ Decisiones Rotse Romanx; —
Repertorium de coniractitius; — Repertoriiim
de ultimis voluntatïbus ; — Repertormm ju-
diciale ; — Varies Qusestiones ; — Decisiones
posthumee. Les Œuvres complètes de Farinacci
ont été publiées à Anvers, en 1620, et à Francfort,
1670, 1676, 13 vol. in-8°. V. R.
Glailini , Teatro d'Huomini letterati. — Tiraboschi ,
Storia delta Letterat. ItaL, VII, part. II, 132. — Toraa-
sini, Elog. ill. fir. — Jan.-Nic. Érytlirée, l'inac. —
Mandose , Bibl. Rom. — Crasso, Elog. d'HiCom. lettcr. —
OldoiD, Athen. Rom. — Simon, Bibl. fiist. des Auteurs
de Droit. — Talsand,£es F'ies des Jurisconsultes.
FARINATO {Paolo), peintre italien, né à Vé-
rone, en l525,mortdans la même ville, en 1606.
Après avoir fréquenté l'école de Giolfino, il se
rendit à Venise, et étudia sous Titien et le Gior-
gione. Pour le dessin il semble avoir imité sur-
tout Jules Romain. Ses tableaux manquent de
correction , mais ils ont de l'originalité. Son co-
loris est faible et terne. Farinato réussissait
mieux dans les fresques que dans les tableaux à
l'huile. Ses dessins et les modèles de cire qu'il
faisait pour ses personnages furent longtemps
recherchés.
Lanzi, Histoire de la Peinture en Italie.
* FARINATO ( Orazio), peintre et graveur de
l'école vénitienne, fils du précédent, né à Vé-
rone, vers 1560, mort après 1615. La plupart ùs,
auteurs prétendent qu'il mourut très-jeune ; mais
c'est évidemment une erreur, car on sait qu'il
grava d'après, son père un Passage de la mer
Rouge qui porte la date de 1585, et son meilleur
tableau, la Descente du Saint'Esprit, à l'église
Santo-Spirito de Vérone, est de 1615. Cette pein-
ture est une des plus belles qui existent dans la
ville, si l'on en excepte celles de Paolo Veronese ;
l'auteur y a placé son portrait, qui indique déjà
un homme d'un âge mur. E. B — n.
Lanzl, Storia dclla Pittura. — Ttccozzi, Dizionario
— Bennassuti , Guida di ferona. — Orelli, Memorie. —
Pozzo , nte de' Pittori Feronesi.
FARINATOR (Mathias), théologien allemand,
vivait dans la seconde moitié du quatorzième
siècle. On a de lui : Lumen fidelis animœ ;
au, 1 vol.; — De Exemplïs naturarum.
Fabricius, Bibl. med. et inf. j£t.
FARINELLI (C'fw^o Broschi, surnommc ), cé-
lèbre chanteur, né le 24 janvier 1705, à Naplcs
selon quelques biographes, et selon d'autres à
And ria, mourut à Bologne, le 15 juillet 1782. On
croit que le surnom de FarineUi lui vint de la
profession de meunier ou marchand de farine
que fjon père exerçait, ou plutôt du nom des
frères Farina, amateurs distingués de la ville
de Naples , qui furent les premiers protecteurs
du jeune virtuose. Farinelli subit tout jeune l'o-
pération de la castration, à laquelle il dut une des
plus belles voix de soprano qu'on ait jamais en-
tendues. Après avoir reçu de son père les pre-
mières leçons de musique , Farinelli entra dans
l'école de Porpora, dont il devint bientôt l'élève
119
FARINELLI
120
fie prédilection. En 1 722 il accompagna son maître
à Rome, et débuta dans l'opéra d'Homène, que
Porpora venait d'écrire pour le théâtre Aliberti
(le cette ville. Farinelli avait alors dix-sept ans ;
ses débuts furent couronnés du plus éclatant
succès. En 1724 il se rendit à Vienne, et l'année
suivante à Venise, où il chanta dans la Didone
de Métastase, mise en musique par Âlbinoni,
puis retourna à Naples, où il excita l'admiration
dans une sérénade dramatique de Hasse. Après
s'être fait entendre à Milan, en 1726, dans le
Giro de François Ciampi , il vint à Rome, où il
était impatiemment attendu. L'année suivante
il alla se mesurer à Bologne avec Bernacchi,
surnommé le roi des chanteurs, dont il reçut
d'utiles conseils. De 1728 à 1730, Farinelli fit
un second voyage à Vienne , et visita ensuite
plusieurs fois Venise, Rome, Naples, Plaisance
et Parme , luttant partout avec les plus célèbres
chanteurs du temps, tels que Gizzi, Nicolini,
la Faustina , la Cuzzoni , et les surpassijnt tous.
Jusquealors son talent avait été basé sur l'impro-
visation et l'exécution des difficultés; une cir-
constance vint lui faire modifier sa manière. En
1732 , il avait fait un troisième voyage à Vienne ;
il allait souvent à la cour, où l'empereur Char-
les VJ, qui était lui-même excellent musicien,
se plaisait quelquefois à accompagner le virtuose
sur le clavecin : « Farinelli , lui dit un soir ce
<c prince, ces gigantesques traits , ces longs et
« interminables passages, ces difficultés que
a vous exécutez si merveilleusement, excitent,
(c il est vrai, l'étonnement et l'admiration, mais
« ne touchent point le cœur ; il vous serait ce-
« pendant bien facile de faire naître l'émotion
« si vous vouliez être plus simple et plus ex-
« pressif. » Cette observation ne fut pas perdue
pour l'artiste, qui abandonna le style de bravoure,
que Bernacchi avait mis à la mode, et devint
bientôt le chanteur le plus pathétique, comme il
avait été le plus brillant.
Le retour de Farinelli en Italie fut signalé sur
les théâtres de Rome , de Ferrare , de Lucques
et de Turin par des triomphes qui mirent le
comble à la renonaraée du chanteur. En 1734
il se rendit à Londres, et débuta dans VArtaserce
de Hasse, qui fut représenté sur le théâtre de
Lincoln's-Inn-Fields, dont Porpora venait de
prendre la direction. Malheureusement pour
Hsendel, qui avait l'entreprise du théâtre de Hay-
Market , on ne voulut bientôt plus entendre que
Fai'inelli; c'était à qui lui ferait les plus ma-
gnifiques présents , et pendant chacune des trois
années qu'il resta en Angleterre son revenu ne
s'éleva pas à moins de 125,000 francs.
Vers la fin de 1736 , Farinelli partit pour l'Es-
pagne. En passant par la France , il produisit
une vive sensation à la cour de Louis XV. Peu
de temps après, il arrivait à Madrid, dans l'in-
tention de n'y faire qu'un court séjour, ayant
contracté un engagement avec la direction de
l'Opéra de Londres ; mais le sort en décida autre-
ment. A partir de ce moment commença la haute
' fortune dont Farinelli a joui pendant près de vingt-
cinq ans à la cour d'Espagne. En effet, après être
parvenu , par le prestige de son talent , à dis-
traire le roi Philippe V de la profonde mélanco-
lie dans laquelle il était tombé , il devint le favori
de ce prince, qui l'attacha à son service avec un
traitement annuel de 50,000 francs, sous la con-
dition de ne plus chanter en public. Farinelli
conserva cette position auprès de Ferdinand VI
lorsque celui-ci hérita de la couronne de son père,
comme il avait hérité de sa tristesse. Ayant re-
marqué l'effet que la musique produisait sur
l'esprit de ce roi , il lui persuada facilement d'é-
tablir un spectacle dans le palais de Buen-Retiro,
où il appela les plus habiles artistes de l'Italie;
il fut nommé directeur de ce théâtre. Ses fonc-
tions ne se bornaient pas là. Il avait été décoré
de l'ordre de Calatrava; son crédit à la cour était
immense ; toutes les grâces s'obtenaient par son
canal ; mais on doit dire à sa louange qu'il n'ac-
cordait ses faveurs qu'au mérite, et qu'elles ne
furent jamais l'objet d'une spéculation pécu-
niaire. On cite plusieurs traits qui font honneur
à son caractère et à sa générosité. On rapporte ,
entre autres, que, traversant un jour la salle des
gardes pour se rendre à l'appartement du roi ,
où il avait ses entrées à toute heure , il entendit
un officier dire à un de ses camai-ades : <c Les
honneurs pleuvent sur ce misérable histrion , et
moi je sers depuis trente ans sans récompense. »
En sortant de chez le roi, Farinelli alla droit à
l'officier, et s'adressant à lui : « Je viens de vous
entendre dire que vous serviez depuis trente ans,
mais vous avez eu tort d'ajouter que ce fût sans
récompense ; « et il lui remit un brevet qu'il ve-
nait d'obtenir pour lui. Outre la prépondérance
qu'il exerçait sur le roi et sur la reine, Fari-
nelli , doué de la prudence , de l'adresse et de
l'esprit de conduite qui caractérisent les hommes
de sa nation , était souvent employé dans les af-
faires politiques; il avait de fréquentes confé-
rences avec le ministre La Ensenada, et passait
pour l'agent des ministres des différentes cours
de l'Europe, qui avaient intérêt à ce que le traité
de famille proposé par la France au roi catho-
lique ne s'effectuât pas. Enfin, si Farinelli ne fut
point ministre en titre, il en eut au moins toute
l'influence. A l'avènement de Charles III au trône
d'Espagne (1759), le favori de Philippe et de Fer-
dinand tomba en disgrâce ; quelques années après
il reçut l'ordre de quitter le royaume , mais on
lui conserva son traitement, à la condition d'aller
s'établir à Bologne. Farinelli avait alors cinquante-
sept ans ; il fit bâtir dans les environs de Bologne un
palais, qu'il décora avec autant de goût que de
somptuosité : on y voyait une curieuse collection
d'instruments et une galerie de tableaux conte-
nant les portraits des princes qui avaient été ses
protecteurs. Farinelli passa le reste de ses jours
dans cette retraite ; depuis longtemps déjà il ne
chantait plus, mais il jouait quelouefois de la viole
121
FARINELLI — FARMER
V2:
d'amour, du clavecin, et composaitpour ces ins-
truments : il se plaisait surtout à parler de ses
honneurs passés. Il mourut à l'âge de soixante-
dix-sept ans et quelques mois.
Dieudonné Denne-Baron.
De Laborde , Essai sur la Musique. — Burney , J gê-
nerai History of Music. — Le P. Giovenale Sacchi, F'ita
del car. don Carlo Sroschi, detto Farinelli; Venezia,
1784. — Fétis , Biographie imiverselle des Musieiens. —
Choron et Fayolle , Dict. hist. des Musiciens.
FARINI {Jean), mathématicien italien , né à
Ruffi, près de Ravenne, le 10 avril 1778, mort
le 15 décembre 1822. Attaché d'abord comme
ingénieur à l'arsenal de Venise, il fut ensuite
professeur de mathématiques transcendantes à
l'université de Padoue. Il se fit connaître par
quelques mémoires très-remarquables , entre
autres par celui sur le bélier hydraulique , in-
séré dans le tome III des Mémoires de la Société
d'Encouragement de Milan, et par celui sur la
Théorie du tour à plusieurs cylindres ayant
un seul axe, mémoire que l'on trouve dans le
recueil de l'Académie des Sciences de Padoue.
GlTïOT DE FÈRE.
Feller, Dictionn. histor., suppl.
*FARisi (Abou-Ali al-Hasan ben-Ahmed
al- ) , grammairien arabe , né à Fasa ( dans le
Fars), en 288 de l'hégire (901 de J.-C), mort
à Bagdad, en 377 (9S7). Il eut pour maître le
grammairien Zedjadj , et il eut lui-même pour
disciples plusieurs hommes distingués, tels que
Ibn-Djina et Ali ben-Isa ar-Rebi. Dans le cours
des voyages qu'il entreprit après avoir terminé
ses études, il s'arrêta à la cour de Seifed-Daulet,
souverain d'Alep. Les disputes qu'il eut à sou-
tenir contre Motenebbi le décidèrent à s'en
éloigner. Il se rendft à Bagdad auprès d'Adhod
ed-Daulet, qui le combla de ses faveurs. Il
écrivit pour l'usage de ce prince plusieurs ou-
vrages grammaticaux, parmi lesquels on re-
marque : Al-Idhah fil-nahw ( Exposition de la
grammaire) : — At-tekmilet (Supplément) ; —
Miat aivamil (Les cent Particules régentes ); —
Al-Adhodi. E. Beauvois.
Ibn-Rhallikan, Biogr. Dict., trad. par M. Mac-Guekin
de Slaue, t.I, p. 379. — Aboulfêda, ^nn. Mosl., trad. de
Reiske, t. II, p. SOS. - Hadji-Khalfa, Lex. bibliogr.,
édit. Fluegel, t. I,n° 1364; 1(1, n» 4610; IV, n°s7699, 8la8,
8418; V, p. 98,n°5 10170, 10386, 10319, 10894, 11182. — J. de
llammer-PargstaH , Literatur Gesch. der Jraber, t. V.
FARissoL. Voy. Peritzol.
FARJAT {Benoit), graveur français, né à Lyon,
en 1646, mort vers le commencement du dix-hui-
tième siècle. Il étudia les éléments de son art
sous Guillaume Château , et suivit son maître à
Rome. Là il fit des progrès rapides, et acquit
plus de douceur et de mollesse de burin. Pen-
dant qu'il habitait Rome , il épousa la fille du
célèbre paysagiste Francesco Grimaldi , connu
sous le nom de Bolognese. Il grava d'après les
plus célèbres maîtres italiens un grand nombre
d'estampes, qui sont très-recherchées des con-
naisseurs.
Gandellini , Notizie degli Intagliatori, avec les addi-
tions de l'abbé r^ulgi de Angelis.
FARLATi(LeP. Danielle), historien illyrien,
né en 1690, à San-Daniele dans le Friout, mort
à Padoue, le 23 avril 1773. Élevé au collège des
Jésuites de Goritz , il entra dans cette société,
et fut envoyé en 1722 à Padoue pour aider le
père Pliilippe Riceputi dans son travail sur l'his-
toire ecclésiastique de l'Illyrie. Après la mort du
P. Riceputi, le P. Farlati resta seul chargé de
mettre en œuvre les immenses matériaux re-
cueillis par lui et par son confrère. Il les publia
sous le titre d'/?^i/ncî<msacn«m; Venise, 1750
à 1775, 5 vol. in-fol. On a encore dn P. Farlati :
De Artis criticee Inscitia antiquitati objecta ;
Venise, 1777, in-4°.
Ti\ia{<io , Biographia degli Italiani illustri , t. I. —
Aug. et Aloïs de Baclcer, Bibliothèque des Écrivains de
la Société de Jésus.
FARMER {Hugh), théologien anglais, né en
1714, dans le Shropshire, mort en 1787. Il étudia
à Northampton, sous le docteur Doddrige, et fut
ensuite pasteur d'une congrégation de dissidents
à Walthamstow^. Il a écrit plusieurs ouvrages
de théologie ou de controverse religieuse ; les
principaux sont : Enquiry into the Nature
and Design ofOur Lord's temptation in the
ivilderness; 1761, in-8''; — Dissertation on
Miracles; 1771,in-8°; — Essay on the Demo-
niacs ofthe New Testament; illà, in-8" ; —
General Prevalence of the ivorship of human
spirit in the ancient heathen nations, as-
serted and proved; 1783; in-8°. Ces deux der-
niers ouvrages engagèrent Farmer dans une vive
polémique avec le docteur Worthington etFell.
Chalmers, General biographical Dictionary.
FARMER {Richard), philologue et archéolo-
gue anglais, né à Leicester, en 1735, mort à Cam-
bridge, en 1797. Il commença ses études dans sa
ville natale , les acheva à Cambridge, au collège
Emmanuel , et obtint, en 1760 , la cure de Swa-
vesey, près de cette dernière ville. Reçu membre
de la Société des Antiquaires en 1763, il recueillit
sur l'histoire de Leicester de nombreux maté-
riaux, qu'il remit plus tard à son ami Nichols.
Trois ans après il fonda sa réputation comme cri-
tique et érudit par son savant Essai sur les Con-
naissances de Shakspeare. En 1775 il fut élu
principal du collège Emmanuel , et en 1778 il
obtint la place de bibliothécaire de l'université.
Il fut successivement chanoine de la cathédrale
de Lichtfield , de celle de Canterbury et enfin de
Saint-Paul. Il refusa, dit-on, un évêché, pour ne
pas renoncer à son plaisir favori, qui était de voir
jouer les pièces de Shakspeare. Ses manières
libres étaient d'un homme du monde plutôt que
d'un prêtre , et il s'occupait beaucoup moins de
théologie que de vieille poésie. Dans son épitaphe
il est appelé vir facetus et dulcis, in explican-
da veterum Angelorum poesi subtilïs et ele-
gans. Sa bibliothèque , particulièrement riche en
ouvrages de la vieille littérature anglaise, se
vendit, en 1798, 2,210 1. s. (55,000 f. ). On n'a
de Farmer qu'un seul ouvrage, intitulé : Essay
123 FARMER
on the Learning qf Shakspeare; 1766, in-8".
On avait longtemps discuté sut le degré de sa-
voir du grand auteur dramatique anglais. Il était
facile de montrer par beaucoup de passages de
ses ouvrages qu'il connaissait la mythologie et
l'histoire ancienne ; mais avait-il puisé ses con-
naissances dans les originaux ou dans des tra-
ductions? Là était la question. Grâce à son sa-
voir bibliographique, Farmer put montrer que
du temps de Shakspeare il existait des traduc-
tions de beaucoup d'auteurs classiques. En in-
diquant certaines expressions, certaines méprises
même des traducteurs reproduites par le poète,
il prouva que celui-ci avait lu les traductions et
non les originaux. Ce savant Essai a eu trois
éditions , et il a été réimprimé dans les éditions
de Shakspeare par Steevens (1793), par Reed
(1803) et par Harris (1812).
Ninliols, Lit. Jnecd. — Chalmers, Gêner, biog. Dict.
FARNABY ouFARNABiE ( Thomcis), en latin
ai-ARNABius, philologue anglais, né en 1575, à
Londres, où son père était charpentier, mort en
1647. Il commença ses études à Oxford; puis,
quittant brusquement sa patrie et sa religion, il
se rendit en Espagne, et entra dans un collège
de jésuites. Dégoûté par la sévérité de ses nou-
veaux maîtres, il retourna en Angleterre et ac-
compagna Francis Drake et John Hawkins dans
leurs courses maritimes.De retour de ses voyages,
il se fit soldat dans les Pays-Bas , déserta et re-
vint dans sa patrie. Telle ét^it son indigence que
pour vivre il fut obligé d'apprendre à lire aux
enfants. Il prit alors le nom de Bainrafe, ana-
gramme de celui de Farnabie. Peu à peu il s'éleva
à une position plus digne de son savoir. Il ou-
vrit une école de langue latine dans le comté de
Sommerset , puis alla continuer le même travail
à Londres, et s'acquit la réputation d'un maître
fort habile. Aucune autre école de son temps ne
fournit autant de bons élèves. Son attachement à
la cause des Stuarts lui attira des persécutions
de la part des républicains. On délibéra même
à la chambre des communes si on ne le dépor-
terait pas hors d'Angleterre; on se contenta
de le transférer à Ely-House, où il resta un an. Il
mourut peu après. Il publia un grand nombre
d'éditions qui ont été longtemps très-répandues
dans les écoles d'Angleterre et du continent.
ce Famabe, ditNicéron, est un des meilleurs sco-
liastes de ces derniers temps; il ne dit presque
point de choses inutiles, et il a eu du cours prin-
cipalement à cause de sa brièveté, quoiqu'elle ait
trouvé ses censeurs , aussi bien que la longueur
et l'étendue des gros commentateurs. » Voici la
Ustedes éditions de Farnaby : Notée ad Juvena-
lis et Persil Satyras; Londres, 1612 , in-8° ; —
NofsG ad Senc'ceb Tragadias; Londres, 1613,
in-8° ; — Notœ ad Martialis Epigrammata ;
Londres, 1615, in- 8"; — Notée ad Lucanum;
Londres, 1618, in-8^; — Index rhetoricus
scholis et institutioni tenerioris xtatis ac-
commodatus ; Londres, 1 625 , in-8° ; — Flori-
— FARNÈSE 124
legium epigrammafum grsscorum, eonimqiie
latino ver su a variis reddiforum; Londres,
1629, in-8°; — Notœ ad Virgilium; Londres,
1634 , in-8° ; — Notée in Ovidii Meta7nor-
phoses ; Paris, 1637, in-fol.; — Systema Gram-
maticum; Londres, 1641 , in-8°; — Notée in
Terentium. Farnaby n'avait encore composé de
notes que sur les quatre premières comédies
lorsqu'il mourut ; Casaubon le fils acheva, l'au-
vrage, et le publia; Londres, 16ol,in-12.
V/ ood, Mhenœ Oxonienses. — Nicéron, Mémoires
pour servir à l'histoire des hommes illustres.
FAKNÈSË, maison princière d'Italie, dont
l'arbre généalogique remonte jusqu'au milieu du
treizième siècle. Elle possédait dès lors le châ-
teau de Farneto , près Orvieto, et donna à l'É-
glise et à la république de Florence plusieurs
hommes célèbres, parmi lesquels , outre le pape
Paul ITT {voy. ce nom), on remarque les sui-
vants, dans leur ordre chronologique :
FARNÈSE (Pierre), mort de la peste, le 19 mai
1363. Il eut la renommée d'un bon capitaine. Il
commandait les Florentins dans la bataille qu'ils
gagnèrent, le 7 mai 13G3, sur les Pisans à San-
Piero, près de Bagno-alla-Vena.
FARNÈSE {Pierre- Louis), premier duc de
Parme et de Plaisance, né vers 1490, mort en
1547. Fils d'Alexandre Farnèse , qui devint pape
sous le nom de Paul in , il fut l'un des hommes
les plus dissolus de son temps. Il est particuliè-
rement connu par la biographie de Benvenuto
Cellini. Comme son père avait inutilement es-
sayé d'obtenir pour lui le duché de Milan , qu'il
avait osé demander à Charles -Quint en lui
offrant une somme énorme, il prit la résolu-
tion de convertir en duché les États de Parme
et de Plaisance, que Jules II avait conquis
sur les Milanais , et il céda ce duché à son
fils (avril 1546). Pierre-Louis se retira à Plai-
sance, où il établit une citadelle et signala son
gouvernement tyrannique par de mauvais pro-
cédés à l'égard de la noblesse, qui avait été
libre jusque alors et dont il restreignit notable-
ment les droits. Comme la mesure de sa cruauté
croissait de plus en plus, la plupart des familles
nobles se soulevèrent , après s'être liguées avec
Ferdinand de Gonzague, gouverneur de Milan.
Sous prétexte de présenter leurs hommages au
duc, trente-sept conjurés se rendirent à la ci-
tadelle de Plaisance, le 10 septembre 1547, et
en occupèrent les issues. Jean Anguissola se
précipita dans la chambre du duc, qui , à raison
des maladies honteuses qui l'accablaient, ne put
opposer aucune rési.stance : il tomba sous le
poignard de son ennemi , et aussitôt Gonzague
prit possession de Plaisance au nom de l'empe-
reur.— Pierre Farnèse eut de sa femme, Hiero-
nyme Orsini, trois fils , savoir : Alexandre, mort
cardinal, en 1589; Octave, qui lui succéda; Ra-
nuce , cardinal et archevêque de Naples ; et une
fille nommée Victoire, qui épousa le duc d'Ur-
bin, Gui Ubalde ÏT. Il eut de plus un fils naturel,
125
nommé Horace , qui prit le titre de duc de Cas-
tro , épousa Diane d'Angoulême, fille d'Henri H,
roi de France, et fut tué en 1 553, au siège d 'Hesdin.
SansoviBo, Famil. illustri d'italia. — Bonav. d'An-
geli , Storia di Parma, 1. V. — Sisraondi, Histoire des
Républiques italiennes, chap. XLVII,
FARNÈSE (Octave), fils et successeur du
précédent, né vers 1520, mort le 18 septembre
1585. Lors du meurtre de son père, il se trou-
vait à Pérouse avec Paul III. Parme, où il se
hâta de se rendre avec une armée papale, se
déclara pour lui ; mais il échoua dans une attaque
contre Plaisance, et dut conclure avec Gonzague
une suspension d'armes pendant qu'il réclamait
la protection de la France. Le successeur de son
grand-père , Jules III , par attachement pour la
famille Farnèse , remit Octave en possession du
duché de Plaisance, et le nomma gonfalonier
de l'Église. Mais l'alliance qu'Octave conclut
ijientôt après avec Henri II ,. roi de France , lui
attira le mécontentement de l'empereur et du
pape , et le jeta plus tard dans de grands em-
barras , dont il sortit deux ans après au moyen
d'une transaction honorable. II se réconcilia avec
la maison d'Autriche, grâce aux excellentes
qualités de sa femme, Marguerite, fille naturelle
de l'empereur Charles-Quint, qui administra
avec beaucoup de modération les Pays-Bas
comme gouvernante, jusqu'à ce qu'en 1567 elle
dut céder la place au duc d'AIbe. Elle rendit
alors une courte visite à son époux ; mais ils
restèrent peu do temps ensemble , et Marguerite
partit pour l'Abruzze. Octave mourut après
avoir joui pendant un règne de trente ans d'une
paix qui ne fut jamais troublée ; il en avait pro-
• iité pour corriger les désordres occasionnés par
le gouvernement précédent, et pour ti'availier
au bonheur de ses sujets. Octave Farnèse eut
de Marguerite d'Auti'iche, veuve d'Alexandre
de Médicis , un fils nommé Alexandre, qui lui
succéda. Il laissa aussi trois filles naturelles.
^rt de vérifier les dates, t. XVII ( édit. de 1S19 ).
FARNÈSE {Alexandre), fils et successeur du
précédent, né en 1546, mort le 3 décembre
1592. Il fut un des premiers capitaines de son
temps. Exclusivement élevé par sa mère , femme
d'un mâle courage, dans des habitudes belli-
queuses, il donna dès sa jeunesse des preuves
d'une intrépidité téméraire. Il aimait à parcou-
rir, dans l'obscurité de la nuit, les rues de
Parme et de Madrid , pour provoquer les pas-
sants à un duel nocturne , selon les mœurs du
temps. En 1571, il prit part, sous don Juan
d'Autriche, k la bataille de Lépante contre les
Turcs , et s'élança les armes à la main sur une
galère turque. Plus tard , il fut envoyé dans les
Pays-Bas, où l'insurrection durait depuis plusieurs
années, et, le 31 janvier 1578, il contribua à la
victoire qui fut remportée sur les gueux, auprès
deGembloux. Son plus grand plaisir était l'attaque
des places fortes : il mettait lui-môme la main
à l'œuvre, s'exposait aux dangers avec un sang-
FARNÈSE 126
froid imperturbable, parcourait les tranchées,
les batteries , s'informant de tout et donnant ses
ordres. Pendant le siège d'Oudenarde, en 1582,
comme il dînait avec d'autres généraux sur la
batterie de brèche , un boulet de canon tua près
de lui trois officiers et en blessa un autre :
Alexandre resta tranquillement assis, ordonna
d'enlever les morts , et fit changer le couvert
ainsi que le service. En 1 585 , il courut un dan-
ger encore plus grand au siège d'Anvers. Conti-
nuellement favorisé par la fortune, il n'échoua
que dans une seule entreprise, l'expédition conti'e
l'Angleterre , sur la flotte dite invincible, montée
par 30,000 hommes de pied et 1,800 chevaux,
et dont Philippe 11, roi d'Espagne, lui avait
donné le commandement. Profondément affecté
de son manque de succès, il retourna aux Pays-
Bas , où le roi le mit à la tête de l'armée qu'il
envoyait en France au secours des catlioliques.
\ son arrivée, en 1590, il força le roi de Na-
varre (Henri IV), à lever le siège de Paris. Le
continuel défaut d'argent dans lequel le roi d'Es-
pagne le laissait , et qui avait fait naître l'insu-
Ijordination et la désobéissance parmi ses sol-
dats , le réduisit à l'impossibihlé de passer l'hiver
en France : il gagna les Pays-Bas avec 12,000
hommes , faibles débris d'une armée nombreuse.
Il retourna en France au printemps de 1592;
mais il fut si mal secondé par les ligueurs qu'à
la fin il dut céder à Henri IV. Alexandre Far-
nèse mourut des suites d'une blessure qu'il
avait reçue devant Rouen. Son corps fut trans-
porté à Parme , dont il avait fait construire
la citadelle. Sa statue équestre en bronze par
Jean de Bologne est un des ornements de la
place de Plaisance. Alexandre Farnèse était in-
trépide de sa personne , sévère on ce qui con-
cernait le service, mais doux et bon à l'égard de
ses soldats, qui l'aimaient, le respectaient et
le traitaient presque comme un être suihumain.
De son mariage avec Marie de Portugal , il eut
Ranuzio ou Ranuce, qui lui succéda; Odoard,
cardinal en 1591, et Marguerite, qui épousa Vin-
cent, depuis duc de Mantoue.
De Thou , Historia sui temporis. — Strada, De Sello
Belgico. — Lilta, Familles nobles de l'Italie.
FARNÈSE ( Ranuce /"■), fils et successeur du
précédent, né en 1569, mort au mois de mars
1622. Ranuce ne posséda aucune des brillantes
qualités de son père , car 11 était sombre , austère,
cupide et défiant. Le mécontentement que son
gouvernement c^'iusait à la noblesse l'irrita contre
elle : il accusa les chefs des familles les plus
distinguées d'avoir tramé une conjuration, leur
intenta un procès, fit exécuter, le 19 mai 1012,
la sentence de mort portée contre eux et confis-
qua leurs biens. Ce procédé inouï révolta plu-
sieurs princes italiens, et sans la mort du plus
irrité d'entre eux , le duc de Mantoue, Vincent
Gonzague, la guerre eût infailliblement éclaté.
Ranuce laissa misérablement languir en prison
son fils naturel Octave , qui possédait l'amour du
127
FARNESE
128
peuple. Cependant, malgré la rudesse de son
caractère, il montra du goût pour les sciences
et les arts , et ce fut sous son gouvernement que
le fameux théâtre de Parme fut construit, dans le
style antique, par Aleotti. — De son mariage
avec Marguerite Aldrovandini, nièce du pape
Clément VIII, Ranuce eut trois fils : Alexandre,
Odoard, qui lui succéda, et François-Marie, car-
dinal en 1645 , et deux filles, Marie et Victoire,
qui devinrent l'une et l'autre duchesses de Mo-
dène.
Muratori, annales. — Litta, Familles nobles deV Italie.
FARNÈSÉ ( Odoard ou Edouard ) , fils et
successeur du précédent, né le 28 avril 1612,
mort le 12 septembre 1646. Comme il avait be-
soin d'argent, il engagea au mont-de-piété de
Rome le duché de Castro et le comté de Ronci-
glione ; il entra ensuite , presque seul des princes
italiens , dans l'alliance de la France contre l'Es-
pagne , en 1633. Réduit à ses seules forces pour
résister à la maison d'Autriche , il fut sur le
point de perdre ses États , et n'obtint la paix que
par l'entremise de son parent le pape Urbain VIII
et du grand-duc de Toscane. En 1639, le même
Urbain VIII entreprit d'enlever à Odoard le duché
de Castro, sous prétexte du non-rembourse-
ment des sommes pour lesquelles ce duché avait
été engagé. Après cinq ans de chicanes et de né-
gociations, Odoard obtint la restitution de Castro
par la médiation de la France et des Vénitiens.
« Ce duc était compté, dit Muratori , parmi les
beaux esprits de son temps. Il enchantait le
monde par ses beaux discours , dans lesquels
néanmoins il montrait un peu de penchant à la
satire, défaut dangereux dans les particuliers,
et beaucoup moins convenable encore à des
princes et à des souverains. Ses plus remarqua-
bles qualités étaient la magnificence , la grandeur
d'âme et la libéralité. Il avait auprès de lui des
ministres, non pour prendre leurs avis, mais
pour leur faire exécuter ses volontés , croyant
sa tête capable de tout; et comme il avait la cer-
velle chaude et portée aux grandes choses , il
lui était facile de se méprendre et de former
des résolutions supérieures à ses forces. « De
Marguerite de Médicis, sa femme, Odoard eut
quatre fils : Ranuce, qui lui succéda , Alexandre,
Horace , Pierre et deux filles.
Muratori, Annales.
FARNÈSE ( Ranuce II ), fils et successeur du
précédent, né en 1630, mort le 11 décembre
1694. Ce prince, à qui une obésité héréditaire
dans la famille Farnèse depuis Odoard l", en-
levait presque toute activité, se laissa gouverner
par ses favoris. L'un d'eux , nommé Jacques
Godefroy ou Gaufridi , Provençal, qui de simple
maître de langue française était devenu premier
ministre, fit assassiner un certain Christophe
Giarda, qu'Innocent X avait nommé évêque de
Castro , malgré Ranuce. Le pape, irrité, envoya
des troupes assiéger Castro. Gaufridi, accouru
pour la défendre, fut vaincu, et sa défaite hâta
la reddition de la place. Innocent X fit raser
Castro et élever sur l'emplacement de la ville
une colonne, sur le piédestal de laquelle on grava
ces mots : Qiiifù Castro (Ici fut Castro). Ra-
nuce, effrayé, abandonna au pape le duché de
Castro et le comté de Ronciglione. Il finit par
ouvrir les yeux sur les malversations de son
ministre Gaufridi, lui fit couper la tête, en 1670,
et le remplaça par Giosepino, fils d'un tailleur
de Pavie. Ce Giosepino s'était introduit à la
cour par son talent pour la musique ; il conserva
la faveur de Ranuce jusqu'à la fin de la vie de
ce prince. Muratori , jugeant trop favorablement
Ranuce II , dit que c'était un homme des vieux
temps (uomo dei vecchi tempi), un prince
plein de valeur, économe , mais généreux et li-
béral dans l'occasion , zélé jusqu'à la sévérité
pour la justice, ce qui le fit moins aimer que
redouter. Ranuce eut de sa deuxième femme,
Isabelle d'Esté, un fils nommé Odoard, qui mou-
rut avant lui, en 1693, et de Marie d'Esté, sa
troisième femme, François et Antoine , qui lui
succédèrent.
Muratori, Annales.
FARNÈSE (François), fils et successeur du
précédent, né le 19 mai 1678 , mort le 26 février
1727. Ce prince, qui n'avait pas moins d'embon-
point que son père et ses frères, s'efforça de
garder la neutralité entre les puissances qui se
faisaient la guerre en Italie. Son règne n'est re-
marquable que par une célèbre transaction di-
plomatique. Par l'article 5 du traité conclu à La
Haye, le 17 février 1720, entre l'Angleterre, la
France, l'Autriche et l'Espagne, il fut convenu
que les duchés de Parme et de Plaisance ainsi
que celui de Toscane seraient tenîis pour fiefs
masculins de l'Empire; que lorsque la succession
de ces États serait ouverte , on les donnerait au
fils aîné d'Elisabeth Farnèse, reine d'Espagne
et fille du prince Odoard ; et qu'au défaut de
ce prince, ou de sa postérité masculine, ces
duchés passeraient aux autres fils de la reine
ou à leur postérité masculine. Le duc François
vit cet arrangement avec peine, et le pape Inno-
cent XIII protesta , soutenant que le duché de
Parme, fief mouvant du saint-siége, devait lui
revenir. Les puissances contractantes ne tin-
rent aucun compte des sentiments de François
ni de la protestation du pape. François avait
épousé la veuve de son ffère J)doard^ Dorothée,
fille de l'électeur palatin PHîBppe-Guillaurae ;
il mourut sans laisser d'enfants.
Leraontey ,'Hist. de la Régence. — Daclos, IUéfn. secrets.
FARNÈSE (Antoine), frère et successeur du
précédent, né le 29 novembre 1679, mort le
20 janvier 1731. Ce prince, d'une corpulence ex-
traordinaire , n'aimait que la bonne chère et la
tranquillité. Il épousa Henriette-Marie , fille de
Renaud , duc de Modène. Il n'eut pas d'enfants ;
mais en mourant , pensant qu'il laissait enceinte
la duchesse sa femme , il désigna pour son hé-
ritier son fils posthume, et à défaut de celui-ci.
i
î29 FARNESE •
l'infant don Carlos , fils de sa nièce Elisabeth
Farnèse. L'empereur Charles VI séquestra
aussitôt la succession , déclarant qu'il la resti-
tuerait à l'infant don Carlos , si la grossesse de
la duchesse ne se vérifiait pas. Bientôt il fut
avéré que la duchesse n'était pas enceinte; et
en vertu d'une convention conclue à Vienne, au
mois de septembre 1731 , don Carlos prit pos-
session du duché de Parme. Avec Antoine s'é-
teignit la maison de Farnèse.
Mlnano , Uistoria de Espaila. — Art de vérifier les
dates. — Pour tous les Farnèse, Litta , Familles nobles
de l'Italie.
FARNÈSE {Elisabeth). Voy. Elisabeth.
* FARNÈSE ( Henri) , philologue belge , né à
Liège, vers 1550, mort àPavie, en 1616. Il était
très-versé dans la jurisprudence et les langues
.anciennes. S'étant rendu en Italie pour se per-
fectionner dans les sciences , il fut nommé pro-
fesseur royal d'éloquence à l'université de Pavie,
où l'on pense qu'il termina sa carrière. On a de
lui : De Jmitatione Ciceronis, seu de scriben-
darum epistolarum ratione; Anvers, ! 1571 ,
in-8° ; — De Verborum splendore et delectu
Appendices duse; Venise, 1590; — De Simu-
lacro Reipubltcae, sive de imaginibus politicee
et œconomicx virtutis,lib. IV; Pavie, 1595,
in-8"; — Diphtera Jovis, sive de antiqua
principis insiitutione, libri III; Milan, 1607,
in-4''.
Becdellèvre-Hamal , Biographie Liégeoise, 1. 1.
*FARO (FTk André de), missionnaire por-
tugais, né dans les Algarves, mort en 1678. II se
fit franciscain, et s'embarqua, avec onze de ses
compagnons , pour prêcher la foi chrétienne en
Guinée. Au bout de quinze jours, il parvint à
Santiago, capitale des îles du Cap-Vert, où une
grave maladie le retint. Convalescent à peine , il
entra dans l'intéiieur de la Guinée, et il parcou-
rut ces régions inconnues, avec un zèle qui triom-
pha des plus grands obstacles. Après avoir couru
des périls extraordinaires, il fonda plusieurs
église», et revint en Portugal, où il mourut. Le
couvent de Villa- Viciosa conservait le manuscrit
où il avait raconté ses voyages, sous le titre de
Relaçâo historica da Missâo de Guiné. Ce
[ivre a été consulté par plusieurs auteurs, et no-
tamment par Manoel de Monforte, qui en a
lîonné l'extrait dans sa Chronica da provincia
da piedade. F. D.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
FARON ( Saint ) , sanctus Faro ou Burgun-
îofaro, né vers 592, mort le 28 octobre 672.
F'ils d'Agnéric , l'un des principaux officiers de
rhéodebert, roi d'Austrasie, il fut élevé à la
;our de ce prince. Il passa en 613 à celle du
oi Clotaire II , auprès duquel il jouit d'un
jrand crédit. Il renonça ensuite au monde avec
lonsentement de Blidechilde, son épouse , reçut
a tonsure cléricale dans l'église de Meaux, et
ut choisi pour évoque de cette ville en 627. Il
puverna son diocèse avec un zèle infatigable, et
issista au concile de Sens en 657. Il fut enterré
NOUV. BIOCR. GÉNÉR. — T. XVII.
FARREN
130
dans l'abbaye de Sainte-Croix, située près de
Meaux et appelée plus tard Saint-Faron.
1). Mabillon, Act. Benedict., t. II. — Baillet, f^ies des
Saints, t. III, 28 oct.
FARQUHAR (Georges), auteur dramatique
anglais, né à Londonderry (Irlande), en 1678,
mort à Londres, en 1707. Il abandonna l'univer-
sité de Dublin , où ses parents l'avaient envoyé
achever son éducation, pour se faire comédien ;
mais, un jour, jouant dans L'Empereur indien
deDrydenet représentant Guyomar, personnage
qui tue un général espagnol , il frappa si mal-
heureusement de son épée l'acteur chargé de ce
rôle, qu'il lui fit une blessure dangereuse. Ce
regrettable accident décida de sa carrière, et il
renonça au théâtre comme acteur, pour n'y plus
reparaître que comme auteur. Sa pièce de début
Love and a Bottle, jouée à Londres en 1698, ob-
tmt un succès assez grand, et ses autres ouvrages,
qui se succédèrent rapidement, rendirent bientôt
son nom populaire; il obtint alors une commis-
sion de lieutenant, ce qui lui permit, en l'affran-
chissant d'un travail suivi et régulier, de se livrer
à ses goûts pour le plaisir; il le fit malheureu-
sement avec une ardeur trop grande ( les lettres
qu'il a laissées sont là pour l'attester), et les
succès qu'il obtint dans le monde nuisirent beau-
coup à sa santé et beaucoup plus encore à sa
fortune; aussi, à son retour de Hollande, où des
créanciers impitoyables l'avaient forcé de fuir,
résolut-il de refaire sa fortune au moyen d'un
riche mariage. Une jeune fille très-belle et qui
l'aimait voulut devenir la femme de ce "" ' .tuel
libertin; mais comme sa fortune était loin d'é-
galer sa beauté, elle se fit fabriquer de faux
titres de noblesse , parla de biens qu'elle ne pos-
sédait pas, et parvint ainsi à réaliser ses projets;
Farguhar l'épousa. La ruse ne tarda pas à être
découverte ; mais le poète, au lieu de faire cas-
ser ce mariage, qui était nul selon les lois britan-
niques , donna tout son amour à celle qui l'avait
trompé. Cette union fut de courte durée, et
quelques jours après la représentation de The
Beaux Stratagem, Farquhar mourut, au mo-
ment où son talent, développé et mûri, allait lui
donner la gloire et peut-être la fortune.
Rival de Congrève, Farquhar a laissé huit co-
médies, qui sont toutes très-spirituelles et très-
faciles ; mais on y remarque beaucoup de traits
d'un goût un peu équivoque, et une morale trop
légère et trop conforme à la vie de l'auteur. Voici
les titres des pièces de Farquhar : Love and a
Bottle; 1699, in-4° ; — Constant Couple ,1700,
in-i"; _. Sir Harry Wildair ; 1701, in-4'>; —
Inconstant; 1702, in-4°; — Twin Rivais;
1703, in-4°; — Stage Coach ; 1705, in-4o; —
Recruiting O/ficer; 1705, in-4"; — The Beaux
Stratagem ;i707,in-i°. H. Malot.
Biographia Britannica. — Biographia dramatica. —
Cibber, Lives. — Spence, Anedoctes.
FARREN {Elisabeth), comédienne anglaise,
née à Liverpool,en 1759, morte le 23 avril 182».
Ï3Î
FARREN
Son père; d'abord chirurgien , puis apothicaire,
«ifin acteur, étant mort en laissant sa famille
dans le dénûment le plus complet , Elisabeth fut
forcée de monter sur le théâtre ; elle débuta à
Liverpool en 1773 et à Londres en 1777. Quoi-
que douée d'un talent plein de grâce et de déli-
catesse, elle dut surtout sa réputation à sa re-
marquable beauté, et ce fut cette beauté qui lui
valut les hommages des hommes les plus illus-
tres de l'Angleterre, tels que Fox , le duc de Ri-
chemond et lord Derby ; ce dernier poussa même
la passion jusqu'à prendre pour femme la tille du
pauvre comédien de Liverpool; et en 1797 miss
Farren devint comtesse de Derby, et prit rang
dans la plus haute aristocratie de la Grande-
Bretagne. H. Malot.
Arbitcr ( Peltonins ), iMemoirs of the présent Coun-
«ess (Élizabeth Farren ) 0/ Derby, including anecdotes of
several disiiimtis/ied persons ; Londres, 1797.
*FAiiREî«c (Madame Césarie), née Gensol-
LEN , femme de lettres française , né à Dragui-
gnan (Var), le 21 juillet 1802. Son père, qui
était médecin, fut son seul instituteur. Dans une
épître , qu'elle composa à l'âge de sept ans, elle
disait à la Mort :
Dès l'âge de trois ans tu m'enlevas ma mère ,
Ma sœur est au linceul ; conserve-moi mon père.
Elle cultivait aussi la langue latine , et Lacépède
encouragea vme traduction de La Henriade en
vers latins , qu'elle avait entreprise étant eiicore
enfant. Elle épousa en 1819 M. Farrenc, officier
de cavalerie, et continua à se livrer à l'étude
et à la poésie. Restée veuve avec trois enfants ,
la perte de sa fortune la força de chercher des
ressources dans ses travaux littéraires. Dans
ce but, elle vint à Paris en 1834, et se mit à
faire de petits hvres destinés à l'instruction mo-
rale et au plaisir du jeune âge. Ces ouvrages
eurent du succès, et le nombre en est aujour-
d'hui très-grand. Quelques-uns font partie de la
collection publiée sous le titre de Bibliothèque
de la Jeunesse chrétienne. On a d'elle, en ou-
tre : Le Mariage de raison et le Mariage d'in-
clination; 1838, in-8"; — L'Homme duimiple
et la grande Dame, drame; 1840, in-8° ; —
Le Petit Homme gris , ouvrage philosophique
et moral; 1843, in-12; — Petit Théâtre pour
les jeunes Filles; 1844, in-12. Guvot de Fère.
Constant Berryer; Notice en tète de VJmi de la Jeu-
nesse, ouvrage de raad. Farretic. — Journal de la Li-
brairie.
FARRIL (Don O'). VOIJ. O' FàRRIL.
FARSETTi (Cosimo) , jurisconsulte italien ,
né à Carrare, en 1619, mort à Florence, en 1689.
Conseiller d'Alberic II, duc de Massa, il fut suc-
cessivement ambassadeur auprès des républiques
de Venise et de Lucques et du grand-duc Fer-
dinand II. S'étant fixé à Florence, il fut comblé
de faveurs par Cosme III. Farsetti publia quel-
ques livres de droit, aujourd'hui tout à fait ou-
bliés,
T.-G.-Farsetti, Notizie délia Famlglia Farsetti.
FARSETTI (L'abbé Philippe ), antiquaire ita-
FASANO 132
lien, né à Venise, le 13 janvier 1705, mort le
25 septembre 1774. Possesseur d'une grande for-
tune , il fit mouler à ses frais les chefs-d'œuvre
de sculpture antique dispersés dans les princi-
pales villes d'Italie , recueillie un grand nombre
de bronzes précieux, et fit exécuter des modèles
en liège et en pierre ponce des anciens monu-
ments de Rome. 11 forma ainsi un magnifique
musée, qu'il ouvrit au public. L'abbé Lastesio a
décrit ce musée, dans une Lettre à l'Académie
de Cortone; Venise, l764,in-4°.
Tipaldo, Diografla decjli Italiani illustri.
FARSETTI {Joseph-Thomas), httérateur
italien , né à Venise , mort dans la même ville,
en 1775. Il entra dans l'ordre de Malte, ce qui ne
l'empêcha pas de se livrer à l'étude des lettres
avec ardeur. Ses œuvres ont paru à Venise en
1763; elles se composent de poésies itahennes et
de deux tragédies; la première traduite des
Trachiniennes de Sophocle, la seconde inspirée
par la tragique aventure de Guillaume de Ca-
bestaing et de dame Marguerite, femme de
Raymond de Castel-Roussillon. On a encore de
lui une traduction du Philoctète de Sophocle,
quelques élégies et un recueil de vers latins, pu-
blié à Paris, en 1755, in-8°, et à Parme, en 1776.
H. Malot.
Biografia universale , édlt. de Venise.
* FARSiT ( Hugues ) , écrivain français , vi-
vait au douzième siècle. Il était chanoine régu-
lier de Saint- Jean-des-Vignes à Soissons. On a
de lui : une Relation de Miracles arrives de-
puis Wl^ jusrjru'en 1132 dans l'église de No-
tre- Bame de Soissons , insérée par Michel Ger-
main dans son Histoire de Notre-Dame de
Soissons; — une Lettre à un chapitre de
Prémontrés, conservée à la Bibl. imp., n° 2842 ;
— une Lettre à sa sœur Helvide, existant
dans la même Bibl., n° 2484. Louis Lacour.
Germain, Hist. de VAbb. de N.-D. de .boissons, preu-
ves, p. 481. — Hist. littéraire de France, t. XII, p. 2o:i.
FAROLM {Georges- Ange), historien italien ,
né vers 1650, mort en 1728. Camaldule de la
maison de Sainte-Marie-d es-Anges à Florence,
il composa un grand nombre d'ouvrages relatifs
à l'histoire ecclésiastique et à l'hagiographie ; les
principaux sont : Storia cronologlca del no-
bile et antico monastère degli Angiol' di
Firenze, deW ordine Camaldolese ; Lucques,
1700, 20 vo!. in-4° ; — Annali e Memorie dell
antica e nobile città di S.-Sepulcro; Foli-
gno, 1713, in-4''; — Annali di Arezzo in Tos-
cana; Foligno, in-4''; — Vita delta B. Elisa-
betta Salviati;BaL&s-àno, 1723, in-4°.
Niiovo Dizionario istorico (publié à fiassano).
*FASANO ( roînm«5ô),peintrederécole napo-
litaine, mort vers 1700. Il fut un des bons élèves
de Luca Giordano; mais il n'a laissé qu'un petit
nombre de fresques , s'étant consacré exclusi-
vement à un genre éphémère dans lequel il sfe
fit une grande réputation ; il excellait à peindre
à la détrempe de grandes compositions pour
133
FASANO — FASOLO
134
l'ornement de saints-sépulcres, de crèches,
d'expositions du saint-sacrement et autres pom-
pes religieuses. E. B — n.
Lanzi, Sioria délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
FASCH (Augustin-Henri) , médecin alle-
mand , né à Arnstadt (Thuringe), le 19 février
1639, mort le 22 janvier 1690. Il étudia la mé-
decine à l'université d'ïéna , fut reçu docteur
en 1667, et devint professeur de la faculté en
1673. Il y enseigna la chirurgie, la botanique et
i'anatomie. On a de lui : Ordo et methodus co-
gnoscendi et curcmdi causum ; — De Morbo
dominorum et domino morborum ; 1670; —
De Vesicatorlis ; 1673; — Be Mîjrrha; \&11 ;
— De Castoreo; 1677; — De "kmoytiçia, 1681 ;
— De Ovario MuUerum; 1681-, — napwxiôeç
physiologice et pathologiceconsideratse; 1683 ;
— De Febre amatoria; 1690.
Éloy, Dict. hist. de la Médecine.
* FASCH ( Charles-Frédéric- Chrétien ) , com-
positeur allemand, né à Zerbst, en 1736, mort
à Berlin, en 1800. Fils d'un maître de chapelle, il
annonça de bonne heure sa vocation musicale.
Il seYorma ensuite sous le virtuose Hœrtel de
Strélitz. En 1756 il obtint un emploi dans la
chapelle de Frédéric II. Fasch fonda l'Académie
de Chant de Berlin. Avant de mourir il brûla les
manuscrits de ses œuvres musicales.
Fétis, Biogr.univ. des Musiciens.
FA sciTELLi (i^onore), en latin fasitel-
Lus, poète latin moderne, né à Isernia, en 1502,
mort à Rome, en mars 1564. Il entra chez les
Bénédictins de la congrégation du Mont-Cassin,
et devint gouverneur du cardinal Innocent del
Monte, neveu de Jules III. Nommé, en 1555,
évêque d'isola , il assista au concile de Trente.
Deux ans avant sa mort il résigna son évêché
pour vaquer plus librement à des exercices de
piété. Ses poésies latines, qui pour l'élégance
peuvent se comparer aux meilleures du temps,
ont été insérées dans les Delïcix Poetarum
Italorum, p. 952, et dans les Carmina illust.
Poetar. Ital., IV, 191 ; elles ont été réimpri-
mées avec des additions par J.-Vinc. Meola;
Naples, 1776. On a encore de Fascitelli une
bonne édition de Lactance; Venise, Aide, 1535,
in-8°.
Meola, f^ie de Fascitelli, en tète de ses Poésies. —
Tirabosclii, Storia délia Lctt. Ital., t. VU, part. lîl,
p. 219.
FASEL ( Jean-Frédéric ), médecin allemand ,
né à Berka (duché de Weimar), le 24 juin
1721, mort le 16 février 1767. 11 fit ses études
médicales à l'université d'icua, sous Kaltsch-
midt, et obtint, en 1758, la place de professeur
extraordinaire. On n'a de lui que des opuscules
dont le plus important fut publié après la
mort de l'auteur, sous le titre de Elementa
Medicinx forensi accommodafa; léna, 1767,
in-4'';trad. en allemand par Chrétien-Godefroy
Lange, Leipzig, 1768, in-S" ; Wurtzbourg, 1770,
in-8". Fasel a publié en outre les Jnsiihiliones
medicinsc legalis velforensis de Teichmeyer ;
léna, 1764, in -8°.
Biographie médicale.
*FASOLATO (Agostino), sculpteur véni-
tien , travaillait à la fin du dix-septième siècle
et au commencement du dix-huitième. Cédant
au mauvais goût de son époque et doué d'une
prodigieuse habileté à tailler le marbre, il
chercha moins à atteindre la perfection de l'art
qu'à en vaincre les difficultés matérielles. Il se
fit connaître par de véritables tours de force,
dont le plus étonnant est le fameux groupe de La
Chute des Anges rebelles, qn& tous les étrangers
vont visiter à Padoue, dans le palais Trento-Pap-
pafava. Soixante figures entièrement nues, d'en-
viron 0'",30 de proportion, forment une espèce
de pyramide d'un seul bloc de marbre de près
de trois mètres de hauteur, qui ne présente de
tous côtés qu'un incroyable entrelacement de
corps , de têtes, de jambes, de bras enchevêtrés
dans les poses les plus extraordinaires, les plus
singulières. Chaque figure est presque entière-
ment isolée des autres, et l'imagination ne peut
concevoir que le ciseau de l'artiste ait pu fouiller
ainsi le marbre, et par d'étroites ouvertures ar-
river à terminer chaque ange , chaque démon
avec Je fini le plus précieux. Fasolato avait exé-
cute ce groupe pour le bailly de Malte, Trento,
qui lui en commanda un second du même genre
dont il voulait faire présent au grand-maîti'e de
l'ordre. Ce groupe, dont on ignore le sujet, fut
pris en mer par des corsaires barbaresques, et
l'on ne sait ce qu'il est devenu. Fasolato a sculpté
pour le palais Maldura de Padoue un troisième
groupe, composé seulement de six figures,de plus
grande proportion, représentant L'Enlèvement
des Sabines. E. B— n,
Cicognara, Stoi'ia délia Scultura. — Ticozzi, Dizio-
nario. — Paolo Faccio , Nuova Guida di Padova.
FASOLO (Jean), en latin faseolus, érudit
italien, né à Padoue, dans la première partie du
seizième siècle, mort dans la même ville, au
mois de décembre 1571. Il succéda à Robortel
dans la chaire de belles-lettres à l'université de
Padoue, On a de lui la première traduction du
Commentaire de Simphcius sur le Traité de
l'Atne d'Aristote; Venise, 1543, in-fol.
Nuovo Dizionario'Jstorico (édlt. de Bassano).
* FASOLO (Jean- Antoine), peintie italien,
né à Vicence, en 1528, mort à Vérone, en 1572.
Élève de Zeloti et de Paul Véronèse , il imita
surtout ce dernier. Il excellait à peindre des su-
jets allégoriques. Il mourut d'une chute qu'il lit
en peignant la salle du podestat de Vérone. Parmi
ses oeuvres les plus remarquables, on cite : La
Piscine, à Saint-Roch de Vérone ; et dans la ga-
lerie royale de Dresde, un portrait de femme
vêtue d'étoffe blanche parsemée de fleurs d'or.
Lanzi, Historia délia Pittura, l. III.
* FASOLO (Bernardin) , peinti-e italien, né
à Pavie, vivait dans la première moitié du sei-
zième siècle. Il fut un des meilleurs «Sèves do
135
FASOLO —• FASTOUL
\u
Léonard de Vinci. On voit de lui au Musée du
Louvre un beau tableau daté de 1518, lequel
représente La Vierge assise sur son trône et
tenant son fils dans ses bras.
Lanzi, Historia délia Pittura, t. IV.
* FASSARi (Fince»#), théologien sicilien, né
àPalerme,en 1599, mort dans sa ville natale, en
1663. Il entra dans la Société de Jésus en 1614,
et enseigna successivement les belles-lettres , la
philosophie, la théologie et l'Écriture Sainte. On
a de lui beaucoup de Meditationi sur des sujets
religieux, et d'autres ouvrages de philosophie
et de piété ; les principaux sont : Disputationes
philosophicas de quantitate, ejusque com-
positione, essentia , etc.; Palerme, 1644, in-
fol,; — Immaculata Deiparse Conceptio theo-
logicas commissa trutinœ ; Lyon, 1666, in-fol.
Mongitore, Bibliotheca Sicula. — Aug. et AI. de Bac-
ker, Bibliothèque des Écrivains de la Comp. de Jésus.
* FASSETTi (Giovanni-Battista), peintre
de l'école de Modène, né à Reggio, en 1686, mort
après 1772. Issu de parents pauvres, il dut se
mettre au service de Giuseppe Dallamano, dont
il broyait les couleurs; ce ne fut qu'à l'âge de
vingt-huit ans qu'il essaya de peindre à son
tour. Ayant quitté son premier maître, il s'at-
tacha à Francesco Bibbiena, et sous sa direction
il ne tarda pas à devenir un des plus habiles
peintres de décoration de son temps. Il peignait
encore à l'âge de quatre-vingt-six ans. E. B— n.
Tiraboschi, Nottzie degli Artiflci Modenesi. — Lanzi,
Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
FASSiN {Nicolas-Henri- Joseph de), peintre
belge, né à Liège, le 20 avril 1728, mort le 21
janvier 1811. A l'âge de vingt ans il entra dans
les mousquetaires gris du roi de France. En
1754 il quitta son corps pour organiser une com-
pagnie de cavalerie; mais à la paix il revint dans
son pays, et s'adonna à la peinture, qu'il avait
déjà cultivée dans sa jeunesse. A quarante ans
il fit le voyage d'Italie. Il se fixa ensuite à Ge-
nève, et ne tarda pas à se faire une réputation
d'habile paysagiste. Malgré les offres de Cathe-
rine II, qui voulait l'attirer à Saint-Pétersbourg,
Fassin revint en Belgique, et après avoir habité
successivement Bruxelles et Liège, il alla se
fixer à Spa, où il termina ses jours. Les compo-
sitions originales de Fassin ont de la richesse et
de la variété ; elles offrent un dessin correct, un
coloris naturel et pur; ses copies de Both et de
Berghem sont des chefs-d'œuvre.
Van Hulst, Notice biographique sur Fassin; Liège,
1837, in-8°. — Becdelièvre Haraal, Biographie Liégeoise.
* FASS01.0 (Bernardino) , peintre de l'école
milanaise , né à Pavie , florissait au commeuce-
ment du seizième siècle. Il est incroyable qu'un
artiste d'un aussi grand mérite soit resté pendant
près de trois siècles inconnu à tous les biogra-
phes; ce ne fut pourtant qu'à la fin du siècle
dernier qu'apparut à Rome une madone du plus
beau style léonardesque avec cette inscription :
Bernardinus Faxalus de Pupia fecit 1518.
Ce chef-d'œuvre indique évidemment que son
auteur fut un des meilleurs élèves de Léonard
de Vinci. De la galerie Braschi il est passé au
Musée du Louvre, où il est resté. E. B — n.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
— F. Vilîot, Notice des Tableaux du Musée du Louvre.
FASSONi {Libérât), théologien italien, né
vers 1700, mort à Rome, en 1767. Il était reli-
gieux des écoles Pies, et professait la théologie
dans le collège de son ordre à" Rome. On a de
lui : De Leibnitiano Rationis Principio ; Sini-
gaglia, 1754, in-fol.; — De grseca Sacrarum
Litterarum editione a LXX interpretïbus ;
Urbin, 1754, in-4°; — De Piorum in sinu
Abrahse beatitudine ante Christi mortem;
Rome, 1760, in-4''.
Ricliard et Giraud, Bibl. sacrée.
' FASTiDitfs, moine ou évêque anglais au
cinquième siècle. On manque de détails sur sa
vie ; ii reste de lui un Traité de la Vie chré-
tienne, qu'HoIstenius a publié à Rome, en 1633,
d'après un manuscrit fort ancien ; les doctrines
pélagiennes , alors réi>andues en Angleterre , se
montrent dans cet écrit. G. B.
Galland, Bibliotheca Patrum, vol. IX, p. 481, Prole-
gomena, p. xxix. — Celllier, Histoire des Écrivains
ecclésiastiques, t. XIV, p. 28G.
* FASTOUL OU FATOCL (Baude, du latin
Balduinus), trouvère, né à Arras, florissait
pendant le treizième siècle dans cette ville, fé-
conde en poètes renommés et connus par leurs
chants romans-wallons. Nous ignorons les par-
ticulai'ités de la vie de Baude Fastoul jusqu'au
temps où, peu après avoir assisté à un tournoi,
comme il nous l'apprend , il fut pris d'une ma-
ladie incurable, la lèpre très-probablement, dont
avait été atteint aussi son compatriote le fa-
meux Jean Bodel, mort au commencement du
treizième siècle {voir ce nom). Comme tout le
monde fuyait le pauvre trouvère, il se vit obligé
de quitter Arras. Selon l'habitude de l'époque,
il formula dans un Congié, à l'imitation de celui
d'Adam de La Halle {voir ce nom), ses adieux
à ses compatriotes et à ses bienfaiteurs de la
même ville. Cette pièce, très- remarquable, com-
mence ainsi :
Si je Savoie dire ou faire
Cuse ki autrui deust plaire,
J'en aroie moult bien loisir.
Il y cite ensuite un très-grand nombre de noms
de personnes qui existaient alors dans la ville
d'Arras, et parle des rapports qu'il avait eus
avec le mayeur :
Pitiés, par mon consel vlas
Congié prendre au mayeur d'Arras.
Car il me sciait avoir kier (me chérissait).
Entre autres choses encore , il y dit : « Il me
faut aller dans une maison où je devrai fournir
bon gage avant d'avoir une bonne ou mauvaise
nourriture , car les échevins ont décidé que je^
devais me mettre en possession du fief de Jea
Bodel. »
Eskievin ont trouvé un brief,
Ke je doi recevoir le flef
Ki Tient de par Jeban Sodel
137 FASTTOUL — FATIO
On ne peut, faute d'indication, préciser à
quelle ville, à quel hospice fut affectée cette
rente; peut-être fut-ce à la léproserie de Meulan.
L'œuvre de Baude Fastoul, qui figurait au n" 2736
des manuscrits de la bibliothèque du duc de La
Vallière, est cataloguée maintenant au n° 7218
aux manuscrits français de la Bibliothèque im-
périale. Barbazan, dans ses Fabliaux et Contes,
1808, tome I, p. 111 et suiv., a publié le Congié
de Baude Fastoul, d'à peu près 700 vers.
Jules Perin.
Arthur-Dlnaux, Trouvères, jongleurs et ménestrels du
nord de la France et du midi de la Belgique; Trouvères
artésiens; Valenciennes, t. III, 1843.
FÂSTRADE , reine de France , morte en 794,
à l'âge d'environ trente ans. Elle était fille de
Rodolphe ou Raoul, duc de Franconie (1). Char-
les P', roi des Francs (2), l'épousa à Worms, en
783, quelques mois après la mort de sa seconde
femme, Hildegarde. Le duc de Franconie était un
de ces riches seigneurs dont la cour égalait
presque en splendeur celle de leur souverain ;
comme lui , ils avaient des nobles pour domes-
tiques, et des grands-officiers de toutes déno-
minations. La nouvelle reine se montra altière ,
impérieuse et dure ; ses défauts la firent haïr des
seigneurs austrasiens. Les mécontents se réuni-
rent autour de Pépin dit le Bossu , fils de Char-
les 1*"^ et d'une concubine ou femme du second
ordre, dont il s'était séparé avant d'épouser la
princesse de Lombardie , Hermengarde. Blessé
des dédains dont l'accablait Fastrade, Pépin
conspira contre son père, qui ne lui avait pas
accordé d'apanage. Cette conspiration ayant
été découverte, les complices du jeune prince
subirent différents suppfices , à l'instigation de
Fastrade, dont le caractère était cruel; et mal-
heureusement elle jouissait d'un grand ascen-
dant sur l'esprit du roi, qui pour lui complaire
« s'écartait, dit Eginhard, de sa bonté et de sa
doucem' habituelles ». Les conseillers de Char-
les l'emportèrent cependant sur la reine en ce
qui concernait Pépin. Au lieu de le condamner à
mort , on le fit raser et enfermer dans un mo-
nastère. Fastrade eut deux filles , Théodrade et
Hiltrude, qui devinrent abhesses, la première
d'Argenteuil, la seconde de Faremoutiers. Après
onze ans de maiiage, cette reine mourut, à Franc-
fort-sur-le-Mein. Charles se consola promptement
de sa perte , en épousant, en quatrièmes noces ,
une princesse allemande, nommée Luitgarde.
C Lebrun.
Eginhard, fie de Charlemagne. — Daniel, Histoire
de France.
* FASTRËDE ( FlASTER OU FASTRADE, et pluS
fréquemment), abbé de Citeaux, né dans les
premières années du douzième siècle, mort à
(1) La Franconie tirait son nom de la colonie de Francs
que Clovis avait établie en ce pays, pour protéger la
Gaule contre les incursions des Thuringiens.
(2) Le titre de Magnus ou Grand ne fut donné à
Charles que quelque temps après sa mort. Comme ce
prince ne fut couronné empereur d'Occident qu'en 800, I
fastrade n'a pas été Impératrice.
138
Paris, le 11 avril 1163. Il succéda à saint Ber-
nar dans la charge de prieur des Cisterciens de
Clairvaux , et embrassa les intérêts de l'Église
dans le schisme qui suivit l'élection du pape
Alexandre III. Fastrède a écrit deux lettres;
l'une est imprimée dans les Opéra de saint
Bernard , l'autre dans le Xe vol. des Conciles
du P. Labbe. Louis Lacour.
Gallia christiana, t. III, p. 171, t. V. p. 800. — Dubois,
Histoire ecclésiastique de Paris, 1. XIII, ch. iv. — Hist.
littéraire de France, t. XII, p. 625.
FXTB (Abou-Nasr). Voy. Al-Fath ibn-Kha-
CAN.
FATHIME ou FATHIMET , fille de Mahomet
et de Khadidja, née à La Mecque, en 606 de J.-C,
morte en 632. A l'âge de quinze ans, en l'an 2 de
l'hégire (623 de J.-C), elle épousa Ali, dont
elle fut la première et la seule femme tant qu'il
vécut. Elle fut mère de Hosséin, Hassan et Moh-
sen. C'est d'elle que prétendaient descendre les
khalifes fathimites d'Egypte. Encore aujourd'hui
les seyyids et les schérifs , qui seuls ont titre
de noblesse dans les pays musulmans, et qui
portent le turban vert pour marque de distinc-
tion, font remonter leur origine jusqu'à Fathime.
Celle-ci est au nombre des quatre femmes que
Mahomet regardait comme douées de la perfec-
tion. E. Beacvois.
Abuiféda, fie de Mahomet, trad. par Gagnier, p. 17,
62.— Abulfaradj, Hist. Dynast., trad. par Pococke, p. 103.
— M. Caussin de Perceval, Essai sur l'hist. des Arabes
avant l'islamisme, t. I, p. 329-330 ; t. III, p. 84, 83,, 329.
— Mort de Fathime, extr. du Deh. Médjlis; dans les New
Asiatic Miscellanies, Calcutta, 1789, in-4°.
* FATHIMET, fille de Yousouf ben-Yahya
al-Moghamir de Cordoue, morte en 319 de l'hé-
gire (931). Elle est la première des femmes ara-
bes qui aient exercé la profession de juriscon-
sulte et écrit sur le droit. E. B.
Ahmed ben-Yaliya ad-Dhobi, Boghiet al-Moltemis. —
J. de Hammer, Literatur-Geschichte der Araber, t. IV,
p. 145.
* FATIK AL-MEDJNOUN ( AbOU-Schodja) ,
émir d'Egypte , né en Asie Mineure , de parents
grecs, mort au Caire, en 350 de l'hégire ( 961 de
J.-C). Fait prisonnier par des musulmans, dans
le château de Dzou'l-Kelaat , il vint en la pos-
session d'Ikhschid, khalife d'Egypte. Après la
mort de ce prince, U se retira dans ses pro-
priétés du Fayyoum , pour éviter d'obéir à Ka-
four, naguère son égal , mais alors devenu régent
du royaume. L'insalubrité du cUmat de cette
province et sa mauvaise santé le forcèrent à
retourner au Caire. Il y fit connaissance de Mo-
tenebbi, qui l'a immortalisé pai' ses célèbres
kassidets intitulées Fatikiyet. E. B.
Ibn-Kliatlikan, Biogr. Diction., trad. par M. Mac-Guc-
kin de Slane, t. I, p. 110, t. H, p. 453-455. — Abuiféda,
Ann. Mosl., trad. de Reiske, t. II, p. 473. — Motenebbi,
trad. en atl. par M. J. de Hammer; Vienne, 1823, in-8o,
FATOIIDES OU FATBÉMIDES. Voy. Al-
MAHDY.
FATIO DE DtriLLERS ( Nicolas ) , savant
géomètre et célèbre fanatique , né à Bàle, le 16
Î39
FATIO
140
février 1664, et mort en 1753, dans le comté de
Worcester. Il fut élevé à Genève et reçu bour-
geois de cette ville. Après avoir ensuite passé
quelque temps à Paris et à La Haye , il adopta
l'Angleterre pour sa patrie. De bonne heure il
donna des preuves d'une grande aptitude pour
les sciences exactes. Il commença à se faire con-
naître par une lettre qu'il écrivit, à l'âge de dix-
huit ans, à Cassini, et qui contenait une nouvelle
théorie de la terre et une hypothèse pour exph-
quer la forme de l'anneau de Saturne. S'étant
rendu à Paris au commencement de 1683 , il
reçut des membres de l'Académie des Sciences
des témoignages flatteurs de leur estime pour ses
connaissances précoces. Cette même année, en
mars et en avril , l'attention du monde savant
fut attirée par l'apparition d'une lumière sem-
blable en couleur et en intensité à celles de la
queue des comètes, et qui se montrait tantôt après
le crépuscule, tantôt avant l'aurore. Cassini,
pour expliquer ce phénomène , établit la théorie
de la lumière zodiacale. Fatio, qui avait suivi ce
savant dans ses observations , et qui eut occa-
sion l'année suivante de les répéter à Genève ,
donna, en 1685, à cette hypothèse des dévelop-
pements nouveaux, qui furent reçus avec fa-
veur (1). En outre de travaux importants sur
l'astronomie mathématique, on doit à ce savant
plusieurs applications utiles ou curieuses des
sciences à la navigation et à l'industrie, par
exemple une nouvelle manière de mesurer la
vitesse de la marche d'un vaisseau, un moyen
d'utiliser comme moteur le mouvement des eaux
occasionné par le sillage d'une embarcation , un
procédé pour percer les rubis , ce qui les rendait
propres à être employés dans l'horlogerie. Fatio
fut la cause première de la discussion soulevée
entre Leibnitz et Newton sur l'invention du
calcul différentiel. Piqué, dit-on, de n'avoir | as
été mis au nombre des mathématiciens auxquels
Leibnitz proposait la solution de problèmes dif-
ficiles , il vengea son amour-propre offensé en
contestant les droits que celui-ci croyait avec
raison avoir à la découverte du calcul différentiel
(calcul des fluxions).
Cet tiomme, qui s'était fait connaître de si
bonne heure comme un habile mathématicien ,
qui justifia par ses travaux les espérances qu'il
avait fait concevoir, qui fut reçu à vingt-quatre
ans membre de la Société royale de Londres et
qui aurait été admis plus jeune encore à l'Aca-
démie des Sciences de Paris s'il avait consenti
à renoncer au culte protestant, se laissa égarer
en religion jusqu'aux dernières limites de l'ex-
travagance. Non-seulement il se fit à Londres
en 1706 l'ardent défenseur des prophètes des
Cévennes {voyez l'article Page), mais encore il
se crut lui-même inspiré par l'esprit divin et ca-
pable de prophétiser et de faire des miracles.
(1) Voir une communication de Choiiet sur l'explication
développée par Fatio dans les Nouvelles de la République
des Lettres, 1685, mars, r, 260-267.
Des discussions très- vives éclatèrent sur les pré-
tentions des prétendus prophètes. La Lettre sur
V enthousiasme de Shaftesbury, écrite à cette
occasion , ne suffit pas pour ramener les esprits
au sens commun. Il fallut avoir recours à des
mesures sévères. Fatio et deux autres fanatiques
furent condamnés à l'exposition publique , avec
un écriteau attariié au chapeau (1). Loin de le
corriger, cette punition poussa son exaltation
jusqu'au dernier paroxysme. Il conçut le projet
de convertir au christianisme tous les habitants
de la terre, et il partit pour l'Asie dans le des-
sein de commencer son œuvre. Le reste de sa
vie est peu connu. On sait seulement qu'il re-
tourna en Angleterre , qu'il y vécut dans la re-
traite, et qu'il persista jusqu'à la fin de ses jours
dans ses croyances extravagantes , tout en con-
tinuant cependant à s'occuper de travaux scien-
tifiques.
Outre plusieurs articles d'astronomie ma-
thématique pubUés dans la Bibliothèque uni-
verselle en 1687, dans les Acta Erudit. Lips. en
1700, dans les Transactions philosophiques
en 1713 et dans le Gentleman''s Magazine en
1737 à 1738, on a de lui : Lettre à M. Cassini
sur une lumière extraordinaire qui paraît
dans le ciel depuis quelques années; Ams-
terdam, 1686,in-8°; — Epistola de Mari yEneo
Salomonis ad Bernardum, in qua ostenditur
geometrice satisfieri passe mensuris quœ de
Mari .Eneo in Sacra Scriptura habentur ;
Oxford , 1688, in-8" ; -^ Lineee brevissimee De-
scensus, investigatio geometrica duplex, cui
addita est investigatio geometrica solidi ro-
tundi in quo niinima fiât resistentia ; Lon-
dres, 1699, in-4'' ; — Navigation improved,
being the Methodfor finding the latitude at
sea as well as bij land (La Navigation perfec-
tionnée, ou méthode pour trouver la latitude en
mer aussi bien que sur terre); Londres, 1728,
in-fol. 11 s'agit principalement dans ce livre de la
détermination de la latitude au moyen de deux
observations de la hauteur du soleil et du temps
écoulé entre elles. — Bœhmer et Senebier lui
attribuent un ouvrage anonyme intitulé : Fruis-
walls improved (Espalier perfectionné); Lon-
dres, 1699, in-4'', et dans lequel est décrite une
nouvelle espèce de terrasse inclinée propre à la
culture des fruits en espalier. Fatio avait publié
aussi quelques écrits en faveur des prophètes des
Cévennes ; nous n'avons pu en retrouver les titres.
Il laissa en mourant un assez grand nombre
d'ouvrages inédits, qui passèrent entre les mains
du professeur Le Sage de Genève : aucun d'eux
n'a été publié. Michel Nicolas. ,
Senebier, Bist. litt. de Genève, t. III.
FATIO a>E »îJïLt,EES { Jean-Christophe) ^
frère aîné du précédent, se livra, comme lui,
à l'étude des sciences , principalement à l'astro-
nomie et à la physique. Ses travaux lui ouvri-
ii) Senebier, dans son Bist. littér. de Genève, prétend
que cette exposition n'eut lieu qu'en effigie.
141 FATTO — FAUCHE-BOREI
rent en i 706 les portes de la Société royale de
Londres. Le 1" vol. de Y Histoire de Genève de
Spoii confient quelques observations de lui sur
riiistoire naturelle des environs du lac de Ge-
nève, et le n" 306 des Transact. philos, un
extrait de la description d'une éclips? de soleil
qu'il avait observée à Genève. Enfin, il a aussi
publié un petit écrit pour prouver la fausseté du
prétendu manuscrit sur l'histoire de Genève
trouvé dans le château de Prangius, et dont Gre-
gorio Leti, qui le premier en lit usage , fut vrai-
semblablement l'auteur. Michel Nicolas,
Sencbier, Hist. litt. de Genève, t. HI.
* FATOU (Nicolas ), écrivain mystique fran-
çais, né à Arras, en 1044, mort à Saint-Omer, le
17 août 1094. Il prononça ses vœux au couvent
des Dominicains de sa ville natale, et se fit en-
suite agréger au couvent de Saint-Omer, où
il termina ses jours. On a de lui •- Le Paradis
terrestre du saint Rosaire de l'auguste
Vierge, mère de Dieu; divisé en douze ja7'-
dins à huit jjarterres, autrement en douze
octaves à huit discours, excepté le onzième,
qui en a douze. Idée qui, sans aucun trait de
poésie, va produire une rose à cent feuilles
ou cent discours très-propres sur la même
matière du Rosaire, en 4 tomes ; Saint-Omer et
Lille, 1692, un vol. in-12. On peut juger du
style par le titre singulier de cet ouvrage : les
trois tomes, qui devaient suivre, n'ont pas paru.
Nie. Fatou a traité aussi du fameux miracle de la
sainte Chandelle , dont se sont occupés Gazet et
tant d'autres ; sou livre est intitulé : Discours
sur les Prodiges du Saint Cierge apporté par
la très-auguste et très-miséricordieuse mère
de Dieu, comme remède souverain contre le
feu ardent, dans l'église cathédrale d' Arras,
le 27 mai 1105; Arras, 1696, petit in-S". Une
réimpression en parut dans cette ville, en 1744,
in-12. La première édition de ce petit livre cu-
rieux classez rare est de Saint-Omer, 1693.
Jules Perin.
142
Foppens, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire
des Pays-Bas, t. I, p. 148. — Caron et d'Héricourt , he-
ckerches sur les livres imprimés à Arras ; 1834-1833.
FATOCViLLE (NoLANT DE ), auteur drama-
tique français, vivait vers la fin du dix-septième
.<iècle.Il était conseiller au parlement de Nor-
mandie, et composa pour l'ancien Ïhéàtre-Italien
quinze comédies en prose qui ont été imprimées,
sans nom d'auteur, soit en entier, soit seulement
en partie, dans le Théâtre-Italien deGherardi;
Paris 1700 ; Amsterdam, 1701, 6 vol. in-12; ces
pièces sont : Arlequin chevalier du Soleil ;
Arlequin- Jason, ou la Toison d' Or ; Arlequin
lingère du palais; Arlequin Mercure ga-
lant ; Arlequin Protée ; Le Banqueroutier;
Colomb/ne avocat pour et contre ; La Fille sa-
vante ; Grapinian, ou Arlequin j)rocureur.
Cet ouvrage , qui o!)tint un grand .succès et qui
censurait tiès-spirituellement l'âpreté au gain des
gens d'aflaires do l'époque, âpreté que Fatouville
dans ses fonctions avait pu observer mieux que
personne , a eu plusieurs éditions , dont la pre-
mière parut en 1684, in-12. On lui attribue aussi
Isabelle médecin. Le Marchand dupé, La
Matrone cVÉphèse et La Précaution inutile.
Hector M a lot.
Biiyle, Nouvelles de la hépiibUque des Lettres — Du
Gérard , Tables alphabétiques et chronologiques des
Pièces représentées sur l'ancien Théâtre-Italien. — Qiié-
rard, France littéraire.
FATTORE (II). Voy. Penni (Giovanni-Fran-
cesco ).
FAU (Jean- Nicolas), en latin fagics, poëte
latin moderne, né à Besançon, vers 1600, mort
le 16 juillet 1655. Il entra chez les Minimes, et
parcourut comme provincial de son ordre l'Alle-
magne, l'Espagne et l'Italie. On a de lui plusieurs
recueils de poésies latines sur des sujets de
piété; savoir : Spéculum Vigilantium, Memo-
ria Dormientium ; Prague, 1640, in^l2; — S.
Maria liberatrioa ; Munich; 1644 ; — Florida
Corona boni Militis , seu Encomia P. Ga spa-
rts Boni ord. Minim. provincialis ; Munich,
1652, in-8".
Fau, dan.sses OEuvres , passim.
FAUCCi (Charles), graveur italien, né à
Florence, en 1729, mort vers la fin du dix-hui-
tième siècle. Il étudia son art sous Carlo Gre-
gori , et grava beaucoup de planches pour la
galerie du marquis Gerini. Il alla ensuite s'établir
à Londres, où il travailla longtemps pour Boy-
dell. Parmi ses estampes on cite : La Nativité
de la Vierge, d'après P. de Cortone; — L'A-
doration des Bergers, d'après le même; — Le
Couronnement de la Vierge, d'après Rubens;
— Une Bacchanale , d'après le même.
Gandellini, Notiz-ie degli Intagliatori, avec les addi-
tions de Luigi de Angelis, t. 11 et VIU.
faucbard (Pierre), chirurgien frapçais,
né en Bretagne, vers la fin du dix-septième
siècle, mort à Paris, le 22 mai 1761. Pendant
quarante ans , il exerça à Paris, avec beaucoup
de succès, la profession de chirurgien dentiste.
On a de lui : Le Chirurgien dentiste, ou traité
des dents; Paris, 1728, 2 vol. in-12. D'après
Éloy , cet ouvi'age est le meilleur qui ait été écril
sur les maladies des dents.
Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
FAUCHE-COREL (Louis), agent politique
suisse, né à Neufchàtel, en 1762, mort dans la
même ville, le 7 septembre 1829. Issu d'une an-
cienne famille de Franche-Comté réfugiée en
Suisse après la révocation de l'édit de Nantes ,
il dirigeait à la révolution , dans sa ville natale,
un vaste établissement typographique, qui rendit
beaucoup de services aux émigrés. En 1795 il
abandonna toutes ses affaij'es pour se vouer
sans réserve à la cause des Bourbons , et il fut
chargé par le prince de Condé de faire à Pi-
chegru des propositions de trahison. Dès le dé-
but sa mission réussit ; mais le Directoire reçut
quelques avis, et Pichegru fut rappelé. Fauche
lui-même fut arrêté, le 2( décembre 1795, à
143 FAUCHE-BOREL
Strasbourg. Comme ses précautions étaient bien
prises, on ne trouva aucune charge contre lui,
et il fut remis en liberté. Au mois de juin 1796,
Louis XVIII l'envoya renouer des intelligences
avec Pichegru , alors retiré à Arbois. Le plan de
contre-révolution était prêt lorsque le général
fut nommé membre du Conseil des Cinq Cents.
Aussitôt Fauche-Borel se rendit à Paris, d'après
les intentions des princes. La révolution du 18
fructidor vint renverser tous les projets du parti
royaliste, et la correspondance de Fauche avec
Pichegru, saisie dans les équipages du général
Klinglin, servit de base à l'exposé de la cons-
piration que puWia le Directoire. Cependant ,
dès le lendemain même du 18 fructidor cet au-
dacieux agent s'occupa de nouer les fils d'un
nouveau complot. Il se mit en rapport avec
Barras, qui ne s'était opposé au mouvement
royaliste que parce qu'on ne s'était pas confié à
lui (voyez Barras). Quelques jours après, le
directeur lui fit remettre un passe-port pour
sortir de Paris. Fauche passa en Angleterre pour
attendre des communications que Barras s'était
engagé à faire au prétendant. Des conflits et des
malentendus , qui naquirent entre lui et un des
instruments de ses menées , retardèrent l'envoi
des lettres de Barras. Fauche-Borel eut toute-
fois, en Angleterre, la satisfaction de serrer
dans ses bras son admirable Pichegru (ce
sont les expressions de ses Mémoires et d'in-
former ce général des dispositions de Barras. Dès
qu'on eut pu s'entendre avec lui sur ce que le
directeur exigeait du roi pour prix de ses ser-
vices , on porta à Mittau ces dernières commu-
nications. Fauche reçut l'ordre de continuer à
correspondre avec Barras , et profita du départ
d'un courrier que le cabinet prussien envoyait
à Paris, pour faire parvenir une lettre au direc-
teur. Cette lettre était conçue de manière que
les collègues de Barras pouvaient en prendre com-
munication , et celui-ci n'en fit pas mystère.
Talleyrand proposa de communiquer avec Fau-
che, par le moyen d'Eyriès , qu'il envoyait alors
en mission à Clèves. Fauche-Borel , néanmoins,
ne jugeant pas cette voie assez sûre, attendit
que Barras lui envoyât son confident intime,
le chevalier Tropez de Guérin , auquel il remit
les lettres patentes de Louis XVIII. La ré-
volution du 18 brumaire vint encore anéantir ces
projets.
Les préparatifs de la paix d'Amiens ne ralen-
tirent pas les menées des royalistes. Elles sem-
blaient au contraire prendre alors une grande
activité. Fauche-Borel fut choisi pour être le
médiateur entre Moreau et Pichegru; mais à
peine arrivé à Paris , il fut arrêté et conduit au
Temple. Après une détention de dix-huit mois,
les instances de l'ambassadeur de Prusse et
une lettre de S. M. Prussienne elle-même dé-
terminèrent Bonaparte à lui rendre la liberté.
Reconduit à la frontière par les gendarmes , il
partit alors pour Berlin reçut un accueil flatteur
144
du roi et de la reine , et ne cessa de rendre à la
cause des Bourbons des services tels, que Napo-
léon envoya, à la fin de 1805, trois commis-
saires à Berlin , pour faire de nouvelles récla-
mations contre lui. Instruit à temps par la reine
il partit pour Londres, conférant sur sa route
avec le ministre suédois, puis avec le roi de Suède.
En Angleterre, il fut chargé, avec d'Entrai-
gues et de Puisaye , de la correspondance roya-
liste , et eut à ce sujet de nombreuses relations
avec l'ancien journaliste Perlet, qu'il dénonça plus
tard comme un espion de la police impériale.
De retour à Paris au mois d'octobre 1814,
après diverses missions , il essaya plusieurs fois
de faire parvenir des renseignements utiles
aux Tuileries. Mais le duc de Blacas, l'homme de
confianceduroi, lerepoussa, ne lui témoignant que
des soupçons injurieux. Cependant il continua à
être l'agent du roi de Prusse , et voyagea , avec
ses instructions, à Vienne, puis à Gand. A
peine fut-il arrivé dans ce foyer de l'émigration
quele ducde Blacas lui fit intimer, par le directeur
de la police , l'ordre de quitter la ville dans les
vingt-quatre heures. Fauche multiplia pendant
trois jours ses démarches auprès de plusieurs
personnages influents, et s'efforça de parvenir
jusqu'au roi. Deux gendarmes lui furent d'abord
donnés pour escorte; puis, transféré à Bruxel-
les , il fut jeté dans un cachot , où il resta huit
jours. Il ne dut sa liberté qu'aux vives récla-
mations du ministre du roi de Prusse. Il parait
qu'un semblable traitement ne lui inspira pas la
moindre rancune pour les Bourbons ; car il se
mit , à la première nouvelle de la bataille de Wa-
terloo , en devoir de concourir à la réintégration
de la monarchie. Il publia : Précis historique
des différentes missions dans lesquelles M.L.
Fauche-Borel a été employé pour la cause de
la monarchie , suivi de pièces justificatives ;
Paris, 1815 , in-8°, fig., avec cette épigraphe :
Pœnam pro munere . Cet ouvrage fut lu avec
beaucoup d'empressement , et l'on y remarqua
surtout les accusations formulées contre Perlet,
qui répondit en accusant lui-même son adver-
saire d'avoir trahi la cause qu'il défendait. Des
mémoires très-curieux furent publiés dans cette
affaire, et il fut enfin établi, par un jugement
du tribunal de police correctionnelle , en date du
24 mai 1816, que Perlet [était un escroc, un
calomniateur, et que Fauche n'avait jamais
manqué à l'honneur. Cependant, ce triomphe
ne lui donnait aucun moyen de payer ses dettes.
Après l'avènement de Georges IV, se voyant
oublié par ceux qui lui devaient tant , il se retira
en Angleterre , où il vécut d'une pension que le
cabinet de Saint-James lui avait autrefois ac-
cordée. Le roi de Prusse ne lui envoya que des
lettres qui lui permirent d'ajouter à son nom la
particule noble et le titre de conseUler d'ambas-
sade prussien. Il fit encore plusieurs voyages,
et reparut à Paris, où sa dernière ressource fut
de faire publier, à grands frais, des Mémoires
145
FAUCHE-BOREL — FAUCHI^R
146
que personne ne lut. Tous ces mécomptes tour-
nèrent la tête de ce malheureux agent de la di-
plomatie. Il jeta un regard douloureux sur les
longs jours inutilement consumés au service des
grands, revint dans sa patrie en juillet 1829,
et au bout de quelques semaines , cédant à son
désespoir, se précipita du haut d'une fenêtre de
sa maison. Telle fut la fin de l'homme qui di-
sait naïvement avoir fait pour la ruine de Na-
poléon plus que les huit cent mille baïonnettes
étrangères dont on a vu un moment la France
hérissée.
Outre le Précis historique cité plus haut, on
a de Fauche-Borel : Notices sur les généraux
Pichegru et Moreau; Londres, 1807, in-S"; —
Mémoire pour L. Fauche-Borel , contre Per-
let, ancien journaliste; Paris, 1816, in-4'>;
— Réponse de M. Fauche-Borel à M. Rif/é,
substitut de M. le procureur du roi; Paris,
1816, in-8°; — Mémoires; Paris, 1828, 4 vol.
in-8°.
Le Bas, Diction, encyc. de la France. — Rabbe, Bois-
jolin, etc., Biogr. univ. et portative des Contemp.— Ar-
nault, Jouy, Jay, etc., Biogr. nouv. des Contemporains.
FAUCHER ( Denis), théologien français, né
à Arles, en 1487 , mort à l'abbaye de Lérins, en
1562. 11 se fit bénédictin dans le couvent de Po-
linore, près de Mantoue, et prononça ses vœux le
2 mai 1508. Il fut envoyé en 1515 au monastère
de Lérins, et il en devint prieur dans un âge
avancé. Ses ouvrages, parmi lesquels on cite :
Ecloga de laudibus insulx Lerinensis; De
Contemptu Mortis Elegia; Annalium Pro-
vincise- Libri V , ont été recueillis par Vincent
Barrali de Salerne, à la suite de l'ouvrage qu'il a
publié sous le titre de Chronologia Sanctorum
et aliorum Virorum illustrium ac Abbatum
sacrée insulœ Lerinensis ; Lyon, 1613, in-4'*.
Moréri, Grand Dict. historique.
FAUCHER ( Jean), médecin et érudit fran-
çais,^é à Beaucaire, en 1 530, et mort à Nîmes,
à la fin du seizième siècle. Le cardinal Geoi^es
d'Armagnac, d'abord archevêque de Toulouse
et ensuite archevêque d'Avignon , connu par la
protection éclairée qu'il accorda aux lettres , lui
témoignait constamment autant d'estime que de
bienveillance ; mais il ne paraît pas que J. Fau-
cher ait jamais cherché à tirer parti de la faveur
dont il jouit auprès de ce prince de l'ÉgHse pour
parvenir dans la carrière de la fortune et des
honneurs. Nous ne connaissons de lui qu'une
paraphrase en vers latins d'un poëme d'Avicenne
sur la médecine. Cet écrit est intitulé : Gantica
Avicennse, carminé elegiaco ex arabico latine
reddita ; Nîmes, 1630, in-1 2. J. Faucher nous
apprend, dans son avertissement au lecteur, que
si, à l'exemple de plusieurs médecins de l'anti-
quité , il a écrit en vers sur les sciences médi-
cales , c'est parce qu'Apollon, le dieu de la poésie,
est aussi l'inventeur de la médecine :
Pliœbus et inventer raedicinae et carnainis auclor,
et que ce qui est exposé en vers se grave plus
facilement dans la mémoire :
Nam lacile inserpunt docili modulatu cerebro.
Michel Nicolas.
Biographie du Gard.
* FAUCHER (Guillaume), fils du précédent,
né à Beaucaire , médecin et poète latin comme
lui. On lui doit un poëme latin en quatre chants,
intitulé : Maumorantiados Libri quatuor, ad
Henricum Secundum , Maumorantionum et
Dampvillœorum ducem serenissimum et sem-
per victorem; Nîmes, 1632, in-12. Ce poëme
est consacré à célébrer les hauts faits de Mont-
morency :
Dicatn actes populosque tuos moresque tuorum
PrlncipuDB , et insignes revocabo ex ordine pugnas.
Dans des stances françaises qui précèdent le
poëme latin, et qui sont de T. de Chillac, il est
fait un éloge pompeux de G. Faucher. M, N.
Biographie du Gard.
* FAUCHER (Jean), controversiste protes-
tant, mort à Nîmes, en avril 1628. H était minis-
tre à Uzès, quand, en 1611, il fut député par les
églises protestantes du bas Languedoc à l'assem-
blée de Sommières et en 1615 à celle de Grenoble.
Cette dei'nière assemblée ayant été transportée à
Nîmes l'année suivante , Faucher, dont le con-
sistoire de cette ville apprécia le mérite, fut
nommé pasteur et professeur de théologie dans
cette égUse. Il suivit cependant l'assemblée dont
il faisait partie , à La Rochelle, où elle avait dé-
cidé d'aller siéger, et il ne retourna à Nîmes qu'en
1617, après la conclusion de lapaix. Homme d'une
grande énergie, il partageait l'opinion de ceux de
ses coreligionnaires qui espéraient encore sinon
faire triompher par les armes la cause du pro-
testantisme en France , du moins s'assurer par
une résistance armée la liberté de conscience. Il
contribua pour sa part à faire prévaloir ces prin-
cipes dans l'assemblée de 1615 à 1617, une des
plus énergiques qu'aient eues les réformés. Ce fût
encore ces principes qu'il soutint quand , en août
1622, le duc de Rohan , convaincu de l'impossi-
bilité d'une plus longue résistance, proposa à une
réunion de ministres qu'il avait convoqués à
Nîmes de déposer les armes et de faire la paix.
Faucher, au nom de ses collègues, s'éleva contre
ce projet , prétendant qu'ouvrir les villes protes-
tantes au roi, c'était sacrifier toutes leurs li-
bertés. Le duc de Rohan essaya en vain de dis-
siper ces craintes : irrité enfin de ne pouvoir
vaincre l'opposition, il renvoya l'assemblée en
s'écriant qu'ils étaient tous des républicains et
leurs peuples des séditieux, et qu'il aimerait
mieux avoir à conduire un troupeau de loups
qu'une assemblée de ministres.
Nous ne connaissons de Faucher que les deux
écrits suivants : Exorcismes divins , ou pro-
positions chrétiennes pour chasser les démons
et les esprits abuseursquitroublent les royau-
mes; Nîmes, 1626, petit in-8";— Zacharie, ou
la sainteté du mariage et particulièrement
147 FAUCHER
du mariage desecclésiastiques, contreVusage
des sous-tntroduites et autres impuretés des
consciences cautérizées ^Mmes, 1627,pet.in-8°.
Michel Nicolas.
Biog. du Gard. — Haag, La France protestante.
FAVCUER (César et Constantin, frères),
généraux français, nés à La Réole, le 20 mars
1759, fusillés à Bordeaux, le 27 septembre 1815.
Nés le même jour et à la même heure, nourris,
élevés ensemble , ils étaient d'une ressemblance
si parfaite, que leurs parents eux-mêmes ne
pouvaient les distinguer que par la couleur diffé-
rente de leurs vêtements. Mêmes traits , même
taille, mêmes goûts, mêmes aptitudes, mêmes
succès, mêmes malheurs : tout leur fut com-
mun. On eftt dit que la nature s'était plu à for-
mer un seul homme en deux êtres. Aussi a-t-ou
dit de leur existence phénoménale : 'c Chacun
était deux , tous deux étaient un. » Leur famille
jouissait d'une grande considération dans le dé-
parlement de la Gironde. Faucher père , cheva-
lier de Saint-Louis et de Saint-Michel, y exerçait
les fonctions de commissaire des guerres ; il fit
donner à ses enfants , qu'on appelait déjà les J21-
meaux de La Réole , une éducation forte et
brillante. A l'âge de quinze ans, il les fit admettre
dans les chevau-légers de la maison du roi. Par
un goût singulier cliez des militaires, durant les
loisirs de garnison, ils étudièrent, et se firent
recevoir avocats. En 1780 ils passèrent, en qua-
lité d'officiers, dans un régiment de dragons.
Jusqu'en 1789 les frères Faucher restèrent dans
l'oubli , ne s'occupant que d'études scientifiques
et littéraires. A cette époque, ils vinrent à Paris.
Partisans d'une sage réforme, et dévoués aux
intérêts du peuple, ils se lièrent avec Necker,
Bailly et Mirabeau. En 1791 César fut nommé
président du district de La Réole et comman-
dant des gardes nationales de la Gironde. Cons-
tantin fut en même temps nommé commissaire
du roi et chef de la municipalité du même dis-
trict. Leur administration fut signalée par les
services qu'ils rendirent au pays, alors affligé
par la disette et les inondations. Lorsqu'en 1 793
l'ennemi envahit les frontières , et que la guerre
civile éclata dans la Vendée, les frères Faucher
foimèrent un corps franc d'infanterie connu sous
le nom d'enfants de La Réole, et qui fut dirigé
sur la "Vendée. Dans cette guerre malheureuse ,
César et Constantin firent preuve du même cou-
rage, coururent les mêmes dangers et obtinrent
successivement , sur les mêmes champs de ba-
taille , les mêmes grades. A Fontenay, Constan-
tin reçoit un coup de sabre ; César, blessé, se
précipite au-devant de lui, le couvre de son
corps , panse sa blessure , et ne reparait à l'ar-
mée que lorsque son frère guéri peut y repa-
raître avec lui. Le 13 mai 1793, à l'attaque de
la forêt de Vouvans, Constantin est démonté;
César accourt à son secours ; son cheval tombe
aussi percé de coups , lui-même est atteint de
dix coups de sabre et d'une balle dans la poi-
148
trine ; mais leurs cavaliers exécutent une charge :
à fond qui les dégage tous deux et leur donne la i
victoire. Après une nouvelle action d'éclat com-
mune aux deux frères , ils furent ensemble nom-
més généraux de brigade. Les nombreuses bles-
sures qu'ils avaient reçues les forcèrent à quitter
le service; enfants delà Gironde , les frères Fau-
cher n'avaient pas caché leur attachement pour
les girondins , dont ils partageaient les senti-
ments ; aussi , accusés de fédéralisme , ils furent
arrêtés par les ordres du représentant du peuple
Laignelot, et traduits, le l*"' janvier 1794, de-
vant le tribunal révolutionnaire séant à Roche-
fort. Leur condamnation à mort, promptement
décidée , les trouva résignés : déjà ils étaient
montés sur les premières marches de l'échafaud,
lorsque le représentant du peuple Lcquinio donna
l'ordre de surseoir à l'exécution. Leur procès
fut revisé, le jugement annulé, et bientôt après
ils furent remis en liberté. L'état de leur santé
était tel à cette époque qu'on fut obligé de les
reporter en litière à La Réole. Cependant ils furent
rappelés au service et destinés pour l'armée de
Rhin et Moselle; leurs infirmités ne leur per-
mettaient plus un service actif, et Kleber, leur
ami , écrivait à cette occasion : « Ils ne peuvent
plus aller en avant ; mais qu'on les place comme
pièces de position, cela leur conviendra; je les
connais, ils n'aiment point à aller en arrière. »
Bonaparte, devenu premier consul, nomma, le 3
avril 1800, Constantin Faucher sous-préfet de La
Réole, et le 15 mai delà même année César
membre du conseil général de la Gironde. Ils rem-
plirent ces fonctions jusqu'en 1803, époque à
laquelle ils donnèrent ^ensemble leur démission.
Rentrés dans la vie privée, ils se livrèrent à des
opérations commerciales. La majeure partie de
leurs biens était engagée dans la banque terri-
toriale ; la faillite de cet établissement les leur
enleva; ils résolurent alors de terminer leurs
jours à La Réole dans l'obscurité. Mais lors-
qu'en 1814 ils virent le territoire français en-
vahi, leur patiiotisme se réveilla; un événe-
ment auquel ils étaient tout à fait étrangers
faillit les compromettre. Le 12 mars 1814 Bor-
deaux ouvrit ses portes aux Anglais , dont un
poste fut placé à Saint-Macaire ; le dépôt du 118",
qui était en ce moment à La Réole , enleva ce
poste; on accusa aussitôt les frères Faucher d'à- J
voir organisé ce coup de main ; il n'y eut pas |
de pi'euves pour les poursuivre , mais l'accusa-
tion n'en subsista pas moins dans l'esprit vindi-
catif de la réaction, et plus tard elle fut renou-
velée avec plus de succès. Appelés à Paris, vers
la fin de 1814, par des affaires particulières,
les frèi'es Faucher s'y trouvaient encore le
20 mars 1815; séduits, entraînés par les pro-
messes que Napoléon faisait alors d'assurer les
libertés constitutionnelles , César et Constantin
consentirent à descendre encore une fois dans
l'arène politique. César fut nommé représentant
nar le collège électoral de La Réole, et Constantin :
149
iiiaire de la même ville. Le 14 juin tous deux fu-
rentnommés chevaliers de la Légion d'Honneur et
envoyés comme maréchaux de camp à l'armée
des Pyrénées orientales. Enfin , lorsque le dé-
partement de la Gironde fut mis en état de siège,
Constantin reçut le commandement des arron-
dissements de La Réole et de Bazas. Le 21 juillet
le général Clauzel , commandant à Bordeaux ,
fit savoir aux deux fi'ères que , par suite d'une
mesure générale ordonnée par Louis XVIII, rentré
à Paris, ils devaient immédiatement cesser leurs
fonctions. Constantin fit aussitôt part de cet
ordre au commandant de la gendarmerie , seul
corps militaire en ce moment à La Réole , et le
lendemain, en sa qualité de maire, il fit enlever
les drapeaux tricolores qui flottaient sur les édi-
fices publics et les fit remplacer, par des dra-
peaux blancs ; puis , ce devoir rempli , il résigna
ses fonctions de maire entre les mains du pré-
fet. Mais le 22 juillet des soldats détachés, de
passage dans la ville, insultèrent le drapeau royal
et le renversèrent. La ville ne prit aucune part
à cet acte d'hostilité envers le gouvernement,
et la tranquiUité ne fut point troublée. Cepen-
dant, la nouvelle de cet attentat parvint bientôt
à Boi'deaux, où, comme toutes les rumeui's pu-
bliques dans les moments d'agitation , elle prit
des proportions gigantesques. Les vieilles haines
se ranimèrent : des forcenés, qui prenaient le
nom de volontaires royaux, accompagnés d'un
ramassis de gens sans aveu ,. arrivèrent le 24 à
La Réole; ils faisaient retentir l'air de leurs me-
naces, et criaient : « A bas les frères Faucher ! à
bas les généraux de La Réole ! « Cet état de dé-
sordre dura du 25 au 30. Durant ce temps, les
frèi'es Faucher, sans cesse menacés , avaient dû
demander aux autorités une protection et pren-
dre des mesures pour leur défense. Le 29 juillet
ils avaient écrit au général Clauzel une lettre
dont on se servit contre eux, et dans laquelle on
signala surtout ces mots : « Dans cet état de
choses, notre maison est réellement en état de
siège; et au moment où nous écrivons nos
armes sont là , nos avenues éclairées , le corps
de la place en défense , et nous ne craignons
pas la désertion de la garnison. ■» Le général
Clauzel, au moment où il reçut cette lettre, venait
d'apprendre qu'il était lui-même porté sur la
liste de proscription insérée dans l'ordonnance du
24 juillet, et dans laquelle figuraient les noms
du maréchal Ney, de Labédoyère, de Real, etc.
Naturellement plus préoccupé de sa 5)osition que
de celle des autres, le général se contenta d'en-
voyer cette lettre au préfet, afin qu'il fit droit
aux réclamations qu'elle pouvait contenir. Le
préfet, après avoir lu îa lettre, rendit, le 29 juil-
let, un arrêté dans lequel il est dit : « Con-
sidérant que de la lettre signée César et Cons-
tantin Faucher résulte l'aveu que les frères
Faucher ont dans leur maison un amas d'armes,
et qu'ils y ont réuni des individus armés,
ordonne au commandant de la gendarmerie du
FAUCHER 150
département de la Gironde de faire une perqui-
sition dans la maison des frères Faucher. » Cet
officier exécuta l'ordre; et voici, d'après son
procès- verbal, ce qu'il y trouva : deux fusils
doubles de chasse, huit fusils simples de chasse,
dont trois hors de service, un fusil de muni-
tion , une carabine de chasse , deux pistolets en
cuivre, une paire idem d'arçon, trois sabres de
cavalerie légère , deux briquets sans fourreaux ,
huit petits pétards , et sept piques, dont deux
pour drapeaux. On trouva en outre trente-neuf
cartouches de guerre et six pierres à fusil. A
peine cette visite domiciliaire était-elle terminée
que l'ordre d'arrêter César et Constantin Fau-
cher arriva, et le même jour ils furent conduits
dans les prisons de la ville. Deux jours après,
sur l'ordre du procureur général de la ville de
Bordeaux, ils furent transférés au fort du Ha,
non sans courir de grands dangers , car plus de
six cents furieux étaient allés au-devant d'eux
sur le chemin de Bouhaut , manifestant haute-
ment l'intention de les massacrer ; mais le ca-
pitaine de gendarmerie, pour soustraire ses pri-
sonniers à leur fureur, les avait fait embarquer
secrètement sur un bateau qui les conduisit
l jusqu'à Bordeaux. Après un mois environ d'une
I étroite captivité dans la partie du fort du Ha
j appelée la Tour, ils furent interrogés, et appi'i-
I rent, à leur grande surprise, qu'ils étaient ac-
' cusés d'avoir résisté aux ordres du gouverne-
ment; d'avoir conservé, malgré sa volonté , le
commandement dont ils avaient été chargés pen-
dant les Cent Jours ; d'avoir excité les citoyens
à la guerre civile, en réunissant chez eux des
personnes armées qui faisaient un service mili-
taire ; d'avoir enfin détourné des soldats du roi ,
en les engageant à se joindre à la bande d'un
chef de partisans nommé Florian. L'instruction
était arrivée à son terme; les débats allaient
s'ouvrir, il fallait choisir un défenseur. Les frères
Faucher avaient eu pendant longtemps des rela-
tions d'estime et d'amitié avec un avocat de
Bordeaux qui depuis a occupé un poste émi-
nent dans les régions parlementaires; ils s'a-
dressèrent à lui pour le pi-ier de se charger de
leur défense , ils furent refusés ! L'abbé Mont-
gaillard dit à ce sujet dans son Histoire de
France : <^ L'avocat poussa la réserve jusqu'à
refuser d'eux un magnifique camée antique, re-
présentant la tête de Démosthène, que César
Faucher avait rapporté d'Italie. Il ne voulait
rien conserver qui pût lui rappeler d'anciens et
bons amis qu'il effaçait de son souvenir dès
l'instant qu'ils avaient trahi la cause de la légi-
timité. » Ce ne fut pas, du reste, la seule dé-
ception qui vint attrister les derniers moments
des Jumeaux de La Réole ; le barreau de Bor-
deaux , illustré jadis par tant d'hommes de
cœur et de talent , ne put pas leur fournir un
défenseur!... Deux jours seulement les sépa-
raient de celui du jugement sans qu'ils eussent
pu obtenir les pièces qui pouvaient les justifier.
151
FAUCHER
152
Quelques-unes de ces pièces, qui pouvaient
compromettre des autorités intéressées à ce que
les débats fussent courts, avaient disparu. Le
22 septembre le conseil de guerre permanent
de la 1 1* division militaire s'assembla au Châ-
teau-Trompette. Les accusés se présentèrent
sans défenseur. Cette difficulté fut bientôt levée.
Le conseil, considérant que le refus des défen-
seurs choisis par les accusés , ou nommés d'of-
fice par le rapporteur, et l'impossibilité d'en
trouver un, ne pouvait retarder la convoca-
tion ni le terme de sa séance , en conformité de
l'art. 20 de la loi du 13 brumaire an v, ordonna
qu'il serait passé outre aux débats. En consé-
quence , il fut procédé aux interrogatoires. Les
débats restèrent inconnus; le soir du second
jour le jugement fut prononcé : César et Cons-
tantin Faucher furent condamnés à mort. Lec-
ture du jugement leur fut donnée dans la nuit
du 24 au 25, à deux heures du matin. Us se
jetèrent dans les bras l'un de l'autre, et se tin-
rent étroitement embrassés pendant quelques
moments. Les instances de leur famille les dé-
terminèrent à se pourvoir en révision; cette
fois du moins, pour l'honneur du barreau, ils
trouvèrent des défenseurs. M^ Roullet, avocat
consultant, se chargea de faire valoir les moyens
de cassation ; son peu d'habitude de plaider lui
ayant fait désirer qu'il lui fût adjoint un conseil ,
]\r Denucé, bâtonnier de l'ordre, désigna pour
former ce conseil , dont il consentit à faire partie
lui-même , M*" Albespi , Emerigo et Gergères.
Six moyens de nullité furent présentés le 26 sep-
tembre devant le conseil de révision , qui con-
firma purement et simplement le jugement du
conseil de guerre. César et Constantin apprirent
avec résignation qu'il ne leur restait plus d'es-
poir. « Le terme ordinaire de la vie , dirent-ils
à l'un de leurs défenseurs qui témoignait devant
eux sa douleur et ses regrets , est de soixante
ans ; nous en avons cinquante-six : ainsi ce n'est
que de quatre ans que s'abrège le terme pro-
bable de notre existence. » Ils passèrent la nuit
du 26 et la matinée du 27 à faire leurs dernières
dispositions. Avertis que le moment de l'exécu-
tion était arrivé , César et Constantin se cou-
vrirent de vêtements pareils, et craignant qu'au
moment suprême leur sensibiUté n'affaiblît la
fermeté de leur courage, ils se donnèrent le
dernier baiser avant de sortir de leur cachot.
Pendant le trajet, qui dura près d'une heure,
ils marchèrent d'un pas ferme , se donnant le
bras , et sans perdre un instant ce calme sans
ostentation qu'ils avaient conservé depuis leur
arrestation; ils saluèrent avec reconnaissance
quelques amis qui n'avaient pas craint de se
trouver sur leur passage pour leur donner une
dernière preuve d'affection. Arrivés au lieu du
supplice, ils refusèrent de se laisser bander les
yeux et de se mettre à genoux; puis, se pressant
affectueusement la main et présentant la tête
haute, leur poitrine découverte, ils attendirent
la mort. César, d'une voix ferme, commanda
le feu , et ils tombèrent dans les bras l'un de
l'autre. Ce fut ainsi que ces deux frères , nés le
même jour, à la même heure , après avoir, pen-
dant cinquante-six ans , vécu de la même vie ,
goiité les mêmes plaisirs , couru les mêmes dan-
gers , tombèrent le même jour sous les mêmes
coups. Une longue pierre indique seule dans le
cimetière de la Chartreuse l'endroit où reposent
les deux Jumeaux de La Réole. A. Jadin.
Moniteur universel, ann. 181S, n°» 581, 665,680,1080-
1093. — Mosaïque du Midi. — Renseignements parti-
culiers.
FXVCHER {Léo7i) , économiste et publiciste
français, né à Limoges, le 8 septembre 1803,
mort à Marseille, le 14 décembre 1854. Amené
tout enfant à Toulouse, il fit son éducaition au
collège de cette ville, en passant une partie de
ses nuits à exécuter des dessins de broderie, afin
d'être en état de continuer ses études et pour
venir en aide à sa mère. Sans fortune , mais
ayant le goût des études sérieuses, il vint à Paris
avec l'idée de se vouer à l'enseignement. U com-
mença d'abord par être répétiteur chez un
maître de pension de la Chaussée d'Antin, puis
il entra chez M. Dailly, maître de poste, comme
précepteur de ses enfants. En 1827, il fut, après
concours , déclaré admissible à l'agrégation pour
les classes de philosophie ; mais il ne put parve-
nir à se placer dans l'université. En 1828 on le
trouve discutant avec les saint-simoniens dans
leurs réunions publiques. Il se tourna dès lors
vers la littérature, et commença par traduire en
grec Les Aventures de Télémaque, puis il pu-
blia, dans les Annales de V Institut de corres-
pondance archéologique de Rome, l'explication
d'un vase peint trouvé à Nola, et une lettre
adressée à M. Panofka sur les monuments dé-
crits par les poètes. Il salua avec enthousiasme
la révolution de 1830, et fut bientôt après ap-
pelé à prendre une part active aux luttes de la
presse politique. Léon Faucher entra d'abord au
journal Le Temps. « Il refusa, dit M. L. de La-
vergne, de s'associer à l'ardente croisade de
Carrel contre la monarchie nouvelle , et tout en
se plaçant dans les rangs de l'opposition de gau-
che , où l'appelaient ses convictions, il porta dans
ses opinions une modération qui n'excluait pas
l'énergie. Ses principaux articles du Temps fu-
rent des fragments sur la philosophie de l'his-
toire : il n'arriva que progressivement à la poli-
tique proprement dite. » Il essaya bientôt de
créer un journal du dimanche , qu'il intitula Le
Bien public. Ce journal ne put se maintenir,
faute d'un capital suffisant pour supporter les
charges prolongées du premier établissement,
et Léon Faucher s'imposa spontanément de
lourds sacrifices pour désintéresser les action-
naires. En 1833 et 1834 il eut la direction du
Constitutionnel, qu'il lança dans l'opinion dite
de la gauche dynastique. La faiblesse montrée
par les propriétaires de ce journal dans une lutte
153
engagée avec Le National à propos de la créa-
tion de La Presse le détermina à se retirer. Il
entra alors au Courrier français , et à la mort
de Châtelain, en 1839, il devint rédacteur en
chef de cette feuille.
Dès son entrée dans la presse périodique,
Léon Faucher posa carrément sa personnalité
en signant ses articles; Ce n'était guère l'usage
alors; les journaux, pour garder plus de li-
berté et avoir plus de puissance, s'étaient, comme
on sait, constitués littérairement en sociétés ano-
nymes et en nom collectif. La hardiesse de Léon
Faucher le servit. Il se fit plus rapidement con-
naître. Un des grands défenseurs de la coalition,
il devint l'on des conseils habituels du minis-
tère du 1^'' mars 1840, présidé par M. Thiers.
Son talent incontestable ne suffit pas pour pré-
server la feuille qu'il dirigeait du coup qui lui
était porté par l'établissement de la presse à bon
marché. En 1842 ie Courrier français changea
de mains, et les nouveaux propriétaires annon-
cèrent l'intention d'en modifier la couleur. Léon
Faucher donna immédiatement sa démission. Il
se consacra dès lors presque tout entier aux
travaux économiques, qui devaient illustrer son
nom , écrivant parfois des articles dans le jour-
nal Le Siècle.
En 1836, il avait publié dans la Revue des
Deux Mondes un article sur Vétat et la ten-
dance de la propriété en France , qui a été
cité avec éloge par Rossi, que Léon Faucher
devait plus tard remplacer à l'Institut ; il écrivit
ensuite le projet d'une grande association com-
merciale entre la France, la Belgique , l'Espagne
et la Suisse, qu'il appela V Union du Midi, et
qui devait servir de contre-poids à l'association
douanière allemande. En 1837, il imprima, au
profit des jeunes libérés, un traité intitulé Ré-
forme des Prisons. '< S'écartant des routes battues
avant lui , a dit M. Amédée Thierry en parlant de
ce livre , M. Faucher ne cherchait la solution du
problème ni dans des conceptions abstraites ni
dans l'imitation d'essais tentés au dehors chez
des nations de race, de mœurs, d'état social
différents ; il se demanda ce qu'une telle insti-
tution devait être particulièrement en France,
eu égard à notre passé, à nos habitudes, à notre
caractère. Partant de là , il repoussait l'empri-
sonnement cellulaire , et demandait pour les dé-
tenus la vie et le travail en commun , par caté-
gories, dont les principales étaient les condamnés
des villes et les condamnés de la campagne. Ces
derniers devaient être attachés à des colonies
agricoles. 11 y avait, suivant lui, grand péril à
faire d'un cultivateur condamné un ouvrier qu'on
rejetait ensuite dans les villes , où il augmentait
pour les ouvriers honnêtes les inconvénients de
la concurrence, et s'exposait lui-même à des
chances plus nombreuses de récidive. »
En 1842, il descendit dans la lice où les par-
tisans de la liberté commerciale joutaient avec
ceux du système protecteur. « La nature de son
FAUCHER 154
esprit, éminemment sensé et pratique, dit encore
M. Am. Thierry, ne lui permit d'accepter ni les
théories absolues des premiers ni l'immobilité
des seconds; il voulait que non-seulement les
intérêts évidents du pays , mais ses habitudes ,
fussent pris en grande considération dans les
questions de tarif; en un mot, il regardait le
temps comme le premier élément d'une réforme
commerciale raisonnable. » Néanmoins , quand
l'association française pour la liberté des échanges
s'organisa sur le modèle de la fameuse ligue
qui venait d'obtenir tant de succès en Angleterre,
il en fut un des membres les plus zélés. Il y fit
quelques discours, qui furent fort applaudis. Mais
cette association étant tombée dans quelques
exagérations, Léon Faucher s'en retira, par une
lettre qu'il rendit publique.
Le l*"" octobre 1843 , il avait fait paraître
dans la Revue des Deux Mondes un article
sur White Chapel, qui fut le premier d'une série
d'études considérables sur l'Angleterre indus-
trielle, et qui comprirent Saint-Gilles, Liverpool,
Manchester, Leeds, Birmingham, etc Le tout
fut réuni en deux volumes en 1845 ; c'est là le
principal ouvrage de Léon Faucher, le seul qu'il
ait eu le temps d'achever. « Nulle part la saga-
cité del'écrivain, au jugement de M. Am. Thierry,
son rare esprit d'observation et sa tendance à
ramener toujours la réflexion à des résultats
pratiques ne se montrèrent avec plus de variété
et de vigueur. Ce livre, qui a dévoilé à nos voi-
sins plus d'un vice de leur état social, jouit
chez eux d'une estime qui honore les savants
français, et la France peut y trouver, par la
comparaison des deux pays , tantôt un encoura-
gement à des réformes salutaires , tantôt un pré-
servatif contre des engouements irréfléchis. »
Vers le même temps , Léon Faucher lut à l'A-
cadémie des Sciences morales et politiques des
Recherches sur Vor et sur l'argent considérés
comme étalons de la valeur > Un des premiers
collaborateurs du Journal des Économistes ,
il y fit un grand nombre d'articles sur les ques-
tions économiques à l'ordre du jour, notamment
sur les tarifs de douanes , objets constants de
ses études. Ses travaux l'avaient naturellement
porté à s'occuper des grandes questions indus-
trielles. Quand de puissantes compagnies se
constituèrent, à l'instar de celles de l'Angleterre,
pour établir des chemins de fer en France, celle
qui avait pour but l'exploitation de la ligne de
Paris à Strasbourg l'appela dans son sein en
qualité de membre du conseil d'administration.
Il avait acquis une grande importance comme
publiciste. Il voulut tenter la vie politique
comme député. Aux élections générales de 1846,
m'emporta sur M. Chaix d'Est-Ange dans la ville
manufacturière de Reims , où ses opinions en
matière de tarifs lui avaient concilié de vives
sympathies.
A la chambre , il se plaça sur les bancs de la
gauche. Il traita , à la tribune , quelques ques-
155
FAUCHER
156
tioas économiques et parla notamment sur l'or-
ganisation des banques , en demandant dès 1847
là création des billets de cent francs. Il proposa
aussi la réyision des tarifs sur les substances
alimentaires et sur les fers.
Un des promoteurs de la réforme électorale ,
il s'associa à ce qu'on a appelé la campagne des
banquets patriotiques; protestant néanmoins
de toutes ses forces contre ce qui pouvait sortir
des voies constitutionnelles. Ainsi nous le voyons
figurer, le 31 août 1847, au banquet réformiste
de Reims, où il prononça un long discours, qu'il
termina par ce toast : « A la réforme électorale,
qui comprend toutes les réformes ! » Mais il re-
fusa ensuite d'assister au banquet de la capitale,
malgré les clameurs soulevées contre lui dans
son propre parti. Cependant, quand il vit la
gauche constitutionnelle engagée dans la ])Ius
ardente résistance , il crut ne pas devoir recu-
ler, et il signa la mise en accusation des minis-
tres. La révolution de Février emporta monar-
chie, ministère et chambre.
« Quand les anciennes oppositions, un moment
englouties dans le naufrage, sentirent, dit M. de
Lavergne , le devoir de relever les ruines qu'elles
avaient faites , L. Faucher entra, avec sa résolu-
tion ordinaire, dans cette croisade réparatrice. »
Dès le 1"' avril 1848, il publiait dans la Revue des
Deux Mondes une première étude sur V Orga-
nisation du travail. Il y combattait, suivant
son expression , des « doctrines qui élevaient le
désordre à la hauteur d'une théorie i>. Élu re-
présentant à l'Assemblée constituaiite par le dé-
partement de la Marne , il lutta contre les ten-
dances révohitionnaires avec une nouvelle éner-
gie, et conquit une des premières places dans
l'Assemblée. Dès le 27 mai , il développait une
proposition tendant à mivrir un crédit de 10 mil-
lions pour i'étaiîlisseraent d'ateliers nationaux
appliqués auN. travaux de terrassement des
p;randes lignes de chemins de fer. Son but était
d'employer les bras oisifs à des travaux utiles,
et d'éloigner de la capitale cette masse de travail-
leurs inoccupés et mal payés , que le gouverne-
ment provisoire avait enrégimentés sous le nom
d'ateliers nationaux. « Seriez-vous bien ras-
surés, s'écriait Léon Faucher, si l'on vous disait
qu'il y a là autour de vous une armée de cent
vingt mille hommes sans discipline , sans orga-
nisation , vivant pour la plupart dans l'oisiveté ,
véritables lazzaroni tout prêts à devenir des pré-
toriens ? » Dans la discussion sur la hmitation
des heures de travail, il prit la parole pour
s'opposer à cette mesure , qui devait gêner la
liberté des transactions. Il attaqua aussi plus
tard la proposition de M. Turck et autres , qui
demandaient l'émission de deux milliards de
titres hypothécaires sous la garantie du gouver-
nement. « Le papier-monnaie , disait-il à celte
occasion , c'est de la fausse monnaie. » Dans un
rapport qu'il lit à l'Assemblée au nom de son
comité des finances, dont il faisait partie , il re-
poussa ia proposition de M. Pougeard, qui
fendait à remplacer l'impôt des quarante-cinq
centimes, l'impôt sur les créances hypothécaires
et l'impôt sur les successions, par un emprunt
forcé de 200 millions. A diverses reprises, il
défendit le principe du cautionnement des jour-
naux, demanda la suppression des clubs, et com-
battit presque toutes les mesures financières du
gouvernement provisoire. Il ne se fit pas moins
remarquer par ses attaques contre la commission
executive et par la lutte ardente qu'U soutint
contre le parti mo7itagnard.
Après l'élection du président de la république,
il fut nommé ministre des travaux publics , le
20 décembre 1848. Quelques jours après, M. La-
crosse lui succédait dans ce département, et lui-
même remplaçait M. Léon de Maleville au mi-
nistère de l'intérieur. Son premier soin fut de
rappeler à leur poste la plupart des préfets et des
sous-préfets révoqués par la révolution. « Nous
n'avons pas en France, disait-il, d'administration
de rechange. ^ Par ses soins actifs et énergiques,
tout reçut une impulsion nouvelle. On sait avec
quelle résolution il comprima le désordre dans la
journée du 29 janvier 1849. Attaqué violemment
à l'Assemblée, il tint tôte à l'orage, et orga-
nisa cet ensemble de mesures qui forcèrent mo-
ralement l'Assemblée constituante à se retirer.
Les élections à l'Assemblée législative se firent
sous son iafluence. A ia veille des élections , il
adressa à tous les préfets une dépêche télégra-
phique dans laquelle il leur disait que la propo-
sition de blâme faite par M. Jules Favi-e contre
le ministère, à propos des affaires d'Itah"e, avait
été repoussée par l'Assemblée. « Ce vote, ajou-
tait-il, consolide la paix publique; les agitateurs
n'attendaient qu'un vote de l'Assemblée hostile
au ministère pour courir aux barricades et pour
renouveler les journées de juin. Paris est tran-
quille. Parmi les représentants du département,
ont voté pour l'ordre du jour et pour le gouver-
nement : MM ; se sont abstenus ou étaient
absents : MM » Cette dépêche fut le texte
d'une discussion pleine de tumulte. On y vit une
manoeuvre électorale, et l'on parla d'annuler les
élections faites sous l'influence de cette note;
mais la majorité renvoya cette question à l'As-
semblée législative. Cependant le ministère sem-
blait rendre tous ceux qui n'avaient pas voté
pour le gouvernement solidaires avec les émeu-
tiers. Léon Faucher s'empressa de désavouer
une pareille intention, et allégua, pour défense
de la publicité des votes, qu'il n'avait fait qu'an-
ticiper sur la publication du 3îoniteur. Ces ex-
plications furent mal accueiUies. M. O. BaiTot,
son Collègue et président du conseil , n'osa pas
défendre les termes de la dépêche. Enfin , l'As-
semblée adopta un ordre du jour motivé, par
lequel elle blâmait la dépêche du ministi'e de
l'intérieur aux préfets en date du 12 mai, A
l'issue de la séance, Léon Faucher déposa sa
démission entre les mains du président de la
157 FAUCHER
république. Du reste, amis et ennemis se plai-
gnaient de ses manières brusques, de son abord
froid et sévère ; mais on lui reconnaissait une
volonté inflexible, que ne pouvaient ébranler ni
craintes ni influences.
Dès le mois de janvier 1849, l'Académie des
Sciences morales et politiques avait choisi Léon
Faucher comme un de ses membres dans ia
section d'économie politique.
Le département de la Marne l'élut à une grande
majorité pour l'Assemblée législative. Un des
premiers votes de cette assemblée fut une sorte
158
de réparation envers l'ancien ministre. A la suite
d'un long débat, elle valida les élections attaquées,
en émettant une décision qui infirmait moralement
celle de la Constituante. A plusieurs reprises ,
l'Assemblée législative nomma Léon Faucher
vice-président, mais parfois à des majorités assez
faibles. Membre inlUient de toutes les commis-
sions importantes, et notamment de celle qui
eut àpréparer la fameuse loi du 31 mai 1850,
laquelle avait pour but de restreindre autant
que possible le suffrage universel, commission
dont il fut même le rapporteur, il eut souvent
à occuper la tribune. « S'il ne sy montra pas
l'égal des grandes renom.mées oratoires qui l'a-
vaient remplie autrefois, dit J\L de Lavergne, il
s'y distingua par des qualités qui étaient alors
plus nécessaires, la précision et la fermeté. » Il
combattit l'amendement de M. Grévy, qui de-
mandait l'exécution du chemin de fer de Lyon par
l'État ; il lit un rapport remarquable sur la pro-
position de M. Nadaud , qui voulait que les tra-
vaux publics fussent adjugés aux associations
ouvi'ières ; il attaqua la proposition de Saint-
Priest relativement à l'usure , et soutint la li-
berté absolue en matière de prêts à intérêts ;
enfin, il défendit jusqu'à la fin la loi du 31 mai,
et demanda l'application de ses principes aux
élections municipales.
En même temps il fournit à la Revue des
Deux Mondes des articles importants sur les
questions financières , par exemple : sur V Impôt
du revenu; sur la Reprise des payements en
espèces par (a Banque de France; sur les
Budgets de 1850 et de 1851 ; sur les Banques
coloniales; sur la Démonélisation de l'or, etc.
'( Ses études antérieures, dit M. de Lavergne, l'a-
vaient préparé à traiter à fond les problèmes éco-
nomiques que soulevait le socialisme; i! fut à cet
égard , comme en tout , le plus hardi champion
lie la résistance. On peut signaler entre autres
un discours prononcé à la tribune sur l'organisa-
tion des travaux publics, et un examen du Btid-
get socialiste publié dans la Revue. »
Cependant, 1" Assemblée législative, partagée
en innombrables fractions, traînait péniblement
son existence. Unie seulement pour résister,
avec une majorité hétérogène, la minorité tur-
bulente , toujours en lutte avec elle-même , ne
devait rien fonder. Chaque jour le pouvoir exé-
cutif se fortifiait de la faiblesse de ce corps dé-
libérant, que la constitution avait pourtant voulu
établii- au-dessus de tout pouvoir, et profitait de
ses divisions. Dans les partis qui composaient
cette assemblée , il en était un qui avait rêvé le
gouvernement -parlementaire avec la présidence
de Louis-^'apoléon. C'est à ce parti-là, selon M. de
Lavergne, qu'appartenait Léon Faucher, et ce
fut pour essayer de réaliser ce programme qu'il
rentra dans le ministère au mois d'avril 1851. U
y resta sixmois, mais sans pouvoir conjurer le choc
qui se préparait entre le président et l'Assemblée.
La révision de la constitution ayant été repous-
sée , le président -soulut revenir au suffrage uni-
versel. Léon Faucher, qui croyait à ia vertu du
suffrage restreint ,donna sa démission, le 26 oc-
tobre, et fut remplacé par M. de Thorigny. Quel-
ques semaines après , l'Assemblée fut dissoute
par l'acte du 2 décembre 1851.
Pendant ce second ministère, Léon Faucher
avait présenté et fait adopter par l'Assemblée un
projet de loi qui consacrait 50 millions à l'ouver-
ture de la rue de Rivoli et à l'achèvement des
halles centrales en participation avec là ville de
Paris. A la pose delà première pierre des balles,
le président lui donna le cordon de comman-
deur de la Légion d'Honneur. Léon Faucher
fut, dit-on , surpris de cette distinction : il n'é-
tait pas encore chevalier. Toujours inquiet sur
la tranquiUité publique, il avait fait mettre plu-
sieurs départements en état de siège; il avait
fait attribuer au préfet de Lyon la police des
communes urbaines. Son dernier acte ministériel
fut encore une circulaire aux préfets pour les
engager à la plus vive répression des désordres.
Les découvertes des monuments du Tigre et les
fouilles de Rome avaient obtenu ses encourage-
ments. Sur le point de quitter le ministère , il
créa des prix à donner chaque année aux au-
teurs de pièces de théâtre morales jouées sur
nos premières scènes ou sur les petits théâtres.
Le jour même du 2 décembre le président de
la république inscrivait son nom parmi ceux des
membres de la commission consultative qu'il
instituait. Léon Faucher refusa avec éclat. Il
avait répondu une fois à un membre de l'As-
semblée qui l'accusait de travailler sourdement
à la destruction des libertés publiques : « Je ne
suis rien que par la presse et par la parole, et
si jamais cette tribune doit être renversée , je res-
terai enseveli sous ses débris ! «
Depuis ce temps un noir chagrin s'était em-
paré de lui. Le système qu'il avait voulu fonder,
l'avenir qu'il avait rêvé pour son pays , tout était
détruit n La ruine de ses espérances le frappa au
cœur, » dit i\I. de Lavergne. Nommé membre
du conseil d'administration de la Société du Cré-
dit foncier de France à sa création , il crut trou-
ver là un aliment à son activité ; il reprit aussi
le cours de ses travaux économiques. L. Faucher
avait épousé en 1337 M"e Wolowska; cette union
resta stérile. Atteint d'une affection de la gorge,
qui prit peu à peu un caractère alarmant , il alla
159
FAUCHER — FAUCHET
160
passer l'été de 1854 aux différentes eaux des Py-
rénées, quittant l'une pour l'autre sans trouver de
soulagement. Déjà aux prises avec la fièvre, il pu-
blia dans h Revue des Deux Mondes un ti-avail
intitulé Finances de la guerre. Sympathique à
l'alliance anglaise et opposé à la Russie, il ana-
lysait dans ce travail les finances de ce géant
du Nord , et comparait les budgets des trois
puissances qui entraient en lutte. Le gouverne-
ment russe, alarmé de cette publication, y fit
répondre par un des grands fonctionnaires de
l'empire, M. Tengoborski. Le 15 novembre pa-
rut une vive réplique de Léon Faucher. Un mois
après il n'était plus. Il était revenu un mo-
ment à Paris pour mettre ordre à ses affaires.
Les médecins lui avaient conseillé d'aller passer
l'hiver en Italie. En arrivant à Marseille il fut
saisi d'une crise terrible. Après quinze jours
d'une lutte violente contre la mort, il succomba
à une fièvre typhoïde. Sa veuve, qui ne l'avait
quitté ni jour ni nuit dans sa longue agonie , eut
encore le courage de rapporter ses restes mor-
tels à Paris, où ils ont été inhumés au cimetière
du Père La Chaise.
« Si M. Léon Faucher avait vécu, ditM. L. Wo-
lowski , il aurait donné à la France un ouvrage
qui lui manque, l'histoire financière et écono-
mique de la révolution de Février. Ses travaux
et la part active qu'il a prise aux débats parle-
mentaires ont légué d'utiles et nombreux maté-
riaux pour cette œuvre importante. Il y a plus :
ces documents retracent d'une manière saisis-
sante et avec un remarquable enchaînement les
principales discussions de ces dernières années;
ils forment un livre dont chaque chapitre conserve
en quelque sorte la saveur de l'époque à laquelle
il appartient. La lecture de ces pages permet de
mesurer l'étendue de la perte qu'a faite le pays
par la mort pi'ématurée de M. Léon Faucher.
Ayant à peine accompli sa cinquantième année ,
il aurait consacré à des travaux de haute portée
le fruit de longues études et d'une expérience
rudement acquise. » Pour remplir un pieux de-
voir, M. L. Wolowski n'a donc eu qu'à grouper
ces matériaux , en respectant la forme donnée
par l'auteur à l'expression de sa pensée et en
yjoignant des notes tracées de sa main. Il en est
résulté le livre intitulé : Mélanges d'Économie
politique et de Finances , par Léon Faucher,
avec une introduction de M. L. Wolowski.
Un décret du mois d'octobre 1855 a autorisé
l'Académie des Sciences morales et politiques à
accepter la donation, faite par madame veuve
Léon Faucher, sur la recommandation de son
mari, d'une somme de 20,000 fr. pour la fon-
dation d'une récompense de 3,000 fr. qui sera
décernée tous les trois ans, par cette société sa-
vante, sous le nom de Prix Léon Faucher, à
l'auteur du meilleur mémoire sur une question
d'économie, politique, ou sur la vie d'un éco-
nomiste célèbre , soit français , soit étranger,
proposé par ladite académie.
Léon Faucher a fait imprimer à part : Aven-
tures de Télémaque, traduites en grec ; —
De la Ré/orme des Prisons; Paris, 1838,
in-S"; — L'Union du Midi; Association de
douanes entre la France, la Belgique, la
Suisse et V Espagne; avec une Introduction
sur Vunion commerciale de la France et de
la Belgique ;Vàûs, 1842, in-S"; — Recherches
sur l'or et sur l'argent, considérés comme
étalons de la valeur; mémoire lu à l'Académie
des Sciences morales et politiques dans les séances
du 16 et du 23 avril 1843; Paris, 1843,in-8°; —
Études sur l'Angleterre; Paris, 1845, 2 vol.
in-8° ; 2* édition, considérablement augmentée ,
Paris, 1856, 2 vol. in-12, dans la Bibliothèque
des Sciences morales et politiques de Guil-
laumin; — Lowell ; Reims, 1847, in-8°; — Du
Système de M. Louis Blanc, ou le travail,
l'association et l'impôt; Paris, 1848, in-16;
Du Droit au Travail; Paris, 1849, in-8'', ex-
trait de la Revue des Deux Mondes; — De la
Situation financière et du Budget; Paris,
1849, in-8°; — De l'Impôt sur le Revenu;
Paris, 1849, in-8°, extrait de la Revue des
Deux Mondes. Il a aussi donné des articles à
l'Annuaire de l'Économie politique, parmi
lesquels on cite : Marché aux Enfants , et Du
Travail dans les maisons de détention et les
couvents. Une grande partie de ses articles de
la Revue des Deux Mondes, de ses discours
et de ses rapports financiers et économiques se
retrouvent dans les Mélanges d'Économie po-
litique et de Finances ; Paris , 1856, 2 vol. in-S"
et in-12, faisant partie de la collection des Éco-
nomistes et publicistes contemporains ou de
la Bibliothèque des Sciences morales et poli-
tiques. L. LOUVET.
Léonce de Lavergne, Biographie de Léon Faucher:
dans la Revue des Deux- M ondes, n" du 1" janvier 1853.
— Discours de M. Amédée Thierry aux. obsèques de
M. L. Faucher; àans, le Journal des Débats Aa^idécemb.
1854. — Dict. de la Conversation, 2« édition. — Louandre
et Bourquelot, La Littérature française contempo-
raine. — Dict. de l'Économie politique. — Biog. desRe-
présentants. — Moniteur.
FACCHEï {Claude), historien français, né
le 3 juillet 1530, et non en 1529 (1), mort à
Paris, vers la fin de 1601. Contraint durant les
guerres civiles à quitter Paris , il se réfugia en
Provence, traînant à sa suite une partie de sa
nombreuse bibliothèque. Vers 1554, il abandonna
quelque temps les études historiques et suivit en
Italie le cardinal de Tournon. Député plusieurs
fois par celui-ci à la cour de France pour y
(1) La vraie date de sa naissance a été rétablie ici d'a-
près un manuscrit conservé à la Bibliothèque impériale
et coté 997 Saint-Victor : ou y lit sur la feuille de garde :
« Je naquis l'an 1530 , le 3^ jour de juillet, jour de di-
manche, entre cinq et six heures du matin. Fauchet. »
C'est au milieu d'un nombre infini de dessins, de mots
sans suite, de phrases, de maximes et d'anagrammes dans
le genre de ce qui suit que nous avons recueilli ce ren
seignement : « Claude Fauchet, chaude faculté, faute
du caché. » « Aimer Dieu, c'est recepvoir l'ardeur de
luy en sa pensée. » « Bona mea mecum porto, etc. .j
161 FAUCHET
donner des nouvelles du siège de Sienne et des
négociations entreprises , il se fit bien venu", et
obtint plus tard , en souvenir des services ren-
dus, la place de premier président de la cour
des monnaies , charge honorable et lucrative dont
il aurait pu mourir revêtu , s'il ne s'était pas vu
un jour forcé de la vendre pour payer ses dettes.
Fauchet, pour se tirer, des embarras où l'a-
vait jeté sa vie dissipée, adressait de pompeuses
dédicaces au roi ou à de grands seigneurs, qui le
récompensaient largement. Un jour il se rendit
dans ce but à Saint-Germain , un livre nouveau
sous le bras. Henri IV, traversant le jardin, aper-
çut Fauchet, dont la barbe imposante le frappa :
« Ah! s'écrie-t-il , en le désignant à l'un de ses
courtisans, voilà votre affaire! w A quelques
mois de là noti'e historien apprit la cause de
l'exclamation royale : on avait fait sur son mo-
dèle la figure d'unfleuve couché près d'un bassin.
Faucher s'en sentit blessé , et décocha les vers
suivants :
ÏG2
J'ai reçu dedans Saint-Germain
De mes longs travaux le salaire :
Le roi , de bronze m'a fait taire ,
Tant il est courtois et bénin !
S'il pouvait aussi bien de faim
Me garantir que mon image'.
Oh ! que j'aurais fait bon voyage !
J'y retournerais dès demain.
Viens, Tacite, Salluste, et toi
Qui as tant honoré Padoue,
Venez ici faire la moue,
En quelque recoin comme moi.
Le roi rit beaucoup de l'épigramme, et donna à
'auteur une pension de 600 écus, avec le titre
l'historiographe. La publication de son premier
ïavail remonte à l'année 1579; c'est un in-4°,
ntitulé : Les Antiquités gauloises et fran-
oises, contenant les choses advenues en
Jaule depuis Van du monde 3379, jusqu'à
lovis, en deux livres. Cet ouvrage, reraar-
[uable à plus d'un titre, est précédé d'un aver-
issement curieux , ainsi conçu : « Vautheur au
ecieur : Ces antiquitez se sentent du mauvais
emps, ayans esté aussi mal menées par la
;uerre que moi-mesrae, c'est-à-dire transpor-
ées en divers endroits, perdues, déchirées,
iruslées en partie, voire prisonnières et mises
t rançon : tellement que, n'ayant peu les ra-
iheter, estant transportées hors le royaume, elles
ont demourées en la main de ceux qui en ont
inidé faire profit, sans que je les aye peu re-
iouvrer, mais seulement racoustrer, sur ce que
'en avois retenu. C'est pourquoi, lecteur, tu
rouveras tant de blancs, n'ayant peu avec la
némoire remplir ce qui défailloit en ma copie :
ivec ce qu'à mon retour à Paris , j'ai trouvé ma
ibrairie dissipée, et en laquelle estoient mes
iriginaux et plus de deux mille volumes de
outes sortes , principalement d'histoires escrites
la main , en très-bon nombre. Toutes fois ce
|ui deffaut esdits blancs ne rompt point telle-
nent le narré , que les moyennement sçavans
n l'histoire ne les puissent remplir s'ils ont
NOUV. BIOGR, r.ÉNÉR. — T. XVH.
quantité de livres; ce que je prie faire quel-
qu'un pour moi , s'il advient que je meure avant
que d'y satisfaire. Car, veu mon âge, il est temps
de songer à partir, et avant qu'estre surpris ,
d'amasser ce que je veux laisser pour l'usage de
la postérité. Car jaçoit que ce quint des anti-
quitez que maintenant je donne ne soit pas en
l'estat que j'eusse bien désiré , ains seulement
publié pour conserver ceste planche de mon
bris, si me semble -il pouvoir servir, sinon
pour un autre vaisseau , à tout le moins pour
quelque parement. Que si me proumenant sur
les bords de nostre mer (Dieu merci et nostre
vaillant roy, non plus tempestée), j'en puis
recouvrer d'autres de même, j'esseray si non
d'en bastir le navire entier, dont j'avoy bien
avancé le corps , à tout le moins d'en faire as-
sez bon esquif pour vaquer à nosti'e antiquité ,
tout obscure qu'elle est. Jouy donc , lecteur,
de ce que je te présente, en attendant le reste,
si Dieu me donne repos et longue vie. »
Fauchet compléta successivement cet ou-
vrage par les suivants, parus en 1599 : Anti-
quités, etc., augmentées de trois livres conte-
nant les choses advenues jusqu'à l'an 851;
— Fleur de la maison de Charlemagne ,
parti en trois livres , contenant les faits de
Pepln et ses successeurs depuis Van 851 jus-
qu'à Van 840. Il faut y joindre ces deux
traités posthumes : Déclin de la maison de
Charlemagne, divisé en quatre livres, conte-
nant Vhistoire de Charles le Chauve et de ses
successeurs depuis Van 840-987 ; — Origines
des Dignités et Magistrats de France. On
a encore du même auteur : Recueil de Vori-
gine de la Langue et Poésie française, ryme
et romans, plus les noms et sommaires des
œuvres de 127 poètes français vivans avant
Van 1300; Paris, 1581, in-4°; — Les Œuvres
de Corn. Tacitus, chevalier romain, tradui-
tes en français; Paris, 1582, in-fol.; les cinq
premiers livres sont traduits par Etienne de La
Planche, et avaient déjà paru en 1548, in-4°; le
reste est de Fauchet; — De la ville de Pai'is,
et pourquoi les rois Vont choisie pour leur ca-
pitale; 5 pages in-4° ; — Traité des Libériez de
V Église gallicane; Paris, 1608, in-s". Ces
quelques pages furent composées l'an 1591, à
l'occasion de la dissidence du pape Grégoire XIV
et du roi Henri IV; — Pour le Couronnement
du roi Henri IV, et que pour n'être sacré il
ne laisse pas d'être roi et légitime seigneur ;
Tours, 6 janvier, 1693, et présenté au roi le 25
février suivant. A l'exception de la traduction de
Tacite, les différents ouvrages ci-dessus men-
tionnés ont été réunis sous ce titre : Les Œuvres
de feu M. Claude Fauchet, revues et corrigées
en cette dernière édition, suppléées et aug-
mentées sur la copie, mémoires et papiers
de V auteur de plusieurs passages et additions
en divers endroits; Paris, 1610, in-4", ou Ge-
nève, 1611. Cette dernière édition est une con-
6
163
FAUCHET
U4
trefaçon. Le manuscrit de Saint-Victor 997 , dont
nous avons parlé en commençant, contient entre
autres les écrits autographes suivants : Veilles ,
ou observations de plusieiws choses clignes
de mémoire en la lecture d'aucuns autheurs
françois; — De l'utilité des histoires; — Que
les Mémoires de Ph. de Commines, tels gîte
nous les avons, sont imparfaits; — Que la
ville anciennement dite Lutèce estait bastie là
où est maintenant la Cité de Paris, et non à
Melun ; — Que signifie ce mot Pallefroi? etc.
Louis Lacour.
Nicéron, Mémoires, t. XXV, p. 322. — Sainte-Marthe,
Éloges, 1. V. — Du Verdlcr, Bibliothèque franc., I, p. 138.
— Goujet, Bibl. franc.., -çasiiTa. — Lelong, ISibl. hist.,
n° 13640. — Catcà. des Mss. de la Bibl. imp.
FAUCHET ( Claude), homme politique fran-
çais, né à Bornes (Nièvre), le 22 septembre 1744,
d'une famille aisée, décapité à Paris, le 31 octobre
1793. Après de brillantes études, il se voua à l'état
ecclésiastique, et entra dans la communauté libre
des prêtres de Saint-Roch à Paris. Il fut pen-
dant quelque temps précepteur des enfants du
marquis de Choiseul , parent du ministre de ce
nom. Il avait à peine trente ans lorsqu'il pro-
nonça à l'Académie Française le panégyrique de
saint Louis. Il fut bientôt nommé grand-vicaire
de l'archevêque de Bourges Phély peaux, puis
prédicateur du roi et abbé de Montfort-Lacarre ,
en Bretagne. Il prononça, en 1785 , l'oraison fu-
nèbre du duc d'Orléans petit-fils du régent, et
l'année suivante celle de l'archevêque Phély-
peaux. En 1788, ce fut lui qu'on chargea du
dernier sermon de la fête de la Rosière à Surènes.
Il manifesta à cette occasion l'influence que les
idées nouvelles prenaient sur lui, en donnant
à son discours, malgré l'innocence du sujet, une
teinte politique et faisant allusion aux événe-
ments du jour. Cette manifestation, qui fut
suivie de plusieurs autres, où l'abbé Fauchet
témoigna hautement son enthousiasme pour
les nouvelles doctrines, excita le mécontentement
de la cour, et il fut rayé de la hste des prédicateurs
du roi. Quand la révolution éclata, elle le trouva
prêt à aider de son action ce mouvement réno-
vateur. En 1789 il anima de sa parole brûlante
les assemblées primaires et les sections de Paris,
et fut un de ceux qui conduisirent le peuple à
l'attaque de la Bastille , où , le sabre en main,
il guida la députation qui venait sommer le gou-
verneur de rendre la forteresse. Fauchet fut
à cette époque nommé membre de la conunune
de Paris. Il coopéra à la réorganisation de l'É-
glise, en composant le livre de la Religion na-
tionale, qui fut distribué dans les départements et
où il provoquait le renouvellement de sa discipline
et des modifications dans ses rapports avec l'Etat.
On peut rapporter à la même époque ses trois
Discours sur la liberté et le Discours sur l'ac-
cord de la religion et de la liberté. Fauchet
voyait dans ces questions, qui touchaient à ce que
la conscience a de pks intime, le nœud des évé-
nements contemporains. Le 25 février 1790 il pro^
nonça dans Saint-Étienne-du-Mont V Oraison fu-
nèbre de l'abbé de L'Épée, et le 2 1 juillet suivant
V Éloge de Franklin ; l'un et l'autre ont été impri-
més. Dans chacune de ces productions , il suit
la marche ascendante des événements par une
progression d'ardeur dans les opinions. A cett
époque Fauchet, orateur du club de La Bouch
de Fer, prenait une part très-active à la rédac
tion du journal de ce nom, journal écrit d'une ma
nère bizarre, où l'emphase s'unit au mysticismi
et touche au ridicule. En 1791 il fut nommé évê
que constitutionnel du Calvados. Pendant le cours
de son épiscopat il publia une brochure en faveur
de la loi agraire. Poursuivi pour cette œuvre «
il n'en fut pas moins appelé par les électeurs de
son département à la présidence de leur asse.m
blée électorale et envoyé député à la Législative.
Dans cette assemhlée, il vota contre le traitement
fait aux prêtres insermentés, prétendant .qu'on ne
devait pas payer ses ennemis. Le Calvados le ren-J
voya encore à la Convention. Zélé républicain, '
mais ennemi des excès, il vit d'un œil inquiet les
tendances effrénéesdes exaltés, et se rapprochadès
lors des girondins. Dans le procès de Louis XVI,
il vota l'appel au peuple , la prison et le bannisse-
ment après la guerre finie. La mort du roi l'af-
fligea profondément, en lui faisant prévoir les
désordres qui allaient ensanglanter l'avenir. Ses"
tendances politiques s'en ressentirent; il vota
contre le mariage des prêtres et pour le main-
tien du culte catholique. A cette époque il ré-
digeait le Journal des Amis, où il développa les
opinions qu'il avait déjà manifestées à la tribune
et dans ses derniers votes. Cette conduite et son
alliance avec la faction girondine, de laquelle il se
rapprochait de plus en plus et dont il partageait
le fédéralisme, le signalaient à la haine de la
montagne. Il fut compris dans la liste des vingt-
et-un députés dont le parti montagnard deman-
dait la proscription. Il brava les premières dé- j
nonciations faites contre lui, et continua à
exercer les fonctions de secrétaire de l'assemblée,
qui lui avaient été déférées , jusqu'à la séance
du 31 mai 1793, où les girondins furent dé-
crétés d'accusation. Indigné de ce décret et pres-
sentant le sort qui l'attendait, il abandonna le
bureau de la Convention, et déclara qu'il allait se
mettre sous la sauvegarde du peuple. Mais il
vit en cette occasion combien la popularité est
mensongère. La faveur du peuple était ailleurs j
on le conjura de fuir, il refusa. « J'ai bien gâté
ma vie , dit-il à ceux qui le pressaient de quitter
la France ; mais, quoi qu'il puisse arriver, je ne
me détenuinerai jamais à colporter mon exis
tence à l'étranger, convaincu que je ne poun-ais
espérer une hospitalité digne de mon ancienne
position. » Cependant le parti montagnard ne
s'endormait pas, et provoquait de toutes ses
forces la mise en accusation des girondins ar-
rêtés le 31 mai. Le 18 juillet Chabot accusa à I9
tribune l'abbé Fauchet de fédéralisme et de
complicité dans l'attentat de Charlotte Corday.
ÎG5
FAUCHET
Ce qui prêtait à cette accusation, c'est que le
jour même de l'arrivée de Cliarlotte à Paris, il
l'avait, sur sa demande, conduite àla Convention,
fatale coïncidence qui se justifiait par ce fait, que
la jeune Normande , ne connaissant personne à
Paris, s'était adressée de préférence, pour être
introduite dans les tribunes, à l'évêque de son
pays, qui d'ailleurs ne la vit que cette seule fois.
Fauchet , compris dans le décret d'accusation
lancé contre la Gironde, fut enfermé à la Concier-
gerie. S'il en fallait croire une lettre de l'abbé
Lothringer, du 27 juillet 1797, insérée au tome IV
des Annales catholiques , saisi dans sa prison
d 'un vif repentir , Fau ch et aurait rétracté toutes ses
erreurs , fait abjuration de son passé révolution-
naire , et, rentré entièrement dans le sein de la
religion, il se serait confessé et aurait confessé
lui-même Siliery. Mais l'origine de ce document
rend la première partie au moins de ces asser-
tions plus que suspecte. Les débats du procès
des girondins furent courts, bien que trop longs
au gré de la montagne. Traduits devant le tri-
bunal révolutionnaire le 25 octobre, ils furent
déclarés coupables et condamnés à mort le 30 ;
le lendemain 31 ils tombaient sous le fatal cou-
peret, et l'abbé Fauchet avec eux. Tous les dis-
cours ou les sermons mentionnés plus haut,
ainsi que la brochure de la Religion nationale,
ont été livrés à l'impression du vivant de l'àU-
teur. Pour compléter ses titres littéraires, il
suffit d'ajouter qu'on lui doit une partie du texte
du Tableau de la Révolution (1790-1791).
H. BOYER.
Lamartine, Histoire des Girondins. — Michelet et
Louis blanc, Histoires de la Révolution. — L'abbé Val-
mcToii (Jarry), Fie de l'abbé Fauchet, de Clamecy. —
Notice sur l'ancien Clergé du diocèse de Bourges. —
Documents particuliers.
FAuriGNY DE LUCiNGE (Lecomte L.-C.-4.
de), officier supérieur et homme politique fran-
çais, né en Bresse, vers 1750, mort en Franconie,
vers 1800. Il appartenait à l'une des familles les
plus illustres de la Savoie. Entré fort jeune au
service de France, le comte de Faucigny était
lieutenant-colonel au régiment de Normandie
lors de la révolution. En 1789, élu député aux
états généraux par la noblesse de Bresse (1), il
fut l'im des plus fougueux défenseurs des pré-
rogatives de son ordre. Il s'opposa à toute ré-
forme, et se fit remarquer par ses violentes in-
terruptions. Le 19 juin 1790, de concert avec
l'abbé Maury, il voulut arrêter la lecture d'un
rapport que le vicomte de Macaye, député du
Labour (2), faisait sur les troubles provoqués à
Nîmes par les ultra-catholiques, et s'écria : « Il
est bien singulier qu'on nous dise tant de sottises
et que nous le souffrions ! >> L'assemblée décida
que le rapport devait être continué. Le 21 juin
suivant , le comte de Faucigny s'opposa vivement
,(1) C'est par erreur que la Biographie nouvelle des
Contemporains le lait député de Brest.
(2) Ou Labourd, petit pays de la Gascofe'ne, dont Bayonne
était la capitale.
— FAUCON 166
à la suppression des titres nobiliaires, et le 3
juillet, à ce que les députés fussent tenus
d'être présents lors des fêtes de la Fédération.
Le 21 août, au sujet de la censure infligée à son
collègue Lambert de Frondevillé, Faucigny s'é-
lança au milieu de la salle , et s'écria ; « Ceci
a l'air d'une guerre ouverte de la majorité contre
la minorité ; et pour la faire finir, il n'y a qu'un
moyen : c'est de tomber le sabre à la main sur
cesgredins-là ! « Faucigny désavoua le mouvement
qui l'avait entraîné, et sur la proposition de Du-
bois-Crancé, <( l'Assemblée nationale, ayant égard
aux excuses et aux témoignagnes de repentir de
M. Faucigny , lui remet la peine gi'ave qu'il avait
encourue ». Le 11 avril 1791, Faucigny s'opposa
à la diminution des traitements des ministres,
prétendant « qu'il ne fallait pas mettre ces
places au rabais , car elles n'étaient pas recher-
chées depuis qu'elles n'offraient plus que la
perspective de la potence et du carcan ». Le 24
mai, lors d'un appel nominal sur les affaires
d'Avignon , il protesta contre le secrétaire, qui
ne l'appelait pas M. le comte de Faucigmj-Lu-
cinge ; quelques membres de la gauche deman-
dèrent son incarcération immédiate; mais la
majorité s'écria : « Il est fou! » L'incident n'eut
pas de suite. Faucigny signa les protestations
des 12 et 15 septembre 1791 , et émigra à la fin
de la session. Il parut quelque temps dans l'ar-
mée de Condé, et mourut obscurément.
H. Lesueur.
Moniteur universel, an 1790, n°^ 168, 172, 184, 234, 27* ;
an 1791, 103, 146. — Biographie moderne.
FAUCON (Jean), en latin falco, médecin
espagnol, né à Savinena (Aragon), vers 1470,
mort à Montpellier, en 1532. Il étudia la méde-
cine à Montpellier, s'y fit recevoir docteur, de-
vint professeur en 1502, et doyen en 1529. « Ses
ouvrages , dit la Biographie médicale, se rédui-
sent à des commentaires lourds et prolixes, qui
sont la plupart du temps plda obscurs que le texte
auquel ils doivent servir de glose. » On a de lui :
Additiones ad practicam Antonii Guainerii;
Pavie, 1518, in-4°; — Notabilia supra Guido-
nem; Lyon, 1559, in-4°.
Biographie médicale.
FAtJCOiS ou FALtON (Nicolas), historien
français, né à Poitiers , vivait au commencement
du quatorzième siècle. Après avoir pris l'habit
de prémontré , il servit de secrétake à Ayton,
seigneur de Coucy , né en Arménie , et parent
d'un autre Ayton , roi de ce pays. II écrivit en
1305, sous la dictée d' Ayton, une Histoire d'O-
rient. Deux ans après , il traduisit cetouvrage en
latin, sous le titre ù'Historia orientalis. Un
manuscrit de cette traduction, trouvé , suivant
La Croix du Maine , dans la bibliothèque du roi
de Navarre à Vendôme, fut imprimé d'abord
par Mesnard-Molther ; Haguenau, 1529, in-4°.
Gryneus l'inséra dans son Novùs Or6?s ; Bâie,
1532-1555, in-fol. André MuUer le fit réim-
primet avec Marco-Polo ; Berlin, 1671, in-4^\
6.
167
FAUCON — FAUJAS
IGS
Une traduction flamandede Vjffistoria orientalis
par J.-H. Glazemacherus, a été imprimée à
Amsterdam, 1664, in-4°.
Du Verdier et La Croix du Maine, Bibliothèques fran-
çaises. — A. Fabrlcius, Bibliotheca médias et infirme La-
tinitatis. — Dreux du Radier, Hist. litt. du Poitou.
* FAUCONNIER (Laurence), dame du Petit-
Verdet , peintre verrier de Bourges, au seizième
siècle. En 1528, elle épousa l'échevin Pragueau,
auquel elle survécut, et dont elle eut une fille
nommée Claude. En 1567 elle vivait encore;
mais on ignore la date de sa mort. Il reste de
cette artiste un beau vitrail dans une chapelle
fondée par elle dans l'église Saint-Bonnet de
Bourges. H. B.
La Thaumassière , Hist. du Berry.
* FACDOAS {Pierre-Paul, hairouBE), prélat
français , né à Lalanne, le 1" avril 1750, mort
en 1819. Il appartenait à une famille noble fort
ancienne, mais d'une fortune médiocre. Entré
dans les ordres , il devint titulaire de l'abbaye
de Gaillac en 1788. Les événements de la révolu-
tion le firent émigrer. Rentré en France après le
18 brumaire, il se trouva compromis dans quel-
ques menées royalistes •,mais il n'en fut pas moins
pourvu de l'évêché de Meaux au mois de janvier
1805. L'abbé de Faudoas s'attacha dès lors forte-
ment à l'empereur, et à l'occasion de la bataille
d'Austerlitz il publia un mandement plein de dé-
férence pour l'homme du siècle. Il eut plus tard
des relations fréquentes avec le pape Pie VII pen-
dant sa captivité en France, et reçut du pontife
des marques d'estime. L'évêque de Meaux assista
à la cérémonie du champ de mai en 1815. A son
retour, Louis XVIII le laissa dans une espèce de
disgrâce jusqu'à sa mort. L. Louvet.
Dictionnaire de la Conversation, supplément.
* FAUGÈRE {Arnaud-Prosper) , littérateur
français, né à Bergerac (Dordogne), le 17 fé-
vrier 1810. Chef du secrétariat au ministère de
l'instruction publique en 1839 , il donna sa dé-
mission lorsqu'en 1840 M. Villeraain quitta ce
ministère. Il entra la même année dans les bu-
reaux du ministère des affaires étrangères, où il
est aujourd'hui l'un des sous-directeurs dans
la direction politique. M. Faugère débuta dans
la carrière des lettres en publiant : Vie et bien,'
faits de La Rochefoucauld-Liancourt ; Paris,
1835, in-8° de 36 pages. Bientôt après il obtint
trois fois le prix d'éloquence proposé par l'Aca-
démie Française : en 1836, pour son ouvrage
intitulé Du Courage civil, ou Lhôpital chez
Montaigne; en 1838, pour V Éloge de Gerson;
et en 1842, pour Y Eloge de Biaise Pascal.
Continuant ses études sur l'auteur des Provin-
ciales, M. Faugère a mis au jour : Pensées,
fragments et lettres de Biaise Pascal , publiés
pour la première fois conformément aux
manuscrits originaux; Paris, 1844, 2 vol.
in-8° , trad. en allemand et en anglais. Aucune
édition des Pensées de Pascal entièrement digne
de confiance n'avait encore été donnée; celle
de M. Faugère , résultat d'une collation atten-
tive des textes originaux , est très-appréciée ;
— Lettres, opuscules et mémoires de ma-
dame Périer et de Jacqueline , sœurs de Pas-
cal, et de Marguerite Périer, sa nièce, pu-
bliés sur les manuscrits originaux; Paris,
1845, in-8°; — Abrégé de la vie de Jésus-
Christ, par Biaise Pascal; publié d'après
un manuscrit récemment découvert, avec
le testament de Biaise Pascal; Paris, Asie,
in-8°. — M. Faugère a traduit sous le titre de
Génie et Écrits de Pascal, Paris; 1847, in-8°
de VIII et 71 pag., un article de VEdinburg-
Review (numéro de janvier 1847 ). Enfin,M. Fau-
gère est auteur d'une brochure politique : Un
mot de vérité sur la crise ministérielle
et sa solution possible, Paris, 1839, in-8°; et
les journaux Le Temps et La Constitution de
1830 l'ont compté parmi leurs rédacteurs. Il a
fourni de nombreux articles à Y Encyclopédie
du dix-neuvième siècle et à divers recueils pé-
riodiques , notamment au Moniteur religieux
( dont il avait été , en 1836 , l'un dés fondateurs),
à la Bévue du dix-neuvième siècle et au Coi--
respondant. Parmi ses travaux dans cette der-
nière publication , on remarque une Notice sur
Turgot et les articles intitulés La Circassie et
Les Richesses de la Californie. M. Faugère est
sur le point de faire paraître un mémoire
sur le Z cliver ein , qui a remporté en 1843
le premier prix dans le concours ouvert par la
Société pour l'Encouragement de l'Industrie na-
tionale. E. Regnard.
Journal de la Librairie. — Documents particuliers.
FAVGÈRES ( Marguerite Bleecker), femme
auteur américaine, née en 1771, morte à New-
York, en 1801. Élevée avec soin par sa mère,
qu'elle perdit de bonne heure, elle suivit son père
à New-York, vers la fin de la guerre de l'indé-
pendance. En 1792, elle épousa un médecin de
cette ville, dunomdeFaugères, avec lequel elle fut
loin d'être heureuse. En 1796 elle se trouva
réduite à vivre dans un grenier, avec son en-
fant. Veuve en 1798, elle devint l'auxiliaire
d'une institution de New-Brunswick. En 1799
elle entreprit à Brooklyn l'éducation de plusieurs
enfants appartenant aux principales familles du
pays. Outre des poésies insérées dans le Ma-
gazine de New- York et dans Y American Mu-
séum, on a de Marguerite Faugères les Mémoires
de M™^ Bleecker, sa mère; — des Essais; — jt
Bélisaire, tragédie, 1795 ou 1796.
Prudhomme, Biog. univ. et Mst. des Femmes célèbres.
FAUJAS DE SAINT-FOND (Barthélémy)
célèbre géologue et voyageur français, né à
Montélimart, le 17 mai 1741, mort à Saint-Fond
(Dauphiné) (1), le 18 juillet 1819. Après avoir
fait ses études au collège des Jésuites de Lyon,
il fit son droit à Grenoble, et y fut reçu avocat.
En 1765 il devint président delà sénéchaussée;
mais, entraîné par son goût pour l'étude des
(1) Et non à Paris , comme l'écrivent les rédacteurs de
la Biographie nouvelle des Contemporains.
169
FAUJAS
170
sciences, il se lia avec Buffon, qui le décida
à se fixer à Paris, et lui fit obtenir l'emploi d'ad-
joint-naturaliste au Muséum, aux appointements
de 6,000 francs, et plus tard celui de commissaii-e
du roi pour les mines avecim nouveau traitement
de 4,000. Faujas parcourut alors la plus grande
partie de l'Europe, la France, l'Angleterre, l'E-
cosse, la Hollande, l'Allemagne, la Bohême,
l'Italie et le Piémont, s'occupant presque exclu-
sivement d'étudier la surface du globe , sa cons-
titution et les matières qui la composent. C'est
particulièrement sur les produits volcaniques qu'il
a étendu ses observations, et les géologues lui doi-
vent les premiers documents exacts qui servirent
de base au développement de leur science. En
parcourant le Vélay, il découvrit, en 1775, dans
la montagne de Chenavary, une riche mine de
pouzzolane, qu'il fit ouvrir à ses frais et dont le
gouvernement se servit pour la construction du
port de Toulon et quelques autres travaux pu-
blics. On lui doit aussi la découverte de la fa-
rine fossile et celle de la riche mine de fer de
La Voulte (Vivarais). C'est lui qui signala le pre-
mier les basaltes et la grotte de Fingal dans l'île
de Staffa (l'une des Hébrides). La république
maintint Faujas dans sa position au Muséum, et,
en 1797, le Conseil des Cinq Cents lui accorda
25,000 francs comme indemnité des dépenses
qu'il avait faites pour augmenter les collections
du Cabinet d'Histoire naturelle. Lorsque le
Muséum d'Histoire naturelle reçut son organi-
sation actuelle, en 1793, Faujas fut nommé pro-
fesseur au Jardin des Plantes, et remplit cet em-
ploi jusqu'en 1818, époque à laquelle, devenu
presque octogénaire , il se retira dans ses terres
du Daupliiné. On a de lui : Mémoire sur les bois
de cerf fossiles trouvés en 1775 à Montéli-
mont (Dauphiné); Paris, 1776-1779, in-4°;
avec fig. — Recherches sur la pouzzolane, sur
la théorie de la chaux et sur la dureté du
mortier, avec la composition de divers ci-
ments et la manière de les employer, etc.;
Grenoble et Paris, 1778, in-8°; — Recherches
sur les volcans éteintsdu Vivarais et du Yelay;
avec un Discours sur les volcans brûlants ;
des Mémoires analytiques sur le schorl, la
zoolithe, les basaltes, etc.; Grenoble, 1778,
in-fol., avec 20 planch. C'est dans cet écrit que
Faujas développe sa théorie sur la formation des
volcans , théorie plus ingénieuse que toutes celles
émises jusque alors sur ce sujet. Elle repose sur
la nature chimique de l'eau, qui, suivant l'auteur,
doit se trouver infailliblement en communica-
tion avec le foyer des volcans qu'elle entretient
par sa décomposition; —Mémoire sur la ma-
nière de reconnaître les différentes espèces
de pouzzolane et de les employer dans les
constructions sous Veau et hors de l'eau;
Amsterdam (Paris), 1780, in-80; — Histoire
naturelle de la province' du Dauphiné, avec
carte et gravures; Paris, 1781 et 1782, 4 vol.
m-12 ; — Description des expériences de la
machine aérostatique de MM. Montgolfier et
de celles auxquelles cette découverte a donné
lieu, suivie de Mémoires sur le gaz inflam-
mable, sur Part de faire les machines aéro-
statiques, etc., d'une Lettre sur les moyens de
diriger ces machines; Paris, 1783-1784, 2 vol.
in-8o, avec pi.; cet ouvrage est un des plus com-
plets que l'on ait sur cette matière; — Minéralogie
des Volcans, ou description de toutes les
substances produites ou rejetées par les feux
souterrains ; Paris, 1784, in-8°; — Essai sur
l'histoire naturelle des roches de trapps, etc.;
Paris, 1788, in-12, et 1813, in-8°, avec fig.; —
Essai sur le goudron du charbon de terre
et sur la manière de l'employer pour caréner
les vaisseaux; Paris, 1790, in-8o; — Voyage
en Angleterre, en Ecosse et aux îles Hé-
brides, etc.; Paris, 1797, 2 vol. in-8o, et in-4°,
avec fig. Cet ouvrage a été traduit en allemand ,
augmenté des Notes de J. Mac-Donald, par
Wiedemann; Gœttingue, 1799, et en anglais,
ibid.,2 vol. in-8°. Cette relation, principalement
scientifique, a été fort goûtée en Angleterre, où
elle a été trouvée aussi judicieuse qu'instruc-
tive; — Histoire naturelle de la montagne
de Saint-Pierre de Maëstricht ; Paris, 1799,
in-4° et in-fol. ; — Dictionnaire des Merveilles
de la Nature; Paris, 1802, 3 vol. in-8»; —
Mémoire sur le trass ou tuffa volcanique des
environs d'Andernach ; dans les Annales du
Muséum d'Histoire naturelle, avec pi., t. I,
1802; — Description des Carrières souter-
raines et volcaniques de Niedermendig près
Andernach, d'où l'on tire des laves poreu-
ses, etc.; 3 planch., ibid.; — Mémoire sur le
Caoutchouc ou Bitume élastique fossile du
Derby shire; ibid.; — Sur un poisson fossile
trouvé dans une des carrières des environs
de Nanterre (près de Paris); avec pi., ibid.; —
Description des mines de tufîa des environs
de Bruhlet de Liblar, connues sous les déno-
minations impropres de mines de terre d'ombre
ou de terre brune de Cologne; 2 pi., ibid.; —
Essai de Géologie, ou mémoires pour servir à
l'histoire naturelle du globe; Paris, 1803^1809,
2 vol. en 3 parties, in-8°, avec 39 pi. ; la pre-
mière partie traite des coquilles, des madré-
pores , des quadrupèdes fossiles , des bois sili-
ceux, etc.; la seconde est relative à tous les
minéraux considérés géologiquement ; la troi-
sième est consacrée à l'histoire naturelle des
volcans , et forme à cet égard une minéralogie
complète ; — Sur une défense fossile d'élé-
phant trouvée à cinq pieds de profondeur
dans un tuffa volcanique près d'Ardres ^Ar-
dèché); dans les Annales du Muséum d'Histoire
naturelle, t. H, 1803, avec pi.; — Sur une
grosse dent de requin et sur un écusson fos-
sile de tortue , trouvés dans les carrières des
environs de Paris; ibi^., avec pi.; — Sur
deux espèces de bœufs dont on trouve les
crânes fossiles en Allemagne, en France, en
171 FAUJAS —
Angleterre, dans le nord de V Amérique et \
dans d'autres contrées; ibid., avec pi.; —
Siir des plantes fossiles de diverses espèces
qu'on trouve dçins les couches d'un schiste
marneux, recouvert par des laves, dans les
environs de Roche-Sauve (Ârdàche) ; ibid.,
avec pi. 5 —Sur quelques fossiies rares de Ves-
tena-Nova ( Véronais ) ; mêmes Annales, t. III,
1804; — Essai d'une Classification des pro-
duits volcaniques , on prodrome de leur ar-
rangement méthodique; ibid.; — Sur un
essai de culture de la patate rouge de Phila-
delphie, clans les environs de Paris; mêmes
Annales, t. V, 1804; — De la Prehnite, dési-
gnée sous la dénomination de zoolithe de
Deux-Poats ; de la roche qui lui sert de gan-
gue, et du lieu véritable où Von peut la
trouver, ibid.; — Voijuge géologique de-
puis Mayence jusqu'à Oberstein, par Creutz-
nach, Marstenstein etKirn; ibid.; — CZas-
sification des produits volcaniques ; ibid.;
-T Votjage géologique à Oberstein ; mêmes An-
nales, tom. VI, 2 pi.; — Voyage géologique cm
volcan éteint de SeauUeu ( Bouches-du-
Rhône), où l'on trouve de grandes quantités
de laves poreuses au milieu de dépôts calcai-
res; mêmes Annales, tom. VIII, 1806; — No-
ticesur legisement des poissons fossiles et sur
les empreintes de plantes d'une des carrières
à plâtre des environs d'Aix ( Bouches-du-
Rhône) ; ibid.; — Voyage géologique sur le
Monte Ramazzo, dans les Apennins de la Li-
gurie : Découverte de la véritable variolite;
du calcaire; de Varragonite; des pyrites
martiales , magnétiques , cuivreuses et arse-
nicales dans la roche stéatitique ; Fabrique
de sulfate de magnésie; ibid.; — Lettre à
M. de Lacépède sur les poissons du golfe de
la Spezzia et de la mer de Gênes; ibid.; —
Des Coquilles fossiles des environs de illayence;
ibid., avec pi.; — Sur le madrépovite à odeur
de truffe noire des environs de Monte-Viale,
dans le Vicentin; mêmes Annales, tom. IX,
1807; — Description géologique des brèches
coquillières et osseuses du rocher de Nice,
du Montalban, de Cimiès et de Villefranche ;
Observations critiques au sujet du clou de
cuivre que Sidzer dit avoir été trouvé dans
Vinlérieur d'un bloc de pierre calcaire dure de
Nice, etc.; mêmes Annales, tom. X, 1807 ; —
Notice; adressée à Yauquelin, swr la sarcoUthe
de Montechio-Majore et de Castel; mêmes
Annales , t. XI, 1808 ; — Sur une espèce de
charbon fossile décoiiverte près de Naples;
ibid.; — Voijage géologique de Nice à Men-
ton, Vintimille, Port-Maurice, Noli, Savone,
Voltri et Gênes, par la route de La Cor-
niche ; ibid. ; — Sur tm nouveau genre de
coquille bivalve; ibid., avec pi.; — Sur une
mine de charbon fossile du Gard dans la-
quelle on trouve du succin et des coquilles
marines', mêmes Annales, t. XIV, 1809 j —
FAULCON
173|
Siir le piquant ou l'aiguillon pétrifié d^nny
poisson du genre des raies; Sur l'os maxil-
laire d'un quadrupède trouvé dans une car-
rière près de Montpellier; Observations sur
les corps organisés fossiles ou pétrifiés que
l'on trouve dans les environs de celte ville}
ibid.; — Addition a%i Mémoire sur les co-
quilles fossiles des carrières de Mgiyence ; mômes
Annales, tom. XV, 1810, avec pi.; — Lettre
à Thouin sur la floraison du phormium te-
nax (vulgairement appelé lin de la Nouvelle-
Zélande); mêmes^nna/es, t. XIX, 1812, avec
pi.; — Sur les roches de trapps ; ibid., avec
pL; — Histoire naturelle de différentes sub-
stances minérales siliceuses et porphyritiques
passées à l'état de pechstein, oit pierre de
poix, par l'action des feux souterrains ; dans
les Mémoires du Muséum d'Histoire natu-
relle, t. II, 1815; — Sur les plantes fossiles
renfermées dans un schiste marneux des en-
virons de Chaumerac et de Roche-Sauve {Ar-
dèche) ; avec pi., ibid.; — Des Émaux, des
Verres et des Pierres j}onces des volcans
brûlants et des volcans éteints; mêmes Mé-
^noires, t. UI, 1817 ; — Sicr quelques coquilles
fossiles des environs de Bordeaux; ibid.; —
Sur quelques-imes des plantes fossiles qu'on
trouve dans les couciies calcaires du Monte-
Bolea ( Véronais ) et de Vestena-Nova ( Vi-
centin), dans les mêmes gisements que les
poissons fossiles ; mêmes Mémoires, tom. V,
1819, avec 3 pi. — Faujas de Saint-Fond l'ut
éditeur avec Gobet des Œuvres de Bernard
Palissy ; Paris, 1777, in-4''. Il a fourni des
Notes au Voyage dans les Deux Siciles, traduit
de l'italien de Spallanzani par Âmaury-Duval et
Toscan; Paris, an viii (1800 ), 6 vol. in-S", fig.
Il a laissé en outre quelques manuscrits fort
intéressants Sur le passage du Rhône et des
Alpes par Annihal; Sur la fontaine de Vau-
cluse, etc., et un ouvrage intitulé : Réflexions
bien imparfaites sur le génie. A. de L.
Louis de Frcycinet , Essai sur la Vie, les opinions et
les Ouvrages de B. Favjas de Saint-Fond; Valence,
1820, in-'t° ; — Arnault , Jay , etc.. Biographie des Coji-
temporains. — Desessarts , Les Siècles littéraires. —
Quérard , La France littéraire; — Revue encyclopé-
dique, t. VIU (1820), p. 387.
FAtfLCON (Marie-Félix) , homme politique
et jurisconsulte français, né à Poitiers, le 14 août
1758, mort dans la même ville, le 31 janvier
1843. Après avoir fait son droit à Poitiers , il fut
pourvu d'une charge de conseiller an présidial
de cette ville. Jusqu'en 1789, tout en remplis-
sant avec exactitude ses fonctions judiciaires, il
s'occupa beaucoup de littérature , de poésie , et
prépara une nouvelle édition de la Coutume du
Poitou commentée par Boucheul. Élu, au com-
mencement de la révolution, suppléant aux états
généraux, il siégea dans l'Assemblée constituante
à partir du mois d'avril 1790. Pendant la terreur
il fut poursuivi et obligé de se cacher. En 1795
les électeurs de Poitiers l'envoyèrent au Con-
173
FAULCON —
seil des Cinq Cents. Réélu en 1799, il devint
membre du corps législatif après le 18 brumaire,
et il en fut le président en 1803, pendant la dis-
cussion du Code Civil. Nommé correspondant
de l'Institut national (classe d'histoire et de lit-
térature anciennes) en 1803 , il fut investi delà
présidence de l'école de droit de Poitiers , sous
le titre de doyen d'honneur. Élu de nouveau
au corps législatif en 1809, il présidait cette as-
semblée lorsqu'elle adhéra en 1814 à la dé-
chéance de Napoléon , et donna à Louis XVIU le
nom de Louis le Désiré. Il fut un des commis-
saires rédacteurs de la Charte constitutionnelle.
Ne se trouvant plus éligible d'après les condi-
tions exigées par la Charte , il ne put être «re-
nommé à la chambre des députés. Il ne figura
plus dans les affaires publiques pendant les vingt-
huit années qui s'écoulèrent jusqu'à sa mort. On
a de lui -.Pot-pourri national, ou matériaux
pour servir à l'histoire de la Révolution ; Pa-
ris, 1790, in-8°; — Extraits de mon Journal,
dédiés aux mânes de Mirabeau; Paris, 1791,
in-8°; — Le Robespierrisme , poème suivi du
Moralisme et de quelques épitaphes révolu-
tionnaires ; Poitiers, 1795, in-8°; — Fruits de
la Solitude et du malheur; Paris, 1796, in-8° ;
— Opinions sur le divorce et sur les minis-
tres des cultes; Paris, 1797, in-8°; — Précis
historique de l'établissement du divorce;
Paris, 1800, in-S""; — Mélanges législatifs,
historiques et politiques pendant la durée
de la Constitution de l'an m; Paris, 1801,
3 vol. in-8° : c'est le plus important des ouvra-
ges de Faulcon; — Voyages et opuscules;
Paris, 1805, in- 8". Outre ces publications , Faul-
con a fourni beaucoup d'articles à divers jour-
naux et recueils, par exemple à la Correspon-
dance patriotique (1791 et 1792), hL'Historien
(ans IV, vet vi), au Journal de Poitiers, à
VAlmanach des Muses.
Bourgnon de Layre, Notice historique et biographique
sur M.-F. Faulcon; àsns le Nécrologe universel du
dix-neuvième siècle.
ï'AULCON. Voyez Faucon.
FAULCONNiEB (Pierre ) , historien français,
né à Dunkerque, mort dans cette ville, le 26
septembre 1735. Après avoir fait son droit à
Paris, il fut installé, en 1776, dans la charge
de grand -bailli de Dunkerque, et devint, en
1720, président de la chambre de commerce de
cette ville. On a de lui : Description historique
de Dunkerque , ville maritime et port de mer
très-J'ameux dans laFlandreoccidentale, etc.;
Bruges, 1730, 2 vol. in-fol. Cette histoire, ornée
de planches imprimées dans le texte, s'arrête à
l'année 1718. Elle contient des notices sur les
hommes célèbres nés à Dunkerque. E. Regnaud.
Paquot, Mémoires.
FAULHABER {Jean), mathématicien et in-
génieur allemand, né à Ulm, le 5 mai 1580, mort
dans la même ville en 1635. Fils d'un tisserand,
il exerça d'abord l'état de son père; en même
FAULHABER 174
temps il étudia avec ardeur , devint professeur
d'arithmétique, puis inspecteur des poids et
mesures dans sa ville natale. Malheureusement,
entraîné par les goûts de son époque , il tomba
dans les folies du mysticisme, de l'astrologie.
En 1602 il subit une détention de quelques mois
pour avoir soutenu le pseudo -prophète Kolb. En
1621 il proclama qu'en peu de jours avec un
grain d'or il produirait deux autres grains du
même métal , et de la plus grande pureté. Il pré-
tendait aussi pouvoir prédire, au moyen de la
cabale, l'apparition des comètes. Cependant la
solide connaissance qu'il avait des mathéma-
tiques le rendit célèbre, même à l'étranger.
Lorsque, jeune encore. Descartes vint, en 1620,
à Ulm, il ne manqua point de rendre visite à
Faulhaber , qui pensa embarrasser le philosophe
en lui proposant un de ces problèmes dont il pré-
tendait posséder seul la solution, que Descartes lui
présenta dès le lendemain. En 1618 Faulhaber
obtint du landgrave Philippe de Hesse une gra-
tification de cinquante florins, pour le récom-
penser de ses découvertes en mathématiques et
en mécanique. En 1625 il reçut des proposi-
tions du prince d'Orange, qui désirait se l'atta-
cher, et en 1629 des ouvertures analogues lui
furent faites delà part du cardinal prince Dietrich-
stein. En 1630 il fut appelé à Francfort pour la
reconstruction des remparts de cette ville. Enfin
en 1632 il fut l'objet, de la part du roi de Suède,
de propositions dans le genre de celles qui lui
avaient déjà été adressées. Faulhaber dirigea les
travaux de fortifications de Memmingen et de
Lauingen. 11 mourut de la peste (choléra). Les prin-
cipauxde ses nombreux ouvrages sont : Arithme-
tischer-cubicosischer Lustgarten , mit neuen
Inventionibus gepflanzet (Jardin de plaisance
arithmetico-cubique , planté d'inventions nou-
velles ); Tubingue, 1604, in-4° ; — • Neu er/un-
dener Gebrauch eines niederlsendischen In-
struments zîDii Abmessen und Grundlegen ,
mit sehr geschivindem Vortheil zu practiciren
(Nouvelle Manière d'appliquer avec facilité un
instrument néerlandais pour l'arpentage et
le cadastre du sol); Augsbourg, 1610, in-4°;
— Neue geometrische und perspectivische
Inventiones zu Grundrissen der Basteyen
und Vestungen (Nouvelles Inventions géomé-
triques et de perspective pour servir aux plans
des bastions et fortifications); Francfort, 1610,
in-4''. Ces trois derniers ouvrages ont été tra-
duits en latin par Jean Remmelin; Francfort,
même année, iQ-4°; — Neuer mathema-
tischer Kunstspiegel (Nouveau Miroir artis-
tique des mathématiques); Ulm, 1612, in-4°.
Cet ouvrage a été également traduit en latin ; —
Andeutung einer tmerhœrten neuen Wunder-
Ivunst welche der Geist Gottes in etlichen
prophetischen und biblischen Geheimnissen,
Zahlen bis au/ die letzte Zeit hat wollen
versiegelt und verboi-gen halten; Nuremberg,
1013, in-4°; traduit en lah'n, sous ce titre, qui
175
rend littéralement le précédent : Ansa inau-
ditx et novee artis , quam spiritus Dei ar-
canis aliquot propheticis eu biblicis adultima
heec tempora obsignare et operire voluit ;
Ulm, 1613, in-4°. La publication de cet ouvrage
donna lieu à l'apparition d'un mémoire qui en
était la réfutation, et dont voici le titre : Phan-
tasma quee Joli. Faulhaber de ansa inau-
ditse et admirabilis artis , etc., et de Magia
Arcana Cœlesti, etc., somniavit, explicata,
discussa; 1614, in-4° ; — Himmlische gehelme
Magia, oder neue cabalistïsche Kunst und
Wunderrechnung von Gag und Magog ( Magie
céleste mystérieuse, ou nouveau calcul artistique
et merveilleux de Gog et de Magog); Nuremberg,
1613, in-4°. L'énoncé même du titre montre
qu'il s'agissait encore d'un recueil de rêveries
■mystiques; — Arithmeiiscker Wegweiseï' {Le
Guide de TArithmétique); Ulm, 1614, in-8°. Ce
traité a été souvent réimprimé , et à dater de
1762, sous cet autre titre : Arithmetïschcr
Tausendkunstler, etc. (Le Magicien en Aritb-
métique, etc. ) ; — Gemein und offen Ausschr-
eiben an aile Philosophos , mathematicos
sonderlich arithmeticos und Kûnstler Eu-
ropa} ( Adresse commune et publique à tous les
Philosophes, mathématiciens, surtout arithméti-
ciens et artistes de l'Europe ) ; Augsbourg, 1615 ;
— Neue Invention einer Haus und Hand-
mûhle (Nouvelle Livention d'un Moulin de
maison et à bras, d'après Weyermann); Ulm,
1617, in-8°, et, d'après Kaestner, Augsbourg,
1616, in-4° ; — /. Faulhaber''s zwey tmd
vierzig Sécréta ( Les quarante-deux. Secrets de
J. Faulhaber) ; 1621, in -4° ; — Miracula arith-
metica zu der Continuation des Arithmetis-
chenWegweisers {Miracula arithmedca, pour
la continuation du Guide de V arithmétique),
édité par David Verbez ; Augsbom-g, 1622, ia-4°,
et 1631 ; — Geheime Kunsthammer {C,ha.mbv&
mystérieuse des arts); Ulm, 1628, in-4°; —
Ingenieurs-Schul (L'Ecole de l'Ligénieur) ; Franc-
fort, 1630-1633 , 4 parties ; — Appendix à
l'ouvrage précédent ; — Canon Triangulorum
logarithmicus; Augsbourg, 1631; — Zehn-
tausend Logarithmi der absolut oder ledigen
Zahlen von 1 Us 10,000 (Dix mille Logarithmes
de nombres absolus depuis 1 jusqu'à 10,000 ) ;
Augsbom-g, 1631; — Academia Algebrss;
Augsbourg, 1631, in-4°.
Kaestner, Gesch. der Mathemat. — Montucla, Uisi.
des Mathématiques.
FAVLHABER ( Christophe-Ehrhurdt ) , de
la famille de Jean Faulhaber, mathématicien
allemand, né à Ulm, le 10 août 1708, mourut
le 16 juillet 1781. Après avoir étudié à Wittem-
berg et à léna, il fut chargé de professer les
mathématiques à Ulm en 1737. Deux ans plus
tard il devint pasteur, et remplit en divers endroits
des fonctions ecclésiastiques. Il était homme de
science autant que théologien. On a de lui : De
Effectu Lentium simpliciiim, tam extra ocu-
FAULHABER — FAULKNER 176
Iwn quam in oculo ; Wittemberg, 1735, in-4'' $
— Buse ex optica Controversiee ; Wittemberg,]
1735, ln-4°; — De incerta Mutabilitate Obli
quitatis eclipticge; Ulm, 1740, in-4"; — Dt
Mensura geometrica constante nondum dé-
tecta; Ulm, 1744, in-4°; — De Motus perpe
tuitate in Machinis impossibili; Ulm, 1751
in-4°; — De Virtuie Speculorum caustico
rum; Ulm, 1755, in-4°; — Sammlung von
Meinungen g rosser Gelehrten vom Blutregen
( Recueil d'Opinions de grands Savants au sujet
de la Pluie de Sang ) ; Ulm, 1755 ; — Dissertatit
ubi mechanica sessionis nostrx considerati
sistitur; Ulm, 1760, in-4°. . . .
Erscli et Grubcr, Allg. Enc.
FAULUAiSER {Albert-Frédéric), médecii
allemand, né à Ulm, le 2 mai 1741, mort le 2
juin 1773. 11 étudia la médecine à Tublngue,
Strasbourg, à Paris, et devint médecin de si
ville natale. On ne connaît de lui que sa thés
intitulée : Dissertatïo sistens theoriam solu
tionis chemicx; Tubingue, 1765, in-4". Il j
traduit du latin en allemand , avec des notes
un ouvrage de Jean-Frédéric Closius sur mie
Nouvelle Manière de traiter la petite vérole;
Ulm, 1769, in-8".
Biographie médicale.
FAULHABER { É lie- Matthieu) , mathémati-
cien allemand , né à Ulm, le 2 septembre 1742,
mort le 28 mai 1794. Il étudia à Erlangen et à
léna la théologie, les sciences et le droit pu-
blic. Eu 1766 il retourna dans sa ville natale, et
devint professeur de mathématiques en 1767,
et en 1769 il rempUt des fonctions pastorales.
On a de lui : De Oppositis Mathematicarum
quantis ; Ulm, 1768 , in-4" ; — De Attractione ;
Ulm, 1779, in-4°.
Schlichtegroll, Nekrolog., 1796.
FACUSio {Joseph), médecin sicilien, né en
1630, mort en 1669. On a de lui : De Viribus
Jalappx , quod non sit venenosa, neque he-
pati, neque cordi aut ventriculo inimica.,
neque denique nimis laxativa, medica Dis-
cussio; Palerme, 1658, in-8°.
Mongitore, Bibliotheca Sicula.
FAULKNER ( GeoTges ) , imprimeur irlandais,
né vers 1700, mort en 1775. Il fit son appren-
tissage à Londres , sous le célèbre Bowyer, et
vint, peu après 1726, s'établir à Dublin comme
imprimeur-libraire. Son Journal et d'autres en-
treprises bien conduites lui valurent une fortune
considérable ainsi que d'illustres amitiés. Il fut
l'imprimeur et le confident de Svrift, et jouit de la
bienveillance du comte deChesterfield. Lorsqu'il
mourut il était alderman de Dublin. Ses qualités
comme homme privé étaient bien supérieures à
son mérite d'auteur. Son principal défaut était une
excessive vanité, qui le fit souvent tourner en
ridicule , même par ses amis. On peut voir des
échantillons de son talent épistolaire dans les
Anecdotes de Bowyer et dans le second volume
du Supplément à Swift.
Chalmers, General Biographical Dictionary.
177
FAULKON
FAULKON. Voyez Constance.
FAULTRIER (JoacMm) , bibliophile français,
né à Auxerre, en 1626, mort à Paris, le 12 mars
1709. Avocat au parlement de Paris , il fut re-
marqué par Louis XIV, qui le recommanda à
Louvois. Ce ministre l'employa dans diverses
négociations, où il montra autant d'intégrité que
I de prudence. Faultrier, nommé intendant du Hai-
naut, exerça ces fonctions jusqu'en 1688. Il se
1 étira ensuite dans un logement que le roi lui
lit donner à l'Arsenal, et consacra le reste de sa
vie à la culture des lettres. Le Catalogue de
sa bibliothèque, très-nombreuse et bien choisie ,
fut imprimé après sa mort; on trouve en tête
son portrait et son Éloge latin par Baluze.
Morérl, Grand Dict. historique.
* FACQUEMBERGE ( Clément de) , greffier
au parlement de Paris, dans le courant du quin-
zième siècle. Il est l'auteur de Notes historiques
utiles à consulter pour l'histoire de Charles VH
et de Jeanne d'Arc. Elles ont été publiées com-
plètement pour la première fois par M. J. Qui-
cherat, L. L.
Procès de Condamnation de Jeanne d^Arc, t. IV,
p. 250, etc., d'après le registre conservé aux Archires de
l'Empire (Sect. judic. conseil, n" IS).
FAUQCES (Marianne-Agnès de), roman-
cière française, née à Avignon, vers 1720, morte
à Londres, où elle vivait encore en 1777. Elle fut
élevée dans un couvent, où, malgré son peu de
vocation pour la vie monastique , sa famille la
contraignit à prendre le voile. Après dix années
de réclusion , durant lesquelles elle ne cessait de
protester tout en supportant énergiquement les
rigueurs qui lui étaient iniligées , Agnès de Fau-
ques obtint de l'autorité ecclésiastique un bref
qui annulait ses vœux et lui rouvrait le monde.
Repoussée par sa famille, elle vint à Paris, où,
sans appui, sans conseils , elle fut séduite par
un seigneur anglais, qui l'emmena en Angleterre
et la délaissa bientôt. Elle prit dès lors le nom
de M'ne Fauques de Vaucluse ou de La Cépé-
dès, se fit courageusement une ressource de ses
talents littéraires, et composa de nombreux ou-
vrages, qui eurent un grand succès. Lady Craven
( depuis margrave d'Anspach ) lui confia l'édu-
cation française de ses filles. Sir WiUiam Jones
prit aussi M"^ de Fauques pour maîtresse de
français, et lui fut , dit-on , fort utile par son ex-
périence en littérature. Les principaux écrits de
M"e de Fauques sont : Le Triomphe de V Amitié,
ouvrage traduit du grée (traduction supposée);
Londres (Paris), 1751, in-12. Ce livre pourrait
être appelé plus justement : Le Triomphe de l'A-
mour. Suivant Mme Marguerite Dernier -Bri-
quet, le style ne manque pas de naturel, et on
y trouve des pensées qui, nées du sujet, font
ressortir l'ouvrage; en voici quelques-unes :
« Nous craignons quelquefois des malheurs que
nous n'éprouvons jamais, et cette crainte en est
un réel. — Auprès de ceux que les préjugés
aveuglent , le plus grand des crimes, c'est d'être •
— FAUR 178
éclairé. — II n'est point de divinité qui nous soit
plus chère que l'espérance , nos cœurs lui sont
des autels et nos jours des sacrifices. » —
Abassaï, histoire orientale; Paris, 1753, 3 vol.
in-12; trad. en anglais, 1757, 2 vol. in-12; —
Contes du Sérail, traduits du turc; La Haye,
1753, in-12; — Les Préjugés trop bravés et
trop suivis ; Londres, 1755, 2 part, in-12 ; réim-
primés sous le titre de : Les Dangers des Pré-
jugés, ou mémoires de J/"e d'Oran; Paris,
1754, 2 part, in-12 ; — La dernière Guerre des
Bêtes; fable pour servir à l'histoire du dix-hui-
tième siècle; Londres, 1758, in-12; trad. en
anglais, 1758, in-S" ; — Frédéric le Grand au
Temple de l'Immortalité; Londres (Bruxelles),
1758, in-8°, trad. en anglais; — Mémoire de
Mme F*** de La C*** (Fauques de La Cépédès),
contre M. C. (Celesia, ministre de la république
de Gênes); Londres, 1758, in-8°; ce Mémoire
n'a été tiré qu'à un très-petit nombre d'exem-
plaires ; — Histoire de M^e la marquise de
Pompadour, traduite de V anglais (traduction
supposée); Londres, aux dépens de S. Hoo-
per, à la tête de César (Hollande); 1759,
2 part., petit m-S". Le comte d'Affry, ministre de
France en Hollande , fut chargé par Louis XV
d'acheter l'édition entière du livre de M"' de
Fauques; mais il échappa un exemplaire à ses
recherches, lequel servit à faire une nouvelle
édition et une traduction anglaise. Les deux
éditions françaises sont presque introuvables;
— Les Zélindiens ; in-12 ; — Les Vizirs, ou le
labyrinthe enchanté, conte oriental (en anglais),
2 vol.; l'introduction de ce conte est attribuée à
William Jones; — La belle Assemblée an-
glaise, ou les amusements de la bonne com-
pagnie, etc. (en anglais); 1774; — Dialogues
moraux et amusants (en anglais et en fran-
çais); Londres, 1777-1784, 2 vol. in-12. L'abbé
Sabathier porte le jugement suivant sur M'ie de
Fauques : « On ne peut lui refuser de l'esprit et
du talent pour écrire; mais dans ses ouvrages,
qui ne sont que des romans , elle a plus consulté
l'imagination que la nature. » A, Jadln.
OEuvres posthumes du duc de Nivernais (publiées
par François de Neuchâteau); l'aris, 1807, t. Il, p. 202.
— L. Prudhomme, Biogr. des Femmes célèbres. — L'abbé
Sabathier, I^s Siècles littéraires.— M'^^ Bernler-Briquet,
Dict. hist. des Françaises; Paris, 18S4, ln-S°.
FACR (***), littérateur français, né vers
1755, mort vers 1815. Il était secrétaire du der-
nier duc de Fronsac, et termina ses jours dans
le découragement et dans un état voisin de la
misère. Il n'est connu que par ses nombreuses
productions , dont les principales sont : Le Dé-
guisement forcé , comédie -féerie en deux actes ;
Théâtre-Italien, 1780; — Montrose et Amélie,
drame en quatre actes et en prose, tiré de l'al-
lemand; Paris, 1783, et Toulouse, 1784, in-12 :
ce drame eut un grand succès ; — Isabelle et
Fernand, ou l'alcade de Zolaurée, comédie
en trois actes et en vers libres , mêlée d'ariettes,
musique de Charopin; Théâtre-Italien,, 1784;
179 FAUR -
— L'Amour à V épreuve, comédie en vers;
Paris, 1784, in-S"; — Colombine et Cassandre
le pleureur, opéra-comique en deux actes ;
J786; — La Prévention vaincue, drame en
trois actes; 1786; — La Veuve anglaise, co-
médie; 1786; — Vie privée du maréchal de
Richelieu; Paris, 1790, 3 vol. in-8°, et 1792,
3 vol. in-12. Cet ouvrage, conçu dans un esprit
de scandale , atteignit parfaitement son but. On
y trouve des anecdotes piquanles , entre auti'es
l'intrigue, vraie ou supposée, du maréchal avec
Mme Michelin, la belle tapissière du faubourg
Saint-Germain. Monvel et Alexandre Duval
(voy. ces noms) ont tiré de ce sujet Le Love-
lace français , ou la jeunesse du duc de Ri-
chelieu , drame en cinq actes , joué au Théâtre-
Français, en 1796 ; — V Intrigant sans le vou-
loir, opéra-comique en deux actes ; Théâtre Lou-
vois, 1794 ; — Alphonsine et Séraphine, drame
en trois actes; Théâtre de la Cité, 1795 ; — Plus
de peur que de mal, opéra-comique; Théâtre
Feydeau; — Phanor et Angéle, opéra-comique
en trois actes ; même théâtre ; — La Fête de la
cinquantaine, opérai m devixàcles; Paris, 1796,
jn.g" ; — Le Confident par hasard , comédie
en vers et en quatre actes ; Théâtre-Français,
an IX (1801), in-80; — Rien pour lui, comé-
die-féerie, en trois actes; Paris, 1805, in-8";
— Le Sabot. fidèle , mélodrame en trois actes;
Paris, an xiv (1805), in-8o; — Arlequin dans
l'Ile 'de la Peur , avec Desaugiers ; Théâtre du
Vaudeville, 1812; — ia Comédie de société,
en trois actes; Odéon. A. Jadin.
Bioçiraphie des Contemporains. — Laporte et Chain -
fort, Dictionnaire dramatique.
FAUB. Voy. PiBRAG et Saint-Jorry.
FAURE {Charles ), théologien français , né à
Luciennes, près de Paris, en 1594, mort le 4 no-
vembre 1644. Il fut le premier supérieur général
des chanoines réguliers de la Congrégation de
France, et consacra sa vie à la réforme des
ordres religieux. On a de lui plusieurs ouvrages
reUgieux, entre autres le Dictionnaire des No-
vices,- Paris, 1711,in-4°.
Les PP. Lallemant et Chartonnet, F^ie dti li. P.
Charles Fauve.
FAURE (François), théologien français, né
le 8 novembre 1612, mort le 11 mai 1687. Entré
à l'âge de dix-sept ans dans l'ordre de Saint-Fran-
çois , il s'éleva aux premières charges de son
ordre , devmt sous -précepteur de Louis XIV, et
fut nommé évêque d'Amiens. On a de lui une
censure des Lettres provinciales ; — Une or-
donnance contre le Nouveau Testament de
Mons; en 1673; — Un Panégyrique de
Louis XIV; Paris, 1680, in-4''; —Une Oraison
funèbre de la reine Anne d' Autriche , morie.
en 1666 ; — Une Oraison funèbre de Henriette-
Marie de France, reine de la Grande-Bre-
tagne; Paris, 1670, in-4°.
Richard et Giraud, /Hbliotkèqiie sacrée.
* FAURE (J.), auteur dramatique français,
vivait vers le milieu du dix-septième siècle. Il
FAURE 18
était horloger, et demeurait dans la cour du Pa
lais ; on manque d'ailleurs de détails sur sa vie.
Il fit paraître en 1 662 une tragédie en cinq actea
et en vers, Manlius Torquutus, devenue fort]
rare, et c'est là son unique mérite. Il s'y trouvi '
des vers ridicules ; c'est ainsi qu'en apprenan
ia mort de Manlius, Sulpicie s'évanouit, et Fabrio
s'écrie :
Arlste, au nom des dieux, qu'on reie donne de l'eau !
G. B.
Calalogiic de la bibliothèque dramatique de M . d^
Soleinne, t. 1, p. 319.
FAURE ( Pierre-Joseph-Denis-Guillaume)i
homme politique français, né au Havre, le 17 août
1726, mort le 7 octobre 1818. D'abord officier
de marine, il quitta cette pi'ofession pour se.
faire avocat, et fut nommé juge au Havi'e en
1791. Élu député à la Convention, il fit preuve
d'opinions très-modérées , et s'efforça d'empêché^
le jugement de Louis XVI. Arrêté à ia suite dit
31 mai, il rentra à la Convention après le9ther
midor. A la fin de la session, il revint au Havre
reprendre sa place de juge. Il fut anobli par
Louis XVIII après la première restauration. On
a de lui : Réflexions d'un citoyen sur la ma-
rine; 1759, in-12; — Parallèle de la France
ut de V Angleterre à V égard de la marine;
1779, in-8''. Faure a aussi fourni l'article Ma-
rine à ï Encyclopédie par ordre alphabétique.
Arnault, Jouy, Jay, etc., Biographie nouvelle de^
Contemporains.
FAURE (Louis- Joseph, chevalier), juriscon-
sulte et magistrat français , fils aîné du précédent,
né au Havre, le 6 mars 1760, mort à Paris, en
juin 1837. Avocat à vingt ans, il fut nommé
eu 1791 commissaii'e du roi près les tribunaux
provisoires de la capitale ; puis il devint juge
au tribunal de celte ville, et substitut de l'accusa-
teur public près le tribunal criminel et extraor-
dinaire. Après le coup d'État du IS brumaire, il
devint membre du Tribunal, et s'y occupa sur-
tout de matières judiciaires. Il y défendit le projet
de loi sur l'organisation judiciaire, et apporta au
corps législatif le vœu du Tribunat sur l'adoption
du Code Civil. Secrétaire du Tribunat et membre
de la commission chargée de î'examen de la mo-
tion de Curée tendant à confier le gouvernement
de la république à un empereur, il désapprouva
la conduite de CaVnot (voyez ce nom), qui seul
vota contre cette proposition , et chercha à lui
prouver ses torts. Napoléon le créa chevalier de
là Légion d'Honneur. En 1806, Faure fit au corps
législatif un rapport sur les premiers livres du
Code de Procédure. A la dissolution du Tribunat,
en 1807, il entra au conseil d'État, où il fit partie
de la section de législation. Le 12 septembre de
la même année, il lut au corps législatif l'exposé
des motifs d'un projet de loi sur la cour de cas-
sation. En ISIO il fit un rapport sur le nouveau
CodePénal. A la fin de la même année il fut nommé
membre de la commission de gouvernement des
départements formés des villes hanséatiques, et y
181
FAURE
182
fut particulièrement chargé de l'organisation des
cours et tribunaux. En 1813, Napoléon le promut
au grade d'officier dans la Légion d'Honneur.
En 1814, Faure adhéra au rétablissement des
Bourbons, et passa au conseil du roi dans le
comité du contentieux. L'empereur l'exclut du
conseil d'État à son retour de l'île d'Elbe ; mais
à la rentrée de Louis XYIII il fut réintégré dans
ses fonctions. Le 1 2 novembre 1 828, il fut nommé
conseiller à la cour de cassation, place qu'il
occupait encore à sa mort, L. Louyeï.
Encyclopédie des Gens du Monde.
FAURE ( Guillaume - Stanislas ) , hydro-
graphe français , frère du précédent , né au
Havre, le 1" mars 1765, mort le 30 mars 1826.
Il exerçait avant la révolution la profession d'im-
primeur. Nommé sous-préfet du Havre en
l'an VIII, il devint membre du corps législatif au
mois d'août 1810. Il fut en cette qualité membre
de la chambre des députés del814etl815.Il vécut
ensuite dans la retraite. On a de lui : Nouveau
Flambeau de la Mer, oit description nautique
des côtes d'Angleterre, d'Irlande , d'Ecosse
et de France, depuis Saint-Jean-de-Luz, ex-
trait et traduit des meilleures ouvrages an-
glais et français; Le Havre, 1822, in-8°; —
Nouveau Flambeau de la Mer, ou description
nautique des côtes d'Espagne et de Portu-
gal , et de celles de la Méditerranée et iles
en dépendant , etc. ; Le Havre et Paris, 1824,
in-fol.
.\raault, Jouy, Jay, etc.. Biographie nouvelle des
Contemporains. — Quérard, La France littéraire.
* FAURE ( Joseph-Désiré-Félix) , magistrat
français , est né à Grenoble , le 18 mai 1780. Son
grand-père matei'nel, ingénieur à Vienne ( Isère),
fit construire dans cette ville les quais du Rhône
et le pont de la Gère. Son père, commis à la re-
cette générale du Dauphiné, avocat au parlement
de Grenoble, fut député de cette ville aux états
du Dauphiné convoqués à Romans eu 1788. Le
jeune Faure se trouvait à Lyon, où il faisait ses
études , lors du siège de cette ville, en 1793, par
les troupes de la Convention. Reçu docteur en
droit à Paris en 1810, il fut l'année suivante
nommé conseiller auditeur à la cour impériale de
Grenoble. En 1817 il devint substitut du pro-
cureur général, en 1819 avocat général, et enfin
en 1822 conseiller à la même cour royale de
Grenoble. En 1828, Augustin Périer ayant été
élu député dans trois arrondissements de l'Isère,
opta pour Grenoble ; M. Faure fut élu à sa place
dans l'arrondissement de Vienne, li parla l'an-
née suivante dans la discussion de la loi présen-
tée par Martignac sur les conseils d'arrondisse-
ment et de département. Nommé président de
chambre à la cour royale de Grenoble , il refusa
cet avancement, ayant pour principe que tout
député qui acceptait des fonctions publiques
devait se soumettre à la réélection. Il vota en
1830 l'adresse dite des deux cent vingt-ct-un,
par laquelle la chambre élective avertissait le roi
que ses ministres n'avaient pas la confiance du
pays. Après la dissolution de la législature, il fut
réélu. Il était à Grenoble lorsqu'il apprit la nou-
velle de la révolution de Juillet. En arrivant à
Paris , il sut qu'il venait d'être nommé procureur
général à la cour de Grenoble : il ne crut pas
encore pouvoir accepter, parce qu'il regardait
ces fonctions comme incompatibles avec celles
de député. La nouvelle chai'le n'eut point son
vote : il trouvait son mandat insuffisant pour
modifier celle de 1814 ; mais il ne refusa pas son
serment à l'état de chose qu'elle instituait , et
dans la session qui suivit il fut rapporteur de
plusieurs lois ou propositions, entre autres de la
loi sur l'organisation municipale et de celle pour
la réélection des députés. A la fin de 1830, il fut
nommé premier président de la cour royale de
Grenoble, vacante par suite de la condamnation
de Chantelauze. M. Faure se soumit à la réélection,
et revint prendre part à la nouvelle loi électorale.
Le 1 1 octobre 1832 il fut nommé pair de France.
Assidu à la chambre, il fit partie des com-
missions chargées de l'examen de projets de
loi importants, notamment sur la législation
coloniale , sur le rétablissement du divorce ,
sur les effets de la séparation de corps , sur Iss
crieurs publics , sur la responsabilité des mi-
nistres , sur l'organisation de la gendarmerie
dans les départements de l'ouest, sur la non-révé-
lation des complots et attentats sur la personne
du roi, sur les justices de paix, les faillites , sur
la propriété littéraire, sur les brevets d'invention,
sur les commissaires-priseurs , etc. Il présenta
même les rapporte de quelques-unes de ces
commissions. Il fit également partie de plusieurs
des commissions chargées de préparer les procès
déférés à la cour des pairs. Nommé conseiller
à la cour de cassation en 1836, il fut admis à
faire valoir ses droits à la retraite, et après la
révolution de Février il devint président hono-
raire à la cour d'appel de Grenoble.
L. LOUVET.
Biographie des Hommes du Jour, tome IV, 2° partie,
p. 303 .
* FAURE ( Pascal-Joseph ), avocat français,
est né le 3 mars 1798,à Reculson, près de Gap.
Destiné au barreau, il fut envoyé de bonne
heure à Grenoble, oii il fit son droit. Reçu licen-
cié en 1817, il plaida presque aussitôt à Gap,
et devint plusieurs fois bâtonnier de son ordre.
Membre du conseil municipal de Gap et du con-
seil généra! des Hautes-Alpes, qu'il présida à
différentes reprises , il fut nommé député en
1831. Assis sur les bancs de la gauche à la
chambre, il combattit les mesures proposées par
le gouvernement contre les crieurs publics,
contre les associations politiques , contre la
presse et contre le jury. Il signa en 1832 lo fa-
meux compte-rendu de l'opposition. Rapporteur
delà proposition de M. Roger (du Loiret) rela-
tive à la liberté individuelle , il défendit le droit
de pétition contre la proposition .louffroy, et
183
c'est lui qui en 1833. à propos du projet de loi
tendant à modifier le Code Pénal, présenta et fit
adopter l'amendement relatif aux circonstances
atténuantes en matière criminelle. Réélu en 1834,
il échoua aux élections suivantes en 1837, et
rentra dans la vie privée. Après la révolution de
1848 , il fut élu par le département des Hautes-
Alpes à l'Assemblée constituante , puis à l'As-
seinblée législative, où il vota avec le parti mo-
déré. En 1852 le même département l'a réélu
député au corps législatif. L. Locvet.
Biographie des Représentants.
* FACRE-DÈRE ( Bertrand-Mane\) , magis-
trat français , est né à Bouillac ( Tarn-et-Ga-
ronne), le 4 novembre 1787, d'une famille bour-
geoise. Il fit ses études au collège de Sorèze , et
se destinait à la carrière militaire ; mais en 1806
son père lui fit suivre les cours de droit de la fa-
culté de Toulouse, qui venait de se rouvrir. Reçu
licencié en 1810, il fut nommé conseiller auditeur
à la cour impériale de Toulouse, par décret daté
d'Erfurt, le 1 5 novembre 1 8 1 1 . Il exerça ces fonc-
tions jusqu'à la fin d'avril 1816, ayant eu seule-
ment à présider par intérim le tribunal de Moissac
dans les Cent Jours. Destitué en 1816, il ne rentra
dans la magistrature que le 2 décembre 1828.
Le ministère Martignac le nomma alors juge au
tribunal de Montauban. Le 29 octobre 1830, Du-
pont ( de l'Eure) le fit nommer conseiller à la cour
royale de Toulouse. Élu député par l'arrondisse-
ment de Castel-Sarrazin en 1831, M.Faure-Dère
fut réélu en 1834, échoua en 1837, mais l'emporta
en 1839. En 1842 sa santé le condamna à la re-
traite. Il avait toujours voté avec l'opposition.
Après la révolution de Février, il fut élu par le
département de;Tarn-et-Garonne à l'Assemblée
constituante, mais il ne se mit pas sur les rangs
pour l'Assemblée législative. \L. Louvet.
Biographie des Hommes du Jour, tome VI, ite parlie,
page 78. — Biographie des Représentants.
FAVRE (Le P.). Voy. Mamachi.
F XVRIUI. (Claude), critique et historien fran-
çais, né à Saint-Étienne, le 21 octobre 1772, mort
à Paris, le 15 juillet 1844. Il appartenait à une
honnête .famille d'artisans , qui possédait quel-
que fortune. Il passa une partie de son enfance à
Saint-Barthélemy-le-Piain , en Vivarais , com-
mença .ses études au collège des oratoriens de
Tournou et les acheva à Lyon. Il venait de les
terminer lorsque la révolution éclata. Trop jeune
pour y jouer uu rôle, Fauriel en partagea les idées
et les espérances. Homme de pensée plutôt que
d'action , il se mêla rarement aux affaires , s'en
dégagea le plus vite possible, et eut toujours hâte
de se réfugier dans la retraite, pour y poursuivre
à loisir ses lectures et ses méditations. Les dan-
gers de la France envahie par les armées étran-
gères l'arrachèrent à ses paisibles études. Le
ministre Beurnon ville le nomma , à la date du
26 mars 1793, sous -lieutenant dans la légion des
montagnes en garnison à Perpignan. Fauriel se
rendit aussitôt à l'armée des Pyrénées. Il servit
FAURE — FAURIEL i84
dans la compagnie de La Tour d'Auvergne , et
put entendre ce modeste et savant capitaine dis-
serter sur Id langue bretonne et les antiquités cel-
tiques. II fut aussi attaché;, comme secrétaire, au
général Dugommier. Au bout d'un an environ il
donna sa démission, et revint à Saint-Étienne, où
il remplit les fonctions d'officier mimicipal. Il se
démif bientôt de cette place pour ne pas prendre
part à la réaction thermidorienne, qui choquait ses
opinions répubficaines. « Fauriel, dit à ce sujet
M. Sainte-Beuve, était et resta toujours républi-
cain au fond. Sous la discrétion extrême de ses
paroles en politique, sous l'aménité parfaite de
ses manières , on aurait pu distinguer jusqu'à la
fin en lui cette noble fibre persistante, et la cha-
leur d'une conviction patriotique intime survi-
vant même à toutes les étincelles. » Cinq ans
plus tard on retrouve Fauriel secrétaire particu-
Uer de Fouché, ministre de la police. Qu'avait-il
fait dans l'intervalle? On l'ignore ;mais on peut
affirmer qu'il n'avait pas cessé d'étudier, puisque
ses premiers essais , qui datent du commence-
ment du dix-neuvième siècle, attestent déjà un
érudit et un critique de premier ordre. Venu à
Paris un peu avant le 18 brumaire, et recom-
mandé à Fouché, soit par Français de Nantes, qui
le protégeait vivement, soit par quelqu'un de ses
anciens professeurs de l'Oratoire , Fauriel devint 1
le secrétaire du ministre. Il marqua son passage
à la police par une conduite honorable , et quitta
sa place au printemps de 1802, lorsqu'il vit la \
magistrature temporaire de Bonaparte près d'être
transformée en consulat à vie. Pendant ces deux
années, il avait noué de nombreuses relations avec
des personnages littéraires éminents. Deux très-
remarquables articles de lui sur le livre De la
Littérature considérée dans ses rapports
avec les institutions sociales l'avaient intro-
duit auprès de madame de Staël et dans la société
qui l'entourait. Une amitié plus intime l'unissait
à madame de Condorcet et à Cabanis. Il était lié
aussi avec de Tracy et de Gerando. Il dévelop-
pait en même temps, par des études dirigées ea
tous sens, le cercle si étendu de ses connais-
sances. Possédant parfaitement les deux langues i
classiques et les principales langues vivantes , il
étudia l'arabe sous M. de Sacy, et l'un des pre-
miers en France, et même en Europe, il apprit le i
sanscrit. Il recueillit une énorme quantité de i
matériaux sur des dialectes peu connus, tels que
le basque, le breton, le gallique, le vieil alle-
mand. Malgré des recherches aussi profondes et
aussi austères , il n'en restait pas moins sen-
sible aux œuvres poétiques. Son premier ou-
vrage , publié sous le voile de l'anonyme, fut une
traduction de La Parthénéide, poème allemand
du Danois Jean Baggesen. Dans un discours pré-
liminaire, modèle de haute critique, Fauriel
classe les divers genres poétiques , non d'après
leurs formes extérieures , mais d'après les choses i
qu'ils exprimentet l'impression qu'ils produisent.
La Parthénéïde est une espèce d'épopée idyl-
185
FAURIEL
ÎSG
lique. Les formules du style homérique sont ap-
pliquées au tableau de la vie de famille et des
mœurs bourgeoises. Ce poëme contient des
beautés très-remarquables et une description des
Alpes, aussi vraie que magnifique; mais en
somme il est peut-être plus singulier qu'original,
et en le traduisant Fauriel obéissait moins à
son goût littéraire qu'à son affection pour l'au-
teur. Il sxiivait ces deux sentiments lorsque, treize
ans plus tard, il fit passer en français les deux tra-
gédies italiennes de Manzoni. Il s'était, en 1806,
lié d'une étroite amitié avec ce poëte, alors jeune
et inconnu , et pendant des années d'une douce
intimité il lui avait servi de conseiller littéraire.
11 lui avait appris à se débarrasser de toutes ces
formules de rhétorique et d'académie, de toutes
ces images fausses et usées , de toutes ces ba-
nalités enfin plus ou moins élégantes qui com-
posaient alors la poésie , pour revenir au senti-
ment vrai, spontané , sorti du fond du cœur et
exprimé avec sincérité et simplicité. Il l'engagea
aussi à composer « des tragédies historiques, in-
dépendamment de toute règle factice , en com-
binant l'étude sévère et la passion , la fidélité à
l'esprit , aux mœurs et aux caractères particu-
liers de l'époque , et les sentiments humains gé-
néraux s'exprimant dans un langage digne et na-
turel (1) «. Manzoni remplit en grand poëte ce
programme d'un grand critique. Son Carmagnola
est dédié à Fauriel. Celui-ci joignit à sa traduc-
tion de cette pièce un morceau considérable en
prose dans lequel Manzoni discutait les points les
plus importants de la théorie dramatique clas-
sique. Les fameuses unités y étaient attaquées
dans ce qu'elles ont de gênant et de contraire à
la vraisemblance. Par cette publication, Fauriel
s'associait un des premiers à cette tentative de
rénovation connue sous le nom de romantisme,
et qui, sans réussir complètement , a cependant
enrichi et fécondé la littérature française de notre
époque.
Bien des années auparavant , il avait préparé
une innovation non moindre en philosophie.
Jusque là on s'était peu occupé en France de
l'histoire des doctrines. On n'y avait touché que
superficiellement et pour y chercher des armes
contre certaines croyances ;, jamais on ne l'avait
abordée dans cet esprit vraiment philosophique
qui nous porte à comprendre toutes les opinions
du passé et à les juger avec équité. Fauriel
n'eut pas plus tôt été mis en rapport avec les phi-
losophes d'Auteuil, qu'il les dirigea vers cette par-
tie peu explorée des connaissances humaines ,
et leur indiqua la vraie méthode qu'on doit ap-
porter dans ces études, c'est-à-dire l'impartia-
lité avant tout et un esprit exempt de dédain et
de préjugés. Cabanis a parfaitement défini cette
méthode dans sa Lettre sur les causes finales,
dédiée à Fauriel et en partie inspirée par lui.
On y trouve, comme l'a foit bien remarqué
(1) Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. II,
p. S61.
M. Saintc-Beuve,|leprîncipe de l'éclectisme. Non
content de guider les aiftres dans cette voie,
Fauriel se mit lui-même à l'œuvre, et rassem-
bla les matériaux d'une histoire du stoïcisme.
Mais cet érudit, qui ne reculait devant aucune
recherche , et dont l'activité intellectuelle devait
devancer sur presque tous les points les investi-
gations de la critique contemporaine , se dispen-
sait volontiers du pénible travail de la rédaction,
et il laissait à d'autres le soin d'interpréter ses
découvertes et de revêtir ses idées d'une forme
littéraire. Son histoire du stoïcisme ne fut ja-
mais achevée. Les documents très-nombreux re-
cueillis par l'auteur, les esquisses et les cadres
qu'il avait tracés ont péri pour avoir été enterrés
dans un jardin à la campagne pendant les évé-
nements de 1814. Fauriel gagna du moins à ce
travail de se familiariser de plus en plus avec la
langue grecque , et il fit de cette connaissance
un usage éclatant, qui le déroba enfin à sa volon-
taire et trop longue obscurité. Il publia en 1824
et 1825 les Chants populaires de la Grèce mo-
derne. Ce livre eut un grand succès , et il a
exercé une influence durable. C'est de sa publi-
cation que datent en France le goût et l'étude
attentive des poésies populaires.
Fauriel, malgré son immense érudition, pré-
féra toujours aux plus belles œuvres d'art la
poésie inculte , naturelle , spontanée , « cette
poésie enfin, comme il le dit lui-même , qui vit
non dans les livres d'une vie factice et qui n'est
qu'apparente , mais dans le peuple même et de
toute la vie du peuple ». En entenda-nt réciter à
ses amis Mustoxidi, Bassili, Piccolos; les chants
populaires de la Grèce , il pensa que ces poé-
sies incultes mais originales , hardies et parfois
pleines de grâce et de fraîcheur, étaient parfai-
tement propres à faire connaître les Grecs mo-
dernes , et qu'elles pouvaient ouvrir à notre ht-
térature épuisée des sources poétiques nouvelles.
Il recueillit donc tous les chants que purent lui
fournir la mémoire et les notes des nombreux
amis qu'il possédait parmi les philologues grecs ;
il lesdivisa en trois classes : 1° les chansons histo-
riques et héroïques consacrées à la longue lutte
de la population indigène contre les Turcs ; 2° les
chansons romanesques etles légendes populaires ;
3° les chansons qui célèbrent les fêtes et les so-
lennités de la famille, le mariage, les funérailles.
Fauriel fit précéder son recueil d'un excellent
discours préliminaire qui, pour l'originalité et la
profondeur des idées, est un des chefs-d'œuvre
de la critique historique au dix-neuvième siècle.
Il y caractérise avec un rare bonheur cette poé-
sie qui est l'expression spontanée , l'effusion na-
turelle du génie populaire. Il compare « l'im-
pression qui en résulte à l'impression que l'on
éprouve à contempler le cours d'un fleuve , l'as-
pect d'une montagne , une masse pittoresque de
rochers , une vieille forêt ; car le génie inculte
de l'homme est aussi un des phénomènes , un
des produits de la nature ». Le système de tra-
i8?
FAURIEL
îi
duction que Fauriel appliquait à ce recueil n'était
pas moins nouveau que le recueil lui-même. Il
n'avait pas même songé à travestir sous une
élégance banale et de convention des poésies
qui plaisaient surtout par leur spontanéité liar-
die et parfois sauvage. Mais eu restant fidèle il
fallait éviter d'être pénible et barbare : Fauriel
y réussit , grâce aux tournures vives et faciles
qui s'offraient à lui comme d'elles-mêmes. « La
traduction, dit M. Leclerc , est un genre d'écrire
où il est maître par le naturel encore plus que
par l'élégance ; et le naturel est ce qui échappe le
plus à ceux qui traduisent. Là où l'effort est
presque un devoir, il conserve l'allure souple et
légère : il ne semble pas copier le modèle ; il en
a, sans aucune gêne, le mouvement, le nombre,
les nuances , les caprices. »
Ces traductions, plus riches en idée.'; neuves
que bien des ouvrages prétendus originaux, ne
suffisaient pas à cet esprit si entreprenant, si
hardi, toujours en quête d'études et de con-
quêtes nouvelles. Depuis bien des années déjà
ses pensées les plus chères et ses investigations
les plus suivies s'étaient dirigées vers un seul
but : l'histoire du midi de la France. Cette his-
toire devait avoir trois parties : la première de-
puis les temps les plus anciens jusqu'à la fin de
l'occupation romaine ; la seconde , depuis l'inva-
sion des barbares jusqu'au démembrement de
l'empire franc sous les descendants de Charle-
magne ; la troisième, depuis les premières années
du dixième siècle jusqu'à la fin du treizième. De
ce grand corps d'histoire l'auteur n'a achevé et
publié que la seconde partie : {'Histoire de la
Gaule méridionale sous les conquérants ger-
mains. Rarement la critique avait été ap-
pliquée à l'histoire avec autant de rigueur et en
même temps de réserve et de sagacité. Jeté au
milieu d'un chaos de récits confus , tronqués, de
documents contradictoires , de fables , l'auteur
écarte ces traditions populaires qui sont deve-
nues notre histoire, recueille dans Sidoine Apol-
linaire et dans Grégoire de Tours les moindres pa-
roles qui éclairent l'origine des peuples barbares
établis dans les Gaules sur les ruines de l'em-
pire romain, va chercher des renseignements
jusque dans les secs et stériles chroniqueurs
arabes, et parvient ainsi à présenter sous un
jour exact et nouveau bien des faits jusque là
douteux et obscurs de l'histoire du midi de la
Gaule. En élevant ce beau monument historique,
Fauriel était prodigue de conseils et d'indica-
tions pour ceux qui suivaient la même carrière.
M. Augustin Tlùerry lui a rendu à ce sujet le
plus noble hommage : « Dans le choix toujours
si délicat, dit-il, d'une amitié littéraire, mon
cœur et ma raison s'étaient heureusement trou-
vés d'accord pour m'attacher à l'un des hommes
les plus aimables et les plus dignes d'une haute es-
time. Cet ami , ce conseiller sûr et fidèle, était le
savant, l'ingénieux M. Famiel, en qui la sagacité,
la justesse d'esprit et la grâce du langage sem-
blent s'être personnifiés. Ses jugements, pleins
finesse et démesure, étaient ma règle dans
doute, et la sympatliie avec laquelle il suivai
mes travaux me stimulait à marcher en avani
Rarement je sortais de nos longs entretiens sans
que ma pensée eût fait un pas , sans qu'elle eût
gagné quelque chose en netteté et en décision. »
Ou voit qu'en histoire, comme en critique, en
poésie , en philosophie , dans toutes les branches
enfin de la littérature, Fauriel exerça la plus vive
et la plus salutaire influence.
Pendant qu'on imprimait à Paris les Chants
grecs, Fauriel partit pour l'Italie. Il y passa près
de trois ans, et ne revint en France qu'en 1826. Il
se remit alors avec une grande ardeur à l'étude
des langues orientales , de l'arabe, du sanscrit,
et fonda bientôt après, avec Abel de Rémusat^
Saint-Martin et de Lasteyrie , la Société Asia-
tique. Nommé en 1829 professeur de littérature
française à l'académie de Genève , il hésita uft
instant à accepter ; mais la révolution de Juillet
survint , et le nouveau gouvernement lui donna
en France une position digne de son mérite.
M. de Broglie, ministre de l'instruction publique,
fit créer pour lui, le 20 octobre 1830, une chaire
de littérature étrangère à la Faculté des Lettres de
Paris. Ce fut pour Fauriel une occasion de pro-
duire les idées et les faits qu'il avait ramas-
sés dans quarante années d'études et de médita^
tions. Pendant près de quatorze ans il déroula
successivement, devant un auditoire d'élite , le8
notions générales de la philologie comparée , les
origines de la langue italienne et de la langue
française , les grandes épopées du moyen âge
comparées aux poèmes homériques , l'œuvre si
élevée et si compliquée de Dante , le théâtre es*
pagnol , la poésie serbe ; et sur tous ces sujets
il fut neuf , vrai, fécond. Plus d'un de ses audi*
teurs n'eut besoin que d'une bonne mémoire pou?
se créer des titres littéraires sérieux , car ce fut
le sort de Fauriel d'inventer sans cesse dâfls le
vaste champ de la littérature et de laisser à
d'auti'es le bénéfice de ses créations.
Fauriel fut élu le 25 novembre 1836 membre
de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres ,
et le 19 avril 1839 il succéda à Émeric Da-
vid dans la commission de V Histoire littéraire
de France. Il contribua à ce monument par
d'excellents articles sur des écrivains et des
ouvrages du treizième siècle. Ces compositions,
qui étaient pour lui plutôt un plaisir qu'un tra-
vail, remplirent ses derniers jours. Une opération,
qui ne paraissait pas devoir être funeste , l'ex-
tirpation d'un polype des fosses nasales , occa-
sionna un érysipèle et une fièvre dont les progrès
résistèrent à tous les efforts des médecins. Fau-
riel mourut laissant des œuvres peu nombreuses
et une réputation inférieure à son mérite. Mais s'il
n'avait pas composé beaucoup d'ouvrages, il
avait formé beaucoup de disciples et exercé une
grande influence; depuis sa mort sa réputation
n'a cessé de s'accroître , et personne aujourd'hui
i89
FAURIEL
190
ne lui conteste la première place parmi les his-
toriens littéraires de notre époque. Comme l'a
dit avec raison M. Renan, « Fauriel, sans avoir
beaucoup écrit, est sans contredit l'homme de
notre siècle qui a mis en circulation le plus d'i-
dées, inauguré le plus de branches d'études,
aperçu dans l'ordre des travaux historiques le
I plus de résultats nouveaux ».
Voici la liste des ouvrages de Fauriel : Tar-
thénéide, ou voyage aux Alpes, idylles tra-
! duites de l'allemand de Baggesen ; Paris (Didot),
1810, in-12; — Les Fugitifs de Parga, poëme
traduit librement de l'italien , de Berchet ; Pa-
ris,1823, in-12; — Le Comte de Carmagnola
et Adelghis , tragédies traduites de l'italien , de
Manzoni , suivies d'un article de Goethe et de
divers morceaux sur la théorie de l'art dra-
matique; Paris, 1823, in-8° ; — Chants popu-
laires de la Grèce moderne , recueillis et pu-
bliés, avec une tradîiction française, des éclair-
cissements et des notes; Paris (Didot), 1824-
1825, 2 vol. in-S"; — Histoire de la Gaule
méridionale sous la domination des conqué-
rants germains ; Paris, 1836, 4 vol. in-8'* ; —
Histoire de la croisade contre les hérétiques
albigeois , écrite en vers provençaux par un
poète contemporain , traduite et publiée avec
un fac-similé et une ca7'te , dans la Collec-
tion des documents inédits sur l'histoire de
France, li'e section; Paris, 1837, in-4°. Les vers
provençaux, au nombre de 9,578, tous de douze
ou treize syllabes , excepté dans chaque couplet
le dernier vers, qui n'a ordinairement que six syl-
labes, occupent le verso, et la traduction française
littérale le recto. Cette traduction est suivie de
notes et précédée comme introduction d'un des
meilleurs morceaux d'histoire qui aient été écrits
de notre temps ; — Histoire de la Littérature
provençale; Paris, 184G, 3 vol. in-8°; c'est la
reproduction du cours professé par Fauriel à la
Faculté des Lettres dans les années 1831-1832.
Jusque là on n'avait accordé aux poètes pro-
vençaux que le talent lyrique , et on avait attri-
bué aux poètes français le génie épique et les
grandes compositions romanesques. Fauriel, le
premier, réclama pour les Provençaux la com-
iiosition et le développement primitif de la plu-
I/art des romans de chevalerie, non-seulement
de ceux qui roulent sur la lutte des chrétiens
contre les Sarrasins d'Espagne , ou sur les ré-
sistances des chefs aquitains contre les princes
carlovingiens , et qui constituent le cycle de
Charlemagne, mais encore de ces autres romans
(lui sont par leur sujet tout à fait étrangers au
midi de la Gaule, et qui forment le cycle de la
Table ronde. Fauriel rattachait ainsi à la httéra-
ture provençale non-seulement la poésie fran-
çaise, mais mêmela vieille poésie allemande. Ces
prétentions, peut-être excessives, trouvèrent dès
leur apparition d'ardents contradicteurs parmi
les érudits français; elles furent appréciées avec
plus d'iraîïartialité par Guillaume de Schlegel,
bien que celui-ci fût intéressé dans la question
en qualité d'Allemand. La cause n'est pas encore
jugée. Mais cette opinion, quelles qu'en soient la
nouveauté et l'importance, n'occupe dans l'ou-
vrage qu'une place secondaire. « Les longues
études de M. Fauriel sur la littérature provençale,
dit M. Mérimée , ne se bornent pas à une appré-
ciation de son originalité et du mérite plus ou
moins contestable de ses écrivains. Il dirigea ses
recherches vers un but plus élevé , car elles ne
tendent à rien moins qu'à soulever le voile qui
couvre les origines de notre civilisation moderne.
D'où sont venues ces idées d'honneur, d'amour
exalté , de galanterie , en un mot ces sentiments
chevaleresques qui ont si complètement modifié
les mœurs de l'Europe au moyen âge, et qui ont
exercé sur tous les peuples une influence régé-
nératrice .^ Tel est le problème que M. Fauriel
s'était proposé, et dont il avait entrevu que la
solution se trouverait dans l'histoire de la Gaule
méridionale; — Dante et les origines de la
langiceetde la littérature italiennes; Paris,
1854, 2 vol. in-8°. Ces deux ouvrages ont été pu-
bliés par M. J. Mohl d'après les manuscrits de
Fauriel. Malheureusement une moitié à peu près
du Cours sur Dante (professé en 1833 et 1834)
ne s'est pas retrouvée dans les papiers de Fau-
riel. Celui-ci écrivait ses leçons, et il les prêtait
à ceux qui lui en demandaient communication.
Après avoir fait vainement appel aux détenteurs
des cahiers manquants, M. J. Mohl a été obligé
de les recomposer sur les brouillons de l'auteur.
Aussi certaine parties du livre sont décousues
et tronquées. Malgré ce défaut , le Cows sur
Dante est d'une lecture aussi instructive qu'in-
téressante, à cause de la quantité de faits, de
vues, d'idées qu'il contient. On y trouve une
savante esquisse de la formation des langues
indo-européennes en général et de l'italien en
particulier. M. Mohl se propose de donner au
pubhc d'autres travaux inédits de Fauriel , en-
tre autres son cours sur les poèmes homéri-
ques. Fauriel a fourni des articles à divers re-
cueils littéraires , tels que la Décade , les An-
nales encyclopédiques de Millin, la Revue
encyclopédique. On a encore de lui , dans la
Revue des deux Mondes : Sur l'Origine de l'é-
popée du moyen âge ( 1 ''*■ septembre — 15 novem-
bre 1832 ) ; — Dante ( 1^'' octobre 1834) ;— Lope
de Vega ( 1*"" septembre 1839) ; — Les Amours
de Lope de Vega, la Dorothée (15 septembre
1843) ; — dans la Bibliothèque de V École des
Chartes : Du Système de M. Raynouard sur
l'origine des langues romanes ;t.lï, p. 513; —
De la Poésie provençale en Italie; t. IV, p. 23;
— Notice Sîir Sordello; ibid., p. 93; — De la
Poésie provençale italienne ; ibid., p. 189; —
Dans l'Histoire littéraire de France, un y;ran(l
nombre d'excellentes notices, entre autres Bru-
netto Latini (t. XX); le Roman du Renart
(t. XXII). LÉO JOUBERT.
Guignaut et v. Leclerc, Discours prononcés aux fu-
191
FAURIEL ~ FAUST
192
nérailles de Fauriel ; Paris (Dldot), 1844, in-l". — Oza-
nam. Discours à la Faculté des lettres de Paris ; dans
le Correspondant du lO mai 1848. — Sainte-Beuve, Étude
sur Fauriel,- dans la Revue des deux Mondes, IS raai
et l«' Juin 1841), et dans les Portraits contemporains,
t. II. — Piccolos, Article sur Fauriel; dans le journal
grec L'Espérance {Mhènes, 28 août 1844). — Mérimée,
article dans Le Constitutionnel du 16 février 1846. —
V. Leclerc, Notice sur Fauriel, àans l'Histoire litté-
raire de France, t.. XXI; article dans les Débats, 5 sep-
tembre 1846. — Guillaume de Schlegel, OEuvres fran-
çaises, t. 1", p. 8. — H. Fortoul, dans la lievm des
deux Mondes, 15 mai 1846. — Renan, Ibid., 15 décem-
bre 18S5.
FAURIN {Jean ), historien français, né à Cas-
tres, vers 1530, mort vers 1605. Il consigna dans
un journal qu'il se plut à tenir les événements
qui se passèrent dans sa ville natale depuis 1559
jusqu'à 1602. Cette chronique, intéressante pour
l'histoire du pays , est écrite avec simplicité ;
on y trouve une modération rare à cette époque.
Le recueil des Pièces fugitives pour servir
à Vhistoire de France ( édité par Ménard et
d'Aubay, 1759, 3 vol. in-4'') a publié ce journal.
Faurin était protestant, circonstance qu'il ne faut
pas perdre de vue en lisant ses récils. G. B.
Nayral , Biogr. et chroniques castraises, t. II, p. 161.
FAtiuis DE SAiNT-viNCEivs (Mlcs-Fran-
çois-Paul), archéologue français, né en 1718,
à Aix (Provence), mort dans la même ville, en
1798. Président au parlement d'Aix, il s'adonna
avec ardeur à la culture des sciences et des let-
tres. Il était associé libre de l'Académie des Ins-
criptions et Belles-lettres. On a de lui : Tables
des Monnaies de Provence ; Aix, 1770,in-4°;
— Mémoires sur les Monnaies et les Monu-
ments des anciens Marseillais; Aix, 1771,
jn.40 . — Mémoire sur les Monnaies qui eu-
rent cours en Provence depuis la fin de l'em-
pire d'Occident jusqu'au seizième siècle, inséré
dans l'Histoire de Provence par Papon , t. Il
et m.
Notice biographique sur Fauris de Saint-rincens,
dans le Magasin encyclopédique , 1798, t. IV.
FAiTRis DE SAiNT-viNCENS (Alexandre-
Jules-Antoine), archéologue français, flls du
précédent, né à Aix, en 1750, mort dans la même
ville, le 13 novembre 1819. Arrière-petit-fils de
Pauline de Grignan, marquise de Simiane et pe-
tite-lille de madame de Sévigné , il suivit comme
son père la carrière de la magistrature; mais
il s'occupa encore moins de législation que de
numismatique et d'archéologie. Lorsque la révo-
lution arriva, il était déjà président à mortier de-
puis dix ans. Élu maire d'Aix , il dut bientôt se
démettre de cette place, à cause de la modération
de ses idées. Heureux de se faire oublier dans ces
temps orageux , et consacrant ses loisirs à des
travaux d'érudition, il ne rentra dans la vie pu-
blique qu'en 1809, comme députédu département
des Bouches-du-Rhône au corps législatif. En
1811 il fut nommé président à la cour impériale
d'Aix, place qu'il remplit jusqu'à sa mort. En 1816
il devint un des associés libres de l'Académie
des Inscriptions et Belles-lettres. Il avait ras-
semblé un riche cabinet de médailles et d'an-
tiquités. Outre un grand nombre de mémoires
insérés dans le Magasin encyclopédique et
dans les Annales encyclopédiques , Fauris de
Saint- Vincens a publié : Notice sur Jules-Fran-
çois-Paul Fauris de Saint- Vincens ; Aix, 1800 ,
in~4° ; — Mémoire sur l'ancienne position
d'Aix; Paris, 1812 , in-S" ; — Notice sur les
lieux où les Cimbres et les Teutons ont été
défaits par Marius, et sur le séjour et la
domination des Goths en Provence; Paris,
1814, in-8°; — Mémoire sur l'état des lettres
et des arts et sur les mœurs et usages suivis
en Provence dans le seizième siècle; Paris,
1814, iu-8°; — Mémoire sur les bas-reliefs
des murs et portes extérieurs de Notre-Dame
de Paris , et sur les bas-reliefs extérieurs dti
chœur de lamême église; Aix, 1815, in-8°.
Rabbe, Boisjolln et Sainte-Preuve, Biographie univ.
et port, des Contemporains. — Quérard , France litt.
FAUST (Jean), personnage dont l'exis-
tence a été contestée, mais qui paraît cependant
avoir été un être fort réel; seulement son histoire
a été surchargée de récits fabuleux. Au dire de
ses anciens biographes, Faust naquit à la fin du
quinzième siècle; on indicpie pour sa patrie Knitt-
lingen en Souabe ou Kundlingen dans la marche
de Brandebourg ; il était fils d'un paysan qui avait
de l'aisance ; il alla étudier à Wittemberg et en-
suite à îngolstadt, où il reçut le bonnet de docr
teur. Il s'adonna à l'étude de la médecine , de
l'asti'ologie , de la magie, et il professa , dit-on ,
les sciences occultes à Cracovie. Héritier d'un
de ses oncles, il dépensa prompteraent tout l'ar-
gent de la succession en orgies avec des étu-
diants de Wittemberg , et ce fut alors, à ce que
racontent ses biographes, qu'il voulut faire un
pacte avec le diable, afin de se procurer les fonds
nécessaires aux plaisirs dont il ne voulait pas
se priver. Après deux ans de séjour che? un opti-
cien, nommé Christophe Kayllinger, fort ex-
pert en nécromancie , après des études persé-
vérantes dans des livres de grimoire , il réussit
enfin à se mettre en relations avec le démon, et
conclut avec lui un pacte dont le résultat fut
qu'un esprit familier, du nom de Méphistophé-
lès, serait à son service pendant vingt-quatre ans.
Une fois ce marché conclu, Faust parcourut
l'Allemagne, résidant tour-à-tour à Leipzig, à
Erfurt, à Salzbourg, à Francfort ; il parut à la
cour de Maximilien ï", et il évoqua l'âme d'A-
lexandre le Grand pour le faire paraître devant
cet empereur. Il se retira ensuite à Wittemberg,
où il épousa Hélène , la célèbre et infidèle épouse
de Ménélas; Méphistophélès lui avait rendu le
service de la ressusciter, afin de satisfaire la pas-
sion de Faust, épris de cette belle qu'Homère a
immortalisée; enfm, en 1550, à Wittemberg, se-
lon les uns , à Rimlich , selon d'autres , la pé-
riode de vingt-quatre ans étant expirée, le
diable tordit le cou à Faust, et mit son corps en
lambeaux ; la cervelle se trouva écrasée contre
le mur, les Jambes brisées et mises en morceaux.
1
193
FAUST
194
L'explication de tous ces contes a fort occupé
les érudits de la Germanie ; ils ont en général
repoussé l'opinion qui confond Faust avec Fust,
l'un des inventeurs de l'imprimerie. L'idée la
plus vraisemblable et la plus généralement ad-
mise , c'est que Jean Faust a existé , qu'il s'est
en effet occupé d'alchimie et de sorcellerie (cir-
constance fréquente au seizième siècle), et qu'il
a été tm audacieux charlatan, comme on en a
vu à toutes les époques.'Son histoire , ou plutôt
sa légende parut pour la première fois en Alle-
mand, à Francfort, en 1588 ; elle forme un livret
dont l'auteur a gardé l'anonyme ; elle expose,
selon les promesses du titre, les aventures
extraordinaires, les horribles et affreux pé-
chés et vices et la fin cruelle et épouvantable
de l'enchanteur. Un livre de ce genre ne pou-
vait manquer de lecteurs ; aussi les éditions s'en
multiplièrent avec rapidité : les traducteurs le
firent passer dans presque toutes les langues de
l'Europe. On imprima en anglais, vers 1590,
VHistory of the damnable Life and deserved
Death of John Faustus. Dès l'an 1588, les
Flamands pouvaient lire De Historié von Dr
Joh. Faustus, et les imprimeurs des Pays-Bas
la multipliaient singulièrement. En 1598, Palma-
Cayet publiait à Paris l'Histoire prodigieuse
et lamentable de Jean Fauste , magicien ,
avec son testament et sa mort épouvan-
table (traduit de l'allemand), ouvrage réim-
primé en 1603 , en 1604, en 1616, en 1667, en
1673, en 1674, etc., et qui est écrit d'une façon
pitoyable. L'édition donnée à Bruxelles , sons la
rabrique de Cologne, en 1712, est la plus jolie
de toutes. Il ne faut pas ( comm.e on l'a fait
ç[uelqueiois) confondre cette Histoire de Faust
avec celle qu'a rédigée George-Rodolphe Wid-
mann, et qui est plus étendue , tout en racon-
tant au fond les mêmes événements. Elle parut
ï Hambourg, en 1599 , in-4°, et elle a été repro-
duite plusieurs fois. Le nécromancien allemand
était d'ailleurs depuis plus d'un siècle tombé
3ans l'oubli lorsqu'il fut soudain rappelé avec
éclat à la mémoire par l'apparition du drame
célèbre de Gœthe. Il ne peut être question de
juger ici cette production , fort connue , et que
l'auteur continua plus tard sous le nom de second
Faust (1). Nous dirons seulement que, malgré
(i; Une traduction française de Faust fait partie des
OEuvres dramatiques de Gœthe, traduites par M.A. Stap-
'cr(et autres); Paris, 1828,4 vol. in-8°. On la trouve aussi
lans les Chef s-d'OEuvre des Théâtres étrangers. N'eu-
)liotis pas Faust, suivi du second Faust, traduit par
îérard (de Nerval); Paris, 1840 j — Faust , traduction
■empiète, précédée d'un Essai sur Gœthe, accompa-
[née de notes et de commentaires et suivie d'un Essai
ur la Mystique du Poème, par Henri Blaie ; Paris, 1841 ;
- Faust, traduit en vers français et précédé de Con-
idc rations sur l'histoire de Faust, par Alpli. de Les-
line; ',840. Une foule d'auteurs ont apprécié, à divers
lolnts de vue, l'œuvre de Gœthe; citons seulement
>I. I.erminier, Au delà du Rhin, t. II, p. 208 et suiv.
- liibliothèque de Genève, t. LVI. — Blaze de Burry, Re-
■nv des Deux Mondes, l^r juin 1839. — London and
'f cstininster Review, janietl&S6;— Foreir/n quarterly
NOUV. BIOGR. GÉNKIi. — T. XVII.
tout l'éclat de son génie, malgré sa fameuse
création de Marguerite , la jeune fille séduite, le
poète de Weimar reste au-dessous de la donnée
originale et profonde de la légende primitive,
empreinte d'une foi naïve. Un écrivain anglais ,
qui était loin d'être dépourvu de talent, Chris-
tophe Marlowe, mit sur le théâtre le docteur
retrouvé : The trayical Historiés of the Life
and Death of Dr. Faustus, 1604, 1631, etc., et
la conception de son drame est plus saisissante
que celle de l'œuvre de Goethe. N'oublions pas
que Marlowe écrivait à une époque où douter de
l'existence des sorciers eût été un crime : la
bonne foi a guidé sa plume; on sent que l'ima-
gination de l'auteur s'est parfois laissé prendre
aux plaisirs dont le diable enivrait ceux avec les-
quels il passait des marchés ; on ne trouve point
dans la pièce anglaise, comme dans la composi-
tion de Gœthe, un homme blasé, dégoûté de tout ;
Faust est un libertin, qui jouit gaiement de ce que
lui rapporte son pacte infernal. L'auteur de
Werther vivait à une époque où U n'était pas
possible de traiter sérieusement la séduction de
Faust par le diable ; ila fait une satire admirable :
il a mis le scepticisme en action, tandis que chez
Marlowe Méphistophélès n'est pas un Masca-
rille intellectuel, mais un des habitants de l'en-
fer, tel qu'on se les représentait lorsque les exé-
cutions pour crime de sorcellerie se multipliaient
sans cesse. La dernière scène chez l'écrivain an-
glais est d'un effet saisissant : Faust voudrait
lever les mains au ciel ; il ne le peut, parce que
les diables les lui tiennent (1). Le rôle de Faust
dans le théâtre espagnol a été l'objet d'une no-
tice de M. Philarète Chasles dans la Revue de
Paris, 3® série, 1840, t. XVI. Faust apparut
plusieurs fois, mais sans grand succès, sur la
scène française. En 1829 on imprima à Paris
Faust, ou les premières amours d'un méta-
physicien : l'auteur de cette pièce en quatre actes
fait de Faust un contemporain, et transforme
Méphistophélès en un mauvais sujet qui a es-
sayé de toutes les professions , qui a été évêque
et galérien. En 1827 , Le Cousin de Faust, pièce
trouvée dans les papiers de Nicolas Flamel,
fut représentée à la Gaité. D'habiles artistes se
sont inspirés de la légende germanique ou de
l'œuvre de Gœthe ; une édition de la toraduction
de M. Stapfer, Paris, 1828, in-fol., est accom-
pagnée de lithographies faites d'après de très-
remarquables dessins de M. Eugène Delacroix.
Les esquisses dessinées par Retsch ( Paris ,
1830, in-4° oblong., 26 figures ) sont également
dignes d'attention. Gustave Brunet.
J.-C. Neumann, Disguisitio historica de Fausto prx-
stigiatore; Viterb., 1683, ln-4°. — C.-H. Weiss, Dissert, de
doctorequemvocat J. Fausto ,- Mleabourg, l728,ln-fol.—
Revieiv, octobre 1843. — La traduction anglaise de lord
Levison-Gower a été l'objet d'un article dans le Çuar
terly Revieiv, lom. XXXIV.
(1) Consulter sur le drame de Marlowe le Blacku'ood's
Maçiazine, t. 1, p. 388, et un article signé F,. I). dans Le
Globe, t. IV, n= 53.
Î9à
FAUST — FAUSTA
196
(:.-k.nenmaDn,GlavMDiirdige Nachricht von Dr Faust,
dans la Bibliotheca magica d'Hauber, t. XXVll, p. 184-
204 — J.-F. Kôhler, Historische Hemarquen ilber d.
J. Famtens gefiihrfes Leben; Zwickau ( 1722). — Gôrres,
Deutschen Folksbiicher, 1807, p, 207. — Van der Bourg,
notice insérée dans le Mercure de. France, 1809,
t. XXXVII. — A. Picliot, Les trois Faust, dans la Revue
de Paris, t. XLVIII — Du V.aa'ce, Analccta Biblion, t. Il,
p. 97. — Rpjftenberg, Diction, de ta Conversation. —
Le Bas; Allemagne , t. I. p. 393. — Marmitr, Etudes sur
Gœtlie , p. 63-24S. — Meyer, Studien zu Gôthes Faust ;
Altona, 1847. — Uiinlzer, Die Sage von D' Faust vnter-
sucht; Stuttgard, 1846, in-}2- — Henri Heine, la Légende
de Faust, dans la Revue des Deux Mondes, IB février
1832. — Un bibliographe laborieux , S. Peter, a entrepris
de recueillir nndication de tous les ouvrages relatifs à
Faust; son travail, intitulé : Die Litteratur der Faust-
sage, publié à Leipzig, en 1848, a obtenu en 1831 une se-
conde édition, et des suppléments ont paru dans VÂn-
zeige du docteur J. Petzholdt, Fur Bibliothekivissen-
schaft; 230 ouvrages environ sont énumérés.
F.4us'r {Jean-Frédéric), dit l'ancien, savant
néerlandais, vivait dans la première moitié du
dix-septième siècle. Il a publié : .lo.-Gensbein
Limburgenses Fasti, seu fragmentum Chro-
nici urbis et dominorum Limbiirgensium and
Lohnam, e codd. manuscripiis ; 1617, in-8°, et
Wetzlar, 1746, in-8°.
Struv, Bibl. hist. — Lelonff, Bibl. hisl. de la Fr.
FAUST D'ASCHAFFENBODRG ( Jean-Fré-
déric), dit le jeune , supposé fils du précédent ,
jurisconsulte et historien allemand, vivait dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. On a
de lui : Der Stadt Frankfurt, Herkunft und
Aufnehmen (Origine et développenrient de la ville
de Francfort ) ; Francfort, 1 660, in-12 ; — Trac-
tahi& de contractibus Judxorum matrimo-
nialibus Talmudicus ; Latiis donatus musis;
Bâle, 1699, in-4».
Adelung, suppl. à Jocher, Allg.-Gel.-Lex.
FAUST D'ASCHAFFENBOURG ( Maximi-
Uen ), jurisconsulte allemand, vivait dans ia pre-
mière moitié du dix-septième. Il fut avocat et
syndic à Francfort-sur-le-Mein. On a de lui :
Consiliapro xrario; Francfort, 1641, in-fol.
3ôcï\tï,All. Gel.-Lex.
FAUST, imprimeur allemand. Voyez Fcst
{Jean ).
* FAUSTA CORNELIA, fille du dictateur L.
Cornélius Sylla et de sa quatrième femme Cse-
cilia Metella , vivait dans le premier siècle avant
J.-C; Née en 88 , l'année même où Sylla obtint
son premier consulat, elle reçut le nom de Fausta,
qui faisait allusion à l'heureuse fortune de son
père. Fausta fut mariée très-jeune à C. Mem-
miuSi Après avoir divorcé d'avec son premier
mari, elle épousa, vers la fin de 55, T. Annius
Milon. Elle l'accompagnait dans ce voyage à
Lanuvium pendant lequel Clodius fut tué. Fausta
se rendit célèbre par ses déportements. L'histo-
rien Salluste fut, dit-on, un de ses amants , et
s'étant laissé surprendre avec elle, il fut fustigé
d'importance par l'ordre du mari. Quant au
Villius qui fut aussi un des gendres de Sylla,
suivant la plaisante expression d'Horace, c'était
probablement Sex. Villius, mentionné par Cicéron
comme un ami de Milon. On trouve dans Ma-
crobe les noms de deux autres amants de Fausta.
Plutarque , .îj/^a, 34. — Cicéron, Ad Att., V, 8; Ad
Fam.,n,6. — Aspon., In Scatir„p. 29; in Milon., p. 83, édit.
Orelli. — Aulu-Gelle, XVII, 18. — Servius.^d Firg. yEn.,
VI, 612. — Horace, Sat., I, 2. — Macrobe, Saturn., 11,2.
* FAUSTA {Plavia-Maximiana ), impératrice
romaine, née vers 289, morte en 326. Elle était
fille de Maximien Hercule et d'Eutropie. Au com-
mencement de l'année 307, sou père l'emmena
avec lui dans la Gaule, que gouvernait Constan-
tin. Il offrit à ce prince, avec la pourpre impé-
riale, dont il se dépouillait volontairement pour
la seconde fois , la main de sa fille Fausta. Cons-
tantin accepta cette offre, imitant en cela Cons-
tance Chlore, son père, à qui ce même Maximien
avait imposé pour épouse Theodora, sa belle-
fille, en se démettant pour lui de la dignité d'au-
guste. Cependant l'analogie de situation entre
le père et le fils n'était pas complète, s'il est vrai,
comme d'anciens auteurs l'assurent, que Miner-
vine , première femme de Constantin , n'existait
plus à l'époque du mariage de ce prince avec
Fausta. On sait que Constance Chlore avait dû
répudier Hélène, mère de Constantin, pour
épouser Theodora.
Le mariage de Fausta fut célébré à Trêves, le
31 mars, avec une grande pompe. Deux ans s'éi
talent à peine écoulés depuis cette alliance, quandt
l'ambition turbulente de Maximien, se réveillant
de nouveau, dramatisa,par un sanglant épisode, la|
vie de la jeune impératrice. Les égards et la défé=!
leuce que Constantin avait pour son beau-père né
parurent pas à celui-ci une compensation suffi-
sante à l'autorité suprême dont encore une fois
il regrettait de s'être dépouillé. Une entreprise
des Francs ayant forcé Constantin à passer le
Rhin pour les refouler dans la Germanie, Maxi
mien , profitant de l'éloignement de son gendre ,
voulut reprendre la pourpre; il s'empara des
trésors mis en réserve à Arles par Constantin
et les distribua aux légions restées dans les pro-
vinces méridionales de la Gaule , en répandant
le faux bruit de la mort de l'empereur. A la
nouvelle de cette perfidie , Constantin accourut
avec son armée ; le père de Fausta s'était réfugi^
dans Marseille , dont le siège aurait duré long
temps si les légions qui s'y trouvaient renfer-
mées avec Maximien n'eussent ouvert les
portes de la ville à Constantin. Dans cette con
joncture, les sentiments de Fausta furent misa
une terrible épreuve.
Soit que la clémence de l'empereur, qqi venai|
d'accorder un gi^éreux pardon à Maximien , ne
parût pas sincère à ce dernier, soit que l'insuccès
de sa tentative eût surexcité sps idées de clfli-
rnination , il ferma le projet désespérément cri-,
minel d'assassiner son gendre. Avant de mettre,
à exécution ce projet , il osa le communiquer ^
l'impératrice, lui promettant en même temps
une position plus brillante encore et un épousjl
plus digne d'elle, si elle le secondait en laissant
ouverte et libre , le soir, une des portes de la;
chambre dans laquelle couchait l'empereur
197
FAUSTA
Frappée de stupéfaction , Fausta écouta d'abord
Maximien dans un silence qui pennit à ce prince
d'insister. Prières, promesses, larmes, il mit
fout en usage pour persuader sa fille , et celle-ci,
éperdue , accéda à tout ce qu'il lui demandait.
Mais à peine son père se fut-il éloigné que la
princesse courut avertir Constantin du danger
qui le menaçait ; les deux époux se concertèrent
ensemble, et la nuit suivante Maximien, guidé
par Fausta, pénétra sans obstacle jusqu'au lit
de son gendre. Là il fut arrêté avant qu'il eût
eu le temps de faire usage de son poignard , ou,
selon une autre version, après qu'il eut immolé
un eunuque qu'on avait substitué à Constantin
pour surprendre Maxiraien et le convaincre d'as-
sassinat.
Fausta, en instruisant son mari du perfide
projet de Maximien , avait imploré et obtenu la
grâce de son père ; néanmoins, Constantin ne
tint pas sa promesse. Maximien eut pour toute
faveur le choix du genre de mort qui devait
terminer ses jours ; et il s'étrangla de ses pro-
pres mains. On ne voit pas que Fausta ait fait de
grands efforts pour empêcher l'exécution de
ce rigoureux arrêt. Craignit-elle d'attirer inuti-
lement sur elle-même, par son intercession re-
nouvelée, la méfiance de l'empereur? ou bien
l'attachement de l'épouse étouffa-t-il dans son
âme jusqu'à la comrnisération filiale? Ces
doutes planeront toujours sur la conduite, au
moins entachée d'indifférence, que la fille de
Maximien tint en cette triste occasion. Peut-être
cette indifférence, qui semblait attester queFaiista
ne voyait plus dans l'auteui" de ses jours que
l'assassin de son époux , rendit-elje la princesse
encore plus chère à Constantin ; on peut le sup-
poser d'après les marques d'affection et les
honneurs dont il la combla. Une catastrophe
terrible devait rompre cette union, après une
période de vingt années.
L'impératrice avait donné à son mari trois
(ils , Constantin, Constance et Constant, et deux
îlles, Constantine et Hélène. Le second de ces
eunes princes n'avait pas plus de huit ans et
lemi lorsqu'en 326 son père, qui venait de
e nommer césar, résolut d'aller faire un séjour
i Rome , d'où il était absent depuis longtemps.
Zîonstantin n'avait pas de résidence fixe ; dans
es voyages presque continuels qu'il faisait, tou-
ours en compagnie de son épouse, il s'arrêtait
:ant6t à Arles, tantôt à Milan, tantôt à Trêves,
i Vienne , à Nicomédie. Ce fut de cette dernière
/ille qu'il arriva à Rome, au commencement de
uillet, avec toute sa famille , pour célébrer les
nncennales de son règne. Au milieu de ces fêtes
iolennelles, Fausta, pour qui le césar Crispas,
ils de Constantin et de Minervine , était l'objet
l'une profonde inimitié, suivant les uns, d'qp
ncestueux amour, suivant les autres, accusa
!e jeune prince , auprès de l'empereur, d'avoir
?oulu attenter à l'honneur de sa belle-mère. La
îOlère dont fut saisi Constantin, jointe à l'inquié-
FAUSTIEN 198
tude qu'avait instillée dans son esprit l'enthou-
siaste attachement des peuples et des légions
pour son fils aîné , servit les desseins odieux de
Fausta. Condamné sans examen, Crispus fut
immédiatement arrêté et conduit à Pola, en Is-
trie, où le vertueux et infortuné césar périt par
le fer ou par le poison.
Le crime de Fausta ne devait cependant pas
rester impuni. Poursuivie par l'indignation pu-
blique et par la désolation d'Hélène, aïeule de
Crispus , l'impératrice vit son infamie dévoilée
aux yeux de son époux et du monde. On dé-
couvrit que cette princesse, par^^enue alors à
l'âge où les passions se taisent, effaçant honteu-
sement par son inconduite le respect que lui
avaient valu vingt ans d'une vie conjugale sans
nuage, se livrait à des amours coupables et à des
désordres obscurs. La même précipitation irré-
fléchie dont Constantin avait fait preuve en con-
damnant sans l'entendre un fils digne de sa ten-
dresse et de sa confiance, précipita la fin de la
vie de Fausta. Sa mort fut pourtant enveloppée
de plus de mystère que celle de Crispus; on
étouffa cette princesse dans une étuye chauffée
excessivement à cet effet par les ordres de
l'empereur. Malgré les témoignages de plusieurs
annalistes païens et chrétiens, qui ne nous sem-
blent pas laisser de doute sur la culpabilité de
Fausta , cette princesse a trouvé des apologistes
qui ont nié ses crimes et son supplice, allé^
guant, pour soutenir leur opinion, le silence
d'Eusèbe sur la mort violente du fils aîné et de
la seconde épouse de Constantin , et les éloges
donnés à la vertu , ainsi qu'au bonheur et à la
beauté de l'impératrice, par quelques orateurs ,
sous le règne suivant; ces allégations ne sau-
raient être d'im grand poids. Les successeurs de
Constantin étant fils de cet empereur et de
Fausta , tout discours relatif à la mémoire d'elle
et de lui ne pouvait être qu'à leur louange.
Quant à la Vie de Constantin par l'évêque de
Césarée , on la regarde plutôt comme un pané-
gyrique que comme une histoire. Une autre
question, plus difficile à résoudre, est celle de
la conversion de Fausta au christianisme. Sui-
vant toutes probabilités , cette princesse avait
adopté les croyances religieuses de son mari ;
mais aucun fait authentique ne vient corroborer
cette conjecture. Camille Lebrun.
Zozime, 11,10,29. — Julico , Oraf., 1.— Lactance ,
De Morte Persecut., 27. — Eufrope, X, 2, 4. — Aurelius
Victor, Epit., 40, 41. — Philostorge, IJist. eccl,, 11, 4. —
Tillcrnont , Histoire des Empereurs, vol. IV, — Ecklicl,
Doctrina Nummorum, vol. VIII , p. 98. — Le Be;ui,
Histoire du Bas-pmpire. — Gibbon, Décline and Fait
of the Roman Empire,
FAÏISTE. Voy. FaUSTUS.
FAUSTIEN , évêque de Dax , vivait à la fin du
sixième siècle. Il avait été ordonné évêque de
Dax par l'autorité de l'aventurier Gundovald on
Gondebaud, qui, en se faisant passer pour un fils
de Clotaire 1", avait failli devenii- roi d'Aqui-
taine. Gontran, roi de Bourgogne, ayant as-
7.
199
FAUSTIEN — FAUSTINE
2001
semblé un conçue à Mâcon, le 23 octobre 585,
pour juger les évêques qui avaient embrassé le
parti de l'imposteur, Faustien fut déposé et rem-
placé. Cependant, une décision assez curieuse
des Pères du concile statua que les trois évêques
Bertrand de Bordeaux, Pallade de Saintes et
Oreste de Bazas, qui l'avaient ordonné, le nour-
riraient tour à tour et lui payeraient cent sous
d'or par an. Ern. Bréhaut.
Grégoire de Tours, Epitome historise Francorum. —
Labe, Histoire des Conciles. — Histoire littéraire de la
France, t. IV.
*FAUSTiis (Saint), évêque de Lyon, vivait
dans la seconde partie du troisième siècle. Il
succéda à l'évéque Hélie vers 250, et se distingua
par son zèle pour la pureté de la foi et l'ardeur
avec laquelle il poursuivit Marcien, évêque
d'Arles^ qui, seul des évêques gaulois, avait em-
brassé l'hérésie de NovatieUi Ne pouvant rien
faire par lui-même , il s'assura du concours des
évêques de la Narbonnaise, qui comprenait,
comme division ecclésiastique la Lyonnaise et la
Viennaise, et écrivit au pape saint Etienne pour
faire déposer Marcien. Le pape hésita, et Faustin,
pour stimuler ses lenteurs, s'adressa à saint Cy-
prien, évêque de Carthage. Les deux lettres qu'il
lui écrivit ne subsistent plus , mais elles forment
la matière de la 67® lettre de Cyprien au pape
Etienne, qui donne ainsi un tableau curieux de
l'Église gauloise à cette époque. Marcien persis-
tait dans son schisme , refusait la paix aux pé-
nitents , la communion aux mourants , et lais-
sait dévorer par les loups leurs corps non en-
sevelis. On ne connaît pas d'une manière cer-
taine l'issue de cette affaire ; mais il est probable
que Marcien fut déposé, car son nom a été effacé
des diptyques, tables sur lesquelles étaient
inscrits les noms des évêques morts dans la
communion de l'Église, et ne se retrouve pas
dans la liste des évêques d'Arles. Ern. Bréhadt.
tUlemont , Histoire des Empereurs. — Gallia chris-
tiana, t. IV. — J. de Launoy, Discussio de duobus Dio-
nysiis. -~ Grégoire de Tours, Epitome kistorise Fran-
corum. — Histoire littér. de la France.
FAUSTINA BORDONI. Voy. HasSE (Mme).
FAUSTINE, nom commun à trois impératrices
romaines, qui sont :
FAUSTINE (Annia-Galeria), fille d'Annius
Verus, issu de Numa, tante de Marc-Aurèle,
et femme d'Antonin le Pieux, née en 104 après
J. C, morte en 141. Elle s'exposa par ses ga-
lanteries aux traits de la satire. Jul. Capitoli-
nus dit d'elle : « Multa dicta sunt ob nimiam
libertatem et Vivendi facilitatem quœ.iste
(Antonius Pius) cum animi dolore compres-
sa. « Elle mourut la troisième année de son règne.
Elle avait eu quatre enfants : M. Galerius An-
toninus, Aurelius Fulvus, Aurélia Fadilla,qui
moururent en bas âge, et Faustine la jeune,
femme de Marc-Aurèle, dont il sera question
plus loin. Antonin , soit qu'il eût fermé les yeux
sur les écarts de sa femme ou qu'il n'y crût pas,
la fit placer au rang des déesses, lui éleva des
temples et des autels , et fit frapper en son hon-
neur des médailles dont une consacre l'institu-
tion des filles faustiniennes , jeunes Romaines
dont la fortune ne répondait point à la naissance,
et qui étaient élevées aux frais de l'État, sous la
protection de l'impératrice. [J. deLatena, dans
l'Enc.des G. du M.]
CapitoUn, Anton. Pius, 3, s. — Eckhel, Doct. Num.,
VU, p. 37.
FAUSTINE (Annia junior), fille de la précé-
dente, née vers 125, morte en 175. Elle épousa
son cousin germain Marc-Aurèle, destiné à l'em-
pire (138). Elle surpassa, dit-on, par ses dé-
bordements, sa mère et Messaline. Son nom était
devenu le surnom des plus viles courtisanes. Ce
fut à la suite de ses amours adultères qu'elle
donna le jour à Commode. Suivant les mêmes
auteurs, elle se serait prostituée à Lucius Ye-
rus, dont elle aurait ensuite puni par le poi-
son les révélations indiscrètes. De plus, elle
aurait pris part à la conspiration d'Avidius Cas-
sius. Lorsque celui-ci, vaincu , tomba au pou-
voir de Marc-Aurèle, Faustine écrivit à ce
prince : « Vous ne seriez pas empereur si vous
« ne saviez assurer la vie de votre femme et, de
« vos enfants. Notre fils Commode est dans la
« plus tendre jeunesse; Pompeianus est déjà
« vieux, et n'est pas de notre sang. Prononcez
« donc sur Cassius et ses complices', et gardez-
« vous de pardonner à des hommes qui, s'ils
« eussent réussi, auraient immolé vous, moi,
« nos enfants , sans crainte pour les dieux et
« sans respect pour vos vertus. » Quand cette
lettre arriva, Cassius avait déjà payé de sa tête
son imprudente rébellion , et sa tombe renfer-
mait le secret de Faustine. Les railleries des mé-
chants , les murmures du peuple , les conseils
de ses amis, ne purent décider Marc-Aurèle à
sévir contre son indigne épouse. « Il faudrait lui
rendre sa dot » ( l'empire) , répondait Marc-Aurèle
à ceux qui lui conseillaient de la répudier. On doit
ranger ce propos au rang des fables : l'empire
ne fut point la dot de Faustine ; il était destiné à
Marc-Aurèle par Adrien, qui en le faisant adop-
ter par Antonin , l'avait fiancé à Fabia, fille de
Lucius Verus. Faustine suivit Marc-Aurèle en
Asie (174); elle mourut au village nommé Ha-
lala, au pied du Taurus. Son indulgent époux,
suivant l'empereur Julien , la pleura , et au lieu
d'abandonner sa mémoire à l'oubli, il prononça
son oraison funèbre, lui éleva un temple et
fonda en son honneur la ville de Faustinopolis.
Faustine avait eu un grand nombre d'enfants :
Commode et Antoninus Geminus, jumeaux, An-
nius Verus , T. Aurelius Antoninus et T. Mlins
Aurelius; et quatre filles; Lucilla, mariée à
L. Verus, Vibia Aurélia, Sabina et Fadilla.
[J. DE Latena, dans VEncycl. des G. du ilf.]
Dion Cassius, LXXI, 10, 22, 29, 31. — Capitolin, Marc.
Aurel., 6, 19, 26. — Eutrope, VIII, 6. — Eckhel, Doct.
Num.; vol., VII, p. 76.
FAUSTINE {Annia), probablement petite-
fille de Marc-Aurèle et de la précédente, vivait
201 FAUSTINE
flans la première moitié du troisième siècle de
l'ère chrétienne. Elle avait épousé Pomponius
Bassus. Lorsque le Syrien Élagabale devint em-
pereur, par la volonté des légions d'Asie , il fit
assassiner Pomponius Bassus, afin de s'assurer
la possession de Faustine. Elle se vit contrainte
à devenir' la femme de ce nouveau Sardana-
pale. Un caprice l'avait couronnée, un caprice
la détrôna : Élagabale ïeprit Julia Aquilia Se-
vera, vestale, qu'il avait répudiée poiu* Faus-
tine. Depuis, cette femme, recommandable par
sa beauté et ses vertus, vécut dans l'obscurité ;
aucun temple et probablement aucune médaille
ne lui furent consacrés; l'histoire seule a con-
servé son nom et le souvenir de ses malheurs.
[J. DE Latena, dans YEncycl. d. G. du M.]
Dion Cassius, LXXIX, S. — Hérodien, V, 14. - Eckhel ,
Doct. Num., vol. VII, p. 261.
. FAUSTiNCS , schismatique latin, vivait vers
la fin du quatrième siècle de l'ère chrétienne. Il
adhéra à la secte de Lucifer. Sa vie ne nous est
connue que par quelques détails contenus dans
ses ouvrages, dont voici la liste : De Trinitate,
seu de fide contra Arianos, ad Flacillam im-
per atricem, libri VIII. Ce traité, divisé en
sept livres ou chapitres et composé avant 385 ,
fui imprimé pour la première fois dans les Or-
thoaoxograph. deHérolde; Bàle, 1555, in-fol.;
— Fides Theodosio imperatori oblata : cette
courte profession de foi, écrite probablement pen-
dant le séjour de l'auteur à Eleutheropolis ( 379-
381 ), a été publiée par Quesnel dans les Canones
et Constitut. Ecoles. Rom.; Paris, 1675, in-4°,
vol. II, p. 138 ; — Libellus Precum: ce traité,
adressé à Valentinien et à Théodose vers 384,
paraît être l'œuvre commune de Faustinus et
de Marcellinus. La préface nous apprend que
douze ans auparavant les auteurs s'étaient pro-
noncés avec énergie en faveur d'Ursinus contre
Damase. Le Libellus fut publié par Sirmond;
Paris, 1650, in-8° , et 1696, in-fol., dans les
Opéra de Sirmond , avec le rescript de Théo-
dose et d'anciens témoignages touchant la con-
troverse d'Ursinus et de Damase. Les trois ou-
vrages de Faustinus se trouvent dansla Biblioth.
max. Patruni; Lyon, 1677, vol. V,p. 637, et
dans la Bibliotheca Patrum de Galland,
voL Vni, p. 441.
Gennadius, De Viris ill., II.
FAUSTO {Sébastien), traducteur italien,
surnommé da Longiano , du nom de sa ville
natale, située dans la Romagne, vivait au sei-
zième siècle. Sa vie nous est tout à fait inconnue.
Son principal ouvrage est une traduction de
Dioscoride; Venise, 1542, in- 8". Faustoaaussi
traduit les Lettres de Cicéron; Venise, 1544,
1 555, in-8° ; — les Discours du même ; Venise,
1556, 3 vol. in-8°; — VHistoire du Duc de
Milan François Sforce, par Simonetta ; Venise,
1543, in-8°; — la Vie d'Ezzelino ; Venise,
1544, in- 8".
Paltonl , Biblioteca de' Folgariz., t. I, p. 307. — Ti-
raboscbi, Storia délia Letteratura Italiana» t. VU.
— FAUSTUS
202
*FAUSTiTHTS , personnage qui figure dans les
traditions relatives à la fondation de Rome au
huitième siècle avant J. C. Berger des troupeaux
d'Amulius et mari d'Acca Laurentia, il trouva
Romulus et Remus allaités par une louve, et les
remit à sa ferajme pour qu'elle les élevât. Selon
la tradition , il fut tué par ses proches parents
tandis qu'il cherchait à apaiser une disputé sur-
venue entre eux. On plaça sa sépulture dans
le Forum, près des Rostres, à un endroit indiqué
par un lion de pierre. Selon d'autres, au con-
traire, ce lion recouvrait le tombeau de Romulus.
Festus, au mot Niger Lapis. — Denys d'Halicar., I, 87.
— Hartung, Die Relig. der Rôm., vol. Il, p. 190.
*FAUSTCS (Saint) d'Agaune, né vers 460. Il
professa la vie monastique au couvent d'Agaune,
ou Saint-Maurice, en Valais. Samt Severin , qui
en était abbé, appelé à Paris en 505 parle roi
Clovis I" pour le guérir d'une fièvre invétérée
qui le tenait depuis deux ans , emmena avec lui
deux moines, Fauste et Vital. Severin mourut
au retour à Château-Landon en Gâtinais, et y
laissa ses compagnons de voyage. Fauste resta en
France, et le roi Childebert, après avoir fait bâtir
une église sur le tombeau de Severin, lui ordonna
d'écrire sa vie. L'ouvrage de Fauste se recom-
mande par la simplicité et la précision ; il ne
rapporte que peu de miracles. Magnon , évêque
de Sens, le fit corriger par la suite, sous prétexte
que le style avait besoin d'être embelli : l'ano-
nyme qui se chargea du travail ne fit que dire
plus de mots sans dire plus de choses. L'origi-
nal est devenu fort rare ; un manuscrit de l'ab-
baye de Saint-Germain-des-Prés , où manque le
commencement, a permis à Mabillon de le pu-
blier à la suite des Actes des Saints de l'Ordre
de Saint-Benoît. BoUand assigne pour date dans
son grand recueil à saint Fauste d'Agaune le
11 février. Ern. Brébaut.
Mabillon, Acta Sanctorum Ordinis Sancti Benedicti.
— BoUaud, Acta Sanctorum. — Adrien Balllet, f^ies des
Saints. — L'abbé Fleury, Histoire ecclés. — Hist. litt,
de la France, par des Bénédictins de Saint-Maur.
*FAUSTCS (Saint), moine de Glanfeuil (1), fut
au nombre des moines que saint Maur amena en
France en 543 pour y établir la règle de Saint-
Benoit. Us fondèrent le monastère de Glanfeuil
en Anjou , qui fut le premier de cet ordre en
France. En 585, deux ans après la mort de saint
Maur, Fauste revint eu Italie, et se retira au mo-
nastère de Latran à Rome, où les moines du
mont Cassin s'étaient réfugiés après la destruc-
tion de leur monastère. A la prière de ses frères,
et en particulier de l'abbé Théodore, il écrivit la
vie de saint Maur et la présenta au pape Boni-
face rv, qui l'approuva, vers 607. II mourut à
Rome quelque temps après, et fut enterré dans
son monastère de Latran. Rolland, dans ses Acta
Sanctorum, en place la mort au 15 février. L'ou-
vrage de Fauste fut peu répandu, et ne fut guère
connu enFrance que par les soins d'Odon,abbé
(1) En latin GlannafoUutn : c'est l'ancien nom du mo-
nastère de Saint-Maur-sur-Loire.
203
FAUSTUS — FAUVEAU
204
de Glanfeuil , qui avait retouché et altéré le ma-
nuscrit primitif. On y retrouve l'esprit du temps,
la croyance au merveilleux, beaucoup de détails
sans intérêt et peu de précision. Il est adressé,
par une sorte d'épître dédicatoire, à tous les
moines du monde chrétien ; l'auteur y fait le
récit abrégé de sa propre histoire en se qualifiant
de serviteur des serviteurs de Jésus-Christ,
titi'e que pi-enaient souvent aux sixième et sep-
tième siècles les évoques, les abbés et même les
simples moines. Surius , Jacques Du Breuil et
Boiland, et, d'après ces deux derniers, dom
Mabillon, ont édité la Vie de saint Maur, de
Faustus de Glanfeuil. Ern. Bréhaut.
Boiland, Acta Sanctorum. — D. Mabillon, Acta Sanc-
torum Ordinis Sancti Benedicti. —Histoire de la Litté-,
rature française, par des Bénédictins de Saint-Maur. —
G. Cave, Hist. litl. Script&rum ecclesiaticorum.
FACFSTUS DE BYZANCE (en arménien Pos-
dos, Piouzant, Pouzant, ou Pouzancatsi) ,
historien arménien, né à Constantinople , vers
320 de J.-C, mort vers la fin du quatrième
siècle. Il s'établit en Arménie, et fut chargé par
le patriarche de l'administration des établisse-
ments de bienfaisance. Plus tard il fut nommé
évêque du pays des Saharhouniens. On a de lui :
Piouzantazan Badmouthioun (Histoire du
Byzantin) ; Constantinople, 1730, in-4°; Venise,
1832. Elle contient le récit de ce qui se passa en
Arménie entre les années 342 et 392. C'est une
continuation de l'ouvrage d'Agathangelos. L'ori-
ginal écrit en grec n'existe plus , mais on en a
une traduction arménienne faite par l'auteur lui-
même ou au moins par un de ses contemporains.
Le style barbare et le défaut de critique que l'on
reproche à Faustus ont fait tomber son histoire
en discrédit. On y ti-ouve cependant des dé-
tails précieux et très-utiles pour compléter le
récit des autres historiens. E. Beauvois.
Tchamichiyn, Badmouthioun Ilaiots, t. l, p. 11, 12,
91, 447, 74S. — Gl. Suki.is Somal , (juadro délia Storia
letter. di Armenia ; Vetùse , 1829, in-8°, p. 13. — Fr.
Neumann, f^ersuckein Gesch. derarmen. Liter.; —art.
dans les IViener Jahrbûcher, an. 1833, vol. 62, p. 55.
— Saint-Martin, fragm. d'une Hist. des Jrsacides, 1. 1,
p. 236 ; — Journ. Miat., an. 1828, t. I, p. 82.
* FAUSTUS, surnommé Reiensis, Regensis
ou Begiensis , théologien latin , né en Bretagne,
dans la première partie du cinquième siècle de
l'ère chrétienne, mort vers 490. Contemporain
et ami de Sidoine Apollinaire , il passa sa jeu-
nesse dans la retraite d'un cloître, et succéda
à Maxime, d'abord comme abbé de Lérins, puis
en 472 comme évêque de Riez. Pendant long-
temps il fut le chef des séraipélagiens. L'ardeur
et le succès avec lesquels il défendit leurs doc-
trines lui attira le nom d'hérétique de la part
des catholiques partisans de saint Augustin, tau-
dis que son zèle contre les ariens excita la haine
d'Euric, roi des Visigoths, qui l'envoya en exil
vers 481. Il ne revint qu'en 484, après la mort
de son persécuteur. Malgré les graves charges
élevées contre l'orthodoxie de ce prélat , il est
certain qu'il jouissait d'une excellente réputation.
possédait une grande influence de son vivant
et fut après sa mort honoré comme un saint
par les habitants de Riez, qui élevèrent une ba-
silique en son honneur, et pendant longtemps
célébrèrent sa fête, le 18 janvier. Les écrits de
Faustus n'ont jamais été recueiUis; on les trouve
dispersés dans plusieurs grandes collections ; les
plus importants sont : Professio fidei, contra
eos qui per solam Dei voluntatem alios di-
cunt ad vitam attrahi, alios in mortem de-
primi; dans la Bibliotheca maxima Patrum,
Lyon, 1677, vol. TIII, p. 523; — De Gralia
Dei et humanae mentis liberio Arbitrio , U-
bri II; dans la même Biblioth., vol. VIII,
p. 625 : ces deux traités, composés vers 475, of-
frent une exposition très-claire et très-détaillée
des sentiments de l'auteur touchant le péché ori-
ginel, laprédestination, la volonté libre, l'élection,
la grâce, et démontrent que ses opinions sur tous
ces sujets étaient parfaitement conformes à celles
de Cassien ; — Responsio ad objecta quœdamde
ratione fidei catholicx : cette réponse à quel-
ques objections des ariens a été iniprimée dans la
Collection des anciens Écrivains ecclésiasti-
ques français du P. Pithou; 1586, ^1-4" ; —
Sermones sex ad monachos, avec une Admoni-
tion et des Exhortations, toutes adressées aux
moines de Lérins ; se trouvent dans les recueils
suivants : Martene et Durand , Scriptor. et Mo-
numentor. ampliss. Collectio, vol. IX, p. 142;
Paris, 1733, in-fol.; Brockie, Codex Regula-
rum , appendix 469 ; Bibliotheca maxima Pa-
trum; Lyon, 1677, vol. Vllf, p. 545, 547; Bas-
nage , Thésaurus 3Io}iumentoru)n, Amsterdam,
1725, vol. I, p. 350 ; — Homilia de S. Maximi
laudibus , attribuée par erreur à Eusèbe Eme-
sène, et insérée dans la Bibliotheca magna Pa-
trum, Cologne, 1618, in-fol., t. V; — Epïstolae;
dans la Bibl.mag.Pat. de Cologne, AanslaBibl.
max. Pat. de Lyon, vol. VIII, p. 524, 548-554,
et dans Basnage, Thesaur.Mon., vol. 1, p. 343.
Cave, Scriptor um eccles. Historia, t. I , p. 453. — Du-
fin , JBibHotfiégue des Auteurs ecclésiastiques, t. IV,
p. 242. — Tillemon!, IHénioires, t. XVI, p. 408. — Oudin,
Comment. deScriptoribus Ecclesiœ aittiqiiis, !. I, p.i29i.
— Ceiilier, fJibl. des Écrivains ecclésiastiques , t'. XV,
p. 157. — Histoire littéraire de la France, t. II, p. 385.
— Bollandus, Acta Sanctorum, collegit Bollandus, t. Il,
janvier., p. 28, — Wiggers, Gescfiichte des Pelayianis-
mus, IJ, 224.
FAUVEAU ou FCLVïUS {Pierre), poète latin
moderne, né à Noaillé, en Poitou , dans la pre-
mière partie du seizième siècle , mort en 1562.
Élève de Marc- Antoine Muret, et condisciple de
Joachim du Bellay, Fauveau se distingua jeune
par son talent pour la poésie latine. Il composa
quelques tragédies à l'imitation de Sénèque; d'a-
près Sainte-Marthe, il mourut de peur, à la vue
des désordres commis par les calvinistes dans
la ville de Poitiers. Il nous reste de Fauveau
quelques poésies latines insérées dans les De-
licïx Poetarum Gallorum de Gruter, t. 1er .
Sainte-Marthe , Elogia. — Dreux du Radier, Histoire
littéraire du Poitou.
205 FAUVEAU
* FACVEAC ( Mademoiselle Félicie de)j sculp-
Irice française, née à Florence, dans les premiè-
res années de ce siècle, de parents français. Ses
premiers ouvrages furent un groupe de L'Abbé,
inspiré par un roman de Walter Scott, qui obtint
un succès complet; puis Christine et Monal-
deschi, qui valut à son auteur la médaille d'or.
La révolution de Juillet 1830 apporta un grand
trouble dans sa carrière artistique-, entraînée
par son attachement à la famille tombée du trône,
elle fut bientôt après coraprotnise dans l'insurrec-
tion de ia Vendée , où elle montra un courage et
un dévouement dignes des temps antiques. Réfu-
giée en Belgique, elle fut condamnée par contu-
mace à la peine de la déportation. Elle quitta la
Belgique pour l'Italie, et s'établit à Florence, oii
sa famille vint la rejoindre. C'est de là que sont
partis tant d'œuvres remarquables, statues et
tombeaux, bustes et bas-teliefs, tases sacrés
de l'église et vases profanes du salon, qui ont fait
l'admiration de l'Europe. Voici les principaux
ouvrages de Mi'e Fauveau : Le Combat de
Jarnac et de La C/iataigneraye; — Sainte
Geneviève, en marbre; Saint Georges terras-
sant un dragon, en bronze; — une Judith
parlant aux BéthuUens, en marbre ; — Le Mo-
nument du Dante, où l'épisode de Francesca
et de Paolo est traité avec une poésie digne de
celui qui l'a inspiré. — A l'exposition univer-
selle de 1855, elle a envoyé le Martyre de
sainte Dorothée; — une Petite Fontaine, en
marbre de Seravezza, pleine de délicatesse et
d'élégance, et un Christ sur la croix, qui est un
chef-fl œuvre. En ce moment, Mi'e de Fauveau
termine le tombeau d'une jeune fille morte à
dix-huit ans , qui sera placé à côté de ceux de
Dante, de Galilée et de Michel-Ange, place
d'honneur accordée par le souverain de la Tos-
cane.
Mlle de Fauveau a un frère. M: ffippolyte
nE Fauveau, qui, sous la direction de sa sœur,
est devenu architecte et sculpteur distingué.
Londres et la Russie possèdent de lui plusieurs
morceaux remarquables.
H. Malot.
L'Artiste de 1842. — La Revue franco-italiennb. -
Documents particuliers.
*vxvwx.{Amédée), littérateur français, né
à Caen, le 12 juin 1808, mort le 14 octobre 1842.
11 fut un des principaux fondateurs, en 1839,
de la Revue du Calvados et de V Étudiant ,
journal qui parut peu après 1830. Il a donné
dans ces recueils ainsi que dans Le Pilote un
grand nombre de travaux en vers et en prose,
tels que : Les Campanelles d'Ecosse, If Abbaye
d'Ardennes, Marguerite, Guibray au temps
de Louis XIII, Hélène Gohier, etc.
N. M— Y.
jénnuaire normand.
FACVELET DIT TOC (Antoine), historien
français, vivait au dix-septième siècle. 11 était
secrétaire des finances de Monsieur, frèro do
— FAVARD 206
Louis XIV. Ses ouvrages sont ; Histoire de
Henri, duc de Rohan ; Paris, 1666, in-12.
Fauvelet du Toc n'a fait que signer l'épître dédi-
catoire et retoucher le style de cet ouvrage, dont
l'auteur est resté inconnu; — Histoire des
Secrétaires d'État, contenant l'origine et les
progrès de leurs charges , avec les éloges ,
armes, blasons et généalogies de cexix qui
les ont possédées ; Paris, 1668, in-4"'. Cette his-
toire commence enl547 et finit en 1657.
Le P. Leiong, Bibliothèque historique de la France.
*FAVA { Le comte PJe^ro-^rcoZe ) , peintre
de l'école bolonaise, né à Bologne, en 1669, mort
en 1744. La vue des belles fresques des Car-
rache et de leur école qui ornent encore le palais
qu'il habitait dut contribuer au développement
de ses dispositions naturelles pour la peinture ;
aussi entra-t-il jeune dans l'atelier de Lorenzo
Pasinelli. Bientôt , secondé par Donato Creti et
son élève Ercole Graziani, qu'il logea longtemps
dans son palais^ il exécuta de grands tableaux,
dans lesquels il fit preuve d'un véritable talent.
Trois de ses ouvrages, qu'il donna à l'évêque
d'Ancône Lambertini, plus tard Benoit XIV,
furent placés dans la cathédrale de cette ville ;
l'un d'eux, une Vierge de douleurs, a disparu ,
mais les deux autres sont restés en place , la
Résurrection du Christ au fond du chœur, et
V Adoration des Mages sur l'autel de Sainte-
Palatie. Malvasia mentionne un autre tableau du
comte Fava, une Madone avec plusieurs saints,
qui se trouvait à Bologne, dans l'église de
S. Tomraaso del Mercato. Ses études d'après
les Carrache sont fort estimées des connaisseurs.
Fava fut membre de l'Académie Clémentine.
E. B— N.
Crespi, Felsina pittrice, — Zanotti, Storia delV Aca-
demia Clementina. — Orlandi, Abbecedario. — Lanzi ,
Storia délia Pittura. — Aless. Maggiore , Le l'ilture
délia cittâ d' Ancona. — Malvasia, Pittiire di Bolocjna.
FAVA (Giovamii-Giacomo). Voy. Macrino
d'Alba.
*FAVAH]VE {Henri de), peinti'e français, né
vers 1669, mort à Paris, le 27 avril 1752. 11 avait
été reçu en 1704 membre de l'Académie royale
de Peinture, et il devint en 1748 recteur de cette
compagnie. Le roi d'Angleterre Jacques II l'a-
vait choisi pour son grand-veneur, emploi assez
singulier donné à un artiste. « Il ne manquait
pas de génie , mais il n'a rien fait de piquant. »
Tel est le jugeraient qu'en porte Mariette. G. B.
Mémoire pour servir à la vie de M- de Fuvanne,- Pa-
ris, 1753, in-12. — MarieUe, /Jbbecedario, 1833, t. Il, p. 23S.
FAVARD DE LANGLADE ( Guillaume-Jean,
baron ), jurisconsulte français^ né à Saint-Floret,
près d'Issoire, le 20 avril 1762, mort à Paris,
le 14 novembre 1831. 11 était depuis 1785 avocat
au parlement de Paris, lorsqu'en 179>. il fut
nommé commissaire national près le tribunal
d'Issoire. Élu en 1795 et 1799 membre du Con-
seil des Cinq Cents , il s'y fit remarquer par sa
modération et la part qu'il prit à la discussion
des lois relatives au droit civil. Après l'acte
207
du 18 brumaire, il devint membre du Tribunat,
dont il fat presque aussitôt président. En 1804, il
vota pour l'établissement de l'empire, et l'année
suivante, ayant fait partie de la députation char-'
gée par le Tribunat de complimenter Bonaparte
sur la victoire d'Austerlitz, il proposa à son re-
tour de frapper une médaille en l'honneur du
conquérant. A cette époque, Favard donna une
édition du Code Civil des Français, suivi de
l'Exposé des motifs sur chaque loi , présenté
par les orateurs du gouvernement ; des Rap-
ports faits au Tribunat; des Opinions émises
dans le cours de la discussion , etc. ; Paris,
F. Didot, 1804 et suiv., 12 vol. in-12. Il publia
aussi la Conférence du Code Civil avec la dis-
cussion particulière du Conseil d'État et du
Tribunat, avant la rédaction définitive de
chaque projet de loi, par un jurisconsulte qui
a concouru à la confection du Code; Paris, F. Di-
dot , an xiu (1805), 8 vol. in-12 et in-S". Le
Tribunat ayant été supprimé en 1807, Favard
devint membre du corps législatif, dont il
présida la section de l'intérieur. Nommé con-
seiller à la cour de cassation en 1809, et maî-
tre des requêtes en 1813, il conserva sous la
première restauration ces deux places , qu'il ne
perdit point après le second retour du roi , liien
qu'il eût pendant les Cent Jours fait partie de
la chambre des représentants et conservé son
siège à la cour de cassation. Appelé par le roi à
présider le collège électoral de la Corrèze, il fut
envoyé par les électeurs du Puy-de-Dôme à la
chambre des députés de 1815, où il siégea
dans ies rangs de la minorité. Réélu en 1816,
après l'ordonnance du 5 septembre, il fut jus-
qu'à la dissolution du 31 mai 1831 menibre de
la chambre élective, où il votait avec le minis-
tère. Conseiller d'État en service ordinaire en
1817, il devint en 1828 président à la cour de
cassation. Magisti'at exact et jurisconsulte labo-
rieux, Favard a laissé, outre les publications
déjà citées , plusieurs ouvrages dont les princi-
paux sont : Répertoire de la Législation du
Notariat; Paris, 1807, in-4°; 2^ édit., ibid.,
1829-1830, 2 vol. in-4°; — Manuel pour l'ou-
verture et le partage des Successions , avec
l'analyse des principes sur les donations
entre vifs , les testaments et les contrats de
mariage; Paris, 1811, in-8*'; — Traité des
Privilèges et Hypothèques ; Paris, 1812, in-8° ;
— Supplément au Code Civil , ou collection
raisonnée des lois et décrets rendus depuis
1789 et qui serattachent au Code Civil, etc.;
Paris, 1821, 2 parties en 1 vol. in-12 ; — Réper-
toire de la nouvelle Législation civile , com-
merciale et administrative; Paris, 1823-1824,
5 vol. in-4''. E. Regnard.
Moniteur universel. — ^.Tn2m\t, Jay, Jouy, etc., Biog.
nouv. des Contemporains. — Camus, Lettres sur la
"prof. d'avocat, B« édit., tom, II.
FAVART {Charles-Simon) ^siai^m dramatique
français, né à Paris, le 13 novembre 1710, mort
FAVARD — FAVART
à Belleville, près Paris, le 12 mai 1792. Son pèi-e
simple pâtissier, fit des chansons et inventa le
échaudés ; il célébra son invention dans de
couplets où il critiquait, « le peuple français
qui comme un échaudé prend toutes sortes d(
formes et dont l'esprit léger l'emporte sur celu
des auties nations comme la légèreté de ce gâ
teau l'emporte sur celle de tous ses rivaux »
Le jeune Favart fit ses études au collège Louis-le
Grand, et obtint le prix de l'Académie des Jeu:
llorauxpar sonpoëme:Zc France délivrée pa,
la Pucelle d'Orléans. Cependant, pour nourri
sa mère il continua le métier de son père, mor
sans laisser de fortune. Tout en faisant des gâ
teaux , il composa son premier vaudeville, Lei
Deux Jumelles, qui obtint un véritable succès
ce fut à l'occasion de cette pièce qu'arriva l'a
venture si connue du fermier général venan
pour complimenter le poète et ne trouvant qui
le jeune pâtissier. Grâce à l'heureuse protectioi
de ce financier, Favart put se consacrer tou
entier à l'art dramatique et en peu de temps _
donna au Théâtre de la Foire plus de vingt où
vi-ages anonymes : La Chercheuse d'esprit
joué en 1741 , est le premier auquel il ait mii
son nom. Devenu directeur de l'Opéra-ComiqueJ
Favart épousa, en 1745, Mlle Duronceray, qu_
avait débuté avec le plus grand éclat sous k
nom de MUe Chantilly, et leurs talents réunis,
élevèrent ce théâtre à un tel degré de prospérité^
que les Comédiens Français et Italiens s'en ému-
rent et dans leur jalousie le firent supprimer
l'année même de cette union. Cette injuste sup-
pression laissait Favart sans ressources ; mais le
maréchal de Saxe, qui avait vu la jeune comé-
dienne que tout Paris admirait et qui en était de-
venu épris, proposa au mari de prendre la di-
rection de la troupe de comédie qu'il entretenait
dans son camp, afin d'avoir la femme auprès de
lui. Le poète, qui ne voyait là qu'un acte géné-
reux, accepta avec reconnaissance ; il se rendit en
Flandre, et chaque action nouvelle devint pour
lui l'occasion d'une pièce et d'un couplet de
circonstance ; celui qu'il composa la veille de la
bataille de Raucoux a été conservé par l'his-
toire :
Demain "nous donnerons relâche.
Quoique le directeur s'en fâche ;
Vous voir comblerait nos désirs :
On doit céder tout à la gloire.
Nous ne songeons qu'à vos plaisirs ;
Vous, ne songez qu'à la victoire.
Il n'y eut pas d'autre ordre du jour, et les sol-
dats sortirent du spectacle répétant : « Demain,
bataille, ■» comme ils répétaient chaque soir le
vaudeville de la pièce. Par esprit d'imitation, les
ennemis voulurent aussi avoir un théâtre, et ils
s'adressèrent à Favart , qui obtmt la permission
de jouer dans les deux camps, et les jours où
l'on ne se battait pas on allait à la comédie.
L'heureux directeur était au comble de ses
vœux ; malheureusement il eut l'imprudence de
céder aux désirs du maréchal et de faire venir
I
209
FAVART
210
sa femme au camp , mais celle-ci comprit bieu-
tôtlcs véritables desseins de Maurice de Sax-e, et
elle s'enfuit à Bruxelles , sous la protection de
Mme de Chevreuse. En apprenant cette fuite,
le maréchal tomba dans une colère incroyable
contre le mari; et par un scandaleux abus d'au-
torité, il obtint contre lui une lettre de cachet.
Forcé de fuir, le malheureux poète parvint à ga-
gner Strasbourg, et resta caché chez un curé de
campagne , dans une cave, oii, à la lueur d'une
lampe, il peignait des éventails pour vivre. Pen-
dant ce temps, sa femme débutait aux Italiens
avec un succès immense ; mais résistant tou-
jours à son terrible amant, elle était bientôt
après arrêtée, et conduite dans un couvent des
Andelys, puis à Angers, où on la traitait comme
une prisonnière d'État. Succombant sous une
persécution aussi infatigable, M."^^ Favart céda
enfin , pensant avec raison que le déshonneur
était pour celui qui employait auprès d'une
femme des moyens aussi honteux. Peu de temps
après (1750), le maréchal mourut.
Délivré de son puissant ennemi , Favart put
alors revenir à Paris et recommencer le cours
de ses succès dramatiques ; ce fut à cette épo-
que que l'abbé de Voisenon se lia intimement
avec lui, et devint, disent les mémoires contem-
porains, son collaborateur à plus d'un titre , ce
qui est peu vraisemblable lorsqu'il s'agit d'une
femme ayantaussinoblementrésistéqueM'oe Fa-
vart à l'homme le plus illustre de son temps ;
quant à la part que le galant abbé a pu avoir
dans les ouvi-ages du poète, on peut s'en rap-
porter à l'opinion de La Harpe. « Favart, dit-il,
avait beaucoup plus d'esprit que l'abbé de Voise-
non, mais il se laissait bonnement protéger par
celui qui dans le fond lui devait sa petite répu-
tation. » L'abbé lui-même a d'ailleurs pris soin
de démentir cette collaboration dans une lettre
à Voltaire : « Vous ne croiriez pas, malgré les
preuves qu'il (Favart) a données des grâces de
son esprit, qu'on a l'injustice de lui ôter ses ou-
vrages et de me les attribuer. Je suis bien sûr
que vous ne tomberez pas dans cette erreur. »
Favart continua de faire la fortune du Théâtre-
Italien, et son heureuse fécondité produisit ces
ouvrages charmants qui peuvent être placés a
côté de ceux de Sedaine et de Marmontel. La
perte de sa femme le rendit longtemps inconso-
lable ; et quoique âgé de plus de soixante ans et
dans un état de cécité presque complet, ce fut
dans le travail qu'il chercha quelques distrac-
tions. Il vécut ainsi jusque dans les premières
années de la révolution, et mourut d'un catarrhe
pulmonaire, dans sa petite maison de Belleville,
qu'il habitait depuis près d'un quart de siècle.
Les succès de Favart furent nombreux, et l'on
peut dire qu'il fut le père de l'opéra-comique et
l'heureux successeur de Lesage, de Vadé, de
Fuzeher et de Piron. Le nombre de ses pièces
s'élève à plus de soixante ; voici les principales :
La Chercheuse d'esprit, chef-d'œuvre inspiré
par le conte de La Fontaine : Comment Vesprit
vient aux filles ; ce fut à l'occasion de cette
pièce que Crébillon fit le quatrain suivant :
H est un auteur en crédit
Qui de tous les temps saura plaire.
Il fit La C/iercJieuse d'esprit.
Et n'en ciiercha pas pour la faire.
Le Coq du Village, joué le 31 mars 1743; —
Bastien et Bastienne ( 26 septembre 1753):
charmante parodie du Devin du Village de
J.-J. Rousseau; — Ninetteà la cour( 12 février
1755) : «très-jolie petite comédie, fort supérieure
à toutes ces pièces d'un acte ou deux ou même
de trois jouées depuis quarante ans au Théâtre-
Français, » dit La Harpe; — Les Trois Sultanes,
( 9 avril 1761 ) : cette pièce, tirée d'un conte de
Marmontel , eut un immense succès ; — V An-
glais à Bordeaux ( 14 mars 1763 ) : composée à
l'occasion de la paix avec l'Angleterre , et qui
réussit brillamment.
Les œuvres de Favart ont été publiées plu-
sieurs fois : Théâtre de Favart ; Paris, 1763-
1772, 10 vol. in-8°; — Théâtre choisi; Paris,
1810, 3 vol., in-8° ; — Œuvres choisies ;P?irh,
F. Didot, 1813, 3 vol. in-U ; — Bibliothèque
dramatique. Théâtre de Favart ( le premier
volume seulement a paru ) ; — Œuvres de M. et
de Mf"e Favart; Paris, in-18. — Les Mémoires
et la Correspondance de Favart, qui donnent
de précieux détails sur le monde littéraire et le
théâtre au dix-huitième siècle , ont été publiés
en 1809, in-8°, par A.-P.-C. Favart, son petit-
fils, et H.-F. Dumolard. H. Malot.
Etienne et Martainvillc, Hist. du Théâtre français.
— Notice de M. Auger dans rédition Didot. — . Notice
de M. L. Caste! dans la Bibl. dram. — Galerie hist, des
Contemp. — Desnoiresterres; Rév.fr., fév.-avril 1856.
FAVART {Marie- Justine-Benoîte Duroin-
CERAY, madame), épouse du précédent, actrice
française, née à Avignon, le 15 juin 1727, morte
à Belleville , près Paris , le 22 avril 1772. Elle
était fille d'un musicien de la chapelle du roi
Stanislas, et ce prince contribua lui-même à l'é-
ducation de la jeune fille , en la faisant élever
sous ses yeux, à Lunéville. En 1744 elle vint
avec sa mère à Paris, parut à l'Opéra-Comique,
sous le nom de M"* Chantilly, et débuta par le
rôle de Laurence, dans Les Fêtes publiques ;
son succès fut immense, et Favart, qui était alors
directeur de ce théâtre, devint passionnément
amoureux de la jeune actrice, et l'épousa. Ce
fut peu de temps après ce mariage que le mare
chai de Saxe s'éprit de M""* Favart {voy. l'ar-
ticle précédent). Le 5 août 1749 elle débuta au
Théâtre-Italien ; mais ayant été enlevée , elle ne
put y reparaître que deux années après; elle
créa successivement les principaux rôles dans
les pièces écrites par son mari, et se fit surtout
remarquer dans : Bastien et Bastienne, où elle
atteignait la perfection ( c'est dans le costume de
Bastienne que Vanloo la peignit ) ; Ninette à
la Cour ; Annette et Lubin ; La Fée Urgèle ;
Les Trois Sultanes, où dans le personnage de
211 FAVART
Roxelane elle faisait admirer son triple talent
d'actrice, de danseuse et de cantatrice. Elle jouait
avec une vérité surprenante les soubrettes ,
amoureuses, paysannes; les rôles naïfs, ceux
fle caractère , tout lui devenait propre ; en un
mot , elle se multipliait à l'infini , et l'on était
étonné de lui voir jouer le même jour, dans
quatre pièces différentes, des rôles entièrement
opposés. Ce fut elle qui eut le courage de
commencer la révolution dans le costume de
théâtre que devait continuer M"^ Clairon , et
dans Bastienne, au lieu de paraître en bergère
de Watteau, elle mit un habit de laine tel que
les villageoises d'alors en portaient , des sabots,
et sa chevelure fut plate et sans poudre.
On a publié sous le nom de M^e Favart le
cinquième volume des Œuvres de son mari ;
cependant elle n'a pas seule composé les ouvra-
ges contenus dans ce volume, mais elle y a eu
part néanmoins pour les sujets, le choix des
airs, les pensées , les couplets qu'elle composait
et les différents vaudevilles, dont elle faisait la
musique; elle est aussi l'auteur de plusieurs
contes charmants : Les A-propos, Il eut tort.
Il eut raison , qui ont été imprimés dans les
œuvres de l'abbé de Voisenon. H. Malot.
? Calendrier kist. et clironol. des Théâtres, 1773. — Né-
crologie des hommes célèbres de France, 1773. — Mé-
moires de l'abbé de f'oisenon. — Mme de Bricquct, Dict.
des Franc. — Dumolard, dans les Mémoires de Favart. —
Léon Gozlan, dans l'édition Eug. Didiei'.
FAVART ( Charles- Nicolas- Joseph- Justin),
fils des précédents, auteur dtamatique et comé-
dien français, né à Paris, en 1749, mort en cette
ville, le 1er février 1806. Il n'était point destiné
au théâtre, mais il y entra vers l'âge de trente
ans, poussé plus peut-être par la nécessité que
par la vocation. Il débuta au Îhéâtre-Italien
dans Cassandre du Tableau parlant, et il ac-
quit bientôt une certaine réputation dans les
rôles de vieillards, sans cependant pouvoir s'é-
lever au-dessus des rôles ordinaires ; il se retira
vers 1796, pour occuper un modeste emploi à
la bibliothèque du Tribunat. On a de lui : Le
Déménagement d'Arlequin, marchand de ta-
bleaux, compliment de clôture du Théâtre-
Italien ; — Le Diable boiteux, ou la chose im-
possible, divertissement; 1782; — Le Départ
du Seigneur; — Les Trois Folies , opéra-co-
mique; 1786; — Le Mariage singulier, co-
médie; 1787 ; — La Famille réunie, comédie
en deux actes; 1790; — La Sagesse humaine,
comédie en deux actes; 1798; en collaboration
avec l'abbé Valent. Mullot ; — Joseph , ou la
fin tragique de Mi'^e Angot, bagatelle ; en col-
laboration avec le même. Il est encore l'auteur
de poésies fugitives. H. Malot.
Biogr. des Cont. — Qaérard, La France litt.
*FAVAR'r { Antoine-Pierre-Charles ), fils
du précédent, auteur dramatique et peintre
français, né à Paris, en 1784. M. Favart a occupé
divers emplois dans la diplomatie, et il a été
successivement secrétaire du duc de Caraman,
— FAVÉ
212
ambassadeur de France en Autriche, et du duc
dePolignac au ministère des affaires étrangères.
Après la révolution de Juillet , il fut chargé de
nombreuses missions diplomatiques; et c'est
dans le cours de ces missions qu'il recueillit les
documents nécessaires à un grand ouvrage
qu'il prépare sur les oeavres d'art contenues dans
toutes les galeries de l'Europe. Il est aujourd'hui
consul à Mons. Il a publié en 1809, avec H.-F. Du-
molard, Les Mémoires et la Correspondance de
Charles-Simon Favart, son grand-père ; et ii a
fait représenter quelques pièces, parmi lesquel-
les nous citerons : La Jeunesse de Favart
(1808), en collaboration avec Gentil; — Le
Rivalpar amour, avec Dumolard(l810), etZes
Six Pantoufles, ou la revue des Cendrillons,
avec Dupin et Dartois. H. Malot.
Doc. partie. — Biographie des Contemporains. —
Quérard, La France littéraire.
FAVART D'HERBÏGNY { NiCOlttS- Semy ) ,
général français, né à Reims, en 1735, mort à
Paris, le 5 mai 1800. Entré au service dans le
corps du génie en 1756, il prit part à la défense
de Belle-Isle contre les Anglais, en 1761. Les
services qu'il rendit soit à la Martinique, soit
dans la courte expédition de Genève en 1782,
lui valurent les plus hauts grades de son arme.
Partisan sage et modéré de la révolution , Fa-
vart comprima, en 1792, l'insurrection de; Neuf-
Brisach, et dirigea les grands travaux de forti-
fication exécutés dans les places de l'Alsace. Il
composa des Mémoires sur la défense des
côtes et les reconnaissances militaires.
Son frère, né à Reims,' en 1727, mort le 4 sep-
tembre 1793, est l'auteur d'un Dictionnaire
d'Histoire naturelle, qui concerne les testa-
cés et coquillages de mer, de terre et d'eati
douce; Paris, 1775, 3 vol. petit in-8o. Cet ou-
vrage a été attribué à tort au général Nic^ fa-
vart.
.Arnault, Jouy, Jay, etc., Biogr. notcv. des Contemp.
* FAVÉ (Alphonse) , stratégiste français,
né à Dreux, le 12 février 1812. Après de fortes
études, il entra en 1830 à l'École Polytechnique,
où il professe l'art militaire et la topographie.
M. Favé est un des officiers les plus instruits
de notre époque ; il occupe dans l'armée le grade
de lieutenant-colonel d'artillerie. Il mérite la
confiance l'empereur, qui l'a attaché à sapersonne
en qualité d'officier d'ordonnance. M. Favé est
auteur des travaux suivants : Nouveau Système
de Défense des Places fortes ; Paris, 1841,
in-8", un atlas in-fol. ; les contre-approches
construites par les Russes dans la défense de
Sébastopol ont de l'analogie avec les idées
émises dans cet ouvrage ; — Histoire et tac-
tique des Trois Armes, et plus particulière-
vient de V Artillerie de campagne; 1845,
in-S", avec atlas, in-4° ; — Du Feu Grégeois,
des feux de guerre et des origines de la
poudre à canon, en collaboration avec M. Rei-
naud, membre de l'Institut ; Paris, 1845j in-8",
213
avec atlas; ^ Des Nouvelles Carabines et de
leur emploi; notice historique sur les pro-
grès efjeotués en France depuis quelques
années dans l'accroissement des portées et
dans la justesse d%i tir des armes à feu por-
tatives ; 1847, br. in-8°; — Projet de loi sur
le recrutement de Varmée; 1848^ br. iii-8°;
Nouveau Système d'Artillerie de Campagne
du prince Louis- Napoléon Bonaparte; 1850-
1851, br. m-8°.
Documents particuliers. — Moniteur. — Journal de
la Librairie.
faVêlet ( Jean - François ) , médecin fla-
mand, né en 1674, au fort de Perle, près d'An-
vers, mort le 30 juin 1743. Il étudia la médecine
à Louvain avec tant de succès, qu'il reçut le titre
de fisc-doyen. On nommait ainsi l'étudiant qui,
après avoir soutenu pendant trois mois les exer-
cices de l'école dans les disputes publiques, devait
présider à douze thèses dans le même intervalle
de temps. Favelet s'acquitta fort honorablement
de cette double tâche. Voulant joindre la pra-
tique à lathéofie, il alla passer plusieurs années
à l'école militaire de Matines. De retour à Paris,
il fut nommé successivement professeur de bo-
tanique, d'anatomie, de cliirurgie et enfin de
médecine. Favelet était médecin de l'archidu-
chesse ÉUsabeth, gouvernante des Pays-Bas, et
membre associé de. l'Académie des Sciences.
« Partisan aussi décidé du système de la fer-
mentation, qu'il était ennemi déclaré de celui
de la trituration , Favelet, dit Éloy , n'épargna
rien, soit dans ses leçons pubhques , soit dans
ses ouvrages , pour saper les fondements de ce
dernier ». On a de lui : Prodromus apologiss
fermentationis in animalibus ; Louvain, 1721,
ih-12 ; — Novarum qusc in medicina a paucis
annis repullularunt Hypotheseon lydius Lor
pis; Aix-la-Chapelle, 1737, in-12.
Paquot, Mémoires pour servir d l'hist. litt. des Pays-
Bas, t. m. — Éloy, Dict. fiist. de la Médecine.
îi-AVENTiNUS (Pau^Jf ane), voyageuritalien,
né à Faenza, vivait en 1620. Il était de l'ordre
des Frères prêcheurs. En 1615 ses supérieurs
l'envoyèrent en Arménie en qualité de visitateur
et de vicaire général, et le pape lui confiales fonc-
tions de vicaire apostolique. Il fut très-bien ac-
cueilli du roi de Perse, fit quelques conversions,
et revint à Rome, vers 1620. On a de lui :
Dottrina christiana, ove catechismo ; — Mi-
racoli per mezzo délia santïssima Eucha-
ristia e del rosario délia madona operati;
— Relazione del Viaggio et délia visiiazlone
Jatta nelle parti deW Armenia. Ces ouvrages
sont encore inédits. E. Beauvois.
J. Quctif, Scripl. Ordin. Prœdicatorum, t. II, p. 420.
FAVEREAU (Jacques) , poète et juriscon-
sulte français, né à Cognac, en 1590, mort en
1638. Avocat, puis conseiller à la cour des aides,
il se distingua au barreau par son éloquence et
son intégrité. Malgré ses graves fonctions , Fa-
vereau cultiva avec succès la poésie, la mu-
siciue et la peinture. On a de lui : Mercurius
FAVÉ — FAVEREAU
214
redivivuSfSive varii lusus deMercurii loculos
manu prœferentis simiilacro; Poitiers, 1613,
in-4° : c'est un recueil d'épigrammes composées
sur une statue de Mercure trouvée dans les fon-
dations du palais que Marie de Médicis faisait
bâtir dans le faubourg Saint-Germain ; — La
FrO/nce consolée , épithalame pour les noces
de Louis XIII; Paris, 1615, in-8°; — Deux
poèmes latins en l'honneur de Louis XO : l'un
a été imprimé dans le recaeil publié par Bois-
robert, sous le titre de Palmée regix invictis-
simo Ludovico XIII, régi christianissimo, a
prœcipuis nos tri xvi poetis in trophsewu
erectœ ; 1634, in-8°. On lui attribue un des
pamphlets qui excitèrent le plus violemment la
colère de Richelieu. Cette satire , connue sous
le nom de La Milliade, parce qu'dle se com-
pose de mille vers, fut publiée en 1638, sans
indication de ville, sans nom d'imprimeur et
sans date, avec ce titre : Le Gouvernement
présent, ou éloge de Son Éminence. Cette au-
dacieuse attaque contre le tyran de l'aristocratie
fut accueillie avec un exti'ême empressement.
D'après le P. Lelong, La Milliade fut imprimée
d'abord à Anvers, 1637, in-8°. Le même auteur
en cite une nouvelle édition , revue , corrigée et
augmentée ; Paris, 29 mars 1649, in-4°. Le car-
dinal , que l'écrit anonyme faisait enrager, sui-
vant l'expression de Tallemant des Réaux,
« emprisonna bien des gens pour cela ; mais il
n'en put rien découvrir. Je me souviens , ajoute
le même auteur, qu'on fermait la porte sur soi
pour le lire. Je crois que cette satire vient de
chez le cardinal de Retz ; on n'en sait pourtant
rien de certain. » En effet , Barbier, qui en in-
dique une édition de Paris, 1643, in-8", dit
qu'elle pourrait bien être d'Estelan , fils du ma-
réchal de Saint-Luc, ou du sieur Beyz, poète
du dix-septième siècle. C'est à ce dernier en
effet que l'attribue le P. Lelong, d'après un ma-
nuscrit du temps. D'un autre côté, voici ce qu'on
lit dans le Patiniana. « Le vrai auteur des Mille
vers , qui est une satire contre le cardinal de
Richelieu et ses adhérents, faite en l'an 1636,
laquelle commence ainsi :
Peuples, élevez des autels
Au plus éminent des mortels,
est, selon quelques-uns, M. Favereau D'au-
tres disent que c'est M. d'Estelan , fils du maré-
chal de Saint-Luc; mais il n'est pas vrai. Je
vous prie de croire que c'est ce M. Favereau,
qui de peur d'en être soupçonné l'auteur, fit en
même temps un éloge latin à l'honneur du car-
dinal de Richelieu. Ce M. Favereau était un bon
et savant poète, et fort honnête homme , qui
haïssait mortellement le cardinal. » C'est à l'a-
mour de Favereau pour les beaux arts que l'on
doit l'ouvrage de l'abbé de MaroUes, intitulé ;
Tableaux du Temple des Muses , représentant
les Vertus et les Vices, sur les plus illustres
fables de Vantiquïté, tirés du cabinet de Fa-
vereau , avec les figures , dessinées par Diepen-
215
FAVEREAU — FAVIÈRES
brock et gravées par Bloemaert; Paris, 1655, i
in-fol.
Morérl, Grand Diction, hist. — Le P. Lelong, Biblio-
thèque historique de la France. — Talleraant das Réaux,
Historiettes. — Barbier, Dictionnaire des Anonymes.
FAViER ( Nicolas ) , historien français , né à
Troyes, vers 1540, mort en 1590. 11 fiit d'abord
conseiller au parlement de Paris , et ensuite di-
recteur des monnaies du royaume. On a de lui :
Figure et exposition des pourtraicts et die-
' tons contenus es médailles de la conspiration
des rebelles de France , opprimée et éteinte
par le roi, le 24 août 1572 ; Paris, 1572, in-8° ;
— Discours sur la mort de Gaspard de Co-
ligny , qui fut amiral de France, et ses com-
plices ; Paris, 1572, in-12; — Recueil pour
r histoire de Charles IX, avec l'histoire
abrégée de sa vie; Paris, 1574, in-8°.
Le P. Lelong, Bibliothèque historique de la France.
FATiER {Jean-Louis), publiciste français,
né à Toulouse, vers 1720, mort à Paris, en 1784.
Secrétaire de La Chétardie , ambassadeur à Tu-
rin , puis employé par d'Argenson à la rédaction
de plusieurs mémoires, notamment des Ré-
flexions contre le traité de 1756, entre la
France et l'Autriche, cet homme habile, destiné
à remplir des rôles diplomatiques aussi péril-
leux, qu'obscurs , fut chargé de missions secrètes
en Espagne et en Russie sous le ministère Choi-
seul ; ensuite il composa pour le comte de Bro-
glie , qui au nom de Louis XV correspondait
secrètement avec les ambassadeurs, plusieurs
mémoires dirigés contre le système et les ins-
tructions ostensibles du ministère. Le ministre
surprit quelques pièces de cette correspondance,
et obtint un ordre d'arrestation contre Favier.
Mais leî'roi avait à peine signé cet ordre, qu'il
écrivit à son agent de s'enfuir et de mettre ses
papiers en sûreté. Favier se trouva enveloppé
dans l'affaire mystérieuse de Dumouriez, Bon et
Ségur. Enlevé à Hambourg, il fut conduit à Paris
comme perturbateur de la paix de l'Europe. Sa
correspondance avec le prince Henri de Prusse
tut jugée coupable , et on le renferma à la Bas-
tille. Il y resta jusqu'à l'avènement de Louis XVI.
Il se mit alors à composer des Mémoires sur les
affaires du temps , dissipant le fruit de son tra-
vail aussitôt qu'il l'avait reçu. Le comte de Ver-
gennes lui fit donner une somme de quarante
raille francs pour payer ses dettes , et une pen-
sion de six mille francs. On cite de Favier une
foule de mots spirituels. Un jour qu'il se trou-
vait à l'audience de Malesherbes , chargé de la
direction de la librairie, on parla de l'Esprit
des Lois, qui venait de paraître. « Il est temps,
« disait le magistrat , d'éclairer le monde. —
'( Ce n'est pas avec un bout de chandelle , »
reprit Favier en se tournant vers un de ses amis.
Choiseul l'ayant rencontré à Versailles après son
retour de Chanteloup, lui dit très-haut : « Fa-
rt vier, vous avez écrit contre moi. — Cela est
« vrai,monsieur le duc,répondit-il,iJûais alors vous
216
« étiez en place. » Ségur a recueilli une partie
des œuvres de Favier dans son ouvrage intitulé :
Politique de tous les Cabinets de l'Europe
pendant les règnes de Louis XV et de
Louis XVI; 1793, 2 vol. in-8°, et 1802, 3 vol.
Les autres ouvrages de Favier, la plupart sans
nom d'auteur, sont : Le Spectateur littéraire;
Paris, 1746, in-12 ; — Essai historique et po-
litique sur le Gouvernement présent de la
Hollande; Londres, 1748, 2 vol. ln-12; — Le
Poète réformé , ou apologie pour la Sémira-
mis de Voltaire; Amsterdam, 1748, in-8°; —
Mémoires secrets de Bolingbroke; Londres
(Paris), 1754, 2 vol. in-8°; — Doutes et Ques-
tions sur le Traité de Versailles, entre le roi
de France et l'impératrice reine de Hon-
grie ;Pans, 1778 et 1791,in-8°. Favier travailla
avecFréron à la Fédaction du Journal étranger.
On lui attribue Lettres sur la Hollande ; La
Haye, 1780, 2>ol. in-12. D'après Barbier cet
ouvrage est de Pilati de Tassulo.
Le Bas, Diction, enc. de la France. — Ségur, Politique
de tous les Cabinets. — Biographie toulousaine.
FAVIER DU BOULA Y {Henri), littérateur
français, né à Paris, en 1670, mort à Paris, le
31 août 1753. D'abord bénédictin dans la con-
grégation de Cluny , il obtint ensuite sa sécula-
risation, et fut nommé prieur de Sainte-Croix de
Provins. On a de lui : Lettre d'un Abbé à un
Académicien sur le discours de M. de Fonte-
nelle au sujet de la question de la préémi-
nence entre les anciens et les modernes;
Rouen, 1699, 1703, in-12; — Oraison funèbre
du ducde Berry; Paris, 1714, in-4° ; — Oraison
funèbre de Louis XIV; 1715, in-4°; -^ Épitres
en vers à V auteur du poème sur la Grâce ; Pa-
ris, 1724, in-8° ; — Trois Lettres au sujet des
choses surprenantes arrivées à Saint-Médard
en la personne de l'abbé Bescherand; 1731,
in-4°; — l'Histoire universelle de Justin,
traduite en français ; Paris, 1733, 2 vol. in-12.
Chaudon, Dict, univ. — Quérard, La France Hit.
FAVIÈRES ( Étienne-Guillaume-François '
de) , auteur dramatique français, né à Paris, en
1755, mort en cette ville, le 18 mars 1837.
D'abord conseiller au parlement, de Favières
vit'sa carrière brisée par la révolution de 1789,
et il dut demander à la littérature ce que les
événements politiques étaient venus lui enlever.
On a de lui : Mauvaise Tête et Bon Cœur,
comédie en trois actes; 1790 ; — Les Espiègle-
ries de Garnison, comédie en trois actes ; 1791 ;
— Paul et Virginie , comédie en trois actes ;
1791 ; — Lisbeth, drame lyrique en trois actes ;
1797 ; — Elisca, ou l'amour maternel , drame
lyrique en trois actes ; 1799; — Fanny Morna,
drame lyrique en trois actes ; 1"800 ; — Le Con-
cert interrompu, opéra-comique en un acte';
1802; —Aline, reine de Golconde, comédie
lyrique en trois actes ; 1803 : grâce à la musique
de Berton, cette pièce est restée au répertoire ;
— L'Aimable Vieillard , comédie en cinq actes,
217
FAVIÈRES — FAVONIUS
en vers; jouée au Théâtre-Français en 1801 ; —
Herman et Verner, ou les militaires , comédie
en trois actes.
Son fils, Alexandre, a fait représenter : Le
Grand-Père, opéra-comique ( 14 octobre 1805),
et Sandis et Goddam ( 1*"^ août 1837 ).
H. Malot.
Barbier, Examen critique. — Biogr. des Contempo-
rains. — Bibl. dram. de M. de Soleinne.
FAViliA, second roi des Asturies et de Léon,
fils de Pelage, mort en 739. Il succéda à son
père en 737. Son règne, qui ne dura que deux
ans , ne fut signalé par aucun événement digne
d'être rapporté; sa mort fut prématurée et tra-
gique. Il se préparait aux fatigues de la guerre
en chassant les animaux féroces. Un jour il at-
taqua seul un ours énorme. Cet animal, quoique
blessé mortellement, saisit le chasseur et l'é-
touffa. Bien que Favila eût, dit-on, laissé des
enfants mâles, son beau-frère, don Alphonse, dé-
signé par l'élection populaire, lui succéda.
Mariana, Historia Hispaniœ.
FAVIN. Voyez Favyn (André).
* FAViNrs (Remus), littérateur italien , du
quinzième siècle. Tout ce qu'on sait à son égard,
c'est qu'il écrivit des Carmina de Ponderum
deque Mensurarum Vocabulis ; cet ouvrage ,
qn'il eût été fort difficile de rendre attrayant,
fut imprimé à Leipzig, en 1494. G. B.
Leyser, Hist. Poetarum et Poematum medii œvi,
p. 20-57.
FAVOLI ou FAVOLius (Hugues) , poète,
médecin et voyageur néerlandais , né à Middel-
bourg, dans la Zélande, en 1523, mort à Anvers,
en 1585. Son père, Pisan d'origine, l'envoya
faire ses études à Padoue. Favoli suivit d'abord
les cours de philosophie, et s'appliqua ensuite à la
médecine. En quittant l'université, il voyagea
en Italie, et^rencontra à Venise l'ambassadeur
espagnol Gérard van Veltwyck, qui l'emmena à
Constantinopie. Favoli y arriva dans l'automne
de 1545 , y séjourna peu de temps , visita quel-
ques Ûes de la Grèce , côtoya l'Épire , aborda
en Calabre à la fin de l'hiver, et retourna à Ve-
nise. Il revint ensuite dans les Pays-Bas, et
devint médecin pensionnaire d'Anvers en 1 563 :
il garda cette place jusqu'à sa mort. On a de
lui : Hodœporici Byzantini Libri très ; Lou-
vain, 1563, in-12. Cette relation est en vers
latins hexamètres. D'après Paquot , « on y trouve
de la clarté, de la pureté, mais peu de vivacité,
de grâce et d'élévation ». L'auteur s'étend par-
ticulièrement sur les mœurs des Turcs. Il fait
une description assez curieuse des fêtes du Rha-
madhan ; cette relation a été réimprimée avec
quelques retranchements dans le Recueil de
Voyages, en vers latins, publié par Nicolas
Reusner; Bàle, 1580, in-8°; — Acrosticha
duo; prïmum in adventum Annx Austriucas,
secundum in lustrationem urbis Antuer-
pianx ; Anvers, 1570 ; — De classica ad Nau-
pacium contra Ttircas Victoria perJoannem
Austriacum; 1572. Ce poërae est de Jean Sam-
218
bucus, Favoli n'en fut que l'éditeur; — En-
chiridion Orbis terrarum, carmineHllustra-
tum; Anvers, 1685, in-4".
Paquot, Mémoires pour servir à l'hist. Htl., t. VU.
* FAVONIUS (Marcus), homme d'État ro-
main, né en 42 avant J.-C. Il joua un rôle plutôt
bruyant qu'important dans les troubles qui
remplirent les dernières années de la république
romaine. Ce fut une de ces médiocrités inquiètes
qui s'agitent sans cesse sans aboutir jamais à
aucun acte mémorable. Bien qu'il appartînt au
parti des Optimales, il n'en fit pas moins une
opposition acharnée à Pompée. Il prit Caton
pour modèle, et se joignit à lui dans toutes les
circonstances importantes. Après avoir plusieurs
fois échoué dans ses candidatures, il fut élu
préteur l'année même de la rupture de César et
de Pompée. Il s'enfuit à Capoue avec les consuls
et la majorité du sénat, et fut un de ceux qui ne
voulurent écouter aucune proposition de conci-
liation. Malgré son aversion personnelle pour
Pompée, il le suivit en Grèce. En 48 on le voit
servir en Macédoine sous les ordres de Metelfus
Scipion. En l'absence de ce dernier, Favonlus,
resté avec huit cohortes sur les bords de l'Ha-
liacmon, se laissa surprendre par Doraitius Cal-
vinus, et ne fut sauvé que par le retour soudain
de Scipion. Après la bataille de Pharsale, Fa-
vonius, oubliant ses anciens ressentiments, se
montra l'ami fidèle de Pompée ; il l'accompagna
dans sa fuite, et le combla de témoignages
d'affection et de respect. Après la mort de Pom-
pée, il retourna en Italie, obtint sa grâce de César,
et se rallia à l'autorité du dictateur, parce que,
disait-il, il préférait la monarchie à la guerre
civile. Aussi ceux qui conspiraient contre César
ne voulurent-ils pas l'initier à la conjuration.
Mais une fois le dictateur tué, il se joignit aux
meurtriers , et occupa avec eux le Capitole. Il
suivit Brutus et Cassius hors de l'Italie , et fut
proscrit en 43. Fait prisonnier à la bataille de
Philippes, et conduit enchaîné devant les vain-
queurs , il salua Antoine avec respect et éclata
en invectives contre Octave, parce que celui-ci
avait fait tuer plusieurs républicaiiTs. Ces invec-
tives furent le signal de son arrêt de mort. Ainsi
se termina, non sans grandeur, une vie où les
animosités personnelles et l'humeur tracassière
tiennent plus de place que le véritable dévoue-
ment à la chose publique. L'acte le plus hono-
rable de sa vie fut sa conduite à l'égard de Pom-
pée après la défaite de Pharsale. Salluste, dans
une de ses lettres à César, caractérise fort
bien Favonius en disant de lui et de L. Pos-
tumius qu'ils étaient quasi magnas navis su-
pervacua onera.
Clcéron, Ad Att, I, 14; II, 1, 4; VU, 1, 18; XV, 11;
Ad Quint, fr., II, 3, 11; Ad Fam., VIII; 9, 11; Pro
Mil., 9, 16. — Va 1ère Maxime, VI, 2. — Plutarque, Cat.
Min., 32, 46;, Pomp., 60, 67; Brut., 12, 34; Ca?s., 41. —
Dion Cassius, XXXVHI, 7 ; XXXIX, 14, 34, etc.; XL, 46;
XLVI, 48; XLVII, 49. - César Bel. civ., III, 36. — Vel-
lelus Palerculus, H, 53. — Appien, Bel. civ., II, 119, etc.
— Suétone, Octav., 18.
219
FAVONIUS — FAVRAT
220
* FAVONIUS EVLOGIUS, contemporain et
élève de saint Augustin, qui le nomme dans son
traité De cura pro morte , c. XI. Il ne reste
de ses écrits qu'un traité sur un des ouvrages
de Cicéron, le Songe de Scipion; on y trouve
des explications où se reproduisent les principes
de l'école de Pythagore. Ce traité, publié pour la
première fois par A. Schott dans les Quxstiones
TulUanx, Anvers, 1613, a reparu dans l'é-
dition de Cicéron donnée par Graevius, 1688,
et dans celle d'Orelli, t. V, p. 397. G. B.
Pauly, Real-Enc.
FAVORiNUS (^aêtopTvoç), philosophe et
rhéteur gaulois, né à Arles, vivait dans le
deuxième siècle de l'ère chrétienne. Il était her-
maphrorlite ou eunuque de naissance. Il n'en
fut pas moins accusé d'adultère par un noble
romain. Élevé aux écoles de Marseille (Massilia
trilingiiis, comme l'appelle Varron), il apprit à
se servir éloquemment des langues celtique,
grecque et romaine. Il paraît aussi avoir visité
de bonne heure Rome et la Grèce. Dion Chry-
sostome fut un de ses maîtres. Le temps ayant
détruit toutes les œuvres de Favorinus, e-'est
par tradition, par les éloges de ses contempo-
rains, que nous savons la haute estime où l'a-
vaient placé ses improvisations , son éloquence
et ses doctrines. Rome et la Grèce en effet le
regardèrent comme un des orateurs et des phi-
losophes les plus distingués , à une époque où
florissaient pourtant Épictète, Hérode Atticus,
Plutarque et Polémon. On dit que, lorsqu'il
parlait en public, ceux même qui ne comprenaient
pas le grec venaient admirer l'art de son débit
et le charme de sa voix. Il avait l'habitude de
dire : « Il y a dans ma vie trois choses étranges :
Gaulois , je parle grec; eunuque, on m'accuse
d'adultère ; et je vis , quoique étant mal avec
l'empereur. » Adrien en effet, qui tenait beau-
coup à sa réputation d'homme de lettres, avait
été gravement offensé d'une réponse de ce phi-
losophe à ses amis, étonnés de l'avoir vu céder
si facilement à une observation grammaticale
du prince : « Comment, leur avait-il dit en riant,
ne dois-je pas regarder comme le plus savant
des hommes celui qui commande à trente lé-
gions? » A la nouvelle de la disgrâce où venait
de tomber le philosophe gaulois, les Athéniens
abattirent la statue qui lui avait été élevée :
« Plût à Dieu, dit-il, que les Athéniens s'en fus-
sent pris aussi à quelque statue de Socrate , au
lieu de lui faire boire la ciguë ! « La vie de Fa-
vorinus s'écoula dans l'enseignement des théories
platoniciennes, dans des luttes d'éloquence,
dans la publication de ses ouvrages , où il fixait
avec beaucoup d'habileté l'objet , le but et la
méthode du scepticisme. Aucun des ouvrages de
Favorinus n'est venu jusqu'à nous, à moins
qu'on ne lui attribue, avec Eraperius, le dernier
éditeur de Dion Chrysostome , le discours sur
Corinthe , inséré ordinairement dan? les œuvres
de ce philosophe. Voici les titres des principaux
ouvrages qu'on mentionne de lui : ITept xTiz %a-
Talrinwx.riz çavTacrtaç ; — 'AXxiêiâÔYii; ; — un
traité adressé à Épictète et refuté par Galien ; —
un ouvrage sur Socrate attaqué également par
Galien; — nXoutapxoç ^ uepi r/jç 'Axa8r)(j,»c^(;
AtaÔÉcrewç; — Ilspl riXàtwvoç; — Ilepî xr,;
'O^iriçiov cpiXocroçtaç ; — IliJppwvsiot Tpôuoi; ce
traité, dans lequel Favorinus développait les dix
motifs de doute, les dix arguments sceptiques
dont l'invention est attribuée à Pyrrhon , paraît
avoir été son ouvrage le pins important. Il y
montrait que la philosophie de Pyrrhon était
utile à ceux qui se destinaient au barreau ; —
navTo5a7tY) 'lerxopîa ; — 'A%o[).vf][i.ovz()\)Mi!y.; Dio-
gène Laerce en cite le troisième livre ; — Fvw-
(j.oXoyixà. — Aulu-Gelle nous a conservé un dis-
cours sur le danger de confier ses enfants à des
nourrices , qui est assurément comparable aux
pages éloquentes de Rousseau. Ce discours est
traduit du grec ; le texte en est perdu. Les seuls
fragments originaux de Favorinus se trouvent
dans Stobée, Diogène de Laerte , etc., et ils mé-
riteraient d'en être extraits , de manière à élever
avec ses propres œuvres, à un homme qui
comme philosophe et orateur a jeté un si vif
éclat sur la Gaule, un monument digne de lui,
Favorinus mourut vers la 13.^'= année de notre
ère. [F. Dehèque, dans l'Enc. des G. du M.,
avec additions. ]
Philoslratus, P'it. SopMst., I. — Diogène Laerce, Mî,
40; Vin, 12, 47. — Lucien, Eunuch., 7. — Aulu-Gelle,
II, 22 ; XII, 1 ; XVII, 12. — Suidas, au mot ttaêwpîvoç,
— J.-F. Gregor, Dnae Commentationes de Favorino;
Lauban, 1733, in-4°. — Forsmann, Dissertatio de Favo^
rino, philosopha academico; Abo,i789, in-4°. — Hiit
lut. de la France, t. I^''. — Ampère, Uist. tilt, de Iq
France, t. I^"'.
FAVORINUS, VARINUS OU CAMERS. VoyeZ
GuARmo.
FAVORiTï {Augustin), poète latin raoderpe,
né à Lucques, en 1624, mort le 13 novembre
1682. Il entra dans les ordres, et devint sçcré^,
taire des brefs sous Innocent XI. Il était membre
de l'Académie des Humoristes , et faisait partie,
de la Pléiade Alexandrine. On nommait ainsi
sept écrivains qui s'illustrèrent sous Alexan-
dre Vïl par leurs poésies latines. Les poésies de
Favoriti furent recueillies avec celles des autres
auteurs de la Pléiade, sous le titre de Septem
illustrium viroriim Poemata; Amsterdam
(Elzevier), 1672, in-8°.
Olaus Borricblus, Dissert, ad Poetas latinos. — Baillet,
Jugeynents des Savants, t. IV.
FAVBAS (Thomas, marquis de). Fo^es
Mahi.
FAVRAT {Louis), médecin allemand, natif
de Wurtzbourg, vivait dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. Il exerça la médecine à
Payerne, en Suisse. On a de lui : Aurea Catena
Homeri, id est concatenata naturœ Mstoria
physico-chimica ; Francfort et Leipzig, 1763.
C'est une traduction de l'ouvrage alchimique al-
lemand publié par un anonyme du dix-septième
22 î FAVRAT
siècle et connu sons le titre de Aiirea Catena
Homeri. L'édition de Favrat est estimée.
Ersch et Gruber, Jllg, Enc.
FAVRAT (François- André de), général
prussien, né en 1730, mort le 5 septembre 1804.
Général d'infanterie au service de la Prusse et
gouverneur de Glatz, il se rendit célèbre autant
par sa force corporelle que par sa bravoui-e. On
dit qu'un jour il souleva- un cheval avec son ca-
valier, et qu'il portait aisément une pièce de
canon sur l'épaule , comme un soldat porte son
,arme. On a de lui : Mémoires pour servir à
l'histoire de la guerre de la révolution de la
Pologne, depuis 1794 jusqu'en 1796; Berlin,
1799, in-8».
Chaudon et Delandine, Nouv. Dict. universel.
FAVRE, en latin faber {Antoine) , juris-
consulte savoyard , né à Bourg en Bresse, le 4
octobre 1557, mort à Chambéry, le l*"' mars
1624. Il étudia de bonne heure chez les jésuites
de Paris; venu ensuite à Turin, il s'appliqua au
droit avec une telle ardeur qu'il fut reçu docteur
dès l'âge de vingt-deux ans. C'est alors aussi
qu'il publia le commencement des Conjectura-
rum Juris civilis Libri, 1580, in-4°. L'ouvrage
eut vingt livres, dont trois parurent à cette épo-
que. « Le but de l'auteur, dit Taisand en parlant
(le cette œuvre , est d'éclaircir entièrement plu-
sieurs opinions obscures et nouvelles dans la
jurisprudence et môme contrairement aux senti-
ments des anciens interprètes du droit. ■» C'est-
à-dire qu'il ne craignit pas de s'éloigner des pa-
roles du maître ( verba tnagistri). Favre déploya
dans les Conjecturai une grande connaissance
du droit romain. « Ce jeune homme a du sang
aux ongles, dit de lui Cujas ; s'il vit âge d'homme,
il fera du bruit. ■» Le grand jurisconsulte ne se
trompait pas. Avocat au sénat de Chambéry,
Favre s'y fit tellement remarquer par son élo-
cjuence et son habileté, que le duc de Savoie ,
Charles-Emmanuel 1er, le nomma, en 1581, juge-
mage des provinces de Bresse , Bugey , Valro-
mey et Gex, quoiqu'il n'eût pas encore atteint
l'âge légal de trente ans. Trois ans plus tard, il
devint membre du sénat de Chambéry. En 1596,
sur la demande du duc et de la duchesse de
Nemours , et du consentement du duc de Savoie,
il alla présider à Annecy le conseil du duché, de
Genevois ; il se lia dans cette ville avec saint
François de Sales, à qui il dédia le tome XII de
son premier ouvrage. Le saint et le jurisconsulte
célèbre s'entendirent en 1606 pour fonder à
Annecy V kc^Aévmç, Florimontane, qui avait pour
devise entourant un oranger: Flores fructusque
perennes. Malgré cette gracieuse légende , cette
académie ne dura que jusqu'en 1618. Favre rem-
plit ensuite diverses missions à Modènc , à Turin
et à Rome, où il fut ciiargé de réclamer, au nom
(]e la duchesse de Nemours , une partie de la
^nccessjon du duc de Ferrare. De Paris, oii il
vint à la prière de la même princesse, qui l'y
I appelait pour la rédaction d'un testament, il re-
— FAVRE
222
tourna en Savoie en 1611 pour y lever des trou-
pes, et en 1614 il se rendit à Turin à l'occasion
de la succession de Montferrat. Il fut élu alors
membre del'Académie des Belles-Lettres récem-
ment fondée dans cette ville par le cardinal
Maurice de Savoie. En 1618 il fut chargé, avec
saint François de Sales , d'aller conclure à Paris
le mariage du prince de Piémont , Victor-Amé-
dée, avec Christine de France. En le présentant
à Louis XIII, le premier président du parlement
de Paris répondit au roi, qui demandait si c'était
le président Favre dont il avait ouï parler : « C'est
lui-même, sire, et je puis assurer votre majesté
que c'est le premier homme de l'Europe pour
notre profession , un magistrat incomparable et
le plus grand sujet de ce siècle. » La cour de
France voulait s'attacher Favre : on lui offrit la
première présidence du parlement de Toulouse.
Il refusa, satisfait de la haute position qu'il occu-
pait en Savoie depuis 1610, celle de président
du sénat de ce pays, où bientôt il reçut une
nouvelle et éclatante preuve de confiance. Le
marquis de Lans ayant été envoyé en mission,
Favre fut appelé à le remplacer dans le comman-
dement général de la Savoie et des provinces
situées en deçà des monts. Au milieu de tous
ces honneurs , de toutes ces dignités , il resta
pauvre. 11 est certain que son patrimoine ne
s'accrut pas au delà de 500 livres de rente. Sa
bienfaisance était inépuisable. Ses sentiments
d'ordre et d'équité respirent dans son testament,
reproduit par Taisand. Favre a éclairci plusieurs
points obscurs de la législation. Il eut le défaut
de quelques écrivains de son temps ; une cer-
taine subtilité dans l'examen de quelques diffi-
cultés en matière de droit. On voudrait aussi
plus de vigueur et de décision dans le style;
mais on ne saurait refuser à Favre une grande
érudition. On a de lui : Conjecturarum Juris
civilis Libri XX; Lyon, 1580-1581, in-4°; —
De Erroribus Pragmaticorum et Interpretum
Juris; Lyon, 1598, in-4°; — Rationalia in
Pandectas ; Genève, 1604, in-4'' ; — Jurispru-
deniias Papinianae Scientia, ad ordinem Jns-
titutionum imperialium efformata; Lyon,
1607, in-40; — Codex Fabrianus dejinit'ioninn
Jorensium et reritm in senntu Sahnnriirj
tractatarum , in novem libros distributus,
secundum ordinem titulorum Codirls; Lyon,
1606, in-fol. ; — De Montis-Ferrati Ducatu,
contra ducem Mantuœ , pro duce Sabaudiœ
Consultatio ; Lyon, 1619, in-4°; — De Reli-
gione tuenda in Republica; Francfort, 1665,
in-4° , avec les notes de Fritsch. Outre ces traités
sur le droit, Antoine Favre a composé quelques
ouvrages de poésie et de morale ; en voici les
titres : Les Gardians et Maxmin, ou Vambi-
/zoH, tragédie; Chambéry, 1589, in-4'' ; réim-
primée à Lyon, 1596, in-8°; — Entretiens spi-
rituels, divisés en trois catégories de sonnets;
Paris, 1602, in-S"; — Centurie de quatrains
moraux, imprimés d'abord séparément,, puis
223
FAVRÊ
2îf4
avec ceux de Pibrac. Favre publia, en 1603, les
Épîtres morales d'Honoré d'Urfé , son ami.
Talsand, Fies des Jurisconsultes. — Denis Simon, Bi-
bliothèque des Auteurs du Droit. — Perrière, Histoire
du Droit romain. — Nicéron, Mémoires pour servir à
l'histoire des hommes illustres, t. XIX.
FAVRE i Pierre), Voy. Lefèvre.
FAVRE. Voy. Vaugelas.
1 FAVRE ( Ferdinand ) , homme politique
français, né en février 1779, à Couvet, canton de
Neufchâtel (Suisse), où sa famille s'était retirée
par suite de la révocation de l'édit de Nantes.
La révolution de 1789 ramena ses parents en
France, et en 1793, à peine âgé de quatorze
ans, il figurait parmi les défenseurs de la ville
de Nantes, attaquée par les généraux vendéens.
En 1814, il fut appelé comme officier dans la
garde nationale. Après la révolution de Juillet,
il devint maire de Nantes, et il occupait encore
ces fonctions à la révolution de février 1848. Il
protesta alors contre une décision du commis-
saire du gouvernement provisoire, qui, en le ré-
voquant, voulait faire entrer dans le conseil plu-
sieurs nouveaux membres sans recourir à l'élec-
tion. Bientôt il fut choisi pour représentant à
l'Assemblée constituante par le département de
la Loire-Inférieure. Membre de la réunion de
la rue de Poitiers , il fut réélu à l'Assemblée
législative, et y vota avec la majorité. A la suite
du coup d'État du 2 décembre 1851, il a été
envoyé au corps législatif, par la circonscription
de Nantes, comme candidat du gouvernement.
L. Loi) VET.
Biographie des Représentants.
l FAVRE ( Jules-Gabriel-Claude ), avocat
et homme politique français, né à Lyon, le 31
mars 1809, d'une famille de commerçants.
Il faisait son droit à Paris, lorsque éclata la ré-
volution de Juillet 1830, à laquelle il prit une
part active. Peu de temps après , il débuta au
barreau de la capitale. L'indépendance de son ca-
ractère, la nature acerbe de son talent, et le ra-
dicalisme de ses opinions lui acquirent bien vite
une grande réputation. En 1831, il plaida pour
les mutuellistesdeLyon; en 1835, il se présenta
devant la cour des pairs comme un des défen-
seurs des accusés d'avril, et commença sa plai-
doirie par une énergique profession de foi ré-
publicaine. Après la révolution de Féviier, il fut
nommé secrétaire général du ministère de l'in-
térieur, et rédigea cette fameuse circulaire, tant
reprochée à l'administration de M. Ledru-Rollin,
portant la signature de ce ministre et adressée
aux commissaires du gouvernement provisoire
dans les départements pour les engager à agir
vigoureusement dans l'intérêt du nouvel ordre
de choses et à se servir hardiment des pou-
voirs dictatoriaux qui leur étaient conférés. On
lui a reproché aussi les célèbres Bulletins
du ministère de l'intérieur, qu'on affichait alors
dans toute la France; mais on sait qu'ils sont
d'une autre plume, qui pour être féminine n'en
était pas moins passionnée. Élu représentant
à l'Assemblée constituante par le département
de la Loire, M. J. Favre donna sa démission des
fonctions qu'il exerçait au ministère de l'inté-
rieur, et qu'il regardait comme incompatibles
avec son mandat. Il pensa sans doute qu'il n'en
était pas de même du poste de sous-secrétaire
d'État au département des affaires étrangères,
position qu'il accepta de la commission executive,
mais qu'il ne conserva pas longtemps. Rappor-
teur de la commission chargée d'examiner la
demande en autorisation de poursuites dirigées
par MM. Portails et Landrin contre MM. Louis
Blanc et Caussidière, à la suite de la journée du
15 mai, il donna sa démission quand l'Assemblée
eut rejeté cette proposition, qu'il approuvait. II
prononça dans cette assemblée un grand nombre
de discours, et soutint souvent le gouvernement
avec talent; mais on lui reprocha des form.es
anguleuses et hautaines, une fierté triste et pu
ritaine qui ne pouvait supporter la contradic-
tion. Il défendit alors la loi qui rétablissait le
cautionnement des journaux, et combattit vic-
torieusement les propositions de M. Proudhon
Sur le préambule de la constitution il proposa
cet amendement, qui ne fut pas adopté : « Elle
(la république) doit garantir l'existence des
citoyens par le travail dispensé dans les limites
de ses ressources, et par l'assistance à ceux qui
sont hors d'état de travailler. « Après l'élection
du président de la répubUque, M. J. Favre passa
naturellement dans l'opposition , et attaqua sur-
tout ouvertement l'expédition de Rome. H échoua
d'abord aux élections pour l'Assemblée législa-
tive ; mais, par suite de l'option du sergent Com-
missaire, il fut nommé à sa place dans le dépar-
tement du Rhône. Il continua dans cette assem-
blée ses attaques contre la politique étrangère du
nouveau gouvernement, défendit la hberté de la
presse, et combattit la loi de déportation, peine à
laquelle il tenta vainement de faire substituer
celle du bannissement. Élu membre du conseili
général dans les départements de la Loire et du
Rhône après le coup d'État du 2 décembre 1851,
il annonça qu'il ne prêterait pas le serment exigé.
Reprenant alors ses travaux du barreau , on le
vit en 1852 plaider en police correctionnelle pour
les magnétiseurs et défendre Bratiano en 18531
dans l'affaire dite du complot de l'Opéra-Co-'
mîque.
On a de M. J, Favre : De la Coalition des'\
Chefs d'atelier de Lyon; Lyon, 1833, in-S";'
— Sixième procès du Précurseur, plaidoyer^
de M. J. Favre ;Lyon, 1833, in-80; — Ana-\
thème; Lyon, 1833, in-8°; — Cour d'assises\
de Méùères : affaire Lavocat et de Boul-
lenois; procès d'un député contre un élec-
teur ; plaidoirie complète de M«J. Favre;
Paris, 1847, in-8°; — La liberté de la presse,
discours; Paris, 1849, in-fol. ; — Mémoire
pour M. et Mv^- Mongruel, somnambules;
Paris, 1850, in-8°; — Notes pour M. J. de
Rovère; Paris in-4o, 1852. L. Lodvet.
225
FAVRE —
Biog. des Re-
FAWKES
226
Dict. de la Conversation, S" édition.
présentants. i^_a: ; ; ..
FAVîN ( André), historien français, né à Pa-
ris, dans la seconde moitié du seizième siècle. H
était avocat au parlement de eette ville ; mais
les biographes ne nous apprennent aucune autre
circonstance de sa vie. Il s'était occupé de
l'histoire des antiquités de sa patrie. On a de
lui : Histoire de Navarre , contenant l'ori-
gine, les vies et conquestes de ses roys, de-
puis leur commencement jusques à pré-
sent, etc.; Paris, 1612, in-fol. (dédié au roi
Louis Xni); — Traictez. des premiers offi-
ciers de la coronne de France soubz yioz
roys de la première , seconde et troisiesme
lignée; Paris, 1613, petit in-8° (dédié au chan-
celier de Sillery) ; — Le Théâtre d'Honneur et
de Chevalerie, ou l'histoire des ordres mi-
litaires des roys et princes de la chrestienté,
et leur généalogie; de l'institution des armes
et blasons ; roys, héraulds et poursuivants
d'armes, duels, joustes et tournois; Paris,
1620, 2 vol. in-4°, fig.; rare. Ces trois ouvrages
ae s'élèvent pas au-dessus de la médiocrité. Le
Colomesiana cite par erreur l'Histoire de Na-
zies, au lieu de l'Histoire de Navarre, par
Favyn. E. Regnard.
Mnréri, Dictionnaire historique.
FAWATT ( Guillaume), guerrier et écrivain
anglais , né à Shipdenhail, en 1728, mort le
22 mars 1804. Il étudia dans une école libre du
Lancashire, et s'appliqua particulièrement aux
mathématiques. Il entra de bonne heure dans la
iarrière militaire, et suivit le général Eliot en
\Ileniagne avec le grade d'aide de camp. A la
noit du général, il remplit les mêmes fonctions
îuprès du marquis de Granby. A son retour en
Angleterre, après une campagne où il s'était fait
remarquer par sa valeur, il fut présenté au roi
Georges II, à qui il rendit compte des derniers
ivénements militaires, et il obtint le commande-
nent d'une compagnie de la garde avec le grade
le lieutenant-colonel. 11 devint major général,
;n 1777, lieutenant général en 1782, général en
798, enfin gouverneur deChelsea en 1804. Tout
:n s'acquittant de ses devoirs militaires, il s'était
>ccupé de travaux littéraires. On a de lui : une
laduction anglaise des Rêveries ou Mémoires
• ur la guerre par le maréchal de Saxe, sous ce
itre : The Rêveries or Memoirs upon the art
[f war,by field-marshal countSaxe; 1757,
n-4" ; - ■ Régulations for the Prussian ca-
Kilry; ilbl, traduit de l'allemand ; — Régula-
ions for the Prussian infantry ; \lbl, égale-
ment traduit de l'allemand.
Centl. Magaz., 1804. — Faulkner, Hist. of Chelsea.
* FAWKES (Guy), conspirateur anglais, exé-
cuté au mois de janvier 1606. Il était fils d'É-
louard Fawkes, notaire à York et archiviste
le la cour consistoriale de la cathédrale. On ne
ait rien de ses premières années ; cela seulement
;st certain, qu'ayant dissipé son patrimoine, il
NOUV. BIOCR. GÉNÉP.. —. T. XVII.
s'enrôla dans l'armée espagnole des Pays-Bas et
assista à la prise de Calais par l'archiduc Albert
en 1598. A son retour en Angleterre, il y trouva
les cathohques violemment persécutés. Une
conspiration s'ourdit : elle avait pour chefs Ca-
tesby et Percy. Fawkes y entra sous le nom de
Johnson et comme domestique de Percy. Il y fut
affilié par Winter, autre conjuré, qui l'avait
connu à Ostende. Son courage, sa fidélité et son
expérience militaire faisaient de lui \m précieux
auxiliaire. On ne lui révéla pas d'abord le rôle
qui lui était destiné dans l'action, une des plus
audacieuses que l'on eût jamais conçues. Il ne
s'agissait de rien de moins que de faire sauter le
parlement à sa première réunion. Cependant,
les procédures, qui se succédèrent rapidement
contre leurs corehgionnaires, imprimèrent une
nouvelle ardeur aux conspirateurs. Ils s'exhor-
tèrent l'un l'autre à se sacrifier, comme les Ma-
chabées, pour la délivrance de leurs frères, et
se mirent en mesure d'exécuter le plan qui de-
vait leur faire atteindre ce but. Us louèrent, au
nom de Percy, gentilhomme pensionnaire et
comme tel obligé à résider dans le voisinage de
la cour, une maison située auprès du vieux
palais de Westminster, avec un jardin propre à
l'exécution du complot. Ils employèrent seize
heures par jour à pratiquer une mine. Quant à
Fawkes, le prétendu domestique de Percy, il
fut d'abord chargé de faire la garde autour de la
maison. La prorogation du parlement du 7 fé-
vrier au 3 octobre fit ajourner les opérations.
On se sépara immédiatement pour aller passer
en famille les fêtes de INoël, après avoir décidé
que l'on ne s'enverrait ni lettres ni messages.
Cependant, des scrupules s'étaient élevés dans
l'esprit de quelques conjurés : ils se demandaient
s'il leur était permis de frapper en même temps
les innocents et les coupables. Catesby leva ces
scrupules, au moyen d'une consultation prise
auprès du père Gamet, jésuite, pour un cas ana-
logue, celui de la participation possible à une
guerre entreprise pour une cause juste et devant
fcdre tomber des hommes parfaitement étran-
gers aux griefs des puissances belligérantes. La
nécessité de s'affilier des personnages riches ,
tels que Everard Digby et Francis Tresham, fit
avorter le complot. Il paraît certain que, sans
désigner ses comphces, Tresham fut le révéla-
teur de leurs projets. Quelque temps avant
l'époque fixée pour l'exécution, on donna avis à
plusieurs conjurés que le complot était décou-
vert ; mais Percy les raffermit dans leur réso-
lution. Vint enfin le jour désigné pour l'ouverture
de la session ( 5 novembre 1606). La veille au
soir, le lord chambellan, dont le devoir était de
s'assurer de l'accomplissement des préparatifs
usités, commença la visite des bâtiments où
devait siéger le parlement, et , accompagné de
lord Monteagle, il entra dans le cellier. 11 y vit
Fawkes, qui s'y tenait comme domestique de
Percy -, il lui fit observer que son maître avait
8
227
FAWKES — FAYDERBE
228
fait une grande provision de charbon. Cette re-
marque ne déconcerta point le conspirateur, qui,
après avoir averti Percy, revint à son poste
avec la détermination de se faire sauter en
même temps que ses ennemis à la première
apparence de danger. Le 5 novembre, à deux
heures du matin, le jour même de l'ouvei'ture
du parlement, Fawkes, qui devait mettre le feu
aux poudres, vint ouvrir la cave; au même mo-
ment il fut appréhendé au corps par sir Thomas
Knevet, magistrat de Westminster, et une com-
pagnie de soldats. Il était habillé et botté comme
un homme disposé à voyager. On le fouilla ; on
trouva dans ses poches trois allumettes ; dans
un coin, derrière la porte, il y avait une lantei'ne
sourde contenant de la lumière. Les recherches
eurent lieu immédiatement; on enleva le char-
bon, et l'on découvrit deux muids et trente-deux
barils de poudre. Quelques heures plus tard,
Fawkes comparaissait devant le roi et son con-
seil. 11 était ferme etrecueilU. « Son nom, disait-
il, était Johnson, et Percy celui de son maître;
qu'il eût ou nom des complices, c'est ce que
l'on ne saurait jamais de lui. » Quant à son but,
il le proclama sans hésiter : il voulait détruire
le parlement, cause unique des persécutions re-
ligieuses. Puis il refusa de rien ajouter à ces
explications. Cependant, dans les intervalles des
interrogatoires, il répondait avec beaucoup de
présence d'esprit aux questions des courtisans.
A un noble écossais, qui lui demandait pourquoi
il avait amassé au même endroit une si grande
quantité de poudre : « C'est pour faire voler,
dit-il, les mendiants d'Ecosse vers les monta-
gnes de leur patrie. « Au roi Jacques, qui l'in-
tei'pellait sur les raisons qui l'avaient pu porter
à vouloir attenter à la vie de tant de personnes
innocentes , il répondit qu'aux grands maux il
fallait de grands remèdes.
Renfermé à la Tour, et torturé jusqu'à i'ex-^
tréraité, par ordre même du roi, il fut inébran^
lable et refusa de rien révéler avant que ses
complices se fussent dénoncés eux-mêmes , en
se présentant les armes à la main. Ils furent
en effet ou frappés à mort ou pris. La procé-
dure de ceux qui étaient captifs traîna en lon=
gueur, à cause des soupçons que l'on avait au
sujet des jésuites, présumés complices. Enfin, le
27 janvier 1606, les huit conjurés faits prison-
niers comparurent devant leurs juges. Ils furent
tous condamnés, et subirent le châtiment édicté
contre les traîti-es. Sur l'échafaud ils montrèrent
l'assurance qu'ils avaient déployée pendant le
jugement, et Fawkes ne se montra pas un des
moins impassibles. V. R.
I-ingard, HUt. of Engl. — Librairy of Entertaininq
Knowledge, criminal Trials, II. — Hume, Hist. of
Engl.
FAWKES {François), poète et polygraphe
anglais, né dans le Yorkshire, vers 1731, mort
en 1777. Il fut élevé au collège Jésus de Cam-
bridge , où il fut reçu maîtreès arts. Il entra
ensuite dans les ordres, devint curé de Bramham,
et plus tard vicaire d'Orpington. En 1774 il fut
nommé recteur de Hayes. Ses principaux ou-
vrages sont : Bramham Park , [ioëme descrip-
tif; 1745; — The poetical Calendur ; — The
poetical Magazine, en collaboration avec Yoty;
— 'des traductions d'écrivains classiques , tels
que Anacréon , Sapho, Bion, Moschas, Mu-
sxus ; 1760;^ Théocrite : ilGl ; — Apolla-
nius de Rhodes, œuvre posthume, publiée par
Meen; 1780.
Aikin, Gen. fjiog. — i Nichols, Lit.Jnecd.
FAXAKDO {Diego ). Voy. Saa.vedra.
FAY(Dtj). Vorj. DUFAY.
IvhY {André), poète hongrois, néàKobany,
le 30 mai 1786. Il étudia le droit et la philoso-
phie, devint avocat, puis juge à Pesth. Le mau-
vais état de sa santé l'obligea de renoncer h.
ses fonctions. Il se livra alors à l'étude des
belles-lettres. La politique l'occupa également :
il fut, jusqu'à l'apparition de Kossuth sur cette
scène agitée ( 1840), l'orateur de l'opposition
dans le comifat de Pesth. Plus tard , dans la
mesure de ses forces, il ne cessa pas d'être l'un
des représentants de la cause nationale et li-
bérale, en même temps qu'il fut le promoteur
d'un grand nombre de mesures utiles. C'est
ainsi qu'il contribua à la fondation d'un théâtre
national et de la caisse d'épargne de Pesth-
Ofen; qu'il devint directeur de la Société in-
dustrielle , de la Société des Arts, enfin de l'Aca-
démie des Sciences. Il a publié un grand nombre
de poèmes et d'écrits en langue hongroise. Ses
œuvres littéraires ont paru à Pesth, 1843-1844,
huit volumes în-8°.
Convemations-Lexicon.
*FAYAîiia {Henri), médecin français, vivait
dans le Limousin au milieu du seizième siècle. li
publia à Limoges, en 1548, une traduction du
traité de Galien Sur la Faculté de% simples
médicamans , in=8o. Ce volume , devenu foii;
rare, se recommande aux curieux par l'origina-
lité de l'orthographe et de la diction ; elle est
plutôt grecque et latine que française; on croi-
rait entendre l'écolier limousin dont Rabelais
s'est tant moqué. G. B.
Catalogue de la Bibliothèque impériale.
* FAYDERBE OU FAY D'HEKKE {LîCCas),'
sculpteur belge, né à Malines , le 30 janvier
1617, mort dans la m.ême ville, le 31 décembre
1694(1). 11 fut élève de Rubcns pendant trois
années, et exécuta à Anvers , pour le cabinet
de son maître, et d'après ses propres dessina,
de remarquables travaux en ivoii'e et en mar«
bre, qui passèrent plus tard dans la galerie de
l'électeur-palatin. Fayderbe s'adonna à la sculp-
ture, et vint s'établir dans sa ville natale, qu'il
ne quitta plus. Il exécuta d'abord la statue #
Notre- Vame pour l'église du Béguinage àMar
lines ; puis l'un des plus beaux morceaux qui sop
(1) La Biographie générale des Belges prolonge fi
vie de Fayderbe jusqu'en 1C97.
229 FAYDERBE
tirent de son ciseau, une fontaine d'après une
estampe de Rubens , représentant Triton en-
touré de trois naïades et d'un génie. Fay-
derbe devint un des meilleurs architectes de
son temps : il fit bâtir, en 1678, l'église de Notre-
Dame d'Hanswyck à Malines, dont le dôme,
d'une construction pleine de hardiesse, fut orné
par l'artiste de deux magnifiques bas-i'eliefs re-
présentant V Adoration des Bergers et le
Portement de la Croix. Il construisit aussi
l'église du collège des Jésuites , à Malines, et
embellit de véritables chefs-d'œuvre l'église mé-
iropolitaine de Saint-Rom haut. On y voit de lui
le Maître autel; le Tombeau de V archevêque
André Creusen; Saint Charles Borromée et
Saint Joseph. Il se maria en 1640, avec Marie
Suyers, qui lui donna six garçons et autant de
filles. Il exécuta depuis les statues de Saint Si-
mon et de Saint Jacçws, placées dans la grande
nef de l'église Sainte-Gudule, à Bruxelles, et le
f^roupede marbre de Saint Joseph et l'Enfant-
Jésus dans l'église de la même ville. Un grand
nombre de ses statues , bas-reliefs , mauso-
lées, etc. , se trouvent dans les principales villes
de la Belgique.
Biographie f/énerale des hchies.
FAYBiT ( Pie?ve), controversiste et critique
français, né à Riom( Auvergne), dans la pre-
mière partie du dix-septième siècle, mort en
1709. D'abord prêtre de l'Oratoire, il fut ren-
voyé de cette congrégation en 1671, pour avoir
publié un ouvrage cartésien, De Mente hu-
mana , malgré la défense de ses supérieurs.
Faydit, né avec un esprit ardent et singulier, ne
tarda pas à faire du bruit dans le monde. Au
moment le plus vif de la querelle du pape Inno-
cent XI avec le cour de France, Faydit, dans un
sermon sur saint Polycarpe, prêcha contre Inno-
cent XI et compara sa conduite envers la France
à celle du pape Victor envers les évêques asia-
ti<]ues. 11 se réfuta, dit-on, lui-même dans un
autre sermon, publié à Liège. 11 répliqua à cette
réfutation, en faisant imprimer à Maëstricht, en
1687, l'extrait de son premier sermon , ayec
les preuves des faits qui y sont avancés. Un
Traité sur la Trinité, dans lequei il semblait
favoriser le trithéisme, le fit enfermer, en
1696, à Saint-Lazare, emprisonnement qui ne
le corrigea pas de la manie d'écrire d'une ma-
nière grotesque sur des sr^ets sérieux. Il reçut
alors l'ordre de se retirer dans sa ville natale , où
il continua de composer des ouvrages ridicules
et de plaisanter de tout, même de la mort, sur
laquelle il fit des épigrammes. Oiitre les ouvra-
ges mentionnés plus haut, on a de lui : Mémoi-
res contre les Mémoires de l'histoire ecclésias-
tique de Benain de Tillemont ; Bâle, 1695,
in-4o , publiés sous le nom anagrammatique de
Datif II de Tiomi ; — Ba Télécomanie , o?< la
censure et critique dtc roman intitulé : Les
Aventures de Télémaque; Éleuthéroplc , Pierre
Pliilajfethc, I700,in-12. C'est une burlesque
FAYE saO
et grossière satire du chef-d'œuvre de Féne-
lon; 1700, in-12; — Supplément fies Essais
de Littérature pour la connaissance des li-
vres; Paris, 1703 et 1704 ; 6 parties in-12 ; —
Remarques sur Virgile, sur Homère et sur
le style poétique de V Écriture Sainte ; Pai'is,
1705-1710, 2 vol. in-12.
iMoréri, Grand Dictionnaire historique.
FAYDIT. VOIJ. Faidit.
*FAYE {Jean de), prélat français, né dans
la seconde moitié du douzième siècle, d'une fa-
mille noble de Touraine, mort le 23 ou le
26 avi-il 1228. Il était doyen de l'église cathédrale
de Tours, quand, en l'année 1208, il fut appelé
sur le siège métropolitain de cette ville par la
majorité des évoques suffragants. Ce fut toute-
fois une élection orageuse, car un grand nombre
de suffrages se portèrent sur Robert de Vitré,
chantre de l'église de Paris ; et la mort presque
subite de Robert décida seule le choix d'Inno-
cent in, qui ne savait trop, en la présence des
deux compétiteurs, à quelles mains confier le
pallium. L'ordination de Jean de Fayc se fit en
1209, par les soins d'Hamelin, évêquedu Mans,
Ce fut un archevêque fort occupé. On trouve
son nom dans un grand nombre de chartes re-
latives à l'administration ecclésiastique de sa
province : en outre, en ces temps pleins de tu-
multes civils, il fut souvent prié par les souve-
rains pontifes d'intervenir dans les affaires inté-
rieures de la France, de laBi'etagne et même de
l'Angleterre. Les lettres qu'il reçut d'Honorius III
se trouvent pour la plupart dans le tome XIX
du Recueil des Historiens de France; mais
on en peut lire plusieurs, qui n'ont pas en-
core vu le jour, parmi les précieuses copies
faites à Rome par La Porte du Theil ( Bibl.
impér., département des mss.). C'est Jean de
Fayc qui introduisit les Minimes dans la ville de
Tours. 11 eut de grands démêlés avec Maurice,
évêquedu Mans, qu'il suspendit de ses fonctions
])astorales , et excommunia Pierre Mauclerc , à
cause des persécutions qu'il avait exercées contre
Étieiuie, évêque de Nantes. B, H.
Maan, Scinda Metropo!. Turonensis, p. 133. — Ber,
Callic. Scriptorcs, t- XIX. — Epistolx Honorii III ;
dans la coUection de I,a Porte du Theil. — Moricius,
i'robaf. Hist. Brit., t. I. — Baluzius, Epist. Innocen-
ta 111, lib. XI. - Gallia christ., X. XIV.
FAYE (^arf/j^Zem?/), sieur d'EsPEissES, jn.
risconsulte lyonnais , vivait dans la seconde
moitié du seizième siècle. Sa famille était une
des plus anciennes du Lyonnais. Nommé con-
seiller au parlement de Paris, il s'acquitta do
ces fonctions en magistrat expérimenté. Pins
tard il fut appelé à la présidence de la chambre
des enquêtes. C'est à lui que sont dédiés les
deux premiers livres des Observations de Cu-
jas. On a de Fayc : Energumenicus et Alexïa-
eus ; Paris, 1571, in-8°,
Cujas, Opéra.
FAYE ( Jacques ) , seigneur d'EsPEissES, fils
du précédent, homme d'État et jurisconsulte
S.
231
FAYE — FAYET
232
français, né à Paris, en 1543, mort à Senlis, le
30 octobre 1590. Après une jeunesse dissipée,
il s'attaclia au duc d'Anjou, depuis Henri III,
et devint son maître des requêtes. Il accompa-
gna ce prince en Pologne. Après la mort de
Charles IX, il fut dépêché en France pour y
annoncer le prochain retour d'Henri III , et re-
mettre à Catherine des lettres de régence.
Henri III, assuré de la couronne de France,
songea à conserver celle de Pologne, et confia à
Jacques Faye le soin d'aller gagner les palatins
polonais. Faye se donna beaucoup de mouve-
ment, et déploya une grande habileté pour rem-
plir cette difficile mission. Un moment il crut
avoir réussi, et un éloquent discours latin, qu'il
prononça à la diète de Stendzic, sembla faire pen-
cher la balance du côté d'Henri lU ; mais, après
plusieurs mois de discussions, le parti contraire
l'emporta. De retour en France, Faye fut ré-
compensé de son zèle par la place de maître des
requêtes au conseil d'État. Il acheta peu après
la charge d'avocat général au parlement de Pa-
ris..Dans cette position, que les circonstances
politiques rendaient très-difficile , Faye montra
une grande décision de caractère et une rare
fidélité à Henri III. Moins savant peut-être que
la plupart de ses collègues, il l'emportait sur eux
par son éloquence précise, ferme, allant droit
au but, sans s'embarrasser de citations pédan-
tesques et de redondances oratoires. « Notre
parler, disait-il, doit être mâle, habillé de court
comme les hommes, et non de long comme les
femmes. « Après la journée des Barricades , il sui-
vit Henri IH à Tours, et fut nommé président à
mortier. Aux états de Blois , il s'opposa très-vi-
vement'à l'admission en France des décrets du
concile de Trente , sous prétexte que ces dé-
crets étaient moins l'œuvre du concile que celle
de la cour de Rome. « Pendant que le concile
délibère à Trente , disait-il , tout se décide à
Rome. Les honnêtes gens sont indignés et s'é-
crient ; Le Saint-Esprit ne réside donc pas à
Trente, puisque chaque semaine on l'envoie de
Rome en valise. » L'assassinat du duc de Guise,
acte que Faye désapprouva tout en restant fidèle
à Henri III, consomma la rupture entre la Ligue
et le parti royaUste. Le parlement resté à Paris
destitua Faye : celui-ci travailla et réussit à
constituer à Tours un parlement rival de celui
de Paris. Il en fut le président. Il usa aussi de
toute son influence sur le roi pour le rapprocher
d'Henri de Navarre , et fut un des premiers à
se rallier à ce prince après l'attentat de Jacques
Clément. U suivit Henri IV au siège de Paris,
et déploya à cette occasion l'intrépidité d'un ca-
pitaine aussi bien que la fermeté d'un magistrat.
Atteint d'une fièvre mahgne, il fut ti'ansporté à
Senlis, où il mourut, à l'âge de quarante-six ans.
« Faye, dit Loisel, était unhommede grand sens
et d'une profonde doctrine, joints à une mer-
veilleuse éloquence ; il négligeait les formalités de
Justice, en quoi il se trompait; mais il avait
d'ailleurs tant de belles qualités, que ce défaut
était supportable à son égard. » On a de lui :
Avertissement sur la réception et la publica-
tion du concile de Trente. Cette pièce, publiée
en 1583, a été insérée dans les Mémoires deDu-
plessis-Mornay, t. I^", dans la Bibliothèque
canonique de Bouchel, et dans Y Histoire de la
réception du concile de Trente, par l'abbé
Mignot, t. II; — des Lettres de Faye et le Bis-
cours latin qu'il prononça à la diète de Stend-
zic se trouvent dans l'ouvrage publié par son
fils, Charles Faye, sous le titre de Recueil de di-
verses pièces servant à l'histoire; Paris,
1635, in-8''.
GWlot, Lettre sur la vie de Jacques Faye ; dans le Be-
cueil de diverses pièces. — Loisel, Opuscules.— Pasquier,
Lettres. — DeThoH, Historia, 1. XCV. — Talsand, p-ies
des plus célèbres Jurisconsultes. — Le Cic Ed. Faye,
Trois Jurisconsultes célèbres au seizième siècle.
FAYE (Charles ) , sieur d'EsPEissES, négocia-
teur français , fils du précédent, né à Paris, vers
1577, mort le 5 mai 1638. Il fut conseiller au
parlement de Paris et ambassadeur en Hollande.
On a de lui : Mémoires sur les événements du
temps, de 1607 à 1609; Paris, 1632, in-8°. Les
Négociations diplomatiques de Charles Faye
forment six vol. in-fol., et se trouvent à la Biblio-
thèque impériale de Paris.
Le P. Lelong, Bibliothèque historique de la France.
FAYE ( Charles), controversiste français,
oncle du précédent , vivait vers la fia du sei-
zième siècle. Il était conseiller-clerc du parle-
ment de Paris, abbé de Saint-Fuscien et archi-
diacre de Notre-Dame. On a de lui : Discours
des raisons et moyens contre les bulles mo-
nitoriales de Grégoire XIV; Tours, 1591-1593,
in-8°. On lui attribue une réponse à l'écrit de
Génébrard sur V Excommunication , etc.
Le P. Lelong , Bibliothèque historique de la France.
FAYE (La). Voy. La Faye.
FAYEL. Voy. CoucT et Vergy.
* FAYET {Pierre), historien français, né
vers 1545. Il était fils d'Antoine Fayet, sieur de
Maugarny, conseiller du roi et trésorier extraor-
dinaire des guerres , et il exerça l'emploi de
greffier de la prévôté d'Étampes. On lui doit
l'ouvrage publié par M. Victor Luzarche sous le
titre suivant : Journal historique de Pierre
Fayet sur les troubles delà Ligue ; Tours, 1852,
in-8°, tiré à 150 exemplaires seulement. Les inci-
dents domestiques de la vie de l'auteur y sont ra-
contés, en même temps que les plus grands évé-
nements du seizième siècle , avec une naïveté qui
n'est par sans charme. Le manuscrit de Fayet, que
n'ont point cité les auteurs de la Bibliothèque
historique de la France , a été acheté , en
1850 , à la vente de la bibhothèque de Villenave,
dans le catalogue de laquelle il est décrit sous
le n» 1610. E. R.
Préface de l'éditeur, en tête du Joum. hist. de P.
Fayet.
FAYET {Jean-Jacques), prélat français, né
à Mende, le 26 juillet 1787, mort le 4 avril 1849.
233
FAYET — FAYOLLE
234
Son père, d'abord avocat au bailliage du Gévau-
dan, puis juge de paix de Mende, n'échappa
à la mort lors de la révolution qu'en se cachant
longtemps dans un four. Le j eune Fayet , qui avait
alors six ans, passa chez une tante les funèbres
jours de la terreur. A dix ans , on le fit entrer
chez un instituteur de Lyon, qui eut depuis pour
élève M. de Lamartine. Il vint ensuite à Paris
étudier le droit, et se fit- recevoir licencié. Destiné
par son père à des fonctions qui ne lui convenaient
point, il prit la résolution d'entrer à Saint-Sulpice.
Après avoir reçu les ordres mineurs et le sous-
diaconat, on le chargea de l'œuvre des caté-
chismes de Saint-Sulpice, très-renommés à cette
époque. C'est lui qui dirigea le premier les ca-
téchismes de persévérance, qu'on appelait l'A-
cadémie. En 1811 Fayet fut ordonné prêtre par
l'évêque de Mende, qui l'avait appelé dans
son diocèse pour lui confier l'organisation
de catéchismes semblables à ceux qu'il avait
dirigés à Paris. L'abbé Fayet quitta Mende, où il
rentra pour professer le dogme , après un sé-
jour de deux ans à Quézac en qualité de vi-
caire. Il était principal du collège de Mende
lors des événements de 1814 et 1815. Ses com-
patriotes le placèrent à la tête de l'administra-
tion civile ; il sut se rendre utile dans ces diffi-
ciles conjonctures, et par son énergie il put
maintenir l'oi'dre dans un département où les
esprits étaient surexcités. Pour le récompenser
de ses services , le duc d'Angoulême le nomma
chevalier de la Légion d'Honneur. L'œuvre des
missions venait d'être créée ; l'abbé Fayet fut un
de ceux qu'on choisit pour aller évangéliser
dans la province. La Touraine, Clermont et Bor-
deaux reçurent successivement de sa bouche
les enseignements de l'Église. Rentré à Paris, il
coopéra avec de Bonald, Lamennais, Cha-
teaubriand, etc., à la fondation du journal Le Con-
servateur, publication dirigée contre le ministère
Decazes. De là il alla à Rouen pour y remplir
les fonctions de grand- vicaire ; puis il fut nommé
professeur de morale à la Faculté de théologie.
Mais un brevet d'inspecteur général des études,
qu'il devait à Frayssinous, le fit revenir de
Rouen. Ayant cherché en cette qualité à faire
élever au rang de collège royal le collège muni-
cipal de Mende, les habitants de cette ville , dans
leur reconnaissance , lui proposèrent de les re-
présenter à la chambre des députés. L'abbé Fayet
lit sa profession de foi, dans laquelle il ne crai-
gnit pas de dire que la « monarchie s'engageait
dans des écueils ». Combattue par le pouvoir,
cette élection tourna à son avantage ; au second
tour de scrutin, il obtint la majorité. Mais il se
désista, on n'a pas dit pourquoi, en faveur du
lieutenant général Brun de Villeret. Ici l'abbé
Fayet disparut pendant quelque temps. Des
bruits scandaleux avaient couru sur son compte;
il les laissa passer, et alla s'enfermer à la Trappe.
Vers la fin de 1832,1e prince deCroï, cardinal-
archevêque de Rouen, lui confia l'administration
de son diocèse. Il est de notoriété pubUque que les
mandements du cardinal ( lui-même ne s'en ca-
chait pas ) étaient écrits par le grand-vicaire. Ces
instructions pastorales ont été beaucoup remar-
quées à l'époque où elles parurent. Curé de Saint-
Roch vers 1841, Fayet ne tarda pas à être promu
à l'cpiscopat, et devint évêque d'Orléans en 1842.
Ce diocèse lui doit l'érection d'un petit séminaire.
Il fut un des évêques qui cherchèrent à s'opposer
à la réforme des bréviaires non conformes à celui
de Rome, proposée par dom Guéranger. Sa polé-
mique contre le supérieur des Bénédictins de So-
lesme fut loin d'être victorieuse. L'introduction
depuis cette époque du bréviaire romain dans un
grand nombre de diocèses a infirmé son opinion,
qui n'a plus d'ailleurs qu'un petit nombre d'adhé-
rents. En 1848 le département de la Lozère
nomma Fayet un de ses représentants à l'Assem-
blée nationale. Il n'y brilla point, si ce n'est par
des mots spirituels, qui lui ont fait une cer-
taine célébrité. Il est mort du choléra, au mo-
ment où l'Assemblée nationale allait terminer sa
session. Fayet a joui longtemps d'une grande
réputation comme orateur chrétien ; il paraît qu'il
fut vraiment éloquent. On a de lui : Examen
impartial de l'avis du Conseil d'État tou-
chant la lettre de M. le cardinal de Cler-
mont-Tonnerre. A. R.
L'Ami de la Religion. — Biographie du Clergé con-
temporain. — Biographie impartiale des Représentants
du 'peuple à l'Assemblée nationale. — Renseignements
particuliers,
FAYETTE (La.). Voy. La FayETTE.
* FAYEW (/ea>i), médecin, géographe et poète
français, né à Limoges, au seizième siècle. Avec
une réserve digne de l'avare de Molière , il signa
le fameux procès- verbal de conciliation entre les
médecins de Limoges : « Sans préjudice, dit-il,
des droictz de préférence qui me sont acquis
depuis la mort de feu monsieur Paris de Buat. »
Il prit fait et cause pour Chabodie dans la grande
querelle de ce dernier avec Jean David ( voy. ce
nom).Fayen estauteur de Poésies latines et fran-
çaises etd'xme Carte du Limousin, enrichie d'un
plan de^ Limoges fortifiée , avec des remarques
sur les mœurs et coutumes de ce pays. Cette
carte a eu de nombreuses éditions, dont une ren-
ferme ces vers de Blanchon Joachim :
Homère, Déraosthène et Archimède ensemble,
Lyraogcs a nourri, où la vertu s'assemble ;
Muret, Dorât. Fayen, trois excellents esprits :
Muret son Démosthène, et Dorât son Homère;
Fayen, son Archimède, ayant sa ville mère.
Sa province et son plan heureusement compris.
Martial Acdoin.
Deuxième Registre consulaire de Limoges. —Auguste
du Boys et l'abbé Arbellot , Biog. des Hom. il/usf. du
Limousin.
FAYOLLE {François-Joseph-Marie ) , poète,
éditeur, musicien , littérateur, critique et mathé-
maticien français,né à Paris, le 1 5 août 1 77 'i , mort
dans la môme ville, le 2décembro 1852. Il était fils
d'un dentiste. Après avoir fait à Juilly d'excel-
lentes études , le jeune FayoUe étudia avec succès
235
FAYOLLE
les sciences exactes sous Lagrange , Prony et
Monge , lors de la formation de l'École centrale
des Travaux publics (depuis|École Polytechnique),
où il fut admis comme élève en 1794. Cependant,
il préféra se livrer exclusivement à la littérature,
et publia plusieurs éditions assez correctes de
certains poètes de second ordre pour les éditions
stéréotypes de Didot, presque toutes précédées
de ses notices. Fayolle, doué d'une imagination
fort vive , étudia aussi la musique avec ar-
deur, et sou talent sur le violon et le violon-
celle lui valut bientôt la réputation d'un ama-
teur distingué. C'est à cette époque ( 1809) qu'il
traduisit ou plutôt fit traduire de l'allemand ,
selon M. Fétis, qui lui reproche de nombreux
contre-sens, le Dictionnaire historique des
Compositeurs célèbres , ouvrage estimé d'Er-
nest-Ludwig Gerber. Fayolle ajouta au texte
original plusieurs notices sur les musiciens fran-
çais. Il avait proposé à Choron , son ancien
condisciple , de s'associer pour la publication de
ce dictionnaire; mais celui-ci n'y prit qu'une
part très-minime , plus estimée que celle de son
collaborateur. Fayolle, qui avait mal administré
sa fortune, se vit forcé, en 1820, de passer en
Angleterre , où il vécut du produit de ses leçons
de mathématiques, de musique et de littérature ,
tandis que ses créanciers faisaient vendre sa belle
bibliothèque et sa riche collection d'instruments.
En l'année 1829, il rentra dans sa patrie, et à
l'aide des minces ressources qu'il s'était faites ,
il put se retirer dans la maison de Sainte-Per-
rjne , à Chaillot, où il mourut. Fayolle, dont la
mémoire était très-meublée, avait la repartie
prompte et son esprit avait généralement l'allure
frondeuse. Cette disposition naturelle avait en-
gendré chez lui la singulière manie de faire des
distiques sur tout et à propos de tout. On a de
Fayolle : Discours en vers sur la Littérature et
les Littérateurs ; 1 80 1 , in-8°; réimprimé en 1 8 1 4 ;
— Les Quatre Saisons dit Parnasse, recueil de
prose et de vers;Paris, 1805-1809, 16vol. in-l2;
— L'Esprit de Rivarol; Paris, 1808, in-1 2 (an-
onyme); — Dictionnaire des Musiciens; 1810-
1812, 2 vol. in-8" : il y a des exemplaires portant
la date de 1817> mais c'est la même édition, dont
le frontispice seul a été changé : — Petit Ma-
gasin des Dames; 1802-1810, 8 vol. in-8°; —
Notices sur Corelli, Tartini, Gaviniès, Pu-
gnani et Viotti; 1810, in-8o : ces notices sont
détachées d'une Histoire du Violon, que l'auteur
avait commencée et qu'il n'acheva point; —
Notice sur la Vie et les Ouvrages de Colar-
deau; (Paris, 1811), in-8°; -^ Dialogue des
Morts: Racine et M^ne dp, sévigné ; sur l'O-
pinion; Paris, 1814 , in-8° (anonyme ) ; — Es-
prit de Sophie Arnould; Paris, 1813, in- 12
(anonyme); — Le Génie, ode; Paris, 1814,
in-8°, tirée à 100 exemplaires seulement, et non
livrée au commerce; — Le Goilt , ode; 1814,
in-8°; — Pour et contre Delille, oit recueil
des divers jugements j^ortés sur ses ouvrages
- FAYOT 23G
par des critiques célèbres, Voltaire, Lebrun,
Geoffroy, etc.; Paris, 1816, in-8°; — Acon-
tologie , ou dictionnaire d'Èpigrammes , par
ordre alphabétique; Paris, 1817, in-i2 ; — Cours
de Littérature en exemples ; Paris, 1817-1820,
in-12. Une nouvelle édition, en 2 vol. in-1 2,
parut en 1822 ; -r Paganini et Bériot, 1830,
br. in-8°, dirigée contre le premier. Comme édi-
teur, Fayolle a publié : Le Calcul des Probabi-
lités de Condorcet; 1805, in-8^; — Les Mé-
langes littéraires, composés de morceaux
inédits de Caylus, Diderot, André Chénier, etc. ;
1816, in-12; — Œuvres de Collé; 1809, 3 vol.
iii-8°; — La Chandelle cVArras, deDulaurens;
1807; — Œuvres de Gresset; 1806; — CEtt-
vres choisies de Bernard ; \.%ib ; — Œuvres
diverses de La Fontaine; 1814; — Œuvres
choisies de Chdteaubrun et de Guimond de
ÎM Touche; 1814, in-12. — Il a aussi coopéré
à la publication des OEuvres de J.-J. Rous-
seau, avec Naigeon et Bancarel ; Paiis, 1801, 20
vol. in-8''. On doit aussi à Fayolle une traduction
du sixième livre deVÉnéide,i?i08,et une traduc-
tion du Cimetière de Campagne, élégie de Gray,
1814. Ed. DE Manne.
Fétls, Biographie des Musiciens. — Beuchot, Journal
de la Librairie. — Quérard, France littéraire.
FAYOL5-E ( Paul- Antoine) , publiciste fran-
çais, cousin du précédent. Né à Paris, en 1778,
mort à Charenton, en 1828. Il se fit remarquer
par ses opinions bonapartistes, qui le compro-
mirent plusieurs fois après la chute du gouverne-
ment impérial. En juin 1820, il fut arrêté comme
affilié à une société insurrectionnelle, et fut con-
damné à quelques mois de prison. Ses facultés
intellectuelles se dérangèrent peu après, et sa
famille fut obligé de le faire consigner dans une
maison de santé, où il mourut. On connaît de lui :
Lettre d'un Français au Roi ; Paris, 1815, in-8";
— Journée du Mont-Saint-Jean ; Paris, 1818,
in-8", pubhé sous le nom de Paul. — ;,Adresse à
la Chambre des Députés sur le rappel des
bannis, l'organisation des vétérans, et le
renvoi des Suisses; Paris, 1819, in-S". C'est à
tort que Quérard, dans sa France littéraire, a
attribué ces ouvrages à François-Joseph-Ma-
rie Fayolle. A. Jauin.
Biographie des Contemporains,
* FAYOT (Alfred-Charles-Frédéric) , his-
torien et publiciste français , né à Paris , le 25
décembre 1797. Il fut, jeune encore, attaché,
comme rédacteur, au ministère des affaires
étrangères , puis au bureau des archives de la
commission de liquidation des créances étran-
gères. Il puisa dans ces deux emplois des docu-
ments curieux, qui lui permirent de publier une
suite de piquantes brochures sur les questions
politiques du moment et un travail complet et
historique sur les discussions qui eurent lieu
dans le parlement d'Angleterre en 1716 relati-
vement au bill septennal. II publia aussi la col-
237
FAYOT — FÂYPOULT
îection des Discours politiques du. comte de
Fontanes; Paris, 1821, m-8°. En 1828 M. Fayot
(juitta son emploi pour coopérer activement à la
rédaction de plusieurs grands journaux de l'é-
poque. Il renonça dès lors à rentrer dans les
affaires ; et malgré les honorables relations qu'il
continua d'entretenir avec la plupart des hommes
d'État éniinents , il ne voulut plus rien devoir
qu'à sa pkune. Le dévouement qu'il professait
pour la cause napoléonienne contribua surtout à
cette détermination. Parmi ses nombreuses pro-
ductions, la plupart anonymes , nous citerons :
Jb'ssai hislorique sur Thadée Kosciusko; Paris,
1820, in-8°; réimprimé sous le titre de Notice
sur la Vie de Thaddeus Kosciusko; Paris,
1824, in-8"; — Conjuration de quatre-vingt-
seize gentilshommes polonais, écossais, sué-
dois et français, contre le gouvernement
russe, et massacrés dans les ruines du châ-
teau de Macijoivicke, trad. de l'anglais (tra-
duction supposée); Paris, 1821, in-8°; réim-
primée sous le titre de Conjuration de Maci-
joivicke; Paris, 1822, in-8°; — Histoire de
France depuis 1793 jusqu'à Vavénement de
Charles X,j)our servir de continuation àV his-
toire d'Anquetil; Paris, 1830, 16Tol.in-8°; —
Histoire de Pologne , depuis son origine jus-
qu'en 1831 ; Paris, 1831-1832, 3 voi.in-18, avec
portrait et cartes ; — Précis historique bur le
duc de Reichstadt, avec portrait ; Paris, 1832,
in-8°; — dans le Livre des Cent-et-un , t. XII,
La Mort de Carême, et t. XIII, Un Parisien à
Sainte- Hélène; — une réfutation de Y Histoire
de Napoléon de Walter Scott; — Causeries de
Chasseurs et de Gourmets, almanach desC'^os-
seurs ; — Revue du Comfort , publiée dans la
Collection de toutes les Chasses; — une col-
lection de romans traduits ou refaits de M""' la
comtesse Mole, parmi lesquels : Un Mariage du,
grand monde , Trivelyan, Une Faute, Lucie
Craylin , Marguerite Lindsaij , etc. On doit
aussi à M. Fayot une édition complète des Œu-
vres de Carême; M. Fayot y a joint une Notice
pleine d'intérêt sur la vie de ce célèbre cuisinier;
— Le Mémorial de Sainte-Hélène , illustré par
Cliarlet; Paris, 2 vol. in-4'' : c'est la reproduc-
tion intelligente et sagement réduite des ouvi-ages
de Las Cases, Warden, O'-Méara etAntomarchi,
suivie du Retour des cendres de Napoléon en
France, et précédée d'un judicieux Commen-
taire; cette édition a eu un immense succès;
— Les Classiques de la Table , dans lequel se
trouvent La Gastronomie de Berchoux, L'Art
de diner en ville de Colnct , la Physiologie du
Goût par Brillât-Savarin, des fragments de
Fontanes, Lalane, Parny, etc. Cinq éditions
( dont la dernière est de 1855) n'ont pas épuisé la
vogue de ce recueil!; — les Œtivres choisies de
Parny, précédées d'une iYo^icerf^^fli^^éc sur l'au-
teur et ses ouvrages ; Paris, 1821, 2 vol. in-S" ; —
M. Fayot a écrit de nombreux articles de critique
ariisiiquedans presque toutes les publications pé-
riodiques, ainsi que des biographies intéressantes
dans V Encyclopédie des Gens du Monde, dans
le Dictionnaire de la Conversation, dans la
Biographie générale, etc. A, de L.
Documents -particuliers.
FATPOUIiT DE MAISONCEL,LE(GMJZZa«We-
Charles, chevalier), homme d'État français , né
eh Champagne en 1752 , mort à Paris, en oc-
tobre 1817. Il fit ses études à l'école militaire de
iVIézières, d'où il sortit avec le gi'ade de lieute-
nant du génie. Attaché aux fortifications du port
de Cherbourg , il devint rapidement capitaine ;
mais, n'ayant pu se faire employer dans l'expé-
dition d'Amérique, il se retira du service.
Faypoult se montra partisan des idées nouvelles.
En 1792 il était électeur de Paris et membre
dtî club des Jacobins. Ses qualités solides, son
caractère conciliant le fii-ent apprécier des mem-
bres du gouvernement d'alors; Roland le nomma
chef de division au mmistère de l'intérieur, et
Garât, plus tard, lui confa les fonctions de se-
crétaire général du même ministère. Il ne prit
aucune part aux luttes qui ensanglantèrent la
France, et se renferma strictement dans les de-
voirs de sa place. Néanmoins, frappé par le dé-
cret qui proscrivait tous les nobles , il dut cher-
cher en province un asile ignoré. Après le 9 ther-
midor il rentra dans l'administration, et fut
nommé ministre des finances , à l'avènement du
directoire (octobre 1795). Il quitta le ministère
quelques mois après , fut remplacé par Ramel et
envoyé à Gênes en qualité de ministre plénipo-
tentiaire. Cette ville était depuis longtemps le quar-
tier général des agents royalistes et de ceux des
puissances coahsées contre la république fran-
çaise. Faypoult exigea dès son arrivée l'expulsion
des émigrés et le renvoi de l'ambassadeur autri-
chien. Le vice-amiral anglais Nelson s'était em-
paré (11 septembre 1796) d'un bâtiment fran-
çais , la frégate La Modeste, dans le port même
de Gênes , et malgré les conditions de neutralité.
Faypoult somma le gouvernement génois de
mettre l'embargo sur les navires anglais qui se
trouvaient dans les eaux du Ponant et de rompre
toutes relations avec le gouvernement britan-
nique. Son énergie, appuyée par la marche de
quelques bataillons français , triompha de toutes
les résistances, et la France obtint une ample
réparation. Quelques historiens ont accusé Fay-
poult d'avoir fomenté les troubles qui le 21 mai
1797 mirent aux mains dans les rues de Gênes
les démocrates et les partisans de l'oligarchie.
Toujours est-il qu'après le triomphe de ces der-
niers , il fut menacé et insulté par la populace,
qui avait pris parti pour la noblesse. Il informa
de sa position le général en chef Bonaparte;
celui-ci détacha aussitôt de .son armée vic-
torieuse un corps de 12,000 hommes, com-
mandé par Sahuguet , « pour aller rétablir
dans Gênes l'ordre troublé ». Il fit précéder ces
troupes de son aide de camp La Yalletle, porteur
d'une lettre pour le sénat génois. A la lecture
239
FAYPOULT — FAZIO
240
de cette missive (29 mai 1797) (1), les sénateurs
accomplirent eux-mêmes la révolution qu'ils
avaient comprimée. Ils mirent en liberté les dé-
mocrates compromis, et prièrent Faypoult d'aller
avec trois délégués recevoir des mains du gé-
néral français une constitution démocratique.
Cette mission s'accomplit à la satisfaction des
deux partis, car le gouvernement génois fit
frapper une médaille comméraorative avec cette
légende : A Napoléon Bonaparte et à Guillaume
Faypoult, la Ligurie reconnaissante. Rem-
placé à Gênes par Belleville peu après, Fay-
poult fut tour à tour chargé de missions di-
plomatiques ou financières à Rome , à Milan et
à Naples. Il concourut activement à la courte
émancipation des peuples italiens et à la créa-
tion des diverses républiques qui se partagèrent
un instant la Péninsule italique. Il s'éleva vive-
ment contre les dilapidations que commettaient
les états-majors français, et accusa surtout Bon-
amy et Championnet {voy. ces noms). Ces géné-
raux , d'abord condamnés , furent réhabilités , et
Faypoult se vit à son tour, en 1 799, accusé de con-
cussion par Bertrand du Calvados. Le Directoire
fit instruire le procès ; mais ces poursuites n'a-
boutirent point : la journée du 1 8 brumaire vint les
mettre à néant, et Faypoult fut appelé à la préfec-
ture de l'Escaut. En 1808 la mer rompit les digues
et inonda le département confié à l'administra-
tion de Faypoult. Une enquête eut lieu : il en ré-
sulta que des sommes importantes destinées à
l'entretien des travaux d'endiguement avaient
été dissipées dans les bureaux de la préfectui'e.
Faypoult fut accusé de négligence et destitué. Il
se retira alors à Audenarde, où il créa mie fila-
ture de coton. Cette entreprise semblait en pleine
voie de prospérité lorsqu'un incendie, dont les
causes sont restées inconnues, vint anéantir
complètement bâtiments , marchandises et mé-
caniques. Il se rendit alors en Espagne, où le
roi Joseph Bonaparte lui confia par intérim le
portefeuille de la guerre et plus tard celui des
finances. Faypoult remplit ces difficiles fonctions
avec une intelligence remarquable ; mais il dut
rentrer en France à la suite des événements de
1813. Napoléon lui confia alors une mission
auprès de Joachim Murât; les efforts du diplo-
mate, que n'appuyait plus la victoire , ne purent
empêcher le roi de Naples d'abandonner la cause
de l'empire. Faypoult resta sans emploi sous la
Restauration; en avril 1815 il accepta de Napo-
léon la préfecture de Saône-et-Loire. Après l'in-
vasion de la Bourgogne par les Autrichiens , il
remit ses pouvoirs à de Rigny, nommé préfet
(1) Bonaparte exigeait : 1° la liberté immédiate des
Français incarcérés ; 2° l'arrestation des Génois qui avaient
excité le peuple contre la France; 3° le désarmem^it de
la populace, « faute de quoi, ajoutait le général, le repré-
sentant de la république française sortira de la ville à
l'instant et l'aristocratie génoise aura existé. Les têtes
des sénateurs me répondront de la sûreté de tous les
Français qui sont à Gênes , comme les États entiers de
ia république me répondront de leurs propriétés. »
par Louis XVni,et se retira quelquetemps à Gand •
Sa mauvaise santé le ramena à Paris, où il mourut,
ne laissant qu'une fille adoptive, mariée au baron
de Ségonville , ancien colonel de hussards. On a
de lui : Essai sur les Finances; Paris, an m
( 1795 ), in-S° ; — Statistique de V Escaut; Gand
etParis, anx. H. Lesueur.
Moniteur universel , ans iv, 89, 91 , 95 ; 153, 274 ,
290; VI. 23, 193, 356; vil, 27, 273, 323; Vin, 687, 1322 ; X ,
427, 1343, 1382. — Mémoires de Bouricnne, livA^'^, ch. 10.
— Galerie historique des Contemporains. — Biographie
de tous les Ministres. — Vincens , Histoire de Gênes,
t. III, chap. VI, p. 417.
FAYTHORNE ( William). Voy. Faithorn.
FAZARi. Voy. Fezari.
FAZELLi (Thomas), historien sicilien, né à
Sacca, en 1490, mort à Palerme, le 8 avril 1570.
Il entra dans l'ordre des Dominicains, professa
la philosophie à Palerme, et acquit une grande
réputation de savoir et de piété. Il ne tint qu'à
lui d'être élevé à la dignité de général de son
ordre; il refusa cette dignité, qui l'aurait détourné
de ses études. Invité par Paul Jove à écrire l'his-
toire de la Sicile , il consacra vingt ans à ce tra-
vail difficile. Son ouvrage est intitulé : De Rébus
Siculis Décades duse; Palerme, 1558, 1560,
in-fol.; insérédans les Rerum Sicularum Scrip-
tores veteres et recentiores prxcipui^, Franc-
fort, 1579, in-fol.; traduit en italien par Re-
migio; Venise, 1574, in-4". La meilleure édition
des Décades de Fazelli est celle de Catane,
1749-1753 , 3 vol. in-fol., avec des notes et des
additions par Statella.
Mongitore, Bibliotheca Sictcla.
* FAZIL, surnom poétique d'Orner, poète
turc, mort en 1225 de l'hégire (1810 de J.-C).
Il était fils de Dhaher ou Thahir, pacha d'Acre,
entra au service de la Porte, et devint khodjah.
On a de lui : Quelques Tarihh (chronogram-
mes), long poème ijui contient la description
ethnographique des femmes de trente-cinq'vilies
ou nations différentes. Il a été imprimé à Cons-
tantinople ; mais on en a prohibé la mise en circu-
lation , à cause des passages indécents qui s'y
rencontrent. De nombreux extraits de cet ou-
vrage ont été traduits en vers allemands par
M. de Hammer : Zenan-Nameh ( Livre des
Femmes). E. B.
J. de Hammer, Gesc/j. der Osmanischen Diclttkunst .
tom. IV, p. 428-603. — JaA?-6îïcAer der Liier. de Vieiin.,
t. LXXIV, p. 29.
* FAZIO DEGi.' ïJBERTi, poëte italien, né
à Florence, dans le quatorzième siècle. Il fut
banni de sa patrie, comme ardent gibelin, et
mourut à Vérone, en 1367, en proie à la plus
profonde misère. Il se distingua d'abord par ses
sonnets et ses canzonnette. 11 a laissé en outre
un long poëme descriptif et encyclopédique in-
titulé : Ditta Mundi, dont on a donné plusieurs
éditions; celle de Vicence , 1474, est la pre-
mière; elle est fort rare. « Cet exemplaire,
unique , dit M. G. Brunet , se trouvait dans la
bibliothèque d'un avocat de Paris, nommé Flon-
cel , amateur passionné de la littérature italienne.
241 FAZIO
'. et qui avait réuni plas de vingt mille volumes,
parmi lesquels il n'en avait pas été admis un
seul qui ne fût dans la langue de Pétrarque et
i du Tasse. Cet exemplaire fut adjugé à 800 francs,
somme fort élevée pour l'époque (1774); il
n'existe plus. Un amateur anglais avait donné
i commission de l'acheter pour lui sans fixer de
i prix ; lorsqu'il sut qu'il fallait payer 800 francs
l'honneur de posséder ce bouquin , le bibliophile,
outré de dépit, jeta le livre au feu aussitôt qu'il
l'eut entre les mains. « Ce n'était pas une grande
' perte assurément ; car l'étendue du poëme et son
I obscurité, ajoutées aux nombreuses fautes d'im-
pression de tous genres , le rendait à peu près
inintelligible. « C'est, dit M. E. Lefranc, dans
son Histoire de la Littérature italienne, c'est
un poëme descriptif dans lequel l'auteur s'était
proposé d'imiter Dante et de faire connaître le
monde réel , comme son devancier avait fait con-
naître le monde des esprits ; mais il s'en faut de
beaucoup que l'imitateur ait égalé son modèle. »
Les anciennes éditions, de 1474 et de 1501,
sont , ainsi que nous l'avons dit , remplies de
j fautes. La dernière, donnée à Milan, en 1826,
I quoiqu'elle ait été corrigée en maints endroits ,
n'est pas beaucoup plus exacte.
Ch— p— c.
Tiraboschl , Storta délia Letteratura Italiana, t. V ,
440. — Gustave Brunct, dans l'Histoire de la Littérature
italienne, par Ém. Lefranc,
FAZIO (Barthélémy), historien italien, né à
Spezzia, vers le commencement du quinzième
siècle, mort à Naples, en 1457. Il fut l'émule
et l'adversaire de Laurent Valla. Alphonse d'A-
ragon , roi de Naples , l'appela auprès de lui , le
i combla de bienfaits et le chargea d'écrire son
I histoire. On a de Fazio : De Differentiis verbo-
\rum latinorum; Rome, 1491, in-4° : cet ou-
jvrage était si rare que quelques éruditsen avaient
jnié l'existence; Meermann, qui en possédait un
; exemplaire, le communiqua à Sax , et ce savant
le lit imprimer dans le t. II de son Onomasti-
con ; — une traduction latine d'Arrien, De Rébus
\ Alexandri , et Indica; Pise, 1508, in-fol.; —
{ De Bello Veneto Glodiano cum Genuensibus
\gesto, anno 1377; Lyon, 1568, in-8°, inséré
dans le Thésaurus Italise de Burmann, t. V,
p. 4; — De Rébus gestis ab Alphonso I,
Neapolitano rege, usque ad obitum Nicolai V,
papee, anno 1455, Commentariorum Libri X;
Lyon, 1560, in-4°; inséré dans le Thésaurus
Italise, t. IX ; — De Origine Belli inter Gallos
et Britannos ; publié pour la première fois par
Camussat, dans ses additions à la Bibliotheca
Ciacconii, Paris, 1731, in-fol.; — De Viris sui
eevi tllustribus; publié par Laurent Mehu , Fl»>
rence, 1745, in-4°.
Vosslus, De Historicis Latinis , I. III. — Fabriclus,
Bibliotheca Latina médise et inflnue œtatis, t. II. —
Sax , Onomasticon , t. U , p. 427, 576.
* FAZH ou FADHLi ( Carah ), poète turc, né
à Constantinople , mort en 971 de l'hégire
(1563 de J.-C). Il fut disciple de Dzati, et il
-- FAZY 242
occupa la charge de secrétaire du divan. On a
de lui : Gui we Bulbal ( La Rose et le Rossignol),
charmant poëme allégorique , édité et traduit en
vers allemands par M. de Hammer , Pesth et
Leipzig, 1834, in-S"; — Humai we Humayoun
(L'Empereur et l'Impératrice), poëme; — un
Biwan; — un commentaire du Diivan de Hafiz.
E. B.
' J. de Hammer, Gesch. der Osm. Dichtkunst , t. III,
p. 309; art. dans les Jahrhilcher der Literatur de
Vienne, t. LXI, p. 20; LXVI, 30; XCI, 196; Cil, 66;
CXI, 181. — Hadjl-KhaJfah, Lex. bibliogr., édit. Fluegel,
t. III, n°» 5371, 5604 ; V, n"» 10841. 14422.
* FAZV ( Jean- James), publiciste et homme
d'État suisse, né le 12 mai 1796, à Genève, d'une
famille de protestants français expatriée par suite
de la révocation de l'édit de Nantes. Après avoir
publié quelques ouvrages, il fonda en 1826 le
Journal de Genève, et coopéra à sa rédaction
pendant la première année. En 1827 il devint
un des rédacteurs de La France chrétienne ,
journal politique de l'opposition libérale , publié
à Paris, et que supprima la censure; il y rédi-
geait les articles d'économie politique. Il tra-
vailla aussi au Mercure de France au dix-neu-
vième siècle. En juillet 1830, il fut un des si-
gnataires de la protestation des journalistes ; il
était alors rédacteur du journal Le Mouvement.
Devenu gérant du journal Xa Révolution, en
1833 , il fut poursuivi pour avoir fait paraître
cette feuille sans cautionnement, et condamné
à six mois de prison et 1,200 francs d'amende.
Il retourna en Suisse , et publia la Revue de Ge-
nève, en se livrant à quelques travaux litté-
raires. Il prit part au mouvement politique qui,
vers 1846 , amena la réforme de la constitution
de Genève et fit passer le pouvoir aux mains
du parti démocratique. Depuis cette époque il
a toujours été dans les conseils de ce canton, et
y a exercé une influence qui l'a fait considérer
longtemps comme le chef du gouvernement.
Ses ouvrages sont : Du Privilège de la Banque
de France considéré comme nuisible aux
transactions commerciales; 1819, in-8°; —
Observations sur les Fabriques de Genève;
1821, in-8° ; — L'Homme aux portions, ou
conversations philosophiques et politiques;
1821, in-12 : espèce de commentaire critique,
sous la forme de conte, de l'état industriel de la
France; — Les Voyages d'Ertelïb, conte poli-
tique sur la sainte-alliance; 1822, in-12; — La
Mort de Lavater, tragédie nationale genevoise,
en trois actes et en vers ; 1826, in-S"; — De la
Gérontocratie, ou abus de la sagesse des
vieillards dans le gouvernement de la Frayice;
1828, in-S"; — • Principes d'organisation in-
dustrielle pour le développement des ri-
chesses en France; explication dît malaise
des classes productives , et moyens d'y porter
remède; Paris, 1830,in-8°;— Z>e Vétat j)éril-
leux des finances et du 4 pour 100 Chabrol;
1 830 , in-8" ; — Jean d' Yvoire au bras de fer,
ou la Tour du Tmc en 1554; Genève, 1840,
i43 FAZY —
m-8°. îl a donné des articles au Journal des
Économistes. Guyot de Fèhe.
Ch. Louandre La Littérature contemporaine. — Mo-
niteur, 23 octobre 1830. — Journal de la Librairie.
FAZZÏilLLO. VOIJ. FazELLI.
FEA {Carlo), antiquaire piémontais , né le
2 février 1733, à Pigna , prè? d'Oneilie (Pié-
mont), mort à Rome, le 18 mars 1834. Il quitta
de bonne heure sa famille, qui était pauvre, pour
se rendre à Rome auprès d'un oncle, ecclésias-
tique distingué, qui le guida dans ses études. Le
jeune Fea étudia les droits civil et canonique
dans l'université de la Sapienza ; il y fut reçu
docteui-, et suivit quelque temps le barreau,
mais sans goût , sans succès , et il ne tarda pas
à reconnaître que l'étude de l'archéologie avait
pour lui plus d'attrait que la procédure : il entra
alors dans les ordres. VHistoïre de l'Art par
Winckelmann eut la plus grande influence sur
sa vocation d'antiquaire; on lui a même attribué
la traduction italienne de cet ouvrage, qui parut
à Milan, en 1779, 2 vol. in-4*' ; mais elle n'est
pas de lui, seulement il la revit avec un soin
scrupuleux , et la reproduisit à Rome, en 1783,
avec un troisième volume, qui contient sa docte
et curieuse dissertation Sidle Ravine di Roma
et quelques opuscules de "Winckelmann. Une
nouvelle édition (Rome, 1786, in-4") est aug-
mentée d'une réponse de Fabbé Fea aux attaques
publiées contre lui par Onofrio Boni dans les Me-
morie per le Belle Arti. Ce fut là le prélude
d'assez nombreux ouvrages , pleins de critique
et d'érudition , qui ont assuré à l'abbé Fea une
place distinguée parmi les archéologues modernes.
Sous le pontificat de Pie VII , l'abbé Fea avait
été chargé de la direction des travaux que les
Français exécutèrent sur plusieurs points de la
Romagné. Il contribua dans ces fonctions à plu-
sieui'S découvertes importantes pour l'histoire
et l'archéologie. Il était bibliothécaire du prince
Chigi et membre de l'Académie romaine d'Ar-
chéologie et de celle des Aixadi. Les plus re-
marquables de ses ouvrages sont : Miscellanea
filologico-critica ed antiquaria; Rome, 1790,
in-8°. Ce volume contient : une lettre au cardi-
nal Borgia sur Pline l'ancien et plusieurs autres
auteurs latins; des Mémoires sur; les fouilles
faites à Rome ; des morceaux inédits d'Alucci ,
de Luc Holstenius, de J.-M. Suarès et du P; Kir-
clier; — Vlntegriià del Panteone di Blarco
Agrippa; Rome, 1801, in-8°; — Relazione d\in
Viaggio ad Ostia ed alla villa di Plinio;
1802, in-8° ; — Dei Diriti del principato neW
antichi edifizi pubblichi ; RomQ, 1806, in-S";
— Conclusioni per Vlntegrità del Panteone
di Marco Agrippa; Rome, 1807, in-8°; — Ho-
ratii Flacci Opéra omnia, ad codic.es ina-
nuscr. Vaticanos, Chisianos, Ângelïcos, Bar-
berinos , emend., notis illust.; Rome, ISU ,
2 vol. in-S" : c'est une des meilleures éditions
d'Horace. Les notes sont très-précieuses pour
tout ce qui concerne l'archéologie. Cette édition
FEATLY 244
a été réimprimée avec des additions par Botlic
(à Heidelberg), 1820- 182 1, 2 vol. in-g" ; — Delhi
Statua di Pompeto Magno del palazzo Spada ;
Rome, 1812, ia-8° ■,—lsct'izioni di moniimenii
pubblïchi trovate nelV attuali escavazioni:
Roiïie, 1813, in-8";— Degli Scavi delV Anfitea-
tro Roniano; ibid. ; — A mmonlzionedue critiche
antiquarie; ibid.; — Descrizione di Roma e
dei contorni,co7ivedute ; Rome, 1822, et Milan,
1824, 3 vol. in-12 ; — Notizie intorno Raffaellù
Sanzio d'' Urbi7io ed altri autori ; Rome, 1822.
Tipaldo , Biografia degli Italiani lllnsiri, X, 199. ■—
1-'. Oehèque, dans i'Encycl. des G. du Honda.
*féabïjE (Louis), en lutin fsoelbs, théo-
logien hollandais, né dans les environs de Tour*
nay, mort dans cette ville, en 1555 (1). Il ter-
mina ses études à l'université de Paris , et s'y
fit recevoir docteur en théologie. Il y professa
quelque temps cette science, et revint ensuite à
Tournay, où il fut fait chanoine et hosielier (2)
On lui doit ia restauration et l'embellissement
de plusieurs édifices religieux ainsi que la fon^
dation d'établissements de bienfaisance ou d'ia
struction publique. On a de lui ; De Militia spl-
rituali , dédié à Charles de Croï, évêque de
Tournay; Paris, 1540, in-12. C'est un ouvrage
de morale, où les vertus et les vices sont repré-
sentés d'une manière typique. Les sept pécliés
capitaux y sont désignés par les sept peuples
qui habitèrent anciennement le pays de Canaan;
les Amorrhéens sont le symbole de l'envie; les
Héréens , de la colère, etc. ; — De Mundi Striic-
tura; Paris, 1556, in-8°. Ce sont des réflexions
morales sur la création ; — De Humana Res-
tauratione ; Anvers, 1559, in-8". Ce livre traite
de l'Incarnation. Les ouvrages de Féable sont
assez bien écrits, et dénotent du savoir.
J. Cousin , Histoire de Tournay, part. IV, 302.
Swecrt, AtheniB Uelgicœ , 520. — Foppea.s, Dibliotheca
lielgica, 630. — Lelonf^, Bibliotheca sacra, 725. — Pa
quot, Jrlém. pour l'hist, litt. des Pays-Bas, XVII, 217
FEATLY ou FEATLEY OU FAlSiCLOïJGê!
[Daniel), théologien anglais, né à Charlton-i
sur-Otmore, en 1582, mort le 17 avril 1G44.-ÎIJ
étudia à Oxford, où il se livra surtout à la lec-
ture des Pères de rÉ.glise ; puis il suivit à Paris,]
en qualité de chapelain, l'ambassadeur d'Angle-i
terre. Revenu dans ce pays trois ans plus tard,
il y obtint de l'archevêque Abbot le bénéfice
de Lambeth. Une controverse qu'il soutint vers
cette époque contre deux jésuites, et dont la pu-
blication fut ordonnée par le même prélat, mit
Featly en évidence, et il fut pourvu de trois non-;
veaux bénéfices. Enfin, il fut nommé prévôt duj
collège de Chelsea. Lors de l'accusation dont
l'arciievêque Laud fut l'objet, Featly se pro-
nonça vivem.ent contre lui. En 1643 il fit parti?
de l'assemblée du clergé réunie à Westminster.
Son attachement aux doctrines de l'Église d'Aor:
gleterre lui attira plus tard des persécutions eti
fi) Et non pas en io62, comme l'a écrit le i'. Lelong,
dans sa Bibliotheca sacra.
(2) Directeur de l'hôpital.
245
FEATLY •- FECHT
246
lui fit perdre ses bénéfices. On a de lui : Clavis
mijstica, a Keij opening divers difjicult texts
ofScriptures; 1636, in- fol,; — The Dipper Dipt,
v the anabaptist ■plunrjed over liead and
cars and shrunk in the washing ; in-4°; —
Hexatexium , or six cordials to strengthen
'ke heart, against the terror of death ; 1637,
a-fol.
AiUin, Cen. Bioç.
FÉAU {Charles^ abbé), auteur dramatique
provençal, né à Marseille, en 1605, mort le 8 fé-
mer 1677. 11 fit ses études dans sa ville natale ,
it entra dans la congrégation de l'Oratoire, à Aix.,
e 5 mai 1627. Il enseigna les bumanités avec
listinction dans plusieurs collèges de son ordre.
1 avait un goût particulier pour la poésie pro-
rençale, et composa dans ce patois plusieurs co-
nédies, qui furent jouées avec un grand succès,
lon-seulemertt sur les tbéâtres des collèges dans
esquels il professait , mais dans toutes les bas-
'ides (1) de la Provence. On trouve dans ces
)etites pièces un fonds inépuisable de gaieté ; quel-
ques-unes d'entre elles ont été publiées dans le
;ome III du recueil intitulé : Lou Jardin deys
Musos provençales (sans indication de lieu);
665, in- 12 : recueil devetiu très-rare. Les pièces
le l'abbé Féau les plus connues sont : VEvi-
barquement ; — L'intérest , ou la Ressem-
blanço a huech personnagis ; — L'Assemblée
îes Mendiants de Marseille ; — Le Procès du
Carnaval; — Brusquet 1" et Brusquet IL
ette dernière comédie, imitée du Sosie de
Plante, a pour sujet les tours plaisants que le
bouffon Brusquet joua souvent au maréchal
strozzi. Le P. Bougerel fait remarquer que l'édi-
;eur des pièces de l'abbé Féau y avait interpolé
luelques obscénités qui n'étaient certainement
)as dans l'original. Elles furent supprimées du
rivant de l'auteur. A. Jadin.
Le P. Bougerel, Blémoires pour servir à l'histoire
le plusieu7's hommes illustres de Provence ( Paris, i752,
n-12).
VERnRX&i{Giovanni-£attista), sculpteur
talien, né à Crémone, vers 1700. Il exécuta, en
ompagnie du Vénitien G.-B. Gasparini, les belles
stalles de Saint-Dominique de Crémone. Il
sculpta seul, et probablement d'après ses pro-
pres dessins , l'autel de bois doré de l'église col-
légiale de Saint-Barthélémy à Busseto, bourg
du territoire de Parme. On ignore l'époque de
sa mort. E. B — n.
G. Grasselli, Guida atnrico-sacro dalla R. città e sob-
borr/ki di Cremona. — ïicozzi, Vizionario.
FERBRARi ( Giuseppc) , sculpteur en bois,
né à Crémone, en 1725, mort en 1785. Fils et
élève flu précédent, il paraît l'avoir surpassé.
On vante avec raison sa statue de S. Gaelano
Tiene à San-Abbondio de Crémone , et les qua-
tre stniues adossées aux piliers de l'église de
Santa-Mai'ia del Cainpo, située hors de la ville.
A Busseto , dans l'oratoire de Saint-Nicolas, il a
U) C'est ainsi qu'on nomme les maisons de campagne
en Provence.
sculpté une Sainte Trinité, groupe achevé avec
le plus grand soin. Il mourut d'apoplexie.
E. B— N.
G. Grasselli, Guida storico-sacro délia R. città e sob-
borghi di Cremona. — Ticozzi, Dizionario.
VEBROiMios , pseudonyme de Hontheim
{voy. ce nom).
FÉsîURE OU FÈVRE {Michel), en religion
ie P. JusTiNiEN DE TooRS , missionnaii'e et orien-
tabste français , né vers 1040, vivait en 1684. Il
appartenait à l'ordre des Capucins, et rapporte
lui-même que durant dix-huit ans il voyagea en
diverses provinces de l'Empiré Ottoman, « à savoir
dans la Syrie, Mésopotamie, Caldée, Assyrie, Cur
distan, Arabie déserte, Palestine, Judée, Cara-
manie, Cilicie, Phrygie, Bithynie, Natoiie, Roma-
nie, Chipres, Arcliipel,etc. » Malheureusement on
n'a aucun détail sur la vie du P. Justinien. Ce-
pendant, on a de lui plusieurs ouvrages curieux et
estimés : Specchio, overo descritiione délia
Turchia; Rome, 1674, in-;2, trad. en français
par l'auteur, sous le titre de : État présent de la
Turquie, où il est traité des vies, mœurs et
coutumes des Ottomans et autres pieuples de
leicr empire; Paris, 1675, in-12; le même ou-
vrage a été traduit postérieurement en espagnol
et en allemand ;—Prajcii;Ha? Objecliones muha-
meticx legis sectatorum adversus cathoUcos,
earumque solutiones; Rome, 1679, iu-12, tra-
duit en arabe en 1680 et en arménien en 1681 ; —
Catéchisme ou Doctrine chrétienne (en arabe).
— Théâtre de la Turquie , où sont représen-
tées les choses les plus remarquables qui s'y
passent aujourd'hui ; Paris, 1682 et 1688, in-4'',
trad. en italien par l'auteur sous le titre de Tea-
tro délia Turchia; Venise, 1684, in-4". L'au-
teur, après avoir affirmé qu'il n'écrit .que ce qu'il
a vu lui-mêine, dit « qu'il ne se propose pas de
faire la description des terres de la Turquie,
mais seulement de signaler l'état dans lequel
elles se trouvent, ainsi que celui des quatorze
nations qui les habitent ». Il insiste sur les causes
de la décadence de l'Empire Ottoman, révèle
les abus odieux et la faiblesse réelle de son gou-
vernement, et indique les moyens d'en accélérer
la chute. L'ouvrage de Michel Fébure a servi à
beaucoup d'écrivains postérieurs. A. de L.
Bernard de Bologne, Bibliotheca Scriptorum Capuc-
cinorum.
FÉBURE OU FEBVRE. VoyeZ Le FÉBURE et
Le Fekvre.
FECHT (Jean), théologien allemand, né à
Saltzbourg, le26 décembre 1636,mortàRostock,
le 5 mai 1716. Il étudia la théologie ?i Strasbourg,
Tubingue et Heidelberg; puis il visita les écoles
d'Iéna, Wittcmberg, Giessen et Leipzig. En 1666
il devint pasteur de Langcndenziingen. Après
avoir été ensuite adjoint à son père , qui était
surintendant (évêque protestant) du margraviat
de nocbbcrg, il fut nomme prédicateur de la
cour à Dourlach en 166S. 11 devint aussi membre
du conseil ecclésiastique et du consistoire, pro-
247 FECHT -
fesseur de théologie au gymnase de Dourlach ,
enfin surintendant. Obligé de changer de rési-
dence par suite des guerres dont le pays était
le théâtre , il passa à Rostock en qualité de pro-
fesseur de théologie , et plus tard il eut la sur-
intendance du cercle ( évêché ) de cette ville, où
il finit ses jours. Il composa de nombreux ou-
vrages de controverse, et attaqua surtout la secte
des piétistes. Parmi les publications de ce genre,
dont Jœcher a donné la liste , on remarque :
Compendium universx Theologlee asceticee et
polemicx; Leipzig, 1744; — Historia indif-
ferentismi; — Apparatus ad suppl. histor.
ecclesiast. sseculi XVI ; — De Pelagianismo.
. Ersch etGTuber,Mlg. Enc. — Jôcher, Allg. Gel.-Lex.
FECKENHADi (De), abbé anglais. Voyez
HOWMAN.
* FEDE (Annunzio ou Monzio ) , peintre de
l'école milanaise, né à Trente, vivait à Milan
en 1593. Il fut très-habile miniaturiste et le
premier maître de sa fille Galizia.
p. Morigla , Délia Nobiltà Milanese. — Lanzi, Storia
délia Pittura. — Siret, Dict. hist. des Peintres.
*FEDE ( Galizia), fille du précédent, peintre
de l'école milanaise , née à Trente ou à Milan,
florissait au commencement du dix-septième
siècle. Elle reçut de son père les premiers prin-
cipes de l'art , et prit de lui un goût de pein-
ture soigné aussi bien dans les figures que
dans le paysage. Par son style elle se rapproche
des peintres qui précédèrent les Carrache. On
voit plusieurs beaux tableaux de cette artiste
dans les églises et les galeries de Milan. E. B— n.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Siret , Dictionnaire
historique des Peintres.
FEDÈLE (Cassandra). Voy. Ma.pelli.
*FEDELi (Aurélia), poète et comédienne ita-
lienne, vivait en 1666. Elle fut en grande répu-
tation , tant en Italie qu'en France , durant le dix-
septième siècle. Ses poésies, composées en dia-
lecte toscan, et dédiées au roi de France Louis XIV,
ont été imprimées sous le titre de : Rifinti di
Pindo; Paris, 1666, in-12. A. J.
Baillet, Jugements des Poètes modernes , n° 1558.
*;fedeli (Francesco ) , architecte italien, né
à Côme. Il commença à Sienne, en 1479, l'Église
de Fonte-Giusta, qu'il termina dans l'espace de
trois années.
Romagnoli, Siena.
*FEDELi ( Vito ), homme politique italien, né
à Recanati, mort à Civita-Castellana , le 18 oc-
tobre 1832. Il prit les armes en 1821 dans les
Marches , et fit tous ses efforts pour que la ré-
volution qui avait éclaté dans les Abruzzes s'é-
tendit dans les États Romains. La défaite descar-
bonari recula ses espérances sans les détruire.
En 1 830 Fedeli était maître d'hôtel chez le prince
Musignano à Rome , et se livrait avec une ar-
deur nouvelle à ses menées révolutionnaires;
mais il fut découvert, et prit la fuite. Arrêté à
la frontière de Toscane et renvoyé à Rome , il
fut condamné à mort. Sa peine fut commuée en
FÊDÉRIC 218
vingt ans de travaux forcés. Renfermé dans lui
prison de Civita-Castellana , il y mourut.
G. VlTALI.
Atto V ajmucc\, I Martiri délia Liberté italiana,,- Tn-
rln, 1851.
FEDELissiMi ( Giambattista ) , médecin et
poète italien, né à Pistoie, vivait en 1636. On a
de lui : Il Giardino morale, poème lyrique;
Florence, 1594; — Garmina de laudibuscar-
dinalis Me. Fortiguerrœ ; 1598; — Pastorale
Carmen; Florence, 1599; — Panegyricum in
Henrici IV et Marise Medices nuptias ; 1600;
— Délia Vita è Morte di S. Gatarina , poëmc
épique en vers sciolti ; 1614; — Genturie d''Os-
servazioni thaumafisiche ; Bologne, 1619; —
Opuscula de Febri , dans les Opusc. celeberr.
Medic.; Pistoie, 1627 ; — Lexicon Herbaruni;
Pistoie, 1636. Fedelissirai a laissé en manuscrit
plusieurs autres pièces de poésie, ainsi qu'une
histoire inachevée de sa patrie.
Dizionario istorico ( édit. de Bassano ).
FEDELissiMi ( Jîainero ), médecin italien,
frère du précédent , vivait en 1617. On a de lui:
Enchiridion pharmaceuticum Medicamen-
torum omnium quse in Antidotario Floren-\
tino continentur ; Bologne, 1617, in-12. i
Dizionario istorico (édit. de Bassano).
* FEDER (Jean-Georges-Henri), philosophe
allemand, né en 1740, à Schornweisbach, prèsi
Bay reuth, mort en 1 82 1 , à Hanovre. Il professa lesi
langues anciemmes à Cobourg et la philosophicil
à Gœttingue; il était éclectique dans ses doc-
trines , qu'il foi'mait de principes empruntés è
Locke et à Leibnitz, y mêlant des idées wol-
fiennes et y joignant, mais avec réserve, quel
ques idées, alors nouvelles, dujsystèrae de Kant.
Ses nombreux ouvrages sont aujourd'hui pres-
que oubliés ; en voici les principaux : Manuel
de Philosophie pratique; 1770 ; — Recherches
sur la Volonté humaine ; 1779, 1793; — T7-aité
des Principes généraux de Philosophie pra-\
tique; 1792 ; — Du Sentiment moral; 1792, etc.
Il inséra aussi un grand nombre d'articles dans
divers journaux. G. B.
Jutobiographie de Feder, publiée par son fils; Leip-
zig, 1825, in-S". — Dictionnaire des Sciences philoso-
phiques, t. II, p. 390.
* FÉDÉRiC ( Francisco-Gil de), mission-
naire espagnol , né à Tortose ( Catalogne), le 14
décembre 1702, décapité à Kecho (Tong-King)
le 22 janvier 1745. Il avait quinze ans lorsqu'il J
entra dans l'ordre des Dominicains à Barcelone.
En 1729 il obtint d'aller prêcher le catholicisme
dans les Indes, et partit avec vingt-quatre de
ses confrères pour Manille (îles Philippines),
où il arriva vers la fin de novembre 1730. Il
fut envoyé en 1735 dans le Tong-King ou An-
nam septentrional ( ancien royaume de YIndO'
Chine) , et s'y occupait à visiter les chrétientés
ou églises fondées dans cette contrée par les Do-
minicains. Il avait fixé le lieu de sa résidence à
Luc-Thuy, et voyait chaque jour augmenter le
nombre de ses prosélytes, lorsque, le 3 août 1737, 1
149 FÉDÉRIG — FEDERICI
fut arrêté par un bonze nommé Thay-Tinh.
;oii(1uit à Kecho ou Bac-King, capitale du
ong-King , Fédéric y fut emprisonné et chargé
c fers. Il eut beaucoup à souffrir des habitants :
liaque fois qu'on le conduisait de sa prison de-
ant les magistrats ou qu'on le ramenait après
es interrogatoires, il était l'objet des fnsultes les
lus humiliantes. Enfin, il fut condamné à perdre
i tête; mais, par une cause restée inconnue,
exécution de la sentence fut différée plusieurs
nnées; ce ne fut qu'en janvier 1745 que Fédéric
lit décapité, ainsi qu'un autre dominicain espa-
nol , le P. Matteo Leziniana. A. de L.
Le P. Touron, Histoire des Hommes illustresde l'Ordre
e Saint- Dominique, VI, 688. — Richard et Giraud, Bi-
Uothèque sacrée.
FEDERICI (Stefano) , jurisconsulte italien ,
é à Brescia, vivait en 1496. Il descendait de
ancienne famille seigneuriale du Val-Canonica.
1 termina ses études à Paris , et occupa dans sa
atrie diverses charges judiciaires. On a de lui :
)e Interpretatione Juris ; Brescia, 1496,in-fol.
I a laissé plusieurs ouvrages manuscrits , entre
utres une histoire chronologique de sa famille.
FEDERICI ( Luigi ) , poète et jurisconsulte
îlien, parent du précédent, né à Brescia, vers
540, mort vers 1607. Il occupait une place dis-
inguée dans le barreau de sa ville natale, et rem-
lit honorablement plusieurs emplois pubhcs. II
ultivaitla poésie latine et italienne avec un égal
uccès. Il fut l'un des fondateurs de l'Académie
les Occulti, dans laquelle il portait le nom d'il
lepolio (L'Enseveli). On a de lui : Orazione,
irononcé à la réception du doyen Leonardo
)onato , Venise, 1606, in-4° , et quelques Car-
nina et Bi7ne publiés dans le Recueil de VA-
aclémie des Occulti. Il a laissé manuscrits des
}atires et plusieurs ouvi'ages de jurisprudence,
mtre autres : Bellavera Filosofia e délie Legi.
iian- Antonio Taygeto a dédié à Luigi Federici une
iglogue intitulée : Idmon; Brescia, 1571, et
/enise, 1572, dans le recueil des Poésies de
^ietro Gherardi.
Qiierinl, Elorjio di Luigi Federici, dans le Siiecimen
'ÂUeratur.,- Brixen, II, 249.
FEDERICI ( Geronimo), jurisconsulte italien,
le la famille du précédent, vivait vers 1600.
3n a de lui plusieurs traités sur le droit crimi-
lel. Ces traités ont été imprimés à la suite] de
'ouvrage de Prospero Farinacci , Responsa cri-
minalia; Venise, 1616, in-fol.
l'ancirole. De Claris Legum Interpret.
FEDERICI (Dom Placido) , antiquaire ecclé-
siastique génois, né à Gênes, en 1739, mort en
1785. Il appartenait à la congrégation du Mont-
Cassin, et devint vicaire général de l'abbaye de
Volterra. On a de lui : Rerum Pomposianarum
'HLstoria, monumentis illustrata, dédiée au
pape Pie VI; Rome, 1781,in-4°.
Catalogue de la Bibl. imj).
: FEDERICI (Francesco), général napolitain,
né à Naples, en 1748, pendu dans la môme ville
en juillet 1799. Il fit ses études à Bologne, eten-
250
ti'a au service de Frédéric II, roi de Prusse. En
1794 il servit avec quelque distinction dans les
armées coalisées conti'e la France. De retour à
Naples , le roi Ferdinand IV lui accorda le grade
de général de brigade; mais en 1799, après la
fuite de ce monarque devant les troupes fian-
çaises , Federici accepta du gouvernement répu-
blicain napolitain le commandement de Naples.
Mal secondé par le ministre Manthone , Federici,
battu le 13 juin au pont de La Madelena , essaya
de se défendre dans les forts de la capitale
contre les bandes calabraises aux ordres du car-
dinal Ruffo, soutenues par les escadres anglaise,
russe et turque. Son énergique résistance lui mé-
rita une honorable capitulation, signée par
Ruffo et les chefs des troupes alliées du roi des
Deux-Siciles. Les garnisons devaient sortir avec
les honneurs de la guerre; les propriétés et les
personnes devaient être respectées ; tous les in-
dividus compromis et leurs familles pouvaient
s'embarquer pour Toulon sur des vaisseaux par-
lementaires ou rester à Naples sans craindre
d'être inquiétés. Lorsque les républicains eurent
déposé les armes (17 juin), l'amiral anglais Nel-
son, séduit par les charmes de lady Harnilton,
confidente de la reine Caroline, eut la coupable
faiblesse de refuser de reconnaître la capitulation
« comme contraire , dit-il , à la dignité du trône
napolitain ». Ruffo livra alors la capitale à ses
Calabrais et aux lazzaroni. La plume se refuse à
retracer les scènes de meurtre et de carnage
dont Naples fut alors le théâtre ; les femmes, les
enfants, les vieillai'ds furent indistinctement
massacrés avec des raffinements inouïs. La las-
situde seule arrêta les meurtriers. Le ministre
Acton (voyez ce nom) accourut ensuite
(30 juin), et ne fit qu'organiser la vengeance.
L'échafaud et la potence remplacèrent le poi-
gnard et l'espingole. Federici, trop confiant dans
la foi jurée, négligea de se cacher ; il fut arrêté
chez lui. Peu de jours après , il fut condamné à
être pendu avec tout son état-major. L'exécution
suivit immédiatement le jugement. H. Lesueur.
Biographie étrangère. — A .Coppl, Annali d'Italia,
827. — Henri Léo et Botta, histoire d'Italie.
FEDERICI (Le P. Dominique-Marie), sa-
vant italien, né à Vérone, en 1739, mort à
Trévise, en 1808. Voué à la vie religieuse , il fit
partie de l'ordre de Saint-Dominique, et occupa
successivement les chaires de théologie d'Udine,
de Padoue et de Trévise. Il a publié les ouvrages
suivants : Storia de' cavalieri Gaudenti ; Ve-
nise, 1787, 2 vol. in-4° : les frères Joyeux,
chevaliers de la Vierge Marie, formaient- une
espèce d'ordre, dont l'établissement remontait au
treizième siècle ; — Memorie Trevigiane sullo
Désigna ; Venise, 1803, 2 vol. in-4° : on y trouve
des recherches curieuses sur l'origine et les pro-
grès des arts dans le Trévisan , mais aussi des
idées bizarres et paradoxales ; — Memorie Tre-
vigiane sulla Tipografia del secolo XV; 1803,
in-4°. Suivant l'auteur, la petite ville de Feltre
25Ï
FEDERICI —
am'ait été le véritableberceau de l'imprimerie ; —
Esame mtico-apologetico délia Letteratura
Trangiana del secolo XVIIIî; Venise, 1807,
in-8°. GUYOT DE FÈRE.
Feller, Dictionnaire historique, Supplément.
FEDERICI ( Camillo ). Voij. Viassolo.
* FEDERIGHI {Antoïiio) , dessinateur et
sculpteur de l'école de Sienne , llorissait à la fin
du quinzième siècle. Il se rendit célèbre par le
dessin et l'exécution d'une partie du célèbre pavé
de la cathédrale de Sienne, cette prodigieuse
nielle de marbre qui n'a point d'analogue dans
ie monde. En 1481, il grava La Sibylle d'Ery-
thrée , Les Sept Ages de l'Homme et plusieurs
Vertus. En 1483 , Bastiano del Francesco a
gravé sur ses dessins l'énergique composition de
la Bataille de Jephté. E. B — n.
Romagnoli , Cenni storico-artistici di Siena, ~
Mcucci, Siena. — P.-G. délia Valle, Lettere Sanesi.
* FEDERSïANN (Mcolas), navigateur alle-
mand, né à Ulm, mort vers 1550. Il s'em'oarqua à
San-LucasdeBarrameda,le 2 octobre 1529, avec
cent-vingt-trois soldats espagnols et vingt-quatre
mineurs allemands , qu'il commandait ; il était
commissionné par Ulrich Ehinger, au nom des
riches banquiers Welser, qui avaient obtenu de
Charles-Quint de vastes concessions dans le
Nouveau Monde. Federmann raconte que dès le
début de son voyage il trouva aux îles Canaries
des Maures embusqués qui l'attaquèrent ( habi-
tants qu'ils ne faut pas confondre avec les Guan-
ches, déjà anéantis en partie à cette époque) . Après
avoir débarqué à Saint-Domingue, il sedirigea sur
le Venezuela, et partit de la ville deCoropour ses
expéditions dans l'intérieur, où périrent tant d'In-
diens, impitoyablement massacres. A partir de
l'année 1530, où il occupe le rang de lieutenant
du capitaine général, la vie de Federmann s'é-
conle dans des expéditions armées, durant les-
quelles il soumet plusieurs nations, dont les
noms même sont perdus aujourd'hui, ou quel'on
rencontre à grand'peine, quoiqu'elles soient ci-
tées par Piedrahita ou par Castellanos. Fatigué
sans doute de cette vie aventureuse, Federmann
fut de retour à Coro le 17 mars 1531, et dans
cette ville, récemment fondée, il se démit de
son commandement, pour retourner en Alle-
magne. Notre conquistador allemand était proba-
blement à la cour de Charles-Quint lorsqu'on
y apprit la mort de Dalfmger, l'ancien gou-
verneur du Venezuela; il fit valoir ses droits
à l'emploi du hardi capitaine dont il était na-
guère le lieutenant , et l'obtint ; mais les Welser
firent révoquer sa nomination , pour choisir à sa
place Georges de Spire. Habitué à tous les ha-
sards de la vie des forêts, Federmann comprit à
merveille qu'il recouvrerait bientôt le commande-
ment absolu des troupes qui lui étaient confiées
dès qu'il aurait quitté le littoral : il accepta eu
conséquence le litre de lieutenant dn gouver-
neur, et arriva à Coro avec celui-ci en 1537. On
devait d'abord tenter des découvertes vers le
FEDERMANN 25?
sud , et les troupes , qui s'étaient divisées sou8|j|
le commandement des deux chefs allemands,;'
devaient, après avoir reconnu la région, se réunir
dans le voisinage de Barquicemeto. Tandis que
Georges de Spire se dirigeait vers /est, Feder-
mann, qui avait pris à i'ouest, bien loin de ré-
trograder, continua sa marche dans cette direc-
tion; après avoir surmonté des obstacles prodi-
gieux, fort bien exposés par Piedrahita, dont on
peut lire la chronique espagnole à défaut de la
relation allemande. Federmann arriva dans la
Nouvelle-Grenade , et par une circonstance for-
tuite, qui tient réellement du prodige, il apparut
sur le plateau de Bogota au moment où Quesada
et Sébastien de Benalcazar s'y présentaient à la
tête de leurs troupes : l'un y était parvenu en
suivant les sinuosités du Rio-Magdalena, l'autre
par le Pérou ( voy. Benalcazar). De tels hommes,
campés à quelques lieues les uns des autres,,
dans une région qui jouissait d'une réputation
incontestée de richesse , ne pouvaient demeu-
rer si près les uns des autres sans faire valoir
leurs droits avec quelque emportement. AprèSj
une vive discussion, qui avait eu lieu poml
savoir auquel des conquistadores appartiendrait'
cette porvince opulente, siège d'une civilisation
ipresque aussi avancée que celle d u Mexique e!
du Pérou , mais fort différente dans ses carac-
tères distinctifs , il fut convenu que l'on porterai!
la causeen Espagne et que l'empereur déciderait.
Federmann reçut alors le prix de soninsubordi-|
nation. Les Welser, irrités de sa conduite avec
Georges de Spire, oublièrent les services très--
réels qu'il leur avait rendus , et prétendii'ent un
moment lui intenter un procès ruineux. On af-j
firme cpi'il ne put résister à une telle injustice,
et que ce courage indomptable dont il avait
donné tant de preuves, qu'il faut mettre sur la
môme ligne que celui des plus hardis conqué-
rants du Nouveau Monde , s'éteignit dans le cha-
grin.
La relation dans laquelle on raconte une par-
tie des exploits de Federmann n'a pas été écrite
par le conquistador lui-même , quoiqu'il y parle
à la fois comme s'il narrait les faits qui s'exécu-
tèrent sous son commandement; elle ne contient]
niallieureusement que la premièi-e de ses aven-
tures , et a été rédigée par un notaire , qni ac-
compagnait l'expédition. Nous aimons à croire,
pour le bien des braves qui en faisaient partie,
que cet officier public mettait plus d'exactitude
dans ses notes que dans ses récits de voyages;
mais plusieurs de ses assertions nous paraissent
tout au moins douteuses , et nous avons quelque
peine à croire à cette nation des Ayamanes,
presque uniquement composée de nains belli-j
queux, n'ayant pas plus de cinq ou six palmes de
haut, et qui arrêtèrent un moment les Espagnols.
La relation en elle-même n'eu est pas moins
fort curieuse à consulter sur l'histoire primitive
de ces régions connues à peine. Confiée par Fe-
derinann à son beau-frère JeanKiefhaberjbouj;-
:
253 FEDERMAT^N
geois d'UIm , elle fut publiée par celui-ci après
la mort du voyageur, à Haguenau, en 1557.
Grâce au zèle éclairé de M H. Ternaux-Compans,
nous en avons une traduction annotée, imprimée
sous le titre suivant : Narration chi premier
Voyage de Nicolas Ftdermanyï le jeune; Paris,
1837, in-8°. Cet ouvrage est dans l'ordre des pu-
blications le second de la collection en 20 vol.
intitulée -. Voyages, Relations et Mémoires
originaux, pour servir à Vhistoire de la dé-
couverte de V Amérique ; Paris, Arthus Ber-
trand, 1837 et années suivantes. Aidé de sa
précieuse bibliothèque, le savant éditeur est par-
venu à éclairer plusieurs passages du vieil auteur
allemand et à retrouver les noms de quelques
peuples qu'il cite , et qui ont disparu. Piedra-
hita , dans lequel on trouve un portrait de Fe-
dermann, pourrait a>i besoin accroître cette série
de témoignages recueillis par M. Ternaux tou-
chant la marche vraiment prodigieuse du con-
quistador allemand. Febdinand Denis.
Ternaux-Corapans, Prcface de l'éditcnr français en
tfitc de la Relation.-— Le P. .Simon, Noticias historiales
deticrra ferme. — Castellaftos, Elogios de P^arones
iluslrer, de lus liidifix. — D. Lucas, Fcrnnndcz Picdm-
hita , Historia ejencval de lus Conquistas del IViieno
Reyno de Cranada a la S. C. R. M. de D. Carlos Se-
gundû rey de las Espanas y de las Indias, etc.; .san.s lieu
ni date, in-'f". La dédicace e.st datée du 12 août 1676. —
Touron, JfJist. de l'Amérique. — Recueil de Documents et
Mémoires originaux sur l' Histoire des Possessions espa-
cjnolcs dans l'Amérique, pub., par Ternaux-Compans;
i'aris, 1840, 1 vol. in-8°.
FËDOR iWAWOWîTCH, czar de Russie, fils
d'Iwan IV, né en 1557, mort en 1598. Bien
qu'il fût majeur lorsqu'il monta sur le trône,
en 1584 , son père ne lui avait pas moins donné
en mourant un conseil composé de cinq boïards,
Schoniski, Mstislavski, Yourief, Beizki et Boris
Godounof (î^oyez ce nom); mais bientôt tout lepou-
voir resta à ce dernier^ qui, après avoir écarté
ou abaissé ses collègues , finit par gouverner la
Russie en maître absolu , de l'aveu de Fëdor et
avec le titre de régent. Quant à Fëdor, maladif,
faible, livré à de minutieuses pratiques de dévo-
tion , bien que l'ambition habile de Godounof lui
laissât l'apparence du pouvoir et les honneurs du
premier rang, il ne prit pour ainsi dire point
part aux événements de son règne , qui occupe
cependant une place importante dans l'histoire
de Russie. Sa mort excita les regrets de ses su-
jets, qui le regardaient comme un saint, et qui
attribuaient à ses prières la prospérité de l'em-
pire. Avec lui finit la race des Varègues et la dy-
nastie de Monoraaque.
Karamsinc, Histoire de l'Empire de linssie (traduction
(le MM. Saint-Thomas et nivoff ), vol. IX, X.
FRUoii ïï, ALEXîEWiTCB, czar ne Russie,
fils d'Alexis Michaelowitch , et petit-fils de Mi-
eiiel Roraauol'f, né en 1657, mort en 1082. Il suc-
céda à son père en 107G. Quoiqu'il liU d'une
santé languissante , il se montra ferme dans ]a
direction des affaires. 11 travailla couune son
père à civiliser la Russie, il fit brûler d'un seul
coup tous les titres nobiliaires des boïards, et
— FEDRICI
254
réforma immédiatement l'aristocratie en assu-
rant la première place aux principaux fonction-
naires. Il augmenta le nombre des écoles , et pro-
jeta de fonder une académie, où l'on eût ensei-
gné la grammaire , la rhétorique , là philosophie,
le droit ecclésiastique et le droit civil. Le plan
qu'il en a laissé est surtout remarquable par sa
sévérité. On y punit du knout et des bafogues
le professeur qui s'écai'te de la rehgion ortho-
doxe. Si le coupable persiste dans ses opinions ,
il est condamné au feu , aussi bien que celui qui
enseignerait la magie, ou qui manquerait de
l'espect aux saintes images. La seconde année
du règne de Fëdor fut troublée par la guerre.
Les Tartares réunis aux Turcs vinrent assiéger
Tchignirin , place que les Cosaques Zaporogues
avaient cédée au czar Alexis. Les Tartares furent
défaits; mais lesTurcs emportèrent la ville, qu'ils
rendirent bientôt après , à la suite d'un traité
conclu en 1G81. Le sultan renonça à toute pré-
tention sur l'Ukraine, elles Cosaques furent l'e-
connus indépendants sous la protection de la
Russie. Fëdor mourut après un règne de cinq
ans et demi. Bien qu'il eût été marie deux fois
(d'abord avec Agathe Groucheski , puis avec
Marthe Apraxine), il ne laissa pas d'enfants. Il
dé.signa pour son successeur son frèi-e Pierre,
âgé de dix ans, et qui fut depuis Pierre le
Grand.
Esneaux et Chennechot, Histoire philosophique et
politique de Rtissie, t. III.
FËDOR IWAKOWITCH iCharUs-Frédéric),
peintre russe, d'origine kalmouke, né en 1765,
mort en 1 821 . Pris dans une horde de Kalmoucks
de la frontière chinoise, vers 1770, il fut con-
duit à Saint-Pétersbourg, où il eut la protection
de rimpératrice Catherine 11, qui le fit baptiser
et lui donna les noms sous lesquels il est placé
en tête de cet article. Plus tard , Ciitherine le
donna à la princesse Amélie de Bade, qui s'oc-
cupa de l'éducation du jeune converti. Il fut en-
voyé à Carîsruhe pour y étudier, et choisit lui-
même la profession de peintre. Il se rendit en-
suite eu Italie, et séjourna pendant sept ans à
Rome. D'Italie il passa en Grèce avec lord
Elgin , en qualité de dessinateur, et vint ensuite
à Londres pour y surveiller la gravure des mo-
numents auxquels lord Elgin a attaché son nom.
Trois ans plus tard, il retourna à Carîsruhe, et y
remplit ju.squ'à sa mort les fonctions de peintre
de la cour du grand-duc. Cbarles-Frcdéric-Fëdor
étudia particuUèrement les vieux maîtres de l'é-
cole florentine. Ses têtes ont de la vigueur et de
l'originaUté ; mais les figures de femmes ne lui
réussissaient point. On lui doit quelques gi'a-
vures habilement exécutées , celle, entre autres,
des Portes de Ghiberti de Florence , et une Des-
cente de croix d'après Daniel de Vollerre.
Coni'ersatinns-Lexikon.
FKD051. Voy. FoEoo;!.
FÉDORA. Voy. Fondera
FEDRICI {Césure), voyageur vénitien, vi-
255
FEDRICI — FEE
266
vait en 1587. Il s'embarqua en 1563 pour les
Indes. II descendit à Tripoli (Syrie ), puis gagna
Alep, où il se joignit à une caravane qui partait
pour Bagdad. De cette capitale il se rendit à
Ormuz, traversa le golfe Persique, et prit terre
sur la côte de Malabar. Il se livra alors au com-
merce , se fixa quelque temps dans le Pégu , et
pendant dix-huit ans parcourut l'Inde et les
mers environnantes. Cependant , d'après son ré-
cit, il ne poussa pas ses excursions au delà de
Malacca , alors aux Portugais. Lorsque Fedrici ,
après bien des épreuves , eut enfin réalisé une
belle fortune , il opéra son retour en Europe par
la route qu'il avait suivie en allant, route très-
fréquentée à cette époque. Il s'embarqua à Or-
muz pour Bassora, revit Bagdad, traversa
le désert jusqu'à Alep, prit la mer à Tripoli pour
aller en Palestine, visita en détail Jérusalem,
Jaffa et les autres lieux saints, revint à Tripoli,
et y mit à la voile pour Venise, où il arriva le 5
novembre 1581. Il publia en italien la relation
de son voyage sous ce titre : Viaggio nel India è
oltra rindia, et dans lequel sont contenues
des remarques sur les usages et les mœurs
de ce pays , et sont décrites les épiées , les
drogues, les perles et pierreries qui en vien-
nent, etc. ; Venise, 1587, in-12. Cette relation
se trouve aussi dans Giambattista Ramusio ou
Rannusio, Raccolta délie Navigazioni e de'
Viaggi, suppl. au t. III de l'édit. de Venise,
1606, in-fol. Elle a été trad. en anglais dans Ri-
chard Hakiuyt, t. Il de la Collection of Voyages
and Discoveries; Londres, 1599, in-fol., et dans
le t. I des Asiatick Miscellanies. Elle est très-
estimée sous le rapport de la véracité , et fournit
encore des documents curieux pour l'histoire de
la Perse et de l'Inde. Il est fâcheux qu'elle n'ait
jamais été traduite en français. A. de L.
Placido Zurla, Di Marco Polo, degli àltri Viaggiatori
Feneziani più illustri; Venise, 1818, ln-4°,".t. II, p. 258.
— Asiatic Journal and mounthly Register, an. 1823,
t. I, p. 332.
FEDRiGOTTi { Get'onimo) , poète italien,
né en 1742, à Sacco di Roveretto, mort en 1776.
Il commença ses études à Roveretto, et les ter-
mina en Allemagne. Son père voulait en faire un
jurisconsulte; mais la nature en fit un poète. On
ade lui des poésies pastorales et lyriques pleines
de grâce et d'élégance. Il s'essaya aussi dans la
tragédie, et composa deux livres d'un poème
épique en octaves. Le sujet de ce poème était
Marc-Antoine. Atteint d'une maladie de con-
somption, Fedrigotti mourut à la fleur de l'âge,
sans avoir voulu consulter les médecins. Ses
poésies sont éparses dans les Raccolti de la litté-
rature de son temps et surtout dans celui de
l'Académie des Agiati, dont il était membre.
Clémente Vannetli, Elogio di Geronimo Fedrigotti;
dans la liecolta d'Opuscoli de D. Mandelli.
* FÉE (Antoine- Laurent- Apollinaire) y bo-
taniste et littérateur français, né à Ardentes
(Indre) , le 7 novembre 1789. Il fit les dernières
campagnes de l'empire ;en Espagne , où il était
employé dans les hôpitaux militaires, et là déjà,
tout en herborisant et interrogeant la nature, il
s'exerçait à l'art difficile d'écrire en composant
une tragédie. Après la Restauration, il s'établit
comme pharmacien à Paris , et pendant huit
années il se consuma en efforts', trop souvent
infructueux, pour améliorer sa profession. En
1819, il fonda une société des pharmaciens du
département de la Seine, demanda pour eux
une chambre de discipline, dans le but d'op-
poser une digue au charlatanisme, créa une
caisse de bienfaisance pour les pharmaciens , it
organisa un mode régulier de placement poiu
les élèves. De ces fondations , les deux dernières
seules survécurent. Rentré dans l'armée, et
nommé pharmacien-major en 1828, nous le trou-
vons démonstrateur, puis professeur à l'hôpital
militaire de Lille , d'où il passa à celui de Stras-
bourg en qualité de pharmacien principal de se
conde classe. Reçu docteur en médecine, il ob'
tint au concours la chaire d'histoire naturelle
médicale à la faculté de médecine de Strasbourg,
ville qu'il n'a plus quittée. Il est maintenant pre-
mier professeur et pharmacien en chef de l'hô-'
pital militaire de Strasbourg, membre de la'
Société impériale de Médecine et membre de la!
Société de Pharmacie de Paris, dont il est se
crétaire, etc.
Botaniste laborieux et intelligent, scrutateur'
infatigable , M. Fée se plaît à cacher les profon-
deurs de la science sous le charme de la diction
On lui doit : — Lettre adressée aux Phar- \
maciens du département de la Seine, sur les
devoirs de leur profession; Paris, 1819 , in-é";
— Éloge de Pline le naturaliste, Paris, 1821
iu-8''; inséré dans le Journal de Pharmacie;
une 2^ édition, dans les Mémoires de la Sociétt
des Sciences et Arts de Lille, 1827, in-8''; —
Flore de Virgile, ou nomenclature métho-
dique et critique des plantes , fruits et pro-
duits végétaux mentionnés dans les ou
vrages du prince des poètes latins; Paris,
F. Didot, 1822 , grand in-8° : un index de ce li-
vre , avec quelques additions, a été inséré dans
l'édition de Virgile publiée par Panckouke eu
1835. « La flore antique que M. Fée présente au
public , disait alors Bory de Saint-Vincent dans la
Revue Encyclopédique, est embellie d'un style
pur et même élégant. Le nom de chacun des vé-
gétaux mentionnés par le prince des poètes esl
soigneusement rapporté, et M. Fée cherche dans
l'épithète ou dans les deux ou trois mots qui ac-'
compagnent ce nom les moyens de reconnaître'
chaque espèce. Il y réussit avec bonheur, et c'est
avec sagacité qu'il trouve le mot de l'énigme »;
— Essai sur les cryptogames des écorces exoti-
ques officinales; f^ partie, Paris, 1 824, gr. in-4%
avec 33 planches coloriées ; 2^ partie (supplément
et révision), Strasbourg, 1837, in-4°, avec
4 planches, 'c En examinant attentivement les
écorces précieuses d'arbres exotiques , a dit
le docteur Isidore Bourdon, non-seulement celles
257
FEE
258
du quinquina, mais plusieurs antres écorces
officinales , M. Fée y découvrit des lichens qui
lui parurent appartenir à diverses espèces encore
peu connues. Avec de la persévérance, il s'as-
sura que c'étaient des lichens inédits , des cryp-
togames nouveaux, et il décida dès lors d'en
faire l'histoire ; » — Méthode lichénographique
et Gênera , donnant les caractères des genres
qui composent la famille des Uchens, avec leurs
détails grossis ; Paris , F. Didot , 1824 , gr. in-4°
et plane forme. « Ces deux ouvrages, disait le
Bulletin des Sciences de Férussac, ne font pas
moins d'honneur à l'art typographique qu'au zèle
du savant, qu'ils placent entre les premiers cryp-
togamistes. Si la méthode lichénographique de
M. Fée n'est pas absolument irréprochable , elle
n'en est pas moins la meilleure qu'on ait encore
publiée. Les erreurs d'Acharius, dont les travaux
ont eu tant de fois pour résultat le renversement
de ses travaux antérieurs, y sont redressées avec
autant de politesse que de sagacité, et M Fée ,
,en rendant justice au mérite de ses compatriotes,
jMM. Léon Dafour, Mongeot et DelDle , démontre
indirectement la supériorité de nos lichénogra-
iphes; » — Concordance synonymique et mo-
nographique du genre Cinchona et genres voi-
sins ; dans le Journal de Chimie médicale,
1825; — Entretiens sur la Botanique; dans
la collection de Maître Pierre, Strasbourg,
1825, in-18; — Observations sur le projet de
loi relatif à la création des écoles secondaires
de médecine et de pharmacie, présentées aux
chambres et au ministre de l'intérieur par
la Société de Pharmacie; Paris, 1825 ; — Code
Pharmaceutique français ; ti-aduction du doc-
eur Jourdan, 2* édition, avec une intioduction,
les notes critiques et des additions par M. Fée;
?ans, 1826, in-8°; — Mémoire botanique et
hhimique sur les Monocotylédones ; dans le
Wournal de Chimie médicale, 1826; — Essai
riistorique et critique sur la Phytonomie , ou
lomenclature végétale; Lille, 1827, in-S";
|éimpi-imé à Gand, en 1828 ; — Notice sur les
énés falsifiés avec le redoul (coriaria rayrti-
lia, L.)'; dans le Journal de Chimie médicale,
|828; — Note sur les Sénés, et notamment
r le séné dit de Moka; 1830 , in-8° ; — Cours
^Histoire naturelle pharmaceutique, ou his-
ire des substances usitées dans la théra-
eutique, les arts et V économie domestique;
aris, 1828, 2 vol. in-8" ; 2"= édition, Paris,
Î37, 2 vol. in-8°; — Monographie du genre
hiodecton ; dans les Annales des Sciences na-
irelles, mai 1829, et dans les Mémoires de
Société de Lille , même année ; — Prome-
ade dans la Suisse occidentale et le Va-
lis ; Paris, 1829, in-8°; 2^ édition, sous ce
tre : Voyage en Suisse, Paris, 1835; — Ca-
Linnxi , Sueci, D. M., Systema Naturœ ,
ve régna tria naturœ systematice proposita
ir classes , ordines , gênera et species ; editio
ima réédita, curante A.-L.-A. Fée; Paris,
NOUV. BIOGR. CÉNÉR. — T. XVII.
1830, gr. in-S" ; — Monographie du genre Try-
pethelium»; dans les Annales des Sciences na-
turelles, 1830, in-8° ; — Commentaires sur
la Matière médicale et la Botanique de Pline;
Paris, 1830, 3 vol. in-S", composés pour l'édi-
tion de Phne de Panckoucke; — Notice sur le
Choléra-Morbus ; Lille, 1832, in-8°; — Flore
de Théocrite et des autres bucoliques grecs;
Paris, 1832, in-8"; — Vie de Linné, rédigée
sur les documents autographes laissés par
ce grand homme et suivie de Vanalyse de sa
correspondance avec les principaux natura-
listes de son époque; Paris, 1832, in-8°; —
De la Reproduction des Végétaux; Strasbourg,
1833, in-4°; — Mémoire sur le groupe des
phyllériées, avec une monographie des genres
Erineum, Taphria et Cronartium; Strasbourg,
1833, in-8°; —Examen de la Théorie des
rapports botanico - chimiques ; Strasbourg ,
1833, in-4<'; — Histoire du Jardin botanique
de la Faculté de Médecine de Strasbourg ;
Sti-asbourg , 1833, in-8'' ; — Discours prononcé
en Faculté, dans V année \8Zi, sur les progrès
de la botanique en 1832 et 1833; in-4°, avec
une planche représentant VHugelia cyanea de
Reichenbach ; — Mémoire sur trois Sphaeria
exotiques (espèces brésiliennes) ; Strasbourg,
1834, in-80; — Promenade à Bade pendant
r automne de 1834; dans la iîewMe Germanique,
1835; — Stuttgard pendant l'automne de
1835, in-8° ; traduit en allemand l'année sui-
vante ; — Catalogue méthodique des Plantes
du Jardin botanique de Strasbourg ; Stras-
bourg, 1836, in-8" : quelques espèces nouvelles
y sont décrites ; — Monographie du genre
Zauha, dans laLinnxa; Halle, 1836, in-8°; —
Entretiens sur la zoologie, pour la collection
de Maître Pierre; Strasbourg, 1836, in-18;
— Monographie du genre Gassicurtia, dans la
Linnœa; Halle, 1837, m-8°, planches coloriées ;
— Les Jussieu et la méthode naturelle; Stras-
bourg, 1837, grand in-8°; — Mémoires liché-
nographiques : Monographies des genres Sar-
cographa, Glyphis, Pyrenodium, Parmentiera,
Melanotheca et Messneria ; dans les Actes de la
Société des Ctirieux de la Nature ; Breslau ,
l838,in-4°, planches coloriées; — Entretiens
sur les Oiseaux, pour la collection àe Maître
Pierre; Strasbourg, 1838, in-18; — Mémoire
sur l'Ergot du seigle ( Sphacelidium clavus) et
sur quelques agames parasites sur les épis
de cette céréale; Strasbourg, 1843, grand in-4° :
l'auteur y établit le genre malackaria; — Exa-
men microscopique de V Urine normale ; Stras-
bourg , 1 844 , in-4° ; — Mémoires sur la fa-
mille des Fougères : l*"" mémoire. Examen
des bases qui ont servi dans la classification
des Foxigères, et en particulier de la Nerva-
tion, Strasbourg, 1844, grand in-fol. ; 2"^ mé-
moire. Histoire des Acrostichum, Strasbourg,
1844-1845; — Une exctirsion en Corse pen-
dant l'été de 1845; Strasbourg, in-12; — M«-
259 FEE -
inoirè snf la SeHsitim (Mimosa pudica, L.)'^ les
plantes dj^es sommeillantes; Strasbourg, 1846;
— Voceri, chants populaires de la Corse,
précédés d'une excursion dans cette île; Stras-
bourg, 1850, îti-8°; — Gênera Filicum : Po-
lypodiacéés; Strasbourg, 1850-1852, in-4°; —
Histoiredes Vittariées ; SirSi^bom'g, 1851-1852,
in-fol., planches-, — Histoire des Anthophijées ;
Strasbourg, in-fol. avec pi., I851-l852;"-£'?î<(/es
^philosophiques sur V Instinct et V Intelligence
des 4«m!m<.ï; Strasbourg, 1853, in-l2; —Ico-
nographie des espèces nouvelles décrites dans
le Gênera ; Strasbourg, 1853 , 8 planches in-4° ;
— Il ne faut pas maltraiter les animaux;
dans le Bulletin de la Société protectrice des
animaux, janvier 1855. Datts sa jeunesBe,
M. Fée a publié quelques poésies, entre autres
uneti-agédie en cinq actes, Pelage, Paris 1818,
In-H". Enfin, il a donné des articles de matière
inéilicaie au grand Dictionnaire des Sciences
médicales de Panclioucke ; de bibliographie au
BnUetin de Férussac; de médecine, de bo-
tanique , d'histoire naturelle, médicale et de
biographie dans le Journal de Chimie médi-
cale ; de botanique des anciens dans le Jour-
nal de Pharmacie; de cryptogamie dans le
Dictionnaire classique d'Histoire naturelle;
plusieurs notices dans divers recueils et encyclo-
pédies ainsi que dans la présente Biographie gé-
nérale.
M™" Cécile Féé, son épouse, née à Orléans,
le 22 janvier 1799, morte à Strasbourg, le 5 jan-
vier 1840, femme aussi distinguée par les qua-
lités du cœur que par celles de l'esprit , a fait
imprimer en 1832 un volume de Pensées. Ce
livre l'aurait placée très-haut parmi les mo-
ralistes , si sa moflesîie lui eût portais de le
répandre dans le commerce.
L. LOUVET.
Biogr. Univ. et port, des Contemporains. — Qiiérarri,
La France littéraire. -- Louandre et Rnurquoiot. i«
Littérature française contemporaine. — nid. de la Con-
versation, Suppl. a la ire édition. — Liste métliodique
des ouvrages publiés par le professeur Fée, !n-4°.
FÈFRK (Saint). Voy. Fiacre.
FEHtiiNG {Henri-Christophe), peintre alle-
mand , né à Sangerhausen, en 1653, mort en
1725. Élève et parent de Botschild , il suivit
ce maître à Rome, où il séjourna pendant quel-
ques années. 11 fut rappelé en Allemagne, à
Dresde, par l'électeur Georges IV. Augtsste ï*''"
lui confia la direction de l'Académie, et en 1707,
après la mort de Botschild , les fonctions d'ins-
pecteur du Musée. Fehling peignit des plafonds
dans le palais de l'électeur et dans celui du
prince Lubomirski.
TMagler, Nenes Allçi. KilnstL-I^exic.
|i,;FEHR {Jean-Blichel), médecin allemand, né
le 9 mai 1601, mort le 15 novembre 1688. Il
étudia à Schweinfurt, et reçut à Leipzig son
instruction médicale. Il fut nommé directeur du
laboratoire de chimie à Dresde. En 1639 il se
rendit à Altdrf ; de;là 11 passa en Italie, où il fut
FEI 2G0
reçu docteui* à Padôuè, en î 641. A âott retour
en Allemagne, il s'établit à Schweinfurt, devint,
sous le nom (VArgonauta, membre , puis prési-
dent de l'Académie des Curieu.x de la Nature.
En 1686, il fut nommé médecin de l'empereur
Léopold. On a de lui : Anchora sacra, seu de
Scorsonera; Breslau> 1664, in-8°; ^ Hiera
Fiera, seu de Absinthio analecta ; hé\)7Àg ,
1667, in-8°; --^ Epistolse mutua'. Argonâutee
ad Nestorem; Vienne, 1677, in-â". C'est la
correspondance de Fehr avec Welsch.
Biographie médicale. — Rloy, Dict, de Méd.
FEHR ( Jean- Laurent), fils du précédent,
médecin allemand, né à Schweinfurt, mort dans
cette ^illè, lé 22 septembre 1706. Comme son
père, il fut médecin et membre de l'Académie des
Curieux de la Nature, dans les mémoires de la-
quelle il a inséré un assez grand nombre d'obser-
vations.
Biographie médicale.
FEHR (Jean-Henri), médecin allemand du
dix-huitième siècle. On a de lui : Dissertai'td
de Calculo vesicœ ejusque pCr sectionem nii-
ferendi methodo ; 1716, in-4°. L'auteur se pro-
nonce pour le procédé de Rau ; dont il fait iadé.s-
criptlon.
Callisen, Med.-Lex.
PïîSHliE ( Chrétien- Auguste) , poëte allemand,
né le 25 mars 1744, mort le 29 août 1823. Il fit
ses premières études à Altehbourg et celles dè-i
di-oit à Leipzig. Il plaida ensuite à Pirna , à
Cîiemniiz, à Dresde, devint procureur de la
chambre en 1781 et des finances en 1784. Dé
1797 à 1817, il fut chargé d'administrer les do»
niaines de Gorlitz. On â de lui : des Poésies de
circonstance et autres, publiées dans plusieurs
recueils, tels que les Fides de Leipzig, 1768 et
1769, et dans VAnlholdgia de Schmid ; Leipzig,
1770, 1. 1.
Scîimid, Ànthol. der Deutsch.
FEHRS5ANN (Daniel), médailleur Suédoii
né à Stockholm, en 1710, mort en Ï780. Il ed
pour maître le célèbre Hedlinger, qu'il accoini
pagnâ en Russie et en^ Danemark. A Son retous
dans sa patrie, il lut attaché comme graveur âïà|
monnaie de Stockholm. Il grava en artiste babîlêj
une grande quantité de médailles, d'armoiries, eiM
Son fils devint également un médailleur remât^j
quàble.
Naglcr, Neves Allg. Kimstl.-Lexic. — Hirsching,,
Hist. liter. Handb.
* IPEï (Alc^sandro), dit del Barbiére, peinli^j
de l'école florentine, né à Florence, en 1543, inôi
Vers la fin du seizième .-siècle. Après avoir été]]
disciple de Ridôlfo del Gliirlandajo et de Pietro]
Francia, il devint le compagnon et sans dQUtéij
aussi l'élève de Tommaso da Santo-Friano. W
n'avait d'abord peint que des sujets de petite'
proportion ; mais bientôt il osa aborder la grande]
[)ciniure, à !;;o.ue]!e semblait l'appeler une inlD'
gination brillante et féconde. Il peignit à fresqwe*
de nombreuses compositions, qu'il enrichit del
2GI FEI -
belles architectures et d'élégantes arabesques ;
malheureusement son coloris est généralement
inférieur à son dessin, excepté toutefois dans
quelques tableaux , que l'on croit avoir été ses
derniers et peints à une époque où il aurait
réformé sa manière par l'étude des ouvrages
du Cigoli. De ce nombre et au premier rang est
La Flagellation qui se voH à Sant»rCroce de
Florence. Dans la même éghse, au-dessus d'une
Annonciation de Donatello, il a peint à fresque
Deux petits anges soutenant un baldaquin ,
figures pleines de grâce, mais d'un coloris rouge
et criard. Citons encore parmi ses fresques plu-
sieurs traits du Nouveau Testament à Santo-
Giovannino, et un Miracle de saint Domini-
que, lunette du grand cloîti'e de Sainte-Marie-
Nouvelle ; parmi ses tableaux une Annonciation
à San-Nicolo, une Madone à Santo-Petro in
Gattolino, et dans la galerie publique un Ate-
lier d'orfèvrerie de sa première manière. Pis-
toja possède aussi plusieurs peinhires de ce
maître, une Assomption à Santa-Maria délie
Grazie, une Annonciation, l'un de ses meilleurs
tableaux et plusieurs petits sujets à fresque à
Santa-Maria délie' Umilità. E. B— n.
Borghini, liiposo. — lîoschini, Carta del navegar
pittoresco. — Lanzi, Storia délia Pitittra. —V. Fan-
lozzi, Cuida di Firenze. — Tolomei, Guida di Pis-
toja. — Orlandi, Abbecedario.
FEI. Voy. FiciN.
FEIDHI. Foy. Feizi.
FEI.ÏOO. Voy. Feyjoo y Monte-Negeo.
; VEXfi ( Georges), homme politique allemand,
né à Helmstaedt, le 8 janvier 1803. Il fut élevé en
partie à Brunswick, où sa mère, devenue veuve,
s'était retirée. De 1822 à 1826, il visita les uni-
versités de Berlin , de Gœttingue et de Heidel-
berg, pour y étudier le droit ; mais dès lors il
manifesta un penchant décidé pour l'histoire et
l'économie politique. Les voyages qu'il fit en-
suite dans le reste de l'Allemagne et dans les
Pays-Bas dirigèrent sa pensée vers la politique.
Il rédigea à Munich la Deutsche Tribune (la
Tribune allemande), lorsque Wirth, qui dii'i-
geait cette feuille, eut été emprisonné. Incarcéré
à son tour, puis expulsé de la Bavière , Fein
éprouva le même sort dans les pays de Hesse et
de Hanau , d'où il fut transféré à Brunswick.
Il y subit également des persécutions, aux-
quelles il se déroba, en 1833, en passant secrè-
tement en France. Benvoyé aussi de ce pays ,
il passa à Ziuich, où il rédigea pendant six
mois la Neue Zuricher Zeitung ( Nouvelle Ga-
zette de Zurich)- La part qu'il prit alors à la
formation de la Société des Travailleurs lui
valut d'être arrêté et transporté dans le canton
d'Argovie. Il eût trouvé quelque repos à Lies-
tal , dans le pays de Bâle , où il fut interné,
s'il n'eût continué de prendre une part impor-
tante ans. efforts de la société secrète dite la
Jeune Allemagne, qii'W présida môme pendant
un cerh'.in temps. Le séjour de la Suisse lui fut
alors interdit, ainsi qu'à quelques autres mem- '
FEIND
262
bres de la même socîétéi II passa l'hiver de
1836-1837 à Paris, sous un nom d'emprunt;
mais, reconnu par la police, il passa en Angle-
terre. Après quelques mois de détention , il se
rendit à Christiania. Il quitta la Norvège en 1844
pour retourner en France et en Suisse. Dans ce
dernier pays il s'affilia aux sociétés secrètes ; mais
il fit une opposition déclarée aux communistes et
aux athées. Il participa aux mouvements des
corps francs contre Lucerne en 1844 et 1845, et
fut emprisonné à cette occasion. Quoique, dans
l'intervalle, Bàle lui eût accordé le droit de cité,
Lucerne le fit conduire enchaîné jusqu'au Pié-
mont, d'où on le transféra à Milan, puis à Vienne ;
la ville de Brunswick n'ayant pas osé réclamer
Fein, ce dernier, sous la promesse de ne pas
rentrer en Europe avant trois ans , fut embarqué
de Trieste pour New- York. Arrivé à Philadelphie
et à Cincinnati, il y fut invité à faire des lectures
sur le progrès de la vie civile en Allemagne et
sur l'histoire de l'Église. Après la révolution de
1848, il retourna en Allemagne. Revenu à Brème,
il y fut élu membre du congrès de Berlin. A
l'issue de cette assemblée, il s'établit dans le
pays de Bâle, s'y maria, et paraît ne plus s'occuper
que de travaux littéraires»
Conversat.-Lexikon.
*FEiN {Edouard), frèi'edu précédent, juris
consulte allemand, né à Brunswick, le 22 sep-
tembre 1813. Il fit ses premières études dans
sa ville natale, puis, en 1831, il se rendit à
Heidelberg, où il suivit les cours de Mittermaier,
de Thibaut et de Zachariae. Reçu docteur en
droit en (833 , il devint avocat à Brunsvick en
1834, et se créa en peu de temps une nom-
breuse clientèle. Le goût des spéculations théo-
riques le fit i-enoncer à la pratique des affaires.
Il se prépara, sous Savigny à Berlin, puis à Hei-
delberg, aux fonctions du professorat. Il débuta
par la thèse intitulée : Das Recht der Collation
(Le Droit de Collation) ; Heidelberg, 1842. Il fut
ensuite nommé professeur suppléant à Heidel-
berg. Son enseignement eut tout d'abord un si
grand succès, qu'à la fin de l'année ii fut nommé
professeur titulaire de droit romain à Zurich,
en remplacement deKelier. Il passa en la même
qualité à Iéna,et fut nommé assesseur au tribune
des échevins de cette ville. En 1852, il fut ap-
pelé à Tubingue pour y professer les Pandectes.
On a de lui : la continuation de l'ouvrage de
Gluck , intitulé : Ausfuehrliche Erlduterung
der Pandekten (Explication analytique des
Pandectes). Le tome 44, contenant Das Recht
der Codicille (Le Droit de Codicilles) a paru
àErlangen, en 1851 ; — Beitraege zu der Lehre
von der Novation und Délégation (Mémoires
pour servir à l'enseignement de la Novation et
de la Délégation) ; léna, 1850.
Conversations-texilion.
* FEIND (Berthold), l'ancien, théologien
allemand, né en 1633, mort en 1691. Il étudia à
Hambourg. On a de lui : Antisophistica ; —
9.
263
FEIND — FEITH
264
Gerrss Sociniani cujusdam de SS. Trinitatis
mysterio dissipatœ; — Portula Linguee La-
tlnœ ; — Hortus comicus ; — Phraseologia
Plautino-Terentiana ; — une Astronomie ex-
périmentale en allemand.
MôUer, Cimbr. litt.
FEINES. Voy. Feynes.
*FEio (Frà Antonio), prédicateur portu-
gais, né àLisljonne, en 15 73, mort en 1627. Il
entra dans l'ordre de Saint-Dominique. Son élo-
quence le rendit recommandable, et il fut nommé
prédicateur général de son ordre. On a de lui :
Tratados quadragesimaes , e da Paschoa;
Lisbonne, 1609 et 1612, 2 vol., in-fol., trad. en
français et en castillan ; — Tratados das Pes-
tas das Vidas dos Santos; Lisbonne, 1612-
1615, in-fol.; Barcelone, 1614; 2 vol. in-4°; —
Tratados das Pestas da V. N. Senhora; Lis-
bonne, 1615, in-fol. ; — SermaO das Exequias
de Filippe III ; Lisbonne, 1621, in-4°.
, Summario da Bibliot/ieca Lusitana, 1, 126. — Échard,
Scriptores Ordinis Preedicatoruw, II.
FEITAMA (Sibrand), poète et auteur dra-
matique hollandais, né à Amsterdam, en 1694,
mort en cette ville, en 1758. Ses parents le des-
tinèrent d'abord à la théologie, puis, après qu'il
eut fait ses études , au commerce ; mais il se
lassa en peu de temps de cette profession peu
compatible avec ses goûts littéraires, et il se mit
à travailler pour le théâtre. Ses deux premières
pièces, Fabricius et Le Triomphe de la Poésie,
obtinrent un succès mérité ; mais Feitama était
d'un caractère timide autant que modeste : il se
laissa effrayer par la réputation de Marre de
Mauritius , et, abandonnant l'originalité et l'in-
vention, il se réfugia dans les traductions. Cou-
rageux lorsqu'il eut avec lui un grand nom pour
le soutenir, il donna successivement : Romulus
et Les Machabées de Houdart de Lamotte ; Sti-
licon et Darius de Th. Corneille; Pertharite
de Pierre Corneille ; Pyrrhus de Crébillon ;
Bruius de Voltaire; Jonathan de Duché; puis
Ze Télémaque et La Henriade; d'après les cri-
tiques hollandais, ces deux ouvrages sont de
beaucoup préférables à ses tragédies. Ses œuvres
ont été publiées en 1735, 2 vol. in-4°. François
van Steenwyck , son ami, a publié un volume
in-4° d'œuvres posthumes, dans lequel on trouve
deux drames originaux : Les Dangers de l'É-
goîsme et La Sentinelle chrétienne, une traduc-
tion de VAlzire de Voltaire et des poésies mê-
lées. H. Malot.
Notice dans les Chef s-d'OEuvre du Théâtre hollandais
Biographie Néerland.
FEITH ( Éverard ), en latin feithics , an-
tiquaire et helléniste hollandais , né à Elbm-g
(Gueldre), vers 1597, disparu à La Rochelle,
vers 1625. Il était d'une famille riche et qui
occupait les charges les plus importantes de la
Gueldre. Il fit d'excellentes études, et s'appliqua
principalement à la connaissance du grec, de
l'hébreu et de la philosophie péripatéticienne.
Après avoir voyagé plusieurs années et visité
surtout les académies du midi de la France, il
retourna dans sa patrie ; mais il la trouva oc-
cupée par les troupes espagnoles du marquis
Spinola. Feith revint alors en France, y professa
la langue grecque, et se lia d'amitié avec Isaac
Casaubon, Jacques-Auguste De Thou, PieKre Du
Puy et autres savants de l'époque. Étant à La
Rochelle, il se promenait accompagné d'un seul
valet, lorsqu'il fut prié d'entrer chez un bour-
geois de cette ville : il se rendit à cette invita-
tion, et l'on n'a jamais su depuis ce jour ce qu'il
est devenu. Toutes les recherches des magis-
trats demeurèrent inutiles. Feith était encore
très-jeune lorsqu'il disparut si étrangement. On
trouva dans son cabinet quantité d'ouvrages im-
portants inachevés. Henri Bruman, petit-neveu
de Feith, a fait publier : Ever hardi Feithii
Antiquitatum Homericarum Libri IV; Leyde,
1677, in-12 ; réimprimé avec corrections par
Salomon Schouten, Amsterdam, 1726, petit
in-12, puis à Strasbourg, 1743, enfin dans le
tome VI du TTiesaur. Antiquit. Grœc. de
Gronovius. Cet ouvrage, écrit en beau latin,
renferme des choses curieuses sur la religion ,
les lois, les mœurs, etc., des Grecs. Chaque ar-
ticle est appuyé par les passages des auteurs
anciens qui s'y rapportent. Le P. de Longuerue
disait « qu'il aimait mieux les Antiquitates
homericse qu'Homère lui-même ». On connaît
encore de Feith, quoique restés en manuscrits :
Antiquitatum Atheniensium Libri octo ; —
des fragments de leçons critiques, dans lesquelles
l'auteur rétablissait le texte et expliquait les
passages obscurs d'Hesychius, de Suidas, des
scoliastes et des poètes grecs.
Bayle. Dlct. hist. et crit. — Paquot, Mémoires pour
servir à l'histoire littéraire des Pays-Bas, IV, 388. —
L'abbé Dufour de Longuerue, Dissertationes.
FKiTH ( Rhynvis) , poète hollandais, descen-
dant du précédent, né à Zwoll (Over-Yssel), le
7 février 1753, mort dans la même ville le
8 février 1824. Après avoir étudié le droit à
Leyde, il retourna, en 1776, dans sa ville natale
pour s'y livrer à son goût décidé pour la poésie.
Nommé bourgmestre et bientôt après membre
du collège de l'amirauté àZwoUjiln'en continua
pas moins à cultiver la littérature hollandaise.
Il devint membre de l'Institut des Pays-Bas et
de plusieurs sociétés savantes ou littéraires de
sa patrie, et vit souvent ses ouvrages couronnés
dans les concours académiques. En 1785, la So-
ciété Poétique de Leyde accorda les deux pre-
miers prix à deux de ses odes à la louange de
l'amiral Ruyter ; Feith ayant refusé les médailles
d'usage, la société lui en envoya les empreintes
en cire dans une boîte en argent, avec le por-
trait de Ruyter et ces mots gravés sur le cou-
vercle : Immortel comme lui. Feith s'est es-
sayé dans presque tous les genres de poésie.
Ses premiers écrits annoncent une grande pro-
pension au sentimentalisme, que son exemple
contribua à faire prévaloir pendant quelque
265
FEITH — FEIZI
266
temps dans la littérature hollandaise. Parmi
ses premières productions, on remarque surtout
Ferdinand et Constance; 1785, 2 vol. in-8".
Il publia ensuite Eet Graf ( Le Tombeau ) ;
Amsterdam, 1792 : poëme didactique, où à
côté d'excellents morceaux, et avec un plan bien
conçu, se retrouvent encore quelques traces du
genre sentimental. Cet ouvrage a été traduit en
allemand par Eichstorff ( 1821). Ce défaut ne
se remarque plus déjàdans son De Ouderdom
(La Vieillesse), Amst., 1802, poëme auquel
on peut reprocher cependant du vague dans la
conception. Parmi les poésies lyriques de Feith,
Oden en Gedichten ( Odes et Poésies diverses),
4 vol., Amsterdam, 1796-1810, on trouve plusieurs
hymnes et odes remarquables par l'enthou-
siasme et le sentiment qui y brillent. Quelques-
unes de ces pièces ont été traduites en français
par A. Clavereau ; Bruxelles, 1827, in-18. Quant
à ses tragédies, les plus estimées sont : Thirza,
Johanna Gray; Amsterdam, \ldi;Mucius Cor-
dus; et surtout Inès de Castro; Amsterdam,
1793. Feith travailla, avec Bilderdyk, à donner
une forme plusnoble au chant patriotique si connu,
de van Haren, intitulé De Geuzen ( Les Gueux ),
où sont célébrés les premiers combats livrés pour
l'indépendance néerlandaise. Ses épîtres en vers
à Sophie sur l'esprit de la philosophie de Kant,
Briven aan Sophie over den geest van de
Kantiaansche Wijsbegeerte, vooral met be-
trekking tôt het Christendom , Amsterdam ,
1806, sont un fruit de sa vieillesse. Parmi ses
écrits en prose , nous citerons Briven over
verscheiden Onder werpen ( Lettres sur diffé-
rents sujets de littérature), 6 vol., in-8°, 1784-
1794 ) ; elles se distinguent par le style et la
finesse des observations.
Conversations-Lexiknn. — Galeries Jiistoriques des
Contemporains.
FEITH { Peter- Rutger ) , poète hollandais,
fils du précédent, vivait en 1838. Il était juge
d'instruction au tribunal d'Almelo (Over-Yssel).
Il remporta en 1816 un prix à la Société des
Beaux-arts et de la Littératui-e de Gand , pour
une Cantate sur la bataille de Waterloo. On
a de lui plusieurs pièces de vers insérées dans
le recueil des œuvres de la Société Poétique de
La Haye et dans les Letter œfeningen.
Galerie hist. des Contemporains.
FEiz-ALLAH-EFFENDi (Seyyid), mufti et
écrivain turc , né à Erzeroum, décapité à Andri-
nople, le 20 rebi al-akhir 1115 (de J.-C. sep-
tembre 1703). Il descendait de Schems ed-Din
Tebrizi, maître de Djelal ed-Din Roumi, et avait
épousé la fille de Wani , prédicateur de Moham-
med IV. A là faveur de cette alliance , il obtint
un libre accès auprès du sultan, qui lui confia
l'éducation de ses fils Ahmed et Moustafa.
Nommé schéikh ul-islam (chef de la religion)
par le sultan Ahmed II , il conserva cette haute
dignité sous le règne] de Moustafa II, dont il
avait été précepteur. Son influence môme s'ac-
crut, mais il n'en fit que trop souvent un mau-
vais usage ; il distribua à ses parents et à ses
créatures les charges les plus Ifônorables et les
plus lucratives, sans observer les règles de l'a-
vancement. Cette conduite, jointe à un caractère
impérieux, le fit détester du corps des oulémas.
Un de ceux qui lui devaient leur élévation, le grand-
vizir Moustafa-Daltaban-Pacha , ne montr-a pas
tout le dévouement nécessaire aux intérêts de son
protecteur ; il contre-balança l'influence du mufti,
et tenta de l'empoisonner ; aussi ne tarda-t-il pas à
être renversé et remplacé par Rami. Des mesures
impopulaires contribuèrent à faire éclater la ré-
volte de 1703. Le sultan , dans l'espoir d'apaiser
les rebelles, consentit à la destitution deFeiz-
Allah et de ses créatures le 13 rebi al-ewwel
(27 juillet 1703). Quelques rebelles à qui ce mal-
heureux fut livré lui firent subir les plus cruels
traitements , et le mutilèrent après lui avoir tran-
ché la tête. Il fut surnommé Schahid (Martyr),
en considération de sa triste fin. Abdallah Koprili-
zadeh, gendre de Feiz-Allah,composaàsalouange
une cassidet intitulée Al-Ghorrat (La Brillante).
On a de Feiz-Allah : Nesaïh al-Molouk (Conseils
aux Rois), traité de politique; — Lethaïf {Face'
ties ) ; — Haschiyet Tefsir Beidhawi (Gloses sur
le Commentaire de Beidhawi ) ; — Haschiyet
souret neba (Gloses sur la 78« sourate du Coran,
intitulée Al-Neba) ; — Adzkar al-abkar (Invo-
cations matinales); — traduction turque du
Raudhat de Khathib Casim. E. Beauvois.
Scheikhi, Biographie 1395". — Ahmed Hanifzadeh . con-
tinuât, du Lexic.-bibliog. de Hadji-Khalfah , t. VI,
n°8 14587, 14667-8; 14911-31-81-91. — La Motraye, y oy ti-
ges, t. I, ch. XVI. — J. de Hammer, Hist. de l'Empire
Ottoman,trad. de Hellert, t. XII, p. 398-429 ; t. Xlll, p. 9.
68, 76, 86, 92, 108, 110, 117, 119, 120, 130.
* FEIZI ou FEYAZi (Abou'l-Feiz-Hindiy
connu sous les noms poétiques de), écrivain
persan de l'Inde , né à Agra, en 954 de l'hégire
( 1547 de J.-C. ), mort en 1004 (1595). Il était
frère du célèbre Abou'1-Fazl , ministre d'Akbar.
Élevé sous la direction de son père, nommé
Mobarek-Schah, qui était un libre penseur, il se
distingua de bonne heure par sa science et ses
talents poétiques. Sur le bruit de sa renommée,
l'empereur Akbar l'appela à sa cour en 1568, et
lui donna le titre de melik as-schoara (roi des
poètes). Il le combla d'honneurs , le pourvut de
places lucratives, et lui confia l'éducation de ses
fils. Feizi était plus studieux et vivait plus retiré
que son frère ; il était fort versé dans l'histoire ,
la grammaire, l'art épistolaire , la médecine, les
mathématiques et la théologie. Chargé d'exa-
miner les dogmes de la religion des brahmes,
il en fit un rapport très-favorable , et en plus
d'un passage de ses écrits il laisse percer son
admiration pour ce système théologique et pour
celui des adorateurs du feu. Aussi quelques zélés
musulmans lui ont-ils prodigué les épitliètes les
plus injurieuses et lui ont-ils dénié toute espèce
de mérite ; mais ce jugement sévère n'a pas été
confirmé par la postérité ,' car Feizi conserve
2S7
FEIZI — FELEKl
268
encore parmi ses compatriotes la réputation d'un
excellent poëte. Il avait réuni une bibliothèque
de 12,000 manuscrits arabes et persans. On a
de lui : un Diwan, contenant 18,000 vers; Ins-
cha , recueil de lettres ; — Sewaihi al-ilham
(Arguments de l'inspiration) , commentaire sur
le Coran; — Mewarïd al-kelim (Réservoir de
sentences). Ces deux ouvrages sont entièrement
composés de lettres qui n'exigent pas de points
diacritiques; — la traduction persane de Lila-
wati, traité d'arithmétique, écrit en sansciùt par
Bhascara Atcharya, imprimé à Calcutta, 1827,
in-8°; — Merkez-i-ackvar (Le Centre des Cer-
cles ), poëme persan , dans la préface duquel il
donne de curieux renseignements sur ses projets
et ses travaux littéraires ; — Nal ive Daman,
épisode du Mahabharata , traduit en vers per-
sans, lithographie à Calcutta, 1831, in-8°, et à
Lucknow, 1833 ; — Soliman v:e Bilkhis (poëme
inachevé ) ; — Heft kischwar ; — Akbar-na-
meh , poëme à la louange d'Akbar, interrompu
par la mort de l'auteur. Ces cinq poèmes sont
une imitation des cinq poèmes de Nitzami. Feizi
présida aux traductions , en persan , du Maha-
bharhaia, AviRamayana, de V Histoire de Kas-
chmir et des Évangiles. E. Beatjvois.
Lothf Ali-Beg, Atesch Kedah. — Klschen Tchand ,
Hamyschah be/iar. — Iladji-Klialfah, Lexic. Ubliogr.,
édit. Fluegel, t. II, n° 3431; III, \\° 7-279; VI, n^ï 13339-
1S99S. — Ouseley, Biogr. Notices of Persian Poets, p. 171.
- EIpUinstone, TheHist. of India, t. Il, p. 317. — EUiot,
Biblioyr. Index to the historians of Muham. India,
t. I, p. 251-255, 301. — Dozy, Catal. de Leijde, n"^ 298-
689.1 — Sprenger, Catal. des Bibliotà. du roi d'Oudh,
1. 1, p. 401.
FEKHR-EDDiiv. Vorjez Fakhr-Eddyn.
* FELDUAUSCH (FéHoc-Sébastien) , péda-
gogue allemand, né à Manheim, le 25 novembre
1795. Il reçut sa première instruction au lycée
de cette ville et à Rastadt; en 1817 il se rendit
à Heidelberg, où il s'appliqua, sous Schlos-
ser et Creutzer, aux études classiques. Ses pro-
grès furent si rapides qu'il fut nommé profes-
seur à Donaueschingen en 1820 et plus tard à
Rastadt. En 1844 il accepta les fonctions de
directeur du lycée de Heidelberg, qui, grâce à
son impulsion , parvint à un haut degré de pros-
périté. En récompense de ce résultat, Feldbausch
devint en 1850 membre du conseil supérieur
d'instruction publique à Carlsruhe et conseiller
privé. Il contribua à l'amélioration des méthodes
d'enseignement dans son pays. On a de lui :
Griechische Grammatik {Grammaire grecque);
Heidelberg, 1823, et 1845, 3'' éd.; — Latei-
nische Schulgrammatik (Grammaire latine à
l'usage des écoles); ib., 1837; — Kleines la-
teinisches Woerterbuch (Petit Vocabulaire
Latin) -.ib., 1848, ^^éà. ; — Grieclmclie Chres-
tomathie (Chrestomathîe grecque); ib., 1851;
— Deutsche Metrik nach Beispielen aus
classischen Dichtern ( Métrique allemande,
d'après des exemples tirés dos poètes classiques);
Heidelberg, 1841; — des éditions de Cornélius
Nepos; ib., 1828; — des Métamorphoses d'O-
vide; Carlsruhe, 1835 et 1848; — Bemerkun-
gen zu der dritten Satire des Horaz im ersten
Bûche (Remarques sur la troisième satire du
premier Hvre d'Horace); Rastadt, 1843; — Ztir
Erklœrung des Horaz (Commentaire sur Ho-
race); Heidelberg, 1851,
Conversat.-Lex.
FELDMANN ( Berwarrf ), médecin et natu-
raliste allemand , né à Coeln , le 1 1 novembre
1701 , mort en janvier 1777. Il étudia à Berlin
et à Halle, où il séjourna quatre ans. Revenu
à Berlin, il y fit un cours d'anatomie, à l'issue
duquel il se rendit en Hollande, où il se lia avec
Seba et Vilhoorn. A Leyde , il suivit les leçons
de Boerhaave et de Ganbius, et fut reçu doc-
teur après avoir soutenu une thèse intitulée :
De comparatione plantarum et animalium,
qui témoignait de sa prédilection pour l'histoire
naturelle. Il revint alors en Allemagne, fut
nommé médecin pensionné et sénateur de Neu-
Ruppin, et cinq ans plus tard médecin du cercle
de Ruppin. En 1740 sa réputation lui valut d'être
attaché comme médecin militaire aux armées
du grand Frédéric. Il employait ses loisirs à
cultiver l'histoire naturelle, sou étude favorite.
On a de lui des Observa tiones ; dans le Com-
mercium literarium Norimbergense, 1734,
1743, et dans le Berliner Magaùn.
Biographie médicale-
^ FELDMANiv (Léopold), poète comique al-
lemand, né à Munich, en 1803. En 1815 il fut
mis en apprentissage chez un sellier et un peu
plus tard chez un cordonnier, qui le chassa pour
avoir expi'imé trop vive;naent, dans un poème
glissé dans une paire de souliers qu'il avait été
chargé de raccommoder, les sentiments que lui
inspirait une jeune cliente de son maître. En 1817
Feldmann écrivit un petit opéra intitulé ; Der
falsche Eid (Le faux Serment), qui fut représenté
sur un théâtre de sa ville natale. Il entra ensuite
dans une maison de commerce à Pappenheim, et
trois ans plus tard il devint commis dans un ma-
gasin de bijouterie à Munich. Cependant la poésie
continuait d occuper ses loisirs. Il inséra dans les
journaux plusieurs compositions, qui eurent du
succès. En 1829 il se lia avec le poëte Saphir, puis
il abandonna la carrière commerciale pour se
livrer uniquement à la culture des lettres. Il en-
treprit ensuite un voyage en Grèce, et séjourna
cinq ans dans cette contrée. A son retour il visita
Smyrne et Constantinople. Revenu en Allema-
gne, il fit jouer avec succès sur les théâtres de
Vienne de nombreuses comédies. Ses ouvrages
sont intitulés : Der Sohn auf Beisen (Le Fils en
Voyage) : cette comédie, la première en date, fut
jouée à Munich ; — Reisebilder (Voyages ) pour
YEiiropa de Lewald; — Deutsche Original-
lustspiele (Comédies allemandes originales);
Vienne, 1844-1852, 6 vol.
Couvei-sat.- Lexik.
FELERi , c'est-à-dire céleste {Abou'l-nitzam
Mohammed) , décoré des titres honorifiques de
269 FELERI
Djelal exl-Din (Gloire de la Religion ), Se/tems
as-Schoara {SoMÏ des Poètes), Melik ahFo-
éheèa (Roi des Excellents) poëte persan, né à
Schainakhi, dans leSchirwan, mort en 577 de
l'hégire (1181 de J.-C). 11 eut pour maître le
poëte Abou'1-ola Guendjewi. 11 étudia l'astrulo^
gie pour se concilier la faveur d'un astrologue
dont il aimait la fille. Les progrès qu'il fit dans
cette science le mirent à même de composer un
traité intitulé Akham-an-Nodjoum (Jugements
des Astres). Minoutcheher, roi du Schirwaa,
lui faisait une pension en qualité de poëte de sa
cour. On a de Feleki un Dman, composé de plus
de 14,000 vers. E. B.
Douletschali , Tedzkiret aS'Schoara, ch. II. — Lothf
Ali-bfg, Aiesch Kedtah, ea tèie des Expedit. d' Mexandre
le Grand contre les Musses, trat), par Charmoy; Saint-
Pétersbourg, 1829, in-8=, p. 28, 38, 69. — Takl ed-Din Kas-
chi, Kholasset al-aschaar-, oh. I. -^ U'Herbelot, BibL
orient-, p. 70, 344. ^ .1. de Haiumcr, Gesch, der scliônen.
fledekùnste Ver siens , p. 123. — Sprenger, A Cutal. of
tlie arab., pers. and l\.industany mss., oj t/ie Libraries
ofthe King of Uudk, t. I.
FELETZ (Charles -Marie Dorihond, abbé
de) (1), critique français, né à Grimont, près
de Brives-la-Gailiarde (bas Limousin), lê 3jan.
vier 1767, mort ea 1850. Il était d'une famille no.
ble et très -ancienne. Il vint à Paris en 1789 , fit
ses; études au collège de Sainte-Barbe , et y fut
pendant trois années maître de conférences de
philosopliie et de théologie. Il entra ensuite dans
les ordres. L'abbé de Feletz se montra dès le
principe très-opposé aux doctrines révolution-
naires, et sut conserver depuis ses opinions,
sans exagération ni faiblesse. Il refusa tous les
serments qu'on voulut exiger de lui comme ec-
clésiastique ; ce qui à " deux reprises faillit en-
traîner sa déportation en Amérique. La pre-
mière fois il resta onze mois sur un ponton dans
la rade de Brest, et sur sept cent soixante prê-
tres qui partageaient son sort, il fut des deux
cent trente environ qui survécurent aux souf-
frances de tous genres que les déportés eurent à
souffrir, La seconde fois, arrêté a Orléans, après
le 18 fructidor, il fut assez adroit pour s'échap-
per des mains de ses gardiens. Il resta quelque
temps caché, errant d'asile en asile. De retour à
Paris en 1801, il se voua à la culture des lettres,
et se rallia à la rédaction du Journal des Dé-
bats. Pendant vingt-cinq ans , compagnon de
Geoffroy et de Dussault, l'abbé Feletz propagea
dans cette feuille les doctrines sévèrement clas-
siques ; il y lutta activement et utilement contre
les écarts et les aberrations des novateurs en
littérature. Ses articles, signés d'un A, se dis-
tinguaient par une érudition profonde , no ee
présentant jamais que sous des formes gracieu-
ses , et étaient remarquables par la pureté du
(1) Quelqueii biographes ont donné à l'abbé de Feletz le
titre de comte de Lyon. U ne porta jamais ce tilre, mai.s
il allait lui être aceorilé lorsque b révolution éelata. Ce
qui prouve du reste l'antique noblesse de la faniilla de
J'abbé de Feletz, c'est que pour être admis au ctiapjtre
dp Lyon il fallait prouver quatorze quartiers dq noblesse,
et que M. Feletz avait fourni ses preuves.
— FELETZ 270
style et par l'excellent ton c|e ses plaisanteries,
toujours de bPll goût et pleines de finesse. En
1809 il fut nommé conservateur de la Biblio-
thèque Mazavine, et pontvibuaàla même époque
à la rédactjoa du Mercure de France. En 181^
il fut namnié membre de ia commission des li-
vres classiques de l'université. Il perdit sa place
pendant les Cent Jours , nidis elle lui fut rendue
aussitôt après la rentrée de Louis XYIII, Eo
mars I8I6 il fut inscrit au nombre des littéra-r
leurs pensionnés par l'État. En 1820, appelé dans
l'université aux fonctions d'inspecteur de l'a-
cadémie de Paris, il fit une opposition sage aux
prétentions des congréganistes , qui l'attaquè-
rent à plusieurs reprises. L'abbé de Feletz fut
élu membre de l'Académie Française en rempla-
cement de Villar, dont les principes avaient été si
différents des siens, Il prononça son discours de
réception le 27 avril 1827, Sa candidature avait
été vivement combattue par certains journaux,
qui lui reprochaient de n'avoir écrit aucun ou-
vrage de longue haleine; cette critique ne pou-
vait empêcher son élection, car ce blâme injuste
aurait frappé alors , comme il frapperait mainte-
nant , un grand nombre d'académiciens qui ont
beaucoup moins et moins bien écrit que l'abbé
Feletz. Il sut d'ailleurs, par son zèle, sa modestie
et son atticisme, se montrer digne de la distinc-
tion qu'il venait de recevoir. En qualité de direc-
teur de l'Académie, il fut chargé plusieurs fois de
parler au nom de ce corps ; ce fut lui qui prononça
le discours académique funèbre sur la tombe de
François de Neufchâteau ( H janvier 1828) ; il ac-
complit le même devoir le 16 mars 1830 pour le
baron Fourier, et répondit le 22 mai suivant, lors
de la réception de M. Lebrun, successeur de Fran-
çois de Neufchâteau. Il harangua Charles X au
nom de l'Académie Française, le 12 avril 1830,
anniversaire de la rentrée de ce prince en 1815, '
et le 19 mai suivant le roi des Deux-Siciles,
François l" , lors de sa venue à Paris. Dans ces
deux circonstances, l'orateur se soumit aux
convenances du moment, et sa parole fut digne et
éloquente.Après lesévénements de 1830, l'^ibbéde
Feletz donna sa démission d'inspecteur d'acadé-
mie.
L'abbé de Feletz avait eu trois frères, Jean-
Marie , Jean-François , et Antoine-Joseph ;
tous trois étaient officiers avant la révolution.
Les deux premiers firent les campagnes de l'é-
migration, et obtinrent la croix de Saint-Louis
le U octobra 1814. Le troisième, ancien offi-
cier au régiment de Champagne, fut tué à l'af-
faire de Quiberon; l'abbé de Feletz a publié à
son sujet un article touchant dans le Journal
des Débats du 15 avril 1815.
Quelques articles critiques de l'abbé de Feletz
avaient été imprimés dans Le Spectateur fran-
çais. Depuis 1815, M. Amar en a fait un choix
judicieux, qu'il a publié sons le titre de Mélanges
de Philosophie et de Littérature; Paris, 1828,
6 vol, in-S". L'abbé de Feletz figure aussi parmi les
271
FELETZ
traducteurs des Œuvres d'Horace de la collec-
tion Panckoucke et parmi les collaborateurs du
Plutarque français et de V Encyclopédie des
Gens du Monde. On trouve de lui une Notice
abrégée de la vie de Fénelon en iète du Téléma-
que, édition de J.-M. Eberhart ; Paris, 2 vol. in-4<».
Il a enrichi de Notes historiques et littéraires
le poëme de L'Imagination , édition de Didot ;
Paris, 1815, 2 vol. in-8°. Enfin, il a fourni beau-
coup d'articles aux Lettres champenoises ( 1 820) .
A. Jadin.
Moniteur universel, année 1828, p. 1676; année 1830,
p, a24, 329 et 406. — Dufaï , dans la Revue de Paris. —
Ue Sacy, Journal des Débats; du 10 février 1842. — Ju-
tjements historiques et littéraires sur quelques écri-
vains et écrits du temps (Paris, 1840, in-8°).
• FELGENHACER (Paul) , illuminé bohémien,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. Il étudia à Wittemberg, fut diacre au
château de cette ville, et revenu en Bohême,
après avoir refusé un emploi de prédicateur, il
commença la publication de ses ouvrages, où se
remarque un véritable dérangement d'esprit. Il
étudia ensuite la médecine. A Amsterdam, où il
se trouvait en 1623, il continua de faire impri-
mer les productions les plus étranges et de
l'effet le plus dangereux; Emprisonné en 1657 à
Suhl'uigen , il persista à soutenir qu'il avait reçu
une mission divine. Rendu à la liberté en 1659,
il aUa se fixer à Hambourg, et publia de nouveaux
écrits jusqu'en 1660. Depuis cette époque on ne
sait plus rien de lui. Les prmcipaux de ses nom-
breux ouvrages sont : Spéculum Temporis ;
1620, in-4''; — Apologeticus contra invectivas
geruginosas Rostii; 1622, in-4''; — Aurora
Sapientise; 1628, in-4° ; — Sphxra Sapientise;
1650,in-12,et 1753, in-8°-, — Refutatio Para-
logismorum Socinianorum ; Amsterdam,] 1658,
in-12; — Prognosticon astrologico-prophe-
ticum; 1656. Cet ouvrage est « dédié à tout
l'univers et à toutes les créatures; « — Nova
Cosmographia et Dimensio circuli; 1660,
in-12.
Jocher, Allg. Gel.-Lexik.
FÉLiBiEN (André), sieur des Avacx et de
.Iavercy , architecte et historiographe français ,
né à Chartres, en mai 1619, mort le 11 juin
1695. Il commença ses études à Paris, puis , se
rendit à Rome, en qualité de secrétaire du mar-
quis de Mareuil, ambassadeur français. En 1647,
étant dans cette ville, il rencontra parmi les
manuscrits de la bibliothèque du cardinal Bar-
berini la Vie de Pie V, écrite enjitahenpar Agatio
di Somma , et la traduisit ; c'est cette traduction
qu'il publia plus tard (Paris, 1672, in-12 ) , après
la canonisation de ce pape : il cultivait ainsi en
même temps et les lettres et les arts. Le Pous-
sin reconnut en lui des qualités précieuses,
et ne dédaigna pas de l'honorer de son amitié
et de lui prodiguer ses conseils. De retour à
Chartres, il se maria, puis vint de nouveau ha-
biter Paris, où l'appelaient de hauts personnages,
ses protecteurs; Fouquet, puis Colbert, l'era-
FELIBIEN 2/2
ployèrent et le comblèrent de dignités. On le voit
devenir successivement, en 1666 ihistoriographe
des Bâtiments, en 1671, secrétaire de l'Académie
d'Architecture, en 1673 garde du Cabinet des
Antiques. Malgré tant d'emplois , il trouvait le
moyen de consacrer chaque jour plusieurs heures
à la rédaction de nombreux ouvrages : personne
avant lui n'avait tant étudié l'histoire de la
sculpture, de la peinture et de l'architecture;
personne n'était plus capable de l'écrire , et il l'a
fait avec une admirable habileté : chez lui tout
est à la fois profond et clair, savant et plein
d'intérêt; jamais le jugement ne lui a fait dé-
faut, rarement son goût l'a trompé. Le privilège
de la Vie de Pie V, dont nous avons déjà
parlé, donne une idée de la confiance qu'on avait
en lui : « Il est permis au sieur Félibien de faire
imprimer par tel imprimeur qu'il voudra choisir
tous les ouvrages qu'il fera , et ce durant l'es-
pace de quinze années. » André Félibien a aussi
cultivé la poésie. Son coup d'essai , Le Songe de
Philomathe (1688), n'est pas un coup de maître;
mais l'on devine un habile écrivain, qui aurait
pu réussir à s'exprimer en vers d'une façon peu
ordinaire. Outre les ouvrages mentionnés on a de
lui : Paraphrases des Lamentations deJérémie,
du Cantique des Trois Enfants, et du Miserere ;
réunies en 1646 , in-12; — Relation de la dis-
grâce du comte duc Olivarès , traduite de l'i-
talien de Camille Guido; Paris, 1650, in-8°;
Amsterdam, 1660, in-12; — Origine de la
Peinture, suivie d'autres pièces; 1660, ih-4'';
— Entretiens sur les vies et sur les ouvrages
des plus excellents peintres anciens et mo-
dernes ; Paris, 1666, in-4°; première livraison
de ce fameux livre : les autres parurent succes-
sivement, la seconde en 1672, la troisième en
1679, la quatrième en 1685, la cinquième en
1688, et suivie du Songe de Philomathe. L'ou-
vrage entier fut réimprimé à Amsterdam, en
1706, 5 voL in-12; on y ajouta : Les Confé-
rences de VAcadémie de Peinture; Vidée
du Peintre parfait; — des Traités des Des-
sins, estampes, de la connaissance des ta-
bleaux et du goût des nations , tous ouvrages
inédits; — La Vie du P. Louis de Grenade,
de l'ordre des Prêcheurs; Paris, 1668, in-12;
— Conférences de VAcadémie de Peinture,
Paris, 1669, in-4° ; Amsterdam , 1706, in-12;
— Le Château de l'âme, traduit de l'espagnol
de Sainte Thérèse; 1670, in-12 ; — Description
de l'abbaye de La Trappe; Paris, 1671, 1678,
1682, 1689, in-12, et traduite en anglais; — Des-
criptionde la Grotte de Versailles ;Pains, 1672
in-4''; — Description sommaire du Château de
Versailles; Paris, 1674; réimprimée à Amster-
dam , avec la date de 1603 pour 1703 ; — Prin-
cipes de l'Architecture, de la Sculpture, de la
Peinture et des autres arts qui en dépen-
dent , avec un Dictionnaire des termes pro^
près ; Paris , 1676-1690 , in-4° ; — Description
des Tableaux, Statues et Bustes des Maison,
273 FÉLIBIEN
royales; Paris, 1677, in-4°; — André Félibien
a encore écrit : une Histoire des Châteaux
royaux , conservée à la Bibliothèque impériale ,
que M. A. de Montaiglon doit éditer prochaine-
ment avec notes ; — une Étude sur les Habits
et vêtements antiques, qu'il mentionne dans
une Lettre à, Nicaise , mais dont on ignore le so rt.
Il fut aussi l'auteur des inscriptions dont on orna
l'hôtel de ville de Paris depuis t660 jusqu'en
1686. On trouvera huit de ses Lettres dans la
Correspondance de l'abbé Nicaise.
André Félibien eut trois fils. L'aîné, Nicolas-
André, seigneur de Coltainville, mort le 16 sep-
tembre 1711, fut chanoine et doyen de la cathé-
drale de Chartres : on conserve de lui, dans la
bibliothèque de cette ville , six volumes inédits,
in-4°, ouvrage par demandes et réponses, inti-
tulé : Questions pratiques et canoniques sur
les cinq livres des Décrétâtes de Grégoire IX.
Louis Lacodr.
Nlcéron, Mémoires, t. II. — Archives de l'empire,
Registres des Bâtiments du roi. — Nicaise, Correspon-
dance, t. IV. — Archives de l'Art français, t. IV. —
Comm. part.
FÉLIBIEN (Jacques), théologien français,
Irère du précédent, né à Chartres, en 1636 , mort
dans la même ville, le 23 novembre 1716. Il fit
d'excellentes études, et s'appliqua particulière-
ment à celle de l'Écriture Sainte. N'étant encore
que diacre, il fut appelé, en 1661, au séminaire
de Chartres pour faire des conférences sur les
livres saints. En septembre 1668 il fut pourvu
de la cure de Vineuil (Blaisois), et le 10 mai
1689 nommé chanoine à Chartres. Le 2 juillet
1695 il fut promu à l'archidiaconat de Vendôme.
On a de lui : Les Cérémonies du Baptême mises
en françois, avec des réflexions et des prières;
Blois, 1673 ; — Traité du sacrement du Bap-
tême et des obligations que les chrétiens y
contractent, avec des Prières du matin et du
soir, tirées des prières de VÉglise , et un Ca-
téchisme abrégé pour Vusage des enfants;
Blois, 1678 ; — Instructions morales en forme
de catéchisme sur les commandements de
Dieu, tirées de l'Écriture; Chartres, 1693,
in-12 ; — Le Symbole des Apôtres expliqué
par V Écriture Sainte; Blois, 1696, in-12;
réimprimé à Chartres; — Entretiens sur l'his-
toire de la conversion d'un jeune gentilhomme
hollandais , dédiés à la reine d'Angleterre ; Pa-
ris , 1697 ; — Commentarium in Oseam; Char-
tres, 1702, in-4°; — Pentateuchus historicus,
sive quinque libri historici , Josue , Judices ,
Riith, primus et secundus Regum, cum com-
mentai-iis, ex fonte hebraico,versione septua-
ginta interpretum , et variis auctoribus col-
/ectos ; Chartres , 1703. L'auteur fut vivement
attaqué par les théologiens orthodoxes pour avoir
dit : 1° en parlant de Gédéon et de Manoé, qu'ils
offrirent des sacrifices, non par eux-mêmes,
mais par le ministère des anges , qui proprie et
immédiate Deo sacrificabant , contre le prin-
cipe de saint Paul : Omnis pontifex ex homi-
274
nibus assumptus , etc. ; 2° parlant du vieillard
qui avait donné retraite au lévite (Jw^es, cap. X),
l'auteur s'exprimait de façon à faire nécessaire-
ment conclure que l'ignorance excuse dans des
choses de droit naturel ; 3° en parlant de David ,
Félibien mettait dans la bouche de ce roi des
jurements populaires , tels que Diabolus me au-
ferat ! etc., écart pour lequel on avait réprimandé
le fameux Richard Simon, quoiqu'en matière
moins grave. Pour éviter toute contrariété , Fé-
libien supprima volontairement les passages in-
criminés. Son livre donna lieu à un autre débat ,
qui eut un grand retentissement. Félibien l'avait
fait imprimer avec la seule permission de Paul
Godet des Marais, évêque de Chartres, dont
le mandement fut mis en tête de l'ouvrage ; le
chanceher écrivit, le 1*"^ décembre 1703, à l'é-
vêque de Chartres, qu'il avait outrepassé ses
pouvoirs ; qu'il pouvait recommander ou défendre
dans son diocèse la lecture des livres qu'il juge-
rait utiles ou dangereux pour la doctrine spiri-
tuelle , mais que les lois interdisaient formelle-
ment à qui que ce soit d'imprimer ou débiter
aucun ouvrage dans le royaume sans qu'il fût
revêtu de l'autorisation expresse du roi. Le prélat
répliqua dans plusieurs lettres et mémoires , et
le 11 décembre 1703 intervint un arrêt rojal
ordonnant la suppression du Uvre, la confisca-
tion des exemplaires , avec peine de cent livres
d'amende cx)ntre l'imprimeur (Vve Etienne Mas-
sot de Chartres), par les raisons « que l'auteur
ni l'imprimeur n'ont eu soin d'obtenir de sa
majesté la permission ou le privilège nécessaire,
nonobstant les ordonnances et règlements inter-
venus sur le fait de la librairie ». Félibien se
soumit , et l'affaire n'eut pas d'autres suites. Cet
auteur a laissé beaucoup d'autres ouvrages ma-
nuscrits; parmi ceux qui sont complètement
achevés on remai'que : la Traduction du Missel
et du Bréviaire; — celle de quelques ouvrages
de saint Éphrem, de saint Grégoire de Na-
zianze; — La Vie de saint Fulgence, celle de
Pierre de Blois ; — Entretiens sur les me-
naces, punitions et imprécations contenues
dans récriture Sainte; — enfin, une Chrono-
logie française depuis le commencement du
monde jusqu'à la centième année de J.-C.
Abbé Jacques Boilcau, De Librorum circa res theo-
lofiicas Approbatione, nomb. V ( Anvers, 1708, ln-16).
— Dom IXvon, Bibliothèque CAarêrffline, S82 et 318; —
MotM , Grand Dictionnaire historicité. — Richard et
Giraud, Bibliothèque sacrée.
FÉLIBIEN { Jean- François ) , fils aîné d'An-
dré, architecte français, né vers 1658, mort le
23 juin 1733. Grâce aux services rendus par son
père , il fut investi d'emplois éminents : l'Aca-
démie d'Architecture et celle des Inscriptions se
l'associèrent de bonne heure ; le roi le fit son
conseiller. Toutefois , nous devons l'avouer, ses
travaux sont en général superficiels; les érudits
les considèrent comme d'imparfaites ébauches ;
mais leur forme assez soignée a plu à une cer-
taine classe de lecteurs. En voici les titres : Re-
275 FÉLIBIEW —
cueil historique de la vie et des ouvrages
des plus célèbres architectes; Paris, 1687,
in-4° ; — Plans et dessins de deux maisons
de campagne de Pline , avec des remarques
et îine dissertation touchant rarchitecîure
antique et gothique; Paris, 1699,in-12 (une
traduction italienne de ces deux ouvrages a été
publiée par Fossati à Venise, en 1755, in-S" ) ;
— Description de la nouvelle Église des In-
valides, avec plans ; Paris, 1702, in-12; ou-
vrage plusieurs fois réédité , même format et
in-foi., entre autres en 1725, à la suite des Entre-
tiens de son père, - On lui attribue encore deux,
travaux qui doivent être conservés manuscrits
à la bibliothèque de l'Institut ; Description his-
torique de l'ancien Louvre; ^ Manuscrits
anciens de la ville de Paris. Louis Laoouk.
Histoire de l'Académie des Inscriptions, lubies. —
Histoire do Chartres.
FÉLiBiEiv (Michel), historien français, fils
d'André, né à Chartres, le 14 septembre 1666,
mort le 25 septembre 1719. 11 quitta de bonne
heure sa famille pour venir faire ses études au
collège des Bons-Enfants de Paris , et se fit bé-
nédictin. VHistoire de VAbba'je royale de
Saint-Denis en France (Paris, 1706, in-foi.)
fut son ouvrage le plus important; il y fit preuve
d'une habile méthode, d'un goût sain et éclairé.
" J'ai eu recours aux originaux , dit-il , la vérité
n'estant jamais plus pure que dans sa source. »
Sur ces entrefaites ( 1710), Rignon, prévôt des
marchands de Paris , désirant posséder une his-
toire de la ville , ne trouva pas un écrivain plus
apte à remplir ses vues que Michel Félîbien :
celui-ci accepta l'offre, malgré les infirmités que
des études trop prolongées lui avaient attirées. li
prépara un projet auquel Louis XIV donna son
approbation. Le livre fut commencé et pour-
suivi pendant huit années avec persévérance :
Félibien succomba à la besogne. Lobineau {voy.
ce nom ) acheva l'œuvre commencée, et fut aidé
dans ce travail par un certain de Varigny, se-
crétaire de Félibien. VHistoire de la ville de
Paris parut en 1755 , 5 vol. in-fol. Voici la liste
des autres travaux de notre historien : lettre
circulaire sur la mort de M^^ d'Harcourt ,
abbesse de Montmartre; Paris, 1699, in-4";
— Vie cV Anne-Louise de Brigneul, fille du
maréchal d'Humières , abbesse de Mouchy ;
Paris, 1711, in-8° ; — Projet cVune Histoire
de la ville de Paris; Paris, 1713, in-k".
Louis Lacour.
Nlcéron, Mémoires, t. XXVIII. — Lobineau, Histoire
de la ville de Paris, Préface, -r^ Voltaire, éd. Beuchot,
tables.
FÉLiCE (Costanso) , en htin Consta7itius
Felicius Burantinus , latiniste itahen, né à
Castei-Durante (marche d'Ancône) , vers 1502,
vivait encore en 1584. Baillet le cite au nombre
des enfants célèbres. Félicefit ses études au col-
lège de Péronsc, et lorsqu'il composa ses pre-
miers ouvrages , « à peine , dit Cochlée , était-il
sorti de l'âge de l'enfance pour entrer dans celui
FELICIANO 276
de l'adolescence ». IJ étudia le droit et la méde-
cine, et vécut fort âgé , puisqu'il publiait encore
des ouvrages en 1584. On a de lui ; De Conjv,-
ratione CatUlnx ; De Exiiïo Ciceronis ; De fig-
ditu Ciceronis , réunis en un volume, dédié c||i
pape Léon X, Rome, 1518, in-4° ; réimprimé par
J. Cochlée. avec une prélace, Leipzig, 1536, in-4°;
De Conjuratione Catilinx a été publié séparcj-
ment; Bàle, 1564; — ' Calendario overo e/a-
merida storica ; Vth'm , 1577, in'4"; -- Trah
ialo del grand' Animale o gran bestia, cosi
detta volgarmente, e délie sue partie /acultà,
Rimini, 1584, in-S"; trad. de l'ouvrage d'Apollo-
nio Menabene intitulé : De magno Animait quod,
Alcen vocant; Milan ,1581, in-4°. La traductionj
de Félice est suivie d'un lYaitutQ d$lk Virtù p]
Propriété del Lupo,
HanK. De Scriploribns llomanis, 122, .^ Balllct, JiiçiQ-
ments des Savants, III; Enfants célèbres, n° 37.
FEMCE (Fortuné-Barthélémy de), publi
ciste italien, né à Rome, en 1723, mort le 7 fé-
vrier 1789. Sa famille était originaire de Naples;
il étudia chc/. les jésuites, et professa à Rome et
à Naples. Réfugié à Berne, après avoir enlevé
une religieuse d'un couvent, il embrassa le pro-
testantisme. Plus tard il établit une imprimerie
à Yverdun, et publia, avec Tsçharner, VEstatu
délia Letteratura Eiiropaa, qu'il continua
pendant neuf ans. On a de lui : Principes du
Droit de la Natiire et des Cens, d'après Burla
maqui; -— un abrégé du même ouvrage sous ç|
titre : Leçons du Droit de la Nature et d^
Gens, 1769, 4 vol. in-8°; et Paris, 1830, 2 vol,
in-8"; -^Encyclopédie, oic dictionnaire 7<ni-,
versel raisonné des connaissances humaines;
Yverdun, 1770-1780; — Éléments de la Po-
lice d'un État, 1781, 2 vol, in-12.
Fcllcr, llioçirap/iic imiccrselle (éd. Welss^.
* FÉLïcE ( Frédéric-Charles de), théologien
protestant et helléniste français, mort à la IleHi;
de l'âge, le 21 avril 1809, 11 était professeur d'hu
manités au lycée de Metz et pasteui- de l'égligii
réformée de la même ville. On a de lui deuîi
Lettres pastorales très-bien écrites : l'une en
date du 28 vendémiaire an xiv, Metz, in-4°,
l'autre en date du 10 août 1806, in-4'' ; elleg
sont relatives aux actes belliqueux et pacifiques
de Napoléon r'"(l). Emile Bégin
G. -F. Tcissier, dans VJlmanach des Protestants ppui
1810, 2« partie, p, 38. — Essai philologique sur la T^'
pogr. â /)/ei;, p. 22S.
FELiciAKO ( J'eZice), surnommé Antiqvu-
rio, ou V Antiquaire , archéologue italien , né à'
Vérone , vivait au quinzième siècle. 11 fut un de?
premiers à rassembler des débris de l'art an-
tique et à recueillir des inscriptions; maïs
comme il ne publia rien à ce sujet, Maffei pensi
queFerrarini, Marcanuova et Bologni profitèrent
de ses travaux manuscrits et lui en dérobèrenï
l'honneur. D'après le imême Maffei, F^eliciano'
(1) Félice a été omis par M, Quérard dans sa France,
littéraire.
se!
I
1
277
FELICIANO — FELICIANUS
278
était aussi poëte ; mailieureusement il donna dans
les folles rêveries de l'alchimie. Voici ce qu'on
lit à ce sujet dans les Novelleàt Sabadino, pu-
bliées en 1483 : « Dans votre terre, magnifique
comte, généreux gentilshommes, et vous, très-
nobles dames, vous devez avoir connu un certain
Feliciano, homme remarquable, d'un esprit bril-
lant et érudit , lettré et plein de qualités dignes
de louanges, d'une conversation aimable et rem-
plie d'agréments, et surnommé V Antiquaire,
pour avoir consumé ses années en recherchant
les nobles antiquités de Rome, de Ravenne
et de toute l'Italie. Celui-ci donc ayant, outre
les antiquités, mis tout son zèle et tout son
génie à chercher et scruter le grand art , c'est-
à-dire la quintessence, il se transporta pour
cette raison dans la marche d'Ancône, pour
trouver un ermite. » Le même Sabadino ajoute
dans un autre endroit que Feliciano consacra
à cette folle recherche son patrimoine, celui de
ses amis, et pour ainsi dire sa vie même; et il
fut presque réduit à la mendicité. Ce fut proba-
blement pour rétablir sa fortune que Feliciano se
fit imprimeur. Il donna, avec Innocente Ziletti,
une édition des Uomini famosi de Pétrarque,
avec un Ragiona mento dalni ; Pogliano,prèsde
Vérone, 1470, in-fol. Cette belle et rare édition
est le seul produit connu des presses des deux
associés. Maffei indique un ouvrage de Feliciano.
intitulé: Felicis Feiîciani, Veronensïs, Epï-
grammaton, ex vetustissimis per ipsumfide-
Itlt'.r lapidibus inscriptonim, ad splendis. An-
dream Mantegnam, Patavum picêovem incom-
parabilem. — Le même auteur cite encore de
Feliciano des Riine et un recueil iVAntiche rime.
A. Sabadino , Novetlc, 111, XIV. — Maffcl, Ferona
tUustrata, part. Il, p. 1»9. — Apostolo Zeno, Note al
Ftiitaniiii, t. Il, p. 3. — Tiraboschi, Storia délia Lettc-
rat. Ital., t. VI, p. I, p. i.82.
FELICIANO (Giovanni-Bernardino) , méde-
cin et latiniste vénitien , né vers 1490 , vivait en-
core en 1552. Il professait l'éloquence dans sa
patrie, et, suivant la méthode d'isocrate, habi-
tuait ses élèves à parler publiquement sur les
plus hautes questions de la politique ou de l'ad-
ministration. La connaissance qu'il avait des
langues savantes le mit à même de traduire un
grand nombre d'auteurs anciens. Il se lit recevoir
médecin, et montra beaucoup de goût pour l'a-
natomie , sans pourtant que ses recherches aient
contribué aux progrès de cette science. On pré-
tend , mais sans preuve , qu'il enseigna la mé-
decine à l'université de Paris. On a de lui :
Pnuli ,'Eginetx Liber sex lus deChirurgiai
Bâlc , 1533; — Galeni De Hippocratis ei Pla-
tonis decretis; ibid.; — De Anatomia matricis;
ttiid.; — De. Fœtuum Formatione ; ibid. Ces di-
verses traductions se trouvent aussi dans les
Opéra Ga/enùle Froben ; — Eustatlni et aUn-
ruminsigniumperipateticorum Comment, in
ni). Arisfo'elis De Morilnis, etc.; Venise, 1541 ;
Paris et Bàle, 1543, in-fol.; — Porphyrius et
fMixippiis in Prxdicamenta ArïstoteUs ; Ve-
nise, 1546, in-fol.; — Porphyrd De Abstïnentia
ab esu animalium; Véhise, 1547, in-4°. Sui-
vant Jacques de Rlioér, cette traduction est jus-
(\n'\Q,iïdimQ\\\(è\xxe.-, — Alexander Aphrodisiensis
inpriorem librum Aristotelis Analyticorum;
Venise, 1548, in-fol. ; — De Xenophane, Ze-
none et Gorgia , publié par les Junte à la suite
de leur Aristole; Venise, 1552 ; — Explanatio
veterum SS. Patrum Grœcorum^ seu catena
in Acta Apostolorum et Fpistolas ab (Ecmne-
nio ; Bâle , 1552 , in-S", et Venise, 1556 , in-8'';
— une traduction du dixième livre du traité d'A-
ristote De Animalibus, etc. Huet trouve Feli-
ciano trop diffus ; « Ses traductions, ajoute-t-il,
tiennent de la paraphrase et n'ont pas assez de
sirnplicité; en un mot, il n'a pu parvenir à cette
netteté que demande une traduction fidèle. »
P.-D. Muet, De clar. Inierpret., lib. Il, 166, — Voss,
De Scriptoribu? math. — Gcsner, Epitome. — Éloy,
Dictionnaire historique de ta Médecine. — Baillct,
Jvrjein. des Savants, Il , Traducteurs latins, a" S27 Ois.
FELICIANO (Bernardino), orateur vénitien,
mort à Venise, en 1577. Il était lecteur de la
secrétairerie ducale de Venise. On a de lui un
recueil de Orationes prononcés publiquement :
Pro munere legendi suscepto ; De virtutis
prœstantia; De optimo imperatore ; De stu-
diis huvianitatis; Depoetarum laiidibus, etc.;
Venise, 1564, in-4°.
Agostinl, Scrittori Feneiiani.
* FELICIANO ( Francesco ) , mathématicien
italien, né à Lazise ( Véronais ), vivait en 1563.
On a de lui : Scala Grimadelli ;Yévone, 1563,
et très-souvent réimprimé depuis. Sous ce titre
bizarre l'auteur a réuni trois livres d'arithmé-
tique et de géométrie.
Mafft'i, P'erona illustrata, lib, IV, 205.
* FELICIANO (Porfirio), prélat et poëte ita-
lien, né dans le pays de Vaud, en 1562, mort
à Foligno, le 2 octobre 1632. Il savait la philo
Sophie, les mathématiques, la jurisprudence,
les belles- lettres, écrivait avec beaucoup de net-
teté en latin, et, ajoute Janus Nicius Erythraeus,
« ses égaux étaient en fort petit nombre pour la
poésie italienne ». Attache d'aboi'd au cardinal
Salviati , il devint secrétaire du pape Paul V,
qui le nomma évêque de FoUgno. Il a laissé
Mme diverse, morali, espirituali, Foligno,
1630, et plusieurs volumes de lettres en latin
et en italien.
J.-N. \L\-y\.\\TX\\s, Pinacoth.,\\ Ima(i.illiist.,n'>3'6, p. 134.
— Luigi Jacobilli, liibliotheca Umbrix, 232. — J.-B.
Lauro, De flirts illustribus sui tcmporis; — César
Alexi.s, De f^iris illustribus Perus., cent. I!. — Baiilet,
Ju'jements des Savants , IV; Poètes modernes, n" 1381.
* FELicîANUS HisPALENSis, théologien
espagnol, mort entre 1730 et 1740. Il apparte-
nait à l'ordre des Capucins. On a de lui : In-
structio vitx spirituatis brevis et clara; Sé-
ville, 1696, in-8°; — Cantiones spirituales de
obligationibus christianis et adversus can-
tica vitiosa; Séville, 1698-1705, en trois parties
in-S°; — De Angelis principtbus Empyrei;
Séville, 1704, in-8° ; — Cymhalum igncum
279
id est De Suffragiis pro Animabus defuncto-
rum; ibid., 1704, in-4° ; — Sol increatus, Deus
trinus et unus , ubi cultus devotioque fidelis
excitatur; Cadix, 1707, in-4°; — Lux apos-
tolica; ibid., 1716, in-S"; — Canistrummys-
ticum afferendum puero Jesu in suo sacro
natali; ibid., 1719.
Bern. de Bologne , ëibl. Capucc.
*FELiciATi (Lorenzo), peintre de l'école
siennoise, né à Sienne, en 1732, mort en 1779.
On trouve de ses tableaux aux confréries
des Saints-Clous et de Saint-Sébastien, à l'église
de San-Pellegrino, au couvent des Observantins,
et dans plusieurs autres édifices religieux de
Sienne. Aux environs , on voit de lui à la villa
dell' Agazzara, une Vierge; Saint Just à l'é-
glise de S. Casciano; et Saint Etienne à celle
de Cerreto. E. B— n.
Roraagnoli, Cenni storico-artistici di Siena.
FÉLICIEN (Saint), martyrisé à Normento, en
286 ou 287. Arrêté à Rome comme chrétien, avec
son frère Primus, tous deux ils furent amenés
devant l'empereur Maximien Hercule, qui,
sur leur refus de sacrifier aux idoles, les fit
fouetter publiquement. II les envoya ensuite à
Promotus , juge de Normento , ville à quatre ou
cinq lieues de Rome. Promotus n'ayant pu
ébranler aucun des deux frères, les fit décapiter.
Moréri dit que " les actes de ces martyrs ne pa-
raissent pas authentiques » ; quoi qu'il en soit,
l'Église honore saint Félicien le 9 juin.
Surius , Acta Sanctornm. — Les Bollandistes. — Bail-
let, f^ies des Saints, 11. — Moreri, Grand Dictionnaire
historique. - Richard et Girard, Bibliothèque sacrée.
FÉLICIEN , théologien arien , vivait vers 410.
Il soutenait qu'on devait examiner les questions
de religion par la raison avant de consulter l'É-
criture. Il fut condamné comme hérétique. Saint
Augustin a écrit contre lui son livre De Unitate
Trinitatis.
Prateolus , De Fitis, Sectis et Dogmatibus Hœretico-
riim etc. — Sanders, De Her., 94. — Ricliard et Giraud,
Bibliothèque sacrée.
* FÉLICIEN DE SAINTE-MAGDELEINE, re-
ligieux de l'ordre des Carmes, né dans les pre-
mières années du dix-septième siècle, à Nantes,
oO 11 mourut, en 1685. Il fit profession dans sa
ville natale, enseigna la théologie à Bordeaux,
fut ensuite prieur à Agen , et enfin définiteur de
la province de Touraine. Il se distingua dans ces
divers eijiplois par des connaissances variées et
une grande régularité de mœurs. Soupçonné d'ê-
tre janséniste , et tracassé comme tel , il revint
passer les dernières années de sa vie à Nantes.
On a de lui : Defensio Providentix divinse,
juxta doctrinam divi Augustini et sancti
Thomse , Ecclesiee catholicee luminum; Bor-
deaux, 16.57, 3 vol. in-4''; — Nova Eloquentise
Methodus, quaecomplectitur rhetoricaniAris-
totelis et Raymundi Lullii; Paris, 1666,in-l2.
P. Levot.
Cosme de VilUers , Bibliotheca Carmelitana.
* FELiciAN (Saint), martyr en 61 de l'ère
FELICIANUS — FÉLICISSIME
280
chrétienne , né à Cordoue , dans la Bétique ( An-
dalousie), province d'Espagne. Ami de Sénèque, |
dont il fréquentait la maison lorsqu'il venait à j
Rome , il se convertit au christianisme. Ayant |
appris que les chrétiens , accusés de l'incendie j
de Rome , étaient persécutés par l'ordre de Né-
ron , il se réfugia dans sa patrie. Conduit au
tribunal du juge et ayant refusé de sacrifier aux [
idoles , il fut battu de verges , incarcéré , puis !'
mis à mort. V. Marty.
Martyrolog. Hispanum, 1. IV, de Tava de Salaz.
* FÉLicissiME (Saint), martyrisé à Car-,
thage, vers la fin de 250. D'après les auteurs de
la Bibliothèque sacrée , Félicissime n'était que
laïque. Il devint, sous la persécution de l'empe-
reur Dèce, le compagnon de saint Rogatien, prêtre
de Carthage; «tous deux, disent les hagiographes,
furent mis en prison , mais en sortirent triom- \
phants des ennemis de leur foi «. Ce fut à ces [
deux confesseurs que saint Cyprien , évêque de
Carthage , confia l'administration de son diocèse,
lorsque Dieu lui commanda, dans une révélation,
de fuir la persécution. En son absence, Cyprien
donna aussi à ses deux vicaires la commission
de combattre et d'excommunier un autre Féli-
cissime (voy. l'art, suivant), qui soutenait des
propositions nouvelles. Les martyrologes fontj
mention de saint Rogatien et de saint Félicissime
comme de deux martyrs , quoique quelques au-
teurs croient qu'ils sont morts en paix. L'É-
glise les lionore le 26 octobre.
s. Cyprien, Epistolœ, 38 et 81. — Baillet, f^ies des
Saints, III. — Tillemont, Mémoires, III. — Moréri,!
Grand Dict. hist. — Ricliard et Giraud, Bibl. sacrée.
* FÉLICISSIME, schismatique du troisième'
siècle. Il était diacre dans l'église de Carthage.
En 248 , il s'opposa fortement à l'élection de '
saint Cyprien comme évêque de cette ville, et
pendant la fuite de ce prélat, il jeta la divi-
sion parmi les chrétiens. Il chercha à séparer
saint Cyprien des confesseurs qui accordaient '
une absolution précipitée aux libellatiques (1) et
quelquefois à ceux qui étaient tombés dans une '
apostasie publique. Félicissime alla plus loin ; il
voulut que l'on reçût les laps à la communion j
sans aucune pénitence et sur une simple recora- \
mandation des martyrs. Il forma une Éghse sé-
parée , se joignit à cinq autres prêtres , assembla j
tous ceux de son parti , et, se retirant sur une
montagne hors la ville , lança l'anathème sur les
chrétiens qui ne le suivaient pas. De concert
avec Privatus et quelques évêques déclarés apos- '
tats, il assembla un synode dans lequel saint
Cyprien fut déposé et le prêtre Fortunatus élu
en sa place. Félicissime fut ensuite député à
(1) Chrétiens qui, pour n'être pas obligés de sacrifler
aux dieux en public, selon les édils des empereurs, al-
laient trouver les magistrats , et obtenaient d'eux, par
grâce ou par argent, des certificats par lesquels on at-
testait qu'ils avaient obéi aux ordres souverains et on
défendait de les Inquiéter davantage sur le fait de reli-
gion. Ces certificats se nommaient en latin libelli, d'où
l'on donnait à ceux qui en étalent porteurs le nom de
libellatiques.
I
281 FÉLfCISSIME
Rome vers le pape Corneille pour obtenir la
consécration de ce changement ; mais sa demande
fut rejetée. Par une contradiction singulière , il
se joignit alors à Novat et à Novatien ( voy. ces
noms ), autres prêtres , qui soutenaient qu'il ne
fallait point recevoir à la pénitence ceux qui
étaient tombés dans quelque péché après le bap-
tême. Us formèrent ensemble la secte des no-
vatiens, appelés aussi cathares ( du grec xa-
Uorpo;, pur).
J s. Cyprien , Epistolœ,- 38 . 39, 40, 55, etc. — Baronius ,
Jnnales . 254, 253, 258. — Pearson . Annales Cypriani.
— Tilleraont , Mémoires pour servir à l'histoire ecclé-
siastique, in, 318, 702. - J. Blngham, Origines eccle-
siasUcœ. — Dupin, Bibliothèque des Auteurs ecclé-
siastiques des trois premiers siècles.
FÉLICITÉ (Sainte), patricienne romaine,
martyrisée à Rome, en 164. Elle était d'une
haute naissance, et jouissait d'une grande con-
sidération, par sa fortune et sa vertu. Après la
mort de son mari, elle garda le veuvage, et con-
tinua à élever ses sept fils dans la religion chré-
tienne. Ils se nommaient Janvier, Félix , Phi-
lippe, Sylvain, Alexandre, Vital et Martial.
Félicité , par ses bonnes œuvres et son exemple,
attirait chaque jour de nouveaux prosélytes au
christianisme. Suivant les récits des hagiogra-
phes, les prêtres païens en prirent ombrage, et
la dénoncèrent à l'empereur Marc-Aurèle An-
tonin. Celui-ci chargea Pubhus , préfet de Rome,
d'informer sur cette affaire. Ce magistrat manda
devant lui Félicité, lui lut les décrets des em-
pereurs, et l'invita à sacrifier aux idoles ; elle s'y
refusa formellement. Publius lui donna jusqu'au
lendemain pour réfléchir. Ce terme écoulé, il la
fit venir de nouveau , mais cette fois avec ses
enfants. 11 lui renouvela sa proposition, lui dé-
clarant que son opmiâtreté entraînerait non-
seukment sa mort, mais celle de ses fils. Féli-
cité s'écria : (c Votre pitié est une impiété réelle, et
la prétendue compassion à laquelle vous m'exhor-
tez annoncerait la plus cruelle des mères. « Se
tournant vers ses enfants, elle ajouta : « Re-
gardez le ciel, oîi Jésus-Christ vous attend avec
ses saints ; persistez dans son amour, et com-
battez généreusement pour vos âmes. » Publius
la fit souffleter, pour avoir donné un pareil avis,
et s'adressa à chacun des enfants séparément,
espérant en obtenir une rétractation. Tous persis-
tèrent dans leur croyance. Publius les fit fouetter,
et envoya la procédure à l'empereur. Marc-Aurèle
Antonin les fit traduire devant des juges spé-
ciaux. Ceux-ci, n'ayant pas été plus heureux que
Publius, condamnèrent les enfants de Félicité à
différents supplices. Janvier, l'aîné d'entre eux,
fut battu jusqu'à la mort avec des fouets garnis
de balles de plomb. Félix et Philippe eurent la
' tête fracassée à coups de massue. Sylvain fut
jeté dans un précipice. Alexandre, Vital et Mar-
tial eurent la tête tranchée. Félicité mourut de la
même manière quatre mois après. Quelques au-
teurs modernes ont attaqué l'authenticité des
actes de ces martyrs, prétendant que l'histoire de
— FÈLICULE 282
sainte Félicité était une imitation de celle des
sept Machabées. « Cette légende, écrivent-ils,
est tirée de Surius , moine du seizième siècle,
décrié pour ses absurdités. Aucun document
contemporain ne vient d'ailleurs confirmer le
récit de cet hagiographe, tout rempli d'invraisem-
blances. » D'un autre côté, Richard et Giraud
disent que « les actes de ces saints martyrs sont
bons et fidèles, quoiqu'ils n'aient pas tous les
caractères des originaux». D'ailleurs, Grégoire le
Grand et Pierre Chrysologue font mention de
sainte Félicité et de ses enfants. L'Église honore
les sept frères le 10 juillet et sainte Félicité le
13 novembre.
Grégoire le Grand, Homeliœ , III, super Evangelia.
— Pierre Chrysologue, Sermones, n° 134. — Surius, Acta
Sanctorum. — DomRuinart, Acta primorum Martyrum
sincera. — Alban Butler, tives of Feathers. — TUIe-
mont, M ém. pour servir à l'hist. ecclésiastique , II.—
Balllet , ries des Saints. — Richard el Giraud , Bibl. sa-
crée.
FÉLICITÉ (Sainte), martyrisée à Carthage,
en mai 202 ou 203. Elle était d'une condition
servile,et professait le christianisme. Elle fut
emprisonnée comme catéchumène, avec un de
ses compagnons nommé Revocatus et deux per-
sonnages de nobles familles. Saturnin Secun-
dule et Vivia Perpétua. Interrogée par le procon-
sul, elle se déclara chrétienne et refusa de sacri-
fier aux idoles. Elle fut condamnée à être exposée
dans le cirque et déchirée par les bêtes. Elle
était alors enceinte de huit mois; « mais ayant,
dit son hagiographe, prié Dieu de la délivrer avant
le jour de son exposition , elle fut exaucée et
accoucha instantanément ». Les chrétiens furent
amenés dans l'amphithéâtre le jour de la fête
donnée pour célébrer l'anniversaire de la nais-
sance du césar Antonin Geta. Félicité fut livrée
à une vache sauvage, qui la maltraita fort ; sur
la demande du peuple, elle fut achevée par un
gladiateur. Samuel Basnage de Flottemanville
avait placé sainte FéUcité et ses compagnons au
nombre des montanistes (1); le cardinal Orsi
lui répondit, et prouva l'orthodoxie de ces mar-
tyrs dans un ouvrage intitulé : Dissertatio apo-
logetica pro sanctarum Perpertuœ, Felici-
tatis, et sociorum martyrum orthodoxia,
adversus Samuelem Basnagium. L'Église ho-
nore sainte Félicité le 7 mars.
s. Augustin. Sermones CCLTiXXl et CCLXXXII. -
S. Corneille de Compiègne, Passio sanctss Perpetuse et
sanctœ Felicitatis: dans le recueil de Luc Holste (Rome
1663). — nom Ruinart, .icta Sanctorum sincera. —
Tillemont , Mémoires pour servir à l'histoire ecclé-
siastique, 111. - Basnage de Flottemanville, Exercita-
tiones historico-criticœ de rebiis sacris. — Drouet de
Maupertuy, Les véritables Actes des Martyrs, I, 150. —
Fleury, Histoire ecclésiastiqtie, liv. V. — Baillet, Fies
des Saints, I, mois de m«rs. — Richard et Giraud, Bi-
bliothèque sacrée, XIX, 24î.
* FÈLICULE ( Sainte ) , martyrisée à Rome,
vers 89. Elle fut accusée de christianisme. Sous
le règne de Domitien , elle subit plusieurs tor-
tures, fut mise à mort et son corps fut jeté dans
(1) On appelait ainsi les sectateurs du schlsmatlque
Montin (voy. ce nom ).
283
un cloaque. SaîtotNicodème alla retirer ce cadavre,
et l'enterra dans une de ses terres située aux
environs de Rome, sur la route d'Ardée. Le
clergé de l'église Saint-Paul à Parme affirme
posséder cette relique. L'Église honore sainte
Félicule comme vierge le 1 3 juin.
BaUlet, II, Vies des Saints, 13 Juin. — Richard et Gl-
raud , Bibliothèque sacrée.
* FÉLIN (Saint) ou FELINUS, martyrisé à
Pérouse, vers 250. 11 était soldat, et se convertit
au christianisme avec Secondien, Marcellien,
Vérien et Gratinien. Lui et ses compagnons
furent arrêtés à Rome, en vertu des ordres de
l'empereur Dèce, et y subirent diverses tortures.
On les envoya ensuite à Péiouse, où ils furent,
dit-on, mis à mort par le glaive. L'Église honore
saint Félin le 9 août.
Alban Butler, Life of Feathers. — Baillet, Vies des
Saints. II, août. — Richard et Giraud, Bibliothèque sa-
crée, XII, 268.
* FELINA (Clément-Marie), théologien latin,
de l'ordre des Carmes, natif de Bologne, mort
le 18 avril 1699. 11 fut trois fois vicaire général
de sa congrégation. On a de lui : Proludium pro
morali lectura; Bologne, 1666, in-4°; — Sa-
crum Muséum Mantuanse congregat/wnis Car-
melitarum de observantia ;\hià., 1691, in-4<';
— / sacri Notturni délie nove lezioni di Giobbe,
ridotfi in versi ; Milan, 1694, in-S".
Fantuzzi, Scritt. Dologn.
FEUKo ( Marquis Guillaume- Léon de ),
homme d'État italien. Voijez Tillot (Du).
*FELmsRA {Emilie), cousine du suivant,
traduisit en vers polonais la cantate de Circé de
J.-B. Rousseau.
Une autre dame polonaise du même nom est
connue par son patriotisme : elle fut envoyée
arbitrairement par ovàvQ du czar Nicolas l" en
Sibérie. Avant de moui'ir, elle écrivit VJIistoire
de sa Captivité et de ses malheurs, trad. en
anglais à Londres, eu 1853, par M. Christin Lach-
Szyi'ma. L. Ch.
Doc. partie.
FELiNSKi (Aloïs), littérateur polonais , né à
Ossow, prèsdeLuck(Wolhynie), en 1771; mort
à Krzémiénietz ( Wolhynie) , le 23 février 1820.
il fit ses études chez les Piaristes à Dorabrowiça,
plus tard à Wlodzimiérz sur le Bug, chez les
Basiliens. Il se trouvait à Varsovie à l'époque
de la mémorable diète constituante (1788-1792),
et coiïiposa à cette occasion un ouvrage intitulé :
Sénaius-consulte sous le règne de Jean So-
bieslii, et plusieurs écrits anonymes, tendant à
la réforme du gouvernement de Pologne. En
1791, on lui confia l'éducation de Jean Tar-
nowski, neveu de Thadé Czacki. En 1794, il se
distingua comme soldat à la défense de Varsovie,
et remplissait en même temps les fonctions de se-
crétaire des correspondances françaises auprès de
Kosciuszko. En 1819, il accepta le titre de profes-
seur de la littérature polonaise et de directeur
du lycée de Krzémiénietz, et mourut peu après.
Felinski connaissait à fond les littératm-es grec-
Léonard Ghodzro.
jurisconsulte italien.
FELICULE — FÉLIX 284
que, latine, française et italienne, traduisit en
partie Boileau, Racine, Voltaire, Crébillon, De-
mie, et fit en langue polonaise des odes à
Kosciuszko, à Trembecki, etc., et enfin Barbe
Radziwill , tragédie en vers , puisée dans l'his-
toire de Pologne , et traduite en prose française
dans les Chefs-d'œuvre des Théâtres étran-
gers , à Pans. Il a laissé un écrit remarquable
sur la réforme de l'orthographe de la langue po-
lonaise. Gustave Olizar, a publié les œuvres
posthumes de Felinski.
Documents particuliers.
PELlNtrS SAND^CS
Voyez Sandei (Felino).
* FÉLIX (Saint), martyrisé à Sedeloé, dans
la province Lyonnaise (aujourd'hui Saulieu)
(Bourgogne), vers 170. Il était marchand, lors-
que saint Andoche et saint Thyrse, disciples dô
saint Polycarpe, évêque de Smyrne, vinrent
prêcher l'Évangile dans les Gaules; ils furent
accueillis par Félix, qui les logea dans sa maison
et se fit chrétien. Lors de la persécution de l'em-
pereur Marc-Aurèle, ayant été dénoncés tous
trois au gouverneur de la province Lyonnaise,
ils furent, sur leur refus de sacrifier aux idoles,
mis à mort. Félix fut assommé à coups de bâton.
Son corps fut enterré, dit-on, dans une abbaye de
filles fondée à Autun par la reine Brunehaut sous
l'invocation de la sainte Vierge et de saint An-
doche. Quelques hagiographes ont écrit pourtant
que le corps de saint Félix avait été brûlé avec
celui de saint Andoche, lors du martyre de
ces confesseurs. L'Église honore saint Félix le
24 septembre.
Baillet, Vies des Saints, IV, 24 septembre. — Richard
et Giraud, Bibliothèque sacrée , H, 194.
FÉLIX (Saint), né à Scillite, martyrisé à Car-
thage, en juillet 200. Il fut arrêté comme chré-
tien, et conduit avec Spérat, Narzal, Cittin,
Voiture, Azyllin, Letance, Janvière, Généreuse,
Vestine, Donate et Seconde devant Saturnin,
proconsul en Afrique pour les empereurs Sévère
et Antonin Caracalla. Ayant déclaré devant ce
magistrat leur religion et refusé de donner
leurs livres sacrés , ils furent condamnés à mort
et décapités. L'Église honore ces martyrs le
19 juillet, sous le nom de martyrs scillitains.
Baronius, Annales. — Dom Ruinart, Acta sincerA
Martyrum. — Drouet de Maupertuy, Les véritables
Actes des Âlartijrs.
FÉLIX ( Saint ) , évêque de Tubise , Thibiare,
ou Thibare ( dans la province proconsulaire d'A-
frique ), né en 247, décapité à Venuze ( Fouille),
le 30 août 303. Les empereurs Dioclétien et
Maximien ayant ordonné la destruction de tous
les livres chrétiens dans l'étendue de l'empire
romain, leur édit fut pubhé en Afrique le 24 fé-
vrier 303 et affiché à Thibiare le 5 juin. Magni-
lien, procureur du fisc et intendant de la province,
manda, en l'absence de l'évoque Félix , alors à
Carthage, le prêtre Aper et les lecteurs Girus et
Vital (selon Surins, le prêtre se nommait Janvier
et les lecteurs Fortunat et Septimien); il leur
FÉLIX
286
(i; manda les livres sacrés pour les brûler. Ils
IV pondirent que leur évêque en était seul déposi-
laire. Au retour de Félix, Magniiien lui ordonna
(l'obéir à l'édit impérial. Félix refusa de le faire :
le magistrat romain lui donna trois jours pour
I réfléchir. Ce délai expiré et l'évêque ayant per-
sisté dans son refus , il fut appelé au tribunal de
Carthage, où il comparut devant le proconsul
Anulinius. Félix lui répondit avec la même réso-
lution ; Anulinius le fit conduire le 7 juillet au
préfet du prétoire, qui setrou vait alors en Afrique.
Celui-ci, non plus que les magistrats précédents,
!ic se crut autorisé à prononcer la condamnation
de l'évêque; après l'avoir gardé neuf jours en
jrison , il le fit embarquer et l'envoya aux empe-
reurs mêmes , à Rome. Ceux-ci déléguèrent un
"oramissaire, qui, à l'arrivée de Félix à Venuse,
lui fit renouveler ses refus et le condamna à perdre
la tête. Comme on menait le saint au supplice, la
lune, dit Suriu.s, parut toute sanglante ; au mo-
ment de recevoir le coup mortel, il leva les yeux
vci's le ciel, et s'écria : « Seigneur Jésus , je vous
rends grâces de ce que vous remettez mon àme
en liberté. J'ai demeuré sur la terre cinquante-
six ans , mais j'en sors avec ma première inno-
cence : j'ai vécu vierge et je meurs vierge ; j'ai
gardé les préceptes de votre Évangile et j'ai ap-
pris aux autres à les garder ; comme une vic-
time choisie dans le troupeau , je baisse la tête
sous le couteau qui va m'ôter la vie. « L'Église
Honore saint Félix le 24 octobre.
Surius, ^cta Sanctorum. — Barnnius, Ànnàjcs eccles.
— Dom i\uinart. Acta primorum Martyrum sincera. —
Tilleraont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésias-
'igue. — Tleary, Histoire ecclésiastique.— Baillet, Fies
des Saints. — Drouet âe Mattpertay , Les véritables Jetés
des Martyrs, I, 603,
FÉLIX de Noie (Saint), prêtre, né à Noie
( Campanie ) , mort dans la même ville, vers 256
ou 266. Il était fils d'un Syrien , nommé Her-
mias, officier dans les armées romaines, et qui
était venu se fixer en Italie. Saint Maxime, évê-
que de Noie , ayant pris en affection le jeune Fé-
lix, réleva dans la religion chrétienne, et le fit
dès sa jeunesse lecteur et exorciste : plus tard ,
il lui conféra le sacerdoce , et se déchargea sur
lui d'une partie du gouvernement de son diocèse.
Saint Maxime s'étant caché durant la persécu-
tion de Dèce ou de Valérien , Félix fut arrêté à
sa place , condamné , fouetté , chargé de fers et
jeté dans un cachot parsemé de têts de pots.
<t Mais, écrivent les hagiographes , un ange le
délivra, afin qu'il pût aller secourir, son évêque,
prêt à expirer de froid et de faim dans les mon-
tagnes où il s'était retiré. II le trouva sans con-
naissance dans ini champ plein de ronces. Ayant
rencontré, parla permission de Dieu, des raisins
au milieu de ces ronces, Félix en pressa une
îîrappe dans la bouche de saint Maxime, ce qui
le fit revenir. Félix le chargea ensuite sur ses
épaules et le rapporta dans Noie, où il le mit en
r.rtreté. Lui-même reparut dans la ville, et conti-
nua ses prédications. Les idolâtres qui le cher-
chaient l'épée à la main l'eussent infaQliblement
tué, si Dieu ne l'eût dérobé à leur fureur par un
double miracle qu'il fit sur-le-champ en les
aveuglant pour les empêcher de le reconnaître,
et en le couvi'ant d'une toile d'araignée subite-
ment formée flévant une masure dans laquelle il
s'était caché. La nuit suivante il se retira dans
une vieille citerne à demi sèche, où il demeura
près de six mois, durant lesquels la Providence
lui procura la nourriture de chaque jour par le
ministère d'une femme dont la maison tenait à
la citerne , sans qu'elle sût ce qu'elle faisait ni
la personne qu'elle servait. »
Le danger passé, Félix sortit de la citerne, et
reprit son ministère avec un nouveau zèle. Après
la mort de Maxime, il déclina' les honneurs de
l'épiscopat, et poussa le désintéressement jusqu'à
refuser les biens qu'une dame nommée Archélaïde
lui offrait. II se contenta d'un jardin d'un arpent
et demi qu'il cultivait lui-même, et acheva ainsi
sa carrière. Son corps a toujours été en grande
vénération à Noie, et, selon saint Paulin, saint
Augustin, Sulpice Sévère et le pape Damase, un
grand nombre de miracles s'accomplirent sur son
tombeau. Son culte passa bientôt en Afrique. Sa
fête est célébrée à Rome et à Noie le 14 janvier.
L'histoire de saint Félix a été traitée par saint
Paulin en quatre poèmes, dont saint Grégoire
de Tours a composé un abrégé. Les poèmes de
saint Paulin ont été pubfiéspar Muratori, dans ses
Anecdota ex Ambros. Bibliot. Cod.; Milan,
1697-1698, etPadoue, 1713, 2 vol. in-4°.
Saint Paulin, P/at. de sancto Felice, Carminé XX. -
Saint Augustin, De cura pro mortuis , Epistolse 78 et
137. — Sulpice Sévère, Epist.W, Ad Severum. — S>amt
Grégoire de Tours, De Gloria Blartyrum. — Bollandus,
Acta Sanctorum. — Dom Ruinart, Acta sincera Marty-
rum. — Uu Fossé, Fie de saint Félix de Noie. — De
Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésias-
tique, IV. — Baillet, Fies des Saints , 1 , 14 janvier. —
Richard et Giraud , Bibliothèque sacrée.
FÉMX OCTA vius (Saint), martyrisé à Abitine,
dans la province proconsulaire d'Afrique, en 304.
Il était lecteur du prêtre saint Saturnin et avait
ouvert sa demeure à la célébration des mystères
de la religion chrétienne. En exécution des décrets
des empereurs Dioctétien et Maximien, il fut
arrêté un dimanche de collecte avec quarante-
huit de ses coreligionnaires, parmi lesquels se
trouvaient deux autres Félix. Conduits devant le
proconsul Anulinus , ils confessèrent hardiment
leur foi et furent mis aux fers. Félix Octavius
périt sous le bâton ; un second Félix partagea
son supplice; le troisième, dit Félix le jeune,
subit la mort quelques jours plus tard. L'Église
honore ces martyrs le 1 2 février.
Les Bollandistes , y^cta Sanctorum — Don) Ruin.nrt,
Acta sincera primorum Martyrum. — Drouet de Man-
pertuy , Les véritables Actes des Martyrs, II, 25.
* FÉLIX ( Saint ) , évêque de Ravennc , mort
dans cette ville, le 25 novembre 716. II fut or-
donné en 708 : il était abbé de l'église Saint-Bar
thélemy et économe de celle de Ravennc, lorsque
son savoir et son éloquence le firent élire au siège
287
FELIX
288
épiscopal de Ravenne, devenu vacant par la mort
de Damien. Oubliant les promesses qu'il avait
faites lors de sa consécration et ses devoirs
comme prôtre et comme sujet , il engagea le peu-
ple de Ravenne à secouer le joug de l'empereur
Justinien II et le clergé à se soustraire à l'obéis-
sance au pape. Justinien , informé des menées
de Félix, envoya contre lui le patrice Théodore,
général de l'armée de Sicile. Théodore prit Ra-
venne, et emmena prisonniers l'archevêque et ses
principaux adhérents. A leur arrivée à Constan-
tinople , l'empereur fit crever les yeux au prélat
rebelle, et l'envoya en exil dans le Pont. Philip-
picus, successeur de Justinien, rétablit Félix
dans son siège ( vers 712). Depuis lors ce dernier
ne s'occupa plus que de l'administration de son
diocèse. Se sentant près de mourir, il pria ceux
qui l'entouraient de lui apporter les homélies et
les ouvrages qu'il avait dictés, et fit brûler le tout,
disant qu'étant aveugle , et par conséquent hors
d'état de revoir ses écrits , comme il pouvait
s'être trompé, ou que son secrétaire pouvait être
infidèle, il ne voulait pas que ceux qui viendraient
après lui fissent passer des fautes pour ses pen-
sées. 11 laissa néanmoins, en les recommandant
fort aux assistants, les sermons de saint Pierre
Chrysologue, l'un de ses prédécesseurs ; ils ont
été publiés avec un prologue par Casimir Oudin,
dans son Supplementum de scriptnribus vel
scriptis ecclesiasticis a Bellarmino omissis ad
ann. 14G0; Paris, 1686, in-8°. Il reste encore de
saint Félix de Ravenne une explication de l'É-
vangile du dernier dimanche de la Pentecôte, où
il est question du jugement dernier. Onlui attribue
aussi les vers qui étaient gravés sur la porte de
la sacristie qu'il fit bâtir à Ravenne à son retour
de l'exil. Félix fut enterré dans l'église de Saint-
ApoUinaire, où on mit une épitaphe qui lui
donne de grandes louanges et le qualifie de sanc-
tissimus episcopus. Il est au surplus considéré
comme tel par l'Église.
Ughel, Italia sacra, XH , 342. — Andréa AgnelU',
f^it.-e Pontiftcum Ravennatum. — Dom Liron, Singula-
rités historiques et littéraires , kÉ6. — Dom Ceilller,
Histoire des Axiteurs sacrés et ecclésiastiques, XVIII,
35. — Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.
FÉLIX (Saint), seizième évêque de Nantes,
né vers 512 et mort vers 583. Il appartenait à une
ancienne et illustre famille d'Aquitaine, et se glo-
rifiait de compter au nombre de ses aïeux trois
consuls et un préfet du prétoiredes Gaules. L'his-
toire est muette sur les premières années de saint
Félix. Il les passa sans doute à Bourges, que l'on
regarde généralement comme le lieu de sa nais-
sance. Évemerns ou Eumerius, évêque de Nantes,
étant mort en 549, il fut choisi pour lui succéder.
L'éclat de son nom et probablement aussi son ha-
bileté et son talent d'orateur le désignèrent aux
suffrages. Il était marié; mais, en prenant la
mitre il se sépara de sa femme (1). La position
(1) (Félix) ad episcopatum conjugatus assnmitur, sed
sponsarn postea dlmlslt , ornatua Infula -Gallia christ.,
t. 111. anc. édit.. v. 761.)
d'évêque à Nantes était des plus difficiles. Il ne
suffisait pas pour la remplir dignement des vertus
apostoliques, qu'on accordait si libéralement
aux évoques de cette époque ; il fallait un homme
qui sût manier les choses du monde; qui, à dé-
faut de force, eût assez d'adresse et de diplo-
matie pour arrêter les empiétements des Bre-
tons sans irriter leur ambition, et tenir à dis-
tance les prétentions des Francs. Dans ce rôle,
plein de périls , Félix paraît avoir déployé une
remarquable habileté politique. Placé au milieu
d'une société que la politesse des mœurs ro-
maines avait à peine effleurée , il réussit plus
d'une fois à faire prévaloir dans les conseils des
sentiments d'humanité. C'est ainsi qu'à son ins-
tigation Canao, comte de Nantes, qui venait d'é-
gorger trois de ses frères, pour réunir dans ses
mains l'héritage paternel , épargna le quatrième.
Plus tard , quand , pour la première fois, le pays
de Nantes tomba , par le sort des armes , aux
mains de Clotaire , après la défaite de Canao et
de Cbranime . Félix reçut du vainqueur le gou-
vernement de la ville de Nantes. II employa
les premières années de tranquillité qui suivirent
à faire exécuter dans certaines parties de la ville
de grands travaux d'utilité publique, et ne se
montra pas moins zélé pour le bien-être des po-
pulations que pour leurs intérêts spirituels. II fit
creuser entre les prairies de Mauves et de la Ma-
deleine un canal qui porte encore son nom ; fit
établir des moulins sur l'Erdre, en fit exhausser
les bords, y fit construire des barrages, et par
là contribua à assainir des quartiers que les eaux
stagnantes rendaient dangereux pour la santé
des habitants. Félix ne négligeait pas cependant
les affaires de l'ÉgUse. En 557, il alla prendre
part au concile de Paris, où, entre autres articles
remarquables, les évêques, protestant contre
l'immixtion des rois francs dans les élections
ecclésiastiques, rappelaient « que nul ne pouvait
être ordonné évêque sans le libre choix du peu-
ple et du clergé (1) ». Félix prit aussi part aux tra-
vaux des conciles de Tours de 559 et de 567.
Dans ce dernier on régla les rapports, mal dé-
finis jusque là, des évêques de basse Bretagne
avec l'évêque métropolitain. L'année suivante
(568) , Félix fit à Nantes la dédicace d'une cathé-
drale commencée par son prédécesseur. Saint
Euphrone de Tours, assisté de quatre évêques
présidait à cette cérémonie. Cette église fut en
569 dignement inaugurée par la conversion des
Saxons du Croisic, que saint Félix gagna à l'É-
glise. En même temps qu'il remportait ce succès
sur la barbarie, il envoyait son diacre évangé-
liser les populations du midi de la Loire.
Il serait injuste de ne pas reconnaître les ta-
lents administratifs de Félix et son zèle à dé-
fendre les intérêts de son diocèse ; il est plus
difficile de faire l'éloge de la douceur et de la
(1) NuUusclTlbus invitis ordinetur episcopus, nisi quein
populi et clericorum eleclio plenisslma quaeslerlt volun-
tate (8* ca"p ■ w 3'' concile de Parts
I
Grégoire de Tours, Hist. Ecoles. Franc, I. V, passina.
— Fortunat, liv. III, et passirn. — Gallia christiana ,
tom. 111, p. 761. — ^cta Sanctorum , tom. II , p. 471. —
Hist. lut. des Bénédictins de \Saint-Maur, tom. III ,
[). 330. —Travers, tom, I, eh. 17, p. 69. — August.
Thierry, ifecifs merow. , 5« récit. — M. Guépin , Hist.
ie Nantes, p. 18. — Hist. de saint Félix, dédiée à M. du
Hercé.évêque de Nantes, 1q-24; Nantes, 1845.
FÉLIX de Valois ( Saint ) , l'un des fondateurs
Je l'ordre de la Trinité ou de la Rédemption des
Captifs, dit aussi des Mathurins, né le 19 avril
1127, mort à Cerfroid, le 4 novembre 1212. Il fut
surnommé de Valois, non parce qu'il sortait de la
maison royale de ce nom, comme les auteurs de
a Biographie universelle de Michaud l'ont
supposé, mais parce qu'il était originaire du Va-
ois (1). Résolu de se consacrer tout entier au
service de Dieu, il se retira dans le bois de Gale-
'esse, situé aux extrémités du Valois, de la Brie et
lu Soissonnais, et y construisit un ermitage, qu'il
Habita seul jusqu'à l'âge de soixante ans, époque
Uaquelle saint Jean de Matha {voy. ce nom)
Vint se mettre sous sa conduite et lui suggéra la
généreuse pensée de se dévouer à la délivrance
les chrétiens pris par les infidèles. Ils partirent
)onr Rome sur la fin de 1197, et communiquèrent
eur dessein au pape Innocent III, qui l'approuva
ît établit à cette intention un nouvel ordre re-
igieux dit de la Trinité ou de la Rédemp-
ion des Captifs , et dont saint Jean de Matha
(1) Petit pays de rUe-de-Franse dont Crespy était la
'llle principale. Les habitants étaient, du temps de César,
es ï'adicasses ou Fiducasses. Comté en 1284, duché en
402, le Valois fut toujours l'apanage d'un prince de la
naison royale de France.
NOUV. BIOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
289 FÉLIX
mansuétude de son caractère. Plus d'un fait
prouve au contraire la roideur et l'instinct de do-
mination de Félix. Sa nièce ayant été enlevée par
un jeune homme auquel elle était fiancée, Félix
la força de prendre le voile. Il voulut disposer
d'un domaine situé près de Nantes, et qui rele-
vait de l'église de Tours. Grégoire , évêque de
cette ville , refusa de le céder. De là échange
d'amères récriminations et de lettres pleines
d'aigreur; de là un vif- dissentiment entre les
deux évêques : Félix surtout semblait avoir
oubUé ce qu'il devait à son métropolitain. Lors
de la querelle de Grégoire et de Riculfe, Félix
soutint et peut-être excita l'animosité de ce der-
nier. Quand, après le concile deBrain (580), Gré-
goire eut gagné sa cause, et qu'un synode se
réunit à Tours pour juger Riculfe, Félix s'abstint
ou donna, par son attitude dans la discussion, des
marques de sa malveillance pour Grégoire. Bien
plus , ii parvint par ses intrigues à faire sortir
Riculfe du monastère où il avait été enfermé, et
l'accueillit avec empressement auprès de lui, au
mépris de la sentence du synode. Les dernières
années de Félix furent troublées par ces dissen-
timents. Nous n'avons rien dit des rapports
d'amitié du poëte Fortunat et de Félix ; ils com-
mencèrent probablement vers 567 ou 568, épo-
que où se tenait le deuxième concile de Tours.
B. AcBÉ.
290
fut nommé ministre général. Félix et Jean, à
leur retour, fondèrent le monastère qui a passé
depuis pour la souche de l'ordre, à Cerfroid, près
Gandelu (Picardie). Saint Félix propagea son
ordre avec beaucoup de zèle ; il forma un éta-
blissement à Paris, à l'endroit où s'élevait une
chapelle dédiée à saint Mathurin , ce qui fit dou-
ner à ses religieux le nom de Mathurins. L'É-
glise honore saint Félix de Valois.
Baillet, Fies des saints, III, 20 novembre. — Richard
et GIraud, Bibliothèque sacrée.
FÉLIX, nom commun à plusieurs papes.
FÉLIX 1^'" (Saint), vingt-sixième pape, mort
le 22 décembre 274. Il était fils de Constantius,
et fut élevé au pontificat après la mort de saint
Denis, ie 28 ou le 29 décembre 269. Il ordonna
quedes messes se célébreraient dans les tombeaux
des martyrs, appelés alors mémorise (souvenirs) .
Il eut beaucoup à lutter contre les novateurs et
surtout contre Sabellius et Paul de Samosate. Sous
le gouvernement de Félix eut lieu la neuvième
persécution contre les chrétiens. Elle fut ordon-
née par l'empereur Aurélien, et causa une grande
frayeur dans l'Église. Félix est qualifié de mar-
tyr par le concile d'Éphèse et par Cyrille ; il ac-
quit cette dénomination comme plusieurs de ses
prédécesseurs, et suivant le langage du temps, «en
souffrant beaucoup pour Jésus-Christ, » mais
non toutefois par une mort violente. Il fut enterré
dans le cimetière de la voie Aurélienne, là où fut
•consacré depuis un temple par Félix II (1). L'É-
glise honore saint Félix I^"^ le 30 mai. Il avait
écrit une lettre à Maxime, évêque d'Alexandrie,
contre Paul de Samosate et pour la défense des
mystères de la Trinité et de l'Incarnation; il en
reste un fragment dans les Concil. Ephes. et
Chalced. On lui en attribue trois autres : la pre-
mière adressée à Patemus, évêque; la seconde,
aux prélats des Gaules -, la troisième à Bénigne,
évêque ; elles n'ont aucun caractère authentique.
Eusèbe, Hist., lib. Vil, cap. 26. — Anastase, De Rom.
Pont._ — Baronlus, Annales, 272-275. — Louis Jacob , Bi-
blioth. Pontif. — Artaud de Montor, Hist. des souv.
Pontifes romains , 1,124.— Ciaconi, Fitx Pontiflcum
FÉLIX II (Saint) , trente-septième pape, selon
plusieurs autorités ecclésiastiques, anti-pape se-
lon d'autres, mort le 22 novembre 365. On con-
teste à Félix non-seulement le titre de pape, mais
encore celui de saint. Il était en 355 archidiacre
de l'église de Rome , lorsque le pape Libère, ayant
refusé de souscrire à la condamnation de saint
Athanase, fut exilé à Bérée par l'empereur Cons-
tance. Félix et ses collègues firent serment de ne
reconnaître aucun autre évêque de Rome (c'é-
tait alors le titi'e des successeurs de saint Pierre )
du vivant de Libère ; mais Constance ayant of-
fert le sacerdoce à Féhx, celui-ci l'accepta, et se
laissa ordonner par Épictète, évêque de Cen-
tum-Celles. Saint Jérôme et Socrate rapportent
qu'Acacius eut part à cette ordination et accusent
Félix d'arianisme ; mais Rufin et Théodoret af-
(1) Cette consécration, affirmée par Artaud de Montor.
semble douteuse (voj/. Félix II).
10
59Ï
FÉLIX
292
firment « qu'il n'a été arien que de communion et
non pas de doctrine ». « Quoi qu'ii en soit, ajoute
Moréri, tous les anciens conyiennent que son or-
dination n'était pas légitime. » Saint Athanase,
dans son Epistola ad Soliiarios, dit « qu'il fut
ordonné dans Je palais sans le consentement du
peuple et sans être élu par le clergé , et que son
ordination fut faite par Épictète en présence de
trois eunuques etde troisévêques, qui pouvaient
passer plutôt pour des espions que pour des
prélats ; que le peuple ne lui permit pas d'entrei-
dans l'église, et ne voulut pas communiquer a\ec
lui ». Mai'cellin et Faustin assurent la même
chose dans la préface de leur requête aux em-
pereurs Valentmien, Théodose et Arcade,^ Optât
et saint Augustin ne mettent point Félix dans le
catalogue des papes, et saint Jérôme le qualifie
d'anti-pape. Suivant le Livre pontifical. Libère
aurait donné son consentement à l'élection de
Félix. D'autres auteurs prétendent qu'il n'aurait
été élu que comme vicaire ou coadjuteur de
Libère , et pour le temps seulement de l'absence
de celui-ci. En effet. Libère ayant obtenu son
rappel, le sénat romain, d'accord avec le peuple,
le rétablit comme seul et légitime évêque de Rome.
Félix se retira dans ses domaines, et y mourut
paisiblement. « C'est donc à tort, conclut Mo-
réri, que quelques nouveaux auteurs mettent
Félix dans le Catalogue des Papes; etc'est avec
moins de raison encore qu'on l'a mis au nombre
des saints martyrs. » S'il faut en croire Artaud
de Montor, « Félix , pendant qu'il était revêtu de
la dignité suprême, osa condamner Constance
comme arien ; et au retour de Libère, l'empe-
reur, par vengeance , condamna Félix II à l'exil
dans la petite ville de Cori, sur la voie Aurélia,
à dix-sept milles de Rome. Là il souffrit le mar-
tyre avec un grand courage. Le corps de Félix,
transporté à Rome, fut enterré dans les thermes
de Trajan , et ensuite placé, par saint Damase,
dans la basihque que Félix lui-même avait fait
construire sur la voie Aurélienne, à deux millea
de Rome , d'où il fut transféré dans l'église des
saints Côme et Damien. » Ces détails ne s'ap-
puient sur aucune preuve , et les constructions
attribuées par Artaud de Montor à Félix semblent
en contradiction manifeste avec le peu de durée
qu'il accorde lui-même au gouvernement légitime
de ce pontife (du 29 août 358 au 11 novembre
359 ) . Voici ceque Marcellin et Faustin rapportent :
« Constance étant venu à Rome deux ans après
l'ordination de Félix , le peuple lui demanda le
retour de Libère -. l'empereur y consentit, et Li-
bère revint la troisième année de son exil, le
2 août 338 ; Félix fut aussitôt chassé de Rome,
mais il y revint s'établir, dans la basilique de
Jules, dont il fut expulsé de nouveau. » Théodo-
ret confirme ces détails, et ajoute « que Constance,
cédant aux vœux des dames romaines et leur
accordant le rappel de Libère, ordonna que Libère
et Félix gouvernei'aient tons deux l'église de
Rome et que chacun administrerait son parti-
mais le peuple ayant entendu cet ordre, s'écria
« Il n'y a qu'un Dieu, qu'un Christ, qu'un évê-
que. » Libère étant revenu , Félix se retira danb
une de ses terres, comme il est écrit dans l'an-
cien Catalogue des Papes et dans Philostorge. »
Quant au droit de Félix II de figurer an marty-
rologe , dans le temps de la réforme du Marty-
rologe romain, sous Grégoire XIII , Baronius
composa une dissertation pour prouver que Félix
n'était ni saint ni martyr. Le cardinal Santorio
pritladéfense de FéHx ; cependant, son client au-
rait été rayé du martyrologe si, par un hasard
singulier, on n'eût découvert pendant la discus-
sion et la veille même de la fête du saint ( 4 août
1582), sous un autel de l'église de Saint-Cômeet
Saint-Damien à Rome, un cercueil de marbre, oà
d'un côté étaient lies retiques des martyrs Marc,
MarcelHn et TranquilKn, et de l'autre un squelette
avec cette inscription : Corptis S. Féticis, pa
pse et martyris, qui damnavit Constantium
Baronius se rendit à ce témoignage , qui serait
peut-être de quelque poids s'il n'était contraire
à ce que les anciens ont écrit de Félix et si l'his-
toire du prétendu martyre de ce pontife n'était
insoutenable ; car il reste certain que Félix sur-
vécut à Constance , et que jamais Constance n'a
été excommunié par Félix. L'inscription trouvée
dans l'église Saint- Côme et Saint-Damien est
donc évidemment fausse. On attribue à Félix
quelques lettres, qui sont également supposées.
L'Église honore saint Félix le 29 juillet.
Eufin, Ub. I,,cap. lU — Saint Jérôme, De Virts illu».-
tribus ; et dans sa Chron. — Socrate, Historia, Ub, H^'
Sozouiène, ixb. IV, cap. H. — Théodoret. Ub. Il, cap. 194
— Philostorge, Historien ecclesiastica^ Ub. IV, C9.p. 3. -r
l^aronhis, Jnnales. — BeUarmin,i;e Scriptoribus ec-
clesiasticis. — Le P. J. Gresser, Defensio Bellarininii
— Le cardinal .Duperron , fSéplique à Jacques l^'', roi
delà Grande-Bretagne. —Noël Alexandre, Histoire^
ecclésiastique. — Fleury, Histoire ecclésiastique. — Go-
defroy, Chronol. Cod. Theodosiani, notes sur la loi XiVi
du XVP livre. — Hermant, Histoire des Hérésies. — Osi
Tillenaont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiaf\
tique, VI. — Papebroeck, Acta Sanctorum : Dissertati^
ad Papas. — Le P. Fonteau, De Cultu Sauctorum ; dani
les Dissertationes de Kalendar. Rom. — IMoréri, GrandA
Dictionnaire historique. — .irtsad de Moatoi', Nistoive\
des souverains Pontifes rotïMins, 1, 171.
FÉLIX II ou lîi (Saint), quarante-septième o»^
quarante-huitième pape, mort à Rome, le 24 ou
le 25 février 492. Il était fils du prêtre-cardinal Fé-
lix Anieius, et appartenait à l'une des familles Im
plus nobles et les plus riches de Rome. Il succéda;
à saint SimpUce , le 2 mars 483. « Ce pape dé^^
Clara, dit Artaud de Montor, qu'il préférerait la
sûreté du dogme à tout respect humain, à tout^
prudence terrestre. » Il débuta par rejeter Vli4ff
notique ou édit d'union (!) de l'empereur Z^
non, et excommunia tous eeuix qui l'acceptaient.'
Le 28 juillet 484, dans le premier concile assem-
blé à Rome, où se trouvaient soixante sept évê^;
qnes, Félix condamna Pierre Mongus comme
faux évêque d'Atexandrie; le nom du fameux
Acace,,patriarchede Constantinople, fut prononcé
(1) Cet édit, nommé aussi anjfi/, avait poiii- bat de C0B-
cilier les catholiques et les eutychéens.
293 FÉLIX
pour la première fois dans les diptiques et qua-
ifië d'hérétique; Vital , évêque de Trente, et Mi-
~ène, évêque de Curnes, légats à Constantinople,
furent dans le même concile déposés et excom-
uuiniés pour avoir communiqué avecAcace (1).
L'année suivante ( 5 octobre 485 ), dans le second
;oncile de Rome, Félix fit confirmer devant
5oixante-dix-sept évêques la condamnation d'A-
■ace, et anathématisa Pierre Le Foulon, ou Gnaf-
feo, comme patriarche intrus d'Antioche et eu-
ychéen. Le pontife romain jugea nécessaire de
aire publier son anathème à Constantinople. Par
on oidre, un jour de dimanche, pendant qu'Acace
e rendait solennellement à la métropole , des
iioines acémètes attachèrent à son manteau épis-
opal l'excommunication de Félix. Les envoyés
lu pape payèrent de leur vie leur obéissance.
.e 3 mars 489, dans le troisième concile de
lome, Félix donna lecture d'une épître synodale
idressée aux évêques d'Afrique, concernant la
éconciliation de ceux qui s'étaient fait rebaptiser
lar les ariens durant la persécution des Yan-
laies ; en même temps, il refusa la communion
lux successeurs d'Acace, à moins qu'il ne lui
loiinassent complète satisfaction. Félix fut le
jremier pape qui ait traité l'empereur de flls en
ui écrivant. Il fut également le premier qui ait
■rnployé l'indiction dans ses lettres. Il avait été
iiai'ié, car saint Grégoire le Grand l'appelle son
lisaïeul. On connaît de lui les lettres suivantes
idi essées : une à l'empereur Zenon, touchant l'au-
oi'ité du concile de Chalcédoine; — une à Acace
le Constantinople, à laquelle il joignit un acte
lu'il qualifie de plainte à l'empereur Zenon; —
nie au même, pour lui mai-quer les motifs de sa
oridamnation ; — trois à Zenon; — plusieurs
m clergé et au peuple de Constantinople; — une
iu\ abbés Rufin, Talassius, et aux moines de
Jonstantinople ; — deux à Fravita, prêtre de
îainte-Tbècle et successeur d'Acace ; — une à
Talassius et aux abbés de Constantinople, pour
eur défendre de communiquer avec leur pa-
riarche ; — une à l'empereur Anastase ; — une
i saint Césaire d'Arles ( quelques-uns croient cette
missive de Félix IV ) ; — enfin, uneà Zenon, évê-
|ue de Séville : cette dernière lettre a été perdue.
yautr.es Epistolse sont attribuées à Félix III ;
elles sont les lettres adressées à Pierre Le Foulon ,
ivêque d'Antioche. L'auteur y reconnaît Le Fou-
on pour évêque, et déclare qu'il est, ainsi qu'A-
iace, uni de communion avec lui. L'ÉgUse honore
saint Félix le 25 février.
294
Saint Grégoire le Grand, Hometise, XXX VIII ; in EvaiKj.
tX. Dialng.,\Va. IV, cap. 16. — Baronius, ^nnaie^. —
Bollandus, Acta Sanctortim. — François Pagi , Brevia-
Hum, Mstorico-chronologico-criticum, Uluitrium fon-
'iflcum, Romanorum cjesta complectens. — t^iaconi,
fitx et gcstœ Pontificum Jiomanortim. — Le P. Pape-
broeck, tYJ£. od t'Arojtoi. l'ap. —BaMel, f^iei des Saints,
m, 30 décembre. — Dom Ceillier, Histoire des Auteurs
sacTés et ecclésiastiques , XV, 148. — Moréri , Grand
(1) Misène fut relevé de cette condamnation par le
pape Gélase dans le quatrième concile tenu à Rome, en
■498. Vital était mort auparavant.
Dictionnaire historique. — Artaud de Mentor, Histoire
des souverains Pontifes romains, I, 230.
FÉLIX m ou ïV, cinquante-troisième ou cin-
quante-quatrième pape , né à Bénévent , mort
le 18 septembre ou au commencement d'octobre
530. Il était fils de Castorius Fimbri et prêtre-
cardinal des titres de Saint-Sylvestre et Saint-Mar-
tin a' Mon ti. Il fut nommé, par le roi des Goths
Théodoric, en remplacement de saint Jean T'".
Le peuple et le clergé romains repoussèrent quel-
que temps le choix de Théodoric, et Félix IV,
inauguré le 12 juillet 526, ne fut ordonné que vers
la fin de septembre. Il montra, dans son gouver-
nement du zèle, de l'intelligence et de la piété. Il
résista avec iermeté à l'oppression des Goths, et
obtint du roi Athalaric un édit en faveur des ca-
tholiques. Il dédia à saint Côme et à saint Da-
mien le temple qui avait été élevé à Rémus et à
Romulus dans le Forum, et rebâtit l'église de Saint-
Saturnin, qui était devenue la proie des flammes.
On a de lui une lettre à saint Césaire , approu-
vant le règlement des évêques des Gaules et
décrétant que les laïques ne seraient plus ordon-
nés prêtres que sur des certificats de mœurs ir-
réprochables. Deux autres letti'es attribuées à
Félix IV, l'une adressée à tous les évêques et
l'autre à Sabinus, sont reconnues supposées.
Platina, //sstoria de Fitis Pontificum., f ° 73. — Gen-
nado, De Scriptoribus ecclesiasticis, cap. S6. — Françoi
Pagi, Breviarium historico-chronologico-criticum, iltus
irium Pontificum Romanorum gesta complectens. —
Baronius, Annales eccles., ann. 526-530 et 607.— No-
vaes, Dissertazioni, 1, 12. — Duchêne, Fies des Papes.—
Dupin, Bibliothèque des Auteurs ecclÉs., sixième siècle.
— Dom Ceillier, Histoire des Auteurs sacrés et ecclé-
siastiques, XVI , 20.5. — Artaud Uc Mentor, Histoire des
souverains Pontifes romains, I. 231. — Richard et Gi-
raud, Bibliothèque sacrée.
FÉLIX V, anti-pape. Votjez Savoie (Amé-
dée VIII, duc de ).
* FÉLIX BULLA, célèbre chef de brigands,
vivait vers 200 de J.-C. A la tête d'une bande
de six cents hommes, il ravagea l'Italie pendant
deux ans, sous le règne de Septime Sévère , dé-
fiant tous les efforts des officiers impériaux. A
la fin, il fut livré par sa maîtresse et expose aux
bêtes du Cirque. On trouve dans Dion Cassius
le récit de plusieurs de ses exploits, qui attestent
à la fois une extrême audace et une prudence
consommée.
Dion Cassius, LXXVÏ, 21.
* FÉLIX LCELius, jurisconsulte romain , vi-
vait dans la première moitié du deuxième siècle
de l'ère chrétienne. Dans un fragment du juris-
consulte Paul , il est question d'un Lœlius qui
aurait vu dans le palais d'Adrien une lemrae
libre venue d'Alexandrie en Egypte pour mon-
trer à l'empereur quatre enfants qu'elle aurait
mis au monde le même jour et un cinquième ,
né quarante jours après les autres. Gains, qui
reproduit cette liistoire, appelle cette femme
Sérapia, mais ne dit rien de cet intervalitt
de quarante jours. Selon Ant. Augustinus,
qui ne cite aucune preuve à l'appui de cette
assertion, Lœlius ne serait autre que Gaïus
10.
295
Pau! fait une nouvelle mention de Félix Lœlius,
à propos de la législation relative à l'hérédité.
Selon Grotius Heineccius et d'autres juriscon-
sultes, le Lœlius du Dig'es^e est identique avec Lœ-
lius Félix, auteur de notes sur Q. Mucius Scae-
vola {librum ad Q. Mucium), dont Aulu-Gelle
a donné d'intéressants extraits. Dans ce même
ouvrage, Félix cite Labéon. Selon Zimmerin , le
style archaïque des passages cités par Aulu-
Gelle fait [supposer que Félix Lœlius est plus
ancien encore que le Lœlius du Digeste. Enfin,
d'après Pline, il est incertain s'il faut lire Lœlius
ou jEHus. Il résulte de toutes ces opinions que
rien n'est moins établi que l'identité du person-
nage qui porte ce nom. V. R.
' Dirksen , Bruchstuecke ans den Schriften der Rœ-
mischen Juristen. — Maiansius, ad XXX, Ictorum
Fragm. Comment., II. — Smith, Dict. of Greek and Ro-
man Biography.
* FÉLIX SEXTiLius, général romain, vivait
dans le premier siècle de l'ère chrétienne. An-
tonius Primus le laissa sur les frontières de la
Rhétie pour surveiller les mouvements de Por
cius Septiminus, procurateur de 'cette province
sous Vitellius. Félix resta dans la Rhétie jusqu'à
l'année suivante, où on le voit occupé à réprimer
«ne insurrection des Trévires.
Tacite, Mst., III, 5; IV, 70.
FÉL.1X ANTONitrS;, administrateur romain,
vivait dans le premier siècle de l'ère chrétienne.
Frère de l'affranchi Pallas , il fut lui-même un
affranchi de l'empereur Claude I; Suidas l'ap-
pelle Claudius Félix. Il est probable en effet
qu'il portait le nom de son patron, aussi bien
que celui de la mère de l'empereur, Antonia, à la-
quelle il devait peut-être son affranchissement.
La date de sa nomination au gouvernement de
Judée estincertaine. 11 semblerait, d'après le récit
de Tacite, que Ventidius Cumanus et Félix furent
à la fois procurateurs de ce royaume, le premier
dans la province de Galilée , le second dans celle
de Samarie. « Les Samaritains et les Galiléens^
dit Tacite, étaient toujours à se piller entre eux,
à se lancer les uns contre les autres des bandes
de brigands , à se tendre des embûches ; ils en
vinrent même à des combats en règle. Comme
des deux parts on reportait le butin et les dé-
pouilles aux procurateurs , ceux-ci furent d'abord
enchantés de ces troubles. Bientôt le désordre
devenant alarmant , les procurateurs voulurent
le réprimer par la force ; les soldats qu'ils en-
voyèrent furent tués. Toute la province eut pris
feu, si Quadratus,'gouverneurdeSyrie, ne fût ac-
couru. Le sort des Juifs qui avaient tué des sol-
dats romains ne fut pas longtemps douteux;
Quadratus les fit mettre à mort. Cumanus et
Félix l'embarrassaient davantage ; car l'empereur,
instruit de la cause des troubles, lui avait donné
pouvoir de statuer aussi sur les procurateurs.
Quadratus sauva Félix en le plaçant au nombre
des juges et en empêchant ainsi les accusations
de se produire. Cumanus seul fut puni des dé-
lits communs à tous deux et le calme se réta-
FÉLIX 29G
blit dans la province. » D'après Josèphe, au con-
traire, Cumanus était seul procurateur en Judée
pendant les troubles en question , et lorsqu'il eut
été condamné et destitué, Félix fut envoyé de
Rome pour le remplacer, et réunit sous son au-
torité la Judée , la Samarie , la Galilée et l'Arabie
Pétrée. Dans sa vie privée comme dans sa car-
rière politique, Félix se montra sans scrupules et
déréglé. C'est à bon droit que Tacite, avec son
énergique concision, dit que « Félix, au milieu de
toutes sortes de cruautés et de débauches, exerça
le pouvoir souverain avec le caractère d'un es-
clave. M Devenu amoureux de Drusilla, fille
d'Agrippa I"' et femme d'Azizus , roi d'Émèse , ,
il l'engagea à quitter son mari, et l'épousa. Il
fit assassiner le grand-prêtre Jonathan, coupable ,
de lui avoir donné de sévères avis. Si le gouver-
nement de Félix fut cruel et oppresseur, il fut aussi ,
fort, et délivra la Judée des bandes de voleurs
qui l'infestaient, des fourbes de toutes espèces ,
magiciens , faux prophètes, faux messies qui ex-
citaient des troubles continuels. Félix fut rap-
pelé en 62, et remplacé par Porcins Festus. Les
principaux Juifs de Césarée, siège du gouverne-
ment romain, envoyèrent une députation à Rome,
pour accuser Félix auprès de l'empereur; l'in-
fluence de son frère Pallas, alors tout-puissant
auprès de Néron, le sauva d'une juste condam-
nation. Quant à son mariage avec une Drusilla,
petite-fille d'Antoine et de Cléopâtre et différente
de la fille d'Agrippa P'', voy. Drusilla.
Tacite, Ann., XII, 54 ; Hist., V, 9. — Josèphe, Ant., XX,
fi-8 ; Bell.Jud., II, 12, 13. — Eusèbe , Hist. Eccles., 111, 19-
21. — Acta Apostolorum, XXI, 38; XXIV, 2,25,87.
— Suétone , Claude, 28, avec les notes de Casaubon.
* FÉLIX BiAGNUS, contemporain et corres-
pondant de Sidoine Apollinaire, vivait entre 430
et 480. Il était de la famille des Philagriens, et
fut élevé au rang de patricien. Les lettres de
Sidoine à Félix contiennent les faits les plus in-
téressants sur la détresse et le démembrement
des provinces romaines au nord des Alpes dans
le cinquième siècle. Outre ces lettres, au nombre
de cinq, Félix Magnus a aussi adressé une pièce
de vers à Sidoine Apollinaire. ;
Sidoine Apollinaire, Epist., Il, 3; III, 4, 71; IV, S, 10;
Carm., IX ; Propempt. ad Libell., 90. — Histoire litté-
raire de France, t. II.
* FÉLIX FLAVIUS , poëte africain, vivait vers
la fin du cinquième siècle de l'ère chrétienne.
On a de lui cinq petites pièces dans Y Anthologie
latine. Les quatre premières célèbrent la ma-
gnificence et l'utilité des Thermas Alianse , cons-
truits dans le voisinage de Carthage par le roi
»^Thrasimond, dans l'espace d'une seule année; la
cinquième est une pétition pour un emploi
ecclésiastique adressée à Victorianus , principal
secrétaire du roi des Vandales.
Anthologia Latina, III, 34-37; VI, 86, éd. Burniann,
n°« 291-295, éd. Meyer.
FÉLIX SECURUS MELiOR OU MEMOR, rhé-
teur, vivait au commencement du sixième .siè-
cle. On ne connaît pas sa patrie , mais on sait
[qu'il était chrétien et qu'il occupa soit chez un
297
FÉLIX
298
roi visigoth du midi de la Gaule, soit chez un
I roi ostrogoth d'Italie, une dignité assez impor-
i tante, puisqu'il jouissait du titre de spectabilis.
Il enseigna la rhétorique à Clermont en Au-
vergne, ce qui a fait croire, ainsi que son nom,
qui se retrouve assez fréquemment dans quel-
ques-unes de nos provinces , qu'il était Gaulois ,
et on le voit à Rome, en 534, sous le consulat
de Paulin , exerçant proballement son emploi de
rhéteur. C'est là qu'il corrigea les sept livi'es
d'humanités de Félix Capella, qui passaient pour
contenir tous les secrets des arts libéraux, et qui
au temps de Grégoire de Tours étaient fort ré-
pandus dans la Gaule. Ce qui nous apprend que
Securus Félix donna cette édition de Capella,
c'est une note qu'il mit lui-même à son exem-
plaire corrigé , et qui se lit encore au bas d'un
manuscrit de Parme. Il fut aidé dans ce travail
par un disciple distingué , Deutère , à qui saint
Ennode adressa une lettre et un petit poëme. La
meilleure édition que nous ayons aujourd'hui de
Capella est celle Kopp, Francf., 1336 (voy. l'ar-
ticle Capella). Ern. Brehaut.
s. Ennodius, Opéra. — TiUemont, Histoire des Empe'
reurs. — Grégoire de Tours, Epitome historiée Fran-
r.orum. — Gérard Vosslus, De Historicis Latinis.
FÉLIX d'Urgelf célèbre schismatique espa-
gnol, mort en 818. On ne sait rien sur les pre-
miers actes de sa vie. En 779, il succéda à Do-
lella sur le siège épiscopal d'Urgel, et gouverna
assez paisiblement jusqu'en 791. Quelque temps
avant cette époque, Élipand, archevêque de To-
lède et ancien disciple de Félix , lui demanda
s'il reconnaissait Jésus-Christ en tant qu'homme
pour flls de Dieu, et dans ce cas s'il lei croyait
fils par nature ou seulement par adoption. Félix
répondit « que Jésus-Christ, selon la nature hu-
maine, n'était que fils adoptif et nuncupatif( c'est-
à-dire de nom seulement), comme les hommes
sont appelés dans l'Écriture enfants de Dieu et
dans l'Oraison Dominicale disent « Pater nos-
ier ». Le nom de Fils de Dieu exprime d'une
manière plus particulière le choix que Dieu avait
fait de l'humanité de Jésus-Christ ; car selon la
nature il est impossible qu'un homme ait deux
pères : l'un est donc naturel, et l'autre adoptif.
Pour faire voir que Jésus-Christ, comme homme,
n'est que Dieu nuncupatif, Félix ajoutait : « Sui-
vant le témoignage de Jésus-Christ lui-même,
l'Écriture nomme dieux ceux à qui la parole de
Dieu est adressée à cause de la grâce qu'ils ont
reçue ; donc, comme Jésus-Christ participe à la
nature humaine , il participe aussi à cette déno-
mination de la Divinité comme à toutes les au-
tres grâces. Jésus-Christ étant un nouvel homme
devait avoir aussi un nouveau nom, mais sans pour
cela que sa génération première et charnelle ne
le fît pas descendant d'Adam par Marie, sa mère.
S'il a été Dieu dès qu'il a été conçu dans le sein
de la Vierge, comment expliquer ces paroles
d'Isaïe (\), « que Dieu l'a formé son serviteur
(1) XLix, e.
dans le sein de sa mère. » Sa filiation hu-
maine est d'ailleurs constatée par les Saintes
Écritures, qui le font naître delà maison de Da-
vid. La génération spirituelle du Christ n'est
arrivée qu'après son baptême volontaire et n'est
dès lors qu'une adoption de Dieu. — Saint Pierre
dit que Jésus-Christ faisait des miracles parce
que Dieu était avec lui (1). — Saint Paul dit que
Dieu était en J.-C. en réconciliant le monde (2).
Mais ils ne disent pas que J.-C. était Dieu. »
J.-C. est donc un médiateur, un avocat auprès
de Dieu pour les pécheurs , ce qu'on ne doit pas
entendre du vrai Dieu, mais de l'homme dont il
a pris la forme. — On le voit, Félix divisait par là
Jésus-Christ en deux fils , l'un adoptif et nuncu-
patif, l'autre propre et naturel, « ce qui, selon
Alcuin, était soutenir que Jésus-Christ n'était ni
vrai Dieu ni vrai fils de Dieu». Quelque obscure
que puisse paraître aujourd'hui cette distinction,
de pareilles subtilités préoccupaient alors for-
tement les chefs de l'Église chrétienne, dont , il
est vrai, le dogme n'était pas encore arrêté ou du
moins formulé d'une manière précise. Élipand
répandit la doctrine de Félix dans les Asturies
et la-lGahce, d'où elle se propagea dans la Septi-
manie et de là en Allemagne. Pour prévenir les
suites de ce schisme , le pape Adrien F'', d'ac-
cord avec l'empereur Charlemagne, convoqua le
27 juin 791 un concile à Narbonne. Daniel, ar-
chevêque diocésain, y présida ; vingt-neuf prélats,
presque tous espagnols ou aquitains, s'y ren-
contrèrent. Félix s'y trouva en personne , mais
ilne fut rien statué sur ses opinions, dont l'examen
fut renvoyé à un autre concile tenu l'année sui-
vante à Ratisbonne. J^es évêques francs et al-
lemands se trouvèrent cette fois en grande majo-
rité. Charlemagne y assista lui-même. Félix y
présenta sa défense, mais il fut condamné, et
l'empereur l'envoya au pape sous la conduite
d'Angilbert, abbé de Centule. Le procès de Félix
s'instruisit à Rome , et il fut déclaré coupable
d'hérésie. Il simula alors une abjuration de ses
erreurs, et obtint d'être renvoyé dans son diocèse.
Dès son retour (793), Félix recommença à dog-
matiser selon son opinion, et engagea à ce sujet
une vive controverse avec Alcuin, qui lui re-
prochait son manque de foi. L'évêque d'Urgel
se vit également attaqué par Paulin d'Aquilée ,
Richbode de Trêves et Théodulfe d'Orléans. En
794, le grand concile de Francfort blâma de nou-
veau la doctrine de Félix et d'Élipand. Ceux-ci
n'en persévérèrent pas moins dans leur cause. Le
pape Léon in les frappa alors d'anathème, sans
cependant que ce nouveau coup arrêtât les pro-
grès du schisme. L'empereur eut alors recours à
des mesures plus énergiques et plus efficaces : il
dépêcha vers Félix, Leidrade de Lyon, Néfride
où Nébride de Narbonne , et saint Benoît, abbé
d'Aniane. Ces ambassadeurs n'ayant pu con-
vaincre le prélat espagnol , lui persuadèrent de
(l!^c«., X,38;
(2) U, Cor., IV, 19.
FELIX
S 00
venir à Aix-la-Chapelle. Aussitôt Charlemagne fit
assembler un grand nombre d'évêques , de ba-
rons et de moines, et fit comparaître Félix de-
vant cette cour exceptionnelle ; celui-ci, intimidé
renonça à son hérésie, et signa la profession de
foi que nous avons encore. En conséquence, il fut
reçu à la communion de l'Église (décembre 799).
Néanmoins, il fut déposé et relégué à Lyon pour
le reste de ses jours. Il ne put demeurer tran-
quille dans son exil, et bientôt il chercha à faire de
nouveaux disciples. Agobard, évêquede Lyon, le
força encore à se rétracter publiquement. Mais
Félix n'en mourut pas moins dans sa croyance,
comme il paraît dans un écrit qu'il laissa en mou-
rant. Les ouvrages qu'il mit au jour, tant pour
soutenir sa doctrine que pour la rétracter, ne sont
pas arrivés jusqu'à nous ou seulement par frag-
ments et dans les auteurs qui prenaient soin de le
réfuter. Il ne nous reste en entier que sa Pro-
fession de foi faite à Aix-la-Chapelle en 799. On
la trouve dans les Opéra d'Alcuin, Paris , 1617,
in-fol.; dans le supplément de Pierre de Lalande
aux Concilia antiqua Galliaa, Paris, 1666, in-
fol. ; du P. Sirmond, dans ceux du P. Labbe,
Paris, 1171, in-fol.; et dans J. Saëns, CoU.ectio
maxivi. Concil. Hispanix , Rome 1694, in-fol.
A. DE L.
Alcuin, Contra EHpandvm. — Eginhard, Annales. —
Agobard, Opéra, t. 1, p. 1-59. — liibliotkeca Hispana
vet,, l. m, 1. VI, chap. ii, n° 27 . — Le Cointc, Annales ec-
clesiastici Francorwn, n° 42. — Balaze, Miscellan., 1. 1,
p. 4l3-4ia. — GaUia ckristiana nova, t. IV, p. 53-56.—
Sigebert, Annales, 793. — Feu Ardent, App. ad cast. V .
christ. Hœr., 3. — Sander, Hœres., 151. — liaronius, Ann.,
792-794. — Marca , De Hisp. — Dupin, Bibliothèque des
Auteurs ecclésiastiques du huitième siècle. — Dom Rivet,
fiist. littéraire de la France, t. IV, p. 428-433, 450-571
FÉLIX surnommé Pratensis, hébraïsan tos-
can , né à Prato , mort en 1557. Il était fils d'un
rabbin, et apprit dès l'enfance les langues orien-
tales. Son père étant mort, Félix voyagea en Italie,
se fit baptiser, et, vers 1506, entra dans l'ordre
des Ermites de Saint- Augustin. On a de lui : Psal-
terium ex hehrxo ad verbum fere tralatiim
adjectis notationibus ; Venise, 1515; Hague-
nau, 1522; et Bàle, 1524, !n-4° : cette version a
été imprimée dans le Psalterium sextuplex ;
Lyon, 1530, in-8°; — Biblia sacra Hebresa,ciim
utraque Blasora et Targum , item cum Com-
mentarïisrabbinorum, etc.; Venise, 1518,4 vol.
in-fol. Félix a fait aussi une version de Job et de
quelques autres livres de la Bible, mais elle est
restée manuscrite.
Dom Oandolfo, Dissertàtio de diicentis Auqustinianis.
— HuinphredHody, DeBibliorum Textibusoriginalibus ;
Oxford, 1705, in-fol. — Colomiès, Italia et Hispania
orientalis. — Phil. Elssilus, Encomiasticon AvgusU-
nianum.
FÉLIX, de Cantalicio (Saint), capucin ita-
lien, né à Cantalicio (Ombrie), en 1513, mort le
18 mai 1587. Il garda d'abord les troupeaux,
puis entra au service (1621) d'un gentilhomme
de Città-Ducale, chez lequel il demeura vingt-
deux ans. Il prit ensuite (1543) l'habit de ca-
pucin à Ascoli. En 1546 il fut envoyé à Rome
comme frère quêteur. « Quoique cet office fût
dissipant par lui-même, dit son biographe, le
P. Jean-François de Dieppe, le recueillement
du P. Félix était tel qu'on se plaçait dans les
rues de Rome pour le voir passer les yeux bais-
sés, dans un silence édifiant et récitant son cha-
pelet. Il ne parlait à personne que quand la né-
cessité , la charité ou la bienséance l'y forçait ,
et trouvait partout de pressants besoins d'élever
à Dieu les âmes les plus attachées au monde.
Il marcha plus de trente-six ans nu-pieds. Son
lit se composait de deux courtes planches et d'un
fagot de sarments. Il ne prenait que deux heures
de sommeil, à genoux , la tête appuyée sur sa
main. Il jeûnait sept carêmes par an, et ne pre-
nait les lundis, mercredis et vendredis, que du
pain et de l'eau. Toutes les nuits il se donhait une
discipline sanglante, malgré une colique bi-
lieuse qui le tourmentait cruellement, mais dont
il faisait ses délices amsi que de toutes ses au'l
très douleurs, qu'il appelait les fleurs du pd^
radis. « Ce qui est surtout louable et plus utile,
c'est que dans la peste qui désola Rome en 1580'
Félix se fit remarquer par un zèle vraiment
chrétien ; il en fut de même dans une famine
arrivée en 1585. Malgré ses privations et ses
pénitences, il vécut jusqu'à soixante-quatorze
ans. Urbain VIÏI le déclara bienheureicx dam
sa bulle /n spécula du l*"^ octobre 1625. Inno;
cent X en commença la canonisation le 6 févriei
1652, et Clément XI la termina le 8 mai 1709,
Le P. Jean-François de Dieppe, Fie de saint Félix dt
Cantalice (Rouen, 1714). — Richard et Giraud, BibliO;
théque sacrée.
FÉLIX BRANDïMARTE, théologien siciUea
mort en lfiS5. Il appartenait à l'ordre des Ca^
pucins , et devint provincial de la province di
Palerme, consulteur et censeur de l'inquisitioQi
« Il était, disent Richard et Giraud, docte, éloj
quent et prudent. » On a de lui : Arc-us triom\
phalis, panegyricus in laudem sanctx Roi
salias , virginis Panormitanee ; Palerme |
1659; — Sapientïse tubae scientia , id est
tractatus scholasticus de arte sacra concio-
nandi, etc.; Palerme, 1667, in-4''; - Seré
mânes; ihid. ; — Cursus théologiens admeni
tem Scoti per quatuor annos juxta quatuo%
sententiai'um libros commodis lectionibu^
distributus, etc.
Mongitore, Bibliotheca Sicula, I. — Le P. Jean d^
Saint-Antoine, Bibliotheca univ. Francic, 1 , 344. - .1
Richard et Giraud, Bibl. sacrée.
FÉLIX DE TASSY ( Charles-Frauçois), chi-
rurgien français, né à Paris, mort le 25 mai
1703. Il était fils aîné de François Féfix de
Tassy (1), premier chirurgien de Louis XIV, et
homme remarquable par son savoir. Instruit par
son père , Charles-François Félix acquit de ra-jgl
pides connaissances, qu'il mit en pratique dansleU
hôpitaux et dans les armées. Il devint prévôt de"
la communauté de Saint-Côme, et succéda à soi)
(1) Ne à Avignon, mort le 5 aoiit 1676.
301 FÉLÏX
l^èie en qualité de premier chimrgieH du roi. Ce
lut lui qui opéra, le 2 1 novembre 1667, Louis XIV
(l'une tistule à l'amis. On avait appelé les chi-
rurgiens les plus célèbres ; aucufi ae connaissait
ni ne pouvait pratiquer l'opération. Celse et
Paul d'Égine en avaient i)ourtant fait mention, et
d'après eux, Jean Arderne {voy. cenom),chi-
rui'gien anglais du quatorzième siècle^ avait déjà
traité cette tnaladie par l'incision et la ligature.
Félix fit d'abord des essais sur des roturiers, et
après deux moisd'études, il opéra le roi, et réus-
sit complètement.
éloy. Dictionn. historique de ia Médecine. — Bayle»
Encyclopcdie des Sciences médicales. H, 1S3, 199- —
Docteur Barjavel, Dict. hist. dic raucluse.
* FÉLÏX DÉ coaîMEacY vivait en 1706. Dom
' Calmet regarde ce nom comme le pseudonyme
de l'auteur d'un livre très-rare intitulé : Symbo-
lum MuncU, hoc est doctrina solida de Deo,
spiriiibus, mundi religlone, ac de bono et
malo , superstitioni paganse ac christianas
opposita ; Eleuiheropolis , 1668. Comme on
accusait ce livre d'être fortement entaché d*a-
théisme, Félix de Commercy fit paraître une
Lettre apologétique, qu'il joignit à son ouvrage,
et dans laquelle il se défend du reproche qliî lui
était fait. Cette lettre parut en 1706.
Dora Calmet, Bibl. Lorraine. — Richard et Giraud, Bihl.
sacrée. — Prosper Marchand, LeVtre crJttgttC; Amster-
dam, 1711, 12-lS.
* FÉLIX AL^MiN , théologiea espagnol , vi-
vait en 1727. Il appartenait à l'oixlre des Capu^
cins, et se fit remarqaer par son savoir et son
talent comme prédicateur. On a de lui de nom-
breux ouvi'ages, entre autres : Espejo de laver-
dadera é de la falsa Contemplacion, lîb. lY ;
Madrid, 1691, in-4*'; ^— De los Enganos de
los Demonios,é de los vicios; Madrid, 1693,
2 vol. in-4", et 1694 et 1714, ia-fol.; — Et Re-
trato de tino verdadero Sacerdote, é el ma-
imat de sus obligaclones; Madrid, 1704,
ia-fol. ; ^ De ta BeatWid natural é sobre-
nal'ural del Hombre; Madrid, 1723, in-(bl. ;
— ÏM Puerta del Salud, é espejo de la ver-
dadera é de la falsa confesion; Madrid, 1724,
in-fol.; — Exortacion à la exacta obsei'va-
cion del Decâlogo; Madrid, 1714, in-fol.; —
El Tesoro de los Beneficios escondos en Sim-
bolo de los Apôstoles; Madrid, 1727, m-S» ; —
Los Judios mahomctanos é los heréticos com-
bnfcs ; ihid.
I.e P. .kan c!g Saint-Antoine, BiM. univ. Francise,
* S'^ÉLax (Lepère),capucinmissionnaire, né en
Lorraine, au commencement du dix-huitième siè-
cle. Il se rendit célèbre par se.s nombreux voyages
en France, en Allemagne, en Hollande et en Italie,
et par les relations étendues qu'il avait dans los
quatre parties du monde. On le considérait cotnme
le banquier, le trésorier des Capucins de l'Eu-
rope. Vers 1751, le P. Félix, ayant mis un terme
à ses pérégrinations lointaines , habita Remire-
mont, puis Nancy, où il mourut. Le fameux
P. Noubert et le P. Félix étaient liés intimement.
— FELL
302
Ils ont pris une grande part dans ia scission qui
s'est opérée entre les jésuites et les franciscains.
Emile BÉGUs.
Chevrin, f^ie du P. Norbert. — Michel, Biog. de Lor-
raine, p. 159. — Chevrier. Mem. pour servir à l'hist,
àesàommes illustres de Lorraine, t. lî,p. ite.
FÉLÏX Mïî«t^TiïTS. Voyez MiNOTics (Marcus.)
FÉLIX CASSÏÏJS. Voy. CASSIDé.
FÉLIX MALLEOLES. Voy. ïiÀMMËftt,É;fl«
(Félix).
FÉLIX DÉ KAiivIr-ARSÈNE. Fo^. LeIbarié.
FÉLIX. Voy. Rachfx (M"e).
FELL ( John ) , célèbre théologieii et îiellé-
niste anglais, né à Longworth, en 1625, mort
en 1686. 11 étudia d'abord à l'école libre de
Thame ; à onze ans il fut envoyé à Oxford, et à
seize ans il obtint le titre de maître ès-arts.
Vers la même époque, il figura parmi les dé-
fenseurs de Charles P"" à Oxford, et devint ensei-
gne (ensign).]! perdit cet emploi en 1648; de-
puis lors jusqu'à la restauration de Charles II,
il vécut dans une studieuse retraite. A l'avéne-
mentde Chéries II, il fut pourvu du bénéfice de
Chichester etducanonicat de Chrisl-Church. Il
fut nommé doyen en liS60, puis chapelain ordi-
naire du roi. De 1666 à 1669, Fell remplit les
fonctions de vice-clianceher de l'université, au
sein de laquelle il introduisit de nombreuses
améliorations. En 1676, il fut élevé à l'épiscopat
d'Oxfoixl. Wood fait de ce prélat le plus grand
éloge, et le représente à la fois comme zélé pour
le bien de l'Église de l'Angleterre et comme porté
à encourager l'instruction et à pratiquer la cha-
rité. On a de John Fell : Alcinoi in Platoni'
eam Philosophiam Introductio; 1667; —
In laudem Musices Carmen sappkicum;
1674, in-4''; — Saint Clément' s two Epistles
ta the CorinthianSy in greek and latin, ivith
notes; 1677; — Ti^; xaivyji; Ataôyjxv]? aTravta
Novi Testamenti libriomnes, etc.; 1675, in-S",
et Leipzig, 1697, 1702; Oxford, 1702; — une
édition d'/lra^i<5, excellente au rapport de Fa-
bricius; Oxford, 1672, in-8°.
Wood , Athen. Oxon. — Biog. Brit. — Fabricius,
Bibiiotheca Grteca.
FELL ( /o^»), théologien et érudit anglais,
né à Cockermouth, en 1735, mortie o septembre
1797. Il appartenait à une famille pauvre, qui le
fit entrer chez un tailleur de Londres, où il
employa ses loisirs à l'étude des auteurs clas-
siques. Il fut admis ensuite à l'académie des
Indépendante à Mile-End. Il manifesta alors son
désir d'etttrer dans la carrière ecclésiastique, et
bientôt il remplit l'office de prédicateur au sein
de la congrégation de Boccles, d'où il se rendit à
Tliaxted, dans le comté d'Essex. Quelques an-
nées plus tard , il fut ministre de la secte des
dissidents d'Homerton; mais s'étant permis de
lire le journal un dimanche, il perdit immédiate-
ment cet emploi. Cependant il obtint un secours
annuel de 100 hv. sterl., et fut invité à faire
des lectures publiques sur l'évidence du chris-
tianisme. Il les fit à l'ésrUse écossaise de Lou-
303
FELL — FELLENBERG
3041
don-Wall. Outre ces lectures, publiées en 1798,
on a de Jean Fell : Genuine Protestantism ;
1773, in-8"; — A Fourth Letter to M. Pic-
kardon Genuine Protestantism; 1774, in-S";
— The Justice and utility of pénal Lawsjor
the direction of conscience; 1774, in-8°; —
Deemonias ; 1779, in- 8°; — Eemarks on the
Appendix of the editor of Rowley's Poems;
an Essay towards an English Grammar;
1784, in-12 ; — The Jdolatry of Greece and
Rome distinguished from that of other hea-
then nations; 1785, in-8°.
Chalmers, Gen. biog. Dictionary.
FELLE (Guillaume), théologien et voya-
geur français, né à Dieppe, en 1633, mort àRome,
en 1710. Il fit profession chez les Dominicains,
à Metz, en 1660. Il parcourut presque toute
l'Europe et voyagea en Afrique et en Asie. Il se
fit ensuite recevoir docteur en théologie, et de-
vint aumônier de Jean III , roi de Pologne. On
a de lui : Brevissimum Fidei Propugnaculum ;
2® édii, Venise, 1684, in-4°; — Lapis Theolo-
gorum , ou Resohitissima ac profundissima
omnium difficilium argumentorum quas un-
quam a Christi nativitate potuerunt afferre
hseretici contrabeatee Virginis cultum; 1687,
in-4'' : dans ce petit livre, G. Felle prétend com-
battre et anéantir, en latin et en allemand, tous
les arguments soulevés contre les mystères qui
accompagnent le culte de la Vierge et l'imma-
culée Conception ; — La Ruina del quietismo ,
e deir amor puro; Gènes, 1702, avec le por-
trait de l'auteur : Felle dit dans la préface de ce
livre qu'il a déjà composé trente volumes : il se
déclare : Apprime vero patribus Societatis
Jesu addictissimus ; — Fel Jesuiticum ( sans
date ni lieu ), in-4°. Moréri pense que si l'au-
teur est fidèle à sa déclaration précédente, son
ouvrage doit contenir tout autre chose que ce
que le titre offre d'abord à l'esprit. Les autres
écrits de Felle sont restés inconnus.
Le P. Écuard, Scriptores Ordinis Prxdicatorum, II,
775. — Moréri, Grand Dict. fiist. — Richard et Giraud,
Bibliothèque sacrée.
FELLENBERG (Philippe- Emmanuel de),
philanthrope et agronome suisse, fondateur des
instituts d'Hofwyl, né le 27 juin 1771, à Berne,
mort le 21 novembre 1844. Il reçut de son père,
qui était membre du gouvernement de cette ville,
les premiers éléments de son éducation ; mais ce
fut sa mère, arrière-petite-fille du fameux amiral
hollandais Van Tromp , qui lui inspira l'amour
de l'humanité et l'ardent désir d'être utile à ses
semblables. Cette femme respectable lui disait sou-
vent : « Les grands ont assez d'amis ; sois celui des
pauvres. » Après avoir passé quelque temps à
l'université de Tubingue (1789), où il étudia le
droit, le jeune de Fellenberg fut employé
(1795) à l'institut d'Éducation de Colmar, et y
resta quelques années ; mais le mauvais état de
sa santé le força de revenir dans son pays natal.
Peu de temps après, il commença ses voyages'
en Suisse, en France et en Allemagne, cherchant
partout la société des anisans et du peuple des '
villages, de préférence à celle des riches oisifs
habitants des villes. Son but était d'étudier à
fond les hommes pour connaître leurs mœurs
et leurs besoins, afin de pouvoir un jour contri-
buer à améliorer leur condition. Il s'attacha
aussi à connaître les méthodes d'enseignement
des arts les plus usuels et les plus utiles, et se
convainquant, dès ses premières observations,
combien était vicieuse la routine suivie par les
maîtres, il déplora le temps qu'elle faisait perdre
aux élèves , dont l'instruction d'ailleurs restait
toujours très-incomplète. Frappé de cette vé-
rité, il conçut le projet d'établir un nouveau mode
d'enseignement pratique pour l'agriculture et les
arts qui s'y rattachent. De retour dans sa patrie,
il fut nommé, par suite de la révolution de 1798,
commandant de quartier à Berne , et en cette
qualité il rendit d'importants services à ses con-
citoyens dans une révolte des paysans de l'Ober-
land : il apaisa les révoltés en leur faisant des
promesses que le gouvernement ne tint point.
Cela le décida à se démettre de sa place pour se
consacrer exclusivement à l'agriculture et à
l'éducation, qu'il entreprit |de perfectionner en
marchant sur les traces de Pestalozzi. Dans ce
double but, il fit l'acquisition de la terre d'Hof-
wyl, à deux lieues de Berne, et y fonda successi-
vement uninstitut d'agriculture théorique et
pratique, une fabrique d'instruments aratoires
et de machines employées à l'agriculture , une
école rurale pour les pauvres, im grand in-
stitut supérieur destiné à l'éducation de la jeu-
nesse des classes élevées de la société, une
école intermédiaire consacrée à la classe qui
désire acquérir une éducation industrielle, enfin
une école normale, oîi les régents ou institu-
teurs du canton de Berne venaient passer leurs
vacances et jouir des leçons des professeurs et
de l'hospitalité de Fellenberg.
L'établissement d'Hofwyl acquit |à son fon-
dateur une très-grande réputation; bientôt les
élèves accoururent de tous les pays du monde,
et plusieurs princes y envoyèrent des pension-
naires; mais en même temps les succès de
l'intelligent agronome lui suscitèrent beaucoup
d'envieux, qui osèrent même le dénoncer au
gouvernement de Berne comme un mauvais ci-
toyen; « il enrégimentait, disait-on, la classe pau-
vre, sous prétexte de lui donner de l'instruc-
tion , et en faisait des corvéables à son profit ;
il arrêtait le développement de ses élèves par
le travail continuel auquel il les assujettis-
sait, etc., etc. » Ladiète généralede Suisse se crut
obligée d'intervenir. Le landamann nomma une
commission qui se rendit sur les lieux, et cette
commission, composée d'un magistrat, d'un
ecclésiastique et de trois citoyens , fit un rapport
unanime dans lequel on rendait une justice
pleine et entière à Fellenbei^ (1).
(1) Parmi les nombreux écrits qui ont paru relatiTC-
305
FELLENBERG -- FELLER
306
Fellenberg est auteur d'un grand nombre i
d'ouvrages allemands sur l'agriculture et l'édu-
cation, traduits en partie par M. Pictet de Ge-
nève, (Enc. des G. du M. ]
Raymond de véricourt. Rapport sur les Instituts
d'Hofwyl; dans les Mémoires de l'Académie de l'In-
dustrie. — Haam, Fellenberg's Leben und ff^irken;
Berne, 1845. — Conv.-Lex.
FELLER (Joacliim), érudit allemand , né à
I Zwickau, le 30 novembre 1628, mort le 5 avril
: 1691. Il étudia dans sa ville natale et à Leipzig,
et se livra ensuite à la culture de la poésie.
• D'abord attaché à l'école Nicolai de Leipzig, il
devint professeur de poésie en 1676, puis bi-
bliothécaire de l'Académie. Il travailla pendant
plusieurs années aux Acta Eruditorum. L'a-
mertume de sa critique lui fit de nombreux en-
nemis. Feller mourut d'une chute qu'il fit la
nuit, I au moment où il s'était rois à sa fenêtre
pour y respirer le frais. Ses principaux ouvra-
ges sont : Catalogus codicum manu scrip-
\ torum Bibliothecse Patilinas Lipsiensis; —
! Oratio de Bibliocheca Academise Lipsiensis
i Paulina, etc.; Leipzig, 1676; ibid., 1686,
; in- 12, avec additions et corrections ; ibid., 1744,
j in-4°, éditions de Christ.-Gottheb Jocher. L'ou-
I vrage de Feller est terminé par des Corollaria
I metrica, collection de quatre-vingts formules de
i vers léonins placés à la suite de plusieurs ma-
I nuscrits de cette bibliothèque ; — Supplemen-
i tum ad Rappolti Commentarium in Hora-
^iMm; Leipzig, 1678, in-8°; — Vindiciœ ad-
versus Joannem Henricum Eggelingium;
Leipzig, f 1685, in-4'*; — Cygni quasi modo
geniti , id est clari aliquot cygnxi ab obli-
vione vindicati ; Leipzig, 1686, in-4°; — Epis-
Ma ad Adamum Rechenbergium de intolera-
MU fastu criticorum quorumdam, speciatim
Jac. Gronovii; ibid., 1687, in-4'^ , sous le pseu-
donyme deDermascus ; — DeFratribus calen-
dariis , prsemissa Historia Collegii imperia-
Zis ; Francfort, 1692, avec des notes de l'éditeur
Ludolf; — Flores philosophici ex Virgilio;
— Notse in Lotichii De Origine Domus
Saxonicae etiPalatinœ.
Jucher, Allgemeines Gelehrten-LexiJion. — Clarmund,
Fit. Felleri.
FELLER (Joachim-Frédéric) , historien al-
lemand, fils du précédent, né à Leipzig, le 26 dé-
cembre 1673, mort le 15 février 1726. Reçu doc-
teur en philosophie dès l'âge de quinze ans , il
voyagea ensuite pour compléter ses études. A
Wittemberg , il fut reçu chez Kirchmaier, et à
ment aux instituts d'Hofwyl, on remarque les suivants :
Rapport sur l'école rurale fait au parlement anglais,
par lord Brougham ; Rapport fait à l'empereur de
Russie, par le comte Capo-d'Istrias ; Foyage à Hofwyl,
par M. Hofmann, envoyé de la princesse de Sctiwartz-
bourg-Rudolstadt; Des Instituts d'Hofwyl, par le comte
de V. ; Lettres sur Hofwyl, par M. Charles Pictet; No-
tice sur Hafwyl, par M. de Gérando ; Rapport rédigé
par M. Rcngger au nom d'une commission ; Letters
on Hofwyl, par M. Woodbridge, publiées à Boston, dans
les American Annals of Education.
Fribourgchez Bayer. A Zwickau, il fut chargé par
le sénat de cette ville de dresser le catalogue de
la bibliothèque de Chrétien Daum. La mort de son
père l'ayant obligé d'interrompre ce travail pour
retourner à Leipzig , il vint le reprendre quelque
temps après , et ne quitta Zwickau qu'après l'a-
voir achevé. A son retour à Leipzig, en 1693 , il
s'adonna à l'étude du droit sous Titus, Mencke-
uius et Franckenstein. En 1696, il recommença
ses voyages. A Wolfenbuttel, il vit Leibnitz, qu'il
seconda dans ses travaux Uttéraires , et princi-
palement dans la composition de V Histoire de
la Maison de Brunswick, pour laquelle il lui
fournit de nombreux matériaux. Après s'être
séparé de Leibnitz , Feller alla trouver, à Franc-
fort-sur-le-Mein , Ludolf, qu'il aida dans sa
composition de l'Histoire du Monde. Mais déjà
âgé , Ludolf ne sut pas utiliser tous les docu-
ments mis à sa disposition par Feller. En 1701,
ce dernier s'arrêta quelque temps chez Gode-
froy Thomasius, médecin à Nuremberg, dont
il mit à profit la riche bibliothèque. Venu en
France avec des recommandations de Leibnitz ,
il fut admis chez les personnages notables du
temps, le marquis de L'Hôpital, de Longuerue, etc.
En passant à Ratisbonne , lors de son voyage de
retour en Allemagne, en 1701, il y fut retenu
par Schrader, envoyé du duc de Zell , qui lui
confia l'éducation de son fils unique. En 1706,
Feller devint secrétaire du duc de Weimar. Il se
rendit ensuite à Vienne avec Lyncker, qui allait
complimenter l'empereur sur son avènement,
puis à Wittemberg, en 1708 et 1720. Il dressa
dans cette ville l'état des archives que la maison
de Saxe y possède. L'excès de travail abrégea,
dit-on , les jours de Feller. Ses principaux ou-
vrages sont : Monumenta varia inedita va-
riisq^ie linguis conscripta, nunc singulïs
trimestribus prodeuntia; léna, 1714 et an-
nées suivantes, en 12 parties, 1 vol. in-4°; - -
Genealogische Historié des chur-fûrstl.
Braunschweigischen Hauses ( Généalogie de la
maison électorale de Brunswick ) ; Leipzig , 1717,
in-8° ; — Otium Hanoveranum, sive miscel-
lanea ex ore et schedis G.-G. Leibnitii; ib.,
1717, in-8°.
Acta Erud. Lips. — Nicéron, Mém. XIX.
FELLER (Jean-David) , polygraphe alle-
mand , natif de Chemnitz , vivait dans la pre-
mière moitié du dix-huitième siècle. II fut recteur
à Luckau dans la basse Lusace. Ses principaux
ouvrages sont : Disputatio de Paulo philoso-
pho plane dlvino; 1740, in-4°; — Von dem
rechtniasssigen Gebrauch der Weisheit und
Vernunft in Erlernung gelehrter Sprachen
(Du convenable Usage de la Sagesse et de la
vertu dans l'enseignement des langues savantes);
Wittemberg, 1741;— Untersuchung von dem
welches sey ein vernuenftiger Gottesdienst
(Recherche sur la question de savoir quel serait
le culte divin rationnel); 1742; — Frueh
aufgelesene Sammlung sur dcutschen Spra-
307
FELLER
che ( Collection choisie pour la Langue Alle-
mande); ib., 1746, in-4°.
Adelurig, Suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexihon.
FELLER (François -Xavier de), publiciste
belge, né à Bruxelles, le 18 août 1735,
mort le 23 mai 1802. Son père , secrétaire des
lettres du gouvernement des Pays-Bas autri-
chiens, fut anobU en 1741, par l'impératrice Ma-
rie-Thérèse. Jusqu'à l'âge de dix-sept ans,
François Feller fut élevé auprès d'un aïeul ma-
ternel. A la mort de celui-ci , on l'envoya dans
un pensionnat .des jésuites à Reims, pour y faire
un cours de philosophie; il y montra une grande
propension pour la géométrie et la physique.
Deux ans après (1754), il entrait au noviciat
des jésuites à Tournay; c'est à cette époque
que sa grande prédilection pour l'apôtre des Indes
et du Japon lui fit ajouter à son prénom celui
de Xavier. Sorti de ce noviciat , il enseigna la
rhétorique à Luxembourg d'abord , ensuite à
Liège. Sa prodigieuse mémoire lui permettait
d'expliquer les principaux auteurs classiques
sans avoir besoin de recourir aux textes. Pen-
dant les deux premières années de son cours de
théologie, qu'il commença à Luxembourg en
1763, on le chargea de prêcher le carême en
latin devant un grand nombre de théologiens, de
philosophes et d'humanistes. Il paraît qu'il par-
lait cette langue avec beaucoup de facilité. La
suppression des Jésuites en France , qui eut lieu
en 1764, lit refluer dans les collèges des Pays-
Bas autrichiens une multitude de jeunes religieux,
et cette hospitalité nécessita l'envoi dans d'autres
provinces d'élèves qui n'avaient pas achevé leur
cours de théologie. Alors le P. Feller fut envoyé
à Thyrnau , en Hongrie , où son érudition fut
appréciée. Il parcourut tout le pays, puis une
partie de l'Italie, de la Pologne, de l'Autriche,
de la Bohême , en prenant toujours des notes
qui lui servirent pour écrire ses Voyages , qui
n'ont été publiés qu'après sa mort. Lors de son
retour dans les Pays-Bas , il remplit encore pen-
dant'un an les fonctions de professeur à Nivelles.
En 1771 il fit sa profession solennelle. La sup-
pression de la Société de Jésus ayant eu lieu
dans les Pays-Bas en 1773, au moment où il était
prédicateur du cohége de Liège, le P. Feller se
livra tout entier à la vie d'écrivain. De Liège , où
une révolution survint en 1789, il passa à Maës-
tricht ; de là il alla en Westphalie ( 1 794 ) . Retenu
dans ce pays par le prince-évêque de Paderborn,
qui lui confia le ministère de l'enseignement dans
son collège , il se rendit à Ratisbonne en 1797.
L'accueil qu'il reçut dans cette ville l'engagea à
résister aux instances qu'on faisait auprès de lui
ipur l'attirer en Italie et en Angleterre. Attaqué
d'une fièvre lente en 1801, il mourut moins d'un
an après , avec la résignation d'un vrai chrétien.
Le P. de Feller a beaucoup écrit; mais il n'est
guère connu que par son Dictionnaire histo-
rique. Cet ouvrage, qui, il faut l'avouer, doit
beaucoup à celui de Chaudon, a eu un grand
succès. Les nombreuses éditions qui en ont été
faites, les suppléments successifs qu'on y a
ajoutés jusqu'en 1848, témoignent de sa réussite.
On pourrait sans doute y relever beaucoup de
fautes : quelle œuvre de ce genre pourrait sortir
victorieuse d'un examen de détails ! mais il avait
un mérite incontestable sur son devancier, qu'il
avait fortement mis à contribution ; nous voulons
parler de l'unité de jugements qu'il présente. Fel-
ler avait en vue, en composant son Dictionnaire,
d'être utile à l'Église ; il reprochait à Chaudon
son langage ambigu à l'égard des impies. Lui,
au contraire , repoussait toutes sortes de com-
promis avec ses ennemis; aussi mit-il souvent
trop de vivacité dans sa polémique : c'était l'ar-
deurl de son zèle qui l'entraînait. On ne peut
lui reprocher d'avoir agi ainsi dans le but de
tirer de plus gros bénéfices de ses livres: il n'en
retirait aucun profit. Nous croyons donc qu'il
faut voir dans Feller un homme rempli de zèlt
pour les intérêts delà religion, au service de
laquelle il a mis beaucoup d'érudition et une
activité remarquable.
Nous nous bornerons à donner la liste de ses
principaux ouvrages. A l'un d'entre eux se rat-
tache une particularité qui nous a paru assez
curieuse pour n'être point passée sous si-
lence. Il s'agit du Catéchisme philosophique,
dont la première édition remonte à 1773, et qui
fut livré au public sous le pseudonyme de
Flexier de Reval, anagramme du nom de Xavier
de Feller. M""' de Genlis, qui a publié un nombre
de livres qui ferait envie à M"^ de Scudéry, eut un
jour la fantaisie d'accompagner ce livre de notes,
de l'enrichir d'un discours préliminaire de Gré-
goire , de l'habiller à la mode du temps ( c'était
sous la Restauration) et de le présenter avec
ce déguisement : Catéchisme critique et Moral.
Et cette femme d'esprit était dans une telle igno-
rance de la source de ce livre, qu'elle l'attribuait
à plusieurs pères jésuites : il était cependant de
notoriété publique que Feller l'avait seul écrit.
Outre les ouvrages cités dans le courant de
cet article , on a de lui ; Coîip d'œil sur le
congrès d'Ems; 1788, in-12; — Cours de Mo-
rale chrétienne et de Littérature religieuse ;
Paris, 1824, 5 vol. in-8°; — - Défense des Ré-
flexions sur les 73 articles du P. M. Ratis-
bonne; 1789,in-8°;— Dictionnaire géogra-
phique; Liège, 1788-1792, 2 vol. in-S"; —
Discours stir divers sujets de religion et de
morale; Luxembourg, 1777, Paris, 1778,
2 vol. in-12, publiés souslepseudonymedei^'ZeaJïer •
de Reval ; — Dissertatio de Deo unico ; Luxem-
bourg, 1780, in-S"; — Entretien entre Vol-
taire et un docteur de Sorbonne sur la né-
cessité de la foi catholique au salut ;^ Liège,
1771, \n-%°; — Examen impartial des Époques
de la Nature de Bl. le comte de Ruffon;
Luxembourg, 1780, in-12, réimprimé plusieurs
fois ; — Journal historique et littéraire;
Luxembourg et Blaëstricht, 60 vol. ia-8°; col-
309
FELLER - FELS
310.
lection evenue rare; — Jugement d'un Écri-
vain protestant touchant le livre de Fabro-
nius intitulé : De Statu Ecclesiae et de legi-
I tiiïia potestate Romani Pontificis ; Liège, 1771,
in-12 ; — Lettre critique sur THistoire natu-
relle de Buffon; Mélanges de politique, de
I morale et de littérature , extraits de journaux
rédigés par Feller; Louvain, 4 vol. in-8°; —
Musse Leodienses; Lonvain, 2 yoI. in-8" : cet
( ouvrage contient diverses poésies des élèves de
Feller; — Observations philosophiques sur les
systèmes de Newton, de Copernic , etc.; 1778,
I in-12; — Observations sur la' juridiction at-
tribuée aux hérétiques, etc.; Liège, 1794,
in-12 ; — Observations sur les rapports phy-
siques de l'huile avec les flots de la mer ;
Paris, 1778, in-S" ; — Opuscules théologico-
philosophiques ; Malines , 1824 , in-12 ; — Re-
cueil des représentations, protestations, etc.,
faites à S. M. I. par les représentants des
provinces des Pays-Bas autrichiens ; Ser-
mons , Panégyriques et Discours de religion
et de morale; uouv. édit. , Lyon, 1819, 2 vol.
!n-8°. A. R.
L'Ami de la Heligion, passira. — Slassart, Notices
biographiques.
* FELLETTi ( Nicolas ) , helléniste italien ,
vivait dans la première moitié du dix-huitième
siècle. On a de lui : / Caratteri d'Epitteto, con
laSpiegazione délia Tavola di Cebete; Venise,
1714, in-12; — Le Filippiche dl Demostene,
con osservazioni ; ib., 1715, in-S".
Paitoni, Bibl. degli Kolgarizz.
* FELLINI (Gm/io-Ceiare), peintre de l'é-
cole bolonaise, né avant 1600, mort vers 1671.
Élève de Gabriele Ferrantini et d'Annibale Car-
rache, il peignit habilement les chevaux, la
ligure et surtout l'ornement. Son frère Marcan'
tonio eut les mêmes maîtres et partagea ses
travaux. E. B — n.
Malvasia, Pitture di liolopna. — Orlandi, Abbeceda-
rio. — Gualandi, Memorie oriyinuU di Belle- Artl.
FELLON (Le P. Thomas-Bernard) , prédi-
cateur français, né à Avignon, le 17 juillet
1672 , mort à Lyon, le 25 mars 1759. Il fit ses
études dans sa \ille natale, et entra dans la So-
ciété de Jésus le 28 décembre 1687. H enseigna
la grammaire et les humanités pendant six ans ,
puis la rhétorique durant trois autres années.
Il cultivait en même temps les belles-lettres et
réussissait dans la poésie latine. Plus tard, il
s'adonna à la prédication et à la composition de
divers ouvrages de théologie. Il acquit une
grande réputation de piété. <c On le voyait , di-
sent ses biographes, entraîné par son zèle, s'ex-
poser dans des circonstances où la prudence hu-
maine semblait condamner ses démarches pour
retirer du désordre de jeunes personnes que l'indi-
genceou le libertinage avaient précipitées dans la
débauche. » Unedes maximes favorites du P. Fel-
lon était pourtant celle-ci, « qu'il fallait prendre
garde si sous l'ombre de faire une bonne œuvre
on ne cherchait pas à contenter une secrète pas-
sion )). On a de lui : Faba Arabica {i),carmen;
Lyon, 1696, in-S"; — Magnes, carmen , suivi
d'une Lettre de M. D. P. (Louis de Puget, le
physicien) sur l'aimant, pour servir à expli-
quer le poëme précédent; ibid. Ces deux petits
poèmes ont été réimprimés dans les Poemata
didascalica; Paris, 1749 et 1813,3 vol. in-12;
— Oraison funèbre de monseigneur Louis,
dauphin, prononcée à Marseille ; M.cixs.^\\\e ,
1711, in^" ; — Oraisons funèbres de Louis dau-
phin de France (2) , et de Marie-Adélaïde de
Savoye, son épouse; 1712, in-4°; — Oraison
funèbre du très-haut, très-puissant et très-
excellent prince Louis XIV, roi de France
et de Navarre , surnommé le Grand , pronon-
cée dans l'église du séminaire royal de la marine
à Toulon le 16 octobre 1715, Lyon, 1716, in-4°;
réimprimée dans le Recueil des Oraisons fu-
nèbres de Louis XIV, 1716, 2 vol. in-12; —
Catéchisme spirituel du P. Surin, jésuite,
retouché; Lyon, 1730, 2 vol. in-12; — Para-
phrase des Psaumes de David et des Canti-
ques de l'Église, avec une application suivie
de chaque Psaume et de chaque Cantique à
un sujet particulier, propre à servir d'en-
tretien avec Dieu; Lyon, 1731, 4 vol. in-12;
-— Traité de l'Amour de Dieu, divisé en douze
livres , avec un Discours préliminaire à la tête
de chaque livre , et à la fin de chaque tome un
Recueil de Maximes splrltxielles , de Sen-
tences et de pieuses affections tirées dit corps
de Vouvrage, selon la doctrine , Vesprit et la
méthode de saint François de Sales; Lyon,
1738, 3 vol. in-12; Paris, 1747, 4 vol. in-12;
— Heures chrétiennes, tirées uniquement des
Psaumes ; Lyon, 1740, in-12.
Ersch, La France littéraire (édit. de 1769). — Lelong,
bibliothèque historique de la France, n»» 25697 et 25714.
— L'abbé de Capris de Beauvezer, dans le Dictionnaire
de la Provence. — Barbier, Examen critique des Dic-
tionnaires historiques. — Augustin et Aloys de Backer,
Bibliothèque des Écrivains de la Compagnie de Jésus.
*FELMER {Martin), historien transylvain,
né à Hermannstadt , mort le 28 mars 1767. Il
fut membre de l'Académie de Leipzig , de celle
de Roveredo, recteur à Hermannstadt, prédica-
teur à Helten, enfin chef d'église {kirchenvor-
steher) à Hermannstadt. Ses ouvrages sont :
Ein Schreiben ueber zehn allé ungarische
Muenzen ) Un Mot sur dix Monnaies anciennes
de la Hongrie); Nuremberg, 1764, in-8°; —
Primœ Linex Principatus Transylvanie his-
torix antlqui, medii et recentioris aJï;j; Her-
mannstadt, 1780,in-8°.
Bcnkoe, Transyiv., II.
FELS (Jacques), jurisconsulte et historien
allemand, né le 6 janvier 1730, mort le 26 dé-
cembre 1773. On a de lui : Disputatio de Re-
tractîi, x>^'xcipue secundum statuta R. I. ci-
vitatis Lindaviensis compétente ; léna , in-4" ;
— De Confœderationibus liberarum S. R. I.
(1) Le cnfé.
(2) Ce dauphin était fils du précédent.
Sli
FELS — FELTON
31J
Civitatum; 1752, in-4"; — Beytrag zu der
Deutschen Reichstagsgeschichte ( Mémoire
pour servir à l'histoire des diètes alleman-
des, etc.); Lindaii, 1765.
Adeliing, Suppl. à JOcher, Allgetn. Gelehrten-Lexikon.
* FEL.SING {^Jacques ) , graveur allemand , né
à Darmstadt, en 1802. Initié à l'art de la gra-
vure par son père , il fut envoyé comme pension-
naire du prince de Darmstadt à l'Académie de
Milan. Plus tard , il se rendit à Florence , où il
exécuta une de ses meilleures gravures, le
Christ au mont des Oliviers, d'après Carlo
Dolce, ouvrage qui lui valut le grand prix de
l'Académie de Milan. Puis il entreprit la repro-
duction de la Madone dite del Trono, chef-
d'œuvre de Sarto. A Rome et à INaples, il étudia
soigneusement les beautés de la nature et de l'art.
Sa liaison avec Toschi , qu'il connut à Parme ,
lui apprit à éviter les extrêmes dans l'exécution
de ses œuvres. L'Académie de Florence le nomma
professeur. En 1832, il retourna à Darmstadt,
>ù il grava le Joueur de violon de Raphaël ,
i'après le tableau de la galerie Sciarra à Rome.
Il reproduisit aussi ]& Jeune fille à la fontaine
de Bendemann. Il visita ensuite Munich et Paris.
Revenu en Allemagne , il grava une Sainte Fa-
mille d'après Overbeck, 1839. Felsing s'est tou-
jours attaché à rendre exactement non-seulement
le sujet , mais la manière du maître. Outre les
gravures déjà mentionnées, on doit citer les sui-
vantes : Le Christ avec la Croix, d'après
Crespi; — Les Fiançailles de sainte Cathe-
rine, d'après Corrége,
Nagler, Neues Allg. Kunstl.-Lexic. — Conversations-
Lexikon.
* FELSZTYNSKi (Sébastien), musicien et
compositeur polonais , né vers 1490 , mort vers
1550. Il termina ses études à l'université de
Cracovie, en 1518 , et fut le premier professeur
de musique de cette université. Plus tard, il
embrassa la carrière ecclésiastique, et devint suc-
';essivement curé de Sarabor, de Kalisz et de
Sanok. On a de lui : Opusculum utriusque
Musicas , tam choralis quam etiam mensura-
lis; Cracovie, 1519 ; — Aliquot hymni eccle-
siastici, varia melodiarum génère editi ; Cra-
covie, 1522; — Opusculum Musices noviter
congestum, pro institutione adolescentum in
cantu simplici, seti Gregoriano ; Cracovie,
1534; — Directiones Mtisicse ad cathedralis
ecclesise Premisliensis usum; Cracovie, 1544,
in-4''. Léonard Chodzko.
lanotzki, Bibliothèque de Zaluski. — Soltykowicz,
Hist. de l'Académie de Cracovie. — Chodynlcki, Les
Polonais savants et ai-tistes ,• Léopol, 1830.
*FELOAGA. Y ozcoYDE (Don Antonio) ,
jurisconsulte espagnol , né à Pampelune, mort à
Madrid, le 24 novembre 1658. Il passait en
Navarre pour un des hommes les plus savants
de son temps. Il enseigna la jurisprudence civile
et le droit canonique à l'université de Salaman-
que, puis fut nommé chevalier de Saint-Jacques et
avocat du roi au Conseil des Indes, On a de lui
plusieurs ouvrages de droit, entre autres : Phe\
nix juridica , etc. ; Pincia, 1649, in-4°; — 4rfi
L. quisquis C. adLeg. Jul. Majest.; Pincia, etc.
Nicolas Antonio , Bibliotheca Scriptorum Hispaniee,
— Moréri, Grand Dictionnaire historique. — Richard
et Giraud, Bibliothèque sacrée.
* FÉLOT {Jean), sieur du Ponceau, méde-
cin français , né en Anjou , vivait au seizième
siècle. Il fut médecin de Marguerite de France,
reine de Navarre, fille du roi Henri II. On a de
lui plusieurs traités sur l'art de guérir, tant en
latin qu'en français. Ch — p — c.
.I.-F. Bodin, Becherches historiques sur l'Anjou et ses
Monuments, Biographie Angevine, t. Il, p. 615.
* FELTON (Jean, sire de), fameux capi-
taine anglais du quatorzième siècle. Il fut du
nombre de ceux qui, après la rupture du traité
de Brétigny (1364), envahirent de nouveau la
France. A la tête d'une troupe de douze cents
Anglais, il débarqua à La Hougue, et pénétra en
Bretagne. Il s'approcha avec sa troupe du châ-
teau de Pontorson , défendu par Du Guesclin ,
qu'il défia avec arrogance. Le héros breton y
répondit par une sortie vigoureuse, et mit la
troupe de Felton en déroute dans les landes de
Meillac, près de la petite ville de Combourg,
et retint prisonnier leur chef. Celui-ci, rendu à
la liberté contre rançon, recommença ses rava-
ges ; il fut repris par Du Guesclin, et on n'en en-
tendit plus parler. Ch — p — c.
Clievalier de Frérainville, Hist. de Du Guesclin.
FELTON ( Jean), criminel irlandais, exécuté
le 23 août 1628. Il était lieutenant dans l'armée
qui assiégeait l'île de Ré, lorsqu'un passe-droit
dont il fut l'objet lui fit prendre le service mi-
litaire en dégoût. En même temps il conçut une
grande aniraosité contre le duc de Buckingham,
qu'il considérait comme un obstacle au bonheur
de son pays. Il résolut en conséquence de faire
périr ce personnage, dans la chambre duquel il
s'introduisit un matin : il le blessa mortelle-
ment au cœur avec un couteau. Arrêté immé-
diatement, il fut condamné et exécuté. Il subit
sa peine avec le courage habituel aux fanatiques.
Hume, Hist. of Engl.
FELTON (Henri), littérateur anglais, né en
1679, mort en 1740. Il étudia à Oxford, et entra
dans les ordres en 1704. En 1708 il eut la di-
rection de l'éghse anglaise d'Amsterdam, et l'an-
née suivante il revint en Angleterre, et entra
comme chapelain dans la maison du duc de
Rutland. Il exerça cet emploi sous les trois ducs
de ce nom qui se succédèrent. En 1711 il fut
nommé recteur de Whitewell, et principal d'Ed-
mond-Hall en 1722. En 1736, il dut au duc de
Rutland, devenu chancelier du duché de Lan-
castre , sa nomination au rectorat de Berwick
in-Elmet. Felton écrivit sur l'éducation et sur
diverses matières ecclésiastiques. On a de lui :
Dissertation on reading the classics and for-
ming ajuste style; 1711; in-12, et 1757. Cette
dernière édition est la meilleure; — The Résur-
rection of the same nurnerical Body and Us
313 FELTON — FELVmiZKI
réunion to the same soûl, against M. Locke, s
314
l^otion of personality and identity ; 1725;
— The Common People taught to défend
Iheir communion with the Church of En-
gland against the Attempts and Insinuations
ofPopish Emissaries]; 1727 ; — Nineteen Ser-
mons; 1748 (posthume).
Rose, New biog. Dict. — Adelung/, Suppl. à JOcher,
/itlg. Gel.-Lex.
* FELTON (/arrj/), architecte russe, dorigine
anglaise, mort à Saint-Pétersbourg en 1801. Il a
construit à Saint-Pétershourg le Palais d'Hiver,
la grande façade de V Académie et le grand
escalier du même bâtiment. Il acquit la répu-
tation d'un habile architecte, et mourut directeur
de l'Académie impériale des Arts.
Dictionnaire historique {éàW.. de 1822). —\D\ctionn.
biographique et -pittoresque.
FEL.TRE (Duc de). Voy. Clarke.
*FELTRiNO i^Andrea), peintre de l'école
I florentine, né vers 1490, mort vers 1554. On
ignore le véritable nom de cet artiste, qui porta
d'abord celui A' Andréa di Cosimo Rosselli, en
l'honneur de son premier maître, et qui se fit
appeler Feltrino lorsqu'il eut étudié sous Morto
da Feltro la peinture d'arabesques, dans laquelle
. il excellait. Il appliqua son talent en ce genre non-
seulement à la décoration des édifices, mais en-
core aux pompes des fêtes et cérémonies publi-
ques. On peut presque le regarder comme chef
d'école en ce genre, dont il répandit le goût à
Florence. Son imagination était brillante; ses
ornements étaient plus riches et plus nombreux
que ceux des anciens, et il y mêlait les figures
avec intelligence. Il eut pour élèves et pour aides
Mariotto et Raffaele Mettidoro. Il avait épousé
une sœur du Sansovino ; il fuyait la société, et
passait à la campagne tout le temps dont ses tra-
vaux lui permettaient de disposer. E. B— n.
Baldinucci, Notizie. — Lanzi, Storia. délia Pittura.
— Orlandi, Abbecedario.
* FELTRO ( MoRTO da), peintre de l'école vé-
nitienne, né à Feltre, vers 1474, tué près de Zara,
vers 1519. Lanzi croit qu'il put être le même
que Luzzo da Feltro, dit aussi Zarotto. Il alla
cune à Rome, où la vue des arabesques antiques
l'entraîna vers ce genre de peinture, qu'il remit
en honneur et qu'il rapporta à Venise. Il acquit
en ce genre une grande réputation, et vers 1505
il travailla avec le Giorgione à la décoration
extérieure du Fondaco de' Tedeschi; malheu-
reusement ses arabesques ont disparu, et il ne
reste presque plus de traces des figures du Gior-
gione. Malgré ses succès, Morto quitta le pinceau
pour l'épée ; il fut Tait capitaine, s'embarqua pour
la Dalmatie, et fut tué dans un combat près de
Zara. Dans la collection de portraits de peintres
de la galerie de Florence , on attribue au Morto
un portrait évidemment apocryphe , sans autre
preuve qu'une tête de mort dans laquelle on a
cru voir une allusion à son nom. E. B— n.
Ridoin, f'ite de' Pittori Veneti. - Cambrucci, Istoria
manuscritta di Feltro. — Vasarl, rite. —, Lanzt, Storia
délia Pittura.
* FELTZ (/ean-ZTewri), jurisconsulte français,
mort vers 1750. Il professa le droit à Strasbourg.
On a de lui : Disputationes I et 11 de Jure
venandi; Strasbourg, 1708, in-4°; — Dispu-
tatio de ElectorumJuribus ac prserogativis ;
ibid., 1711, in-4° ; — Specimina differentia-
rum juris communis et juris gallicani circa
materiam restitutionis in integrum ; ibid. ,
1713, in-4"; — Disputationes I et II ex histo-
ria Henrici sancti; ibid., 1712, 1714, in4" ; —
Schediasma de methodo juris publici, dans la
Collectio de fatis Methodo Juris publici, etc.,
deFranken; Leipzig, 1739, in-4°; — Opuscula
de dignitate nobilitatis immediatx S. R. I. ;
ibid., 1747, in-4''.
Adelung, Suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexikon.
FELTZ (Guillaume- Antoine- François , ba-
ron de), administrateur belge, né à Luxembourg,
le 5 février 1744, mort en 1820. Il était fils de
Jean-Ignace, échevin du Luxembourg, conseil-
ler-receveur des aides et subsides du duché. Il
entra fort jeune dans la carrière administrative,
et fut nommé en 1766 directeur et en 1770
commissaire général du cadastre de sa province.
Il devint ensuite conseiller de la chambre des
comptes, membre et trésorier du comité de reli-
gion, assesseur au conseil du gouvernement. La
révolution brabançonne l'ayant forcé de s'éloi-
gner de la Belgique, où son dévouement connu à
la maison d'Autriche pouvait lui attirer des périls ,
il se retira en Hollande. Après les troubles , en
1790, il vint à Bruxelles avec les titres de con-
seiller d'État et de secrétaire du gouvernement
général. Il fut alors élu membre de l'Académie de
Bruxelles. Les victoires de Dumouriez obligèrent
Feltz à chercher un refuge en Autriche. L'em-
pereur François II l'attacha à son ministère des
affaires étrangères, le créa chevalier-noble de la
basse Autriche et membre du conseil aulique
pour les finances. 11 l'envoya ensuite en quahté
de ministre plénipotentiaire en Hollande. Feltz
garda cette position jusqu'à la réunion de ce pays
à la France (1810). Rentré en 1814 dans sa patrie,
il fut nommé par le roi des Pays-Bas, Guil-
laume I*", conseiller d'État et commandant de
l'ordre du Lion-Belgique. Feltz devint en même
temps membre de la première chambre des états
généraux , l'un des curateurs de l'université de
Louvain, et en 1816 président de l'Académie
royale de Bruxelles. On a de lui : Réponse au
discours d'installation prononcé par Repelaër
van Driel, ministre de l'instruction publique des
Pays-Bas, le 18 novembre 1816, à l'Académie
royale de Bruxelles. Ces discours ont été insé-
rés dans le t. H des Nouveaux Mémoires de
l'Académie de Bruxelles, p. 4-6; — Dis-
cours prononcé le 7 mai 1817; même recueil,
p. 16-17.
annuaire de F Académie de Bruxelles; 1836. — Bi-
bliothèque générale des Belges.
FELViNTZKi (Alexandre), orientaliste hon-
grois du dix-septième siècle. Il étudia à Leyde
315
FELVINTZRI — FENEL
HQ
et à Groningue, et devint ministre protestant.
On a de lui : Hœresiologia ; Debreczen, 1680,
!n-8i> : recueil dans lequel il fait connaître par
ordre alphabétique toutes les hérésies qui se
sont produites dans le christianisme depuis le
moyen âge. Alex. B.
Cuittinger, Speclm. Hong. Ut.
FELViNTZKi( Georges), poète hongrois, natif
de Kolosvar, vivait vers la seconde moitié du
dix-septième siècle. On a de lui [dusieurs poè-
mes en langue hongroise, parmi lesquels Echo ;
Samaritayms ; Sckola Salernitana ; Mauso-
leum regum ducumque Hungariœ.
Horanyi, Memoria Hung. — Benlcoe, Transylv., II,
p. 475.
* FELWiNGER (Jeaïi-Paul), théologien alle-
mand, né à Nuremberg, en 1616, mort en 1681.
Après avoir été professeur à Altorf , il prit part
aux controverses religieuses de l'époque, et se
signala par son zèle contre les écrivains soci-
niens, auxquels il opposa entre autres ouvrages :
Ânti-Ostorodus ; — Defensio pro A. Grmvero
contra Smalzium. G. B.
Zeltner, Theat. corr., p. 176. — Hugen, Mem. Philos.,
p. 158. — Baillet, Jugements des Savants, t. VI, p. 17.
FEiVAUOLi (Camilla Sola.r d'Asti, signora),
poétesse italienne , née à Brescia, vers 1705,
morte en 1769. Quoique d'une famille noble et
aisée, son éducation fat très-négligée. r^éanmoins
la lecture des romanciers et des poètes développa
chez elle le goût de la littérature. Elle cultiva
avec succès la jwésie, apprit les langues grecque
et latine, etseJivra même à l'étusle de la philoso-
phie et de la métaphysique. On trouve plusieurs
de ses pièces do vers dans le Récolte deglt
Autori Breaciani viventi de Carlo Roncalli.
Biografla universelle, édit. de Venise.
FE.^'AROLi (Fedele), compositeur napoli-
tain, né àLanciano (Abruzzes), en 1732, mort
à Naples, le 1"'" janvier 1818. Ilfut élevé au Con-
servatoire de Saint- Onuphre, à Naples, où il
reçut les leçons de Durante. Il entra ensuite au
Conservatoire de Santa-Maria-di-Loreto comme
maître d'accompagnement, et passa ensuite à
celui délia Pietà de' Turchini, où il professa
jusqu'à sa mort. Il a formé d'excellents élèves ;
toute sa science n'était que de tradition et de
sentiment, mais sa méthode était simple et fa-
cile : elle est bornée à un petit nombre de règles
que l'auteur a exposées avec Uicidité dans ses
ilegole per i principianti di Cembalo, suivies
de Partïmentl, trad. en français par Imbembo
et reproduites en partie dans les Principes de
Composition des Écoles d'Italie de Choron ;
Paris, 1808.
Fétis, Biographie universelle des Musiciens.
FENARUOL.O (Gerommo) , poète italien, né
à Venise, mort à Rome, A^ers 1570. Sa famille
était originaire de Brescia. Il acquit une belle
réputation comme littérateur dans sa patrie ,
qu'il quitta pour s'attacher au' cardinal Farnèse.
S'il faut en croire le Quadrio , Fenaruolo em-
brassa l'état ecclésiastique , et vécut à Rome où
il devint préltit. On a de ce poète quatre Satire
en terza rima, insérées dans le Vile Hvi-e des
Satire recueillies et publiées par Francesco
Sansovino; Venise, 1563, in-8": ces satires ou
plutôt ces épîtres semblent avoir été composées
vers 1544.
QuaJrlo, Let. Fen.
* FEivni (Pieire), peintre allemand, né à
Vienne, le 4 septembre 1796, mort le 28 août
1842. Il étudia le dessin à l'Académie de cette
ville. En 1818, à la mort de Mannsfeld, des-
sinateur en titre du cabinet des antiques,
il fut désigné pour le remplacer dans cet em-
ploi. En 1821 il accompagna à Venise le dir«e-
teur de Steinbùchel, et mérita la médaille d'or
pour son tableau de la Grotte de Corgnole. Il
dessina presque tous les monuments d'or et
d'argent renfermés dans le cabinet des monnaies
et antiques de Vienne. Il peignit aussi pour le
cabinet des médailles les portraits des principaux
numisniates européens. Fendi réussissait parti-
culièrement à rendre avec vérité les antiques;
peut-être apportait-il parfois trop d'élégance
dans cette reproduction. Ses peintures histori-
ques sont presque toujours empruntées à l'his-
toire allemande. On voit à Raiz , au château du
comte Hugues de Salm , les œuvres suivantes,
dues à son pinceau : Eginhard et Emma;
V Anneau de la Fidélité; La Ville de Saltz-
bourg ; La Fille au bureau de poste, des
aquarelles tirées des poésies de Schiller. Il fit
aussi des illustrations pour le Bïbliographical
Tour in France and Germany de Dibdin et
pour la Geschichte von Wien ( Histoire de
Vienne) d'Hoimayr.
Conversations- Lexikon.
FÉNEL {Charles- Maurice) , historien ecclé-
siastique, mort vers 1720. 11 était doyen de l'é-
glise de Sens. On a de lui : Mémoires potir
servir à l'histoire des Archevêques de Sens
jusqu''en 1716 ; 3 vol. in-fol. Les Bénédictins se
sont utilement servis de cet ouvrage pour leur
Gallia christianu.
Lelong, Bibl. historique de la France, n" 10,023.
FÉNEL ( Jean - Baptiste - Paschal ) , érudit
français , neveu du précédent, né à Paris, en
1695, mort dans la''même ville, le 19 décembre
1753. Il dut son éducation aux soins de son père,
avocat renommé , et à ceux du célèbre Ménage,
ami de sa famille. Cet enseignement particulier
et soigneux développa rapidement les disposi-
tions naturelles du jeune Fénel, et dès l'âge de
treize ans , il pouvait passer pour érudit ; mais
ses professeurs lui avaient trop laissé le choix
de ses études pour qu'il se fornwt une méthode,
et quoiqu'il travaillât sans relâche, ses travaux
eurent peu de résultats pour la science. En 1743
il remporta un prix à l'Académie des Inscrip-
tions, et l'année suivante cette société l'admit
dans son sein. Il y lut de nombreux et volumi-
neux mémoires, qui la plupart restèrent inache-
vés. 11 avait embrassé l'état ecclésiastique, de-
317 FÉNEL -
^int chanoine de Sens et prieur de Notre-
Dame d'Anclresy. Son insociabilité l'éloignait du
inonde; Fénel demeura seul, et prit en goût la so-
litude. Cependant, il ne put résister à une mélan-
colie que l'excès de travail soulageait mal. 11
tomba rapidement dans un état complet d'épuise-
ment, et mourut, dit-on, d'une faim Torace que
lien ne pouvait apaiser. On a de lui : Eecueil de
différentes expériences , essais et raison-
nements sur la meilleure construction du
cabestan, par rapport aux usages auxquels
il s'applique dans les vaisseaux, présenté à
l'Académie des Sciences en 1740 et imprimé dans
le Recueil des Prix , t. V ; — Dissertation
sur la Conquête de la Bourgogne par les fils
de Clovis I^^, couronnée par l'Académie de
Soissonsen 1743; Paris, 1744, in-12; cette Dis-
sertation contient des recherches très-intéres-
santes ; — Mémoire sur Vétat des sciences en
France, depuis la mort de Philippe le Bel
jusqu'à celle de Charles V, couronné par
l'Académie des Inscriptions en 1744; — Essai
pour rétablir un passage d%i troisième livre
de Cicéron DeNatura Deorum; inséré dans les
Mémoires sur l'Académie des Inscriptions,
tome XVIII; — Mémoire sur ce que les an-
ciens païens ont pensé de la résurrection ;
! aômes Mémoires , tome XIX ; — Remarques
y->ir la signification du mot Dunum ; mêmes
Mémoires , tome XX, p. 39-5 1 ; — Plan sys-
tématique de la religion et des dogmes des
anciens Gaulois; ibid., tome XXIV, 345-388.
( ette savante et curieuse dissertation est divisée
!î deux parties. La première traite, en trois
étions, de la religion des Gaulois^ de leur mé-
L ,i)hysique et de leur morale. D'après l'auteur
c'étaient de vrais polythéistes, quoiqu'ils ne
reconnussent que deux divinités principales,
l'une du ciel et l'autre de la terre, auxquelles
\U rendaient un culte sanguinaire. Ils croyaient
à l'immortalité de l'âme, et qu'après sa sépara-
tion d'avec un corps elle retournait dans un
autre. La seconde partie développe les change-
ments arrivés dans la religion ces Gaulois et dans
celle des Germains depuis Jules César jusqu'à
Tacite. Fénel a laissé en manuscrits l'Histoire
(fe la ville de Sens et une Histoire des Ma-
nufactures chez les Anciens.
l.elong, JlibliotJièilue historique de la France, nos sgg^
S8Û9, 16060, 34876. — Quérard, Aœ t'rmice littéraire. —
FÉNELOM, nom d'une ancienne famille origi-
naire du Périgord, dont les personnages remar-
quables sont :
FÉîiELON {Bertrand de Salagnac (1), mar-
quis de La Mothe), diplomate français, mort
en 1589. C'était un militaire distingué. Ambas-
sadeur de France en Angleterre en 1572, il fut
chargé par Charles IX de calmer le ressentiment
(1) Le nom de Salagnac a été changé depuis en celai
Ae. Salignac. Cependant, on trouve encore dans des actes
<j^ famille, (le na't, un comte de Fénelon qui prend tou-
jojirs, avant ce titre, le nom de Salagnac. On lit Sala-
gniac dans des titres plus anciens.
FÉNELON 318
d'Elisabeth au sujet du massacre de la Saint-
Barthélémy. Quelques biographes rapportent qu'il
refusa cette mission, en disant au roi : « Adres-
sez-vous, sire, à ceux qui vous l'ont conseillée. »
Cette réponse n'est pas probable , car Fénelon
conserva son emploi. Le 31 mai 1574, Catherine
de Médicis lui annonça la mort de Charles IX
et son avènement à la régence. Elle le chargeait
en outre « de se condouloir avec la reine d'An-
gleterre de ce triste et fâcheux inconvénient, dont
elle ne doute pas que la dite reine ne porte
beaucoup de déplaisir ». En même temps elle
recommande à Fénelon « d'avoir l'œil soigneu-
sement ouvert aux nouvelles délibérations qu'elle
(Elisabeth) prendra, lesquelles, comme elle s'as-
sure, tendront toujours à troubler le royaume,
pour l'extrême désir qu'elle à de trouver moyen
d'y entreprendre, afin d'y avoir si elle pouvoit
un autre Calais » . Catherine prit encore La
Mothe-Fénelon pour confident lorsque le comte
de Montgomiïiery fut tombé en son pouvoir.
« J'eusse volontiers fait différer son jugement et
exécution jusqu'à l'arrivée du roi, monsieur mon
fils ; mais l'on n'a pu retarder, craignant qu'il
n'advînt quelque émotion , tant le peuple étoit
animé contre lui. » Ici Catherine trompait son
ambassadeur : ce fut elle-même qui pressa la
condamnation de Montgommery et ordonna son
supplice immédiat, auquel elle voulut assister.
Fénelon revint en France peu après. On a de
lui : Le Siège de Metz, en 1552; Paris, 1553,
et Metz, 1665, in-4°, avec carte; — Lettres au
cardinal de Ferrare sur le voijage du roi
(Henri II) aux Pays-Bas de l'empereur en Van.
1554, Paris, 1 554, in-4°; réimprimées sousletitre
de : Le Voyage dîi roi aux Pays-Bas de l'em-
pereur en 1554, etc.; Paris et Lyon, 1554, et
Rouen, 1555, in-8°; ce sont quatre Lettres dan.s
lesquelles l'auteur raconte comme témoin ocu-
laire tout ce qui s'est passé dans cette campa-
gne. La troisième contient un récit fort détaillé
de la bataille de Renty. Ce journal est assez
bien coordonné ; — Mémoires touchant l' An-
gleterre et la Suisse, ou sommaire de la né-
gociation faite en Angleterre, Van ibli, par
François de Montmorency, par Paul de Foix
et par de La Mothe-Fénelon; insérés dans le
tome ler des Mémoires de Castelnau, Paris,
1659, in-fol.; — Négociations de La Mothe-
Fénelon et de Michel, sieur de Mauvissière ,
en Angleterre; mêmes Mémoires, édit. de
Bruxelles, 1731. Cet ouvrage contient cent une
lettres très-curieuses , entre autres celles du roi
Charles IX et de sa mère, avec les réponses;
elles sont relatives à la reine Éhsaheth , à la
liberté de Marie Stuart et à la journée de la
Saint-Barthélémy ; — Dépêches de M. de La
Mothe-Fénelon : Instructions au sieur de La
Mauvissière; mêmes Mémoires.
L'Estoile. Journal de Henri III, 99. — De Thou,
Ilisloria, \ib. LVlll, 67.— La Popclinière, IJist. de fronce,
liv. XXXVUl, fol. 227. — Secousse, dans les jT/c'm. dé
l'.tcadémie des Inscriptions et Bettes-Lettres, XVII, 64».
319
FÉNELON
— Castcncaii, Mém., lll.J seS, 406, 407. - Prosper Mar-
chand, Dict. hist. — Lclong, Bibl. fiist. de la France,
II, n°s 17662,17668.26219; 111, n°» 30138,30139, 30140.
FÉNELON {François de Salignac de La
Mothe), célèbre prélat français, archevêque duc de
Cambray, né au château de Fénelon, enPérigord,
le6aoilitl651,mortàCambray, le? janvier 1715.
De la famille du précédent , il fut élevé dans la
maison paternelle jusqu'à l'âge de douze ans.
Son précepteur, qui paraît avoir eu le goût des
lettres grecques et latines, s'appliqua à lui en-
seigner ces deux langues ainsi que les beautés
que renferment les chefs-d'œuvre des littératures
classiques. On l'envoya à l'âge de douze ans à
l'université de Cahors, où il acheva ses cours
d'humanités , et commença l'étude de la philoso-
phie, qu'il continua à Paris au collège duPlessis.
Dans cette célèbre maison, il apprit le théologie,
et fit connaissance avec l'abbé de Noailles, qui
devait arriver au\ premières dignités de l'Église.
Il n'avait encore que quinze ans quand on lui fit
prêcher son premier sermon, qui, assure-t-on,
eut un succès extraordinaire. Singulière coïnci-
dence ! Bossuet avait au même âge débuté dans
la prédication à l'hôtel de Rambouillet. Fénelon
entra ensuite au séminaire de Saint-Sulpice, qui
était alors placé sous la direction de Tronson.
C'est de ce directeur qu'il reçut les principes
et les sentiments de cette charité pure et affec-
tueuse, de cet amour de Dieu pour lui-même , qui
plus tard l'entraînèrent dans la voie dangereuse
du quiétisme. Vers l'an 1675, il reçut les ordres
sacrés au séminaire de Saint-Sulpice. Pendant
trois ans l'abbé de Fénelon remplit les fonctions
du ministère sacerdotal dans la communauté des
prêtres de la même paroisse. Il fut chargé d'y
expliquer l'Écriture Sainte au peuple les diman-
ches et les jours de fête ; il prenait aussi une part
très-active aux catéchismes, et l'église de Saint-
Sulpice conserve encore les Litanies de l'Enfant-
Jésus qu'il composa pour l'usage des sulpiciens.
Il songeait alors à se consacrer aux missions du
Levant ; mais des circonstances l'ayant empêché
de réaliser ce dessein, l'archevêque de Paris le
nomma supérieur des Nouvelles Catholiques.
Cette communauté , qui avait pour protecteurs
Louis XIV et Turenne, récemment converti,
avait pour objet d'affermir dans l'orthodoxie
les nouvelles converties, et d'instruire celles
qui se montraient disposées à abandonner l'hé-
résie. La connaissance qu'il fit de Bossuet
date à peu près de cette époque. Il assista pen-
dant quelque temps aux Promenades philoso-
phiques et aux Conférences siir V Écriture
Sainte qui eurent lieu à Saint - Germain et
à Versailles sous la direction de l'évêque de
Meaux, de 1672 à 1685. L'évêque de Sarlat,
son oncle, ayant résigné en sa faveur, en
1681 , le doyenné de Carénas, qui valait 3 à
4,000 livres , Fénelon quitta un moment la di-
rection des Nouvelles Catholiques pour aller
se mettre en possession de ce bénéfice. Il ne tarda
4
pas à revenir reprendre le gouvernement de cette
communauté, qu'il conserva pendant dix ans.
Vers ce temps , Fénelon écrivit son premier ou-
vrage, qui commença sa réputation, et qui porto
le titre De l'Éducation des Filles. Ce traité,
composé à la sollicitation de la duchesse de
Beauvilliers, qui voulait un guide pour diriger
l'éducation de ses enfants , est devenu un livre
élémentaire à l'usage de toutes les familles ; il
est consulté avec profit par tous ceux qui écri-
vent sur ce sujet. Il aimait le commerce de
Bossuet ; et quand ce grand prélat allait goûter
à Germigny quelques jours de repos , Fénelon
se rendait dans cette retraite, où il recevait les -
conseils de celui que l'opinion publique considé-
rait comme le chef de l'Église gallicane. De la
communauté de vues de ces deux esprits à l'é-
gard d'une question fort agitée alors , résulta la
Réfutation du système de Malebranche sur
la nature et la grâce. Bossuet avait revu ce
travail , et y avait fait quelques corrections. A
cet ouvrage théologique succéda promptement
un livre de polémique intitulé : Traité du Mi-
nistère des Pasteurs, dans lequel il établit que
les ministres protestants n'ont ni caractère ni
mission légitimes. A cette époque le public prêtait
beaucoup d'attention aux écrits de ce genre ; les
femmes mêmes s'y intéressaient vivement. Il ne
faut pas s'en étonner : on touchait au moment
où la révocation de l'édit de Nantes allait être
prononcée. Dès que cet acte politique eut été
signé par Louis XIV, des missions catholiques
furent organisées dans les diverses provinces.
Sur la proposition de Bossuet, l'abbé de Fénelon
fut chargé de celles du Poitou ; au nombre de
ses collaborateurs , qu'il fut autorisé à choisir
lui-même, se trouvait l'abbé Fleury. La
simplicité, la douceur et la charité furent les
moyens qu'il employa avec beaucoup de suc-
cès pour obtenir des conversions qui se multi-
plièrent rapidement. Il ne se fit point illusion
sur le nombre de ses conquêtes; toutes n'étaient
pas sincères. Cependant les fruits de sa mission
furent encore très-satisfaisants. Il eut à se dis-
culper de certaines imputations dont il fut l'objet :
on lui reprochait trop de condescendance envers
les hérétiques ; sa méthode de conversion était
attaquée. Il n'eut pas de peine à se justifier. Sur
ces entrefaites, le siège épiscopal de Poitiers
étant venu à vaquer, on proposa à Louis XIV de
placer Fénelon à la tête de ce diocèse ; ce mo-
narque y consentit. Mais sa nomination n'eut
point lieu, et cette disgrâce fut attribuée aux in-
trigues de l'archevêque de Paris, de Hailay, qui
voyait avec déplaisir que le futur prélat entre-
tînt des rapports d'amitié avec Bossuet. On le
desservit également auprès de Louis XIV au mo-
ment où l'évêque de La Rochelle le demanda poui
coadjuteur. Il fut bientôt dédommagéde ce double
insuccès.
Le duc de Beauvilliers , à qui furent confiées
les fonctions de gouverneur du duc de Bourgo-
1
321
«ne (1689), fit agréer Fénelon comme précep-
teur lie ce prince. Le choix ne pouvait être
; meilleur. On connaît , principalement par Saint-
i Simon, combien était impétueux et peu raa-
' niable le caractère de cet élève, doué, il est vi'ai,
des facultés les plus heureuses. La douceur unie
à la fermeté, la grâce jointe à la dignité firent
ilisparaiti'e peu à peu les aspérités d'un naturel
dont la propension aux emportements les plus
fougueux alarmait tous ceux qui l'entouraient.
Fénelon s'attacha d'abord, dans des Fables qu'il
composa à cet effet , à corriger les inclinations
Vicieuses de son élève. Les Dialogues des
Morts qu'il écrivit aussi pour le duc de Bour-
gogne, avaient en partie le même but. Partout ,
iisque dans les plus petits détails de cette édu-
;atioa, apparaît l'intention très-marquée du
;irécepteur de former un roi vertueux et instruit.
Destiné au trône , selon les apparences , Fénelon
aisait converger vers ce point toutes les par-
ies de l'éducation de l'héritier présomptif. Pour
jue rien, dans la pratique du plan d'études
ju'il avait arrêté, ne contrariât ses vues, lui-
nême préparait les matières de thèmes et de
rersions. Plus loin il sera question du Télé-
naque, qui était destiné à cette éducation. On
)drlait (le tous côtés des heureux fruits de ce
préceptorat, et l'opinion favorable qui se for-
nait sur le duc de Bourgogne fit naître l'espé-
ance d'un règne heureux. Bossuet voulut s'as-
urer par lui-même des talents du jeune prince ;
'examen auquel il le soumit lui démontra que la
oix publique n'était nullement exagérée. Féne-
on donna aussi ses soins à l'éducation des ducs
'Anjou et de Berry, également fils du dauphin.
dais il fut éloigné de la cour peu de temps après
voir commencé celle du dernier de ces princes,
la conduite à Versailles se fit remarquer par un
are désintéi'essement. Jouissant d'un grand cré-
lit auprès de madame de Maintenon, il n'en
isa jamais ni pour lui ni pour les membres de
.a famille. Il s'était imposé cette règle, dont il ne
.e dépai'tit point. Et cependant on voit par sa
orrespondance que pendant qu'il vécut à la
;our il éprouva plusieurs fois des embarras d'ar-
;ent. Bien qu'il n'eût encore publié que les deux
luvrages cités plus haut, l'Académie Française
eta les yeux sur lui à la mort de Pélisson. Il est
rai que, d'après un usage constant de l'illustre
ompagnie, tous les précepteurs des princes de la
amille royale y étaient appelés. Est-il néces-
aire de faire remarquer que Fénelon n'avait pas
lesoin de ce titre pour faire partie du docte
iorps ? Deux boules d'exclusion lui furent
léanmoins données. D'Alembert, dans son His-
oire des Membres de l' Académie Française ,
.'en indigne , et il termine en ces termes :
' Heureusement pour eux, et surtout pour nous,
lui devons être leur historien , ils seront à ja-
nais inconnus. » Madame de Maintenon le plai-
santait quelquefois sur sa nouvelle qualité ; elle
le regardait point l'Académie comme un
NOUV. BIOGK. GÉNKR. — T. XVU.
FÉNELON 322
corps sérieux. Dans l'éloge qu'il fit de son pré-
décesseur, lors de sa réception, le 31 mars 1693,
on lit ces paroles : « Pour montrer sa vertu , il
ne lui manquait que d'être malheureux; il le
fut. » Lui aussi éprouvera la disgrâce de son
souverain, et la réponse du directeur de l'Acadé-
mie renferme un jugement sur le récipiendaire
que confirmera la postérité. On voit par ce dis-
cours que Fénelon jouissait déjà d'une grande
réputation. De plus en plus apprécié par madame
de Maintenon , il fut un de ceux auxquels cette
femme célèbre soumit les règlements qu'elle
avait préparés pour l'institution de Saint-Cyr.
Elle alla même jusqu'à demander au prélat de
lui indiquer ses défauts. La tâche était délicate.
Fénelon s'en acquitta non-seulement en homme
d'esprit, il en avait à faire peur, selon l'expres-
sion de Bossuet, mais encore avec toute la sin-
cérité que comportait la matière. Voicil quelques
traits de caractère qui paraissent bien saisis :
■■' Vous êtes bonne à l'égard de ceux pour qui vous
avez du goût et de l'estime, mais vous êtes
froide dès que ce goût vous manque : quand
vous êtes sèche, votre sécheresse va assez loin;
ce qui vous blesse vous blesse vivement
Vous êtes naturellement disposée à la confiance
pour les gens de bien dont vous n'avez pas assez
éprouvé la prudence; mais quand vous com-
mencez à vous défier, votre cœur s'éloigne d'eux
trop brusquement. »
Madame de Maintenon eut l'intention de le
prendre pour son directeur; mais, par des mo-
tifs qu'on ne connaît pas bien , elle en choisit
un autre. Pour récompenser les services qu'il
avait rendus, Louis XIV le nomma, en 1694, à
l'abbaye de Saint- Valéry, monastère de l'ordre
de Saint-Benoît, situé dans le diocèse d'Amiens.
Vers la fin de cette même année , Fénelon i-é-
digea le projet de la fameuse lettre anonyme
à Louis XIV, que D'Alembert a publiée pour la
première fois dans le IIP vol. de son Histoire
des Membres de V Académie Française. Après
un préambule où l'auteur proteste de son zèle,
de son respect et de sa fidélité pour Louis XIV,
les abus du règne de ce roi sont successivement
signalés , entre autres l'injustice de plusieui's
guerres , notamment de celle de Hollande en
1672, l'indignité de certains sujets auxquels
le souverain accordait sa confiance , etc. L'au-
thenticité en a été fort longtemps contestée,
mais tous les doutes ont été levés en 1825, par
la découverte du manuscrit original dont M.Au-
gustin Renouard, libraire , fit l'acquisition à la
vente des livres de-M. Gentil. Louis XIV a-t-ileu
connaissance de cette lettre ? Rien ne le prouve.
Il est même très-vTaisemblable que s'il la con-
nut un jour, il ne la lut point dès le prin-
cipe, puisque nous voyons Fénelon nommé à
l'archevêché de Cambray au mois de février
1695. En apprenant sa nomination, le nouveau
prélat fit observer à Louis XIV que les lois ec-
clésiastiques ne lui permettaient pas d'acceptei-
11
•■Ui
i'hoHiieur qu'il avait bien voulu lui faire. Il était
encore précepteur des enfants dudaapîiin. Le roi
lui répondit : « Non, non, les canons ne vous
obligent qu'à neuf mois de résidence; vous ne
donnerez à mes petits-fils que trois mois, et vous
surveillerez de Cambray leur éducation pendant le
reste de l'amiée, comme sivous étiez à Versailles. »
Pourvu d'un siège dont les revenus étaient im-
portants , il ctut ne pas pouvoir conserver l'ab-
baye de Saint- Valéry. La cérémonie «lu sacre
eut lieu dans la chapelle de Saint-Cyr, le lOjuil-
let 1695 ; Bossuet fut un de ses consécrateurs. Ici
doit trouver place une anecdote qui a fait beau-
coup de bruit et qu'ont répétée beaucoup d'écri-
vains à la suite de Voltaire. Après une conférence
qu'il venait d'avoir avec Fénelon surla politique,
peu de temps après sa nomination au siège de
Cambray, Louis XIV aurait dit avec humeur
« qu'il venait de s'entretenir avec le plus bel es-
prit et le plus chimérique de son royaume ». Ce
jugement de Louis XIV sur un prélat qu'il avait
récemment élevé à un poste émineat aurait be-
soin, pour mériter créance, d'une autorité
moins suspecte que celle de Voltaire. On ne voit
d'autre source à cette anecdote que le témoi-
gnage du chancelier d'Aguesseau , qui n'est pas,
il est vrai , à l^eaucoup près , aussi favorable à
Fénelon que le propos de l'auteur du Siècle de
Louis XIV. Mais s'il paraît peu vraisemblable que
Louis XIV à l'époque indiquée se suit exprimé
sur l'archevêque de Cambray en termes aussi peu
fiatteurs pour le prélat, il est vrai de dire que le cré-
dit de Fénelon à la cour va bientôt s'amoindrir
et que le temps des tribulations n'est pas éloi-
gné. Les sympathies qu'il ne cessa de montrer
pour madame Guyon , et les opinions qu'il pro-
fessa sur les conditions et l'état de la perfection
chrétienne, furent l'origine et la cause de sa dis-
grâce.
La natiu'e du quiétisme et surtout les gra-
ves conséquences sociales que comporte cette
doctrine, l'éclatante illustration des deux pré-
lats qu'elle mit aux prises , l'importance des
personnages qui furent mêlés à cette contro-
verse , l'attention publique qu'elle tint en éveil
pendant plusieurs années , la multitude d'écrits
qu'elle suscita, principalement ceux des deux
adversaires, enfin la solution qu'elle a reçue du
saint-siége , ne permettent pas de résumer en
quelques mots cette fameuse polémique, qui res-
tera toujours la partie la plus attachante de la
biographie de Fénelon. Le quiétisme , dans son
sens le plus général, n'est autre chose qu'une
spiritualité exclusive. I! prend sa source dans la
disposition de certains esprits que ne peut satis-
faire l'exercice des vertus recommandées à tous
les fidèles par l'Église , et qui, par des voies
moins frayées, aspirent à un degré de perfection
singulier. Arriver par la contemplation pure jus-
qu'à l'anéantissement de soi-même, perdre le
sentiment de sa personnalité dans un état entiè-
rement passif, telle est la fin suprême que cher-
FÉNELON 324
chent à atteindre les partisans de cette doctrine.
Avant Molinos et madame Guyon, il y a eu des
sectes chi'étiemies , les hésychastes , les beg-
gards, etc., etc., qui se firent remarquer par des
singularités analogues à celles des quiétistes du
dix-septième siècle. Il faut distinguer cependant
et établir entre tous ces sectaires deux catégo-
ries bien tranchées. Les uns, comme les ada-
mites, par exemple, n'ont cherché dans les doc-
trines qu'ils professaient qu'un moyen de cou-
vrir les dérèglements de leur vie ; d'autres ,
voulant réaliser ici-bas un idéal de perfection chi-
mérique, ont seulement méconnu les forces et
les limites de notre nature. Fénelon abhorrait
les principes de MoUnos; il trouvait répréhen-
sibles certaines expressions de madame Guyon ,
mais il proclamait l'innocence des intentions de
cette dame. Dans quel sens donc ce prélat fut-il
quiétiste ? On le verra par l'historique qui va suivre
delà dispute qu'ont soulevée ses opinions sur cette
matière. On parlait déjà depuis quelque temps
de madame Guyon et du P. Lacombe, son direo
teur, de ses voyages à Genève , à Annecy et dans
d'autres villes, ou ellerépandit ses idées erronées
sur la mystique chrétienne , quand Fénelon la
connut dans la société de madame de Beauvilliersj
où elle avait été chaudement accueillie. li parait
que les grâces de son esprit et de sa personne 1%
rendaient très-sympathique; elle se concilia bieui
vite l'amitié de madame de Chevreuse et de ma-
dame de Maintenon, qui la reçut à Saint-Cyr, où,
die se fit des prosélytes , madame de La Mai-
sonfort entre autres. A cette époque, vers le
commencement de 1689, elle venait de quitter
le couvent dans lequel on l'avait emprisonnée ài
la suite de son arrestation avec le P. Lacombe,
Les rapports de ces deux amants d'une spiritua^
lité raffinée ont donné lieu dans le temps à des
insinuations malveillantes et à des contes sa-
tiriques que n'arrêta point le témoignage de l'ar-
chevêque de Paris , qui proclama que dans la;
procédure de son officiai il n'avait rien aperçu
qui pût inculper les mœurs de madame Guyon.
Si la vie de cette dame a été bizarre , rien ne^
prouve en effet qu'elle n'ait pas été sincère dans
ses opinions et que la piété qu'elle montra ton-
jours ait été feinte un seul instant. Cependant, le
sens droit de madame de Maintenon lui fit bien-,
tôt concevoir des doutes sur les maximes étranges
qu^on faisait entendre à ses demoiselles de Saint-
Cyr; elle crut devoir consulter son directeur,
l'évêque de Chartres, qui voulut la prémunir
contre le danger auquel serait exposée cettei
maison si l'on y professait une doctrine qui,
sous prétexte d'abandon à Dieu et de renonce-
ment à soi-même , invitait « à ne se gêner en
rien, à s'oublier entièrement, etc. ». Madame de
Maintenon commençait à s'inquiéter ; mais, par
suite de son attachement pour Fénelon, qui favo-
risait cette doctrine ou du moins qui défendait sa
propagatrice, elle ne s'arrêta point à cette première'
consultation. Bossuet , Noailles , évoque de Châ-|
325
lons-sur-Marne et depuis archevêque de Pans ,
Bourdaloue et d'autres théologiens célèbres fu-
rent priés de donner leur avis sur cette matière.
Tous, à des degrés divers, trouvèrent dange-
reuses les maximes du nouveau mysticisme. Fé-
nelon, qui n'était pas encore archevêque, en-
gagea madame Guyon à se soumettre à l'examen
de Bossuet, Ce prélat obtint des explications qui
le satisfirent à peu près. -Mais comme il avait
envoyé à Fénelon quelques extraits des écrits
de cette dame sur le pur amour, et que le pré-
cepteur du duc de Bourgogne n'y trouvait à
l'éprendre que des expressions inexactes , Bos-
suet vit avec un vif déplaisir cette approbation
implicite d'une doctrine qu'il considéra tout d'a-
liord comme un danger pour l'Église. Il s'en
émut. Madame Guyon , se voyant de nouveau
attaquée, demanda des commissaires pour juger
sa personne et ses écrits. Bossuet, l'évêque
,1e Châlons, Tronson, directeur de Saint-Sul-
picc, furent nommés. Les conférences eurent
lieu à Issy; Fénelon souscrivit d'avance à tout
ce qui serait décidé dans ces i-éunions. Pendant
qu'on discutait à Issy, l'archevêque de Paris
rendait une ordonnance contre les livres du
P. Lacombe et de readame Guyon, et Féne-
lon était nommé archevêque de Cambray. Alors
ce prélat fut admis aux conférences d'Issy. Les
trois commissaires s'étaient mis d'accoi'd, et
Bossuet avait préparé un projet en trente ar-
ticles, qui allait être adopté, quand Fénelon, trou-
vant (ju'on avait négligé l'amour désintéressé, fit
insérer quatre nouveaux articles. Tous ces ar-
licles avaient pour but principal de prévenir les
abus d'une fausse spiritualité. Nonobstant, ma-
dame Guyon ne se tint pas tranquille , comme
elle l'avait promis, et on l'incarcéra à Vincennes,
en 1695. Fénelon, qui apprit cette nouvelle dans
son diocèse, sentit bien que les dispositions de la
cour avaient changé et qu'il fallait se tenir sur
la plus grande réserve.
En même temps on réforma la direction spi-
l'ituclle de la maison de Saint-Cyr. Bossuet y
fit (les conférences pour détruire l'effet qu'a-
vaient produit madame Guyon et Fénelon, dont
la voix était si bien écoutée naguère. L'orage
(|ui venait d'éclater sur la tête de l'une attei-
gnit également l'autre. Madame de Maintenon
fit supprimer dans l'établissement de Saint-Cyr
les écrits de l'archevêque de Cambray. Bos-
suet , qui à l'origine de cette dispute n'avait
puint lu les auteurs mystiques, se mit à les étu-
dier à fond, et composa ensuite son Instruction
sur les états croraison, qu'W destina aux fidèles,
f|ue les articles d'Issy, conçus en des termes
ti'op généraux, ne pouvaient suffisamment éclai-
rer. Fénelon , qui s'était d'abord montré disposé à y
donner son approbation, changea d'avis, et refusa
l'adhésion que l'auteur attendait de lui. Après la
publication d'un mémoire pour justifier son re-
fus, qui avait fortement mécontenté Bossuet,
l'archevêque de Cambray fait paraître YExpli-
FENELON. 326
cation des Maximes des Saints, qui devait lui
causer tant de peines et lui fournir l'occasion
d'un grand acte d'obéissance. Ce livre, où l'au-
teur croyait seulement soutenir la doctrine du
pur amour telle qu'elle avait été enseignée par
les écrivains mystiques les plus autorisés, ren-
fermait , contre son intention sans doute , un
quiétisme à peine mitigé , dont le principe fon-
damental était un état habituel de pur amour,
dans lequel le désir des récompenses et la
crainte des châtiments n'ont plus départ. La
lecture de cet ouvrage augmenta les appréhen-
sions de Bossuet et les mauvaises dispositions de
ce prélat contre Fénelon. L'évêque de Meaux
crut le danger si grand qu'il alla jusqu'à de-
mander pardon à Louis XIV de ne lui avoir pas
révélé plus tôt le /arm^wme de son confrère. Ce
monarque, qui avait déjà moins de goût pour Fé-
nelon et aux yeux duquel toutes les nouveautés
étaient suspectes , vit dans cette démarche de
Bossuet un grand péril pour la religion. Il
en fut très-irrité. Naturellement la cour, sauf
quelques amis intimes , se tourna contre l'ar-
chevêque de Cambray. D'autres causes de
chagrin s'ajoutèrent à celle-ci. L'abbé de Rancé
écrivit à Bossuet des lettres qui furent publiées,
et dans lesquelles le célèbre réformateur de la
Trappe jugeait très-sévèrement le livre des
Maximes. La grande réputation de sainteté dont
jouissait l'auteur de ces lettres dut entraîner un
grand nombre d'esprits du côté de Bossuet. Ce
prélat, dont le crédit à la cour était considé-
rable, et que presque tout le clergé de France
regardait comme la colonne de l'Église gallicane,
demanda que Fénelon signât une rétractation. Ce-
lui-ci s'y refusa. On convint alors que le livre des
Maximes serait l'objet d'un examen. Mais
Bossuet n'ayant point envoyé les Remarques
qu'il avait promises, l'archevêque de Cambray
prit la résolution de soumettre son livre au ju-
gement du pape. Indépendamment de l'examen
qu'on en faisait à Rome , des conférences eurent
lieu dans le même but à l'archevêché de Paris.
Au moment où Fénelon écrivait au souverain
pontife, trois rehgieuses, qu'on soupçonnait être
très-attachées à la doctrine de ce prélat, reçurent
l'ordre de quitter le monastère de Saint-Cyr. Fé-
nelon lui-même est renvoyé de la cour dans son
diocèse. Quelques mois après l'envoi du livre
des Maximes à Rome, Louis XIV écrivit au pape
une lettre rédigée par Bossuet dans le but d'in-
fluencer le saint-siége. Le livre de l'archevêq'ie
de Cambray y est signalé comme très-mauvais
et très-dangereux. Pendant que les dix consnl-
tcurs nommés par Innocent XII se livraient à
l'examen du livre qui leur était soumis, la polé-
mique se continuait en France, et chaque jour elle
devenait plus acerbe. Les écrits succédaient aux
écrits, et en les lisant aujourd'hui on est émer-
veillé des ressources infinies de ces deux esprits.
On ne saurait trop admirer la llexihilitédu génie
deFéneloa, qui dans unecausequ'il croyait bonne
11.
327
FÉNELON
328
sut toujours se défendre habilement contre les
attaques d'un lutteur tel que Bossuet. Ce prélat,
voyant que la cour de Rome ne se prononçait
point, employa d'autres armes que celles dont il
s'était servi jusque là. La controverse changea
de nature. Aux discussions purement doctrinales
vinrent se mêler des faits personnels. Bossuet
publia au mois de juin 1698 sa Relation du
Quiétisme. Dans cet ouvi-age, où la personne et
les écrits de M"""^ Guyon sont ridiculisés , l'ar-
chevêque de Cambray est représenté comme le
fauteur de sa doctrine , comme le partisan de ses
extravagances , en un mot comme le Montan de
cette nouvelle Priscille. Cette relation fut ac-
cueillie avec enthousiasme , et devint la matière
des entretiens du salon de Marly, où se trouvait
la cour. Sollicité instamment par l'abbé de Chan-
terac , son agent à Rome , Fénelon répond au
livre de Bossuet. Il s'attache à montrer la faus-
seté des faits qui lui étaient imputés; il repousse
victorieusement l'indigne assimilation à l'héré-
tique Montan, que son adversaire avait eu le cou-
rage de faire. Cet ouvrage , un des meilleurs
qu'ait produits cette polémique, opéra un chan-
gement dans les esprits en faveur de Fénelon.
L'examen de l'affaire à Rome paraissait égale-
ment tourner à l'avantage de ce prélat. Après
soixante-quatre congrégations , les dix consul-
teurs se trouvèrent partagés ex œquo. Ce ré-
sultat, conformément aux règles ordinaires du
saint-siége, aurait dû être favorable à Fénelon.
Mais Louis XIV ayant conjuré le souverain pon-
tife de condamner une doctrine qu'il représen-
tait comme capable de troubler la paix de son
royaume, Innocent XII porta l'examen définitif du
livre des Maximes à la congrégation des cardi-
naux du saint-office. ;En attendant, le roi de
France obtint une censure des docteurs de la Sor-
bonne. Ce moyen, ainsi que d'autres de ce genre,
avait été imaginé par l'abbé Bossuet, l'un des
agents de l'évêque de Meaux à Rome. Cet ecclésias-
tique , d'un caractère violent et qui ne manquait
pas d'esprit, entraîna Bossuet dans la voie péril-
leuse des personnalités. H est probable que, sans
les incitations constantes et passionnées de cet
abbé , la lutte qui nous occupe aurait conservé
jusqu'au bout son vrai caractère de discussion
doctrinale. Au mois de janvier 1699, Louis XIV
enleva à Fénelon le titre de précepteur des en-
fants de France et la pension qui y était atta-
chée. Enfin, le 12 mars de cette même année. In-
nocent XII signa le décret convenu et arrêté entre
les cardinaux du saint-office contre le livre des
Maximes, qui avait été déféré à leurlexamen.
Vingt-trois propositions furent extraites de ce
livre et déclarées respectivement téméraires,
scandaleuses, malsonnantes, offensives des
oreilles pieuses , pernicieuses dans la pratique et
même erronées. Le bref exprimait en outre les
dispositions d'usage pour les livres condamnés,
à l'exception de la clause qui les condamne au
feu. Avant l'enregistrement de ce bref à la cour
du parlement et dès qu'il en eut reçu l'autorisa-
tion du roi, Fénelon fitim mandement- dans le-
quel il accepta sa condamnation avec une sim-
plicité et une dignité remarquables. Cette sou-
mission fut généralement admirée ; toutefois,
les protestants et les jansénistes en furent mé-
contents. Vers la fin de sa vie, l'archevêque de
Cambray constata de nouveau sa soumission par
un ostensoir d'or qu'il offrit à son église , et qui
représentait un personnage symbolique foulant
aux pieds plusieurs livres hérétiques, sur l'un
desquels on lisait ces mots : Maximes des
Saints. Ainsi finit ce fameux débat, dans lequel
Bossuet, par intérêt pour la religion, qu'il croyait
menacée , se montra quelquefois emporté , dur et
même injurieux. Fénelon n'est pas non plus
exempt dereproches. Par égard pour une femme
dont la doctrine était généralement réprouvée,
il ne parut pas toujours sincère dans ses protes-
tations de déférence qu'il prodiguait à ses ad-
versaires. La situation qu'il s'était faite kù créa
des difficultés; elle l'obligea, par exemple, à se
défendre par des subtilités, qui prouvèrent la
souplesse de son esprit, mais qui gâtèrent par-
fois sa cause. Ces deux prélats y gagnèrent ce-
pendant quelque chose : Bossuet, une connais-
sance de la théologie mystique qu'il n'avait point
et qui lui servit à corriger ses idées sur la cha-
rité ; Fénelon , une plus grande circonspection
dans la matière extrêmement épineuse de la
spiritualité. Si le triomphe de l'un a été glo-
rieux, la défaite de l'autre n'est pas moinsdigne
d'éloges.
Après un acte de soumission aussi méritoire,
les amis de Fénelon espéraient qu'il reviendrait
à la cour, où il ferait de nouveau briller les grâces
infinies de sa conversation. C'était là une illusion
de l'amitié. Louis XIV ne lui pardonnait pas
l'obstination qu'il avait mise à défendre une doc-
trine où le roi ne voyait que des illusions et
des éblouissements de l'esprit qui répugnaient à
son bon sens pratique.
Une autre circonstance allait aggraver la si-
tuation de l'archevêque de Cambray. Peu de
temps après sa condamnation, parut le livre qui
l'a rendu le plus populaire et qui, après la Bible et
Y Imitation de Jésus-Christ, est un de ceux qui
ont eu le plus d'éditions : Les Aventures de Télé-
maque. On doit la publication de cet ouvrage à
l'infidélité d'un domestique auquel Fénelon avait
confié son manuscrit pour lui en faire une copie.
Cette transcription circula clandestinement dans,
quelques sociétés dès le mois d'octobre 1698,
et la curiosité qu'elle fit naître encouragea le co-
piste a la vendre à un libraire sans désignation
d'auteur. La veuve Barbier obtint un privilège,
et l'ouvrage s'imprimait, lorsque, au mois d'avril
1699, la cour, ayant été informée que le Télé-
maque était de l'archevêque de Cambray, fit
saisir les exemplaires des feuilles imprimées et
prit les mesures les plus sévères pour sa des-
truction totale. Mais quelques exemplaires ayant
329
échappé à la vigilance de la police , cette édi-
tion, tout imparfaite qu'elle était, se répandit très-
rapidement , et le reste de l'ouvrage parut sans
nom de ville ni d'impriuieur, en 1699. Un li-
braire de La Haye, Moetjens, (it réimprimer, à
mesure que la copie lui parvenait, les différentes
parties de ce livre. Il s'en faisait concurrem-
ment en France plusieurs éditions avec des va-
liantes, ce qui autorise à penser qu'il existait
alors plusieurs copies différentes. La Biblio-
thèque britannique de l'année 1743 témoigne
rie la vogue de ce livre en ces termes : « A peine
les presses pouvaient suffire à la curiosité du
f)iiblic; et quoique ces éditions fussent pleines
lie fautes , à travers toutes ces taches il était fa-
cile d'y reconnaître un grand maître. » Ce fut le
jugement qu'en portèrent Bernard, le continua-
iiuateur des Nouvlles de la République des
Lettres, et Beauval , auteur du journal intitulé :
Histoire des Ouvrages des Savants , les deux
jikis fameux critiques qui existaient alors dans
les pays étrangers. » Les premières éditions du
Télémaque n'eurent point de divisions. Plus tard
on divisa l'ouvrage en dix et en seize livres. Les
divisions en dix-huit et en vingt-quatre livres
n'existent que dans les éditions postérieures à
Fënelon. Cefut seulement en 1717 que le marquis
(le Fénelon , petit-neveu de l'auteur, donna la
première édition conforme au m,anuscrit
i»-if/inal. Il ne faudrait pas trop se lier à cette
iudication. D'abord le nouvel éditeur a divisé
le Télémaque en vingt-quatre livres, tandis
que le manuscrit original est absolument dé-
fioiirvu de divisions; ensuite le marquis de
l'éiielon a cru pouvoir corriger des expressions
et lies tournures qui n'avaient pas son agrément :
« 'cîait là une des libertés du siècle où il vivait.
Ce n'est quedans les éditions de Versailles qu'on
liiiiive ce livre vraiment conforme au manus-
(1 il et aux copies revues par Fénelon. D'autres
eiiilious, pubUées en Hollande et ailleurs, dont
un pourrait faire une catégorie à part, sont ac-
compagnées de Remarques satiriques où l'on
|)i étend donner la clef de ce livre en appliquant à
Lijuis XIV et aux prmcipaux personnages de sa
cour les portraits et les actions de ceuxquel'au-
teur à mis en scène. Parmi les éditions enri-
chies de notes géographiques et littéraires , on
doit placer en tête celle de Lefèvre qui fait partie
de sa Collection des Classiques françaiSi Des
traductions de Télémaque ont été faites en vers
latins, en prose latine, en grec moderne, en
arménien et dans presque toutes les langues de
l'Europe moderne. Dès l'apparition du livre, plu-
sieurs critiques furent publiées, entre autres
celles de Gueudeville et de Faydit. Elles étaient
loin d'être remarquables;' cependant Fénelon
tint compte de quelques-unes d'elles. Boileau, au
contraire, l'approuva fort. Dans une lettre écrite
à son ami Brossette , on lit : « L'avidité avec la-
quelle on le lit fait bien voir (|ue si on trarlui-
sait Homère en beaux mots il ferait l'effet qu'il
FÉNELON 330
doit faire et qu'il a toujours fait, etc. » Bayle, qui
d'ailleurs avoue ne l'avoir point lu, l'apprécie
sous un autre rapport. La vogue de Télémaque
tiendrait à ce que l'auteur « y a parlé selon le
goût des peuples qui, comme la France, ont le plus
senti les mauvaises suites de la puissance arbi-
traire (1) M.
En écrivant son livre, Fénelon a-t-il eu le des-
sein , comme on l'a supposé, de faire la satire de
Louis XIV et de son gouvernement ? Plusieurs
raisons militent pour la négative; d'abord l'au-
teur s'exprime ainsi à ce sujet : « Je n'ai jamais
songé qu'à amuser M. leducde Bourgogne et qu'à
l'instruire en l'amusant par ces aventures, sans
jamais vouloir donner cet ouvrage au pubUc. »
Pour invalider une pareille affirmation , faite par
un homme dont le caractère et la vertu ont
toujours été admirés, il faudrait des preuves
bien concluantes ; or, il n'y en a point de cette
nature. Des suppositions , des inductions plus ou
moins ingénieuses , voilà tout ce qui a été pro-
duit. L'époque probable de la composition du Té-
lémaque n'est pas favorable à l'hypothèse d'une
intention satirique. D'après le témoignage de Bos-
suet, qui aurait eu communication de la;première
partie du Télémaque, cet ouvrage paraît avoir été
écrit en 1694 ou 1695.Cette date s'accorde d'ailleurs
avec ces paroles de Fénelon : « Je l'ai fait dans
un temps où j'étais charmé des marques de
bonté et de confiance dont le roi me comblait. »
11 est difficile de croire que dans cette situation
où il se trouvait alors Fénelon ait songé à
déprimer un roi auquel il avait souvent donné
des marques pubUques d'estime. Sans doute,
le Télémaque renferme beaucoup de vues
politiques et administratives peu conformes
à celles de Louis XIV et de son gouvernement.
Fénelon exprime même des idées qu'on peut
prendre pour des indications de réformes;
mais le livre dans son ensemble ne saurait
être considéré comme un traité de politique
pratique. A côté de maximes très-sages, on
trouve des pensées chimériques et des détails
un peu puérils. On sent en le lisant qu'on n'a
pas affaire à 'un homme d'État. Si le Télé-
maque a été une satire du gouvernement de
Louis XIV, ce n'est qu'indirectement et comme
la conception de l'idéal peut l'être de la réalité.
Voyons maintenant Fénelon dans son dio-
cèse , où ses qualités personnelles seront plus en
saillie. Le mécontentement de Louis XIV après
la condamnation du livre des Maximes, qu'ac-
crut la publication du Télémaque, fit craindre
(1) Fénelon eJt-il biefn l'auteur du Télémaque? Cette
question étonnera sans doute, et personne assurément
ne suppose l'auteur capable d'une supercherie littéraire,
n existe cependant un Journal anglais du mois de jan-
vier 1806, où le Télémaque est présenté comme la tra-
duction d'un roman grec, imprimé à Florence, en l'tBS,
sous le titre de ^<Aé«é Skelkaté; pour donner ((ucique
crédit à cette fable, qui ne mérite pus une réfutation,
ie plaisant inventeur a prétendu que le président Cousin
avait approuve le Télémaque comme traduit fidèlement
du ijrec
331
FÉNELON
332
à Fénelon qu'on ne lui créât des difficultés qui
le paralyseraient dans l'exercice de son ministère
épiscopal et l'empêcheraient par conséquent de
faire tout le bien que comportait sa charge. Cette
appréhension était naturelle; cependant, il put
reconnaître dans la suite qu'il s'était un peu
trompé à cet égard. Le roi avait le sentiment de
ses devoirs, et son éloignement pour les personnes
n'allait pas jusqu'à le faire renoncer au bénéfice
des vertus qu'elles pouvaient avoir. Il eut sou-
vent recours à la protection de Louis XIV, et le
monarque accueillait ordinairement avec intérêt
les observations que lui présentait Fénelon par
le canal du P. Tellier.
L'archevêque de Cambray se levait de grand
matin, après un sommeil de quelques heures seu-
lement. Tous les samedis il confessait indistincte-
ment tous ceux qui se présentaient. D'une sobriété
extrême , il avait néanmoins une table servie avec
magnificence, où étaient admis tous les ecclésias-
tiques attachés à son service. Fénelon faisait les
honneurs de sa table et de sa maison avec une
politesse noble et facile ; une modestie pleine de
charme et au besoin une autorité toujours tempérée
par les gi'âces d'une diction incomparable lui va-
lurent l'affection de tous ceux qui l'entouraient.
La promenade était la seule récréation qu'il se
permît; il aimait beaucoup la campagne, diffé-
rent en ce point de la plupart de ses contempo-
rains , et dans ses perambulations champêtres
il se plaisait, comme Cicéron , à causer avec ses
amis. Dans ces entretiens sur des sujets variés,
il s'abandonnait aux douces inspirations de son
tendre et facile génie. Tous ses contemporains ,
Saint-Simon parmi eux , et celui-là n'est pas sus-
pect, attestent que personne ne possédait mieux le
talent d'une conversation aisée , légère et tou-
jours décente, et que son commerce était en-
chanteur. Il allait visiter les paysans dans leurs
cabanes, et se faisait un plaisir de partager le
repas qu'ils ne craignaient pas d'offrir à un pré-
lat si simple, si affable et si parfaitement aima-
ble. Sa réputation européenne lui facilita l'ac-
complissement d'un des principaux devoirs de
son ministère. Ses visites pastorales ne furent
point interrompues pendant la guerre ; il eut la
liberté de parcourir toutes les parties de son dio-
cèse occupées par les armées ennemies. Les
Anglais, les Allemands, les Hollandais profes-
saient pour lui une très-grande vénération. On
lui offrit même des escortes militaires, qu'il re-
fusa. Il avait sur la prédication des idées parti-
culières , qui se trouvent développées dans ses
Dialogues sur F Éloquence de laChaire. Voici
quelques-uns de ses principes ; « Ne point écrire
un sermon ni le débiter par cœur ; s'abstenir
de divisions et de sous-divisions, qui dessèchent
et gênent le discours ; instruire les peuples de
l'histoire de la religion , ordinairement trop né-
gligée. » On connaît peu Fénelon comme prédi-
cateur; cela tient particulièrement à ce qu'il a
rarement parlé devant les illustres auditoires de
Bossuet, de Bourdaloue et de Massulon. Ren-
fermé dans son diocèse , il cherchait surtout à
instruire les simples fidèles et non à prononcer
des discours d'apparat. Il a monti-é toutefois
dans plusieurs circonstances qu'il n'était point
étranger aux beautés de l'art oratoire. Un juge
très-compétent dans ces matières , le cardinal
Maury, nous a fait connaître son sentiment sur
l'éloquence de Fénelon : « La première partie du
discours pour le sacre de l'électeur de Cologne
est écrite, dit-il, avec l'énergie et l'élévation de
Bossuet; la seconde suppose une sensibilité qui
n'appartient qu'à l'archevêque de Cambray. »
La Bruyère et Vauvenargues ne portent pas un
jugement moins favorable. Voici les paroles du
premier : « On sent la force et l'ascendant de
ce rare esprit , soit qu'il prêche de génie et sans
préparation, soit qu'il prononce un discours
étudié et oratoire , soit qu'il explique ses pensées
dans la conversation. Toujours maître de l'o-
reille et du cœur de ceux qui l'écoutent, il ne
leur permet pas d'envier ni tant d'élévation , ni
tant de facilité, de délicatesse, de politesse, etc. i.
Le second s'est exprimé de cette manière :
« Mais toi , qui les a surpassés ( Bossuet et
Pascal) en aménité et en grâces, ombre illustre,
aimable génie , toi qui fis régner la vertu par
l'onction et par la douceur, pourrais~je ou-
blier le charme et la noblesse de ta parole lorsr
qu'il est question d'éloquence? » On voit que
Fénelon aurait pu ajouter le titre d'orateur à
ceux que la voix publique lui a décernés.
L'établissement d'un séminaire à Cambray fut
un des premiers objets de sa sollicitude épiscopale ;
ces institutions étaient alors assez récentes, elles
étaient la réalisation d'un des vœux exprimés
par le concile de Trente. Voulant en confier la
direction au séminaire de Saint-Sulpice , il de-
manda, dans ce but, des ecclésiastiques à l'abbé
Tronson. Des obstacles ayant empêché la mise
à exécution de son projet, Fénelou fit transférer
à Cambray le séminaire de Valenciennes : il put
ainsi connaître par lui-même tous les sujets qui
se destinaient au saint ministère. Le maintien
de la discipline dans son diocèse eut en lui u
défenseur zélé et ferme, mais prudent. Les m&i
sures des évérité qu'il se vit obligé de prendr
contre des pasteurs indignes sont marquées ai
coin de la sagesse. Il attachait surtout une grand
importance à la présentation aux bénéfices, qui
trop souvent étaient accordés aux soUicitationi
de personnages en crédit. Les recommandation!
qui ne s'appuyaient pas sur des titres sérieux,
il n'hésitait pas à les repousser. Son désintéres-
sement éclata dans plusieurs occasions. Lors de
son premier voyage à Cambray, en 1695, les
besoins de l'État et les dépenses de la guerre
ayant obligé Louis XIV à établir pour la pre-
mière fois une capitation générale sur tous
ses sujets, il écrivit à de Pontchaiirain , con-
trôleur général des finances, pour le prier d'ob-
tenir de sa majesté qu'il lui fût permis d'ajouter
333 FENELON
à sa taxe personnelle la totalité de la pension
qu'il recevait eu qualité de précepteur des prin-
ces ses petits-fils. Ses historiens ont cité plusieurs
faits de ce genre, il se montra toujours très-
jaloux des droits de l'Église, fréquemment atta-
quée par des magistrats trop imbus des maximes
gallicanes. Sa vigilance épiscopale se porta sur
. un autre point. On sait que la quatrième règle
de V Index interdit aux simples fidèles la lecture
de l'Écriture Sainte en langue vulgaire. Des dif-
ficultés étant survenues à ce sujet dans le diocèse
d'Arras , Fénelon écrivit à l'évêque de ce siège,
qui l'avait consulté, une savante dissertation dans
laquelle il explique et justifie la différence qui
existe sur ce point entre la discipline ancienne
et celle des derniers siècles de l'Église. Une
controverse qui a fait beaucoup de bruit dans
le temps, sur certaines cérémonies religieuses
que les jésuites de la Chine avaient cm devoir
autoriser, dans l'intérêt de la propagation du
calholicisme, mit de nouveau en relief la cir-
conspection éclairée de Fénelon. Consulté par
le P. de La Chaise sur la question en litige, il
répondit de manière à dissiper les préjugés fâ-
cheux que les ennemis des jésuites faisaient
circuler partout à l'occasion de cette affaire.
Les inculpations dont il s'agit ici , lancées cette
fois par les supérieui's des Missions étrangè-
res de Paris contre les disciples de Loyola,
n'étaient que le renouvellement de celles qui
avaient été formulées quarante ans plus tôt
par les Dominicains. Clément XI termina cette
dispute, en 1704, en proscriv^aut plusieurs cé-
rémonies chinoises, comme superstitieuses.
La facilité île son commerce et sa bienveil-
lance naturelle lui attiraient beaucoup de vi-
siteurs étrangers. Parmi eux figure le cheva-
lier baronnet de Ramsay. Les déchirements du
doute et les mécomptes que lui avait fait éprou-
ver le principe du libre examen le conduisirent
à Cambray, où il s'entretint avec Fénelon sur
des matières religieuses. Le résultat de ces con-
férences est connu; on peut en lire les détails
àdin&V Histoire de Fénelon que publia, en 1723,
cet Écossais converti. On ne peut s'empêcher de
citer au nombre des personnes qui recherchè-
rent les entretiens de l'illustre prélat le maré-
chal de Munich, fait prisonnier à la bataille de
Deuaiu et fameux par ses campagnes de Crimée,
et Jacques III, plus connu sous le titre de che-
valier de Saint-Georges. Les lignes suivantes
de Saint-Simon expliquent l'empressement qu'on
mettait à le voir et à l'entendre : « On ne pou-
vait le quitter, dit-il, ni s'en défendre, ni ne
pas chercher à le retrouver. » Ce n'est pas seu-
lement à Cambray et directement qu'on le con-
sultait sur toutes sortes de questions déhcates
et principalement sui- les voies qui conduisent
à la perièction. Sa cUentèle était nombreuse ; il
nous reste beaucoup de lettres écrites à ses cor-
respomlants, remplies dérègles de conduite aussi
simples que raisonnables. Réunies sous le titre
334
de Lettres spirituelles , elles viennent d'être
éditées de nouveau par les soins de M. de Sacy,
qui les a fait précéder d'une préface excellente.
Les controverses religieuses étaient fréquentes
au dix-septième siècle. La plus considérable de
toutes fut celle qui occasionna la propagation
en France, par l'abbé de Saint-Cyran, des opi-
nions sur la grâce contenues dans un livre inti-
tulé Aiigustinus , et qui avait pour auteur Jan-
senius , évêque d'Ypres. Après la signature d'un
formulaire dressé dans le but d'obtenir une adhé-
sion expresse du corps épiscopal français à la
condamnation de cinq propositions extraites du
livre de Jansenius prononcée par plusieurs sou-
verains pontifes , la paix régna dans l'Église pen-
dant trente-quatre ans. La soumission ne fut
pas d'abord générale ni sans réserves. Ce n'est
qu'à la suite de contestations subtiles et ani-
mées que les récalcitrants se rendirent, et encore
quelques-uns ne souscrivirent pas sincèrement
à l'acte émané du saint-siége. L'acceptation n'en
fut pas demandée seulement aux évêques , les
ecclésiastiques séculiers et réguhers et même
les religieuses et les instituteurs de la jeunesse
durent également la donner. On connaît la résis-
tance opiniâtre des religieuses de Port-Royal, dont
l'archevêque de Paiis de Péréfixe a dit avec raison
« qu'elles étaient pures comme des anges et or-
gueilleuses comme des démons ». Pour concilier
l'obéissance due par tout catholique aux juge-
ments réguliers de la cour pontificale avec les sen-
timents sm' la grâce qu'ils voulaient conserver,
les jansénistes imaginèrent plusieurs subterfuges à
l'aide desquels ils cherchèrent à éluder la sen-
tence qui les frappait. La distinction du droit et du
fait, le silence respectueux, etc., ne furent que
des moyens artificieux employés par cette secte
pour paraître orthodoxes et enfants soumis de
l'Église. Fénelon ne fut pas mêlé à cette contro-
verse pendant la première phase , qui s'arrêta à
1669, époque de la pacification connue sous le
nom à^paix de Clément XI. Mais quand la guen'e
se ralluma, en 1702, par la publication d'un livre
intitulé Le Cas de Conscience , l'archevêque de
Cambray fut un des premiers à signaler le dan-
ger et à réfuter les erreurs qu'on voulait répandre
de nouveau. Il démontre très-bien que le sys-
tème qu'on veut faire revivre ébranle tous les
jugements de l'Église , et que s'il était adopté, il
n'y a pas d'hérétique qui ne pût se soustraire
aux anathèmes de l'Église. Fénelon revient plu-
sieurs fois sur les procédés captieux des jansé-
nistes; il s'attache à dévoiler les ruses et les
pièges cachés sous leur protestation d'obéissance.
Il fait voir surtout combien le silence respec-
tueux favorise l'hypocrisie, le parjure et mênie
les restrictions mentales , dont ils avaient fait
la matière de tant de plaisanteries contre leurs
ennemis les Jésuites. La part que prit Fénelon
dans cette seconde période de la controverse
nous montre ce prélat animé d'un grand zèle
pour les intérêts de l'Église, qui se trouvait
335
FÉNELON
336
alors menacée d'un schisme. Mais , avant de re-
tracer les faits principaux dans lesquels inter-
vint l'archevêque de Cambray, il convient de
faire connaître les principes sur lesquels repose
le système de Jansenius. Ces principes ayant été
parfaitement exposés par i'abbé Gosselin, qui
a fait une étude approfondie du jansénisme ,
nous ne pouvons mieux faire que de les transcrire
àeï Histoire littéraire des Œuvres deFénelon,
où nous les avons trouvés. Ils sont au nombre
de quatre : « 1" La volonté humaine, parle péché
d'Adam , a perdu son libre arbitre , c'est-à-dire
la force de se déterminer à son gré au bien ou
au mal ; 2° le libre arbitre , perdu par le péché
d'Adam, a été remplacé par deux délectations :
l'une terrestre, qui porte au mal, l'autre céleste,
qui porte au bien ; 3° ces deux délectations agis-
sent l'une sur l'autre par degrés , de sorte que
la délectation supérieure l'emporte nécessaire-
ment sur l'autre, comme le plus fort poids d'une
balance enlève nécessairement le plus léger;
4" La nécessité où se trouve la volonté de suivre
la délectation supérieure n'est pas une nécessité
absolue et immuable, mais une nécessité re-
lative aux circonstances; c'est-à-dire, par
exemple, que la volonté se trouvant actuelle-
ment sollicitée au mal par la délectation supé-
rieure , ne peut en ce moment faire le bien ,
quoiqu'elle le pût en d'autres circonstances où
les degrés de la délectation terrestre seraient
inférieurs à ceux de la délectation céleste.
C'est en ce sens que l'évêque d'Ypres et ses
partisans donnent à la délectation supérieure
en degré le nom de délectation victorieuse, »
On comprend à quelles conséquences désastreu-
ses pour la morale peut entraîner une pareille
doctrine , qui enlève à l'homme son libre arbitre
et en fait dès lors un être irresponsable. L'Église,
qui avait condamné des erreurs analogues dans
Luther et dans Calvin, ne pouvait se taire en
présence des nouveaux hérétiques. On a vu plus
haut que la lutte, longtemps assoupie, se réveilla
à l'occasion d'un livre qui portait pour titre Cas
de Conscience. Louis XIV, très-hostile aux jan-
sénistes, qui lui paraissaient dangereux non-seu-
lement comme fauteurs d'hérésie, mais aussi
comme étant peu dociles à l'autorité politique ,
demanda au pape une bulle qui mît un terme
aux factieuses contentions qui venaient de se
renouveler. Fénelon écrivit à ceteffet un Mémoire
dans lequel il fit ressortir la nécessité de définir
l'infaillibilité de l'Église dans le jugement qu'elle
porte sur des textes dogmatiques et d'exiger de
tous les fidèles une adhésion intérieure et ab-
solue à cette définition. Ce Mémoire fut mis sous
les yeux du souverain pontife par le cardinal
Gabrielli, à qui l'archevêque de Cambray l'avait
adressé, et on reconnaît en Usant la bulle Vi-
neam Domini, par laquelle Clément XI condamne
les nouvelles erreurs, qu'il a tenu compte des
recommandations de Fénelon. Les sentiments
de l'archevêque de Cambray sur l'infaillibilité de
l'Église le conduisirent à exposer dans une dis-
sertation latine l'opinion qu'il s'était formée sur
l'autorité du souverain pontife, et principale-
ment sur les questions agitées dans la célèbre
assemblée de 1682. Il n'admit dans cette disser-
tation qu'avec d'importantes modifications la
doctrine des théologiens ultramontains sur l'in-
faillibilité du souverain pontife. Il ; explique aussi
dans cet écrit, extrêmement remarquable, la
conduite des papes qui ont autrefois déposé
des princes temporels. Cette question, très-agitée
à différentes époques et que la passion a singu-
lièrement envenimée, a reçu de Fénelon des
éclaircissements qui ont mis sur la voie d'une
véritable solution. A ses yeux la puissance spi-
rituelle ne possède , ni par sa nature ni par son
institution, aucun pouvoir de juridiction sur les
princes dans l'ordre temporel, et elle n'exerçait
pas un pouvoir civil ei juridique , mais un pou-
voir purement direct if et ordinal if , c'est-à-dire
la faculté d'interpréter le serment de fidélité et
d'apprendre aux peuples les obUgations de cons-
cience qui en résultent. Quesnel , à la mort d'Ar-
nauld, étant devenu le chef des jansénistes,
Fénelon lui écrivit dans l'intention d'apaiser cet
esprit inquiet et turbulent. Ce fut en vain. La
dispute continua; elle engendra une multitude
d'écrits qu'il serait impossible de citer ici. Fé-
nelon en publia plusieurs, entre autres une Ins-
truction pastorale , qui eut ua grand succès.
Elle fut louée avec beaucoup de feu et d'esprit
par Houdard de La Motte, ce malencontreux
correcteur d'Homère. L'archevêque de Cambray
ne devait pas voir la fin de cette controverse.
Le cardinal de Noailles , archevêque de Paris ,
qui avait donné son approbation à l'ouvrage de
Quesnel intitulé Réflexions morales, etc. , ayant
persisté dans sa résolution de ne la point retirer,
il en résulta de nombreux démêlés, où nous ne
voulons point entrer. Ce prélat, d'un caractère
très-irrésolu , montra dans toute cette affaire
qu'il n'était que l'instrument du parti, et quoi-
qu'il fût naturellement doux et très-versatile ,
rien ne put le fléchir, ni les instances de
Louis XIV ni les prières de M"^ de Maintenon.
Il alla même jusqu'à défendre dans un mande-
ment l'acceptation de la bulle Vnigenitus, qui
avait condamné le livre de Quesnel. Peu de temps
avantde mourir, Fénelon écrivit un Mémoire où
se trouvent exposés les moyens de rigueur qu'on
pouvait employer contre le cardinal de Noailles
et les autres prélats qui s'étaient associés à son op-
position. La voie d'un concile national lui sembla
préférable, et il paraît que Louis XIV fut de cet
avis, car il envoya à Rome le marquis de Gour-
nay pour s'entendre avec le pape dans le but de
convoquer cette assemblée ecclésiastique. Mais
la négociation ayant éprouvé de longs retards
et le roi étant mort dans l'intervalle, la face des
choses changea entièrement.
Toutes ces controverses et les soins qu'il don-
nait à son diocèse n'épuisèrent point l'activité
537
FÉNELON
338
de sott esprit. On doit à sa plume féconde et
brillante un grand nombre d'écrits politiques ,
presque tous destinés au duc de Bourgogne et
que ce prince, depuis la disgrâce de son précep-
teur, ne recevait que par des intermédiaires
Fénelon , dans ces opuscules , n'habite plus les
régions de l'Empyrée où son imagination se com-
1 plaisait naguère ; il est descendu sur la terre ,
et voit les choses humaines de plus près. Son
Examen de Conscience sur les devoirs de la
royauté renferme beaucoup de vues très-judi-
cieuses et des observations pleines de finesse et
i de sagacité. Lors des calamité* qui suivirent la
guerre de la succession d'Espagne , qui a inspiré
à Fénelon plusieurs Mémoires très-instructifs,
l'archevêque de Cambray proposa la convoca-
tion d'une assemblée de Notables. S'adresser
à la nation dans un moment où elle était acca-
blée lui paraissait le moyen le plus efficace
pour sortir d'une situation désespérée. Un pa-
reil remède ne pouvait être goûté de Louis XIV,
qui n'aurait jamais consenti à l'amoindrissement
du pouvoir royal. Un peu plus tard, dans un
Plan de Gouvernement , dressé en vue de
servir à son ancien élève, que la mort du dau-
phin faisait héritier du trône , Fénelon proposa
l'institution d'États provinciaux et d'États
généraux. Ce prélat tenait beaucoup à ces as-
semblées, qu'il considérait comme nn tempéra-
ment utile dans un gouvernement absolu ; tou-
tefois , il voulait qu'ils fussent des conseils de la
royauté et non des coparticipants de la puis-
sance publique. Sur l'étendue du pouvoir royal,
il avait les mêmes idées que presque tous les
publicistesde son temps. Comme Bossuet, il pen-
sait que l'autorité du roi n'admet aucun juge qui
lui soit supérieur, et que les sujets n'ont aucune
force coactive contre elle. Il condamnait donc
toute espèce de révoltes et d'insurrections. Le
Plan de Gouvernement est remarquable dans
beaucoup de parties; il suppose chez l'auteur des
connaissances très-variées et des études spéciales
sur toutes les branches de l'administration. Sans
doute, parmi les nombreuses réformes qu'il in-
dique , on pourrait facilement en découvrir quel-
ques-unes qui ne seraient point déplacées dans
le Télémaque; mais il est juste de reconnaître
que l'inspiration générale est toujours élevée et
digne du grand esprit de l'auteur. Il est un des
rares écrivains du dix-septième siècle qui aient
songé aux intérêts du peuple. Si c'était une chi-
mère au temps de Louis XIV , elle était au moins
noble et généreuse. Après la mort inopinée du
duc de Bourgogne, Fénelon dut perdre toute
espérance de voir se réaliser les idées politiques
qu'il caressait depuis longtemps. Nonobstant, il
ne crut pas devoir se taire dans les conjonctures
difficiles où se trouvait alors la France. 11 écrivit
plusieurs Mémoires, où l'on remarque , entre
autres projets , celui de fonder un conseil de
régence cjui fonctionnerait sous l'œil exercé de
' Louis XIV, et qui après la mort de ce monarque.
alors très-vieux, pourrait faire traverser sans
secousses les années de minorité du jeune prince
à qui devait échoir le gouvernement du royaume.
Ce projet , on le pense bien , ne fut point ac-
cueilli.
En même temps qu'il écrivait tous les opus-
cules politiques qui viennent d'être mentionnés,
Fénelon s'occupait de travaux littéraires et phi-
losophiques, dont il nous reste à parler. Da-
cier, au nom de l'Académie Française, dontil était
le secrétaire perpétuel , ayant prié l'archevêque
de Cambray de lui communiquer ses vues sur
le plan que devait suivre l'illustre compagnie
dans la nouvelle édition du Dictionnaire qui se
préparait alors , Fénelon écrivit cette Lettre à
l'Académie que tout le monde a lue et qui a été
justement vantée par les meilleurs critiques.
On y sent partout le souffle d'un génie heureux
et nourri des chefs-d'œuvre de l'antiquité. 11
ne se borne pas à des conseils sur la manière de
composer un dictionnaire , il voudrait que l'Aca-
démie s'occupât également d'une grammaire,
d'une poétique et d'un traité sur l'histoire. La
partie qui concerne la poétique est toute parfu-
mée des senteurs de la muse virgilienne. Il dit
anathème à ceux qui restej'aient froids en en-
tendant ces vers du poète de Mantoue :
Fortunate senex , hicinter flumina nota
Et foules sacros , frlgus captabis opacuin.
Ce n'est pas que Fénelon eût pour les grands
écrivains de l'antiquité cette admiration outrée
et ce culte superstitieux que beaucoup de ses
confrères à l'Académie professaient alors; il
savait aussi goûter les modernes , et il no crai-
gnit point de louer le mérite de ces derniers. Il
resta donc neutre dans la querelle que fit naître
l'attaque de Perrault contre les anciens , qu'il ne
connaissait guère. Pendant que l'Académie le
consultait sur ses travaux lexicographiques, le
duc d'Orléans, futur régent du royaume, lui
témoignait le désir d'entrer en correspondance
sur certaines questions philosophiques. La pre-
mière partie du Traité de l'Existence de Dieu,
la seule qui parut du vivant de l'auteur et à son
insu, venait d'être publiée. Le succès de ce livre
fut très-grand. Un juge compétent, Leibnilz ,
dans une lettre écrite en 17t2, à Grimaret, en
parle en ces termes : « J'ai lu avec plaisir le beau
livre de M. de Cambray sur l'Existence de Dieu.
Il est fort propre à toucher les esprits, etc. »
Pour déférer au vœu du prince, Fénelon exposa,
dans trois Lettres que nous avons, les meilleurs
arguments rationnels sur lesquels peuvent être
établis le culte de la divinité, l'immortalité de
l'âme et le libre arbitre. Ces trois points de phi-
losophie sont ceux au sujet desquels le duc d'Or-
léans avait demandé des explications. Ce n'était
point une règle de doctrine qu'il voulait; cette
discussion devait rester étrangère à tous les té-
moignages et à toutes les autorités d'une révéla-
tion positive. Ne reconnaissant que l'existence
de Dieu , tous les raisonnements devaient de-
339
FENELON
310
couler de ce seul principe fondamental. Mais ces
Lettres ne traitant que des dogmes de îa religion
naturelle , Fénelon jugea à propos «l'en écrire
d'autres sur la véiHté de la religion chrétienne
et sur Vautorité de VEglise catholique, aux-
quelles plusieurs théologiens postérieurs ont fait
quelques emprunts.
Fénelon, sentant que son dernier jour appro-
chait, écrivit à Louis XIV pour lui recommander,
entre autres choses, de choisir pour le remplace!-
un prélat dont les opinions sur la matière du jan-
sénisme fussent notoires et solides. Les partisans
de cette secte étaient nombreux dans son diocèse,
et il était urgent d'arrêter la propagande des nou-
veaux hérétiques. Deux jours avant de rendre son
àrae à Dieu, il rédigea son testament, dans lequel
il renouvelle sa parfaite soumission au siège
apostolique. En apprenant sa mort. Clément XI
parut regretter de ne l'avoir point fait cardinal,
par condescendance pour Louis XIV. Sur le
mausolée que fit ériger le marquis de Fénelon,
on Usait une longue épitaphe latine composée par
le P. Sanadon, que D'Alembert a trouvée froide.
Dans celle que ce savant avait proposée, on lit
cette phrase recherchée : « Sous cette pieri-e
repose Fénelon : Passant , n'efface pas par tes
pleurs cette épitaphe, afin que d'autres la lisent
et pleurent comme toi. " Les restes de ce prélat
trouvèrent grâce devant les révolutionnaires.
Tirées de son cercueil, ses dépouilles mortelles
furent replacées dans le caveau où elles avaient
été déposées. Un monument funéraire en l'hon-
neur de Fénelon fut élevé en 1824 aux frais de la
ville de Cambray. Onle voit aujourd'hui dans une
chapelle de la cathédrale. Il convientde donner ici
quelques traits du portrait qu'en a tracé le duc
de Saint-Simon : « Ce prélat, dit-il, était un grand
homme maigre, bien fait, avec un grand nez,
des yeux dont le feu et l'esprit sortaient comme
un torrent, et une physionomie telle que je n'en
ai vu qui y ressemblât , et qui ne pouvait s'ou-
bher, quand on ne l'aurait vue qu'une fois. Llie
rassemblait tout, et les contraires ne s'y com-
battaient point ; elle avait de la gravité et de
l'agi'ément, du sérieux et de la gaieté; elle sen-
tait également le docteur , l'évèque et le grand
seigneur, etc. »
Les qualités les plus saillantes du caractère de
Fénelon furent la douceur et la dignité. Cette
dernière , poussée un peu loin dans certaines
circonstances , a fait croire à beaucoup de per-
sonnes qu'il était fier. Comme la plupart des
nobles du dix-septième siècle, il avait à un très-
haut degré le préjugé de la naissance, et si chez
lui le grand seigneur se monti'ait toujours, ce n'é-
tait jamais avec ces formes hautaines et bles-
santes qui rendent odieux et haïssable. Au con-
traire, par raffabilitc de son ton et l'aménité de
ses manières, il se concilia l'affection de tous
ceux qui eurent des rapports avec lui.
La vie de ce prélat a été singulièrement défi-
gurée dans certaines notices biographiques. Les
protestants d'abord, par haine pour le saint-
siége et pour Bossuet, ont altéré son caractère
et travesti ses opinions; les philosophes du der-
nier siècle, principalement les écrivains ency-
clopédistes, en ont fait ensuite une espèce de libre
penseur et un philanthrope. La charité de Fé-
nelon était grande assurément, mais elle ne res-
semblait point à cette bienfaisance vague et ad-
ministrative à laquelle ou a donné le nom de
philanthropie. Quant à son affiliation à la secte
nombreuse |^Qà libres i>enseurs, sa piété pro-
fonde et son obéissance absolue aux décrets de
l'Église protestent suffisamment contre cette
prétention, Enfin, les républicains qui ont ménagé
ses dépouilles étaient sous i'iniluence d'une sin-
gulière illusion en croyant que Fénelon avait été
un ennemi de la royauté.
Les Œuvres de Fénelon ne sont complètes
que dans l'édition de Versailles , 34 vol. in-S" ,
commencée à Versailles en 1S20, chez Lebel, et
terminée à Paris en 1830, chez Leclerc. L'édition
de Besançon (1830, 27 vol. in-8") comprend à
peine la moitié de la correspondance. En 1782
l'assemblée du clergé de France décida qu'elle
avancerait 40,000 livres à l'abbé Gallard, qui de-
vait diriger une édition des Œuvres de Fénelon.
Cet hommage public rendu à la mémoire de ce
grand prélat ne reçut pas son accomplissement
total. Le P. de Querbeuf, qui fut chargé de pour-
suivre cette œuvre , retrancha un grand nombre
d'écrits , paiticulièrement ceux relatifs au qiiié-
tisme et au jansénisme. On a publié également
beaucoup d'éditions A' Œuvres choisies de Féne-
lon; la meilleure est celle qu'a donnée la maison
Périsse frères en 1842, 4 vol. grand in-S". A. R.
Le chevalier (le Rarasay, Fie de Fénelon. — Le marquis
de Fénelon, Abrégé de la Fie du même. — Le P. de
Querbeuf, Fie du même. — Le cardinal de Bautrel, His-
toire de fénelon, etc.; 4 vol. in-8". — Le chancelier cl'A-
guesseau, 3Iémnires. — Saint-Simon, Mémoires. -•
L'abbé Gosselin, directeur au séminaire de Saint-Sulpice,
Histoire littéraire de Fénelon, on revue historique et
analytique de ses œuvres ; 1S43, 1 vol. in-S".
FÉNELON ( Gabriel-Jacques de Salignàc ,
marquis de La Mothe-), général et diplomate fran-
çais, neveu du précédent, né en 1688, tué à Rau-
coux, le 11 octobre 1746. Il avait épousé, en
décembre 1721, M""" Le Pelletier, fut nommé en
mai 1724 ambassadeur en Hollande, et à la fin
d'août 1727 il représenta la France au congrès de
Soissons. Il s'y fit remarquer par son esprit con-
ciliant , et réussit à conclure avec les États de
Hollande un traité de neutralité (4 novembre
1733). 11 obtint en récompense le titre de con-
seiller d'État d'épée, et fut nommé chevalier des
ordres du roi. Devenu lieutenant général en 1738^
il servait sous les ordres du maréchal de Saxe,
lorsqu'il fut tué par un boulet à la bataille de
Raucoux , gagnée sur les bords de la Meuse par
les Français contre les Anglais , les Autrichiens ,
les Hanovrienset les Hollandais, commandés par
le prince Charles de Lorraine. On a du marquis
de Fénelon des 3'Iémoires diplomatiques, con-
tenant les diverses missions dont il a été chargé.
3^1 FÉTŒLON
11 a publié la première édition complète des
Aventures de Télémaqtie, avec xxn&ÉpUre dé-
(licatoire; Paris, Delaulne, 1717, 2 vol. in-12;
cotte édition est recherchée.
Sahuguet d'Espagniic, Hist. dit Maréchal de Saxe,
liv. IX, 2SS-309- — Maurice, maréchal de S&xe, Lettres
et'jllém., III, S49. — Voltaire, Siècle de Louis Xr ,
ch. XVIII.
FÉNELON {François- Louis de Salignac,
marquis de La Mothe-), littérateur français,
fils du précédent, né en 1722, mort vers 1780.
Il était capitaine de cavalerie et chevalier de
Saint-Louis. On a de lui : Alexandre, tragédie;
Paris, 1761, in-S"; — Nouvelle Histoire de
messire F. de Salignac de La Mothe-Féne-
lon , archevêque-duc de Cambray ; La Haye ,
1747, in-8°. C'est une réimpression du Récit
abrégé de la Vie de Fénelon.
La France litt.
FENESTELLA. , historien romain , né en 49
avant J.-C, mort l'an 21 de l'ère chrétienne. Il
paraît avoir joui chez les anciens de beaucoup
de célébrité. Son grand ouvrage, intitulé ; An-
nales, souvent cité par Asconius, Pline , Aulu-
Celle et autres, comprenait au moins vingt-deux
livies. Il contenait un récit minutieux, mais
souvent inexact, des affaires intérieures de Rome.
Les rares fragments qui nous restent de cette
composition se rapportent exclusivement à des
événements postérieurs aux guerres puniques.
On ignore si le récit de Fenestelia s'étendait de-
puis la fondation de Rome jusqu'à la chute de la
république, ou s'il comprenait seulement une
portion de cette vaste période ; nous savons du
moins qu'il embrassait la plus grande partie de
la carrière de Ciiéron. Outre les Annales,
Diomède cite encore « Fenestellam in libro lipi-
tomarum secundo; » mais cet Epilome de Fe-
nestelia n'est mentionné nulle part ailleurs. Saint
Jérôme parle de Garmina Fenestelia. Quant aux
Archaica attribuées à Fenestelia dans quelques
éditions de Fulgentius, si un pareil ouvrage a
jamais existé , c'était probablement l'œuvre de
quelque écrivain d'une époque bien postérieure.
Un traité De Sacerdotiis et Magistratibus
Ronianorum Libri II, publié à Vienne, en 1510,
sous le nom de Fenestelia, et souvent réim-
primé, est en réalité la production de Andréa Do-
menico Fiocchi , juriste llorentin du quatorzième
siècle {voir ce nom).
Pline, Hist. Nat., VIII, 7; IX, 17,35; XV, 1; XXX, 11.
— Senèquc, Epist., 108. — Suétone, Fit. Terent. —
Aulu-Gelle, XV, 28. — Lactancc, De falsa Beligione,
I, 6. — Saint Jérôme, In Euseb. Chron., Olym. CXCIX.
— Diomède, p. 3C1, éd. Putsch. — Nonius Marcellus, aux
mots Prœsente; Reticulum; Rumor. — Madrig, De As-
con. Pcd., p. 04..
* FÉNÉTiiANGES {Bernard de), guerrier
lorrain, vivait en 1336. U avait une grande répu-
tation de courage parmi les plus hardis chevaliers
de ce siècle belliqueux. .Jean, roi de France,
ayant été fait prisonnier à Poitiers par les An-
glais, Charles, son fils, duc de Normandie et
régent durant la captivité de son père , acheta les
— FENm
342
secours de Bernard de Fénétranges , moyennant
une somme d'argent considérable. Fénétranges
entra aussitôt en Champagne, accompagné de
cinquante chevaliers et de cinq cents hommes
d'armes qu'il avait à ses gages. Il se joignit aux
troupes françaises, attaqua Eustache d'Auber-
ticourt , chevaher du Hainaut , qui commandait
les Anglais, et le battit près de Nogent-sur-Seine.
Poursuivant activement son succès , il expulsa
les ennemis de toute la Champagne. Ayant ainsi
rempli ses engagements , Fénétranges réclama
au duc Charles trente mille livres qui lui res-
taient dues. Ciiarles éluda le payement. Féné-
tranges, furieux de cette fourberie , envoya dé-
fier le prince a un combat singulier; il se saisit
en même temps de Bar-sur-Seine, qu'il mit au
pillage , fit cinq cents prisonniers et commit plur
sieurs dégâts en Champagne. Charles, pour ar-
rêter ces désordres, se décida à payer ce qu'il
avait promis.
Mènerai, Jbréçé de l'histoire de France. — Dora Cal-
met, Bibliothèque de Lorraine.
FENILLE. Voyez Varenne.
* FÉNiw {Pierre de) , gentilhomme artésien,
né au quatorzième siècle, mort à Arras, le 5 juin
1433. Il fut marié à Marguerite de Marne, dont il
était veuf en 1410. Vers cette époque il remplît
l'office de pannetier auprès du roi Charles VI, qui
le fit, par lettres du 18 février 1412 (nouv. style),
chevalier de la Cosse de Genêt. Il fut ensuite
garde du scel de la prévoté de Beauchêne, poste
qu'il occupait encore en septembre 1421.11 de-
vint en 1424 prévôt d'Arras, et y mourut. Pierre
de Fénin a été longtemps regardé comme l'aiî-
teur d'une chronique connue sous son nom
{voyez l'arricie suivant. ) V. de V.
* FÉNUN {Pierre de), chroniqueur français,
fils du précédent, né dans l'Artois, mort en
1506. La chronique qu'il a laissée avait été jus-
que aujourd'hui attribuée à son père; c'est
m"* Dupont, l'un des éditeurs de cette chronique,
qui la première a signalé cette méprise (1). On
ne connaît de la vie du chroniqueur que son épË-
taphe, conservée dans le recueil de Jean de Pitr
pance : « Cy-gist Piei-re de Fenin, esq., sire de
Grincourt, 1506. « Son livre est l'histoire abré-
gée de la terrible lutte des familles d'Orléans et
de Bourgogne. Il complète Monstrelet sous plu-
sieurs rapports, et fournit au moraliste quelques
sujets d'étude : cinq éditions en ont été faites ,
dont la plus soignée est celle de M"'' Dupont, pu-
(1) Le nom de Pierre de Fenin ne figura peut-être dV.
bord que sur un ex libris, comme étant le nom de l'oil
des possesseurs, et non celui de l'auteur de cette clironiquc.
Quoi qu'il en soit, la Chronique de Fenin p.-iraît être une
compilation, dont le commencement et la lin manquent.
Elle se compose de deux parties : l'une s'étend de 1407
à U22 ( On du règne de Charles Vi); l'autre cmbra.ssc
les cinq premières années de Charles VII. Ces deux
parties .-ionl écrites suivant deux méthodes, rt peut-être
par deux écrivains distincts, r.lle ressemble, sous beau-
coup de rapports, pour le fond et souvent pour la (orme,
à Monstrelet. Ce fragment semble appartenir à la cla.sse
ries écrits anonymes, et auxquels on ne saurait donner
légitinicment un nom à'aiiteur. V. ukV
343
bliée par la Société de l'Histoire de France, 1837,
in-8°. Louis Lacour.
D. Godefroy, Appendices à l'hist. de Charles VI par
Juvenal des Ursins, p. 445. — Pelitot, Collection de
Mémoires, VII, p. 237, etc. — Fenin, Mémoires, éd.
Dupont, préface.
FENIUS RUFUS. Voy. RuFDS.
FENizER Voy. Fennizer.
FEMN (John), antiquaire anglais, né à Nor-
wicli, en novembre 1739, mort à East Dercham,
le 14 février 1794. Il fut élevé à Scarning et
à Boresdale. Il vint ensuite étudier à l'univer-
sité de Cambridge, où il fut reçu maître es
arts, en 1764. Il entra dans la carrière des em-
plois en devenant membre du comité de la paix ;
puis il remplit les fonctions de schérif du comté
de Norfolk en 1791. Il fit revivre l'usage d'as-
sister eu personne , comme magistrat , au sup-
plice des condamnés, pour imprimer à l'exécution
plus de solennité. 11 s'appliqua particulièrement
à l'étude des chroniques et de l'histoire d'An-
gleterre. On a de lui : Original Letters, written
during the reigns of Henry VT, Edward IV,
Richard III and Henry Vil, 1787, 2 vol.
in-4", d'après les papiers de la tamille Paston ,
établie jadis dans le comté de Norfolk. Deux
autres volumes, dédiés au roi Georges IJI, qui
donna le titre de chevalier à l'éditeur, parurent
en 1789, avec notes et illustrations. Un cin-
quième volume était annoncé ; mais il ne paraît
pas qu'il ait vu le jour. Le recueil de ces lettres
renferme de curieuses anecdotes, relatives non-
seulement au comté de Norfolk , mais encore à
tout le royaume. Au recto de chaque page se
trouvent les originaux des pièces citées et au verso
la traduction en anglais moderne. Des planches
gravées reproduisent des fac-similé d'écritures
et de cachets.
Gentleman' s Magaz., LXIV. -Malcolm, Granger's
Letters.
* FENNACCioLi (Thopias ), théologien ita-
lien, né à Ascoli, vivait en 1761. On a de lui :
Summee theologicse S. Thomx Aquinatis,
quinti EcclesicV docforis , Catena argentea,
ipsius Angelici prœceptoris verbis contexta ,
ordine alphabetico disposita, etc.; Fano, 1761,
in-fol. Cet ouvrage, par son ordre, permet de
trouver immédiatement le sentiment de saint
Thomas sur chaque matière.
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.
*FE]XNER DE FENNEBERG ( Jean-Hcnri-
Christophe-Matthieu), balnéographe et médecin
allemand, né àKirchhain, le 25 décembre 1774,
mort le 16 décembre 1849. Il étudia à l'univer-
sité de Marbourg, et fut reçu médecin à l'âge de
dix-sept ans. Attaché d'abord comme tel aux
bains, encore peu fréquentés , de Schwalbach, il
devint ensuite mécleciu de la ville de Rastadt.
Quelques années plus tard il retourna à Schwal-
bach, où il s'occupa spécialement de médecine
mirtérale et thermale. Ses principaux ouvrages
sont : Schwalbach und seine Heilquellen,
( Sclmalbach et ses eaux minérales ) ; Darmstadt,
FÉWm — FENOLLAR 344
1834, 3*^ édition; — Zur GescMchte Schwal-
bachs ( Ouvrage pour servir à l'Histoire de
Schwalbach); Darmstadt, 1836; — Schlangen-
bad and sein Heilwerth (Schlangenbad et son
efficacité en médecine) ; Darmstadt, 1840 ; — Ta-
schenbuch j'uer Gesundbrunnen und Baider,
(Manuel des Sources et Bains minéraux); 1816-
1818.
Conversat.-Lex.
* FEKNER DE FENNEBERG, révolutionnaire
allemand, natif du Tyrol. Il fut élève à l'Acadé-
mie militaire, devint cadet, puis officier dans
l'armée en 1837, et se démit de son grade en 1843.
Il consigna bientôt après ses souvenirs militaires
dans un ouvrage intitulé : Oestreich und seine
Armée (l'Autriche et son Armée); 1847. Cet ou-
vrage révélait trop d'abus pour que l'auteur pût
rester dans le pays qui fut l'objet de ses critiques ;
il alla donc demeurer dans l'Allemagae méridio-
nale. Il revint en Autriche en 1848, et fut un des
chefs des insurgés d'octobre. Lors de la prise de
Vienne par les troupes impériales, Fenner n'eut
que le temps de gagner les frontières bavaroises.
II se rendit dans le Palatinat à l'époque du sou-
lèvement de la population de ce pays en 1849, et
fut nommé commandant de l'armée dite du peu-
ple ; une tentative malheureuse sur la forteresse
de Landau l'obligea à résigner ses fonctions. Il se
rendit alors en Suisse, à Zurich, dont le séjour
lui fut interdit. Venu ensuite en Amérique, il
fonda à New-York, en 18ôl , un journal hebdo-
madaire ayant pour titre : Atlantis. On a en
outre de lui : Geschichte der Wiener October-
tage (Histoire des Journées d'Octobre à Vienne);
Leipzig, 1849; — Zur Geschichte der Rhein-
Ixnd. Révolution ( Documents pour servir à
l'histoire de la révolution dans les provinces
rhénanes); Zurich, 1850.
Coraersat.-Lexik.
FENNIZER OU FENiZER (Jean), couteliev
et philanthrope allemand, mort le 21 novembre
1629. Tout en se livrant à sa profession , il con-
sacra ses loisirs â favoriser la propagation des
lumières et de l'instruction au sein des masses.
C'est ainsi qu'il fonda des bourses pour les étu-
diants en théologie, et qu'en 1615 il fit les
fonds d'une bibliothèque ecclésiastique , enri-
chie depuis par des fondations nouvelles et- dont
le catalogue fut dressé, en 1736, par Michel
Weis, avec une biographie de Fennizer, et, en
1776, par Léonard Rinder.
Wurz, Memorabilia Blhl. Norimberg.
FENOLLAR (Bcrnardo), poète espagnol, né à
Valence, au treizième siècle. Il fut chanoine dans
sa patrie, et il cultiva avec zèle la poésie. On im-
prima quelques-uns de ses écrits sous le titre de :
Lo Procès de los olives e disputa del Jovens y ■
dell Vells; Valence, 1497, in-fol. Ce volume, ex-
trêmement rare, reparut en 1561, sous le titre de
Lo procès de los olives y sunmi de Joan Joan,
ordonat principalment perloreuirent mossen
Bernât Fenollar ; Valence, in-S". C'est à Fe-
345 FENOLLAR -
nollar que revient la majeure partie du Certamen
poetich en lohor de la Concecio ; Valence ,
1474, {11-4°. Ce volume, le premier avec une
date qui ait été imprimé en Espagne , renferme
trente-six pièces de vers composées par diffé-
rents auteurs à l'occasion d'un concours poé-
tique ouvert à Valence le 25 mars 1474. A
l'exception de quatre de ces pièces qui sont en
espagnol et d'une en itplien , elles sont toutes
écrites dans le dialecte limousin. Les bibliogra-
phes indiquent un autre ouvrage de FenoUar, qui
est aussi d'une extrême rareté : Historla de la
Pasiô de nostre Senyor Deu Jesu Christ;
Valence, 1494. Ce poète ne saurait prétendre à
occuper un rang élevé sous le rapport du talent ;
mais il offre un intérêt réel , si l'on considère
l'époque à laquelle il écrivait. G. B.
N. Antonio, Bibliotfieca Hispana, t. II, p. 336. — Ro-
driguez, Bibliotheca f^alentina .'(ITiT),?. 81.— Ximenez,
Escritores del regno de Valencia , p. S9. — Velasquez,
Origenes de la Poesia Castellana, p. 58. — F. Torres Amat,
Memorias para ayudar à formar dicionario critico
de los Autores Catalanos; Barcelone, 1836, in-8°.
FENOUILLET OU FENOiLLET ( Pierre de),
évêque de Montpellier, né à Annecy (Savoie),
mort à Paris, le 23 novembre 1652. Il fit ses
études dans sa ville natale , embrassa la car-
rière ecclésiastique, et devint théologal à Gap.
Ses talents le décidèrent à venir à Paris, où
Henri IV le choisit pour son prédicateur ordi-
naire. En 1607 , après la mort de Jean Granier,
il fut nommé à l'évêché de Montpellier. En 1609
il assista au concile provincial de Narbonne , et
signales décrets de cette assemblée. Ces décrets,
partagés en quarante-neuf chapitres , contiennent
divers statuts sur la discipline ecclésiastique,
« qui, selon dom Vaissette, avait grand besoin de
réforme ». Il y est défendu entre autres, dans
le XXXIII'* chap., « de faire des danses et des
festins et de tenir des marchés dans les églises;
d'y c\id.nie,\: Mémento, Domine, David sans
tru/e ; d'y représenter les prophètes et les ber-
gers la nuit de Noël ; d'y chanter les prophéties
des sibylles ; d'y faire voler des pigeons et pleu-
voir de l'eau etdu feule jour delà Pentecôte, etc. ».
Fenouillet dans son diocèse se signala par son
zèle pour le catholicisme. Les moines qui avaient
été chassés lui durent d'être réintégrés dans
leurs monastères, et il fonda une nouvelle cathé-
drale à Montpellier, mais il ne put l'achever. Les
protestants élevèrent de vives plaintes conti-e
son administration, et la guerre de religion se ral-
luma. Fenouillet abandonna Montpellier, et se ren-
dit au-devant de l'armée royale, le 20 juillet 1621.
Suivant de Montchal, <( il liarangua Louis XIII à
Béziers au nom des trois ordres de son diocèse,
et le pressa vivement de venir enlever Mont-
pellier aux religionnaires, dont il représenta pa-
thétiquement les violences et les excès qu'ils exer-
çaient sur les catholiques du pays. On ne goûta
pourtant pasqu'il voulût engager sa majesté à faire
le siège durant l'automne. » En 1635, Fenouillet
assista à l'assemblée générale du clergé de France,
FENOUILLOT 34G
et signa la délibération qui annulait le mariage de
Gaston, duc d'Orléans, avec Marguerite de Lor-
raine , « attendu qu'il n'avait pas été contracté
avec l'agrément du roi ». Le cardinal de Riche-
lieu l'envoya ensuite à Rome pour y poursuivre
la «ohtirmation de cette délibération ; mais elle
rencontra des difficultés qui retinrent fenouillet
hors de son diocèse jusqu'au 20 septembre 163G.
En 1652, ayant été amené à Paris par quelques af-
faires relatives à son diocèse, il mourut dans cette
capitale , et fut enterré à l'église de Saint-Eusta-
che. On a de lui : Harangue au roi (Louis XIII),
imprimée dans le tome VIII du Mercure fran-
çais ; — Recueil de pièces touchant lu nul-
lité ou la validité du mariage de Monsieur
avec Marguerite de Lorraine, en 1634, 1635 et
1636 , in-fol.; conservé à la Bibhothèque impér.,
sous les n°' 9242 , 9244; — Oraison funèbre du
chancelier Pompone de BelUèvre; Paris, 1607,
in-8°; — Oraison funèbre de Henri 1", duc
de Montpensier; Paris, 1608, in-8°; — Dis-
cours funèbre sur la mort de Henri le Grand;
Paris, 1610, in-S" ; — Remontrance au roi
contre les duels, prononcée au nom dît clergé
de France à la tenue des États, le 26 janvier
1615; Paris, 1615, in-S" ; — Oraison funèbre
de Louis XIII; 1643, in-4o.
De GrefeuUle, Histoire ecclésiastique de Montpellier,
liv. V, chap. 5. — Jean Rinlan, Recherches sur les Écoles
de Médecine de Paris et de Montpellier. 283. — De
Monlchal, Mémoires. — Archives des États du Lan-
guedoc. — Le Mercure français, ann. 1622. — l.abbe ,
Concil.. XV, 1574. — Dom Vaissette, Hist. générale du
Languedoc, V, 502-536. — Leiong, Biblioth hist. de la
France, n"^ 5936, 7380, 20020, 20253, 22138, 25869 et 31515.
*FENOtriLLOT DE LA VANS {François), éco-
nomiste français, était en 1815 conseiller à la
cour royale de Besançon ; on ignore les détails de
sa vie et l'époque de sa mort. Il n'est connu que
par une brochure intitulée : Moyens proposés
pour rétablir les finances de VÉtat, en unis-
sant d'une manière avantageuse les intérêts
des familles à ceux du gouvernement; Be-
sançon, 1815, in-8°. A. J.
Biographie des Contemporains. — Biunet, Manuel
du Libraire.
FENOUILLOT DE FALBAIRE DE QUINGET
{Charles-Georges ), auteur dramatique français,
frère du précédent, né à Salins, le 16 juillet 1727,
mort à Sainte-Menehould, le 28 octobre 1 800 selon
les uns, et selon les autres en mai 1801. 11 fit
ses études au collège Louis-Ie-Grand, abandonna
l'état ecclésiastique, que ses parents voulaient lui
faire prendre, pour entrer dans les finances, et dé-
buta au théâtre en 1767 ^avV Honnête criminel,
drame en cinq actes et en vers, inspiré par le dé-
vouement et les malheurs de Jean Fabre. Cette
pièce fut accueillie avec enthousiasme, et c'est à
elle que Jean Fabre dut son entière réhabilitation ;
elle a été souvent réimprimée et traduite en alle-
mand, en italien etevn hollandais. Eu 1772 Fenouil-
lot de Falbaire obtint, dit-on, par l'influence de sa
femme, la baronnie de Quingey, dont il prit le
nom , et la place très-lucrative d'inspecteur gé-
347 FENOUILLOT
néral dep salines de l'est. Outre L'Honnête
criminel., on a de Fenouillot de Falbaire : Le
Premier Navigateur, pastorale lyrique en trois
actes, qui ne fut pas jouée, mais qui donna l'idée
du ballej de ce nom ; Falbaire se plaignit de ce
plagiat Sans obtenir justice ; — Les Deux Ava-
res, opéra-comique, musique de Grétry, joué
avec sucûès au Théâtre-Italien, en 1770 ; — Le
Fabricant de Londres, drame en cinq actes, en
prose, tonîbé au Théâtre-Français, le 12 janvier
1771, et cependant traduit en allemand et en
italien ; cette chute fut causée par le bon mot
d'un plaisant, qui s'écria , lorsqu'au cinquième
acte on annonce la faillite du fabricant : « J'y
suis pouT vingt sous « (c'était le prix du billet de
parterre à cette époque) ; — L'École des Mœurs,
ou les suites du libertinage, drame en cinq
actes, eu vers, tombé en 1776, repris sans succès
en 1790, traduit en allemand et en hollandais;
— Les Jammabos , ou les moines japonais, tra-
gédie en cinq actes , non représentée, dirigée
contre les Jésuites. Ces pièces ont été imprimées
dans les CEuvres dremaïiç'Mesderauteur; Paris,
1787, 3 vol. in-8". On a encore de lui des poésies
assez faibles et deux morceaux intitulés V Insen-
sibilité et Description des Salines de la Fran-
che-Comté; dans l'Encyclopédie. H. Malot.
Mercure de France. - Rivarol, Petit Almanach des
Crands Hommes. — Galerie des Contemporains. — Dic-
tionnaire de la Conversation.
FENOïTïLLOT {Jean), publiciste français,
frère des précédents, né à Salins, en 1748, mort
à Besançon, le 27 mai 1826. Il était avocat du roi
au bureau des finances, et inspecteur de la li-
brairie pour ïa Franche-Comté , lorsque la ré-
volution éclata. Il se prononça très-énergique-
ment contre les idées nouvelles, demanda la
fermeture des clubs, refusa de prendre part aux
élections faites en vertu des lois constitutionnelles,
et fit paraître plusieurs écrits dirigés contre les
mesures révolutionnaires , et pleins de la plus
amer e critique. Dénoncé à l'administration dépar-
tementale , Fenouillot en fut quitte pour une sé-
vère admonestation; cependant, après un court
voyage à Paris, il crut prudent d'émigrer; il re-
joignit l'armée de Condé, et s'attacha à la per-
sonne du prince. Intimement lié avec Fauche-
Borel ( voyez ce nom ) , Fenouillot eut part
à tous les projets royalistes , et accomplit plu-
sieurs missions délicates et périlleuses. Ce fut
lui qui, pendant la négociation entamée pour
détacher Pichegru du parti républicain, était
chargé de rédiger et de répandre une foule de
petits pamphlets écrits en style populaire et des-
tinés à agir sur la classe ouvrière et sur l'armée.
En juin 1795, il fut envoyé en Franche-Comté
pour y sonder l'opinion publique. Il alla ensuite
à Eàle se mettre en communication avec l'agent
anglais Wickham. Fenouillol profita de l'amnistie
accordée aux émigrés après le 18 brumaire. 11
se fixa à Lyon, et reprit avec distinction son an-
cienne orofession d'avocat. En 181 1 il fut nommé
FENTON 348
conseiller à la cour impériale de Besançon; la
Restauration ne changea pas sa position. On a
de lui : Lettres à mes Commettants ; Besan-
çon, 1790 : cette lettre renferme une critique
très-vive de la constitution civile du clergé. —
Les Pourquoi du peuple à ses représentants,
à leur retour de V Assemblée; Paris, 1791 , in-8° :
le but de cette brochure était de démontrer
qu'en parlant beaucoup d'économies , on avait
réellement augmenté les dépenses , et que les
impôls étaient presque doublés depuis la révo-
lution; — Le Dîner du Grenadier à Brest;
Paris, 1792, in-8° : c'est un dialogue en style
picard contre la constitution du clergé ; — La
Table d'Hôte à Provins, ou la croisée des di-
ligences; ibid. : ce pamphlet traite du même
objet que le précédent et affecte le même lan-
gage; — Frécis historicité de la vie de
Louis XVI et de son martyre, suivi du Pré-
cis historique de l'horrible assassinat de son
auguste épouse; Neufchâtel, 1793, et Besançon,
1821 ; — La Rencontre imprévue, ou le souper
de l'auberge de la Cigogne à Bâle, dialogue
politico-tragi-comique; Neufchâtel, 1793, in-8°;
— Le meilleur des Almanachs pour 1794,
in-4° ; — Les Fruits de l'arbre de la liberté
française en Suisse; 1798, in-8°; — Adresse
des Requins de la Méditerranée au Direc-
toire exécutif; Constance, 1798, et Paris 1799
in-S"; — La France à ses enfants; Bâle (Be-
sançon), 1814, in-8° ; — Le Cri de la vérité sur
les causes de la révolution de 1815; Besançon,
1815. Cet écrit a été attribué à tort à Fenouillot
de Lavans. A. Jadin.
Fauche-Borel, Mémoires, 1,277, et !!> passim. — f^er-
sailles, Paris et la Province, 11, 263. — Archives du
Rhône, IV, 79. — Brunet, Manuel du Libraire. — Do-
cuments particuliers.
* FENSONï ( Giambattista), jurisconsulte
italien, né à Faenza (Romagne), vivait vers 1590.
Il fut d'abord attaché au cardinal Borghèse, puis
investi d'un emploi dans la judicature romaine.
Il a composé des Commentaires sur les cou-
tumes de Rome et quelques autres ouvrages de
jurisprudence.
Victor Rossi, Elog. Fensonii, dans. la Pinoth. imag.
illust., cap. XXVlli.
FENTON (Edward), navigateur anglais,
né dans le Nottinghamshire, vers 1 550, mort à
Deptford, en 1603. Fort jeune encore, il réalisa
le petit patrimoine que lui avait laissé sa famille,
et prit du service dans les troupes anglaises en-
voyées pour réduire les Irlandais. Il se distin-
gua en diverses occasions. En 1576, lorsque
Martin Frobisher, de retour de son premier
voyage au nord-ouest, organisait une compa-
gnie ayant pour but la recherche d'une commu-
nication entre les mers du Nord et du Sud et un
moyen rapide d'arriver à la Chine et aux Indes ,
Fenlon s'intéressa dans cette entreprise, y ob- ;
tint le second grade et le commandement du Ga-
fcrie/, navire de vingt-cinq tonneaux. L'expédition
rtartit d'Harwich le 31 mai 1578; on découvrit le
349 FENTON ■
20 juin le Groenland occidental, auquel on donna
[enom à' Angleterre occidentale; le 9 août on
atteignit, par 63° de lat. septentrionale , le dé-
troit qui a consef'vé le nom de Frobisher; mais
les glaces et les tempêtes empêchèrent la flottille
anglaise de pénétrer plus avant; le 31 août on dé-
:ifhi le retour (1). Une nouvelle tempête dispersa
IV'\pédîtion, et fit périr trois de ses bâtiments de
harge. Fenton, séparé d&son chef, atteignit pé-
jiblcmentBristoi, sur la fin de septembre. Ce mau-
vais succès ne le rel^uta pas ; il prit part à une
louvelle entreprise dans le même but et dans
les mêmes })arages; le résultat ne fut pas plus
heureux. Fenton persista néanmoins dans sa
croyance d'un passage au nord, et obtint du con-
seil privé le cotrrmandement d'une troisième ex-
pédition; mais cette fois il devait chercher le
passage par l'Amérique. Il devait aussi explorer
la me)' du Sud, et quoiqu'on ne fût pas alors en
■^uerre ouverte avec l'Espagne, il était autorisé
tacitement à faire tout le mal possible à cette
puissance. Fenton appareilla au printemps de 1582
avec quatre bâtim.cnts bien armés et montés par
des équipages nombreux et déterminés, li se
dirigea sur le firésii pour gagner le détroit de
Magellan ; mais, ayant appris que les Espagnols le
guettaient et tenaient en force ce passage, il re-
lâcha à San-Vicenfe, où il attaqua trois vaisseaux
de gueiTe espagnols, qu'il prit ou brûla. Content
de ce résultat, qui était probablement le but réel
de l'expédition, il revint dans sa patrie en mai
1583, et y reçut un brillant accueil. En 1588 il
commanda le vaisseau The Antilope, et se dis-
tingua par ses talents et sa bravoure dans les
divers combats livrés contre la fameuse armada
(îspagnole. La guerre terminée, Fenton finit ses
jours dans la retraite. Son gendre Richard, comte
de Cork , lui fit élever un monuinent à Dept-
ford. A. RE L.vcAzi:.
WavXiwyt, Pilçirims. — liioçi. ISrit. — l\izos,, Cycl. —
l'"uller, JForthies.
FENTON (Elijah ),poëte anglais, né à Shelton,
le 20 mai 1683, mort le 13 juillet 1730. Il fit de
bonnes études au collège Jésus à Cambridge, et
accompagna ensuite en Flandre, comme scci'é-
taire, le comte Charles d'Orrery, avec qui il re-
vint en Angleterre en 1705. 11 remi)Iit alors di-
verses fonctions dans l'enseignement à Lea-
therbead et à Sevenoak. Accueilli par le célèbre
Saint-Jean (Bolingbroke ), il était sur le point
d'avoir quehfue place importante, quand un chan-
gement d'administration fit tout avorter et laissa
Fenton endetté. Heureusement que son premier pa-
tron, lord Orrery, lui confia l'éducation d'un fils,
âgé alors de sept ans. Six ans plus tard, Fenton
entra en relation avec Pope, qui, ayant entrepris,
après l'immense succès de sa version de V Iliade,
do traduire aussi V Odyssée, prit des auxiliaires.
Il se réserva la tiaduction dedoir/.e chants, et ré-
partit les autres entre Teuton et Broome. Au rap-
port de Johnson et de Warton, ce fut Fenton qui
(1) Voir poui- )PS détails de ce voyage l'art. Frobisher.
- FENYES 350
traduisit les premier, quatrième , dix-nenvième
et vingtième chants de cette épopée. Selon Or-
rery, Fenton aurait contribué à l'oeuvre dans une
plus grande proportion, sans avoir eu beaucoup
à se louer de Pope, dont il vantait peu le ca^ur
et à qui il appliquait ces paroles de l'évêque At-
terbury : Mens curva in corpore curvo. Quoi
qu'il en soit de ces i-apports entre le poète et ses
traducteurs, ceux-ci s'acquittèrent de cette
tâche avec un tel zèle qu'on ne put pas distinguer
leur version d'avec celle de Pope. Une tragédie
intitulée Marianne, que Fenton fit représenter
en 1723, eut le plus grand succès, et lui rapporta
plus de mille livres ; ce qui lui permit de payer
enfin ses dettes. L'œuvre de Fenton avait un
mérite réel, quoiqu'elle fût empreinte d'un peu
de recherche. En 1727 Fenton donna une édition
des Poèmes de Millon, qu'il fit précéder d'une
élégante et impartiale biographie du grand
poète. En 1729, il publia une magnifique édition
des Oiuvres de Waller. La fin de sa vie s'écoula
paisiblement au sein d'une famille oir il était pré-
cepteur. Outre les ouvrages cités, on a de lui :
Bliscellaneous Poems ; \1\1. V. R.
.lolinson et Chaliners, Pocts. — PAog. lirit. — lîowle ,
Edition of Pope. — Centl. niCKjaz., LXI, LXIV.
FKNTON ( Geqffrey, sir), frère du précédent,
homme politique, polygraphe anglais, mort à Du-
blin, le 19 octobre 1608. Il reçut une éducation
soignée. Outre les langues anciennes, dans les-
quelles il était versé, il savait l'espagnol , l'ita-
lien et le français. Il quitta l'Angleterre pour aller
servir dans l'armée de la reine en Irlande. Parti-
culièrement protégé par Arthur Grcy, lord dé-
puté de ce pays, il fut nommé membre du con-
seil privé. Il usa de sa position pour conseiller à
Elisabeth l'application d'une i)olitique équitable
à l'Irlande, et la reine avait souvent recours aux
conseils de Fenton, (jui prévînt plus d'une rébel-
lion et gagna à la couronne d'Angleterre plus
d'une province irlandaise. On a de hii : T/w His-
tory of tlie Wars of ltaly_, by Gtùcciardini;
1579 : ouvrage dédié à la reine Elisabeth; —
Certain tragical Discourses , written ouf of
frencfi and latin; 1567, in-4°, et 1579; — Goï-
den Epis lies; c'est un recueil d'œuvres de di-
vers auteurs, notamment de Guevarra; — 3ton
heur viendra; 1577.
Biog. Brit. — Warton, Hist. of Poetry. — Lloyd ,
Trort/iies.
* FENTES (Alexis), géographe et statisticien
hongi'ois, né à Csokaj, en 1S07. 11 étudia à De-
breczin, Grosswardein et Preshourg , fut avocat
en 1829, et siégea comme ablégat à la diète de
Presboui'g de 1830. Rendu à la vie privée, il s'oc-
cupa exclusivement des études géographiques et
statistiques, surtout en ce qui concernait la Hon-
grie, qu'il parcourut pendant plusieurs années. En
1836, il s'établit à Pesth, y devint directeur de la
Société Industrielle, président du l{ridi/,all;oer,
référendaire de la Société d'Économie politique,
enfin rédacteur de deux journaux d'industrie :
851 FENTES
Vismerteioe et le Hetilap. Fenyes fut nommé
chef de la section de statistique au ministère hon-
grois de l'intérieur en t848 et président du tri-
bunal de guerre à Pesth en 1849. A l'issue des
troubles dont la Hongrie fut le théâtre, il rentra
dans la vie privée, etreprit ses travaux géographi-
ques, qui contribuèrent beaucoup aux pi'ogrès de
la Hongrie dans cette branche de la science. On a
de lui : 3Iagyarorszagnak\<i a hozzd kapcsolt
tartomdnyoknak mostani allapotja statis-
tikai's geographiài tekmtetben (État de la
Hongrie et des pays circonvoisins sous le double
rapport géographique et statistique) ; Pesth, 1839-
40, 6 vol. Cet ouvrage obtint un prix académique
de 200 ducats; — Magya 7-orszàg' statisti-
kaja (Statistique de la Hongrie); Pesth, 1842-43,
3 vol. ; — Kôzônségés kézi's iskolai atlasz
(Atlas manuel et général des écoles) ; Pesth, 1845.
Conversât.- Lexili.
* FEO (Francesco), compositeur italien, né
à Naples, en 1699. Il eut Dominique Gizzi pour
maître, et étudia à Rome le contre-point sous
Pitoni. Il composa ensuite son premier opéra,
Ipermnestra, que le public applaudit. De 1728
à 1731, il composa trois autres opéras. Revenu à
Naples en 1740, il y prit la direction de l'école
de chant. Ses œuvres ont de la correction et
beaucoup d'expression. Outre ses opéras, il
composa des Psaumes, des Blesses, entre autres
une Messe à dix voix, un Oratorio, des Litanies
et un Requiem.
Conversat.-Lexik.
* FEO (Frà Antonio), prédicateur portugais,
mort en 1627, à Lisbonne. Ses succès lui acqui-
rent une grande célébrité dans tout le Portugal,
alors occupé par les Espagnols. H fut appelé à
Madrid, où il obtint d'éclatants succès. On a de
lui , outre le recueil de ses Sermons, un Traité
des Fêtes de V Église et un recueil des Vies des
Saints. Ch— p— c.
Bonterwek, Hist. de la Littérature espagnole etpor-
tuyaUe. — Em. Lefranc, Hist. critique de la Littérature
portugaise.
FER {Nicolas DE ), graveur et géogi-aphe fran-
çais, né en 1646, mort le 15 octobre 1720. Il avait
parcouru les principales contrées de l'Europe, et
mourut géographe du roi. Peu de géographes ont
autant travaillé que lui : malheureusement son
exactitude ne fut pas toujours en rappoi't avec sa
fécondité, et beaucoup de ses cartes ne durent
leur succès qu'aux ornements et aux dessins ingé-
nieux dont elles étaient accompagnées. Son œuvre
compte plus de six cents planches , parmi les-
quelles on distingue : La France triomphante
sons le règne de Louis le Grand, 6 feuilles,
1693, 1747, 1701 . Cette carte est chargée de plus
de deux cents cartouches , où se voient les por-
traits des rois , tirés des médailles, des tom-
beaux, des anciens monuments , etc.; — Plu-
sieurs Cartes de la France, avec ses routes et
le plan des principales villes; Paris, 1698,
1726, 1730, 1755, 1760 et i7&3; — La France
diinsée par généralités; Paris, 1718; — Les
FER
3.52
Postes de France et d'Italie; Paris, 1700, 1728,
1761 ; — Les Côtes de France sur l'Océan et
la Méditerranée avec leurs fortifications ;
Paris, 1695 ; — Les cartes des diverses provinces
de France : Alsace (1691); Berry , Nivernais,
Beauce, Sologne ( 1713 ) ; Bourgogne , Bresse,
Bretagne (1713-1760); Champagne (1710);
Dauphiné (1693-1760); Flandre française
(] 593) ; Franche-Comté (1689); Guyenne, Sain-
tonge, Gascogne (1711-1760); Ile-de-France
( 1668); Languedoc, Lorraine, Barrois, Trois-
Évêchés , Lyonnais, Forez, Beaujolais, Bour-
bonnais, Soissonnois (1713-1760); Maine,
Anjou, Touraine ( i7i3-i7 GO); Normandie
(1710-1760); Picardie et Artois {i709) ; Poitou
et Aulnis (1737-1740); Proi;ence (1708-1760) ;
Rousslllon (1706-1760); Angoumais, Marche,
Limosin ( 1711 ) ; quelques-unes de ces cartes
comprennent plusieurs feuilles et la plupart ont eu
plusieurs éditions. — Cartes des principaux cours
d'eau de la France, entre autres : la Moselle, la
Saare, V Oise, V Aisne, la Somme (3 feuilles,
1697 ) ; le canal d'Orléans et de Briare (1697}; '
le canal du Languedoc (1669, 1712, 1716);
le Rhin ( 1691-1702 ), etc.; — la France ecclé-
siastique (1674-1714) et les cartes des prin- '
cipaux diocèses : Yévêché d'Angers (1697);
Varchevêché de Paris ( 4 feuilles, 1714 ) , etc.;
— les plans et descriptions de quelques villes
de France ; Bourges, Dijon, Doua y. Fontaine^ '
bleau, son château etsaforét ; — Paris (1701), I
ses environs (4 feuilles, 1090-1764); Versailles,
ses jardins, ses fontaines et ses bosquets^
(1700); — les Cévennes (1705); — ■ lesfron- '
tières de France et d'Espagne ( 1694 ); le
Comté de Nice, le Marquisat de Saluées, la
Principauté de 3Ionaco,le Piémont, le Mont- '
ferrât, la Savoye, le Palatinat, V Électoral de
Mayence (1689); les dix-sept provinces des
Pays-Bas (5 feuilles, 1691-1762); la Flandre
espagnole {1&9&), etc.; — Histoire des Rois de
France, depuis Pharamondjusqu' à Louis XV;
Paris, 1722, in-4'' : c'est simplement une col-
lection de portraits, avec des notices très-abré-
gées. De Fer a publié aussi différents jeux ins-
tructifs ; tels sont ceux des Constellations , des
Métamorphoses, des Nations , des Rais de
France, etc., et une Intraduction à la Géo-
graphie; Paris, 1708, in-12.
Journal de yerdun, août 1722. — Leiong, Bibliothêqt/e
historique de la France, t. I, Il et IV. — Lenglet-Dufres-
noy, Itléthode pour étudier la géographie. — Ephémé-
rides géographiques ; Weimar, 1803.
FEB DE LiA NOUÈRRE (De), hydrographe et
économiste français , né vers 1740, mort vers
1790. 11 était capitaine d'artillerie, servit long-
temps dans les colonies , et prit sa reti'aite vers
1770. Il devint ensuite inspecteur des ponts et
chaussées, et compta parmi les membres des
académies de Dijon et de Turin. 11 s'occupait
particulièrement des améliorations à apporter
dans les moyens de circulation par terre et par
eau ; ses plans, démontrant des économies possi-
353 FÊR —
blés et importantes, renconti'èrent de vifs adver-
saires parmi les ingénieurs du gouvernement
et dans les bureaux des ministres; aussi les
propositions de De Fer restèrent-elles sans ré-
sultats. C'est ainsi qu'ayant obtenu, le 3 novem-
bre 1787, la concession du canal destiné à
amener les eaux de l'Yvette à Paris , il ne put
^réussir à faire exécuter les travaux nécessaires,
et abandonna son privilège en 1790. De Fer,
entre autres projets , avait soumis au comte
de Provence , frère de Louis XVI et depuis
Louis XVIII, les plans et devis d'un canal qui,
réunissant les deux petites rivières de l'Eure et
du Loir, arroserait le parc de Versailles, puis se
prolongerait jusqu'à Rouen, faisant ainsi de Ver-
sailles un entrepôt commercial important (1).
En 1785, il avait également proposé la cons-
(iiiction d'une écluse destinée à maintenir les
3aux de la Seine à un niveau permanent et
:onvenable pour la navigation. On a de De Fer ;
Mémoire sur la théorie des écluses; Paris,
1780; — Mémoire sur le pont de Neuilly ;
lans le Recueil de V Académie des Sciences,
anvier 1783; — Mémoire sur le projet d'à-
nener à Paris les eaux de l'Yvette; même
ecueil, mars 1783; — La Science des Ca-
aaux navigables, ou théorie générale de
'sur construction ; l'&ns, 1786, 2 vol. in-8°,
ivec cartes ; Réflexions sur le projet de l'Y-
;etfe ; Paris, 1786, in-8° ; — Nouveau Mémoire
mr le canal de l'Yvette; Paris, 1790, in-4°;
~ Mémoire sur la navigation de la Seine,
ur les gares et stir les travaux de charité ;
>aris, 1790, in-4° . ■
Dictionnaire biographique et pittoresque.
*FERA {Bernardino) , peintre de l'école
apolitaine, florissaiten 1700. Élève deaSolimène,
I se fit connaître par des fresques et par de
randes compositions peintes en détrempe. Il
ut un frère qui fut également peintre et élève
u iiième maître ; mais Dominici ne nous en pas
ansmis le prénom. E. B — n.
Dorninici, Fite de' Pittori NapoUtani. — Orlandi, 1
Ibbecedarie. j
*FERABOSCo (Pie^ro), peintre italien , vi- |
ait en 1616. On le croit de Lucques, quoiqu'il [
ppartînt à l'Académie de Rome, où peut-être
fit ses études; cependant son brillant coloris,
ans le genre du Titien, a plutôt du rapport avec
<'('j1o. vénitienne. Il passa lapins grande partie
>t sa vie en Portugal. On trouve en ce pays
liisieurs des productions de Ferabosco, entre
utres trois demi-figures qui portent la date
>■ 1616.
Piotro Guarienli, contin. de VAbbecedario pittorico
(î î'ellegrino Orlandi. — Lanzi, Storia pittorica, !, 331.
l'ERABOSCO. Voy. FORABOSGO.
FKRALDO (Raymond). Voyez Feraudi.
FKRANDiÈRE. Voycz La Férandière.
(1) Uéjà.sous Louis XIV, il avait été question d'amener
Kiiro à Versailles : les plans avaient été dressés et
iiL'IquL's déblais commencés. Les nécessités de la guerre
"piil. abandonner ces travaux.
NOCV. BIOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
FERAUDI 354
FÉRAUD (Je«w-Fm«çoi.s), philologue fran-
çais, né le 17 août 1725, à Marseille , mort dans
cette ville, le 8 février 1807. Destiné à l'état ec-
clésiastique , il étudia la théologie sous les jé-
suites, au collège de Belsunce. Dès qu'il eut reçu
les ordres, il se livra à la prédication, mais n'y
obtint que de médiocres succès ; il donna bientôt
une autre direction à ses travaux, et il fit pa-
raître le Nouveau Dictionnaire des Sciences
et des Arts, etc.; Avignon, 1753, in-8° : cet
ouvrage était regardé comme un supplément au
Dictionnaire de V Académie. Plus tard, il pu-
blia un Dictionnaire général de la Langue
Française; Avignon, 1761, in-8°. II en a paru
plusieurs éditions ; la 5^ est de 1786, 2 vol. in-8».
Enfin, on a de lui wn Dictionnaire critique de
la Langue Française, 1787-1788, 3 vol. in-4°.
Féraud avait travaillé longtemps à un traité de
la langue provençale; mais ses manuscrits ont
été détruits ou égarés. Forcé d'émigrer, il alla
en Italie pendant la révolution, et ne revint à
Marseille qu'en 1798. Malgré son âge et ses in-
firmités, il tint avec assiduité, pendant plusieurs
années, des conférences religieuses dans l'é-
glise de Saint-Laurent. Il mourut dans la plus
profonde misère. La deuxième classe de l'Ins-
titut l'avait mis au nombre de ses correspon-
dants. GUYOT DE FÈRE.
statistique morale de la France ( dép. des Bouchcs-
du-Rhône).
FÉRAUD. Voy. Ferradd.
FERAUDI DE THOARD (iJaz/mowtZ), trouba-
dour provençal, mort vers 1324. Il appartenait
à l'ancienne famille de Glandevès. Sa jeunesse
fut fort agitée. Il suivit d'abord Charles 1er d'An-
jou à la conquête du royaume de Naples, et se
fit assez remarquer par sa valeur pour être admis
au nombre des cent chevaliers qui devaient com-
battre en champ clos, avec ce prince, contre
Pierre d'Aragon. Plus tard, après avoir suivi Ro-
bert, dit le Sage, duc de Calabre, Feraudi vécut
à la cour de Charles II, roi de Naples et comte
de Provence. Il était alors fort estimé de la
reine Marie de Hongrie. Devenu amoureux de la
dame de Curban, l'une des présidentes de la cour
d'amour de Provence, il l'enleva du château de
Romanie, et passa dans son intimité de douces
années. L'âge ayant éteint les feux des deux
amants, d'un commun accord ils embrassèrent
l'état monastique. Feraudi, après avoir brûlé
toutes ses poésies mondaines « pour ne donner,
dit Nostradamus, mauvais exemple à la jeu-
nesse, « obtint de Marie de Hongrie un prieuré
dans l'île de Lérins ; et la dame de Curhan prit
le voile dans un couvent de Sistéron. Feraudi ne
renonça pas pourtant à la gaie science, car il
composa, vers 1309, plusieurs pièces de vers en
l'honneur de Robert le Sage, devenu roi de
Naples et de Sicile. Il avait précédemment dédié
à Marie de Hongrie une traduction en vers pro-
vençaux de la Vie de saint Andronic de Hon-
grie (plus connu sous le nom de saint Honorât),
12
t'55 FERAUDI — FERBER
premier abbé et fondateur de'Lérins. Cette tra-
duction se trouve parmi les manuscrits de la
Bibliothèque impériale de Paris. C'est le seul
des ouvrages de Feraudi qui soit parvenu jus-
qu'à nous ; il est suivi d'un fragment de sonnet.
A. Ja-din.
Chronigue dite du Moine des îles cPOr. —• Nostrada-
raus. Histoire de Provence, 8« partie, p. 870.
* FÉRAULÏ OU PEBBAULT ( et non pas PEB-
RAND) (Jean), jurisconsulte français, né à
Angers, vivait en 1515. Son père fut successive-
ment garde de la monnaie, échevin, puis maire
de la ville d'Angers en 1450 et 1451. Jean
Férault lit ses études dans sa ville natale, lut
reçu licencié en droit, et devint en 1509 con-
seiller du fisc et procureur du roi au Mans.
On a de lui : Tractatus jura seu privilégia
oMqua reijni Franciae continens ; la première
édition de cet ouvrage est en lettres gothiques,
sans date, mais publiée avant 1515- Cette pre-
mière édition fut dédiée au roi Louis XII « ut
notes, dit Du Moulin, barbariem et imperitiam
temporis ». On en possède d'auti-es éditions de
Paris, 1545 et 1555, in-8'*; le Tractatus jura
est aussi imprimé dans le Stylus Parlamenti,
1550 et 1558, où il occupe la partie IV ; dans le
t. XVI des Tract. Juris, Venise, 1584, in-fol.;
et dans le t. II des Œuvres de Du Moulin,
p. 535, Paris, 1661, in-fol. Cet ouvrage est le
même quaje suivant, qui est néanmoins men-
tionné comme différent par beaucoup de biblio-
graphes : Insignia peculiaria christïanissimi
Francorum regni numéro viginti, seu totidem
illustrissimse Francorum coronse prœrogu'
tivœ ac prxeininentise ; Paris, 1520, in-8°; — i
on a aussi de Férault une Topographie du \
Duché de Bourbonnais , in-fol., restée en ma-
nuscrit à la Bibliothèque impér., n" 9865.
Lclong, Bibl. hist. de la France, t. I, n" 2192; t. H,
il» 26794; t. III, n° 37481 bis; t. Il, et IV, n° 26884. —
Dom Liron, Singularités historiques, t. Ill, p. 389. —
Catalogue de la Bibliothèque impériale.
FERBER {Jean- Jacques) , minéralogiste
suédois, né à Karlskrona, le 9 septembre 1743,
mort le 12 avril !790. Élevé avec soin par son
père Jean-Henri Ferber, assesseur au Collège
royal de Médecine^ il fut lui-même destiné à étu-
dier l'art de guérir. Cependant il avait un goût pro-
noncé pour la minéralogie, goût qu'il contracta ,
dit-on , après avoir assisté aux travau.\. chimi-
ques d'Antoine Schwaab. Les leçons de Wallerius,
de Kronstedt et de Linné, qu'il suivit a Upsal
en 1760, ne firent qu'accroître sa passion. Logé
dans cette ville chez Mallet, il étudia, sous la
direction de ce savant , les mathématiques et
l'astronomie. Puis il se lia avec Bergmann,
dont il publia plus tard la Sciagraphia Regni
Miner alïs. En 1763 il se rendit d'Upsal à
Stockholm, où il fut attaché au Collège des Mines,
visita les provinces suédoises, riches en gîtes
métalliques, et revint à Karlskrona pour y tra-
vailler au Diarium Florx Carolicoronensis. Il
commença ses voyages en 1765, séjourna à
356
Berlin pour y étudier la chimie sous Pott et
Markgi'af, s'arrêta quelque temps à Leipzig, vi-
sita les mines de l'Italie, du Harz, du Palatmat,
de la Bavière, du pays de Nassau, de l'Autriche,
de la Bohême, de la Hongrie, vint en France, alla
en Hollande, en Angleterre , où il étudia la situa-
tion des mines des comtés de Derby et de Cor-
nouailles. Revenu en Suède, il devint, en 1774,
professeur d'histoire naturelle et de physique à
Mittau. En 1781 , sur la demande du roi de
Pologne, il fit un voyage minéralogique dans ce
pays. Deux ans plus tard il accepta une chaire
d'histoire naturelle que lui offrait l'impéi'atrice
Catherine II. Ne pouvant supporter les rigueurs
du climat, il refusa la direction des mines de la
Sibérie. En 1786 il passa au service de la Prusse.
En 1788 il entreprit un nouveau voyage dans le
pays d'Anspach , le duché de Deux-Ponts , ia
Suisse et la France. En 1789 il se rendit en
Suisse, sur l'appel des magistrats, pour y amé-
liorer l'exploitation des mines. Il succomba à une
attaque d'apoplexie qui le surprit pendant une ex-
cursion dans les montagnes. Ferber fit d'exactes
et précieuses observations en minéralogie. Ses
ouvrages contribuèrent aux progrès de la géo-
graphie physique du globe. Les principaux sont :
Dissertatio de prolepsi 2)lantarum; Upsal,
1763, in-4°; — BrieJ'eaus Wclschland iieber
natuerliche Merkivuerdigkeïten dièses Lan-
des, etc. ( Lettres écrites d'Italie sur les curio.si-
tés naturelles de ce pays, etc.) ; Prague, 1773, !
in-S". Ces lettres ont été traduites en français |j
par le baron de Dietrich ; Strasbourg, 1776, in-S".
Ce traducteur améliora et rectifia l'original. Elles
ont été traduites en anglais par R.-E. Raspe ; Lon- j,
dres, 1776, in-8"; — Betjtraege zu der Mine- i
ralgeschichte von Boehmen (Mémoires sur
l'histoire minéralogique de la Bohême ) ; B(îrliii, ,
1774, in-8°; — Beschreibung des Quecksilber'
bergwerks zu Idria (Description des Mines de^
Mercure d'Idria) ; Berin, 1774, in-8"; — Ver-
such einer Oryktographie von Derbyshire in :
England ( Essai d'un Oryktographie du Der-
byshire en Angleterre ) ; Mittau , ] 776, in-B" ;
— Bergmànnische Nachrichten von der.
mineralischen Merkiouerdigkeiten der her-
zogl. zweybriieckischen , Churpfaelzischen ,
Rlieingrœflichen und Nassauischen Laender
( Rapports de Bergmann sur les Curiosités mi-
néralogiques du duché des Deux-Ponts , du
Palatinat, des pays du Rhin et de Nassau);
Berlin, 1776, in-8° ; ~ Neue Beytraege zur
Mineralgeschichte (Nouveaux Mémoires pour
l'histoire des Mines) ; 1778, in-8°; — Physifsa-
Usch - meiallurgische Abhandlungen uebeï
die Gebirge in Vngarn, etc. (Dissertations phy-
sico-métallurgiques sur les montagnes de la'
Hongrie, etc.; Berlin, 1780, in-8"; — Nachrich-^
ten vom Anquiken der gold-und silberhal-
tigenFrze, Kuffersteine etc., in Ungarnund
Boehmen,nack eigenen Berner kungen daselbst
(Notice sur l'affinage des minerais aurii'è!e.s. etc.,
357 FERBER —
tle la Bohême, etc. ) ; Berlin , 1787, in-S" ; Leipzig
ctVienne, 1787, in-8° ; — Untersuchung cler
Hypothèse von der Verivandlung der mine-
ralischsn Kœrper in einander (Essai sur
l'hypothèse de la transmutation des corps ) ;
Berlin, 1788, in-8'', et dans les Nova Acta
de l'Académie de Saint-Pétesbourg : Ferber
se prononce dans ce mémoire contre cette
hypothèse; — Drei JBriefe miner alogischen
iJnhalts (Trois lettres dont le sujet est rainéra-
I logique); Berlin, 1789, in-8"; — Mineralogh
sche und metallurgische Bemerkungen in
Neufchâtel, Franche-Comté und Bourgogne
( Observations minéralogiques et métallurgiques
faites à Neufchâtef , dans la Franche-Comté, et
ou ISourgogne); Berlin, 1789, in-S"; — Nach-
richten und Beschreibungen einiger che-
itaischen Fabriken, nebst J.-Chr. Fabricius
I mineralogischen und technologischen Be-
I merkungen auf einer Reise durch verschie-
dene Laender in England und Schottland
( Observations minéralogiques et technologiques
recueillies durant un voyage dans diverses con-
trées de l'Angleterre et de l'Ecosse); Haiber-
stadt, 1793, in-8° ; — Zusaetze zu einem
Ver.mch einer Naturgeschichte von Liejland
(Appendices à l'Essai sur l'histoire naturel le delà
Livonie par Fischer) ; Riga, 178'}, in-SOj avec des
annotations relatives à la géographie de la Cour-
lande; — des observations dans divers recueils,
notamment sur le Solfatare; en itaUen, dans les
Notizie sopra le acque acidulé medicinali ,
scoperte net Monti di Arzignoro ; Padoue,
1774, in-8o;~ le catalogue des principales mines
de la Bavière et du haut Palatinat; dans le iVa-
turforscher ; — la description des gisements du
lapis-lazuli ; dans les Mémoires de la Société
d'Histoire naturelle de Berlin, 1786.
Schlichtegroll. ?iékrolog. auf clas Jahr 1790. — Salz-
raann, Denkwnerdigkeiten aus dem. Lebeu ausgezei-
chneter Teutschen des 18« Jakrhund. — Meusel, Lexih.
der vom Jalire 1750-1800 verstorbenen Tentschen
Schriftsteller. — A.-J.-L. Jourdan, dans la [iiog. médicale.
FERCHAITLT DE RÉAUMCR. Voy. RÉAUMUR.
FERDINAND (1), nom commun à un grand
nombre d e souverains (empereurs,rois,ducs, etc. ) ,
classés ci-dessous par ordre alphabétique des
pays sur lesquels ils ont régné ; les princes non
souverains sont classés dans la seconde caté-
gorie.
I. Ferdinand princes souverains.
FERDINAND i^"^, empereur d'Allemagne, roi
de Bohême, de Hongrie et des Romains, landgrave
et landvogt d'Alsace , second (ils de Philippe le
Beau, archiduc d'Autriche et roi de Castille,etde
Jeanne la Folle, reine d'Aragon et de Castille, né
à Alcala de Henarès, le 10 mars 1503, mort h
Vienne, le 25 juillet 1564. A la mort de son père,
en 1506, il fut élevé sous les yeux et par les
(i) On ne connaît pas au juste l'étymologie du nom
de Ferdinand, qui semble ôtre déBivé de verdienen et
Mgnllier méritant, mais que d'autres expliquent diffe-
reimncnt, tout en ne contestant pas cette élymologie.
FERDINAND 358
soins de son grand-père Ferdinand V, dit le Ca-
tholique, roi d'Aragon et de Castille. Envoyé
ensuite aux Pays-Bas , il y reçut les leçons du
célèbre Érasme. A la mort de l'empereur Maxi-
milien I^'^, il eut en partage les provinces autri-
chiennes et le landgraviat de la haute Alsace.
Lorsque son beau-frère, Louis H le Jeune, roi
de Hongrie, eût péri à la bataille de Mohacz
contre les Turcs , Ferdinand lui succéda : il lut
reconnu roi de Bohême le 24 février 1527, et de
Hongrie le 28 octobre suivant. C'est à dater de
cette époque que la Bohême et la Hongrie furent
considérées comme parties intégrantes de i'Em-
pire. Toutefois, la possession de la Hongrie
fut vivement disputée à Ferdinand par le pré-
tendant Jean Zapolya, que soutenait Soliman H.
Le sultan, après s'être avancé jusqu'aux fron-
tières de la Styrie, fut d'abord repoussé par
Nicolas Jarissiz , puis forcé à la retraite par
une diversion d'Andréa Doria {voy. ce nom).
L'éloignement de Soliman ne fit pas cesser les
hostilités entre Zapolya et Ferdinand; elles
durèrent jusqu'au traité de Gross-Wardein, en
1538, traité en vertu duquel Jean Zapolya de-
vait garder le titre de roi jusqu'à sa mort.
A ce moment , la guerre éclata de nouveau au
nom de Jean-Sigismond, son lils, et par suite
des menées de Maitinuzzi, prélat remuant et
ambitieux. La Turquie se mêla encore du con-
flit. Ferdinand eut recours au crime pour se dé-
faire de Martinuzzi, qui fut assassiné, le 19 dé-
cembre 1 5 5 1 .La guerre se continua plus vivement,
et ne finit qu'en 1562, après la conclusion d'un
armistice de huit années et d'un engagement
à payer tribut à Soliman. Cependant Ferdinand
ne jouit jamais paisiblement de la possession de
la Hongrie. Mécontent des traités, qui ne lui as-
suraient que la domination sur la Transylvanie,
Jean-Sigismond continua défaire des incursions
en Hongrie. L'étal de la Bohême n'était guère plus
calme que celui delà Hongrie. Lescalixtins et les
luthéi'iens y suscitaient des troubles. A peine
déhaiTassé de la guerre avec Soliman, Ferdinand
s'appliqua à l'énergique répression des sectaires :
il poussa les choses jusqu'à la persécution. Il
livra l'instruction publique aux Jésuites, et établit
une censure sur les livres nouveaux.
Roi des Romains dès le 9 janvier 1531, du
fait de Charles-Quint, Ferdinand devint empe-
reur d'Allemagne le 24 février 1558, par l'ab-
dication de son frère, qui ne put, comme il l'au-
rait voulu, assurer la coui'onne impériale à son
fils Philippe, auquel il avait déjà transmis de-
puis deux ans la monarchie espagnole. Mais
ce prince n'avait pas les sympathies de l'Alle-
magne. Trop âgé déjà lorsqu'il monta sur le
trône impérial d'Allemagne , Ferdinand ne put
réaliser tout le bien qu'il méditait. Il opérii
cependant quelques réfoimes utiles, réorganisa
le con.seil aulique, et, devenu plus tolérant à me-
sure qu'il avançait en Age, il .•<e constitua le dé-
fenseur de la liberté religieuse de ses sujets de-
13.
359
FERDINAND
Î60
vant le concile de Trente, qui s'était rouvert en
1562. Il acheta en 1558 pour cinquante mille flo-
rins la land vogtied'Âlsace,que Charles-Quint avait
rendue aux électeurs palatins. Depuis ce temps
les archiducs d'Autriche furent landvogts d'Al-
sace. Ce fut sous son règne aussi que la diète
d'Augsbourg de 1559 s'ociîupa du système mo-
nétaire en Allemagne. Ferdinand F'' mourut
après avoir fait élire roi des Romains, en 1562,
son fils Maximilien. f Enc. des G. du M., avec
add. ]
Ersch et Gruber, Allg. Enc.
FERDINAND II, empereur d'Allemagne, roi
de Hongrie et de Bohême, petit-fils du précé-
dent, naquit le 9 juillet 1578, et mourut le 15
février 1637. Il était fils de l'archiduc Charles
de Carinthie et de Styrie, et de Marie, fille du
duc de Bavière Albert III. Son père était le
troisième fils de l'empereur Ferdinand 1er. Dès
1617, son cousin Matthias, qui n'avait point
d'enfants , lui assura sa succession. Il devint roi
de Bohême en 1617, roi de Hongrie en 1618
et empereur en 1619. Il monta sur le trône
à une époque où la guerre de Trente Ans met-
tait en feu l'Allemagne et menaçait de renver-
ser la puissance de la maison d'Autriche. D'un
caractère sombre et taciturne, entièrement dé-
voué aux Jésuites, qui l'avaient élevé à Ingol-
stadt, adversaire déclaré de toute opinion qui
s'écartait de la doctrine proclamée au concile de
Trente, il différait essentiellement sous le rapport
religieux de ses prédécesseurs Ferdinand fer et
Maximilien II, et même de Rodolphe II et de
Matthias. Après avoir forcé à la retraite les Bo-
hèmes, qui assiégeaient Vienne sous la conduite
de Thurn , il sut se faire couronner empereur,
en 1619, malgré leur opposition et celle de l'U-
nion. Soutenu par la ligue catholique et par l'é-
lecteur de Saxe, Jean-Georges ler, il vainquit les
Bohèmes, chassa et mit au ban de l'Empire
l'électeur palatin Frédéric V , qu'ils s'étaient
choisi pour roi, et soumit les protestants aux
plus cruelles persécutions. Il expulsa les prédi-
cateurs de la réforme, força àémigrerdes mil-
liers de Bohèmes industrieux, rappela les Jé-
suites, et déchira de sa propre main la lettre
impériale de Rodolphe H. Pour prouver sa
reconnaissance auducdeBavière,Maximilien, qui
l'avait secondé dans la guerre, il le nomma électeur
palatin en 1622, en dépit des réclamations de
l'électeur de Saxe. Ses généraux, Tilly et Wallen-
stein, défirent Christiern IV, roi de Danemark ,
Christian duc de Brunswick-Lunebourg et le comte
deMansfeld. Les deux ducs de Mecklembourg,qui
avaient donné des secours au roi de Danemark,
furent mis au ban de l'Empire et dépouillés de
leurs États, dont Ferdinand investit Wallenstein,
pour le récompenser de ses services. Désireux
de se rendre maître du commerce de la Baltique,
il fit assiéger Stralsund, que les villes hanséati-
ques défendirent vaillamment. Son projet favori
cependant était l'extirpation du protestantisme.
Ce fut pour atteindre ce but qu'il publia, en
1629, \'édit de restitution. Tous les biens im-
médiats enlevés au clergé catholique par les pro- ,
testants devaient être rendus aux évêques et
prélats ; les réformés étaient exclus de la paix
de religion et les sujets protestants des souve-
rains catholiques devaient rentrer immédiate-
ment au giron de l'ÉgUse. Mais le renvoi de
Wallenstein , demandé unanimement par les
États de l'Empire, les menées de Richelieu, qui
faisait jouer tous les ressorts de la poHtique pour
donner à la France une influence prépondérante
en Europe et pour mettre des bornes à la puis-
sance de la maison de Habsbourg ; l'entrée de
Gustave- Adolphe en Allemagne, et la ligue que'
formèrent avec ce monarque les protestants, dont
les yeux s'étaient dessillés par suite du siège de
Magdebourg, oîi l'édit de religion devait être mis
à exécution; toutes ces circonstances vinrent;
arrêter Ferdinand dans la réalisation de ses
projets. Ce qu'il n'avait pu obtenir encore, il es-
pérait y parvenir après la mort de Gustave-Adol-
phe , et surtout lorsque son fils Ferdinand eut
battu à Nœrdlingue, en 1634, Bernard de Wei-
mar, et que la Saxe eut signé à Prague, l'année
suivante, une paix particulière avec lui. Mais l'ar-
restation de l'électeur de Trêves, enlevé par son
ordre et par celui de Philippe IV, roi d'Espagne,
parce qu'il avait demandé la protection de la
France et reçu garnison française dans ses places
fortes; cette arrestation, jointe au massacre
des soldats français par les troupes espagnoles,
donna à la France un prétexte pour déclarer la
guerre à l'Autriche et à l'Espagne. La Suède
put agir dès lors avec plus de vigueur. Baner
(voy. ce nom ) défit les Saxons unis aux Impé-
riaux près de Wittstock, en 1636, les chassa de
la Hesse, et Ferdinand mourut sans qu'il lui res-
tât même l'espoir que ses projets se réalisas-
sent un jour. [Ene. des G. du M., avec add.]
Ersch et Gruber, Alla. Enc.
FERDINAND III , empereur d'Allemagne, fils
et successeur du précédent, né à Grsetz, en 1608,
mort le 2 avril 1657. II avait été couronné roi'
de Bohême en 1625, roi de Hongrie en 1627, et'
se montra plus disposé à la paix que son père.
Ce qui contribua surtout à l'entretenir dans ses '
sentiments pacifiques , ce furent les défaites suc-
cessives que Baner et le duc Bernard de Wei-
njar firent essuyer à ses troupes. Cependant, la '
diète convoquée à Ratisbonne, en 1640, ne vou-
lut pas entendre parler de faire cesser les hosti- '
lités.L'écrit pseudonyme à'Hippôlytus a Lapide,
intitulé : Dissertatio de ratione status in Im-
perio nostro Romano-Germanico ; Stettin, 1640,
ne fut pas sans influence sur sa détermination. ;
Cet écrit, composé par le conseiller et histo-
riographe suédois Bogislav-Philippe de Chem- '
nitz, à l'instigation de l'électeur de Brandebourg,
avait pour but de prévenir les États contie une
paix qui aurait été d'autant plus funeste pour
l'Empire que les concessions faites à la France
361
leussent été plus grandes. Moins dévoué aux in-
térêts de l'Espagne et moins esclave des Jésuites
que son père, Ferdinand ni accorda des amnis-
ties à plusieurs États de l'Empire qui avaient
embrassé le parti suédois. Ce fut lui aussi qui
fil le premier des ouvertures de paix, dont les
préliminaires de Hambourg lurent le résultat;
mais il se passa bien du temps encore avant que
le congrès de Munster ctd'Osnabriick vînt pro-
clamer la paix générale. Pendant la tenue du
congrès, comme il n'avait pas été conclu d'ar-
mistice, la guerre continua avec diverses chances
de succès et de revers , jusqu'à ce que l'occupa-
tion d'une partie de Prague par les Suédois,
commandés par Wrangel, hâta la signature du
traité de paix par Ferdinand III.
Pendant qu'on en discutait les bases, l'empe-
reur avait fait élire roi d'Allemagne ou des Ro-
mains son fils Ferdinand IV, qui mourut en 1654.
Trois ans après, il le suivit dans la tombe , au
moment où il venait de conclure avec les Polo-
nais une alliance contre la Suède. D'importants
changements dans la constitution judiciaire de
l'Allemagne , changements décrétés par la diète
de 1653 à 1654, signalèrent son règne. Il encou-
ragea la musique , qu'il cultivait lui-même. On
lui doit quelques compositions, imprimées à
Prague, en 1648, par les soins de l'organiste de
la cour Wolfgang Ebner et dans la Musurgie de
Kircher, t. I. Il eut pour successeur son second
fils,LéopoldF''. {Enc. des G. du M., avec add.]
Erscli et Gruber, Jll(i. Enc.
* FERDINAND i'^'" (1) (Charles-Léopold- Jo-
seph-François-MarcelUn) , empereur d'Au-
triche, fils de François T*" et de sa seconde
épouse, Marie-Thérèse, l'une des filles du roi
Ferdinand IV, de Naples, naquit à Vienne, le
19 avril 1793. Ce prince eut une enfance mala-
dive , et son éducation fut peu soignée, d'abord
par suite de sa mauvaise santé, ensuite à cause
de l'incapacité de ses gouverneurs, dont le pre-
mier fut congédié le jour même de la mort de
l'impérati'ice mère de Ferdinand , et dont le se-
cond fut attaqué d'une maladie mentale avant
d'avoir terminé l'éducation de l'archiduc héritier.
On le remplaça par le maréchal comte de Belle-
garde, qui reçut le titre de Oberhofmeister,
(premier intendant ou grand-maître de cour) ; et
en 1832, lorsque le grand âge de ce gouverneur
exigea un nouveau mentor, on choisit le grand-
veneur comte de Hoyow-Sprinzenstein. La santé
du prince s'était raffermie ; mais son moral se
ressentit encore de sa première faiblesse phy-
sique , et peut-être aussi de l'état imparfait de
sa première instruction. En 1815, on le fit voya-
ger dans les États héréditaires de sa maison, en
Italie, en Suisse et dans une partie de la France;
les seules qualités qui furent remarquées en lui
partout , ce furent la bonté et la douceur de son
(1) L'iinipii'ïï d'Allemagne ;iyaiU été supprimé depuis
François 1" (en 1806), les empereurs d'Aulriclio ont
changé leur clîiffre dynastique.
FERDINAND 362
caractère. Son père, François 1", lui conféra le
grade de i'eld-maréchal impérial , et bientôt il ju-
gea prudent, à l'exemple de quelques-uns de ses
prédécesseurs , de faire couronner de son vivant
son fils en qualité de roi de Hongrie. Cette cé-
rémonie eut lieu en présence de la diète hon-
groise, le 28 septembre 1830; l'archiduc prit le
nom de Ferdinand V, rex junior de Hongrie.
Là 27 féviier 1831, il fut marié à la princesse
sarde Marie-Anne-Caroline , fille du roi Victor-
Emmanuel , née le 19 septembre 1803.
Par la mort de son père, le 2 mars 1835, Fer-
dinand se trouva appelé au trône à l'âge de qua-
rante-deux ans. On s'attendait alors à un chan-
gement dans le gouvernement autinchien , d'au-
tant plus que Ferdinand marquait beaucoup de
déférence pour un des archiducs ses oncles;
mais les personnes qui connaissaient mieux
l'esprit du cabinet autrichien furent persuadées
que son système, toujours le même depuis tant
de siècles , ne varierait point. Ferdinand ac-
corda en effet à M. de Metternich la même con-
fiance que son père lui avait témoignée, le laissa
régler les affaires de l'extérieur, tandis que la
politique intérieure resta absolument invariable,
ainsi que Ferdinand l'avait annoncé par sa pro-
clamation lors de son avènement. Cependant,
le 6 septembre 1838, date de son couronnement
comme roi de Lombardie, il promulgua une
amnistie générale pour les crimes et délits po-
litiques commis dans les provinces italiennes.
Sous son règne l'industine autrichienne prit un
essor inaccoutumé ; on améliora les routes , on
construisit des voies ferrées. Le soulèvement de
la Gallicie en 1846 amena l'incorporation de
Cracovie et de ses dépendances à l'empire. Lors-
que, à la fin de 1847, les agitations révolution-
naires commencèrent, l'empereur fit les conces-
sions commandées par les circonstances. Il con-
sentit, au mois de mars 1848, à la démission de
M. de Metternich, à la formation d'un ministère
responsable; enfin, il posa les bases d'une cons-
titution impériale. Les troubles qui éclatèrent
ensuite à Vienne l'obligèrent de se réfugier à
Inspruck avec sa famille. Revenu à Vienne au
mois d'août, il dut encore fuir cette capitale en
octobre. Venu à Olmiitz, il abdiqua le 2 décembre
suivant, en faveur de son neveu, le prince Fran-
çois-Joseph. Depuis lors Ferdinand vit retiré à
Prague. Ses occupations sont peu connues, et pa-
raissent toutes renfermées dans l'intérieur de son
palais. Il a montré du goût pour la technologie
et le blason. Son mariage est resté stérile.
Enc. des G. du M. — Conversât.- Lex.
FERDINAND n, landgrave d'Alsace et comte
de Tyrol, né le 14 juin 1529, mort le 24 janvier
1595. Il était second fils de Ferdinand F'", em-
pereur d'Allemagne, qui lui laissa en mourant
l'Alsace et le Tyrol (25 juillet 1564). Le règne
de Ferdinand n'offre aucune parhcularité digne
de remarque. Il accepta le calendrier julien ré-
formé par le pape Grégoire, et commença à i'exé-
363 FERDINAND
cuter dès le 17 novembre 1583, qui fut alors
compté pour le 27 ; mais Strasbourg et les pro-
testants d'Alsace refusèrent d'adopter ce chan-
gement, qui ne devint d'un usage général qu'en
1682, sur l'ordre positif de Louis XIV. Ferdi-
nand avait épousé en 1560 Philippine Welser
de Zinnenberg, morte le 24 avril 1580, laissant
de son mariage deux fils : Charles, margrave de
Burgau, et André, dit le cardinal d'Autriche ,
évêque de Constance et de Brixen. Ces deux
princes furent déclarés d'une filiation maternelle
trop inférieure pour succéder à leur père. La
seconde femme de Ferdinand IT, Anua-Catharina
de Gonzague, mariée en mai 1582, morte en
1620, ne laissa qu'une fille, Anna, qui épousa
l'empereur Matthias. Les biens de Ferdinand pas-
sèrent à ses neveux, qui étaient l'empereur Ro-
dolphe et ses frères.
Sedier, Univ. Lex. — Chronologie des Landgraves de
la haute Alsace , dans VArt de vérifier les dates , édit.
de 1819, t. XIV, p. 28.
*FERmNAND-CHARLES, dernier landgrave
de la haute Alsace, né le 17 mai 1628, mort à
Inspruck, le 30 décembre 1662. Il était fils de
Léopold IV, landgrave et landvogt d'Alsace et
comte du Tyrol. 11 succéda à son père sous la
tutelle de sa mère, Claudia de Médicis. Ce fut
pendant sa minorité que les Suédois, qui avaient
fait Ja conquête de l'Alsace, la cédèrent, par le
traité de Paris ( 1"' novembre 1634), au roi de
France, Louis XIII. En 1648, la paix de Munster,
et en 1659, celle des Pyrénées confirmèrent cette
cession. En compensation, Louis XIV, par un
traité passé le 16 décembre 1660, s'engagea à
payer à Ferdinand -Charles 3,000,000 de livres
tournois. Cette somme fut acquittée le 3 décem-
bre 1663 entre les mains de Sigismond-François ,
frère et héritier du landgrave. Dès lors l'Alsace,
le comté de Ferette et la landvogtie d'Haguenau
furent définitivement acquis à la France. Ferdi-
nand-Charles avait épousé, le 10 juin 1646, Anna
de Médicis, dont il n'eut pas d'enfants.
Traités de Paix, 111, p. 805-825. — Monglat, Mémoires,
p. 109. — Sismondi , //i.ïiciire des Français, t. XXIV,
p. 598. — Sedier, tiniv. Lex., au mot Alsatia.
*FERDïNAN»-R!ASiiE , électeur de Bavière,
né le 31 octobre 1636, mort à Schleisheim , le
26 mai 1679. Il était fils aîné de Maximilien F"",
électeur de Bavière, et de Marie- Anne d'Autriche.
1! succéda à son père, le 27 septembre 1651, sous
la tutelle de .son oncle Albert, landgrave de
Leuchtenberg et comte de Halle. Après la mort
de l'empereur Ferdinand III ( 1657 ), le comte de
Furstemberg , député de Bavière à la diète élec-
torale, brigua pour son maître le trône impérial.
Fei'dinand-Marie désavoua son représentant, et
déclara que si les électeurs lui imposaient la cou-
ronne impériale, il secouerait la tête pour la faire
tomber. Sa mère lui ayant fait de vifs reproches
sur son peu d'ambition, il répondit: < Madame,
J'aime mieux être un riche électeur qu'un pauvre
empereur. « Il entra cependant en contestation
avec Charles-Louis, électeur palatin, au sujet du
vicariat de l'Empire. Ce différend ne fut termine
qu'en 1724, après la mort des deux compétiteurs.
Ferdinand-Marie sut toujours conserver une pru-
denie neutrahté au milieu des longues guerres
qui affligèrent alors l'Europe. Il avait épousé,
le 22 juin 1652, Henriette- Adélaïde de .Savoie
(morte le 18 mars 1676), et eut de ce mariage
Maximilien-Emmanuel, qui lui succéda; Marie-
Anne-Christine-Victoire, mariée, le 7 mars iGSO,
à Louis, dauphin de France; Joseph-Clément,
électeur de Cologne, évêque de Liège, de Ratis-
bonueet d'Hildesheim,et Violante-Béatrix, ma-
riée, en 1689, à Ferdinand, prince-héréditaire de
Toscane.
Sedier, Univ. Lex.
FERDINAND ï, ïi, liï, rois de Bohême. Voy.
Ferdinand I, II, IH, empereurs d'Allemagne.
FEROiNAND-ALiBERT, ducs de Bvunswick,
Voy. Brunswick.
Fs^RDiNANO »E 6JAVIÈRE, quatre-vingt-ct-
unième archevêque de Cologne , et soixante-et-
unième prince-évêque de Liège et de Munster,
néie7 octobre 1577, mort à Arnsberg,le 13 sep-
tembre 1650. Il était fils de Guillaume V, duc de
Bavière et de Renée de Lorraine. Dès son en-
fance, prévôt de l'église de Cologne, chanoine
de Mayence et de Trêves, il succéda, le 12 mars
1612, à son oncle Ernest de Bavière, non-seule-
ment dans l'archevêché de Cologne, mais aussi
dans les évêchés de Liège ( 16 mars 1612) et de
Munster (11 avril 1612). En mai suivant il se
rendit à Francfort et contribua à l'élection de
l'empereur Matthias d'Autriche, dont il fit le 24 du
même mois le couronnement, conjointement avec
Jean Suicard de Cronenbourg , archevêque de
Mayence. Après la mort de Matthias, Ferdinand
de Bavière prit encore une part active à l'élec-
tion de l'empereur Ferdinand II, qui par recon-
naissance lui conféra l'évêché de Paderborn. En
1630, il conduisit lui-même des troupes contre
les Suédois et les protestants allemands, et, en
1637, il chassa les Français de la citadelle d'Eh-
renbreitstein. En 1641 , il accueillit Marie de
Médicis, mère de Louis XIH, que la persécution
de Richelieu forçait de quitter la France , et lui
donna un asile au couvent de Saint-Tron. De
1642 à 1648, Ferdinand de Bavière vit ses États
occupés et ravagés par les Français, les Hessois
et les Suédois. Ce fut seulement lors de la paix
de Munster qn'il recouvra ses places fortes ; en-
core fut-il obligé de payer aux Hessois une in-
demnité de six cent mille rixdalers. Dans le pays
de Liège le gouvernement de Ferdinand de Ba-
vière fut une suite de révoltes , de bannisse-
ments, de tortures et de massacres, causés par
les prétentions réciproques de l'évêque et du
peuple. Le prélat soutenait le parti espagnol, et
la bourgeoisie celui de la France. Un accom-
modement fut enfin conclu le 7 avril 1631, et
Ferdinand se retira à Bonn. En mai 1636, la lutte
recommença : les Impériaux, appelés par l'évê-
que, vinrent, sous la conduite de Charles IV, duc
FERDINAND
366
dç Lorraine, de Picolomini et de Jean de Werth,
assiéger Liège. Les bourgeois chassèrent les cha-
noines, prirent les armes , et, commandés par
Sébastien de La Ruelle, leur bourgmestre, ils se
(liMendirent vaillamment, firent des sorties heu-
it'iises et défirent Jean de Werth. Le nonce mé-
nagea un arrangement entre l'évêque et ses sujets.
Ceux-ci promirent de reconnaître l'empereur, et
(lunnèrent une forte somme au prélat et à ses
alliés. Mais aussitôt rétabli sur son siège, Fer-
dinand de Bavière recommença ses empiéte-
itients, et les Liégeois portèrent plainte au pape
Urbain VIII. Le bourgmestre La Ruelle (vo^J.
ce nom ) était l'âme de la résistance des iDour-
geois ; le comte René de Renesse , seigneur de
Warfusée, agent du parti espagnol, invita ce ma-
gistrat à un grand repas,etle fit égorger, le 15 avril
1637. Les Liégeois, exaspérés, écrasèrent les sol-
dats étrangers , prirent de force la maison de
Warfusée, le percèrent de raille coups, le pen-
dirent ensuite, et, après l'avoir brûlé, jetèrent
ses cendres dans la Meuse. Ferdinand aurait eu
le même sort s'il n'eût eu la précaution de se
retirer dans un de ses châteaux avant l'accom-
plissement du meurtre de La Ruelle. Mais ses
principaux, partisans et ceux de l'Espagne furent
les victimes de la colère populaire. Les jésuites
et les carmes furent très-maltraités et expulsés
de la ville. Ferdinand eut beaucoup de peine à
se laver de l'assassinat du bourgmestre. Ce-
pendant, avec le temps, le peuple se calma, et,
oubliant ses griefs, rouvrit ses portes au prélat.
Les états de Liège lui accordèrent même, en sep-
tembre 1641, cent cinquante mille florins, au
moyen desquels Frédéric-Maurice de La Tour,
prince de Sedan, renonça à ses prétentions sur
le duché de Bouillon. Quelques écrivains ecclé-
siastiques ont vanté la piété, la bienfaisance et
les bonnes mœurs de Ferdinand de Bavière ; ces
qualités semblent peu d'accord avec l'histoire.
Il est vrai que Liège lui dut en particulier l'éta-
blissement de nombreuses congrégations reli-
gieuses. Il y étabht des augustins du Saint-Sé-
pulcre en 1614 , des carmes déchaussés et des
minimes en 1617, des ursulines l'année sui-
vante; puis, deux ans après , des célestins, des
dominicains, des capucins, des récollets, des
carmélites , des l'eligieuses de la Conception, des
urbanistes , enfin des filles du tiers ordre de
Saint-François. De magnifiques monastères furent
élevés pour cessociétés.qui étaient en outre dotées
aux dépens de la ville. A. de L.
Le M cTcnrc français, t. XXII, ann. 1638. — Abbc d'Ar-
tipny, Mémoires d'histoire critique, t. II, p. 322. —
/,« f-'oix du peuple Liégeois ; Liège, 1637, in-4°. — Foul-
lon , Histoire do Lierje. — L. Polain, Le Banquet de
If^arfnsée, dans la hernie belge, %^ ann., p. 181. — Comte
de Bccdelicvrc-Hamal, Biographie Liégeoise, t. i. p. 479.
FERDINAND ler^ djt le Juste et Y Honnête,
roi à' Aragon et de Sicile né en 1373, mort à
Ygualada ( Catalogne,), le 2 avril 1416. Il était le
deuxième fils de Juan P'', roi de Castille, et d'K-
leonora d'Aragon. Il refusa la couronne de Cas-
[ tille, que lui offraient les états à la mort de son
j frère aîné, Henri III, dit le Maladif. Content du
I titre de régent , il gouverna la Castille pendant
\ la minorité de son neveu Jean II , à qui il laissa
j plus tard le gouvernement de la Vieille-Castille.
i La sagesse avec laquelle il dirigea les affaires et
! ses succès contre les Maures lui donnèrent la
plus haute influence. Il en profita pour aug-
menter sa puissance et celle de sa famille. Le
troisième et le quatrième de ses fils furent élevés
aux maîtrises d'Alcantara et de Santiago. Lorsque
le roi d'Aragon et de Sicile D. Martin, frère de
sa mère, D. Léonore, lui fit offrir sa succession
à la couronne d'Aragon, Ferdinand assiégeait An-
tequera, dont il ajouta ensuite le nom au sien.
La prise de cette ville, la plus forte que possé-
dassent encore les Maures, de Grenade, lui donna
une grande prépondérance et décida les députés
d'Aragon , de Catalogne et de Valence, réunis à
Caspé, à le reconnaître dès le 30 juin 1412. Ses
compétiteurs étaient Federigo, comte de Luni,
fils naturel de don Martin, Matthieu de Castelbon,
comte deFoix, gendre de Juan F"", frère aîné de
don Martin; Alfonso , duc de Candie ; le marquis
de Villena; Jayme II, comte d'Urgel. Ce dernier
osa seul lui disputer l'héritage du roi d'Aragon.
Ferdinand non-seulement repoussa son attaque,
mais l'assiégeant dans Balagner, il l'obligea de se
rendre à discrétion, confisqua ses biens, et l'en-
voya prisonnier en Castille. Le vainqueur rentra
ensuite dans Saragosse , oij il se fit couronner
solennellement, en 1414. Il éprouva aussi quelque
difficulté à établir son pouvoir en Sicile. La reine
Elança de Navarre , veuve de Martin I^'', roi de
Sicile, fils de don Martin et mort avant son père,
jouissait alors de la régence en vertu du testa-
ment de son mari : Ferdinand la confirma vice-
reine ; mais il nomma en même temps un con-
seil supérieur de huit vice-gérants. Blanca avait
refusé avec dédain la main deBernardo Caprera,
comte de Modica, favori de Martin F", et qui as-
pirait aussi à la royauté. Celui-ci s'en vengea en
chassant la régente de Palerme ; Ferdinand eut
à réduire l'audacieux prétendant, qui fut expulsé
de Sicile. Blanca , néanmoins, voyant ses pou-
voirs limités par l'autorité des vice-gérants, se
retira en Navarre. Ferdinand dans tout le cours
de son règne ne trompa nullement la bonne
opinion qu'il avait fait concevoir de lui. Il sut
joindre à l'habileté, qui inspire la confiance, la
fermeté, qui commande le respect, la justice et
la clémence, qui lui concilièrent l'amour de ses
sujets. Aussi son influence fut-elle grande au
dedans comme au dehors. Le roi d'Angleterre
et l'empereur d'Allemagne reclierchèrent .son
alliance, et son intervention fut réclamée dans les
affaires de l'Église. Jusqu'au concile de Cons-
tance, Ferdinand avait suivi le parti de Be-
noît XITI ; mais Grégoire XII ayant donné sa
démission et Jean XXIII ayant été déposé-, Fer-
dinand crut devoir engager Benoît à se retirer
aussi, afin do rendre la paix à l'Église. Il se tranS'
3()7
porta auprès de lui à Perpigaau, et épuisa toutes
les \oies de persuasion sans rion en obtenir :
il ralwndonna alors, et se soumit à Tobeissiuice
lie Martin V. Feniinaml mourut en revenant de
cotte entrevue. 11 avait épousé Leonore il'Albu-
querque, dont il laissa quatre lils : Alfouse V, dit
le Sage et le MaQiuiniiue, qui lui succéda;
Juan U , roi de îSavarre, puis d'Aragon ; don En-
rique; don Pedro; et deux tilles: Maria, qui
épousa en 1420 Juan II , roi de Castille; et Eleo-
nora, mariée en 1428 avec don Duarte, iul'ant de
Portugal. V. M.VKTY.
Mariuua, Hist. fiisp, — Garibaï, Historia de todos los
Reinos di EspaiUi. — Zurlta , .-Inales de la Corona de
Mragoii. — Ferreras, Uist. rien, de E^paiia.
FEKmxASD II, voi d'Aragon. Voyez Fer-
DiiSAJin V, dit le Catholique , roi de Castille.
FERDiA'AKU 1er, /(■ Grand, roi de Castille,
de Léon, de Galice, mort à Léon, le 27 décembre
1065, était le second tils de Sancbe EŒ, le Grand
{voij. ce nom), roi de iNavarre, qui força Ber-
mude III, roi de Léon, à renoncer à tout droit
sur la Castille, ainsi érigée eu royaume indépen-
dant (1032). Ferdinand épousa eu même temps
la sanir du roi vaincu, doua Sancba, qui avait été
tiaucee à Garcia [roi/, ce uonO, comte de Cas-
tille. Bermude crut que la mort de Sancbe III
lui ottniit uue occasion favorable de recouvrer la
Castille, et envahit cet Etat, maigre les liens de
parente qui Tunissaieut à sou possesseur. Fer-
dinand le vainquit, et le tua-, il lit alors valoir
les droits de sa femme et de la victoire, et, par
l'occupation des Astmies et de Léon, il devint
le plus puissant souverain de l'Espagne cbré-
tienue. Bermude ni était le dernier rejeton màle
d'une dynastie de rois qui, par Pelage, remon-
tait aux rois Gotbs. Ferdinand . qui ne la repré-
sentait que par les fenuues, eut à faire oublier
le titiH? d'étranger que lui donnaient ses nouveaux
sujets. 11 plut au peuple par la coutirmation des
fneros d'Alfouse V. complètes, et imposa par sa
fermeté et sa justice. Il employa trei"/.e ans à la
restauration des antiques lois des Goths, appro-
priées à son époque. La révolte de son trère,
Garcia, roi de ^'avarre, vint l'arracher à ces utiles
travaux. 11 marcha contre lui, le detit, et le tua à
Pennalèue. dans les plaines d'Atapuerca, appelées
depuis Champ di( Meurtre; par l'occupation
de la Rioja. des Asturies et de la Galice, il limita
à l'Èbre la Navarre, qui resta à Sancbe, son neveu.
Se vovant à la tète de troupes grossies par la
victoire , il tourna ses armes couti-e les infidèles.
11 avait à les punir de l'assistance prêtée contre
lui au roi de Navarre. Envahissant le Portugal,
il emporta d'assaut Viseu, malgré l'énergie de sa
défense, puis Lamego , et vint mettre le siège
devant Coïmbre. Six mois après, il faisait son
entrée dans cette dernière place, la plus impor-
tante du pays, 26 juillet (,iOô8\ L'année suivante,
maître de San-Estevan de Gormas, il poussa son
expédition jusqu'à Mediua-Celi (_1060), en dé-
truisant la ligne d'atalayas ( espèces de ve-
FERDTN.AND 368
dettes), que l'ennemi avait élevées sur les fron-
tières de la Cantabrie, dont il occupa plusieurs
places. Il se jeta ensuite sur le royaume de
Tolède, dévastant tout sur son passage, et sans
laisser prendre haleine ni à ses soldats, ui à
l'ennemi , il remonta jusque vers Madrid et Al-
cala de Henarès. Les riches présents d'Al-Ma-
moun, émir \ie Tolède , purent seuls arrêter sa
conquête. Après un traité en vertu duquel l'émir
se reconnut son vassal, Ferdinand se retira
chargé de butin. Il dépensa ces richesses en
améliorations intérieures. Il restaura Zamora,
et réédilîa à Léon l'église de Saint-Jean-Baptiste,
destinée ;\ recevoir les reliques des saints en-
fouies dans les lieux qu'occupaient encore les
infidèles. 11 porta ses ravages dans l'Andalousie,
et força Ebn-.Ab, émir de Séville, à se recon-
naître son tributaire et à lui rendre les reliques
de saint Isidore, qu'il transporta dans sa nouvelle
église ( 1063 ), où il passait de longues heures en
prières. Atteint d'une grave maladie, c'est là
qu'il se fit transporter au retour d'une expé-
dition dirigée contre '^'alence, et qu'il voulut
terminer, sous le eilice du pénitent), sa vie de
roi législateur et guerrier. Aussi actif et non
moins habile à gouverner pendant la paix que
pendant la guerre , Ferdinand fut un des plus
grands rois de l'Espagne. Fondateur du royaume
de Castille , il éleva au titre d'empereur des pré-
tentions ,0 qui lui furent contestées. Le Cid de
Bivar, élevé à sa cour, vint à Toulouse pour
soutenir contre l'aïubassadeur d'Hemù le Noir,
empereur d'Allemagne, la discussion élevée à ce
sujet. La médiation du pape y mit tin. Ferdinand
mourut au comble de la gloire et de la puis-
sance. Des trois tils qu'il eut de dofia Sancha,
son épouse, Sanche fut roi de Castille ; Alonzo,
de Léon ; Garcia, de Gahc«. "V. M vrtv.
Roderic de Tolède, Chi'ouicon. — D. Diego de Saave-
dra, Corona Gotkica, Castellmia. — Ferreras, Hist.
nen. de Espaha. — La Fuente, id., t. IV, 1851.
FERDINAND II, roi de Léon, deuxième lils
d'Alfonse "S'III, régna de 1157 à llSS. C'était un
prince gai, libéral, brave et plein de cette piété
ardente , particuhère aux rois d'Espagne dans
leur lutte continuelle avec le fanatisme musul-
man : il se répandit en largesses envers l'Église,
et fut très-heureux dans ses guerres. Sanche III,
son frère , roi de Castille , s'etant déclaré protec-
teur des grands de ses Etats soulevés contre lui,
il prévint les hostilités en se rendimt stms suite
en Castille et en faisant di'oit aux prétentions
de plaignants. 11 épousa Urraque, tille d'Alfonse-
Henriquez, roi de Portugal . ce qui ne l'empêcha
pas d'être en guerre avec son beau-père. Il en-
valiit les possessions de ce monarque, et lui en-
leva plusieurs villes , entre autres Salanianque.
Ayant pris le roi son beau-père dans Badajoz,
il l'obligea de tah-e la paix. Alarmes de voir s'é-
(I) Le Pagi dit positivement : x Ce prince se qualiiUil
d'empereur dans ses diplômes, ce que nous avons vérifie
sur quelques-xuies de ces pièces. »
iiîver les fortifications de Ciudad -Rodrigo , les
habitants de Satemanfjue reprirent les arrnes, et
fuient vaincus par Ferrlinand, qui fit mourir leur
chef et força la ville k se rendre à discrétion.
I fiflinand hatlit eusuite successivement les Mu-
sulmans et les Navarrais. 11 réprima la révolte des
Castro et ries Osorio, et, profitant des troubles
(le la Castilie, il gouverna cet État pendant l'ora-
<;i;use minorité d'Alonzo Vlll fou IX ;, dit le No-
ble ; c'est ainsi qu'il transmit a son fils Alonzo IX
lin État bien affermi. V. Maktv.
ftoderic de Tolède, Chronicon. — Schott, Hispania
iUustrata. — Garibay, fXimpendio.
FERDINAND III, le Saint, Toi(]e Castilie, en
1217, de Léon, de 12:iO a 12ô2. Il dut son trône
à l'empressement que mit sa mère, Bérengère, à
lui assurer la succession de son oncle Henri P'',
qu'elle brigua au détriment de Blanche, femme
de Louis VIII de France , sœur comme elle de
ce même Henri , et son aînée. Devenu ainsi roi
de Castilie malgré l'opposition de son père, Al-
phonse IX, roi de Léon , qu'il sut apaiser, il ré-
prima la révolte des Lara , qui suscitaient sans
cesse de nouveaux troubles. Il tourna ensuite
son ardeur contre les Maures , força le vvali de
Baça à reconnaître sa suzeraineté, et se fit céder
dix places fortes par Al-Marnoun, dont il soutint
l'usurpation. Il s'ouvrit ainsi les portes de l'An-
dalousie, dont il entreprit la conquête, après
.s'être assuré du royaume de Léon, qu'il unit à
la Castilie malgré les dispositions de son père,
qui, après avoir fait déclarer nul son mariage
avec Bérengère, avait désigné pour lui succéder
à cette couronne ses filles Sanche et Douce, nées
de son premier mariage. « Brave, actif, patient
« dans son ambition , et mêlant habilement la
« politique au courage (1) ", il rallia autour de
lui une foule de chevaliers, qui forcèrent sous ses
ordres Cordoueà capituler, en 1236. Il continua
sa conquête par la prise d'Ubedaet deTruxillo,
et la termina par l'occupation de Séville, qui se
rendit ^ 23 novembre 1248;, après un siège qui
dura près de deux ans. En enlevant la forte place
de Jaen (1245j, il avait réduit l'émir de Gre-
nade à lui payer tribut et à lui fournir le con-
cours de ses armes contre ses coreligionaires de
Murcie. En donnant l'unité politique à ses États
agrandis, Ferdinand commença l'unité législa-
tive , accomplie par son fils AJonzo X ( ou XI ).
L'Église lui décerna le surnom de Saint, qu'il
justifia par ses libéralités envers les prêtres,
mais qu'il ternit par la cruauté avec laquelle
il persécuta et fit brûler les albigeois réfugiés
dans ses États.
Il avait épousé, en 1220, Béatrix de Souabe,
fille de l'empereur Philippe et sœur de l'em-
pereur Frédéric II. Il en eut : 1" Alfonse, qui lui
succéda ; 2" Frédéric ; 3" Ferdinand ; 4'^ En-
rique; 5'' Philippe; fi"^ Sancho; 1" Manuel,
8° D. Léonor; 9" D. Bérengère, religieuse. De
(1) Rosseeuw SalDl-Uilaire, Hist. d'Esp., t. V.
FERDINA^îD 370
Jeanne, fille du comte de Ponthieu , sa seconde
épouse , il eut D. Fernand de Ponthieu , D. Louis
et dona Le<^)nor, qui par son mariage avec
Edouard I*'', roi d'Angleterre, porta dans cette
maison les comtés de Ponthieu et de MontreuiJ.
V. Marty.
Schott, I/isp. iUustrata. — Romey, Hist. rjénér.
d'Esp.— Chron. de.Santo rey Fernando lit. — La Fuente,
Bist. gêner, de Esp.
FERDINAND IV, roi de Castilie, dit VA-
journé, régna de 1295 à 1312. Il n'était âgé que
de dix ans lorsqu'il succéda a son père, D. San-
che IV, le Vaillant, sous la tutelle de la reine
Marie de Molina, sa rnère. Sa minorité fut des plus
orageuses : on ne vit que meurtres et brigandages
de toutes sortes se manifester impunément à la
faveur de la plus complète anarchie. Le gouver-
nement, sans force, eut recours aux moyens de
conciliation. Le peuple , toujours peu exigeant ,
fut apaisé par la suppression de l'impôt sur les
denrées; mais les grands, avides de pouvoir, fX)n-
tinuèrent les troubles et les factions. Don Juan
i\uSez de Lara , qui voulait agrandir ses posses-
sions , et l'infant D. Henri , qui ambitionnait la
régence, se mirent à la tête des mécontents.
Les infants D. Juan et D. Alonzo de La Cerda
revendiquèrent la couronne , le premier soutenu
par le roi de Portugal , le second par le roi d'A-
ragon ; l'un et l'autre se préparant à démembrer
la Castilie. Trop faible pour tenir tête a tant
d'ennemis , la reine les divisa par la ruse. Elle
attira dans son parti l'héroïque défenseur de
Tarifa, D. Perez de Guzrnan, qui réprima les
Maures (1296^, tandis que D. Alfonse de Lara re-
poussait les Xavarrais. Le roi d'Aragon, absorbé
par ses propres affaires, fut obligé d'abandonner
la lutte, et la paix fut scellée avec le roi de Por-
tugal parle mariage de dona Constance , sa fille,
avec le jeune roi de Castilie , et celui de dona
Béatrix, sœur de Ferdinand , avec l'infant de
Portugal, fils du roi Denis (1298). Fiéduits ainsi
a leurs seules forces , les prétendants furent
obligés de traiter à leur tour. Jouissant de la
paix à l'intérieur, Ferdinand fit avec le roi d'A-
ragon une alliance qu'il resserra par le mariage
de l'infante Léonore, sa sceur, avec D. .layme,
infant d'Aragon. Les deux alliés profitèrent des
divisions qui régnaient parmi les Maures pour
diriger contre eux une attaque. Ferdinand se
prépara à la guerre sainte par un trait de piété
filiale et par un acte de clémence ( 1.305] : il fit
transporter le corps du roi son père dans le su-
perbe mausolée que lui avait préparé la reine
rnère. Comme il y avait en Galice un grand .sou-
lèvement, il appela près de lui les révoltés, et,
par un pardon généreux, .s'en fit d'ardents auxi-
liaires. Étant ensuite parti de Tolède, il mit
le siège devant Algesiras, le 2ô juillet 1305. Il
l'abandonna aprèf des attaques vigoureuses,
surpris par la rigueur de la saison et surtout par
la rnort de D. Diègue-Lopez de Haro. Mais il
avait dans l'intervalle enlevé Gibraltar, et il
371
FERDINAND
â7î
obligea les Maures, par un traité, de lui céder
les villes de Quesada et de Bedmar.
Ferdinand obtint du pape Clément V la per-
mission de lever un décime sur tous les biens de
l'Église, et se désista, à cette condition, de
poursuites contre la mémoire de Boniface VIII .
Il confisqua, en vertu d'une bulle du même Clé-
ment V, les biens des Templiers, acquittés cepen-
dant au concile de Salamanque, et les distribua
entre les ordres de chevalerie de Calatrava et
autres. En se rendant à son armée pour une
nouvelle guerre contre les Maures, il fit mourir les
frères Carvajal, malgré leurs protestations d'in-
nocence. Ajourné par les deux suppliciés à com-
paraître devant Dieu trente jours après, il mourut
en effet au bout de ce terme, des suites d'un
excès de table, et fut surnommé l' Ajourné.
V. Marty.
Scholt, Il ispania Ulustrata. — Estevan de Ganibajf,
Compendio historial de la Chronica de todos Reinos
de Espana.
FSîRïîïNAND V, dit le Catholique , roi de
Castille et d'Aragon, né le 10 mars 1452, mort
à Madrigalejo, le 23 janvier 1516. Il était fils de
Juan If, roi de Navarre et d'Aragon, et de Juana
Henriquez, fille de Federigo Henriquez, amirante
de Castille. Juana Henriquez prépara de longue
main la splendeur de son fils , par la ruine et la
mort de don Carlos et de dona Bianca (voyez
ces noms), enfants aînés de don Juan II et
d'un premier lit (1). Ferdinand, resté seul prince
royal , fut , devant les états du royaume tenus
à Saragosse en 1468 déclaré par son père roi
de Sicile et associé à la couronne d'Aragon. La
même année, se trouvant pour la première fois
à la tête d'une armée, il marcha contre le duc
Jean de Lorraine, qui s'était emparé de Girone.
Il espérait surprendre ce capitaine, mais il fut
lui-même obligé de se retirer après une perte
considérable. De grands troubles agitaient alors
la Castille ; Isabelle , princesse des Asturies ,
sœur du roi Henri IV, dit Vimpuissant, venait
d'obtenir de son frère qu'il répudiât sa femme,
Juana de Portugal, et deshéritât, comme illégi-
time, la fille de cette princesse (elle se nommait
Juana , comme sa mère, et reçut dès lors le sur-
nom de Beltraneja, Bâtarde). Cette concession
avait été obtenue par une révolte et avec l'aide
de Juan II, qui demandait la main d'Isabelle pour
son fils, quoique Ferdinand n'eût encore que
dix-sept ans. Deux puissants rivaux se présen-
taient : c'étaient Alfonso V, roi de Portugal, pour
lui-même, et le roi de France, Louis XI, pour
son frère, le duc de Guyenne. A force d'intrigues
et de présents, le monarque aragonais fit pencher
la balance en faveur de son fils ; et afin qu'Isa-
belle ne pût se raviser, il envoya vers elle Ferdi-
nand, déguisé. Le jeune prince fut bien accu eilH,
(t) Siiiviuit Zurita, Miguel Carboncl et quelques autres
historiens espagnols, lorsque Juana mourut, à Tarragone
(13 février 1468), elle s'écria plusieurs fois clans ses der-
niers moments: « Ferdinand, mon fils, que tu coûtes
cher à ta mère ! »
et son mariage consacré presque clandestine-^
ment, le 18 octobre 1469, à Valladolid, par l'ar-
chevêque de Tolède. Irrité de cette hardiesse,
Henri IV reconnut de nouveau sa fille Juana pour
héritière et la fiança avec le duc de Guyenne ;
mais celui-ci mourut avant d'avoir régularisé
son union (12 mars 1472). A cette époque Fer-
dinand aidait son père à soumettre Barcelone,
et jusqu'en 1474 il tint habilement la campagne
contre les Français. La même année il rétablit
le pouvoir royal à Saragosse (1). Voyant péricliter
ses intérêts en Castille, il chercha à se rappro-
cher de son beau-frère. Il se rendit avec Isabelle
à Ségovie, où Henri IV se trouvait alors. Le roi
de Castille consentit à une réconciliation ; mais,
après un superbe repas pris en famille, il fut su-
bitement attaqué d'un mal de côté et de violentes
douleurs d'entrailles qui le conduisirent au tom-
beau, le 12 décembre suivant. Le lendemain,
Isabelle et Ferdinand furent proclamés et recon-
nus souverains par la plupart des seigneurs pré-
sents à Ségovie. Le puissant don Juan dePacheco,
marquis de Villena , favori de Henri [V, et par-
tisan déclaré de l'infante Juana la Beltraneja ,
avait, par un hasard singulier, précédé de quelques
jours son maître dans la tombe ; néanmoins, il
laissait un fils, héritier de son esprit actif et
ambitieux. Ce seigneur se ligua avec don Alonzo
de Carillo, archevêque de Tolède , et tous deux, à
la tête d'une puissante faction, firent proclamer
dona Juana à Palencia. En même temps ils pro-
posèrent pour femme cette princesse au roi de
Portugal, Alfonso V, «on oncle maternel. Alfonso
se laissa tenter par cette offre ; il entra immédia-
tement en Estramadure, et fit demander à Rome
la dispense nécessaire pour épouser sa nièce.
En attendant, il se fiança avec elle, prit le titre
de roi de Castille, et occupa quelques villes, dont
les partisans du marquis de Villena lui ouvrirent
les portes. Ferdinand n'hésita pas à attaquer ses
ennemis. Abandonné par une partie de la no-
blesse et du clergé , il appela aux armes les
mifices des villes et saisit l'argenterie des égfises.
Il reprit bientôt Baeza, Truxillo, Villena, Burgos
et Zamora ; poursuivant l'armée portugaise dans
sa retraite, il l'atteignit près de Toro, et après
plusieurs heures d'un combat opiniâtre, la mit
en déroute. Cette victoire jeta le découragement
(1) Voiri, d'après Zurita, la manière énergique dont Fer-
dinand rétablit l'ordre dans Saragosse : « 11 y avait alors
dans cette ville un homme du peuple appelé Ximen
Gordo, qui avait tant de crédit qu'on ne pouvait rien l'aire
sans son consentement; il avait en l'adresse de foire,
élever ses parents et ses alliés aux prenaières charges
municipales, et ceux-ci encourageaient le peuple dans la
désobéissance aux lois. Don Ferdinand, ne voyant aucun
moyen de remédier au désordre par les voies ordinaires
de la justice , manda Xiinen Gordo an palais ; il fut con-
duit dans une chambre particulière, oii l'on se saisit du
lui. Le prince le laissa entre les mains d'un prêtre et du
bourreau, et après qu'il eut été exécuté, son corps fut
exposé au publie. Don Ferdinand se rendit après dans
l'assemblée des états, auxquels il dit que c'était à eux
à faire le reste. Ils firent arrêter les créatures de Gordo;
leur procès fut fait, et Us furent livrés au supplice. »
373
parmi les partisans de l'infante, qui se soumirent
successivement. D'un autre côté, les Français
avaient envalii le Roussillon ; ils s'étaient rendus
maîtres d'Elne et de Perpignan, qui avait capitulé
le 14 mars 1475; mais Louis XI, ayant vu ses
troupes repoussées trois fois devant Fontarabie,
et d'ailleurs préoccupé de la puissance du duc
de Boui-gogne , conclut la paix, avec la Castille,
le 9 novembre 1476. Ferdinand et Isabelle ob-
tinient en même temps du pape, qui avait accordé
une bulle autorisant le mariage de dona Juana
avec son oncle, qu'il révoquât cette dispense.
Alfonso V, désormais sans moyens de légitimer
ses prétentions, ne tarda pas à déposer les armes,
et par le traité d'Alcocebas (24 septembre 1479)
il renonça au titre de roi de Castille. Juana la
Bcltraneja, abandonnée delous, aima mieux re-
noncer au monde que de souscrire aux condi-
tions avilisantes que sa tante Isabelle lui dictait.
Elle prit le voile dans le couvent de Sainte-Claire
de Coïmbre.
Possesseuis tranquilles de la Castille , Ferdi-
nand et Isabelle s'occupèrent à purger leur
royaume des bandits qui l'infestaient. C'étaient
pour la plupart des gens de guerre, accoutu-
més à vivre de rapine et de pillage, et qui aus-
sitôt qu'ils ne trouvaient plus à satisfaire leur
cupidité sur le pays ennemi ravageaient leur
patrie. Les uns attaquaient les voyageurs et les
marcbands sur les grandes routes , les autres
s'emparaient de quelque cbàteau et mettaient à
contributioo le pays environnant, enlevant les
bestiaux et rançonnant les habitants. La jus-
tice ordinaire était impuissante à réprimer ces
coupables ; les seigneurs , occupés de leurs
démêlés particuliers, ne prêtaient à l'autorité
royale qu'une aide précaire: plusieurs d'entre eux
même étaient les complices des malfaiteurs, et
partageaient avec eux le produit de leurs crimes,
Ferdinand s'adressa aux villes, et surtout aux
villages, qui avaient le plus grand intérêt à faire
cesser un tel désordre; il les réunit dans une
immense lorce nationale, qui reçut le nom de
hcrmandad (fraternité). ïl posa les bases de
cette vaste association , dans les cortès réunies ,
en 1476, à Madrigal. Les membres de cette so-
ciété, pris parmi les citoyens établis, furent
chargés spécialement de veiller à la sûreté gé-
nérale et d'assurer par tous les moyens la ré-
pression des crimes. Dans une assemblée de
députés, une organisation militaire fut donnée
à la hermandad ; elle eut ses lois et ses juges
particuliers ; on forma un fonds spécial qui ser-
vit à lever deux mille cavaliers et un grand
nombre de fantassins, dont on donna le com-
mandement à don Alonzo, duc de Vilia-Hermosa
et de Riba-Gorce , frère naturel du roi. Le duc
se mit à la poursuite des routiers avec une in-
fatigable activité; il dispersa leurs bandes, prit
et rasa les châteaux qui leur servaient de re-
paires; et s'il ne parvint pas à extirper entière-
ment le brigandage, cette plaie invétérée de la
FERDINAND 374
Péninsule , au moins en diminua-t-il considéra-
blement le mal. Plus tard, le 29 juillet 1498, la
constitution de la hennoandad fut modifiée; mais
jamais, ainsi que les romanciers étrangers à l'his-
toire d'Espagne l'écrivent encore, elle ne fut une
dépendance du saint-office et de l'inquisition (1).
Le 19 janvier 1479 mourut Juan II, roi d'A-
ragon et de Navarre; Ferdinand V lui succéda.
Il réunit ces couronnes à celles de Castille , de
Léon et de Sicile ; mais il n'osa pas alors s'em-
parer de la Navarre, dont sa sœur Léonor, veuve
du comte de Foix, prit le titre de reine. De ce
jour date véritablement le royaume d'Espagne.
Désormais les plus grandes forces de cette pé-
ninsule se trouvèrent concentrées en une seule
main et son peuple prit rang parmi les grandes
nations. Tout jusque ici avait réussi à l'ambilieux
Ferdinand ; mais il restait beaucoup à faire pour
consolider son pouvoir. Les privilèges an-aciiés
par les Castillans à leurs précédents monarques
gênaient le nouveau souverain : en 1480 ils
furent abolis ; les franchises disparurent , le,;
impôts arriérés furent rappelés, et 30 millions de
maravedis (2) entrèrent dans le trésor royal ou
servirent à récompenser des agents dévoués.
Ferdinand ne s'en tint pas là : les Maures et les
Juifs possédaient d'immenses richesses dans ses
États et avaient accepté le baptême [jour cciiapper
aux confiscations prononcées contre lesinfidèies.
Le plus grand nombre d'entre eux pratiquaient
cependant leur religion d'une façon occulte.
L'Andalousie présentait le plus d'exemples de ce
genre d'apostasie. Sur la proposition du cardinal
de Mendoza, le roi et la reine firent eux-mêmes
au pape Sixte IV la demande d'autoriser l'éta-
blissement d'un tribunal chargé spécialement de
rechercher les relaps. Cette institution fut ap-
prouvée par le saint-père. Les juges, laisses à la
nomination des souverains, étaient au nombre do
trois, et s'engageaient strictement à ne rien épar-
gner pour trouver les délinquants; ils avaient
un pouvoir illimité sur la propriété et la vie de
tous les criminels en matière de religion. Un
tiers des biens confisqués revenait à la couronne;
les deux autres étaient abandonnés au saint-siége
et aux inquisiteurs. Ferdinand comprit tout le
parti qu'il pouvait retirer d'un ai redoutable éta-
blissement : il trouvait dans l'inquisition le moyen
de remplir son trésor; puis ce tribunal, qui
frappait dans l'ombre, qui condamnait sans
contrôle , sans publicité, devait aider l'artificieux
monarque à se défaire de ceux de ses ennemis
qu'il h oserait pas attaquer en face. L'inquisition
devait abattre individuellement tous ces grands
(1) « Si on lui donne quelquefois le nom de saintn her-
mandad, écrit Hernando de! Pulgar, ce n'est pas qu'elle
se rapporte en aucune manière aux matières rclii;ieuscs,
mais c'est chose sainte que celle qui a trait au service
du roi elà l'administration de la justice. "(Voir le texte
même rie la loi rendue par Ferdinand et Isabelle à Cor-
rioue, le 7 juillet 1496, liv. rili, de la Recnpilacion de
don Felipe II.)
(2) Petite monnaie espagnole qui valait environ un
centime et demi.
375
FERDINAND
376
d'Aragon et de Castille, toujours prêts à se sou-
lever,toujours menaçants pour le souverain. Aussi,
sans s'inquiéter de ce que ce tribunal avait d'o-
dieux pour l'humanité, de dangereux pour les
prérogatives royales et d'attentatoire aux libertés
du pays , il s'empressa de l'établir à Séville. Le
6 janvier 1481 six condamnés furent livrés aux
flammes, le 26 mars dix-sept eurent le même
sort, le 4 novembre deux cent quatre-vingt-dix-
huit victimes avaient déjà subi la peine du feu
dans Séville seulement, et environ deux mille
dans le reste de l'Andalousie. Dix-sept mille
avaient été frappés de peines diverses et un plus
grand nombre de contumaces avaient été exé-
cutés en effigie. Beaucoup d'Espagnols , recom-
, mandables par leur position et leur fortune, se
trouvaient au nombre des condamnés, et leurs
biens avaient été répartis entre le fisc et le saint-
office. Les supplices devinrent si nombreux qu'on
construisit sur le champ de la Tablada une
plate-forme en pierre à laquelle on donna le
nom de Quemadero (Brûloir). On y éleva quatre
grandes statues de pierre nommées les quatre
prophètes. Les condamnés y étaient enfermés
et consumés par le feu qu'on allumait autour des
statues. Le dominicain Thomas Torquemada
{voyez ce nom), confesseur de la reine Isabelle,
fut le premier grand-inquisiteur qui présida à
ces horreurs. Ferdinand lui adjoignit comme
conseillers Alonzo de Carillo , évêque de Mazara
(Sicile), et les docteurs en droit Sancho Ve-
lasquez de Cuellar et Ponce de Valencia. Les
règles de l'ancienne inquisition, rédigées, il y avait
■un siècle, par Nicolas Eymeric {voijezctnom),
inquisiteur d'Aragon, ne suffirent plus au nouveau
tribunal ; il lui fallut des lois plus sévères, et le
29 octobre 1484 Ferdinand V promulgua un
nouveau code de l'inquisition en vingt-huit ar-
ticles, qui fut publié sous le nom à' Instructions .
Cette réforme, appliquée d'abord à toute la Cas-
tille, fut étendue à l' Aragon ; mais son application
y souleva une résistance presque générale. On in-
voqua \eii fueros An pays, qui défendaient la con-
fiscation. Ferdinand ne se pressa pas de statuer
sm* les l'éclamations qui lui furent adressées à ce
sujet. Sur ces entrefaites, Pedro Arbuès y Epila,
inquisiteur principal de Saragosse, fut assassiné
dans une église par quelques désespérés. Alors le
gouvernement tira parti de ce meurtre pour frap-
per toute la population , et la proscription ne
connut plus de bornes. Le propre neveu de Fer-
dinand, don Jayme, infant de Navarre, fut jeté
dans les cachots de l'inquisition, et n'en sortit que
pour subir une punition publique et dégradante.
Au commencement de 1482, il s'éleva entre le
roi d'Espagne et le pape Sixte IV un différend
au sujet de l'évêché de Cuença. Le pape avait
conféré cette prélature au cardinal son neveu,
malgré les remontrances de Ferdinand V, qui
avait recommandé un de ses serviteurs. La con-
duite du saint-père était contraire aux conven-
tions passées entre les cours d'Espagne et de
Rome; mais les souverains pontifes avaient
tenté plusieurs fois de ces usurpations avec un
plein succès. Cette fois Ferdinand envoya l'or-
dre à tous ses sujets de quitter les États Ro-
mains, refusa de donner audience au légat, et
soutint ses droits avec tant d'énergie que non-
seulement le pape conféra l'évêché à celui que le
roi désignait, mais que par une bulle il accorda au
roi de Castille de pourvoir directement aux sièges
épiscopaux. Ferdinand et Isabelle montrèrent
toujours la même fermeté conti'e les empiétements
des papes. En 1491, la reine ayant appris que la
chancellerie de Valladolid avait toléré un appel
au pape dans une affaire civile , en destitua tous
les membres.
Quand Ferdinand , par la création de la her-
mandad , eut assuré dans ses États la répression
des délits, et que l'extension donnée à l'inquisi-
tion fut devenue pour lui une source abondante
de revenus, il tourna toutes ses pensées et toutes
ses forces vers son grand but : l'expulsion com-
plète des Maures du territoire espagnol. La dis-
corde qui régnait entre les princes musulmans
était une circonstance favorable; le monarque
chrétien sut habilement en profiter. En 1478 le
roi de Grenade, Muley-Abu'l-Hasan, s'étaitrefusé
à acquitter le tribut que les rois de Castille avaient
imposé à son pays ; sa fière réponse fut « que
dans tous les lieux où jadis l'on battait l'or et l'ar-
gent pour payer le tribut on forgeait maintenant
des lances et des cimeterres pour s'en affranchir •» .
Ferdinand, embarrassé alors dans une guerre
contre le Portugal, dissimula et renouvela même
la trêve qui existait entre les chrétiens et les
Maures; mais le 27 février 1482 (8 muharrem
887 de l'hégire), le marquis de Cadix s'empara
tout à coup d'Alhama , ville forte située sur le
Rio-Frio,à sept lieues de Grenade. Muley-Abu'I-
Hasan rassembla à la hâte une armée de 50,000
fantassins et de 3,000 cavaliers , et tenta jus-
qu'à trois fois, mais sans succès, de rentrer dans
Alhama; il força néanmoins Ferdinand de lever
le siège de Loxa, le 13 juillet 1482 (26 sjumada
prior 887), avec une perte considérable, et se
rendit maître de Canète. Tandis qu'il était oc-
cupé à cette expédition, la plus grande partie des
habitants de Grenade se révoltèrent, et procla-
mèrent souverain Abu'-Abd-AUad ( en espagnol
Boabdil), fils aîné du roi et de la sultane Aïja.
Muley-Abu'l dut se réfugier à Malaga, auprès
d'Abdoullah-El-Zagal, son frère. Les chré-
tiens reprirent Canète ; mais en mars 1483
(saphar 888), étant entrés au nombre de 2,700
cavaliers dans l'Axarquia (1), ils y furent exter-
minés par les Maures. La fortune changea, et
bientôt, le 21 avril suivant (13 rabia prior 888),
le célèbre Gonzalve de Cordoue battit les musul-
mans devant Lucena, et fit prisonnier Boabdil.
Il s'ensuivit un traité par lequel le roi de Gre-
nade se reconnaissait vassal du roi île Castille ,
(1) C'est le nom d'une partie de la campagne de Ma-
laga située au levant.
377 FERDINAND
âi)iinait en otage son fils aîné et douze de ses Dès qu'il fut
principaux émirs, se soumettait en outre à l'obli-
gation d'assister aux cortès générales du royaume
et à payer un tribut annuel de 12,000 écus. Les
Maures refusèrent de reconnaître ces honteuses
conditions , et mirent sur le trône Abdoullah-
' Zagal. Alors Ferdinand , dans la vue d'entretenir
la division parmi ses ennemis , relâcha BoabcUl,
et lui-même, entrant sur le territoire grenadin,
prit rapidement Alora , Alozayna , Cazarabonela ,
Setenil, Cohin, Marbella et Ronda (1). Le
9 décembre 1489, après sept mois de siège, Baza,
la plus forte ville du royaume de Grenade, se
rendit aux Espagnols. Abdoullah-Zagal, désespé-
rant de conserver ce cjui lui restait, et continuel-
lement harcelé par son neveu, se rendit avec
l'infant Yahia au camp de Ferdinand , et s'en-
gagea à lui livrer Almeria, Cadix et toutes les
places qui restaient en son pouvoir; il stipula
seulement que les habitants conserveraient leurs
biens , leur liberté et leur religion. Le roi chré-
tien ratifia ces conditions , et assura à Zagal des
revenus et des terres considérables. Celui-ci
passa l'année suivante en Afrique, et fixa son
séjour à Tlemcen, où sa postérité existe encore.
Quelques villes qui essayèrent de se défendre
furent réduites par la force, et bientôt l'heureux
Ferdinand vint sommer Boabdil de lui remettre
Grenade. Celui-ci reconnut trop tard les fautes
qu'il avait faites ; resté sans aUiés , il dut se ré-
signer à lutter sans espoir. Après une héroïque
défense mêlée de succès et de revers, pressé par
la famine, il capitula le 2 janvier 1492 (1^'' rabia
prior 897). Son vainqueur lui offrit de riches
seigneuries dans les Alpuxarres ; mais Boabdil
préféra une somme de 80,000 ducats comptant,
et se retira en Afrique avec sa famille. Enfin, après
une guerre acharnée de dix années , Ferdinand
et Isabelle entrèrent dans rAlhambra(6 janvier).
Ils y remercièrent la Providence de les avoir fait
triompher de la domination musulmane , étabUe
en Espagne depuis près de huit siècles (2). Cette
glorieuse conquête mérita à Ferdinand et à Isa-
belle le titre de rois catholiques, qui leur fut
accordé par le pape Innocent vm et confirmé
par Alexandre VI (3).
L'abaissement des barons castillans et ara-
gonais, la création de l'hermandad, la soumis-
sion des Maures avaient donné à Ferdinand le
souverain pouvoir eu Kspagne. L'établisse-
ment de l'inquisition l'entraîna à vouloir plus.
378
(1) Ronda fut prise le 23 mai 1485 (8 sjumada prior 8901.
C'est au siège de cette place importante qne ies ciiré-
tlens firent pour la première fois usage de projectiles
creux, fjcs historiens de l'époque, après avoir décrit les
fusées Incendiaires, dont on se servait déjà, ajoutent :
« Les canonniers fabriquèrent avec de la fonte de fer
une autre sorte de grosses et petites boules creuses, qu'ils
lançaient dans la ville, où elles faisaient d'affreux ra-
vages. »
(2) .Selon Mariana , sept cent soixante-dix-neut années
deux mois et neuf Jours.
(3) Ce titre n'était pas nouveau : les papes l'avalent déjà
accordé à Récarède I""-, roi des Visigoths d'Espagne, et
à Alfonse 1^'', roi des Asturles.
maître de Grenade, lui et son
épouse rendirent un décret pour obliger les
juifs à recevoir le baptême ou à sortir dans
quatre mois de leurs États. Les habitants chré-
tiens des villes commerçantes virent avec
alarme le coup fatal qu'une telle mesure allait
porter à la prospérité nationale. Des représenta-
tions furent faites aux souverains ; ce fut en vain :
la cupidité et le fanatisme eurent le dessus. A
l'expiration du délai , selon la plupart des écri-
vains espagnols, cent vingt mille familles (1) se
retirèrent à l'étranger, emportant des richesses
immenses, car les juifs s'étaient emparés de tou-
tes les branches de commerce, que l'indolence et
les distractions guerrières des Espagnols et des
Maures leur abandonnaient exclusivement. Plu-
sieurs d'entre les proscrits feignirent de se con-
vertir plutôt que de quitter leur patrie et leurs ri-
chesses , mais les cachots et les bûchers reten-
tirent bientôt de leurs plaintes; la plupart d'entre
eux furent condamnés comme relaps, et leurs
biens confisqués. On frappa jusque dans les hé-
ritiers la croyance des parents. Cette mesure
terrible et impolitique entraînait la persécution
des mahométans. Ceux-ci éprouvèrent bientôt
que les traités qui garantissaient solennellement
l'exercice de leur croyance étaient de peu de
poids sur la conscience d'un prince qui n'hési-
tait jamais à violer sa parole lorsqu'il s'agissait
de ses intérêts. Cependant, le nombre des
Maures, leur habitude des armes , l'assistance
qu'ils pouvaient recevoir d'Afrique, firent ajour-
ner leur pi'oscription en masse. Ce fut dans le
même temps qu'après bien des peines et des
sollicitations réitérées le Génois Christophe Co-
lomb signa à Santa-Fé,le 17 avril 1491, un traité
avec la reine Isabelle pour la découverte d'une
nouvelle partie du monde. On trouvera sur
cette grande entreprise les détails les plus inté-
ressants à l'art. Colomb.
Sur ses entrefaites ( 7 décembre ) , la vie de
Ferdinand fut mise en danger à Barcelone par
un nommé Juan Canamares , qui le frappa d'un
coup de poignard entre la tête et le dos. La
pointe du fer rencontra la chaîne d'or que le roi
portait au cou, et ne lui fit qu'une légère blessure.
Le meurtrier, arrêté aussitôt, fut reconnu privé
de raison, et Ferdinand sollicita sa grâce ; néan-
moins, sur l'ordre du cardinal ministre Ximenès
de Cisneros, l'assassin fut étranglé publiquement,
puis écartelé.
Pendant que Christophe Colomb augmentait
la puissance des rois catholiques d'une immense
étendue de terre et de richesses incalculables ,
ces princes recouvraient sans coup férir le Rous-
sillon et la Cerdagne, que trente années aupara-
vant don Juan II avait mis en gage à Louis XI
contre une somme de 200,000 écus d'or. Le
19 janvier 1492 intervint, à Barcelone, un traité
avec Charles VII, par lequel Ferdinand et Isa-
(4; Mariana dit 800,000 ûmes. *
379
belle s'engagèrent à ne jamais marier leurs en-
fants avec les souverains d'Autriche et d'Angle-
terre , ni avec les descendants de ces princes ,
ni avec aucun auke ennemi de la France. Ils
firent de plus avec le monarque français une
alliance offensive et défensive, alliance contre
tous leurs ennemis, quels qu'ils fussent. En
considération de ce traité, Charles VIII renonça
au payement des 200,000 éciis, et remit les
deux provinces qui en faisaient la garantie. Le
roi d'Espagne en prit aussitôt possession ; mais
lorsque Charles, après avoir soumis l'Italie sep-
tentrionale, s'avança sur Naples, Ferdinand lui
déclara qu'ayant lui-même des prétentions sur ce
royaume, il ne souffrirait pas que les Français
avançassent plus loin. Charles VIII répondit qu'en
vertu du traité par lequel il avait rendu le Rous-
sillon et la Cerdagne, Ferdinand s'était engagé de
ne point s'opposer à ses entreprises sur des tiers.
Il eût été difficile de repousser cet argument par
de bonnes raisons : aussi Antonio de Fonseca ,
l'ambassadeur castillan, ne l'essaya-t-il pas ; mais
prenant l'original du traité de Barcelone, il le la-
céra en présence du roi de France ( 29 janvier
1495), déclarant que son maître se dégageait ainsi
de toute promesse antérieure. Charles eut beau-
coup de peine à empêcher les seigneurs français
de faire justice immédiate du téméraire envoyé.
Il ne répondit qu'en précipitant sa marche, et le
22 février il entra vainqueur à Naples. Se croyant
trop faible pour combattre seul son rival , Fer-
dinand parvint à former, sous le nom de sainte
ligue, une coalition avec l'empereur, le pape , le
duc de Milan et la république de Venise. En
vain Charles VIII écrasa l'armée des confédérés
dans les plaines de Fornoue, Gonzalve de Cor-
doue força le duc de Montpensier à évacuer le
royaume de Naples, qui demeura aux Espagnols.
En même temps Ferdinand lança un corps d'ar-
mée dans le Languedoc. De ce côté le maréchal
Albon de Saint- André, qui commandait en ce pays,
contraignit les ennemis à la retraite, et leur re-
prit une partie du RousslUon. Une trêve fut
alors consentie; l'avènement au trône du roi
Louis XII la changea en paix définitive , et les
Français abandonnèrent l'Italie.
Tout paraissait s'accorder pour fau'e de Fer-
dinand le Catholique un des monarques les plus
puissants et les plus heureux de la terre. Maître
absolu chez lui, obéi aveuglément par une nation
asservie, possesseur d'immenses provinces dans
les deux mondes , secondé par des capitaines et
des hommes d'État éminents, époux d'une reine
que distinguaient de grandes qualités , rien ne
semblait manquer à la satisfaction de l'ambitieux
monarque. Cependant ce cours de félicités ne
tai'da pas à être troublé par l'anéantissement
de sa famille. Pour resserrer la coalition contre
la France et contrairement au traité de Barcelone,
le roi catholique avait marié (4 août 1497) son
unique fils, don Juan, prince des Asîuries , avec
l'archiduchesse Marguerite, fille de rempereni-
FERDINAND 330
Maximilien. Le prince Juan mourut soixante
jours après son mariage (4 octobre), et sa veuve,
qu'il avait laissée enceinte, accoucha d'un enfant
mort. Dofia Isabelle, fille aînée de Ferdinand , et
femme en secondes noces (1) de don Manuel , roi
de Portugal, fut alors proclamée héritière de
la monarchie espagnole ; mais elle mourut elle-
même le 23 août 1498, en mettant au monde un
fils (Miguel) qui ne lui survécut que deux an-
nées. On reconnut alors pour héritière de la cou-
ronne de Castille la seconds fille des rois catho-
liques, dona Juana, épouse de l'archiduc Phi-
lippe d'Autriche, dit le Beau. La raison de cette
princesse se troubla à la suite d'une couche
(10 mars 1503). La reine Isabelle prit tant de
chagrin de ces pertes successives, qu'elle en
mourut, laissant le royaume de Castille à cette
même fille (connue sous le nom de Jeanne la
Folle), mais en instituant Ferdinand V régent
jusqu'à la majorité de son petit-fils Charles d'Au-
triche, duc de Luxembourg (depuis Charies-
Quint). Les cortès convoquées à Toro, prenant en
considération la maladie de dona Juana, rati-
fièrent le testament d'Isabelle. L'archfduc Phi-
lippe protesta contre cette décision , rassembla
des troupes pour revendiquer ses droits les
armes à la main, et chercha à s'appuyer sur le
loi de France; mais l'adroit Ferdinand rompit
toutes les mesures de son gendre en demandant
à Louis XJI la main de sa nièce , Germaine de
Foix {voy. ce nom), promettant d'assurer la
couronne de Naples aux enfants qu'il aurait
de cette princesse. Louis XII consentit volontiers
à ce mariage, et renonça en faveur de sa nièce
à tous ses droits sur le royaume de Naples. Cette
union fut un coup sensible pour l'archiduc ; il se
liâta de passer en Espagne, où il comptait de
nombreux partisans. Parti de Middelbourg, le
10 janvier 1506, avec une nombreuse flotte, il fut
jeté sur les côtes d'Angleterre, où il séjourna
près de trois mois. Il débarqua enfin à La Co-
rogne, et ne fut pas plus tôt à terre qu'une foule
de seigneurs mécontents s'empressèrent d'accou-
rir à lui. Le roi catholique, se voyant abandonné,
céda aux circonstances. Il sollicita une entrevue
de l'archiduc : elle eut lieu à Remesal ; le traité qui
en fut la suite , souscrit le 27 juin 1506, obligea
Ferdinand à résigner la régence et à se retirer dans
ses États d'Aragon. Il se réservait cependant l'ad-
ministration et les rentes des trois grandes maî-
trises des ordres mihtaires de Calatrava, d'Avis,
de Santiago , plus la moitié des revenus d'Amé-
rique. Cette convention fut immédiatement exé-
cutée ; mais Philippe ne jouit pas longtemps de
son triomphe. Trois mois après, il mourut inopi-
nément à Burgos, le 25 septembre 1506. Un grand
nombre d'historiens attribuent cette fin prématu-
rée au poison ; d'autres prétendent que le jeune
roi mourut pour s'être trop échauffé en jouantà la
(1) îi'lle (itait déni veuve de l'iafant don Alfoiiso, lils
unique du roi .roao II de l'ortiigîil. L'infant était mort
i,\\w. cliuto de fiiieval, après neuf mois de mariage.
mi FERDINAND
: aiuiie. Quoiqu'il en soit, Ximenès de Cisneros,
archevêque de Tolède , réussit à faire remettre
la régence entre les mains de Ferdinand V. Ce
monarque était alors enitalie ;il récompensa aus-
sitôt le prélat par un chapeau de cardinal et le
titre de grand-inquisiteur. Après s'être abouché,
à Savone, avec Louis XII et avoir terminé selon
ses désirs les affaires de Naples , Ferdinand dé-
barqua à Valence en J'uillet 1507, et se rendit
en Castiile. Il y trouva une vive opposition or-
ganisée contre son pouvoir ; mais, à force d'a-
dresse et de fermeté, il rétablit la tranquillité, et
par degrés son autorité fut reconnue par tout le
royaume. Quelque temps après il conclut un traité
avec l'emperein' Maximilien , qui revendiquait
la tutelle de l'infant Charles de Luxembourg.
Moyennant une rente de cinquante mille ducats,
Maximilien se désista de ses prétentions, et offrit
même à Ferdinand le titre A' empereur cV Italie;
mais ce prince , craignant avec raison de blesser
les puissances italiennes, eut le bon esprit de
refuser.
Non content d'avoir détruit en Espagne la do-
minatioif des musulmans , le roi catholique, à
l'instigation du cai'dinal Ximenès , porta ses ar-
mes en Afrique. Ximenès se chargea de tous les
frais de cette expédition , Ferdinand ne fournit
que les vaisseaux nécessaires au transport d'une
armée de dix mille hommes de pied et de quatre
raille chevaux. L'entreprise réussit complète-
ment; Oran fut emporté après une courte résis-
tance; l'année suivante , Bougie capitula ; Alger,
Tunis , Tlemcen et autres places se reconnurent
vassales de l'Espagne. Une autre expédition ré-
duisit Tripoli. En 1 511 , Ferdinand, sollicité par le
pape Jules II de secourir l'Église contre les schis-
matiquesque soutenaient la France et l'Empire,
fournit, contrairement à ses traités, des troupes
au souverain pontife, et !a guerre se ralluma dans
toute ritahe. Les alliés du pape furent défaits à Ra-
venue, le 11 avril 1512 ; mais cette guerre amena
un résultat mémorable. Désirant porter les hos-
tilités en France, Ferdinand V demanda à Jean
d'Albret, roi de Navarre, le passage pour ses
troupes. Jean refusa, déclarant qu'il voulait
'garder une stricte neutralité. Le roi d'Espagne
rassembla alors des troupes nombreuses dans
l'Alava, sous le prétexte de les faire passer en
Guyenne par les ports de la Guipuscoa. Le
8 juin 1512, une flotte anglaise de quatre-vingts
voiles vint aborder au Passage, et débarqua une
armée commandée par le duc de Dorset. Ferdi-
nand , au lieu d'employer ces troupes en Guyenne
suivant la convention conclue avec le roi d'An-
gleterre, Henri Vlir, profita de leur présence pour
envahir la Navarre sans déclaration de guerre.
Le duc d'Albe s'empara ainsi de Pampelune
sans éprouver la moindre résistance, et bientôt la
liante Navai re tout entière fut réunie à l'Espagne.
Ferdinand, quoique avancé en âge, nourrissait
encorel'cspoir d'avoir un héritier qui recueillît les
couronnes d'Aragon, de Navarre, de Naples et de
382
Sicile. En 1509, Germaine de Foix avait mis au
m.onde un fils nommé Juan , qui mourut au bout
de quelques jours. En 1513, le roi prit une potion
aphrodisiaque, qui devait, croyait-on, rappeler sa
virilité; mais ce remède mal préparé ou mal ad-
ministré, causa au monarque une maladie de lan-
gueur, à laquelle il succomba trois ans plus tard.
Ferdinand fut sans doute l'un des princes les
plus capables qui portèrent le sceptre de l'Es-
pagne. Il est justement regardé comme le fon-
dateur de cette monarchie , à laquelle il donna
une puissance redoutable. Il sut faire la guerre
avec courage et bonheur, et conquit plusieurs
royaumes. Ce dont il faut surtout le louer, c'est
d'avoir rétabli l'ordre et la tranquillité dans un
pays bouleversé depuis tant de siècles par les
discordes civiles. II abaissa les nobles , réprima
leurs excès, et institua une milice civile chargée
de poursuivre le vol et le brigandage; l'impri-
merie fut par ses soins importée en Espagne, et
la conquête d'une partie de l'Amérique suffirait
seule pour illustrer son règne. Cependant il fut
craint et peu aimé. Cruel, perfide, intéressé , tous
les moyens lui semblèrent légitimes pour satisfaire
une ambition sans frein , et son ingratitude se
fait détester surtout dans deux grands exemples :
Christophe Colomb et Gonzalve de Cordoue.
Henri Lesueur,
Hier. Blanca , Comment. Rervm Aragon. — Ztiwta,
Anales de Aragon. ~ Miguel Carbonel, Chroniques
de Espanya; Barcelone, 1d36. — OElius Antnnius Nc-
brissensis, Rerum Hispanarum Décades, I, lib. VI. —
Lncius Marineiis Siciiliis, De Rébus Hispanix, lib. XX.
— Hernando del Piilgar, Cronica de Ins senores Reyes
Catolicos. — Lemos, Histoire gcnërale de Portugal. —
Alvar Gomez, De liebns gestis a Francisco Ximenès
Cisnerio. — Conde, Historla de la Dominacion de las
Jrabes. — JMariana, De Rébus Hispanicis, lib. XXVIU.
~ Moret, Anales de Navarra, III. — Kr. Tarapha, De
Regibus Hisjjunicis. — Ch. Paqiiis et Dochcz, Histoire
d'Espagne, II.
FER05NAN0 vs , roi d'Espagne, né le 23 sep-
tembre 1713, mort le 10 août 1759. Il était fils
de Philippe V et de Louise-Marie de Savoie. Il
succéda à son père le 10 aotVt 1746. C'était un
prince d'une santé faible, et par cette raison pins
ami de la paix que de guerres et ne conquêtes.
I! débuta sur le trône par des actes de bienfai-
sance, accorda de nombreuses grâces et assigna
deux jours par semaine pour entendre lui-même
les plaintes de ses sujets. Secondé par son nn"-
nistre La Ensenada, il mit son application à
rendre ses sujets heureux et à les délivrer des
calamités de la guerre; il y réussit en signant,
le 28 juin 1748 , le traité d'Aix-la Chapelle, qui
rendit la paix à l'Europe. Ferdinand Yt était
sujet à des accès de mélancolie que le chant de
Farinelli {l'oy. ce nom) était seul capable de
dissiper. Aussi l'Opéra est un des établissements
dus à ce monarque, ainsi que l'Académie de
Saint-Ferdinand, destinée aux beaux-arts, et le
Jardin de botanique à Madrid. Il se (il sous son
règne quelques réformes dans l'administration
des finances et plusieurs améliorations dans
l'agriculture, la marine et l'industrie du royaume.
383
FERDINAND
384
Par im concordat avec Rome, il s'assura la no-
mination à tous les bénéfices ecclésiastiques , à
l'exception de cinquante-deux ; vivant économi-
quement, il entassa beaucoup d'argent. En 1758
il perdit Marie-Madeleine-Thérèse de Portugal ,
qu'il avait épousée le 19janvier 1729. Cette mort,
dont il ne put se consoler, augmenta sa mélan-
colie , qui , devenue permanente , dégénéra en
démence. Il n'avait point d'enfants de son ma-
riage avec Marie-Thérèse de Portugal , et après
sa mort ce fut son frère Charles {voy. ce nom),
roi des Deux-Siciles, qui, sous le nom de Char-
les III , lui succéda , conformément au traité de
paix qui avait été conclu en 1748.
W. Coxe, 1,'Espagne sous les Bourbons, t. III et IV,
ch. XXXIV à Lviii. — Le maréchal de ViUars, Journal,
t. LXX, p. 214-408. — Voltaire, Siècle de Louis Xf,
ch. XIX, p. 201. — Soulavle, Mémoires de Richelieu,
t. VI, ch. XXIX, p. 345. — D'Argenson, Mémoires, p. 402.
— Flassan, Diplomatie, V. — Sismondi, Histoire des
Français, t. XXVII, XXVIII, XXIX. -.). I.avallée, Es-
pagne, dans l'Vnioers pittoresque, II, p. 106.
FERDINAND VII , roi d'Espagne , né à Saint-
Ildefonse,le 13 octobre 1784, mort à Madrid, le
29 septembre 1833. Il était fils de Charles IV et
de Louise-Marie de Parme. En 1789, il fut re-
connu prince des Asturies ou héritier du trône.
Il eut pour gouverneur le duc de San-Carlos ,
et pour précepteur Escoiquiz {voy. ces noms).
Son instruction fut ensuite continuée par les plus
savants hommes de l'Espagne. Mais ce prince
témoigna moins de goût pour la science que
pour les intrigues de cour. Dominé par son pré-
cepteur Escoiquiz, il se prêta aux vues ambi-
tieuses de son entourage, et devint d'abord le
chef nominal du parti ennemi du prince de la
Paix, c'est-à-dire du parti anglais. La princesse
Marie-Antoinette-Thérèse de Naples, qu'il épousa
le 21 août 1802 , et qui mourut en 1806, acheva
de le jeter dans ce parti, opposé' à l'influence
française, qui pesait sur le gouvernement du
prince delà Paix. Le voyant ainsi parmi ses en-
nemis les plus déclarés , Godoï (voy. ce nom)
provoqua l'éloignement d'Escoïquiz, et plus
que jamais il écarta le prince des affaires du gou-
vernement, auquel il était si impatient de prendre
part. «Réduit, dit Toreno, à la plus complète so-
litude , sans aucune participation aux affaires ,
Ferdinand , coulait tristement les plus belles an-
nées de son adolescence, assujetti à la monotone
et sévère étiquette du palais, entouré d'espions
qui l'observaient dans ses moindres démarches. »
Irrité d'une telle contrainte et de l'inutilité des
réclamations qu'elle lui inspirait, le prince se
montra d'autant plus rebelle aux volontés de
ses parents et plus hostile que jamais au mi-
nistre qui était leur conseiller. Veuf depuis seize
mois , il repoussa obstinément le mariage qu'ils
voulaient lui faire contracter avec D. Maria-
Luisa de Bourbon, sa cousine; par cela seul
qu'elle était sœur de la princesse de la Paix.
Bien plus , voyant que , malgré ses antagonistes ,
le favori ne faisait que grandir en influence et
en crédit, il prit un parti extrême en abandon-
nant ses anciens amis politiques : conseillé par
Escoiquiz et encouragé par Beauharnais , am-
bassadeur de France, il se décida à s'adresser à
l'empereur Napoléon. Dans une lettre pleine de >
flatteries , il déclara à ce souverain que , se met- f
tant sous sa protection , il sollicitait l'honneur !
de s'unir avec une princesse de sa famille. Mais
les espions de la reine s'aperçurent qu'il passait
ses nuits à écrire. Dénoncé au roi , il fut surpris
dans son cabinet à six heures du matin (octobre i
1807). On lui ôta son épée; on l'enferma dans
une salle du palais, et on se saisit de ses cachets
et de ses papiers. On y trouva deux longs mé-
moires où il dénonçait les menées de Godoï , des
projets de lettres adressées à Napoléon ; le tout
copié par lui, mais rédigé par Escoiquiz. « Alors
eut lieu , continue Toreno , ce scandaleux procès
de l'Escurial , qui soumet à la censure sévère
de la postérité ceux qui y prirent part , ceux
qui le provoquèrent, ceux qui le terminèrent,
en un mot , les accusés , les accusateurs , les
juges. " Le prince, s'avouant coupable, fut
remis en liberté après avoir dénoncé ses com-
plices, ses amis, les ducs de San-Carlos, de
rinfantado (voy. ce nom) et Escoiquiz, qui
furent exilés. Les événements qui suivirent
furent le juste châtiment de sa coupable ambi~
tion. L'occupation de l'Espagne par les Français,
les scènes d'Aranjuez et de l'Escurial, imposèrent
à Charles IV son abdication. Salué roi par la foule
empressée, Ferdinand parutdans Madrid au milieu
de l'allégresse générale. « Ce n'était pas que ce
prince, dit le général Foy {Guerre de la Pénin-
sule, t. IV), eût reçu de la nature les formes se- -
duisantes et les qualités inspiratrices qui enflam-
ment la multitude. On eût cherché en vain dans
les traits de son \isage la bonhomie de la figure
de Charles IV. Il ressemblait davantage à sa
mère; quoiqu'il fût grand et bien fait, sa tour-
nure manquait d'élégance , ses mouvements
étaient brusques , son regard incertain , sa jeu-
nesse sans fraîcheur. Il parlait peu , et on ne
pénétrait pas si c'était par timidité ou par dissi-
mulation. On ne connaissait de lui ni vices ni
vertus. « A peine parvenu à la couronne, au
lieu de chercher un point d'appui dans l'affec-
tion de ses sujets, il préféra s'adresser à un sou-
verain étranger, déjà plus roi que lui en Es-
pagne. Mais le protectorat qu'il implorait n'é-
tait rien moins qu'assui'é. Murât venait d'occuper
Madrid (mars 1808), et se montrait mécontent de
l'abdication de Charles IV, qui déjà regrettait d'a-
voir cédé à l'émeute. L'empereur, qui faisait es-
pérer sa présence en Espagne, la différait de jour
en jour. Ferdinand se laissa persuader d'aller au-
devant de ce potentat. Avançant toujours sans
le rencontrer, il lui adressa, de Vittoria, une
lettre assez humble. Dans la réponse qui lui
fut faite , on ne lui donnait que le titre de prince
des Asturies. L'empereur revendiquait le droit
de s'informer des circonstances de l'abdication.
Malgré les effoi'ts de ses conseillers les plus
38£
avisés, sans se fier au dévouement de ceux qui
otïraieiit d'arriver en force pour favoriser son
,'vasion du milieu des troupes françaises , éclie-
lonnées sur son passage sous prétexte de lui
lendre honneur ; bien que tout dût l'avertir du
danger où il se précipitait, aveuglé par Escoï-
quiz, Ferdinand se laissa entraîner à Bayonne.
Alors eurent lieu ces conférences fameuses où
l'on vit le père et le fils , le roi déchu et le
nouveau roi , plaider leur cause respective en
présence du puissant arbitre qui voulait «■ tout
pour le peuple, mais rien par le peuple ■». Juge
de ce triste conflit, Napoléon le trancha en dé-
clarant que la maison de Bourbon avait cessé
de régner en Espagne. Vainement Ferdinand
tenta de résister aussi énergiquement que le
lui permettaient le lieu et le moment, il lui fal-
lut opter entre l'abdication ou la mort. C'est
le 6 mai 1808 qu'il signa son acte de renoncia-
tion au trône d'Espagne. De Bayonne il passa
alors au château de Valençay, où il résida, avec
son frère, D. Carlos, et son oncle D. Antonio,
jusqu'en 1814.
Ferdinand n'eut pas même la dignité de sa po-
sition nouvelle. Sorti de Bayonne pour se rendre
au lieu de sa captivité , il s'empressa de trans-
mettre à l'empereur « ses sincères complùnents
sur l'installation de son frère bien aimé (Joseph)
sur le trône d'Espagne «. Non content de sup-
plier S. M. Catholique le roi Joseph de l'honorer
de son amitié, il demanda à ce prince le grand-
cordon de ses ordres , en lui transmettant des
proclamations où il engageait les Espagnols à se
soumettre à leur nouveau souverain. 11 célébrait
par des feux d'artittce, par des illuminations
splendides, les victoires remportées par Napo-
léon non-seulement sur l'étranger, mais en-
core sur ses anciens sujets. En outre , après
avoir vainement sollicité son union avec une
princesse impériale , il écrivait à un des princi-
paux membres du sénat : « Ce qui m'occupe à
présent, c'est le désir bien vif et bien cher de de-
venir \efils adopti/de S. M. l'empereur notre
auguste souverain (1). » Il était le premier à dé-
noncer ceux qui tentaient de le rendre à la li-
berté. La Navarre et une rente de 800,000 francs
lui avaient été promises. Les événements qui em-
pêchèrent l'exécution du traité de Bayonne
allaient lui donner davantage. Tandis que les
grands et les hauts fonctionnaires espagnols ne
songeaient la plupart qu'à conserver leurs posi-
tions, alors que leur roi s'était contenté d'a-
voir la vie sauve , le peuple, blessé dans son
orgueil national , préféra les dangers, les maux et
les chances d'une lutte terrible aux douceurs d'une
paix obtenue sans son consentement et sans qu'il
eût même été consulté dans ce changement sou-
dain de dynastie. Le sang versé à Madrid (2 mai )
criant vengeance, il passe tout à coup de l'épou-
vante à la fureur. Le même cri d'indignation et le
(1) Vaulabellc, t. V, p. s, Histoire des Deux Restau-
irations.
NOUV. BIOGR. CÈNP.R. — T. XVII.
FERDINAND S 86
même appel au patriotismetrouventdel'échodans
toutes les âmes. Des Asturies, où elle éclata, l'in-
surrection gagna la Galice , Santander, Léon, la
Vieille- Castille, et de l'Andalousie remonta en
Estradamure. De sourdes commotions ébranlè-
rent la Nouvelle-Castille ; bientôt, enfin, des Ba-
léares à la Navarre , du Portugal aux Provinces
Basques, l'embrasement fut général. Amis et en-
nemis se trouvèrent partout en présence. Les gué-
rillas s'organisèrent ; enfin, la résistance de Sara-
gosse \votj. Palafox ) eut pour couronnement
la mémorable journée de Baylen {voy. Rei-
DiNG et Dupont).
A une junte insuffisante succédèrent les cor-
tès, qui inaugurèrent leur retour par la consti-
tution de 1812. Secourue par les Anglais, triom-
phante à Salamanque et à Vittoria, après six
années d'efforts héroïques contre des armées
aguerries et les généraux les plus renommés,
l'Espagne revit enfin son roi légitime. Elle es-
péra que le pi'ince dont elle avait jadis salué
avec bonheur l'avènement , instruit par le mal-
heur, s'empresserait de calmer les maux dont il
pouvait voir partout les déplorables traces ; mais
cet espoir fut déçu.
L'adversité, qui élève les âmes fortes, avait
produit un effet tout opposé sur Ferdinand. Il
devint fanatique et dissimulé. L'isolement dans
lequel il avait vécu à l'Escurial s'était d'ail-
leurs continué à Valençay. Pilote inexpéri-
menté, il était appelé à diriger un navire
constamment battu par les orages. « En remon-
tant sur le trône de ses pères, Ferdinand, dit
Manuel (séance du 27 février 1823, n'avait
pas à punir, mais à récompenser. » Or, voici
comment il interpréta et comment il l'emplit' ce
devoir de la royauté. Poussé par les funestes
conseils des servîtes ( c'était ainsi que l'on appe-
lait les partisans du pouvoir absolu ) et par son
propre penchant à rejeter la constitution de 1812,
qu'il avait promis de reconnaître, il s'avança,
accompagné par la division du général Elio, sur
Madrid , où le précédèrent le comte de Montijo
et le général Eguia , le premier ayant à disposer
le peuple à l'acceptation des volontés telles
quelles du monarque , le second à en assurer
l'exécution.
Avant même d'entrer dans sa capitale , Ferdi-
nand rendit à Valence ce décret du 4 mai 1814,
qui marquera si tristement dans les annales de la
Péninsule (1). Api'èsune longue énumération de
(1) C'est le limai que les habitants de Madrid lurent, à la
pointe du Jour, affiché sur les murs, le placard suivant :
« Victime de la cruelle perfidie de Bonaparte , et
privé de ma liberté par un attentat atroce, sans exemple
dans l'histoire des nations civilisées, j'ai été retenu pen-
dant six ans en prison; une assemt)lée des cortès, con-
voquée d'une manière tout à fait inusitée en Espagne,
a mis à profit ma captivité, usurpé mes droits, en im-
posant à mes peuples les lois les plus arbitraires ainsi
qu'une constitution anarchique, séditieuse, basée sur les
principes démocratiques de larévolutîon française. Ayant
égard à l'extrême répugnance des Espagnols pour une
constitution où l'on affecte de repousser tout ce qui
rappelle le nom de roi, où l'on nomme nationales les ar-
13
387
FERDINAND
388
ses griefs contre les certes de 1812; après une
promesse formeile de donner lui-même des
institutions à son peuple , Ferdinand, s'appuyant
sur son pouvoir absolu, annule et abolit tout ce
qui s'est fait en son absence ; puis il proscrit en
masse et condamne à mort , comme coupables
du crime de lèse-majesté , tous ceux qui avaient
osé substituer à ses droits ceux de la nation. A
ce début, de si fâcheux augure, succéda pour
l'Espagne un long régime de despotisme et de
terreur. « L'inquisition, dit Viardot, fut rétablie et
dotée de toute la puissance qu'elle avait sous les
Torquemada; les Jésuites, chassés par Cliarles III,
furent rappelés et chargés de l'éducation pu-
blique; dix mille Espagnols, qu'on appelait a/mw-
cesados {francisés), parce qu'ils avaient cru
possible et praticable la réunion de l'Espagne à
l'empire, condamnés à l'exil et dépouillés de
leurs biens , allèrent vivre d'aumônes sur la terre
étrangère ; enfin, tous les membres des certes, des
régences et des ministères , tous ceux qui avaient
coopéré au travail de la constitution ou s'en
étaient montrés les zélés partisans , furent tra-
duits devant des commissions et jugés sans
forme légale. Les échafauds furent dressés , les
présides ouverts , les prisons encombrées , et
des hommes qui avaient honoré leur pays , les
Arguelles , les Calatrava , les Martinez de la
Rosa, échappant avec peine à là mort, et ne
pouvant, .comme Toreno et d'autres, obtenir la
faveur d'un bannissement , allèrent expier dans
les bagnes d'Afrique le crime d'avoir imposé
des conditions au trône en le sauvant. L'Espa-
gne , affaiblie par sa longue lutte et frappée de
stupeur , resta pendant six années la proie d'un
despote sanguinaire (1). »
L'exil du cardinal de Bourbon et de plusieurs
autres royalistes modérés témoigna que tout était
livré aux courtisans, qui s'efforçaient de faire
oublier leurs défections passées par l'exagé-
ration de leur zèle présent. On institua une
chambre ardente pour le jugement des constitu-
tionnels, dont les arrestations se multipliaient de
jour en jour. « Si parfois ces juges féroces et al-
térés de sang, dit Toreno, n'osaient condamner,
Ferdinand prononçait la condamnation, de son
chef, sans l'assistance d'aucune autorité. » Ré-
putés dangereux, les hommes les plus éclairés ,
que l'on ne pouvait poursuivre comme révolu-
tionnaires ou comme afraneesados, étaient per-
sécutés comme suspects de franc-maçonnerie.
C'est par les gibets de Madrid, de Pampelune,
rnées et les instilutions qui depuis si longtemps s'ho-
noraient du Ulre de royales, je la proclame nulle et de
nul effet, ainsi que les autres institutions politiques
nouvellement établies, pour le passé comme pour l'a-
venir. Quiconque osera, par fait, par cciit ou par parole,
exciter ou engager qui que ce soit à l'observation ou
exécution desdiles constitutions et institutions, se ren-
dra conpable du crime de lése-majesté, et sera, comme
tel, pwii de mort.
« Daté de Faïence, 't mai.
« Slçiné Ferdinand. »
;î) Viarriot, Études sur l'Espagne, p. 83 et suiv.
de Valence , c'est par la guerre à outrance faite
aux libéraux et la disgrâce des modérés, que le
roi netto ( absolu ) prétendait substituer le ré-
gime du bon plaisir aux réformes dont le besoin
se faisait si vivement sentir dans un pays dé-
pourvu d'industrie, de commeixe, de voies de
communication, de finances, de crédit, où
tous les services publics étaient dans le dé-
sordre , où la marine était nulle , les chantiers
et les arsenaux dégarnis , où l'armée restait sans
solde et sans vêtements. En même temps les co-
lonies, travaillées par les Anglais, achevaient de
s'émanciper. Ferdinand , qui attendait qu'elles
fussent rentrées dans l'obéissance po'jr convo-
quer les cortès auxquelles chacune devait en-
voyer ses représentants, dut s'apercevoir ealin,
en présence des maux toujours croissants de
l'État , qu'ajourner les difficultés , c'était les
aggraver. Lorsqu'il se décida à convoquer l'as-
semblée , l'insurrection était générale , dans le
pays , où le supplice de Porlier, de Lacy, de
Richard , de Yidal , de Bertrand de Lys ( votf.
ces noms), l'exil ou l'emprisonnement de beau-
coup d'autres libéraux, révoltaient au lieu d'inti-
mider les patriotes. L'armée destinée à l'Amé-
rique, retenue à Cadix, faute de transports et
d'ai-gent, poussée à des insurrections partielles par
la dureté de L'Abisbal, se souleva en masse après
le remplacement de ce général en chef. C'est dans
l'île de Léon que, le 5 janvier 1820, elle pro-
clama la constitution de 181'i. Quiroga et Riego
(voy. ces noms) en prirent le com.mandement,
sous le titre d'armée nationale. O'Donnei, qui
s'avança pour la combattre , fut arrêté par son
frère D. Henri O'Donnei [voij. ce nom), comte
de L'Abisbal , gouverneur de Cadix, qui se dé-
clara en faveur du mouvement. Les cortès ne
vinrent que pour sanctionner la révoiOtion
triomphante. Deptiis la proclamation qu'il adressa
au duc de l'Infantado, président du conseil de Cas-
tille, pour là convocation immédiate des cortès,
le roi ne fit plus, jusqu'à la contre- révolution,
que contre-signei' les volontés de l'assemblée, qui
tout aussitôt s'empara de îa direction des af-
faires d'État. Il hésitait encore à jurer la consti-
tution. Rempli d'effroi par l'émeute qui éclata
dans la nuit du 7 au 8 mars 1820, il prêta tout
aussitôt, entre les mains du président de la
junte, son serment à cette constitution, dont lai
pierre fut relevée sur la place publique de Ma-j
drid.
Le 9 juillet 1820 , à l'ouverture des séances
des cortès, debout, la main sur l'Évangile, Fèf-
dinand renouvela son serment en ces termes ::
'i Moi , don Ferdinand VIT, par la grâce de Dieu
et la constitution de la monarchie espagnole , roi
des Espagnes , je jure par Dieu et par les saints
Évangiles que je défendrai et conserverai la re^
iîgion catholique , apostolique et romaine, sans
en permettre d'irutre dans le royaume; quej'ob-j:^
serverai et ferai observer la constitution politi
que et les lois delà monarchie espagnole, n'ayanli
389
FERDINAND
dans tout ce que je ferai d'autre (in que son bien
et son utilité; que je n'aliénerai, ne céderai ni ne
démembrerai aucune partie du royaume ; que je
n'exigerai jamais d'impôts en argent ou de quel-
que autre nature que ceux que les Cortès auront
décrétés ; que je ne prendrai jamais à personne
ce qui lui appartient; que, par-dessus tout, je
respecterai la liberté politique de la nation et la
liberté individuelle ; et si j'agissais contre ce que
I j'ai juré en tout ou partie, je désire n'être pas
obéi, et que tout ce qui serait ordonné en con-
travention soit regardé comme nul et non avenu.
VA que Dieu me soit en aide et en protection. »
Il signa et jura depuis tout ce qu'on voulut,
sans perdre une seule occasion d'éluder les pro-
messes qu'il devait violer plus tard. Il ne se
lassait pas de faire une guerre sourde à ses adver-
saires, en se montrant en apparence d'accord avec
eux. A l'ouverture de la session de 1821,11 écri-
vit au ministre Bardaji, chef du nouveau cabinet,
qu'il avait nommé pour ministre de k guerre le
général Cantador. Personne ne connaissait ce gé-
néral. VAlmanach militaire sen\ faisait men-
tion d'un vice-amiral de ce nom , âgé de quatre-
vingts ans, retiré du service depuis près d'un
demi-siècle. Non content de refuser la démission
des ministres, le roi renchérit encore sur la
mystification injurieuse qui les portait à cette
d.'termination. Il substitue à Contador Rodri-
guez-Marfinez , général qu'on sut être enfermé
dans une maison de fous, depuis une blessure
qu'il avait reçue au siège de Badajoz, en 1813.
Puis on vit Ferdinand non-seulement mettre
son veto à plusieurs décrets importants, ou re-
fuser avec la plus capricieuse obstination d'ouvrir
ou de clore lui-même les sessions, mais abuser
de sa prérogative au point de laisser à l'ouver-
ture des dernières sessions le gouvernement sans
représentation, en renvoyant le ministère au mo-
ment où les cortès s'assemblaient. On l'avait vu
même, îi l'ouverture de la session de 1821, s'in-
terrompre dans la lecture de son discours ofli-
ciel pour lancer une amère diatribe contre ses
ministres et l'assemblée à laquelle il venait de
prêter serment. Son entente parfaite avec les
ennemis intérieurs et extérieurs de cet ordre de
choses et les conspirations qu'il ne cessait d'our-
dir ou de diriger ne pouvaient manquer d'ame-
ner une catastrophe. Le 7 juillet 1822, après l'as-
sassinat deLandaburru {voy. ce nom ),ouvit la
garde royale, en pleine révolte contre le gouver-
nement constitutionnel , s'élancer dans la capi-
tale, au cri de Vive le roi absolu (1)! Les mi-
liciens les vainquirent, en répondant Vive la cons-
titution ! et ils arrachèrent à la vengeance popu -
laire le roi instigateur du complot, et le même
roi iit pendre plus fard ses sauveurs.
Ferdinand Yîl ne dut son salut qu'aux se-
cours de l'étranger et aux divisions de ses ad-
versaires, partagés en tragalisles, paste-
(1) f^'iva et re/j netlo.
390
communistes, qui com-
leros (pâtissiers'
prenaient les exaltados et les descamisados
(sans chemise), zurriagistes. Certains actes de
l'assemblée suscitèrent des mécontentements.
Les principaux chefs libéraux s'attirèrent de j ustes
reproches en s'assurant de gros revenus aux
dépens de l'État, c'est-à-dire en faisant ce qu'ils
auraient critiqué chez leurs adversaires. Impa-
tients de l'atteinte portée à leurs fueros, les pays
Basques, soulevés, devinrent le noyau de l'armée
de la Foi, recrutée par les moines, commandée
par les ultra-royalistes {voy. d'Éroles, d'Es-
pagne, Romagosa , MiRALLÈS , MERINO, CtC. ).
Cependant, les succès d'Espoz y Mina {\ioy. ce
nom) donnèrent à l'assemblée une prépondé-
rance qu'elle justifia par l'activité de sesmesures.
« Le premier emploi que tirent de leurs mains,
encore meurtries par les fers, les hommes qui
passèrent des présides au gouvernement , ce fut
de signer une amnistie générale. Tout le monde
y fut compris , proscrits et prescripteurs , afran-
cesados et apostoliques , et cette mesure témoi-
gnait certes d'un sentiment de force en même
temps que d'une véritable grandeur d'âme. L'abo-
lition de l'inquisition, que le despotisme restauré
n'osa plus relever avec lui ; la suppression de
la Compagnie de Jésus et l'organisation toute
nouvelle de l'instruction publique; la liberté
rendue au commerce , à l'industrie , à l'agri-
culture; la suppression des substitutions, des
majorais et des biens demain morte ; l'extinction
des monopoles, privilèges et maîtrises; la ré-
duction des dîmes et prémices, la taxe des bulles
et la suppression des droits payés à Rome; la
division du territoire et la création d'autorités
civiles telles qu'on les voit aujourd'hui; l'orga-
nisation uniforme des douanes; la liberté de la
presse s'exerçant dans toute sa plénitude , sans
entraves, sans limites; les associations poli-
tiques reconnues , autorisées et mises seulement
en surveillance ; la formation de milices natio-
nales ; l'établissement du crédit public , la re-
connaissance des dettes anciennes et la vente des
biens domaniaux ; un code pénal , un code mi-
litaire (1) : » tels sont les actes par lesquels l'as-
semblée légitimait le triomphe delà révolution.
Le roi, qui n'y remplit d'autre rôle que celui d'eu
contrarier l'action , dominé par la peur, signa
tout, consentit à tout, il attendait avec impa-
tience le secours de l'éti-anger, qu'il appelait de
tous ses vœux.
Les progrès d'une insurrection qui avait réagi
dans le Piémont et à Naplcs attirèrent toute
l'attention de la sainte-alliance. Après avoir reçu,
au congrès de Vérone , la mission d'intervenir
militairement en Espagne, s'alarmant d'ailleurs
de la position <lu roi, de jour en jour piusdiflicile,
depuis surtout la journée du 7 juillet 1822, oii il
avait été contraint de revêtir de sa signature
plusieurs actes l'évoiutionnaires, craignant que le
Louis Viai'Uot, p.
i:tuil. sur rE.tp.
13.
39 î
FERDINAND
892
peuple no se portât à de nouveaux et plus grands ] relies. » Entendez-vous lesvivaP dit-il au duc
excès, redoutant enfin le contre-coup du mou-
vement en Fi'ance, le gouvernement français ré-
solut d'agir avec une armée décent mille hommes.
Le retour de Bessières {voy. ce nom), sa mar-
che sur Madrid , et sa victoire sur le général
O'Daly furent d'un triste présage pour les cons-
titutionnels.
Leur gouvernement avait montré plus de di-
gnité que de prudence vis-à-vis des grandes puis-
sances. Plus irrité cependant qu'effrayé par une
invasion opérée sans déclaration préalable de
guerre, n'ayant pas à opposer aux Français des
forces suffisantes et voyant qu'ils s'avançaient sur
Madrid, il prit le parti de transporter son siège à
Séville. Raffermi par les premiers succès de l'in-
tervention, le roi commença de se montrer moins
docile aux volontés des parlementaires. Non-seu-
lement il refusa de partir, mais encore il renvoya
deux fois ses ministres, qu'il accabla d'injures ;
la peur de l'émeute le décida encore à suivre le
gouvernement. Quand il fallut passer de Séville
à Cadix , il fit bien plus de difficultés encore, il
ne s'y résigna qu'après la nomination d'une ré-
gence (voy. Galiano) et l'avortement d'un com-
plot tramé pour sa délivrance (12 juin 1823) par
l'Anglais Dawnie. Il partit dès le lendemain, et
arriva le 15 à Cadix, où il fut reçu par les régents
avec les mêmes honneurs que s'il eût joui de la
plénitude de son pouvoir.
Pour appuyer ses déterminations énergiques ,
il eût fallu au gouvernement des forces autres
que celles dont il disposait. Mais ses armées
étaient mal organisées, insuffisantes, et il n'a-
vait pas même les finances nécessaires à la solde
des troupes déjà sur pied. Les défections de L'A-
bisbal , de Ballesteros , de Morillo , de Manso
(voy. ces noms) vinrent, en même temps que
la défaite et la prise de,Riego, précipiter sa
ruine, avec la reddition de Cadix, hâtée à prix
d'argent (voy. Ouvrard). Mina seul, par l'opi-
niâtreté de sa résistance , sauva l'honneur des
armes espagnoles. Contraintes de céder à la force,
les cortès ( 28 septembre 1823 ) abdiquèrent
leur autorité entre les mains de Ferdinand, qui
promit à son tour « de ^préserver de toute
vengeance et de toute persécution toutes les
personnes compromises ; se réservant , quant
au reste, de consulter l'intérêt et l'honneur de la
nation » . Le 29 il accorda un édit d'union et d'ou-
bli à la milice, qui refusait de se rendre à discré-
tion. A peine était-il arrivé au port Sainte-Marie,
dans le quartier général des Français (1er octobre),
que, libre de contrainte, il oublia toutes ses pro-
messes , annula tous ses actes depuis le 7 mars
1820. Yandiola, Quiroga, Alava et Valdès, sa-
chant à quoi s'en tenir sur les caresses et les in-
vitations qu'il leur faisait, s'étaient rembarques à
temps. La foule des fanatiques et des absolu-
tistes, qui vinrent pousser autour de lui les cris
de Vive le roi absolu ! 3lorl aux negros !
avait rendu Ferdinand à ses dispositions natu-
d'Angoulême, qui lui parlait d'institutions. Mais
l'acte qui caractérisa le mieux ses intentions fu-
tures , ce fut le titre de premier ministre qu'il
donna au moine don Victor Saez , son confes-
seur.
Le 13 novembre, Ferdinand fit son entrée dans
Madrid, « sur un char de triomphe de forme an-
tique, haut de vingt-cinq pieds, et que traînaient
cent hommes uniformément habillés de vestes
et de pantalons verts et roses. Ce char gigantes-
que était précédé et suivi de nombreux groupes
de danseuses et de danseurs revêtus de costumes
brillants, et qui se livraient aux démonstrations
de l'enthousiasme le plus frénétique ; des fleurs
tombaient de toutes les fenêtres et de tous les
balcons ; des cris d'allégresse sortaient de toutes
les bouches. Des revues, des danses publiques,
des courses de taureaux et des illuminations
prolongèrent durant plusieurs jours les joies de -
cette journée (I). «
« Peu après, dit à son tour un autre historien (2),
un morne silence avait succédé aux fêtes ; l'as-
pect de la ville était sombre et menaçant; la dé-
fiance et le soupçon s'étaient glissés peu à peu
dans le sein de chaque famille ; personne n'osait
ouvrir sa maison ni recevoir du monde : la ter-
reur des cachots semblait passée dans tous les
salons. » La province n'offrait pas un spectacle
moins triste. Nul n'était à l'abri des coups d'im
despotisme sanguinaire. Altéré du sang des ré-
volutionnaires, Ferdinand n'en trouvaitpas moins
lourde la contrainte des ultras. Après le départ
des volontaires royaux venus pour le saluer, il
s'écria : « Ce sont les mêmes chiens, avec des col-
liers différents. » Impitoyable envers ses enne-
mis , il fut ingrat envers ses plus dévoués ser-
viteurs (voy. Palafox, MATAFLORmA, etc. ). Le
cleï-gé reprit sa domination; en 1826 on fut té-
moin à Valence d'un auto-da-fé. Du reste, Ferdi-
nand A^I ne s'arrachait à l'influence du moment
que pour tomber dans de nouvelles contradic-
tions. Prenant au sérieux son titre de roi ab-
solu , il finit par en user au détriment de ceux-
là même qui ne le lui attribuaient que pour
l'exercer à leur profit. Déjà trois fois veuf (3) ,
il se trouvait encore sans postérité, lorsqu'il
épousa, en quatrièmes noces, le 11 octobre 1829,
Marie-Christine, lille de François, roi de Naples.
Cédant aux suggestions de cette princesse, et
s'appuyant sur une loi signée en 1789, mais non
promulguée, il rendit, de sa propre autorité,
le décret fameux qui rétablissait le droitl des
femmes à la succession au trône. Ainsi devenu
pouvoir constituant, il mettait en opposition la
constitution de la Castille et celle d'Aragon,
jetait la division entre son frère et sa veuve,
(1) Vaulabelle, t. VI, p. 190. i
(2) Ouvrard, Mém., t. II, p. 266.
(3) Sa secoade femme était Marie-Francisque d'Assise,
princesse portusaise, qu'il épousa et qu'il perdit en 1818.
La troisième fut Marie-Joséphine-Amélie , nièce du roi
de Saxe, et qu'il épousa le 8 août 1819.
393
FERDINAND
394
et en proclamant, le 13 octobre, sa fille Isabelle
princesse des Asturies , née trois jours aupara-
vant , il léguait la guerre civile à ses États. Ce-
pendant, pour calmer son frère D. Carlos, il
cassa la loi qu'il avait faite sous l'influence de
la reine, puis il la rétablit, par la crainte que lui
inspira le courroux de sa belle-sœur, D. Luisa
Cai'lota, femme de l'infant don François de Paule
et sœur de la reine Christine. C'est au milieu de
cette situation compliquée que succomba le mé-
chant et infirme roi Ferdinand VU.
V. Marty.
Toreno . 'Uist. de la Guerra, révolucion y levanta-
miento de Espafia. — Miraflores, 1° Apuntes historico-
critico para escribir la kistoria de la \Uevolucion de
Espana, 1820-1823. — M. Nellerio ( /. Antoine -l, or ente ),
Memor. par ki historia de la Révolucion, de Espaiia ;
1814-1816. s V. in-8° ; trad., 1815-1819. —De Pracit., Mém.
sur la Révolution.d'Esp. ; Paris, 1816, Jn-8°. — Martignac,
Essai hist. sur la licv. d'Esp.; 1820-1823 , 3 vol. ln-8o ,
1832. — Salmon ( El I'. M. ) , Résumé histor. de la Rév.
d'Esp., 1808-1814; Madrid, 1820, 6 vol. in-8°. — Hist.
de la Rév. d'Esp., 1820-1823 , par un Espagnol témoin
oculaire (Mlnano); 2 vol. in-S" , Pari.s, 1823. — Godoï,
Mem.; 4 V. in-8o, trad. en fr. — Mém. historiq. sur Fer-
dinand VU, roi des Espagnes, par D***, avocat, trad.
en franc, et en angl. par M. G.-H*", 1824. — Southey, Pe-
niusular IFar ; 6 v. in-S". — Génér. Foy, Guerre de la
Péninsule; 4 vol. in-S». — Le comte Victor du Hamel,
Hist. constitutionnelle de l'Esp.; 2 v. In-S», 1846. — Louis
Viardot, Études sur l'Esp.; 1 v. in-S"; — Ouvrard, Mém.;
3 vol. in-8°, 1826. — Congrès de Férone. — Vaulabclle,
Hist. des Deux Restaurât., tom. 4, 5 et B. — Lesur, Ann.
Jiist. univ., 1816-1833. — Monit. vniv., 1807-33. — Anto-
nio da Piralla, Hist. civ., 6 vol. in-8°.
FEiSDiKANn, comtes de Guaslalla. Voy.
GONZAGUE.
l'ERDiNAîSD, duc Aq Mantouc. Voy. Gon-
ZAGUE.
î'-'KRDiNAKD î" , lï, iii, rois de Hongrie.
Voy. FeudinandI, II, III, empereurs d'Alle-
magne.
*FEROiiVAiV!> IV d'Autriche, roi deHongrie,
de Bohême et des Romains, né en 1634, mort le
9 juillet 1654. Il était fils de Ferdinand III, em-
pereur d'Allemagne, et de Mariana d'Espagne.
Le 5 août 1646 son père le fit couronner roi de
Bohême, et le 16 juin 1647 roi <le Hongrie.
Cette dernière cérémonie se fit à Presbourg, selon
l'usage consacré (1). Ferdinand IV fut aussi élu
roi des Romains en 1653; mais il succomba à la
petite vérole l'année suivante. Sous son règne !a
Hongrie jouit de quelque tranquillité, malgré les
murmures des réformés, qui se plaignaient de
l'inexécution des promesses qui leur étaient faites
à chaque avènement d'un prince autrichien au
trône de Hongrie.
Sedicr, Univers. Lexi/i.
FERDINAND, archiduc d'Autriche, duc de
Massa et Carrara, né le 1'"'' juin 1754, mort le
24 décembre 1806. Il était le troisième fils de
(1) Apres la cérémonie , le roi monta â cheval , tra-
versa a pas lents le faubourg de la ville, et lorsqu'il fut
arrivé à la colline qui domine le Danube, il la «ravit au
galop, tira son sabre, et, parvenu au .sommet, figura qua-
tre croix en l'air en se tournant vers les quatre points
cardinaux.
l'empereur François I'^'^ de Lorraine et de Marie-
Thérèse d'Autriche. Le 15 octobre 1771 il épousa
Maria -Béatrice d'Esté, princesse souveraine de
Massa et Carrara , et unique héritière des États
de Wodèue, Reggio et La Mirandole. Lui-même
fut nommé gouverneur de la Lombardie pour
l'Autriche. Les victoires des Français et l'insur-
rection des Italiens dépossédèrent les deux époux
(1796). A la paix de Lunéville , on assigna à Her-
cule-Renaud d'Esté , duc de Modène , le Brisgaw
et l'Ortenaw, en échange de ses États hérédi-
taires; mais ce prince refusa, et fit la cession de
ces provinces à son gendre Ferdinand. Celui-ci
n'en conserva la souveraineté que jusqu'en 1805,
où Napoléon les réunit au grand-duché de Bade,
par suite du traité de Presbourg. Ferdinand mou-
rut peu après, laissant sept enfants : 1° Marie-
Thérèse , épouse de Victor-Emmanuel P"', roi
de Sardaigne;2° Maiie-Léopoldine, veuve de
Charles-Théodore, électeur palatin; 3" Fran-
çois IV d'Autriche, qui devint duc de Modène en
1814; 4° Ferdinand, prince de Modène, né le
25 avril 1781, et qui servit dans les armées au-
trichiennes comme général de cavalerie ; 5° Maxi-
mihen, né le 14 juillet 1782, feld-maréchal lieu-
tenant au service d'Autriche; 6" Charles-Am-
broise, né le 2 novembre 1783, mort en 1809 ;
7" Marie-Louise-Béatrix , qui épousa l'empereui'
d'Autriche François ^^
Conversât. -Lexik.
FERDîNAWD, infant et duc de Parme, fils de
don Philippe d'Espagne et d'Elisabeth de France,
lillc de Louis XTV, naquit à Parme, le 20 janvier
1751, et moui'ut dans la même ville, le 9 oc-
tobi'e 1802. Il eut pour précepteur Keralio,
et Condillac composa pour lui son Cours d'É-
tudes. Millot et Mably perfectionnèrent encore
.son éducation. Il put apprendre dans le Dis-
cours sur l'étude de r/iistoire quelles sont les
limites de l'autorité royale et le respect que doit
avoir le souverain des droits de ses sujets. Pen-
dant que le jeune prince s'instruisait dans la phi-
losophie et dans la politique, le ministre Fe-
lino (1) augmentait les revenus de l'État de
quinze cent mille livres. Ferdinand succéda à
son père en 1765. Ses goîits le portant vers la
vie paisible, il laissa les soins du gouverne-
ment au marquis Felino. 11 voulut introduiie
dans le duché de Parme des réformes utiles, et
suivre l'exemple de Joseph II, empereur d'Al-
lemagne. A cet effet, au mois de janvier 1768, il
fit publier une pragmatique-sanction dans la-
quelle il faisait défense absolue à ses sujets de
porter sans sa permission les affaires conten-
tieuses devant des tribunaux étrangers, et décla-
rait nuls les brefs . décrets et bulles non revêtus
de Vexequatur. Ces mesures ne tardèrent pas à
le brouiller avec Clément XIU, et une querelle
s'éleva au sujet delà limitation des privilèges de
main morte , et des appels à l'autorité suprême
(1) Son nom de famille était Du Tillot.
395
FERDINAND
du pape ; en outre, i! refusa le tribut réclamé par
le saint-siége pour les investitures. Malgré les
menaces du Vatican, il expulsa de ses États
les jésuites , et abolit l'inquisition. Ces réfor-
mes, toutes imprégnées de l'esprit de l'épo-
que, allaient attirer sans doute sur le duc
Ferdinand un monitoire de Clément XIII; les
foudres de Rome étaient prêtes à le frapper,
lorsque le pape mourut dans l'intervalle ; et le
cardinal Ganganelli , qui lui succéda sous le nom
de Clément XIV, se montra moins hostile à ces
innovations.
Ferdinand épousa à cette époque Marie- Amé-
lie, fille de l'impératrice Marie-Thérèse. L'in-
fluence du cabinet de Vienne se fit bientôt sentir
à la cour de Parme. Le ministre Felino fut ren-
voyé en 1773, pour faire place à Llano, dont la
faveur fut de courte durée.
A l'approche des troupes de la république
française, le duc essaya d'opposer quelque ré-
sistance ; mais l'apparition de Bonaparte sur les
frontières du duché de Parme fit tomber les il-
lusions de Ferdinand. La paix lui fut accordée
moyennant un tribut de deux millions de francs,
dix-sept cents chevaux, dixmille quintauxde blé,
cinq mille d'avoine et la cession de vingt de ses
plus beaux tableaux,entre autres le Saint Jérôme
du Corrége, qu'en vain il voulut racheter au prix
d'un million, et qui tous furent envoyés au
Musée de Paris. Il dut à ces conditions de pou-
voir garder ses provinces pendant cinq années.
I! assista ainsi, en simple spectateur, aux dé-
mêlés qui s'élevèrent entre la France et rAsitri-
che et à ces batailles qui ensanglantèrent et
achevèrent d'énerver i'Iialie, pays toujours des-
tiné à devenir la proie des vainqueurs étran-
gers.
En 1801, les traités de Lunéville, de Madrid
et de Florence réglèrent une fois encore le sort
de la péninsule. Contraint par le cabinet espa-
gnol, Ferdinand dut renoncer à son duché en fa-
veur de la France, et recevoir en échange la Tos-
cane , érigée en royaume d'Étrurie. Le duc re-
fusa d'abord obstinément , et il ne céda ensuite
qu'à la forcé : tout ce qu'il put obtenii' fut que ce
traité ne serait mis à exécution qu'après sa mort.
En conséquence de ce refus, son fils Louis fut en-
voyé à sa place en Toscane. Pendant les dix-huit
mois qu'il vécut encore, Ferdinand continua àpre-
tester; mais à partir du 21 mai 1801 il ne fut
plus que le souverain nominal de Parme , car le
véritable maître était le résident français, Mo-
reau de Saint-Méry. Le duc ne survécut que peu
de temps à la perte de son trône , quoique le
résident eût pour lui tous les égards, en faisant
respecter une autorité devenue très-précaire.
Ce ne fut qu'après la mort de ce prince que
l'incorporation du duché à la république fi'an-
çaise fut officiellement proclamée.
La veuve de Ferdinand mourut en 1805.
G. VlTALÎ.
UoUa , Histoire d'Italie.— Zc]]er, Histoire cVltalie.
306
Montholon , Ma-
— Enciclopedia popolare Torinese.
moires de Napoléon.
FERDINAND i"'', DE MÉDicis , troisième
grand-duc de Toscane, né en 1549, mort le 17
février 1609 (1608, selon le style llorentin). Il
était le quatrième fils de Côme F"", dit le Grand,
premier grand-duc de Toscane, et d'Eléonore de
Tolède. Il avait à peine quatorze ans lorsque le
pape Pie IV le créa cardinal-diacre du titre de
Sainte-Marie in Dominica , puis de Saint-
Eustache et de Sainte-Marie in Via Lata. Il fixa
son séjour à la cour de Rome, et y acquit une
grande influence. Le 19 octobre 1587, son frère
François-Marie , grand-duc de Toscane , étant
mort sans enfants mâles légitimes, il fut appelé à
lui succéder. S'il est vrai qu'il monta sur le trône
par un double empoisonnement, ainsi que quel-
ques historiens contemporains l'ont écrit sans
preuves, il effaça ce crime par la sagesse de son
règne. En prenant le pouvoir, il trouva des tré-
sors immenses accumulés par son frère, et
s'empressa de les employer à la prospérité de son
pays. Par les conseils de Catherine de Médicis,
reine de France, il céda son chapeau de cardinal
à Francesco del Monte, et épousa, le 30 avril
1 589 , Christine de Lorraine , petite-fille de Ca-
therine. Il obtint adroitement des Espagnols l'in-
vestiture de Sienne (1604), et purgea ensuite la
Toscane d'une multitude de bandits qui, sous la
la conduite d'Alfonso Piccolomini, duc de Monte-
Marciana, semblaient vouloir s'y étabhr. Devenu
maître de ce chef le 2 janvier 1591, Ferdinand le
fit pendre, le 16 mars suivant. Peu après il équipa
une flotte avec laquelle il fit donner la chasse aux
corsaires musulmans qui désolaientles côtesd'Ita-
iie.Les chevaliers del'ordredeSaint-Étienne secon-
dèrent ses vues avec beaucoup de courage , et après
plusieurs avantages obtenus sur ces écumeurs de
mer, les Florentins assiégèrent Famagousf e ( Chy-
pre) enl607etprirentBone (l'ancienne //ippo»e),
en Afrique, l'année suivante. Durant les troubles
de la Ligue, Ferdinand de Médicis prêta des som-
mes considérables à Henri IV, mais plutôt avec les
précautions d'un marchand qu'avec la noblesse
d'un prince : pour sûreté de son prêt, il s'était em-
paré des îles d'If et de Pomègues, sur les côtes de
Provence, et ce ne fut qu'avec grand 'peine que
Henri Vint à bout de les lui faire rendre. Cependant
Ferdinand montra une intelligence parfaite des
intérêts italiens en cherchant à conserver une au-
torité puissante à la France, qui seule pouvait
tenir tête à l'Espagne et empêcher d'anéantir les
restes d'indépendance de l'Italie. Il agit même
avec succès pour rendre le pape plus favorable
à Henri IV, et le poussa à entraver les plans de
l'Espagne relativement à la France. Les choses
en vinrent au point que l'ambassadeur espagnol,
Olivarès, menaça le pape d'un concile et de la
guerre ; mais Sixte V répondit par la menace
d'excommunier Philippe H et de prêcher une
croisade contre l'Espagne. Ferdinand se montra
très-froid envers la cour d'Autriche, et se main-
S97
tint clans les meilleurs termes avec les princes
protestants. 11 embellit considérablement les
principales villes de son duché : Pise et Li-
vourne refleurirent par ses soins ; la dernière
de ces villes devint un refuge pour les juii's et
les nouveaux chrétiens persécutés en Espagne.
A Florence , enti'c autres monuments, il com-
mença, en 1604, la rcal capeUa de' deposiU,
consacrée à la sépultur.e des jiiands-ducs. A sa
mort , on trouva dans ses coffres dix millions
d'or et la valeur de deux millions en pierreries.
« Ferdinand, dit Galuzzi, se montra toujours
doux, affable, humain , complaisant et accessible
à tout le monde. Il fut le premier des princes de
sa maison que ses vertus et sa bienfaisance
aient fait regretter généralement. 11 était sincère,
mais réservé , ferme dans ses résolutions, cou-
rageux et grand dans l'exécution de ses projets.
Les revers qu'il éprouvait, loin de le décourager,
l'animaient davantage. 11 savait balancer habile-
ment la rigueur et la clémence. » Ferdinand
laissa de sa femme, décédée le 20 décembre
1G36, quatre lils : Côrae, qui lui succéda ; Charles,
cardinal en 1615, mort en 1666; Fi'ançois et
Laurent ; et trois filles : Eléonore ; Catherine, ma-
riée à Ferdinand, duc de Mantoue; et Claude,
femme de Frédéric-Ubalde de La Rovèrc, puis de
Léopold , archiduc d'Autriche.
Arrimirati, Istoria di Firenze, Ub. XXII. — AUiratori,
Jnnal. Itai., XV, 89. — De Thou, Historia, !ib. XXII.
— Imhoff, Genealoçjiœ iihistriiiin inltalia Familiarum,
— Dochcz, Histoire de l'Italie, III, 164, 173, 189.
FEBOINAND II, DE MÉDicis , grand-duc de
Toscane, petit-fils du précédent, né le 14 juil-
let 1610, mort le 23 mai 1670. Il était fils de
Corne II et de Marie-Madeleine d'Autriche. 11
succédaà son père le 28 février 1620 (1621, se-
lon le style florentin ), sous la tutelle des grandes-
duchesses sa mère et son aïeule ( Christine de
Lorraine). Il garda une prudente neutralité du-
rant la guerre que la France et l'Espagne se
firent en Italie; mais il intervint auprès de
l'empereur Ferdinand II, son oncle , en faveur
de Charles T"", duc de Nevers, qui revendiquait à
juste titre les duchés de Mantoue et de Mont-
ferrat, et obtint pour ce prince la restitution et
l'investiture des fiefs en litige. Ferdinand II
épousa, le 26 septembre 1631, Victoire de La
Rovère, sa cousine. En vertu de ce mariage, il
eût pu prétendre au duché d'Urbin après la
mort de son beau-père François-Marie ; mais il
laissa réunir cet État à celui de l'Église, dont il
était un fief dévolu par le défaut d'héritiers
mûIes , et se contenta de recueillir les biens allo-
diaux du feu duc. Eu 1644, il s'entremit effica-
cement pour réconcilier Odoard, duc de Parme,
avec le pape Urbain Vlfl, et lui fit recouvrer son
duché de Castro. Dans la querelle qui s'éleva,
en 1662, entre la cour de France et celle deRorae,
à l'occasion de l'insulte faite à l'ambassadeur
français par la garde corse du pape, Ferdi-
nand II se porta comme médiateur, et réussit à
faire conclure, le 12 février 1G64, le traité de
FERDINAND 398
Pise, qui rapprocha les deux puissances. Son
zèle pourla religion l'engagea, en 1668, à fournir
des secours aux Vénitiens contre les Turcs, qui
assiégeaient Candie. Ferdinand était, comkne tous
ceux de sa maison, grand amateur des lettres, des
arts , et généreux protecteur des savants. 11 ai-
mait beaucoup la chimie, possédait un labora-
toire , et fit plusieurs essais pour fixer le mer-
cure; il inventa divers instruments de physique,
et plusieurs sociétés scientifiques possèdent
encore des thermomètres de sa façon. Il encou-
ragea par ses libéralités la fondation, par son
frère le cardinal Léopold de Médicis, de l'A-
cadémie del Cimente (19 juillet 1657), et lui-
môme se fit recevoir au nombre des membres
fondateurs de cette société savante. <( Ferdi-
nand 11, dit Silhouette, était d'ailleurs grand
politique et l'un des princes les plus adroits de
l'Europe. Sous son règne disparurent dans son
pays les dernières traces des moeurs républi-
caines. » 11 laissa deux fils : Corne III, qui lui
succéda , et François-Marie , créé cai'dinal par
Innocent XI, en 1686. Ce cardinal rendit la bar-
rette en 1709, pour épouser Eléonore de Gonza-
gue-Guastalla, et mourut en 1711.
Miiratori, Jnnales Ital. — Nelli, Saç/gio di Storia
letteraria Fiorentina del secolo Xf^ll. — SillioueUe,
Foyage de FrtincOj d'Espagne, etc. — Dochcz, Histoire
de l'Halte, 111, 210-269.
FEBiDSNAMD Bii ( Joseph-Jean-Bapttste ),
graiid-duc de Toscane, archiduc d'Autriche,
prince royal de Hongrie et de Bohême, né à
Florence, le 6 mai 1769, du grand-duc Pierre-
Léopolii et de Marie-Louise infante d'Espagne,
mort dans la même ville, le 18 juin 1824. Son
père , appelé à la couronne impériale d'Allema-
gne , le mit en possession de la Toscane le 7 mai
1791, et le maria à Louise-Améhe, fille du roi
de Naples. Les temps étaient difficiles, et la ré-
volution venait d'éclater en France. En vain le
Piémont, excité par l'Autriche, essayait-il de
s'opposer à la marche triomphale des troupes
françaises , qui avaient franchi les Alpes. Fer-
dinand , quoique frère de François H, empereur
d'Alleiïiagne, fut le premier des piinces italiens
qui, par son ambassadeur Carlelti , reconnut la
république française (février 1793). La neutralité
qu'il garda à l'époque des conquêtes du général
Bonaparte lui valut la conservation de ses États
jusqu'en 1799 ; mais une coalition des princes dé-
trônés imposa au gouvernement de la république
le devoir de réunir entièrement l'Italie à laFrauce.
Le 25 mars, lîerthier, frère du maréchal, entra sur
le territoire de la Toscane, enjoignit au grand-duc
de se retirer, et installa à Florence un gouverne-
ment provisoire aux tendances républicaines. Les
victoires de Kray et de Souwaroff , au moment
oii Bonaparte cueillait de nouveaux lauriers en
Egypte), obligèrent Schérer, Moreau et Macdo-
nald à battre en retraite. Le gouvernement pro-
visoire de Florence tomba avec ceux de Sienne
et de Livourne, et l'autorité de Ferdinand y fut
rélobliele 16 juin.
S:)9 FERDINAND
Le retour soudain de Bonaparte et la jour-
née mémorable de Marengo changèrent une
fois encore les destinées de la péninsule. En vain
Sommariva, gouverneur de la Toscane pour le
grand-duc, agissant d'après les instigations de
l'Angleterre , avait-il armé les paysans ; six mille
Français ou Cisalpins entrèrent en Toscane , oc-
cupèrent Florence , Sienne, Arezzo, etc., et les
traités qui en 1801 réglèrent le sort de l'Ita-
lie transformèrent l'héritage de Ferdinand en
royaume d'Étrurie, avec garnison française à Li-
vourne. Don Louis de Parme fut nommé roi en
titre de ces provinces. Le grand-duc dépossédé se
retira à Vienne. Le recès de février 1803 lui
donna, à titre d'électeur de l'Empire, l'ancien ar-
chevêché de Salzbourg. Il devint à la fin de 1805
électeur de Wurtzbourg, et en 1806, échangeant
ce titre contre celui de grand-duc , il fut admis
dans la Confédération du Rhin.
Ferdinand rentra en possession de ses anciennes
provinces après l'abdication de Fontainebleau. Le
peuple accueillit au milieu de Wïva^ enthousiastes,
le 7 septembre , son ancien seigneur, dont l'ab-
sence n'avait pas duré moins de quinze ans.
Aussitôt que la bataille de Waterloo lui per-
mit de se croire assis solidement sur son trône,
Ferdinand dirigea ses soins vers l'achèvement
des judicieuses réformes commencées par son
père. Seul, entre les princes italiens, il eut hor-
reur du sang et des procès politiques ; seul il
rendit son peuple heureux. Il donna la publicité
aux procès criminels, améliora le commerce,
ouvrit des routes nouvelles à l'industrie, res-
taura l'instruction publique, protégea les beaux-
arts et les lettres, accueilHt les réfugiés des au-
tres contrées d'Italie, et gagna ainsi l'affection
des Toscans. Les révolutions de Naples et du
Piémont, en 1821 , ne l'effrayèrent pas ; au con-
traire , il osa résister aux influences et aux sug-
gestions de l'Autriche , qui voulait que les pro-
cès sanguinaires faits aux carbonari des diffé-
rentes provinces d'Italie fissent oublier les
prisons du Spielberg.
Ferdinand légua à son fils Léopold II mie do-
mination raffermie par d'utiles réformes et de
beaux exemples à suivre. G. Vitau.
Zeller, Histoire d'Italie. — La Farina, Histoire d'I-
talie depuis ISiS jusqu'à 18îiO. — Montanelli, Mémoires
sur l'Italie et spécialement sur la Toscane.
FERDINAND i'^'' d'Aragon , premier roi de
Naples, né en 1423, mort le 25 janvier 1494. De-
puis que les Vêpres siciHennes avaient arraché
à Charles d'Anjou le plus beau fleuron de sa
couronne, cent cinquante années s'étaient écou-
lées pendant lesquelles Naples et la Sicile avaient
été divisées. Le continent était au pouvoir des
Angevins, l'île obéissait aux Aragonais. Le sort
des armes se déclara pour ces derniers : Al-
fonse V, dit le Magnanime, réunit les deux
États, et le premier s'intitula roi des Deux
Sïciles. A sa mort, qui arriva l'an 1458, Alfonse
légua ses États de Sicile, de Navarre et d'Ara-
gon, à Jean son frère, et ceux de Naples àFer-
400
dinand, son fils illégitime et adultérin. Ce der-
nier était fils d'une Castillane de basse condi-
tion, nommée Carlina Villardone. Ses ennemis
prétendaient que cette femme l'avait supposé
fils d'AIfonse V, tandis qu'en réalité il était
né d'un cordonnier mahométan de Valence, heu-
reux rival du roi d'Aragon. Sous le pontificat
de Nicolas V, un traité avait été conclu à Na-
ples entre ce pape, Alfonse le Magnanime,
et quelques autres puissances, à l'effet de pa-
cifier l'Italie et de faire la guerre aux Turcs.
Dans ce traité , le prince Ferdinand avait été
reconnu héritier présomptif des États de Naples.
A son avènement au pontificat, Cahxte III
ratifia le traité , mais refusa l'investiture à
Ferdinand , sous prétexte que sa naissance
était entachée d'opprobre-, et à peine Alfon-
se V eut-il fermé les yeux que le pontife dé-
clara, par une bulle datée du 12 juillet 1458, le
royaume de Naples dévolu à l'Église ; défenses
furent faites, sous peine de censure , à tous les
ordres de l'État, ecclésiasti.ques et séculiers , de
reconnaître d'autre souverain que le saint-siége.
Cet événement ranima les espérances et les pré-
tentions des Angevins , et on vit Charles VII ,
qui occupait alors le trône de France , donner
le gouvernement de Gênes à Jean d'Anjou, duc-
de Calabre, afin de mettre ce prince à portée
de saisir la première occasion de reconquérir
les domaines de ses ancêtres.
Ferdinand ne se laissa point abattre : il appela
de la bulle au futur concile, convoqua le parle-
ment, et reçut des principaux barons napolitains
le serment de fidélité. La mort de Calixte acheva
de relever le parti des Aragonais. Pie II conclut
(le 1 7 octobre 1458) avec Ferdinand un traité, par
lequel il reconnaissait ce prince en sa qualité de
roi de Naples , à la condition que le monarque
rembourserait à la chambre apostolique les ar-
rérages du cens , prêterait secours au saint-siége
toutes les fois qu'il en serait requis, rendrait
au pape la ville de Bénévent immédiatement
et celle de Terracine dans dix mois, et rap-
pellerait enfin, en employant la force si cela était
nécessaire, le général comte Piccinino, qui à la
tête des troupes aragonaises infestait les États
de l'Éghse. Dans la bulle d'investiture, qui
date du 10 novembre suivant, on remarque cette
clause , sauf le droit d'autrui ; c'était une
ressource que le pape se i-éservait pour l'éven-
tualité du succès des Angevins.
Une fois en possession de son trône, Ferdi-
nand ne songea qu'à s'y affermir. Il combla les
barons napolitains de faveurs et de caresses, il
diminua les impôts, et ne négligea rien pour ga-
gner l'affection de ses sujets. Ce prince épousa
(1444) Isabelle, fille de Tristan de Clermont,
jeune et belle personne, douée d'un courage au-
dessus de son sexe, et dont l'énergie ne contri-
bua pas médiocrement, en diverses circonstan-
ces, à soutenir le trône chancelant de son époux.
Des orages continuels troublèrent le règne de
401
FERDINAND
402
Ferdinand. Le comte Piccinino, à qui on n'avait
pu donner aucune compensation pour îes places
qu'il avait été forcé de rendre au saint-siége dans
le duché de Spolète et l'Ombrie, rentra dans le
royaume de Naples à la tôte d'une armée d'An-
gevins, tandis que le duc de Calabre opérait une
descente à la vue de Gaète, et envoyait sa flotte
jeter l'ancre dans le golfe de Naples. Le prince
de Tarente, le marquis de Crotone, le duc de
Sessa et une foule de barons de la Terre de
Labour et des Abruzzes embrassèrent le parti
de la maison d'Anjou. Le 7 juillet 1460, Ferdi-
nand perdit contre Jean d'Anjou une grande
bataille sur les bords du Sarno, près de Noie. Sa
déroute fut telle qu'il eut peine à gagner Naples
avec vingt cavaliers. Fei'dinand se vit quelque
temps réduit à la plus dure condition. L'argent
lui manquant, on vit la reine Isabelle, sa femme,
une bourse à la main, quêter de maison en mai-
son. L'épuisement de ses finances et la fidé-
lité chancelante des seigneurs napolitains l'obli-
gèrent d'une part à engager ses plus précieux
joyaux aux marchands de Florence et de Venise,
et de l'autre à faiie avec les barons un traité
onéreux, dans lequel il dut passer par toutes
les conditions qu'il plut à ceux-ci de lui imposer.
Louis XI avait à cœur les intérêts de Jean d'An-
jou ; il sollicita le pape Pie II d'accorder à ce
prince l'investiture du royaume de Naples. Pour
y déterminer le pape , le roi de France offrait
de révoquer la pragmatique -sanction etd'envoyer
soixante-dix mille hommes contre les infidèles.
Pie II, loin de se rendre aux offres du monarque,
fit venir d'Albanie le fameux Scanderberg {voy.
ce nom), et le mit à la tête des partisans de
Ferdinand. Ce dernier, avec le secours du prince
grec, remporta une victoire décisive, le 18 août
1462, près de Troja (Capitanate) sur son com-
pétiteur. Il acheva en 1463 de reconquérir son
royaume. Dès ce moment ses actes ne justifiè-
rent pas les espérances que le commencement
de son règne avait fait concevoir. Il fit jeter dans
une prison le duc de Sessa, au mépris des traités
faits avec ce seigneur ; il fit traîtreusement as-
sassiner Piccinino, qui avait fait sa paix avec lui ;
il enleva au pape le duché de Sora , et refusa de
payer les arrérages du cens qui avaient été for-
mellement promis. En 1475, la reine Isabelle
étant morte, Ferdinand épousa l'année suivante
Juana, fille de Jean II, roi d'Aragon et de Sicile
(morte le 9 janvier 1517).
Ce fut sous le règne de ce prince qu'une es-
cadre ottomane opéra une descente sur les cô-
tes de la Pouille et s'empara d'Otrante ( 1 1 août
1480 ). Douze mille habitants sur vingt-deux
mille furent passés au fil de l'épée. Otrante fut
reprise, l'année suivante, par les chrétiens.
Cependant Charles VIII, roi de France, héri-
tier des droits de la maison d'Anjou sin- le
royaume de Naples , avait terminé les formida-
bles préparatifs de son expédition en Italie.
Ferdinand vit se former l'orage, il ne le vit pas
éclater. Ce prince mourut après trente-six ans
de règne, laissant la réputation d'un habile po-
litique, mais d'un prince cruel et de mauvaise
foi. Naples lui dut une partie de sa grandeur ;
ce fut lui qui le premier introduisit rimprimerie
dans cette cité (1474); il protégea les belles-
lettres, veilla à la bonne administration de la
justice, et favorisa très-efficacement les pro-
grès de l'industrie manufacturière et le déve-
loppement du commerce. Il est le premier sou-
verain qui ait pris le titre de roi de Naples.
Il laissa la couronne à son fils aîné, Alphonse IL
[Enc. des G. rfw M., avec addit. ]
Franc. Guicciardini, Istoria d'italia, lib. I. — Onofrio
Panvini, f^itx Pontiflcum (Innocent Vlif ). — juan Ma-
riana, Historia di Relnis Hispaniœ, lib. XXV, cap. vu.
— BzoYius, Annales. — Giov.-Anton. Summonte, Hist.
délia città e ret/no di Napoli, l. III, lib. VI, p. 48i. —
Angelo di Costanzo, Ist. del Regno di Napoli, lib. XIX,
p. 187-201. — Philippe de Comines, Chron., lib. VU. _
Mezerai, Hist. de France (Charles M\\).— kilawi, Italie,
dans ['Univers pittoresque, p. 194. — Sismondi, Hist. des
Franc., t. XIV, p. 41-48 ; XV, 140-133.— Le même. Ré-
publiques italienne s, t. _X, chap. LXXVI, p. 76-106.
FERDINAND II, roi de Naples, petit-fils du
précédent et fils d'Alphonse II et d'Ippolila
Sforce , mort à Naples, le 7 octobre 1496. Il
n'était encore que duc de Calabre et héritier
présomptif de la couronne lorsque son père
lui confia le commandement de l'armée des-
tinée à agir contre Charles VIII, qui s'avan-
çait en ce moment à la conquête du royaunte
de Naples. Ferdinand pénétra dans la Romagne
à la tête de soixante escadrons, d'un corps
nombreux d'infanterie, et vint camper sous les
murs de Faenza. Charles VIII lui opposa Ebe-
rard d'Aubigny. Refoulé par la marche victo-
rieuse du roi de France, le duc de Calabre rentra
à Naples dans les premiers jours de l'année
1495, et le 23 janvier, lendemain du jour où
son père avait abdiqué, il fut sacré dans l'église
métropolitaine , et parcourut , la couronne en
tête, tous les quartiers de la ville. Il prit ensuite
des mesures pour la défense du royaume; mais
le peuple, qui n'avait point perdu le .souve-
nir des vices et des cruautés de ses deux der-
niers souverains, se montra peu disposé à
seconder les efforts du nouveau monarque.
Ferdinand II vint camper à San-Germano, où
Louis d'Armagnac (depuis duc de Nemours)
le battit complètement. Un malheur en entraîne
souvent un autre : Jacques Trivulce, qui
commandait à Capoue pour le roi de Naples ,
passa au service du monarque français et le mit
en possession de cette ville. Ces revers, joints
aux mauvaises dispositions des habitants de la
capitale, obligèrent Ferdinand à abandonner son
royaume (21 février 1495). Il s'enfuit en Si-
cile avec la princesse Jeanne, sa fille, et la reine
Juana d'Aragon, sa femme et sa tante , veuve de
Ferdinand 1*"" (décédée le 27 août 1518).
Le traité de la sainte-union, signé à Venise,
le 4 avril 1495, entre l'empereur Maximiiien P*",
!e roi d'Espagne Ferdinand V, dit le Catholique,
403 FERDINAND 404
le duc de Milan, Ludovic-Mavie Sforce, dit le \ Marie-Amélie de Saxe. Le 5 octobre 1759, ii
Maure, les Vénitiens et le pape Alexandre VI ,
rendit bientôt au prince fugitif l'espoir de rentrer
dans ses États. En effet, à peine les événements
de la guerre eurent-ils contraint Cliarles VIII à
sortir de Naples, que Ferdinand II, secondé par
la flotte espagnole et par i'armée que lui avait
amenée Gonzalve de Cordoue, se l'endit maître
de Reggio et de plusieurs autres places de la
Calabre. Il en remit une partie entre les mains
de Gonzalve, conformément à ses engagements.
C'était le premier pas de l'usurpation que mé-
ditait le roi d'Espagne. Fier de ses succès, Fer-
dinand Il voulut se rendre à Naples, malgré les
avis de Gonzalve ; mais en route il rencontra
d'Aubigny etPercy, qui lui firent éprouver une
sanglante défaite. Une heureuse inspiration
sauva le prince vaincu. Tandis que Gonzalve
rassemblait les débris de l'armée espagnole,
Ferdinand se rendit à Messine, s'embarqua sur
la flotte qui stationnait dans ce port , et parut
inopinément dans le golfe de Naples, oii sa pré-
sence fit lever en masse toutes les populations
riveraines. Le drapeau aragonais fut arboré de
nouveau, et Ferdinand i-entra dans sa capitale
le 7 juillet, aux acclamations de la foule.
Le duc de Montpensier défendit longtemps les
châteaux de Naples , où il s'était enfermé avec
les débris de l'armée française ; s'étant ensuite
retiré dans la Fouille avec 5,000 Français, il s'y
maintint jusqu'à la (in du mois de juillet 1490.
Obligé alors de capituler, il obtint des condi-
tions honorables, qui ne furent point exécutées
loyalement. Montpensier et environ 3,500 sol-
dats de son armée périrent victimes des retards
que le roi de Naples apporta à leur fournir les
vaisseaux qu'il s'était engagé à mettre à leur
disposition. Ferdinand ne jouit de son triomphe
que pendant peu de mois. Il mourut sans laisser
d'enfants. Son oncle Frédéric, prince d'Alta-
niura, lui succéda. [Enc. des G. du M., avec
additions. ]
Franc. Gnicciaidini, Istoria d'Italia, lib. I, 31-38. —
Philippe de Comiiies, C/j?-on., liv. VII, chap. vnr, p. rï9.
— Paul Jove, Historia siti temporis, lib. II, p. 37. —
Le même, De P'ita maçini Consalvi Cordnbensis ,
Jib. I, p. fïG ; Florence, 1551, in-fol. — Franc. Belcari,
Comment., I. V, p, U3. — Surainonle , Hist. di A'apoii,
liv. VI, p. bOO.— André de La Vigne, Journal du
ropaçe de Charles VIII, p. 115. - Bern. Oricellarias,
Comment. — Guillaume de Villeneuve, Mémoires,
t. XIV. — Muratorl, Annales. - Sisinnndi, Histoire des
Français, t. XV, p. loi-236. — Le môme, Hist. des Be-
ptihUques italiennes, chap. LXXX.VIII, p. 114.
* FEUOiNAND 531, roi de Naples ou fekds.
NANM ïs roi de Sicile est le même que Fer-
niN.yND V, dit le Catholique {voy. ce nom),
roi d'Espagne.
FERDINAND i^"", roi du royaiime-uni des
Dei«-.Sk'iZe.s, porta jusqu'en 1817 le titre de Fek-
niNAND IV, roi de Naples et de Sicile : il naquit
à Naples, le 12 janvier 1751, et mourut dans la
même ville, le 4 janvier 1825. Il était le troisième
nis de don Carlos , roi de Naples ( depuis roi
d'Espagne, sous le nom de Charles III), et de
succéda à son père, appelé au trône d'Es-
pagne à la mort de Ferdinand Vî , en vertu
des traités qui interdisaient la réunion sur une
même tête des couronnes de Naples et d'Es-
pagne. Trop jeune pour i-'^gner, il fut confie
aux soins d'un conseil de régence, présidé par
le marquis de Tanucci. Son gouverneur, le
prince de San-Nicandro, grand seigneur parfai-
tement nul, le laissa grandir dans une ignorant
presque complète, et s'attacha seulement à déve
lopper en lui le goût des exercices corporels.
.Au lieu de se préparer au maniement des affaires,
le jeune prince consacra tous ses instants à la
pêche, à la chasse, au jardinage, au jeu de paume.
Aussi à l'époque de sa majorité, se trouvant in-
capable de régner, il laissa sa femme et ses mi-
nistres se disputer le gouvernement de ses États. ^
Il avait épousé, en avril 17CS, Marie-Caro-
line-Louise, archiduchesse d'Autiiche , fille de
Marie-Thérèse. Une clause du contrat stipulait
qu'après la naissance d'un premier fils , elle au-
rait voix délibérative au conseil. Mais l'impé-
rieuse princesse n'attendit même pas ce mo-
ment pour prendre part aux affaires et com-
battre l'influence de Tanucci, qu'elle finit par
renverser. Le marquis de La Sambuca, qui le
remplaça, ne resta pas longtemps au pouvoir. H
ne ménagea pas assez la reine, et fut exilé. Acton
lui succéda en 1784. La reine et son favori gou-
vernèrent fort mal le royaume, dont Ferdinand
leur laissait aveuglément la direction, et finirent
par faire perdre momentanément aux Bourbons
la couronne de Naples. Pendant toute cette pé-
riode si agitée de 1792 à 1806, Ferdinand ne put
guère revendiquer personnellement qu'un seul
acte : il fit en 1 792 un voyage à Rome, et termina
avec le pape tous les différends qui existaient
entre Naples et le saint-siége. Par ce traité , la
cour de Rome céda une partie de ses droits aux
nominations et aux évêchés, et renonça définiti-
vement à l'iiommage de la haquenée(l); il fut
aussi convenu que les rois de Naples payeraient
à leur avènement 500,000 ducats aux papes. En
1792, il fut sur le point d'adhérer à la coalition
contre la France, et il fallut la présence de La-
touche-Tréville avec une escadre française pour
lui faire ajourner ses projets de guerre. En 1794
il se rangea ouvertement du côte des ennemis
de la France, et unit sa flotte à celles de l'Espa-
gne et de l'Angleterre. En 1795, cédant à l'exas-
pération publique, il renvoya Acton, qui, en per-
dant sa place, garda son crédit. En 1796, il fit la
paix avec la France. Il ne l'observa pas longtemps,
et renouvela la guerre après le départ de Bo-
naparte pour l'Egypte. Soixante mille Napoli-
tains, commandés par le général Mack, pénétrè-
(1) Jusqu'à Ferdinand \" les roi.5 de Naples avaient
été tenus d'offrir annuellement une haquenéc liarnachée
aux souverains pontifes. Cette présentation avait lieu le
28 juillet, la veille de la Saint-rierrc. La suppression de
cet hommage par Ferdinand l'-'", en 1788, donn lieu à
une protestation du pape Pic VI.
405 FERDINAND
rent dans les États du Pape, alors occupés par
l'cirniée française sous les ordres du général
Championnet. Ferdinand, se mettant lui-même à
la tête de la division du comte Roger de Damas,
forte de tO à 12,000 hommes, entra triomphale-
ment dans Rome le 24 novembre 1798. Ce facile
succès ne fut pas de longue durée. Mack, vaincu
par Championnet, battit précipitamment en re-
;raite, son armée se dispersa, et lui-même, me-
nacé par ses propres soldats, se sauva dans le
camp irançais. Ferdinand n'osa pas défendre sa
capitale, et s'embarquant le 24 décembre sur la
{lotte de l'amiral anglais Nelson, il se retira à Pa-
lerme. Cette retraite était au moins prématurée ;
car l'armée française ne parut qu'un mois plus
tard sous les murs de Naples, livrée à une com-
plète anarchie. Les lazzaroni seuls se battirent
pour le roi, qui les avait abandonnés ; mais la bour-
geoisie et la noblesse accueillirent fort bien les
Français, et instituèrent une RépubUqîie Parthé-
nopéenne. Les événements survenus dans le
nord de l'Italie ayant forcé les Français d'aban-
donner Naples, le 7 mai 1799, la République
Parthénopéenne succomba sous les attaques des
bandes calabraises commandées par le cardinal
Rulfo. La lutte dura plusieurs jours. Les répu-
blicains déposèrent les armes le 17 juin, en
vertu (l'une convention qui leur garantissait le
pardon. Le 30 , Ferdinand arriva avec son mi-
nistre Acton dans la rade de Naples , et sans
descendre à terre i! enleva à la ville de NanlC'
ses droits et sa constitution, supprima les seggl
de la noblesse, érigea un tribunal d'État {una
(j'mnta cil Stato ) pour rechercher les traîtres, et
chargea une commission de purger son royaume
des révolutionnaires. La convention conclue avec
les républicains fut scandaleusement violée (voij.
Fëdeiuci) : la ville fut abandonnée à la discré-
tion des lazzaroni, qui, sous prétexte depunir les
partisans de la France , égorgèrent^t pillèrent
pendant plusieurs jours. La commission, de son
côté, expédiait lapidement les coupables ou les
suspects de républicanisme. Les historiens s'ac-
cordent à faire peser la responsabilité de cette
cruelle réaction sur la reine Caroline et sur Nel-
son. Quant à Ferdinand, il sembla n'être venu
que pour voir couler le sang de ses sujets.
Lorsque les lazzaroni et les bourreaux eurent
achevé leur œuvre, il retourna à Palerme, après
avoir nommé le cardinal Ruffo capitaine général
et vice-roi deNapies. !1 nerentra dans sa capitale
qu'au mois de janvier 1800. Les succès des Fran-
çais en Allemagne et en Italie le forcèrent de
traiter avec eux (1801). Les présides de Toscane,
la principauté de Piombino et Porto-Longone
f.n-ent cédés aux vainqueurs ; les ports de Naples
et de Sicile durent être fermés aux Anglais. Une
amnistie fut promise h tous les proscrits. Par
des articles secrets il fut encx>re stipulé ((ue
quatre mille Français occuperaient la côte des
Abruzzps jusqu'au Sangro, douze mille la pro-
vince d'Otrante jusqu'au Brandano; qu'ils y res-
406
teraient en attendant la paix entre la France et
l'Angleterre , et que ces troupes seraient entre-
tenues par le royaume de Naples. Ce traité pla-
çait Naples sous la domination de la France. T)
n'est pas étonnant que Ferdinand, inspiré par
î'altière Caroline, cherchât à secouer le joug. II
crut trouver une occasion dans la guerre qui
éclata en 1805 entre la France et l'Autriche. Au
mépris du traité de Paris , il accueillit avec em-
pressement un corps de treize mille Anglais et
Russes, mit ses troupes sous les ordres d'un
général russe, et fit de grands préparatifs ; ils
n'étaient pas encore achevés, lorsque l'Autriche,
vaincue à Austerlitz , signa le traité de Pres-
bourg. Dès le 26 novembre 1805, un violent
article du Moniteur fit prévoir le sort réservé
aux Bourbons de Naples. Il y était dit : « De
trois filles de Marie -Thérèse, l'une a perdu la
monarchie des Bourbons , l'autre a causé la
perte de la maison de Parme, la troisième vient
de perdre Naples. Une reine- furieuse et insen-
sée, ime femme méchante et sans mœurs, est
le présent le plus funeste que le ciel, dans sa
colère, puisse faire à un souverain, à un époux,
à une nation. » Après la trêve qui suivit la ba-
taille d'Austerlitz, Napoléon fit marcher sur
Naples une trentaine de mille hommes, placés
sous les ordres de son frère .Joseph Bonaparte
et dirigés par Masséna. Ferdinand se hâta de
s'enfuir en Sicile, en laissant Caroline conjurer
comme elle pourrait l'orage qu'elle avait soulevé.
La l'eine essaya vainement de négocier, elle dut
fuir à son tour ; et, par un décret du 30 mars
1806, le royaume de Naples et de Sicile fut
donné à Joseph Napoléon, grand-électeur de
Fiance. La conquête du royaume de Naples ne
coûta pas plus de deux mois. Gaètc seule se dé-
fendit jusqu'au 18 juillet, et la Caiahre devint
ie siège d'une insurrection qui ne fut complè-
tement apair.ée que sous le règne de Murât.
Mais la Sicile, protégée par les flottes de l'An-
gleterre, échappa à la conquête française. Dans
ce royaume diminué de moitié, Ferdinand aurait
enfin trouvé le calme si la reine ne s'était
brouillée avec les Anglais. Ceux-ci exerçaient
s;n' la Sicile un protectorat bienfaisant, mais
trop hautain pour ne pas blesser la fierté de
Caroline, et trop libéral pour ne pas choquer
ses idées despotiques. Elle essaja de leur ré-
sister et.de briser le parlement qui s'était établi
sous leur influence. Sir William Bentinck, am-
bassadeur auprès de Ferdinand , fit approcher
des troupes de Païenne ; et quand il eut acquis
la preuve que Caroline ne cachait plus fa haine
contre l'Angleterre et qu'elle avait même tenté
de nouer des intelligences avec Napoléon, il la
força de quitler la Sicile à la tin de 1811. Deux
ans auparavant Ferdinand avait marié la prin-
cesse Amélie, l'une de ses filles, au duc d'Orléans
(depuis le roi Louis-Philippe). Le départ de la
reine ne lui rendit pas l'autorité ; car lui aussi
était suspect de peu aimer les idées anglaises, et
407
FERDINAND
408
il dut, le 16 janvier 1812, abandonner le gou-
vernement à son fils aîné François, duc de Ca-
labre, qui reçut le titre d'alter ego (vicaire gé-
néral) de la Sicile. En 1814, Bentinck ayant
quitté la Sicile, Ferdinand reprit le pouvoir.
L'année d'après, le trône de Naples, perdu par
Murât, fut rendu à son ancien maître , et le
17 juin 1816 Ferdinand rentra dans sa capitale.
11 confirma l'état de choses existant, et parut
disposé à continuer l'administration française.
La tentative de Murât si promptement réprimée
ne donna lieu qu'à une réaction passagère. La
réunion de la Sicile et de Naples en une
seule puissance , sous le titre de royaume-uni
desjDeux-Siciles, en 1817, deux, tremblements de
terre en Sicile (1818 et 1819), un concordat
avec le pape , tels furent les principaux, événe-
ments du règne de Ferdinand de 1816 à 1820.
Sous cette tranquillité apparente se cachaient les
menées des car bonari. La classe moyenne, acca-
blée d'impôts, désirait un changement politique.
Dans la nuit du 1^' au 2 juillet 1820, quelques
escadrons partirent de Nola avec armes et bagages,
et se dirigèrent sur Avellino au cri de Vive la
constitution ! La garnison d'Avellino se joignit
à eux. Le gouvernement voulut d'abord arrêter
ce mouvement , et envoya à cet effet quelques
troupes sous les ordres du général Carrascosa.
Celles-ci passèrent en partie sous les ordres des
insurgés. Ferdinand , découragé , ne poussa pas
la résistance plus loin. A la foule qui demandait
une constitution il répondit : « Oui, mes enfants,
vous aurez une constitution, vous en aurez même
deux si vous voulez. « Les insurgés ne se conten-
tant pas de cette promesse et réclamant immé-
diatement la constitution espagnole , Ferdinand
céda encore une fois le gouvernement à son fils,
avec le titre à'alter ego. Le duc de Calabre s'em-
pi-essa de donner au royaume uni la constitu-
tion des Cortès ; les Siciliens, qui voulaient plus,
ou du moins autre chose, et qui songeaient à
se constituer en État indépendant, furent rame-
nés à l'obéissance par le général constitutionnel
Pepe. Le vieux roi jura la constitution à l'ouver-
ture du parlement le 1*'' octobre. Les empereurs
de Russie et d'Autriche et le roi de Prusse s'in-
quiétèrent de cette révolution , et [écrivirent au
roi de Naples pour l'inviter à se rendre à Lay-
bach, où devait se tenir un congrès. Ferdinand
demanda au parlement l'autorisation de faire ce
voyage, et déclara qu'il avait l'intention de dé-
fendre auprès des souverains la cause de la li-
berté. Le parlement ne fut pas dupe de cette
promesse ; mais il ne s'opposa pas au départ de
Ferdinand , qui s'embarqua le 13 décembre. Le
26 il arriva à Livourne, et le 8 janvier 1821 à
Laybach. Les Napolitains ne purent pas se faire
longtemps illusion sur le résultat du congrès.
L'armée autrichienne s'ébranla vers le sud, et le
28 janvier 1821 Ferdinand adressa à ses peu-
ples une proclamation par laquelle il ordonnait
de recevoir les Autrichiens et de dissoudre le
parlement. Le parlement répondit qu'il n'avait
pas d'ordres à recevoir d'un roi prisonnier, et se
prépara à la résistance. Elle ne pouvait être lon-
gue : les Autrichiens, commandés par le baron
de Frimont, avaient l'avantage du nombre et de
l'organisation militaire. Ils franchirent la fron-
tière napolitaine dans les derniers jours de fé-
vrier , et le 25 mars ils entrèrent dans la capitale
après quelques rencontres peu importantes Ce
rétablissement du pouvoir absolu fut suivi d'une
réaction qui rappela celle de 1799. Ferdinand
eut le malheur d'attacher encore une fois son
nom à des rigueurs qu'il n'approuvait peut-être
pas. 11 se rendit au congrès de Vérone en 1822.
Là les souverains réunis lui déclarèrent quel
pour assurer la tranquillité de son royaume les ]
Autrichiens l'occuperaient pendant plusieurs ;
années. Ferdinand, qui depuis longtemps était
habitué à n'être pas maître chez lui, ne protesta ;
pas contre cette mesure ; il revint à Naples , où, '
trois ans plus tard (,8 septembre 1814), il mou- j
rut subitement. Après la mort de Marie-Caro- !
line sa première femme, il avait épousé, lei
27 novembre 1815, la princesse douairière de^
Partana, qu'il créa duchesse de Floridia. 11 avait ;
eu de Marie-Caroline un grand nombre d'en-
fants. Ceux qui vécurent au delà de l'enfance
furent : François F'', son successeur, Lëopold , ^
prince de Salerne , et cinq filles , mariées à l'em-
pereur d'Autriche François P^ au grand-duc
de Toscane Ferdinand III , au roi de Sardaigne
Charles-Félix , à Louis-Philippe duc d'Orléans,
AU princedes Asturies , depuis Ferdinand VU,
roi d'Espagne.
A. Coppi, Annali d'Italia dal mille settecento cin-
qiianta. — Botta, Storia d'Italia dal 1789 al 1814. —
Tliier.s, Hist. de la Révolution française ; Hist. du
Consulat et de l'Empire. — Le général Pepe, mémoires.
* FERDîTSAN» II, roi des Deux-Siciles , né
le 12 janvier 1810. 11 monta sur le trône le 8 no-
vembre 18S0, et commença par se rendre popu-
laire en suivant une marche opposé à celle de
François I^", son père. Il renvoya Viglia, son ca-
mérier et les anciens ministres, Caropreso,
Amati, délia Scaletta, etc., réalisa des économies
sur le budget particulier de la cour et sur les
traitements de certains employés, et réforma
l'organisation de l'armée, qui se trouvait dans le
plus déplorable état. Il entreprit- aussi plusieurs
voyages dans les provinces , afin d'étudier les be-
soins du peuple de plus près. L'union de F^erdi-
nand II avec Christine-Marie de Savoie, le 2 1 no-
vembre 1832, ne fut pas de longue durée : cette
princesse mourut le 3t janvier 1836, après lui
avoir donné un fils. Le roi visita alors les diffé-
rentes cours d'Italie, celle de Piémont exceptée,
et épousa à Vienne, le 9 janvier 1837, Marie-
Thérèse-Isabelle, fille de l'archiduc Charles.
L'arrivée de la nouvelle reine fut suivi de trou-
bles dans l'intérieur de la famille royale; le
prince de Capoue, héritier présomptif, s'était
déjà éloigné, et, par suite de ces querelles domes-
tiques et de diilérends avec la France et avec
409 FERDINAND
'Angletei're, Ferfiinand II contracta une alliance
)liis étroite avec l'Autriche, alliance à laquelle il
•st demeuré fidèle. Mais bientôt ses tendances
ibsolutistes lui suscitèrent de graves embarras,
tant à l'extérieur qu'au dedans. C'est ainsi
[Il 'il faillit se brouiller avec l'Angleterre à pro-
!)0s du commerce des soufres; ce différend ne
fut aplani qu'en 1840, par l'intermédiaire de la
Fiance. Le mécontentement à l'intérieur se tra-
liiisit par une série de révoltes, qu'il réprima par
es moyens les plus violents.
En 1837, l'invasion du choléra en Sicile fut
suivie d'un soulèvement à Syracuse : cinquante-
v'îinq insurgés furent fusillés par ordre du roi. L'in-
troduction des Jésuites, qui s'emparèrent de
l'enseignement public, la suppression de l'an-
cienne constitution sicilienne, l'établissement du
monopole des sels et des tabacs excitèrent un mé-
contentement universel. La population se souleva
[t Aquila en 1841, à Cosenza en 1844; mais la
prison et l'échafaud rétablirent l'ordre. Le 25
juillet 1844, les frères Bandiera, Ricciotti, Lu-
patelli et beaucoup d'autres citoyens payèrent
de leur vie la tentative d'une descente en Ca-
ilabre.
L'automne de 1845 fut signalée par la visite du
czar de Russie à la cour de Naples ; le motif de
ce voyage était le séjour de laczarine à Palerme
pour raison de santé.
L'exaltation de Pie IX et les réformes qui la
suivirent lurent le signal d'une insurrection
nouvelle dans le royaume des Deux-Siciles. Le
cri de liberté retentit encore en Sicile, à Messine
et à Reggio. La prise de Messine, le bombarde-
ment de Reggio, l'exécution militaire de vingt-
cinq prisonniers comprimèrent d'abord le mou-
vement; mais le 12 janvier 1848 les Palermi-
tains se soulevèrent, et bloquèrent dans la cita-
delle les troupes royales qui formaient la garni-
son. En quelques jours la Sicile entière était en
feu; le 18 du même mois, dix mille hommes en
armes marchaient sur Naples pour demander un
gouvernement plus libéral. Une constitution leur
lut accordée : elle était modelée sur la charte
française del830. Tous les princes d'Italie suivi-
rent alors l'exemple du roi de Naples, et le régime
parlementaire régna un instant sur la péninsule
entière, à l'exception du royaume Lombard-Vé-
nitien, qui ne tarda pas à suivre l'élan donné.
Chacun des États nouvellement affranchis voulut
contribuer à cette éclatante revendication de l'in-
dépendance nationale, et le contingent napoli-
tain prit la route du Pô, sous les ordres du gé-
néral Pepe, un des vétérans d e la cause d e la liberté
italienne. Mais Ferdinand II n'était pas de bonne
foi dans ce subit enthousiasme. Le 15 mai 1848
éclata à Naples un mouvement réactionnaire
longtemps préparé : on se hâta de dissoudre les
chambres à peine réunies, de rappeler les troupes
en marche, et le général Pepe, avec deux divi-
sions, l'uiKî d'infanttM'ie, l'autre de cavalerie!,
resta sou! fidèle j^i la c^use du peuple. La ba-
4t0
taille de Custoza enleva tout espoir aux Siciliens
qui voulaient s'organiser en royaume indépen-
dant, avec le duc de Gênes pour monarque;
l'ancien ordre de choses fut rétabli , avec l'ag-
gravation de l'état de siège , et sous la protec-
tion d'une police tracassière autant qu'odieuse, qui
règne encore souverainement dans les Deux-Sici-
les. Sur ces entrefaites, le pape Pie IX s'enfuit de
Rome, quelques jours après l'assassinat deRossi,
et vint se mettre à Gaète sous la protection de
Ferdinand II, de préférence à l'appui que lui offrait
le gouvernement français. A partir de cette épo-
que, les Napolitains ont été en butte à toutes
sortes de vexations , les uns emprisonnés pour
la forme de leur chapeau et de leur barbe,
les autres soumis sans contrôle à la commission
des bastonnades, dirigée par le fameux Mazza;
en un mot, l'état de ce pays est tel que l'a décrit
M. Gladstone dans ses Lettres, dont on a vaine-
ment essayé de contester la véracité. Les sym-
pathies de Ferdinand II pour la Russie et l'Au-
triche ont dans les derniers temps fait naître
entre ce prince et les puissances occidentales des
difficultés qui ne sont pas encore aplanies.
La physionomie de Ferdinand II offre le type
bouibonien : ce prince est robuste et notablement
chargé d'embonpoint; il a huit enfants du second
lit; l'aîné, son héritier présomptif, FraHçoJs-
Marie-Léopold , duc de Calabre , est né le
16 janvier 1836. G. Vitali.
Giuseppe La Farina, Storia d'Italia, dal 1815 al 1830;
Turin, 1852. — Masa , Eivoluzione di Sicilia; Tu-
rin, 1849. — Farini, Lo Stato Romano; Turin, 1850. —
Mnntanelli, Memorie sulla Toscana; Tar\n, 1852-1855.—
D'Ariincourt, L'Italie rouge. — Guallerio, Storia dei Ri-
voloimenti Italiani; Florence,1852.— storia documentata
délia Rivoluzione Siciliana. — Correspondence res-
pcctinçj the affairs of Italy. — Archivio triennale délie
Cose d'ituiia. — Memorie del gênerai Pepe; Turin,
1852.— Correspondence respecting the affairs o/ Na-
ples and Sicihj, 1848-1849 ; presented to botJi Houses of
Parliament by command of Her Majesty, 4 mai 1849.
FERDINAND (Dom), septième roi de PorïM^^a^,
né à Coïmbre, le 13octobre 1345,mortàLisbonne,
le 22 octobre 1383. Fils aîné de D. Pedro le Jus-
ticier et de sa femme dona Constança, il avait
vingt-deux ans lorsqu'il monta sur le trône, fortifia
prudemment ses frontières , et , après la mort
tragique de Pierre le Cruel, réclama, en sa
qualité d'arrière-petit-fils de D. Sanche IV, la
couronne de Castille. Pour soutenir ses pré-
tentions, il alléguait la bâtardise de D. Heniique
deTranstamare plus encore peut-être que le crime
dont celui-ci venait de se souiller en poignardant
son frère. En vain Ferdinand s'allia-t-il avec le
roi maure de Grenade, en vain réclama-t-il le
secours de D. Pedro, roi d'Aragon, l'événement
prouva qu'il avait obéi à de fatales suggestions :
une première guerre ruineuse pour les deu\
partis désola l'Espagne et le Portugal , jusqu'à
ce que, le pape Grégoire XI intervenant, on con-
clut à Evora le traité de 1371.
Un fatal amour alluma bientôt une guerre plus
désastreuse encore: bien qu'il eût demandé tour
è tour la main de dona Léonor d'Aragon et
4 ! /
«îelle de doSa Leonor de Castille, Ferdinand
devint éperdùment épris de Léonor Tellez de
Menezes, épouse de Joâo Lourenço da Ciinlia,
seigneur de Pombeiro. Le roi de Portugal parvint
à faire annuler le mariage de sou vassal, et plaça
sur le trône la femme artificieuse qui lui faisait
oublier à la fois ses devoirs comme gentilhomme
et comme souverain. Vainement aussi un homme
énergique, Fernand Vasquez, se rendit l'inter-
prète du peuple, qui s'était soulevé ; Leonor Telicz
prit sur son mari un ascendant qu'elle ne devait
plus quitter , et seul des grands du royaume, le
fils d'inez, D. Diniz, refusa de lui rendre hom-
mage comme reine en lui baisant la main. Il sut
se dérober par la fuite à cet àcte de vasselage
qu'exigeait son frère irrité. Lourenço da Cunha
passa en Castille, et de là fit une guerre sourde
à son rival couronné, vraie guerre du quator-
zième siècle, oii le poison et la trahison jouaient
leur rôle tour à tour ; on confisqua ses biens , et
il fut mis au ban d'\ royaume.
Obéissant h la plus étrange des politiques ,
Ferdinand, qui venait d'élever de si hautes pré-
tentions sur la Castille , s'unit à Jean, duc de
Lancastre, fils du roi Edouard IIl d'Angle-
terre, qui, par son mariage avec l'infante dona
Constança, fille de Pierre le Cruel, réclamait aussi
la couronne d'Espagne : c'était le jeu de cett£ di-
plomatie cauteleuse qui marcha si souvent avec
la violence durant le moyen âge. Ferdinand ou-
bliait si peu ses prétentions antérieures au traité
de 1371, que son nom était déjà proclamé dans
quelques villes espagnoles : une guerre nouvelle
s'alluma , guerre terrible , qui amena les Espa-
gnols sous les murs de Lisbonne; guerre d'au-
tant plus désastreuse, que les nouveaux alliés
de Ferdinand étaient plus redoutés encore pour
leur cruauté que les Espagnols. Tandis que Henri
(le Transtaraare s'était logé hors des murs dans
le couvent de San-Francisco, les habitants de
Lisbonne mettaient eux-mêmes le feu par déses-
poir à leurs faubourgs; et retiré paisiblement à
Santarem, sur les bords du Tage, Ferdinand
voyait les bandes pillardes accourir vers sa capi-
tale et la flamme dévorer une partie des édifices
que les trésors de son père servaient naguère à
réparer. Le saint-siége intervint encore; ce fut le
cardinal Guido de Montfort, qui fut chargé d'é-
tablir les préliminaires de la paix, signée le
19 mars 1373.
Ce fut sui- le Tage que l'entrevue des deux
rois eut lieu , en -vue de Lisbonne. Aussi Henri
de Transtamare ne put-il s'empêcher de dire
au retour : « .le viens de voir belle ville et beau
roi. » La tradition prête à D. Ferdinand un propos
qui montre à quel point il avait été subjugué par
les manières à la fois nobles et insinuantes de
son rival (1). Un événement très-significatif
suivit ce traité: dona Brites, l'infante de Portu-
(1) Fernand Lopez nous l'a transmis : « Quamto en
hanrricado venfio.
FERDINAND ih
gai, fut solennellement fiancée avec l'héritier du
trône de Castille.
Les années qui succédèrent à ces luttes fu-i
rent employées par Ferdinand à d'utiles réformes'
et à de sérieuses améliorations. Les villes da
royaume furent de nouveau fortifiées, et les rem-
parts de Lisbonne, commencés à la fin de sep-
tembre 1373, se trouvèrent complètement ter-
minés au mois de septembre 1375. Dans le but de
multiplier les moyens d'étude , l'université dé
Coïmbre fut transportée dans la capitale : plu-
sieurs hommes éminents, appelés des pays étran-
gers, n'avaient consenti à venir en Portugal que
pour séjourner à Lisbonne. Les lois commer-
ciales subirent également de notables change-
ments, et plusieurs ordonnances furent revisées.
On a de la peine à concilier l'esprit de sa-
gesse qui dictait ces réformes à Ferdinand avec
la légèreté déplorable qu'il apportait dans l'exé-
cution des traités; celui de 1373 fut bientôt
brisé, et le Portugal ne demeui'a pas cinq ans en
paix. L'alliance avec l'Angletene fut conclue avec
plus d'insouciance encore; l'agent le plus actif
de cette ligue qui allait désoler le royaume fut,
du reste, un favori dont la mémoire est restée
odieuse au peuple. Fei-nandez Andeiro, ce gen-
tilliomme galicien qui précipita la dynastie
vers sa ruine , punit Ferdinand de toutes, sea
faiblesses par l'éclat d'un insolent amour. Aim®
de la reine, il put faire comprendre au coupable
monarque ce que valaient les serments d'une
femme telle que Leonor Tellez. En 1380 la guerre
avec les Espagnols éclata de nouveau. L'alliance
des Anglais, que Ferdinand avait appelés encore
à son aide, fut bientôt considérée par la popula-
tion entière comme un fléau plus grand qne la
lutte qui se renouvelait ; et lorsque après une
succession d'incendies, de pillages, de ravages
de toutes espèces, l'union de dona Brites avec
D. Juan i", roi de Castille, vint rendre momenta-
nément la paix h la péninsule, on dit que les ha-
bitants des campagnes s'embrassaient et se
jetaient à genoux, en rendant grâces surtout au
ciel de ce qu'ils allaient être enfin débarrassés
des Anglais. I! est certain que nulle période dans
l'histoire du Portugal ne saurait être comparée
à celle-ci et aux misères intérieures qu'elle nous
révèle. Dans les derniers temps de son règne,
Ferdinand ouvrit les yeux sur la conduite de
leonor Tellez , surtout lorsqu'elle eut ordonné
sans sa participation le meurtre du mestre d'A-
viz, qui bientôt , mais après une lutte glorieuse,
devait le remplacer sur le trône, sous le nom de
Jean ^^ Cet esprit léger, si peu fait pour gou-
verner un peuple, sentit même alors, dit-on, les
atteintes du remords. Il ne profita pas longtemps
de la paix conclue en 1383 , et mourut cette
année même à Lisbonne, dans le palais du Li-
moeiro. Sa tombe se voyait dans le nouveau
chœur du couvent de S. Fi-ancisco à Santarem.
Ferdinand Denis.
Monarqttia Lusitana, parte VMI. — Fernand Lopei
FERDINAND 414
par l'Acad. des Sciences de Us- | il en était par son titre administrateur et gouver-
neur perpétuel. A l'âge de trente-quatre ans, il ac-
conipajina l'infant D. Henrique, sou frère, dans
l'expédition hasardeuse que celui-ci méditait
contre les États Barbaresques. Après avoir
obtenu, non sans difficultés, la permission
du roi Edouard, pour entreprendre ce voyage,
il partit, le 22 août 1437, sur la flotte qui por-
tait en Afrique les forces portugaises destinées
à conquérir Tanger et à porter plus loin les ar-
mes des chrétiens, en conservant toujours pour
base d'opération la ville de Ceuta, dont la prise
avait coûté naguère tant d'efforts au fondateur
de la dynastie d'Aviz.
Cette expédition aventureuse, annoncée avec
pompe dans tout le royaume et favorisée par le
pape , ne trouva en réalité qu'une faible adhé-
sion : sur 14,000 hommes prorais par les villes
du royaume, 8,000 seulement s'embarquèrent.
Ces troupes, si peu nombreuses, gagnèrent heu-
reusement la côte d'Afrique, après cinq jours de
navigation, et marchèrent vers la cité arabe,
dont on prétendait s'emparer. Les péripéties de
cette expédition furent nombreuses , le courage
des chrétiens s'y montra avec l'éclat le plus che-
valeresque ; mais il ne put rien contre le nombre
et contre la trahison. D. Henrique fut contraint
de subir les conséquences d'une convention dé-
plorable , sans laquelle sa petite armée eût été
infailliblement anéantie. Le chef de l'expédition
s'embarqua pour le Portugal avec les débris de
cette espèce de croisade, dont les résultats
avaient été prévus par tant de gens ; mais il eut
!a douleur de laisser comme otage entre les
rnains de Çala-ben-Çala ce prince au courage
si résigné qu'on s'accoutuma à appeler dès cette
époque le saint Infant, ou le Prince constant.
Rien en effet dans riiistoirede Portugal ne peut
être comparé à l'inaltérable constance , à la ré-
signation sublime que D. Fernando sut montrer
durant sa longue captivité. Il fut livré par Çala-
ben-Çala an roi de Fez; celui-ci espéra un mo-
ment obtenii- en échange de son captif la ville
de Ccuta, regardée alors comme la clef des pos-
sessions africaines convoitées par les chrétiens ;
mais le prince ne lui laissa pas longtemps cette il-
lusion : il refusa les sacrifices que le roi D. Duarto
( Edouard ) voulait faire en sa faveur. Enfermé
dans une cave infecte et employé aux travaux les
plus durs, il mourut à l'âge do quarante-et-un ans.
Son corps même fut outragé; on le fit pendre
nu, le long des murailles de Fez, au-dessus
d'une des portes de la cité ; il y resta suspendu
jusque sous le règne d'Alfonse V ; plus tard il fut
rapporté à Lisbonneet déposéd'abord dans le cou-
vent des religieuses du Sauveur, puis dans celui
de Batalha. Sans qu'il ait été canonisé, le saint
infant a , dans le couvent magnifique oîi il repose,
un autel où chaque jour on disait naguère une
messe particulière en souvenir de son martyre.
Les Boîlandistes ont placé sa vie et même son
portrait dans leur vaste recueil, avec cette ru-
■Jironica. édlt. publ
joniie, avec les soins de Correadc Serra. — Fariay Souza,
Ewopa Portugueza.— Henry Schsf.tfer, Ccschichte, etc.,
rad. en français par Henri Soiiiange-Bodin ; l'aris, 1840,
^T. in-8°. — Ferdinand Denis, Portugal, dans Vlriiivers
aitloresgtie. — Vicomte de Santarciu, Quadro elementar.
l FERoiXAND ( Auguste-François-Anloine) ,
roi régent de Portugal, duc de Saxe-Cobourg-
(>utlia, né le 29 octobre 1816. Fils aîné de Fer-
dinand-Georges-Auguste et de Marie -Antonia-
Gabrielle , il fit de sérieuses études sous la di-
rection du conseiller Dietz. Il épousa, en 1836,
dona Maria , reine de Portugal , et reçut officiel-
lement le titre de roi-époux. De ce mariage
sont issus cinq princes et deux princesses : le
roi régnant, né le 16 septembre 1837; le duc
de Porto, connétable du royaume, le 31 octo-
bre 1838; l'infant D. Joâo, le 16 mars 1842;
l'infante D. Mai-ia-Anna, le 21 juillet 1843; l'in-
fante D. Antonia-Maria , le 17 février 1845;, l'in-
fant D. Fernando, le 23 juillet 1846, l'infant
D. Auguste, le 4 novembre 1847.
Lors de la régence qui lui a été dévolue en
1853, le roi Ferdinand fit preuve d'une rare ap-
titude pour les affaires, en adoptant une poli-
tique toute de conciliation. Il se renferma sévè-
rement dans la ligne que lui imposait sa situa-
tion nouvelle, et offrit l'exemple si rare d'une
régence sans trouble. On lui doit aussi la con-
servation de j)lusieins monuments historiques
du Portugal, parmi lesquels on remarque le
château de la Peuha de Cintra. Il a exécuté lui-
même de grandes peintures à fresque , indépen-
damment de nombreuses gravures à l'eau-forte
qui témoignent d'une grande délicatesse d'exécu-
tion : ces planches se trouvent réunies dans di-
vers cabinets. Il y a dix ans le musée de Berlin
en possédait déjà plus de quarante; il en existe
plusieurs à la Bibliothèque impériale de Paris (1).
Les amateurs trouveront une liste à peu près
complète de ces planches, dont les premières
datent de 1837, dans l'ouvrage du comte A. Ra-
czynski , Les Arts en Portugal. F. D.
Comte Raczynski, Dictionnaire historico-artisliqiie
du Portugal. — Le même, Les Arts en Portugal. — Mé-
inoires particuliers.
ir. Ferdinand non souverains,
FERDir* ANO ou B. FERNANDO, de Portugal,
surnommé le saint Infant , né à Santarem, le 29
septembre 1402, mort à Fez, le 5juin 1443. Il était
le huitième enfant du roi Jean I''", fondateur de la
maison d'Aviz. Très-jeune encore, il fut nommé
grand-maître de l'ordre célèbre régi par son père ;
(1) Le comte A. de Raczynskl a dit, à propos de ces
gravures : « II y en a dans le nombre qui réunissent sur
la même planche plusieurs sujets : tantôt des copies de
tableaux ou d'aquarelles, tantôt des compositions. Quel-
quefois le sujet principal est encadré dans une série de
petites figures ou d'autres objets, que l'impression du
moment a fait naître et qui se suivent sans ordre et
dans des proporlions diverses. Sur quelques-unes de ces
gravures, le roi a représenté des membres de la famille
loyale, sur d'autres des personnes de la cour ou de la
société. »
b
415
FERDINAND
416
brique : Sanctus princeps Ferdinandus, in-
fans Liisitaniœ, obiit Fessœ apud Mauros,
obses, A. D. MCCCCXLIIl, v Junii (1).
Ferdinand Denis.
j4rta Sanctorum, t. I du mois de juin. — Jorge Car-
doso, Agiologio Lusitano, 1651, et ann. suiv.,3 vol. petit
in-fol. — Le P. Antonio de Vasconcellos, Anaceph. reg.
Ltisitanise, p. 173 194. — liarbosa Machado, Biblintheca
lusitana. — F. Jeronymo Ramos, Cronica do Infante
D. Fernando. — Figueyredo, Elogios e lietratos, etc.,
ln-4". — Ferdinand Uems,J^oi'tugal, dans VUnivers pit-
toresque. — Schœffcr, Hist. du Portugal.
* FERDINAND, second duc de Braganec,
marquis de Villa- Viçosa, comte de Barcellos, etc.,
né en 1403, mort à Villa-Viçosa, le 1^'' avril 1478.
Il était fils d'AlfonseT'^etdedona Brites Pereira,
qui avait pour père Nuno Alvarez, le grand-con-
nétable. Il joignait à l'instruction une maturité de
jugement , une noblessede caractère, qui le rendit
l'arbitre des dissensions qui s'élevèrent entre son
père et le duc de Coïmbre, D. Pedro d'Alfarro-
beira. Lors de l'expédition dirigée en 1437 conti-e
Tanger, ii remplit les fonctions de connétable, et
donna des preuves d'un grand courage. En 1445
il fut choisi par Alfonse V pour commander dans
Ceuta ; il n'en sortit que pour venir à Lisbonne ré-
tablir la bonne intelligence entre le roi et son oncle :
c'est à lui en effet que sont adressées les lettres
si remarquables de ce prince dont la Bibliothèque
impériale de Paris possède des copies authenti-
ques du quinzième siècle; il retourna en Afrique
en 1449, puis il passa de nouveau à Lisbonne,
lorsque Alfonse V voulut accomplir ses croisades,
parfois si malheureuses. A la seconde de ces
(11 Tous les princes issus de Jean I'*'' étaient essentiel-
lement lettrés, surtout si l'on considère le siècle où Ils
vivaient; dom Fernando ne dérogea pas à cette dis-
position si naturelle dans sa famille -. on posséda long-
temps une lettre de lui inscrite ainsi dans les archives :
Carta escrita em Fez a 12 de junlio de 1441, etn que
narra diffusamente os trabalhos que padecia no Ca-
tiveiro. Cette lettre précieuse était conservée encore à
la fin du seizième siècle dans le couvent de Batalha ;
les discours du prince, ses exhortations éloquentes à ses
compagnons de captivité, sont contenus dans l'ouvrage
suivant, toujours mal indiqué : Cronica do sancto e
virtuoso Iffante D. Fernando, filho del rey do Johà
Primeiro deste nome, que se ftnou em terra de âlouros, »
dirigida a sua alteza ; In-tol.
On lit ces mots à la page suivante :
Começa se a Cronica da p'ida e Feitos do muy virtuoso
Iffante dom Fernando, que se ftnoti em terra de Mou-
ros, escriptaporfrey Joliam, Alvres (sic) mavalheiro da
ordem d'Avis, secretario do dilo senhor, e que coin elle
esteveno cativeiroaté sua morte, e depoys cincoannos.
Kt à la fin du volume ;
Acahouse de emprimir a f^ida e Cronica do muy ca-
tholico e virtuoso Iffante dom. Fernando, fll/io del rey
dom Joham Primeiro de Portugal , aos Xf^IlI dias de
Janeiro de mile quinhentos e vinte sete annos (1527),
par Germon GalKarde imprimidor. Corregida eemen-
dada por Jeronimo Lopes, escudeiro, fldalgo da casa
del rey nosso senhor.
Ce livre rarissime fut réimprimé et altéré, sous prétexte
de correction, en 1577. Cette seconde édition est aussi
fort difficile à rencontrer.
La pièce célèbre qui a été consacrée par Caldéron de
La Barca à la mémoire du saint Infant est intitulée : El
Principe constante y martir de Portugal. M. La Beau-
raelle en a donné la traduction dans les Chefs-d'OEmire
des T/iéâtres étrangers. Tarréga a traité le même sujet,
en conservant à sa pièce pour ainsi dire le même titre.
expéditions, en 14G3, il leva à ses frais un corps
d'infanterie de 2,000 hommes, auquel il joigîTlt
70 lances. Lors delà troisième expédition d Al-
fonse sur les côtes de Barbarie, en 1471, D. Fer-
nando fut chargé des pleins pouvoirs du roi
pour gouverner le royaume; il mourut à .soixante-
quinze ans, dans sa délicieuse retraite de Villa-
Viçosa. Outre ses lettres restées manuscrites , on
en trouve plusieurs qui ont été imprimées dans
YHistoria genealogica daCaza real; telles
sont les trois suivantes : Carta escrita de Villa-
Viçoza em XIX de outubro de 1468 a el rey
D. Affonso V; — Cai'ta escrita de Villa-Vi-
çosa, a 2 de Marco de 1469 a D. AJfonse V ; —
Voto acerca de casar D. Affonso V coin a
princeza D. Joanna filha de Henrique IV de
Castella. Parmi ses mémoires manuscrits, il
y en a un qui porte le titre : Voto acerca de
que se era licito entregar Ceuta pelo resgate
do Infante D, Fernando; on le gardait dans ,
la bibl. du marquis de Gouvea. On a aussi de
lui imprimé un écrit politique : Voto que deu
a el Rey D. Duarte acerca de ndo dilaiar as
Cories, que tinha convocado logo que subio
ao Trono; cet ouvrage se, trouve dans l'Histoire
généalogique de Souza. F. D.
Ruy (le l'ina, Chronica de D. Duarte, cap. 16. —
iJuarte Nunez deLiam, Chronica de don Duarte. — Souza,
Historia genealogica da Casa real portvgueza. —
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
FERDINAND D'ESPAGNE , cardinal-infant
et gouverneur des Pays-Bas, né le 17 mai 1609,
mort à Bruxelles, le 9 novembre 1641. Il était
le troisième fils de Philippe III, roi d'Espagne,
et de Marguerite d'Autriche, fut nommé fort
jeune archevêque de Tolède, puis cardinal , et
en 1631 il fut désigné par son frère, Philippe IV,
pour succéder à l'archiduchesse-infante Isabelle-
Claire-Eugénie. A la mort de cette princesse
(2 décembre 1633), le cardinal Ferdinand se
trouvait à Milan ; il en partit aussitôt avec un
corps de dix à douze mille hommes. Chemin
faisant, il eut part à la victoire remportée par les
Impériaux sur lesSuédois àNordhngue (Souabe)
le 6 septembre 1634. Il fit son entrée àf Bruxelles
le 4 novembre suivant. Le 8 février 1635 , une
ligue offensive fut signée à Paris entre les Fran-
çais et les Hollandais; le cardinal-infant se vit
attaqué par une armée de quarante mille hommes,
sous les ordres des maréchaux de Châtillon et de
Brézé, tandis que le prince Frédéric-Henri de
Nassau agissait vigoureusement de son côté. 11
perdit rapidement Arscbot,Diest, Tirlemont et
quelques autres places non moins importantes ;
mais ayant reçu des renforts amenés par les ha-
biles généraux Piccolomini et Jean de Werth,
il reprit l'offensive, obligea les Français à lever
le siège de Louvain, et envahit la Picardie (juillet
1636). La Capelle, Fonsommes, Fervaques, le
Catelet tombèrent entre ses mains presque sans
coup férir. Il força alors le passage de la Somme,
qu'essaya de défendre le comte de Soissons :
Roye et Corbie lui ouvrirent lems portes ; bientôt
417 FERDINAND
il fut maître de toute la rive droite ae l'Oise , et
les carabiniers allemands de Werth vinrent
faire la maraude à quelques lieues de la capitale.
Les Parisiens abandonnèrent leur ville, et s'en-
fuirent vers Orléans. « La consternation était
« générale, ditFontenay-Mareuil, et longtemps la
« mémoire se conserva de l'année de Corbie et
« de l'effroi qu'on avait ressenti. » Mais l'armée
victorieuse trouva son affaiblissement dans son
succès même ; et Ferdinand se vit abandonné
de toute sa cavalerie et de ses laaskenets, qui,
gorgés de butin, désertèrent pour retourner en
Allemagne ou dépenser dans la débauche le
produit de leurs pillages. Réduit à ses vieilles
bandes espagnoles etlombardes, le cardinal-infant
dut se retirer en laissant des garnisons dans les
villes conquises. Les Français reprirent facile-
ment le terrain perdu , et l'année suivante les opé-
rations fui'ent reportées dans les Flandres avec
des succès partagés. Le 2 août 1640, Ferdinand,
réuni au duc de Lorraine, attaqua avec trente-
six mille hommes les maréchaux de Châtillon
et de La Meilleraye , qui assiégeaient Arras ; il
fut repoussé avec perte, et la ville fut prise. En
juillet 1641 il laissa de même réduire sous ses
yeiix la forte place d'Aire en Artois. Le mois sui-
vant, il essaya de reprendre cette vilie ; mais,
tombé gravement malade , il remit le comman-
dement de son armée à D. Francisco deMello, et
s'en fut mourir à Bruxelles. Ce prince montra
quelques vertus privées et surtout une grande
honnêteté de mœurs. Toujours en guerre pour
défendre les provinces dont le gouvernement
lui avait été confié, il ne put s'occuper d'amé-
liorer le sort de ses sujets. On peut lui reprocher
également d'avoir trop sacrifié à la barbare cou-
tume qui permettait aux chefs de l'Église de
3e changer en chefs d'armée ; mais il imitait en
ceci Richelieu, La Valette et autres prélats de
5on siècle.
4iS
Richelieu, Mémoires, t. Vlll et IX. — Puffendorf , De
Rébus Sueciœ, iib. VI, p. 162. — Coxe, Histoire de la
Maison d' Autriche, chap. 5C, p. 338. -- Schiller, Dreijs-
••igjiehrige Krieg, Iib. IV, p. 346. — Le Vassor, Histoire
ie Louis XIII, liv. XL, p. 166-199. — Bassompierre,
^ie de Louis XIII, t. Ifl, p. 336. — Monglat, Mémoires,
XLIX, 156-272. —Bazin de Baucou,//Jstoîre de France
■ous Louis XIII, t. m, p. 440. — Capeligue, Richelieu,
Mazarin, lu Fronde, etc., t. V, p. 314-318. — Sismondi,
Histoire des Français, XXIII, 245-463.
FERDINAND - PHILIPPE , duc d'Orléans,
prince royal de France. Voyez Orléans.
FERDINAND-CHARLES-JOSEPH D'ESTE,
irchiduc d'Autriche, prince royal de Hongrie et
ïe Bohême, et prince de Modène, né le 25 avril
I78t, mort le 5 novembre 1850. Il était le second
ils de Ferdinand-Charles- Antoine-Joseph, frère
les empereurs Joseph et Léopold , et de Marie-
Séatrix d'Esté. A vingt-quatre ans , il reçut le
commandement supérieur du troisième corps de
l'armée autrichienne dans la campagne de 1805
îontre la France. Cette division, forte de 80,000
iiommes , s'empara de la Bavière et entra en
Souabe, Mais ce fut en réalité le général Mack ,
NOUV. BIOGK. GÉMÎR. — T. XVII.
feldzeugmeister, qui dirigea toutes les opéi'a-
tions en qualité dé chef de l'état-rnajor général.
Lorsque ce dernier eut laissé tourner ses posi-
tions sur l'Iller, entre Ulm et Giintzbourg, et
couper ses communications avec la Bavière,
l'Autriche et le Tyrol , Ferdinand , qui comman-
dait l'aile gauche , fut battu le 9 octobre par le
maréchal Ney. Malgré le feu des Autrichiens , les
Français passèrent sur la rive droite du Danube,
au moyen des traverses des ponts qui avaient
été détruits. Ferdinand , le prince de Schwart-
zenberg, le général Kollowrath et d'autres
chefs pressèrent alors Mack de s'emparer de
la rive gauche et de gagner Nœrdlingen , pour
sortir de la position désavantageuse où il se
trouvait près d'Ulm. Ce fut en vain : le 14 oc-
tobre l'armée autrichienne se vit cernée de tous
côtés et enfermée dans Ulm. Ferdinand déclara
alors qu'il était résolu de s'ouvrir un passage
à la tête de douze escadrons. Le prince de
Schwartzenberg en prit le commandement, et
il réussit effectivement à traverser les lignes fran-
çaises et à atteindre Geilingen , où il espérait
faire sa jonction avec le corps du général Wer-
neck ; mais celui-ci fut obligé de capituler le 18,
près de Trochtelfingen. Ferdinand se retira dès
lors vers Œttingen, où il rallia les débris de la
division Hohenzollern. Toute sa troupe ne s'é-
levait pas à plus de 3,000 hommes, dont
1,800 de cavalerie. Atteint près de Gùnzenhau-
sen, sur l'Altmùhl , par la cavalerie de Murât,
il ne dut son salut qu'aux pourparlers du prince
de Schwartzenberg et du général français Klein,
pourparlers qui lui laissèrent le temps de s'é-
chapper avec quelques escadrons. Toute l'in-
fanterie et la grosse cavalerie tombèrent entre
les mains des Français. Atteint une seconde
fois près d'Eschenau , il fut sauvé encore par
la résistance héroïque de son arrière-garde
commandée par le général Mecserey, qui fut
blessé à mort et fait prisonnier. Après avoir
parcouru cinquante milles allemandes en huit
jours, au milieu de combats sans cesse renou-
velés, l'archiduc arriva enfin à Eger avec moins
de 1,500 hommes. Ce fut dans cette ville qu'il
reçut l'ordre d'aller prendre le commandement
supérieur de la Bohême. 11 y organisa la land-
sturm et disputa pied à pied le terrain aux Ba-
varois, qu'il vainquit dans plusieurs combats.
A la tête de 18,000 hommes, il fut chargé en-
suite de couvrir l'aile droite de la grande armée
coalisée jusqu'à la bataille d'Austerlitz. Nommé,
en 1809, commandant du 7* corps d'armée,
fort de 36,000 hommes, il traversa la Piliça et
entra, le 15 avril, dans le grand-duché de Var-
sovie. Ce fut en vain qu'il publia une proclamation
pour appeler les Polonais à la révolte contre
Napoléon et le roi de Saxe. Poniatowski lui
opposa , le 19 avril, une résistance vigoureuse
à Rascyn; mais il n'en fut pas moins obligé,
le 22, de rendre Varsovie par capitulation
et de se retirer à Praga et sur la rive di-oite
14
419
de la Vistule. Ferdinand d'Esle marcha alors
contre Kalisch, et attaqua inutilement Thora.
PoniatowskJ réussit à tourner les Autrichiens ,
battit plusieurs corps détachés , et excita un sou-
lèvement populaire à Lublin , qui faisait partie
de la Gailicie autrichienne. Les Polonais conqui-
rent ensuite Sandomir, Zamosc, et le 28 mai
Léopol. Dombrowsky traversa la Bzura, et
força les Autrichiens à évacuer Varsovie. Il
est vrai que Ferdinand reprit la Gailicie; mais
il ne put empêcher les Polonais de faire leur
jonction avec le corps auxiliaire russe sous
les ordres du prince Gallitzin. Poniatowski
chassa les Autrichiens de Lemberg et de San-
domir, et prit possession de la Gailicie au nom
de Napoléon. 11 entra à Cracovie le 15 juillet.
Ferdinand se retira en Hongrie, et l'armistice
deZnaïm, signé le 12 juillet, vint mettre un
terme à cette guerre. Dans la campagne de 1815,
l'archiduc prit le commandement supérieur de
la réserve autrichienne, qui comptait 44,000
liommes. Il traversa le Rhin le 26 juin avec
deux divisions de cette réserve, et s'avança sur
Lunéville , tandis que le prince de Hohcînzollern
marchait contre Strasbourg et que le général
CoUoredo forçait Lecourbe à se rejeter dans
Belfort.
En 1826, Ferdinand d'Esté assista, en qualité
d'ambassadeur extraordinaire, au couronnement
de l'empereur Nicolas à Moscou, et parut jouir
à un haut degré de la confiance du nouveau sou-
verain de la Russie. Gouverneur général du
royaume de Gailicie depuis 1830, il se démit de
ces fonctions après les troubles de 1846, et vécut
depuis lors presque toujours en Italie [Eric, des
G. du M. ]
Thiers, Hist. du Consulat et de l'Empire.
* FERDINAND -MARIE { Albert -Amédée) ,
duc de Gênes, fils de Charles-Albert, roi de Sar-
daigne, et de Marie-Thérèse, archiduchesse de
Toscane, né à Florence, le 15 novembre 1822,
et mort à Turin, le 10 février 1855. Il se dis-
tingua à la prise de Peschiera dans la cam-
pagne de 1848, qui fut si funeste à la cause de
l'indépendance italienne. îl dirigea l'assaut de
Rivoli , et à la désastreuse bataille de Custoza
il soutint avec moins de 4,000 hommes les at-
taques renouvelées d'une division autrichienne
trois fois plus forte, et défendit avec bravoure
les positions de la Bicocca. Son frère, le roi
Victor-Emmanuel, fut assez grièvement blessé à
la journée de Goïto. Comme ses compagnons
le pressaient de quitter le champ de bataille :
« Non , répondit-il , mon frère sérail bien con-
tent d'avoir reçu une pareille blessure. « Ce
mot peint la bravoure du duc de Gênes. Il fut
appelé au trône de Sicile par le parlement réuni
à Palerme , et les cabinets de Londres et de
Paris agréèrent ce choix; mais la retraite de
l'armée piémontaise de Lombardie l'empêcha
d'accepter.
Le 22 avril 1852, lors de l'explosion de la
FERDINAND 420
poudrière de Turin , il se précipita au milieu des
décombres enflammés , et dirigea lui-même les
secours.
La guerre d'Orient et l'alliance du Piémont
avec les puissances occidentales allaient offrir
au duc de Gênes une occasion nouvelle de se
signaler, lorsque au moment oùil allait conduire
le contingent sarde en Crimée il fut emporté par
une maladie de poitrine, suite de ses fatigues
et de ses exercices violents. Marié, le 22 avril
1850, avec la princesse Marie-Élisabeth de Saxe,
le duc de Gênes a laissé deux enfants, la princesse
Marguerite , née le 20 novembre 1851 , et le prince
Thomas, né le 6 février 1854. Sa veuve se dis-
pose, dit-on, à publier des Mémoires sur là
campagne de 1848; ils seraient un des monU*
ments curieux de cette époque. G. Vitali.
annuaire militaire de 1853. — I^e Spectateur mili-
taire de 1833. — Gualterio, Stor^ia dei Rivolgimenti Ita-
liani. — Farini, Storiu d'Italia, en continualioii de
celle de Carlo Bottii. — Ranalll, Storie Italiane. —
Thouar, Leiture di famiglia. -■ Almanacco nazionale,
Turin , 1853.
FERDINAND D'ARAGON, prince, prélat et
historien espagnol, mort le 20 janvier 1575. Il
était fils d'un bâtard de Ferdinand V, dit le
Catholique , roi d'Aragon et de Castille. Phi*-
lippe n lui confia le vice-loyauté de l'Aragon. Il
se fit surtout remarquer par son goût pour les
belles-lettres, et écrivit plusieurs ouvrages sur
l'histoire : on cite de lui : La Historia de los
Reyes de Aragon; — Catalogo de todos- los\
Prelados dcl Reyno de Aragon; — Nohiliariô
de las Casas principales de Espana, esto es ,
Castilla, Aragon, Cataluna, Navarra y Viz-
caya. Ces ouvrages n'ont pas été publiés ; mais
ils ont amplement servi aux historiens postérieurs*
N. Antonio, Bibliotheca nova. Hispana.
FERDINAND DE CORDOUE, savant espagnol,
vivait en 1 50 1 . Théodore Godefroi rapporte <( qu'il
n'étoit chevalier en armes et en fait de guerre
nul plus expérimenté; qu'il se servoit merveil-
leusement bien d'une épée à deux mains , et que
quand il voyoit son ennemi , il ne manquoit point
à saillir sur lui vingt ou vingt-quatre pas en uil
saut; qu'il sa voit jouer de tcils instruments,
chanter et danser mieux que nul autre, peindre
et enluminer mieux qu'homme qu'on sût à
Paris ni ailleurs. Et vraiment, ajoute-t-il, si un
homme pouvoit vivre cent ans sans boire, ni
manger, ni dormir, il ne sauroit apprendre ce qUe
le dit jeune homme fait. » A cet éloge, Trithèmeet
d'autres historiens ajoutent que Ferdinand deCor-
doue « sâvoit l'hébreu, le grec, le latiu, le chat-i
déen, les droits canon et civil, les mathématiques,
la médecine et la théologie. Il savoit par cœur nofl-^
seulement toute la mythologie, m.ais encoi'e les
livres d'Aristote, d'Hippocrate, de Galien , d'Avl-=
cenne, d'Albert le Grand, de Nicolas de Lvi'â,
de saint Thomas , de saint Bonaventure , d'A-
lexandre de Halès, de Scot et d'autres philoso-
phes anciens et modernes, qu'il répétoit facile-
ment et citoit très à propos. » A cette époque, la
4n
FERDINAND
422
léunion de telles connaissances était extraordi-
naire. Aussi, Ferdinand de Cordoue fut-il regardé
par ses contemporains tantôt comme un sorcier,
tantôt comme l'Anti-Christ lui-même. Néanmoins
Ferdinand V, dit le Catholique, roi de Castille
et d'Aragon , n'hésita pas à lui confier diverses
missions importantes à Rome et à Paris (1475);
« il y surprit beaucoup de monde par son ha-
bileté, et prédit la mort de Charles le Témé-
raire (1), duc de Bourgogne longtemps avant sa
mort ". On a de Ferdinand de Cordoue : Com-
mentarms in Almagestum Ptolemm; —Com-
mentariiis in Apocalypsim S. Joannis Apos-
toli ; — Quelques opuscules sur diverses par-
ties de la Bible ; — De ArUficio omnis et in-
vestigandi et inveniendi natura scibilis;
dédié au cardinal Bessarion; — De pontificti
PalUi Mysterio ; dédié au cardinal Francesco
Piccolomini; — De Jure Beneficiorum vacan-
tîum medios Jructus annatasque exigenti, et
de Potestate Papœ in temporalibus; dédié au
pape Sixte IV; — An sit licitapax cum Sara-
cents? — Prœfatio à l'ouvrage d'Albert le
Grand De Animalibus; Rome, 1478, in-fol.
Journal d'un Bourgeois de Paris. — Godefroi , 0&-
servations sur l'histoire du roi Charles Kl. — BzoviuSj
Annales cont. année ISOl, n» 18-10. — Hottinger, Hist.
ercisi. sac. XVI, sect. III, p. 113. — Nicolas Antonio,
BibUotheca Hispana nova.
FERDIW.4NBÎDE JÉSUS (Le P.), prédicateur et
théologien espagnol, né à Jaen, en 1.571, mort à
Grenade, en 1644, En 1538 il entra à Grenade
dans l'ordre des Carmes réformés par sainte
Thérèse. Il possédait déjà Une vaste érudition;
tant sacrée que profane, et était familier avec les
langues savantes. Use fit tellement remarquer par
son éloquence religieuse, que ses compatriotes le
surnommèrent le Clirijsostome espagnol, et que
lorsqu'il approchait d'une ville, les magistrats, le
clergé et une partie de la population se portaient
à sa rencontre et le recevaient triomphalement.
Ferdinand de Jésus parcourut la plus grande partie
de l'Espagne comme prédicateur, et enseigna en
quelques villes les théologies scolastique et mo-
rale. Ses biographes lui accordent une vie aussi
pieuse qu'austère. Le nombre de ses écrits
s'élève à quarante-huit : il faut là-dessus con-
sulter les écrivains de son ordre. On y trouve
des commentaires sur la logique, la physique,
les livres d'Aristote (De Anima), la homme de
saint Thomas, les prophètes Abdias , Nahum ,
Aggée, etc. ; des traités sur la Trinité, les Sacre-
ments , la Justice et le Droit, les Miracles, l'É-
lection desévêques; des introductions à l'étude
de l'Écriture-Sainte et autres écrits pour en fa-
ciliter l'intellisgence ; des grammaires grecques
et hébraïques ; quelques ouvrages historiques,
surtout conceniant son ordre; cent soixante-
cinq sermons, etc. Plusieurs de ces ouvrages
sont écrits en latin , les autres sont en espagnol.
i Le p. Martial de S. Jean-Baptiste , BibUotheca Srrip-
(1) Tué devaRt Nancy en 1477.
torum utriusgue congregationis et sexus Carmelita-
rum, etc , p. 158.— Moréri, Grand Dictionnaire histo-
rique. — Richard et Glraud, Bibliothèque sacrée.
FERDIXAND !)E SANTIAGO, OU EîE SAÎKT-
JACQUES, prédicateur espagnol , né à Séville ,
vers 1541, mort dans la même ville, presque
centenaire , en avril 1639. Il appartenait à l'ordre
de la Merci , et passa pour un des plus habiles
prédicateurs de son siècle. 11 fut en grande fa-
veur auprès des rois Philippe II et Philippe III et
du pape Paul V. Il devint préfet de son ordre
à Grenade. On a de lui : Consideraciones sobre
los Evangelios de los Santos , con un brève.
parafrasis de las letras de los Evangelios ;
Madrid, 1593, in-4°; Saragosse, 1605; Sala-
manque, 1615, in-4°; — Consideraciones sobre
los domingos y ferias de Quaresma ; Sala-
manque, 1597; Barcelone, 1598, in-4°; Valla-
dolid, 1604, in-4''; — Sermon que predicô a
Malaga en las honras del reij D. Felipe II ;
Séville, 1598, in-4'°; — Sermon en las honras
del rey Felipe III; Grenade, 1621, in-4°; —
Tratado del Acto de Conlricion ; Séville,. 1634 ;
— Mariai, ou Sermones de Nuestra Senora;
— Apologia pro iisii aereee moneiœ in Hispa-
nia, et quelques autres ouvrages aujourd'hui
perdus ou restés manuscrits.
Nicolas knionw, Biblioth. Hispana nova. — IMorépi,
Grand Dictionnaire historique. — Richard et Giraud
Bibliothèque sacrée.
FERDIKANO DE TA LAVERA , prélat et théo-
logien espagnol , né à Talavera-la-Reyna (Cas-
tille-Vieille), en 1445, mort à Grenade, le 14 mai
1507. Il était religieux hiéronymite, devint
évêqued'Avila, confesseur et conseiller de Ferdi-
nand V, dit le Catholique, roi de Castille, et
de sa femme Isabelle. Il les encouragea surtout
dansles entreprises qu'ils tirent contre les Maures,
entreprises qui eurent pour résultat la conquête
de Grenade. Ferdinand de Talavera obtint l'ar-
chevêché de cette ville, et travailla avec zèle à
la propagation de la religion catholique. Les
biographes prétendent qu'il mourut en odeur de
sainteté et que plusieurs miracles eurent lieu sur
son tombeau. On a de lui : Provechosa doctrina
de lo que debe saber todofiel Christiano ; —
Confesional, ou Avisacion de las maneras de
pecados; — Del restitulr y satisfacer ; —
De como hemos de comulgar ; — Contra et
murmurar ; — Delas Ceremonias de la Misa;
Antonio croit que cet ouvrage est le même que
celui publié sous le titre de Memoria de nues-
tra Redencion en los santisimos mysterios de
la Misa; Salamanque, 1673, in-8°; — Contra
la Demasia en el vestir y en el corner; —
De como debemos aprovechar el tiempo; —
Impugnacion catholicaen defensa de nuestra
Fe; — Cérémonial de todos los Oftcios divi-
nos , en latin et en espagnol ; — Forma de vi-
sitar Iglesias, y conventos de Monjas; —
Instruccion para las Monjas de un Monas-
terio de Avila; et divers autres ouvrages de
piété.
14.
423
FERDINAND
Jos(!f (le Sigiienza, Hist. de la Ord. do S. (ieron. -
AliMi/.o lie Madrid , Historia nrbis falenlinie. — Pedro
<!oii/ale/. d(; Mendoza, Domus .Salicetanœ. — Francisco
lt(!iiriii(l(;z de l'cdraza, Uistor. Hcrum Cranutensium —
Pierre Martyr, liputiiL, XI, XII, XVI or XXXVIII. -
Luc. Marin, Laud. de Hisj)., lib. VII. — iNicolas Antonio,
moi. Hispana Nova.
VISKUINANO, |)S{ui(loiij'tne <1(! plusieurs au-
teurs dramatiques modernes. Voyez Dw\'ay]:\ ,
Lalouk, Langli?;, Vii;M',ni;i)ve.
VVRUINANO \m sAiNTK-niAKii:. Voij. Mar-
tin HZ {Fernando).
i^'isiioiiVAN». Voij. J'HiiuANn et Fkknani).
KKKniNANDi (lipifnnio), m<'((leciii italien, né
à )VIessap;na (Otrante), 1(^ '?. oetol)re liO!), morteii
lO.JS. Il se rendit à Naples en 158;i, et y lut re(,;u
docteuieii piiilosopliicM't en médecine le '.Vi aoiU
IhWi. Il revint ensuite; dans sa ville natale, et
y |)rati(iua l'art de guérir avec succès. Jl s'y
maria eu Jf)'.)?. J'-n UlKi, .Iulia l'^arnése, in-Jn-
cessc d'Aretraria, l'attiiclia à sa personne; il vi-
sita avec elle! l'arme, Rome et l'adoue, iriais ne
voulut s'arréteiMlans aucune de «-es villes, malgré
les odres honorables (|ui lui furent laites. " Fer-
dinandi , écrit Éloy, était un homme vraiinent
philosophe. Rent'ermé dans lui-ménH;, les hon-
neurs, les distinctions, les avantafji»!s de la l'or-
tune, lien n'était capahie do l'eu (aire sortir.
Un jour (pi'il e\[)li<iuait un aphorisme; d'Ilippo-
crate, on vint lui apprendre (lu'uii di; ses fils,
â{»é de vingt ans , était mort ;\ Naples , où il
(îtudiait; il si; contenta de dire : JJoniinus
dedU, Dom'mns ahs/u/if, et continua .son dis-
cours. A la mort de .sa femme, il répondit à un
de ses amis (pii lui adressait d(;s paroles de; con-
solation : " .le .serais iudij>;ne du nom de phi-
losophe, si j(>. ne .savais pas me consoU^r moi-
même <ruiie .semhlahle perte. » l''erdinan<li
a composé : Thcorenuifa mcUica cl philoso-
■phini; Venise, U'.li, in-fol.; — De VUaproro-
ganda, .ve« juventale conservandn et senec-
t/ute retnrdanda; Naples, Kil'.?, in-4'' ; —
(k'nlum Historix, seu observaliones et casus
/rtce/vd; Venise, ICi'^.l, in-fol. Ce recueil a été
plusieurs l'ois réimprimé en Allemagne et en
Hollande; — Aureus de Peste a;/;c///<a; Naples,
lo;!l, in-4".
/lioyraphie médicale. — l'îloy , Dictionnaire hislo-
riqwi de la Médecine.
* a<'iau)iivAM)ii ou riîRNANin (France.ico),
dit hiri;ui\i,i, peintre de l'école romaint; , tra-
vaillait h Rome en 17;iO. On y voit <le lui A l'é-
f^lise Sainl-I''iistache un excellent martyre du
saint, tableau d'un bon coloris. On doit suppo.ser
(pie cet artiste, (pii donnait les plus belles es-
pérances uiourut jeuiK; ou (|u'il passa en pays
étraiij!;er, car à l'exception d'un saint HoniiuUd
'mourant, eii;alement à Jîome, on ne connaît de
lui aucun aulm; tableau en llalie. K. \i — m.
rico/zi, JHzianario. — Slrel, J)ict. hist. de.i l'eint.res.
¥KiitHmc\. Voy. Vuuwvn- {Aboul-Cacem-
Mansour).
■ j''Jf.!ica)ir.:Tii , roi des Pietés, tué au coin-
meiueinent du neuvième siècle. Il était, selon
— FKREY .124
Bucbanan , contemporain d'Alpin, soixante-hui-
tième roi d' l^:eosse, contre lequel il fit constamment
la f^uerre. Dans une rencontre décisive, Férédeth,
voyant ses troupes mises en désordre, rallia
l'élite de ses guerriers, pénétra au centre de
l'aniKH! écossaise, et tomba accablé sous le
iiombic : il était, ajoute l'historien, à la fleur de
la jeunesse,
liiielianan, IHst. Scott.
* FKiuîii (Jacques), et non don Jaens,
comme on l'a dit à tort, navigateur français du
quatorzième siècle , qui , d'a|»rès les cartes cata-
lanes, aurait découvert le cap liojador en (346;
voici le passage qui l'indique : « (Janaria;
Partich luxer dn. Jâc. Ferer per anar al
rut de Vor, al gorn de sen Lorens qui es a X.
de agost a fo en l'ayn M. CCC. XLVl. »
.lusqii'i'i l'interprétation de ces cartes, écrites,
eommi; on le voit , dans un mélange de jilusieurs
langues, on croyait que cette découverte n'a-
vait été faite qu'en 1365 par d(;s voyageurs diep-
pois. Louis l^acour.
Iliiot, édiUnn de.s O/i'ui're.s de Maltc-lirun. — Paulin
l'a lis, IManuserits français de la /tihiiot/ii'qve du lioi,
t. I , p. :146.
* ncKKT (/)cH//,s), littérateur fran(;ais, néàMo-
rel,près l<'onlainehleau,en (.'■)73, mort vers 1630,
Hélait avocat, mais [laraît s'être beaucoup plus
o(;ciipé de belles-hittres que de jurisprudence. On
maïupie (h; délails sur .sa vie. D'après les cpiel-
ipies ouvragesde.Féret(pii sont parvenus jusqu'à
nous et l'opinion de .ses contemporains, il avait
reçu de la nature plus de facilité cpie de talent,
et s'exerça dans divers genres, sans s'élever
au-dessus du médiocre. On connaît de lui : Les
Prémices, dites Is vrai François, ou poëmes,
advis et mémoires pour le bien du S. Père,
du clergé, etc.; 1614, in-8". Ce recueil, devenu
rare, contient entre autres les pièces suivantes :
Les Amours conjugales en Dieu; Acrostiches ,
Anagrammes; Plaintes et J)oléance^^,pour
les Estais de 1614; Paraphrase de W table
des portraits des empereurs de Conslanti-
nople; l'Hymne de saint Denis; Sonnets sur
la loi Salique; Quatrains sur le même sujet;
Élégie de Solon paraphrasée; l'y, martel
d'hérésie, en sonnets; Poëmes des affaires
dejîistice.
Lclonj,', lUbl. française, Il,!)94..
* FEREY {François-Placide-Nicolas ), juris-
consulte français, né au Neubourg, prèsd'Évreux,
en 1735, mort à Paris, le 5 juillet 1807. Après
avoir fait de fortes études en droit à l'université
de Caen, il fut reçu avocat, et vint en oxercer
la profession devant le modeste siège de; lieau'
niont-le-Roger et ensuite au présidial d'iWreux
La nature lui avait refusé les dons d'une élocu-
tion facile et brillante ; mais elle l'avait ample-
ment dédommage'' par une pénétration |)eti com-
mune, il devint en piui d'années l'un des meil-
leurs interprètes di; la coutume de Normandie,
et fut considéré sous ce rapport comme un des
oracles de la [irovince. Chargé des inlérêts du
(l'ft
FEREY — FERGUSON
4l>6
duc (le Bouillon, il parvint à faire reconnaître
los droits contestés que ce prince prétendait
;i\ oir à la propriété du duché de Chàteaa-Thieri7.
(i soutint au barreau de Paris la réputation de
(li.ilecticieu consommé et d'habile jurisconsulte
■ |iril s'était acquise en Normandie, et ne cessa
(le la conserver sons l'empire des lois nouvelles,
(loiit quelques-unes froissaient ses sentiments,
t't's qualités solides, généralement reconnues, ap-
prirent sur lui l'attention du premier consul,
(|ui , malgré son peu de sympathie pour les
,(\(icats, le nomma membre de la Légion d'Hon-
neur. Ferey fit aussi partie du conseil des
cludos de droit. Son éloge fut prononcé par
l\I. I>ellart, son confrère , dans la bibliothèque
(lu lycée C harlemagne , le à février tSlO, en
présence de S. A. S. Varcliicliancelier de
l'empire. L'orateur rapporte plusieurs traits
(le désintéressement de Ferey qui recommandent
sa mémoire à la reconnaissance de l'ordre des
avocats , auquel il légua sa bibliothèque et une
rente de six cents francs pour sou entretien et
dix-sept volumes in-fol., d'extraits du corps de
droit et des tactums des jurisconsultes les plus
célèbres, (pie, dans ses moments de loisir, Ferey
s';>taitplu <i écrire lui-même. J. L.
Jîcllart, Éloge de M. Ferey. — Docvm. particuliers.
FERG (François-Paul), peintre allemand,
né à Vienne, en tr.,S9, mort en (738 ou 1740. II
éli!i!i;i ncndanl plusieurs années à iJanibera;.
IMus tard il se forma à la peinture de portraits
sous Jean Graaf et à celle du paysage chez
Lorient. Ayant acquis ensuite une certaine célé-
brité, il se rendit à Dresde, on il eut du succès.
Puis il visita l'Angleterre : son talent fut surtout
apprécié à Londres. Il y acquit quelque fortune,
mais à la suite d'un mariage malheureux il fut
réduit à une extrême pauvi'eté. Ses œuvres con-
sistent principalement en pay sages conçus dans
le style de Berghem. Elles se font remarquer par
l'éclat des couleurs.
Poscamp'i, /'ies des Peintres flatnands, allemands, etc.
t<'Ei;«;EiST. Voijez Bkctacnh (Alain fV ,
duc de).
* FURCioNi ( ncrnardino), iim\tve de l'é-
cole romaine , vivait au commencement du
dix-huitième siècle. Il peignit d'abord des ani-
maux et des fleurs ; mais bientôt il s'adonna
exclusivement à la marine, genre dans lequel il
devint un des premiers peintres de sou temps.
Ses modèles étaient généralement des i)orts de
mer qu'il savait animer par des groupes intéres-
sants, originaux et bien composés. I<L H — iv.
OrUiiKli, Jbbecedario. — I-anzl, .Itoria delta l'iltnra.
— Ticox.ïl, Vizionario. — Wiiickelinana, Neucs M^t-'i-
ler Icrikon.
FEur.oLA (Nicolas ), géomètre napolitain, né
à Napli's, en octobre 175;!, mort le 21 juin 1824.
11 était professeur de mathématiques à l'univer-
sité dcNaples et membre de l'Académie des Scien-
cesdecette ville. On a de lui : llisoluzioncdipro-
blemi sulla misura délie volte aspira , e thne-
todoper la soiuzione de' difficiU problemi di
sito e posizioné; dans le Recueil de V Académie
des Sciences de Naples ; — plusieurs disserta-
tions et problèmes importants ; dans les A tli délia
R. Società Borbonica , t. l" ; — Prelezioni sut
tprincipïi mathematici délia filosofia naturale
del ISeivton ; Naples, 1 792 ; — L'Arte euristica ;
Naples, 1811; — Trattato délie Sezioni coni-
che; Naples, 1817; — Trattato analitico de'
Luoghi geometrici ;'!iàp\es, 1818. Pergola laissa
en manuscrit deux traités intitulés : Introdu-
zione alV Analisi degV tnfiniti; — Trattato
del Calcolo di/ferenziale e intégrale.
Le marquis de Villurosa , RitratU; Naples, 182S, p. 143.
— Gatli. Eloçii; Naples, 1832, vol. le"", p. 169. _ 'Cipaldo,
Biografia degli Italiani illustri , t. 111, p. 345.
FEiiGUs 1", fondateur du royaume d'Ecosse,
mort en 356 ou 357. Il était fils d'un roi d'Ir-
lande. 11 aida en 332 les Écossais à repousser
les Pietés, et fut reconnu roi par ceu.v qu'il avait
secourus. Quelques auteurs le font vivre justiu'en
404 , époque à laquelle il serait retourné en Ir-
lande.
I.osley, De Origine, moribus et robus gestis Scotorum.
— Buchanan, Heruni Scoticarum Historia, —Rose, New
biograpkical Dictionary.
FERGUS II, roi d'Ecosse, mort vers 427. Il
succéda à Eugène, son aïeul ou son oncle, en 4 1 1 .
Ayant su qi\e le tyran Constantin avait été tué
dans les Gaules, il envahit la Grande-Bretagne.
Il y donna tant de peine aux Romains que l'em-
pereur Valentinien fut obligé d'envoyer contre
le roi calédonien une partie des troupes d'Aétius,
sous la conduite de Gallio.
Lesley, De Origine Scotorum. — Buchanan, Historia
lierum Scoticarum. — Calvisins, Citron.
FERGUS m , roi d'Ecosse , empoisonné en
767. Il était tils du roi Etbuvin, et succéda à Eu-
gène VIII, en 764. Son court règne ne fut qu'une
suite de débauches, auxquelles sa femme mit fin
en l'empoisonnant.
Lesley, De Origine Scotorum. — Buclianan, Historia
lierum Seotienrum. — Calvisius, Chron.
FERiîiTsoN (James), astronome et méca-
nicien écossais, né en 1710, à Keith (Banff-
sliire), mort en 1776. D'une famille pauvre, il
apprit à lire en écoutant les leçons (jue son
père donnait à son frère aine. Il annonça de
bonne heure un gortt particulier pour la méca-
nique, en fabriquant une horloge en bois, d'a-
près les pièces intérieures d'une horloge qu'on
lui avait montrées. Un cultivateur l'enii^loya à
gard(T ses brebis , et cette position lui fournit
l'occasion d'acquérir la connaissance des astres
et de construire un globe céleste. Des personnes
distinguées <lu voisinage, ayaut appris celte
aptitude extraordinaire du jeune berger, le mi-
rent à même d'étudier les mathématiques et
le dessin, et il fit dans ce dernier art des
progrès si rapides qu'il se rendit à Edimbourg,
où il lit des portraits en nnniature au lavis,
et trouva dans cette occupation des moyens
d'existence pendant plusieurs années En 1743
il partit pour Londres, où il publia des tables et
des leçons d'astronomie. Jl enseigna aussi les
427
FERGUSON
428
sciences naturelles , et il compta au nombre de
ses auditeurs Georges III, alors prince (ie Galles,
qui, lorsqu'il fut monté sur le trône, lui accorda
une pension annuelle de 50 livres sterling. En
1763, il fut nommé membre de la Société royale.
Oa a de lui ; Astronomical Tables and Pre-
cepts; — Astronomy explained; Londres,
1756, in-4"; — An easij Introduction to Astre-
nomij; 2® éd., 1769; — Lectures on sélect
subjects in Méchantes, Hijdrostatics , Pneu-,
matics and Optics; Londres, 1760, Edim-
bourg, Brewster, 2 vol. in-8°; - Select Me-
chanical Exercises, suivis dune autobiographie
de l'auteur; Londres, 1773; — The art oj
drawing in perspective; 1775; — une Intro-
duction à V électricité; — Three Letters ta
D^ John Kennedy ; — divers articles insérés dans
les Transactions philosophiques. Ferguscn fut
surtout remarquable par ses talents enmécaniquc.
Il possédait bien l'astronomie et les sciences phy-
siques et naturelles; mais ses connaissances ma-
thématiques étaient à peu près nulles. Il ne savait
de l'algèbre tjue la relation, et s'avouait lui-même
incapable de démontrer une proposition d'Euclide.
Hutton, Math. Dict. — Nichols, Bowijer.
* FERGOSON {David), ministre écossais, né
à Dumferline, mort en 1598. Il s'était occupé à
réunir les proverbes en usage dans son pays, et
il en laissa en mourant une collection curieuse ,
rangée d'après l'ordre alphabétique. Elle a clé
imprimée plusieurs fois, notamment en 1641,
1675 (édition qui contient 940 proverbes),
1706 et 1785. Une collection semblable &i bien
plus complète a été formée par Kelly ; i'ouvTage
de Ferguson n'est cependant pas inutile. G. B.
Biogrph. Néerlandaise.
FEiiGUSON (Jacques), mathématicien hol-
landais, vivait dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. Il a écrit en hollandais un ou-
vrage intitulé : Labijrinthus Algebrœ; La Haye,
1667, in-4°.
Ch;iu(lon et Delandine, Nouveau Dict. hist.
FERGUSOM OU FERGUSSON {Adam), phi-
losophe écossais, né en 1724, à Logierait, dans
le comté de Perth (Ecosse), paroisse dont son
père était pasteur, mort le 22 février 1816. 11
reçut son éducation à Perth et à l'université
de Saint-André, d'où il se rendit à Edimbourg
(1739), dans l'intention d'y faire les études pro-
pres au ministère ecclésiastique. Il resta attaché
comme chapelain au 42" régiment d'infanterie
Jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748. Il
retourna alors à Edimbourg, devint en 1757
gouverneur des enfants de lord Bute, et fut
nommé, eu 1759, professeur des sciences na-
turelles, puis de philosophie morale à l'uni-
versité d'Edimbourg. En 1767 il publia son
Essay on the history of civil Society. On
en a une traduction française par Bergier et
Meunier; Paris, 1783, 2 vol. in-i2, et 1796,
ia-8°. En 1773 il accompagna le comte de Ches-
lerfield dans ses voyages. En 1776 il fit une
réponse au traité du docteur Priée sur la li-
berté civile, et reçut, en récompense de son
ouvrage, la charge de secrétaire de la légation
envoyée en Amérique, en 1778, pour travailler
à une réconciliation entre les deux pays. A son
retour , il reprit ses fonctions de professeur, et
composa son ouvrage sur V Histoire de la
République Romaine. En 1785 il résigna ses
fonctions de professeur, et fut remplacé par Du-
gald Stewart. Adam Ferguson fit ensuite un
voyage à Rome, et se proposait de prolonger
son séjour sur le continent , lorsque les événe-
ments de la révolution française le forcèrent
de retourner en Ecosse. Il y vécut dans sa
terre de Paebles, près d'Edimbourg, et mou-
rut à Saint- André, après avoir joui d'une heu-
reuse vieillesse. Ferguson mérite un rang dis-
tingué dans les lettres, soit comme historien,
soit comme philosophe. Sou ouvrage sut l'histoire
romaine est moins un exposé de faits qu'un com-
mentaire pouvant servir d'introduction à l'ou-
vrage de Gibbon et aux recherches de Niebulir.
Comme philosophe, Ferguson est de l'école de
Bacon : il recommande l'expérience et l'étude des
faits. Il se rapproche de Locke sur la question
de l'origine des idées. En morale il reconnaît trois
motifs d'action : la disposition à se conserver, la
disposition à l'état social , enfin la disposition à
la pei'fectibilité. Ce qui dislingue Ferguson, c'est
une rare justesse de sens, souvent une grande
sagacité , enfin une véritable étendue d'esprit.
Outre l'ouvrage cité sur la société civile, on a
de lui : Pneumatic, etc. , ou Andlyse de Psycho-
logie; Edimbourg, 1066; — History of the
Progress and the Termination ofthe Roman
Republic; 1783, 3 vol. in-4''; — Principles of
Moral and Political Science; 1792, 2 vol..
in-4°; — Institutes of moral Philosophy ,
1 769 ; plusieurs fois reproduit depuis ; traduit
en français par Picverdit, Genève, 1775, in-12.
[E)ic. des G. du M., avec add.]
Dict. des Sciences phil. — Penny Cycl. — De Rerau-
-sat, L'École écoss., dans la Revue des Deux -M ondes,
l^"^ avril. 1856.
FERGUSON OU FERGîissow ( Robert), poète
écossais, né à Edimbourg, en 1751, mort en
1774. Il fit ses études dans sa ville natale, puis
à Dundee, enfin à l'université de Saint-André, où
il s'acquit la protection de Wilkie, poêle lui-
même. Chassé ensuite pour quelques écarts dans
sa conduite, il retourna à Edimbourg. Le besoin
le rendit poète. Abandonné par un parent qui
l'avait d'abord accueilli, il coniposri deux élégies,
l'une intitulée The Decay of FriendsMp , l'au-
tre ayant pour titre ^lf/«i)î.s^ replning at for-
tune. Sa fortune ne s'améliora cependant pas.
Après de rares intervalles de bonheur, il s'aban-
donna à des excès qui altérèrent emnême temps
sa santé et sa raison. Il mourut dans un hospice
d'aliénés. Burns lui éleva un monuînent. Le re-
cueil de ses poésies, dont la plupart avaient paru
dans le Weekly Magazine, précédé de sà vie
,j29 FERGUSON
écrite par D. Irving, parut à Glasgow, 1813,
2 vol. in-12 ; celles qu'il composa en langue an-
glaise a'ont rien de bien saillant , nriais ses poé-
sies écossaises sont pleines de vie et d'enthou-
siasme.
Irving, Life of Soi). Ferguson. — Conver.-Legc,
FËKISAD-KHAN, général persau , vivait dans
la dernière moitié du seizième siècle. Il rendit
de grands services à son pays dans les guerres
contre les Turcs et les Ouzbeks , et parvint au
plus haut degré de faveur sous le règne d'Abbas
le Grand; mais riniluence dont il jouissait lui
inspira de coupables desseins. Il trama une
conspiration contre Abbas, et profita, pour le
perdi-e, de l'invasion que les Ouzbeks firent
en 1597 sur le territoire persan. Les deux ar-
mées s'étant rencontrées près d'Hérat, et le roi
se trouvant engagé assez avant avec un corps
peu considérable, Ferhad, au lieu de le ren-
forcer, fit reculer les troupes , livrant ainsi son
maître à une perte à peu près certaine. Mais les
autres chefs placés sous ses ordres, comprenant
bientôt la pensée de Ferhad , se précipitèrent
au secours d'Abbas, le sauvèrent, et forcèrent
les Ouzbeks à prendre la fuite. Convaincu de
trahison , Ferhad fut mis à mort. Quelques his-
toriens mahométans prétendent cependant que
la mort de ce général n'eut d'autre cause que ses
exigences, toujours plus grandes, qui finirent
par lasser la patience du schah. Al. Boinneau.
Malcolm, Histoire de Perse. — Anthony Sherley,
Votjages, pages 60 et 61.
FEKHAEJ-PACHA, ministre et général otto-
man, mort en 1596. fl était d'abord cuisinier
d'une des odas des janissaires. Un jour, de
grand matin, un inconnu le rencontra sur la
place du marché, parlant et jurant, parce que,
malgré sa diligence, il n'avait plus rien trouvé
pour sa chambrée , et s'emporlant contre le kiaïa
(officier chargé de prendre des mesures pour as-
surer l'approvisionnement de la ville), qui, disait-
il, n'entendait rien à son métier. Quelques heures
à peine s'étaient écoulées, que Ferhad, mandé au
palais , se trouva en présence de l'inconnu , qui
n'était autre que le sultan Amurath III. Investi
par ce prince des fonctions de kiaïa, il s'en
acquitta à la satisfaction générale, et se distingua
par son intégrité autant que par ses qualités
administratives. En 1581, Sinan-Pacha ayant été
disgracié pour avoir parlé trop franchement au
sultan , Ferhad fut nonnné grand-vizir à sa place,
et administra l'empire avec une rare habileté;
mais un nouveau caprice d'Araurath le fit bientôt
redescendre dans les rangs obscurs de la foule ,
d'où il fut tiré ensuite pour remplir les fonctions
(le paclia. Placé à la tête d'une armée, Ferhad
marcha contre les Persans, fut tantôt vainqueur,
tantôt vaincu comme les généraux qui l'avaient
(irccédé, et redevint gra!)d-vizir, pour être fait
encore ma&zaoul, c'est-à-dire pour retomber
dans la plus complète disgrâce. 11 se vit môme
enlever par le sultan tontes les riciic-îscs qu'il
— FERHAT
430
avait acquises en faisant la guerre en Asie, et
qui s'élevaient, dit-on, à trois raillions, de sorte
qu'après avoir consacré quinze années au service
de l'État, dans l'exercice des plus hauts em-
plois , il se trouva plus pauvre qu'a l'époque où
il était simple cuisinier. Après la mort d'Amu-
rath , la faveur vint encore le trouver. Maho-
met III le mit à la tête de l'armée chargée d'o-
pérer au nord du Danube. Ferhad s'avança avec
des forces imposantes vers Nicopolis, qui fut prise
et pillée sous ses yeux , et il fut bientôt vaincu
dans une grande bataille où il perdit 28,000 hom-
mes , ses canons , ses étendards et tous ses ma-
gasins. Rappelé sur-le-champ à Constantinople,
et accusé par Sinan-Pacha , son ennemi acharné,
d'avoir détourné le khan de Crimée d'envoyer
des secours aux Ottomans, il reçut le cordon
fatal , et fut forcé de s'étrangler. Al. B.
De Hammer, Histoire de l'Empire Ottoman. — Sala-
berry, Histoire de i Empire Ottoman. — La Turquie,
clans Y Univers pittoresque.
* FERHAT OU FAIIHAT BEN SAÏD, chef
arabe en Algérie, mort en novembre 1841. Il
appartenait à une ancienne famille de la province
de Constantioe , les Darbou-Eukous, qui dispu-
tait à la famille de Ben-Gannah le titre de chéik
des Arabes du désert. Lorsque, après la chute
du bey de Tittery, le général Clausel eut pris la
résolution de remplacer Hadji-Ahmed , bey de
Constantine, celui-ci, se défiant de Ferhot Ben
Saïd , le destitua des fonctions de chéik, et en
investit Ben Asiz Ben Gannah. Ferhat avait pour
lui l'affection de plusieurs tribus puissantes. Il
repoussa Ben Gannah. Hadji-Ahmed marcha con-
tre lui, et le vainquit, mais sans l'abattre. Ferhat
entama alors des négociations avec le duc de
Rovigo, et ne cessa depuis d'écrire aux généraux
français pour les presser de marcher sur Constan-
tine , promettant qu'à sa voix les tribus se lève-
raient contre Ahmed-Bey. Il n'arriva cependant
à Constantine que quelques jours après que cette
ville fut tombée au pouvoir des Français. Néan-
moins le généra! Valée le nomma chéik du désert,
et le ciiargeade poursuivre Hadji-Ahmed. Il revint
après avoir exécuté quelques razzias insignifian-
tes, et fut revêtu des insignes de sos fonctions. II
habitait de préférence les environs d'Oiiled-Djedal
sur l'Oued Djidi. Sa conduite devint bientôt indé-
cise et tortueuse. On apprit qu'au mois de mai
1837, il était entré, sous le patronage d'Abd-el-
Kader, dans une ligue des chefs du sud contre
Ahmed; on sut aussi qu'il était allé devant Aïn-
Madhi faire acte de soumission à l'émir. Le gou-
verneur général se décida alors à le remplacer.
Au commencement de 1839, Ben Azis Ben Gan-
nah reçut solennellement le Lurnous d'investi-
ture de chéik-el-Arab, Le nouveau chéik eut
aussitôt à combattre l'influence des kalifas
nommés par Abd-el-Kader. Au mois de juin 1841
un avantage qu'il remporta sur Ferliat i^en Saïd
lui ouvrit les portes de Biskara ; mais les habi-
tants se soulavèrcnt, et Ben Gannah ne put s'y
43?
FERHAT — FERÏNO
432
maintenir. Vers le mois de novembre suivant,
Ferhat Ben Saïd fut tué , dans un engagement
contre un parti d'Arabes. L. Louvet.
Dictionnaire de la Conversation, siippl. à la l" édi-
tion. — L'Illustration, tome IX, page ÎW, numéro
du 31 juillet 1847.
FERID ED-DiN ATH.4R (Schéikh Abou Ha-
mid Mohammed ben-Ibrahim Atthar Nischa-
pou7-i, connu sous le nom de), sofi et poëte
persan, né en 513 de l'hégire (1119 de J.-C),
à Kerken près de Nischapour, massacré par les
Mogols, en 519 (1122), lors de la prise de Scha-
dyakh. Il étudia dans sa jeunesse, sous la dl-
i-ection du schéikh Kothb ed-din Haïder, et
quoicfu'il se fût initié de bonne heure à la con-
naissance des doctrines des sofis, il ne laissa
pas d'embrasser la profession de son père , qui
était marchand de drogues et de parfums. Maître
d'une immense fortune, il en disposait avec
magnificence et ne négligeait pas d'en consacrer
une partie au soulagement des malheureux. Mais
craignant que la possession des biens de ce
monde ne le détournât de rechercher ceux de
l'autre vie, il abandonna ses richesses, et se
retira dans le monastère du schéikh flokn ed-din
Asaf. Sa conversion fut si radicale qu'il parvint
à Y anéantissement , c'est-à-dire au détache-
ment absolu des jouissances corporelles. Lors
de son pèlerinage à La Mecque, il ha connaissance
avec les plus illustres sofis de son temps. Il avait
réuni pli]>i de quatre cents ouvrages de théolo-
gie , dont il s'était si bien approprié la substance
qu'il passait pour l'un des plus savants person-
nages de sa secte. Tous ses écrits, sans en ex-
cepter ses poèmes, ont une tendance mystique;
c'est pourquoi ils ont trouvé peu de lecteurs
en Europe. Les plus souvent cités sont le Tedz-
kiret al-Ewliya (Mémorial des Saints), ouvrage
en prose, contenant la vie de 70 sofis ; — Pend-
Nameh (Livredes Conseils), recueil de préceptes
de piété, de morale, de politique, d'hygiène,
de décence, édité par Hindley, Londres, 1809,
in-12 ; par Silvestre de Sacy, avec une traduction
française dans le t. Il des Mines de l'Orient,
et à Paris, 1819, in-8° ; imprimé à Boulac, 1244
(1828) ; 1253 (1838) ; 1257 (1842) , in-8° ; à Cons-
tantinople, 1251 (1834), in-8°; lithographie à
Calcutta et à Lucknow, 1264 (1847); traduit en
turc par Hafitz Mohammed Mourad, et im-
primé à Constantinople en 1256 (1836). Le com-
mentaire turc d'Ismaïl Hakki sur le Pend-
Nameh a paru à Constantinople 1250 (1834),
in-8°; — Manthie at-Thaïr fi aradet al- Kheir
(Entretien des oiseaux sur la recherche du
bien), poëme dont M. Garcin de Tassy a
donné des extraits et une analyse éteadue dans
la Revue Contemporaine, 1856. — Aszar-Na-
meh ( Livre des Secrets ) ; — Bidbul-Nameh ,
poëme relatif aux amours de la rose et du ros-
signol;— îlahi-Nameh {Livre divin); — Te/sir
al-Fatihet ( Commentaire sur la première sou-
rate du Coran). E. Beadvois.
Lolhf AU Beg, Atesch Kedah. — Mohainaied Awfi, Lo-
bab al-.4lbab, X. — T:iki ed-din Kascbi, Kholasset al- !
AscUaar, I. — Doalet Schah IV, fragm. en tête de la
trad. du Pend-N ameh, par de Sacy. — Khonderair, Ha-
bib as-Siyer. — Siradj ed-din Hoscini Aurarigabadi, Di-
wan. — Hndji-Khalfah, Lexic. bibliogr., t. I, n° 661,
1170; II, 1829, 1901, 1941, 2797, 3359, 4235-96; HI, 4653, l
4710, 7040; IV, 741S; V, 12207-83; VI, 14776-14780. — Sil-
vestre de Sacy, art. dans les Notices des Manuscrits de
laBibl. impér., 1. 1, p. 597; X.ll, p. 307.— Tholuck,5.9M^j-
mus; Berlin, 1821, in-8». — Hammer, Gesch. der schônen
Redehûnste Persiens. — G. Ouscley, Biogr. Not. of Per-
sian Poets, p. 236. — Duncan Forbes, Biogr. dict. of
the Soc. for t/ie Diffus, of Knowledge, au mot Jitar. —
Sprenger, Catal. des bibl. du roi d'Oude, t. I, p. 346-358.
— Zenker, Bibl. orient., 574-580.
* FERÎOOîJi^ KEJi-AHJMED AT-TÉWRî
(Ahmed), écrivain turc, mort en 991 de l'hé-
gire (1583). Il était secrétaire d'État pour le
chiffre du sultan, et il épousa une princesse de
la famille impériale. Lors de la disgrâce de son
protecteur le grand-vizir Mohammed Sokolli, en
1577 , Feridoun obtint le gouvernement de Bel-
grade. On a de lui : Ai-Moraselat loe al-Me-
toïi6( Lettres et Écrits), aussi intitulés : Moun-
schiat as-Selathin (Lettres des Sultans), ouvrage
terminé en 982 (1575), et offert au sultan Mou-
rad in. C'est un précieux recueil de pièces di-
plomatiques et d'itinéraires des armées otto-
manes. Il contient 1,800 pièces. M. de Hammer
en a tiré un grand parti pour la composition de
l'Histoire de l'Empire Ottoman. Feridoun écri-
vit aussi quelques poésies en turc et en arabe.
E. Beauvois.
Hadji-Khaifah, Lexic. bibliogr., édit. Fiuegel, t. V,
a° 11760. — J. de Hammer, Literalurgesch. der Osma-
nischen Dichtkunst, t. Il, p. 491. — Hist. de l'Emp. Ottom.
trad. de Hellert, t. VI, 230, 232; t. Vil, 16, 19, 56.
FERÏNO {Pierre-Marie-Barthélemy, comte),
général français, né à Caravaggio ( Milanais), en
1747, mort à Paris, le 28 juin 1816. Fils d'un
sous-officier du régiment autrichien de Bender,
il fit la guerre de Sept Ans, et obtint ( 1779) le
brevet de capitaine. Victime d'une injustice com-
mise à son égard par le gouvernement autrichien,
Ferino vint en France, y obtint ( 1'^'' août 1792 )
le grade de lieutenant-colonel de la légion de
Biron, devenue chnsseurs du Rhin ; passa
( 13 décembre 1792) à l'armée du général Cus-
tine; présida, dans la cathédrale de Mons, l'as-
semblée qui vota la réunion de la Belgique à la
France, et obtint successivement les grades de
général de brigade (fin de décembre 1792), et
de division le 23 août 1793. « Destitué pour
avoir fait observer la discipline avec trop de
sévérité (1) , •» mais bientôt rétabli dans son
grade , Ferino passa à l'armée de Rhin et Mo-
selle, que commandait Moreau , et prit une part
des plus actives aux succès remportés à Lindau,
à Bregentz, sur le lac de Constance, ainsi
qu'à la mémorable retraite de Bavièi'e. Le cou-
rage qu'il déploya tant à la défense du pont
de Huningue qu'aux combats qui suivirent lui
mérita (14 juin 1804) le grade de grand-officier
de la Légion d'Honneur, ainsi que le titre de sé-
nateur ( 5 février 1805). Deux ans après (1807)
(.1) Mémoires du duc de Rovigo.
433 FERmO —
il reçut de Napoléon la sénatorerie de Florence ,
le gouvernement de la ville et du port d'Anvers,
et enfin le titre de comte (1808). Ayant voté
la déchéance de Napoléon, Ferino reçut de
Louis XMn la croix de Saint-Louis, ainsi que
les lettres de naturalisation qui , par suite de la
distraction du Milanais de la France, lui deve-
naient nécessaires pour siéger à la nouvelle cham-
ibre des pairs. Il moijrut' bientôt après. Le nom
I de ce général est gravé sur l'arc de triomphe de
l'Étoile côté est. A. Saczat.
^rchivesdelaguerre. — Vict.et Conq., t. VI, VU, VIII,
X. — Fastes de la Légion d'Honneur, t. III, où Du Ro-
zoir cite une assez curieuse conversation de Louis XVIII
avec Ferino.
FÉRIOL. Voy. Pont-i)e-Vbyle.
FÉRIOL. Voy. Ferréol.
*FERISCHTAH ( Mohammed-Cosim- Hiu-
dou-Schah, surnommé), célèbre historien mu-
sulman de l'Inde, né à Asterabad, dans le Ma-
zandcran, vers 957 de l'hégire (1550 de J.-C. )
selon M. Mohl, ou vers 978 ( 1570) selon le géné-
ral Briggs, vivait encore en 1036 ( 1626 ). Gholam-
Ali-Hindou-Schah, son père, vint s'établir à
Ahraed-Agar, dans le Deccan, où il fut chargé
d'enseigner le persan au prince Miran-Hoséin ;
maisil mourut quelque temps après, etFerischtah
resta orphelin dans un âge très-tendre. En 996
( 1587) il était conseiller intime et capitaine des
gardes de Mortedha-Nitzam-Schah , souverain de
Ahmednagar ; dépouillé de ces fonctions lorsque
ce prince fut détrôné par son fils, il n'échappa à la
mort que grâce à l'intervention de Miran-Ho-
séin. Ce dernier périt lui-même après quelques
mois de règne , et , au milieu des troubles ci-
vils, la faction des sunites s'empara du pouvoir.
Ferischtah, qui était schiite, voyant sa carrière
brisée, se rendit à Bidjapour en 998 ( 1589), au-
près de Dilawer-Khan, qui gouvernait pendant
la minorité d'Ibraiiim-Adil-Schah II. Il fit partie
du corps (le troupes que le régent mena au se-
cours'de Borhan-Schah, neveu de Mortedha et
ennemi des sunnites. Lors de la défaite qu'es-
suya Dilav^er-Khan , Ferischtah fut blessé et fait
prisomiier ; mais il parvint à recouvrer sa liberté.
Vers 1002 ( 1595) il fut présenté à Ibrahim- Adil-
Schah, qui lui fit don d'un exemplaire du Raud-
het us-sefu de Mirkhond , et l'engagea à écrire
d'après ce modèle une histoire générale de l'Inde.
Ferischtah se rendit d'autant plus facilement à
cette demande, qu'il avait déjà depuis longtemps
formé le projet d'entreprendre ce travail. En
1015 (1606) il fut envoyé en qualité d'ambassa-
deur auprès de Djihanguir, successeur d'Akbar,
pour le féliciter de son avènement au trône. On
a de lui : Tari kh-ï- Ferischtah (Histoire de
Ferischtah). Cet ouvrage, aussi intitulé Gul-
schen-i-Ibruhim (Parterre de Roses, dédié à Ibra-
him ), et Newrouz-Nameh ( Livre écrit dans la
ville de Newrouz) a été lithographie à Bombay,
1831, 2 vol. in-fol., par les soins du major-gé-
néral Briggs, assisté de Mounschi-Mir-Khairat-
Ali, khan-muschtak de Akberabad. Cette édition
FERISCHTAH 431
est écrite d'une main élégante. Malheureuse-
ment on n'y trouve pas de variantes, et les dates
ajoutées en marge par l'éditeur ne sont pas tou-
jours placées en regard des faits auxquels elles
correspondent. Ferischtah acheva son histoire
en 1015 (1606); il y fit postérieurement plu-
sieurs additions et changements. Son style
est pur, (clair, mais quelquefois entremêlé de
mots qui manquent dans nos dictionnaires. Il a
mis à contribution plus de trente histoires, dont
il a extrait tous les faits dignes d'être re(;ueil-
lis; aussi a-t-il fait oublier toutes les autres
histoires, qui sont devenues fort rares, même
dans l'Inde ; la sienne, au contraire, est tellement
répandue, que toutes les villes importantes en
possèdent des exemplaires. C'est un honneur
dont il est bien digne; car s'il ne tient aucun
compte du peuple, de ses institutions , de ses
tendances, s'il se montre étranger à toute idée
générale , il a le rare mérite de raconter les
faits avec impartialité., de n'adresser aucune
flatterie au prince régnant, et de se mettre
presque toujours au-dessus des préjugés de ses
compatriotes. L'introduction contient une his-
toire fort incomplète de l'Inde avant la conquête
musulmane; livre I, histoire des rois de Lahore;
II, deDehli; III, du Deccan; IV, de Guzzerate;
V, de Malwa; VI, de Kandisch ; VII, de Ben-
gale et de Behar; Vin, du Sind et de Tatta;
IX, du Moultan; X, du Kaschmir; XI, des mu-
sulmans de la côte de Malabar; XII, saints mu-
sulmans de l'Inde; conclusion, géographie de
l'Inde. Alex. Dow a publié sous le titre de The
Historij of Hiyidustan , Londres, 1768,2 vol.
in-4° ; 1770-72, 3 vol. in-4'' ; 1792, 3 vol. in-S";
1813, 3 vol. in-8°, une traduction très-inexacte
du premier et du deuxième livre, faite proba-
blement d'après une version hindoustani , sous
le titre de Ferishta's Historij of Dekkan. Jona-
than Scott a donné une traduction libre du troi-
sième livre, suivie de mémoires sur Aurengzeb ;
Shrcwsbury, 1794, 2 vol. in-4° ; Londres, 1800,
2 vol. ia-4°, et 3 vol. in-8"; le texte et la tra-
duction de fragments du onzième livre ont été
publiés par Anderson, dans The Asiutick Mis-
cellany, Calcutta, 1786, t. II, p. 278, et dans
The Asiatic annual Register, année 1802, t. IL
Stewart a donné un fragment du livre X dans le
Catalogue de la Bibliotb. de Tippo-Saheb, p. 257.
Enfin, le général Briggs a publié The History of
the Rise of the Mohammedan Power in India,
Londres, 1829, 4 vol. in-8''; il a fait quelques
additions à l'ouvrage de Ferishtah , mais il a
omis tout le douzième livre et quelques passages
qui se trouvent dans le texte lithographie pos-
térieurement; sa traduction est néanmoins très-
préférable aux précédentes. E. Beauvois.
Briggs, prêt, de la trad. et art. dans The Journal of
the B. As. Society, t. II, 1829, p. 3i1. - Mohl, article
dans le /. Jaiat., 1829, 11, et dans le J. des Sav., 13Vo. —
Hammer, article dans les jriener JahrbUcher, t. M. p.
36. — lîlflot, Biogr. Index ta the Hist. of Muh. India, I,
p. 178, 310. — W. H. Morley, A descr. Catal. of the hist.
435
FERISCHTAH
mss. preserved in the libr. of the M. As. Society of
G. Britain and Ireland ; Londres, 1851, in-8°, p. 63.
— Zenker, Bibl. orient , n°^ 866-869.
*FERius, dit HELPERic, auteui' delà fin du
liuitième siècle et du comraencenaent du neu-
vième. Il lit une description en vers héroïques
de ce qui se passa dans l'entrevue du pape
Léon IIl avec Charlemagne en 799. Quelques-
uns ont attribué cette pièce à Alcuin , et il est
difficile de savoir si ce nom de Ferius Helpe-
ricus est véritable ou supposé.
Vossius, //t«t. Lut., lib. II, — Bartliius,^dt)ers., lib, V,
cap. II.
FERLET (Abbé Edme), littérateur français,
mort à Paris, le 24 novembre 1821. Il fut suc-
cessivement avant 1789 professeur de belles-let-
tres à Nancy, secrétaire de l'archevêché de Paris
et chanoine de Saint-Louis-du-Louvre. On a de
lui : Sur le bien et le mal que le commerce
des femmes a faits à la littérature , ouvrage
couronné par l'Académie de Nancy, précédé d'un
Discours du chevalier Solignac; Nancy, 1772,
in-8°; — De l'Abus de la Philosophie ixir
rapport à la littérature; Nancy, 1773, in-S";
— Éloge de M, le chevalier de Solignac, se-
crétaire du cabinet du feu roi de Pologne;
Londres et Paris, 1774, ia-8°; — Réflexions
sur une lettre adressée par Vahbé Massillon
à M. de Beauvais, évéque de Senez, au sujet
de son Oraison funèbre de Louis XV; Louvain
( Paris), 1 776, in-8° ; écrit attribué à Ferlet, mais
sans preuves; • — Oraison funèbre de M. de
Beaumont, archevêque de Paris ; 1784, in-8°;
— Observations littéraires , critiques , poli-
tiques, militaires, géographiques , etc., sur
les Histoires de Tacite , avec six cartes et un
Tableau du mouvement des légions romai-
nes, etc.; Paris, 1801, 2 vol. 10-8°; — Ré-
ponse à un écrit anonyme intitulé : Avis au
lecteur sans partialité ( sur les Observations con-
cernant les Histoires deTacite); Paris, 1801, in-8".
Mahul, Jnnuaire nécrologique , année 1821.
FER LUS (François) , littérateur français, né
à Casteinaudary, en mai 1748, mort à Sorrèze,
le 11 juin 1812. Il entra en 1764 dans la con-
grégation des Bénédictins de Saint-Maur, et pro-
fessa les belles-lettres et la philosophie dans dif-
férents collèges. Il prêta serment à la constitution
civile dn clergé, et fit, en l'an v, l'acquisition du col-
lège de Sorrèze, dont il conserva la propriété jus-
qu'à sa mort. Lors de la création de l'Institut, il
futnommé correspondantde la classe des Sciences
morales. On cite de lui : Le Patriotisme chré-
tien , discours prononcé aux états de Langue-
doc en 1787; Montpellier, 1787, in-8°; — La
Cour du Collège ; Montpellier, 1787, in-8° ; —
De l'Influence que doit avoir la Révolution
sîir r éducation de la jeunesse]; Carcassonne,
1790, in-8"; — Discours sur l histoire natu-
relle, suivi d'un Discoiirs sur la langue ita-
lienne; Carcassonne, 1790, in-8"; — Le Génie
dans l'homme public, éloge funèbre de Mira-
beau; Toulouse, 1791, in-8''; — Projet d'Édu-
- FERMAINEL 43G
cation nationale , présenté à l'Assemblée na-
tionale le 10 juin 1791; in-8° ; — Casseno et
Zamé, ou l'affranchissement des nègres,
drame en trois actes; Revel, in-8", — et plu-
sieurs opéras mis en musique par Azaïs.
Dardé, Notice hislorique de l'École de Sorrèze. ~
Écho de l'Aude des 29 mai , 5 et 19 juin 1852. — Quéiard,
La France littéraire.
FER Lt's ( Raymond- Dominique), littérateur
français, frère du précédent. Il fit d'abord partie
de la congrégation des Doctrinaires, puis devint
officier de l'université et de la Légion d'Honneur.
En 1812, il succéda à son frère dans la direction
du collège de Sorrèze. Il la conserva jusqu'en
1825. On a de lui plusieurs Discours , des Odes,
des Épitres, des Élégies, et quelques autres
pièces de vers insérées dans divers journaux
littéraires de l'époque et surtout dans VAlma-
nach des Muses. Il a traduit en vers français
les Fables de Phèdre ainsi que les chefs-d'œu-
vre des satiriques latins.
Journal des Débats, année 1824. — Biographie et
chroniques castraises. — Écho de l'Jude , n"' des 29
mai, S et 19 juin 18S2. — Dardé , Notice historique de
l'École de Sorrèze.
FERMAKEt, (***), voyageur français, vivait
en 1633. Il était conseiller au parlement de
Rouen. Il fit en 1630 un voyage avec Fauvel
d'Oudeauville, maître des comptes à Rouen,
Beaudouin de Launay (de Rouen), et de Stochore,
gentilhomme de Bruges. Ils quittèrent Paris le
9 mars, s'embarquèrent à Toulon, visitèrent Li-
vourne, Florence et Gênes, revinrent à Livourne,
qu'ils quittèrent de nouveau, le 8 septembre ,
touchèrent à Smyme, et descendirent à Constan-
tinople en novembre. Ils reprirent la mer en avril
1631, explorèrent en détail l'archipel Ionien et
les côtes de Natolie , gagnèrent l'Egypte, s'arrê-
tèrent à Alexandrette , de là à Alep. Ils prirent
la route de la Perse, et franchiront l'Euphrate à
Bir; mais, arrivés à Bagdad, alors assiégé par
les Turcs , ils durent relourner sur leurs pas
et rentrer à Alep. Ils prirent ensuite par la Sy-
rie, et traversèrent le Liban. Suivant leur rap-
port , les montagnes habitées par les Maronites
comprenaient à cette époque environ quarante vil-
lages, dont la population s'élevait à 90,000 âmes,
sm" lesquelles vingt mille hommes étaient en état
de porter les armes. Fermanel et ses compa-
gnons faillirent périr de froid dans ces régions
élevées. Ils y admirèrent des cèdres remarqua-
bles par leur âge et leur développement. « On
ne peut rien voir, disent-ils, de plus vieux que
ces arbres ; ils ont le tronc si gros que cinq per-
sonnes auraient de la peine à en embrasser un :
ils sont de moyenne hauteur et étendent fort
leurs rameaux ; le bois en est odoriférant et peu
sujet à la pourriture. Le nombre de ces arbres
est peu considérable, nous n'en comptâmes que
vingt-deux, placés dans deux vallées étroites que
dominent de hautes montagnes. » Arrivés à Bal-
bec , les voyageurs gravirent avec beaucoup de
fatigue les pentes de l'Anti-Liban et de Dam.as, et
J37
FERMANEL
se rendirent à Beyrouth. Des moines grecs leur
expliquèrent, à leur façon, la légende de saint
Georges vainqueur d'un dragon; c'était comme
une réminiscence de la fable de Persée et d'An-
(liomède. La fille d'un roi de Beyrouth avait
éfé exposée près de la ville pour être dévorée
par un monstre redoutable. Saint Georges se
jirésenta pour la délivrer. Les moines indi-
quèrent à Fermanel le heu où le saint engagea
le combat et celui où il se termina par la mort
du dragon; ils lui montrèrent aussi la caverne
qui servait d'asile au miraculeux animal. Les
voyageurs traversèrentensuiteSéyde.Sour, Acre,
Nazareth, leThabor, Tibériade, Naplouse, attei-
gnirent Jérusalem, et parcoururent les saints lieux
avec un recueillement sincère» Ils parient ainsi
de la vallée Royale ou de Josaphat : « Cette val-
lée commence au sépulcre de la Vierge, et finit
vers le mont de Sion. Elle a environ onze cents
pas de long et cent de large ; le torrent de Cédron
passe au milieu. Cette vallée nous est grandement
recommandable , parce que la commune opinion
est qu'en icelle se doit faire le dernier jugement;
les Tnrcs et les Juifs ont la même croyance, et
il y a de ces Juifs si simples qu'ils viennent ex-
pressément demeurer à Jérusalem, afin d'être
enterrés dans cette vallée et d'être des premiers
à la résurrection. » Fermanel visita ensuite la
mer Morte et Jéricho ; il décrit ainsi les ai'bustes
nommés parles md]géiies figuiers d'Adam (ba-
naniers ), et fait connaître le système particulier
de reproduction de ces végétaux : « Ces arbus-
tes, dit-il, croissent à la hauteur. d'une pique;
ils n'ont point de branches ; mais toutes les
feuilles sortent du tronc, et sont si larges qu'une
seule peut couvrir un homme : son fruit croît
par bouquets, comme une grappe de raisin; cha-
([ue grain est de la grandeur et de la forme d'un
moyen concombre : l'écorce s'enlève d'elle-même.
Le dedans est fort jaune , moelleux et doucereux,
et d'un goût assez fade. Ces arbres ne portent
qu'une fois , qui est la troisième année de leur
être; puis ils se dessèchent, et jettent une certaine
liqueur blanche de laquelle croît un autre arbre.
Cette liqueur prolifique est leur seul moyen de
reproduction, u Les quatre voyageurs s'embar-
quèrent à Jalfa, virent à Damielte le déborde-
ment du Nil, montèrent au Caire, visitèrent les
pyramides , Suez , le Tur, le Siuaï , revinrent
à Séyde, qu'ils quittèrent le 2 novembre, et pi'irent
terre à LivourneleSl décembre 1632.11s par-
coururent l'Italie et le midi de la France, enfin
furent de retour à Rouen le 4 août 1633. Le
voyage de Fermanel et de ses compagnons,
d'abord pu'ilié en français à Bnixelles, par les
soins et sur la rédaction de Stochove, eut trois
éditions. Plus tard , sur un original de Fauvcl
d'Oudeauville , il parut à Rouen, 16G4, in-4'', et
1670, in-12, sous ce titre : Le Voi/age d'Italie
et d^t Levant de MM. Fermanel, Fauvel,
BeaudovJn, et de, Stochove ; enfin, Robert Fauvcl
fit paraître les Obser va lions curieuses sur le
- FERMAT 438
voyagedu Levant fait en 1630 jocr MM. Ferma-
nel, etc.; Rouen, 1668, in4''. Si l'on veut juger
sans trop de sévérité ce voyage, on doit se re-
porter au temps où il fut exécuté et imprimé.
Tout ce qu'on y rapporte ne peut être cru ; mais
les auteurs sont de si bonne foi dans leur récit,
qu'on excuse volontiers leur manque de critique.
Quelques détails sur les villes de la Judée inspi-
rent encore de l'intérêt , malgré tout ce qu'on a
écrit depuis sur ce sujet. Alfred de Lacaze.
Giiilbert , Mémoires biographiques et littéraires sur
la Seine-Inférieurg.
FERMAT (Pierre de), célèbre géomètre fran-
çais, naquit au mois d'août 1601, à Beaumont-
de-Lomagne près de Montauban (1) (et non à
Toulouse, en 1695), et mourut en janvier 1665.
D'après un acte authentique , découvert par
M. Taupiac dans les archives de Beaumont , il
était « fils de Dominique Fermât, bourgeois et
second consul de la ville de Beaumont, et de
Françoise de Cazeneuve ou Cazenave. » La vie
du gi-and géomètre offre peu d'incidents remar-
quables. Il passa son enfance auprès de ses pa-
rents, honnêtes marchands de cuir ; il étudia en-
suite le droit à Toulouse , débuta avec succès
dans la carrière d'avocat, et fut nommé, par un
arrêt du 14 mai 1631 , conseiller à la chambre
des requêtes du parlement de Toulouse. Quel-
ques jours après son entrée en fonctions, il
épousa Louise du Long, fille d'un conseiller au
même parlement (2). Dans les intervalles de re-
pos que lui laissaient ses devoirs de magistrat,
il se hvrait, en guise de délassement, à la cul-
ture des lettres et surtout des mathématiques ;
les problèmes difficiles qu'il résolut ou qu'il pro-
posa de résoudre, et dont les plus importants at-
tendent encore une solution générale, le mirent
bientôt en rapport avec les hommes les plus
éminents de son temps, avec Descartes , Rober-
val, Mersenne, Frenicle, Toricelli, Wallis; et c'est
non comme jurisconsulte, mais comme mathéma-
ticien, qu'il s'acquit une gloire immortelle. On
admire ce vaste génie dans sa correspondance ,
dans ses écrits, çà et là dispersés, qui attendent
encore un intelligent éditeur.
Newton et Leibnitz se disputaient l'invention
du calcul différentiel, de ce calcul qui servit à
l'un à expliquer le système du monde, et à l'au-
tre à fonder une nouvelle école de philoso-
phie. La Société royale de Londres fut appelée
à prononcer entre les antagonistes, les deux plus
grands philosophes de l'époque : les Anglais dé-
clarèrent leur compatriote seul créateur du nou-
veau calcul, et essayèrent, mais en vain, de faire
passer Leibnitz pour un indigne plagiaire. Mais
(1) Voy. M. Libri, 3* article sur Fermât, dans le Jour-
nal des Savants, novembre 184S. et M. Taupiac, dans la
France méridionale du 16 avril 18'»V.
(2) te n'est que postérieurement à ce mariasc que
Fermât lit prcctider son nom de la particule nobiliaire
((?, qui n'est point dans son acte de haptCinc. On ignore
s il lut ncllenient anobli par un arrêt spécial, ou si sa
chariîc de conseiller donnait implicitement ce qu'on ap-
pelait la noblesse Oc robe.
439
îine étude pius attentive de
science , qu'on a si tort de négliger, a montré
depuis que l'honneur de cette découverte re-
vien'î: en grande partie à Fermât. D'Alembert ré-
clama le premier en faveur de son compatriote
dans Y Encyclopédie ; en déclarant qu'on de-
vait à Fermât « la première application du cal-
cul aux quantités différentielles pour trouver
les tangentes. » Lagrange, dans ses Leçons
sur le calcul des fondions , le proclama sans
hésiter » le premier inventeur des nouveaux
calculs « ; et Laplace , dans sa Théorie analy-
tique des Probabilités , se range complètement
de cette opinion. M. Libri (dans son article sur
Fermât dans la Revue des Deux Moyides, 15 mai
Année 1845, p. 683) montre très-bien pourquoi
la revendication de cette découverte en faveur
de Fermât ne fut pas acceptée sans contesta-
tion par les savants anglais , qui , après avoir
repoussé d'abord si outrageusement les droits
de Leibnitz , n'avaient admis Tillustre philo-
sophe allemand à partager la gloire de Nevvton
qu'afin de mieux masquer leur opposition contre
Fermât. « Tant qu'on n'avait, ajoute M. Libri ,
à discuter que les droits de Leibnitz , on pou-
vait les méconnaître ; mais dès qu'un concurrent
français se présente avec des titres incontesta-
bles, Newton et Leibnitz s'embrassent, et l'Angle-
terre se ligue avec l'Allemagne contre !a France.
De l'autre côté du détroit on a toujours mis habi-
lement en pratique le système des coalitions. •»
Quoi qu'il en soit, c'est dans la méthode de Fer-
mat, De Maximis et Minimis, que l'on trouve la
première idée du calcul différentiel (I). Et à ce
sujet nous ne saurions mieux faire que de laisser
parler ici Lagrange : « Fermât y égale , dit-il ,
l'expression de la quantité dont on recherche le
maximum et le mmimuni à l'expression de la
même quantité dans laquelle l'inconnue est aug-
mentée d'une quantité indéterminée. I! fait dispa-
raître dans cette équation les radicaux et les frac-
tions , s'il y en a, et après avoir effacé les termes
communsdaus les deux membres, il divise tous les
autres par la quantité indéterminée qui se trouve
les multiplier ; ensuite il fait cette quantité nulle,
et il a une équation qui sert à déterminer l'in-
connue de la question. Or, il est facile de voir au
premier coup d'œii que la règle déduite du calcul
différentiel ( qui consiste à égaler à zéro la dif-
férentielle de l'expression qu'on veut rendre au
maximum ou au minimum, prise en faisant
varier l'inconnue de cette expression) donne le
même résultat , parce que le fond est le niême ,
et que les termes qu'on néglige comme intini-
(1) On donne le nom de méthode dé jnaximis et mi-
nimiii\ la règle gui détermine la croissance ou la décrois-
sance d'une grandeur jusqu'à son maximum d'augmen-
tation ou à son minimum de diminution. Cette méthode
avait déjà été [entrevue par Kepler, dans sa Stereome-
tria Doliorum, savoir que lorsqu'une grandeur, par
exemple l'ordonnée d'une courbe, est parvenue à son
maximum ou à son minimum, dans une situation in-
finiment voisine, son accroissement ou sa diminution est
nulle. (Comp. Moatucla, Hist. desMath., t. Il, p. 137,;
FERMAT 4i
l'histoire de la mont petits dans le calcul différentiel sont ceu
qu'on doit supposer comme nuls dans le procéd
de Fermât. Sa méthode des tangentes déped
du même principe. Dans l'équation entre l'abi
cisse et l'ordonnée, qu'il appelle la propriété spé
citique de la courbe , il augmente et diminu
l'abscisse d'une quantité indéterminée, et il n
garde la nouvelle ordonnée comme appartenai
à la fois à la courbe et à la tangente; ce qi
fournit une équation qu'il traite comme celle d'u
cas de maximum ou de minimum. On vo
encore ici l'analogie de la méthode de Ferms
avec celle du calcul différentiel ; car la quantit
indéterminée dont on augmente l'abscisse répoui
à la différentielle de celle-ci , et l'augmentatioi
correspondante de l'ordonnée répond à la diffé
rentielle de cette dernière. Il est même remar
quable que , dans l'écrit qui contient la décoU
verte du calcul différentiel, imprimé dans le
Acta Erudit. Lips. d'octobre 1684, sous le titr
Nova Met hodus pro maximis etminimis, etc<
Leibnitz appelle la différentielle de l'ordonné
une ligne qui soit à l'accroissement arbitraire d
l'abscisse comme l'ordonnée à la sous-tangente
ce qui rapproche son analyse de celle de Fermât
On voit donc que ce dernier a ouvert la carrier
par une idée très-originale, mais un peu obscure
qui consiste à introduire dans l'équation un
indéterminée qui doit être nulle par la natur
de la question , mais qu'on ne fait évanouir qu'a
près avoir divisé toute l'équation par cette mêm
quantité. Cette idée est devenue le germe dé
nouveaux calculs qui ont fait faire tant de pn
grès à la géométrie et à la mécanique. Mais
peut dire qu'elle a porté aussi son obscurité su
les principes de ces calculs. Maintenant qu'on a
une idée bien claire de ces principes, on voit
que la quantité indéterminée que Fermât ajou-
tait à l'inconnue ne servait qu'à former \à fonc-
tion dérivée, qui doit être nulle dans le cas du
maximum et du minimum, et qui sert en gé-
néral à détprminer la position des tangentes et
des courbes. Mais les géomètres confeirq^orains
de Fermât ne saisirent pas l'esprit de ce nouveau
genre de calcul : ils ne le regardèrent que comme
un artifice particulier, applicable seulement à
quelques cas et sujet à beaucoup de difficultés.
Aussi cette invention , qui parut un peu avant la
Géométrie de Descartes, demeura-t-elle stérile
pendant près de quarante ans. Enfin Barrow
imagina de substituer aux quantités qui doivent
être supposées nulles, suivant Fermât, des quan-
tités réelles, mais infiniment petites, et il pubha,
en 1674, sa méthode des tangentes, qui n'est
que la construction de celle de Fermât par le
moyen du triangle infiniment petit (1). »
(1) Voici en quels termes Fermât expose sa méthode:
Methodits ad disQuirendam maximam et minimam.
Omnis de inventione maximœ et mlnimae doctrina, dua-
bus positiGuibus ignotis innititur, et hac unica pr<ecep-
tione; statuatur quilibet qusestionis terminus esse A,
sive planura, sive solidum, aut iongitudo, proul propo-
slto satisfieri par est, et inventa maxima aut rainimalD
441
FERMAT
442
Fermât avait été mis en rapport avec Des-
ci.itcs par l'intermédiaire du P. Mersenne. Ce
l'ut par la même voie qu'il reçut (en 1637 ) le pre-
mier exemplaire de la Dioptrique de Bescartes;
il s'empressa de le lire et d'en exprimer son ju-
gement dans une lettre que le P. Mersenne fit
remettre à l'auteur. Cette lettre contenait des
olijections et des critiques qui déplurent à Des-
cartes. Celui-ci se contenta de lui envoyer sa
Gcométrïe; Fermât y répondit par l'envoi de
son traité De Maximis et Minimis. Tout cela
avait bien l'air d'un défi, et ce fut là en effet
le commencement de ce que Fermât appelait sa
petite guerre contre M. Descartes, et ce que
Descartes nommait son petit procès de mathé-
matiques contre M. de Fermât (voy. l'article
Descartes). Descartes tardant à faire connaître
ses remarques sur le traité de Fermât , ce der-
nier s'imagina que le P. Mersenne ne voulait
pas les lui faire voir , de crainte d'envenimer la
querelle. « S'il y a, lui écrivit Fermât, quelque
petite aigreur dans ces réponses ou dans ces
remarques , comme il est difficile qu'il n'y en
ait, vu la contrariété qui se trouve entre nos
sentiments, cela ne doit point vous détourner de
me les faire voir; car je vous proteste que cela
ne fera aucun effet dans mon esprit, qui est si
éloigné de vanité , que M. Descartes ne sauroit
m'estimer si peu, que je ne m'estime encore
moins. Ce n'est pas que la complaisance me
puisse obliger de me dédire d'une vérité que
j'auroy connue; mais je tous fais par là con-
noître mon humeur. Obligez-moi , s'il vous plaît,
de ne différer plus à m'envoyer des écrits
auxquels par avance je vous promets de ne faire
point de réplique (1). »
Peu de temps après (en 1638), le P. Mer^
senne reçut les observations de Descartes sur
l'écrit de Fermât. Ces observations sont perdues ;
mais, à en juger par la lettre qui les contenait,
elles étaient peu bienveillantes. « J'ay cru, lui
dit-il , devoir retenir l'original de cet écrit , et me
contenter de vous en. envoyer une copie, vu
principalement qu'il contient des fautes qui sont
si apparentes , qu'il m'accuseroit peut-être de
les avoir supposées , si je ne retenois sa main
pour m'en défendre. En effet, selon que j'ay pu
juger par ce que j'ay vu de luy , c'est un esprit
terminis sub A gradu ut libet involutis ; ponatur rursns
Idem qui prius esse terminus a -|- E, Iterumque inve-
niatur innxima aut miniina in terminis sub A et E gra-
dibns ut libet coefûcientibus. ,Ada;quentur, ut loquitur
Diopliarilus , duo homogenea omaia ex parte alterutra
ab E, vel ipsius gradibus afficiuntur, applicentur orania
ad K, vel ad elatiorem ipsius gradum, donec aliquod ex
horaogenels, ex parte ulra vis affcctione sub E omntno
llberatnr. Elirtantur delnde utriusque homogenea sub E,
aut ipsius gradibus quomodollliet involuta et reilqua
œquentiir. Aut, si ex una parte nibil superest, ïquentur
sanr- , quod eodeni recidit, negata adfirraatis. Rcsotutio
ultima; Istins œquulitatls dablt valorem A , qna cognita ,
maxima aiit minima ex repetitis prioris resolutionis ves-
tigils Innotcscet. ( Fermât, Faria Opéra mathematica,
p. 63.)
(ij Lettres de Descartes, t. III, p. 167 et 168.
vif, plein d'invention et de hardiesse, qui s'est
à mon avis précipité un peu trop, et qui, ayant
acquis tout d'un coup la réputation de sçavoir
beaucoup en Algèbre pour en avoir peut-être été
loué par des personnes qui ne prenoient pas la
peine ou qui n'étoient pas capables d'en juger,
est devenu si hardy , qu'il n'apporte pas , ce me
semble , toute l'attention qu'il faudroit à ce qu'il
fait Que s'il vous parle de vous envoyer en-
core d'autres écrits pour me les faire voir, priez-
le , s'il vous plaît , de les mieux digérer que les
précédents. Autrement, vous m'obligeriez de ne
point prendre la peine de me les adresser (1). »
Le P. Mersenne, au lieu d'envoyer les obser-
vations de Descartes directement à Fermât, les
communiqua àdeuxamisdece dernier, àRoberval
et au père du célèbre Pascal. Ils en écrivirent à
Descartes, qui railla le « conseiller De Minimis »
d'avoir besoind'avocatspour sedéfendre. La « pe-
tite guerre » se ralluma donc, et elle aurait peut-
être duré jusqu'à la mort des combattants, si Fer-
mat n'avait pas pris le sage parti de s'en expli-
queravec Descartes loyalement etlaissantde côté
tout amour-propre. Descartes , radouci , en écri-
vit au P. Mersenne, et celui-ci s'empressade com-
muniquer la lettre à Fermât. Il y prie son ami
de l'excuser auprès de Fermai s'il lui était
échappé des paroles trop aigres. Puis, le naturel
reprenant le dessus : « Mais, ajoute-t-il, son écrit
De Maximis me venant en forme de cartel de
la part d'un homme qui avait déjà tâché de ré-
futer ma Dioptrique avant même qu'elle fût
publiée, comme pour l'étouffer avant sa nais-
sance , en ayant eu un exemplaire que je n'avois
point envoyé en France pour ce sujet, il me
semble que je ne pouvois luy répondre avec des
paroles plus douces que j'ay fait, sans témoigner
quelque lâcheté ou quelque faiblesse. Et comme
ceux qui se déguisent au caraaval ne s'offensent
point que l'on se rie du masque qu'ils portent
et qu'on ne les salue pas lorsqu'ils passent par
la rue , comme l'on feroit s'ils étoient dans leurs
habits accoutumez , aussi ne doit-il pas , ce me
semble , trouver mauvais que j'aye répondu à
son écrit tout autrement que je n'aurois fait à
sa personne, laquelle j'estime et honore comme
son mérite m'y oblige La civilité m'obli-
geroit de ne plus parler de cette affaire, si
M. de Fermât n'assuroit, nonobstant cela , que
sa méthode est racomparablement plus simple ,
plus courte et plus aisée que celle dont j'ai usé
pour les tangentes. A quoi je suis obligé de ré-
pondre que dans mon premier écrit et dans les
suivants j'ai donné des raisons qui montrent le
contraire, et que ni lui ni ses défenseurs (Ro-
berval et Pascal) n'y ayant rien répondu, ils
les ont assez confirmées par leur silence. En-
core que l'on puisse recevoir sa règle pour bonne,
étant corrigée, ce n'est pas une preuve qu'elle
(!) Fermât venait de lui envoyer son nouveau traité;
De Locis planis ac solidis, concernant la solution de«
problèmes plans et solides.
443
FERMAT
444
soit si simple ni si aisée que celle dont j'ay usé,
si ce n'est qu'on prenne les mots de simple et
aisée pour la même chose qu'industrieuse :
en quoy il est certain qu'elle l'emporte , parce
qu'elle ne suit que la manière de prouver qui
réduit ad absurdum. Mais si on les prend en
un sens contraire , il en faut aussi juger le con-
traire par la même raison. Pour ce qui est d'être
plus coicrte, on pourra s'en rapporter à l'expé-
rience qu'il serait aisé d'en faire dans l'exemple
de la tangente que je lui avois proposée. Si je
n'ajoute rien davantage, c'est par le désir que
j'ay de ne point continuer cette dispute ; et si
j'ay mis ici quelque chose qui ne soit pas agréable
à M. de Fermât , je le supplie très-humblement
de m'en excuser et de considérer que c'est la
nécessité de me défendre qui m'y a contraint et
sans aucun dessein de luy déplaire (1). »
Cette lettre amena la réconciliation des deux
adversaires, et Fermât ne cessa point d'être au
nombre des admirateurs les plus sincères du
génie de Descartes (2). L'écrit De Maximis et
Minimis , qui ne paraît avoir été imprimé du
vivant de Fermât qu'à un très-petit nonabre
d'exemplaires (si toutefois il l'a été), a été re-
produit dans les Mélanges pubhés par Samuel
Fermât (le fils de l'auteur), sous le titre de:
Varia opéra mathematica D. Pétri de Fer-
mât, senatoris Tolosani ; accesserunt selectae
quœdara ejusdem epistolse, vel ad ipsum a
plerisque doctissimis viris gallice, latme,
vel italice , de rébus ad mathematïcas disci-
plinas aut physicam pertinentibus scriptse;
Toulouse, l679,in-fol. (avec portrait). Ce re-
cueil posthume est dédié au prince l'erdinand
de Furstemberg, évêque de Paderborn. Après
l'Avis au lecteur vient V Éloge de Fermât, extrait
du Journal des Savants du 9 février 1665. Puis,
on y trouve successivement : — Observation
de M. de Fermât sur Synesiics , rapportée à
la fin de la traduction du livre de la mesure
des eaux courantes de Beriedetto Castelli.
Fermât y explique de la manière la plus exacte
un passage d'une lettre de Synesius à la savante
Hypathia, passage qu'aucun interprète n'avait
jusque alors pu comprendre. 11 y est question d'un
instrument appelé barijUion ; c'était un véritable
aréomètre oa hydroscope , ainsi que le donne à
entendre Fermât : « C'est un tuyau en forme de
cylindre, qui a la figure et la grandeur d'une
note; sur sa longueur il porte une ligne droite
(1) Lettres do Descartes, t. Ilî, p. 336 et suir.
(2) Dans une de ses lettres à pescartes. Fermât s'exprime
ainsi : « Je n'ay pas eu moins de joie de recevoir la lettre
par laquelle vous me faites la faveur de me promettre
votre amitié, que si elle rae venait de la part d'une
maîtresse dont j'aurois passionnément désiré les bonnes
grâces. Et vos autres écrits qui ont précédé me font sou-
venir de la Bradaniante de nos poëtes , laquelle ne vou-
lolt recevoir personne pour serviteur, qui ne se fût au-
paravant éprouvé contre elle au combat. Ce n'est pas
toutefois que je prétende me comparer à ce Roger, qui
étoit seul au monde capable de lui résister, mais, tel
que Je suis, je vous assure que j'honore extrêmement
votre mérite. » {Lettres de Descartes, 1. 111, p. 347.)
qui est coupée en travers par de petites lignes ,
par lesquelles nous jugeons du poids des eaux.
L'un des bouts est couvei't d'un cône, qui est
posé également dessus, en telle sorte que le tuyau
et le cône ont une même base. Si on le met dans
l'eau par la pointe, il y demeurera debout, et
l'on peut aisément compter les sections qui cou-
pent la ligne droite, et par là l'on connaît le
poids de l'eau.... Cet instrument servait pour
examiner le poids des difféi'entes eaux pour l'u-
sage des malades; caries médecins sontd'accor 1
que les plus légères sont les meilleures : le terme
ponr\, dont se sert Synesius, le montre claire-
ment. Tl ne signifie pas ici libramenium, nivel-
lement , comme a cru le P. Petau , mais le poids,
que les Latins appellent momentum, et de là
le traité des équipondérants d'Archimède, qui a
pour titre laoppoTrixwv, etc. » — Ad. Locos pia-
nos et solidos Isagoge, suivi d'un appendice
ad Isagogem topicam, et de la restitution de
deux livres d'Apollonius de Perga (Apollonii
Pergœi libri duo De Locis plains restitua, et
de Apollonii Pergœi Propositiones de Locis
planis restitutcc (p. 1-44). Dans son traité
Des Lieux plans et solides , il détermine les
diverses formes de i'équation d'une section co-
nique, et l'application de ces formes à l'établis-
sement des équations solides les plus compli-
quées; — De /Equationum localium transmu-
tatione et cmendatione ad multimodam
curvilinearum interse, vel eum rectilineis,
comparationem (p. 44). L'auteur y propo.s!'
des moyens ingénieux pour ramener la qua-
drature de plusieurs courbes à celle du cercle et
de l'hyperbole, et montre mieux que ne l'avait
fait Descartes qu'il suffit que le pi'oduit des
degrés des courbes que l'on emploie ne soit pas
moindre que le degré de l'équation; — Novus
secundarum et ulterioris ordinis radicum in
analyticis Usus, smvià'nn Appendice (p. 58-63).
Il y expose un procédé algébrique pour faire
disparaître des équations les asymétries
(quantités irrationnelles). — Methodxis ad dis-
quirendam maximamet minimam (p. 63-74),
traité déjà mentionné. A ce traité se rattachent
plus ou imoins directement ceux qui suivent
(p. 74-119), savoir De contractibus sphxricis ;'
De linearum curvarum cum lineis redis
comparatione ; Appendix ad dissertationem
de linearum curvarum cum lineis redis com-
iparatione ; De solutione problematum geo-
metricorumper ciirvas simplicissimas; Poris-
matum Fuclidseorum rénovât a Dodrinn, etc.
La fin du recueil (p. 121-210) comprend une
série de lettres scientifiques adressées à divers
savants de l'époque, tels que le P. Mersenne,
Roberval, Pascal père, Fi-enicle, Carcavi,
le chevalier Digby , Wallis, Gassendi, cic. On
trouve aussi des lettres de Fermât dans le re-
cueil de Descartes , dans les œuvres de Wallis
{Commercium epistolicum.) , et dans quel-
ques bibliothèque.s publiques. Les autres écî'its
4.
FERMAT
446
de Fermât sont disséminés dans les notes sur
iJiophante (1), édition précédée de Doctrinx
Analyticum inventum novum, extrait de la
correspondance de Fermât par le P. de Biliy.
I Enfin , M. Libi'i a découvert dans les manuscrits
d'Arhogaste plusieurs lettres ou documents
inédits de Fermât, dont il a communiqué quelques
iragments dans le Journal des Savants , sep-
tembre 1839, p. 539 et suiv. (2).
Au jugement de Laplace, Fermât partage avec
l^ascal l'honneur de l'invention du calcul des pro-
labilités. On en trouve quelques indices dans la
correspondance insérée à la fin des Varia Opéra.
Mais c'est surtout dans la théorie des nombres
que Fermât était plus avancé qu'on ne l'est au-
jourd'hui. «Il savait, dit M. Libri, des choses
que nous ignorons; pour l'atteindre, il faudrait
(les méthodes plus perfectionnées que celles qu'on
a inventées depuis. En vain les plus beaux génies
s'y sont exercés ; en vain Eiiler, Lagrange ont re-
doublé d'efforts; un seul homme jouit du privi-
lège unique de s'être avancé plus loin que ses
'Successeurs, et cet homme, c'est Fermât (3). »
Il importe donc de faire connaître ici les princi-
pales propositions de Fermât relatives à la théorie
des nombres et surtout, comme il disait lui-
même, « à l'invention de la somme omnntmpo-
iestatum in injlnitum » (4). — Un nombre com-
posé de trois carrés seïilement en nombres en-
tiers ne peut jamais être divisé en deux carrés,
pas même en fractions. « Cette proposition de
Diophante, écrivit Fermât au P. ftîersenne, per-
sonne ne l'a jamais encore démontrée; et c'est à
quoi je travaille , et crois que j'en viendrai à
bout : cette connaissance est de grandissime
usage , et il semble que nous n'avons pas assez
de principes pour en venir à bout... Si je puis
étendre en cela les bornes de l'arithmétique,
vous ne sauriez croire les propositions merveil-
leuses que nous en tirerons (5). ■» A cette pro-
(i) Fermât avait crayonné sur son exemplaire de Dio-
phante édit. de Bachet) quelquei observations rela-
tives aux problèmes du mattiénialiclcn grec. Cet exem-
plaire a été la base d'une nouvelle édition publiée par le
(ils de Fermât, sous le titre de Ulophanti Jlerandrini
Jrithmeticorum libri F ; et De niinir'ris viuiiamiulis
liber uims cum comrnentariis C. G. Bacheti et obser-
vdUonibxis D. P. de /'^rwiai,- Toulouse, 1670, in-fol.
(2) Le gouvernement du roi Louis-Philippe (M. Ville-
main étant ministre de l'instruction publique) avait le
projet de réunir tous les fragments épars du célèbre
!.;éomètrc français et d'en former un corps d'ouvrage qui
serait publié aux frais de l'iîtat i. voy. la Rapport i\ii
M. Arago à la chambre des députés, en 1844 ). Ce pro-
jet n'a point été réalisé.
(3) M. Libri, dans USevtie des Deux Moiules, iS mai,
1348, p. 690.
(4) P^aria Opéra, p. 148. Lettre à I\oborval,16 déc. 1636.
(5) Lettre du 2 sept. 1636, Dpera Faria, p. 123. Dans
la même lettre Fermât précise ainsi le sens de sa pro-
position ; «Quand nons parlons d'un nombre compose de
trois carrés seulement, nous entendons un nombre qui
n'est ni carré ni composé de deux carrés ; et c'est ainsi
ipie Diophante et tous ses interprètes l'entendent, lors-
qu'ils disent qu'un nombre composé de trois carrés seu-
létnent en nombres entiers ne peut jamais être divisé en
deux carrés, pas môme en fractions. Autrement, et au
sens que vous semblez donner à votre proposition, il
position se rattache la suivante : Un nom-
bre moindre de l'unité qu'un multiple du
quaternaire n'est ni carré, ni composé de
deux carrés, ni en entiers ni en frac-
tions (1). C'est la reproduction de son Obser-
vation sur la 12^ quest. du 5*^ livre de Dio-
phante, ainsi conçue : Numerus 21 non polest
dividi in duos quadratos in fractis. Hoc au-
tem facillime demonstrare possumus , et ge-
neralms omnis numerus cujus triens non
habet trientem non potest dividi in duos
quadratos, neque in integris, nequein frac-
tis (2). — Dans la lettre à Roberval, Fermât for-
mule ainsi plus nettement sa proposition : « Si un
nombre donné est divisé par le plus grand carré
qui le mesure, et que le quotient se trouve mesuré
par un nombre premier moindre de l'unité qu'un
multiple du quaternaire, le nombre donné n'est
ni carré , ni composé de deux carrés , ni en en-
tiers , ni en fractions. Exemple : soit doimé 84 ;
le pins grand carré qui le mesure est 4 ; le quo-
tient 21 , lequel est mesuré par 3 ou bien par 7,
moindres de l'unité qu'un multiple de 4. Autre
exemple : soit donné 77; le plus grand carré qui
le mesure est l'unité; le quotient 77, qui est ici
le même que le nombre donné, se trouve me-
suré par 1 1 ou par 7, moindres de l'unité qu'un
multiple du quaternaire; je disque 77 n'est
ni carré, ni composé de deux cari-és, ni en
entiers, ni en fractions. » Puis il ajoute : « Je
vous avoue que je n'ai rien trouvé en nombres
qui m'ait tant plu que la démonstration de cette
proposition , et je serais bien aise que vous fas-
siez effort poin- la trouver, quand co ne seroit
que pour apprendre si j'estime mon invention
plus qu'elle ne vaut. »
n y auroit que le seul nombre de 3 qui fut composé de
trois carrés seulement en nombres entiers. Car prenuè-
rement tout nombre est composé d'autant de carrés
entiers qu'il y a d'unités ; secondement vos nombres 11
et 14 se trouvant composés chacun de 5 carrés : le pre-
mier de 4-|-4+l-)-i-fi, le second de 4+4-|-4f l-|-l. Que
si vous entendez que le nombre que vous demandez
soit composé de trois carrés seulement, et non pas de
quatre, alors la question lient moins du hasard que d'une
conduite assurée, et si vous m'envoyez la construc-
tion, peut-être vous le ferai-je avouer. De sorte t>ue:)'a-
vois satisfait à votre proposition, au sens de Diophante,
qui semble être le .seul admissible en cette sorte de
questions. »
Dans la lettre suivante (16 aoiit 1636), adressée par
Pascal père et Roberval à Fermât, ou trouve un pas-
sage assez curieux sur la théorie de la pesanteur :
" .. D'autres sont d'avis que la descente des corps pro-
cède de Vattraction d'un autre corps qui attire celui qui
descend, comme delà Terre. Il va une troisième opinion,
qui n'est pas hors de vraisemblance ; c'est que c'est une
attraction nwtuelte entre le» corps, causée par un désir
naturel que les corps ont de s'unir ensemble. »
(•) Cet énoncé se trouve dans la lettre où Fermât
écrit à Roberval : « M. Frenicle m'a donné depuis
quelque temps l'envie de découvrir les mystères des
nombres ; en quoy il me semble qu'il est extrêmement
versé. »
(■•2) Diophante, Jrith., p. 22*; comparez aussi p. 228:
« Oportct dalum numcrnm non esse iniparcm , neque
duplum cjus unilate uuctinn per maximum quadra-
tum ex quo niensuratur divisum dividi a quovis nu-
méro primo nnitate minori qua multiplex qualernaril. »
447
FERMAT
448
T « Si un nombre est composé de deux car-
rés premiers entre eux, je dis qu'il ne peut être
divisé par aucun nombre premier moindre de
l'unité qu'im multiple du quaternaire. Comme,
par exemple , ajoutez l'unité, si vous voulez, à
un carré pair, soit le carré 100, lequel avec 1 fait
101 ; je dis que 101 ne peut être divisé par au-
cun nombre premier moindre de l'unité qu'un
multiple de 4. Et ainsi, lorsque vous voudrez
éprouver s'il est nombre premier.il ne faudra point
le diviser ni par 3, ni par 7, ni par 11, etc. (1). »
3° <( Tout nombre premier mesure infailli-
blement une des puissances — 1 de quelque pro-
gression que ce soit, et l'exposant de ladite
puissance est sous-multiple du nombre donné
— 1. Et après qu'on a trouvé la première
puissance qui satisfait à la question, toutes
celles dont les exposants sont multiples de l'ex-
posant de la première satisfont de même à la
question. Exemple : soit la progression donnée :
12 3 4 5 6
3 9 27 81 243 729, etc.,
avec ses exposants au-dessus.
« Prenez, par exemple, le nombre premier 13 :
il mesure la 3^ puissance — 1 , de laquelle 3 ex-
posant est sous-multiple de 12, qui est moindre
de l'unité que le nombre 13. Et parce que l'ex-
posant de 729, qui est 6, est multiple du pre-
mier exposant 3, il s'ensuit que 13 mesure aussi
ladite puissance de 729 — 1.
<( Cette proposition est généralement vraie
en toutes pi-ogressions et en tous nombres pre-
miers (2). Mais il n'est pas vrai que tout nombre
(1) Oper. Var.,p. 161-162. Cette proposition de Fermât
a été autrement énoncée : « Tout nombre premier qui
surpasse de l'unité un multiple de 4 peut être dé-
composé en deux carrés, et ne peut l'être que d'une
seule manière.» — lle«t certain que les propriétés du qua-
ternaire avaient particulièrement attiré l'attention de Fer
mat et de son ami Frenicle.xFrenicle, dit-il, m'a donné de-
puis quelque temps l'envie de découvrir le mystère des
nombres, en quoy 11 me semble qu'il est extrêmement
versé ; je lui ai envoyé les belles propositions sur les
progressions géométriques, qui commencent à l'unité,
lesquelles j'ay non-seulement trouvées, mais encore dé-
monstrées, bien que ya-démonstration en soit assez ca-
chée. » Et plus loin, p. 17S, dans la lettre au père Mer-
senne, il dit : « Pour M. Frenicle, ses inventions en arith-
raétiqueme ravissent; et je vous déclare ingénument que
j'admire le génie qui, sans l'aide de l'algèbre , pousse si
avant dans la connoissance des nombres entiers, et ce
que j'y trouve de plus excellent consiste en la vitesse
de ses opérations, de quoy font foy les nombres aliqùo-
taires qu'il manie avec tant d'aisance. S'il vouloit m'o-
blifîer de me mettre dans quelques-unes de ses routes,
Je lui en aurois très-grande obligation, et ne ferois ja-
mais difficulté de l'advouer; car les voyes ordinaires
mêlassent, et lorsque entreprends quelqu'une de ces ques-
tions, il me semble que je voie devant raoy :
Magni'm maris aequor arandum,
à cause de ces fréquentes- divlsioas qu'il faut faire pour
trouver les nombres premiers. »(P. 161, lettre àRoberval.)
(2) C'est ce qu'on a aussi énoncé ainsi : Si on élève à
la puissance p moins un tout autre nombre qu'un mul-
tiple de p, le résultat diminué d'une unité sera divi-
sible par p ( en désignant par p un nombre premier quel-
conque). Si la plus petite puissance d'un nombre quel-
conque qui diminuée d'une unité se divise par p est
impaire, aucune puissance de ce nombre augmentée de
premier mesure une puissance ■\- 1 en toutes sortes
de progressions. Car si la première puissance
— 1, qui est mesurée par ledit nombre premier,
a pour exposant un nombre impair, il n'y aura
aucune puissance -J- 1 dans toute la progression
qui soit mesurée par ledit nombre premier.
Exemple : parce que dans la progression double
23 mesure la puissance — 1 qui a pour expo-
sant 11, ledit nombre 23 ne mesurera aucune
puissance -\- 1 de ladite progression à l'infini ; que
si la première puissance — 1 , qui est mesurée
par le nombre premier donné, a pour exposant
un nombre pair, la puissance ■\- 1 , qui a pour
exposant la moitié dudit premier exposant, sera|i
mesurée par le nombre premier donné.
« Toute la difficulté consiste à trouver les
nombres premiers qui ne mesurent aucune
puissance+1 en une progression donnée; car
cela sert, par exemple, à trouver que les deux
nombres premiers mesurent les radicaux des
nombres parfaits, et à mille autres choses,
comme, par exemple, d'où vient que la 37^ puis-
sance — 1 en la progression double ( selon la
table ci-dessus indiquée) est mesurée par 223.
En un mot, il faut déterminer quels nombres
premiers sont ceux qui mesurent leur première
puissance — 1, et en telle sorte que l'exposant
de ladite puissance soit un nombre impair, ce
que j'estime fort mal aisé en attendant un plus
grand éclaircissement » Puis Fermât ajoute :
« Voici une de mes propositions que j'estime
beaucoup, bien qu'elle ne découvre pas tout ce !
que je cherche. En la progression double , si
d'un nombre carré, généralement parlant, vous
ôtez 2 ou 8 ou 32, etc., les nombres premiers
moindres de l'unité qu'un multiple du quater-
naire, qui mesureront le reste feront l'effet re-
quis; comme de 25, qui est un carré, ôtez 2, le
reste, 23, mesurera la 1 1^ puissance — 1 ; ôtez 2
de 49, le reste, 47, mesurera la 23^ puissance
— 1 ; ôtez 2 de 225, le reste, 223, mesurera la
37^ puissance — 1, etc.
« En la progression triple , si d'un nombre
carré, 2i< supra, vous ôtez 3, ou 27, ou 243, etc.,
les nombres premiers moindres de l'unité qu'un
multiple du quaternaire qui mesureront le reste
feront l'effet requis; comme, ôtez 3 de 25, le
reste, 22, est mesuré par 11 qui est premier et
moindre de l'unité qu'un multiple de 4; aussi
1 1 mesure la 5*^ puissance — 1 ; ôtez 3 de 121,
le reste 118 est mesuré par 59, moindre de l'u-
nité, etc. ; aussi 59 mesure la 29 puissance — 1.
« En la progression quadruple, il faut ôter
4, ou 64, etc., à l'infini en toutes progressions,
procédant de la même façon (1). «
4° « Si d'un carré vous ôtez 2, le reste ne
l'unité ne pourra se diviser exactement par p, et le
contraire arrivera si cette puissance est paire. Fermât
n'a pas donné la démonstration de celte proposition :
« de quoy, dit-il ( dans sa lettre du 18 oct. 1640, à M. de...)
Je vous envoyerois la démonstration, si je n'appréhen-
dols d'être trop long. » ( Op. Var., p. 163 ).
(1) Opéra Varia, p. 163-184.
449
peut être divisé par aucun nombre premier, qui
surpasse de 2 un carré. Exemple : prenez pour
carré 100,000, duquel ôtez 2, reste 99,998. Je
(tis que ledit reste ne peut être divisé ni par 11,
ai par 83, ni par 167, etc. Vous pouvez éprou-
ver la même règle aux carrés impairs , et si je
onlais, je vous la rendrais belle et générale;
nais je me contente de l'avoir indiquée seu-
ement (1). «
5" Les nombres moindres de l'unité que
eux qui procèdent de la progression double,
omme
12 3 4 5 6 7 8, etc.
1 3 7 15 31 63 127 255, etc.,
les appellerai nombres parfaits, parce que
utes les fois qu'ils sont premiers, il les pro-
uisent. Mettez au-dessus de ces nombres
utant en progression naturelle, 1,2, 3, etc.,
ui soient appelés leurs exposants. Cela sup-
osé, je dis que,
« a. lorsque l'exposant d'un nombre radical
it composé, son radical est aussi composé;
)mme parce que 6, exposant de 63, est com-
)sé, je dis que 63 est aussi composé;
« b. Lorsque l'exposant est nombre premier,
dis que son radical moins l'unité est mesuré
irle double de l'exposant; comme parce que 7,
Lposant de 127, est nombre premier, je dis que
!6 est multiple de 14 ;
« c. Lorsque l'exposant est nombre premier, je
s que son radical ne peut être mesuré par au-
ffl nombre premier que par ceux qui sont plus
ands de l'unité qu'un multiple du double de l'ex-
sant ou que le double de l'exposant ; comme,
rc« que 11, exposant de 2047, est nombre
emier, je dis qu'il ne peut être mesuré que
r un nombre plus grand de l'unité que 22 ,
mme 23, ou bien par un nombre plus grand
I l'unité qu'un multiple de 22. En effet, 2047
st mesuré que par 23 et par 89 , duquel, si
us ôtez l'unité, reste 88, multiple de 22. »
Fermât faisait grand cas de ces trois propo-
ions : il les appelait les Jondements de l'in-
ntion des nombres parfaits. C'est à cette
:asion qu'il s'écria : mi par di veder un
an hime (2).
6° Touver un cube qui, ajouté à ses parties
îuotes, fasse un carré. Exemple : 343 est le
3e de 7; ses parties aliquotes sont, 1, 7, 49,
ajoutées à 343, donnent 400, carré de 20.
)uver un autre cube du même genre. «
(I demandait aussi un carré qui ajouté à ses
rties aliquotes donne un cube. La proposition
ta sans réponse (3).
) Ibid., p. 164.
) Op Far., p. 177. « Ce que j'estirae le plus est cet
égé pour l'invention des nombres parfaits, à quoi je
résolu de m'aitacher. si M. de Frenicle ne me fait
tde sa raétliodp.... J'espère faire sur ces propositions
?rand bastlinent. »
i) Ces problèmes avaient été adressés en latin aux
hématiciens étrangers. Has solutiones expectamus,
ite Fermât ; quas si Jnglia mit Gallia Behjica et
ÏSOUV. BIOCR. GÉNÉR. — T. XVII.
FERMAT 450
« 7° Dans l'infinité^es nombres entiers, il n'y
a qu'un seul carré qui, joint à 2, fasse un cube;
et il n'y en a que deux qui, ajoutés à 4, fassent
un cube (1). »
<c 8° Trouver autant de nombres que l'on vou-
dra dont la somme ou la différence soit toujours
un carré (2). »
« 9° L'aire d'un triangle rectangle en nombres
entiers ne peut point être un carré ( Area trian-
guli in numeris non potest esse quadratus). »
C'est la seule proposition ( qui se rattache indi-
rectement au théorème des puissances) dont
Fermât ait laissé la démonstration (3).
10° Voici une proposition dont Fermât n'a point
donné à dessein la démonstration, parce qu'il
aurait probablement trahi le secret du théorème
d'où il tirait ses problêmes les plus embarras-
sants : In progressione naturali quee. ab uni-
tate sumit exordium, quilibet numerus in
proxime majorem facitduplumsui trianguU,
in trianguli proxime majoris facit triplum
suse pyramidis, in pyramidem proxime majo-
ris facit quadruplum sui triangulo trian-
guli, et sic uniformi et generali in infinitum
methodo. — « Je ne pense pas, ajoute l'auteur,
qu'il y ait dans les nombres un théorème plus
beau ou plus général (pulchrius aut genera-
lius) ; mais je ne puis ni ne veux en donner
ici la démonstration {cujus démons trationem
margini inserere ncc vacat nec libet) (4). »
« 1 1° La somme ou la différence de deux cubes
n'est jamais un cube, la somme ou la différence
d'un carré-carré ( 4* puissance ) n'est jamais un
carré-carré, et en général au-dessus du carré.
Celtica non dederint, dabit Gallia Narbonensis, eas-
qne in pigrtvs nascentis amicitiœ De Digby ofjeret et
dicabit. ( Op. Far., p. 188. ) Dans une lettre au cnevaller
DIgby (20 juin 1657 ), il dit que « si mylord Brouncker
répond qu'en entiers il n'y a que le seul nombre 343
qui satisfasse à la question, je vous promets et à lui
aussi de le désabuser en lui en exhibant un autre, n Mais
cet autre ne fut pas exhibé. Un défi du môme genre a été
formulé ainsi ; Data quovis numéro non qvadrato,
dantur inftniti quadrati qui in datum numerum diicti,
adscita unitate , conjlciant quadratvm. Ex. Datur 3,
numerus non quadratus ; ille ductus in quadratum i,
adscita unitate, conficit 4, qui est quadratus. Item
idem 3 ductus in quadratum 16, adscita unitate, fa-
cit 49, qui est quadratus. Et loco 1 et 16, possunt alii
inftniti quadrati idem prœstantes «wweniri. Il deman-
dait pour cette proposition une règle générale (canonevi
géneralem, data quovis numéro non quadrato, inquiri-
mus; (ibid , p. 190).
(1) Le carré 25 satisfait au premier cas : en y ajoutant 2 on
a 27, qui est le cube de 8. Les carrés 4 et 121 (carrés de i et
de 11) satisfont au second cas : 4+ 4 = 8, cube de 2 ; lîl -f-
4= 125, cube de 5. C'est ce que Fermât nous apprend lui-
même. Mais pourquoi? Voilà ce qui n'a pas été démon-
tré. Fermât :ivait proposé ce problème aux mathémati-
ciens anglais •'t à Frenicle. « Je ne sais, dit-il dans sa
lettre au chevalier Digby, ce que disent vos Anglois de
ces propositions négatives, et s'ils les trouveront trop
hardies. J'attends leur solution, et celle de monsieur
Frenicle. n(Op. P'ar., p. 192; comp. Dlophantc, p. SIC.)
(2) Inrenire qvotcvnqtie numéros vt unius cujusgiw
quadratus siimma omnium sive addlta sire delructa
quadratum facial. Diophante, -<H<A., 11b. V, queest., 1o.
( Observât., Fermât, p. ï2l), el [nvenlum novum, p. Î3.
(3) Diophanlc, Ârith., p. 220 et 338.
(4) Dioph., De multiangulis numeris, p. 16.
15
45î FERMAT -
aucune puissance à l'infini n'est décomposable ]
en deux puissances de même nom. » — C'est le
plus important des problèmes de Fermât , et
celui qui attend encore sa solution générale.
Voici les termes mêmes de Fermât : Cubum
in duos cubos aut quadratoquadratum in
qmdratoquadratos , et gencraliter nullam
in infinitum ultra quadratum potestatem in
duos ejusdem nominis fas est dividere. Puis
il ajoute : cujns rei aemonstrationem mira-
bilem sane detexi ; hanc marginis eoçiguïtas
non caperet. Comme si ailleurs et dans sa cor-
respondance avec Roberval et Frénicle il n'avait
eu assez de marge pour démontrer sa proposi-
tion!
Non, je le répète, Fermât n'a pas voulu
révéler aie monde le théorème général on il
puisait ses questions pour embarrasser les (nathé-
maticiens. Il s'était sans doute proposé de pu-
blier là-dessus un ouvrage ex professa, lors-
que la mort vint arrêter ce projet. Quoi qu'il
en soit , celui qui découvrira un jour le grand
théorème de toutes les puissances à Vin fini,
ainsi que la démonstration de ce théorème em-
brassant tous les cas particuliers ci-dessus énon-
cés et bien d'autres encore, celui-là aura seul
le droit d'y attacher inséparablement son nom ;
l'appeler théorème de Fermât, ce serait une
injustice, contre laquelle il faudrait protester
hautement. F. H.
Montucla, Histoire des Mathématiques. — Genty, De
l'influence de Fermât sur son siècle; 1784 (ouvrage
couronné par l'Académie de Toulouse). — 1-ibri, Hevue
des Deux Mondes, 15 mai 1845; le même, Irois articles
sur les manuscrits inédits de Fermât, Journal des Sa-
vants, septembre 1839, mai 1841, novembre 1845. - Re-
nouvier, article dans ['Encyclopédie nouvelle. — E. Rras-
3ine, Précis des CRUvres mathématiques de Fermât, dans
les Mémoires de V Académie des Sciences, Imcriptions
et Belles-lettres de Toulouse, 1853, p. 1-164.
FERMAT {Samuel de), poète et jurisconsulte
français, fils du précédent, né à Toulouse, en
1630, mort en 1690. Il se fit recevoir avocat,
et acheta peu de temps après une charge de
conseiller au parlement. Il cultivait les belles-
lettres avec succès et faisait les vers avec facilité :
il était lié avec Antoinette de Salvan de Saliez ,
et entretint avec cette dame une correspondance
restée manuscrite. On a de Fermât : Variornm
Carminum Libri IV; Toulouse, 1680, in-S" :
on trouve dans ce volume des vers français et
des vers latins, rpais ces derniers sont de beau-
coup supérieui-s ; — Dissertationes de Re mili-
tari; De Autoritate Homeri apud jnriscon-
sultos ; De Historin naturali : accessit opus-
culum De Mirandis |je/ag'i ; Toulouse, 1680,
in-8° ; et dans le Supplément au Thésaurus
noin Juris civilis de Meermann ; La Haye, 1680,
infol. : l'auteur dans son traité De Autori/ate
Homeri, avance qu'Homère a fait grande autorité
dans la rédaction des Pandectes et des Insti-
tûtes, et que son nom y figure plus souvent que
celui de tous les aufres poètes ensemble. Mé-
nage s'est donné la peine de réfuter cette asser-
• FERMIN 452
tion, en montrant « qu'Hoipère n'est cité que six
fois dans le Digeste, et trois fois dans les Insti-
tûtes, « — Traités de la Crosse, trad.d'Arrian
et d'Qppian, suivis d'une Lettre de Synesius,
évêque de Cyrène , et d'une Homélie de saint
Basile sur le même sujet; Paris, 1680, in-12.
Ménage, Anti-Baillet, tit. XIV, p. 211. — Lallcmand.
Bîbl. des Théreuticographes, 28. — Julien d'fléricourt,
De Academia Suessionensi. — Moréri, Grand Dic.t. hist.
— Biog. Tottlousaine.
FEBME-L'HUIS ( Jean- Baptiste), panégy-
riste français , vivait en 1721. Il professait la
médecine à Paris. On a de lui : Éloge funèbre
d'Elisabeth- Sophie Chéron ( femme de M. Le
Hay), de V Académie royale de Peinture et
Sculpture ; Paris, 1712, in-8°; — Éloge funèbre
de M. (Antoine) C'oî/sfi?'o.x, sciitpteur du roi;
Paris, 1721, in-8o.
l.clong, Bibti. hist. de la France, n"' 4783R, 47SC9
FESiME-L'HUîS (***), autcur lyrique, fils du
précédent, mort à Paris, en 1742. On a de lui :
PijrrhMS , opéra , musique de Royer, et rppi{''-
senté en 1730.
l.clong, Bibl. hist.
FSîBi.'^iELUYS ( Jean ), écrivain et maître dT-
cole à Paris au commencement du dix-septicmtî
siècle; tels sont les titres qu'il prend entête
d'un Poëme spirituel contenant l'histoire de
la vie, mort et miracles de saint Roch;'Pàvh.
1619, in-80. L'auteur convient naïvement;
a qu'il n'a jamais eu le bonheur de la connais-i
sance des lettres, mais il a voulu témoigner sa
reconnaissance à un saint auquel il attribue d'à
voir vu sa femme guérie et d'avoir été lui-mênr.
préservé de la contagion ». Cette histoire, es
écrite avec bonne foi , avec simplicité , et avei
moins d'incorrection qu'on pourrait le suppo
ser. G- ^■
VioLlet-Leduc, Bibl. poétique, 1. 1, p. 39a.
FERMIN {Philippe), médecin et voyagent j,
hollandais, né à Maëstricht, vivait en 17711:
Après avoir exercé plusieurs années la médecpl
dans sa patrie, il s'embarqua en 1754 pour Si| j
rinam, la plus grande et la plus occidentale df j.
îles de la Sonde (1), et sur laquelle les Holl^l
dais possédaient d'importants établissemeip
depuis 1599, Il séjourna dans cette contrée jus
que vers 1764, époque à laquelle il revint;^.
Amsterdam. Ses relations continuelles avec ^,
diverses populations indigèneset ses connaissapp
ces personnelles en histoire naturelle lui avaiej
permis de recueillir de nombreuses et intérçs
santés observations, qu'il a consignées dans pÎH
sieurs ouvi-ages encore estimés. Fermin finit se
jours dans sa patrie, où il remplissait un empk
dans la magistrature urbaine. On a de lui : Traii
des Maladies les plus fréquentes à SuPi
nam, etc. ; suivi d'une Dissertation sur l
fameux crapaud de Surinam, noom
(1) Elle a 380 lieues du nord-ouest an sud-est et GO IieO(
dans sa plus grande largeur; elle est située entre 5' 4f
de latitude nord et .5° 50' de latitude sud, et entre 92° S
et 103" 40' de longitude est
453
FERMIN - FERNAND
454
Pipa, etc.; Maëstricht, 1764, in -8°, et Amster-
<îam, 1765, in-S"; la Dissertation a été trad.
en allemand par J.-A.-E. Gœtze, Brunswick,
1776, in-8°, fig. et addit.; — Histoire na-
turelle de la Hollande équinoxiale oit de
Siirinam; Amsterdam, in-8°; — Instructions
importantes au peuple sur les maladies
chroniques, pour faire suite à l'Avis de Tis-
sât sur les maladies aiguës; Paris, 1768,
2 Tfol. in-12 ; — Description générale, histori-
que, géographique et physique de la colonie
de Surinam; Amsterdam, 1769, 2 vol. m-8°,
avec ligures et une carte topographique : nou-
velle édition, avec de nombreuses additions
de l'Histoire naturelle de la Hollande équi-
noxiale. Cet ouvrage, un des meilleurs sur Su-
rinam, pèche cependant par le peu d'exactitude
des descriptions locales. Il a été traduit en alle-
mand par F.-H.-W. Martini ; Berlin, 1775, 2 vol.
in-8° , avec fig. et remarques ; — Dissertation
sur la question s'il est permis d'avoir des es-
claves en sa possession; Maëstricht, 1770,
in-8° : c'est uneapologie de l'esclavage; — Tableau
histoi'ique et politique de l'état ancien et ac-
tuel de la colonie de Surinam et des causes
de sa décadence; Maëstricht, 1778, in-8°; ce
tableau est le complément de la Description
générale , etc., de Surinam. Il a été traduit en
allemand par F.-G. Canzlen; Gœttingue, 1788,
in-8°. A. DE L.
QuérartI, La France littéraire. — Biogr. médicale.
*FERiwo {Lorenzino da), peintre, italien, né à
Ferme, ilorissait en 1660. On ignore quel lut le
maître de cet habile artiste , dont le style est tel-
lement varié qu'il est difficile de le rattacher
positivement à aucune école. Ses tableaux sont
nombreux dans les villes de la Marche d'Ancône ;
on admire surtout une Sainte Catherine, placée
dans l'église des Conventuels deFermo. Loren-
zino eut pour élève Giuseppe Ghezzi.
E. B— N.
Orlandi, Abbecedario. — Lanzl, Storia delta Pittiira
■ Ticozzi , Oizionario.
FERMO {Thomas de). Voyez Tomaso di
Fermo.
"FERMOR (Guillaume, comte de), général
russe, né à Pleskow, en 1704, mort en 1771. 11
se distingua dans les guerres du maréchal Mun-
nich contre les Turcs, et fut élevé en 1758 au
commandement général de l'armée russe, lors-
que le général Apraxin eut été destitué pour
s'être retiré vers les provinces orientales de. la
Prusse sans l'ordre exprès do l'impéralricc Eli-
sabeth. Fermor s'empara de Thorn et d'Elbing,
poussa jusqu'aux rivesde l'Oder, et assiéga Kus-
trin. Surpris à Zorndorf jiar Frédéric ii, il n'aban-
donna le champ de bataille qu'après une lutte
tellement acharnée, qu'il ne craignit pas de s'at-
tribuer la victoire, et fut pour ce fait nommé
comte par l'impératrice Elisabeth. Il se retira
lensnite en Pologne, et dut laisser le commande-
ment de son armée au comte Soltikow, sous les
ordres duquel il ne dédaigna point de servir en-
suite comme simple général.
Conversât.- Lexik .
* VERjiANfi (Gonzales) , premier comte de
Castille, né et mort à Burgos, vivait de 9 10 à 970.
Il descendait des juges de Castille par son père
Gonçalo Fernandez , comte de cet Etat. Vaillant
guerrier, rusé diplomate, il négocia et com-
battit avec autant de bonheur que de succès.
Devenu populaire par ses victoires sur les musul-
mans, il sut aussi se rendre redoutable aux rois
de Léon et de Navarre. Ayant peuplé Sepulveda, il
constitua le comté de Castille qu'il agrandit par ses
conquêtes et qu'il affranchit par son habileté. Sa
vie aventureuse et agitée fut remplie des chances
les plus diverses, où la politique ne lui fut pas
moins utile que le courage. En 933 , les infidèles
envahirent la Castille; il les vainquit à Osma,
avec le secoursdeRamirelI, roi de Léon A son
tour il vint en aide à ce monarque l'année suivante,
et força le waH don Aben Ayeb à reconnaître
la suzeraineté de Ramire. En 938, il assista à la
bataille de Simancas, où Abd-el-Rahman, émir de
Cordoue , perdit trente mille hommes. Il défit
encore à Dozio les Maures qui avaient de nou-
veau envahi la Castille. Il s'éleva si haut dans
Testime des peuples et se montra si actif à
s'agrandir, que le nouveau roi de Léon, Garcia,
en fut alarmé. Ce monarque, de concert avec la
reine de Navarre dona Teresa , résolut de se
défaire du puissant comte. Dona Teresa avait
à venger la mort de son père, Sancho Abarca,
tué par Fernand. Elle appela le comte à sa cour,
sous le prétexte de lui faire épouser sa sn'ur
dona Sancha et le déclara son prisonnier. Mais
Fernand fut délivré par dona Sancha, et se rendit
à Burgos, où il épousa sa libératrice, qui l'avait
suivi dans sa fuite. L'adroite princesse enleva
encore son époux des mains du fils et succes-
seur de Garcia, Sancho III, qui avait , lui aussi,
surpris et emprisonné le trop redoutable comte
de Castille. Redevenu libre, Fernand força le
roi de Léon de renoncer à tout droit de suzerai-
neté sur son comté. Selon la chronique, c'est
dans l'impossibilité où se vit Sancho de payer
un cheval de grand prix (1), que lui avait cédé
Fernand, qu'il fut réduit à affranchir ce vassal.
Quoi qu'il en soit, pour ôter à son acte toute cou-
leur d'usurpation, Fernand fit épouser sa fille
Uraca, répudiée par Ordogno III (voy. ce nom),
roi de Léon, à Ordogno le Mauvais ou l'In-
trus, fils d'Alonzo IV. Il régna ensuite paisi-
blement sous le nom de son grendre. Fo-
mentant aussi des troubles dans le royaume di>
Léon , il força Sancho d'aller chercher un refupe
chez les Maures. Il y envoya bientôt Vêla, qui ,
pour avoir osé protester contre l'exil de son roi,
eiijcourut, avec la môme peine, la perte de sou
comté d'Alava. Almanzor s'avança à la tête de
(1) La somme devait doubler de Jour en Jour, ai elln
li'olail soldée ;t échéance, ce qui la grossit il tmc ma •
iiiéie exorbitante.
15.
45^
FERNAND
ses Maures pour soutenir le parti des exilés ;
Fernand Gonzalès les battit après trois jours
de combat. Les romanciers se sont exercés à
l'envi à célébrer et à exagérer les aventures de
ce prince, qui laissa sa succession à son fils
Garcia. Il fut enterré dans l'église de San-Pedro
de Arlansa à Burgos. V. Marty.
Estevan de Gdribay, Compendio historial fie las Chro-
nicas y Hist. univ. de todos loi fteynos de Espaîla. — El
R. rf. Franc. - Benito Montejo , Oisertaf. .softre e/ prin-
cip. de la independencia de la Cast., y soberan de sus
cond desde el cel. Fern Gonzal. — Florez, Esp. sa-
grada, t. XXVI. — La Fuente, Hist. gen. de Espaîla. —
Rosseuw-Saint-Hilaire, Hist. d'Esp.
FERNAJND OU PHERNAMDUS (selon Paquot),
FEKDINAND OU FER BAN D (selon Moréri),
FRENANU (selon la Biographie de Michaud)
( Charles ), canoniste et réformateur ecclésias-
tique belge , probablement originaire d'Espagne ,
né à Bruges, vers 1450, mort en 1496. Il perdit
la vue dans son enfance ( selon Paquot), ou na-
quit aveugle ( selon dom Calmet et dom Berthe-
let), ce qui ne l'empêcha pas d'apprendre la phi-
losopliie , la théologie , l'éloquence, la poésie et
la musique. D'après toute probabilité, ce fut à
Paris qu'il étudia ces sciences; du moins est-
il certain qu'un roi de France, sans doute Char-
les Vlll, lui confia une chaire pour enseigner les
belles-lettres à l'université de Paris et lui ac-
corda un traitement considérable. Le Mire et
Possevin disent qu'il professa aussi la théologie
( sacras lifteras) ; mais Sanders en doute, Tri-
thème n'en parle pas, et Paquot le nie. Quoi qu'il
en soit, Fernand s'acquit beaucoup de réputation,
et expliqua avec succès les meilleurs auteurs la-
tins. En 1490 il prit l'habit de bénédictin dans
le monastère de Chézal-Benoît(l), fondé en 1488,
par Pierre du Mats, qui venait d'y établir la ré-
forme monacale dite Vétroite observance. Le
pape Innocent VIII permit à Fernand de prendre
l'ordre de diacre {leviia) (2), en vertu duquel
il exerça la prédication. Sa cécité ne l'empêcha
pas de composer les ouvrages suivants : Epis-
toise Caroli Phernandi, Brugensis, Paris (sans
date ) , in-4°. Il y en a un exemplaire dans la Bi-
bliothèque impériale de Paris; — De S. Ca-
tharina Oratio; Paris, 1505, in-fol. ; — Epis-
tola parœnetica Caroli Fernand ad Sagienses
monackos observationis Benedictinœ , ou
De observatione regulae Benedictinœ , Epis-
tola parœnetica; Paris, 1512 (d'après Pos-
sevin), 1516 (d'après Valère André). C'est une
réponse aux moines de Saint-Martin de Séez,
qui demandaient si en n'observant pas le
jeune ils pouvaient être en sûreté de conscience.
Dans une épître détaillée, Fernand leur dit (3) que
(11 Ce monastère acquit une grande célébrité. 11 était
situé dans une épaisse forêt, à douze lieues de Bourges.
Le Mire, Possevin. Valère André, Moréri le confondent
à tort avec celui de Saint- Vincent du Mans.
(2) Possevin dit : « i'ordre de la prêtrise », contre le
sentiment de Trithème et de Paquot.
(3) « Non ingenil inopia, nec ignorantia voluntaria ,
nec consnetudine mala a peccato quisquam excusa-^
tur ; pruinde formidanda illa ApostoU sententia :
Ignorans Ignorabitur ».
ni l'ignorance volontaire, ni le défaut d'intelli-
gence, ni la coutume, fût-elle immémoriale,
n'excusent pas devant Dieu ceux qui ne gardent
pas la règle dont ils ont fait profession; que les
moines ne seront pas jugés sur la coutume, mais
d'après leurs règles , comme les auti'es hommes
d'après leur serment; qu'ayant fait vœu de les ob-
server, ils sont obligés, sous peine de damnation,
de faire tous leurs efforts pour les pratiquer. Il
répond à ceux qui alléguaient la faiblesse de leur
complexion : qu'ils ne devaient pas embrasser
un ordre où l'abstinence est expressément re-
commandée. « Saint Bernard, ajoutait-il, voulait
que ceux qui entraient dans les monastères
laissassent leur corps à la porte : aujourd'hui il
n'entre dans les cloîtres que des corps pour s'y
engraisser et y vivre dans la mollesse. » — De
Animi Tranquillitate Libri duo ; Paris, 1512;
— Spéculum monasticse disciplina', reUgiosi,
docti , et perquam diserti Patris Benedicti
Magni, assecLv maximi ; etc. ; Paris, 151,^,
in-fol. : Dom Calmet attribue cet ouvrage à saint
Benoît d'Aniane ou à Bernard , abbé du Mont-
Cassin; — Monasticarum Confabulationum
Libri quatuor, cum vocum et sententiarum
quarumdam eorplanatione ; Paris, 1515 ou
1516 : Le Mire désigne cet ouvrage sous le titre
de Collationes monasticœ; — In decertatio-
nem metricam Ruperti Gaguini ; Depurissima
conceptione sacrée Dei genetricis et virginis
Mariée, adversus Vincentium, de Castro-Novo
( le père Bandelli, général des Dominicains ) ,
ordinis Preedicatorum , opus elegantissimmn
commentariorum ; Paris; — De Conceptione,
contra Vincentium , etc. ; Paris; — Carinen
iambicum de eadem, etc.; — De Conceptione,
ad Carthusienses ; — Elegix de Contemptu
Mundi ; — Odarum in laudem Chrisli Libri ;
— De Beatissima Virgine : poèmes en vers
ïambiques ; — Larides ordinis Carmelitarum ;
— Garmina; Trithème dit que ces poésies
étaient «presque innombrables. « — De quatuor
Novissimis ; — et beaucoup d'autres ouvrages,
perdus aujourd'hui ou mal désignés ; car, s'écvie
Paquot à ce sujet , « C'est une chose pitoyable
que la manière dont nos vieux bibliographes onl
dressé leurs catalogues. »
Trithème, Scriptores eccL, c. 933, p. 225. — Le Mire,
Eloyia Belgica, 142. — Possevin, Apparatus sacer, 1.
298. — Sanders, De Brugensibus eruditionis fuma rla-
. ris, etc. ; Tongres, 1624— ?,\se.e,tl , Athenx Belijicn'
167. — Valère André, Blbliotheca Belgica, 120. - Dom
Gr. Berthelet, Traité de l'Abstinence , 220. — Dom Ol-
met, Comment, sur la règle de. Saint-Benoît, I, 78 et
!)93. — Paauot, Mémoires pour servir à l'histoire litté-
raire des Pays-Bas, VU, 403. — Moréri, Crand Diction-
naire historique. — C.hampier, Des Hommes illusln's
de France. — Catalogi/e de la Bibliothèque impériale.
FERNAND on PHERNANDCS (Jean), lati-
niste belge, frère du précédent, vivait en 1494.
11 cultiva avec succès les belles-lettres, et s'ac-
quit une grande réputation comme musicien. Le
roi de France Charles VIlî l'attacha à sa per-
sonne, et le rétribua généreusement. On a de Jean
457
FERNAND
l'cinand ; Horx S. Crucis , et compassionis
sanctas Mariai Virginis, en vers (qualifiés par
Trithème di" élégants); Paris 1592; — De sancto
Johanne Baptista, autre poëme, et des Ora-
tiones, Carmina , JEplgrammafa, Epistolee et
autres pièces latines en grand nombre.
Trithème, Script, eccles., c. 936.
FERNAND ( Francisco ) , missionnaire espa-
gnol, né près de Tolède, en 1557, mort à Cha-
tigam (Bengale), le 14 novembre 1602. Il était
bachelier en droit civil lorsqu'en 1570 il entra
dans la congrégation de Jésus et fut envoyé par
Francisco Borgia, en 1573, aux Indes orientales
avec Alessandro Valignani. En 1575 il devint
visiteur des missions portugaises de Goa, y pro-
fessa la théologie , et fit avec succès plusieurs
missions dans le Concan et dans le Bengale.
Ayant voulu intervenir à Chatigam dans les que-
relles qui divisaient les Portugais et les Indiens,
ces derniers le jetèrent en prison après l'avoir
maltraité si cruellement qu'il mourut peu après.
On a de lui deux Catéchismes traduits en langue
bengalaise.
Dictionnaire biographique et pittoresque.
FERNAND CORTEZ. Voy. CORTEZ.
FERNAND G091EZ. VoiJ. GOMEZ.
FERNAND N UNES (Comte de), diplomate
et grand d'Espagne, né à Madrid, en 1778,
mort à Paris, le 26 octobre 1821. Son père,
ambassadeur en France sous Louis XVI , écrivit
un bon ouvrage, imprimé à Madrid, en 1796, qu'il
consacra à l'éducation de ses enfants. Le jeune
Fernand profita heureusement d'une aussi sage
diiection. A la cour, où il parut de bonne heure,
il se distingua par ses connaissances et l'indé-
pendance de ses opinions. Au lieu de faire sa
cour au tout-puissant ministre prince de la Paix,
il se rapprocha de l'infant Ferdinand, qu'il voyait
sans influence et persécuté. Il s'éleva hautement
contre la violence qui fut faite à ce prince, in-
carcéré par suite d'un intrigue de cour. Le comte
Fernand Nunes n'ayant pu dissuader Ferdi-
nand VII du funeste voyage de Bayonne, alla
peu après l'y rejoindre. Néanmoins, lorsque Na-
poléon le nomma grand -veneur du roi Joseph,
4 juillet 1808, il ne crut pas devoir décliner cette
faveur. Le comte suivit le roi Joseph à Ma-
drid , mais ne se servit de l'influence que lui
donnait sa charge que pour mieux trahir ce
roi. Il employa dans ce but 40,000 réaux
(10,000 francs), qu'il remettait chaque mois à
la caisse des secours nationaux, et le concours
de ses vassaux , qu'il faisait armer en secret.
Joseph, apprenant qu'en outre le comte
soudoyait des insurgés dans la Castille , le dé-
clara (décret du 3 nov. 1808) ennemi de la
France , de l'Espagne , et traître aux deux cou-
ronnes. Fernand Nunes n'eut que le temps de
se réfugier dans ses terres. Il servit dans l'armée
de l'indépendance, et se rallia d'abord aux cortès,
puis abandonna les constitutionnels pour se ranger
(lu parti de l'opposition ultra-royaliste. Il cou-
FERNANDES 458
tribua beaucoup à soutenir l'autorité royale
contre les attaques de l'assemblée. Ferdi-
nand VII, rétabli sur le trône , récompensa les
services d'un partisan si dévoué , et l'envoya
en ambassade à Londres en 1815, et en mai
1817 il le chargea de représenter son gouver-
nement près de la cour de Louis XVIU, en qualité
de ministre plénipotentiaire. Le comte de Fer-
nand Nunes, remplacé , en 1 820 , par décret du
gouvernement des cortès, continua de résider
à Paris, où il mourut, des suites d'une chute de
cheval. V. Marty.
M. Nellerlo (Antoine Liorente), Memorias por la He-
vol., de Esp.,-PsLT\i, 1814-16, 8 vol. in 8=. — Toreno, Guerra
revolut. y levantamiento d« Espaîia.
FERNAND. Voyez Ferdinand.
FERNANDES (Diniz), navigateur portugais.
Voy. Dus (Diniz).
* FERNANDES (Mattheus) , architecte por-
tugais, mort le 3 avril (515. Cet artiste, dont
la critique moderne s'est vivement préoccupée,
ne peut pas réclamer l'honneur qu'on lui
accordait jadis, d'avoir présenté les premiers
plans du couvent de Batalha; il ne vivait pas,
comme on l'a cru d'abord, sous le règne de
Jean l", fondateur de ce magnifique édifice , et
il n'appartenait point non plus à la race israélite.
Comme tous les architectes de ce temps , il avait
fait des études qui permettent de le ranger parmi
les ingénieurs habiles de la Péninsule. En 1480
nous le voyons chargé des œuvres de Santarem,
et il ne quitte cette ville que pour prendre la
direction des immenses travaux qui s'exécutaient
à Batalha. Ce fut donc à lui que l'on dut les
précieux détails ajoutés au plan primitif de ce
bâtiment leligieux, et l'admirable ornementa-
tion , qui en font un des plus beaux monuments
gothiques existant encore dans la Péninsule. On
lui attribue généralement la chapelle inachevée
(capella imparfeita) qui se trouve reproduite
dans tant d'ouvrages à figures et dans beaucoup
d'albums illustrés. Il travailla également au beau
monastère d'Alcobaça, où reposent les cendres
d'Inez. Tout prouve la haute faveur dont il jouis-
sait à la cour : la moindre ne fut pas d'être en-
terré dans l'intérieur du couvent de Batalha, où
il repose , à l'entrée de la porte principale de l'é-
glise, entouré des siens : on y voit aussi son por-
trait, sculpté au sommet d'un pilastre à l'un des
angles de la salle du chapitre.
Son fils Mattheus lui succéda, le 23 avril 1516,
dans la direction de ces travaux, mais il ne
fournit pas une longue carrière, et mourut
en 1528.
Il y a eu en Portugal plusieurs architectes et
plusieurs autres artistes de ce nom. Nous cite-
rons Pedro Feknandes, né à Abrantes, et qui
vivait au temps de Jean [II, en 1542 ; il fut chargé
de la construction du portique en pierre de Ou-
rem ;
Pedro FERNANDES DE ToRREs, architccte, vi-
vant également au seizième siècle;
459
Thomas Fernandes, maître des travaux de
fortification aux Indes orientales en 1508 ;
Marco Fernanhes, maîlre des conduits d'eau
du palais de Cintra, exerçant en J533 l'office
de maître du palais dans cette ville ;
Gil Fernandes, architecte en 1521 ;
Laurent Fernandes , maître des travaux du
couvent de Belem vers 1511, et qui à ce titre
mérite une mention particulière. Nous ignorons,
toutefois, s'il n'a pas été confondu avec Luis
Fernandes, autre architecte du même couvent,
vivant à la même époque ;
Balthazar Fernandes, architecte au temps de
ï). Sébastien ;
Michel Fernandes , qui vivait au commen-
cement du dix-huitième siècle, et qui, en 1725,
fournit le plan du monastère des Bénédictins de
Saint-Jean de Pendorada. Ferdinand Denis.
Retratos e elogios dos varoens e donas, voir les deux
notices contradictoires sur Mattheus Fernandes. — O
Panorama, jornal literario. —Cardinal Saraïva, connu
sous les dénominations de Patriarche et àeBispo-Conde,
Liite de quelques Artistes portugais ; Lisbonne, 1839. —
Janaes iMurpiiy, Truvels in P or tua al , in-4°. Le même,
Plan, P'iews, etc., of Batalka ,• il9S ,in-fol. — namaso-
.I.-L. de Soiiza Moureiro , Riographia das Personagens
iius'res de Portugal.— Comte Raczynski, Dictionnaire
fiistorica-artisiique du Portugal; Paris, 1847. — Le
même. Lettres^ etc.
FERNANDES (Joham), voyageur portugais ,
vivait au quinzième siècle. 11 était écuyer de
l'infantD. Henrique; mais selon toute probabilité,
avant de remplir cet office, il avait été fait pri-
sonnier sur la Méditerranée et emmené en es-
clavage sur les côtes de Barbarie. Là il apprit
l'arabe et recueillit quelques notions sur l'inté-
rieur de l'Afrique. Azurara l'avait connu person-
nellement, et il a soin de dire que « c'était
un homme de bonne conscience, suffisamment
chrétiencathoiique ». Lors de l'expédition ma-
ritime de Gonçalo de Cintra et d'Antâo Gonçal-
ves, en I445, Fernandes résolut de se faire dé-
poser à l'embouchure du Rio do Ouro, afin de
recueillir sur les tribus des Azénègues, qui fré-
quentaient ces parages, des renseignements pro-
pres à guider les expéditions ultérieures. Dé-
barqué sur ces rjves désolées, il s'avança parmi
les Maures, demeura avec eux durant sept mois,
se contentant de la bouillie de doura et du lait
de chameau qui font la base de la nourriture
de ces peuples. « En arrivant au rionar, dit
Barros , il avait été débarrassé de tout ce qu'il
avait apporté , c'est-à-dire d'un peu de biscuit
de froment et de quelques légumes ; on ne lui
avait pas même laissé ses vêtements d'Europe ;
on s'était contenté de lui donner r.n mauvais
manteau pour couvrir sa nudité. Le hardi voya-
geur uon-seiilement ne se plaignit pas, mais
s'offrit de lui-même pour accomplir tous les tra-
vaux qu'on lui voudrait imposer. Noos suppo-
sons qu'il employa quelque stratagème analogue
à celui qu'imagina Eené Caillé, pour traverser
l'Afrique, car il n--' fut pas réduit en esclavage; il
re fit, au contraire, aimer de ces baibares , et
FERNANDES 4m
l'étrange régime auquel il fut soumis , loin de
nuire à sa santé , le laissa dans une prospérité
apparente sur laquelle Barros insiste, tout en
disant qu'au lait de chamelle succédaient quelque-
fois, dans ses repas, les lézards et les sauterelles
séchées, comme on les prépare au désert , en y
joignant néanmoins de temps à autre du gibier
en assez grande abondance et la chair de quel-
ques oiseaux. Barros avait recueilli sur ce pre-
mier voyageur aux terres afi'icaines d'amples
renseignements , qu'il promet dans sa première
décade et que malheureusement il mit en réserve
pour un autre ouvrage ; Fernandes donna en ef-
fet , au quinzième siècle, les premières notions
que l'on eût eues sur la manière de se diriger dans
le désert. Il paraît que le dialecte arabe qu'il
trouva en usage chez les Azénègues différait de
l'arabe des villes, comme le portugais diffère du
castillan. Fernandes demeura parmi ces tri-
bus de pasteurs jusqu'à ce qu'il jugea convenable
de gagner le douar d'un chéik nommé Ouad , ou
Huad-Meimon. Cet Arabe se montra plein
d'humanité à l'égard de son hôte, et il lui
permettait d'errer sur la côte dans l'attente
des navires. Hâlé par le soleil, vêtu de haillons,
il avait si bien l'air d'un Azénègue lorsque l'ex-
pédition envoyée a sa recherche l'aperçut, qu'on
le prit pour un pasteur arabe qui venait de son
plein gré vers les navires, afin de racheter
quelques captifs ; « mille cris de joie paiiireht
des caravelles lorsqu'on l'eut reconnu , nous
dit la vieille chronique d'Azurara, et l'on peut
supposer quel aspectdevait avoir !e noble écuyer,
ajoute-t-il, lui accoutumé aux mets et aux vins de
l'Europe, et qui s'était vu condamné à vivre de-
puis plusieurs mois d'un peu de poisson et de lait
de chamelle.» Ces derniers mots, chez un contem-
porain qui avait connu le hardi voyageur, nous
font soupçonner quelque exagération chez Bar-
ros , lorsqu'il nous vante son einbonpoint. Fer-
nandes n'en suivit pas moin; ses compagnons,
et il put donner à l'infant, dans son austère soli-
tude de Sagres, plus de renseignements qu'on
n'en avait encore recueillis sur les tribus de
pasteurs errantes dans ces régions. Durant l'ex-
pédition, commandée par Diego Gil, « homme de
très-bon savoir, « nous dit Barros, et qui avait
été expédié en (447, pour établir des relations
avec ks Maures de Meça, à douze lieues au
delà du cap de Gué, Fernandes fut embarqué
probablement en quahté d'interprète. Il fut en-
voyé à terre, et fit avec les Maures l'échange de
quelques prisonniers contre une cinquantaine
de noirs. Une tempête subite s'étant élevée , le
commandant de l'expédition s'éloigna de terre, et
Fernandes demeura dans le pays d'Arguim,
parmi les Maures , où il utilisa son séjour
pour lier des relations commerciales avec les
habitants. C'est à cette époque qu'il faut fixer
la venue en Portugal d'un lion pris sur la côte,
ei que D'ego Gif rapporta à l'infant D. Henri-
que, qui e.i fit présent à son tour à un gentil-
461
homme irlandais , avec lequel il se ti-ouvait en
bonnes relatio ^s et qui demeurait à Gaiway (1).
Si l'on en croit le vieux chroniqueur, ce serait
pour la première fois qu'un animal de cette es-
pèce aurait été transporté en Irlande. Barros se
tait sur le sort de Fernandes, et c'est ce qui
a fait croire que le hardi éciiyer fut abandonné à
tout jamais sut cette côte inhospitahère. Ce si-
lence a trompé beaucoup de biographes. Azurarâ
nous apprend que Fernandes ne resta daiis Ces
parages que jusqu'à l'année suivante.
Les renseignements fournis par cet e5i.pIo-
rateul- sur les peuples de l'intérieur de l'Afri-
que sont beaucoup plus précis et plus notnbreux
qu'on ne le supposerait par l'analyse sommaire
qu'en fournit l'élégant auteur des Décades ; c'est
dans Gomez Eanez de Azurara qu'il faut exa-
miner ces documents; c'est sur soU rapport
qu'il faut peser leur valeur. Entre autres choses
curieuses, on voit que jusqu'au milieu du quin-
zième siècle les Berbères n'avaient point aban-
donné l'écriture qui leur était propre pour adopter
celle des Arabes. Ferdinand Denis.
Gonaez Eanez de Azurara, Conquxsta de Guhw, inss- dé
la Bib . iirip. de Prtrls, reprod. parle vicomte da tlar-
reira. — Jotto de Barros, Da Asia-, decuda 1. — (Jardin;il
Saraïva, Indice chronologico.
FERNANDES ( Le P. Luiz), missionnaire por-
tugais, né à Lisbonne, en 1550, mort dans les
Moiuques , vers 1609. Il entra prêtre dans la
Compagnie de Jésus en 1580, et passa aux mis-
sions des Indes orientales. Il fut supérieur à
iîaçaïm ou Basséin, ville maritime îilahratîe (2)^
puis aux îles Moluques, où il vécut de nombreuses
années. On a de lui : Epistola ad prœpositnm
proi'incialem apud Indos, datée de Malucco,
1603. Cette lettre se trouve p. 147-151 des
Littéral Socïetatis Jesu, années 1602 et 1603,
Mayence, 1607, et dans la Carta anima de Mo-
liico, recueil traduit en italien, Rome, i605,
in-8", et en françaissous ce titre -. Lettre annuelle
du Japon de l'an mil six cens et trois, avec une
Espitre de la Chine et des Moluques; Dcuay,
160G, in-12-, — Carta escrita de Amboinu,
imprimée dans la Relaç. Annualde 1606.
\iif;iistin et Alnï.-: de Baker, bibliothèque des Écrivains
('.I' la Cumpciiinie tSe Jésus:. — Nalhanael Snuthwell ,
lliblio!hei!a Sci-iptôt-tim Societatis Jesu. — Summarin
(Ut Uiljliothet'a Lusltana.
'= FK!tNA]*ïDËS ( Frt.«'o), pL'inlre portufiais ,
né le 18 septembre 1552, à YiseU, mort au com^
mencenient du dix-septième siècle. 11 ressort
d'immenses recherches faites sur la vie de cet
artiste par le comte Raczynski , que c'est le
peintre auquel on peut imposer le surnom de
Gran Vasco , surrtoin qui commençai à se ré-
pandre dans la péninsule seulement aiî dix-
huitième siècle. I! était fils d'un peintre nonmié
Francisco Fernandes. Sa mèi-e s'appelait Maria
(1) Gah cil, selon Azurara flBdrfOs; cette ville se trouve
sliiK-e dans une bnie du .L.omc ikj.ii, t:n lilaïui;:.
(2; F.lle f;ii.i;i ( p..rrK; (.c 1' .xiir'Mig-Ali.nl , <•( appartient
FERNANDES . 462
Henriques. Il ne paraît pas qu'il ait été étudier
en Italie , ou qu'il ait même quitté sa ville na-
tale-, on suppose qu'il eut pour se former dans
son art des gravures allemandes et flamandes,
fort répandues en Portugal sous les règnes
d'Emmanuel et de Jean III ; dans cette hypo-
thèse même il serait demeuré étranger au mou-
vement artistique de soi! époque. De l'aveu
du savant critique allemand , c'est dans ce peu
de lignes que se résume la biographie du peintre
le plus renommé qu'ait produit le Portugal.
M. Raczynski ajoute : « Au fond Gran Vasco
n'est qu'un mythe , car, quoique nous ayons dé-
couvert Vasco Fernandes, peintre de Viseu,
quoique ce peintre ait eu du mérite , que nous
ayons vu de ses ouvrages à Viseu, qu'un au-
teur contemporain l'ait jugé grand, cependant ce
n'est pas à celui-là que ce surnom revient
de droit ; car aucun des auteurs qui ont écrit
sur Gran Vasco , et qui eussent été à même de
juger de son mérite (Guarienti Cyrillo, Ta-
borda), n'a vu les ouvrages de Vasco Fernandes.
On attribue à Gran Vasco , on ne sait pourquoi,
l'immense quantité de tableaux gothiques peints
sur bois (jui se trouvent répandus dans tout
le Portugal, et dont, excepté les tableaux de
Viseu , ))as un n'est de Vasco Fernandes. Le
Grand Vasco de la Iradition est supposé auteur
de tous ces tableaux. » Ces données n'ajoutent
rien à la vie^ à peu près inconnue, de cet artiste.
On trouve, éparse çà et là dans les deux vo-
lu..iiet ^mbliés par M. le comte Raczyn.'.l»i , l'in-
dication des divers ouvrages attribués à V^asco
Fernandes. F D.
Orlandi, Jbecedurio pitt.orico. — Le Comte A. Rac-
zynski, Lfs Arts en t'ortugal, lettres adressées a la So-
ciété artistique et scientifique de Berlin; l'aris, )8i6. —
),e uième. Dictionnaire historico-a,rtiStique du l'ortu-
(lul; l'aria, 1847, ia-8°.
fESîNANDES OU FF.KDINAND {Valentin),
typographe et traducteur allemand, vivait à la
fin du quinzième et au commencement du sei-
zième siècle. Il était originaire de la Moravie,
et possédait pail'aitement bien le latin. On
ignore Tépoque précise à laquelle il vint se fixer
en Portugal. Tout ce que nous a transmis Bar-
ho,sa à son s. jet est rempli de confusion; il
n'avait de portugais que la dénomination sous
laquelle il s'était fait connaître. Quoi qu'il en
soit, sa qualité d'étranger ne l'avait pas empê-
ché d'être bien accueilli à LLshonne, et l'épouse
de D. Manoel , la reine dona Lianor, lui avait
accordé dans sa maison les fonctions d'éfuyer;
il n'en continua pas moins, cérame il le dit lui-
même, d'exercer le noble art de la topogra-
phie dans cette capitale. Dès 1492 ses fonctions
-itai' -it laborieuses, cî il est incertain qu'il eu tira
grand p^'olit. Bien que depuis longtemps M. Pe-
dro d'Alfarrobeira eût rapporté le se:; voyag.;s
un l\Iarco Polo manuscrit, <iue lui avait donné la
seigneurie de Venise, Valentin Fprunnd.-s tra-
d'>>s;t du î?<-'i en portu'^ai* une sorte rfe recueil
reniv!-;. ant ] . -iouî's versions Jucs. ùFi. ripino
463 FERNANDES
de Bologne et à Pogge le Florenlin, auxquelles
ii joignit celle du voyageur vénitien. Ce livre,
qu'il édita lui-même, est intitulé : Marco Paulo.
(sic) Ho liuro deNycolao Veneto. 0 trallado
da carta de hûu genoues dus ditas terras;
au-dessus du frontispice on voit une sphère, et
au bas, à la partie inférieure du feuillet : Corn
priuileçjio del Rey nosso senhor. que nenhum
faça a impressam desle liuro. ne ho venda
em iodos seos regnos e senhorios, sem li-
cença de Valentim Fernandez, sopenacon-
teuda na carta do seu previlegio. Ho preço
délie cento e dez reaes. Au verso on lit ;
Começa se a epistola sobre a trasladaçam do
liuro de Marco-Paulo. Feyta por Valêtym
Fernâdez escudeiro da excellentissima
raynha dona Lyanor. Endereçanda ao se-
renissimo e inuictissimo rey e senhor dom
Emanuel o Primeiro, rey de Portugal e dos
Algarues. doquem e alem mar en. Africa,
senhor de Guinée, e da conquista da naue-
guaçom e comercio de Ethiopia, Arnbia, Per-
sia. e da India. La pagination commence à la
neuvième page , où se trouve placée la rubrique
suivante : Começase ho liuro primeiro de Marco
Paulo, de Veneza, das condiçoôes e eustumes
dus génies et das terras et prouincias orien-
taes. — Vient ensuite le voyage de Nicolas le
Vénitien, ou si, on l'aime mieux, de Nicolas de
Conti ; c'est à la suite de cette relation que se
trouve placée la date del impression : Imprtmido
per Valéntym-Fernâdez Alemaào. Em a muy
nobre cidade Lyxboa, era de mil equinhentos
e dous (1502 ), aos qUatro dias do mes de feu-
reyro; in-foî, goth.
Comme on le devine aisément, ce livi-e, pres-
que introuvable aujourd'hui, et qui fut ignoré
du savant Barbosa, dut produire une sensation
profonde à l'époque où il parut, c'est-à-dire trois
ans après le retour de Gama , et au début des
grandes expéditions du Portugal vers les régions
de l'Inde. Aussi , en joignant aux deux relations
qu'il donne, celle de Santi-Estevam , mar-
chand génois, qui écrivit en 1492, Fernandes
a-t-il soin de faire remarquer qu'il offre cette
collection pour guider ceux qui se rendent aux.
Indes , et dont il demande humblement les cor-
rections géographiques, afin d'améliorer son
travail. Il est remarquable, pour l'époque, que
Ferdinand s'occupe déjà de la réforme des noms
de lieux et même des distances.
Cet érudit zélé avait imprimé, de concert avec
Nicolas de Saxe , un livre célèbre, Vita Christi,
qui parut en 1495. Les lettres de Cataldus Si-
culus furent imprimées également par Valentin
Fernandes ou Ferdinand le Morave, à Lisbonne,
le 21 février 1500, et le comte d'Alcoutim, qui loi
confia l'impression de ce beau volume, vrai
chef-d'œuvre de la typographie portugaise à
cette époque , lui adresse quelques paroles qui
servent parfaitement à apprécier à quel degré
d'estime s'était élevé l'habile imprimeur dans
464
la patrie nouvelle qu'il s'était choisie volontaire-
ment.
Ferd. Denis.
césar de Figanière, Bibliotheca historica. — Cataldus
Siculus, Epist,; Lisbonne, 150O, pet. in-fol. — (ioairz Ëanez
de Azurara, Note du vicomte de Santarem, p. 227.
FERKANDES ( Alvaro), navigateur portu-
gais, vivait au seizième siècle. Il embrassa la
carrière de marin, et se familiarisa de telle sorte
avec les mers de l'Orient, qu'il acquit dans l'Inde
une grande réputation. Il était îe gardien ( guar-
diâo) du navire Le Sain ^-/eaw, lorsque Manoel de
Souza s'embarqua surce vaisseau, avec sa femme
Lianor de Sa et ses enfants; une effroyable
tempête accueillit ce navire le 24 juin 1552, et il
alla se briser sur les écueils de la côte du Natal.
Échappé au naufrage, Fernandes raconta ce dou-
loureux événement, qui devait inspirer Ca-
moens et Corte-Real, dont nous restituons ici le
titre ; ou peut-être n'a-t-il fourni que les docu-
ments pour la composition de cet opuscule raris-
sime : Hisloria da mui votavd perda do
galeâo grande S. Jôao. Em que se contam os
grandes trabalhos e lastimosas cousas que
aconteceram ao capilào Manuel de Souza.
Eo lamentavel Jim que elle esua mulher e
ûlhos, e toda a mais da gentehouveram. 0
quai se perdeu o anno de 1552 a 24 dejunho,
na terra do Natal, em trintae hum graus ;
Lisboa, por Antonio Alv ares, 1625. Cette rela-
tion si émouvante, qui circula probablement long-
temps en manuscrit, se conserve à la biblio-
thèque royale de Lisbonne; elle consiste en 16
feuillets in-4°, non chiffrés ; elle a été réimpri-
mée à Lisbonne dans la même typographie,
1633, in-4° ; enfin, on la trouve dans VHistoria
iragica maritima et dans la Colecçào de Nau-
fragios. F. Denis. ;
lîarbnsa Machado, Bibliotheca Lusitana. — C ésàr de
Figanicre, Bibliotheca historica de Portugal. — Léon
Piiielo , âibliotheca historica de Portugal.
FERNANDES (Alvaro), navigateur portugais,
vivait au milieu du seizième siècle. 11 était neveu
de J. Gonçalvez Zarco, auquel on attribue la dé- i
couverte de Madère , et qui était devenu gou-
verneur de Funchal. Il faisait partie de l'expé-
dition de Lançarote, lorsque celui-ci eut dé-
passé, le long de la côte d'Afrique, le lieu où s'é-
tait arrêté le marin que Barros appelle Diniz
Fernandes, mais que Azurara nomme Diniz Dias
{voy. Dus). Après avoir combattu vaillamment
contre six almadias de noirs, qui étaient venues
l'attaquer et dont une tomba en son pouvoir, il
passa jusqu'à un endroit qu'il désigna sous le nom
de Cabo dos Mastos (1), en raison de deux pal-
miers dépourvus de feuillage qui se dressaient sur
la plage. Il y inscrivit la devise de l'infant don
Henrique : Talent de bien faire. Tel est, du
moins , en substance, le récit qui nous a été
transmis par Barros , lorsqu'il raconte l'expé-
tion de Lançarote, parti en 1447, à la tête d'un.\
(1) Ou mieux Cabo dos Matos. Voy. Azurara, Conquista
de Guiné, p. 157.
465
FERNANDES
466
expédition sortie du port de Lagos, et composée
de quatorze caravelles , auxquelles vinrent se
joindre plusieurs embarcations qui avaient mis à
la voile de différents ports et notamment de l'île
de Madère. Ce récit, adopté depuis des siècles,
diffère en bien des points de celui qui nous a été
transmis par Azurarà, qui ne lie pas ainsi le
voyage d'Alvaro Fernandes à celui de Lançarote,
et qui le présente comme formant une expédi-
tion isolée, infiniment plus intéressante à nos
yeux, puisqu'elle était essentiellement scientifique
et ne devait se mêler à aucun intérêt commer-
cial. Par reconnaissance pour son protecteur,
Gonçalvez Zarco , est-il dit, expédia de Madère
vers l'Afrique son neveu Fernandes, jeune
marin plein d'activité et de résolution, et qui
avait été élevé dans la maison de l'infant don
Henrique. «Il lui ordonna, ajoute le chroniqueur,
de n'avoir en vue d'autre gain que la possibilité
d'examiner et de savoir tout ce qu'il pourrait
connaître, sans se préoccuper de faire des sorties
en terres de Maures ; il devait pousser son voyage
directement vers la terre des nègres, en aug-
mentant sa relation dorénavant de ce qui pour-
rait l'accroître et en s'efforçant lorsqu'il retour-
nerait vers l'infant, son seigneur, de lui apporter
quelques nouveautés de nature à lui faire com-
prendre qu'on voulait lui être agréable. » Le na-
vire d'Alvaro Fernandes était d'une construction
supérieure, et rien n'avait été négligé pour son
équipement. Alvaro Fernandes se dirigea d'abord
vers le Sénégal (le Nil des noirs ), et là il remplit
deux pipes d'eau , dont l'une fut plus tard dé-
barquée à Lisbonne (1). Après avoir dépassé le
Cap- Vert, il aborda à une île que l'on suppose être
Gorée, par les 14" 39' 55" de lat. nord. Cette île
était complètement déserte, mais laissait voir
dans ses campagnes des chèvres apprivoisées; ce
fut là que le marin portugais cloua sur un tronc
d'arbre l'écusson aux armes de don Henrique,
avec la devise de l'infant dont Barros fait men-
tion; un peu plus loin, comme il se préparait à
poursuivre ses explorations, sa caravelle fut
abordée par six canots remplis de noirs, avec
lesquels il eut d'abord les relations les plus pa-
cifiques , mais qui finirent par l'attaquer caute-
leusement, et auxquels il enleva deux hommes.
Il poursuivit son voyage cette fois jusqu'au cap
dos Matos, et revint à Madère, sans que rien in-
dique des rapports ultérieurs avec les navires de
Lançarote.
L'année suivante, Gonçalvez Zarco poursuivit
son dessein , toujours dans le but de servir les
nobles préoccupations de don Henrique, et Alvaro
Fernandes , parti de Madère sur sa belle cara-
velle, continua ses explorations. Ses incursions
sur la terre des noirs au delà du Cap-Vert fail-
lirent lui être fatales ; l'humanité d'ailleurs ne
paraît pas avoir été la vertu favorite de ce bouil-
li) Azurara tait remarquer qu'Alexandre, avec toute
sa puissance, n'avait jamais bu probableaient d'eau
puisée en des régions si lointaines.
iaut jeune homme; et s'il fit mettre à terre les
deux nègres faits prisonniers pendant son premier
voyage, il ensanglanta durant celui-ci les lieux
qu'il visitait ; la cruauté de ses compagnons ne
respecta pas même une pauvre mère , qu'on at-
tacha dans le désert, parce qu'elle ne voulait pas
suivre ses ravisseurs, et qui dut y périr. Il est
vrai que les tribus nomades de ces parages
faisaient usage de traits empoisonnés et qu' Al-
varo Fernandes, atteint à la jambe par une flèche,
aurait succombé rapidement lui-même s'il n'a-
vait résolument arraché l'arme dont une main
vengeresse venait de le frapper et si des lotions
d'urine n'avaient précédé un pansement dans
lequel entrait de l'huile et de la thériaque. Il ne
mourut pas, mais il resta languissant, et eut
néanmoins le courage de continuer sa naviga-
tion. Il avança même quarante lieues au delà
du Cap-Vert, et, après avoir passé jusqu'au Rio-
Grande , il parvint jusqu'au Rio-Tabite ; c'était
plus loin qu'on n'était encore allé. Il fallait
tenter d'explorer l'intérieur du pays ; il y fit
débarquer quelques Portugais; mais 120 noirs
bien armés, et qui vinrent au devant des Eu-
ropéens en dansant leur danse belliqueuse, leur
ôtèrent le désir de prendre part à la fête, nous
dit naïvement le vieux narrateur. Alvaro Fer-
nandes avait reculé notablement encore le point
de démarcation des premières découvertes; mais
sa santé avait subi une rude atteinte ; il ne put
aller plus loin : contraint de rétrograder, il se di-
rigea sur l'île d'Arguim. A défaut de truchement,
il communiqua avec les Maures, par le moyen
d'une négresse intefligente qu'on lui donna, puis il
fit voile pour le Portugal. Non-seulement Fer-
nandes fut bien accueilli de l'infant don Hen-
rique, qui lui accorda cent dobras d'or de gra-
tification; mais il reçut la même somme de don
Pedro, duc de Coïmbre, dont on méconnaît trop
souvent la part active dans les grandes décou-
vertes du quinzième siècle, et qui, régent du
royaume durant la minorité d'Alfonse V, ne fit
servir son pouvoir passager qu'à l'amélioration
intellectuelle du pays et au développement de ses
relations à l'extérieur. Fernandes reçut de ses
deux protecteurs d'autres récompenses; mais
après avoir rapporté ce fait , Azurara ne songe
plus à le nommer. S'il cessa de naviguer, il est
probable qu'il alla se fiNcr à Madère, où son
oncle Gonçalvez Zarco gouvernait l'île pour
le comte de l'infant don Henrique. Ferd. Denis.
Gomez Eanez de Azurara, Historia de la Conquistà
de Cuine. — Joao de Barros, Da Asia , decada I. — Os
Portuguezes em Jfrica, Jsiu, etc. ; Lisbonne, 18't9, t. i.
* FERNANDES (Le P. Maïioel), missionnaire
portugais, né à Olivença , mort à Fremona, le 25
décembre l.'j93. Il embrassa l'état ecclésiastique,
et fit ses vœux dans l'institut des Jésuites, le 9
septembre 1553. Au bout de deux années de sé-
jour dans le collège de Coïmbre , il partit pour les
Indes, et débarqua à Goa, le 7 septembre 1555.
Le patriarche d'Ethiopie, Jean-Nunes Barreto, ve-
467 FERNANDES — FERNANDEZ
nait d'arriver dans ceae métropole avecrévêque
don André de Oviedo; il voulait s'assurer de
l'état religieux de rAfriqiie chrétienne; il en-
voya le P. Manoel Fernandes en Abyssinie avec
l'évêque dont il était accompagné ; ils débarquè-
rent dans les premiers mois de 1557 au port
d'Arquiço. Là ils se présentèrent à l'empereur
Claudios, auquel fut signifiée l'incorporation de
ses États dans la circonscription des royaumes
catholiques. Bien qu'il n'admit pas les préten-
tions du saint-siége , ce souverain accueillit avec
une bienveillance pleine de grandeur les deux
délégués ecclésiastiques. Par suite de la mort
du patriarche, le P. Manoel Fernandes resta
chargé de l'administration apostolique de ce vaste
empire , dans lequel il compta de nombreux
néophytes. Il se trouvait à Fremona , villiî du
Tigré, lorsqu'il termina sa carrière. On a de cet
inl'aligable rehgieux des lettres publiées dans di-
vers recueils ou demeurées en manuscrits ; elles
ne roiilent pas toutes sur l'Abyssinie : — Carta
escrita de Moçamblque a 6 de agoslo 1555,
ao provincial de Portugal, cm que llie da
conta da jornada; carta escrita de Goa, ao
Padre An t. Correa,eic.; ces deux lettres étaient
conservées dans la maison professe des jésuites,
à Saint-Roch de Lisbonne ; — Carta escrita de
Etiopia a 29 dejul/io de 1562 , ao gérai Diego
Laines; imp. dans VHist. d'Ethiopie du P. Telles;
— Carta escrila da Etiopia o 3 de jtinho de
1566, aos padres e irmâos do collegio de Santo-
Faiilo de Goa; imp. Relac. anal, do annal.
orient, dos ann. 1607 e 1608 parle P. Guerreiro ;
— Carta escrita na Etiopia a 10 de junho
de 1568, ao padre gérai; carta escrita da
Etiopia em 20 de dezembro de 1585, ao pro-
vincial da Incita; imp. dans le P. Telles, liv. U,
chap. 37, et dans le P. Guerreiro, Ann. do
Oriente, liv. iîl, cap. xi. » Ferd. Denis.
FEiiKAKDES-viLLAREAL {Manoel), écri-
vaia portugais , natif de Lisbonne, étranglé dans
!a même ville, le 10 octobre 1652. Selon toute
probabilité, il était de race juive, et dès son bas
âge il partit pour Madrid, d'oii on l'emmena à
Paris. Il y fut nommé par la suite consul de Portu-
gal. De retour à Lis'oonne, il fut mis dans les ca-
chots de l'inquisition. Une enquête constata
qu'il suivait ostensiblement la loi de Moïse, et fut
en conséquence, nous dit Barbosa, livré au br.as
séculier. Ce malheureux abjura, et, ce qui est hor-
rible à rappeler, il n'en fut pas moins étranglé.
Il est l'auteur d'un livre célèbre qui se lie à l'un
des événements les plus étranges de ce temps,
où le Portugal disputait encore sa nationalité à
l'Espagne, et i! a cherché à expliquer par quelles
trames odieuses îe frère de Jean IV fut retenu
prisonnier en Allemagne; cet ouvrage curieux
porte le titre suivant : El principe vendido, o
venta dei innocente y Libi-e principe D. Diiarte,
infante de Portugal, celebradaen Vianaalb
dejnnio de 1642 annos. El reyde Ungriaven-
dador y et rey de Castilla coniprador. Sti-
4t)(S
pulantes em el acuerdo por el rey de Cas-
tilla, D. Fràcisco de Melto, governador de
sus exercitos em Flandes ; D. Manoel de
Corta-Real, su enibaxador en Alemania;
por el rey de Vngria, Fr. Diego de Quiroja,
su conf essor, el doclor Navarro, secretario de i
la reyna de Vngria ; Paris, Juan Paie, 1643,
in-8°. Ce volume, un peu verbeux, comme l'in-
dique son titre, avait été écrit primitivement en
latin. — Fernandes-Villareal avait publié deux
ans auparavant : El politico Christianismo ,
0 discursos politicos sobre algunas accio-
nes de la vida del emminentissimo ( sic) seîior
cardinal duqiie de Richelieu ; Pampelune ,
1641 : ce livre fut traduit en italien et en fran-
çais par Chatonnière de Grenailles ; Paris ,
1643, in-4''. On a encore de cet écrivain, dont
M™^ de Sainte-Oronge vante l'agréable com-
merce, un hvre de discussion politique qui cher-
chait à réfuter un livre très-passionné ; il est in-
titulé : Anti-Caramuel, o defensa del Mani-
/iesto del reyno de Portugal que escrevio
D. Juan Caramuel Lobkowitz, religioso de ,
Dunas, doctor de santa théologia, abade
de Melorsa y vicario de la orden de Cistêr;
Paris, 1643, in-8°. Il fut aussi l'éditeur du conti-
nuateur de Barros en publiant : Cinco livras da
decada XII da Historia da India por Diego do
Couto, chronista e guardamôr da torre. do
Tombo do Estado da India; Pans, 1645, pet.
in-fol. On trouve en tête de ce livre une longue
épître dédicatoir;^ à D. Vasco Lui/ da Gama,
comte da Vidigueira, alors ambassadeur du Por-
tugal en France, et qui fut un protecteur bien
peu zélé pour l'infortuné écrivain.
Fernandes-Villareal était aussi qaelque peu
poète, et faisait même des vers en français, qu'il
publiait, il est vrai, à Lisbonne; il donna en Es-
pagne quelques vers castillans sous ce titre
bizarre : El Colorverde, ala divina Celia. C'est
tout simplement un éloge ao la couleur verte,
mêlé à quelques madrigaux dans le style de
l'époque. Ferd. Denis.
Earhosa Macbado, Bibliotheca Lusitana. —Documenti
partirtUiers.
FEiiNAKB>ES(AHi'oHio), musicleu portugais,
né à Villa de Souzel (Alem-Téjo ), vivait au dix-
septième siècle, il entra dans les ordres, et devint \
maîtredeschœurs de l'église de Sainte-Catherine
de Lisbonne; il mourut fort âgé, car il compo-
sait encore à quatre-vingt-ciaq ans. On a de lui :
Arte da Musica de canto de orgào, ecanto
chào, e proporçoens da musica divïdida har-
moHicanieîi7é; Lisbonne, 1625, 'm-k°;—Ex-
plicaçâo dos Segredos da Musica, inédit, ma-
nuscrii de la Bibliotlièque royale de Lisbonne.
F. D.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
* FBîïiKAKîJEîS {Juan), capitaine {conquis-
tador) et navigateur espagnol, mort en 1538.
En 1531 il étaifà Nicaragua, et amena avec le
capitaine don Sébastien de Benaicaçarun sccoLirr,
469 FERNANDEZ
de trente hommes et de douze chevaux à Fran-
cisco PizaiTo, au moment où ce célèbre aventurier
venait de s'emparer de la province de Puerto-
Viejo. Mécontent du service de Pizarro, Fer-
nandez passa (1633) à celui de don Pedro de
Alvarado , officier qui s'était distingué dans la
conquêtedu Mexique etavait été nommé adelan-
tado, ou gouverneur, de toute la partie du Pérou
-qu'il pourrait découvrir tiors des pays déjà pos-
sédés par Pizarro. Fernandez avait fait plusieurs
fois le trajet entre le Chili et le Pérou en cô-
toyant les terres ; l'adelantado lui coaiia sa Hotte
en qualité de pilote, et le chargea d'explorer la
côte d'Amérique depuis Puerto-Viejo jusqu'aux
confins du gouvernement de Pizari-o, et d'en
prendre possession devant notaire. Fei'nandez
fut ensuite envoyé à Nicaragua et à Panama pour
y chercher les troupes laissées par Alvarado, ci
reçut ordre (1534) de longer le rivage avec sa
tlotte, tandis que l'adelantado marchait par terre
sur Quito. Don Diego de Almagro, qui tenait ie
parti de Pizarro, écrivit aussitôt à Nicola de
Ribeira et à ses partisans de Pachacamà de se
saisir de Fernandez et de ie pendre; mais ce pi-
lote échappa au danger en ne relâchant pas sur
le point où l'embuscade était tendue. Peu après,
Alvarado ayant fait une convention avec Pizaiio
Bt Almagro, par laquelle, moyennant 120,000 cas-
tellanos (1), il renonçait à toute prétention sur
le Pérou et cédait ses navires à ses competi-
teui's, Feruandez se vit contraint de repasser
jous l'autoi'ité de Pizarro , qui lui pardonna et
le nomma même au commandement d'un galion.
En 1538 Fernandez accompagna don Antonio de
Sedeno, chargé par le gouvernement d'IIispa-
liola (2) de soumettre l'île de la Trinidad. Sedeno
Jt Fernanf^lez, au lieu de s'acquitter de leur mis-
sion, débarquèrent sur le continent pour décou-
i^rii la province de Meta, qu'on prétendait riche
m mines d'or et d'argent. Après avoir défait et
fait prisonnier le licencié Frias qui voulait les
"aire rentrer dans le devoir, ils s'avancèrent dans
es provinces d'Anapuya et de Orocoma y , où
Is furent reçus amicalement. A leur entrée dans
e pays de Gotocjuaney, ils furent obligés d'enle-
ifer un fort construit en bois , dont les pieux,
mtremêlés de joncs, laissaient de petites ouver-
lires par lesquelles les Indiens lançaient une
^rèle de flèches empoisonnées. Repoussés le
premier jour, les Espagnols revinrent à la chaige
e lendemain. Après un combat meurtrier, les
Indiens se retirèrent dans leurs forêts, mais sans
s'être laissé entamer. Sedeno fut obligé de
i'ariêtei' quelques jours en cet endroit, pour
soigner ses blessés. L'expédition se remit en
marche par le 12° de latitude nord, à travers une
plaine déserte, coupée de rivières. La chaleur
était accablante , le gibier était abondant, mais
les autres vivres manquaient. Une partie de la
(1) Horre-Ji, Zarntf- et d'aulres liislohcns disent 100,000
pesos (in 2,000 tnarc;,
(2) Depuis Sairil-Domingue et Haïti.
470
troupe se mutina , et les chefs ne trouvèrent
moyen de rétablir l'ordre qu'en faisant pendre
un officier nommé Ochoa et un autre révolté.
Sedeno passa de là dans le Cataparo, où il y
avait du maïs en abondance. Il résolut d'y hi-
verner ; mais il tomba malade, et mourut. Juan
Fernandez, acclam.é chef suprême , lui survé-
cut peu. Les Espagnols revinrent sur leurs pas,
et après mille fatigues, mille privations et des
combats continuels, qui les décimèrent , attei-
gnirent enfin les uns Venezuela , sous la con-
duite de Ger. Reinoso , les autres Cubagua, sous
celle de Diego de Lusada. Alfred de Lacaze.
Goma.-a, Hist. de las Indias, lib. V, cap. m. — Her-
rera, Descripcion de las Indias occidentales, décart. VI,
lib. III, cap. xvr, et lib. V, cap. viir. — AgostiQo de Za-
rate, Hist. délia Conquista del Peru, lU). II, cap. 1. —
Cornent, real., lib. I, cap. xm,
Garcilasso de La Vcj
xtv et XV.
FERNANBEZ (Juan), navigateur espagnol ,
mort en 1576.11 n'existe pas de renseignements
biographiques sur la première partie de la vie de
ce navigateur. Plusieurs auteurs le confondent
à tort avec le précédent, Juan Feruandez était
pilote, et naviguait sur les côtes de l'Amérique
espagnole; il remarqua que les vents du sud l'é-
gnaient presque constamment dans ces parages et
gênaient les rapports maritimes entre le Pérou et
le Chili, et dont la traversée n'exigeait pas alors
moins de six mois. Il imagina que peut-être cet
obstacle n'existait pas au large, et s'aventura assez
loin en mer pour chercher des vents plus favora-
bles. Cette idée ingénieuse fut couronnée de suc-
cès, et Juan Fernandez, arrivé à une certaine dis-
tance, fut porté sur les côtes du Chili avec une
grande rapidité, ce qui lui permit de passer de
Calao au Chili en trente jours (1), merveille
nautique qui lui valut une accusation en règle
comme pratiquant !a sorcellerie. Par bonheur, les
inquisiteurs de Lima voulurent bien l'absoudre,
lorsqu'il eut prouvé au saint-office que cette pré-
tendue sorcellerie pour laquelle on l'avait amené
devant le tribunal avait son explication naturelle
dans la connaissance de certains courants qu'il
fallait aller chercher à 400 lieues des côtes. II
recommença plusieurs fois cette traversée, et
en 1563, allant de Lima à Vadivia, il découvrit
à 150 lieues ouest des côtes du Chih, par 33° 40'
de lat. sudetSO" 18' 40" de long, ouest, deux îles
qui depuis ont porté son nom. La Plus grande,
appelée Isola Mas-a-Tierra (île Plus près de
Terre), porte plus spécialement le nom de Juan
FenuDidez : c'est une île de forme irrégulière,
s'étendant de l'est à l'ouest , ayant environ cinq
lieues d3 long sur cinq de large. La seconde, nom-
mée Isola Mas-a-F'uero (île Plus en Dehors),
n'a qu'une lieue d'étendue. Un troisième îlot ou
plutôt un rocher porte le nom (V isola del Ca-
brilo (île du Cabri). L'extérieur de ces terres
présente un aspect sauvage et déscié; l'accès en
est difficile : néanmoins Juan Fernandez y des-
(1) Ce passage s'accomplit aujourd'hui en seize ou dix-
liuil jours avec des veuts favorables.
471
FEBNANDEZ
472
cendit. Il n'y rencontra aucun habitant , mais il
fut enchanté de la fertilité de sa découverte.
Partout il trouva de gracieux paysages, fécondés
par de belles nappes d'eau tombant de rocher
en rocher et se perdant dans d'ombreuses forêts
de cèdres rouges, d'arbres à piment, de myrtes et
d'autres végétaux utiles ou précieux. Une quan-
tité innombrable d'oiseaux d'espèces diverses
animaient ces solitudes; de nombreuses troupes
(le phoques sommeillaient sur les rivages , où
fourmillaient les tortues , les crustacés et les
coquillages de toutes espèces. La mer environ-
nante contenait en abondance des congres, des
brèmes, des morues, des anges de mer, des
cavaliers, et quantité d'autres poissons délicieux ;
tout enfin y promettait à l'homme une nourriture
facile et abondante. Juan Fernandez tint sa dé-
couverte cachée durant plusieurs années, pendant
lesquelles il en sollicita la concession du gou-
vernement espagnol. II ne l'obtint que vers 1572.
Il établit alors à Mas-a-Tierra une petite colonie
(|ui aurait pu vivre heureuse; mais la nostalgie,
kl paresse, l'inconduite, découragèrent les arri-
vants. Us partirent bientôt , ne laissant d'autre
f l'ace de leur court séjour que quelques chèvres
«[ui se multiplièrent tellement, que durant de lon-
gues années les navigateurs des mers du Sud
allaient aux îles Fernandez s'approvisionner de
ces animaux, et qu'aujourd'hui encore ils forment
laprincipàle richt'sse de ce groupe(l). Fernandez,
dégoûté du métier de colon, reprit la mer, et dé-
couvrit, en 1574, les îles San-Felice etSan-Am-
bor ou Ambrogio (2), situées par 27° de lat.,
82° 7' de long, et à cent quatre-vingts lieues ouest
de Copiapo (Chili ). Ces deux îles étaient désertes.
On n'y trouva que des phoques et des crabes.
Leur sol semblait être le produit d'anciens vol-
cans éteints. San-Felice était surtout remarquable
par un rocher qui, dans presque tous ses points
de vue, oitVait l'image d'un vaisseau sous toutes
voiles. En 1576, Fernandez s'avança encore plus
au large, et après une navigation d'environ un
mois il atteignit, rapporte-t-on, une grande terre,
dont les naturels l'accueillirent avec bienveil-
lance. Us étaient blancs , bien faits et couverts
(le vêtements de toile. Les Espagnols convinrent
de garder le secret sur leur prétendue décou-
verte , et en effet à leur retour au Chili il n'en
fut pas question. Ce n'est qu'après la mort de
Fernandez que quelques personnes affirmèrent
tfue ce navigateur leur avait confié une partie de
ion secret. Juan-Luiz Arias, dans le hvre qui
renferme cet épisode, nomme un officier au-
quel Fernandez aurait montré la carte de la
terre qu'il avait reconnue. Quoi qu'il en soit,
l'affaire en resta là, et aucune tentative ne fut
(1) Ces lies devinrent ensiiile le séjour de quelques
naufragés, entre autres de l'Écossais Alexandre Seikirk
( voy. ce nom ), dont les aventures ont fourni à Daniel de
Kaé ie sujet du roman si connu sous le nom de Mobinson
Criisoë.
(21 Ces deux îles, ainsi qu'un rocher qui les avoisine., ont
«té appelées aussi Terre de Davis.
faite pour retrouver le mystérieux continent.
Plusieurs géographes modernes se sont épuisés
en conjectures sur la découverte de Fernandez ;
les uns ont voulu y voir la Nouvelle-Zélande j
malgré l'espace immense qui la sépare du Chifi.
la faiblesse du bâtiment espagnol , son mauvais
équipement, son peu de vivres, etc.; d'autres
ont supposé une grande terre existant dans 1(
grand Océan , vers le 40° austral , et échappé*
jusque ici aux recherches des navigateurs. Ces
deux hypothèses paraissent également inadmis
sibles, et tout porte à croire que l'on doit rejetei
la révélation attribuée à Juan Fernandez au ranj
des mystifications géographiques assez nombreu
ses à l'époque du pilote espagnol, où le mer
veilleux et même l'impossible trouvaient facile
ment créance.
Selon une tradition admise par plusieurs bio
graphes, l'île de Pâques, vue en 1722, par Rog
gewin , aurait eu pour premier explorateur Juai
Fernandez, et cette découverte se serait accomplii
en 1576, c'est-à-dire en l'année même où 1
marin espagnol cessa de vivre. L'île de Pâques
si rarement visitée , n'est qu'à 600 lieues de 1
côte, et il est infiniment probable que Juan Fer
nandez put l'atteindre durant la série d'expé
riences nautiques qu'il tentait. D'autres histo
riens espagnols supposent que cette découvert!
fut reculée jusqu'en 1670, et qu'elle fut due
don Philippe Gonçalez , commandant d'un naj
vire nommé la Rosalia. Le commandant Du
perrey, dont le nom fait si bien autorité en cei
sortes de matières , paraît être persuadé qu'î
faut en restituer l'honneur à Juan Fernandez;
auquel du reste on attribue encore d'autres dél
couvertes. F. D. et A. de L.
Jean Luiz Arias, Mémoire pour recommander au ro
la conversion des îles nouvellement découvertes ( e(
espagnol); 1609. — Anson, f^oyage round the IForld i\
the years 1740 to 174S. — Alex. Dalrymple, A CoUectioi
of South Sea Foyaçies. — F réville, Voyages de la met
du Sud par les Espagnols et les Hollandais. — Doi
VWoA, Relacion del Fiage, lib. Il, cap. iv.— Molina
Saggio Sulla Storia naturale de Chili ( Bologne, I8I0)
libri, § 1, 2 et 3.
* FERNANDE^: ( Thomus). Selon Cordovai
il y eut au seizième siècle un navigateur de cl
nom, que le célèbre Candish trouva seul vivani
dans cette cité imaginaire que Ton supposai
exister vers les régions Magellaniques etquel'o^
désignait sous le nom de la Ciudad de los Ce\
sares ; mais cet unique habitant d'une espèc(
d'Eldorado, qui ne vit plus aujourd'hui q^
dans les légendes, n'a probablement pas plus (
réalité que la ville enchantée qu'il habitait.
Ferd. Denis.
Claudio G.Ty. Historia flsica y politica de Chili, t.
— Du Petit-ïhouars, Foyage autour du Monde sur U
frégate La Vénus.
* FERNANDEZ (Alfonso) , poëte espagnol
peu connu; il choisit Gonzalve de Cordoue poui
le héros d'un poëme qu'il publia sous le tifrt
d'Hisiorla Parthenopea, et qui, divisé en huii
livres, parut à Rome, en 1516. C'est une rarett
473 ■ FERNANDEZ
. bibliographique fort difficile à rencontrer, mais
]ui n'offre d'ailleurs rien d'intéressant. G. B.
Antonio, Biblioth. Hispana nova, t. I, p. 23.
! FERNANDEZ (Diego), capitaine (conç'Mis-
Itador) et historien espagnol, né à Palencia
royaume de Léon), vivait en 1571. Il embrassa
là carrière des armes , s'embarqua pour le Pérou
'Fers 1545 , et prit part aux différentes luttes qui
leurent lieu entre les chefs espagnols. En 1553
ît 1554 , il combattit pour la cause royale
sous les ordres de don Alonso de Alvarado,
jorregidor et capitaine général de los Charcos,
contre Francisco Hernandez Giron (voy. ce
nom ) , capitaine espagnol , qui avait levé l'éten-
dard de la révolte et s'était fait proclamer juge
suprême dans Cusco ( 27 novembre 1553).
Après des succès variés , Giron ayant été aban-
lonné par ses lieutenants , fut arrêté dans la
vallée de Xauxa ( 24 novembre 1554) et décapité
4 Lima. Cependant le calme ne fut complètement
rétabli au Pérou que par l'arrivée (6 juillet
f\ 1555) de don Hurtado de Mendosa, marquis de
Cauete. Ce nouveau vice-roi attacha à sa per-
sonne Diego Fernandez en qualité d'historiogra-
plie. Ce fut alors que Fernandez commença
son Historia del Peru. Plus tard, il revint en
Espagne, et, sur l'invitation de don Sandoval ,
président du conseil des Indes, étendit de beau-
coup son ti'avail, auquel il ajouta une première
partie. L'ouvrage complet fut publié sous ce titre :
Primera et secundo parte de la Historia del
Peru (1); Séville, 1571 (2), in-fol. Gàrcilassode
Vega attaque vivement Diego Fernandez, et lui
reproche sa partialité ; il est probable qu'un mo-
tif contraire décida le conseil des Indes a inter-
diie la publication de V Historia del Peru dans
les provinces soumises à sa juridiction. Diego
Fernandez avait beaucoup vu : il avait été acteur
dans les premiers drames qui suivirent la décou-
verte du Pérou; il en connaissait tous les per-
sonnages , et savait les motifs secrets qui avaient
fait agir chacun d'eux; ses révélations devaient
doue effrayer plusieurs de ses contemporains
haut placés. Quoi qu'il en soit, l'œuvre de Diego
Fo mandez est aujourd'hui regardée comme le
plus fidèle récit des faits relatifs à la conquête
du Pérou. A. de Lacaze.
Garcilasso de Vega, Cornent, real., part. Il, lib. VI et
VU. —Nicolas Antonio, Bibliotheca {Bova ) Scriptorum
Hispanise, III, 283.
FERNANBEZ (G0WSa?0)»E OVIEDO Y VAL-
nEz, voyageur et historien espagnol. Voy. Oviedo.
* FERNANDEZ (Lticas), écrivain drama-
tique espagnol, né à Salamanque, vivait au com-
mencement du seizième siècle. Il publia en 1514
dans sa patrie un volume petit in-foho, devenu
excessivement rare, et intitulé : Farsas y Eglo-
gas al modo y estilo pastoral y castellano.
Il renferme six compositions dramatiques ; l'une
d'elles est qualifiée de comedia; une autre est
474
(11 Et non Piru, comme l'écrit Nicolas Antonio.
(2) Et non 1671, comme l'écrit Eyriès, dans la Biographie
*< Mlchaud.
désignée sous le nom d^auto, o farsa, et deux
sous celui de/arsa, o quasi comedia. Fernandez
imita le genre de Juan de La Enzina ( voy. ), qui
avait été accueilli avec grande faveur; mais il
offre peu d'intérêt. G, B.
Ticknor, History of Spanish Literature, t. IH, p. 2.SG.
* FERNANDEZ (/acoôo), peintre espagnol,
vivait en 1535. Il appartenait à l'école de Séville
et peignait l'histoire. On connaît de lui la décora-
tion de l'ancien maître autel de la chapelle d(^
Saint-Pierre dans la cathédrale de Séville. Ces
tableaux ne sont pas sans mérite, quoique d'un
style sec, selon la manière du temps.
F. Quilliet, fie des Peintres espagnols.
FERNANDEZ ( Francisco ) , peintre et gra-
veur espagnol, né à Madrid, en 1605, tué en
1646. Il était élève de Vicente Carducho. Il pei-
gnait le portrait et l'histoire avec beaucoup de
talent, et fut employé à la décoration du palais
royal de Madrid. On possède de lui plusieurs ta-
bleaux dans le couvent de la Victoria, entre autrer.
les Obsèques de saint François de Paule; Saint
Joachim ; Sainte Anne. Ces morceaux, quoique
détériorés, montrent à quel point Francisco Fer-
nandez savait dessiner. Un jour, après avoir
dîné chez son intime ami le maître d'école
Francisco de Varras , une dispute s'éleva entre
eux, et devint si vive que Varras, échauffé par
le vin et la colère, frappa son ami d'un coup de
poignard et i'étendit mort. Fernandez fut le pre-
mier maître de José Donoso, et fit une partie des
eaux-fortes destinées à l'ouvrage de Carducho
{voy. ce nom) intitulé Dialogo de la Pintura;
Madrid, 1633, in-4°.
Palomino Velasco, El Museo pictorico. — F. Quilliet,
fie des Peintres espagnols.
* FERNANDEZ (Ltiis ) , peintre espagnol , né
à Séville, vivait en 1 580. Ce peintre peignait
l'histoire. Il possédait une couleur brillante,
avait de l'expression et donnait à ses compo-
sitions de genre un grand charme. Ses tableaux,
qui ont été souvent confondus avec ceux de Luis
Zambrano, sont aujourd'hui perdus ou inconnu.-;.
Luis Fernandez a formé d'excellents élèves, entre
autres Herrera le Vieux, Agustin d'el Castillo ,
et Francisco Pacheco.
F. Quilliet, yie des Peintres espagnols.
* FERNANDEZ (Luis) , peintre espagnol , m'',
à Madrid, en 1596, mort dans la même ville, en
1654.11 était élève d'Eugenio Caxes, dont il suivit
le dessin , la couleur et le style. Il se faisait re-
marquer, comme son maître , par une imitation
franche de la nature, des teintes suaves et imc
grande pureté de trait. On admire surtout df
cet artiste la Vie de saint Raimond , série de
tableaux qui orne le couvent de la Merceda, à
Madrid, et que Fernandez termina en 1625. Il
avait décoré à fresque , à l'aquarelle et à l'huile,
une chapelle de l'église de Santa-Criiz : la vie de
la Vierge y était représentée dans toutes ses
phases ; un incendie dévora cette œuvre.
Palomino Vclasco, El IPtvseo pictorico. — Quilliet,
Dictionnaire des Peintres espagnols.
475
FERNANDEZ
FERNANDÈZ (Juan-Patricio) , missionnaire
espagnol, mort en 1672. Il appartenait à la Com-
pagnie de Jésus, fut envoyé dans les missions
du Paraguay, et y demeura plusieurs années. On
a publié sous son nom Eelacion historica de
la Mision en la nacion Chiquifo.s ; Madrid,
(726, in-S"; trad. en allemand, Vienne, 1729,
in-8"; en latin, ibid., 1733, in-4". Cet ouvrage
donne peu de détails intéressants. Il ne renferme
guère que des faits particuliers à la mission.
Nicolas Antonio, Bibliotàeca liUpana nova.
* FERNANDEZ DE CASTBO (Antonio) ,
peintre espagnol, mort à Cordoue, le 22 avril
173-9. Il était prébendier de la catliédrale de
Cordoue. Il manifesta son goût pour la peinture
par deux tableaux qu'il fit pour la salle capitu-
laire de son église; i'un représentait Zff Concep-
tion , l'autre ^aint Ferdinand ; il fit ensuite
plusieurs compositions assez vastes. Quoique
Fernandez de Castro ait été classé par Quilliet
parmi les peintres de l'école de Séville , on ne
peut guère voir en lui qu'un habile amateur.
Quilliet, Dictionnaire des Peintres espujinols.
* Fli^RNANDËZ DE «ïîJADAtUPE (Pedro) ,
peintre espagnol , vivait en 1527. Il résida cons-
tamment à Séville , où il laissa de nombreuses
peintures à fresque. Plus que tout autre artiste,
il contribua à la décoration de la catliéîlrale de
cette ville, dont il coloria en 1509 les vingt-deux
statues de la coupole, et en 1510 les cinq situées
près de la cour des Orangers. La Cèna et les
cinq statues en grisaille qui se trouvent daiis la
même coupole sont aussi de Fernandez. Eu 1527
il exécuta le grand écusson pour le maître autel
et décora l'autel antique de la chapelle Saint-
Paul.
Quilliet, Dictionnaire des Peintres espagnols.
* FERNANDEZ DE HE31EDJA, (Juan-Fl'an-
risco ), littérateur espagnol , vivait vers la lin du
dix-septième siècle. Il publia à Madrid, eu 1682 ,
in-4°, une espèce de reciîci! d'emblèmes qu'il
intitula Trabajos y A/mes de HemUes, et qui
(^st une des plus médiocres productions qu'offre
ce genre , justement délaissé. G. B.
Latana, B'ùlioth, nova, t. IV, p. 3. — Tic.knor, fjist. of
Spanish LitcraUire, t, III, p. 19S.
FERNANDEZ s)E LARED® (Jitan), peinti'e
espagnol, né à Madrid, en 1C32, mort en 1692.
î! était élève de Francisco Rizzi, qu'il aida pour
l'ornementation du Retire. Fernandez de Laredo
devint un des plus habiles fresquistes de son
temps, et ses talents lui méritèrent de Charles II
le titi'e de peintre du roi (24 janvier 1687). 11
l'empiaça Rizzi dans la direction des travaux de
peinture exécutés dans les propriétés royales, et
peignit plusieurs tableaux pour quelques établis-
sements religieux.
Quilliet, nutionnaire des Peintres espa.çinols.
* FBRNAiSDEZ Y PESiALTA (Jîf«?i), écrivain
espagnol, vivait au commencement du dix-
septième siècle. Il composa un recueil de contes
et nouvelles qu'il intitula Para .« ( Pour soi-
même ) , prenant ainsi la contre-partie des titres
- FERINEHAM 476
que Montalvan et Matias de los Reyes avaient
donnés à leurs ouvrages ( Para todos et Para
algunos). Le volume de Fernandez, imprimé en
1621, est devenu presque impossible à rencon-
trer. G. B.
Ticknor, History of Spanih Literature, t. III, p. 106
FERNANDEZ DE CORDOUE. VOîJ. GONSALVK.
FERNANDEZ XIMENEZ DE NAVARETTE.
Voy. Navarette.
FERNANDEZ {Geronimo). Voy. Toribio.
FESiWANDEZ. Voy. Hernandez.
FERNANDi (Francisco) , surnommé l'Impé-
l'iali , peintre italien , vivait à Rome vers 1730.
On a de lui : Le Martyre de saint Eustache,
qui décore l'église du mêine nom à Rome. C'est
un ouvrage bien conçu et d'un bon coloris.
Guida di Iloma. — Filippo Tili de Città di Castello,
Descrizione délie Pitiure, etc. — l.arizi, Storia pittoricri
* FERNAU ( Charles ) , connu sous le noni
de Sébastien-François Daxemberger, poëtf
allemand, né à Munich, le 3 octobre 1809. Il
est fils d'un chaudronnier, qui le fit étudier dans
sa ville natale et plus tard à Berlin et à Gœttin-
gue, où il se prépara à la pratique du droit.
Employé d'abord au ministère de l'intérieur, il
devint ensuite secrétaire du prince héréditaire,
depuis roi de Bavière, Maximilien II. En 1843 il
fut nommé conseiller d'État et en 1847 conseiller
ecclésiastique etd'instructionpubhque. En 184911
fut élu membre de l'assemblée nationale de Franc-
fort. Il s'y posa en défenseur de la monarchie
constitutionnelle et de l'indépendance de la Ba-
vière. Outre des contes et des légendes en vers,
insérés dans le Damenzeitung (Journal des
Dames) de Spindler,on a de Fernau ; FaUjui,
oder Blaetter ans dem Leben eines Dichteis
( Edgar, ou pages de la vie d'un Poète) ; Munich,
1838; _ Mythische Gedichte (Poèmes my-
thiques) ; Munich, 1835; — Gedichte (Poésies);
Ratisbonne, 1845 ; — Béatrice Cenci; — Ulrich
Schwars, ; — Bianca, Cqpello ; — Bas Fest
der M'usen (La Fête des Muses) ; Munich, 1844.
Conversations- Lexikon.
* FERNEHAM(^'^^co^rt.s «e), médecin etnatu-
raliste anglais, mortàDurbam, en 1241. Il fut élève
de l'université d'Oxford, puis des universités de
Paris et de Bologne. Son goût pour la botanique
lui fit entreprendre de longs voyages, après
lesquels il revint dans sa patrie, où l'attendait
une réputation brillante. Le roi Henri III se
l'attacha comme médecin; il s'occupa beaucoup
d'astrologie judiciaire, et cette étude agit de telle
sorte sur son esprit qu'abandonnant l'art de guérir^
il ne s'occupa plus que de théologie. On voulut"
le nommer évéque de Chesîer, mais il s'y refusa.
Vaincu plus tard par des sollicitations puissantes,
il monta sur le siège de Dnrham, et mourut
dans un âge avancé, laissant sur la médecine,
les sciences naturelles et la religion, beaucou[)
d'écrits , qui sont probablement perdus aujour-
d'hui. Emile BÉGiN. j
Documents manuscrits de la Bibliothèque d'Oxford, \
477
FERNEL (Jean), célèbre médecin français,
surnonfinné le Galien moderne, naquit en 1497,
suivant la version la plus probable , à Clermont en
Beauvoisis, et mourut le 26 avril 15â8. Il fit ses
premières études dans sa ville natale, et vint à l'âge
de dix-neuf ans les terminer à Paris, au collège de
Sainte-Barbe, qui jouissait dès lors d'une grande
célébrité. Là, grâce à une remarquable aptitude,
secondée par une opiniâtre application, il se dis-
tingua tellement dans les mathématiques, la phi-
losophie et les lettres, qu'à peine reçu maître es
arts il fut pressé d'accepter une chaire impor-
tante dans un collège de la capitale; et peut-
être eût-il été perdu pour la science sur laquelle
il devait jeter tant d'éclat, s'il n'eiit préféré se
consacrer tout entier dans la retraite à ses
études favorites. Obligé, à peu de distance de là,
de quitter Paris pour rétablir sa santé, fatiguée
par de longues veilles , il y revint bientôt, avec
l'intention d'y choisir une carrière. Après quel-
(jue hésitation , il se détermina pour la méde-
cine; et comme sa famille avait peu d'aisance, il
résolut pour subvenir aux frais de son séjour
à Paris, d'enseigner la philosophie au collège
de Sainte -Barbe tout en poursuivant ses
("tudes médicales. Reçu docteur en 1530, et ma-
rié deux ans plus tard , il finit, sur les instances
de sa femme et de son beau-père, par aban-
donner, bien qu'il s'y montrât fort habile , l'é-
tude des mathématiques et de l'astronomie, qui
l'entraînait dans des dépenses ruineuses, parce
qu'il faisait construire à grands frais des instru-
ments chez lui. Livré exclusivement dès lors à la
.pratique, et nommé professeur aux écoles de
médecine en l534,Fernel se trouva en quelques
années à la tête de l'enseignement , et acquit
la réputation d'un des premiers praticiens de son
ivMnps. C'est alors qu'au milieu des occupations
multipliées de l'enseignement et de la plus vaste
clientèle , trouvant encore le temps de se livrer
à des travaux de cabinet , il conçut la pensée
de rassembler ce que les auteurs grecs, latins
et arabes pouvaient lui offrir d'excellent, pour
en composer un corps de doctrine approprié aux
besoins de son siècle et qui fîlit l'expression la
plus complète de la science d'alors : « quse vera
ac solida ab optimis quibusque, tum Graecis ,
tum Arabibus, firmrssimis argumentis probata
ad medendi usnm conducere observaveram ,
e.xcerpsi et in unura contuli. {Epist. dedic,
p. 3.) Tarn peccantqui a veferibus pervestigata
omnia compreheiisaque esse contendunt , quam
qui eisdem primam rerum cognitionem detra-
Imnt, illosque de veteri doctrinarum posses-
sione dejiciunt. •> (De nbdit. Rerum Causis,
prœf., 478). On a quelquefois regardé l'éclec-
tisme comme l'indice d'une certaine timidité d'es-
prit ou d'une tendance au scepticisme ; certes,
c'était faire preuve d'une indépendance d'esprit
p.t d'une fermefé de raison peu communes que
de s'en déclarer liautemeut le partisan, à une
épocpie où douter de l'infaillibilité des anciens, et
FERWEL ^73
en particulier de Galien, passait pour une hérésie
au premier chef.
Regardant la connaissance du corps humain
comme le point de départ de la médecine , Fer-
nel consacra ses premières publications et ses
premiers cours à l'anatomie et à la physiologie.
Le traité de Pathologie , son plus beau titre ,
suivit de près. Professeur éloquent , écrivain non
moins élégant que disert, artiste en l'art d'ex-
poser et d'enchaîner avec lucidité les doctrines
qu'il conciliait, tels furent ses succès , que de
son vivant même ses ouvrages , placés au rang
des classiques, furent lus et commentés dans les
cours comme ceux des pères de la science. Aux
suffrages des savants et du public vint s'ajouter
la faveur des gi^ands. Satisfait des soins que Fer-
nel avait donnés à Diane de Poitiers dans une
maladie grave, Henri II, devenu roi de France,
avait désiré l'attacher à sa personne à titre de
premier médecin. Fernel, alléguant l'état de sa
santé et le respect des convenances, avait décliné
cet honneur, qui lui paraissait revenir de droit
au médecin du feu roi ; mais à la mort de l'ar-
chiâtre, n'ayant plus de prétexte à faire valoir, il
fut contraint d'accepter ce poste , dont les exi-
gences allaient assez mal aux goûts du savant
et aux habitudes de sa vie. Obligé peu de temps
après de quitter Paris pendant un hiver rigou-
reux pour suivre le roi au siège de Calais , puis
de revenir à Fontainebleau, où se trouvait la
cour, il y perdit Madeleine Tournebue, sa
femme. Frappé douloureusement par ce coup im-
prévu, et atteint lui-même , à ce qu'il parait, de
la fièvre à laquelle sa compagne avait succombé,
Fernel ne lui survécut que quelques semaines.
II fut inhumé à Paris, dans l'éghse Saint-,iacqnes-
de-la- Boucherie. 11 laissait deux filles, aUiées à la
haute magistrature.
L'amour de l'étude fut chez Fernel une pas-
sion dominante , au point de lui sacrifier les
soins de sa santé. De mœurs rigides , d'un ca-
ractère défiant , avec une nuance de mélancolie ,
il se plaisait surtout dans les fonctions de l'en-
seignement et dans les travaux de cabinet. Et
ce qui ne laisse pas que de surprendre, c'est
qu'avec de tels goûts, ordinairement si peu com-
patibles avec la poursuite du gain , il devint le
plus riche praticien de son époque. Maison peut
dire que la fortune vint le trouver plutôt qu'il
n'alla au-devant d'elle, grâce à la libéralité des
grands de son temps , à l'affluence des malades
que lui attirait son immense rcjiutation , et enfin
aussi à l'écononiie et à l'esprit d'ordre qu'il por-
tait en toute chose. Fernel eut quelques détrac-
teurs. On lui reprocha de ne point user assez
fréquemmentde la saignée. Duret, qui ne pouvait
comprendre qu'onadmît d'autre autorité quecelle
d'Hippocratt", disait de lui assez plaisamment,
jnais à coup sûr très-injustement : F.rces Ara-
hiim vielle latïnitafis condidit. En revanche,
Fernel compte parmi ses admirateurs les plus
enthousiastes, j'allais dire les plus prévenus,
479
FERNEL
480
Bol'deu, qui n'hésite pas à le placer un peu au-
dessous d' Hippocrate et presque de niveau
avec Galien. Voyons donc ce qu'un examen ra-
pide de ses oeuvres nous permettra de penser, à
cent ans de distance, du jugement porté sur lui
par le médecin béarnais.
Partisan déclaré de l'analyse, possédant la
méthode de l'art des divisions à un degré in-
connu jusqu'à lui en médecine , Fernel partage
cette science en trois grandes divisions : anato-
mie et physiologie , pathologie , thérapeutique.
Chacune de ces divisions renferme sept livres;
peut-être sacrifie-t-il même en ceci plus qu'il ne
convient à la symétrie de son plan. Quelques
mots sur chacune de ces parties. Quoique Vé-
sale se soit fait gloire d'avoir été son disciple ,
et que Riolan fasse l'éloge de ses connaissances
anatomiques, on ne doit à Fernel aucune
découverte en ce genre. Cependant il rectifia
plusieurs erreurs de Galien et d'Aristote , et s'ef-
força de faire considérer l'anatomie comme la
base ferme et immuable de toute doctrine médi-
cale. « La connaissance du corps humain, dit-il, est
à l'art de guérir ce que la géographie est à l'his-
toire; c'est comme le sol sur lequel tout s'ap-
puie. >> On trouve dans les derniers livres de sa
pathologie de nombreuses relations d'autopsie,
dont plusieurs ne sont pas dénuées d'intérêt.
En physiologie Fernel suit tous les errements
de Galien , et, quittant le domaine de l'observa-
tion pour se lancer dans celui de la spéculation
pure (car la physiologie expérimentale n'était
pas encore née), il explique avec la foi inébran-
lable d'un dogmatisme absolu les mystères les
plus intimes de l'organisme , quœ sola cogita-
Uone discentitr, dit-il; fidèle néanmoins, lors
même qu'il s'égare, à cette belle méthode d'ex-
position qui ne l'abandonna jamais , et qui cons-
titue l'un de ses principaux mérites.
C'est encore pour ne pas se dépai'tir de la régu-
larité de son plan , et pour procéder du général
au particulier qu'il aborde la Pathologie par des
considérations abstraites sur l'étiologie et sur la
séméiotique , qu'il donne comme des axiomes ,
mais qui ne sont en réalité que des théories a
priori, de subtiles hypothèses, reflet des doc-
trines arabo-galéniques , alors acceptées sans
contrôle dans l'école comme la base inébranlable
de l'art de guérir. Ces généralités, qui com-
prennent les trois premiers livres, correspondent
à la Pathologie générale de nos jours. L'auteur,
analysant chaque symptôme, cherche à remonter
à sa cause et à en déduire les signes qu'il peut
fournira l'histoire des maladies, les indications
qu'il peut présenter à là thérapeutique. La pouls
et Yurine sont pour Fernel , comme pour tous
les médecins de ce temps , la base du pronostic
et du traitement : « le premier, en nous faisant
connaître , dit-il , l'état du cœur et des artères,
nous montre l'énergie dont jouit la faculté vitale;
la seconde, en nous décelant l'état du foie et les
qualités des humeurs, nous éclaire sur les mala-
dies qui en dérivent. » (Paih., lib. m, cap. 1 ).
L'uroscopie était tellement dans la tradition de
ce temps, « qu'il était passé en usage, dit Bayle,
pour les petites gens qui n'avaient pas le moyen
d'appeler le médecin , de lui envoyer leur urine,
sur l'inspection de laquelle l'Esculape consulté
décidait du traitement à suivre. ^> Les trois
derniers livres de la Pathologie sont consacrés à
la nosographie proprement dite , c'est-à-dire à i
une brève description des maladies alors ad-j
mises. L'auteur les divise en deux grandes clas- 1
ses : 1° celles qui n'occupent aucun siège déter-
miné, incertœ sedis : ce sont les fièvres; 2" les i
maladies spéciales ou locales , lesquelles sont in-
ternes ou externes, situées au-dessus ou au
dessous du diaphragme , et en outre desquelles
il admet des maladies totius substantix, telles
que les épidémies et les affections contagieuses.
On a reproché à Fernel trop de laconisme dans
ses descriptions , mais c'est un défaut du genre.
Ce qui s'explique moins, c'est qu'on ne trouve
pas dans ce traité de description spéciale des
fièvres éruptives , bien connues pourtant de-
puis les travaux des Arabes. Il n'y est pas ques-
tion non plus de quelques affections récemment
observées, telles que le scorbut , la coqueluche :
à l'exception cependant de la syphilis, dont Freind
érigea même le premier en doctrine la viru-
lence , l'attribuant à un agent occulte , conta-
gieux, qui une fois absorbé porte ses effets sur
l'économie tout entière, bien qu'il affecte de
préférence certains tissus et certaines régions.
Néanmoins, Fernel rejetait le mercure, et lui
substituait le gayac. Malgré ses défauts , il reste
dans la pathologie supérieur à tout ce qui avait
paru à cette époque , au point de vue surtout
de la clarté , de la précision et de la simplicité
de la classification. Certes personne n'a mieux
compris le rôle du médecin en présence du ma-
lade que celui qui a écrit ces lignes :
« Equidem nunquam uUum plane cognituin petii-
tusque perspectum morbum esse putaverim , nisi
compertum habeatur et quasi oculis cernatur quae
in liumano corpore sedes primario laboret, quis in
ea affectus sit praeter naturam, unde is processit,
utriim in ea sede genitus, an aliunde profectus , an
denique causa interior aliqua illuni foveat. »
Ne croirait-on pas, à la vue de ce programme,
lire la profession de foi d'un médecin de nos
jours? — Parmi les faits curieux que relate
notre auteur, je me bornerai à citer, parce
que des observations analogues ont été publiées
récemment comme nouvelles, des vomisse-
ments par luxation de l'appendice xyphoïde.
Rappelons aussi qu'en proclamant le cœur sus-
ceptible de toutes les affections qui atteignent
les autres organes {cor morbi omne genus
obsidet), et en décrivant quelques-unes d'entre
elles avec soin, il ouvrit une voie nouvelle à
cette branche, jusque là si peu avancée, delà
Pathologie.
Fernel suit dans sa Thérapeutique un plan
481 FERNEL
analogue à celui qu'il a adopté dans sa Patho-
logie; d&?i.-^-à\r& que, procédant du général au
particulier, il part de ce qu'il considère comme
les principes généraux de la science pour passer
aux règles particulières de la pratique. Le fameux
axiome Contraria contrariis curantur est
pour lui la boussole du praticien , le pivot de la
médecine pratique , et il appelle à son aide dans
le développement de cette proposition fondamen-
tale toutes les ressources de la dialectique la plus
subtile. Sans entrer dans une discussion qui se-
rait ici déplacée sur la valeur de cet axiome
et éur le sens qu'il faut donner particulièrement
au mot contraires, bornons-nous à dire que
telle est l'extension démesurée qu'il prend sous
la plume de notre auteur, qu'à force de s'étendre
et de vouloir tout expliquer, cet adage théra-
peutique finit par ne rien expliquer du tout,
et qu'il peut s'appliquer à toute espèce de trai-
tement. Mais on retrouve le grand praticien dans
les considérations qui suivent , et où Fernel pose
d'une main sûre les limites dans lesquelles doit
se renfermer la médecine expectantc , dont la
théorie de la Nature médicatrice, mise en
vogue par l'hippocratisme , avait fait tant
abus. Un précepte sur lequel Fernel revient fré-
quemment aussi dans plusieurs de ses ouvrages,
c'est de chercher à détruire la cause d'une ma-
ladie avant de s'en prendre à la maladie elle-
même. A cette occasion, il fait remarquer qu'il y
a souvent dans les affections pathologiques une
série de causes qu'il faut combattre et détruire
dans l'ordre de génération oii elles se sont pro-
duites , en commençant par les plus anciennes.
Cette méthode peut avoir quelque chose de spé-
cieux, mais elle est d'une application bien diffi-
cile, sinon impossible, sur le terrain de la pra-
tique , en raison des complications inextricables
\m naissent de ces causes , des phénomènes pa-
hologiques qui en résultent et des indications
;oinpiexes auxquelles celles-ci donnent lieu. Aux
iui)tilités dans lesquelles tombe l'auteur à pro-
)os de la distinction des causes, on reconnaît le
iisciple de Galien. Mais ce qui a plus lieu de
urprendre, c'est de voir ce grand esprit payer
a dette aux superstitions de son temps par sa
oi à l'uroscopie, voire même (qui le croirait.^) à
arnagie et à la démonologie ( De abditis Rerum
'ausis; lib. H, cap. 16).
Dans s,on Methodus medendi, il réduit à trois
ous les modes de médication : 1° évacuer Vex-
édant des humeurs ; et à ce propos il entre
lans de longs développements sur la question,
lors tant controversée, de la révulsion et de la
érivation ; 2" purger , et par là il entend toute
: lédication de nature à provoquer la sortie d'une
lumeur, par quelque voie que ce soit; 3° alté-
er ou restituer, c'est-à-dire ramener à l'état
ormal les parties viciées dans leur constitution,
a distinction des qualités des médicaments en
rimaires, secondaires et tertiaires repose en
rande partie sur des vues hypothétiques et con-
NOUV. PIOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
482
fuses, auxquelles l'analysé expérimentale n'a
pas présidé. — Les trois derniers livres de la
thérapeutique renferment la matière médicale
proprement dite, d'oii Fernel s'efforce d'élaguer
beaucoup de remèdes mis en faveur par une
aveugle polypharmacie , et dont l'efficacité ne lui
paraissait pas démontrée par l'expérience. 11
passe même sous silence les préparations mer-
curielles, aurifères, antimoniales et cuprifères
récemment introduites dans la pratique par les
alchimistes , et à l'égard desquelles sa position
scientifique lui commandait une sage réserve. Il
prétendait que les substances médicinales qui
se trouvent en chaque pays ont une certaine
affinité avec la constitution de leurs habitants :
argument emprunté à la philosophie des causes
finales. Il est fâcheux ( ce fut même son plus
vif regret à son lit de mort ) qu'une fin pré-
maturée n'ait pas permis à Fernel de publier les
observations qu'il avait faites sur l'action de
plusieurs substances médicinales , la partie ex-
périmentale ou empirique de ses travaux eût eu
tout à gagner d'être séparée de la partie dog-
matique. Aujourd'hui on ne lit plus guère
Fernel que pour connaître l'état de la médecine
à cette époque. La faveur extraordinaire dont
avaient joui ses ouvrages ne fut pas même de
longue durée ; le crédit des doctrines arabo-ga-
léniques avait baissé en proportion des progrès
que faisaient l'hippocratisme et la chimiâtrie.
Enfin, un siècle plus tard , la découverte de la
circulation du sang amenait une profonde révo-
lution dans la science. Fernel n'en restera pas
moins au premier rang dans celte grande œuvre
de restauration accomplie à l'époque érudite de
la science. «^Artem medicam pêne sepultam in
vitam revocavit » a dit de lui Guy Patin. Si les
théories galéniques tiennent malheureusement
plus de place dans ses écrits que l'esprit d'ob-
servation , la faute en est à son siècle , et on ne
refait pas son temps. On ne peut du moins re-
fuser à Fernel d'avoir été la personnification la
plus intelligente du sien dans l'art de systéma-
tiser les sciences et de coordonner les doctrines
de ses prédécesseurs , en les présentant sous la
forme la plus attrayante, dans un style d'une
pureté et d'une élégance soutenues.
Voici les titres des principaux ouvrages de
Fernel : De naturali parte Medicinœ libri
septem; Paris, 1542, in-ml. ; traité de physio-
logie devenu rare, parce qu'il fut réuni plus
tard aux autres ; — De evacuandi ratione liber;
Paris, 1545, in-S". L'auteur s'y élève contre l'a-
bus de la saignée ; — De abditis Rerum Causis
libri duo; Paris, 1548, in-fol., réimprimé au
moins trente ms ■ cet ouvrage, dans lequel
Fernel s'efforce d'expliquer le quid divinum
d'Hippocrate, est sous forme de dialogue; il a
moins de valeur que les suivants; — Jos. Fern.
Medicina; Paris, 1554, in-fol. : cet ouvrage
comprend la physiologie, la pathologie, la thé-
rapeutique et le traité précédent ; il en a paru
16
483
FERWEL — FÉROUX
484
plus de trente éditions en différents formats. Une
des plus estimées est celle qui a pour titre :
Jos. Fern. Ambïani Vniversa Medicina, tri-
bus et viginti lïbris absoluta; Paris, 1567,
in-fol. Cette édition est due à G. Plancy, neveu
de l'auteur, qui y a ajouté, dans les réimpressions
posthumes, une vie de Fernel. Le père de Fer-
nel était originaire d'Amiens : c'est sans doute
le motif pour lequel il prend lui-même le sur-
nom d'Ambianus ; — Therapeutices tmiver-
salis , seu medendi rationis libri septem;
Lyon, 1571, in-8° ; plusieurs éditions en différents
formats, et une traduction française par Duteil ;
Paris, 1648-1668, in-8°; — Febrium curan-
darum Methodiis generalis; Francfort, 1577,
in-S" ; traité posthume , publié par Lancy, et
traduit en français par Ch. de Saint-Germain;
Paris, 1665, in-S"; — Conslliorum inedicina-
lium Liber; Paris, 1582, in-8°; — De Lîiis Ve-
nerese Curatione, perfectissima liber ; Anvers,
1579, in-8"; publié par Giselinus; traduit en
français par Leiong; Paris, 1633, in-l2.
La Pathologie de Fernel , le plus estimé de
ses ouvrages, et qui se trouve, ainsi que les
précédents , dans ses œuvres réunies, a été pu-
bliée à part, et traduite en français en 1655 par
A. D. M.; in-8°. La partie chirurgicale des œuvres
de Fernel a eu aussi les honneurs d'une tra-
duction française, par Siméon de Provenchières ;
Paris, 1579, in-l2. Enfin, Fernel, qui était un
très-habile mathématicien, très-versé dans l'as-
tronomie, a publié, au début de sa carrière scien-
tifique , un traité de la sphère et un traité de cos-
mologie. 11 y donne, l'un des premiers, la mesure
à peu près exacte d'un degré du méridien.
D' C. Saccerotte.
De Thou , Historia met temporis, 1. XXI. — Sainte-
Marthe, Elogia Doct. Gall., L I. — Guill. Plantius, p-'ita
Fernelii, en tête des Œuvres de Fernel. — Bayle, Dic-
tionnaire historique et critique. — Kioy, Dictionnaire
historique de la Médecine. — Biographie médicale.
FERNER {Benoît), érudit et homme poli-
tique suédois, du dix-huitième siècle. 11 fit ses
études scientifiques à Upsal, et voyagea ensuite
dans plusieurs pays de l'Europe avec le fils d'un
négociant suédois. A son retour dans sa patrie,
il fut chargé de continuer l'éiucation du prince
royal , depuis roi sous le nom de Gustave III.
Il obtint le titre déconseiller de chancellerie, et
fut membre de l'Académie de Stockholm. Le
discours qu'il lut au sein de cette société sur
l'abaissement des eaux de la mer donne une
haute idée de ses connaissances scientifiques.
Un extrait de ce travail a été inséré dans l'En-
cyçXopédie méthodique.
bnc métfi. — Chaudon et Delandine, Nouv. Dictionn.
historique.
FERNO OU FERNîJS {Michel), biographe
italien, mort en 1513. Il fut avocat et notaire à
Milan. Il plaida quelque temps à Rome , où il
acquit les bonnes grâces du pape Alexandre VI.
En 1500, il entra dans la carrière ecclésiastique,
et devint chanoine. Ses ouvrages sont : Historia
nova Alexandri VI; Rome, 1493, in-4''; —
De Legationîbus italicis ad Alexandrum VI ;
ib., 1493, in-4"; — Jo. Antonii Campant Opéra,
cum ejus Vita a Ferno scripta et annotata;
ib., 1495, in-fol. ; —Epitomede Regno Sicilix
et Apulix ; 1496 , in-4'* ; — Vniversx Curise
Compendium; — Cento Facette; — De Vita
Virorum doctrina illustrium.
Argelati, Bibl. lUediol., II.
FERHOW ( Charles-Louis ) , critique alle-
mand, né le 19 novembre 1763, à Blumenha-
gen, village de rUckermark (Prusse), mort le 4
décembre 1808. Ayant gagné l'amitié du seigneur!
dont son père était un des serviteurs, il fut placé
par lui, à l'âge de douze ans, chez un notaire ed
qualité de clerc, et plus tard chez un apothicaire.]
Pendant qu'il apprenait à préparer les drogues^
il eut le malheur de tuer d'un coup de feu u
chasseur, et fut longtemps inconsolable de ce
accident. Son apprentissage achevé, il se rendi
à Lubeck, où il trouva une place qui lui laissî]
assez de loisir pour pouvoir travailler à s'ins
truire encore. De bonne heure il avait donné de.i
preuves de son goût pour la poésie et la pein
ture. Il s'exerça dans l'une et dans l'autre, et 1
connaissance qu'il fit du peintre Carstens luj
donna des idées plus élevées et plus justes su;
l'art. II renonça dès lors à l'état d'apothicaire pou
se consacrer tout entier à ses études favoritesi
A léna, où le conduisit un amour romanesquf
il se lia avec Reinhold et Baggesen ; ce demie
lui proposa de l'accompagner dans un voyag
en Suisse et en Italie. Rien ne pouvait être plu
agréable à un jeune homme avide d'instructioi
Plein d'admiration à l'aspect des chels-d'œuvi']
antiques, Fernow étudia avec ardeur, sous
direction de son ami Carstens, qu'il avait n
trouvé à Rome , la théorie et l'histoire de l'ar
ainsi que la langue et la poésie italiennes. E
retour en Allemagne (1803), il obtint la place c
professeur extraordinaire à léna, puis celle (1
bibliothécaire de la duchesse douairière Amél
deWeimar. On a de lui: Ital. Sprachlehre fn\
Deutsche { Cours de Langue italienne à l'usaj
des Allemands); Tubingue, 1804, 2 vol.; — Ro
mische Studien (Études romaines); 1806-0)
— Leben des Kuenstlers Carstens (Vie de l'a
liste Carstens); Leipzig, 1806 ; — Ariosto's L
benslauf (Vie de l'Arioste); Zurich, 1809; -
Francesco Peifrarca; Leipzig, 1818 (posthume
Ses œuvres complètes ont été publiées à Leipzig
1829. [Enc. des G. du M., avec addit. ]
Jeanne iichopuiiluiuer, yernow's Leben. — Conrersaij
Lex.
FÉROUX {Christophe-Léon, dom), écon<
miste français, né à Frévent (Artois), en 173
mort à Paris, en 1803. Il entra dans l'ordre dj n
Bernardins, et y devint prieur en 1757. H ) |
fit remarquer par l'intelligence avec laquelle j |
administra les diverses possessions monacali) j
qui lui furent confiées. 11 prit dans sa gestion dij (
idées pratiques qui le décidèrent à publier pli
[m
ma
iijilijt
'». n
1
i85 FÉROUX — FERRADIS
iieurs écrits ayant pour but de diviser ies gi-andes
)ropriétés et d'augmenter ainsi le nombre des
)ropriétaires , c'est-à-dire des citoyens inté-
essés à conserver et à féconder le sol. Féroux
tait (rès-partisan du système d'association, et af-
imiait que de ce côté les communautés religieuses
.valent fait beaucoup plus pour l'humanité que
3S individualités, quelque puissantes, quelque
liches, quelque bienveillantes qu'elles fussent.
I En effet, disait-il, quel est le laïque propriétaire
e la maison de Saint-Lazare qui voulût nourrir
•ois cents pauvres par semaine? » Dom Féroux
vait des connaissances très-étendues en agro-
omie et en arboriculture ; il était membre de
1 Société académique des Sciences. On a de lui :
'ues d'un solitaire patriote (anonyme); la
ayeet Paris, 1784, 2 vol. in-12; — Nouvelle
utitution nationale; Paris, 1788, 2 vol.
1-12 ; avec cette épigraphe tirée de La Balance
aturelle d'Antoine Lasalle : « Une collection
hommes vicieux ne fera jamais une nation
hommes vertueux : faites des hommes sains,
;lairés, puis vous les combinerez » ; — Vîtes
ûitiques sur la division légale des grandes
•opriétés; 1793, in-12.
jenco, Biographie littéraire; 183S, in-8°. — Qiiérard,
! France littéraire.
FERQtJARD i*^'', roi d'Écosse , vivait au sep-
sme siècle. En 622, il succéda à Eugène III,
n père. Au rapport de quelques historiens, il
gnadixans ; selon d'autres, il fut déposé par ses
jets, qu'il opprimait, et se donna la mort dans
prison où il était détenu. On lui reprochait
rtout de manifester trop de sympathie pour le
lagianisme.
FERQUARD II, roi d'Écosse , fils du précé-
nt, vivait au septième siècle. En 641, il rem-
iça sur le trône son oncle Donald. Son règne
ra dix-huit ans, et fut signalé par les vertus
li distinguent les rois dignes de ce nom.
liichanan, fJist. Scot.
*FEKRA!iOsco (Pie^ro ), peintre italien, flo-
sait au commencement du dix-septième siècle.
1 croit qu'il naquit à Lucques, mais qu'il étudia
Rome. Il figure en effet parmi les membres de
célèbre Académie de Saint- Luc, quoique par
a coloris il semble plutôt avoir pris pour
odèles les maîtres vénitiens. Vers l'âge de
;ntc ans il passa en Portugal, et ce n'est que
ns ce pays que son talent peut être apprécié,
cim tableau de lui n'étant connu en Italie.
E. B— N.
.ami, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
Siret, Vict. hist. des Peintres.
FERRACINO (Bariolomeo) , ingénieur ita-
n, né à Solagna, près Bassano, le 18 août 1692,
îrt dans la même ville, le 24 janvier 1777.
! d'une famille fort pauvre , il travaillait tout
jour avec son père et ses frères à abattre des
bres et aies scier en planches. Doué de rares
I spositions pour la mécanique, il inventa une
achine qui, mise en activité par le vent, faisait
I ouYoir une scie et divisait les planches sans
4S6
l'intervention d'un ouvrier ; il trouva ensuite un
appareil pour fabriquer des tonneaux d'une
grande solidité, quoique sans cercles, et quel-
f[ues autres ingénieuses combinaisons du même
genre. Il construisit en 1716 pour i'archi prêtre
de Sologna une horloge en fer fort juste et
très-simple , puis une machine hydraulique peu
compliquée, par le moyen de laquelle il fabri-
quait de grandes roues dentelées. Il mit aussi
une trompette à la bouciie d'une statue , et par
un coulant d'eau cette trompette modulait cinq
tons différents. Ces diverses inventions le firent
connaître, et bientôt il trouva des protecteurs qui
l'appelèrent d'abord à Bassano, puis à Padoue.
En 1749, il construisit, pour mettre la ville de
Trente à l'abri des inondations du Fersina, une
machine hydraulique qui élevait l'eau à trente-
cinq pieds et qu'une jeune fille suffisait pour
mettre en mouvement. C'était l'application de
la vis d'Archimède. Il fit ensuite l'horloge de la
place Saint-Marc à Venise, et dirigea la construc-
tion de la voûte de la grande salle à Padoue. Ce
fut à Ferracino que la ville de Bassano dut son
fameux pont de bois sur la Brenta, œuvre aussi
admirable par la hardiesse que par la solidité. Le
marquis dePoleni disait de lui « qu'il était étonné
de deux choses : la première, de ce que toutes
les fois qu'on présentait à Ferracino une ma-
chine, quelque parfaite qu'elle semblât, cet ha-
bile mécanicien trouvait le moyen de la simpli-
fier; la seconde, de ce qu'il produisait tous ces
chefs-d'œuvre sans avoir jamais pu apprendre
à hre ». Un monument fut élevé en l'honneur de
Ferracino par la ville de Bassano.
F. Memmo, f'ita e Macchine di Bartolomeo ferra-
cino. — Vei'ci, Elogio storico del fanioso ingegnere
Bartol. Ferracino. — Giambattista Baseggio, dans la
Biografla degli Italiani de Tipatdo. t VI, p. 464. — Ti-
raboschi, Storia delta Letteratura Italiana.
■*FERRACïiTî ( Giovanni- DomeMco) , pein-
tre de l'école romaine , né à Macerata ( Mar-
che d'Ancône), florissait à la fin du dix-sep-
tième siècle, il se fit connaître par de bons pay-
sages et surtout par des effets de neige qu'il se
plaisait à reproduire de préférence. Il fut élève
de Claude Lorrain qui l'avait comblé de bien-
faits, et qu'il paya de la plus noire ingratitude.
Des envieux ayant fait courir le bruit que Claude
faisait faire une partie de ses tableaux, Gio-
vanni Domenico, au lieu de démentir cette ca-
lomnie, contribua à la propager en réclamant le
salaire de travaux prétendus dont il aurait été
chargé par Claude Lorrain ; le grand maître le
fit venir, et, sans lui faire aucun reproche, lui
paya tout ce qu'il demandait; mais de ce jour
il ne voulut plus avoir d'élèves. K. B — n.
Lanz.i, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario —
Siret, Dict. hist. dcf Peintres.
* FERRADIS (Fî«cen< )> poëte espagnol du
quatorzième siècle , né dans la province de Va-
lence. Le Cancionero gênerai, Anvers, 1573,
renferme de lui trois pièces sur des sujets pieux.
Catalogue de la Bibl. imp.
16.
487
FERRAJUOLl — FERR AND
4SS
FKRHAJtrOL.1 ou FERRA JrOLO (Nunsio), j
dit degli Afflitti , peintre de l'école bolonaise ,
né en 1660, à Nocera-dei-Pagani (royaume de
Naples), mort à Bologne, en 1735. Il avait
puisé à Naples les premières notions de l'art à
l'école de Luca Giordano ; mais, étant allé jeune
encore se fixer à Bologne , il entra dans l'ate-
lier de Gian-Giuseppe del Sole. Il réussit assez
bien dans la peinture d'histoire , et cependant,
entraîné par sa vocation, il quitta ce genre
pour le paysage, dans lequel en effet il se montra
supérieur à la plupart de ses contemporains ,
sans cependant qu'on puisse, avec Orlandi, oser
le placer au niveau de Claude Lorrain et du
Poussin. Sa manière rappelle celle de l'Albane ,
mais avec moins de vérité dans le coloris , et
quelquefois aussi celle de Paul Brill. Peu d'ar-
tistes poussèrent aussi loin la connaissance de
la perspective ; ses paysages sont pour la plu-
part entièrement d'invention, et rarement ils rap-
pellent même de loin un site connu. Les petites
figures qui les animent furent souvent peintes
par Angelo Malavena. Nunzio eut pour élèves
Carlo Lodi et Bernardo Linozzi.
E. B— N.
Orlandi, Âbbecedario. — Lanzi, Storia délia Pittura.
— ^Ticozzi, Dizionario. — Maivasia, Pitture cli Bologna.
— M. A. Gualandi, Tre Ciomi in Bologna. — Winc-
kelmann, Neues Mahlerlexihon.
*FERRAMOLA (Fioravaïite), peintre italien,
né à Brescia, mort en 1528. Il se trouvait à
Brescia lors de la prise de cette ville par Gaston
de Foix (1512). Non-seulement le général fran-
çais fit sauvegarder la personne et les proprié-
tés de Ferramola,mais il lui fit de riches cadeaux,
honorant en lui l'un des plus habiles peintres de
l'époque. Ferramola a suivi complètement le
goût de Muziano, dont peut-être était-il élève ; il
a laissé des preuves de son mérite dans quelques
églises de son pays natal. Celle des Grazie
renferme un Saint Jérôme, tableau bien conçu
et embelli par un riche paysage.
Baldassare Zamboni, Memorie intorno aile pubbliche
Fabbriche più insigni délia città di Brescia; Brescia,
1798, in-fol. — Lanzi, Storia pittorica , III, 80.
PERRAND, nom commun à plusieurs person-
nages français, classés ci-dessous par ordre
chronologique :
FERRAND ( David), poète et imprimeur nor-
mand, vivait à Rouen dans le dix-septième siè-
cle. On n'a pas de détails sur sa vie. Ses ouvra-
ges sont : Réjouissances de la Normandie
sur le triomphe de la paix; Rouen, 1616,
in-8° ; — Figures des Métamorphoses d'O-
vide, sommairement décrites en vers ; Rouen,
1641, in-12; — Inventaire général de la
Muse normande, divisé en vingt-huit parties,
où sont décrites les choses remarquables ar-
rivées à Rouen depuis quarante ans; Rouen,
1655, in-8°. Ce recueil contient des épîtres, des
ballades, des chants royaux, des stances, des
complaintes , des sonnets , des épigrammes , etc.
La plupart de ces pièces sont , pour nous servir
des expressions de l'auteur, écrites en langue
purinique ou gros normand.
Fenand, préface de son Inventaire général.
FERRAND (Jacqucs), médecin français, né
à Agen, vivait dans le dix-septième siècle. On
a de lui : Traité de la Maladie de l'amour,
ou mélancholie erotique; Paris, 1623, in-S".
Ferrand regarde l'amour moins comme une pas-
sion que comme une affection , une infirmité
physique. Éloy attribue à Jacques Ferrand des
Lettres apologétiques xm^tvimé^?, à Paris, 1685,
in-1?. Il est difficile que deux publications sé-i»
parées par un intervalle de soixante-deux ans'
appartiennent au même auteur.
Jîloy, Dict. hist. de la Médecine.
FERRAND {Antoine), poète français, né à'
Paris, en 1678, mort dans lamême ville, enl719.'
Il était conseiller à la cour des aides de Paris.
Il s'exerça avec succès dans la poésie légère, fit
des chansons fort agréables et des épigrammes'
dignes de Rousseau. Ses poésies galantes, aux-
quelles on reproche pai'fois trop de licence, ne'
manquent d'ailleurs ni de grâce ni de natui'el ;|
on en jugera par la charmante petite pièce sui-
vante :
D'arnour et de mélancolie
Célemnus enfin consumé
En fontaine fut transformé.
Et qui boit de ses eaux oublie
.fusqu'au nom de l'objet aimé.
Pour mieux oublier Égérie,
Hier j'y courus vainement :
A force de changer d'amant
L'infidèle l'avait tarie.
La plupart des poésies de Ferrand ont été in-
sérées dans le recueil intitulé : Pièces libres ei
Poésies de quelques auteurs sur divers sujets ;
Londres, 1737, 1744, 1747, 1760, 1762, in-S":
Ce qui appartient à Ferrand dans ce recueil ne
va pas au delà de la page 20. Le président Hé-
nault attribue à Ferrand Les Caractères de
l'Amour, opéra donné sous le nom de l'abbéj
Pellegrin.
La femme de Ferrand, née de Belizani et morte
en 1740, est auteur d'un roman intitulé : Histoire
des amours de Cléante et de Bélise; Leyde,'
1691, in-12.
Voltaire, Siècle de Louis Xlf. — Ilénault, âlémoires';
— Quérard, France littéraire. :|
FERRAND (Jean), théologien français, ne
au Puy-en-Velay, en 1586, mort à Lyon, le 30
octobre 1672. Il entra dans la Société de Jésu^
en 1604, professa la rhétorique et la théologie
dans les écoles de son ordre, et devint recteur
du collège d'Embrun. On a de lui plusieurs ou-
vrages peu importants ; le principal est intitulé :
Disquisitio reliquiaria,sive de suscïpiendo et
suspecta earumdem numéro reliquiarum quee\
in diversis ecclesiis servantur multUudine ;.
Lyon, 1647,in-4°.
Solhwel, Bibliotheca Scriptorum Societatis Jesu.
FERRAND ( Louis ) , orientaliste et controver-
siste français, né à Toulon, le 3 octobre 1645,
mort le 11 mars 1699. Il commença ses études
489 FERRAND
dans sa ville natale, et les acheva à Lyon, où il
apprit l'hébreu et d'autres langues orientales.
Il se rendit à Paris, à l'âge de vingt ans, et fit en-
suite un voyage à Mayence, pour travailler à
une traduction du texte hébreu de la Bible. Ce
projet n'ayant pas réussi , il revint en France ,
étudia le droit, et se fit recevoir avocat au par-
lement de Paris. Mais il s'occupa beaucoup moins
de sa nouvelle profession que d'écrits de contro-
verse et de travaux sur l'histoire de l'Orient.
« Ferrand , dit Dupin , avait beaucoup d'érudi-
tion ; il savait les langues et avait lu l'antiquité.
[1 accable son lecteur de citations rapportées
assez confusément et sans beaucoup de choix. Il
n'écrit pas d'une manière sublime , et n'est pas
extrêmement fort dans le raisonnement. » On a
de Ferrand : Conspectus seu Synopsis libri
hebraiciqtil inscribitur: Annales Regum Fran-
cix et regum domus Othomanicx ; Paris, 1670,
in-8° ; — Réflexions sur la Religion chrétienne,
contenant les prophéties de Jacob et de Da-
niel, sur la venue du Messie, etc.; Paris,
1679, 2 vol. in-12; — Liber Psalmormn, cum
argumentis, paraphrasi et annotationibus ;
Paris, 1683, in-4" ; — Traité de V Église, contre
les hérétiques , et principalement contre les
calvinistes; Paris, 1685, in-12; — Réponse à
V Apologie pour la Réformation, pour les ré-
formateurs et pour les réformés; Paris, 1685,
in-12 ; — Psaumes de David en latin et en
français selon la Vulgate; Paris, 1686, in-12;
— Lettre à JfS' l'évéque de Beauvais sur le
monachisme de saint Augustin ; dans le Jour-
nal des Savants (30 août et 6 septembre 1688);
— Discours oit Von fait voir que saint Au-
gustin a été moine; Paris, 1689, in-12; —
Summa Biblica, seu dissertationes prolegome-
nïcw de Sacra Script ur a; Paris, 1690, in-12.
C'est le premier volume d'un ouvrage qui devait
en avoir huit. Ferrand laissa en manuscrit des
extraits considérables des Pères et des conciles.
Son frère, //e«rj Ferrand, pubha un recueil
d'inscriptions , sous ce titre : Jnscriptiones ad
res notabiles spécialités ab anno 1707 ad an-
num 1726; Avignon, 1726, in-4''.
490
Dupin, Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques, dlx-
scplième siècle, t. ÏX. — Nicéroa, Mémoires pour servir
à l'histoire des hommes illustres, t. I"' et X.
FERRAND ( ), voyageur français, né vers
1670, vivait encore en 1713. Médecin du khan
des Tartares , il fit partie de l'expédition que le
fils de ce prince dirigea contre la Circassie. Le
bey de Cabartha , dont il avait gagné l'affection,
voulut lui faire épouser une de ses nièces. Fer-
rand ne se prêta pas à ce dessein ; mais, touché
des attentions du bey , il se proposa de le bap-
tiser avec toute sa famille ; il différa pourtant
l'exécution de ce projet jusqu'à ce qu'il pût
envoyer de Batchi-Seraï un missionnaire pour
! leur enseigner les principes du christianisme.
Cette mission de Crimée était peu florissante à
cette époque ; mais en 1706 Ferrand fit venir de
Constantinople quelques jésuites, qui changèrent
entièrement la face des choses. Il fut toujours
traité avec beaucoup de considération par les
khans et les principaux personnages de la Crimée.
On a de lui : Réponse à quelques questions
faites au sujet des Tartares Cir casses, et
Voyage de Crimée en Circassie par le pays
des Tartares Nogaïs, insérés dans le t. III de
la nouvelle édition des Lettres édifiantes , et
dans le t. X du Recueil des Voyages au Nord ;
— Relation du sieur Ferrand , touchant la
Crimée, les Tartares Nogaïs et ce qui se
passe au sérail du kan des Tartares ; dans le
t. IV du Recueil des Voyages au Nord. Dans
ces divers opuscules, Ferrand fait connaître les
mœurs des Tartares, leurs relations avec les
Moscovites, et l'état physique des pays qu'il a
visités. E. B.
Ferrand , Ses ouvrages.
FERRAND {Jacques-Philippc) , peintre fran-
çais, né à Joigny (Bourgogne), vers 1653,
mort à Paris, en 1732. Fils d'un médecin de
Louis XIII, il apprit le dessin chez Mignard
et la miniature chez Samuel Bernard. Le jeune
Ferrand se forma de lui-même à peindre sur
émail, et excella dans ce genre. En 1684, il eut
une place de valet de chambre de Louis XIV,
et en 1690 il fut reçu à l'Académie royale de
Pemture et de Sculpture. Il voyagea ensuite en
Italie , séjourna à Turin , à Gênes , à Florence ,
à Rome , et fut partout reçu avec beaucoup de
distinction. Ses dernières années furent trou-
blées par des chagrins domestiques. On a de
lui un curieux traité intitulé : L'Art du Feu,
ôïT la manière de peindre en émail; Paris,
1723.
Mercure de France, mars 1732. — Moréri, Grand
Dictionnaire historique.
FERRAND DE MONTHELON, peintre fran-
çais, né à Paris, au commencement du dix-sep-
tième siècle, mort dans la même ville, en 1752.
D'abord professeur de l'Académie de Saint-Luc
à Paris, et ensuite professeur de dessin à Reims,
il composa un Mémoire sur l'établissement de
l'École des Arts à Reims; Reims, 1748, in-4°.
Chaudon et Deiandlne , Dictionnaire historique. —
Quérard, La France littéraire.
FERRAND ( /ffcg'Mes ), général français, né le 1 1
novembre 1746, à Ormoy, (Franche-Comté), mort
à Amance (Haute-Saône), le 30 novembre 1804.
Entré au service en 1766, il était colonel en 1791.
Sa conduite au siège de Lille lui valut le grade
de général de brigade. Nommé peu après général
de division, il eut quelque temps le comman-
dement en chef de l'armée des Ardennes. Il passa
ensuite à l'armée du nord, puis à celle du Rhin.
Élu en 1797 membre du Conseil des Cinq Cents
par le département de la Haute-Saône, il suivit
la même ligne politique que Pichegru , son ancien
général en chef et son ami. Cependant, il ne fut
pas compris au 18 fructidor sur la Uste des dé-
portés ; le gouvernement se contenta d'annuler
491 FERKAND
son élection. Depuis cette époque jusqu'à sa
mort Ferrand vécut dans la retraite.
Archives de la guerre. — Moniteur (année 179-7).
FEBRANU DE LA CA5JSSADE (Jecm-Henri-
BÉcAïs), général français, né à Montflanquin
(Agenais), en 1736, mort à La Planchette, près
Paris, en 1805. Il fut destiné de bonne heure à la
profession des armes, et nommé très-jeune lieu-
tenant au régiment de Normandie (infanterie).
Il fit avec ce corps les campagnes de 1747 et
1748, et assista au siège de Berg-op-Zoom ,
à la prise du fort Lillo, et à la bataille de Lau-
felt. A Clostercamp (1760), il se signala par sa
bravoure et fut grièvement blessé. Cette belle con-
duite lui valut le grade de capitaine.il devint ensuite
major-commandant de Valenciennes , et remplit
ces fonctions jusqu'en 1 790, époque de la suppres-
sion des états-majors de place. En 1792, les habi-
tants de Valenciennes , dont Ferrand s'était con-
cilié l'affection, le nommèrent commandant de la
garde nationale de leur ville. La même année ,
il fut promu au grade de maréchal de camp et
envoyé à l'armée du nord , dont il commanda
l'aile gauche à la bataille de Jemmapes. 11 con-
tribua au succès de cette journée, par l'intré-
pidité avec laquelle il emporta à la baïonnette
les villages de Carignan et de Jemmapes , et par
l'habileté qu'il déploya en manœuvrant sur le
flanc droit de l'ennemi. Après la victoire, il fut
nommé commandant de Mons. Devenu général
de division le 15 mars 1793, il reçut de Dumou-
riez l'ordre de se rendre à Condé et à Valen-
ciennes; mais il ferma les portes de ces places
aux troupes du général transfuge , et les conserva
ainsi à la France. Bientôt Ferrand fut investi
dans Valenciennes par 1 50,000 hommes de l'ar-
mée des coalisés , commandés par le prince de
Cobourg, le duc d'York et le général Ferraris.
11 n'avait avec lui que 9,000 hommes. Avec une
si faible garnison , il défendit pendant trois mois
les remparts qu'il avait arrachés à la trahison,
et ne capitula qu'en désespoir d'être secouru ,
après avoir soutenu quatre assauts et défendu
trois brèches praticables dans le corps de la place.
Ferrand, destitué ensuite comme ancien noble,
fût arrêté et détenu jusqu'après le 9 thermidor.
Bonaparte, devenu premier consul, le nomma, en
1800, préfet de la Meuse-Inférieure. Après deux
années d'exercice de ces fonctions, Ferrand
fut remplacé en novembre 1801, ses infirmités
le forçant à renoncer à la carrière adminis-
trative. Il se retira dans une terre qu'il pos-
sédait piès de Paris. On a de lui : Précis
de la Défense de Valenciennes ; 1805, in-8°.
De Courcelles, Dict. des Généraux français. —
Rabbe, ISoisjolin, etc., Biog. univ. et port, des Contem-
poralns.
FERRAND ( Marïe-Louis ) , général français,
né à Besançon, le 12 octobre 1753, mort à Porto-
Hincado(île Saint-Domingue), le 7 novembre
1808.11 venait de terminer ses études lorsque
son frère, nommé chirurgien en chef de l'armée
492
de Rochambeau, l'emmena en Amérique, oîi il
fit, comme voloniaii-e, les premières campagnes
de la guerre de l'indépendance. De retour en
France, Ferrand entra dans un régiment de dra-;
gons, où il fut nommé lieutenant en 1792 eti
ciief d'escadron en 1793. Arrêté à cette époque;
sous l'accusation de fayetttsme , il ne recouvra
la liberté qu'après le 9 thermidor. Nommé bien-
tôt après général de brigade , il commanda en
cette qualité aux armées de l'ouest, des Ar-
dennes et de Sambre et Meuse. Il devint com-
mandant du département du Pas-de-Calais, etfit
ensuite partie de l'expédition de Saint-Domingue,
sous les ordres du général Leclerc. En moins de
quatre mois , cette colonie se trouva de nou-
veau soumise à la France ; mais la tranquillité
ne tarda pas à être troublée par une insurrection
générale des hommes de couleur, qui éclata en
novembre 1802. Sur ces entrefaites, le général
en chef Leclerc mourut, emporté par la fièvre
jaune. Ferrand fut alors chargé de défendre la
partie française delà colonie; mais Dessalines
occupant le Cap , il se vit contraint de se retirer
à Santo-Domingo , dont les habitants, d'un com-
mun accord , lui confièrent le commandement.
Investi par Dessalines à la tête de 22,000 noirs,
ille combattit, et le força de lever le siège, le 18
mars 1803. Ferrand se maintint à son poste, et se
fit respecter pendant près de cinq ans. A la fois
administrateur et guerrier, il s'était concilié les;
suffrages de tous les habitants, lorsqu'on apprit
aux Antilles que la guerre venait d'éclater entre
la France et l'Espagne. Le gouverneur de Porto-
Rico n'eut pas plus tôt été instruit de ces hosti-
lités , qu'il résolut de traiter en ennemi le gé-
néral français : ceîui-ci , désirant épargner de
grands malheurs aux colons, essaya de faire
comprendre à l'Espagnol qu'il était de l'intérêt
commun de vivre en bonne harmonie, et de ne
pas épouser les différends entre les deux métro-
poles. 11 répugnait à une inutile effusion du
sang , et il mit tout en œuvre pour l'éviter ; mais
le gouverneur de Porto-Rico , sourd à la voix de
la raison et de l'humanité, fomenta une insur-
rection à Barahonde, et le général Ferrand se
vit réduit à prendre les armes pour la réprimer.
Le nombre des rebelles s'élevait à plus de
2,000, et il avait à peine 500 soldats à leur op-
poser. Il tenta d'abord la voie des pourparlers ;
mais ses propositions ayant été rejetées, il ne
balança pas à marcher ; son intention était d'at-
taquer les insurgés avant que la révolte eût fait ,
des progrès plus étendus. En vain les habitants
s'efforcèrent-ils de le détourner de ce projet,
et lui représentèrent les dangers de son exé-
cution. Ferrand , à la tête de sa petite tioupe ,
sortit de Santo-Domingo, et le 7 novembre \
1808 il se trouva en présence de l'ennemi, qui !
avait pris position à Porto-Hincado. Aussitôt il \
engagea l'action : le premier choc fut terrible. !
Bientôt la cavalerie ennemie déboi'dant les deux j
ailes *de la colonne française , les rangs furent j
493
rompus , la plupart des officiers et des soldats
furent tués , et le reste s'enfuit sans pouvoir se
rallier. Ferrand , réduit au désespoir, se fit alors
sauter la cervelle d'un coup de pistolet.
Arnault, Jouy, Jay , etc., Nouv. Biogr. des Contempo-
rains. - Kabbe, Boisjolin, etc., Biographie univ. et port,
des Contemporains.
SfEKKAWD ( Antoine - François - Claude ,
comte), magistrat et pùbliciste français, pair
de France, couseiller d'État, membre de l'Aca-
démie française, etc., né à Paris, le 4 juillet
1751, mort dans la même ville, le 17 janvier
1825. Appartenant à une famille de robe, il
avait à peine atteint sa dix-huitième année que,
par dispense d'âge, il entra au parlement de
Paris comme conseiller aux enquêtes. Il partagea
la résistance de sa compagnie aux mesures du
chancelier Maupeou, et fut envoyé en exil. Il en
adoucit les rigueurs par la culture des lettres,
et débuta par quelques ouvrages de poésie et
des compositions dramatiques. Chargé en 1787
de la rédaction des remontrances du parlement
à l'ein-egistrement forcé des édits royaux et de
l'impôt du timbre, il ne répondit qu'imparfaite-
ment à l'attente de ses collègues. Il se releva
quelque temps après , à la séance royale du
19 novembre , par un discours dans lequel il
rappelait au roi la conduite de son prédécesseur
Louis XV, qui, en 1770, avait cédé aux vœux
du parlement. Bientôt Ferrand combattit le projet
de convocation des états généraux. Ce fut encore
lui cependant que le parlement chargea de la
rédaction des troisièmes remontrances contre les
impôts du timbre et la subvention territoriale,
remontrances dans lesquelles l'allégation d'in-
compétence de la cour plénière devait être moti-
vée sur ce que aux états généraux seuls ap-
partenait le droit de consentir les impôts.
Dès le mois de septembre 1789, Ferrand émi-
gra. Son zèle éclata alors dans une multitude
de jietits factums monarchiques. Le prince de
Condé l'admit à son conseil, et en 1793 il fut
appelé à faire partie du conseil de régence. Il se
rendit à l'armée des princes, puis en 1794 il se
retira à Ratisbonne, où il reprit ses travaux lit-
téraires, et s'occupa de la composition d'un livre
qu'il destinait à l'éducation de son fils unique,
qui mourut à l'âge de seize ans. En 1801, pro-
fitant des facilités offertes par le nouveau gou-
vernement aux émigrés (|ui voulaient rentrer en
France, il y vint, suivant l'expression du mar-
quis de Clermont -Tonnerre , » avec l'autorisa-
tion du roi, attendre paisiblement que les cir-
constances ramenassent la royauté légitime ».
Peu de temps après il fit paraître son Esprit de
V histoire. « Ce livre, dit un biographe, fut ac-
cueilli avec le plus grand empressement , et par
les hommes qui s'étaient toujours montrés op-
posés aux idées de la révolution, et par ceux
qui, produits par cette même révolution, cher-
chaient déjà à entraîner l'opinion publique dans
un mouvement rétrograde, favorable aux projets
FERRAND 494
de Bonaparte. » L'Esprït de l'histoire est un
long plaidoyer en faveur de ce qu'on a appelé
depuis le principe d'autorité. Le corps ensei-
gnant en aida le débit, et le donna fréquemment
en prix. Cependant, la censure prit ombraged'un
discours adressé par Vioraandus à Childéric, roi
légiHme des Français, qu'il rétablit sur son
trône. Il était facile d'y voir un conseil indirect
adressé au chef de l'État, et l'ouvrage dut rece-
voir quelques cliangements. D'un autre côté, l'era-
pereur de Russie envoya à l'auteur une lettre
flatteuse avec une bague de prix. A la mort de
Rulhière, Ferrand fut chargé de finir l'Histoire de
l'Anarchie de Pologne, que l'auteur laissait ina-
chevée ; mais Ferrand ne craignit point de faire
subir au manuscrit des corrections considérables
pour l'approprier à ses idées , et au moment oii
l'ouvrage allait paraître la police fit enlever la co-
pie en déclarant que Rulhière ayant été pension-
naire de l'État, son ouvrage ne pouvait être publié
sans le consentement du gouvernement. Daunou
devenu alors l'éditeur de Rulhière, accusa hau-
tement Ferrand d'avoir altéré le texte de son
auteur.Letravail de Ferrand parut néanmoins plus
tard. Au moment de l'entrée des armées étrangères
à Paris, Ferrand, qui faisait partie d'une sorte de
comité royaliste, se rendit, avec M. Soslhène de
La Rochefoucauld et Chateaubriand, chez M. de
Nesselrode pour demander le rétablissement des
Bourbons sur le trône de France, bien qu'il eût
été d'avis d'abord de s'adresser au sénat.
Le 13 mai 1814, Ferrand fut nommé ministre
d'État et directeur général des postes. Il fut en
outre appelé dans la commission chargée d'élabo-
rer la Charte constitutionnelle. Bourrienne l'ac-
cuse d'avoir dit de cette charte « que c'était une
bonne chose, mais qu'il lui manquait d'avoir été
enregistrée au parlement ». A cette époque une
brochure ayant pour titre ; Protestations du
parlement de Paris contre sa suppression,
parut avec des initiales qui permettaient de l'at-
tribuer au comte A. Ferrand. Lanjuinais dénonça
cet écrit à la chambre des pairs ; mais Ferrand
formula une espèce de rétractation habile. II
contre-signa comme ministre du roi l'acte par
lequel Louis XVIII ordonna le séquestre des
biens de Napoléon et de sa famille. Au mois de
juillet, il fut nommé membre de la commission
chargée d'examiner les demandes en restitution
des biens non vendus des émigrés, et le 13 sep-
tembre il présenta un projet de loi à ce sujet.
C'est alors qu'il alarma si fort les esprits en
établissant la fameuse distinction entre les roya-
listes de la ligne droite et ceux de la ligne
courbe. « Il est bien reconnu , disait-il , que les
régnicoles comme les émigrés appelaient de
tous leurs vœux un heureux changement, lors
môme qu'ils n'osaient encore l'espérer. A force
de malheurs et d'agitations, tous se retrouvaient
donc au même point; tous y étaient arrivés,
ks uns en suivant une ligne droite, sans ja-
mais dévier , les autres après avoir parcouru
495
plus ou moins les phases révolutionnaires au
milieu desquelles ils se sont trouvés. » Durant la
maladie et après la mort de Malouet, Ferrand
remplit par intérim les fonctions de ministre de
la marine , jusqu'à la nomination de Beugnot.
Ce fut pendant ce temps qu'il rédigea un projet
de loi pour l'abolition^ de la traite des noirs en
Afrique.
Le 20 mars 1815, Ferrand occupait encore le
poste de directeur général des postes quand le
comte de Lavalette vint l'en déposséder. Avant
de quitter l'hôtel, Ferrand demanda un sauf-
conduit, que Lavalette refusa d'abord; mais
jyjme perraud insista tellement, qu'elle obtint enfin
cette pièce, qui devait plus tard former la princi-
pale charge du procès intenté à l'ex- directeur
général des postes de l'empire. Ferrand ne mé-
nagea guère alors son compétiteur dans sa dépo-
sition, n n'alla pas rejoindre le roi à Gand.
Il se rendit en Vendée, et après y avoir séjourné
quelque temps il vint à Orléans, où on le laissa
parfaitement tranquille. A la seconde restaura-
tion, il reprit la direction générale des postes;
mais ce ne fut pas pour longtemps. Il fut de plus
nommé pair de France, membre du conseil
privé, grand-officier et secrétaire des ordres de
Saint-Michel et du Saint-Esprit, et nommé par
le roi membre de l'Académie Française lors de
la réorganisation de l'Institut en 1816.
Malgré ses infirmités , impotent et aveugle ,
Ferrand suivit avec assiduité les séances de la
chambre des pairs , où il vota constamment en
faveur des projets ministériels. Il soutint comme
rapporteur le projet de loi sur l'établissement
des cours prévôtales , provoqua une loi sur la
compétence et un règlement sur les formes de
procéder de la cour des pairs , et demanda une
loi qui permît au roi d'autoriser par une simple
ordonnance les communautés de femmes. Il
mourut le jour même où il devait présenter un
rapport sur ce sujet. Casimir Delà vigne lui suc-
céda à l'Académie Française.
On a de Ferrand : Accord des principes et
des lois sur les évocations, commissions et
cassations; Paris,l786, in-12; 1789, avec notes
et additions; — Essai d'un citoyen; Paris,
1789, in-8° ; — Nullité et despotisme.ijde l'As-
semblée prétendue nationale ; Paris, 1789; —
Les Conspirateurs démasqués , par Vauteur
de Nullité et despotisme, etc.; Turin, 1790,
jn_8°; — État actuel de la France; Paris,
1790; — Les Français à l'Assemblée natio-
nale, ou Réponse aux pamphlets de V Assem-
blée nationale aux Français; Paris, 1790;
— Adresse d^un citoyen très-actif aux ques-
tions présentées aux états généraux du Ma-
nège , vulgairement appelés Assemblée natio-
nale; février 1790; — Douze Lettres d'un
commerçant à un cultivateur sur les affaires
du temps; Paris, 1790; — Le Dernier Coup
de la ligue; octobre 1790; — Réponse au
post-scriptum de M. Lally - Tollendal à
FERRAND 496
M. BurTte; 1791 ou 1793; — De là révolution
sociale; 1793, in-8°; — Le Rétablissement de
la monarchie française ; Nice, septembre 1792,
in-8°; 1" édition, Liège, 1794, in-8''; — Lettres
d'un ministre d'une cour étrangère sur l'état
actuel de la France; 1793 ; — Considérations
sur la révolution sociale ; Neufchâtel et Lon-
dres, 1794, in-8°; — L'Esprit de l'histoire,
ou lettres politiques et morales d'un père à
son fils sur la manière d'étudier l'histoire
en général et particulièrement celle de la
France; Paris, 1802, 4 vol. in-8'*; 2^ édit.,
1803; 3*^ édit., 1804; 4* édit., 1805; 5« édit.,
1809; avec de nouveaux titres, 1816; 6** édi-
tion, précédée d'une notice biographique de l'au-
teur; par Héricart deThui7, son neveu; Paris,
1826, 4 vol. in-8°, ou 5 vol. in-12; — Éloge
historique de madame Elisabeth de France ,
suivi de plusieurs lettres de cette princesse;
Paris, 1814, in-8° : ime première édition de cet
éloge, mais bien différente, avait déjà paru à Lyon
en 1795, in-8"; — Œuvres dramatiques de
M. A. F. ; Paris, 1817, in-8''. Ce volume con-
tient Le Siège de Rhodes, tragédie en cinq actes
( 1784); Zoari, tragédie en cinq actes (1799),
reçue au Théâtre-Français en 1786; Philoc-
tète, tragédie en trois actes (1780), imprimée
en 1786, à Paris, in-8°; Alfred, tragédie en
cinq actes (1785); — Théorie des révolutions
rapprochée des principaux événements qui
en ont été l'origine , le développement ou la
suite, avec une table générale et analytique ;
Paris, 1817, 4 vol. in-8°; — Histoire des trois
Démembrements de la Pologne, pour faire
suite à l' Histoire deV Anarchie de Pologne, de
Rulhière; Paris, 1820, 3 vol. in-8° ; — Vues
d'un pair de France sur la session de 1821 ;
Paris, 1821, in-8''; — Réflexions sur la ques-
tion du renouvellement intégral de la cham-
bre des députés; Paris, 1823, in-8°. On a en
outre du comte Ferrand des Opinions et des
Rapports exprimées ou présentés à la chambre
des pairs et imprimés par ordre de cette assem-
blée. On a aussi fait paraître de lui un ouvrage
posthume intitulé : Testament politique de M. le
comte Ferrand; Pans, 1830, in-S". L. Louvet.
Biographie universelle et portative des Contempo-
rains. — Encyclopédie des Gens du Monde. — Diction-
naire de la Conversation. — La France littéraire. —
Éloge du comte Ferrand, prononcé par M. de Cler-
raont-Tonnerre à la Chambre des Pairs, le 7 juin 1825. —
Discours de réception de Casimir Delavigne à l'Acadé-
raie Française.
FERRAND ( Anthclme ) , homme politique
français, né en 1757, à Arandax ( Bugey ), mort
en 1833. Élu en 1792 suppléant à la Conven-
tion, il n'entra dans cette assemblée qu'après
le jugement de Louis XVI. Il vota toujours avec
le parti modéré. Il siégea au Conseil des Cinq
Cents de 1795 à 1797, et prit une part assez vive
à la réaction royahste. Il fut nommé en 1800
président du tribunal civil de Belley, et conserva
ces fonctions jusqu'à sa mort. ...
497 FERRAND —
Arnauld, Jouy, Jay , Biographie nouvelle des Contem-
porains.
FERRAND. Fo^es Fernand (Charles).
FERRAND, comte DE Guastallu. Voy. Gon-
ZAGtE.
FERRAND FULGENCE. Voy. FerrANDUS.
* FERRANDINO (Leonardo), sculpteur gé-
nois, vivait au commencement du dix-septième
siècle. Élève de Taddeo €arlone, il eut un style
gracieux, dont il a laissé un seul exemple dans
sa Madone de l'église de la Nunziata del Guas-
tato à Gênes. Il mourut dans un âge avancé.
E. B— N.
Orlandi , Abbecedario.
FERRAKDO (Raymond). Fo?/ez Féraud.
FERRANDO (Gonsolve). Voyez Fernandez.
FERRANDUS (Fulgentius), théologien afri-
cain , né vers le commencement de l'ère chré-
tienne , mort vers 550. Élève de saint Fulgence,
il suivit ce saint dans son exil de Sardaigne, et
y embrassa l'état monastique. De retour en
Afrique, il devint diacre de l'église de Carthage.
On voit dans ses écrits qu'il était en grande ré-
putation , et plus d'une fois les tliéologiens de
Constantinople et de Rome le consultèrent sur
des points de dogme et de discipline. On a de
lui : Breviatio Canonum , publiée pour la pre-
mière fois par Pierre Pithou dans le Breviarium
de Cresconius ; — Epistola ad S. Fulgentium
de duabus queestionïbus super sainte yEthio-
pis moribundi; — Ep. ad eundem de quinque
quxstionibus ; — Ep. ad Eugyppium, abba-
tem, de Trinitate et de duobus Ghristi na-
turis; — Vitasancti Fulgentii, Ruspensis epis-
copi. Cette vie, ainsi que les trois ouvrage pré-
cédents, ont été généralement insérés parmi les
œuvres de saint Fulgence ; — Ep. ad Severum
Scholasticum C. P., quod unus de Trinitate
passus dici possit; — Epist. ad Anatolium
R. E. Diaconum, sur le même sujet ; — Para;-
neticus ad Reginum comitem, de septem re~
gulis innocentix; — Ep. ad Pelagium et
Anatolium, R. E. diaconos. Les œuvres com-
plètes de Ferrandus parurent par les soins de
Chifflet; Dijon, 1649, in-4° ; elles furent réim-
primées dans la Bibliotheca Patrum.
Cave , Historia literaria.
* FERRANTE (Le chev.Giovanni-Francesco),
peintre de l'école bolonaise, né à Bologne, vers
1600, mort à Plaisance en 1652. Après avoir
étudié dans sa patrie sous le Gessi , il fut appelé
à Plaisance, qu'il embellit de nombreuses pein-
tures à l'huile et à fresque. On trouve aussi
quelques-uns de ses ouvrages à Bologne , tels
quesain^ Paul battu par la tempête, à l'église
Saint-Paul; Apparition de Jésus-Christ à saint
Antoine; Sainte Lucie à Santa-Maria-della Mi-
sericordia. Ferrante eut pour élève Bartolom-
meo Baderna. E- B — n.
Lanzi , Storia délia Pittura. - Ticozzi , Dizionario.
— M. A. Gualandi, Mernorie originali di Belle Jrti. —
Malvasia , Pitlure di Bologna.
* FËRRANTi {Agosto et Decio), peintres de
FERRAN'rmi
498
l'école milanaise, florissaient vers 1500. Agosto
fut le fils et l'élève de Decio ; tous deux peigni-
rent la miniature avec une rare perfection. Dans
la cathédrale de Vigevano on conserve d'eux un
évangéliaire, un livre d'épitres et un missel, qui
sont au nombre des plus beaux livres à minia-
tures qui soient parvenus jusqu'à nous.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
* FËRRANTI ( Hieronimo de), charlatan
italien du dix-septième siècle, natif d'Orvieto,
d'où le surnom d'Orviétan. 11 vint de bonne
heure à Paris, et s'installa sur le Pont-Neuf, où
il débita pendant longtemps la fameuse panacée
qui porte son nom. S'étant enrichi à ce métier,
il vendit son secret à un certain Blegny, apothi-
caire du roi , qui, dit-on, s'enrichit également.
Louis Lacour.
Guy Patin , Lettre du 8 janvier 1654. — Livre commode
des Adresses pour 1690 , chap. des Matières médici-
nales. — Moïse Ciiaras, l'harmacopée, 1733, 2 vol. in-4»,
table. — Furetière, éd. Fournier, Bibl. elzevirienne ,
p. 106.
FERRANTiNi (Gabriele), plus connu sous le
nom de Gabriele degli Occhiali (des lunet-
tes), peintre italien, né à Bologne, à la fin
du seizième siècle. Malvasia, et après lui tous
les autres biographes, disent qu'il florissait en
1588 ; Ticozzi ajoute même qu'il naquit vers 1550 ;
mais en même temps ils le font élève de Denis
Calvart, né seulement en 1565. Une preuve plus
positive encore de leur erreur résulte d'une
pièce publiée par Gualandi; c'est un acte en date
du 18 mai 1599, par lequel Ermete Ferrantini,
père de Gabriele, l'émancipé ; par conséquent à
cette époque il n'avait pas encore atteint sa
majorité. Nous avons donc ainsi la certitude que
cet artiste doit être né au plus tôt en 1580. Son
père , ancien soldat, mourut à Bologne, à l'âge
de cent-six ans. La manière de Gabriele est plus
moderne et plus colorée que celle de Calvart ,
et l'on voit qu'il s'efforça souvent d'imiter les
Carrache; aussi quelques auteurs et Lanzi lui-
même l'ont-ils cru sorti de leur école. 11 eut
lui-même de nombreux élèves, et son plus beau
titre de gloire est d'avoir enseigné à peindre à
fresque à l'immortel Guido Reni. Il excella en
effet dans la pratique de cet art, qu'il préféra
toujours à la peinture à l'huile , et vers lequel le
portait une grande habileté de main et un ta-
lent de dessinateur facile , quoique correct. Ga-
briele avait laissé à Bologne de nombreux ou-
vrages ; beaucoup ont malheureusement disparu ;
parmi ceux qui ont survécu, les plus remarquables
sont un Saint François de Paule à l'église de
San-Benedetto , Les quatre Evangélistes peints
à fresque au porche de San-Domenico , et un
Saint Jérôme, tableau à l'huile, à l'église pres-
que abandonnée de Saint-Mathias. E. B— in.
Malvasia, Felsina pittrice. — Lanzi, Stoi-ia delta
Pittura. — Ticozzi, Dizionario. — Orlandi, Abbece-
dario. — M. A. Gu3\an<ii , Mernorie originali di Belle
Arti.
* FERRANTINI (IppoUto), peintre de l'école
bolonaise , frère du précédent, florissait au corn-
439
FERRANTINI — FERRARA
mencement du septième siècle. Il paraît avoir
comme lui étudié sous les Carrache, dont il ne
fut pas un des meilleurs disciples. On voit de lui
à l'église Saint-Mathias de Bologne un tableau
représentant L' archange saint Michel, et dans
ie haut La sainte Trinité et La Vierge.
E. B— N.
Malyasia , Folsina pittrice. — Lanzi , Storia délia Pit-
lura. — Gualandi, Tre Ciorni in Bologna.
*FERRANTiNï (Orazio), peintre de l'école
bolonaise , né à Florence. On le trouve inscrit à
l'année 1600 parmi les membres de l'Académie
de Bologne; on pense qu'il fut parent de Ga-
briele et d'Ippolito.
Orlandi, Abbecedario.
fëkrar (Nicolas), enthousiaste religieux
anglais , né à Londres, en 1 592 , mort le 5 no-
A'erabre 1637. Il fut élevé à l'université de Cam-
bridge, et se lit recevoir docteur en 1610. La
faiblesse de sa santé lui rendant les voyages
nécessaires , il suivit la princesse Éhsabeth dans
le Palatinat en 1613, et ne revint en Angleterre
qu'en 1618, après avoir visité les universités
d'Allemagne. Peu après son retour, il devint
secrétaire de la Société de la Virginie, et fut
nommé membre du parlement en 1624. Il n'oc-
cupa cette place que peu de temps, et quitta
le monde pour mener la vie monastique au cœur
d'un pays protestant. Dans ce dessein, il acheta
la propriété seigneuriale de Little-Gidding, dans
le comté de Huntingdon , et alla s'y établir avec
sa mère , sa sœur, et des parents , en tout qua-
rante personnes. Pour mieux remplir ses fonc-
tions de directeur de monastère, il se fit ordonner
diacre par le docteur Laud, alors évêque de Saint-
David. Il était aussi médecin , et apprenait aux
jeunes femmes de cette pieuse congrégation à
soigner les vieillards et les malades. Il se levait
régulièrement à une heure du matin , et passait
souvent toute la nuit en prières. Ferrar composa
quelques ouvrages de piété, mais il ne fit impri-
mer qu'une traduction anglaise de l'ouvrage es-
pagnol de Valdesso, intitulé : Cent dix Consi-
dérations.
p. Peckard, Life of Ferrar. — Chalmers, General bio-
graphical Dictionary.
FP.RRARA ( Camillo ou Gabriele ), chirurgien
italien, vivait au seizième siècle. Il exerça son art
à Milan. Il entra dans un ordre monastique, et
quitta son prénom de Camillopour prendre celui
de Gabriele. Ferrara fut un des premiers méde-
cins qui osèrent conseiller d'ouvrir la dure-mère
pour donner issue à l'humeur épanchée entre
cette membrane et la pie-mère. On a de Ferrara :
Nuova Selva di Cirurgia ; Venise, 1596, in-8° ;
trad. en latin par Pierre Uffenbach ; Francfort,
1625, in-8".
» Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
FERRARA (Michèle), chimiste napolitain,
né dans la Terre de Labour, le 6 févi-ier 1763,
mort le 16 juin 1817. Il étudia les sciences à
l'université de Naples, sous les professeurs Jo-
seph Vaira, Dominique Ciriilo et Antoine Barba.
50C
Il s'adonna particulièrement à la chimie appli-
quée. Les manufactures du royaume de Naples
lui durent d'utiles améliorations. On a de lui :
Istitiiziont di Farmacia chimica ; t. T'" Naples
1805, in-8-; t. II,Naples, 1811, in.8'>; - Delïu
Staio deU" arte vetraria nel regno di NapoU
e de' mezziper migliorarla (dans les Atti del
regio Islituto d' Incorragïamento) ; Naples,
1811, in-4°, t. P''; — Memoria dell' ImMan-
camento délie TeZe; ibid.;— Memoria sulla
depurazione délia canfera greggia; dans les
Atti del regio Istituto , Naples, 1818, in-4",
t. II; — Rapporta délia classe chimica del regio
Istituto d'Incoraggiamento suite Memorie
risguardanti l'indaco estratto dal Guado;
ibid.
Tipaldo, Biofjrajla degli Italiani illustri , 1. 1^'.
FERRARA ( Alfio) , médecin italien, né à
Trestacagne ( Sicile ), en 1777 , mort à Paris, le
27 octobre 1829. Il fit ses études à Catane, sous
la direction de son frère aîné , savant natura-
liste. Pendant l'occupation de la Sicile par l'ar-
mée anglaise, il obtint la place de médecin en
chef de l'hôpital de Messine. II suivit, comme
chirurgien major , les troupes anglaises d'abord '
en Angleterre , puis en Espagne et enfin à Sainte-
Maure (île Ionienne) : il profita du voisinage delà
Grèce pour visiter ce pays. Après avoir obtenu sa
retraite, il vint s'établir à Paris, où il mourut; On
a de lui : Memoria sopra le acque délia Sicilia; '
Londres, 1811 ; — Sur le corail de la Sicile
(en anglais); Londres, 1813; — Coup d'' œil sur
les maladies les plus importantes qui régnent
dans une des lies les plus célèbres de la
Grèce, ou topographie médicale de Pile de
Leucade ou Sainte-Maure; Paris, 1827, in-S".
Tipaldo, ISiografta degli Italiani illustri, t. l^''.
l FEnK&.iiA (Francesco), homme politique
et économiste sicilien, né à Palerrae, en 1810. Il
fut nommé en 1834 directeur du bureau de sta-
tistique à Palerme, et fonda le Giornale di Sfa-
tistîca. Nommé secrétaire de la chambre de
commerce de Palerme et sociétaire de l'Ins-
titut d'encouragement de la même ville, il fut
ensuite appelé, comme professeur d'écono-
mie politique , au lycée TuUien , fondé à Pa-
lerme en 1847 : ses leçons et ses écrits contri-
buèrent beaucoup au mouvement insurrection-
nel du 12 janvier 1348. Arrêté au commencement
de la lutte, il ne sortit de captivité que le 5
février suivant. La ville de Palerme l'élut
député à la presque unanimité. Persécuté pour
ses opinions, il obtint d'aller avec les délé-
gués offrir la couronne de Sicile au duc de
Gênes. Pendant son séjour à Turin, il publia
dans le Risorgimento un travail qui attira sur
lui l'attention du comte de Cavour. Ce ministre
lui fit donner une chaire d'économie politique
et la direction d'un journal consacré à la défense
du parti de M. de Cavour. Il se sépara depuis
de ce ministre , et soutint la pofitique du
centre gauche dans un nouveau journal, La
601
FERKARA — FERRARE
502
Croix de Savoie , qui ne subsista que deux ans.
Il entreprit alors, avec M. Pomba, la publication
de la Bibliothèque des Économistes, où de
savantes préfacés précédent les divers ouvra-
ges étrangers ou italiens contenus dans cette
collection. M. Ferrara met la dernière main à
la composition d'un Cours complet cV Économie
politique. _ G. Vitali.
Renseignements particuliers. — Dictionnaire de l'E-
conomie politique.
* FERRÂKE (Gelasio Di NicoLo), le plus
ancien peintre de l'école de Ferrare. On croit
qu'il florissait en 1242 , époque où Cimabuë n'é-
tait encore âgé que de douze ans. Il fut élève
à Venise d'un peintre grec , Théophane de Cons-
tantinople, dont il est probable qu'il adopta le
style sans y apporter de grandes modifications.
Quoi qu'il en soit , on peut le regarder comme
le premier peintre du moyen âge qui ait osé
aborder un sujet païen; en 1242, Azzo d'Esté,
premier seigneur de Ferrare, lui commanda une
peinture représentant La Chute de Phaéthon ,
sujet éminemment national, puisque c'est dans
le Pô que périt le malheureux fils d'Apollon.
Philippe , évêque de Ferrare , fit faire à Gelasio
une Madone et une Bannière de Saint-Geor-
ges, avec laquelle il alla à la rencontre de Tie-
polo, ambassadeur de la république de Venise.
E. B— N.
Baruffaldi, f'ite de' Pittori Ferraresi. — Lanzi, Storia
delta Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
* FERRARE (Cristoforo de), peintre de
l'école ferraraise, florissait en 1380. On le
trouve quelquefois désigné sous les noms de
Cristoforo rfe M)rfène on de Bologne; caries
trois villes se disputent l'honneur de lui avoir
donné naissance. Toutefois , il paraît probable
qu'il naquit à Ferrare, mais qu'il passa une
grande partie de sa vie à Bologne , où il a beau-
coup travaillé sur bois et sur mur. Il y avait
peint le tableau du maître autel de la Madona
di Mezzaratta, et on conservait de lui dans la
même ville, au palais Malvezzi, un tableau divisé
en dix. compartiments dont les nombreuses figu-
res étaient d'un dessin assez barbare et d'un
coloris pâle, qui ne rappelaient en rien le style du
Giotto, en vogue à cette époque. Le musée de
Ferrare possède un petit Christ sur fond d'or
de cet artiste.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario. —
Vasari, f^ite.
* FERKKKE { Antonio de), peintre de l'école
de Ferrare, florissait au milieu du qinnzième
siècle. Lanzi croit que son nom de famille était
Alberti. Suivant Vasari, il étudia à Florence, sous
Agnolo Gaddi, et laissa de beaux ouvrages à
Saint-François d'Urbin et à Città-di-Castello.
Ailleurs, en parlant de Timoteo délia Vite, Vasari
dit que celui-ci naquit à Urbin de Calliope , fille
de maître Antonio Alberti , de Ferrare , fort bon
peintre pour son temps, ainsi qu'on peut en juger
par les ouvrages qu'il fit à Urbin et ailleurs.
Antonio avait peint, en 1438, pour Albert d'Esté,
marquis de Ferrare, dans des salles du palais
aujourd'hui détruites, le Concile général con-
voqué à Ferrare pour la réunion des Grecs à
l'Église cathoHque, en présence du pape Eu-
gène IV et de l'empereur Jean Paléologue. An-
tonio représenta dans une autre salle La Gloire
des bienheureux ; i\ était resté de cette fresque
quelques fragments d'après lesquels Lanzi a pu
encore reconnaître que les têtes avaient plus de
beauté, le coloris plus de moefleux, les poses
plus de variété que dans les ouvrages de Galasso
Galassi , son contemporain. Orlandi fait vivre
Antonio jusqu'en 1500, ce qui n'est guère ad-
missible. E. B — N.
Baruffaldi, Fite de' piû insigni Pittori e Scultori Fer-
raresi. — Vasari, /^ife,— Orlandi, ^66ecerfœrjo. —Lanzi,
Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
* FERRARE (Stefano de), peintre de l'é-
cole vénitienne, vivait vers le milieu du
quinzième siècle. Suivant Vasari , il aurait été
élève du Squarcione; mais il est plus probable
qu'il ne fut que son contemporain , puisque déjà
en 1430 Savonarola parle de son principal ou-
vrage, le cercueil de saint Antoine de Padoue,
quMl avait décoré de peintures représentant les
miracles du saint, et dont les figures semblaient
vivantes. Ce cercueil n'existe plus, mais on
conserve encore dans l'église Saint-Antoine de
Padoue une demi-figure de la Vierge que Vasari
attribue au même maître. Baruffaldi croit qu'il
vécut jusqu'à l'année 1500.
E. B— N.
Savonarola, De Laudibus Patavii. — Vasari, Fite. —
Baruffaldi, f-'ilede' Pittori Ferraresi. — hanzx , Storia
pittorica. — Orlandi, Abbecedurio.
FERRARA {Ste/ano Falzagalloni , dit S^e-
fano j)e), peintre de l'école de Ferrare , floris-
sait au commencement du seizième siècle. Il
faut se garder de le confondre avec le pré-
cédent, comme l'ont fait la plupart des biogra-
phes. En 1531, il avait peint pour l'église de
Santa-Maria-in-Vado de Ferrare un tableau,
aujourd'hui au musée de cette ville, représen-
tant ia Viei-gesur un trône entre saint Jérôme
et îin saint évêque. On voit de lui au même
musée Les douze Apôtres, en six tableaux, qui
ont été attribués au Garofalo, honneur qui suffit
pour donner la mesure du talent de Stefano.
E. B— N.
Lanzi, Storia delta Pittura. — N. L. Ciltadella, Indice
délie cosu più rimarcubili di Ferrara.
* FEKUARE ( Giovanni- Battista de), peintre
de l'école de Ferrare, vivait dans la seconde
moitié du seizième siècle. Vers 1563, en com-
pagnie de plusieurs autres peintres , il décora
de fresques le casino di Soprà près Novellara;
ces fresques, transportées sur toile, ont été ré-
cemment acquises par le comte de Chambord,
qui en a orné la galerie de son palais à Venise.
Giovanni-Battista peignit aussi au château de
Bagnolo en 1567. Il est probable que ce peintre
est le même que celui indiipié dans les notes de
Baruffaldi à l'année 1597 et nommé par Zaui
comme vivant en 1600.
503 FERRARE
Davolio, Memorie storiche jîîsj. — Baruffaldi, Fite
de' Pittori Ferraresi. — Zani, Materiali per servire
alla Storia deW Incisione. — Campori, Gli ytrtisti
Italiani e stranieri negli Stati Estesi.
* FERRARE (Pteti'o de), peintre de l'école
bolonaise , vivait dans la seconde moitié du sei-
zième siècle. Malvasia dit qu'il fut un des bons
élèves de Louis Carrache ; mais il est probable
qu'il mouiTit jeune, car on ne connaît aucune
peinture qui puisse lui être attribuée avec certi-
tude.
Malvasia , Felsina pittrice. — Lanzi , Storia délia Pit-
tura. — Ticozzi, Vizionario.
FERRARE ( Galttsso DE ). Voy. Galassi.
FERRARE ( Ercole DE ). Voy. Grandi.
FERRARE. VoyeZ ESTE.
FERRARE {Renée clc France, duchesse de).
Voy. Renée.
FERRARE (Anne de). Voyez Guise, Ne-
mours et Savoie.
FERRARESINO. Voy. Berlinghieri ( Ca-
millo).
FERRARI , nom commun à un grand nombre
de personnages italiens, classés ci-dessous par
ordie ciironologique.
FERRARI , troubadour italien , né à Ferrare,
vivait durant la première moitié du treizième
siècle. Il occupait un rang honorable auprès du
marquis d'Esté. Il connaissait fort bien l'idiome
provençal, et il improvisait les réponses qu'il
faisait aux troubadours qui venaient animer
les fêtes de la petite cour du prince. Aucun
de ses ouvrages ne s'est conservé. G. B.
Raynouard, Choix de Poésies, l. V, p. 147. — Histoire
littéraire de la France, XIX, 512.
* FERRARI {Jean-François), poète italien,
de la seconde moitié du seizième siècle. On
manque de détails sur sa vie; mais on acquiert
la preuve qu'il ne manquait ni de verve ni de
gaieté si l'on prend la peine de parcourir ses
Rime burlesche; Venise, 1570, in-8°. Ce volume
peu connu renferme 53 pièces facétieuses, contre
Aristote, contre Cicéron, à la louange de la
gale, etc. Plusieurs de ces morceaux sont en pa-
tois bergamasque, modenais ou romagnol ; il y
en a deux en argot ; l'auteur a même pris la peine
de faire passer en argot une épître d'Horace; on
trouve chez lui la fable de La Cigale et de la
Fourmi, que La Fontaine semble avoir traduite
mot pour mot. G. B.
Catalogue de la bibliothèque Libri, n° 1539.
* FERRARI {Andreolo de'), architecte ita-
lien et religieux franciscain du quatorzième siè-
cle. Il fut un des juges choisis pour prononcer
sur les différends élevés entre les architectes
et les ingénieurs italiens au sujet de la construc-
tion de la cathédrale de Milan.
Cicognara, Storia délia Scultura.
* FERRARI {Antonio), peintre de l'école de
Crémone, florissait en 1419. Il n'était pas né
dans cette ville, comme le prétend Ticozzi, mais
bien à Pavie , car ses ouvrages sont signés Ant.
Ferrari de Papia. Il avait peint à fresque à
- FERRARI 504
Saint-Luc de Crémone la chapelle Saint-Jean-
Baptiste. Ces peintures, que l'on croyait perdues,
ont été retrouvées sous le badigeon au commen-
cement de ce siècle, par Giuseppe GrasseDi,
biographe Crémonais , qui croit pouvoir attribuer
au même artiste une Madone entre saint Lue
et saint François, peinte au-dessus de la porte
de la même église. E. B— n.
Zaist, Notizie storiche de' Pittari Cremonesi. — Ti-
cozzi , Dizionario. — Oriandi, Abbecedario.
FERRARI {Giovanni-Matteo) ,médiQQm ita-
lien, né au commencement du quinzième siècle,
au château de Grado ( Milanais ) , ce qui le fit
surnommer de Gradibus , mort à Padoue, en
décembre 1472. Reçu docteur à Milan, il
exerça la médecine dans cette ville , et fut en-
suite appelé à la première chaire de médecine
de Padoue. Il occupa cette place jusqu'à sa mort.
Ses ouvrages ne sont que de longs et ennuyeux
commentaires de Rhazès et d'Avicenne. En voici
les titres ; Praeticae Pars prima e t secunda,
vel commentarius textualis cum ampliatio-
nibus et additionibus materiarum in nomim
Rhazis ad Almansorem ; Pavie, 1471, in-fol.;
— Expositiones super vigesimam secundam
fen tertise canonis Avicennx; Milan, 1494,
in-fol.; — Consiliorum secunduvi vias Avi-
cennee ordinatorum utile Repertorium ; Pavie,
1501, in fol.
Éloy, Dict. hist. de la Médecine.
FERRARI ( Antoine ), surnommé Galateo, en
latin Galateus Leccensis, naturaliste et éu-chéo-
logue italien, d'origine grecque, né à Galatina
(terre d'Otrante), en 1444, mort à Leçu,
le 22 novembre 1516. Après avoir fait ses pre-
mières études àNardo et à Otrante , il alla suivre
à Ferrare les cours de médecine de Nicolo Leo-
niceno et de Girolamo Castelli, et se lit rece-
voir docteur. De retour à Naples , il devint mé-
decin de Ferdinand P'" et de ses successeurs, et
se lia avec Sannazar, Pontanus , et d'autres éru-
dits napolitains. Mais ni la faveur des princes
ni l'estime des savants ne le mirent à l'abri de
la pauvreté et des infirmités. Il fut aussi victime
des troubles qui agitèrent le royaume de Naples,
et resta quelque temps en prison vers 1504.
II passa ses dernières années à Lecce. Homme
d'esprit et de savoir, il cultiva à la fois la phi-
losophie , la médecine, l'archéologie , l'histoire ,
la poésie. On a de lui : De Situ Japygiée; Des-
criptio urbis Gallipolis ; De Villa Vallœ ; Râle,
1558, in-8"; Naples, 1624, in-4°. La meilleure
édition est celle de Lecce, 1727, {n-8° , avec les
notes de Jean-Bernardin Taffuri ; cette édition
contient plusieurs opuscules de Ferrari, entre
autres son morceau De Laudibus Venetiarum.
Le De Situ Japygisea. été inséré par Burmann
dans le Thésaurus Antiquit. Italiœ, t. IX;
par Dominique Giordano, dans le Delectus
Scriptorum Rerum Neapolitanarum; et par
Calogera, Raccolta d'opuscoli scientiflci,
t. VII; — De Situ Elementorum, de situ
505
FERRARI
506
terrarum, de mari et aquis etfiuviorum ori-
gine; Bâle, 1558, in-8°. Marziano attribue à
Ferrari les ouvrages suivants : Successi delV
armata turchesca nella città d' Oîranto dalV
anno 1480; Progressi delV esercito ad ar-
mata condotavi da Alfonso, duca di Cala-
bria; Cupertino, l583;Naples, 1612, in-4°.
Dominique de Angelis, f'ite de' Letter. Salentini. —
G.-J. R. PoUidoro, dans Calogera, Raccol. — Toppi,
Jlibliot/i. Napolet. — Cinelli , Bibliot. volante. — Tira-
boschi, Storia délia Letteratura Italiana, t. VI, p. 11.
FERRARI ( Gaudenzio), peintre et sculp-
teur de l'école milanaise, né à Valdugia ( ter-
ritoire de Novare), en 1484, mort à Milan, en
1550 ou vers la lin de 1549. Il étudia d'abord
la peinture à Verceil, sous la direction de Giro-
lamo Giovenone, puis à Milan, sous Stefano
Scotto et Bernardino Luini , et même, selon le
P. délia Valle, sous Léonard de Vinci. Novare se
vantait de posséder un de ses premiers tableaux
à l'un des autels de sa cathédrale ; il est divisé en
plusieurs compartiments et enrichi de dorures
selon l'usage qui régnait encore à cette époque.
Dès l'âge de vingt ans, en 1504, il exécuta des
fresques remarquables dans la chapelle della
Pietà del Sacro Monte à Varallo. C'est sans
doute aussi à cette première période de sa vie
qu'appartiennent quelques petits tableaux qui
sont d'un fini extrême, mais qui tiennent encore
un peu de la manière du quinzième siècle, sans
pourcela rappeler en rienl'école du Pérugin, dont
quelques-uns prétendent qu'il devint aussi le
disciple. Nous croyons plutôt que dans son pre-
mier voyage à Rome il connut Raphaël, qu'il se
proposa pour modèle, et que c'est ainsi qu'il se
forma un style plus grand et un coloris plus
agréable que ceux d'aucun autre peintre mila-
lanais. Vers 1510 Gaudenzio revint à Varallo,
où en 1513 il peignit dans la chapelle Sainte-
Marguerite une suite considérable de fresques
tirées du Nouveau Testament. En 1516 nous
le retrouvons à Rome aidant Raphaël dans ses
fresques du Vatican, et da.Qsl' Histoire de Psyché
à la Farnésine. Après la mort du Sanzio, en
1520, Gaudenzio continua à travailler avec
Jules Romain et Pierino del Vaga , et il s'ap-
propria tellement leur style qu'il est certaine-
ment de tous les auxiliaires de Raphaël celui
qui approcha le plus de ses deux illustres élè-
ves. De retour à Varallo, en 1524, il exécuta
au sanctuaire du Sacro-Monte de nombreuses
statues en plastique et des peintures à fresque
qui appartiennent à sa seconde manière. Il orna
aussi le chœur de l'église du couvent de pein-
tures qui rappellent la manière de Raphaël.
Ces divers travaux acquirent à Gaudenzio
une réputation qui engagea Bernardino Lanini,
Fermo Stella, G.-B. della Cerra, Cesare Luini,
et plusieurs autres jeunes artistes à se faire ses
disciples , et c'est ainsi que Ferrari devint le
chef d'une seconde école milanaise, presque
digne de rivaliser avec la première, ouverte par
Léonard de Vinci. Il compta aussi parmi ses
élèves le malheureux Paolo Lomazzo, qui plus
tard, devenu aveugle, devait être le biographe
de son maître. En 1531, Gaudenzio travailla à
Verceil dans l'église Saint-Christophe; il peignit
au-dessus de l'autel le saint, et sur les parois
divers traits de la vie de JésuS'Christ et de la Ma-
deleine. Il a déployé dans ce grand ouvrage plus
que dans aucun autre une grâce, une beauté que
l'on reconnaît bien avoir été puisées à l'école
de Raphaël. Les petits anges qu'il a introduits
dans ses compositions ont autant de charme
dans leur forme que d'esprit dans leurs mouve-
ments. Ces peintures sont au nombre des meil-
leures productions de leur auteur. Ce fut en 1534
ou 1 535 que Gaudenzio peignit la coupole de l'é-
glise de Notre-Dame de Saronno ; il y avait re-
présenté V Assomption de la Vierge en présence
des .'Ipd^res; mécontent de ces figures, il les dé-
truisit lui-même, et les remplaça par des chœurs
d'anges chantant et jouant de divers instru-
ments. Cette fresque est parfaitement conser-
vée ainsi que les quatre ovales des pendentifs,
représentant La Création de la Femme, La Ten-
tation d'Eve, L'Exil du paradis terrestre
et Le travail de la terre. Les figures de ces
diverses fresques sont belles, variées, bien
groupées ; mais on retrouve encore dans ces
peintures quelques traces de l'ancien style , un
peu de dureté, une disposition un peu symé-
trique des personnages, quelques draperies
pliées à la manière du Mantegnaet, ce qui est
moins pardonnable, quelques reliefs en stuc
colorié. Les fresques de Gaudenzio à l'église
délie Grazie de Milan datent de 1542; elles re-
présentent La Passion de Jésus-Christ, et là sur-
tout il a imprimé à ses personnages le caractère
de la force , non pas qu'il ait fait sentir les mus-
cles d'une manière trop marquée , mais parce
qu'il a choisi des attitudes à la fois imposantes
et terribles. Ces fresques sont malheureuse-
ment en mauvais état. Le même caractère éner-
gique se retrouve peut-être encore à un plus
liant degré dans La Chute de saint Paul, tableau
de l'église des Conventuels de Verceil.
A la suite de ses fresques de l'église délie
Grazie, Gaudenzio avait espéré obtenir la com-
mande du tableau du maître autel ; mais le Ti-
tien lui fut préféré, et peignit alors ce magnifi-
que Couronnement d'épines qui, conquis parles
Français en 1797, est resté au Musée du Louvre.
Pour dédommager Gaudenzio, on le chargea de
peindre pour la même église Saint Paul en
méditation , qui, enlevé en même temps que le
tableau du Titien, est, comme lui, resté à Paris.
Ce tableau, l'un des meilleurs du maître, au
dire de Baldinucci et de Scaramuccia, porte
la date de 1543. Indiquons encore rapidement
les plus célèbres parmi ses autres ouvrages :'^à
Milan, au musée de Brera, plusieurs fragments de
fresques provenant de Santa-Maria della Pace,
église convertie en magasin militaire, et le Mar-
tyre de sainte Catherine tableau comprenant
507
de nombreuses figures un peu plus grandes que
nature ; à Santa-Maria di S. Celso, le Baptême
de Jésus-Christ ; à Santa-Marta , autrefois San-
Giorgio al Palazao, unmagnifique Saint Jérôme;
à Saint- Ambroise , Xa Vierge entre saint Bar-
thélémy et saint Jean, et les restes d'un Christ
mort, d'une Madelaine pleurant et de quel-
ques autres figures; au palais Andriane, La
Crèche avec Saint Jérôme, l'un des chefs-d'œu-
vre du maître ; enfin à Santa-Maria deila Pas-
sione, La Cène, peinture pleine de feu et colorée
avec une grande énergie, mais que la mort
ne lui permit pas d'achever entièrement; à
Côme, dans la cathédrale, La Fuite en Écjijpte
et Le Mariage de la Vierge ; à Rome, au palais
Sciarra, une Vision, et au musée du Capitol e,
une Madone, La Femme adultère, et La Crèche,
esquisse; à Venise, au palais délia Rovere, Za
Nativité; h. Bruxelles, au musée, une Madone
avec trois anges et un donataire agenouillé;
enfin, à Berlin, une autre Nativité et un por-
trait d'homme.
Gaudenzio Ferrari fut après Léonard de
Vinci le premier peintre de l'école milanaise,
et l'un des plus illustres de son époque; ses
compositions sont nobles , ses expressions vraies
et animées , son coloris vif et agréable, ses car-
nations variées, ses attitudes gracieuses, ses
étoffes brillantes et bien choisies ; il eut, comme
Pierinodel Vaga et Jules Romain, une étonnante
fécondité d'idées , mais dans un genre différent,
car, à l'exception des peintures de laFarnésine,
qn'il ne fit qu'exécuter d'après Raphaël , il ne
traita jamais que des sujets sacrés. Il l'emporta
sur tous ses rivaux par le talent d'exprimer la
majesté divine, les mystères de la religion et les
sentiments de piété auxquels lui-même fut tou-
jours fidèle. Dessinateur habile, il se plut sou-
vent à rechercher les raccourcis les plus difficiles.
Lorsqu'il enrichissait ses compositions de pay-
sages ou d'architectures , il faisait preuve d'une
parfaite entente de la perspective ; en un mot, il
fut digne d'être mis par Lomazzo au nombre des
sept plus grands peintres qu'ait produits l'Italie.
E. BîlETOiN.
tovaazzo, Idea del Tempio délia Piltm-a.—G. Ror-
diga , f'itadi G. Ferrari. — Vasari, P'iti^. — Baldi-
nucci, IVotizie. — Scaramnccia, Le Finezze de' PennelH
Italiani. —G. délia Vallc, préface du dixième volume
de Vasari. — I-anzi, Storia délia PiUura. — Ticozzi ,
Dizionario. — Orlandi, Abbeccdario. — Memorie suit'
insigne tempio di Nostra Signora pressa Saronno. —
l'irovanno, Guida, di Milano. — Villot, Musée du
Louvre.
FERBARS [Jérôme^, philologue italien, né
à Correggio, en 1501, mort à Rome, en 1542. Il
entra dansles ordres, se distingua par son savoir,
et obtint la protection de plusieurs cardinaux,
entre autres d'Alexandre Cesarini, qui le logea
dans son palais. On a de lui : Emendationes in
Philippicas Ciceronis; Rome, 1542.
Ortensio Landi , Catuloqhi, \i. 460. — Paul Manuco,
Dédicace de son édiUon de la 3" partie des Discours de
Cloérnn. — CoUeoni, Scrittor. di Corregqio, p. xxxii.
FERRARI 508
— Tiraboschi, Storia délia Letteratura Italiana, t. Vil,
part. II, p. 233.
* FERRARî {Benedetto), peintre de l'école
de Mantoue, llorissait au commencement du
seizième siècle. Il n'est connu que par un docu-
ment précieux conservé dans les archives des
Gonzagues, et publié récemment par M. A. Gua-
landi. C'est un état des sommes payées à cet ar-
tiste pour des travaux exécutés dans le palais de
Mantoue du 12 avril au 9 juillet 1518, travaux
consistant en architectures à fresque enrichies de
figures et de chevaux de grandeur naturelle, et
pour lesquels l'auteur reçut la somme de 188
Hv. 10 s. E. B.— N.
M. A. Gualandi, Memorie originali di Belle Arti;
Bol'ogna, 1S42.
FEiftUARi {Bartolomeo),nommé quelquefois,
mais à tort, Fekkera, fondateur italien d'ordres
religieux, né à Milan, en 1497, mort en novembre
1544. 11 était fils de Luigi Ferrari et de Cata-
linadeCastiglione, et appartenait aune des pre-
mières familles du Milanais. Il perdit ses parents
dans une extrême jeunesse. Resté sans guides ,
il se fit néanmoins remarquer par sa piété, sa
charité et la pureté de ses mœurs. Une grande
conformité de sentiments le porta à se lier
avec Antonio- Maria Zaccario de Crémone et
Giaconio-Antonio Morigia, gentilhomme de Mi-
lan. Ils instituèrent ensemble la congrégation des
Clercs réguliers de Saint-Paul , qu'on appela
ainsi parce qu'ils prirent cet apôtre pour leur
patron; mais on leur donna communément le
nom de Barnabites, de l'église de Saint- Barnabe
deMilan, qui leur fut accordée en 1545. Cette con-
grégation fut approuvée en 1530, par Clément VII,
et confirmée trois ans après par Paul III. Les
règles du nouvel ordre obligeaient ses membres
à renoncer aux biens temporels et à ne fonder
leur subsistance journalière que sur la libéralité
des fidèles ; mais ils se lassèrent bientôt de cette
manière de vivre , et ils prirent dans la suite le
soin d'assurer à leur communauté des fonds etdes
revenus fixes. Leur principale fonction était d'al-
ler de ville en ville, comme les apôtres , pour
convertir les pécheurs et les ramener dans le
chemin du repentir et de la foi. Ferrari fut élu
supérieuren 1542; mais il ne gouverna .son ordre
que deux années. Les barnabites se répandirent
en Allemagne, en Bohême, en Savoie, en Fran-
ce, etc., et enseignèrent dans les principales uni-
versités. On vit bientôt aussi s'élever des com-
munautés de femmes nommées Angéliques , qui
observaient la règle des Barnabites, sous la
direction de ces pères; mais la discipfine de
ces religieux ne garda pas longtemps sa pureté
primitive.
Morl^ia, Istor. dell. Orig. di lutte le Relig., lib. I,
cap. Lxv. — Anaclet .Sicco et Val. Madio, Stjnops. de
Cleric reg. congregationis Sancti Pauli. — Mosheini,
Histuire ecclésiastique ancienne et moderne, t. IV,
p. 204. — Hélyot, Hist. des Ordres, t. IV, cliap. xvi.
p. 100.
FESiiiARi (Ottaviano), philosophe et archéo-
logue italien, né à Milan, le 23 septembre 151 S,
509 FERRARI
mort danslamême ville, en 1586. Après avoir étu-
dié la philosophie et la médecine dans les plus
célèbres universités d'Italie , il devint professeur
au collège Canobio à Milan. Le sénat de Venise
l'appela à Padoue pour y enseigner la philosophie
d'Aristote. Au bout de quatre ans , il retourna
à Milan, où il continua de professer la philosophie
jusqu'à sa mort. On a de lui : De Sermonibus
exotericis; Venise, 1575, in-8°. Cet ouvrage,
fort utile pour l'intelligence des doctrines d'Aris-
tote , fut réimprimé avec les additions de Mel-
chior Goldast et une nouvelle dissertation de
Ferrari intitulée : De Disciplina encycUca, sous
letitrede Clavis Phllosophiseperipateticse aris-
Joife^icôe ; Francfort, 1606, in-8°; —De Origine
Romanorum ;M\\ài), 1607, in-8°; réimprimé dans
les Antiquitates Romanse de Grsevius, t. l*"".
Nicéron, Mémoires x)Our servir à l'histoire des hom-
mes illustres, t. V. — Argelati, Bibliot. Script. Mediol.,
t. I, part. H.
* FERRAni (Bernardo) , peintre de l'école
milanaise, né à Vigevano , ville du Piémont, qui
alors appartenait au Milanais , florissait à la moi-
tié du seizième siècle. Il fut élève et imitateur
de Gaudenzio Ferrari. Deux panneaux d'orgue
peints par lui dans la cathédrale de Vigevano ne
justifient pas complètement les éloges que Lo-
mazzo a donnés à cet artiste. E. B.— n.
510
Lomazzo, Idea del Tempio délia Pittura, — Ticozzi,
Dizionario. — Lanzi, Storia delta Pittura.
PERRA.RI {Louis), mathématicien italien,
né à Bologne, le 2 février 1522, mort dans la
même ville, en 1565. Né de parents pauvres, il
entra, à l'âge de quatorze ans, sans aucune tein-
ture des lettres, à l'école de Cardan , et fit des
progrès si rapides qu'il put à dix-huit ans faire
un cours public d'arithmétique et sortir vain-
queur de luttes publiques soutenues contre
Giovanni Colla et Niccolà Tartaglia. Il était de
plus très- versé dans l'architecture, la géographie,
l'astronomie, la philologie grecque et latine.
« Pour les mathématiques , dit Tiraboschi , il
n'avait pas son pareil. » Les princes italiens se
le disputaient : il donna la préférence au car-
dinal Ercole de Gonzague et à son frère don
Ferrante, gouverneur de Milan. Celui-ci lui confia
le soin de lever la carte du Milanais. En quit-
tant le service du prince Ferrante, il retourna à
Bologne, où Cardan lui procura une chaire de
mathématiques. Il mourut moins d'un an après
l'avoir obtenue. On doit à Ferrari la première
solution des équations du quatrième degré. Il
n'a laissé aucun ouvrage.
Cardan, Opéra, t. IX. — Tiraboschi, Storia delta
IMterutura Ituliana.— Montucla, Histoire des Mathé-
matiques, l. II.
FERRARI {Philippe), géographe italien,
né à Ovillo ( Milanais ) , vers le milieu du
seizième siècle, mort à Milan, en 1620. Il en-
tra dansTordre des Servîtes, professa pendant
quarante-huit ans les mathématiques , et fut élu
deux fois général de son ordre. 11 composa divers
livres, tels que : Ti/pographia in martyrologium
Romanum ; Epitome Geograph. lib. lY ; Ca-
talogus SS. Italise; il les réunit dans son Lexi-
con Geographicum , imprimé api'ès la mort de
l'auteur par Jean Côme; Milan, 1627, in-4°;
réimprimé, avec des additions, par Baudrand;
Paris, 1670, in-fol.
Moréri, Grand Dictionnaire historique.
FERRARI {François-Bernardin) , archéo-
logue italien , né à Milan, en 1576, mort dans la
même ville, le 3 février 1669. Entré dans la con-
grégation de Saint-Ambroise , il s'appliqua avec
succès à la philosophie, à la théologie, ainsi
qu'aux langues anciennes et modernes , et se fit
recevoir docteur du Collège ambrosien. Par ordre
du cardinal Frédéric Borromée, archevêque de
Milan , il parcourut l'Espagne et l'Italie pour re-
cueillir des livres et des manuscrits. Il en fit une
ample collection, qui fut le commencement de la
célèbre Bibliothèque ambrosienne. Vers 1638, il
devint directeur du Collège des Nobles établi à
Padoue. Il occupa cette place pendant deux ans,
au bout desquels sa mauvaise santé l'obligea à
revenir à Milan, où il resta jusqu'à sa mort, arri-
vée dans un âge très-avancé. On a de Ferrari
plusieurs ouvrages pleins d'érudition et de re-
cherches curieuses. En voici les titres : De an-
iiqiio ecclesiasticarum epistolarum génère
Libri très; Milan, 1612, in-8°; — i)e Ritu sa-
cranim EcclesLv catholicse concioniim Libri
très; Milan, 1618, in-8"; 1620, in-4<*. Ce savant
ouvrage était devenu extrêmement rare lorsqu'on
en fit une troisième édition ; Paris, 1664, in-S". Il
fut encore réimprimé à Utrecht, 1692, in-8'', par
les soins de Graevius, et à Vérone, 1729, in-8°; —
De Veterum acclamationibus et plausu Libri
septem ; Milan, 1627,in-4°, réimprimé par Grae-
vius, dans son Thésaurus Antiquit. Romana-
rum, t. VI.
Ghilini, Teatro d' Huomini letterati. — F. Picinelll,
Ateneo de i Letterati Milanesi. — Argelati, Bibliot.
Scrifjt. Mediol., t. 1, part. Il, p. 602, — Nicéron, Mé-
moires pour servir à l'histoire des hommes illustres,
t. XXVlli.
FERRARI ( Ottavio), archéologue italien, ne-
veu du précédent, né à Milan, le 20 mai 1607,
mort à Padoue, le 7 mars 1682. Élevé par les
soins de son oncle François-Bernardin , il fit ses
études au Collège Ambrosien. Ses progrès furent
si rapides, qu'à l'âge de vingtet-un ans il obtint
dans ce collège une chaire de rhétorique. Six
ans après , c'est-à-dire en 1634, la république de
Venise l'appela à Padoue pour y enseigner l'élo-
quence et la langue grecque. L'université de Pa-
doue était fort déchue. Ferrari lui rendit son an-
cien lustre. La république l'en récompensa en
augmentant ses appointements, qui de cinq cents
ducats furent portés jusqu'à deux mille. Après la
mort de Ripamonte,il lui succéda dans la place
d'historiographe de Milan, avec une pension de
deux cents éciis. 11 commença une histoire de
cette ville; mais, n'ayant pu obtenir communica-
tion des pièces contenues dans les archives de
Milan, il laissa son oeuvre inachevée, et défendit
m,
511
FERRARI
512
â ses héritiers de la publier. La réputation et le
mérite de Ferrari lui valurent des présents et des
pensions de la part des princes étrangers. La
reine de Suède, Christine, lui donna une chaîne
d'or, et Louis XIV lui accorda une pension de
cinq cents écus. Ferrari était de mœurs si douces,
qu'on lui donna le surnom de Conciliateur et de
Pacificateur ; il avait des connaissances très-
étendues ; son style, plein d'élégance , manque
quelquefois de simplicité et de précision. Voici
la liste de ses ouvrages : De Re Vestiaria Libri
ires; Padoue, 1642, in-8° ; 2° editio: libri VII;
quatuor postremi nunc primum prodeunt,
reliqui emendatiores et auctiores , adjectis
iconibus; Padoue, 1654, 'm-i° ; editio nova :
accedunt Analecta de Re Vestiaria, et Dis-
sertatio de Lucernis sepulchralibus veterum ;
Padoue, 1685, in-4". Ces deux derniers traités
avaient déjà paru à Padoue, 1670, in-4°. Le De
Re Vestiaria et les Analecta ont été insérés
dans le tome VI des Antiquitates Romanx de
Graevius, et la Dissertatio de Lucernis dans
le tome XII du même ouvrage. Cette dissertation
est dirigée contre les archéologues qui attri-
buaient aux anciens l'invention de lampes inex-
tinguibles. Ferrari prouve que ces prétendues
lampes éternelles sont des chimères d'érudits ; —
Prolusiones XXVI. Epistolae. Formulée ad
capienda doctoris insignia. Inscriptiones.
Parsl et II ; Padoue, 1664, in-4''; Pars III,
cui accessit panegyr tous, Lxidovicorummagno
Francorum régi dictus ; Padoue, 1668, in-4".
Ces petits ouvrages et quelques autres impri-
més séparément ont été recueillis et mis en
ordre par Jean Fabricius sous le titre à'Opus-
cula; Helmstœdt, 1710, 2 vol. in-8°; — Ori-
gines Linguse Italicas ; Padoue, 1676, in-fol. ;—
Electorum ZiiôridMO; Padoue, 1679, in-4''; —
De Pantomimis et mimis Dissertatio nunc
primum édita; Wolfenbûttel ; 1714, in-8°. Ce
petit traité, publié pour la première fois par Jean
Fabricius, a été inséré dans le second volume
àes Antiquités Romaines de Sallengre; — Dis-
sertationes dus:, altéra de Balnets, de Gla-
diatoribus altéra, nunc demum in lucem edi-
tgeaJoanne Fa&ncio ; Helmstsedt, 1720, in-8".
Charles Patin, I.yceum Patavinum. — .1. Fabridus,
Fita Ferrarii, en tète de ses Opuscula. — Nicéron,
JMëmoires pour servir à l'histoire des hommes illustres,
t. V. — Le Clerc, liibliot. anc. et mod., t. VI, p. 177.
FERRARI ou FERRARirs ( Jean- Baptiste ),
orientaliste et naturahste italien , né à Sienne, en
1584, mort dans la même ville, en 1655. Il entra
dans la Société de Jésus à l'âge de dix-huit ans,
et se distingua également par sa piété et par
l'étendue de ses connaissances. Il occupa pendant
vingt-huit ans la chaire d'hébreu au collège ro-
main. On a de lui : Nomenclator Syriacus ;
Rome , 1622, in-4*. L'auteur déclare dans sa pré-
face qu'il s'est principalement appliqué à expli-
quer les mots syriaques de la Bible. Il fut aidé
dans son travail par des savants maronites. Bo-
chart faisait peu de cas de cet ouvrage ; — De
Christi liberatoris Obitu Oratio; Rome, 1623,
in-4" ; — Orationes ; 1625, in-12 ; — De Florum
Cultura Libri IV ; Rome, 1633, in-4°; traduit
en italien par Lodovico Aurelio ; Rome, 1638,
in-4° ; — Hesperides, sive de malorum aureo-
rum cultura et usu libri quatuor; Rome,
1646, in-fol. ; — Collocationes ; Sienne, 1646,
in-4°.
Sothwel, Scriptores Societatis Jesu. — Aug. et Al. de
Backer, Bibliothèque des Ecrivains de la Comp. de
Jésus.
FERRARI ( Sigismond ) , historien et contro-
versiste italien, né à Vigevano (Milanais),
en 1589, mort à Rome, en 1646. Il entra dans
l'ordre des Dominicains, et fit ses études en Es-
pagne. Il fut ensuite envoyé comme directeur
des études à Gratz, à Vienne, et finit par être
nommé procureur général des Dominicains en
Autriche , et commissaire de la mission de Hon-
grie. Il passa ses dernières années à Rome, dans
le couvent de Sainte-Sabine. On a de lui : De
Rébus Eungaricx provinciee sacri Ordinis
Prœdicatorum ; Vienne, 1637, in-4° ; — Correc-
torium poematis super imiversam s. Thomee
Summam ; Yienae, 1646.
Qaétif et Échard, Scriptores Ordinis Prsedicatorum.
FERRARI ( Gîowflnni-ylndrea de'), peinti-e
italien, né à Gênes, en 1599, mort en 1669.
Issu d'une des premières familles de son
pays , il renonça à la carrière qui eût pu être ou-
verte à son ambition, pour se livrer entièrement
à son goût pour la peinture. Il fut successivement
élève de Bernardo Castello et de Bernardo
Strozzi. Il se fit prêtre, ou plutôt, comme dit
Orlandi , il prit l'habit ecclésiastique pour éviter
les embarras d'un ménage ; car on ne voit pas
que les devoirs de son nouvel état l'aient dé-
tourné un seul instant de ses travaux artistiques.
Dans un âge déjà avancé , il ne quittait le pin-
ceau que quand il y était absolument forcé par
de cruels accès de goutte aux pieds et aux mains ;
aussi at-il énormément produit, et n'y a-t-ii
dans l'État de Gênes presque pas d'église ou de
palais qui ne possède quelques-uns de ses ou-
vrages. Ferrari fut un artiste presque universel ;
histoire, paysages , fleurs, animaux, portraits en
grand et en miniature, il peignit tout, il aborda
tous les genres, et dans tous il réussit avec le
même bonheur. Ses premiers ouvrages se res-
sentent un peu de la langueur puisée à l'école du
Castello; mais plus tard Ferrari se montre ha-
bile imitateur du Strozzi , comme en font preuve
La Crèche de la cathédrale de Gênes, et la Nati-
vité de la Vierge placée dans une église de Vol-
tri. Quoique cet artiste ne soit pas assez connu,
et que le Soprani se soit peut-être montré envers
lui un peu trop sobre de louanges , il est sans
contredit du nombre des premiers peintres de
Gênes. Il suffit d'ailleurs pour faire son éloge
de dire qu'il fut le maître de G. Bernardo Car-
bone , le premier peintre de portraits de l'école
Génoise. E. B— n.
Soprani, Vite de' Pittori Genovesi. — BaWinuccl, Pfo-
513
tizie. — Oriandi, Abbeceiario. — Lanzi, Storia délia
Pittura. — Ticozzi, Dizionario. ~ Winckelrnann, N'eues
Malilerlexihon.
*FERRAiaï (Leonardo), dit le Leonardino
on le Lonardino, peintre de l'école bolonaise,
■vivait dans la première moitié du dix-septième
siècle, et mourut vers 1648. Élève de Lucio Mas-
sari, il aima à peindre des sujets familiers et des
caricatures, genre vers lequel le portait un esprit
I tourné à la facétie, et qui sous plus d'un rapport
. avait de l'analogie avec celui de Salvator Rosa ;
■ comme le grand maître napolitain , à chaque
' carnaval il paraissait spus le masque et traînait
après lui la foule avide d'entendre ses lazzis et
ses piquantes saillies. 11 peignit cependant à
l'huile et à fresque, et avec un égal succès, des
sujets religieux , et on trouve un assez grand
nombre de ses ouvrages en ce genre dans les
églises de Bologne. M. Gualandi a pubhé le testa-
ment du Lonardino écrit peu de temps avant sa
mort, le 13 février 1648 ; par cet acte, il laisse
à un peintre de ses amis, Filippo Menzani, tous
ses dessins , esquisses , chevalets , toiles , pin-
ceaux, etc., à la charge de terminer tous les
tableaux qui lui avaient été commandés en en
touchant le prix, ou à son choix de restituer
les arrhes qu'il avait reçues.
Le Lonardino laissa un frère, surnommé Gule-
piedi , ce qui supposerait qu'il était cul-de-jatte.
Il fut, dit-on, excellent copiste. E. B — n.
Malvasia, FÉlsinapittrice. — Or\anài, Abbecedario. —
1 M. A. Gualandi, Memorie originali di Belle Arti.
* FERRARI (Lîica), dit Luca de Reggio,
peintre, né à Reggio de Modène, en 1603, mort
à Padoue, en 1654. Par le lieu de sa naissance ,
il appartiendrait à l'école de Modène; Lanzi le
classe parmi les peintres de l'école vénitienne,
parce que pendant longtemps il vécut et enseigna
à Padoue; nous croyons que l'école bolonaise
doit le revendiquer à plus juste titre, car il fut
élève du Guide, et ses peintures à Santa-Maria
délia Ghiara de Reggio ont un caractère gran-
diose qui a fait croire à Scanelli qu'il s'était pro-
posé d'imiter le Tiarini. Cependant on reconnaît
à ses airs de tête et à certains mouvements pleins
de bonheur qu'en cherchant à agrandir son style
il n'a pas oublié la grâce de son maître. Son co-
loris est admirable, ainsi que le prouve l'une de
ses meilleures toiles , La Descerite de croix de
Saint-Antoine de Padoue. Il réussissait moins
bien dans les compositions qui comprenaient un
grand nombre de figures, telles que La Peste de
1630, aux Dominicains de la même ville. Citons
encore parmi les bons ouvrages de Luca de Reg-
gio, Élie et Saint Jean à la Madonna délie La-
grime de Bologne. Son portrait peint par lui-
rnême fait partie de la collection de la galerie de
Florence. Ferrari eut pour élèves Minorello , Ci-
rello et Francesco Zanella. E. B — n.
Scanelli, Il Microcosme délia Pittura. — Tirabosclii ,
Notizie degli Jrtejlci Modenesi. — Lanzi, Storia délia
^Pittura. — Ticozzi, Oizionario. — Siret, Dict. hisst.
* iR'ERRARi (Orazio), peintre de l'école gé-
KOUV. DIOGR. GÉKIÎR, — T. XVII.
fERRARI .514
noise, né en 1606, à Voltri (État de Gênes),
I mort en 1657. Suivant Oriandi, il fut neveu et
' élève d'Andréa Ansaldi ; mais Lanzi croit qu'il
ne fut que son compatriote et son ami. Il fut
habile dessinateur et bon coloriste; il peignit
bien à fresque, mais encore mieux à l'huile,
témoin le tableau de La Cène à l'oratoire de
San-Siro de Gênes. Protégé par beaucoup de
grands personnages, et principalement par le
souverain de Monaco, il vécut quelque temps
à la cour de ce prince, qui le fit chevalier. De
retour à Gênes, il fut enlevé par la peste de 1657,
avec son fils Giovanni-Andrea et sa famille en-
tière.
Soprani, f^ite de' Pittori Genovesi. — Oriandi, Abbe-
cedario. — Lauzi, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Di-
zionario.
* FERRARI (Giovanni-Andrea) , peinti-e de
l'école génoise du dix-septième siècle. Fils et
élève du précédent, il peignit dès l'âge de
douze ans un portrait conservé dans la biblio-
thèque de Vintimille. Il fut avec toute sa famille
enlevé jeune par la peste qui désola Gênes en
1657.
Soprani, f^ite de' Pittori Genovesi. — Oriandi , Abbe-
cedario.
* FERRARI {Francesco), peintre de l'écols
de Ferrare, né aux environs de Rovigo, en
1634, mort à Ferrare, en 1708. Il avait appris
d'un Français à peindre la figure ; il étudia en-
suite la perspective et l'ornement sous le Bolo-
nais Gabriele Rossi. On ne connaît plus aucun
des ouvrages de celui-ci ; mais les auteurs qui
avaient pu leur comparer ceux de son élève
disent que Ferrari ne l'égala pas par la majesté
de ses architectures, mais le surpassa par le re-
lief et la force du coloris. Il peignit aussi quel-
ques tableaux d'histoire pour les églises de
Ferrare ; mais ils sont inférieurs en mérite à ses
architectures et à ses perspectives, car là était
sa véritable vocation. Après avoir peint de nom-
breux décors pour les théâtres d'Italie, il tra-
vailla assez longtemps à Vienne pour l'empereur
Léopold T'"; mais l'état de sa santé le força de
revenir en Italie, où il ouvrit une école d'où sor-
tirent Mornassi, Grassaleoni, Paggi, Raffanelli ,
Giacomo Filippi, et son fils Antonio-Felice Fer-
rari, qui les surpassa tous. E. B — n.
Baruffaldi, y%te de' Pittori Fcrraresi. — Lanzi, Storia
délia Pittura. — Oriandi , Abbecedario. — Ticozzi, Di--
zionario.
* FERRARI QAntonio-FeHce), peintre de l'é-
cole de Ferrare , fils et élève du précédent ,
né dans cette ville, en 1668, mort en 1719. Il
peignit avec une rare habileté l'architecture,
l'ornement et la décoration ; au style délicat de
son père, il sut réunir une noblesse d'invention
qui lui concilia tous les suffrages. Il travailla
beaucoup à Ferrare, à Ravenne, à Venise, etc.;
mais sa santé ayant été altérée par une pi'atique
trop assidue de la lres(]ue, il prit cet art en telle
aversion que, par son testament, il déclara son
fils déchu de sa succession s'il voulait embrasser
17
515
la profession de son père. Ferrari compta parmi
ses élèves Giuseppe Faccliinetti , Maurelio Goti
etGirolarno Mengozzi. E. B — n.
Baruffalcli, itoria de Pittori Ferraresi. — Lanzi,
Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizionario. — Orlandi,
Abbecedario.
* FERRARI (Gregorio) , peintre de l'école
génoise, né à Port-Maurice, en 1644, mort à
Gênes, en 1726. Après avoir fréquenté l'atelier
de Domenico Fiasella, dit le Sarzana, il alla à
Parme étudier les ouvrages du Corrége, qu'il
parvint à copier avec une rai'c perfection. Il se
forma ainsi un style large, neuf, original, qu'il
n'eût jamais pu puiser à l'école du Sarzana ; i!
acquit un coloris vrai et vigoureux dans ses
peintures à l'huile , quoique pâle et languissant
<lans ses fresques; mais pour la science du clair-
obscur il n'approcha pas de son divin modèle, et
il conserva une incorrection de dessin surtout
sensible dans les raccourcis. Les draperies flot-
tantes, qu'il affectionnait, choquent souvent par
l'affectation et le défaut de naturel. Parmi ses
meilleurs ouvrages, on cite Saint Michel à la
Madonna délie Vigne de Gênes, et deux ta-
bleaux aux Théatins de San-Pier d'Arena. Il
a travaillé également à Turin et à Marseille. Il
mourut à quatre-vingt-deux ans, laissant son fils
Lorenzo digne héritier de sou talent. E. B— n.
Katti , Fite de' Pittori Genovesi. — Lanzi, Storia
delta Pittura. — Ticozzi, Dizionario.
* FERRARI ( Lorenzo ) , dit Vabbé Ferrari,
peintre de l'école génoise , fils et élève du pré-
cédent, né en 1680, mort en 1744. Quoique ayant
embrassé l'état ecclésiastique, il n'en fut pas moins
le meilleur élève de son père, Gregorio. Il alla se
perfectionner à Rome sous Carlo Maratta ; aussi
trouve-t-ondanssa manière beaucoup du style de
l'école roniame, quoiqu'il ait, comme son père,
imité souventle Corrége, surtoutdans les raccour-
cis. Son dessin est plus correct que celui de Grego-
rio ; son coloris, qui tombe parfoisdans la langueur
lorsqu'il n'a à craindre aucune comparaison,
sait dans la fresque atteindre la vigueur de
l'huile lorsqu'il est exposé au voisinage de fres-
ques des Carloni ou de quelque autre coloriste. Il
excella à peindre les camaïeux, et les églises
aussi bien que les palais de Gênes sont remplis
de ses travaux en ce genre. Parmi ses fresques,
celles du palais Carega représentent des sujets
tirés de ï Enéide. Un des meilleurs tableaux
de l'abbé Ferrari est celui qu'il peignit pour
l'église de la Visitation des Augustins déchaus-
sés, et dans lequel il a réuni plusieurs saints de
cet ordre. Cet artiste n'était pas moins distingué
pour son esprit et son excellente éducation, et
Orlandi dit qu'il chai'mait tout le monde par l'é-
nergie et la grâce de ses discoui's. E. B — n.
Ratli, Fite de* Pittori Genovesi. — Orlandi , Abbece-
dario. — l^anzi, Storia délia Pittura. — Tit'ozzi, Di-
zionario.
FERRARJ ( Barfolomeo ), mécanicien italien,
né à Bologne, vivait dans le dix-septième siècle.
Il était <!octein- en philosophie et en médecine.
FERRARI 51 G
Il construisit pour Gonzague, duc de Sabionetta,
une horloge compliquée, dont il publia ladescrip-
tion sous le titre de Bello Sferologio e sue ope-
razioni; Bologne, 1683, in-8°.
Cinelli, Bibl. volante.
* FERRARI ( Eusebio ) , peintre de l'école
piémontaise, né à Verceil, llorissait vers 1660.
Doué d'un esprit élevé et intelligent, il fit de son
art une longue et consciencieuse étude, dont té-
moignent de nombreux tableaux existant dans
les églises de Verceil, et notamment dans celle
de Saint-Paul des Dominicains.
Orlandi, Jbbecedario.
* FERRARI (Giacomo), peintre de l'école
de Crémone, mais originaire de Mantoue , llo-
rissait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. On voit de lui dans l'égfise Saint-Georges-
et-Saint-Pierre de Crémone quatre grands ta-
bleaux. Les deux principaux, placés dans le
chœur, représentent les Martijres de saint Gua-
rini et saint Alexandre, et portent les dates de
1657 et 1658. Dans le second, l'artiste prend la
qualification de Mantouan. Les deux autres ta-
bleaux, dont les sujets sont tirés de la légende de
Pepiyi et Plectrude, surmontent les portes laté-
rales et sonldatésde 1664. Ferrari a laisse à Saint-
Dominique un très-grand tableau, représentant le
saint et Simon de Monfort chassant les All)i-
geois. Dans sa vieillesse, Ferrari, s'étant adonné
à l'alchimie, perdit à la fois la raison et tout ce
qu'il avait acquis par son travail, et mourut mi-
sérablement. E. B— N.
Zaisl, Notiz4e storiche de' Pittori, Scultori e Archi-
tetti Crcmonesi. — Ticozzi , Dizionario.— G. Grasselli ,
Guida storico-sacro di Cremona.
FERRARI ( Gïii), biographe et publiciste ita-
Uen , né à Novare, en 1717, mort en 1791. Il
entra dans la Société de Jésus, et professa dans
les collèges de son ordre. Il cultiva presque tous
les genres littéraires, sans exceller dans aucun.
Ses nombreux ouvrages ne sont guère remar-
quables que par une latinité élégante. On a de
lui : De Rébus gestis Eugenii principis a Sa-
baudia, bello Pannonico , Libri III; Rome,
1747, in-4" ; La Haye, 1749, in-8° ; — Epïstola
de Institutione Adolescenticc ; Milan, 1750,
ia-8" ; .^ De Politica arte oratio dicta; Ni-
mègue, 1750, in-4° ; — De optimo Statu Civi-
tatis ; Nimègue, 1751 ; — De Rébus gestis \
Eugenii principis bello Ttalico, Libri IV ; Mi-
lan, 1752; — De Jurïsprudentia; 1755, in-4"-,'
— Orationes actionesque academicœ ; Augs-
bourg, 1756, in-4°; — De Rébus gestis Eti-\
genii principis bello Germanico, Libri If ,
belle Belglco, Libri ///;Zutphen, 1773, in-8" ;
— Res bello gestx auspiciïs BL-Thcresix\
AugustcC,ab ejus regni initio ad anmtm 1763,
inscriptionibus explicutœ ;ym'\nQ, 1773, in-S",
— De Vita qtiinque Imperniorum Germa- \
norum; Vienne, 1775,in-8°. Ces cinq génC- '
raux sont Brown, Daun, Nadasti, Serbelloni cl |
Laudon.
Biographia univers. Italiana, {
517
FERRARI -
FERRARI (Giambattista) , biographe ita-
lien, né à Trieste, le 21 juin 1732, mort à Padoue,
en 1806. Latiniste distingué, il se voua à l'en-
seignement, et devint préfet des études au col-
Jége de Padoue. Ses principaux ouvrages sont :
Laudatïo infunere démentis XIII ; Padoue,
I in-4°; — VUa JEgidïi Forcellini; Ma., 1792,
! in-4°; — Vitœ lllustrlum, Virorum Seminarii
Patavinensis ; ibid., 1799, in-S"; — VUa Ja-
cobi Facciolati; ibid., 1799, in-S" ; — VUa
Pu VI, cum appendice; ibid., 1802, in-4°.
Biografta universale.
FERRARI {Pietro), ingénieur italien, né à
Spolète, en 1753, mort à Naples, le 7 décembre
1825. Pendant la domination française en Italie,
il fut nommé ingénieur en chef du département
du Trasimène, s'occupa de grands travaux d'u-
tilité publique, et commença le tracé d'un canal
de jonction entre la Méditerranée et l'Adria-
tique. La chute de l'empire français fit abandon-
ner ce projet; mais Ferrari ne cessa d'en faire
l'objet de ses études et de ses méditations, et
vers la fin de sa vie il publia, en 1825, une livre
intitulé : De VOiiverture d'un canal navigable
qui de la mer Adriatique , en traversant
V Italie, déboucherait par deux endroits dans
la mer Méditerranée.
Rabbe, Boisjolin, etc., Biogr. univ. et port, des Cont.
*FERRARi (Bartolomeo), sculpteur italien,
né à Venise, en 1780, mort le S février 1844.
Élève de son oncle Giovanni Ferrari-Torretti,
il a laissé un grand nombre de statues et de mo-
numents funèbres, ainsi que de remarquables
sculptures en bois et quelques morceaux en
bronze. En 1815, il restaura le célèbre Lion ailé
de Saint-Marc de Venise. Cii — p— c.
Fulcliiron, f-'oyaoB en Italie.
* !'"EÊî!îAR8 ( Joseph ), écrlvain français, d'o-
rigine italienne, né ;i Milan, en 181!. Étant en-
core \\ Milan, il publia, en 1834-1835, une édi-
tion complète des Œuvres de Vico, en 6 vol.
in-8'', qui est très-estimée. Arrivé à Paris, il
publia, ( n 1839, un ouvrage intitulé Vico et l'I-
talie, 1 vol. in-8". L'inlluence de Vico sur l'I-
talio, riiistoire de Xd^ Science nouvelle e,i ses
rapports avec les systèmes plus récents forment
le pWiKiipal sujet de ce livre. En 1842, il fit pa-
raître des Idées sur la politique de Platon
et d^Aristote, exposées en quatre lettres à la
Faculté des lettres de Strasbourg, suivies
d'un Discours sur l'histoire de la philoso-
phie à l'époque de la Renaissance, in-8°.
Ciiargé do suppléer l'abbé Bautain à la Fa-
culté des lettres de Strasbourg, il fut vivement
atlaqué par la parti catholique, qui l'accusait
d'avoir professé la communauté des biens et des
femmes. M. Ferrari s'éleva contre cette accusa-
tion, qui occupa beaucoup la presse à cette épo-
que, et M. Hambourg prit sa défense dans une
lirochure intitulée : Opinions exaltées sur
l'enseignement universitaire, et reproduc-
tion véridique de la philosophie .sociale de
FERRARIS 5!8
M. J. Ferrari. On a, en outre, dé M. Fersari
deux thèses , l'une intitulée : De religiosis
Campanellee Opinionibus, 1840, in-S"; l'autre:
De l'Erreur, 1840, in-8°. Guyot ne Fére.
Louandre, Littéral, icontempor. — Journal de la Li-
brairie.
FERRARI {GabrielejiE'), imprimeur italien.
Voyez. GioLiTO.
* FERRARlis {Théophile de), philosophe
scolastique italien, né à Crémone, vers 1431.
I! entra à Venise dans le couvent des Dominicains ,
se livra à l'étude de la philosophi',^ péripatéti-
cienne, et publia, en 1493, un volume in-4'' inti-
tulé : Propositiones ex omnibus libris Aris-
totelis collectas; il fut en outre éditeur des Com-
mentaires de saint Thomas sur divers livres
d'Aristote. G. B.
QuéUf, Scriptores Ordinis Prœdicalorum, 1. 1, p. 84".
— Arisi , Cremona litteraria, t. J, p. 328. — Fabriciiis,
Bibliotheca Latina, t. V! , p. 6'M.
FERRARiKi { Michel- F p.brice) , archéologue
itahen, né à Reggio , au quinzième siècle, mort
dans la même ville, en 1492. Il entra dans l'ordre
des Carmes, et devint prieur de son couvent en
1481. 11 recueillit avec beaucoup de soins toutes
les inscriptions qu'il put trouver concernant l'Ita-
lie, les copia avec une grande exactitude , et en
composa un gros volume in-4°, sur vélin et orné
de dessins et d'arabesques. Ce précieux manus-
crit fut conservé longtemps à la bibliothèque des
Carmes à Reggio. La Bibliothèque impériale de
Paris en possède une copie. Ferrai'ini donna la
[jremière édition de l'ouvrage de Yaierius l-roiins,
Significatio Litlerarnm antiquarum; Bo-
logne, 1586.
G. Guasco, Stor. deW Accad. di Reggio.
FEKR.4 81IS (/o.vep/?., comte de), général autri-
chien, né à Ijunévil'.o, le 20 avril 1726, mort à
Vienne, le 1*"" avril 1814. Issu d'une famille nobie
du Piémont établie en Lorraine , il fut admis er.
1735 dans les pages de l'impératrice Amélie,
veuve de Joseph F''. En 1741, il entra avec le,
grade d'enseigne dans le régiment de Griine, fut
i)lessé à la bataille de Czasiau, en 1742 , et ob-
tint avant la fin de la campagne une compagnie
d'infanterie. Colonel pendant la guerre de Sept
Ans, il se signala particulièrement à la bataille
de Hochkirchen. En 1761 il fut promu au grade
de général-major, et en 1773 à celui de lieute-
nant général. Nommé on 1767 directeur général
de l'artillerie des Pays-Bas il s'occupa de ia
carte de Belgique. Cet ouvrage, composé sur le
modèle de la carte de France par Cassini, fut
achevé en 1777. Quoique déjà avancé en i\g(!,
Ferraris prit une [lart active à ia campagne de
1793 contre la France. Il alla ensuite occuper
à Vienne la place de vice-président du conseil
auliquc. I! fut élevé en 1808 à ladia;nité <ie fi'ld-
maréchal. Ferraris joignit à de remarquables
talents militaires une grande culture d'esfii'it et
beaucoui) d'aménité dans les manières.
Conversation' s Lexicon. — ArnaïUt, Jouy, Plr., A'i'7
pgrahie nniivelle i!es Contemporains.
17.
3Î9
FERRARO — FERRATA
520
• FERKAK,© {Jean-Baptiste), médecin vété-
rinaire italien, né à Napïes, vivait au seizième
siècle. Il futécuyer de Philippe II, roi d'Espagne.
On a de lui : Due Anatomie, una clelli membri
e viscère, l'altra delV ossa de' cavnlli; Bo-
logne, 1673, in-12. Ferraro avait aussi composé
sur l'art d'améliorer les différentes races de che-
vaux et de guérir les maladies auxquelles ils
sont sujets , un traité imprimé en tête du livre
intitulé : Il Cavallo frenato; Naples, 1602,
in-fol.; Venise, 1620,in-fol.; ibid., 1653, in-fol.,
composé par son fils, Pierre- Antoine Ferraro,
écuyer comme lui du roi d'Espagne.
Cinelli , Bibliotheca volante. — Toppi , Biblioteca Nu-
poletana, avec les addilions de Nicodemi.
FERRARO {André), hagiographe italien, né
à Noie ( royaume de Naples ) , vivait dans la
première partie du dix-septième siècle. 11 était
chanoine et trésorier de la cathédrale de Naples.
On a de lui : Del Cemeterio Nolano, con le
vite d'alcuni santi che vi furono sepeliti;
Naples, 1644, in-4°.
ToDpi, Biblioteca Napoletana, avec les additionis de
Nicodemi.
FERRARS ( Georges), jurisconsulte, historien
et poète anglais, né près de Saint- Alban, vers
1512, mort à Flamstead (Hertford-Shire).
Élevé à Oxford, il se distingaa de bonne
heure par ses talents d'avocat. Lord Cromweil
le remarqua, et l'attira à la cour. Ferrars fut en
faveur auprès de Henri VIII , d'Edouard VI et
de Marie ; cependant, il n'acquit pas une grande
fortune, et resta dans une position politique se-
condaire. On lui attribue, sur l'autorité deStowe,
History of the Reign of queen Mary, publiée
sous le nom de Richard Grafton. Ferrars avait
aussi traduit en latin et en anglais l'original fran-
çais de la Grande Charte. On trouve dans le
Mirror for Maglstrates, de W^iUiam Baldwin
(1587, seconde édit.), ses ouvrages envers;
savoir : The Fait of Robert Tresilian , chief
justice of England, and other his fellows,
for misconstruing the laws , and expoun-
ding them to serve the prince' s affections;
The Tragedy or unlaioful Murder of Thomas
of Woodstock, duke of Gloucester ; The Tra-
gedy of king Richard II; The Sfory of dame
Eleanor Cobham, duchess of Gloucester ; The
Story of Humphry Plantagenet , duke of
Gloucester, protector of England ; The Tra-
gedy of Edmund, duke of Somerset.
Biographia Britannica. — Warton, History of Poetry.
FER.RARS (//ewn), archéologue anglais, pa-
rent du précédent, né en 1549, mort en 1633.
Il s'adonna particulièrement à l'étude du bla-
son , des généalogies et des antiquités. Il ne pu-
blia pas d'ouvrages, mais il laissa de volu-
mineux manuscrits , qui servirent de base aux
Antiquities of Warivickshire illustrated de
Dugdale.
Wood , Athense Oxonienses.
* FERRARY {Eusèbe), aumônier supérieur
adjoint «îo l'aimée d'Orient, né à Collonges
(Ain), le 18 août 1818, mort à Constantinople,
le 7 décembre 1854. Il fit ses études au séini-
naire de Saint-Sulpice , reçut les ordres en 1841,
et fut attaché à la paroisse de Saint-Médard, où
il fonda l'œuvre de Sainte-Elisabeth de Hongrie
pour les jeunes filles pauvres. En 1854, lorsque
la guerre contre la Russie éclata , il fut appelé ,
sur la demande du maréchal Saint-Arnaud, aux
fonctions d'aumônier en chef adjoint de l'armée
d'Orient. Au camp de Varna, pendant les ra-
vages du choléra, il déploya une admirable ac-
tivité. Il suivit l'état-major général dans l'expé-
dition de Crimée; après avoir assisté les mou-
rants , à l'Aima, sous le feu de l'ennemi, il fut
chargé d'accompagner les blessés de cette jour-
née mémorable, évacués dès le lendemain sur
Constantinople; puis il alla rejoindre l'armée
devant Sébastopol. Les transports de blessés et
de malades entre Kamiesch et Constantinople
furent encore confiés à ses soins, et quatre fois en
moins d'un mois il traversa la mer Noire au
milieu des plus violentes tempêtes. D'une cons-
titution très-déhcate, il ne put résister à tant de
fatigues ; atteint d'une attaque de choléra , à
bord du Titan, dans le port de Constanti-
nople , amenant de Crimée un nouveau convoi
de blessés, il fut transporté à Galata, dans le
couvent de Saint-Benoit des Lazaristes, où il
expira. M. Ch.
Doc. et corresp. particul. — moniteur universel du
S janvier 1855. — La Croix et l'Épée, récits de la guerre
d'Orient (1856). — Eiig. Veuillol, L'Église, la France et
le schisme en Orient (1855). — Faits religieux de l'armée
d'Orient (1855). — Gazette de France du 6 janvier 1855.
* FERRART {François), chimiste et natura-
liste français, né le 20 février 1780, à Saint-Brieuc
(Côtes-du-Nord), mortdans la même ville, le 13 fé-
vrier 1842. Il voyagea pendant vingt ans comme
chirurgien de la marine , et se consacra ensuite
tout entier à l'étude des sciences naturelles. On
a de lui : Essai sur l'histoire naturelle du dé-
partement des Côtes-du-Nord, par François
Ferrary, pharmacien, docteur es sciences,
membre correspondant de l'Académie royale
de Médecine, des Sociétés de Géologie, d'His-
toire naturelle, des Sciences naturelles de
France, etc.; Saint-Brieuc, 1836 et années suiv.,
in-18. P. L.
Annuaire des Côtes-du-Nord. —]Biographie Bretonne.
FERRATA ( Ercole ) , célèbre sculpteur ita-
lien, né à Pelsotto ( diocèse de Côme), vers
1610, mort à Rome, en 1685. Il travailla d'a-
bord dans l'atelier d'Orsolino, artiste assez mé-
diocre; il vint plus tai'd à Rome, où, sur la re-
commandation de Spada, il fut chargé de l'exé-
cution de quelques-uns des enfants qui sur les
piliers de Saint-Pierre soutiennent les attributs
pontificaux. A la même époque il sculpta pour
le maître autel de Sainte-Françoise-Romaine un
bas-relief de la sainte lisant un livre soutenu par
un ange. S'étant lié d'amitié avec plusieurs des
élèves de l'Algarde, il entra dans l'atelier de ce
maître, et fit sous sa direction la statue de La
521
FERRÂTA — FERRAUD
522
Force qaenoas voyons surle tombeau de Léon XI
à Saint-Pierre. L'Algarde lui confia aussi l'exé-
cution de la figure de saint Pierre dans le grand
bas-relief d'Attila qui surmonte l'autel de Saint-
Léon dans là même basilique. Le séjour que Fer-
rata fit dans l'atelier de l'Algarde eut sur son
talent une grande influence; et en effet on re-
trouve plutôt le style de ce maître que celui du
Bernin dans les nombreux ouvrages qui rem-
plirent le reste de sa carrière. Nous ne ferons
qu'indiquer les principaux, tels que Saint Jo-
seph et Saint Nicolas de Tolentino, placés
dans l'église consacrée à ce saint , la statue de
La Charité qui orne le tombeau de'Clément ECà
Sainte-Marie-Majeure, et surtout les sculptures
qui décorent l'église de Sainte-Agnès de la place
Navone. Sur le maître autel est la statue de la
sainte au milieu des flammes , et sur les autels
latéraux figurent deux grands bas-reliefs repré-
sentant les Martyres de sainte Émerance et de
saint Eustache livré aux lions avec ses en-
fants. Ce dernier avait été commencé par l'un de
ses élèves, Melcbior Caffa, Maltais; mais une
moit prématurée ne lui avait pas permis de l'a-
chever, non plus qu'une statue de Sainte Anas-
tasie à l'église de cette sainte, et un Saint Thomas
de Villeneuve à Saint-Augustin, ouvrages que
Ferrata termina également. Au commencement
du règne d'Alexandre VII , il aida le Bernin à
faire les modèles des colosses qui portent la fa-
meuse chaire de Saint-Pierre, et ceux des deux
enfants qui la surmontent et tiennent des clefs.
Successivement il fut chargé de faire , pour l'é-
glise de la Minerva, le Tombeau du cardinal
Bonelli, avec une figure deVÉternité soutenant
un médaillon ; pour la façade de Saint-André
délia Valle, La Renoramée elles statues de Saint
André apôtre, et du B. André d'Avellino;
pour le pont Saint-Ange, Y Ange colossal tenant
la croix; pour Saint-Augustin, Le Père éternel
et deux anges qui surmontent l'entrée de la cha-
pelle Panfili ; pour la place de la Minerva, Y Élé-
phant de marbre qui porte l'obéHsque; pour
Saint-Jean des Florentins, une statue de La Foi,
placée au côté du maître autel , et les Tombeaux
d'Ottaviano Acciajuoli et du cardinal Falco-
nieri ; pour l'églisedella Pace, un Saint Bernard
et Quatre Enjants qui soutiennent le frontispice
de la. chapelle décorée des Sibylles de Raphaël;
pour Nepi, Saint Romain avec sainte Sabine et
des anges ; pour la chapelle Chigi de la cathé-
drale de Sienne, Saint Bernardin et la statue d'^-
Icxandre Vil, d'après un médiocre modèle du
Bernin; pour la cathédrale de Modène, l'effigie
(leVÉvêqtie Roberto Fontana ; pour le baptistère
de Reggio, Sainte Jeanne Chantai ; pom \a.
, Sicile, un Christ bénissant ; enfm, pour le Portu-
gal, Neptune avec trois tritons, des dauphins
et des poissons destinés à une fontaine. En 1677,
le grand-duc de Toscane, Côme III, voulant faire
apporter de Rome, où ils étaient encore, les trois
précieux groupes de la Vénus de Médicis, des
Lutteurs et éa Rémouleur , chargea Ferrata d'as-
sister à Florence à leur déballage et de réparer
quelques petites parties qui manquaient. Ce fut
ainsi qu'il refît à la Vénus plusieurs doigts, au
Rémouleur quelques fragments de draperies der-
rière l'épaule, et plusieurs morceaux aux Lut-
teurs. Content de ce travail, le grand-duc voulut
que le même artiste restaurât diverses autres
statues antiques qui avaient été mal réparées
dans le siècle précédent ; et il lui donna à cet
effet un logement dans le Palais- Vieux. Après
un assez long séjour, consacré à ces restaura-
tions, mais sans les avoir toutes entièrement
terminées , Ferrata voulut retourner à Rome ,
où l'appelaient d'autres travaux, tels que la sta-
tue de Clément X pour son tombeau à Saint-
Pierre, un Saint Antoine abbé et une Sainte
Elisabeth de Hongrie, enfin un Hercule en-
fant luttant contre un serpent. Ce ^ouçe, fait
pour Venise, ei\mha^ieia cardinal Cibo, furent
ses derniers ouvrages; car en 1685 il fut pris
d'une fièvre, qui l'enleva en quelques jours ; il
fut inhumé honorablement dans l'église de
San - Carlo al Corso. Personne n'a mieux
connu l'antique que Ferrata , personne surtout
ne l'a mieux restauré ou copié ; et cependant on
ne trouve dans aucun de ses ouvrages la moindre
trace du style de la Grèce ou de Rome. Le désir
de gagner beaucoup d'argent lui faisait accepter
un grand nombre de commandes, qu'il était forcé
d'exécuter avec une rapidité qui dut nuire à la
perfection de son travail ; ce ne fut d'ailleurs
qu'en sacrifiant au goût de son siècle qu'il put
obtenir la vogue dont ces nombreuses com-
mandes étaient la conséquence et qui dès 1657
lui avait valu l'honneur d'être admis parmi les
membres de l'Académie de Saint-Luc.
Ferrata eut de nombreux élèves , la plupart
florentins; outre Melcbior Caffa, que nous avons
déjà nommé, on compte parmi les plus connus
FilippoCarcani, Giuseppe Mazzuoli , Carlo Mar-
cellino Giovanni-Battista Foggini , Giuseppe Pia-
montini, Antonio-Francesco Andreozzi,Camillo,
Cateni , Giuseppe Nusman, Lorenzo Lottone et
Pietro Balestri. E. Breton.
Cicngnara , Storia délia Scultttra. — Baldinucci , iVo-
iizie. — Orlandi, Abbecedario. — Ticozzi, Dizionario.
— Romagnoli, Cenni di Siena. — Pistolesi, Descrizionc
di Roma. — Campori, Gli Artisti negli Stati Estensi.
* FERRATiNi (Gaetano-Felice) , peintre de
l'école bolonaise, né en 1697, mort en 1765. Il
fut élève de M. -A. Franceschini , dont fl imita
assez heureusement la manière. On voit plu-
sieurs de ses tableaux dans les éghses de Bo-
logne. E. B — N-
Malvasia . Pitture di Bologna. — M. A, Gualandi, Me-
morie originali di Belle- Arti.
FEBKAODou FÉRACD (***), homme politique
français, né en 1764, dans la vallée d'Aure , mas-
sacré à Paris, le 1*"' prairial an m ( 26 mai 1 795 ) .
Il avait embrassé avec ardeur les principes de la
révolution , et fut envoyé à la Convention nationale
(septembre 1792) parle département des Hau-
i23
FERRAUD - FERRÉ
524
tes-Pyrénées. Il se distingua par ses connais-
sances en économie politique, et s'occupa parti-
culièrement des questions relatives aux subsis-
tances. Lorsque les partis se séparèrent osten-
siblement, il se rallia aux girondins, et combat-
tit avec énergie les mesures violentes proposées
par la montagne; cependant, dans le procès de
Louis XVI, il vota pour la mort sans appel ni
sursis (1). Il se prononça vivement conti'e Pa-
che, et demanda que cet ex-ministre de la guerre
fût forcé de rendre ses comptes. 11 proposa
également à la Convention de déclarer que les
vingt-deux députés accusés par ce fonctionnaire,
à la tête des sections insurgées, avaient bien
mérité de la patrie. Plus tard , il fut nommé
commissaire près l'armée des Pyrénées orien-
tales, et dut à cette circonstance de ne pas être
compris parmi les proscrits du 31 mai 1793.
Dans sa mission , Ferraud montra autant de ta-
lent que de courage, et chargea plus d'une fois
à la tête des colonnes républicaines. 1! fut môme
blessé au côté droit en délogeant les Espagnols
du camp d'Argelès. Rappelé à la Convention
aussitôt après sa guérison, il fut, le 9 thermidor,
adjoint à Barras comme général de la garde na-
tionale, dirigea une des trois colonnes qui in-
vestirent l'hôtel de Ville , et contribua à l'arres-
tation de Robespierre et de ses partisans. Depuis
lors il vota avec la nouvelle majorité qui s'é-
tait formée des débris des girondins et des dan-
tonistes. 11 prit une part active à la nouvelle
organisation des comités du gouvernement. En
l'an ni, il fut envoyé successivement aux armées
du nord et de Rhin et Moselle , où il se signala
encore par son intrépitlité. Rentré à l'assemblée
après l'insurrection du 12 germinal ( t"' avril
1795 ), il s'occupa jour et nuit, avec un dévoue-
ment sans bornes, de parcourir les environs de
Paris pour rassembler des subsistances et en
presser les arrivages dans la capitale. Les mon-
tagnards, désireux de reprendre le pouvoir, ex-
citaient sourdement le peuple, rendu facile à
émouvoir par la misère et la disette. Le i*^"" prai-
rial, le comité révolutionnaire de la rue Mau-
conseil donna le signal du mouvement. A sa
voix, une fouie de femmes, mêlées à des hom-
mes ivres et criant : « Du pain et la constitution
de 93 ! » des troupes de bandits brandissant des
piques, des sabres , des armes de toutes espèces ;
des flots de la plus vile populace; eniin, les sec-
tions régulièrement organisées des quartiers
Saint- Antoine, Saint-Marceau, du Temple, Saint-
Denis, Saint-Martin et de la Cité, se ruèrent sur
les Tuileries, où siégeait la Convention. Les
(1) Voici le texte de son vote : « Fidèle à la Déclara-
tion des Droits, je vote pour la mort; je n'attends rien
pour ma patrie de la réclusion du ci-devant roi; son
existence ne fait rien aux autres despotes ; tous nos
succès extérieurs dépendent du coura;;c de nos soldats;
contre les enneniis intérieurs, du règne des lois, du re-
tour de l'ordre, et de la cessation des méfiances. Je
vote pour la mort. »
{Moniteur du 20 janvier 1793 { an n), p. 100.)
portes furent brisées, les couloirs envahis. Fer-
raud vole au-devant de la foule, et la conjure de
ne pas pénétrer plus avant : « Tuez-moi ! s'écrie-
t-il en découvrant sa poitrine; vous n'entrerez
qu'après avoir passé sur mon corps ! J'ai été at-
teint plus d'une fois du feu ennemi : voilà mon
sein couvert de cicatrices, je vous abandonne ma
vie ; mais respectez le sanctuaire des lois. » Il
est bientôt renversé et foulé aux pieds par la
multitude; une mêlée sanglante s'engage dans
la salle même, où les députés Auguis, Legendre,
M.-.T. Chénier, Delecloy, Bergoeng et Kerve-
légan, le sabre à la main, et à la tête de quelques
gardes nationaux rassemblés à la hâte, essayent
une résistance désespérée, mais impuissante. Les
furieux se précipitent vers le bureau où prési-
dait Boissy d'Anglas, immobile et calme ; toutes
les baïonnettes, toutes les piques sont dirigées
sur lui. Ferraud, qui s'est relevé à demi brisé,
s'élance au pied de la tribune, et voyant le dan-
ger du président, veut le couvrii- de son corps.
L'un des factieux le saisit par l'habit ; un officier,
pour dégager Ferraud, assène un coup de poing
à l'homme q'ai le retenait ; celui-ci riposte en
déchargeant un pistolet dont la balle atteint Fer-
raud à l'épaule; l'infortuné jeune homme tombe;
aussitôt on le traîne par les cheveux hors de la
salle. Une folle furieuse, Aspasie Migelli, lui
écrase le visage avec ses galoches. Cent assas-
sins le frappent à la fois. Sa tête, séparée de son
corps, apparaît au bout d'une baïonnette, et est
présentée à Boissy d'Anglas, qui s'incline avec
respect devant ce triste trophée, et n'en persiste
pas moins à résister aux injonctions des insurgés.
Les restes sanglants de Ferraud furent ensuite
prom.enés par la ville. S'il faut en croire quelques
historiens , une cruelle méprise fut cause de la
m>ort du malheureux Ferraud: sannom l'avaitfait
confondre avec son collègue Fréron, objet de la
haine particulière des jacobins. Un serrurier,
nommé Boucher, convaincu d'avoir porté la tête
de Ferraud, fut condamné à mort. Au moment de
l'exécution, il fut déhvréet porté en triomphe dans
le faubourg Saint-Antoine. Mais , arrêté après le
désarmement des insurgés, il subit son châti-
ment, le 4 prairial. La Convention décréta l'érec-
tion d'un monument funèbre pour immortaliser
l'héroïsme de son courageux membre ; des hon-
neurs touchants furent rendus à sa mémoire, et
les députés J.-B. Louvet et Dulaure prononcè-
rent son éloge , le premier à Paris , le second à
Brives. H. Lesceur.
Moniteur universel, an 1792, n^^ 322-324; an l^'
(1793), n°» 36, 78 an II, 113, 236, 261 ; an III. 37, 222. 294.
— Thiers, tlist. de la Révolution française, 1. XXVIII. —
Rabbe, Boisjolin, etc., Cioçr. univ. et portative des Con-
temporains. — I-e Bas, Dict. encijcl. de la France.
FERRAUOL.O. Voij. Ferrajuoli (Nunzio).
FEKRÉ OU dit le GRAND FERïîÉ, chef depay-
sans au quatorzième siècle. II était à la tête des
Jaquiers, qui, révoltés contre les nobles duBeau-
voisis, ravagèrent les châteaux des environs de
Compiègne. En 1359, il se fit remarquer par sa
52£
FERRÉ
force herculéenne, et tua un grand nombre d'An-
glais. Ceux-ci n'osèrent passer l'Oise pendant citi'i!
se tenait à Rivecourt. « Ces paysans, au nombre
de 200, dit M. Michelet d'après le continuateur
de Nangis , ( 1359), s'étaient établis dans le châ-
teau de Longucil , sous les ordres du capitaine
Guillaume Alaud ou aux Alouettes. Les Anglais,
qui campaient à Creil, n'en tinrent grand compte,
et dirent bientôt : « Chassons ces paysans; la
place est forte et bonne à prendre. » On ne s'aper-
çut pas de leur approche; ils trouvèrent les por-
tes ouvertes, et entrèrent hardiment. « Ceux du
dedans qui étaient aux fenêtres sont d'abord tout
étonnés de voir ces gens armés. Le capitaine est
bientôt blessé mortellement. Alors le Grand-
Ferré et les autres se disent : « Descendons,
« vendons bien notre vie ; il n'y a pas de merci
à attendre. » Ils descendent en effet, sortent par
plusieurs portes, et se mettent à frapper sur les
Anglais , comme s'ils battaient leur blé dans
Taire ; les bras s'élevaient , s'abattaient, et cha-
que coup était mortel. Ferré voyant son maître
et capitaine frappé à mort, gémit profondé-
ment, puis il se porta entre les Anglais et les
siens, qu'il dominait également des épaules, ma-
niant une lourde hache, frappant et redoublant si
bien qu'il fit place nette ; il n'en touchait pas un
qu'il ne fendît le casque ou n'abattît les bras. Voilà
tous les Anglais qui se mettent à fuir; plusieurs
sautent dans le fossé et se noient. Ferré tue
leui' porte-enseigne, et dit à un de ses cama-
rades de porter la bannière anglaise au fossé.
L'autre lui montrant qu'il y avait encore une
foule d'ennemis entre lui et le fossé : «■ Suis-moi
donc, » dit Ferré. Et il se mit à marcher de-
vant, jouant de la hache à droite et à gauche,
jusqu'à ce que la bannière eût été jetée à l'eau...
Il avait tué en ce jour plus de quarante hom-
mes... Quant au capitaine, Guillaume aux
Alouettes , il mourut de ses blessures... Les
Anglais furent encore battus une autre fois par
Ferré , mais cette fois hors des murs. Plusieurs
nobles anglais furent pris , qui auraient donné
de bonnes rançons , si on les eût rançonnés
comme font les nobles; mais on les tua, afin
qu'ils ne fissent plus de mal. » Cette fois.
Ferré , échauffé par une si rude besogne , but
de l'eau froide en quantité, et fut saisi de la
lièvre. Il s'en alla à son village , i-egagna sa ca-
bane, et se mit au lit, non toutefois sans garder
près de lui sa hache de fer, qu'un homme ordi-
naire pouvait à peine lever.
« Les Anglais, ayant appris qu'il était malade,
envoyèrent un jour douze hommes pour le tuer.
Sa femme les vit venir, et se mit à crier : » 0
mon pauvre le Grand, voilà les Anglais, que
faire?... » Lui , oubliant à l'instant son mal , se
lève , prend sa hache, et sort en chemise ( in
««•#M»icztZrt) dans la petite cour : « Ah, bri-
grands ! vous venez donc me prendre au lit ;
vous ne me tenez pas encore... » Alors, s'a-
dossant à nu mur, il en tue cinq en un moment;
FERREIRA 526
les autres s'enfuirent. « Le Grand Ferré se remit
au lit ; mais il avait chaud, il but encore de l'eau
froide; la fièvre le reprit plus lort, et au bout
de quelques jours , ayant reçu les sacrements
de l'église , il sortit du siècle, et fut enterré au
cimetière de son village. Il fut pleuré de tous
ses compagnons, de tout le pays ; car lui vivant
jamais les Anglais n'y seraient venus, w
Le continuateur de JSangis. — MicheJet, Histoire de
l'rance, 1. III, p. 419.
FERSiE!i5f (Antoine), médecin français, né
à Frespech (Agenais), le 25 octobre 1693,
mort le 28 février 1769. Il fit ses études chez
les jésuites d'Agen, et s'occupa d'abord de ma-
thématiques et de théologie ; ce fut seulement à
l'âge de vingt-deux ans qu'il alla suivre à
Montpellier les cours de médecine. Il passa en-
suite plusieurs années à Marseille, où il enseigna
l'anatomie et la chirurgie. En 1732, U fut pré-
senté par les professeurs de Montpellier pour
remplir la chaire d'anatomie vacante par la dé-
mission de Deidier; mais le gouvernement donna
cette place à Fizes. Ferrein, blessé de cette injus-
tice, quitta Montpellier, et se rendit à Paris. Il
obtint peu après la place de premier médecin
de l'armée française en Italie. U entra à l'Aca-
démie des Sciences en 1741, succéda à Adry
dans la chaire de médecine du Collège de France
en 1742, et fut nommé eu 1758 professeur d'a-
natomie et de chirurgie au Jardin des Plantes , à
la place de Winslow. « Ferrein, dit la Biogra-
phie médicale, forma d'illustres élèves ; il pro-
fessa la médecine, et l'exerça pendant longtemps
avec le plus grand éclat. Il passe avec raison
pour un des plus grands anatomistes du siècle
dernier. » Ferrein n'a publié aucun livre, mais
c'est d'après ses leçons qu'ont été rédigés les
ouvrages suivants : Introduction à la matière
médicale en forme de thérapeutique; Paris,
1751 ; — Cours de Médecine pratique, par
Arnauld de Nobleville ; Paris, 1769, 3 vol.
in-12; — Éléments de Chirurgie pratique,
par Gauthier ; Paris, 1771. On a aussi de Ferrein
des thèses et plusieurs mémoires insérés dans
les Mémoires de V Académie des Sciences; un
des plus importants a pour objet la formation
de la voix de l'homme ( 1741 ). Ferrein y sou-
tient que l'organe de la voix est un instrument à
cordes, et que les différents tons-sont déterminés
par les différentes vibrations que l'air, en sortant
des poumons , imprime aux fibres tendineuses
des bords de la glotte. L'auteur donne à ces
fibres le nom de cordes vocales ou rubans de la
glotte. Ce mémoire suscita une vive polémique.
Éloy, Dict. hist. de la. iMédecine. — Biogr. mcdica/e.
* FERREIRA (Bemarda), dame portugaise,
vivait au commencement du dix-septième siècle.
Elle se consacra à la littérature. La plupart de ses
écrits ne virent pas le jour; il faut cependant
excepter son poëme, L'Espagne délivrée, qui
est divisé en deux parties : la première parut
on If) 18, la seconde en 1673, longiomns après la
527
FERREIRA
528
mort fie l'auteur. Ce n'est qu'une chronique er-
ronée, <lont rien ne rachète la sécheresse. Cette
chronique devait sans doute être conduite jusqu'à
la prise de Grenade , mais elle s'arrête brusque-
ment au règne d'Alfonse le Sage. G. B.
Ticknor, History of Spanish Literature , t. II, p. 800.
FERRE.IRA. (Antonio) , poète célèbre, sur-
nommé V Horace portugais, né en 1528, mort en
1569 (1). Sa de Miranda, Camoens et Ferreira
forment une triade peu connue en France, à
l'exception du grand poète épique; mais on ne
les sépare guère dans l'histoire littéraire du Por-
tugal. Ferreira ne quitta jamais son pays ; il occupa
une chaire à Coimbre, et sa courte vie, partagée
entre l'étude de l'antiquité et les soins que récla-
mait le professorat, ne présente aucun incident.
Il fut reçu docteur en droit à Coïmbre ; mais on
ignore à quelle époque il quitta cette ville pour
visiter Lisbonne et Porto, ni dans laquelle de ces
trois villes il devint amoureux de la femme qu'il
célébra dans ses poésies et qu'il épousa. 11 paraît
bien avéré qu'il avait contracté cette union lors-
qu'il était encore professeur, et que même l'épouse
qu'il s'était choisie lui avait donné un lils avant
qu'il quittât Coïmbre pour venir se iixer à Lis-
bonne. Nommé desembargador da relaçâo
(juge de la cour suprême), et revêtu de celte
haute magistrature, il vécut dans l'intimité des
plus grands personnages de la cour de Jean IH.
D. Constantin de Bragance, le vice-roi des In-
des, qui sut si bien apprécier Camoens, D. Jorge
de Tavora, qu'on devait voir s'illustrer à Alca-
çar-Kebir, Alfonse d'Albuquerque, le fils du con-
quérant des Indes, D. Jean de Lancastre, fils
du duc d'Aveiro, le secrétaire d'État Pcro d'Al-
caçova Carneiro , et bien d'autres , qu'il serait
trop long d'énumérer, faisaient partie de sa
société habituelle. Jean III l'honorait d'une fa-
veur particulière, et cette faveur se perpétuait
dans l'esprit des deux princes qui reçurent la
couronne après lui. Une si brillante existence
fut interrompue par la peste qui ravagea Lis-
bonne en 1569, à l'époque où Camoens revit
l'Europe. Les deux poètes, qui avaient pu se
connaître à Coïmbre, n'eurent cependant aucun
rapport intime entre eux. Outre que Ferreira
fut l'une des premières victimes de l'épidémie
de 1569, il jouissait alors, sans avoir rien publié,
d'une réputation comme poète infiniment supé-
rieure à celle de son ancien condisciple (2). Si Ca-
(1) C"est par erreur que divers biographes l'ont fait
naître à Porto: il vint au monde à Lisbonne; son père,
Martim Ferreira, chevalier de l'ordre de Sant-lago,
administrateur des biens du duc de Coimbre, l'envoya à
l'université pour l'y faire étudier le droit. Le jeune Anto-
nio, à peu près contemporain de Camoens, fît comme lui
à Coïmbre de solides études. On peut supposer qu'il eut
pour professeur, de même que l'antcur des Lusiades, la
plupart de ces doctes écrivains que Jean III avait en-
voyés se perfectionner à Sainte-Barbe, sous les maîtres
habiles qui y professaient.
(2; Au milieu du trouble que causa dans la capitale
du Portugal l'épidémie la plus redoutable que l'on y
eût ressentie, Ant. Ferreira fut enterre avec une cer-
moens en effet avait acquis une juste renommée
à Goa , son nom devait être à peu près ignoré
alors à Lisbonne.
Ferreira faisait d'abord circuler ses poésies en
manuscrits, avec discrétion cependant , à raison
des fonctions qu'il remplissait. Dès l'année 1557,
étant encore à Coïmbre, il avait formé un re-
cueil qu'il destinait à l'impression ; certaines ob-
servations amères, auxquelles il répondit et qui
se dirigeaient contre le magistrat poète, lui firent
très-probablement retarder cette impression;
il était d'ailleurs fort amoureux de la forme, et
celui que Diego Bernardes ainsi que l'élégant
Caminha regardaient comme leur maître ne
trouvait pas qu'il eût donné à sa versification,
déjà si correcte , ce degré de perfection dont les
auteurs de l'antiquité lui offraient l'inimitable
modèle. Aucune de ses poésies ne fut donc im-
primée de son vivant; et ce fut même bien long-
temps après sa mort , lorsque le Portugal avait
perdu son indépendance, que son fils, Miguel-
Leyte Ferreira , songea à lui rendre cet hommage
tardif. Caminha ne devait être imprimé que du-
rant le dix-neuvième siècle. Le recueil intitulé :
Poemas Lusitanos; Lisbonne, Crasbeeck, 1598,
in-4'', parut en un temps où vingt années de
domination étrangère avaient modifié le génie
portugais, jadis si fier, si abattu sous les trois
Philippe ; hàtons-nous de le dire , jamais voluine
ne tint mieux ce que son titre promettait : ce sont
bien des poésies nationales , écrites exclusive-
ment pour le pays qu'elles enseignent. Sa de
Miranda , Diego Bernardes, Caminha, Camoens
lui-même, ont mêlé des vers castillans à leurs
vers. Ferreira, qui connaissait si bien les idio-
mes issus de la langue latine, ne veut écrire qu'en
portugais , et il reprend même avec une sorte
d'amertume ceux des poètes contemporains
qui font des vers espagnols ; il fait mieux : on
lui voit adresser à ce sujet quelques strophes
vraiment touchantes au spirituel Caminha, l'un
des poètes contemporains dont les tendances
vont le mieux à son génie. A ses yeux le roi
Diniz est le plus grand roi qui ait gouverné son
pays, parce qu'il a donné une impulsion favo-
rable à l'esprit national ; quant à lui, la seule
gloire qu'il ambitionne , c'est elle qu'il réclame
dans ces deux vers :
Eu desta gloria so fico contente
Que a rainlia-terra araei e a minha gente.
taine solennité, dans le chœur du magnifique couvent
des Carmes, fondé au quinzième siècle par le grand
connétable Nuno Alvares Pereira. Ce vaste édifice fut
renversé en 1755 par le tremblement de terre qui fit
un monceau de ruines de tant de monuments; la tombe
du poëte ne fut pas épargnée, sans être détruite com-
plètement : elle portait une inscription en vers latins
qu'on peut lire tout au long dans Barbosa Maehado : on
s'était contenté d'écrire en portugais comme commen-
taire à ces vers redondants : « Epitaphe du docteur An-
tonio Ferreira, jadis professeur à l'université, conseiller
à la cour suprême, poëte rare; il mourut en l'année
1569. M En 1771, la pierre tombale se voyait encore; mais
elle était brisée. L'église étant devenue l'atelier d'un
scieur de long, on ignore complètement où l'on a pu
transporter les restes de l'Horace portugais.
529 FERREIRA
Ainsi qu'on l'a fait remarquer, Ferreira ne
(ut jamais un poëte populaire ; il était trop imi-
tateur des anciens , trop savant dans les mètres
qu'il adopta , trop amant de la simplicité anti-
que , pour acquérir ce titre envié ; mais, bien
qu'il n'eût rien fait imprimer, son jugement
sûr, sa haute raison, son indépendance, étaient
respectés dès le seizième siècle par les autres
poètes, et même par les -sommités sociales, qui
le savaient apprécier. Son langage est toujours
sévère ; l'amour national qu'il recommande aux
poètes, il l'exige des souverains. Les oeuvres
d'Antonio Ferreira se composent de sonnets
nombreux , qu'on place immédiatement après
ceux de Sa de Miranda, et auxquels il faut join-
dre quelques épigrammes , quelques épitaphes ;
de treize odes, divisées en deux livres ; de plu-
sieurs élégies, parmi lesquelles on remarque
diverses imitations libres de Moschus et d'Ana-
créon ; on a enfin de lui deux livres d'épîtres,
vrais chefs-d'œuvre, infiniment supérieurs à ses
autres écrits : c'est sous cette forme élevée et
familière à la fois que le poëte donne ses meil-
leurs préceptes. Habile disciple d'Horace, il est
devenu maître à son tour, et a réuni des ensei-
gnements assez féconds pour ranimer le goût
national après une décadence qui a duré près de
deux siècles.
Ferreira occupe une place à part parmi les
poètes dramatiques de son pays. Après avoir com-
posé, à l'imitation des Italiens et dans le but d'a-
nimer des fêtes qui se célébraient à Coïmbre, la
comédie intitulée Le Brislo, il donna successive-
ment : une comédiede caractère, Cioso (le Jaloux),
et une tragédie avec chœurs, calquée absolument
sur les formes du théâtre grec : dans cette pièce,
destinée surtout à être lue, il mit en action l'é-
vénement le plus tragique et le plus populaire à
la fois dont il soit fait mention dans les chroni-
ques portugaises : la catastrophe d'Inez de Cas-
tro. A cette époque l'Italie ne possédait encore
que la Sophonisbe du Trissin. On peut donc con-
sidérer la pièce de Ferreira comme la seconde
tragédie régulière qui ait paru en Europe. Un
critique portugais, auquel nous accordons plus
de zèle que de perspicacité, a émis dernière-
ment une opinion qui tendrait à déposséder le
poëte portugais de la gloire légitime qui lui est
dévolue depuis tant de siècles : selon M. Costa
e Sylva , Vfnez de Castro pourrait bien n'être
qu'une traduction de la Nise lastimosa, pu-
bliée par Frai Jeronymo Bermudez , moine gali-
cien , qui sous le pseudonyme d'Antonio de
Sylva, fit imprimer cette pièce à Madrid dès
1577, et osa la compléter par la Nise laureada,
secondepartie, en réalité fortdéfectueuse. M. Mar-
tinez de la Rosa a restitué heureusement à
Ferreira l'honneur qui lui appartient. Les raisons
qu'il allègue sontéminemment littéraires, puisque
elles ressortent d'un examen approfondi du style^
Nous ajouterons que de son vivant Diego Ber-
nardes complimente son maître et son ami sur
.'530
cette composition, vraiment grandiose. M. Patin
a signalé récemment les rares beautés qu'on ren-
contre dans la pièce de Ferreira en la considé-
rant comme une pure émanation de la tragé-
die grecque. Dès son apparition, ces mêmes
beautés frappèrent assez vivement les érudits
du seizième siècle pour qu'un Français, que nous
supposons avoir été Nicolas Grouchy, le traduc-
teur de Castanheda, ait songé à en donner une
version française , aujourd'hui introuvable. En
1825 elle a été traduite en anglais par M. Miis-
grave , et l'auteur de cet article en a publié une
version française insérée dans le Théâtre eu-
ropéen, Paris, 1835, avec un extrait de la
chronique de Fernand Lopes qui raconte si naï-
vement les taalheurs d'Inez. Il demeure désor-
mais acquis à l'histoire littéraire que Antonio
Ferreira est l'auteur de la première comédie de
caractère qu'ait produite la Péninsule et qu'on
lui doit aussi la seconde tragédie régulière qui
ait signalé l'époque si féconde de la Renaissance.
Ferdinand Denis.
Barbosa Machado, bibliotheca Lusitana. — Franrisco
Dias Gomes, An&lyses et combinaçoes filosoflcas sobre a
elocuçâo de Sa de Miranda, Ferreira, Bernardes, etc.;
Mémoires de l'Académie des Sciences de Lisbonne, an-
née 1790. — J.-M. (la Costa e Sylva, Ensaio biorjruflco-
critico sobre os melhores Poetas Portuguezes; Lisb.,
1852, t. II. — Sylvestre Ribeiro, Prirneiros Traças d'una
Resenha da historia litteraria ; Lisb., 1833. — Ferdi-
nand Denis, Résumé de l'histoire littéraire de Portu-
gal. — Le même, Camoens et ses contemporains. — Le
même, Le Jaloux, trad. avec notice, insérée dans le
Théâtre européen. — .\danison, Lusitania illustrada,-
Notices on, the history, antiquities, literature, etc.,
of Portugal, New-Castle-upon-Tyne, 1842, in-S". — Mar-
linez de la Rosa, Obras; Paris, in-l2, t. \.
FERREIRA OU FERREYRA {Antoïiio), chi-
rurgien portugais , né à Lisbonne, en 1G26, mort
en 1697. Il était fils d'un chirurgien de Lisbonne,
prit ses degrés à l'université de Coïmbre, et alla
exerceràTanger,oùilgagnala peste, dont il par-
vint à se guérir. Après son retour à Lisbonne, il
fut pendant vingt ans chirurgien de l'hôpital de
Tous les Saints, et il rendit à cet établissement
d'utiles services; nommé chirurgien du roi, il fut
choisi pour accompagner en la même qualité l'ia-
fante dona Catharina, lorsqu'elle alla, en 16G2,
épouser Charles II en Angleterre; i! revint en
Portugal, et mourut à Lisbonne. Ferreira laissa
trois fils, qui se distinguèrent dans des facullés
diverses. L'ouvrage dans lequel il avait consigné
ses observations fut longtemps recherché ; il est
intitulé : Luz verdadeiru , e recopilado exaine
de toda a Cmirgia; Lisbonne, 1670, |n-fol.;
T édit., augmentée, Lisbonne, 1705, in-fol.
Barbosa M;ichado , Bibliotheca Lusitana.
* FERREIRA { Cfirisiovam) , missionnaii'e
portugais, né à Zibreria, vers 1578 , martyrisé au
Japon, en 1652. Il fit profession chez les Jésuitis
dès 1596. Ses supérieurs l'envoyèrent à Goa,
d'où il se rendit au Japon. C'était l'époque oïi
commençaient les grandes persécutions contre
les chrétiens. Plus ses prédications ardentes
étaient suivies de succès , plus il avait à redouter
les lois promulguées récemment contre les mis-
531
sionnaires; il fut condamné en effet au supplice
de la fosse, martyre effroyable , durant lequel
le chrétien était suspendu par les pieds dans un
sépulcre ténébreux. L'infortuné missionnaire
recula devant cette longue agonie, et pour avoir
la vie sauve , il embrassa la religion de ses per-
sécuteurs. Il vécut au Japon durant dix - neuf
ans; mais, vaincu par le remords, il appela lui-
même la condamnation sur sa tête, et implora,
pour laver sa honte, le supplice qu'il avait re-
douté. Il a donné : Relaçâo da Perseguiçào
contra a fé levantada no reyno de Taicu no
anno de 1627. Ce livre a été traduit en italien.
F. D.
liarbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
FEBRERRA liE LA CERDA. Voy. LaCERDA.
FER21EIEIA (Le P. Mcinoel), missionnaire
portugais, né en 1630, à Lisbonne, mort après
1694. Il entra dans l'ordre des Jésuites, occupa
d'abord une chaire de littérature, et fut en 1658
envoyé aux Indes par ses supérieurs. Après
un séjour de plusieurs années dans l'extrême
Orient, pendant lesquelles il explora des régions
pour ainsi dire inconnues, il revint en Europe;
mais ce fut pour se consacrer à de nouvelles
missions, et il partit en 1694 pour l'Indo-Chine,
sur laquelle on n'avait que les données les plus
confuses. On affirme que dans le ïonquin seu-
lement plus de 20,000 idolâtres reçurent le
baptême grâce à lui. Le livre dans lequel il fit
connaître à l'Europe la Cochinchine a paru
sans nom d'auteur sous ce titre : Noticias sum-
marias das PerseguiçOes da viissàode Cochin-
china prïncïpïoÂa e continuada pelos padres
da Companhia de Jésus; Lisbonne, 1700,
in-fol.
Durant la première moitié du dix-huitième
siècle deux hommes du même nom ont publié
des travaux curieux pour l'histoire de l'Amérique
méridionale; le premier, Ferreira da Sylva
(Sylvestre), avait visité le Rio de la Plata, et a
donné l'ouvrage suivant : Relaçâo do sitio que
0 governador de Buenos-Ayres D. Miguel de
Salzedo, poz no anno de 1735, d praça da
nova colonia do Sacramento , sendo gover-
nador da mesma praça Antonio Pedro Vas-
concellos , brigadeiro dos exercitos de sua Ma-
gestade; com algumas plantas necessarias ,
para a intelligencia da mesma Relaçâo; Lis-
bonne, 1748, ia-4''.
Le second, Ferreira Machado (Simâo), né
à Lisbonne, a publié : Triumpho eiicharistico ,
exemplar da christandade lusitana, cm pu-
blica exaltaçào dafé na solemne trasladaçâo
do divinissimo Sacramento, da Igreja da
Senhora do Rosarlo, paraimi novo templo da
Senhora do Pilar em Villa-Rica , coi-te da
capitania das Minas, aos 24 de maio de 1733 ;
Lisbonne,1734, in-4°. Ferd. Denis.
Karbosa Machado , Bibliotheca Lusitana.
* FERiiEiSiA (Joze-Martins), écrivain por-
tugais, né à S. Pedro de Roriz, près Porto, mort
FERREIRA âSÎ
dans la première moitié du dix-septième siècle
L'exécution du maréchal de Biron trouva en lu
un narrateur fidèle , et cela ferait supposer qu'i
était venu en France. Ce livre fut publié en 1604
mais son ouvrage le plus recherché est une espèci
de roman dont la scène est aux Indes; il est in^
titulé : Relaçâo que contem os venturosos
prodigiosos successos de Jouo-Baptista Gal\
linato, e como veyo a ser rey das provincias <
reynos de Canibaya, que esta junto com i
grande e potentissimo reyno de China; LiS'
bonne, 1607, in-4°. F. D.
BarJbosa Machado , Bibliotheca Lusitana.
FERREIRA { Diogo - Femandcs ) , écrivait
portugais, né vers 1646, mort dans la premièri
moitié du dix-septième siècle. Il étaitfilsde Pednj
Ferreira, page de la chambre et veneur du ce-'
lèbre infant D. Luiz, frère de Jean III. Ferrein
devint lui-même chasseur en titre deD. Francisct
de Mello; et à l'âge de soixante-dix ans il publi^
un livre fort recherché aujourd'hui : Arteda caçi^
de altenaria; Lisboa, 1616, in-4°. F. D. ;
Barbosa Machado , Bibliotheca Lusitana.
* FERREIRA { Alexandre-Rodrigues) , mt\
nommé le Humboldt brésilien , célèbre voya;
geur brésilien , né à Bahia, ancienne capitale di
Brésil, le 27 avril 1756, mort le 23 avril 1815
Il étudia à Coïmbre, où il devint démonstrateu)
du cours d'histoire naturelle. Le gouvernement
portugais se préoccupait singulièrement à cett«
époque de la nécessité d'explorer enfin, souj
le double rapport de la géographie et de l'his'
toire naturelle, les vastes régions si imparfai'
tement connues alors sous le nom, bien vague, d'A-
mazonie. Le docteur Domingos Vandelli reçu!
l'ordre conjointement avec une commission d(
présenter un sujet capable de remplir cette mis-
sion difficile ; l'habile professeur n'hésita point :
Rodriguez Ferreira fut proposé , il accepta san^
hésitation ; et le 15 juillet 1778 il quitta Coïmbre^
et se rendit à Lisbonne, où l'attendaient ses
instructions. Des circonstances, restées Jus
qu'ici ignorées, retardèrent son départ, et il
eut cinq ans pour se préparer à ses immenses-
excursions; ce retard ne fut perdu ni pour laj
science ni pour l'industrie du Portugal. De con-
cert avec Joâo da Sylva Feijo , le jeune natura-
liste fit l'examen des mines de charbon de terre
de Buarcos ; puis il donna la description des pro-i
duits naturels du muséum d'Ajuda, et publia plu-»
sieurs mémoires importants. L'Académie des
Sciences de Lisbonne récompensa les efforts de
Ferreira en l'admettant au nombre de ses corres-
pondants, le 22 mai 1780. Ce fut trois ans plus^
tard qu'il quitta Lisbonne pour remplir sa mis-
sion. Au mois d'octobre 1783 il débarquait à
Santa-Maria-de-Belem, capitale du Para. 11 com-
mença la série de ses travaux par l'explora-
tion delà grande île de Marajo ou de Joannes,
dont l'hydrographie a été faite depuis avec
tant de soin par M. Le Serrée, lors de la mé-
morable expédition de M, Tardy de Montravel.|
;333
FERREIRA
Bientôt i! revint sur le continent, et ce fut
[)our suivre dans leurs détours, presque inextri-
cables, les grands fleuves tributaires âe l'Ama-
zone, tels que le Rio Negro , le Rio-Branco, le
Madeira , le Guaporé ; il visita des territoires
tout à fait inconnus avant lui, au nombre des-
([iiels nous citerons la Serra de Cannuru, le
!>Iato-Grosso , le district de Guyaba, et tant
d'autres régions, qui n'avaient pas encore reçu
de dénominations sur les cartes imparfaites
(!e ce temps, et qui servaient de i-efuge, comme
elles en servent encore , aux nations déci-
mées du bord de la mer. L'homme de la race
indienne, au point de vue physiologique , ses
coutumes parfois si étranges , ses langues si ha-
!)i!ement construites, l'occupèrent essentielle-
ment, dans l'intérêt de l'ethnographie. Une na-
tion nombreuse et vagabonde, redoutée des
autres tribus , les Muras , l'arrêta longtemps, et
fut étudiée par lui avec un soin particulier. A
ces recherches vinrent se joindre des travaux
imposés par la politique. Des discussions s'étaient
élevées entre l'Espagne et le Portugal touchant
la ligne de division qui séparait les possessions
des deux puissances , ou plutôt les Espagnols
avaient envahi quelques lieues désertes faisant
partie de la capitainerie de Mato-Grosso ; il fallut
étudier la question sur les lieux et y trouver iine
solution : neuf années furent employées par le
voyageur philosophe à la poursuite de ces tra-
vaux si variés , et qui ne pouvaient même s'exé-
cuter qu'en bravant des périls de tous genres ou
bien en se condamnant aux plus rudes priva-
tions. Rodriguez Ferreira revint enfin dans la
capitale du Para-, il y fit un séjour de neuf mois
avant de se rendre en Europe. Là il épousa la
fille d'un brave militaire , qui était demeuré dé-
positaire de ses vastes collections, et qui avait
dépensé des sommes considérables pour secon-
der le voyageur dans ses généreux efforts. Ar-
rivé à Lisbonne en 1793, Ferreira remplit d'a-
bord un emploi au ministère de la marine, puis
il fut chargé de l'administration du cabinet royal
d'histoire naturelle fondé à Lisbonne et du jar-
din botanique qui y était annexé. Ferreira avait
travaillé au sein même des solitudes qu'il avait
parcourues pendant neuf ans ; sa santé s'en était
ressentie, et en proie à une profonde mélancolie,
il succomba un 23 avril, quelques instants après
avoir ordonnancé les comptes administratifs qui
devaient clore le budget de l'année 1814. Dès
cette époque, le gouvernement portugais avait
fait des dépenses fort considérables en dessins
et en gravures pour la publication du voyage
dans l'Amazonie. On persista durant près d'un
deini-siècle à multiplier ces documents icono-
graphiques. Malgré cela, presque toutes les
cartes qui devaient accompagner ce voyage,
les nombreux mémoires dont il devait se com-
poser, et dont le catalogue occupe huit pages in-
8", sont à peu près perdus aujourd'hui. Nous
ne connaissons d'écrits publiés et portant le
- FERRÉOL 534
nom de Rodriguez Ferreira que divers opus-
cules imprimés dans des collections académi-
ques ou des revues ; nous citerons entre autres
Descripçâo da Grata do Inferno, feita em
Guyaba; voy. Revïsta trimensaL, t. IV,
p. 363. — Propriedade e passe das terras do
Cabo do Norte, pela corôa de Portugal; mé-
morla escripta no para em 1792; même re-
cueil, t. m, p. 339. — Viacjem a Qruta das
Onças; même recueil, t. XII, p. 87.
On nous affirme que les nombreux manuscrits
de Ferreira , déposés naguère dans la biblio-
thèque de l'Académie des Sciences de Lisbonne,
en ont disparu. Un jeune naturaliste brésilien,
M. Capanema , qui s'est livré récemment à quel-
ques recherches sur ce point, n'est pas éloigné de
croire que diverses vicissitudes les ont réunis à
Paris , où ils demeurent sans doute ignorés. Dans
l'intérêt de la science, il est à souhaiter que ces
manuscrits se retrouvent: ils signalent l'existence
de plusieurs nations jadis considérables, aujour-
d'hui anéanties. On nous affirme que les planches
gravées du voyage de Ferreira font aujourd'hui
partie des collections rassemblées par ordre de
l'empereur D. Pedro II, dont on connaît la sol-
licitude pour le progrès des sciences.
Ferdinand Denis.
Revista trimensal, t. IV. — Memorias da Jcad. das
Sciencias de Lisboa,- mémoire présenté à l'Académie
par le conseiller Manuel-Jozé da Costa e Sa.
FERRELO (Barthélémy), navigateua- espa-
gnol. Voy. Ferrer.
FERRÉOL ( Saint ) , martyr et premier évêque
de Besançon, décapité le 16 juin 211. 11 était
d'une illustre famille d'Athènes, embrassa le
christianisme avec son frère Ferrutien ou Fer-
jeux, et tous deux suivirent Irénée dans les
Gaules. Lorsque ce saint évêque eut succédé à
saint Pothin sur le siège de Lyon , il envoya
Ferréol et Ferrutien, l'un prêtre , l'autre diacre ,
prêcher l'Évangile dans la Séquanie (1). Ils y
opérèrent de nombreuses conversions. Mais
Claude, préfet romain, les fit arrêter; et après
les avoir sommés de sacrifier aux idoles , sur leur
refus, les fit décapiter. Leurs corps furent retrou-
vés en 370, par les soins de saint Agnan. L'Église
célèbre la fête de ces martyrs le 16 juin, et celle
de l'invention de leurs reliques le 5 septembre.
Tillemont, i)/emoi7'es pour servir à l'histoire ecclà ■
siastigue des six preiniers siècles, lll, p. 174. — Dunod,
Histoire de l'Eglise de Besançon, \. — Dora Rivet, His-
toire littéraire de la France, I, 226.
* FERRÉOL (Saint), né à Limoges, mort dans
la même ville, le 18 septembre 597. Après la mort
de saint Exotius , on le nomma évêque de Li-
moges, et il vint, la fête couverte de cendres, prier
Dieu à l'église Saint-Martial , pour que les Li-
mousins fussent délivrés d'un fiéau. En 579,
Cliilpéricr'" ayant envoyé lever de nouveaux im-
pôts en Aquitaine, les habitants de Limoges se ré-
voltèrent et voulurent massacrer le référendaire
Marc, qui était chargé de percevoir ces impôts.
(1) Aujourd'hui Franche-Comté.
535 FERRÉOL — FERRER
Mare ne dut son salut qu'à l'intervention de Fer-
réol ; mais les registres du référendaire furent
lacérés et brûlés. Chilpéric, voulant tirer ven-
geance de cette sédition, envoya des officiers pour
rechercher les coupables, et Ferréol ne put arrê ■
ter les violences dont furent victimes les citadins.
En 584, Gondebaud étant venu, à la tête de ses
troupes, saccager le Limousin, l'église de Saint-
Martin de Brives fut brûlée , et elle ne dut sa re-
construction qu'à Ferréol , qui l'année suivante
assista au deuxième concile de Màcon, et en 588 au
troisième concile de Clermont. Ferréol était, di-
sent quelques auteurs , parent de saint Yrieix ,
abbé d'Attane. Il mourut à Limoges : son corps,
après avoir été transféré de l'église Saint-Paul à
celle de Saint-Augustin, passa au château de Las-
tours; ses cendres reposent aujourd'hui dans
l'éghse de Nexon. Martial Audoin.
Grégoire de Tours. —Le Bréviaire de Limoges de 1736.
— Legros, Manuscrits du séminaire, de Limoges.
FERRÉOL (Tonance), homme d'État gau-
lois, né vers 420, au château de Trevidon
(Rouergue), mort vers 490. Son père avait été
préfet de la Gaule, sous l'empereur Honorius ;
sa mère, Papianilla, était fille du consul Afranius
Syagrius. Lui-même épousa la fille de l'empe-
reur Avitus, et fut élevé comme son père à la
préfectiu-e des Gaules. Il en remplissait les fonc-
tions en 450, à l'époque de l'invasion d'Attila. 11
décida les Gaulois à se joindre à Aétius pour
repousser les Huns. Un peu plus tard, il per-
suada à Thorismond, roi des Goths, de lever le
siège d'Arles. En 468 , les Gaulois l'envoyèrent,
avec Thaumaste et Pétrone, porter plainte à
Rome contre leur ancien préfet Arvande. Fer-
réol possédait aux bords du Gardon, entre
Nîmes et Clermont , une magnifique maison de
campagne appelée Prusiane; il y avait rassemblé
la plus belle bibhothèque des Gaules. Sidoine
Apollinaire nous a laissé une longue description
de cette opulente demeure, et il fait le plus
grand éloge de l'hospitalité de Ferréol. On ignore
la date de la mort de celui-ci , mais l'on sait
par Sidoine Apollinaire qu'il vivait encore en 485.
Sidoine Apollinaire, Carm. et Epist. — Histoire litté-
raire de la France, t. II.
" FERRER (Rafaël), missionnaire espagnol,
né à Valence, mort en 1611. Il appartenait à
l'ordre des Jésuites, et se voua à la prédication
dans les déserts de l'Amazonie. Il eut le courage
d'aller seul parmi les Cofanes, nation nom-
breuse et féroce, qui n'avait jamais reçu de
missionnaires, et qui occupait dans la Cordillère,
à soixante lieues de Quito , un territoire qu'on
n'osait pas soumettre. Ce peuple redoutable,
divisé en 20 tribus , avait déjà détruit la ville
d'Ecija et nombre de villages. Le P. Ferrer,
n'ayant d'autre arme que son bréviaire, entra
sans hésitation chez la tribu la plus nombreuse;
et au bout de quatorze mois d'apostolat, le 29
juin 1603, la belle mission de San-Paulo et de
San - Pedro de los Cofanes était régulièr>
ment organisée; en 1604, deux autres village.}
â36
faisaient monter ce pieux établissement à 6,500
âmes. Non content d'avoir soumis au christia-
nisme ces peuples naguère l'effroi des colons ,
le P. Ferrer partit, en 1605, pour suivre le cours
de l'Aguarico , pénétrer dans le Napo, et s'a-
vancer ainsi parmi les nations indomptées du
grand fleuve. Il fit de cette façon plus de 1,000
lieues ; et nul à son époque ne pouvait se vanter
de connaître comme lui les nations sauvages
de l'Amazonie. Après deux ans et sept mois
d'explorations incessantes , il était de retour à
la fin de 1608 parmi les Cofanes. Durant un sé-
jour de quelques mois dans cette mission floris-
sante. Ferrer s'appliqua à l'étude de la langue co-
fane , et composa un arte de cet idiome amé-
ricain, si peu connu; il traduisit même pour
ses Indiens convertis le Catéchisme. Il fallait à
cette âme ardente sans cesse de nouveaux pé- '
rils. L'apôtre des Cofanes résolut de se rendre
à Quito, afin de décider l'autorité temporelle
à fonder de nouvelles missions. Il se garda bien
de suivre une route déjà frayée pour gagner
cette ville : il entra dans les forêts jusque là'
inexplorées , et ce fut durant ce voyage qu'il
découvrit non-seulement un lac magnifique, mais
le fleuve Putumayo, dont la navigation intérieure
peut rendre de si grands services. Après avoir
obtenu ce qu'il souhaitait et lutté avec succès
contre l'autorité militaire, qui prétendait s'immis-
cer dans les affaires de la mission et soumettre
les Indiens à un joug auquel ils préféraient leur
vie errante , il retourna chez les Cofanes. Son
zèle lui coûta la vie; il prêchait avec véhémence
contre la polygamie ; un des curacas, ou chefs
de tribu, qu'il avait contraint de se séparer de
ses concubines , le précipita du haut d'un rocher
étroit , servant à franchir un torrent. Bien des
années après on fit une enquête sur cet événe-
ment, à la suite de laquelle il fut prouvé que
l'intrépide apôtre avait prêché ses meurtriers au
fond même de la ravine où il allait trouver la
mort. Ferd. Denis.
D. Juan de Velasco , Historia del lieino de Quito ;
Quito, 1841, pet. in-40. — Le P. Casani , farones ilus-
tres.
* FERRER (Jayme), cosmographe catalan,
mort dans la première moitié du seizième siècle (1).
Dès l'époque de la découverte du Nouveau
Monde, il avait acquis une grande réputation;
et le premier ministre des rois catholiques , l'ar-
chevêque de Tolède, D. Pedro Gonzalez de
Mendoza, lui écrit de Barcelone, le 26 août
1496, pour l'attirer à la cour, en lui donnant le
titre d'ami (2) ; il le prévient que, voulant conférer
avec lui de matières importantes , il le prie de
se rendre à Barcelone , muni de sa mappemonde
et des autres instruments nécessaires à la con-
naissance de la cosmographie. L'intervention de
(1) U prend dans un de ses ouvrages la dénomination
de INlosen .Jayme Ferrer dcBlanes, ce qui peut faire sup-
poser qu'il était né dans cette ville de Catalogne.
(:) Especial amigo. Foy. Navarrete, I^weriacion
' sorbe la historia de la nautiea, p. 120.
537 FERRER
Ferrer devenait en effet nécessaire , au milieu
des vives agitations que causaient dans la Pé-
ninsule les grandes découvertes accomplies par
Colomb, découvertes qui avaient provoqué les
réclamations du roi Jean II. Le traité du 7 juin
1494 ayant en effet eu lieu , et l'Océan allant
être partagé entre les deux, puissances rivales
au moyen d'une ligne de démarcation qui de-
vait être fixée à 370 lieues à l'ouest des îles du
Cap-Vert, Isabelle et Ferdinand voulaient avoir
l'avis de l'éminent cosmograpbe sur cette opéra-
tion. Ferrer se rendit à la cour, et quoique procé-
dant d'après les méthodes imparfaites du temps ,
n'en déploya pas moins une grande habileté. Fer-
nandez de Navarrete ne s'est pas contenté de
vanter le savoir de Ferrer, il a expliqué les
moyens que celui-ci mit en usage pour en venir à
ses fins, et ils dénotent une science peu commune
pour l'époque où vivait ce mathématicien.
Il y a un autre Catalan portant le même nom,
Jacques Ferrer, dont les explorations vers les
côtes d'Afrique, accomplies en 1346, ont soulevé
en ces derniers temps une vive polémique. Les
documents biographiques sur ce marin du moyen
âge manquent complètement (1) ; on ne sait pas
même d'une manière bien nette s'il s'appelait
Jacques ou Jean. Il partit de la ville de Ma-
jorque le 10 août de l'année citée plus haut,
pour se rendre au fleuve de l'Or. Le navigateur
catalan se dirigea vers cette contrée , dans la-
quelle on a voulu voir le Rio do Ouro, dont les
Portugais revendiquent la découverte, postérieure
d'un siècle; mais il ne revint jamais. Plusieurs
critiques, entête desquels il faut placer M. Walc-
kenaër, n'admettent pas cette priorité , que con-
teste également M. de Santarem. M. d'Avezac
me présente pas seulement comme certain le
voyage de Jacques Ferrer en 1346; il ajoute
qu'une expédition génoise avait dès longtemps
précédé celle du navigateur catalan. ( Il s'agit ici
de l'expédition de Thedisio Doria, d'Ugolino di
Vivaldo et de Guy son frère, que l'on peut faire
remonter, selon les sources, de 1285 à 1290).
« Désaccord apparent, ajoute M. d'Avezac, et
qui dépend uniquement de la manière de lire le
dernier caractère d'une date énoncée en chiffres
romains. » Nous renvoyons aux traités spéciaux,
qui présentent tous les éléments de la discussion.
Ferdinand Denis.
538
Pour le !<"■ nom : Fcrnandez de Navarrete, ^isforia
de la Navtica. — Pour le 2'= : Le vicomte de Santarem ,
Recherches sur la découverte des pays situés sur la côte
occidentale d'Afrique au delà du cap Bojador, et sur
les progrès de la, science géographique après les navi-
gations des Portugais au quinzième siècle; Paris, 1842,
ln-8°. — D'Avezac, Notice des découvertes faites au
• (1) On Ht simplement sur la fameuse carte catalane de
i la Bib. imp. de Paris :
Partich l'uxer d'En. Jac. Ferer, per anar
al riu de l'Or, al gorn de .Sen Lorens qui
es a X de agost, et fo en l'any M. CCCI.f^I.
C'est un manuscrit de date plus récente et qui avait jadis
appartenu aux archives secrètes de Uènes, qui, en répétant
cette version avec quelques variantes, affirme que le bâ-
timent de Ferrer ne revint pas.
moyen âge dans l'océan Atlantique , antérieurement
aux grandes explorations portugaises du quinzième
siècle, lue à l'Acad. des Inscript, et Belles-Lettres de
l'Institut, etc.; Paris, 1845, in-8". — Le même, Note sur
la, première expédition dé Bethencourt aux Canaries;
Paris, 1846. — Le même, Note sur la véritable situation
du mouillage marqué au sud du cap de Bogador; Paris,
1846, In 8°.
FERRER, et non pas ferrelo (l) {Barto-
lomeo), navigateur espagnol, vivait en 1543. Il
fit partie, comme premier pilote, de l'expédition
commandée par Joâo-Rodrigo Cabrillo et des-
tinée par don Antonio de Mendoza, alors vice-roi
du Mexique , à la reconnaissance de la côte oc-
cidentale de la Californie. Cette expédition, com-
posée des deux navires Le San-Salvador et La
Victoria, mit à la voile de La Navidad (Nueva-
Espana) le 27 juin 1542. Le lendemain elle
doubla le cap Corrientes, le 2 juillet elle reconnut
le port que Fernand Cortez avait nommé de la
Cruz ( aujourd'hui San- José ), et elle vint mouil-
ler à San-Lucas, par 23° dé latitude nord. Lon-
geant ensuite la côte occidentale, les navigateurs
relevèrent avec soin tous les caps, entrées et
coupures. Le 8 ils arrivèrent à la punia de La
Trinidad, extrémité sud-est de l'île Santa-
Margarita. Le 19 ils découvrirent le beau port
de La Magdalena, et les jours suivants ceux de
Santa-Catalina et de Santiago, situés dans la
Ensenada de Abrojos de Santa- Anna ( île de
l'Assomption ) ; le puerto fondo de San-Pedro
Advencula (port de San-Bartolomé); l'île de
San-Esteban (laNatividad); ceWe de losCedros
(Cerros); les ports de Santa-Clara, Mal-
Abrigo ( punta de Canoâs), San-Bernardo ( île
San-Geronimo). Le 20 août l'expédition doubla
la. punta del Engano (Cabo-Bazo), et entra
dans un excellent port , qui reçut le nom de
Ptierto de la Posesion ( Port des Onze mille
Vierges ), parce que Cabrillo y prit pos.'^essioiî
du pays au nom du roi d'Espagne. Les naturels
informèrent les navigateurs que des Espagnols
avaient déjà pénétré dans ces contrées, et que
plusieurs d'entre ces premiers explorateurs rési-
daient à cinq journées de marche dans l'intérieur.
Cabrillo leur adressa une lettre par un Indien,
et remit à la voile le 27 août. Il aborda à Puerto
San-Agustino (île San-Martin). Il doubla en-
suite les caps San-Quintino, de La Cruz etSan-
Mateo (aujourd'hui de Todos los Santos), dont il
prit possession et où il vit des troupeaux d'a-
nimaux semblables aux brebis du Pérou {lamas).
Ferrer conduisit ensuite l'expédition devant los
Coronados, groupe d'îles désertes, et fit jeter
l'ancre dans le port de San-Miguel ( aujour-
d'hui San-Diego, situé par 32° 43' latitude nord et
111° 5' de longitude ouest ). On y apprit encore
qu'il y avait des Espagnols dans les terres. Le
7 octobre l'expédition découvrit les îles San-Sal-
(1) La Biographie des frères Michauil, le Dictionnaire
historiq^ic (éii\t de 18^2), \e Dictionnaire biographique
universel et pittoresque, ont écrit Ferrelo. Leur erreur
vient de ce qu'ils ont consulté les écrivains hollandais et
leurs traducteurs, au lieu de puiser directement aux
sources espagnoles.
539
FERRER — FERRERI
540
varfor (San-Cleiïiente) et de La Victoria (Santa-
Catalina). De !à elle se rendit dans la baie de
Fumos, puis dans un golfe spacieux, sur le bord
duquel s'élevait un village dont les maisons
étaient aussi bien construites que celles delà Nou-
velle-Espagne. Les habitants vinrent au-devant
des Espagnols dans de grands canots, et leur
confirmèrent qu'il se trouvait des Européens à
sept journées de distance. Cabrillo écrivit encore,
et donna à cette peuplade le nom de las Ca-
noas (1). Le 13 on remit à la voile , et on passa
près de deux grandes îles inhabitées, qui lurent
nommées Santa-Cruz etSan-Miguel. On longea
■ ensuite une côte délicieuse, bien peuplée, dont
les habitants apportèrent aux navigateurs des
fruits et du poisson frais. On atteignit ainsi le
cap de LaGalera (aujourd'hui pww^arfe laCon-
cepcion, située par 34° 24' de latitude nord ). A
dix lieues en mer, Ferrer fit relâcher dans le
groupe San-Lïicas (San-Bernardo). Il en sortit
le 25; mais, ayantéprouvé un grand froid et des
mauvais temps, il abrita les navires derrière le
cap de La Galera, dans un port qui reçut le nom
de Todos-Santos. De là il passa à celui de Las
Sardinas, où il fit de l'eau et du bois. Plusieurs
Indiens, accompagnés de leur cacique, se rendi-
rent à bord. On apercevait quelques hautes mon-
tagnes boisées , qui furent appelées de San-
Martin. Une violente tempête, qui dura deux
jours, sépara les deux navires, qui ne se rejoigni-
rent que le 15 novembre. Le 17 on jeta l'ancre
dansunegrande baie, nommée Los /'«ho.s, àcause
des hauts pins qui l'environnaient (2). Cabrillo y
renouvela la céi'émonie de la prise de possession.
Après s'ètreavancéjusqn'au38° 40',ilrevintdans
les îles San-Lucas pour hiverner. Il y mourut, le
3 janvier 1543 (3), etlaisSa le commandeRient gé-
néral à Bartolomeo Ferrer. Celui-ci, pressé parla
disette, mita la voile le 19janvierpour gagner le
continent ; mais les vents contraires le retinrent
dans les San-Lucas jusqu'au 12 février, où il fut
encore obligé de se réfugier dans l'île San-Sal-
vador. Après s'y être ravitaillé, il reprit la mer,
et découvrit quatre grandes îles et une petite, dont
il ne put approcher; il se dirigea alors vers le cap
de Los Pinos, où il atterrit le 1**' mars, par un froid
très-rigoureux. Le 3, entre les 41' et 43" de lati-
tude nord, il découvrit l'embouchure d'une
grande rivière, que l'on croit être celle que Mar-
tin de Aguilar reconnut, en 1603, près du Cabo-
Blanco. )De là Ferrer X'evint à l'île Juan-Rodri-
guez : un ouragan lui fit perdre sa conserve,
qu'il retrouva cependant le 24 mars à l'île de
Los Cedros. Manquant de tout et hors d'état
de tenir plus longtemps la mer, il fit voile le 2
avril pour la Nouvelle-Espagne, et mouilla le 14
dans le port de La Navidad, d'où il était parti
(1) On croit que ces Indiens résidaient sur les bords du
golfe San-Juan-Capistrano.
(2) Otte baie est celle de Monlerey.
(3) L'ile où mourut Cabrillo, d'abord appelée de La Po-
sesion, reçut dés lors le nom de Juan-Rodriguez. Elle
n'était habitée que par de pauvres pécheurs.
neuf mois et demi auparavant. Les détails de
l'expédition de Cabrillo et de Ferrer se trouvent
rapportés très au long dans Herrera et dans Na-
varetîe; on les trouve aussi dans V Histoire des
Indes de J. de Laët. Ils offrent peu d'intérêt
pour le philosophe et le naturaliste; il en sera
question dans la notice de Sébastian Vizcaino
{voij. ce nom), qui a visité les mêmes contrées
que Ferrer, en 1596. Alfred de Lacaze.
Herrera, dec. VIII, lib. V, cap. m et iv. — l,oren/,ana,
Historia de Nueva-Espana ; Vlex\coAT!Q. — Ravarette,
Relacion del nage kecho por las galetas Sutil tj Mexi-
cana en el afio 1192, introd., p. 29-36; Madrid, 1802. —
M. de Fleurieu, introduction au f^oyage d'Etienne Mar-
chand. - M. Humboldt, Essai politique sur la Nonvelle-
Espagne. — Venegas, Noticia de la California.
FERREKA. Voycz Ferrari (Barthélémy).
FERRERAS ( Juan de), historien espagnol,
naquit à Labaneza, en 1652 , d'une famille noble,
mais pauvre,etmouruten 1735. Il fut élevé par son
oncle, qui le fit recevoir au collège des jésuites
de Montfort de Lemos. Après y avoir appris les
langues grecque et latine, il étudia successive-!
ment dans trois couvents de dominicains la'
poésie, l'art oratoire, la philosophie et la théo-
logie; il se fit remarquer par une grande sagacité,
par son assiduité au travail et par la régularité
de sa conduite. Destiné à l'état ecclésiastique, il
acheva ses études à l'université de Salamanque.
Comme prêtre, il se fit une grande réputation
par son éloquence. Le commerce qu'il entretint
avec le savant marquis de Mendoza ne contri-
bua pas seulement à l'accroissement de ses con-
naissances , mais lui procura encore l'occasion
de développer ses talents comme historien.
Son mérite et la protection dont il jouit le firent
avancer en dignités ; il fut même agrégé à la
congrégation de l'Inquisition; mais il refusa
plusieurs autres postes, bien plus élevés que
celui-ci , et entre autres un évêché. Piiilippe V
le nomma son bibliothécaire. L'Académie de
Madrid le choisit pour un de ses membres l'année
même de sa fondation, en 1713. Il fut très-utile
à l'académie naissante, et l'aida surtout dans la
composition du Dictionnaire espagnol publié
par cette compagnie en 1739, 6 vol. in-foî. Les
écrits de Ferreras sont nombreux, mais ils
n'ont pas tous été publiés. Le plus important est
La Historia de Espana; Madrid, 17O0-Î727,
16 vol. in-4'', traduite en français par Vaquette
d'Hermilly, sous le titre de Histoire générale
d'' Espagne, tradiiïte de l'espagnol., avec des
notes historiques et critiques, V&xh, 1751, 10 v.
in 4°; et en allemand, avec des observations
de Bamngarten, Halle, 1754-72, 13 vol. in-^".
Il conduit l'histoire jusqu'en 1589; et bien que
son style ne soit point à beaucoup près compa-
rable à la narration de Mariana, il donne tou-
tefois un aperça clair des événements.
Mémoires de Trévoux ( août 1743 }. -- Morcri, Grand
Dictionnaire historique.
FEEKEE5 (Zachurie), poète latin moderne,
né à Vicence, en 1479, mort à Rome, vers 1530.
Il fut d'abord moine au Jîont-Cassin, puis évêque
.-,,(1 ir'ERPiERI
(l,î Guardia, dans le royaume deNaples. Membre
(lu concile de Pise en 1511 , il se prononça éner-
^iquement contre l'ambition de Jules II, et fut
eliargé de rédiger les actes du concile. Léon X
l'envoya comme nonce apostolique en Hongrie.
Il a laissé plusieurs ouvrages consacrés à des
sujets de piété et de controverse; le plus im-
portant est intitulé : Hijmni novi ecclesiastici
luxta veram metri et lafinitatis normam;
ilome, 1525, in-4°; ibid, 1549, in-8°.
Tiraboschi , Giornale di jModena, t. XXVI.
FERSîERi (Mathias), théologien italien, né
à Casalmaggiore, en Piémont, vivait au dix-sep-
tième siècle. Il professa la théologie dans plusieurs
maisons de son ordre. On a de lui : Jus re-
(jnandl apostolicum per missiones ecclesias-
ticas religiosorum tot'nis ordinis hierarchici,
ab initio Ecclesiee; Turin, 1659, 2 vol. in-fol.
Bernard de Bologne, Bibliotheca Capuccinorum.
* FEKRËRi (Andréa), sculpteur et peintre
italien, né à Milan, en 1673, mort à Ferrare, en
1744. Il quitta sa patrie dès son enfance, et
vint habiter Bologne, où plus tard il étudia la
sculpture sous Giuseppe Mazza; à cette école,
il devint surtout habile modeleur en stuc et en
terre cuite, quoiqu'il ait aussi travaillé le mar-
bre. Il a laissé peu d'ouvrages à Bologne , où
l'on ne connaît guère de lui qu'une statue de
Notre-Dame du Mont-Carmel, placée sur une
f'olonne près de l'église deSan-Martine-Maggiore.
U quitta cette ville en 1722 pour Ferrare, où il
passa le reste de sa vie , et qu'il a enrichie d'in-
nombrables travaux, tels que deux autels à la
l'athédrale, une statue de La Vigilance, deux
Enfants soutenant une lampe, et quelques
médaillons dans l'escalier de l'archevêché , plu-
sieurs saints en terre cuite à San-Maurelio, enfin
une Vierge en marbre, placée sur une colonne de
granit oriental devant l'église Saint-Georges hors
la porte Romaine. Le style de cet artiste est froid
st maniéré ; mais cependant ses ouvrages ont une
certaine grâce qui les fait souvent préférer à ceux
(le la plupart de ses contemporains. Ferreri com-
posa quelques dessins d'architecture et peignit
les ornements à fresque. Il eut pour élève son
iils Giuseppp, qui probablement mourut sans
avoir beaucoup produit, car nous n'avons trouvé
le lui qu'une buste en terre cuite de Saint Ma-
thias , destiné à remplacer dans la cathédrale de
Ferrare celui qui manquait à la série des Apôtres
par Alfonso Lombaidi. E. B — n.
Cicosnara , Storia délia Scullura. — Malvasia, PiC-
Uire, Scultnre e Arcliitettiire di Bologna. — M. A. Gua-
landi, TrcCiorni in Jloloçma. — N.-L. GxituieWa, Guida
di Fcrraru.
FERUEiio (Guido), théologien italien, né en
août 1537, à Bielle (Piémont), mort à Rome, le
16 mai 1585. 11 était Iils do Sébastien, marquis
de Romagnano, et de Madeleine Borromée. Cette
dame fonda à Milan un monastère de filles péni-
tentes. Guido Ferrero, héritier du titre de son
()ère, fut élevé sous la direction de son oncle le
cardinal Pierre-François Ferrero. 11 entra dans
■ FERRETI 542
les ordres, et fut placé sur le siège épiscopal de
Verceil. Pie IV le créa cardinal en 1565. Il ad-
ministra avec sagesse les légations de Ravenne
et de la Romagne : On a de lui : Sommario di
Decreti conciliari e diocesani spettanti al
cultodivino; 1572; —Synodus in qua multa
pro cleri et populi reformatione décréta
sunt; 1567, 1572 ,—Decretum Gratiani enien-
datum; Rome, 1582.
Dghelli , Italia sacra.
* FERRERO ( Glrolamo ) , sculpteur ro-
main, travaillait à Rome en 1650, quand il fut
appelé en Espagne par Philippe IV pour exécuter
en bronze plusieurs statues que Velasquez avait
l'apportées d'Italie. Ces travaux lui valurent la
faveur du roi, qui lui donna un logement dans
l'ancien palais royal de Madrid, où il passa le
reste de sa vie. E. B — n.
Ticozzi, Dizionario.
* FERRERO ( Jacinthe), naturaliste pié-
montais, né à Turin, en 1785 , mort dans cette
ville, en 1833. Reçu docteur en médecine, il
consacra une partie de son temps à l'étude de
la botanique et de l'entomologie. On lui doit de
nombreuses observations sur l'entomologie des
Alpes piémontaises, où il faisait chaque année de
fructueuses excursions. La belle collection qu'il
avait formée fut léguée par lui à la ville de
Gênes. Gutot de Fère.
Henrion, Annnaire biograpli.iqve.
FERRET. Voij. Ferré et Ferreti.
FERRETI ( Emile ) , jurisconsulte italien , né
à Castelfranco , le 14 novembre 1489, mort le
15 juillet 1552. Envoyé à Pise àl'àge de douze
ans, il y étudia le droit civil sous Petrucci et le
droit canon sous Jean Croto. Il compléta ses
connaissances à l'université de Sienne ; et deux
ans plus tard il devint secrétaire du cardinal
Salviati. Docteur endroit à dix-neuf ans, après
avoir soutenu des thèses brillantes, il remplaça
son prénom de Dominique par celui d'Emile.
Nommé professeur de droit à Rome , il débuta
par une leçon si remarquable, que Léon X le
choisit pour son secrétaire. Après avoir exercé
ces fonctions pendant plusieurs années, il vécut
quelque temps dans une retraite studieuse à Cas-
telfranco. A la mort de son père , Ferreti se re-
tira à Trente avec sou frère Nicolas. Quatre ans
plus tard , il suivit à Rome et à Naples le mar-
quis de Montfevrat. Tombé à son retour aux
mains des Espagnols , il recouvra sa liberté au
moyen d'une rançon, et vint demeurer en
France, où il professa le droit à Valence.
Nommé conseiller au parlement de Paris par
François I""', il fut député par ce souverain à Ve-
nise et à Florence. )1 fut envoyé ensuite par le
marquis deMontferrat vers Charles-Quint, qu'ii
suivit en Afrique. Revenu en France, il se ren-
dit ensuite à Florence pour le service du roi de
France. Il se démit quelque temps après de sa
charge de conseiller au parlement, et se fit don-
ner le droit de bourgeoisie à Florence; enfin , il
FERRETI
54-
fut appelé à professer le droit à Avignon, où il
mourut. On a de lui : Marci Tullii Ciceronis
Orutlones Verringe ac Philippicae, ad co-
dicum veterum fidem castigatœ; Lyon,
Gryphe, 1541, in-S". Ses œuvres sur le droit,
contenant plusieurs traités, ont été publiées à
Lyon, en 1553.
Gui Allard, Bibl. du Dauphiné. - l'anzlrole, Le clar.
Lerj. Interp. — J. Lami, VUiB Erudit. — Buder, Fit.
Clariss. Jurisc. — Bayle, Dict. hist.
FERRETi ( Nicolas ), grammairien italien, né
vers 1450, mort en 1523. Il tint à Venise une
célèbre école de grammaire. On a de lui : De
Eloquentïa Linguse Latinas servanda inepis-
tolis et orationibus componendis Prxcepta;
Forli, 1495, in-4<' ; Paris (sans date), in-4°.
Cet ouvrage a été réimprimé dans un recueil
d'opuscules grammaticaux de Ferreti, publié à
Venise, 1507, in-fol.
Ginani, Memorie storico-critiche degli Scrittori Ra-
vennati.
FEHRETi (Jules) , jurisconsulte italien, fils
du précédent, né à Ravenne, en 1480, mort à
San-Severo (Fouille), en 1547. Il se lit la répu-
tation d'un bon jurisconsulte, et fut nommé
gouverneur de la Fouille par l'empereur Cliarles-
Quint. Ses ouvrages ne furent imprimés qu'a-
près sa mort; en voici les titres : Gonsilia et
Tractatus varii; Venise, 1562, in-4''; — De
Re et Disciplina militari; Venise, 1575, in-
fol.; — De Jure et Re Navali, et deipsius rei
navalis et belli aquatici prxceptis legitimis
Liber; Venise, 1579, in-4°. Cet ouvrage a été
inséré dans les Tractatus magni universi ré-
gis ; Venise, 1 584, t. XII, ainsi que deux autres
petits traités du même auteur, savoir : De Ga-
bellia, publicanis muneribus et oneribiis, et
De Duello.
Jérôme Rossi, T-^ita Ferreti, en tète du De Re et Dis-
ciplina Militari.
FERRETI (/ean-Pterre), historien et poëte
italien , frère du précédent , né à Ravenne, en
1482, mort en 1557. 11 entra dans les ordres, et
devint évêque de Milazzo, en Sicile. 11 fut ensuite
transféré à Lavello, dans le royaume de Naples,
et garda cet évêché jusque dans un âge avancé.
Il s'en démit peu de temps avant sa mort. Il
composa un grand nombre d'ouvrages, restés
presque tous manuscrits ; les moins insignifiants
sont des Mémoires sur Vexarchat de Ravenne,
et deux poèmes latins, l'un sur Y Origine de
Rovigo, et l'autre sur la ville d'Hadria.
Gin:inni, Scrittori Ravennati.
FERRETI {Jean- Baptiste), archéologue ita-
lien , né à Vicence, en 1639, mort en 1682.11 en-
tra dans l'ordre des Bénédictins de la congréga-
tion du Mont-Cassin. On a de lui : Miisœ lapi-
darix antiquorum in marmoribiis Garmina ,
seu deorum donaria , homïnumquo illus-
trium obliterata monumenta et deperdita epi-
taj}hia; Vérone, 1672, in-fol. C'est un recueil
de toutes les inscriptions en vers contenues dans
Gruter. L'auteur y a ajouté quelques pièces iné-
dites , *et des explications en général satisfai-
santes. Cependant Sax lui reproche avec raison
de n'avoir pas fait usage des Epïgramrnata ci
Poematia veterum Poetarum de P. Pithou, qui
lui aurait fourni d'excellentes corrections. Ferreti
dédia son recueil au dauphin fils de Louis XIV,
et en fut récompensé par un présent considé-
rable.
Sax, Onomasticon literarium, pars V, p. 194.
* FERRETI { Giovanni- Domenico) , peratre
de l'école florentine, né à Florence, en 1692, mort
après 1750. Suivant Orlandi, il serait mort versj
1730; mais nous savons qu'en 1745 il peignail
encore à Sienne ses fresques du palais Sanse-
doni. Cet artiste est quelquefois nommé Domei
nico d'Imola , sans qu'il nous ait été possible
de découvrir l'origine de ce surnom, que rien nç
semble justifier. Il étudia à Bologne sous Gian-,
Giuseppe del Sole ; mais il a passé tout le reste de
sa vie en Toscane , où il a laissé de nombreuses
preuves de son talent. On trouve dans ses ou-
vrages un dessin correct et délicat , un coloris
vif et agréable, qui lui acquirent une réputation
méritée. Il l'emporta sur ses deux compagnon^
d'étude, M. Soderini et Veu. Meucci par son ima-
gination et , comme dit Lanzi , par son instinct
de la peinture. C'est sans doute cette imagina-^
tion même qui fut cause qu'il réussit moins
bien dans la peinture à l'huile que dans la fresque,'
genre dans lequel il déploya une grande habileté.
Quelques-uns de ses tableaux ne sont cependanf
pas à dédaigner, et l'on regarde comme l'un de
ses meilleurs ouvrages le Martyre de saint Bar-
thélémy, dans l'église de ce nom à Pise; lai
Translation du corps de saint &uide, dans
la cathédrale de la même ville , est au contraire ^
quoique ne manquant pas de pittoresque , une
des productions les moins heureuses de son au-
teur. Parmi les nombreux tableaux de ce maître!
qui existent à Florence, nous citerons : à San-l
Martino , La Conception de la Vierge ; à l'é-
glise del Carminé, une Descente de Croix; à
Saint-Paul , V Adoration des Mages et la Mort
de Saint-Joseph , autrefois placée dans la ca-
thédrale, et attribuée à Soderini ; à San-Procolo,;
une Gloire d'Anges ajoutée si habilement à une
Visitation du Ghirlandajo, qu'on a peine à dis-
tinguer la manière des deux artistes , enfin une
Descente de croix au palais» -Rinuccini (l).i
Parmi ses fresques , les plus célèbres sont celles;
de la voûte de l'éghse Saint-Philippe de Pistoja;i
la même ville possède de lui, à l'église de l'An-i
nunziata, des fresques représentant des saints'
de l'ordre des Servîtes ; à Santa-Maria dell' Umi-'
lità, ime lunette offrant les mystères de La Pas-'
sion ; enfin, une voûte d'escalier au palais Amati,
A Florence, nous trouvons à l'église d'Ogni-
Sanli la coupole de la chapelle de la croisée'
de droite; à la Badia, au-dessus du maître autel,!
(1) t.e portrait de Ferretti peint par lui-même fait par- [
lie de la collection iconographique de la galorie de Flo- ■
renée.
545 FERRETI
une grande lunette offrant le Martyre de saint
Etienne, et à la voûte du chœur une Assomp-
tion; à l'église des Dominicaines, plusieurs lu-
nettes; Sainte Catherine dé' Ricci en proces-
sion avec des anges ; Saint Louis Beltrando ;
Moïse et Aaron; L'Arche de Noé; Le Sacrifice
d'Abraham, et Saint Dominique délivrant
une possédée; à Saint-Sauveur, Les douze
Apôtres; en camaïeu, lâ coupole et la tribune
représentant La Nativité; Ogni-Santi, deux
médaillons, La Vierge et Saint Joseph, et une
petite coupole avec La gloire du nom de Jésus.
A Pise , il existe quelques fresques de Ferretti,
dans les palais Curini et Ceoli ; eniîn, à Sienne,
le palais Sansedoni offre dans ses appartements
des fresques représentant La Nuit, Les Arts li-
béraux, Les Travaux d'Hercule, L'Hymen, La
Renommée, Les Saisons, Dédale, et La Gran-
deur d'Ame; ces peintures, exécutées en 1745,
paraissent être la dernière grande entreprise du
maître. E. B~n.
Lanzi, Storia délia Pittura. — Orlandi, Àbbecedario.
■ Ticozzi, Dizionario. — iMorrona, Pisa. — Roma-
jnoU , Cenni storico-artistici di Siena. — Fantozzi,
Vvovo Guida di Firenze. — Tolomei, Guida di Pistoja.
FERRETO, historien italien, néà Vicence, vers
a fin du treizième siècle , mort vers 1335. Il était
ssu d'une famille noble . Sa vie est inconnue. On
ait seulement qu'après avoir cultivé avec suc-
és la poésie latine , il s'adonna à l'histoire. On
8 regarde comme un des pré(!urseurs de la Re-
laissance. Onade lui : Ferreti,poetx Vicentini,
uorum et paulo ante actorum temporum
iistoria. Cette histoire, divisée en cinq livres,
ommenceà la mort de Frédéric II, en 1250, et va
isqu'à l'année 1380. Elle est intéressante; mais
n a reproché à l'auteur de s'être quelquefois
endu inintelligible par élégance , c'est-à-dire en
ésignant les peuples modernes par des noms
lassiques ; ainsi, au lieu de Vicentins, il dit Cim-
riens (Cimbrici); au lieu de Florentins, Fé-
ilans {Faesulani). V Histoire de Ferreti a été
isérée dans les Scriptores Rerum Italicarum
Muratori, t. IX. Ce volume contient encore
s opuscules poétiques suivants du même auteur :
'e Scaligerorum Origine Libri TV; In obitura
nantis , poètes Florentini ; In excessum Be-
evemiti de Campesanis, poetae Vicentini;
i Albertum Mussatum, vatem Patavinum.
erreto avait aussi laissé des Priapeia;Psi^\ia.-
ni en a publié le commencement, dans le VI^ livre
! son Histoire de Vicence.
Fabricius, Bibliotheca Latina médise et inflmee sstatis.
Vossius, De Historicis Latinis.
FERRi ( Alfonse ), plus connu sous le nom
tinisé de Ferrus ou Ferriiis , médecin italien,
§àFaenza,versl515, mort à Rome, vers 1595.
enseigna la chirurgie à Naples avec beaucoup
i succès, et se rendit ensuite à Rome, où il de-
nt médecm du pape Paul III. Il y donna aussi
Js leçons publiques d'anatomie. On a de lui :
e IJçini sancti muliiplici Medïcina et vint
xhibitione Libri quatuor ; Rome, 1527, in-4".
NOUV, BIOGR, GÉNÉR. — T. XVII.
— FERRI
546
Ce traité est consacré aux propriétés médici-
nales du gaïac : l'auteur préconise ce bois comme
une espèce de panacée universelle, particu-
lièrement propre à la guérison des maladies
vénériennes. Cette dissertation a été insérée
dans le recueil deLuisini; Venise, 1566, 1567,
2 vol. in-fol. ; — De Sclopetorum sive archi-
busorum Vulneribus Libri très : corollarium
de sclopeti ac similium tormentorum pulvere ;
de caruncula , sive callo quse cervici vesicx
innascitur opusculum; Rome, 1552, in-4°.
Cet ouvrage est un des premiers qui aient paru
sur les plaies d'armes à feu. On y trouve des
détails intéressants ; mais l'auteur, supposant que
ces blessures étaient vénéneuses, indique un très-
mauvais traitement. Il avait inventé un instru-
ment pour l'extraction des balles, et l'avait
appelé de son nom Alphonsina. Par la descrip-
tion qu'il en donne , on voit que cet instrument
était d'un usage peu commode; aussi n'a-t-ii été
jamais adopté.
Toppi, Biblioteca Napoletana. — Éloy, Dictionnaire
historique de la Médecine. — Biographie médicale.
FERRI ( Ciro), peintre, architecte et graveur
de l'école romaine , né à Rome, en 1 634, mort en
1 689. Il avait hérité de son père une fortune assez
considérable, qui lui permit de se Hvrer sans
préoccupation à l'étude de son art. Il suivit les le-
çons de Pierre de Cortone, et fut de tous ses élèves
celui qui s'attacha le plus à lui, et par son affec-
tion, et par l'imitation de son style, qu'il sut
s'approprier mieux encore que Romanelli et Pie-
ti'o Testa; aussi , après la mort de son maître,
qu'il avait aidé dans presque tous ses travaux,
fut-il chargé de terminer plusieurs de ses ou-
vrages, tels que la coupole de Saint-Nicolas de
To/ew^ino à Rome, etleplqfond delasalle d'A-
pollon au palais Pitti de Florence. Il reproduisit
si exactement le faire de Pierre de Cortone, qu'il
est impossible de reconnaître ce qui appartient
au maître ou à l'élève. Vers 1640, Pierre de
Cortone, appelé à Florence par Ferdinand II pour
peindre les plafonds du palais Pitti, y avait ap-
porté son style et jeté les fondements d'une nou-
velle école. Ciro Ferri ne contribua pas peu à son
développement, le grand-duc Côme III l'ayant
chargé, lorsqu'il retourna à Rome, de diriger les
jeunes Toscans qui allaient y étudier.
Ferri déploya dans ses compositions de la
grandeur et de l'imagination; mais il y montre
généralement moins de grâce que son maître, et
c'est avec raison que Winckelmann accuse ses
figures d'être un peu lourdes. Ses draperies ont
aussi moins d'ampleur que celles de Pierre de
Cortone, et son coloris est plus faible. Lui-
même avait reconnu ce défaut ; car lorsque la
mort le surprit, il se proposait d'aller à Venise
étudier les grands coloristes de son école. Ciro
Ferri fut un artiste presque universel ; il fit des
cartons pour le Vatican , beaucoup de miniatures
pour des bréviaires, de dessins pour des thèses
et des titres de livres, dont plusieurs furent gra-
18
547
FERRI — FERRÏ-PISANI
vés par Spierre et Bloëmaert, enfin d'innom-
brables peintures à l'huile ou à fresque. 11 fut
architecte distingué, ainsi que le prouvent les
beaux autels de Saint-Sébastien-hors-les-murs ,
de Saint-Jean-des-Florentins et de la Chiesa-
Nuova à Rome ; enfin , il a laissé un assez grand
nombre d'eaux-fortes, soit de sa composition, soit
d'après des tableaux d'autres maîtres ; elles ont
le grand mérite de rendre parfaitement le carac-
tère de l'original.
Parmi ses tableaux, nous signalerons : à
Rome, Saint Ambroise, dans l'église dédiée à
ce saint; à Saint-Marc, Sainte Martine et Une
Madone; au palais de Monte-Cavallo , une
Annonciation et ï Histoire de Cyrus; à Flo-
rence, dans la galerie publique, V Annonciation,
Le Christ sur la Croix, Alexandre lisant
Homère, et son portrait peint par lui-même ;
dans la galerie Corsini, La sainte Famille et
Saint Jean Gualberti;h Pérouse, dans l'église
Saint-Philippe, La Conception de la Vierge,
excellente copie exécutée d'après Pierre de Cor-
tone, en 1658; à Milan, dans Santa-Maria-
incoronata, Saint Augustin; à Sienne, dans la
salle capitulaire de la cathédiale, plusieurs Ver-
tus , et Sainte Thérèse à l'hôpital de la Scala ;
enfin, à Cortone, dans l'église des Franciscains,
un tableau représentant La Conception , Saint
.Louis évéque. Saint Louis roi, Sainte Mar-
guerite et Le B. Guido de Cortone. Gualandi
a publié le traité fait en 1660 pour l'exécution
de ce tableau, qui fut payé 180 écus.
On trouve des peintures de Ciro Ferri dans
divers musées de l'Europe ; à celui de Dresde,
Didon et Enée et la Mort de Bidon sur le
bûcher -, à la pinacothèque de Munich, deux
Eepos en Egypte ; à Londres , le Triomphe de
Bacchus ; à Vienne enfin, Le Christ apparais-
sant à la Madeleine.
A Sainte -Marie -Majeure de Bergame se
voit, à gauche du maître autel, une voûte peinte
à fresque, qui passe pour l'un des ouvrages les
plus remarquables de Ciro Ferri. Le cul-de-four
de l'église San-Firenze à Florence présente
une Gloire de saint Thomas de Cantorbéry,
grande composition à personnages de proportions
colossales, mais faible de coloris. Le dernier ou-
vrage du maître fut làcoupole de Sainte-Agnès
de la place Navone à Rome , terminée maladroi-
tement après sa mort par Corbellini , son élève ,
sur le refus de Carlo Maratte, que Ferri avait
prié de s'en charger. On dit que le chagrin
qu'éprouva Ferri en voyant combien son coloris
était pâle auprès de celui des pendentifs du Ba-
ciccio ne fut pas étranger à la maladie qui ter-
mina ses jours. Il fut enterré en grande pompe
à Santa-Maria-in-Trastevere, où l'on voit encore
son épitaphe. Il n'a laissé aucun élève qui ait
hérité de son talent et de sa réputation , et ce
sont des noms assez obscurs que ceux de Cor-
bellini, Urbano , Romanelli et Giovanni Odazzi.
E. Breton.
OrlandI, Abbecedario. — Baldinucci, Notizie. — Lanz',
Storia délia flttura. - O'Ai'genTiUe, Histoire des
Peintres italiens. — TIcozzi, Dizionario. — Winckel-
iiiann, Neues Mahlerlexikon. — Siret, Dictionnaire
historique des Peintres. — Gualandi, Memorie ôriylnali
di Belle Arli. — Roinagnoli, Cenni storivo-ilriistici di
Siena. — Gamb'mi, Guida di Perugia — Pirovano, Guida
di Milano. — Pistolesi, Descrizione di Itoma. — Valéry,
Foyages historiques et littéraires en Italie.
* FERRî (Gesualdo), peintre de l'étiolé flo-
rentine, né à San-Miniato, eu 1728, vivait encore
en 1776. Il fut élève de Pompeo Batoni , et assez
bon dessinateur. On cite parmi ses meilleurs
ouvrages quelques peintures à Poggio-impériale,
villa du grand-duc, et à Florence, à l'égliso dB)l,l|
Carminé, L'Exaltation de la Croix, et datisll
l'oratoire de San-Firenze Le rideau de l'orgue,'
et au dessous, deux Traits de la vie de saint
Philippe peints kVhmle sur mur. E. B — n.
Orlandl, Jbbecedario.— Fantozzi, Nuovo Guida «tj
Firenze. }
FEHUi (Jérôme), archéologue italien, né 1«
5 février 1713, à Longiano (Romagne), mort s
FerrarCj le 27 juin 1786. 11 entra dans les ordres^
et professa successivement les belles ■ lettref
dans les collèges de Massa, de Faenza et de Rimiill^'
et enfin dans l'université de Ferrare. Il possédait
un savoir assez étendu, et écrivait' fort bien ea
latin. On a de lui : Epistolx pro linguœ latines
usu, adversus Alembertium; Faenza, 177i
in-8° ; — De Tabulario azuriniano ad seûi
viros Faventinos Commentariolum , dans '1«
De Litteratura Faventinorum , de Mittarelli
Faenza, 1775, in-fol.; — De Alexandri Sard^
Vita Commentarius ; Rome, 1775 ; — De Viià
et scriptis Balth. Castilionis ; Mantoue , 1789
Adam Carichevich, P'ita di Ferri; dans la BibliotHi
ëcclesiastlca.
FERRI. Voy. Ferry.
* FERRï-PisANi (,Comtède Saint- Anastaisi^
administrateur français , conseiller d'État , né k
Ajaccio (Corse), en 1770, mort à Paris, le 21 oc-
tobre 1846. Venu dans la capitale vers 1801, il
fut attaché comme chef de division au minisfèrt
des relations extérieures du royaume d'Italie éta-
bli près de l'empereur, et plus tard il devint chei Ik
d'une division de la secrétairerie d'État qui em^
brassait l'expédition de toutes les affaires de ée
royaume. Après la bataille d'Austerlitz il recul
l'ordre de suivre le prince Joseph Napoléon, qui
partait pour Naples, Nommé secrétaire du cabij
net, conseiller d'État et surintendant des postes
du nouveau gouvernement napolitain, il épouse
alors la fille aînée du maréchal Jourdan. Josepl]
ayant été appelé au trône d'Espagne, Ferri-Pisani
l'accompagna, et aux emplois qu'il remplissai'
à Naples il joignit à Madrid la présidence de 1^
section des finances du conseil d'État. Retttré Oij
France après la désastreuse bataille de Vittoriâ;
l'empereur le créa comte, sous le tih'e de Salnt^
Anastase. A son retour de l'île d'Elbe, Napoléoi:]
l'envoya comme préfet dans le département de la
Vendée. Ferri-Pisani resta étranger aux affaires]
publiques pendant la Restauration ; mais aptèslj
la révolution de Juillet 1830 son nom fut comJ
549
FERRI-PISANI — FERRÏER
550
plis dans la première liste des conseillers d'État
(11 service ordinaire.il était depuis 1845 conseil-
ler d'État honoraire, lorsqu'il mourut.
L. LOOVET.
Documents particuliers.
FEîîRaEE (^Saint ). Vog. Vincent.
FERïïiEsi (5oHi/«ce ), théologien espagnol,
frère de saint Vincent Ferrier, né à Valence, en
1355, mort le 27 avril 1417. Il étudia d'abord le
droit, et se fit la réputation d'un habile juriscon-
sulte. Ayant perdu sa femme et neuf de ses enfants
■■ur onze, il distribua toute sa fortune aux pauvres,
(11 réservant 476 florins à chacun des fils qui lui
I estaient, et entra dans l'ordre des Chartreux à
l'âge de quarante-et-un ans. Il fut élu général de
.m ordre le 23 juin 1402. L'Église était alors di-
visée par le gi-and schisme. Les chartreux d'Italie,
(|Uî relevaient de l'obédience d'Urbain VI, prirent
pour général Etienne de Sienne. Ferrier se dé-
iiiit alors de sa place; il la reprit à la demande
lie l'antipape Benoît Xill, qui était son ami; il l'a-
iaiiilonna de nouveau après que ce pape eut été
:^ nilamné par le concile de Constance, en 1416.
; 1 composé divers ouvrages, restés inédits, entre
;: ;n's une traduction de la Bible en espagnol.
TriUièiiie, De Scripioribus écoles. — Petreius, [iiblio-
theca Carthxisiarta. — Sainte-Warthe, Gallia christiana.
FEBRiEii ( ,4î7iaî<d du), jurisconsulte fran-
çais , né à Toulouse, vers 150G, mort en 1585. Il
commença ses études de di"oit en France, et les
acheva en Italie, à l'université de Padoue. Il
professa ensuite la jurisprudence dans sa ville
natale, où il devint conseiller au parlement. Il
passa de là au parlement de Paris comme pré-
sident aux enquêtes, et devint maître des re-
quêtes. Chargé de représenter le roi de France
au concile de Trente, il y prononça une harangue
si hardie que les prélats demandèrent son éloi-
gnement. Ferrier fut en effet envoyé en ambas-
sade à Venise. De retour en- France, il se retira
à la cour du roi de Navarre , depuis Henri IV, y
fit profession de protestantisme, et devint garde
des sceaux du jeune prince. On conserve à la Bi-
bliotiièqne impériale un recueil manuscrit de sa
correspondance diplomatique.
De Thou, Historiasui temporis. — La Croix du Maine,
Bibliothèqne française. — lîlancliarrt , Histoire des
Maîtres des requêtes. — Denys Simon, Bibliotl). hist.
des Anteiirs de droit. — Bayle, Diction, histor. et crlt.
— Lelon?, Bibl. hist. de la France.
FERRiEEi {Auger), médecin français > né
dans les environs de Toulouse, en 1513, mort
dans cette ville, en 1588. Après avoir fait ses
études médicales à Montpellier, il se rendit à Paris,
où le garde des sceaux Jean Berti-and , plus
tard cardinal , l'introduisit auprès de la reine
Catherine deMédicis, qui le nomma son médecin
brriinaire. Cette place, qui était sans doute liono-
raire , ne l'empêcha pas d'accompagner le garde
des sceaux à l'vome, et de s'établir ensuite à
Toulouse, où il resta jusqu'à la fin de sa vie.
Ses dernières années furent signalées par une
violente polémique avec Jean Bodin, à propos de
la liépublique de ce dernier. « Cette dispute fut
menée vivement, dit Éioy, et avec toute l'aigreur
dont les gens de lettres sont capables quand ils
s'ouMient. » Ferrier réussit dans le monde et
à la cour, moins par son savoir, qui était mé-
diocre , que par sa prétendue habileté dans l'as-
trologie judiciaire , espèce de jonglerie alors fort
à la mode. On a de lui plusieurs ouvrages, tous
oubliés aujourd'hui; en voici les titres : De
Diebiis secretoriis secundum pythagoricam
doctrinam et astronomicam observationem ;
Lyon, 1541, in-16; — Liber de Somniis ; Hip-
pocratis De Insomnm Liber ; Galeni Liber de
Somniis; Synesii Liber de Somniis; Lyon^
1549, in-16; — De Pudendagra, lue hispa-
nica, Libri duo ; Toulouse, 1553, in-12. Jules-
César Scaliger, grand ami de Ferrier, fait le plus
pompeux éloge de ce traité, que la Biographie
médicale déclare « plus qu'insignifiant » ; — i>e
radiée China Liber, quo probahir diversam
esse ab apio; Toulouse, 1554, in-8"; — Vera
Methodus medendi, duobus libris compre-
hensa ; Castigationes practicee Medicinse,
Toulouse, 1557, in-8°, — Avertissement à
JeanBodin sur le quatrième livre de saRépu-
bhque; Toulouse, 1580, in-8°. Moréri lui at-
tribue encore un traité intitulé : Remèdes pré-
servatifs et curatifs de la Peste ; Paris,- 1619,
in-8°. .
ta Croix du Maine et DuVerdier, Bibliothèques fran-
çaises. — Sainte-Marthe, FAog. Doct. Calliœ, I. III. —
Élov, Dictionn. historique de la 3Iédecine. — Biograph.
médicale. — Moréri, Grand Dictionn. histor:
FERRIER (Jérémie), controversiste français,
né vers 1560, mort à Paris, le 26 septembi-e 1626.
Rlinistre^rotestant et professeur de théologie à
Nîmes, il soutint en 1602, dans une thèse pu-
blique, que « le pape Clément VIII était propre-
ment l'antechrist n . Le parlement de Toulouse le
décréta de prise de corps à cause de cette thèse,
et il fallut l'intervention d'Henri IV pour le dé-
rober aux suites d'une procédure criminelle. Par
reconnaissance pour ce prince, Ferrier seinon^
tra favorable aux mesures restrictives adoptées
par la cour à l'égard des protestants. Cette con-
duite le rendit suspect à ses coreligionnaires, qui
le regardèrent comme un traître. Le synode de
Pi'ivas lui intei'dit la prédication en 1612, et les
habitants de Mîmes faillirent l'assommera coups
de pierres. Cette émeute le décida à changer de
religion. Il se fit cathofique, et se rendit à Paris.
Son ti-aité De l'Antéchrist et de ses marques,
contre les ennemis de V Église catholique; Paris,
1615, acheva de lui concilier la bienveillance de
la cour. Louis XHI le nomma conseiller d'État,
et le cardinal de Richelieu l'honora d'une estime
toute pai-ticulièie. Moréri attribue à Jérémie
Ferrier Le Catholique d'Ëfat, on discours
des alliances du roi très-chrétien , contre tes
calomnies cM ennemis de son AYrt^; 1625,
in-S".
li.iylc, Dictionn.
Moréri, Grand Dictionn. histor.
histor tt oil.
18.
55 1
FERRIER —
FERBiiER (....)> mécanicien français, vivait
en 1640. Il se distingua par son habileté à cons-
truire des instruments de matliématiques. Des-
cartes, à qui il avait été recommandé par My-
dorge , lui lit exécuter sous sa direction des ins-
truments d'optique. Il essaya même de l'emmener
avec lui en Hollande. Malgré cette illustre pro-
tection , Ferrier vécut dans la gêne et mourut
dans l'obscurité.
Baillet, Fie de Descartes. — Moréri, Grand Dict.
FERRIER DU CHATELET { Piètre- Joseph
DE ) , général français , né au Chàtelet , près de
Béfort, le 25 mai 1739, mort à Luxeuil , le
29 décembre 1828. Entré au service en 1754, il
était maréchal de camp lorsque éclata la révo-
lution française, dont il adopta les principes avec
ardeur. 11 commanda le corps de troupes mis
à la disposition des commissaires envoyés pour
rétablir la paix dans le coratat Venaissin. II ne
fit pas preuve d'énergie dans cette mission diffi-
cile, et laissa s'accomplir les massacres de la
Glacière. Nommé peu après général de division ,
il servit sans beaucoup de distinction sous les
ordres de Custine, et fut mis à la retraite au mois
de septembre 1793.
Rabbe, Boisjolin, etc., Biog. univers. et port, des Con-
temporains. — Archives de la guerre.
FERRIER DE LA MARTINIÈRE (Louis),
poëte et auteur dramatique français, né à Arles,
en 1652, mort eu Normandie, en 1721. 11 vint
dans sa jeunesse; habiter Avignon; mais, accusé
d'avoir composé quelques pièces entachées d'hé-
résie , et dans lesquelles on signalait, entre au-
tres, ce vers :
L'amour pour les mortels est le souverain bien,
il fut poursuivi par l'inquisition. 11 se rendit alors
à Paris , obtint une place de précepteur chez le
duc de Saint-Aignan , et abandonna bientôt cette
position pour diriger l'éducation de Charles-
Louis d'Orléans, chevaher de Longueville; ses
soins furent généreusement récompensés par un
bénéfice assez important en Normandie. On a de lui
un volume de vers : Préceptes galants; 1678,
in-12 ; — trois tragédies , Anne de Bretagne,
1679; Adraste, 1680; et Montezuma, 1702.
Toutes ces pièces sont assez faibles, surtout
Montezuma, qui n'eut que cinq représentations
et ne fut point imprimée. « La singularité «t la
nouveauté des personnages employés dans la
pièce , jointes à la manière brillante dont elle fut
représentée , en faisaient tout le mérite , disent
les frères Parfaict; et ce qui séduisit le plus les
spectateurs fut un décor neuf, chose extraor-
dinaire à une époque où toutes les tragédies se
jouaient avec le même portique pour décoration. »
On attribue en outre à Ferrier une traduction de
Y Histoire universelle de Justin , qui parut en
1693 sans nom d'auteur. Hector Malot.
Mercure galant de 1702. — Les frères Varin\ct, Histoire
du Théâtre français. — Dict. de la Provence.
* FERRIER DE TOVR'EtTES (Alexandre) ,
historien français , né à Draguignan ( Var ) , en
PERRIÈRE 552
1810, d'une famille espagnole. Il se fit connaître
vers 1832 par un perfectionnement du télé-
graphe , qu'il cherchait à appliquer aux relations
civiles et commerciales. Une société formée dans
ce but étabUt une première ligne de Paris à
Rouen; mais le gouvernement ne permit pas
qu'elle fût mise à la disposition du public.
M. Ferrier fut appelé en Belgique pour y exé-
cuter son système télégraphique : l'invention du
télégraphe électrique mit fin à cette entreprise.
Il s'occupa alors de recherches historiques, et
publia des descriptions de plusieurs localités de
la Belgique et de la Hollande. On a de lui : Des-
cription historique et topographique de Ma-
lines; Bruxelles, 1831-1832, in-12; 2« édit.,
1 841, in-18 ; — Description historique et topo-
graphique d'Anvers; Bruxelles, 1835, in-18;
— Description historique et topographique de
Bruges; Bruxelles, 1836, in-12; — Descrip-
tion historique et topographique de Liège;
Bruxelles, 1838 et 1841, in-18; — Géographie
de la Belgique et de la Hollande, sur le plan
du Manuel de ra&ôeGaw^ifier; Bruxelles, 1840,
in-18; — Du Voyageur sur le chemin de fer
ôeZjre; Bruxelles, 1840, in-8° (a été traduit en
anglais); — La Russie; 1841, in-S" , orné de
cartes et de plans ; — Description historique
et topographique de Louvain; 1840, in-18 ; —
Guide pittoresque du Voyageur enBelgiqite;
Bruxelles, 1841, in-18; — Description histo-
rique et topographique de Gand; Bruxelles,
1841, in-18; — VHistoire de Belgique racon-
tée aux enfants; Bruxelles, 1842, in-12; —
La Belgique nouvelle , guide pittoresque et
artistique du voyageur à Bruxelles; 1844,
in-18, avec cartes et plans; — Introduction à
V histoire philosophique et pratique de laphré-
nologie; Bruxelles, 1845, in-8°. Guyot de Fère,
Ch. Louandre, Littér. contemporaine.
FERRIÈRE ( Claude DE ) , jurisconsulte fran-
çais, né à Paris, le 6 février 1639, mort à Reims,
le 11 mai 1715. Il étudia le droit dans sa ville
natale , où il obtint le grade de docteur, et devint
en 1690 agrégé de la Faculté de droit. En 1695
il fut appelé à Reims pour y occuper une chaire
de droit civil et de droit canon. La même année
le chancelier Boucherat lui accorda, en outre, la
chaire de droit français, qui se trouvait vacante.
De Ferrière a laissé un grand nombre d'ouvrages,
dont les principaux sont : La Jtirisprudence
du Digeste conférée avec les ordonnances
royaux , les Coutumes de France et les déci-
sions des cours souveraines , etc.; Paris, 1677
et 1 688 , 2 vol. in-4° ; — Nouveau Commen-
taire sur la coutume de la prévôté et vicomte
de Paris; Paris, 1679, 2 vol. in-12, souvent
réimprimé; — Traité des Fiefs, suivant les
coutumes de France, etc. ; Paris, 1680, in-4°;
— Introduction à la pratique, etc.; Paris,
1684, in-12 ; — La Science parfaite des No-
taires ,&\c.; Paris, 1684,in-4°; — La Juris-
prudence du Gode de Justinien, conférée avec
PERRIÈRE — FERRIÊRES SAUVEBOEUF
553
les ordonnances royaux, etc.; Paris, 1684,
2 vol. in-4°; — Traité des droits de patro-
nage , de présentation aux bénéfices , de pré-
séance et droits honorifiqties ; Paris, 1686,
in-4° ; — La Jurisprudence des Novelles de
Justinien, conférée avec les ordonnances
' royaux, etc.; Paris, 1688, 2 vol. in-4°; —
( Corps et compilation de tous les commenta-
i teurs, anciens et modernes, sur la Coutume
t de Paris ; Paris, 1688, 3 vol. ia-fol. ; — Les
, Institutes de Justinien, traduites en français
: avec des notes; Paris, 1692, 2 vol. in-12; —
Nouvelle Institution coutumière, etc. ; Paris,
1692, 2 vol. in-12 ; ibid., 1702 , 3 vol. iii-12. Il
a publié comme éditeur : Les Œuvres de J. Bac-
quet, augmentées de questions, décisions,
arrêts, tic. ; Paris, 1688, in-fol. De Perrière était
instruit et laborieux ; mais il écrivait pour vivre,
et ses ouvrages se ressentent de la rapidité avec
laquelle ils ont été composés. E. Regnard.
Taisand, p^ies des plus célèbres Jurisconsultes. — Ni-
céron, Mémoires, tom. XI. — Moréri, Dict. histor. —
BaTh\eT , Examen critique des Dict. àist.
PERRIÈRE (Claude-Joseph de), juriscon-
sulte français , fils du précédent , né dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle , mort vers
1748. Il devint en 1694 agrégé et en 1703 pro-
fesseur à la Faculté de droit de Paris , dont il
fut plus tard le doyen. On a de lui : Nova et
methodica Juris civilis Tractatio; Pâtis, 1702,
2 vol. in-12 ; souvent réimprimée ; — Histoire
du Droit romain; Paris, 1718 et 1726, in-12.
L'auteur s'est presque borné à traduire l'ouvrage
de V. Gravina. Il a publié, comme éditeur :
Institutes de Justinien , traduites en fran-
çais, par Claude de Perrière; Paris, 1721,
6 vol. in-12. C.-J. de Perrière y a joint des
notes relatives à l'application du droit français
au droit romain ; — Dictionnaire de Droit et
de pratique; Paris, 1717, in-4°;' ibid., 1734,
2 vol. in-4°; nouv. édit., augmentée par Bou-
cher d'Argis; Paris, 1749, 1755, 1771,2 vol.
in-4° : c'est l'ouvrage que Cl. de Perrière avait
donné sous le titre à' Introduction à la pra-
tique ; — Les Œuvres de Jean Bacquet, aug-
mentées par Claude de Fer rière et par Claude-
Joseph de Perrière; Lyon, 1744 , 2 vol. in-4'';
— La Science parfaite des Notaires , par
Claude de Perrière , augmentée par C.-J. de
Perrière; Pans, 1715, 1721, 1728, 1733, 1771,
2 vol. in-4". Mahé a donné le Nouveau parfait
Notaire, ou la Science des Notaires de feu
C.-J. de Perrière, mise en harmonie avec les
dispositions du Code Civil, etc. ; Paris, 1805,
2 vol. in-4"; 6^ édit., ibid., 1828, 3 vol. in-4°.
On attribue à de Perrière l'édition des Vies des
plus célèbres Jurisconsultes de toutes les na-
tions, par Taisand ; Paris, 1737, in-4".
E. Regnard.
Nicéron, Mémoires, tom. XI. — Barbier, Exatnen
critig. des Dictiomi. àist.
PERRIÈRE. Voy. La Perrière.
FERRIÊRES {Charlcs-ÉUe , marquis de),
554
historien français , né à Poitiers, le 27 janvier
1741, mort au château de Marsay, près de Mi-
rebeau, le 30 juillet 1804. Il servit dans les che-
vau-iégers , fut député de la noblesse aux états
généraux , et publia des Mémoires pour servir
à l'histoire de l'Assemblée constituante et de
la révolution de 1789; an vu, 3 vol. in-8",
réimprimés en 1821 et continués jusqu'à la mort
du roi, sur un manuscrit de l'auteur, avec une
notice sur l'auteur, avec des notes et des éclair-
cissements par MM. Berville et Barrière. Cet ou-
vrage est remarquable par son impartialité. « Je
n'écris point l'histoire de la révolution française,
dit-il en commençant son livre : c'est aux hom-
mes qui ont vu et suivi les événements à fournir
les matériaux à l'histoire , ce n'est point à eux à
l'écrire. « Il ne parut point à la tribune de l'As-
semblée constituante, mais il lit imprimer- ses
opinions Sur la constitution qui convient aux
Français , 1789 ; Contre l'arrestation du roi à
Varennes, 1791, etc. Le marquis de Perrièresa
aussi publié Le Théisme , ou recherches sur la
nature de l'homme et sur ses rapports avec
les autres hommes dans l'ordre moral et dans
l'ordre politique ; P&ris, 1791, 2'' édit., 2 vol.
in-12 : la première édition avait paru sous le
voile de l'anonyme, en 1785 ; — et Justine et
Saint-Plour, précédé d'un Entretien sur les
femmes considérées dans l'ordre social; Paris,
1792, 2 vol. in-12. L. Louvet.
Rabbe, Boisjolin, etc., Biog, univ.'et portJ\des Contemp.
FERRIÊRES -SAUVEBŒUF (Comte DE) ,
voyageur et agent politique français, né en
Champagne, assassiné à Montmort (Marne), en
1814. Il suivit d'abord la carrière militaire ; mais
il la quitta vers 1782, pour aller remplir une
mission diplomatique à Constantinople et à Is-
pahan, et parcourut, s'il faut l'en croire, la Tur-
quie, la Perse et l'Arabie durant six années. De
retour en France vers 1789, il affecta les prin-
cipes ulti'a-révolutionnaires, et se fit affilier à la
Société des Jacobins de Paris. Il y fut dénoncé
en 1794, comme ayant, en sa qualité de membre
du comité des défenseurs officieux , fait rendre
la liberté à plusieurs détenus et entre autres à
M"e Fleury, comédienne ; il représenta que si
parmi ces élargis il y avait quelques culottés ,
c'est qu'ils avaient, ainsi que la citoyenne Fleury,
rendu des services à des sans-culottes. Il fut
néanmoins exclu de la Société et traduit devant
le comité de sûreté générale , qui le fit écrouer au
Luxembourg. Mais cette persécution ne sembla
qu'apparente, et Perrières-Sauvebœuf fut soup-
çonné de remplir le rôle d'agent provocateur au-
près de ses compagnons de prison. Après le 9 ther-
midor, Lecointre de Versailles le désigna à la
tribune sous l'épithète de mouton (dénonciateur,
terme d'argot). En 1799,le.Directoire l'envoya en
mission secrète dans la Cisalpine auprès de Tar-
mée de Schérer , et au moment où ce général ve-
naitd'ètre repoussé par les Autrichiens. Ferrières,
n'ayant pu représenter de pouvoirs réguliers,
65«
FERRIÈRES-SAUVEBOEUF — FERRO
5û()
Schérer le fit arrêter et enfermer dans la cita-
delle de Milan, d'où il s'évada. De retour à
Paris , il publia un pamphlet contre Schérer ;
celui-ci porta plainte contre le libelliste, qui fut
détenu quelques mois au Temple. Après le coup
d'État du 18 brumaire, Ferrières-Sauvebœuf se
retira en Champagne, où il vécut jusqu'en 1814.
A cette époque, il leva un corps franc pour com-
battre l'invasion étrangère; mais peu après il fut
assassiné en plein jour dans les rues de Mont-
mort. Quoique le meurtrier fût connu , il de-
meura impuni. Le comte de Ferrières-Sauve-
bœuf avait épousé la fille du marquis de Mont-
mort. Cette union contractée sous la terreur
ne fut point heureuse. Il avait un frère qui se
montra toujours aussi opposé à la révolution
que lui-même y avait été attaché. On a de lui :
Mémoires historiques et politiques de mes
Voyages faits depuis 1782 jusqu'en 1789, en
Turquie, en Perse et en Arabie, mêlés d'ob-
servations sur le gouvernement , les mœurs ,
la religion et le commerce de tous les peuples
de ces différents pays, avec les relations
exactes de tous les événements qui ont eu lieu
dans l'Empire Ottoman depuis 1774 jusqu'à
la rupture des Turcs avec les deux cours
impériales ; suivis de tous les détails de ce
qui s'est passé de remarquable entre les
deux armées de ces trois puissances belligé-
rantes et d'un calcul raisonné des avantages
que les cours de Vienne et de Saint-Péters-
bourg peuvent retirer de leurs victoires sur
les Ottomans; Maëstricht et Paris, 1790,
1 vol. in-8° ; L'auteur y attaque violemment
Choiseul-Gouffier, ambassadeur de France près
la Porte Ottomane , et critique le Voyage en
Syrie et en Egypte de Volney, ainsi que les
Considérations sur la guerre des Russes et
des Turcs du même auteur; Paris, 1787, 2 vol.
in-4° ; — Précis des lettres écrites par le cit.
F. S., pendant sa détention ati Temple, au
cit. Merlin, alors président du Directoire;
Paris, 1799, in-8°. H. Lesuecr.
Le Moniteur universel , 4 juillet 1790, n° 185 ; 10 octo-
bre 1790, n° 284. — Biofiraphie moderne, édit. de 1806.
— Qiiérard, La France littéraire.
FEBKiNS ( Luc ) , biographe et hagiographc
italien , né à Florence, vivait au seizième siècle.
îl entra dans l'ordre des' Servîtes. 11 publia les
ouvrages laissés manuscrits par son confrère le
P. Poccianti ; les plus importants sont : Cata-
logus Scriptorum Florentinorum omnis ge-
neris ; Florence, 1589^ in-4°; Ferrini y ajouta
près de deux cents noms nouveaux; — Vite
di sette beati Fiorentini fundatori delV or-
dine de' Servi; Florence, 1589, in-8". Ferrini
inséra dans ce volume deux opuscules de lui ;
Délia Nhbilità de' Fiorentini, et Délia Reli-
gione de' Servi.
Negri , Storia degli Scrittori Fiorentini.
FERRiwî (Fiwcenso), théologien italien, né à
Castel-Nuovo-de-Garfagnana ( Toscane ) , vivait
à Venise en 1596. II entra dans l'ordre des Do-
minicains, devint vicaire général du saint-of-
fice à Parme en 1583, et l'année suivante pro-
vincial de Hongrie, de Slyrie, de Carinlhie.
C'était un habile et zélé prédicateur. On a de
lui : Alfabetto spirituale ; Venise, 1586,
in-12 ; — Alfabetto essemplare ; Venise , 1590 ;
in-12; — Lima univer sale de' F?ïm; Venise,
1596, in-4°.
Échard, i'crjptorcs OriHnis Prxdieatomm, t. U,p. 313.
FERRïOL ou FÉRîOL (Charles, marquis
d'Argental, comte de), ambassadeur français,
né en 1637, mort à Paris, en 1722. Après avoir
pendant plusieurs années accompagné, en qualité
de commissaire, le révolté hongrois Tekeli,
il fut nommé ambassadeur de France à la Porte
Ottomane, le 18 mai 1699. Lors de la première
audience qu'il devait obtenir du grand-seigneur,
le 5 janvier 1700, il se présenta avec une épée
cachée sous son caftan. Les officiers chargés de
l'introduire essayèrent inutilement de la lui en-
lever ; et comme on ne put nullement le décider
à s'en dessaisir, il dut se retirer sans avoir été
présenté au sultan; il ne le fut même jamais
pendant tout le temps de sa mission. Quelques
mois après, se promenant dans le Bosphore, sur
un yacht semblable à celui du sultan , on le me-
naça de le couler à fond s'il continuait à af-
fecter les marques d'une dignité qui n'était pas
la sienne. Il ne contribua pas peu, par sa con-
duite irréfléchie , à confirmer les Turcs dans l'o-
pinion qu'ils ont conçue de la légèreté du peuple
français. C'est lui qui, à l'instigation des Jésuites,
fit enlever à Khios le patriarche arménien Avedikh.
Il fut rappelé en 1710, et revint en France, ame-
nant avec lui M"" Aïssé. Il avait perdu la raison
quelque temps auparavant. Le Hay publia , d'a-
près les tableaux de Ferriol, un Recueil décent
estampes représentant différentes nations du
Levant; Paris, 1714, in-fol., avec un texte ex-
plicatif. E. Beauvois.
Explicat. du Recueil, p. ,6. — Journ. de Ferdun, an.
1723, p. 76. — La Motraye, P'oyagcs, t. I, eh. xvii, nx.
— .1. deHammer, Hist. del'Emp. Ottom., t. XU, p. 3§4 ;
XIII, 38-42, 180, 184, 227-228. — Suiats-fienve, Derniers
Portraits littéraires.
*FEREis ( François de) , moraliste français
du seizième siècle. Il était médecin à Toulouse.
Il a traduit du latin et considérablement déve-
loppé le livre de Jehan de La Case ayant pour
titre : Des Offices mutuels qui doivent être
entre les grands seigneurs et leurs courtisans ;
Paris, 1571 , in-8". On doit au même écrivain
un Traité du Devoir entre les maîtres et ser-
viteurs privés ; Paris, 1572, in-8°.
Emile BÉGiN.
La Croix du Maine, Bibliothèque française, I, p. 217;
Du Verdier, Bibl. franc., I, p. 648.
* FESiRO [Scipion), mathématicien italien, né
à Bologne, vers 1465. 11 professa depuis 1496 jus-
qu'en 1525 dans cette ville, et fit faire à l'algèbre
un progrès des plus notables en découvrant une
méthode pour résoudre les équations du troisième
557 FERRQ r-
degré. ïl ne publia point sa découverte, et ce n'est
que par liasard que son nom est arrivé jusqu'à
nous; les écrivains de l'époque n'en parlent pas ;
'I Cardan est le premier qui dans son Ars magna
Ffiit cité avec de grands éloges. G. B.
I.ibri, Nist. des Sciences math, en Italie, t. lU, p. 149.
FEURO ( Jean-François ) , historien italien ,
né à Comacchio, dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. 11 a publié nne Istoria deW antica
I città di Comacchio; Ferrare, 1701, in-4''. Len-
I glet-DuiVesnoy attribue cette histoire à Barthé-
I leniy Ferro, né comme le précédent à Comacchio
' et auteur d'une Storia délie Missioni dé" Clerici
regolari Teatini ; Rome, 1704,2 vol. in-foL
Lenglet-Dufresnoy , Méthode pour étudier l'histoire ,
Catalogue des historiens.— Coletti, Catal. délie storie
particol. dclle città d'Jtalia.
* FERRORHi , poëte persan, vivait à la fin du
quatrième siècle de l'hégire (dixième de J.-C. ).
11 était disciple d'Ansari, et florissait à la cour
de Mahmoud le Ghaznewide. On a de lui : un
Diwan; — Terdjeman-al-belaghet(lïvi&[\)vh,iQ
de l'Eloquence), le premier traité de métrique et
de poétique qui ait été écrit en persan. Cet ou-
vrage jouit d'une grande autorité. B — s.
Oouletschah, Tedzkiret as-schoara, I. — Hadii-Klial-
fah , Lex. bibl., t. II, n° 2894; 111, 5599. — J. de Hammer,
Cesch. der schœnen Redek. Persiens, p. A8.
FJîBiiOM (Arnoul Le). Voij. Le Ferron.
*FERROMi (Girolaino) , peintre et graveur
de l'école milanaise, né à Milan, en 1687. Après
avoir reçu dans sa patrie les premières notions
de l'art, il partit pour Rome , où il étudia sous
Carlo Maratta. Il ne fit que de médiocres progrès,
à en juger d'après la Mort de saint Joseph à
San-Eustorgio, qui passe pour le meilleur de
ses ouvrages. Il eut plus de talent comme gra-
veur, et les amateurs recherchent les planches
qu'il a exécutées d'après Carlo Maratta, telles
que /05we arrêtant le soleil , Bébora chan-
tant un hymne, Jael tuant Sisara, Judith
coupant la tête à Holopherne, La Chasteté
de Joseph, etc. E. B — n.
Ticozzi, Dizionario.
FERiiPNMAYS. Voyez La Ferronnays.
* FERROKiviËRE (La belle), maîtresse de
François P"", morte vers 1540. Suivant l'opinion
générale, elle était née en Castille , et avait passé
en France, mêlée à la troupe de vagabonds et de
saltimbanques qui suivirent François \^^ à son
retour de captivité. Le roi se trouvait à Com-
piègne en 1538, lorsque le bruit se répandit
qu'il était dangereusement frappé d'une maladie
honteuse dans son origine, dégoûtante dans ses
symptômes, et contre laquelle on n'avait encore
trouvé aucun remède efficace. On racontait, pour
expliquer lacausedumal, que le roi avait séduit
une femme désignée seulement par le nom de la
belle Ferronnière (1) ; que le mari, appelé Jean
(1) I,es lins prétendent que son mari était un ferron-
nier ( marchand de fer, fabricant ou reiarchand de gros
ouvrages de ce métal |; d'autres ont dit que c'était un
avocat nommé Ferron. Guyon-, qui affirme avoir vu la
FERROUX
558
Ferron, vieux et austère bourgeois, logé à Paris,
dans la rue Barbette , en face de cet hôtel No-
tre-Dame d'où étaient sortis jadis les assassins
de Louis d'Orléans, avait conçu, dans les trans-
ports de sa jalousie , le projet d'une vengeance
horrible; qu'il s'était infecté à desseùi d'un mor-
tel venin, et l'avait communiqué à sa jeune et
belle compagne , pour qu'à son tour, sans le sa-
voir, elle l'inoculât au roi. François F'' ne par-
vint jamais, dit-on , à se guérir, et il mourut de
ce mal redoutable, après huit ans de souffrances.
L'histoire de la Ferronnière aura peut-être le
sort de l'admirable portrait de Léonard de Vinci,
conservé au Louvre, et qui, disait-on, la re-
présentait : longtemps on le regarda comme
authentique , et aujourd'hui il est reconnu apo-
cryphe ; il représente une femme dont le front
est ceint d'une ganse noire, retenue par un dia-
mant. [Comtesse de Bradi, dans V£nc. des
G, du M.]
Le Bas, Diction, encyc, de la France. — Garnier, His-
toire de France, t. XIll, p. 106. — Mézeray, 1. 11, p. 1005.
FERROUX {Etienne- Joseph), homme poli-
tique français, né le 25 avril 1751, mort à Salins,
le 12 mai 1834. Il était fils d'un conseiller au
parlement de Besançon. Il était lorsque éclata la
révolution attaché au ministère des finances.
En 1789 il fut élu député extraordinaire près
l'Assemblée nationale par la ville de Salins, puis
en septembre 1792 envoyé comme représentant
du département du Jura à la Convention, et siégea
parmi les girondins. Il s'opposa d'abord à la
mise en jugement de Louis XVI , mais, dans le
cours du procès de ce monarque , il vota pour
la mort avec appel au peuple et sursis. Orateur
peu brillant, on ne le vit pas figurer dans les
grandes et terribles luttes de l'époque; mais,
après le 31 mai, il signa courageusement la fa-
meuse protestation des soixante-treize, et fut com-
pris dans le nombre des représentants proscrits.
Arrêté aussitôt, il fut incarcéré au Luxembourg.
Les événements du 9 thermidor an ii ( 27 juillet
1794 ) préservèrent sa tête, et le 18 frimaire an
m ( 8 décembre 1794 ) il fut rappelé à la Con-
vention. Le 10 prairial de la même année, il fut
envoyé en mission dans les départements de
l'Ain, de l'Isère, du Rhône, de la Loire et de
Saône-et-Loire. Le 11 thermidor ( 29 juillet 1795),
il écrivit à la Convention pour demander que
Péthion, Buzot et Barbaroux eussent part aux
honneurs décernés aux députés morts victimes
du parti ultra-révolutionnaire. Le Directoire rap-
pela Ferroux en brumaire an iv. Il venait d'être
élu simultanément par la Haute-Saône et le Jura,
et reprit sa place au Conseil des Anciens. C'est
sur son rapport au Corps législatif que fut abrogé,
le 16 mai 1796, le décret rendu par la Convention
contre les administrateurs de Longwy, accusés
belle Ferronnière, se refuse à donner des détails sur sa
famille, « parce qu'elle a laissé des enfants, gens de
bonne renommée et pourvus de hauts emplois. Elle mou-
rut jeune, et fut, ajoute-t-il, ensevelie dans le couvent
de Saint-Maur, sa paroisse. »
559
en 1792 d'avoir rendu leur ville aux Prussiens.
Le 18 août il fut élu secrétaire; le 11 mai il fit
un bon rapport sur l'administration des salines.
Il se laissa -entraîner dans les rangs des réaction-
naires, et par suite de la journée du 18 fructidor
an v(4 septembre 1797) il fut compris sur la
liste des déportés àCayenne. Poulain-Gi>andprey
et plusieurs autres de ses collègues, connaissant
ses principes modérés, le firent rayer de la pros-
cription. Il cessa de faire partie du Conseil des
Anciens le 1'''' prairial an vi (20 mai 1798), et
fut bientôt nommé commissaire du Directoire
pour les salines du Jura. Le premier consul, Bo-
naparte, le fit passer à la direction des contri-
butions directes du Jura , puis aux mêmes fonc-
tions dans le Doubs. Après quarante ans de ser-
vices, il fut mis à la retraite par les Bourbons, le
20 juillet 1814 , et privé de sa pension le l*"" jan-
vier 1816 et obligé de sortir de France en vertu
de la loi dite d'amnistie, rendue le 12 du même
mois. Il se réfugia à Nyons (Suisse), où il vé-
cut pauvre et infirme jusqu'en septembre 1830 ,
époque à laquelle le gouvernement issu de la
révolution de Juillet lui permit de venir mourir
dans sa patrie. Il a publié : Compte-rendu à
mes commettants ; juin 1793; — lestament
politique de M. Ferroux, ex-conventionnel;
1829, in-8°. H. Lesueur.
Biographie moderne , édit. de 1806. — Petite Bi»gra-
phie conventionnelle. — Arnault, A; Jay, etc.. Biogra-
phie nouvelle des Contemporains. — Kabbe , Boisjo-
lin , etc., Biographie universelle des Contemporains.
— Louandre et Bourquclot , la Littérature française.
*FERRUCCi {Andréa), sculpteur italien,
né à Fiesole, vers la moitié du quinzième siècle,
mort à Florence, en 1522. Ce grand artiste, au-
quel Vasari n'a pas rendu justice, avait com-
mencé par sculpter l'ornement ; mais bientôt il
aborda la figure, devint dessinateur gracieux,
simple et vigoureux à la fois ; et il tailla le mar-
bre avec tant de grâce, de charme, de morbi-
desse, que ses œuvres peuvent être comptées au
nombre des meilleures productions de son temps,
et ne le cèdent pas même à celles de son illustre
compatriote Mino da Fiesole. Ayant vécu à la
fin du quinzième et au commencement du sei-
zième siècle , il participa du style des deux siè-
cles, et rappelle à la fois Donatello et Michel-
Ange. Ce mélange des deux manières est surtout
sensible dans les sculptures dont il avait enrichi
l'église Saint-Jérôme de Fiesole, devenue au-
jourd'hui, avec le couvent dont elle dépendait, ia
villa Ricasoli. Les deux bas-rehefs de l'autel ,
Saint Jérôme respecté par le lion, et La 3îule
adorant le Saint-Sacrement , ont de la grâce
et de l'expression, mais conservent encore
quelques restes de la simplicité \m peu naïve du
quinzième siècle, tandis que Les deux Anges ado-
rant la croix n'eussent pas été désavoués par
Michel-Ange. Ces sculptures ont été publiées par
Cicpgnara. On voit aussi à Fiesole, dans la ca-
thédrale, un superbe rétable de marbre enrichi
par Ferrucci de statuettes et de bas-reliefs du
FERROUX — FERRUCCI 560
travail le plus fini et le plus délicat. A Florence ,
il a laissé-dans la cathédrale une statue de Saint
André apôtre , et le buste de Marsile Ficin sur
son tombeau; à Sainte-Marie-Nouvelle , le mau-
solée du célhiare jurisconsulte Antonio Strozzi,
ouvrage de sa vieillesse, dans lequel il fut aidé par
deux de ses^ compatriotes, Silvio et BoscoU,
qu'employa aussi Michel- Ange. A Pistoja, il a
sculpté les élégants fonts baptismaux ornés des
figures du Christ et de Saint Jean, d'enfants et
de petits sujets en demi-relief. Enfin, dans une
église de Volterra , on conserve deux anges
sortis de son ciseau. Ferrucci mourut dans un
âge avancé, et fut enseveli dans l'église des Ser-
vîtes de Florence.
Il faut se garder de confondre cet artiste
avec un autre Andréa Ferrucci, qui vécut au
commencement du dix-septième siècle, et en-
core moins, ainsi que l'ont fait plusieurs auteurs,
avec un ancien sculpteur connu comme lui sous
le nom d'Andréa da Fiesole. E. B — n.
Baldinucci, Notizie. — Orlandi, Abbecedario. — Ci-
cognara, Storia délia Scultura. — Ticozzi , Dizionario.
— Fantozzi, Nuovo Guida di Firenze. — Tolomei, Guida
di Pistoja. — Valéry, f^oijages historiques et littéraires
en Italie.
*FERRiTCCi (Francesco) , surnommé del
Tadda , sculpteur florentin , originaire de Fie-
sole, florissait vers le milieu du seizième siècle,
et mourut en 1585. Il se rendit célèbre par la
découverte de l'art de tremper les outils d'acier
de manière à pouvoir tailler le porphyre. C'est
à l'aide de ce procédé qu'il exécuta dans cette
matière si dure la grande coupe de la fontaine
du palais Pitti, une tête de Christ, et les
bustes de Corne 1er et de sa femme. En 1564,
il fut chargé par ce prince de l'exécution de la
statue de La Justice, qui fut placée, en 1580, sur
la colonne érigée devant l'église de la Sainte-
Trinité. N'ayant lien voulu perdre du bloc de por-
phyre long et mince qui lui avait été confié , Fer-
rucci avait fait la figure trop svelte, défaut qui
devint surtout sensible lorsqu'elle fut mise en
place, et auquel il dut remédier à l'aide d'une
draperie flottante de bronze. On cite parmi les
rares ouvrages en marbre de Ferracci le tom-
beau de Giovanni-Francesco Vogio, dans le
Campo-Santo de Pise , monument exécuté vers
1550. Après une brillante carrière, pendant la-
quelle il fut estimé et protégé par Côme F'" et
François T"^, il mourut dans un âge assez
avancé, et futinhumé dans l'église Saint-Jérôme
de Fiesole, où dès 1576 il s'était préparé une
sépulture de famille. E. B — n.
Baldinucci, Notizie. — Orlandi, Abbecedario.— Cam-
pori, Gli Artlsti negii Stati Estensi. — Morrona, Pisa.
— Fantozzi, Guida di Firenze.
* FERRUCCI ( Pompeo ) , sculpteur de l'école
florentine , originaire de Fiesole , vivait à Rome
sous le pontificat de Paul V, et mourut sexagé-
naire, vers 1625. Neveu de Romola Ferrucci, il
futile dernier de cette nombreuse famille d'ar-
tistes ; malheureusement il n'eut pas la pureté
de goût de ses ancêtres, s'il hérita de leur halà-
5G1 FERRUCCI
leté à tailler le marbre. Il n'en obtint pas moins,
et peut-être à cause de ce défaut même, qui était
celui de son temps, une grande réputation, et
fut prince de l'Académie de Saint-Luc. Il se fit
connaître par la i-estauration de monuments an-
tiques et par un grand nombre de statues, telles
que La Religion sur le tombeau du cardinal
Alexandrin , neveu de Pie V, à la Minerva ; La
Vierge placée sur la grande porte du Quirinal ;
et Deux Vertus, au tombeau de Paul V, dans la
chapelle Pauline de Sainte-Marie-Majeure. Le
plus important de ses ouvrages est im grand
bas-relief presque de ronde-bosse à la chapelle
Vidoni de l'église délia Vittoria ; c'est une As-
somption avec Sai7it Jérôme et un cardinal de
la famille Vidoni. Cette sculpture est traitée
avec amour ; mais elle est peut-être encore plus
maniérée que les autres productions de son au-
teur. E. B— N.
Cicognara , Storia délia Scultura. — Baldiniicci , No-
tlzie, — Ticozzi , Dizionario. — Bagiioni, f^ite de' Pit-
tori, Scultori, etc., dal 1373 al 1642. — Oriandi, Abbece-
dario.
* FERRUCCI ( Nicodemo ) , peintre de l'école
florentine, né à Fiesole, mort à Florence, en
1650, Il futle disciple favori du Passignano, qu'il
suivit à Rome et qu'il aida dans la plupart de
ses travaux. Il tint beaucoup de la manière har-
die et animée de son maître, et il eut une grande
habileté de main , une rare franchise de touche,
surtout dans la fresque. Malgré le prix élevé qu'il
mettait à ses ouvrages, il n'en eut pas moins à exé-
cuter de nombreuses commandes. En 1619, avec
le Passignano et les principaux artistes de Flo-
rence, il peignit à fresque la précieuse/acarfe du
palais de' signori del Borgo , sur la place de
Santa-Croce. Parmi ses autres fresques de Flo-
rence, les plus remarquables sont deux Apôtres
à Saint-Simon-et-Saint-Jude , six sujets de la-
vie de saint François au cloître d'Ogni-Santi,
plusieurs lunettes au réfectoire du couvent de
Santa-ïrinità, enfin , sous le portique de l'hô-
pital de San-Bonifazio, une grande lunette où est
représentée Sainte Catherine d'Alexandrie
entourée rfe^'ewwes j^Wes, dont les têtes sont
aussi jolies que variées. On voit aussi quelques
bonnes fresques de Ferrucci au couvent des
Capucins de Fiesole. Les principaux tableaux de
ce maître sont une Conception à Saint-Simon-
et-Saint-Jude, Le Christ au jardin des Olives
et La Vierge avec saint Charles à Sainte- Ver-
diane , La Madone du Rosaire dans l'église de
l'hôpital de San-Bonifazio; enfin, dans la galerie
consacrée à la gloire de Michel-Ange dans le
palais Buonarotti, Ferrucci a peint au plafond
les plus célèbres peintres, sculpteurs et archi-
tectes qui se soient inspirés des œuvres du grand
artiste. E. B — n.
Baldinucci , Noiizie. — Lanzl , Storia délia Pittttra.
— Oriandi, Abbecedario. — Ticoizi, Dizionario. —
Fantozzi, Nuovo Guida di Firenze. — Keminiscenze
pittoriche di Firenze, in-*"; Firenze, 1845.
*FERRUS {Guillaume-Marie- André), mé-
decin français , né au Château-Queyras , près
FERRUS
562
Briançon ( Dauphiné ), le 2 septembre 1784.
Son père, député à l'Assemblée législative,
laissa le jeune Ferrus aux soins d'un frère qui
était chirurgien en chef de l'hôpital militaire
de Briançon. Plus tard, l'élève fit ses études à
Paris, et fut nommé, sur la recommandation du
maréchal Bessières , chirurgien de troisième
classe à l'ambulance de la garde impériale, et fit
en cette qualité , sous les ordres de Larrey, la
campagned'Austerhtz. Il devint chirurgien-major
des chasseurs à cheval de la garde , et partagea
les fatigues et les dangers de l'armée française
dans les campagnes de Pi'usse, de Pologne,
d'Espagne, d'Autriche et dans la retraite de
Russie.
Après le licenciement de la garde, en 1814, il
vint se fixer à Paris, et pendant les Cent Jours
Corvisartle fit nommer médecin par quartier près
de l'empereur. En 1818 M. Ferrus fut adjoint à
Pinel pour le service de l'hôpital de la Salpé-
trière. En 1826 il devint médecin en chef des
ahénés de Bicêtre. Avant de prendre possession
de cet emploi important, il alla visiter les
hôpitaux de la Grande-Bretagne pour perfec-
tionner son instruction dans le traitement des
aliénés. A son retour, il introduisit à l'hospice
de Bicêtre une nouvelle discipline , adoucit le
traitement des fous, les soumit au travail, sur-
tout à celui de l'agriculture en obtenant la créa-
tion de la ferme de Sainte-Anne. Il introduisit
ea outre à Bicêtre l'enseignement clinique des
maladies mentales. Plusieurs fois ses élèves ont
recueilli et inséré dans les journaux de médecine
une analyse de ses leçons. Ses succès, toutefois,
furent un moment troublés par un événement
déplorable. Le conseil des hospices avait appelé
l'attention de M. Ferrus sur quel(]ues-uns des
moyens préconisés pour le traitement de l'é-
pilepsie, lorsque ce médecin conçut la pensée
d'employer l'acide hydrocyanique sur plusieurs
malades, dont l'état serait observé comparative-
ment; mais, par une déplorable fatalité, au lieu
du sirop hijdrocij unique de 3L Magendie,
qui était le seul connu dans la pratique, et que
le docteur Ferrus avait voulu employer, on ad-
ministra le sirop hydrocyanique préparé d'après
la formule placée en appendice dans le nouveau
Codex : peu d'heures après , quelques épilepti-
ques étaient morts. Du reste , une enquête ,
provoquée par M. Ferrus lui-même, le justifia
complètement. En 1830 il fut nommé médecin
consultant du roi et membre du conseil supé-
rieur de santé. Dans le sein de ce conseil , il a
vivement combattu le système des prohibi-
tions, des quarantaines et des cordons sani-
taires pour cause d'insalubrité. Chargé depuis
1835 des fonctions d'inspecteur général des éta-
blissements d'aliénés , il a visité presque toutes
les maisons de ce genre qui existent en France,
et ses importantes observations ont [)rovoqué
la loi sur les aliénés. Membre de l'Académie de
Médecine depuis sa création, il y a lu un grand
I
SG3 FERRUS
nombre de i-apports et de mémoires, parmi les-
quels on remarque : un Mémoire Sur ^e,s bles-
sures du cœur; — un rapport étendu sur les
eaux minérales en France ; — v.n autre plus
détaillé encore Sur l'étal, sanitaire et moral
des maisons de détention entretenues par le
gouvernement. W adonné dans \(i Dictionnaire
de Médecine les articles Asthme, Cancer, Épi-
démie, Foie, Ictère, Goutte, Néphrésie, Bhu-
matisme, etc. On a en outre de lui : Notice
sur le docteur Esparron ; 1818, in-8° ; — No-
tice historique sur Corvisart; 1821, in-8°; —
Rapport médico-légal sur quelques cas dou-
teux de folie; 1831, in-S" (Extr. de la Ga-
zette médicale); — Sur quelqxies questions
de médecine légale et de législation relatives
à Vétat civil,- 1834, in-8°, avec 2 pi. et 5 ta-
bleaux. GUI'OT DE FÈRE.
Sarrut, Biograph. des Hommes dn Jour. — Sachaille,
Les Médecins de Paris. — Louandie, Littérature con-
temporaine.
FERtiuz (....), littérateur espagnol, vivait vers
le milieu du seizième siècle. Tout ce qu'on sait
de lui, c'est qu'il figure, avec la qualification de
maestro, et comme auteur d'une composition
dramatique en vers sur le meurtre d'Abel, dans
un recueil manuscrit conservé à la Bibliothè-
que nationale de Madrid.
Ticknor, Histonj of Spanish Litcraturc, t. II, p. 230.
FERRY (Paul), théologien protestant , né à
Metz, le 24 février 1591, mort dans cette ville,
le 28 décembre 1669. Il appartenait à une fa-
mille honorable; sa mère était la sœur du
procurerir général Joly. Pendant le cours de ses
études à l'académie protestante de Montauban,
il publia un recueil de poésies diverses, compre-
nant des sonnets, des stances et une pastorale
en six actes. Mais, regardant la culture de la
poésie comme incompatible avec la gravité du
ministère évangélique, auquel il se préparait, il
annonça lui-même au public, dans l'avertissement
placé en tête de ce volume, qu'il renonçait pour
toujours à ce genre frivole d'occupation. Reçu
ministre en 1612, il exerça les fonctions pasto-
rales à Metz pendant l'espace de soixante ans.
D'après dom Calmet, Ferry était l'homme le plus
éloquent de la province. Une belle prestance, un
air vénérable, des manières gracieuses et polies
donnaient un nouveau lustre à ia considération
qu'il devait à ses talents. Doué d'une grande ac-
tivité d'esprit, et à la fois d'une rare prudence et
d'un esprit conciliant, il s'acquit l'estime des
hommes influents de son temps, et il eut de
bonne heure une grande autorité morale aussi
bien auprès des catholiques qu'auprès de ses pro-
pres coreligionnaires. La vaste correspondance
qu'il laissa prouve qu'on le consultait de tous les
points de la France. On a donné une idée de ia
considération dont il jouissait dans le jeu de mots
du distique suivant mis au bas de son portrait :
Taies si muUos ferrent hscc ssecula ferri,
In ferri sœolis aurea ssecla forent.
Affligé des divisions qui régnaient entre les
— FERRY 56 î
I diverses fractions du protestantisme, et ne dé-
sespérant pas de pouvoir contribuer en quelque
chose à les faire disparaître , il enti-ctint à ce
sujet une correspondance avec Durseus, théolo-
gien anglais , grand partisan de la réunion de
toutes les communions chi-étiennes. Celui-ci si;
rendit même à Metz en 1662, pour conférer avec
lui sur les moyens de rapprocher les diverses
églises protestantes. Ce projet échoua devant la
roideur dogmatique des théologiens de tous les
partis. Le pasteur de Metz semble môme avoir
porté plus loin encore l'amour de la conciliation.
On a prétendu qu'il ne regardait pas comme
impossible la réunion des protestants et des ca-
thohques. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il eut
sur ce sujet une longue correspondance avec Bos-
suet. Voici comment se noua cette affaire : Ferry
avait publié en 1654 un Catéchisme général de
la Réformation, Sedan, 1654, in-8°, 2" édit.,.
Genève, 1656, dans lequel il prouvait que la ré-
formation avait été une réaction nécessaire con-
tre la corruption de l'Église. Bossuet, alors cha-
noine et archidiacre de Metz, débuta dans la
controvei'se par une réfutation de ce petit ou-
vrage. Cette discussion, loin de diviser les ad-
versaires, leur inspira l'un pour l'autre une es-
time réciproque; et quand, en 1667, on s'occupa,
par suite des désirs de la cour, d'un projet de
réunion des protestants et des catholiques, on
s'adressa à Ferry, qui se mit en relation avec
Bossuet. Sa correspondance a été imprimée dans
Je t. XXV des Œuvres de Bossuet (édit. de
Versailles). Guy Patin déclare, dans une lettre
du 14 mars 1670, que Ferry était un des mi-
nistres gagnés par le cardinal de Richelieu pour
parler et agir en faveur de la réunion des deux
religions, et qu'il touchait cinq cents écus de
pension en récompense du service demandé.
Cette déclaration, qu'on a essayé de combattre,
a été depuis mise hors de doute par une quit-
tance de Ferry trouvée dans les manuscrits (ca-
hier de comptes et quittances ) de îa Bibliothè-
que impériale.
Ferry laissa un grand nombre d'écrits, dont la
plupart sont restés inédits. Ceux qui ont été pu-
bliés sont, en outre de son Catéchisme général
de la Réformation -. Les Premières Œuvres
poétiques de Paul Ferry, Messin, où, sous la
douce diversité de ses conceptions , se rencon-
trent les honnestes libériez d'une jeunesse;
Montauban et Lyon, 1610, in-8°, — Scholastici
orthodoxi Spécimen, hoc est salutis nostrsc
methodus analytica, ex ij)sis scholasticorum
veterum et recentiorum intimis juxta nor-
mam Scripturarum adornata et instructa ;
Genève, 1616, in-8°; 2^ édit,, Leyde, 1630,
in-S". L'objet de ce livre, qui eut du succès, est
de montrer qu'un grand nombre de scolastiques
ont professé sur la grâce le même sentiment que
les réformés ; — Le Dernier Désespoir de la
Tradition contre l'Écriture; Sedan , 1618,
in-8" : c'est une réfutation d'un livre di;i jésuite
.;=j5 • FERRY
fiiuiçais Véron contre les protestants ; — Réfu-
lation des calomnies semées nouvellement
contre certain endroit d'un livre publié il
y a plusieurs années et intitulé : Le dernier
Désespoir, etc. ; Sedan, 1624, in-8°, sans nom
(l'auteur ; — Remarques d'histoire sur le.
Discours de la vie et de la mort de saint Li-
vier et le récit de ses miracles publiés par
le sieur de Rambervitter ; 1624, in-S", sans
nom d'auteur; — Vindicix pro scliolastico or-
l/iodoxo, adversus Léon. Perinum,Jesuit., in
quibus agitur de prgedestinatione et an-
nexis, de gratia et lïbero arbitrio, dé causa
peccati et fustificatione ; Leyde, 1630, in-8°.
in-8°. C'est une défense et comme mi supplément
de son Scholastici orthodoxi Spécimen; —
Quatre Sermons prononcés en divers lieux
et sur différents sujets; La Ferté-au-Col ,
1646, in-12; — Lettre aux Ministres de Ge-
nève, dans le t. II de la Bibliothèque anglaise.
Cette lettre fut écrite en faveur d'Anthoine, con-
damné à mort à Genève pour cause d'impiété
et d'incrédulité. Ses nombreux manuscrits se
composent de centaines de sermons, de plusieurs
volumes d'écrits théologiques, d'une foule de
pièces diverses, d'une correspondance très-riche
et de 4 vol. in-fol. de recherches sur l'histoire
de Metz. S'il faut en croire Bayle , la partie de
ces recherches qui concerne l'histoire de la ré-
formation était assez travaillée pour pouvoir
être livrée à l'impression. Ferry avait dessein de
la publier, pour réfuter Y Histoire de la nais-
sance et de la décadence de V Hérésie dans
la ville de Metz, par Maurice. La plupart
de ces inanuscrits se trouvent actuellement à la
bibliothèque publique de Metz. Michel Nicolas.
Baylc, Dict. hist. — E.-A. B(?gin, Biogr. de la MoseUc.
— MM. Haag, La France 'protestante. — Docum. part.
FERRY (4Hrfré), géomètre français, né à Reims,
en 1714, mort le 5 septembre 1773. 11 entra dans
l'ordre des Minimes. II lit servir à l'utilité publi-
que ses profondes connaissances en physique et
en hydraulique. Les villes d'Amiens, de Dôle et
de Reims lui doivent les fontaines qui les déco-
rent. Il fut le premier professeur des écoles de
mathématiques et de dessin établies à Reims
sur ses plans. On a de lui, en l'honneur du
cardinal de Tencin, un poëme en vers latins.
Desessarts, Siècles littéraires.
8''Er.RY!)ESAiNT-coKSTAMT(/e«H-Z..), litté-
rateur italien, né en 1755, àFano(États Romains),
mort dans la même ville, le 16 juillet 1830. H
s'établit de bonne heure en France, et obtint la
place de secrétaire de l'ambassadeur français en
Hollande. Il quitta la France pendant la révolu-
tion, et n'y revint qu'après le 18 brumaire. Il fut
nommé en 1807 [n'oviseur du lycée d'Angers,
et envoyé à Rome en 1811, pour y organiser
l'instruction publique. Après la chute de l'empire
français , il revint dans sa patrie. On a de lui :
Le Génie de Buffon,avccun discours prélimi-
mire ; Paris, 1778, in-12; — Les Portraits ,
caractères et mœurs du dix-huitième siècle ;
AmsterfJam, 1780, in-12-, — Considérations
sur les révahitions des Provinces- Unies;
Paris, 1788, in-S" ; — De l'Éloquence et des ora-
teurs anciens et modernes; Paris, 1789, in-8";
— Londres et les Anglais; Paris, 1804, 4 vol.
in-8°; — Les Rudiments delà Traduction, ou
l'art de traduire le latin en français; 1818, in-12 ;
— Spettatoreitaliano ;W\dLn, 1824, 4 vol.in-i".
Arnault, Jouy, etc.. Biographie nouv. des Contemp. —
Quérard, La France littéraire.
*FERR¥ {Claude- Joseph), homme d'Élat,
savant et littérateur français, né en 1756, à Raon-
l'Estape, près Saint-Dié (Lorraine), mort à Lian-
coiirt (Oise), le 1'''' mai 1845. H fit de brillantes
études, commencées à l'École militaire de Paris,
et continuées sous la direction et d'après les con-
seils du célèbre D'Alembert , qui plus tard l'ho-
nora de sa protection et de son amitié. A peine
âgé de trente ans. Ferry fut nommé professeur
à l'École du Génie, alors établie à Mézière-s.
Élu nombre de la Convention par le départe-
ment des Ardennes en 1792, il s'y distingiia par
une rare netteté d'esprit. Lors du procès du
roi Louis XYI, persuadé, comme beaucoup de
ses collègues, que les actes contradictoires
émanés de la couronne n'étaient que les résul-
tats de la trahison, il vota la mort de l'accusé.
En 1793, il fut envoyé en mission dans les dé-
partements du centre, et présida, de concert
avec Monge, aux. mesures propres à repousser
l'étranger qui envahissait la France. Ils surveil-
lèrent et activèrent la fabrication des armes , la
fonte des canons, etc. Son mandat expiré. Ferry
reprit ses fonctions de professeur à l'École du
Génie, transférée à Metz. Lors de la création de
l'École Polytechnique (appelée d'abord École
centrale des Travaux piiblics),\\ y fut attaché
en qualité d'examinateur, et revint à Paris. Ses
opinions, sincèrement républicaines , l'empêchè-
rent de se rallier au gouvernement de Napoléon;
et lors de l'établissement du consulat il se démit
de ses fonctions publiques , pour se livrer à la
culture des sciences et des lettres. Il acquit de
grandes connaissances pratiques dans de longs
voyages scientitiques qu'il fit au nord de l'Eu-
rope, et parti cuhèrement en Russie.A son retour.
Ferry reprit ses fonctions fie professeur à l'École
du Génie, et en 1812 succéda à Malus comme
examinateur à l'École Polytechnique. Il con-
serva ce poste jusqu'en 1814, où il fut destitué
comme régicide. Fidèle aux convictions de sa vie
entière , quand vinrent les Cent Jours, il refusa
de signer l'acte additionnel aux constitutions de
l'empire. A la seconde rentrée des Bourbons,
Ferry ne fut pas exilé : il reçut au contraire une
pension. Il put ainsi se livrer aux études et aux
travaux qui avaient fait le charme de sa longue
vie. On a de lui : Notice sur l'organisation,
l'administration et V état présent des colonies
mililaires en Russie, tr;»]. de l'anglais du doc-
teur Lyall-, Paris, 1S25, in-8° ; —Nouvelles
567 FERRY —
Idées sur la population, avec des remarques
sur les théories de Malthus et Godwin,
traduit de l'anglais d'Alexandre-H. Everett ;
Paris, 1826, in-8". Ferry a donné de nombreux
articles dans la Revue encyclopédique et dans
le Dictionnaire de la Conversation.
Ch— c.
Renseignements particuliers. — Ch. Oupia, Essai
liist. sur Monge.
. FERRY. Voy. FeRRI.
FERSEiv {Axel, comte de), homme d'État
suédois , vivait dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Il appartenait à une ancienne
famille de Livonie, qui marqua dans l'histoii-e de
Suède durant les règnes de Christine , de Char-
les X et de Charles XI. Lui-même servit plu-
sieurs années en France, d'où il revint dans son
pays avec le grade de maréchal de camp. Il eut
ensuite un commandement en Poméranie, et de-
vint trois fois maréchal de la diète. Son influence
se manifesta particulièrement dans l'assemblée
des états en 1756, époque à laquelle on décou-
vrit un complot dont le but était une révolution
en faveur de la cour. Cette découverte fut suivie
de l'exécution de plusieurs personnages impor-
tants, tels que le comte Brahé, le baron Horn,
ordonnée par les états. Opposé aux changements
dans la forme du gouvernement médités par
Gustave HT, et ne pouvant lutter à la fois contre
le roi et le peuple, Fersen quitta Stockholm, et
devint sénateur lorsque tout fut consommé. Mais
l'abaissement du pouvoir de ce corps politique
le détermina ainsi que d'autres sénateurs à don-
ner sa démission. Membre de l'ordre de la no-
blesse durant les diètes de 1778 et de 1786, il
déploya son ancienne activité politique. Ce fut
dans la première de ces assemblées qu'il de-
manda une enquête sur le comité de la banque
qui empêchait le gouvernement de recourir à cet
étabUssement dans ses embarras. Le roi, mécon-
tent" de ces interpellations de Fersen , l'accusa
d'empiéter sur sa prérogative. « Une telle ac-
cusation dans la bouche d'un roi, répondit le
courageux membre de la diète, est souvent un
arrêt de mort ; mais en me vouant au service de
ma patrie je lui ai fait le sacrifice de mes jours.
Je ne changerai rien à mes convictions. J'at-
tache peu de prix à ma vie, accablée qu'elle est
d'années et d'infirmités ; cependant ma tète ne
tomberait pas sans danger pour le roi. » Eu 1789
Fersen essaya de défendre les droits de la no-
blesse contre le roi, qui témoigna contre lui une
vive irritation : « Yous avez plus d'une fois
ébranlé le troue de mon père, lui dit Gustave ;
gardez-vous de jamais toucher au sceptre de
mon fils. » Fersen fut arrêté ainsi que quelques
autres membres de la noblesse. Rendu ensuite
à la liberté, il dut assister sans pouvoir y porter
obstacle au triomphe du roi, qui s'empara du
pouvoir absolu. Lors de l'asassinatde Gustave,
Fersen alla, avec le comte Brahé, présenter ses
hommages à ce souverain, qui lui témoigna le
FERSEN 568
plaisir qu'il avait de se réconcilier avec le vieux
représentant de la noblesse.
Geyer, Hist. de la Suède. — Le Bas, La Suéde, dans
VVniv. pitt.
FERSEN ( Axel , comte de ), maréchal de
Suède, fils du précédent, né à Stockholm, en
1750, massacré le 20 juin 1810. Après avoir ter-
miné ses études sous la direction de son père ,
il vint en France , oii il fut nommé colonel du
régiment royal suédois. Il fit ensuite les guer-
res d'Amérique, visita l'Angleterre et l'Italie ,
et à son retour en France , lorsque la révolu-
tion éclata dans ce pays, il se fit remarquer'
par son attachement à Louis XVI et à la famille
royale. Ce fut lui qui disposa leur fuite à Va-
rennes ; déguisé en cocher , il les conduisit hors '
de Paris. Le décret d'amnistie lui ouvrit les
portes de la prison où le mauvais succès de ce
projet d'évasion l'avait fait enfermer ; et malgré
les dangers auxquels il venait ainsi d'échapper, le
comte de Fersen n'abandonna pas la famille royale
déchue, et accablée par le malheur. Il trouva
moyen dé faire parvenir des consolations aux
nobles victimes dans leur prison du Temple.
Forcé enfin de quitter la France, il séjourna tour
à tour à Vienne, à Dresde et à Berlin. A la fin il
retourna en Suède, où le roi le promut successi-
vement aux dignités de gi-and-raaître de samaison,
de chancelier de l'université d'Upsal et de maré^
chai du royaume. Mais bientôt il s'attira la haine !
du peuple. La mort subite du prince Christian
de Holstein-Augustenbourg (28 mai 1810), qui
peu de temps auparavant avait été nommé suc-
cesseur au trône et avait su mériter l'affection
générale, porta cette haine au plus haut degré.
Le bruit se répandit que Fersen et la comtesse
Piper {voy. ce nom), sa sœur, avaient eu part,
de concert avec d'autres grands de la cour, à la
mortde Christian, que l'on supposait avoir été em-
poisonné. Aussi le 20 juin 1810, lorsque le corps
du prince fut transporté solennellement de Lil-
jeholm à Stockholm, le peuple lança des pierres
contre la voiture du comte, qui se vit forcé de
se réfugier dans une maison. Celle-ci ayant été
assaiUie, le général Silfversparre ne put le sous-
traire pour quelques instants à la mort, dont
les furieux le menaçaient, qu'en promettant
au peuple de conduire immédiatement Fersen
comme prisonnier à l'hôtel de ville. Mais à
peine le malheureux comte y fut-il arrivé, que la
multitude qui l'y avait suivi l'arracha des mains
de ses gardes, le précipita du haut de l'escalier,
le 'tua et exposa son cadavre sur la place du
marché. La sœur de Fersen , cherchée en vain
dans la ville , avait su échapper à la colère du
peuple. Il est reconnu aujourd'hui que cette co-
lère n'avait aucun fondement. L'investigation
judiciaire la plus sévère n'a jamais pu fournir
le moindre indice d'empoisonnement du prince
Christian. [Enc. des G. du M., avec add. J
Lamartine, Hist. des Girondins. — Getfroy, dans la
Rèv, des Deux Mondes, 1855. — Le Bas, La Suède, dans
569
FERSEN -
Brown, Les
VUniv. pitt. — Conversations-Lexikon.
Cours du Nord.
FERTÉ-iMBAUT (Le maréchal de La).
Votj. Étampes.
FERTÉ-SENNETERRE (De La ). Voy. La
Ferté.
FERTEL ( Martin- Dominique ) , imprimeur
français , né à Saint-Omer, vers 1672, mort dans
la même ville, en 1752-. On a de lui : Science
pratique de l'Imprimerie; Saint-Omer, 1723,
in-4°. Ce curieux ouvrage a été réimprimé avec
des additions par Annoy vande Wyder; Bruxel-
les, 1822, in-4".
Chaudon et, Delaodlne, Dict. univ. hist. et crxt.
*FERTiAULT {François), littérateur fran-
çais, né à Verdun (Saône-et-Loire), le 25 juin
1814. De parents sans fortune, il suivit d'abord
l'enseignement de l'école des Frères, puis il en-
tra au collège de Châlons. Des vers qu'il publia à
seize ans furent l'objet des louanges unanimes
de la société de la ville, qui se cotisa pour lui
donner les moyens d'achever ses études. Venu
à Paris en 1835, il s'adonna à la culture des let-
tres, tout en occupant l'emploi de caissier chez
un banquier. On a de lui : La Nuit du Génie,
poërae; Chalons-sur-Saône, 1835, in-8°; — Ar-
thur, ou le dîner des sept châtelains , poëme
en 3 parties; Paris, 1837, in-8°; — Le Dix-
neuvième Siècle , satires morales en vers, avec
Eugène Nus; Paris, 1840, in-S"; — Les Noëls
boîir guignons, de B. de La Monnoye, texte et
traduction littérale ; 1842, in-16; — Le Sélam,
langage des fleurs illustré; 1844, in-64; — Pâ-
querettes et Boutons d'or, nouvelles pour la
jeunesse; 1844, in-8" , avec gravures ; — La
Bonne Étoile; 1845, in-8°; — Les Contes de
Perrault, avec une moralité pour chaque conte ;
1846, in-8"; — Les Rimes de Dante , traduc-
tion littérale (Sonnets, canzones, ballades) ; 1848
et 1854, in-16; — Histoire pittoresque et
anecdotique de la danse. Il a en outre coo-
péré à diverses pubhcations : Les Français
peints par eux-mêmes (1840) ; —Paris chan-
fa»i! (1844) ; — Le Feuilleton de Paris ( 1847-
1851); —Le Moyen Age et la Renaissance
(1847) , et a inséré beaucoup de vers et de nou-
velles dans des revues ou recueils littéraires,
tels que la Revue française. Le Voleur, le
Journal des Dames, Le Conseiller des Da-
mes et des Demoiselles , Ze Conseiller des
Enfants, Le Souvenir, etc. M. Ch.
Documents particuliers. — Journal de la Librairie.
FERUS {Georges), controversiste et philolo-
gue français, né à Teyn (Bohême), en 1585,
mort à Brczniz, le 21 janvier 1655. Il entra dans
la Société de Jésus à l'âge de dix-sept ans, et
professa au collège de Prague pendant plus de
trente ans. 11 composa un grand nombre d'ou-
vrages religieux , oubliés aujourd'hui ; on ne
connaîtque sa Grammatica Linguse Bohemlcee ;
Prague, 1642, in-8°.
Sotwell, Bibliotheca Societatis Jesu. — Balblnus, So-
' hemia docta.
FÉRUSSAC 570
FERUS, prédicateur anglais. Voy. YviLu.
FÉRUSSAC {Jean-Baptiste-Louis d'Aude-
BARD, baron de), naturaliste français, né à Clé-
rac (Languedoc), en 1745, mort en 1815. Il ap-
partenait à une ancienne famille d'épée , origi-
naire de Férussac, près d'Agen. Il s'occupa avec
un égal succès de l'art militaire, de l'artillerie
surtout, des mathématiques, de la physique, de
la zoologie, de la géologie, de l'histoire, et des
questions les plus élevées de littérature et de
philosophie. Capitaine de vaisseau au commen-
cement de la révolution , il crut devoir émi-
grer, comme la plupart des officiers de marine.
Il joignit l'armée du prince de Condé, où il
servit jusqu'en 1801 , époque où une amnistie
lui rouvrit les portes de la France. Il reçut à
la première restauration le grade honorifique
de colonel. Outre un grand nombre de mémoi-
res et d'articles insérés dans divers recueils, le
baron de Férussac a publié : Observations sur
l'Encyclopédie; 1782, in-8°; — Essai d'une
méthode conchyliologique appliquée aux mol-
lusques fluviatiles et terrestres, d'après la
considération de l'animal et de son test ; et
Mémoires de la Société médicale d'Émulation,
année 1802, t. IV; Paris, 1807, in-8°. M. de
Férussac fils le fit réimprimer, avec des additions
très-importantes. Le baron de Férussac a laissé
des matériaux pour une histoire générale des
mollusques.
Biog. des Contemporains.
FÉRUSSAC ( André-Étienne-Just-Paschal-
Joseph-François T>'AvT)TS.BKRj>, baron de), natu-
raliste français, fils du précédent, né en 178g,
mort à Paris, en 1836. Entré dans les véUtes à
dix-sept ans, il ne tarda pas à fixer l'attention
des savants de la capitale par divers travaux
d'histoire naturelle présentés à l'Institut. Appelé
en Espagne, il se signala au siège de Saragosse ,
prit part à toutes les affaires où se trouva son ré-
giment, et recueillit de nombreux matériaux sur
la géographie ancienne, l'aichéologie, la géologie
et l'histoire naturelle du pays. 11 reçut à Moguer
un coup de feu qui lui traversa la poitrine, et se
vit obligé de prendre sa retraite au moment oi'i
il venait d'être nommé capitaine. 11 reprit alors
à Paris ses relations et ses travaux scientifiques.
Son Coup d'œil sur l'Andalousie eut un grand
succès. L'empereur voulut lire cet ouvrage, se
fit rendre compte de la position du jeune inva-
lide, et le nomma sous-préfet d'Oleron. A l'ap
proche des alliés , Férussac se rendit à Agen ,
ensuite à Bordeaux, où il alla se présenter
au duc d'Angoulême, qui le renvoya reprendre
ses fonctions, et liji fit obtenir plus tard le
grade de chef de bataillon de la garde natio-
nale de Paris. Pendant les Cent Jours Férussac
fut nommé à une sous-préfecture ; il refusa d'ap-
poser sa signature à l'acte additionnel et de prê-
ter son serment au préfet. A la seconile restau-
ration il remit ses fonctions k son prédécesseur,
et reprit ses travaux scientifiques. Devenu , en
571
FÉRDSSAG
1817, chef d' état-major de la 2e division mili-
taire, il fut nommé successivement membre de
la commission chargée de l'organisation de l'É-
cole d'AppHcation d'État-Major, et professeur de
géographie et de statistique militaire à cette
école.
En 1823, Férussac, sentant combien il im-
portait d'établir, après le long isolement où la
goei-re avait retenu les savants des divers pays,
un lien commun et des rapports habituels , jeta
les fondements du Bulletin imiversel des
Sciences et de V Industrie. Les huit recueils
dont se composait le Bulletin attirèrent l'atten-
tion, et consignèrent les travaux les plus re-
marquables de tous les savants et industriels
du globe. Malheureusement la pubhcation en
l'ut arrêtée quelques années après la révolution
de Juillet, parce que leâ chambres refusèrent
d'allouer la somme nécessaire -pour soutenir
une si vaste entreprise. On a de Férussac : Con-
sidérations générales sîir les mollusques
tei'restres et Jluviatiles et sur les fossiles
des terrains d'eau douce; Paris, 1812, in-4°;
— Extrait du journal de intS Campagnes
en Espagne, contenant un coup d'oeil sur
V Andalousie , une dissertation sur Cadix et
sur son île, une relation historique du siège
de Saragosse; Paris, 1813, in-8°; — Mémoires
géologiques sur les terrains formés sous
l'eau douce par les débris fossiles des mol-
lusques vivant sur la terre oïl dans l'eau
non salée; Paris, 1814, in-4°j — Chambres
départementales considérées comme moyen
d'arrêter toute usurpation sur la puissance
légitime, et de rétablir la liberté convena-
ble aux comnmnes; Paris, 1810, in-8°; —
Histoire naturelle, générale et particulière
des mollusques terrestres et fluviatiles , tant
des espèces que l'on trouve aujourd'hui vi-
vantes que des dépouilles fossiles de celles
qui n'existent plus , classés d'après les ca-
ractères essentiels que présentent ces ani-
maux et leurs coquilles; ouvi'age posthume
de Jean-Baptiste de Férussac, continué , tnis on
ordre et publié par son lils ; Paris, 1817, in-4''
et in-fol. Cet important ouvrage, dont J.-B. de
l'érussac avait en partie rassemblé les maté-
riaux, a été conduit par An.-tt. de F'érussac
jusqu'à la 29^ livraison. Il a été continué depuis
par M. G.sp. Deshayes; — De la Nécessité de
fixer et d'adopter un corps de doctrine pour
la géographie et la statistique ; Paris, 1819,
in-S"; — De la Géographie et de la Statisti-
que, considérées dans leurs rapports avec les
sciences qui les avoislnen t de plus près ; Pa-
ris, 1821, in-8°; — Tableaux sijstémaliqucs
des Animaux mollusques, classés en familles
naturelles ; Paris, 1822, in-4° ; — 3îonographie
des espèces vivantes et fossiles du genre Mé-
lanopsides; Paris, 1823, in-4°; — Additions et
corrections au Tableau méthodique de la
classe des Céphalopodes ; Paris, 1827, in-8°;
— FESCH 672
— Catalogue des espèces de molhisques ter-
restres et fluviatiles recueillies par M. Sander-
Rang dans un voyage aux grandes Indes; l
Paris, 1827, in-8°; — Examen analytique de |
la conférence de Mor Vévêque d'Hermopolis j
dans laquelle Moïse est considéré comme
historien des temp's primitifs ; Paris, 1827,
in-80 ; — Histoire naturelle des Aplysiens ,
avec M. Sander-Rang ; Paris, 1828, 4 livraisons
iu-fol. ; — De la Nécessité d'une Correspon-
dance régulière etsanscesse active entre tous
les Amis des Sciences et de V Industrie ; Parisj
1829, in-40; — Mémoire sur la Colonisation
de la régence d'Alger; Paris, 1833, in-8°; —
De l'État actuel de la France et de la néces-
sité de s'' occuper de son ai;e?iïr ; Paris , 1834,
in-S"; — Histoire naturelle, générale et par-
ticulière des Céphalopodes cryptodibranches
(avec M. d'Orbigny); Paris, 1834-1842, 20 li-
vraisons in-fol.; — Note sur la Seiche à six
pattes et sur deux autres espèces de Sei-
ches ; Paris, 1835, in-8". Indépendamment des
ouvrages que nous venons de citer, on doit au
baroh de Férussac un grand nombre de mémoires
et d'articles insérés dans divers recueils.
Le Bas, Dict. hist. de la France— Kahhc, Boisjolin, etc.,
Biog. vniv. et port, des Conteinj^orains. — Cliarlos Ou-
pin, d.-iiis le Moniteur du 21 jiiiivier 1836. — Quérard,
l.a France littéraire. — I.ouandre et Bourquelot, Littc-
raturu française contemporaine.
FKiiYB. Voyez, Chyr-Schah.
f'ERVD-EDDYM. VoyeZ pERm-EDDYN.
FESCA {Frédéric-Ernest), musicien com-
positeur allertiând, né le 17 février 1789, ii Mag-
deiiourg, mort à Carlsruhe le 24 mai 1826.
Fils d'un amateur de musique et d'une canta-
trice qui avait été attachée à la chambre de la
duchesse de Courlande, Fesca puisa dans sa fa-
mille le goût de son art. Il fut maître des concerta
du grand-duc de Bade. Ses productions consis-
tent en quatuors et quintettes pour instrumenis
à cordes, symphonies, ouvertures, etc. lia écrit
des psaumes, des chorals à quatre parties, et
d'autres morceaux de musique religieuse qui at-
testent le mérite do leur auteur. On connaît aussi
de lui deux opéras , Cantemire , en deux actes,
et Omar et Léila, en trois actes; des chants
allemands à quatre parties ; des chansons de table
pour deux ténors et deux basses; etc. Une col-
lection complète des quatuors et des quintettes
de Fesca a été publiée à Paris. Le style de ce
compositeur a de la grâce et porte le cachet d'une
sensibilité expansive; sa musique abonde en mo-
dulations, et se distingue par l'élégance des dé-
tails; mais ses idées manquent souvent de pro-
fondeur et de développement.
Dieudonné Denne-Baron.
FéUs, Biographie universelle des Musiciens. — Docu-
ments inédits.
FESCH {Joseph), cardinal français, né à Ajac-
cio, le 3 janvier 1763, mort à home, le 13 mai
1839. Son père, François Fesch, officier suisse aii
service de Gênes, avait épousé en secondes noces
573 FESCH —
Atigcie-Marie Pietra-Santa , mère de Laetitia Bo-
naparte. Après avoir fait ses études au collège
(i'Aix eii Provence, il entra dans les ordres.
Au moment où éclata la révolution il était ar-
(;liidiacre et prévôt du chapitre d'Ajaccio. Il pro-
testa avec ses collègues contre la constitution ci-
vile du clergé , et à la suite de la suppression
(les chapitres il rentra dans sa famille. Cette fa-
mille ayant pris énergiquement parti pour la
France contre les Anglais appelés par Paoli , fut
proscrite et forcée de quitter la Corse, en 1793.
Fesch suivit les Bonaparte à Toulon; et comme
il se trouvait sans ressources , il fut obligé, pour
vivre, de quitter l'habit ecclésiastique et d'en-
trer dans l'administration des armées. D'abord
l^arde-magasin dans une division de l'armée des
Alpes , il fut nommé, en 1795 , commissaire des
[■uerres à l'armée d'Italie , dont son nevea Na-
poléon Bonaparte venait d'obtenir le commande-
ment. Après le 18 brumaire, lorsque le rétablis-
sement du culte catholique eut été arrêté dans
la pensée du premier consul, Fesch reprit Je cos-
tume ecclésiastique, et s'employa très-activement
dans les négociations qui préparèrent le concor-
(iat signé le 15 juillet 1801. Son neveu, qui,
déjà premier magistrat de la France, aspirait à
ini devenir le souverain héréditaire , le nomma
archevêque de Lyon. Le 15 aoftt 1802, Fesch prit
[)OSsession du siège de Lyon, après avoir été
;;acré parle cardinal-lépjat. Six mois après il reçut
la barrette, comme cardinal du titre de Saint-Lau-
rent in Lucina. En 1804 il remplaça Cacault dans
!e poste d'ambassadeur auprès du saint-siége. îl
était accompagné du vicomte de Chateaubriand,
tji!i venait d'entrer dans la carrière diplomatique/.
!c célèbre écrivain s'entendait assez mal avec son
chef, et de nombreux dissentiments survinrent
entre eux. Napoléon venait d'être proclamé em-
jiûreur. Comme il voulait être sacré , il écrivit à
Pie VII une lettre qui fut remise au pontife par
le cardinal et dans laquelle ou le priait de faire
le voyage de Paris. Cettre lettre consterna le pape,
et, après délibération, un mém.oire fut rédigé ; il
concluait à un refus. L'empereur y fit répondre,
1 1 Pie Vlï ne résista point aux conseils que ini
tionna le cardinal Consalvi. Cette mission du car-
dinal Fesch a été 1res attaquée par des hommes
tla différents partis, il faut dire cependant que sa
position était difficile : il était à la fois oncle de
liioreur et prince de l'Église. Il assista au cou-
.Htment de Napoléon et à toutes les cérémo-
nies (|ui s'y rattachèrent. Ses services à Rome
i'urent l'écompensés par la charge de grand-au-
tnônier, par la collation du grand-cordon de
ia Légion d'Honneur et par un siège au sénat.
Le prince électeur, archevêque de Ratisbonne,
(Irchi-chancelier de l'empire , le choisit pour son
coadjutcîir et futur successeur. Il reçut, en at-
tendant, le litre d'aUesse éminenlissime, avec
ttee aabvenliim annuelle de 150,000 florins. Tous
ces honneurs ne lui firent point négliger l'édu-
cation des clercs dans son diocèse , où il fonda
FESSARi) 574
une maison de hautes études ecclésiastiques.
Les dissentiments de Napoléon avec le saint-siége
vinrent bientôt placer le cardinal Fesch dans une
position dont il ne put surmonter les difficultés.
Malgré sa soumission à son' tout-puissant neveu,
il respecta toujours dans Pie VII les droits du
souverain pontife et du malheur, et refusa de s'as-
socier aux mesures prises par le gouvernement
français contre l'autorité pontificale. Napoléon,
qui tenait à avoir ini de ses parents à la tète du
clergé français, le nomma, en 1 809, archevêque de
Paris. Fesch déclina cette dignité, pour laquelle
il n'aurait pu l'ecevoir l'institution canonique, et
malgré les instances du chapitre , il refusa même
l'administration du diocèse de Paris. L'empereur,
qui n'avait rien pu obtenir de satisfaisant des deux
commissions ecclésiastiques qu'il avait nommées
afin de terminer ses différends avec le pape, con-
voqua un concile en 1811, qui fut présidé par le
cardinal Fesch. Il y a lieu de croire que dans
cette circonstance il ne satisfit pas le chef du
pouvoir, car on le relégua dans son diocèse.
Une lettre qu'il écrivit en 1812 au pape, alors
transféré à Fontainebleau, lettre qui fut inter-
ceptée , attira sur lui une plus grande rigueur.
Sa subvention de 150,000 florins lui fut enlevée.
Des historiens , M. Thiers entre autres , ont
blâmé sévèrement cette opposition du cardinal
Fesch aux volontés de l'empereur. Ils l'ont ac-
cusé d'ambition ; mais il paraît, au contraire,
que la conduite du cardinal eut pour principal
mobile des convictions religieuses vives et sin-
cères. Il se montra toujours le promoteur déclaré
de tout ce qui pouvait contribuer à l'éclat et à la
grandeur du catholicisme. Il introduisit en France
l'Institut des frères des écoles chrétiennes, éta-
blit à Lyon un collège des missions intérieures, et
fu t un de ceux qui concoururent le plus au rappel
des Jésuites, qu'on admit d'abord sous le nom de
Pucanaristes. Lors delà ciiute de Napoléon F'',
il se rendit à Ro'ne, où Pie Vil l'accueillit trè.^bien.
Les Cent Jours le ramenèrent en France et dans
son archevêché. L'empereur l'appela à Paris, et
le nomma membre de la chambre des pairs le
4 juin 1815. Le cardinal Fesch ne siégea pas à
cette assemblée, et après la bataille de \^/at('r-
loo, il retourna à Rome. 11 refusa de donner sa
démission d'archevêque de Lyon, et passa les
vingt-quatre dernières années de sa vie dans une
retraite embellie par le goût des beaux-arts et
remplie d'exercices de piété. 11 possédait une
fort belle galerie de tableaux ; il en légua une
partie à la ville de Lyon, lui ISàO, M. Vifal-Du-
Ijray a fait pour la ville d'Ajaccio la statue en
bronze du cardinal Fesch. A. R.
liiofiraphie du Clcrgc contemporain. — IJJmi de la
Relinio», pnssim. — Lyonnet (L'abijc), Lr Cardinal
F cich, fragments biographiques ; I.yon, 1S41, 1 vol. in-8°.
— /,« Mérité sur h', cardinal Fescli; Lyon, IS'tS, in-S». _
TliltTS, Histoire du Consulat et de l'ïimpire, t. X!il.
FKSCH (Joseph). Voif. li'.\EScn.
t<'KSSAR» (i 'terre - .4lpIion.se) , .statuaire
français, né à Paris, en 1798, mort à Paris, en
575 FESSARD
J844. Élève de Bridan et de Bosio, il remporta
quelques médailles à l'École des Beaux-Arts. Il
exécuta successivement : en 1822, une statue de
Capanée foudroyé soiis les murs de Thèbes;
— en 1824 , Adonis mourant changé en fleur,
pour lequel il reçut une médaille d'or; — en
1827, Daphné suppliante à l'autel de Diane,
qui la change en laurier. Ces trois statues pa-
rurent aux expositions du Louvre; — un bas-
relief en plâtre représentant Saint Paul prê-
chant à Ephèse , pour l'église du couvent des
sœurs de Sàint-Paul, à Cherbourg; — une
statue de La ville de Mâcon, pour l'hôtel de
ville de Mâcon ; un bas-relief en marbre, repré-
sentant La première Visite au tombeau ,
pour la famille Guttierez , et placé dans l'église
de Campêche (Mexique) (exposé au salon de
1835); — un grand bas-rehef pour le monu-
ment de M"^ Diaz Sanctos, au cimetière de
l'Est, à Paris , ayant pour sujet une Jeune fille
se dégageant de son linceul en entendant
la voix de Vange de la résurrection; — le
buste en bronze du monument de Fourier, au
même cimetière ; le buste en marbre de Boyer,
à l'École de Médecine de Paris, et celui, aussi
en marbre , qui est chez le fils de ce célèbre
médecin; — le buste en marbre de Simon
Vouet et de Valentin, placés au musée du
Louvre; — celui en marbre de M""-' Cottereau,
pour l'hospice de Villeneuve-Saint-Georges ; —
un second buste en marbre de Vouet, pour
le musée de Versailles; — un second buste en
marbre de Fourier, pour le musée de Greno-
ble; — une esquisse de Fabert pour le musée
de Metz ; — une statue de L'abbé Grégoire de-
mandant l'abolition de l'esclavage, laquelle
est à Haïti; — une autre semblable, qui était
chez le président Boyer. Fessard, malgré ses
succès, resta plusieurs années sans travaux,
et mourut à peu près de misère , dans un âge
peu avancé. Guyot de Fère.
Doc. partie. — Journal des Beaux- Arts, 1844.
* FESSiK (Pierre-/o5epA), fondeur etmoraliste
français, né à Paris, le 14 septembre 1774,
mort dans la môme ville, le 20 avril 1852. 11 fut
pendant cinquante ans économe du tribunal
civil de première instance. Cet emploi ne suf-
fisant pas à son activité, il établit une fonderie
en caractères. 11 inventa un nouveau genre de
■filets d'imprimerie dits filets mixtes , et obtint
à l'exposition de 1839 une médaille de bronze.
On a de lui : Le Petit Portefeuille d'un ano-
nyme ouvert à ses amis ; Paris, 1828, et 1850,
in-S". Ce volume, tiré à un petit nombre d'exem-
plaires, contient des chansons et un Essai sur
la Bienveillance ; L'ouvrier homme comme
Il faut ; 1850, in-8° ; — Lettre à M. Darttey ;
Paris, 1841, in-fol. : c'est un traité sur l'immorta-
lité de l'âme. Si les arguments de l'auteur ne sont
pas d'un métaphysicien profond, ilsannoncentdu
moins un doux et aimable moraUste. N. M — y.
Bulletin du Bibliophile, juillet et août 1853,
— FESTA 576
FESSLER {Ignace- Ararélien) , historien hon-
grois, né à Czurendorf (basse Hongrie),
en juillet 1756, mort à Saint-Pétersbourg, le
15 décembre 1839. Destiné par sa mère, fer-
vente catholique, à l'état ecclésiastique, il entra
dans l'ordre des capucins en 1773. En 1784 il
fut nommé lecteur de l'empereur Joseph, à qui
il avait révélé les habitudes intérieures des cou-
vents et des moines, qui ne le lui pardonnèrent
jamais. Il fut bientôt appelé à la chaire de lan-
.gues orientales et d'herméneutique de l'Ancien
Testament, à l'université de Lemberg. Il entra
ensuite dans la société des francs-maçons,
et renonça au titre de capucin. En 1787 il fit
jouer une tragédie intitulée Sidney, que ses
ennemis qualifièrent d'impie. Les persécutions
qu'il éprouva à cette occasion le contraigni-
rent à se démettre de l'emploi qu'il occupait
et à se réfugier en Silésie, où le prince de
Carolath lui confia l'éducation de ses fils. Ea
1791 Fessier se fit protestant. Après avoir long-
temps séjourné à Berlin , il alla en Russie, où il
fut nommé professeur de langues orientales à
l'Académie de Saint-Alexandre Newski. Accusé
d'athéisme, il perdit cet emploi. Après avoir
été ensuite membre de la commission de légis-
lation, il vint en 1817 à Sarepta, siège du prin-
cipal établissement des Herrnhutes (1) dans la
Russie d'Europe. En 1820 il obtint la surinten-
dance (évêché) de la communauté évangélique
de Saratow. Enfin, en 1833, il fut nommé surin-
tendant général (archevêque) de la communauté
luthérienne de Pétersbourg. Ses ouvrages sont :
Marc-Aurel , roman historique; Breslau, 1790-
1792, 3 vol.; — Matthias Corvinus ; Breslau,
1793; — Aristides und Themistokles ; Berlin,
1792 et 1818, 3^' édition; — Attila; Breslau,
1794; — Geschichte der Ungai-n, etc. (His-
toire des Hongrois); Leipzig, 1812-1825; —
Riickblicke auf meine 70 jaehrige Pilgerschaft
(Coup-d'œil rétrospectif sur mes soixante-dix
années de pèlerinage) ; Breslau, 1826.
Conversations- LcxUion.
* FESTA [Constant) , compositeur de l'école
romaine , né vers la fin du quinzième siècle ,
mort le 10 avril 1545. Il fut agrégé, en 1517,
au collège des chapelains-chantres de la chapelle
pontificale. Aaron fait un très-grand éloge de ce
musicien. L'abbé Baini cite comme des œuvres
remarquables plusieurs de ses compositions,
notamment son Te Deum, qui se chante encore
à Rome dans les occasions solennelles , La plu-
part des compositions de Festa sont conservées
en manuscrit dans les archives de la Chapelle
pontificale. Ceux de ses ouvrages qui ont été
imprimés soit de son vivant , soit après sa mort,
se trouvent dans les recueils suivants : Collec-
(1) Ou frères Moraves, association religieuse formée
en 1547 des débris des Hussites. Établis d'abord à Ful-
neck (Moravie^, sous le nom àe Frères de l'Unité ou
Frères Bohèmes, Ils vinrent, en 1721, chercher un asile
à Hernhut (Haute-Lusace), chez le comte ZInzendorf
[.voy. ce nom), qui se déclara leur protecteur.
S77
FESTA -- FESTUS
578
Mon des Motets de la Couronne à quatre et
cinq voix, par Petrucci; Fossombrone, 1519;
— Raccolta delFiore; Venise, 1539; — Ma-
drigaux d'Arcadelt, 3" livre; Venise, 1541; —
Motetti a tre voci; Venise, 1543; — Motetta
irium vocum, a plùribus auctoribus compo-
sïta, publiés par Jérôme Scoto; Venise, 1543;
— Recueil publié par le même en 1554 ; — Ma-
' drigali a tre voci; Venise, 1536. — Le Te
Deum de Festa a été imprimé à Rome, en 1596.
Dieudonné Denne-Bakon.
Aaron, Lucidario in musica di alcune opinioni an-
tiche e moderne ; Venise, 1K45. — Baini, iVemorie sto-
\ rico-crit. délia Vitae dette Opère di Cio.-Pierluigi da
i Palesirina. — Fétis, Biographie univ. des Musiciens.
I FESTA-MAFFEi ( Franccsca ) , cantatrice
I italienne, née à Naples, en 1778, morte à Saint-
Pétersbourg, en 1836. Elle était sueur de l'babiîe
i violoniste Josepli Festa. Après avoir chanté avec
! succès sur les divers théâtres de l'Italie , elle vint
' à Paris, etdébutaen 1809àrOdéon,où elle balança
î le succès de M™* Barilli. De retour en Italie, elle
; épousa M. Maffei, et quitta le théâtre pour quel-
ques années; elle y reparut en 1828, et alla en-
suite se fixer à Saint-Pétersbourg. M""^ Festa
I se fit surtout applaudir dans les deux opéras de
jPaesiello, La Nina, et/ Zingariin Fiera.
Fetis, Biographie universelle des Musiciens.
FESTARi (Jérôme), médecin italien, né à
Valdagno, le 12 octobre 1738, mort dans la
même ville, le 3 juillet 1801. Fila d'un médecin,
il étudia lui-même la médecine , et fut nommé,
«n 1778, directeur de l'établissement des eaux
minérales de Recoara. Il accompagna le sénateur
■Querini dans son voyage en Suisse, et en com-
posa une relation qui, après être restée longtemps
inédite, a été publiée par Emmanuel Cicogna;
Venise, 1835. Outre cet ouvrage et plusieurs au-
tres restés manuscrits, Festari a laissé ; Saggio
di Osservazïoni sopra alcune Montagne e Alpi
altissime del Vicentlno confinanti collo Stato
Austriaco; dans le Giornale d'Italia de Gri-
selini, Venise, 1773, vol. IX; — Description
d'une hutte basaltique qui s'élève presque
vis-à-vis de celle d'Altissimo, du côté opposé
de la vallée de VAgno; dans les Mémoires de
l'abbé Fortis , pour servir à l'histoire naturelle
de V Italie; Paris, 1802, in-8°.
Tipaido, BiograHa degli Itatiani illvstri, •vol. I.
*FESTivrs AURELiANtrs, biographe ro-
main , vivait dans la seconde moitié du troisième
siècle de l'ère chrétienne. Affranchi d'Aurélien ,
il écrivit la vie d'un obscur usurpateur nommé
'Firmus , en s'attachant plutôt aux détails de la
vie privée qu'aux grands faits historiques. « Cet
écrivain, dit Vopiscus, raconte que Firmus,
oint d'Iiuile de crocodile , nageait au milieu de
ces animaux ; qu'il dressait des éléphants , qu'il
montait des hippopotames, et qu'assis sur d'é-
normes autruches , il semblait voler avec elles.
Mais quel fruit peut-on tirer de tout cela.' »
F. Vopiscus, Firmus, VI.
* FESTUS PORCius , administrateur romain,
iSODV. lîlOGR. GÉNÉK — T, XVII.
vivait vers le miheu du premier siècle de l'ère
chrétienne. En 62 il succéda à Antonius Félix
comme procurateur de la Judée. Il proclama
l'innocence de saint Paul, qui cette année même
comparut à son tribunal et se défendit en personne.
Il réprima vigoureusement les voleurs et les as-
sassins qui infestaient sa province. Il fut rem-
placé par Albinus.
Josèphe, ^nt„ XX, 8, 9; Bel. Jud., II, 14. — Acta
Apostoloruyn, XXIV, 27; XXV, XXVI.
* FESTUS, affranchi, favori de Caracalla,
mort vers 215 après J.-C. Il était aide-mémoire
de l'empereur (tïji; SaciXEtaç [aviqjjlyjç Tipoeai-wi;).
Caracalla le fit ensevelir dans la Troade avec
toutes les cérémonies observées aux obsèques
de Patrocle. D'après un bruit public rapporté par
Hérodien , l'empereur ayant eu l'idée d'imiter le
deuil d'Achille, et n'ayant perdu aucun ami dont
il pût déplorer la mort , y suppléa en faisant em-
poisonner le plus cher de ses affranchis.
Il ne faut pas confondre ce Festus avec un
chambellan de Caracalla, nommé aussi Festus,
puisque Dion Cassius nous représente ce dernier
comme vivant sous Macrin, et prenant une
grande part aux intrigues qui placèrent Hélioga-
bale sur le trône.
Hérodien, IV, 14. — Dion Cassius, LXXVIII.
* FESTUS PESCENivics, historien latin, vi-
vait probablement dans le troisième siècle de
l'ère chrétienne. Lactance le cite à propos des
sacrifices humains pratiqués à Carthage , et dé-
signe son ouvrage sous le titre de Satura.
Un sénateur du même nom fut mis à mort
sans jugement par l'ordre de Septime Sévère ,
après la défaite d'Albinus.
Lactance, Instit., I, 21. — Spartien, Severus, 13. — Dion
Cassius, LXXV, 8. — Hérodien, III.
FESTUS ( Sextus Pompeius) , grammai-
rien latin, d'une époque incertaine. Il vivait
après Martial ( premier siècle de l'ère chré-
tienne) , qu'il mentionne au mot Vespse , et avant
Macrobe ( cinquième siècle de l'ère clirétienne ) ,
qui le cite plusieurs fois. D'après ses remarques
sur le mot Supparus, on voit qu'il écrivait à
une époque où les cérémonies du christianisme
étaient familières au commun des lecteurs, c'est-
à-dire au plus tôt vers la fin du troisième
siècle de notre ère. Son nom est attaché à un
glossaire latin divisé en vingt livres et portant
ordinairement le titre de Sextt Pompei Festi
De Signijlcatione Verborum. Ce livre est d'une
grande importance pour la connaissance des an-
tiquités romaines , de la mythologie et de la
grammaire latine; mais avant de l'apprécier il
est indispensable de raconter comment il est
venu jusqu'à nous et de quels éléments il se
compose.
Marcus Venins Flaccus, célèbre grammairien
du siècle d'Auguste (voy. Flaccus Verkius) ,
était l'auteur d'un volumineux traité intitulé :
De SigniJicat'U Verborum. Festus abrégea cet
ouvrage , y fit des ciiangements, le critiqua quel-
quefois très-vivement, et le compléta en y insé-
19
579
ranî de nombreux passages
FESTUS
m<)
extraits d'autres
écrits de Verrius, tels que De obscuris Cato-
nis, De Plauti Calculis, De Jure sacro et
augurali, etc.; mais en même temps il omit
un certain nombre de mots tombés en désuétude
{iïiUrmortua et sepulta verôa) , réservant ces
vocables antiques et inusités pour un livre sé-
paré qui devait porter le titre de Libri prisco-
rum Verborum, cum exempUs. Quatre ou cinq
siècles plus tard, Paul, fils de Warnefrid, plus
connu sous le nom de Paul Diacre , fit de V Epi-
tome de Festus un abrégé qu'il dédia à Charle-
magne.
VEpitome de Festus avait fait oublier le grand
ouvrage de Verrius Flaccus , qui a péri tout en-
tier, à l'exception de fragments peu étendus;
l'abrégé de Paul Diacre eut presque le même ré-
sultat pour le livre de Festus. On le cita rare-
ment, on ne le transcrivit plus. Aussi n'est-il
fait mention que de quatre manuscrits de Festus ;
et des quatre un seul est venu jusqu'à nous. Ces
manuscrits sont : 1° celui que possédait Macrobe
au commencement du quatrième siècle de notre
ère : il n'existe plus; 2° celui que possédait
Placidus , grammairien d'une époque incertaine ,
et auteur de Glossx publiées par Angelo Mai
{Auctores classïci e Vat. codd., t. IIF, p. 427 ) :
il est également perdu ; 3" celui dont se servit
Paul Diacre : il est perdu comme les deux auties ;
4° enfin le mstauscrit farnésieii. L'histoire de ce
dernier manuscrit est curieuse et mérite d'être
racontée en détail. 11 fut, dit-on, apporté d'Il-
lyrie, et tomba entre les mains de Pomponius
Laetus, célèbre philologue du quinzième siècle.
Ce savant , par des raisons qui nous sont incon-
nues, ne garda qu'un petit nombre de feuillets, et
donna les autres à un certain Manilius Rallus.
Ange Politien les transcrivit en 1485, ainsi que
les feuillets restés e*la possession de Pomponius
Laetus. Le manuscrit de Rallns passa dans la
Bibliothèque farnésienne de Parme, et delà, en
1736, dans celle de Naples , où il est encore au-
jourd'hui. La portion gardée par Lsetus était déjà
perdue en 1581, époque où Drsmus donna son
édition de Festus; heureusement il en existait
des copies, d'après lesquelles on put la publier.
Le manuscrit original écrit sur parchemin , pro-
bablement dans le douzième ou le treizième
siècle, semble s'être composé, quand il était
entiei, de cent vingt-huit feuillets ou deux cent
cinquante-six pages, à deux colonnes ; mais lors-
que les savants l'examinèrent pour la première
fois , il y manquait les cinquante-huit premiers
feuillets, comprenant toutes les lettres jusqu'à M.
Trois lacunes, formant en tout dix feuillets, exis-
taient dans l'intérieur du manuscrit, et le der-
nier feuillet en avait été arraché, de sorte qu'il
n'en restait que cinquante-neuf. Si de ce reste
on retranche les dix-huit gardés par Lfetus, et
aujourd'iisn perdus, on trouve que le contenu
du manuflcrit'/ffl/'nesïf» se réduit à quarante-et-
un feuillets. Outre les mutilations qu'il a eu à
subir et les ravages que Ini ont causés la pous-
sière , l'humidité , les vers et les souris , ce ma-
nuscrit a cruellement souffert d'un incendie. Un
tiers environ de la largeur de chaque feuillet a
été consumé. Lapremière etla quatrième colonnes
sont intactes ; les deux autres sont plus d'à moi-
tié détruites. Les vides causés par le feu ont été
ingénieusement remplis par Scaliger et Ursinus,
soit au moyen de conjectures , soit à l'aide des
passages correspondants de Paul Diacre. Mais
cet abréviateur est si ignorant , si infidèle et si
incomplet, que son ouvrage est d'un bien faible
secours pour la restitution du texte de Festus.
Par ce qui précède, on voit que le livre, tel
qu'il a été imprimé généralement sous le nom de
Festus , se compose de quatre parties distinctes :
1" les fragments de Festus contenus dans le ma-
nuscrit/artésien; 2° les fragments conservés
par Pomponius Laetus : ces deux parties peuvent
être regardées comme des extraits un peu mai-
gres , mais fidèles , du savant traité de Veri'ius
Flaccus; 3" VEpitome de Paul Diacre: c'est un
mauvais abrégé d'un abrégé, l'ombre d'une
ombre ; mais ces traces, si imparfaites et si f.ii-
bles, de l'œuvre primitive ii'en sont pas moins
très-précieuses; 4° les restitutions conjecturales
de Scaliger et d'Ursinus. Curieuses comn«î sj)t«i-
mens du savoir de ces érudits, elles n'ont d'ail-
leurs aucune autorité.
Ces quati'e parties, si diverses d'origine éi de
valeur, ont été, dans la plupart des éditions,
amalgamées en un seul tout , de sorte qu'il était
impossible, sans beaucoup de travail, de retrou-
ver les débris authentiques sous «ette triple
couche d'additions hétérogènes. On était sans
cesse exposé à prendre les barbarismes de Paul
Diacre et les conjectures <le Scaliger et d'Ur-
sinus pour des locutions de bonne et antique la-
tinité. Enfin, l'admirable édition d'Ottfried Muller
a mis de l'ordre dans ce chaos. Grâce aux tra-
vaux de ce grand philologue, on peut aujourd'hui
apprécier en toute sûreté l'œuvre de Verrius
Flaccus abrégée par Festus.
Le système suivant lequel les mois de ce le)*
que sont classés n'est ni le plus naturel ni le plas
intelligible. Cet arrangement est alphabétique,
en ce sens que tous les mots commençant parla.
même lettre sont placés ensemble. Mais chaque
série de mots se divise elle-même en deux par-
ties. Dans la première, les .mots sont groapés
non-seulement d'après la lettre initiale, mais
d'après la deuxième, k troisième et môme U
quatrième lettre. Ces groupes se succèdent irré-
gulièrement ; ainsi la série R commence non par
les noms en Ra, mais par «eux en Rn; puis
viennent ceux en Ro, pisis ceux en Rian, puis
ceux en Rh, puis ceux en Re et en Ri mêlés,
puis ceux €n Ra, puis de nouveau Re et ili mê-
lés. Dans la seconde partie , il est simplemeiri; 1
tenu compte de la lettre initiale. Cependant, entre
ces mots jetés au hasard , on démêle certaiss
liens de convention. Ainsi, dans la seconde pailie y
.-'Jt. i
f,Sl FESTUS — FETH-ALI-SCHAH
du P, on trouve une suite de locutions, telles que
Palatualis, Portenta, Postularia, Pestifera,
Peremptalia , Pulhis, qui toutes appartiennent
aux rites sacrés, et particulièrement aux aus-
pices; plus loin, Propius sobrino, Possessio,
Preefecturse , Parret, Posttim, Patrocinia,
Posticam lineam, termes relatifs au droit civil;
Pomptina, Papiria, Pupinnia, Piipillia,
noms de tribus, et ainsi de suite. Remarquons
i encore que certains mots figurent à la fois dans
les deux parties, et qu'ils n'y sont pas toujours
expliqués de la même manière. De ces faits et de
quelques autres qu'il serait trop minutieux de
lelever ici, on peut tirer les conclusions sui-
vantes. Les mots groupés dans la première par-
tie de chaque lettre sont empruntés directement
au Be Significatîi Verbornm de Verrius F!ac-
cus ; les mots de la seconde partie forment une
espèce de supplément, recueilli par Festus dans
divers écrits du même auteur. Verrius lui-même
né s'assujettit pas à un système alphabétique ré-
gulier, il écrivit ses observations sur des groupes
(le mots dont les deux ou trois premières lettres
étaient identiques, et il réunit ces groupes au
hasard en tenant seulement compte de la lettre
initiale. Tous ces points sont parfaitement dis-
cutés et établis dans la préface de Muîler.
L'édition publiée à Milan par Zarotus, 3 août
1471, sous le titre de Sex?. Pompeius Festus,
J)e Verbonmi Significatione ,■ celle de Joannes
de Colonia et Joannes Manthen de Gherrezen ,
Venise, 1784,in-4°; une très-ancienne édition,
peut-être antérieure aux deux précédentes, et
probablement imprimée à Rome par G. Lauer ;
nne dizaine de réimpressions exécutées dans les
dernières années du quinzième siècle, n'offrent
que Yabrégé de Paul Diacre. En 1510 on im-
prima à Milan un volume contenant ÎN^onius Mar-
cellus, Festus, Paul Diacre et Varron. Cette
édition, commencée par J.-B. Plus, fut achevée
par un certain Conagus, qui avait eu connaissance
des deux portions du manuscrit de Festus , et
qui les incorpora avec Paul Diacre, donnant
ainsi lieu à une confusion qui se perpétua dans
les éditions subséquentes. Festus , Nonius Mar-
cellus et Varron furent réimprimés dans la même
forme à Paris ,1511, 1519 , et à Venise par Aide
Manucedans son Tliesaurus Corniicop'ue, 1513,
1517, et en 1527 avec quelques notes de Michel
Bentinus.
Le Tliesnunis Cornupix fut souvent repro-
duit dans la première moitié du seizième siècle,
sans que les éditeurs songeassent à améliorer
le texte donné par Conagus. Antoine-Augustin,
évêque de Lerida, et depuis arclievêque de Tar-
ragone, essaya de le faire dans son édition de
Venise, 1559, in-S". 11 collalionna les fragments
de Festus sui' le manuscrit farnésien , les dis-
tingua de Vabrrgé de Paul Diacre, et y ajouta de
bonnes notes. Ce fut sur cette édition que Joseph
Scaliger rédigea son commentaire et ses supplé-
ments ; Paris ,1505, in-8°. Ce travail de restitu-
tion fut continué par Fulvius Ursinus ; Rome ,
1581, in-8". Son édition est une espèce de fac-
similé du manuscTit farnésien, dont elle repro-
duit les pages avec leurs mutilations et leurs la-
cunes que Ursinus, à l'exemple de Scaliger, es-
saya de combler. L'édition de Dacier, ad lisum
Delphini, PciS-is , 1681, quoique souvent réim-
primée , n'offre aucun mérite particulier. Linde-
mann, dans son Corpus Gramm. Latin, vet.,
t. II, Leipzig, 1832, in-4°, a séparé Festus de
Paul Diacre; le texte de ces deux auteurs, revu
avec soin, est enrichi de notes nombreuses; mais
si cette édition est supérieure aux précédentes ,
elle a été bien surpassée par celle de K.-O. Mill-
ier, Leipzig, 1839, in-4*'. Celle-ci contient :
1° une préface, dont nous avons déjà signalé le
mérite ; 2° le texte de Paul Diacre, d'après les
meilleurs manuscrits; 3° le texte de Festus
d'après le manuscrit farnésien , collationné en
1 833, expressément pour cette édition, par Arndts.
Les fragments sont imprimés exactement comme
ils s'offrent dans le manuscrit, sur deux co-
lonnes, et vis-à-vis des passages correspondants
de Paul Diacre , de manière à permettre facile-
ment la comparaison. Les conjectures les plus
plausibles de Scaliger et d'Ursinus sont insérées ,
mais avec un caractère différent, qui empêche la
confusion ; 4° le texte des feuillets de Pomponius
Lestus, imprimé aussi sur deux colonnes: cette
disposition détruite par les copistes de ces feuillets
a été rétablie au moyen de calculs rigoureux;
5° un recueil des meilleurs commentaires. Un
peu avant le grand et définitif travail de Muller,
M. Egger avait fait paraître à Paris, 1838, in-16,
une élégante et correcte édition, qui reproduit
fidèlement (moins les fautes ) le texte et la pagi-
nation d'Ursinus. On y trouve de bons index et
une collection de fragments de Verrius Flaccus,
plus complète que celles qui avaient été publiées
jusque alors. Léo Joubert.
Charisius, II, p. 19.j, au mot Sarcte pour Intègre. —
Macrobe, Sat., 111, 3, S, 8. — Kabricias , Bib. Lut., t. Hl,
p. 320. — Fiinccius, De Inert. ac Decrcp. Ling. Lat. se-
Bergb, dans les Hallischeri allaem. Litter.
103.
nect. IV,
Zeitung, n
FESTUS (Sextus). Vo?/ez Rv¥vs.
FESULANus ( Prosper). Voyez Inghikami
{Curzio).
FETH-ALi-.sGHAH, connu avant .son avène-
ment au trône sous le nom de Baba-Khan,
roi de Perse, né vers 1762, mort en 1834. Dé-
claré héritier présomptif de son oncle Agha-
Mohammed, il se trouvait à Chiraz, dont il était
gouverneur, à l'époque où le roi fut assassiné. A
la première nouvelle qu'il reçut de cet événe-
ment, il se rendit en toute hâte à Téhéran pour
y faire reconnaître ses droits (1797). Mais déjà
plusieurs autres prétendants avaient pris les
armes pour lui disputer la couronne. C'était :
Sadik-Kltan, chef de la tribu des Schckakis,
maître de l'Adherbaïdjan , et l'instigateui- du
meurtre commis sur Agha-Mohammed ; il fut
vaincu , amniâtié , couiblc d'honneurs et do bien-
19.
583 FETH-ALT
faits; mais deux ans après, sur un léger pré-
texte , le roi le condamna à mourir de faim.
Hoséin-Couli-Khan, frère de Baba-Khan, échoua
dans la tentative qu'il dirigea contre Téhéran ,
obtint son pardon, et fut nommé gouverneur de
Schiraz. Sa seconde révolte se terminade même
par une réconciliation; mais à la troisième il
fut fait prisonnier et privé de la vue ; Ali-Couli-
Kan, frère du défunt roi , et Mohammed-Khan, fils
de ZekiKhan, membre de la famille des Zends,
subirent le même supplice que Hoséin; Nadir-
Mirza, fils de Schah-Rokh-Schah, maître du Kho-
rassan, fut mis à mort avec tous ses fils ; enfin,
Djafar-Couli-Khan, gouverneur de Klioi, fut
vaincu, et s'enfuit chez les Russes en 1799. Feth-
Afi-Schah se vit alors possesseur paisible de l'A-
dherbaïdjan, du Ghilan, du Mazenderan, du Kui -
distan , de l'Irak , du Farsistan , du Laristan et
du Kerman. Le Khorassan était encore inquiété
par les incursions des Ouzbeks, et la Géorgie con-
tinua longtemps encore à être un objet de dispute
entre la Perse et la Russie. Ce royaume avait été
enlevé par les Persans à Héraclius II. Gourgaï-Khan
( Georges ), fils de ce prince , rétabli sur le trône
par les Russes , réclama de nouveau leur inter-
vention contre Feth-Ali - Schah , qui favorisait
Alexandre Mirza, frère et rival du roi de Géorgie.
En 1803, l'armée russe , par une suite non in-
terrompue de succès , s'avança jusqu'à Tauriz ;
mais, forcée de céder aux armes de Feth-Ali-Schah
et de son fils Abbas-Mirza, elle fut entièrement
expulsée de Géorgie. La guerre se prolongea
pendant dix ans avec des chances variées. Pen-
dant cette période la Perse s'allia successivement
avec l'Angleterre et la France, selon l'intérêt
du moment. Déjà en 1799 Mehdi-Khan avait été
envoyé par le gouverneur de l'Inde comme am-
bassadeur auprès de la cour de Perse. En 1801
le colonel Malcolm avait conclu avec la Perse un
traité d'alHance contre les Afghans ; mais en 1806,
l'Angleterre s'étant alliée avec la Russie contre
la France , la politique de Feth-Ali-Schah dut
éprouver un revirement: il confia à un marchand
arménien la mission d'aller demander l'amitié de
Napoléon. Depuis le voyage d'Olivier, qui visita
la Perse en 1798, le gouvernement français avait
perdu de vue ce royaume, et on était fort mal
renseigné sur sa situation actuelle. M. Jaubert
partit secrètement en 1805 pour prendre à cet
égard toutes les informations nécessaires. Deux
ans plus tard le général Gardanne ( voy.) , envoyé
auprès de Feth- AU, promit que, par l'intervention
delaFrance, la Géorgie serait restituée à la Perse.
L'inaccomplissement de cette promesse , l'inca-
pacité del'ambassadeur, l'exiguïté des ressources
pécuniaires que l'on avait mises à sa disposition,
enfin la redoutable rivalité des ambassadeurs
anglais , qui éblouirent le roi par leur générosité
et la magnificence de leur train de vie , toutes
ces causes contribuèrent à faire passer aux An-
glais l'influence dont les Français avaient joui à
la cour de Perse. Sir Gore-Ouseley compléta les
-SCHAH
584
essais d'organisation militaire tentés avec succès '
par des officiers de la suitedu général Gardanne;
il s'engagea au nom de son gouvernement à
fournir un subside de 200,000 livres sterling ,
destiné à l'entretien de 12,000 hommes d'infan-
terie. En 1813, à la suite des succès obtenus par
les Russes, Feth-Afi-Schah se vit forcé de signer
le traité de Gulistan , par lequel il cédait le Da-
ghestan et renonçait à toutes ses prétentions sur
la Géorgie et ses annexes ; la Russie seule avait
le droit d'entretenir une marine militaire sur la
mer Caspienne; et elle obtenait des conditions
favorables à son commerce avec la Perse. En
1821, éclata une guerre entre la Perse et l'Empire
Ottoman, au sujet des exactions et des mauvais
traitements que les fonctionnaires turcs faisaient
subir aux pèlerins persans. Elle se termina par
un traité signé le 25 juillet 1823. La Perse ren-
dait les pays conquis sur la Turquie avant et pen-
dant la guerre ; et les pèlerins persans n'étaient
plus soumis qu'aux taxes anciennement établies.
Le traité de Gulistan n'avait pas mis fin à toute
difficulté ; un de ses articles portait que les li-
mites des deux empires seraient ultérieurement
fixées par des commissaires nommés à cet effet.
On restait depuis plus de douze ans dans cet état
d'incertitude, lorsque l'empereur Alexandre vint
à mourir, en 1825. A la nouvelle des troubles
qui accompagnèrent l'avènement de Nicolas, le
schah se flatta d'avoir trouvé l'occasion de re-
couvrer les provinces cédées en 1813. Il fit donc
mettre son armée sur le pied de guerre, et il
hâtait les armements, tandis que le prince Ment-
chikoff venait de la part du nouvel empereur
pour terminer les difficultés relatives aux fron-
tières. Accueilli à son entrée en Perse par de
feintes démonstrations d'amitié , il se rendit sans
défiance à Sultanieh, où le schah résidait pendant
la saison 'd'été. Quelques pourparlers eurent lieu ;
mais bientôt l'envoyé reçut l'ordre de s'éloigner,
et sur son chemin il fut arrêté, et retenu un mois à
Érivan. Pendant ce temps les tribus du Caucase
se soulevaient , et les Persans s'emparaient de
plusieurs places du territoire russe. Le gouver-
neur, pris au dépourvu, se trouva d'abord dans
l'impossibflité de résister à ces attaques; mais
le général Madatoff battit à Schamkor un déta-
chement de dix mifle hommes, formant l'avant-
gardede l'armée persane , et reprit Élisabethpol.
A peu de distance de cette ville 9,000 Russes,
sous le commandement du général Paskewitch,
mirent en déroute 39,000 Persans. L'année sui-
vante, le vainqueur, nommé gouverneur des pro-
vinces transcaucasiennes, poursuivit les avan-
tages de la campagne précédente ; il pénétra dans
l'Arménie persane, resta maître d'EdchmiadzinI,
résidence du grand patriarche des Arméniens ,
défit les Persans à Djiwan-Boulak, où Abbas-
Mirza faillit être fait prisonnier ; il s'empara d'Ab-
basabad , de Serdarabad , d'Érivan dont la gar-
nison, composée de 3,000 hommes, se rendit à
discrétion après une vigoureuse résistance ; enfin,
585
FETH-ALI-SCHAH — FETI
586
de Tauriz, capitale de l'Adherbaïdjan et la se-
conde ville du royaume. Accablé de ces dé-
sastres, Feth-Ali-Schah se décida à faire des ou-
vertures de paix, et sur la fin de 1826 son fils
Abbas-Mirza signa dans le camp des Russes les
préliminaires d'un traité par lequel la Perse cé-
dait tous les pays situés au nord de l'Araxe et
s'engageait à payer une indemnité de vingt mil-
lions de roubles. Malgré ces tentatives d'arrange-
ment, les hostilités furent reprises, parce que les
■ Russes tardaient à évacuer les provinces situées
au sud de l'Araxe. La victoire se prononça de
nouveau en leur faveur ; les villes de Ourmiah et
d'Ardébil étant tombées entre leurs mains, Feth-
AliSehah fit de nouvelles propositions de paix ;
enfin, les préliminaires de 1826 furent convertis
en un traité définitif, signé au village de Tourk-
mantchaï, le 10-22 février 1827. Un déplorable
accident , qui arriva quelque temps après , faillit
occasionner uue nouvelle rupture. L'envoyé Gri-
boïedoff, chargé par l'empereur Nicolas de rame-
ner dans leur patrie les Géorgiens elles Arméniens
nés dans les provinces nouvellement acquises par
la Russie, s'acquittait de cette mission avec une
rigueur excessive. Ayant voulu, contre toute jus-
tice, enrôler parmi les sujets de la Russie deux
femmes arméniennes de Turquie* il fut massacré
à Téhéran par la population soulevée. Abbas-
Mirza avait, par ordre de son père, fait tous ses
efforts pour prévenir ce malheur, et il avait
amené 2,000 hommes au «secours de l'envoyé.
Le schah n'était cependant pas rassuré sur les
suites qui pouvaient résulter de cette violation
du droit des gens ; il dépêcha à Saint-Péters-
bourg un fils ,d'Abbas-Mirza, qui fit au czar un
récit fidèle de ce qui s'était passé , et lui présenta
des excuses de la part de son aïeul. Grâce à cette
démarche, la paix n'eut à souffrir aucune brèche.
Feth-Ali eut la douleur de se voir précédé au
tombeau par son héritier présomptif Abbas-
Mirza. Quoiqu'il eût d'autres fils, il les écarta
du trône, parce que leur mère n'était pas de la
tribu des Khadjars, et il choisit pour successeur
Mohammed, fils d' Abbas-Mirza. Ce prince resta
en effet maître du pouvoir, quoiqu'il se fût pré-
senté plusieurs concurrents pour le lui disputer.
Feth-Ali-Schah ne possédait pas de bien grands
talents militaires : aussi s'abstint-il ordinaire-
ment de se mettre à la tête des armées ; mais il
aimait à s'occuper du gouvernement, et dirigeait
tout par lui-même. L'on doit reconnaître qu'à
l'intérieur son règne a été paisible et assez heu-
reux pour la Perse. C'est à des mirzas ou gens
de loi qu'il confiait les détails de l'administra-
tion. Ses passe-temps étaient la chasse, et la
culture des lettres. 11 a laissé un Biwan (recueil
(i'odes et de chansons), qui se trouve h la Bi-
bliothèque impériale. E. Beauvois.
Maicnlm, The History of Persia, t. II. — Prlce, ^/
Journal of the British Embassy ta Persia,- Londres.
1825, in-i». — Sir Harford Jones Brydges, A)i Account
of /lis Majesty's Mission to the court of Persia in the
years 1807-1811 Londres, 1834, 2 vol. in-S" ; The Dy-
nasty of the Kajars.translated from the original per-
sian mss.; Londres, 1833, in-8°. — W. Ouseley, Travels
in varions countries of the East; Londres, 1823, in-4'',
III* vol. — .faubert, Voyage en Artnénie et en Perse ;
Paris, 1821, in-8n. — Cirbied, Détails sur la situation
actuelle du royaume de Perse; Paris, 1816, in-4°. —
F. Fonton, La Russie dans VAsie Mineure; Paris, 1840,
in-8°. — E. Cazalès,art. dans la Revue des Deux-Mondes,
l'^r septembre 1838. —M. Dubeux, La Perse, dans VUniv.
pittor. — Asialic Journal urui. Monthly Register.
FETI ( Domenico ) , peintre de l'école ro-
maine, né à Rome, en 1589, mort à Venise, en
1624. Il fut élève de Cigoli; mais, ayant été con-
duit à Mantoue par le cardinal Ferdinand de
Gonzague (depuis duc de Mantoue), il s'éprit
du style de Jules Romain, et s'efforça de l'i-
miter. Il fit par l'étude de ce maître de rapides
progrès , puisa à son école la fierté des carac-
tères, la vérité de l'expression, et eut une touche
plus grasse, plus large et plus moelleuse que son
modèle; mais il ne l'égala pas par la pureté du
dessin, la science , la correction et la vigueur.
On trouve plus de force et de vérité dans ses
derniers ouvrages, exécutés pendant son séjour
à Venise ; mais quelquefois ses tableaux pous-
sent au. noir à force de rechercher la vigueur du
coloris. Feti était doué d'une imagination féconde :
cependant on lui reproche un peu trop de symé-
trie dans la disposition de ses groupes. Cet ar-
tiste a peu travaillé pour les églises, et la plupart
de ses ouvrages sont des tableaux de chevalet ;
aussi ne connaît-on de lui qu'un très-petit nom-
bre de fresques, dans lesquelles il se montra in-
férieur à lui-même. Ses plus importants et ses
meilleurs ouvrages en ce genre sont la voûte du
chœur et le cul-de-four de la cathédrale de Man-
toue , où il a représenté La Sainte-Trinité , La
Vierge, Saint Jean-Baptiste et des Groupes
d'Anges. Lanzi donne quelques éloges mérités
à une Visitation peinte dans le cloître de l'é-
glise de la Minerva à Rome.
Les tableaux de Feti sont répartis dans toutes
les galeries de l'Europe ; nous n'indiquerons ici
que les principaux. A l'Académie des Beaux-Arts
de Mantoue est sa plus grande composition sur
toile, La Multiplication réelle; — à Rome:
au palais Doria, une Madeleine; — à Florence:
au palais Pitti, à la galerie publique, Arté-
mise, les Paraboles de la Vigne et de la Perle
perdue; au palais Corsini, trois sujets de la
Passion ; — à l'Académie des Beaux-Arts de
Venise: une Tête de vieille femme, La Béné-
diction de Jacob, La Mélancolie, et les Para-
boles du Samaritain et du Trésor caché ; — à
Correggio , dans l'église de San-Quirino : Le
Christ dans des nuages , avec saint Martin
en prière; — à la Pinacothèque de Munich:
L'apôtre saint Paul , demi-figure ; Tancrède
blessé, soutenu par son écuijer; Hei'minie
chez, les bergers; — au musée de Dresde:
Le Retour de V Enfant prodigue; le Martyre
de sainte Agnès; David vainqueur de Go-
liath; les Paraboles de la Pièce d'argent et
de l'Agneau perdu et retrouve; celle de VA-
587 FETÏ ■
veugle; enfin le Martyre de saint Sébastien,
provenant de la galerie clncale f!e Modène ; — à
Saint-Pétersbourg: une ISativité; — à Vienne :
Un Marché; La Fuite en Égijpte; Le Buisson
Gardent; le 3îariage de sainte Catherine;
la Mort de Léandre; le Triomphe de Galatée ;
et Sainte Marguerite; ^ au Louvre : Vempe-
reur Néron;. La Vie champêtre; La Mélan-
colie; e\ L'Ange gardien; — au musée de
Marseille : un autre Ange Gardien ; — au Musée
de Rouen : une troisième figure do La Mélan-
colie; — au musé de Nantes : Une vieille femme
filant et Sainte Pudentienne tenant un
vase plein du sang des martrjrs.
Les dessins du Feti sont très-rares; ils sont
généralement largement heurtés à la pierre noire
et rehaussés de crayon blanc ; d'autres sont à
la sanguine, hachés de droite à gauche également
partout , ce qui est d'un effet peu agréable ; en-
fin, on en voit aussi de lavés au bistre avec un
bout à la plume. Dans tous on trouve de la cou-
leur, de l'expression et une grande habileté de
touche. Feti serait devenu sans aucun doute»
l'un des meilleurs peintres du dix-septième siè-
cle , s'il ne frtt mort à l'âge de trente-cinq ans,
des suites de sa conduite déréglée. Il laissa une
sœur, son élève, qui se fit religieuse après la
mort de son frère , et a enrichi de nombreuses
peintures les couvents de Mantoue.
Baglione parle d'un Marmno Feti qui fut éga-
lement jteintre , mais il ne dit pas s'il fut parent
de Domenico. E. B — n.
Baglione, fitede' Pittori, clc, Aal 1373 al 1642. —
Lanzi, Storia délia Pittiira. — Orlandi , Jbbeeedurio.
— Ticozzi, Dizionarlo. — D'Argenville, ï^ies des Peintres
italiens. — Caiiipori, Gli Jrtisti negli Stati Estensi. —
G. Susani, Nuovo Prospetto di Mantova. — Villot, JHu-
sée du Louvre. — Catalogues des musées de Florence,
Venise , Munich, Dresde'., Vienne , Saint-Pétersbourg,
Marseille, Rouen, Piantes, etc.
* FÉTis ( François-Joseph) , maître de cha-
pelle du roi des Belges et directeur du Conserva-
toire de musique de Bruxelles, né le 25 mars
1784, à Mons , où son père était organiste. Des-
tiné à suivre la même profession , il apprit la
musique dès son enfance, et à l'âge de neuf ans
il remplissait déjà les fonctions d'organiste du
Chapitre noble des Dames deSainte-Vaudru. En
1800, on l'envoya à Paris pour y suivre les cours
du Conservatoire ; il fût admis dans la classe
d'harmonie dirigée par Rey, et prit des leçons de
piano deBoïeldieu, puis de Pradher. Rey ensei-
gnait l'harmonie d'après le système de Rameau,
et n'admettait même pas qu'il y en eût d'autre
possible, lorsqu'on 1802 parut le Traité de
Castel, qui, attaquant de front la théorie de Ra-
meau, souleva de vives discussions. La lecture
de ce Traité, sa comparaison avec celui de Ra-
meau et avec les systèmes de Kirnberger et de
Sabbatini, impressionnèrent le jeune Fétis, et fi-
rent naître en lui des idées qui marquèrent ses
premiers pas dans la carrière qu'il était appelé à
parcourir. Au commencement de 1803, M. Fétis
quitta FariSj et fit un long voyage, dont il profita
FÉTÏS
588
pour se familiariser avec les oiivBages des grands
maîtres italiens et allemands. Il revint ensuite à
Paris,et contracta en 1806 un riche mariage, qui lui
donna les loisirs nécessaires pour se livrer à une
étude approfondie de l'histoire de l'art et parti-
culièrement de celle du moyen âge; mais en 1811
des revers de fortune le contraignirent à se re-
tirer en province et à accepter les fonctions d'or-
ganiste delà collégiale de Saint-Pierre, à Douai,
et de professeur de chant et d'harmonie à l'École
municipale l'ondée dans cette ville. Il avait re-
marqué que dans les écoles de ce genre les dé-
goûts éprouvés par la plupai't des commençants
provenaient de ce que l'élève était obligé de par-
tager son attention sur des éléments complète-
ment distincts, tels que les signes de la musique,
la mesure, l'intonation, dont il lui fallait acquérir
simultanément la connaissance. M. Fetis remédia
à cet inconvénient en établissant dans son école
la division des études qui a servi de base aux
Solfèges progressifs qu'il publia plus tard. Il
composait en même temps des morceaux à trois
et à quatre voix pour ses élèves ; il écrivit aussi
beaucoup de musique pour l'orgue et un Re-
quiem qui fut exécuté, le 20 avril 1814, en com-
mémoration de la mort de Louis XVI. Au milieu
de ses nombreuses occupations, M. Fétis conti-
nuait ses recherches sur la théorie de l'harmo-
nie; elles l'amenèrent à conclure que la tonalité
est la seule base de la combinaison des soris ,
que les lois de cette tonalité , appliquées à l'har-
monie, sont absolument identiques à celles qui
régissent la mélodie, et que par conséquent dans
la tonalité moderne ces deux branches de l'art
sont inséparables. Cette nouvelle théorie fut
l'objet d'un mémoire qu'il envoya, en 1816, à
l'Institut de France. En 1818, M. Fétis revint à
Paris. Diverses publications musicales signalè-
rent son retour dans la capitale ; il composa aussi
plusieurs opéras, dont quelques-uns furent re-
présentés pendant le cours des années suivantes.
En 1821 il avait été nommé professeur décom-
position au Conservatoire ; il publia en 1624 sa
Méthode élémentaire d'Harmonie et d'Accom-
pagnement, et fit paraître^n 1825 son Traité
de la Fugue et du Contrepoint , ouvrage dans
lequel il prit la tonalité pour base de la mélodie,
origine du contrepoint, comme il l'avait prise
précédemment pour l'harmonie et la modulation.
En 1826 il fut nommé bibliothécaire du Conser-
vatoire; l'année suivante il fonda le premier
journal musical qui ait paru en France , la Re-
vue musicale; ce recueil jouit bientôt d'une
grande autorité, qui s'est maintenue sans inter-
ruption jusqu'en 1835. M. Fétis se trouvait alors
engagé dans d'immenses travaux. En même temps
qu'il rédigeait tous les articles de la Revue mu-
sicale, il s'était chargé de feuilletons de musi-
que dans les journaux XeiYaiioHflZ et Le Temps;
il publiait deux volumes intitulés, l'un La Mu-
sique mise à la portée de tout le monde, l'au-
tre, Curiosités historiques de la Micstque,
589
FÉTIS
qui forme le complément du premier de ces deux
ouvrages. Dans plusieurs écrits , il avait essayé
do déiïiontrer que si l'histoire de l'art indique un
développement progressif dauR les formes et
d'avancement dans les moyens, il n'y a eu que
transformation dans le but, qui est d'émouvoir.
Des préjugés répandus non-seulemeut parmi les
gens du monde, mais aussi chez les artistes,
foiit considérer la musique comme étant dans une
1 progression incessante, et ont pour résultat de
faire rejeter comme suranné tout ce qui n'est
pas de l'époque et d'ébranler la foi de l'artiste
dans la réalité de sou art. Pour combattre ces
préjugés, M. Fétis fonda, en 1832, ses Concerts
historiques, dont il est juste cependant de faire
remonter l'idée première à Choron. Les concerts
de la musique des seizième et dix-septième siè-
cles et celui de l'origine et des développements
de l'opéra en Italie, en France et en Allemagne,
excitèrent le plus vif intérêt, et prouvèrent qu'à
toutes les époques, et quels que soient les moyens,
l'art consiste dans le vi'ai. Vers la tin de la
même année M. Fétis se rendit en Belgique, où,
au mois de mars suivant, il fut nommé maître
de chapelle du roi et dh'ecteur du conservatoire
de Bruxelles. Depuis lors il a publié une Bio-
graphie universelle des Musiciens, précédée
d'un remarquable résumé de l'histoire delà mu-
sique ; ce travail est le plus complet qui ait paru
en ce genre. 11 a donné aussi un Traité complet
de la théorie et de la pratique de VHarmo-
nie, ouvrage dans lequel il a développé les idées
qu'il avait formulées d'une manière succincte dans
sa Méthode élémentaire d' Harmonie et d'Ac-
compagnement.
Voici la liste des principales productions
de M. Fétis : Oi>ék\5 : L'Amant et le Mari,
deux actes, au théâtre Feydeau ( 1820); — Les
Sœurs Jumelles , un acte , au même théâtre
(1823); — Marie Siuart en Ecosse, trois
acte» ( 1823 );— Le Bourgeois de Reims (1824),
ouvrage composé à l'occasion du sacre de Char-
les X; — La Vieille, un acte, au théâtre Fey-
deau ( 1826) ; — Le Mannequin de Bergame ,
un acte, au théâtre Ventadour ( 1832) ; — Phi-
dias, deux actes, pour l'Opéra (non représenté).
— MusiQun UE CHANT : Deux nocturnes et une
canzonnelte. — Musiqued'église : Mse?-ere, pour
3 voix d'homme, sans accompïignement ; messe
à 5 voix et chœurs, avec orgue, violoncelle obligé
et contrebasse; messe de Requiem, pour 4 voix
et chœur, avec accompagnement de 6 cors,
4 trompettes, 3 trombones, cor à clef, serpent,
ophicléide et orgue, composé pour le service des
patriotes belges et exécuté à Bruxelles le 23 sep-
tembre 1833; plusieurs messes, motets, litanies,
hymnes et antiennes pour 3, 4 et 5 voix avec orgue
écrits pour la chapelle de la reine des Belges;
Lamentations de Jérémie , à 6 voix et orgue.
• — Musique instrumentale : M. Fétis a publié
des pièces d'harmonie à 8 parties, des sonates ,
fantaisies et variations pour le piimo; un gran;!
FETÏAHI 590
duo pour piano et violon; un sextuor pour piano
à 4 mains, 2 violons, alto et basse; il a écrit
en outre un grand nombre d'autres morceaux de
musique instrumentale, qui sont restés manus-
crits et qui consistent eu pièces d'orgue de tous
genres, quatuors, quintettes, sextuors, sympho-
nies , etc. — Ouvrages didactiques , histori-
ques ET cFJTiQDES : Méthode élémentaire et
abrégée d'Harmonie et d'Accompagnement;
Paris, 1824; — Traité de la Fugue et du Con-
trepoint, composé pour l'usage du Conserva-
toire; Paris, t825; — Traité de l'Accompa'
gnement de la Partition ; Paris, 1829; — Sol-
fèges progressif s , avec accompagnement de
pîftHo, précédés de V Exposition raisonnée des
Principes de la Musique; Paris, 1827 ; — Re-
vue musicale, huit années (1827-1834), 15
vol. dont 10 in-8° et 5 in-4» ; — Mémoire sur
cette question mise au concours en 1828 par
l'Institut des Pays-Bas : Quels ont été les mé-
rites des Néerlandais davs la musique, prin-
cipalement aux quatorzième , quinzième et
seizième siècles ; etc. ? — La Musique mise à
la portée de tout le monde; Paris, 1830,
in-S*^; — Curiosités historiques de la Musi-
que; Paris, 1830, 1 vol. in-8'' ; — Biographie
universelle des Musiciens et Bibliographie
générale de la Mttsique ; Paris et Bruxelles,
1834 à 1844, 8 vol. in-8»; — Manuel des Prin-
cipes de Musique à l'usage des professeurs et
des élèves de toutes les écoles , particulière-
ment des écoles primaires; Paris, 1837,
in-8° ; — Traité du Chant en chœur, à
l'usage des directeurs des écoles de chant et
des chefs de chœur des théâtres; Paris, 1837,
Jn-4°; — Manuel des jeunes Compositeurs ,
des chefs de musique militaire et des direc-
teurs d'orchestre; Paris, 1837, grand in-4° ;
— Méthode des Méthodes de Piano ; Paris,
1837; — Méthode des Méthodes de Chant;
— Traité complet de la théorie et de la pra-
tique de l' Harmonie. — Notice historiqtie sur
N. Paganini, précédée d'une Esquisse de l'his-
toire du Violon; Paris, 1851, in-8°. — On an-
nonce comme devant paraître prochainement une
Philosophie de la Musique, une Histoire gé-
nérale de la Musique, et le Plain-Chant j/re-
(jorien ramené et restitué à ses véritables
sources.
M"'" Fétis (Adélaïde- Louise-Catherine), née
à Paris, le 23 septembre 1792, s'est livrée à l'é-
tude des arts sous la direction de son mari. On
lui doit une traduction française du livre de
W.-C. Stafford intitulé il Lllstory of Music,
publiée en 1832, sous le titre de : Histoire de
la Musique, traduite de l'anglais avec des
notes, des corrections et des additions.
Dieudonné Denne-Baron.
llevuc musicale. — Bioçiraphie imiwrsellc dex Mu-
siciens ; \o\r dans cet ouvrage la notice faite sur lui-
iiiôine par M. Fétis. — J. d'Ortiguc, Dictionnaire delà
Conversation.
■■■yKT'i'Mii NîscHAnouRÏ {hihija-ben-Setn-
591 FETTAHI -
mak, surnommé Asrari, Khomari et),poëte
persan , mort en 852 de l'hégire ( 1448 de J.-C. ).
On a de lui : Schebistan-i-Khial (l'Apparte-
ment de nuit de l'Imagination ), poëme qui a été
commenté par Sorouri; — Hosn we DU (la
Beauté et le Cœur ) , poëme traduit en anglais
sous le titre de Beaiity and Heart, par Ar-
thur Browne; Dublin, 1801, in-4'', et par W.
Price; Londres, 1828, in-4°; — Asrar-i-Kho-
mar (les Mystères de l'ivresse). E. B.
Doulelschah, Tedzkiret as-Schoara, ch. V. — Ilahi,
Khazineh kendj. — Taki ed-din Kaschi , Kholasset al-
Aschaar, ch. III. — Hadji-Khalfah , Lexic. bibliog., édlt.
Fluegel, t. III, n° 4502, IV, 7415. — J. de Hammer, Gesch.
der scfiœnen Redck. Persiens, p. 291.
* FETTi ( Giovanni ) , sculpteur florentin, du
quatorzième siècle. D'une pièce publiée par Bal-
dinucci, il appert qu'en 1367 il sculpta une figure
de La Force pour la Loggia de' Lanzi de Flo-
rence, et qu'il commença celle de La Tempérance,
que la vieillesse ne lui permit pas d'achever.
Vasari et tous les autres écrivains d'après lui
avaient attribué ces figures à Orcagna.
Baldinucci , Notizie.
FEU {Jean), magistrat français, né à Or-
léans, en 1477, mort le 17 novembre 1549. Il fut
un des professeurs qui par leur érudition mirent
en renom l'université d'Orléans. En 1518 il fut
nommé sénateur de Milan par François F", et
plus tard second président au parlement de
Rouen. Il siégea, au lit de justice du 16 décem-
bre 1527, parmi les juges qui déclarèrent innocent
l'amiral Chabot. L'épitaphe qu'on lui a composée
fait allusion au nom qu'il portait; elle est ainsi
conçue :
Heu! clnls est hodle qui fuit ignis heri.
Les traités dont il est l'auteur ont été réunis
sous.ce titre : Joannis Ignei Opéra ; Lyon, 1509,
et 1607, 3 vol. in-fol.
Pasquier, OEuv. — Journal des Savants, 1692, 1695.
FEU ( François ) , théologien français , né à
Massiac ( Auvergne ), en 1633 , mort à Paris, le
26 décembre 1699. Il fut grand-vicaire de Rouen,
puis curé de Saint-Gervais à Paris en 1686. Il
était docteur de Sorbonne, et publia vers la fin
de sa vie un Cours de Théologie, qu'il n'eut pas
le temps d'achever. Les deux premiers volumes
parurent à Paris, 1692, 1695, 2 vol. in-4°. Son
neveu, qui s'appelait aussi François Feu , lui suc-
céda dans la cure de Saint-Gervais, et adminis-
tra cette paroisse pendant plus de soixante ans.
Il mourut à Paris, le 3 avril 1761, âgé de plus
de quatre-vingt-dix ans.
Dupin , Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques du
dix-septième siècle. — Moreri, Grand Dict. hist.
FEU -ARDENT {François), controversiste
français, né à Coutances, le 1^'" décembre 1539,
mort le 1*"" janvier 1610. 11 fit ses premières
études à Bayeux, et renonça à l'espoir d'une
forte succession pour entrer dans l'ordre des
Cordeliers. Après sa profession, on l'envoya à
Paris , où il se fit recevoir docteur en théologie ,
le 5 mai 1576, Il se livra avec beaucoup d'ar-
FEUCHÈRE 592
deur à la prédication et à la controverse. Doué
d'un tempérament parfaitement conforme à
son nom , il combattit les hérétiques à toute ou-
trance, et devint un de leurs plus violents adver-
saires. Son zèle catholique l'entraîna dans la Ligue,
qu'il soutint par des prédications véhémentes et
particulièrement injurieuses pour Henri III et
Henri IV. On a de lui une trentaine d'ouvrages ;
les principaux sont : Sancti Irenxi, Lugdunensis
episcopi, adversus Valentini et similium
gnosticorum hasreses, Libri V; Paris, 1576, in-
fol. Cette édition, revue sur un ancien manuscrit,
est accompagnée d'un commentaire savant, mais
trop prolixe; —Semaine première des dialo-
gues, auxquels sont examinées et confutées
cent soixante-et-quatorze erreurs des calvi-
nistes; Paris, 1585, in-8°; — Seconde Semaine
de dialogues , auxquels entre un docteur ca-
tholique et un ministre calviniste sont pai-
siblement examinées et confutées quatre cent
soixanfe-et-cinq erreurs des hérétiques; Pa-
ris, 1598, 2 vol. in-8'' ; — Examen des confes-
sions , prières, sacrements et catéchisme des
calvinistes; où ils sont convaincus de six
cent soixante-et-six tant contradictions, er-
reurs, que blasphèmes contenus en iceux,
Paris, 1599, in-8° ; seconde édition augmentée,
Paris, 1601, in-8°. D'après le P. Nicéron, « on
trouve partout dans cet ouvrage l'emportement
ordinaire à cet auteur, qui y débite, outre cela,
d'une manière fort indécente , bien des histo-
riettes sur les femmes et les servantes des mi-
nistres, qui n'ont d'autre fondement que son
imagination » ; — Entremangeries ministrales ;
c'est-à-dire, contradictions, injures, con-
damnations et exécutions mutuelles des mi-
nistres et prédicants de ce siècle; Caen, 1601,
in-8°; — Theomachia calvinistica ; Paris,
1604, in-4''. Feu- Ardent prétend signaler et ré-
futer dans cet ouvrage quatorze cents erreurs
des calvinistes. « On voit que Feu-Ardent pre-
nait plaisir à les multiplier ( les erreurs ) ; mais
cela ne doit pas surprendre, puisque, sur l'arti-
cle seul de la Trinité , sur lequel ils sont d'ac-
cord avec nous, il leur en trouve jusqu'à cent
Soixante-quatorze et même jusqu'à deux cents, m
W^addiDg, Scriptores Ordinis Minorum. — Possevin,
Apparatus sacer, t. I , p. 496. — Bayle, Dictionnaire
historique et critique. — Nicéron, Mémoires pour ser-
vir à l'histoire des hommes illustres , t. XXXIX.
FEUCHÈRE {Jean-Jacques), sculpteur fran-
çais, né à Paris, le 24 août 1807, mort dans la
même ville, le 25 juillet 1852. Il fut élève de Cor-
tot et de Ramey, et débuta au salon de 1831 par
deux statues, Judith et David montrant la tête
de Goliath, qui furent très-remarquées ; mais on
lui reprocha de trop affecter le caractère des
grands maîtres du seizième siècle. Depuis lors il
produisit avec une singulière fécondité, et exposa
successivement : Raphaël, marbre ( 1835) ; —
Sa^aw, bronze (même année); — La Renais-
sance des Arts, bas-relief ( 1836); — Benve-
nuto Cellini (1837); — Sainte Thérèse, sta»
593
tue de pierre pour La Madeleine de Paris ( 1 840 ) ;
— La Poésie, groupe de bronze (1841); —
Bossuet, statue de pierre pour la fontaine Saint-
Sulpice de Paris ; — Jeanne d'Arc sur le bû-
cher (1845) ; et un grand nombre de bustes, parmi
i lesquels ceux d6 M""" Théodorine Mélingue, de
Provost (du Théâtre-Français), de Raffet, etc.
I Outre ces ouvrages, on doit à Feuchère le j1/o-
1 nument élevé à Georges Cuvier, au coin de
I la rue Saint-Victor; — Le Passage du Pont
I d' Aréole, bas-relief de l'Arc de Triomphe de
i l'Étoile ; — Le Fronton de l'église Saint-Denis
du Saint-Sacrement, œuvre qui a été critiquée
vivement, et une quantité de bas-reliefs, d'orne-
ments, d'excellents modèles pour l'orfèvrerie et
les bronzes de luxe. Feuchère était surtout re-
marquable par la facilité de son exécution, la
variété de ses types et de ses attitudes ; mais sa
sculpture manque de grâce et de correction.
Dictionnaire de la Conversation.
FEUCHÈRES (SopMc Dawes OU Daws, ba-
ronne de), née vers 1795, à l'île de Wight,
morte en Angleterre, le 2 janvier 184i. Fille d'un
pêcheur et élevée par charité, elle parut, dit-on ,
quelque temps au théâtre de Covent-Garden. La
première partie de sa vie est inconnue, et ce
qu'on en a raconté mérite peu de confiance. En
1817, elle fut admise dans l'intimité du duc de
Bourbon, et prit bientôt sur son esprit un ascen-
dant sans boi'nes. Elle épousa, en 1818, M. le
baron de Feuchères, et reçut à cette occasion
du duc de Bourbon une rente de 72,000 francs.
De graves dissentiments ne tardèrent pas à écla-
ter entre les deux époux, et amenèrent, en 1822,
un procès qui eut pour résultat une séparation
de corps et de biens. Continuant d'habiter avec
le duc de Bourbon, enrichie par ses bienfaits, qui
s'élevaient à plusieurs millions , pouvant comp-
' ter sur une large part dans sa succession, M™^ de
Feuchères , qui ne s'aveuglait pas sur les diffi-
cultés et les dangers d'une position aussi équi-
voque , résolut de se créer des protecteurs puis-
sants, en se dévouant aux intérêts de la famille
d'Orléans. A force d'instances, qui allèrent, dit-
on, jusqu'à l'extrême obsession, elle obtint que
le duc de Bourbon fût le parrain du duc d'Au-
male et léguât à son filleul la plus grande partie
de son immense fortune. Ce fameux testament,
qui devait donner lieu à tant de récriminations,
est daté du 30 août 1829 (1). Onze mois plus
tard, la révolution de Juillet vint rendre très-
(i; M. Diipin, dans le I^'' volume de ses mémoires,
montre que le duc de Bourbon avait d'abord voulu
adopter le duo d'Aumale, et qu'il s'était arrêté seule-
ment devant des formalités nombreuses et compliquées.
« J'ai pensé, dit-il, qu'il était bon, en présence de tant
de passions qui ont laissé des traces de leur venin dans
les journaux du temps, d'ajouter la preuve morale qui
résulte de ces projets d'adoption discutés entre les con-
seils des deux princes, pour montrer que bien avnnt sa
mort, et bien avant la révohition de Jiiillct, le duc de
Bourbon avait la volonté très- arrêtée de faire de M. le
duc d'Aumale sou liéritici-, et qu'on n'avait liésilé que
sur la forme, adoption ou testament. »
FEUCHÈRE — FEUCHÈRES
59^
! difficile la situation du duc de Bourbon Ses tra-
ditions de famille lui faisaient un devoir impé-
rieux d'aller rejoindre dans l'exil le prince dé-
i trôné; d'un autre côté, il lui était très-pénible,
; à son âge , de quitter ses domaines et la France,
pour aller vivre à l'étranger. On a acGusé M™^ de
Feuchères de n'avoir rien fait pour adoucir les
perplexités du duc de Bourbon, de les avoir
augmentées, au contraire, en s'opposant obsti-
nément à son départ. On a rapporté aussi que le
jour qui précéda la mort du duc fut marqué par
une violente altercation entre lui et M""" de Feu-
chères. Mais tous les récits relatifs aux derniers
jours du malheureux prince sont si fortement
î empreints de passion qu'il faut les consulter avec
une extrême défiance. Nous nous contenterons
de rapporter des faits bien constatés. Dans la
matinée du 27 août 1830 , le duc de Bourbon fut
trouvé pendu à l'espagnolette d'une fenêtre de
sa chambre à coucher. La justice fut appelée
immédiatement à faire une enquête sur ce déplo-
rable événement. Après une instruction minu-
tieuse, la chambre du conseil rendit l'ordon-
nance suivante : « Attendu qu'il résulte de l'in-
formation que la mort du prince a été volontaire
et le résultat d'un suicide; que la vindicte pu-
blique n'a dans cette circonstance aucun rensei-
gnement nouveau à rechercher ni aucun cou-
pable à poursuivre , et que la procédure est
complète, déclare qu'il n'y a lieu à suivre. »
Malgré cette décision judiciaire , la rumeur pu-
blique fit planer sur madame de Feuchères des
soupçons que les passions politiques du moment
firent même remonter plus haut. On prétendit
que le duc de Bourbon était sur le point de quit-
ter la France et de rompre avec M""' de Feu-
chères ; qu'il voulait revenir sur ses dispositions
testamentaires et transmettre au duc de Bor-
deaux les biens d'abord destinés au duc d'Au-
male (1). On soutint que si la justice n'avait pas
recueilli les traces d'un assassinat, c'était faute
de les avoir suffisamment cherchées. On releva
avec soin quelques circonstances qui semblaient
prouver l'invraisemblance et même l'impossibilité
du suicide. Ces accusations et une plainte des
princes de Rohan, héritiers naturels, décidèrent
le procureur du roi de Pontoise à demander un
supplément d'instruction. La cour de Paris évo-
qua l'affaire, par arrêt du 2 février 1831. Cette
(1) .4 cette opinion, généralement accréditée touchant le
changement survenu dans les dispositions du duc de Bour-
bon à l'égard du roi Louis-l'hilippe et de sa famille, on
peutopposer plusieurs témoignages, et entre autres celui
de M. Dupin. « Après la révolution de Juillet, dit ce ju-
risconsulte, le duc de Bourbon avait conservé pour M. le
duc d'Orléans les mêmes sentiments qu'il lui avait tou-
jours montrés ; et j'ai tenu dans mes mains l'original
de la lettre qu'il lui écrivit le 8 août, veille de la séance
royale du serment, lettre pleine d'affection, dans laquelle
il exprimait le regret de ce que sa mauvaise santé ne lui
permettait pas d'assister à cette séance. »I1 ajoutait : « Je
vous écris, iMonsieur, conune au lieutenant général du
royaume. — Demain je serai do creur avec vous, et vous
trouverez toujours en moi un sujet aussi fidèle que dé-
voué. » C Mémoires, t. 1, p. 340. )
595
FEUGHÈRES —
seconde enquête aboutit , comme la première , à
une ordonnance de non-lieu. Les princes de Ro-
lian attaquèrent alors le testament pour capta-
tion , suggestion et violence. Ils perdirent leur
procès après des débats retentissants, qui ne con-
Jirmèrent pas les soupçons, mais qui ne les firent
non plus pas disparaître, « Madame de Fenchères,
dit M. Louis Blanc, gagna son procès devant les
tribunaux , et le perdit devant l'opinion pu-
blique. » Les témoignages de considération que
lui donna le roi Louis-Philippe en la recevant à
la cour ne la dédommagèrent pas des sévérités
du public (1). Elle ne tarda même pas à être en-
traînée dans un procès contre la famille royale à
propos du legs d'Écouen , legs que le roi refusa
d'autoriser, et dont elle poursuivit vainement la
revendication devant tous les degrés de juridic-
tion. A partir de ce moment , M"'® de Feuchèrcs
rentra dans l'obscurité. Ses dernières années ,
remplies , dit-on , en grande partie par des actes
de bienfaisance, n'ont pas laissé de traces dans
l'histoire. Elle mourut d'une angine. Si l'on en
croit les témoins de sa fin, elle garda à ses
derniers moments un calme qui semblait pro-
tester contre la terrible accusation dont elle avait
été l'objet. La baronne de Feuchères légua son
immense fortune, à sa nièce, M"^ Sophie Tan-
ceron (2).
Gazette des Tribunaux (ann. 1830-1831). — Louis Blanc,
Histoire de dix ans, t. II. — Appel à l'opinion pnbliqiie
sur la mort de Louis-Henri de Bourbon , prince de
Condé; Farls, 1831, ln-8°. — l/abbé Pcllicr de La Croix
(aumônier du duc de Bourbon), V Assassinat du der-
nier des Condé démontré , contre la baronne de Feu-
chères et ses avocats, suivi d'observations sur les pro-
cès-verbaux et de pièces importantes et inédites con-
cernant l'enquête, le fameux testament et son procès;
Paris, 1832, in-8o. — Théodore Anne et Rousseau , La
Baronne et le Prince; 1832, 4 vol. in-12. — Albert de
Calvimont, Le Dernier des Condé. — Histoire complète
et impartiale du procès relatif à la mort et au testa-
ment du duc de Bourbon, prince de Condé; Panis, 1832,
in-18. — Examen de la procédure criminelle iiutruite
à Saint-Leu, à Pantoise, devant la Cour royale de Pa-
ris, stir les causes et les circonstances de la mort de
S. A. M. le duc de Bourbon ; Paris, 1832, in-8'=.
* FESJCHTERSLEBEN (Édouarcl) , médecin
et philosophe allemand , né à Vienne, le 29 avril
1806, mort le 3 septembre 1849. Élève de l'A-
cadémie équestre de Sainte-Thérèse , il s'appli-
qua à l'étude de la médecine. En 1833 il obtint
le titre de docteur; en 1845 il fut nommé doyen
de la Faculté de Médecine de Vienne, et en
(1) Tout le tenops que M. Dupin occupa » comme pré-
sident de la chambre des députés, le palais Bourbon,
lyime de Feuchèrcs, qui demeurait dans les appartements
du teu duc de Bourbon, ne put obtenir, malgré les ins-
tances les plus pressantes, d'être admise aux bals de la
présidence. Des démarches réitérées à cet effet auprès
de M. Dupin de la part de personnes qui s'autorisaient,
pour insister, de la réception de M™'= de Feuchères aux
Tuileries, n'obtinrent de lui que cette réplique : «Le
roi a le droit de faire grAce ; moi, je ne l'ai pas. »
(2) M. le baron Ad. -Vie. de Feuchères fit donation aux
hospices de Paris de la totalité de ses droits successifs
dans la succession de Sophie Dawes , sa femme ( Moni-
teur, 29 Juillet , 1841 ;. Plus tard il fit donation à l'armée
d'une somme de 100,000 fr. {Moniteur, 5 janvier 184S ).
FEUERBACH si
1847 vice-directeur des études médico-chirur-î
gicales. En 1848 il refusa le portefeuille de minis-
tre de l'instruction publique , et consentit seule-
ment à remplir temporairement les fonctions de
sous-secrétaire d'État, qu'il abandonna bientôt
pour rentrer dans la vie privée, dont sa santé
lui faisait un besoin. On a de lui : Ueber das
hippokratische bvste Buch von der Dïxtetili.
( Du premier livre de la Diététique d'Hippocrate );
Vienne, 1835 ; — Zur Dixtetik der Seele (De
la Diététique de l'Ame) ; Vienne, 1838; — Ueber
die Gewissheït und Wuerde der Heïlkunst( De
la Certitude et de la dignité de l'Art de guérir) ;
Vienne, 1839; — Lehrbuch der aerztlichen
Seelenkunde (Manuel de la Connaissance mé-
dicale de l'Ame); Vienne, 1845. Les œuvres
com[)lètes de Feuchtersleben , moins les œuvres
uniquement médicales, ont été publiées par le
poète Hebbel; Vienne, 1851-1852.
Conv.-Lexikon. ■-.'■■
FECDRîx. Voy. Bréquigny.
FEUERBACH (Pmil-Joseph-Anselme), célèbre
criminaliste allemand, né à léna, le 14 novembre
1775, mort à Francfort-sur-le-Mein, le 29 mai
1833. Il fit ses études à Francfort et à léna. Pré-
disposé à la philosophie par les excellentes leçons
de son professeur Reinhold, il s'appliqua ensuite
au droit positif. Après avoir publié deux ou-
vrages intitulés, le premier : Anti-Hobbes , etc.
( l'Anti-Hobbes, ou des limites du pouvoir civil
et du droit de contrainte des sujets contre leurs
souverains), Erfurt, 1798; le second ayant pour
titre : TJntersuchung ueber das Verbrechen
des Hochverraths (Recherches sur le Crime de
haute Trahison), ibid., 1798, Feuerbach ouvrit
l'année suivante, 1799, des cours académiques
à léna. Les ouvrages qu'il publia firent de lui le
chef des rigoristes : c'est ainsi qu'on désigne
les jurisconsultes qui font de l'intimidation le
but de la peine. Avec Fichte , Feuerbach veut
que le droit de l'individu soit le principe de la
ioi; et avec Kant, il pense que la raison pra-
tique, c'est-à-dire le principe moral , doit être
aussi le principe de la loi positive. Dans ce sys-
tème le droit a la même fin que la morale, qui le
fimite et le sanctifie : d'où la conclusion pratique
de la subordination des décisions du juge au
texte des dispositions pénales. Mais alors il faut
supposer que le législateur ne se méprend ja-
mais sur la loi morale; la est le danger du sys-
tème du criminaliste allemand. En 1801 Feuer-
bach fut nommé professeur ordinaire de droit, et
en 1802 il passa en !a même qualité à Kiel. Deux
ans plus tard il se rendit à l'université de Lands-
hut, où on lui proposa de rédiger un projet de
code pénal pour la Bavière. Il fit alors (1805)
le voyage de Munich, devint référendaire intime
au département de la justice et de la police , et
en 1808 il fut nommé conseiller privé. La ré-
forme de la législation pénale en Bavière, com-
mencée dès 1806 par la suppression de la torture,
fut complétée sur l'œuvre de Feuerbach, et, après
697
quelques épreuves et amendements, le 16 mai
1813 parut le Sira/gesetzbucli fuer das Kœnïcj-
reich Baiern ( Code pénal ix)nr le royaume de
Bavière). Ce code servit de base à la législation
nouvelle projetée pour les pays de Saxe- Weimar
et de Wurtemberg. Oldenbourg l'adopta égale-
ment, et il fut traduit en suédois. En même temps
Feuerbacb fut chargé d'adapter à la législation
civile de la Bavière le Code Napoléon ; mais ce
travail resta à l'état de projet. Parmi les ouvra-
ges qu'il publia ensuite , celui qui est intitulé :
Betrachtimgen ueberdas Geschivornengericht
( 01)Scrvations sur l'Institution du jury ) , Lands-
hut, 1812, provoqua de nombreuses discus-
sions, l'auteur se montrant opposé à cette institu-
tion. A l'époque des dernières guerres de l'Alle-
magne, Feuerbacb manifesta dans ses écrits
les sentiments les plus patriotiques. En 1817 il
fut nommé second président du tribunal d'appel
de Bamberg, puis premier président du tribunal
d'appel du cercle de Rézat , siégeant à Anspach.
En 1821 il visita Paris, Bruxelles et les provinces
rhénanes. Attentif à tout ce qui pouvait intéresser
la chose publique dans son pays, il s'éleva vive-
ment en 1822 contre l'introduction des adminis-
trations presbytérales. Dans les dernières années
de sa vie il témoigna une vive sympathie pour
Gaspard Hauser, cet enfant dont le sort pro-
duisit en Europe une si profonde sensation, et il
composa un ouvrage qui fut le premier résumé
critique des faits relatifs à cet événement mys-
térieux. Feuerbacb mourut dans un voyage aux
eaux de Scbwalbacb. Outre les ouvrages cités,
on a de lui : Revision der Grundsaetze wid
Grundbegriffe des pelnlic/ien Rechts ( Révision
des Principes et des notions fondamentales du
Droit pénal) ; Erfurt, 1799, 2 vol. ; — Bibliotnek
fuer die peinliche Rechiswissenschaft (Biblio-
thèque de la Science du Droit pénal), 1800-1801 ;
de concert avec Harscher d'Alraendingen et
Grolmann ; — Lehrbuch des gemeinen , in
Deutschland geltenden peinlichen Privai-
rechts (Manuel du Droit pénal commun établi
en Allemagne) ; Giessen, 1801 et 1847, l'i''édit.,
par Mitterinaier ; — Kritik des Kleinschrod'-
schen Entwurfs zu einem peinlichen Gesetz-
buche fuer die bairischen Staaten (Critique
du Projet de Code pénal de Kleinschrod pour
les États bavarois); Erfurt, 1804 , 2 vol.; —
Merkwuerdige Criminal- Rechtsfaelle (Cas
remarquables de Jurisprudence criminelle) ; Er-
furth, 1808-1811, 2 vol., et 1818, 2" édit.; —
Themis, uder Beitrxge zicr Gesetzgebung,
(Thémis, ou matériaux pour la législation);
Erfnrt, 1812; — Veber deutsche Freiheit uncl
Vertretung deutscher Voelker durch Land-
staende ( De la Liberté germanique et de la
représentation des peuples allemands par les
états des pays); Leipzig, 1814; — Ueber
die Gerichlsverfossung und das gericht-
Ikhe Verfahren Frankrc'ichs ( Sur la cons-
titution judiciaire et la procédure en France)
FEUERBACH 598
Giessen, 1825; — K. Hauser, ein Beispiel eines
Verbi-echens am Seelenleben (G. HauSer, exem-
ple d'un attentat à la vie de l'âme ) ; Anspach ,
1832; — Kleine Schriften vermischten In-
haUs (Opuscules ou mélanges); Nuremberg,
1833. La vie de cet éminent jurisconsulte a été
écrite par Louis Feuerbacb, son fils. V. R.
L. Feuerbach, I.eben und rf^trken Jns. von Feuer-
bach; Leipzig, 1852.— Dict. des Sciences pkil. — Conv.-
Lexikon.
* FEUERBACH (Anselme), fils aîné l du
précédent, archéologue allemand , né le 9 sep-
tembre 1798. 11 fut nommé professeur d'ar-
chéologie à Fribourg en 1851. On a de lui : Der
Vaticanische Apollo (L'Apollon du Vatican);
Nuremberg, 1833. Cet ouvrage contient d'im-
portantes observations archéologiques.
Conversations- Lexikon.
FECERBACii {Charles -Guillaume), frère
puîné du précédent, mathématicien allemand,
né le 30 mai 1800, mort le 12 mars 1834. Il pro-
fessa les mathématiques à Erlangen, et se fit con-
naître par les ouvrages suivants : Eigenschaf-
ten einigermerkwuerdiger Punkte des gerad-
llnigen Dreiecks (Propriétés de quelques points
remarquables du Triangle équilatéral ) ; Nurem-
berg, 1822; — Grundriss %u analytischen
Untersuchungen der dreieckigen Pyramide
( Principes de la recherche analytique des Pyra-
mides triangulaires) ; Nuremberg, 1827.
Conversations-Lexiko7i.
*FEiiERBACB (Édouard-Auguste), troisième
fils de Paul-Joseph-Anselme , jurisconsulte alle-
mand, professeur de droit à l'université d'Er-
langen depuis le 25 avril 1843 ; il s'est fait con-
naître par un ouvrage ayant pour titre • Die
Lex salica und ihre verschiedenen Recen-
sionen ( La Loi sahque et ses diverses recen-
sions); Erlangen, 1831.
Conversations-Lexikon. "'."
* FEUERBACH (Fi'édéric-Ilenri), quatrième
(ils de Paul-Joseph- Anselme , orientaliste alle-
mand, né le 29 septembre 1806. Il étudia à
Paris les langues orientales et les langues
modernes. Outre des traductions en vers tirées
du sanscrit, de l'italien et de l'espagnol, on a de
lui : Theanthropos ; Zurich, 1838; — Religion
der Zukunft ( Religion de l'Avenir ) ; Nurem-
berg et Berne, 1843-1847.
Conversations-Lexikon.
;^ FEUERBACH { Louis- André) , philo-sophe
allemand, né à Anspach, le 28 juillet 1804. Il
reçut sa première instruction dans sa ville na-
tale, vint ensuite à Heidelberg en 1822, et y
suivit des cours de théologie sous Paulus et
Daub. En 1824 il se rendit à Berlin pour y en-
tendre Hegel , et l'année suivante il abandonna
la théologie, pour ne plus s'occuper que de phi-
losophie. Après avoir été quelque temps répéti-
teur universitaire (Privaldoccnt), il quitta
renseignement, et se iivra uniquement aux tra-
vaux littéraires. On a do lui : Gcschichte der
neucrn Philosophie von- Bacon von Veru-
599
FEUERBACH — FEUERLEIN
600
lam bit Spinoza (Histoire de la Piiilosophie
moderne, depuis Bacon de Vernlam justju'à
Spinoza); Anspacii, 1833; — Abœlard und
Heloise oder der Schriftsteller und der
Mensch ( A-bélard et Héloïse, ou l'écrivain et
l'homme); ibid., 1834; — Darstellung, Ent-
tvikelung und Kritik der Leibniz' schen Phi-
losophie (Exposé, développement et critique
delà Philosophie de Leibnitz) ; ibid., 1837 ; —
Pierre Baijle,nach seinenfiierGeschichteund
Menschheit interessanten Momenten (Pierre
Baylc, jugé d'après ses époques intéressantes pour
l'histoire de la philosophie et de Thumanité);
ibid., 1838; — Ueber Philosophie und Chris-
tenthum in Beziehung auf den der HegeV-
schen Philosophie gemachten Vorwiirf der
Uncristlichkeit ( De la Philosophie et du Chris-
tianisme au point de vue du reproclie de non-
chnslianisnic fait à la Philosophie de Hegel);
Manheim, 1839; — Das Wesen des Christen-
thums (L'Essence du Christianisme); Leipzig,
1841 et 1843, 2'^ édit. ; — Grundsaetze der
Philosophie der Zukunft (Principes delà Phi-
losophie de l'Avenir ); Zurich, 1843; — Das
Wesen der Zukunft (L'Essence de l'Avenir);
Zurich, 1843; — Das Wesen des Glaubens
im Sinne Luthers (L'Essence de la Foi dans le
sens de Luther); Leipzig, 1844; — Vorlesun-
gen ueber das Wesen der Religion (Leçons
sur l'Essence de la Religion), dans les œuvres
complètes {SxinmtUc/ien Werken); Leipzig,
1846-1851, 8 vol.
Conversations-Lexikon.
FEUERLEIN ( Conrad), surnommé Z'^wciew,
théologien allemand, né à Schwahach, en 1629,
mort le 29 mai 1704. 11 étudia la musique à
Nuremberg, et acquit son instruction littéraire
à Ratisbonne, à léua, à Leipzig et à Wittem-
berg. Il ffft ministre dans plusieurs localités , en
dernier lieu à Nuremberg. Il laissa des Ser-
mons , des Dissertations sur divers sujets de
théologie.
Pipping, Mem. theolog.
FEUERLEIN (Jean-Conrad), fils de Conrad
V Ancien , théologien allemand , né le 5 janvier
1656, mort le 3 mars 1718. Il étudia et devint
maître es arts à Altorf , voyagea en Hollande et
en Angleterre, et remplit diverses fonctions
ecclésiastiques à Nuremberg. En 1709 il fut
nommé surintendant général (archevêque pro-
testant) à Nordlingen. On a de lui : De Imma-
teriaUtate Mentis humanas; — Predigten
(Sermons).
Jôeher, ^llg. Gel.-Lexik,
FEUERLEIN {Jacques-Guillaume) , fils de
Jean-Conrad , savant théologien allemand , né à
Nuremberg, en 1689, mort le 10 mai 1776. Il
étudia à Altorf, à léna, enfin à Leipzig. Revenu
à Altorf en 1713, il y devint en 1715 professeur
d'histoire, puis de métaphysique. En 1730 il fut
appelé à professer les langues orientales et la
théologie; en 1736 il fut nommé intendant géné-
ral de l'école supérieure de Gœttingue, où i\
finit ses jours, après avoir été nommé conseiller
consistorial. Parmi ses nombreux ouvrages ou
dissertations, dont le chiffre s'élève à cent-six,
dit-on, on remarque: Dissertatio dedubitatione
cartesiana perniciosa; léna, 1711, in-4''; —
Dissertatio ostendens in quantum Cartesio
atheismus ac scepticismus possint imputari;
i'ijid., 1712, in-4°; — De Logica hieroglijphica ;
1712, in-4"; — De variis modis logicam tra-
dendi, speciatim de logica symbolica; ibid.,
1712, in-4"; — Disputaiio de regulis gênera-
libus quibus scripta supposititia et interpo-
lata dignoscuntur ; 1726; — Cursus Philo-
sophise eclecticx; Altorf et Nuremberg, 1727,
in-fol.; — Compendium Theologix symbolicx;
1744; — Bibliotheca sy7nbolica, evangelica,
lutherana; Gœttingue, 1732, in-4°; — Dispu-
tatio de errore Augustini solos fidèles esse
legitimos possessores rer^im; 1739, in-4°;'' —
Disputatio de Confessione Augustana, eodem
quo exhibita fiiit, anno 1530, septies im-
pressa; 1741, in-4°; et Nuremberg, 1766, édi-
tion considérablement augmentée; — Wat
Plattduitsches ( Recueil en bas allemand ) , en
trois parties contenant le catalogue de 94 ou-
vrages conçus dans ce dialecte; ibid., 1752,
in-8"; — Nachricht von dem Gœttingischen
Waïsenhause (Notice sur la maison des orphe-
lins de Gœttingue); 1748-1755; — Dissertatio
déprima edit. partis N. T. Grœciper Aldum
Manutium inter carmina Greg. Naz.; 1748,
in-4" , adressée au cardinal Quirini, avec lequel
Feuerlein était en correspondance. Cet échange
de lettres a été recueilli dans les Vicennalia
Brixiensia.
Apin, yitœ Professor. philos, altorf. — Brucker, Pi-
nacoth. — Gœlten, Gel. Europa. — Will, Nuerenb. GeL-
Lex.
FEUERLEIN {Frédéric), deuxième fils de
Conrad l'Ancien , érudit allemand, né à Nurem-
berg, le 10 janvier 1664, mort le 14 décembre
1716. Il étudia à Altorf, vint à léna en 1688,
parcourut ensuite le reste de l'Allemagne, et de-
vint en 1693 diacre du nouvel hôpital du Saint-
Esprit à Nuremberg. 11 laissa une dissertation
curieuse intitulée : De Strenis Romanorum;
Altorf, 1687, in-4'', avec figuras.
W\\\, Nuerenb. Gel.-Lex.
FEUERLEIN ( Conrad-Frédéric ) , fils de
Frédéric, jurisconsulte et théologien allemand,
né à Nuremberg, le 15 juillet 1694, mort le
22 août 1742. Il étudia dans sa ville natale et
à Altorf, compléta ses connaissances à léna,
devint successivement ministre à Regelsbach
en 1720, diacre à Nuremberg en 1722, prédi-
cateur à Sainte Marie de la même ville en
1732 , enfin professeur de langues orientales en
1739. Outre quelques sermons, on a de lui :
De Noriberga orientali , seu de meritis No-
ribergensium in philologiam orientalem et
linguam cum primis hebrseam; Schwabach,
1760, in-4''.
601
Will, Nuerenl). Gel.-Lex. — Adelung, Suppl. à Jôcher,
j4ll<iem. Gelehrlen-LexiUon.
FECERîiEiN {Jean- Jacques) , troisième fils
de Conrad l'Ancien, théologien allemand, né à
Nuremberg, le 9 mai 1670, mort le 30 mai 1716.
JI étudia à Altorf, puis à léua. Il remplit ensuite
les fonctions de ministre à Nuremberg et à Re-
gelsbach. On a de lui : An principi christiano
aclversus christianos arma ?ioxia cum Turcis
consociare liceat ; 1691 ; — De Christianorum
migratione in oppidum Pellam imminente
Hierosolymorum excidio; 1692.
Will, Nuerenb. Gel.-Lex.
FEUERLEiN ( Georges-Christophe ), médecin
allemand, né à Nuremberg, le 15 juillet 1694, mort
le 25 mai 1756. Il étudia d'abord en vue de l'état
ecclésiastique, qu'il se proposait d'embrasser
comme son père , à la mort duquel il suivit la
carrière médicale à Halle , oii il se rendit à cet
effet; il étudia sous la direction d'Hoffmann. En
1722 il vint exercer la médecine à Nôrd-
lingen; en 172311 se rendit, dans le même but,
à Feuchtwangen, où il fut médecin pensionné ;
en 1730 il devint médecin à Heilbronn ; enfin,
appelé à Anspach par le margrave, il fut admis
dans le collège des médecins, devint médecin de
la cour, et conseiller aulique. On a de lui : Bis-
sertatio de abusione abstractionis metaphy-
sicse in doctrina morum ; Altorf, 1717, in-4° ; —
Bissertatio de amore Dei puro et perfecto;
ib., 1717, in-4°; — Bissertatio de situ erecto
in morbis periculosis valde noxio; Halle, 1722,
in-4" ; — Heilsbronnisches Zeugniss der goett-
lichen Guete und Vorsorge, etc. ( Témoignage
de la bonté et de la Providence divine tiré d'Heil-
bronn, etc.); Nuremberg, 1730, in-4°,
Will, Nuerenb. Gel.-Lex. — Biog. méd.
FEUERLEIN ( /ea/i-Conrcff/), jurisconsulte al-
lemand , né à Wœhrd,le 2 août 1725, mort à Nu-
remberg, le 25 janvier 1 788. Il étudia à Altorf, Gœt-
tingue et léna , reçut le doctoi'at dans la pre-
mière des deux villes, devint avocat à Nuremberg
en 1750, syndic delà ville en 1751, puis conseiller
palatin et vice-chancelier de l'université à Altorf.
11 se fit remarquer comme bibliophile et comme
écrivain. Ses principaux ouvrages sont : Bis-
sertatio de Hadriani imperatoris Eruditione;
Altorf, 1743, in-4°; — Catalogus dissertationum
et tractutuum reforinationem Noricam illus-
irantiîcm ;ih., 1755, in-8°; — Catalogus candl-
datorumjuris et dissertationum juridicarum
inauguralium Academiae Altorfinx ah anno
1624 ; Schwabach, 1762, in-4" ; — Ban.-Gutll.
MolleriBispxitatio de bacillisflosculiferis mtlgo
Steckelein-Schmecken ; 1708 et 1762, Schwa-
bach; 1762,in-4°; — Jo.-Dav.Koeleri B.Berege
MarcomannoruniMarabodio;\\)\A.,\lk'i,'m-V;
— Ejusdem dissertatio de Nie. Machiavello
ejusque scriptis et censuris primum édita;
ib., 1742, 111-4"; — Supellex literaria; Nurem-
Derg, 1768 et 1779, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage
contient le catalogue raisonné de la bibliothèque
FEUERLEIN — FEUILLET 602
de Feueiiein. On y trouve 5482 articles, etjusqu'à
la valeur estimative de chaque livre.
Hirsching, Hist. litt. Hanclb.
* FECGÈRE ( Léon-Jacques ), littérateur
frauçais, né à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), le
2 février 1810. Maître d'études au collège royal
Henri IV en 1828 , il y devint l'année suivante
agrégé des classes supérieures, puis professeur
de diverses classes, et en 1844 professeur de
rhétorique. Il est depuis 1854 censeur des études
au lycée Bonaparte. M. Feugère remporta en
18341e prix d'éloquence proposé par l'Académie
Française, et dont le sujet était V Éloge de Mon-
tyon. On a en outre de lui : Etienne de La Boë-
tie, ami de Montaigne ; étudesur savie et ses
ouvrages, précédée d'un Coîip d'œil sur les
origines de la littérature française; Paris,
1845, in-8°; réimprimé dans son édition des
Œuvres complètes de La Boëtie; Paris, 1846,
in-12; — Essai sur la vie et les ouvrages
d'Etienne Pasquier; Paris,, 1848, in-12; repro-
duit dans les Œuvres choisies d'Etienne
Pasquier, accompagnées de notes et d'une
Étude sur sa vie et ses ouvrages ; Paris, Didot,
1849, 2 vol. in-12 ; — Essai sur la vie et les
ouvrages de Henri Estienne; .suivi d'une
Étudesur Scévole de Sainte- Marthe; Paris,
1853, in-12; reproduit dansia Précellence du
langage français , par Henri Estienne , pré-
cédée d'une introduction et accompagnée de
notes; Paris, 1850, in-12;— Conformité du
langage français avec le grec, par Henri
Estienne; accompagnée de notes et précédée
d'un Essai sur la vie et les ouvrages de cet
auteur; Paris, 1853, in-12; — Mademoiselle
de Gournay ; étude sur sa vie et ses otivra-
ges ;I>ai'is, 1853, in-8°. M. Feugère est collabo-
rateur du Journal général de l'Instruction
publique, de la Nouvelle Revue encyclopédi- ■
que, du Correspondant , de VAthenseum fran-
çais, etc. E, Rëgnard.
Journal de la Librairie. — Documents particuliers.
FEUiLLADE. Voyez La Feuillade.
FEUILLASSE DE JOTEMPS. VoyCZ PER-
RAULT (De).
FEUILLÉE. Voy. FEUILLET.
FEUILLET [Nicolas), théologien français,
Ré en 1622, mort à Paris, le 7 septembre 1693.
Chanoine de Saint-Cloud, il se fit connaître par
une morale sévère jusqu'au rigorisme. « Il s'é-
tait, dit Moréri , acquis le droit de parler avec
une entière liberté aux premières personnes de
la cour et de les reprendre de leurs dérègle-
ments. » Feuillet assista à la mort subite de la
duchesse d'Oriéans, Henriette d'Angleterre, el
ii nous a laissé une relation des derniers moments
de cette princesse. On a aussi de l'abbé Feuillet
une Histoire de la Conversion de Chanteau.
Comme il avait pris la plus grande part à cette
conversion, il en écrivit le récit, qui fut imprimé
après sa mort; Paris, 1702, in-12.
Moréii, Grand Diction, hist.
603
FEUILLET
604
¥ E%j iLh^T (3Iadeleine), femme auteur fran-
çaise, nièce du précédent, vivait encore en 1693.
Elle reçut uneexcellente éducation, et consacra son
talent à la composition d'ouvrages de piété, dont
voici les titres : Sentiments chrétiens sur les
principaux mystères de Notre-Seigneur; Paris,
1 689, in-1 2 ; — Concordance des Prophéties avec
r Évangile, sur la Passion , la Résurrection et
V Ascension de Jésus-Christ ; Paris, 1689 , in- 1 2 ;
—Les Quatre Fins de l' Homme ;\b., 1694,in-12 ;
— L'Ame chrétienne soumise à Vcsprït de
Bleu; ibid., 1701, in-1 2. Madeleine Feuillet a
aussi traduit du latin deux ouvrages du jésuite
Drexel : La Voie qui conduit au ciel, Paris,
iùM,'m-i2 letV Ange gardien, ibid., 1691, in-i2.
Barbier, Examen critique des Dict. historiques.
FEUii>LET(LoMi5), et non i^eMtWee, voyageur,
astronome et botaniste français, né à Mane, près
Forcalquier (Provence), en 1660, mort à Mar-
seille, le 18 avril 1732. Il passa ses premières
années dans le couvent des Minimes de sa pa-
tiie, où ses parents, peu fortunés, l'avaient placé
en qualité de portier. Il y fit ses premières études,
et son goût le poussa vers les mathématiques
et surtout vers l'astronomie. Dès l'âge de dix
ans , il faisait remarquer que le mouvement de
la Lune d'orient en occident était beaucoup plus
rapide que celui des autres planètes, dont il ob-
servait avec soin la différente situation à l'égard
des étoiles fixes. Afin de pouvoir continuer ses
études favorites , Feuillet prit la seule voie qui
îiù était alors ouverte; il se fit moine, et pro-
nonça ses vœux dans l'oi'dre des Minimes, à
Avignon, le 2 mars 1680. Les progrès que fit le
P. Feuillet dans l'astronomie et la physique
furent si rapides que bientôt ses nouvelles dé-
couvertes , ses observations sagaces , ses utiles
lecherches, lui acquirent une réputation parmi
les savants de l'Europe. Les deux Cassini surtout
firent'connaître son nom à la cour de France, et
l'un d'eux, Jacques, obtint que le P. Feuillet lui
serait adjoint pour un voyage géographique et
hydrographique dans le Levant. Le résultat de
cette expédition scientifique fut l'exploration des
côtes grecques, de l'Archipel , des îles de Rhodes
et de Candie et des principaux mouillages de
l'Asie Mineure. Le succès de ce voyage encou-
ragea Feuillet à solliciter les moyens nécessaires
pour en recommencer un second dans le même
but, mais cette fois dirigé dans la mer des An-
tilles. Parti de Marseille le 5 février 1703, il des-
cendit à la Martinique le 11 avril. Il commença
aussitôt ses observations, ses courses à l'inté-
rieur ; mais les dangereuses fièvres qui régnent
en ces climats le saisirent, et il demeura en
danger jusqu'en septembre 1704, époque à la-
quelle il s'embarqua volontairement à bord d'un
bâtiment monté par des flibustiers alors en
course contre les Espagnols. 11 visita dans cette
singulière compagnie Porto-Cabello , Sainte-
Marthe, Porto-Bello, Carthagène et quelques
autres points de la côte de Caracas, et s'exposa
souvent pour étendre ses études. De retour à la
Martinique, il visita les Antilles du nord et de
l'ouest; fit voile pour la France, et débarqua à
Brest, le 20 juin 1706. Les documents qu'il
rapportait furent justement appréciés; l'Acadé-
mie des Sciences le choisit pour correspondant, et
le gouvernement le nomma mathématicien du
roi. Feuillet se prépara aussitôt à entreprendre
un nouveau voyage, sur les côtes orientales
de l'Amérique. Après avoir dressé son itiné-
raire et réuni tous les moyens de réussite, il
mit à la voile de Marseille le 14 décembre
1707; mais, retardé par des vents contraires, il
n'atterrit à Ténériffe que le 24 mai 1708. Le 14 '
août il relâcha à Buenos- Ayres, et le 20 décembre,
par 54° 50' de latitude sud, il aperçut les rochers
neigeux et inaccessibles de l'île des États (1).
Ne voulant [)as s'engager dans les détroits ni
doubler le capHora dans le voisinage des terres ,
il continua à s'avancer au sud l'espace de plu-
sieurs degrés ; il gouverna ensuite au nord-ouest,
et pénétra dans le grand Océan austral. Le 20
janvier 1709 il mouilla dans le port de La Con-
ception ou de La Mocha, et après un court sé-
jour releva les côtes du Chili, dont il dressa une
nouvelle carte, qui constate des différences de
plus de 200 lieues avec les cartes connues jus-
qu'alors. Il passa le reste de l'année à Lima,
visita les principales villes du PéMu, faisant
partout des observations astronon^<iti0, levant
des plans , décrivant les babitanls,'tes''animaux,
recueillant des plantes et des minéraux. Il revint
à La Concepcion qu'il quitta le 8 février 1711.
Pour opérer son retour, il reprit la route qu'il
avait suivie en allant. II fit porter au sud jus-'
qu'à r)9'' de latitude, entra dans l'océan Atlan-
tique équinoxial , et fit aiguade le 9 avril à San-
Fernando de Noronlui , île près la côte du Bré-
sil, par 56" 25' latitude sud et 34° 58' longitude
ouest. Le 15 mai. Feuillet relâcha à la Marti-
nique, et le 27 août il descendait à Brest. Peu
après son arrivée à Paris, il présenta au ror un
grand volume in-fol., dans lequel il avait des-
siné tout ce que la nature produit dans les vastes
régione qu'il venait de parcourir. Louis XIV re-
connut les utiles services du savant explorateur
en lui accordant une pension et en lui faisant
construire à Marseille un observatoire particu-
lier. En 1724, le père Feuillet fut envoyé aux
îles Canaries par l'Académie des Sciences. Les
géographes français faisaient passer le premier
méridien par l'île de Fer; et Louis XIII, sur l'avis
des savants de son siècle, avait défendu par son
ordonnance du 1^" juillet 1634 de rien changer
à cet égard. Il était essentiel pour la sûreté de la
navigation et l'exactitude de la géographie de
relever la position précise de cette île; Feuillet
reçut cette mission. Il détermina le premier mé-
ridien rigoureusement à l'île de Fer; il marqua
(1) Dans l'océan Atlantique méridional , à l'est de la
Terre de Feu. Cette île stérile et déserte fut découverte
en )C16 par Le Maire, navigateur tiollandats.
605 FEUILLET —
la (lllTérence en longitude qui se trouve entre
cette île et l'Observatoire de Paris, mesura
la liauteur du pic de Ténériffe , et publia les ré-
sultats de son intéressant voyage. On a de lui :
Journal des observations physiques, mathé-
matiques et botaniques, faites sur les côtes
orientales de l' Amérique méridionale et dans
les fndes occidentales de 1707 à 1712; Paris,
1714, 2 vol. in-4'' ; — Suite du Journal des
observations p/iysiq-ues , mathématiques et
botaniques faites sur les côtes orientales de
VAraérique méridionale, et dans^un autre
voyage fait à la Nouvelle- Espagne et aux îles
de l'Amérique ; Paris, 1725, in-4'', avec pi. et
cartes. « Ce Jotirnal, écrit durement, disent les
auteurs dn Dictionnaire historique, mais aussi
exact que curieux, peut servir de modèle aux
voyageurs et de flambeau à ceux qui naviguent
en Amérique. >> Dans sa préface Feuillet attaqua
avec beaucoup d'aigreur Amédée-François Fré-
zier, qui avait fait un voyage à la même époque
et dans les mêmes parages que lui. Il existait
entre les relations de ces.savants des différences
assez notables; Frézier défendit ses opinions
dans un écrit intitulé : -Ri^/jonse au P. Feuillet;
Paris, 1727, in-4''; — Histoire des Plantes mé-
dicinales qui sont les plus d'usage aux
royaumes du Pérou et du Chili , composée sur
les lieux par l'ordre du roi, en 1709, 1710 et
1711 ; Paris, 1714 et 1725, 3 vol. ifl-4°. C'est à
proprement parler le complément du /omvmZ de
Feuillet. Il contient cent planches, dessinées avec
beaucoup d'exactitude. Cet ouvrage a été traduit
en allemand par G.-L. Huth; Nuremberg, 1756
(t 1757, 2 vol. in-4°. — L'Académie des Sciences
a inséré dans le Recueil de ses Mémoires beau-
coup des Observations du P. Feuillet. Les bo-
tanistes ont consacré à ce savant un genre de la
famille des cuciirbitacées, sous le nom de fe-
villea. Alfred ne Lacaze.
LeloDg, Bibliothèque historique de la France, I,
11° 3311. — Histoire des Homvies illustres delà Provence.
* FEUILLET ( Laurent- François ), littérateur
français, né à Paris, ou à Versailles, en 1768;
mort à Paris, le 5 décembre 1843. Il était bi-
îiliothécaire de l'Institut et membre libre de
l'Académie des Sciences morales. On a de lui :
VÉmulation est-elle un bon moyen d'éduca-
tion? mémoire couronné par l'Institut, et qui fut
publié en 1831, in-8''; — Les Antiquités d'A-
thènes, par Suard , traduit de l'anglais, 1808;
— Les Amours de Psyché et de Cïipidon,
trad. d'Apulée. Guyot de Fèue.
statistique des (kns de Lettres. — Cli. Louandre, Litté-
rature contemporaine.
FEULiE {Louis-Henri), comédien français,
né à Paris, le 25 février 1736, mort dans la
même ville, le 18 octobre 1774. Fils d'un mar-
cliand tailleur de l'île Saint-Louis, il débuta à la
Comédie-Française le mardi 8 mai 1764. Il y
parut d'abord clans les rôles de Frontin du Muet
et de Labranclie dans Crispinrital de son maî-
tre; puis , successivement, dans Le Légataire,
FEUTRIER
eon
L' Impromptu de campagne, Les Folies amou-
reuses et Le Grondeur. Il fut reçu en 1766. La
Harpe dit de lui (dans le Mercure) : « Feulie
« était un excellent comédien, saisissant à mer-
.< veille la caricature et le ridicule de son per-
« sonnage et le rendant avec une vérité singu-
<c iière. » Un rôle dans lequel il excella fut celui
de Tartufe. Il mourut de la petite vérole.
E. DE Manne.
Âlmanach des Spectacles, 177S. — Mercure de France,
mai 1764. — Mémoires de Bachavmont, 1764, 1774. —
lu: Mouhy, Histoire du Théâtre-Français. — Lcmazu-
rier. Galerie des acteurs du Théâtre- Français.
FECQUiÈRE (Pas de). Voy. Pas.
FEUTRIER ( Jean - François - Hyacinthe,
comte), prélat français, né à Paris, le 2 avril 1 785,
mort le 27 juin 1830. Après avoir achevé ses
études dans la maison de Saint-Sulpice, que di-
rigeait alors l'abbé Émery, il entra dans les
ordres, et ne tarda pas à être nommé, par le car-
dinal Fesch, secrétaire général de la grande
aumônerie. Membre du concile convoqué par
Napoléon dans le but de mettre un terme aux
collisions survenues entre le saint-siége et l'em-
pereur, l'abbé Feutrier fut un de ceux qui vou-
lurent opposer une certaine résistance aux vues
du pouvoir temporel. Il fut choisi comme un des
principaux agents employés à faire parvenir des
secours au pape et aux cardinaux alors en exil.
Talleyrand , archevêque de Reims et grand-aumô-
nier de France , s'attacha l'abbé Feutrier pendant
la première Restauration. Le chapitre royal de
Saint-Denis le compta bientôt au nombre de ses
membres ; ensuite il fut nommé curé de La Made-
leine, où il fitbeaucoup de bonnes œuwes ; c'est à
lui qu'on doit l'institution de Saint-Hyacinthe,
qui devint très-florissante après lui. Sa réputation
de prédicateui' était établie ; ou allait entendre
ses sermons avec une grande assiduité. A la
fête commémorative de la délivrance d'Orléans
en 1821, cérémonie qui se renouvelle tous les
ans , il prononça le panégyrique de .leanne d'Arc.
Le 25 août 1822 il fit entendre à l'Académie l'é-
loge de saint Louis, qu'on prononçait annuellement
et que l'abbé Feutrier sut présenter sous une forme
assez nouvelle. Nommé en 1823 vicaire général du
diocèse de Paris et membre du conseil de M. de
Quélen, il rempht ces fonctions jusqu'en 1826,
époque à laquelle il fut promu à l'évêché de Beau-
vais. En 1827 il fut chargé de présider le grand
collège du département de l'Oise, et par son cré-
dit il fit nommer deux députés légitimistes. Au
commencement de l'année 1828 on lui confia le
portefeuille des affaires ecclésiastiques, et en sa
qualité de ministre il prit une grande part aux
fameuses ordonnances du 16 janvier 1828 sur les
écoles secondaires ecclésiastiques , dans les-
quelles une partie du clergé voyait une atteinte
aux prérogatives de l'épiscopat. Le ministre fut
vivement attaqué pour avoir concouru à une
mesure qui était considérée comme très-iniisible
aux intérêts de l'Église. En 1829 il fut éloigné du
ministère, et retourna à Beauvais avec les titres
607
FEUÏRiER — FEVREÏ
608
de comte et de pair de France. Le mauvais
état de sa santé le fit venir à Paris le 26 juin
1830 pour y consulter des médecins, et le len-
demain il n'existait plus. On célébra ses obsè-
ques à l'Abbaye-aux-Bois. On a de lui : Élotje
historique et religieux de Jeanne d'Arc,
pour l'anniversaire de la délivrance d'Orléans ,
le 8 mai 1429 , prononcé dans la cathédrale de
cette ville les 8 mai 1821 et 1823; Orléans, 1823,
in-8°; — Oraison funèbre de S. A. E. Mon-
seigneur le duc de Berry, qui , d'après le vœu
de Louis XVIII , n'a point été prononcée ; 1822 ,
in-8°; — Oraison funèbre de S. A. R. madame
la duchesse d'Orléans , dernière de la branche
des princes légitimés, fils de Louis XIV; 1821,
in-8". A. R.
L'Ami de la Religion.
FEUTRY (Aiiné-Ambroise- Joseph), littéra-
teur français, né à Lille, en 1720, mort à Douai,
le 20 mars 1789. Après avoir exercé pendant
quelque temps la carrière d'avocat , il entra dans
la magistrature, qu'il quitta pour se livrer entière-
ment à la littérature. 11 débuta par un Recueil de
Poésies fugitives ; Paris, 1760, in-12 ; ce Recueil
fut suivi d'0p2iscules poétiques et philologi-
ques, Paris, 1771, in-S", et de Nouveaux Opus-
cules , Dijon, 1778, in-S". La versification de
Feutry est pure, élégante, mais manque de
cette grâce , de cette douceur qui , sans nuire à
l'énergie, donnent de la tournure aux vers et les
font paraître faciles. Outre les ouvrages poétiques
déjà cités , on a de lui : Épitre d'Béloïse à
Abailard, tirée de Pope ; 1751, in-8°; — Choix
d'histoires tirées de Bandel, Belleforest, Bois-
tuaux, dit Launay ; Paris, 1753, 2 vol. in-12; —
Le Temple de ta Mori, poëme, 1753 ; on y trouve
entre autres ce vers, où l'auteur peint ainsi le
temple de la Mort :
Le temps, qui détruit tout, en affermit les mnrs;
— Mémoires de la cour d'Auguste, tirés de
l'anglais de Th. Blackwell et de J. Mills; 1754-
1768, 4 vol. in-12; — Les Jeux d'Enfants ,
poëme en prose, tiré du hollandais; 1764, in-12;
Robinson CrMSoé, nouvelle imitation de l'an-
glais; Amsterdam, 1766, 2 vol. in-12 : ce hvre
obtint un immense succès ; il est resté au pre-
mier rang des rares ouvrages qui sont à la fois
instructifs et amusants; — Manuel tironien, ou
recueil d'abréviations faciles et intelligibles
de la plus grande partie des mots de la langue
française; 1775, in-8°;— Essai sur la cons-
truction des voitures à transporter les lourds
fardeaux dans Paris ; 1 781 , in-8° ; — Le Livre
des Enfants et des jeunes gens sans étude;
1781, in-12; — Supplément à l'Art du Serru-
rier, ti'aduit du hollandais de Jos. Bottermann;
1781, in-fol. D'après Quérard, celivre passe pour
être original, et écrit par le roi Louis XVI.
A. Jadin.
Desessarts , Siècles littéraires. — Quérard, La France
littéraire. — Flescher, Diction, de la Bibliographie
franc.
* FÉVAL (Paul), romancier français, né à
Rennes, le 28 novembre 1817. Il fit ses études
au collège de sa ville natale , et y suivit quelque
temps le cours de droit. Il abandonna le barreau
pour les lettres, et vint à Paris. Il entra au Nou-
velliste comme correcteur, et publia dans ce
journal quelques articles qui le firent remar-
quer; puis la Revue de Paris accueillit de lui
une charmante fantaisie, Le Club des Phoques.
Le succès qu'obtint ce récit original lui ouvrit
les portes de La Quotidienne, du Commerce, de
L'Époque et du Courrier français. Ce fut dans
cette dernière feuille qu'il fit paraître, sous le
pseudonyme de sir Francis Trolopp, Les Mys-
tères de Londres (Paris, 1844, 11 vol. in-S°),
qui le posèrent comme un romancier à la mode ;
cet ouvrage fut trad uit en espagnol la mém e année,
sousletitrede Misterios deLondres ; Paris, 1 844,
in-8°. — Parmi ses nombreux ouvrages on compte
encore Le Capitaine Spartacus; Paris, 1843 et
1845, 2 vol. in-8"; — Le Banquier de cire;
Paris, 1844, in-8°, et dans Les Mille et un
Romans, 1^ liv.; — La Forêt de Rennes;
Paris, 1844, 3 vol. in-8''; réimprimée dans 1'^-
cho des Feuilletons, sous le titre de : Le Loup
blanc; — Contes de Bretagne; Paris, 1844,
in-12; — Les Chevaliers du Firmament;
Paris, 1844, in-8°; — Les Amours de Paris;
Paris, 1845, 6 vol. in-8°; — Les Contes de nos
Pères ; Paris, i8ià,m-i2; — Le Fils du Diable;
— La Quittance de Minuit; — La Fontaine
aux Perles; — Les Belles de Nuit; — Xe
Champ de Bataille; — Le Capitaine Simon;
— La Fée des Grèves ; — Le Jeu de la Mort;
— Les Parvenus; — Le Paradis des Femmes ^
— L'Homme de Fer , dans le Journal jiour
tous, du 8 décembre 1855 au 26 janvier 1856,
n°' 36-43 ; etc. Comme auteur dramatique, il a
été moins heureux que comme romancier, et Les
Mystères de Londres, Le Fils du Diable et La
Bourgeoise , drames tirés de ses romans , ont
eu peu de succès. Hector Malot.
Louandre et Bourquelot , Littérature contemporaine.
— Eugène de Mirecourt , Lei Contemporains.
FÈVRE, (Jean-François), médecin français,
né à Pontarlier, vers 1680, mort dans la même
ville, en 1739. Il fut nommé en 1721 professeur
à l'université de Besançon. On a de lui : Opéra
medlca; Besançon, 1747, 2 vol. in-4''.
Quérard, La France littéraire,
FÈVRE. Voyez Le Febvre, Le Fèvre, et
Faeer.
FE VRET (CMHes), seigneur de Saint-Mes-
MiN, jurisconsulte français, né à Semur-en-
Auxois, le 16 décembre 1583, mort à Dijon, le
12 août 1661. Fils de Jacques Fevret, conseiller
au parlement de Bourgogne, il étudia le droit
dans diverses universités de France, et à Stras-
bourg sous le célèbre Denis Godefroy; il de-
vint avocat au barreau de Dijon. Louis XIII,
s'étant rendu dans cette ville, en 1630, pour
punir les auteurs d'une sédition, fut harangué
609
FEVRET — FEYDEAU
par Fevret, au' nom des autorités de la ville;
il fut si touché de l'éloquence de l'orateur qu'il
pardonna aux coupables , et donna une charge
de conseiller au parlement de nouvelle création
à Fevret, qui ne voulut pas renoncer à sa pro-
fession , et préféra à cet emploi l'office de se-
crétaire de la cour. Il devint aussi conseiller et
intendant ordinaire des affaires de Henri n,
prince de Condé , et du grand Condé , son fils.
Il est auteur du Traité de l'Abus et du vrai
sujet des appellations qualifiées du nom
d'abus ; Dijon, 1603, in-fol. Des exemplaires
de cette édition portent la date de 1654, et
d'autres exemplaires celle de 1655; Cet ouvrage,
dans lequel les principales pailles du droit ca-
nonique sont exposées avec autant de savoir que
d'indépendance, a été réimprimé à Lyon, 1667
et 1677, 2 vol. in-fol., et à Lausanne, 1778,
2 vol. in-fol. La meilleure édition , celle de Lyon,
1736, 2 vol. in-fol., contient , outre les notes
anonymes insérées dans quelques-unes des édi-
tions précédentes, et les notes de Brunet et
celles de Gibert , le ti'aité que Hauteserre com-
posa par ordre du clergé , en 1670, sous ce titre :
Ecclesiasticee Jurisdictionis Vindiciee,adver-
sus C. Fevretti et aliorum Tractatus de
Abusu. On a de Fevret divers autres écrits ,
parmi lesquels on remarque : De claris fort
Burgundici Oratoribus ; Dijon, 1654, in-8°;
— De Officils Vitee humanas , sive in
Pibraci Tetrasticha commentarius ; Lyon,
1607, in- 12; — Carmen de Vita sua,
poëme de (plus de trois cents vers insérés par le
P. Desmolets dans le tome II de sa Continua-
tion des Mémoires de Littérature et d'Histoire
de M. de Salengre. Fevret a laissé manuscrit
un commentaire sur les onze premiers titres de
la.Coutume de Bourgogne.
Son fils, Pierre Fevret , aé à Dijon, le 28
novembre 1625, mort dans la même ville, le
18 décembre 1706, reçut la prêtrise en 1655,
et devint en 1666 conseiller-clerc au parlement
de Bourgogne , dont il était le sous - doyen au
moment de sa mort. Il fonda la Bibliothèque
publique de Dijon, et légua une somme destinée
à son entretien et à son accroissement. Le ca-
talogue de cette Bibliothèque fut imprimé à Di-
jon, 1708, iû-4°, avec une préface du P. Oudin,
jésuite. E. Regnajrd.
Papillon , Biblioth. des Auteurs de Bourgogne. — Tai-
sand , f^ies des plus célèbres Jurisc. — Moréri, Diction.
hist. — Camus, Biblioth. choisie des Liv. de Droit.
FEVRET DEFONTETTE (Charles-Marie),
magistrat et littérateur français , arrière-petit-
fils de Charles Fevret | né à Dijon, le 14 avril
1710, mort dans la même ville, le 16 février
1772. Pourvu à l'âge de vingt-six ans d'une charge
déconseiller au parlement de Bourgogne, il fit
preuve, dans tout le cours de sa carrière de ma-
gistrat, d'un savoir profond et d'un grand zèle
pour le bien public. Livré, comme ses ancêtres ,
à la culture des lettres, il devint membre, puis
NOUV. BIOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
610
directeur de l'Académie de Dijon, et fut nommé,
peu de temps avant sa mort, membre associé
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Il entreprit de donner une nouvelle édition de
la Bibliothèque historique de la France, que
le P. Leiong avait puWiée en 1719, en un seul
volume in-fol., contenant 17,487 articles et quel-
ques additions. Après quinze années de recher-
ches et de travail , il fit paraître le premier vo-
lume de cet important ouvrage ; mais les fatigues
qu'il éprouva altérèrent sa santé , et il mourut
ayant l'impression du second volume. Cejrecueil,
si précieux pour l'étude de notre histoire natio-
nale, fut terminé par Barbeau-Labruyère ,'^ et se
compose de 5 vol. in-fol., Paris, 1768-1778J con-
tenantprès de 50,000 articles. Fevret s'était formé
une nombreuse bibhothèque , riche en ouvi-ages
précieux, et y avait joint une collection d'estampes
représentant une suite des événements de l'his-
toire de France, depuis les Gaulois jusqu'au règne
dejLouis XV inclusivement. Cette collection, dont
on trouve le catalogue dans le tome IV de la
Bibliothèque historique de la France, est
aujourd'hui conservée à la Bibliothèque impé-
riale. E. Regnard.
Éloges de Fevret de Fontette, par Dupuis et par Perret,
en tête du 4^ vol. de la Biblioth. hist. de la France.
FEYDEAU (Claude), écrivain ecclésiastique
français, né à Paris, vers 1580|, mort vers 1650.
n embrassa l'état ecclésiastique, et devint doyen
de l'église collégiale de Moulins. Il fut longtemps
supérieur des religieuses de la Visitation, et as-
sista en cette qualité aux derniers moments de
madame de Chantai, fondatrice de cet ordre. On
a de lui : Oraison funèbre de Claude Duret,
président à Moulins , et Panégyrique sur la
paraphrase de CL psaumes d'Antoine de La-
val, sieur de Bel-Air. Ce Panégyrique parut
en 1608 ; il a été réimprimé avec la Paraphrase;
Paris, 1619, in-4°.
Moréri , Grand Dictionnaire historique.
FEYDEAU (Matthieu), théolo^en français,
frère du précédent, né à Paris, en 1616, mort à
Annonay, le 24 juillet 1694, Il entra dans les
ordres, et se fit recevoir docteur en théologie.
Ami d'ArnauId, il fut exclu de la Sorbonne pour
n'avoir pas voulu souscrire à la condamnation
du célèbre théologien janséniste. Feydeau, qui
professait les mêmes doctrines, fut pendant
toute sa vie en butte aux persécutions de l'au-
torité ecclésiastique et politique, et mourut exilé
à Annonay. On a de lui : Méditations sur les
principales obligations du chrétien, tirées
de l'Écriture Sainte, des conciles et des saints
Pères; 1649, in-12; — Catéchisme de la
Grâce ;VaTis, 1650; — Méditations sur l'his-
toire et la concorde des Évangiles ; Bruxelles,
1673, 2 vol. in-12; Lyon, 1689-1696, 3 vol.
in-12.
Moréri, Grand Dictionnaire historique. — Richard et
Giraud , Bibliothèque sacrée.
FEYDEAU DE BROU (Henri), prélat fran-
çais, de la même famille que les précédents, né
20
611
en 1655, mort à Amiens, !e 14 juillet 1706. j
Nommé en 1687 évêque d'Amiens par Louis XIV, \
il resta cinq ans sans recevoir ses bulles, à cause
des différends survenus entre la cour de Rome
et celle de France. Il se distingua par sa grande
piété et son savoir. On a de lui : une Lettre la-
tine à Innocent XII , contre le Nodus Prae-
destinationis du cardinal Sfondrate; — Or-
donnance pour la juridiction des évêques et
des curés, contre le P. Des Imbrieux, jésuite;
— Lettre au sujet de la Lettre à un Curieux
sur d'anciens tombeaux découverts en 1597.
Moréri , Grand Dictionnaire historique.
FEYDEA.u DE BROU ( Charles- Henri) , ad-
ministrateur français , né à Paris, le 25 août
1754, mort le 10 décembre 1802. Fils d'un in-
tendant de Rouen , il suivit aussi la carrière ad-
ministrative. Maître des requêtes en 1775, il fut
envoyé comme intendant dans le Berry à l'âge
de vingt-et-un ans. Il passa de là en Bourgogne
et ensuite à Caen. Appelé au conseil d'État en
1787, il fnt chargé des économats. Pendant la
révolution il vécut dans une profonde retraite.
Feydeau cultiva avec succès les sciences exactes.
Il laissa en manuscrit une traduction de quel-
ques ouvrages d'Euler, avec des notes et des ob-
servations.
ehauQon et Delandine , Dict. univ. hist. et crit.
FEYERABEND , nom d'une famille d'artistes
allemands, originaires de Francfort-sur-le-Mein,
dont les principaux furent les suivants ;
Feyerabend {Jean ) , le plus ancien de tous ,
graveur sur bois. Ses ouvi'ages portent deux
initiales de son nom. Il est fait mention dans
Papillon d'un Nouveau Testament en latin avec
figures en bois de la façon de cet artiste.
Feyekabend (Jean), dont les publications
étaient marquées d'un lion debout contre un
bouclier dans lequel était pratiquée une bande.
Feyer\be!sd (Jérôme), imprimeur célèbre,
dont les publications étaient marquées d'une Re-
nommée portant dans chaquemain une trompette.
Il avait pour devise :
i*ervigiles habeas oculos, aniinumque sagacem,
Si cupis ut eelebri stet tua faraa loco.
Feyerabend (Sigismond), peintre, graveur
et libraire allemand, né à Francfort, vers 1526
ou 1527, vivait encore en 1585. Selon Jœcher, il
aurait étudié l'histoire à Augsbourg , où il aurait
fait paraître Annales seu Historix Rerum Bel-
jjicarum , a diversis auctoribus conscriptae ,
1580, et un ouvrage intitulé : Geschlechter-Buch
der Reichstadt Augspurg (le Livre des Familles
de la ville impériale d' Augsbourg). Il est beau-
coup plus certain qu'il eut à Francfort un grand
commerce de librairie. La plupart de ses pu-
blications étaient ornées de gravures sui* bois,
exécutées par les plus célèbres artistes, tels que
Solis, Jost, Amann, Boxberger, Stimmer et Mau-
rer. Quelques-unes sont dues à Feyerabend lui-
même. On lui attribue en particulier celles de
la Bible de Zœpflin, imprimée en 1561, ainsi que
FEYDEAU — FEYNES 612
\espo?'traits des doges de Venise dans la chro-
nique de Kellner. On distingue par le mono-
gramme S. F les productions de Sigismond Feye-
rabend d'avec celles de ses parents également
adonnés à la gravure. Les ouvrages publiés par
Feyerabend seul sont marqués d'un lion portant
un globe duquel jaillissent des flammes; ceux
qu'il a fait paraître avec la coopération de Rab,
Hahû et Weigaud ont au frontispice une Renom-
mée soufflant dans deux trompettes.
Feyerabend {Charles-Sigismond) , fils de
Sigismond, libraire et graveur, vivait dans la
piernière moitié du dix-septième siècle. En 1 590
il succéda à son père dans le commerce de li-
brairie, et fit paraître plusieurs recueils de gra-
vures, dont quelques-unes sont marquées des
chiffres M. L. et V, Feyerabend. Un (le ces re-
cueils , possédé par Papillon et daté de 1599,
contenait 299 estampes, avec une dédicace écrite
et signée en allemand par l'éditeur.
Feyekabend [Christophe), théologien alle-
mand, vivait à Elbing dans la seconde moitié
du dix-septiëme siècle. Il fut engagé dans de
vives controverses avecles syncrétistes , et publia
Idea pseudoprophetariim.
Foûr tous 1er. Feyerabend , Papillon , Traita hist, ei
prat. de la Grav. en buis ; Paris , 176G. — Jôcher . jillg,
Gel.-Lexik. — Sedler, Univ.Lex. — Nagler, Pfeues Allg.
Â'ànstl.-Lexic,
FEYJOO Y MONTEiNEGRO (François-Be-
noit- Jérôme), critique espagnol, né à Com-
postelle, le 6 février 1701, mort à Oviedo, le
16 mai 1764. Après avoir fait ses études à l'u-
niversité d'Oviedo , il entra dans l'ordre des Bé-
nédictins, et devint abbé du monastère de Saint-
Vincent à Oviedo. Ses connaissances étaient
extrêmement étendu es. On a de lui deux ouvrages
très remarquables, intitulés : Teatro critico,
sopra los errores comunes; Madrid, 1738-
1746, 16 vol. in-8''; — Carias eruditas y eu-
riosas; Madrid, 1746-1748, 8 vol. in-8". Dans
ces deux recueils Feyjoo ne craignit pas d'atta-
quer l'ignorance des moines, la licence du clergé,
les privilèges ridicules , l'abus des pèlerinages ,
des exorcismes, des prétendus miracles, etc.
Il se fit ainsi beaucoup d'ennemis ; mais les sa-
vants les plus distingués de son pays le défen-
dirent, et il évita les poursuites de l'inquisition.
Bien qu'il ne se fût pas moins moqué de la mé-
decine que de la superstition, la faculté de Sé-
ville le mit au nombre de ses docteurs. Une
grande partie du Teatro critico a été traduite
en français par d'Hermilly ; Paris, 1742, 12 vol.
in-I2 ; et beaucoup des morceaux qu'il contient
ont été traduits en anglais par John Brett, sous
le titre de Essays or disçourses, selected
from the works of Feyjoo; i780, 4vol. in-8°.
Les Œuvres complètes de Feyjoo ont été re-j
cueiUiesparCampomanes; Madrid, 1780,33 vol.i
in-8°.
Campomanes, Fie de Feyjoo, en tête de ses OEuvres.
— ïicknor, History of Spanish Literature.l. III, p. 22.ï,
FEYNES {François), médecin français, né
613
FEYNES
àBéziers,vers 1525,mort à Montpellier, en 1573.
B fut depuis 1557 professeur h l'université de
sa ville. On a de lui un ouvrage posthume inti-
tulé : Medicina practica, in quatuor libros
digesta... nunc primum e biblïotheca Cl. V.
Renati Moraei, studïosorum usibus bénigne
concessa; Lyon, 1650, in-4°, H. F.
Astruc, Histoire de la Faoulté de Médecine de Mont-
pellier.
FEYNES (Henri de) , voyageur français, vi'
vait au commencement du dix-septième siècle.
Il était gentilhomme de la maison du roi et aide
de maréchal de camp. Il parcourut l'Italie, l'Es-
pagne , l'Angleterre , les Pays-Bas , l'Allemagne,
la Pologne , la Hongrie , et enfin tout le sud de
l'Asie. On ignore l'objet de son voyage dans cette
partie du monde ; peut-être avait-il reçu du roi
la mission secrète d'aller examiner les établisse-
ments fondés dans les Indes par les Portugais.
Après avoir accompli un pèlerinage à Lorette , il
alla s'embarquer à Venise, relâcha en Chypre,
aborda à Alexandrette , se rendit à Alep, où il se
joignit à une caravane pour traverser le désert ,
visita Bagdad, Ispahan, Cazwin, Tauriz , Schiraz ,
Lar, OiTOuz, Mascate, Cambaye, Sourate, Diu ,
la côte de Malabar, le Bengale , Ceylan, les Mo-
luques, Macao, Canton, vit à son retour le Pegou,
Siam , s'embarqua à Goa, et arriva enfin à Lis-
bonne. Le roi d'Espagne, qui était alors maître
des Indes, craignant queFeynes ne fit des ré-
vélations sur l'état de cette contrée , le fit jeter
en prison. Il y fut retenu malgré les réclamations
de Louis XIII et conduit secrètement à Xativa,
dans le royaume de Valence, où il resta enfermé
pendant quatre ans. Mais au bout de ce temps ,
son confesseur ayant fait connaître le lieu de sa
captivité , il fut relâché sur une nouvelle de-
mande du roi de France. On a de lui : Voyage
fait par terre depuis Paris jusqu'à la Chine,
avec le retour par jwer; Paris, 1630, in- 12.
Cette relation, qui traite d'une si grande étendue
de pays dans un mince volume de 212 pages, est
fort superficielle; les noms des contrées sont
souvent mal transcrits. L'auteur, au reste, est
plein de candeur; on ne trouve dans son récit
rien de merveilleux ni d'invraisemblable ; il éva-
lue en journées la distance entre plusieurs des
villes qu'il a traversées , et il les compare sou-
vent pour l'étendue à une ville de France.
E. Beauvois.
Feynes, f^oyage.
*FEZARi { Mohammed- ben-Ibrahim ben-
Habib'Al-), astronome arabe, vivait au deuxième
siècle de l'hégire ( huitième de J.-C. ). Il traduisit
en ai'abe, d'après l'ordre du khahfe Mansour, un
traité d'astronomie intitulé Sind Hind : ouvrage
de l'Indien Katka. Cette traduction est connue
sous le titre de Sind Hind al-Kebir ( le Grand
Sind Hind ); elle a été en usage depuis 157(773)
jusqu'au commencement du troisième siècle de
l'hégire (816 de J. C). C'est d'après les tables
Indiennes qu'il construisit le premier astrolabe
- FIACRE 614
qu'aient possédé les Arabes ; il écrivit deux ou-
vrages sur ce sujet , et composa un traité du me-
surage du Nil. E. Beauvois.
Passage du Tarikh al-Hokama ( Hist. des PhilQsoplies ),
attribué à Djemal-ed-dlQ A-1-Cofti, dans Caslri, t. I,
426, 428-^29. — Hadji-Khalta , Lexie. bibliogr., édit. Flue-
gel, t. V, n" 9827 ; VI, 12820.
FiACCHi (Louis) , poète et critique italien,
connu souslenom de Clasio, né àSearperi (Tos-
cane), le 4juin 1754, mort à Florence, le 26 mai
1825. Il entra dans les ordres, et professa plusieurs
années dans un collège de Florence. Il se fit con-
naître par des poésies élégantes. Devenu membre
de la Crusca, il s'occupa de recueillir des maté-
riaux pour une réimpression du dictionnaire de
cette académie. Les observations de Fiacchi sur
Dante , Boceace et les anciens poètes italiens an-
noncent beaucoup de savoir et de goût. On a de
lui -.Favole; 1807, in-8°; — Sonetti pastorali
et rusticali; Milan , 1808, grand in-8''; — Di-
chiarazionedi molti Proverbi, detti e parole ;
Florence, 1820, in-8°; — Osservazioni sulDe-
camerone rfiSoccacio; Florence, 1821, in-8°.
Tipaldo , Biografla degli Italiani illustri, t. VI, p. 26.
* FiAcco OU FLACCO ( Orlaudo) , peintre de
l'école vénitienne, né à Vérone, vivait en 1560.
Les auteurs ne sont pas d'accord sur le nom de
son maître; ies uns croient qu'il fut élève d'An-
tonio Badile , les autres qu'il reçut les leçons de
Battista del Moro ou de Francesco Torbido , dit
le Moro. Quoi qu'il en soit, il paraît avoir sur-
tout visé à la force dans la plupart de ses pein-
tures, et s'être proposé pour modèle le Caravage,
auquel on attribuerait volontiers son tableau de
La Vierge avec saint Jean et La Madeleine à
Saint-Nazaireei Saint-Celse de Vérone. Fiacco a
laissé des portraits aussi remarquables par l'exé-
cution que par la ressemblance. Cet artiste, qui
donnait de grandes espérances, est mort jeune,
et la misère ne fut peut-être pas étrangère a sa
fin prématurée. E. B— n.
Pozzo, f^ite dei Pittori Veronesi. — Ridolfi, Vite de-
gli illustri Pittori Feneti. — Vasari, Fite. — Lanzi, StO'-
ria délia Pittura. — Benassuti , Guide di Ferona,
*FIACRE, anciennement fèfre (Saint) (1),
anachorète irlandais , mort à Breuil ( Brie ), vers
670. Il était d'une illustre famille irlandaise selon
la plupart des hagiographes ( quelques auteurs
le font fils aîné d'un roi d'Ecosse). 11 fut élevé
par un évêque, que l'on croit être saint Conaa,
évêque de Soder où des Iles occidentales. Il quitta
sa patrie à la fleur de l'âge, et vint en France ac-
compagné de quelques jeunes gens, qui comme
lui voulaient se consacrer à |la solitude et à la
prière. Il vint trouver saint Faron , évêque de
Meaux, qui lui assigna pour demeure Breuil, lieu
désert situé dans une forêt de la Brie. Fiacre
défricha une certaine étendue de terrain, s'y
construisit une cellule, et fit bâtir à quelque dis-
tance un asile pour les étrangers. Sa charité
n'avait point de bornes, et sa vie était exlrême-
(1) Suivant Ricliard et Giraud, le nom de Fiacre ne lui
fut donné que cinq ou six cents ans après sa mort.
20,
FIACRE — FIALHO FERREIRA
ment austère. Suivant la règle des moines irlan-
dais, il ne permettait à aucune femme d'entrer
dans l'enceinte de son ermitage , usage qui s'est
perpétué longtemps pour les lieux où le chaste
anachorète était honoré. Chilien ouKilain, sei-
gneur irlandais ou écossais, vint visiter Fiacre, et
le décida à faire des prédications dans les pro-
vinces voisines. Ses missions furent fructueuses,
surtout dans l'Artois. 11 y devint l'objet d'une
vénération particulière, et Arras honore sa mé-
moire le 13 novembre. Fiacre fut enterré dans
son oratoire de Breuil , sur l'emplacement du-
quel, dans la suite, les moines de Saint-Faron
élevèrent un prieuré. Ses reliques devinrent
bientôt célèbres par plusieurs miracles : on en
transporta une partie à Meaux en 1568 ; en 1627
et en 1695, les grands-ducs de Florence en ob-
tinrent des portions, qu'ils déposèrent dans la
chapelle de Loppaïa, construite à cet effet. Paris
en exhiba successivement au Val-de-Grâoe, aux
Barnabites et à Sainte-Catherine de la Couture,
chez les chanoines réguliers. Il ne paraît pas que
la grande dispersion de ces précieux restes ait
influé sur leur pouvoir. En 1649, Seguier, évo-
que de Meaux, et Jean de Blois, comte de Pen-
thièvre, reconnurent que ces reliques pouvaient
opérer la guérison de maladies dangereuses ; en
1641 Anne d'Autriche attribua à la protection de
saint Fiacre le rétablissement de Louis XIII, alors
gravement malade à Lyon, et fit à pied le pèle-
rinage de Breuil , en exécution d'un vœu qu'elle
en avait fait. « Elle fut, dit l'abbé Godescard, déli-
vrée par le même moyen d'un flux de sang qui
avait résisté à tous les remèdes de la médecine. »
Plus tard elle ne douta point que la naissance
de Louis XTV, son fils, n'eût été le fruit de sa
dévotion à saint Fiacre et de ses fréquentes vi-
sites au prieuré de Breuil. Saint Fiacre est de-
venu le patron des jardiniers, qui célèbrent so-
lennellement sa fête le 30 août. Ce ne fut que
très-indirectement que ce saint attacha son nom
à'une espèce de voitures publiques à quatre roues
devenues très-communes depuis le milieu du dix-
septième siècle. Suivant le père Labat, l'origine
de ce mot vient de l'enseigne de l'inventeur de
ces voitures (1). Selon d'autres étymologistes, à
l'époque de la création de ces véhicules il mou-
rut au couvent des Petits-Pères un moine nommé
Fiacre. Sa mémoire était si révérée que chacun
voulait avoir son portrait. Dans le but de plaire
au public, l'entrepreneur des nouveaux carrosses
fit peindre le bienheureux sur les portières de
ses voitures.
Saint Fiacre l'anachorète avait une sœur,
nommée Syra. Elle mourut dans le diocèse de
Meaux, où eUe est honorée comme vierge. Quel-
ques auteurs font mention d'une lettre que cette
(1) Il se nommait Sauvage, logeait dans la rue Saint-
Antoine, et avait pour enseigne J saint Fiacre. On ap-
pela ces carrosses voiUires à cinq sot«s, parce qu'on les
louait à cinq sous l'heure. Les cochers, ainsi que leurs
voitures , prirent ensuite le nom de fiacres.
Gie
sainte reçut de son frère, et qui renfermait des
maximes de morale.
Alban Butler, Lives of Fathers, etc. — Abbé Godes-
card , Fies des principaux Saints , mois d'août. — Su-
rins!, ^cta Sanctorum. — Baillet, Fies des Saints, U. —
Richard et Glraud, Bibliothèque sacrée.
FiALETTi (Odoard), peintre et graveur
vénitien, né à Bologne, en 1573, mort à Venise,
en 1638. Il fut instruit dans l'école du Tintoret,
et il en sortit bon dessinateur. Il fixa sa résidence
à Venise, pour éviter la concurrence des Car-
rache , et il y passa le reste de sa vie. Il a laissé
un assez grand nombre d'ouvrages, fort estimés,
surtout son Crucifiement pour l'église de la
Croix. Fialetti se fit surtout connaître coinme
graveur. On cite de lui un recueil de vingt pièces
intitulé : Scherzi d'Amore; — Vénus et VA-
mour ; — Diane à la chasse ; — Le dieu Pan ;
— Un Homme qui tient un wase, d'après le Por~
denone ; — les Noces de Cana , d'après le Tin-
toret ; — Abiti délie religioni con le armi e
brevi descrizioni loro; Venise, 1626, in-4<'.
Gandellini. Notizie istoriche degV Intagliatori, t 11,
— Lanzi, Histoire de la Peinture en Italie, t. III, p. 186,
FIALHO ( Manuel ) , historien portugais , né
à Evora, en 1659, mort en 1718. Il entra fort
jeune dans l'ordre des Jésuites. Ses vingt der-
nières années furent employées à rassembler des
documents sur sa ville natale. Ce travail ne pa-
rut sous forme d'abrégé qu'après la mort de
l'auteur, par les soins du P. Francisco Fonseca,
auquel on l'attribue fréqueimnent tout entier ; il
a paru sous ce titre, quelque peu mensonger :
Evora Gloriosa, epilogo dos quatro Tomos de
Evora illustrada que compoz o R. P. M. Ma-
noel FiaIho,efa Companhia de Jesus,escrita,ac-
crescentada e amplificada pelo P. Francisco
de Fonseca, datnesmaCompanhia ;Rome, 1728,
in-fol (Aziziari). Quelques années après la publi-
cation du livre de Fialho , on publia une autre
histoire de cette ville sous le pseudonyme d'A-
mador Patricio (Mart. card. de Azevedo), His-
toria das Antiguidades d' Evora; primeira
parte, repartida emdez libros, onde se relatào
as cousas que acontecerûo em Evora ate ser
tomada aos mouros por Giraldo no tempo do
rey D. Affonso Henriques; e o mais que
dahi por diante aconteceo ate ào tempo pré-
sente se contant na secunda parte; Evora,
1739, in-4". La seconde partie n'a point paru,
que nous sachions du moins. Ferd. Denis.
Barbosa Machado, Bibl. Lusitana, — Pinto de Souza,
Bibliotheca historica, pet. ln-4o. — César de Figanière ,,
Bibliografla historica.
FIALHO FERREIRA (Anfonio), voyageurj
portugais , né à Macao , vivait au dix-septième
siècle. Nommé capitâo mor dès l'année 1633, il
se trouva à la tête d'une flotte espagnole, qui de-
vait ravitailler Manifle. De retour en Chine, il prit
part à une émeute qui éclata à Macao et qui ten-
dait à renverser l'administration établie; en 1637
il quitta cette ville, avec l'intention probablement
de s'en référer aux autorités de l'Inde; alors,
traversant l'empire de Narsingue et les monta-
I
6Î7
FIALHO FERREIRA — FIARD
618
gnes des Gants, il franchit le passage de Dau-
guim, et parvint à Goa. Une fois établi dans la
capitale des Indes portugaises , Fialho Ferreira
fut chargé par le gouverneur, Pedro da Sylveira
d'aller porter jusqu'en Espagne les justes plamtes
de la population portugaise établie en Orient ; et
il prit la résolution de se rendre en Europe par
la voie de terre. Dans cette intention, il quitta
Goa dès 1639, se fit débarquer dans le golfe Per-
sique, franchit l'Arménie, traversa une partie
de la Grèce, fit un séjour de quelque durée à
Constantinople , visita Rome, et se rendit à Ma-
drid, pour passer à Lisbonne. Pendant ce voyage,
plus difficile à effectuer alors] qu'il ne l'est de
nos jours, le Portugal s'était séparé de l'Espagne,
et la maison de Bragance était montée sur le trône ;
Fialho Ferreira quitta bientôt Lisbonne , chargé
par Jean IV d'aller annoncer son avènement à ses
sujets de l'extrême Orient. Il se rendit en effet à
Macao, et il excita la joie la plus vive en décla-
rant que la métropole avait recouvré son indépen-
dance. Ici nous perdons la trace du voyageur;
nous savons seulement qu'il fut nommé chevalier
du Christ et qu'en l'année 1643 il consigna dans
un ouvrage curieux, devenu fort rare, le récit de
ses aventures ; ce livre est intitulé : Relaçào da
Viagem quepor ordem de sua magestade fez
Antonio Fialho Ferreiradeste reinoà Cidade
de Macao na China, etc.; Lisbonne, 1643,
in-4°. Il avait consigné ses précédentes observa-
tions dans un volume resté en manuscrit, et qui
fut traduit du portugais en espagnol; il porte ce
titre : Razones y preguntas sobre la naviga-
cion que se ha abierto desde la China à la
India par los boquerones del valle , y si sera
conveniente hazer viages desde la China à la
India en derechura. Ce livre curieux est resté,
dit-on, dans la Bibliothèque royale de Madrid.
Fialho Ferreira avait été nonnné gentilhomme
du palais. Ferd. Denis.
Barbosa , Bibliotheca Lusitana. — Léon Plnelo , Bi-
hliothcca oriental y occidentalise edit., 3 vol, petilin-fol.
* FIAMMA (Gabriel), poète italien, né à
Venise, en 1533, mort en 1585. Ses Rïme con i
commenti delV autore, Venise, 1570, 1573,
1616, sàSciolta diRime spiritualt, Bei'game,
1606, in-4° , sont tombés dans l'oubli. G. B.
TIraboschi, Storia délia Letteratura Italiana.
FIAMMA. (Galvaneo), historien italien, né
à Milan, en 1283, mort vers 1372, après avoir
passé soixante-treize ans dans l'ordre de Saint-
Dominique. Il a laissé deux ouvrages : Manipu-
lus Florum,seu historiaMediolani, ab origine
urbis usque ad a. 1371 , et Opusculum de ré-
bus gestis ab Azone, Luchino eu Joanne,
vicecomitibus ; ces écrits ont été insérés dans le
recueil de Muratori , Script. Rer. Italie., t. XI,
p. 553, etXI[, 991. G. B.
Quotif, Script. Ord. Prxdic, t. I, p. 617. — Argclati,
Biblioth. Script. Modiol., 1. 1, p. H, p. 635.
FIANCÉ (Antoine), médecin français, né à
Fleuret, près de Besançon, le 1°' janvier 1552,
mort le 27 mai 1581. Il étudia à Paris les belles-
lettres et la philosophie. Il alla ensuite faire son
cours de médecine à Montpellier, exerça succes-
sivement cette profession à Carpentras , à Arles,
et se fit recevoir docteur à Avignon. II mourut
dans cette ville, en soignant des malades atteints
de la peste. Sa fin prématurée l'empêcha d'écrire
aucun ouvrage de médecine. Il composa seule-
ment quelques poésies latines, entre autres une
satire, intitulée Platopodologie. Ce n'est pas,
comme l'a cru La Monnoie, un ti'aité sur les
pieds larges et plats , mais une invective conti-e
certains envieux ou pieds plats qui cherchaient
à nuire à l'auteur.
La Croix du Maine et Du Verdier, Biblioth. franc.
( édit. de Rigoley de JuvignyJ, t. I. — Éloy , Dictionnaire
historique de la Médecine.
FIARD (L'abbé Jean-Baptiste) , démonologue
français, né à Dijon, le 28 novembre 1736, mort
dans la môme ville, le 30 septembre 1818, Imbu
dès sa jeunesse d'opinions superstitieuses, il
crut voir dans les philosophes irreligieux du dix-
huitième siècle et dans leurs adeptes des diables
et des sorciers , et il les dénonça en ces termes
à l'assemblée du clergé de France, en 1775 :
« Messeigneurs, il se commet dans ce royaume
un crime étrange....; un déluge de maux est
prêt à fondre sur la nation, si on ne surveille
pas les sorciers ou diabolâtres Les suites
seront la destruction de la reUgion, la ruine
des peuples , des pertes étonnantes des biens que
donne la terre, . . . des divisions intestines, des trou-
bles dans l'État... Les magiciens et les sorciers sa-
pent sourdement le trône et l'autel Ils sont
ennemis du magistrat, du pruice, du ministre,
du sujet ; ils ne peuvent que nuire et renverser ;
ils ne sont ni parents , ni amis , ni hommes ; ils
sont sans cesse et invinciblement poussés à
commettre des crimes contre natm'e, des pro-
fanations, des sacrilèges, des meui-tres. « Fiard
crut voir dans la révolution l'accomplissement
de ses prophéties. Arrêté en 92 comme prêtre
non assermenté , il fut détenu deux ans sur les
pontons de Rochefort. Il en sortit plus persuadé
que jamais de l'influence du diable et des sorciers
sur la révolution française. Il continua de les
combattre dans des livres qui trouvèrent peu de
lecteurs, et mourut dans l'obscurité. On a de lui :
Lettres magiques, ou lettres sur le diable,
Paris, 1781, in-S" ; réimprimées sous le titre de
Lettres philosophiques sur la Magie, Paris,
1801, in-12; ibid., 1803, in-8°; — La France
trompée par les magiciens et les démonolâtres
du dix-huitième siècle, fait démontré par des
faits ; Fàvis, 1303, in-8°. Fiard assure dans cet
ouvrage que le diable seul a fait la révolution
française à l'aide d'hommes et de femmes qui
étaient ou des démons incarnés ou des adora-
teurs du diable, c'est-à-dire des démonolâtres et
des magiciens. On atti'ibue à l'abbé Fiard : Le
Secret de l'État , ou le dernier cri du vrai
patriote, publié d'abord en 1796 et réimprimé
619 FIARD — FICHET
à Paris, 1815, in-8°; — Le Mystère des Ma-
, gnétïseurs et des Somnambules dévoilé par
un homme du monde; Paris, 1815, in-8°.
AtnauU, Jouy, etc., Biogr. nouvelle des Contemporains,
•^ Qucrara, Lu France littéraire.
* FïAsiELLA (Domenico), dit le Sarzana ,
peintre de l'école génoise, né à Sarzane, en 1589,
mort à Gênes, en 1669. Son goût pour la peinture
se développa à la vue d'un magnifique tableau
d'Andréa del Sarto qui existait dans l'église des
Dominicains de Sarzane. Il fréquenta pendant
quelque temps l'atelier de G.-B. Paggi , puis il
partit pour Rome, où il fit une étude toute spé-
ciale des chefs-d'œuvre de Raphaël. Après avoir
passé dix années dans cette ville, où il aida le
Passignano et le chevalier d'Arpin , il revint à
Gênes, où il se fit remarquer par sa facilité à
composer de grands sujets, la correction de son
dessin, la vivacité et souvent la grâce de ses
têtes, le brillant de son coloris surtout dans
les peintures à l'huile, et son habileté à imiter les
maîtres dans ce qu'ils avaient d'approprié aux
sujets qu'il traitait. On lui reproche seulement
d'avoir manqué de patience et d'avoir souvent
fait terminer ses ouvrages par ses élèves. Fia-
sella, pendant sa longue carrière, a exécuté d'in-
nombrables peintures, répandues dans toutes les
églises de l'État de Gênes. En mourant, il laissa
pour héritier son neveu Giovanni-Battista Fiasella,
qui suivit Ses traces avec assez de bonheur.
E. B— N.
Sopratii, ^ite de' Pittori Genovesi. ~ Lanîi, Storia
délia Pittura, — Baldinucci, Notizie. — Carnpow, Gli
Artisti neyli Stati Estensi.
FIBONACCI. Voy. LÉONARD DE PiSE.
* FiCATELLi (Stefano), peintre de l'école
bolonaise , né à Cento, vers 1630, mort dans les
premières années du dix-huitième siècle. Il fut
élève et bon imitateur de son illustre compatriote
le Guerchin. Il a travaillé pour les églises de
Ferrare; mais, malgré l'imagination qu'il a dé-
ployée dans ces peintures , on préfère encore à
ses œuvres originales les excellentes copies qu'il
a laissées des tableaux du Guerchin. E. B — n.
Cittadellai, Catalogo istorico de' Pittori e Scultori Fer-
raresi, — Lanzi, Storia délia Pittura. — Ticozzi, Dizio-
nario.
FtcHARD {Jean), jurisconsulte allemand,
né à Francfort, en 1512, mort le 7 juin 1591. Il
étudia à Fribourg en Brisgau et à Spire , devint
docteur en droit en 1531, et visita Padoue et
Bologne pour y compléter ses connaissances. On
a de lui : Perioche Vitarum Jurisconsultorum,
ab Irnerio usque ad Zazimn; Leipzig, 1721;
— Tractatus Cautelarum omnium Juriscon-
sultorum; — Consilium in morbo comitiali.
Adam, Fit. Erudit. — Teissier, Élog. des .Savants.
* FIËHERELLI OU FICARELLI (Feltce), dit
Riposo , peintre de l'école florentine, né à San-
Gemignâno (Toscane), vers 1605, mort en 1660.
Il fut élève de l'Empoli , mais imitateur de Cris-
tofano Allori , dont il fut l'intime ami. Doué d'un
naturel calme et {.Kiisible, Ficherelli travaillait.
620
lentement, et ne parlait que lorsqu'il était forcé
de répondre ; de là le surnom de Felice Riposo,
sous lequel il est souvent désigné. Son talent
est simple, naturel, son coloris moelleux, délicat;
ses têtes sont gracieuses. Les rares ouvrages de ce
maître sont des modèles de la peinture finie, sans
tomber dans la recherche de la miniature. Il dut
peut-être cette perfection au soin qu'il apporta
dans l'exécution de certaines copies d'après le
Pérugin , Andréa del Sarto et autres maîtres. Un
de ses meilleurs ouvrages est un tableau de l'é-
glise de Santa - Maria • Nuova de Florence, La
Vierge offrant V Enfant- Jésus à l'adoration de
saint Antoine de Padoue. A la galerie Capponi
est une Dalila de ce maître, et à la galerie
Rinuccini un très -beau tableau d'Adam et Eve
dans le paradis terrestre ; le musée de Dresde
possède de lui un tableau de Lucrèce et Tar-
quin. E. B — n.
Baldinucci, Notizie. — Lanzi, Storia délia Pittura. — ■
Orlandi, Abbecedario. —Ticozzi, Dizionario, — Fantozzi,
Guida di Firenze.
FICHET (Guillaume) , théologien et rhéteur
français, né à Aunay, près de Paris , vivait dans
la seconde moitié du quinzième siècle. Il fut
élu recteur de l'université de Paris en 1467. Il
professait à la fois l'art oratoire , la théologie et
la philosophie. Sa réputation d'éloquence le fit
rechercher par Louis XI , qui l'employa dans
plusieurs négociations importantes. Fichet fut
regardé comme auteur de la paix conclue avec
lé duc de Bourgogne. Il se rendit ensuite à
Rome. Bessariou lui dédia les discours où il
excitait les princes chrétiens à faire la guerre
aux Turcs, et le pape Sixte IV le nomma son
camérier. Fichet, qui était très-zélé pour les let-
tres , favorisa de tout son pouvoir l'imprimerie
naissante, et fit venir d'Allemagne, pour en éta-
blir une dans la Sorbonne même, Ulric Gering,
Martin Krants et Michel Friburger, qui imprimè-
rent entre autres les lettres de Guillaume Fichet
et son traité de rhétorique. Ces deux livres ,
une des productions les plus anciennes de l'im-
primerie parisienne', parurent sous les titres de
Rhetoricorum Libri très, sans date (probable-
ment de 1470), petit in-4'';— Epistolse, in
Parisiorum Sorbona; 147t, in^".
Maittaire, Annal, ttjpograpfi., t. I. — Gibert, Jugem.
des Savants sur les Rhétoriciens, t. III. — Moréri, Gra«(i
Dictionnaire historique.
FICHET (Alexandre) , humaniste et hagio-
graphe français, né en 1588, au petit Saint-Ber-
nard, mort à Chambéry, le 30 mars 1659. II.
entra dans la Société de Jésus en 1607, et prof
fessa les humanités et la rhétorique dans le cof
lége de La Trinité de Lyon. Il avait beaucouB
d'érudition. On a de lui : Favus mellis , ed
variis sanctis Patribus collectus ; Lyon, 1615,
1617, in-24 ; — Chorus Poetarum classicorum
duplex, sacrorum et profanorum; Lyon,
1616, in-4''; — Vie de la mère de Chantai,
fondatrice des religieuses de la Visitationi
Lyon, 1642, in-8° ; — Arcana Studiorum oml
62Î
FICHET — FICHTE
022
)iium. Methodus, et Bibliotheca Scientiarum ;
Lyon, 1649, in-S".
Coionia, Histoire littéraire de la ville de Lyon. —
, Morérl, Grand Dictionnaire historique.
FïCHET DE FLÉCHY (Philippe), médecin
français, vivaitaudix-huitième siècle. Après avoir
été chirurgien dans l'armée française, il passa au
service de l'électeur palatin, qui le nomma inspec-
teur général des hôpitaux. « On ne connaît de lui,
dit la Biographie médicale, qu'un ouvrage, dicté
par l'empirisme le moins raisonné, mais dans le-
quel se trouvent des observations, au nombre de
cent trente-cinq, dont plusieurs présentent quel-
que intérêt. » Cet ouvrage est intitulé : Observa-
tions sur différents cas singuliers relatifs à
la médecine pratique, à la chirurgie, aux ac-
couchements et aux maladies vénériennes ;
Paris, 1745, 1761, 1765, in-l2.
jCiograpkie médicale.
* FiCHi (Ercole), sculpteur et architecte ita-
lien, né à Imola.en 1595, mort à Bologne, en 1665.
11 fut élève d'Emilio Savonanzi. Après avoir tra-
vaillé en stuc et enmarbredans différentes villes
de la Romagne, il vint se fixer à Bologne, où, en
1641, il fut nommé adjoint à Vincenzo Porta
comme architecte de la ville. On voit de lui à
l'église Saint-Paul les statues en terre cuite de
Saint Charles et de Saint Philippe Néri.
E. B— N.
GiiaUndi,Me7norieoriginalidi Belle Arti.— Gualandl,
Tre Giorni in Boloyna. — Malvasia, Pitture, ScuUure e
Jrchitetture di liotogna. — Orlandi, Abbecedario.
FICHTE {Jean-Théophile), célèbre . pliilo-
sophe allemand , chef d'école, naquit le 19 mai
178*2, dans le village de Rammenau, près de Bis-
chofswerda, dans la haute Lusace, et mourut
à Berlin, le 28 janvier 1814. Il était fils d'un petit
industriel renommé pour sa probité, et qui des-
cendait d'un officier suédois établi dans le pays
lors de la guerre de Trente Ans. Le jeune
Fichte donna de Ibrt bonne heure des preuves
de l'originalité de son esprit et de l'indépen-
dance do son caractère. Son père, tout en le
surveillant dans une certaine mesure, le laissa
se développer avec une grande liberté. Le ba-
ron de Miltitz, qui avait été frappé des heu-
reuses dispositions de l'enfant, se chargea de
son éducation; il le plaça d'abord, sous la di-
rection d'un pasteur des environs de Missnie,
dans le village de Niederau , où il passa ses pre-
mières et plus douces années; puis il le fit en-
trer au collège de Schulpforta. Fichte avait alors
treize ans : la perte de sa liberté , les mauvais
traitements d'im camarade idiot, lui inspirè-
rent une de ces résolutions extraordinaires, que
l'on prend à cet âge, où l'on ne connaît le monde
que par les lectures. Fichte, qui avait lu Robin-
son Cnisoé, voulut marcher sur les traces de
ce héros de Foé. Déjà il était sur la route de
Hambourg pour aller vivre dans quelque île loin-
taine et ignorée , quand le souvenir de sa mère
le ramena au collège et au devoir. Dès lors il se
livra avec ardeur à l'étude, et devint un des
meilleurs élèves de l'établissement. Une grande
lutte était engagée en Allemagne à cette époque
entre la vieille génération et la nouvelle. La lec-
ture de Wieland, de Lessing, de Gœthe, était
prohibée au collège ; mais , grâce à la compli-
cité d'un des jeuues professeurs, Fichte réussit
à se procurer les feuilles satiriques que Lessing
publiait contre le pasteur Gœtze de Hambourg,
qui était le type de l'intolérance dogmatique.
Cette lecture fit naître en lui le besoin d'une li-
berté d'examen insatiable, et fut pour le jeune
élève le commencement d'une nouvelle vie in-
tellectuelle.
A dix-huit ans, Fichte se rendit àj'université
d'Iénapour étudier la théologie; mais son génie
philosophique fut de plus en plus excité par ses
études théologiques mêmes et par les doutes
qu'elles lui faisaient concevoir. Ce fut surtout le
problème de la liberté morale dans ses rapports
avec la nécessité de l'ordre universel et avec la
Providence qui l'occupa dans ces premiers temps.
11 se décida d'abord pour l'opinion désignée sous
le nom de déterminisme , et selon laquelle tout
dans les actions humaines est prévu et destiné
à concourir vers un b\it commun et unique avec
ia volonté éternelle , absolue, divine. L'étude de
Spinosa le confirma dans ces vues. Néanmoins,
il sentait en lui quelque chose qui n'était pas
satisfait : c'était le sentiment de sa personna-
lité, sentiment qui se fortifiait de toute l'énergie
de son caractère et que le déterminisme ne pou-
vait ni abolir ni expliquer. Ce sentiment de la
liberté, de la détermination par soi, se pro-
nonça chez lui avec tant de force qu'il devint,
comme on va le voir, la base de toute sa philo-
sophie. La mort de son père adoptif le laissa
livré à ses propres ressources, et pour termi-
ner ses études il eut à s'imposer des privations
qui ajoutèrent encore à la force de son caractère.
Le besoin le contraignit d'accepter la place de
précepteur dans une maison de Zurich. Dans
cette ville , il fit connaissance avec M"" Rahn ,
nièce de Klopstock, qu'il épousa depuis. Il quitta
Zurich au printemps de 1790, pour aller cher-
cher en Allemagne une position plus analogue
à ses goûts. « Je suis peu fait, écrivait-il à cette
époque, pour n'être qu'un savant. Je ne veux pas
seulement penser, je voudrais agir, et je cherche
moins à cultiver mon esprit qu'à former mon ca-
ractère. » Mais, après avoir clierché vainement à
être employé activement à Stuttgard et à Wei-
rnar, il se rendit à l'université de Leipzig pour
s'occuper principalement de la philosophie de
Kant, qui avait encore tout l'intérêt de la nou-
veauté. Plusieurs lettres écrites par lui à cette
époque de sa vie nous montrent quelle révolu-
tion l'étude de cette philosophie, surtout celle
de la Critique de la Raison pratique, pro-
duisit dans son esprit. « Depuis que j'ai étudié la
philosophie de Kant, dit-il, je crois de toute
mon âme à la liberté de l'homme. Quel respect
ce système nous inspire pour la dignité hu-
623 . FICHTE
maine ! quelle force nouvelle el.e nous donne ! »
A son retour de Varsovie, où il s'était rendu
pour essayer encore une fois de la vie de pré-
cepteur, mais où il avait été refusé, à cause de
sa vicieuse prononciation de la langue française
et surtout à cause de ses manières pen soumises ,
il passa par Kœnigsberg pour voir en personne
l'auteur de la Critique. Kant le reçut [d'abord
froidement, et ne lui témoigna de l'intérêt qu'a-
près que Fichte lui eut remis le manuscrit de
l'ouvrage qui parut depuis sous le titre de Ver-
suche einer Kritik aller Offenbarung (Essai
d'une Critique de toute Révélation) ; 1792. Pour
échapper à la détresse dont il fut atteint à Kœ-
nigsberg ,-il se fit de nouveau précepteur. Cette
fois il fut plus heureux ; le comte et la comtesse
de Krockow, chez qui il vint habiter dans les en-
virons de Dantzig, lui firent l'accueil le plus bien-
veillant, et bientôt un premier succès littéraire,
dû en partie à une méprise , commença sa cé-
lébrité. Après bien des refus, le libraire Har-
tung consentit à publier à Halle , sans le nom
de l'auteur, la Critique de toute Révélation.
Fondé sur ce principe que la vérité d'une reli-
gion qui se dit révélée doit moins se présumer
en raison des événements miraculeux qui en
auraient accompagné la publication qu'en raison
de son contenu, surtout de son accord avec la
loi morale , ce livre était tellement dans l'esprit
de Kant que la Gazette littéraire d'Iéna n'hé-
sita pas à l'annoncer comme une production
de ce philosophe et à lui décerner les plus ma-
gnifiques éloges (1).
Introduit avec tant d'éclat dans le monde lit-
téraire, Fichte put enfin songer à consommer
son union avec sa fiancée. Il se rendit à Zurich,
vers la fin de 1793. Deux ouvrages lemar-
quables furent les fruits de ses loisirs de Zurich,
Ainsi que Klopstock et Schiller, Fichte avait pris
un vif intérêt à la révolution française ; il en
avait salué l'aurore avec enthousiasme , et il ne
se découragea pas lorsque de mauvaises passions
et la résistance qu'elle rencontra lui firent dé-
passer son but; Dans un écrit intitulé : Beitrxge
zur Berichtigung der Urtheile des Puhli-
kums iiber die franzœsische Révolution (Do-
cuments pour servir à rectifier les jugements du
public sur la révolution française), 1793, 2 vol.
in-12, il souleva la question de la légitimité des
révolutions en général. Il y établit qu'il ne sau-
rait y avoir de constitution absolument invaria-
ble , toute constitution étant le produit du temps
et des besoins du moment. Il déduit le droit de
l'insurrection de l'existence d'un contrat social.
L'idée d'un contrat est, selon lui, renfermée dans
l'idée même de l'État ; lui seul donne des droits
et impose des devoirs. Fichte dans cet écrit se
624
(1) « Tous ceux, dit alors naïvement ce journal, qui
ont lu les moindres écrits de Kant n'auront pas de peine
à reconnaître, dans ce livre son admirante auteur. » Il
laut ajouter à l'honneur de Kant qu'il n'eut rien de
plus pressé que de rendre à Fichte ce qui lui était dû.
montre fi-anchement révolutionnaire; mais il ne
veut pas que les réformes, même les plus né-
cessaires, se fassent aux dépens ide la justice
et de l'humanité. Le second ouvrage, écrit dans
le même esprit, est intitulé Zurûchforderung
der Denkfreiheit von den Fûrsten Europas
(Revendication de la Liberté de la pensée,adressée
aux princes de l'Europe) et daté de Van dernier
des ténèbres, 1793. Ces deux ouvrages lui atti-
rèrent l'accusation de démagogie et de jacobi-
nisme. Plus tard , après la publication de sa Phi-
losophie du Droit , il eut à se défendre du re-
proche contraire.
C'est vers ce temps qu'il jeta les premiers fon-
dements de son sytème, qui, destiné d'abord à
compléter la philosophie de Kant , ne tarda pas
à former opposition avec elle^ Il était occupé à
méditer sa nouvelle doctrine, lorsque le gouver-
nement de Weimar lui offrit la chaire de phi-
losophie , laissée vacante à léna par le départ de
Reinhold. Fichte accepta et arriva au printemps
de 1794 à léna, où l'attendaient des amis en-
thousiastes et des adversaires non moins pas-
sionnés. Il comprit tout ce qu'il aurait à déployer
de talent et de zèle pour répondre à l'attente des
uns et pour triompher de la jalousie des autres.
Il eut tout aussitôt un grand succès. Un de ses
collègues , dans un écrit qui parut en 1796, s'ex-
prime ainsi sur l'effet que Fichte produisit: « On
croit l'entendre cherchant la vérité et la suivant
dans toutes ses profondeurs ; le génie de sa phi-
losophie est un esprit plein de force et de fierté.
Le caractère distinctif de son individualité, c'est
la plus haute probité... Ce qu'il dit de meilleur
porte le cachet de la force et de la grandeur...
La sévérité de ses principes est peu tempérée par
la politesse ; cependant il souffre la contradic-
tion... Sa diction se précipite comme un torrent,
éclate comme une tempête. Il ne touche pas ,
mais il élève l'âme... Son regard est sévère, sa
démarche altière et décidée; son imagination
n'est pas fleurie, mais vive et puissante. »
Dès son arrivée à léna, Fichte exposa le prin-
cipe fondamendal de son système dans un pro-
gramme intitulé TJeber- den Begriff der Wis-
senschaftslehre ( De l'Idée de la Doctrine de la
Science)', 1794, annonçant qu'il avait trouvé le
moyen d'élever enfin la philosophie au rang
d'une science évidente. II développa cette idée
dans un ouvrage plus étendu. En même temps
il pubUa ses Vorlesungen ueber das Wesen des
Gelehrten, 1805 (Leçons sur l'Essence du Sa-
vant), qui sont l'expression fidèle de son carac-
tère, et dont l'idée principale est que le savant,
qui doit être l'homme le plus vrai et le plus dé-
veloppé, est surtout appelé à l'action. « Agir,
agir, s'écrie-t-il, voilà notre rôle ici-bas. La des-
tination du savant est de se perfectionner sans
cesse par une libre activité, et de travailler au
perfectionnement de ses semblables. »
Telle était aussi, malgré de vives sollicitations
d'une autre nature , la seule action qu'il voulut
625
FICHTE
626
exercer lui-même. léna était alors l'université la
plus fréquentée de l'Allemagne. L'unique but de
Fichte dans ses rapports avec la brillante jeu-
nesse qui l'entourait fut de la former à la spé-
culation et à une activité désintéressée, deux
choses que sa philosophie lui paraissait devoir
concilier plus qu'aucune autre. Tandis que les
adversaires de sa doctrine lui reprochaient de
favoriser l'égoïsme et de ne point tenir compte
des affections du cœur, Fichte y puisait le plus
énergique enthousiasme pour la vertu et les plus
nobles inspirations. Son idéalisme n'avait laissé
subsister comme réalité unique que le moi, le-
quel n'arrive réellement à son existence propre
que lorsquel, s'arrachant aux vaines illusions
i d'un monde chimérique , il s'élève dans la sphère
des idées morales et conquiert ainsi sa véritable
liberté. 11 n'était si pleinement satisfait des ré-
sultats de sa spéculation que parce qu'ils justi-
fiaient à ses yeux ses vues biens arrêtées sur la
iestination morale de l'homme. Cette conviction
^tait pour lui une garantie de la vérité de sa
philosophie. Cette philosophie relevait histori-
quement de celle de Kant ; mais dans sa direc-
;ion particulière et dans son caractère spécial ,
îlle fut surtout déterminée par l'individualité de
ion auteur.
La Critique de Kant, tout en admettant la réa-
ité des choses extérieures , avait néanmoins
ibouti à une sorte d'idéalisme , en ce sens que
selon ce philosophe nous ne pouvons pas con-
laître les choses telles qu'elles sont en soi , mais
îeulement telles qu'elles nous apparaissent selon
es formes de notre entendement , selon les lois
le notre esprit. Mais Kant avait posé en prin-
;ipe que nous ne pouvons réellement connaître
jue ce qui nous est donné dans l'observation ,
ioit externe , soit interne, et il n'avait rétabli
. 'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme
ju'au moyen de la raison pratique , comme con-
litions nécessaires de la Uberté et de la loi mo-
ales. Tel est le point de départ de la philoso-
phie de Fichte. Il l'appelle Wissenschaftslehre
Doctrine de la Science), parce que selon lui le
)roblème capital de toute philosophie, c'est de
echercher sur quel fondement repose le savoir,
[uel est le rapport de nos idées avec leurs ob-
ets , sur quoi se fonde notre conviction de la
éalité objective de nos idées. Pour résoudre ce
Hoblème, Fichte ne part point, comme Kant,
le l'analyse de la faculté de connaître, ni, comme
i ileinhold, du fait primitif de la conscience, mais
)ien d'un acte spontané du moi, qui construit la
;onscience elle-même et tous ses phénomènes.
Fichte ax'riva ainsi à l'idéalisme transcenden-
',al, ou à la doctrme de l'identité du sujet et de
'objet. Le principe de ce système est cette pro-
i position : le moi est ce qui se pose lui-même,
'/est-à-dire que la conscience de soi est donnée
' mmédiatement', qu'elle est le produit immédiat
le l'intuition du moi par lui-même. Il en résulte
lu'il nous est impossible de sortir de la sphère
de la conscience, et que, considérées de ce point
de vue, toutes les existences ne sont autre chose
que des modifications de notre intelligence.
Royer-Collard , dans un discours d'ouverture
prononcé en 1813, soutint que le caractère le
plus général de la philosopliie moderne , c'est de
douter de l'existence réelle du monde extérieur,
c'est-à-dire d'êti-e idéaliste; que toutes les éco-
les, celles de Locke et de Condillac, tout comme
celles de Descartes , de Leibnitz et de Kant, avec
plus ou moins de connaissance de cause, pro-
fessent l'idéalisme. Or Fichte n'a fait qu'exposer
cet idéalisme d'une manière absolue, sauf en-
suite à rétablir la réalité du monde par la foi de
la raison en elle-même.
Ainsi que Spinosa déduisit tout son système
de la définition de la substance, Fichte prétendit
déduire le sien de cet acte spontané du moi par
lequel il se pose lui-même. Dans ce principe ab-
solument primitif, qu'il exprirae par cette formule
a = a, se trouve renfermée toute la philoso-
phie. Le moi est à la fois le principe actif et ce
qui est produit par son activité. Là-dessus se
fonde cette définition : Ce qui tire son être de
ce seul fait qu'il se pose comme étant est le
moi comme sujet absolu. Un second acte pri-
mitif de l'esprit est d'opposer au moi un non-
moi , et peut s'exprimer ainsi : a n'est pas = a.
Or, par cela même qu'un non-moi est opposé
au moi, le non-moi est reconnu pour autre
chose que le moi, et il semble que par cet acte
la réalité d'un monde extérieur se trouve primi-
tivement posée. Mais cette réalité n'est encore
que supposée, et elle n'est reconnue ici que dans
le raoi et relativement au moi. Une troisième
proposition, résultant d'un troisième acte pri-
mitif de l'esprit, est celle-ci : Le moi et le non-
moi sont posés tous deux par le moi et dans
le moi comme se limitant réciproquement, de
telle sorte que la réalité de l'un détruit en
partie la réalité de l'autre.
Par ces trois actes primitifs de l'esprit et les
trois principes qui en résultent, toute connais-
sance absolue et immédiate se trouve épuisée,
et il est impossible de remonter plus haut. Le
résumé des trois principes est : Le moi et le non-
moi se déterminent réciproquement; et cette
proposition renferme ces deux autres : — Le
moi se pose comme déterminé par le non-moi,
comme limité par lui ; — le moi pose le non-moi
comme limité par le moi , ou le moi comme
déterminant le non-moi. La première de ces
deux propositions est le fondement de la philo-
sophie théorique, la seconde celui de la philoso-
phie pratique. La réflexion commence nécessai-
rement par la partie théoiique, parce que le
principe pratique se fonde analytiquement sur
le principe théorique-, mais au fond la raison
théorique dépend de la raison pratique. En
d'autres termes, la réalité d'un monde objectif,
qui demeure problématique dans la philosophie
théorique, ne devient certaine que dans la phi:;
627 FïCHTE
losophie pratique; car pour que le moi puisse
déterminer le non-moi, pour qu'il puisse agir
sur le monde extérieur, il faudra bien qu'il en
admette l'existence réelle et objective.
C'est sur ces bases que Fichte établit ce qu'il
appelle l'idéalisme critique ou transcenden-
tal, lequel selon lui, en ne posant le monde que
par le moi et pour le moi, tient le milieu entre
le réalisme et l'idéalisme dogmatique. Le fonde-
ment de toute réalité pour le moiest l'action ré-
ciproque du moi et du non-moi. Cette doctrine
est réaliste, en ce qu'elle établit que le moi
pour agir, c'est-à-dire pour exister, a besoin de
recevoir une impulsion du dehors, de la part
d'une puissance qui lui est opposée et qui en
est indépendante; elle est idéaliste, en ce
qu'elle déclare que cette impulsion qui sollicite
îe moi à l'action ne lui impose rien qui lui soit
étranger, que cette puissance extérieure ne sau-
rait être que sentie et non pas reconnue en soi,
et que toutes les déterminations de l'objet sont j
tirées du sujet. En même temps qu'il dévelop- !
pait la partie théorique de son système, Fichte |
l'appliquait à la philosophie du droit et à la mo- j
raie, qu'il exposa dans deux ouvrages remar- '
quables : Grundlage des Naturreclits (Fonde- i
ments du Droit naturel ) ; 1 796-1797 ; — System \
derSi^t'enie/zre (Système de ia Morale); 1798. ;
Le droit et la morale ont pour base l'idée de la \
liberté. La notion du droit est donnée primiti- |
vement, et suppose hors du mol l'existence i
d'autres êtres également raisonnables et libres. |
L'homme ne peut se concevoir comme un être '
isolé et ne peut devenir ce qu'il est que par la |
société. Dans ses rapports avec ses semblables, !
il se sent obligé de respecter leur liberté, et re- |
connaît que sa liberté est limitée par celle des au- i
trui. C'est là ce qui constitue le droit naturel, i
qui ne peut être assuré que par l'État , dont ie i
but doit être de réaliser le droit. L'objet de la i
philosophie sociale est de trouver une constitu- |
tion qui assure à la volonté générale l'empire j
sur les volontés particulières , afin de garantir |
les droits de tous. La politique de Fichte est du
reste assez semblable à celle de Rousseau et à
celle que le gouvernement sincèrement représen-
tatif peut seul réaliser dans un grand État ; mais
il fait dépendre la forme du gouvernement du de-
gré de respect pour la légalité où est arrivée une
nation, et il juge admissible toute constitution
qui rend possibles le progrès général et ie déve-
loppement légitime des facultés de chacun. En
ce qui concerne le droit de répression, Fichte se
rapproche du système pénitentiaire, et se pro-
nonce contre la peine de mort. La morale de
Fichte, destinée à suppléer à l'insuffisance des
lois civiles et à servir de lien à l'humanité tout
entière, a beaucoup de rapport avec celle de
Kant, et en partie avec celle des stoïciens. Nous
ne pouvons ici en indiquer que les propositions
principales, i' Le principe de la moralité , selon
Fichte, est la pensée nécessairement conçue par
62lj
l'intelligence qu'elle doit déterminer, absolumenj
et sans exception , sa liberté d'après la notioi'
de la personnalité indépendante du moi.
C'est, en d'autres termes, à peu près le principi
de Kant , qui veut que l'homme obéisse excluj
sivement à la voix de la raison morale, san
autre motif que celui de lui obéir. Cette con
viction que nous avons que telle est notre des
tination constitue le devoir. La loi morale sup
pose la réalité du monde objectif; elle détei
mine à la fois l'objet de l'action morale et 1
commandement. Elle nous apprend qu'il y ,
hors de nous des hommes libres comme noua
et nous ordonne en conséquence de les traite
comme tels. La loi morale constitue notre exis
tence dans le monde intelligible ; par l'actio
seule nous existons dans le monde phénoménal
La fin de toute action morale doit être de d(
livrer le moi de tout ce qui entrave et limil
la liberté, de tendre à la libellé absolue.
Les doctrines de Fichte ne tardèrent pas
alarmer le dogmatisme théologique. Ayant vu 1
bon effet que ses leçons sur la destination d
savant avaient produit sur les étudiants, il di
sirait les continuer les dimanches, à une hem
non consacrée au culte public. Une feuille sei
vile, rappelant les opinions démocratiques pr(
fessées autrefois par Fichte, l'accusa de voulo
substituer à l'exercice de la religion chrétiem
le cuite impie de la Raison. Il fut obligé de n
noncer à ses leçons du dimanche. En mên
temps il échoua dans le projet qu'il avait forn
d'amener les étudiants à renoncer à leurs asS'
dations secrètes. Déjà ils lui avaient décla
qu'ils étaient prêts à les dissoudre. Le gouve
nement crut devoir intervenir, et, par les pr
cautions qu'il voulait prendre dans cette affair
non-seulement la fit mancpier, mais encoie lais
planer sur Fichte le soupçon d'avoir voulu ab
ser de la bonne foi des étudiants. Pour se sou
ti'aire à leurs démonstrations hostiles ,• il f
obligé de suspendre ses cours. Cet orage été
à peine dissipé lorsqu'un autre, plus violent , i
leva sur sa tête. Un article inséré par lui dai
le Journal philosophique, qu'il pubfiait en S'
ciété avec son collègue Niethammer, le fit ace
ser d'athéisme. Cet article, intitulé : Du fond
ment de la foi en un gouvernement mon
du monde, était destiné à rectifier le travail (
son ami Forberg , inséré dans la même feiiil
sous ce titre : Développement de Vidée de i
religion. L'électeur de Saxe fit saisir le journa
et somma le gouvernement de Weimar de sév
contre les auteurs des articles incriminés. Cela
ci se serait contenté d'une simple réprimant,
adressée publiquement aux inculpés ; mais Fich^
demanda ou une absolution ou une condama?
tion formelle, et offrit sa démission. Elle fil
acceptée, et Fichte, banni de tous les Étal
saxons, se réfugia à Berlin, en 1799. Loin de s
laisser abattre par ces persécutions , il y pui^
une énergie nouvelle, n'y voyant qu'un effet fl
029
cette réaction que rencontreat toujours les hom-
nii's qui prétendent exercer sur leurs contempo-
rains une action puissante.
Voyons comment à cette occasion Ficlite, dans
son Verantwortungsschrift (Apologie), 1799,
conciliait l'idée de Dieu avec son idéalisme.
Selon ce philosophe , le monde sensible n'étant
qu'une idée , une représentation , ne saurait
i'ournir une preuve de l'existence de Dieu. Cette
existence ne peut être déduite que de la loi mo-
rale qui se révèle dans la conscience et de
l'oidre moral qui en résulte. Dieu est cet ordre
moral lui-même, ou plutôt l'unité , le principe,
le modérateur de cet ordre. Dieu ne doit pas
être conçu comme une substance, mais comme
principe actif, action pure. Dans son essence, la
Divinité est tout entière conscience, intelligence,
vie et activité spirituelle; elle ne saurait être
renfermée dans une notion, elle est incompré-
hensible.
Le premier fruit du repos (}ue Fichte retrouva
à Berlin fut son ouvrage intitulé : Von der Be~
stmmunrj des Menschen ( De la Destinée de
l'Homme ). Dans cet important ouvrage^ qui com-
mence dans la vie philosophique de l'auteur
une période nouvelle , on voit i 'homme pensant
passer du doute à la science , de la science à la
foi. La science à laquelle Je conduit la spécu-
lation est toute négative quant au monde exté'
rieur, et ne laisse subsister pour toute réalité
que la conscience et son monde idéal. Cependant
une voix intérieui'e le pousse à l'action , à une
action conforme à la loi de son être , et ce com-
mandement s'adresse à quelque chose qui est
hors de lui et indépendant de ses idées. D se sent
obligé d'avoir foi en toutes les existences que
suppose la loi morale. Ainsi, la foi commence où
la science nous abandonne. Cette foi n'est autre
chose que l'assentiment que l'homme se sent
pressé de donner à ses convictions naturelles.
Ces convictions sont inébranlables à toutes les
subtilités du raisonnement. C'est donc la volonté
et non l'entendement qui est le germe d'où se
développera son intelligence. Si sa volonté est
droite, son intelligence sera infaiUible. La vérité
n'est réelle qu'autant qu'elle se réclame de la
foi , et toute vérité découle de la conscience mo-
rale. Désormais il s'en rapportera sans hésiter
au témoignage de sa conscience , et s'appliquera
à savoir et à faire ce qu'elle veut de lui. Soii
devoir, sa destinée, est d'obéir absolument à
cette voix intérieure. Mais cette destinée ne
peut s'accomplir qu'autant qu'il admet comme
réels les objets dont la foi de sa conscience sup-
pose la réalité. C'est ainsi que la raison pratique
supplée à la raison théorique. Sur cette base,
Fichte rétablit l'existence de nos semblables et
de leurs droits, celle du monde phénoménal, et
au-dessus de celui-ci celle d'un monde spirituel
et la vérjté d'une autre vie, qui poiu- l'homme
commence déjà ici-bas. Le ciel est dans le cœur
ik l'homme de bien; une vie vertueuse est la
FICHTE 630
préparation à la vie éternelle; elle en est le com-
mencement. Fichte déduit enfin de la raison pra-
tique l'existence de Dieu, qu'il conçoit comme
l'auteur de la loi du monde moral , comme la
volonté infinie , éternelle , universelle, qui se ré-
vèle aux intelligences finies par l'organe de la
conscience, et qui est l'âme, le lien commun de
tout ce qui existe. Il y a peu d'ouvrages mys-
tiques où respire une plus fervente piété, un
renoncement plus absolu aux choses de la terre ,
avec une plus ferme croyance à la sainteté de la
loi et à l'immortelle destinée de l'homme, que
dans les dernières pages de ce livre , écrit au
moment où l'auteur venait d'échapper à l'accu-
sation d'avoir nié Dieu.
Il n'avait pourtant abjuré aucune de ses con-
victions philosophiques. Il renonça si peu à Fi-
déaiisrae, qu'il publia en 1802, sans aucun chan-
gement , une nouvelle édition de son principal
ouvrage sur la Théorie de la Science. Mais il
Ir. soumit à un nouvel examen , afin de la mettre
plus d'accord avec sa conscience religieuse. Com-
bler l'abîme qui semble séparer la réflexion et la
foi et les concilier ensemble , telle était mainte-
nant la tâche que Fichte mit toute la force de son
esprit à remplir. C'est à cette époque de transition
qu'appartiennent plusieurs de ses ouvrages, par-
ticulièrement les suivants : Ueber die Bestim-
mung des Menschen (De la Destinée de
l'Homme ) ; Berhn, 1800 ; — Antwortschreiben
an Reiniiold ( Réponse à Reinhold ) ; 1801 ; —
Sonnenklarer Bericht an das Publikum ueber
das eigentliche Wesen der neuesten Philoso-
phie ( Compte-rendu clair comme le soleil sur
l'état véritable de la philosophie nouvelle ) ; 1801 .
Déjà , Comme on l'a vu , dans le premier de
ces écrits ^ Fichte passe du doute à la foi par la
science, et subordonne la réflexion à un besoin
plus élevé de la raison. Cette tendance nouvelle
de son esprit devient de plus en plus évidente
dans ses leçons sur les Grunôziige des gegen-
loàrtigen Zeitalters ( Traits caractéristiques du
siècle actuel); 1806;.Sî<r V Essence du Savant
(Ueber das Wesen des Gelehrten); 1806; et
surtout dans sa Anweisung zîcm sellgen Leben,
oderdie ReligionsleM-e (Théorie de la Vie bien-
heureuse, ou science de la religion) ; 1806. Le pre-
mier de ces trois ouvrages renferme les idées de
l'auteur sur la plnlosophie de l'histoire, idées
qu'il développa plus tard dans sa Siaatslehre
(Leçons sur la Politique); Berlin, 1813 et 1820.
Dans CCS discours , le fondement de sa doctrine
est l'idée d'une révélation éternelle de Dieu dans
la conscience de l'homme. Cette révélation se
montre d'.ihord sous la forme de l'instinct ot
d'une foi traditionnelle, et devient peu à peu une
vue claire et raisonnée de l'univers au moyen
de l'idée religieuse. Le dernier terme de la ma-
nifestation divine dans l'humanité serait une
sorte de théocratie rationnelle, le règne de Dieu
amené par les progrès de la raison , et sous le-
quel le christianisme raisonné deviendrait la base
631
FICHTE
632
d'une constitution politique universelle. Dans la
Philosophie de la Religion , Fichte montre en-
core une fois comment par degrés la conscience
morale , la raison pratique , en se développant ,
s'élève jusqu'à l'idée de Dieu, dans laquelle toute
réllexion s'arrête et se repose.
Du reste, la vie de Fichte présente peu d'évé-
nements à cette époque. Il réunit autour de lui
un brillant auditoire, composé de jeunes savants,
d'hommes du monde, de hauts fonctionnaires.
Nommé en 1805 professeur à l'université d'Er-
langen, avec la faculté de passer les hivers à
Berlin , c'est dans cette capitale qu'il apprit la
nouvelle de la bataille d'Iéna. Résolu de partager
le sort des vaincus, il quitta Erlangen, et se rendit
à Kœnigsberg , où on lui accorda provisoirement
une chaire. La veille de la journée de Fried-
land , il partit pour se réfugier jusqu'à Copen-
hague , et ne retourna auprès de sa famille qu'a-
près la paix de Tilsitt. Cependant la Prusse, déchue
de son importance politique, songea à se fortifier
intérieurement, et porta surtout son attention
sur l'instruction publique. Une université devait
être établie à Berlin , et Fichte fut chargé d'en
rédiger le plan ; mais son projet, fort remarquable
d'ailleurs, avait quelque chose de trop idéal pour
pouvoir être adopté. Vers le même temps, un
autre projet occupait Fichte. Il avait vu avec
douleur la vieille Allemagne succomber en grande
partie par sa propre faute , et il pensait que
pour la relever il fallait avant tout retremper
le caractère national. C'est pour y contribuer
qu'il prononça, pendant l'hiver de 1807 à 1808,
dans une des salles de l'académie, et souvent au
bruit du tambour français, ses Discours aux
yl^^emancZs, empreints d'une noble et courageuse
énergie. Il avait fait d'avance le sacrifice de sa
liberté, de sa vie même, s'il le fallait; mais, soit
générosité, soit prudence, la police française ne
l'inquiéta point.
L'université de Berlin ayant été organisée ,
Fichte y fut appelé, et la gouverna deux années
comme recteur, avec une grande fermeté. Quand,
après l'expédition de Russie, l'Allemagne conçut
l'espoir de reconquérir son indépendance , il of-
frit à son gouvernement de servir dans l'armée
en qualité d'aumônier. Son offre fut refusée;
mais il eut alors le bonheur de rendre un grand
service à sa patrie. Berlin avait encore une gar-
nison française, et le gouvernement hésitait.
Pour le forcer à se déclarer, un homme auda-
cieux forma le projet de faire massacrer nui-
tamment cette garnison. Heureusement un des
conjurés, élève de Fichte, ayant conçu des scru-
pules sur la légitimité d'un tel attentat, vint lui
faire part du complot. Fichte ne balança point :
il courut chez le chef de la police prussienne, et
le porta à empêcher un crime odieux et d'ail-
leurs inutile. La guerre, en s'éloignant de Berlin,
y laissa, avec une foule de soldats malades et
blessés, un mal contagieux. Avec beaucoup d'au-
tres dames, M"^** Fichte se dévoua à les soigner.
La contagion la saisit, et ne la quitta que pour
attaquer Fichte lui-même. C'était au moment où s
ilji^vait repris ses études avec plus d'enthousiasme j
que jamais, où il allait mettre la dernière main j
à son œuvre. Il succomba, ou, comme il s'ex-i
prima quelques instants avant de mourir, il fut*!
guéri de tous les maux. Dans son extérieur tout
indiquait la force, la résolution, l'énergie. Son,
corps, court et ramassé, était musculeux, et uni
sang abondant circulait dans ses veines. Sa dé-
marche ferme et décidée annonçait en quelque
sorte la droiture et la vigueur de son caractère.
Sa volonté était en tout temps forte , entière et
invariable dans ses déterminations. On pouvait
l'accuser de roideur et d'obstination, mais c'est'
à ce prix qu'il fut au-dessus de toute faiblesse.
Il ne fut pas seulement un grand penseur, i]
fut encore un grand citoyen et, suivant sa propre
définition du savant, un homme vrai , complet,
au-dessus de tous les intérêts, de toutes les con-
sidérations vulgaires , tout entier à son devoir
et ne cherchant d'autres suffrages que celui de
sa propre conscience.
Nous avons indiqué les traits principaux de
la philosophie de Fichte. Nous n'avons pas voulu
la séparer de sa biographie, parce que nulle doc-
trine n'a été autant que la sienne déterminée \
par le caractère de son auteur, et que sa vie
est le meilleur commentaire de sa philosophie.
Pour la comprendre et pour la juger avec équité,
il faut la considérer dans son origine historique
et dans son origine psychologique. La philoso- 1
phie de Fichte est à la fois l'expression de son
individualité et la conséquence naturelle de la
philosophie de Kant. Son idéalisme découle iné-
vitablement de son principe : si l'on part non
plus des faits de la conscience, des lois et des
formes de la raison , mais d'un acte primitif et
spontané du moi, et si l'on veut faire sortir
exclusivement de ce principe , comme de sa ra-
cine, un système tout d'une pièce, on arrive
nécessairement à l'idéalisme tel que Fichte l'a
formulé ; le monde extérieur ne paraîtra qu'une ;
création du moi ou une négation , et il ne sera
possible de reprendre possession de la réalité
que par la foi de la raison en elle-même. Sous
sa première forme , la philosophie de Fichte est
une protestation violente contre le sensualisme,
qui représentait le moi comme un produit du
non-moi , l'entendement tout entier comme le
résultat de la sensation. Irrité de cette préten-
tion de la matière sur l'esprit , il s'applique à la
réduire elle-même au néant, afin d'assurer la
souveraineté de celui-ci.
Dans ses développements ultérieurs , on peut
considérer la philosophie de Fichte comme une
démonstration de la vanité de la spéculation, et
de la nécessité de s'en rapporter aux convictions
naturelles de la conscience. Se rapprochant alors
de la philosophie de Jacobi ( voy. ce nom ) , et
ne retenant de l'idéalisme qu'une sorte de dé-
dain oour la matière et un profond sentiment de
633
FICHTE — FICIN
G3-i
la liberté , il place, son point d'appui dans la loi
morale , comme la seule vérité positive et immé-
diate , et reconstruit sur cette base inébranlable
l'édifice de ses convictions et de ses croyances.
Au lieu de déduire la morale de la science , il fait
dépendre la science de la morale, la raison
théorique de la raison pratique. Celle-ci est in-
faillible , et, au défaut de la démonstration , la
foi qui lui est due nous force de reconnaître
toutes les existences dont elle est obligée de
supposer la réalité, sous peine de n'être elle-
même qu'une chimère. Outre les ouvrages cités,
on a de Fichte ; Grundlage der gesammten
Wissenschqftslehre (Principe fondamental de
l'ensemble de la Doctrine de la Science); 1794;
— Grundriss des Eigenthumlichen der Wis-
senschaftslehre (Tableau abrégé de ce qu'il y a
, de particulier dans la Doctrine de la Science) ;
léna, 1795; — Vorlesungen ueber die Be-
st immung des Geiehrten ( Leçons sur laDcstina-
tiou du Savant) ; lé'na, 1794 ; — Anweisung zum
1 seitgen Leben (Guide pour la vie bienheureuse ) ;
: Berlin, 1806. — Les Œuvres posthumes de
I Fichte ont été publiées sous ce titre : Nachge-
■ lassene Werhe , herausgegeben von J. - G.
Fichte (fils de l'auteur); Bonn, 1834-1835,
3 vol. Ses Œuvres complètes ont été également
; éditées par son fils, sous le titre de : Fichte's
■ sxmmtliche Werke; Berlin, 1845-1846, 8 vol.
I J. WiLM , dans VEnc. des G. du M., avec add. ]
Wilrn, Nouv. Bev. germ., t. VII et VIII. — Le même,
Hist. de la Littérature allemande. — J.-H. Fichte,
Fichte's Leben und litterarischer Briefwechsel, 2 vol.
)n-8°. — De Rémusat, De la Philos, ail. — Dict. des Se.
phil. — Rltter , Hist. de la Philos. — Ersch et Gruber,
Jllg. EncL — Conversât.- Lex. — W. Smitb , Memoir
of John GottUeb Fichte; Londres, 1848.
FicHTEL (Jean-Ehrenreich), naturaliste
hongrois, né à Presbourg, le 29 septembre 1732,
mort le 4 février 1795. Il étudia d'abord la jù-
i risprudence, et se livra à la pratique pendant plu-
sieurs années. Reçu avocat, il eut l'occasion de
fa'ire un voyage en Transylvanie; en 1759, il fut
nommé notaire de l'intendance à Hermann-
stadt. Cette administration ayant été suppri-
mée en 1762, Fichtel vint à Vienne pour s'y
créer des ressources. Il y fut attaché à la
chambre des comptes jusqu'en 1768, et devint
I ensuite chef du bureau de la trésorerie en Tran-
sylvanie. Chargé de la surveillance des mines
de sel gemme , il en accrut le produit par son
activité. Après s'être ensuite occupé pendant
deux ans de l'histoire de la Transylvanie, il fit
porter toutes ses recherches sur les productions
du règne minéral , à propos de l'ouvi'age récem-
ment publié par Fridwalsky. Il rassembla un
cabinet minéralogique, fruit de ses explorations
dans diverses contrées, et qui passait pour le plus
riche de l'Autriche. On a de Fichtel : Beytrag
zur Mineralgeschichtevon Siebenbuergen {Mé-
moire: pour servir à l'histoire minérale de la
Transylvanie) ; Nuremberg, 1780, in-8o ; — Mi-
neralogische Bemerkungen von den Karpa-
then (Observations minéralogiques faites dans
les Carpathes ) ; Vienne, 1791 , in-8° ; — Mine-
ralogische Au/saetze ( Notices minéralogiques ) ;
Vienne, 1794, in-S".
Biographie médicale.
FICIN ( Marsile ) , célèbre philosophe et phi-
lologue italien, né à Florence, le 19 octobre 1433,
mort à Careggi, le 1^"^ octobre 1499. Il était fils
du premier médecin de Cosme de Médicis. Il
avait cinq ans à l'époque du concile de Florence;
et cet événement eut sur la direction de ses
études une influence décisive. Parmi les savants
grecs réunis au concile se trouvait Gémiste Plé-
thon, sectateur enthousiaste de la philosophie de
Platon, alors et depuis plusieurs siècles déjà
universellement délaissée. Gémiste inspira à
Cosme l'idée de fonder une académie qui fît re-
vivi'e l'école platonicienne. Cosme accueillit ce
prcyet avec ardeur; et comme les hommes lui
manquaient pour le réaliser, il jeta les yeux sur
le fils de son premier médecin , et le destina à
être le soutien de la nouvelle académie. Élevé
dans ce but, le jeune Ficin eut pour professeurs
Luca Quarqualio da San-Geminiano et Comando.
Cependant, par une anomalie que la rareté des
maîtres de grec peut seule expUquer, le futur
restaurateur des doctrines platoniciennes n'apprit
pas la langue de Platon. Son père, qui le voyait
avec peine négliger une carrière lucrative pour
des études dont le profit et le succès étaient in-
certains, le força d'aller à Bologne suivre les
cours de médecine. Ficin dut malgré lui s'initier
aux formules scolastiques qui composaient ce
qu'on appelait alors la philosophie d'Aristote.
Heureusement Cosme, qui ne l'avait pas perdu
de vue, le rappela à Florence, et le mit à même
par ses bienfaits de consacrer tout son temps à
Platon. Ficin répondit à cette généreuse protec-
tion en composant avant l'âge de vingt-trois ans
ses Institîitions platoniques. Il les montra à
Cosme et au savant Landini, qui lui conseillèrent
d'apprendre le grec pour remonter à la source
de cette philosophie. Ficin suivit leur conseil, et
bientôt, grâce à ses efforts et aux leçons de Pla-
tina, il fut en état de traduire les hymnes attri-
bués à Orphée. Il se plaisait; aussi à chanter
ces mêmes poésies en s'accompagnant d'une lyre
semblable à celle des anciens Grecs ; car, ayant
lu dans Platon que la musique nous a été donnée
pour calmer les passions, il avait voulu l'ap-
prendre. Cosme, auquel il fit hommage de ses
premiers travaux , lui donna une villa située à
Careggi près de Florence , une maison de ville
et quelques magnifiques manuscrits de Platon.
Il l'engagea en même temps à traduire en latin
les œuvres de ces deux philosophes.
Nous savons par Marsile Ficin qu'il commença
à s'occuper de la traduction de Platon dès 1463.
Il nous apprend aussi que, commencée juste
l'année de la naissance de Pic de La Mirandole,
cette traduction fut terminée et publiée presque
au jour et à l'heure où Pic vint à Florence (en
635 FICîN
1482 peut-être). Il traduisit dix dialogues du vi-
vant de Cosme , neuf du vivant de Pierre de
Médicis, fils de Cosme , et acheva le reste sous
Laurent le Magnifique, auquel il dédia le tout.
Longtemps avant d'être terminé, cet immense
travail était déjà cité et avait valu à son auteur
une grande réputation. Pierre de Médicis vou-
lut que Marsile expliquât publiquement les œu-
vres qu'il traduisait. Les hommes les plus dis-
tingués par leur érudition et leur connaissance
de la philosophie ancienne se pressaient autour
delà chaire du nouveau professeur ; mais au-
cun de ses disciples ne lui fit; plus d'honneur
que le fils même de Pierre de Médicis, Lau-
rent, surnommé depuis le Magnifique. L'élève,
devenu souverain de Florence, garda pour son
maître un attachement inaltérable. Marsile, entré
dans les ordres à l'âge de quarante-deux ans,
reçut le rectorat de deux églises et plusieurs bé-
néfices qui lui assurèrent une grande aisance.
Content de ses revenus ecclésiastiques, il laissa
à ses frères tout son patrirnoine. Sixte IV et
Mathias Corvin essayèrent, par des offres bril-
lantes, de l'attirer à leur cour : sa reconnaissance
pour les Médicis et son amour de la retraite le
retinrent à Florence. Il partageait son temps entre
les études philosophiques et ses devoirs de prê-
tre. Le platonisme et le christianisme se con-
fondaient si intimement en lui, qu'il est impos-
sible de les distinguer dans sa vie et dans ses
écrits. Il croyait sincèrement que « la sainte re-
ligion , fortifiée par les prophètes, les sibylles et
les docteurs sacrés, trouvait un degré d'évidence
de plus dans les démonstrations philosophiques ».
Du haut de la chaire sacrée , il recommandait
aux fidèles la lecture de Platon. Il s'efforçait
d'introduire des passages de ce philosophe jusque
dans les offices et les prières de l'Église. Les
sectateurs du platonisme recevaient de lui le
nom de frères en Platon. Il voyait dans le
Criton les fondements du christianisme. Socrate
lui paraissait une figure de Jésus- Christ, et il
établissait entre eux un parallèle dans lequel
ils se ressemblaient en tout. Enfin, il plaçait dans
le ciel Pythagore , Socrate et Platon. On a dit
que sa ferveur platonicienne avait altéré et peut-
être détruit ses croyances chrétiennes. Il est
plus vraisemblable qu'il trouvait moyen de les
concilier. Ses mœurs étaient exemplaires, son
caractère doux , son esprit agi-éable. Nous avons
dit qu'il aimait la retraite. Il se plaisait surtout
à la campagne, dans la société de quelques amis
intimes. Des témoignages contemporains nous
apprennent qu'il était d'une taille des plus pe-
tites , et d'un tempérament très-délicat. Sa santé
exigeait des ménagements infinis. Il ne s'habillait
jamais sans avoir consulté le temps qu'il faisait
et le vent qui soufflait, afin d'y proportionner
les habits qu'il devait mettre ; car il en avait pour
toutes sortes de temps.
Baronius rapporte au sujet de la mort de Mar-
sile Ficin une anecdote trop singulière pour être
i
636
omise. Nous reproduisons en l'abrégeant le récit
de cet annaliste. Marsile Ficin et Michel Mercati,
qu'un pareil attachement pour la philosophie
rendait amis , raisonnant un jour sur l'iroraor-
talité de l'âme et sur ce qu'elle devenait dans
l'autre vie, convinrent ensemble que celui d'entrej
eux qui mourrait le premier viendrait , sous lei
bon plaisir de Dieu, dire au survivant s'il y avaiti
une autre vie. Quelques jours après, Michel
Mercati, étant occupé de grand matin à méditeri
sur des matières philosophiques, entendit uni
cheval courir à toute bride dans la rue et s'ar-l
rêter à sa porte. Il entendit dans le même mo^
ment la voix de Marsile Ficin qui lui disait : « Mi-
chel, Michel, cela est vrai. » Mercati, s'étant levé,
aussitôt, ouvrit sa croisée et vit un fantôme blanc,
monté sur un cheval de même couleur, qui, con-
tinuant sa course , disparut aussitôt. Mercati en-
voya immédiatement savoir des nouvelles de
Ficin, et apprit qu'il venait de mourir. Le P. Ni'
céron fait remarquer que peu de lecteurs seront!
assez crédules pour se persuader ce fait , « dans
lequel , dit-il , il se trouve une circonstance qui
est certainement fausse; car Baronius dit que
Ficin était alors à Florence, où il mourut ; au
lieu qu'il est sûr qu'il mourut à la campagne ».
Ce qui donna lieu à cette légende, ce fut , outre
le livre célèbie de Ficin sur l'immortalité de
l'âme, son goût bien connu pour les rêve-
ries astrologiques. Ce goût était le défaut de
presque tous les savants du quinzième siècle.
Ficin le poussa au point d'être soupçonné de
magie. Malgré cette tendance un peu visionnaire,
Marsile n'en fit pas moins sur Platon et le néo-
platonisme d'immenses travaux, fort imparfaits
sans doute,mais encore dignes d'être consultés. S'il
n'a pas composé d'œuvre originale, il a été en Oc-
cident le grand propagateur de la philosophie de
Platon. C'est un titre suffisant à une gloire du-
rable.
Les ouvrages de Marsile Ficin sont : Mercurii
Trismegisti Pimander De potestate et sapien-
tia; Trévise, 1471, in-4'' ; — De Religione chris-
tiana ; traiié composé en 1474, publié seule-
ment à Paris, en 1510, in-4°; — Théologies
platonicce de immort alitate animorum Li-
bri XV ni; in agro Caregio; 1488, in-8°. Ce
livre est destiné à réfuter les deux sectes qui se
partageaient alors l'école péripatéticienne, et
dont chacune reconnaissait pour chef un des
deux grands commentateurs d'Aristote , Alexan-
dre d'Aphrodisie et Averrhoès. Les disciples dp
premier pensaient que l'âme , inséparable dÙ
corps, périt avec lui; les averrhoïstes prêtent-
daient qu'elle retourne à Dieu, d'où elle est sortie,
et qu'elle s'abîme en lui, en perdant sa person-
nalité. Ficin combat ces deux opinions. Les ar-
guments qu'il leur oppose n'ont rien d'original.
Il les emprunte servilement à l'école d'Alexan-
drie, et il accepte en même temps toutes les
fables débitées par les néo-platoniciens sur une
tradition philosophique commençant à Thot ou
637 FICIN —
Mercure Trisniégiste , continuant avec Orphée ,
Aglaophèrae, Pythagore, Philolaiis, et aboutis-
sant à Platon, qui en est le plus glorieux repré-
sentant; — De Vita Libri très; Florence, 1489,
in-lbl.; — Platonis Opéra; Florence, jji-fol.,
en caractères gothiques, sans date (1483-1484).
A cette époque; les œuvres de Platon n'avaient
pas encore été \ publiées. Ficin les traduisit
sur des manuscrits , et le premier il les fit con-
naître dans leur ensemble. Huet et d'autres cri-
tiques ont adressé à sa traduction des reproches
très-exagérés , sinon tout à fait injustes. Inter-
prétant îe premier un auteur aussi difficile et
aussi étendu , Ficin a dû commettre beaucoup
d'erreurs; mais il a en général bien saisi le sens.
Sa version est si exacte qu'elle a presque par-
tout l'autorité d'un manuscrit, et qu'elle est
d'une grande utilité pour constater les variétés
de lecture. Cet éloge ne s'adi'esse qu'aux éditions
primitives. Celles qui ont paru depuis la publi-
cation du texte grec de Platon, en 1513, con-
tiennent beaucoup de corrections, de change-
ments, d'altérations. L'édition de Platon pu-
bliée par M. Emm. Bekker (1816-»l8l8)donne la
traduction de Marsile Ficin rétablie à peu de
chose près dans sa forme primitive; — Plo-
tlni Opéra; Florence, 1492, in-fol.; — De Sole,
liber allegoricus et anagogicus, cum apologia
ejusdem libri; Florence, 1493; — Epistola-
rum Libri duodecim ; Venise, 1495, in-fol.; —
Jamblichus, Bemijsteriis; Proclus, De anima,
dxmone, sacrificiis, magia; Synesius, De
somniis; Pselhis, De dœmonibus ; Theophras-
tus. De anima , phantasia , intellechi ; Alci-
nous, De doctrina Platonis; Speusipptis, De
Platonis definitionibus ; Ptjlhagorse Aurea
Verba et Symbola; Xenocrates, De morte;
Venise, Aide, 1497, in-fol.; — De Vohiptate;
Venise, 1497, in-8° ; — Apologia in qua de
medicina, astrologia, vitamundi, item de
magis qui Christv,m statim natum salutave-
runt, agitur; Venise. 1498, in-fol. Les œuvres
complètes de Marsile Ficin ont été publiées en
deux volumes in-fol., à Venise, 1516: à Bâ!e,
1361, 1576; à Paris, 1641. Léo Joubert.
Jul. Negri, Istor. degli Serittori Fiorentini. — Nicéron,
Mémoires pour sercir d l'histoire des hommes illustres,
t. V, 2U. — Schelhorn, Comment, de vita, moribus et
scriptis Marsilii Ficini, dans ses Am.œnitates, î. 1=''.
J. Corsi, Commentariiis dejPlatonicœ P/iilosophiœ
-post renatas litteras apud Italos Hestauratione , sive
M. Ficini vita; composée en 1506, publiée par Bandini,
Pise, 1772. — Rosooe, Fie de Laurent de iMédicis, l. F'.
Tiraboschi, Storia délia Letteratura Italiana,
t. VI, part. 1''*^. — Gingueiié, Histoire de la Littérature
.italienne, t. IH- — Brucker, fiistoria Philosopkia: .
t. IV. — Sieveking, Histoire de l'Académie platonicienne
de Florence; Gœttingue, 1812, in-S". Bulile, Histoire de
la Philosophie moderne. — Ersch et Gruber, EncyMo-
FicR (Jean- Jacques), médecin allemand,
né à Jéna, le 28 novembre 1662, mort dans la
même ville, le 23 août 1730. Reçu docteur dans
sa ville natale, il y occupa successivement la
chaire de médecine, celle d'anatomie de chirur-
FïCQUET 038
gie et de botanique , et enfin celle de médecine
théorique. Outre une vingtaine de dissertations,
il a laissé im ouvrage intitulé : Manuductio ad
formularum compositlonem , tabulïs XXIII,
cum scholiis , notarum schemate , atque
exemplis idoneis absoluta; léna, 1713, in-4°.
Biographie médicale.
PïCORONi (Francesco) , antiquaire italien,
né à Lugano, en 1664, mort en 1747. Disciple
de Pierre Bellori , il â publié beaucoup d'ouvra-
ges sur l'archéologie. En voici la liste : Osser-
vazioni sopra Vantichità di Roma, descritte
nel Diario Italico del P. Bernardo de Mont-
faucon; Rome, 1709, in-4" ; — Lettera a Gia-
como lord Johnstone sopra un nuovo Cameo
esprimente Marcello, nipote di Augusto; Na-
ples, 1718, 1726, in-8°; — Le Memorie phï
singolari de Roma , notate in una lettera
diretta al sign. Bernard, cavalière Inglese; ag-
giuntavi in fine la spiegazicne d'una medaglia
d'Omero ; Rome, 1730, in-4°; — Délia Bolla
d'Oro de' Fanciulli nobili romani , e quella
de' libertini, ed altre singidarità spettanti
a' niausolei mtovamente scoperti, spiegate é
divise in duo parte; Rome, 1732, in-4"; —
De' tali ed altri Strumenti lusori degli an-
tichi Romani; Rom.e, 1734, )n-4°; — Brève
Descrizione di tre particolari Statue scoper-
te in Roma; Rome, 1739, în-4°; — Arcus
Trajano dedicatus Beneventi , porta aurea
dictus , sculpturis et mole omnium facile
princeps; Rome, 1739, in-fol. avec dix plan-
ches ; — Le Maschere Sceniche , e Figure
Comiche de' antichi Romani ;Rome, 1736, 1748,
in-4°; — De Larvis scenicis ; Rome, 1744,
in-4° ; — / Piombi antichi; Rome, 1740, in-4°,
traduit en latin par Dominique Cantagalli, sous le
titre de De Plumbeis antiquorum numismati-
bus; Rome, 1750, in-8'' ; — Le Vestigi e Rarità
di Roma antica , ricercate e spiegate; Rome,
i 1 744, in-4'^ ; — Memorie ritrovate nel terri-
I torio délia prima e seconda città di Labico;
I Rome, 1745, in-4°; — Gemmœ antiquœ lite-
\ ratcc, aliasque rariores ; ouvi'age posthume
i publié par Galeotti; Rome, 1757, in-4°.
I Sax, Onomasticon literarium, t. V, p. 434.
I FïCQtfET (Etienne), graveur français, né à
! Paris, en 1731 , mort en 1794. Il a gravé une
! suite de petits portraits d'hommes illustres dans
1 les arts et les sciences. Le talent et la finesse du
i burin de Ficquet les ont placés parmi les chefs-
î d'œuvre de l'art. On remarque particulièrement
] ceux de Descartes, T. Corneille, La Fon-
taine, J.-B. Rousseau, Voltaire, J.-J.
Rousseau. Ficquet a gravé aussi une ])artie
de ceux qui ornent les Vies des Peintres Jla-
viands par Descamps, entre autres ceu\ do
Kubens et de Van Dyck. Le portraitdc madame
de Maintenon d'après Mignard passe pour une
des plus belles gi'avures de Ficquet.
GandcUini , Notizie degli Intagliafori ( avec les ad-
ditions rte Luigi de' Angelis), t. IX.
639
FIDANI — FIDÉ-JOSI
640
* FiDANi (Orazio), peintre de l'école floren-
tine, né vers 1610, moi't peu après 1642. Élève
de Giovanni Uiliverti , il fit une étude conscien-
cieuse du style de son maître, qu'il s'efforça d'i-
miter. Il a laissé à Florence d'assez nombreuses
peintures, dans lesquelles Ia]sécheresse du colo-
ris est compensée par la pureté du dessin et la
grâce des attitudes. Parmi ses ouvrages, on
met au nombre des plus importants huit grands
tableaux placés dans l'église de la Chartreuse de
Florence et représentant quatre Docteurs et les
quatre Évangélistes. La galerie Corsini possède
deux beaux portraits par ce maître. E. B— n.
Baldinuccl, Notizie. — Lanzi, Storia délia Pittura.
— Ticozzl, Dizionario. — Fantozzi , Guida di Firenze.
* FiDANZA (Filippo), peintre de l'école ro-
maine, né vers 1720, dans la Sabine, d'une fa-
mille distinguée, originaire de Città-di-Casteilo,
mort à Rome, en 1790. Il fut élève de Marco
Benefiale , dont il s'efforça d'améliorer le style
par l'étude des grands maîtres et particulière-
ment du Guide, dont il approcha sous quelques
rapports. 11 fit à Rome de nombreux ouvrages
à fresque et à l'huile, qui peut-être n'auraient
pas sauvé son nom de l'oubli , s'il n'eût eu trois
fils, dont deux surtout obtinrent une juste célé-
brité. E. B— N.
Ticozzi, Dizionario.
* FIDANZA (Francesco), peintre de l'école
romaine, fils aîné du précédent, né en 1747, mort
en 1819, à Milan, où il passa une grande partie
de sa vie. Il apprit de son père les premiers
principes de son art, puis étudia sous Lacroix ,
l'un des bons élèves de Joseph Vernet. A cette
école, il devint excellent peintre de marines et
de paysages. Au commencement de ce siècle , il
exposa à Paris un tableau qui, après avoir ob-
tenu un grand succès , fut acheté par le comte
de Sommariva et placé dans sa villa du lac de
Côme. Le prince Eugène , vice-roi d'Itahe , le
chargea de faire pour ce pays ce que Joseph
Vernet avait fait pour la France. L'artiste se mit
à l'œuvre, et peignit les Points du Lido , de Ma-
lamocco , de Chiozza , de Rimini et d'Ancône ;
mais la vieillesse et l'inconduite ne lui permirent
pas de mener à fin cette vaste entreprise. On
voit aussi de lui au musée de Milan un bel Effet
de Neige , et deux paysages au palais Gherar-
desca de Florence. E. B — n.
Ticozzi, Dizionario. — Siret, Dict. hist. des Peintre.^.
* FIDANZA ( Gregorio ) , peintre de l'école
romaine, né vers le milieu du siècle dernier,
mort vers 1821. Second fils de Filippo, il entra
comme son frère Francesco à l'école de Lacroix ;
mais bientôt il en sortit, et s'efforça de perfec-
tionner son style par l'étude de Salvator Rosa et
de Claude Lorrain. Il prouva bientôt qu'il avait
choisi la bonne voie, et une Tempête qu'il fit
pour le grand-maître de Malte, et qui lui valut
le titre de chevalier, le plaça d'emblée au-dessus
de son frère. Il s'était tellement approprié le
style de ses deux grands modèles qu'ayant été
chargé par le prince Chigi de copier le fameux
Moulin de Claude Lorrain du pafâis Doria, tous
les connaisseurs convinrent qu'il avait donné un
second exemplaire de cet adïnirable chef-d'œu-
vre. E. B— N.
Ticozzi , Dizionario
FI D DES (iîicAard), théologien anglais, né à
Hunmanby (comté de York), en 1671, mort
à Putney, en 1725. Après avoir été élevé à Ox-
ford, il entra dans les ordres, en 1694, et ob-
tint le rectorat de Hailsham (comté de York)."
L'insalubrité de ce pays, situé au milieu de
marais, causa de fréquentes maladies à Fiddes
et à sa famille. Il y perdit même le libre usage
de la parole, et ne put jamais le recouvrer de-
puis. Pour arriver à prononcer distinctement,
il avait besoin d'être animé par deux ou trois
coups de vin. A la suite de cette infirmité, qui
l'empêchait de prêcher, Fiddes quitta son rec-
torat, et se rendit à Londres pour se consacrer
à la littérature. Swift le recommanda à lord
Oxford, qui le nomma chapelain de Hull. La
chute des tories amena la destitution de Richard
Fiddes, qui fut réduit à vivre de sa plume. Mal-
gré de nombreux ouvrages, il.ne put jamais par-
venir à la fortune , et laissa ,en mourant sa fa-
mille dans le besoin. On a de lui : A prefatory
Epistle concerning some remarks to be pu-
blished on Homer's Iliad ; occasioned by the
proposais of Mr. Pope towards a new english
version ofthat poem; 1714, in-i2. C'est le pro-
gramme d'un commentau-e moral que Fiddes se
proposait de publier sur Y Iliade à l'occasion de
la nouvelle traduction de Pope ; — Theologia
speculativa; 1718, in-fol.; c'est la première
partie d'un corps complet de théologie; — Theo-
logia practica; 1720, in-fol.; c'est la seconde
partie du même ouvrage ; — Fifty-tvjo practir
cal Discourses on several subjects , six oj \
whichivere never before printed ; 1720,in-fol.;
— The Life of cardinal Wolsey ; 1724. C'est
le plus célèbre des ouvrages de Fiddes , celui qui
lui fit le plus d'amis et d'ennemis. On l'accusa
de papisme, parce qu'il avait été impartial et
n'avait pas accepté toutes les assertions, souvent
inexactes , du Frà Paolo sur la papauté.
Clialmers, General biographical Dictionary.
* FIDÉ-JOSI, surnommé TmAo-Sama, cubo
ou cuboy ( empereur civU ) du Japon , mort le
16 décembre 1598. Il était fils d'un paysan, et
devint sommelier d'un prince japonais. Les his-
toriens ne sont pas d'accord sur la manière dont
il gagna les faveurs du daîro (empereur) Ooki-
matz, qui alors réunissait encore le pouvoir
spirituel et/temporel : toujours est-il que le sep-
tième mois de l'an 2246 de Sinmu (1583 de J.-C).
Fidé-Josi fut honoré par cet empereur de la di-
gnité dequanbuku (lieutenant général de l'em-
pire). II légitima cette haute distinction par
son courage et les services qu'il rendit à l'em-
pire en réprimant la piraterie et plusieurs ré-
bellions. Devenu chef d'une puissante armée,
641
FIDÉ-JOSÏ — FIDE-TADA
642
il réduisit par la force les grands vassaux,
et par quelques largesses faites à propos gagna
l'esprit de la populace. De rigoureuses lois,
largement appliquées, prévinrent les révoltes.
Il prit alors le titre de taïko ( souverain sei-
gneur), et se fit reconnaître cubo. Jusque
alors ce titre signifiait premier ministre, gou-
vernant et généralissime des troupes; c'était
d'ordinaire l'héritier présomptif de l'empire
qui en était investi. Mais Fidé-Josi réduisit le
daïro régnant, Go-Joséi, à se renfermer exclu-
si\ement dans l'autorité ecclésiastique, en un
mot, à n'être plus qu'un souverain pontife , et
depuis lors les cubos devinrent les véritables
souverains du Japon. Leur cour est à Yédo,
tandis que les daïros résident à Miaco. Fidé-Josi,
afin de mieux affermir son gouvernement, ré-
solut de fermer l'empire à tous les étrangers et
particulièrement aux Portugais, qui étaient nom-
breux, riches et puissants. L résolut en même
temps d'extirper le christianisme et de l'inter-
dire sous les plus rigoureuses peines; mais la
mort l'empêcha de mettre à exécution ces pro-
jets (1). Il fut mis au rang des dieux : le daïro
Daï-Scokouotéi ou Joséi II, l'honora du titre
flivin de Tojokuni Baïmiosin et de celui de
S'm Fatzman (2) ; un temple lui fut élevé à Miaco,
et l'urne qui contenait ses cendres y fut trans-
portée ; mais ce monument est aujourd'hui en
ruines, la puissance impériale ayant passé dans
une autre famille, qui en a négligé l'entretien.
Alfred de Lacaze.
Docteur Ksempfer, Histoire naturelle, civile et ecclè-
siastiQue de l'Empire du Japon, trad. de Damaizeaus ;
La Haye, 1729, 2 vol. in-fol. — Bernhard Varenius, Des-
criptio Regni Japoniœ, etc., liv. 1", chap. iv. — Le
I'. Louis FroiJs, Epistolse. — Le P. Hay, De Reb. Japon.
* FIDÉ- JORI , fils du précédent , empereur
ou cubo du Japon, né en 1592, brûlé en 1612.
Il succéda à son père en 1.598, sous la tutelle
d'Ongoskio, surnommé Ijesaz-Sama, l'un des con-
seillers d'État de Fidé-Josi. Le vieil empereur,
pour être plus sûr de la fidélité d'Ongoskio ,
i avait fait épouser la fille de ce ministre à Fidé-
lori, malgré son jeune âge. En effet, Ongoskio
ionna d'abord des preuves d'attachement à son
cendre : Josijda-Tsibbu, l'un des grands fonction-
aaires de la cour, s'étant révolté, Ongoskio le
défit, et l'extermina avec toute sa famille. Le
vainqueur reçut à cette occasion le titre de séi
' daï séogun (3). L'ambition lui fit oublier sesser-
) ments et les hens qui l'unissaient à son pupille.
Sous le prétexte que Fidé-Jori montrait quel-
que penchant vers le christianisme et favorisait
les Portugais , Ongoskio leva l'étendard de l'in-
surrection ; Fidé-Jori se réfugia dans la forteresse
l'Osacca en Corée; mais son beau-père l'y sui-
(1) Cependant , s'il faut en croire Kœmpfer, Fidé-Josi
Jvalt fait publier dèslS86 un édll contre les chrétiens, et
vingt mille cinq cent soixante-dix personnes avaient été
suppliciées en quatre années.
(2) C'est-à-dire le second Fatzman (dieu Mars du Ja-
pon).
Général en chef.
NOUV. BIOGR. GÉNÉR, — T. XVII.
vit, et après quatre années de siège le réduisit
aux dernières extrémités. Le jeune empereur s'en-
ferma dans le palais avec sa famille et ses amis,
et y fit mettre le feu , aimant mieux cette mort
cruelle que de tomber entre les mains de son
perfide beau-père. Cet événement fut le signal
de l'expulsion des étrangers et du massacre gé-
néral des chrétiens, qu'Ongoskio accusa de tra-
mer une conspiration et de vouloir s'emparer
du pouvoir. Deux lettres écrites par des jésuites
portugais, et interceptées par des Hollandais, qui
les remirent à l'usurpateur, servirent de justi-
fication à cette persécution. A, de L.
Kasmpfer, Histoire du Japon ( trad. de Damaizcaux ).
— Charlevoix, Histoire du Japon, II.
* FIDÉ-TSCGU, OU QuABAcuNDONO , priuce
impérial japonais, cousin du précédent, mort en
1593. Il se distingua par ses talents et son cou-
rage. En 1 590 , d'après les ordres de son oncle
Fidé-Jori, il marcha contre Foodsjo, roi tribu-
taire du Sagami, qui s'était déclaré indépendant.
Il vainquit ce monarque, et le fit mettre à mort
avec toute sa famille , conformément à la poli-
tique japonaise, qui veut que l'on extirpe le mal
jusque dans sa racine. L'année suivante, Fidé'
Tsugu fut honoré du titre de quanbuku. Son
oncle l'associa même au souverain pouvoir et
le déclara son successeur ; mais il le disgracia
ensuite, et l'obligea à se fendre le ventre (1).
A. DE L.
Kxfflpfer, Histoire de l'Empire du Japon. — Caron ,
Description du Japon (trad. de Thevenot), dans le IV^
vq], du Recueil des Voyages au Nord.
*FIDÉ-TADA ou TAÏTOKONNI, et TAÏ-
TOKWiN-SAMA, cubo du Japon, mort en
1648. Il était fils de l'usurpateur Ongoskio
Ijesaz-Sama, et se distingua dès 1601 en sui-
vant son père contre le révolté Josijda-Tsibbu ,
ce qui lui valut en 1606 le titre de dai séi
séogun. Il succéda à Ongoskio, vers 1630, et
suivit sa politique envers les Européens et les
chrétiens. Cependant, il renouvela les privilèges
que les Hollandais avaient obtenus du monaïque
précédent, en 1611 et 1616; mais ceux-ci ayant
voulu, en 1641, fortifier et agrandir le comptoir
qu'ils possédaient à Firando, ils en furent ex-
pulsés et parqués dans la petite île de Désima,
vis-à-vis de Nangasaki : on s'assura de tous
leurs navires, et ils furent envii'onnés de
gardes, qui ne leur permirent plus aucune
relation directe avec les Japonais. Quant aux
chrétiens indigènes, la persécution de Fidé-Tada
n'eut d'autre terme que leur extermination
complète. Elle eut lieu le 12 avril 1638, après
la prise du château de Sinabaro , situé sur
les côtes d'Arima, dans l'île de Xico. Quarante
mille chrétiens s'étaient réfugiés dans cette for-
teresse, et essayèrent de s'y défendre; mais au
bout de trois mois , pris d'assaut par des forces
supérieures , trente-sept mille d'entre eux furent
(1) C'est un privilège accordé aux princes japonais ilis-
graciés, afin de ne point passer par les mains du l/our-
reau.
21
643
massacrés. Ce fut le dernier acte de la san-
glante tragédie qui durait depuis 1586. Depuis
lors le Japon resta fermé à jamais aux chrétiens
et surtout aux Portugais, qui, ayant tenté la voie
des négociations, virent leurs ambassadeurs mis
à mort. Fidé-Tada exclut d'abord les Chinois de
la mesure générale ; mais, après qu'il eut reconnu
qu'ils servaient d'agents aux missionnaires, il les
réduisit aux conditions des Hollandais, et leur as-
signa le seul port de Nangasaki. Fidé-Tada mou-
rut après un règne de dix-huit ans, et laissa le
trône à son fils Jemitzko ou Ijetiruko,
Alfred de Lacaze.
Charlevois, Histoire du Japon, t. II. — Kœmpfer,
fiist. de l'Empire du Japon ( trad. de Damaizeaux ).
FIDÈLE (Saint). Voy. Sigmaringën.
FIDÈLE CÂSSANDKE. Voyez Mapelli.
FiDELis (Fortuné) , médecin sicilien, né à
Saint-Philippe d'Agirone, vers 1550, mort dans la
même ville, le 25 novembre 1630. D'après Mon-
gitore, « il exerça la médecine avec grand succès,
• et s'acquit une gloire immortelle en écrivant le
premier sur la médecine légale ». A ces éloges
emphatiques se borne tout ce que nous savons
de Fidelis. On a de lui : Bissus , sive medïco-
rum patrociniiim quatuor libris distinctum ;
Palerme, 1598, in-4'' ; — De Retationibus Me-
dicorum Libri quatuor, in quibus ea omnia
qux in forensibus ac publias coMsis medici
referre soient, plenissime traduntur ; Pa-
lerme, 1602, in-4° ; Venise, 1617, in-4" ; Leipzig,
1674, in-8°. « Comme première ébauche dans un
genre qui a été tant perfectionné depuis, dit la
Biographie médicale , ce travail n'est pas sans
mérite, et on peut encore le consulter avec
fruit « ; — Contemplatïonum medicarum Li-
bri XXII , in quibus non pauca preeter com-
munem multorum medicorum sententiam ,
notatu digna explicantur; Palerme, 1621,
in-4''.
Mongitore, Bibliotheca Sicula. — Biographie méd.
FiDENAS, surnom des ÎB.mH\es Sergia et Ser-
vilia, dérivé de Fidènes, ville située à cinq
milles de Rome. Le premier Sergius qui le
porta l'obtint , dit-on , pour avoir été élu con-
sul en 437 avant J.-C, l'année qui suivit la ré-
volte de Fidènes. Peut-être aussi, comme cette
ville était une colonie romaine , Sergius y était-il
né? Ses descendants prirent son surnom pour
leur nom de famille. Q. ServiUus Priscus reçut
le premier de là gens Servilia le surnom de Fi-
denas pour s'être emparé de Fidènes pendant sa
dictature. Ses descendants se servirent de cette
dénomination comme d'un prénom, qu'ils ajou-
tèrent à Prisais, leur nom de famille (vojy.
Priscus ). Deux Sergius Fidenas occupent seuls
une certaiae place dans l'histoire romaine ; sa-
voir :
Fidenas (L. Sergius), général romain, vi-
vait vers 430 avant J.-C. Il fut consul deux fois,
et trois fois tribun militaire; on ne cite de lui
aucune action remarquable. Voici les dates de
FIDÉ-TADA — FIELD
fi-tl
ses consulats et de ses tribuuats : 1*"^ consulat,
437 avant J.-C; 1'^'' tribunat consulaire, 433;
2" consulat, 429; 2'' tribunat cons., 424; 3* tri-
bunat cons. 418.
TitR-Live, IV, IT, 23, 30, 35, 43. — Diodorc de Sicile,
XII, 43, 38,73, 82; XIII, 2.
Fidenas (M. Sergius), général romain, filâ
du précédent, vivait vers 405 avant J.-C. il fut i
ti'ibun consulaire pour la première fois en 404,
et pour la seconde en 402. 11 se conduisit fort mal |
dans cette dernière charge , se fit battre par leS i
Véiens, et fut condamné à une amende {voi/fl
ESQUILINUS). 5'
Tite-Live, IV, 61; V, 8. — Dlodore, XIV, 19, 38. "
FIDENZA. Voy. Bonaventcre ( Saint ) nE
FlDENZA.
FiDENZi (Jacques-Antoine), dit Cintiû,
poète et acteur italien, né à Florence, vers 1599,
mort vers 1660. Après avoir fait ses études, H
embrassa l'état de comédien, dans lequel il obtint
de grands succès dans les rôles iV amoureux. Il
avait pris le nom de Cintio par respect pour sa
famille. Il cultiva aussi la poésie, et fut le pro-
tégé d'Alexandre Farnèse. On a de lui : Ef/eitO
di divozione consecrato al mento indiclùile
di due/amosi in amicizia, Niccolo Barbarigo
e Marco Trevisano; Venise, 1628, in-4"; —
Poe^ici mpricci; Plaisance, 1652, in-12.
Cinem, Bibliotecavolante. — Hist. du Théâtre italien.
*FlDîCtrLANUS FALCCLA. Voy. FalCULA.
FlELD ( Richard), théologien anglais, né à!
Hampstead (comté de Hertford), le 15 oû'>
tobre 1561, mort en 1629. Élevé à l'université
d'Oxford, il se fit une grande réputation par ses
sermons sur des sujets de controverse religieuse,
et fut regardé comme le premier théologien de
son temps. D'abord chapelain d'Elisabeth et de
Jacques F'', il devint en 1614 chanoine de
Windsor, et doyen de Gloucester en 1609. Field
mourut au moment où il allait être nommé
évêque d'Oxford. On a de lui The four Books of
the Church; Londres, 1606, in-fol. ; Oxford,
1628, in-fol.
ChaJmers, General biographical Dictionary.
FIELD (Nathaniel) , auteur dramatique an-
glais , vivait au commencement du dix-septième
siècle. On a imprimé deux de ses comédies, qui;
se recommandent parleur gaieté et lavivacitédesi
allures : A Woman is a weathcrcoke (UnOj
Femme est une girouette), 1612, et Amends for
the Ladies, with the merry prankes of Mail
Cut. Purse, 1639. On manque d'ailleurs de (\é*t
tails précis sur la vie de cet écrivain. G. B.
Biographia dramatica.
FIELD (John), célèbre pianiste-compositeur
anglais, né à Bath, en 1783, mort à Moscou.j
en janvier 1837. Il commença l'étude de h\
musique dès son enfance, et reçut ensuite
les leçons deClementi, qui, fier de son élève, le
fit entendre avec lui à Paris en 1798. Lorâ-i
que, en 1802, Clementi entreprit son grand
voyage artistique en France, en Allemagne et en
Russie , Field accompagna son maître , et obtint^
FIELD — FIELDING
G46
partout d'éclataots succès. En 1822 il alla s'é-
tablir à Moscou, où ses concerts ne cessèrent
d'attirer une foule d'élite, et il aurait pu faire
une brillante fortune dans cette ville, si une pa-
resse invincible ne lui eût fait négliger ses
élèves. En 1831, il se décida à entreprendre
une nouvelle tournée artistique , et parcourut
l'Angleterre , la France et l'Italie. Une maladie
grave le retint à Naples, et en 1835 il s'en revint
avec une famille russe à Moscou , où il mourut
bientôt après, à l'âge de cinquante-trois ans. Field
s'était marié à une pianiste française, dont il était
séparé depuis longtemps. Il a écrit pour le piano
sept concerto; deux divertissements, avec ac-
compagnement de deux violons , flûte , alto et
basse; un gziiw^'MeWo pour piano, deux violons,
r 1 alto et basse, et d'autres morceaux , tels que so-
N nates , rondeaux , fantaisies , nocturnes , etc.
«I Quoique étant très-habile instrumentiste, Field
s'attachait moins à faire preuve de dextérité qu'à
réaliser l'idéal de ses touchantes mélodies. Ses
compositions, d'une grande difficulté d'exécu-
tion, brillent cependant moins par la science que.
par le sentiment. Ses Nocturnes créèrent un
nouveau genre de musique de salon, que le suc-
cès des Chants sans paroles A^ Mendelsohn et
de quelques autres a pu seul faire oublier. Les
productions musicales de Field ont été gravées
plusieurs fois en Allemagne, en France et en An-
glirterre. Dieudonné Denne-Baron.
Fi'tis, tiiogr. univ. des Musiciens. — Documents inéd.
FIELDING (Henry), célèbre romancier et
auteur dramatique anglais, né à Sharpham-Park,
le 22 avril 1707, mort à Lisbonne, en octobre
17.j4. Il était le troisième fils dugénéral Edmond
' Fieiding, et sa mère était fdle du juge Gold.
^11 eut quatre sœurs, parmi lesquelles Sarah, qui
décrivit elle-même des ouvrages remarquables.
Son premier maître fut le révérend Olivier, qui
posa en quelque sorte devant son élève pour le
personnage de Trulliber du roman de Joseph An-
di pws; de même qu'il prit plus lard pour types
tons les caractères tranchés auxquels sa vie si
acfidentée se trouva mêlée. Des mains du bon-
lunnme Olivier, il passa à l'école d'Eton,
oii il se familiarisa avec les chefs-d'œuvre de
l'antiquité , et en même temps il s'y lia avec des
étudiants destinés à jouer, suivant les circons-
tances, des rôles importants sur la scène du
monde. 11 suffira de citer dans le nombre Fox,
Pitt et Lyttleton. Envoyé ensuite à Leyde pour
y suivre les cours de droit, Fielding s'appliqua avec
ardeur à cette étude. « SiFielding , dità cette oc-
casion Walter Scott, eût continué de poursuivre
avec cette régularité la voie qui lui était tracée, les
cours du l'oyaume eussent gagné en lui un légiste
distingué ; mais l'esprit humain y aurait perdu un
homme de génie. » Un nouveau mariage ayant
donné de l'accroissement à la famille du général
Fielding, les sommes destinées aux études du
jeune Henry se firent attendre, et bientôt ces-
sèrent entièrement. II fallut alors prendre une
autre direction, et celle qu'il choisit put bien
favoriser son penchant à l'observation, mais elle
lui inspira des goûts et des habitudes qui influèrent
d'une manière fâcheuse sur le reste de sa vie.
Jeune, bien fait, d'une heureuse physionomie,
d'une constitution vigoureuse , avec un amour
excessif du plaisir, il se trouva abandonné à lui-
même dans le tourbillon de Londres. Cependant
il fallait vivre, car il ne lui restait plus, ainsi
qu'il le dit lui-même, qu'à se faire cocher de
fiacre ou écrivain public. Il eut recours en effet
à sa plume , mais ce fut pour composer des
écrits, parmi lesquels il en est d'impérissables.
Le théâtre paraissait lui présenter une ressource
immédiate et féconde. Il écrivait facilement , et
bientôt, de 1727 à 1736, il eut mis sur pied dix-
huit pièces de genres mêlés , comédies , farces
(comme on les appelle en Angleterre) et autres,
dont quelques-unes empruntées à la scène fran-
çaise. Mais , composées avec précipitation , sous
l'empire de la nécessité, elles étaient loin d'être
dignes du futur auteur de Joseph Andrews et
de Tom Jones. Quelques-unes seulement ont
surnagé dans l'oubli profond où les autres
sont tombées. On cite dans cette catégorie ex-
ceptionnelle la tragi-comédie intitulée Tom
Thumb, les farces ayant pour titres The
Mock-Boctor et Y Intriguing Chamber-Maid.
Comme auteur dramatique, Fielding avait un
comique assez vif, mais dépourvu de finesse, et
son style manquait de délicatesse. Il était doué
d'une telle facilité de composition que souvent il
apportait au théâtre dès le lendemain, parfois dans
le papier servant à envelopper son tabac, la pre-
mière scène d'une pièce promise la veille. Comme
la plupart des écrivains de son temps, Fielding se
laissait entraîner à des personnalités contre les
hommes en place ou connus du public. C'est
ce qui lui arriva à l'endroit de Robert Walpole ,
dans deux de ses pièces intitulées, la première
Pasquin, l'autre The historical Register. Il
est vrai dédire qu'en 1730 il avait sollicité en
vain la protection de ce personnage. Ses attaques
allèrent si loin qu'elles provoquèrent en manière
de réaction une mesure générale contre la licence
des théâtres. A dater de cette époque le lord
chambellan fut investi du pouvoir d'empêcher
la représentation de toute pièce dont le contenu
serait de nature à troubler le bon ordre. En 1735
Fielding songea à se faire directeur d'un théâtre
sur lequel on eût surtout joué son propre réper-
toire. Il réussit à faire entrer dans son projet
quelques spéculateurs. L'association devait
prendre le titre pompeux de Great MogiiVs
Company of Comedians ( Compagnie des Comé-
diens du grand Mogol) ; mais elle ne parvint pas
à franchir les limites de l'imagination de ceux
qui en avaient conçu le plan. Cependant, vers
1736 l'horizon parut s'éclaircir, et Fielding, dont
jusque alors la conduite avait 'aissé beaucoup
à désirer, sembla vouloir se ranger. Il était
temps I Malgré le succès, au moins momentané,
21.
647
FIELDING
648
de ses œuvres dramatiques , il se trouvait tou-
jours gêné. Il est vrai que sa bourse était ou-
verte à ses amis et surtout aux malheureux.
Cette générosité avait ses inconvénients, par-
ce qu'elle ne marchait pas d'accord avec la
prévoyance. Pressé un jour par le collecteur des
taxes , Fielding s'était fait avancer par son li-
braire dix guinées sur un manuscrit. Mais, ayant
rencontré un camarade d'études, il l'invita à
dîner dans une taverne. Son condisciple n'était
pas heureux ; Fielding n'eut rien de plus pressé,
le dîner payé, que de lui laisser le reste de la
bourse. Le collecteur fut sans doute peu sen-
sible à cette belle action , car il fallut que le li-
braire Tonson fît une nouvelle avance à l'impru-
dent écrivain.
Tout devait, il semble, changer de face en 1 73 6 :
Fielding épousa alors une jeune personne de
Salisbury, miss Craddock, belle , bonne et pos-
sesseur de 1,500 hv. sterl. La mort de sa mère,
survenue vers la même époque , ajouta à cette
petite fortune de Fielding un revenu annuel de
200 liv. sterl. Il pouvait dès lors , en adminis-
trant sagement son bien , travailler et vivre à
l'aise. C'est aussi le parti qu'il prit d'abord.
Il se retira avec sa femme sur le domaine ma-
ternel, situé à Stower, dans le Derbyshire,
assez loin de Londres et des occasions de dé-
pense. Mais il était dans sa nature de donner
toujours dans quelque excès. On eût dit qu'il
voulait faire sur lui-même les expériences et
réaliser les défauts qu'il devait personnifier dans
ses créations futures. Retiré à Stower, il mena le
train de maison du squire Western , ce person-
nage qu'il a si bien dépeint dans Tom Jones : il eut
équipage, nombreux domestique, à livrée jaune ,
chiens, chevaux et portes ouvertes à tout venant.
On faisait grande et bonne chère chez Fiel-
ding. Il voulait surtout humilier le voisinage.
Trois années de cette administration de son pa-
trimoine suffirent à tout engloutir, et nous re-
trouvons Fielding étudiant les lois au Temple , y
faisant son stage et entrant enfin dans la carrière
du barreau. Il y obtint du succès ; avec l'intelli-
gence peu ordinaire dont il était doué, c'était un
résultat prévu. Malheureusement sa santé, altérée
par ses excès d'autrefois, ne lui permit pas d'exer-
cer longtemps une si fatigante profession. Il vou-
lut alors revenir au théâtre ; mais il n'obtint pas
du lord chambellan pour sa nouvelle pièce, intitu-
lée The Virgin unmasqued, la permission de la
faù-e représenter. Il s'occupa dès lors de politique,
écrivit dans le True Patriote, fit paraître le
Jacobite , où il déploya une verve qui bien sou-
vent alla jusqu'à la violence. Puis il rentra dans
le domaine, plus fécond, de la poésie et de l'ima-
gination. C'est alors que, nonobstant les plus
cruelles souffrances physiques, il écrivit The His-
torij of Jonathan Wild the Great ; — Essay on
Conversation ; — 4 Journey from, this ivorld
to the next, et d'autres œuvi-es qui seraient plus
connues si le svu^ès de Tom Jones n'eilt tout
éclipsé. Il y préluda par le roman ;satirique inti-
tulé : The History of 'Joseph Andrew' s (1742) (1),
composé à l'occasion de la publication du roman
de Paméla par Richardson. Dans la pensée de
Fielding, .T^osepA^ndreiys ne devait d'abord ren-
fermer qu'une page satirique contre la production
de l'auteur de Clarisse Harlowe ; mais, entraîné
par son sujet , il aboutit à une œuvre dont le suc-
cès fut considérable.
Un malheur domestique, la mort de sa femme,
qui lui fut sensible au point de faire craindre
pour sa raison , interrompit pendant quelque
temps ses travaux. La nécessité les lui fit re-
prendre. Ses embarras pécimiaires continuaient.
Heureusement que le ministère whig, dontil avait
souvent pris le parti , lui fit une pension , et son
ancien condisciple Lyttleton le fit nommer juge
de paix de Westminster et de Middlessex. Fiel-
ding remplit ces fonctions avec une intégrité
peu commune. Il porta même ses travaux audelà
des exigences de sa magistrature , en indiquant
d'utilesmesures d'économie sociale. Son ouvrage
intitulé : Enquiry into the increase of thieves
and robbers, et d'autres de même nature , ren-
ferment des idées pratiques dont quelques-unes
ont été converties en lois.
La dernière période de la vie de Fielding en
fut aussi la plus glorieuse. Elle vit se produire
dans tout son éclat ce grand talent qui fait de
lui le père du roman anglais, pour nous servir
de l'expression d'un juge compétent, Walter
Scott. Et cependant le chef-d'œuvre de Fiel-
ding, Tom Jones, fut composé au n)ilieu de toutes
sortes de difficultés : les devoirs de sa position
de magisti'at, la nécessité d'écrire sur les ques-
tions du jour, comme il en était constamment
sollicité. Sa position de fortune n'était pas non
plus des plus brillantes. Cependant il avait l'ap-
pui de lord Lyttleton , et un admirateur d'abord
anonyme, devenu depuis son ami, Allen, lui avait
fait passer un présent de 200 liv. sterl. Tom
Jones eut un succès universel. Le libraire Mil-
lar, qui l'avait acquis , éleva généreusement de
100 fiv. à 600 liv. le prix convenu d'abord. La
Harpe appelle Tom Jones le premier roman du
monde ; Walter Scottest enmêmetemps plus vrai
et plus précis , en regardant cet ouvrage comme
une exacte reproduction de la vie humaine .11 aj oute
que la plupart des types sontsurtoutanglais; maisil
convient de remarquer que quelques-uns, surtout
le héros , sont l'homme lui-même. On a repro-
ché à Fielding d'avoir mis le lecteur dans la
confidence des fautes de- To7n Jones. A nos
yeux, c'est une des qualités du livre : Fielding
n'a pas voulu raconter la vie d'un héros de con-
vention, mais celle d'un homme chez qui les
bonnes qualités l'emportent de beaucoup sur les
mauvaises, qu'il fait connaître sans ménagement,
parce que telle est l'imperfection de la nature
humaine. Peut-être y a-t-il surabondance d'inia-
(1) Nichols prétend que cet ouvrage suivit Jonathan
fVild ; Walter Scott émet l'opinion contraire.
649
FIELDING — FIENNES
650
gination dans le cours du récit; peut-être le
romancier perd-il trop souvent de vue l'unité de
l'œuvre. Quant a\ix caractères, ils ont-; cette
perfection qui en fait des portraits, parfois
des types, comme Partridge , dont Fauteur de
Waverleij s'est certainement inspiré; comme
le squire Western, sa sœur, et tant d'autres.
En un mot, Tom Jon.es est de l'impérissable
famille des Don Quichotte, des Gil Blas, enfin
du Roman comique.
Amelia, publié en 1751,fut le dernier ouvrage
important de Fielding. Comme toujours, il y
peignit d'après nature. M.etMistress Booth au-
raient été sa seconde femme et lui. Il donne à la
première les traits les plus gracieux. Il est moins
indulgent pour lui-même. L'œuvre dans son en-
semble est bien au-dessous de Tom Jones. Cer-
tains caractères, tracés avec la précision habi-
tuelle de Fielding , par exemple le colonel Bath,
le savant Harrison,font lire Ameliaa.Yec plaisir.
Ce roman, publié en 1751, fut acheté 1,000 liv.
sterl. par le libi-aire Millar, c'est-à-dire, comme
cela s'est présenté si souvent dans l'histoire des
lettres , que le chef-d'œuvre fut moins payé que
l'œuvre secondaire. En 1752, Fielding commença
le Covent- GardenJournal, que des polémiques
dégénérées en personnalités, des querelles cau-
sées par des vanités littéraires , empêchèrent de
durer.
La constitution physique de Fielding s'al-
térait de jour en jour; il était menacé d'hyd'ro-
pisie. Néanmoins il trouva le temps de s'occuper
de questions d'utilité publique. Sur la demande
du duc de Newcastle , alors premier ministre ,
qui le lui paya 600 liv. sterl., il écrivit un plan de
répression des tentatives des filous et voleurs
qui infestaient Londres, combiné avec une plus
vigoureuse organisation de la police. Mais sa
santé allait empirant, au point que les médecins
jugèrent urgent un voyage sous une meilleure
latitude. Il se décida pour Lisbonne. Au mois de
juin 1756 il s'embarqua vers ces parages. On
trouve dans sa Journetj of Lisbonne ses tou-
chants adieux à la patrie, qu'il ne devait plus re-
voir. Arrivé dans )a capitale du Portugal , il ne
put même plu s continuer ses travaux littéraires.
K La main de la mort était sur lui, « comme le
dit si expressivementWalter Scott; et au com- |
mencement d'octobi-e cet ingénieux esprit s'étei- I
gnit enfin , quand il était encore dans la force de j
l'ûge. Fielding laissait une femme et quatre |
enfants, dont le sort est resté ignoré. j
Les œuvres complètes d'Henry Fielding ont !
paru en divers formats, avec une notice sur l'au- |
teur par Arthur Murphy. Ses romans ont été i
traduits en français à différentes époques. Une [
version nouvelle et complète de Tom Jones a été
publiée par MM. Didot; Paris, 1833. Baker a
donné la curieuse liste des productions drama-
tiques de Fielding. V. Rosenwald.
Arthur Murphy, Jn Essay on the life and (jenius of
the author (en tùtc des OEuvres). — Biog. Drit. —
Nlchols, Literary Anecdotes. — Lady Montague, Letters.
— Quarterly Revieio, mai 1809-, sept. 1828. — W. Scott,
Miscellaneous prose fForks. — G. Planche , Revue des
Deux-Mondes, 1832. — D'Israeli, Quarrels of AtUhors.
— Baker, liiog. dramat. — U. Doering, Lebensbeclirei-
bung englischer Dichter und Prosatsien. — Bouterweck,
Geschichte der Poésie und Beredsamkeit. — Chalmers,
General Biographie. Dict. — Gortoii, Biographie. Dic-
tionary. — Rose, New. Biograph. DicUonary.
FIELDING {Sarah) , sœur d'Henry Fiel-
ding, polygraphe anglaise , née en 1714, morte
en avril 1768. Elle avait l'esprit cultivé. Lors-
que son frère eut publié le roman de Joseph
Andrews, elle fit paraître une nouvelle intitu-
lée : The Adventures of David Simple, in
search of afaithful friend; 2 vol. in-12. Cet
ouvrage se lit encore aujourd'hui avec plaisir;
il eut beaucoup de vogue en son temps. Un
troisième volume, ajouté en 1752, eut moms de
succès. Les autres ouvrages de Sarah Fielding
sont : The Cry, anew dramatic fable ; 1753,
3 vol. ; — une traduction de l'ouvrage de
Xénophon intitulé : Xenophon's Mernoirs of
Socrates, with the defence oj Socrates before
his judges ; 1762, in-8°; — quelques autres
œuvres moins connues, telles que : The Gover-
ness, or littlefemale Academy ; — The His-
toryofthe Countess of Delwyn; 2 vol.
Blair, Leetures. — Mason, Life of Gray.
FIELDING {John, sir), frère d'Henry Fiel-
ding, jurisconsulte anglais , mort à Brompton,
en septembre 1780. U succéda à son frère
dans les fonctions judiciaires que- ce der-
nier remplissait à Westminster; et quoique
frappé de cécité, il se montra plein d'activité et
de pénétration. Il contribua à la fondation de
plusieurs établissements de bienfaisance, tels
que l'hôpital de la Madeleine pour les filles re-
penties, une maison de refuge pour les filles
délaissées. On a de lui : An account of the
origln and effects of Police, set on foot by
his grâce the duke of Newcastle, in the
y car 1753, upon a plan presented to his
grâce by the late Henry Fielding ; to which
is added a Plan for preserving those
deserted girls in this town who becomes
prosiitutes from necessity ; 1768, in-8o; —
Extracts from such of the pénal laws as
particularly relate to the peace and good
or der of the metropolis; 1761, in-8°; —
Theuniversal Mentor, etc.; 1762, in-12; —
— A brief Descrip)tion of the cities of Lon-
don and Westminster ; to ivhich are added
some cautions against the tricks of shar-
pers ; 1 777, in-12. Il n'est pas certain que l'œuvre
soit do Jolui Fielding, dont l'éditeur aurait spé-
culé sur le nom en cette occasion : on ne peut
guère lui attribuer que l'appendice intitulé Cau-
tions .
Gcntlem. Magaz. (passlm). — Chalmers, Gen, biog.
DicUonary.
FIENNES (Guillaume), homme d'État an-
glais, né à Broughton, en 1582, mort le 14 avril
1062. II était l'aîné des fils do Richard Fiennes,
651
FIENNES
652
qui avait été confirmé par Jacques V" dans le
titre de baron de Say et Sele. Après avoir reçu
sa première instruction à l'école de Winchester,
il fut envoyé en 1596 au New-College d'Oxford.
II consacra alors quelques années à l'étude;
puis il voyagea à l'étranger. Lorsque la guerre
éclata dans le Palatinat, il y prit une vaillante
part. Emprisonné pour dettes, parce qu'il n'avait
pas voulu faire supporter à ses tenanciers ses
frais de campagne , il fut bientôt rendu à la li-
berté. Au mois de juin 1624 il devint vicomte
de Say et Sele. A cette époque il se montrait
encore partisan des privilèges consacrés par la
Grande-Charte; mais lors de la révolution il
alla plus loin, et fut, avec Pym et Hampden, un
des meneurs du long parlement et des parle-
ments qui suivirent. Bientôt il se posa en ad-
versaire déterminé de la royauté, quoique celle-
ci eût fait des avances pour l'attirer à sa cause.
C'est ainsi qu'on l'avait nommé grand-maître
de la cour des tutelles {master of the court of
pupils). Lorsque Charles F'' enjoignit, au mois
de février 1642, aux officiers de cette cour de
venir le trouver à Oxford, Fiennes n'obéit point.
En conséquence , il fut accusé de haute trahi-
son et mis hors la loi. La charge qu'il remplis-
sait ayant été abolie par acte du parlement,
en 1646, il obtint une indemnité de 10,000 liv.
sterling et une portion des revenus du comté
de Worcester. En septembre 1648, il fut un des
commissaires chargés d'aller traiter de la paix
avec le roi à Newport, dans l'île de Wight. II
opposa , dit-on , à ce souverain cette maxime
tirée de VEcclesiastical Polity de Hooker : que
« pour être supérieur aux individus , il n'en
était pas moins inférieur à tous «. Après la
mort du roi , il se rangea sous le drapeau des
indépendants, comme précédemment il avait
suivi celui des presbytériens, et se lia avec
Cromwell, qui l'appela à la chambre des lords.
A l'époque de la restauration , ce même Guil-
laume Fiennes, qui avait pris une si grande part
à la rébellion sous Charles l", fut nommé lord
du sceau privé. Wood, qui rend compte de ces
faits, ne trouve pas d'expressions qui puissent
peindre sa surprise d'un tel revirement. « Ce per-
sonnage , dit-il ingénument en parlant de Fien-
nes, prit en quelque sorte part au meurtre juri-
dique de Charles l" , et cependant il mourut pai-
siblement dans son lit! «
Fiennes a été jugé diversement par les histo-
riens, tels que Whitlok et Clarendon. Mais tous
lui accordent les qualités qui font éviter les
écueils en temps de révolution : une certaine
austérité , une apparente intégrité , cachant un
grand fonds d'ambition. Outre ses discours au
parlement, on a de lui : The Scots Design disco-
vered, etc., 1653, in-4° ; — Folly and Madness
made manifest , or some things written to
shew how contrary to the word of God and
practice of the Saints in the Old and New
Testament, the doctrines and practices of
the Quakers are; 1659, in-4° ; — The Quakers
Eeply manifested to be railing, etc.j; 1659,
in-4°.
Biogr. Brit. — Park, Royal and noble Authors, —
Vi'ood, Àth. Uxon. — Lloyct, State IForthies.
FIENNES (Nathanael), fils de Guillaume
Fiennes, né en 1608, mort en décembre 1669. Il
étudia à Winchester et à Oxford, et visita en-
suite la Suisse. Revenu en Ecosse au commen-
cement des troubles , il fut nommé membre du
parlement pour Ranbury en 1640. Colonel de
cavalerie sous le comte d'Essex, il eut ensuite
le commandement de la place de Bristol ; mais
ayant rendu cette ville au prince Rupert le
25 juillet 1643, il fut mis en accusation et con-
damné à être décapité. On lui fit grâce de la vie
en souvenir des services rendus par son père.
Après l'expulsion des presbytériens du parle-
ment, Fiennes se tourna du côté des indépen-
dants, et prit parti pour Cromwell, qui , devenu
Protecteur, le fit membre du conseil et lord du
sceau privé, en 1655, enfin, l'appela à siéger à
la chambre haute. Opposé jusqu'à cette époque
à la forme monarchique, il parut changer de
sentiment lorsque Cromwell inclina de ce côté,
et publia à cette occasion un ouvrage intitulé :
Monarchy asserted to be the best , most an-
cient and légal form of government , in a
conférence held at Whitehall wifh Oliver
Lord Proiector, and committee of Parlia-
ment , etc., in April 1657. Après la restaura-
tion, il vécut ignoré à Newton-Tony, aux envi-
rons de Salisbury. Ouh'e l'ouvrage cité, on a de
lui : Anglia rediviva, sous le pseudonyme de
Spriggle.
Bioçj. Brit. — Noble, Metmirs of Cromwell. — War-
burton, Letters to Hurd.
FIENNES, ancienne famille de France qui
tire son nom de la terre de Fiennes , l'une des
douze baronnies de l'ancien comté de Guines.
Au nombre des personnages les plus marquants
de cette famille, dont le premier membre. Eus-
tache I"", seigneur et baron de Fiennes, vivait
vers l'an 1000, nous citerons :
*FiENNES {Robert DE,)ditMoreaM, connétable
de France, fils aîné de Jean, baron de Fiennes et
de Tingry, et d'Isabelle de Flandre. 11 servit avec
beaucoup de distinction sous les rois Philippe
de Valois, Jean et Charles V. Les services im-
portants qu'il rendit, tant comme guerrier que
comme diplomate, relevèrent ( 1356) à la charge
de connétable de France devenue vacante pai'
la mort de Gauthier de Brienne, duc d'Athènes,
tué à la bataille de Poitiers, le 19 septembre
1356. Après avoir déjoué la tentative que Jean
de Piquigny entreprit sur la ville d'Amiens, Ro-
bert de Fiennes marcha successivement sur
Saint-Valery, qu'il força de capituler (avril 1359),
aùisi que sur Melun, que le roi de Navarre fut
contraint de rendre au régent. Ayant remis plu-
sieurs places fortes sous l'obéissance du roi , il
fut chargé (avril 1360) par ordre du dauphin
653
FIENNES — FlESCHl
654
d'une mission près le roi d'Angleterre. De retour
en France, il fut nommé (16 janvier 1361)
lieutenant de roi dans tout le Languedoc, où il
commanda jusqu'au 20 septembre suivant. Après
avoir repris la ville du Pont-Saint-Esprit ( 1361),
et s'être trouvé au sacre du roi Charles V
(1364), Robert passa en Bourgogne, d'où il
chassa les bandes de routiers qui désolaient le
pays. Son grand âge ne lui permettant plus
d'exercer activement la charge de connétable,
il s'en démit (septembre 1370) en faveur de
Bertrand du Guesclin, et se retira dans ses do-
maines, où il mourut, vers 1382, après avoir
fondé (1368) le couvent des Frères Prêcheurs de
la ville de Lille. A. S.... y.
Pinard, Chron, tnilit., 1. 1, p. 88. — Hist. des Grands-
Officiers de la couronne, U VI, p. 167. — Froissart, t. I,
p. 215.
FiENNES {M aximïlien- François be ), comte
de Lumbres , général français , baptisé le lO juin
1669, mort à Paris, le 26 avril 1716. Mestre de
camp d'un régiment de cavalerie de son nom, il
combattit à Fleurus, et prit part à tous les com-
bats qui eurent lieu de 1691 à 1697. Brigadier
par brevet du 29 janvier 1702, il fut employé à
l'armée de Flandre, contribua à la défaite des
Hollandais sous Nimègue, et se trouva aux ba-
tailles d'Eckeren et de Spire, où il fut blessé.
Les services qu'il rendit tant en Espagne, sous le
maréchal de Berwick, qu'en Portugal, lui méri-
tèrent le grade de maréchal de camp. Nommé
lieutenant général des armées du roi ( 28 no-
vembre 1706), il combattit à Almanza (1707),
à Lcrida, à Tortose (1708), remplaça le duc de
Noaiiles dans le commandement de l'armée de
Roussillon , et termina sa carrière jnihtaire en
remportant (1713-1714) plusieurs avantages
sur les révoltés de la Catalogue. A. S.,., y.
Pinard, Chron. tnilit., t. IV, p, 624. — pe Courcelies,
Hist. des Cén. franc.
FiENNES {Jean-Baptiste de) , orientaliste
et diplomate français, né à Saint-Germain-en-
Laye, le 9 octobre 1669, mort à Paris, en 1744.
Lorsqu'il sortit du collège Louis-le-Giand , il
fut envoyé au Levant en qualité de drogman
(1GI>7), et accompagna Fr, Pétis de La Croix
dans sa mission snr les côtes de Barbarie.
Nommé premier drogman du consulat d'A-
lexandrie eu 1692, de celui du Caire en 1695,
il obtint son rappel en 1706, fut pourvu en
1714 de la chaire de professeur d'arabe au Col-
lège de France, en remplacement de Fr. Pétis de
La Croix, et en 1716 il succéda à Dippy en qua-
lité de secrétaire interprète du roi. En 1718 il
accompagna en Barbarie Dussaux, qui était
chargé de renouveler les traités de commerce
avec les États de Tunis, de Tripoli et d'Alger. En
1729, il négocia lui-même un traité avantageux
pour la France entre cette puissance et l'État
de Tripoli. On trouve plusieurs de ses manus-
crits à la Bibliothèque impériale, fonds des tra-
ductions orientales, savoir ; n° 36, Traduction
de VHÏstoire d'Egypte de Mohammed ben
Abdal'Mothy ; — n°38, Relation de la prise de
Ganisa, en Hongrie, par les Turcs en 1716,
traduite du turc ; -^ n° 114, Vocabulaire Turc-
Français; — n° 144 , Grammaire Turque.
E. B.
L'abbe Goqjet, Mém. hist. et Uttér.lsur le Collège de
France, parL, tîl, p. 106, 114, 117, 120.
FiEMNES { Jean-Baptiste- Hélin de), fils du
précédent, orientahste et diplomate français, né
à Saint-Gerraain-en-Laye, le 25 mars 1710,
mort en 1767. Il suivit au Collège de France le
cours d'éloquence de Rollin. En 1729 il fqt en-
voyé en Orient avec une pension de 1,200 hvres
pour y étudier le turc , l'arabe , le persan , et les
mœurs des Orientaux. Un an après son retour,
en 1740, il fut chargé d'enseigner les langues
orientales aux Jeunes de langue élevés au col-
lège Louis-le-Grand. En 1742 il se rendit à
Tunis pour conclure un traité de paix entre la
France et le bey, et ramena des euvoyés tuni-
siens, chargés de faire des excuses au roi.
Nommé secrétaire interprète pour les langues
orientales en 1746, il succéda deux ans après
à Otter dans la chaire de langue arabe. En
1751, il porta à Tripoh les plaintes du roi relati-
vement à la conduite des pirates, et revint
quatorze mois après , accompagné d'Ali-Efendi,
qui donna au gouvernement français toutes les
satisfactions exigées. On a de lui une traduction
française manuscrite de Tarikh al-Hindi'l-
Gharbi (Histoire des Indes occidentales). C'est
une histoire de la découverte de l'Amérique;
elle setrouve à la Bibliothèque impériale, n° 65 du
fonds des traductions de manuscrits orientaux.
Le texte de l'original turc a été in^riraé à Cons-
tantinople en 1142 de l'H. ( 1729 de J.-C. ). On
lui attribue aussi la traduction de Y Ambassade
de Bourri-E/endi, qui a été publiée par Lan-
glèsen 1810 («02/. Dourri-Efendi). E. B.
L'abbé Goujet, Mém. histor. et littér. sur le Collage
de France, part,, III, p. 118. — Zenker, Bibl. orient.,
n" 1030.
FiENNES [Charles de). Voy. Math/vrel.
FiENCS. Voy, Fïens.
FIEBA (Jean-Baptiste), médecin italien, né
à Mantoue, en 1469, mort en 1538. Il composa
des poésies latines fort médiocres, et des ou-
vrages sur la médecine qui eurent assez de
succès. On a de lui ; Commentaria in ar-
tem medicinalem definitivam Galeni. Acce-
dunt qiiaestio de virtute movente pulsum ;
quœstio de phlegmatico et bilioso sequaliter
febrientibus ; de intentione et remissione;
Mantoue, 1515, in-fol.; Venise, 1548, in-fol.; —
Cœna , de herbarum virtutibus , et de me-
dicinœ artis parte quœ in victus ratione
consistit; Mantoue, 1516, in-4o; Padoue, 1649,
in-4''. Cet ouvrage est en vers latins.
. Baillet, Jwjements des Savants, t. IV, p. 162. — Millin,
jVagasin encyclopédique, t. 111, p. 91. — Tlraboschi,
.Sto}-ia delta Letteratura Ital., t. XXV, p. 9. — Biog.
mi'dicale.
FIERBERTCS. Voy. FiTZ-HerBERT.
FlESCHl ( au singulier FiEsto, en français
655
FIESCHI
er;f,
FiESQVE ), comtes de Lavagna (1), nom de
l'une des quatre principales familles de Gênes.
L'origine des comtes de Lavagna se perd dans
l'obscurité des premiers siècles du moyen âge.
Un diplôme de l'année 994 , appartenant à l'an-
cienne abbaye de San-Fruttuôso , fait mention
des comtes de Lavagna et nomme sous ce titre :
Tedisius, fils d'Obertus, Aribert, Albéric,
Go/froy, Lanfranc, Brumeng et Guibert. A
cette époque la Ligurie était partagée entre quatre
familles puissantes : les comtes de Vintimille et
les marquis Carreti à l'ouest , les comtes de La-
vagna et les marquis Malaspina au levant. Gius-
tiniano, Priero, Paolo Panza, Sansovino et au-
tres historiens, attribuent l'origine des Fieschi
aux ducs de Bourgogne ou de Bavière, et les
disent issus de trois frères, dont l'un fut appelé de
Fisco on Friscus, corruption de Fiscus, attendu
qu'il était chargé du recouvrement des droits
appartenant au fisc impérial. Federico Federici,
le plus savant et le plus digne de confiance des
historiographes de cette famille, affirme que ce
même Fisco portait auparavant le nom de £o-
boald;\e second frère donna naissance à la fa-
mille des Obici. Le troisième alla en Espagne, où
il prit le nom d'Urea.
Les comtes de Lavagna étaient en guerre avec
les Génois depuis 1110; vaincus, ils souscrivi-
rent à de certaines conditions, qu'ils cessèrent
d'observer en 1132; mais l'année suivante,
après avoir vu leurs châteaux pris et détruits ,
ils se soumirent de nouveau, et prêtèrent serment
d'obéissance aux consuls de Gênes. En 1150
cette commune leur accorda le droit d'élever un
palais dans la ville même de Gênes ; et enfin , en
1198 ils abandonnèrent à la république leur
comté de Lavagna et leurs auties fiefs; ils re-
çurent en échange le droit de bourgeoisie et de
noblesse.
Les Fieschi avaient des fiefs dans le Parmesan,
le Plaisantin et la Lunigiane ; ils possédaient
Massa et Carrara, Voghera en Lombardie,
Vercell dans le Piémont, Mugnano dans l'Om-
hrie, le comté de Saint- Valentin dans le royaume
de Naples , et environ cent cinquante terres ou
châteaux dans la Ligurie.
Dans les dignités ecclésiastiques', cette noble
famille compte deux papes. Innocent IV et
Adrien V (voij. ces noms), trente cardinaux, et
plus de trois cents patriarches , archevêques ou
évêques ; il ne faut donc pas s'étonner de la voir
figurer au nombre des guelfes les plus zélés.
Dans les dignités séculaires , il devient impos-
sible d'énumérer les titres dont les Fieschi fu-
rent revêtus : on y voit plusieurs nobles du
Samt-Empire , un général de l'Église , un grand
maréchal de France sous Louis IX (Jacques
Fieschi ), un général des Milanais , deux géné-
(1) Lavagna est un bourg situé ;\ quelques milles de
Gênes, dans la partie orientale de la Rivière. C'est un
lieu renommé depuis une haute antiquité par ses car-
rières d'ardoises ( ^ietra lavûgna).
raux des Florentins , quatre amiraux de Gênes
et cinq lieutenants suprêmes perpétuels de la
république génoise. Enfin, les Fiesques s'alliè-
rent à la plupart des maisons royales de l'Eu-
rope. Voici, selon l'ordre chronologique, les prin-
cipaux personnages de cette famille :
FiESCO{Guglielmo),pTé\SLt^,énois, né à Gênes,
mort à Rome, en 1266. Il était neveu du pape In-
nocent IV, qui le fit, en décembre 1244, cardinal-
diacre du titre de Saint-Eustache. Ce pontife
lui donna le protectorat des Augustins, et le mit,
en 1254, à la tête de quelques troupes destinées
à agir contre la France. Guglielmo revint à Rome
après la mort de son oncle , et prit part à l'é-
lection du pape Alexandre IV, le 12 décembre
1254; il mourut peu de temps après, et fut en-
terré dans l'église Saint-Laurent.
Sigonius, De Rébus Ital., lib. XIX; Auberl, Histoire
des Cardinaux. — Chacon, f ifas et gesta Romanorum
Pontiftcum et Cardinalium.
*FiESCO (Luca), prélat génois, né à Gênes,
mort en 1336. Il fut nommé, en 1298, cardinal-
diacre du litre de Sainte-Marie in Via Laia parle
papeBoniface VIU. Luca resta attaché à ce pontife,
et lui prouva sa reconnaissance le 9 septembre
1303, en insurgeant les habitants d'Anagni et en
le délivrant des mains de Sciarra-Colonna et de
Guillaume de Nogaret. Ce dernier resta même
au nombre des prisonniers de Luca. Le 6 jan-
vier 1309, il était à Aix-la-Chapelle, et assistait,
comme légat extraordinaire du pape Clément V,
au couronnement de l'empereur Henri Vil de
Luxembourg. Jean XXII envoya Luca comme
légat en Angleterre. Il fut enterré dans l'église
métropolitaine de Gênes , quoique Onuphre et
Chacon aient dit qu'U était inhumé aux Corde-
liers d'Avignon.
FIESCO (Giovanni), prélat génois, mort en
1384. Il était évêque de Verceil et fut nominé car-
dinal-prêtre du titre de Saint-Marc, en 1378, par
le pape Urbain VI. Ce pontife affectionnait par-
ticulièrement Giovanni Fiesco, et lui confia plu-
sieurs missions importantes.
Francesco Pagi, Breviariurn Romanorum Pontiflcum,
gesta, etc. — Kubeus, De Bonifacio VIU. — Oldoin, add.
à Chacon, Vitee et gesta Romanorxim Pontiftcum et
Cardinalium. — Giov. Villani, /sione, lib. IX. —Du
Chêne, Histoire d' Angleterre, liv. XIV. — La Roche-
Pozai, Nomencl, Card. — Auberl, Histoire des Car
dinaux — Artaud de Montor, Histoire des souveraiiu
Pontifes romains, III, 94.
* FIESCO (Luigi), prélat génois, neveu du pré-
cédent, mort à Rome, le 3 avril 1423. Il succéda àj
son oncle Giovanni Fieschi dans les bonnes grâ-
ces\du pape Urbain VI, et fut nommé, en 1385,
cardinal-diacre du titre de Saint-Adrien. Luig3
fut l'un des quatorze cardinaux qui élevèrent,!
le 2 novembre 1389 , Pierre Tomazelli à la pa-
pauté, sous le nom de Boniface IX, et en compé-
tition de Robert, comte de Genève, qui depuis
le 20 septembre 1378 portait la tiare et se faisait
appeler Clément VII. Boniface nomma Luigi
Fiesco légat du saint-siége dans la Romagne, et
obtint par son moyen la soumission de plusieurs
657
villes, entre autres d'Anagni. En 1404, Luigi re-
fusa de reconnaître Cosmo de' Migliorati ( Inno-
cent VII), choisi par sept cardinaux seulement
jjour remplacer Boniface IX. II se rangea sous
l'obédience du pape d'Avignon Pedro de Luna
(l]enoît XIII), qu'il abandonna en 1409 ou 1410
pour se réunir à Pierre Philarque (Alexandre V).
Le successeur de ce dernier pontife , Baitassare
Cossia(Jean XXIII), nomma Luigi gouverneur
(le Bologne. En 1414 il assistaauconcile;de Cons-
tance, et en 1417 à l'élection de Ottone Colonna
( Martin V ). Il fut envoyé par ce pontife comme
légat en Sicile, et revint à Rome pour y mourir.
Chacon, f^itœ et gesla Romanorum Pontiftcum et
Cardinalium.' — Auberl ,{^isto(re des Cardinaux. —
Moréri, Grand Dictionnaire historique.
* FIKSCO (Giorgfjo), prélat génois, mort à
Rome, le 11 octobre 1461. Il était archevêque de
Gènes lorsque le pape Eugène lY le nomma cardi-
nal-prêtre du titre de Sainte- Anastasie et évêqué
d'Ostie. Nicolas V lui retira l'évêché d'Ostie,
mais lui donna la légation de la Ligurie. Giorgio
Fiesco eut beaucoup de part à la bienveillance
de Calixte UI et de Pie II. Il mourut à Rome;
mais son corps fut transféré à Gênes.
Cliacon, Vitœ et gesta Romanorum Pontiflcum et
Cardinalium. — La Roche-Pozai, Nomencl. Card. —
Aubéri, Histoire des Cardinaux.
* FIESCO (Cattarina), fondatrice de commu-
nautés religieuses, fille de Giacomo Fiesco et de
Cattarina Adorno, morte le 14 septembre 1510.
Elle fut mariée à un gentilhomme de la famille
des Adorni. Encore jeune , elle devint veuve, et
se livra à la prière et à la charité. Elle fonda à
Gênes deux communautés rehgieuses, de sexes
différents, dont l'unique vœu était le service des
malades et le secours des pauvres. Ces com-
munautés se dispersèrent après la mort de leur
institutrice. On a de Cattarina Adorno deux livres
de dialogues , où l'on trouve un sincère amour
pour la Divinité.
Federico Federici, Hist. délia Casa Fiesca. — Sopranl
et Giustinianl , Scrit. délia Ligur.
FIESCO (Bartolomeo), vivait en 1505. Il fut
l'une des causes d'un mouvement populaire qui
changea le gouvernement génois. Les charges
étaient alors divisées entre le peuple et la no-
' "isse. La bourgeoisie , appuyée par les artisans,
jclamait sa part dans la représentation civile et
olitique. Chaque parti ne demandait pour faire
riompher ses prétentions que les prétextes les
plus frivoles. Bartolomeo Fiesco, passant sur
la place Saint-Laurent à Gênes , marchanda des
champignons qu'avait étalés un paysan de la
vallée de Pozzo-Vero. Il les trouva trop chers
pour leur qualité. Le paysan lui répondit d'une
manière grossière. Bartolomeo riposta par des
coups. Un certain Giglime Beccaio prit parti
pour le paysan, et appela le peuple aux armes.
Une mêlée générale s'ensuivit; les magistrats
furent méconnus. Visconti Doria , Augustino
Doria et plusieurs autres nobles furent massa-
crés. Roccabertino , gouverneur de Gênes, bannit
FIESCHI 658
Bartolomeo et Beccaio sans faire cesser le trouble.
Le peuple pilla ou brûla les maisons des nobles,
qui durent chercher un refuge dans les cam-
pagnes. L'intervention du roi de France,
Louis XII, fut invoquée. Celui-ci envoya aussitôt
le comte deRavenstein avec une force imposante.
Les Français entrèrent dans Gênes comme paci-
ficateurs ; mais de nombreux assassinats témoi-
gnèrent la haine du peuple contre les étrangers.
Des mesures rigoureuses furent alors adoptées, et
Gênes passa pour plusieurs années sous le gou-
vernement de la France.
anecdotes des Républiques, 1 , p. 149.]
FIESCO (Nicola), prélat génois, mort le 14 juin
1524. Il était évêque de Fréjus et de Toulon, lors-
qu'à la recommandation de Louis XII, le pape
Alexandre VI le nomma, en mai 1503, cardinal-
prêtre du titre de Saint-Nicolas inter imagines
puis du titi'e des Douze Apôtres. Quelque temps
après, Nicola Fiesco obtint l'archevêché d'Em-
brun, à l'exclusion de Claude d'Arcès, qui avait
été nommé par le chapitre de cette église.
Il obtint encore en Italie l'archevêché de Ra-
venne. Il fut, selon ses contemporains , ce con-
seiller juste et libéral des papes Alexandre VI,
Jules II et Adrien VI , contre lesquels il défen-
dit souvent le véritable esprit chrétien. Il refusa,
dit-on , de se porter comme candidat à la pa-
pauté en compétition avec Jules de Médicis (Clé-
ment VII), successeur d'Adrien VJ.
Foglleta, Élog. — I». Jove, Adrian. VI. — Geronimo
Rubel, Historia-Raven., lib. IX. — Sainte-Marthe, Gallia
christ. — Auberi, Histoire des Cardinaux.
FIESCO ( Giovanni-Luigi ) , comte de Lava-
GNA, chef de conspiration, né en 1523, noyé le
2 janvier 1547. A peine âgé de vingt-trois ans,
il se trouvait déjà chef de sa race et possesseur
de fiefs considérables. Aux avantages de la jeu-
nesse et de la fortune il réunissait ceux de l'es-
prit et de la beauté. Il était allié à l'une des
plus anciennes familles génoises, celle de Cibo,
et sa femme, Éléonore , qui entrait alors dans
sa vingtième année, achevait de raUier aux
Fieschi ceux que le comte n'avait pu s'attacher.
A tant d'éclat se mêlait une ombre importune :
Fiesco se croyait fait pour commander, et le
premier rang était occupé par le vieil Andréa Do-
ria (voy. ce nom). Déjà, vers l'année 1541,
Giovanni-Luigi s'était mis en rapport avec un
de ses compatriotes, Cesare Fregose, qui jouis-
sait d'un grand crédit à la cour de France;
mais ce dernier ne put rien obtenir : l'obstination
qu'il mit à cacher le nom du chef de la conspi-
ration inspira à François F" des doutes qui nui-
sirent au succès de la négociation ; mais plus
tard le roi entra en relation avec les Fieschi, par
l'entremise de son ambassadeur et principal
agent en Italie, Guillaume du Bellay (voy. ce
nom). Le comte de Lavagna, jugeant alors
le moment favorable, se rendit à Plaisance,
où il n'eut pas de peine à s'entendre avec le duc
Pietro-Luigi Farnèse auquel il acheta ( uatre ga-
659 FIESCHI
1ères. A peine le marché était-il conclu que Fiesco
envoya un des navires à Gênes , annonçant
publiquement qu'il le destinait à courir sur
les corsaires barbaresques. Lui-même visita le
pape Paul III, qui le mit. immédiatement en rap-
port avec Agostino Trivuice, cardinal, joroifec-
teu7' de France, et parent des Fieschi. On con-
vint que la révolution aurait pour objet de re-
mettre la république sous l'autorité du roi de
France. Rentré à Gênes, Giovanni-Luigi convoqua
les trois hommes qui lui étaient les plus dévoués,
Vincenzo Calcagiio, de Varèse, Raffaello Sacco,
jurisconsulte de Savone, qui remplissait les
fonctions de juge sur les terres du comte, et
Giambattista Verrina, fils d'un riche négociant
génois et homme d'exécution ; il fut décidé que
le comte persévérerait dans son projet, mais en
agissant avec le seul secours de ses amis et sans
la participation de la France. Cependant le duc
de Parme et de Plaisance levait 2,000 fantassins
qu'il s'était engagé à mettre à la disposition des
conjurés. Ce mouvement de troupes éveilla les
soupçons du gouverneur de Milan, qui transmit
à l'ambassadeur impérial à Gênes l'ordre de faire
connaître à Andréa Doria ce qui se passait dans
les États de Parme, et de l'inviter à veillev atten-
tivement à la sûreté de la république. Doria, qui
affectionnait le comte de Fiesco, se refusa à
voir en lui autre chose qu'un aimable étourdi,
qui pourrait avec le temps devenir l'honneur de
la république, mais jamais un chef de conjurés.
Il ne prit donc aucune précaution contre cet
ennemi.
Tout étant préparé, Giovanni-Luigi invita les
Dorie à venir passer la soirée du 4 janvier
1547 dans son palais. Le motif de cette invi-
tation reposait sur l'alliance prochaine de la
sœur de Giannettino, neveu d' And i-ea Doria, avec
le frère de la comtesse de Fieschi, Giulio Cibo,
marquis de Massa. Les Dorie devaient trouver
la mort au moment même où ils prendraient
place au banquet qu'on leur offrait. Ils refusèrent
l'invitation : l'amiral souffrait de la goutte aux
mains , et Giannettino devait partir pour une
tournée qui le retiendrait hors de Gênes pendant
un mois environ. L'époque marquée pour la
réélection du doge approchait; le gouvernement
de la répubhque devait demeurer alors sans
direction pendant plusieurs jours. Ce moment
d'inquiétude et d'agitation parut favorable aux
conspirateurs : l'ordre fut donné aux conjurés
de se tenir prêts pour la nuit du 2 janvier. Dans
la journée désignée, Fiesco envoya Verrina
parcourir la ville pour s'assurer de ses dispo-
sitions et convoquer les conjurés. Lui-même,
afin de mieux cacher ses desseins , affecta de
faire plusieurs visites de cérémonie; le soir, il
se rendit au palais des Dorie , et fit sa cour au
vieux amiral ; puis, prenant dans ses bras les
enfants de Giannettino , il les baisa tendrement,
et se retira satisfait d'avoir si bien réussi à en-
dormir ses adversaires. De là il se rendit à sou
-660
château, où il trouva nombreuse compagnie.
Quiconque s'y présentait entrait librement, mais
personne n'en sortait. Fiesco, ayant réuni ses
hôtes autour de lui dans la grande salle du châ-
teau, employa pour séduire les uns et raffermir ;
les autres tout ce que l'éloquence a de plus en
traînant, faisant sonner bien haut le despotisme i
des Dorie et l'asservissement des Génois. Vers
le milieu de la nuit, les portes du palais furent
ouvertes, et les conjurés sortirent en bon ordre,
précédés d'une compagnie de 450 hommes
choisis parmi les plus intrépides. Les premiers
postes enlevés , on se dirigea vers l'arsenal de
mer, où se trouvait la darse, qui fut prise après
une courte résistance. Bientôt l'obscurité de ]a
nuit s'illumina d'une subite clarté que suivit
spontanément une violente détonation : Verriua
donnait le signal. Aussitôt Fiesco et sa troupe se
précipitèrent sur les galères des Dorie, dont les
gardiens furent frappés dans le sommeil et
jetés à la mer, pendant que Geronimo et Otto-
boone Fieschi, à la tête de soixante combat-
tants, se précipitèrent sur le poste qui gardait la
porte San-Tomaso sous les ordres du capi-
taine Lercaro et de son jeune frère, enseigne
d'infanterie (alfiere). Le jeune Lercaro tomba
percé de coups , et son frèi'e fut obligé de se
rendre aux vainqueurs. Le tumulte et la confu-
sion se répandirent dans la ville. Les cloches
sonnèrent l'alarme, et bientôt de tous côtés on
vit courir des soldats, des ouvriers portant des
torches, des épées, et criant avec enthousiasme ;
Fieschi ! Gatto ! Gatto ! (1) »
Giovanni-Luigi, voyant que la chiourme des
galériens se disposait à fuir, voulut prévenir cet
événement, qui aurait paralysé le secours qu'il
attendait de la flottille. Il courut à la galère ca-
pitane. Pour y parvenir, il fallait passer sur une
planche jetée entre le bord du quai et l'échelle
de poupe de la galère. Verrina précéda !e
comte ; à peine arrivé sur le vaisseau, il se re-
tourne pour lui donner la main. Fieseo ne l'a-
vait pas suivi!.... Il appelle, Fiesco ne répond
pas. Ottoboni se rend alors à la darse pour sa-
voir ce qu'est devenu son frère aîné : personne
ne peut l'en instruire. Il était urgent de prendrç
un parti. Ottoboni reste pour défend i-e les ga-
lères ; Geronimo Fiesco et Verrina, à la tête de
200.hommes d'élite, entrent dans la ville. Gian-
nettino Doria, réveillé en sursaut, était ac-
couru à la porte San-Tomaso, précédé d'un
page portant une torche. Les conjui'és, qui le
reconnaissent, s'empressent de lui ouvrir la
porte, et le tuent à coups d'arquebuse. Plus pru-
dent et mieux informé, le vieux Doria se fît con-
duire au château de Masone, appartenant aux
Spinole, et situé à quinze milles de Gênes. Ce ne
fut qu'à Sestri qu'il apprit la mort de son neveu.
Quelques nobles avaient eu le courage de se
rendre au palais ducal, où vint les rejoindre
(1) Le chat figurait dans les armes de ta maison de
Fieschi.
66 i FIESCHI
l'ambassadeur de Chaiies-Quint. On envoya une
} petite troupe , qui fut bientôt dispersée ou prise
! par les conjurés. Cependant Verrina se retira
sur la galère, afin d'être à portée de fuir si les
chances tournaient contre lui. Geronimo Fiesco,
demeuré seul , continua à s'avancer liardiment.
Ne sachant quel parti pi'endre, les sénateurs lui
envoyèrent une députation, demandèrent à par-
ler au comte Fiesco. «- Il n'y a pas d'autre
comte que moi, « répondit Geronimo, ce qui fit
regarder comme certaine la mort de Giovanni-
Luigi et enhardit les sénateurs , qui décidèrent
que douze d'entre eux parcourraient la ville en
appelant le peuple aux armes. Geronimo vit sa
troupe diminuer avec le lever de l'aurore :
suivi seulement de quelques-uns des plus com-
promis d'entre les conjurés , il se replia sur la
porte de l'Arc, dont Corneille Fiesco, frère
naturel de Giovanni-Luigi, s'était rendu maître.
Quand on connut cette retraite dans le sénat,
l'.iK^ nouvelle députation fut envoyée à Geronimo
pour lui enjoindre de quitter la ville, avec assu-
rance d'oubli et de pardon. Il se retira, en
cliVl, au château de Montobbio avec ses parents
et amis. Ottoboni , Venina, Calcagno et Sacco,
qui s'étaient réfugiés sur la galère de Giovanni-
Luigi , levèrent l'ancre et gagnèrent Marseille. Le
lendemain, le sénat envoya deux députés offrir
à Andréa Doria ses compliments de condoléance
sur la mort de son neveu et le prier de ren-
trer dans la ville. L'illustre vieillard, ayant
acquiescé à cette demande, fut reçu avec des
honneurs extraordinaires et salué par de vives
acclamations. Ce jour-là même Benedetto Gentiii
fut élu doge de la république.
On se demandait encore ce qu'était devenu
le comte Fiesco ; on craignait qu'il ne se fût enfui
pour revenir plus terrible à la tête d'une armée
étrangère, lorsque enfin on trouva son corps dans
la vase. Voulant passer sur la planche qui con-
duisait au navire, il était tombé dans la mer;
nul ne l'avait vu, et le poids de ses armes l'a-
vait empêché de nager. Son cadavre, exposé
quelque temps à la vue de la multitude , fut
ensuite porté en pleine mer pour y être ense-
veli dans les flots. Andréa Doria fit révoquer ie
pardon accordé aux conjurés. Tous ceux qui
avaient pris part à la conspiration furent déclarés
«riminels d'État. Le superbe palais des Fieschi
fut rasé jusqu'aux fondements; la mémoire du
comte Giovauni-Luigi fut flétrie à jamais. Gero-
nimo Fiesco, Assereto, Calcagno, Sacco et Ver-
rina furent pendus. Ils avaient été pris dans ie
château de Montobbio , où les quatre derniers
étaient venus depuis peu rejoindre le frère
de leur chef. Ottoboni Fiesco et Corneille le
bâtard s'étaient retirés à Rome ; mais le pre-
mier tomba quelque temps après entre les mains
de Doria, qui le fit mettre à mort sans forme de
procès. Le plus jeune des frères , Scipion , se
retira en France, sous le coup d'une proscrip-
tion qui devait s'étendre jusqu'à la cinquième
662
génération; il fut la souche d'une nouvelle
branche de sa famille , qui prit alors le nom
de FiESQUE ( voy ce nom ). Les autres Fieschi,
errants et pauvres, se dispersèrent en Italie, en
Corse et en Provence.
La conjuration de Fiesco a excité la verve
des historiens et des poètes : les uns et les au-
tres sont restés généralement fort au-dessous de
leur tâche. Dans le nombre prodigieux des écrits
de toutes natures que cet événement a fait éclore,
l'histoire d'Augustin Mascardi, Anvers, 1629, pe-
tit in-4'* , mérita d'être citée pour l'exactitude des
détails , sinon pour l'impartialité de l'historien.
Nous pourrons en dire autant d'un roman publié
à Milan, 1822, sous le titre de II Conte di Lava-
gna, par. Giov. Campiglio. La Conjuration de
Fiesque, par le cardinal de Retz, n'est qu'une
pâle imitation du livre de Mascardi. Schiller a
composé une belle tragédie sur La Conjuration
de Fiesque, mais il ne faut pas y chercher autre
chose que la brillante étincelle d'une imagination
féconde; le caractère de Verrina est complète-
ment dénaturé. M. Ancelot a fait représenter en
1824, sur le Théâtre del'Odéon, une tragédie de
Fiesque^où, dans l'intérêt de l'effet dramatique,
la vérité de l'histoire est cruellement outragée.
[C. Famin, dans r.S/îC. des G. du M., avec
addit.]
De Thon, Historia, etc., lib. III, p. 203-217, et XV. —
Foglieta, Elo(i. — Giustiniani, Hist. Gen. — Bern. Segni,
liv. XII, p. 316. — Fil. Casoni , ^nn. di Genova., I. V ,
p, 157. — Richer, f^'ie d'André Doria. — Sismondj, Hist.
des Républiques italiennes, XVI, chap. cxxtii. — Anec-
dotes des Républiques, V^ part,, p. 168, — E. Vincens,
Hist. delà République de Gènes, II, 473.
FIESCHI {Joseph), fameux assassin, né à
Murato (Corse), le 3 décembre t790, guillotiné
le 16 février 1836. Après avoir servi dans la lé-
gion corse en Italie et dans l'armée du roi de
Naples, Joachim Murât, il revint dans sa patrie.
Convaincu en 1816 de vol et de faux en écriture,
il fut condamné à dix ans de réclusion. En sor-
tant de prison il fut employé dans diverses ma-
nufactures. Il obtint en 1831 la garde du uioulin
de Croullebarbe. Il fut aussi, vers la même épo-
que, employé dans la police. Le 27 janvier 1835,
un arrêté du préfet de la Seine supprima le poste
de gardien du moulin de Croullebarbe. Dans
l'exaspération que lui causa cette mesure, Fies-
chi se décida à exécuter un projet qu'il méditait
depuis longtemps. Avec Pierre Morey , sellier-
bonrrelier,Théod.-Flor. Pépin, marchand épicier,
Victor Boireau, ouvrier lampiste, il disposa dans
un logement situé sur le boulevard du Temple
une machine composée de vingt canons de fusil ,
disposés de manière à faire feu simultanément.
Le 28 juillet 1835, le roi, pour célébrer le cin-
quième anniversaire de la révolution de Juillet,
passait une revue de la garde nationale. H était
parvenu jusqu'au milieu du boulevard du Tem-
ple , lorsqu'une horrible décharge, partie d'une
maison du boulevard, vint frapper mortellement
autour de lui, et sans l'atteindre, dix-huit per-
663
FIESCHI
sonnes. Fieschi, l'auteur de cet attentat, blessé
lui-même par les éclats de sa machine, fut arrêté
immédiatement, et remis peu après à la justice
de la cour des pairs. Après des débats qui eu-
rent un immense retentissement, il fut condamné
à mort ainsi que Pépin et Morey.
Moniteur, années 1835 etj 1836. — Louis Blanc,; Hist.
de dix ans.
FIESOLE (MiNO DA). Voy. MlNO.
FIEUBET (Gaspard de), magistrat et poëte
français, né à Toulouse, en 1626, mort le 10 sep-
tembre 1694. Il fut successivement conseiller au
parlement de Toulouse , chancelier de la reine
Marie-Thérèse d'Autriche et conseiller d'État
ordinaire. Ayant perdu sa femme en janvier 1686,
et n'ayant point d'enfants , il se retira chez les
Camaldules de Gros-Bois près Paris. 11 a laissé
quelques pièces de vers dispersées dans divers
recueils. On y trouve de la délicatesse, du na-
turel et de la légèreté. On cite ses épitaphes de
Descartes et de Saint-Pavin; voici cette der-
nière :
Sous ce tombeau gît Salnt-Pavln ;
Donne des larmes à sa fin.
Tu fus de ses amis peut-être?
Pleure ton sort, et non le sien :
Tu n'en fus pas ? Pleure le tien ,
Passant , d'avoir manqué d'en être.
On estime aussi sa fable d'Ulysse et les Sirènes,
insérée dans le Recueil de vers choisis du
P. Bouhours. Le P. Anselme prononça l'oraison
funèbre de Fieubet.
Le P. Anselme, Oraisons funèbres. — \o\laiie, Siècle
de Louis XIV. — Biographie Toulousaine.
FIEUX. Voy. MOUHY.
FiECZAL (et non de Frossac, Madeleine
Céleste), connue sous le nom de Durancy,
actrice et cantatiice française, née à Paris, le
23 mai 1746, morte dans la même ville, le 28 dé-
cembre 1780. Elle débuta à la Comédie-Française,
le 19 juillet 1759, par les rôles de Dorine dans
Tartufe, de Marinette dans Le Florentin, et
quelques jours après dans celui de Lisette des
Folies amoureuses. Elle fut fort applaudie, sur-
tout dans cette dernière pièce. Malgré ce succès,
elle tourna ses vues du côté de l'Opéra, et parut
sur cette scène le 19 juin 1762. Les feuilles
du temps sont unanimes sur le succès qu'elle y
obtint. Elle revint à la Comédie-Française lors
de la retraite de la célèbre Clairon. Elle y re-
parut le 13 octobre 1766 , dans les rôles de
Pnlchérie â'Héraclius, d'Aménaïde , de Tan-
crède. Rebutée par les contrariétés qu'on. lui
suscita, cette actrice renonça définitivement à la
scène française , et le 23 octobre 1767 elle ren-
trait à l'Académie royale de Musique , dont elle
devint une des meilleures comédiennes. Elle ne
quitta plus la scène lyrique jusqu'à sa mort,
advenue dans la trente-cinquième année de son
âge. Les Mémoires de Bachaumont donnent à ce
sujet certains détails qui ne sont pas de nature
à èti'e reproduits ici. Dans le public on attribua
la fin prématurée de M"*^ Durancy aux efforts
qu'elle fit dans le rôle de Médée de l'opéra de
- FIÉVÉE 664
Persée, au sortir d'une crise qui lui commandait
le repos. Ed. de Manne.
Mercure de France, ann. 1762 , 1766, 1767, 1781 . — Jour-
nal de Paris, 1781. — Grimm, Corresp. littéraire. —
La Harpe , id. — Lekaio', Mémoires. — Mmanach. des
Spectacles , 1782. — Bachaumont , Mém. secrets. — Le-
mazurler, Galerie hist. du Théâtre français.
FIÉVÉE (Joseph), littérateur et publiciste
français, né à Paris, le 8 avril 1767, mort dans
la même ville, le 7 mai 1839. Il était fort jeune
encore lorsque son père mourut ; il fut élevé à
Soissons , où sa mère s'était remariée, en secon-
des noces, avec le directeur des postes. A peine
adolescent, il revint à Paris, et apprit l'état
de compositeur d'imprimerie, qu'il exerça pen-
dant plusieurs années , tout en se livrant à la lit-
térature et à la politique. En 1789, il se montra
d'abord partisan des idées nouvelles, et coopéra
avec Condorcet, Millin, etc., à la rédaction de la
Chronique de Paris. A la même époque il donna
au théâtre une comédie qui obtint du succès.
Bientôt dégoûté par les excès des terroristes , il
se fit remarquer dans les rangs opposés. Doué
d'un extérieur avantageux, d'un bel organe et
d'une facile éloquence , il brilla dans les assem-
blées publiques de Paris, à l'époque de la réac-
tion. La section du Théâtre-Français, depuis ;
Odéon, l'élut pour président; maisFiévée, corn- |
promis à l'époque du 13 vendémiaire (octobre j
1795), se voyant un instant en danger, dut quit-
ter Paris , sans cependant renoncer à la rédac-
tion de la Gazette française , l'un des jour-
naux les plus royalistes d'alors. Frappé après
le 18 fructidor an v (4 septembre 1797 ), par
le décret de déportation rendu contre les jour-
nalistes anti-révolutionnaires, il parvint à se
soustraire aux poursuites dirigées conti'e lui , et
vécut quelque temps caché en Champagne, où
il composa deux jolis romans ( La Dot de Suzette,
et Frédéric), qui ont obtenu beaucoup de succès-
Fiévée ne cessa pas , dans sa retraite , d'entre-
tenir des correspondances avec les l'oyalistes.
Deux lettres qu'il écrivait à Paris aux agents des
princes furent saisies, et provoquèrent son arres-
tation en janvier 1799; et sur l'ordre deFouché,
il futincarcéré au Temple, où il resta dix mois (1).
Après le 18 brumaire il fut rendu à la liberté, et
concourut à la rédaction de plusieurs écrits pé-
riodiques. En 1802, Bonaparte, sur la proposi-
tion de Rœderer, l'envoya en Angleterre pour
remplir une mission délicate. A son retour Fiévée
fit paraître quelques écrits sur le pays qu'il ve-
nait de visiter, écrits qui furent vivement com-
battus par les journaux anglais , et surtout par
YEdinburgh Review.ïl travailla ensuite, avec
La Harpe, Fontanes, etc., à la rédaction du
Mercure, dans lequel il fit paraître plusieurs
nouvelles. En 1805 le gcuvemement impérial,
pour le récompenser de ses services , le nomma
censeur, et l'adjoignit à la propriété du Journal
(1) Ces lettres parurent depuis dans un volume que la
police imiu^riale ût publier sous le titre de : .Correspon-
dance anglaise.
665 FIÉVÉE —
des Débats, qui prit dès lors le titre de Journal
de r Empire. En 1807 il fut nommé chevalier de
la Légion d'Honneur, puis maître des requêtes,
et envoyé (1810) à Hambourg pour vérifier les
opérations de certains comptables. Il remplit cette
mission délicate avec une gmnde intelligence.
Le 13 mars 1813 il reçut sa nomination à la pré-
fecture de la Nièvre. Le 9 avril 1814 il adressa
à ses administrés une proclamation , reproduite
dânale Journal des Débats àa 14, dans laquelle :
« il félicitait les puissances alliées de leur géné-
rosité et du bonheur qu'elles apportaient à la
France ». Ces sentiments furent probablement
mal compris par Napoléon , qui aussitôt son re-
tour de l'île d'Elbe destitua] Fiévée (22 mars
1815). Celui-ci rentra dans la^presse, et ne cessa
plus de faire partie de l'opposition royaliste. Ses
articles , publiés dans le Journal des Débats,
Le Conservateur, La Quotidienne, Le Temps
et Le Constitutionnel, tantôt signés L (1),
TL (2), quelquefois en toutes lettres, toujours
pleins d'esprit et de vigueur, n'ont pas peu con-
tribué à la chute du ministère Villèle et aux
événements qui amenèrent la révolution de 1830.
On a de Fiévée : Les Rigueurs du Cloître, co-
médie mêlée d'ariettes, en deux actes ; Paris, 1 792,
in-8°; — Sur la Nécessité d'une Religion;
Paris, 1795, in-8°. Cette brochure contribua à
donner à son auteur une grande influence sur le
parti religieux et monarchique ; — La Dot de
Suzette, ou histoire de madame de Senne-
terre, racontée par elle-même ; Paris, 1 798, 1803
et 1821, in-12; 1826, in-32, avec fig. : la première
édition est anonyme. Ce roman, plein de grâce
et de fraîcheur, a été traduit par l'auteur en
portugais, sous le titre : 0 dote de Suza-
ninha, etc., Paris, 1826, 2 vol. in-18, et en es-
pagnol sous celui de El dote de Paquita, etc.;
Paris, 1827, 2 vol. in-18. En 1846, Le Constitu-
tionnel puljlia La Dot de Suzette, dans sa Bi-
bliothèque choisie; — Frédéric; Paris, 1799,
3 vol. in-12; 1800, 3 vol. in-18; traduit en anglais
en 1 802 ; — Le Dix-huit Brumaire opposé au
régime de la Terreur; Paris, 1802, in-8". C'est
une réponse au livre intitulé : VArt de rendre
les révolutions utiles; — Lettres sur l'Angle-
terre, et réflexions sur la philosophie du
dix-huitième siècle; Paris, 1802, in-S». Cet
ouvrage avait d'abord paru par fragments dans
divers journaux. — Nouvelles intitulées : La Ja-
lousie; VÉgoïsme; L'Innocence; le Divorce;
Le Faux Révolutionnaire , et L'Héroïsme des
Femmes; Paris, 1803, 2 vol. in-12; — Obser-
vations et projet de décret sur l'imprimerie
et la librairie; Varia, 1809, in-4°; — Corres-
pondance politique et administrative com-
mencée en mai 1814; Paris, 1815, 1819, 15
parties in-8°. Chacune des parties de cette cor-
(1) Lacroix; il fut aussi, dans les deux années qui sui-
virent la révolution de 1830 , l'un des rédacteurs les plus
actifs du National.
(2) Initiales de son ami Théodore Leclereq.
FIGANIERE 666
respondance a été réimprimée jusqu'à quatre
fois. C.-J. Schlosser l'a traduite en allemand,
1828, in-8''. Cet ouvrage, dédié au duc deBlacas,
est remarquable par la hardiesse des vues politi-
ques et administratives qui y sont développées. Il
fut inspiré par le royalisme le plus fervent ; l'au-
teur attaquait le système ministériel de M. De-
cazes, et s'élevait surtout contre les accapa-
reurs de places. A la suite d'une action correc-
tionelle, Fiévée fut condamné à trois mois de
prison et cinquante francs d'amende. — Des
Opinions et des Intérêts pendant la Révolu-
tion; Paris, 1815, in-8''; — Histoire de la
Session de 1815; Paris, 1816 et 1818, in-8°; —
Histoire de la Session de 1816; Paris, 1817,
in-8"; — Histoire de la Session de 1817 ; Pa-
ris, 1818, in-8"; — Quelques Réflexions sur
les trois premiers mois de 1820; Paris, 1820,
in-8° ; — Examen des discussions relatives
à la loi des élections pendant la session de
1819; Paris, 1820, in-8"; — Ce que tout îe
monde pense, ce que personne ne dit; Paris,
1821, in-8°; — Examen du rapport pour
l'organisation municipale ;PSins, 1821, in-8°;
— Histoire de la Session de 1820; Paris,
1821, in-8°; — Lettres sur le projet d'orga-
nisation municipale présenté à la Chambre
des Députés le 2i février 1821; Paris, 1821,
in-8° ; — De l'Espagne et des Conséquences
de l'intervention armée; Paris, 1823 et 1824,
in-8°; — Résumé de la conviction publique
sur notre situation financière, et moyen
pour en diminuer les dangers; Paris, 1825,
in-8°; — Causes et Conséquences des événe-
ments de Juillet 1830 ; in-8° •, — Dela Pairie,
des libertés locales et de la liste civile ; Pa-
ris, 1831, in-8°. Fiévée a édité conjointement
avec Petitot : Le Répertoire du Théâtre- Fran-
çais; Paris, 1823, 23 vol. in-8°; — Correspon-
dance et relations avec Bonaparte; Paris,
1837, 4 vol, in-8°. Il a aussi travaillé à la Biblio-
thèque des Romans; Paris, 1799 et années sui- '
vantes, 112 vol. in-12 ; à la Biographie des frères
Michaud et à celle des Contemporains; il a
écrit et fait imprimer un volume sur l'histoire
de France ; mais cet ouvrage n'a jamais été livré
au public. Ses Œuvres, précédées d'une Notice
biographique et Zi^^^rmre par Jules Janin, ont
été publiées à Paris, 1842, in-12. A. Jadin.
Biographie des Contemporains. — Sainte-Beuve, Cau-
series du lundi, t. V ( 1853 ). — Documents particuliers .
* FiGANiERE E MORAO (Joaquim-César
DE ) , historien portugais , né à Lisbonne, le 6
octobre 1798. Il entra dans la diplomatie, et de-
vint ministre résident à Rio de Janeiro. On a de
lui : Descripçâo de Serra- Leoa e seus con-
tornos, escripta em doze car tas, a quai se
ajuntâo os trabalhos da commissào mixta
portugueza e ingleza estabelecida naqziella
colonia; Lisbonne, 1822.
Son parent Jorge-César de Figaniere, né
à Rio de Janeiro, aujourd'hui.'employé au secré-
66 î
tariat des affaires étrangères en Portugal , a pu-
blié : Blbliografia historica portugueza , ou
Catalogo methodico dos auctôres portuguezes
e de alguns estrangeiros domiciliarios em
Portugal, que tractaram da historia civil ,
politica e eclesiastica, etc. ; Lisbonne , 1850,
in-8°. Cet ouvrage, dont l'auteur promet un vo-
bime complémentaire, est plus exact que celui
de Pinto de Souza et rectifie fréquemment les
erreurs biographiques qu'on retrouve dans Bar-
bosa. Ferdinand Denis.
Renseignements particuliers.
* PiGHAMi ( Baba ), poète persan, né à Schi-
raz, mort à Mesched, en 915 de l'hégire (1509
de J.-C.) ou en 925 (1519). Il vécut d'abord à
la cour du sultan Yakoub, à ïauriz; après la
mort de ce prince il s'établit à Abiwerd ( Kho-
rassan). L'exaltation poétique semble avoir été
chez lui le produit de réchauffement du cœur
ou du cerveau ; car dès qu'il eut cessé de s'a-
donner au vin et à la sensualité , sa verve s'é-
teignit. Retiré à Mesched , il ne composa plus
que des ouvrages de piété, entre lesquels on
cite un poëme à la louange du huitième imam
Ali Ben-Mousa. On lui donnait les surnoms de
Baba-schoara (père des poètes) et de petit
Hafitz, à cause de son habileté à tourner la
ghazal ( ode de moins de treize vers) ; plusieurs
poètes connus l'ont pris pour modèle. On a de
lui un diioan (recueil de ghazals). M. Nath,
Bland en a extrait dix pièces, dont il a donné le
texte dans 4 Centurij ofpersian Ghazals from
unpublished Diwans; Londres, 1851, in-4°.
On connaît im autre Fighani, poëte turc,
étranglé en 933 ou 938 de l'hégire ( 1 526 ou
1531 de J.-C), par ordre du grand-vizir Ibra-
him, qu'il avait raillé dans un de ses disti-
ques. Il laissa un Diwan et un Iskender-na-
meh ( Alexandréide). E. Beâuvois.
Arzou, Medjma an-nefaïs. — Sam Mirza, Tedzkiret,
n° 215. — AbouThalcb, Tedzkiret. — Taki ed-Oir. Mo-
hammed Kaschi, Kholasset al-Aschaar. — J. de Hara-
raer, Gesch. der sehônen Redelc. Persiens, p. 391. —
v/ Centurii oj Persian Ghazals. - Sprenger, Cat. des
Bibl. du roi d'Aoude. — Hadji-Khalfah , Lex. bibliogr.,
t. I, n° 684; III, B610. — J. de Hammer, Gesch. der Ostn.
Dichtkiinst, t. Il , p. 18.
* FiGiNO ( Ambrogio ) , peintre de l'école
milanaise, né à Milan, vers 1550, vivait encore
en 1595. Il fut élève de Gian-Paolo Lomazzo, et
se distingua surtout comme peintre de portraits.
On regarde comme son chef-d'œuvre en ce genre
celui du mestre de camp Foppa, conservé à
Milan au musée de Brera. Figino fit également
preuve d'un talent hors ligne dans ses fresques et
surtout dans ses tableaux. Dans ses composi-
tions, il recherchait moins le nombre que la
perfection des figures. Dans l'école milanaise ,
Gaudenzio Ferrari a seul donné à ses figures de
saints autant d'élévation et de caractère. Parmi
ses tableaux , les plus estimés sont : Sai77t Mat-
thieu et Saint Paul, à l'église de Saint-Raphael ;
une Conception et une Nativité de la Vierge, à
Saint-Anloine-abbé; Sain ^ Benoît, accompagné
FIGANIERE — FIGUEIRA 668
de ses disciples saint Maur et saint Placide,
à San-Vittore-al-Corpo; enfin, La Vierge entre
saint Jean évangéliste et saint Michel au
musée de Brera. Au musée de Berhn est un
tableau de ce maître , La Vierge et plusieurs
saints. Les dessins de Figino, qui imitent avec
une rare perfection ceux de Michel-Ange, sont y
fort recherchés des amateurs. E. B— n.
G,-C. Lomazzo, Idea del Tempio dellœ Pittura. — Mo-
rigia. Delta Nobillà Milanese. — Orlandi, Abbecedario.
— Lanzi, Storia délia Pittura. — Pirovano, Guida, A\ I
Milano.
FiGLiucci (Félix), philosophe et théoloi
gien, né à Sienne, dans la première partie dd
seizième siècle, vivait encore en 1582. Élève de
l'université de Padoue, il se fit une grande répu^-
tation par ses écrits philosophiques , son talent
oratoire et ses poésies. «Après avoir, ditÉchard,
goûté à la manière des jeunes nobles des délice* i
de la cour et des voluptés du monde, il donna
son nom au Christ et à saint Dominique , et fit j
profession dans le couvent de Saint-Marc à Flo-
rence. » On a de lui : Undici Filippiche di De*
mostene dichiarate; Rome, 1550 , in-8°; — .
Délia Filosofia morale libri X sopra libri X
d'Aristotele; Rome, 1551, in-4°; — La Poli'
tica, overo scienza civile secondo la dottrina \
d'Aristotele ; Venise, 1583, in 4°. Cette édition ,
fut probablement précédée d'une autre, donnée
à Rome, et dont la date est inconnue; — Ca-
techismo, cioè istruzione secondo il decrelo
del concilio di Trento; Rome, 1567, in-8°. Ce
Catéchisme parut sous le nom cV Alexis, que Fi-
gliucci avait pris en entrant dans l'ordre des
Dominicains. Figliucci traduisit le Phédon de
Platon ; Rome, 1544, in-8° ; il fit passer du latin
en italien les Lettres de Marsile Ficin ; Rome;,
1546-1548, et Y Historia septentrionalis à'O-
latis Magnus.
Quétlf et Échard, Scriptores Ordinis Prxdicatorum_
FIGREHUS GRIEPENHIELM OU GREIF-
FENHELaï ( Edmond ), historien suédois, mort
le 24 août 1676. Il professa à Upsal avec une
distinction qui le fit nommer précepteur du
prince royal, depuis roi, Charles XI. Il fut en-
suite anobli, et prit le nom de Griepenhielm
ou Greiffenhelm. En dernier lieu il fut nommé
chancelier et conseiller d'État. Ses principaux
ouvrages sont : De Statuis illustrium Roma-
norum; Stockholm, 1656, in-8° : cet ouvrage
est ordinairement suivi d'un opuscule ayant
pour titre : Joannis Schefferi De antiquorum
Torquibus Syntagma; Stockholm, 1656, in-8°.
— Reipublicx Suecise cum Romana Compa-
ratio; Upsal, 1642, in-4''; — Diagramma
epicum de ultimo mundi die et vit a eeterna;
Paris, 1648; — Consiliarius ex Curtii 1. III,
cap. XII , ad Hephsestionis exemplum direc-
tus; Upsal, 1654, in-4''.
Witte, Diar.biog. — David Cléraenl, Bibl. wr., VIII.
FiGîJEiRA ( Luiz ), missionnaire et philologue
portugais, néà Almodovar, mort en 1643. Il entra
dans l'institut des Jésuites en 1602, au moment
669
FIGUEIRA
où l'on fondait les missions destinées à civiliser
les Indiens voisins de l'Amazonie. Envoyé dès
1607 au Maranham, à la suite d'une expédition
qu'organisait le capitâo mdr de Pernambuco ,
Alexandre de Moura , et qui se composait d'une
(juarantaine d'Indiens civilisés; on l'avait choisi
sans doute à cause de ses rares connaissances
flans la linguistique indienne, et il avait pour
compagnon le P. Francisco Pinto. Les mission-
naires se dirigèrent vers le nord à petites jour-
nées, et à Pâques ils arrivèrent à ïpiaba, dans
lies villages où se réunissaient aux indigènes
quelques colons français. Plusieurs de ces aven-
turiers se joignirent à eux ; mais leur influence
fut fatale aux malheureux voyageurs, car ceux-ci
ayant été attaqués par une horde ennemie , les
porteurs du P. Pinto le laissèrent choir dans
un marais, où il fut frappé d'une flèche en pleine
poitrine; le P. Figueira échappa comme par mi-
racle à ce sort, et, se jetant au sein des forêts,
joignit des Indiens, qui le conduisirent au Ceara,
d'où il gagna le Rio-Grande ; là heureusement
une embarcation avait été expédiée pour le re-
cueillir. Après plusieurs années employées a des
travaux moins périfleux, il retourna en Portugal ;
mais bientôt le souvenu- des missions lui fit une
loi de retourner au Brésil. Il s'embarqua de nou-
veau pour le Maranham; toutefois, il ne put
gagner les établissements [fondés le long de la
côte du nord, et un naufrage le fit périr aux bou-
ches de l'Amazone. Figueira est auteur d'une
grammaire fort renommée de la langue tupique,
dont la première édition fut publiée vers 1621,
et dont la seconde, très-augmentée , parut long-
temps après sa mort , sous ce titre : Arte cla
Gramatica cla Lingua Brasilica; Lisbonne',
1687, petit in-8°. Ce travail curieux a été réim-
primé vers 1798, in-4°; il est devenu très-rare.
Ferdinand Deots.
Barbosa Machado, Bibliotkeca Ltisitana.
FIGUEIRA DURAM. VOIJ. DdRAlM.
FiGUEiREDO { Pedro- Jozé), biographe por-
tugais , né dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle, mort après 1820. C'est le principal
rédacteur d'un essai d'iconographie publié sous le
titre : Refratos e elogios dos varones e douas
que illustraram a naçâo Portugueza, em
virtudes, letras , armas, e artes assim na-
cionaes como estranfios, tanto antigos como
modernos, offerecidos aos generosos Portu-
j/weses; Lisbonne, 1806-1817, in-4°. L'ouvrage
pour être complet doit présenter 78 éloges, qu'on
trouve l'arement réunis. Figueiredo fut aidé dans
la rédaction de ce travail par l'abbé Agostinho
de Macedo, l'auteur du poëme sur la découverte
des Indes (0 Oriente). — On a du même auteur
une excellente grammaire portugaise. F. D.
Memorias da Acadcmia das Sciencias.
FIGUEIREDO {Antonio Pereira). Voyez
Pereira.
FiGUEROA (Don Lopez DE ) , général espa-
gnol, né à Valladolid, vers 1520, mort dans la
FIGUEROA 670
même viile, 1595. Il servit avec succès dans la
guerre contre les Morisques en 1562, et se si-
gnala à la bataflle de Lépante , où il décida la
victoire en sautant de la galère amirale sur celle
que montait l'amiral Ali, qui périt dans l'action,
et en s'emparant de la galère capitane.
Mariana, Historia Hispanise.
FiGUEBOA, maison illustre d'Espagne, ori-
ginaire de î'Estremadure , qui s'éleva aux plus
hautes charges de l'État.
FSGUEBOA {D. Gomez Suarez de), mort,
en 1571, premier duc de Feria, fut en grande
faveur auprès du roi Philippe II. Ce prince , en-
core infant d'Espagne, le chargea d'aller féli-
citer, de la part de l'empereur, le pape Jules III,
sur son avènement au saint-siége. Lors de son
mariage avec la reine Marie d'Angleterre, D. Go-
mez Suarez vint lui apporter l'abdication que
venait de faire en sa faveur l'empereur, son père,
des royaumes de Naples et de Sicile. Devenu roi,
Philippe II lui conféra la commanderie de Segura,
le nomma frère de l'ordre de Santiago , l'appela
dans ses conseils d'État et de guerre, et l'éleva
au grade de capitaine de sa garde. II le chargea
de garder la prison d'où le malheureux prince
D. Carlos ne sortit que pour recevoir la mort
par ordre de son père. Le roi, pour récompen-
ser le zèle et les services de Figueroa, l'éleva à la
dignité ducale. • V. Marty.
Louis Cabrera de Cordova, Felipe II. — Ferreras, //.
Oen. de Esp. - Ortiz y Sanz, Comp. chr. de la H. de Esp.
FïGUEROÂ (D. Lorenzo IV Suakez de),
duc de Feria, né à Malinea, en Flandre, 8 sep-
tembre 1559, mort à Naples, en février 1607.
Il fut baptisé par le cardinal de Granvelle. Am-
bassadeur en France, de 1593 à 1598 , il tenta
vainement de gagner ce royaume à Philippe II,
au détriment de Henri IV. Il essaya de faire
accepter pour rois des princes de la maison d'Es-
pagne; mais, malgré le discours latin qu'il pro-
nonça devant le conseil de la Ligue , malgré les
gai'nisons vallones et espagnoles qu'il introduisit
dans Paris , il ne put empêcher l'avènement du
Béarnais. Il sortit de Paris furieux d'avoir été
joué par le parti des politiques, et se retira à La
Fère. Néanmoins, Philippe II le nomma successi-
vement capitaine général de la Catalogne et vice-
roi de Naples. V. M.
Iflém. relat. à l'Hist. de France, coll. Dupuy, coll.
Petitot. — Herrera, Hist. del Mundo, in-4°, t. III.
FIGUEROA {D. Gomez II Suarez de), diplo-
mate espagnol, né en 1587, à Guadalaxara, mort
à Munich, le 14 janvier 1634. Il fut successive-
ment ambassadeur à Rome sous Philippe III,
vice-roi et capitaine général de Valence. A la mort
de Henri TV (1610), il vint à Paris pour faire <les
compliments de condoléance à la reine-mère et
lui offrir, de la part du roi, les forces nécessaires
pour assurer la tranquillité de la régence. Il fit
en même temps la première ouverture des ma-
riages qui furent conclus depuis entre les princes
français et espagnols. Il ne se retira qu'après
avoir conclu un traité qui interdisait aux deux
671
FIGUEROA
672
gouverneinents d'écouter les propositions des
mécontents huguenots ou catholiques, et en
vertu duquel le roi d'Espagne s'engageait à as-
sister la régente contre ses adversaires. En 1618,
le duc de Feria remplaça D. Pedro de Tolède dans
le gouvernement de Milan. Il protégea la Valte-
line catholique contre les Grisons protestants.
Mais le pape et la France protestèrent contre la
réunion de cette province à l'Espagne , et armè-
rent pour s'y opposer. Tandis que son gouver-
nement s'engageait , par des traités , à l'évacua-
tion de cette province, Figueroa y prenait des
positions , et pratiquait les Grisons pour se mé-
nager par eux des communications avec l'Al-
lemagne. Il se déclara pour Gênes contre le duc
de Savoie , que soutenaient les Français. Mais il
jeta cette république dans les bras de ces der-
niers en voulant lui extorquer l'argent néces-
saire pour le siège de Casai, et il essaya de
détacher de la France les ducs de Savoie et de
Mantoue, tandis qu'il envoyait dans la Val-
teline le marquis de Spinola, arrivé à propos
pour relever la gloire des armes espagnoles. En
même temps, il gagna l'aUiance de quelques
cantons suisses, et fit dans le Milanais des
levées considérables de troupes. Il finit par faire
passer en Allemagne 19,000 hommes, à la tête
desquels il secourut Brissach (1633), et alla
mourir à Munich, laissant un fils qui décéda
sans héritier direct. V. Marty.
Mcfti. relat. à l'hist. de France, coll. Pet., Dup. —
Léo et Botta, Hist. d'Italie, trad. de l'allera. par Doch.
— Ort. y Sinz, Ccntip. chron.
FIGUEROA (Barthélémy Cairasco de),
poëte espagnol, né aux Canaries, en 1540, mort
vers 1620. Il entra dans les ordres, et devint
chanoine des Canaries. Il composa sur les vies
des saints un long poëme intitulé : Templo vii-
litante,flos sanctorum, y triunfosde las vir-
tudes , IIP vol. ; les deux premiers parurent à
Lisbonne, en 1614, le troisième dans la même
ville, en 1628.
Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana nova.
FIGUEROA ( François de) , poëte espagnol ,
né à Alcala de Henarès, vers 1540, mort en 1620.
Il embrassa la carrière militaire , servit dans les
guerres d'Italie , et fit plusieurs campagnes en
Flandre avec don Carlos d'Ai-agon , premier duc
de Terra-Nova. Quelque temps après, il revint en
Espagne. Dès sa jeunesse , il avait montré du
talent pour la poésie, et plus tard il mérita, ou
du moins il obtint le titre de divin poëte. Comme
beaucoup de ses contemporains , il écrivit des
pastorales à la manière des Italiens. Le pre-
mier il fit usage des vers blancs introduits
par Boscan dans la poésie espagnole, en 1543.
Pendant la première partie de sa vie, il fut peut-
être plus connu et plus admiré en Italie qu'en
Espagne. Sa réputation , pour être plus tardive
dans sa patrie, n'en fut pas moins éclatante. Son
recueil de poésies, daté de 1572, dut dès cette
époque circuler en manuscrit, mais il ne fut
imprimé qu'à Lisbonne, 1626, un petit in-8°, ,
soiis les auspices de Luis Tribaldo de Tolède.
L'éditeur, dans son discours préliminaire , re-
grette la perte des autres ouvrages de Figueroa ,
et déplore également qu'on ne possède pas plus de
particularités sur la vie de cet excellent poëte.
Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana nova. — Tick-
nor, History of Spanish Literature, t. II, p. 472.
FIGUEROA {T>on Garsias y Si^ra), voya-
geur et diplomate espagnol , né à Badajoz , vers
1574, mort avant 1628. Selon Aubert Le Mire,
il aurait péri en 1620, dans une tempête, à
son retour des Indes ; mais cette assertion est
contredite par la relation de l'ambassade de Fi-
gueroa, où l'on voit qu'il revint à Madrid. Il se
rattachait , mais par une descendance illégitime,
à la maison des ducs de Feria. Introduit à la cour
de Philippe II en qualité de page, il en sortit
pour aller faire la guerre en Flandre , et obtint le
grade de capitaine. Philippe ni l'employa dans
les ministères , et le chargea de plusieurs mis-
sions diplomatiques. Envoyé en qualité d'ambas-
sadeur auprès de Schah-Abbas, qui avait mani-
festé le désir de conclure un traité de commerce
avec l'Espagne , don Garcias se rendit à Goa, en
1614. Pendant plus de deux ans, il fut forcé de
suspendre son voyage en Perse, par suite du
mauvais vouloir du gouverneur des Indes, qui
ne voulut mettre à sa disposition ni argent ni
vaisseau de l'État. Réduit à prendre passage sur
un vaisseau marchand , il arriva à Ormuz le
17 mars 1617, et n'en repartit que le 12 octobre,
sur une galère qui le transporta en Perse. Il fut
accueilli avec de grands honneurs dans toutes les
villes par où il passa, et arriva enfin à Ispahan
le 18 avril 1618. De là il se rendit à Cazwin, i
auprès de Schah-Abbas , et retourna à Ispahan. ,
Il y reçut, en 1619, la visite du schah, qui^
malgré ses démonstrations d'amitié, répondit
négativement aux demandes qui lui furent adres-
sées , savoir de rendre le port de Bender aux
Portugais et l'île de Bahréin au roi d 'Ormuz,
leur vassal , et de n'accorder qu'aux Portugais
le droit de faire le commerce en Perse. Figueroa
quitta Ispahan le 25 août 1619, reprit la route
qu'il avait déjà suivie, et alla s'embarquer à Goa,
le 19 novembre 1620. Assailli par de violentes
tempêtes dans le canal de Mozambique, il renti-a
dans le port d'où il était parti , et ne put se rem-
barquer qu'en mars 1622. Il arriva en Espagne
en août 1624. Figueroa possédait bien l'histoire
de sa patrie, et savait , outre le grec et le latin ,
plusieurs langues orientales. On a de lui : De
Rébus Persarum Epistola, v hal. an.MDCXIX
Spahani exarata, adressée au célèbre marquis
de Bedmar, imprimée à Anvers, 1620, in-S", et
traduite en anglais dans Purchas's Pilgrims , ^
t. II, p. 1533; — Breviarium Historias Hispa- \
nicce; Lisbonne, 1628, in-S". Le Mire lui at- ^
tfibue : Totius Legationis suse et Indicarum
Rerum Persidisque Commentarii. C'est appa- ,
remment d'après ce dernier ouvrage qu'a été ,
(V/3
FIGUEROA — FIGUEYRA
G74
(■ciife, ea espagnol, par un des attachés de
Faiiibassade , ïa relation du voyage de Figueroa.
i;iic est remplie de remarques judicieuses , con-
tient une description exacte des villes traversées
li;ii' l'ambassadeur, et donne de grands détails
sur l'état de la Perse au temps de Schah-Abbas.
Vv icqfort en a donné une traduction française
peu fidèle, sous le titre.de : L'Ambassade de
don Guicias de Silva et Figueroa en Perse;
Paris, 1667, in-4<>.
ambassade, etc. — Pietro délia Valle, Foyages, Perse,
lettres v, VI, Vif. — Aubert Le iVIire , Bihtiothecu ec.
clesiastic.a, part. II, p. 208. — Antonio, Bibliotheca nova,
t. l,p. S17. — J. Beckrannn, Literatur der ûlteren Reise-
besckreibunr/en ; Goettingue, 1807-1810, 10-8", t. II.
FIGUEROA ( Christophe Suarez de ), poète
et romancier espagnol , né à Valladolid , vivait
au commencement du dix-septième siècle. Doc-
teur en droit, il occupa plusieurs places dans
l'administration espagnole en Italie, et il passa
dans ce pays une grande partie de sa vie. Voici ,
d'après Nicolas Antonio, la liste de ses ouvrages :
Espejo de Juventud ( sans lieu ni date d'im-
pression); — El Pastor fido, tragicomedia
pastoral de Baptista Guarini; Valence, 1609,
in-8°. Suivant Ticknor, cette traduction est ex-
cellente ; le même auteur croit que la première
édition est de Naples , 1602 ; Nicolas Antonio cite
mssi une édition de Naples, mais de 1622 seu-
ement; — La Constante Amaryllis, en quatre
liscours; Valence, 1609, in-8°; Madrid, 1781,
n-S". C'est une composition romanesque, en
H'ose et en vers : comme la plupart de ses
jrédécesseurs dans ce genre d'ouvrages, Fi-
;ueroa mêle de courts poèmes à ses récits , et
)rétend raconter une histoire véritable. Si on l'en
roit, « son Amaryllis, composée pour plaire à
ine personne de grande considération, ne le
latisfit pas lui-même ». Cette pièce est cependant
icrite dans un style facile et assez pui-, et quoi-
[u'elle contienne de pédantesques et ennuyeuses
îissertations et des machines poétiques assez
aàladroites, c'est le seul des ouvrages de Fi-
[ueroa qui ait été réimprimé et beaucoup lu
lansle dernier siècle; — Espana de/endida,
(oëme épique; Madrid, 1612, in-S"; — Me-
hos de D. Garcia Hurtado de Mendoza ,
niarto marques de Canete; Madrid, 1613,
a-4". Cette histoire, dédiée au duc de Lerme et
crite avec élégance , mais aussi avec affecta-
ion , est pleine de flatteries pour la grande fa-
nille dont le marquis de Canete était membre :
e marquis commandait les Espagnols dans la
;uerrede l'Arauco, célébrée par Ercilla(î)02/. ce
lom). Le poète, mécontent du général, ne l'avait
las nommé, et Figueroa s'efforce de réparer cette
mission; — Historia y anal relacion de las
osas que hïcieron los padres de la Compania
)or el Oriente en la propagacion del Evange-
to los anos de MDCVII y MDCVIII; Madrid ,
614,in-4"; — Obras espirituales de la madré
'iaptista de Genova; traduit de l'italien; —
Haza universal de todas ciencias y artes ,
NOUV, BÎOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
traduit de l'italien de Thomas Garzoni de Bagna-
cavallo; Madrid , 1615, in-4''; — El Pasagero,
advertencias uiilissimas à la vida humana;
Madrid, 1617, in-12. C'est un ouvrage moitié nar-
ratif, moitié didactique, contenant dix longues dis-
cussions sur un grand nombre de sujets et tenues
par quatre personnes qui se rendaient de Madrid à
Barcelone afin de s'y embarquer pour l'Itahe. Les
discussions elles-mêmes portent le titre A'Alivios,
repos de la route. Figueroa joue le principal rôle
dans ces dialogues ; le huitième tout entier est
même consacré à son autobiographie. Figueroa
ne donne pas une idée avantageuse de son ca-
ractère par ses attaques ouvertes ou insidieuses
contre ses plus illustres contemporains. A l'é-
gard de Cervantes, qui venait de mourir, il est
tout à fait malveillant ; il n'est pas moins injuste
pour Lope de Vega, Villegas, Espinosa, etc.
Ce huitième dialogue est cependant intéressant ,
ainsi que le neuvième et le dixième : l'au-
teur y expose ses vues sur l'état de l'Espa-
gne à l'époque où il écrivait et sur les moyens
d'y mener une vie honnête et honorable. Les
plus importants de ces dix dialogues sont le troi-
sième, qui concerne le théâtre, et le quatrième,
qui roule sur la prédication populaire et sur la
prédication à l'usage du beau monde. Le style
du Pasagero est diffus , mais élégant et moins
déclamatoire que beaucoup d'ouvrages didac-
tiques de cette époque ; — Varias Noticias im-
portantes à la humana comunicacion ; Ma-
drid, 1621, in-4''. Cet ouvrage se divise en vingt
essais, intitulés Variedades. Il est moins bien
écrit que le Pasagero, et tombe plus souvent
dans les défauts du temps; cependant on lit avec
plaisir le dix-septième essai , consacré à la vie
domestique, avec des exemples pris dans l'his-
toire d'Espagne.
Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana nova. — Ticls-
nor, History of Spanish Literature, t. II, 305, 43!, 463;
t. III, 46, 72, 169.
FIGUEROA {François de), médecin espa-
gnol, vivait à Séville dans la première partie du
dix-septième siècle. On a de lui : Dos Tratados,
uno de las calidades y efectos de la Aloja, y
otro de una especie de garrotdlo 0 esquïnencia
mortal ; himdL , 1616, in-4° ; — Luxus in ju-
dicium vocatus et ad recta evocatus ; gelida
saluttfera, sive de innoxiofrigidopotu; suivi
d'une dissertation sur le sens du mot acia dans
Celse; Séville, 1633, in-4''.
Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana nova.
FIGUEYRA OU FIGUIER (^erworrf) , tra-
ducteur portugais, né à la fin du seizième siècle,
mort au dix-septième. Il vint jeune à Paris , et
acquit une assez grande habitude de la langue
française pour traduire les célèbres aventures
de Mendez Pinto, qu'il dédia à Richelieu : Les
Voyages advanlvrevx (sic) de Fernand Men-
dez Pinto, fui ellenient tradvUs de portugais
on françois ; Paris, 1045, in-4". Dans l'averti.i-
sement au lecteur, Figueyra assure n'avoir pas
22
675 FIGUEYRA — FIGUIEIRA
employé moins de sept à huit ans à faire sa
676
traduction. F- D.
Barbosa Machado , Bibliotheca Lusitana. — Avertis-
sement de l'ouvrage traduit.
FIGUIEIRA on FiGUEiRAS (1) (GuUlem),
célèbre troubadour provençal , né à Toulouse,
vers 1190. Fils d'un tailleur, il exerça pendant
quelque temps cette profession ; mais, doué d'une
vive imagination, d'une grande facilité d'expres-
sion, d'un goût naturel pour la poésie et d'une
voix harmomeuse , il composait et chantait, en
travaillant, dessirventes, qui plaisaient aux sei-
gneurs et amusaient le peuple. C'était l'époque
où l'on prêcliait la croisade contre les albigeois.
Témoin des calamités qu'un zèle mal dirigé at-
tirait sur sa patrie, le poète prit d'abord la dé-
fense des bons comtes (2) ; mais, quoique catho-
lique, craiguant les bûchers qui dévoraient les
schismatiques , il se réfugia en Lombardie, et là,
soit nécessité, soit génie, il devint tout à la fois
troubadour et jongleur, lise fit bientôt remarquer
par la vivacité de son esprit et la hardiesse de
ses pensées. Ennemi des grands et des prêtres,
dont il fuyait la tyrannie, il ne voulut plus fréquen-
ter que les bourgeois et les hommes du peuple;
cependant, d'après l'aveu de son plus ancien
biographe, les mœurs de Figuieira ne furent pas
dignes d'éloges. S'il se montrait d'une humeur
sombre dès qu'il voyait des gens de cour ou
d'église, s'il les déchirait dans ses vers et af-
fectait de les mettre au-dessous de la populace,
on le voyait toujours fréquenter les tavernes et
les mauvais lieux (3). Quoi qu'il en soit, on ne
peut refuser une certaine attention aux sir-
ventes énergiques de Figuieira lorsqu'il s'élève
contre les désordres de tous genres qui affli-
geaient alors la cour de Rome, et dont l'humanité
entière se ressentait si cruellement. Il peut être
utile de constater que, malgré son exagération,
le troubadour fut ici le précurseur d'un philo-
sophe comme Érasme, d'un réformateur comme
Luther. « Je sais, dit-il , qu'on me voudra du
mal de ce que je fais un sirvente contre cette
gent fausse et mal apprise de Rome, qui est la
source de toute décadence; mais je ne saurais
différer. Je ne m'étonne point que le monde soit !
dans l'erreur ; c'est vous, trompeuse Rome, qui y ;
semez le trouble et la guerre. Votre cupidité
vous aveugle, et vous tondez de trop près la
laine de vos moutons. Rome, tu traînes avec toi
les aveugles dans le précipice; tu franchis les
bornes que Dieu t'a données, car tu absous le
péché à prix d'argent, et tu te chai-ges d'un far-
deau plus lourd qu'il ne t'appartient. Rome, en
trompant les barons français et le peuple pari-
Ci) Et non pas Fiqnier, comme il est nommé sans raison
dans le Dictionnaire de Chaudon et dans la Biographie
universelle de MM. Michaud frères.
(2) C'eKt ainsi que les troubadours reconnaissants dé-
signaient les généreux Raymond, comtes de Toulouse.
(3) Non/o hom que saiibes caber entré' es baron, m
entré' la bona gent, mas mont se fez grazit arlota, et
alsputans, et als hostes taverniers.
sien par la promesse d'une indulgence et de
faux pardons que tu ne pourras donner ; tu les as
dévoués à la misère et à l'infortune. N'as-tu
pas causé, partes prédications insensées, la mort
du bon roi Louis VIII ? Rome, tu fais peu de mal
aux Sarrasins, mais tu fais un grand carnage de
Grecs et de Latins. Que Dieu jamais ne te pardonne
le pèlerinage que tu fis à Avignon, où sans sujet
tu mis à mort un peuple, un peuple innombrable !
Tu suis des voies tortueuses et règnes avec mé-
chanceté ; Rome de mauvaises mœurs et de mau-
vaise foi, mal se conduit qui suit tes traces, caria
cupidité se cache sous ton manteau, et voilà le
véritable motif de tes injustices envers le comte
Raymond. Rome, tu te fais un jeu d'envoyer les
chrétiens au martyre, mais dans quel livre as-tu
lu que tu doives exterminer les chrétiens ?...
Comme une bête enragée, tu as dévoré les
grands et les petits; sous les dehors d'un agneau,
avec un regard simple et modeste, Rome, tu es
au dedans un loup ravisseur et un serpent
couronné ! Si ton pouvoir n'est détruit , le
monde est renversé. Rome, c'est à tes car-
dinaux qu'on doit imputer tes crimes, ils ne
songent qu'à vendre Dieu et ses amis. La faus-
seté, l'opprobre et l'infamie régnent dans ton
sein. Tes pasteurs sont faux, ils trompent, et
leurs sectateurs sont privés de raison. Rome ,
s'ils vont passer la nuit avec une femme perdue,
tes faux prédicateurs , ils vont le lendemain ,
avec des mains impures, toucher le corps do
Notre-Seigneur. Et c'est une hérésie mortelle de
dire qu'un prêtre ne doit pas se souiller avec s^
concubine la veille du Jour qu'il doit toucher le
corps de Dieu. Si nous crions contre ce dé-,
sordre, ils seront nos délateurs, et nous feront
excommunier , ne nous laissant point de repo§
que nous ne l'achetions à prix d'argent. Sainte
Vierge ! faites-moi voir le jour où ils ne seront plug
redoutables ! » — Quelques écrivains ecclésias-.
tiques ont prétendu que Figuieira était lui-même
entaché d'hérésie ; mais, comme le fait remarquer
l'abbé Millot, un albigeois n'aurait pas invoqué la
sainte Vierge, ni reconnu le mystère de l'Eucha-
ristie ; il n'était qu'un de ces cathohques , déjà
nombreux en divers pays , qui appelaient de
leurs vœux et par tous les moyens la réforme
cléricale. On ne peut pourtant nier que le sir-
vente du troubadour n'ait un caractère d'em-.
portement et de passion , qui ne peut s'ex-
cuser que par les excès dont il était spectateur
et victime. Figuieira trouva unardent adversaire
dans une dame de Montpellier, nommée Ger-
monda ( voij ce nom ) ; elle riposta au poëte
toulousain par une apologie de la cour de Rome
terminée par cette invocation : « Rome, que le
cri de gloire qui, par le pai'don acGordé à Made-
leine, nous remplit de confiance , fasse mourir
dans les supplices ordonnés contre les hérétiques"
le fou enragé qui a débité tant de faussetés. » Ce
souhait, plus fervent que chrétien, ne fut pa$
accompli , car Figuieira produisit plusieurs autres
677
FIGIDIEIRA
pièces (le vers parvenues jusqu'à nous; entre
autres deux sirventes sur Frédéric II. Dans le
premier, il loue l'empereur d'Allemagne de dé-
fendre ses droits en Italie. Dans le second , il
r.ouhaite que la paix se fasse entre le pape et
l'empereur; il les accuse l'un et l'autre d'opi-
niâtreté et de favoriser par leurs discussions le
triomphe des Turcs et des Arabes. Il prie Dieu
pour lui-même, et annonce l'intention d'expier
ses péchés par un voyage en Terre Sainte. Mais
il ne paraît pas qu'il ait cédé à ce désir. On a
aussi du même troubadour plusieurs Chansons
ij (liantes, dont Pétrarque a beaucoup profité ; une
Pastourelle pleine de naïveté et de fraîcheur ;
c'est un dialogue entre un chevalier et une ber-
gère, qui, tous deux trompés , se consolent en-
semble. Ce petit poème est certainement un des
plus gracieux du genre. On lit dans ï Histoire
Littéraire des Troubadours, tome II, page 461,
deux traités , l'un intitulé : Lan Flagel mortel
dels Tyrans, et l'autre : Contra Amour : c'est
dans ce dernier que se trouvent des vers que
Beauchamps a rendus ainsi ;
Amour, Je sais que ta faveur
Ne se peut acquérir sans peine,
Et que c'est elle qui nous mène
Au sanctuaire du bonlicur.
Mais ce ne fut jamais la haine
Qui fit prospérer un troupeau.
On doit en épargner la peau.
Et se contenter de la laine.
A. Jadin.
De Rochegude, Le Parnasse oecitanien. — Millot,
Histoire littéraire des Troubadours , Il , 448. — Ray-
nouard, Choix de Poésies des Troubadours. — Baron de
La Mothe-Langon, Biographie Toulousaine.
* FIGUIER {Louis-Guillaume), chimiste
français, né à Montpellier, le 15 février 1819.
Fils d'un pharmacien et neveu de Pierre Figuier,
professeur de chimie à l'école de pharmacie de
Montpellier, qui a découvert les propriétés décolo-
rantes du charbon animal, il étudia de bonne heure
les sciences dans sa ville natale , et y obtint à
vingt-deux ans le grade de docteur en médecine.
En 1842 il vint à Paris, pour se perfectionner
dans la chimie, et fut nommé en 1846 profes-
seur agrégé à l'école de pharmacie de Montpel-
lier, et en 1853 à celle de Paris. En 1855 il
remplaça M. Victor Meunier dans la rédaction
scientifique de La Presse. Parmi les nombreux
et intéressants travaux de M. Figuier, on re-
marque : Exposition et histoire des principales
Découvertes ."scientifiques modernes; 4*^ édit.,
Paris, 1855, 3 vol. in-t2. Le 4* vol. contiendra
l'histoire de l'électricité , etc. La première édi-
tion de cet excellent et utile ouvrage parut en
1851 ; — V Alchimie et les Alchimistes; Paris,
1854, in-12; 9/ édit. en 185G; — Recherches
sur les combinaisons oxyr/énées de l'or, le
pourpre de Cassius et V or fulminant ; ûm.?,
les, Annales de Physique et de Chimie, t. XL ;
— Recherches sur le dosage du brome ( mômes
Annales, ann. 1851); — Mémoire sur le li-
(jneux et sur quelques produits qui lui sont
— FIGULUS 678
isomères! (en commun avec M. Pommarède ) ; dans
la Revue scientifique de 1847; — Sur une mé-
thode nouvelle pour V analyse dusang et sur la
constitution chimique des globules sanguins ;
dans les Annales de Chimie et de Physique ,
3^ série, t. XI, 1844 ; — Observations sur l'exis-
tence de l'arsenic dans les eaux minérales ;
dans le Journal de Pharmacie, 1847 ; — Mé-
moire sur l'origine du sucre contenu dans le
foie et sur P existence normale du sucre dans
le sang de l'homme et des animaux; dans les
Annales des Sciences naturelles , 4"^ série,
t. m, et Journal de Pharmacie, 1855. M. Fi-
guier a publié dans les années 1855 et 1856
d'autres mémoires sur la fonction glycogénique
du foie, pour montrer qu'on ne saurait attribuer
à cet organe la production du sucre contenu nor-
malement dans le sang; — De l'application
méthodique de la chaleur aux composés 07'-
ganiques définis, thèse de concours pour l'a-
grégation à l'École de Pharmacie ; 1853, in-8" ; —
Les Applications nouvelles de la Science à
l'Indiistrie et aux Arts; Paris, 1856, in-12; —
beaucoup d'autres articles insérés dans divers
journaux et recueils périodiques.
Documents particuliers.
FIGUIER. Voy. FiGUEYRA et Fl GtJElRA.
* FIGULUS (C. Marcius), général romain,
vivait vers 160 avant J.-C. 11 fut élu consul en
162. Pendant les comices tenus pour l'élection ,
le président de la centuria prxrogativa mou-
rut , et les aruspices déclarèrent l'élection non
valable. Cependant, le consul T. Sempronius
Gracchus, qui présidait les comices, maintint la
validité de l'élection, et Marcius Figulus partit
pour sa province, la Gaule Cisalpine; Sempro-
nius Gracchus ayant écrit plus tard au sénat
qu'il avait commis une erreur en prenant les
auspices , Figulus résigna sa magistrature. Il fut
réélu consul en 156, et eut pour mission de com-
battre les Dalraates en lllyrie. Il laissa d'abord
forcer son camp par les ennemis ; mais dans la
campagne d'hiver il leur enleva toutes leurs
petites ailles , et finit par s'emparer de leur ca-
pitale, Delminium.
Cieéron , De Nat. Deor., II, 4; De Divin., II, 35; Jd
Q. Frat., Il, 2— Valère-Maxime, I, 1.— Plutarqae, jVar-
cellus, 5. — J. Obsequens, 74. — Fast. Capit. — Polybe,
XXXII, 24. — Appien, lllyr., II. — Titc-Uve , Epit.
XLVII. - Florus, IV, 12.
F5GULÏJS ( C. Marcius), arrière-pelit-fils du
précédent , homme d'État romain , vivait dans le
premier siècle avant J.-C. Dans le débat sur le
sort des complices de Catilina , il se prononça
pour la peine capitale , et approuva les mesures
prises par Cieéron. Sous son consulat, le sénat
abolit plusieurs associations (collegia) illégales,
comme- contraires à la liberté des comices et à
la paix publique. Son tombeau fut d'une somp-
tuosité extraordinaire.
Cieéron, ^ïd ,-/tt., XII, 21; Phitipp., II, 11; De Lrr).,
Il, 25. — Asconius, in Pison., p. 7, édit. Orelli.
* FIGULUS {P. iSigidius), philosophe ro-
22.
679
FIGULUS - FILANGIERI
680
main, né vers 100 avant J.-C, mort en exil,
en 44. Il adopta les doctrines de Pythagorc, et se
rendit si célèbre par ses connaissances que Aulu-
Gelle n'hésite pas à l'appeler le plus savant des
Romains après Varron. Les recherches mathé-
matiques et physiques semblent avoir attiré par-
ticulièrement son attention. Telle était sa re-
nommée comme astrologue, qu'on le regardait
généralement, surtout dans les derniers siècles
de l'empire romain , comme ayant grédit dans
les termes les moins ambigus la future gran-
deur d'Octave en apprenant sa naissance. La
Chronique d'Eusèbe donne à Figulus les qua-
lifications de Pythagoricus et de Magus. Mal-
gré ses études abstraites, Figulus se mêla acti-
vement aux affaires publiques. Il fut un des sé-
nateurs choisis par Cicéron pour recevoir les dé-
positions relatives à Catilina et à ses complices ,
en 63, et devint lui-même préteur en 59. Dans
la guerre civile , il se déclara énergiquement
pour Pompée, et fut en conséquence expulsé de
Rome par ordre de César. Cicéron lui écrivit
pour le consoler une lettre pleine de témoignages
d'amitié et d'admiration. Aulu-Gelle, grand ad-
mirateur aussi des talents et des profondes con-
naissances de Figulus , dit que ses ouvrages
étaient peu étudiés et n'avaient qu'une médiocre
valeur pratique , à cause de la subtilité et de
l'obscurité qui les caractérisent. Ilciteàl'appui de
cette critique quelques passages qui ne la justi-
fient pas entièrement ; car leur obscurité tient
plus à la nature du sujet qu'à la manière de
l'auteur. Nous avons les litres de quelques ou-
vrages de Figulus ; savoir : De Sphœra barba-
rica et grœcanica ; — De Animalibus ; — De
Extis ; — De Augtiriis; — De Venfls ; —
Commentaru grammatici , en 24 livres au
moins. Les fragments qui nous restent de ces
traités ont été recueillis avec soin et com-
mentés par .Tanus Rutgersius, dans ses Variée
Lectîones, UI, 16.
Cicéron, Tim., l; Pro Sull., U; Ad AU., H, 2; VII, 24;
Ad Farn., IV, 13. — Uicain, 1, 640. — Suétone, Octav.,
94. — Dion Cassius, XI. V, 1. — Aulu-Gelle, IV, 9; X, 11,
XI, 11 ; XIII, 10,2.3; XIX, 14. — Saint Jérôme, in Chron.
Euseb., o'b. clxxxiv. — Saint Augustin, De Civit. Dei,
V, 3. — Brucker, Bisstor. PMI., vol. II, p. 24. — Burigny,
Mém. de VAcad. des Inscriptions , \o\. XXIX, p. 190.
FîGrLUS (Charles), naturaliste et botaniste
allemand , vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle. On a de lui : Tchthyologia, seu
dialogus de piscibus; Cologne, 1540, in-4'' ; —
Dialogtis qui inscribitur Botano-Methodtis ,
sive herbarium ; ib., 1540, in-4".
Adelung, Suppl. à .lôcher, Allgem. GelehrteU'Lexikon.
FiLAMONDO ( Raphael-Marie) , historien
napolitain, né vers 1650, mort vers 1716. En-
tré jeune dans le couvent des Dominicains de
Sainte-Marie della-Sanità à Naples , il cultiva
avec succès les belles-lettres , et devint l'un des
deux conservateurs de la bibliothèque de Casa-
nata à Rome. On a de lui : Il Genio bellicoso
di Napoli ; memorie istoriche d'alcuni capi-
tani celebri Napolitani, c'han militato per
la fede , per lo rè , per la patria nel secolo l
corrente, abbellite con cinquanta sei ritratti 1
intagliati in rame; Naples, 1694, in-fol.; — |
Raguaglio del viaggio fatto da padri delV 1
ordine de' Predicatori inviati dalla sacra
Congregazione de Propaganda Fide missio-
nariiapostolicinellaTartaria minore, Vanno u
MDCLXII : aggiuntavi la nuova spedizione |
delpadre maestro Fra Francesco Piscopo in 'i
Armenia e Persia ; Naples, 1 695, in-8° ; — Theo-
Rhetoricae idea, ex divinis Scripturis et poli-
tioris literaturœ mystagogis deducta , chris- i
tianis oratoribus ad imitandum proposita; I
Naples, 1700, in-4''. |
Quétif et Échard, Scriptores Ordinis Prxdlcatorum. -,
FIL4NGIERI {Gaetano, chevalier), célèbre
publiciste italien, naquit à Naples, le 18 août 1752,
de César, prince d'Arianiello, et de Mariana Mon-
talto, de la maison des ducs de Fragnito , et mou-
rut le 21 juillet 1788. A en croire les prétentions
de cette famille, ses aïeux seraient descendus
des Normands, compagnons de Roger, qui, après J
avoir conquis la Sicile et la Pouille , en firent |
une monarchie nouvelle , au commencement du 1
onzième siècle. AngeriO), fils de l'un de ces Nor- |
mands, nommé Tunel, aurait été l'auteur de
cette nombreuse postérité, et ses descendants
se seraient honorés de porter le titre de Fiiii
Angerii, d'où viendrait le nom de F'dangieri.
On conçoit facilement qu'un homme de la trempe
de celui dont nous esquissons la vie s'inquiéta
peu d'une aussi illustre origine. Ce fut dans son
travail qu'il voulut puiser sa célébrité ; et loin
de s'enorgueillir de la position que le hasard de
la naissance lui avait donnée, il fut l'un des phi-
losophes qui contribuèrent le plus à saper de
gothiques préjugés et à faire triompher les pro-
grès de la raison humaine.
Gaetano , troisième fils de son père , fut dès
l'enfance destiné à la carrière des armes. D'après
les usages de son pays et de son temps, à sept
ans il avait déjà un grade dans un des régiments
du roi , et il commença son service à quatorze.
Quant à son instruction, elle était fort peu soi-
gnée. Confié à un précepteur qui voulut com-
mencer par lui apprendre le latin , il en prit un
dégoût singulier pour l'étude. On en augurait
que son esprit était peu susceptible de culture ,
lorsqu'un heureux hasard vint montrer que c'é-
tait à la méthode employée et non à l'élève qu'il
fallait s'en prendre s'il ne faisait aucun progrès.
Assistant un jour à une leçon qu'un professeur
de matliématiques donnait à l'un de ses frères,
il s'aperçut spontanément que celui-ci s'était
trompé dans l'expfication d'un théorème d'Eu-
clide. Ce trait prouva que, dirigé vers les sciences,
le jeune Gaetano pourrait y faire de remarquables
progrès. A partir de cette époque, il s'adonna
spécialement aux sciences exactes , qu'il cultiva
même après son entrée au service , ainsi que les
"sciences morales et politiques, qui devaient un
681
jour le conduire à la gloire. Ayant vu par expé-
rience combien les mauvaises méthodes d'ensei-
gnement arrêtent le développement de l'esprit,
le premier ouvrage dont il conçut la pensée eut
pour objet La reforme de l'éducation publique
et privée. Frappé aussi de la funeste influence
qu'exercent sur la société l'ignorance des princes
et les déplorables préjugés au milieu desquels ils
étaient élevés alors, Fiîangieri voulut appeler
l'attention du public éclairé sur cet état de choses,
, et il essaya de l'exposer dans un traité particu-
1 lier intitulé : La Morale des princes fondée sur
la nature et sur l'ordre social.
De telles études se conciliaient mal avec les
devoirs et les goûts de l'état militaire : aussi la
famille de Fiîangieri vit-elle qu'il était doréna-
vant inutile de persister à le laisser dans la car-
rière des armes. On l'autorisa donc à en sortir,
mais à la condition qu'il embrasserait celle du
barreau. Ce n'était point encore là que l'appelait
' sa vocation. Fiîangieri , il est vrai, méditait sur
la législation, mais c'était en homme d'État, et.
sous le point de vue le plus élevé , qu'il embras-
sait la science du droit , et non en praticien et
en homme d'affaires. Toutefois, comme la pro-
fession d'avocat le rapprochait davantage de
l'objet de ses études , il déféra au vœu de sa fa-
mille, et entra en 1774 au barreau, où son élo-
quence naturelle devait lui procurer d'honora-
bles succès.
La jurisprudence napolitaine ne présentait
alors qu'un chaos confus , bien propie à rebuter
un philosophe tel que Fiîangieri. Pour y porter
remède , le sage ministre Tanucci ( voy. ce nom )
fit rendre par le roi Ferdinand IV, dans cette même
année 1774 , une ordonnance destinée à réformer
une partie de ces abus. Les jurisconsultes, nour-
l'is dans ces vieilles idées et y trouvant proba-
blement leur profit, murmurèrent conti'e la
nouvelle ordonnance : Fiîangieri la défendit dans
un écrit substantiel, qui eut pour titre : Réflexions
politiques .sur la dernière loi du souverain ,
relative à l'administration de Injustice. Cet
écrit fut dédié à Tanucci, qui ne vit pas sans
étonnement combien il annonçait dans son jeune
auteur de maturité et de savoir. Mais, cette fois
comme tant d'autres, les préjugés furent plus
forts que le ministre qui voulait les anéantir et
que le publiciste qui le secondait dans cette tâche
honorable. L'ordonnance ne fut point ou fut mal
exécutée, et Fiîangieri, abreuvé de dégoûts,
quitta le barreau, et se consacra exclusivement
à ses études spéculatives et à la société de quel-
ques amis qui partageaient ses opinions et ses
espérances.
Il passait au milieu de ce repos paisible et'de
cette retraite studieuse des jours heureux, lors-
que l'ambition de sa famille vint encore tenter
de l'arracher à une obscurité qui, suivant elle,
était indigne du rejeton d'aussi illustres aïeux.
Son oncle , Serafino Fiîangieri, archevêque de
Naples, n'eut de cesse que lorsqu'il eut procuré
FILANGIERI 682
à Gaetano une charge à la cour : il le fit nommer,
en 1777, majordome de semaine, gentilhomme
de la chambre du roi|, et ensuite officier du
corps royal des volontah-es de la marine. Il n'avait
alors que vingt-cinq ans. Cette nouvelle posi-
tion n'altéra point son goût pour la méditation ;
les plaisirs de la cour, les devoirs de sa charge,
ne pui'ent l'enlever à ses occupations favorites ;
et ce fut au milieu des agitations de cette bril-
lante carrière, où il était entré contre son gré,
qu'il composa et publia la Science de la Légis-
lation ( Scienza délia Legislazione ), dont les
deux premiers livres parurent en 2 volumes, à
Naples, en 1780.
Pour bien apprécier la portée de cet ouvrage,
il faut jeter un coup d'œil en arrière et recher-
cher quel était l'état des sciences morales et po-
litiques en Italie à l'époque où il fut mis au jour.
Cette terre de l'antiquité classique avait som-
meillé comme les autres nations pendant la longue
nuit du moyen âge ; toutefois, son réveil avait
été plus précoce. La littérature y avait jeté un
vif éclat, lorsqu'elle était encore enveloppée
chez les autres peuples des langes de l'enfance.
Les sciences historiques et morales y avaient eu
aussi de dignes représentants , et sans citer des
noms obscurs aujourd'hui, mais qui cependant
rappellent des hommes en avant des idées de
leur temps , il suffira d'indiquer Machiavel , Gra-
vina et Vico (voy. ces noms) pour montrer que
l'Italie était riche aussi en grands écrivains phi-
losophes. Toutefois, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle , et lorsque la France et quelques
autres nations de l'Europe étaient si vivement
émues par les grandes luttes de la philosophie
contre les anciennes idées , l'Italie était loin de
se ressentir du contre-coup de cette révolution
morale. Le grand nom de Machiavel n'y appa-
raissait plus que comme un emblème d'immora-
lité politique; on s'efforçait de le réfuter et non
de le conaprendre. Gravina, qui, dans ses Ori-
gines des Lois, avait eu l'honnexu' de fournir
plus d'un trait à Montesquieu et à Rousseau , y
était tombé dans l'oubli. Enfin, Vico, qui a ex-
posé avec une profondeur souvent systématique,
mais toujours neuve et ingénieuse , les vicissi-
tudes des gouvernements, avait passé en quelque
sorte inaperçu au milieu du peuple qui l'avait vu
naître. L'honneur de faire éclore en Italie le goût
de la science sociale était réservé à Beccaria
( voy. ce nom ), qui, dans son Traité des Délits et
des Pemes , mettant l'éloquence au service de la
raison , avait excité l'attention de l'Europe en-
tière et réveillé dans sa patrie une généreuse
sympathie pour les efforts que des esprits éclairés
faisaient partout dans l'intérêt de l'humanité. Les
voies ainsi préparées, Fiîangieri put être mieux
compris; et lorsque sa Science de la Législa-
tion parut, elle fut accueillie comme une œuvre
qui devait continuer Montesquieu et concourir
à ré[)andre la lumière sur les points les plus obs-
curs des théories sociales. 11 ne faudrait pas
683
FILANGIERI
684
croire néanmoins que les succès de l'auteur ne
fussent point mêlés d'amertume, quoiqu'ils lui
eussent valu l'éclatante protection du roi de Na-
ples, auquel il fut redevable d'une commanderie
de l'ordre royal de Constantin. A peine les deux
premiers volumes avaient-ils paru en effet , que
ceux qui vivent de préjugés s'agitèrent pour en
empêcher la continuation. Mais Filangieri ne
s'effraya pas des difficultés que l'on voulait lui
susciter. « Je n'ai pas entrepris ce travail pour
mon avantage particulier, écrivait-il à l'un de ses
amis, mais uniquement pour le bien de tous les
hommes. Quant à moi, je me suis proposé de
vivre loin des affaires. Je n'écrirais pas si les
erreurs, les vices , qui accablent la société, ne
m'en imposaient le devoir. Cet affreux spectacle
est toujours présent à ma pensée. Veuille le ciel
m'accorder le bonheur de remédier en quelque
manière à tant de désordres! Puissent les princes
eux-mêmes exaucer mes vœux pour la gloire de
leur nom et pour la félicité de leurs peuples ! »
Cet espoir philanthropique le soutint, et en 1783
il publia son 3^ livre en deux volumes. Les
clameurs des partisans exclusifs des idées rétro-
grades recommencèrent; mais Filangieri ne se
rebuta pas davantage. Tout entier au désir d'a-
chever un ouvrage sur lequel il fondait l'espoir
de consolider sa réputation et d'être utile à ses
semblables , il s'était démis de ses emplois mi-
litaires et de ses charges de cour pour goûtei- au
milieu de la paix domestique cette tranquillité
d'âme nécessaire aux grands travaux littéraires;
il s'était marié , dans cette même année 1783, à
Caroline de Frendel , noble Hongroise , du'ectrice
de l'éducation de l'infante seconde fille du roi ,
et qui joignait un esprit distingué aux agréments
extérieurs. Ce fut ainsi que, retiré dans une
maison de campagne , près de la petite ville de
Cava , à la distance de huit lieues de Naples , il
continua son ouvrage, dont il fit paraître, en
1785, le 4*^ livre en trois volumes.
Cependant des circonstances imprévues vin-
rent s'opposer à ce que Filangieri pût terminer
son œuvre. Sa santé, d'abord altérée par l'excès
du travail et de la méditation , le forçait sou-
vent de s'arrêter ; ensuite le roi Ferdinand IV
( voy. Ferdinand P"" des Dexix-Slciles ) l'appela,
en 17 87, dans son conseil suprême des finances. Il
fiït obligé de revenir à Naples et de se livrer en-
tièrement aux travaux de l'administration. Peu
de temps après, une maladie grave de son fils
aîné, une couche malheureuse de sa femme,
vinrent altérer profondément sa santé, déjà ébran-
lée. Atteint d'une mélancolie profonde, il prit
le parti de se retirer avec toute sa famille à
Vico-Equense , où il tomba sérieusement ma-
lade , et où il mourut, n'étant âgé que de trente-
six ans. Cette mort prématurée donna lieu à des
bruits populaires , et l'on en accusa le ministre
Acton {voy. ce nom), dont Filangieri aurait
combattu les idées , dans le sein du conseil su-
prême , sur le système commercial des Anglais :
il est inutile d'ajouter que cette conjecture ne
reposait que sur les préventions qu'Acton avait
inspirées aux Napolitains. Après la mort de Fi- ,
langieri, on s'occupa de recueillir ce qu'il avait i
laissé de son travail. On ne trouva terminée que
la première partie du cinquième livre, que l'on
a publiée , et l'indication du sujet des chapitres
de la seconde partie. Son ouvrage avait obtenu
une si grande vogue en Italie, que cinq éditions
en furent successivement publiées à Naples, à
Florence et à Milan. Depuis, plusieurs autres édi-
tions parurent ; parmi elles nous citerons celles
de Milan, Rip. de' Classici Ital., 1822, 6 vol.
in-8", et de Livourne, 1 826, 6 vol. in-S". Nous
n'entreprendrons pas de présenter ici une ana-
lyse étendue de la Science de la Législation et
un jugement motivé sur cet ouvrage; nous di-
rons seulement que Filangieri fait reposer la
science sociale sur la conservation et la tran-
quillité. Partant de cette base , il démontre que
la bonté des lois est ou absolue ou relative j
il expose ses principes d'économie politique , ses
vues sur la législation criminelle, sur l'éduca-
tion, les mœurs et l'instruction publique, et
donne des notions sur les religions qui ont pré-,
cédé le christianisme. Les doctrines de Filan-
gieri se rapprochent souvent de celles de Mon-
tesquieu, qu'il a pris évidemment pour guide et
pour modèle. Aujourd'hui que, après soixante
années de luttes et d'expériences , les peuples ont
recueilli beaucoup d'heureux résultats des théo-
ries de cette grande époque, les opinions de Fi-
langieri ne sauraient être acceptées sans de nom-
breuses modifications. Benjamin Constant ( voy.
cenom), dans le commentaire qu'il a publié, en
1822, delà Science de la Législation, a com-
battu plusieurs des idées avancées par l'auteur
de ce célèbre ouvrage. L'année même de la mort
de Filangieri , l'avocat Donato Tomasi , son ami ,
publia son Éloge historique, et Salfi a placé
en tête de l'édition des Œuvres de G. Filan-
gieri, traduites de l'italien et publiées à Paris
en 1822, en 6 vol. in-8", un éloge de ce publi-
ciste. C'est le 6" vol. de cette édition qui con-
tient le commentaire de B. Constant, dont nous
avons déjà parlé. Le tout a été réimprimé à
Paris , en 1840, en 3 vol. in-8°. Dès 1786 Gal-
lois , depuis tribun, avait commencé la publi-
cation d'une traduction française de la Science
de la Législation, qui fut complétée successive-
ment, et qui forma 7 vol. in-8°. Les éditions ci-
dessus mentionnées de 1822 et de 1840 ne sont
que la reproduction de cette traduction, juslc-
ment estimée. 11 a paru aussi deux traductions
allemandes et une traduction espagnole du même
ouvrage : cette dernière avait été faite en 1787,
par don Antonio Rudio; elle était très-imparlaite,
à cause des suppressions et des changements
que le traducteur avait jugé à propos d'y faire
pour éluder la censure, ce qui n'empêcha pas
le tribunal de l'inquisition de la condamner, ainsi
que l'ouvrage itaUen. Don Juan de Ribera en
6S5 FILAINGIERI
publia une édition plus complète à Madrid,
en 1821.
Filangiefl a.vait projeté un second ouvrage,
qu'il se proposait d'intituler Nuova Scienza
délie Scienze, dans lequel il eût remonté aux
vérités primitives de chaque science et recherché
la connexion qui existe entre elles. Il méditait
aussi un nouveau système d'histoire, qu'il vou-
lait intituler Histoire' civile, universelle et
perpétuelle , qui eût eu pour objet d'exposer
dans l'histoire individuelle de cliaque peuple
l'histoire générale et constante de l'homme, de
ses facultés, de ses penchants, etc., et les faits
qui en résultent pour l'organisation sociale. Il
n'a laissé qu'un fragment très-court du premier
de ces ouvrages ; tous les deux étaient seule-
ment conçus dans sa pensée, mais il lui eût fallu
probablement beaucoup de temps pour les réa-
liser. [A. TAILLANDIER, dans VEncycl. des
a. du M.]
Tlpaldo, Biografia deqli Italianl.
* FiLANGiERi {Charles), prince de Sa-
triano, duc de Taormina, général italien , fils du
précédent, né à Naples, en 1785. Il étudia au
Prytanée impérial de Paris, et revint à Naples,
où il se montra l'un des officiers de l'armée les
plus dévoués à Murât. Chargé en 1815, avec les'
généraux Pepe et Carascosa , de s'opposer au
passage du Pô par les Autrichiens , il fut griève-
ment blessé. L'historien Colletta attribue à ce
fait la désorganisation des forces napolitaines.
Les Bourbons, rétablis, comblèrent Filangierî
de faveurs. Le roi Ferdinand II lui confia en 1848
la difficile mission de soumettre la Sicile insur-
gée. Après un bombardement qui dura huit jours,
le général napolitain s'empara de Messine, qui
n'était pins qu'un monceau de ruines. Les ami-
raux anglais et français l'obligèrent à signer un
armistice avec les insurgés. Il profita de cette
circonstance pour réorganiser son armée. Les
puissances occidentales n'ayant pas réussi à ré-
tablir la paix, Filangieri dénonça la fin de l'ar-
mistice en février 1849, et marcha sur Palerme,
à la tête de 16^000 hommes. Après deux jours
de bombardement , il se rendit maître de Taor-
mina, au pied de l'Etna, et reçut pour cette
conquête le titre de duc de Toarmina. Catane
ne tarda pas à subir le même sort , ainsi que
Syracuse et Augusta. Filangieri mit le siège de-
vant Palerme, qui, malgré la résistance héroïque
de Mieroslawski {voy. ce nom), aurait sans
doute été enlevée d'assaut sans l'intervention
des amiraux anglais et français. Une capitulation
fut obtenue le 15 mai 1849 , et suivie d'une am-
nistie générale , dont furent exceptées cinquante-
trois personnes. iMlangieri fut nommé lieutenant
général et gouverneur de la Sicile, et s'efforça
de faire oublier, en usant de modération et de
douceur, les événements de 1849. Cette poli-
tique ne pouvait être longtemps goûtée à la
cour de Naples. Dès que la tranquillité fut réta-
blie, Filangieri dut donner sa démission, et il
— FILASSIER
686
n'a conservé aujourd'hui que ses titres et les
fonctions de surintendant généi-al des spectacles
publics. G. YiTALi.
CoUetta, Storia del Reamc di Napoli. — La Farina,
Storia d'italia, — La Masa, Storia délia Rivoltizione
Siciliana. — Zeller, Histoire de l'Italie. — Botta, Storia
d'italia.
* FiLARETE { Antonio ), ait l'Averulino ,
architecte et sculpteur florentin du (juinzième
siècle. Comme sculpteur, il n'est guère connu
que par la grande porte de bronze qu'avec
l'aide de Simon Donatello il fit, vers 1440, par
ordre d'Eugène IV, pour l'ancienne église de
Saint-Pierre , et que Paul V fit ajuster à la nou-
velle basilique, où elle est aujourd'hui. P.ien
de plus bizarre que la composition de cette
porte, où l'on trouve des scènes de l'Écriture, des
traits de la vie du pape Eugène IV et de l'em-
pereur Sigismond, réunis à des sujets de l'his-
toire romaine et aux fables les moins pudiques
du paganisme.
Filarete est plus estimé comme architecte.
En 1456, il construisit le grand hôpital de Mi-
lan , fondé par le duc François Sforce , et cet
édifice est resté un des plus beaux en ce genre.
Il donna aussi les plans de la cathédrale de Ber-
gavne. Doué d'un génie ardent et fécond , il au-
rait voulu, suivant l'expression de Vasari, re-
construire le monde. En 1464, il dédia à Pierre
de Médicis un traité d'architecture contenant une
foule de projets plus ou moins exécutables,
quelques bons préceptes noyés dans une foule
de détails inutiles; ce traité est resté manuscrit,
et on n'en connaît que deux exemplaires, l'un à
la Magliabecchiana de Florence, l'autre à la
bibliothèque Trivulzi de Milan. E. B — n.
Vasari, l'ite. — Cicognara, Storia délia Scultura. —
Baldinucci, Notizie. — Pistolesi, Descrizione di Borna
Quatrenière de Quinoy, Dictionnaire d'Architecture.
FîLASsiER [Marin), théologien français,
mort en 1733. On a de lui : Sentiments chré-
tiens propres a^ix personnes malades et in-
firmes , pour se sanctifier dans les maux et
se préparer à une bonne mort; Paris, 1723,
in-12.
Morérl, Grand Dictionnaire historique.
FILASSIER {Jean-Jacques), moraliste et
agronome français, né à Warwick-Sud , dans
la Flandre, vers 1736, mort à Clamart, en 1806.
Grand admirateur de Rous.seau, il voulut, comme
ce philosophe, perfectionner le système d'éduca-
tion alors en usage, et composa dans ce but,
avec un ancien magistrat nommé Rose , un ou-
vrage intitulé Éraste, ou l ami de la jeunesse.
Filassier aimait aussi beaucoup la campagne et
les expériences agronomiques. Il s'étaWit aux
enviro.is de Paris, et dirigea la pépinière de Cla-
mart. Sous la révolution il fut eiu d'abord procu-
reur syndic du district de Bourg-la-Reine , puis
député à l'Assemblée législative. Après le 10 août,
il exerça quelque temps les fonctions de juge de
paix, et rentra ensuite dans la vie privée. On
a de lui : Dictionnaire Idsloriqtie de l'Éduca-
687
FILASSIER — PILASTRE
688
tion; Paris, 1771, 2 vol. in-12; 1784, 2 vol.
in-8° ; — Éraste, ou l'ami de la jeunesse ;
Paris, 1773, in-S"; — Éloge du Dauphin père
de Louis XVI; Paris, 1777, in-s"; — Culture
de la grosse asperge dite de Hollande, la plus
précoce et la plus hâtive , la plus féconde et
la plus durable que l'on connaisse ; Paris,
1783, in-12 ; — Dictionnaire du Jardinier
français; Paris, 1790, 2 vol. in-8°.
Kabbe, Boisjolin, etc., Biog. univ. des Contemporains.
* PILASTRE OU FiLLASTRE (Guillaume),
prélat, helléniste et géographe français, né en
1347 OU 1348, à La Suze (Maine), ou, selon
Charles Ménard et l'abbé Ménage, à Huillé, près
Duretal ( Anjou ) , mort à Rome, le 6 novembre
1428. Il fit ses études à l'université d'Angers.
Son mérite l'éleva à la dignité de doyen du cha-
pitre de Reims, où il enseigna la théologie et les
mathématiques, il y fonda une savante biblio-
thèque , fit rebâtir l'école théologique et achever
une des tours de la cathédrale. En 1406 , il fut
député aux assemblées générales du clergé qui
se tinrent à Paris en présence du roi Charles VI.
Ses discours furent une entière apologie du pape
Benoît XIII et une aigre condamnation de la con-
duite de la France, qui s'était soustraite à l'o-
bédience de ce pontife. Exaltant l'autorité du
pape aux dépens de celle du roi , il alla si loin
qu'il fut interrompu et obligé de demander par-
don au prince. Ce zèle pour le saint- siège valut
à Pilastre les faveurs de la cour romaine ; il fut
nommé prieur de Saint-Ayoub, archevêque d'Aix
(en Provence), et le pape Jean XXIII le créa,
en 1411, cardinal-prêtre du titre de Saint-Marc.
Il prit part aux conciles de Pise et de Constance,
et s'y montra avec une telle distinction , que
dans ce dernier, en 1415 , il fut élu un des com-
missaires, avec pleine autorité dans les matières
de foi. Il conseilla alors l'abdication de Jean XXIII
et la déposition de Benoît XIII (5 juin 1417),
comme la voie la plus courte et la plus sûre pour
rendre la paix à l'Église. Il contribua ensuite
puissamment à l'élection de Martin V. Ce pape
l'envoya en France avec le cardinal Jourdain des
Ursins , archevêque de Naples, pour y faire ces-
ser les dissidences. De retour à Rome, Pilastre
y mourut, et fut enterré dans l'église de Saint-
Chrysogone , où l'on ht encore l'épitaphe placée
sur son tombeau. Pilastre était un des hommes
remarquables de son époque. Outre ses connais-
sances profondes dans les droits civil et canon ,
il possédait parfaitement les langues anciennes
et modernes et leur littérature. lia traduit quel-
ques livres de Platon et a fait sur Pomponius Mêla
des notes qui, restées manuscrites, sont conser-
vées dans la bibliothèque de Reims. Il s'occupa
aussi de cosmographie, dans un temps où cette
branche dés connaissances humaines n'offrait
qu'une tradition fort obscurcie de la science trans-
mise par l'antiquité. Ce fut probablement cette
communauté d'étude qui le lia avec le savant car-
dinal Pierre d'Ailly {Petrus de Allïaco), évêque
do Cambray. Pilastre composa des commentaires
sur le texte de Ptolémée, qui éclaircissent singuliè-
rement l'histoire des notions géographiques que
l'on avait alors touchant les parties septentm-
nales de l'Europe. Ces précieux documents font
partie d'une cosmographie de l'auteur grec, qui
n'a point été publiée et qui se trouve maintenant
à la bibliothèque de Nancy. Ce manuscrit, inti-
tulé simplement : Cl. Ptolomœi Cosmographia,
est de format in-4°, et présente 214 feuillets,
dont 160 en vélin et 54 en parchemin. Il se trouve
inscrit sous le n° 1 1 . La première partie contient
simplement la traduction latine de la géographie
de Ptolémée, par Jacques Angelo de Florence ,
qui dut l'écrire de 1409 à 1410. Pilastre en
devint possesseur vers 1417. Les cartes géo-
graphiques de la seconde partie durent être
exécutées dix ans plus tard , vers 1427 ; mais
c'est surtout la 11* carte de l'Europe, intercalée
entre la 1*^* et la 2™* carte de l'Afrique, qui doit
attirer l'attention des savants (1) ; elle est accom-
pagnée d'un texte précieux, dû à Pilastre : « Cette
j^me j>^y|g ^jg l'Europe, dit M. Thomassy, fait
faire à l'histoire de la géographie des premières
années du quinzième siècle d'immenses progrès
en nous révélant l'idée que l'on avait alors du
Groenland et des régions septentrionales, si peu
connues jusqu'à cette époque. » Nous n'ajoute-
rons pas, avec cet auteur, que Pilastre se place
naturellement sinon à côté, du moins immédiate-
ment après son contemporain Pierre d'Ailly;
l'auteur de l'Imago Mundi a suivi scrupuleuse-
ment dans leurs opinions les auteurs anciens;
il n'a d'autre mérite, pour ainsi dire, à nos
yeux , que d'avoir dirigé en partie la pensée de
l'immortel Colomb. Plus heureux, son contem-
porain a pu ajouter un chapitre nouveau à l'his-
toire de la géogiapbie. G. de F. et F. D.
Blau, Notice publiée en 1836 dans les Mémoires de la
Société des Lettres, Sciences et Arts de Nancy. — Mo-
rérl , Grand Dict. historique. — Lelorain , Metropolis
Romensis Historia. — Gallia purpurata ; Paris, in-fol.
— Raymond Thomassy, CuiUaume Pilastre considéré
comme géographe à propos d'un manuscrit de la Géo-
graphie de Ptolémée (extr. du Bulletin de la Société de
Géogr., février 1842). — Vte de Santarem, Histoire de la
Cosmographie.
PILASTRE ou FiLLASTRE (Guillaume),
prélat et historien français, neveu du précédent et
né , selon toute apparence , dans la province du
Maine, dont son père, Etienne, était gouverneur,
mortàGand, le 22 août 1473. « Sa naissance était
illégitime, dit Valère André, mais ses vertus, son
savoir, compensèrent amplement ce défaut. « En-
tré fort jeune au monastère de Saint-Pierre de
Châlons-sur-Marne , il se fit bénédictin , devint
prieur de Sermaise, et bientôt après abbé de Saint-
(1) Nous en donnerons ici une idée en citant l'inscrip-
tion du verso de la 10" carte : Sequitur descriptio regio-
nutn septentrionalium, videlicet Danmarchie, que alias
Dania vel Ducia dicitur; Item Suessie, Plorvcgie. Gro-
landie, et insularum adjacentium de qvibus Tholo-
meus non egit , sed omisit, forsan illas regiones igno-
}'ans, ut videri potest in 3° libro, ubi agit de Dacia et
partibiis septentrionalibus, etc.
689
FILASTRE — FILESAC
690
Thierry en Champagne. Il rut reçu docteur à Lou-
vain en janvier 1436. Philippe le Bon, l'ayant ap-
pelé près de sa personne , lui confia les affaires
les plus importantes , l'envoya deux fois comme
ambassadeur vers le pape Eugène IV, et lui
donna pour récompense la prébende sacerdo-
tale de Cambray. Lorsque, le 1^"^ janvier 1430,
Philippe le Bon institua l'ordre de la Toison d'Or,
Guillaume Filàtre en fut nommé le chancelier.
Député au concile de Bâle pour y soutenir, contre
René d'Anjou , les prétentions du comte de Vau-
démout sur le duché de Lorraine, Filàtre dé-
ploya dans cette affaire beaucoup de prudence.
Nommé évêque de Verdun, il prit possession de
ce siège le 30 septembre 1437, et trouva son cha-
pitre , sa noblesse , sa bourgeoisie très-mal dis-
posés contre lui. Ayant voulu opérer des ré-
formes utiles , on s'y opposa , et l'impôt d'une
taille sur les biens du chapitre devint l'occa-
sion de violences, qui produisirent une guerre
ouverte. A la fia néanmoins l'évéque céda, et le
13 mai 1439 le concile de Bàle termina cette
[[uerelle. Pendant dix années, Guillaume Filàtre
(lit en lutte constante avec le clergé, la bour-
geoisie et les magistrats de Verdun. Fatigue
t'nne semblable existence , il changea son évêché
iontrecelui de Toul, qu'occupait Louis de Haran-
■ourt, et fut installé sur ce nouveau siège en 1449.
Le chapitre toulois se montra plus docile que le
ihapitre verdunois; mais la bourgeoisie défendit
;es privilèges avec une telle fermeté que l'évéque,
i^oyant sa dignité compromise, son pouvoir tem-
porel anéanti , quitta Toul , et, du château de
Liverdun, fulmina les censures ecclésiastiques
contre la cité rebelle, dont les magistrats furent
iestitués par lui. L'affaire ayant été portée au
libnnal de l'empereur, Guillaume Filàtre s'y
endit, eut gain de cause, et les bourgeois furent
tbligés de lui demander pardon en présence de
a cour, le 31 avril 1451. L'année suivante,
lou veaux conflits, plus vifs que jamais. Forcé
l'abandonner son diocèse, Guillaume se retira
i Bruxelles, et tâcha vainement d'intéresser
l'empereur à sa cause; la bourgeoisie touloise se
it appuyer près du duc de Lorraine , du roi de
M ance, ducardinal légat et du pape lui-même, qui
ionna tort à l'évéque, bien qu'il se fût rendu à
fîonie pour mieux justifier sa conduite. Guillaume
^iiastre chercha un autre èvôché dans les Pays-
:5as, et permuta le sien, en 1452 , contre celui de
rouniay, dont le titulaire venait de mourir. Depuis
ors jusqu'à la fin de ses jours Guillaume vécut
ilus tranquille. On a <le lui : La Toison d'Or,
luquel soubs les vertus de magnanimité et
ns/ice sont contenus les hauts, vertueux et
mgnanimes faits , tant des très-chrétiennes
■naisons de France, Bourgogne et de Flandre,
lue d'autres rois et princes de l'Ancien et
îSouveau Testament ; Pdvh, 10 décembre làl7,
11-4"; Troyes, 1530, in-l'ol., et daté de Saint-
:>iner, où Filastre lésidait liabituellement, comme
liibé de Saint-Bertlu , après qu'il eut été fait
évêque de Tournay. Il se dit le dévot orateur
et chancelier du très-noble ordre du Toison
d'Or, et dédie son livre au très-redouté seigneur
Charles, duc de Bourgogne. Fillastre avait pro-
noncé l'oraison funèbi-e de Philippe le Bon ; cette
pièce est restée manuscrite. Il aimait les arts et
la magnificence; il décora ses cathédrales de
tentures marquées au coin de ses armes ; il eut
une belle bibliothèque, composée.d'ouvrages en-
luminés avec soin ; et, malgré les malheurs du
temps, il ordonna des constructions utiles dans le
diocèse de Toul, mais principalement à Saint-
Bertin , où il fut enseveli. Emile Bégin.
Le Carpentier, Hist. de Cambray, t. I, p. 463. — l,e
P. Benoit, Hist. de Toul. p. 641-551. — Roussel, Hist. àe
ferdun, p. 385-394..— Dom Calmet, Bibliot/i. Lorraiiu:.
FILATRE. Voy. Fillastre et Fillatku.
FiLCHiNS ( Benoit ) , théologien anglais, né
vers 1560, mort vers 1630. Issu d'une famille
noble, il fut élevé dans les principes du protes-
tantisme ; mais pendant un voyage qu'il fit en
France en 1599 il abjura cette religion, et entra
dans l'ordredcs Capucins. Ayant eu l'imprudence
de repasser en Angleterre , il fut emprisonné.
11 en sortit au bout de trois ans, et revint en
France. Henri IV, qui avait réclamé son élaigis-
sement, l'honora d'une bienveillance particulière.
On a de Filchins : Soliloquium piuni et grave,
in quo exponit conversionis sux primordia ;
1602; — Liber varioricni exercitiorum spiri-
tualium; Viterbe, 1608- ~ Eques christia-
rcMs; Paris, 1609, 2 vol. in-12; — Régula per-
fectionis, continens brève ac lucidum covi-
pendium totius vitx spiritualis ; Rome, 1625
et 1628. Cet oiivi'age, écrit d'abord en anglais,
puis traduit en flamand et en français , fut mis
en latin par l'auteur lui-même, quelques années
avant sa mort. Il s'en fit plusieurs éditions à
Kome , Paris, Lyon, Viterbe, etc.
Feller, Biographie universelle (éait. Weiss). ,
FlLELFO. Voy. Philelphe.
FILESAC ( /ea/i ), théologien français, né à
Paris, vers 1550, mort dans la même ville, en
1638. Il professa les humanités, puis la philo-
sophie, fut élu recteur de l'université en 1586,
se fit recevoir docteur en 1590, et mourut doyen
de la faculté de théologie, dont il était une
des lumières. Son pi-incipal ouvrage est inti-
tulé : Traité de l'Autorilé des Évêques ; Paris,
1606, in-8°. Il a écrit aussi Sur le Carême; sur
l'Origine des Paroisses; sur la Confession
auriculaire ; sur l'Idoldtrie ; sur l'Origine
des anciens statuts de la faculté de Paris.
Les divers traités de Filesac ont été réunis sous
les titres de Opéra varia, Paris, 1614, 2 vol.
in-8"; et Opéra sélect a , Vax'u, 1621, in-4°.
Voici le jugement de Moréri sur ce docteur jadis
célèbre : « 11 y a bien de l'érudition ecclésiastique
et profane dans les ouvrages de Filesac. Us sont
pleins de citations , et ne sont presque qu'un
tissu de passages qu'il joint les uns aux autres
par quelques réflexions , sans beaucoup d'ordre
69 f FILES AC -
ni de métiiode. 11 passe d'une matière à l'autre,
entreiiiêle le sacré et le profane , et fait souvent
des digressions. Il y a beaucoup à profiter dans
la lecture de ses ouvrages , mais elle n'est pas
agréable. »
Dupin,- Bibliothèque des Auteur: ecclésiastiques du
dtx-septiéine siècle. —■ Du Boulay, Histoire de l'Univer-
Hté de Paris, t. VI. — Moréri, (.rand Dict. hist.
FILHOL { Antoine- Michel), graveur fran-
çais, né en 1759, mort le 5 mai 1812. Il se fit
connaître par diverses publications pittoresques,
dont la plus importante est intitulée : Cours
élémenfaire de Peinture, ou galerie complète
du Musée Napoléon; Paris, 1804-1814, 10 vol.
grand in-8°. Cet ouvrage se compose de cent-
vingt livraisons ; le texte des dix premières a été
rédigé par Caraffe, et les suivantes par Jos. La-
vallée. Le Cours élémentaire fut augmenté d'un
volume par M""" Filliol. Cette suite, dont le texte
a été rédigé par .lal, porte le titre de Musée royal
de France, ou collection gi-avée de chefs-
d'œuvre de peinture et de sculpture dont il
s'est enrichi depuis la Restauration; Paris,
1827, grand in-8°. — Filhol a aussi publié: Con-
cours décennal, ou collection gravée des ou-
vrages de peinture, sculpture, architecture
et médailles; Paris, 1812-1814, 10 livraisons
in-4°.
Barbier, Examen critique des Dictionn. historiques.
— Quéranl, La France litt.
FBLIAS3 (Jacques), archéologue et physi-
cien italien, né à Venise, en 1750, mort dans
la même ville, !el7 février 1829. Élevé à Man-
toue, il se livra à des travaux scientifiques et lit-
téraires qui lui assurèrent une brillante réputa-
tion. Sa vie n'offre d'ailleurs aucun événement
remarquable. Voici la liste de ses ouvrages •,
Memorie storiche dei Veneti primi: Venise,
1781, 2 vol. in-8°; le même ouvrage, refondu
et considérablement augmenté, parut sous le
titre de Memorie storiche sut Veneti primi e
secondi ; Yenise , 1796, 8 vol. in-8°; puis avec
un essai Sull' antico Commercio , Arti e Ma-
rina dei Veneziani ; Padoue, 1 81) , 7 vol. in-a" ;
— Belle Strade Romane chepassavano antica-
mente pel Ma;i#oî;fl?îo; Guastalla, 1792, in-8'';
— Memoria délie Procelle che annualmente
sogliono regnare nelle Maremme Veneziane;
Venise, 1794, in-S" ; — Memorie suite an-
nuali Vicende atmosferiche ; Venise, 1801 ; —
Ricerche storico-critiche sulV Opportunità
délie Lagune; Venise, 1803; — Riflessioni so-
pra i Fiumi e le Lagune ; Venise, 1817, in-4o;
— Lettere familiari astronomiche ; Venise,
1818; plusieurs inémoires et opuscules publiés
dans divers journaux et recueils littéraires d'I-
talie.
Tipaldo, Biografta degli Italiani illustri , t. VII,
p. 391.
FIUCAJA {Louis de), poète italien, vivait
dans la première moitié du seizième siècle. On
a de lui deux poèmes sacrés intitulés : Xa Vita
dei Nostro Salvatore G.-C, ovvero la sacra
FI Lie A JA 692j
storiaevangelica,tradottanon solo dilotino'
in volgare, ma anche in t>er5o ; Venise, 1548,1
in-8°; — Gli Atti degli Aj^ostoli, secondo sah)
Luca, tradottiin ter za rima ; Venise, 1549,1
iu-fol.
Crpscimbenl, Istoria délia Volgar Poesia. — Negfl,
Istoria degli Scrittori Fiorentini. i
FïLiCAJA (Vincenzo d\) , jui-isconsultc et
poète italien, lié à Florence , en 1642, mort éil'
1707. Il appartenait à une famille noble. Soti'
père l'envoya faire ses études k l'iiftiversité dt'
Pise ; le jeune Filicaja , qui avait l'esprit sérieit^L
et spéculatif, étudia avec succès la théologie , U
philosophie et la jurisprudence. Après avoir reÇiv
le diplôme de docteur en droit, il retourna dafls
sa ville natale, où la sagacité de soft jugement^
l'intégrité de son caractère et sa profonde cofl-
naissance des lois lui assurèrent une honot-â-
ble réputation. Non moins versé dans les lettresj
que dans les sciences , il ehiployait ses loisirs h
composer des poésies dans lesquelles éclatent des
sentiments religieux et patriotiques. Fhl673, il
épousa Anna Capponi, et fut nommé sénateur par
le grand-duc de Toscane. La levée du siège de
Vienne par les Turcs, en 1083, luiinspiraunecaw-
zona ou ode, qui lui valut des félicitatious de plu-
sieurs souverains de l'Europe. L'abdication de la
reine de Suède l'avait également induit à composéi
un poème à la louange de cette princesse. ChiiS'
tine lui en témoigna sa satisfaction par des libéra-
lités dont sa famille aussi bien que lui-même fill
l'objet ; mais elle défendit à Filicaja de les révélei
au public, sous prétexte qu'elle avait honte de
ne pas récompenser plus dignement un homme
d'un si grand mérite. Par déférence pour la vo-
lonté de sa bienfaitrice , le poète crut devoii
comprimer l'expression de sa gratitude , tant que
vécut Christine. Ce fut seulement après la moi'l
de la reine qu'il écrivit une ode latine en l'hort-
neur de sa mémoire.
Quelque estimées que soient les odes italien-
nes et latines de Filicaja, elles n'ont pas eu un
succès aussi durable que ses sonnets. Il excella
effectivement dans ce dernier genre de poésie,
pour lequel les Italiens ont toujours eu beaucouf
de prédilection; les plus remarquables des son-
netsde Filicaja sont ia Provvidenza et L'Italia;!^
la pensée, l'image, le style, tout en est sublime ;
L'Italia particulièrement excita en Toscane unejj
admiration que le cours des siècles, loin de l'af-i]
faiblir, a propagée dans l'Europe entière. Cefl
sonnet a pris rang dans les pays étrangers, parmi |j
les poésies classiques qu'on présente pour mo» i'i
dèle et dont on recommande la traduction àjj
quiconque apprend la langue italienne.
Remarquons ici, à la gloire de Filicaja, que seS;
actes ne se trouvèrent jamais en contradictioh'
avec ses écrits-. Les idées généreuses que sa
plume émettait n'existaient pas seulement dafiS'
sa tête; elles avaient germé et fructifié dans
son cœur. Filicaja fut donc un savant légiste, uh
magistrat distingué, un poète national, et uil]
693 FILICAJA —
homme de bien. Il a mérité de la part d'un au-
teur italien l'éloge suivant, auquel sa concision
même donne une grande valeur, et que nous tra-
duisons ici littéralement : « Ainsi aimé et estimé
« des gi-ands non moins que des petits , égale-
« ment cher à Dieu et aux hommes, il (Filicaja)
« vécut jusqu'à l'âge de soixante ans. »
Vincenzo Filicaja était membre de l'Académie
degli Arcadi et de celle délia Critsca. Ses œu-
vres poétiques, dont l'édition complète, commen-
cée avant sa mort, fut achevée par son fils, con-
sistent en un volume in-4'' de Poésies toscanes
et en un autre recueil de Poésies latines. On a
aussi imprimé plus tard sa Correspondance
littéraire en prose avec Francesco Redi, Men-
zini et Gori. Camille Lebrun.
Fabroni, f'ite Ifaliane. -- Crescimbeni , fite degli
arcadi. — Negri, Istoriadei Fiorentini Scrittori. — Ti-
raboschi , Storia delta Letteratura ïtaliana.
FILICE. Voij. CYRN4:tJS.
FïLiPEPï OU FiLlPPï {Alessandro). Voy.
BoTTiccELLi (Sandro).
*FIL1PPI {Camillo), peintre de l'école de
Ferrare , né dans cette ville, vers 1510, mort en
1574. On ne sait quel fut son" maître, mais
son style montre qu'il s'était inspiré de l'école
romaine , et qu'il s'était proposé surtout Michel-
Ange pour modèle , ainsi que le fit aussi son fils,
surnommé il Bastïanino. Il travailla avec ce fils
à la décoration des arcs de triomphe érigés en
1559 pour fêter l'avènement du duc Alphonse II.
Il avait peint aussi avec Dosso Dossi et le Dielaj
quelques fresques dont il ne reste presque plus de
traces, dans l'église de Santa-Maria-in-Vado, qui
conserve aussi son meilleur tableau , une An-
nonciation , peinte avec une franchise et une
pureté admirables. Filippi mourut phthisique,
quoique dans un âge assez avancé, et fut enseveli
dans l'église qu'il avait enrichie de ses ouvi-ages.
E. B— N.
Baruffaldi, f^'ite de' PMori Ferraresi. — Superbi. ^p-
parato degli Comini illtistri délia città di Ferrara. —
Orlandi, Abbecedario. — Lanzi, Storia délia Pittura. —
N.-L. Ciltadella, Guida di Ferrara.
' FILIPPI ( Cesare), peintre de l'école de Fer-
rare, né après <540, mort vers 1603; second
fils, et sans doute élève de Camillo, il ne fut que
médiocre peintre de figures; mais il excella dans
les oi'nements et les arabesques , genre dans le-
quel il fut souvent employé par son frère aîné "le
East.ïanino.
Barruffaldi, P^tede' Pittori Ferraresi. —Lanzi, 'Storia
délia Pittura. — Tico7,zi, Dizionario . — Sirft, Diitinn-
nairc historique des Peintres.
FiLiPPi. Voij. Gratella.
* FILIPPI {.Joseph de'), médecin italien, né
en 1781 j à "Varallo 'Pombia (Piémont), mort le
23 mars 1856. Après avoir fait ses études et reçu
ses grades à l'université de Pavie, il servit <lans
l'armée , et prit part à toutes les campagnes de
Napoléon , depuis le camp de Boulogne. En 1814
il était médecin en chef de l'armée italienne. Il
refusa de servir l'Autriche, qui supprima sa
solde de l'etraite. Nommé membre de l'Institut
FILLASTRE
694
des Sciences de Lombardie par l'Institut lui-
même, il fut à trois reprises rayé par le gouver-
nement autrichien , et à trois reprises réélu de
nouveau. En 1848 il fut nommé président du co-
mité de santé publique , qui comprenait le ser-
vice de santé de l'armée. Au retour des Autri-
chiens, il se retira à Varèse, où il succomba, après
deux ans de cruelles souffrances. Il a publié à
Milan,. Nuovo Saggio analitico sulla Infiam-
mazione; 1821, in-8"; — Delta Scienza délia
Vita; 1830, in-12; — Galateo medico (Conseils
pour l'exercice de la médecine); 2" édition, 1841,
in-S"; — Annotazioni di Medicina pratica;
1845, in-8''; et un grand nombre de mémoires
dans la Bibiioteca ïtaliana et dans le Journal
de V Institut Lombard, qui succéda à ce recueil.
D'" Beutillon.
Gén. Laugier, GV Italianiin Russia. — Fasti ef^icende.
— lHém de l'Institut Lombard. — Docum. particuliers.
* FILIPPI {Philippe he' ) , fils du précédent,
naturaliste italien, né à Milan, le 20 avril 1814 ,
reçu docteur-médecin à l'université de Pavie ,
où il professa l'histoire naturelle par décret de
dispense d'âge , professeur de zoologie à l'uni-
versité de Turin depuis 1848, membre de l'Aca-
démie des Sciences de cette ville et; du conseil
de l'instruction publique. Il a publié à Milan :
Belle Funzioni riproduttive negli animait,
pour compléter l'éd. ital. du Cours élémentaire
de Milne-Edwards; 1850, in-8° ; — / Tre Regni
délia Natura, Regno animale ;iSà2, in-8°, fig. ;
— La Creazione terrestre, lettere a mia fi-
glia; 1854, in-1 6, figures; — Plusieurs mémoires
dans la Bibiioteca ïtaliana et II Cimento; —
YHlstoire génétique des trémotodes ( infusoi-
res ), dans les Mémoires de VAcad. desScienc.
de Turin (1854 et 1855), avec pi. d'anatoraie
microscopique. D'" Bertillon.
Bibiioteca Ital. — Il Cimento. — Mém. Acad. Turin.
¥iij\w\'Si{Antoine-Pierre), historien corse,
né à Vescovato-de-Casinca, près de Bastia, en 1 529,
mort vers la fin du seizième siècle. Sa vie est
presque entièrement inconnue. On sait seulement
qu'il eut beaucoup à souffrir des guerres qui déso-
lèrent la Corse en 1555 et 1564. Il a laissé une
compilation historique intitulée Istoria di Cor-
sica. On y trouve d'abord les chroniques de Jean
de la Grossa, de Pierre-Antoine Monteggiani et de
Marc-Antoine Ciaccaldi, qui contiennent l'histoire
de la Corse depuis les temps fabuleux jusqu'à
1559. Filippini a continué cette histoire jusqu'en
1594. Le tout forme neuf livres, et fut publié
pour la première fois à Tournou , 1594, in-4".
M. Gregory en a donné une nouvelle édition,
très-augmentée ; Pise, 1832, 5 vol. in-8". Quoi-
que l'œuvre de Filippini soit dénuée de critique
et qu'elle n'ait presque aucun mérite de style
et de narration, elle est cependant intéress^i'e ,
parce qu'elle contient sur l'île de Corse des dé-
tails qu'on ne trouverait pas ailleurs.
Filippini, .Storia di Corsica (éditiim de l'isc préface
de M. Gregory ).
FILLASTRE. VoiJ . FiLASTRE.
695 • FILLATRE
FILLATRE ( Dom'Guillaume ) , controversiste
et archéologue français, né au Tilleul (diocèse
de Rouen), en 1634, mort en 1706, à l'ab-
baye de Fécamp. 11 entra dans la congrégation
des Bénédictins de Saint- Maur en 1652. Très-
versé dans les lettres et le droit canonique , il
était en relation avec le P. Mabillon, qui le con-
sultait souvent. On a de lui un Mémoire sur un
point de juridiction épiscopale; 1690, in-fol.; —
des Conjectures sur la caverne du dieu Mi-
<Ara( dans les Lettres àe&âintJérôuie, traduites
par dom Roussel, t. I, p. 516), et trois Lettres
dans les Œuvres posthumes de Mabillon, t. l".
Dom Le Cerf, Bibliothèque historique et critique des
auteurs de la Congrégation de Saint-Maur.
FiLLEAU (Jean), sieur de La Bouchetterie,
jurisconsulte français, né à Poitiers, en 1600,
mort dans la même ville, le 26 juillet 1682. Il
étudia le droit à Poitiers, et obtint en 1619 le
grade de docteur. D'abord avocat au parlement
de Paris, il devint en 1632 professeur en droit
àj l'université de Poitiers, et l'année suivante
avocat du roi au présidial de cette ville. Nommé
chevalier de l'ordre de Saint-Michel en 1653,
conseiller d'État des finances 'et conseiller privé
en 1654, il reçut en 1661 des lettres de no-
blesse. Il acquit une fâcheuse célébrité par sa
Relation juridique de ce qui s'est passé à Poi-
tiers touchant la nouvelle doctrine des jan-
sénistes; Poitiers, 1654, in-8Ml y rapportait
qu'un ecclésiastique , ayant entendu parler de
son zèle pour la bonne doctrine, lui avait dé-
claré, en sa qualité de magistrat, qu'il avait
assisté en 1621, à Bourgfontaine, près de Villers-
Cotterets , à une assemblée où six personnes ,
que Filleau désignait par des initiales , avalent
délibéré sur les moyens de renverser la reli-
gion romaine et d'élever le déisme sur ses
ruines. Pascal repoussa avec énergie', dans sa
seizième Provinciale , cette odieuse imputation ,
qui paraissait dirigée contre l'abbé de Sainî-
Cyran, Jansenius, évêque d'Ypres, Philippe,
Cospeau, évêque de Nantes puis de Lisieux,
Pierre Camus, évêque de Belley, Arnauld d'An-
dilly, et Simon Vigor, conseiller au parlement.
Filleau, malgré le défi des solitaires de Port-
Royal, n'osa jamais nommer l'ecclésiastique
dontil avait pubUé laprétendue révélation. L'ou-
vrage de Filleau et les discussions qu'il fit naître
occupèrent alors vivement les esprits. Parmi
ses autres écrits on remarque : Les Arrêts no-
tables du parlement de Paris ; Paris, 1631 ,
2 vol. in-fol., qui renferment les arrêts recueillis
par Chenu; — La Preuve historique des li-
tanies de la grande reyne de France sainte
fiadegonde, etc.; Poitiers, 1643, pet. in-fol.;
— De l'Université de la ville dePoictiers, du
temps de son érection, du recteur et offi-
ciers et privilèges de ladite université; ex-
trait d'un ancien manuscrit latin , gardé en
la bibliotheque.de M. Jean Filleau; Poitiers,
16'i3, pet. in-fol.; —Décisions catholiques ou
FILLEUIL 696
recueil général des arrêts rendus en toutes
les cours souveraines de France, en exécu-
tion ou interprétation des édits qui concer-
nent l'exercice de la religion prétendue ré-
formée; Poitiers, 1668, in-fol. (Dédié à Michel
Le Tellier, ministre et secrétaire d'État). Ce re-
cueil montre avec quelle ardeur Filleau pour-
suivait les hérétiques et les jansénistes , qu'il
considérait aussi comme hérétiques. Dreux du
Radier attribue à Filleau l'édition des Annales
d' Aquitaine , de Jean Bouchet , publiée à Poi-
tiers, 1644, in-fol. E. Regnard.
Moréri, Dict.Aîst. — Dreux du Radier, B«6<. hist. et
crit. du Poitou. — H. Filleau , Dict. hist. biog. et ge-
néal. des Familles de l'ancien Poitou. — Cti. Mênardière,
Essai sur lesJurisc. poitevins antérieurs au Code Civ.
* FiLLEAtr DELA TOCCHE(Z/enn), ma-
gistrat et généalogiste français, né le 6 juin 1758,
à Poitiers, où il est mort, le 31 mai 1832. Il était
pourvu depuis quatre ans de l'office de procu-
reur du roi au présidial de Poitiers, lorsque la
noblesse du Poitou, réunie en 1789 pour ré-
diger ses cahiers et nommer des députés aux
états généraux , le choisit pour secrétaire et pour
l'un de ses députés suppléants. 11 émigra en
1791, servit à l'armée des princes, dans la com-
pagnie commandée par le chevaUer de Filleau,
son oncle, coopéra à la défense de Maestricht ,
et passa ensuite en Angleterre. Rentré en France
en 1801, il fut successivement juge suppléant,
puis conseiller titulaire à la cour d'appel de
Poitiers, et il en remplit les fonctions jusqu'en
1831, époque où il fut admis à la retraite. Les
Mémoires de la Société d'Agriculture, Belles-
Lettres, Sciences et Arts de Poitiers, dont il
était fondateur, contiennent plusieurs de ses
travaux, au nombre desquels on remarque des
Recherches sur l'histoire de la magistrature
poitevine. On lui doit en outre : Du droit de
mouture perçu par les meuniers; moyens
d'enréprimer les abus; Paris, 1827, in-8° ;
Dictionnaire historique , biographique et gé-
néalogique des familles de l'ancien Poitou ,
pubUé par le petit-fils de l'auteur, M. Beauchet
Filleau, et Ch. de Chergé, ancien président
de la Société des Antiquaires de l'Ouest , etc.;
Poitiers, 1840-1854, 2 vol. in-8°.
P. Levot.
Dict. historique, etc., des Familles de l'ancien Poitou.
FILLEUIL (Nicolas), ]ioète dramatique fran-
çais, né à Rouen, vers 1530; l'époque de sa mort
est inconnue. Il se livra à la littérature, et mit au
jour divers ouvrages, dont le plus digne d'at-
tention est intitulé : Les Théâtres de Gaillon,
Rouen, 1565 ; c'est un recueil qui contient quatre
églogues diàloguées , une tragédie, Lucrèce, et
une comédie en cinq actes. Les Ombres; ces di-
verses pièces furent composées à l'occasion de
fêtes qui furent données au château de Gaillon
en septembre 1566, et une partie d'entre elles
furent représentées devant le roi. Les églogues,
en vers de douze syllabes , ne renferment au-
cune action; tout s'y passe en dialogues entre
697
FILLEUIL - FILLMORE
f)9S
deux ou trois acteurs. La tragédie de Lucrèce
a du moins le mérite d'être fort courte; Les
Ombres, qui doivent leur nom à un chœur
d'Ombres amoureuses , forment une pastorale
où l'on trouve, selon l'usage, des bergers pas-
sionnés et des bergères insensibles. Filleul avait
déjà fait représenter au collège d'Harcourt et
imprimer à Paris, en 1563, une tragédie d'A-
chille; elle est fort ennuyeuse. On a du même
auteur un volume de sonnets moraux et parfois
assez bien faits, intitulé Le Discours de N. Fil-
leuil; Rouen, 1560, in-4''; il se pressa un peu
trop de publier en 1573 La Couronne de Henri
le Victorieux, roi de Pologne. On sait
qu'Henri III ne remporta guère de victoires et
ne régna pas longtemps sur la Pologne.
G. B.
Goujet , Bibliothèque française, t. XIV, p. 294. — Bi-
bliothèque du Théâtre-Prariçais, t. I, p. 175-178.
*F1LLIEUL, (SimoH), prédicateur français, né
à Rouen, vivait à la fin du seizième siècle ; il de-
vint prieur d'un couvent de carmes , s'adonna
à la prédication , et se distingua au milieu des
troubles de la Ligue par la violence de ses
attaques contre Henri IV. Il affirmait que lors
même que le Béarnais aurait bu toute l'eau bé-
nite de Notre-Dame , sa conversion serait encore
douteuse. Il fallait «;,se défaire de ce Judas, et
quelque bonne dame Judith devrait sauver la
France par un coup du ciel , et la débarrasser
d'un coquin , d'un tyran auquel on aurait raison
de préférer le Turq ». Après la chute complète de
la Ligue , Fillieul prit le sage parti de la retraite
et du silence, et l'on n'entendit plus parler de
lui. G. B.
Labitte, De la Démocratie chez les Prédicateurs de la
Ligue.
*tFILLION0U FIIiLON DE CHAVIGNEUX, et
non de Charigneu, comme ledit La France
littéraire d'Hébraïl, historien lorrain. Il ser-
vit dans les gardes à pied de Stanislas, où il
passa presque toute son existence militaire. On
a de lui : Journal de ce qui s'est passé à V ar-
rivée et pendant le séjour de Mesdames de
France Adélaïde et Victoire à Lunéville et
au château de la Malgrange; Nancy, 1761,
in -8" ; — Relation du second voyage de Mes-
dames de France en Lorraine, en 1762 ; Nancy,
1761,in-8°. Énaile BÉGiN.
Hébraïl et de Laporte, La France litt., t. ï". — Qué-
rard , La l'r. litt. — De Lalance , Dictionnaire de la
Noblesse lorraine, manuscrit.
l FILLMORE ( M /Zarrf), président des États-
Unis, né le 7 janvier 1800, à Summer-Hill (État
de New- York ). Sou père , Nathaniel Fillmore,
descendant d'une famille anglaise , était un petit
former, classe si nombreuse aux États-Unis,
c'est-à-dire qu'il cultivait de ses propres mains le
champ de quelques arpents qui lui appartenait.
Par suite de la pauvreté de sa famille, le jeune
Fillmore ne reçut d'abord qu'une instruction
très-imparfaite, dans une école de village. A l'âge
de aumze ans , il fut envoyé dans le comté de
Livingston, alors région sauvage, pour y ap-
prendre l'état de drapier, et bientôt devint ap-
prenti d'un cardeur de laine dans la petite ville
où son père vivait. Pendant les quatre ans qu'il
travailla à ce métier, il profita de tous les moyens
de cultiver son esprit, consacrant ses veillées à
la lecture. A l'âge de dix-neuf ans, il fit la connais-
sance d'un juge riche et distingué du comté, qui
découvritdans l'humble apprenti l'inteUigence qui
le|rendait digne d'une position plus élevée.Le juge
s'intéressa à lui, et offrit de le recevoir dans son
office et de fournir aux dépenses de l'élève pendant
la durée de ses études. Le jeune Fillmore s'y livra
avec la plus grande ardeur; et en même temps,
pour diminuer les sacrifices de son bienfaiteur,
il consacra une partie de son temps à des leçons
dans une école. En 1821, il vint à Buffalo pour
continuer ses études , et fut reçu avocat en 1823.
La carrière était ouverte devant lui ; ses res-
sources et sa réputation s'étendirent peu à peu.
Sa vie politique commença en 1829, loi'squ'il
fut envoyé à l'assemblée de l'État de New- York,
comme représentant du comté d'Érlé. Apparte-
nant au parti whig, il se trouva alors dans l'op-
position, et eut peu d'occasions de se distin-
guer, car aux États-Unis c'est le parti en ma-
jorité et au pouvoir qui joue le rôle brillant et
actif. Sa probité et sa modestie lui concilièrent
une estime générale. L'emprisonnement pour
dettes dans l'État de New- York était devenu un
fléau public ; mais il était défendu par bien des
gens intéressés. Fillmore prit une grande part
à la discussion qui avait pour objet de détruire
cet abus. Sa logique et ses efforts finirent par
triompher. L'emprisonnement pour dettes a dis-
paru dès lors des lois de New-York. En 1832 il
fut élu membre du congrès, et son parti n'ayant
pas la majorité, il ne put y jouer qu'un rôle mo-
deste. A l'expiration de son mandat, il reprit ses
travaux d'avocat ; mais, cédant aux instances de
ses concitoyens, il retourna au congrès en 1837.
Il fut réélu dans les deux sessions qui suivirent,
et s'y distingua par sa capacité pour les affaires ,
l'excellence de son jugement et l'élégante facilité
de sa parole. En 1841 il refusa les offres de ses
constituants qui voulaient l'envoyer encore au
congrès, et il reprit les travaux de sa profession.
Ses affaires privées l'exigeaient, car sa fortune
n'était pas au niveau de sa réputation. Quelques
années lui suffirent pour cela. En 1847 il fut
élevé par une grande majorité au poste impor-
tant de comptroller de l'État (administrateur
des finances), et l'année suivante porté par les
whigs comme candidat pour la vice-présidence
des États-Unis. Il fut élu, donna en 1849 sa
démission de comptroller, et commença en mars
ses fonctions de président du sénat. Il s'y dis-
tingua par sa dignité , son impartiale justice et
son tact supérieur. Le général Taylor étant
mort en juillet 1850, après une courte maladie,
Fillmore fut appelé de droit à l'éminente et dif-
ficile position de président. Il y avait alors dans
699
FILLMORE
les esprits une grande agitation et de graves dis-
sidenc'es au sujetde la Californie, de Cuba, etde
la question bi'ûlante de l'esclavage. En Europe ,
on attendait avec une certaine anxiété les pa-
roles et les actes du nouveau président. La pre-
mière mesure de Fillmore , le choix de ministres
éclairés et estimés , inspira la confiance à l'inté-
rieur et au dehors. C'est sous son administra-
tion que la Californie fut admise dans l'union
comme nouvel État et q ue l'Angleterre et la France
proposèrent aux États-Unis de s'associer à un
traité dont l'objet était de protéger pour le pré-
sent et l'avenir l'île de Cuba contre une révolu-
tion intérieure ou de nouvelles agressions du
dehors, proposition qui ne fut pas accueillie, par
suite des vues secrètes que, pour llatter les
passions nationales, nourrit le gouvernement
fédéral. L'administration de Fillmore se termina
en mars 1853. Il s'est concilié l'estime générale
à l'intérieur et en Europe par sa probité , sa mo-
dération et la dignité de sa conduite, En 1865,
M. Fillmore est venu voyager en Europe et a été
reçu avec beaucoup de distinction en Angle-
terre et en France. J. Chanut.
31en of the Time. — Documents particuliers.
FILMER (Sir Robert), écrivain poUtique an-
glais, né à East-Sutton , dans le comté de Kent,
au commencement du dix-septième siècle, mort
en 1688. Il fut élevé à Cambridge, au collège de
La Trinité. On a de lui : The Anarchij of a U-
mited and mixed Monarcluj {\iok&), réponse
au traité de Hunton sur la monarchie imprimé
en 1643; — Patrïarcha : dans ce traité Filmer
essaye de prouver que tous les gouvernements
ont commencé par être monarchiques, et que
tous les titres au 'gouverneraent sont originaire-
ment dérivés des chefs de famille , ou de ceux à
qui leurs droits avaient été conférés , soit par
cession, soit par manque de lignage. Dans le ju-
gement de Sidney, on accusa celui-ci d'avoir
fait une réponse au Patr'mrcha de Filmer,
ouvrage que Locke réfuta complètement dans
ses deux traités sur le gouvernement publiés
en 1689.
Chalmers, General biographical Bictionary.
FIMBRIA (C. Flavius), général romain, vi-
vait vers 110 avant J.-C. Selon Cicéron, il fut
un de ces hommes nouveaux qui s'élevèrent
par leur mérite aux premières dignités de l'État.
En 105 il se présenta comme candidat au con-
sulat, et le .peuple lui donna la préférence sur
son compétiteur, Q. Lutatius Catulus. Il eut
pour collègue Marius, alors consul pour la
deuxième fois. La popularité qui lui valut cette
faveur était sans doute de date toute récente,
puisque, d'après Cicéron, il avait vainement sol-
licité le tribunat quelque temps auparavant. On
ignore qjielle fut sa province , mais il paraît qu'il
s'y rendit coupable de concussion; du moins
fut-il accusé de ce délit par M. Gratidius : il fut
acquitté. Pendant la révolte de Saturninus , en
100, Fimbria prit les armes avec les autres con-
— FIMBRIA 700
sulaires pour défendre l'ordre public. Cicéron
parle de lui comme d'un habile jurisconsulte;
comme orateur, il possédait aussi un grand ta-
lent , mais il parlait avec trop de violence. Ci-
céron dans son enfance avait lu les discours de
Fimbria; mais ces compositions tombèrent si
rapidement dans l'oubli que le même Cicéron
prétend qu'il était fort difficile de se les-procurer.
Cicéron, Pro Planco, 3; In Ferrem, V, 70; Brutus,
34, 45 ; Pro Fonteio, 7 ; Pro Habir. perd. 7 ; De 0)J., III,
19; De Orat., Il, 22. — Asconius, in Cornel.,; p. 78. —
Valère-Maxinic, VU, 2. — Jul. Obsequens, 103.
Fi.uBRiÂ. (C. Flavius), général romain,
probablement fils du précédent , tué en 84 avant
J.-C. Pendant les guerres civiles entre Marius
et Sylla, Fimbria fut un des plus violents parti-
sans du premier. Cicéron, qui appartenait, il est
vrai, à un parti différent, l'appelle « le plus au-
dacieux et le pins insensé des hommes (homo
aiidacissimns et insanissimus) ». Pendant les
funérailles de C. Marius , Fimbria trama une
machination pour faire périr Q. Mucius Sceevola,
et comme celui-ci s'échappa avec une large bles-
sure , Fimbria déclara qu'il allait l'accuser de-
vant le peuple. Quand on lui demanda ce qu'il
avait à reprocher à cet excellent homme, « C'est,
répondit-il, de n'avoir pas laissé le fer pénétrer
assez profondément dans son corps ». Après la
mort de C. Marius, en 86 , Cinna prit L. Vale-
rius Flaccus pour son collègue dans le consulat,
et l'envoya en Asie combattre à la fois Sylla ei
Mithridate. Comme Yalerius Flaccus manquait
d'expérience militaire, Fimbria l'accompagna eq
quaUté de lieutenant et de commandant de la
cavalerie , et non pas de questeur, comme le dit
Strabon. Flaccus s'attira la haine des soldats par
son avarice et sa cruauté, et Fimbria en prit
avantage pour capter la bienveillance de l'armée.
Pendant son séjour à Byzanoe, il s'engagea dans
une querelle avec le questeur de Yalerius Flac-
cus. Le consul ayant donné raison au questeur,
Fimbria l'accabla d'injures, et fut pour ce fait
privé de sa charge. V. Flaccus partit ensuite
pour Chalcédoine, et Fimbria, resté à Byzance,
excita une sédition parmi les troupes. Le consul,
revenu en toute hâte, fut forcé de quitter la
ville et de s'enfuir. Fimbria le poursuivit jusqu'à
Chalcédoine, et de là jusqu'à Nicomédie, où il le
fit mettre à mort, en 85. 11 prit ensuite le com-
mandement de l'armée , et l'exerça avec autant
de vigueur que d'habileté. Après avoir vaincu
dans plusieurs rencontres les généraux de Mi-
thridate et Mithridate lui-même, il chassa ce
prince de Pergame, et le poursuivit j usqu'à Pin-
tana. 11 l'eût même fait prisonnier, si Lucullus,
qui commandait la flotte romaine, avait voulu
seconder ses opérations et n'avait laissé fuir
Mithridate. Débarrassé ainsi d'un de ses enne-
mis, Fimbria commença la guerre la plus cruelle
contre les Asiatiques qui avaient combattu dans
les rangs de Mithridate ou qui s'étaient déclarés
pour Sylla. C'est ainsi qu'il s'empara d'Ilion
par trahison et qii'il le détruisit comnlétement.
701 FIMBRIA
îl promena ses ravages dans toute l'Asie Mi-
neure , et parvint à conquérir une grande partie
de ce pays. En 84, Syila passa de Grèce en
Asie , et, après avoir fait la pai\ avec Mithridate,
il attaqua Fimbria dans son camp près de Thya-
iteira. Fimbria, voyant que ses soldats refusaient
de marcher contre Syila, essaya de se débar-
rasser de son adversaire par un assassinat. Cette
tentative n'ayant pas réussi, il voulut négocier.
Syila s'y refusa, et exigea que Fimbria se rendît
;i discrétion ; celui-ci s'enfuit à Pergame, et, s'é-
iant retiré dans le temple d'Esculape, il se perça
de son épée; comme le coup n'était pas mortel,
il se fît achever par ses esclaves. Telle fut la mi-
sérable fin d'un général qui avait commencé sa
«ourte carrière militaire par une trahison et qui
l'a\ ait remplie de plus de crimes que de victoires.
D'après Cicéron, Fimbria avait le seul genre d'é-
lo{iuence qui pût convenir à son tempérament;
c'était une véhémence forcenée plus propre à
épouvanter qu'à convaincre.
rite-Llve, Epit.,-m. — Plutarque, SxMa, 2, 23, 23 ; Lu-
cullui, 3. — Appien, UUIir\d,, 51-60. — Velleius Pater-
culus, 11,24. — Cicéron, Brut., &^. — Dion Cassius,
lî'ragmenta Peiresc, 127-130. — Aurelius Victor, De Fir.
illust, 70. — Orose, VI, 2. — Valère-Maxirao, IX, 11. —
Krontin, Strat., III, 17. — Jul. Obsequens , 116.
FiMIiKiA (Flavius), officier romain , fils du
précédent, vivait vers 100 avant J.-C. Il fut le
lieutenant de C. Norbanus , dans la guerre contre
Syila, en 82. Lui et d'autres officiers du parti de
Carbon furent invités à un banquet par Albi-
novanus et traîtreusement mis à mort.
Appien , Bel. c'w., 1, 91.
*FiNALi (Angelo), sculpteur italien, né à
Vérone, en 1709, mort en 1782. Il sculpta en
marbre de Vérone les onze statues des doc-
teurs de l'Église et des saints protecteurs
de Reggio qui ornent l'église Saint-Prosper de
cette ville. En 1747, il fit également en marbre
la statue de Saint Jean Népomucène , placée
sur le pont près de La Mirandole. E. B — n.
Papotli, jlnnali Mirandolesi. — Campori, Gli Jrtiiti
negli Stati Estensi.
FiNARENSis ( David), astrologue, médecin
vi naturaliste du seizième siècle. Il a fait beau-
coup d'expériences chimiques et quelques; dé-
couvertes utiles. On a de lui un Traicté de la
?hiisance que le Vinaigre porte au Corps hu-
main ; in-8", sans date de lieu ni de pubUcation ;
un Traicté de la Nuisance du Vin, in-8", sans
date de lieu ni de publication ; — un Epilome
de kl vraye Astrologie et de la reprouvée; Pa-
lis , Estieune GrouUeau, 1547, in-8°. Cet ou-
vrage est divisé en onze chapitres, dont Du Ver-
dier a donné un long extrait , dans le T. J ,
pAi3-m dé sd. Bibliothèque françoise. E. B.
La Croix dn Maine et Un Verclier, tlibl. franc., t. I,
p. 164; t. III, p. 440 et suiv.
FINCH {Henry), jurisconsulte anglais, né
vers 1550, mort le 11 octobre 1G25. Il se dis-
tingua par sa connaissance des lois, et remplit
plusieurs emplois considérables dansla maison de
Jacques F'\ On a de lui : Nomotechnia ( des-
~ FINCH 702
cription des lois d'Angleterre); Londres, 1613,
in-fol. Cet ouvrage, ttaduit en anglais par l'au-
teur lui-même, parut sous le titre de Of Law,
or a discourse thereof; Londres, 1627, 1636
et 1661, in-S'".
Chalmers, General biographical Dictionary.
FîA'CH (Heyieage), comte de Nottingharn,
homme d'État et orateur anglais , né dans le
comté de Kent, en 1621, mort en décembre
1682. Il commença ses études à l'école de West-
minster, et les acheva au collège du Christ, à
Oxford. Charles II le fit solliciteur général et
baronet en 1661. En 1667 il prit une part
active à la défense de lord Clarendon; en 1670
il fut nommé atorney ( procureur général ), et
trois ans après il fut élevé à la pairie. Il de-
vint en décembre 1675 lord chancelier, et fut
créé en 1681 comte de Nottingharn. C'était
un homme de beaucoup de sagesse et d'élo-
(juence. Quoique vivant à une époque de trou-
bles et de révolutions, il sô conduisit de ma-
nière à mériter en toute occasion la faveur du
roi et celle du peuple, ournet le loue de son at-
tachement à l'Église anglicane. Dryden l'a placé,
sous le nom A'Amri, dans son Absalon et
Achitojjhcl, Le talent oratoire de Finch le lit
surnommer le Cicéron d'Angleterre. Plusieurs
de ses discours prononcés dans le procès des
juges de Charles r" ont été imprimés dans l'ou-
vrage intitulé : An exact and most impartial
Account of the indictement, arraignment ,
trial and jugement of twenty nine régicides;
1660, in-4°; 1679, in-S". On trouve aussi plu-
sieurs autres de ses discours dans divers re-
cueils du temps.
ColUns, Peerage. — Biographia Britannica. — Chal-
mers, General biographical Dictionary.
Fl?iCH (Anne), comtesse de Winchelsea,
femme du précédent, dame anglaise connue par
ses talents poétiques, née vers 1660, morte en
1720. Fille de Wilham Kingsmill de Sidmonton,
elle devint demoiselle d'honneur de la ducliesse
d'York, seconde femme de Jacques II, et épousa
ensuite Heneage, comte Winchelsea. Elle cultiva
la poésie avec beaucoup de succès. Une de ses
plus considérables pièces de vers , celle Sur le
Spleen, parut dans le recueil de Charles Gildon
intitulé : A New MiscelUiny of original Poems
on several occasions ; 1701, in-8°. Un recueil
des poésies de iady Finch fut publié en 1713,
in-S". On y trouve entre autres une tragédie
d'Aristomène, qui ne fut jamais représentée.
Cette dame était liée avec Pope, qui lui adressa
quelques vers ; elle y fit une réponse insérée
dans les Vies de Cibber.
lîirrli, General Dictionary .ari. If'inclielsca. — Cib-
ber, Lives. — Walpole, Royal and nolilr jKtlinn: ( édit.
de Park ). — Chalmers, General biogrupli. DicI innary.
FINCH (naniel), comte de Nottingharn, lils
de la précédente, homme d'État anglais, né ver.s
1047, mort le 21 janvier 1730. Après avoir été
élevé à Cin'ist-Church , il entra de bonne iieure
dans la vie publique , et fut plusieurs fois mein-
703 FINCH •
bre du parlement, sous le roi Charles If. En
1679 il devint premier commissaire de l'ami-
lauté et membre du conseil privé, et à la fin de
l'année suivante il se prononça énergiquement
dans la chambre des communes contre le bill
d'exclusion duducd^ork. A la mort de son père,
en 1682, il succéda aux titres et droits pater-
nels, et au décès de Charles II il fut un des mem-
bres du conseil privé qui le 0 février 1685 si-
gnèrent à Whitehall l'ordre de proclamer roi le
duc d'York. Il fut sous ce règne l'un des hom-
mes d'État opposés à l'abrogation de l'acte du
test. Quoiqu'il eût contribué à l'avènement de
Jacques II, il ne parut jamais à la cour de ce
prince. Lorsque Jacques abdiqua, Finch demanda
la nomination d'un régent. A Tavénement de
Guillaume el de Marie, il refusa les fonctions
de chancelier ; mais il accepta le titre de secré-
taire d'État. En 1690, Finch suivit le roi à La
Haye. Jacques II fut si irrité contre lui , qu'il
l'excepta de l'amnistie dans sa proclamation de
1692. En 1694 Finch se démit de ses fonctions
de secrétaire d'État, que la reine Anne , à son
avènement, le décida à reprendre. A l'avé-
nement de Georges 1" , Finch fut nommé
président du conseil. Outre un pamphlet dirigé
contre Whiston, on a de lui : A Letter to
X»'' Waterland , à la suite du traité de New-
ton sur les Pluralités (Pluralities); — Obser-
vations upon the State qf the Nation in Ja-
nuary, 1712-1713. Selon lord Oxford, cet ou-
vrage, attribué à Daniel Finch , ne serait pas
l'œuvre de cet homme d'État.
Colllns, Peerage. — Blrch, Liées. — Wood, Athen. Ox.
— Walpole, Royal and noble. Authors. — Wliiston,
Life. — Macaulay, Hist. of Engl.
FINCH {William), voyageur anglais, vivait
en 1615. Il habitait Londres, et suivait la car-
rière du commerce. Il avait déjà établi des rela-
tions dans les Indes , lorsqu'il obtint d'accom-
pagner comme agent commercial les capitaines
William Hawkins et J. KeeUng, envoyés par la
Compagnie anglaise des Indes orientales pour con-
clure des traités avec les peuples indous et sur-
tout avec l'empire mogol. L'expédition partit des
Dunes le 1"' avril 1607 ; Hawkins, arrivé à So-
cotora, se sépara de Keeling, et, suivi de Finch,
débarqua à Surate, le 24 août 1608 : il solli-
cita aussitôt une audience du gouverneur; celui-
ci en référa à Mikrab, vice-roi de Cambay. Les
Anglais reçurent la permission de débarquer et
d( rendre leurs marchandises,^ mais pour cette
fùis seulement. Ils s'aperçurent bientôt du mé-
contentementdes trafiquants indigènes,effrayésde
cette nouvelle concurrence et animés secrètement
par un jésuite portugais, qui, plein d'une inimitié
patriotique et religieuse, fit tout ce qui dépendait
de lui pour entraver les efforts des négociants an-
glais. Il y réussit assez pour rendre leur séjour
dangereux à Surate. Chaque jour les Anglais
étaient insultés par la populace ameutée; leur
maison fut même attaquée. Les Portugais sai-
FINCK
704
sirent en outre deux de leurs embarcations, et les
envoyèrent à Goa avec leurs équipages, répon-
dant aux réclamations des ambassadeurs que les
mers de l'Inde appartenaient au roi de Portugal,
et que personne ne devait y faire le comirierce
sans sa permission. Sur ces entrefaites , Finch
tomba malade, et Hawkins se décida à aller en
personne solliciter à Agra la protection impériale.
Resté seul, Finch eut à lutter contre l'influence
portugaise et la vénalité des autorités indoues.
En janvier 1610 il partit de Surate, et rejoignit
Hawkins à Agra le 4 avril 1610. Il assista à plu-
sieurs réceptions du grand-mogol Djihangire,
qui essaya par tous les moyens de le fixer à
son service. Il résista, et suivit Hawkins, lorsque
celui-ci quitta Agra, le 2 novembre 1611 (1).
Il ne l'accompagna pas pourtant dans son retour
en Angleterre, et fit divers voyages dans l'inté-
rieur de l'Hindoustan , entre autres à Byâna et
àLahore. En 1614, Finch revint dans sa patrie,
après avoir séjourné quelque temps à Sierra-
Leone. Il a laissé des notices sur ses voyages ,
notices qui ont été insérées dans les Pilgrim's
de Purchas, 1. 1*"^, et dans l'Histoire des Voya-
ges de l'abbé Prévost. La relation de Finch
contient d'excellents détails sur les pays qu'il a
visités, sur leurs productions naturelles et surtout
sur la fabrication du nil ou indigo. A. de L.
Mclchisédech Thévenot, Relations de divers P'oyages
curieux, etc., t. I. — Théodore de Bry, Collection de»
grands F'oyages, XII* part., chap. vit.
FINCH ( Robert ) , antiquaire anglais , né à
Londres, en 1783, mort à Rome, en 1830. Élevé
à l'école de Saint-Paul, puis au collège Baliol, à
Oxford , il entra dans les ordres. Il partit en
1814 pour un voyage en Portugal, en France,
en Suisse, en Italie, en Grèce, en Palestine , et
revint dans son pays natal en 1817. Il repartit
bientôt, et s'établit à Rome, où il résida presque
toujours jusqu'à sa mort. Il légua sa riche bi-
bliothèque et sa collection de médailles, de
monnaies, de peintures , de gravures et d'anti-
quités au musée Ashmoléen à Oxford. Il publia
en 1809 deux sermons intitulés : The Crown
of pure Gold , et Protestantism our surest
Bulwark.
Rose, New. gen. biogr. Dict,
FiNCR (Henri), compositeur allemand du
quinzième siècle. Attaché au service du roi de
Pologne, vers 1480, il n'eut pas, à ce qu'il paraît,
à se louer de ce prince, qui répondit un jour à
une demande d'augmentation de traitement faite
par Finck : « Un pinson que je fais enfermer
dans une cage chante toute l'année , et me fait
autant de plaisir que vous , bien qu'il ne me
coûte qu'un ducat. » Cet homme assurément
n'aimait pas la musique. On ignore si Finck
resta jusqu'à la fin de sa vie au §^vice du roi
de Pologne. Quant à ses ouv«ge|y^s sont assez
(1) On trouvera à l'article Hawkins {^'Williams) des
détails sur ce qui concerne l'ambassade anglaise. Ce se-
rait faire double emploi que te les rapporter ici.
705 FINCK
rares ; on en trouve un dans la Bibliothèque de
Zwickau , sous ce titre : Schœne ausserlesene
Lieder des hochberiihmpten Heinrici Fïnc-
kens, etc. (Ctiansons choisies du célèbre Henri
Finck j^ etc. ) ; petit in-4°, imprimé, selon Gerber,
vers 1550. On trouve aussi quelques morceaux
de ce compositeur dans les Concentus 4, 5, 6 et
Swocwmde Salblinger; 1545, in-4°.
Fétis, Bographie univers'elle des Musiciens.
FINCK (Hermann), compositeur allemand,
vivait à Wittemberg vers la seconde moitié du
seizième siècle. On a peu de détails sur ses com-
mencements. Selon Forkel, il fut d'abord maître
de chapelle en Pologne. On connaît de lui :
Practica Musica, exempla variorum signo-
rum, proportionum et canonum, judicium de
tonis ac quœdam de arte suaviter et artiji-
ciose cantandi observationes ; Wittemberg,
1556 ,in-4<> .Un exemplaire de cet ouvrage se trouve
à la Bibliothèque Mazarine.
Fétls, Biographie universelle des Musiciens.
FiNCR ( Thomas ) , médecin et mathématicien
danois, né à Flensbourg, le 6 janvier 1561, mort
le 26 avril 1656. Il étudia à Strasbourg pendant
cinq ans , visita successivement les universités
d'Iéna, de Wittemberg, de Heidelberg et de
Leipzig , publia quelques ouvrages à Bàle , résida
quatre ans en Italie, et fut reçu docteur en 1587.
Nommé médecin du duc de Holstein , et appelé
en cette qualité à Gottorp , il quitta la cour de
ce prince en 1591, pour aller professer à Copen-
hague les mathématiques d'abord , l'éloquence
ensuite, enfin la médecine, qu'il enseigna jus-
qu'à sa mort. Outre des dissertations médicales
peu importantes et des Observations insérées
dans la Cista medica de Barthohn , on a de lui
plusieurs ouvrages de mathématiques; les prin-
cipaux sont : Geometrix rotundi Libri XIV;
Basle, 1583, in-4° ; — Thèses de constitutione
Philosophise mathematicse ; 1591, in-4''; —
Tabulée Multiplicationis et Divisionis, etiam
Lanicce monetee accommodatce ; Copenhague,
1604.
MoUer, Cimbr. litt.
FINCKE (/ean-PflMZ), jurisconsulte et poly-
graphe allemand , vivait dans la seconde moitfë
du dix-huitième siècle. On a de lui : Laudes
Hamburgi , etc., Leipzig, 1736, in-4°; publié
ensuite sous ce titre : Topographia et Biblio-
theca Hamburgensis; Hambourg, 1739, in-8°,
avec une table des Memorix Hamburgenses de
J.-A. Fabricius ; — Index in Collect. Scriptor.
Rerum Germanicarum ; Leipzig, 1737, in-4°; —
Conspectus bibliothecx chronologïco-diplo-
maticœ; Hambourg, 1739, in-4° ; — Versuch
einer Nachricht von gelehrten Hamburgern
(Essai d'un compte-rendu de quelques érudits
hambourgeois ) ; ibid., 1748, in-4°; — Index
diplomatum civitatis et ecclesix Hambur-
gensis ; ibid., 1751, in.4°; — Spécimen histo-
NOTJV. BIOGR. CÉNÉR. — T, XVII.
— FINE 706
rix ssgculi noni et îtndecimi afàbulis libe-
ratx; ibid., in-4°.
Adeluns, Suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrt.-Lexikon.
FINE, et non fine (Oronce) , Orontius Fi-
nxus, mathématicien et astronome français,
né à Briançon, en 1494, mort à Paris, le 6 octobre
1555. François Fine, son père, était un médecin
estimé du Briançonnais , qui s'occupait d'astro-
nomie, et dont on a un traité De cœlestium
Motuum Indagatione , publié en 1494, par les
soins de Gilles Zeiandus. Sous sa direction, le
jeune Oronce étudia les premiers éléments des
mathématiques ; puis , à sa mort il vint cher-
cher fortune à Paris. Un de ses compatriotes ,
Antoine Silvestre , régent de belles-lettres au col-
lège de Montaigu, le fit admettre à celui de Na-
varre : il y suivit un cours d'humanités et de phi-
losophie, et abandonna ces études pour se con-
sacrer entièrement aux mathématiques. Cette
science, alors fort néghgée en France, ne possédait
encore qu'un bien petit nombre de livres impri-
més, et pour y faire quelques progrès il fallait
nécessairement recourir à des manuscrits anciens,
pour la plupart en langues étrangères et rédigés
en style barbare. Ce n'était qu'à l'aide d'efforts
les plus opiniâtres que l'on pouvait arriver non
pas seulement à les comprendre , mais à y trouver
un sens raisonnable au milieu de formules bizar-
res, presque mystérieuses, empruntées à la ca-
bale. Oronce aborda résolument ce difficile tra-
vail, et déjà il s'y livrait avec ardeur depuis
plusieurs années lorsque, dit-on, il fut compro-
mis en 1518 dans les troubles occasionnés par
la présentation du concordat à l'université, et
jeté en prison. Les historiens qui rapportent cette
particularité ne nous apprennent pas l'époque
précise de son incarcération ni de sa mise en
Hberté; ils se bornent à des conjectures tirées
d'une délibération de la faculté des arts que Du
Bonlay a insérée dans rz/is^oire de V Université
de Paris (t. VI, p. 965 ), en ces termes : « 27 oc-
tobris 1524. Incidit quaestio de domino Oron-
tio ad longa temporum curricula incarcerato,
quatenus litterse per artiurn facultatem ad régis
christianissimi matrem darentur pro ejus liber-
tate ». Goujet {Mém. sur le Collège royal)
pense que le succès de cette démarche fut heu-
reux, « puisqu'on voit, dit-il, l'année suivante,
« 1525, Fine donner quelques ouvrages au pu-
« blic ». Mais cette conjecture est sans valeur,
car notre mathématicien , comme on le verra plus
loin dans la liste de ses écrits , avait déjà publié
VArlthmeticaA^ Scilicaeusen 1519 et la Marga-
rita philosophica en 1523. En outre, il devient
fort difficile de concilier la délibération de la
faculté des arts avec ce passage de la légende de
l'un des portraits de Fihe, rapportée dans la Bio-
graphie dn Dauphiné , légende rédigée très-
probablement d'après des documents de famille :
«... L'amiral de Bonivet, gouverneur du Dau-
phiné, le fit connoîtreau roiFrançois I*' , qui l'era»
23
707
FINE
708
mena au Piémont et lui donna la charge de tra-
vailler aux fortifications de Milan. Il le fit aussi
consulter sur le siège de Pavie , où l'on dit qu'il
prédit au roi sa prison. L'une de ses lettres de
Crémone, du 16 mars 1525, décrit de quelle ma-
nière il fut pn's lui-même faisant construire un
pont sur le Tésin, le 18 février de cette année-là,
et comment il avoit refusé les avantageux éta-
blissements avec quoi le connétable de Bourbon
et D. Ferrante d'Avâlos , marquis de Pescara ,
tâchèrent de l'arrêter. » Quoi qu'il en soit, Oronce
Fine commença par ouvrir chez lui un cours par-
ticulier de mathématiques , puis il en donna des
leçons publiques au collège de maître Gervais.
Enfin, les succès de son enseignement ayant at-
tiré l'attentiori du public , il fut nommé , vers
1532, professeur au Collège royal, en remplace-
ment de Martin Poblacion. Il remplit ces fonc-
tions jusqu'à sa mort.
Tous les écrivains contemporains sont una-
nimes dans les éloges qu'ils font de ce profes-
seur; ils parlent de lui avec une sorte d'admi-
ration : et en effet ses leçons paraissent avoir
jeté le plus vif éclat. Tous les hommes remar-
quables de son temps, dans les lettres, les arts et
la magistrature, des princes, des ambassadeurs,
se pressaient à son cours : le roi lui-même , as-
sure-t-on , daigna plus d'une fois aller l'entendre.
Mais, hélas ! à tous ces flatteurs empressements,
à tous les éloges dont il était l'objet , le pauvre
mathématicien eût préféi-é quelque chose de plus
réel. « Tout en philosophant, dit un de ses
« vieux biographes (Thevet), il contentoit bien
« sonesprit,maisn'entloitpasguèresses bouges. »
En effet, chargé de famille, sans fortune , réduit
aux seuls émoluments de sa chaire et du faible
produit de ses ouvrages , Oronce lutta toute sa
vie contre la misère. Il s'ingénia de raille façons
pour améliorer sa position, sans pouvoir y réussir.
Il faisait fabriquer et vendait des instruments de
mathématiques et d'astronomie , que l'on allait
voir chez lui comme des curiosités. Une hor-
loge, notamment, exécutée en 1553 sous sa direc-
tion , pour le cardinal de Lorraine , excita une
admiration générale. Elle marquait, à l'aide d'une
complication infinie de rouages, les heures, les
jours, les années, les mois, le cours des pla-
nètes, du Soleil, de la Lune, etc. (1). Lié d'a-
mitié avec de pauvres écrivains comme lui, entre
autres avec Ant. Mizauld , il composait des vers
à leur louange : ceux-ci lui rendaient la pareille
à l'occasion, et les uns et les autres faisaient
ensuite imprimer ces vers en tête de leurs ou-
vrages comme des témoignages sincères et spon-
tanés de l'admiration publique. Il multipliait au-
tant que possible le nombre de ses écrits , soit
(1) Cette horloge est aujourd'hui placée dans la salle
de lecture des manuscrits de la bibliothèque Sainte-Ge-
neviève. Ses cadrans en cuivrosont couverts de niellures
de bon goût et d'une grande finesse de travail. Depuis
longtemps elle ne marche plus. Il serait à souhaiter que la
restauration de eu curieux monument de l'horlogerie au
seizième siècle fût confiée à quelque habile mécanicien.
en les traduisant lui-même ou en les faisant tra-
duire, soit en les reproduisant sous de nou-
veaux titres et sous d'autres formats, en les
pubfiant séparément ou les î'éunissant en recueils.
Il adressait ses dédicaces à François P"^, à
Edouard VI, roi d'Angleterre j à des évêques,
à des magistrats, à de grands seigneurs, à Diane
de Poitiers elle-même, et le cœur se serre en li-
sant les très-humbles supplications auxquelles
la misère faisait descendre le pauvre savant,
dans l'espoir d'obtenir des secours. Mais tous ses
efforts furent vains : les riches ne lui vinrent
pas en aide, et le laissèrent mourir épuisé par
les privations et les chagrins. Sa femme, Denyse
Blanc, périt de même peu de temps après. Voici,
d'après la Biographie du Dauphiné, avec
quelle énergique indignation l'Oîi des fils d'O-
ronce raconte la fin malheureuse de ses parents :
« Is (pater) post très annorum suorum décades
et amplius instaurandis et illiistrandis mathe-
maticis, cum legendo , tttm scribendo, consump-
tas et expositas , dum exspectat , petit, et im-
plorât pretium , dum aulica farina dealbatus,
toties eluditur, dum multiplicato liberorum
grege , rem familiarem decrescere et senium
accelerare videt, indignitatem tantam indigne
ferens, aborto hinc morbo, sexagenarius 11-
benter ac constanter in Domino obdormivit.
Quem mater charissima in eadera exspectatio-
num et angustiarnra navi deplorate navigans,
paulo post secuta est, relictis sex oviculis
inter famelicos lupos, absque ullo fautore et
pastore quotidie errantibus. » Il va sans dire
qu'après la mort d'Oronce les beaux esprits
s'empressèrent de chanter les louanges du mal-
heureux savant : ils déplorèrent sa perte en
vers et en prose , ils s'épuisèrent en regrets tar-
difs, bref il ne manqua pas d'admirateurs après
sa mort. Ses enfants du moins trouvèrent de
généreux protecteurs. Ils étaient au nombre da
six : Jean, l'aîné, le seul sur lequel on possède
des renseignements, devint chanoine de Meaux,
doyen de la faculté de théologie de Paris , et
mourut en 1609.
Apprécié avec nos connaissances actuelles,
le mérite d'Oronce Fine se réduit sans doute à
fort peu de chose , car il n'a guère enseigné que
des notions de mathématiques très-élémentaires
et déi à connues de son temps. 11 est même certaines,
de ses propositions qui feraient sourire un m;"^
thémaficien de nos jours ; telles sont , par exettP
pie, la duplication du etibe , la trisection de l'an
gle , la quadrature du cercle, dont il se vantait
hautement d'avoir trou vé la démonstration ( 1 ) . Û
(1) Je possède un superbe exemplaire imprimé sur vé-
lin par Simon de Colines où Fine dit « que la quadra-
ture du cercle, que le père de la philosophie, Aristote
(ce serait plutôt Platon), a déclaré en plusieurs endroits
de ses écrits n'être pas connue de son temps, quoiqu'elle
ne soit pas impossible à connaître, a été découverte et
démontrée par lui, à la grande rage de ses adversaires ».
11 établit comme conclusion de son travail que trois
cercles équivalent à trois carrés. A. F.-U.
709
FINE
10
prétentions sont en effet passablement scanda-
leuses de la part d'un professeur du Collège
royal ; mais il faut faire la part des idées de cette
époque et de l'état dans lequel se trouvait alors
la science. Le seul mérite de ce professeur est
d'avoir, par l'éclat de son enseignement , encou-
ragé l'étude des sciences exactes ; et on a dit de
lui avec beaucoup de raison qu'il était le res-
taurateur des mathématiques en France.
Les ouvrages d'Oroace Fine ont pour titres :
Qvadrans asirolabicvs, omnibus Europee re-
gionibus inserviës ; Paris , 1527 et 1534, in-
fol. ; — JLquatorium planetarum , vnico in-
strumèto côprehensum, omnium antehac ex-
cogitatorû, et intellectu et vsufaciUlmum:
quo {medijs tâtûmodo suppiitatis motibus)
vera singulorû errâtiu loca prôptissime ca-
piuntur; Lutetiae, 1521, 1538 et 1548, in-4° ;
— La Théoriqve des cievx et sept planètes ^
avec levrs mouuemens , orbes et dispositions,
très-vtile et nécessaire, tant pouf Vvsage et
pratique des tables astronomiques , que pour
la cognoissance de l'vniversité de ce hault
monde céleste; Paris, Denise Cavellat, 1607.
Quelques exemplaires portent l'adresse de lac-
qves Qvesnel, rue Saint -lacques, aux Colom-
bes , M. DC. XIX; mais c'est la même édition,
avec un nouveau titre. Les bibliographes en
citent deux autres antérieures; Paris, 1528, in-
fol., et 1557, in-8°. Elles ne se trouvent pas dans
les bibl. pub. de Paris ; — Epistre exhortatiue
(envers) touchant la perfection et commo-
dité des ars liberaulx mathématiques , com-
posée sotibz le no et tïltre de la très-ancienne
et noble princesse dame philosophie , et puis
nagueres présentée au tres-chrestien roy de
Prâce ; Paris, 1531, in-8", goth. ; — Proto-
mat hesis : opus uariuni , ac scitu non m,i-
nus utile qiiam iucundum, nunc primum
in lucem féliciter emissum; Paris, 1532, in-
fol. Cet ouvrage contient quatre traités diffé-
rents : 1° De Arithmetica practica Libri III I,
qui a été ensuite imprimé à part , Paris , 1 535,
1542, in-fol., 1555, ih-4°; et réduit en abrégé,
Lvtetix Parisiorvm, apudSimonem Colinseum,
1544, in-8°; 2° De Geometria Libri duo;
3" De Cosmographia sive mundi sphserd Li-
bri V, reproduit avec des changements de ré-
daction dans le Mundi Sphsura ci-après ; 4° De so-
laribus Horologiis et qvadrantibus Libri tilt ;
imprimé ensuite à part, sans changements;
Parisiis , apud GuUelmum Cauellat (1560),
in^", par les soins de Jean Fine, fils d'Oronce.
Ces quati-e traités ont ensuite été traduits efl
italien, sous le titre de Opère di Orontio fi-
neo, Deljinato, diuise in cinq^ie parti... tra-
dotte da Cosimo Bartoli; Venise, 1587, in-4";
— In sex priores Libros Geomclricorum Ele-
mentorum Euciidis ; Paris, 1536, 1544 et 1551,
in-fol.; — De Mundi Sphœra, sive Cosmo-
graphia, Libri V : rectarum in circuit
quadrante subtensarum ( qiios sinus vacant )
demonstratio ; organum utiiversate, ex
sinuum ratione contextum, quo tû geome-
trici , tû omnes astronomici canones , ex qua-
tuor sinuû propoftione pendentes , mirafaci-
lita.te practicantur • Paris , Sim. Colin., 1542,
in-fol. : le premier des trois traités que con-
tient ce volume a été publié séparément, Paris,
1542, in-8°; ibid., 1551, 1552 et 1555, in-4°.
Il a été traduit en français par Fine sous ce titre :
Le (sic) sphère dv monde, proprement dïtte
cosmographie, composée nouuellement en
français, et diuisee en cinq liures... avec une
epistre touchant la dignité, perfection et
utilité des sciences mathématiques; Paris,
1551, in-4°; le deuxième traité a été publié
séparément, sous le titre de Tabulée sinvvm
rectorvm in partibiis qualium semidiameter
est 60 per ipsum minutim supputata ; Paris,
1550, in-4° ; le troisième de ces traités a été
réimprimé deux fois séparément : 1° avec quel-
ques changements , sous ce titre : De vniversali
quadrante, sinuumve organo; Paris 1550,
in-4° ; 2° avec des augmentations, sous cet autre
titre : In eos quos de Mundi Sphgera cons-
cripsit libros , ac in Planetarum Theoricas ,
Canomim Astronomicorum Libri II ; Paris,
1553, in-4"; — Les Canons et documents tres-
amples touchant l'usage et praticque des
communs Almanachz, que Von nomme Ephe-
merides. Rriefve et isagogique introduction
sur la ivdiciaire astrologie... auec tm traicté
d'alcabice... touchant les conionctions des
planètes et de leurs prognostications es reuo-
lutions des années; Paris, 1551, in-S";
la 1'® édition, publiée sous le titre de Canons
des Ephemerides, est de Paris, 1543, in-S";
autres éditions, Paris, 1556 et 1557, in-8";
— Quadratura Circuli , tandem inuenta et
clarissime demonstrata. De circuli mensura
et ratione circûferéntix ad diametrum de-
monstrationes dux. De multangulorû omniû
et regulariû figurarû descriptione... De in-
venienda longitudinis locorum differentia,
aliter quam per lunares éclipses etiam data
quovis tempore... P lanisphserium geographi-
cum, quo tum longitudinis afq. latitudinis dif-
ferêtia , tum directs locorilm deprehendun-
tur elongationes ; Paris, 1544, in-fol. Ce volume
se compose de quatre traités différents. C'est
dans le premier que Fine démontre la quadra-
ture du cercle, qu'il croyait avoir trouvée;
— De Speculo ustorio , ignem ad propositam
distantiam générante. Liber unicus ; e quo
duarum linearum semper appropinquâtium
et nunquam concurrêtium colligitur demons-
tratio; Paris, 1551, in-4" ; — De duodecini
cœli domiciliis, et horis insequalibus... ima
cvm ipsarvm domorvm , ntque inxqualium
horarum instrumenta, ad latitudinem Pari-
siensem , hactenus ignota ratione dellneato;
Paris, 1553, in-4'' ; — De Re et praxl Geome-
trica Libri très , figuris et demonstrationibus
I
711
FINE — FINELLI
712
illustrati, ubi de quadrato geometrico et vir-
gis seu baculis mènsoriis , necnon aliis , cum
mathematicis , tum mechanicis; Paris, 1555
et 1 586, in-4° ; trad. en français par Forcadel, à
Paris, chez Gilles Gourbîn, 1570, in-4°; — De
Rébus Mathematicis hactenus desideratis
Librl IF II : quibus, inter caetera, circuli
quadratura centuni modis, et supra... de-
monstratur; Paris, 1556, in-fol. Ce traité est
précédé de la vie de Fine, écrite en vers par
Mizaul , son ami ; — La Composition et vsage
du Qvarre géométrique , par lequel on peut
mesurer fidèlement toutes longueurs, hau-
teurs et profonditez ; Paris, 1556, in-4".
Cartes géographiques dessinées par O. Fine :
Gallise totïus Nova Descriptio; Paris, 1525,
1557 ; Venise, 1561, 1566, in-foi. ; — Nova Des-
criptio Terrarum, ad intelligentiam titrius-
que Testamenti maxime conduc. ; Paris,
1536, in-foi.; — Cosmographia universa-
Zis; Paris, 1536, 1566, in-fol. C'est une map-
pemonde dessinée dans un cœur. — Quelques
catalogues anciens donnent en ces termes les
titres de deux autres cartes, que nous avons
vainement cherchées dans les collections de la
Bibl. imp. : Descriptio universi Orbis, sub ge-
mina cordis humani figura et unico papyri
folio comprehensa ; — Chorographia Terra-
rum, ad Sacrœ Scripturse intelligentiam ne-
cessariarum , quam vocant divi Pauli pere-
grinationem.
Oronce Fine a édité de nouveau , ou enrichi
de notes et de figures; quelques ouvrages de
ses contemporains , entre autres les suivants ;
Arithmetica Joannis Martini Scilicxi; 1519,
in-fol. Cet ouvrage , le premier que Fine ait pu-
blié, parut en 1519, chez Henri Estienne père de
Robert Estienne. Il porte à la fin, ainsi que
presque tous les ouvrages de Fine, cette devise
qui fait allusion aux traverses de sa vie : Vires-
cit vulnere virtus; — Margarita philoso-
phica, rationalis, moralis philosophiae prin-
cipia... complectens ; Paris, 1523, in-4° : sorte
d'encyclopédie fort estimée au seizième siècle ;
— Theoricse novœ Planetarum, authore
Georgio Purbachio ; Paris, 1525, in-4°; — De
his quœ mundo mirabiliter eveniunt : ubi de
sensuum erroribus et patentis animx Cl.
Cœlestini et de mirabili potestate artis et na-
turœ Rogerii Baconis Anglici Libellus ; Paris,
1542, in-4°; — Antonii Mizaldi, Monlvciani,
De Mundi Sphasra ; 1552, in-8° : c'est un traité
de cosmographie en vers latins.
O. Fine avait composé sur diverses branches
des mathématiques un assez grand nombre d'ou-
vrages qui n'ont pas été imprimés , et qui après
sa mort firent partie de l'ancienne bibliothèque
de la Sorbonne. En voici une indication sommaire,
d'après la liste détaillée qu'en donne la Bio-
graphie du Dauphiné : Theoricx motuum
cœlestium; — De componendis artificialibus
theoricis ; — De Usu Astrolabii ; — Lilium
astronomicUm , universam motuum cœles-
tium et theoricam et praxin complectens ;
Directorium Planetarum, iis quijudiciariam
exercent astrologiam valde necessarium ; —
Novse quadrantum et horariorum annulo-
rum Descriptiones ; — In arithmetica Eucli-
dis Elementa Demonstrationes ;—Nova Orbis
Descriptio; — Topographia Delphinatus,
Provincise, Sabaudise et Pedemontii; — Gal-
liarum Chorographia. Ces trois derniers ou-
vrages étaient des cartes géographiques.
A. R. D. D.
Orontii Finœi Tumtilus, latine, çrasce et gallice,
autore Th. Fargœo f^ellaunio,- Paris, 1B55, In-40. —
Funèbre Symbolum virorum aliquot illustrium de
Orontio Finaso; Paris , 15S5 , in-S". — Description
de l'Horloge planétaire que feu monseigneur Char-
les cardinal de Lorraine a fait faire par la conduite
et de l'invention d'Oronce Fine ; in-4''. Cet opuscule,
sans indication de lieu et de date, a été publié après la
mort de Fine, par un anonyme. — De erratis Orontii
Finsei, qui putavlt inter duas datas lineas binas médias
proportionales sub continua proportione invenisse ,
circulum quadrasse, cubutn duplicasse, multangulum
quodcunque rectilineum in circula describendi artem
tradidisse et longitudinis locorum differentias aliter
quam. per éclipses lunares , etiam data quovis tempore,
manifestas fecisse. Pétri Nounii Liber unus; Coimbre,
1548, in-fol. Cet ouvrage, dont nous donnons le titre en
entier, contient une bonne réfutation des erreurs de
Fine. Il est écrit avec une modération alors peu ordi-
naire dans les disputes scientifiques. Son auteur, Pierre
Nunez, Portugais, dit, dans l'Avis au lecteur, qu'il n'a pas
pris la plume pour le plaisir de critiquer, mais seule- .
ment afin de relever des erreurs qui , appuyées de l'au-
torité d'un professeur du Collège royal, auraient fini par
s'accréditer. Oronce a encore été attaqué par un de ses
élèves, son compatriote, Jean Borrel, dit Butéon, dans
l'ouvrage intitulé : De Quadratura Circuli, ubi multo-
rum quadraturas confutantur ; Lyon, 1559, in-8°. —
Thevet, f^ies des hommes illustres. — Du Boulay
Historia Vniversitatis Parisiensis. <- Launoy, Histoire
du Collège de Navarre, — Goujet, Mémoires sur le Col-
lège de France, t. II. — Tetssler, Additions aux Hommes
illustres de De Thou. — Sainte-Marthe, Éloges. — Ni-
céron, Mémoires. — Lalande, Bibliographie astrono-
mique. — Delambre , Histoire de l'Astronomie au
^noyen âge. — A. Rochas, Biographie du Dauphiné.
FINE DE BRIANVILLÈ. Voyez Brianvill
FINELLI ( Giuliano ), sculpteur italien, né à
Carrare, en 1602. Après avoir étudié à Naples,
sous quelque artiste médiocre, il vint jeune à
Rome, où il entra dans l'atelier du Bernin, qu'il
aida dans l'exécution de la Daphné et de la Sainte
Bibiane. Au sortir de cette école, il sculpta pour
l'église de la Madonna di Loreto , de la place
Trajane, nne Sainte C^ciie, qui paraît bien faible
auprès de la Suzanne de Duquesnoy. Étant re-
tourné à Naples , il fut choisi pour exécuter plu-
sieurs des statues de bronze de la chapelle du
trésor dans la cathédrale de Saint-Janvier. Ces
figures, les meilleures de ses ouvrages, sont bien
supérieures à celles du Fansaga et de ses autres
collaborateurs. On voit encore de lui, dans la
même église, les statues en marbre de Saint
Pierre, de Saint Paul et de Saint Janvier. On
ignore l'époque de la mort de cet artiste, qui a
laissé à Naples un grand nombre d'autres ou-
vrages. E. B — N.
Clcognara, Storia délia Scultura. — Orlandi, Abbece-
71',
FINELLl — FmiGUERRA
714
dario. — Pistolesi, Deserizione di Roma. — L. Galantl,
Napoli e conterni.
*FHVELLi ( Charles) , statuaire italien, né à
Carrare, vers la fin de 1780, mort à Florence, en
1854. De la famille du précédent, il étudia à
Florence les chefs-d'œuvre des anciens maîtres,
puis à Rome, où Canova régénérait l'art italien.
Le premier fruit des études de Finelli sous ce
maître célèbre fut im groupe de Mars en/ant et
de Junon , dont la perfection excita l'admiration
des connaisseurs. Il remporta ensuite le prix
dans tous les concours , à Rome , à Florence , à
Milan. En 1814, la société pontificale de Saint-
Luc l'appela dans son sein , et Canova lui offrit
l'emploi de professeur de sculpture à l'école
d'Amsterdam. Mais Finelli refusa cet honneur,
aimant mieux continuer la pratique de son art.
Parmi les œuvres de cet habile statuaire , on re-
marque : L'Amour au papillon , L'Amour en
colère, Mars , qu'il donna aux Beaux- Arts de
Florence , Le Discobole, VHébé, la Petite Ber-
gère , la Vénus , le groupe des Trois Heures ,
le Triomphe de César, bas-relief placé au palais
apostolique de Rome à côté de ceux de Thorwald-
sen, et partageant avec eux l'admiration uni-
verselle; la statue de Raphaël, pour la ville
d'Urbin, \eSaint-Matthias, le Saint Maurice ,
Y Ange du jugement dernier et Saint Michel
archange. On a dit de cette dernière statue ,
qui est peut-être son chef-d'œuvre et qu'on ad-
mire dans la salle des armes du roi de Sardai-
gne, que c'était l'Apocalypse sculptée par Phi-
dias.
Finelli parvenait à satisfaire les exigences des
critiques les plus difficiles, mais il n'était jamais
satisfait de lui-même. On raconte qu'ayant rede-
mandé le Mars aux Beaux-Arts de Florence , il
le fit apporter dans son atelier, et que là , pen-
dant que ses élèves s'extasiaient devant cette
statue, il la brisa en mille pièces. Le même trai-
tement fut infligé à une Vénus et Paris et à
un groupe d'Achille et Pentésilée ; il fallut les
prières et les larmes de tous les assistants pour
mettre un terme à cette destruction. Les trois
Grâces sont une de ses dernières œuvres.
G. VrrALi.
Documents particuliers. — Le Arti del Disegno ;
Florence, janvier 1856.
FINESTRES Y MONSALVO. Voy. MONSALVO,
FiNET ( Sir Jean ) , historien anglais , né en
1571, mort en 1641. Son grand-père, originaire
de Sienne en Italie, suivit en Angleterre le car-
dinal Campegi, légat du pape, épousa une fille
d'honneur de la reine Catherine , et s'établit dans
ce pays. Finet plut au roi Jacques, par son esprit
et son habileté à composer des chansons. En
1614, il fut chargé d'une mission en France. Il
composa un ouvrage intitulé : Fineti Philoxe-
nus : some choice observations touching the
réception and precedency, the treatment
and audience, the punctilios and contests
offoreingn ambassadors in England, publié
par Jacques Howel; 1658, io-8". Finet a aussi
traduit du français en anglais Le Commence-
ment, la durée et la décadence des États, de
René de Lusinge ; 1606.
Cbalniers , General biographical Dictionary .
FiNETTi ( Le P. Boniface), orientaliste ita-
lien , vivait au dix-huitième siècle, [l entra dans
l'ordre de Saint-Benoît , et se consacra à l'étude
des langues orientales. On a de lui : Trattato
délia LinguaEbraica edei suoiajfini; Y enise,
1758, in-8°.
Biografia universale, édit. de Venise.
FINI. Voy. Frao.
FiNiGUERRA {Maso OU Tommaso), célèbre
orfèvre toscan , né à Florence, vers 1410, mort
vers 1475. Il fut sinon l'inventeur de la gravure
sur métal, du moins son importateur en Italie (1);
car le premier, dit expressément Vasari, il trouva
le moyen de reproduire sur le papier l'empreinte
des ciselures exécutées sur les métaux. Finiguerra
descendait d'une ancienne famille toscane; son
père était orfèvre, et mourut en 1424; lui-même
fut élève de l'habile sculpteur Lorenzo Ghibei"ti, et
aida ce maître dans l'exécution des magnifiques
portes de bronze du baptistère de l'église Saint-
Jean-Baptiste à Florence. Il abandonna la sculp-
ture pour la ciselure et la gravm'e sur métal,
et devint rapidement l'un des meilleurs niel-
leurs de son temps. Son art consistait à ciseler
des sujets sur des planches d'argent, dont on
remplissait les creux tracés par le burin avec un
mélange d'argent, de plomb et de soufre liquéfié,
auquel sa teinte obscure fit donner par les an-
ciens le nom de nigellum, dont les modernes
on fait niello. Ce mélange incorporé dans l'ar-
gent opposait pour ainsi dire une ombre à l'é-
clat du métal et produisait une espèce de clair-
obscur. Finiguerra fut chargé de graver et nieller
une paix (2) pour l'église de Saint-Jean-Bap-
tiste. Il grava sur une planche d'argent le Cou-
ronnement de la Vierge. Voulant juger de l'effet
de son œuvre, il étendit sur le métal une couche
d'argile, ou de terre très-fine, qui, retirée sèche,
représentait la gravure à l'envers et en relief ;
sur l'argile il coula du soufre, qui au contraire
(1) Contrairement à Vasari, M. Eugène Bareste croit
que cette invention tire son origine de l'Alleinague , et
ne fut que le complément indispensable de la gravure
sur bois. Cependant, il est prouvé que l'Allemand Martin
Scliœngaucr. connu sous le nom du Beau Martin,
auquel il rapporte l'invention de la gravure, n'a pro-
duit aucune estampe avant l'année 14G0. D'ailleurs,
comme le fait observer M. Soyer, Finiguerra n'avait pas
tenu secret son procédé d'impression, antérieur proba-
blement de plusieurs années à l'épreuve du Couronne-
ment qui établit pour nous la dale historique de l'inven-
tion (1452); il est donc présumable que la connaissance
s'en propagea simultanément sur tous les points où l'or-
fèvrerie prospérait.
(S) On désigne sous le nom Ae paix, dans la liturgie
catholique, un objet que le prêtre offre ù bJiser aux as-
sistants à l'offrande ou après la consécration ; c'est or-
dinairement une plaque de métal en forme d'assiette et
appelée patène; quelquefois c'est un reliquaire ou une
image.
715
FINIGUERRA — FINK
71«
donnait une empreinte creuse, qu'il remplit de
noir de fumée détrempé avec de l'eau; puis,
ayant bien nettoyé la surface plane du soufre
qui devait former la teinte claire , il appuya un
papier humide sur le soufre, et tira ainsi plu-
sieurs épreuves de son Couronnement. Il fit plus :
avant de couler le niello dans les sillons creusés
par le burin sur les lames d'argent, il y répandit
une encre véritable, formée de noir de fumée et
d'huile, et, au moyen d'une pression opérée par le
passage d'un cylindre bien uni , il obtint des
épreuves directes ettrès-nettes,qui avaient surtout
l'apparence d'être dessinées à la plume (1). La
paix niellée par Finiguerra se trouve encore à
Saint-Jean-Baptiste de Florence ; elle a 4 pouces
8 lignes de hauteur sur 3 pouces 2 lignes de lar-
geur, et contient quarante-deux personnages. Le
legistre des administrateurs de la paroisse cons-
tate qu'elle fut terminée en 1452 et payée à son
auteur 60' florins 1 livre 6 deniers. Le cabinet
de la Bibïiothèque impériale de Paris possède
une estampe de cette pièce. Le dessin en est
correct, quoique roide et symétrique. Les figures
sont distribuées avec recherche ; mais elles sont
faites avec talent et pleines d'expression. » Ce
qui prouve, dit Lanzi, que la planche n'était
pas destinée à l'impression, c'est que les lettres
d'une légende qui se trouve placée au haut du
sujet sont reproduites de droite à gauche et que
tous les i)ersonnage3 écrivent, jouent des instru-
ments et agissent de la main gauche. » La Bi-
bliothèque impériale de Paris possède deux au-
tres nielles de Finiguerra : l'Adoration des
Mages, dont d'autres épreuves se trouvent dans
les cabinets Martelli et Serratti ; le style en est
moins élevé, mais le travail plus déhcat que
dans le Couronnement (2); — La Vierge en-
tourée d'anges et de saintes.— 3. Duchesne cite
comme étant de Finiguerra les nielles suivantes,
gravées sur argent : La Vierge et saint Sé-
bastien ; — Le Baptême de Jésus-Christ; —
une Allégorie de V Amour ; — une autre allégo-
rie. Il a exécuté de nombreux bas-reliefs pour
diverses églises de Florence, et la galerie de la
même ville possède de lui cinquante-six dessins
coloriés à l'aquarelle. M. de Murr, d'après Hei-
necken et Huber, prétend que M. Otto de Leip-
zig possédait vingt-quatre estampes d'autant de
pièces niellées par Finiguerra. Struttcite aussi une
{\) Vasari ne dit pas que Finiguerra ait employé le se-
cond mode d'impression , c'est-à-dire celui direct. Mais
selon M.Émeric David, « la réalité en a été démontrée
par l'inspection de l'épreuve conservée à la Bibliothèque
impériale, ensuite par l'état de deux soufres que le temps
;i aussi respectés et qui se trouvent, l'un à Gènes, dans le
cabinet du comte de Uurazzo, l'autre à Florence, dans
celui du sénateur Prior Serratti. Sur le premier de ces
soufres la gravure n'est pas terminée. 11 y manque quel-
ques fleurs et quelques ornements dans les habits ; elle
ne semble point d'un aussi beau fini et paraît plane à
la superficie. Dans le second, on voit encore des restes
du mélange de noir de fumée et d'eau que Finiguerra
employa pour ses premiers essais. »
(2) Lanzi pense que cette Adoration est antérieure au
Couronnement.
estampe allégorique marquée d'un F, qu'il croit
être de ce célèbre artiste. Cette gravure re-
présente Le Génie de la Gravure sous les traits
d'un vieillard tenant un burin; divers attributs
sontépars autoiu'de lui. Le même auteur attri-
bue à Finiguerra sept autres gravures in-fol.,
représentant les travaux de la campagne, et ap-
pelées Les sept Planètes ; mais il est constant
qu'elles sont l'œuvre du peintre Sendro Botti-
celli. On doute également de l'authenticité des
épreuves que les PP. Camaldules de Florence
montrent aux curieux. A. de Lagaze.
Vasari, p^ite de' più excellenti Pittori, Scultori, etc.
— Émeric David, Discours sur la Gravure. — Lanzi, i'to -
ria pittnriea, 1, 157. — Baccio lîaldini, Lettere, n" 1. —
Charles-Henri de Heinecken, Dissertation sur l'Origine
de la Cravure, etc. (Leipzig et Vienne, 1770, in-8°). —
Giov.Gori GandelUni,JVo«Jsie istoriche degl' Intagliatori.
— Anlonio-Francesco Gori, Thésaurus veterum Diptyeho
rum (Florence, 1759. 3 vol. in-fol.), t. Ili, p. 31B. — Mi-
chel Huber, Notice générale des Graveurs, etc., précédée
de l'Histoire de la ^ra«Mre{Leipzig,et Dresde, l"87,in-8°J.
— Joseph SlTutt, Biographical Dictionary of Engravers.
— Henri Jansen, Essai sur V Origine de la Gravure,
t. !«'■, pi. VIII. — L'abbé ^ani , Materiali per servire
alla storia delV origine e de' progressi délia Incisione
in rame e in legno ( Parme , 1802 , in-8° ). — Eugène
Bareste, dans V Encyclopédie des Gens du Monde. —
L.-C. Soyer, même recueil, art. Gravure. — J. Duchesne,
Traité sur les Nielles. - A. Bartsch, Le Peintre gra-
veur, t. XIII. —Le Musée français, t. III.
FINK. Voyez FiNCR.
FINK ( Frédéric- Auguste), général allemand,
né à Strelitz (Mecklenbourg) , en 1718, mort à
Copenhague, en 1766. Entré d'abord dans les
armées russes, il y parvint au grade de major.
En 1743, il passa au service deFrédéric le Grand,
qui, appréciant en même temps le talent de Fink
sur la flûte (1), le fit son officier d'ordonnance.
Il parcourut ensuite les autres grades , devint
colonel après la bataille de CoUin, puis général
major, enfin, en 1759, lieutenant général. La
confiance de Frédéric ne faisait que s'accroître ;
et lorsque, au début de la campagne de 1759, le
roi de Prusse dut laisser au prince Henri, son
frère, le soin de défendre la Saxe, il lui désigna
Fink comme pouvant l'aider de ses conseils. Le
prince n'eut qu'à se louer du concours de Fink,
qui ne fut pas étranger à la tactique par suite
de laquelle Daun , qui commandait l'armée au-
trichienne, fut contraint de lever son camp de
Schilda. .Resté à Dueben , Fink reçut l'ordre
d'occuper Dippoldswald et de înanœuvrer de
manière à obliger l'ennemi à abandonner ses po-
sitions fortifiées. A la suite de la désastreuse af-
faire de Maxen, il fut fait prisonnier avec 2,000
hommes. Cependant on le laissa libre sur sa pa-
role. Une enquête ayant eu lieu par ordre de Fré-
déric, Fink fut condamné à une détention de deux
|ans dans une forteresse. A l'expiration de sa
peine, en 1764, il entra au service du roi de Da-
nemark en qualité dégénérai d'infanterie. Frédéric
lui permit d'accepter ces fonctions, mais le cha-
(1) On sait que le roi de Prusse aimait bcjucou? Cet
instrument.
717
FINK — FINLAYSON
718
grin avait miné les jours de Fink : il mourut
deux ans plus tard-
Convers.-Lex. — OEuvres de Fréd. II.
*FmR (Godefroi-Guillaicme), théologien et
pédagogue allemand, né à Suiza, le 7 mars 1783,
mort le 27 août 1846. En 1804 il se rendit à
Leipzig pour y étudier la théologie, puis il s'ap-
pliqua à Id musique, et composa plusieurs moF'
ceaux, dont il écrivait lui-même les paroles. Il se
fit connaître aussi par son talent comme prédi-
cateur; enfin, il se livra à l'enseignement. En
1814 il fohda une maison d'éducation, qu'il di-
rigea presque seul jusqu'en 1820. Tout en se li-
vrant à ces occupations , il publiait dans plu-
sieurs recueils , notamment Y Encyhlopxdie
d'Ersch et Gr: Jjer, et dans V Allgemeine mu-
sikalis chc Zeitung ( Gazette universelle de la
Musique), des articles sur cet art chez les an-
ciens. De 1827 à 1842 il dirigea lui-même le
dernier de ces journaux. Il vécut ensuite dans
la retraite , livré tout entier à ses études. On a
de lui : Predigten (Sermons); Leipzig, 1815;
— Vorlesungen ueber Geschichie der Reli-
gion (Lectures pour l'histoire de la religion);
1844.
Conversations-Lexikon.
FiNKENSTEiN (^Charles-GuiUaume Fincr,
comte de) , homme d'État prussien, né en 1714,
mort le 3 janvier 1800. Il fit de bonnes études, et
s'appliqua surtout à la langue française. Envoyé
à Stockholm en qualité de plénipotentiaire, à une
époque ( 1735) où on discutait beaucoup en Suède
sur les alliances et l'administration intérieure du
pays , il recueillit sur l'état des partis de nom-
breuses observations, dont il publia l'ensemble
en français, sous le titre de Relation de la
Diète. Rappelé en 1740, il fut ensuite envoyé en
Russie, où il séjourna jusqu'en 1749. Nommé alors
ministre des affaires étrangères par Frédéric II,
il eut la direction de ce département jusqu'en
1800.11 était membre de l'Académie des Sciences
et Belles-Lettres de Berlin depuis 1744.
Biog. étr. — Conv.-Lex.
FINLAY {Jean ) , poète écossais, né à Glas-
gow, en 1782, mort en 1810. On a de lui : Wal-
lace, or the aie of Ellerslie , et Scottish Bal-
lads historical and romantic , principally
ancient , with notes and a glossary to whicli
are prefixed remarks on scottish romance ;
1808, 2 vol, in-80. Ces deux productions annon-
cent une coimaissance approfondie des antiquités
du moyen âge.
Rose, Nno rjsneral biograpfiical Dictionary.
FINLAVSON ( Georges ) , chirurgien , natu-
raliste et voyageur anglais, né vers 1790, à
Thurso (Ecosse septentrionale), mort en août
1823. D'une famille peu fortunée, il étudia la
médecine à Edimbourg , avec son frère aîné,
Donald. Encore fort jeune, Georges Finlayson
fut pris pour secrétaire par le chef du ser\icc
médical militaire en Écosçe; il passa aide-chi-
rurgien dans un régiment, dont il devint en-
suite chirurgien major. Son frère avait le même
grade que lui, et tous deux se trouvèrent à la
bataille de Waterloo. Donald disparut quel-
ques jours après dans les environs de Saint-
Quentin. Georges Finlayson fut si affligé de la
mort de son frère qu'il résolut de quitter l'Eu-
rope , et demanda son passage pour les colonies
anglaises. Il fut envoyé à Ceylan, en qualité
d'aide-chirurgien d'état-major( 1816). En 1820 il
rejoignit le 8^ de dragons, qui occupait alors Mé-
rut (1), ville fortifiée du Delhi. L'année suivante,
le marquis de Hastings , gouverneur général de
l'Inde , désigna Finlayson pour accompagner
John Crawford , chargé d'une mission près les
souverains de Siam et de Hoé (Cochinchine).
L'ambassade mit à la voile de Calcutta, le 21 no-
vembre 1821; elle franchit le détroit de Malacca,
remonta le Méinam, et le 22 mars 1822 dé-
barqua à Bankok ou Bancoch, capitale actuelle du
royaume de Siam. Finlayson y remarqua d'assez
belles rues, pavées en briques et plusieurs édifices
considérables, tels que le palais du roi et quel-
ques pagodes ; une de celles-ci, remarquable par
son architecture et sa vaste étendue, ne conte-
nait pas moins de quinze cents statues plus ou
moins colossales. Le reste de la ville se compo-
sait de chétives maisons construites en bam-
bou , couvertes en roseaux, en paille de riz, en
feuilles de palmier, et élevées sur pilotis de
chaque côté du fleuve. Finlayson peint ainsi les
habitants : « Ils sont d'une petite taille, mais assez
bien proportionnés. Leur visage est large et sail-
lant vers le haut des joues ; leur front se rétrécit
tout à coup, et devient presque aussi pointu que
le menton ; leurs yeux, petits et inanimés , s'é-
lèvent obliquement vers les tempes. La partie
nommée communément le blanc de Vœil est
chez eux entièrement jaune. Ils ont la bouche
grande, les lèvres d'un rouge de sang et épaisses ;
ils se noircissent les dents, se rasent presque en-
tièrement la tête, vont presque nus, et ont une ap-
parence as^ez hideuse. Ils senourrissentde riz et
de poissons ; la plus grande partie des travaux des
champs et les soins les plus pénibles du ménage
sont laissés aux femmes. » Ce tableau rapide-
ment esquissé donne une idée complète du style
de Finlayson. Il n'est pas moins concis lorsqu'il
décrit les mœurs : « Les manières des Siamois
sont plus douces et plus polies que celles de la
plupart des autres habitants de l'Indo-Chine ;
mais ils sont artificieux , vains, craintifs, avares,
trop cérémonieux, dédaigneux envers ceux qu'ils
croient leurs inférieurs , rampants devant ceux
auxquels ils se voient soumis. Ils ont des moines
nommés talapoins, qui , là comme partout ail-
leurs, vivent aux dépens de ceux qui les écoutent ;
(1) Appelé aussi Mérot et Mcrat. Celle ville est située
sur la rive droite du Cally-Neddy, dans le district du
Scharcmpour méridional ( présidence du Bengale), et à
IV licMies N.-E. de Ocllii.
719 FINLAYSON — FINOGLIA
ils adorent un dieu qu'ils nomment Buddha , ou
plutôt chaque ville ou village se choisit son génie
tutélaire , qui , de même que dans l'ancienne
Egypte , est quelquefois un vil animal. La basse
classe du peuple brûle les morts ou plus sou-,
vent encore les livre à la voracité des oiseaux de
proie; les grands les embaument et les con-
sei'vent. Le despotisme le plus absolu est exercé
par le roi de Siam; il a le monopole du com-
merce, presque exclusivement exploité par les
Chinois; il décide de la liberté et de la vie de ses
sujets ; et ceux-ci, lâchement stupides, le révèrent
à l'égal d'un dieu. La population de Siam
n'excède guère un mUlion. Le pays , qui pa-
raît avoir 250 lieues de longueur du nord au
sud, sur une largeur de 20 à 100, est fertile ; mais,
accablés sous la tyrannie la plus odieuse, les ha-
bitants sont pauvres, indolents et malheureux. »
Quoique reçus par le monarque indien, les en-
voyés anglais échouèrent dans leur mission : la
roideur de Crawford et son refus de se soumettre
aux coutumes de la nation ayec laquelle il venait
traiter furent les principales causes de cette dé-
convenue. Le 14 juillet les envoyés anglais re-
mirent à la voile; le 16 septembre suivant ils
débarquèrent à Hué ou Hoé (1) , ville de l'em-
pire d'An-Nam et capitale de la Cochinchine (2).
L'empereur donna ordre que l'ambassadeur fût
parfaitement reçu et défrayé durant son séjour,
mais il refusa de lui accorder audience. Finlayson
mit à profit le temps des pourparlers qui eurent
lieu en cette occasion pour étudier la Cochin-
chine, ses habitants, et surtout pour faire une
ample collection des productions naturelles de
ce pays peu connu. Il décrit Hoé comme une
ville bien fortifiée, peuplée d'environ quarante
mille habitants, et d'un aspect fort triste. Les
maisons en sont construites en cannes entre-
lacées et enduites de terre. Le palais du roi est
seul remarquable, et les ornements bizarres qui
caractérisent son architecture sont d'une grande
richesse. Les fortifications ont été construites
par des ingénieurs français, et d'après le sys-
tème de Vauban. Elles sont à l'épreuve de la
bombe , parfaitement entretenues , et peuvent
être armées de 1,200 pièces. La forteresse est de
forme carrée ; elle a 8 kilomètres de périmètre.
Quant aux habitants, Finlayson les tiouva assez
semblables aux Chinois, c'est-à-dire vifs, intelli-
gents, sales, rusés et voleurs. Le 20 octobre
l'ambassade quitta la rivière d'Hoé, et revint au
Bengale. Depuis longtemps Finlayson sentait ses
forces décroître ; les fatigues qu'il éprouva dans
ce dernier voyage le conduisirent au dernier
degré de faiblesse. Il espéra que le climat de sa
patrie lui rendrait la santé, mais il succomba
dans la traversée. On a de lui : The Mission
(1) On l'appelle aussi Hué-Fo, Phuxuan et Fou-Tchhouan.
Elle est située sur la rivière de son nom et à environ
150 lieues E.-N.-E. de Siam.
(2) La Cochinchine ou An-Nara méridional est appelée
par les indigènes Dangtrong ( royaume du dedans ].
720
from ihe Bengal to Siam and to Hue , etc.,
pendant les années 1821 et 1822; avec une
introduction par sir Stamford Raffles ; Londres ,
1825, in-8°. Alfred de Lacaze.
Revue encyclopédique, t. XXIX, aun. 1826, p. 460
XL, p. 135.
FiJVNO ( Jacob ) , prédicateur finlandais , vi-
vait à Abo dans la seconde moitié du seizième
siècle. On a de lui deux recueils intéressants in-
titulés: Cantiones piœ episcoporum veterum
in regno Suecia , prassertim magno ducatu
Finlandiœ usurpatae, cum notis musicalibus ;
Greifswald, 1582; Rostock, 1625;— Hymni
ecclesiastici FinnicUdiomatis aucti is&ns date
ni nom de lieu.
Fétis, Biogr.univ. des Musiciens.
FINO OU FINI, surnommé Adriano ou d'A-
dria, orientaliste et controversiste italien , né à
Adria, le 4 octobre 1431,mortàFerrare,en 1517.
Issu d'une famille noble, il devint maître du
trésor du duc de Ferrare. Il s'adonna particuliè-
rement à l'étude du grec et de l'hébreu. Il mou-
rut dans un âge avancé, avant d'avoir terminé
un grand ouvrage de controverse contre les
mifs. Son fils Daniel le publia, sous le titre de
FiniHadriani, Ferrariensis, in JudeeosFlagel-
lum, exSacris Scripturis excei'ptum ;\emse,
1538, in-4°. n fut réimprimé à Venise, 1569;
Ferrare, 1573.
Wolf, Bibliotheca Hebrsea. — Fabricius. Bibliotheca '
medix et infimse Latinitatis.
FINO (Alemanio), historien italien, né à
Bergame, dans la première partie du seizième
siècle, mort à Crème, vers 1586. Sa vie est in-
connue ; on sait seulement qu'il occupait à Crème
une place de magistrat , et il harangua en cette
qualité le premier évêquede cette ville, Jérôme
Diedo , lors de son entrée à Crème. On a de lui :
La Historia di Crema, raccolta da gli Annali
di Pietro Terni; Venise, 1566, in-4°. Cette his-
toire, queTiraboschi appelle excellente, est très-
estimée ; elle a eu plusieurs éditions ; la meil-
leure est celle de Crème, 1711, in-8°. L'Histoire
de Crème essuya des critiques, auxquelles Fino
répondit dans ses Seriane nelle quale si dis-
corre intorno a moite cose contenute nella sua
Historia di Crema; Brescia, 1576, 1580, 2 par-
ties in-8° ; — La Guerra d'Atila, Flagella di
Dio, traita dalV archivio de' principi d'Esté,
con la dichiarazione d'alcune voci oscure ;
Venise, 1569, in-12; — Scella di uomini us-
citi da Crema; Brescia, 1581, in-s".
Tiraboschi, Storia délia Letteratura Italiana, t. VII,
part. H, p. 307. — Fontanini, Biblioteca, avec les notes
d'Aposlolo Zeno.
* FINOGLIA ( Paolo-Domenico ), peintre de
l'école napolitaine , né à Orta (royaume de Na-
ples ), mort en 1656. Elève de Massimo Stan-
zioni , il s'éloigna du faire de son maître, et fut
le premier à propager à Naples le style des Car-
rache. Ses ouvrages se distinguent surtout
par le charme de l'expression, l'harmonie du
coloris et la correction du dessin. Dans le pla-
7-21 FmOGLIA —
fond qu'il a peint à fresque à l'une des chapelles
de ]a Chartreuse de Naples, il a prouvé qu'il pos-
sédait à fond la science des raccourcis de bas en
haut, que les Italiens nomment le sotto-in-sù.
On n'admire pas moins quelques tableaux à l'huile
qu'il a peints pour la salle du chapitre du même
monastère. E. B — n.
Dominici, f^ite de'Pittori Napolitani. — Lanzi, Storia
délia Pitiura. — Tioozzi, Dizionario. ■— Ad. Siret, Dic-
tionnaire historique des Peintres.
FINOT ( Etienne ), homme politique français,
né à AveroUes (Bourgogne), vers 1760, mort
dans le même lieu, en 1829. Il était huissier dans
son pays natal au moment de la révolution, et
accepta les nouveaux principes avec une grande
ardeur. Il manifesta hautement ses opinions
dans les réunions populaires, et fut élu, en
septembre 1792, député à la Convention na-
tionale par les électeurs de l'Yonne. Il prit
place parmi les montagnards , et lors du juge-
ment de Louis XVI il vota pour « la mort «.
En 1795, il fut l'un des vingt commissaires
chargés d'examiner la conduite de Lebon ( voy.
ce nom). En octobre de la même année, il fut
du nombre des conventionels non réélus au corps
législatif. L'année suivante l'administration cen-
trale de l'Yonne le choisit pour président ; il fut
quelque temps après employé dans son dépar-
tement en qualité de commissaire du Directoire.
Depuis le 18 brumaire il resta étranger aux af-
faires publiques; cependant, en 1815 il signa
l'acte additionnel. Atteint par les réserves de la
loi d'amnistie du 12 janvier 1816, il dut se ré-
fugier en Suisse. Dans la suite , par une excep-
tion , basée probablement sur le rôle de second
ordre que Finot avait toujours joué, le gouverne-
ment des Bourbons lui permit de finir ses jours
en France. H. Lesueur.
Moniteur universel du 20 janvier 1793. — Biographie
moderne. — Petite Biographie Conventionnelle. — Ar-
nault, Jay, etc. ; Biogr. nouvelle des Contemporains.
FiNOTTO ( Christophe), poète latin moderne,
né à Venise, vers 1570, mort vers 1640. Il entra
dans l'ordre des reUgieux Somasques , et fut
chargé de prononcer les oraisons funèbres des
doges Marino Grimani , Nie. Donato et Giovanni
Cornaro. On a de lui : Parnassi Violse ; oda-
rum,distichorum et anagrammatum libri
très ; Venise, 1617, in-8°. — Orationes selectœ;
Venise, 1647, in-8\
Biografla universale (édition de Venise).
Fiocco OU FioccHi (André' Dominique),
en \âtm Floccus, juriste italien, né vers la fin du
quatorzième siècle, mort en 1452. Élève d'Em-
manuel Chrysoloras , il devint chanoine de la
cathédrale de Florence et secrétaire du pape
Eugène IV. On a de lui : De Romanis potesta-
tibus , sacerdotiis et magistratibus . Dans la
première édition, Milan, 1477, petit in-4°, et
dans plusieurs réimpressions subséquentes, cet
ouvrage est attribué à Fenestella, contemporain
d'Auguste et de Tibère. Gilles Witt le restitua le
premier à son véritable auteur, dans l'édition
FIORAVANTI
722
d'Anvers, 1561, in-8°. Le traité de Fiocco a été
traduit en italien par F. Sansovino; Venise,
1547, in-8°.
Fabriclus, Biblioiheca médise et inftmse Latinitatis. -
FIOCCO (Pierre- Antoine), compositeur ita-
lieo , né à Venise , vivait vers le milieu du dix-
septième siècle. Il était maître de chapelle de l'é-
glise Notre-Dame-du-Sablon à Bruxelles , et du
duc de Bavière. On a de hii : Sacrl Concerti a
una e più voci, con instrumentl et senza;
Anvers , 1691 , in-4° ; — Missa e motetti ; Ams-
terdam, 1693, in-4°.
• Fétis, Biographie universelle des Musiciens.
FIOCCO (Joseph-Hector), musicienbelge, ita-
lien d'origine et fils du précédent, né à Bruxelles,
vivait dans la première moitié du dix- huitième
siècle. Il fut maître de chapelle à Anvers. On a
de lui : 2 motetti a 4 voci , con 3 stromenti ;
Amsterdam, 1730.
Fétls, Biographie universelle des Musiciens.
* FiORAVANTi ( Bartolomeo m RmoLFO ) ,
dessinateur, architecte et ingénieur italien, né à
Bologne, florissait vers le milieu du quinzième
siècle. Le 8 août 1455, il transporta à une dis-
tance de 35 pieds le clocher de Santa-Maria-del-
Tempio de Bologne ; en 1485, il construisit dans la
même ville la façade du palais du Podestat. Il re-
dressa le clocher de l'église Saint-Biaise de Cento,
qui penchait de cinq pieds et demi. 11 travailla
longtemps en Hongrie, où il reconstruisit plu-
sieurs ponts sur le Danube; en récompense,
l'empereur le fit chevalier et lui accorda le privi-
lège de frapper monnaie à sa propre effigie.
E. B— N.
Orlandi, Abbecedario. — Malvasia, Pitture, Sculture
ed Architetture di Bologna.
FIORAVANTI (Alessaudro) , mathématicien
italien, né à Bologne, vers 1540, mort vers 1585.
Il entra dans l'ordre des Capucins, et se distingua
par ses connaissances en mathématiques. On a
de lui : Demodo practicandi retiariummathe-
maticum, eo quod ad reiis simiUtudinem sit
expansum ;\emse, 1585, m-4°.
Le P. .Jean de Bologne, Bibliotheca Capuccinorum.
FIORAVANTI ( Léonardo,comte), médecin et
alchimiste itahen , né à Bologne, au commence-
ment du seizième siècle, mort dans la même ville,
le 4 septembre 1588. Après avoir exercé la mé-
decine à Bologne, puis àPalerme,de 1548 à 1550,
il se rendit en Afrique, sur la flotte espagnole. De
retour en Italie, il séjourna successivement à
Naples , à Rome , à Venise , et finit par revenir
dans sa ville natale. Il y reçut les titres de doc-
teur, de chevalier et de comte. Avec peu de sa-
voir et un talent médiocre, il acquit une grande
réputation par sa charlatanerie. Il se fit sur-
tout connaître par l'invention du baume qui porte
son nom , et auquel il attribuait des propriétés
merveilleuses , celle entre autres de guérir les
personnes empoisonnées avec de l'arsenic. On
trouve dans l'Histoire de la Chimie de M. Ferd.
Hocfer une description détaillée de ce fameux
remède. « Les ouvrages de Fioravanti , dans les-
723 FIORAVANTI —
quels , dit la Biographie médicale , on ne sau-
rait trouver une seule idée utile , furent cepen-
dant accueillis avec beaucoup de faveur, comme
on peut en juger d'après le grand nombre d'édi-
tions qui en furent faites. ■» Voici la liste des ou-
vrages de Fioravanti : Lo Specchio di Scienza
universale, librïtre; Venise, 1564, 1592, 1609,
1679, in-S" ; traduit en français, par Gabriel Chap-
puis, 1584, in-8" ; en allemand, Francfort-sur-lfi'
Mein, 1615, in-8°; en latin, ibid., 1625, in-8°;
— Bel Reggimento délia Peste; Venise, 1565,
1571, 1594, 1626, in-8° ; traduit en allemand,
Francfort, 1632 , in-8" ; — Li Capricci medici-
nali; Venise, 1568, 1582, 1665, in-8"; — Il
Tesoro délia Vitaumana; Venise, 1570, 1582,
160S, 1620, 1670, in-8°; traduit en allemand ,
Francfort, 1618, in-8°; Darmstadt, 1627, in-8";
en anglais, Londres, 1653, in-4° ; — Il Gompen-
dio dei Secreti razionali tntorno alla Medi-
cina, Chirurgia ed Alchimia; Venise, 1571,
1591, 1666, 1675, 1680, in-8° ; traduit en latin,
Turin, 1580, ln-8° ; en allemand, Darmstadt,
1624, in-8"; en anglais, Londres, 1652, in-4"' ;
— La Fisica, divisa in qualtro libri; Venise,
1582, 1603, 1629, in-8° ; traduit en allemand,
Francfort, 1604, 1618, in-8°; — LaCirurgia,
distinta in tre libri , con una giunta di se-
creti HMom ; Venise , 1582, 1595, 1699, in-8".
Portai , Histoire de V Anatomic et de la Chirurgie. —
Biographie médicale. - F. Uoefer, Histoire de la Chi-
mie, t. II, p. 132.
FIORAVANTI {Jérôme), théologien italien,
né à Rome, en 1555, mort dans la même ville,
le 9 octobre 1630. Il entra dans la Société de
Jésus. Savant théologien, très- versé dans la con-
naissance du grec, du latin et des langues orien-
tales, il devint recteur du collège anglais, puis du
collège maronite. Il fut aussi confesseur du pape
Urbain VIII. On a de lui : De beatissima Trini-
tate Libri très : primus contra hsereticos , se-
cundus contra scholasticos , ter tins contra
gentiles; Rome, 1604, 1616, 1618, 1624;— Sx-
planatioin nonnulla Sacrée Scriptiiras loca;
publiée à Anvers. —Il laissa en manuscrit un on-
fr^s.Q\nt\tu\é: SimimabrevisTheologisemoralis.
Alegambe, Scriptores Societatis Jesu. — P. Mandoso,
Bibliotheca Romarin, t. II.
FIORAVANTI ( Valcntlno ) , compositeur ita-
lien et maître de la chapelle Sixtine du Vatican,
né à Rome, en 1767, et mort le 10, juin 1837. Il
commença ses études musicales dans sa ville
natale, et alla ensuite les terminer à Naples, au
Conservatoire de la Pietà de' Turchini, sous la
direction de Sala. Le premier ouvrage par lequel
il se fit connaître fut un opéra bouffe intitulé :
Con i matti il savio la perde , ovvero la paz-
ziaa vicenda, représenté en 1791, à Florence,
sur le théâtre de la Pergola. A. ce premier essai
succédèrent rapidement plusieurs autres opéras,
notamment 11 Furbo contra Furbo , Il Fabro
parigino , et La Cantatrice villane, qui furent
joués non-seulement en Italie , mais sur les prin-
cipales scènes lyriques de l'Europe. Le succès
FfORDIBELLO 72 >
qu'obtint à Paris, en 1806 , La Cantatrice vil-
lane, fit appeler le compositeur en cette ville
l'année suivante. Il y écrivit l'une de ses meil-;
leures productions, ÏVirtuosi ambulanti, dontj
le sujet avait été tiré de l'ancien opéra-comique
de Picard , Les Comédiens ambulants. Après
avoir composé encore quelques autres ouvrages,'
Fioravanti abandonna le théâtre , et fut nommé
par le pape, en 1816, maître de chapelle de
Saint-Pierredu-Vatican. A partir de cette époque
il se consacra exclusivement aux devoirs de sa
place, et ne s'occupa plus que de musique sacrée.
Il mourut dans un voyage qu'il fit de Naples à
Capoue. C'est particulièrement dans le genre
bouffe que ce compositeur s'est acquis une ré-
putation. Sa musique, que l'école nouvelle a fait
oublier, manque peut-être d'originalité , mais on
y trouve une verve comique , une gaieté franche
et naturelle, une heureuse disposition dans le
retour périodique des phrases mélodiques prin-
cipales , qui ont puissamment contribué à la
vogue dont quelques-uns des ouvrages de Fio-
ravanti ont joui à l'époque où ils parurent. On
connaît de ce musicien les vingt-quatre opéras
suivants : Con i matti il savio la perde, ov-\
vero la pazzia a vicenda; Florence (1791);
— Amor aguzza Vingegno; — JJAmor imma-
ginario; — VAstuta; — La Cantatrice bi-
zarra; — La Cantatrice villane; — La Ca-
pricciosa pentita ; — Il Furbo contra i l Furbo ;
Turin (1797); — Il Fabro parigino; — Gli
Amanti comici ; Milan (1798); — Lisetta e
Gianino; — I Puntigli per equivoco; — L'Or-
goglio avvilito; — La fortunata Combina-
zione; — IlBello piace a tutti; — Vlnganyio
cade sopra V Ingannatore ; — / Viaggiatori
ridicoli; — Amore e dispetto ; — La Schiava
fortunata; — / Virtuosi ambulanti; Paris,
(1807); — La Sposa di due Mariti; — Lo
Sposo che piîi accomoda; — Camilla ( 1810);
— Adelaide e Commingio. — La musique re-
ligieuse de Fioravanti est généralement écrite
dans le style concertant. On a de lui plusieurij ;
messes , des motets pour un ou deux chœurs ,
un Salve Regina à quatre voix, un Miserere à 1
trois voix de soprani , et un Stabat à trois voix i
avec accompagnement d'orchestre. Toutes ces
compositions sont en manuscrits dans lesarcliïves
de là chapelle pontificale. D. Denne-Baron.
Fétis, Biographie univ. des Iilusiciens — Choron et
FayoUe, Dict. des Musiciens. — Documents inédits.
FiORKiBELLO {Antouio), oratcur et bio- '
graphe italien, né à Modène, en 1510, mort
dans la même ville, en 1574. Issu d'une famille
illustre et ancienne, il s'appliqua d'abord à l'é-
tude du droit , pour obéir aux volontés de son
père ; mais il l'abandonna bientôt pour se con-
sacrer à la philosophie et aux belles-lettres. En
1533 il s'attacha au service de Sadolet, alors
évêque de Carpentras , et vers le même temps
il se ha d'amitié avec le cardinal Bembo et beau-
coup de savants et de littérateurs de l'Italie. En
726
1550 il fut ordonné prêtre, et obtint en 1558
l'évêché de Lavello, dans le royaume de Naples.
Il fut ensuite secrétaire a latere des papes
Paul rV et Pie V. En 1568 il se démit de cette
place, et vint finir ses jours dans sa patrie. On
a de lui ; Ad Carolum V, Jiomanorum impera-
torem , Panegijricus ; Rome , 1 536 ; — Oratio
ide Concordia, ad Gennanos; I.yon, 1541 ; —
' De Auctoritate EcclesisÉ; Lyon, 1546; — Corn-
I mentarius de Vita Jacobi Sadoleti.
Costaïui, t'ita Fioridi Belli, à la s(iite des Ppistolse
Pontifie. J. Sadol. — Tiraboschi, Storia délia Lettera-
\tura Italiana, t. "VII, part. V, p. 282.
FIORE (Agnolo-Aniello del), sculpteur na-
politain du quinzième siècle. Il dut les progrès
remarquables qu'il fit dans son art aux exem-
ples d'Andréa Ciccione, et surtout à ceux des
sculpteurs toscans qui avaient travaillé à Naples
pendant Ta première moitié de son siècle. Les
plus beaux titres de gloire d'Agnolo se voient à
S.-Domenico-Maggiore , dans la chapelle Caraffa ;
ce sont trois tomlDeaux, dont le plus ancien est
celui de Mariano d'Alagni et de sa femme Cata-
rinella Orsini, qui, en 1447, y fut réunie à son
époux. Mariano est couché sur le sarcophage,
dont la face principale présente en bas-relief la
figure de Catarinella. Dans la lunette qui sur-
monte le monument est un bas-relief offrant la
madone à mi-corps, tenant l'Enfant- Jésus debout,
entre deux anges agenouillés. Ce bas-relief a été
publié par Cicognara. A gauche de l'autel de la
même chapelle est le tombeau de Francesco
Caraffa, portant cette simple inscription :
Huic vlrtus gloriam>gloria immortalltatem compa-
ravit. MCCCCLXX.
Ce tombeau , le chef-d'œuvre du maître , est sur-
tout remarquable par les élégantes arabesques
des pilastres, les quatre statuettes de Vertus qui
les surmontent, et le bas-relief de la lunette,
L'Annonciation, gravé égalementdans l'ouvrage
de Cicognara. La pose de l'Ange est un peu
gauche , mais la Vierge est modeste et pleine de
piété , les draperies sont légères , moelleuses et
bien rendues. Le Tombeaudu cardinal Caraffa
di Ruvo, qui fait pendant au précédent, est iden-
tique pour la forme, mais il fut exécuté en
grande partie après la mort d'Agnolo , par son
élève Giovanni di Nola. E. B— n.
Cicognara, Storia délia Scultura. — Stanislao d'AIoè,
Napoli e sue vicinanze. — Valéry, yoyages histor. et
littér. en Italie.
* FIORE {Niccolo- Antonio del), dit Colanto-
nio del Fiore, peintre de l'école napolitaine, né
à Naples, en 1352, mort en 1444. La plupart des
auteurs lui accordent cette longue carrière;
Summonzio seul, et sans preuves, le fait mourir
jeune, en cette même année 1444. Orlandi, avec
sa légèreté habituelle, fait deux personnages
distincts de Colantonio del Fiore et d'un autre
Colantonio, qui n'existe que dans son imagi-
nation.
Colantonio del Fiore fut élève de Francesco di
Simone, et il ne s'écarta pas beaucoup plus que
FIORDIBELLO — FIORE 726
son maître de la manière byzantine. On trouve
cependant quelque tendance vers le progrès
dans le tableau qu'il peignit en 1436 pour l'église
Saint-Laurent de Naples. Cette peinture, aujour-
d'hui au musée de cette ville , représente Saint
Jérôme tirant une épine de lapât te d'un lion;
elle a été publiée par d'Agincourt , pi. CXXXU.
Le même auteur lui attribue un tableau qui
existe dans l'église deSan-Antonio-del-Borgo, et
qui porte cette inscription : A. MCCCLXXI
Nicholavs Tomasto de Flore pict. C'est un
triptyque à fond d'or, offrant au mifieu Saint
Antoine et deux anges, et sur les volets deux
autres saints. Les historiens de l'école na-
politaine attachent au Saint Jérôme de Colan-
tonio une grande importance, parce qu'ils le
croient peint à l'huile , et qu'ainsi selon eux ce
peintre aurait le premier à Naples employé ce
procédé ; malheureusement pour la gloire de Co-
lantonio, cette prétention est fondée sur une
erreur, et d'Agincourt a constaté que le Saint
Jérôme n'est qu'une peinture à la détrempe,
comme toutes celles de cette époque.
Colantonio eut pour gendre Antonio Solario ,
ce célèbre forgeron, dont l'amour décida la vo-
cation {VOy. ZiNGARO). E. B — N. j.
Dominici, p'ita de' Pittori Napolitain. — Orlaodi, Ab-
becedario. — Lanzi, Storia délia pittjira. — Ticozzi ,
Dizionârio. — D'Agincourt, Histoire de l'Jrt par les
Monuments. — Vlardot, Musées de l'Europe. — Valéry,
F'oyages historiques et littéraires en Italie.
* FIORE (Francesco del), peintre de l'école
vénitienne, né peu après 1350, mort en 1434.
Nous ne possédons aucun ouvrage de cet artiste ;
mais on peut juger de l'estime en laquelle il
était tenu par ses contemporains par le monu-
ment qui lui fiit élevé dans le cloître de Saint-
Jean-saint-Paul ; on y voit son image revêtue
de la toge, avec cette inscription :
Fert persculpla virum magna; vlrtiilis imago,
Urbe satiim Veneta dédit ;ir,s pictoria siimiimnu
Franeiscum de Flore, vocatiim patrem JacobelU.
Hujus et uxorisLucia; inombra quiescunt.
Hic extrema siios haredes fata recondunt.
iM. CCCC. XXXIV. die XXI julii.
E. B— N.
Ridolfi, P^ite degli illustri Pittori Feneti. — Lanzi,
Storia délia Pittura. — Baldinucci, Notizie de' Profes'
sori del Disegno , giunla di G. Piacenza. — Ticozzi,
Dizionârio.
* FIORE (Jacobello del), peintre de l'école
vénitienne, fils du précédent, florissait de 1401 à
1436. Il dut être élève de son père, qu'il ne tarda
pas à surpasser. Dès l'an 1401 il commença à se
faire connaître par un tableau qu'il fit pour l'é-
glise Santo-Casciano de Pesaro. Lanzi indique
dans la même ville un autre tableau de sa main
portant la date de 1409; tous deux étaient si-
gnés : Jacopetto de Flor. Son chef-d'œuvre est
un Couronnement de la Vierge placé dans la
cathédrale de Ceneda, ville de la Marche Trévi-
sane ; cette composition, d'une grande richesse
de figures, fut exécutée, dit un manuscrit con-
servé à l'évêché, en 1432, par Jacobello del Fiore,
le premier peintre de ce temps, ab eximio il-
727
lius temporis pictore Jacobello de Flore.
Lanjzi cite encore ane, Madone àe 1421 apparte-
nant à la galerie G. Manfrin, et une figure de La
Justice entre deux lions et deux archanges,
portant la date de 1421 et peinte sur une ar-
moire du palais del Magistrato à Venise. Fla-
minio Cornaro, dans sa description des églises
de cette ville, indique un B. Pietro Gambacarto
agenouillé, au monastère de Saint-Jérôme. Ridolfi
attribue aussi à Jacobello une Vierge sur un
trône et quatre docteurs peints dans une salle
de la confrérie délia Carità , aujourd'hui Acadé-
mie des Beaux- Arts; mais ce tableau, qui porte
la date de 1446 , est évidemment d'une autre
main. Jacobello fut un des premiers à peindre
des personnages de grandeur naturelle; il donna
à ses figures de la beauté, de la noblesse, et, ce
qui était plus rare alors, de la grâce et de la
souplesse. Vasari l'accuse à tort de les avoir
placées sur la pointe des pieds, selon l'usage
des Grecs; personne plus que lui, au contraire,
ne s'efforça de s'éloigner de la roideur de l'école
byzantine; s'il tient encore de l'ancienne ma-
nière, c'est plutôt par l'abus qu'il fit des dorures
en relief que par tout autre défaut. E. B — n.
RldoJfi, yito degli illustri Pittori f^eneti. — Vasari ,
f^ite de' Pittori., — Lanzl, Storia délia Pittura. — Bal-
diQucci, Notizie de' Professori del Disegno, giunta di
G. Piacenza. — Ticozzi, Dizionario.
FiOKE (Le p. Jean), historien napolitain, né
à Cropani (Calabre), en 1622, mort dans la
même ville, en 1683. Il entra dans l'ordre des
Capucins, et se distingua par sa piété et son sa-
voir. On a de lui : Délia Calabria illustrata;
Naples, 1691, 3 vol. in-fol. D'après Zavarroni,
c'est une énorme compilation, qui contient des
matériaux utiles pour l'histoire de la Calabre.
Le P. Fiore laissa aussi en manuscrit plusieurs
ouvrages , dont on peut voir la hste dans la Bi-
bliothèque Calabraise.
, Aug. Zavarroni, J3»6Z. Caiaôra.
FiORESTiNi (Francesco- Maria), médecin
et historien italien, né à Lucques, vers 1610, mort
le 25 janvier 1G73. Il cultiva sans succès la poé-
sie et la médecine ; on ne connaît de lui en ce
dernier genre qu'un opuscule intitulé : De ge-
nuino puerorum lacté, mamillarum usu et in
viro lactifero 5?rMc^z<ra; Lucques, 1653, in-8°.
Ses ouvrages les plus estimés sont deux com-
positions historiques ; savoir : Memorie délia
gran Confessa Matilda; Lucques, 1642, in^".
D'après Leibnit/, on trouve dans ce livre un tré-
sor de connaissances précieuses; — Hetruscœ
Pietatis Origines, seu de prima Tuscix chris-
tianitate; Lucques, 1701, in-4°; ouvrage post-
hume pubhé par Mario, Fiorentmi , fils de l'au-
teur.
Mario Fiorentini, préface en tête des Hetruscse Pieta-
tis Origines.
*KiORENTlNO (Agostino) , sculpteur flo-
rentin, florissait de 1442 à 1461. Jusqu'à ces
derniers temps, on l'a cru frère de Luca délia
Robbia, et il a été désigné par le nom d'Agostino
FIORE — FfORENTIINO 728
délia Robbia ; mais les érudits annotateurs de la
grande édition de Vasari, publiée à Florence par
Lemonnier, ont établi par des preuves irrécu-
sables qu' Agostino n'appartenait pas à cette il-
lustre famille. Si.nous ne connaissions cet artiste
que par les quatre bas-reliefs tirés de la vie de
San Geminiano qu'il sculpta sur le mur exté-
rieur de la cathédrale de Modène, et sur lesquels
on lit ces mots : Hoc opus egregium Ludovicus
Sangui de Furno (fieri fecit). Augustinus de
Florentia f. MCCCCXLII, nous devrions le re-
garder comme bien inférieur à Luca délia Rob-
bia ; mais les statues, bas-reliefs et arabesques
dont il décora en 1461 la façade de l'oratoire
de Saint-Bernardin, dit la Giustizia, à Pérouse,
lui assurent un rang honorable dans l'histoire |J
de l'art, et ces sculptures peuvent être mises ij
au nombre des plus charmantes productions de
la renaissance; elles sont signées : Opus Au-
gustini Fiorentini lapicidœ. E. B — n.
Cicognara, Storia délia Sculturu. — G. Campori, Gli [
Artisti Italiani e stranieri negli Stati Esténsi. — Van-
delli, Meditazioni sulla yita di san Geminiano. —
Tiraboschi, Biblioteca Modenese. — Francesco Sossaj,
Madona descritta. — R. Gambini, Guida di Perugia.
*FiORENTiivo (Stefano), dit Stefano da
Ponte-Vecchio, et aussi lo Scimmia, (le Singe),
peintre florentin, né en 1301, mort en 1350.
Baldinucci et Lanzi veulent faire de Stefano non-
seulement l'élève , mais encore le petit-fils de
Giotto par sa fille Catherine, mariée à un peintre
nommé Riccio di Lapo ; ils oublient que, d'après |
les témoignages les plus positifs , Giotto naquit <
en 1276, et que même en acceptant la date de
1265, que Baldinucci a proposée sans preuve,
Giotto eût toujours été trop jeune pour être '
grand-père en 1301. Quoiqu'il en soit, il est cer-
tain que Giotto fut le maître de Stefano, et que
ce fut à la perfection avec laquelle le disciple
imitait son maître qu'il dut le surnom de Scim-
mia. Stefano reçoit de Vasari des éloges qui
peuvent être justement taxés d'exagération ; se-
lon cet historien , il surpassa Giotto lui-même
et fut regardé comme le plus habile des pein-
tres qui eussent vécu jusque alors. De toutes les
fresques que Vasari cite à l'appui de ses louan-
ges, soit celles du cloître de Sancto-Spirito, ou
le Martyre de saint Marc à Santa-Croce à Flo-
rence , soit les Sujets du Nouveau Testament
peints dans Saint-Pierre ou le Saint Louis d'Ara
Cœli à Rome, soit enfin La gloire céleste qu'U
avait commencée dans l'église inférieure de
Saint-François à Assise, rien n'est parvenu jus-
qu'à nous. V Annonciation qu'il avait exécutée
au Campo-Sancto de Pise a été refaite par Be-
nozzo Gozzoli dans le siècle suivant ; enfin, le
Jugement dernier qu'il avait peint à la cathé-
drale de Pistoja, dans la chapelle du Crucifix, a
disparu de nos jours. Nous n'avons donc qu'une
seule fresque qui puisse nous donner la mesure
de son talent ; c'est un grand Christ entre
saint Thomas d' Aquin et un autre saint, dan-s
le cloître Verde de Sainte-Marie-Nouvelle à Flo-
729 FIORENTINO
rence ; la tête du Christ est un peu petite, mais
l'affaissement du corps est bien rendu; cette
fresque est justement estimée, et fait regretter
vivement la perte des autres ouvrages de son
auteur. E. B — n.
Vasari, f^ite. — Lanzi, Storia délia Pittura. — Baldi-
nucci, NoUzie. — F. Fantozzi, Nuovo Guida dx Fi-
renze.
FIORENTINO (Domenico). Voy. Barbiere
{Domenico del).
FIORENTINO {GiuUano), Voy. Bugiardini.
: FIORENTINO ( Orazio ). Voyez Vajano.
* FIORENZA, sculpteur napolitain, qui travail-
lait à la fin du neuvième et au commencement
du dixième siècle; On le croit auteur d'un grand
nombre d'anciens crucifix de bois et de quelques
monuments sépulcraux qu'on rencontre dans les
églises et les cloîtres de Naples.
C\co%uara , storia délia ScuUura. — Ticozzi, Dizio-
nario.
FiORi {Georges ), historien italien, né à Milan,
vers 1450, mortvers 1512. Jurisconsulte distin-
gué , il professa l'éloquence pendant plusieurs
années. Il écrivit une histoire des guerres des
Français en Italie sous le règne de Charles VIII.
Cet ouvrage, intitulé De Belle Italico et Rébus
Gallorum preeclare gestis Libri F/, fut publié
pour la première fois à Paris, 1613, in-4°. lia
été inséré à la suite de ['Histoire de Charles VIII
de Godefroy, Paris, 1684, in-fol., et dans Gree-
vius, Antiquit. Italise, t. IX, p. 6.
Le Mire, Auct. de Script, écoles. — Fabricius, BiUioth.
écoles., t. Il, p. 93. — Argelati, Biblioth. Script. Mediol.,
t. I«r, 634.
FIORI (Joseph), poète sicilien, né à Cefalu,
en 1623,mortdans la même ville, le 30 novembre
1646. Conduit dès l'enfance à Palerme, il y fit
des études brillantes. Tout en se distinguant
particulièrement dans la poésie et l'éloquence,
il ne resta étranger ni à la philosophie ni aux
mathématiques. Dans son ardeur de tout con-
naître, il s'adonna même à l'astrologie. Il tira
lui-même son horoscope, et annonça, dit-on, qu'il
mourrait à vingt-trois ans. Cette prophétie se
réalisa, et Fiori mourut à l'époque prédite , lais-
sant des poésies latines et italiennes qui font vi-
vement regretter sa fin prématurée. On a de lui :
Carmina; Venise, 1651 , in-12 ; — Poésie; Ve-
nise, 1651, in- 12. Les poésies italiennes ont été
recueillies par un ami de Fiori, Vincent Auria,
qui les publia avec des notes et ime vie de l'au-
teur; — C'anzoni Siciliane , insérées dans les
Musse Siculse; Palerme, 1647, 1662, in-12,
t. r*", part. 2.
Mongitore, Bibliotheca Sicula.
* FIORI ( Cesare), peintre, architecte et gra-
veur de l'école milanaise, né en 1636, mort à
I Milan, en 1702. Il montra dès son enfance une
aptitude extraordinaire pour toute espèce d'exer-
cice, et excella dans l'escrime et la danse. Un
portrait de son père mort , qu'il peignit à l'âge
de huit ans, sembla indiquer sa vocation; et ce-
pendant, comme peintre de tableaux, il ne s'éleva
FIORINI MAZZANTI 730
jamais au-dessus de la médiocrité, et devint seu-
lement le moins mauvais des élèves de Carlo
Cane, pâle imitateur du Morazzone. Fiori avait
pris des leçons d'architecture de Pietro-Paolo
Caravaggio; ces études, aidées d'une imagination
vive et féconde , lui permirent de se rendre jus-
tement célèbre , par la composition de pompes
triomphales ou funéraires, de processions reli-
gieuses, de fêtes et autres cérémonies publiques.
Plusieurs princes étrangers mirent son talent en
ce genre à contribution. Fiori a gravé lui-même
plusieurs de ces compositions et divers projets
d'architecture. E. B — n.
Orlandi , Abbecedario. — Lanzi, Storia délia Pittura.
— Ticozzi, Dizionario. — Siret, Dict. hist. des Peintres.
FIORI {Federico). Voy. Barocci.
FIORILLO ( /ginace ), compositeur italien, né
à Naples, le 11 mai 1715, mort à Fritzlar, en
juin 1787. Il fit ses études à Naples, sous la di-
rection de Léo et de Durante. Il devint maître
de chapelle à Brunswick vers 1754 , et fut ap-
pelé à Cassel au même titre vers 1764. Il oc-
cupa ce poste jusqu'en 1780. Les principaux
ouvrages de Fiorillo existent en manuscrit dans
la bibliothèque de Cassel. D'après Fétis, les plus
remarquables sont : Diana ed Endimione,
opéra représenté à Cassel, en 1763; — Arta-
serse, opéra, ibid., 1765; — Nitteti, opéra ,
ibid., 1770; —Andromeda, opéra, ibid., 1771.
« Le style de Fiorillo, dit Fétis, est simple,
naturel et rempli de mélodie ; mais il manque
d'originalité, et sa manière n'est qu'une imitation
de Hasse. » . . :
Fétis , Biographie universelle des Musiciens.
FIORILLO {Frédéric), violoniste allemand ,
fils du précédent, né à Brunswick, en 1753, mort
à Londres, vers 1824. Il se plaça de bonne heure
au rang des premiers artistes. En 1780 il fit un
voyage en Pologne , et trois ans après il obtint
la place de directeur de musique au théâtre de
Riga. Il habita ensuite successivement Paris et
Londres. Après des succès brillants, il s'éteignit,
dans une obscurité si complète, qu'on ignore la
date exacte de sa mort. Presque tous ses ou-
vrages sont oubUés; on ne se souvient que de
ses Études de Violon, « ouvrage éminemment
classique, dit Fétis, et qui indique non moins
d'imagination que de connaissance du méca-
nisme de l'instrument ».
Félis , Biographie universelle des Musiciens.
♦FIORINI MAzzANTi (^/isa&e^//,comtesse),
botaniste italienne, née à Rome, vers 1812. Elle a
publié en latin un traité de bryologie, sous ce titre :
Spécimen Bryologiœ Romanas; Rome, 1841,
in-8°. Les mousses décrites dans cet ouvrage sont
partagées en quatre grandes tribus, suivant qu'el-
les ont ou n'ont pas de péristomeouquecelui-ciest
simple ou double. Il existe douze groupes, vingt-
neuf genres et cent-vingt espèces , parmi les-
quelles il en est plusieurs qui ont été découvertes
par l'auteur. La comtesse de Fiorini qualifie les
mousses de végétaux semi-vasculaires , ce qui
731 FIORINI MAZZANTI — FIOT
était un aperçu nouveau lors de la publication de la
Bryologie Romaine. Madame Fiorini-Mazzanti
est membre de l'Académie royale de Turin et
de plusieurs autres sociétés savantes. A. F.
Documents particuliers.
* FIORINI (Giovanni-Battista), peintre et
architecte bolonais , florissait dans la seconde
moitié du seizième siècle. Il étudia d'abord les
ouvrages du Bagnacavallo et des maîtres véni-
tiens; mais, étant allé à Rome, oii il travailla à la
sala regia du Vatican, il s'éprit de la douceur
de coloris du Zuccari; mais il outra tellement cette
qualité, qu'il en fit un défaut. Aussi^ malgré une
brillante imagination et une grandehabileté comme
dessinateur, il n'eût jamais été qu'un peintre mé-
diocre si, sentant lui-même l'insuffisance et la
faiblesse de son coloris, il ne se fût uni à Cesare
Aretusi, qui possédait justement la riche palette
qui lui manquait, tout en lui étant bien intérieur
pour le dessin et la composition. C'est ainsi que
ces deux peintres, qui séparés n'eussent pas dé-
passé la médiocrité, parvinrent réunis à produire
des ouvrages remarquables. Jl n'est peut-être
pas même une seule des peintures qu'a signées
l'Aretusi à laquelle Fiorini n'ait pris part.
On cite parmi les principaux ouvrages des
deux amis, à Bologne, Le Christ donnant les
clefs à saint Pierre, en présencedes autres apô-
tres, fresque peinte en 1576, à la tribune de la
cathédrale ; la Naissance de la Vierge^ à San-
Giovanni-in-Monte; La Messe miraculeuse de
saint Grégoire, à Santa-Maria-dei-9ervi ; une
Descejî^e rfe croix, à San-Benedetto; enfinàSanta-
Maria-delia-Carità, La Vierge avec la Charité et
saint François, tableau peint en 159!}. Fiorini
et Aretusi avaient orné le chœur de Santa-Maria-
della-Morte de fresques aujourd'hui détruites.
On trouve aussi de leurs ouvrages dans la plu-
part des villes delà lyotnbarJie; on Vante surtout
ia Nativité de la Vierge à Santa-Al'ra de Bres-
cia. Fiorini avait aussi étudié l'architecture, car,
bien que nous ne connaissions cucun de ses
travaux en ce genre, nous savons qu'il l'ut
nommé architecte de la ville de Bologne en 1570.
Fiorini fut père, et non grand- père, ainsi que
le prétend Baldinucci , du sculpteur Gabriel
Fiorini. E. B— in.
Orelti, Memorie. — Orlandi, Diztlonario. — Lanzi ,
Sioria délia fitlura. — Haltiinucci , Notizie. — T\co7X\,
Oi2io)ia?'jo. — Malvasia, Pitture di Uoloijnu. — Gualaiuli.
Memorie oricjinaU di Belle Jrli.
* FsoRiNi ( Ga&r/e//o ), sculpteur bolonais,
fils du précédent, llorissait dans la seconde
moitié du seizième siècle. Il prit part à presque
tous les grands travaux de son temps, et se dis-
tingua surtout comme sculpteur d'ornements.
Ses principaux ouvrages sont les quatre Saints
protecteurs de Bologne à Saint-François; im
Saint Sébastien, à Sainte-Catherine de Sârfl-
gosse; et le Tombeau du cardinal Girolamo
Agucchi, à San-Giacomo-Maggiore. Le dessin de
ce mausolée est attribué au Doininiquin. On doit
aussi à Fiorini la décoration de plusieurs autels,
732
dont les deux plus élégants existent à San-Mar-
tino-Maggiore et à San-Bartolome-di-Reno.
E. B— N.
Malvasia , Pitture, Sculture ed Architetture délie
Chiese di Boloijna. — Gualandi, Tro Giorni in Éologna.
*FiOKisii (Pietro), architecte bolonais, fila'
du précédent, travaillait déjà en 1581, et mourut
en 1622. En 1583 il fut nommé architecte de lai
ville en compagnie de G.-B. Ballarini, et depuis
cette époque jusqu'à sa mort il ne s'éleva à Bo^
logne presque aucun édifice public auquel il n'ait
pris part. Il reconstruisit, en 1583, V église
La Carità; en 1585, celle rfe Saint-Matthias;
en 1597, Saint-Jean-Baptiste; et en 1608
San-Barbaziano. On éleva sur ses dessins la
Porte-Pie, ou AaSaint-Isaïe, et un grand ma
nége, ou cavallerizza. Son chef-d'œuvre est le
magnifique cloître octogone de San-Michele-in-
Bosco, ce cloître immortalisé par la peinture des
Carrache et de leur école. Parmi les projets en»
voyés par les plus célèbres architectes du temps
pour la façade de Saint-Pétrone, on en conserve
un de Fiorini. Un projet d'hôpital lui avait été de-
mandé par la confrérie de Saint-Roch de la ville
de Carpi , mais il ne fut pas exécuté, parce qu'il
entraînait une trop grande dépense; et son au
teur, ainsi que nous l'apprennent les actes de
cette confrérie, reçut une indemnité de quatorze
livres. Pietro Fiorini fut père de Sebastiano.
E. R— s
filal\as']-d , Pitture , Seulture ed Jrchitctture di Sd-
loiina. — G. Campori, OH Artisti Italiani e stranieri
negli Stati Estensii — M. A. Gualandi , Memorie origi-
nali di Belle Arti.
FiORiTO ( Augustin ), écrivain ecclésias-
tique sicilien, né à Mazzara, en 1580, mort i
Palerme, le 27 juin 1613. 11 entra dans la So^
ciété de Jésus, et enseigna la langue grecque à
Palerme. Il recueillit dans les Pères de l'Église
grecs un grand nombre d'opuscules relatifs è
l'histoire ecclésiastique de la Sicile, et les tra-
duisit en latin. Octave Gaétan en a inséré plu
sieurs dans ses Sanctorum Siculorum Vitse;
Palerme > 1657, in-fol.
Mongitore parle d'un autre Augustin Fiorito ,
né aussi à Mazzata et auteur d'une Topogra-
phie de cette ville^
Mongitore, ISibtiotheca Sicula.
* FBOT {A. -H.), auteur dramatique français,
vivait vers la fin du dix-septième siècle. Il était
natif de Rouetl, et il y fit imprimer en 1682 une
comédie en trois actes et en vers : VAmoilf
fantasque, Ou le juge de soy-mesme ; dans le m-
cond acte est intercalée une autre pièce, La Sup<-
position véritable. L'auteur nous apprend que|
son œuvre est fondée sur une histoire très-réelle,
qui venait de se passer en Normandie. Il s'agit
d'une fille qui ayant signé un contrat de mariage
par raillerie , faiUit d'être forcée d'en exécuter les
clauses. En tête du volume se trouvent des
pièces de vers composées par des amis qui
mettent le très-inconnu Fiot à côté de Molière
et qui le traitent de divin. G. B.
733
FIOT — FIRDOUSI
734
Catalogue de la bibliothèque dramatique de M. de
Soieinne, t. II, p. 34.
FiRBOis (Noël DE ). Voy. Fribois.
FIRDOUSI, FîRDEWsï OU FERDOUCY (pa-
radisiaque). Abou'l- Casïm Mansour Éen-
Ahmecl ben-Fakhr-ed-Din, surnommé Firdousi
! Thousi, célèbre poète persan, né à Schadab ,
bourg des environs de Thous , en 329 de l'hé-
gire (940 de J.-C), mort a Thous, en 411 (1020).
Selon Doulet-Schah, il se serait appelé Hasan ben-
I Ishuc Scherifschah , et il aurait été fils d'un
jardinier. Son surnom lui vient soit de l'état de
son père (Jirdous , jardin) , soit d'un compli-
ment de Mahmoud, qui dit un jour : « Les poésies
d'Aboul-Casim ont fait de la cour un véritable
paradis (^rdo?<5). » Outre sa langue maternelle,
qu'il possédait à fond, Firdousi écrivait l'arabe
de manière à exciter l'admiration des Arabes
eux-mêfnes. Il paraît avoir su le pehlwi. C'est
d'un de ses compatriotes, le poète Asadi , qu'il
apprit l'art d'écrire en vers. Les traditions rela-
tives à l'histoire de l'ancienne Perse lui étaient
fort bien connues, et il songea de bonne heure
à les revêtir des ornements de la poésie. Il ne
communiqua ce dessein qu'à un petit nombre
d'amis; mais ces précautions ne purent faire
qu'une entreprise aussi importante restât long-
temps secrète. Toute la ville voulut connaître
ce que Firdousi avait déjà composé. Les éloges
qu'il reçut lui inspirèrent l'ambition de prétendre
à de plus grands succès. Informé du projet que
Mahmoud le Ghaznewide avait conçu de faire
écrire un poème sur les anciens fois de Perse ,
il se rendit à la cour de Ghaznah. C'était le
lieu de réunion de tout ce qu'il y avait alors de
plus distingué dans les lettres et dans les sciences.
Le sultan aimait à s'entourer de poètes et de
savants; il en faisait ses conseillers et les com-
pagnons ordinaires de ses plaisirs. Au milieu de
cette foule de courtisans qui se disputaient les
honneurs , Firdousi eut d'abord assez de peine
à se faire jour ; mais tous les obstacles s'apla-
nirent dès qu'il eut présenté à Mahmoud un des
épisodes de son poème. Le roi comprit qu'il
avait ti'ouvé l'homme capable d'illustrer son
règne par la composition du Livre des Rois ; il
récompensa magnifiquement le nouvel arrivé, et
le présenta aux sept poètes qui formaient sa
pléiade. Quelques-uns de ceux-ci, Ansari, Asdjedi
et Ferrokhi, résolurent de mettre un jour à l'é-
preuve le talent de Firdousi; ils lui proposèrent
de prendre part à un Combat littéraire qu'ils al-
laient se livrer, ce qui fut accepté. Ansari com-
mença en improvisant un vers terminé par une
rime dont la consonnance ne se trouvait que
trois fois dans la langue usuelle. Firdousi, qui
parla le dernier, aurait été réduit à rester court,
si ses études ne lui avaient fait connaître le nom
d'un des anciens guerriers qui rimait avec les
vers précédents. Ce n'est pas la seule occasion
où il prouva combien l'histoire de Perse lui était
familière ; la cour fut souvent étonnée de la
promptitude avec laquelle il répondait aux ques-
tions historiques qui lui étaient adressées. Mah-
moud, non moins satisfait de la science qi;o du
talent poétique de Firdousi , n'hésita plus à lui
confier l'exécution de son projet favori ; il lui fît
remettre un exemplaire du Siyar al-Molouk
(Biographies des Rois) par Ibn al-Mokaffa , lui
promit une pièce d'or par chaque distique qu'il
composerait, et lui assigna pour demeure un
magnifique appartement qui communiquait avec
son propre palais. Un des ministres du roi reçut
l'ordre de pourvoir à l'entretien du poète et de
lui fournir tout ce qu'il demanderait. Mais
celui qui avait été chargé de ce soin, Hasan
Méimendi, vint à s'irriter de ce que Firdousi
ne lui adressait pas d'emphatiques éloges. Dès
lors il s'acquitta de sa mission avec tant de
malveillance que Firdousi était obligé de deman-
der à plusieurs reprises les choses les plus né-
cessaires à sa subsistance ; il finit par s'abstenir
de rien réclamer, afin d'éviter tout rapport avec
son ennemi. Dans cette position de gêne, il fut
quelquefois secouru par Ah le Dilémite, par
Hoséinben-Khathib et par Roustem, fils de Fakhr
ed-Daulet, prince du Dilem. Mais tous les autres
seigneurs qui faisaient copier ses vers , ou qui
prenaient plaisir à les entendre réciter, se con-
tentaient de l'assister de leurs souhaits et de
leur bénédiction. Ses envieux lui firent éprouver
î bien d'autres ennuis ; ils prétendaient que tout
I l'intérêt de son poème tenait à la nature du su-
; jet; ils blâmaient les passages où l'auteur faisait
j profession d'attachement à la famille d'Ali ; ils
I l'accusaient d'impiété, d'hérésie. Aucun reproche
! ne pouvait, autant que ces derniers, lui nuire
i dans l'esprit de Mahmoud, qui était zélé sonnite ;
j ce prince ne montra plus la même bienveillance
] envers Firdousi , et cessa de le protéger contre
ses calomniateurs. Malgré ces griefs, il ordonna
! de lui compter 60,000 pièces d'or lorsque le
[ Schah-Nameh fut achevé. Mais Hasan Méimendi,
! par ses malveillantes suggestions, étouffa ce
I mouvement de justice et de générosité. Il insi-
nua que 60,000 pièces d'argent étaient une ré-
! compense suffisante pour un ouvrage exclusive-
: ment destiné à célébrer des infidèles. Firdousi,
I indigné de ce procédé, distribua le tiers de cette
dernière somme à celui qui la lui avait ap[)ortée,
i un autre tiers au maître des bains où il se trou-
' vait; et il prit un verre de fouka (espèce de
I bière), qu'il paya avec le reste. Lorsque Mah-
I moud fut instruit de l'accueil fait à ses présents,
I il jura qu'il ferait broyer sous les pieds des élé-
I phants cet hérétique, ce carmathe. Firdousi,
I épouvanté de cette menace, alla se jeter aux
pieds du sultan ; il assura qu'on l'avait calomnié,
qu'il détestait les opinions des carmathes; il
ajouta qu'il y aurait cruauté à le punir de mort,
lorsque des milliers de païens et d'infidèles
vivaient sans être inquiétés dans les vastes États
du roi. Par cette démarche , il évita le supplice
qui lui était réservé; mais l'humiliation qu'il
735 FIRDOUSÏ
venait de subir, jointe au ressentiment de l'in- ment entre elles
jure dont il avait été victime, lui inspira un acte
de vengeance à jamais célèbre. Il écrivit contre
Mahmoud une violente satire , qu'il confia à un
de ses amis pour la remettre au sultan comme
une requête ; après quoi, il se hâta de s'éloigner,
et ii était déjà en sûreté dans le Mazenderan ,
lorsque des émissaires furent envoyés à sa pour-
suite. Kabous, roi du Djoi'djan, auprès duquel
il avait cherché un asile, l'accueillit d'abord
avec honneur ; puis il craignit d'encourir la co-
lère de Mahmoud, et pria lé fugitif de choisir un
autre asile. Firdousi se rendit à Baghdad , où il
se lit connaître à la cour par des poèmes qu'il
écrivit en arabe à la louange du grand -vizir et
du khalife Cader-Billah. Celui-ci trouvant mau-
vais que l'on chantât des païens et des infidèles,
Firdousi choisit dans les traditions musulmanes
les personnages d'un nouveau poème, qu'il com-
mença à Baghdad. Pendant qu'il travaillait à
cet ouvrage, il éprouva de nouveau les effets de
la colère de Mahmoud. Informé que le sultan
exigeait son expulsion des États du khalife , il
se rendit dans le Kouhistan , auprès du gouver-
neur Nasir-Lek, qui lui était dévoué. Cet ami
fidèle, non content d'aller solennellement à sa
rencontre, s'employa à lui faire obtenir une
amnistie. Il l'engagea d'abord à détruire un pam-
phlet qu'il avait composé pour flétrir la con-
duite de Mahmoud ; puis il écrivit à ce dernier
une lettre de reproches, et lui fit promettre
d'oubher le passé. Firdousi rentra à Thous, où
il habita jusqu'à sa mort. Au moment même,
disent les biographes orientaux , au moment où
son convoi funèbre sortait de Thous , arrivaient
dans cette ville des envoyés chargés de lui offrir
une réparation tardive des préjudices qu'il avait
éprouvés. Mahmoud s'était enfin repenti de son
injustice; il avait puni de mort Hasan Méimendi,
son perfide conseiller, et il envoyait 100,000
pièces d'or à Firdousi. La fille du. poète, à qui
l'on présenta cette somme, la refusa avec dé-
dain. Sa sœur voulut bien l'accepter ; mais pour
l'employer à des travaux que Firdousi avait
longtemps désiré faire exécuter. Dans son en-
fance , il aimait à s'asseoir sur le bord du canal
qui arrosait le jardin de son père; la digue cons-
truite dans la rivière de Thous pour faire refluer
l'eau dans ce canal, n'étant composée que de fas-
cines , était souvent emportée par les grandes
eaux, ce qui causait beaucoup de tristesse au
jeune enfant , et il désirait ardemment devenir
assez riche pour élever une digue en pierre. Ce
vœu ne fut réalisé qu'après sa mort, avec l'ar-
gent qui lui était destiné. On raconte de lui une
foule d'autres anecdotes, mais elles n'offrent
rien de bien instructif ni de bien intéressant,
et leur authenticité est fort douteuse. Tel est
d'ailleurs le caractère général de toutes les no-
tions que nous possédons sur Firdousi; re-
cueillies par des auteurs qui vivaient bien long-
temps après sa mort, elles s'accordent rare-
736
et souvent elles sont tout à
fait contradictoires. Par exemple, Hasan Méi-
mendi, que les préfaces du Schah-Nameh repré- ij
sentent comme l'ennemi de Firdousi, joue dans |
la notice de Doulet-Schah le rôle d'un fidèle ami.
Les motifs du voyage de Firdousi à Ghaznah , j
l'itinéraire qu'il suivit dans sa fuite, les motifs
de sa disgrâce sont racontés fort diversement
par les divers auteurs. Les dates de sa nais- j
sance et de sa mort fournissent aussi matière à j
discussion. Ces divergences etce manque de pré-
cision ne sont malheureusement pas bornés
aux documents biographiques; ils s'appliquent
également à la bibliographie. Le Schah-Nameh,
selon les écrivains persans, doit renfermer 60,000
distiques; cependant les manuscrits n'en don-
nent pas plus de 46 à 56,000 ; quelques-uns n'en
contiennent que 40,000. Firdousi n'est pas ab-
solument le seul auteur du Schah-Nameh ; il y a
intercalé textuellement quelques milliers de vers,
qui avaient été composés parDakiki, vers 360 de
l'hégire (970 de J.-C). Cette intercalation se
trouve dans le Règne de Guschtasp, t. IV de la
traduction de M. Mohl. S'il en faut croire Taki
ed-Din Kaschi, Asadi Thousi serait l'auteur des
4,000 derniers distiques. Lorsque Firdousi sentit
sa mort approcher, il exigea de son maître la
promesse de terminer le poème. Asadi, qui était
extrêmement âgé, craignant de ne pouvoir tenir
sa promesse s'il ne se hâtait de la mettre à exé-
cution,écrivitdansrespace de vingt-quatre heures
l'histoire de l'invasion des Arabes en Perse. Les
divers manuscrits du Schah-Nameh renferment
beaucoup d'autres fragments qui n'appartenaient
pas à l'ouvrage original. M. Mohl a été fort at-
tentif à rejeter ces passages pour les placer à
l'appendice qui terminera son édition. L'étude
qu'il a faite de tous les poèmes du cycle de Fir-
dousi l'ont mis à même de distinguer, mieux
que les éditeurs précédents , ce qui était l'œuvre
d'autres poètes. Quelques lecteurs instruits ou
des copistes ont inséré dans leurs manuscrits
des morceaux de leur propre composition. Sou-
vent aussi on a substitué aux mots tombés en
désuétude des termes plus nouveaux , tirés de
l'arabe, du mongol et du persau. Enfin, un der-
nier travail, encore plus ingrat et plus difficile
pour l'éditeur, c'est de rétablir l'ordre des
phrases et des mots; car on ne trouve pas
vingt vers de suite qui soient identiquement
copiés dans tous les manuscrits. Le Schah-
Nameh ( Livre des Rois) est le produit de trente-
cinq ans de travail ; il fut présenté à Mahmoud
en 400 (1010). C'est un long poème, où est ra-
contée, selon l'ordre chronologique, l'histoire fa-
buleuse des anciens rois de Perse, depuis Kaïou-
raorts jusqu'à l'invasion des Arabes en 636 ; il
embrasse une période de trois mille six cents ans.
La guerre de l'Iran (Perse) contre le Touran
(Turkestan) en est le fait principal ; tant qu'elle
dure, eUe forme le point de concours de presque
tous les événements qui se passent à la même
737
FIRDOUSI
738
époque. Presque tous viennent s'y ratta«hei'
plus ou moins directement; mais ceux qui ont
Jieu avant ou après n'ont aucun rapport soit
entre eux, soit avec cette guerre. Ce manque d'u-
nité nuit à l'intérêt général du poëme; aussi
lit-on rarement de suite et d'un bout à l'autre
tout le Schah-Nameh; les Persans se contentent
d'en connaître les plus beaux passages , et ils se
servent plus souvent d'abrégés ou d'extraits
que de l'ouvrage intégral. La distribution du
poëme prête elle-même beaucoup à ce mode
de lecture : il est divisé en épisodes, qui le plus
souvent forment un tout complet et peuvent être
sans inconvénient séparés de ce qui précède et
de ce qui suit. La plupart des divisions commen-
cent par une introduction où le poète fait con-
naître ses sources , et sont terminées par un
épilogue où est déduite la morale de l'événement.
Le Schah-Nameh est un des plus anciens mo-
numents poétiques de la langue persane ; elle s'y
trouve dans sa forme archaïque, sans un trop
grand mélange de mots étrangers. Cette circons-
tance suffirait par elle seule à donner une haute
valeur au poëme de Firdousi. Il serait digne
d'être étudié comme document philologique et
grammatical , quand même il ne posséderait pas
d'autres mérites ; mais il a des titres plus sé-
rieux à l'attention de la postérité. C'est la plus
belle épopée qui ait été écrite en Orient. Si elle
ne forme pas un magnifique ensemble, comme
les poèmes d'Homère , de Virgile, du Tasse, de
Camoens ; si la conception du plan est suscep-
tible de critique, on ne peut qu'admirer l'art
avec lequel sont exécutés les détails. Les carac-
tères sont nombreux et bien tracés : Roustem et
Isfendiar représentent la valeur jointe à la pru-
dence et à la justice; Barzou , le courage témé-
raire; Féridoun, Minoutchehr, Kéi-Khosrou,
sont le modèle des bons rois. On est ému de
compassion pour le jeune Sohrab, dont la mort
prématurée anéantit bien des espérances; pour
Iredj , noble victime , qui aime mieux souffrir la
mort que d'entreprendre une guerre impie. L'u-
surpateur Dhohak restera à jamais odieux ; Afra-
siab , malgré son ambition et ses crimes, n'ins-
pire pas la même horreur. Les figures de femmes
pour être plus rares n'en sont pas moins belles ;
on remarque Roudabeh, Tehmineh, Feranguis,
'Schirin. Soudaweh est la Phèdre des Persans,
comme Siawonseh en est l'Hippolyte. Ces per-
sonnages sont devenus des types consacrés par
le génie de Firdousi ; leur nom est aussi moins
populaire en Orient que celui des héros de l'Iliade
en Occident.
Firdousi est de tous les poètes musulmans
celui dont les écrits sont le plus conformes à nos
idées en matière de goût. Sans doute ses pensées
sont quelquefois pleines d'affectation , il se sert
souvent de métaphores ambitieuses et de péri-
phrases enflées pour exprimer les idées les plus
communes; mais généralement son style est
clair, aisé, dégagé de tournures forcées; les
NOUV. BIOGR. GÉNÉR. — T. XVII.
I images sont naturelles ; la versification est douce
et coulante. Le récit est entremêlé de char-
mantes descriptions, mais surtout de réflexions
philosophiques et morales du caractère le plus
élevé. Ces qualités assurent à Firdousi le pre-
mier rang parmi les poètes persans; c'est le
seul qui n'ait pas trouvé d'égal. Dans leur ad-
miration, ses compatriotes lui donnent les titres
de nebi (prophète) et de danischmend-i-adjem
(sage de la Perse).
Les Orientaux regardent le Schah-lSameh
comme la source la plus pure de l'histoii-e de
l'Asie occidentale ; les sectateurs de Zoroastre,
frappés de la ressemblance qui existe entre leurs
propres traditions et celles qui sont consignées
dans ce poëme, le considèrent comme un docu-
ment historique de la plus haute importance.
L'auteur du Modjmeï at-Tewarikh (Abrégé des
Annales ), qui pouvait contrôler par des ouvrages
aujourd'hui perdus les récits de Firdousi, as-
sure qu'il les a trouvés parfaitement exacts, et se
contente d'en donner un abrégé. Firdousi déclare
qu'il n'a rien inventé ; il se borne à mettre en
vers ce qu'il avait trouvé dans des ouvrages
beaucoup plus anciens. Du temps d'Yezdedjerd,
le dernier des Sassanides, le dihkan Danischwer
avait recueilli toutes les traditions relatives aux
anciens rois de Perse, depuis Kaïoumorts jusqu'à
Khosrou-Parwiz. Ce recueil fut traduit en arabe
par Ibn al-Mokaffa. En 260 (473), Yacoub ben
Leïts le fit traduire en vers et continuer jusqu'au
règne d'Yezdedjerd. Telles sont les sources où
Firdousi puisa, sans aucun doute, avec une scru-
puleuse fidélité ; mais comme l'original était rem-
pli des plus grossières erreurs, la copie ne doit
être consultée qu'avec défiance. La chronologie,
l'histoire , la géographie y sont en effet traitées
avec si peu de respect, qu'il est impossible d'en
tirer un parti satisfaisant. La partie relative aux
Sassanides est digne néanmoins d'être étudiée
par l'historien.
Le Schah-Nameh a été l'objet d'un grand
nombre de travaux de la part des Orientaux. Il
fut abrégé et traduit en arabe par Feth-Ali-
Bondari, en 675(1274). Au commencement du
sixième siècle (1200), Khodjah fit un choix des
passages les plus remarquables; en 1065 ( 1652),
Tewakk al-Beg en donna un abrégé en prose per-
sane mêlée de vers, intitulé Montekhab-at-
Tewarikh (Abrégé des Annales). Il ne s'étend
pas plus loin que la mort d'Alexandre. En 825
(1425) le Schah-Nameh fut révisé par ordre
de Baïsankar-Khan. Cette édition est précédée
de l'histoire du Schah-Nameh et de la vie de Fir-
dousi, dont la plus grande partie a été incor-
porée dans la préface persane de Turner-Macan.
Une autre préface, qui traite des mêmes matières
avec moins d'étendue, a été composée à peu
près vers la même époque ; elle a été traduite
peu exactement par de Wallenbourg.
Voici la liste des éditions , des traductions et
des abrégés du Schah-Nameh qui ont été impri-
24
739
mes : W. Jones, traduction française de quel-
ques fragments et d'une partie de la satire , dans
le t. Vde ses Œuvres; — J. Champion, Poems of
Ferdosi; Calcutta, 1785, in^" ; Londres, 1790,
in-4° : c'est une traduction liijre en vers anglais,
dont il n'a paru que le premier volume; — Lu-
do!f , traduction littérale en prose allemande de
quelques fragments, dans les Mines de VOrient,
t. U, p. 57 ; dans I)ie For weZ^, journal de Herder ;
et dans Memorabïlien, journal de Augusti ; —
W. Kirkpatrick, traduction anglaise d'un frag-
ment, dans le t. P'^de New Asiatic Miscellanies ;
dans Moriumenti Persepolitani e Ferdusio 11-
lustratio, Gœtlingue, 1801, in-4° ; et dans Ea-
ropa, journal de Schlegel; — Mouradjea d'Ohs-
son. Tableau historique de VOrient; Paris,
1802,2 vol in-S^jd'aprèsleSc^ffA-TVameA;— Wil-
ken, fragments dans la C^res^omai/^^e,àla fin des
Institution es adfundamenta Linguœ Persicœ ;
Leipzig, 1805, in-8°; — Lumsden, The Shah-
Namu, by Abool Kausim Firdoosee o/Toos;
Calcutta, 181 1, in-4". Le premier volume seul a
été publié. Cette édition, que Lumsden laissa faire
par des mounschi ( hommes de letti'es ), est assez
correcte ; mais on y a admis sans critique des
passages interpolés ; — J. Atkinson , Soohrab j
traduction libre, accompagnée du texte persan ;
Calcutta, 1814, in-8°; — Et. Weston, Episodes
from the Shah-Nameh, traduction en vers an-
glais, accompagnée du texte en caractères latins ■
Londres, 1815, in-8" ; — G. Wahl, texte et tra-
duction allemande en vers blancs de quelques
passages du Schah-Nameh, dans le t. Y des Mi-
nes de l'Orient ; — J. de Hammer, morceaux tra-
duits en vers allemands , dans les Mines de VO-
rient, t. II, p. 421 ; t. III, p. 57 ; et dans Geschichte
der schœnen Redekûnste P er siens ; — Sil-
vestre de Sacy, traduction française d'un frag-
ment, dans les Notices et extraits, t. X, p. 140;
— J. Gœrres, Das Heldenbuch von Iran; Ber-
lin, 1820, 2 vol. in-S". C'est un excellent abrégé
du Schah-Nameh, qui s'arrête à la mort deRous-
tem ; — Alex. Ross , connu sous le pseudonyme
de Gulschin, spécimen d'une traduction anglaise
accompagnée du texte, dans Annals of oriental
■Sam. Robinson,
Literature ; Londres, in-8
fragm. de Salet-Rudabeh, trad. en vers anglais,
dans Memoirs of the Literary and Philosophi-
cal Society of Manchester ; 2^ série, vol. IV,
1824, I; — M. Mohl, fragments relatifs à la re-
ligion de Zoroastre, Paris, 1820, in-8°; traduits
en allemand par Vullers , Leipzig, 1831, in-8° ; —
TurnerMacan. The Shah-Nameh, by Abool Ka-
slm Firdonsee; Calcutta, 1829, 4 vol. in-8° ,
excellente édition ; — W. Tulloh Robertson, Ros-
tuni Zaboole and Soornb , texte et traduction
en vers anglais; Calcutta, 1831, in-8"; — J. At-
kinson, Shah-Nameh of Firdousi, traduction
anglaise en vers et en prose de l'abrégé de
Tewakk ai-Beg. A la fin on trouve une nouvelle
traduction deSohrab; — J. -A. Vullers, Chres-
tomathia Schahnamiana, textes de quelques
FIRDOUSI 740
passages déjà publiés par Wilken, Wahl et Sacy;
Bonn, 1833, in-8° ; — Fr. Riickert, Rostem
und Suhrab ; Eriangen , 1838 , in-8<> : imitation
en vers allemands du Soohrab de Atkinson ; —
Alex.-Gust.-Jul , Hahsten, Carminis epici Schah-
Nameh Fragmentum de Dario et Alexandro,
traduit en vers suédois ; Helsingfors, 1839, in-8° ;
— V. de Starkenfels , Sal und Rudabeh , tra.-
duction libre en vers allemands; Vienne, 1841,
in-8°, avec Th. de Schwarzhuber; Kej-Kawus
in Masenderan , épisode traduit en vers alle-
mands, Vienne, 1841, in-8"; — Amthor, tra-
duction en vers allemands de trois fragments,
dans Klaenge aus Osten; Leipzig, 1841 , in-8";
avec Fritschius , traduction en vers latins dans
Jïorti Persici et Arabici ; Melocabum, 1842,
in-8'' ; — Fr. Spiegel , texte , dans Chrestoma-
thïa Persica, p. 41; Leipzig, 1846, in-S"; —
Quissa-i- Khusritan-i-Ajam ( Histoire des Rois
de Perse) ; Calcutta, 1846, gr. in-8° : c'est une
traduction abrégée en vers hindoustanis par le
mounschi Mol; — Schah-Nameh, lithographie
à Téhéran, 1267 ( 1850 ), in-fol., sous la direction
de Mohammed-Mehdi ; il a copié entièrement
l'édition de Turner Macan ; — A.-F. de Schack ,
Heldensagen ( Chants héroïques) von Firdusi ;
Berlin, 1851, in-8° ; — Epische Dïchtungen
(Poésies épiques) aus dem persischen des Fir-
dusi; Berlin, 1853, 2 vol. in-8" ; — M. J. Mohl,
Le Livre des Rois; par Abu" l-Kasim Firdousi,
publié, traduit et commenté; Paris, t. F"", 1838;
t. II, 1842 ; t. m, 1846 ; t. IV, 1854, in-fol. Cette
belle édition n'est pas encore complète ; le vol. IV
s'arrête à la mort de Roustem ; M. Mohl a fait
usage de plus de 32 manuscrits ; il s'écàrtê sou-
vent, et avec raison, du texte donné par Turner
Macan. Sa traduction est aussi littérale qiie pos-
sible ; elle sera terminée par des variantes et des
notes ; par une analyse des poèmes dû cycle de
Firdousi ; par le texte et la traduction des tra-
ditions parses analogues à celles qiii se troiivéht
dans le Schah-Nameh ; enfin, par un mémoire sur
la valeur historique de ces traditions.
Le poëmede Yoiisoûfet Zoleikha (Joseph et
la femme de Putiphar ), qui fut coiîiiriëncé à Bagh-
dad , est devenu très-rare. On n'en connaît que
deux manuscrits : l'un à la bibliothèque de la
Société Asiatique de Londres , n" 605 ; l'autre à
la bibliothèque de î*opkaneh, a LùcknotV. M. Mor-
lêg a promis de donner Une édition de ce curieux
ouvragé. È. ËEAufois
Firdousi, Schah-Nameh. — Mohammed-Awfl, tobab-j
al-Jlbab, cli. ix. — La grande et la petite préface ilii
Séhah-Nairiéh. ,— Djàmi , BehâHstan. — Doulet-Scliall
Tedzkiret, trad. par Sacy, dans Not. et extr. des Âlnn.
t. IV, p. 230. — Ferischtah; Hist., trad. par Brigss , 1. 1
p. 90. — Lolhf-Ali-Beg, Atescli Uedah. — tladji-Khalfah,
Lexlc. biblloor., édit. Kluégel ; l. 111, h" 7dit)7. ■- Scott
Waring, A T'eur to Sheeraz, p. 159. - De Wallenbourg,
Not. sur le Chah-Namé de Firdovcy et trad. de plus,
■pièces relat. à ce poème,- Vienne, 1810, lh-1-2. — De SaC^,
art. dans le Magasin encycl., atiîi. 18l3, t. IV, 203, et Jonm.
des Siiv.. 1833. — Atkinson , préface de Soohrab et du
Schah-Nameh. — Hammer, Gesch. der schœnen Rede-
kûnste Persiens, p. 50, et art. dails JFUher JahrbiXcher,
\
FIRDOUSI — FIRENZUOXi
t. IX.— Essai sur la Fie et, le Génie de Firdousi , par
Alex. Ross, clans Annals of oriental Literature; Lond.,
1320 , in-8°. — Robinsôn , Sketch of the Life and JVri-
tings of Fei'doosee ; àans 3Îemoirs of theLiter. and Pki-
los.Soi:. of Manchester, ■i'^sét., IV, année 1824, t. I.— Ha-
inaker, art. dans le t. V du Magazin voor JVetenschap-
pen, Kunsten en letteren , publié par G. vaij Karapen j
Amsterdam, 1823, rn-'S". — Qûarterly oriental Magazine,
an. 1826, oct. déc. — Turner Macan , préf. de son édit.
— Cochrane's Foreign qûarterly Àeview, 183S, n° 1. —
Rétrospective Review , art.-tràd. dans la Revue Britan-
nique, 1837, t. H. — Ampère , Revue des Deux Mondes,
1839, août, sept, — De Slarkenfels, Fie de Firdousi, en
tête de KejKawus in Masenderan. — Goie Ouseley,
/iiog. Notices of Persian Poets. — Zenker, BibL orient.
— Et. Nazarianz, art. Siir là Fie et les Écrits de Fird., en
rnsse; Moscou, 1851, in-g°. — Sprenger, Cat. des bibl.
dnroid'Oude,t. l, p. 403.— M. Quatremère, art. dans
leJourn. des Sàv., 1841-1842-1S43-Î7. - M. Mohl, art.
dans le .Journ. Asiat., 1841 ,(;!!, et préfaÈe de chaque
volume du Schah-NameK.
FiiiiBiMzuoi,A (Agnoîo), poète et traducteur
italien, né à Florence, le 28 septembre 1493,
mort vers 1545. Il fit ses études à Sienne et à
Pérouse, et l'on croit qu'il donna plus de temps
aux plaisirs qu'à son instruction. A Pérouse ii
se lia d'amitié avec Pierre Arétin ; il le retrouva
à Rome , et tous deux, dans la correspondance
(iii'ils échangèrent plus tard, se plaisent à revenir
sur les distractions de cette époque de leur vie.
Tous les biographes affirment que Firenzuola re-
vêtit riiabit de religieux dans le monastère de
Vallombreuse , et il faut bien les en croire, mal-
gré les doutes de Tirabosclii. Cet historien fait
lemarquer qu'aucun écrivain contemporain ne
parle de la profession religieuse de Firenzuola et
que la vie de celui-ci fut tout l'opposé de celle
qui aurait convenu à un moine. Firenzuola, il
est vrai, obtint les abbayes de Sainte-Marie de
Spolète et de Saint-Sauveur de Vajano ; mais
ne pouvait-il pas les posséder en qualité d'admi-
nistrateur et de commendataire ? Tels sont les
arguments de Tiraboschi; ils ne paraissent pas
concluants. On regarde comme avéré que Firen-
zuola fut moine et même abbé, ce qui ne l'empê-
cha pas d'être très-profane dans ses écrits et
dans ses mœurs. « Dans une lettre à l' Arétin ,
datée de Prato, 5 octobre 1541 , il se plaint, dit
Tiraboschi, d'ane longue maladie de onze ans
qui l'avait relégué là , et dont seulement alors
il commençait à se remettre. Peut-être est-ce le
inal auquel il faitalhision dans son Capitolo^ peu
honnête, du Legno santo. Si Firenzuola recou-
vra alors la santé, ce ne fut pas pour longtemps,
puisque , bien qu'on ne connaisse pas le temps
exact de sa mort, il est sûr qu'en 1548 il avait
cessé de vivre depuis plusieurs années ; c'est ce
qu'affirme Francesco Scala, éditeur des JJis-
corsi (legli Animali et des Rime. » — Les ou-
vrages de Firenzuola sont : Prose di M. Agnolo
Firenzuola, Fiorentino ; Florence, 1 548, in-8° ;
ibid., 1552, in-S" ; ibid., 1562, in-8°; ce re-
cueil contient les ouvrages suivants : Discorsi
degli Animali : c'est une imitation des fables
orientales et ésopiques; ils ont été réimprimés
sous le titre de Consigli degli Animali, cio è ra-
gionamenti civili, ne' quali con mavariglïoso
742
e vago arteficio ira loro parlando , i-aceon-
tano simboli, avertimenti ,isiorie, proverbj
e motti, che insegnano il viver civile e a
governare altricon priidenza ;Yemse, 1621 ,
in-S". 11 existe deux traductions françaises de cet
ouvrage. La première, dont l'auteur est inconnu,
a pour titre : Plaisant et facétieux Discours
des Animaux, avec une histoire non moins
véritable que plaisante, advenue puis n'a
guières en la ville de Florence ; Lyon , 1556,
in-16 ; la seconde est de Pierre de La Rivey, et
fait partie d'un ouvrage intitulé : Deux livres
de Philosophie fabuleuse ; Lyon, 1579, in-16;
— Dialogo délie Bellezze délie bonne, traduit
en français sous le titre de Discours de la
Beauté des Dames, prins de Vitalien du sei-
gneur Ange Firenzuole,par J. Pallet, Sainton-
geois ;Paris,, 1578,in-8° ; — Ragionamenti amo-
rosi, novelle otto : dans ces huit nouvelles,
Firenzuola, imitateur deBoccacé, l'égale quelque-
fois en élégance et le surpasse souvent eh li-
cence; — Discacciamento délie nuove lettere:
c'est une réfutation du Trissin, qui voulait intro-
duire de nouvelles lettres dans l'alphabet italien.
Cette discussion grammaticale eut pour résultat
la distinction du J et de l'I , du V et de l'U; —
Le Rime di M.-Agnolo Firenzuola ; Florence,
1549, in-8°. Firenzuola a surtout réussi dans le
grotesque ; ses poésies en ce genre ont été sou-
vent réimprimées avec celles de François Berni
et de Jean délia Casa ; — Apuleio, DelV Asino
d'Oro, tradotto per M.-Agnolo Firenzuola;
Florence, 1549, in-S". Firenzuola s'est donné
beaucoup de liberté dans cette traduction : il s'est
substitué au Lucius d'Apulée, et a placé en Italie
la scène du roman. Enfin , il a débarrassé le récit
de ces ornements lourds et pédantesques sous
lesquels Apulée avait comme étouffé les char-
mantes inventions de l'original grec. Voici sur
cette traduction le jugement de Paul-Louis Cou-
rier : « Firenzuola en traduisant le latin d'Apulée
a su éviter cet excès (l'archaïsme). Sans repro-
duire les phrases obscures, les termes oubliés
du Fra Jacopone ou du Cavalcanti , il emprunte
du vieux toscan une foule d'expressions naïves
et charmantes, et sa version, où l'on peut dire
que sont amassées toutes les fleurs de cet admi-
rable langage, est, au sentiment de bien des gens,
ce qu'il y a de plus achevé en prose italienne. »
Cette traduction a eu un grand nombre d'édi-
tions ; les plus estimées sont celles de Florence ,
1598, in-8°; ibid., 1603, in-S"; — I Lucidi,
commedia; Florence, 1549, in-8''; — La tri-
nuzia, commedia; Florence, 1551, in-S". Ces
deux comédies, dont la première est imitée des
Ménechmes de Plaute, sont écrites en prose.
— Les œuvres de Firenzuola ont été réimprimées
à Florence, 1848, 2 vol. in-12.
Crescimbeni, Istoria délia Folgar Poesia. — Micliae-
lis Poccianti, Catalogus Scriptorum Florentinornm. —
Olulio Negri, Istoria de' Fiorentini Scrittori. — Nicéron,
Mémoires pour servir cl l'hlsloirc des himiines il/ii.t-
tres, t. XXXVUI.- Tiraboschi, Star ia délia /Mirratiira
24.
743 FIRENZUOLA
ltaUana,t. VII, part. III, p. 73. — Fontanini, Biblioteca,
avec les notes d'Apostolo Zeno, 1. 1"', p. 31. — Giuseppe
Maffei, Storia délia Letteratura Italiana, t. I<*'',p. 339-
340 de l'édit. de Florence , 1853.
FiRMANUS (Gavius). Voy. Gwrcs.
FiRMANcrs ( Tarutius ) , mathématicien et
astronome romain , vivait dans le premier siècle
avant J.-C. Contemporain de Varron et de Cicé-
ron , il fut l'ami intime de tous les deux. Sur la
demande de Varron, il fitl'horoscope de Romulus.
et d'après les circonstances de la vie et de la
mort du fondateur de Rome, il détermina l'ère
de cette ville. Suivant les calculs de Firraanus ,
Romulus était né le 23 septembre de la deuxième
année de la n^ olympiade , et Rome avait été
fondée le 9 avril, entre la deuxième et la troisième
heure du jour. Plutarque, qui rapporte ces dates,
ne dit pas à quelle année Firmanus plaçait la
fondation de Rome. Quant au jour indiqué par
lui, il était antérieur aux Palilia ( 2 1 avril ), point
de départ ordinaire de la chronologie romaine.
Le nom de Firmanus dénote un natif de Fir-
mum, dans le Picenum (aujourd'hui Fermo, dans
la Marche d'Ancône), tandis que Tarutius est
une dénomination étrusque; il est probable que
Firmanus la devait à des ancêtres étrusques, qui
lui avaient transmis le goût des études mathé-
matiques.
Plutarque , Rom., 5, 12 ; Qiuest. Rom., 35. — Ciceron,
De Divin., II, 47. — Macrobe, Satum., 1, lo. — Saint
Augustin, De Civit. Dei, VI, 7.
FiRMAS-PERiEz ( Armand - Charles - Da-
niel, comte DE ), général et publiciste français ,
né à Alais (Languedoc), le 4 août 1770, mort en
Allemagne, en 1828. Il entra, le 23 septembre
1785, comme sous-lieutenant au régiment de
Piémont (infanterie). En 1789 il quitta sou
corps, qui tenait garnison à Besançon , pour se
rendre à Nîmes et de là au camp insurrectionnel
de Jalès. Après la dispersion des vrais Fran-
çais (1), Firmas-Periez fut arrêté le 17 mars
1791, et enfermé au fort d'Alais. Mis en liberté
le 22 avril suivant, il rejoignit son régiment, lia
des relations avec les princes émigrés, et chercha
à propager la désertion dans les garnisons de
l'Alsace. Il défendit et fit acquitter par le tribu-
nal de Colmar le baron de Roch, lieutenant de
roi à Neu-Brisach , accusé d'avoir voulu livrer
cette place aux princes. Le baron de Roch et
son défenseur émigrèrent «nsuite, et Firmas-Pe-
riez, arrivé à Worms, accepta les fonctions de
lieutenant de police du quartier général du
prince de Condé ( 17 décembre 1791 ). Il remplit
parfaitement les conditions de cet emploi, et
trouva le moyen de sauver la vie au prince et
au roi de Prusse. Nommé colonel du régiment
d'Hohenlohe-Schillingsfùrst, il fit contre les répu-
blicains la campagne de 1793, et fut blessé à
l'affaue de Berchtslieim (8 décembre). Le comte
de Provence (depuis Louis XVni) le nomma
chevalier de Saint-Louis, le 10 août 1794. Firmas
(1) C'était le nom qu'avaient pris les contre-révolu-
tionnaires des Cévennes.
— FIRMENICH
r44
continua de servir dans l'armée de Condé jusqu'au
licenciement de ce corps , fut encore blessé au
combat de Schaffensied (30 septembre 1796 ), et
passa au service de la Russie. Le 4 février 1799,
il épousa la comtesse Joséphine de Wald-
bourg-Wolfegg-Waldsée, et en février 1800 il fut
blessé de nouveau en défendant la ville de Cons-
tance contre les Français. Le 15 décembre 1806,
le roi de Wurtemberg , Frédéric, le prit à son
service en qualité de chambellan, et le nomma
grand -maître des cuisines (5 décembre 1807),
puis conseiller-intime-privé-actuel d'épée ( 6 no-
vembre 1810). Firmas quitta le service du Wur-
temberg le 6 mars 1813, erra quelque temps
en Allemagne, et joignit Louis XVIII à Gand
(1815). Là il fut créé maréchal de camp, et plus
tard élevé au grade de lieutenant général
(31 mars 1819). Il reçut saretraite le lendemain,
1*"^ avril. Le reste de sa vie s'écoula en mis-
sion auprès des petites cours d'Allemagne. On
a de lui : Observations aux députés de la
noblesse aux États Généraux sur les objets
m,ilitaires; Nîmes, 1789, in-8°; — Protesta-
tion énergique contre les décrets de V As-
semblée nationale; Colmar, 17 juillet 1791,
insérée dans la Gazette de Paris du 17 août
suivant; — Le Jeu de Stratégie, ou les échecs
militaires ; Memmingen, 1808, in-8'', et Paris,
1816, in-12, avec 2 planches; — Pasitélégra- .
phie; Stuttgard, 1811, ih-8° : c'est un nouveau
système de signaux, pour lequel l'auteur s'est
servi des idées de Maimieux , inventeur de la
Pasigraphie. Ce dernier a du reste aidé Firmas
dans son ouvrage; — Notice historique sur
Louis - Antoine - Henri de Bourbon -Condé,
duc d'Enghien, prince du sang royal, suivie
de son Oraison funèbre, prononcée dans la
chapelle catholique de Saint-Patrice, à Lon-
dres, par l'abbé de Bouvens; Paris, 1814 et
1815, in-S"; — Bigamie de Napoléon Buona-
parte; Paris, 1815, in-8°; — Réflexions politi-
ques sur le projet d'une constitution pour le
royaume de Wurtemberg; ibid.; — Examen
impartial du projet de constitution pour
le royaume de Wurtemberg , ou réflexions
sur ce projet tel que S. M. le roi l'a pré-
senté à l'Assemblée des États le 3 mars 1817 ;
Paris, Strasbourg , Londres et Stuttgard, 1817,
in-8°. H. Lesueur.
De Courcelles, Dictionnaire des Généraux français.
— Aroault, Jay, etc., Biog. nouv. des Contemporains. —
Quérard, La France littéraire. — Rabbe , Boisjolin
et Sainte-Preuve , Bioç. Contemporaine et portative-
* FIRIUEMCH ( Jean- Matthias ), poète alle-
mand, né à Cologne, le 5 juillet 1808. Encore
étudiant, il se fit connaître par ses chants popu-
laires, écrits en patois de Cologne, parmi les-
quels on cite les suivants : De Koellschen in
Paries et Dae Bœve un et Hœnnschen om
Gôozenich. A la fin des études universitaires
qu'il fit à Munich et à Bonn, il parcourut l'Alle-
magne, l'Italie, la France. Il séjourna trois ans
à Rome, où il connut Thorwaldsen, Horace Ver-
745
FIRMENICH — FIRMIANUS
746
net, Koch, Reinhart et Cornélius , avec lequel il
se lia d'amitié. A Vienne, il se lia de même avec
le comte Auersperg ( connu sous le pseudonyme
d'Ânastasius Grùn ). A cette époque il écrivit
sa tragédie de Clotilde Montalvi; Berlin,
1840. Parmi ses autres œuvres on remarque :
Nach hundert Jahren oder die emancipirten
Frauen ( Après cent ans^ ou les femmes éman-
cipées ) ; — Die Studentinnen ( Les Étudiantes ) ;
— TpayoOSia 'Pa)[jiatxà; Berlin, 1840; — Ger-
maniens Voelkerstimmen ''Voix populaires de
la Germanie) ; Berlin, 1850-loo'i.
Conversations-Lexikon.
FiRMiAN, noble famille tyrolienne, dont voici
les principaux membres :
FiRMiAN (Charles- Joseph de), homme d'État,
né en 1716 , à Deutschmetz (Tyrol), mort le
20 juillet 1782. Il reçut sa première éducation à
Erthal , à Inspruck et à Salzbourg. Après avoir
fréquenté ensuite l'université de Leyde, il se
rendit en France et en Italie, où il perfectionna
son goût pour les beaux-arts. François 1er étant
monté sur le trône impérial d'Allemagne , le
comte Firmian retourna dans son pays , et prit
part aux affaires publiques. Quelque temps après,
Marie-Thérèse l'envoya comme ministre pléni-
potentiaire à Naples, puis enLombardie (1759),
auprès du gouverneur généra! de cette province.
Dans ces fonctions administratives, il déploya
les talents d'un homme d'État dirigé par la re-
ligion, la philosophie et la science. Il rendit des
services signalés, surtout à la ville de Milan.
Il ranima le goût des études sérieuses, com-
battit l'intolérance, fonda des bibliothèques , et
travailla à la renaissance de l'université de Pa-
vie. Versé dans plusieurs branches de la litté-
rature, il vécut dans une constante union avec
des artistes et des savants ; il donna à plusieurs
d'entre eux des preuves marquantes de sa libé-
ralité. Le comte de Firmian laissa une biblio-
thèque choisie, composée de 40,000 volumes,
ainsi qu'une précieuse collection d'objets d'art.
Firmian ( Jean-Baptiste-Antoine, comte de ),
frère aîné du précédent, prélat autrichien, mort
en 1744. Il fut archevêque de Salzbourg, et se si-
gnala par ses persécutions contre les hérétiques
domiciliés dans le ressort de son archevêché;
ce qui contraignit plus de 30,000 protestants à
sortir du pays, pendant l'hiver de 1731 à 1732.
Ce ne fut pas seulement le zèle pour la religion ,
mais aussi l'avarice, qui détermina la conduite
du prélat dans cette circonstance. Non content
de l'argent que lui payaient ceux qui voulaient
être autorisés à voyager à l'étranger, il leur fit
intenter des procès comme à des rebelles, pro-
cès par suite desquels ils se trouvaient dépos-
sédés de ce qu'ils avaient. En récompense des
services rendus à la religion par l'archevêque de
Salzbourg, le pape ordonna qu'à l'avenir les car-
dinaux mêmes lui donneraient, ainsi qu'à ses
successeurs, le titre de grandeur [celsitudo).
Fmmxjn (CharleS'Léopold-Maximilien de ) ,
né à Trente, en 1766, mort le 29 novembre
1831. Il fut d'abord prince-évêque .de Lavant,
puis désigné pour l'administration de l'archevê-
ché de Salzbouvg, et en dernier lieu prince-ar-
chevêque de Vienne. [Encycl. des G. du M.]
Conversat.-Lex.
* FIRMIANUS SYMPOSIUS {Cœlius), écrit
aussi Symphosius ou Symposius , poète latin,
d'une époque incertaine. Ce nom est placé en tête
de cent Énigmes insignifiantes , composées cha-
cune de trois vers hexamètres, et recueillies, à ce
que prétend l'auteur dans son prologue, pour ex-
citer la gaieté pendant les Saturnales. Au même
auteur appartiennent probablement deux courtes
odes: l'une intitulée De Fortuna, en quinze
tétramètres choriambiques , est attribuée dans
quelques manuscrits à un certain Asclepias ou
Asclepiadus, méprise qui provient d'une con-
fusion entre le poète et le mètre qu'il a -em-
ployé ; l'autre , De Livore, en vingt-cinq hendé-
casyllabes, a été attribuée quelquefois à un
Vomanus et à un Euphorbus. Ces deux pièces
ont été souvent insérées parmi les Catalecta
de Virgile. Nous n'avons aucun détail sur Fir-
mianus ; nous ignorons même l'époque de sa
vie. Des particularités de son style ont fait croire
qu'il était Africain. Sa diction et sa versifica-
tion , sans être des modèles de pureté et de cor-
rection, sont cependant encore loin de la barba-
rie. Les Énigmes contiennent diverses allusions
à des usages qui avaient cessé de prévaloir long-
temps avant la chute de l'empire romain. [Le
premier écrivain ancien qui ait fait mention des
ouvrages de Firmianus est Aldhelm , mort au
commencement du huitième siècle.
Ces deux premiers vers du prologue :
Haec quoque Symposius de carminé lusit inepto.
Sic tu, Sexte, doces, sic te deliro magistro.
ont servi de point de départ à une fort singu-
lière hypothèse de Heumann. Les regardant
comme fautifs, il commence par les corriger de
la manière suivante :
Hoc quoque symposium lusi de carminé inepto.
• Sic me Sicca docet, Sicca deliro magistro.
D'après ces vers ainsi refaits , le critique alle-
mand essaye de prouver que le vrai titre de
l'ouvrage est Symposium, qu'il n'y a jamais eu
personne du nom de Symposius, et que le vé-
ritable auteur de ce badinage est le Père de l'É-
glise Cœlius Firmianus Lactantius ou Lactance,
élève d'Arnobe, qui enseignait à Sicca, et auteur,
d'après saint Jérôme, d'un Symposium. Cette
hypothèse, fondée sur des corrections purement
arbitraires , mérite à peine ime réfutation. Re-
marquons seulement que tous les manuscrits
s'accordent à représenter Symposius comme un
nom d'homme, que selon toute apparence le
Symposium de Lactance n'était pas un ouvrage
d'un genre burlesque, et que probablement
c'était un dialogue grave, semblable, pour le
plan, aux Symposia de Xénophon, de Platon,
de Plutarque et aux Saturnalia de Macrobe.
747
FIRMIANUS
Les JEnigmata furent publiés pour la pre-
mière fois avec les Dits des sept Sages de la
Grèce; Paris, 1553, in-8". Heumann en donna
une savante édition ( Hanovre , 1722 , in-8° ) ,
suivie de celle de Heynatz ; Francfort, 1775,
in-8°. La plus commode se trouve dans les Poet.
Lat. minores de Wernsdorf, vol. VI, p. ii,
p. 474, avec des Prolégomènes étendus. Les odes
ont été insérées dans la même collection ,
vol. III, p. 386, 389; vol. IV, part, m, p. 853;
vol. V, part, m, p. 1464.
Wernsdnrf, Prolegomena in Firmianum, dans les
Poei. Lut. min., yol. VI, part, n, p. 410.
FiRAiiccs MATERNCS ( Julius OU peut-être
Villïus ), astronome latin, vivait au commence-
ment du quatrième siècle de l'ère chrétienne.
Nous avons de lui un traité intitulé : Julii Fir-
micÀ M aterni junior is,Siculi V. C, Matheseos
Libri VIII. L'auteur, comme il nous l'apprend
lui-même, avait été avocat durant une partie
de sa vie , mais il avait quitté cette profession par
dégoût. L'ouvrage cité plus haut est une intro-
duction à l'astrologie judiciaire conformément
aux doctrines des Égyptiens et des Babyloniens,
telles qu'elles avaient été exposées par les maîtres
les plus renommés , parmi lesquels Firmicus cite
Petosiris, Necepso, Abraham et Orphée. Le
premier livre est principalement consacré à l'a-
pologie de l'étude ; le troisième , le quatrième
contiennent les définitions et les maximes de la
science, tandis que dans le reste" du livre les
puissances et les influences natales {apoteîes-
mata) des corps célestes dans leurs divers as-
pects et combinaisons sont pleinement dévelop-
pées; les horoscopes d'Œdipe, de Paris, d'Ho-
mère, de Platon, d'Archimède et de divers autres
personnages remarquables sont examinés comme
exemples à l'appui des propositions énoncées.
Firmicus commença probablement son œuvre
v^rs la fin du règne de Constantin le Grand,
puisque une éclipse solaire arrivée sous le con-
sulat d'Optatus et de Paulinus, en 334, est men-
tionnée comme un événement récent. Il paraît
aussi que son ouvrage ne fut pas publié tout à
la fois. Chaque livre est dédié à Manutius Lollia-
nus; et ce nom est précédé du titre de proconsul
dans la dédicace des quatre derniers seulement.
Si ce Lollianus est le FI. Lollianus qui figure
dans les Fastes avec FJ. Arbitio, en 355, il est
évident que les derniers livres de Firmicus sont
postérieurs à cette date.
' Bien qu'on puisse indiquer certains rapports
entre \sl' Mathesis de Firmicus et les Astroiio-
mica de Manilius , il est probable que Firmicus
ignorait même l'existence de ce poëme. En effet,
parlant des écrivains romains qui avaient traité ce
sujet , il cite seulement Cicéron et César Germa-
nicuS; traducteurs d'Aratus, et Fronton, qui avait
eu letort, ensuivant les Antiscia. d'Hipparque, de
supposer chez ses lecteurs un degré de connais-
sances scientifiques que fort peu possédaient.
L'auteur, dans la MMhesis, rappelle divers
— FIRMICUS 748
traités qu'il avait composés sur des sujets ana-
logues, entre autres une dissertation De Domino
Geniturse et Chronocr atone, adressée à son
ami Murinus, et une autre De Fine Vitœ; en
même temps il promet un supplément en douze
livres à sa Mathesis , une explication de la Mij-
riogenesis et une traduction du traité de Ne-
cepso sur la santé et la maladie. De tous ces ou-
vrages composés ou promis , il n'est rien venu
jusqu'à nous.
Firmicus Maternus fut publié pour la première
fois à Venise, 1497, in-fiol., par Biyilacqua, d'a-
près un manuscrit apporté de Gonstantinople en
Italie par Pe.scennius Franciscus Niger. Aide le
réimprima, Venise, 1499, in-foL, dans un vo-
lume contenant aussi Manilius, les Phénomènes
d'Aratus, en grec, avec les traductions de Ci-
céron , de César Germanicus et (J'Avienus , le
commentaire grec de Théon sur les Phénomèms,
etlaSp/ièredeProclusen grec, avec la traduction
latine de Linacer, collection réimprimé^ quatre
ans après sous la direction de Mazalis à Reggio
( dans le Piémont ). La dernière édition mention-
née par les bibliographes a été corrigée par
Pruckner; Bàle, 1551, ir^-fol., et publiée avec
le Quadripartitum , le Centiloquium et les
Inerrantium Stellarum Signijicationes , traT
duits du grec de Cl. Ptolémée; les A^tranomicct
de Manifius, et divers traités par d,es astrologues •
arabes et orientaux.
En 1562, Matthias FlacciuspubliaàStrasbpurg,
d'après un manuscrit de Minden, aujourd'hui
perdu, un traité intitulé : Julius Firmicus Ma-
ternus, V. G., De Errore profanarum Meligio-
num, ad Constantium et Constantem Augvs-
tos. Aucun écrivain ancien n'a fait mention de
cette pièce; elle ne contient aucun détail qui
puisse nous éclairer sur l'auteur. La supposition,
généralement admise, que cet auteur est le même
que l'astronome repose uniquement sur l'iden-
tité des noms ; plusieurs considérations la ren-
dent très-improbable : les Matheseos Libri ne
furent certainement ni cororjfiencés avant 334,
ni achevés ayant 355 ; et comme cet ouvrage té-
moigne manifestement de sentiments païens , on
ne voit pas comment l'auteur aurait en même
temps écrit contre le paganisme, par le D.e Er-
rore ne saurait être postérieur à 350 , puisqu'il
est dédié à l'empereur Constant, mpvt cette ap-
née même.
Le De Errore a moins pour but d'exposer les
dogmes de la vraie foi que de démqiitrer la
fausseté des différentes formes de la foi pi^ïen^^e
et d'indiquer les degrés par lesquels l'hqriime est
tombé de la connaissance du vrai Djeu d'abord
à la déification des forces dP la nature, puis à
l'apothéose des hommes mêmes. Dans toute cette
partie de son argumentation , Firmicus adopte ia
théorie d'Évhémère, qui depuis l'époque d'En-
nius avait exercé une grande influence sur l'es-
prit romain ; il conclut en exhortant les païens à
abandonner leur culte et ep pressant le§ empe-
749
FIBMICUS — FIRMIN
750
reurs de prendre les mesures les plus rigou-
reuses pour l'extippatioii de l'idolâtrie.
L'édition princeps est, camme nous l'avons dit,
de Strasbourg, t&62. Celle de Wower, Ham-
bourg, 16Q3, ifl'îô", a été longtemps tenue en
haute estime , mais elle a été bien surpassée par
celle de Miinter, Copenhague, 1826, in-8". Qn
trouve aussi ce traité à la suite de diverses édir
tions d'Arnobe , de saint Cyprien et dans la £i-
blïotheca Patrum de Galland , vol. V, p. 23.
Fabrieiljs, Bibliotli, Lç,t%na, ]\\, lU. — Hertz, 4)(S«erf,
de Julio Firmico Materna; Copenhague, 1817, iii-B", —
Baehr, Geachichte der rômiscken Citeratur, § 326. —
Weidl'er, Historia Astrônomise, p. 187. — Wàlch, De
F. Materna, dans les Comment Soc. Gœtting., t. I. —
Smith , Dictibnary of Greek and Roman Biogràphy.
F I RM I LIEN (Saint), théologien grec, ne en
Cappadoce, vers. 200 de l'ère chrétienne, mort
à Tarse , en 269. Il était évêque de Césarée dès
l'an 230. Il se trouva en cette qualité au concile
d'Icône, qui déclara qu'il fallait rebaptiser les
hérétiques, parce que tout baptême donné hors
de l'Église était nul. Il présida le concile d'An-
tioche j.tenu en 264 , contre Paul de Samosate.
Il résista aussi fortement au schisme de Nova-
tien , et montra beaucoup de courage pendant la
persécution de Dèce. Saint Firmilien, malgré son
opinion erronée sur le baptême des hérétiques ,
est regardé comme un des plus grands prélats
de son temps. Les Grecs célèbrent sa fête le
28 octobre; Baronius ne l'a pas mis dans son
martyrologe, S^int Firrnilien était en liaison avec
les chrétiens les plus éminents de cette époque,
tels que Ôrigènp, saint Cyprien, saint Denis
d'Alexandrie, Sfiint Qrégoire' de Néoçésarée, le
Thaumaturge. On a de lui une letjre parmi celles
de saint Cyj)rien sur le baptême des hérétiques.
Eusèbe, Hist. eccL, I. VII. — Théodoret, Hist. eccL,
1. II. — Tillemont, il/éwi. eçei-, t. IV. — Oom Ceillier,
Histoire des Jitfetirs sçiç-.fés fit pecfdsia^tiQues, t. III. —
Baillei, f'ies des .S'gjinfs, t. III, 28 octobfe.
FiRMir* (Saint), premier évêque d'Amiens
et martyr, né à Pampelime^ décapité à Amiens,
le 2.') septembre 287- ^1 ^"1 baptisé et instruit
dans la foi chrétienne par saint Honeste, prêtre
de Njmes et apôtre de la Navarre. Après l'avoir
gardé sept annéeg , celui-ci l'envoya vers saint
Honorât, évêque de Toulouse , quj l'ordonna prê-
tre et pjus tard évêquC; Firmin alla répandre l'É-
vangile daps l'Agénois , l'Auvergne, l'Anjou , en-
suite à Be^uyais età Amiens, où il opéra ungrand
nombre de conversions. Ses .succès attirèrent
l'atteption d'uji magistrat romain, Valerius Se-
bastianus, qui je lit emprisonner, puis décapiter.
Les actes de saint Firmin peuvent être du sixième
ou septième siècle. Ils renferment beaucoup de
particularités peil dignes de foi , et les jongs dis-
cours que l'on fait tenir à ceux qui parlent suffi.:
raient seuls pour les rendre suspects.
Gallia christiana nova, t. I, p. 3. — Histoire littér.
de la France, I, 80B, a.
FBRMIN ( Saint), dit le Confesseur, troisième
évêque d'Amiens, né dans cette ville, savait dans
la seconde mpitié du quatrième siècle. Il a sou-
vent été confondu avec le précédent, et, suivant
Moréri, <t sa yie n'est qu'une rhapsodie de faits in-
soutenables » . Voici ce que les hagiographes les
plps séiieux en rapportent. Il était fils deFaustia
ou Faustinien, l'uj) des magistrats romains de
Samarobriva (nom latin d'Amiens). Son père,
l'ayant fait baptiser par saint Firmiii, martyr,
premier éyêque d'Amiens , voulut qu'il portât le
nom de celui qui l'avait régénéré'. Vers 350 , il
succéda à Euloge sur le siège de sa ville natale,
g}, y {{emeuF^ environ quarante ans. On l'enterra
dans l'église de la Sainte- Vierge (dite aujour-
d'hui Saint- Acheul), qu'il avait fait construire.
Vers 555, saint Salve, évêque d'Amiens, exhuma
le corps de saint Firmin, et le transporta dans sa
cathédrale. Otger, autre évêque d'Amiens, céda,
en 893, une portion des ossements du saint à la
collégiale de Saint-Quentin. En 1714, les cha-
noines réguliers de Saint-Acheul prétendirent
posséder encore les reliques de saint Firmin le
Confesseur. Le 10 janvier 1715, l'évêque Pierre
Sabbatier procéda à l'ouverture solennelle de la
châsse qui se trouvait dans la cathédrale d'A-
miens; on y trouva une ancienne inscription sur
vélin portant ces mots : Hic sunt reliquiœ sancti
Firmini Confessons, et une autre : Pulvis sancti
Firmini Confessoris, avec un acte dressé par les
soins du cardinal légat Simon, signé et scellé
de l'archevêque de Rouen et des évêques d'A-
miens, de Bath, de Beauvais, d'Évreux et de
Langres. Cet acte était daté du quatorzième
jour des calendes de l'année 1279. L'évêque
d'Amiens fit dresser un procès -verbal de cette
vérification , et l'envoya à toutes les églises de
France, ordonnant en même temps aux religieux
de Saint-Acheul de faire disparaître les restes de
leur prétendu saint. Ces Pères en appelèrent
comme d'abus au parlement de Paris; mais ils
furent déboutés par un arrêt contradictoire du
4 février 1716. Cette procédure n'amena au sur-
plus aucune connaissance sur la vie et les actions
de saint Firmin. L'Église honore ce prélat le
l*"" septembre.
Suriu.s, Jeta Sanctnrum. — De Tillemont, Mémoires
pour l'histoire ecclésiastique, t. III. — Baillet, f^ies
des joints, t. III, 1'='' septemftre. — Moréri, Grand Dic-
tionnaire historique. — Abbé Godescard, f^ies des prin-
cipaux Saints, l" septembre. — Richard et Giraud
Sibl. sacrée.
FiR.Mm (Saint), évêque de Verdun, né à
Tout, mort en 502. Parent de saint Loup et de
saint Pulchronius, l'un et l'autre évêques de
Troyes, il succéda déjà âgé à saint Possessor
sur le siège épiscopal de Verdun. Il se distingua
par sa piété et sa' charité. Il ne put empêcher
ses administrés de se révolter contre Clovis, qui
bientôt s'avança pour soumettre la ville insurgée.
Le saint évêque conçut une telle frayeur à la vue
de l'armée des Francs, qu'il en mourut la nuit
môme. Enterré d'abord dans l'église des Saints-
Apôtres , son corps fut, en 950, transféré à l'ab-
baye de Flavigny, par les soins de Bérenger,
évêque de Verdun.
Gt'/tia Christ. — Dom Calmel, /fisf. de Lorraine
751
FIRMIN — FIRMUS
752
FIRMIN (Saint), évêque d'Uzès, né dans la
Gaule Narbonnaise, vers 510, mort en 553. De-
venu de bonne heure coadjuteur de son oncle Ro-
nce, évêque d'Uzès, il lui succéda , et s'acquitta
avec une rare vigilance de toutes les fonctions
pastorales. II assista aux conciles d'Orléans, 541,
549, et à celui de Paris, 551. Saint Firmin fut
un des quatre auteurs de la Vie de saint Cé-
saire d'Arles.
Baillet, f'ies des Saints, t. III, 11 octobre. — Dom Ri-
Tet, Hist. littér. de France, t. 111, p. S61.
FIRMIN ( Thomas ), philanthrope anglais , né
à Ipswich , dans le comté de Suffolck, en 1632,
mort en 1697. Il fut mis en apprentissage à
Londres , chez un marchand de linge , s'établit
ensuite pour son compte, et gagna une fortune
considérable. Il en fit un si bon usage que, malgré
ses opinions sociniennes , il s'acquit le respect
et l'estime de prélats éminents, Wilkins, Til-
lotson, Compton. En 1676, il établit une ma-
nufacture de linge pour eroplojer les artisans
qui manquaient d'ouvrage. Quelques années
plus tard , il en fonda une seconde en faveur
des protestants français réfugiés à Ipswich.
Firmin fut un des bienfaiteurs et des ad-
ministrateurs des hôpitaux du Christ et de Saint-
Thomas. Il n'y eut pas de son temps une œuvre
de charité publique à laquelle il ne voulût con-
tribuer. On a de lui : Some Proposais for the
employing of the poor, especially in and
aboutthe city ofLondon, and for the préven-
tion ofbegging ; Londres , 1678, in-4''.
Cornish, Life of Firmin. — Aikin, General Biography,
— Chalmers, General biographical Dictionary.
* FIRMIN ("**), acteur français, né à Paris,
vers 1790. Il suivit la carrière dramatique dès
son enfance. A treize ans, il se faisait déjà
applaudir au Théâtre des Jeunes Élèves, rue
de Thionville (aujourd'hui Dauphine). Lors-
qu'en 1807 un décret impérial réduisit à huit
le nombre des spectacles de Paris, M. Fir-
min entra au Théâtre de l'Impératrice (Odéon),
dirigé alors par Picard ; il y débuta dans les rôles
d'amoureux et de petits-maîtres. Son physique,
d'accord avec son emploi , une grande aisance
sur la scène , de la passion sans efforts , lui va-
lurent les succès les plus brillants. Appelé au
Théâtre-Français, il y débuta le 3 juillet 1811,
par les rôles de Séide , dans Mahomet, et de
Dormilly, dans Les fausses Confidences ; et
depuis lors il garda une place honorable parmi
les meilleurs acteurs de la scène française. Le
jeu de M. Firmin s'est toujours fait remarquer
par beaucoup de chaleur, de gaieté, de finesse et
de naturel. De nos jours personne n'a mieux
jûué que lui Auguste, dans L'Amour et la Raison ;
Lindor , dans Heureusement; Horace, dans
L'École des Femmes, les rôles du Menteur, de
L'Homme à bonnes fortunes, etc.; tous les amou-
reux de Marivaux. Dans le nouveau répertoire,
M. Firmin a montré également sa supériorité dans
Le Jeune Mari, Un Mariage sous Louis XV,
Mademoiselle de Belle-Isle, et seul il a pu
montrer aux spectateurs le personnage du duc
de Richelieu avec la courtoisie , la légèreté , l'es-
prit et la distinction convenables; enfin, dans Don
Juan d'Autriche. « Il était impossible, dit un
excellent critique, de donner à ce personnage une
physionomie plus vaillante , plus chevaleresque
et plus castillane que celle que M. Firmin avait
composée avec un art admirable. » M. Firmin a
quitté le Théâtre-Français le 6 décembre 1845.
Depuis lors il vit retiré, à sa campagne du
Coudray, près Corbeil. A. de L.
Eugène Brifiault, dans le Dictionnaire de la Conver-
sation. — Rabbe, Boisjolin, etc., Biographie universelle
et portative des Contemporains. — Documents parti-
culiers.
FiRM I US (Ca^Ms). Voy. Catus.
FiRMONT {Henri Essex-Edgeworth de).
Voy. Edgeworth.
* VYKmvs (Plotius), général romain, vivait
vers la lia du premier siècle de l'ère chrétienne.
Il fut l'ami dévoué d'Othon. Élevé du rang de
simple soldat aux grades de préposé aux vigiles
et de préfet du prétoire, il parvint, pendant une
insurrection des soldats , à réprimer la révolte
en s'adressant séparément à chaque compagnie et
en leur distribuant de larges sommes d'argent.
Après la bataille de Bédriaque , il supplia Othon
de reprendre courage et de ne pas abandonner
sa fidèle armée.
Tacite, Hist., I, 46, 82; 11, 46, 49.
FIRMUS {M.), un des petits tyrans (mi~
nusculi tyranni) qui s'élevèrent sous le règne
d'Aurélien, mis à mort vers 273. Il était origi-
naire de Séleucie, et acquit, probablement dans
le commerce , des richesses immenses. « Il avait,
dit Vopiscus, orné toute sa maison de glaces
carrées, qui étaient fixées aux murailles avec du
bitume et avec d'autres mastics , et il se vantait
d'avoir assez de colle et de papyrus pour entrete-
nir une armée du produit de ces marchandises (1).
Il avait formé une étroite alliance avec les Blé-
myes et les Sarrasins, Il envoya souvent des
vaisseaux faire le commerce aux Indes. » Lors-
que Zénobie, dont il était depuis longtemps l'ami
et l'allié , prit les armes contre les Romains ,
Firmus, pour faire une diversion en sa faveur,
se saisit d'Alexandrie. Cette rébellion futpromp-
tement réprimée parla vigueur et l'heureuse for-
tune d'Aurélien. Firmus, fait prisonnier, fut tué
par l'ordre de l'empereur. Voici le curieux por-
trait que Vopiscus trace de cet usurpateur.
« Firmus était d'une haute stature : il avait les
yeux saillants, les cheveux crépus, le visage
plein de cicatrices, le teint noirâtre, quoique le
reste du corps fût blanc. Il était si velu qu'on
l'appelait généralement le Cyclope. Il lui fallait
pour sa nourriture beaucoup de viande , et l'on
dit qu'il mangeaitdans un jour une autruche. II
buvait peu de vin et beaucoup d'eau. 11 avait une
(1) Le papier avait alors une grande valeur; il était
fait avec le papyrus d'Egypte , et il acquérait de la
force au moyen d'un encollage. A. F.-D.
753 FIRMUS — FISCHART
grande fermeté de caractère, et une telle force
754
corporelle qu'il l'emportait sur Tritanus, dont
parle Varron-Elius. Renversé sur le dos et le
corps appuyé sur les bras, il soutenait sur sa poi-
trine une enclume que l'on battait à coups redou-
blés. » Il existe une médaille avec cette légende.
AïT. M. «ï«iPMios Erre
Quelques écrivains supposent que cette médaille
appartient à l'usurpateur égyptien.
Vopiscns, Firmus. — Eckhel, Doct. Nutn., vol. Vil,
p. 496.
FIRMUS MAURUS, usurpateur mauritanien,
mort vers l'an 374 après J.-C. Fils d'un chef
nommé Nubel , il fit assassiner son frère Zamma,
et, craignant que les Romains ne le punissentrde
ce crime , il se révolta contre eux. Beaucoup de
soldats romains se joignirent à lui. Il s'empara
de Césarée ( aujourd'hui Alger ) , capitale de la
Mauritanie Césarienne , et se fit proclamer roi.
L'empereur Valentinien envoya contre lui Théo-
dose, un de ses meilleurs généraux. Firmus,
battu dans une première rencontre, demanda et
obtint la paix. II ne tarda pas à reprendre les
armes. Après avoir fatigué l'armée de Théo-
dose par une guerre d'escarmouches, il fut ré-
duit à fuir de tribu en tribu. Arrêté par Igmayen,
chef de la tribu des Isafliens , et craignant d'être
livré aux Romains , il s'étrangla dans sa prison.
Ammien Marcellin, 1. XXIX, 5. — Le Beau, Histoire du
Bas-Empire, 1. XVIII.
*FiRMCS, évêque de Césarée, mort l'an 439,
après avoir occupé ce siège pendant huit ans. Il
composa divers ouvrages, que le temps a dé-
truits, ne laissant parvenir jusqu'à nous que 45
lettres en grec ; elles ont été insérées avec traduc-
tion latine dans les Anecdota grmca de Mura-
tori et dans le recueil de Galland, Bibliotheca
graeco-latina veterum Patrum, t. IX, p. 499.
G. B.
Socrate, Hist. eceles., 1. Vil. — Fabrlcius, Biblioth.
Grseea. t. XIII, p. 78t.
FiROcrzABADi. Voy. Alfirouzabadi.
FISCH {Jean-Georges ), voyageur et pamphlé-
taire suisse, né à Aarau, en novembre 1758,
mort le 18 mai 1799. Il étudia dans sa ville na-
tale ; puis il s'appliqua au gymnase, de Berne , à
la philologie et à la théologie. En 1785 il se pré-
senta comme candidat aux fonctions de prédica-
teur ; il se rendit ensuite en France, où il séjourna
deux ans. Il visita aussi les villes importantes
de l'Allemagne. En 1791 il fut nommé professeur
de littérature ancienne à l'Institut politique de
Berne, et en 1794 il fut élu second pasteur par ses
concitoyens d' Aarau. En 1798 il renonça à l'état
ecclésiastique, et prit part aux grandes questions
politiques qui s'agitaient alors dans son pays. Il
se prononça pour les principes de liberté et d'é-
galité, fut d'abord sous-secrétaire du grand con-
seil de la République Helvétique, et au mois de
juillet de la même année il devint premier se-
crétaire au département de l'instruction publique
à Lucerne. En même temps il remplit les fonc-
tions de receveur général du canton d'Argovie.
Pendant qu'il siégeait au conseil d'instruction à
Aarau, il fit plusieurs motions destinées à accé-
lérer les progrès de l'enseignement. Fisch se donna
la mort sans qu'on ait su exactement pour quel
motif. On a de lui : Briefe ueber diesuedlichen
Provinzen von Frankreich in den Jahren
1786-1788 (Lettres sur les provinces méridio-
nales de la France dans les années 1786-1788) ;
Zurich, 1790; — Reise durch die suedlichen
Provinzen von Frankreich kurz vor dem
Aus bruche der Révolution (Voyage dans les
provinces méridionales delà France peu de temps
avant la révolution); ibid., 1795; — Auswahl
seiner Predigten ( Choix de Sermons ) ; Aarau,
1798.
Erscb et Gruber, Allg. Enc.
* FISCHABIR (Gottlieb-Christian-Frédéric),
philosophe allemand, né à Gœppingen, en 1779,
mort à Stutlgard, en 1829. Il professa la philoso-
phie et la littérature ancienne à Tubingue et à
Stuttgard ; zélé partisan des doctrines de Kant,
il les défendit contre Fichte, et publia entre
autres ouvrages : Bu principe et du problème
fondamental du système de Fichte; 1801;
— Manuel de Logique , 1818, etc. G. B.
Dictionnaire des Sciences philosophiques, t. Il, p. 414.
FISCHART (/eaw), appelé aussi Mentzer, cé-
lèbre satirique allemand, né vers l'année 1545, à
Mayence ou, selon d'autres , à Strasbourg , mort
à Forbach, en 1614. Il fut docteur en droit et avo-
cat au tribunal de la chambre impériale. Vers
1586 il était bailli à Forbach, près de Saarbruck.
Quant à ses ouvrages, conçus en partie en
prose, en partie en vers , ou bien encore com-
posés d'un mélange de vers et de prose , et qui
présentent tous des titres bizarres , il règne à cet
égard beaucoup d'obscurité. Fischart était iné-
puisable en saillies plaisantes , gaillardes , ingé-
nieuses, quelquefois équivoques et obscènes; il
connaissait parfaitement les travers de son siècle,
et savait sur quel ton il devait tantôt en rire et
s'en moquer, tantôt aussi les flageller sévère-
ment. Il traita la langue allemande avec une in-
croyable licence, forgea des expressions d'une
dimension telle que rarement on les pouvait pro-
noncer. Il imagina aussi des tours de phrases
non moins singuliers, sans s'inquiéter beaucoup
de l'analogie, mais en faisant voir, même dans
son néologisme fantasque, autant d'érudition que
d'esprit. On ne l'a jamais surpassé sous le rap-
port des termes burlesques et vraiment comi-
ques , et dans les écrits même les plus désor-
donnés de son fécond génie on voit surgir par-
tout une jovialité naturelle et un naïf sentiment
d'honnêteté et de justice. Voici les plus connus
de ces ouvrages, pubfiés de 1570 à 1590, et dont
un grand nombre, suivant l'habitude du temps,
sont dirigés contre la cour de Rome. On en
trouverait difficilement aujourd'hui une collec-
tion complète. D'abord une imitation libre du
premier livre du Gargantua de Rabelais, sous
755 FISCHARÏ
ce titre, difficile à traduire : Affentheurlich Rmt-
pengehoerliche GeschïchtkiiJterung (1552, et
dans ua autre idiome, 1575 ). On reconnaît dans
cet écrit, delà manière la pius frappante, toutes les
particularités du cai-actère et de l'esprit de l'au-
teur, telles que nous les avons mentionnées; —
IMs Glilckhafftsckiff von Zurich ( Le Fortuné
Navire de Zurich (1576) est un récit simple,
mais spirituel, du voyage de la bouillie au millet
que les habitants de Zurich (1) amenèrent toute
chaude à une fête des habitants de Strasbourg,
leurs amis et alliés. Cette composition en vers
fut publiée, d'après une copie fidèle, parHalling,
avec un commentaire de l'éditeur et une intro-
duction relative à l'Histoire des Francs-Archers
du poëteUhland (Tubingue, iS2S} ■, — Flœhhatz
Weihertratz, par Huldrich Elloposcleron
(d'abord sans date, puis public en 1572), aiitre
titre bizarre, à peu près intraduisible d'un
poëme rimé qui annonce une licence extrême.
Le fond de l'œuvre est le rapport ancien et in-
time qui existe entre la feqime et la puce ; —
Aller Praktik Grossmutter (La Grand'Mère
de toute Pratique) (1572); — Die zehn Aller
cler Weiber ( les Dix Ages de la Feinme ) ; —
Podagrammtisch Trosibuechlein ( Consola-
tions pour les Goutteux ( 1577 ); — J)as phi
losophisch Ehzxichtbuechlçin ( Pliilosophie de
la discipline conjugale) (1578); — Bienen-
korb des Heilig. liœmischen Imenschivarms
(La Euchc du saint Essaim de Rome), par Je-
suwall Pickhart (1579), dont le titre allemand
est up peu plus voilé : c'est une censure amère,
mais fondée, de la vie dissolue des ecclésiastiques
de son temj)S. — Dans le Gargantua de Fis-
chart , en trouve aussi des essais en hexamè-
tres allcniands, qu'on a cru fausserneilt avoir
été les premiers vers de ce mètre publiés daps
la langue de notre poète; ils sont riniés, et jeur
construction est fort arbitraire. — En regftrd de
ces productions empreintes d'une verve satirique,
il cqnvient de citer upe œuvre plus édifiante :
Psalmen nnd GeistUche Lieder ( Psaumes et
Cantiques ) ; Strasbourg, 1576.
De l'avis de Jean-Paul-Frédéric Richtcr, sous
le rapport du langage, des figures et de l'abon-
dance des idées, Fischftrt l'emporterait'de beau-
coup sur Rabelais , et il serait son égal pour
l'érudition et la création de locntions nouvelles
faite à la manière d'Aristophane. « Fischart, ajoute
.)ean-Paul, a reproduit plntôt que traduit Rabe-
lais, et ce fleuve charriant l'or mériterait bien de
rencontrer un habile homme qui, versé dans la
connaissance des langues et des mœurs, en sût
(1) Les Zurichois, voulant montrer à leurs alliés de
Strasljours oombicn il leur fautlriiit peu de lemps pour
accourir à leur secours en cas de besoin, envoyèrent à
un tir, auquel le magistrat de Strasbouig les avait invi-
tés, une députation quidesecndit le f\]iin dans la journée,
apportantdans leur bateau une chaudière qui renfermait
une bnpillie rie tnjllet encore toute cliaude a leur arrivée,
sans qu'on eût rien l'ait en route pour la récliauffer. On
conserve encore cette chaudière dans une salle de l'ar-,
senal de Strasbourg.
- FISCHER ' 756:
tirer le précieux métal. « Son cinquième chapitre
.sur le mariage est un chef-d'œuvre de descrip-
tion et d'observations sensuelles, description
chaste pourtant et naïvement franche, comme la
Bible et comme l'étaient nos ancêtres. La col-i
lection moderne la plus complète des œuvres de
Fischart a été en la possession du conseiller
Grégoire ftleusebach, dp ferlin, [\E}\c.. ^ç^ G- du
M., avec add.]
Ersch et Gr\iber,^llQ. Enc. — Conversat,-Lex.
FiscHBECK {Chrétien-Michel ), théologien
allemand, mort vers p37. I| fut rpcteur àLan-
gensalza, et professeur à Gotha en 1717. Ses
principaux ouvrages sont : Comv}mtatio de
prsecipuis Doctpribus ^çholx Arnstadiensis ;
Langensalza, 1710, in-3°;— Vitse ^phprornni
Langosalissensium;ibiA.,i7m,inr^ô;—Ethica
christiana; 1713; — Summqrimn Thealogise;
ib., 1715, in-8"; — Disputcido de magnis Lu-
theri in majestatevi Promeritis; Gqtha, 1717,
in-4« ; — Brevis EûcpMmatio Epistolœ Pauli ad
Romano.s;\\M.,i~!W, in-fi"; -^ Oormlius Ne-
pos ex sua recensione ; ibid., 1721, in-8"; —
Doctrina Monini; ibid., 1725, in-Sf; — He
Eruditis sinepietaie; ibid., sans date.
Adelung, suppi. i\ .Inpchçr, 4flq. r;e<,-/,ex.
FISCHER, nom cpmmiin ^ qn assez gra^d
nombre de personnages allen-janfls, classe's cIt
dessons par ordre chronologique.
FJSCHER D'ERLACH (Jean-Bemard), archi-
tecte allemand, né à Prague, en 1 650, ou à Vienne
selon quelques biographes, mort vers 1740. Il se
forma à Rome à l'école de Bernini, dont la plu-
part de ses œuvres portent l'empreinte. A son
retour en Allemagne (1696), il posa les fonde-
ments du château de Schœnbrunn, qu'il édifia à
l'entière satisfaction de la cour de Vienne. Sa
réputation s'accrut, et de nombreuses entreprises,
dont quelques-unes durent être continuées par
son fils, lui furent confiées. Parmi les édifices
construits sur ses plans , on doit rnentionnei-
ie palais du prince Eugène, dans lequel ce
grand capitaine reçut, en 1711, l'ambassadeur
de Turquie ; lepalais Batthijani; Véglise Saint-
Charles Borromée. Sauf quelques traces du
mauvais goût de son école, ses constructions
témoignent d'un talent fécond et réel.
Conversat.-Kex. — Nagler, Neucs Jllg.-KumU.-Lex.
FBSCHER {Joseph-Emmanuel), mécanicien
allemand, fils du précédent, né vers 1680, mort
vers 1740. Après avoir voyagé en Italie et en
Angleterre, il acheva plusieurs édifices commen-
cés par son père, et construisit en 1727 la pre-
mière macliine a vapeur destinée à la conduite
des eaux du jardin de Schwarzenberg. 11 fut
anobli par l'empereur Charles VI en 1731. Le
style des églises qu'il édifia est conçu dans le
genre rococo adopté par son père; mais l'or-
(tonnance de ses palais est supérieure et ne man-
que pas d'élégance.
Cpnversat.-.lex. — Magler. Weues ÂUg. Kunstl.-Lex.
wiscu^M {Jean-André), médecin allemand,
né à Erfurt, en 1667, moii dans la ni'yiio ville
757
en 1729. Il étudia la méelecine à Leipzig, sous
Paul Ammann, Jean Bohn et Thomasius. Reçu
docteur en 1691, il devint peu après médecin
pensionné de la ville d'Eisenach. Rappelé à Er-
furt en 1695, il y remplit, pendant près de
vingt années, la place dé professeur extraordi-
naire de médecine; en 1717 il remplaça Vesti
dans la chaire de pathologie et de médecine
légale, et devint doyen de la Faculté en 1719.
Dans la même année il fut nommé médecin et
conseiller de l'électeur de Mayence. Outre ua
grand nombre de dissertations, Fischer a laissé :
Consilia medica quee in usum praeticum et
forensem, pro scopo curandi et renunciandi
adornata 5M«#; Francfort, 1704-1712, 3 vol.
in-8°; — Ilias in mtce, séu Medicina sijnop-
tica medicinx conciliatrici subsecuturai prai-
missa; Erfurt, 1716, in-4'*; — Responsa prac-
tica; Leipzig, 1719, in-8°.
t,loy, Dici. hist. de la Médecine. — Biog. médicale.
FISCHER {Jean-Eberhard) ,h\&iox\&a, an-
tiquaire et voyageur allemand , né à Essling, en
1697, mort à êaint-Pétersbourg, le 24 septembre
1771. Après avoir fait ses études en Allemagne,
il se renditen Russie, et fut un des membres de
!a commission envoyée en 1739 dans le nord
des possessions russes asiatiques et jusqu'au
Kamtschatka pour rendre compte au gouverne-
ment de la situation de ces contrées au point de
vue de la topographie, de la géologie, de la miné-
ralogie, de l'ethnographie , etc. Gè voyage fut
tiès-profitable pour Fischer, qui y recueillit une
foule de documents consignés dans les livres que
nous citerons tout à l'heure. Le savant voyageur
revint à Saint-Pétersbourg en 1747, y professa
l'histoire et l'archéologie, se livra avec ardeur à
la rédaction de ses ouvrages, et mourut en 1771.
Il avait été nommé membre de l'Académie de
Saint-Pétersbourg. On a de lui : Sibirische
Geschichte von der Entdeckung Sïbiriens bis
mif die Eroberunq dièses Landes durch die
Russischen Waffen (Histoire de la Sibérie de-
puis la découverte de ce pays jusqu'à sa con-
quête par les Russes) ; Saint-Pétersbourg, 1768,
2 'vol. ïn-S". Ce travail ne fait pas honneur à
Fischer -. c'est un véritable plagiat au préjudice
de Mijller, dont l'ouvrage , encore manuscrit ,
lui était tombé entre les mains. Il fit précéder ce
résumé d'une introduction, où il émit au sujet
des Tartares des opinions hardies, mais qui ne
reposent pas sur une base solide. C'est là tou-
tefois la partie la plus remarquable de son li-
vre. Schlozer en a donné de longs extraits dans
le XXXI'' volume de son Histoire universelle ; —
Quxstiones Petropolilanae ; Gœttingue, 1770,
in-S", ouvrage composé de quatre dissertations où
il traite : de l'origine des Madgyai's ou Hongrois,
qu'il fait descendre des Yongres; des Tartares j
de leur nom ; des anciens Mongols et de leur
langue ; des différents noms de la Chine et des
titres que portent les empereurs chinois ; des
hyperboréens, et des questions oui se rattachent
FISCHER ' 758
à l'histoire et à l'origine de ces peuples. Fischer
publia aussi en allemand, dans le Calendrier
historique de Saint-Pétersbourg pour 1770, un
mémoire Sur la langue et Vorigine des Mol-
daves, et un autre sur VOrigine des Améri-
cains, 1771. La bibliothèque de Gœttingue
possède, en manuscrit, un Vocabulaire sibé-
rien dont Fischer lui avait fait hommage.
A. Bonne AU.
Backmeisterj Russische Biblioth. — Meuse!, l.exikon
der van Ja/ire , 1750-1800 , verstorbenen teutschen
Schrift si filer.
FISCHER {Jean- Bernard), médecin et po-
lygraphe allemand , né à Lubeck , le 28 juillet
1685, mort le 8 juillet 1779. Il étudia la médecine
à Halle, léna, Leyde, Amsterdam , puis il visita
la France et l'Angleterre. Revenu en Allemagne,
il alla exercer la iflédpeine à Riga, où j| devint,
ep 1735, président du cpljége méd!(ial. Efl 1736
rimpératrice Anne le choisit pour son rjiédecin,
je nomma archiâtre, et |ui confia la direction de
la médecine dans l'enipjre russe. Quelque tepips
après, l'empereur Charles VI lui expédia des
lettres de noblesse , et l'Académie des Cqrieux
de 1^ Nfitwre l'admit dans son sein. A l'avé-
nement d'Elisabeth, en 1740, Fischer dut céder
la direction suprême du service médical au fa-
vori Lestocq. Il se retira alors à Hinterbergen
en Livonie, ou il finit ses jours. Qn a de lui :
Hinterbergens allgemeine uiid eigene Win-
ter-und Sommerhist, etc. (les Agréments d'hi-
ver et d'été d'Hinterbergen, etc.), en vers ; Riga,
1745, 'm-^°; — Montan's zu Hinterbergen
Erklaerung des fidelsteins çim Kometen ,
dessen er in seineni 1745 zxi Riga gedruck-
ten Gedichte , Hinterbergens Winter-und
Somnierhfst genannt, Erwsehnung gethan
Uvlacndisches Landivlrthsclwftsbuch, etc.
( Livre de l'économie politique en Livonie, sup-
plément à l'oiivrage précédent , etc. ) ; Halle ,
1753, in-8°; — De Senio ejusque gradibus ,
et morhi^ , necnon de ejusdem acqulsitione
TractatxiSi Erfurt, 1754, in-S", avec une préface
de Buechner ; et 1760 avec des notes de Ranchin,
Flqyer, efc. ; —De Febre miliari, purpura ,
alba dicta, etc.; Riga, 1767, in-8°.
Gadebuscli, Liefl. liibl. ~ Biographie médicale.
FISCHER (Edmond-Rodophe) , érudit alle-
mand, né à Hasen-Preppach , le 28 novembre
1687, mort le l'""jnin 1776. Ilreçutde son père,
qui était prédicateur, sa première instruction.
Il continua ses études au gymnase de Cobourg
et à l'université de Wittemberg, et, après s'être
livré à la théologie, il fut chargé en 1717 de
suppléer son père. Dé 1721 à 1741, il fut succes-
sivement diacre, archidiacre et doyen. En 1758
il parvint à la dignité de général superintendant
(archevêque protestant) ; en même temps il de-
vint membre du conseil consistorial et profes-
seur au gymnase de Cobourg. On a de lui : De
(->£oSp6tJioi;, veteris Ecclesias légat is , in sancti
Ignatli Epistolam ad Polycarpum brevis
759
Commentatio, etc.; Cobourg, 1717;— Dos
Leben Ernst - Salomon Cyprian's, etc. (Vie
d'Ernest-Salbmon Cyprien, etc.) ; Leipzig, 1749;
— Vita Joannis Gerhardi, etc.; Leipzig, 1723
et 1727, sous cet autre titre, inaprimé à l'insu
de l'auteur : Historia ecclesiastica saeculi XII,
in vita Johannis Gerhardi , etc. ; — Voll-
staendiges Kirchenbuch , etc. (Livre complet
d'église, etc.); Cobourg, 1743, in-4°; — Rich-
tige Anweisung zum rechten Gebrauch des
kleinen Katechismus Luther's (La plus sûre
manière de se servir du petit catéchisme de
Luther); Cobourg, 1747; — De eligenda
inter christianos religione dissidentes sen-
tentia brevis Gonsultatio , etc.; Cobourg,
1734.
Ersch et Graber, Allg. Enc. — Sax., Onom. liter.
FISCHER (Daniel), médecin hongrois, né à
Kaesmark, le 9 novembre 1695, mort en 1745.
Il étudia la médecine à Wittemberg, et fut élevé
au doctorat en 1718. De retour dans sa ville
natale, il en devint le médecin pensionné, et ob-
tint peu après le titre de médecin de INicolas
Csacky, évêque de Gross-Wardein. En 1719, il
entra sous le nom de Cajtis à l'Académ^ie impé-
riale des Curieux de là Nature. « Depuis long-
temps, dit la Biographie médicale, on a oublié
les elixirs et poudres, décorés de noms pompeux,
dont il a surchargé la matière médicale. On con-
sulte même très-rarement ses ouvrages. » En
voici les titres : Tentamen pneumatologico-
physicum de mancipiis diaboli seu sagis ;
Wittemberg, 1716, in-4°; — Commentationes
physicx de calore atmospherico , non a
sole, sed a pyrite fervente deducendo ; Baut-
zen, 1722, in-4'>; — De Terra medicinali To-
kajiensi, a chimicis quibusdam pro solari
habita, Tractatus medico-chimicus ; Breslau,
1732, in-4o; — Epistolainvitatoria , eruditis
Pannoniee dicata, qua ad Acta eruditorum
Pannonica, res et eventus naturales, ac
morbos patrios exponentia , edenda perhu-
maniter invitantur ; Brieg, 1732, in-4°; —
De Remedio rusticano, variolas per balneum
primo aquae dulcis, post seri lactis, féliciter
curandi; Erfurt, 1745, in-4°. D'après Éloy,
« cette pièce appuie sur les bons principes. La
méthode d'employer le bain d'eau tiède avant
l'éruption de la petite vérole est adoptée par la
plupart des praticiens. »
Horanyl, Memoria Hungarorum et provincialiûm .
Éloy, Dict. hist de la Médecine. —Biog. médicale.
FISCHER. (Jean-Chrétien), polygraphé al-
lemand, né en 1708, à Groeben, mort le 21 mars
1793. Il étudia à léna, y devint maître es arts,
puis adjoint à la Faculté de philosophie. Il aban-
donna ensuite le professorat pour se faire li-
braire, et fut nommé conseiller de commerce.
Ses principaux ouvrages sont : Demonstratio
de obligatione hominis ad religionem na-
turalem et revelatam ; 1737; — Disputatio
de judicio phrasium stili romani, vulgo ne-
FISCHER
glecto ;lém, 1738, iû-4°;
760'
Panegyricus iri
Fridericum II, Borussix regem; ibid., 1740,
in-4° ; — Sarasse Ars semper gaudendi; léna,
1740, in-i" ; — JaniNicii Erythrœi Epistolae
ad Tyrrhenum et ad diversos; ibid., 1740,
in-i" ; — Jani Nicii Erythrœi Orat. XXII; Al-,
tenbourg, 1741, in-8°; — B. G. Struvii IntroA
diictio in notitiam rei litterariœ ; Francfort et
Leipzig, 1754, in-S" ;—Acta depositionis Wen-
ceslai ; 1754, in-4°; — Neueste Juristen-Biblio-
thek ( Nouvelle Bibliothèque du Jurisconsulte) ;
1775, in-8"; — Hellfeldi Opuscula et dis-
sertât, juris civilis privati; ibid., 1775, in-4°.
Meusel, Gel. Deutschl.
FISCHER ( Jean-Frédéric ), philologue alle-
mand, né à Cobourg, le 10 octobre 1726, mort
le 11 octobre 1799. Son père, qui était un savant
distingué, lui donna les premiers rudiments de
la science. Il étudia ensuite au gymnase de sa
ville natale. En 1744, il alla compléter ses études
à l'université de Leipzig, où il eut pour maîtres
Ernesti, Kapp, Winkler, Hebenstreit etKaest-
ner. Il débuta dans l'enseignement par le pré-
ceptorat. Reçu maître es arts en 1748, il fut
autorisé à prendre le titre de Docent ( répéti-
teur universitaire). En 1751 il devint co-rec-
teur à l'école Thomas en remplacement de Hiilse ;
en 1762 il fut nommé professeur agrégé, et en |
1767 il obtint le rectorat du Collège des Princes.
Sa profonde érudition le mit à même de rendre
de grands services dans l'enseignement. Les
ouvrages de ce savant sont nombreux, et por-
tent sur les littératures grecque et latine et sur
l'Écriture Sainte. Les œuvres de la première ca-
tégorie sont : JEschinis Socrattci Dialogi très,
in usum scholarum editi; Leipzig, 1753; —
Anacreontis Carmina; Leipzig, 1754 ; — Mœ-
ridis atticistse Aé^etç Arrtxwv xai ÏXXi^vtov ; ac-
cedit Timsei sophistee Lexicon, curavit nofas-
que suas adjecit et prse/atus est J.-Fr. F. ;
Leipzig, 1756; — Axiochus grœce rec. notis il-
lustravit indicemque verborum locupletissi-
mum cum H. Wolfii versions latina notis-
que uberioribus adjecit J.-Fr. F. ; Leipzig,
1788; — Paleephatus de incredïbilibus, ^um
animadversionibus et indice; Leipzig, 1761 et i
1777; — Platonis dialogi quatuor (Euty-
phro, Apologia, Crito, Phasdo), cum varietate
lectionis et animadversionibus criticis ; Leip-
zig, 1770 et 1783; — Platonis Cratylus et
Thesetetus, cum animadversionibus ; 1770;
— Dialogi très ( Sophista , Parmenides, Po-
liticus) grasce, animadversionibus criticis il-
lustrati ; 1776 ; — Rhetores selecti, Demetrius
Phalereus , Demetrius rhetor, Tiberius rhe-
tor, anonymus Alexandrinus iterum edi-
dit varietatemque editionis Aldinse adje-
cit J.-Fr. F.; Leipzig, 1773; — une édition des
Caractères de Théophraste ; Cobourg, 1763.
Cette édition, accompagnée de la réimpression des
notes de Casaubon, est un excellent index; —
Libellus animadversionum quibus Jac. Vel- ■
761 FISCHER
lerï grammatïca grxca emendatur,supplehir,
illiistratur ; 1798-1801, en 2 parties; continué
par Kûhncêl. On remarque dans cette continua-
tion un appendice intitulé : Vtilissïmse virorum
industrix ;—Aristophanis Plutus J.-Fr. F.;
Giessen, 1804 et 1805, 2 vol.; — Commentarius
in Xenophontis Cyropœdiam; 1803. Les prin-
cipaux travaux de Fischer sur la littérature latine
sont : une édition de Justin, avec des notes de
Grœvius et de J.-Fr. Gronov ; — Ovidii opéra
omnia, e rec. Nicolai Heinsii, cum ejusdem
notis integris; Leipzig, 1758 et 1773 ; — Florus;
1760 ; — Selectse e profanis scriptoribus His-
toriée; 1765 et 1784. Ses ouvrages sur l'Écriture
et les matières analogues sont : une édition de
la Clavis N. et V. T. de Chr. Stoch; 1752 et
1753 ; — une édition augmentée de /. Leusdenii
De dialectis JS. T., singulatim de ejus ebrais-
mis, Libellus, 1754 et 1792, avec le Commen-
lariolus de adagiis N. T. hebraicis de Vors-
tius ; — Georg. Pasoris Lexicon vianuale
N. T. emendatum et auctuni; 1755; — Cla-
vis reliquiarum versionum grascarum V. T.
Aquilas, Symmachi , Theodotionis ; 1758; —
fo. Vorstii De hebraismis N. T. Commenta-
rius, etc.; 1778; — Prolusiones de vitiis
lexicorum N. T.; ini-il'èQ; — Prolusiones
de versionibus greecis V. T. literarum he-
braicarum magistris ; 1772; — Prolusiones
quinque in quibus varii loci Ubrorum dïvi-
norum utriusque Testamenti eoi'umque ver-
iioninn veterum, maxime Grsecorum, expli-
caniur atque illustrantur ; Leipzig, 1779.
Fischer a composé en outre de nombreux pro-
grammes, parmi lesquels : De Joachimo Ca-
merario, grammatico pariter atque theologo
excellente; 1762, in-4°; — Oratiunculee octo
de virtutibus et ornamentis Ernesti PU at-
que Viti Ludovici Sequendorfii recitatse ;
Leipzig, 1777.
Vi^imoe\^Narratio de Joli.-Friderico Fischero. —
SchlichtegroU, Nehrolog auf das Jahr, 1799. — Harles,
Fitx philolog.
* FISCHER {Jacques- Benjamin), naturaliste
livonien, né à Riga, en 1730, mort le 6 juin 1793.
Il fut comptable à la Maison des Orphelins de
Riga, ce qui ne l'empêcha point de se livrer à
l'étude des sciences naturelles. Outre des ar-
ticles insérés dans la Lïvlaendische Bïbliothek
( Bibliothèque Livonienne) de Gadebusch, on a
de Fischer ; Versuch einer Naturgeschichte
von Livland (Essai d'une Histoire naturelle de
laLivonie); Leipzig, 1788, et Kœnigsberg, 1791,
avec add. La partie relative à l'art vétérinaire a
été traduite en russe; Moscou, 1774; — Abriss
eines neuen Syst€7ns ueber die menschliche
Natur (Abrégé d'un nouveau système sur la
nature humaine) ; Kœnigsberg, 1791.
Hupel, Nordische Miscellanen. — Meusel, Lex. der
vom J. 1750-1800 verstorbenen teutschen Sc/iriftstel-
ler. 111.
FISCHER {Chrétien-Gabriel), naturaUste al-
I lemand, mort en décembre 1751. Disciple de
762
Wolf, il fut entraîné dans les persécutions sus-
citées à son maître et obligé comme ce dernier
de quitter le pays, en 1725. Il se rendit alors à
Dantzig, y fit des cours, visita l'Italie, la France
et l'Angleterre, d'où enfin il revint à Kœnigs-
berg. On a de lui : Examen laboris menstfui
Theophili Amelii; Kœnigsberg, 1712; —
Qusestio philosophica an spiritus sintin loco;
ib., 1723, in-4''; — Notée et animadversiones
ad, Plinii Hist. natur., I, 9, c. 33, n. 52, de Con-
charum differentiis ; dans les Acta Erud.
1733; — Demonstratio solida de obligatione
hominis ad religionem et naturalem et re-
velatam; léna, 1736, in-8";— Vernim/tige
Gedanken von der Natur ( Pensées raisonna-
bles sur la nature).
Dunkel, Nachr., 11.
FISCHER ( Gottlob-Nathanael), philologue
allemand, né à Graba, près de Saalfeld, le 12
janvier 1748, mort le 20 mars 1800. 11 dut sa
première instruction à son père, pasteur à Saal-
feld , puis il étudia dans les écoles de sa ville
natale. A la mort de son père, en 1762, il fut re-
cueilli et instruit à Halle, dans la maison des
orphelins, et tels furent ses progrès qu'il put
compléter ses études à l'université dès 1766 et
entrer dans l'enseignement Tannée .suivante.
Lié avec Gleim, il obtint en 1775 le rectorat de
l'école Martin à Halberstadt. Depuis 1783 jus-
qu'à sa mort, il fut recteur de l'école de la ca-
thédrale. Outre de nombreux travaux philolo-
giques et diverses brochures insérées dans les
recueils du temps, et ayant surtout pour objet
l'améUoration de l'enseignement, on a de Fis-
cher : Olavides und Rochow; 1779; — Florile-
gium Latinum anni eerae christianae 1786;
Leipzig; — Freimiithige Briefe ûber das
Religionsvereinigungswesen (Lettres d'un li-
bre penseur sur la que.stion de l'unité reli-
gieuse); Leipzig, 1782, et Berlin, 1787.
Meusel, Lexih. der verstorbenen Schriftsteller. —
SchlichtegroU, Nehrolog, XI.
FISCHER {Frédéric -Christophe-Jonathan),
publiciste et historien allemand, né à Stuttgard,
en 1750 , mort en 1797. Il fut élevé dans sa ville
natale et à Tubingiie. Venu à Vienne en 1775, il
y remplit jusqu'en 1778 les fonctions de secré-
taire de la légation de Bade. En 1779, il fut
nommé professeur de droit public à l'université
de Halle, et garda cet emploi jusqu'à sa mort. Ses
principaux ouvrages sont : Versuch einer Ge-
schichie der deutschen Erbfolge (Essai d'une
histoire du droit de succession en Allemagne ) ;
Memmingen, 1778; — Die Erbfolgsgeschichte
unier Seïtenverwandten in Deulschland
(Histoire du droit de succession entre collaté-
raux en Allemagne); Leipzig, 1782; — Die
Erbfolgsgeschichte im Herzogthtim Baient
(Histoire du droit de succession en Bavière);
Leipzig, 1778-82; — Geschichte des Despotis-
mus in Deutschland { Histoire du Despotisme
en Allemagne); Halle, 1780; — Geschichte
7e3
FISCHER
Friedrich' s II Kœnig von Prenssen (Histoire
de Frédéric II, roi de Prusse); Halle, 1787 ; —
Geschichte des deutschen Handels ( Histoire
du Commerce allemand ) ; Hanovre, t791-97.
Conversat.-Lex.
FISCHER {Jean-Léonard), chirurgien alle-
mand, né à Culmbach^ le 19 mai 1760, mort le
8 mars 1763. Il étudia à Leipzig, y devint prosec-
teur, docteur, enfin professeur agrégé. En 1793
il fut appelé à professer l'anatomie à Kiel. On a
de lui : P.-Ch.-F. Werneri Vermium intesti-
7iaUum brevis Expositio, publié par cahiers
de 1786 à 1788; ouvrage dont Fischer a donné
la continuation; — Historia Teenise hydati-
gense in plexu choroideo nuper inventée}
Leipzig, 1789; — Descriptio anatomica Ner-
vorum himbaliwm, sacralium et extremi-
tatum inferiorum; Leipzig, 1791, in-fol, ;
— Aniveisung zur praktischen Zergliede-
rungskunst ( Méthode d'Anatomie pratique ) ;
Leipzig, 1793.
Ersch et Gruber, Allg. Enc.
FISCHER { Jean-Char les {), physicien et ma-
thématicien allemand, né à Altstisdt, le ii dé-
cembre 1760, mort le 22 mai 1833. Outre divers
ouvrages destinés à l'enseignement des mathé-
matiques, on a de lui : Physïkolisches Wœrter-
biich (Vocabulaire Physique) ; — Geschichte der
Physik seit der Wiederlierstellung der
Kuenste (Histoire de la Physique depuis la re-
naissance des arts); Leipzig, 1801-1808, 8 vol.;
— Abhandluïig von der Duengung ( Traité
des Engrais) ; Leipzig, 1803; — Grundriss der
gesammten Mathemaiik ( Princiioes de l'En-
semble des Sciences mathématiques ) j Leipzig ,
j 807-09.
Ersch et Gruber, AlUj.Enc.
FISCHER {Gotthelf- Auguste), mathémati-
cien allemand, né à Okrylla, le 28 août 1763,
mort le 8 février 1832. En 1779 il entra comme
sous-canonnier dans l'artillerie saxonne. Déjà
versé dans les sciences mathématiflues, il devint
bientôt sous-officier, et fut autorisé à suivre les
cours de l'école d'artillerie. Quatre ans plus tard
il fut nommé artificier. Il continua alors ses
études, et se lia avec le major Lehmann, qui
l'encouragea à se livrer aux mathématiques ap-
pliquées. Fischer se retira du service militaire en
1794, et devint professeur à l'École des Pages de
Dresde. En 1815 il professa à l'École des Cadets
du royaume de Saxe, et en 1818 à l'École d'Ar-
chitecture dépendante de l'Académie des Arts de
Dresde. A cet enseignement il joignit ensuite
celiii des mathématiques à l'Institut polytech-
nique, fondé en 1828. Ses ouvrages sont: Samm-
lung der vorzueglichsten im Forstivesen vor-
kommenden Rechnungsaufgaben (Recueil des
principaux problèmes de calcul qui se présen-
tent en matière forestière) ; Pirna, 1805 ; —Bas
Kopfrechnen, axij phijsikalische , militairis-
che, etc., Gegenstaende angewandt {LeCal-
cul de Tête appliqué à des sujets physiques ,
militaires, etc.); Dresde, 1808 et 1812;-^:
Zahlenrechmtng {Anthmétu\ue) ; ib., 1826; — -
Buchstabenrechnimg (Algèbre); ib., 1823; —
Constriiirende Géométrie ( Géométrie des Cons-
tructions) ; 1825; — Rechnende Géométrie
(Géométrie numérale); 1826; — Krumnb-
linige Géométrie (Géométrie des Courbes)}
1828 ; -a- Anfangsgruende der Siatik und der
Dynamik /ester Koerper ( Principes élémen-
taires de la Statique et de la Dynamique des
corps solides); Dresde, 1822; — Anfangs-
gruende der Hydrostatih und Hydraulih
( Principes élémentaires d'Hydraulique et d'Hy-
drostatiqiie ) ; ibid., 1824.
Ersch et Gruber, Allg. Enc.
FîsCHER {Chrétien- Auguste), littérateur alle-
mand j né à Leipzig^ le29aoûtl771,mortàMayeil-
ce, le 14 avril 1829. De 1792 à 1798, i! Visita pouf
des affaires de commerce la Suisse, l'Italie, la
France, l'Espagne , la Hollande et la Russie d'Eu-
rope. Revenu en Allemagne , il entra dans M
carrière de l'enseignement, et fut nommé eH
1814 professeur de belles-lettres à Wiirtzbourg,
Une brochure publiée sôus le pseudonyme de
Félix de FroelichsheiMf et intitulée : Katzen-
sprung von Frankfurt 7iach Mûnchen (Saut
de chat de Francfort à Munich), Leipzig, 1821,
dans laquelle ii attaquait l'administratioit ba-
varoise , le fit incarcérer pendant trois ans*
Rendu à la liberté en 1824 ,■ il se retira à
Francfort,- puis à Mayence, où il mourut. Ses
principaux ouvragés sont : Reise von Amster-
dam uebër Madrid und Cadix nach Genua
(Voyage^ par Madrid et Cadix, d'Amsterdairi
à Gênes); Berlin, 1799; — Gemaelde von
Madrid (Tableaux de Madrid); Berlin, 1802 j>
— Geiilaelde von Valence (Tableaux empruntés
à la ville de Valence ), d'après Cavanilles;
Leipzig, 1803; — Gemaelde von Spànien
{ Tableaux de l'Espagne), d'après Laborde;
1809-10; — Bergreisen (Voyages dans les mon-
tagttës) ; Leipzig, 1 804 ; — Reise nach Blontpel-
lier (Voyage à Montpellier); Leipzig, 1805; —
Reise nach Hyeres (Voyage à Hyères) ; Leipzig,
1 806 ; — Allgeméîjié unterhalteiide Èibliothek
{ Bibliothèque universelle et récréa;! ive ) ; Ber-
lin , 1806-1808; — Gemaelde von BrasilieH
(Tableaux du Brésil); Pesth, IS19.
Conversai.- Lexik.
FISCHER {Gotthelf) , médecin, chîiihisfe et
bibliographe allemand, né à Waldheim, îê 15 oc-
tobre 1771. Il professa d'abord l'histoire natu-
relle à Mayence, fut reçu docteur en médecine È
l'université de Leipzig, et devint professeur d'bis-
toire naturelle etdirecteurdu Muséum deMoscoii.
Parmi ses écrits, assez nombreux, on remarque :
Versuch ueber die Schvnmmblase der Fls-
che,' aie. (Essai sur la vessie natatoire des pots'-
sons); Leipzig, 1795, in-8^. Dans cet ouvrage,
Fischer constate le mélange de l'azote avec l'oxy-
gène et l'acide carbonique dans la vessie nata-
toire des poissons ; — Ueber die verschiedene
7 (-.5
FISCHER — FJSHER
766
Form des Intermcixillarhnochens in verschie-
denen Thieren (Des diverses formes dé l'os in-
termaxillaire dans les animaux); Leipzig, 1800,
■in-S"; — Beschreibting eïnïger typographis-
chen Seltenheiten , nebst Beytrxgen %.ur Er-
ifindungsgeschichte der Buchdruckerkunst
(Description de quelques raretés typographiques,
avec des mémoires pour servir à l'histoire de
l'art de l'imprimerie); Mayence et Nuremberg,
1800-1804; — ^ Mémoire poitr servir dHntro-
'duetion à un ouvrage sur la respiration des
rniimaux, contenant la bibliographie; suivi
(le quelques remarques sur les milieux des
vers intestinaux , et en particulier sur le cys-
tidicola farionis; Paris, J798, in-8°; — Èssdi
ratr les momiments ttjpographi^ues de Jean
Gutlenberg , Maijençais , inventeur de Vim-
primerie; Mayence , 1802, ih-4°;— Dûs JSd-
lional-Miiseum der Natûrgeschichte zu Paris,
von seineni erstën Tjrspnifige bis zu seinem
jetzigen ëlanze gescMldert ( Le Muséum
d'Histoire iiâttlfellë de Paris dëpeiflt depiiis son
origine jusqu'à son état de splendeur actuel j ;
Francfort-sur-le-Mein , 1803, 1 vol. m-8°; —
\Notice du premier monument typographique
en caractères mobiles avec date connue jus-
qu'à ce jour; Mayence, 1804 , in-4°; — Lettre
au citoyen E. Geoffroy sur une nouvelle es-
pèce de loris j accompagnée de la description
d'un crdniomètre de nouvelle invention;
Mayence, 1804,in-4°; — Anatomie der Maki
und der ihnen verwandten Thiere (Anatomie
des Makis et des animaux qui sont parents de
cette espèce ) ; Francfort , i 804 , in-4° ; — Ver-
such die Papierzeichen als Kennzeichen der
Alterthumskunde anzuv>enden (Essai sur ia
manière de reconnaître aux marques du papier des
livres l'ancienneté de leur impression); Nurem-
berg, 1804, in-8"; — Muséum d'Histoire natu-
relle de l'Université impériale de Moscou, mis
en ordre et décrit; Moscou, 1806, in-4'^; — Ca-
talogue systématique des livres de la biblio-
thèque de Paul de Demidoff; Moscou, 1806,
in-4" ; — une traduclion allemande des Apho-
ismes sur la physiologie chimique des plantes
deHumboldt; Leipzig, 1794, in-8°; — une tra-
iction des deux premiers volumes des Leçons
d\4natomie comparée par Cuvier ; Brunswick ,
1801-1804, in-S".
Biographie médicale^
* PISBN {Barthélémy ) , historien belge, né
il Liège i en 1591, mort datis la même ville, le
26 juin 1649. Il enti'a dans la Société de Jésus en
1610, fut professeur des classes élémentaires,
[luis de rhétorique, devint successivement i-ec-
teùf des collèges d'Hesdid, de Dinant et de Lille,
et enfin directeur des jésuites qui faisaient leur
troisième épreuve, ou leur second noviciat. Fisen
était profondément versé dans l'histoire des an-
tiquités de la Belgique , et surtout de la princi-
pauté de Liège. Ses principaux ouvrages sont :
>iancta Legia, Roman œE ce lesia filiu, sive his-
ioria Ecclesiae Leodiensis ; Liège, 1642, in-fol.'
2* édit., ibid., 1696, in-fol., sous le titre suivant :
Sancta Legia, Romanee Ecclesiae filia, sivehis-
ioriarum Ecclesise Leodiensis partes duse ,
quarum prima ab ipso auctore aucta fuit
atque recognita, et secunda nunc primurii
in lucem prodita ; — Flores Ecclesiœ Leodien-
sis , sive vïtx vel elogia sanctorum et alio-
runi qui illustriori virtute hanc diœcesim
exornarunt ; LiWe , 1647, in-fol. (dédié à Guil-
laume de Lamboy, maréchal de l'Empire). Cet
ouvrage contient des hstes des abbés et abbesses
de tous les monastères du diocèse de Liège. Fi-
sen est impartial, mais ses écrits sont entière-
ment dépourvus de critique. E. Regnard.
Moréri, Dict. hlst- — Paquot, Mémoires. — Comte de
Becdeliévre-Hamal, Biographie Liégeoise.
* FISEN (Englebert), peintre belge, né à
Liège, en 1655, mort dans la même ville, en
1733. Élève de Bertholet, il fit le voyage d'Ita-
lie. Aussi ses premiers et ses plus beaux ta-
bleaux sont-ils exécutés dans la manière ita-
lienne. On cite de lui Le Christ en croix avec
la Vierge, saint Jean et la Madeleine, dans
l'église paroissiale de ce nom, à Liège , et la
Descente de la Croix, dans l'église collégiale
d'Ama.
Becdelièvre-Hamal, Biographie Liégeoise.
FISHËK (Jean), prélat anglais , né à Bever-
Isy, en 1459, mort le 22 juin 1535. Tl fut élève
à Beverley, et compléta ses études à Cambridge;
Après avoir rempli diverses fonctions dans l'en-
seignement, il entra dans les ordres. Sa réputa-
tion de science et de vertu lui valut d'abord lai
place de chapelain de Marguerite, comtesse de
Richemond , mère de Henri vu , sur l'esprit de
laquelle il acquit une grande influence. En 1501
il fut nommé chancelier de .l'université de Cam-
bridge, et en 1502 il obtint le titre de premier
professeur de théologie. Appelé en 1504 à l'é-
vêché de Rochester, il ne voulut plus entendre à
aucune proposition de changement de diocèse.
li appelait l'église de Rochester « sa femme,-
une bonne vieille femme , qu'il se garderait bien
d'échanger contre une plus riche ». Ce prélat
fit une vive opposition aux doctrines de Luther
et de ses partisans, il ne s'éleva pas moins contre
Henri VIII lorsque ce monarque sans frein vou-
lut divorcer d'avec Catherine d'Aragon et se
faire déclarer chef suprême de l'Église. Fisher
se prononça pour la validité du mariage , et en
1529 il défendit la reine accusée devant Wol-
sey et Canipeggio. Malheureusement il manqua
de prudence lors des prétendues visions d'Eli-
sabeth Barton, dite la jeune fille de Kent, et
s'attira dès lors des persécutions. Aussi, lorsque,
en 1534, un acte à'attainder fut lancé contre
Elisabeth Barton et ses complices, Fisher fut
enveloppé dans l'accusation ; il échappa cette
fois. Quand ensuite il fut question de prêter ser-
ment au roi comme chef de l'Église, Kisher s'y
refusa formellement. II fut conduit alors à la
767
FISHER — FITCH
7Gf
Tour par ordre de Henri VIII; ses revenus épis-
copaux furent saisis. C'est à peine si on lui
laissa un vêtement (old rags) pour se couvrir.
Une telle rigueur exaspéra le parti catholique,
tandis qu'elle réjouissait les protestants, que
Fisher avait malmenés. Pendant qu'il était en
prison , il reçut du pape le chapeau de cardinal.
Malgré sa protestation qu'il n'était pour rien dans
cette faveur non sollicitée par lui , le roi lui en
fit un grief. « Ah ! dit-il , on a envoyé à Fisher le
chapeau de cardinal; eh bien, je ne lui laisserai
pas la tête pour s'en coiffer. « Le tyran tint pa-
role. Le 17 juin 1535, Fisher fut appelé à se
justifier. Un tribunal composé du lord-chance-
lier, du duc de Suffolk et de quelques autres,
le déclara coupable, et le condamna au sup-
plice des traîtres. En vertu de cette sentence, il
fut décapité cinq jours après avoir été mis en
accusation. On a de Fisher : Defence of the
King of England's Assertion of the catholic
faïth against M. Luther's Of the Captivity
of Babylon ; — Defence of the holy order of
Priesthood, against Martin Luther; — His
Opinion of King Henri VIII's Marriage in
a Letter to T. Wolsey, dans la Collection of
Ricords. V. R.
Burnet, Hist. of the Befor., I. — Biog. brit.
FISHER {Marie), missionnaire anglaise delà
secte des quakers , vivait au dix-septième siècle.
Elle conçut le dessein bizarre de convertir le sul-
tan aux dogmes des quakers. Après avoir sur-
monté les plus grands obstacles, elle arriva à
Constantinople, et parvint jusqu'au sultan Ma-
homet IV. Celui-ci la prit pour une folle ; et comme
les Turcs ont un respect religieux pour les mal-
heureux atteints de démence, il ne s'offensa pas
de la hardiesse de ses paroles , et se contenta de
la renvoyer en Angleterre. Elle y fut accueillie avec
enthousiasme par les quakers, et épousa Guil-
laume Barlee, un de leurs principaux prédicateurs.
Le p. Catrou, Histoire du Fanatisme, 1. III.
"FISQCET {Honoré-Jean-Pien-e), biographe
français, né à Montpellier, le 16 juin 1818, d'une
ancienne famille établie depuis longtemps en
Languedoc. Après avoir professé pendant deux
années au collège de Bernay (Eure), il aban-
donna, en 1840, la carrière universitaire, et, cé-
dant à ses goûts de voyage, parcourut successi-
vement , dans un but d'instruction , la France ,
l'Angleterre, l'ItaUe, l'Algérie, etc. A son retour,
il travailla à divers journaux et recueils pério-
diques , tels que la Gazette de France , L'Au-
dience, La Nation, la Gazette de la Jeunesse,
l'Encyclopédie du dise-neuvième siècle, etc. On
a de lui : Ode à la France sur le retour des
cendres de Napoléon ; 1840 , in-8° ; — Histoire
de l'Algérie depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours , publiée d'après les écrits
et les documents les plus officiels ; Paris, 1842,
in-8°, avec estampes; — Biographie des Mem-
bres du Gouvernement provisoire ( 24 février
1848 ) ; in-12 ; — Histoire descriptive et archéo-
logique de Notre-Dame de Paris; 1855, in-8° ;
— La France pontificale ou histoire chrono-
logique et biographique des évêques qui ont
gouverné les diocèses de France, depuis l'éta-
blissement du christianisme jusqu'à nos jours,
extraite de la Gailia christiana et des ouvrages
des pères Longueval, Mabiiion, des Bénédic-
tins, etc.; 4 volumes in-8° ; — Biographie des
Hommes célèbres du département de l'Hé-
rault, œuvre inédite. Enfin M. Fisquet a com-
posé , seul ou en collaboration , plusieurs pièces
de théâtre, dont une entre autres a pour titre :
La Préface de Tartuffe (1845)*
Supplément à La France littéraire. — Renseignements
particuliers.
FissiRAGA, prince de Lodi, mort vers 1311.
Sa famille avait été pendant longtemps à la tête
du parti guelfe de Lodi. Lui-même en devint
seigneur au commencement du quatorzième
siècle , et fut confirmé dans cette souveraineté
par l'empereur Henri VII. Il se déclara ensuite
contre ce prince , tomba en son pouvoir, et mou-
rut prisonnier.
Alb. Mussato, Historia Augusta, 1. V. — Giov. Vil-
lani, I. IX.
FISTENPORT (/ean), chroniqueur allemand,
natif de Mayence , moine de l'ordre du Saint-
Sépulcre, continua la chronique entreprise par
Hermann Gigas, et la conduisit de l'an 1352 à
l'an 1421, en s'attachant surtout aux événements
survenus en Allemagne. Ce travail a été inséré
dans le recueil de Hahn, Collectio Monumento-
rum veterum, 1726, 1. 1, p. 397 et suiv. G. B.
Documents inédits.
FITCH (Ralph), l'un des premiers voyageurs
anglais dans les Indes, vivait en 1591. Il était
négociant à Londres , et trafiquait avec les pro-
duits orientaux. Ébloui par les récits de Drake ,
de Cavendish , de Stevens , il forma le projet
d'augmenter sa fortune en puisant aux sources
mêmes de la production. Il exposa au gouver-
nement britannique de quel avantage seraient
pour la nation anglaise des relations liées direc-
tement avec les peuples de l'Asie centrale, et il
obtint de la reine Elisabeth deux missives adres-
sées, l'une à l'empereur de la Chine Chin-
Tsoung, l'autre au grand mogol Akbar, désigné
dans la lettre royale sous le nom de Zelabdim
Echebar, roi de Cambaya. La reine y sollicitait
les bonnes grâces des deux monarques asia-
tiques en faveur de ses sujets , promettant une
protection réciproque. Muni de ces recomman-
dations, Fitch détermina John Newberry et
quelques autres artistes ou négociants à tenter la
même fortune que lui. Les aventuriers s'embar-
quèrent en janvier 1583, et prirent terre à Tri-
poli de Syrie. Ils gagnèrent Alep , traversèrent
la Mésopotamie , s'arrêtèrent à Bagdad , et des-
cendant le Tigre arrivèrent à Bassora. Après un
court séjour dans cette grande et commerçante
cité, ils reprirent leur navigation, entrèrent dans
le golfe Persique, et, côtoyant les provinces per-
sanes du Kouzistan , du Farsistan et du La-
789
ristan, atterrirent à Ormuz (1). On leur permit
d'abord de négocier librement et d'ouvrir des
magasins; mais les marchands européens déjà
éfabiis dans le pays ne tardèrent pas a les jalou-
ser, et l'un d'eux, l'Italien Michael Stropène, les
dénonça comme hérétiques aux agents du saint-
office (2). Les jésuites s'offrirent pour convertir
les nouveaux arrivants ; mais, doutant du suc-
cès de leurs démarches ,' ils firent arrêter Fitch
et ses associés , confisquèrent leurs marchan-
dises, et envoyèrent les prisonniers devant le
tribunal inquisitorial de Goa. Après un mois de
captivité, les Anglais s'étant déclarés catholiques,
il furent rendus à la liberté par l'intervention de
van Linschoten et de quelques autres Hollandais.
Ils durent néanmoins, par une forte rançon, in-
demniser les Pères de la Compagnie deJésus des
soins donnés au salut de leurs âmes ; et pour
qu'ils ne fussent pas tentés de retomber dans
l'hérésie, les autorités inquisitoriales leur firent
déposer une caution personnelle de 2,000 par-
dâos. Malgré ces rudes échecs, Fitch et Newberry
ouvrirent un bazar dans l'une des principales
rues, de la ville. A force d'activité et d'intelli-
gence , ils réalisèrent rapidement de beaux bé-
néfices; mais , inquiétés sans cesse par les mem-
bres du saint- office, menacés d'être réduits en
esclavage ou d'être soumis à l'estrapade lorsqu'ils
ne pouvaient faire de ruineux cadeaux , ils con-
vertirent secrètement leurs marchandises contre
des perles, et le 5 avril 1585 s'enfuirent de Goa.
Pénétrant dans l'intérieur de l'Inde, ils pas-
sèrent par Belgaum, où se faisait alors un grand
commerce de diamants , et de là se rendirent à
Visapour (3). Dans cette ville Fitch, dont nous
suivons le récit, vit l'idolâtrie indienne déployant
tontes ses splendeurs ; les forêts voisines de
Visapour étaient remplies d'un nombre immense
de temples consacrés à des idoles. Le narra-
teur fut frappé de la majesté des éléphants de
guerre, de l'abondance de l'or, de l'argent, des
pierreries. De Visapour, Fitch se rendit à Gol-
conde, qu'il décrit comme une grande et
agréable ville , dont les maisons sont bâties de
bois et de briques, au milieu d'un pays fertileen
fruits délicieux et dans le voisinage de mines de
diamants admirablement riches. Il se dirigea en-
suite au nord ,pénétra dans le Deccan, et visita Bar-
hampour (Bourânpour), capitale du Candeish (4).
Il représente ce pays comme extraordinaire-
ment fertile et populeux , bien que les maisons
n'y soient bâties que de terre et de feuillage. Un
orage diluvien en enleva une grande quantité
pendant le séjour de Fitch, et lui-même cou-
;]) Ou Orniouz, lie située à l'entrée du «olfe Perslque.
C'est l"Ap(Jl.6(^£ia d'Arrien {Jndic, XXXII1,2). Elle était
depuis 1507 sous la domination portugaise.
i) Gna étnit depuis IStO au pouvoir des Portugais.
L'inquisition n'avait pas tardé à y établir un tribunal.
(S) L'une des plus grandes villes de l'Hindoustan, et
alors capitale d'un royaume qui portait son nom. On
l'appela aussi Rpjapoor, lieydjapour et Visiapour.
(4) Kliandesh ou mieux Khandeych {pays du khan ou
pays bas).
ynm. T'.ioan. t.i^nép. — t. xvii.
FITCH 770
rut le double danger d'être écrasé ou noyé. Les
coutumes matrimoniales des Indous arrachent
des exclamations au voyageur anglais , lorsqu'il
voit des garçons de huit à dix ans être unis à des
filles de cinq à six , il décrit avec étonnement la
pompe qui se déploie dans ces occasions. Fitch
passa ensuite à Mandô (1) , autrefois Chadi-
Abad, ancienne capitale des KhilUghis, souverains
mahométans du Maloua ( Malvah ), pendant
les treizième et quatorzième sièxles. Les ruines
de cette ville couvraient une circonférence de
vingt-et-un milles. La forteresse, contenant en-
core de très-beaux monuments, était construite
sur un rocher à pic et fort élevé ; elle avait ré-
sisté durant douze années à l'empereur mogol
Houmaïoun, qui s'en était emparé en 1534. Fitch
se rendit à Agra, grande et populeuse cité, qu'il
trouve supérieure à Londres pour ses larges et
belles rues , et ses maisons bien bâties en
pierre. L'empereur Akbar, dit le Grand , rési-
dait alors à Fatipour, ville encore plus grande,
mais moins belle qu'Agra ; la distance qui sé-
parait ces deux grandes cités ressemblait à un
champ de foire. Un des compagnons de Fitch ,
le joaillier William Leader, resta au service
d'Akbar, qui lui donna une maison , \m cheval ,
cinq esclaves et un traitement fixe; précédem-
ment un autre Anglais , peintre de profession ,
avait accepté les propositions des jésuites, et
était demeuré à Goa. La petite caravage n'en con-
tinua pas moins ses jférégrinations , et , suivant
le cours de la Djemnah, se rendit à Allah-Abad,
que Fitch désigne improprement sous le nom de
Pragi (corruption du mot deprayaga, par lequel
on désigne les confluents sacrés des fleuves).
C'était alors l'entrepôt commercial des royaumes
d'Aoude , de Dekkan , du Bendeikend et du Bo-
glekend. Les voyageurs descendirent le Gange
jusqu'à Benarès (2), et leur admiration n'eut plus
de bornes envoyant les merveilles de cette capitale
du commerce et de la superstition indoue. Fitcii
assista au sacrifice des femmes qui se brûlaient sur
les tombeaux de leurs maris, « à défaut de quoi,
dit-il , on leur rase la tête, et elles sont désho-
norées à jamais «; Les Indiens ne lui parurent
pas pousser loin la science médicale. Lors-
qu'une personne tombait malade , on lui faisait
passer la nuit devant une idole ; et si le lende-
main il n'y avait pas de signe de guéri son , ses
parents s'assemblaient autour dumalade ; puis, et
poussant de grands cris, ils le portaient au bord
du fleuve , construisaient un léger radeau de ro-
seaux, et l'abandonnaient au courant sur cette
barque fragile.
De Bénarès, Fitch se rendit à Patna, jadis
capitale d'un royaume indépendant , et qui ve-
nait d'être conquise par Akbar. C'était une très-
grande ville ; mais ses maisons n'étaient bâties que
de terre et de paille. Le pays était infesté de voleurs
nomades, dont les Anglais eurent plusieurs fois
(1) Mandou, Mondou, Mandow ou IVUindoo.
(2) Nommée aussi Casi ou Cacliy.
2r,
77î
FITCIÏ — FITZ-GERALD
772
l'occasion de déjouer les mauvais desseins. Ils
gagnèrent le Bengale, et s'arrêtèrent à Tânda
(Taunda) , autre conquête d'Akbar, dans le
Goudjérate. Fitcli s'en écarta pour faire une ex-
cursion au nord, dans un pays qu'il nomme le
Couche, et qui doit être !e Boutan ( Bootan ) , ter-
ritoire peu connu et hérissé de montagnes très-éle-
Yées, formant un des contre-forts de l'Himalaya.
Il ti'ouva ce pays si humide que certains districts
étaient presque continuellement submergés sous
un pied d'eau. Les Tartares et les Chinois fré-
quentaient seuls cette contrée, dont les habitants ,
bouddhistes de religion, entretenaient des hôpi-
taux pour les animaux âgés, et nourrissaient des
araignées. Fitch vint ensuite à Kichenagor, et des-
cendit l'Hougly, fleuve formé par la réuniondu Cos-
simbazar ( BagMrati ) et du Djellinghey, les deux
branches les plus occidentales du Gange. Il prit
terre à Chandernagor, puis à Calcutta. Il fit en-
suite un voyage dans l'Orissa, qu'il trouva in-
culte, presque désert, couvert d'herbes aussi
hautes qu'un homme , et cachant beaucoup de
tigres. Le port à'Angeli, qu'il décrit et qu'il
est impossible de retrouver aujourd'hui , était,
selon lui, ie siège d'un grand commerce, alimenté
par de nombreux navires venant de Sumatra,
de Malacca et des diverses parties de l'Hindous-
tan. De là l'infatigable explorateur revint vers le
Gange, et pénétra dans la province de Tippara (1) ;
les habitants , nommés Koukis, étaient presque
sauvages et continuellement en guerre avec les
Mog&xv^ {Mogang), naturels du royaume d'A-
racan. Retournant sur ses pas , Fitch visita Se-
rampour(2) , jolie ville à quatre lieues de Calcutta,
et quelques autres ports, situés aux embouchures
de l'Hougly. Les habitants de cette partie de
l'Inde vivaient en continuelle insurrection contre
Akbar. Us se faisaient remarquée par leur in-
dustrie , et tissaient merveilleusement le coton.
En novembre 1586, Fitch s'embarqua de Seram-
pore pour Négraïs , dans le royaume de Pégu ,
dont il visita la capitale ainsi que quelques
autres grandes villes, telles que Jamahey, dans
le pays des Jongoures , et Caplan, remarquable
par ses riches mines de rubis, de sapliirs, etc..
Il revint à Pégu, et, le 10 janvier 1587, remit à la
voile pour Martaban (3), place alors importante,
et dans laquelle s'élevait une pagode de 150
pieds de haut. Il toucha ensuite à Malacca, alors
le principal établissement des Portugais dans ces
mers. Il y recueillit quelques renseignements sur
la Chine et le Japon , et était de retour à Mar-
taban en mars 1588. Il regagna ie Bengale par
Pégu, et s'embarqua pour Cochin en mars 1589;
(1) Tiperah ou Tipperah; les mahométans l'appellent
Rochenabad. C'est un vaste pays (900 lieues carrées), pres-
que inculte, La capitale est Comillali.
(2) Elle appartient aux Danois depuis 1676. Le nom de
cette ville est une corruption de celui de Siri Ram, l'un
des dieux Hindous.
(3) Martavan ou Maoutama. C'est peut-être î'an-
«ienne Aspithra. On croit que le golfe auquel cette ville
donne son nom est le Magnus Sinus des anciens.
il toucha en passant à Geyian , qui est, dit-il,
« une brave île, très-fertile et très-belle ». Les
Portugais avaient depuis 1517 un fort à Co-
lombo , capitale de l'île, que les Chingulais as-
siégeaient alors avec une armée de cent mille
guerriers , nus pour la plupart , bien qu'un cer-
tain nombre fût armé de mousquets. Il doubla
ensuite le cap Comorin, qui forme l'extrémité sud
(le i'Hindoustan, sous 7° 56' de lat, nord et 75"
12' de long. est. Ce cap est entouré de rochers ,
et le navire de Fitch y courut le? plus grands
dangers. Les Hindous vénèrent ce promontoire,
où ils placent la résidence de Kichena et des
neuf Gopis , divinités présidant asiX lettres et
aux arts(l). C'est aussi l'endroit '.S'a monde où
l'on pêche les plus belles perles el en quantité
considérable. Fitch relâcha à Coulan, l'une des
plus antiques villes de l'Iade, et dont le vieux
temple est des plus vénérés. Les brahmanes
en font le berceau du peuple hindou. Il séjourna
ensuite durant liuit mois à Cochin. Cette ville,
fondée en 1 503 par les Portugais, lui sembla une
résidence peu agréable ; l'eau y était mauvaise ,
et les vivres rares. Le zamorin de Calicut dé-
solait la côte avec ses p7-ous (2), attaquant et
pillant tous les navires européens. De Cocliin,
Fitch revint à Goa, puis à Châl, dans le Bélou-
chistan, où il s'embarqua por«r Ormuz. Il reprit
alors la route qu'il avait parcourue à son ar-
rivée, revit Bassora, Ormuz, Bagdad , Alep, et
Tripoli de Syrie, où il fréta «n navire qui le ra-
mena à Londres le 29 avril 1591, après avoir
accompli le plus grand voyage qu'aucun Européen
eût encore fait dans l'Inde. La relation de cette dif-
ficile et fructueuse expédition a été recueillie dans
Purchas , His Pilgrimages , etc., t. II, et dans
Richard Hakluyt, The Principal Navigations
and Discoveriesofthe EngUsh Nation,\. II .On
trouve dans cette relation une foule de renseigne-
ments précieux sur le commerce et les produits
des pays parcourus par les voyageurs anglais.
Alfred de - Lacaze.
Purchas. — Hakluyt. — Xavier Raymond, Inde, dans
{'Univers pittoresque p. 383-387.
FïTE Y. Voyez L.a Fitî^
Fî-Ti, empereur de la Chine. Voy. Lieou-tse-
NlE.
FïTZ-GEitALO , ancjenne maison irlandaise,
dontl'arbre généalogique remonte jusqu'au règne
d'Edouard le Confesseur. Elle eut le titre de
comte de ifiZrZare dès l'an 1314; en 1761 elle le
convertit en celui de marquis, et y ajouta le titre
de comte d'Offaley; le 26 novembre 1760 le
chef de cette famille reçut en outre le titre de duc
de Leinster. Les principaux membres de cette
famille sont :
FîTZ-GERALii {Gérard), médecin irlandais,:
né à Limerifck, vers la fin du dix-septième siè-
cle, mort à Montpellier, en 1748. 11 vint étudier
(1) C'est le Parnasse des Grecs, avec .4pollon et les
neuf Muses.
(2) Barques armées àe cinquante à soixante hommes.
77S
FITZ-GERALD
774
ia médecine à Montpellier, fut reçu docteur en
1719, obtint en t726 la survivance de Chirac,
et devint professeur en titre après la mort de
celui-ci. On a de Fitz-Gerald : Dissert, de
Catameniis ; Montpellier, 1731, in-S"; — Dis-
sert, de Visu; Montpellier, 1741, in-S"; Dis-
sert. deCarie Ossium; Montpellier, 1742, in-8°.
Les caliiers que Fitz-Gerald avait dictés sur les
! maladies des femmes fai'ent publiés en latin;
sous le titi'e de Tractatus pathologicus de Af-
fectibus Fœminarum preeternaturalibus ; Pa-
ris, 1754, in-12. Cet ouvrage fut traduit en fran-
çais , sous ce titre : Traité des Maladies des
Femmes; Paris (Avignon), 1758, in-12.
Éloy, Dictionnaire liistorique de la Médecine.
FiTZ-GiËRALD (Lord Edward), homme po-
litique irlandais, fils puîné de James, premier
duc de Leinster, et de lady Emiiia-Mary Len-
nox, fille du duc de Richemond et nièce du cé-
lèbre Fox, né le 15 octobre 1763, au château de
Carton, près Dublin, mort le 4 juin 1798. Aus-
sitôt après la mort de son père ( 1773), il fut
amené en France, et il ne retourna en Angleterre
qu'à l'âge de seize ans. Il embrassa la carrière
des armes ; parvenu bientôt au grade de major
d'un régiment d'infanterie, il passa en Amérique,
où il se fit remarquer par son humanité autant
que par sa brillante valeur. Edward Fitz-Gérald
applaudissait en secret au signal d'indépendance
que le Nouveau Monde venait de donner. Ce fut
donc avec bonheur que le jeune Irlandais revint
en Europe et alla prendre place au parlement ir-
landais, comme représentant du bourg d'Athy.
A cette époque , l'Irlande avait encore un fan-
tôme de représentation nationale, siégeant à Du-
blin; mais les lois contre les papistes défen-
daient l'approche de la tribune aux représen-
tants de la plus grande partie de la nation ; l'a-
ristocratie régnait en maîtresse absolue dans la
chambre des communes ; tout était vénal au sein
même du parlement. Malgré son origine seigneu-
riale, le représentant d'Athy s'était de bonne
heure dévoué à la cause du peuple, et avait rêvé
l'amélioration du sort de ses compatriotes; il
reconnut bientôt l'impossibilité de réaliser ses
projets généreux. Convaincu que l'on n'arrache-
rait jamais par les voies légales l'Irlande au joug
du torysme anglais , profondément découragé à
la vue de la corruption qu'il avait rencontrée là
oii il espérait trouver des vertus, lord Fitz-Gerald
quitta sa patrie en 1787 pour voyager en Espa-
gne, et de là dans l'Amérique du Nord, où il
alla redemander aux vastes solitudes du Nou-
veau Monde la paix de l'âme et un adoucisse-
ment aux tortures morales qu'un amour mal-
heureux lui faisait éprouver. Après deux ans
d'une vie contemplative, lord Fitz-Gerald re-
vint en Europe, et en 1790 il reprit sa place au
parlement d'Irlande. La révolution française
venait , d'éclater ; ainsi que Fox, Sheridan et
tous les principaux patriotes anglais de l'épo-
que, lord Fitz-Gerald l'avait saluée avec en-
thousiasme, persuadé qu'elle devait être l'au-
rore de la liberté des nations et qu'elle préludait
à l'affranchissement universel du monde. En
1792, afin d'en étudier de près la marche, il se
rendit à Paris , où , présenté par Thomas Payne
( voy. ce nom ) , il se lia bientôt avec les plus
ardents révolutionnaires. Mais ses liaisons en
France, et surtout sa conduite dans un banquet
où il porta en public un toast à la gloire des av-
mées républicaines , ayant été connues en An-
gleterre , il fut aussitôt rayé des contrôles de
l'armée. It revint dans sa patrie avec sa jeune
femme, Paméla, l'élève et selon quelques écri-
vains la fille de M*^" de Genlis, qui l'aurait eue
du duc d'Orléans , Philippe-Égalité. Ils se fixè-
rent dans un petit domaine du conaté de Kildare,
où ils passèrent quelques jours pleins de bonheur.
Mais lorsque Edward Fitz-Gerald vit sa patrie en
proie aux dissensions civiles , son âme s'émut
à la vue des souffrances publiques : il quitta sa
retraite, et parut sur la scène politique. Sa con-
duite ne pouvait être douteuse : il prit la défense
des opprimés contre les oppresseurs.
Effrayé du développement rapide de l'esprit
public , et redoutant les progrès et les tendances
de la révolution française, le ministère anglais
faisait peser sur l'Irlande un despotisme intolé-
rable. Les Irlandais , fatigués enfin du joug an-
glais, et stimulés par l'exemple de la France ,
crurent l'heure venue de proclamer leur indé-
pendance. Dans toute l'étendue du pays se for-
mèrent en secret des comités directeurs; une
vaste société s'organisa sous le nom d'Irlan-
dais-Unis {Irish f/wi^erf), elle directoire central,
établi à Dublin, imprima l'impulsion à tous les
comités en fomentant le mécontentement général.
Ce n'était pas une fraction du peuple , c'était le
peuple tout entier qui se préparait à se dresser
comme un seul homme : catholiques, pres-
bytériens, anglicans, etc., tous avec enthou-
siasme venaient s'enrôler dans Wnion ,o\\ les
autres sociétés secrètes, telles que les Enfants
de la Lumière , les Defenders vinrent bientôt
se fondre ; plus de 500,000 citoyens y prirent
part. Lord Fitz-Gerald, devenu l'idole du peuple,
en fut d'une voix unanime proclamé le chef, avec
le titre de généralissime. L'Union reçut une or-
ganisation parfaite : s'élevant de degré en degré ;
partant de simples sections de douze personnes,
tous les fils de la conjuration venaient aboutir
à un directoire exécutif composé de cinq grands-
directeurs , Fitz-Gerald , président, Olivier Bond,
le docteur Mac-Nevin , Thomas-Addis Eminett ,
et Arthur O'Connor, l'un des descendants des
anciens rois de la vieille Irlande. Les directeurs
pensèrent à s'assurer l'appui de la France : Fitz-
Gerald entra d'abord en correspondance avec le
ministère français, et se rendit bientôt après se-
crètement à Paris, pour s'entendre avec le Direc-
toire exécutif (1796). A la suite de plusieurs négo-
ciations, la France arma une Hotte de 25 vais-
seaux, de 15 à 20 frégates, etc., et le général
25.
775 FITZ-GERALD
Hoche reçut l'ordre de débarquer 25,000 soldats
de la république en Irlande , pour y soutenir les
insurgés. Mais la flotte française, après avoir été
longtemps battue par les tempêtes, fut obligée de
regagner Brest en décembre 1796. Une seconde
tentative eut lieu l'année suivante, et fut encore
plus malheureuse : attaqué par l'amiral anglais
Duncan (voy. ce nom), Winter, amiral de la
flotte française, fut battu, le 11 octobre 1 797, près
des côtes de Hollande. Malgré l'inviolable secret
gardé par les conjurés, le gouvernement anglais,
qui se défiait de Fiti-Gerald, soupçonna quel-
ques trames, et parvint à découvrir des indices
de la conjuration. Dans les premiers jours de
mars 1798, le directeur O'Connor fut arrêté à
Margate, comme il se rendait en France avec
deux de ses amis. Cette arrestation amena la
saisie de la correspondance de la société avec le
Directoire français. Ce fut alors que, dans la
crainte d'être prévenu par l'autorité, le comité
exécutif arrêta qu'il fallait agir. En conséquence,
dans toute l'étendue de l'Irlande les conjurés
se préparaient pour la levée en masse , lorsque
la trahison vint tout renverser. Un marchand
catholique de Dublin , Thomas Reynolds , repré-
sentant du comté de Kildare et qui avait le rang
de colonel dans l'Union, vendit la vie de ses com-
patriotes et la liberté de sa patrie moyennant
5,000 livres sterling et l'assurance d'une pension
de 1,500 livres. Le 12 mars, les directeurs
Emmett, Mac-Nevin et Bond furent arrêtés ; le
lendemain tout le comité provincial de Leinster
le fut également : tous les plans de la conju-
ration se trouvèrent dès lors entre les mains du
gouvernement. Seul, Fitz-Gerald, averti à temps,
put se soustraire à l'ordre donné de le saisir ; il
se cacha dans une maison de Dublin ; mais du
fôM de sa retraite, secondé par le dévouement
de nombreux affiliés, il continua à dominer l'Ir-
lande. Les chefs arrêtés furent remplacés; la
hiérarchie se rétablit, et le jour de l'insurrection
fut fixé au 23 mai. Une nouvelle trahison perdit
lord Fitz-Gerald : le capitaine de milice Arms-
trong ayant révélé au gouvernement le jour de
l'insurrection et les dispositions arrêtées, la prise
ou la mort du puissant chef des Irlandais devint
le but de tous les efforts de la police anglaise.
Sa tête fut mise au prix de 1,000 liv. sterl. ; il ne
se trouva personne qui voulût livrer ce patriote à
ses ennemis. Le 17 mai au matin il fut rencontré
dans les rues de Dubhn par le major de la ville ;
l'on en vint aux mains , et Fitz-Gerald , dégagé
par ses amis , s'échappa. Il était encore temps
pour lui de se sauver en quittant l'Irlande ; mais
il ne voulut pas abandonner sa patrie. Bientôt
on découvrit la maison qui lui servait de retraite :
on la fit cerner le 19 mai au matin, et on l'y
surprit seul et se promenant tranquillement.
Il se défendit en brave, et, armé seulement d'un
poignard , il tua l'un des chefs des assaillants et
blessa l'autre; mais la blessure de ce dernier,
quoique dangereuse, lui laissa assez de force
— FITZ-HERBËRT
776
pour saisir un pistolet : il tire, et la balle traverse
la poitrine et brise l'épaule du champion de
l'Irlande. Fiîz-Gerald tombe baigné dans son
sang; on le fait prisonnier, et on le transporte à
la Newgate du château de Dubhn. Du 19 au 21,
tous les chefs de l'insurrection furent emprison-
nés. Cependant, les Irlandais-Unis se soulèvent
de toutes parts ; sans chefs, sans armes, le peuple
s'insurge en masse dans tous les districts , et se
porte sur la capitale dans la nuit du 23 mai.
Edward Fitz-Gerald, du fond de son cachot, en-
tend les cris de liberté de ses compatriotes;
mais l'armée anglaise a le dessus , et, après plu-
sieurs combats , les conjurés , refoulés dans l'in-
térieur du pays , sont à la fin tous exterminés.
Quant à l'infortuné Fitz-Gerald , il n'était plus ,
lorsque sa patrie révoltée s'agitait encore dans
ses dernières et héroïques convulsions ; car, après
avoir été condamné à mort par la cour du Banc
du Roi et avoir aperçu de la prisop l'échal'aud
où il devait monter, ainsi que les autres chefs,
le noble lord , qui avait passé quelques jours
dans une douloureuse agonie , succomba à ses
blessures, après s'être fait lire par son chirurgien
la Passion de Jésus-Christ.
Les biens de Fitz-Gerald, confisqués alors, fu-
rent restitués à sa famille sous George IV.
Lord Fitz-G«rald a laissé un fils et deux filles :
le premier, EDWA.RD-F0X, né en 1794, après avoir
été capitaine de hussards , est devenu représen-
tant de l'Irlande à la chambre des lords du
Royaume-Uni. [E. Pascallet , dans YEncyc. des
G. du M. ]
Thomas Moore, The Life and Death of lord Edivard
Fitz-Gerald ; Londres, 1831, 2 vol. in-S". — Ersch etGru-
ber, Allg.-Ency.
FITZ-GERALD (Lady Paméla), femme d'E-
douard Fitz-Gérald, morte à Paris, eu 1831. Elle
était, dit-on, fille de madame de GenUs et du duc
d'Orléans ^gfaZî^ejavec les enfants duquel elle fut
élevée par leur célèbre institutrice , qui la faisait
passer pour une orpheline anglaise. En 1790,
Paméla épousa à Toumay Fitz-(Jerald, qui s'était
épris d'elle à cause de sa ressemblance avec une
miss Sheridan, qu'il avait passionnément aimée et
dont il déplorait la perte. Devenue ensuite veuve
de Fitz-Gerald, elle épousa en secondes noces un
consul américain du nom de Pitcairn. Cette se-
conde union, moins heureuse que la première, fut
marquée par une séparation amiable. Paméla
vécut alors en province, à Montauban , chez le
duc de La Force, jusqu'en 1830 , époque où elle
vifi't à Paris pour se recommander à la bien-
veillance de son ancien condisciple, devenu roi.
Mais Louis-Philippe refusa obstinément de la
recevoir, et la veuve de Fitz-Gérald mourut
dans l'indigence (1).
Ersch et Gritber, ^llg. Enc. — Dict. de la Conv.
FïTZ-HERBERT (Anthony), jurisconsulte
anglais, né à Norbury, mort'en 1538. Il étudia
(1) Cependant, on a prétendu qu'elle avait eu une pen-
sion de 10,000 Jr. Comment expliquer alors le fait qu'on
ne trouva pas chez elle de quoi l'inhumer?
777
FITZ-HERBERT — FITZ-JAMES
778
à Oxford, puis il entra dans la carrière du
barreau. En 1511 il fut nommé serjeant at
lato, en 1516 il parvint à la chevalerie, et l'an-
née suivante il fut attaché à la cour en sa pre-
mière qualité. Appelé, en 1523, à siéger comme
juge à la cour des Plaids-communs , il remplit
ces fonctions jusque dans les dernières an-
nées de sa vie. Comme magistrat, il laissa une
grande réputation d'intégrité; il ne se fit pas
moins connaître par ses ouvrages. On a de lui :
Grand Abridgement, etc., recueil de jurispru-
dence fort estimé, publié en 1516, in-fol. L'é-
dition de 1577 est également recherchée; —
The Office and Authority of Justice of Peace,
compUed and extracted oui of the old books
as ivell as the common Law, as of Statutes;
1538; — The Office of Sheriffs , Bailiffs of
Liberties, Esclieators, Constables , Coroners;
1538; — The Book of Husbandry very pro-
fitable and necessary for ail persons; 1534.
Biog. Brit.— Bridgman, ie^ai. Zfiô^oç;. — Berkenhout,
Biofj. lit.
FiTZeHERBERT, en latin Fierbertus ( Nico-
las), théologien irlandais, vivait dans la pre-
mièie moitié du dix-septième siècle. Il était ca-
tholique, et résida longtemps en Italie. On a
de lui : Galateo, overo de'' costumi da Giov.
délia Casa, colla traduzione latina di Nie.
Fierberto ; Rome, 1595, Jn-8° ; — Descriptio
Àcademias Oxoniensis; ibid., 1602, in-8°; —
Le Antiquitate et continuatione Catholicse
Religionis in Anglia; ibid., 1608, in-8°; — De
Flani cardinalis Vita; ibid.
Adelung, Suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrt.-Lexikon.
FITZ-HERBERT ( Thomas ) , controversiste
anglais , né à Swynnerton ( comté de Staf-
ford), en 1552, mort en 1640. Ayant perdu sa
femme à l'âge de trente-six ans, il embrassa
l'état ecclésiastique, et entra dans la Société de
Jésus. Il fut pendant vingt-deux ans recteur du
collège des Anglais à Rome, et mourut dans cette
charge. On a de lui plusieurs écrits de controverse
religieuse, dont les principaux sont : Befence of
the catholycke cotise; Saint-Omer, 1602, in-4°;
— Treatise concerning Policy and Religion ,
en trois parties ; Douay, 1606, in-4°; ibid., 1610,
in-4"; Londres, 1652; — An sit utilitas in
scelere , contra Machiavellum ; Rome, 1610,
in-8°.
Sotwel, Bibliotfieca Script. Societ. Jesu. — Aug. et
AI. de Backer, Bibl. des Écriv. de la Société de Jésus.
FITZ-JAMES (François, duc de), prélat et
théologien français, fils du maréchal duc de Ber-
wick,néàSaint-Germain-en-Laye, Ie9juinl709,
mort à Soissons, le 19 juillet 1764. Il renonça
aux dignités de son père, dont il avait la sur-
vivance, pour embrasser l'état ecclésiastique, à
l'âge de dix-huit ans, et fut nommé abbé de Saint-
Victor, en 1727. Mais il conserva cependant le
titre de duc, comme chef de sa famille. Il de-
vint évoque de Soissons en 1739, et succéda
ensuite au cardinal d'Auvergne dans la charge
de pramier aumônier du roi Louis XV. Ce prélat
professait les doctrines rigides du jansénisme.
Lors de la maladie de Louis XV à Metz, en 1744,
il exigea le renvoi de madame de Châteauroux,
et montra trop de dureté peut-être pour la favo-
rite disgraciée. Celle-ci reprit bientôt son enapire,
et l'évéque de Soissons fut exilé dans son dio-
cèse. Il n'en continua pas moins d'adresser au
prince des remontrances , que celui-ci écoutait
sans colère, mais dont il ne tenait aucun compte.
Les ouvrages de ce prélat furent publiés après
sa mort, sous le titre d' Œuvres posthumes ;
1769, 1770, 3 vol. in-12.
fie du duc de Fitz-James, en tête des Oeuvres pos-
thumes. — Soulavie , Mémoires de Richelieu, t. VII.
• FITZ-JAMES ( C^rZes, duc de), pan- et ma-
réchal de France, frère du précédent, né le 4 no-
vembre 1712, mort en mars 1787. Connu sous
le nom de comte de Fitz-James jusqu'en juillet
1736, qu'il devint duc de Fitz-James, pair de
France, et gouverneur du Limousin par la dé-
mission de son frère aîné, il entra aux mous-
quetaires (1730), obtint un régiment de cava-
lerie de son nom (1733), et il le commanda
aux sièges de Kehl, de Philisbourg et à l'armée
du Rhin. Nommé brigadier le 1*' janvier 1740,
il passa à l'armée de la Meuse , et ne rentra en
France (1743) qu'à la fin de la campagne. Ma-
réchal de camp le 2 mai 1744, il servit aux siè-
ges de Tournay, d'Oudenarde, de Dendermonde,
et combattit à Raucoux ainsi qu'à Lawfeld. Les
services importants qu'il rendit en plusieurs cir-
constances lui méritèrent (10 mai 1748) le grade
de lieutenant général. Dans la guerre de Sept
Ans, il passa à l'armée d'Allemagne , se trouva
aux batailles d'Hastembeck , de Crevelt, de
Lutzelberg, et de Minden, où il chargea l'ennemi
à la tête de la cavalerie. Il avait succédé à son
père dans le gouvernement du Limousin (1734).
Nommé, en 1761, commandant du Languedoc et
des côtes de la Méditerranée , il eut de grands
démêlés avec le parlement de Toulouse, et perdit
le commandement en 1763. Il fut même décrété
de prise de corps par le parlement ; et il fallut
un arrêt du conseil pour faire cesser cette pour-
suite. Il obtint en 1766 le commandement du
Béarn, de la Navarre , de la Guienne ; celui de
la Bretagne en 1771, et fut élevé, le 24 mars
1775, à la dignité de maréchal de France.
A. S Y.
De Courcelles, Dict. hist. et biog- des Génér. français.
— Pinard, Chronol. mil., t. V, p. 46î. — De La Fortelle,
Fastes milit., t. II, p. 8.
FITZ-JAMES (Edouard , comte de), général
français, frère des deux précédents, né le 17 sep-
tembre 1715, mort à Cologne, le 5 mai 1758. II
reçut, par commission du 22 décembre 1729, le
régiment d'infanterie irlandaise de Berwick , et
le commanda au siège de Kehl (1733), ainsi qu'à
celui de Philisbourg, où le maréchal de Berwick,
son père, fut tué à ses côtés (1734). Brigadier des
armées du roi (1740), il servit en Flandre, à l'ar-
mée du Mein, et combattit avec la plus grande va-
leur à Dettingen. Maréchal de camp (7 juin 1 744),
7t9
FITZ-JAMES
780
il se trouva aux sièges d'Ypres et de Furnes, et
fit la campagae du catnp de Courtray. Fait pri-
sonnier de guerre par les Anglais , mais bientôt
rendu à la liberté après quelques mois de cap-
tivité, le comte de Fitz- James se rendit à Gand^
et commanda l'une des brigades qui emportèrent
le village de Lawfeld. Les services qu'il rendit
au siège de Maëstricht lui méritèrent ( 10 mai
1748 ), le grade de lieutenant général des armées
du roi. Après avoir combattu à Hastembeck, et
s'être trouvé aux prises de Minden et de Ha-
novre, il tomba malade à Cologne, où il mourut.
A. S. ...Y.
Pinard, Ckronol, milit., t. V, p. 445. — De Courcelles,
Dictionnaire des Généraux français.
Firz-JxmE.s (Edouard, duc de), homme
politique français , petit-fils du maréchal de ce
nom, né à Versailles, en 1 776, mort en novembre
1838. Dès le commencement de la révolution ,
sa famille, abandonnant la France, l'emmena
en Italie (1789), Après la formation de l'armée
de Condé, il crut qu'U était de son devoir d'y
prendre du service. Quoiqu'il portât les armes
contre sa patrie , on peut rendre justice à son
courage et à sa loyauté. Il fut aide de camp
du maréchal de Castries, et se distingua en plu-
sieurs occasions. Lorsque cette armée nobi-
liaire eut été licenciée, le jeune officier passa en
Angleterre, où il épousa M"^ de Latouche ; puis
il parcourut les montagnes de l'Ecosse, et les
sympathies des habitants lui révélèrent, dit-on,
combien le nom de Stuart était encore cher à
leur cœur.
Lorsque la tempête révolutionnaire se fut cal-
mée en France, M. de Fitz-James sollicita sa
radiation de la liste des émigrés et obtint du
gouvernement consulaire la permission de ren-
trer dans sa patrie ; mais il ne voulut recevoir
ni place ni dignité, et vécut dans la retraite
pendant toute la durée du régime impérial.
A la fin de 1813, alors que la chute de Na-
poléon devenait de plus en plus imminente,
Fitz-James accepta le modeste grade de caporal
dans la première légion de la garde nationale de
Paris. Dans la journée du 30 mars 1814, cette
légion ayant eu ordre de se rendre à la barrière
Monceaux, le duc sortit des rangs, et dissuada
ses camarades de marcher contre l'ennemi qui
s'avançait sur Paris. Ses paroles, qui ont été
recueillies par les biographes, produisirent en
partie l'effet que le duc de Fitz-James en atten-
dait ; car si les hommes de coeur qui n'écoutaient
que l'amour dé la patrie allèrent succomber au
champ d'honneur, les royaUstes et les hommes
timorés suivirent l'avis qu'on leur donnait avec
tant de hardiesse. Le lendemain, la capitulation
de Paris fut signée , et on vit le caporal de la
veille, à la tête de plusieurs jeunes nobles, par-
courir les rues de la capitale, des mouchoirs
blancs à la main et au bras , et répétant le cri
de Viv le roil démonstration qui devait mettre
fin à l'hésitation de l'empereur Alexandre, si
honorable pour ce prince et si menaçante pour
les Bourbons.
Après la restauration de cette dynastie, nommé
aide de camp et premier gentilhomme de Mon-
sieur, pair de France , colonel de la garde natio-
nale à cheval, etc., le duc de Fitz-James suivit le
comte d'Artois dans les provinces du midi et l'ac-
compagna à Lyon. Les Cent Jours le trouvèrent à
Gand, d'où les armées étrangères le ramenèrent
bientôt, et depuis son zèle pour la famille royale
ne se démentit jamais. Le 4 juin 1814, il avait été
élevé à la dignité de pair : dans laséance du 21 oc-
tobre 1815, il proposa de voter des remercîments
au duc d'Ajigoulême , réclama avec de vives ins-
tances la condamnation du maréchal Ney ; et
lorsque la chambre haute eut prononcé sur le
sort de cette victime des réactions politiques, ce
fut lui qui le premier, dans la nuit du 6 décem-
bre 1815, apporta aux Tuileries la nouvelle que
le maréchal devait mourir de la main de ses con-
citoyens. A l'époque du jugement du général
Bertrand , son beau-frère , alors inscrit sur une
liste de proscription, il ne craignit pas d'aggra-
ver encore la position de ce fidèle ami de l'em-
pereur en publiant une lettre dans laquelle il
déclarait que le général avait prêté serment à
Louis XVin. Démenti par la famille de Bertrand,
il répondit par une autre lettre, qu'il publia le
7 septembre 1815 et dans laquelle il ne respecta,
on doit le dire, ni les liens de famille ni les
égards auxquels le malheur a toujours droit.
Enfin, l'espèce de fanatisme royaliste qui s'était
emparé du duc de Fitz-James le porta , dès que
le gouvernement semblait revenir dans les voies
constitutionnelles, à se ranger dans l'opposition.
11 combattit avec force la loi du 5 février i817
relative aux élections , prit occasion de ces mots
prononcés par l'un des rainisties : « Ayez des
« vertus, et vous aurez de l'influence! «pour lui
adresser une apostrophe violente, mais portant
le cachet de son éloquence, énergique et incisive.
Pendant tout le temps qu'il fit partie de l'oppo-
sition réactionnaire , on le vit s'élever avec vi-
gueur contre les lois d'exception qu'en 1815 il
avait approuvées et que depuis il appuya de nou-
veau. Ce fut surtout sous le ministère du duc De-
cazes que le duc de Fitz-James se fit remarquer
à la chambre des pairs par son opposition; il
parla même alors en faveur de la liberté de la
presse , pour laquelle il montra beaucoup moins
de sympathie à d'autres époques. Cette opposi-
tion lui attira quelques ennemis à la cour, et dé-
fense lui fut faite d'y paraître. Cependant le mi-
nistère Villèle le compta parmi ses amis les plus
dévoués , et il appuya toutes les lois importantes
qui furent présentées à la chambre pendant, la
durée de ce ministère.
Après la révolution de 1830, le duc de Fitz-
James prêta le serment de pair de France, mais
ne déserta ni ses principes ni son drapeau , et
depuis toutes ses pensées furent tournées vers
la terre de l'exil. On l'accusa même, en 1832,
781
FITZ- JAMES — FIURELLI
782
d'avoir pris part aux menées de M™" la du-
chesse de Berry, alors cachée en France, et il fut
momentanément arrêté, puis élargi faute de
preuves. D'abord ce fut à la chambre des pairs
que sa voix s'éleva contre le gouvernement nou-
veau. Mais, convaincu bientôt de la stérilité de
ses efforts dans cette assemblée, il donna sa
démission pour s'exposer aux chances du scru-
tin éjecterai. En 1834', nommé député par la
ville de Toulouse, qui, le 8 novembre 1837, lui
continua son mandat, il vint siéger au Palais-
Bourbon dans les rangs de la droite. Depuis, cha-
que fois que sa voix se faisait entendre dans cette
assemblée, elle produisit toujours une grande
sensation. L'undeses plus beaux discours comme
député est celui qu'il prononça, au commence-
ment de la session de 1837, contre l'alliance
anglaise , au sujet de la quadruple alliance et de
l'intervention en Espagne , etc. Après ce triom-
phe oratoire, la santé du duc de Fitz-James ne
lui permit plus guère de prendre part aux luttes
parlementaires. L'éloquence de cet orateur avait
quelque chose de chevaleresque , d'aisé et de
naturel , un élégant abandon qui semble n'ap-
partenir qu'à lui. Suivant M. de Cormenin ,
il avait « le laisser-aller, le sans-gêne, le débou-
tonné d'un grand seigneur parlant devant des
bourgeois ». [E. Pascallet, dans 1'£'wc. des G.
du M. , avec add. ]
Rabbe, HoisjoUn, etc.. Biographie unie, des Contemp.
— Coriiionin ( Timon ) , Études sur les Orat. parlem.
Fiïz- JAMES (/flc^'Mes de). Voy. Berwick
(Duc de).
FiTZ-siMONs (Henri), controversiste irlan-
dais, né à Dublin, en 1567, mort en 1644. Il entra
au noviciat de Douay en 1592. Après avoir en-
seigné pendant plusieurs années la plùlosophie
en Belgique, il repassa en Irlande, et se fit une
grande réputation par sa polémique contre les
théologiens anglicans ; il s'attira ainsi la persé-
cution , fut longtemps emprisonné, et n'échappa
à la potence que par la fuite. On a de lui : Con-
/iitation of John Rideras Elaïm of antïquïty
in behaJf of the pi'otestant religion , and a
calming conifort against hïs caveat ; Rohan,
1608, in-4" ; — The justification and exposi-
tion of divine sacrifice ofmass, and of ail ri-
tes and ceremomes thereto belonging; Douay,
1611, iu-4° ; — BrUayinomachia ministrorum
in plerisque fidei fundamentis et articulis
dissideiitium ;J}ouày , 1614, in-4°; — Catalo-
gnspreeciinLoriimSanctorum Hibernix ;\Aég(d\
1619, in-8^
Sotwcl , Bibliothcca Script. Societ. Jesu. — Aug. et
Alex, de Hacker, Bibliothèque des Écrivains de la So-
ciété clc Jé^NS.
FîTZ-STEPHEN (WilHain), hagiographe
anglais , né à Londres , vivait au douzième siè-
cle. Il était clen; de la maison de Thomas Becket
( saint Thomas de Canterbury ), qui eut assez de
confiance en lui pour le charger d'emplois im-
portants dans sa ciiancellerie , dans sa cb.apelle
et dans sa cour. Il assista à ce parlement de
Northampton qui tient une place si importante
dans la fameuse querelle du roi d'Angleterre
avec Thomas Becket; il fut témoin du meurtre
de l'archevêque de Canterbury , ainsi que de
plusieurs autres événements qu'il raconte dans
la vie de ce saint. Il paraît qu'il fut épargné dans
la persécution qui atteignit les amis de Becket.
Il avait composée la vie de l'archevêque de Can-
terbury, probablement peu après la mort de ce
prélat. Bien qu'elle soit écrite par un partisan
du saint, le style en est moins enthousiaste et
le récit moins légendaire que dans les autres
biographies de Thomas Becket. Cet ouvrage com-
mence par une longue et curieuse description
de la ville de Londres. Il fut imprimé d'abord
sous le titre de Vita sancti Thomse, archiepis-
copi et mart^jris, a Willielmo filio Stephani,
dans la collection de Sparke intitulée : His-
torié Anglicanse Scriptores varii, a codicibus
manuscriptis nunc primum editi; Londres,
1723, in-fol. ; — La Description de la ville de
Londres fut traduite en anglais, et publiée à
part, avec commentaire, par Sam. Pegge; Lon-
dres, 1772, in-4°.
Wright, Biographia Britannica literaria, t. U.
FiTZ-wiLLiAM. Voy. Wentworth (Lord).
* FIUMANA ( Francesco Alberti, dit ) , pein-
tre de l'école bolonaise, vivait en 1740. On
voit des ouvrages de ce maître à San-Giovanni-
in-Monte et à Sainte-Pétrone de Bologne. Ses
peintures sont ordinairement entourées d'orne-
ments peints par Antonio Ferrari. E. B — n.
Malvasia, Pitture di Bologna. — M. A. Gualandi .i^re
Giorni in Bologna.
EIUMJCËLL8. Voy. FUMICELLI.
FIURELLI ou FioRELLi {Tibcrio) , sur-
nommé ScARAMoucHE , fameux acteur de la Co-
médie-Italienne, né à Naples, en 1608, mort le
6 décembre 1694. On ignore la vie le cet acteur
jusqu'à l'époque où il vint en France, en 1640. Il
faisait alors partie de la première troupe de co-
médiens italiens qui furent appelés à Paris par le
cardinal Mazarin lui-même, dit-on. Fiorelli avait
déjà une certaine réputation dans son pays, où il
avait créé le rôle de Scaramuccio ( Scaramou-
che) (1). Les lèvres ornées d'épaisses moustaches,
tout habillé de noir, à la fois fanfaron et lâche,
Fiorelli faisait consister une partie de ses rôles ,
ordinairement improNÏsés , en grimaces et con-
torsions, et finissait toujours par être battu. Ses
lazzis amusaient beaucoup la cour de Louis Xin :
il eut même le singulier bonheur de distraire le
jeune dauphin de France d'un accès de colère
enfantine. Il avait pris le prince sur ses genoux,
et réussit à le mettre en si belle humeur que
l'enfant ne put résister à certain besoin que l'hila-
(1) Ue l'Italien scaramuccia , escarmouche. Quelques
;i'jteurs assurent que le Scararaouclic est d'origine espa-
gnole et existait déjà dans la troupe que Charles-Quint
emmena en Italie. Ce rôle ne larda pas à .s'y naturaliser.
Il avait dès lors une grande analogie avec celui du Ca-
pitan Matamore et du cupiluine Fracasse . que Ton
retrnnve dans les anciens auteurs comiques français.
783
FIURELLI - FIX
784
rilé fit naître : le costume du comédien en fut ma-
culé, mais depuis lors il eut ses entrées au palais.
Louis XIV lui conserva son affection, et il conti-
nua de jouer devant ce monarque jusqu'à sa re-
traite, qu'il ne prit qu'en 1691. Il avait alors
quatre-vingt-trois ans, et conservait tant de sou-
plesse et d'agilité qu'il donnait un soufflet avec
le pied. Suivant son biographe, l'un de ses ca-
marades, Angelo Constantini, dit Mezzetin, Fio-
relli était emporté, avare, méfiant, et commit
plusieurs tours d'escroquerie. On trouve cette
biographie dans la Bibliothèque bleue, in-12.
— Des anonymes ont publié des recueils sans
authenticité sous les titres de Scarumucciana ,
ou bons mots de Scaramouche, in- 12 -, et Sca-
ramouchiana , in-32. Le portrait de Fiorelli a
été gravé par Vermeulen ; on lit en bas ce qua-
train, attribué à La Fontaine, et qui donne une
haute idée du talent de cet acteur :
Cet illustre comédien
De son art traça la carrière;
11 fut le mailre de Molière ,
Et la nature fut le sien.
D'Origny, Annales du Théâtre- Italien. — Bes Boul-
niiers , i/jstoire du Théâtre -Italien. — Déaddé , dans
l'Éncycl. des Gens du Monde, art. Scaramouche. — Bi-
bliothèque bleue.
FIX ( Théodore ) , publiciste et économiste
suisse, né à Soleure ( Suisse), en 1800, mort à
Paris, le 31 juillet 1846. Il appartenait à une
famille française, que la révocation de l'édit de
Nantes avait forcée à s'expatrier. Son père exer-
çait la médecine. Après avoir fait de bonnes
études dans sa ville natale, il approfondit les
mathématiques , et, grâce à cette éducation po-
sitive , il se trouva en état d'accepter, à l'âge de
dix-neuf ans, d'importants travaux d'arpentage
dans le canton de Berne. La beauté et l'exacti-
tude de ses plans ne le mirent toutefois pas à
l'abri d'un procès avec l'administration bernoise :
et il le gagna. Cet incident le fit connaître ; il vint
en France , oti le cadastre l'employa successive-
ment à BKis, à Clermont-Ferrand et à Ver-
sailles. Cependant la monotonie de cette be-
sogne !e dégoûta, et en 1830 il travailla au
Bulletin universel des Sciences, où il ré-
digea presque exclusivement la partie géogra-
phique. En 1B33 il entrepj-it la publication de
la Revue mensuelle d'Économie politique,
qu'il continua "(jusqu' en 1836. Cette publication
le mit en relation avec les économistes les plus
distingués , et notamment avec Sismondi, Rossi
et Blanqui aîné. En 1840, l'Académie des Sciences
morales et politiques couronna son travail sur
l'Association des douanes allemandes. Peu
de temps après, il s'occupa de la mise en ordre
des matériaux qui devaient servir à une histoire
des progrès des sciences sociales depuis 1789,
œuvre dont cette académie avait chargé Rossi. Le
Siècle, La Quotidienne, le Journal des Écono-
mistes , la Revue nouvelle comptèrent Fix au
nombre de leurs collaborateurs, et dans les deux
dernières années de sa vie il rédigea pour Le
Constitutionnel des articles d'économie politi-
que. Peu de temps avant sa mort, il fit paraître
des Observations sur les classes ouvrières.
Dans ce livre, après avoir examiné les causes
principales de la misère , l'ivrognerie , l'impré-
voyance, les coalitions et les crises commerciales ,
il attaque le principe du droit au travail, combat
les plans d'organisation du travail et tout système
tendant à régler le taux des salaires ; défend le
capital, et ne demande à l'État que le dévelop-
pement de l'enseignement des masses , la cessa-
tion de la concurrence du travail des prisons,
et quelques mesures de police pour l'hygiène et
la salubrité des manufactures; il recommande
aux ouvriers la sobriété , la prudence dans le
mariage et l'économie -, enfin, il discute les res-
sources de l'association et les divers modes
d'encouragement et de participation qui ont été
appliqués dans l'industrie. Cette défense du ré-
gime social actuel le fit accuser de dureté.
Fix portait en lui le germe d'une grave ma-
ladie de cœur. Un an après avoir perdu sa femme,
il s'éteignit subitement, le soir d'une journée
étouffante , en causant avec des amis , et au mo-
ment même où il venait de se féliciter de sa
santé. Le style de Théodore Fix était clair et
fort travaillé, et s'était dépouillé peu à peu
d'une empreinte germanique que l'on trouve
très-marquée dans ses premiers travaux. On lui
doit : Revue mensuelle d' Économie politi-
ç'Me; Paris, 1833-1836, 5 vol. in-8° ; — De la
Contrefaçon des Livres français en Belgi-
que; Paris, 1836, in-8°; extrait de la Revue
mensuelle; — Observations sur Véfat des
classes ouvrières ; Paris, 1846, in-8° : une partie
de cet ouvrage avait paru dans le Journal
des Économistes. Le Mémoire sur V Associa-
tion des douanes allemandes n'a pas été
publié. On signale encore parnoi les articles de
ThéodoreFis., dansleJournaldes Économistes,
dont quelques-uns ont été tirés à part : Notice
sur la vie et les ouvrages économiques de M. de
Sismondi ( 1843 ) ; — Situation des classes ou-
vrières ; — Études sur les traités de com-
merce ( 1844); — Tendances industrielles et
commerciales de quelques États de V Europe ;
— De la manière d'observer les faits écono-
miques (1845); — De Vesprit progressif et
de Vesprit de conservation en économie poli-
tique; — De l'exposition des produits de l'in-
dustrie en 1844; — Des premières ré/ormes
financières de Robert Peel , etc. On trouve
dans la Revue nouvelle, numéro d'août 1846,
un long article de Th. Fix sur les affaires reli-
gieuses de l'Allemagne. L. Louvet.
J. Garnier, dans le Dictionnaire de l'Économie politi-
que. — Louandre et BourqueLot, La Littérature fran-
çaise contemporaine. — Dictionnaire de la Conversa-
tion, suppl. a la !"« édition. Documents particuliers.
l FIX (Théobald), philologue suisse, frère
du*précédent, né à Soleure, en 1802. Après avoir
fait ses études au gymnase et à l'académie de
7bô
FIX — FIZES
786
Berne , U se rendit à l'université de Leipzig, où il
M un des élèves de prédilection du célèbre Go-
defiroy Hermanu. Il vint ensuite s'établir à Paris.
En 1827, M. Fix, sur la recommandation de
M. Letronne, fut chargé avec MM. Hase et
Sinner de la nouvelle édition du Thésaurus
LinguseGraecse de Henri Ëstienne, que se propo-
sait de publier M. Firmin Didot. Un volume du
Thésaurus avait paru quand M. Fix cessa d'y col-
laborer. Il fit ensuite paraître avec M. Sinner les
œuvres de saint Jean Chrysostome : S. Joannis
Chrtjsostomi, archiep. Constant. ,Operaomnia
quœ exstant, studio D. Bernardï de Mont-
faucon, editio altéra emendata et aucta;
1834-1839, 13 vol. gr. in-8°. On a encore de
M. Fix une édition d'Euripide, dans la Biblio-
thèque Grecque de A. -F. Didot; Paris, 1844,
in-8°,; — Electre, tragédie d'Euripide, texte
grec; Paris, 1844, ia-12; — Hippolyte, trag,
d'Euripide , texte grec; Paris, 1845, in-12; —
Iphigénie en Tauride ; trag. d'Euripide, texte
grec; Paris, 1847, in-12. Toutes ces éditions ont
été revues avec le plus grand soin sur les meil-
leurs manuscrits de la Bibliothèque impériale ;
— Fables de Babrius, texte grec; Paris, 1846,
in-12. M. Fix avait déjà publié dans la Revue
de Philologie (t. I, p. 46-81 ) un article re-
marquable sur le langage, la métrique et le dia-
lecte de Babrius. M. Fix a publié en outre, en col-
laboration avec M. Ph. Le Bas, ime édition du
Prométhée d'Eschyle; Paris, 1843, in-12; avec
M. Sommer, Les Néméennes,Les Pythiques et
Les Isthmiques de Pindare ; 1847, 3 vol. in-12.
W. DE SuciiAu.
France littéraire, supplément.
FiXLMiLLNER (Placide), astronome alle-
mand, né à Achlenthen, en 1721, mort le 27 août
1791 . A Salzbourg, où il fit ses principales études,
1 prit goût pour les mathématiques , à la culture
desquelles son entrée dans l'ordre des Bénédic-
tins fit d'abord diversion. H étudia alors la théo-
logie, le droit, les langues orientales, l'histoire,
les antiquités et la musique. Un événement as-
tronomique, le passage de Vénus sur le Soleil,
en 1761, réveilla en lui un goût déjà ancien pour
l'étude des astres ; dès lors il passa une bonne
partie de son temps à l'observatoire de Crems-
munster, construit en 1748 par son oncle, abbé
du monastère de ce nom. En 1765, il publia un
ouvrage où il déterminait la longitude et la la-
titude de cet observatoire. Onze ans plus tard,
Fixlmillner fit paraître l'ouvrage qui assura sa
réputation. Tout en se livrant à l'enseignement
et à l'administration d'un collège établi dans
l'abbaye , Fixlmillner trouva le temps de faire
de nombreuses observations astronomiques, que
la mort seule put interrompre. Il fut un des
premiers à découvrir la planète Uranus. On a
de lui : Decennium astronomicum ; 1777; —
Meridianus Spéculai astron. Cremisanensis.
Biog. etr. — Philos. Magaz. — Lalande, ZJjct. des Se.
astron.
FIZES (Antoine), médecin français , "né à
Montpellier, en 1690, mort dans la même ville,
le 14 août 1765. Il reçut de son père, professeur
de mathématiques, les premiers éléments de
son éducation, et étudia la médecine à l'académie
de sa ville natale, où il prit ses degrés. Il suivait
alors la pratique de Barbeyrac et de Deidier. Il
se rendit ensuite à Paris, où il se perfectionna
sous Duverney, Lemery et les deux Jussieu. De
retour à Montpellier en 1718, il succéda à son
père, , conjointement avec de Clapiers, dans la
chaire royale de mathématiques. En 1732, il
remplaça Deidier comme professeur à la Faculté
de médecine. « Ses théories prolixes , dit un de
ses disciples, étaient un mélange décousu de
mécanique, d'hydraulique et de chimie, auquel il
ajoutait des calculs , séduit par l'idée d'arriver
à des démonstrations rigoureuses dans des ob-
jets qui ne les comportent point. » Sa renommée
s'étendit jusqu'à Paris, et , par les conseils de
Senac, le duc d'Orléans le choisit pour son
premier médecin. Mais Fizes, qui ne parlait que
latin ou patois, devint bientôt un objet de ridi-
cule pour tonte la cour, et dut donner sa dé-
mission après quatorze mois seulement d'exer-
cice. Il revint à Montpellier, et y reprit les fonc-
tions de la chaire et de la pratique , fonctions
qu'il continua jusqu'à un âge très-avancé. Fizes
a été jugé diversement : suivant Estève, « il
soutint la bonne médecine dans le temps où elle
semblait devoir périr par la multiplicité de senti-
ments et de prétentions ». Astruc le regarde comme
«. un homme médiocre, » et Portai lui reproche
« une orgueilleuse opiniâtreté à soutenir les pro-
positions les plus absurdes, et l'accuse d'avoir
retardé les progrès de l'art, au lieu de les avancer ».
Éloy le dit « humble , vertueux, et vrai ; et quant
à l'avarice dont on l'a taxé dans le public, elle
n'avait que la figure de cet amour sordide des
richesses. Sa fortune n'a guère été au delà de
trois cent mille livres. » On a de lui : De Genera-
tione H ominis, thèse; Montpellier, 1708. L'au-
teur y adopte le sentiment des ovaristcs, et avance
que le fœtus se nourrit simultanément par le
cordon ombilical et par la bouche , et que les
vices congéniaux sont dus aux affections qu'é-
prouve la mère pendant la grossesse ; — De Ho-
minis Liene sano ; Montpellier, 1716, in-12.
Fizes croit que le principal usage de la rate est
d'atténuer les particules du sang artériel et d'en
faire un mélange homogène; — De naturali Se-
cretione JSiiw in jecore; Montpellier, 1716, in-12.
— Spécimen de Suppurationein partibusmol-
iibus; Montpellier, 1722, in-S" ; — - Corporis hu-
mant partium solidarîim Conspectus anato-
ntico-mechanicus ; MontpeWier, 1729,111-4"; —
De Cataracta; Montpellier, 1731, in-4°. Dans ce
traité, qui est justement estimé , il admet égale-
ment les cataractes membraneuses et cristallines ,
mais il penche plutôt pour les dernières; —
Universx Physiologie Conspectus ; Montpel-
lier, 1737, iu-8"; — De Tumonbus in génère;
787
FIZES - FLACCUS
7S8
Montpellier, 1738, in-4"; Paris, 1751, m-8°; —
Tractatus de Febribits; Montpellier, 1749,
in-12, C'est cet ouvrage dont le professeur Fou-
quet prétendait avoir acheté bon nombre d'exem-
plaires, afin de les anéantir pour l'honneur de
l'école de Montpellier. On en fit cependant une
nouvelle édition, en 1757. On a recueilli presque
tous les écrits deFizes; Montpellier, 1742,in-4°.
Il existe aussi un recueil qui a pour titre : Obser-
vations sur les Plaies par Chirac, et sur la
Suppuration, par Fizes; Paris, 1742, in-12.
H. FisQUET (de Montpellier).
Estève.iffl f''ie et les Principes de, M. Fizes ; Mont-
pellier, 1765, in-8°. — Aslruc, Mémoires pour servir à
V histoire de la Faculté de Médecine de Montpellier;
1767, in-40. — Portai, Histoire deTAnatomie et de la
Chirurgie. — Éloy, Diction, hist. de la Médecine. —
Desgenettes , dans la Biographie médicale. — Bayle ,
Encyclopédie des Sciences médicales, t. Il, p. 240.
FLABKNIGO ( Doinenico), trente-et- unième
doge de Venise, mort en 1043. Il était d'une des
puissantes familles de Venise, et se mit à la tête
du parti aristocratique pour renverser Do-
menico Urseolo, qm régnait depuis vingt ans, par
la faveur populaire. En 1026, ils l'accusèrent de
despotisme, le surprirent dans son palais, lui ra-
sèrent la barbe, et l'envoyèrent en exil, où il
mourut. Flabenigo ne profita point de son at-
tentat : les suffrages publics se réunirent pom*
accorder la couronne ducale à Pietro Centranigo
Barbolano. En 1029 , le peuple, excité par le pa-
triarche de Grado, fils du doge déposé, rappela
les Urseoli, et chassa Centranigo. Flabenigo fut dé-
claré traître à la patrie, et dut prendre la fuite. Mais
une réaction singulière ne tarda pas à s'opérer :
Domenico Urseolo, frère du patriarche, sans
daigner se soumettre à une élection, s'empara du
gouvernement; le peuple, indigné, se souleva de
nouveau, et l'usurpateur, vaincu, s'enfuit à Ra-
venne. La haine de Flabenigo pour les Urseoli
devint alors un mérite. Il fut amnistié , élu régu-
lièrement et installé sui- le trône ducal. Son pre-
mier soin fut de faire proscrire ses adversaires ;
il représenta ensuite que depuis trois cents ans
la plupart des doges avaient tenté de perpétuer
le pouvoir dans leur famille en associant leurs pa-
rents au dogat, sous le prétexte de prévenir les
troubles de l'élection, et rendaient ainsi la répu-
blique une principauté héréditaire. Il demanda
l'abolition de cette coutume. Cette proposition
fut accueillie d'une voix unanime, et une loi
fondamentale fut rendue qui interdisait toute
désignation d'un successeur avant la moi-t du
doge régnant.
Dandolo, Chronica.—Sabe\l\co, Historia Fenet., dec.I,
liv. IV. — Francesco Sansovino, Chron. — Girolamo
Eossi, Historiarum Savennatumlibri X. — Muratori,
Antiquitates Italicse medii eevi , dissert. V. — Daru.
Histoire de Fenise, liv. II.
FLACCiiiLA. Voy. Flacilla.
* FLACCINATOR ( M. Foslius ) , généra] ro-
main, vivait dans la seconde moitié du qua-
trième siècle avant J.-C. Il fut maître des cava-
liers du dictateur C. Maenius, pour la première
fois en 320 suivant les Fastes consulaires, eit
312 d'après Tite-Live. Le dictateur et Flaccinator,
accusés d'abus de pouvoir, résignèrent leur?,
charges; tous deux, traduits devant les consuls,
furent honorablement acquittés. Flaccinator fut
élu consul en 318, et, suivant les Fastes,. pomXdi
seconde fois maître des cavaliers de C. Msenius
en 314. Tite-Live prétend que cette fois le dic-
tateur était C. Poetelius. Pour les motifs et les
circonstances du jugement de Flaccinator, voy.
MtENIUS.
Fasti. — Tite-Live , IX, 20, 26, 2S.
FLACCCS {M. Fulvius), \yomme à'tAcA ro-
main, vivait dans la première partie du troisième
siècle avant J.-C. Il fut consul avec App. Clau-
dius Caudex, en 264, l'année même où éclata
la première guerre punique. Sous son consulat^
les premiers jeux de gladiateurs furent célélirés
à P.ome dans le Forum boarium. Orose donne
par erreur le nom de Quintus Fabius au collègue
d'Appius Claudius Caudex.
Velleius Paterculus, î, 12. — Aulu-Gelle, XVII, §1. —
Valère Maxime, II, 4. — Eutrope, II, 10. — Orose, IV, 7.
FLACCUS ( Q. Fulvius ), général romain, l'un
des trois fils du précédent, né vers 270 avant J. -C,
mort vers 201. 11 fut consul pour la première fois
en 237. Lui et son collègue L. Cornélius Lentulus
combattirent les Liguriens, et obtinrent le triom-
phe. Consul pour la deuxième, fois, en 224, il eut
encore pour province le nord del'Itahe, et, le pre-
miei* des généraux romains, il porta ses armes au
delà du Pô. Il força dans cette campagne les In-
subriens et les Gaulois à se soumettre. En 215,
après avoir été deux fois consul, Q. Fulvius Flac-
cus obtint la préture de la ville, interversion dans
l'ordre des magistratures que Tite-Live a jugée
digne d'être rapportée. L'année d'avant sa pré-
ture il avait été élu pontife a la place de Q. Jilius
Psetus, tué à la bataille de Cannes. Pendant sa
préture, le sénat plaça sous ses oi-dres vingt-
quatre vaisseaux, pour protéger les côtes voisines
de Rome. Bientôt après il le chargea de lever
5,000 hommes de pied et 400 chevaux , d'en-
voyer cette légion en Sardaigneleplus tôt possi-
ble, et d'en confier le commandement à qui il vou-
drait , en attendant que son collègue, Q. Mucius
Scevola, alors malade; fût rétabli. En 214, seul
de ses collègues , il fut réélu préteur. Le sénat
décréta que par extraordinaire il aurait Rome
pour province et qu'il y commanderait en l'ab-
sence des consuls. En 213 il fut nommé maître
des cavaliers du dictateur C. Claudius Centho,
et l'année d'après il fut élevé au consulat pour
la troisième fois avec Appius Claudius Pulcher.
La même année il se porta candidat pour la
place de souverain pontife, et il ne put pas l'ob-
tenir. Pendant son troisième consulat, il eut la
Campanie pour province. Il s'y rendit avec son
armée, prit position à Bénévent, et de là fit une
brusque irruption sur le camp d'Hannon, situé
dans le voisinage. Après plusieurs attaques vi-
goureuses , mais inutiles contre les retran-
r89
FLACCUS
790
cheinents carthaginois placés sur une hauteur,
Flaccus résolut de remettre l'assaut au lende-
main ; mais l'indomptable énergie de ses soldats
et leur indignation en entendant sonner la re-
traite l'obligèrent à continuer l'attaque, qui
cette fois obtint un plein succès. 'Les Car-
thaginois eurent 6,000 hommes tués, 7,000
prisonniers , et perdirent leurs bagages. Après
ce fait d'armes, Fulvius Flaccus et son collègue
marchèrent contre Capoue, et l'assiégèrent
avec la plus grande vigueur. L'année suivante,
sous le consulat de Cn. Fulvius Centuraalus et
de P. Sulpicius Galba, Fulvius Flaccus et Ap-
pius Claudius furent prorogés dans leur com-
mandement , et reçurent avec le titre de pro-
consuls l'ordre de continuer le siège de Capoue
jusqu'à la prise de la ville. La marche d'An-
nibal sur Rome força Fulvius Flaccus à s'y
rendre pour défendre la ville. Après la retraite
d'Annibai, il revint devant Capoue, et pi'essa îe
siégé avec un extrême acharnement. Les habi-
tants, réduits aux dernières extrémités, résolu-
rent de se rendre; mais avant que les portes
fussent ouvertes aux Romains les principaux sé-
nateurs se donnèrent la mort, par le poison. Le
lendemain les proconsuls entrèrent dans la place,
et commencèrent par faire égorger la garnison
carthaginoise; ils délibérèrent ensuite sur le sort
des cinquante sénateurs, qui vivaient encore et
qui avaient été transportés à Calés et à Teanum.
Appius Claudius voulait pardonner, et sur le
refus de son collègue, ii obtint du moins que le
sénat romain serait consulté. Flaccus, bien ré-
solu à ne pas attendre les ordres de Rome, se
rendit à Teanum avec deux mille cavaliers d'é-
lite, et fit battre de verges et frapper de la hache
les sénateurs campaniens; de là il courut à
Calès,_pour y procéder à la même exécution.
« Déjà, dit Tite-Live, Fulvius Flaccus était assis
sur son tribunal ; déjà les Campaniens qu'on lui
avait livrés étaient attachés an poteau, lorsqu'un
courrier arrive de Rome en toute hâte et lui
remet une dépêche du préteur C. Calpurnius et
un sénatus-consulte. Le bruit se répand au pied
du tribunal et dans toute l'assemblée que c'est
un ordre de renvoyer au sénat toute l'affaire
des Campaniens: Fulvius, qui le pressentait aussi,
prend la lettre, la met , sans l'ouvrir, dans son
sein, et enjoint au héraut d'ordonner au licteur
d'agir selon la loi. Ainsi les détenus de Calés
sont suppliciés comme ceux de Teanum. Fulvius
lit ensuite là lettre et le sénatus-consulte. » C'é-
tait un ordre d'épargner les prisonniers ; Fulvius
Flaccus, qui l'avait prévu, s'était hâté d'ordonner
le supplice, pour que rien ne pût l'en empêcher.
Tous les autres actes du proconsul à l'égard des
habitants de Capoue portent le même caractère
de cruelle sévérité. A la fin de l'année , il revint
à Rome , où il fut chargé , comme dictateur, de
présider aux élections consulaires. Lvii-même
garda le commandement de Capoue une année
encore , mais ses deux légions furent réduites à
une seule. En 209, il fut élevé au rx)nsulat pour
la quatrième fois, et eut la Lucanie et le Brut-
tium pour province. Les Hirpiniens, les Luca-
niens et les Volcentiens firent leur soumission,
et furent traités avec douceur. Son'commande-
ment fut prorogé l'année suivante, avec Capoue
pour province et une seule légion sous ses or-
dres. En 207 il commanda deux légions dans
le Bruttium. C'est la dernière fois qu'il est fait
mention de lui dans l'histoire. Fulvius Flaccus
obtint de nombreux succès dans cette dernière
période de la guerre punique, mais il les dut
peut-être plus à la fortune qu'à ses talents, et il
les souilla par des actes de cruauté.
Tite-I.ive, XXIII, 21-34; XXIV, 9; XX V, 2, etc., 13, etc.,
20; XXVI, 1, etc., 8, etc., 22, 28 ; XXVH, 6, etc., 11, 15,
22, 36. — Ëutrope , III, 1. — Zonaras, VIll, 18, etc. — Po-
lybe , II, 31. — Orose, IV, 13, etc. — Appieo, Annvb., 37,
40, etc. — Valère Maxime, II, 3, 8 ; III, 2 ; V, 2. — Cicéron,
De Leg. agi:. H, 33.
* FLACCUS {Cneius Fulvius) ^ général ro-
main, frère du précédent, vivait vers 220 avant
J.-C. Préteur pendant le troisième consulat de
son père, en 212, il eut l'Apulie pour province.
Il fut défait par Hannibal, dans le voisinage
d'Herdonée, et prit le premier la fuite avec
deux cents cavaliers. Le reste de son armée
fut taillé en pièces, et de 22,000 hommes il ne
s'en échappa que 2,000. C. Sempronius Bkesus
l'accusa devant le peuple d'avoir perdu son ar-
mée par son inhabileté et son imprudence. Flaccus
tenta d'abord de rejeter sa défaite sur ses sol-
dats; mais l'enquête prouva qu'il avait montré
de la lâcheté. Il essaya alors de se mettre sous
la protection de son frère, que la prise de Capoue
venait de placer au plus haut point dans la fa-
veur populaire ; ce moyen ne lui réussit pas
mieux que le premier. Se voyant exposé à une
punition sévère, il s'exila volontairement, et se
retira à Tarquinie. Selon Valère Maxime, Cneius
Flaccus n'accepta pas le triomphe: c'est proba-
blement une méprise de l'historien, ou du moins
on ignore à cpielle occasion il refusa cet honneur,
Tite-Live, XXV, 3, 21 ; XXVI, 2, 3. — Valère Maxime,
II, 8; VIII, 4.
* FLACCUS ( Cài«s Fulvius), général romain,
frère des deux précédents, vivait vers 220 avant
J.-C. Il servit de lieutenant à son frère Quintus
pendant le siège de Capoue. En 1209 il fut
chargé de conduire en Étrurie un détachement
de troupes , et de ramener à Rome les légions
qui stationnaient dans cette province.
Tile-Llve, XXVI, 33 ; XXVII, 8.
* FLACCUS ( Q. Fulvius), général romain ,
un des quatre fils de Q. Fulvius Flaccus, mort
en 173 avant J.-C. En 185 il fut édile curule
désigné. Le préteur de la ville C. Decimus étant
mort cette même année, Flaccus se porta candi-
dat pour cette place, et ne put l'obtenir, malgré
de grands efforts. En 182 il obtint enfin la
charge de préteur, avec l'Espagne Citérieure
pour province. Il commença par chasser les
Celtibériens de la ville d'Urbicua, puis il les
défit dans une grande bataille, leur tua 23,000
791
FLACCUS
792
hommes, et leur fit 4,000 prisonniers. Après la
réduction de la ville de Contrebia, il remporta
une seconde victoire, qui amena la soumission
d'une grande partie des Celtibériens. A la fin de
sa préture il lui fut permis de ramener avec lui
ceux de ses soldats qui s'étaient le plus dis-
tingués, et des prières publiques furent décrétées
à Rome pour célébrer son heureuse campagne.
Mais, au moment de son départ, il fut brusque-
ment attaqué dans un défilé par les Celtibé-
riens. Maigre le désavantage de sa position , il
remporta une complète victoire, due principale-
ment à sa cavalerie. Les ennemis perdirent
17,000 hommes. Fulvius Flacons, après avoir
fait vœu de célébrer des jeux en l'honneur de
Jupiter et de bâtir un temple à la Fortune éques-
tre, revint en Italie. Il célébra ses victoires par
un triomphe en 180, et fut élu consul l'année
suivante avec son frère L. Maniius Acidinus
Fulvianus. Après la célébration des jeux en l'hon-
neur de Jupiter sanctionnés "par le sénat , le con-
sul alla faire la guerre contre les Liguriens , les
défit et prit leur camp. A son retour à Rome, il
eut les honneurs d'un second triomphe , le jour
anniversaire du premier. En 174 il devint cen-
seur avec A. Postumius Albmus. Pendant sa
censure son propre frère fut expulsé du sénat.
Q. Fulvius Flaccus' s'occupa alors à bâtir le
temple qu'il avait voué en Espagne, et qui de-
vait être plus magnifique qu'aucun des édifices
religieux existant à Rome. Dans cette intention
il fit enlever la toiture du temple de Juno Luci-
na dans le Bruttium, afin d'en employer les
tuiles de marbre pour couvrir le nouveau tem-
ple. Les Bruttiens souffrirent par crainte le sa-
crilège ; mais quand le vaisseau qui portait les
marbres arriva à Rome, la manière dont le cen-
seur se les était procurés ne tarda pas à se di-
vulguer. Les consuls portèrent l'affaire devant
le sénat, qui ordonna de restituer les tuiles de
marbre et de faire des sacrifices expiatoires à
Junon. Les ordres du sénat furent exécutés;
mais comme il ne se trouva pas d'architecte
pour remettre les tuiles en place, elles restèrent
déposées dans l'area dû temple. Q. Fulvius
Flaccus n'en devint pas moins, après sa censuie,
membre du collège des pontifes. Il commença
bientôt à donner des signes de dérangement
mental , et le peuple regarda cette maladie comme
une juste punition de son sacrilège. Plus tard
Fulvius apprit que de ses deux fils, qui servaient
en Illyrie, l'un était mort et l'autre dangereu-
sement malade. Cette nouvelle acheva d'égarer
sa raison, et le lendemain on le trouva pendu
dans sa chambre à coucher.
Tite-Live, XXXIX, 39,56; XL, 1, 16, o0,etc., 35-44, S3,
S9; XLI, 27 ; XUI, 3, 28. — Velleius Paterculus, 1, 10 ;
11, 8. — Appien, Hisp., 2. — Valère Maxime, I, 1 ; II, S.
— Cicéron, in Ferr., I, 41.
FL.4CCUS {M. Fulvius), homme d'État ro-
main, neveu du précédent, mis à mort en 121.
Il est surtout connu par son amitié pour les
Gracques. Consul en 125, il fut envoyé au se-
cours des Massiliens, dont le territoire était en-
vahi par les Salluviens. Il soumit le premier les
Liguriens transalpins, et obtint les honneurs du
triomphe. Après la mort de Tib. Sempronius
Gracchus,en 129, il fut nommé, avec Carbon et
Caius Sempronius Gracchus, triumvir pour la
division des terres {agro dividendo). Il fut un
zélé défenseur de toutes les actions de Caius
Gracchus, et particulièrement de ses lois agrai-
res; mais il n'imita pas la conduite calme,
ferme et toujours digne qui caractérise la pure
et noble carrière de Caïus Gracchus, et le grand
ti'ibun perdit plus peut-être qu'il ne gagna a
l'amitié de Fulvius Flaccus. Parmi les accusa-
tions élevées contre ce dernier, se trouvait celle
d'avoir voulu exciter les alliés en proposant
pendant son consulat de leur garantir le droit
de cité. En 122, il accompagna C. Gracchus en
Afrique pour établir une colonie à Carthage; car
le sénat était ti'ès-désireux de les écarter, afin
de tout disposer en leur absence pour renverser
leurs projets. Tous deux retournèrent bientôt à
Rome. La veille du meurtre de Caius Gracchus,
Flaccus rassembla une troupe de gens prêts à
combattre le parti sénatorial, et il passa la nuit
à boire avec ses amis. Au point du jour il se sai-
sit avec sa bande du mont Aventin. Caius Grac-
chus se joignit à eux, tout en refusant d'user
de violence, et en obtenant de Flaccus qu'il en-
verrait son fils dans le Forum pour offrir la paix
aux partisans du sénat. Le consul Opimius re-
fusa, et exigea qu'avant toute négociation Flac-
cus et Gracchus se rendissent. Fulvius Flaccus
fit faire une* seconde demande par le même mes-
sager. Cette fois Opimius, impatient de commen-
cer la bataille, ordonna d'arrêter l'enfant et 'de
le mettre en prison ; puis il s'avança contre la
bande de Flaccus, qui fut bientôt dispersée. Flac-
cus et son fils aîné se réfugièrent dans un bain
public ; ils y furent découverts et mis à mort. Il
ne paraît pas que Fulvius Flaccus ait eu aucun
mauvais motif pour se joindre au parti des
Gracques , car aucune des charges élevées contre
lui n'est établie avec certitude; mais il compro-
mit par son audace la politique moins décidée
de C. Gracchus. Cicéron le mentionne parmi
les orateurs de cette époque, et prétend qu'il
ne s'éleva pas au-dessus de la médiocrité. IFne
de ses filles , Fulvie , épousa P. Lentulus , dont
elle eut Lentulus Sura; une autre fut mariée à
P. Lentulus, et une troisième à L. Csesar. qui
fut consul en 91 ; de ce dernier mariage naquit
L. Csesar, consul en 64.
Tite-Live, Epist., 59, 61. — Appien , Bel. civ., 1,
18, etc. — Plutarque, Tib. Gracch., 18; C. Gracchus,
10-16. — Velleius Paterculus, II, 6. — Cicéron, Brut., 28;
De Orat., 11, 70 ; in Cat., I, 2, 12 ; IV, 6 ( Schol. Gronov..
Jd Catil., p. 413 ) ; Pro Dom., ii; Pkil.,\\\l, 4. — Va-
lère Maxime, V, 3 ; VI, 3 ; IX, 5. — Meyer, Frag. Orat.
Boni., p. 219, 2<= edit.
* FLACCUS (Q. Fulvius), homme politique
romain, vivait vers 190 avant J.-C. 11 fut pré-
teur eu Sardaigne en 187. Après s'être porté
793
FLACCUS
r94
trois fois candidat pour le consulat , il obtint
enfin cette charge en 180, en remplacement de
son beau-père, Pison, qui venait de mourir. Il fut,
dit-on, empoisonné par sa femme, Quarta Hos-
tilia.
Tite-Llve, XXXVIII; 42 ; XL, 37.
* FLACCUS (Ser.-Fulvius), consul en 135.
Pendant son consulat, il soumit les Vardéens.
Cicéron l'appelle un homme lettré et éloquent.
Dans une certaine occasion il fut accusé d'inceste
et défendu par Curion.
Tite-Live, Epist, 36. — Appien, Illyr., 10. — Cicéron,
Brutus, 21,32; De Invent., 1,43; Schol. Bob., in Clod.,
p. 330, édit. Orelli.
FLACCUS ( P. Valerius ), amiral romain, vi-
vait vers 220 avant J.-C. En 218 il fut envoyé,
avec Q. Baebius Pâmphilus , en ambassade au-
près d'Annibal, alors occupé au siège de Sagonte,
avec mission de lui faire des remontrances , et
s'il n'en tenait pas compte, de se rendre à Car-
thage pour y porter les injonctions menaçantes
des Romains. En 215 il commanda', comme
lieutenant, un détachement de troupes, sous le
consul M. Claudius Marcellus , et il se distingua
à la bataille de Nola. Peu après il eut le com-
mandement d'une escadre de 25 vaisseaux qui
croisaient sur les côtes de la Calabre. Il inter-
cepta vme ambassade envoyée par Annibal à
Philippe de Macédoine, et s'empara de diverses
dépêches et du traité conclu entre le général
carthaginois et le roi de Macédoine. En consé-
quence de cette découverte, la flotte de Valerius
Flaccus fut augmentée, et il reçut l'ordre de pro-
téger les côtes d'Italie et de surveiller en même
temps celles de Macédoine. Pendant le .siège de
Capoue, lorsque Annibal marcha sur Rome,
Flaccus conseilla prudemment de ne pas retirer
toutes les troupes de Capoue; son avis fut
adopté.
Tite-Live, XXI, 6; XXIII, 16, 34, 38 ; XXVI, 8. - Ci-
céron, Philipp., V, 10.
FLACCUS (L. Valerius), homme d'État ro-
main, mort en 180 avant J.-C. Édile curule en
201 avant J.-C.,iil fut élu préteur l'année suivante,
et reçut la Sicile pour province. En 195, il de-
vint pontife à la place de M. Cornélius Cethegus.
Dans la même année il fut investi du consulat
avec M. Porcius Caton, et obtint l'Italie pour
province. Pendant l'été il fit la guerre aux
Boïens, les vainquit , leur tua 8,000 hommes,
et dispersa le reste de leur armée. II passa la fin
de la campagne sur les bords du Pô, à Plai-
sance et à Crémone, occupé à réparer les villa-
ges détniits par la guerre. Il resta encore dans
le nord de l'Italie pendant l'année 194, en qua-
lité de proconsul, et, près de Milan, il combattit
avec succès les Gaulois, les Insubriens et les
Boïens, qui avaient passé le Pô sous le comman-
dement de Dorulacus : 10,000 ennemis périrent,
dit-on, dans cette bataille. En 191 Valerius Flac-
cus, quoique consulaire, servit de lieutenant à
M. Acilius Glabrio dans la guerre contre les
Étoliens et les Macédoniens. Il occupa avec deux
mille fantassins Rhoduntia et Tichius. Les Ma-
cédoniens s'approchèrent de son camp par mé-
prise , et, saisis d'une terreur panique à la vue
des Romains, ils s'enfuirent dans le plus grand
désordre. Flaccus les poursuivit, et en fit un
grand carnage. En 184 il fut collègue de
M. Porcins Caton dans la censure , et la même
année il devint prince du sénat. Il mourut
quatre ans plus tard , et eut pour successeur
comme pontife Q. Fabius Labéon.
Tite-Live, XXXI, 4. 49, 50 ; XXXII, 1 ; XXXHI, 42, 43 ;
XXXIV, 21, 46; XXXVI, 17, 19; XXXIX, 40, etc., 52 ;
XL, 42. — Polybe, XX, 9, etc. — Plularque , Cato Ma-
jor, 12. — Corn. Népos, Cato, 2. — Orose, IV, 20.
FLACCUS {L.- Valerius), homme d'État ro-
main, vivait vers 150 avant J.-C. Il était flamine
de Mars {flamen martialis), et fut élu consul en
131, avec P.-Licinius Crassus, alors grand-pon-
tife. Flaccus désirait prendre le commandement
de l'expédition contre Aristonique en Asie, mais
son collègue le mit à l'amende pour avoir né-
gligé les rites sacrés confiés à ses soins. Le
peuple, devant lequel ou porta la question, annula
l'amende , tout en ordonnant au flamine Vale-
rius d'obéir au pontife Crassus.
Cicéron, Phil., XI, 8.
FLACCUS (Z. Valerius), général romain,
probablement fils du précédent, tué vers 87
avant J.-C. Pendant qu'il était édile curule, il
fut l'objet d'une accusation de la part du tribun
Decianus. En 100 il fut collègue de Marius, dans
son sixième consulat, pendant les troubles exci-
tés par L. Appuleius Saturninus. Les deux con-
suls reçurent du sénat l'ordre de requérir l'aide
des tribuns et des préteurs pour maintenir l'or-
dre public. En conséquence Valerius Flaccus fit
mettre à mort Saturninus , Glaucia et les autres
chefs du parti révolutionnaire. Quatre ans après,
Valerius Flaccus fut élu censeur avec Marc-An-
toine l'orateur. En 86 Cinna le choisit pour col-
lègue à la place de Marins, qui venait de mourir
dans son septième consulat, et lui confia le soin
d'aller en Asie résister à Sylla et meth'e fin à la
guerre contre Mithridate. 11 amenait comme
lieutenant C. -Flavius Fimbria. Son avarice et sa
cruauté lui aliénèrent l'esprit des soldats, qui dé-
sertèrent du côté de Sylla, ou ne restèrent que
par l'influence de Fimbria, Celui-ci, qui avait
gagné la faveur des soldats par son indulgence,
eut une querelle avec le questeur de l'armée.
Flaccus lui donna tort, et le destitua; il fit de
plus la faute de le laisser à Byzance, tandis que
lui-même se rendait à Chalcédoine. Averti que
Fimbria avait profité de son départ pour exciter
une révolte, il revint en toute hâte; mais il
fut forcé de prendre la fuite, et se sauva à Ni-
comédie. Fimbria l'y poursuivit, et le fit tuer.
Sa tête fut jetée à la mer, et son corps laissé
sans sépulture. La plupart des historiens rap-
portent le meurtre de Flaccus à l'année même
de son consulat, en 86 ; mais Velleins le place
l'année suivante. Au commencement de son
consulat, il rendit une loi qui abolissait les det-
795
FLACCUS
798
tes, ou du moins les réduisait des trois quarts.
Sa mort violente fut regardée comme une juste
punition de cette loi inique. Les légions que l'on
voit figurer sous le titre de Valerianae dans
l'armée de LucuUus avaient été probablement le-
vées par Valerius Flaccus.
Tite'Live, Epist., 82, 96. — Applen, Mithrid., Si. etc. ;
Betl. civ., I, 75. — Platarque, Sulla, 33. — Orose, VI,
2. — Cicéron, Pro Flacco, 23, 25, 32; Pi-o Rab. perd.,
7, 10 ;/» Cat, I, 2; Brut., 62. — Val(ïrs Maxime, !I, 9.
— nion Cassliis, Fragm. Peiresc, n" 127, p. 51, édit. de
Selraarus, XXXV, 14-16 , XXXVI, 29. - Salluste, Hist., \l.
FLACCCS (L. Valerius), sénateur romain,
vivait vers 85 avant J.-C. Il n'est connu que par
un seul acte politique. Sylla en rentrant à Rome,
après la défaite du parti de Marius, ordonna au
sénat de nommer un interroi. Le choix tomba
sur Valerius Flaccus. Celui-ci rendit aussitôt
une loi qui investissait Sylla de la dictature
pour un nombre indéfini d'années, sanction-
nait et donnait force de loi à tous ses décrets
antérieurs. Sylla, en prenant possession de la
dictature, choisit Flaccus pour son maîti'e des
cavaliers.
Plutarque, Sulla, 33. — Appien, Bel. civ., I, 97. — Ci-
céron, De Leg. aoraria, 111, 2; yid Attic,, VIII, 3;
(Schol. Gronov., Ad Roician., p. 435, é*t. Orelll ).
FLACCUS (C. Valerius), général romain,
vivait vers 100 avant J.-C. Préteur urbain en 98,
il porta devant le peuple, du consentement du
sénat , une loi qui accordait à Calliphana, prê-
tresse de Yélia, le droit de cité à Rome. En 93
il fut consul avec M. Herennius, et plus tard
il succéda à T. Didius comme proconsul en
Espagne. Les Celtibériens, qui avaient été traités
très-cruellement par ses prédécesseurs , se ré-
voltèrent dans la ville de Belgida , et brûlèrent
tous leurs sénateurs , dans la maison sénatoriale ,
parce qu'ils refusaient de se joindre à l'insur-
rection. Flaccus s'empara de la ville par sur-
prise, et mit à mort tous ceux qui avaient pris
part au meurtre des sénateurs. Cicéron parle
d'un C. Valerius Flaccus imper ator et propré-
teur de la Gaule en 83, sous le consulat de
L. Cornélius Scipion et C. Norbanus; c'est peut-
être le même que celui-ci.
cicéron, Pro Balbo, 24 ( Schol. Bob., Àd Cic. p. Place,
p. 233, éd. Orelli). — Appien, Hispan., 100.
FLACCUS (L. Valerius), administi'ateur ro-
main, fils du L. Valerius Flaccus, assassiné par
Fimbria, vivait vers 80 avant J.-C. Il servit en
Cilifiie comme tribun des soldats sous les ordres
de P. Servilius, en 78, et plus tard comme
questeur sous M. Calpurnius Pison, en Espagne.
Préteur en 63, l'année du consulat de Cicéron ,
il s'empara des ambassadeurs allobroges, et
saisit les papiers qu'ils avaient reçus des com-
plices de Catilina. L'année d'après sa préture, il
fut chargé de l'administration de l'Asie, et eut
pour successeur Q. Cicéron. En 59, il fut ac-
cusé par D. Lœlius de s'être rendu coupable de
concussions dans son gouvernement d'Asie.
Flaccus , bien qu'indubitablement coupable , eut
pour défenseurs Cicéron, dont le discours existe
encore, et Q. Hortensius : il fut acquitté. Cicéron,
pour attendrir les juges, fit comparaître le jeune
fils de Flaccus. Plus tard ce fils prit parti pour
Pompée dans la guerre civile, et fut tué à Dyr-
rachium, en 48. Eckbel identifie ce Valerius
Flaccus avec un flamine de Mars qui portait le
même nom et était aussi contemporain de Ci-
céron ; mais le premier était préteur, tandis que
le second est simplement appelé flamine de Mars
par Cicéron et par Varron.
Cicéron, Pro Flacco, 3, 13, 21, 36, 40 ; in Cat., III, a, 6 ;
Ad Ait., I, 19; II, 25; ire Pison, 23; Pro Plane, il,
(Schol. Bob., Pro Place, p. 228); Orat., 38; De Divin.
— SaUuste, Cat., 45. — César, Bel. civ., 111, 53. — Var-
ron, De Lingua Latina, VI, 21. — Eckhel, Doctrina
Nummorum,
* FLACCUS ( C. Norbanus ), général romain,
vivait vers 50 avant J.-C. En 42 lui et Deci-
dius Saxa furent envoyés par Octave et An-
toine en Macédoine , avec huit légions ; de là
ils marchèrent sur Philippes, pour opérer contre
Brutus et Cassius. Ils campèrent dans le voisi-
nage de cette place, et occupèrent une position
qui empêchait l'armée républicaine de s'avancer
plus loin. Un stratagème de Brutus et de Cas-
sius décida Flaccus à s'en éloigner ; mais il s'a-
perçut à temps de sa méprise, et rentra dans sa
première position. Voyant que l'ennemi mena-
çait de la tourner, Norbanus Flaccus battit eju
retraite sur Amphipolis , et les républicains , sans
le poursuivre, campèrent près de Philippes;
Antoine , qui accourait avec des renforts , fiiï
heureux de trouver Amphipolis au pouvoir d(
ses soldats , et il laissa à Flaccus le soin de It
défendre tandis que lui-même marchait sur Ph^
lippes. Norbanus Flaccus fut consul en 38 ave
Appius Claudius Pulcher. Quant à C. Norbanu
Flaccus consul avec Octave en 24, c'était pro'
bablement un fils du précédent.
Appien, Bel. civ., IV, 87, 103, etc., 106, etc. — Dion Caë
siiis, XXX^iïlI, 43; XLVII, 35; XLIX, âS; LUI, 28.— Plu
tarque, Brutus, 38.
* FLACCUS (C. Avianus), ami de Cicéron
vivait vers 50 avant J.-C. Ses deux fils,C. Avia
nus et M. Avianus, se trouvaient probablemeri
attachés ainsi que leur père à l'administration gêné
raie des taxes publiques. En 52, Cicéron recom
manda C. Flaccus le fils à l'un des lieutenant
de Pompée , T. Titius , qui avait alors l'inten
dance des grains par suite de la loi qui avaj
remis à Pompée la direction suprême des ap
provisionnements. En 47, le même Cicéron «
commanda les deux fils à A. Allienus , procon
sul de Sicile.
Cicéron , Ad Fam., XIU, 35, 75, 79.
* FLACCUS ( Pomponlus ), administrateur rd
main, vivait au commencement de l'ère chrétienn«
En 19 après J.-C, Tibère lui confia le gouvei
nement de la Mésie, et le chargea d'agir contj
le roi Rhascupolis, qui avait tué Cotys, son frèr
et son collègue dans la royauté. Veiieius Pater
culus fait de lui un magnifique éloge : « C'était
dit-il , un homme né pour n'accomplir que dci
actions justes, faisant le bien par simple vertU;
797
et ue cherchant pas la gloire. » Mais cet éloge ,
venant d'un bas flatteui' de Tibère, est suspect,
puisqu'il s'agit d'un ami de ce prince. Suétone
raconte que Tibère et Flaccus, dans une certaine
occasion, passèrent une nuit et deux jours à
boire sans interruption. Flaccus mourut en 34 ;
il était alors depuis plusieurs années propréteur
de Syrie. Velleius lui donna le titre de consu-
laire. Aussi quelques écrivains l'identifient avec
L. Pornpouius Flaccus, consul en 17, et légat en
51 dans la Germanie supérieure. Cette identifi-
cation est évidemment inconcifiable avec la chro-
nologie.
Velleius Paterculus, II, 129. — Suétone, Tiber., 42. —
Tacite, Ann., II, 32 ; VI, 27. — Ovide, Ex Ponto, IV, 9,
75. — Masson, l^it. Ovid., ad ann. 769.
* FLACCUS ( Hordeonius ), général romain ,
tué en 69 de l'ère chrétienne. Il était légat con-
sulaire à l'armée de la Germanie supérieure lors
de la mort de Néron, en 68. Vieux, infirme, et
sans force morale, il était méprisé par ses sol-
dats. Quand ceux-ci refusèrent de reconnaître
l'autorité de Galba, Flaccus, qui n'était pas le
complice de leur trahison, n'eut pas le courage
de la réprimer. Vitellius en marchant sur l'Italie
lui confia le commandement de la rive gauche
du Rhin. Flaccus mit beaucoup de retard dans
l'envoi des troupes destinées à suivre Vitellius.
il agit ainsi par crarate d'une insurrection des
Baîaves, laquelle en effet ne tarda pas à éclater,
et aussi parce qu'au fond du cœur il était fa-
vorable à Vespasien. Il demanda même à Civilis
de l'aider à retenir les légions en simulant une
révolte parmi les Bataves. Civilis ne s'en tint
pas à l'apparence, et se révolta bien réellement.
Flaccus ne fit aucune attention aux premiers
mouvements des Bataves; mais bientôt leurs
succès ie forcèrent de faire au moins une ombre de
résistance. Il envoya contre eux son légat Mum-
mius Lupercus , qui fut défait. En montrant son
mauvais vouloir ou son inhabileté à réprimer la
révolte , et en recevant une lettre de Vespasien ,
il exaspéra ses soldats , qui le forcèrent de céder
le commandement à Vocula. Peu après , dans
une nouvelle mutinerie qui éclata en l'absence de
Vocula , il fut accusé de trahison par Herennius
Gallus , et jeté dans les fers. Vocula le fit re-
lâcher. Il conserva encore assez d'influence sur
les soldats pour obtenir d'eux de prêter ser-
ment à Vespasien à la nouvelle de la bataille de
Crémone ; mais ils n'en restèrent pas moins dans '
un état de complète insubordination, et à l'ar-
rivée de deux nouvelles légions ils demandèrent
un donativum. Flaccus y consentit. Les soldats
employèrent cet argent à la débauche et à la
boisson , et, dans le désordre de l'orgie , au mi-
lieu de la nuit, ils se saisirent de Flaccus et re-
gorgèrent.
TacitP. Hist., I, 9, 52, 84, S6;,II, S7, 97; IV, 13, 18, 19,
24,25,27,81, 30, 55; V, 26. — Plutarque, Galba, 10,18,22.
FLACCUS (Verrius) , grammairien et ar-
chéologue romain , vivait au commencement de
l'ère chrétienne. Esclave de naissance, il fut af-
FLACCUS 798
franchi par son maître, qui est inconnu, mais
qui devait s'appeler Verrius Flaccus. D'après
Aide Manuce (Ad Ciceronis Ep. addiv.,JX, 20),
ce maître serait un certain Verrius Flaccus dont
il est question dans Macrobe (.Sa^.,liv. V), et qui
était très-instruit dans le droit pontifical. Ce
n'est qu'une conjecture. Verrius Flaccus se fit
une grande réputation comme professem\ Pour
exercer l'esprit de ses disciples, il établissait
entre eux des concours. Non content de leur don-
ner un sujet à traiter, il accordait un prix au vain-
queur. Ce prix était quelque livre ancien, beau ou
rare. Les enfants de la première noblesse fré-
quentaient son école. Auguste le choisit pour
précepteur de ses deux petits-fils , Caius et Lu-
cius César. Verrius Flaccus fut logé au palais
impérial , et il professa dans cette partie du pa-
lais appelée Y Atrium Catilinœ. Il lui fut permis
de garder ses anciens élèves, à condition qu'il
n'en admettrait pas de nouveaux. Il recevait un
traitement annuel de cent mille sesterces ( plus
de vingt mille francs). II mourut dans un âge
avancé, sous le règne de Tibère. Sa statue se
voyait à Préneste , dans la partie inférieure du
forum, en face derhémicycle,où on lisait, gravés
sur une table de marbre, des Fastes coordonnés
par Flaccus lui-même. On a discuté sur la nature
de ces Fastes : il faut les distinguer des Fasti
Prsenestini , annales de Préneste, semblables
à celles que possédaient Aricium , Tibur, Tuscu-
lum (Ovide, Fasti, VI, 57, sqq). Les Fasti
Verriani étaient un calendrier indiquant les jours
où les tribunaux vaquaient, ceux où ils étaient fer-
més, et ceux où ils n'étaient ouverts que la moitié
de Isl \o\irnee (dies fasti, nef asti, intercisi ), les
fêtes religieuses , les triomphes, etc., mention-
nant spécialement tout ce qui était particulier
à la famille des Césars. En 1770 on découvrit
les fondations de l'hémicyc'e de Préneste, et
parmi les ruines on rencontra des portions d'un
ancien calendrier qui furent reconnues pour être
des fragments des Fasti Verriani. Des fouilles
ultérieures firent trouver d'autres parties du
même ouvrage. Le savant antiquaire Foggini re-
construisit d'après ces débris les mois entiers de
janvier, mars, avril, décembre et une partie de
février. Il publia son travail sous le titre de Fas-
torum anni romani reliquise; Rome, 1779,
in-8°. Wolf a reproduit ce calendrier à la fin de
son Suétone ; Leipzig, 1802, t. IV, p. 315-355; et
Orelli l'a inséré dans ses Inscriptiones Latinœ ,
vol. n, p. 379.
Verrius Flavius avait beaucoup écrit et sur
des sujets très-divers. Il était à la fois archéo-
logue, historien, philologue, poète même, puis-
que Priscien cite de lui ce vers hexamètre :
Blanditusqiie labor molli ciirabltur arte.
Il ne nous reste que huit ou neuf titres de ses
nombreux ouvrages, tous perdus aujourd'hui ,
à l'exception de quelques fragments. Voici ces
titres : Libri rerum memoria dignarum; c'é-
tait un recueil des faits et des coutumes les plus
799
FLACCUS
80 G
remarquables de l'histoire publique et privée des
Romains. Ce recueil, puisé à des sources an-
tiques et qui ne sont pas venues jusqu'à nous ,
serait d'nn très-gi-and prix pour la connaissance
des institutions civiles et religieuses de l'an-
cienne Rome ; ce qui nous en reste est peu de
chose , et se trouve dispersé dans les ouvrages
d'Aulu-Gelle, de Pline, de Macrobe; — Sa-
turnus , dissertation mythologique sur le culte
de Saturne en Italie ; — De Obscuris Catonis
( sur les archaïsmes de Caton ) ; ce traité, qui con-
tenait au moins deux livres, était comme un ap-
pendice du grand travail de Flaccus sur la langue
latine; — De Orthographia; cet ouvrage fut
l'objet d'une réfutation de la part de Scribonius
Aphrodisius , grammairien célèbre de la même
époque. Scribonius mêla à ses critiques philolo-
giques des attaques contre le savoir et les mœurs
de Flaccus ; — De duhiis Generilms : ce traité,
cité par Arnobe, Priscien et Charisius, était peut-
être simplement un chapitre de l'ouvrage précé-
dent; — Epistolse: ces lettres, mentionnées par
Servius {Ad Mn., VIII, 423), étaient aussi rela-
tives à des questions grammaticales ; — Etrus-
carum ( rerum ou disciplinaricm ) Libri : cet
ouvrage, mentionné par un vieux scoliaste de
Virgile {Interpres vêtus ab A, Maioeditus,ad
Virg. Jeh., X, 183, 198), était moins sans doute
une histoire des Étrusques qu'un recueil de par-
ticularités philologiques et archéologiques rela-
tives à ce peuple ; — De Verborum Significn-
tione. De Verborum Significatu; ces deux
titres, presque identiques, doivent indiquer un
seul traité, celui qui fut abrégé par Festus.
Pour tout ce qui concerne cet ouvrage, voij.
Festus. VerriusFlaccus,quiétaitavecVarron l'au-
torité la plus considérable pour toutes les notions
relatives aux origines et à l'histoire delà langue
latine, et qu'on pourrait appeler le Du Cange de
l'antiquité romaine , a été souvent cité par les
écrivains des premiers siècles de l'empire et par
les grammairiens postérieurs ; il serait trop long
et sans intérêt d'indiquer ici toutes ces citations ;
on les trouve recueillies dans l'édition publiée
par M. Egger sous ce titre : Marci Verrii Flacci
Fragmenta Sexti Pompei Festi Fragmen-
tum....; Paris, 1839, in-1 8. L. Jotoert.
Suétone, De illust. Gramm., XVII, XVIII, XIX;
Aug., etc.. 86. — R. Ott. Millier, Pra?/at. ad Pnmpeium
Festum; Leipzig, 1839.
FLACCCS {Caius Valerius), poëte romain,
mort dans la seconde moitié du premier siècle de
l'ère chrétienne. Son nom nous apprend qu'il ap-
partenait à l'antique et illustre maison des Vale-
rius et à la famille des Flaccus. Tandis qu'une
autre famille de la même maison , celle des Mes-
sala, gardait son ancien éclat jusque sous les
premiers empereurs byzantins, les Flaccus, rui-
nés par les guerres civiles, tombèrent dans l'obs-
curité. Le père de Valerius Flaccus nous est in-
connu , et ce que nous savons du poëte lui-
même se réduit à peu de chose. Certains manus- *
crits, entre autres celui du Vatican, lui donnent
les noms de Setinus Balbus ; mais cette mul-
tiplicité de noms est contraire à l'usage général
des Romains de ce temps de ne pas porter plus
de trois noms. Les mots de Setinus Balbus
ne s'appliquent sans doute pas à Valerius Flaccus,
mais à quelqu'un de ses commentateurs , ou au
propriétaire du manuscrit d'où sont dérivés tous
ceux qui donnent ces deux noms. Pourtant plu-
sieurs commentateurs se sont appuyés sur l'ex-
pression Setinus pour faire naître Valerius Flac-
cus à Setia, ville de Campanie (aujourd'hui
Sezza). D'un autre côté, Martial l'appelle « l'es-
poir et le nourrisson du foyer d'Anténor, « c'est-
à-dire de Padoue; il dit que « Apona (Padoue)
ne lui devra pas moins qu'àTite-Live et à Stella» :
deux passages qui indiquent clairement Padoue
comme le lieu de naissance de Flaccus. Pour
concilier cette contradiction, on a supposé que
Valerius Flaccus, né à Setia, fut élevé à Padoue.
Mais cette conjecture ne serait utile que si Seti-
nus s'appliquait réellement à Valerius Flaccus ,
ce qui est fort douteux.. Il n'est pas non plus
probable que toutes les épigrammes de Martial
qui portent la suscription Ad Flaccum aient été
faites pour l'auteur des Argonautiques. On doit
donc repousser comme suspectes toutes les iu-
ductions que des critiques en ont tirées pour re-
construire la biographie du poëte. C'est à peine
si sur l'autorité de ces deux vers des Argonau-
tiques :
Phœbe, raone, sî Cymae ac ralhi conscia vatls
Stat casta cortina dorao,
on peut admettre avec Pius et Heinsius que
Flaccus était membre du collège sacerdotal des
Quindécemvirs. D'après quelques vers très-
obscurs d'ailleurs du début des Argonaufiques,
on pense qu'elles furent adressées à Vespasien
et publiées lorsque Titus achevait la conquête de
la Judée. Un passage de Quintilien permet de
placer vers l'année 90 après J.-C. la mort de
Valerius Flaccus.
Il ne nous reste aujourd'hui de cet auteur
qu'un ouvrage inachevé , en huit livres , sur l'ex-
pédition des Argonautes. Ce sujet avait été traité
avec beaucoup d'art et d'élégance par Apollo-
nius de Rhodes. Varron d'Attax fit passer en
latin l'œuvre du poëte alexandrin. En le prenant
à son tour pour modèle , Valerius Flaccus ne
s'astreignit pas à la fidélité d'un traducteur, et il
modifia souvent le poème qu'il imitait. En gé-
néral il le développa, l'amplifia, insistant lon-
guement sur les aventures du voyage avant l'ar-
rivée des héros dans les domaines d'Aétès. Le
huitième livre finit brusquement au moment où
Médée supplie Jason de l'emmener en Grèce avec
lui. La mort d'Absyrte et le retour des Argo-
nautes suffisaient pour remplir encore trois ou
quatre livres ; nous ignorons s'ils sont perdus ou
si le poëte a laissé son œuvre inachevée.
Quintilien a dit : « Nous avons récemment
beaucoup perdu en Valerius Flaccus. » Cette ho-
801
FLACCUS
802
norable mais assez vague expression de regret a
induit certains critiques à attribuer à Flaccus les
plus hauts mérites poétiques. Cependant, les
Argonautiques n'ont aucune de ces qualités de
premier ordre qui conquièrent et gardent l'ad-
miration de la postérité. Le style en est labo-
rieusement élégant , obscur par rechercbe de la
concision ; la versification en est harmonieuse ,
mais de cette harmonie un peu lourde et
monotone qui caractérise les poésies de dé-
cadence. L'ensemble del'œuvi-e est froid et en-
nuyeux. Il serait aussi difficile d'y trouver des
fautes grossières contre le goût que des pensées
neuves , des images vraiment poétiques. Le ta-
lent de Valerius Flaccus ne brille guère que dans
les descriptions : elles sont vives, riches , vigou-
reuses , mais trop surchargées de détails et peu
naturelles. En somme, les Argonautiques sont
l'œuvre d'an érudit , d'un rhéteur, d'un versi-
ficateur, non d'un vrai poëte.
On les abeaucoup louées , on les a peu lues, et
elles n'ont jamais exercé d'influence sur aucune
littérature. Valerius Flaccus , resté inconnu du-
rant le moyen âge, fut remis en lumière par le
Pogge, qui, pendant le concile de Constance, en
1416, découvrit dans le monastère de Saint-Gall
un manuscrit contenant les trois premiers livres
des Argonautiques et une partie du quatrième.
L'édition princeps fut imprimée très-incorrecte-
ment, d'après un bon manuscrit, à Bologne, par
Ugo Rugerius et Doninus Bertochus, 1472,
infol.; la seconde édition, qui est beaucoup plus
rare que la première , fut publiée à Florence, par
Sanctus-Jacobus de Ripoli, in-4°, sans date, mais
vers 1481. Le texte, d'abord excessivement cor-
rompu, a été graduellement épuré par la colla-
tion de divers manuscrits , dans les éditions de
lo.-Baptiste Plus , Bologne , 1519, in-fol. ; de
[iUd. Carrion, Anvers, 1565, 1566, in-8°;de
Nicolas Heinsius, Amsterdam, 1680, in-19,; et
iurtout dans celle de Pierre Buraiann , Leyde ,
1724, in-4". C'est l'édition la plus complète qui
existe de Valerius Flaccus , bien que celles de
iïarles, Altenbourg, 1781, in-8°, de Wagner,
Soîttingue, 1805, in-8'', et de Leraaire, Paris,
1824, 2 vol. in-S" , soient d'un usage plus com-
node. Le huitième livre a été publié séparé-
nent, avec des notes critiques et des disserta-
ions sur certains vers supposés apocryphes, par
k. Veichert; Misnie, 1816, in-8°. Les Argonau-
Hques ont été traduites en vers anglais par Ni-
Bolas Whyte, en 1565, sous le titre de The
Story ofJason, how he gotte the golden jlece,
md how he did begyle Media ; out of laten
nto englische ; en vers français, par A. Bureau
le Lamalle; Paris, 1811, 3 vol. in-8°; en vers
italiens, par M.-A. Pindemonte; Venise, 1776,
«-4°, et en vers allemands, par C.-F. Wunder-
ich, Erfurth, 1805, in-8°.
Léo JoUliERT.
Martial, I, 62, 77. - Quinlilien, X, I. — Préfaces de
Plus, de Heinsius , de Burmann, de W^agner, recueillies
laiis l'édition Lcmaire, t. 1''^.
NOCV. BIOGR. GÉNÉR, •— T. XVII.
* FLACCUS GRANîus , jurisconsulte romain ,
vivait un siècle avant l'ère chrétienne. Il était
contemporain de Jules César. Au rapport de
Paul , il écrivit un traité ayant pour titre : Ve
Jure Papiriano. On appelait ainsi le recueil des
lois des anciens rois de Rome , fait par Papirius.
Un autre ouvrage de Flaccus, De Indigita-
mentis, est cité par Censorinus. Ces Indigita-
menta portaient sur certaines invocations en
usage dans les cérémonies religieuses. D'après
d'autres citations de Paul et de Censorinus , et
par suite de cette circonstance que Papirius était
lui-même pontife , on peut voir combien les cé-
rémonies religieuses et les lois civiles se con-
fondaient souvent à cette époque reculée de l'his-
toire romaine. Une loi Papirio citée par Servius,
et un passage du Jus Papirianum mentionné
par Macrobe, où l'on fait allusion à une distinc-
tion entre les ornements et le service intérieur
du temple, peuvent être attribués à Flaccus. Il en
est de même de quelques fragments recueillis
par le même Macrobe, par Festus, Arnobe et
Priscien. V, R.
Paul, Dig., SO.tit. 16. —Servius, y^d ^n., XII. — Ma-
crobe, 5at. — Censorinus , De Die Nat. — Malansius,
Ad XXX Ictor. Fragm. Comment., vol. II. — Dirksen,
Bruchstueclie. — Smitb, Dictionary of Greekand Ro-
man Biography.
* FLACCUS sicuLUS, jurisconsulte romain,
vivait probablement vers la fin du premier siè-
cle de l'ère chrétienne. On trouve des fragments
des écrits de ce jurisconsulte dans les Agrimen-
sores de Turnèbe. Ces fragments témoignent
d'une grande connaissance des lois, et fournissent
des détaUs de mœurs et de législation qui ne
sont pas sans intérêt. On y voit, par exemple, la
distinction entre les colonies, les municipes, les
préfectures et les ager occupatorius et arci-
finius. Des passages du même jurisconsulte se
rencontrent, par suite de quelque transposition ,
dans le Liber SimpUcii attribué à Aggennus Ur-
bicus. La même cause explique l'insei-tion d'un
autre passage de Siculus Flaccus dans une Con-
troversia de fine qui fait partie d'un traité De
Controversiis Agrorum, publié pour la première
fois dans le Rheinisches Muséum fuer Juris-
prudenz (Muséum rhénan de la Jurisprudence),
parBlume.
Fabrlcius, Bibl. Lat. (édit. Krnestl ). — Turnèbe, Agri-
mensores; Paris, 1354, in-i". — Smith, Dictionary of
Greek and Roman Biography.
* FLACCUS STATlLlUS(i:TaxuXXto;*Xaxxo<;),
auteur de quelques épigrammes de V Anthologie
Grecque , vivait à une époque incertaine. Nous
ne savons rien de lui, mais son nom prouve qu'il
était Romain. En tête d'une de ses épigrammes,
le nom de Flaccus est écrit TuXXioy "ï>Xàxxou ,
et trois auti'es portent la simple inscription de
$Xàxxou.
ViTuwc'k. , Anal. , vol. II, p. SG2. — Jacobs, Anthol.
Grœca, vol. II, p. 238 ; vol. XIH, p. 955. — Fabrlcius ,
Bibliothcca Grœca, vol, IV, p. 495.
* FLACCUS ( Tibullus ) , poëte dramatique
latin, d'une époque inconnue. On ignore son hia-
26
803
FLACCUS — FLACH-FRANCOWITZ
804
toire ; on sait seulement qu'il composa des mimes.
Il ne nous reste de ses œuvres qu'un seul vers,
tétramètre trochaïque , tiré d'un mime intitulé
Melcjene. Ce vers est cité par Fulgence , au mot
Capularem.
Bothe, Poetse scenici Latini, vol. V, p. 273.
FLACCUS (Persius). Voy. Perse.
FLACCCS {Horatius). Voy. Horace.
FLACCUS (Calpurnius). Voy. Calpurnius.
FLACCUS iLLYRicus (Matthias). Voyez
Flach Francowitz.
FLACILLA OU FLACCILLA JELIA (IlXaxiXXa
dans Grégoire de Nysse, <ï)>,àxy.iXXa dans la Chro-
nique d'Alexandrie), première femme de Théo-
dose le Grand, morte en 385. Quelques modernes
ont induit d'un passage obscur de Thémistius
qu'elle était fille d'Antonius, consul en 382, mais
cette conjecture est fort douteuse. On la croit née
en Espagne et tante maternelle de ce Nebridius
qui épousa, après 388, Salvina, fille de Gildon le
Maure. Flacilla eut au moins trois enfants de
Théodose, savoir : Arcadius, né vers 377 ; Hono-
rius , né vers 384 , et Pulchérie, née probable-
mentavant379,puisque, d'après Claudien, Théo-
dose avait pins d'un enfant en montant sur le
trône. Pulchérie mourut avant sa mère, et Gré-
goire de Nysse composa à ce sujet un discours
de consolation. Quelques critiques ont supposé,
mais sans raison, qu'elle avait un autre enfant
nommé Gratien. Flacilla mourut à Scotinum, en
Thrace, et Grégoire de Nysse composa son orai-
son funèbre. Tous les écrivains s'accordent à
louer Flacilla pour sa piété , sa charité et son
orthodoxie; et elle a été canonisée dans l'Église
grecque.
Thémistius, Orat., XVI; De Saturnino ; De Human.
Theodos. imp. — Claudien, Laus Serenx. — Saint Jé-
rôme, Epist. ad Salvin., vol, IV, édit. des Bénédictins. —
Saint Ambroise , De Obitu Theodos. Orat. — Grégoire
de' Nysse, Orat. funeb. pro Flacilla. — Théodoret ,
Histor. eccles-, V, 19. — Sozomène , Hist. écoles., VU,
6. _ Chron. ^lex., V. — Chron. Paschale , p. 363, édit.
de Bonn. — Tilleraont, Histoire des Empereurs, vol. V,
p. 143, 192, 232.
FLACÉ ( René), poète français, né à Noyen-
sur-Sarthe, le 23 novembre 1530, mort le 15 sep-
tembreieoo. Il était curé de La Couture, au Mans,
et dirigeait le collège établi près de cette église.
C'était alors, suivant La Croix du Maine , le plus
célèbre collège de la ville. Parmi ses principaux ou-
vrages, nous indiquerons : Catechismus caiho-
Ucus, in quo discipulus doctorem interrogat;
Paris, 1574, in-8°. La seconde partie de ce ca-
téchisme latin parut au Mans, en 1590, petit
111-4" , sous ce titre : Catechismi catholici pars
posterior. C'est un poème en vers élégiaques.
Placé le traduisit plus tard en français , sous le
titre de : Catéchisme catholique et sommaire
de la doctrine chrestienne ; Le Mans, 1576,
in-S". Ses vers français valent beaucoup moins
que les vers latins. On lui doit encore : Prières
tirées de la Bible, tournées du latin en vers
français; Le Mans, 1582, in-12; — De Cenoma-
norum Origine, petit poème latin inséré dans la
Cosmographie de Belleforest, t. I, p. 43 ; — De
Admirabili Ascensione Christi Carmen pane-
gyricum;LeM3LUS, 1591, 111-8°; — Copie d'une
lettre envolée par le curé de La Coulture a
ung sien confrère et amy touchant le dernier
concile de Tours; Le Mans, 1592, in-8". La
Croix du Maine attribue encore à Flacé des co-
médies, des noëls, et plusieurs tragédies inédites,
entre autres sa tragédie d'^Zi;js, comtesse de
Salbery, représentée au Mans, en juin 1579;
mais nous croyons que ces pièces sont perdues.
Nous pouvons cependant désigner entre les œu-
vres inédites de Flacé et conservées jusqu'à nos
jours : Spéculum Heereticorum carminé per-
strictum, ancien manuscrit de Colbert, qui porte
aujourd'hui le n° 8,405 parmi les volumes latins
qui appartiennent à l'ancien fonds du roi. B. H.
La Crois du Maine, BMioth. française. — Desportes,
Biblioçiraphie du Maine.— B. Hauré^u, Hist. litt. du
Mairie, t. I"', p. 1.
FLACH-FRANCOWITZ {Matthias), plus
connu sous le nom de Flacius Illyricus (1),
célèbre théologien protestant, né en 1520, à Al-
bona, dans l'Istrie, et mort en 1575, à Francfort-
sur-le-Mein. Privé jeune encore de son père et
négligé par ses tuteurs , il ne dut qu'à lui-même
les connaissances qu'il acquit. Il se tourna vers
l'étude de la théologie, et pour pouvoir s'y livrer
tout entier il forma le dessein , à l'âge de dix-
sept ans , d'entrer dans un couvent. Il consulta
là-dessus un de ses parents, Baldo Lupetino,
provincial des Franciscains. Celui-ci, qui avait
quelque penchant pour les principes protes-
tants , penchant qu'il paya plus tard de sa vie,
le détourna de ce projet, et, tout en l'exhortant
à continuer ses études de théologie , il l'engagea
à visiter les universités de l'Allemagne. Flacius
suivit ce conseil. En 1539 il se rendit à Bâle;
Simon Grynseus raccueillit dans sa maison , et
Matthias Garbicius , professeur de grec , le reçut
avec bienveillance et l'aida de ses lumières. Ea
1541 Flacius passa à Wittemberg, où il enter '"
Luther et Mélanchthon. 11 trouva dans ce d r"
nier un utile protecteur. Cependant le mou h
ment religieux au centre duquel il se trouAiîit
échauffa l'imagination de ce jeune homme, na i^■
rellement plein d'ardeur et de fougue. Les gran- •':
doctrines du péché, de la grâce, des peines él ■>>
nelles , qui occupaient une si grande place di if
les enseignements des réformateurs, porter i;f
le trouble dans sa conscience; il eut à traver «:•
une crise pénible avant d'arriver à ce calme ^V
l'âme qui n'est jamais le résultat que d'une fort •
croyance. Il était soumis d'un autre côté à d'assez-
rudes épreuves ; il n'avait aucune ressource . ei
il ne put pourvoir à son existence qu'en donn («<
des leçons de grec et d'hébreu ; heureusemifO'
pour lui , il s'était rendu ces deux langues as,*
familières à Bâle , auprès de Gryncfius et de GîK
biclus. Toutes ces difficultés ne l'empêcher "
(1)11 prit lui-même le surnom d'illyricus, pour ir
quer sa patrie. L'Istrie était une partie de l'Illyrie.
t
805
FLACH-FRANCOWITZ
806
pas de continuer ses études avec une rare cons-
tance.
En 1544 il fut nommé professeur d'hébreu à
Wlttemberg. La guerre le força de chercher pen-
dant quelque temps un refuge à -Brunswick;
mais il put bientôt reprendre ses fonctions, qu'il
continua jusqu'en 1 549. Après la mort de Luther,
l'esprit conciliant de Mélanchthon domina à
Wittemberg. Sous cette influence, on ne fut pas
éloigné de sacrifier à l'amour de la paix quel-
ques-unes des formules qui dans l'exposition
des doctrines blessaient le plus les catholiques.
Dans l'assemblée de la noblesse et du clergé de
Saxe, réunie à Leipzig en 1 548 par l'électeur Mau-
rice , Mélanchthon avait été d'avis qu'on pouvait
recevoir l'intérim comme une règle suffisante
dans les choses indifférentes , c'est-à-dire dans
les choses qui ne constituent pas le fond même
de la religion, entendant par là quelques-unes
des cérémonies du culte catholique dont l'adop-
tion lui paraissait offrir peu de danger pour les
croyances protestantes. Un certain nombre de
tliéologiens saxons se rangèrent à cette opinion.
Ces concessions révoltèrent le fougueux Flacius ;
il rompit avec Mélanchthon, et pour pouvoir
combattre plus libi'ement cette tendance, il
quitta Wittemberg, s'établit à Magdebourget se
trouva bientôt à la tête des luthériens rigides.
Telle fut l'origine des controverses violentes sur
ceqa'onaçpctlailes points adiaphoristiqueSjCon-
troverses qui pendant plusieurs années trou-
blèrent les églises protestantes de l'Allemagne.
Flacius, pour lequel il n'y avait point de choses
indifférentes quand il s'agissait de la liberté
chrétienne , publia un grand nombre d'opuscules
plus ou moins étendus contre Mélanchthon et
ses partisans , qu'on appelait philippistes , du
prénom de leui" chef. En même temps il atta-
quait dans de nombreux écrits l'Église catholique,
soutenant ainsi à la fois la guerre au dedans et
au dehors. Son zèle et ses ouvrages lui firent
des amis parmi tous ceux qui craignaient que de
concession en concession on ne finît par ruiner
l'Église luthérienne.
Quand les ducs de Saxe-Weimar fondèrent
l'université d'Iéna , destinée, dans leur intention,
à être le boulevard du luthéranisme, Flacius fut
naturellement désigné à leur choix. En 1557 il y
fut nommé professeur de théologie. Il apporta
dans son enseignement cet esprit roide et inexo-
rable qui avait déjà soulevé la tempête des points
adiaphoristiques. En 1559 il engagea les ducs
de Saxe-Weimar à proscrire par un édit toutes
les erreurs qui, selon lui, s'étaient glissées dans
l'Église luthérienne, et en particulier les opinions
théologiques de Mélanchthon, qîii avait aban-
donné les doctrines de Luther sur le fibre arbitre
et sur la grâce. Ce projet, qui aurait allumé un
nouvel incendie en Allemagne, fut repoussé;
mais cet échec n'arrêta pas l'ardeur de Flacius.
Il avait pour collègue à léna Victorin Strigel ,
disciple et ami de Mélanchthon. Ces deux hom-
mes ne pouvaient vivre longtemps en bonne
intelligence. Strigel donna bientôt occasion à
Flacius de se déclarer ouvertement son adver-
saire, en enseignant, plus librement que ne l'avait
fait Mélanchthon, que l'homme est capable de
contribuer en quelque chose à l'œuvre de sa con-
version. Ce fut en vain qu'il prétendit ne s'écarter
en rien des doctrines reçues ; Flacius ne se con-
tenta pas de cette déclaration ; il attaqua la doc-
trine de son collègue, et, mi' les réclamations de
quelques théologiens, la cour de Weimar décida
qu'il y aurait une conférence entre les deux pro-
fesseurs. Elle eut lieu à Weimar, en 1560, ea
présence du duc Jean-Frédéric , de ses frères,
de plusieurs conseillers et d'un certain nombre
de théologiens. Flacius, attiré par la discussion
sur un terrain difficile, poussa jusqu'à l'exagé-
ration ses assertions sur le péché originel. Pour
réfuter son adversaire, il avait soutenu que
s'il est vrai, comme l'enseigne l'Écriture, que
l'homme est entièrement pénétré par le péché
originel, il est impossible qu'il puisse contribuer
eu rien à sa conversion. Strigel , habile à manier
les armes de la dialectique , lui deinandasi après
la chute le péché originel était dans Thomme un
simple accident ou la substance humaine même;
s'il n'est qu'un accident, l'argument de Flacius
n'avait pas de base , et il semblait difficile d'ad-
mettre qu'il est la substance même de l'iiomme.
Peu habitué à ces distinctions subtiles , Flacius
voulut s'en teniraux déclarations bibliques ; mais,
pressé par son adversaire , il finit par répondre
que le péché originel est la substance même
de l'homme. Cette assertion causa une surprise
extrême; elle le fit accuser de manichéisme. Il
chercha à lui donner une interprétation raison-
nable; mais comme il ne voulut pas la rétracter,
il fut destitué en 1562 et invité à quitter les États
du duc de Weimar. Il est évident cependant
qu'il n'avait pas voulu prendre dans son accep-
tion métaphysique l'expression dont il s'était
servi, et qu'il ne l'avait employée que pour peindre
avec plus de force l'état de péché de l'homme.
Ce qu'il y eut ici de plus surprenant, c'est que
l'assertion hasardée de Flacius trouva des par-
tisans , parmi lesquels se distinguèrent, par leur
opiniâtreté, Chr. Irenaeus , prédicateur de la cour
de Weimar, Cyr.Spangenberg, prédicateur du duc
de Mansfeld, et quelques pasteurs deces deux prin-
cipautés et des pays voisins. Ils furent tous éga-
lement déposés. Cet acte de rigueur ne mit pas
fin à la controverse qui s'éleva sur ce point avec
une incroyable violence et qui menaça pendant
quelque temps de jeter en Allemagne un nouveau
brandon de discorde.
Flacius se retira à Ratisbonne. En 1567 il
fut appelé, avec Spangenberg et quelques autres
de ses amis , à Anvers pour diriger l'Église
évangélique qui venait de s'y former. Cette Église
fut" bientôt persécutée. Flacius se réfugia ;i Stras-
bourg; il passa bientôt à Francfort-sur-le-Mcin,
oîi il finit sa carrière agitée. Il est peu de théo-
26.
807
logiéns du seizième siècle qui aient exercé par
leurs écrits une si grande action que Flacius.
Possédant bien les langues bibliques , et versé
dans' la connaissance de l'histoire ecclésiastique,
il fut, malgré son orthodoxie rigide, le père de
la théologie critique. Le premier, il présenta
sous une forme scientifique un ensemble de
règles propres à guider l'interprète de l'Écriture
Sainte, jetant ainsi les bases de l'herméneutique.
Pendant longtemps on n'a rien eu de supérieur
à ce qu'il a écrit sur ce sujet. En même temps
il ouvrit une nouvelle voie à l'histoire ecclésias-
tique, dont il repoussa les légendes et les tra-
ditions erronées, fruits d'une piété mal éclairée,
et qu'il ramena aux sources. Ces services signalés
ne peuvent cependant faire oublier l'aigreur avec
laquelle il poursuivit toute opinion s'écartant de
l'orthodoxie luthérienne, l'ardeur avec laquelle
il souleva sans cesse de nouvelles querelles
théologiques , et la violence et l'exagération qu'il
apportait dans la discussion. Il abreuva d'amer-
tume la vieillesse de Mélanchthon, qui avait été
son maître et son bienfaiteur, et hâta peut-être
par ses attaques immodérées la fin de cet homme,
essentiellement ami de la paix. Mais il se faisait
illusion à lui-même, en excusant sa conduite à
ses propres yeux par cette maxime que l'intérêt
de la vérité doit passer avant la reconnaissance
et l'amitié. Un historien allemand fait remarquer
avec beaucoup de justesse qu'il semble s'être
donné pour mission de remplir dans les affaires
ecclé.siastiques le rôle d'un procureur général.
II n'est pas étonnant qu'un homme de ce carac-
tère ait excité , même chez ses coreligionnaires,
des haines ardentes. Un théologien luthérien de
son temps assurait que la seule bonne action
qu'il eût jamais faite avait été de mourir, et un
de ses partisans, Jacques Andréas, dit, dans
une de ses lettres, écrite après la mort de Flacius,
« que son Dlyricus était, atout prendre, l'IUyricus
du diable et qu'il soupait avec les diables, d'après
son intime conviction. « Il est juste cependant de
reconnaître que , quelque réels qu'aient été ses
torts, il les expia assez largement par les' persécu-
tions dont il fut l'objet dans les dernières années
de sa vie.
De ses nombreux écrits nous ne citerons que
les suivants, qui sont les plus remarquables et
les plus dignes d'être mentionnés : OmniaScripta
latina contra acUaphoristicas fraudes édita;
Magdebourg, 1 550, in-8° ; — Con/essionis Andr.
Osiandrï de Justificatione Refutatio; Francfort-
sur-le-Mein, 1552,in-4»; — Catalogustestiumve-
ritatisqui ante nostram œtatem Romanorum
pontificibus primatui eorumque erroribus re-
clamarunt et pugnantibus sententiis scripse-
runt; Bâle, 1556, in-4'' : cet ouvrage a eu plu-
sieurs éditions, dont les meilleures sont celles de
J,-C. Dietrich, à Francfort-sur-le-Mein, 1666 et
1674, in-4°. On raconte que pour avoir des pièces
qui ne se trouvaient que dans les bibliothèques
de quelques couvents , Flacius visita, sous un
FLACH-FRANCOWITZ SOS
habit de moine, divers monastères de l'Allema-
gne ; — Missa latina quse olim ante romanam,
ùirca 790 Domini annum, usu fuit, bona
fide , ex vetusto authenticoque codice des-
cripta; Strasbourg, 1557, in-S" ; livre curieux,
qui a été réimprimé dans les annales du P, Le-
cointe et dans les livres liturgiques du car-
dinal Bona; — Unanimis primitivse Ecclesise
Consensus de non scrutando divinas genera-
tionis Filii Dei modo; Bâle, 1560, in-S"; — De
Translatione imperii romani ad Germanos,
item de electione episcoporum, quse seque ad
plebem pertinet; Bâle, 1 566, in-8"; 2« édit. , Franc-
fort-sur-le-Mein, 1612, in-i^i — HistoriaCerta-
minumde Primatu Papse ;Bêi\e, 1554, in-8°;
— Ecclesiastica Historia, integram Ecclesise
Christi ideam secundum singulas centurias
perspicuo ordine complectens ; Bâle, 1 559-1 574,
in-fol. C'est le célèbre ouvrage connu sous le nom
de Centurix Magdeburgenses, qualification qui
lui a été donnée parce que les quatre premières
centuries et une partie de la cinquième furent
composées à Magdebourg ; il a eu plusieurs édi-
tions, dont aucune ne vaut la première. « Cet
ouvrage immortel , dit Mosheim , a répandu un
nouveau jour sur l'histoire des commencements
et des progrès de l'Église chrétienne, qu'une
multitude de fables avait obscurcie. » Flacius
fut aidé dans la composition de ces centuries par
Nie. Gallus , Jean Wigand et Matth. Judex , pré-
dicateurs à Magdebourg, et par Bas. Faber,
André Corvm et Th. Holzbutter. Comme cette
histoire devint entre les mains des protestants
une arme de guerre formidable contre i'itglise
catholique , on fit bientôt à Rome travailler à sa
réfutation , et c'est ce qui donna lieu à Baronius
A'écï:ïv&?,&?i Annales ecclésiastiques ( 1588-1607,
12 vol. in-fol., renfermant l'histoire des douze
premiers siècles); — Glavis Scripturœ Sacrse;
Bâle, 1567, in-fol., et plusieurs autres éditions ,
dont la meilleure est celle de J. Musseus, à Téna,
1675, in-fol. Cet ouvrage comprend deux parties,
dont la première est un dictionnaire donnant
l'explication d'une foule de mots et de locutions
de l'Écriture Sainte, etdontla seconde se compose
de plusieurs traités se rapportant en général à
l'herméneutique biblique. Malheureusement le
dictionnaire est fait pour la Vulgate, et non pour
les textes originaux. Malgré cela, et quoique
trop diffus et surchargé de discussions dogmati-
ques déplacées, cet écrit pris dans son ensemble
a été ce qu'on a eu pendant longtemps de pins
complet , de plus riche et de plus savant sur
l'herméneutique biblique; — Glossa compen-
diaria in Novum Testamentum; Bâle, 1570,
in-fol.; 2® édit. , Francfort-sur-le-Mein, 1659, in-
fol. : commentaire qui fut fort utile à l'époque où il
parut, quoiqu'il soit trop empreint des défauts
de l'auteur, c'est-à-dire de diffusion et de digres-
sion dogmatique. — On a encore de Flacius un
très -grand nombre d'écrits polémiques contre
les catholiques , contre l'intérim , contre les cal-
809
FLACH-FRANCOWITZ - - FLACKSENIUS
810
vinistes , contre Slrigel , Osiander , Georges Ma-
jor, le mystique Schwenckt'eld, etc. Enfin, il tira
de la poussière des bibliothèques Y Histoire de
Sulpice Sévère et l'écrit de Julius Firmicus Ma-
ternus , De Errore profanarum Religionum.
Michel Nicolas.
Twestus , Matthias Flacius lUyricus ; Berlin, 1844,
!n-8'>. — J.-B. RiUer,Beschreib. des Lebens Flacii; Franc-
fort-sur-le-M., 1723, in-S"; 2'^'éclit., 1725. — Adamus, f^itse
Germanorum Theolog. — Zeumerus, yitœ Theologorum,
lenensium. — Boissard, Icônes P'irorum illustrium,
part. III. — Camerarius, f'ita Melanchthonis. Caméra-
rius n'est pas toujours juste envers Flacius. — Bayle, Dict.
crit., art. lUyricus et f^ict. Strigelius. — Nlcéron, Mé-
moires, t. XXIV. — Prosp. Marchand, Diction, historiq.
— Schroeckh , Lebensbesckr. berûfimter Gelehrten, t. I.
— Rich. Simon, Hist. crit. des Commentateurs du N. T.,
ch. 47. — Mayer, Geschichte der Schrifterhl., passim.
— De Bure , Bibliographie instructive.
FLACH-FRANCOWITZ (Matthias F lacius II-
lyricus ) , fils du précédent et docteur en méde-
cine. L'identité de noms l'a fait confondre avec
son père par la plupart des biographes et des bi-
bliographes. Il fut professeur de médecine à Ros-
tock. On a de lui : C'ommentariorum physico-
rum de Vita et Morte Libri IV, in quibus ea
quee ejusdem argumenti ab Arislotele et Ga-
liano cxterisque philosophis et medicis brevius
obscurïusque tradita sunt, expeditiori mé-
thode copiosius explicantur; Francfort, 1584,
in-é"; 2" édit., Lubeck, 1616, iu-8°; — The-
mata de Concoctione et Cruditate; Rostock,
1594 , in-8"; — I)isputattones,partim physicse
partim medicx,inacademia Rostochiana pro-
posita'. ; Rostock , 1602 et 1603 , in-S" ; — Opus
lorjicum absolutissimum in Organon Aristote-
l'is; Francfort, 1593, in-8°. Michel Nicolas.
Supplementum Epitomes Bibliothecas Gesnerianse, à la
(in de la Bibliothèque franc, de Du Verdier. — Prosp.
Marchand, Dict. hist.
Fî.ACHAT [Jean-Claude) , industriel etvoya-
geur français , né à Saint-Chamond , vers le
commencement du dix-huitième siècle , mort en
1775. Poussé par le désir de s'instruire, il com-
mença par visiter l'Italie , et se rendit, en 1740,
à Constantinople , par Bâle et la vallée du Da-
nube. 11 avait le dessein de pousser son voyage
jusqu'aux Indes ; mais il ne put obtenir un pas-
se-port de l'ambassadeur de France , qui donna
pour prétexte de son refus les difficultés et les
dangers d'une telle entreprise. Forcé de s'arrêter
à Constantinople , il se mit à étudier, selon son
habitude , le commerce , les arts et l'industrie
des indigènes. S'étant rendu agréable au kislar-
agha Hadji-Bekhtasch , il obtint par la protection
de ce fonctionnaire le titre de bazerguian-bas-
chi (chef des marchands). Il pourvut la maison
du sultan d'un giand nombre de produits sortis
des manufactures de l'Occident et surtout de la
France. Sa position lui offrit la facilité de péné-
trer dans divers établissements , où il examina
les procédés usités chez les Grecs pour la tein-
ture, rétamage et la fabrication des tissus; et
comme il parlait le turc et le persan , il put s'in-
former par lui-même de tout ce qu'il désirait
apprendre. En 1755 il se rendit à Smyrne, où
il étudia la culture de la garance. Rentré enfin
dans sa patrie, après une absence de dix-huit ans,
il établit à la manufacture de Saint-Chamond en
Lyonnais , qui appartenait à son frère , des ou-
vriers grecs , étameurs , teinturiers, fileurs, qu'il
avait à grand'peine ramenés de Smyrne. Dans
son zèle patriotique pour hâter les progrès de
l'industrie française , il permit au public de vi-
siter les ateliers dont il était directeur, et d'imi-
ter les procédés nouveaux qu'il avait rapportés.
Cette conduite honorable obtint une récompense.
Louis XV accorda à la manufacture de Saint-
Chamond le titre de manufacture royale et divers
privilèges pour le maître et les ouvriers. Flachat
était membre de l'Académie des Sciences, Belles-
Lettres ^t Arts de Lyon. On a de lui : Observa-
tions sur le commerce et sur les arts d'une
partie de l'Europe , de l'Asie , de l'Afrique et
même des Indes orientales; Lyon, 1766, 2 vol.
in-12 , traduit en allemand sous le titre de Un-
tersîmhung zur Befœrderung des Handels,
der Kûnste, Handwerke ; Leipzig, 1767, 2 vol.
in-8°. Cet ouvrage contient le récit des voyages
de l'auteur, la relation de ce qu'il a vu ; le tout
entremêlé sans ordre de remarques et de mé-
moires sur divers procédés industriels, de la des-
cription de machines utiles ou curieuses et même
de quelques anecdotes. Quelques figures, assez
grossièrement exécutées, et trop en raccourci,
servent à faire comprendre le mécanisme des
machines. On trouve de plus dans le l" volume
la capitulation accordée par la Porte aux Fran-
çais en 1 740 ; dans le second, des détails intéres-
sants sur les sultans Mahmoud P"^ et Osman HT,
et une longue description du sérail. Flachat est
un des premiers Européens qui aient visité le sé-
rail ; au reste , il n'en parle que d'après des sou-
venirs, car il lui avait été expressément inter-
dit de prendre des notes ou de tracer des es-
quisses. E. Beauvois.
Flachat, Observations. — Meusel, Bibl. historica, t. II,
part. I, p. 270. — lireghot de Lut et Péricaud, Biographie
Lyonnaise; Lyon, 1839, gr. in-s».
FLACHERON ( Louis • Cécile ) , architecte
français, né à Lyon, en 1772, mort le 12 mars
1835. Il dirigea pour la ville de Lyon un grand
nombre de travaux, et devint membre de l'Aca-
démie de cette ville. On a de lui : Éloge de
Philibert Belorme, mémoire coiu-onné par
l'Académie de Lyon; Lyon, 1814; — Mémoire
sur la pierre de Choin de Fay ; Lyon ( sans
date), in-8°. Flacheron lut à l'Académie de Lyon
plusieurs mémoires et une traduction de la Ba-
silica Lugdunensis du P. de Bussières.
Breghot du Lut et Péricaud , Catalogue des Lyonnais
dignes de mémoire. — Louandre et Bourquelot, La
Littérature française contemporaine.
FLACKSENics ( /eaw j, prélat finlandais, né
à Mackyla,. en 1636, mort le 11 juillet 1708. II
étudia à l'université d'Abo, dont il devint secré-
taire en 1665; plus tard il fut successivement
adjoint à la Faculté de philosophie , professeur
de mathématiques en 1669 , pasteur en 1682,
811
FLACKSE.NIUS — FLACOURT
812
professeur agrégé de théologie en 1688 et profes-
seur ordinaire en 1689. Enfin, il fut élu évêque
de Wiborg. Ses ouvrages sont : Oratio fune-
bris in obitum M. Andreee Tliuronis , etc.;
Abo, 1665, in-4° ; —Algebra et VIII Epheme-
rides Cometse visi; ibid., 1681; — Synopsis
mechanicse \\hià., 1682, in-8°; — Disp. syno-
dal'is de Ecclesia ejusque subjecto, etc.;
1689, in-4''; — Sijlloge systematum theolo-
cjix miindi ante~et postdiluviam ad, hase nos-
ira tempora, etc.; ibîd., 1690, in-4"; — Chro-
nologia sacra; ibid., 1692, in-8°; — Har-
moniv evangelicœ; ibid., 1701, in-8°.
Stiermann, Suecia litter.
FLACHSENiîJS ( Jacquss ) , théologien et
physicien finlandais, natif de Mackyla, mort en
1696. Il fut docteur en théologie et prévôt de la
cathédrale d'Abc. En 1665 il professa la logique
et la métaphysique dans cette ville; en 1679 il
y fit des cours de théologie. On a de lui : Insti-
tutiones pneumaticrc ; Abo, 1664, in-5° ; —
Collegium logicuni; ibid., 1678, in-8°; — des
Oraisons funèbres.
Gezelius , Biog. Lex.
FLACIUS. Voy. FLA.CH-FRA.NCOWITZ.
FLACON-ROCHELLE. Voy. ROCHELLE.
FLACOURï {Etienne de), administrateur et
voyageur français, né à Orléans, en 1607, mort
en mer, le lOjuin 1660. Nommé commandant des
troupes du roi au fort. Dauphin dans l'île de'
Madagascar, il y passa en Î64S. Les établisse-
ments français se trouvaient dans la plus triste
situation; on s'était révolté contre le comman-
dant Pronis , qui ne réunissait pas des vivres en
quantité suffisante ou les laissait gaspiller par
les parents de sa femme, née d'un Madécasse.
Flacourt rétablit l'ordre, et, grâce à sa fermeté et
à sa prévoyance, il sut le maintenir pendant
tout le temps de son administration ; si l'on se
permit quelquefois des murmures , on n'en vint
jamais à une rébellion déclarée. Plusieurs dis-
tricts inconnus de Madagascar et quelques pe-
tites îles situées dans le voismage furent explo-
rés par ses ordres , et. il prit possession de l'île
Mascareigne, à laquelle il donna le nom d'île
Bourbon, en 1649. Malheureusement la même
sagesse ne le' guida pas dans ses rapports avec
les naturels. Déjà, du temps de Pronis, les chefs
madécasses avaient fait assassiner quelques
Français. Flacourt , au lieu de se borner à lier
avec eux des relations commerciales , eut le tort
de s'immiscer dans leurs querelles particulières ;
son but n'était pas de faire triompher la cause
de la justice ( car il paraît ne s'être nullement
enquis des motifs des dissensions ), mais de par-
tager les dépouilles de l'ennemi. Cette conduite
n'était pas de nature à diminuer dans l'esprit des
indigènes la crainte que leur inspiraient leurs
redoutables voisins ; aussi n'attendaient-ils qu'une
occasion pour commencer les hostilités. Fla-
court leur en fournit lui-même le prétexte. Il
s'était engagé à doimer un fusil à l'un des prin-
cipaux personnages du pays; iMis , informé que
cette arme devait être transmise à un Madécasse
mal disposé pour les Français , il lit percer la
culasse et bouclier l'ouverture avec du plomb;
de façon que le projectile frappât la poitrine de
celm qui ferait usage du fusil. Cette combinai-
son manqua heureusement, par l'indiscrétion de
Pronis; mais les chefs du district de Carca-
nossi, indignés de cette perfidie, formèrent une
ligue pour détruire les Français ; ils massacrèrent
ceux qui s'écartaient du fort, volèrent les trou-
peaux et les convois de vivres, et tentèrent^
d'assassiner le commandant. Quoique les Frart
çais n'eussent jamais été plus de 175 , et que ci
nombre fût alors diminué , les attaques de ces
pauvres indigènes n'étaient pas bien dangereuses ;
il n'y avait qu'une dizaine d'entre eux qui possé-
dassent des armes à feu ou qui en connussent
le maniement ; un jour on mit en fuite, par un
seul coup de canon, dix mille hommes qui
étaient venus entourer le fort. Ces malheureux,
abusés par leurs prêtres , remettaient le soin de
leur défense à des faiseurs de sortilèges et d'en-
chantements. Flacourt, au lieu de tâcher de les
ramener pailla douceur à de meilleures disposi-
tions , les traita avec une^rigueur excessive ; il
brûlait, pillait les villages, tuait les habitants,
faisait exposer les têtes des chefs de la i-évolte.
En 1652, trois cents villages du district de Car-
canossi firent leur soumission; ils jurèrent obéis-
sance au roi de France, et s'engagèrent à lui
payer le tribut qu'ils portaient auparavant à leur
chef; on leur promettait, en retour, la libre
possession de leurs biens et le droit de les
transmettre à leurs enfants. Mais cette soumis-
sion n'était ni volontaire ni sincère ; et les chefs
se retirèrent dans l'intérieur de l'île pour aller
fomenter des intrigues contre les Français. Les
vivres étant venus à manquer au fort, le 20 dé-
cembre 1653 Flacourt se mit en mer, sur une
petite embarcation, pour aller acheter des provi-
sions aux Portugais de Mozambique ; mais il fut
forcé, à cause du temps orageux, de rentrer
au port vingt jours après son départ. Comme il
était parti secrètement, on l'accusa d'avoir voulu
abandonner ses compagnons ; mais il apaisa les
murmures et démontra la fausseté de cette im-
putation. Quelques mois après , arrivèrent deux
navires que Flacourt avait ordre de charger de
marchandises à son choix. Ayant entendu dire
que les intéressés de la compagnie avaient cédé
leurs droits au duc de La Meiileraye, il confia à
Pronis le commandement du, fort, et passa en
France, en 1655, pour s'informer de l'état des
choses. Plus tard il fut nommé directeur géné-
ral de la Compagnie de l'Orient; il se rendit une
seconde fois à Madagascar, et se noya à son re-
tour. On a de lui : Dictionnaire de la Langue
de Madagascar, suivi d'un petit recueil de mots
de la langue des sauvages de la baie de Saldanha,
près du cap de Bonne-Espérance; Paris, 1658,
in-8° . Ce dictionnaire français-madécasse est très-
813
FLAGOURT
incomplet , il a été compilé sans soin ; les mots
sont transcrits en caractères latins. Dans le
mérne volume se trouvent un Catéchisme et un
■recueil de prières en français et en madécasse.
Ces ouvrages sont dédiés à saint Vincent de
Paul , qui avait envoyé des missionnaires avec
Flacourt; — Histoire de la grande isle Ma-
dagascar, suivie d'une relation de ce qui s'est
passé entre les Français- et les originaires de cette
île depuis 1642 jusqu'en 1655; et des moyens
de se préserver des maladies pendant le voyage
et le séjour dans l'ile; Paris, 1658, in-4° ; 2^ édi-
tion, 1661. Cette dernière contient de plus une
relation de ce qui s'est passé de 1655 à 1657 ;
mais on n'y trouve pas l'exposition des causes
du peu de succès de la compagnie. L'ouvrage
est divisé en deux parties : la première, intitulée
Histoire, contient une description de Madagas-
car, de Bourbon, de Nossi-Ibrahim et de Sainte-
Marie; des détails sur la religion, les mœurs, les
institutions, les productions, les quadrupèdes,
les poissons, les oiseaux ; la traduction française
de deux traités madécasses , et une traduction
en madécasse de quelques prières. Les plantes
et les animaux sont représentés par des gravures
assez grossières. La seconde partie , intitulée
Relation, est une histoire des établissements
français exposée avec confusion. L'ouvrage de
Flacourt est précieux , comme écrit par un té-
moin oculaire; tous les écrivains postérieurs
l'ont mis à contribution ; on reproche néanmoins
à l'auteur d'avoir trop vanté la fertilité du ter-
ritoire et d'avoir trop dénigré le caractère des
habitants; mais ses descriptions d'histoire na-
turelle ont toujours été fort estimées. Le nom de
Flacurtia'àété donné, par L'Héritier à l'arbuste
que Flacourt appeUe Alamaton. E. Beauvois.
Klacoiirt, Ueiatwn. — Brainac. etc.. Hommes illustres
de l'Orléanais, 1852 , t. 11. — Annales des F'oyayes,
t. XIV. — Boucher de La Rlcharderie, ISiblioth. tiniv. des
Foyages, t. IV, p. 269.
FLAD {Jean-Daniel) , économiste allemand,
né à Heidelberg, le 12 juin 1718, mort à Mann-
heim, en juillet 1780. Il fut conseiller d'adminis-
tration à Heidelberg. On a de lui : Pensées sur
une monnaie d'argent; 1752, in-8°; — Veber
das Aller des Lumpen.Papieres (De l'époque
de l'Invention du Papier de chiffon), 1756; —
Veber die Biicher-Insecten (Des Insectes des
Livres); 1774.
Meuse!, Gel. DeutscM.
*FLAGï (/e«nDE), trouvère du treizième
siècle ; on ne connaît rien à son égard , si ce
n'est qu'un vers du roman de Garin le Loherain
le désigne comme l'auteur de cette épopée, dont
le but est de raconter les guerres de Charles-
Martel et de Pépin contre les Sarrasins et autres
peuples. M. Amaury Duval observe qu'à travers
beaucoup de faits curieux , le poète a semé un
grand nombre de fables dans son ouvrage. Il
confond souvent les personnages, les temps et
les 'lieux ; mais, malgré ces fautes, cette produc-
tion, longtemps peu connue, est un monument
— FLAHAUT 814
précieux de l'ancienne littérature française. On
y voit comment quelques siècles suffisent pour
que les faits historiques s'altèrent et se trans-
forment dans l'esprit des peuples. 30,000 vers
environ sont compris dans le roman de Garin ,
mais Flagy n'en a guère composé que la moitié ;
on ignore le nom de son continuateur. La Biblio-
thèque impériale possède plusieurs manuscrite
de ce poème; M. Paulin Paris en a donné la pre-
mière édition; Paris, 1833, in-12; et M. Raynouard
a rendu compte de cette publication dans le
Journal des Savants, août et septembre 1833.
G. B.
Histoire littéraire de la France, t. XVIII, p. 738-748-
— LeGlay, Fragments d'Épopées romanes du dou-
zième siècle; Lille, 1838, ln-8°. — Leroux de Lincy, Ana-
lyse critique et littéraire du roman de Garin le Lohe-
rain , Paris, 1835, in-8°.
FLAHAUT DE LA BILLAKDERIE, famille
originaire de la Picardie. Au commencement du
dix-septième siècle, César de i^'/flAoî*?, chevalier,
seigneur de La Billarderie , en Boulonnais , fut
lieutenant-colonel au régiment de cavalerie de
Saint-Germain-Beaupré. Il laissa deux fils, dont
le cadet, Jérôme-François de Flahaiit, né en
1672, fut d'abord major des gardes du corps et
gouverneur de Saint-Quentin, et devint ensuite
lieutenant général des armées du roi, grand' croix
de l'ordre de Saint-Louis, etc. Il mourut à Paris,
le 27 avril 1761. Son frère aîné, Charles-César
de Flahaut, marquis de La Billarderie, seigneur
de Saint-Remy et d'Eau, né en 1668, parcourut
tous les grades de l'armée , à partir de celui de
cornette, et fut créé maréchal de camp en 1719,
puis lieutenant général en 1734. Il obtint ensuite
différents cotnmandements , entre autres celui
de la maison du roi. Il mourut à Wissembourg,
le 23 mai 1742. Il avait épousé une demoiselle
de Nesles, dont il eut quatre fils. L'aîné, le mar-
quis de La Billarderie, arriva aussi jusqu'au grade
de lieutenant général. A la révolutiou, il se retira
dans sa terre de Saint-Remy, près Chaumont,
et passa tranquillement cette époque orageuse.
Son frère puîné, le chevalier de La Billarderie ,
fut exempt des gardes du corps dans la compagnie
de Villcroy , et gentilhomme auprès des princes
petits-fils de Louis XV, devint brigadier des ar-
mées le 25 juillet 1762, et maréchal de camp en
1 770. Un troisième frère embrassa l'état ecclésias-
tique. Enfin le quatrième fut chevalier de Malte, et
eut dans la suite le titre de comte. Il eut le grade
de maréchal de camp, et fut intendant du Jardin
du Roi, après Buffon, jusqu'en 1792. 11 fut le
père du comte de Flahaut actuellement sénateur.
Dans .son inaltérable dévouement à la royauté, il
se prononça l'un des premiers et avec le plus de
vigueur coritre la révolution et toutes ses tendan-
ces. Il porta sa tête sur l'échafaud dans la ville
d'Arras. L. Louvet.
Fiicpcl. des Cens du Monde. — Nobiliaire de la Pi-
cardie. — Diction, général de la Noblesse de France.
'FLAHAUT DE LA BILLARDERIE (AîigttSte-
Charles-Joseph, comte, ne), général et diplomate
815
français, sénateur, etc., est né à Paris, le 21
avril 1785. Il était encore enfant quand son père
périt sur l'échafaud révolutionnaire. Sa mère,
privée par la coutiscation du peu de biens qu'a-
vait possédés son mari , emmena son fils unique
en Angleterre , où , presque réduite à la misère ,
elle trouva une ressource dans sa plume. Le
jeune Flahaut commença son éducation en An-
gleterre, et l'acheva en Allemagne, où il avait
suivi sa mère. Eii 1 798 tous deux revinrent à Pa-
ris, et à la fin de l'année suivante le jeune homme
entra dans un corps de cavalerie qui devait accom-
pagner Bonaparte, premier consul, en Italie. Il fit
donc ses premières armes dans la campagne de
Marengo. Dans les derniers mois de 1800, il passa
en Portugal comme simple dragon , et, à son re-
tour en France, il obtint l'épaulette de sous-lieu-
tenant. Attaché ensuite à Murât comme aide de
camp , il gagna les grades supérieurs à Austerlitz,
dans la campagne de Prusse, puis dans la guerre
d'Espagne, et, après avoir été nommé colonel à
la suite delà bataille de Wagram, il obtint l'hon-
neur, alors très-recherché, d'être admis dans
l'état-major du maréchal Berthier, qui lui fit
donner le titre de baron de l'empire. Depuis
1802, sa mère s'était remariée au comte de
Souza , nom sous lequel elle est restée connue
dans la littérature. Dans la guerre de Russie,
M. de Flahaut se distingua d'une manière particu-
lière au combat de Mohiief, le 26 juillet 1812,
et le 22 février suivant il fut promu au grade
de général de brigade. A son retour à Paris ,
Napoléon le nomma l'un de ses aides de camp.
Sa belle conduite à la bataille de Leipzig lui va-
lut le grade de général de division et le titre
de comte de l'empire. Il se fit encore remar-
quer à la bataille de Hanau, le 31 octobre 1813,
et reçut la croix de commandeur de la Légion
d'Honneur, le 23 mars 1814. Vers cette époque,
l'empereur le désigna pour traiter avec les plé-
nipotentiaires alliés d'un armistice, qui ne fut pas
conclu.
Après l'abdication de 1 8 14,M. de Flahaut adhéra
aux actes du gouvernement provisoire. Dès que
l'empereur eut réapparu en France, il cou-
rut reprendre près de lui ses fonctions d'aide de
camp. Envoyé à Vienne avec des dépêches
de Napoléon pour Marie-Louise , il fut arrêté à
Stuttgard et forcé de rentrer en France sans avoir
pu remplir sa mission. Créé alors pair de France,
il accompagna Napoléon à la frontière , et com-
battit encore à Waterloo. A l'issue de cette mal-
heureuse journée, il revint à Paris, et le 22 juin,
à la séance de la chambre des pairs , il se leva
pour contredire le maréchal Ney; il fit con-
naître les opérations de Grouchy , assura que ce
général avait encore plus de 40,000 hommes
sous ses ordres , et appuya avec chaleur la pro-
position de Lucien Bonaparte, qui demandait
qu'on proclamât Napoléon II. « Si Napoléon avait
été tué , disait le comte de Flahaut, n'est-ce pas
son lils qui lui succéderait ? Il a abdiqué , il est '
FLAHAUT — FLAHERTY ^ 816
mort politiquement, pourquoi son fils ne lui suc-
céderait-il pas ? >) Le général de Flahaut fut chargé
le 1" juillet, par le gouvernement provisoire,
du commandement d'un corps de cavalerie.
Mais les destins devaient s'accomplir. A la se-
conde rentrée du roi dans Paris , M. de Flahaut
fut inscrit l'un des premiers sur la liste de
ceux qu'on devait exiler de France sans juge-
ment préalable et par mesure de sûreté. Il dut
cependant à l'intervention du prince de Tal-
leyrand , ami de sa famille , de ne pas voir son
nom figurer dans la fameuse ordonnance du 24
juillet; néanmoins, on l'engagea à s'éloigner
temporairement. M. de Flahaut se rendit d'abord
en Suisse, dans les environs de Genève, d'où,
au bout de quelque temps , il fut obligé de passer
en Angleterre. Il y épousa, en 1817, miss Mercer
Elphinstone , fille de lord Keith, riche héritière
qui succéda plus tard aux titres et à la pairie de
son père, et dont il n'a eu que des filles. Pour
accomplir ce mariage, M. de Flahaut avait dû don-
ner sa démission du grade qu'il occupait dans
l'armée française. 11 vint depuis lors plusieurs fois
visiter la France , et finit par se fixer à Paris en
1827. La révolution de Juillet 1830 lui rendit son
grade et la pairie. En 1831, il fut nommé ministre
plénipotentiaire à Berlin. Au bout de cinq ou six
mois il donna sa démission. Il accompagna en-
suite le duc d'Orléans au siège d'Anvers; et à
l'époque de son mariage, en 1837, ce prince,
formant sa maison , choisit le comte de Flahaut
pour son premier écuyer; mais celui-ci garda
peu de temps cet emploi.
Le salon de madame de Flahaut eut longtemps
une certaine importance politique. M. de Flahaut
paraissait rarementàla tribunede la chambre des
pairs; il était du petit nombre d es membres d e cette
assemblée qui votaient constamment contre les
lois restrictives des libertés publiques. En 1841,
il fut nommé ambassadeur à Vienne , poste (ju'il
conserva jusqu'à la révolution de février. Le
gouvernement provisoire le mit à la retraite, par
un- décret du 17 avril 1848, et lorsque l'Assem-
blée législative eut annulé cette mesure, par un
décret du 11 août 1849, il ne demanda pas à ren-
trer dans les cadres. Au 2 décembre 1851, il se
mit à la disposition du président de la république,
et fit partie de la commission consultative
nommée alors. Créé sénateur en 1 853 , il a été
appelé en 1 854 à faire partie de la commission
instituée pour recueillir la correspondance de
Napoléon I*"^. L. Louvet.
Encyclopédie des Gens du Monde. — Dictionnaire de
la Conversation. — Biogr. universelle et portative des
Contemporains.
FLAHAUT (Comtesse de). Voyez Sovia. (ba-
ronne Adèle de).
FLAHAUT DE LA BILLARDERIE. Voy.
Angiviller.
FLAHERTY ( Roderic O' ), historien irlandais,
né en 1630, à MoycuUin, comté de Galway,
mort en 1718. On a de lui : Ogygia, sive rerum
817 FLAHERTY
Hibernicarum chronologia; Londres, 1685,
m-4° ; traduit en anglais, Dublin, 1793, 2 vol.
in-8°. L'auteur commence son histoire au déluge,
et la continue jusqu'à l'année 428 du Christ.
Cet ouvrage se divise en trois parties : la pre-
mière contient la description de l'Irlande, les
divers noms de cette île , son étendue , ses ha-
bitants, ses rois, le mode de leurs élections an-
nuelles ; la seconde est une espèce de tableau
synchronique de l'histoire irlandaise et des évé-
nements arrivés en même temps dans d'autres
pays ; la troisième est un récit très-ample des
affaires particulières de l'Irlande. L'auteur donne
ensuite une table chronologique exacte de tous
les rois chrétiens depuis l'an 428 du Christ jus-
qu'en 1022, et un court récit des principaux
faits de l'histoire de l'Irlande. O'Flaherty publia
une défense de son Ogygia contre les objections
de sir (ieorges Mackenzie.
Chalmers, General biographical Dictionary.
FLàMAEL. Voy. FlEMAEL.
FLAMAND (François). Foî/es Duquesnoy.
FLAIHAND (LE). Voy. LEFLA.MENC et Le-
FLAMAND.
FLAMAND-GRÉTRY (Louis-Victor), littéra-
teur français, né à La Fère-en-Tardenois (Aisne),
le 25 novembre 1764, mort eu 1843. Il épousa
en troisièmes noces une nièce de Grétry, et vécut
dans l'intimité de ce grand compositeur, dont il
ajouta plus tard le nom au sien propre. Après
être resté longtemps dans le commerce, il s'a-
donna à la poésie avec beaucoup de zèle et très-
peu de succès. Ses nombreuses productions sont
des pièces de circonstance, trop insignifiantes
pour être rappelées ici : nous citerons seulement
son Itinéraire historique, biographique et
topographique de la vallée d'Enghien- Mont-
morency; Paris, 1827, in-8°; Paris, 1835-1840,
2 vol. in-8°.
Quérard , La France littéraire.
FLAMEL (iVico^oa), célèbre écrivain-juré et
alchimiste français , né dans la première moitié
du quatorzième siècle , mort à Paris, le 22 mars
1418. Nicolas Flamel est un personnage com-
plexe. Par un côté il appartient à la biographie ,
par l'autre il touche au roman et à la légende.
On ne saurait dire avec certitude en quel lieu
il vint au monde. « Quelques auteurs , dit l'abbé
Vilain , ont écrit qu'il était de Pontoise. Une
signification faite vers 1432 à un habitant de
cette ville, au sujet d'une rente de la succession
de ce bourgeois, pourrait favoriser cette opi-
nion. Peut-être Flamel était-il né dans le fau-
bourg de la ville de Pontoise , sur la paroisse
de Notre-Dame, éghse à laquelle il a fait un
don par son testament (1). » La date précise
de sa naissance nous est également inconnue.
Mais il résulte des faits authentiques de sa bio-
graphie qu'en fixant, par induction, cette date
, (1) L'abbé Vilain, Histoire critique de N. Flamel, p. 2.
— FLAMEL 818
vers 1330, on ne s'éloignerait pas beaucoup
de la vérité. Quoi qu'il en soit, Nicolas Fla-
mel exerça de bonne heure à Paris la profes-
sion distinguée d'écrivain libraire. Un auteur à
peu près contemporain de ce personnage, et mis
récemment en lumière, nous fournit de très-
précieux renseignements sur l'origine et les
commencements de Flamel comme scribe ou
calligraphe. Cet auteur est Guillebert de Metz,
qui a laissé une Description de Paris, écrite de
visu vers 1430. « Item, dit-il en vantant les mer-
veilles de la capitale au temps passé. Item quand
y conversoient. . . . Gobert le souverain escripvain,
qui composa L'Art d'escripre et de taillier
plumes, et ses disciples, qui , par leur bien es-
cripre furent retenus des princes, comme le
jeune Flamel, du duc de Berry ; Sicart, du roy
Richart d'Angleterre (1); Guillemin, du grand
maistre de Rodes; Crespy, du duc d'Orléans;
Perrin, de l'empereur Sigemundus, delRonune;
item Flamel Vaisné, escripvain, qui faisoittant
d'aumosnes et hospitalitez , et fist plusieurs mai-
sons où gens de mestier demouroient en bas ;
et du loyer qu'ilz paioient estoient soutenus
povres laboureurs en hault (2). » Ainsi donc il
y avait au quatorzième siècle deux Flamel écri-
vains : Flamel le jeune, qui se nommait Jean ; nous
lui consacrerons une courte notice individuelle,
après son frère, l'aîné , qui est notre Nicolas Fla-
mel. C'était alors le beau siècle des calfigraphes
parisiens. Le roi Jean avait laissé pour fils trois
princes bibliophiles, et l'un d'eux portait la cou-
ronne de France sous le nom de Charles le Sage,
c'est- à-dire le Savant. Les deux autres : Jean, duc
de Berry , Philippe le Hardi, duc de Bourgogne,
leur neveu, et Louis, duc d'Orléans, firent exécuter
avec zèle ces riches manuscrits qui forment en-
core les plus splendides joyaux de nos biblio-
thèques publiques. La haute noblesse, à l'instar
des sires de la Fleur-de-Lis, rivalisait d'une ému-
lation littéraire. La florissante université de Paris
multipliait les écrits de ses renommés clercs et
docteurs. Le nom de Nicolas Flamel ne se trouve
pas parmi ceux de ces artistes en écriture qui
ont signé les beaux manuscrits auxquels nous
venons de faire allusion (3). Mais la pratique des
tribunaux, à cette époque de légistes et de pro-
cédure, put, avec la littérature courante, offrir
à son industrie un large débouché. Nous em-
ployons à dessein ces expressions positives ; car
le zèle de l'art et du beau idéal paraît avoir été do-
miné chez Nicolas Flamel par l'idée de l'utile.
Vers 1370, et sans doute un peu avant cette date,
Nicolas se maria ; l'amour, lorsqu'il ne préside
pas au mariage, a pour suppléant d'ordinaire l'in-
térêt. Pernelle, qui fut sa femme, était une
(1) Qui régna de 1377 à 1399.
(ï)Guilleb. de Metz, éd. par M. Le Roux de Lincy; Paris,
1855, ln-8», pag. 84. Cet opuscule fait partie du Trésor des
Pièces rares ou inédités que publie le libraire A. Aubry.
(3) Par contre, on y voit fréquemment le nom de Jean
Flamel, frère de INlcolas.
819
bourgeoise de Paris, mère, et déjà veuve de deux
maris ; mais elle avait du bien. Ils s'épousèrent
sous le régime de la communauté. Dès 1373 les
deux conjoints se firent donation générale et mu-
tuelle de leur avoir, acte renouvelé en 1386 et
maintenu par le testament de Pernelle, qui
mourut en 1397. Dame Pernelle, outre son bien,
paraît avoir possédé les talents d'une ménagère
active , vigilante et très-entendue. L'un des pre-
miers soins et des premiers succès des deux époux
fut de pourvoir à leur domicile. Deux ouvroirs ou
échoppes d'écrivain, d'abord très-modestes, s'a-
dossèrent pour eux aux murs de l'église Saint-
Jacques-la-Boucherie. C'est là que Nicolas Fla-
mel et son clerc se tenaient pour prêter à tout
chalant le ministère de leur plume. Ces ou-
vroirs ou échoppes devinrent de petits édifices.
Un terrain se trouvait nu en face de la même
église, en un point qui naguère .encore formait
l'angle de la rue des Écrivains et de la rue de
Marivaux. Ils achetèrent ce terrain , et y cons-
truisirent une maison tout enrichie au dehors
à'Instoires et de devises peintes, gravées et
sculptées. Cette maison était Vhostel des époux
Flamel. Ils y tenaient aussi une sorte de pension
ou pédagogie, en sa qualité de calligraphe ou de
libraire , associé ou agrégé ( vers la fin de sa
carrière) à l'université , il enseignait à de jeunes
écoliers externes l'écriture et les premiers élé-
ments littéraires. D'autres écoliers y demeu-
l'aient en bow^se, c'est-à-dire à titre de pen-
sionnaires. Une partie de ces jeunes gens étaient
fils de famille et appartenaient à des gens de
cour. En 1389 Nicolas Flamel et Pernelle, sa
femme, firent construire de leurs libéralités une
arcade au charnier ou cimetière des Innocents.
Le petit portail de Saint-Jacques-la- Boucherie ,
vis-à-vis de leur maison, fut également érigé du
liuit de leurs aumônes. Sur l'un et l'autre de
ces monuments , Flamel et sa femme étaient re-
présentés en pied (1), avec leur chiffre. Ces
figures, ainsi que divers accessoires , accompa-
gnaient un sujet pieux. Le tout était richement
sculpté, peint et doré.
Nicolas Flamel, devenu veuf, poursuivit et
vit se développer le cours de ses prospérités.
(1) Du temps de l'abbé Viliaia, six ou sept représenta-
tions ou portraits originaux de Nicolas Flamel subsis-
taient encore. Voy. lissai, p. SOS, note a, et Histoire
critique, etc., page 137 et passiin. Ces monuments furent
successivement détruits peu de temps après cette épo-
que. I,a trace la pins précieuse qui nous en ait été conser-
vée est une gravure au burin, qui accompagne l'Histoire
antique, d'après la sculpture de Sainte-Geneviève-des-
Ardents, église démolie en 1747. 11 existe une autre
figure de' Nicola.s Flamel , alchimiste, gravée en Alle-
magne , et copiée depuis par Montcornet. jMais cette
image est complètement apocryphe. On voit au nausée
de Cluny , sous le n" 92, la pierre tumulaire que Flamel
avait lui-même préparée pour sa sépulture. M. Brunel
de Presie possède une série de gouaches in-folio peintes
vers la lin du règne de Louis XIV, et qui paraissent avoir
été exécutées pour quelque alchimiste de cette époque.
On y remarque divers portraits de Nicolas Flamel et les
Figures hiéroglyphiques relatives à ses prétendus tra-
vaux d'alchimie.
FLAMEL 820
Vers 1404, il jouissait d'une considération qui
paraît s'être attachée autant à son caractère qu'à
sa fortune. Un curé de Paris constitué en di-
gnité ecclésiastique le choisit, dis-je, pour exé-
cuteur testamentaire, en compagnie de deux
autres notables personnages. Il fitalors construire
une seconde arcade au charnier des Innocents.
Il contribua aussi au bâtiment et à la décoration
extérieure de deux maisons religieuses. L'une
était la paroisse de Sainte-Geneviève des Ar-
dents, qui s'élevait rue Neuve-de-Notre-Dame en
la Cité, et l'autre la chapelle de l'hôpital Saint-
Gervais, située dans la rue de la Tixeranderie.
Sur chacun de ces édifices il eut soin de faire
représenter aux yeux de tous l'image et les at-
tributs du donateur. Je passe rapidement sur
divers autres actes de munificence ostensible
qu'il fit à sa propre paroisse et à d'autres églises,
s'il faut en croire une incertaine tradition , no-
tamment à Saint-Côme et à Saint-Martin-des-
Champs. Mais Charles V avait récemment
agrandi autour de la capitale cette ceinture qui
s'élargit de siècle en siècle et sans cesse. Au
delà de l'une des portes, celle qui portait le
nom de Saint-Martin , le prieuré de Saint-Mar-
tin-des-Champs étendait sa censive ou juridic-
tion sur des terrains médiocrement peuplés
ou livrés encore à l'agriculture. Quelques ma-
sures qui s'élevaient dans cq faubourg de laça
pitale étaient en ruine. Nicolas Flamel noua des
intelligences d'affaires avec le couvent, s'in
sinua dans sa confiance , dans ses bonnes grâces
Peu à peu , et piètre à pièce , ii acquit de ces
religieux diverses concessions de terrain, avei
ia faculté d'y bâtir. Une fois maître d'un espac
suffisant , c'est-à-dire vers 1407 et années sui
vantes, Nicolas Flamel fit construire en ce liei
divers édifices d'un caractère mixte; c'étaien
à la fois des institutions utiles, des maisons d<
i-apport et des établissements de charité. L'un(
de ces maisons notamment s'appelait le Grand
Pignon. Elle comprenait une lavanderie oi
lavoir et plusieurs corps de logis. Ainsi que noui
l'apprend Guillebert de Metz, des gens de mé
tier étaient logés, en payant, aurez-de-chaussée
et du produit de ces loyers, des laboureurs
sans moyens pécuniaires, trouvaient un asilî
gratuit dans la partie supérieure. Nicolas Fia
mel voulut consacrer par des signes durables e
visibles la destination de l'édifice. Les labou
renrs étaient tenus , pour s'acquitter, à dire tou
les jours un^o^er et un ave pour les pécheur
trépassés. A la hauteur de leur logement même
une large frise ou sculpture régnait sur la fa;
çade. Le Christ ou la Trinité, telle qu'on la fîgu^
rait alors, occupait le centre. Nicolas Flamel s']
était fait représenter. On y voyait en outre l'i;
mage des locataires gratuits, ou laboureurs,
genoux et délivrant, coraine on disait autrefois
leurs menus suffrages. Au-dessous de cette frisi
s'étendait sur une seule ligne une inscriptioi
explicative. La maison du Grand-Pignon
821
FLAMEL
822
perdu son pignon, la plupart de ses sculptures
et de ses antiques ornements. Mais elle subsiste
encore, rue de Montmorency, n" 51, et présente
aux regards de tous l'inscription primitive,
ainsi conçue : Nous hommes et femmes labou-
reurs demourans ou porche ( sur le deA^ant ) de
ceste maison, qui fut faicte en l'an de grâce
mil quatre cens et sept, sommes tenus, chas-
cun en droit soy, dire tous lesjùurs une pa-
tenostre et J. ave Maria en priant Dieu que
de sa grâce face pardon aus povres pécheurs
trespassez. Amen. Nicolas Flamel mourut
en 1418, sans avoir cessé d'accroître sa renom-
mée et sa fortune. 11 acheta le lieu de sa sé-
pulture, dans l'intérieur même de l'église de
Saint-Jacques- la- Boucherie. C'est ce que nous
apprend l'une des nombreuses clauses de son
remarquable testament (I), par lequel il léguait
à Saint- Jacques-la - Boucherie la généralité de
ses biens (n'ayant point d'enfants). Indépen-
damment de cette disposition principale , ce tes-
tament contient un grand nombre d'actes écla-
tants de Hbéralité.
L'idée qu'on se fait, d'après ces renseigne-
ments authentiques, au sujet de Nicolas Flamel
n'est déjà plus celle d'un bourgeois vulgaire. On
y voit un homme sagace , habile au gain (2),
amoureux de sa renommée, imitant la dévote
et vaniteuse ostentation des princes de son
temps, mais mêlant à ces travers le zèle du
bien , du juste et de l'utile. Grâce aux monu-
ments, aux fondations extraordinaires et multi-
pliées qu'il laissait, sa mémoire , après sa mort ,
au lieu de s'éteindre dans l'onbH, acquit en
quelque sorte un éclat et un retentissement pro-
gressifs. Entre autres exemples de ses largesses,
dix-neuf calices, ornés de son chiffre, furent lé-
gués par lui à autant d'églises. Il avait ibndé aussi
et doté à Saint-Jacques une chapelle de Saint-
Clément ou de Nicolas Flamel. Tous les mois,
d'après le vœu de ce même testament, on voyait
un cortège composé d'un prêtre et son clerc,
suivis de treize pauvres aveugles, partir en
procession de l'hôpital des Quinze- Vingts et se
rendre ainsi à l'église Saint-Jacques-la-Boucherie.
(1) Nous avons lu ce testament, qui subsiste en ori-
ginal sur parcliemln à la direction générale des ar-
chives, S. 3376.
(2) On a dit que Nicolas Flamel s'était enrichi des dé-
pouilles des juifs. Rien n'appuie celte accusation, indé-
pendamment du produit de son étude d'écrivain et de
sa pédago^'ie, Flamel se livrait à des spéculations fort
analogues h celles qui se pratiquent aujourd'hui. Il tira
de là une fortune assez grande pour un bourgeois ; mais
cette richesse ne dépassait aucunement les bornes du
possible. Nous citerons comme spécimen une de ses
opérations qui n'a rien de commun avec la pierre philo-
sophale, et dont nous possédons les traces positives. I.,e
11 novembre 1390, Nicolas Flamel acheta pour trente
francs d'or du coin du roi une rente de deux livres six
sousparisis, hypothéquée sur une maison sise devant la
pts«o«e( prison) du prieuré de Saint-Martin-dcs-Chanips,
au coin de la rue Saint-Martin et de la rue Gnérin-Iîuis-
seau. N'en étant pas payé, i| fit mettre la maison aux
enclières, et en fut déclaré adjudicataire le 17 novem-
bre 1414.
Là ils assistaient à un obit mensuel du testa-
teur, et le prêtre ne se retirait qu'après avoir
dit en outre une messe basse , à la chapelle de
Saint-Clément, pour l'âme de Nicolas Flamel.
Quatorze autres communautés avaient également
reçu une fondation perpétuelle de dix sous de
rente parisis, et venaient chaque année, par l'or-
gane de quatorze chapelains , acquitter ce bien-
fait en disant une messe basse à la chapelle de
Saint-Clément pour Nicolas Flamel. Le temps ,
en vieillissant les figures que Flamel avait de
toutes parts fait sculpter et peindre, y ajoutait le
prestige de l'âge et du mystère. Dès 1463, d'a-
près un témoignage authentique , /cm Flamel
était en renom d'être plus riche la moitié
qiCil n'étoit. Plus le souvenir de la réalité s'é-
loignait, plus le champ s'ouvrait à l'imagma-
tion, iK»ur expliquer l'énigme de cette renommée
croissante et inusitée. On demanda quelle était
la source de cette richesse , dont la crédulité
amplifiait l'étendue. A cette question l'état des
esprits offrait une réponse qui déjà servait d'ex-
plication à la fortune de Jacques Cœur et de
bien d'autres. On dit que Nicolas Flamel était
initié au grand œuvre, et qu'il avait trouvé le
secret Affaire de l'or. Il existe au département
des manuscrits de la Bibliothèque impériale un
petit livre (1) écrit sur parchemin en lettres go-
thiques, et qui débute ainsi : Cy commence lu
vraie pratique de la noble science d'alki-
mie... de tous les philosophes composé et des
livres des anciens, prins et tiré, etc. A la fin
du volume on lit : Ce présent livre est et ap-
partient à Nicolas Flamel, de la paroisse
Saint-J acqiies de la Boucherie, lequel il l'a
escript et relié de sa propre main. Mais cette
inscription n'est pas authentique. Un œil exercé
y reconnaît la main d'un faussaire, qui vivait vers
le commencement du dix-septième siècle : il a
gratté une inscription plus ancienne qui existait
à cette place ; il a surchargé cette inscription et
substitué le nom de Flamel à celui d'un autre
scribe ou propriétaire. Quant au texte du ma-
nuscrit lui-même, il paraît avoir été écrit en-
viron de 1430 à 1480, et ne saurait remonter à
l'époque de Nicolas Flamel. Effectivement, en
1561, un recueil anonyme, attribué par quelques
bibliographes à Gohorry, parut sous le titre de
Transformation métalliqtie; Paris, Guillard
et Warancore, in-S''. Ce recueil contient trois
petits traités d'alchimie , parmi lesquels figure
le Sommaire philosophique de Nicolas Fla-
mel. Dès lors la réputation de Flamel comme
alchimiste fut définitivement établie. Les figures
pieuses qu'il avait fait peindre et sculpter, son
portrait, celui de Pernelle, sa femme, son chiffre,
les devises de dévotion gravées sur des phylac-
tères, et jusqu'à son écritoire ou caicmard d'é-
crivain, qu'on voyait à l'une des arcades de sa
(1) Saint-Germain, n° l9Co;français ; voyez aussi, même
fonds, n°« 1037 et 1942.
823
FLAMEL — FLAMEN
824
maison, devinrent autant de symboles du grand
art. Cette croyance ne manqua pas de trouver un
crédit de plus en plus étendu ; elle se propagea
par la double voie de la tradition orale et de
la tradition écrite. Cette double tradition sub-
sistait encore avec beaucoup de force vers la fin
du dernier siècle. Mais à cette époque l'abbé
Vilain , prêtre de Saint-Jacques-la-Boucherie et
archéologue, détruisit cette superstition en pu-
bliant sur ce sujet deux opuscules remplis de bon
sens , et d'une critique tantôt maligne et tantôt
timide. On trouve dans cet ouvrage, par livres,
sous et deniers, le compte de la fortune que
possédait Nicolas Flamel , et le détail explicatif
des ouvrages qu'il fit élever, ainsi que de sa
vie : tout cela est tiré des archives et des titres
originaux de la paroisse Saint-Jacques de la
Boucherie, qui subsistaient alors en très-grande
partie (1). Un point demeuré douteux était celui
de savoir si Flamel avait au moins possédé ou
transcrit quelque ouvrage de philosophie her-
métique conservé sous son nom. Nous croyons
avoir établi qu'il n'a été l'auteur d'aucun ou-
vrage de ce genre. Vallet de Viriville.
Archives de la paroisse Saint-Jacqties la Boucherie,
à la direction générale , registre S 3385 ; cartons S 3382,
3383; — L'abbé Vilain , Essai sur l'histoire de Saint-
Jacques-la'Boucherie ; 1758, ln-12. — Histoire critique
de Nicolas Flamel, etc.; 1761, in-i2, fig. — Revue fran-
çaise et Étrangère, 1837, t. III, pages 65 et suiv. — D'
Ferd. Hoefer, Histoire de la Chimie, 1842, ln-8°, tome I ,
p. 427. — Mémoires de la Société des Antiquaires de
France, tome XV, XXI, XIII, etc. (1856).— Description de
la faille de Paris au quinzième siècle, parlGuillebert'de
Metz, publiée pour la première fols d'après le manuscrit
unique par Le Roux de Lincy ; Paris, 1855, in-12 ; — ;Louis
Figuier, L'Alchimie et les Alchimistes; Paris, iS56, in-i8,
p. 171, etc.
* FLAMEL. ( Jean ) , écrivain-libraire , frère
cadet du précédent, mort avant 1418. Il fut se-
crétaire et bibliothécaire de Jean duc de Berry,
qui avait réuni l'une des collections de livres
les plus riches pour son siècle. Son nom se lit
sur un grand nombre des manuscrits qui nous
sont restés de cette époque. Les formules ou ins-
criptions dans lesquelles Jean Flamel se men-
tionne lui-même occupent parfois toute une
page in-fol. Elles constituent souvent à elles
seules des chefs-d'œuvre de calligraphie et suf-
firaient à justifier le rapport que fait à cet égard
Guillebert de Metz. Nicolas Flamel en mourant
légua une sommé de 40 livres parisis « à ses pa-
rents, si aucun en a ». Personne n'ayant répondu
à cet appel , il y a lieu de penser que Jean mou-
rut avant son frère. V. de V.
Histoire critique, etc., p. 205. — Guillebert de Metz,
— Rarrois, Bibliothèque protypographique, 1830, in-4°,
passim. — Le comte de Bastard . Notice sur la biblio-
thèque de Jean duc de Berry (inédit ).
* FLAMEN {Q. Claudius) , général romain,
vivait vers 210 avant J.-C. Préteur en 209, D
eut pour province les districts de Salente et de
(1) Ces archives subsistent encore, mais disséminées ou
réparties entre les diverses sections de la direction gé-
nérale.
Tarente, et succéda à M. Marcellus dans le
commandement des deux légions formant la
troisième division de l'armée qui tenait campagne
contre Annibal. 11 conserva son commandement
en 207 avec le titre de propréteur. Un de ses
postes arrêta dans le voisinage de Tarente deux
Numides porteurs de lettres d'Asdrubal, alors à
Plaisance, pour Annibal, qui se trouvait à Méta-
ponte. Conduits devant le propréteur et mena-
cés d'être mis à la torture, ils avouèrent quelle
était leur mission. Flamen les envoya sous
bonne garde au consul Claudius Néron, sans
ouvrir les dépêches. La découverte de ces lettres
sauva Rome, car elles étaient destinées à ap-
prendre à Annibal l'arrivée de son frère en Italie
et à préparer la jonction de leurs deux ar-
mées.
Tite-Llve, XXVll, 21, 22, 43 ; XXVIII, 10. *
FLAMEN {Albert), peintre et graveur fla-
mand, né à Bruges , vivait au dix-septième siè-
cle. II vint jeune à Paris, et se fit connaître par
de bonnes estampes , qu'il gravait sur ses pro-
pres dessins. On a de lui : Vues des environs
de Paris; — Diverses espèces de Poissons de
mer et d'eau douce; in-4»; — Devises et em-
blèmes d'amour moralisez; Paris, 1653, in-8°.
Basan, Dictionnaire des Graveurs. — Gandellini, No-
tizie istoriche degli Inîagliatori.
* FLAMEN OU FLAMiN (Anselme), sculp-
teur français, né à Saint- Omer (Artois), en
1647, mort à Paris, le 15 mai 1717. Élève de
Gaspar Marsy, il se perfectionna dans son art en
Italie. A son retour à Paris, il fut reçu, en 1681,
membre de l'Académie de Peinture et Sculpture ;
il avait fait pour sa réception un médaillon re-
présentant Saint Jérôme affaibli par les pra-
tiques de la vie pénitente. On a en outre de
lui , à l'hôtel des Invalides, plusieurs bas-reliefs,
tels qa'Un Ange tenant la sainte ampoule,
sculpté au-dessus d'une des portes communi-
quant du dôme dans les chapelles ; — à l'église
de Notre-Dame, Un des six anges portant les
instruments de la Passion, statues en bronze
qui ornent le chœur; — à l'église Saint-Paul
( anciennement église de la maison professe des
Jésuites), \& Mausolée d'un duc de Nouilles ,
monument en marbre composé de plusieurs
figures; — à l'église des Carmélites de la rue
Saint -Jacques , xm grand bas-rehef en bronze
doré, représentant V Annonciation ; ce bas-re-
lief était sur. l'attique du maître autel , magnifi-
quement décoré de colonnes de marbre- avec
chapiteaux et modillons de bronze doré; —
Saint' Chrysostome et saint Philippe, deux
des vingt-huit statues colossales en pierre qui
décoraient l'extérieur de la chapelle du château
de Versailles ; — Un jeune Faune portant un
chevreau, statue en marbre d'après l'antique ,
dans ia grande allée du petit parc à Versailles;
— Cyparisse caressant un cerf, statue en
lïiarbre, dans le même endroit, à Versailles;
— une Nymphe de Diane , en marbre, qu'on
825
FLAMEN — FLAMINIKUS
voyait à Versailles dans le bosquet des Dômes ; —
Diane chasseresse, en marbre, qui décorait une
des fontaines de Marly, — un groupe de Nymphes,
aussi en marbre, décorant un des bassins de ce
môme parc ; — Une Nymphe chassant av,
cailleteau, dont on voit un dessin au cabinet
des estampes de la Bibliothèque impériale ; —
V Enlèvement de la nymphe Orythie par Bo-
rée, hesm groupe, dans l'origine à Versailles,
aujourd'hui dans le jardin des Tuileries; — plu-
sieurs vases en marbre, ornés de bas-reliefs,
dans les jardins de Trianon et de Marly ; — un
bas-relief en bois représentant le Ravissement
du prophète Élie , qu'on peut voir au couvent
des Carmélites. Une grande partie des œuvres
de Flamen est aujourd'hui perdue.
Champagnac.
Saint-Victor, Tableau historique et pittor. de Paris.
— Documents inédits.
FLAMENC (Le). Voy. Leflamenc.
FLAMENG, FLAMANG OU FLAMANT ( Guil-
laume ), poète et hagiographe français , né à
Langres, vers 1460, mort à Clairvaux, vers 1540.
Il entra dans les ordres et, après avoir été cha-
noine de la cathédrale de Langres et curé de
Montheries, il se retira à l'abbaye de Clairvaux ,
où il finit sa vie. Il composa en prose et en
vers plusieurs ouvrages de piété, presque tous
inédits. Nous citerons seulement ceux qui ont
été imprimés. En voici les titres : Dévote ex-
hortation pour avoir crainte du grand juge-
ment de Dieu; in-4° (sans indication de date
ni de lieu) ; — La Vie de sainct Bernard;
Troyes, in-4'> (sans date); Paris, in-4° (sans
date); — La Vie et passion de monsei-
gneur sainct Didier, martyr et évesque de
Lengres, jouée en ladicte cité, Van mil
CCCCITI^^ et deux. Ce mystère, comme toutes
les pièces du même genre imprimées jusque ici,
offre une extrême confusion dans l'action, beau-
coup de prolixité et de trivialité dans le langage,
et on y chercherait vainement du sentiment ou
de l'imagination. Cette pièce, si peu digne d'être
imprimée, l'a été cependant par les soins de
M. Carnaudet, bibliothécaire à Langres; Lan-
gres, 1503, in-8°.
Carnaudet, Introduction à La Fie et passion de mon-
seigneur saint Didier.
* FLAMENG ( N....), guillotiné le 10 décembre
1 81 1 , àCambray, victime d'une déplorable erreur
judiciaire. Né à Marcoing , en 1780, il était garde
champêtre à Noyelle, lorsqu'il fut accusé d'a-
voir incendié la maison d'un de ses parents. Tra-
duit devant la cour d'assises de Douay, il fut,
sur des présomptions en apparence accablantes,
jugé coupable et exécuté malgré ses protesta-
tions d'innocence. Six ans plus tard, le 10 octobre
1817, un mendiant, condamné à mort pour
crime d'assassinat, déclara, avant de monter sur
l'échafaud, qu'il était seul l'auteiu- de l'incendie
dont l'infortuné Flameng avait subi la peine.
S. P. F.
f Notices sur les saints prêtres du diocèse de Cambray ;
in-8°; Cambray. — A.-C. Lcfebvre , Une Erreur judi-
ciaire au dix-neuvième siècle; 1851, in-S». — Mémoires
de la Société d'Émulation de Cambray, 1850 à 1851. —
Kd. RrayeWes, Ephémerides du Cambresis; Cavahray^iSo?,
in-8».
FLAMININCS, nom d'une famille de la maison
(gens) patricienne Quintia. Les Flamininus pa-
raissent assez tard dans l'histoire. Le premier
qui y figure, K. Quintius Flamininus, fut un
des duumvirs qui, en 216, reçurent l'ordre de
bâtir le temple de la Concorde, voué deux ans
auparavant par le préteur L; Manlius. Les mem-
bres les plus connus de cette famille sont :
* FLAMININUS (£. QMîn^Mts) , amiral ro-
main, né vers 240 avant J.-C, mort en 170.
Édile curule en 200, il fut investi, l'année d'après,
de la préture de la ville. Son frère Titus ayant
été chargé , en 198 , de la guerre contre la Ma-
cédoine , Lucius eut sous ses ordres la flotte ro-
maine destinée à protéger les côtes d'Italie. Il fit
d'abord voile pour Corcyre , rencontra près de
l'île de Zama la flotte , dont son prédécesseur,
L. Apustius, lui remit le commandement. Il se di-
rigea ensuite sur le cap Malée, et de là sur le
Pirée,pour rejoindre les vaisseaux romains qui y
stationnaient. Peu après, il ralfia les escadres
d'Attale et des Rhodiens , et avec les flottes
combinées il entreprit le siège d'Éi-étrie, alors
occupée par une garnison macédonienne. Les
habitants, qui craignaient autant les Romains
que les Macédoniens, ne savaient quel parti
prendre. Lucius Flamininus enleva la place d'as-
saut pendant la nuit. Le butin des vainqueurs
consista surtout en (euvres d'art qui ornaient la
ville. Caryste se rendit immédiatement après sans
coup férir. Ayant ainsi , dans l'espace de peu de
jours , pris possession des deux villes les plus
importantes de l'île d'Eubée, Flamininus fit voile
pour Cenchrées , port de Corinthe, et se prépara
à assiéger cette ville. D'après les instructions de
son frère , lui et les aimiraux alliés envoyèrent
des ambassadeurs aux Achéens , et leur deman-
dèrent de s'unir aux Romains. Cette ambassade
eut du succès , et la plupart des villes achéennes
envoyèrent des troupes aux assiégeants. Lucius ,
qui s'était emparé de Cenchrées, et qui avait mis
le siège devant Corinthe, venait d'essuyer une
défaite. GrAce aux renforts qu'il reçut des Achéens,
il continua le siège avec plus de chances de suc-
cès. Mais Ja garnison de Corinthe, composée
d'un grand nombre d'Italiens qui, dans la
guerre d'Annibal, avaient déserté l'armée ro-
maine , faisait une défense désespérée. Lucius , à
la fin, leva le siège, et retourna sur sa flotte,
avec laquelle il fit voile pour Corcyre , tandis
qu'Attale se rendait au Pirée. L'autorité de Titus
Flamininus ayant été prorogée pour l'année sui-
vante, Lucius garda aussi le commandement de
la flotte en 197. Il accompagna son frère à une
entrevue avec le tyran Nabis à Argos. Peu avant
la bataille de Cynoscéphales , apprenant que les
Acarnaniens étaient disposés à abandonner la
Macédoine, il alla mettre le siège devant Leu-
827
FLAMININUS
828
cade , leur capitale , espérant que la seule pré-
sence de sa flotte les déciderait à se soumettre.
Il n'en fut pas ainsi; les habitants de Leucade
résistèrent au contraire très - vigoureusement.
Comme ils continuèrent à combattre même après
que les Romains eurent pénétré dans la citadelle,
beaucoup d'entre eux furent massacrés. A la
nouvelle de la bataille de Cynoscéphales, toutes les
tribus acarnaniennes se soumirent. En 195, pen-
dant l'expédition de Flamininus contre Nabis,
Lucius , à la tête de quarante vaisseaux , soumit
plusieurs places maritimes du Péloponnèse , tan-
dis que d'autres se rendaient volontairement, et
s'avança vers Gythium , le grand arsenal de
Sparte. Titus, de son côté, commença d'assiéger
la même place par terre; mais, peu après, Goi-
gopas , commandant de la garnison , livra par
trahison la ville aux Romains.
En 193, L. Flamininus se présenta pour le
consulat. Le souvenir de ses récents exploits en
Grèce le fit élire consul pour 192 , avec Cn. Do-
mitius Ahenobarbus. Il eut la Gaule pour pro-
vince. En s'y rendant, il tomba sur les Liguriens,
dans le voisinage de Pise, et remporta une grande
victoire. 9,000 ennemis furent tués, les autres
se sauvèrent dans leur camp. La nuit suivante,
ils s'échappèrent en laissant leur camp au pou-
voir des Romains. Lucius Flamininus pénétra
alors dans le territoire des Boïens, le dévasta et
les força de se soumettre. A son retour à Rome,
il leva une grande armée, afin que ses collègues,
en entrant en charge , trouvassent des soldats à
conduire contre Antiochus. En 191, il servit de
lieutenant au consul Glabrion , qui avait la con-
duite de la guerre en Grèce. En 184 , M. Porcins
Caton , alors censeur, chassa Flamininus du sé-
nat, et prononça contre lui un discours très-sé-
vère, dans lequel il lui reprochait les crimes
qu'il avait commis pendant son consulat, sept
ans auparavant. Un de ces crimes atteste le ca-
ractère le plus atroce. <t Flamininus , dit Tite-
Live, avait séduit par de magnifiques promesses,
et emmené de Rome dans sa province de la
Gaule, un ijeune débauché fort célèbre alors,
nommé Philippe le Carthaginois. Ce jeune homme,
voulant se faire aux yeux du consul un mérite
de sa complaisance, lui reprochait assez ordi-
nairement, par forme de plaisanterie, de l'avoir
emmené de Rome la veille d'un combat de gla-
diateurs. Un jour qu'ils étaient tous deux à table,
et qu'ils avaient la tête échauffée par le vin , on
vint annoncer au consul qu'un noble boïen s'é-
tait réfugié, avec ses enfants, dans le camp ro-
main, et qu'il demandait à voir Quinctius, pour
recevoir de lui personnellement l'assurance de
sa protection. Le Boïen introduit dans la tente
s'adressa au consul par l'organe d'un interprète.
Tout à coup Quinctius l'interrompit : « Veux-tu,
dit-il au complice de ses débauches, pour te dé-
dommager du spectacle que je t'ai fait manquer,
voir mourir ce Gaulois? « A peine Philippe avait-
il fait signe d'assentiment , sans croire l'offre sé-
rieuse, que, pour lui complaire, le consul tira du
fourreau l'épée qui était suspendue auprès de
lui, et en ftappa d'abord le- Gaulois à la tête
pendant qu'il parlait ; puis , voyant qu'il fuyait
en implorant la protection du peuple romain et
de tous ceux qui se trouvaient là, il le poursuivit
et lui perça le flanc. » Quoique exclu du sénat,
Flamininus, à l'époque dé sa mort, occupait un
office pontifical.
Tite-LiYe,XXXl, 4, 49; XXXII, 1, 16, 39; XXXIII, 16;
XXXIV, 29 j XXXV, 10, 20, etc., 40, etc. ; XXXVI, 1, 2;
XXXIX, 42, 43; XL, 18. - Valère Maxime, II, 9; IV, S. —
Ciceron, De Senectute, 12. — Aurelius Victor, De Fir.
iilust., 47. — Plularqiie, Cato, 17; Flamin., 18. — Sé-
néque, Controv., IV, 25.
FLAMININUS {T. Qulntius), général romain,
frère du précédent, né vers 230 avant .J. C,
mort vers 175. D'après Aurelius Victor, Flami-
ninus était fils de C. Flaminius , qui fut tué à la
bataille du lac de Trasimène; mais cet historien
a confondu évidemment lagens Flaminia avec la
famille des FtoKWïwi. Flamininus figure pour la
première fois dans l'histoire en 201, comme un
des dix commissaires chargés de mesurer et de
distribuer les terres publiques du Samnium et de
l'Apulie entre les vétérans qui avaient combattu
en Afrique sous P. Scipion. L'année d'après, il fut
un des triumvirs qui complétèrent la colonie de
Venouse, extrêmement réduite pendant la guerre
d'Annibal. Nommé questeur en 199, il se porta,
à l'expiration de sa charge, candidat pour le
consulat. Deux tribus s'y opposèrent, par la rai-
son que' pour solliciter le consulat il fallait avoir
exercé les magistratures d'édile et de préteur;
mais comme il avait atteint l'âge légal , le sénat
déclara sa candidature valable. Les tribus cédè-
rent , et T. Quintius Flamininus fut élu consul
pour 198 , avec Sext. ^Elius Pœtus. Dans le par-
tage des provinces entre les consuls, Flamininus
eut la Macédoine. D'après la décision du sénat ,
il leva une armée de 8,000 fantassins et de 800
chevaux, pour renforcer l'armée déjà engagée
contre Philippe de Macédoine. Il choisit les hom-
mes qui s'étaient distingués en Espagne et en
Afrique. Mais certains prodiges le retinrent quel-
que temps à Rome , et il fit aux dieux des sup-
plications propitiatoires. Aussitôt qu'elles furent
achevées , il partit pour sa province , sans passer
à Rome les premiers mois de son consulat, comme
c'était l'usage de ses prédécesseurs. De Brindes,
il fit voile pour Corcyre, et, y laissant ses troupes,
il se hâta de gagner l'Épire et le camp romain.
II prit le commandement et attendit l'arrivée des
renforts restés à Corcyre, puis il tint conseil pour
savoir s'il marcherait droit à l'ennemi, posté dans
le défilé d'Antigonée, ou si, renonçant à une en-
treprise aussi périlleuse, il ferait un détour et
entrerait en Macédoine par la Dassarétie et le
Lycus. Ce dernier avis l'eût emporté si Quintius
n'eût craint de laisser échapper l'ennemi en s'é-
loignant de la mer. Il se décida donc à forcer les
ennemis dans leur camp, malgré l'avantage de
leur position. Ce projet une fois arrêté, il chercha
J
829
FLAMININUS
830
les moyens de l'exécuter. Il comptait sur le parti
romain en Épire et sur le chef épirote Charops ; il
espérait aussi, à la faveur tl'une victoire, pénétrer
en Grèce, détacher l'un après l'autre tous les États
helléniques de l'alliance macédonienne, et n'aller
attaquer Philippe au cœur de ses États qu'après
l'avoir complètement isolé. Pendant quarante
jours les Romains restèrent en présence des Ma-
cédoniens, attendant une occasion favorable.
Cette inaction donna à Philippe l'espoir d'obtenir
la paix par l'entremise des Épirotes. Une entre-
vue fut ménagée entre le roi et le consul sur les
rives de l'Aoùs. Flamininus demanda que Phi-
lippe retirât ses garnisons de la Thessalie et de
la Grèce, qu'il rendît aux peuples dont il avait
pillé le territoire le butin qu'il avait encore en
sa possession, et qu'il payât des indemnités pour
le reste. Ces hautaines conditions amenèrent
aussitôt la rupture des négociations. Le lende-
main, les avant-postes des deux armées s'atta-
quèrent. Les Romains , emportés dans l'ardeur
du combat, se lancèrent dans les gorges d'An-
tigonée, mais ils furent forcés de se replier. Dans
cet état de choses, un pâtre, envoyé par Cha-
rops, annonça que si on voulait lui confier un
corps de Romains, il le conduirait, par un che-
min sûr et facile, à une hauteur d'où l'on domi-
nait l'ennemi. Flamininus envoya 4,300 hommes
qui , par des sentiers détournés , arrivèrent au
bout de trois jours sur les derrières des Macé-
doniens. Ceux-ci, pris en tête et en queue,
furent mis en déroute , avec une perte de 2,000
hommes. Cette facile victoire valut à Flamininus
la soumission de toute l'Épire. Par les passages
dont il s'était emparé, il descendit dans la Thessa-
lie, que Philippe avait dévastée pour ne rien laisser
à prendre à l'ennemi. Flamininus mit le siège
devant Phalorie, la première des villes thessa-
liennes ; il s'en empara , malgré la défense éner-
gique de la garnison macédonienne , la livra au
pillage et l'incendia. Cette exécution ne produi-
sit pas l'effet que le consul en attendait, et ne
facilita pas les progrès des Romains. Les prin-
cipales villes de la Thessalie, pourvues de fortes
garnisons , recevaient facilement des renforts de
l'armée macédonienne, campée dans la vallée de
Tempe. Flamininui, en quittant Phalorie, alla
assiéger Charax sur le Pénée; mais, en dépit des
efforts les plus énergiques et malgré des succès
partiels, il fut obligé de lever le siège. Il dévasta
cruellement toute la contrée, et entra dans la
Phocide. En combinant ses attaques avec celles
de la flotte commandée par son frère , il s'em-
para de plusieurs places maritimes. Élatée l'ar-
réla quelque temps. Dans cet intervalle, son
frère Lucius attira les Achéens dans l'alliance
romaine. Mégalopolis , Dyme et Argos restèrent
seules fidèles à la Macédoine.
Après la prise d'Élatée , Flamininus mit son
anné(.> en quartiers d'hiver dans la Phocide et la
Locride. Tout à coup une insurrection éclata à
Opus , et la garnison macédonienne fut forcée
de se retirer dans la citadelle. Parmi les insurgés,
les uns appelèrent les Étoliens, les autres les
Romains. Les Étoliens se présentèrent les pre-
miers , mais les portes ne furent ouvertes qu'a-
près l'arrivée de Flamininus, qui prit possession
de la ville. Cet événement commença à indisposer
les Étoliens contre les Romains. La garnison ma-
cédonienne restait toujours dans la citadelle;
Flamininus s'abstint pour le moment de l'atta-
quer, parce que Philippe faisait des propositions
de paix. Le consul les accepta, mais seulement
comme un moyen de satisfaire son ambition. Ne
sachant pas s'il serait continué l'année suivante
dans son commandement, il voulait donner aux
affaires une tournure telle qu'il pût à son gré
faire la paix s'il était rappelé , ou la guerre si on
le laissait à la tête de l'armée. Un congrès eut
lieu sur le golfe Maliaque, près de Nicée. Le gé-
néral romain et le roi de Macédoine eurent trois
entrevues. Philippe consentit à évacuer immé-
diatement la Phocide et la Locride, et il obtint
une trêve de deux mois , pendant laquelle il en-
voya des ambassadeurs à Rome. Ceux dos Éto-
liens les y avaient déjà devancés ; ils prouvèrent
au sénat que si Philippe conservait Démétriade
en Thessalie, Chalcis en Eubée, Corinthe en
Achaïe , il n'y avait pas de liberté possible pour
la Grèce. On introduisit ensuite les ambassadeurs
macédoniens. Ils allaient commencer un long
discours; maison leur coupa la parole pour leur
demander en peu de mots si leur maître aban-
donnerait ces trois places. Ils répondirent qu'ils
n'avaient reçu aucune instruction formelle à cet
égard. Alors on les congédia sans leiu- accorder
la paix , et en laissant Quintius libre de faire la
paix ou la guerre à son gré. Ce général , dont le
commandement venait d'être prorogé pour l'an-
née suivante, n'accorda plus d'entrevue à Phi-
lippe, et déclara qu'il ne recevrait de sa part au-
cune autre ambassade que celle qui viendrait lui
annoncer l'entière évacuation de la Grèce. En
présence de conditions aussi absolues , Philippe
se décida à tenter la chance d'une bataille, bien
que son armée fût incomparablement inférieure,
pour la qualité, à celle des Romains. D'abord,
pour s'assurer de Nabis , il lui livra Argos. Le
tyran n'eut pas plus tôt cette ville entre les niains,
qu'il oublia de qui il la tenait. Il proposa à Fla-
mininus d'avoir avec lui uue entrevue à Argos.
Là un traité entre Sparte et les Romains fut fa-
cilement conclu, parce que ceux-ci ne deman-
dèrent que des auxiliaires et la cessation des
hostilités contre les Achéens. Nabis resta en pos-
session d'Argos, bien qu'aucune clause à ce sujet
n'eût été insérée dans le traité. Avec les auxi-
liaires fournis par Nabis, Flamininus marcha sur
Corinthe, espérant que te commandant de la
garnison, Philoclès, suivrait l'exemple de Nabis,
dont il était l'ami. Cet espoir ne se réalisa pas.
Le général romain, entrant alors en Oéolie, força
les habitants de renoncer à l'alliance macédo-
nienne pour se joindre aux Romains. Mais la
83 f
FLAMmraus
832
plupart des Béotiens en état de porter les armes
servaient dans l'armée de Philippe , et combat-
tirent contre les Romains. Seuls de tous les alliés
de la Macédoine , les Acarnaniens lui restèrent
fidèles.
Dans le printemps de t97, Flamininus quitta
ses quartiers d'hiver pour entreprendre sa se-
conde campagne contre Philippe. Son armée,
déjà fortifiée par les auxiliaires achéens et autres,
fut augmentée près des Thermopyles par nn
corps considérable d'Ètoliens. Il s'avança lente-
ment danslaPhthiotide. Philippe, à la tête d'une
armée presque égale en nombre à celle des Ro-
mains , marcha rapidement vers le sud , décidé
à saisir la première occasion favorable de livrer
une bataille décisive. Une première rencontre eut
lieu entre les deux cavaleries ennemies , près de
Phères ; l'avantage resta aux Romains, et les deux
armées belligérantes se dirigèrent sur Pharsale et
Scotussa.La bataille s'engagea près d'une chaîne de
collines appelées Cynoscéphales (tètesdechiea).
Les Macédoniens furent promptement mis en dé-
route ; huit mille d'entre eux périrent , cinq mille
restèrent prisonniers, tandis que Flamininus ne
perdit que sept cents hommes, k la suite de
cette bataille, les villes de la Thessalie se ren-
dirent, et Philippe demanda la paix. Les Éto-
liens, qui avaient rendu de grands services à Cy-
noscéphales, élevèrent des prétentions de nature
à blesser l'orgueil de Flamininus; ils s'attri-
buaient l'honneur de la victoire. Le consul saisit
toutes les occasions de les humilier et de ruiner
leur influence. Il commença par accorder à Phi-
lippe sans les consulter une trêve de quinze
jours, et il lui fit espérer la paix, tandis que les
Étoliens demandaient une guerre d'extermina-
tion. Ceux-ci, furieux, allèrent jusqu'à accuser
Flamininus de s'être vendu au roi de Macédoine.
Il en résulta qu'ils ne retirèrent pas de la vic-
toire de Cynoscéphales les avantages qu'ils en
avaient attendus , et que Philippe profita de la
désunion des alliés pour obtenir de meilleures
conditions. Flamininus inclinait à la paix ; son
ambition était satisfaite , et il savait qu'Antio-
chus se disposait à passer en Europe et à por-
ter secours au roi de Macédoine. Philippe, dans
une entrevue avec le consul , se déclara disposé
à toutes les cessions commandées par les Ro-
mains ou réclamées par leurs alliés ; pour le
reste, il s'en remettait au sénat. Il s'engagea de
plus à payer immédiatement une contribution
de guerre de deux cents talents , et à donner
pour otages son fils et plusieurs de ses amis. A
ces conditions on lui accorda une trêve de quatre
mois. Il fut convenu que si la paix n'était pas ra-
tifiée par le sénat, on rendrait au roi ses otages
et son argent.
Après la bataille de Cynoscéphales, Flamininus
avait généreusement mis en liberté tous les Béo-
tiens qui servaient dans l'armée de Philippe et
qui avaient été faits prisonniers. Loin de l'en re-
mercier, ils semblèrent n'attribuer leur délivrance
qu'à Philippe; et ils insultèrent même les Romains
en conférant la dignité de béotarque au général qui
les commandait dans l'armée macédonienne. Le
parti romain à Thèbes fit assassiner ce général,
de l'aveu de Flamininus. Cet événement acheva
d'exaspérer les Thébains contre les Romains,
dont l'armée était alors campée aux environs
d'Élatée en Phocide. Tous les Romains qui
voyageaient en Béotie y furent égorgés , et leurs
corps restèrent sans sépulture sur les routes. Le
nombre des personnes qui perdirent ainsi la vie
s'éleva, dit-on, à 500. Flamininus, après avoir en
vain demandé réparation pour ces crimes, com-
mença à ravager la Béotie et bloqua Coronée et
Acrsephia. Ces mesures effrayèrent les Béotiens,
qui envoyèrent des députés à Flamininus. Le
consul refusa de les recevoir. Les Achéens in-
tervinrent alors auprès de lui, et obtinrent qu'il
traiterait les Béotiens avec douceur. Il leur ac-
corda la paix à condition qu'ils livreraient les
coupables et payeraient trente talents d'indem-
nité au lieu de cent qu'il exigeait d'abord.
Au printemps de 196 et peu après la pacifica-
tion de la Béotie , dix commissaires romains ar-
rivèrent en Grèce pour arranger, conjointement
avec Flamininus , les' affaiies de ce pays. Ils
apportaient aussi les conditions définitivement
imposées à?Philippe; c'était l'abandon de toutes
les villes grecques qu'il avait possédées ou qu'il
possédait encore en Grèce et en Asie. Phi-
lippe devait rendre aux Romains les prison-
niers et les transfuges ; livrer tous ses vaisseaux
pontés ; n'avoir pas plus de cinq mille hommes
sous les armes, ne pas garder un seul éléphant,
et payer aux Romains mille talents'de contribu-
tion. Les Étoliens firent de nouveaux efforts
pour mettre les Grecs en garde contre les inten-
tions des Romains et pour apporter des obsta-
cles à la paix. Flamininus voulait une conclusion
immédiate ; il rangea les Achéens à son avis en
leur rendant Corinthe. Ce fut dans cette ville
même, aux jeux isthmiques, que le traité fut so-
lennellement proclamé. Ces jeux attiraient tou-
jours une grande influence. « En cette occasion,
dit Tite-Live, la curiosité générale était plus
vivement excitée par l'attente du sort qu'on ré-
servait à la Grèce et à chaque peuple en parti-
culier^ c'était là non-seulement la préoccupation
dé tous les esprits , mais le sujet de tous les en-
tretiens. Les Romains assistèrent au spectacle.
Suivant l'usage , le héraut s'avance avec le mu-
sicien au milieu de l'arène, où il annonça l'ou-
verture des jeux par la formule consacrée. Le
son de la trompette commanda le silence, et le
héraut proclama les décisions suivantes : « Le sé-
nat romain etT. Quintius, imper ator,k\ai suitede
la défaite de Phihppe et des Macédoniens, rendent
la liberté , les franchises et l'exercice de leurs
lois aux Corinthiens , aux Phocidiens , aux Lo-
criens , à l'île d'Eubée , aux Magnètes, aux Thés-
saliens, aux Perrhèbes et aux Achéens phthiotes. »
Cette énumération comprenait tous les peuples
833
FLAMININUS
834
qui avaient été sous la domination de Philippe.
Quand le héraut eut terminé, rassemblée faillit
succomber sous l'excès de sa joie... On rappela
le héraut qui avait proclamé la liberté de la
Grèce ; on ne voulait pas le voir seulement , on
voulait aussi l'entendre ; il renouvela sa procla-
mation. Alors la multitude, ne pouvant plus
douter de son bonheur,, fit éclater sa joie par des
cris et des applaudissements tant de fois répétés,
qu'il était aisé de comprendre que le plus cher
de tous les biens pour elle était la liberté. Les
jeux furent ensuite célébrés à la hâte; les esprits
et les yeux étaient ailleurs qu'au spectacle. A la
fin des jeux, chacun courut auprès du général
romain ; l'empressement de cette foule qui se
précipitait, vers un seul homme pour l'aborder,
pour toucher sa main , pour lui jeter des cou-
ronnes et des guirlandes , pensa mettre sa vie
en danger. Heureusement il n'avait que trente-
trois ans environ. La vigueur de l'âge et la joie
d'une gloire si éclatante lui donnèrent la force
de supporter cette manifestation enthousiaste. i<
Flamininus et les dix commissaires s'occupèrent
ensuite à régler la liberté proclamée dans l'ivresse
des jeux isthmiques. La Thessalie fut divisée en
quatre États séparés, la Magnésie, la Perrhé-
bie , la Dolopie et la Thessaliotide. Les Étoliens
reçurent Ambracie , la Phocide et la Locride.
Ils réclamaient beaucoup plus; Flamininus les
renvoya au sénat , et le sénat à son tour les lui
renvoya. Les ÉtoUens furent forcés d'en passer
par la décision du général. Les Achéens reçurent
toutes les possessions macédoniennes ; enfin, les
Athéniens eux-mêmes ne furent pas oubliés , et
Flamininus lit à leur ancienne gloire l'hommage
de quelques portions de territoire.
La paix générale ne fut pas de longue durée.
L'alliance de Nabis pesait aux Romains, et au
printemps de 195 le sénat autorisa Flamininus
d'agir sur ce point comme il lui plairait. Il con-
voqua en conséquence une assemblée des Grecs
• à Corinthe. Tous furent charmés de voir renver-
ser le tyran ; les Étoliens donnèrent seuls libre
carrière à leurs sentiments hostiles à l'égard des
Romains. L'assemblée vota la guerre contre
Nahis. Flamininus, après avoir reçu des ren-
forts des Achéens, de Philippe , d'Eumène , de
Pergarae et desRhodiens, marcha sur Argos,
dont la garnison lacédémonienne était com-
mandée par Pythagore, beàu-frère de Nabis. Le
peuple (V Argos , contenu par une garnison dé-
terminée, se trouva dans l'impossibilité de se
soulever, et Flamininus, renonçant pour le mo-
ment à cette ville, envahit la Laconie. Nabis, bien
que son armée fût très-inférieure en nombre,
était disposé à une vigoureuse résistance. Deux
fois battu, il s'enferma dans les murs de Sparte.
Flamininus ne l'y assiégea pas , mais il ravagea
tous les environs, et s'empara, avec l'aide de
.son frère Lucius, de la place forte de Gythium.
La chute inattendue de cette ville convainquit
Nabis qu'il ne pouvait pas prolonger sa résis-
NOUV. BIOr.R. CÉNKTi. — T. XVIf.
tance plus longtemps , et il demanda la paix.
Flamininus la lui accorda, malgré les Grecs, qui
demandaient l'extermination du tyran. La liberté
des Argiens fut une des | conditions imposées à
Nabis; elle fut proclamée aux jeux néméens.
L'hiver suivant , Flamininus s'efforça, comme
il l'avait fait jusque-là, d'assurer la paix inté-
rieure delà Grèce. Hîaimait certainement ce pays,
et il avait la noble ambition d'en être le bienfai-
teur ; mais la politique l'empêcha de suivre tou-
jours ses généreux sentiments. La sagesse de
plusieurs de ses mesures fut attestée par leur
longue durée. Pour répondre aux insinuations
malveillantes des Étoliens, Flamininus obtint du
sénat qu'avant son départ les garnisons romaines
seraient retirées de l'Acrocorinthe, de Chalcis ,
de Démétrias et des autres villes grecques. Après
avoir ainsi arrangé les affaires de la Grèce', il
convoqua au printemps de 194 une assemblée
générale à Corinthe, et prit congé des peuples
qu'il gouvernait depuis plusieurs années. En les
quittant, il les exhorta à faire un bon usage de
la liberté qui leur était rendue et à rester fidèles
aux Romains. Enfin, il signala les derniers jours
de son administration par un acte d'humanité.
Pendant la guerre d'Annibal beaucoup de Ro-
mains avaient été faits prisonniers , et comme le
sénat avait refusé de les racheter, ils avaient été
vendus ; beaucoup d'entre eux étaient esclaves
en Grèce. Flamininus obtint qu'ils seraient ra-
chetés aux frais de l'État, et rendit ainsi la li-
berté à un grand nombre de ses compatriotes.
De retour à Rome , -il célébra un magnifique
triomphe , qui dura trois jours.
A peine les Romains eurent-ils quitté la Grèce
que les Étoliens poussèrent Antiochus et Nabis
à une coalition contre la république. Nabis n'eut
pas de peine à se laisser persuader, et il assiégea
Gythium, alors occupé par les Achéens. Le sénat
romain, informé de cet état de choses, envoya en
Grèce en 192 une flotte sous les ordres de C. At-
tilius et une ambassade présidée par Flamininus.
Celui-ci devança en Grèce Attilius , et il pressa
les Grecs de ne rien entreprendre avant l'arrivée
de la flotte. Mais le péril où se trouvait Gythium
exigeait une prompte décision, et la guerre conti'e
Nabis fut décrétée. Le tyran fut bientôt réduit
à l'extrémité, et Pliilopœmen allait lui porter le
dernier coup , lorsque l'intervention de Flamini-
nus l'en empêcha. L'ambassadeur romain eut
deux motifs d'en agir ainsi. D'abord il ne vou-
lait pas laisser la ligue achéenne sans contre-
poids, et ensuite il était blessé du mépris avec
lequel les Grecs regardaient le traité conclu par
lui avec Nabis. Il força donc Pliilopœmen à ac-
corder une trêve au tyran de Sparte. Sur ces en-
trefaites Antiochus faisait de sérieux préparatifs
pour passer en Grèce. Flamininus, par des pro-
messes favorables, engagea Philippe de Macé-
doine à se joindre aux Romains. D'un auti-e côté,
les Étoliens parvinrent par h'iirs intrigues à dé-
4,acher plusieurs villes grecques de Talliance ro-
27
835
FLAMININUS
maine ; l'arrivée d'Antiochus en Grèce augmenta
encore le nombre des défections. Flamininus
rassembla un congrès à Egium ; des négociateurs
syriens et étoiiens s'y rendirent. Les Étoliens,
selon leur habitude , se répandirent en invec-
tives contre les Romains et en attaques per-
sonnelles contre Flamininus; ils demandèrent
que les Àchéens gardassent la neutralité. Flami-
ninus, d'accord en cela avec Philopœmen, insista
pour qu'ils se déclarassent en faveur de Rome;
cet avis l'emporta. La plupart des alliés de la
république lui restèrent fidèles , et des troupes
de la confédération se rendirent immédiatement
à Chalcis et au Pirée pour y réprimer le parti
syrien. En même temps la bataille des Thermo-
pylesen 191 força Antiochus à quitter l'Europe.
Flamininus continua de résider en Grèce et d'y
exercer une sorte de protectorat , au nom &:\ sé-
nat et du peuple romain. Après le départ d'An-
tiochus , le consul Acilius Glabrion voulait châ-
tier Chalcis pour l'hommage que cette ville avait
rendu au monarque syrien. Flamininus intervint,
et sauva Chalcis de la colère du consul. La
guerre contre les Étoliens venait de commencer.
Cette fois encore Flamininus usa de son in-
lluence pour protéger les vaincus. Il se rendit
auprès du consul qui assiégeait Naupacte . ap-
pela son attention sur les progrès de Philippe,
qui à l'abri de l'alliance romaine s'était emparé
de plusieurs provinces, et le décida à lever le
siège de Naupacte. Vers le même temps une in-
surrection éclata sur différents points du Pélo-
ponnèse. Flamininus autorisa le stratège des
Achéens à tenter une expédition contre Lacédé-
mone, et lui-même suivit les Achéens en Laconie,
Philopœmen parvint à rétablir la tranquillité sans
avoir recours à aucune mesure violente. Flami-
ninus se porta médiateur entre les Messéniens,
qui refusaient d'entrer dans la ligue achéenne,
et les Achéens, qui voulaient les contraindre à en
faire partie ; il persuada en même temps à ces
derniers d'abandonner aux Romains l'île de
Zacynthe, sous prétexte que la ligue achéenne de-
venue plus compacte serait aussi plus forte , et
que ses possessions hors du Pélopoimèse l'affai-
blissaient. Cette opinion pouvait être juste, mais
Flamininus en l'exprimant n'était pas sincère, et
ce n'était certainement pas dans l'intérêt de la
ligue achéenne qu'il lui enlevait l'Ile de Zacynthe.
En 190 , Flamininus retourna à Rome, et fut
nommé consul pour l'année suivante, avec
M. Claudius Marcellus. En 183, le sénat l'envoya
en ambassade auprès du roi de Bithynie, Pru-
sias, qui offrait de livrer aux Romains Annibal,
alors réfugié auprès de lui. Le général prévint
cette trahison par une mort volontaire. La part
que Flamininus prit à cette tentative contre An-
nibal est une tache pour sa mémoire, et lui fut
sévèrement reprochée par plusieurs de ses con-
temporains. Depuis ce moment il cesse de figurer
dans l'histoire. On ignore la date précise de sa
mort ; on sait seulement qu'elle ne fut pas pos-
— FLAMINIO 836
térieure à 174, puisque cette année même son
fils célébra des jeux funèbres en son honneur.
Plutarque, flarnininus. — Tite-Live, XXXI, 4, 49;
XXXII.T, etc.; XXXlll ;XXX1V, 22, etc.; XXXV,23,eto!i
XXXVl, 31, etc.; XXXVII, 58; XXXVIII, 28. XXXIX,
51, 56. - Polybe, XVil, l, etc.; XVIII, 1, etc. ; XXII, la;
XXni , 2 ; XXIV, 3, etc. — Dlodore de Sicile , Excerpta
de Légat., Ili, p. 619..— Eutrope, IV, 1, etc. — Floruâ,
l! , 7. — Pausanias, VI!, 8. — Appien , 3Iaced., IV, 2 ;
VI; Vil; .S2/r.,2, 11. — Ocèron, PfiiL.V, 11 ; De Senect.,
I, 12; in f^err-,lS. 58, 1; Pro Muren., 14; inPison.,'iô\
De Leg. agr., I, 2. — Schorn , Gesch. Griechenlands,
p. 237, etc. - Thirlwall, //ûtorj/ of Greece, vol. Vil".
— Niebuhr, Leçons sur l'histoire romaine, vol. I'"'. —
Brandstaeter, Dîe Gesch. des y£toL Landes, p. 413, etc.
*FLAMïNiMiTs (Titus- Qumtius) , homme
d'État romain, lils du précédent, vivait vers 180.
Il célébra en l'honneur de son père, mort récem-
ment, de spleudides jeux de gladiateurs, et
donna au peuple quatre jours de fête. En 167,
il fut un des trois ambassadeurs qui ramenèient
en Thrace les otages que Cotys, roi de ce pays ,
avait offert de racheter. Dans la même année, il
succéda comme augure à C. Claudius.
On connaît encore deux Flamininus ; savoir :
T. Quintius Flamininus, consul en 150 avec
M. AciUus Balbus, et T. Quintius Flamimnus
consul en 123 avec Q. Metellus Balearicus. Sous
son consulat , Carthage devint une colonie ro-
maine.
Tite-Llve, XLÏ, 43 ; XLV, 42,44. — ClcÉron, De Sencct.,
'5; Ad Att., Xll, 5; Brutus , 28, 74 ; Pro Dom., S3. —,
Eutrope, IV, 20. ~ Orose, V, 12.
FLAMINIO ( Jean- Antonio) , dont le nom de
famille était Zarahbini de Cotignola, littéra-
teur italien, né à Imola, vers 1464, mort à Bo-
logne, le 18 mai 1536. Il fit ses études à Bologne
et à Venise, et dès l'âge de vingt -un ans il fut
nommé professeur de belles-lettres à Serravalie,
dans le diocèse de Trévise. Il rempht successi-
vement les mêmes fonctions à Montagnana, à
Vicence, à Imola et à Bologne. On a de lui un
grand nombre de poésies latines , dont peu sont
heureuses. Ses œuvres en prose valent mieux,
quoiqu'elles manquent d'élégance. Il a écrit les.
Vies de quelques saints de l'ordre des Domini-
cains ,• un Dialogue sur V Éducation des En-
fants; un traité Sur V Origine de la Philoso-
phie, une Grammaire Latine, et plusieurs au-
tres ouvrages, dont quelques-uns ont été impri-
més ; parmi ces derniers on remarque Lettres,
en douze livres, publiées par le P. Capponi, avec
une Vie de l'auteur ; Bologne, 1744 , in-8°.
Tiraboschi . Storia délia Letteratura Italiana, t. VU,
part.III, p.256.
FLÂSiiNio (Marcantonio), poète latin mcj
derne, fils du précédent, né à Serravalie, en 14981
mort à Rome, le 18 février 1550. Élevé avel
soin par son père , il composait dès l'âge de seiz|
ans des vers latins remarquables. Ce talent lu
valut la protection du cardinal Cornaro, qui l'introî
duisit auprès du pape Léon X. Le comte Balthasa
Castiglione fut aussi un de ses premiers proteci
teurs. Après avoir quitté la maison de celui-ci f
Flaminio s'attacha à divers grands dignitaires*"
l'Église, entre autres au cardinal Polus, qui l'emj
837
FLAMINIO — FLAMINIUS
838
mena avec lui au concile de Trente, et au cardinal
Alexandre Farnèse. Sa ^ie, tranquille et heu-
reuse, ne contient que très-peu d'événements. On
a de lui : Paraphrasis in XII libros Aristo-
telis JDe prima Philosophia; Bâle, 1537; —
Paraphrasis in triginta P5flMo.s ; Florence ,
1558, in-12; — De Rehiis divinis Carmina;
Paris;, 1552 , in-12 , traduit en vers français par
la sœur Anne des Marquets; Paris, 1569, in-8°.
Les poésies de Marc-Antoine Flaminio ont été
imprimées dans un recueil intitulé : Flaminio-
mm, Marc- Anton., Joan.-Anton. et Gabrie-
lis Ca7inina, edente Mancurtio ;Pdàoue, 1743,
111-8°.
Tiraboschi, Storia detla Letteratura Italiana, t. VII,
par. III, p. 238. — Moréri, Grand Dictionnaire histori-
que. — Bayle , Dict. kist. et crit.
FiLAMiNio ( Lucius ) , philologuc sicilien , né
vers 1450, mort à Salamanque, en 1509. Après
avoir fait ses études dans son pays natal, il se
rendit en Espagne, et professa les belles-lettres
à l'université de Salamanque. Il se fit particu-
lièrement remarquer par ses savantes leçons sur
Pline le naturaliste. Il était lié d'amitié avec Lu-
cius Marini. On a de lui : In Plinit Proœmium
Comvientarium ; Orationes et Carmina; Sa-
lamanque, 1503; — et cinq lettres, dans les
Epistolx de Marini ; Valladolid, 1514, in-fol.
Mongitore, Bibliotheca Siciila, appendix.
FLAMINIO (Antoine), philologue sicilien,
vivait au commencement du seizième siècle. Il
professait les belles-lettres dans le collège de
Rome. Il n'est connu que par la singularité de
son genre de vie. « Il aimait tellement la soli-
tude, dit Bayle, qu'il ne se plaisait à parler ni
avec les savants ni avec les ignorants. Il ne
conviait jamais personne et ne voulait pas qu'on
le conviât. 11 n'avait ni valet ni servante. II
achetait chaque jour dans une auberge qui était
au voisinage ce qu'il mangeait. L'hôte de l'au-
berge s'étant aperçu que depuis trois jours il
n'avait rien demandé, et qu'il ne s'était pas même
montré, entra dans la chambre par la fenêtre
du jardin , et le trouva mort entre ses livres. Il
étudiait couché par terre. »
Pierius, Valerianus, De Litteratorum Infelicitate ,
I, I. - lîavlo, Diction, histor. et critique.
FI.AMINHIS (Maison des ), Flaminia gens,
maison plébéienne. Pendant les cinq premiers
siècles de Rome il n'est fait mention d'aucun
membre de la gens Ftaminia. Ce nom, dérivé
évidemment de jlamen, devait désigner dans
l'origine le serviteur d'un flaraine. On a long-
temps regardé les Flaminîus comme une famille
de la gens Quintïa; cette opinion venait d'une
confusion entre les Flaininius et les Flamininus,
lesquel.i a|)partenaient en effet à l'ancienne mai-
son on gens patricienne Quintïa. Les seuls sur-
noms connus des Flaminius sont Chilo et
Flanima. Quant au surnom de Nepos donné
par Orelli au Flaminius tué à Trasimène, il est
douteux.
Paul Diacre, aux mots Flaminius Camillus ; Flaminius
JActor. — Orelli, Onoin. Tiill., il, p. 2S4.
La gens Flaminia n'a fourni à l'histoire ro-
maine que deux noms célèbres , savoir:
FLAMINIUS (Caius), général romaiû, tué le
23 juin 217.. Il fut tribun du peuple en 232.
Malgré la plus violente opposition du sénat et
des grands (optimates), il fit passer une loi or-
donnant la distribution aux plébéiens du terri-
toire gaulois du Picenum ( ager Gallicus Pice-
nM5), récemment conquis. Suivant Cicéron , le
tribunat de Flaminius et sa loi agraire appar-
tiennent au consulat de Sp. Carvilius et de
Q. Fabius Maximus, en 228. Cette assertion est
peu probable; cependant, on peut la concilier
avec la précédente en supposant que la loi pro-
posée en 232 ne passa qu'en 228. A la promul-
gation de cette loi se rapporte l'anecdote sui-
vante, qui donne une idée favorable du caractère
de Flammius : « Étant tribun du peuple, dit Va-
lère-Maxime, il voulait partager par têtes aux
citoyens les terres d'un canton jde la Gaule; et,
malgré la résistance opiniâtre du sénat, il avait
hardiment promulgué sa loi. Insensible aux
prières et aux menaces, inflexible même devant
une armée levée contre lui pour le cas 'où il
persisterait dans sa résolution, il était à la tri-
bune aux harangues et y faisait la lecture de
cette loi;, lorsque son père vint mettre la main
sur lui. Vaincu par cet acte d'autorité privée, il
descendit de la tribune , sans que la multitude ,
ainsi frustrée de son espérance, fît entendre
contre lui le moindre murmure. « C. Flaminius
fut un des quatre préteurs élus en 227, et il re-
çut la Sicile pour province. Il s'acquitta de ses
devoirs de gouverneur à la plus grande satis-
faction de ses administrés. Lorsque trente ans
plus tard son fils parvint à la dignité d'édile en-
raie, les Siciliens témoignèrent de leur recon-
naissance pour l'administration du père en en-
voyant à Rome une ample provision de blé.
En 225 éclata la guerre avec la Gaule Cisal-
pine. D'après Polybe, la loi agraire de Flaminius
en fut la cause : car les Gaulois du nord de
l'Italie furent persuadés que l'objet des Ro-
mains était de les chasser de leurs domaines et
de les anéantir. Dans la troisième année de cette
guerre, en 223 , C. Flaminius obtint le consulat
avec P. Furius Philus, et les deux consuls mar-
chèrent vers le nord de l'Italie. Peu après leur
départ, le parti aristocratique, furieux de l'élec-
tion de Flaminius, parvint à la faire annuler sous
prétexte que les auspices n'avaient pas été ré-
gulièrement pris. On écrivit donc aux consuls
poui- leur ordonner de revenir à ; Rome. Mais
comme tout était prêt pour livrer une grande
bataille aux Insubriens sur l'Addua, ils convin-
rent de n'ouvrir la lettre qu'après le combat.
Les Romains remportèrent la victoire. Furius
obéit aux ordres du sénat , tandi.-; que Flami-
nius, fier de son succès, continua la guerre. Quand
il revint à Rome, le sénat l'appela à rendre
com[)tc de sa conduite, et le peuple lui décerna
les honneurs du iriuuiphe. Après cette céré-
27.
839
FLAMINIUS
840
îBonie, il quitta sa charge, soit que le terme de
son consulat fût arrivé, soit plutôt pour donner
un semblant de satisfaction au sénat et aux grand s.
En 221, probablement, C. Flaminius fut maî-
tre des cavaliers du dictateur M. Minucius
Rufus. Mais tous deux durent résigner immédia-
tement leurs fonctions, parce qu'un cri de sou-
ris avait été entendu aussitôt après l'élection.
L'année d'après, en 220, Flaminius etL. Jimi-
lius Papus furent investis de la censure. Pen-
dant sa magistrature, Flaminius fit exécuter
deux grands ouvrages qui portèrent son nom :
le Cirque Flaminien ( Circus Flaminius ) et la
Voie Flaminienne {Via Flaminia). Cette route
partait de Rome, et s'avançait à travers l'Étrurie
et rombrie jusqu'à Ariminium. D'après une
histoire racontée par Plutarque, on pense que
Flaminius employa à ces ouvrages l'argent pro-
venant de la vente de biens récemment con-
quis. En 218, le tribun Q. Claudius proposa
une loi qui interdisait aux sénateurs romains de
faire le commerce. C. Flaminius, quoique mem-
bre lui-même du sénat, soutint cette proposition.
La haine que lui portaient les grands augmenta de
plus en plus, et sa popularité s'en accrut d'autant
parmi le peuple. Aussi fut-il élu consul pour la
seconde fois en 217, avec Cn. Carvilius Geminus.
Au lieu de recevoir au Capitole l'installation so-
lennelle , il partit immédiatement pour Arimi-
nium avec des renforts. Là, après avoir reçu
de son prédécesseur, Tib. Sempronius, le com-
mandement de l'armée romaine , il entra en
charge avec la forme usuelle, faisant des vœux et
des sacrifices. Ses ennemis l'accusèrent de mé-
pris pour les rites religieux ; ils lui reprochèrent
aussi de n'être pas resté à Rome pour la célé-
bration des Fêtes Latines (Fen« Latinœ). Deux
raisons justifient le consul. Il pouvait craindre
que ses enppmis n'en agissent^avec lui comme
ils l'avaient fait dans son premier consulat ; en-
suite Annibal, qui ne devait certainement pas se
laisser arrêter par les Fêtes Latines, s'avançait
déjà à travers l'Etrurie ; ainsi, il n'y avait pas
de temps à perdre. Les historiens ne s'accor-
dent pas sur les mouvements militaires d'Anni-
bal et de Flaminius. D'après Zonaras, Flaminius
était arrivé à Ariminium lorsque Annibal com-
mença sa marche. Tite-Live fait marcher Fla-
minius d'Aretium sur Ariminium avant qu' An-
nibal eût commencé ses mouvements. Enfin,
Polybe dit que Flaminius s'avança dii-ectement
de Rome à Aretium, et ne fait pas mention de
son passage par Ariminium. Mais peut-être An-
nibal s'était-il avancé plus au sud que Flaminius,
alors à Aretium. Celui-ci se mit à la poursuite
du général carthaginois avec plus de courage
que de prudence. Annibal le força d'accepter la
bataille sur les bords du lac de Trasimène, et le
vainquit complètement, le 23 juin 217. Flaminius
y périt, avec une grande partie de son armée.
Ses ennemis expliquèrent facilement sa catas-
trophe. Il avait , disaient-ils, méprisé les céré-
monies religieuses , et il était parti d'Aretium
quoique les auspices fussent contraires. On s'é-
tonne que Tite-Live juge défavorablement Fla-
mmius, et on aurait attendu de Polybe un ju-
gement plus impartial. Il est probable que cet
historien subit l'influence de Scipion, qui abhor-
rait Flaminius et le regardait comme un pré-
curseur des Gracques.
Tite-Live, XXI, 57, 63; XXir, 1, etc. — Polybe, II, 21, à
32, etc. ; III, 75, 77, "iS, 80. — Denys d'Halicarnasse, II,
26. — Solin, 11. — Orose, IV, 13. — Flonis, 11. 4. — Silius
Italiens, IV, 704, etc. ; V, 107, etc. ; 653, etc. — Zonaras,
VHI, 24, 25. — Appien , Hannib., 8, etc. — tPlutarque,
Fabius Maximus, 2, 3 ; Marcellus , 4, 5; Tiber. Grac-
chus, 21 ; Quxstioites JRom., 63. — Cornélius Nepos, ■
Hannib., 4. — Eulrope, III,;9. — Cicéron, De Senect.,
4; Brut., 14, 19; Jcad.. II, 5; De Invent., II, 17; De
Divin., I, 35 ; II, 8, 31 ; De Nat. Deor., II, S ; De Leg.,
III, 9. — Valère Maxime, I, 6; V, 4. — Niebûhr, Leçons
sur l'histoire romaine.
FLAMINIUS {Caius), général romain, fils
du précédent , vivait vers 200 avant J.-C. En
210 il fut questeur de P. Scipion l'Africain en
Espagne. Édile cm-ule en 196, il distribua au
peuplejà bas prix, une grande quantité de gi'ain
que les Siciliens lui avaient envoyée comme preuve
de gratitude pour son père et pour lui-même.
En 193 il fut élu préteur, et obtint l'Espagne
Citérieure pour sa province. Il reçut du sénat
l'ordre d'emmener avec lui une armée nouvelle
et de renvoyer en Italie les vétérans de l'armée
d'Espagne. Il fut plus tard autorisé à lever des
soldats en Espagne et en Italie. Selon Valeriiis
Antias, il se rendit même en Sicile pour enrôler
des troupes , et il fut jeté par la tempête sur la
côte d'Afrique. Avec son armée ainsi renforcée ,
il fit heureusement la guerre en Espagne. Il prit
la ville forte de Litabrum, et fit prisonnier un
chef espagnol nommé Corribilo. En 185 il obtint
le consulat avec M. Jîmilius Lepidus. Les deux
consuls furent envoyés par le sénat contre les
Liguriens. Flaminius, après avoir battu en plu-
sieurs rencontres la tribu liguriennedes Triniates,
les força de se soumettre et les priva de leurs
armes. Il marcha ensuite contre les Apuaniens,
autre tribu ligurienne , qui avait envahi les ter-
ritoires de Pise et de Bologne ; il vainquit aussi
et rétablit la paix dans le nord de l'Italie. Pour
empêcher ses soldats de rester oisifs dans le
camp , il leur fit construire une route de Bolo-
gne à Aretium, tandis que son collègue en fai-
sait exécuter une autre de Plaisance à Arimi-
nium. Strabon, qui confond les Flaminius , le
père avec le fils , dit que celui-ci construisit la
voie Flaminienne de Rome à Ariminium et que
Lepidus la continua jusqu'à Bologne et Aqui-
lée ; mais il n'est pas probable que les Romains
aient continué cette route jusqu'à Aquilée avant
d'avoir envoyé une colonie dans cette ville ; or,
cette colonie date de 181 et Flaminius fut un des
triumvirs chargés de l'établir.
On cite encore deux C. Flaminius : le premier
fut préteur en 66 avant J.-C. ; le second était
d'Aretium: il est mentionné parmi lescoraplices
de Catilina.
841
FLAMINIUS — FLAMSTEED
842
rite Live, XXVI, 47, 49 ; XXXin. 42; XXXIV, 54, etc.;
XXXV, 2, 22 ; XXXVIII, 42, etc. ; XXXIX, 2, 53 ; XL, 34.
— Orose, IV, 20. — Zonaras, IX, 2i. — Valére Maxime,
VI, 6. — Strabon, V. — Cicéron, Pro Cluentio, 45, 53. —
Salluste/Catii., 28 et 36.
* FLAMMA, officier romain du parti de César,
vivait vers 50 avant J.-C. II commandait une
escadre pendant l'expédition de C. Curioa en
Afrique. A la nouvelle de la défaite de Bagrada,
il s'enfuit à Utique avec sa flotte, sans essayer
de recueillir les fugitifs de l'année de Curion.
César, Bel. civ., II, 42. — Appien', Bel. civ.. Il, 46.
FLAMMA CALPPRNirS. Voy. CalpURNIUS.
*FLAMMA (L. Yolumnius) , surnommé Vio~
Uns, général romain , vivait vers 310 avant
J.-C. Il fut pour la première fois consul , avec
Appius Claudius Cœcus, en 307. Il marcha avec
une armée consulaire contre les Salentins , peu-
ple de l'Apulie ou de la lapygie, que les succès
des Samnites venaient d'entraîner dans la ligue
contre les Romains. Suivant Tite-Live, Flarnma
fit la guerre avec succès , prit plusieurs villes
d'assaut, et se rendit très-populaire parmi les
soldats en leur distribuant libéralement le butin.
Ces succès sont problématiques, puisque le nom
de Flamma ne figure pas sur les Fasti trïuvi-
phales ; l'annaliste Pison n'avait pas même faii
mention de son consulat. Mais on n'a pas de mo-
tif suffisant pour douter que Flamma ait été
consul, avec Appius Claudius, en 296. C'était ha
moment le plus critique de la seconde guerre
samnite. Flamma stationna d'abord sur la fron-
tière du Samnium ; mais le sénat, en apprenant
l'apparition en Étrurie d'une armée samnite , or-
doima au consul de courir au secours dé son col-
lègue, Claudius refusa d'abord, puis, sur les ins-
tances de ses principaux officiers, il accepta J'a",-
sistance de Flamma. L'harmonie entre les deux
consuls ne fut pas de longue durée. Aussitôt
que leurs armées réunies eurent l'epoussé 1 en-
nemi , Flamma revint en Campanie à marches
forcées. Les Samnites avaient pillé la plaine de
Falerne; ils s'en retournaient avec leur butin et
leurs prisonniers, lorsque le consul les attei-
gnit sur les bords du Liris et leur enleva le
fruit de leur expédition. En l'honneur de ce
succès, on célébra à Rome des actions de grâces,
Flamma pré.sida les prochains comices consu-
laires. A sa recommandation, le peuple élut con-
sul pour l'année suivante Q. Fabius Maximu:»
RuUianus. Lui-même, de l'assentiment du peuple
et du sénat, garda son commandement en qua-
lité de proconsul. Avec la deuxième et la qua-
trième légion , il envaliit le Samnium. Selon une
conjecture probable de Niebuhr, il fut rappelé
en Étrurie, qui était le principal théâtre de la
guerre, et prit part à la bataille de Sentinum, en
295. Il épousa Virginie , fille de cet A. Virginius
qui avait consacré une chapelle et un autel à la
chasteté plébéienne.
Tite-Live, IX, 42, 44 ; X, IS, etc. - Niebuhr, Histoire
Romaine.
*FLAMMA (S^epAoreardMs), historien ita-
lien, né en Lombardie, entra dans l'ordre des
Dominicains, professa en 1296 la théologie à
Milan, et mourut en 1298. Il écrivit en vers
l'histoire des événements qui s'étaient passés sous
ses yeux : Poema de gestis in civitate Me-
diolanensisub Ottonevicecomite, aban. 1263-
1277. Muratoria donné place à cet ouvrage dans
ses Anecdota laiina , t. ni, p. 57, et l'a repro-
duit dans ses Script. Rer. Ital., t, IX, p. 57.
G. B.
Oudin, De Script, eccles., t. III, p. 609, — Fabrioius,
Bi'ol. Med. Latin., t. VI. p. 569. — Tlrabosclii, Storia
délia Letteratura Ilaliana., t. VIII, p. j55. — Argelati,
Bibl. script. Mediol,, t. II, part. II, p. 1669.
FLAMMA (Galvaneus). Voy. ï"iamma.
FLAMSTEED ( Jean ) , célèbre astronome
anglais, né le 19 août 1646, à Derby (comté
de Derby ), mort le 31 décembre 1719. Il fit
ses premières études à l'école publique de
Derby. A l'âge de quatorze ans, il prit un re-
froidissement en se baignant, et il s'ensuivit une
maladie qui porta une grave atteinte à sa cons-
titution, naturellement délicate. L'état précaire
de sa santé l'empêcha d'aller achever ses études
dans une université. Peu de temps après avoir
quitté l'école , il lut par hasard le traité de Jean
Sacrobosco Sur la Sphère. Cet ou>frage fit sur
lui une profonde impression , et dès lors toutes
ses pensées se tournèrent vers l'astronomie, II
commença par construire des cadrans, puis, s'é-
tant procuré VAstronomia Carolina de Street
il calcula, au moyen des tables de cet ouvrage ,
les lieux des étoiles et les éclipses. Un de ces
calculs tomba entre les mains du mathématicien
Halstou, qui se hâta d'envoyer au jeime astro-
nome YAlmagestum novum de Riceioli, les
Tabula Rudolphinx de Kepler, et quelques
autres livres du même genre. Encouragé par
cette bienveillante protection, Flarasteed pour-
suivit ses études asti'onomiques avec la plus
grande vigueur et un succès signalé. En 1 669,
ayant calculé une éclipse de Soleil omise dans
les Éphémérides pour l'année suivante, et aussi
cinq appulses delà Lune aux étoiles fixes, il
envoya ses calculs avec quelques autres remar-
ques astronomiques à lord Brouncker, président
de la Société royale. Celui-ci les communiqua h
ce corps savant, qui fit adresser à l'auteur une
lettre de remercîment par son secrétaire Olden
burg. John CoUins, membre de la Société,
écrivit aussi à Flamsteed, et ce fut entre eux le
commencement d'une longue cori'espondance.
Son père, flatté de tant de succès, lui conseilla de
se rendre à Londres pour faire personnellement
connaissance avec ses savants correspondants. II
suivit ce conseil avec joie, 'partit pour Londres,
oii il visita Oldenburg et Collins. Ce deinier le
mit en rapport avec Jouas Moore, qui lui (it pré-
sent du micromètre de Townley, et se chargea
de lui procurer des verres pour un télescope. Ce
furent les premiers instruments mis à la dispo-
sition du jeune astronome. Flamsteed alla aussi
à Cambridge, oîi il visita^le docteur Barrow, New-
ton et Broe , et se fit inscrire comme éli«diant
843
sur les registres du collège de Jésus. Au prin-
temps de 1672, il tira dés lettres de Gascôigne
et Crabtrée diverses observations qui n'avaient
point été publiées, et les traduisit en latin. Parmi
les lettres de Gascôigne , il en trouva quelques-
unes où ce savant montrait comment les images
des objets éloignés se peignent sur la base du
verre objectif convexe ; « ce qui, d'après Chauf-
fepié, mit notre auteur au fait de la dioptrique
en quelques beures : il avait lu auparavant la
dioptrique de Descartes , mais il n'y avait pas
appris grand'cbose. » Flamsteed employa le reste
de l'année à faire des o"bservations astronomi-
ques, dont il envoya les résultats à Oldenburg,
qui les inséra dans les Transacf/wns philoso-
phiques. En 1673, il composa un petit traité en
anglais sur les véritables diamètres de toutes les
planètes, et sur leur diamètre apparent dans leur
plus grande proximité ou dans leur plus grand
éloignement de la Terre. « Je prêtai , dit-il , en
1685 ce traité à BI. Newton, qui en a fait usage
dans le quatrième livre de ses Principes. » En
1674, il écrivit des Éphéniérides , pour exposer
la fausseté de l'astrologie ; il donna en même
temps des^calculs d u lever et du coucber delà Lune
avec les occultations et les appulses de la Lune
et des planètes aux étoiles fixes. A la prière de
Jouas Moore, il dressa une liste du véritable
cours de la Lune pour l'année 1674, et composa
une table des marées. 11 revint la même année
dans sa ville natale , emportant un baromètre et
un thermomètre, avec lesquels il fit de curieuses
observations sur la température. « Il ne les con-
tinua point , dit Cbauffepié , parce que le soin
d'observer tous les jours et de noter lui parut
demander plus d'attention et de peine que ne
le mérite une chose aussi peu importante à ob-
server que le temps qu'il doit faire. » Sir Jonas
Moore entendit parler de ces observations, les
répéta sur deux baromètres que Flamsteed lui
avait envoyés, en fit part au roi, au duc d'York,
et leur recommanda vivement l'auteur, ainsi
qu'aux antres personnes de la cour. Flamsteed,
ayant pris ses degrés de maître es arts à Cam-
bridge, résolut d'entrer dans les ordres. Sir Jonas
lui écrivit alors de venir à Londres , où il lui fit
obtenir le titre d'astronome du roi, avec une
pension de cent livres. Ces faveurs ne détournè-
rent pas Flamsteed de son projet d'embrasser
la vie ecclésiastique, et aux fêtes de Pâques 1675
il fut ordonné prêtre à Ely-House, par l'évêque
Gunning. Le 10 août de la même année, on posa
les fondements de l'observatoire royal de Green-
wich , qui reçut le titre de Flamsteed-House.
Pendant la construction de cet édifice, Flamsteed
établit ses instruments dans le palais de la reine
à Greenwich; il y observa les conjonctions de la
Lune et des planètes avec les étoiles fixes , et
il écrivit son traité sur la sphère. Enfin, l'obser-
vatoire royal fut prêt au mois de juillet 1676.
Baily date de cette époque le commencement
de l'astronomie moderne , assertion qui ne pa-
FLAMSTEED 844
raîtra pas trop exagérée si l'on considère qu'au-
jourd'hui encore on consulte les observations de
Flamsteed pour vérifier celles des asti-onomes
contemporains , et que son catalogue atteignit le
premier une précision à peine dépassée de nos
^ours. Flamsteed, c'est Tycho-Brahé, avec le té-
lescope de plus : même habileté à se servir des
instruments , même sentiment de l'insuffisance
des tables existantes , même persévérance infa-
tigable dans l'observation. Mais Tycho-Brahé,
riche et noble, disposait de la bourse d'un roi ,
tandis que Flamsteed, pauvre prêtre, devait faire
lui-même les frais de ses instruments au moyen
d'une pension mal payée de cent livres. En 1682,
il regarda comme un devoir de son état de faire
l'éducation de deux enfants de l'hôpital du Christ;
en outre il fut obligé de donner des leçons par-
ticulières pour subvenir aux frais de ses obser-
vations. 11 n'avait alors qu'un sextant et des ca-
drans de sir Jonas Moore ainsi que quelques
instruments qui lui appai'tenaient à lui-même; il
en emprunta quelques-uns à la Société royale, et
après avoir, à plusieurs reprises, pressé le gou-
vernement de lui faire construire un grand arc
mural , il se décida à en faire les frais ; mais il
échoua dans cette tentative. En 1684, il reçut de
lord North le petit bénéfice de Burstow près de
Blechingly, dans le comté de Surrey. Encouragé
par ce surcroît de fortune, Flamsteed fit construire
à ses dépens un nouvel arc mural, après avoir
obtenu du gouvernement la promesse, qui ne fut
^jamais tenue, d'être remboursé de ses avances.
Il commença à faire usage de son arc mural en
1689. Quand il mourut, le gouvernement reven-
diqua les instruments de l'infatigable astronome
comme une propriété publique.
A partir de cette époque jusqu'à la fin de sa
vie, Flamsteed redoubla d'activité. Il recueillit
la masse d'observations dont l'ensemble consti-
tue le premier bon catalogue des étoiles fixes ;
il fit les observations lunaires dont Newton se
servit pour vérifier sa théorie de la Lune ; il in-
venta ou perfectionna les méthodes d'observa-
tions encore employées aujourd'hui. Malgré tant
de ti'avaux, Flamsteed n'était encore que peu
connu du public ; une violente polémique qu'il
eut avec Newton l'aurait fait connaître davan-
tage, si elle n'était restée en grande partie se-
crète ; la découverte des papiers de Flamsteed
en 1833 est venue la révéler dans tous ses dé-
tails. En voici un court récit : Newton avait été
longtemps avec Flamsteed dans les termes d'une
intimité cordiale. Un refroidissement dont on
ne connaît pas la cause commença en 1696.
Quelques années plus tard, Flamsteed, qui avait
déjà dépensé plus de deux mille livTes en ob-
servations, songea à en imprimer les résultats.
Le prince Georges de Danemark apprit cette in-
tention , et offrit en 1704 de faire les frais de
l'impression. Un comité composé de Newton,
Christophe Wren , Arbuthnot , Gregory et Ro-
berts fut chargé d'examiner les papiers de Flam
845
FLAMSTEED — FLANDIN
846
steed, et se prononça en faveur de l'impression
totale. D'ailleurs, le soin de classer les ouvrages
et (!e les faire imprimer resta tout entier entre
les malus du comité. Flamsteed dut même livrer
aux commissaires le manuscrit de son catalogue
des étoiles, encore inachevé ; mais il le mit sous
les scellés, et obtint que les sceaux ne seraient
pas brisés avant la confection du reste de l'ou-
vrage. Il eut beaucoup à seplaiqdre des procédés
du comité. Après plus de trois ans, son premier
volume n'était pas encore imprimé ; le prince
Georges mourut en 1708, avant le commencement
de l'impression du second volume , et le comité
cessa son travail, tout en conservant les papiers.
Flamsteed, renonçant à toute publication immé-
diate, revint à ses observations. Il fut donctrès-
étonué d'apprendre, au mois de mars 1711, qu'on
avait brisé les scellés de son catalogue et qu'on
l'avait livré à l'impression. Il demanda aussitôt
une entrevue à Arbuthnot, et obtint de celui-ci
l'assurance que rien n'avait été imprimé. Mais
peu de jours après il reçut plusieurs feuilles im-
primées , et apprit que Halley en avait montré
plusieurs autres dans un café, et s'était vanté de
la peine qu'il avait prise pour en corriger les
erreurs. Enfin, le résultat fut la publication, par
Halley, du catalogue inachevé de Flamsteed, sous
ce titre : Historioa cœlestis Libri duo, quo-
rum prior exhibet catalogum stellarum fixa-
rum Britannicum novum et locupletissimum,
una cum eariimdem planetarumque omnium
observationibus ; ■posterior iransitus siderum,
per planum arcus meridionalis et distantias
eorum a vertice cotnplectitur ; observante
Joanne Flamstedio, in observatorïo regio
Grenovicensi , con iimia série ab anno 1676 ad
annum 1705; Londres, 1712, in-fol. Exaspéré
de cette publication, Flamsteed s'en prit à Halley,
et surtout à Newton, avec lequel il avait eu ré-
cemment une violente querelle. Des personnes
recommandées par Newton devant visiter l'ob-
servatoire, Fiam.steed fut invité, dans une séance
de la Société royale, à voir si les instruments
étaient eu ordre. Il s'y refusa, en déclarant que
ces instruments lui appartenaient. En même
temps il reprocha à Newton de lui avoir volé ses
travaux. Newton répondit en lui donnant plu-
sieurs épithètes, dont la moins grave était celle
de ptippy (faquin), et en lui rappelant que de-
puis trente-six ans il recevait 100 livres par an.
Flamsteed lui demanda à son tour ce qu'il avait
fait pour les cinq cents livres par an qu'il rece-
vait depuis son arrivée à Londres ; il l'accusa
aussi d'avoir hrisé les scellés de son catalogue,
et Newton répliqua que c'était par l'ordre de
la reine. Ala suite de cet échange d'injures, Flam-
steed résolut d'imprimer ses observations à ses
frais, et réclama 175 feuilles restées entre les
mains de Newton. Celui-ci refusa de les rendre.
Il s'ensuivit lui j)rocès dont on ignore les tc-
sultats, et qui coûta 200 livres à Flamsteed.
La reine Anne et le comte d'Halifax, le grand
protecteur de Newton, moururent, l'un en 1714,
l'autre en 1715. Flamsteed, devenu plus puissant
à la cour que ses adversciires , rentra dans la to-
talité de ses papiers, et obtint la remise de tout
ce qui restait de l'édition de Halley , 300 feuilles
sur 400. Il en Hvra aussitôt une grande partie
aux flammes, ce qu'il appelait faire « un sacrifice,
à la vérité céleste » ; il ne se réserva de chaque
volume que quatre-vingt-dix feuilles environ,
qu'il trouvait imprimées à son gré , et dont il
composa une partie de son premier volume. De-
puis cette époque jusqu'à sa mort, il s'occupa
de l'impression de son Historia cœlestis, im-
pression qu'il n'eut pas cependant le temps de
finir ; elle fut achevée par sa veuve, avec l'aide
de Crosthwaitet d'Abraham Sharp, et parut sous
le titre de Historia cœlestis Britannica;
Londres, 1725, 3 vol. in-fol. Les cartes connues
sous le nom à' Atlas de Flamsteed furent sur-
veillées par les mêmes personnes. V Historia cœ-
lestis Britannica contient une description des
méthodes et des instnunents employés, avec une
masse considérable d'observations sidérales, lu-
naires et planétaires , et le catalogue britan-
nique des étoiles. Cet ouvrage, d'après le Penny
Cyclopsedia , occupe dans l'astronomie pratique
la même place que les Principes de Newton
tiennent dans la partie théorique de cette science.
En 1833 , M. Francis découvrit un grand
nombre de manuscrits dans la commode de
Flamsteed à l'observatoire de Greenwicb Ces
manusciits, une collection de lettres inertes
du grand astronome , et une intéressante auto-
biographie, intitulée Self Inspections by J. F.,
furent publiés aux frais du gouvernement, par
l'ordre des lords de l'amirauté, sous le titre de
An Account of the Rev. John Flamsteed.
C'est, au jugement du Penny Cyclopsedia, la
biographie scientifique la plus remarquable qui
ait été publiée de notre temps. Entre autres dé-
tails curieux, on y remarque la réfutation com-
plète d'une histoire qui représentait Flamsteed
comme ayant, dans sa jeunesse, volé sur le
grand chemin. On prétendait que son pardon
avait été trouvé dans ses papiers. M. Baily
prouve que le fait d'un pardon trouvé dans les
papiers de Flamsteed est faux , et démonli-e par
diverses circonstances qu'il était impossible qu'à
l'époque indiquée cet astronome exerçât la cri-
minelle profession de voleur. L. J.
Biographia Britannica. — Chauffepit-, JVouveati Dic-
tionnaire historique. — Penny Cyclopiedia.
* FLANDIN (Charles), médecin et chimiste
français, né aux Aubues, commune de Lormes
(Nièvre), le 13 mars 1803. 11 étudia la médecine
à Paris, où il fut reçu docteur en 1832. Le pre-
mier il soutint, dans sa thèse inaugiu-ale sur le
choléra , la non-absorption des médicaments
administrés pendant l'invasion de l'accès; ce
point, d'abord contesté, a été depuis mis hors de
doute par les travaux du signataire de cet ar-
ticle. De 1832 à 1835, M. Flandin compléta ses
847
FLANDIN
848
études par des voyages dont il publia les résul-
tats sous le titre : Études et souvenirs de
Voyage en Italie et en Suisse; Paris, 1838,
2 vol. in-S". Il collabora ensuite au Journal
général et au Moniteur pour les comptes-ren-
dus de l'Académie des Sciences , et présenta à
cette académie une série de travaux toxicolo-
giques, faits en commun avec M. Danger. Parmi
ces travaux on remarque : De l'Arsenic,
suivi d'une Instruction propre à servir de
guide aux experts dans les cas d'empoisonne-
ment, «tde Rapports faits à l'Académie . des
Sciences et à V Académie de Médecine ; Paris,
1841, in-8°. Ce mémoire parut à l'occasion du fa-
meux procès de madame Lafarge, et donna lieu à
une vive polémique avec Orfila sur l'arsenic dit
normal ; MM. Flandin et Danger démontrèrent
que l'arsenic n'existe pas normalement dans le
corps humain. — De l'Action de l'arsenic sur
les moutons, et de l'intervalle de temps né-
cessaire pour que ces animaux se débarras-
sent complètement de ce poison , alors qu'il
leur est administré à haute dose ; — Mé-
moire sur l'empoisonnement par l'antimoine
et les complications que la présence de ce
corps peut apporter dans les cas d'empoison-
nement par l'arsenic; — De l' Empoisonne-
ment parle cuivre; — De l'Empoisonnement
par le plomb, suivi de Considérations sur
l'absorption et la localisation des poisons ;
— De l'Empoisonnement par le mercure;
— De l'Analyse des terres de cimetière
dans les cas d'empoisonnement ; — De la
Recherche des principes immédiats des vé-
gétaux toxiques ; ce dernier mémou-e a été
publié par M. Flandin seul.
En 1845, M. Flandin fut nommé membre du
conseil de salubrité, et il rédigea le Rapport
général des Travaux du Conseil de Salu-
brité pendant Vannée 1847; in-4°, Paris, 1855.
Mais son ouvrage le plus important est un Traité
complet des Poisons, dont le 1"" volume parut
en 1846, et les deux derniers en 1853 ( avec une
dédicace à Pariset). Dans l'opinion de l'auteur,
« les poisons sont des matières inassimilables, qui
pénètrent dans l'organisme par absorption ; ils
agissent par action de présence , et non comme
des irritants ou des stupéfiants. La tolérance de
l'économie pour les poisons n'est qu'un défaut
d'absorption. » A la suite d'un procès politique en
1853 (sur le secret des lettres), M. Flandin fut
révoqué de ses fonctions de membre du conseil
de salubrité. D^ Duchaussoy.
Documents particuliers.
* FLANDIN (Eugène- Napoléon) , peintre et
archéologue français , né le 15 août 1809, à Na-
ples, où son père était attaché à l'administration
militaire du roi Joachim Murât. Après un voyage
en Italie, il exposa au salon de 1836 une grande
Vue de la Piazzetta, à Venise, qui fut achetée
par la liste civile, et une Vue du pont des
Soupirs^ achetée par la société des Amis des
Arts de Paris. Il fit ensuite une excursion en
Belgique, et un voyage en Algérie. A son retour,
en 1837, il mit à l'exposition du Louvre une Vue
de la Marine, à Alger, qui fut achetée par la
liste civile et lui valut une médaille de deuxième
classe. Il retourna bientôt en Afrique, pour faire
en amateur la campagne de Constant! ne, et as-
sista à l'assaut de cette ville, qui fut l'objet d'un
tableau par lui exposé au Salon de 1838. Ce
tableau, acheté par le roi pour le château de
Neuilly, fut percé de coups de baïonnette en
1848, vendu avec d'autres débris et racheté par
lareine Marie-Amélie. L'année suivante, M. Flan-
din exposa un tableau représentant la Brèche
de Constantine et la porte oîi le colonel de
Lamoricière, à la tête des zouaves, fut renversé
par l'explosion. Ce tableau fut aussi acquis par
la liste civile. En 1839, désigné par l'Académie
des Beaux-Arts , il fut attaché à l'ambassade de
Perse pour remplir une mission archéologique
dans ce pays, où il resta jusqu'en 1841, l'explo-
rant dans tous les sens et y recueillant des ma-
tériaux considérables, qui furent soumis à une
commission de membres de l'Académie des
Beaux- Arts et de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres. A la suite du rapport fait par
cette commission en 1842, M. Flandin reçut la
décoration de la Légion d'Honneur. Le ministre
fit publier ses travaux , savoir : Études sur la .
Sculpture perse ; 2 vol. in-folio, et 1 vol. in-folio
de texte descriptif et critique ; — Études sur
la Perse moderne , 100 pi. in-fol. Utho-
graphiées par l'auteur ; — Relation du Voyage en
Perse, depuis le départ de France, etc.; 2 vol.
in-S". Ce grand ouvrage a été terminé en 1843.
A peine de retour en France, M. Flandin fut
désigné par l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres pour aller àKhorsabad, sur le bord orien-
tal du Tigre ( prétendu emplacement de l'antique
Ninive) , faire sur les monuments assyriens des
études semblables à celles qu'il avait rapportées
de la Perse; et il partit en novembre 1843. Ar-
rivé à Constantinople, il eut beaucoup de diffi-
cultés à vaincre pour obtenir les firmans néces-
saires aux fouilles à faire , et passa deux mois à
Rhodes et à Beyrouth avant de les recevoir. Il par-
tit enfin, et, après d'autres obstacles , il arriva
sur les bords du Tigre, où il resta campé huit
mois au milieu des ruines et des fouilles. Il rap-
porta en France , deux ans après, les matériaux
d'un nouvel ouvrage, et, à la suite du rap-
port d'mie commission, un crédit spécial fut
voté par les chambres pour la publication des
Antiquités assyriennes. La part de M. Eugène
Flandin dans cet ouvrage, qui est terminé, con-
siste en deux volumes in-folio de planches. Il
a pubhé dans le Journal des Débats des no-
tices sur ses deux derniers voyages, et dans la Re-
vue des Deux-Mondes {I8i&) un article intéres-
sant sur l'exhumation de la prétendue Ninive (1).
(1) Voy. Sur la non-authenticité des Ruines de Jfir
849
FLANDIN — FLANDRIN
850
Après ces grands travaux, M. Flandin s'est
remis à la peinture , et il a exposé en 1853:
une grande Vue de Stamboul; — une Vice de
la Mosquée royale à Ispahan. En 1855 il a
réexposé ces deux tableaux , en y ajoutant une
Vîie générale de Constantinople et une Vue
de V Entrée du Bosphore. Il s'occupe d'un ou-
vrage intitulé L'Orient, comprenant, au point
de vue pittoresque, 150 pi, petit in-fol. qui repré-
sentent les pays situés entre les rivages euro-
péens du Bosphore et des Dardanelles , et la
frontière indienne. Guyot de Fère.
Renseignements particuliers.
FLANDRIN {Pierre), médecin vétérinaire
français, né à Lyon, le 12 septembre 1752, mort
au commencement de juin 1796. Neveu de Cha-
bert , il embrassa la même profession que son
oncle, en entrant dès l'âge de quatorze ans à l'école
vétérinaire de Lyon. Il y fit ses études avec tant
de distinction, qu'après les avoir terminées, il fut
nommé professeur d'anatomie à l'école d'Alfort.
En 1786 il obtint la survivance de la direction
générale des écoles vétérinaires. Un voyage
qu'il fit en Angleterre, en 1785, et ime mission
en Espagne, en 1786, pour surveiller l'envoi de
moutons à laine fine , dirigèrent son attention
vers l'économie rurale , et il entreprit dans ce
but des travaux considérables, qu'une mort pré-
maturée ne lui permit pas d'achever. On a de
lui : Précis de la connaissance extérieure du
cheval ;Pa.ns, 1787, in-8°; — Précis de Vana-
tomie du cheval; Paris, 1787, in-8" ; — Pré-
cis splanchnologique , ou traité abrégé des
viscères du cheval ; Paris , 1787 , in- 8° ; —
Mémoire sur la possibilité d'améliorer les
chevaux en France; Paris, 1790, in-8°;
— Traité sur l'Éducation des Bêtes à
Laine; Paris, 1791, in-8°. Flandrin fut l'un des
rédacteurs de VAlmanach vétérinaire , Paris ,
1783-1793, in-8°, et des Instructions et obser-
vations sur les maladies des animaux do-
mestiques , avec l'analyse des ouvrages vété-
rinaires anciens et modernes ; V ma , 1782-
1795, 6 vol. in-8". Flandrin rédigea la partie
anatomique de Y Encyclopédie méthodique; il
publia des articles dans les Mémoires de la So-
ciété d'Agriculture , le Journal de Médecine ,
La Feuille du Cultivateur, le Mercure et le
Journal de Paris.
Rabbe, Boisjolin, etc., Biographie univ. et port. rfM
Contemporains (aappl). — Biographie médicale.
* FLANDRIN (Auguste), peintre français, né
à Lyon, en 1804, mort dans la même ville, en
août 1842. Il entra en 1818 à l'école des beaux-
arts de sa ville natale, et y fit de rapides progrès.
L'aîné d'une famille sans fortune, il se plaça de
bonne heure dans un atelier de lithographie, et
v dessina des vignettes de romance et des illus-
trations de toutes espèces. Venu à Paris en 1832,
il travailla deux ans sous la direction de M. In-
nivc les deux mémoires de M. Kerd. Hoeler; Paris, ( Di-
dot) 1852.
gres. Plus tard , il visita l'Italie avec ses deux
frères, MM. Hippolyte et Paul Flandrin, puis il
revint à Lyon , où il professa les doctrines ar-
tistiques de son maître. Une médaille d'or obte-
nue au salon de 1840 semblait lui annoncer une
certaine réputation , quand la mort vint l'at-
teindre. Il succomba en peu de jours aux at-
taques d'une fièvre typhoïde. On a exposé de lui
en 1840 : Savonarole prêchant dans l'église
San-Miniato , à Florence ; Le Repos après le
bain; Vue intérieure de San-Miniato à Flo-
rence; un portrait d'homme; en 1841, 1842 et
1843, des portraits et une tête d'étude.
L. LOUVET.
Dictionnaire de la Conversation.
* FLANDRIN ( Jean-Hippolytc ) , peintre
français, né à Lyon, en 1809, frère cadet d'Au-
guste Flandrin, étudia d'abord le dessin sous
MM. Legendre etMagnin, puis sous M. Revoil.
En 1829 il vint, avec son jeune frère Paul, à
Paris , et entra dans l'atelier de M. Ingres. En
1832 il remporta au concours le grand prix de
peinture, et partit pour l'Italie. Il arriva à Rome
au mois de janvier 1833; un an après, son frère
Paul vint le rejoindre ; Auguste le suivit bientôt,
et tous trois purent encore travailler sous leur
maître, M. Ingres, nommé alors directeur de
l'Académie de Peinture à Rome. Vers la fin de
1838, les trois frères rentrèrent en France, et
s'arrêtèrent à Lyon. Hippolyte et Paul vinrent
se fixer à Paris , travaillant dans le même ate-
lier ; mais, suivant les avis deM. Ingres, M. Hip-
polyte Flandrin seul resta fidèle au genre his-
torique. Ses compositions sont savantes et supé-
rieurement étudiées, d'une belle ordonnance et
d'un grand caractère; mais la recherche du style
et la prétention à l'austérité sont souvent pous-
sées jusqu'à la froideur ; lé dessin est d'une
grande pureté , mais un peu uniforme. Ses figu-
res sont d'une expression contenue, mais élevée;
on voudrait seulement plus de mouvement, d 'élan,
de verve , et plus de vivacité dans le coloris. Ses
principaux ouvrages sont : Thésée reconnu dans
zm festin par son père , sujet du grand prix ;
— Euripide écrivant ses tragédies; — Le
Dante, conduit par Virgile, offrant des conso-
lations aux âmes des envieux (salon de 1836);
— Jeune Berger (1836); — Saint Clair gué-
rissant des aveugles (1837); — Jésus-Christ
et les petits enfants (1839); — portraits
(1840 et 1841); — Saint Louis dictant ses Éta-
blissements (1842) : grande composition exécu-
tée pour la Chambre des Pairs ; — portrait de
M. le comte d'A. (1843); — Mater dolorosa
(1845); — portraits (1845-1846); — Napoléon
législateur (1847), commandé pour la salle du
comité de l'intérieur au Conseil d'État ; — jior-
traits, étude de femme (1848); — portraits
(1850), etc. M. H. Flandrin a en outre cxécnté
bon nombre de grandes peintures monumentales ;
on lui doit la chapelle Saint-Jean , dans l'église
Saint-Severin, terminée en 1840; en 1»41, il fit
851
FLANDRIN — FLATMAN
852
pour M. le duc de Luynes trente-six figures dé-
coratives, au château de Dampierre; en 1843, la
ville de Dreux a acquis de cet artiste pour sujet
de vitrail un Saint Louis prenant la croix pour
la deuxième fois. Il a encore peint à l'encaus-
tique, pour le chœur de l'église Saint-Germain-
des-Prés, YEntrée de Jésus-Christ à Jérusa-
lem, et la Marche du Christ au supplice , puis
différentes figures. 11 exécute en ce moment des
peintures murales dans les travées de la nef de
la même église. On lui doit aussi la frise de l'en-
tablement de la nef de Saint- Vincent de Paul , où
il a représenté des groupes de saints et de saintes
marchant vers le Christ. C'est un des chefs-d'œu-
vre de la peinture contemporaine. M. H. Flandrin
a obtenu la deuxième médaille d'or en 1836; la pre-
mière en 1838; nommé chevalier de la Légion
d'Honneur en J841 , et officier le 12 août 1853, il
fut appelé à l'Académie des Beaux-Arts trois jours
après", à la place de M. Blondel. A l'exposition de
1855 il a obtenu une médaille de première classe.
L. LOUVET.
Dlct. de la Conversation. — Documents particuliers.
^ FLANDRIN {Jean-Paul) , peintre français,
né à Lyon, en 1811, reçut, comme son frère Hip-
polyte , les leçons de MM. Legendre, Magnin et
Revoil à Lyon, et de M. Ingres à Paris. En 1834
il partit pour Rome, où était déjà son frère, il y
peignit d'après nature le paysage, en même temps
qu'il dessinait la figure , tantôt d'après les maî-
tres , tantôt d'après les modèles. M. Ingres le
chai'gea de faire trois copies des Loges de Ra-
phaël pour la collection des frère^ Balze. En
1838 il revint en France avec ses frères, et ac-
compagna M. Hippolyte Flandrin à Paris. Il eût
sans doute suivi la même voie que ce dernier
sans les conseils de M. Ingres , qui engagea les
deux frères à ne point courir les chances d'une
rivalité dangereuse. Dès lors M. Paul Flandrin
s'adonna au paysage historique : tous deux traitè-
rent également avec succès le portrait. Les pay-
sages de M. Flandrin sont des œuvres d'un haut
mérite, d'une conception poétique et d'un art sé-
vère. Les lignes variées des montagnes , le feuil-
lage divers des arbres et les mouvements de ter-
rain sont accusés avec goût et finesse. Il y a tou-
jours dans ses toiles un choix de sites, un ar-
rangement d'arbres, une disposition de lignes,
une beauté de formes qui indiquent le maître. On
leur reproche seulement un peu de froideur, une
touche trop mince, un aspect souvent trop sombre.
M. Paul Flandrin a successivement exposé :
Les Adieux d'un proscrit à sa famille (1839) ;
— Une Nymphée (1839) ; — Campagne de
Borne (1839); — Les Pénitents de la Mort
dans la campagne de Rome (1840); — Vue
prise à l'île Barbe., aux environs de Lyon
(1840); — Saint Jérôme; Une Vfl^Zée ; paysage ;
portrait (1841); — Bords du Tibre appelés
à Rome la Promenade du Poussin ; paysage ;
portraits (1843); — Paysage; Tivoli; une Fon-
taine; Bords du Rhône; Crépuscule ;j)0Ttr3i\is
(1844); — Campagne de Rome; Bords du
Tibre; les Rochers ; paysages ; portraits (1845); |
— Un Ruisseau; Bords du Rhône aux envi- ;
rons d'Avignon; portrait (1846); — Lutte de
bergers ; La Paix; La Violence; Lionne en
chasse (1847); — Paysages, portraits (1848);
— Dans la montagne; Dans les bois; Bords
du Gardon; Chemin creux; Le Berger; Por-
trait (1850); — Paysages ; Montagnes de la Sa-
bine (1852); — Environs de Vienne (Dhaphiné);
La Rêverie; Lafoux (Gard) (1853). En 1855
il apporta à l'exposition universelle : Monta-
gnes de la Sabine; une Nymphée; Gorges de
l'Atlas ; La Lutte; Bords du Gardon ; Solitude ; '
Paysages ; T^es Tireurs d''arc ; Vallée de Mont-
morency ; Le Verger. M. Paul Flandrin a peint
pour M. le duc de Luynes, au château de Dam-
pierre, deux tableaux sur mur, dans la grande
galerie; il y a là aussi de lui une Vue des Alpes.
Il a terminé en 1847 la peinture de la chapelle
du baptistère de Saint-Severin , et il est un de
ceux dont les Vues des environs de Paris
ornent la galerie de pierre de l'hôtel de ville.
En 1839 et en 1848, il a obtenu la médaille de
deuxième classe, celle de première classe en
1847, L. LocvET.
Dictionnaire de la Conversation. — Documents par-
ticuliers.
FLANGiNi ( Comte Louis), littérateur et prélat
italien, né à Venise, le 26 juillet 1733, mort dans
la même ville, le 29 février 1804. Dès sa jeunesse
il se distingua par ses connaissances philolo-
giques. Il occupa successivement quelques-unes
des principales magistratures de la république.
Clément XIV l'appela à Rome en 177C, et le
nomma auditeur de rote ; Pie VI l'éleva au car-
dinalat le 30 août 1789. En 1801 rem{)ereur
d'Allemagne, que le traité de Campo-Formio
avait mis en possession de Venise , nomma Flan-
gini patriarche de cette ville, et lui conféra le
titre de comte du Saint-Empire. On a de lui :
Annotazioni alla corona poetica di Ouerino
Telpasinio, in Iode délia Republica di Vene-
zia , sous le nom d'Agamiro Pelopideo ; Ve-
nise, 1750; — Rime di Bernardo Capello,
con annotazioni; Bergame, 1750, 2 vol.; —
Orazione per l'esultamento del doga Mario
Foscarini ; Yenise, 1762; — Lettera jmtriar-
cale; Venise, 1802 ; — Argonautica di Apol-
lonio Rodio, traductii^n en vers avec des notes;
Rome, 1791-1794, 2 vol. 1^4°; — Apologia di
Socrate, traduite du grec de Platon, insérée
dans le Corso di Letteratura Greca ; Florence,
1806.
Tipaido, Biografta degli Italiani illustri, t. VU.
FLASSAW ( Gaétan, comte de ). Voyez
Raxis.
FLASSANS. Voy. Târaudet.
FLATMAN (Thomas) , poëte et peintre an-
glais, né à Londres, vers 1633, mort en 1688.
Élevé d'abord à l'école de Winchester, il passa
ensuite au New-CoUege d'Oxford , puis il entra
853
FLATMAN —
dans la carrière cUi barreau , qu'il abandonna
plus tard pour la poésie et la peinture. Il fit
surtout (le la miniature. Quant à ses poëmes, il
en donna lui-même une troisième édition en 1682,
avec son portrait.placé en tête. On a en outre de
lui : Don Juan Lamherto, or a comical htstorij
of the Late times , 1661, publié à cause du ca-
ractère satirique de l'œuvre sous le pseudonyme
de Montelion; — Pindarics Ods; 1685.
V^ooi, Mh. Oxon. — Nichols, /'oems. — Walpole,
Anecdotes.
* FLATTERS (***), sculpteur allemand, né
en 1784, à Crevelt (province de Cleves-Berg).
Soii père, fabricant de meubles, et architecte,
le destinait à la double profession qu'il exerçait.
Le jeune homme , envoyé à Paris, ne se montra
pas doué de dispositions heureuses pour un tra-
vail tout mécanique. Enfin, on le conduisit chez
le célèbre sculpteur Houdon , qui lui donna à
copier une figure en bas-relief, et le prit comme
élève. Malgré ses brillantes dispositions et de
bonnes études, Flatters, qui était dépourvu de
moyens d'existence , dut faire preuve d'une rare
persévérance pour se tirer de l'obscurité. Des
médailles décernées par l'Académie des Beanx-
Arts furent les premiers encouragements qu'il
reçut. En 1813 il remporta le deuxième grand
prix de sculpture. Peu de temps après , il en-
dossa l'uniforme, et fit la campagne de France.
L'année 1815 le rendit aux arts. Ses principaux
ouvrages sont : une statue d'Hébé; un bas-
elief de La Fausse Gloire ( maintenant en Al-
lemagne) ; les bustes de Louis XVI fl, Grétry,
Talma, Haydn, Foy, Gœthe, Byron, etc.
On a remarqué de lui aux expositions du Salon :
un Chasseur au repos ; Ganymède; la statue
de Delille pour la ville de Clermont-Ferrand ;
Le Sommeil , en bronze ; une Baigneuse ; un
Amour , en îjronze, aujourd'hui en Russie; une
statue représentant Xe Rêve, envoyée à Londres,
et qui passe pour une de ses plus remarquables
productions ; Érigone; le Satan de Milton ; Héro
attendant Léandre , etc.
JAvrets dès Salons. - Le Bas, DM. enc. de la France.
— Nagler, Nencs AlUj. KUnstl.-Lex.
FLAUGERGUES (Honové), astronomc fran-
çais, né le 16 mai 1755, à Viviers (Vivarais),
mort dans la même ville, en 1835. Élevé par son
père, il montra dès l'enfance une aptitude remar-
quable pour les sciences naturelles et mathémati-
ques, et particulièrement pour l'astronomie. En
1779 il obtint une mention honorable à Paris pour
son mémoire Swr la théorie des Machines sim-
ples. Ses mémoires sur la Réfrangibilité des
rayons ; Sur la figure de la Terre; Sur l'arc-en-
ciel ; Sur les trombes, furent couronnés à Lyon, à
Montpellier, à Toulouse. 11 fut nommé en 1796
"associé de l'Institut, et en 1797 directeur de
l'observatoire de Toulon. 11 n'accepta pas cette
place, et préféra rester dans sa petit(; ville. En
1815 il obtint à l'Académie de Nîmes le prix sur
ia question suivante : Soumettre à une discus-
sion soigneuse toutes les diverses hypothèses
FLAUGERGUES 854
imaginées jusque ici pour expliquer l'appa-
rence connue sous le nom de queue , chevelure
ou barbe des comètes. Ces succès académiques
ne décidèrent point Flaugergues à quitter Viviers,
et il n'accepta d'autre place que celle de juge de
paix dans sa ville natale. On a de lui , dans le
l^'vol. de l'ancien Recueil de rins(iMt{ section
des Sciences mathématiques et physiques) , un
Mémoire sur le lieu du nœud de Panneau de
Saturne en 1790;— des Observations astro-
nomiques faites à Viviers en 1798.
Rabbe, Boisjolin, etc., Biog. univ. et port, dos Con-
temporains. — Quérard, La France littéraire.
FLAUGERGCES (Pierre- François) , homme
politique français, né à Rodez, en 1759, mort à
Brie en 1836. Il exerçait dans sa patrie la pro-
fession d'avocat lorsque éclata la révolution; il
en adopta les principes, et fut élu, en 1792, pré-
sident de l'administration du département de
l'Aveyron. Il fut dénoncé à la tribune par Chabot,
le 12 juillet 1793, pour son attachement aux gi-
rondins, et accusé par ce représentant d'avoir
fait incarcérer des patriotes partisans de la nou-
velle constitution. La Convention le traduisit à sa
barre ; mais, sur la rétractation de l'accusateur,
elle révoqua son décret le 22 du môme mois.
Néanmoins Flaugergues crut prudent de donner
sa démission ; il se tint à l'écart durant la terreur,
et ne rentra au barreau qu'après le 9 thermidor.
En 1795 il fut élu haut-juré national, et, pour la
seconde fois, administrateur de l'Aveyron, fonc-
tions qu'il exerça jusqu'au 18 fructidor. Le pre-
mier consul le nomma sous-préfet à Villefranche ;
mais, par suite d'une trop longue absence , il fut
destitué, vers la fin de 1810. En 1811, plusieurs
collèges électoraux le présentèrent comme can-
didat au corps législatif, et le sénat le choisit pour
représenter l'Aveyron, le 6 janvier 1813. Le 22 dé-
cembre suivant, ses collègues l'élurent membre
de la commission extraordinaire chargée de l'exa-
men des pièces originales concernant les négo-
ciations entamées entre Napoléon et les puis-
sances coalisées contre la France. Flaugergues se
déclara pour la paix, et exerça beaucoup d'in-
fluence sur ses collègues, qui se prononcèrent en
ce sens; mais le rapport qu'ils présentèrent à
l'assemblée fut supprimé dans la nuit par ordre
supérieur (1). Le 30 décembre Flaugergues fut
chargé, avec Laine etRaynouard, de rédiger une
adresse à l'empereur. Elle fut conçue en termes
énergiques ; c'était la première fois que le mo-
narque éprouvait quelque opposition de la part
d'une assemblée qui jusque alors s'était distinguée
par une sei-vilité muette ou approbatrice. Il pro-
nonça la dissolution du corps législatif. « Le soir
(1) Dans ia séance du 22 décembre, le duc de Massa,
ancien f,'rand-juge, el que l'empereur avait nonjniê pré-
sident du corps législatif, (|UOiqu"il n'en fît point partie,
reprocha à Flaugergues de; faire des motions incons-
titutionnelles. « .le ne connais rien ici de plus inconsti-
tulionucl que vous-même, repartit Flaugergues, vous
(|ui, au mépris do nus lois, venez présider les représen-
tants du peuple, quand vous n'avez pas môrac le droit
de siéger à leur côté. »
855
FLAUGERGUES
856
même , rapporte Le Bas , Fiaugergues proposa
aux députés présents à Paris de provoquer la
déchéance de l'empereur et de proclamer les
Courbons , à charge par eux de régner suivant
le gouvernement représentatif. 11 fut député au
sénat pour lui faire part de cette résolution. »
Cette démarche n'aboutit pas; mais dans la
séance du 3 avril 1814 il fut un des premiers à
voter pour cette déchéance , comme il signa avec
un égal empressement le 7 la lettre d'adhésion
à l'acte constitutionnel proposé par le sénat et
le gouvernement provisoire.
Le corps législatif, que la Charte avait con-
verti en chambre des députés , ayant été con-
voqué par le roi Louis XVIII pour le mois de juin
suivant, Fiaugergues y fut proposé comme can-
didat à la présidence. Le 5 août il parla en fa-
veur de la liberté de la presse, solennellement
garantie, mais déjà attaquée. Le 2 septembre
il combattit plusieurs dispositions financières du
nouveau budget, fit ressortir le vice de la eu-
mulation des exercices , se plaignit de la non-
lixation des pensions, s'éleva véhémentement
contre la création des bons royaux , prédit les
maux résultant de l'agiotage, et le premier pro-
posa d'établir le système de crédit public auquel
on recourut depuis, et d'appliquer à l'amortis-
sement le produit du domaine extraordinaire. Le
22 du même mois il parla en faveur des habitants
des départements ci-devant réunis à la France,
et qui désiraient se fixer dans ce pays ; il s'étonna
qu'on voulût leur ravir les droits de citoyen qu'ils
avaient la plupart chèrement acquis. Le 29 no-
vembre il se prononça en faveur de l'impôt sur
les tabacs et de son mode de perception. « Si
odieux que soit en lui-même le monopole, dit-il,
et si dangereux qu'il puisse être entre les mains
d'un gouvernement, il est encore préférable au
régime des fabricants ; celui-ci soumet à leur in-
fluence tyrannique la culture et la consommation.
D'ordinaire ils font naître la fraude et la pro-
tègent eux-mêmes. » Les 17 et 26 décembre
il s'opposa avec force à l'extension des pou-
voirs du chancelier de France et à la restriction de
ceux de la cour de cassation. Les ministres pré-
tendaient réduire cette magistrature au rôle <ie
l'ancien conseil des parties. Fiaugergues s'écria:
« Si l'on voulait resti-eindre les prérogatives
royales , je croirais prouver mon patiiotisme en
m'y opposant avec chaleur; mais lorsque l'on
veut les étendre , je crois prouver mon dévoue-
ment au trône en m'y opposant avec la même
force. C'est en résistant aux empiétements des
différents pouvoirs qu'on leur rend d'éminents
services. Le véritable homme d'État est celui
qui ne perd jamais de vue l'inévitable loi de la
réaction. « Ces sages paroles entraînèrent la ma-
jorité, qui lepoussa cette tentative contre l'indé-
pendance de la magistrature suprême. Lorsque la
chambre fut convoquée à la nouvelle du débarque-
ment de Napoléon, Fiaugergues fut un des premiers
à son poste, et ne l'abandonna pas. Il fut réélu
membre de la chambre de 1815, et le 7 juin il en
obtint la vice-présidence. Sa conduite dans cette
assemblée fut patriotique, et souvent il déve-
loppa des talents oratoires. Le 21 juin il rap-
pela le calme au • sein de l'assemblée , émue
des nouvelles fâcheuses qui surgissaient de toutes
parts : « Lorsque Ânnibal , dit-il , eut vaincu à
Cannes, le tumulte était dans Rome, mais la
tranquillité dans le sénat. « Le même jour il fut
nommé membre de la commission chargée de
délibérer sur les moyens de salut public , et le
lendemain il proposa que la guerre fût déclarée
nationale , et que tous les Français fussent ap-
pelés à la défense commune. Le 24 juin il fut
chargé, avec Andréossy, Boissy d'Anglas , de La
Besnardière et de Valence, de négocier un armis-
tice avec les généraux ennemis. Dans l'entrevue
avec le duc de Wellington , il s'opposa fortement
à la condition, imposée par le général anglais,
de faire dépendre toute négociation ultérieure
du rétablissement immédiat de Louis XVin.
Fiaugergues demandait que la France fût laissée
libre de se choisir un gouvernement et que le»
troupes coalisées n'entrassent pas dans Paris.
11 eut même plusieurs entrevues avec le comte
de Semallé , agent du comte d'Artois , dans le
but d'engager ce prince à solliciter lui-même
l'armistice, mais il n'obtint rien de ce côté.
Après la seconde restauration accomplie,
Louis XVIII nomma Fiaugergues président du
collège de l'Aveyron, qui l'élut pour député.
Soit défaut de cens , soit maladie ou toute autre
cause, il ne parut pas à la chambre, ne fut pas
réélu en 1816, et se borna jusqu'en 1820 à faire
paraître quelques brochures politiques. A cette
époque , il tïït nommé maître des requêtes , mais
il sortit du conseil d'État en 1823, et termina ses
ijours dans la retraite. On a de lui : De la Re-
•présentation nationale, et Principes sur la
matière des élections ; Paris, 1820, in-8"; —
Application à la crise du moment des prin-
cipes exposés dans la brochure intitulée : De
la Représentation nationale ; ibid. H. Lesueuk.
Moniteur universel, an I»', n° 206 ; an VIII, n^' 830; ann.
1813, p. 29, 1427; ann. 1815, p. 696, 1262,- 1453 ; ann. 1815,
p. 293, 653, 710, 718, 719, 737, 715, 1045 ; ann. 1816, p. 1195;
ann. 1820, p. 143. — Biographie nouvelle des Contempo-
rains. — Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la
France. — Rabbe, de Boisjoliu et Sainte-Preuve, Biog
universelle et port, des Contemporains.
FLACGERGïJES ( Pierrc-Paul ], iphysiciea
et mathématicien français, né à Villefranche, le
28 avril 1810, mort à Toulon, en décembre 1844.
Il fût successivement professeur de mathéma-
tiques et de physique au collège de Châlous , au
collège et à l'école normale de Troyes, au col-
lège de Chaumont , enfin professeur de sciences
appliquées à l'école normale de Toulon. Outre*
diverses observations scientifiques, on a de lui :
Cours de Physique expérimentale; Troyes,
1834; — Traité sur les Machines électro-
dynamiques ; iMQ ; — Principes etjormules
sur les Machines à vapeur; 1843 ; — Consi-
857
FLAUGERGUES — FLAVIAWUS
858
dérations sur V instruction publique en
France, et en particulier sur V institution des
maîtres d'étude; 1844.
rouandre et Bonrquelot , La Littérature contemp.
FLAVACOURT. Voy. Mailly.
* FLAVEL (Jo^n), théologien anglais, né dans
le comté de Worcester, en 1627, mort en 1 691. Il
était ministre non conformiste à Darthmouth, et
composa divers ouvrages de piété , auxquels il
donnait, selon l'usagedu temps, des titres bizarres
et qui sont fort oubliés aujourd'hui. Yoiciles titres
de quelques-uns d'entre eux : Husbandry spiri-
tualized ; Londres, 1669 ; — A saint Indeed on
the great work ofa Christian; 1673 ; — Ato-
kenformournen;i&lh. G. B.
FLAVIA BOMITILLA. Voy. DOMITILLA.
. FLAVJA TITIANA. Yoy. TiTIANA.
* FLAVIANCS. Ce nom, comparativement rare
dans la première période de l'empire romain,
devint beaucoup plus commun dans la seconde ,
après l'accession au trône de la maison Fla-
vienne (Flavia), dans la personne de Constance
Chlore , père de Constantin le Grand , et après
l'adoption du nom de Flavius par les dynasties
successives qui occupèrent le trône byzantin.
Godefroy, dans son édition du Codex Theodo-
sianus, énumère un grand nombre de Flavianus
entre le règne de Constantin le Grand et celui
de Valentinien UI. Les principaux personnages
du nom de Flavianus sont :
* FLAVIANUS ( T. Ampius), légat consulaire
et gouverneur de la Pannonie pendant les guerres
civiles qui suivirent la mort de Galba en 69 de
l'ère chrétienne. Vieux et infirme , il aurait voulu
ne pas prendre part dans le débat. Quand les
légions de sa province ( légions galbiennes , la
treizième et la dix-septième) embrassèrent le
parti de Vcspasien, il s'enfuit en Italie. Cependant,
il revint bientôt en Pannonie, et se déclara pour
Vespasien, à l'instigation du procurateur de la
province, Cornélius Fuscus , très-désireux d'as-
surer à l'insurrection l'influence que donnait à
Flavianus son rang élevé. Cependant ses pre-
mières hésitations et sa parenté avec Vitellius
empêchèrent les soldats d'avoir confiance en lui;
ils soupçonnèrent même que son retour avait
pour objet quelque trahison. Flavianus paraît
avoir accompagné les légions de Pannonie dans
leur marche en Italie. Pendant le siège ou le
blocus de Vérone, une fausse alarme excita de
nouveau les soupçons des soldats , et ils deman-
dèrent la mort de Flavianus. Ses supplications
pour obtenir la vie leur parurent un aveu de
trahison. 11 ne fut sauvé que par l'intervention
d'Antimus Primus, le général le plus influent des
troupes de Vespasien. On fit partir Flavianus
dans la nuit même ; il trouva en chemin des let-
tres qui le rassurèrent complètement.
i, Tacite, Hist., II, 86; III, 4, 10.
* FLAVIANUS, vicaire d'Afrique sous Gratien,
en 377. Il fut un des trois commissaires chargés
de faire une enquête sur la mauvaise conduite
du comte Romanus et de ses complices. Ammien
Marcellin dit qu'il était d'une grande droiture
dans les affaires. C'est probablement le même
que saint Augustin mentionne comme un adhé-
rent de la secte des donatistes. Ceux-ci pour-
tant l'excommunièrent, parce que dans l'exer-
cice de ses fonctions il avait puni de mort cer-
tains criminels. L'inscription suivante d'une statue
trouvée à Rome : Virius Nicomachus, consu-
laris Siciliœ, vicarius Africss, quœstor intra
palatium, prsef., prœtor iterum et cos., est
rapportée par Godefroy àceFlavianus ; elle appar-
tient plutôt au suivant. Godefroy identifie aussi
Flavianus avec le correspondant d'Himerius,
mais la mention d'administrateur d'Afrique
peut s'appliquer-aussi justement au précédent ; le
titre d'àvèûTcatoç lui convient môme beaucoup
mieux.
Ammien Ittarcellin , XXVIII, 6. — Saint Aagiistin ,
ad Emeritum, Epist. I6i. — Godefroy, Prosop. Cod.
Theod.
* FLAVIANUS, un des préfets du prétoire
sous Alexandre Sévère , mort vers 227 de l'ère
chrétienne. A l'avènement d'Alexandre, en 222,
il fut élevé à la préfecture du prétoire avec
Chrestus. Tous deux étaient des militaires et des
administrateurs habiles. La nomination d'UIpicn,
en apparence comme leur collègue, mais en
réalité comme leur supérieur, donna lieu à un
soulèvement des prétoriens contre le nouveau
préfet. Flavianus et Chrestus, soupçonnés de l'a-
voir excité, furent mis à mort. On ignore la
date de leur supplice, mais il précéda de peu de
temps le meurtre d'Ulpien lui-même, en 228.
Dion CassIus, LXXX, 2. — Zozlme, I, 11. — Zonaras,
XII, 15.
* FLAVIANUS, proconsul d'Afrique sous
Constance fils de Constantin le Grand, de 357 à
361. C'est probablement à ce proconsul que
sont adressés quelques-uns des exercices de
rhétorique d'Himerius.
Godefroy, Prosop. Cod. Theod. — HImerlus, ap. Phot.,
Biblioth. Cod., 16S, 243, pp. 108, 376, éd. Ilekker. —
Fabricius, Biblioth. Grœca, \oi. VI.
* FLAVIANUS , préfet du prétoire d'Italie et
d'IUyrie , en 382. Il était intime ami de Q. Aii-
relius Symmaque. Beaucoup de lettresdc celui-ci
(presque toutes celles du second Hvre) lui sont
adressées. Symmaque lui donne toujours le titre
de <r frère Flavianus ». On interprète générale-
ment ces mots dans le sens d'amitié intime et non
pas de parenté. Godefroy distingue ce Flavia-
nus d'un préfet du prétoire en 391 et 392, mais
Tillemont les identifie avec raison. Le môme
Tillemont rapporte aussi à ce Flavianus l'inscrip-
tion citée plus haut et dans laquelle on rappelle
sa seconde préfecture et son consulat. Il fut,
comme Symmaque , une païen zélé , et un dé-
fenseur de l'usurpateur Eugène, dont il obtint,
d'accord avec le Franc Arbogaste, la restaura-
tion de l'autel de la Victoire à Milan. C'est pro-
bablement ce même Flavianus qui, d'après Pau-
lin de Milan, menaçait, s'il était vainqueur de
859
FLAVIANUS
Théodose, de changer l'élise de Milau en étable.
Du moins le nom de Fabianus, qui se lit dans le
texte de -Paulin, paraît être une corruption de
celui de Flavianus. On vantait sa sagacité po-
litique et surtout son habileté à prévoir l'avenir
par le système de divination païenne. Il avait
annoncé la victoire d'Eugène. Lorsque les pre-
miers succès de Théodose prouvèrent la faus-
seté de sa prédiction, il se déclara digne de mort,
non pas comme rebelle , mais comme faux pro-
pliète. Eugène l'avait nommé consul en 394. Son
nom ne figure pas sur les fastes consulaires.
Tiilemont pense que, chargé de défendre les pas-
sages des Alpes, il se fit tuer pour ne pas sur-
vivre à sa défaite. Cette opinion ne repose pas
sur des autorités suffisantes. Godefroy a con-
jecturé avec plus de vraisemblance, d'après les
lettres de Symmaque, que Flavianus survécut à la
guerre, et que le vainqueur, épargnant sa vie, se
contenta de le priver de sa dignité et de ses biens.
Symmaque, Epist- — Sozomène, Hist. eccles.. Vil, 22.—
RuDn, //ist. eccles.. Il, 33. — Faulio de Milan, f^ita Am-
brosii, c. 26, 31, dans Gailand, Bibliot/ieca Patt-um, vol.
IX. - Godefroy, Prosop. Cocl. Theod. — Tiilemont, His-
toire des empereurs, vol. V.
* FLAVlANCS , proconsul d'Asie , en 383 ,
probablement fils du précédent. II figure aussi
parmi les correspondants de Symmaque , et fut
préfet de Rome en 399. Honorius l'envoya en
Afrique en 414, pour écouter les plaintes des
habitants de la province et voir jusqu'à quel point
elles étaient fondées. Une inscription du recueil de
Gruter, CLXX, 5, parle d'un vir inlustris Fla-
vianus, fondateur d'un secrétariat du sénat,
lequel fut détruit par le feu et rétabli du temps
d'Houorius et de Théodose II. Cette inscription
doit se rapporter à ce Flavianus ou à son père.
Godefroy, Prosop. — Tiilemont, Histoire des Empe-
reurs, vol. V.
* FLAVIANUS, jurisconsulte romain, vivait
dans la première moitié du sixième siècle II
était avocat du fisc sous Justinien, qui, en 539 ,
le nomma un des juges généraux (xotvoi iràvTwv
ôixacTTaî ) appelés à remplacer les juges spé-
ciaux, attachés par ime constitution de Zenon
à chaque tribunal. Les autres juges généraux
nommés en même temps étaient Anatole,
Alexandre, Etienne, Menas, Victor, et Théodore
de Cyzique. On institua aussi alors des juges
supérieurs ; c'étaient Platon , Phocas, Marcellus
et un autre Victor. Ils furent chargés d'admi-
nistrer Constantinople sous les ordres des mi-
nistres ou archontes (àpxovTsç ) de l'empereur.
Les attributions et émoluments de ces fonction-
naires sont consignés dans la Novelle 82.
Smith , Dict. of Greek and Roman Biog.
*FLAVIEN (Saint), évêqtie d'Antioche, né
probablement dans cette ville, dans la première
partie du quatrième siècle de l'ère chrétienne ,
mort en 404. Il perdit ses parents dans sa jeu-
nesse. Riche , d'un rang élevé et libre de tout
contrôle, il résista courageusement aux tentations,
et se livra entièrement à l'étude et aux exercices
— FLAVIEN S(,0 '
de piété. Il eut de bonne heure un caractère si
calme et si rassis, que, d'après saint Jean Chry-
sostome, on ne put jamais l'appeler un jeune
homme. Lorsque Eustathe, évêque d'Antioche ,
fut déposé, en 329 ou 330 ou 331, par le parti
arien, Flavien le suivit, dit-on, en exil. Ce fait
est douteux , tant à cause du silence de sain^
Chrysostome que parce que les évêques qui suo:
cédèrent à Eustathe, quoiqueariens ou eusébiens^j
ne repoussèrent pas Flavien de la communions
de leur église comme ils le firent pour les zélés
partisans d'Eustathe. Flavien n'en était pasi
moins un courageux défenseur de l'orthodoxie.;
Lui et Diodore, quoique tous deux fussent laï-
ques, forcèrent l'évêqueLéontiusà priver dudia-^
conat Aétius, qui prêchait des doctrines héré-
tiques. L'épiscopat de Léontius commença eri
348, et dura environ dix ans. On ne sait pas si
Flavien et Diodore étaient diacres avant cette
époque. D'après Philostorge, Léontius les dé-
posa à cause de l'opposition qu'ils lui faisaient
Les premiers ils introduisirent l'usage du chan
alterné dans les psaumes. Cette division dj
chœur devint ensuite universelle dans l'Église
Flavien fut ordonné prêtre par Mélétiiis, él<
évêque d'Antioche en 361. Celui-ci occupa c<
siège jusqu'en 381, avec trois intervalles d'exil
Sa première expulsion, qui suivit de près soi
élection , décida Flavien et d'autres fidèles
quitter la communion d'une église dirigée pa
l'arien Euzoius. L'église que formèrent les dissi
dents fut, pendant le troisième et le plus lonj
exil de Mélélius, confiée aux soins de Flavien e
de Diodore. Flavien ne prêchait pas lui-même
mais il fournissait des matériaux pour les prédi
cations de Diodore et d'autres prêtres ortho
doxes.Lamort deValens, en 378, amena la chut
de l'afianisrae et le rétablissement de Mélétius
Les fidèles rentrèrent en possession de leur
églises ; mais ils étaient divisés entre eux. Le
anciens dissidents du temps d'Eustathe ne cora
muniaient pas avec les nouveaux dissidents, e
leur évêque Paulinus disputait à Mélétius l
siégé épiscopal d'Antioche. Ce différend parta
geait toutes les églises orthodoxes de l'empir
romain. Les égUses occidentales et égyptienne
étaient pour Paulinus, tandis que celles d'Asie e
de Grèce reconnaissaient Mélétius. Pour termi-
ner le schisme, il fut convenu par serment qui
les membres du clergé d'Antioche les plus apte
à succéder à celui des deux évêques qui viea
drait à mourir déclineraient cette place et recon
naîtraient l'évêque survivant. Flavien fut un dei
prêtres qui prêtèrent le serment ; mais comm<
plusieurs prêtres eustathiens le refusèrent, il n(
se crut pas engagé. Aussi, à la mort de Mélétius
en 381 , il accepta la dignité épiscopale, à la
quelle il fut porté de l'assentiment de toutes lei
églises d'Asie. Les eustathiens l'accusèrent d<
parjure, et le schisme parut s'aggraver. A lî
mort de Paulinus, en 388 ou 339, ils élurent Eva
grius. Ce nouvel évêque mourut bientôt après.
«G!
FLAVIEN
ses
et n'eut pas de successeui-. Le schisme ne tarda
pas à disparaître. Flavien se concilia Tliéophile,
évêque d'Alexandrie ; par son intervention et
celle de Chrysostome, devenu alors évêque de
Constantinople ( 397-403 ) , il se fit reconnaître
de l'Église romaine et des autres Églises d'Occi-
dent.
A la suite de la grande sédition d'Antioche, en
387, Flavien fut un de ceux qui intercédèrent
auprès de l'empereur Tliéodose le Grand pour
obtenir le pardon des habitants. Il partit pour
remplir cette mission, malgré les infirmités de
l'âge , l'inclémence de la saison , et une dange-
reuse maladie de sa sœur, et il fit tant de dili-
gence qu'il ari'iva à Constantinople ayant la
nouvelle officielle de la révolte. Les écrivains
ecclésiastiques attribuent le pardon des habi-
tants d'Antioche à l'intercession de Flavien;
mais Zosime, dans son «ourt récit de cet événe-
ment, ne le nomme même pas. Flavien fut très-
respecté soit pendant sa vie, soit après sa mort.
! Saint Chrysostome, son élève et son ami. parle
I de luiavecla plus.liaute admiration, Théodore
I de Mopsueste était aussi son élève. Flavien
mourut peu après la déposition de Chrysostome.
Il s'y était vivement opposé, mais-elle fut sanc-
tionnée par son successeur sur le siège d'An-
tiocîie. 11 nous reste de ses écrits quelques pas-
sages appartenant probablement à ses sermons
et conservés dans les Éranistes de Théodoret.
Photius mentionne ses Letlres aux évêques
d'Osroène, et à un certain évêque arménien,
touchant le rejet, par un synode que présidait
Flavien , d'un hérétique nommé Adelphius, qui
désirait se réconcilier avec l'Église. Le même
Photius lui attribue une confession de foi et
une lettre à l'empereur Théodose.
Chrysostome, Honiil. cum ordinatus esset presbyt.,
liomil. 111, ad l'op. Jntioch. — Facundus, De/, trium
cap., Il, 2. — Sociale, Hist. eccles. , V, 5, 10, Ib. —
So/.oménc, Hist. eccl., vu, 11,15, 23; VIII, 3, 24. —
Théodoret, Hist. eccl, II, 24 ; ÎV, 23 ; V, 2, 9, 23 ; Era-
nist. Dial., I, II, m ; Opéra, vol. IV, p. 46, 66, 160,
250, 231, édit. Schulzc, Halle, 1769-1774. — Philostorge,
Hist. eccles., III, 18. — Pliotius, Uiljl. cod., ,')2, 96, p. 12,
80, 81, édit. iîekker. — Fabricius, Bibl. Gnvca, vol. vm,
p. 291; X, p., 347, 693. — Cave, Hist. Ht.
FLAVIEN, évêque de Constantinople, mort en
449. Il était prêtre et gardien des vases sacrés
dans la grande église^ lorsqu'il fut élu évêque
de Constantinople, en 446. L'eunuque Chrysa-
phius , ami et défenseur du moine Eutychès,
avait beaucoup d'influence à la cour; il s'efforça
d'indisposer l'empereur Tbéodose II contrôle nou-
vel évêque. Dioscore, qui venait de monter sur
le siège épiscopal d'Alexandrie, et qui poursui-
vait les partisans de son prédécesseur Cyrille,
était aussi irrité contre Flavien, qui se montrait
favorable aux persécutés. L'évoque de Cons-
tantinople était à la vérité protégé par Pulché-
rie, sœur de l'euipereur, mais cette protection
était plus ([ue contre-balancée par l'inimitié de
l'impératrice Eudoxie. Celle-ci, influencée par
l'eunuque Chrysapbius, en voulait à Flavien
pour avoir fait manquer un plan qui consistait
à écarter pour toujours Pulchérie du pouvoir et
de la cour en l'ordonnant diaconesse. Malgré
des ennemis aussi redoutables , Flavien ne fit
aucune concession. Il assembla un synode de
quarante évêques , déposa Eutychès de sa di-
gnité d'archimandrite, et l'excommunia comme
hérétique. Exaspérés de cet acte, les ennemis de
Flavien rassemblèrent à leur tour un synode à
Constantinople, et mirent Flavien en jugement
sous l'inculpation d'avoir falsifié les actes du
synode qui avait condamné Eutychès. Flavien
fut acquitté, et ses ennemis persuadèrent à Théo-
dose de convoquer un concile général à Éphèse.
Ce concile, présidé par Dioscore, a reçu des his-
toriens ecclésiastiques le nom de concile de
brigands (t) XyicrirpixTi). Flavien et les autres
membres du synode qui avaient condamné Euty-
chès assistèrent au concile , mais ils ne furent
pas admis à voter, parce que leur conduite était
mise en question. Le concile rétablit Eutychès,
déposa Flavien, et le condamna au bannissement.
On fit plus encore. Si on en croit Évagrius, Dios-
core donna au prélat déposé tant de coups de
pied dans l'estomac que ce malheureux mou-
rut trois jours après. Cette détestable violence
hâta probablement la réaction qui se fit dans
l'esprit de l'empereur. Pulchérie reprit son an-
cienne influence. Par son ordre le corps de Fla-
vien, transporté à Constantinople, fut enterré
dans l'église des Saints-Apôtres. Le pape Léon
le Grand honora cet évêque comme un confes-
seur, et le concile de Chalcédoine le canonisa
comme un martyr. Flavien figure aussi sur le
martyrologe de l'Église latine et sa fête se célèbre
le 18 février. Coteler, dans ses Monumenta
Ecclesix Grsecœ, vol. î, p. 50, a donné une
lettre de Flavien au pape Léon. Sa Confession
de foi, présentée à l'empereur Théodose, a été
insérée avec les Actes du Concile de Chalcé-
doine, dans les Co;icJ/<ade Labbe ctdeMansi.
Evagrius, Hist. eccles., 1, 8 10. — Théophane, Ckro-
nog., p. 150-138, édit. de Bonn. — M.jrcellin, Chron.
— Victor de Tunes, Chron. — Fabricius, Bibl. Grœca,
vol. IX et XII.
FL.4.VIEN, évêque d'Antioche, mort vers 518.
Suivant Evagrius, il commença par être moine
de Tilmognon, en Cœlé-Syrie. Il devint ensuite
prêtre et apocrisiaire de l'église d'Antioche. 11
fut élevé au siège épiscopal de cette ville par
l'empereur Anastase F'', à la mort de Palîadiiis,
en 496, 497 ou 498. Cette dernière date est la
plus probable. L'Église orientale était alors di-
visée par les controverses <les nestoriens et des
eutychiens et par la dispute sur l'autorité du
concile de Chalcédoine. Peut-être Flavien s'était-
11 d'abord montré contraire au concile,' et dut-il à
cette opinion la faveur de l'empereur, birn dis-
posé pour les eutychiens; mais ces sentiments,
s'il les avait jamais eus, ne sub.>»istèrent pas
ajn'ès son élévation à la dignité d'évè(jue. Son
épiscopal fut agité par des disso'isions reli-
gieuses, qu'aggrava l'inimitié personnelle de
863
FLAVIEN — FLAVIGNY
8G4
Xénaïas ou Philoxène, évêque d'Hiérapolis en
Syrie , qui l'accusait de favoriser le nestoria-
nisme. Flavien répondit h cette accusation en
anathérnatisant Nestorius et sa doctrine. Xé-
naïas lui demanda alors d'anathémiser plusieurs
personnes mortes, telles que Diodore de Tarse,
Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyrus et
autres, suspectés de nestorianisme à tort ou à
raison , lui déclarant que s'il se refusait à cet
acte, il resterait suspect de nestorianisme. Fla-
vien résista quelque temps ; mais enfin, pressé
par les réclamations menaçantes de Xénaïas et
de ses adhérents, désireux de complaire à l'em-
pereur, qui les protégeait , il souscrivit à Vhé-
noUcon ou édit d'union de Zenon. Dans une
lettre synodale qu'il envoya à l'empereur, il
reconnut l'autorité des trois conciles de Nicée,
Constantinople et Éphèse , passa sous silence
celui de Chalcédoine , et prononça l'anathème
contre les prélats dénoncés par Xénaïas. Il en-
voya aussi h l'empereur l'assurance qu'il était
tout disposé à lui complaire. Victor de Tunes
prétend que Flavien et Xénaïas présidèrent, en
499, un concile à Constantinople, dans lequel
furent anathématisés les prélats accusés de
nestorianisme et le concile de Chalcédoine lui-
môme. Cette assertion est à peine vraisemblable.
Les ennemis de Flavien ne furent pas encore
satisfaits ; ils lui demandèrent d'anathématiser
nettement le concile de Chalcédoine et tous ceux
qui soutenaient la doctrine des deux natures.
Flavien s'y refusa, et fut plus que jamais accusé
de nestorianisme. Les églises d'Isaurie et pro-
bablement de quelques autres contrées de l'Asie
se séparèrent de sa communion. Un synode, tenu
à Sidon en 510, condamna le concile de Chalcé-
doine et déposa ses défenseurs. Flavien espéra
conjurer l'orage en renouvelant dans une lettre
à l'empereur sa déclaration en faveur des trois
premiers conciles, et sans parler du concile de
Chalcédoine, ce qui ressemblait à une condam-
nation indirecte. En même temps des moines
de la première Syrie s'assemblèrent tumultuaire-
ment à Antioche, et effrayèrent Flavien par leurs
anathèmes conti'e le concile de Chalcédoine ,
Théodore de Mopsueste et les autres prélats
dénoncés par Xénaïas. Les habitants, qui ne
partageaient pas ce zèle antinestorien, se sou-
levèrent contre les moines syriens, et en tuèrent
plusieurs. La confusion fut encore augmentée
par l'arrivée d'une troupe de moines de Cœlé-
Syrie , partisans de Flavien et accourus pour le
défendre. Ces troubles fournirent à l'empereur
une occasion de déposer Flavien en 511 , et de
mettre Sévère à sa place. Victor de Tunes place
la déposition de Flavien dès 504, sous le con-
sulat de Cethegus. Flavien fut exilé à Petra en
Arabie, et y mourut. Vitalien, dans sa révolte
en 513 et 514, demanda le rétablissement de
Flavien. L'Église grecque honore Flavien comme
un saint ; l'Église romaine l'a aussi canonisé ,
après une longue opposition.
Évagre, Hist eccles., III, 23, 30-32. — Théophanc,
Chroftng., p. 220-217, édlt de Bonn. — Marcellin, Chron.
— Victor de Tunes, Chron. — Baronius, Annal, eccles.
ad ann.i 496 et Si2. — Pagi, Critic. in Baron. — Tille-
raont , Mém., vol. XVI, p. 675.
f. FLAVIGNY (7aZ^neM),hébraïsantfrançais,né
à Villers-en-Prayères, près de Laon, au commen-
cement du dix-septième siècle, et mort en 1674.
Reçu docteur en Sorbonne, en 1628, il se fit
accorder un canonicat à Reims, et remplaça
en 1630 P. Vignal comme profeseur d'hébreu
au Collège de France. Flavigny était sans con-
tredit un profond hébraïsant, et il acquit une
réputation méritée; il possédait, en outre, plu-
sieurs langues orientales; mais il ne sut pas tirer
grand parti de la variété de ses connaissances.
Il s'occupa presque exclusivement de discus-
sions philologiques relatives au texte hébreu de
la Bible, et eut à ce sujet , avec le célèbre Abra-
ham Echellensis et Gabriel Sionite, des que-
relles qui, d'abord purement scientifiques, devin-
rent ensuiteamères et passionnées. La dispute prit
même de vastes proportions, car beaucoup d'au-
tres savants distingués finirent par y prendre
part , tels que Grandin , Morin et Le Capelain,
docteurs en Sorbonne, qui sur plusieurs points
se déclarèrent contre Flavigny. La fameuse Bible
polyglotte de Le Jay avait déchaîné toutes ces
tempêtes qui troublèrent pour toujours le repos
de Flavigny comme celui d'Echellensis , mais
excitèrent souvent en revanche un rire presque
inextinguible parmi les indifférents et les scep-
tiques, surtout lorsque !a discussion vint à rou-
ler sur ce texte de saint Matthieu : Quid vides
festucam in oculo fratris tui et trabem in
oculo tuo non vides ? L'imprimeur de Flavigny
avait eu en effet l'imprudence de faire tomber
le premier o à' oculo, et Echellensis de crier au
scandale , à l'impiété, et presque au blasphème,
tandis que le docteur en Sorbonne s'évertuait à
prouver son innocence et que ses graves confrè-
res en exigeaient la preuve morale en le faisant
jurer sur les Livres Saints. Flavigny eut avec
ces savants des discussions d'une autre sorte.
Il entreprit de faire condamner comme entaché
d'hérésie le système de Copernic, qu'il déclare,
dans son Expostulatio adversus thesim, etc.
(Paris, 1666, in-12), attentatoire à l'autorité
• royale, hostile aux droits du royaume, tendant
au rétablissement de l'inqilisition, contraire aux
canons de l'Église, etc. Les écrits de Flavigny au
sujet de la polyglotte portent les titres suivants :
EpistolœlVde ingenti Bibliorum opère septem-
lingui ( 1636) ; — Epistolœ duse in quibus de
ingenti Bibliorum opère quod miper Lute-
tix Parisiorum prodiit ac ei praefixa prœfa-
^ione(1646); — Epistola IIlo- in qua de li-
bello Ruth Syriaco, quem Abr. Echellensis
insertum esse voluit ingenti Bibliorum
operi.... (1647); — Epistola adversus Abr.
Echellensem de libella Ruth,simulque sacro-
sancta verilas hebraica strenue defenditur
atque propugnatur (1648) : c'est dans cette
865
FLAVIGNY — FLAVIUS
866
lettre que se trouve le fameux passage de saint
Matthieu dont nous avons parlé ; Dïsqùisitio
theologica, an, ut habet Capellanns (Le Ca-
pelain ) , nonnulla sanctse ScripUirse testi-
monia alio modo proferantur a rabbinis
quam nunc leguntur in voluminibus he-
braïcis (1666). Flavigny publia aussi une
dissertation contre les propositions de Louis de
Cièves au sujet de l'épiscopat et de la prêtrise.
On a de lui, enfin, une édition des Œuvres de
Guillaume de Saint-Amour, docteur du ti-ei-
zième siècle ; Paris, 1632. Alex. Bonneac.
Uupin, Bibl. des Auteurs ecclésiastiques.
F1.AV1GNY ( Gratien- Jean-Baptiste-Louis,
vicomte de ), écrivain et traducteur français, né à
Craonne, le 11 octobre 1741, mort vers la fin du
dix-huitième siècle. On a de lui : Réflexions sur
la Désertion et sur lapeine des déserteurs en
Finance; 1768, in-8° ; — Examen de la Poudre,
traduit de l'itaUen d'Antoni ; Paris, 1 773, in-8° ;
— Principes fondamentaux de la construc-
tion des places , avec tm nouveau système
de fortifications, traduit du même; Paris,
1775, in-8"; — Introduction à l'histoire na-
turelle et à la géographie de l'Espagne, tra-
duit de l'anglais de Bowles; Paris, 1776, in-8°;
— Correspondance de Fernand Cortez avec
l'empereiir Charles-Quint sur la conquête du
Mexique; Paris, 1778, in-12.
Dcsessarts, Siècles littér. — Quérard, La France litt.
FLAvio {Eiondo), ou mieux biondo {Fla-
vio) , en latin flAvius blondus, historien et
arcliéologue italien , né à Forli . en 1388, mort
à Rome, le 4 juillet 1463. Il étudia la grammaire
et les belles-lettres à l'école de Jean Ballistario
de Crémone. On lui doit la première connaissance
et peut-être la consei-vation du Brutus de Cicé-
ron. « Dans ma jeunesse, dit-il, j'allai à Milan,
pour y traiter des affaires publiques de ma pa-
trie ; là , le premier de tous , je transcrivis Bru-
tus , de Claris oratoribus , avec une ardeur et
une célérité merveilleuses. Je l'envoyai àGuarini
à Vérone , puis à Léonard Justiniani à Venise ,
et il s'en répandit bientôt un grand nombre
d'exemplaires dans toute l'Italie. » Après avoir
rendu ce service aux lettres anciennes , Flavio
Biondo devint chancelier de Françis().a.Jîarbarpj
gouverneur de Bergame, et ensuite secrétaire
du pape Eugène IV. Sauf une courte disgrâce de
1450 à 1453, il remplit les mêmes fonctions au-
près des trois successeurs de ce pontife , Nico-
las V, Calixte TU et Pie IL II eût été sans doute
élevé aux plus hautes dignités ecclésiastiques s'il
n'avait pas été marié. Il composa sur les anti-
quités de Rome et de l'Italie des omTages au-
jourd'hui encore consultés avec fruit, mais sur-
tout remarquables pour le temps. Des savants ,
Sigonius entre autres, ont fait mieux depuis,
mais c'est en profitant de ses recheiches. Les
œuvres de Flavio Biondo furent recueillies à Bàle,
1559 , in-fol. Voici la liste des ouvrages contenus
dans ce recueil : Momas triumphantis Libri X.
NOUV. BIOr.R, r.ÉNÉK. — T. XVII.
Le l*^"^ et le 2* traitent de la religion des anciens
Romains ; le 3^, le 4*= et le 5", du gouvernement;
le 6^ elle 7^, de la guerre; le 8% le 9*= et le 10%
des triomphes, des mœurs et des institutions ;
d'après Maittaire , cet ouvrage fut publié pour la
première fois à Brescia; 1482 , in-fol. ; — Romx
instauratse Libri III, pubhés pour la première
fois, d'après Maittaire, à Vérone, 1482, in-foL;
— De Origine ac Gestis Venetorum Liber, pu-
blié pour la première fois à Vérone, 1481, in-fol. ;
— Italia lustrata sive illustrata pe? regiones
seu provincias XVIII; publié pour la première
fuis à Rome, 1474, in-fol., par les soins de Gas-
pard Biondo, fils de Flavio Biondo; — Histo-
riarum ab inclinnto romano imperio, et Roma
per Alaricum, Gothorumregem,anno Christi
410 capta, usque ad annum 1440, Décades
très, libri XXXI ; la première édition est de
Venise, 1483, in-fol.; à la suite de la seconde
édition , Venise, 1484 , on trouve un abrégé des
deux premières décades par le pape Pie II ( jE-
neas Sylvius). Cet abrégé a été aussi inséré dans
les œuvres de ce pontife. D'après le Diarium
Erudit. Italïse, Flavio Biondo laissa plusieurs
ouvrages en manuscrit, savoir : Liber de Locu-
tione Romana, ad Leonhardum Aretinum; —
Historia Foroliviensis : VHistoria Forolivien-
sis à été publiée par Muratori, dans les Scriptores
Rerum Italie, \o\. XXI, p. 226 ; — Consultatio
an bellum vel pax cum Turcis magis expé-
diai Reipublicee Venetse. Enfin, on trouve
dans la bibliothèque Balliol , à Oxford , un ma-
nuscrit intitulé : Blundius, De Cosmograpkia
Italiae. Ce Blundius paraît être le même que
Flavio Biondo.
Vossius, De Historieis iatim's.— Fabriclus, Bibliotheca
Latina médise et infimes setatis. — Tiraboschi, Storia
délia Letteratura Italiana, t. VI, p. ii.
FLAViTAS OU FRAViTA, patriarche de Cons-
tantinople, mort en 490 de l'ère chrétienne. Il
succéda au patriarche Acace, en 489, et employa
la ruse pour se faire élire. L'empereur Zenon
avait, dit-on , fait mettre sur l'autel de la grande
église de Constantinople un papier blanc et ca-
cheté , comptant que Dieu ferait écrire par un
ange le nom du prêtre qu'il convenait d'élever à
la chaire patriarcale; Flavitas corrompit l'eu-
nuque qui avait la garde de l'église , et traça
son nom sur le papier. Cette fourberie, peut-être
apocryphe, fit de Flavitas un patiiarche ; elle fut
découverte peu de temps après, et l'imposteur
allait être sévèrement châtié lorsqu'il mourut.
Tlllemont, Mém. potir servir à l'hist. ecclesiast.
FLWICS (Maison des), GensFlwi.v, mai-
son plébéienne. Les membres de la gens Flavia
ne sont mentionnés que dans'Ies trois derniers
siècles avant l'ère chrétienne. Ils étaient proba-
! blement Sabins d'origine , et devaient être liés
j avec les Flavius de Réate, auxquels appartenait
I l'empereur Vespasien. Mais le nom île Flavius se
! ti'ouvc aussi dans d'autres contrées d'Italie , eu
I Étrurieeten Lucanie. Durant la dernièri^ (iénodc
28
867
de l'Eiiipire Romain , le nom de Flavius passa
d'im empereur à l'autre. Constance, père de
Constantin, fut le premier de la série. Les sur-
noms de cette maison sont Fimbria, GoÂlus,
Lucanus et Pusio.
Les principaux membres sont :
* FLAVIUS, chef lucamen , vivait vers 220
avant J.-C. Pendant la seconde guerre punique,
il était d'abord à la tête du parti romain en Lu-
canie; mais en 213 il changea brusquement de
parti. Non content de passer lui-même à l'ennemi
et de pousser ses compatriotes à suivre son
exemple, il résolut de livrer aux Carthaginois le
général romain , auquel il était uni par les liens
de l'hospitalité. Il eut donc une entrevue avec
Magon , commandant des forces carthaginoises
dans le Bruttium, et promit de lui livrer le con-
sul Tib. Sempronius Gracchus, à condition que
les Lucaniens seraient libres et garderaient leur
propre constitution. On convint d'un endroit où
Magon devait se tenir en embuscade avec la
force armée et où Flavius promit de conduire le
proconsul. Flavius alla donc trouver Gracchus,
et en se faisant fort de le réconcilier avec les Lu-
caniens, qui avaient récemment déserté la cause
des Romains , il le décida à l'accompagner jus-
qu'à l'endroit convenu avec Magon. A leur arri-
vée, Magon sortit brusquement de l'embuscade,
et Flavius passa aussitôt aux Carthaginois. Il
s'ensuivit une rencontre très- vive , près d'une
Tille appelée Gampi Veteres. Tib. Sempr. Grac-
chus fut tué.
Tlte-Llve, XXV, 16. — Appien, Annib., 3S. — Valère
Maxime, V, i.
* FLAVIUS [Lucïiis) , homme politique ro-
main, vivait vers le milieu du premier siècle
avant J.-C. Tribun du peuple en 60, il proposa,
à la suggestion de Pompée , une loi agraire qui
devait tourner suiiout au profit des vétérans de
ce général. Grâce à la protection de Pompée ,
Flavius fut, en 59, élu préteur pour l'année sui-
vante. Cette liaison avec Pompée fut probable-
ment l'origine de son amitié avec Cicéron. Celui-
ci le recommanda très-vivement à son frère
Quintus, alors préteur en Asie, où Flavius avait
reçu certains legs. Pompée lui avait confié le
jeune Tigran* d'Arménie ; P. Clodius s'empara
de ce prince , et Flavius tenta vainement de le
reprendre. D'après Cicéron, Flavius était aussi
l'ami de César, et c'est probablement à lui que
ce dernier confia une légion et la province de Si-
cile.
Cicéron, Ad Jtt., I, 18, 19 ; II. 1 ; X, 1 ; ^ci Ç. fratrem,
I, 2. — Asconius, in Cic. Milon., p. 47, édit. d'Orelli. —
Dion Cassius. XXXVII, SO; XXXVIM, SO.
FLAVIUS ( Gains ) , jurisconsulte romain, vi-
vait au troisième siècle avant .L-C. Il était fils
d'un affranchi , appelé Cneius par Tite-Live , et
Annius par Aulu-Gelle et Pline. Devenu secré-
taire d'Appius Claudius Csecus , il sut s'élever,
malgré l'obstacle que lui opposait son extraction,
aux plus hautes fonctions. Il se fit d'abord con-
naître par un acte inouï, la publication de certai-
FF.AVIUS 8(1 S
nés foi'mules de procédure, dont jusque alors les
patriciens elles pontifes avaient eu le secret et le
monopole. Il serait assez difficile de déterminer
d'une manière bien exacte la part respective
des deux castes dans l'application et l'inter-
prétation des premières lois de Rome. On sait
seulement que parmi celles dont la connais-
sance était réservée à un petit nombre d'initiés
se trouvaient les actus iegitimi et les acHones
legis. Les définitions techniques de la loi étaient
comprises dans les actus Iegitimi , tandis quç
les legis actiones en constituaient l'application
par la voie de la procédure. A cette catégorie de
formules mystérieuses se rapportaient les jours
fastes du calendrier et la plus grande partie
des formulée. Les jours désignés au calendrier
comme fastes rendaient licite la pratique de
certains actes, interdite par cela même les autres
jours. Quant aux form^ules, elles avaient trait
à la manière d'ester en justice , c'est-à-dire à
cette partie de la pi-océdure qui est relative à
l'introduction d'une instance et aux moyens qu'on
y oppose. Naturellement ces formules étaient
moins connues du peuple que certains actes ex-
trajudiciaires, tels que la mancipalio , la spon-
sio, l'adoptio. Or, ce fut précisément ces fer-
mules moins connues que Flavius découvrit aux
Romains. Comment s'y prit-il pour se mettre en
possession de ce secret, si jalousement gardé
par ceux qui en faisaient leur profit? C'est ce que
l'on ne sait pas précisément. Peut-êti-e déroba-
t-il le registre qui le renfermait, et dont Appius
Claudius avait fait opérer le classement;
peut-être aussi , ainsi que le suppose PUne , se
contenta-t-il de suivre avec attention les consul-
tations données sur cette matière par ceux qui
en avaient la mission, de manière à en si bien
pénétrer le sens et l'enchaînement qu'il se trou-
vât à même d'en formuler en quelque sorte le
code. Pline ajoute qu' Appius en aurait donné lui-
même le conseil à Flavius. Ainsi serait-il par-
venu , comme le dit Cicéron , à traduire en une
rédaction méthodique la vieille expérience des
jurisconsultes ( ab ipsis cautis jtirisconsultis
eorum sapientiam compïlavit). Flavius ne se
i borna point, ainsi que le font croire certains écri-
vains, à divulguer les mystères du calendrier
des patriciens et des pontifes, il puhlia aussi
des formules de plaidoirie qui se rattachaient
aux legis actiones. De ces diverses publications
est sorti ce qu'on a appelé le jus Flavianum,
qui fait, avec le jiis Papirianum, le plus an-
cien corps de droit privé des Romains. L'irrita-
tion des patriciens fut grande quand ils virent
produire ainsi au jour des actes et formules qui
leur donnaient une fructueuse influence. Pour
conjurer ce résultat, ils imaginèrent de nouvelles
legis actiones (actions de la loi), sous le titre
de IS'otfe. Mais celles-là aussi furent publiées dans
le siècle suivant (200 avant J.-C), par Sex.
iElius Catus, d'où le fus Mlianum, auquel
ce divulgateur donna son nom. Quant à Fia-
869
FLAVIUS — FLAVUS
8ro
vius , il ne se contenta pas de faire connaître le
secret des patriciens, mais il exposa sur un ta-
bleau blanc les fastes dans le Forum : Fastos
circa Forum in albo proposutt, dit Tite-Live.
Ce dernier acte de Flavius suivit sans doute sa
nomination à l'édilité. Plus tard sa popularité lui
valut d'être nommé triumvir nocturne et
triumvir colonise dediicendœ. Pour se montrer
à la hauteur de ces fonctions diverses , Flavius
renonça à son ancienne profession de scribe ou
greffier. Il monta plus haut encore, et fut nommé
sénateur, grâce aux efforts d'Appius Claudius.
En 303 avant J.-C, il devint édile curule. Son
introduction dans le sénat indisposa les membres
de cette assemblée à un tel point, qu'ils quittèrent
en le voyant entrer leurs anneaux et leurs col-
liers. Flavius ne fut pas en reste de hauteur avec
eux. Il dédia un temple à la Concorde sur l'em-
placement de celui de Vulcain, e't le grand-
pontife Cornélius Barbatus fut obligé , par une
décision unanime du peuple, de dicter les for-
mules sacrées , tout en affirmant que jamais tem-
ple n'avait été dédié que par un général ou un
consul. Dans une autre occasion , Flavius eut
encore le dessus. Un jour qu'il était allé voir son
collègue malade, les jeunes nobles, assis à son
arrivée , affectèrent de ne se point lever ; Flavius
fit chercher alors sa chaise curuie, du haut de
laquelle il put dominer ses orgueilleux ennemis.
V. ROSEJVWALD.
' Dig., 1, tit. 1!. — Tite-Llve, IX, 46. — Valère Maxime,
IX, 3. - Aulu-Gelle, VI, 9. — Pline, Hist. nat., XXXIII.
— Cicéron, fro Mur. ; De Fin., IV, 27.— Nlebuhr, iiœm.
Gesch.
* Fi.AVius, chef de Chérusques, frère d'Ar-
minius, vivait an commencement du premier
siècle de l'ère chrétienne. Dans l'été de l'an 16,
les Romains et les Chérusques se rencontrèrent
sur les rives opposées du Weser ( Visurgis ).
Arminius,. prince des Chénisques, s'avança, avec
une troupe d'autres chefs, jusqu'au bord du
ileuve , et demanda qu'on lui permît de conférer
avec son frère Flavius, officier distingué dans l'ar-
mée romaine. L'entrevue fut accordée, et Flavius
s'avança. Il avait, quelques années auparavant,
perdu un œil au service des Romains. En appre-
nant la cause de cette cicatrice, Arminius demanda
quelle en avait été la récompense. Flavius répon-
dit :Une augmentation de solde, un collier, une
couronne et d'autres dons militaires. Arminius se
moqua de ce vil salaire de l'esclavage. L'entre-
tien des deux frères dégénéra bientôt en vio-
lente querelle; et, malgré le fieuvequi les sépa-
rait, ils allaient passer des injures aux coups, si
des deux côtés on ne les eût éloignés. Un fils de
Flavius, nommé Italiens , devint en 47 chef des
Chérusques.
Tacite, Annal. ,\\, 9; XI, 16.
FLAVBiTs (Dexter), administrateur romain,
fils de Pacicn, né en Espagne, vivait dans le
quatrième siècle de l'ère chrétienne. Préfet du
prétoire, il se montra le défenseur dévoué du
christianisme. Il était contemporain de saint
Jérôme, qui lui dédia son livre De Viris illus-
tribus. Au rapport de saint Jérôme , il passait
pour avoir écrit un ouvrage intitulé Omnimoda
liistoria ; mais le saint déclare n'avoir pas vu
cette composition. Pendant très-longtemps, en
effet , on la regarda comme perdue ; vers la fin
du seizième siècle, le bruit se répandit qu'elle
venait d'être découverte , et un livre , sous le
titre de Omnimoda historia, parut pour la pre-
mière fois, à Saragosse, en 1619. Souvent réim-
primé depuis, il est aujourd'hui généralement
reconnu pour apocryphe.
Saint Jérôme, De Fv-is illust., Prœf. — Fabflclus, /?»-.
bliotheca eccles. — Cave, Hist. litter.
FLAVIUS AVIANITS. Voy. AVIANUS.
FLAVIUS CAPEB. Voy. CapER.
FLAVIUS CLEMENS. Voy. CleMENS.
FLAVIUS JOSÈPHE. Voy. JOSÈPHE.
* FLAVUS ( C. Alfius), homme politique ro-
main , vivait vers 60 avant J.-C. Pendant le con-
sulat de Cicéron, Flavus assista celui-ci dans
toutes les mesures prises contre Catilina. Devenu
tribun en 59, il se montra le zélé défenseur de
tous les actes et de toutes les lois de César.
Cette conduite semble l'avoir empêché d'être élu
édile. Il fut cependant nommé préteur en 54,
après avoir échoué au moins une fois dans sa
candidature. Flavus figura ensuite comme ques-
teur ou comme commissaire spécial dans le ju-
gement de A. Gabinius et dans celui de Cn. Plan-
cius. Cicéron parle de Flavus comme d'un hon-
nête homme qui se trompait malgré de bonnes
intentions.
Cicéron, Pro Planciô, 7, 4S; Pro Sest., 58; .Scliol. Bob.
in Sexïian., p. 304; in Fatmian., p, 324, éd. Orelli; .4d
Quintum. frairem, III, 1.
* FLAVUS (Alfius), rhéteur romain, vivait
au commencement du premier siècle de l'ère
chrétienne. Il professa l'éloquence sous Au-
guste et sous Tibère. Sa réputation attira à son
école Sénèque l'ancien, récemment arrivé de Cor-
doue. Élève de Cestius, Flavus le .surpassa. Il fit
des cours publics avant d'avoir pris la robe vi-
rile; aussi passait-il pour un prodige. Cestins
prédit que les talents de Flavus étaient trop
précoces pour être durables. Suivant Sénèque
il devait .sa réputation à son éloquence. ISa
jeunesse excita d'abord l'admiration; plus tard
son aisance, sa faéilité attirèrent ou retinrent
autour de sa chaire de nombreux auditeurs.
Outre la rhétorique , Flavus cultivait aussi la
poésie et l'histoire.
Pline, Hist.nat., IX, 8; Elench,, IX, XII, XIV, XV.
— Sénèque. Contrcrv., I, VII, X. XIV.— Scholt, Z)e c/ar.
ap. Senec. Rhet., l, p. 374.
* FLAVUS (L. Cœstiiis), homme jiolitique
romain, vivait vers 50 avant J.-C. Tribun du
peuple en 44, il fut déposé par C. Julius Cé-
sar, pour avoir, de concert avec C. Epidiiis
Marullus , un de ses collègues dans le tribu-
nat, enlevé des rouronnes placées sur les sta-
tues du dictateur et emprisoimé une personne
qui avait salué César du titre de roi. César (it
28.
871
FLAVUS — FLAVY
871
plus : il l'expulsa du sénat, et pressa même le
père de Flavus de le deshériter. Le vieux Caes-
tius répondit qu'il ainaerait mieux perdre ses
trois enfants que d'en noter un seul d'infamie.
Alix prochains comices consulaires, Flavus, qne
son opposition au dictateur avait rendu très-
populaire à Rome, obtint beaucoup de suffrages.
Appien, Bel. civ.. Il, 18S, 122; IV, 93. - Suétone, Cx-
sar, 79, 80. - rtion Cassius, XLIV, 9, 10; XLV!, 49. -
rlutarque, Cœsar, 61 ; Anton., 12. — Velleius Paterculus,
11, 68. — Tlte-Live, Epist., CXVI. — C\céron, Ptiilipp.,
XIII, 15, — Valère Maxime, V, 7.
* FLAvrs (Sp. Larfius) , consul romain en
506 avant J.-C. Denys d'Halicarnasse dit qu'on
ne sait rien de son consulat , et Tite-Live l'omet
également. Niebuhr pense que le consulat de
Lartius Flavus et de] son collègue T. Herminius
Aquilinus fut inséré dans les Fastes consu-
laires pour remplir une lacune d'un an. Lar-
tius Flavus appartient à la période héroïque ou
légendaire de l'histoire romaine. Son nom est
généralement réuni à celui d'Herminius. Dans
les chants nationaux de l'ancienne Rome , il est
un des deux gueniers qui se tiennent à côté
d'Horatius dans la défense du pont. Niebuhr, in-
terprétant historiquement cette tradition , pense
que l'un des guerriers représente la tribu des
Ramnes et l'autre celle des Titienses. Il est
digne de remarque cependant que dans la ba-
taille du lac de Régille, où tous les héros se ren-
contrent ensemble pour la dernière fois , Her-
minius y paraît, mais non pas Flavus Lartius.
Celui-ci , élu consul pour la seconde fois en 490,
fut un des cinq députés envoyés à Coriolan
lorsqu'il assiégeait Rome à la tête des Volsques.
Il fut aussi interroi pour la tenue des comices
consulaires en 480, et il conseilla la guerre contre
les Véiens.
Denys d'Halicarnasse, V, S; 22-84, 36, 7B; Vil, 68; VIIl,
72, 90, 91. — Tite-Live, 11, 10, 11, 19.
FLAVCS (T. Lartius), premier dictateur ro-
main, frère du précédent , vivait vers 500 avant
J.-C. Il futconsul pour la première fois en 501 , et
pour la seconde en 498. Dans son second con-
sulat, il prit la ville de Fidènes. Denys d'Hali-
carnasse met sa déférence à l'égard du sénat en
contraste avec l'arrogance des généraux des
derniers temps de la république. En 498, dix
ans après l'expulsion des Tarquins, les curies
jugèrent nécessaire de créer une nouvelle ma-
gistrature, la dictature limitée à six mois, mais
plus absolue dans cette période que la monar-
chie même , puisqu'on ne pouvait pas appeler de
ses décisions. T. Lartius, revêtu le premier de cette
magistrature suprême , choisit son collègue pour
maître des cavaliers , fit le recensement des ci-
toyens, régla les différends de Rome avec les La-
tins, et, après avoir tenu des comices consulaires
il déposa ses pouvoirs longtemps avant qu'ils
fussent expirés. Suivant certains récits , Lartius
Flavius dédia le temple de Saturne ou le Capi-
tole sur la colline Capitoline. Il fut un des députés
que le sénat envoya au peuple retiré sur le mont
Sacré , et dans la même année il servit au siège
de Corioles comme lieutenant du consul Pos-
tumus Cominius. Dans un tumulte populaire
excité en 494 par la dureté des créanciers, Fla-
vus Lartius recommanda des mesures de conci-
liation, mesures conformes au caractère doux
et juste que lui prête Denys d'Halicarnasse.
Denys d'Halicarnasse, V, BO, 59, 60, 71, 76, 77 ; VI, 1, 81,
92. — Tite-Live, II, 21, 29. — Plutarque, Coriolanns, 8.
* FLAVUS OU FLAVIUS suBRius, conspi-
rateur romain, mis à mort en 66. Tribun dans
la garde prétorienne, il fut un des agents les plus
actifs du complot tramé contre Néron en 66, et
qui s'est appelé, du nom de son chef, conspiration
de Pison. Flavus proposa de tuer Néron, soit
pendant qu'il chantait sur le théâtre, soit au mi-
lieu de son palais en flammes. Il avait, dit-on,
l'intention de se défaire aussi de Pison et d'of-
frir l'empire à Sénèque. Ce choix, pensait-il ,
pouvait seul justifier les conspirateurs ; autre-
ment, ce n'était pas la peine de risquer leur vie
pour changer un musicien contre un acteur, car
Pison avait aussi paru sur le théâtre. Le com-
plot fut découvert. Flavus, dénoncé par un com-
plice, essaya d'abord de se justifier, et n'y réus-
sissant pas, il se glorifia de son action. Condamné
à la peine capitale , il mourut avec courage. Dion
Cassius l'appelle Souêtoç «ï>XàgiO!;, et dans quel-
ques manuscrits son nom est écrit Flavius.
Tacite, Annal., X\, 49, SO, 68, 67. — Dion Cassius,
LXU, 24.
* FLAVUS VIRGINIUS, rhéteur romain, vivait
dans le premier siècle de l'ère chrétienne. Il
n'est connu que pour avoir été un ami du poète
satirique Perse.
Suétone, Persit Vita. — Burmann, Prœfat. ad Cic.
Herennium, éd. Schutz, p. xiv.
FLAVIUS suLPicius, littérateur romain, vi-
vait dans le premier siècle de l'ère chrétienne.
Ami de Claude P'', il l'assista dans la composi-
tion de ses ouvrages historiques.
Suétone, Claudius, t, 41.
flavius tricipitinus lucretius. voij.
Tricipitinus.
* FLAVV {Guillaume de), fameux capitaine
français, né à Compiègne, vers 1398, mort en
1449. Il embrassa de bonne heure le métier des
armes , et suivit la bannière de Charles VIL En
1428 il était capitaine de Beaumont-en-Argonne,
et défendit vaillamment ce pays contre les Bour-
guignons et les Anglais. Charles VII , revenant
du sacre, fit son entrée à Compiègne le 18 août
1429. Pour récompenser les services que lui
avait rendus Guillaume de Flavy, déjà écuyer
de l'écurie du roi , ce prince le nomma capi-
taine et gouverneur de Compiègne. Il occupait
ce poste lorsque la Pucelle fut prise devant la
même place, le 23 mai 1430 , et tomba ainsi au
pouvoir de ses mortels ennemis. On sait que
Jeanne , à la suite d'une sortie infructueuse et
cherchant à rentrer dans Compiègne , trouva les
portes fermées et devint prisonnière des Bour-
guignons. Cette mesure fatale, qui coupait toute
873
FLAVY — FLAXMAN
874
letraite à l'héroïne , fut imputée à Guillaume de
Flavy comme un acte de trahison. Dès la fin du
quinzième siècle , le gouverneur de Compiègne
passait pour avoir trahi et vendu la Pucelle. Ce-
pendant, lorsqu'on examine avec une impartiale
critique les témoignages originaux relatifs à cette
question, l'accusation dirigée contre Fla\7 pa-
raît dénuée de preuves et dépourvue même de
vraisemblance. Au mois d'août 1430, le conné-
table de Richement distribua au nom du roi des
gratifications en argent à divers chefs de guerre,
et ne comprit point dans cette distribution le
gouverneur de Compiègne. Flavy entra dès lors
en lutte à l'égard du commandant supérieur de
l'armée : il dirigea des courses militaires contre
la garnison et -les bourgeois de Reims. Ceux-
ci furent réduits à une telle extrémité , qu'ils
capitulèrent avec Flavy, moyennant une ran-
çon ou appâtis de cent francs d'or par mois.
Ce traité non-seulement demeura impuni , mais
fut autorisé par la sanction royale (1). Vers le
mois de décembre 1436 , le connétable de Riche-
mont fit arrêter le capitaine de Compiègne , qui
fut enlevé de la ville et destitué de songouver-
nement. Mais, au mois de mars 1437, Guillaume
de Flavy, aidé de ses frères et de nombreux
adhérents , envahit à main armée la place de
Compiègne , mit à mort ou en fuite les lieute-
nants du connétable, et reprit ainsi possession de
son commandement. Flavy toutefois dut payer
au connétable une indenmité de quatre mille
livres. A peu de temps de là, Pierre de Rieux,
comte de Rochefort , maréchal de France , ami
et subordonné du connétable, passait par Com-
piègne. Guillaume de Flavy le fit arrêter. Le
maréchal fut traîné en diverses prisons et finale-
ment au château de Nesle en Tardenois , appar-
tenant à Guillaume de Flavy, où il mourut d'une
épidémie, après neuf mois de captivité. Le re-
doutable capitaine obtint pour ces faits des lettres
d'abohtion ou de rémission, données par le roi
à Laon en 1441, après Pâques. Guillaume de
Flavy se maintint dans sa capitainerie de Com-
piègne, et gagna une fortune considérable. Il
devint plus puissant encoi'e par son mariage
avec Blanche d'Awrebruche , vicomtesse d'Arsy,
belle et jeune damoiselle, fille de Robert, l'un
des seigneurs notables de la contrée, et d'A-
gnès de Francières. Guillaume, une fois marié ,
s'empara de la personne et des biens de son beau-
père et. de sa belle-mère. L'un et l'autre péri-
rent dans les prisons de leur gendre. Blanche,
dame de Flavy, ne fut point épargnée de son
époux. « Guillaume, dit un chroniqueur contem-
porain (2), étoit moult hardy et vaillant homme
de guerre, mais des pieurs (3) en villenies, en
femmes et luxures, en robber (4), piller, faire
(1) LcUres du roi, Urées des archives de Reims ; don-
nées à Gien, au ntiols d'août 1430, et à Châtellerault, le 24
avril 1431. (Copies communiquées par M. Louis Taris. )
(2) Jacques Du Clercq.
(3) Pires.
«4) Voler.
noyer, faire pendre et faire mourir gens. Estant
marié , en la présence de sa femme, avoit sou-
vent en son lict avec elle josnes garces , avecq
lesquelles il prenoit compagnie charnelle; et
quand sa femme en parloit quelque peu , il la
menaçoit de la faire enraurer et mourir » (1).
Enfin , vers le mois de février 1449, Guillaume
de Flavy trouva le terme de ses méfaits et de sa
vie. Blanche, sa femme, en avait conspiré la mort,
de concert avec son amant, Pierre de Louvain ,
capitaine de cent lances de l'ordonnance du roi.
Un barbier, homme de confiance de Guillaume
de Flavy, qui l'avait élevé, nommé le Bâtard
d'Orbendas, était également du complot. Celui-ci,
armé d'un rasoir, coupa la gorge de Guillaume
pendant qu'il faisait sa sieste habituelle, après
l'avoir étourdi d'un coup de bâton. Cependant la
mort n'étant point survenue instantanément.
Blanche saisit l'arme sanglante, et acheva le
meurtre. Puis elle s'enfuit avec Pierre de Lou-
vain, et obtint à son tour du roi Charles vn des
lettres de rémission qui lui furent octroyées en
juillet 1449. A. V. de V.
Cabinet des titres, dossier Flavy. — archives mu-
nicipales de Reims. — Godefroy, Historiens de Char-
les f-'II, à la table. — J, Quicherat, Procès de la Pucelle,
à la table,; Aperçus nouveaux, etc.. page 77. — Anselme,
Histoire dei Maréchaux de France, etc.
FLAXMAN (Jean), célèbre statuaire anglais ,
né à York, le 6 juillet 1755, mort le 7 décembre
1826. Il fut conduit à Londres lorsqu'il n'avait
encore que six ans. Son père, simple mouleur,
tenait un magasin de figures de plâti'e. Ce fut
dans cette humble boutique de praticien que le
futur sculpteur reçut ses premières impressions
d'artiste. Pendant toute son enfance , sa cons-
titution, naturellement faible, et la délicatesse de
sa santé lui firent une nécessité et un plaisir
d'une vie solitaire et sédentaire. Il vécut à la
maison, ayant constamment sous les yeux les
objets les plus propres à tourner toutes ses idées
vers les arts plastiques. Assis derrière le comp-
toir, avec du papier et un crayon, ou avec des
livres, dessinant et lisant à son gré, il étudia
avec plus d'agrément et peut-être avec plus de
profit et d'ardeur que s'il avait rempli une tâche
imposée. Cette éducation libre fut un bonheur
pour Flaxman : il lui dut en partie cette spon-
tanéité facile , cette originalité sans effort qui
caractérisent ses œuvres. Flaxman dut beaucoup
aussi à la vie de famille, oii il fut constamment
entouré de tendresse. 11 perdit sa mère à l'âge
de dix ans , mais son père épousa une seconde
femme qui eut pour l'enfant les mêmes soins
que la première. Cette habitude précoce du bon-
heur domestique développa en lui la pureté mo-
rale et l'intimité affectueuse qui sont le charme
de son talent.
Flaxman n'avait guère plus de dix ans lors-
qu'il attira l'attention du révérend Mathew, qui
le présenta à sa femme. Cette dame, très-instruite,
, (1) Mathieu de Coucy.
^7b FLAXMAJN'
prit plaisir à faire connaître à l'enfant les beautés
d'Homère et de Virgile. Flaxman, tout en l'écou-
tant, essayait de retracer, avec le pinceau ou le
crayon , les descriptions et les récits qui produi-
saient le plus d'effet sur son imagination. Bientôt
il voulut lire les chefs-d'œuvre de l'antiquité
dans les langues originales. Là encore il n'eut
guère d'autre maître que lui-même. Grâce à ce
travail volontaire, qui fut presque un amusement,
il se rendit capable de lire les principaux poètes
anciens sinon en philologue, du moins assez
facilement pour entrer dans leur esprit et pour
saisir leurs conceptions, comme il le prouva plus
tard par ses belles compositions d'après Homère
et Eschyle.
Il n'avait pas à faire le choix d'une profession :
elle lui était tout indiquée par la nature et les
circonstances qui l'avaient pour ainsi dire pré-
destiné à la sculpture. Après s'être exercé à tra-
vailler en bosse et y avoir acquis une certaine
habileté , il entra, à l'âge de quinze ans, à l'Aca-
démie royale. Il n'eut pas de maître particulier,
mais il reçut les conseils de Banks, de Curnijer-
land,'de Sharp, de Blake, et surtout de Stoîhardt.
En 1770 il exposa pour son premier sujet une
figure de Neptune en cire. Ses études, quoique
très-assidues, ne furent pas immédiatement cou-
ronnées de succès. Lorsque, après avoir remporté
une médaille d'argent, il concourut pour la mé-
daillé d'or, il la vit décevner par Reynolds, alors
président de l'Académie, à Engleheart, artiste
aujourd'hui profondément oublié. Cet échec ne
découragea pas Flaxman, qui retourna à ses
études ; mais pour vivre il fut forcé de donner
une partie considérable de son temps à des tra-
vaux rétribués. H dessina et modela pour d'au-
tres. Si modeste que fût la rémunération de ces
ouvrages, elle suffit pour le mettre à l'aise, car il
avait l'habitude de la frugalité fet un grand dé-
goût de la dépense et des amusements. Même
dans la seconde partie de sa vie, lorsqu'il pos-
sédait une fortune qu'il lui eût été facile d'ac-
croître considérablement , lorsque sa renommée
lui ouvrait les plus hautes sociétés , il continua
à se distinguer par une parfaite simplicité dans
ses habits et dans sa manière de vivre, égale-
ment éloigné du luxe et de la parcimonie , et ne
prodiguant pas plus l'argent qu'il ne cherchait à
en amasser. L'année 1782 est une date impor-
tante dans la vie de Flaxman ; il se maria avec
Anna Denman. Reynolds le rencontrant peu après
s'écria : « Ainsi, Flaxman, j'ai entendu dire que
vous étiez marié; s'il en est ainsi, vous êtes
perdu pour l'art. » Jamais augure ne fut moins
vrai, car Anna Denman ne fit pas seulement le
bonheur de Flaxman , elle exerça sur ses études
et ses travaux la plus salutaire influence. On
put reconnaître bientôt combien la prédiction de
Reynolds était trompeuse, en voyant le statuaire
faii-e preuve d'une habileté toujours croissante,
dans son monument du poète Co/^««s ( église de
Chichester ) et dans celui de mistress Morley ( ca-
876:
thédrale de Gloucester ) ; ce dernier ouvrage sur-
tout est rempli de cette simplicité poétique et pa-
thétique qui distingue presque tout ce que Flaxman
a fait en ce genre. En 1787, il partit avec sa
femme pour l'Italie, où il passa sept années. Ce
fut pendant son séjour à Rome qu'il donna de
son talent le témoignage, sinon le plus complet,
du moins le plus éclatant et le plus populaire, Il
fit pour Hare Naylor des figures au trait repré-
sentant les principales scènes de Ylliade et de
rorf«/s5ee. Ces compositions, au nombre detrente-
neuf pour l'Iliade et de trente-quatre pour l'O-
dyssée, ne lui furent payées que quinze shellings
pièce. Cette incroyable modicité de prix prouve
qu'il y attachait d'abord peu d'importance, et
qu'il les exécuta comme en se jouant pour se
délasser de travaux plus sérieux. Si ces belles
et faciles productions ne rapportèrent pas beau-
coup d'argent à Flaxman , elles mirent le sceau
à sa réputation et lui valurent des protecteurs.
La comtesse Spencer lui demanda des dessins
d'après les tragédies d'Eschyle. Lord Bristol le
chargea d'exécuter un groupe en marbre d'A-
thamas d'après les Métamorphoses d'Ovide. Ce
beau travail, composé de quatre statues colos-
sales, se voit aujourd'hui à Ickworth, dans le
comté de Suffolk. Il ne fut payé à Flaxman que
six cents li\Tes ; c'était le prix convenu. L'artiste,
qui fut forcé d'y mettre de son argent, était trop
honnête pour revenir sur son engagement et trop
fier pour s'en plaindre. Pendant son séjour à
Rome, Flaxman exécuta, pour Thomas Hope, le
petit groupe exquis en marbre de Cêphale et
Am'ore ; il fit pour le même les trois admirables
séries de compositions sur Dante , formant en
tout cent-neuf sujets, savoir trente-huit pour
L'Enfer, autant pour Le Purgatoire, et trente-
trois pour Le Paradis. Dans cette tâche, n'ayant
pas de précédents et abandonné aux seules res-
sources de son imagination , l'artiste anglais fit
preuve de plus d'originalité encore et de vigueur
que dans ses illustrations d'Homère et d'Es-
chyle. Un mérite commun à toutes ces compo-
sitions, et qui leur assure une place durable dans
l'histoire de l'art , c'est la combinaison heureuse
et imprévue des qualités propres à la peinture
à la sculpture (1).
Après ce long séjour en Italie qui avait beau-
coup profité à sa fortune et surtout à son talent,
Flaxman, de retour à Londres, se signala par le
noble mausolée de lord Mansfeld , qui repré-
sente un vieillard assis , ayant la Justice et la
Charité à ses côtés, et la Mort derrière lui. L'A-
cadémie royale se hâta d'ouvrir ses portes à l'émi-
(1) Voici les dates de la publication de ces dessins •
The Odyssée engraved bij Th. PiroH ; Rome, 1793. —
The Iliad. engrav. by PiroH; Londres, 179S,- — La Di-
vinu Comniedia di Dante Alighieri ; 1793 et 1794. —
Compositions from tke tragédies of yEschi/lus, engrav.
bij Piroli, 179t. Tous ces ouvrages ne tardèrent pas à être
publiés en Allemagne par Riepenhausen, Schnorr, etc. ;
Gœttingue, 1803, et en France par Nitot-Dufrcsne; Pa-
ris, an XI.
877
FLAXMAN — FLÉCHIER
878
nent artiste, et'.t; reçut comme associé en 1797.
Flaxinan était infatii^able. La liste seule de ses
travaux remplirait plusieurs colonnes ; nous ne
citerons que les plus importants. 11 a exécuté
plus de trente monuments funéraires, dont qua-
tre à Westminster. De tous ces mausolées, le
plus beau peut-être est celui de la famille Baring
à Micheldever, dans le Hampsliire. Les bas-reliefs,
dont les sujets sont empruntés à V Oraison do-
tninicale, traduisent avec autant de simplicité que
de grandeur les sentences suivantes : « Que ta
volonté soit faite; » « Que ton règne arrive; «
« Délivre-nous du mal. » Parmi les groupes les
plus parfaits sortis du ciseau de Flaxman, on
cite L'Archange Michel combattant Satan.
Mais le plus étonnant de ses ouvrages par la ri-
chesse inépuisable des combinaisons, c'est le
Bouclier d'Achille , d'après le XVIII" livre de
V Iliade. Cette immense composition, où s'agitent
plus de deux mille ligures, fut quatre fois exé-
cutée en vermeil par les orfèvres Rundell et
Bridge ( pour le roi , le duc d'York, le comte de
Lansdale et le duc de Northumberland). Chacun
de ces boucliers avait neuf pieds anglais de cir-
conférence avec un relief de six pouces. Malgré
ses succès dans ces divers genres , c'est encore
aux monuments funéraires consacrés aux parti-
culiers qu'il faut demander les inspirations les
plus neuves et les plus pures de son doux et
pieux génie. Quand il fit de la sculpture histo-
rique et officielle, il ne s'éleva pas plus haut que
beaucoup d'artistes de son temps. Le plus connu
de ses ouviages en ce genre , le monument de
Nelson, est aussi froidement conçu qu'imparfai-
tement exécuté. Il est douteux qu'il eût mieux
réussi dans la statue colossale qu'il proposait
d'élever sur la colline de Greenwich. Cette sta-
tue, qui devait dépasser deux cents pieds, aurait
représenté la Grande-Bretagne. Flaxman publia
à ce sujet une lettre adressée au duc de Glo-
cester ; Londres, 1799.
En 1810 Flaxman fut appelé à la chaire de
sculpture, nouvellement créée, à l'Académie
royale. Ses leçons, sans avoir un grand mérite
littéraire, sont pleines de remarques judicieuses
et de bon sens ; elles ont été publiées avec une
notice sur l'auteur, son portrait et des planches
gravées; Londres, 1829, in-8". On a aussi de
Flaxman quelques articles dans l'Encyclopd-
die de Rees et une Caractéristique dti peintre
Romneij insérée dans la Vie de Romneij par
Hayley.
lin 1820, Flaxman perdit sa femme. Cette
mort fit dans sa vie tm vide que rien ne put
remplir, pas même le travail. 11 continua ce-
pendant de produire , et quelques-uns de ses
chefs-d'œuvre datent de cette époque. Quand les
forces lui manquèrent pour tenir le ciseau, il
esquissa et dessina sur le papier, restant jus-
qu'à son dernier jour fidèle à l'art qui avait
eu ses premières pensées. Malgré cette pratique
assidue, ce n'est pas dans la partie mécanique
de son art que Flaxman excelle. Ses ouvrages
n'offrent pas ce fini et cette délicatesse d'exé-
cution qui captivent l'œil et souvent trompent le
jugement. Chez lui l'exécution laisse à désirer,
le modelé est imparfait. Mais pour l'invention,
la composition , le goût , il est admirable, li con-
tribua à tirer la sculpture du genre fîiux et ma-
niéré du dix -huitième siècle, pour la ramener
à la sévérité antique. Il la rendit à la fois plus
poétique et plus touchante; il lui fit exprimer
les plus nobles et les plus affectueux sentiments
du cœur humain. VŒuvre de Flaxman; re-
cueil de ses compositions, gravées au irait
par Réveil, a paru à Paris, 1832 et années sui-
vantes, grand in-8°. Outré les compositions déjà
mentionnées sur Homère , Eschyle et Dante ,
on y trouve Œuvre des Jours , et Théogonie
d'Hésiode, 37 planches; — Statues et bas-
reliefs, 18 planches. Léo jodbert.
Zeitgenossen , S= série, !'• livraison. — Penmj Cyclo-
FLÉCHÈRE (De La). Voy. La Fléchère.
* FLÉCHEUX (***), astronome et mécanicien
français, né en 1738, mort le 4 novembre 1793.
Il n'est connu que par un Planétaire ou Pla-
nisphère nouveau. C'est une machine ingénieuse,
qui exposait le mouvement des astres et en ren-
dait l'étude facile. Une brochure (Paris, 1780,
in-4° ) accompagnait cette invention, et donnait
l'explication de son usage; — Loxocosme , ou
démonstrateur du mouvement annuel , tro-
pique et diurne de la Terre autour du Soleil,
et causes des phénomènes des saisons , de
l'inégalité des jours , du lever et du coucher
du soleil par toute la Terre , du coitrs de la
Lune et des planètes, etc., avec des réflexions
sur le système de Copernic; Paris, 1784,
in-4'', avec figures.
Arnault, .lay, eic. Biographie nouvelle des Contem-
porains. — Quérard, La France littéraire.
FLÉCHIER {Esprit) , célèbre orateur et pré-
lat français, né le 10 juin 1632, à Pernes, petite
ville du diocèse de Carpentras, mort à Mont-
pellier, le 16 février 1710. Il commença par en-
seigner la rhétorique à Narbonne, avant de venir
se faire une réputation d'orateur. Appartenant à
une famille pauvre , il avait été élevé à Avignon
par son onele Hercule Audifret , supérieur de
la Doctrine chrétienne. Cette congrégation se
consacrait spécialement à l'instruction de la jeu-
nesse. La connaissance approfondie que Fléchier
acquit rapidement des langues anciennes le mit
en état de les enseigner lui-même de bonne lieure
avec succès. Il fit honneur à la congrégation par
le savoir et l'élégance de langage qui brillaient
dans ses leçons , et par des essais de poésie la-
fine remplis de facilité et d'éclat. Il prononça
devant les états de Languedoc, en 1CÔ9, l'oraison
funèbre de Claude de Rebé , archevêque de ^'a^-
bonne. La même année, quelques mois après
la mort de son oncle, Fléchier quitta la congré-
gation, dont il avait à se plaindre, et vinl à Paris.
879
Il était sans fortune et sans protecteur. Il com-
mença par faire obscurément le catéchisme aux
enfants dans une paroisse. Un petit poëme latin,
où il décrivait en vers ingénieux le fameux car-
lousel donné en 1662 par Louis XIV, fut ad-
miré comme mi tour de force ; et c'en était un en
effet , à cause de la difficulté de rendre en latin
tous les détails de cette fête singulière. Bientôt
après il entra comme préC;epteur chez le con-
seiller d'État de Caumartin. Grâce à cette posi-
tion , qui le fit connaître à plusieurs personnes
du grand monde , sou mérite sortit de l'obscu-
rité; son esprit, la grâce séduisante de son lan-
gage, la dignité polie de ses manières, la gravité
douce de son caractère , le firent estimer et re-
chercher par des gens dont le commerce était
aussi agréable que leur amitié pouvait être utile.
Admis dans la société de l'hôtel de Rambouillet,
Fléchier y obtint de grands succès comme bel
esprit, comme poète latin, comme causeur spi-
rituel et éloquent. Ce fut à cette époque qu'il
embrassa la carrière de la prédication. Ses ser-
mons furent estimés , mais ne produisirent au-
cune impression plus vive. Ses oraisons funèbres
parurent des chefs-d'œuvre d'art et de gortt, et
lui firent une éclatante réputation , quoiqu'il ne
fût pas le premier venu dans ce genre et qu'il
eût eu Bossuet pour devancier. Tout le monde
fut frappé du merveilleux talent avec lequel il sut
soutenir l'intérêt dans un sujet peu étendu et peu
varié, l'éloge de madame deMontausier, en 1672 :
on y admira la délicatesse gracieuse avec laquelle
il peignit les vertus de son modèle, et le pathé-
tique doux et insinuant avec lequel il déplora la
perte de cette femme accomplie. Mais l'oraison
funèbre de Turenne, en 1676, donna de lui une
bien plus haute idée , et le plaça, dans l'opinion
de la plupart des contemporains, à côté de Bos-
suet lui-même. On sait que le même sujet avait
été traité peu de temps auparavant par Masca-
ron, et si heureusement, que beaucoup de gens
pensaient qu'il n'était pas possible de mieux
faire. C'était le sentiment de madame de Sévigné.
« M. de Tulle, dit-elle en écrivant à sa fille, a
surpassé tout ce qu'on attendait de lui dans l'o-
raison de M. de Turenne : c'est une action pour
l'immortalité ; » et ailleurs : « Il me semble n'avoir
« jamais rien vu de si beau que cette pièce d'é-
<( loquence. On dit que l'abbé Fléchier veut la
« surpasser ; mais je l'en défie. Il pourra parler
(c d'un héros, mais ce ne sera pas M. de Tu-
« renne ; et voilà ce que M. de Tulle a fait di-
te vinement à mon gré ; la peinture de son cœur
« est un chef-ti'œuvre. Je vous avoue que j'en
« suis charmée ; et si les critiques ne l'estiment
« plus depuis qu'elle a été imprimée, je rends
« grâces aux dieux de n^ être pas Romain. »
Enfin , dans un autre endroit : « Je n'ai point
« vu l'oraison funèbre de M. Fléchier : est-il
« possible qu'il puisse contester à M. de TuUe.^
<c .Te dirois là-dessus un vers du Tasse, si je
« m'en souvenois. » Cependant l'ouvi-age de
FLÉCHIER 880
Fléchier lui jarvint , et aussitôt qu'elle en eut
pris connaissance , elle changea d'avis, et revint
sur sa première admiration avec une bonne foi
et une impartialité qu'elle aurait dû mettre aussi
dans son jugement sur Racine et Corneille. « En
« arrivant ici, dit-elle, madame de Lavardin me
« parla de l'oraison funèbre de Fléchier. Nous
« nous la fîmes lire , et je demande mille et mille
« pardons à M. de Tulle ; mais il me parut que
« celle-ci étoit au-dessus de la sienne. Je la
« trouve plus également belle partout ; je l'écoute
« avec étonnement , ne croyant pas qu'il fût pos-
« sible de dire les mêmes choses d'une manière
« toute nouvelle. En un mot, j'en fus charmée. "
Ce qui donnait en effet la supériorité à Flé-
chier, c'est que son oraison était plus également
belle ; mais , du reste , il y avait dans Mascaron
des parties énergiques et des traits de génie que
Fléchier n'avait pas égalés (1). L'Académie n'a-
vait pas attendu cette nouvelle preuve du talent
de Fléchier pour l'appeler dans son sein : elle
l'avait nommé trois ans auparavant, en 1673,
à la place de Godeau , et l'avait reçu le même
jour que Racine. Le discours de réception de
Fléchier avait été fort applaudi , et , chose sin-
gulière , tous les honneurs de la séance avaient
été pour lui , tandis qu'on avait à peine fait at-
tention à Racine. Soit qu'il fiit intimidé par le
succès de son collègue , soit qu'il ne fût pas con-
tent du remercîment qu'il avait composé lui-
même , l'auteur à'Andromaque et de Britan-
nicus lut son discours avec précipitation, d'une
voix si basse et si confuse, que « M. Colbert ,
dit Racine le fils , qui étoit venu pour l'entendre,
n'en entendit rien , et que ses voisins même en
saisirent à peine quelques mots » . Nous ne pou-
vons aujourd'hui juger si le discours de Racine
méritait en effet de passer inaperçu à côté de
celui de Fléchier, car il ne se retrouva pas dans
ses manuscrits, et l'Académie ne prit pas la
peine de l'insérer dans ses recueils. Après l'o-
raison funèbre de Turenne, Fléchier fut regardé
comme un des hommes qui honoraient le plus
l'Église et les lettres : dès lors il ne pouvait man-
quer d'avoir part aux bienfaits de Louis XIV.
Ce prince le nomma successivement abbé de
Saint-Severin, aumônier de la dauphine, évêque
de Lavaur, dans le Languedoc. Le roi lui dit, eu
annonçant cette dernière nomination, ces gra-
cieuses paroles : « Je vous ai fait un peu atten-
te dre une place que vous méritiez depuis long-
« temps ; mais je ne voulais pas me priver si tôt
te du plaisir de vous entendre. » Peu de temps
après, une autre faveur fit mieux éclater encore
la haute estime que ressentait pour lui le mo-
narque. Du siège de Lavaur, Fléchier fut trans-
féré à celui de Nîmes, en 1687. Ce qui prouve
(1) Les autres oraisons funèbres de Fléchier sont celles
de la duchesse d'Aiguillon (1675), du premier président
de Lamoignon ( 1679 ) , de la reine Marie-Thérèse ( 1689 1,
du chancelier Le TelUer ( 1686 ) , de la dauphine Marie-
Christine de Bavière, et du duc de Montausier; (I690j). ,
iiSi FLÉCHIER
qu'il n'était point ambitieux , c'est qu'il s'opposa
autant qu'il put à ce changement. L'évêché de
Nîmes était infiniment supérieur à l'autre, par
l'importance et par les revenus; mais à La-
vaur Fléchier s'était attiré en peu de temps la
confiance et l'amour de tous, il s'était fortement
attaché à son troupeau et s'était promis de lui
vouer tous ses soins r il ne céda qu'après une
longue résistance et parce qu'il n'y avait pas
moyen de se soustraire aux ordres du monar-
que. A Nîmes , comme à Lavaur, il fit bénir son
ministère; dans cette nouvelle résidence, le
gouvernement ecclésiastique était plus difficile,
à cause de la résistance qu'opposaient les pro-
testants au système de conversion forcée adopté
contre eux. Fléchier, tout en cherchant avec
zèle à détruire l'hérésie, selon l'ordre du roi,
dans la province qui lui était confiée , s'attacha
à prévenir les rigueurs de la persécution. 11 s'a-
dressait aux esprits et aux cœurs, et repoussait
l'emploi de la force. Ses raisonnements et sa
charité déterminèrent un grand nombre de con-
versions : ceux qu'il ne pouvait persuader étaient
sûrs de trouver en lui un protecteur contre les
violences d'un zèle fanatique. Enfin, il gagna
tout !e monde par une tolérance qui n'ôtait rien
chez lui à l'ardeur et à la sévérité de la foi, et
sa mémoire est restée également chère aux
cathoHques et aux protestants dans son diocèse.
Ses loisirs étaient employés à composer des ou-
vrages de littérature et d'histoire ou à diriger les
travaux de l'académ-ie qu'il avait fondée à Nî-
mes. 11 vécut entouré des témoignages de l'es-
time et de la reconnaissance publiques jusqu'en
l'année 1710. Quelque temps avant de mourir,
il eut un songe qui fut pour lui un pressentiment
de sa fin prochaine. Il ordonna sur-le-champ à
un sculpteur de faire un dessin très-modeste pour
son tombeau , craignant que sa famille ne mît
dans le monument qui devait renfermer ses restes
un faste dont toute sa vie il s'était soigneu^^e-
ment préservé. Quelque temps après avoir pris
ce soin, il mourut, avec une pieuse et édifiante
résignation. Les protestants s'associèrent au deuil
causé par sa mort dans la province. Lorsque
Fénelon reçut la nouvelle de cette perte, il s'é-
cria : « Nous avons perdu notre maître! » Ces
paroles étaient sincères, et si le jugement qu'elles
renferment ne nous paraît point exact, du moins
elles sont dans la bouche d'un tel iiomme un
magnifique éloge, et le plus bel hommage peut-
être qu'ait reçu la mémoire de Fléchier.
Ainsi que nous l'avons dit , Fléchier comme
orateur fut presque mis au même rang que Bos-
suet par un giand nombre de ses contemporains.
Beaucoup de gens alors trouvaient Bossuet su-
blime , mais trop négligé, et préféraient le grand
art du panégyriste de Turenne. Cette opinion
fut abandonnée dans l'époque suivante , et l'on
reconnut quel immense intervalle séparait ces
deux hommes. Aujourd'hui Fléchier est apprécié
à sa juste valeur, et la place qui lui a été défi-
882
nitivement assignée, bien que plus modeste, est
encore assez belle. Nous ne sommes pas de ceux
qui , réservant à Bossuet la gloire de grand ora-
teur, ne veulent voir en Fléchier qu'un habile
rhéteur. Nous ne caractériserons pointée dernier
parcemotinjurieux. « Esprit droit et sincère, âme
honnête et convaincue ,• la vérité était pour lui
un besoin , et l'éloquence n'avait pas à ses yeux
d'autre mission que de traduire et de répandre
la vérité. » Ce n'était donc point un rhéteur. 11
serait plus juste de dire qu'il fut, tout en s'atta-
chant à des idées sérieuses et sincères, un artiste
consommé de style. Ce fut à la fois un prêtre ver-
tueux et fervent, un littérateur élégant, un écrivain
habile. C'était un prédicateur zélé et vénérable,
qui avait commencé par enseigner la l'hétorique,
par composer des poèmes latins et par être bel
esprit à l'hôtel de Rambouillet. Il était jaloux
de recueillir les suffrages qu'on accorde à l'es-
prit, au talent, à la grâce et à- l'harmonie du
beau langage; cependant, il ne l'était pas assez
pour se préoccuper uniquement des moyens de
flatter les esprits et de se faire admirer. Tout en
travaillant son style , il ne perdait pas de vue la
gravité et l'élévation de son ministère , et son
am.our pour la forme ne lui faisait point oublier
le but sérieux de la parole. De là le caractère
de ses ouvrages , où l'on trouve à la fois une
piété douce et profonde, un sentiment élevé de
la perfection morale , une noblesse de pensées
qui tient à l'amour du vrai, une élégance étudiée
et séduisante, une pompe travaillée et majes-
tueuse , une délicatesse de nuances et d'opposi-
tions spirituellement élaborée , enfin , tout l'art
d'un homme qui fait jouer l'idiome français sous
sa main , comme un instrument compliqué que
sa patience ingénieuse a rendu docile.
Parmi les reproches que la critique adresse
à Fléchier, quand elle insiste sur l'abus qu'il a
fait des artifices de style', le plus grave est d'a-
voir prodigué l'antithèse outre mesure. Ce re-
proche est juste ; mais, du reste, il faut remar-
quer que l'antithèse se réduit rarement chez lui
à de simples oppositions de mots. L'antithèse
est toujours, ou du moins presque toujours, chez
lui dans la pensée. Ce qui fait qu'elle devient
blâmable dans ses discours , c'est qu'elle se
représente trop souvent, c'est que tant de
phrases soigneusement divisées en deux com-
partiments qui font contraste finissent par rendre
la marche de l'orateur monotone et par fati-
guer l'attention.
Fléchier a su segarder, en général, de ce défaut
dans son Or aison funèbre de Turenne. Ce dis-
cours, par l'heureuse disposition des (larties,
par l'élévation simple et forte des pensées , par
la grandeur touchante du pathétique , par la
beauté harmonieuse du style, est réellement son
chef-d'œuvre, et un des chefs-d'onivrc de l'élo-
quence française. Mais, toutefois, pour l'admirer
sans restriction , il ne faut pas trop se souvenir
de Bossuet, et de Y Oraison funèbre de Condc.
FLÉGHIER -- FLECK
8S4
Ce qui fait le plus de tort à Fléchier, quand ce
souvenir, se présentant à notre esprit, amène
une inévitable comparaison, c'est la nécessité
qu'il s'est malheureusement imposée de rappeler,
en retraçant la vie de son héros , un très-grand
nombre des événements qui avaient illustré à la
guerre son habileté ou sa valeur. Re pouvant
faire entrer dans son discours tous les noms de
lieux, ou d'hommes qui se rattachaient à ces
événements, forcé d'ailleurs d'être très-bref, il
se borne à des allusions rapides, à des indica-
tions vagues , faites en termes généraux , et par
conséquent banales, qui refroidissent singuliè-
rement l'intérêt. L'orateur a beau donner du
mouvement à sa phrase et dire, par exemple :
« Ici il forçait des retranchements et secourait
une place assiégée , là il surprenait les ennemis
ou les battait en pleine campagne : ces villes
où vous voyez les lis arborés ont été ou défen-
dues par sa vigilance, ou conquises par sa fer-
meté et par son courage, etc. : » ces allusions ,
dont une note nous avertit , en nous apprenant
qu'il s'agit en cet endroit du secours donné à
Arras, de la défense de Condé, de la prise de
Landrecies, etc., n'ont rien de frappant , n'of-
frent rien à l'esprit , et ne sont qu'une peinture
insignifiante et commune. Sans la note placée
au bas de la page , pourrait-on se douter qu'il
y à là quelque cliose qui appartient en propre à
la vie de Turenne , qui est particulier à son his-
toire? Nesont-cepas là de ces phrases comme il
peut s'en trouver dans l'éloge d'un capitaine
quelconque ? Ce genre de reproche s'applique-
rait malheureusement à plus d'une partie de
l'Oraison funèbre de Turenne. Bossuet avait à
parler d'une vie aussi remplie de faits militaires
de tous genres; mais il a sagement choisi deux
ou trois événements princip.ux : tels que la ba-
taille de Rocroy , celle de Lens, la célèbre cam-
pagne contre Merci , et les a mis sous les yeux
de ses auditeurs par des narrations ou des ta-
bleaux aussi pittoresques qu'éloquents, et em-
preints d'une couleur particulière et locale , sans
se croire obligé d'entrer dans d'autres détails et
de dire et d'indiquer tout ce qu'a fait son héros.
Ici Bossuet est supérieur, même pour l'art, à
Fléchier. La ps.rt\e deVOraisan funèbre de Tu-
ren7ieqm soutient le mieux la comparaison avec
Bossuet est l'exorde, qui a été loué et cité si
souvent. Le cardinal Maury rapporte, au sujet
de cet exorde , une anecdote assez curieuse.
Mascaron, ainsi que nous l'avons dit, fit l'éloge
de Turenne un peu avant Fléchier. Celui-ci fon -
dait avec raison de si grandes espérances sur
l'heureux choix de son texte , relatif à la vie et
à la mort de Judas Machabée , qu'en assistant
hV Oraison funèbre de rMre?2«e prononcée par
Mascaron il fut hors de lui et saisi de fi-ayeui-,
jusqu'au moment où il entendit l'orateur débuter
par le texte insignifiant : Proba me, Deiis, et
scUo cor meum. Soulagé alors du poids de la
crainte dont il était su.ffoqué,. ii dit en plaisan-
tant à ses voisins , qui avaient remarqué son
agitation : « Me voilà tranquille : je ne redoli-
« tais que son texte; j'avais peur qu'il n'eût pris
« le mien : il peut dire à présent tout ce qu'il
'( voudra , j'applaudirai de bon cœur. »
Outre les Oraisons funèbres, très-souvent
réimprimées, on a de Fléchier 3 vol. de Pané-
gyriques des Saints, et 3 vol. de Sermons, qui
n'ont ni mérité ni obtenu le même succès. Il
composa, pour l'instruction du dauphin, la Vie
de Théodose le Grand (1679, in-4"), qui a eu
plusieurs éditions, etqu'on lit avec intérêt, tout en
reconnaissant que , chargé de proposer au prince
cet empereur pour modèle, Fléchier atrop voilé
lestantes du règne deThéodose. On estime beau-
coup moins V Histoire du Cardinal Ximenès,qm
paruten 1693 (in-4°et 2vol. in-12 ) :Fléchiern'y
montre guère que le savant archevêque de To-
lède , et oublie trop le ministre et l'homme d'État.
Quant à V Histoire du Cardinal Commendou
(1671 ), ce n'est qu'une traduction du latin de
Gratiani. Fléchier n'a pas pris rang parmi leshis'
toriens. Ses poésies latines ont été réunies en un
vol. in-12, imprimé à Bâle, 1782. Ses Lettres
choisies sur divers siijets (1715, 2 vol. in-12)
sont écrites dans un style travaillé ; on n'y trouve
ni familiarité ni abandon, mais l'auteur y montre
souvent dans l'évêque le citoyen.
Les Œuvres complètes de Fléchier ont été
imprimées à Nîmes (1782, 10 vol. in-8'').Là
sont ses discours, ses harangues, ses mande-
ments, ses lettres pastorales, des mémoires,
une ReloMon des troubles des Cévennes, des
poésies, dont quatre dialogues sur le quié-
tisme, etc. Elles ont été réimprimées en 1825,
10 vol. in-S". M. Gonod a publié un ouvrage
inédit de Fléchier, sous le titre de Mémoires
sur les Grands-Jours tenus à C 1er mont- Fer-
rana! eîi 1665-1666; Paris, 1844, in-S". «Les
Grands-Jours, disent MM. Louandre et Bour-
quelot, étaient des espèces de cours prévôtales.
Fléchier assista à ceux de Clermont en qualité
de précepteur du fils de M. Lefèvre de Caumar-
tin, conseiller du roi , maître des requêtes , qui
fut chargé des sceaux pendant les assises. Leâ
Mémoires de Fléchier offrent, outre de curieux
détails sur ces assises , un tableau très-piquant
de la vie de province an dix-septième siècle , et
montrent l'auteur lui-même sous un jour tout
nouveau. » On trouve dans la Revue rétro^
spective, t. r'', p. 244, une Correspondance
galante de Fléchier avec Mi^" de Lavigne.
D'Alerabert, Histoire des Membres de l'Académie,
t. I et \\. — Fabre de Narbonne, Discours sur la vie et
les omraries de Flétiliier ; en tète de l'édit. de 182S. -,•
Ch. Labitte, La Jeunesse de Fléchier, dans la Revue des
Deux-Mondes, 15 mai 1843. — Le Bas , Diction, encyc.
de la France.
FiLECR. (Conrad), minnesinger du treizième
siècle, né en Suisse ou en Souabe, si l'on en
juge par le dialecte dans lequel il a écrit. Il
vivait vers 1230, comme l'atteste un passage
de Rodolphe d'Eros , qui le cite avec éloge dans
885
FLECK — FLEETWOOD
886
son poëirie d'Alexandre et lui donne le titre de
Herr, réservé alors aux chevaliers ( Her Flec,
der guote Huonràt). Il nous apprend en même
temps que Conrad Fleck avait composé un
poème sur Cites, fils cV Alexandre empereur de
Grèce, et neveu d'Arthur de Bretagne. Ce
Clies est évidemment le même personnage que
le Cligès de Ciirétien de Troyes. Mais le véri-
table titre de notre minnesinger au souvenir de
la postérité, c'est d'avoir traité avec quelque
agrément un sujet fort populaire au moyen âge
et qui a inspiré successivement un grand nombre
de poètes français, anglais, suédois, danois,
italiens, et en particulier l'illustre Boccace ( Fi-
locopo).
Les héros du poëme, Flore et Blansche-
/lur, sont nés le même jour et à la même heure,
dans le palais du roi de Hongrie ; mais l'un est
le propre iiis du souverain , tandis que l'autre
est la itille d'une étrangère attachée au service
de la reine. Les deux enfants sont élevés en-
semble, et peu à peu naît et grandit avec eux
une innocente amitié qui clie-iue jour ressemble
davantage à de l'amour. Le roi voit le danger, et
pour le conjurer bannit de ses États la belle
Blanscheflur. Il était déjà trop tard ; le jeune
prince ne peut vivre sans la compagne de son
enfance, et il part, résolu de la rejoindre ou de
mourir. Après de longues pérégrinations, il ar-
rive à Babylone, et là il apprend que son amie
est enfermée clans une haute tour où l'émir la
fait garder soigneusement , en attendant qu'elle
soit admise à partager son lit. Flore séduit le
geôlier, et pénètre dans la tour, caché dans un
;"inier de fleurs. Mais les deux amants ne jouis-
sent pas longtemps de leur bonheur ; ils sont dé-
couverts et condamnés à périr : ils Jettent avec
dédain un anneau magique qui ne peut les sau-
ver tous deux, et se décident à mourir ensemble.
Heureusement l'émir, touché de tant d'amour
et de dévouement, îeur fait grûce et leur rend la
libei'té. Flore et Blanscheflur vont régner sur
l'Espagne, où ils meurent tous deux lemêmejour,
après avoir vécu plus de cent ans et donné nais-
sance à Berthe, l'illustre mère du roi Charles.
Le récit de Conrad Fieck est empreint d'une
certaine simplicité qui ne manque pas de grâce
et qui n'exclut pas l'imagination; et nous sous-
crivons volontiers au jugement des critiques al-
lemands (C. Gœdeke, E. Sommer) qui le dé-
clarent supérieur au poëme composé sur le
même sujet par un trouvère français, et con-
servé à la Bibliothèque impériale sous le n" 6987.
Mais nous croyons qu'ils se trompent en l'egar-
dant ce dernier ouvrage comme le modèle que
le minnesinger avait sous les yeux. A en juger
par le style et la versilicatioa et par cerfaius pro-
cédés de composition parmi lesquels nous si-
gnalerons de fréquentes allégories , le l'oinan
« Du rui Flore l'enfant
lit de lUaiiccUor le vaillant »
rie saurait guère être antérieur à l'an 1230; il
est probable que Conrad Fleck s'est servi d'une
i-édaction plus ancienne de la même légende ro-
manesque et à laquelle il doit plusieurs détails
qui manquent dans le poëme français que nous
avons et qui se retrouvent dans le Flore et
Blanchefleur composé au commencement du
treizième siècle par le Flamand Dietric van As-
senede. Nous ne pouvons donc reconnaître
dans le manuscrit anonyme de la Bibliothèque
impériale l'ouvrage du trouvère, d'ailleurs in-
connu, Robert d'Orbent (Orléans?), que le min-
nesinger cite en commençant :
« Ez hàt Ruoprecht von Orbcnt,
Getlhtet in welschen
Mit rîraen ungeveischen
Des icli in tiusclien willen hân. »
Il existe de Flore et Blanschejlur deux ma-
nuscrits du quinzième siècle , l'un à Berlin, l'autre
à Heidelberg. E. Sommer en a donné une ex-
cellente édition; Quedlinburg, 1846, in-8".
Alexandre Pev.
Koberstelii , Gescliiclitc der Geschichtc der deutschen
Natlnnal-UlteraUir, § S7, 95, 141. — Hasen, jViisciim
fur altdetitsclie Litieratur und Kunst, 1 vol. ; — Karl
Greclehe, Minnesinaer; Hanovcr, 1834.. — Documents
inédits. — Erscliet Gruber, ^llçj. Enc.
FLECNOE ( Richard ), poète anglais, vivait
dans la seconde moitié du dix-seplième. On a
peu de détails sur sa vie; quoiqu'il ait écrit '
pour le théâtre , peut-être serait-il oublié sans
la satire dirigée contre lui par Dryden , soas ce
titre : Mac Flecnoe, une des plus remarquables
productions de ce grand poëte. On n'est pas
non plus bien fixé sur les causes de celte animo-
sité de Dryden. Parmi ;les ouvrages de Flecnoe ,
on cite : Bamoiselles à la mode (sic) , comédie ;
1667 ; — Ermina, or the chaste lady, comédie ;
— Love^ s Dominion ; 1654, et 1664 sous cetautrc
titre : Lové" s Ktngdom; — Epigrams and entg-
matic Characters ; 1670, in-8". On les trouve
aussi avec Love's Dominion ; — Miscellanea ;
1653, in-12 ; — Diarù«?i; Londres, 1656,in-12.
Southey^ dans VOmniana, fait l'éloge des poésies
de Flecnoe.
CAbber, Lives. — Malone, Life of Dryden. — Ellis,
Spécimens.
FLEETWOOD (Guillaume), jurisconsulte
anglais, mort le 28 février tô94. Après avoir
étudié quelque temps à Oxford , il entra dans
la carrière du barreau, où il se fit bientôt re-
marquer par sa grande connaissance des lois.
En 1 569, il fut nommé l'ecorder de Londres. Il
déploya dans ces fonctions im zèle souvent ex-
cessif contre les papistes. En 1580 on lui conféra
le titre de sergent es lois, et en 1592 il devint un
des sergents de la reine. Il n'était pas moins es-
timé comme orateur que connue jurisconsulte.
On a (\(ihn -.AnnaUum tam rcgum Fdwardi V,
Uichardi lll et Henrici VII, quam Hen-
rici VIll, tilulorum. ordine alphabetico
muUo Jam melius quam anlea digestorum
Elenchus; 1579 et 1597; — The Office of a
887 FLEETWOOD
Justice of Peace; 1658, in- 8° (posthume).
Wood, Jth. Oxon. — Lodgc, Illustrât,
FLEETWOOO ( GuUlaume), théologien et
antiquaire anglais, né dans la tour de Londres,
le 21 janvier 1656, mortà Tottenham, le 4 août
1723. Il étudia à Eton, puis à l'université de Cam-
bridge. A l'époque de la révolution de 1688, il en-
tra dans les ordres, et se fit tout d'abord connaître
par son talent comme prédicateur. 11 devint en-
suite chapelain de la reine Marie et du roi Guil-
laume; puis il fut vice-prévôt d'Eton, recteur
de Saint-Austin:;à Londres, enfin lecteur à Saint-
Dunstan. Nommé chanoine de Windsor, en 1702,
il devint prédicateur à la cour de la reine Anne.
Tous ces emplois et bénéfices il les abandonna
un jour pour aller vivre dans la retraite, à
Wexham , où il se contenta , comme ministre,
d'un modeste revenu de 80 liv. st. Cependant,
en 1707, il fut ramené à la cour par sa nomina-
tion à l'évêché de Saint-Asaph. Il prêcha alors
souvent en présence de la reine. Il assista aussi
avec assiduité aux séances de la chambre haute,
et se prononça énergiquement contre l'intolérance
religieuse qui dominait alors ; il s'éleva surtout
contre le parti tory. En 1714, à l'avènement de
la maison de Hanovre , Fleetwood fut nommé
évêque d'Ély. Ses principaux ouvrages sont :
^ Inscriptionum Antiquarum Sylloge ; 1691,
in-8°; —Essay upon the Miracles; 1701,in-8°;
— Sixteen practical Discourses upon the re-
lative Buttes of Parents and Children, Hus-
bands and Wives, Masters and Servants,
with three sermons upon the case of selfmur-
der; 1705, 2 vol. in-8" ; — Chronicon pre-
ciosum, or an account of the English money,
the price of corn and other commodtties for
the last 600 y car s ; 1726;— Sermon on the
Death of Queen Mary; 1694; —Sermon on
the Death of King William; 1701 ; _ Ser-
mon on the queen' s accession to the throne;
1702.
William Powell, Life of Fleetwood, entête des OEiivrcs |
de ce prélat. — Biographia Britannica. — lUst. bibl. j
fabric. — Chauffepié, Nouv. Dict. hist. — Nicéron i
Mem., XIII. [
FLEETWOOD {Charles), homme politique !
anglais, mort après 1660. Sa famille, originaire
du comté de Lancastre, compta parmi ses mem- !
bres des pei'sonnages qui occupèrent de hautes I
fonctions pubUques. Un de ses aïeux , Thomas
fleetwood de Vache, fut maître des monnaies; ;
son grand-père, William, remplit l'emploi de '
receiver of the court of wards ( receveur de !
la cour des pupilles ) , et lui-même occupa à son
tour cette position en 1644. Dès le commencement
de la guerre civile, il avait pris parti pour le par-
lement. L'année suivante (mai 1645) il lut nommé \
colonel de la cavalerie, et au mois d'octobre
gouverneur de Bristol. En juillet 1647 il fut un
des commissaires chargés de traiter, au nom de
l'armée, avec les membres du parlement. Cepen- '
dant , il ne fut pas compromis personnellement i
- FLEISCHER 888
dans la moit de Charles r' . Lors de l'établisse,
ment de la république, il obtint le titre de lieute-
nant général , et au mois de février 1650 il de-
vint membre du conseil d'État.jIl contribua par sa
valeur au gain de la bataille de Worcester contre
Charles IL Après la mort d'Ireton, il épousa la
veuve de ce général, fille aînée de Cromwell,
qui avait recherché cette alliance à cause de l'in-
fluence que possédait alors Fleetwood surl'armée.
Cromwell lui conféra aussitôt (1052) le comman-
dement en chef des troupes envoyées en Irlande,
et fit de lui l'un des commissaires chargés de
l'administration intérieure de ce pays. Fleetwood
y rétablit le calme , et lorsque Cromwell fut
nommé protecteur, son gendre devint lord-dé-
puté d'Irlande. Mais l'opposition qu'il manifesta
au moment où Cromwell songea à se faire pro-
clamer roi amena son remplacement par Henri
Cromwell , le plus jeune des fils du protecteur.
D'abord favorable en apparence à Richard Crom-
well, Fleetwood se posa en adversaire du nouveau
protecteur, du moment qu'il se vit déçu dans
sa propre ambition, qui ne tendait à rien de moins
qu'à être élevé lui-même au rang suprême. Aussi
contribua-t-il , en se hguant avec les officiers
mécontents, à la chute du faible Richard , après
lui avoir conseillé de dissoudre le parlement.
En mai 1659 il fut appelé à faire partie du con-
seil id'État, et au mois de juin il devint lieu-
tenant général et fut chargé, en cette qualité, de
commander l'armée. Il" garda ce poste jusqu'au
commencement d'octobre, et fut nommé alors
l'un des commissaires chargés de diriger toutes
les forces. Le commandement en chef de l'armée
lui fut de nouveau confié , par le conseil d'État,
le 17 du même mois. Au mois de décembre,
Whitelock lui conseilla de députer un homme de
confiance vers Charles II, à Breda, pour offrir
à ce prince la couronne et prévenir ainsi les
desseins de Monk. Pendant que Fleetwood, qui
sentait diminuer son empire sur l'armée , flottait
dans l'iiTésoIution, suivant sa coutume , le pays,
agité et tiraillé en tous sens par les partis , prit
les devants , et la restauration fut consommée.
Excepté de l'amnistie générale proclamée à l'a-
vénement de Charles U, Fleetwood échappa à
grand'peine aux suites extrêmes de cette excep-
tion , et vécut dans l'obscurité à Stoke-Newing-
ton jusqu'à sa mort. C'était un homme d'un
caractère assez faible, entreprenant parfois, et
qui n'eut d'influence sur Cromwell que par son
fanatisme d'accord avec les desseins secrets du
fameux Protecteur. V. R,
Hobbe, Memoirs oftlie Cromwells. — Birch, Lives, —
Lingard, Hist. of Enyl. — Guizot, Hist. de la Rév. d'Angl.
— Le même, Richard Cromwell, hist. du second protec-
torat.
FLEISCHER {Jean ), théologien allemand, né
à Breslau, le 29 mars 1539, mort le 4 mai i593.
Il étudia à Wittemberg, y devint maître es arts,
et visita ensuite la haute Allemagne. En 1567
il professa au gymnase de Goldberg, et revint à
Wittemberg par suite de la peste qui avait éc'até
1889
FLEÎSCHER
dans la localité où il professait. En 1572 il fut
nommé prédicateur à Sainte-Elisabeth et profes-
seur du gymnase du même nom à Breslau; en
1583 il fut appelé aux fonctions pastorales à
Sainte-Marie-Madeleine , et en 1 589 on lui confia
l'inspection des églises et écoles de la même ville.
Une chute grave entraîna sa mort. Il a laissé :
Tractât von dem Regenbogen ( Traité de l'arc-
en-ciel).
Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexikon.
FLEISCHER ( Jean) , fils aîné du précédent,
botaniste allemand, né à Breslau, en 1582, mort
à Bàle, en 1606. Reçu docteur en médecine dans
cette dernière ville , il fit ensuite le voyage de
Virginie, pour y étudier les productions botani-
ques de ces parages.
Jôcher, Mlg. Gel.-Lex.
FLEISCHER (Joachim), autre fils de Jean
Fleischer, théologien allemand , né à Breslau, le
le 11 janvier 1587, mort le 29 mai 1645. Il fut
reçu maître es arts en 1606, puis il se rendit à
Wittemberg , où on l'admit au nombre des ad-
joints de'la faculté de philosophie. En 1611 il de-
vint diacre de l'église de Marie-Madeleine à
Breslau; en 1618 il fut nommé prédicateur et
assesseur du consistoire évangélique de Breslau ;
enfin, en i 637 on l'appela à inspecter les temples
évangéliques et les écoles de la même ville. On
a de lui : Bericht von den Mittelnzur Bestaen-
digkeit bey der wahren Religion ( Exposé des
moyens de nature à consolider la vraie reli-
gion).
Jocher, All!i. Gel.-Lex.
FLEISCHER ( Jean-Laurent ) , jurisconsulte
allemand, né à Bareuth, le 16 mars 1691, mort
le 13 mai 1749. Il étudia, devint docteur, pro-
fesseur agrégé, puis professeur titulaire de droit
à Halle. En 1733 il fut appelé à faire le cours
de Pandectes à Francfort-sur-l'Oder, et plus tard
à professer le code à l'Académie. Enfin, il devint
directeur de la faculté de droit. Ses principaux
ouvrages sont : Institutiones Juris Gentium et
Naturx; — Einleitung zum geistlichen Redite
(Introduction au droit ecclésiastique) ; — Insti-
tutionea Juris Feudalis ;ïiai\le, 1724 et 1730,
in-8° ; — TÂsputatio de vera origine, naiura,
progressu et interitu judiciorum Westphali-
corum; 1711, in-4" ; — Dissertatio dejuribiis
et judice compétente legatorum; Halle, 1724,
et 1745, in-4°.
Moller, Cimbria litt. — Hirsching, Hist. literar. Hand-
bitch.
; FLEISCHER (Henri Lebrecht ou Ortho-
bius ) , orientaliste allemand , né à Schandau sur
l'Elbe, le 21 février 1801. Il étudia à Leipzig la
théologie , la philosophie et les langues orientales.
En 1824 il se rendit à Paris, pour y suivre les
cours de Silvestre de Sacy et copier des manus-
crits orientaux delà Bibliothèque impériale. 11 fut
chargé de faire, sous la direction de M. Caussin
de Perceval, un cours d'arabe vulgaire, à l'usage
des commençants. Les relations qu'il entretint
■ FLÉMALLE 890
avec les jeunes Égyptiens élevés à Paris aux
frais de Méhémet-Ali le mirent à même de parler
l'arabe. Retourné en Allemagne en 1828, il obtint
une place de professeur à Dresde. En 1835, après
la mort de Rosehmùller, il fut nommé professeur
de langues orientales à l'université de Leipzig. On
a de lui : Catalogus codicum manuscriptorum
orientalium bibliothecse réglée Dresdensis;
Leipzig, 1831, in-8"; — Ismaelis Abulfedœ
Historia anteislamica, texte arabe, traduction
latine, notes et index; Leipzig, 1831, in-4''; —
Samachschari's goldene Holsbânder ( Colliers
d'or de Zamakhschari ) , traduction et notes;
Leipzig, 1835 , in- 8°. La critique qu'il fit de
l'édition et de la traduction du même ouvrage
données par M. de Hammer souleva entre ces
deux savants une longue polémique ; — De
glossis Habichtianis in quatuor tomos MI
noctium Dissertatio critica; Leipzig, 1836,
in-8" ; — Tausend und eine Nacht (Mille et
une nuits ) , édition de Habicht , continuée par
Fleischer, t. IX à Xll; Breslau, 1842-1843,
in-12: — Ali's ffundert Sprûche (les Cent
Proverbes d'Ali ) arabisch und persisch para-
phrasirt von Raschid eddin Watwat , texte,
traduction, remarques; Leipzig, 1837, in-4°; —
avec Fr. Delitzsch, Codices orientalium lin-
guarum, dans Catalogus Ubrorum manu-
scriptorum qui in bibliotheca senatoria civi-
tatis Lipsiensis asservantur ; éd. par Nauman ,
Grimma, 1838, in-4° ; — Beidhawi Commenta-
riusin Coranum, édition accompagnée d'index,
en cours de publication à Leipzig depuis 1844,
in-4° ; — Grammatik der lebenden persischen
Sprache ( Grammaire de la Langue Persane ac-
tuellement parlée ) , traduite de l'anglais de Mirza
Mohammed Ibrahim et refondue en partie; Leip-
zig, 1847, in-8°. La moitié du volume est rem-
plie par des dialogues dans le dialecte de Schiraz,
fort bien composés, et qui font bien connaître
les usages des Persans; — des articles dans Die
Zeilschrift der deutschen morgenlàndischen
Gesellschaft ( Journal de la Société Orientale
d'Allemagne), et dans le Journal Asiatique de
Paris. E. Be\ijvois.
Conversation' s Lexicon. — Zenkcr, Dibl. Orient. — De
Sacy, art. dans le Journ. des Sav., 1832, 1836.
* Fi.KMAi.i^E (Barthélémy, dit Borlholef.),
peintre belge, né à Liège, en 1614, mort dans la
même ville, en 1675. Fils de Renier Flémaile,
peintre sur verre, il étudia lui-môme la peinture
sous Henri Trippey et Gérard Douffet. 11 quitta
Liège à l'âge de vingt-quatre ans , visita l'Italie,
et se rendit ensuite à Paris, où il peignit plusieurs
tableaux, entre autres Le Prophète Élie enlevé
aiicielsurun char de/eu , àla coupole de l'église
des Carmes déchaussés; — une Adoration des
î'owpourle couvent des Grands-Augustins ; — un
Plafond aux Tuileries. Il revint à Liège en 1647,
habita quelque temps Bruxelles , puis retourna à
Paris en 1670, et y fut nommé membre de l'Aca-
démie de Peinture. Il ne tarda pas à rentrer dans
891 FLÉMALLE
sa ville natale , et obtint une prébende dans l'é-
glise collégiale de Saint-Paul.
Les trois frères de Flémalle , Henri , Guil-
laume et Renier, cultivèrent aussi les arts; le
premier fut orfèvre, le deuxième peintre sur
verre , le troisième peintre à l'huile.
Becdelièvre-Hamal, Biographie Liégeoise, t. U.
FLEMING (46ra/iam), érudit et traducteur
anglais , né à Londres , vivait dans le seizième
siècle. Sa vie est inconnue, mais ses ouvrages
méritent d'être cités, puisqu'ils contribuèrent à la
connaissance des lettres anciennes en Angleterre.
En 1575, Fleming publia une traduction des
Bucoliques de Virgile avec des notes, et en
1589 une nouvelle traduction des Bucoliques
et des Géorgiques, dédiée à Wbitgift, archevêque
de Cantorbéry. Il surveilla, corrigea et compléta
la Chronique d'Holinshed en 1585. On a encore
de lui : une traduction des Variée Nistorias d'É-
lien, sous le titre d'yElian's Registre of Histo-
riés ; 1576, in-4"'; — Certaine sélect Epïstles
of Cicero into english; Londres, 1576, in-4";
— Panegyric o/ Baldness, traduit du grec de
Synesius; Londres, 1579,i'n-12; — A Mémorial
qf the charitable Aimes Decdes nf William
Lambe, gentleman of the chapel uncler
Henri VIII, and citizen qf London ; Londres,
1580, in-S"; — The Baille between the Virtues
and Fices ; Londres, 1582, in-S"; — The Dia-
mant qf Dévotion , in six parts; Londres,
1586, in-12; et divers autres ouvrages peu im-
portants.
Son ffère Samuel l'aida à confectionner l'index
de la Chronique d'Holinshed, et écrivit en latin
une Vie de la reine Maile.
Warlon, History of Poetry. — Chalmers, General bio-
graphical Victimiary,
FLEMING (Patrick o[\ Christophe), théolo-
gien, nédans le comté de Louth, le 17 avril 1 599 ,
massacré près de Prague, le 7 novembre 1631 . Ses
parents, qui le destinaient à l'état ecclésiastique ,
l'envoyèrent en Flandre à l'âge de treize ans,
et !e confièrent aux soins de son oncle maternel,
Christophe Cusack , directeur des collèges de
Douay, Tournay, et d'autres établissements fon-
dés dans cette province pour l'éducation des
jeunes catholiques irlandais. Après avoir étudié
quelque temps à Douay , il passa au collège de
Samt-Antoine à Louvain, où il entra dans l'ordre
des Franciscains , et changea son nom de bap-
tême Christophe contre celui de Pairick. En
1623, ayant complété ses études philosophiques
et théologiques, il partit pour Rome. Sur son che-
min il j'encontra à Paris Hugh Ward , et l'en-
gagea à écrire les vies des saints irlandais. Ar-
rivé à Rome, il lui envoya à ce sujet de nombreux
matériaux manuscrits. Dans cette ville il con-
tinua ses études au collège irlandais de Saint-
Isidore. Il devint ensuite professeur de philoso-
phie au collège de Saint-îsidore, puis à Lonvain.
De Louvain il se rendit à Prague comme direc-
teur du couvent de l'Immaculée-Conception et
— FLEMIiNG 892
professeur de théologie. II y resta jusqu'au siège
de Prague par l'électeur de Saxe. Il tenta alOïs
de s'enfuir avec un de ses confrères nommé
Matthieu Hoar; mais tous deux tombèrent entre
les mains de paysans armés, qui les massacrèrent.
On a de Fleming : Collectanea sacra, seu
sancti Columbani, Hiberni abbatis.... nec
non aliorum aliquot , e vetere ibidem Scotia
seu Hilyernia antiquorum sanctorum acta et
opuscula, nunquam antehac édita....; Lou-
vain, 1667, in-fol. — Vita rev. patris Hugonis
C'flveZiî* (Mac-Càghwell); 1626; — Chronicon
consecrati Pétri Ratisbonse. Un confrère de
Fleming, Francis Magenis , publia, en tête des
Collectanea sacra un récit de la mort de ce
théologien, sous le titre de : Historia mar-
tyrd venerabilis fratris Patricii Flemingi.
Vi'are, Ireland (éciU. de Harris). — W^adding, Scrip-
tores Ordinis Minorutn. — Moréri, Grand Dictionnaire
historique.
FLEMING {Robert), théologien écossais, né à
Bathens (comté de Tweeddale), en 1630, mort
en 1694. Il fut élevé à l'université d'Edimbourg
et à celle de Saint-André, où «il étudia la théo-
logie sous le célèbre Samuel Rutherford. Il obtint
une place de professeur à Cambuslang , dans le
Clydesdale, et il la perdit en 1662, lorsque le
gouvernement essaya d'établir l'épiscopat en
Ecosse. En 1673, il lut emprisonné comme non
conformiste, mais il recouvra bientôt sa liberté,
et se rendit en Hollande, où il officia comme mi-
nistre delà congrégation écossaise à Rotterdam.
On a de lui divers livres de controverse ; le plus
connu, intitulé The Fulfilling of the Scriptu-
res, parut d'abord en trois parties séparées, qui
furent réunies en 1726, in-fol. Cet ouvrage, qui
est précédé de la vie de l'auteur, est très-popu-
laire parmi les dissidents calvinistes.
Chalmers , General biographioal Dictionary.
FLEMING (Caleb), ministre anglais, né h
Nottingham, en 1698, mort en 1779. Il fit ses
études dans sa ville natale et à Warrington.
Après avoirirefusé une place dans l'Église an-
ghcane, il fût choisi pour prédicateur d'une
congrégation de dissidents dans Barthclomew-
Closeà Londres. En 1752 il devint assistant du
docteur James Foster à Pinnershall, et fut
plus tard le seul pasteur de cette congrégation.
II composa un grand nombre de panipliiets reii;
gieux, qui firent peu de bruit en leur temps et
qui sont tout à fait oubliés aujourd'hui. D'après
Kippis, son style, original et vigoureux, manque
souvent de clarté et toujours d'élégance. Suivant
le même auteur, Fleming était un socinien très-
zélé, ennemi déclaré de la tyrannie civile et ec-
clésiastique.
Kippis, fJ/e of Lardner. — Clialraers, General bio-
graphicul Dictionary.
*FLEMïSG (C/ia7-Zes) , philologue et littéra-
teur anglais, né en 1806, à Perth (Ecosse). Il
fit ses premières études à l'école communale
de sa ville natale , et ses humanités à l'ancienne
école supérieure d'Edimbourg. Il était à l'uni-
893
FLEMING — FLEMMING
vei'Pité de Glascow quand il fut appelé à profes-
ser à l'école communale de Perth. En 1826 il
vint en France, où il s'occupa exclusivement de
l'étude du français. De 1829 à 1831 il professa
l'anglais au collège Lonis-le-Grand , et de 1844 à
1848 à l'École Polytechnique. M. Fleming s'est
fait connaître comme grammairien et comme
critique. Outre des ou^Tages , didactiques • ou
élémentaires publiés de 1837 à 1843, on a de
lui : Grand Dictionnaire. Anglais-Français et
i'ï'rançaw-yl?iy ^ftîs, en collaboration avec Tibbias;
Paris, Didot, 1839-1840, 2 vol. in-4°; c'est le
i)Ii3S complet en ce genre ; — un travail raisonné
■ourles Difficultés de la Langîie Anglaise; —
et une édition classique du Coriolan de Shaks-
peare avec traduction et annotations critiques et
littéraires. W. de Suckau.
Documents particuliers.
FLEMMING OU FLESIMYKGE {Richard),
prélat anglais , né à Crofton, dans le comté de
York, vers 1360, mort en 1431. Élevé à Oxford,
il obtint en 1406 la prébende de Soulh-Nevvbold
dans l'église d'York, et l'année d'après il de-
vint proviseur à l'université d'Oxford. Il com-
mença par être un sectateur zélé de Wickleff ,
et il convertit plusieurs personnes aux doctrines
de cet hérésiarque ; mais il ne tarda pas à pro-
fesser des opinions tout à fait contraires. Il fut
nommé, en 1415, prébendaire de Langforddans
la cathédrale d'York , et élevé en 1420 au siège
épiscopa! de Lincoln. Il assista, en 1424, au con-
cile de Sienne , assemblé pour continuer contre
les hussites l'œuvre du concile de Constance. 11
s'y distingua assez pour devenir le favori de
Martin V, qui l'aurait élevé à l'archevêché d'York
si le roi et le chapitre ne s'y fussent opposés.
Eu 1428, Flemming exécuta le décret du concile
de Constance qui ordonnait de déterrer et de
livrer aux flammes les os de Wickleff. Ce prélat
fonda le collège Lincoln à Oxford.
Biographia r.ritannica. — Chalmcrs, Hist. of Oxford.
— Wood , Collèges and Halls.
FLEMMING {Robert), philologue anglais,
neveu du précédent, né vers 1415, mort en
1483. Il futéievé à Oxford, probablement au col-
lège de Lincoln, qui venait d'être fondé par son
oncle, et devint doyen de Lincoln en 1451. Il
voyagea ensuite en Italie , et visita les principales
universités. Parmi les hommes éminents dont il
suivit les leçons, on cite surtout Baptiste Guarini,
professeur de grec et de latin à Ferrare. De là
Flemming se rendit à Rome , où il se lia avec
Barth. Platina , bibliothécaire du Vatican. Il se
fit aussi connaître du pape Sixte TV, et pendant
un séjour d'été à Tibur ou Tivoli, il composa
à la louan.i^e de ce pontife un poème latin en
deux livres. Le pape en fut si satisfait qu'il
choisit l'auteur pour protonotaire. Nous n'avons
de ce poëine, intitulé Lucubrntlones Tihuvtinœ,
(;u'un pelit nombre de vers que cite Leland, et dont
il loue l'élégance. Flemming rapporta d'Italie
plusieurs livres curieusement enluminés ; il les
légua à la bibliothèque du collège de Lincoln avec
quelques ouvrages de sa propre composition ,
parmi lesquels Leland, Baie et Pits mentionnent :
Dictionarium Grseco- Latinum ; — Cannina
diversi generis ; — Epistolarum ad diversos
Liber unus.
Bioqraphia Britannica. — Ctialmers, llniversal bio-
grapliical Dictionary.
FLEMMING {Claude), homme d'État sué-
dois, natif de la Finlande, mort le 13 mai 1597.
Nommé chevaher par Éric XIV, il devint pres-
que en même temps conseiller d'État. ïl assista
au siège de Bohus, au mois de février 1563, et
après le combat naval livré entre Gottland et
(Eland , le 30 mai 1 564, il remplaça l'amiral Bagge,
fait prisonnier, et ramena à Elfsnabben les débris
de la flotte. En juillet 1570 , Flemming livra
aux Danois , sur la côte de Scanie , une bataille
dont le résultat fut la prise du vaisseau Bioern.
Un calme survenu ensuite empêcha les autres
bâtiments ennemis d'avoir le même sort. Néan-
moins, les Suédois restèrent maîtres de la Bal-
tique pendant la saison d'été. Flemming ne con-
tribua pas d'une manière moins décisive à l'af-
faire de Narva (1581). Son dévouement à la
couronne lui valut le titre de maréchal d'État et
bientôt après le commandement de l'Esthonie, si
vivement attaquée alors par les Russes. Au mois
d'août 1591, il se mit en campagne, entra brus-
quement dans le Pleskow, et engagea une action
qui tourna à l'avantage des troupes suédoises et
fut suivie d'une nouvelle et complète victoire,
qui coûta la vie à 6,000 Russes. Les hostilités
furent interrompues par la mort du roi Jean,
survenue le 17 novembre 1591, et par la mau-
vaise saison. On négocia pour la paix. Des
troubles éclatèrent ensuite à l'intérieur entre le
régent Charles, duc de Sudermanie , et le jeune
roi Sigismond : Flemming se prononça pour ce
dernier. On a conservé une lettre qu'il écrivit à
cette époque à son ami Olof Elfkariy ; » J'ai affaire,
y dit-il, à trop de gouvernants, mais j'entends
n'obéir qu'à un seul, le roi Sigismond. Qu'on
vienne m'en imposer un autre, et je donnerai sur
la tête à ceux qui se présenteront dans ce but. " 11
tint parole, résista aux suggestions, aux menaces,
et procura à Sigismond une flotte avec laquelle
ce prince aborda dans la capitale de la Suède.
Malheureusement pour Sigismond, les Suédois
lui étaient peu favorables : on lui supposait le
dessein de faire dominer le catholicisme dans le
royaume. Flemming était moins populaire en-
core : on lui imputait tous les abus reprochés
au dernier règne; par exemple, l'état fâcheux
où se trouvaient les finances. Mais Flemming
n'eut pas de peine à se justifier: il prouva même
que Tonde du roi était pour beaucoup dans ce
désordre. Quant au roi, loin de retirer sa fiueur
à Flemming, il lui confirma ses dignités et on
augmenta le nombre. Il combla même les parents
et alliés de ce personnage. La paix, conclue enfin
avec la Russie, au mois de mai 1595, lui |)ermit
895
FLEMMING
89G
de songer à se rendre indépendant du duc de
Sudermanie. llcoinptait avec quelque raison sur
la Finlande , dont la population était attachée à
ses rois légitimes. En vain le duc essaya-t-il de
négocier avec Flemming ; on ne demandait à ce
dernier que de quitter la Finlande et de venir en
Suède. Flemming n'eut garde d'obéir : il lui fal-
lait, répondit-il, un ordre exprès du roi. Celui-ci,
menacé lui-même par l'ambition de son oncle,
intima au contraire à Flemming l'ordre de se
tenir dans sa province. C'est alors que le duc
de Sudermanie publia une lettre , en date du 2
décembre 1595, dans laquelle Flemming dé-
clarait que la Finlande était indépendante du
royaume. Une guerre civile était imminente. Les
paysans prirent parti contre Flemming. Il s'a-
vança alors pour les combattre, le 23 décembre
1596, et n'eut pas de peine à dissiper après
quelques rencontres des hordes étrangères à
l'art de la guerre. Dans une de ces actions, les
paysans perdirent cinq mille des leurs; dans
une autre affaire , ils firent une perte supérieure
encore, quoique soutenus par le duc de Suder-
manie, qui leur avait envoyé pour les diriger un
guerrier éprouvé. Des avantages si chèrement
acquis affligèrent Sigismond, qui exprima ses
regrets dans une lettre adressée à Flemming.
Celui-ci ne survécut pas longtemps à ces san-
glantes victoires ; le poison, dit-on, trancha su-
bitement ses jours. La fortune de Sigismond dis-
parut en même temps. Vaincu à Linkœping par
le duc son oncle, il dut abandonner au vainqueur
sa couronne.
Ersch et Gruber, Allg. Enc. — Geyer, Hiit. de Suéde.
FLE.'MMiNG (Pciul), poëtc allemand, naquit
le 17 octobre 1609, à Hartenstein , dans le dis-
trict de Schœnburg (Saxe), où son père était
pasteur, et mourut à Hambourg, le 2 avril 1640.
Après avoir reçu dans la maison paternelle une
excellente instruction élémentaire, il entra à l'é-
cole normale de Misnie, et alla ensuite étu-
dier la médecine à l'universi*5 de Leipzig. Les
troubles excités par la guerre de Trente Ans le
décidèrent à se rendre, en 1633, dans le Hol-
stein, où le duc Frédéric était sur le point d'en-
voyer une ambassade à son beau-frère le tsar
de Russie Michel Fœdorovitch. Avide de s'ins-
truire, le jeune Flemming sollicita la faveur
d'accompagner l'ambassadeur : il l'obtint, par-
tit, et revint dans le Holstein en 1635. Bientôt
après , il reçut la permission de se joindre à
une nouvelle ambassade, plus brillante encore,
que le duc envoyait en Perse, afin de procurer
à ses États des avantages commerciaux. La
première partie du voyage ( voy. Olearius ) se
fit par mer; on mit à la voile le 27 octobre
1635, et l'on arriva le 3 août 1637 à Ispahan,
où l'on resta plus de cinq mois. On revint par
Moscou. Après un séjour de trois mois environ
dans cette dernière ville, Flemming en repartit,
au mois de mars, passa par Revel, où il se fiança
avec la fille d'un riche négociant, et revit enfin
sa patrie, qu'il avait quittée depuis quatre ans.
Comme il avait l'intention de s'établir à Ham-
bourg et d'y exercer la médecine, il se remit en
route dès l'année suivante (1640), pour aller
prendre ses degrés à Leyde. Mais , à peine de
retour à Hambourg, il mourut.
Flemming, doué d'une vive imagination et plein
d'admiration pour Opitz , le chef de l'école siié-
sienne, avait la passion des vers : il en fit en latin
et en allemand. Ses chansons et ses sonnets n'ont
paru qu'après sa mort, sous ce titre : Poëmes
religieux et mondains (léna, 1642 ). Plein
d'esprit et d'indépendance, le poète unit à une
sensibihté exquise le plus aimable enthousiasme.
Lorsqu'il décrit ses aventures, on admire autant
l'élévation que l'énergie de la pensée et de l'ex-
pression ; s'il peint d'autres événements ou les
phénomènes de la nature, ses tableaux respi-
rent la grâce et offrent un charme qui n'appar-
tient qu'à lui. Toutes ses productions portent
l'empreinte du génie. C'est à lui qu'on doit
aussi le beau cantique allemand : Bans toutes
mes actions, etc. M. Schwab a publié à Stutt-
gard, en 1820, un choix des poésies de Flemming,
qui ont aussi été comprises par Guillaume
Millier dans sa Bibliothèque des Poètes alle-
mands du dix-septième siècle (Leipzig, 1822,
t. m, petit in-8°) [Enc. des G. du M.]
Conversat.-Lex.—WoUt, Bncyclop, derDeut. Nat. Ut.
FLEMMiiXG {Jînns Heinrich, comte de),'
général poméranien, né le 9 mai 1632, mort le
28 février 1706. Il fréquenta d'abord plusieurs
universités, voyagea en France , et servit sous
l'amiral Ruyter et sous Steinberg, capitaine de
la garde hollandaise. En 1657, il se rendit à
l'armée de Brandebourg, qu'il suivit en Pologne.
Après la guerre, il devint adjudant général dans
les troupes impériales. Rappelé ensuite par l'é-
lecteur Frédéric-Guillaume F"", il repassa par
divers grades jusqu'à celui de colonel. C'est en
cette qualité qu'il commanda les Brandebour-
geois auxiliaires de l'armée de Pologne conduite
par le prince Michel contre les Turcs. 11 assista
ensuite avec les armées alliées au siège de Nar-
den et à d'autres affaires. Il se fitremarquer
ainsi du prince d'Orange, qui voulut se l'attacher ;
mais Flemming préféra marcher à la tête des
Brandebourgeois contre les Français en Alsace.
Plus tard, il fut commandant de la place de
Dantzig. En 1680 il passa au service de Bruns-
wick-Lunebourg, avec le titre de général major,
et en 1681 il devint lieutenant-feld-maréchal
dans l'armée de la Saxe électorale , et contribua
à la levée du siège de Vienne. 11 fut nommé
feld-maréchal en 1687. Rappelé à la cour de l'é-
lecteur Frédéric HI en 1690, il y devint con-
seillei- de guerre et d'État, feld-maréchal.général
et gouverneur de Berlin et de Cologne. Il prit
part, jusqu'à la paix de Ryswick, à la campagne
sur le Rhin, et se retira en 1698.
Hirscliing, Hist. Uter. Handb.
FLEMMING {Jacques-Heuri) ,homm& d'É-
897
FLEMMING — FLÊRS
898
tat suédois au service de Saxe, mort à Vienne,
le 30 avril 1728. Après avoir suivi les cours
universitaires, il visita l'Angleterre en 16S9,
entra ensuite au service de l'électeur de Brande-
bourg, prit part aux sièges de Kaiserslautern et
de Bonn, et se distingua tellement à la bataille de
Fleurus, en 1690, qu'il fut nommé adjudant du
généralissime. E fit ensuite , sous le maréchal
Schomberg, la campagne d'Italie, et se trouva à
îa bataille delà Marsaille, en 1693. Bientôt après
il servit sous l'électeur de Saxe, Jean-Georges,
en qualité de colonel et d'adjudant général , et
conserva ce dernier grade sous Frédéric-Auguste,
qui le députa vers l'empereur Léopold, au sujet
de l'élection de Pologne. Il représenta ce prince
le jour même de cette élection (1697), et con-
tribua au succès de Frédéric-Auguste. Le nou-
veau roi de Pologne se montra reconnaissant :
Flemming fut nommé général major, conseiller
secret de guerre et maître général des postes
en Saxe. A Varsovie, oîi il accompagna le roi, il
fut élevé à la dignité de grand connétable de
Lithuanie. Lors de la guerre de Suède, Flemming
fit capituler la ville de Marienbourg , et s'empara
de la place, qu'il appela depuis Augustenbourg.
Il fit payer cher à Charles XII la victoire de
Clissow et d'autres succès, que le manque
d'hommes ne lui permit pas d'empêcher. Le roi
de Suède ayant demandé, lors de la conclusion
de la paix, l'extradition de Flemming, qu'il ré-
clamait comme sujet suédois, ce personnage,
voulant éviter des embarras au l'oi de Pologne,
se retira à Brandebourg. Cet exil ne fut pas de
longue durée. En 1707, Auguste II le nomma
général de cavalerie, gouverneur de Sonnenstein,
Kœnigstein, etc. En 1710, après la bataille de
Pultawa, le roi de Pologne,rentré dans Varsovie,
«onféra à Flemming le commandement général
de sa garde. Lorsque la guerre avec la Suède se
ralluma, il fut nommé feld-maréchal général,
président du conseil de guerre et ministre d'É-
tat dirigeant. En 1712 il commanda l'armée
saxonne ; étant entré ensuite dans la Poméranie
avec les troupes danoises et brandebourgeoises,
il y remporta de tels succès que le général
Steinbeck se rendit avec son armée , que le roi
Charles XII battit en retraite ( 1715) , et qu'en-
fin Stralsund et Wismar tombèrent au pouvoir
des armées alliées. Les troubles qui éclatèrent
quelque temps après en Pologne déterminè-
rent le roi Auguste à envoyer Flemming dans ce
pays avec une armée. Ce général fut encore vic-
torieux : il battit près de Sandomir les révoltés,
dits les confédérés, qui s'étaient déjà emparés
de plusieurs places, et reprit Zamosk ( 1715).
Il dirigea alors à Rava les négociations ouver-
tes en vue de la paix; mais l'issue en fut
si contraire à son attente, que, se trouvant éloi-
gné de l'armée campée à Varsovie, il dut se re-
tirer en toute hâte vers le roi, qu'il accompagna
aussitôt après à Dantzig, où se trouvait alors
Pierre le Grand. Les deux souverains décidèrent
NOUV. BIOGK. GÉNÉR. — T. XVII.
qu'on reprendrait les négociations avec les con-
fédérés, et qu'il sei'ait ouvert un congrès d'abord
à Lublin, ensuite à Varsovie. L'activité, les lu-
mières de Flemming contribuèrent à amener
une convention qui rétablit le calme en Pologne
et resserra les liens de sympathie entre ce pays
et le roi Auguste : ce résultat lui valut de nou-
veaux honneurs. Il reçut le commandement gé-
néral des troupes allemandes en Pologne, celui
de la garde polonaise de la couronne et d'un ré-
giment de dragons. Ces faveurs, quoique juste-
ment méritées, soulevèrent un tel mécontente-
ment au sein de la diète , que Flemming y re-
nonça, en 1724.
Ersch et GrMbei.'.AUg. Enc.
FLERS {Charles de), général français, né
en 1766, guillotiné le 4 thermidor an ii (22 juil-
let 1794). Il était officier dans un régiment de
cavalerie lorsque éclata la révolution. Il embrassa
le parti des réformes, et fut en, 1791 , promu au
grade de maréchal de camp. En 1792, sous les
ordres de Dumouriez, il se distingua dans un
combat livré devant le camp de Maulde, et fut
grièvement blessé. Il commanda ensuite une di-
vision de l'armée française qui envahit la Bel-
gique et la Hollande, et, en février 1793, il défen-
dit courageusement Breda contre les forces su-
périeures des coalisés. Forcé de capituler le
2 mars, il sortit de la place avec les honneurs
de la guerre, et s'enferma dans Tournay. Appelé,
en juillet suivant, à remplacer Servan dans le
commandement en chef de l'armée des Pyrénées,
et n'ayant que dix mille combattants à opposer
aux trente mille de don Ricardos Carillo, il ob-
tint d'abord quelques succès ; mais la fortune
l'abandonna bientôt : battu à Merden et dans
trois autres affaires, il vit les Espagnols s'empa-
rer de Bellegarde et de Villefranche. Ces revers
lui furent imputés à crime, et, malgré un avan-
tage remporté devant Perpignan, le 17 juillet, il
fut accusé de trahison, arrêté par ordre des re-
pi'ésentants du peuple présents à l'armée , di-
rigé sur Paris, el enfermé au Luxembourg.
Traduit devant le tribunal révolutionnaire comme
complice de la prétendue conspiration des
prisons , il fut condamné à mort et exécuté dans
la même journée. H. Lesueur.
Biog. moderne, 6dlt. de 1806. — Arnault, Jay, et Biog.
nouv. des Contemporains,
* FLERS {Camille), peintre paysagiste fran-
çais, né .\ Paris, le 16 janvier 1802, élève de
Paris, fut un des premiers à rompre, vers 1830,
avec les traditions du paysage historique. Cher-
chant avant tout la réalité, il voulut peindre la
nature dans sa simplicité. Ses tableaux joignent
à des qualités de coloris incontestables une cer-
taine poésie naturelle , une teinte de mélancolie
douce qui porte à la rêverie; mais sa peinture a
])cu (l'effet en général, et sa couleur, quoique
liarmonieuse, abuse souvent des tons jaunes.
M. Louis Cabat, qui fut pendant quelque temps
l'élève de Fiers, a à son tour réagi sur son
29
899
FLERS - FLESSELLES
9U0
maître, mais sans lui faire perdre sa manière et
son originalité. Depuis le salon de 1831, où
M. Fiers envoya le Village de Pissevache, on
a remarqué de lui aux expositions : Moulin à
eau sur la Marne (1833); ~ Vue prise à La
Meilleraye (1834); — Animaux dans un pâ-
turage ; Route en Normandie; Environs
de Dunkerque (1835); — Ruines du châ-
teau d'Arqués (1836); — Le Moulin de
Brisepot; Environs de Compiègne { i837 ) ;
— Le Moulin de la Loucque; Vile de Sa-
mois (1838); — Vue prise au Bas-Meudon
(1839); — Environs de Toucques; Le Mou-
lin de Chelles (1840); — Souvenirs du
marché de Toucques (1841); — Vues des
environs des Prés Saint-Gervais ( 1844) ; —
Environs de Dole; Environs de Beauvais
{ 1845); — Bords de la Marne; Bords de la
Seine; Ile Saint-Ouen ( 1847): — Cabanes de
Pécheurs; Le Moulin de Cailloux ( 1848); —
Inondation à Charenton ; Entrée de bois à
Montfermeil ; Vue prise à Saint-Maur;
Parc aux huîtres à Dieppe (1849); — Vue
prise à Saint-Denis (automne); —Moulin à
eau aux environs d'Aumale ( 1850); — Moic-
lin du Cardonoix; Une Cour à Gonesse
( 1853). A l'exposition universelle de 1855, il y
avait de M. Fiers Les Quatre Saisons , repré-
sentées par quatre paysages et caractérisées par
les arbres en tleurs, les moissons, les feuillages
jaunissants et la neige.
M. Fiers ne s'en est pas tenu à la peinture
à l'huile; il a fait aussi de bons paysages au
pastel , qui sous sa main acquiert des qualités
solides. Il a révélé, en 1846, dans un article du
journal L'Artiste les moyens employés par lui
pour appliquer le pastel au paysage.Dans ce genre,
on cite de M. Fiers : Environs de Saint-Maur ;
Marais aux envii'ons d'Aumale (1843); — La
Butte de Chelles ; Environs de Charenton, ef-
fets de brouillard (1844); — Village de Saint-
Pierre dans le bas Valais; La Côte des deux
Amants ; Environs de Dunkerque (1845);
— Vue prise à Garches ; Vue prise à Trou-
ville ( 1846); — Bords de la Seine, près des
Andelys; Camp de Saint-Maur (1849); —
Vue prise à Quillebeuf ( 1850).
M. Fiers a obtenu une médaille de troisième
classe en 1840 ; une médaille de deuxième classe
en 1847, et la croix de la Légion d'Honneur en
1849. L. LouvET,
p. Mantz, Dict. de la Conv., suppl, à la !'■'* édition.
FLESSÈLE ou FLESSELLES ( Philippe DE ),
médecin français, né vers 1560, mort à Paris, le
20 mars 1561. Il fit ses études médicales dans la
faculté de Paris, fut reçu licencié en 1526oul527,
et docteur à la fin de 1528. Il devint médecin or-
dinaire du roi de France François l^^^, et fut main-
tenu dans cette charge sous Henri II, François II et
Charles IX. Flessèle a laissé une réputation peu
honorable ; s'il posséda quelque talent, sa basse
jalousie et ses intrigues contre ses rivaux, prin-
cipalement contre Fernel, en tei'nirent l'éclat;
il mourut riche, et fut enterré dans la chapelle
de la Madeleine de l'église Saint-Gervais.
Il avait épousé Guilleraette de Machault, qui
lui survécut jusqu'au 5 novembre 1586, et
fut inhumée près de lui. On a de Flessèle : Intro-
duction pour parvenir à la vraye cognoissance
de la chirurgie , avec une Épitre dédicatoire
(en latin) adressée à OdetdeColigny, cardinal de
Chatillon; Paris, 1547, in- 8°; suivant van der
Linden et quelques autres, il a été fait une tra-
duction latine de cet opuscule, sous le titre de
De Chirurgia, Paris, 1553, in-12 ; il en existe
une autre édition, intitulée : Introduction
pour servir ù la vraie connaissance de la
chirurgie pratique, avec une Apologie pour
les chirurgiens et plusieurs Paradoxes , en
forme d'aphorismes, très-utiles pour la pra-
tique de la chirurgie ; aussi un Traité pour
la Pratique de la Chirurgie; Paris, 1635,
in-12. « Cette production, dit Éloy, déjà très-
mince par le fond , est d'autant moins lue au-
jourd'hui que l'auteur y a fait passer le galé-
nisrae qui dominait alors dans les écoles. »
Van der Lindon , Du Script, medicis. — Eloy, Diction-
naire historique de la Médecine. — Lacliaisc et Londe,
dans la tliog. médicale.
FLESSELLES (Jac^ztes dk), magistrat fran-
çais, de la famille du précédent (1), né en 1721,
massacré le 14 juillet 1789. Il fut le dernier pré-
vôt des marchands (2) de la ville de Paris et l'une
des premières victimes des vengeances popu-
laires lors de la révolution française. Nommé très-
jeune maître des requêtes , il était en 1765 in-
tendant de la province de Bretagne, et partageant
l'animosité du d uc d' Aigui lion et du comte de Saint-
Florentin, il se signala par son acharnement con-
tre le procureur général La Chalotais (voy. ce
nom). Récompensé par la cour pour sa conduite
dans cette occasion, il fut appelé à l'intendance
de Lyon en 1767. Il s'y fit aimer par des mœurs
douces, faciles, ainsi que par le zèle qu'il déploya
pour les intérêts de cette ville. Il y créa plusieurs
étabhssements utiles, et y institua en 1777, pour
le perfectionnement de la teinture des soies en
noir, un prix de 300 livres (3). En 1784 Fies-
selles fut nommé conseiller d'État, et devint en
1788 prévôt des marchands de Paris, en rempla-
cement de Louis Le Pelletier de Morfontaine.
Selon tous les historiens , il n'avait ni l'énergie
ni les talents nécessaires pour occuper une place
semblable dans un moment aussi difficile. Hommej
de plaisir, d'un caractère léger, incertain, il sej
trouva bien au-dessous des circonstances, et futj
écrasé en essayant de rester en équilibre entre;
les deux partis qui étaient en présence. Le ren
(i) U était petit-neveu de Léonor de Flesselles, mar
qiiis de Urégy {voy. Brégy).
(2) C'était le nom que l'on donnait sous l'ancienne rao-
narchie au premier magistrat de la ville de Paris, Les
fonctions de eette charge étaient à peu près ce que sont
aujourd'hui celles du préfet de la Seine.
(3) Ce prix fut accordé la même année à Jacques La;
fon'd.
1
I
90Î
FLESSELLES — FLETCHER
902
voi de Neclîer venait de provoquer des démons-
trations inquiétantes, et tout annonçait une pro-
chaine collision. Lié par une communauté d'opi-
nion avec le nouveau ministère, Flesselles servait
les intrigues de la cour, et en même temps ,
dans les réunions publiques , il affectait le lan-
gage d'un démocrate. Comme beaucoup d'autres,
il s'obstinait à ne voij' dans l'effervescence gé-
nérale qu'un désordre populaire facile à châtier.
Selon sa pensée, quelques régiments suisses ou
allemands devaient aisément combattre et arrêter
l'insurrection. Son espoir était dans les troupes
dont le baron de Bezenval disposait aux envi-
rons de Paris, et toute sa politique se bornait à
gagner du temps. Il avait d'abord cru que l'an-
cien conseil des échevins pourrait subsister à
côté de la nouvelle assemblée toute- puissante
des électeurs de Paris réunis à l'hôtel de ville.
Le 12 juillet il sentit enfin qu'il fallait s'absor-
ber dans l'élément révolutionnaire. Un comité
central se forma , composé d'électeurs et d'é-
chevins ; la présidence en fut déférée au prévôt
des marchands. Mais les soupçons les plus vio-
lents ne tardèrent pas à s'am,asser sur la tête de
ce magistrat. Dans les journées des 12 et 13 juil-
let , les citoyens, voulant se former en garde ci-
vique, réclamaient avec instance des armes et
des munitions. Flesselles , fidèle à son plan de
temporisation, leur délivrait des ordres pour aller
tantôt aux Chartreux chercher des fusils, tantôt à
l'Arsenal prendre des cartouches qu'il savait ne
pas exister, tandis que lui-même « gardait les
clefs des magasins de la ville où étaient les armes
et les canons (1) appartenant à la cité ». Aux ac-
cusations formulées contre lui par les députés des
rassemblements du Palais-Royal et ceux des dis-
tricts des Blancs-Manteaux, de Saint- André-des-
Arts et des Mathurins , il répondait avec embar-
ras : « Je me suis trompé, » ou « Onm'a trompé. »
L'orage éclata le 14 ; le peuple, conduit par les
gardes françaises, s'empara de la Bastille, après
une lutte qui n'aboutit qu'à exaspérer les esprits,
déjà trop exaltés. Les vainqueurs, enivrés par le
combat, vinrent à l'hôtel de ville annoncer leur
succès. Il était cinq heures et demie. Les accusa-
tions se renouvelèrent avec uneénergieformidable
contre de Flesselles. On avait, rapporte le .v/o-
nito»", saisi sur deLaunay, l'infortuné gouverneur
de la Bastille, une lettre dans laquelle Flesselles
écrivait : « J'amuse les Parisiens avec des cocar-
des (2) et des promesses ; tenez bon jusqu'à ce
soir, et vous aurez du renfort. » A la vue de cette
lettre, les électeurs lYancotay , de La Poëze et Ga-
ran-Coulon adressèrent de vifs reproches au pré-
vôt, qui pâlit, balbutia, et, descendant enfin de
son estrade, fit entendre ces mois : « Messieui's,
puisque je vous suis suspect, je me retire. » Quel-
ques personnes voulurent se saisir de lui et le
(1) Procès-verbal des éiectcnrs, t. I, p. 361-364.
(2) En effet, ce magistral venait d'ordonner que la
cocarde verte serait reconnue conrme signe d'opposition
contre la cour.
garder comme otage, d'autres l'écrouer au Châ^
telet; mais la majorité s'écria qu'il fallait le con-
duire au Palais-Royal pour y être jugé (1). Fles-
selles répondit : « Eh bien, messieurs , allons au
Palais-Royal. » « Messieurs, ajouta-t-il dans l'es-
calier, vous verrez chez moi quelles ont été mes
raisons ; quand vous serez à la maison, je vous
expliquerai tout cela! » Quoique pressé par la mul-
titude, il descendit sur la place sans être l'objet
d'aucune violence. Mais, à peine arrivé au coin
du quai Pelletier, un jeune homme, demeuré in-
connu, s'élança vers lui, s'écriant : « Traître, tu
n'iras pas plus loin -», et l'abattit d'un coup de
pistolet dans la tête. La foule se précipita alors
sui' son cadavre, dont on sépara la tête fracassée^
Ce triste objet fut promené sur une pique au
Palais-Royal et dans les principales rues. Le
corps fut traîné dans la fange par d'autres fu-
rieux. Flesselles avait alors soixante-huit ans.
H. Lesueur.
Moniteur urdversel , ann. 1789, n"» 20, 26 ; an. Il, ili.
— Dusaulx, Mémoires , p. 282 et suiv. — De Bezenval,
Mémoires, H, p. 363. — J.-A. Dulaure, Esquisses histo-
riques de la Révolution française , 11,107-151. — Af-
nault, Jay, etc., Biographie nouvelle des Contempo-
rains. — A. Thiers, Histoire de la Révolution fran^
çaise, liv. II. — Le Bas, Dict. encycl. de la France.
FLESSELLES (L(^o«or de). Voîj. Brégy (mar-
quis DE ) .
FLETCHER (Richard), prélat anglais, mort
le 15 juin 1596. Il était originaire du comté de
Kent, etfut reçu maître es arts en 1572. Au mois
de septembre de la même année, il obtint la
prébende d'Islington , à l'église Saint-Paul de
Londres; en 158t il devint chapelain de la reine
Elisabeth, et en 1585 11 eut la prébende deSut-
ton-Longa dans la paroisse de Lincoln. Ce fut
Richard Fletcher qui reçut la mission d'assister
à l'exécution de la reine Marie d'Ecosse à Fothe-
ringay. Il fit alors, dit-on, des efforts assez ma-
lencontreux pour convertir au protestantisme
la victime d'Elisabeth.
En 1 589, la reine d'Angleterre, qui le tenait en
grande es'time, l'appela à l'évêché de Bristol.
et eu même temps elle le choisit pour son au-
mônier. En 1592 il passa à l'évêché de Wor-
cester, et deux ans plus tard il obtint celui de
Londres. Sa faveur à la cour reçut un grave
échec par suite de son mariage en secondes noces,
avec la veuve de sir John Baker. On sait qu'E-
lisabeth voyait avec déplaisir le mariage des prê -
très. Elle reprochait particulièrement à Fletcher
de n'avoir pas su s'en tenir à une première union.
En conséquence, elle le fit suspendre de ses fonc-
tions épiscopales. Quelque temps après, l'irritation
de la reine se calma, et Fletcher recouvra sa haute
position dans l'Église. Il mourut subite'uent, à
Londres. Selon Camden, l'usage immodéré du
tabac fut l'une des causes de ce trépas imprévu.
On peut reprocher à Fletcher de s'être fait le
ministre trop complaisant des rigueurs d'Élisa-
(I) D.ins ces moments de trouble, les rasseiribleiuents
du Palais Royal s'étaient crif^és en autorité publique.
29.
903
FLEÏCHER
go-i
beth. Il a pea écrit. On trouve dans l'Ecclesias-
tical History de Collier quelques règlements de
lui à l'usage de son diocèse. V. R.
Wood, Ath. Oxon. — Biog. Brit. — Mlgnet Hist. de
Marie Stuart.
FliËTCHER (Giles), frère du précédent, di-
plomate anglais, mort en 1610. Il étudia à Eton
et à Cambridge, où il prit ses degrés. Les talents
qu'il annonça de bonne heure lui méritèrent,
l'estime de la reine Elisabeth, qui l'employa à
diverses négociations , en Ecosse, en Allemagne
et dans les Pays-Bas. En 1588 il alla en Russie,
dans le double but de conclure une alliance entre
ce pays et l'Angleterre et de rétablir la prospé-
rité décroissante de la compagnie anglaise en
Moscovie. Il réussit dans cette mission, quoi-
que entravé par les Hollandais , qui représen-
taient l'Angleterre comme vaincue par l'Espagne ,
et prétendaient que V Armada avait porté le
dernier coup à la puissance maritime anglaise. A
son retour à Londres, Fletcher fut nommé secré-
taire de la cité, maître de la cour des requêtes, et
en iuin 1597 trésorier de Saint-Paul. On a de
lui : 0/ the Russe commonwealth : or, manner
qf government by the Russe emperor, com-
monly calledthe emperor of Moskovia, ivith
the manners and fàshions of the people of
that country; 1590, in-8°, 1643, in-12, et
réimprimé dans le recueil d'Hakluyt ; — A Bis-
course concerning the Tartars, inséré dans les
Mémoires de Whiston, qui suppose, comme l'au-
teur, que les Tartares sontidentiques avec les dix
tribus israélites, transplantées en Médie par
Salmanazar.
Chalmers , Gen. biog. Dict . — Hakluyt', Navigat. —
Whiston , Memoirs.
FLETCHER (Giles), fils aîné du précédent,
théologien anglais , né vers 1588, mort en 1623.
D fut élevé à Cambridge, entra dans les ordres,
et obtint le bénéfice d'Alderton, qu'il conserva
jusqu'à sa mort. On a de lui : Chrisfs Victory
and Triumph in Heaven and Earth over and
a/ter deâth; Cambridge, 1610, in-4°, et 1632,
poëme en stances de huit vers chacune.
, Chalmers, Gen. biograph. Dict.
FLETCHER (Phinéas) , frère , du précédent,
poète et polygraphe anglais , né vers 1584, mort
vers 1650. Il étudia à Eton et à Cambridge, où il
devint maître es arts en 1608. Il entra ensuite
dans les ordres, et obtint le bénéfice de Hilgay,
dans le comté de Norfolk. Il remplit pendant
vingt-neuf ans ces modestes fonctions. Outre des
poésies diverses, on a de lui : Sicelides, drame,
1631. On en conserve une copie manuscrite dans
le British Muséum ; — De Literatis antiques
Britanniœ , prœsertim qui doctrina clarue-
runt, quique collegia Cantabrigix funda-
rMW^; Cambridge, 1632; — Purple Island, or
the Isle ofMan, poëme; 1632, 1640; — Pis-
catory Eclogues; 1633 ; Edimbourg, 1771. Cette
dernière édition est la plus correcte ; — Mis-
cellanies ; Cambridge, 1633, in-4°. Ces trois
derniers ouvrages ont été réunis et publiés en-
semble; ibid., 1633.
Biog. Brit. — Johnson et Chalmers , Engîish Poets ;
1810.
FLETCHER {Jean), poète et auteur drama-
tique anglais, né dans le Northamptonshire, en
1576, mort à Londres, de la peste, le 28 août 1625.
Fils de Richard Fletcher, évéque de Londres, il
fit ses études à l'université de Cambridge , où il
rencontra François Beaumont, qui devint bientôt
son ami et son fidèle collaborateur. Ils compo-
sèrent ensemble un grand nombre de pièces, tra-
gédies et comédies qui eurent beaucoup de vogue.
« Fletcher, ditun critique anglais de cette époque,
a été un des trois principaux poètes dramatiques
du siècle passé ( Shakspeare et Johnson étaient les
I deux autres ), entre lesquels on peut dire qu'il y
avait une symétrie de perfection , chacun ayant
i son talent où il excellait : Ben Johnson pour tra-
i vailler d'une manière finie et pour la connaissance
I qu'il avait des auteurs ; Shakspeare pour la beauté
de son génie et son élévation poétique naturelle;
I Fletcher par une élégance polie et une aimable
j familiarité de style; il avait d'ailleurs le génie
! si abondant pour l'invention, que son fidèle
! compagnon François Beaumont fut souvent obligé
: de retrancher ce qu'il y avait de superflu dans
I ses compositions. « Ce fut avec ce fidèle com-
j pagnon que lui arriva cette aventure qui a été
j souvent rapportée et attribuée à d'autres : ils
étaient dans un cabaret discu tant le plan d'une tra-
gédie et se partageant le travail : « Moi, dit Flet-
cher, je me charge de tuer le roi. >> L'aubergiste ,
qui entendit ces mots, crut à une conspiration, se
hâta d'aller la dénoncer à la police, et Fletcher fut
arrêté comme prévenu du crime de lèse-majesté.
Heureusement il était facile d'expliquer la méprise,
et tout se passa fort gaiement. Après la mort de
François Beaumont, Fletcher, qui était habitué
à la collaboration , travailla avec Ben Johnson,
Philippe Massinger, Thomas Middleton et Jac-
ques Shirley. Ses pièces les plus importantes
sont Valentinien ; The Lovers's Progress ( Le
Voyage des Amants); The Chances {Les Ha-
sards); TheCoxcomb (LeFat); The Woman-Ha-
ter (L'Ennemi des Femmes). Tous ces ouvrages
se font remarquer par une grande vivacité de
dialogue et d'esprit et surtout par une spirituelle
peinture des mœurs du temps dans lequel ils
furent composés ; plusieurs ont été traduits en
français , IP École des Épouseurs , Les Événe-
ments imprévus, etc. Ses œuvres complètes ou
choisies ont eu plusieurs éditions ; Londres, 1679,
in-fol. ; 1711, 7 vol. in-8''; 1812, 14 vol. in-8%
avec notes et préfaces par N. Weber, etc.
Hector Malot.
Langbalne , Account of the English dramatiô Poets ;
Oxford, 1691. —Philips, Modem Poets; Lond., 1675.
— Georges Colman, dans l'édition des œuvres de Flet-
cher de 177S. — Biog. Brit.
FLETCHER DE SALTOWN {André), publi-
ciste écossais, né en 1653, mort à Londres, en
1716. A la mort de son père, qu'il perdit de
905
FLETCHER — FLEURANT
906
bonne heure> il fut confié aux soins du doc-
teur Burnet, à l'enseignement duquel il dut
sans doute les principes politiques qui diri-
gèrent ensuite sa conduite. Après avoir voyagé
quelque temps à l'étranger, il vint siéger au par-
lement d'Ecosse, et s'y prononça tellement contre
les mesures arbitraires de la cour, qu'il jugea
nécessaire à sa sûreté de fuir en Hollande. On
le déclara hors la loi, -et ses biens furent confis-
qués. Il se montra de nouveau en Angleterre en
1 683, pour s'y concerter avec les amis de la li-
berté du pays, et en 1685 il alla prendre part à
l'expédition du duc de Monmouth. Mais ayant
tué , à la suite d'une altercation , un de ceux qui
en faisaient partie avec lui , il dut aussitôt quitter
l'armée. Il se rendit alors en Espagne , puis en
Hongrie, d'où il alla guerroyer contre les Turcs.
Réuni plus tard aux Écossais réfugiés en Hol-
lande', il rentra dans sa patrie lors de la révo-
lution qui précipita pour toujours du trône la
maison des Stuarts, puis il fit partie de la con-
vention chargée de réorganiser le gouvernement
écossais. Fletcher se montra toujours ami des
libertés de son pays, sans acception de partis;
il composa de nombreux écrits politiques, parmi
lesquels : A Discourse of government with
relation to Mllitias ; 1698 ; — Tioo Discourses
concerni7ig the affairs ofScotland.
Laing , Bist. of Scotland.
FLETCHER ( Jacques), historien anglais, né
en 1811, mort en 1832.11 débuta par l'enseigne-
ment, que le succès de -ses travaux histoi'iques
lui fit abandonner. Étant tombé ensuite dans des
embarras d'argent inattendus, il perdit la raison,
et se suicida. On a de lui une histoire estimée
de Pologne ( History of Poland), et un recueil
de Poésies.
Maunder, Tlie bioy. Treasury.
FLEURANCE (De). Voy. RlVAUI.T.
FLEURANGES ( Robert ///"DE La Marck, sei-
gneur de), historienfrançais, né en 1491, à Sedan,
mort à Lonjumeau, en décembre 1537. M. Pe-
titot, dans la notice qu'il lui a consacrée, le fait
naître en 1492 ou 1493; mais il ne cite aucune
indication valable pour contredire l'âge que
Fleuranges se donne lui-même dans ses Mé-
moires, en parlant de sa venue à la cour de
Louis Xn , à l'âge de neuf ou dix ans. A dix-
neuf ans , il épousa la nièce du cardinal d'Am-
boise ; au bout d'environ trois mois de mariage,
il partit pour les guerres du Milanez , se jeta
dans Vérone avec quelques troupes , et en sortit
bientôt pour lever en Flandre 10,000 hommes,
que conduisit son frère. De retour en Italie, il
reçut à la bataille d'Asti quarante-six blessures ;
son frère, le seigneur de La Mark, l'arracha seul à
une mort presque certaine, et le ramena à Lyon.
De nouveau sous les armes en 1515, il com-
manda l'arrière-garde à Marignan, eut un che-
val tué sous lui, et fut fait chevalier de la main
du roi. Puis il prit Crémone, et abandonna un
instant les combats pour une mission diplo-
matique. Fleuranges, favori de François I*"",
comme il l'avait été de Louis XII, fut chargé
par lui d'aller en Allemagne disputer la cou-
ronne impériale à Charles V en faveur du roi
de France; il échoua dans ce mandat, difficile
autant que délicat, et lutta plus heureusement
contre l'empereur élu dans les nouvelles guer-
res qui ne tardèrent pas à éclater en Italie.
Vers la même époque, tenté d'ailleurs et vaine-
ment sollicité par les offres de Charles V, il se
vit déshériter par son père comme fils ingrat et re-
belle, jusqu'au jour où le seigneur de La Mark se
lassa de servir l'Espagne et quitta le parti des Im-
périaux. Il le rappela alors à lui, pour lui faire dé-
fendre et perdre presque aussitôt tous ses biens.
Malgré ces désastres , Fleuranges et son pèi-e se
montrèrent encore en Italie, à la tête de bonnes
levées flamandes. Fleuranges fut élevé au grade de
capitaine des gardes ; peu après, se trouvant à la
bataille de Pavie aux côtés de François V, il fut
fait prisonnier presque en même temps que lui. II
ne fut toutefois pas, comme semblent le préciser
plusieurs notices, son compagnon de captivité
à Madrid. Charles V, mécontent de la défection
de Robert II de La Mark, fit souffrir le fils de
la rancune qu'il gardait au père , et le retint dans
le fort de l'Écluse, en Flandre, soumis à une
prison sévère. C'est là que « afin de passer son
temps légèrement si n'est oiseux », il écrivit
sous le titre de : Histoire des choses mémo-
rables advenues de 1499 à 1521, tout ce qui
s'était passé de remarquable dans cet intervalle.
Depuis sa captivité , pendant laquelle il iTIt créé
maréchal de France, Fleuranges n'assista plus
qu'à la défense de Péronne, en 1536. L'année sui-
vante, étant à Amboise, il apprit la mort de son
père , et partit aussitôt pour la seigneurie délLa
Mark ; il fut pris de la fièvre à Lonjumeau , où il
mourut au bout de quelques jours. Sg?, Mémoires,
peu volumineux , sont classés parmi les plus cu-
rieux de cette époque, surtout pour ce qui touche
aux coutumes et aux détails généralement cachés
ou peu connus de .cette période. Ainsi les particu-
larités abondent sur le Champ du Drap d'or,
et c'est chez lui sans doute qu'on a retrouvé au
complet cette curiosité d'une verrine ou palais
de verre, qui a excité quelques discussions ar-
chéologiques et littéraires en 1855, à propos des
premiers palais de cristal. Il y reparaît cons-
tamment sous le nom de L'Aventureux, qui
était vraisemblablement son nom familier. On
lui a quelquefois reproché , chez les étrangers
surtout, sa partialité pour la France : ce dévoue-
ment naïf n'est que l'histoire de sa vie tout
entière. Ed. Renaudin.
Dictionnaire universeli historique ;V3ir\i, 1820. — Col-
lection Petltot, Mémoires de Fleuranges.
FLEURANT {Claude), médecin français, né
à Lyon, vivait au dix-huitième siècle. Il était chi-
rurgien major de l'Hôtel-Dieu de Lyon. On a de
lui : Splanchnologie ; Lyon, 2 vol. in-12 On dit
qu'un de ses ancêtres, apothicaire à Lyon, donna
90-7
FLEURANT
à Molière l'idée du personnage de ce nom qui
ligure dans le Malade Imaginaire.
Molière, édition d'Auger, t. IX, p. 28i.
FLEtiBEAi; (Dom BasUç.) , historien fran-
çais, né vers 1620, mort vers 1680. Il entra
dans l'ordre des Barnabites de la congrégation
de Saint-Paul, et consacra presque sa vie entière
à recueillir les matériaux d'une histoire à. la-
quelle il ne put mettre la dernière main, et qui
fut publiée par un autre barnabite , dom Rémi
de Montmerlier, sous ce titre : Les Antiquités de
la ville et du duché d'Étampes ; Paris, 1683,
in-4°.
Lenglet-Dufresnoy, Méthode historique, t. IV, p. 210.
— Le P. Lelong , Bibliothèque historique de la France.
* FLEURI ( Geoffroi de), argentier deLouis X,
le premier des officiers de nos rois qui ait porté
ce titre , né dans la seconde moitié du treizième
siècle. Il entra en charge en 1316 ; mais ses lettres
de nomination ne sont que du mois de janvier
1317. L'argentier était chargé de tout ce qui con-
cernait l'habillement des princes du sang royal
et l'ameublement de leurs palais : on voit ap-
paraître cette fonction dès l'an 1285; mais elle
ne fut l'objet d'une ordonnance qu'en 1323(1).
M. Douet d'Arcq a publié, d'après un manuscrit
original de la Bibliothèque impériale (IX'' vol.
des Mélanges de Cleravibazit), un compte de
cet argentier, portant ce titre : C'est le compte
de moy Gieffroy de Flouri du XWjoîir de
jullet Van II le et XVI jusques au premier
jour de jenvier ensuivant. Louis Lacour.
Jlrch. de l'emp., registre côté J. 37. — Id., vol. ln-4°
intitulé : Comptes de l'argenterie, côte K 8. — Douet
d'Arcq, Comptes de l'argenterie des rois de trance ( I85i,
in-8°), passim.
FLEC RIAIT (Louis-Gaston), prélat français,
né à Paris, en 1662, mort le 11 janvier 1733. I!
se distingua par son savoir théologique. Après
avoir été successivement chanoine de Chartres,
abbé de Moreilles, trésorier de la Sainte-Cha-
pelle, il fut nommé, en 1698, évêque d'Aire, et
transféré en 1706 sur le siège épiscopal d'Orléans.
•A son entrée dans cette ville, il délivra 854 pri-
sonniers pour dettes. Ce prélat montra beau-
coup de zèle pour la discipline ecclésiastique. On
a publié : Ordonnances, règlements et avis sy-
nodaux tenus par Vévêque d'Orléans depuis
\1Q1 jusqu'à sa mort; Orléans, 1736, in-4''.
L'entrée de Fleuriau à Orléans donna lieu aux
deux opuscules suivants : Histoire de Ventrée
de Louis-Gaspard Fleuriau d'Armenonville;
Paris, 1707, in-4''; — Discours académique
sur Ventrée solennelle de ce même prélat;
Orléans, 1707, in- 4°.
Le P. Lclong , Bibliothèque historique de la France.
— Feller, Biographie universelle (édit. Weiss ).
FLEURIAU ( Thomas-Charles ) , historien
(1) Cette charge disparut à la révolution; le dernier
personnage qui en fut revêtu porta le titre de trésorier
de l'argenterie du roi. Les argentiers tenaient note
exacte de leurs dépenses; leurs registres contiennent de
précieux renseignements sur le commerce, l'industrie et
les mœurs du temps.
- FLEURÏEU 908
français, vivait au commencement du dix-hui-
tième siècle. Il appartenait à la Compagnie de
Jésus, et était chargé de correspondre avec les
missionnaires jésuites du Levant; il reçut un
grand nombre de lettres et de mémoires , qu'il
rédigea et publia sous le titre de : Nouveaux Mé-
moires de la mission de la Compagnie de
Jésus dans le Levant; Paris, 1712 à 1717;
7 vol. in-12; — État présent de V Arménie;
Paris, 1694, in-12; —État des missions de
la Grèce; Paris, 1695, in-12. E. B.
Journal des Savants, 1745, p. 448.
FLEURIAU (Bertrand-Gabriel), littérateur
français, né en 1693, mort vers 1765. Il entra
dans l'ordre des Jésuites, et composa quelques
ouvrages destinés surtout aux collèges de son
ordre. On a de lui : Relation des conquêtes
faites dans les Indespar D. P.-M. d'Almeida,
marquis de Casiel-Nuovo, comte d'Assamar,
traduite de Vitalien; Paris, 1749, in-12; —
Principes de la Langue Latine, mis dans un
ordre j}lus clair, plus précis et plus exact;
Paris, 1750, in-S"; — Vie du P. Claver; Paris,
1751, in-12; — Dictionnaire alphabétique
de tous les nomspropres qui se trouvent dans
Horace; cet ouvrage forme le troisième volume
d'ime édition de la traduction d'Horace du père
Sanadon , publiée par Fleuriau; Paris, 1756, 3
vol. in-12. On doit aussi à Fleuriau une édition
du Théâtre des Grecs du P. Brumoy, publiée
à Paris, 1763, 6 vol. in-12.
Feller, Biographie universelle ( édit. Weiss ). —
Quérard, France littéraire. — Barbier, Examen cri-
tique des Dictionnaires historiques.
FLEURIAU. Voy. Flebriot.
FLEURIAU. Voy. MORVILLE.
FLEURÏEU ( Charles-Pierre Claret , comte
DE ) , marin , savant et homme d'État français ,
né à Lyon, le 22 janvier 1738, mort à Paris, le
18 août 1810. Dès l'âge de quatorze ans, il entra
dans la marine. Après la guerre de Sept Ans , à
laquelle il participa activement , il se livra à l'é-
tude théorique, des sciences nautiques avec un
zèle et un succès dont les premières preuves sont
consignées dans un Mémoire sur la construc-
tion des navires. Ce Mémoire, qui lui mérita
son admission à l'Académie de Lyon , présente
les règles de l'équilibre des corps flottants, des
calculs sur l'impulsion du vent, le sillage, la
mâture , la forme de la carène , le mécanisme et
l'action du gouvernail, etc.
Le problème des longitudes occupait alors les
savants français et étrangers. Fleurieu pouvait
d'autant moins rester indifférent au mouvement
général des esprits qu'il intéressait au plus haut
degré la profession à laquelle il s'était voué.
Porté par ses goûts vers la mécanique plutôt que
vers l'analyse et le calcul , il avait conçu l'idée
d'une montre marine , presque invariable , qui
devait, pendant une longue traversée, indiquer
exactement l'heure constatée au moment du dé-
part , ce qui est la grande moitié du problème,
909
puisqu'il n'y a plus alors qu'à déterminer l'heure
du vaisseau, toujours obtenue par l'astronomie
avec la plus grande facilité et une exactitude
suffisante. Mandé à Paris par M. de Choiseul,
qui avait eu connaissance de son projet, il tra-
vailla avec Berthoud, qui l'initia aux pratiques
de son art. Promptement formé par les leçons
de cet habile maître , il fit lui-même toutes les
pièces d'une pendule à secondes , qui pendant
quarante ans n'avait rien perdu de sa régularité,
et dont il suivit la marche jusqu'à ses derniers
moments. De la communauté d'idées et de travaux
qui s'était établie entre Fleurieu et Berthoud ré-
sulta pour le premier la conviction que les pro-
cédés du second devaient obtenirla préférence sur
ceux de ses devanciers. Cette conviction, il l'ex-
prima dans un mémoire qu'il publia sous le titre
à^ Examen critique d'un mémoire publié par
M. Leroy , horloger du roi , sur l'épreuve des
horloges propres à déterminer les longitudes
en mer, et sur les principes de leur cons-
truction ; Londres et Paris, in-4°. Ce mémoire
était une réfutation de celui de Leroy, intitulé :
Exposé succinct des travaux de Harrison
et de Leroy dans la recherche des longitudes
en mer, et des épreuves faites de leurs ou-
vrages ; Paris, 1767, in-4°. Fleurieu comprit
promptement qu'une expérience des procédés de
Berthoud en démontrerait bien mieux la supé-
riorité. Berthoud désirait aussi une épreuve de
ses horloges. Elle eut lieu pendant la campagne
de la frégate L'Isis, dont le commandement fut
confié à Fleurieu, quoiqu'il ne fût encore qu'en-
seigne.
Après avoir passé près de trois mois à faire
des épreuves à Rochefort et à l'île d'Aix, L'Isis
partit au commencement de février 1 769 , relâcha
à Cadix, aux Canaries, à Gorée, aux îles du
Cap-Vert, aux Antilles, à Saint-Domingue, au
banc de Terre-Neuve, fit le tour de l'océan
Atlantique , et, après avoir de nouveau relâché
aux Canaries , à Madère et à Cadix , elle était
de retour en France le 11 octobre 1769, ayant
ainsi voyagé sous des latitudes diverses, ce qui
rendit les expériences concluantes. Le succès dé-
passa les espérances de Fleurieu. Il ne s'était
pas borné à s'assurer de la bonté intrinsèque des
instruments ; il les avait fait servir à déterminer
ou à rectifier un grand nombre de points, omis
ou mai indiqués sur les cartes , de parages très-
fréquentés, tels que la côte d'Afrique, les Cana-
ries, le Cap- Vert, les Antilles, l'océan Atlan-
tique, etc. Ce fut alors qu'il publia l'ensemble
de ces travaux sous le titi-e de : Voyage fait par
ordre du roi, en 1768 et 1769, à différentes
parties du monde , poiir éprouver en mer les
horloges marines inventées pur M. Ferdi-
nand Berthoud , etc.; Paris, imp. roy., 1773,
2 vol. in-4'', avec pi.
Fleurieu avait rassemblé une riche collection
de cartes; il se disposa à faire une histoire cri-
tique et raisonnée de la navigation. Jl préluda à
FLEURIEU 910
ce travail en révisant la traduction que Demeunier
publia en 1775 du Voyage de Phipps au pôle bo-
réal. Il était parvenu au grade de capitaine de vais-
seau ; pour se livrer complètement à ses travaux,
il offrit sa démission ; mais le roi créa en favem- du
savantmarin (1776) laplace-de directeur général
des ports et arsenaux. Dès son entrée en fonctions
il eut à s'occuper de la rédaction de l'ordonnance
du 27 septembre 1776, ordonnance qui eut entre
autres inconvénients celui de convertir les offi-
ciers de vaisseau en ingénieurs, au détriment de
leurs fonctions naturelles. Il prouva bientôt qu'il
était meilleur stratégiste qu'administrateur. Tous
les plans des opérations navales, de 1778 à 1783
furent tracés par lui , et à en juger par les seules
instructions , en entier de sa main , qu'il adressa
au heutenant général d'Orvilliers , et. qui existent
dsns ies archives du port de Brest, on peut dire
sans exagération, qu'il guida les commandants
de nos escadres,» et que si ses instructions, où
toutes les éventualités étaient prévues, avaient
été plus scrupuleusement suivies , le succès aurait
été plus complètement obtenu. La sagacité , la
clarté , la précision qui forment le caractère de
ces instructions se retrouvent dans celles qu'il
rédigea ensuite pour les expéditions de La Pé-
rouse et de D'Entrecasteaux. Louis XVI a bien
pu , comme on l'a dit , indiquer le plan général
de ces deux entreprises ; mais il y a loin de cette
donnée vague à l'itinéraire précis tracé par Fleu-
rieu, itinéraire qu'il compléta, d'abord par ses
Notes géographiques et historiqties imprimées
en tête du voyage de La Pérouse, après le Mé-
moire d'instruction , ensuite par les indications
tirées de sa carte du grand Océan Atlantique,
publiée en 1776. Les Noies , qui n'embrassent pas
moins de 93 pages in-é", résument avec une
parfaite lucidité les explorations laites ou à faire
dans l'Océan Méridional , le grand Océan Aus-
tral, le grand Océan Équatorial et le grand Océan
Boréal.
Depuis la paix , Fleurieu avait repris ses tra-
vaux historiques, et il les avait assez avancés
pour avoir pu présenter à l'Académie des Scien-
ces, le 2-i avril 1790, le prospectus de son ou-
vrage intitulé : Découvertes des Français en
176S et 1769 dans le sud-est de la Nouvelle-
Guinée, et reconnaissance postérieure des
mêmes terres par des navigateurs anglais
qui leur ont imposé de nouveaux noms; pré-
cédées de l'abrégé historique des navigations
et des découvertes des Espagnols dans les
! mêmes parages; Paris, imp. roy., 1790, in-4°,
I avec 1 2 cartes. Le but principal de cet ouwage
I était d'assurer les droits de Bougainville et de
{ Surville contre les prétentions ou les usurpations
I de quelques navigateurs anglais. Un chef d'œuvre
! de discussion est le chapitre où Fleurieu démontre
i que les îles Salomon, découvertes en 1567 par
Mendana , sont absolument les mêmes que
celles découvertes par Carteret en 1767, par
Bougainville en 1768, et par Sliortland en 1788.
911
FLEURIEU
912
L'exactitude cle ses assertions a été démontrée
lorsque D'Entrecasteaux , dans son voyage à la
recherche de LaPérouse, a constaté que la Carte
systématique dressée par Fleurieu à l'appui de
sa discussion était conforme pour les points prin-
cipaux à la situation des lieux. Le succès de
l'ouvrage fut grand et légitime , non-seulement
en France, mais encore en Angleterre, où l'auteur
trouva un traducteur impartial.
Fleurieu fut appelé au ministère de la marine
le 27 octobre 1790. Les sept mois qu'il y passa
furent pour lui une pénible épreuve. L'esprit
d'insurrection qui s'était propagé dans les équi-
pages et dans les colonies , la désorganisation
des divers corps de la marine , lui faisaient une
position d'autant plus difficile, à lui, homme
honnête, mais timide, que l'Assemblée Consti-
tuante ne le soutenait pas , ou , plus souvent ,
prenait parti contre lui. Une circonstance fâcheuse
le détermina à se démettre ( 17 mai 1791 ). Un
des commis de son ministère le dénonça comme
ayant ordonnancé , pour le premier trimestre de
1791, le payement des appointements des direc-
teurs généraux et intendants supprimés à comp-
ter du l""^ janvier de cette année. Fleurieu avait
signé de confiance. Signalé comme volontaire-
ment coupable d'infraction aux décrets de l'As-
semblée, qui ordonna la restitution des sommes
payées , il démontra sa loyauté dans l'écrit qu'il
publia sous le titre de : Précis de V affaire re-
lative à la dénonciation de Fleurieu , ministre
de la marine , par un commis de la marine;
Paris, 1791, in-S". « S'il ne s'agissait que de
« sacrifices de ma part , « dit-il dans une lettre
qu'il écrivit au roi en se retirant , « mon dévoue-
« ment pour la personne de votre majesté,
« mon amour du bien public me les rendraient
« faciles. Mais quand on a bien mesuré ses
« moyens , et qu'on les trouve insuffisants , on
« doit imposer silence à son zèle et se rendre
« justice. » Louis XVI savait que cette assurance
de dévouement n'était point- une formule banale.
Aussi, quand il eut à faire choix du gouverneur
du dauphin, jeta-t-il les yeux sur son ancien
ministre, et écrivit-il à l'Assemblée, le 18 avril
1792, que son choix s'était porté sur Fleurieu,
« en raison de sa probité, de ses lumières et
de son dévouement à la constitution «é Les évé-
nements qui survinrent ne lui permirent de rem-
plir ses fonctions que pendant quelques mois.
Sous la terreur, Fleurieu fut emprisonné qua-
torze mois aux Madelonnettes , où M"" de
Fleurieu partagea volontairement sa captivité
jusqu'au 9 thermidor. Rendu à la liberté, et ap-
pelé à faire partie de l'Institut et du Bureau
des Longitudes, Fleurieu put reprendre ses
travaux de prédilection, dont il ne fut détourné
que par sa courte apparition au Conseil des An-
ciens, où les électeurs de Paris l'envoyèrent sous
le nom de Claret-Fleurieu, en 1797. Il en fut
élu secrétaire, et futexclu au 18 fructidor. Dégagé
de toute charge, il se livra exclusivement à
la rédaction de l'ouvrage intitulé : Voyage
autour du monde par Etienne Marchand,
précédé d'une introduction historique; au-
quel on a joint des recherches sur les terres
australes de Drake , et un examen critique
du voyage de Roggeween, avec cartes et
figures , par C.-P. Glaret de Fleurieu ; Pa-
ris, imp. de la rép., ans vi-viii, 4 voL în-4",
ou 6 vol. in-8°. Le capitaine Marchand, habile
navigateur du commerce , était mort à l'île de
France, le 15 mai 1793, et Fleurieu, n'ayant
pu se procurer son journal, avait recouru à
celui du capitaine Chantai, lieutenant de Mar-
chand, et personnellement chargé de toutes
les reconnaissances durant le voyage. Par la
forme et les développements que Fleurieu a don-
nés à son travail , il en a fait un ouvrage capital.
Le premier volume est précédé d'une introduc-
tion dans laquelle il résume l'histoire de la dé-
couverte progressive delà côte du nord-ouest de
l'Amérique, depuis 1537, année où Cortez décou-
vrit par mer la Californie,jusqu'en 1791, époqueoù
Marchand aborda à cette côte par le 53'' parallèle.
Cette introduction est complétée , à la fin du vo-
lume, par les additions qu'avaient suggérées à
Fleurieu les voyages de Vancouver et de Robert,
exécutés après celui de Marchand. Elle rapproche,
éclaircit, confirme ou réfute, les unes par les au-
tres, les diverses relations des voyageurs jus-
qu'au moment de la publication de l'ouvrage.
L'histoire du voyage elle-même est entremêlée
de discussions semblables, dont les plus impor-
tantes sont l'exposé des raisons qui ont conduit
Fleurieu à établir sa carte du détroit de Billiton
ou de Gaspard , ses recherches sur les terres de
Drake , et son examen des découvertes de Rog-
geween.. Dans toutes ces questions on retrouve
la saine critique et l'impartialité qu'on avait ap-
plaudies dans les Découvertes des Français, etc.
Le quatrième volume , qui a fait l'objet d'un ti-
rage à part, forme un ouvrage spécial sous le titre
de : Observations sur la division hydrogra-
phique du globe, et changements proposés
dans la nomenclature générale et particulière
de l'hydrographie, avec cartes ; — Application
dusystème métrique décimal à l'hydrographie
et aux calculs de la navigation ; moyens pour
en faciliter l'établissement et tables à cet
usage. La division hydrographique et l'applica-
tion du système métrique obtinrent l'assentiment
de deux commissions de l'Institut, dont les rap-
ports se trouvent en tête de ce volume , renfer-
mant quinze cartes qui composent l'atlas de
l'ouvrage.
Le dernier service rendu par Fleurieu à la na-
vigation, c'est son Neptune du Cattégat et
de la Baltique, composé de 65 feuilles in-fol.
(grand-aigle), et publié en 1809. Le texte expli-
catif en avait paru en l'an ii sous le titre de Fon-
dements des cartes du Cattégat et de la Bal-
tique, etc.; Paris, imp. nat, an ii, in-4°. avec pi.
Ce grand et magnifique ouvrage , aux lacunes
915
FLEURIEU — FLEURY
914
duquel le dépôt général de la marine a suppléé
depuis, occupa pendant près de vingt-cinq ans
son auteur, qui n'épargna ni soins ni dépenses
pour le mener à perfection. Rédigé par Buache ,
dessiné par Beautemps-Beaupré, ce Neptune est
extrêmement rare, puisqu'il n'en a été imprimé
que trente exemplaires. Napoléon avait voulu le
faire acheter au dépôt de la marine ; mais, sur la
représentation que cet- ouvrage n'était pas au ni-
veau des connaissances acquises à cette époque,
il décida , après la mort de Fleurieu , que les
200,000 francs dépensés par ce dernier seraient
remboursés à sa veuve. Après le tirage des trente
exemplaires, il lui fit rendre les cuivres, qui
furent détruits, excepté celui du plan de Saint-
Pétersbourg, qui est une réduction de celui en
neuf feuilles publié en 1753 par Trescotti. Ce
Neptune n'était pas le seul dont Fleurieu se fût
occupé. C'est sous sa direction que Bonne avait
publié, de 1778 à 1780, son Neptune américo-
septentrional , en dix-huit cartes , le meilleur
des travaux de cet hydrographe.
Fleurieu rentra dans les fonctions publiques à
rétablissement du consulat. Nommé successive-
ment conseiller d'État , grand-officier de la Lé-
gion d'Honneur, intendant général de la maison
de l'empereur, sénateur en 1805 , gouverneur
du palais des Tuileries, comte, il était assu-
jetti à des devoirs officiels qui le détournaient
de ses travaux. Il se berçait néanmoins de
l'espoir de termmer son Histoire générale des
Navigations , dont la première paiHe , com-
prenant les navigations des anciens, était seule
avancée, lorsqu'une mort subite l'enleva.Soigneux
et méthodique en tout, il avait dressé de sa
propre bibliothèque un catalogue, dont deux co-
pies autographes existent à la bibliothèque du
Dépôt général delà Marine, l'une , datée de 1782,
en 2 volumes petit in-fol., l'autre, sans date,
en un vol. in-4''. Plus tard , quand des revers de
fortune, occasionnés par la révolution, l'obligèrent
à vendre ses livres et ses collections géographi-
ques , on en publia le catalogue ; Paris, an vu,
in-8°.
Fleurieu avait épousé, en 1792, M"® Aglaé
Deslacs d'Arcambals, mariée en secondes noces
à Eusèbe Salverte, et morte en 1826. Cette dame
est auteur du roman intitulé : Stella , histoire
anglaise; Paris, 1800, 4 vol. in-12.
P. Levot.
Delainbre, Notice sur la Fie elles Ouvrages de M. le
comte de Fleurieu. — Foyage de Fleurieu pour
l'épreuve des horloges marines. — Ses Découvertes des
Français, etc. — Foyage de Marchand. — Fastes de
la Légion d'Honneur.— archives de la marine.
Fi.EURiOT - LESCOT {Jean - Baptiste -
Edouard), homme politique français, né à
Bruxelles, en 1761, guillotiné le 10 thermidor an n
( 28 juillet 1794 ). Il prit part aux troubles qui agi-
tèrent le Brabant à l'occasion des réformes de
l'empereur Joseph II, et se réfugia à Paris , où il
exerça la profession d'architecte. Ses rapports
continuels avec les ouvriers lui facilitèrent la pro-
pagation des idées d'égalité politique, et ilfut un des
agents les plus actifs des mouvements populaires
qui aboutirent à la révolution. Depuis 1788 on
le vit figurer dans tous les tumultes , dans toutes
les journées sanglantes. « Il s'y distingua plus
encore, dit un contemporain, par la vigueur de
son bras que par la force de son raisonnement. «
Devenu commissaire aux travaux publics, il se
fit admettre dans la Société des Jacobins , et se
lia intimement avec Jlobespierre , qui le fit
nommer substitut de Fouquier-Tinville , accusa-
teur public au tribunal révolutionnaire. Après la
chute de Chaumette (voy. ce nom) et l'épura-
tion de la commune de Paris (germinal an ii),
Fleuriot fut choisi pour maire de Paris en rem-
placement de Pache. Le 9 thermidor suivant
(27 juillet 1794 ), lorsqu'il apprit que Robespierre
venait d'être arrêté , il courut à l'hôtel de ville ,
rassembla les officiers municipaux et les mem-
bres de la commune , leur adressa un discours
énergique, et, montrant autant de sang-froid que
d'activité, fit fermer les barrières, sonner le
tocsin et placer du canon sur les abords de l'hô-
tel. Mandé avec l'agent national Payan à la barre
de la Convention pour y répondre de la tran-
quillité pubhque , il refusa de s'y rendre, et ré-
pondit à l'huissier Courvol, qui lui demandait
un reçu de son message : « Un jour comme aujour-
d'hui on ne donne pas de reçu. Retourne à la
Convention, et dis à Robespierre que nous sau-
rons le maintenir ; qu'il n'ait pas peur, car nous
sommes ici, et le peuple est derrière nous ! » Sur
ces entrefaites, Coffinhal délivrait Robespierre
de la prison du Luxemboui^ et l'amenait à la
commune. Fleuriot fit placer son ami au fauteuil
de la présidence, le proclama le sauveur de la
patrie , et fit prêter aux assistants le serment
de vivre ou mourir pour sa défense. Les récal-
citrants furent immédiatement arrêtés ainsi que
les commissaires de la section des Arcis, qui pu-
bliaient là proclamation émanée de la Convention
nationale. Il venait d'envoyer des agents dans
toutes les sections de Paris , afin de propager
l'insurrection et de la centraliser sous les ordres
de la commune ; mais quelque rapides que fus-
sent ses mesures, il fut devancé par la Convention,
qui le mit hors la loi. Arrêté avec Robespierre,
Fleuriot-Lescot partagea le sort de ce dernier, et
monta à l'échafaud avec beaucoup de courage.
H. Lesceur.
Moniteur universel, an i,n<" 76, 122; an u. iî2, 233,
312 et 336. — Biographie moderne, édlt. de 1802. — Ga-
lerie historique des Contemporains. — Le Bas, Dict.
encycl. de la France. — A. de Lamartine, Histoire des
Girondins, llv. LXI. — A. Tblers, Histoire de la Révo-
lution française, llv. XXIII.
FLECRY (Jean), dit Floridus, poète fran-
çais , vivait au quinzième siècle. Il n'est connu
que par l'ouvrage suivant : Traité très-plaisant
et récréatif de l'amour parfait de Guisgardus
et Sigismonde, fille de Tancredus. Cet ouvrage
est la traduction en vers de la première nou-
velle de la quatrième journée du Décaméron
915
de Bocace. Il a eu plusieurs éditions, recherchées
des amateurs ; on cite particulièrement celles de
Paris (Ant. Vérard), 1493, in-fol.; Paris (Le
Caron), 1493, iu-4°.
La Croix du iMaineet Du Y erdier , Bibliothèques fran-
çaises (édit. de Rigoley de Juvigny ), t !«■■.
FLEUiiv (L'abbé Claude), célèbre écrivain
religieux, né à Paris, le 6 décembre 1640, mort
le 14 juillet 1723. Fils d'un avocat au conseil,
qui était originaire de No^iandie, il fit ses études
chez les jésuites au collège de Clermont ; puis
il étudia le droit , et fut reçu avocat avant dix-
huit ans accomplis ( 1658). Il fut présenté par
un de ses maîtres, le P. Cossart, à M. de
Gaumont, conseiller au parlement, qui le prit
en affection et dirigea ses études de jurispru-
dence. Il fut l'un des habitués du salon de M. de
Montmor, savant magistrat, qui aimait à s'en-
tourer d'hommes de lettres; il se vit également
accueilli par Guillaume de Lamoignon , premier
président du parlement, qui recevait chez lui les
Bourdaloue, les Bossuet,les Boiieau, les Pellisson,
les Rapin ;et c'est pour V Académie de M. de La-
moignon, comme on disait alors, qu'il composa,
en 1670, un Discours sui' Platon', où il montre
les rapports de la philosophie de Socrate avec
la morale de l'Évangile ; opinion qu'il justifia
par la traduction de quelques passages des Dia-
logues et de la République. Il suivit neuf ans
la carrière du barreau ; mais la meilleure par-
tie de son temps était consacrée à des études
d'histoire, de littérature, d'antiquités. Il étudia
néanmoins avec soin la jurisprudence et surtout
le droit canon, comme le prouvent deux ouvra-
ges qu'il écrivit à cette époque, l'Histoire du
Droit français et Y Institution au Droit ec-
clésiastique.
Le jeune avocat menait une vie paisible et
laborieuse; peu à peu les sentiments religieux
dont il avait été nourri dès l'enfance , et peut-
être le commerce habituel de Bourdaloue et de
Bossuet, éveillèrent en lui une vocation qui avait
sommeillé jusque là. Fleury résolut d'embrasser
la carrière ecclésiastique. A quelle époque prit-
il les ordres? On l'ignore; on sait seulement que
en 1672 il était prêtre et sous-précepteur des
princes de Conti, élevés avec le grand dauphin,
par ordre de Louis XIV : le maître du dauphin,
Bossuet, l'avait désigné pour cette place. Pu-
bliant alors ses ouvrages de jurisprudence ,
Fleury donnait sans nom d'auteur Y Histoire du
Droit français ( 1674, in-12), et laissait paraî-
tre sous un nom ?,\x\>^oié Y Institution au Droit
ecclésiastique {Xetll, in-12; réimprimée avec
le nom de l'auteur et des développements nou-
veaux en 1687, in-12).
La reconnaissance, se joignant à l'admira-
tion , fit de l'abbé Fleury le disciple fidèle de
Bossuet ; souvent il se promenait avec lui, Cor-
demoy, La.Bruyère et quelques autres dans une
allée du parc de Versailles, qu'on appela depuis
Y Allée des Philosophes ; et il prenait assidû-
FLEURY GÎG
ment sur ces entretiens avec un homme de
génie des notes, dont quelques-unes nous sont
restées. C'est sous les yeux de Bossuet que
Fleury traduisit en latin (1678, in-12) un des
derniers ouvrages de l'illustre évêque , VExpo-
sition de la foi catholique. Ln 1680, lorsque
l'éducation des princes de Conti fut termi-
née , Bossuet fit nommer l'abbé Fleury précep-
teur du comte de Vermandois , fils légitimé do
M"e de La Vallière, qui avait alors treize ans, et
qui mourut trois ans après amiral de France,
au retour d'une première campagne. Fleury avait
composé pour ses élèves des livres excellents,
qui sont encore consacrés en France à l'instruc-
tion de la jeunesse : Les Mœurs des Israéliteà
(1681, in-12); — Les Mœurs des Chrétiens
(1682, in-12); — un Grand Catéchisme his-
toriqiie (1683, in-12 ). Les deux premiers offrent
un tableau des actes édifiants répandus dans la
Bible, l'Évangile et l'histoire des premiers chré»
tiens ; le troisième présente la suite de k reli-
gion depuis la création jusqu'à Constantin. Lui-
même nous apprend que dans ces trois ouvra-
ges il a mis en application le système d'ensei-
gnement religieux et moral exposé dans sou
Traité du choix et de la méthode des Études ;
ce traité, composé dès 1675, « par l'ordre d'une
personne a qui il devait obéir «, sans doute
de Bossuet, fut publié seulement en 1686, in-12.
C'est la clef des ouvrages élémentaires de
Fleury ; c'est de plus un livre où l'on trouve
des détails utiles sur l'enseignement au dix-
septième siècle , dont l'auteur fait une critique
assez vive, et auquel il propose de substituer
un nouveau plan d'études. On doit encore aux
travaux du préceptorat de Fleury un ouvrage
intéressant pour ceux qui veulent connaître
les relations sociales à cette époque, le traité
des Devoirs des maîtres et des domestiques ,
écrit chez les princes de Conti, pubhé plus tard
(1688, in-12).
Peu après la mort de son dernier élève, Fleury
fut pourvu ( 1684) de l'abbaye de Loc-Dieu ,
dans le diocèse de Rhodez , où il écrivit la Vie
de Marguerite d'Arbouze, abbesse et réfor-
matrice de l'abbaye du Val-de-Grâce ( 1685),
in-8'' , livre dont Bossuet faisait grand cas pour
l'instruction des religieuses. Vers cette époque il
suivit (1 684), en compagnie du jeune abbé de Fé-
nelon, l'évêque deMeaux dans son diocèse, con-
courut à l'établissement de quelques missions ,
aux prédications du Carême, à la' direction des
catéchismes, et seconda le prélat dans les divers
actes de son administi'ation.
Après la révocation de l'éditde Nantes (1685),
Fieury consentit à se joindre à Fénelon, qui ve-
nait d'être chargé de diriger les missions de la
Saintonge et du Poitou, et dont l'âme charitable
et vraiment chrétienne devait adoucir pour les
habitants de ces provinces les rigueurs de me-
sures tyranniques : les deux prêtres furent assez
heureux pour obtenir des conversions sans le
917 FLEURY
secours des dragonnades, et il s'établit entre eux
une amitié solide, fondée sur une mutuelle es-
time et une certaine conformité de caractère:
Aussi lorsque, la mission terminée, Fénelon fut
récompensé par la charge de précepteur des en-
fants de France, il s'empressa de s'associer en-
core l'abbé Fleury, et le fit nommer (1689)
sous-précepteur des petits-fils du roi (les ducs
de Bourgogne, d'Anjou et de Berry). Pendant
les seize années que Fleury passa à la cour en
cette qualité , il y mena une yie aussi modeste
et retirée que dans son abbaye de Loc-Ûiea ,
s'occupant uniquement de former l'esprit et le
cœur de ses élèves, et d'élever en silence un
monument de vaste et judicieuse érudition, V His-
toire ecclésiastique , ouvrage dont le premier
volume parut en 1691. Fleury remplaça, en
1696, La Bruyère à l'Académie Française. Il au-
rait pu, la même année , selon une lettre de
i'abbé Ledieu, secrétaire de Bossuet, être nommé
évêque de Montpellier ; mais on ne put le dé-
cider à faire la moindre démarche. La querelle
du quiétisme vint bientôt le rendre impossible -,
non qu'il ait partagé les erreurs de M™e Guyon,
mais son intimité avec l'archevêque de Cam-
bray faillit l'entraîner dans la disgrâce commune
à tous les amis de Fénelon; pour l'en sauver,
il ne fallut rien moins que l'intervention de
Bossuet, qui répondit de lui (1698).
En 1706, lorsque l'éducation des princes fut
terminée, Fleury reçut du roi le prieuré de No-
tre-Dame d'Argenteuil ; mais, trop désintéressé
pour cumuler les bénéfices , il résigna aussitôt
son abbaye. Quelques années après (1716), le
régent ayant voulu choisir pour confesseur du
jeune Louis XV un prêtre qui ne fût ni moli-
niste, ni janséniste, ni ultramontain, Fleury fut
rappelé à la cour et charge de cette fonction,
dont il se démit en 1722 , à cause de son grand
âge. Il mourut l'année suivante, à quatre-vingt-
trois ans. Les trente dernières années de sa vie
avaient été consacrées à son Histoire ecclé-
siastique. C'est l'œuvre capitale de Fleury;
« C'est la meilleure histoiredel'Église qu'on ait
jamais faite, « a dit Voltaire, qui recommande
surtout les Discours préliminaires. Malgré cet
éloge un peu hyperbolique, plusieurs critiques
(l'abbé Lenglet, Longuerue, La Harpe) ont re-
proché à l'auteur d'avoir fait moins une histoire
qu'un recueil de matériaux excellents pour une
histoire ; du moins on s'accorde à rendre justice
à l'exactitude et à l'impartialité de l'abbé Fleury.
Quant à son style, il est, au jugement de La
Harpe, « simple , clair et naturel ; il a un ca-
« raclère de candeur qui va , s'il est permis de
« le dire, jusqu'à une sorte de bonhomie affec-
« tueuse, qui ne rabaisse point l'écrivain, et qui
« fait estimer l'homme ». La plupart des ou-
vrages de Fleury ont été souvent réimprimés.
Les éditions de ses ouvrages élémentaires sont
trop nombreuses et trop répandues pour néces-
siter une mention spéciale. VH/sicire ecclé-
91S
siastique, publiée du vivant de Fleury, a 20 vol.
in-4''; elle a été rééditée en 1740, par Rondet,
qui a donné séparément une Table générale
in-4°, ou 2 vol. in-12; et en 1840, chez Didier,
6 vol. gr. in-S". — Les Discours ont été plu-
sieurs fois imprimés à part, notamment en 1752,
2 vol. in-12. — Aux ouvrages signalés plus
haut, il faut ajouter : Discours sur les liber-
tés de V Église gallicane, écrit en 1690, dont
il existe plusieurs éditions publiées après la
mort de l'auteur et assez différentes les unes
des autres (1724, 1763, etc. ); la meilleure est
celle qui a été donnée, d'après un manuscrit
autographe, par l'abbé Emery {Nouv. Opus-
cules de Flexiry ; 1807, in-12); — Discours
sxir la prédication ; 1733, in-12; — Discours
sur la poésie des Hébreux ; publié en 1713,
dans le Commentaire sur les Psaumes de
dom Calmet; — Traité du Droit public en
France; 1769, 4 vol. in-12, dont le dernier
contient des extraits de Platon et des Ré-
flexions sîcr Machiavel ; — Le Soldat chré-
tien; 1772, in-12. Ces divers écrits et quel-
ques autres, tels que Lettres , Discours acadé-
miques , vers latins , etc. , ont été réunis sous
le titre d'Opuscules de l'abbé Fleury, par
Rondet, Nîmes, 1780, 5 vol. in-S", et sous celui
d'Œuvres de l'abbé Fleury, par A. Martin,
1837, gr. in-8°. On attribue encore à Flenry un
Traité des Études convenables aux mission-
naires , dans les Lettres édifiantes , t. XXV,
in-12. A. Chassang.
Lettres de Gui Patin; de Bossuet. — Mémoires de
Saint-Simon. — Discours de réception à iAcadèmio
/rançaise d'Adam, successeur de l'abbc Fleury (1723).
— Nicéron, Mémoires pour servira l'kist. des h. ill.,
t. Vlll. — Dupin, /iibl. des Àat. ecclés.du dix-septiéme
siècle. — Voltaire, Cutal. des Écriv, du siècle de
Louis Xir. — La Harpe, Lycée, — Notice sur l'abbé
FIcvry, par Rondet, en tête de son édition des Opus-
cules. — Essai sur la Fie et les Ouvrages de Fleury,
par. A. Martin, en tète de son édition des OEuvres de
Fleury.
FLEURY ( André-Hercule de ) , cardinal et
homme d'État français , né à Lodève, le 22 juin
16.')3, mort à Paris, le 29 janvier 1743. Il était fils
d'un receveur des décimes. Jeune encore, il vint
à Paris, et fut mis au collège de Clermont, que di-
rigeaient les jésuites , et qu'il quitta plus tard
pour entrer à celui d'Harcourt, où il fit sa
rhétorique et sa philosophie. Saint-Simon, dans
le portrait qu'il nous a tracé de ce prélat, laisse
peut-être percer un peu de cette aigreur que
donne la jalousie excitée par une haute fortune :
« Après des études telles quelles , dit-il , faites
à Paris, logé dans le galetas d'un petit col-
lège à bon marché, il s'introduisit chez le car-
dinal de Bonzi, tout-puissant en Languedoc.
L'éraincnce le goûta, et se fit une affaire de
porter son protégé à une charge d'aumônier de
la reine, ce qui surprit un peu ; il se trouva dis-
cret, doux , liant, ce qu'on peut appeler, faute
d'autre terme, un vrai patelin, de sorte que, la
reine étant morte, il fut fait, par la même pro
919
FLEURY
920
tection, aumônier du roi : autre surprise ; mais
on s'y accoutuma. Fleury, souple et respectueux,
d'un esprit agréable , d'une figure qui l'était en-
core plus , gagna toujours du terrain. Il eut le
bonheur ou l'entregent de parvenir à être souf-
fert, puis admis dans les meilleures compagnies
en hommes et en femmes , surtout chez les gens
en place. Il était reçu chez M. de Seignelay, ne
bougeait de chez MM. de Croissy, de Pomponne,
de Torcy, où il était à la vérité sans conséquence,
et suppléait aux sonnettes avant leur invention.
Il menait ainsi une vie très-agréable. Mais
Louis XIV n'estimait pas sa conduite ; il disait
qu'il était trop dissipé. On tenta d'engager le
roi à lui donner un évéché ; on n'y réussit pas.
Fleury resta quatre ou cinq ans dans cette es-
pèce d'excommunication. Quand l'évêché de
Fréjus vint à vaquer, il en marqua son désir.
L'archevêque de Paris , qui l'en vit touché jus-
qu'aux larmes , en prit généreusement pitié ; et,
malgré l'expresse défense du roi, il hasarda
encore une tentative. Elle fut reçue de manière
à fermer la bouche à tout autre ; mais le prélat
ne se rebuta pas. Il insista si fortement, que
Louis XIV, d'impatience, lui mit la main sur l'é-
paule , et le serrant, et le secouant , lui dit :
« Eh bien , monsieur, vous voulez donc que je
« fasse l'abbé de Fleury évêque de Fréjus. Vous
« insistez que c'est un diocèse au bout du
« royaume et en pays perdu. 11 faut donc vous
« satisfaire; mais souvenez- vous bien, je vous
« le prédis, vous vous en repentirez. «
Fleury était à Fréjus quand le duc de Savoie
envahit cette province en 1707. Il reçut ce prince
avec de grandes déférences, au grand déplaisir de
Louis XIV. Plus tard il demanda d'abord à quit-
ter son évêché , dont l'air était contraire à sa
santé (1715); puis il accepta l'abbaye de Tournus,
et signala les six derniers mois de son admi-
nistration par des rigueurs inaccoutumées contre
les jansénistes. Ses amis ne manquèrent pas de
le faire valoir à la cour pour préparer sa nomi-
nation de précepteur. Tellier craignit, s'il ne
le faisait pas agréer au roi , d'exciter contre lui
tout le parti du duc et de la duchesse du Maine ,
favorables au candidat : Fleury fut donc nommé.
La position d'un évêque à la cour du régent était
difficile. Placé entre Philippe et le jeune roi,
Fleury était doublement embarrassé. Sans com-
promettre en rien l'attachement qu'il avait ins-
piré à son élève , il sut ménager le chef intéri-
maire de l'État en se maintenant dans une hon-
nête indépendance. Sa conduite sage et modérée
lui valut l'estime du duc d'Orléans. On voulut
lui donner l'archevêché de Reims ; mais il refusa
cette position éminente , à laquelle était jointe la
pairie , alors si haut placée dans l'opinion , et il
déclara avec énergie que rien , dans l'âge où il
était , ne devait le distraire des soins qu'il con-
sacrait au jeune roi. Le régent lui fit accepter
cependant l'abbaye de Saint-Étienne de Caen.
En 1722, lors de la disgrâce de Villéroy, gouver-
neur de Louis XV, M. de Fréjus disparut un mo-
ment de la cour. Il avait promis au maréchal ,
qui avait été son protecteur, mais dont le joug
commençait à lui devenir insupportable, qu'ils
se maintiendraient ou tomberaient ensemble.
Cette promesse faite, il eut soin de ne pas s'exi-
ler au loin , et revint sans se faire presser.
Peu à peu le précepteur s'assura entièrement
de la confiance de son élève , enfant triste et
indolent. Après la mort du duc d'Orléans, en
1723, il aurait pu s'emparer du ministère; mais
il conseilla au jeune roi de donner le pouvoir au
duc de Bourbon, se réservant de renverser
quand il le voudrait un homme qui était décrié
pour sa grossièreté et ses vices. L'évéque de
Fréjus toutefois se fit donner la feuille des béné-
fices. Bientôt le duc et sa maîtresse , la marquise
de Prie , commencèrent à voir de mauvais œil
l'influence du précepteur, et intriguèrent contre
lui. L'évéque alors employa le moyen qui lui avait
réussi après la disgrâce de Villéroy : il se réfugia
au village d'Issy, dans la maison des sulpiciens.
Le duc de Bourbon eut l'humiliation de rappeler
lui-même son rival. Dès lors la chute du ministre
était immanquable et prochaine. Le désordre
croissait toujours , les courtisans assiégèrent l'é-
véque de Fréjus , en le conjurant de mettre un
terme aux malheurs de l'État. Le roi exila le duc
et la marquise , et écrivit à la reine, leur protec-
trice : « Je vous prie , Madame , et , s'il le
« faut , je vous l'ordonne , de faire tout ce que
« l'évéque de Fréjus vous dira de ma part,
« comme si c'était moi-même. « — Signé Louis.
Au mois de juin 1726, Fleury prit la direction
des affaires , et bientôt après obtint le chapeau
de cardinal. Mais il ne prit point le titre de pre-
mier ministre : il n'en voulut d'autre que celui de
ministre d'État et surintendant des postes. Ainsi
il commença à gouverner le royaume à un âge
où d'ordinaire on cherche le repos. Au lieu de
se borner à instruire son élève dans l'art de ré-
gner, le cardinal ne s'occupa qu'à exercer, à pos-
séder seul le pouvoir. « Il trahit son roi, en
mettant ses soins à nourrir en lui une timidité
fatale et à l'éloigner des affaires. On a dit
même que, pour mieux atteindre son but, il avait
eu recours au plus honteux moyen ; mais la rai-
son se refuse à croire qu'il soit allé jusqu'à de-
venir secrètement le complice d'un Richeheu et
d'autres courtisans, qui s'étudièrent à faire
germer des vices dans l'âme de leur maître (t). »
Si l'administration de Fleury fut économe, probe,
laborieuse, elle fut aussi sans génie, sans gran-
deur, et sans aucune vue d'avenir. Ne s'at-
tachant qu'à empêcher toute secousse, il se con-
tenta de laisser le pays accroître ses richesses et
ses lumières , pendant une période de léthargie
et de médiocrité. Le calme intérieur ne fut trou-
blé que par de misérables discussions sur la bulle
Unigenitus. Fleury, partisan des Jésuites (2),
(1) Droz, Histoire du Règne de Louis Xfl, t. I*', p. 9.
(2) En quittant son diocèse, Fleury publia un man-
921
FLEURY
922
laissa deux anciens agents de Dubois, Tencin
et Lafitteau, renouveler la persécution contre
les jansénistes. Le pouvoir royal, le parlement,
tous les partis enfin , ne firent que du scandale;
les petits coups d'État du ministre troublèrent la
société, discréditèrent le gouvernement , et pré-
parèrent le champ à l'incrédulité. A l'extérieur,
le vieux cardinal suivit les mêmes errements.
Privé de ce coup d'œil qui embrasse toutes les
faces d'une affaire, de ce génie qui sait se dé-
cider pour le parti le plus avantageux à l'État, il
borna son ambition politique à conserver au
royaume le repos nécessaire pour réparer ses
pertes. Ce fut l'alliance anglaise qu'il considérait
comme legagele plus assuré de la paix dumonde,
et il crut se l'assurer par une complaisance ser-
vile. Sous prétexte de ne pas alarmer l'Angleterre,
dont le gouvernement était si habilement dirigé
par Walpole, il laissa dépérir la marine, né-
gligea l'armée, et sacrifia le commerce. Cepen-
dant il sut parfois tirer un parti avantageux de
cette alliance; par exemple, en 1729, lorsque
sa médiation rétablit la paix , swr le point d'être
rompue par l'empereur, uni au roi d'Espagne,
et en 1731 , lorsque Charles VI consentit à ce
que don Carlos recueillit en héritage les duchés
de Parme et de Plaisance.
Stanislas , beau-père de Louis XV, avait été,
en 1733, réélu roi de Pologne, tandis que quel-
ques dissidents nommaient Auguste III ; c'était
pour la France une belle occasion d'embrasser
une politique nouvelle. « On pouvait arrêter l'ac-
croissement de la Russie par la régénération de
la Pologne , et l'opinion publique semblait le de-
viner en se prononçant pour la guerre. Fleury
ne comprit pas cette politique , pour laquelle il
fallait, à dire vrai, une profonde intelligence de
l'avenir ; il ne voyait là qu'une expédition che-
valeresque, qui allait renverser ses plans d'éco-
nomie , la nécessité d'un armement qui pouvait
troubler son alliance anglaise ; mais il fut forcé
de céder à l'ardeur de la noblesse. Cependant
Stanislas avait été chassé de Varsovie Les
Polonais attendaient une flotte et une armée ;
Fleury, qui craignait d'alarmer l'Angleterre , et
dont l'économie dégénérait en lésinerie honteuse,
envoya contre 50,000 Russes un vaisseau, trois
millions, et 1,500 hommes. » La Pologne fut
vaincue. Cependant le ministre sut mieux pro-
fiter de la guerre de 1734 et 1735 pour arracher
quelques lambeaux aux ennemis de la France.
Berwick, Noailles, d'Asfeld, sur le Rhin; Vil-
lars, Coigny et Broglie, en Italie, vengèrent
dément d'adieu fulminant contre les jansénistes. Mais ce
mandement, fait uniquement pour les circonstances,
eut, suivant Saint-Simon , des effets qu'on n'avait pas
prévus. « Le fameux père Quesnel en ayant eu connols-
sance , piqué du ton de persécuteur que prenait le nou-
Tel antagoniste, enchâssa cette espèce de tocsin dans un
de ses ouvrages avec l'ironie la plus amère, la plus mé-
prisante. Fleury, avec son air doux, riant et modeste,
était l'homme le plus superbe et le plus vindicatif que
j'aie jamais connu. Il ne le pardonna ni au père Quesnel
nia ses adhérents. »
bien des défaites. Le traité de Vienne assura
le trône de Naples à un Bourbon, et à Sta-
nislas les duchés de Lorraine et de Bar : ce
fut là la plus belle époque du ministère de Fleury.
Mais la prospérité et le-calme ne furent pas de
longue durée. Les dispositions pacifiques du car-
dinal ne purent empêcher la France de s'engager
dans la guerre de la succession d'Autriche. Les
sollicitations de l'électeur de Bavière , les intri-
gues des deux Belle-Isle , les cris de la noblesse,
l'emportèrent sur ses répugnances. Pour la se-
conde fois, il fit manquer les chances delà guerre ;
alors il entama d'infructueuses et maladroites
négociations avec l'Autriche (1) , et entrava par
ses instructions les opérations des généraux fran-
çais. On n'en continua pas moins à se battre;
mais, au milieu de ces revers, Fleury mourut,
âgé de quatre-vingt-neuf ans et six mois. On
attribue à Maurepas l'épitaphe suivante :
■ Ci-gît qui, loin du faste et de l'ëclat,
Se bornant au pouvoir suprême , '
N'ayant vécu que pour lui-même,
Mourut pour le bien de l'État.
Telle était la probité sévère du ministre, qu'à
sa mort on trouva sa succession à peine égale à
celle d'un bourgeois médiocrement riche, et
qu'elle n'aurait pas suffi à la moitié de la dépense
du mausolée que Louis XV lui fit élever. On ne
connaît de ce prélat aucun ouvrage, quoiqu'il
ait été membre des trois Académies : de l'Aca-
démie Française depuis 1717, de celle des
Sciences depuis 1791 , et de celle des Inscrip-
tions et Belles-Lettres depuis 1725. Il fut en
outre proviseur de Sorbonne et supérieur de la
maison de Navarre. Malgré la réunion de tant
de dignités, peu d'hommes ont eu plus d'aménité
dans les mœurs et plus de douceur dans le ca-
ractère. Ni les honneurs du pouvoir, ni le
rang de cardinal n'avaient altéré ses habitudes
de simplicité. Quoique ami de Walpole, Fleury
fuyait le luxe et haïssait la corruption. Il était
essentiellement homme de goût et d'esprit. « Sa
conversation, dit un de ses biographes, était
aisée, amusante et nourrie d'anecdotes curieu-
ses. Il avait la repartie prompte et brillante; il
plaisantait finement, et, ce qui est ti-ès-rare, il
n'offensait personne. » U possédait , comme ec-
clésiastique , des qualités précieu.ses. Les man-
dements qu'il fit pendant son épiscopat de
Fréjus sont des modèles de cette simplicité qui
fait le charme de l'éloquence pastorale. Il
(1) Dans une lettre écrite par lui au général autrichien
Kœnigseck , H s'excusait de la guerre entreprise ; il
avouait qu'on l'avait eutralné au delà de ses mesures :
n Bien des gens, disait-Il, savent combien J'ai été op-
posé aux résolutions que nous avons prises , et que
j'a! été forcé, en quelque sorte, d'y consentir. » La
reine de Hongrie, pour toute réponse, fit publier la let-
tre. Cette publication déconsidéra le minislèrc français,
refroidit nos alliés, enhardit nos ennemis. Alors le car-
dinal écrivit une seconde lettre, dans laquelle II se plai-
gnit au fîénéral autrichien d'un pareil procédé, ajoutant
« qu'il ne lui écrira plus désormais ce qu'il pense. »
Cette seconde lettre lui fit encore plus de tort que la
première. Il les fit désavouer toutes les deux.
923 FLEURY
aimait les lettres et les sciences , et s'en montra
protecteur éclairé. Par ses soins , la Bibliothèque
du Roi fut achevée et agrandie, et il l'enrichit
de plusieurs manuscrits précieux, qu'il fit acheter
en Egypte , en Grèce , et jusqu'en Chine. Ce fut
pendant son ministère qu'on envoya à grands
frais , dans la Laponie et le Pérou , des acadé-
miciens chargés de mesurer un degré du méri-
dien et de déterminer plus exactement la confi-
guration du globe terrestre. [Le Bas , Dict. enc.
de la FroMce , et Enc. des G. du M. ]
Saint-Simon, Mémoires.— Voltaire, 5iéde» de ioaisA'/f
et de Louis W. — Diictos, Mémoires secrets.— Lacre-
telle , Histoire du dix- huitième siècle. — Sisrnondi ,
Histoire des Français, t. VIII.
FLEURY (Julien), philologue français, né
vers 1650 , mort à Paris, le 13 septembre 1725.
Professeur d'éloquence au collège de Navarre,
il fut chargé de travailler aux éditions ad usum
delphini. Il donna pour sa part l'édition A'A-
pulée; Paris, 1688, 2 vol. in-4°, et celle de la
Concorde évangélique grecque et latine , de
Nicolas Toinard d'Orléans; Paris, 1707, in-fol.
II avait commencé aussi une édition d'Ausone ,
mais il interrompit ce travail, par scrupule reli-
gieux ; l'abbé Souchay l'acheva, et le publia ; Pa-
ris, 1730, in-4°. Julien Fleury était chanoine de
Chartres.
D. Liroii, Bibliothèque Chartraine.
FLEURY (Jean- Baptiste), archéologue fran-
çais, né à Besançon, en 1698, mort dans la
même ville, en 1754. Il était chanoine du cha-
pitre de Besançon. On a de lui : plusieurs Dis-
sertations sur des usages singuliers de l'é-
glise de Besançon, publiées dans le Mercure,
1741, 1742, et réimprimées dans la Revue
franc-comtoise, année 1845; — VAlmanach
historique de Besançon et de la Franche-Comté
des années 1752 et 1753.
Feller, Biographie universelle ( édit. Weiss }.
FLEURY (*** ), auteur lyrique français, né
à Lyon , vers 1705 , mort en 1746. II n'est connu
que par les deux pièces suivantes, qui eurent du
succès : Biblis, tragédie-opéra, cinq actes, avec
prologue , musique de Lacoste , représentée en
1732, imprimée dans le tome XV, p. 205-264,
du Recueil général des Opéras de J.-B. -Chris-
tophe Ballard; Paris, 1739 , in-12; — Les Gé-
nies, ballet en quatre entrées , avec prologue ,
musique de M'^^ Duval, représenté en 1736, et
imprimé tome XVI, p. 371-428, du même re-
cueil; Paris, 1745. Les entrées de ce ballet,
fort remarquable par ses décors, formaient quatre
petits épisodes séparés , sous les titres de Les
Nymphes, ou V Amour indiscret; les Gno-
mes, ou V Amour ambitieux; les Salaman-
dres, ou r Amour violent; les Sylphes, ou
V Amour léger; la versification laisse beaucoup
à désirer. A. J/Vdin.
Histoire de V Académie royale de Musique. — ChAaion
et Delandlne, Dictionnaire historique.
FLEURY ( Jacques), littérateur français , né à
Paris, vers 1730, mort dans la même ville, en
924
1775. II était avocat au parlement de Paris. Doué
d'un esprit naturel et agréable, il se distingua plu-
tôt comme littérateur que comme jurisconsulte.
On a de lui : Le Bouquet du Roi, opéra-comique,
avec Vadé et Lattaignant; Paris, 1752-1753,
in-8°; — Le Retour favorable, prologue-opéra-
comique, théâtre de la Foire Saint-Germain,
3 février 1752; Paris, 1758, in-S"; — Ze Xi^i^e-
rateur Impartial , ou précis des ouvrages i}é-
riodiques, Sivec La Marche-Courmont; La Ilaye
et Paris, 1760, in-12; ~ Folies; Paris, 1760,
in-12, et 1769, in-8° : c'est un recueil de chan-
sons, épigrammes et fables, écrites avec beau-
coup de facilité et de gaieté ; — Chansons ma-
coniques ; Paris, 1760, in-S*"; — Les Grands
Objets de la Foi , ou mystères , odes chan-
tantes ; kwânches, 1775, in-8°; — Dictionnaire
de l'Ordre de la Félicité ; ibid., même année,
in-8" ; — Le Miroir magique , opéra-comique,
avec Lesage et d'Omeval ;— La Mort du Goret,
tragédie pour rire, en vers, avec vaudevilles;
Paris, 1753, in-8"; — Le Rossignol, opéra-co-
mique. A. J.
Nouveau Théâtre de la Foire, III. — Quérard , Lct
France littéraire.
FLEURY (LiARD, dit), comédien français, né
à Paris, vers 1708, vivait encore en 1793. Il
était fils d'un cent-suisse du roi Louis XV. Ses
parents tenaient une auberge au faubourg Saint-
Honoré. Fleury débuta le 23 avril 1733 , par le j
rôle d'Achille dans VIphigénie de Racine. 11 futi
reçu le 21 décembre suivant, mais quitta le |
théâtre le 12 novembre 1736, avec une pension
de 500 livres. Fleury était d'un fort beau phy-
sique et disait convenablement. Quelques biogra-
phes du temps ont attribué à la passion qu'il sut
inspirer à une très-grande dame le court séjour
qu'il fit au théâtre. A. J.
Catalogue de la bibliothèque de M. de Soleinne. —
Mercure de 1733, 1736.
FLEURY (Aimée, née comtesse de Coigny,
duchesse de), femme de lettres française, née
à Paris, vers 1776, morte le 17 janvier î820.
Son père était frère cadet du dernier maréchal
duc de Coigny. Elle fut mariée très-jeune au duc
de Fleury, petit-neveu du cardinal ; son mari ayant
émi| , V...O uivorça, et reprit le nom d'Aimée
de Coigny et plus tard celui de comtesse de Coi-
gny. Elle était déjà très-remarquée , grâce à se i
éducation littéraire, à son esprit et à sa beauté,
lorsque, en 1794, elle fut emprisonnée à Saint-
Lazare. Sa naissance et ses relations étaient
ses seuls crimes. André Chénîer (voyez ce nom)
était alors détenu dans !a même prison ; il vit
Aimée de Coigny , et fut vivement frappé de sa
grâce touchante et de -son naïf amour de la vie.
Son cœur de poète s'émut devant cette infortune,
et, oubliant sa propre destinée, il composa la
belle ode devenue célèbre sous le titre de La
Jeune Captive. Quoique M""" de Coigny ne soit
pas nommée dans ce dernier chant de Chénier,
il est facile de reconnaître la muse qui inspira
92â
l'infortuné poëte. Le 9 thermidor sauva la jeune
femme, qui plus tard épousa le duc de Fleury.
« Aimée de Coigny avait connu , disait Lemer-
cier, tout ce que l-élégance, la délicatesse, les
grâces, donnaient de charme à la cour de Ver-
sailles. Depuis que sa séparation d'avec son
mari lui avait fait reprendre le nom de son
père , elle avait connu tout ce que la révolution
avait fait naître de plus intéressant, de plus
solide, de plus éclairé sur les affaires et les
personnes qui les avaient dirigées. Ce mélange
d'instruction mit en valeur les qualités naturelles
<A les avantages de son éducation, qui avait été
extrêmement soignée. Également tamilière avec
les belles-lettres françaises et latines , elle avait
tout l'acquis d'un homme ; mais le savoir en elle
n'était jamais pédant : elle resta toujours femme,
et l'une des plus aimables de toutes. Sa con-
versation éclatait en traits piquants, imprévus
et originaux ; elle résumait toute l'éloquence de
M""*^ de Staël en quelques mots perçants. » On
connaît de M™^ de Fleury : Alvar ; Paris, Fir-
minDidot, 1818, 2 vol. in-12. Ce roman ne
fut tiré qu'à vingt-cinq exemplaires. Le style en
est simple et pourtant passionné ; l'intrigue in-
génieuse et attachante; — Mémoires sur nos
ismps; — et Collection de portraits sur nos
contemporains ; ct& deux ouvrages sont restés
manuscrits. A. Jadin.
Népomucène Lemercier, Le Censeur européen, 22 jan-
vier 18S0. — Dictionnaire des Contemporains.
FLEURY {Abraham-Joseph Bénard, connu
sous le nom de), célèbre comédien français,
né à Chartres, en 1751 , mort à Oi'léans , le 3
mars 1822. Ses parents étaient comédiens de
campagne. Résolu, très-jeune encore, à tenter
la fortune , il se rendit à Lyon , et offrit ses ser-
vices au directeur du théâtre de cette ville, qui
les accepta et le garda plusieurs années dans sa
troupe. Le 7 mars 1774, Fleury débuta sur le
Théâtre-Français, parlerôled'Égisthe. Ce début
ne réussit pas : il avait à lutter contre la réputation
de Bellecour, de Mole et de Monvel , et, bien
qu'on lui reconnût de l'intelligence, sa voix rauque
et certain manque de tenue excitèrent des mur-
mures. 11 retourna alors en province , et ne se
représenta sur le Théâtre- Français que le 20
mars 1778, dans les rôles de Sainville fils, de La
Gouvernante, et de Dormilly des Fausses In-
Jidélités. Cette seconde épreuve lui fut favorable,
et le fit recevoir dans la même année; mais ce
ne fut véritablement que dix ans plus tard qu'il
se plaça sur la ligne des premiers sujets.
Dans cet intervalle il avait considérablement
travaillé, et lorsque Mole, déjà vieux, dut renon-
cer aux rôles de petits-maîtres , Fleury se les
appropria avec une habileté et une grâce qu'on
était loin de soupçonner chez lui. Plus tard il
voulut aborder les premiers rôles, tels que Le
Misanthrope, Tartufe, Le Philosophe marié,
V Homme du Jour, et il les joua avec une grande
supériorité; cependant, il est juste de divc
FLEURY 92G
qu'il n'y remplaça pas tout à fait Mole. Sa dic-
tion, quelque peu saccadée et plus spirituelle que
correcte , ne satisfaisait pas complètement dans
l'accomplissement de ces rôles. Il avait paru
pendant longtemps dans la tragédie, ainsi que
l'exigeaient alors les règlements ; mais il renonça
à ce genre dès 1782, afin de se consacrer exclu-
sivement à la comédie. Comme Mole était encore
à cette époque en possession de tous les grands
rôles, Fleury, tout en cherchant à s'en rappro-
cher, se garda bien de le copier servilement.
Aussi chercha-t-il ailleurs, en dehors du ré-
pertoire, une occasion de se produire sous le
jour le plus avantageux , sans porter ombrage à
son chef d'emploi, et il lit remettre à la scène VÉ-
cole des Bourgeois de D'Allainval. Le succès en
fut prodigieux , et a été le moment le plus bril-
lant de sa réputation. Le 6 mars 1789 avait lieu
la première représentation des Deux Pages,
et l'on sait combien fut complète l'illusion que
produisit cet éminent comédien dans le per-
sonnage du grand Frédéric, L'imitation fut si
parfaite, Iqu'elle aiTacha des larmes au prince
Henri de Prusse , frère du monarque, qui le
lendemain fit remettre à Fleury une tabatière
fort riche, ornée du portrait du feu roi,
et accompagnée d'une lettre autographe que
Fleury aimait à montrer à ses intimes. Cet ac-
teur fut moins heureux dans la reproduction
d'Henri IV de La Partie de Chasse. A la l'évo-
lution, Flem'y fut incarcéré ainsi que la plupart
de ses camarades , pour avoir représenté Pa-
méla, pièce de François (de Neufchàteau ).
Il fut sauvé par la soustraction des pièces du
procès, opérée par les soir»" de La Bussière,
employé au comité de sûreté générale. 11 comp-
tait quarante-quatre ans de service lorsque ,
moins volontairement que forcé par des tracas-
series intestines, il prit sa' retraite , le 1*' aviil
1818, avec une pension de 9,000 francs , et vint
habiter Orléans, où il passa les quatre der-
nières années de sa vie. Il a paru, de 1835 à
1837, un ouvrage intitulé : Mémoires de Fleury
de la Comédie-Française, rédigés . sur des
notes authentiques , 6 vol.in-8°. Ces mémoires
apocryphes , fort spirituellement composés d'ail-
leurs, sont dus à la plume de M. J.-B. Lafitte,
qui a mis à contribution tous les mémoires du
temps; car il résulte de témoignages authenti-
ques que jamais Fleury n'a laissé de matériaux
écrits. Éd. de Manne,
Mercure de France. — Almanach des Spectacles.
— Éphémérides universelles. — Correspondance de
Grimm. — Mémoires de L. Fusil.
*Fi,v.iJR'Y (Louis- Joseph), médecin, né à
Saint-Pétersbourg, de parents français. Reçu
docteur en médecine à Paris, en 1839, il a ob-
tenu au concours la place de ])rofesseMr agrégé.
On a de lui : Mémoire et observations sur les
affections cutanées décrites par Willan sous
les noms de Psoriasisei de Lepra viilgaris; dans
les Archives médicales , 1836 ; — Mémoire sur
927 FLEUR Y
la suture intestinale; 1837, même recueil ; —
De V Hydrosudopathie, ou système thérapeuti-
que; ibid., octobre 1837; — Observation de
grossesse tubaire ; ibid., janvier 1838; — Ob-
servations et réflexions sur Vopération de
Vempyème; ibid., juillet 1838; — Compen-
dium de Médecine pratique, etc.; Paiis,
1836-1846; — V Homœopathie dévoilée; Paris,
1839, in-8", 2" édit.; — Essai sur Vinfection
purulente; Paris, 1844, in-8°; — Quelques
Mots sur l'Organisation de la Médecine en
France; Paris, 1844.
Sachaille, Les Médecins de Paris. — Louandrc et Bour-
quelot, La Littérature contemporaine.
FLEURY DE CHAiJoiîLOX { Pierre- AUxan-
dre-Édouard), administrateur français, né en
1779, mort le 28 septembre 1835. Dans la jour-
née du 13 vendémiaire an iv (octobre 1795), il
combattit, dit-on, avec la garde nationale pari-
sienne insurgée conti'e les troupes de la Con-
vention , commandées par le général Bonaparte.
Peu de temps après , Fleury de Chaboulon em-
brassa la carrière administrative, et fut employé
dans les finances. Appelé ensuite au conseil
d'Etat comme auditeur, il fut attaché à la di-
rection générale des domaines. Il passa bientôt
à la sous-préfecture de Château-Salins, et s'y
fit rémarquer par son zèle. Lors de l'occupa-
tion de cette ville par les troupes de la coali-
tion , Fleury de Chaboulon se rendit au quartier
général de l'empereur, qui lui confia d'impor-
tantes missions et l'envoya reprendre ses fonc-
tions administratives à Reims. Par ses pro-
clamations et son exemple, il encouragea ses
nouveaux administrés à la résistance. Mais les
Russes parvinrent à s'emparer de la ville, et
Fleury de Chaboulon dut se cacher. L'abdication
do Napoléon le rendit à la vie privée; il en pro-
fita pour faire un voyage en Italie. Son retour en
France coïncida [avec celui de l'empereur, reve-
nant de l'île d'Elbe. A Lyon, Napoléon le prit pour
secrétaire intime. A Paris, l'empereur le chargea
d'une mission pour Bàle; cette mission avait
pour but de préparer l'ouverture de négociations
avec l'Autriche.
Le désastre de "Waterloo rendit ses démar-
ches inutiles. Forcé de s'expatrier, Fleury de
Chaboulon profita des loisirs que lui laissait le
gouvernement de la Restauration pour publier
des Mémoires pour servir à l'histoire de la
vie privée, du retour et du règne de Napo-
léon en 1815 (Londres, 1819, 2 vol. in-8°). Ce
livre, qui eut un grand succès de curiosité , a élé
réimprimé trois l'ois en 1820, à Leipzig, à Ham-
bourg et à Bruxelles. Napoléon, qui avait promu
Fleury de Chaboulon au grade d'officier de la
Légion d'Honneur pendant les cent jours , dit de
lui, dans ses Mémoires, qu'il était plein de feu et
de mérite. Ney l'avait appelé l'intrépide sous-
préfet. Revenu à Paris, il prit la direction d'une
des premières compagnies d'assurance. La révo-
lution de Juillet 1830 lui rouvrit les portes du
928
conseil d'État. En 1834, l'arrondissement
Château-Salins le nomma député ; il prit la pan
dans la discussion du budget pour appuyer ■
amendement relatif à la prorogation de la lotei >
L. LOUVET.
Kabbe, Bolsjolin et Sainte-Preuve, Biogr. univ. et ;.
tut. desConfemp. — Laurent (de l'Ardèche), dans le r t
de la Coîiv., suppl. à la 1"^ édition.— Quérard, La Fn ■
littéraire. — Louandre et Bourquelot, La Littér. fr .
contemp. — Discours de MM. de Boursy et A. de Lab
aux obsèques de M. Fleury de Chaboulon, Mon. du /.
1833.
FLEURY-TERNAL (1) (Charles), hist(
et prédicateur français , né à Tain ( DaupI
le 29 janvier 1692 (2), vivait encore en 17.'
fit ses études au collège de Tournon, et e^.
à l'âge de seize ans, dans l'ordre des Jésuites!
De 1710 à 1716, il professa à Rodez, à Mont-
pellier, à Auch. En 1719 il fut ordonné prêtre
à Paris , où trois ans plus tard il débuta dans
l'éloquence sacrée, et devint prédicateur delà
cour. On a de lui : Vie de saint Bernard,
archevêque de Vienne; Paris, 1722, in-12.
Ce saint, qu'il faut se garder de confondre
avec l'abbé de Clairvaux , et dont le véritable
nom est Barnard , mourut à Romans , en 842.
« Cette vie, extraite des différentes histoires de
France, du bréviaire de l'église de Romans,
de celui de l'ordre de Saint-Antoine , de celui de
Grenoble, des manuscrits du père Clùfflet, des
Bollandistes, etc., dit M. l'abbé Nadai, dans sa
récente Histoire hagiologique du diocèse de
Valence , est assez bien écrite , mais l'imagina-
tion de l'auteur y embellit les faits outre me-
sure; ■» — Histoire du cardinal de Tournon,
ministre de France sous quatre de nos rois;
Paris, 1728, in-8'' : ouvrage qui emprunte son
principal intérêt aux documents tirés des archives
du château de Tournon, anéanties ou dispersées
à l'époque de la révolution (3) ; — Huit sermons
manuscrits conservés par des parents du père
Fleury, qui ont bien voulu nous les communi-
quer : ils sont écrits avec plus de correction et
d'élégance que les ouvrages imprimés du même
auteur. Dans un discours Sur le pardon des
injures, nous rencontrons quelques traits heu-
reux. Ainsi, après avoir énuméré différents
(1) Sur le titre de la f^ie de saint Bernard , Fleury
ajoute à son nom celui de Temal, qui était celui de
sa mère, sans doute afin de se distinguer de l'auteur de
l'Histoire ecclésiastique, vivant encore à l'époque de la
publication de ce livre.
(2) Le Dictionnaire historique de Chaudon et Delan-
dine, Lyon, 1804, fait mourir le père Fleury vers nso.
Delacroix, dans sa Statistique du département de la
Drôme, s'arrête à cette année , comme à une date posi-
tive. C'est une erreur manifeste. En tête d'un des sermons
autographes que nous avons sous les yeux , le père
Fleury indique lui-même qu'il a été prêché à Paris en
1752. F.nfin, un catalogue imprimé des membres de l'ordre
en 17 54, dont nous devons la communication à l'obli-
geance du B. P. Gault, de la Compagnie de Jésus, fait
mention de notre auteur comme appartenant à la mai-
son de Tournon.
(3) Les papiers qui échappèrent à la destruction furent
recueillis par le savant marquis de.Satilliec (Charles-
François du Faure de Saint-5ilvestre ). On ne sait ce qu'ils
sont devenus depuis.
929 FLEURY -
genres de haine, l'orateur ajoute : « Comme
cette passion se replie de toutes les sortes,
il est une haine modérée, qu'on appelle des
gens d'honneur. On se hait avec une espèce
de méthode, on se voit avec politesse, on se
complimente avec effusion , on se détruit avec
respect. Il est une haine d'un zèle apparent,
d'autant plus dangereuse qu'elle est moins sus-
pecte , haine sacrée, haine éternelle : les dévots
ne pardonnent pas. Dites plutôt les hypocrites,
car il n'est point de piété sans la charité. »
Anatole de Gallier.
Documents inédits.
FLECRY. Voyez JoLY DE Fleurt et Ros-
SET (De).
FLEXIER DE REVAL, pseudonyme (ana-
gramme) de Xavier de Feller. Voy. Feller.
FLiNCR (Govaërt) , peintre hollandais, né à
Clèves, en décembre 1616, mort à Amsterdam,
le 1 décembre 1660. Son père, descendant d'une
riche famille de commerçants , était trésorier de
sa ville natale ; il destina son fils à suivre la car-
lière qui avait enrichi ses ancêtres , et Govaërt
Fiinck fut placé chez un marchand de soieries.
Bientôt le patron de Fiinck s'aperçut que son
commis s'occupait plutôt de retracer des images
que détenir ses livres decommerce. Urenvoyale
jeune barbouilleur à sa famille. « A cette époque,
ditDescamps, on ne comprenait pas qu'un peintre
pût presque être un honnête homme. >' Fiinck
fut donc admonesté sévèrement et replacé chez
un négociant d'Amsterdam. Là, entraîné par son
goût favori, il fit connaissance d'un peintre sur
verre qui lui prêtait des dessins, et passa ses
nuits à les copier. Surpris dans cette occupation ,
son père le châtia rudement , et probablement la
vocation du jeune artiste eût été arrêtée, si Lam-
bert Jacobs de Lewarde , éloquent prédicateur et
bon peintre, ne fût venu prêcher l'évangile à Clè-
ves. Fiinck père sentit ses préventions s'effacer, et
confia son fils au ministre-artiste. Govaërt Fiinck
devint rapidement assez habile pour s'attacher
à Rembrandt , et imita la manière de ce grand
maître au point que ses tableaux étaient et sont
encore confondus avec les siens. Il peignait
l'histoire et le portrait en grand. On voit beau-
coup de ses toiles à Amsterdam ; entre autres ,
dans la maison de ville : Marcus Curius refu-
sant les trésors des Samnites; — Salomon
demandant à -Dieu le don de la sagesse, et
un grand nombre de portraits des principaux
citoyens d'Amsterdam. Les magistrats de cette
ville venaient de lui commander douze tableaux
dont il avait achevé les esquisses, lorsqu'il suc-
comba en cinq jours à des vomissements violents.
Descamps, La Fie des Peintres hollandais, etc.
FLiNDERS {Matthew) , navigateur anglais,
né vers 1780, à Donington (Lincolnshire), mort
le 19 juillet 1814. Il était fils d'un chirurgien
assez distingué , entra fort jeune dans la marine
marchande, et dès 1793 naviguait dans l'Atlan-
tique. Lorsqu'on 1795 le capitaine Hunter {voy.
NOIJV. BIOGR. GÉNÉK. — T. XVII.
FLINDERS 930
ce nom) fut nommé gouverneur de Botany-Bay,
Flinders s'embarqua sur son bord en qualité de
midshipman (aspirant). Durant la traversée, il
se lia d'affection avec le chirurgien du vaisseau ,
Georges Bass , caractère hardi et aventureux, do-
miné aussi par le goût des découvertes. A leur
arrivée au Port-Jackson , les jeunes amis firent
construire un bateau d'à peine huit pieds de long,
qu'ils appelèrent justement Tom Thumb (Tom
Pouce ) , et ce fut sur cette frêle embarcation ,
sans autre compagnon qu'un mousse , qu'ils ten-
tèrent l'exploration de George's River ( rivière
de Georges). Malgré des dangers de toutes es-
pèces et capables d'effrayer les phis fermes esprits,
ils réussirent dans leur entreprise, et rappor-
tèrent des documents précieux sur l'intérieur du
pays. Le succès de ce premier voyage décida
Fhnders et Bass à visiter ainsi toute l'AustraHe,
et en septembre 1798 ils remirent à la voile sur
une grande barque pontée, nommée Norfolk,
manœuvrée par six matelots. Le but de leur ex-
pédition était de vérifier si , suivant la pensée de
Bass, il existait un détroit entre la Terre de Van-
Diemen et la Nouvelle-Hollande. Le détroit fut
en effet découvert, et reçut le nom de Bass,
situé entre 38° 40' à 41° de lat. sud et entre
141° et 147° de long, est; il s'étendait à environ
cinquante lieues de l'est à l'ouest, sur un es-
pace presque égal du nord au sud. Il était semé
de nombreux groupes d'îles, la plupart stériles,
ou de roches à fleur d'eau, qui rendaient la navi-
gation très-dangereuse. Plusieurs fois les navi-
gateurs anglais coururent les i)lus grands périls.
Après une navigation de trois mois , employés à
dresser les plans du canal découvert , ils rega-
gnèrent Port-Jackson. L'année suivante (1799),
Flinders fut nommé lieutenant dans la marine
royale, et fut envoyé sur la même barque pour
explorer les côtes situées au nord du Port-Jack-
son, qui n'étaient encore connues que par les
données incomplètes de Cook. Flinders releva
avec soin la terre jusqu'au 25°, et surtout les
baies d'Harvey et Glass-House. Après avoir
rendu compte de sa mission , il revint eu Angle-
terre, où il reçut le grade de capitaine. Il pro-
posa alors au conseil de l'amirauté de compléter
la reconnaissance de l'Australie; son plan fut
adopté , et il reçut le commandement du navire
The Jnvestigator, de 334 tonneaux, portant un
équipage de quatre-vingt-huit hommes, y compris
un astronome, un naturaliste, deux peintres, un
botaniste et un minéralogiste. La France était
alors en guerre avec l'Angleterre ; mais le pre-
mier consul Bonaparte n'hésita pas à accorder à
Flinders un laissez-passer, qui , au nom des droits
sacrés de la science, devait le faire respecter des
bâtiments de guerre français et bien accueillir
dans les colonies de cette nation (1). Flinders mit
(1) Un an auparavant un pareil passe-port avait été
accordé par le gonverneraent britannique en faveur du
capitaine liaurtln, qui partait avec deux batimenU pour
un voyage de découvertes.
30
931
FLINDERS
932
à la voile en juillet 1801, et en décembre sui-
vant il était en vue du cap Leuwen , sur la côte
sud-est de l'Australie. Il commença son explo-
ration en longeant la terre à l'est du détroit de
Bass. Dans la Encounter-Bay (baie de la Ren-
contre), il trouva le capitaine Baudin {voy. ce
nom ) , qui lui-même venait d'acbever la re-
connaissanciB de la Terre de Van-Diemen et de
la Nouvelle-Galles du Sud. Un certain sentiment
de jalousie entrava les relations des deux navi-
gateurs. Flinders gagna le Port- Jackson le 9 mai
1802. Il y fit radouber son navire, et reprit la
mer le 22 juillet suivant; il remonta vers le nord
la côte orientale, reconnut les îles Nortbumberland
et Cumberland , et releva avec soin la chaîne de
rochers de corail nommée Barrière Reef. Après
quatorze jours d'une navigation sans guide, au
milieu d'un labyrinthe d'écueils, il franchit le
détroit de Torres, et visita attentivement le golfe
de Carpentarie , sur lequel on manquait de do-
cuments certains (1). Il séjourna trois mois dans
ces parages , et se rendit à l'île de Timor pour y
rétablir son équipage , exténué par les fièvres.
Déjà il avait perdu son botaniste et ses meilleurs
matelots. VInvestigator, complètement avarié ,
ne flottait plus que par le jeu incessant des
pompes. Flinders atteignit le cap Leuwen, et,
suivant la côte sud , relâcha dans l'archipel de
La Recherche. Il entra ensuite dans le golfe Saint-
Vincent, et mouilla, par 35" 43' de lât. sud et
135° 38' de long., sur une assez grande île, qu'il
nomma île des Kangourous. Ces animaux y
étaient si nombreux et si peu farouches, que son
équipage en tua , en une soirée , trente-et-un ,
pesant de soixante à cent vingt-cinq livres. Non
moins nombreux, des phoques monstrueux se
traînaient sur la plage jusque auprès des bandes
de kangourous , et vivaient avec ces derniers en
bonne intelligence. Des aigles d'une grande
taille faisaient seuls la guerre à ces paisibles pos-
sesseurs d'un Éden de verdure, qui avait plus
de soixante-dix lieues de circuit. L'espace com-
pris entre cette île et l'archipel de Nuyts , c'est-
à-dire entre les 130 à 135° de long., a conservé
le nom de Terre de Flinders. Ce navigateur
repassa le détroit de Bass, et, après mille dan-
gers, rentra au Port-Jackson le 9 juin 1803,
ayant ainsi accompli le tour de l'Australie. In-
fatigable, il voulut immédiatement continuer son
exploration, et faute de bâtiment de l'État, il monta
à bord d'un navire marchand , la Purpoise ; se
faisant suivre de deux autres bâtiments de com-
merce, le Bridyewater, capitaine Palmer, et le
Cato , de Londres , il mit le cap sur le détroit
de Torres. Dans la nuit du 17 août, la Pur-
(1) C'est à tort que certains géographes ont attribué la
découverte de la terre de Carpentarie à Pierre Carpentier,
gouverneur général des Indes hollandaises, et qu'ils fixent
cet événement à l'année 1628; à cette époque Carpentier
revint en Hollande, sans toucher à la terre australe. La
côte orientale était connue dès 1616 ; elle fut ensuite ex-
plorée à plusieurs reprises, principalement par Tasman,
en 1644.
poise échoua sur des rochers de corail { situés
entre la Nouvelle-Calédonie et l'Australie) ; pres-
que immédiatement le Cato éprouva le même
sort. Le Bridgeioater évita le danger ; mais Pal-
mer, sans s'inquiéter de la destinée de ses com-
pagnons, poursuivit inhumainement sa route (l).
Aussitôt que le jour parut, Flinders s'occupa du
sauvetage de ses hommes, et réussit à atteindre
un banc de sable. Grâce à son sang-froid intel-
ligent, les naufragés s'organisèrent avec ordre et
tirèrent de grandes ressources des navires échoués.
Une chaloupe fut construite, et le 29 août Flin-
ders s'embarqua sur cette frêle embarcation
pour aller à sept cent cinquante milles chercher
des secours, il atteignit heureusement Port-
Jackson le 6 septembre. Il fréta aussitôt le schoo-
ner le Cwnberlandi de 29 tonneaux, un autre
schooner, et suivi d'un bâtiment qui allait en
Chine, il vint, le 7 octobre, délivrer les nau-
fragés, demeurés sur le BaJic du Naufrage; les
uns revinrent au Port -Jackson , tandis que les
autres prirent passage pour la Chine. Quanta
Flinders , resté avec un petit nombre de ma-
rins déterminés , il résolut de continuer sa mis-
sion et de regagner l'Angleterre sur le Cum-
berland : c'était s'exposer témérairement à de
grands périls. Après avoir repassé le détroit de
Torres , il relâcha à Timor, et s'élançant à tra-
vers l'Océan, il atteignit l'île de France, au
moment où son schooner allait couler bas. Flin-
ders se fmit au passe-port qui lui assurait pro-
tection dans les colonies françaises; mais les
autorités de l'île crurent devoir le retenir comme
prisonnier. Elles s'appuyèrent sur ce que son
passe-port désignait la mer Pacifique ou le grand
Océan comme le but de son expédition, et non
les niers des Indes; que la sûreté qui lui avait
été accordée devait cesser du moment où il
changeait sa route; que d'ailleurs ce passe-port
portait le signalement de VInvestigator, et non
celui du Cumberland. C'étaient de pauvres pré-
textes; mais d'autres raisons militaient puissam-
ment en faveur de la conduite du gouverneur
français (2). On était au plus, fort d'une guerre
terrible , sans relations avec la mère patrie ; l'île,
abandonnée à ses seules forces, était chaque jour
menacée par les flottes anglaises, dont les espions
cherchaient, par tous les moyens, à connaître
l'état des forces françaises et à nouer des intri-
gues avec les habitants. Une rigoureuse prudence
l'emporta, et Flinders fut déclaré prisonnier de
guerre; son bâtiment fut saisi et ses papiers mis
sous le scellé; le secret en fut néanmoins loya-
lement respecté pendant les six ans que dura la
captivité du navigateur anglais, et ils lui furent
restitués lorsque, vers la fia de 1810, il fut
rendu à sa patrie (3). A son arrivée, il s'em-
(1) Par un hasard singulier, quelques jours plus tard
Palmer et le Bridiiewater étaient engloutis en pleino
mer, corps et biens, tandis que Flinders sauva ses équi-
pages sans perdre un seul homme.
(2) Le génér.'il Oecaen.
(3) Aiasi tonabe l'accusation portée contre Baudin d'à-
933
FLINDERS — FLINS
934
pressa de mettre en ordre ses documents, de
corriger ses cartes et de faire imprimer la rela-
tion de ses découvertes ; mais sa santé, épuisée,
né put résister à ce travail , et il mourut le jour
même de la publication de son ouvrage, intitulé :
A Voyage to the Terra Australis, underta-
Jcen for the purpose of completing the disco-
very of that vast country, in the years 1801,
1802 and 1803, tn H. M. ship Investigator,
and subsequently in the armed vessel Pur-
poise and Cumberland schooner, avec atlas;
Londres, 1814, 2 vol. in-4°. Ce travail est ac-
compagné d'un appendice de Robert Brown sur la
Flore de r Australie. OnaaussideFlinders : Mé-
moire sur l'usage du baromètre pour recon-
naître la proximité des côtes, inséré dans les
Philosophical Transactions , ann. 1806, par^
tie IF ; — Lettre aux membres de la Société
d'Émidation de l'Ile de France, sur le Banc du
Naufrage et le sort de La Pérouse ; dans les A n-
nales des Voyages, t. X, p. 88. Tous les navi-
gateurs et les géographes sont d'accord sur l'im-
portance des magnifiques travaux de Flinders ,
que l'Angleterre met justement au nombre de
ses illustrations maritimes.
Alfred de Lacaze.
Pinkerton, General Collection of f^oy âges and Travels,
t. XI, p. 884-906. — Monthly Review, février 1815,
vol. LXXVI. — Monthly Magazine. — Çuarterly Re-
view, vol. X II, p. 1 à 267. — The Penny Cyclopœdia. —
.1. Gorton, General bioyraphical Dictionary. — Rev.
II. J. Kosc, ^ nero gênerai biographical Dictionary. —
Doraeny deRienzy, Océanie, dans Y Univers pittoresque,
III, p. 426-479.
FLiMS DES OLIVIERS (Claude-Mane-Louis-
Emmanuel Carbon de), écrivain et poète fran-
çais, né à Reims, en 1757, mort à Vervins, en
1806. Son père était maître des eaux et forêts
de Reims. Il montra de bonne heure des dispo-
sitions pour la poésie , et il terminait ses études
dans sa\ille natale, lorsque le sacre de Louis XVI,
en 1775 , lui inspira une ode qui le fit comiaître.
Ses parents l'envoyèrent alors à Paris, où il
arriva peu de temps après la mort de Voltaire.
Il composa sur cet événement un Discours qui
concourut pour le prix proposé par l'Académie
Française. II fournit aussi des pièces de vers à
VAlmanach des Muses et aux journaux litté-
raires , et acheta une cliai'ge de conseiller à la
cour des inonnaies de Paris , qu'il perdit à la
révolution. « Flins, dit Chateaubriand, avait
reçu une éducation négligée ; an demeurant ,
homme d'esprit et parfois de talent. On ne pou-
vait voir quelque chose de plus laid : court et
bouffi , de gros yeux saillants , des cheveux hé-
rissés, des dents sales, et malgré cela l'air pas
trop ignoble. » Chaque jour il allait au Théàtre-
voir profité des travaux dn navigateur anglais. Flinders ne
l'accuse d'ailleurs que d'avoir donné des noms nouveaux et
français à beaucoup de points déjà découverts, tels qu'une
terre Napn!éon, une baie Talleyrand, des eaps Marengn,
Rivoli, e!c. En l'absence de cartes même inexactes,
il n'est pas étonnant que le navigateur français ait oru
■ devoir dénommer les lieux qu'il relevait. Flinders lui-
mêoie n'est pas exempt de ce reproche
Français ; chaque année il allait passer quelques
mois à Reims, vivant de crédit, ajoute Cha-
teaubriand , et toujours gai et bien reçu. Il ré-
pondit au Petit Almanach des Grands Hommes
de Rivarol par une satire ; puis , au commence-
ment delà révolution, il fit jouer Le Réveil d' É-
piménide , pièce d'une donnée ingénieuse , où
l'on applaudissait surtout ce couplet :
.T'aime la vertu guerrière
De nos braves défenseurs ;
Mais d'un peuple sanguinaire
.Te déteste les fureurs.
A l'Europe redoutables.
Soyons libres à jamais;
Mais soyons toujours ain]at>les.
Et gardons l'esprit français.
Il fit jouer encore quelques autres pièces, et se
retira, en 1797, piès de Reims, dans un ancien
presbytère qu'il avait acheté. Fontanes, son ami,
avec lequel il avait rédigé Xe Modérateur, lui ob-
tint de Napoléon la place de commissaire impérial
près le tribunal de Ver'vins, où il termina sa car-
rière. Ce poète, qui ne portait d'abord que le
nom de Carbon, y ajoula successivement ceux
de Flins et des Oliviers , ce qui lui valut cette
épigramme de Lebrun :
Carbon de Flins des Oliviers
A plus de noms que de lauriers.
On doit à Carbon de Flins : Ode sur le Sacre
de Louis XVI; 1775 ; — Voltaire, poème lu à
la fête académique de la loge des Neuf Sœurs ,
1779, in-«°', 2" édition, Ferney et Paris, 1779,
in-8° ; — Les Ainours , élégies en trois livres ,
avec un Essai sur la poésie erotique ; Londres et
Paris , 1780 , in-8'' ; — Fragments d'un jméme
sur l'affranchissement des serfs, lus à une
séance publique de l'Académie Française ; 1781,
in-8" ; — Poèmes et Discours en vers lus et
mentionnés aux séances publiques de l'Aca-
démie Française ; Paris , 1782 , in-«" ; — Plan
d'un cours de littérature, présenté à tnon-
s.eigneur le Dauphin; 1784, in-12; — Dia-
logue entre l'auteur et le frondeur; sans date
(1789), in-8° ; — Le Réveil d'Épiménide à
Paris , ou les étrennes de la liberté, comédie
en un acte et en vers ; Paris , Beaucaire et Tou-
louse, 1790, in-S^ — Le Mari directeur, ou
le déménagemen lu couvent : comédie assez
leste , en un acty t en veis , imitée du Mari
confessetir de u fontaine; Paris, 1791, in-8";
— La Jeune Hoiesse , comédie en trois actes et
en vers, imitée de La Locandïera de Goldoni,
et qui dut surtout son succès au jeu de M"*' de
Candeille; Paris, 1792 et 1802, in-8"; — La
Papesse Jeanne, comédie en un acte, mêlée de
vaudevilles, jouée au théâtre Feydeau; 1793,
Barbier lui attiibue Les Voyages de l'opinion
dans les quatre paities du monde , par Louis-
Emmanuel, Paris, 1789; Journal très-piquant,
dit le savwt bibliographe , et dont.il a paru cinq
numéros. Éditetir des oeuvres du chevalier Ber-
lin ( 1 785, 2 vol. in- 18), Flins avait commence un
^loënie ^'Umftetl , en cinq chants , dont on tiumie
30.
63 s FLINS —
des fragments dans ï'Almanach des Muses,
dans la Décade et dans le Mercure. On a pu-
blié en 1810 nn Choix de ses poésies, réunies
à celles de Barthe et de Masson de Morvilliers.
L. LOUVET.
• Cubières de Palmezeaux, Notice historique et litté-
raire sur Carbon de Flins. — Chaudon et Delandine,
Dict. univ., histor., crit. et bibliographique. — Rabbe,
Vieilh de Boisjolin et Sainte-Preuve, Biogr. univ. et por-
tative des Contemporains. — Quérard, La France litt.
— Le Bas, Dict. encycl. de la France. — Chateaubriand,
Mém. d' Outre-tombe, !"=■■ vol.
FUPART [Jean-Charles ), graveur français,
né à Paris, en 1700, mort vers 1750. Il grava
pour le recueil de Crozat deux tableaux de Ra-
phaël, et on cite de lui une Madeleine péni-
tente, d'après Charles Le Brun.
Gandellini, A'^oïizie degli Intagliatori, avec les addi-
tions de Luigi de Angelis.
FLIPART (Jean- Jacques), graveur français,
fils aîné du précédent, né à Paris, en 1723, mort
en 1789. Il se distingua surtout par la finesse et
l'élégance du dessin. Il fut reçu à l'Académie
royale en 1755. Voici la liste de ses principaux
ouvrages : une Sainte Famille, d'après Jules
Romain ; — Adam et Eve après leur péché,
d'après Natoire ; — Vénus et Énée, d'après le
même; — deux Sacrifice, d'après Vien; — une
Tempête, d'après Vernet ; — une Jeune Fille
dévidant du fil, d'après Greuze; — Le Paraly-
tique environné et soulagé par ses enfants,
et L'Accordée de village , d'après le même ; —
Le Gâteau des Rois , d'après le même ; — le
Combat des Centaures, d'après Boulogne; —
deux Chasse,'d'a.pTès Vanloo et Boucher.
Gandellini, Notizie degli Intagliatori , avec les addi-
tions de Luigi de Angelis.
FLIPART ( Charles-François), graveur fran-
çais, frère du précédent, mort eu 1773. On
connaît de lui quelques petites estampes d'après
Fragonard et autres maîtres modernes de l'école
française.
, Basan, Dictionnaire des Graveurs (supplément).
FLiscus {Etienne), grammairien italien du
quinzième siècle, né à Soncino, petite ville du
Crémonais. Sa vie est très-peu connue ; on sait
seulement qu'il se fit recevoir docteur en droit
civil et canonique, et qu'il était vers 1453 rec-
teur du gymnase de Raguse. On a de lui : Va-
riationes, sive sententiarum synonyma; cet
ouvrage a eu beaucoup d'éditions. La première,
d'après Panzer, est de 1477, in-fol., sans indica-
tion de ville. On cite encore celle de Rome,
1479, in-4°, Per Joann. Bulle de Bremis, et
celle de Turin, 1480, in-fol. ; — Comment, in
Décret. Innocenta IV ; Y emse, 1481, in-fol.;
— De Componendis Epistolis ; Venise, 1493;
1505, in-80; 1567, in-8". Arisi, dans sa Cre-
mona literata, mentionne aussi de Fliscus :
Regulœ Summaticae, et Luctus Sonciniensis.
Gesner, Bibliotheca. — Arisi, Cremona literata, t. I,
p. 278. — Fabrlcius. Bibliotheca Latina mediœ et inflmse
sstatis, 1. 1, p. 106. — Panzer, Annales typographici.
FLiTTNER {Jean), poète latin allemand,
natif de la Franconie , vivait dans la première
FLODOARD - 936
moitié du dix-septième siècle. On a de lui : Ma-
nipulum epigrammatum ; — Promptuarium
Christianse. Sapientiœ; — Murneri JSebulo
nebulonum, hoc est jocoseria nequitise cen-
sura, traduit de l'allemand en latin, sous l'ana-
gramme de FKnfer ; Francfort, 1663, in-S". _^;
Jôcher, yillg. Gel.-Lex.
FLOCCO. Voy. Floke.
FLOCCCS. FlOCCO.
FLODOARD OU FRODOARD, historien et ha-
giographe français , né à Épernay, en 894, mort
le 28 mars 966. Il fut élevé dans la célèbre école
de Reims , et obtint successivement la protec-
tion de Hervé , de Seulfe et d'Artaud, archevê-
ques de cette ville. Son mérite et son savoir lui
donnèrent entrée dans le clergé de la cathédrale.
On lui confia d'abord la garde des archives de
cette éghse. Il fut ensuite élevé au sacerdoce et
à la dignité de chanoine. On lui confia aussi la
cure de Cormici, bourg à trois lieues de Reims.
En 936, il fit le voyage de Rome, et reçut du pape
Léon VII l'accueil le plus gracieux. Quelques
années plus tard, l'archevêque Artaud l'envoya
en mission à Aix-la-Chapelle auprès du roi Otlion.
Dans la longue lutte soutenue par cet archevêque
contre un prélat intrus, Hugues, fils du comte
de Vermandois, Flodoard, resté fidèle à Artaud,
fut exposé à des persécutions de la part du comte
de Vermandois et subit une captivité de plu-
sieurs mois. Cette affaire, qui se prolongea pen-
dant près de dix ans, l'obligea de plus à divers
voyages. Tant d'agitations et de contrariétés le
décidèrent à quitter le monde et à s'enfermer
dans un cloître. Il devint plus tard abbé, on
ignore dans quel monastère. En 951, après le
décès de Rodolphe, évêque de Noyon et de Tour-
nay, le clergé et le peuple de ces deux églises
élurent Flodoard pour lui succéder. Cette élec-
tion resta sans effet, parce que Foucher, soutenu
par Louis d'Outre-mer, se mit en possession de
l'évêché vacant. Flodoard songea d'abord à sou-
tenir son droit ; mais le légat du pape, Adelage,
archevêque de Brème, l'en dissuada, en lui re-
présentant qu'un moine pouvait faire son salut
bien plus facilement qu'un évêque. En 962, Flo-
doard assista à l'élection d'Odalric pour le siège
épiscopal de Reims, et l'année suivante il se dé-
mit de sa prélature (probablement sa dignité
d'abbé ) en faveur de son neveu. Ses trois der-
nières années furent uniquement consacrées à
l'étude et aux exercices de piété. Il laissa en mou-
rant une grande réputation de sainteté. D'après
son épitaphe, il
Véquit caste clerc, bon moine, meilleu abbé.
Aucun auteur du dixième siècle n'a laissé des
ouvrages aussi considérables que Flodoard. En
voici la liste : une sorte de Chronique sacrée^
écrite en vers latins et divisée en trois parties.
Dans la première , en trois livres , l'auteur célè-
bre les triomphes de Jésus-Christ et des saints de
Palestine; la deuxième, en deux livres, est aussi
consacrée aux triomphes de Jésus-Christ et aux
937
FLODOARD — FLOERKE
938
événements d'Antioche concernant la religion; la
troisième contient l'histoire abrégée de tous les
papes depuis saint Pierre jusqu'à Léon VII,
mort en 939, et des saints les plus illustres d'I-
talie , tant martyrs que confesseurs. Mabillon a
donné des morceaux considérables de cette troi-
sième partie, dans ses Annales Ordinis Sancti
Benedicti, t. II et IV; Muratori les a repro-
duits dans ses Rerum Itallcarum Scrlptores,
t. m. Cet ouvrage témoigne d'immenses recher-
ches ; mais il ne faut pas y chercher de critique.
D'après l'Histoire littéraire de la France,
« la versification de Flodoard n'a rien au-dessus
de celle des autres poêles de son temps. C'est
dans les uns et les autres même goût, même
génie : des vers durs, forcés, malsonnants, obs-
curs, dans lesquels, au lieu des traits de bonne
poésie, on ne découvre que rudesse , platitude ,
contrainte et autres défauts ordinaires en son
siècle » ; — une Histoire de l'église de Reims, ou
gestes des archevêques de Reims. Cet ouvrage,
divisé en quatre livres, comprend toute l'histoire
de l'église de Reims depuis sa fondation jusqu'à
l'année 948. Il est Récrit en prose latine cor-
recte, et même élégante eu égard au temps.
L'auteur l'a tiré des archives dont il était le
gardien. Non content d'indiquer les pièces sur
lesquelles il a travaillé , il en donne de longs
extraits, ou même les reproduit en entier. « La
manière dont il a exécuté son dessein, dit
l'Histoire littéraire, montre un homme d'es-
prit, de jugement, de bonne foi, qui avait de
grandes connaissances et de l'ardeur pour le
travail. Il est exact à rapporter les choses, ou
telles qu'il les a trouvées écrites, ou telles qu'il
les a vues lui-même. S'il a quelquefois suivi de
fausses pièces, et donné dans des traditions po-
pulaires , il faut l'attribuer aux défauts de son
siècle plutôt qu'à ceux de son génie. Jl paraît
effectivement qu'il ne lui manquait que plus de
bon goût et de critique pour en faire un excel-
lent historien. « VHistoire de l'église de
Reims parut d'abord traduite en français par
Nicolas Chesneau ; Reims, 1580, ia-4°. Le P. Sir-
mond publia pour la première fois le texte latin ,
Paris, 1611, in-8° , sans notes, mais avec quel-
ques opuscules concernant l'église de Reims. La
meilleure édition est celle de Couvenier ou Coi-
vener. Douai, 1617, in-8°; elle a été reproduite
dans la Bibliotheca Patrum de Lyon, 1677,
t. XVII; — Chronicon Rerum inter Francos
gestarum. Cette chronique commence en 919
et finit en 966. L'auteur ne se contente pas,
comme les autres annalistes de son temps, de
rapporter deux ou trois faits pour chaque année;
il raconte tout ce qu'il a vu par lui-même et ap-
pris d'ailleurs, concernant les affaires civiles et
militaires. « En un mot, suivant l'Histoire litté-
raire, on peut dire que la chronique de Flo-
doard est comme un flambeau lumineux, qui
dissipe une grande partie des ténèbres de ce
dixième siècle, par rapport à l'histoire. « La
Chronique de Flodoard parut pour la première
fois dans les Rerum Burgiindicarum Chroni-
con , Bàle, 1575, in-4"; elle fut réimprimée dans
le premier recueil de Pithou, **aris, 1588, et
dans les Historias Francorum Scriptores de
Duchesne.
Histoire littéraire de la France, t. VI.
FLŒGEL et non flogel ( Charles-Frédé-
ric ), polygraphe allemand, né à Jauer, le 3 dé-
cembre 1729, mort le 7 mars 1788. Dès 1738
il étudia à l'école de sa ville natale, puis il s'ap-
pliqua à la poésie et à la littérature romaine. En
1748 il entra au gymnase de Breslau, et en
1752 il alla étudier la théologie à l'université
de Halle. Revenu dans sa ville natale, il s'y livra
à la prédication, et fut en même temps pré-
cepteur particulier. Beaucoup plus porté vers
l'enseignement que vers l'état ecclésiastique, il
accepta une place de professeur au gymnase
de Breslau; en 1762, il fut pro-recteur à l'é-
cole urbaine de Jauer, et recteur en 1773.
Nommé professeur titulaire de philosophie à
l'académie de Leignitz en 1774 , il put enfin
s'adonner entièrement aux études qu'il aimait.
Ses ouvrages sont : Geschichte des menschli-
chen Verstandes ( Histoire de l'Intelligence
humaine); 1776; — Geschichte der Komis-
chen Literaiur; Leipzig, 1784-1786, 4 vol. Le
tome V de cet ouvrage important est consacré
aux satiriques grecs ; les tomes II et III portent
sur les satiriques romains, italiens, espagnols , an-
glais, français, néerlandais, russes, danois, sué-
dois, etc. ; — Geschichte des Grotesk-Komis-
chen, etc. (Histoire du Comique grotesque);
Liegnitz, 1788 (posthume); — Geschichte der
iro/nan-en (Histoire des Fous de cour); Lie-
gnitz, 1789 (posthume); — Geschichte des
Burlesken (Histoire du Burlesque); Leipzig,
1794 (posthume), publiée par Schmill.
Streit, Alphabetisches yerzeichniss aller im Jahr
mk 171 Schlesien lebenden Schriftsteller. — Hirsching,
Hist. Hier. Handb.
FLOERKE {Jean- Ernest), polygraphe alle-
mand , né à Altenkalden, le 7 juillet 1767, mort
le 6 mai 1830. D'excellentes études élémentaires
faites sous des maîtres éprouvés, tels que Wa-
gner, Karsten, Simonis et Walter, le préparè-
rent aux exercices académiques, qu'il commença
à Rostock, où il s'appliqua à la théologie et à la
philologie. Il se livra ensuite pendant quelque
temps à l'enseignement privé. En 1793 il fut se-
cond maître élémentaire à Waren; en 1805 il
devint pasteur à Kisch-Mulsow et Passée, et en
1812 il fut appelé à la prévôté du cercle ecclé-
siastique de Buckow. Outre de nombreux mé-
moires, publiés dans des recueils scientifiques ou
littéraires, presque toujours sous le voile de l'a-
nonyme, ou a de lui : Auroru; 1705 ; — Fcie.r-
.sVî«if/eu ( Heures de repos ) ; 1796, le T'" ciihier
seulement en a paru ; — Nordteutsches Unter-
hnltungsblattfuer Gebildete aus allen Stœn-
den ( Journal de la Conversation pour les per-
939
FLOERKE
sonnes éclairées de toutes le^ classes) ; 1816 ^ 12
cahiers ou 2 vol. ; en collaboration avec Gei-
senhayner; — Lesefrûchten (Antiiologie) ;
Hambourg^ 18 «8.
Mensel, Cel. Teutschl.
FLONCEL ( Albert- François ), bibliophile
belge, né à Luxembourg, en 1097, mort le 15 sep-
teriïbfe 1773. D'abord avocat au parlement de
Paris, puis secrétaire d'État de la principauté de
Monaco, i! devint, en 1739, premier secrétaire des
affaires étrangères. Particulièrement versé dans
la littérature et membre des académies de Rome,
de Florence, de Bologne, de Cortone , il forma
une magnifique collection de livres italiens. Le
Catalogue de sa bibliothèque a été publié en
1774, 2 vol. in-4". Ce Catalogue est rare et re-
cherché. On a de Floncel une traduction de la
Lettre de M. Riccoboni à M. Muratori^ sur la
comédie de L'École des Maris de M. de La
Chaussée; 1757, in- 12.
Sa femme, Jeanne-Françoise Floncel de
Lavau, née en 1715, morte en 1764, avait tra-
duit les deux premiers actes de la comédie de
L'Avocat vénitien de Goldoni; 1760, iri-12.
Son fils, Albert-Jérôme Floncel, a donné un
Fssai sur la Vie et les Découvertes de Galileo
Galilei, traduit de l'italien du P. Frisi; 1767,
in'12.
Chaiidon et Delandine^ Dict. univ. — Oesessarts,
Siècles littéraires. — Quérard , La France littéraire.
Fi,ooD (Henri), homme politique irlandais,
né en 1732, mort le 2 décembre 1791. Après
avoij" fait ses premières études à DubUn , il les
continua à l'université d'Oxford. Il n'y porta
qu'assez tard une certaine ardeur. Membre du
parlement irlandais en 1759 et en 1761, il se fît
remarquer tout d'abord par son éloquence et ses
efforts pour faire adopter les mesures utiles à
l'Irlande. C'est ainsi qu'il fit rapporter une loi
qui datait du roi Hepri VII, et en vertu de la-
quelle les actes du parlement irlandais devaient
être sanctionnés par un conseil d'État anglais.
Cependant son opposition n'avait rien de systé-
matique. En 1783 il fut élu membre du parle-
ment anglais, où il siégea aussi les années sui-
vantes. En 1790 il proposa un plan de réforme
parlem.entaire, qui eut l'assentiment de plusieurs
hommes d'État, en particulier celui de Fox. Il
fit , en faveur de l'Irlande , diverses fondations
utiles, celle, entre autres, d'une chaire de langue
persane. Comme orateur, Flood brillait surtout
dans la réplique. On a de lui : une traduction de
la Première Pythique de Pindare; — Poem on
the Death of Frédéric prince of Wales ; —
Pindaric Ode to Famé.
Rose, Neiv biog. Dict.
FLOQtTET {Etienne- Joseph) ^ compositeur
français, né à Aix, en Provence, le 25 novembre
Î750, mort le 10 mai 1785. Il composa avec Le-
monnier L'Union de l'Amour et des Arts, opéra
qui fut joué le 7 septembre 1773, avec un grand
succès, et eut quatre-vingts représentations.
— FLOR 940
L'opéra d'Azolan, que Floquet fit représenter
l'année suivante, eut moins de succès. Il se ren-
dit ensuite en Italie, où il eut pour maîtres Sala
et Martini. De retour en France, Floquet donna,
en 1778, Hellé ; en 1779, Le Seigneur bienfai-
sant; en 1781, La Nouvelle Omphale.
Fétis, Biographie universelle des 3Iusiciens.
* FLOQPET { Pierre- Amable), historien et
littérateur français, né à Rouen, le 9 juillet 1797.
Après avoir fait son droit à !a faculté de Caen ,
il se fit recevoir en 1819 avocat au barreau de
sa ville natale, puis en 1821 il fut admis à l'É-
cole des Chartes comme élève pensionnaire. Il
occupait depuis 1828 à la cour royale de Rouen
la place de greffier en chef, à laquelle il re-
nonça en 1843. Ses travaux historiques lui va-
lurent, en 1839, le titre de correspondant de
l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres.
Il est en outra mciïibrc de rAcadémic de Rouen
et de la Société des Antiquaires de Normandie.
Ses principaux ouvrages sont : Éloge de Bos-
suet, évêque de Meaux ; Paris,, 1827, in-8°;
— Histoire du Privilège de saint Romain,
en vertu duquel le chapitre de la cathé-
drale de Rouen délivrait anciennement un
meurtrier, tous les ans, le jour de VAscen'-
sion; Rouen, 1833, 2 vol. in-8°; — Anecdotes
normandes; Rouen, 1838, in-8°; — Histoire
du Parlement de Normandie ; Rouen, et Paris,
1840-1843, 7 vol. in-8°. En 1842, l'Académie
des Inscriptions a décerné à ce savant ouvrage,
avant son entier achèvement, le grand prix
Gobert. L'auteur en a extrait et publié sé-
parément : Histoire de l'Échiquier de Nor-
mandie; Rouen et Paris, 1840, ln-8°, tiré à
125 exemplaires. — Études sur Bossuet; Paris,
1855, 3 vol. in-S". — Diaire ou journal du
voyage du chancelier Seguier en Normandie,
après la sédition des nu-pieds ( 1 639-1 G40),
et documents relatifs à ce voyage et à la
sédition, etc.; Rouen et Paris, 1842, in-8°. On
trouve des notices de M. Floquet dans les
Mémoires de l'Académie de Rouen , les Mé-
moires de la Société d'Émulation de Rouen,
la Revue de Rouen, la Bibliothèque de l'École
des Chartes et la Revue rétrospective. Il a
pubUé comme éditeur : Œuvres inédites de
Bossuet ; Paris, 1828,in-8'' , contenant, outre un
traité de logique , une instruction pour la pre-
mière communion , un petit écrit sur l'existence
de Dieu, et une table latine, le tout composé
pour le Dauphin. E. Regnard.
La Littérat. franc, contemp. — Docum. part.
FiuOR. (Roger DE), célèbre aventurier alle-
mand , né à Brindes, en 1 280 , mort en avril
1307. Son père, Richard de Flor, grand-fau-
connier de l'empereiu- Frédéric II, fut tué au
service de Conradin, fils de ce prince. Le jeune
Roger, réduit à l'indigence, entra dans l'ordre du
Temple. A l'âge de quinze ans, il avait déjà la
réputation d'un très-habile marin, et à vingt ans
il commandait une galère de l'ordre. Pendant
941 FLOB —
le siège d'Acre par Mélek-Aachraf, sultan d'E-
gypte, il fut chargé de mettre à l'abri sur sou
A'aisseau les richesses des maisons de son ordre.
On ci'oit que Roger se les appropria. Il est cer-
tain que le grand-maître du Temple le dénonr;a
au pape comme un voleur et un apostat. Roger,
instruit qu'ont voulait le faire arrêter, s'enfuit à
Gênes, forma un petit armement, et alla offrir ses
services à Robert, duc de Calabre, qui se dispo-
sait à faire la guerre à Frédéric, roi de Sicile.
Reçu dédaigneusement, il se tourna du côté de
Frédéric, et lui rendit d'assez grands services
pour eu obtenir le titre de vice-amiral. A la paix,
Roger, ne sachant comment faire subsister ses
soldats, leur proposa de passer en Orient pour
y combattre les Turcs qui désolaient l'empire
grec. L'empereur Andronic accepta toutes les
conditions que lui firent ces aventuriers. Roger
sortit du port de Messine en 1303 avec vingt-six
navires équipés en partie à ses frais. Le nombre
des troupes embarquées sur cette flotte se mon--
tait à environ huit mille hommes de différentes
nations : il s'y trouvait des Siciliens , des Cata-
lans , des Aragonais et des Ahnogavares. Arrivé
à Constantinople au mois de septembre 1303,
Roger fut reçu avec de grandes réjouissances,
et élevé à la dignité de grand-duc. Une sanglante
querelle entre les Génois et les Catalans marqua
les premiers temps du séjour de ces aventuriers
à Constantinople. Andronic se hâta de les faire
passer en Asie. Ils traversèrent, au printemps de
1304,laPropontide et battirent complètement les
Turcs. Mais ils ne profitèrent pas de leur succès,
et se fortifièrent dans Cyzique pour y passer la
mauvaise saison. Au mois de mai 1305 Roger
quitta Cyzique , prit Ancyre , et vainquit les Turcs
à Philadelphie, dont il s'empara. Il échoua devant
Magnésie. Après un siège long et inutile, il repassa
en Européen 1306, avec ses Catalans, qui lais-
sèrent partout des traces de leurs dévastations
et s'établirent à Gallipoli. Andronic , tremblant
devant de pareils auxiliaires , ne chercha plus
qu'à s'en débarrasser ; il témoigna beaucoup de
froideur à Roger, qui fut même obligé de céder
son titre de grand-duc à un autre aventurier,
nommé Bérenger d'Entença. Le brusque départ
de Bérenger et les incursions des Turcs en Asie
Mineure forcèrent Andi-onic de revenir à Roger,
qui fut élevé à la dignité de césar en 1307. Les
Grecs virent avec peine cet honneur accordé à
un étranger, et le fils d' Andronic, Michel, associé
à l'empire; s'en montra surtout très-irrité. Roger,
au moment de partir pour ime nouvelle cam-
pagne en Asie, eut l'imprudence de rendre visite
à Michel, qui le fit égorger. Cette mort fut ven-
gée par les Catalans, qui battirent à plusieurs re-
prises les armées byzantines.
Zurita, Jnndl. Araq , I. V, VI ; — Pachymère, I. V; —
Le Beau, //isfoffe d!/ Bas-AHipire, t. XIX.
FLORE {Franc). Voy. Vriendt (FlorisoÈ).
l FhonESCovRT {Fronz, Cuassotpe), pu-
blicii>':eai!cmand, né à Brunswick, le 4 juillet 1803.
FLORENT 942
Son aïeul, attaché au service du duc Charles-Guil-
laume-Ferdinand de Brunswick, mort en 1806,
descendait d'une ancienne famille normande.
Après s'être occupé d'économie rurale, le jeune
Florencourt se rendit à Marbourg^jour y étudier le
droit. Les circonstances le portèi'ent à s'occuper
de politique. Enveloppé à Kiel , où il se trouvait
alors, dans l'instruction de l'affaire de Francfort
en 1834, instruction qui s'étendit à toutes les
universités allemandes, il fut relâché quelque
temps après ; dès lors il se trouva porté vers la
carrière du pubUciste. En 1838 , il entreprit à
Hambourg la rédaction des Liierarischen und
k?-itischen Blaetter der Boersenhalle (Feuilles
httéraires et critiques de la Bourse). Établi à
Naumbourg , il s'y montra zélé catholique et op-
posé à la propagande protestante. En 1847, il
rédigea le Nord-deutsche Correspondent. En
1850 il se convertit publiquement au catholi-
cisme , et écrivit à ce sujet une brochure justi-
ficative. Eu 1851 il devint correspondant de la
Deutsche Volkshalle de Vienne. Outre de nom-
breux articles insérés dans les journaux et re-
cueils périodiques, on a de lui : Kirchliche, po-
litisciie und literœrische Zustaende Deutsch-
land.s (Événements ecclésiastiques, politiques
et littéraires de l'Allemagne); Leipzig, 1840;
Zeitbilder (Esquisses du temps); Grimma, 1847-
48; — - Fliegende Blâtter uber Fragen der
Gegenwart ( Feuilles volantes sur des questions
d'actualité); Naumbourg, 1845; — Zur preus-
siscken Verfassungsfrage ( Sur la question de
la constitution en Prusse); Hambourg, 1847;
Frankfurt und Preussen (Francfort et la
Prusse); Grimma, 1849.
Conversai. Lexik.
* FLORENCOURT {Guillaume Chassot de),
frère aîné du précédent, antiquaire et numis-
mate allemand. Professeur particulier à Trêves,
il s'est fait connaître par sa science de la nu-
mismatique et des antiquités. Ses ouvrages sur
cette matière sont estimés. On a de lui Bei-
traege zur Kunde aller Goetterverehrung in
Belg. Gallien { Documents pour servir à la con-
naissance du culte des dieux dans la Gaule
Belgique); Trêves, i^kl;— Erklaerung der
raethselhaften Umschriften der Consécra-
tions-Muenzen des Romulus (Explication des
légendes énigmatiques des monnaies commé-
moratives de Romulus ) ; Trêves, 1843.
Conversat.-Lex.
FLORENT (François), jurisconsulte fran-
çais, né à Amayle-Duc (Bourgogne), vers la
fin du seizième siècle, mort le 29 octobre 1650.
D'abord avocat au parlement de Dijon , il devint
«nsuite antécesseur à Orléans. On a de lui :
Dissertationes selectx Juris canon i ci ; Paris,
1632, in-S"; — Disputaliones de nuptiis con-
sobrmarum ; Paris, 1636, in-8". Ces deux ou-
vrages ont été réimprimés en 1679, 2 vol. in-4°.
l'.ipillen Bibliothèque des Juteurs de JJouraogne.
FLORENT CHRESTIKN. Voy. CuRtSTIEN,
943
* FLORENT OU FLORIS p%
de Frise, tué le 18 juin 1061. Il était fils de
Thierri H et d'Othilde ou Withilde de Fran-
conie. A la mort de son père ( 1039 ), il par-
tagea l'héritage paternel avec son frère
Thierri III, et eut d'abord pour apanage la
West-Frise (1) et le Kennemerland (2). A la
mort de Thierri III ( 1049 ), il fut proclamé
comte de toute la Frise, non par droit hérédi-
taire, car le droit de succession n'était pas en-
core établi dans ce pays, mais par la grâce de
Conrad II, dit le Salique, empereur d'Allemagne.
Quelques historiens, postérieurs au quatorzième
siècle, rapportent que vers 1058 Florent T" eut à
soutenir une guerre acharnée contre Bernald,
évéque d'Utrecht, aidé par ^ Annon, archevêque
de Cologne , Théodwin de Bavière, prince évé-
que de Liège, Herman, comte de Cuyck, Lam-
bert II, comte de Louvain et avoué de Gem-
blours, Otton P' , comte de Zupthen, Udon l",
comte de Stade et margrave de Brandebourg,
le marquis d'Anvers, et Baudouin V^ de Mons,
comte de Hainaut. Malgré le nombre de ses enne-
mis, il remporta sur eux de grands avantages.
Mais,selon toute vraisemblance, ces événements se
rapportent au règne de Thierri IV (voy. ce nom).
Ce qui paraît certain, c'est qu'en 1058 les Frisons
se révoltèrent contre leur comte, et que Henri IV,
empereur d'Allemagne, réduisit les révoltés. Flo-
rent r"" eut une nouvelle lutte avec Herman de
Cuyck et Frédéric de Luxembourg , duc de la
basse Lorraine (de Lothier et de Brabant), et
fut encore victorieux. « Cependant, dit la clu'o-
nique d'Egmont, il arriva qu'un jour, revenant
d'une bataille qu'il avait gagnée, épuisé de fatigue,
il laissa les siens errer dans la campagne , tandis
que, pour se délasser, il reposait sous un saule
dans un lieu nommé Hamenthe ( Hemert en Thie-
lervaard). Il dormait à midi en pleine sécurité,
lorsque inopinément survinrent les ennemis (les
Brabançons), qui le massacrèrent avec ceux qui
l'environnaient avant qu'ils eussent le temps de
monter à cheval. » Il avait épousé Gertrude
de Saxe, dont il eut Thierri VI, qui lui succéda ;
Florent, mort en bas âge peu après son père;
Berthe, qui épousa Philippe F'', roi de France, et
une autre fille, demeurée inconnue. Gertrude de
Saxe (morte en 1113) se remaria à Robert, dit
le Frison, depuis comte de Flandre.
Adrien Kluit, Historia critica Comitatus Hollandise
et Zelandias. — Dujardin, Histoire chronologique de
Bruxelles. —Le P. Foulon, Histoire de Liège. — Cerisier,
Tableau de l'histoire générale des Provinces- Unies. —
Buttens , Trophées, tant sacrés que profanes, du duché
de Brabant ( La Haye , 1724-1726, 4 vol. in-fol. ), t. I,
p. 81. — Uom Edmond Martenne, yeterum Scriptorum
CoUectio, t. IV. — B«ka, Chronicon. — Batavia sacra.
— A.-J. van der Aa, Biographisch Jf^oordenboek der
]\federlanden.
* FLORENT II , dit le Gros ou le Gras , neu-
vième comte de Hollande, né vers 1081, mort le
2 mars 1122. Il était fils de Thierri ou Diede-
(1) Frise ultérieure.
(2) Comitatus in ffestflinga et ctrca oràs Rheni.
FLORENT 944
septième comte rie V et d'Othilde de Saxe. Il succéda à son
père le 17 juin 1091, sous la tutelle de sa mère.
Prince très-dé vôt, son règne ne présente qu'un
incident remarquable. Un seigneur, nommé Ga-
lama , s'étant permis de chasser dans une forêt
réservée au comte , celui-ci fit tuer les chiens et
maltraiter les gens du malencontreux chasseur.
Galama épia le comte , l'assaillit l'épée à la main,
et lui demanda raison de cet affront; puis, sans
écouter les explications pacifiques du comte , il le
blessa au bras. Les serviteurs de Florent voulu-
rent faire justice immédiate de l'assassin. Florent
les arrêta et voulut prendre le duc de Brabant ,
Henri II, dit le Guerroyeur, pourjuge dans cette
querelle- Les West-Frisons, prenant pour faiblesse
la longanimité du comte , se soulevèrent à l'insti-
gation de Galama; mais Florent les combattit
avec tant de vigueur qu'en une seule campagne
il les réduisit à implorer sa miséricorde. Il
acheva son règne paisiblement , et fut inhumé à
l'abbaye d'Egmond. De sa femme Pétronille-
Gertrude de Lorraine, morte en 1144, il laissa
Thierri VI, qui lui succéda ; Florent dit le Noir,'
mort en 1133; Simon; et Hedwige, mariée avec
Otton, comte de Benthem.
Nicol. Kolyn- Klaas, Chron., p. 281. — Gérard Dumbar.
Analscta Belgica, t. I. — Wagenaer, Histoire de Hol-
lande.— Butkens, Trophées, tant sacrés que proranes, du
duché de Brabant. — Dujardin, Histoire générale des
Provinces- Unies.
* FLORENT III , onzième comte de Hollande,
mort à Antioche, le l*"" août 1190. Il était fils
aîné de Thierri VI et de Sophie de Rineck. Il
succéda à son père le 5 août 1157, et assista
comme prince de l'Empire à la fameuse diète de
Roncaille (Lombardie), tenue en 1158 par l'em-
pereur Frédéric P"". De septembre 1159 à juin
1160, il soutint Geoffroi de Rhenen, évêque
d'Utrecht, contre les frères Supperothes, qui, aidés
du duc Albertde Gueldre, revendiquaient la châ-
tellenie de Groningue. Les hostilités cessèrent
par la médiation du comte Renaud de Dassel ,
archevêque de Cologne , qui adjugea Groningue
aux réclamants, moyennant une indemnité pé-
cuniaire. Les West-Frisons de Dreghte étaient
depuis 1130 en révolte contre la Hollande; Flo-
rent III les soumit enfin, en 1161. En 1165, ayant
voulu établir un péage à Geervliet, sur la Bor-
nisse, dans le pays de Putten, Philippe d'Alsace,
comte de Flandre, s'y opposa, et, secouru par
son frère Matthieu , comte de Boulogne, et par
Godefroi IX, dit le Courageux, duc de Bra-
bant , envahit la Hollande. Attaqué pendant qu'il
faisait le siège d'Arnsteiu (1166), et après un
combat de sept heures, dans lequel il perdit sept
mille soldats , Florent HI fut vaincu et fait pri-
sonnier. Il demeura captif à Bruges jusqu'au
27 février 1168 , et dut céder pour prix de sa li-
berté la partie de la Zélande comprise entre l'Es-
caut et Heedensée. Vers la même époque les
West-Fvisons se soulevèrent de nouveau, et ra-
vagèrent les environs d'Harlem et d'Alkmaer.
Les troupes que Florent envoya contre les ré-
945 FLORENT
voltés, s'étant avancées inconsidérément dans
les marais, furent enveloppées et exterminées.
Un désastre commun suspendit les hostilités.
Dans l'été de 1170, une violente tempête ayant
soulevé la mer, les flots rompirent les digues,
et une grande partie de la Hollande fut submer-
gée. En 1178, Florent et son frère Baudouin II,
évéque d'Utrecht , se concertèrent pour subju-
guer la Frise ; ils furent repoussés , mais leurs
ennemis , s'étant jetés sur le Kenneraerland en
1182, furent à leur tour taillés en pièces , et Flo-
rent s'empara en 1184 des îles de Texel et de
Wœringen. Les Frisons se décidèrent alors à
acheter la paix moyennant quatre mille marcs
d'argent (1). En 1189, le comte de Hollande
suivit l'empereur Frédéric en Terré Sainte. Il
donna de brillants témoignages de sa valeur au
siège de Damiette, et mourut l'année suivante. Il
fut enterré à Antioche. Il avait épousé, en 1160
ou 1162, Ada d'Ecosse (morte après 1206). Il
en eut Thierri VH, qui lui succéda; Béatrix;
Elisabeth ; Ada ou Aléide, qui épousa Otton I",
margrave de Brandebourg; et Marguerite,
femme de Thierri IV, comte de Clèves.
Eginond, Chron., p. SO à 129. — Beka, Chronic. — Me-
lis Stoke, Cliron. de 885 à 1305. — Lambert Watrelos,
Chron. Cambraci. — Kluit, Historia critica Comitatus
Hollandiee.et Zelandix, t. 1, p. 119 à 254; t. II, p. 184.
* FLORENT IV, quinzième comte de Hol-
lande, né le 24 juin 1210, tué à Corbie ou à
Nimègue, le 19 juillet 1234 ou 1235. Il était fils
de Guillaume P"" et d'Adélaïde de Gueldre, et
succéda à son père, le 4 février 1223 , sous la
tutelle de son oncle maternel Gérard IV, comte
de Gueldre. L'année suivante, Florent suivit son
tuteur dans là guerre que celui-6i soutint contre
Othon II de Lippe, évêque d'Utrecht, au sujet
de la propriété de la Frise. Le 26 janvier 1225
intervint une sentence du légat impérial Conon,
qui partagea le gouvernement et les revenus du
pays disputé entre les parties belligérantes (2).
L'année suivante, Florent IV secourut Othon II
contre Rodulfe , châtelain de Coevorden ; mais '
leurs troupes furent battues le 27 juillet 1226,
et l'évêque, pris dans l'action, fut supplicié cruel-
lement par ses vassaux révoltés. « Le 10 février
1230, rapporte Emo, abbé de Verum et au-
teur contemporain, il s'éleva une furieuse
tempête, mêlée de vents, de tourbillons et de
tonnerres , qui brûla et abattit une grande quan-
tité de maisons ; en même temps, il se fit en
Frise un si grand débordement de la mer, qu'elle
inonda une vaste étendue de pays, et une quan-
tité prodigieuse de villages , qui n'ont jamais re-
paru, furent engloutis dans les flots avec leurs
habitants. >> Ce désastre a formé le grand golfe
de Zuyderzée qui sépare la Frise occidentale de
(1) 213,833 francs 30 centimes de notre monnaie.
(2) Cette sentence portait : De comitatu Frisix ita est
orditiatum .- Quod si episcopiis voluerit ire in Frisiam
in comitatttm/ signiftcabit lioc sex septimanis antc
comiti HoHandix ; et si cornes secum iverit, partientur
seque lucrum de comitatu ,• si vero cornes no7i iverit, nec
nuntium suwn miserit, totum cedet episcopo.
946
la Frise orientale. Il avait déjà été commencé
par l'inondation de 1170. En 1234, Florent prit
les armes en faveur de l'archevêque de Brème
contre les Stadings , qui refusaient de payer la
dîme. Le pape Grégoire IX ayant ordonné une
croisade contre les révoltés, le comte de Hol-
lande fut déclaré chef de l'expédition. Il investit
Stade , et la força à se rendre, le 24 juin. Selon
les chroniqueurs , le 19 juiiïet de la même année,
ou de la suivante, étant à Corbie, d'autres écri-
vent à Nimègue, il fut assassiné à la suite d'im
tournoi par Phi\ipi)e à'\t Hurepel (Rude-Peau),
comte de Boulogne, jaloux de la passion que la
comtesse sa femme, Mahaut de Boulogne, ma-
nifestait hautement pour le jeune et vaillant
comte de Hollande. La mort de celui-ci aurait
été immédiatement vengée par Thierri V, comte
de Clèves , et Mathilde de Brabant , femme de
Florent IV, serait morte de douleur et d'effroi
pendant ces scènes sanglantes. Rien de semblable
ne se rencontre dans les historiens contempo-
rains. Albert de Stade dit simplement que le
comte de Hollande, revenant de soumettre les Sta-
dings, fut tué dans untournoiàNimègue(l). D'im
autre côté, la Chronique d'André attribue la
mort de Philippe Hurepel au poison (2). La
comtesse Mathilde changea .en monastère de
Cisterciennes son château de Losdunen, et y
mourut, le 21 décembre 1267. Florent IV fut en-
terré à l'abbaye de Rynsbourg. Il eut pour en-
fants : Guillaume II, dit Williquins, qui lui suc-
céda; Florent, drossart (grand -prévôt), puis
régent de Hollande ; AUx ou Adélaïde, qui épousa
Jean d'Avesnes ; et Marguerite , comtesse de
Henneberg, célèbre dans les chroniques (voy.
Henneberg).
Anonyme, De Rébus Ultraj., p. 21. — Oderico Binaldi,
Annales ecclesiast., ann. 1234. — Albert de Stade, C/iro-
nicon. — Beka, Chronicon. — Emo, Chronicon.— Louis
Guichardiu, Description des Pays-Bas, trad. de Belle-
forest; Paris, 1612. — Ktuit, Historia critica Comitatus
flollandix et Zelandix, t. li, p. 367.
* FLORENT V, dix-septième comte de Hol-
lande, né à Leyde, en 1254 , assassiné près de
Muyderberg, le 28 juin 1296. 11 était fils de Guil-
laume II, dit WiUiquins, comte de Hollande et
roi de Germanie , et d'Elisabeth de Brunswick.
A peine âgé de deux ans , il succéda à son père
dans le comté de Hollande (28 janvier 1256),
sous la tutelle de son oncle Florent. Le premier
soin de celui-ci fut de conclure la paix avec Mar-
guerite, comtesse de Flandre , et Gui de Dam-
pierre, son fils. Cette paix fut arrêtée à Péronne
(24 septembre 1256), par la médiation et en pré-
sence de saint Louis , roi de France. Le tuteur
n'avait pas oublié ses intérêts dans ce traité : on
convint qu'il épouserait Béatrix de Dampierre,
veuve de Hugues de Chàtillon et fille aînée de
Gui , et qu'il aurait pour dot la Zéelande occi-
(1) Cornes Hollandix renient in torneamenlo apud
Noviomarium est occisus.
(2) Nobilis :omes, gloriosi rcçiis l'hilippi {Avgusti)
fllius, qui, sicut creditur, potionalus obiit.
947
FLORENT — FLORENTINUS
948
dentale. Par un autre article, il fut stipulé que
la Zéelande orientale demeurerait aux comtes de
Hollande, mais à la charge par ceux-ci d'en faire
hommage à la comtesse de Flandre, dont jamais
les comtes de Hollande n'avaient relevé. C'est à
cet hommage qu'il faut attribuer la plupart des
guerres qui surgirent dans la suite entre les Fla-
mands et les Hollandais, et, par suite, l'antipathie
qui existe encoi'e entre ces deux peuples. Le
drossart Florent étant mort le 26 mars 1258, à
Anvers, des blessures qu'il avait reçues dans un
tournoi , il fut remplacé {jure hereditario ) dans
sa tutelle par sa sœur Alix ou Adélaïde, veuve de-
puis le 24 décembre 1257 de Jean d'Avesnes , et
par Henri IV, dit le Débonnaire, duc de Brabant,
que la noblesse l'obligea de s'associer. Henri IV
étant mort le 28 février 1261, on lui substitua
( 10 juillet 1263 ) Henri HI de Gueldre, évêque de
Liège, et Othon IV, dit Claude ou le Boiteux ,
comte de Gueldre. Alix défendit ses droits par
les armes ; mais, vaincue , elle dut céder le pou-
voir aux princes de Gueldre. La majorité de
Florent V, arrivée vers le 10 juillet 1266, mit fin
au pouvoir de ces derniers, et le jeune comte con^
céda à sa tante dans le gouvernement de la Zé-
lande (24 octobre 1268). En 1272, les indomp-
tables W^est-Frisons reprirent les armes. Flo-
rent V leur livra, le 20 août suivant, près d'Alk-
maer, une bataille où il fut grièvement blessé.
Cependant, après dix-sept années d'une guerre
presque sans trêve, et aidé par deux grandes
inondations, il réduisit les révoltés (1). Le
21 janvier 1287, par un traité passé à Tooren-
bourg, ils le reconnurent pour leur seigneur;
s'obligeant à payer les dîmes , à fournir les cor-
vées, à servir dans ses armées, à souffrir la cons-
truction de grands chemins dans toute l'étendue
de leur pays et l'édification des châteaux de Me-
denblick , Niewenbourg, Middelbourg et Eenia-
genbourg , tenus par des garnisons hollandaises
et occupant les points les plus importants de la
Frise. La marine de la Hollande était déjà
prospère. Florent venait dépasser (1285) avec
Edouard F'', roi d'Angleterre, un traité par lequel
ce monarque permettait aux Hollandais la pêche
du hareng sur les côtes de son royaume et leur
accordait le monopole de la traite des grains, du
plomb , de l'étain et des laines d'Angleterre. En
1290, Florent V eut à combattre son beau-père,
Gui de Dampierre, comte de Flandre. Le refus de
l'hommage pour la Zélande occidentale fut la
(1) Dans une lettre écrite en 1282 à Edouard J^' (IV), dit
aux longues jambes, roi d'Angleterre, Florent V lui
mande qu'il a gagné sur les Frisons, « mutins et féroces »,
qu'il appelle ses ennemis mortels , quatre batailles , en-
levé leurs plus forts pas ; « et ravons, ajoute-t-il, le corps
de mon seigneur mon père , laquelle chose je désiroie
sur tûtes riçns ». (Ryiner, Jeta, t. I, part. 2, p. 212.)
Ce fut à Hoogtwoude , où il s'était avancé en poursuivant
les fuyards, qu'il fit la découverte dont il parle. Un vieil-
lard auquel il promit la vie lui ayant montré l'endroit
où les Frisons avaient caclié les os du comte Guillaume
Williquins, Florent les fit enlever, et les transporta à
Middelbourg, où, dans !a suite, il les enferma dans un
superbe mausolée (Beka, Chron., p. 9'0.
principale cause de cette guerre. Un arrangement
fut ménagé par Jean T', dit le Victorieux, duc
de Brabant , et Florent V se rendit avec lai,
pour le ratifier,auprès de Gui de Dampierre, alors
à Biervliet ; mais à peine furent-ils arrivés , que
Gui s'empara de son gendre. Jean I^"^ se cons-
titua généreusement prisonnier à la place de
Florent , et ne recouvra sa liberté qu'au moyen
d'une forte rançon. La guerre continua entre la
Flandre et la Hollande jusqu'au 27 octobre 1295,
jour où les Flamands furent complètement défaits.
Les prétentions des seigneurs faisaient om-
brage à Florent V. Il tourna ses affections vers
les communes, dont il se plut à augmenter les
privilèges, et créa ainsi de nombreux mécontents
parmi la noblesse. Quelles que fussent ses qua-
lités politiques , le comte se laissait aller sans re-
tenue à ses passions ; il osa violer la femme d'un
gentilhomme, nommé Gérard de Vielsen. Le mari
outragé forma une conspiration, et Florent fut
enlevé pendant une partie de chasse qu'il faisait
dans la forêt de Muyden. Poursuivis et atteints
près de Muyderberg , les conjurés percèrent le
comte de vingt-deux coups d'épée (1). Florent ,V,
après la mort de son oncle, avait épousé la
fiancée de celui-ci, peut-être sa veuve, Béatrix
de Dampierre (morte en mars 1296); il en eut
neuf enfants, dont huit moururent avant leur père.
L'aîné seul, Jean F'", lui survécut et lui succéda.
J. -F. Le Petit, La Grande Chronique ancienne et mo-
derne de Hollande. Zéelande, etc. ; Dordrecht, 1601,
2 vol. in-fol. — Grotius, Annales et Historiée de Rébus
Belgicis. — Lévold de Northof, Chronicum Comitum de
iVarca et Mtona ; Hanovre, 1613, in-fol. — Rainert, de
Rébus Batav. — Eginond, Chrnn. — Gérard, Hist. Batav.
— Fr. Mieris, Recueil des Chartes de Hollande ( en hollan-
dais) , etc.; Leyde, 1753, nss, t. I, p. 347. — Le même ,
Historia critica Comitatus Hollandise et Zelandix. 1. 1,
p. 323; t. II, p. 731-763. — Kluit, Cad. diplom. Holland ,
n° 353, p. 936-966. — Dujardin, Histoire générale des
Provinces-Unies, m, 206.
FLORENT, évêque d'Utrecht. Voy. Weve-
LICHOVEN.
* FLORENTINUS , jurisconsulte romain, con-
temporain d'Ulpien et d'Alexandre Sévère. 11
jouit longtemps d'une grande réputation, et les
Instantes de Justinien reproduisent plusieurs
fois les principes et les décisions de ce légiste ;
divers érudits allemands ont travaillé avec zèle
à réunir et à discuter tout ce qu'on a pu découvrir
à son égard. G. B.
A.-F. Rivinus, Z)e Florentino,jurispr , Testam ; Wit-
temberg, 1752,in-4°. — C.-J. Walch, Epist. de Flor., Icti
philos.; léna, 1754, in-4°. — Chr.-G. Jaspis, De Florentino
ejusque eleganti Doctrina ; Chemnitz, 1753, in-4<'. —
T. SchmaVi, Dissert, de Florent.; Regiom., 1801, in-4<'. —
J.-T. Matthews, Diss. de Flor.. Icto. ; Leyde, 1801, in-S".
— Ziramern, Geschichte des RUm. Privatrechis, p. 381.
* FLORENTINUS , préfet prétorien de la Gaule
sous le règne de Constance II (337-361 de l'ère
chrétienne ) . Son administration ty rannique excita
l'indignation de Julien, qui refusa de sanctionner
(1) La mort de Florent fut vengée par celle de Gérard
de Velsen, qui, pris dans cette occasion, fut amené à Leyde
Il fut enfermé dans un tonneau plein de clous et roulé
ainsi par toute la ville.
949 FLORENTmUS — FLORES
ses ordonnances. Lorsque les légions reçurent
l'ordre embarrassant de revenir en Orient, Flo-
rentinus, pour échapper à la responsabilité de
prendre un parti entre Julien et Constance, s'obs-
tina à rester à Vienne ^ sous prétexte de remplir
les devoirs de sa charge. Mais en apprenant la
révolte ouverte des troupes et le choix qu'elles
avaient fait de Julien pour aurjuste , il reparut
immédiatement à la cour de Constance , pour
montrer sa propre fidélité et pour faire ressortir
d'autant le crime du prince rebelle. En récom-
pense de son dévouement, il fut nommé consul
pour l'année 361 , et préfet prétorien de l'Illyrie
à la place d'Anatolius, décédé récemment. Après
la mort de Constance, Florentinus s'enfuit avec
son collègue. Taurus pour éviter la colère de
l'empereur, et pendant le règne de ce prince ,
se tint soigneusement caché. Il fut en son ab-
sence jugé et condamné à la peine capitale. Ju-
lien refusa, dit-on, généreusement de s'informer
de l'endroit où se cachait son ancien ennemi.
Julien, Epist., 18. — Aminien Marcellln, XVI, la, 14;
XVU, 3, 2; XX, 4, 8, 90; XXI ; XXII, 3, 6, T. — Zosime,
III, 10.
* FLOREKtiîstrs , poète latin, vivait vers la
fin du cinquième siècle de l'ère chrétienne. On a
de lui un panégyrique en trente-neuf vers, con-
sacré à la gloire de Thrasimond , roi des Van-
dales, et à la splendeur de Carthage sous son
règne. Ces vers, écrits dans un langage barbare,
n'offrent qu'un tissu de flatteries. Voy. Félix
FLivius et LuxoRius.
Anthologià Latina , VI, 85, édit. Burmann, oïl fto 290
de l'édit. de Mayer.
* FLORENTINUS, écrivain byzantin, d'une épo-
que incertaine. On sait du moins qu'il ne fut pas
postérieur au dixième siècle de l'ère chrétienne.
On croit qu'il compila les Géoponiques ( Tew-
îtovtxà), généralement attribuées à Cassianus
Bassus. Cet ouvrage, fait probablement par
ordre de Constantin Porphyrogénète , est divisé
en vingt hvres, et se compose d'extraits de divers
auteurs, dont voici les noms par ordre alphabé-
tique : Africanus ( Sextus Julius), Anatolicus de
Béryte , Apulée , Aratus de Soles , Aristote le
philosophe, Cassianus Bassus , Damogéron, Dé-
mocrite , Didyme d'Alexandrie, Dionysius Cas-
sius d'Utique , Diophatte de Nicéc , Florentinus ,
Fronton , Hiéroclès , gouverneur de la Bithynie
sous Dioclétien, Ilippocrate de Cos, chirurgien
vétérinaire du temps de Constantin le Grand,
Leontinns ouLeontius, Nestor, poète du temps
d'Alexandre Sévère, Pamphile d'Alexandrie,
Paramus, Pelagonius, Ptolémée d'Alexandrie,
les frères Quinlihus ( Gordianus et Maximus);
Tarentinus , Theomnestus , Varron , Zoroastre.
Pour donner une idée des divers sujets traités
dans les Géoponiqves , il suffira d'indiquer l'ob-
jet particulier de chaque livre. Le j)rernier
traite de l'atmosphère, du lever et du couciicr
des étoiles; le deuxième, des matières générales
concernant l'agriculture , et des différentes es-
pèces de blés ; le troisième, des devoirs particu-
950
liers de l'agriculteur dans chaque mois ; le qua-
trième et le cinquième, de la culture delà vigne;
le sixième, le septième et le huitième, de la
manière de préparer le vin; le neuvième, de
la culture de l'olivier et de la manière de faire
l'huile; le dixième, le onzième et le douzième, de
l'horticulture ; le treizième, des animaux et des
insectes nuisibles aux plantes; le quatorzième,
des pigeons et des autres oiseaux ; le quinzième,
des sympathies et des antipathies naturelles et
de l'élève des abeilles; le seizième, des chevaux,
des ânes et des chameaux; le dix-septième, de
l'élève des bestiaux ; le dix-huitième , de l'élève
des bêtes à laine ; le dix-neuvième, des chiens ,
des lièvres, des bêtes fauves, des porcs, des
salaisons; le vingtième, des poissons. La meil-
leure édition des Géoponiques est celle de Ni-
das; Leipzig, 1781, 4 vol. in-8". Pour les au-
tres détails bibhographiques sur cet ouvrage,
voy. Cassianus Bassus.
Needham, Prolepomena ad Geoponica ,• Cambridge ,
1704, in-8o.
FLORES (Fra Louis ), missionnaire flamand ,
né à Gand, le 14 janvier 1576, brûlé au Japon ,
le 29 août 1622. il passa avec sa famille en Es-
pagne, et delà à Mexico, où il entra dans l'ordre
des Dominicains. Il fut envoyé prêcher l'Évan-
gile dans les Philippines, et s'acquitta avec ferveur
de cette mission, d'abord à Manille, puis à la Nueva-
Segovia. De retour à Manille , il apprit que plu-
sieurs de ses collègues étaient dans les fers au
Japon ; il sollicita et obtint de ses supérieurs
l'autorisation d'aller partager leur sort. Dans la
traversée , il fut pris par des pirates hollandais,
qui le retinrent plus de deux ans prisonnier. Ils
le livrèrent ensuite aux Japonais, qui le condam-
nèrent au feu. Flores a écrit Eelacion de los suce-
SOS de la Christiandad del Japon hasta xxiv
mayo del ano MDCXXII.
Antonio de Leone, Bibliotheca Orientalls. — Échard,
Scriptores Ordinis Prxdicatorum , t. II, p. 428. — Ni-
colas Antonio, Bibliotheca {nova) Scriptorwn Hispanix,
t. Il, p. 35.
*FLORES {'Juan de), écrivain espagnol, qui
vivait vers le commencement du seizième siècle.
Il composa un petit roman intitulé : La Hïstoria
de Cerisel y Mirabella, con la disputa de Tor-
relias y Braçayda ; la première édition vit le
jour à Séville, 1524 ; elle fut suivie d'une autre,
Tolède, 1526 : toutes deux sont très-rares. La
Disputa est une ennuyeuse discussion sur la
question do savoir lequel des deux sexes donne
à l'autre le plus d'occasions de pécher; cette
controverse étrange est jointe aune fiction de fort
peu d'intérêt, mais qui a grandement attiré l'at-
tention des critiques anglais, lesquels, sachant
que cet ouvrage avait été promptement traduit
et imprimé à Londres , ont cru découvrir que
Shakspearo lui avait fait des cmpnmts, qu'il
avait placés dans sa pièce La Tempête. Le
livre do Flores eut d'ailleurs en Europe une
immense vogue; dès 1535 un poète français,
Maurice Lièvc, le traduisit, en l'intitulant La Dé-
951
FLORES — FLORIAN
952
plorable Fin de Flamète; cette traduction
changea parfois de titre (Le Jugement d' amour,
auquel est racontée l histoire d'Ysabel, fille
du roi d'Ecosse; biL' Histoire d'Aurelio et d'Isa-
belle), et obtint douze à quinze éditions dans le
cours du seizième siècle ; il fut également traduit
en italien, et l'on en connaît diverses éditions de
Milan et de Venise. G. B.
Malone , édition de Sliakspeare. — Ticknor, History
of Spanish Literature ,i. III, p. 77. — Bibliothèque des
Romans , avril 1778. — A. Dinaux, dans le Bulletin du
Bibliophile; Paris, 1842, p. 16. — J.-Ch. Brunet, Manuel
du Libraire, t. Il, p. 296.
FLORES [André ) , poëte et théologien espa-
gnol , né en Andalousie, \ivait vers le milieu du
seizième siècle. Il entra dans l'ordre de Saint-
Dominique. On a de lui : Suma de toda la Es-
criiuraSagrada, en verso heroyco castellano;
il reconnaît .lui-même que Pierre Ortis , curé
dans le territoire de Madrid, a eu la plus grande
part à cet ouvrage. On lui attribue aussi un
catéchisme intitulé : De la Doctrina Christiana ;
Tolède, 1552, in-8°, auquel il avait, dit-on, tra-
vaillé par ordre de l'empereur Charles-Quint.
Thomas Tamajo assure que ce catéchisme n'est
point d'André Flores , mais d'un ermite hiéro-
nymite , du même nom, né à Torrijos, dans le
diocèse de Tolède.
Nicolas Antonio, Bibliotheca Hiipana nova. — Quétif
et Échard, Scriptores Ordinis Prœdicatorum.
* FLORESTAN i^'' (Tancrède-Roger-Louis
Grimaldi), prince de Monaco, né le 10 octobre
1785, mort à Paris, le 20 juin 1856. Il épousa le
27 novembre 1810 la princesse Marie-Louise-
Caroline Gibert de Lamet, et succéda à son frère
Honoré V, le 4 octobre 1841 (1). Lors des évé-
nements de 1 848 , Menton et Roquebrune se sou-
levèrent contre Florestan, et firent cause com-
mune avec Charles- Albert. Après la défaite de
Novare , ces deux villes demandèrent à être an-
nexées au Piémont, et, malgré les réclamations
du prince Florestan, la chambre élective sarde fit
droit à leur vœu. Mais ce projet d'annexion n'a
pas encore été complètement ratifié, et les choses
restent dans l'ancien état. Le prince Florestan ré-
sidait habituellement à Paris, oîi il figurait, dans
sa jeunesse, au théâtre de l'Ambigu-Comique.
En 1853, le prince Charles -Henri Grimaldi,
duc de Valentinois, né en 1818, fils et successeur
de Florestan I*"^, essaya de provoquer en sa fa-
veur une démonstration pubfique à Menton ; mais
à peine fut-il reconnu que le peuple s'ameuta
(1) La principauté de Monaco se compose de trois
petites villes , Monaco , Menton et Koquebrune , dont la
population ne s'élève pas à plus de 7,000 âmes, et les
revenus à 1,500,000 fr. environ. Réunie à la France en
1793, elle (ut reconstituée en souveraineté indépendante
lors les traités de 1815-1816, qui rétablirent le statu quo
ante bellum , et Honoré V, sur les réclamations de son
secrétaire. Anglais de naissance, put remonter sur le trône
de ses ancêtres. Seulement, à cause de l'insuffisance des
revenus de l'État pour entretenir une force armée capa-
ble de sauvegarder l'ordre public , le congrès de Vienne
décida que la principauté de Monaco serait mise sous le
protectorat de la Sardaigne, et que cette puissance y
entretiendrait garnison.
contre lui, et il ne dut son salut qu'à l'interven-
tion de la garde nationale et des carabiniers
sardes, qui le conduisirent en prison. Transféré à
Gênes, il fut immédiatement mis en liberté.
Depuis la mort de son père il a pris le titre de
prince de Monaco, sous le nom de Charles III; il
a épousé, le 28 septembre 1846, la comtesse An-
toinette de Mérode. G. Vitali.
Brofferlo, Histoire du Piémont. — La Farina, His~
taire d'Italie. — Documents inédits.
FLOREZ {Henri), archéologue et numismate
espagnol, né à Valladolid, le 14 février 1701,
mort en 1773. Il entra dans l'ordre de Saint- Au-
gustin en 1715, et consacra sa vie à de grands
travaux sur l'iiistoire civile et ecclésiastique de
l'Espagne. On a de lui : Cursus Theologise;
1732-1738, 5 vol. in-4°-, — Clave istorical ;
Madrid, 1743, in-4°. C'est un livre dans le genre
de ÏArt de vérifier les dates. Comme ce der-
nier ouvrage ne parut qu'en 1750, Florez aies hon-
neurs de la priorité. — La Espana sagrada ,
0 theatro geographico-histarico de la Iglesia
de Espana; Madrid, 1747-1779, 29 vol. in-4°.
Cette histoire de l'Église a été continuée par les
PP. Risco etFernandès; elle est pour l'Espagne
ce que la Gallia christiana est pour la France ;
— Espana carpetana; medallas de las colo-
nias , municipios y pueblos antiquos de Es-
pana; Madrid, 1757-1775, 3 vol. grand in-4° ; —
Disertacion de la Cantabria; Madrid, 1768,
in-4''; — Memorias de las Reynas Catolicas;
1770, 2 vol. in-4'' ; — des éditions fort estimées de
quelques ouvrages, entre autres la Relacion del
Viaje literario de Ambrosio Morales; Madrid,
1765, in-fol. Florez était associé correspondant
de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres.
Boutepweck, Hist. de la Littérature espagnole.
FLORIAN (Jean-Pierre Claris de), littéra-
teur français, né le 6 mars 1765, au cliàteau de
Florian, près de Sauve ( aujourd'hui département
du Gard), mort à l'orangerie de Sceaux, le 13 sep-
tembre 1794. « Sur les bords du Gardon, au
pied des hautes Cévennes, entre la ville d'An-
duze et le village de Massanne, est un vallon où
la nature semble avoir rassemblé tous ses tré-
sors : » c'est dans ces lieux poétiques que vint
au monde Florian. Les premières années de sa
vie restèrent profondément gravées dans sa mé-
moire ; jusqu'à sa mort il se plut à les raconter
à ses amis. Avant d'être enfermé au collège de
Saint-Hippolyte, il vécut quelque temps chez son
père, dans le château bâti à grands frais par son
aieul : car, dit-il, « c'était un gentilhomme qui
dissipait son bien avec les femmes et les ma-
çons ». Le jeune Florian eut beaucoup de maî-
tres. L'un d'entre eux le menait souvent chez
une demoiselle de la rue des Prêtres, qui demeu-
rait à u;i cinquième étage et peignait des éven-
tails. « Je remarquai , racontait-il plus tard lui-
même, qu'il avait toujours quelque chose à lui
dire en particulier, ce qui les obligeait de passer
dans la chambre d'à côté. Un jour j'eus la eu-
953
FLORIAN
954
riosité d'aller regarder par le trou de la serrure ;
je les vis qui causaient, mais d'une manière qui
me rendit rêveur plus de huit jours. » Le hasard
lui mit dans les mains comme premier livre
d'études une traduction de l'Iliade; il le relut
plusieurs fois, et aimait à se transporter dans
ce monde de héros grecs. En juillet 1765, il
obtint une faveur alors enviée de l'Europe en-
tière : il fut présenté à Voltaire. La sœur de ma-
dame Denis (nièce de Voltaire) avait épousé un
oncle de Florian : les deux nièces amenèrent l'en-
fant à l'hôte de Ferney. Grâce à ses reparties
heureuses, il fut reçu avec une amabilité toute
particulière; on le surnomma Floriannet, et on
écrivit pour lui de jolies chansons, qui nous ont
été conservées. Trois années après, Florian fut
nommé huitième page du duc de Penthièvre.
Pour se faire bien venir auprès de ses cama-
rades, il dépensa une partie de son argent en café
et en liqueurs, et il en gagna « une maladie assez
sérieuse ». A quelque chose malheur est bon;
depuis ce jour Florian devint sobre, et ne se
rendit plus malade. C'est aussi quelque temps
après qu'il improvisa pour son maître un Ser-
mon sur la mort, dont on nous a conservé
entre autres ce passage, digne d'un prédicateur :
« Ce grand de la terre qui, fier de sa haute
naissance, se croit pétri d'un limon plus noble
que le mien, doit tout à la mort ; il tient d'elle
seule tout ce qui fait sa fausse gloire. Qu'il ose
produire les titres qui l'élèvent au-dessus de
ses égaux ! chacun de ces titres est un bienfait
de la mort. Sa noblesse? elle est appuyée sur
un monceau de cadavres ; plus le monceau
grossit, plus elle devient illustre. Ses dignités ,
à qui les doit-il ^ à la mort, qui a moissonné ceux
qui les avaient méritées. »
Florian avait étudié Horace et Virgile ; il savait
Là Henriade par cœur ; il voulut aussi connaître
les mystères de la science. On l'envoya donc à
l'école de Bapaume : il y travaillait beaucoup et
s'y amusait tout autant. « Oui , s'écrie-t-il ,
avant dix-sept ans j'étais assez heureux pour
posséder une maîtresse, un coup d'épée et un
ami. » Mais quel ami ! un bretteur, qui le lance
dans nombre d'affaires qui lui valent plusieurs
mois de cachot. Le jeune homme mit dès lors en
pratique ces mots, qu'il écrivit plus tard : « La
joie ressemble au soleil d'hiver, qui se lève tard
et se couche de bonne heure ; » il ne ressemblait
donc guère au timide et mélancolique Florian
de la plupart des biographes. Après avoir dé-
pensé gaiement sa jeunesse et son patrimoine,
il revint auprès du bon duc de Penthièvre, qui
lui fit obtenir une pension de la cour, et l'atta-
cha à sa personne avec le titre de son gentil-
homme. Dès lors il se consacra tout entier au
culte des lettres.
Les œuvres qui fondèrent la réputation de
Florian sont : Galatée, puis Estelle : ces deux
fictions, où le goût de l'époque est étudié de la
façon la plus parfaite, réussirent avec cet éclat
dont la mode est toujours suivie ; on les lit au-
jourd'hui encore avec un certain intérêt, un
doux plaisir, qui ne manqué pas de charme.
Numa Pompilius eut un moindre succès ; quoi-
que d'un style correct, ce roman possède au
plus haut degré le défaut capital de ses aînés ,
la prétention ; néamoins, on y trouve çà et là de
bonnes idées et d'éloquentes paroles. Sa tra-
duction de Don Quichotte, très-bien écrite, eut
un succès mérité, quoi qu'en aient dit des tra-
ducteurs plus récents, qui savaient peut-être
moins bien l'espagnol que Florian. Son Gonzalve
de Cor doue est précédé d'une introduction,
chapitre d'une histoire d'Espagne que Florian
avait dessein d'écrire. Mais ce qui mit le sceau à
sa réputation, ce sont ses fables , qui ont quelque
chose de la naïveté et de l'élégance que le maîti'e
du genre, La Fontaine, a mises dans les siennes.
En 1788, l'Académie l'admit dans son sein, après
avoircouronnédeuxde ses œuvres. L'une d'elles :
Voltaire et le serf du mont Jura, discours en
vers libres , faillit le faire enfermer à la Bastille.
On commençait à craindre ces transfuges du
parti noble par qui la cause du peuple était
embrassée avec ardeur. La parole de Voltaire
avait porté des fruits dans l'âme de son élève :
la fable des Singes et du Léopard dut être
conçue à Ferney. L'une des passions de Florian
fut le théâtre : il a écrit plusieurs pièces, qui
ont joui longtemps d'un succès mérité. Ses amis
se rappelaient encore dans leur vieillesse la ma-
nière dont il jouait en société les rôles de cet
Arlequin sentimental qu'il a pour ainsi dire in-
venté ; car personne avant lui n'avait pensé à
faire éprouvera ce personnage balourd les tran-
quilles émotions de l'âme. La vie de Florian était
celle d'un homme de bien, plein de franchise,
ayant des tendances fort libérales : la révolution
n'aurait pas songé à lui s'il n'avait pas à plaisir
attiré ses regards. Une fois dans les serres du
comité de salut public, en vain Guillaume Tell
prouva son civisme, en vain ses letti'es furent
éloquentes; il eut beau s'écrier : « Un fabuliste,
un berger, le chantre de Galatée etd' Estelle peut-
il commettre des crimes ? peut-il seulement en
concevoir? Si l'on me croit coupable, qu'on me
juge ; mais si je suis innocent, que l'on me rende
à la liberté , à mes ouvrages, à mes ouvriers
d'imprimerie, que j'ai fait vivre depuis quinze
ans , et que ma détention empêche de poursui-
vre une très-grande entreprise. » On ne l'écouta
pas. Le 9 thermidor le rendit à la liberté ; mais
le chagrin et l'effroi l'avaient frappé à mort, et
il ne quitta les prisons que pour aller s'éteindre
dans les bras de ses amis. Il fut inhumé à
Sceaux. Ainsi ne purent être exaucés les vœux
que jadis il formulait si poétiquement en ces
termes : « Que ne puis-je être certain de repo-
ser sous le grand alisier de mon village, où les
bergères se rassemblent pour danser ! Je vou-
drais que leurs mains pieuses vinssent arracher
le gazon qui couvrirait mon tombeau; que les
95^
FLORIAN — FLORIDUS
956
enfants, après leurs jeux, y jetassent leurs bou-
quets effeuillés; je .voudrais enfin que les bergers
de la contrée y fussent quelquefois attendris, en
y lisant cette inscription :
Dans cette demeure tranquille
Kepose notre bon ami ,
Il vécut toujours à la ville,
Et son cœur fut toujours ici. »
Florian, quoique petit, était bien fait ; sa physio-
nomie franche portait l'empreinte d'une douce
mélancolie : ses yeux surtout, grands et noirs,
signes brillants de sa rare intelligence poétique,
plaisaient d'abord et lui assuraient la sympathie
de tous. Outre les ouvrages déjà cités, onadelui :
Le Baiser, comédie en trois actes ; i782,in-8° ; —
Le Bon Ménage, comédie en un acte ; 1783, in-8" ;
— Le Bon Pète; comédie en un acte; — La
Bonne Mère, comédie en im acte ; — Jeannot
et Colin, comédie en trois actes (imitée plus tard
par Etienne ) ; — Blanche et Vermeille, pasto-
rale en deux actes ; — Les Jumeaux de Bergame,
comédie en un acte; — Éloge de Louis XII;
1785; — Ruth, églogue couronnée par l'Aca-
démie; 1784; — Jeunesse de Florian, ou mé-
moires d'un jeune Espagnol : fort curieuse
histoire des premières années de notre écrivain,
retrouvée par Pujoulx dans ses papiers et publiée
en 1807, in-18; — Eliézer et Nephtali; —
Mélanges de Poésie et de Littérature ; il 87
et 1806;— Six Nouvelles; 1784, in-18; —
Nouvelles noiivelles; 1792, in-12; — Lettres
à M. Boissy d'Anglas; 1807 (posthume). —La
meilleure édition de ses Œuvres complètes est
celle donnée par Renouard,en 16 vol. in-18, 1820,
à laquelle il faut joindre les Œuvres inédites pu-
bliées par Guilbert de Pixérécourt, en 4 vol.,
1824. On attribue à Florian : Henriette Stuart,
traduit de l'anglais; Lausanne, 1795, 2 vol.
in-12. Ce roman n'a jamais été réimprimé. Le
nom de Florian sert aussi de titre à une pièce
de Bouilly et Piis , jouée au Vaudeville, le 27 fri-
maire an IX ( décembre 1800 ). Louis Lacour.
Rosny, Fie de Florian; an v, in-18. — Lacretelle,
■ Éloyo de Florian; 1812. — Jauftret, Éloge de Florian;
1812. — Fables; éd. Jnmel; id., éd. Ponthieu, id., éd.
Froment. — Voltaire, Correspondance.
FLORIAK nOCASIPO. Voy. DOCAMPO.
*FL0KÏGER!0 OU FLORïGORÎO {ScbaS-
tiano, dit Bastianello), peintre de l'école véni-
tienne, né à Udine, florissait vers 1533, et mou-
rut âgé ^'environ quai-ante ans. Élève de Pel-
legrino da San-Daniele , il semble s'être proposé
le Giorgione pour modèle, surtout dans son
meilleur ouvrage, peint pour le maître aute! de
l'église Saint-Georges à Udine : dans le haut on
voit la Vierge dans une gloire, et dans le bas, au
milieu d'un beau paysage, saiiit Jean et saint
Georges à cheval terrassant le dragon. L'au-
teur s'est peint lui-même sous les traits de saint
Georges. Dans ce bel ouvrage, le plus estimé des
tableaux existant à Udine , et qui suffirait seul
pour faire la réputation d'un peintie, Florigerio
a joint une composition riche et abondante à une
vigueur de coloris qui, dans quelques autres de
ses ouvrages, dégénère parfois en crudité. Flo-
rigerio excella dans la peinture de portraits. Il
ne reste rien des fresques qu'il avait exécutées
à Udine ; mais on en voit encore quelques-unes
à Padoue. e. B — n.
Kenaldi, Be.lla Pittura Friulana. — Ridolfi, Délia
Pittura Keneziana. — Vasari , Vite. — Orlandi, Âbbe-
cedario. — Lanzi, Storia délia Pittura. — Siret, Dict.
hist. des Peintres.
*FLORiAi«us {M. Annius), frère utérin de
l'empereur Tacite, mourut en 276 de l'ère chré-
tienne. Après la mort de Tacite, il prit la pour-
pre impériale, comme s'il eût été son héritier lé-
gitime. Cette hardiesse réussit en partie. Son
autorité, sans être formellement reconnue, fut
tolérée par le sénat et par les armées d'Occi-
dent. Les légions de Syrie ne se soumirent pas,
et donnèrent la pourpre à leur général Probus.
Une guerre civile s'ensuivit; elle fut brusque-
ment terminée par la mort de Florianus, qui
tomba sous les coups de ses soldats, ou qui se
tua de ses propres mains-, après avoir joui pen-
dant deux mois environ (juin et juillet 276) de
la dignité impériale.
Zonaras, XII, 29. — Zosime, I, 64. — Aurelius Victor,
Cœsares, 39, 37; Epist., 36. — Eutrope, IX, 10. — Vo-
piscus, florianus.
*FL«RiANl (Francesco), architecte et peintre
de l'école vénitienne , né à Udine, florissait de
1Ô65 à 1586. 11 fut élève de Pellegrino di San-
Daniele. Il passa la plus grande partie de sa vie
à Vienne , au service de l'empereur Maxinii-
lien II, auquel il dédia un recueil de dessins à la
plume renfermant une foule de projets de théâ-
tres, palais, ponts, arcs de triomphe et autres
fabriques. Floriani a laissé à Udine deux ta-
bleaux portant les dates de 1579 et 1586. Son
chef-d'œuvre, un tableau à compartiments con-
1 tenant chacun une figure de saint, tableau qu'il
avait peint pour l'église de Reana près Udine ,
I a été vendu, et doit se trouver dans quelque
j collection particulière. Floriani excella surtout
j dans la peinture de portraits, et quelques au-
I teurs n'ont pas craint de le comparer au Mo-
1 roue. E. B — n.
i Renaldi, Délia Pittura Friulana. — Orlandi , Abbece-
\ dario. — Lanzi. Storia délia Pittura. — Tioozzi, Dizio-
I nario. — Siret, Dictionnaire historique des Peintres.
\ FLOMDA-BLANCA. Voy. MONINO.
j FLORiDï; ( Marquis de La ). Voy. La Flo-
j RmA.
j FLOEiDOR. Voyez SouLAS DK Frinefosse
I {Josias).
I * FLORIDUS (François), philologue italien,
i surnommé Sabinus , né à Donadeo ( Sabine ) ,
I vers 1500, mort en 1547. Après avoir en-
I seigné le grec et le latin à Bologne, il fut appelé
\ en France par François ^^ A la demande de 0,6
'' prince , il commença une traduction de VOdyssée
I en vers latins ; mais une mort prématurée ï'em-
! pécha d'achever cet ouvrage. On a de lui : Apo-
1 logia in Plauti aliorumque poetarum et
■ linguœ latlnse calumniatores ; accessit libellns
957 FLORIDUS
de legum commèntaforibus ; Lyon, 1537,
!n-4°; — Lectïonum subcesivarum Libri très;
Bologne, 1539, 111-4";— Adversus Stephani
Doleti calumnias Liber ;Iiome, 1541,iii-4°; —
De Juin Csesarls Preestantia Libri très ; Bàle,
1540, in-fol.; — Hovieri Odysseœ Libri oeto
priores, latinïs versibus redditl; Paris, 1545,
ia-4".
Balllet , Jugements des Savants, t. II, p. 133 et 289. —
Morérl, Crand Dictionnaire historique,
FLORîuus. Voij. Fleury {Julien)&i Masek.
FLORiEJf ( Marc- Antoine,). Voyez Flo-
UIANUS.
* FLORIN {Jean), fameux marin français,
vivait en 1521. Il se distingua par son courage
et son expérience, et était l'un des meilleurs ca-
pitaines protestants de La Rochelle. 11 comman-
dait sons François 1°'" six navires rochellois, et
faisait la course contre les Espagnols. II ren-
contra en 1521 , à 10 lieues du cap Vincent, trois
caravelles parties de la Vera-Cruz et envoyées
par Fernand Cortez à Charles-Quint. Ces na-
vires portaient les procuradores de la Nueva-
Espana, Alonso Davila et Antonio Quinones, et
étaient chargés de tous les ouvrages précieux
d'or et d'argent provenant du pillage de Mexico
(13 aov'it 1521 ). Jean Florin s'empara de deux
des c&ravelles; la troisième put gagner l'île
Sainte-Marie (l'une des Açores). Quinones fut
tué dans l'action et Davila conduit à La Rochelle,
où il demeura trois ans prisonnier. Le butin fut
incalculable. Fiançois T' s'empara de la plus
grande partie eu disant « que le roi très-chré-
tien était lils d'Adam aussi bien que le roi ca-
tholique ■>>, A. DE L.
Antonio de Herrera, Historia gênerai de los kecàos
de los Castellanos en las islas y tierra firma del mar
(tceano, dec. III, lib. IV, cap. i et xx.
FLOîiîisîJs (Henri), théologien finlandais,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. Il dirigea une école à Tawastehus (Fin-
lande), et obtint l'archidiaconat de Pemar. On a
de lui : Epitome Theologiee ; 1667; — Nomen-
clatura Latinb-Suecico-Finnica; !678; — By-
peraspistes, seu defensio veritatis adversus
en-ores Joh. Heseri; î694.
Gezelius, Bio'jr. Lcx.
FLORIG {François), romancier italien, né à
Florence, vivait au quinzième siècle. Sa vie est
inconnue; on est même ailé jusqu'à nier son
existence. On a sous son nom un ouvrage in-
titulé : De amore Camltli et /Emiliœ, Aretino-
ninn, liber. On lit à la fin : Liber editiis in
(lomo domini Guillermi, archiepiscopi Tiiro-
nensis, pridie kalendas jamcarii , anno Do-
mini 14*67. On a conclu de ces lignes que Florio
était secrétaire de l'archevêque de Tours , et que
son livre fut imprimé en 1467. La première de
ces assertions est assez probable, la seconde
est controuvce'. Le roman de Florio fut imprimé
pour la première ibis à Paris, par Pierre Cjesaris
etJeanStol, vers 1475, in-4". Jean Maan citeen-
core de Florio une lettre restée manuscrite et
FLORIOT
958
intitulée : Epistola ad Jacobum Tarlatum de
commendatione urbis Turonensis.
Foncemagne , Mémoires de l'.lcad. des Inscriptions,
t. VII. — Jean Maan, Hist. des Archevêques de Tours.
FLORIO {Jean ), surnommé le Résolu, philo-
logue et traducteur anglais, né à Londres, vers
1540, mort en 1625. Il descendait de la famille
Toscane des Florii. Son père et sa mère, qui
étaient protestants, quittèrent la Valteline pour
éviter la persécution , et se réfugièrent en An-
gleterre. L'avènement de Marie les força de cher-
cher un autre asile. Ils revinrent en Angleterre
sous le règne d'Elisabeth. D'abord professeur
d'italien et de français à l'université d'Oxford,
Florio fut ensuite chargé d'enseigner ces deux
langues au prince Henri, fils de Jacques F'. Il
devint plus tard gentilhomme de la chambre et
secrétaire de . la reine. On a de lui : First
Fruits, wich yieldfamiliar speech, merrypro-
ver bs, witty sentences, and golden sayings;
1578, in-4"; 1591, in-S"; — Perfect Introduc-
tion to the Italian and English Tongnes,
imprimé avec l'ouvrage précédent; — Second
Fruits, to be gathered of twelve trees, of di-
vers but delightsome taste to the Tangues qt
Italian and English Men ; 1591, in-8°; —
Garden of Récréation, yielding six thousand
Italian proverbs; Dictionary Italian and
ffjîfjto/i; 1597, in- fol.; réimprimé en 1611, in-fol.,
sous le titre de Queen xinna's neio World qf
ivords. Florio traduisit en anglais les Essais de
Montaigne ; i603, 1613, 1632. Il avait épousé la
sœur du poète et historiographe Samuel Daniel.
VVood, Athenie OxoniensKS. — Chalrncrs, General bio-
çiraphical Dictionary .
FLORIO {Danielle, comte), poète italien,
né à Udine, en 1710, mort dans la même ville,
en 1789. Après avoir fait ses études à l'univer-
sité de Padoue, il se fit connaître par des poé-
sies qui ont été recueillies sous le titre de Poésie
varie ;\]i\m(i, 1777,in-4°.
Son frère aîné, François Florio, né à Udine, en
1705, mort dans la même ville, le 13;mars 1791,
cultiva particulièrement l'archéologie sacrée et
[)rofane, et inséra plusieurs dissertations dans
les Memorie de la Société Colombaire. Il publia
aussi un Éloge funèbre de Daniel Florio;
Udine, 1790, in-4''.
liiografia imiversale C êdlt. de Venise ).
FLORIOT {Pierre), théologien français, né
dans le diocèse de Langres, en 1 604, morl » Paris,
le l*^"' décembre 1691. Dans sa jeunesse il demeura
au Jardin des Plantes, chez Bouvard, premier mé-
decin du roi Louis XIII. Plus tard il dirigea une des
petites écoles de Port-Royal. Il devint ensuite curé
des Lais, paroisse à quelques lieues de Paris, et
finit par être confesseur des religieuses de Port-
Royal-des-Champs. On a de lui : La Morale du
l'ater; Rouen, 1672, in-4". H a été fait beau-
coup d'éditions de cet ouvrage; la pins complète
a été publiée sous ce titre : La Morale chré-
tienne, rapportée aux instructions que Jé-
sus-Christ nous a données dans Z'Oraison do-
959
FLORIOT — FLORIS
960
minicale; Rouen, 1741, 5 vol. in-12; — Ho-
mélies morales sur les évangiles de tous les
dimanches de l'année , et sur les principales
fêtes de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la
sainte Vierge; Paris, 1677, 2 vol. in-4°; —
Traité de la Messe de paroisse; Paris, 1679,
in-8°; — Recueil de pièces concernant la mo-
rale chrétienne, Rouen, 1745, in-12.
Moréri, Grand Dictionnaire historique,
FLORIS. Voy. VRiE\nT(DE).
FLORIS { Peters - Williamson ) , voyageur
allemand , né à Dantzig, mort à Londres, en dé-
cembre 1615. Il passa en Hollande, s'y livra au
commerce avec les pays asiatiques , fit en 1608
un voyage à Siam,et acquit une grande réputation
d'expérience et d'habileté. La Compagnie anglaise
des Indes orientales (fondée depuis 1599) lui offrit
de brillantes conditions s'il consentait à naviguer
pour ses intérêts. Floris accepta les propositions
de cette société, et se rendit à Londres. Le 2 jan-
vier ICIO, il s'embarqua en qualité de facteur à
bord du navire Globe, capitaine Hippon, et
le 2 1 mai suivant il atterrit dans la baie de Sal-
danha, à l'extrémité sud de la côte occidentale
de l'Afrique. Il s'occupa activement de la recher-
che du ginseng (panax vera ), plante originaire
du Japon et de la Chine, et à laquelle on attri-
buait alors des vertus merveilleuses. Floris n'en
recueillit qu'une très-petite quantité, la saison
n'étant pas encore favorable pour cette récolte.
Le l*"" août il doubla la pointe de Galles, ex-
trémité méridionale du Dekkan, et, passant de-
vant Négapatam , s'arrêta à Pulicate. Dès le len-
demain de son arrivée , van Wersicke, président
de l'établissement hollandais sur cette côte, lui
déclara que ses compatriotes avaient obtenu du
souverain du pays, résidant à Narsinga, un kaul
ou privilège qui leur conférait le monopole du
commerce. Floris et Hippon protestèrent, et s'a-
dressèrent au shah Bandour , gouverneur d u pays ;
celui-ci les renvoya à la princesse suzeraine
Konda-Maa, qui éluda leur demande. Floris se
rendit alors à Petapoli, où, mieux accueilli, il put
créer un petit comptoir. Il eut le même succès à
Masulipatam, le grand entrepôt des magnifiques
étoffes fabriquées sur cette côte; mais une guerre
civile , survenue à l'occasion du décès du prince
régnant, l'obligea à quitter cette ville en janvier
1612, après un an de séjour. Floris et Hippon se
dirigèrent alors sur Bantam , puis sur la pres-
qu'île de Malacca, et le 20 juin descendirent à Pa-
tani. Pour en imposer aux naturels, les Anglais
débarquèrent en grande pompe, enseignes dé-
ployées, musique en tête et faisant porter la lettre
du roi d'Angleterre sur le dos d'un éléphant. La
reine du pays les reçut gracieusement, et leur ac-
corda la permission d'ériger une factorerie sur
son territoire. Le capitaine Hippon mourut à Pa-
tani : Floris prit alors le commandement de l'ex-
pédition, et envoya son navire à Siam. Quatre ans
plus tôt, lors de son précédent voyage, Floris
avait remarqué dans cette ville une demande
si vive des marchandises européennes qu'il lui
semblait, écrit-il, que le monde entier n'y aurait
pu satisfaire; mais cette fois le marché était
tellement encombré qu'on n'y put rien traiter.
Les indigènes étaient d'ailleurs influencés par
les marchands portugais et hollandais, et re-
jetèrent les avjpces des Anglais. Ceux-ci du-
rent regagner Patani. Peu après leur retour,
un incendie immense anéantit cette ville, et
ce fut à grand'peine que Floris et ses marins
purent sauver la reine. Le 20 octobre 1613, ils re-
mirent à la voile, et débarquèrent à Masulipatam
en décembre suivant. Le gouverneur de cette
ville se montra fort disposé à traiter, et Floris se
défit rapidement de toutes ses marchandises à
des prix très-avantageux ; mais lorsqu'il en de-
manda le payement, il rencontra d'innombra-
bles difficultés. Le gouverneur lui-même , en sa
qualité d'émir ou descendant de Mahomet, pré-
tendit que ses paroles devaient seules faire loi ,
et renia toutes les conventions d'achat. Floris,
indigné, eut recours à un moyen extrême : en
plein jour, il s'empara du fils du gouverneur, et
le conduisit à son bord , déclarant qu'il ne le
rendrait qu'après avoir été soldé. Cette énergie
eut un plein succès, et bientôt Floris, complè-
tement désintéressé, relâcha son prisonnier, et
mit à la voile pour l'île de Java (7 décembre
1614). Le 3 janvier 1615 il revint à Bantam,
y conclut des conventions favorables au com-
merce anglais, et le 20 février, avec des béné-
fices énormes , il reprit la route de sa patrie. Il
relâcha dans la baie Saldanha, puis à Sainte-
Hélène (l*"" juin), et arriva à Londres vers la fin
de septembre ; mais deux mois après il succom-
bait aux fatigues de la traversée. Il a laissé la re-
lation de ses voyages écrite en hollandais ; elle
contient des détails curieux sur les pays qu'il a
parcourus et est d'un précieux secours pour
l'histoire des premiers établissements européens
dans l'Inde. Cette relation a été traduite en an-
glais et insérée dans les Pilgrimages de Purchas
(4*' édit., 1626, in-fol. ). En français, on la trouve
dans Thévenot, Relation de divers Voyages
curieux, etc. (Paris, 1663-1672 ), tome I",
sous le titre de Journal de Pierre Will. Flo-
ris ; et dans l'abbé Prévôt, Histoire des Voyages
( 1745-1770, tome II, p. 98, et IX, p. 56 ).
Alfred DE Lacaze.
Camus , Mémoire sur la Collection des grcyids et des
petits Foyages. — Ersch et Gruber, Allgem. EncyUop.
— X. RaymonJ , Inde, dans {'Univers pittoresque.
FIN DU DIX-SEPTIEME VOLUME.