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Full text of "Nouvelles annales des voyages"

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NOUVELLES ANNALES 

DES VOYAGES. 

Dix-huitième année» 
(OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 1836.) 

l^KR 72 DB LA COLLSCTIOU ET i2 OB LA Sa» SÉ&a. 



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A. FIHAN DB %A yOREST, 

IMPRnfEUR BE lA COVR DE CASSATION , 

me des Noyers, n<» 37, 



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Tome A.. Per^ S\, 



^ciUiibmdi , 



JMonlholiovLitho 



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NOUVELLES, ANNALES 

DES VOYAGES 

: ET 

DES SCIENCES GÉOGRAPHIQUES, 
CONTENANT 

DES RBLATIONS OEIGINALES INEDITES; 

DES VOYAGES NOUVEAUX DANS TOUTES LES LANGUES , TRADUITS^ 
EXTBAITS OU ANALYSÉS ; 

DES MÉMOIRES SUR L^ORIGTNE ^ LA LANGUE , LES MŒURS , LES 
ARTS ET LE GOl^RCE DES PEUPLES ; 

ET L*ANNONCE DE TOUTES LES DÊCOlfTVERTES ^ aECBZRCHES Er 
ENT|IEPRISES QUI TENDENT A ACCELERER LES PROGRÈS DES 
fiCIENGES GÉOGRAPHIQUES; 

AVEC DES CARTES ET DES PLANCHES j 

^ PUBLliBS VAB. 

MM. ETRIÈS, A. DE HUMBOLDT, LARENAUDIÈRE 
El WALCKENAEK. 

. TOME QUATRIÈME m. L'ANNÉE i836. 



PARIS, 
LIBRAIRIE DE GIDE, 

HUE SAINT-BIAaC-FBTDBAU , V» 23. 

1836. 



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NOUVELLES ANNALES 

DES VOYAGES 

ET 

DES SGIENGES GÉOGÈAPHIQUES. 

EXCURSION 
AUX RAPIDES DE L'ARAXE, 

A. SA &ORTIE BU BASSIIT DE l'aRMEKIS;. 

PAR FRÉDÉRIC DU BOIS. 

{J}euxièpte article \ 



Le 28 mars (9 avril) , avant dé passer l'AIiadja» 
tchaî pour continuer ipa route vers Ourdabad , je 
fus fort surpris de trouver à l'angle de son con* 
fluent, sur les roches de grès rouge > un massif de 
grès jaune grossier qui appartenait évidemment à ce. 
calcaire à nummulites, qui forme les plus andènnes 
des formations tertiaires du bassin de Paris, de la 
Gallicie et de la Crimée.. La roche entière est pé» 
trie de nummulites, d'oursins, de débris d'une énorme 
huître j de fragmens d'une cérithe gigantesque^^ de 



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6 jrOUWtLES ANNKULS 

ISaticaconoïdeafAePxrula/icoïdés^A^ TuriteUaim^ 
bricatafia^ de Tro^w, voisins dupatuius et du conu^ 
lus^Eiehw.f àeTereèeOum, voisin du coniH)iueumy de 
ConuSj approchant dvi deperdituSf de Buccmunt, etc. 

Les couches de ce grè^ tertiaire sont redressées , 
ce qui indique de deux choses Tune; ou que le dé- 
pôt s'e» est ftit chms un temps de révolution y ou 
qu'il a été bouleversé depuis. Toutefois y il est très 
intéressant cle retrouver' ces bmbeaux de tertiai- 
res aux deux extrémités de ce bassin volcanique de 
TArménie. 

Jusqu'à Ourdabady tourna nt autour du pic noir 
basaltique de lllandi (montagne des Serpens)^ nous 
traversâmes un pays coupé de collines de marne 
jaune et de grès qui plongent sous le grès rouge. 
Partout^ le sol est recouvert de cailloux et de blocs 
erratiques dedioriteet d'autres roches cristallisées. 

Plus on approche d'Ourdabad^ plus on s'aperçoit 
qu'on s'avance vers le fond d'un vaste hémicycle de 
haute» tnontagaes , vers tequel se dirige aussi l'A- 
raxQy MMS' luUle apparence 4fiss:iie^ Déjà,. à S ou. 6 
verst'd'Ourdabadi commemyant des jets de porphyre 
d'ftugit« (oHelaphyre); 1^ Q»rd»b«d même, on se 
trouvé sur une vas»le formation de seh^te ooîr : der* 
rîèré , plus de vaUée , plus d^espacelibrcy plus qu'une 
énorme muraiUe inaccessible nommée Beike^ eCnœcid 
de la chaîne de l'Alangbez, a» nord de PAraxe^ et 
celle cki Karadagh au sud, 

Ourdabady adossé à cette muraille ^ et dont les 



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1»BS YCnrACilft. ^ 

liiaiâ<»Ds sont parsemées^ depuis les bords d'un dou« 
ble ruisseau jusque sur le sommet des coUkiés , it 
schîdtô noir, me parut un lieu charmant; j'y vis les 
poiriers et les Moandieiis en âearsf lett sàulès et les 
peupliersqui bordaient les iruisseausi étaièttt en pX^iùt 
verdure. Cet aspect d'Ourdabad était d'autant plus 
frappant pour moi^ qae la basse Armëniei qu« je 
menais de traverser^ n'ert pas^ en général ^ de na<- 
tttre à plaire à des Européens habitués au belématt 
des prairies y à la riclîe verdure des lorêts. leilV 
vais retrouvé de nos contrées que nos alouettes et 
nos vaneauK. Tous m'envies lesjacinthesy les tulipes, 
lea iris qui eroisseot ça ei là; vous avez tort; fout 
e0lâ est si maigre^ ce sol est si aride et si sec, que 
vous devez vous estimer bien heur^ut cPatoir vos 
hépatiques et vos violettes ... Pas un arbre, tout est 
mi et diQchariié; ces montagnes sont absolument dë^ 
poUillées d'herbes et de toiito espèce de parure^ Ttn 
orage de la nuit a abreuvé la terte} je mets maclriK 
aaleraMttt le mati» la tôte i Fah^ ; il me seadble qM^ 
je dois sentir le parfum des bouleati]& on des npisch- 
tiers; mais rien , l'air est inodore, et le» pritmvèfés 
de nos prairies ont plus de parfwM que cette €ùik^ 
tjrée sauvage, où l'ealu manque partoat^ cai! il n^jA 
que Fean et les arroitenfens qui puissent y ^if*^ potts^ 
aer quelque chose. J'avais donc de fort bcxaueS' Mli^ 
saisons pour trouver Ourdabod eharmâAt aa mîlÎM 
de ses vergers et d^si^s innombraliles mûriei^s; {mis« 
que le district d'Ourdâ]»ad ,. en Araiénie, est le seul 



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8 NOUVELLES AWlfALES 

qui produise delà soie. Le miel qu'on y recueille est 
caélèbre. 

ChikraU-Khan^ gouverneur d'Ourdabâd et frère 
d'£k$an^Kkaay voulut absolument me recevoir chez 
lui; j'y consentis d'autant plus volontiers, que le 
maître de police dont j'avais fait la connaissance à 
Érivan , et qui m'avait ofTert un logement chez lui , 
était en course depuis plusieurs jours. Chik-ali- 
Khan et son frère ^' qui ne reconnaissaient la sou* 
veraineté de la Russie que depuis la dernière guerre 
de Perse, parlaient déjà le russe ! ! 

Le matin du 3o mars, j'allai voir la merveille 
d'Ourdabâd, c'est-à-dire le fameux platane qui om- 
brage une petite place de la partie haute de la ville. 
On y arrive par de petites rues tortueuses et fort 
étroites comme dans toutes ces villes asiatiques; il 
a,, en e0et^ quelque chose d'imposant ce vieux fils 
de la terre, et l'on paraît bien petit à coté de lut* 
Je le mesurai; à six pieds de terre, sa circonférence 
est dei 3^ pieds, et au collet des racines au moins de 
4o pieds; son diamètre moyen est à peu près de 
Il pieds. L'intérieur, qui est creux^ of&*e un espace 
de 7 pieds ~ complètement vide. Souvent , et surtout 
quand quelqu'un arrive dansce Ueu ^regardé eom^ne 
un exil, le$ employés russes y fout apporter une ta- 
ble et des chaises, se donnent un thé et y jouent une 
partie de whist. Du reste, Ce platane a été fracassé 
entièrement jusqu'au tronc par ht tempête ou par la 
foudre^ et sa cime n'existe plus; les branches in£e- 



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DES VOYAGES. g 

rieures ont seules grossi et offrent encore un assez 
beau faîte. J'ai vu beaucoup d'autres arbres qui pas- 
saient pour gigantesques y surtout dansGandja, cé« 
lèbre par ses eaux et ses platanes vraiment superbes ; 
mais le plus gros que je mesurai entre Gandja et 
Hélènendorf, n'avait pas plus de a6 pieds à 2 pieds 
au-dessus de terre; toutefois ^ il n'avait pas perdu sa 
cime, et son tronc ëtait sain et entier. Le fameux til- 
leul de Yillarsy près de Morat^ en Suisse, a, mesuré 
à 3 pieds au-dessus de terre, 229 pieds | de tour. 

J'avais donc atteint à Ourdabad l'extrémité du 
bassin de TArmënie, poufr suivre l'Araxe dans son 
cours et continuer mon voyage; j'allais entrer dans 
cette issue qu^une révolution plutonienne lui a ou- 
verte dans le cœur de cette baute chaide de monta- 
gnes! Peu de personnes s'en font une idée. On s'ima- 
gine que l'Araxe sort sans effort de l'Arménie; 
cependant y à Ourdabad, son niveau est encore à 
dySoo pieds environ ati-dessus de la mer Caspienne , 
et il n'a que 3o lieues de France à parcourir pour 
tomber de cette élévation dans les plaines du Rara- 
bagb y avant sa jonction avec le Kour. 

La côte S. O. du lac Séçang ou Kokh^tchaï (eau 
bleue) (i), est encaissée par une suite de volcans 
qui ont versé leurs laves et du côté du lac^ et du 



{\) Les Persans et Jes Turcs l'appellent ^XwXoXKouktchek- 
daria ou Kouklcheh-Tenghiz (mer bleue ); c'est sans doute 
le Lychnites de Plolemée. Y. Saint- Martin , T, p. 6j . 



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10 NOUVttUS AITNALES 

çôtë de la plaine d'Arménie ; leurs torrèns de pierre 
ponce I d'obsidienne perlée , aont descendus de VAg* 
mangan et du Kibtangdagh dans la vallée de la 
Zanga. Érivan même est bâti sur un torrent de belle 
lave grise remplie de longues cavités quelquefois 
tapisséeg de feuillets de mica (ï). La pierre pôboe 
noire couvre tous les i^virons de celle ville. La 
Garni-tcbai^ d^n» la partie supérieure de soa coiirs^ 
ne coule qu'à travers des torre&s de laves compactes» 
souvent prismatiques» qui ont^reoouv^rt des tufs vbl* 
uniques reposant sur de rargibfeuilletée (tertiaire?) 
Mais le poiut central» le nœud de cé£(' forces vol*^ 
eaniques» parait être VAtta-ChéUarâmi^bochif mon-* 
tagne lnérissée de débris volcanique^ ^ ■- en &ce de 
lextrémité S. £. du lacf Sévang. Le Tehapib'akend, 
le Séréiar, le Sirtchali, le Kétidagh l'entourent. Si 
BOUS donnons , selon toute probabilité » entre 4»Soo 
pieds et 5»ooo pieds d'élévation absolue aulae Sév» 
yang (a)^ tious aurons une édmle pour juger delà 

(ï) M- le professeur Gostave Roserm a éu Texf réme toitt^ 
plaisance de déterminer tr^s floigneuaement lei9 échantilloos 
de roche que j'ai rapportés d'Arméoie et yjs lui en.témoigne 
ici ma reconnaissance. 

(2) Si M. Parrot a trouvé 33o6 pas pour la hauteur 
absolue de la partie la plus élevé d'Erivan , et 4*4^ pieds 
pour Kanakir , c'est bien le moins que je puisse donner au 
lac Sévaog qui est beaucoup plus haut^ puisque le rapide 
Zanga ea est en partie ua écoulement. Yojcz Rein xum 



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I>ES VOtAOES. II 

hauteur de ce groupe ^ qui dépasse certaîoeiiieiA 
8 et 9^000 pjeds « el approche de lo et 1 1 ,000 pieds; 
car on l'aperçoit fort bien de TchoufaouUou, à Vex-- 
tremité septentrionale do lac, c'e&t*»à^dire de 25 lîeues 
de di»tan^e. 

I)e ce, groupe central, qui étend un de sea bras 
très escarpé et très déchiré autour de h riTeorien* 
taie du lac, se détache, vers le midi, nne haute 
chaÎQ^ hérissée depics» dont l'Ahuighez est le plus 
méridional et le plus remarquable avant d'atteindre 
l'Araxe. Ces monts portent tantôt le nom de chaîne 
du .K^rabagk^ tantôt celui d'jiiaghez» 

£q mai et en juin, la plupart âes ses cîmea eon* 
servent, de la neige^ qui ne disparaît même jamais du 
sommet :du Ketidagh , qui sépare la vallée de Zol 
au bord d^ ko Sévang , du Karabagk (jardin noir). 
. Bien d^ plus frais,* de plus riche, de plus riant 
que le;^ hautes vallées qui coupent cette chaîne. Des 
£^uropéetjtis se croient dans nos Alpes, quand fuyant 
Érivan pendant les ardeurs de la canicule, ils peu- 
vent se réfugier dans la principale de ces vallées, 
rancien F^î atstzor (Yaîots^txor), aujourd'hui le 
Daralagkez , la haute vallée defrArpatdbai , qui sert 
de retraile estivale à uneioulede seigi»enrs dellAr-» 
mënie. Jadis, les Qifpélians remplirent cette vallée 
d églises et de monumens. Nomçanià (i) était leur 

(1) Mistoire des OrpéUans, traduite par Saint*Martia>^ 
II, p, Il 3^ 125, 145. 



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la NOUVELLES AKITÂLES 

prindipal sëjour, et aussi le lieu de leur sépulture; 
Mais c'est un daogereux voisinage pour de su- 
perbes mouumens que cette chaîne volcanique. Sans 
ënumërer les tremblemens de terre qui ébranlèrent^ 
déchirèrent, bouleversèrent cette partie deTArmé- 
niei ne citons que celui du huitième siècle , après ia 
mort de St^hanos, aa™* évéque de Siounik. Pen- 
dant quarante jours y la terre fut enveloppée de té- 
nèbres , de violens treniblemens du sol la dévas- 
tèrent, «t ensevelirent' 10,000 habitans de la vallée 
sous des décombres (i). 

Au-delà de l'Araxe, en face de FAlanghez, s*é» 
lève en Perse le Kiantg- hou y second pilier de cette 
édusede l'Araxe. Sa hauteur n'est pas mokidre que 
celle >âe la chaîne précédente, et je Fai vu le •^^^^> 
sons.les 38** 3o' de latitude, présentant toute sa cime 
en ferme de cône écrasé , couverte de neige bril- 
lante j cette neige ne disparaît que très tard. C'est un- 
des points avancés de la chaîne de l'Adjerbaîd^sln, qui, 
sous le nom de Karadagh (montagnes noires), Ibnge 
la riye droite de l'Araxe jusqu'aux plaines duMougan. 

C'est dans cette chaîne qui probablement barrait 
jadis le bassin de FArménie, et en faisait un vaste 
lac, que l'Araxe a fini, dans une catastrophe volca- 
nique, par trouver une fente qui lui a permis de s'é- 
chapper de ce bassin. 

(3) Ces ténèbres^ donnent lieu de supposer quelque érnpi-- 
tien volcanique, et des pluies de cendres* 



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DES VOYAGES. l3 

Rapides de VAraxe. 

Nous retrouvâmes bientôt TAraxe au-dessous 
d'Ourdabad ; jusqu'ici, son cours est tranquille, mais 
dès qu'il atteii^t Içs. premières roches , dès qu'il est 
encaissé ; son eau jaune bouillonne sur les blocs qui 
remplissent son lit. Dans Tespace des quinze pre- 
miers verst, l'Âraxe est resserré entre deux parois. 
de calcaire siliceux noir , brûlés^ dont les cimes dé- 
chirées se crénèlent sous les formes les plus bizarres. 
Presque, toutes les pentes sont extrêmement escar«^ 
pées; on reconnaît sur leurs flancs les couches re* 
pliées y déformées par l'action et le soulèvement du 
diorite porphyritique (i) , qui s'élève en muraille der- 
rière Ourdabad , sans atteindre encore ici l'Araxé. 
Ce calcaire siliceux noir (2) est fendillé en parallé- 
logramme; les faces des fissures sont toutes comme 

(1) Ce diorite porphyritique consiste en une.masse d'un 
vert grisâtre clair dans laquelle se trouvent des cristaux 
d albite d'un blanc de neige et d'autres cristaux verdâtres 
peu dévelopés qui parraissent être de l'amphibole. Le quartz 
n'y est semé que par grains isolés. ( Description de M. le 
professeur Gustave Rosen. ) 
■ (3) Calcaire siliceux^ d'un gris foncé; non transparent ^ 
à cassure unie^ difficile à rayer avec un couteau ; ses bords 
se fondent au chalumeau en se gonflant ^ et donnent un 
verre verdâtre ; il fait une forte effervescence avec les acides ^ 
et se dissout dans l'acide hydrochlorique avec un^résidu 
considérable d'acide de silice. (Gustave Rosen. ) 



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l4 NOUVELLES ANNALES 

oxidëes de rouge ou de rouille. Des teintes brunes, 
noires ou grises recouvrent largement ces roches , 
dont pas un arbre , pas même un arbuste ne voile la 
nudité. 

On ti^ouve le long de ces parois que l'on croit 
inabordables , une ébauche de sentier suspendu le 
long de TÂraxe, que l'on voit bouillonner à ses 
pieds ou passer comme une flèche , en rongeant les 
flancs noircis qui l'encaissent. C'est un beau spectacle 
pour le voyageur qui se fie à l'adresse de son cheval 
et qui ne craint pas de plonger d'un œil fixe dans le 
gouffre qui s'ouvre devant lui. « Ah ! me disait en 
frissonnant et en pâlissant encore l'officier tatate 
que le gouvernement russe avait eu la générosité de 
me donner pour sauve^garde et pour interprète, et 
qui Venait de traverser un de ces passages difficiles, 
si je ne parviens k oublier cet épouvantable trajet , 
je n'en dormirai plus la nuit. » Cet officier avait fait 
la guerre de Perse et de Turquie, et la campagne de 
Pologne. Effectivement, il ne restait du sentier éboulé 
qu'à peu près deux fois la largeur du sabot du che- 
' vaU Que faire? ou se trouve là au moment où on 
s'y attend le moins. Impossible de reculer, de tour- 
ner, de mettre pied à terre ; il ne reste plus qu'à s*en 
remettre en frémissant à la Providence et à l'adresse 
du cheval que l'on monte; en effet, quand on sait 
combien les chevaux de ces montagnes ont ac- 
quis par l'habitude la facilité de traverser d'un 
pied sûr les pas lés plus difficiles, on sent qu'il 



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DES VOYAGES. l5 

a'y a même pas de mérite d'avoir tenlé cette en- 
treprise. ^ 

 peti près au i3* verst, ie sommet des monta- 
gnes, à gauche de l'Araxe, commence à se couronner 
de quelques énormes massifs de calcaire noir, qui 
n*a même plus aucune trace de couches; forma- 
tions jusqu'ici réputées neptuniennes. 

Mais le spectacle des rapides n'atteint toute sou ef- 
frayante sublimité que lorsque le fleuve arrive au 
cœur de la chaîne au rS* verst. Un groupe d'ai- 
guilles, d'obélisques, de pyramides de toutes formes 
absolument nus, dont TAlanghez, recouvert de sa 
coupole de neige , est le centre, au nord de l'Araxe, 
sort du fond ténébreux des entrailles de la terre 
pour monter à une hauteur imposante à travers tout 
le fi^st^me de ce calcaire siliceux noir. 

La roche principale est du diorite porphyritique 
coupé de veines , de bandes, de taches , d'une roche 
verte composée d'un mélange d'épidote , d'amphi- 
bole et de calcaire. 

Dès que l'Araxe rencontre cette barre, sa force 
redouble; ce n'est plus la masse fendillée du schiste 
argileux et du calcaire noir siliceux facile à entraî- 
ner. Son lit rétréci est encombré de blocs, gros 
comme des maisons , sur lesquels il écume et rebon- 
dit. C'est un de ces blocs que Châh-Abbas montrait 
à ses courtisans qui l'entouraient , en leur disant : 
a Voilà comment il faut résister à l'ennemi. » — ; 
«C'est facile, répondit l'un d'entre eux, quand 



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l6 NOUVELLES ANNALES 

on est si bien soutenu; » et il indiquait du doigt ces 
imposantes masses qui encaissent la cataracte. Moïse 
de Ghorène fait mention dans son histoire des chutes 
de l'Araxe, qu'il appelle ^rasbar(^i). 

Rien de plus sévère ^ de plus sauvage que le pay^ 
sage encadré dans cet enfer d'eau. Sur le' fond éclairé 
de la rive gauche , des ombres fortes et droites des- 
^ sinent les formes angulaires et les longues fissures 
des roches tachées de gris et de rouille , dont à peine 
quelque végétation voile la nudité. Des blocs écrou- 
lés et entassés élèvent sur la rive une muraille ter^" 
rible; du milieu de ce chaos percent quelques ar- 
bustes sans cesse humectés par les tourbillons de 
poussière humide, que le courant de la rivière em- 
porte bien haut et qui remplit l'atmosphère. L'autre 
rive, plus triste, plus escarpée , est ombragée par 
d'énormes contreforts noirs qui semblent vouloir 
soutenir ses masses prêtes à tomber. 

J'estime que d'Ourdabçid à la grande chute d'A- 
rasbar, FAraxe a une pente de 5o pieds par verst, 
c? qui, pour i6 verst, donne .... doo pieds, 

La grande] chute d'Arasbar est au 
moins de • . * . loo 

La grande chute à Migri 4oo 

i,3oo pieds« 
Yoilà le résultat de mon estimation de la chute 

(i) Saint-Martin, I, 20g. 



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DJK^ VOYAGES. .' IJ 

de VÀraxe^ d'Ourdabad à Migri, avant de tonnaître 
les résultats du nivellement (}u J^a^sin de T Arménie 
par M. Parrot; restent encore 1^200 pieds .de pente 
p0ur\son cours ultérieur, ce quiest plus quç suffisant. 

Ces cataractes sont iuBniment plus belles, quoi- 
que moins considérables que celles du Dniepr, dont 
les rives ne sont pas encaissées entre des murs de 
rochers gigantesques. 

JN^ous eûmes bien de la peine à trouver un chemin 
parmi les blocs; on en a pratiqué un à l'angle d'un 
rocher, L'Araxe vous y couvre d'écume* 
M Â un ^u deux verst de la grande cataracte, s'ouvre 
à gauche , dans le diorite porphyritique gris, 1^ val- 
léje de Gartché^ai^ ^ célèbre par son bon vin mpus* 
s€iux et par une mi^e d'argqut a^Sjez pauvre, que 
cependant on exploite* , 

- Un peu plus loiû y 1^ .vallée de l'Araxe se, resserre 
de nouveau et cette rivière continue à former des 
chutes. Jusqu'à Migri, le chemin est encore, plus 
affreux que celui qui précède. Il faut traverser des 
passages oîi des .blocs ^sont suspendus sur les blocs 
del'Araxe, 

Sur. l'autre rive, les villages de Dusala et de Kour^ 
dqçàe offrent une perspective charmante. Dans ce 
dernier i Abas-Mi|?za avait un palais de chasse. gq9S* 
truit, cop^cime tous ceux de ce.genrç, avec vde^^ cours, 
des^ jardins,, dçs.eiiplçs entourés de murs.çn'briques 
^ en teiTc. Je voyais en fleurs les amandiers et ces 
be^^^Xi grenadiers q4ii ont pa$sé, em proverbe chez les 
( j836.) tome IV. a , 



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l8 NOUVÉILÏS ANJfÀLES 

Persans. Le sein d'une beauté est toujours ôompaifé 
aux grenades de Rourdaehe. 

Enfin y on commence à apercevoir ici une faible 
végétation r quelques saules, des épine -'Vihëites 
sont parsèttiés Mtre lés blocs. Veuphorbia ri^îda 
atatt trouvé assez de t^td auséi pout* croitk^ , et 
rhélkede DjéUlfk rampait sur le sable et lés tôchei's. 

Mégri. 

Après cet affreuit chemin 9 on débouche dans l'é<- 
troite vallée latérale de Migri (Méghri). On se croit 
transporté dans uti paradi^; les saules avec leurs 
chatons, les épines en fleurs , les vergers , les ti^ 
gnes planléies en terrasses, les maisons à tdits éiî 
terre, les rochers à cimes aiguës éouronnées des 
tourelles d'un vieux château ^ offrent Un aspect pit- 
tot^sque. La vallée est arrosée par le MigH*fchaij 
rutaseau considérable. 

La population de Migri est arménienne; ce lieii 
était jadi^ te siège d'un évèque qui dépendait de Da<- 
thev. Son église est assez bien construite. Migri , 
quoique d'un abord si difficile , a été souvent dévïisté 
pendant les guerres du di)t«huitième siècle ; on y 
arrivait plus commodément en venant de Perse et 
en traversant TÂraxe, qui est bien guéable en été. 

Je n'5 trouvai pas la végétation plus avancée qu'à 
Ourdabad; le soleil se lève tard et se coocfaède 
bonne heure au milieu de cts bauteë montagnes : 



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IIBS VOTAGES. ig 

d'aiUeuvs, FAlanghez à la cknè gtaciale est trop près 
de Migri, et y envoie un vent froid par le temps le 
plQ9 serein. Pour un Russe^ e'est ici te bout du 
monde et un terrible lieu d'exil : en été, lé climat est 
malsain, à cause de la chaleur concentrée à laquelle 
succide rapidement la fraîcheur. 

Nous y passâmes la nuit ; les habitans du village 
nous reçurent fort bien ; en ce moment , tout était 
calme et tranquille; on n'eût pu soupçonner qu'on 
se trouvait à quelques centaines de pas des frontières 
de la Perse, pays de troubles et de révolutions. 

Le lendemain ^j^î , coupant une triontagnede diô- 
rite, nous rejoignîmes l'Araze, que nous côtoyâmes 
de nouveau jusqu'à Aldara, où nous devions changer 
de chevaux. Ce sont toujours les mêmes rochers dîo- 
ritiques, déchirés, escarpés et sans végétation. La 
diute de FAraxe est moins grande qu'entre Ourda- 
bad et Mîgri; ce n'est que de distance en distance 
qu*il tourbillonne, écume et mugit en roulant sur 
tes( rochers qui remplissent son lit. 

Aldara est un grand et beau village tatare ou 
persan, entouré de vignobles et de mûriers; la vé- 
gétation y est aussi belle qu'à Migri. Les chefs du 
village nous reçurent sous des arbres qui tiennent 
lieu de place publique, et nous servirent une colla- 
tion de lait aigre et de fromage^ pendant qu'on chan* 
geaît nû$ chevaux. 

. Aii^delà d' Aldara, le sentier ne longe plus FA- 
raxe, qui paraît inabordable : nous remontâmes et 



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20 NOUVELLES A1KNALES ' 

redescendîmes péniblement , et non sans danger, 
quatre montagnes. ou contreforts séparés par des 
vallées ou plutôt de profonds ravins. Dans le pre-* 
inier se trouve Atsasour^ petit village arménieâ,,oîi 
je fus étonné de voirs un bel aqueduc d'une seule- 
arche et d'une grande hauteur, qui conduisait teau 
d'un côté de la vallée à l'autre pour l'irrigation des 
jardins. Ges canaux et ces aqueducs coûtent beau^: 
coup de peines et de sacrifices, mais ils sontindiis-» 
pensables pour obtenir des récoltes ; la surveillance 
de leur entretien et surtout la distribution de l'èau 
à chaque propriétaire pour son champ ou pour sa 
vigne pendant l'heure fi&ée^ est déléguée dans chaque 
village à un personnage qui tient stricteitient lamaia 
à l'observation exacte des réglemens. 

On ne voit dans ces montagnes que du djiorite. 
porphyritique gris, traversé par de grandes masses 
de syenite (i), qui ont été agglomérées par les dio^ 
rites; ce phénomène est fréquent. Le sol est nu ; il 
n'existe d'autre végétation que celle que la culture a 
pu arracher à une nature iharâtre. En remontant la 
quatrième montagne, qui s'élève de i,5oo à 9,000 
pieds au-dessus de l'Araxe, on reconnaît que la vé- 
gétation augmente; les genévriers à haute tige (y/^* 

(i)'Mélange grenu de feldspath blanc ^ d'amphibole noir, 
de mica^noir. Le feldspath est prédominant : le mica n'est 
qu'en petite quantité , et gtt toujours dans l'amphibole. 
( Gustave Rosen. ) 



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DES VOVAGÉS. ai 

niperusexeeisa)ei levsiàieir(juniperus oxjrcedms)àe- 
violineDlcoifimiiiis ; IV^re/^a était en fleurs. Lepaliure 
(rkamnus paliurus) était par malheur tfop fréquem- 
ment méié aux pruiieliers et même à'ia vigne sau- 
vage : du reste y les ifocbes, lés pics noirs tachés de 
rouille et déchirés par des blocs énormes et à parois 
colossales, n'offraient que de légères bandes de gazon 
et quelques arbrisseaux enracinés dans les fentes^ dfc 
sorte que le paysage ne perdait rien de son caractère 
sauvage. 

' •'" ' Nougqdi. 

Sur le revers de ces ruines d'un vieux monde,. 
8'oUVk*e une vallée au fond de laquelle s'étend au 
bord d'un ruisseau lé 'village dé Nougadi^ qui. se 
prolonge éans plusieurs ramifications de la vallée 
principale; c'est une oasis d^uri nouveau genre; L-in* 
dustrie a sauv.é de là stérilité tout ce qu'elle a pu 
députer à la nature; dé même que sur la cote dé 
GvmÀièj lés niaiséns eh ferres noires sont adossées 
\ati vm^ha", et le toit blancbâtreet plat de Tune sert 
de cour à celle qui est au-dessus ; partout des murs 
de àonten^mens 9 et des canaux d'irrigation ^ suspen- 
dus à une grande hauteur le long des roches. 

Le seigneur de ce village tatare, séparé du reste 
duimonde, éloigné de toute communication, se trouva 
fort honoré de notre visita. A Pinstant, on s'em- 
pressa d'étendre les beaux tapis' de Perse daùs da 
salle des étrangers, d'allumer du feu , d'apporter le 



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Sia NOCFVELIiES AKJBTALES 

kaliao. Debout près d^k porte» notre bote se coor 
fonpant stricOioeat àiioérésiiamtiy'ne Toukift ni 
s'asseoir à côté de nom^ ni même ç'avwicer ju$qu*à 
potre 4apis. Ce w fu^qu'à force d'ioit4ol>e0 prea- 
santés que }e pu^ l'e^igag^r^ à «doum pour lui les 
rigueurs de l'éM^qette iet à nous tenir oogaipagoîe. Il 
nous fit préparer un Uqh couper dont le fdaff selon 
Fuss^ge, était rornement principal; c'esl une chose 
qu'on ne sait pas y dans notre Europe gourmande, 
préparer comme le font les Asiatiques. 

La principale richesse de notre mélikh consistait 
en vignes et en mûriers qu'on tient très bas et à mi- 
'hauteur d'boHim.e; on coupe les pousses ejLjn^m^^les 
branches entières pour nourrir les vers h soi^ aans 
se donner la. peine de cueilUr les feàilles. Qti$ind un 
mûrier, qui ressemble à un petit saule ^i ét4 , 4 ^té 
dépouillé^ onluivoit poUjS&i^rdc nouveaux jeta pea- 
d^t un ou deux ançf on en fyif. d^s pla:nJt£^tions serr 
rée^ <somme des pépipièi^es. Des femmes ;Sopt chiirr 
gé(ss du soin des yçrs à spiie ^ §^le déyj^agfi s!dfyQtMe 
au bord du rui3seauj k Topiïbre degro^ noyers, 
sous Icisquels on a plaç^ un grand nombre de petits 
foyers grossièremeQt cQp^t7ui(:s pour^^J^ufii^ resru 
dans laquelle on plonge }e^ cocons. 

Depuis une longue suite d^ siècles, n$n n'A tait 
changé dans Nougadi; notre hôl^ nous ebs3ttmîl;;que 
peut-être depuis up millier d'années , sa &miUe oc- 
cupait et possédait ce vil^gje; il y av^J^ws dbuie 
de l'exagération dans cette assertion ; maî^q^iivien- 



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DBS VOYAG«$i« 

dr^t porter la guerre daps ces cootrées, si bien dé« 
feiidqes par la nature? D'ailleurs , les histoires de 
l'Arip^Die yieiinent '^ Tappui du discours de ce chef. 
J'étais au centre du J^unii ou Sisagan (i)^ l'une 
de3 partie^ principales de cette contrée antique 
à laquelle^ jusqu'aux temps le^ plus. modernes, {es 
auteurs orientaux ont donné le nom d^Jranei Jlrhan 
(Jie Karab^gh actuel). J^s Arabes l'appellent iJan , 
les Géorgiens Jiam^ les Persans Jranich et Jran. 
Cest X.4rqm pu Iran de l'antiquité , YJériano des 
liyre^ zendsi toujours compris dans YÉériéméno 
(l'Ariuéuie ou le grand Iran) .C'est ce même j^ériatH^ 
T^aed/a, l'Iran pur du Vendidad, le premier lieu 
créé sur la terre et le premier habité , tradition qui 
s*a{Çcorde d'un^ manière merveilleuse avec les tradi» 
tiops bibliqi|e$ et arméniennes. C'est dans cette con« 
trée qu'avaient habité les anciens rois de Perse^ et 
HéomOy antique législa^r qui vécut bien long- 
temps avant Zoro^stre (a),Qry lorsque le prince M^ 
sa/çide Yagharsc)^ag n>oata sur le trône d'Arménie 
au if^ilieu du deuxième siècle avant J.<»C., il forma 
du Sùiagcm une grande principauté, qui Ait gouver- 
née jusqu'à la fîq du onzième Âècle par une raeo 
pu^ssaq^e de princes soumis aux rois d'Arménie; ils 
prenai^pt le^n^^ de £?i|j^ajsni(descendans de Haïgy 

(i) 8«|pt-MartiD,I; 909. 

(a) %yjit<-MariiA, I, 37 1 , Zend-Avesta ^ t.I, part, a/ p. 
429, et p»,a63, 264 et s65. 



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a4 NOUVELLES ANJ^ALES 

le père 'des Arméniens); ils demeurèrent ia<lëpea- 
dans et combattirent souvent avec succès contre les. 
Khalifes; }Apès le onstièiDue stècle, rhîstoiré fait à 
peine quelque mention dé ces vallées inabordables^ 
mais il -parait que loïig«temps les gei*mes de cet an- 
tique esprit d'indépendance se consérvèt^àt cïkei 
ces rejetons de Haïgaznis. En l 'j^^ , lés bafoitans du 
Siounik où Sisagan se révoltèrent contre les Persanls^ 
sous la conduite d'un Haïgazni, nommé David. Sou- 
tenu par le roi de Géorgie , il se défendit arec Suc- 
cès contre les gouverneurs persans d'Arménie, et 
pendant six ans exerça son autorité dans, le pays qu'il 
ftvàit fait soulever. 

Mon hôte pouvait fort bien être un Haïgazni? 
Les Tatares de Nougadi et des autres villages qui 
cultivent la vigne ne font pas de vin ; ils vendent ordi*» 
nairemeot leurs raisins aux Arméniens; ceux-^ci en foiirt 
de l'eau-de-vie qu'ils préfèrent de beaucoup au vin, 
qui généralement à Eri van , à iNakhtchévan et le long 
d<s l'Araxè, «st très capiteux et peu agréable au goût y 
9^ couleur est' jaunâtre,- comme celle des vins du 
Midi; on lui préfère ^ Érivan , malgré la distance^ le 
vin de Kakhéti, qui est fort sain et fort agréable* 
£p revanche, le raisin d'Arménie est délicieux, suc^ 
culent et charnu; il se conserve jusqu'en mai et plus 
tard sans presque se flétrir. On mç servit aussi à 
Nougadi des grenades excellentes ^ qui rivalisaient 
pour leur grosseur et leur goût sucré avec celles de^ 
Kourdache. 



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- ComiAé de jpolitesïèà^ dèf notre hôte , à6ii^>|k>(ir« 

dwM leérrloorgaeûr les '^ftrdilis< ^(l'Nrill^ja^ë oîi liés 
ajatotliers ornaient les vepgdrs^e t€uf^ fteftii^s'tëSèlé^ 
Âa mî^udes ai^bvéseiicdre àé{>6Uittés«fe leâffbifîl-' 
lage , , ïégbf ornent ^ paras>de^ Imr^ ^^pài»r^ jbëissMnfè!; ' 
il 691 'imposslifbiè^ de vdir âtté ilniigé'>diif^^prnQl'4^ps 
plusi^nante. Nous esGi|ladâfti^» vti^^^éoûti^ot't qfai 
jHMtô séparait dç l'AreaM^'^ûe iWlis*^)âtéitfuitllfiâë& 
ptu^ jusque sonentcëe dans la plai^.' ' ^ '^'' 

JiTous étions à la froniière des. di<^ritès {^è^fj^- 
ritiques gris çt dessyenît^) q«H aont remplacés pak* 
de grandas .masses d'une roclter^ve^e , que M. Gus- 
tave .Roseix prend austsi pour U0 dioMe àvtle sura- 
bondance d'aniphik)le}-mais di(;s€liike^tnH^cé'>rer- 
dâtre encaisse l'Araxe dans un' espace dé -T^'^v^iMt, 
ensuite il fait place à -une vaste foriUftfcioh delsét<i^n- 
iihe d-un g^ria verdâtre, remplie cl'ttmygdales-de^ei^^ 
pen^ine noire» Cette serpenline»sê»i»>nfond tt^^d des 
nui^sosamygdfiikites semées d'ainygi^dales dé qu^lrtij^ )^);> 
. Jusqu'ici f TAraxe est encore très v^piàt 'fèi ^kitô^ 
av]Qc vidlenée. contre ses rives escai^pées ; mais "plûs^ 
loin- il se.calm€i> et sa vaiiée co'nin^noe à être cou-^ 
pée d'espace ea espace par de petites plâinetf eéu* 
vq*tes d'arbres auxquels se méteat déjà léfiguier et la 
vigne grimpant sur l'ormeau ; on /aperçoit ^u*cnbI e$t 
sur la limite d'une nouvelle régiod. - . ' 

(i) Détermination de M. GusDaiveRqséii» 



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. ,4 ^q v^st d^ Jtpqgftdi, «'^lèw tout à am^^^fn" 

:^sffi9 i|Qe l^mfttiicff]^ tC(M)si4^aUQ de calcair» Qokv 
d^if p^é.^Q |?*radft UtS:^pab de 4 à 5 pîieds.Les pétrin 
fip^tfpp^ ,IQlU )rb^Aipiiis(HiMe$ par leurs oocpiiUcfiy 
^HÎ, iiiç&i qu'uM^ îmiMos» ^«Htîté de eociftttXy âont 
ri^^t^t l>}ai^be0. I^ €0wbe$ i»oiAêDt vers le een^H 
t^^ 4^.. la chaîne^ et ^t probablemeatsubi de 
g^{p^9 altéraûi)«M. Du reato, je re^rde oe|caleai0e 
noir comme le |rtoda»t ds.éelui que j'ai ohaerYi^piéa 
d'Qi^4abad| Ia$ jets de dioritè et de serpealioe se 
sQfft éi^y^^ e«|tre deux: e( les opit disloqués. 
..>^Qs/de»x^ riye9 .de f Arase fiont encaissées entre 
oçs TpQbe» dMS Uur; espace de a vent. Le ^euadîer 
et; le ^gpyûer.f^uyagcs y ^ont.prîâ raciues dans les 
fef]^iiomtireùses^de cesDiasœs* . 
. ..1J:9e petite vallée et un ruisseau limi^eut ce cal* 
cajire, aveQ lequel lea moatagnes s'absûssent ooosi- 
d4rablment. Le8;rîves de l'Araxe ne présentent plus 
qfir'que limite decoUiues basses de porphyre d'augite 
(^f\Uhfbnftpfqm constituent les>deiaiières teirasses 
4e 'eesipaptagne» vers la plaine du Karahagh« Il pa-* 
caît qu'^te^ doii^ent leur missance aux derniers e^ 
forits q^i ot)t ^K^levQ des portions de la chainei ici, 
^Q/ipp;4;^fre d$$,biu»es.isolés de craie; là des eocw 
glopi^r^^sj^Me^ masse^iaivQoIaîres. 

Enfin, le prinlmops a pris*le dessus; le paysage 
verdit, les arbres donnent de l'ombrage; mais aussi, 
k mesure que le j>liys. devient d'un plus facile abord, 



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I 

DES VOYAGES. !I7 

les traces des rëvolutiens dfis hammes et de iaurs 
guerres AUp»«teiit; partput y. déns Iwiîsiix fiusî^e** 
ment açoç^sibl^^ des ruines de viUagpes ^ dis ^rigaes 
aibA]i4<>Qp^(es« Le seul villa^^ habité ^ui iiesle est 
Baèarié^ bu t>ord de la JRst»^^ avec des r|ztàves% 

VAU^^sm est derrière nous , et des oolliuesiMSses 
de ia<4#s^ tertiaire et de eon^louiërat nous ouvrent 
UB^ lfrg(9.eiBtréedaD8 Uplainedu'Karafaagh.GoliMne 
on; compte 7 agatehcs (4o à 45 rersi) deNâfOgadiA 
Daliàfhtosioh ou ZTn*^ nous^ n^arrivâixiGs à œ vittaigé 
que dao6 la soirée. La pays i^élargit tdéja eeltime 
i^mà le BLour sort de-sa vallée deBardjMci pour en- 
trer 4ans la piaille de iSLharthalini. L'Arane^ devenu 
, piat^ible, était 2>opdédf hajitscoceàuKqmeouvlriiî^at 
vp grand espace* Tout à^coup^ nous apéreevoësvn 
cavalier peesan qui s'élance dsins cféCte plaine tÊàté^ 
cagràse à^ la poursuite de plusieurs lévriors. « i^k ! 
nous dit jQotreguide> c'^eetiiptre hâte, io^est le; sei- 
gneur du villa§^ denPiri^ 4l)ec lequel utMis aUons 
l(9gflPf » J^oMs de l'i^p^er à grsnds cris; mais il 
n^ li4us entendit pas, et îLdîsptrut paUËii leS>o^ 
$i^u^%^[çijl «larà eu|>eur deneus; jîl noiMi aura pris 
piMir Ans»' Eusses y me.dbt mein interprète Ali, qui 
pprl2|it l-uoifiHjnvei d^offioiep eircàssieii; Ahit^leni^ 
gaM4 ! 9.et le voilà k evlialer sa biie^ quand ^eudasii 
le. prinoe s'avance vers qous à toute bridepar uisiau'- 
ire côté de la plaine. « So^pez les bi(Qn*vêttusy«ious 
« dit-il; je suis Bienbeoteux de vous aee^r auj^ur^- 
a ^'bui )plottr n»6s hofes, etje suis allé vous eherebeV 



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KxmeoùpaTf sàfon^'t*ii] eiidOr»)evfihtd'libàirtrîoïn« 
«^lîifaààtiUaibeàu faisan que seB chlé^s* ^hié^ pris 
iK 4uisikis i^ose&uK y qul^n sont peuplés. Voilà pdur^ 
it^uquiki je it'iû p«ji vous x^pondre; une fciîsitiefs èhieés 
a laAoëà^^j'ai ailles ^ùme^isous peitie de led voir 
«ç Kumbger mon gibier; ceisera pour aiîsâi^B^r notre 
§i:.pl4^i)n Mous iraversân£s>Ia; l'chtdùundieT^iehaiet 
«MMiâvj^tiûvîmea le prince dans sa butte d'hiver sou- 
tiùùrnûfce^ qiili ne se* distingue en riei^^dçs àqtres ha-^ 
bîUNioQS}d/$ Tîrii^xiceu'séesdans là piod-d^oûe baute 
f^oUk^ i^l^e^ à l'angle oriental éa confluant dU 
ïWhfklQund^-tdiaî et de i' Arase: C?est ta ornière 
on^i^lation A^ ^o\ sur Ui rive gaische yeris le Kâra- 
J>l^gb; élev^.de.3oo â 4obpiéds au-dessus de PAt^ 
m'^.r ^^ mpUi^ ^upérieure.est leouronBéç d'un i*ôchér 
^^çwp4.d€|; ^alcaiire. blanc (chaiei^) qui sof^rîe les 
d^l^is de U.fQr{;er«9$&e!4!^ Tiri^ ruisëp depuis k>i|g-^ 
4^^pft* : A^ia sur le.^gazon >naiisant y j'écrivis dàiild 
«nottiJQWînalllar^esopiptio^ suivante : : / > -^ ^ ^^ 
Ji »i&ttp^be>paîysage : on^lfuieisui^ TAï'axevqftità»- 
\m^t [ sfmi cours* iex\ eiitrant dans^ lé bassin du Kàra- 
J»a^lLftt::qili>fterpeQleien formant plusieui^s ileëlSeft 
ieau^tj^i^lesret jaunalrtcsjkimélent aux ondes^tàires 
4t,UtQpicks d« TohaJbounderttohaî^ qui arrive'én se 
jgUisaiit !ftu milieu .des huissùns et des rizières. Der^ 
-iiièxiej^e/i^n&uent se dëveloppetine belle plaine'qoa^ 
«veFfae .de champs de céréales et d'arbres^ sUr laquelle 
ibe. petits. points noirs indicfuent le bétail, qui paît: 
A gauiîbe, derrière TAraxe, s'élance une^faaute pa- 



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DSS VOYAGES. 2^ 

roi de calcaire jaunâtre I à trois éta^e», tapissée de 
gazoa et de genevriersJAiJlrQÎley derrière les' cdUines 
de molasse , s'étend toute ja chaîne de FAlaghez^oudii 
Ka|)anj) c{uî des bords du lac Sévang vient barrer l'A- 
raxe. S^s sommets sont couverts d'une neige bril- 
lante quepercent de temps en temps des ptcsdediorîte 
très^escarpés etentièrement'nus. En avant^des collines 
arrondies et d autres à parois escarpées^ indiquent 
les. serpentines et le calcaire noir. Dans le foâd de la 
vallée où bouillonne TAraxe^d^ montagnes de toutes 
les larmes imaginables, et quelques-unes, couvertes 
de neige, se présentent aux r^ards de l'observateur ; 
les nuages coiffent leurs cimes* Dan^ le lointain^ les 
collines s'abaissent au niveau des plaines verdoyantes 
du K.arabagh,qu^ traverse l'Araxe, 9 • 

Les Tatares nomades abandonnent en ce inioiiient 
ces plaines et leurs demeures d'h}verppur aller jus- 
que sur les sommets les plus élevés de l'Alagbez^ 
chercher des pâturages pour leurs troupeaux; les 
tentes pliées et leurs appuis sont attachés ; les nattes 
en paille entassées sur le dos des bœufs; le chau- 
dron couronne la charge; de grands courgines (sacs 
de voyage) contiennent les tapis et les menus meu- 
bles de famille. Le paisible chameau porte les femmes 
et les enfans ; la mère tient son dernier né dans ses 
bras, l'un des aînés est assis devant, l'autre der- 
rière, tous deux se serrant contre ses jupons Une 
grand' mère, en habits déchirés, chemine à côté 
avec son favori sur les bras. Une jeune femme relève 



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do NOUirXLIiBS AKK AL£S 

lé moatchoir qui préserve son teint des auteurs 
dusdlÂl pidur me montrer secf jdlis traits , et se re- 
tdurne tera 4e bœuf qu'elle oûnduit par titie corde 
pôUr rassurer sa petite famille, effrayée à la vUe des 
voyageurs dont je fais partie. Sur des' dievaut, de 
jeunes filles rient et s'arrêtent pour tiie regarder. 
Les gros chiens blancs maigres marchent du même 
pas que la caravane et me r^ardent avec méfiaiiee; 
ks génisses bondissent Une vieille femme e$t sur 
son boeuf avec sa chèvre fatiguée; une autre avec 
son veau ou sou agneau^ les grands garçons mènent 
avec soin les moutons; le. chat s'est logé sur le ba- 
gage et les poules montrent la tête à travers l'ouver- 
ture des sacs où on les a mises. Lès hommes à pied 
chassent les plus tardifs, encouragent lés plus fatî* 
gués; l'un même porte sa dhèvrè sur ses épaules, et 
les petits garçons .caressent les petits agneaux fati- 
gués quSls tiennent dans leurs bras. 

Berlin « 5 mai i836. 



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L'ASYATTHÀ ET IJE PIPA14 

PAR M. CHARLES RITTER. 



Le figuier indien, éguier des Banians (ficus in^ 
dica des anriens), qui, iôus le nom de kebbir- 
bari existe sur les rives du I^erbeda inférieui*, â'u 
nord-est rfe Surate, et est c^tèbre dans toute Men- 
due de Ilnde , doit être un des plus grands de tan- 
espèce. Il a depuis plusieurs siècles attiré rattetltion 
des indigènes et des étrangers , et parmi les modei'- 
ues plusieurs ont même pen^é qu'ils retrouvaient en 
lai Tati des arbres admirés par les Macédoniens qui 
tels qu'Onésicrite, Aristobulô, Mégastbènes avaient 
aècompagdé Aléxandre-Ie-Crand ^ ou qui vinrent 
immédiatement après Itti. CW une erreur, car 
aucun de ées Macédoniens ne parvint jusqu'au Ner- 
bcda; et h périple de là mer Erythrée d'Arrien qui 
fait mentîdh de Barygaza (fiarotch , sur le Ner- 
beda), comme d'un marcbé (Oi ^^ parle pas de cet 
arbre fameux , quoiqu'il ne &oil éloigné que de trois 
milles de cette ville. 

( i ) Periplus Maris^EiyArce>i, p. a8 (éd. Hud#.). 



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3â NOUVEEXBS AiriTALES 

Toutefois cet individu peut être un des plus an- 
ciens et même un des premiers végétaux de la créa- 
tion j puisqu'un des caractères distinctifs de cette 
etpèc^de figuier répandue dans toute' f Inde , est 
que d'un seul germe il naisse -dans le cours des 
siècles une forêt tout entière ; et comme on ne peut 
montrer comment il à commencé^ de même on ne 
. peut assi^er aucun terme à sa croissance , parce 
que le même arbre envoie constamment de ses bran- 
ches à la terre des raeines , qui lui fournissent de 
nouveaux appuis, un nouveau développement et 
un continuel rajeunissement de tous les côtés ; le 
couper pu le détruire serait un crime emportant la 
peinci de mort. : 

, }Ji^ tel arbre semble donc, ainsi que Maurice et 
J. Foi^bes l'ont, déjà observé (i), être absolument 
contraire aux lois de^ l'organisme de tous les végé- 
taux et- do tous les aiumaux, car depuis qu'il a 
commencé de vivre , il ne meurt pas et continue 
d'e^iister. Il l'emporte donc, en le comparant pour 
la^e, avec le dragonier et le baobab gigantesques 
de L'Afrique , sur spn i^ival comme colo$sç ,. d^ns le 
règne animal, l'éléphant de l'Inde^ qui peut .vivre 
plus^urs générations d'homme , car en domesticité 
il atteint quelquefois à sa cent-vingtième année , et| 
dans l'état sauvage souvent à plusii^urs siècles. !Le 

'•' i .j ^ ' •,.'.• 
(i) Maurice ; Indian antiquities Ulll, p. i63.— J. Fpr- 



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DES VOTA6BS. 33 

dragonier d'Oretava dans l'île de TénérilFe , était , 
dit-oQ, aussi gros du temps de Betencourt en i4oa> 
qu'il l'est aujourd'hui; par conséquent son âge 
connu remonte à plus de cinq cents ans. M. Alex, 
de Humboldt régarde une forêt d'hymenea et de 
cœsalpinia dans rAmérique ëquinoxiale , comme un 
monument de dix siècles (i). Âdanson croyait pour- 
voir calculer l'âge d'un baobab du Sëilëgal, d'après 
les anneaux concentriques du bois, à plus de trois 
mille ans (a). Le figuier indien semble ne pas lui 
cëdersousce rapport. • 

Quoi qu'il en puisse être y Fasvattha acifuiert une 
grandeur et une dimension extraordinaires , et im- ' 
pose le respect et la vénération à l'homme qui, pour 
se dérober aux rayons du soleil des tropiques, entre 
sous son ombrage si épais et si vaste qu'il peut' 
servir d'asile sûr à plusieurs milliers de créatu- 
res (3) ; c'est ce qui chez les Hindous, depuis l'Indus 
jusqu'à la Cochinchine , l'a fait considérer partout 
comme Un arbre sacré. Le peuple place les images 
de ses dieux sur ies branches ombragées de Tasvat- 
tha; élève au-dessous ses devais, ses chapelles, ses 

(i) Tableaux de la Nature , t. II, p. 27 ( a^ édition )• 
{a) Description du Baobab observé au Sénégal ( Mémoires 

de l'Académie des Sciences ,i76i,p.ai9,etc.) * 

(3) Les plus belles âgures du figuier des Banianes^ se 

trouvent dans Forbes, Orient, mem., 1. 1^ pL a; t. III, 

pL 85, 86. — Th. Danîells, Oriental scenery'of Hindoostan, 

t. I, pi. 4« Ruines of Goor, pi. i5, 19. 

(i836.) TOME IV. 3 



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34 îTOUVBtaCBS ANJfALKS 

pagodes, ses autels, oà il apporte ses offrandes ; lé 

djogbi j }e santassi hindou^ même le fakir musulman^ 

en un mot le pénitent , à quelque croyance qu'il ap* 

partieo&e, ehoîsit l'asvnttha pour demeare durant 

son temps d-ëprèuve;: Les<|iltts anici^ities relations: 

que nons ayons de eet arbre , celles dn temps d'A-* 

lexandrequi nous bût été transmises par Ârrii9if'^ 

dans son Histoire de VJnde{i)y le désignent quand 

elles; disent que les gymnosophistes, c'esN-à»diré les 

safgea de œ pia^, lesquels allaient tout nus, se reti^ 

raient, pour éviter l'ardeur du soleil, sons de'tcè» 

grands arbres dont l'ombre^ suivant lé témoignage 

de Néarquè, s'étendait sinr ime circonférence de cinq 

plètbres équivalant à nn demî-stade , de sorte que 

dixi mille hommes pouvaient trouver un abri sous 

Qik seul arbre : or ee ne pouvait être que l'asvattha^ 

comn^ ofK le reconnaît à cesicaractères très évidejis« 

Mais cet: Arbre ne crott. pas ' seulement sur les 

beirdâ du Nèrbeda elt da T<^7 quoiqu'il y par<^ 

yienué à une. dimension extraordinaire. Il apparu 

tient à' Id grande Ssunille des figuiers dont M. Waf* 

lich a publié un catalogue qui ne s'élève pas à moins 

de cent cinq espèces différentes (à); toutes indigènes 

des régions intertropicales de llnde asiatique^ elles 

forment une partie considérable de leurs forêts; 

mais le petit nombre de caractères systématiques 

(i) Ed. Schneider, 1798, t. XI, not. p. 67. 
(2) Botanical register, fol. SsSa. 



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è 



DES VÔYAG£d* 35 

qu'<)l|es offrent aux botanistes , leurs fleurs âant 
cachées <]aj3s ce qu'on nomme vulgairement le fruits 
les rend très difficiles à distinguer les unes des4iu-> 
très; 6n leâ prend .souvent Tune pour l'autre, ou 
bien on regarde comme identiques celles qui ne le 
sokit pas* II n'est donc pas surprenant que* cett« 
confusion : se montre depuis plusieurs siècles chea 
tous les écrivains qui ont parlé de cet arbre, surtout 
cbezUia voyageurs* Ainsi leurs récits ne peuvent nous 
(servir, qu'après avoir été soigneusement examinés* 
I^te témoignages des temps, des peuples et des 
ob3ervateurs differens ne sont cependant pas restés 
sans: utilité pour nous donner une connaissance pté^ 
. cise dc; cette miraculeuse production de la nature 
dont nous conservons encore l'ancien nom populaire. 
Ils nous surprennent que. cet arbre se trouve daus 
l'ouest^^depuis le Tchenab ou Âcesines, affluent de 
rindus , où Théopbraste, disciple d'Aristote, le dé« 
crit le premier d'une manière très reconnaissable(i) 
jusqu'au Gange et au Brabmapoutra, vers l'est dans 
l'Assam moyen, et au sud jusque dans Ceyian; enfin 
à Javaioii d'abord Rumphius le décrit probablement 
sous le nom de tfarmga hxtifoUa {tl) ; et plus tard , 

(i) Historia plantarum^ 1. 1, c. 7^ 3^ p. 2f\ ; 1. IV, c. 44» 
p. i3o, éd. Opéra omnia Link. et Schneider^ Lipsiae , 181^ 

în-S'*, 1. 1, p Natur, Geschichte der Gewàchse uùersetzt 

pon K. Sprengel, Altona, i8a3, Th. I, p. 27. 1^2, Th. 
II p. 38, 146. 

( 3) Herharium amèoinense, Amat . , 1 7 43, 1 . Dl, c . 1 , p. 1 37 • 



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36 NOUVELLES ANNALES 

Baffles soùs celiii de varinghen ea langue kavî ^ 
comme croissant très abondamment au milieu desf 
ruines qu'il recouvre (i). On le rencontre encore 
plus à Test y selon Rumpbius^ à Célèbes, jusqu'à 
Amboine , et suivant l'assertioii de Marsden (a) et 
de J. Cordiner (3) ^ il est répandu dans toutes les 
Indes et dans toutes les îles de Tarchipel oriental , 
souvent semé par les oiseaux dans leur vol , et ré* 
pandu ainsi dans les lieux les plus écartés. Cepen- ' 
dant nous n'en voyons pas une mention expresse ^ 
soit chez Grawfurd (4)^ Finhiyson et autres obser- 
vateurs modernes , soit chez les écrivains systéma-* 
tiques , peut-être parce que dans ces contrées cet 
arbre y réellement inutile et non révéré parles Mu«< 
stilmans malais, n^est pas remarqué , et se perd dans 
la masse des forêts de l'Inde aquatique et de celles 
dé Hnde antérieure avec leurs arbres qui Ventrela* 
cent les uns aux autres et avec leurs plantes grim-^ 
pantes.£n revanche, Lourrïro (5) le cite sous le nom 
de ca/i /iâ(^^ comme indigène en Cochincbine, où 
Barrow (6) l'a vu , et le représente d'une manière 
très caractéristique pour le comparer avec celui des 
rives du Nerbeda. J.Nieubof,qui en 1657 condui-^ 

(1) History o/Jaça,t,Tf^, 149. 
. (3) History of Sumatra y 3« édit., i8u , p. i63. 

(3) Description ofCeylan, London, 1807, 1. 1> p. 364. 

(4) History oftke indian Archipel 

(5) Flora Cohinckinensis. Berolini, 1 793, t. II> p* 8 1 6-3 1 • 

(6) Traçeh in Cochinchina, p. 828 , pK 4» 



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DES VOTAGES. 3^ 

sîi une ambassade nëderlandaisô en Chine, dit qu'il 
l'a trouvé dans quelques endroits de ce pays, l'a 
dessiné, l'a bien décrit , et Ta reconnu pour l'arbre 
aux racines si beau à Goa (i). Suivant Ainslie,il est 
très commun en Ghiqe où il est appelé jrang 
iehou (a) ; cependant son identité avec celui des 
rivas du lïerbeda reste encore à démontrer. S'il 
existe réellement plusieurs espèces de figuiers dans 
l'Asie întertrapicale, comme il parait qu'on peut 
Finférer d'une observation que m'a communiquée 
M. Link , elles sont désignées par des racines a&' 
Tiennes i de même que \^ ficus indica; mais aucun 
faif^positif ne m'est encore parvenu sur ce sujet. 
lies espèces de figuiers à racines aériennes des îles 
australes dont M. Kittliz m'a donné un très beau 
dessin, n'ont pas encore été examinées, par les bo« 
tanidtes. Dans l'Inde, dit un observateur «exact et 
très expérimenté , Francis (Bnchanan) Hamilton , 
chaque village, à peu près , a un arbre de cette e%r 
pèce que les voyageurs modernes ont nommé arbre 
desEanianes ; il ne doute pas que ce ne soit }t ficus 
'wdica.àesOT^cs et des Romains (3). Aucun auteur 
connu n'a parlé d'une forêt entière de cet arbre des 

(i) Ambassade à la Chine* Amsterdam^ i6&a, in^fol.! 
partie a*^*p. 86. . 

(a) Maieria Medica Indica^ t, II, p. lo-ii. 

(3) ComfneniarywitheHonusMaUiharicHs(in Transactions 
ofihe Ijnnean saçifty ofLondon , tî XIII, P< II, p. 4B9 ). 



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38 NOUVELLES A9NÂL£S 

Banianes dans l'Inde ant&ieure ; en revanche où re- 
connaît aisément Fimage d'un individa absolument 
isole dans ce beau passage du Voyage d*Ardjouna , 
épisode de la mort d^Houdîmba , chant T' : <r Quand 
« quelqu'un n'a point de pàrens qui soilVent rou* 
«r gissent de leur race, ilpeut cependant vivre beti- 
a reux et satisfait , de même qu'un arbre isolé dans 
<i un village; un arbre isolé dans un village pieut 
tf avoir le bonheur de porter des fruits : quoique 
« privé de parenté, ii est digne d'hopnenr et do 

« respect , il est honoré (i) &» 

Si nous portons nos regards sur l'extension âe 
cet arbre à l'ouest, npus le voyons, mais toujours 
isolé; c'est ainsi que l'ont observé les voyag^ars deis 
xsekième et diK*septième siècles, notamment près 
du golfe Persique , au port deGombroun et sur l'île 
d'Ormus, alors fameux entrepôt de commerce (2); il 
parait qu^il reçut alors lé nom d'arbre desElanianeSy 
parce que ceux-ci , qui forment là caste des man- 
chands , encore aujourd'hui répandue partout et tr£» 
higo(e^ pratiquaient leurs dévotions, etlespéni- 
tens, de même qu'au Cambaye, à Stii*atè et ailleurs, 
' séjournaient sous Tombi^ de cet arbre (3). John 

(1) Ardschttnas Reise zu Indras Himmel nebst Episodeni 
berawfff^ von Bopp. Berlin i8a4 ^ P* ^^' 

(a) Voyage dieMandeslo, p. 32.Tavernier, Voyages, t. Il, 
t. itl, ch. 6, p. 4i9i 4«3, édition de La Haye. Tous deux 
donnent des figures de cet arbrç. Herbert^ Voyage. 

(3) Le nom de celte caste dérive des mots sanscrits iojiig 



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DES VOTAMES, . Sg 

Fryer, vQjragçur anglais (s 67a à lââi), Tobserva 
bien Iqin a Toiaiç^t» $\xr les limites caMptmes de la mer 
de^ Indes, ^out près dé la côte occidentale d'Airif 
qfVh ^^^ ^^ groupe des îles Gomores, dans le dé* 
troit 4^ Mosambique, sous les la"" 3o' de latitude 
&|id^ à l'Ue d'Anjouan (Hinzouan ou. Jofaanna). Il s*y 
élançait au-»defisuadé tous. les autres végétaux; son 
trppc avait quatorze brasses, de circonférence : il 
ëtait vénéré par les j>aiens. Cest pourquoi les Mu* 
siilmans. sélés jetaient sous, son îambre, pour le aouil* 
1er, des i^adavres d'animaux et de malfaiteurs* Fryev 
dit ea^pres)»ément que c'est le même arbre qu'il avait 
vu id£|iisj0 voisinage de. Surate où il est aussi sacré 
l>0ur j^s }{indous que r^tàtt le chêne pour les àn-> 
ci^ns druides y et où les Portugais de son temps. lui 
avaient donné le nom <»iractérialique d'arifor de 
raùf (arbre des racines). Il est fréquemment nomm^ 
aussi arbor de dm (i). 

ou banidj (commerce) et iana (hommes). Nos conjecim^e» 
relativement à cette étymologie vraisemblable , à laquelle 
personne n'avait fait attention auparavant , et qui , d'après 
les renseigncïnens que le savant M. Bôpp a bien vftulu noi^s 
cçmmttBiquery n'offre rien de contraire au gëpie dek lan- 
gu.é i puisque les, dedxaoots sont absolument ideatiquet^ * 
sont confirmées par le fait que ce nom de Bapiane est r^sté 
entièrement inconnu aux indigènes de l'Hindoustan^ et q^e 
Ainslie regarde comme fabriqué par les Anglais^ et Fr. Ha- 
miHon comme introduit par les voyageurs modenies. 

(1) L. Çéy p. io5. — J. H. von Linschoten^ Itineranium of 
the yoyagie en de Schip^aert^ p. 83 , ch. 48* 



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4o NOUVELLES AK5AL£S 

. Les Comores étant toujours restes dans un ëtat 
à peu près sauAge, on n^a pas pu savoir si cet ar* 
bre des Banianes y était indigène, ou s'il y. avait été 
transplanté par ces commerçans hindous. Cette ||er- 
nière conjecture nous paraît la plus vraisemblable , 
d'après racharnement des zélés Musulmans à le 
souiller. Son introduction par la caste des Banianes 
semble très probable , puisque encore aujourd'hui ^ 
suivant le récit de Sait (1)9 un grand nombre de ces 
commerçans hindous sont depuis plusieurs siècles 
établis sur toute la côte de Mosambique, comme au 
temps de Yasco de Gama qui y obtint des pilotes 
cambayens assez habiles pour le conduire jusqu'à 
Calicut.Xeur arbre sacré a donc pu facilement les 
y 9 }iivre, ainsi que le cyprès a suivi les Perses et les 
QUomans , et le dattier les Arabes. Nous ne possé-» 
dons aucun renseignement sur son existence à la 
côte continentale de l'Afrique orientale , entre les 
tropiques, où cependant est parvenu le colosse des 
arbres, la famille du baobab qui y est nommée ma- 
lampara. Sait y eh vit un dont le tronc qu'il mesur^^ 
avait soixante- quatorze pieds de tour. Il est doQc 
d'autant plus surprenant de retrouver à la côte oc^ 
cidentale d'Afrique Tasvattha, sous le nom d'arbre 
des Banianes. Christ. Smith^ excellent botaniste , qui 
accompagnait Tuckey dans sou expédition au Congo, 
a pencontré l'Asvattha dans ce pays oîi il avait été 

(1) f^yage en Abyssinien t.I, p. 94* 



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DES VOYAGES. 4« 

tran&plantë ^ non sur la côte de la mer^ mais dans 
rintérieur, au-dessus des cataractes d'Yellallah (i) 
Plus loin, dans l'ouest , on ne découvre plus aucune 
trace de l'asvattha, quoique le baobab soit indigène 
à Ëmbomma au Congo ^ près de Teuiboudiure du 
Zaïre (2); à Mosambique , suivant Sait; en Âbyssi» 
nie., suivant le niême voyageur (3), probablement le 
€iareude Bruce (4); au Bertat, dans le Rordofan 
méridional, suivant Caillaud (5); dans l 'Egypte su-^ 
périeure, suivant Hasselquist (6), en supposant 
même qu'il y ait été transplanté; sur les bords du 
Sénégalinférieur^ suivant Adanson, et sur le Séné* 
gai: moyen, suivant MoUien (7). 

L'arbre des Banianes:est cité par Forskâl, dans son 
OQ^viragesur Içs plantes d'Arabie, comme très com- 
mun le long de la Mer Rouge, sur la côte de 
FYéraen, où beaucoup de Banianes sont établis depuis 
long-t«mps. A !Noki, en Congo, près de la ville de 
Tcheno, et plus avant. dans le pays oh ifl avait ^té 
planté, il ombrageait toutes les places du marcbé , 
et y était regardé comme ausd sacré que dans l'Inde; 
cq)aAdant coiiime ii n'est pas question de 'racines 

(1) Voyag€,^vt, Congo , p, i8i et 8i3. 

(2) L. crp. 126. . . 

(3) L. c. p. 339. 

(4) TraveU , a« éd., t. IV, p. 35o. 

(5) f^oy-ageà Meroê,iA, 11. 

(6) Resa, p. fiSg, ^ 

(7) f^^X^g^ <*"* sources du Sénégal, p. 39. 



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4U NOUVEIXES AirSTâLES 

aërienofi» dans la description qui en a été donnée, 
peulttétt*e cet arbre est*il Le pîpal, autre espèoânde 
iSguîer, Les^ soldats anglais ayant ^parbasard donné 
éfé coups de JbaSomietle à 4»t arbre , il enrésnhâ 
des pJaiiites.et'dës claxnetirs^jpanni les nègves âssem* 
falés auniarcbé. ; ; . . 

. Cas cii^rastances induisent à soulever la questûm 
desavoii* sii très, ataciennemept avant ^arrivée des 
Arabes et des Européens isiîr les côtés de Mosambi^ 
i{Qeet de Mélinde, les Bafoianes veùus sur cette même 
plagfi orËeataleonLtRaviersé le contineatiafricain, et 
pénétré jusqu'au rivage de la; mer à Touésty en 
plantant jusque dan^ Tinliérîeur dùGongovleurfi-^ 
guî^ sacré? Si des faits reciseiUki il résultait que ces 
ajcbres^es Banianes de l'Afrique ntappiartimmeat pas 
aux végétÂU]!^ indigàn€S3j et ont' été apportés .par* 
tQUt^QÙ <>n les voit 9 nous Tegarderions là routedont 
nouA \eiiooa dja parler comme Moelle qui a k plus 
protobleiDieiit été suivie dans l'introduction de .cet 
;trbiri9.,:puiâqu?on ne le rencontre qu'aux principales 
^aj^içQsdeces JSaman^ voyageurs, savoir: a là cote 
ooc^nlailede la presqii'îlie dé l'Inde, oit Fan re»> 
marque encore celui qui est si fameux par ses di- 
mensions et l'objet d'un si grand respéèt; à Cam- 
baye, à Surate, le siège principal et primitif de cette 
caste qui, de là, s'est transportée par mer ^Gom- 
broun , à Ormuz, aux ports de rYémen,à Spcotora, 

à l'entrée du golfe Arabique (i),. puis à travers la 

(i)Burckhardt^ Trav, inArab., in-4, p. i5, i ] 9-125, 179. 



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BES VOYAGES. 43 

mer^ à Mélinde^ mi , dès le temps de Vasco de Gamft, 
ils servaieot de pilotes; ainsi leurs migrations doi-- 
vent remonteif à uiie époque bien plus reculée^ ODe 
Méiinde et^es iljes Comoi^és, l'^ffi^àttha a pus?avai(èer 
^r les- bazars dei'A.fin«[ûe centime jusqu'auNGoago, 
par les mêmes routes de emmerde qui .nouB> sont 
encore inconnues. Les Portugais qui arrivèrent dans 
cette contrée en j 484 ^^ ^4^5f 9Mit la conduite de 
I^ego Gam, obta9l^eBt aux riTes du Zat^ bs pn^ 
mîèrfes notions du chemin de Vinde, et $0 confymlt'k 
CCS jrenseignemens^ ils poursuitirent leurs dëèout- 
vortes jusqu'à la mer d^;Ihdes; Le$ routes queoes 
fianianesoh^ suites parterre dans Toaest et le nord* 
tnipstde l'Asie jusqu-efi Perse et à ii^trakhan, par* 
tant partout avec eux leur qulte rêli^euk, sont 
connfues. Si aujourd'hui nous n'entendons plus dit^e 
qu'ils s'occupent dans leurs migrations de 'planter 
rasVattha , étant entièrement iabsbi^bés par les gaitifc 
de l^r commeroeycçpendaiitîl li^ëàt ptf s iifVraiseiif^ 
bfable que lot^que dans léui^ fetwjsUr pi^eiliièiféûls 
entreprirent dé: ibnder de tputëS'p^rts des ooioQîé^'^ 
lear arbre s^int n^^ait émigné é^jec eux. G'éàl pa^^ là 
queVèxpliqoe trè& naturellênifént pburcfîtd^^^'esl m, 
asvattha qur^ d'après cequ'oti racôiite^ e^ 1^^ fl»ér 
qoeat datis l'Yéi^etî, Ifilndis^ q^è Forskâl' lie Ils cite 
nulle autre parD^ Ce bômpisté ^ frappé de la beauté 
de cet;#)^bre9 qu'il vît patf^iat en Yémeiî, TArabîé 
heureuse des anciens^ où il a été introduit, le qûa-- 
MRsL pastîssima arbôr^ et en conséquence lui donna 



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44 NOUVELLES ANNALES 

le nom systëmatiqae àe ficus i^asta^ ce qui ie» ca- 
ractérise d'une manière à ne^s le mi^connaître , et 
j ajouta cette phrase explicative suivant Tusage : 
fMscordato waUbUs^ obtusùf integrisy etc. ; diffusa 
ramis arbor et crescent&us i^lut totidem wntigna-- 
tiombiu rmira H:graia i^isu (i). . . 

. Après avoir parlé de la propagation à l'ouest de 
cet arbre si reiQOTquable dans l'histoire intellectuelle 
4es Orientaux , revenons à lui et à l'Inde sa patrie , 
puisqu'il est sans nul emploi utile d'aucune dfe sesL 
parties dans les arts ou dans le commerce; car ni son 
aitc ni ses fruits n'offmnt pas le moindre profit mer- 
cantile, et de même que les autres espèces de fi-^ 
giiîersy il ne réjouit ni la vue ni les autres sens par 
uoe fleur visible y cependant son simple individu^ sa 
magnificence majesl^ueuse , la durée de sa vie, l'abri 
et l'amlHre mystérieuse de sa voûte feuillue^impénéf 
trahie même aux, rayons du soleil , mais surtout le 
Qtractère singulier de samultiplication, produisent 
Timpr^sion la plus profonde sur l'imagination des 
peuples. Il est reconnu parmi les Orientaux comme 
june miinifestation particulière de la puissance. di- 
vine r devenu le symbole du Très-Haut , et honoré 
par les Hindous à l'instar d'une divinité. 
. Ce résultat a été amené par la philosophie natu* 
relie du brahmanisme et par le panthéisme; la spé- 
culation est venue à l'appui de la sensatibn^physi* 

(i) fhra jSgfpiiaco-araiica , p. 179. 



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DES YOTAGES. 4$ 

que^ et les préceptes sacerdotaux ont fah d'une 
conception due à une circonstance naturelle^ un 
dogme et un culte partout oîi les doctrines de Brah- 
ma et de Bouddha ont pénétré. C'est ce que prou-> 
vent lès faits suivans : le nom sanscrit du figuier 
indien est asmttha ; c'est celui par lequel le dési» 
gnent ordinairement les veds , les chastra et les 
po'urana , quoiqu'on lui applique aum d'autres dé- 
nominations. Pour le serviteur de Brafama,' pour le 
sectateur de Yichenou et de Chiva qui honore dans 
toute la nature la force productive, surtout celle de 
la dernière divinité, du grand dieu Mahadéva sous I0 
symbole du liugam (phalas en sanscrit), cet asvatlbà 
qui se reproduit par les innombrables racines 
aériennes qu'il )envt>ie de ses branches à la terre, est 
l'arbre du rajeunissement , de la régénération per- 
pétuelle, l'arbre de la vie(i)^ de la renaissance, de 
l'éternité du monde, sous l'ombre duquel cet Hindou 
choisit sa demeure la plus agréable , et comme il le 
pense, la plus sainte. C'était du temps d'Alexandre 
l'arbre des gymnosophistes, comme c'est encore au- 
jourd'hui l'arbre dés djoghis. Le Bhagavad gbita** 
ta , c'est-à-dire chaut divin, célèbre épisode du ma- 
habharàia, dans lequel la philosophie du système 
sankya, aussi ancienne ^ suivant l'opinion de G. de 
y 

(1) W. von Humboldt, Uber die urUer dem Namen Bhor 
gavad'gita bekannte Episode des Maka Bharata , p. 5o-56« 
Creuzers Symbolih^ ac aufl. Th. I, p. 642. 



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46 XOnVELLES AVNALEJf 

HumbcMt, ^bien plus perfectionnée daals son ex- 
p^es$i6a que k philosophie primitîyë des Grecs 
avant fârmenide d'Ëtée , présente TaUégorie de 
Fàsva^tha d*ane inanière chaste et n^dsik f comme 
âjjriiibole de ta %rce producitlve répandue partout. 

Cette allégorie càr^ictértse de la manière la plus 
remsîfqaable la direction des spéculations de la phi* 
losôpkie indienne relativement à la nature; on y 
reconnaît aussi la source véritable à^6\x dérive po.ujr 
cet arbre /dans les dogmes des seete^ religiei^aes plus 
récentes et dans Topinioa du. peuplé > le haut rang 
qUi.laî a été assigné et qu'il a conservé jusqu'à ce 
jour. 

Dans le quinzième chant (i), Crichena, enseigne 
au héros ArcQoutia ce que c'est que le pouracha (l'es- 
prit), et L'être impérissable ^ dit Crichena/est sem- 
« blaUe à l'arbre asvattba dont les racines sont 
« tourilées dn haut (vers le ciel) et les branchesen 
« bas (vers \sl terre), et dont les feuilles soàt les 
« tchandasti (c'est-à»dire les vers des Vedafs. Il est 
donc question non-seulement de la vie ^physique ^ 
mais aussi de rintellectuellè et surtout de la reli- 
gteuste). «Quiconque connaît ce saint ajsvattha* cpn- 
« naît aussi les vedas. Ses branches dérivent des 
«trois qualités des choses. » 

(r) Bhagaal geeta or dialogues of Kreefhn^ and Arfoon 
trànslàted /rom ihe sanscrit, hy Ch. Wilkitiç^ traducUon 
française, par Parraud. 



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DES yOTAC£S« 4» 

Il y SL Vfois gouna oiiqaalîtës{>riRiitives; la na* 
tare, suivant ce systàme «est ëteraelle comme ladî- 
« yiiiité, et possède ces gouna qui sont : san^^i^j 
A la yéfité } nuffas , la pa8s;îoD; Camaf Pobseurité. 

a Ghaoïiné de ces qualités confine Tesppit inoor- ' 
« ruptible dans le corps. 

« Sattva^parsapuraté^ est céleste et sans défene, 
« iet retient l'anie par 4es effets d^ttx et agréables , 
<c ^t par le fruit de la sagesse. 

a Badja est d'une nature passftoftnée parce qu^elle 
a, procède de Tamour du fiqoadei et elle emprisonna 
a par les suites de l'action. 

.tic Tama est la fille de TigncH^nce , elle confond 
«c; toutes iés' qualités intellèctuielles, et emprisonne 
« Vame par l'ivresse , l'indolence et la paresse, » 

c Lorsque Baii^a et Tatna ont le dessus^ elles en- 
trônent l'ame vers lés choses terrestres et mondai- 
ne9y la détournent des pensées dirigées vers la di- 
vinité, et l'empêchent ainsi d'atteindre au but final , 
Je repos en Dieu- 

« Les. branches de l'asvattha dérivent des trois 
qualités^ et leurs moindres rejetons^ qui sont les ob** 
jets des organes dea sens, se répandent les uns en 
haut y les autres^ en>bas. Les i^acines qui se répandent 
ea bas dans la région terrestre habitée par les hom^ 
mes, sont retenues par l'action. On ne peut retrouver 
ici ni la forme, ni le commencement , ni la fîn> ni la 
ressemblance de cet asvattba. Quand Thomme a 
coupé cet arbre dont la racine est si fortement fixée 



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^8 NOUVELLES ANNALES 

iivec la hache traachaiite du désintéressement , dès- 
lors il doit chercher ce lieu d'.ou ne revient plus celui 
qui l'a trouvé. » (La demeure de Crichena , c'est*à-* 
dire l'action, de.se plonger dans le repos perpétuel , 
I4 fin à laquelle aspirent les.djoghis: la béatitude.) 

a Je t'ai ainsi, dit Crichena ei| terminant son dis- 
« cours , montré par cette comparaison le premier 
ce pouroucha duquel ont étéoriginairement produites 
« toutes choses. ». 

Suivant la doctrine des Sankya, les branches de 
cet arbre sont nourries par les propriétés de la na- 
ture, elles sortent des objets des sens , ses racines 
sont attachées dans le monde des hommes par les 
actions, les feuilles de son ombrage voûté sont sem^» 
blables aux feuilles des livres.de religion. Un ar-» 
bre sous' l'ofnbre duquel un gymnosophiste entrait 
avec de telles pensées, devait bientdt devenir pour 
le peuple le temple de ses dieux. Dans les chastras^ 
ou les livres de la loi, tirés des védas, il est, même 
ordonné de prier et d'apporter des offrandes sous ^ 
son ombre, parce que sous cet abri, la divinité était 
apparueàVyasa , fondateur d'une école des Brahma*r 
nés (1). Ce Yyasa passe, chez les Hindous, pour 
avoir recueilli les védas, écrit le Bhagavad-ghita, et 
fait élever les déi^als où pagodes sous ces arbres. 

(1) Henri Lords ^ Diseopery ofthe Banian religion ( in 
Churchill», Collection oftravds^ t. VI), Bhaguaatgeéta de 
Parraud,p.LXVn. 



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DBS VOTÀGE^. 49 

Que ce tioia dérive du sanscrit bhcigaçaU^ tnaîson de 
Dieu), par syncope comme le pense yon Boblen(T)^ 
eu du fevs2Ln poui ghéda (maison des idoles) (ik\ 
il est dair que c'est de là que Pasvattha a reçu son 
nom chez les étrangers. Les Hollandais de l'inlje 
Font nommé arbre des pagôdeS ( pagode boom ) et 
aussi arbre du diable, parce que le culte dôs idoles 
le plus singulier sous toutes les. formes possibles 
était pratiqué sous soki ombre pal* des djoghîs , des 
sanyassis, des brahmanes, des pèlerins , des fakirs; 
il a été également appelé arbre des chauve-souris, 
i^ifledermuy^hoùm }, parce que des ^multitudes de 
vampires se suspendent à ses branches (3).. Il est 
au contraire tellement en horreur aui Bahiks im- 
pies quii^orent^en^védaist, et mépriêentlaloi, que 
50U8' son .ombre ^ ckùsc; qbt devait révokér les sec^ 
tateuisidefirabaia:, oh tuait des vaches ; voilàpour- 
quoi ilsilui donnaient lésion; de gàmrbàariks (4) 
( goberdhana selon 'Wîlsein •)• 

L'asvattha a reçu aussi d'autres dénominations en 
sanscrit par exemple hhaUya^ nyagrodha^ tchala-- 
^dakiy pipaïatlc.j qui dans les livres sanscrits pa- 
raissent employés , soit pour le désigner identique- 

(i) //ufie/i,n,p. 8s« 

(s) Parraud, 1. c. p. LXVII, note i. 

(3) Rheede, HoTtus Màiahtricus, t. III , p. 85, pi. 68. 
' (4) Chr.Lassen, de PentopotanUa Indkay p. 73. Wilson , 
Essi^ on .Radja Tarjngki,, On the gandharas, jp. 109. 
Transactions qf tkù asiatic societjr, t. XV, app, "VI. 

(l836.) TOMB IV. 4 



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5o «^ 1HOUVKSXE& /AKUALES 

méat, aoû selon. Wilfloa Mt d'uuirea gi^iiimaîrtdiM,# 
comme 'synonymes (i). Mais àxe sujet il 8'élèv0 
quelques: doutes qui nou3 eoaâiiiseot, par les vake^ 
historiques ài ua second arbre ^ très rapproi^hé e^ 
ttéaQVKÂnt différeut de l'asYattha; dans ïeA livre» 
des botanistes (a), il a fréquemment éii confoi^iU, 
avec celui-ci , ce n'est que récemment que les signes 
qiii Fen dtstsagùent ont été. déterminés etrecoDr 
nus (3); mais ai L'un ni l'autre n'ont été sufBsamr 
ment examinés. dans toaa leurs caractères. 

Dans, la compilatitm:. des quatre védas hindou» 
fiûte èt:traduitepar les Musnlpianii^du diiL^eptiàm^ 
siècle, sous. le nom d'Oapnichaçl ^t pubUéjâ. ea 
Europe par AnquetiiXhiperron. sous le titre:<i'0£^ 
nekhat^ \\\ est; fftit allusion) au mfinie . ^^liirct . (4)i) 
comme dans/lebhagavadr ghita, pour ses. 'raoiauss 
ascendantes et sea branches despcndJEintcs ,^ raaâs ao 
sujet d^unie espèce' "wistae^ quoique différeii té* Toq» 
tefob ) Brahma y est ^epraseiité comme la raci^e^ 

(0 Wilson, ^MPmm loi^i?. Sa Y. G. WaM. ^rihsehnai- 
àuttg, von Qstindi^n^i ^^ p^ 788. y, Bçhlsii, J^ienj^,^ 
p. 39, 139,209. ' \ ^ .^ 

(3) Gommelini^ Flora Malabarica, p. 1 1 1-1 1 4- Loureiro, 
L. C, t.ll, p. 816, 831. La Marck, Ençyçlop44k métho- 
dique* ' 

(3) Ainsliei L. €^» %. Jly p^ 10, sSrsS. fiofamcs» r^^. , 
3383^ F. B. Haoûltoa, U c. UTiJUj p^trt. 11, p. 48d> 489* 

(4) T. n, p. 3f, 3«3, W- V. Hivaboldt, t. c* p.. 5o, 
, not€ 1 . 



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m^ VQTAGCS. 5l 

ce qui y comme G. de Ilumboldt Ta déjà remarqué 
dans une note,; ne convient pas à Cricfaena. Lea 
branches sont décrites comme étaot dans un mou- 
vement continuel, et Tensemble de l'arbre est ap- 
pelé le monde, enfin dans VOupmskhai il n'est cens-- 
tammept question que d'une racine, le nom de çe( 
arbre, est qsti^ntéh qu Ânquatil Duperrou dérive 
d'à privatif içt de sfenl4 ( st^ns ), et compare au mol 
sanscrit $ianhal/a, (colonne )• 

Nous ne sopimes pas en état de suivre plus 
avant cette peinture de l'asthentéh dans VOup" 
nekhajt. Cepen{lau(t nous, ne doutons pas qu'elle ne 
concerne un pseudo*asvattba , un arbre tout dif- 
férent et que ce ne soit une tout autre allégorie que 
celle de 1^ doctrine de Sankya : elle nous parait 
tracée plus faiblement et plus récemment par une 
école et une.seçtC; plus modernes. 

Le sixième acte à^ SaçonUilaj célèbre ouvragç 
dramatique de Kalidasa 9 donne le nom d'asvattba 
au même arbre avec l'épitbète pittoresque de tchala 
data: tchala signifie trembler, et data feuille* Un 
veillard tremblaut de t^us ses membres est comparé 
à i'asvattha, quand seulement un souffle léger agite 
l'air, 

lïous trouvons effectivement chez les botanistes 
des dix-septième et dix-huitième siècles , une incerti- 
tude continuelle entre trois espèces du genre ficus, 
savoir : le/ indica^ le/, religiasa^ et le f. henga- 
lensisj tantôt les expressions de ces auteurs con- 



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5'^ NOUVÉJLtÉS AîrîTàLlïS 

viennent attx caractères qtii distinguent rasvattfaa 
ou bien* s^eh écartent plus ou moins ; talitôt ils confon- 
dent ces espèces entre elles et même' avec plusieurs? 
autres absolument élifeugères; -avec des figuiers; 
d 'Amérique et des îles de la Sonde y ce qui , selon laÉ 
remarque de Fr. Hamilton et de Link., est arrivé 
même à Linné et à Wildenow. Si d'a1>ord nèus re- 
tournons à L% première origine de la dénominatron 
delà seconde espèce nomiifiée plus haut, et vénérée 
à l'égal Am ficus indica , qui en conséquence a reçu 
sans contestation des botanistes le surnom de reti* 
^osuj et par là même raison a si fréquemment été 
prise pour \e ficàs indica honoré comme une divi- 
nité; nous la rencontrons dans Therhier recueilli 
par Paul Hèrmann à Ceylàn , jusqu'en i68ô (i). 
C'est pourquoi Burmann , dans son Thésaurus Zey^ 
lanicus (a), nomme cette arbre arbor zeylanica 
y^ligiosafoUis perpétue mobilibus ^ arbor Daemormm 
Bel^Sj Bûghas; Bndughabd et Bùdughas incolis 
dicitun D'après cet auteur, Linné fit entrer cet arbre 
et son nom dans sa. Flora Ceyianica^ et dans ses 
ouvragées systématiques , avec cette phrase caracté- 
ristiques : ficus foliis cordatis integerrimis acumina* 
tis (3); il laissa donc de coté la propriété caracté* 
ristique, si importante pour les Orientaux , la feuille 

(i) Muséum Zeyhnicum sive catalogui plaruarum, eic,, 
1717, p. 4a. 

(2) P. 29. 

(3) P. 29. 



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DBS VOYAGES. 53 

tremblante^ propriété exprimée par le tcliala datà^ 
la faiblesise du vieillard j el par Vastheneth » le mou* 
v^ment continuel du monde : propriété due à la 
grandeur de sa feuille soutenue par un pétiole 
niince , propriété qui le distingue essentiellement , 
et ' qui de même que son manque de racines 
aériennes le différencie de3 autres. 

Cet oubli que tous les éditeurs des livres systé- 
matiques de Linné ont imité, a depuis près d^un 
siècle j causé une grande confusion. Car, ainsi que 
leprouveFn HamiltoUyWildenow a conservé le nom 
de ficus religiosa^ mais il omet le caractère de Var- 
bre de Ceylan , et le réunit à un arbre des îles de la 
Sonde nommé par T^AXmi^]aLi\xs aiif^r con^dUorum {i)^ 
La Marck (a) et Ainslie(3) en firent autant : or sui« 
vantHamilton c'est une espèce totalement différente , 
et par là Tarralou, arbre du Malabar^ qu'il a reconnu 
comme identique avec \q ficus reUgiosuAtCQ^hn vé- 
néré dans Ta va y devint mécoqnaissable pour lui. 

Paul Heripann et, d'après lui^ J.Burmann^ditde 
cet arbor reUgiosa cejrlaniça ( Tarralou ) que son non^ 
de boghaSy boudoughaba ,, ou. boudoughas , lui vient 
de ce que le prophète qui convQi:tit les premiers Ceyla* 
niens , se plaça sous l'ombre dç^ qet arbre : c'est par 
cette raison qu'ils y élevèrent leurs autel^. Cett^ 

(i) Herbariumamboînense,Hl, p. 14? pî* 91 et 92. 
(a) Encyclopédie méihodique ( botapique ), H, p. 493, 
(3) L.c .^ 1. 11^ p. ai. 



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54 irOUVELLÊS AKKAtES 

assertion a été parfaitement ëclaircie par Upbam ; 
qui a récemment publie les atinales cingalaises : la 
conversion des Ce^lanais remonte a Tan 3ix'i avant 
notre ère) depuis cette époque le bogaha a été 
planté dans' toute Ttle; et encore aujourd'hui 4anft 
son centre y à Anaradhépoura ^ assez 'remarc|Ul9ib]è 
par sa belle terrasse ; et les temples qui Yenï^ùrétit , 
est le sanctuaire le plus vénéré de ce désert léloi» 
gné des côtes de l'île. 

Rheede dit au contraire de l'arratou âe& Malà* 
bars , pris par Hamilton pour le ficus réligiosajqne 
cet arbre est consacré à Vichenou, parce que ce Aién 
est né sous son ombre, et lui a enlevé ses fleurs ( i), 
et que par cette raison ces peuples l'adorent, t'en« 
tourent d'un cercle de pierres, qu'ils peignent 
en rouge; enfin que par ce motif les cbrétieris le 
comment l^arbre du diable. Mais nous conjecturons 
que Rheede, écrivant il y a plus de deux cent cin- 
quante ans, peut avoir confondu Vichenou avec 
Bouddha qu'il n'a pas connu; car du reste nous igno- 
rons qu'il y ait un arbre de Vichenou ; et le passage 
que nous venons de citer s'accorde aVec le cuUe de 
Bouddha sur le bogaha à Ceylan. 

Nous avons donc dans le /icUs reh'gîosa une au*- 
tre espèce de figuier k feuilles cordiformes, trem- 
blantes , auquel les sectateurs de Bouddha rendent 

(i) Gela est répété dans la 1 3* édition du Système des 
plantes de Linné , d'après Houttnyn. 



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DES VOY4G«a* 55 

leurs iiommagesy culmine ceux de JBf>«biiia wi ficus 
indiùa. Varbre de Bouddba a«t*il voyagé avec le. 
culte de Bouddha» comme larbre des Bâniailes avec 
ceux«<ii? Cerlaînement, Mais d'où est-jl parti et oit 
est-îl allé? Divers passag^9 des aonales de Ceylan 
racontent avec la plus grande précision que le bo 
ou bogaha fût apporté à Ceylan de l'ancien Ma- 
ghaba , séjour de Bouddba au Bengale , et que sous 
l'ombre de cet arbre il fut plongé dans le nirvana 
ou la béatitude; elles décrivent les cérémonies par* 
ticulières qui furent observées d^os les grandes 
processions de prêtres et d'hommes de différentes 
castes qui se. firent à l'occasion de cette transplatioq 
à l'ancienne capitale du pays dans les déserts du cen* 
tre de l'île » au milieu de ses ruines qui appartien- 
nent aux plus majestueuses de l'Inde; la terrasse 
avec les bogahas y encore vénérée aujourd'hui , est le 
lieu d^ réunion dans les grandes fêtes. L'histoire de 
' h civilisation de Ceylan et la migration ultérieure 
de la religion de Bouddlia aux pays de la presqu'île 
orientale de l'Inde , s'accoi^de jusque dans les plus 
petits détails avec le récit non purement symbolique 
de cette plantation du premier arbre de bo, de ses 
cinq embrancbemens et de ses quarante ramifica- 
tions inférieures* Cependant il est très, surprenant 
que M. J. J.Chapman, quia découvert de nouveau 
en 1828(1) ces j-uines d'Anaradhépoura si re- 

(1) Remarks ontheancientcilyofAnàraiehpurain Ceylan, 



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56 WOUVFXLES AKTÎALF.S 

marqiiabléB^ et restées jusque-là entièrement ibcoo^ 
nues aux Européens , soutienne très positivement 
que le bogaha qui y est vénéré depuis si longtemps^ 
n^est psisle ficus relïgiosa ( le pipala des Hindous ), 
mais le^c^^ iWfb^i , c'est à dire l'arbre des Banianes 
et de llnde continentale. Il est ainsi en opposition, 
formelle avec P. Hermann , avec Burmann et aviBC 
J. Cordiner, qui a coordonné avec une exactitude 
extrême tout ce qui concerne les deux arbres à 
Ceyian; ils sont toujours restés sur les côtes de cette 
île y et n'ont pu pénétrer dans son intérieur; enSn 
Ghapman est de même en opposition avec ce que 
Fr. Hamilton a vu de ses propres yeux au Bengale 
et en Ava. Il n'y a qu'une manière d'expliquer cette 
contradiction,, c'est que tous Ie& observateurs que 
nous venons de nommer n'ont pu connaître cette 
capitale centrale de Ceylan, ensevelie sous ses rui* 
nés depuis six cents ans , après d'innombrables atta-^ 
ques de gu^riers. venus de la cote de Goromandel, 
et que l'asvattha y fut apporté réellement comme 
un arbre consacrée à Bouddha , soit dans les temps 
les plus reculés , soit plus tard par les Coromander 
liçns vainqueurs. Toutefois l'assertion de Ghapman 
nous semble très, problématique puisque Mahony , 
qui le premier fixa l'attention sur les antiquités 
de Geylan et notamment sur le bogaha qu'on y ren- 

(m Transact. of the Rdy. Asiaticjocie^ ofGr. BritHciin^ 

t.ra^p.ii,p. 467.) 



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DES VOYACÊS. 57 

contrait^ dit positivement que c^éstle ficus reiïgiosa^ 
le pipai du Bengale, une espèce d'arbre des Ba- 
niaaes (i). Les dessins des ruines d'Ahnaradhépoura 
donnes par Chapman, s'accordent aussi avec cette 
assertion; c^r l'arbre de Bouddha qui s'élève du 
milieu d'une terrasse en pierre à l'entrée du tem- 
ple principal, est évidemment le^i^ relîgiosaet non 
Iç ficus, indica, puisqu'il n'a pas de racines aérien* 
nés. Donc Chapman se contredit lui*même, et nous 
ne nous occuperons pas davantage de ses observa- 
tions ; nous les avons rapportées afin d'empêcher 
qu'elles ne donnent occasion à de nouvelles méprises. 
Lé bo ou bogaha, nommé en pâli haudhi (a), 
chez les Tùbétains et les Mongols hodhi^ est égale- 
ment très vénéré chez les Bouddhistes du nord; 
leurs livres religieux disent expressément que de 
Singhala( Ceylan ) et du Népal, il a été porté au 
Tubet (3); il le fut très probablement en Ava et en 
Siam. Dans une légende des Birmans citée 'par Fr. 
Hamilton (4)^ laquelle venait originairement de 
Bamyan , contrée au-delà de l'Indus supérieur, il est 
nommé Gnâng hayn. Ce botaniste et voyageur célè- 
bre assure que c'est le même que \efix)us religiosa^ et 

(i) Oh CingaUse mon {in. Asi^tic Researches, t. YIl» 
p. 45, note.) 

(a) Crawfurd'a, Embassjr toAva, p. 66. 

(3) Sfianang-Seetsen^ M ongolische geschichte/i* Schmidt;^ 
p. 33a. 

(4) InAsiatRes., t. VI, p. 177, aa&. 



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quefiOM son ombrage £ouâdb«i^ç$ut h nature di- 
^ifiè. Il porte àtissî âans VA va 1^ nonkÂe ;iabou ^ il 
est identique atécle W«ba4)ayny ainsi c'est le bo* 
gaha dont le culte 'ah/eiz las Birmans ep^t venii de 
rHindanstan ; l'arbre leur à été Apporté dç ce pays.^ 
il est regardé comme UM relique deOodama, parce 
que ce saint personnages le mémeque Bondda, s'est 
appuya et reposé contre aoiltrçti)C^Dan$ la Thébaîde 
des Birmans^ àPigan sur rirraQqadd;»lequatrièa»e 
dos temples, tous très riches en ûisçriptions, estap- 
-pelé Baudhi on le temple du jQguier. Selon :1a lé- 
gentetubétaine(i), dubuit an qua.torze ou durant 
huit jours du mois cbouchak» bouddha, parvenu à 
«a trente cinquième année y au piçd, de la reîi^e des ar- 
hrm, de rarlH*^ 4^ Boui^dba à la cime élancée, assis 
dansla position prescrite, immobile, lef jambes placées 
60US le corps I se plopge dans les pensées éternelles 
de la pénitence ( dhjana ) et dans la, dernière des 
nuits triomphe desChimnou, ses antagonistes spiri- 
tuels, monte au trône éternel deMaghaba, devient 
Chakiamouni parfait et tout-puissant , et régénéra- 
teur invincible pour tous , afin d'aller le lendemain , 
comme chef de tous les Bogdas ^ à la ville, de Yana* 
rassi (Benarès) et d'y mettre en mouvement la 
roue de la doctrine. Suivant Hodgson , le séjour de 
Bouddha est exclusivement nommé Khaïtya (a), 

(1) Ssanang-Ssetsen 9 p. i'6, 3o8, sio^ 3i3; 3s3. 

(2) Notes ofNepaiflandBhoe, in Àéiai.lU^* t.Xyi^p<i43. 



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|>SS VOTAOBS. 59 

qui est aussi un des noms sanscrits de Tasvattha. 
Ce bohiy figuier sacré, signifie dans la doctrine 
bouddhique, selon Schmidt, ta comtemplation inté* 
weare qqi excite T^sprit à &e dégager toujours da« 
vantage des choses extérieures, à se diriger, à se 
maintenir dans la connaissance graduelle de la di* 
vinité et à s'efforcer de se réunir à elle. 

C'est donb évidemment la mâme pensée fonda- 
mentale qui dans la doctrine de Crichena sur \t 
système de San^ya, de même que dans la doctrine 
de Bouddha » est exprimée sous l'allégorie de cet 
arbre , mais difleremment de la doctrine de l'Oup*» 
nekhat : savoir, la manifestation de la divinité dans 
la spéculation philo^ophique sur la nature et l'éter* 
nité. Là c'est Yyasa à qui la divibité. apparaît 
réellement sous TàsvaUha ; ici c'est Bouddha qui , 
SOUS' le bogaha , prêche sa docti^ine divine, et sous 
son ombre aussi se plonge dans le nirvana, et 
possède sa demeure dans le Khaltya« Bien de plus 
naturel.; l'origine des deux doctrines venait du pays 
arrosé par le ' Gange , patrie de L'asvattha ; le 
maghada de Bouddha; or cet arbre, parla double 
nature de ses branches et de ses racines qui pous- 
sent vers le ciel et vers la terre , détermine l'allé- 
gorie des hommes terrestres et des hommes spiri«- 
tuels , allégorie qui , sous cette image populaire , 
fournit une très riche matière à des spéculations 
plus étendues. L'arbre fut bientôt identifié avec 
' Tallégorie, la doctrine, la divinité même. L'allégorie 



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6o ' NOUVELLES AKKALES 

et là speciilation pure des andens temps était âéjtx 
oubKëe^ quand l'arbre lui-même fut honoré et 
adoré comme une divinité. Les partis religieux di- 
visés par des haines et des hostilités, s'étaient sépa^ 
rés; les sectateurs de Bouddha avaient été obliges 
de quitter le continent de l'Inde , ou l'asvattha, avec 
ses racines aériennes, resta l'arbre saint des Bra ha- 
nens. Dans une contrée étrangère où il ne parvient 
pas , comme daas l'Inde sa patrie , à sa croissance 
complète, où il ne peut pas croître partout, où, 
comme dans les terres septentrionales du Tubet 
neigeux , il ne peut pas même pousser, les boud* 
dhistes réduits à l'extrémité , furent obligés de se 
soumettre à un accommodement relativement à cet 
arbre sacré. A Ceylan , l'asvattha fut peut-être ap- 
porté du séjour primitif de Bouddha, après la pre- 
mière fondation de la capitale centrale , et planté 
dans le commencement ; mais plus tard les honneurs 
qu'on lui rendait furent déférés à d'autres végétaux 
magnifiques, à d'autres bogahas, à d'autres arbres 
de Bouddha , au Jîcus religiosa , l'ancien emblème 
du vieillard tremblant , devenu maintenant celui du 
monde mobile , allégorie évidemment plus faible. . 
Bientôt il fallut , après que les prêtres eurent par 
leurs dogmes enseigné qu'il y avait huit bouddhas 
diffîrens , consacrer à chacun d'eux un arbre. Dans 
le sapta Bouddha stotra , chacun de ces bogahas 
sacrés est désigné par un nom ; c'est sous son ombre 
que Bouddha acquiert sa sainteté, se plonge dans 



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BES VOYAGES. 6l 

le nirvati^j et dans toutes les représentations, dans 
toutes les sculptures y il lés àcconq>agne constatn* 
ment^wil est leur.iattribot. Wilsoa cite, d'après 
Hodgson , six noms de cet arbre tirés de ce livre (i), 
mais il n'y est pas question du premier Bouddha ni 
du dernier qui est encore à yenir. Quant aux arbres 
du second et des suivans, ce sont : i^ l'arbre de 
Patala, d'où viennent Patalipoutra, Palibothra,. sa 
résidence; sà* le panderiça , peut-être une espèce de 
bignonia ; 3^ le sal , shorea robusta ; 4^ le siricha , 
acacia sericka; S'' le nyagroda. C'est sous cet arbre 
que Kasyapa, l'apôtre de l'Assam, du Népal, du Ca- 
chemire, se montra; 6^ l'asvattha (^cus indica\ 
sous lequel Chakya, le septième et le dernier des 
Bouddhas apparus , passe à réternité dans le pays 
de Maghada. Cependant Hodgson remarque que les 
noms de. ces arbres sont appliqués arbitrairement 
dans les figures qui les représentent. Ils ne peuvent 
ainsi être employés, que généralement pour distin* 
guer les sculptures des Bouddhas d'avec celles des 
Djaïnâs; ces^tt*niers étant toujours ombragés seu- 
lement par l^rorpent à plusieurs têtes, ou cobra- 
capello ^ tandis que le Bouddha est constamment 
assis en repos sous son arbre. 

L'identité de l'idée primitive de l'allégorie de cet 
arbre de Bouddha avec l'arbre des Brahmanes, est 

(i) Notice of three tract* reeeiyed /rom Népal ; in MiaL 
Res. t. XVI, p. 445. . 



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02 ïrOUVfiLtKS ATOTÂLES 

CQfi6rniéémftmfè5fteBieni pat* Finti^oductidir des trois 
noms sanscr^s : khahyà, Dyagrodhâ et asvattha 
dans les livi^ bouddhiques du Népal, ptkist|ue dans 
1^3 Védas ils dësîgnenl spécialement l'arbre aux ra-^ 
êines aériennes.:: Nous pensons' > quç ce culte des 
anbiies a ^uivi de très bonne heure les 40ctateuf s dé 
Bbuddhajusque dans toutes leurs colonies les plusf 
occidentales de l'Asie, cheaf lés Argipéens, et jus-^ 
qb'à prjésent nous n'avons rien découvert qnifyuisse 
lioiis fàû*echfLnge)r dé sentiment, fiérôdble oônipare 
su figuier Tarbresous lequel leà Argipéens habi*" 
taiént paisiblement en hiver et en été (i). Wilford 
a dérivé de r^svatlhà (a) lé nom des vataê (bàtœ) 
de Ptolémée , vivant dans le Tanjaour actuel, près 
de Tritchinovali, qui doivent demeurer dans le Va* 
talanya^ o'est«<^à^re daiis des forêts de vata ou 
d'asvattha; à.k vérité.le ficus indica y croît parfai- 
tement bien ; quant à l'étymologie nous ne abus y 
arrêterons pas. Dans l'Orissa aossi^ l'asvattha est 
indigène et sacré; Tidole de Djagrenât, nommée 
Srî^IeO} fut^ disent les légendes dunette contrée^ 
dérobée aux attaques dé peuples i^Pes venus par 
mer» il y a plus de deux cents ans, On la plaçàisqus 
un asvattha , où elle fut conservée pour un temps 
futur (a> ■ 

(0 LivreIV(23). 

(a) On the ancieni geography oj India {inAsiaf Resear- 
thesyUXTV y f.^S). 
{3)k.SiiT\ing,AccountofOrissà{mAs^BesA.X[Vjf.2S^). 



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. I/msnftlhBiiJQae cdnbi im- râle 'trâs. .vemaitia^ble 
danslliiiloiréiJil développefldçBt philosophique et 
relîgiquK'dirgédre humaia enOrieat , et Uchi^oni^ 
qiie cin|;alftise: prétend: oirec: raiirioa qw, dès. Iba 
temps'lte plus reculés , il à' été transplanté par cinq 
bnmcl^eei et ehisii^îtô par quarante' racmes dans Cey^ 
lan eb dans; fck£àicou);)i d'autres pays de là tcr#eATe^ 
la^éritoUle.reKgioii» , . 

La sdience etlapoésib modernes ont aussi employé^ 
comme symbole , sa reprodttctioil par ses branbbei e 
quoi ramiy iot arbores'; car la sodété aisiatiqtie de 
JLbndnes a* choisi ces ûiots:'poar d^^, et'lafig^e 
de jcet ^rbvesur son Àîèa»^ vèamiae»reAiblénie dé 
mai cerple d^ntjtyits et tàe issstttk^wvt. Déjà* Mikon^ 

avait qIiaQté)itet'a[r^pe dUqpî^èsMles descriptiam^ »♦ 
exactes de§^i;iO0éba};:faiaii'«|i!^rand po^q^ illuîpa^ 
raissait, d'àpràs sa nature presque céieske y le pins 
prdpr»^ cdiivrlt^ avèo isestftuilles hi ûudicé d?Àdam 
eti vBÉvie 'obassés; du ,pap«dis. .lut Voûte fedîtlue qui 
ft^â^nd^def tous' jeôt^s aotont! dt b> ;éouehe-niàro ipar 
le$^ib^flnt(îl^ ittimiesidie ramnesadèseendaitt vers'l|i 
tetîr)sV^iC0ib^tfés>p2M:viIiJ^én à une sblle- smile^ 
nue par des colonnes et donnant liqrolni^rei^' 'assez 
vasie .poor/que»irftr/7' circnle, postant une'voute 
tnës'hasitëcj < et Icfii^^Uéclui' il épètlsi: I|^ . voi». ^ 
. Les. boiiqu6fte|s d'AlIexaacke , roi de Macédoîne*^ 
qui découvrit les merveilles de llnde, firent connai* 
tre à Âristote ce géaût des arbres ainsi que c^uî 



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64 KOUVSLLES AKKALES 

des apiimmx.Tkéaphraste et-Plioe', diirifil» et co« 
pktas^'dé ce philosophe ^ Arrieû, Quinte^Gùrce et 
Sto*id)oa^ ëcrivaifis der Ffaîstoire d'Alexandre^ sciiit 
kg seuls, parmi les anciens^ qui nous donnent des 
çenseignemens instructifs snr l'asvattha dont le nom 
indigène leur resta inconnu , et qu'ils incHquèrent 
par celui de 'figuier indien. Quand. Hine dit ( li- 
vre YII, c« a) a que l'Inde produit les arbres et les 
animaux lesplus gros, et que des escadrons entiers dé 
cavalerie peuvent trouver de l'abri soUs l'omhre d'un 
' figuier, ^ il exagère sans doute , mais ce n'est pas de 
soa dxef ; il répète seulement ce que les écrivains 
indiens ont raconté. D^nsVffnrùsaftsm qiiâ décrit uh 
.de ces arbres.sous le nomade nyan^grodha^ près des 
jbords du Djemna^ on Ik qu'il a un 'yoittiafàa:dQ;haaty 
ce qui, d'après la pilus fûble 'supputation v.équivant 
à un coss ; qu'il est appelé bhandirav qull s'ilève 
.vers le ciel comme un nuage sombre, et que; sous 
ison ombre vit le sage Pralamba^ M« W.: Masrsden^ 
esicellent observateur, assure qu'il a vu des asvàttha 
dont les branches s'élevaient jusqu'à deux! /oents 
fiieds, et dont léScTacines aériennes; deéçendiient 
d'upe hauteur de centpieés^ comme, les plus Celles 
colonnes gothiques» . v . 

On trouve la meilleure description de eet arbre, 
comme on devait s'y attendre, chèz*Théophraste(i). 
Le jpremier il indique la faculté de pousser des rsci- 

(i) Opéra j éd. J. G. Schneider; 1. 1; p. ^4. 



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Ï>ES VOYAGES. . 65 

tiAsqaile caraclériseiit. a. Cet arbre ^ diHl| eavùie 
en bas des filets qui descendent jusqu'à tei're et y 
prennent riicitie ; et tout . autour de lui . s'étend un 
cercle continu de racines qui ne touchent pas à la 
souche principale y mais en dérivient. » Dans un au-» 
tre passage, Thëophraste ajoute : «Tous les ans ce 
figuier pousse. des racines de ses branches , non de 
oelles^ de Tannée, mais, de celles de l'année précé« 
dente et. «âme de plus anciennes. Celles-ci yen des* 
cendant , ensemble dans la terre, forment comme 
des palissades autour de l'arbre,, de sorte qu'il en 
résjuUe un berceau, nne.sorte.de tente où demeurent 
les indigènes. Les tiges à racines nées de celte ma- 
nière, se distinguent très bien des branches par 
leur couleur plus claire ; elles sont plus rudes, plus 
arquées, et n'ont que deux feuilles. L'arbre a une 
. grosse cime, son ensemble est arrondi et de belle 
forme. Il est d'une si grande dimension , qu'on dit 
que son ombre, se.. projette sur un espace de deux: 
stades (200 pieds). Quelques-uns ont une circonfé-» 
rence de. plus de soixante pas , chez la plupart elle 
est de quarante. Sa feuille. n'est pas moins grande 
qu'un bouclier de Thrace ; son . fruit est très petit , 
à peu près comme un- pois , mais du reste semblable 
à la figue : c'est pourquoi Jes Grecs ont nomme cet 
arbre un figuier. Mais il est étonnant qu'il donne si 
peu de fruits , non seulement à cause de sa grab- 
deur, mais aussi, sous tout autre rapport. Il croit 
fiur les rives de TAcesmes. (Tchénab). » 

(i836. ) TOMB iv, 5 



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66 NOIIVXLLES ANNALUS 

Cette description convient parfiûtement a Vtavki'^ 
thâ.. Théophraste ne se trompe que sur là dimen^ 
sion des feuilles, car elles n'ont pas cellç d'un bou» 
elier thrace. iPline s'aprime plus exactement^ 
l^v. XII y c Uf en disant ; a Le contour de ses feuilles 
a la forme du bouclier des Âma^nes. » Ainsi Théo* 
phràste aurait dû se borner à comparer leur figure 
à celle du bouclier des Thraces. Ses fruits sont èa 
général très petits et sans apparence. Toutefois ib> 
peuvent , suivant Rumphius, au moins n'être pas 
toujonrs si rares que le croit Théopbraste^ puisque ^ 
parvenus à leur maturité , ih recouvrent l'arbre 
d'une enveloppe jaune ou jaune-rougeâtre* 

Mais Théophraste a fait une remarque très exacte 
et confirmée par les observations des modernes, en 
disant que les arbres < danâ les forêts intertropicales 
ne fleurissent que rarement, et qu'ils se multiplient . 
fréquemment par les racines que leurs tfrancfaes 
produisent de tous côtés. La croissance continuelle 
des arbres, leur propagation par les feuilles et lea 
branches , dit M« Meyen , dans son excellente Es'* 
qidsse de Ict gé&gmphie des plantes y est cause qu'ils 
iieurissedt rarement. Or cela peut41 mieux s'appli** 
quer qu'à l'asvattba? et c'est pourquoi ses fleuns 
et ses fruits ont été totalement négligés par les 
observateurs. Théophraste, dans son ouvrage inti* 
tulé : De caïuù plantamm^ lib. II, c. lo, $-2, chert 
the déjà à expliquer cette particularité : «Les arbres, 
dit-il, qui deviennent très hauts n'ont que de petits 



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fruits; plus ib s^élèTeot^ plus lears ifruils scfnt pe« 
tits» Le figuier indien en fouroit un exemple; toute 
sa vigueur est employée dans son feuillage y dans 
ses branches et dans ses nombreuses racines. » Pline 
commence également sa description de ce figuier 
par la petitesse de ses fruits et sa propagation con^ 
tinuelle ^ ficus ihi exUiapoma kabet Jpsa se sempef^ 
s^nens vastis diffunditur ramis: Du reste, sa des- 
cription est embellie et inexacte; cependant U prë*» 
sente l'image de la tigé**mère arec ses en&ns et le 
berceau de feuillage produit autour de la tige, im$ige 
que les écrivains postérieurs ont reproduite. Qu0* 
Tumimi (mm) adea in termm cuivantur, ut annuù 
spadZQ indigantur^ nwam que sibi pro^a^nefn fa^ 
ciant circa parentetn in orbem quodam opew Uy* 
piariàf etc. (Dont les extrémités [des branches] se 
ooorbent tellement vers la terre^ que dans l'espace 
d'un an elles s'y enracinent^ et se font nne nouvelle 
Ëiaiilk autour du- père 4)omiiiun ^'.elles entoiirent 
çir^ulairement.) 

ïfoas avons cité pljis haut ce qu'Arrien y d'après 
le récit de Néarque^ dit dans son Histoire indienne 
de^ l'ar}»*e des gymnosoptiistes. Quii^te-^Gurce décriit 
seulement d'une: manière générale la hauteur et 
l'ombre épaisse des ibréts ijles rivés de l'Indus où 
elles sont devines plus ra^es aujourd'hui; màis^ 
sans le nbinmer, cet historien idécrit i'asvattha-y 
plerique rami instar ingentium stipitum^ flexi in 
humum ,_ rursus quâ se curvayerunt çrigebantur^ 



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60 NOUVELLES ASfirALES 

adeo lûspmes es^et non ramiraurgentis^ sedcatborU 
ex sua radice generaitR (lib. IX, c. a)« (La plap^rt 
de ses . branches , semblables à de grosses tiges et 
courbées vers la terre, se relevaient de nouveau du. 
point vers lequel elles s*étaient inclinées, de sorte, 
qu^elles présentaient l'image non d'un rameau se re- 
dressant 9 mais d'un arbre poussant de sa racine.) 

Strabon (i) se borne à répéter la description qu'il, 
a empruntée d'Onésicrite, l'un des compagnons» 
d'Aiexandre, qui avait dépeint avec une exactitude 
singulière les choses remiarquables du royaume de 
Mu^icanus* sur l'Indus inférieur, très avant vers le 
sud^ et qui parlait de quelques arbres étrangers , 
ainsi qu'il les appelle, ç*étaient des asvattha, chacun, 
formant seul une tente de feuillage. , Strabon donne,, 
d'après pnésicrite et Aristobule , la mesure de l'om*^ 
brage et delà circonférence de ces arbres. Le dernier, 
de ces Macédoniens les avait observés au confluent 
de rAcesines et de l'Hydraotis, ou du Tcbénab. et 
du Ravi , par conséquent dans le pays des Malli ,< 
près de Moultan où, de nos jours, du moins, 
M. A* Burnes parait n'en avoir pas vu un seul. Lé 
tableau n'offre pas d'exagération ; l'un des arbres a 
des branches qui s^étendent à douze anses : cinq 
hommes peuvent avec peine :embrasser le tronc des 
racines. Selon Aristobule , cinquante cavaliers pou*« 
vaiént se reposer à midi jsous son ombre , Onésicrile 
... . . . ... . . ' , ■ V 

(i) LivreXV, c. 1, § ai. . 



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IME5 VOYAGES, ' 69 

porte ce dernier nombre à quatre cenCs« Strabon dit 
que , suivant quelques récits , Tombre d'ua de ces 
arbres croissant au-delà de PHydraotis , avait à midi 
5 stades ou 5,ooo pieds de tour, ce qui répond 
presque aux 5 piètres de Néarque cité j^ar Arrien , 
ou à peu près à 5oo pieds, si cet historien a voulu 
désigner le diamètre du cercle de l'ombre , et Stra- 
bon la circonférence, ' ' '■ 

Ce que dit' Théophraste qu'il étend son ombre 
à a stades ou 1^200 pieds ( de circonférence ), 
et que son tronc a de 4^ a 60 pas de diamètre, 
s'accorde parfaitement avec la nature gigantesque 
de cet arbre et n'est nullement exagéré;, bien plus, 
toutes ces assertions indiquent qu'alors pas plus 
qu^aujourd'huiy dans les contrées septentrionales de 
rindcy les asvattha n'atteignaient à une dimension 
colossale. Celui que , suivant Marsden (i), G. Ha- 
milton (a) et d'autres écrivains , on voit à Mandji , 
dans le district dé Sarbum, au confluent du Gange 
et du Gogra , à 44 milles au nord«ouest de Patna , 
sous les a8** 49' de latitude septentrionale, et qui 
est un des plus connus aussi avant vers le nord , a 
dans ses troncs priiicipaux un diamètre de 363 à 
375 pieds; la circonféreuce du cercle de son ombré 
est do II 16 pieds, celle de ses différentes tiges au 
nombre de 5o à 60 est de 92 f pieds. 

(1) Hùtory of Sumatra , 3* éd. p. i63, note, 

(2) Deffriptiùn ofHindustaiiy t. J^ p. 378,^ 



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fjq KOUVEIXES AICHA^LES 

Rilïnph{i) avait déjà 4it la reraapqu«'que'toute 
}a famille des figuiers, et surtout celui-ci auquel il 
donné lé nom de bdringheùty offre eette particularité 
qu^ls poussent , non pas d^ùne seule tigecommé les 
jAUtres arbres , mais de plusieurs. 

|5ous cet asvàttha de Mandji, ua péniteat^ un 
vrai gymnosophisté avait ehoisfi sa demeure depuis 
a5 ans , du temps de Marsden, et y trouvait assez 
de place ; cependant il ne passait que les trois quarts 
de Tannée sous son ombre; les quatre mois de la 
saison froide robligéafent à rester plongé dans l'eau 
du Gange tout entier jusqu'au cou, conformément 
à son vœu. 

Arrien assure que 10,000 hommes peuvent trou- 
ver un abri sous un figuier des Indes. Clette asser- 
tion est confirmée par les modérûes , car ils parlent 
de 7,000 hommes placés sous Tbitibre du kebbîr 
bar sur la Nerbeda, et même de* 10,000 hommes 
qui peuvent se tenir sous éelle d'un asvàttha j près 
de Trivandépôurain dans le Tràvancor (a). 

A ces considérations générales, nous allons ajouter 
les caractères spéciaux qui distinguent les dèu)^ 
espèces principales de figuiers honorés par un culte 
religieux dans l'Inde : savoir, le ficus indica et ïe 
ficus religiosa. Nous y joindrons quelques descrip- 
tions caractéristiques faites en diverses fconlrées d!e 

(3) L. c. pi. lil, 1743, l- V> p. 127. 

(i) Maurice , Indlai^ antiquities , t, III ; p. |63. 



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rinde par de boDj^ observateurs. Ce soai toujours 
dés individus ép^rs qiû ont poussé natnreileineot ^ 
ou ont été plantés , ou bien des familles an groupes 
eoDsidénables et plantées par la maÎA des faonunes, 
qui ont été décrits^ Jusquji présent on n'm pas ren- 
contré une forêt entière de ces arbres ni des indivi- 
dus groupés ensenibte dans leur état sauvage. 

Pour distinguer ces deux espèces l'une de TaiHrç 
et pour les discerner de^ autres, ainsi que pour ^é*- 
termiîier leur synonymie , nous prenons pour guide 
le travail concis mais instructif du docteur Fiv Ha* 
^lilton, afin de nous orienter dans ce labyrinthe des 
«spèces de figuier. 

Nous reconnaissons coi^me appartenant aa^cus 
indica l'arbre des Banianes, l'arbre* des Brahmanes , 
le figuier des gymnosophistes de Théopbraste, l'as-, 
vattha.des Yedas, et le paralou des Malabars. Com- 
oielin à décrit celui*ci sous le nom àe ficus benga- 
lensis , ce qui , suivant la remarque de Fr. flamil- 
ton (i), fut adopté par Linné dans la seconde édi* 
tioR de son ^>ecies' plantarum^ puis dans tou<^ 
tes celles qni la suivirent, et ainsi le nom Ae^ ficus 
indica des anciens fut restreint dans son acception. 

Wahl , dans ses Symhola botanica ( fol. 8a ), re- 
connaît que ce ficus b&tgalensis ^ foliis oifatis ^ inte' 
gerrimisj est le ficus vasta (Forskâl) de l'Yemen où 
il est appelé Talak. 

(0 L. c. p-488. ^ 



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7a irOUVELLES akitales 

Loureira dans la Flora Cochinehikensisj place le 
ficus bengcdensis^ près d'une autre espèce , F. zW- 
€Uca (ramis^ hxUssime expansis^ radiées xrassas in- 
terràm dei^ittentibus ) {\). On lit la même chose 
dans VHortus Kjeruensis (o)^ où le figuier duBea- 
ga}^ est indiqué ainsi : Bçngal Fig^free y el le figuier 
indien ainsi : Jndianfig^ Banian tree. 

I^alV^arckfdaus F Eniycbpédie méthodique^ réunit 
lc^2^ bengalensis à Farralou, mais commet une 
nouvelle erreu|7 en lui appliquant le nom indien de 
pipala qui suivant Fr. Hamilton ne désigne, en sati:^ 
crit, que le ficus religiosal arbre tout différent^ 
mais dont les Anglais , dans Tltide, attribuent très 
fréquemment le nom au^£^ iWÂPa. 

Le Botanicon regium donne tou t aussi inexactement 
-au ficus reiigiosa le nom de Banyan tree^ et le gra- 
tifie de racines aériennes, dans la jAtrase qu'il ajoute. 

La treizième édition du Système à^ Linné d'après 
Houttuyn> in^po^e au ficus indica le nom de figuier 
dlude, mais en revanche elle regarde \e ficus Ben^ 
yamina do Java comme identique avec Varbor conci* 
liorum de Rumph , et le nomme arbre des Banianes; 
mais La Marck Ta^confondu à tort avec le ficus reU- 
giosQj tandis que Fr/Haniiltpn le décrit comme 
une espèce toute différente. Au contraire cette même 
édition donne ^ dans la planche xvii, fig. a, une 

(i) L.c. p. 8i6-8ai. 
(3) T. V. p. 484.) 



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DES yOTA6ES.i 7S 

figure comme étant celle du figuier du Bengale , la- 
quelle Q*ësl pas belle y mais montre distinctement la 
fq^me de ses feuilles et de ses racines aériennes; elle 
avait été envoyée de la côte de €k>romandel à Bur- 
liiann ; '^ans cette cçntrée l'arbre est appelé aha* 
mouranf ce qui est évidemment VaUamaroum de 
Cordiner(i). 

Ainslie distingue à la vérité le Jlcus indica du 
fic^s religiosa^ et lui donne i^vec raison les noms 
sanscrits de nyugrodha^ batta (a), mais il ne fait pas 
mention de son nom classique asuattha ^ qui est 
caché dans celui de vatta. Rheede a écrit ce nom. 
vadhou^ et l'explique par ^7%?;i^i? y cœteris spêciebus 
prcegrandior. Ëependant suivant Bopp, asvattha n'ad- 
met aucune étymologie particulière ; de plus Ainslie 
identifie ce ficus indica avec le tsiela deFHortus ma^ 
labaricus, par conséquent ce n'est pas avec le peralou. 
Enfin Fr. Bamilton (3) rentre dans la bonne 
voie y en suivant la marche tenue par Roxburg dans 
son Hortus bengalensis (4)9 lequel a laissé entière* 
ment de côté le nom provincial et inexact Ae ficus 
hengalensisj parmi les trenîe-cinq espèces du jardin 
de Calcutta y et a pensé«qu'il devait'' être absolument 
rejeté comme espèce particulière /et qu'on devait 



(1) L. c. 1. 1, p. 36a, 388. 

(2) L. c. t*II,p# lOj 11.. 

(3) L. c. t>art. 11^ p. 489. 

(4) P- 65. 



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74 KOUVELISS AKVALJÎS 

r^ndjfe.au peralqu soû ancien nom de ficus inc6èûà\ 
que les Grecs et les {tomains lut avaient donné. C'est 
œt arbre donl un individu isolé se voit encore a\%^ 
jourd^hui^dans presque tolis les villages, et que lc« 
voyageurs modernes nomment arbre des Banîanes* 
En sanscrit, ajpute Hamilton, il est appelé ifatà^ en 
dialecte vulgaire corrompu, bàt^ ou bot ^ barga^ber 
oiLbaPy ce qui rappelé \% kébbir bar des rives du 
Pierbeda. Hainilton donne ainsi le caractère spéci-' 
fique à\x ficus indica ; foliis hast sinu parve cordata 
i^l reiusa , ofice obtusa , sabtus sœpe tomentosa , 
semper pUosti subquinqae nerviaj etc* 

aiV; ]Nous reconnaissons avec Fr. Hamilion le 
ficus reU^sa^i^aav l'arbre sacré deJBouddha, Vnr- 

l'arbre à. la feuille tremblante , le tchaladaia du Sa- 
cootaja, qui n'apas été connu des Macédoniens, le 
boghas, boudoughaba, ou boudougbas, suivant 
P. Hermann; ]& bo ou bôgaha ou bhandi eto: des 
bouddhistes deCeylan, d'Ava, du Népal, comme 
îdentiqueaVec Vdixé^xxdeVHorMsmalabaricus (l), 
auquel manque entièrement la particularité des ra«- 
ctnes aériennes , caractère par lequel il se distingue 
totalement;de l'arbre des Banianes. 

Ce majestueux et magnifique végétal est égale- 
ment décrit par Loureiro dans la Flora cochinchi- 
nensis sous le nom de ficus religiosa et sous la 

(i)-T.I,p.47,fig. 28. 



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HES VOVAGiES* • 75 

«lèmb SéaomiDatmnpar.ForâkM^par Vabif daas les 

&ymhola botànioa 6OU9 cel\a*ie^us popuàfoUâ^ififix" 

lus ea^quisàecordaUsacatù;AdLi!s^'Honii9^€wensisj 

^us 1:6116 Ae ficus religiosafolus subcordatis y o^a- 

iù, ^ecuminatùsimis (the poplar leaved figtree). 

' Cordiner Ta décrit d'une maoière détaillée comme 

Se bogaha des Gingâlais, et iWisamaram en langue 

malabare: mais il n'a pas connu le bogaba révéré 

comme sacné a Anara^épô^ura, su centre de Geylan : 

GhapnMQ nomme ficus mdica cet arbre qu'on y vé- 

uè^ y mais sats le désigner par aucun caractère bo- 

taniqueit 

. ,i%iîyant Âinstie ( i), ce persloa ou ficusreligîosaf 
est appelé en mahrgtte pipal^ ea hilidi pippalj en 
-sanscrit pipala ; par le$ Malais cayaubotH} par les 
CochincfainoiSy eaybo*bé^ Ce nom de pipala donné 
par les Hindoos est i<egardé par M. Hamiltoti 
connue décisif (a), pour cfettie espèce de "fi^fuier, 
tjiii^ique trop souvent les Anglais dans llnde l'ap- 
pliquent aussi à headfcoup d'autres» 

C'est pour cela que l'on ne peut éire avec cettî- 
-tude de quel arbre de l'îodè ont voulu pttrlet* les 
nombreux voyageurs qui notaient pas botanistes, 
quand ils ifomâiènt- dans leurs relations le pipai, 
4'arbre des B^nia^es, pu le figuier indiem. Pour four- 
nir îùn éxLettïple de Ift confusion qui se perpétué, 

(i) L. c. t. II, p. 25-26. 

{2) L. c. part. II, p. 4^7? ♦ *. . 



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76 KOUTSLLES ANNALES 

SOU8 ce rapport y, même chez les voyageurs qui côit^ 
naisàent la botantqt^e, nous itérons là relation de 
.Victor Jocquemont qui est toute récente : daas 
sa visite du jardin, de Baraçkpour, près de Cai- 
.'cutta, il applique Ka ficus indica lé. nom de pipai j 
et au ficus religiosale nom d'ietrbre des Banianes (f ), 
réunissant ainsi toutes les contradictions possibles. 
Quoique le pîpal ''soit aujourd'hui sacré 'seule- 
ment pour les sectateurs* de Bouddha, et ainsi iden- 
tique avec le bodhbaen d'Ava, cependant s«n culte 
fut autrefois , suivant Vopinion de F. Haùii^n^ trop 
profondément enraciné^chêz le peuple , c^eslf-à-dire 
probablement chez les brahmanistes de l'Inde-, pour 
pouvoir en être extirpé , et che% lès plus orthodoxes 
d'enti^e eux , il est encore, aujourd'hui presque au- 
tant honoré que Tasvattha. Hamilton semble donc' 
ne pas partager notn^ semtiment sur l'unité primi- 
tive de Tasvattha divinisé dont nous avons parlé 
plus haut , et duquel l'adoration put être transpor- 
tée plus tard, avec là séparation des-^ croyances, à 
une secondf' espèce , c'est-à-dire an ficus religiosa. 
Hamilton parait penser au contraire, #que dès le 
principe , l'adoration primitive de^ arbpes s'est éten- 
due à dieux espèces du genre ficus ^ mais alors la 
manière dont les allégories semblables pour les deux 
arbres et leurs noms d'asvattha, de nyagrodha, et 
de khaïtya dans les écrits religieux du bouddhisme 

(i) F9yagèdaturJbide,f. ii6. 



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WS VOYA6ÈS. ^7 

et du brahamanisme ont pris naissance^ n'est pas 
expliquée. Nous n'avons pu encore trouvée le nom 
de pipala dans aucun livre j^aA&crit classique. 

Description de dwerses espèces de figuiers d^ 

rinde 

Cordîner désigne ainsi rallamaram (i) : Ficus in» 
dicafoUis ianceoiatis ùUegerrimis petiolatis , pedun^ 
cuits aggregatisy ramis radicantibus ; quelques-uns 
de ces détails semblent indiquer une variété! a Cet 
arbrey dit il, pousse de son tronc des' branches hori* 
zontales qui s'étendent très loin /et qui inci^pablefl^ 
dO'Supporter leur propre poids , envoient à la tef re 
des racines y qui parvenues à la surface du sol s'y en* 
foncent solidement , et leur servent comme de co*- 
lonnes et de soutiens* Dans le principe , ces fibres , 
quand la branche les fait descendre , sont aussi sou-, 
pies quedes -filamens de chanvre et se balancent çà 
et là dans l'air. Enracinées en terre , elles deviennent 
des :colonneè drmtes, à écorce argentée^. et d'une 
diniensîon'de quelques pouces à otae et douze pieds 
de tour* De .même que dans le. commencement elles 
tirent leur subsistance de l'arbre, de même il est 
vraisemblable que plus tard elles contribuent a le 
nourrir ainsi qu'elles servent à le soutenir et à J'é- 
tendre. Ses feuilles longues de cinq pouces et Urges 

' • • • î 

(i^ L. c. p. 36a-366. • 



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-yfli ifroûvï:itiss ANisrAtÈi 

it0 trpi^^t demi^ sont alteraes ; ses fraît^ , s(ombl.ablès 
à U figu^> petits et rouges ^ 0e sont pa$ tnangés par» 
l'homme} il a'y 3 que les linges et les 0}seaus qui 
s'en régalent; ies semences soi^tent du corps de ces 
créatures sans avoir été altérées ^ et voilà ppurqucH 
les jeunes plants sont disçépinés sur les rochers ^ 
tes crêtes de murs ^ les éminencefde toute espèce. Ses 
rft<^iie$i pénètf Qnt fe^iï^te^rït d^ns toutes Içs fe»t?s ^ 
et Quvrept lesi^jurs tçi^ plfisép^js, C'eti^t'çâ.n^ique dans 
le Carnatic une infinité de i^Umens etQOtammenti 
totis les tçbaultri^ PU caravâos^railç sont dé-4 
truite (i)-^ #avft (îk), de mêine qu'a Geylan, cet 
«rbrepar la force de ise^ racines et »a, yégéutipa 
active a renversé depuis plusieurs siècles d'inQQm«-< 
hrables monumeos d'arqbiteeture et cjes temple» 
entiers ^omme ce»^ d^ Bimbaoan^ ef de Bx^ro 
Çodo< 

Le bogaba, ficw reUgiosa^ est rarisaMaram des 
Malabars^ de Ci^lan; Kkiox, h premier v^y^^nv 
futapéeii qui, en 1681^ ait visité rintérieur de Gey^ 
km^Ta npmmé j'arbi^dteu {gqdireey H leiijsiraQlé'* 
rfsé jtrès bien jen cdossèrvant qpeseç feuiltès ipemblerit 
' eemme celles tiu:peiiplîet* trembley ce qui convient 
a;iissiian ttiialâdala (3) ^ selon ûctt^ideF (4)9 il n'eiit 
•'■-., • • ' 

(1) Yalentia , Trav^U in India, 1. 1. p. 34o. 

(ô) B^fÛeSyHisfory oJJava, 1. 1, p. 419^ *• H^p, 7-29 etc. 

(3) Historiûal relation ôf Ceylan, éd. 1B17, part. I , c. 4^ 
p. II, Ce 5. 

(4) L. cl, p. 366-36^. • . 



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DES VOTAGBS. Jg. 

yoîe pas f comme celuirUi y des racines Aériennes à^ 
terre ; et a des feuilles cordiformes larges de six 
pouces^ longues de huit, extrêmement acuminëes 
et à long pétiole. Il Remporte sur l'asvattha par ses 
(ormes élégantes et gracieuses , s'élève beaucoup , a 
une écorce tendre et peut^ selon Texpression de, cet 
écrivain ^ passer pour la plus belle parure des jar* 
diqç de Ceylan. Son fruit , de même que celui du 
figuier indien, n'a pas de pédQncule, pend uuiÉ 
petites branches, est un peu plus petit ^t d'un rouge 
moic|s beau. Il appartient aussi aux arbres regardés 
comme sacrés dans Tlnde. A Gindy il était telle* 
mept vénéré, que la maison royale jouissait seule di 
la prérogative d'avoir sa feuille oo^diforme peinte 
pour ornement de sa demeure et de son ameuble«» 
ment. K^fiox remarque d^a que les Ceylanais plan-^ 
taient cet arbre dans toute l'étiendue de Tile, et s6i« 
goaient plus ces plantations que toutes les autres ; 
ils pavaient la terre au-dessous de l'arbre ^ tenaient 
toujours çetemplaoement très propre, ce qui était 
i^egM^dé comme très méritoire, l'éclairaîent aux 
)our$ de fête avec des lampes , et établissaient au* 
dessus des.tables de pierre qq'ils couvraient d'offiràn^ 
d^; le multipliaient le Ipng de tontes les routes' et 
de tou^ les chemins, afin que le voyageur fàt en^gé 
par la) propreté des bancs à se reposer sous son 
o^mbre, ou à, se souvenir des défunts dans les eu'^' 
droits oïl leurs corps avaient été brûlés. 11 est réputé 
très méritoire de planter le bogaha ; quiconque kr 



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$0 NOUVELUIS Alt'irALlîS 

Cait mourra bin^ntôt, et, poar cette lionne oeuvré^ 
sera admis :daïis, le ciel. Voilà pourquoi les vieillards 
seuls le plantent à Ceylan, parce que^ les hommes 
jeunes préfèrent de vivre. 

Mufird (i), qui décrit Tarbre' des Banianes de la 
cote de Côromaadely dit que c'est uit végétal majes- 
tueux qui s'élève au-dessus de totrs ies aqtrés habi^-' 
laps des forêts , .que la nature semble l'avoir créé 
exprès «pour que, par son ombre, il tempère l'excès 
â^ la'.chaleur, puisqu'il n'a pas d'autre utilité par*- 
tioulièrei^ Son tronc prodigieux entouré d'une in*- 
âombrable quantité de tresses de racines , et qui 
par là ressemble fréquemment à une réunion de 
gros ceps de vignes collés les uns contre les autres, 
se partage ordinairement à une hauteur de doute 
ou quinze pieds en six à huit branches très fortes , 
qui se prolongent (je toutes parts à une distance de 
dix à douze pieds horizontalement , et envoient en 
bas leurs racines aériennes comme de minces filets. 
Ceux*ci atteignent en peu d'années la terre^ s'y en- 
racment, se fortifietit^ acquièrent une grosseur 
cpnsidérable,et poussent de nouvelles branches. Sur 
(Des enirefeites , la tige principale s'est élevée à une 
haïuteur pliïs oonsidérable, a de distance'^en distance 
.pousfé d'autres branches hoi^izontales qui , comme 
d'ua second ou troisième étage, ont envoyé en bas 
à travers les intervalles de nouvelles racines -aéi^en* 

(i) HUtory ofthe war wUh Ifyder Aèjr. 



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nés* Celles-ci deTieanent avec le tèn^ des colonnes 

très hautes ; si elles rencontrent d'aij^tres branckes^. 
elles s'entrelacent avec elles en formant des uœnds, 
et n'arrivent à terre qu'après s'être contournés bien 
des fois. MaiS) ainsi que Rumph l'avait déjà remar* 
que 9 ces racines aériennes se partagent fréquem« 
ment en deux. dans leur partie inférieure , et à ces 
bifurcations en succèdent d'autres qui forment comme 
lin rjéseau dont, les extrémités s'enracinent dans la 
terre, ou passent par-dessus d'autres ramifications* 
La nature résineuse de ces filamens à racines expli- 
que leur tendance à se ramifier; leur résine est em- 
ployée coiçme médicament (i)« 

G'e^t ainsi que cet arbre se propage individuel!^- 
ment à l'infini I comme une famille qui par des races, 
toujours croissantes y se multiplie, se rajeunit, se 
fortifie sans cesse. Le beau et vert feuillage de 
i'asvattka ^ les berceaux de ses branches semblables 
aux voûtes élancées des églises gothiques , et quî^ 
impénétrables aut rayons du soleil, procurent une 
fraîcheur délicieuse , sont si attrayans que dans le 
clini^ brûlant de Tanjftour et du Garnatic, dit 
l'observateur que nous venons de nommer, pn élève 
S0US leur ombre non-seuiement des pagodes ou plu- 
tôt àeB devais et à^ sçamis om chapelles^ mais 
^^'on y place aussi des tchaulijris ou hôtelleries et 
' des cabanes de toutes les, sortes , et qu'on plante ces 

(i) Ainslie, L c, t. U^ P- i4' ^ 

(i836.) TOME IV. 6 



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arbreaien allées le long de tous les chemitis; En 
Europe, s'ils . pouvaient y croître , lisseraient la 
plus belle parure des jardins pittoresques. Le plus 
grandfasvattha que Munro.vitdanÀle Carnatic est 
dans les étririt'ons de Goudéiour; il met complète* 
ment à couvert sous son ombre plus de deut mille 
hommcsi Le plus célèbre des environs de Madras 
que Gordiner a dessiné (i), est dans le jardin de* 
Jean Chanier , négociant arménieii^ un mur circu- 
laire de 90 pieds de diamètre ,' en briques , lui forme 
use enceinte^ La tige principale , de 54 pieds de 
circonférence y revêtue d'une écbrce d'un brun clair 
extrêmement fr^^îche, ^st entourée de 3j autres 
tiges descendues de <es branches et enracinées, cfaa* 
cune épaisse de a à 11 pieds et haute de 3o à 5o ; 
au-dessus d'elles y les puissantes branches borizonf- 
taies continuent à envoyer en bas d^innonubrables , 
racines aériennes. Chacune' de celles-ci, aussitôt 
qu'elleatteint le sol , est.scMgneusement recouverte 
de terré, de sorte que la chronique de cet arbre 
pourrait être pour les siècles futurs un sujet de re* 
marques intéressantes. • 

L'asvattha ordinairement appelé figuier du Pa- 
gaie dans le pays de ce nom, y est également indi- 
gène. D'après ce que nous avons dit plus haut , il est 

absolument identique SLvecle ficus indica ^ et seloa 

« 

(1) L. c.,I, p. 364, fig. 



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iyiés VoVagés*'^ Ô3 

C. Blùnt (t7 et f*. Breton (^), cfrott'^^^n^meà^ 
avec ^isi^ùsrelfgiosa'dahs \e Goàdotiand, ainsi t{uè 
âanis rOrissa, suivant Â. Stirling (%)^ puisque dans 
ces pa^s ces trois «arbras sont nommes bar et pipaU 
Cependant il règne encore de l'incertitude sur celui 
dont Heyne fait mention sous la dénomination de 
ficus religiosa , qu*il a vu le long du Godaveri (4)i, 

Sur les bords du }tougU à Calcutta (5)^ Tasvattha' 
se développe dans toute sa vigueur sur les maisons- 
et les murailles antiques. Â.U coin de la rue Clive, 
dans un quartier désert, un asvattha s'est juché sur* 
le toit d'une maison. Ses racines aériennes ont péné- 
tré, à travers la couyerture, dans l'intérieur desi^- 
partemens , et d'après le récit des habitans , y pen^^ 
dent comme autant de frangés rougeàtres.. Un nou- 
veau feuillage et de nouvelles racines se montrent 
sur les murs de cette habitation , de sorte que- 
bientôt toute la bâtisse sera disloquée par leur tran 
vail f si l'on ne prévient pas cette destruction. 

Plus haut f sur les bords dvt même fleuve, près de 
fiénarès, l'asvattha doit parvenir à un développe- 
ment extraordinaire, puisque Ton fait mention de 
quelques*uns comme réellement majestueux. Noua 

(i) Narraiwe ofa rouiHf etc. {Asiqt., Res. t. VII, p, 61.) 
(3) MèdkaltopographyofRcanghur{Transac. ofthemedic* 
soc. in Calcum, t. H, p. 2J^2. ) 

(3) Accouru of Orissa ( AsiaU Re^., t. XV, p. 181 ). 
. (4) Tràctâ on India , p. 336. 
(5) l^^ii;. /diirna/, i8a5, t. XIX; p. 336, 



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94 NOUy^LLE^, ANKAtÊS 

avons prëcédmmeat)doaQé les diajiensions de celii» 
qui est à M aodji|. au-dessous de B^arès, Un peu ai^-. 
dessus de ce^e ville sainte, à une petite distance de 
Mirafepour, et de même à peu près à 4oo pieds 
au-dessus de la mer, on admire un asyattha sous 
l€K[uel une ancienne statue de pierre qui y était 
" adorée depuis plusieurs siècles, a été entièrement 
séparée de son piédestal par les branches et les ra- 
cines aériennes entrecroisées de cet arbre ; elles l'ont 
entourée d'un réseau ligneux et feuillu formant un 
cadre naturel qui ressemble à un produit de 
rapt(i). 

A quelques lieues pi us .haut , encore sur le Gange, 
on voit un autre asyattha que Daniell a . dessiné , 
ainsi que plusieurs autres, dans son magnifique ou- 
vrage intitulé Oriental scenery ÇLonàonj 1796, in* 
folio). Deux troncs de grosseur égale sortent d'une 
racine commune, étalent à une distance prodigieuse 
leurs branches latérales , desquelles pendent des co- 
lonnes, des appuis, des racines aériennes en quantité 
innombrable; quelques-uns de ces supports ont 8 
à jo ]^ieds de tour ; leqr feuillage forme unç vaste 
vpute de verdure qui sert de demeure à des troupes 
nombreuses de singes et de perroquets, et leurs 
fruits insipides et rouges nourrissent ces animaux. 
Nous ne pouvons indiquer exactement le point 

(6) The oriental annual or scènes in îndia , by WilL Da- 
niel!, and Descriptive açcount, by Hob^rt Ganter^ p^^ 184 pi- 



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DES VOTAGËS. 85 

îust[u^auquel Tasvaltha remonte le long du Gange, 
ni dire si aujourd'hui encore on voit Sa forme colos- 
sale dans le Penjab, comme les Macédoniens l'ob- 
servèrent sur les bords de l'Indus. Kous avons de la 
peine à croire que la région de Tasvattha atteigne à 
i^ooo pieds d'élévation perpendiculaire au-dessus 
\ie la mer; du moins il est très surprenant que 
F r. Buctianén^ qui a fait un voyage si remarquable 
dans les contrées itiontagneuses du Deccan, ne parle 
pas une seule fois de cet arbre j soit comme pous « . 
sànt ' naturellement dans les forêts^ soit comme 
planté par la main de l'homme. Le plus considérable 
nque l'on connaisse est le kebbir bar du Nerbeda in- 
férieur dont il a déjà été question. 

Il a reçu son noin de celui d^un santon hindou 
qui, suivant la légende, prescrivit à ses disciples de 
^'enterrer là, dans une île du Nerbeda. J. Fryep, 
médecin anglais , qui voyageait dans ces contrées en 
1680, vit cet asvattha ; de même que les Portugais 
-dé Surate, il le nomme arbor de raïs (arbre aux ra- 
cines). Il dit que 3o,ooo hommes pourraient se 
mettre à couvert sous son ombre (i); certes il n*a 
plus aujourd'hui une si grande dimepsion, suivant 
}. Forbes qui l'a dessiné et Ta décrit en détail. Des 
débordemens du Nerbeda ont emporté de temps en 
temps des grosses portions de cet arbre extraordi^ 
naire qui paraît avoir occupé autrefois toute la sur- 

(1) Npw accoiuit ofEast Indies j p. io5;3. 



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86 HOUY^L^Ç^ .^«Ijr^LES 

iace dç l'île {i){ Qfe qui en r^ste , mesuré tout çpntre 
.le tronq.pli^^ips^ly^ prè$ de !^fOOQ pieds de.. tour ; 
les'br^nchcis pendantes ({ui nq sont pa$ encore arra- 
ch4$Sr>cioMvrent une' étendue bien plus va^te,^. et 
composent. une forêt ^sQuâ laqiifeUe plusieurs' autres 
. firbres fruitiëiis et dVutres yégétauxoQtt>pus^. Sui-^ 
vant Fryer, aucun autre ftrbre 4§ cette cote occi- 
dentale n'e3t comparable à sa grosseur. Ayaiyf: l'f- 
nondation de 1733 f^X rouragan. doqt.eUe fut aor 
compagnée, et qui causa des dégâtses^traordinaires 
dans cette forêt d'un seul arbre, les troues principaux 
de cet asvattbà étaient au n0tnbre de i3^; chacun 
jde çèux-ci se ramifiait de noiliyeau , et s'entrecf^isait 
avec plusieurs festons et p^u$ieODs ré^eaus^. Delpip, 
dit J; Opland (a), il ressembla à une colline d\ine 
(douleur sombre. Autrefois ^^d^ns lies (débordement 
du ^Nerbeda qui le baigne à Test^ tandis qu-un grand 
banc de sable s'alonge en avaqt de son pi^d k 
Vque^l, \\ servait d'asile à beaucoup d'hommes ^t 
d'animaux. Alors les habitans du voisinage sorl^qt, 
ainsi que les troupes de singes, des terrains bas et 
marécageux ji grimpaient sur les étages supérieurs 
de sa voûte feuillue ^ et y passaient plusieurs jours 
jusqu'à ce que la rivière fut rentrée ds^nsison lit^ Lç 
(oit de feuilles impénétrable au^ rayons du soleil j, 

■ i * / / . 

(i) L. c; I, p. 24, JI, p- 39, 246, lit, p. a4*- 
(2) Account ofihe Cornelian mines ( Transac. ofthe Bom- 
hay Society f t. Ij, p. apo. ) , 



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DflS; VOYAGES. 8.7 

même À/Fhieure de midi/ donne une. ombre iraîché 
qi^e iod ne t;*ouve dans aucune uiatson. A la| vérité 
celle du tamarinier T^st encore davantage ^^ mais 
<en même temps elle est pins dangereuse, malgré 
rémapation balsamique de ses feuilles ; l'ombre du 
xQ^uguijer si aimé et si abondant en fruits , est péné- 
trée plu3 fortement par la chaleur du jour et Vo^- 
àfiut résioeus^ de la sève. C'est pourquoi lombre de 
}'psvatthei qui s'étend au loin , et son feuillage épai^ 
attirent sous son abri non-seulement l'homme , mais 
ioutçs sortes d'hôtes incomniodes : des troupes de 
singes et d'écureuils, des volées de perroquets , de 
pigeotis sauvages ^ de paons, et ce qui est' pis que 
tout cela 9. beaucoup de sérpens avec lesquels lés 
.sipges sont perpétuellement en iguerre, enfin de gros 
anûnatix sauvages. J. Forfaës a remarqué que les 
endroits lea plus sombres de cette griande voûte na« 
turelle attirent les grandes ehauve*-souris^ou vam- 
pires plen vit des milliers suspendues pai* leurs 
pattes de derrière aux branches dti kebbir bar, elles 
lui rappelèrent la figure hideuse xlés. harpies. 

L'arbre-fprêt du kebbir bar est devenu poui' les 
Anglais de Barôtche et de Surate, souvent pour 
des semaines entières , un campement temporaire 
dans leurs grandes excursions de chasse. Les bergers 
et les caravanes le choisissent fréquemment pour 
' jabri et des troupes de 6000 à 7000 hommes, s'y 
arrêtent encore aujourd'hui, pour se reposer sous 
son ombre pendant leur marche; et jouir d'une 



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88 ^ irouvsLLES AinrALEs 

fraîcheur agrëaUe. Ce kebbir bar est célèbre dans 
tonte l'Inde; probablement rallégorie^ philosophi-* 
que dont nous avons parlé^^ n'attire plus, comme 
)adis, ceux qui admirent lés dimernsions colossales 
de cet asvattha; néanmoins des étrangers et des 
-pèlerins de toutes les castes y sont amenés , ils er* 
rent avec plaisir dans ces salles naturelles quHl 
forme y ils y apportent leurs offrandes, leurs 
prières ,' leurs vœux; aux grands jours de fêté du 
Jbrahmanisme , arrivent des bandes innombrables 
de djogbis-, de^aniassis, de byraghis ( péniténs et 
moines mendians ), qui desservent le sanctuaire dû 
kebbir bar; ils visitent cet arbre et le temple voi- 
sin dédié à son patron le santon Kebbir , ou Sac- 
cattirab; suivant la légende absurdede ces zélateurs, 
cet arbre n'était que le curedent de ce saint per- 
sonnage. £n £aisa nt des entaille^ aux racines aérien- 
nés du kebbir bar, on obtient une résine qui est 
d'usage en médeciqe; appliquée contre les gencives , 
elle guérit le mal aux dents, (Extrait du tome Y de 
la Géographie de Vjésie f non encore publié.) 

Nons sommes redevables de ce morceau intéressant 
à l'obligeance de notre collaborateur M.deHumboldt. 



Taveroier, en parlant de Tasvattha, le nomme 
arbre des Banianes. Sans doute il a écrit ce dernier 
mot de cette maiiière afin de bien indiquer sa pro- 
Honeiaiion^ On a dû se conformer h cçtte orthographe. 



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1>ES VOYAGES. 89 

BULLETIN. 

« ' ■ • 

ANALYSE CRITIQUE. 



Notes sur quelques cantons âlHoaû recueillies dansun 
voyage fait à cette Ue en 1 855 j, par, le réyé|Cfi^à 
S. W« rianna , vicaire de SaiatTGeorges â la JioaaîV 
que» Londres j i836. 

Il n'est personne qui n'ait uftenoCSon au mains générale 
desiéTénem^is .qui ont amené l'indépendance de Ttied'HaEïti 
ou Saiol^Domingue , nom qu'elle portait quand elle appar- 
tenait à la Franeey âiais^ il en e6t peu qui aient une con« 
Aaissance exacte de son état actuel et des causes qui Font 
produit y car les préjugés et Tesprit de parti ont tettement 
aveuglé les esprits sur l'importante' question de resctafage 
(pi'ils n'ont pu conserver l'impartialité nécessaire pour en 
feire l'examen de sang^frpid ^ et avec le soin qu'elle mérite, 
£t cependant à cette époque si célèbre dans Thistoire des 
colonnies des Antilles, lorsqu'un grand et mémorable es»- 
aaî qui se fait n'a pu encore réunir toutes les opinions , des 
renseignemens précis et complets sur Haïti , oii une popu- 
lation de noirsetde mulâtres devenue libre depuis un asseÎE 
grand nombre d'années , se régit elle-même » répandraient 
sur lespoîntsendisoassiQndenouveUeslumiires quiseraîent 



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(99 ^^^y^^^ ANffilLES 

également précieuses pour le philanbx>pe et l'homme d'état. 

^hêS janvier i&35 , M. Hamia quitta la Jamaïque pour 
aller à Haïti , afin d'y rétablir sa santé altérée par une Ion* 
gue maladie , il passa sur le Thunder^ vaisseau de la marine 
royale, commandé pas la eapitaine Owen^ chargé de re- 
connaître une partie des côtes méri^onaies de cette îlie. 
Quoique le journal de œ re^ptable ecclésiastique ait^é 
écrit à la hâte et eu quelqu« scrrtè par sauts et par bonds , 
nous croyons pouvoir affirmer qu'il n'a jamais employé un 
mois d'une manière plus utile pour le bien de l'humanité 
que celui pendant lequel il a recueilli des notes sur tout 
ce qui lui a paru d jgne d'intérêt à Saint-Domingue. 

' Le'i3 janvier un debdatiots du TKunder attérit à un pé- 
llil'vâlftge k ehTii^od'ti'iebte'^irois milles du cap Tibu>x)n ; 
plusMurs pérconnea ab àombre desquelles se trouvait notre 
auteur 9 descendirent à terre. Elles fusent très bien accueil- 
lies par les habitans , hommes et femmes , qui étaient beau-' 
tf^up i^ux "i^^/ftf . ^u^ f^M^g^^s 4e la Jamaïque , auxjourè de 
ffM¥aiL (^ Mais ^tt 4é{^^ 4^ P^not oq noiia jeta d'une hau- 
teup l^ifi^^y^ue)g^aIvîe: q<taûtité4^.gix>a8ë8 pieii^esy quel- 
quçs-uq^pes^ifWA qp^oudeuxMvceo; ii yen eutquiatteî- 
i;pirentet^)f^r^tplu^e(^*9d'^atre nous, heureusement 
lés efi<^t» dfA m4iti|lots noiaa.eunent bientôt mis hors de port 
.lé^.. ^e dois dire pour aitténuer^ je dirai même excuser ie 
j^r^ d^^resseur^^qq'IUn'étaieAt pasdu nombre de ceux qui 
ï^çm «vaiept bit auparavant upe si bonne réception , qu'ils , 
ig^rai^nt à quelle .Dation, noua. appartenions, et quelles 
pquyaiept être nos intev^tjons* L^ population est depuit 
quelque temps^ et aujourd'bML surtout, dans une viveappré* 
hension de quelque visite ho^tile^de la part des Fran/^ia, et 
on croira aisément que la présence inattendue d'un vaiseèbtt 
de guerre qu'on voyait k un ilsille du rivage, a dû confirme;* 
jeurspjraintesetauUM^iaer leufiattaque.» Poia l'auteur afoiUf 



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DBS VOYJÙiJRS^ ' ,91 

charitablement; cf quoi£|u11.ei)t;paiflpe étre«/ les nègr^qntau- 
trefisistant souffert de la .part desblajacs, que naiurellei^ 
mentik redoutent leur approche.» Dans un aiitre endroit il 
noua priévient «c de n'admettre (ju'a,vec beaucoup de r^nre 
les détails donnés par des étrangers sur le caractère et le^ 
mœurs des habitans, car ils sont. souvent pour la plupart 
écrits .sous rînflueoce.d'un€^,injiuste prévention contre li^ 
nègres et tputjce.qqi les concerne., prétention. d'auleui]|i 
presque générale chez les. blancs de la Jamaïque, v . 

Le. journal de iM^. Hanna est semé d'un bon nombre d'anr- 
tresc^Menrations Judicieuses, ^ la citation suivante doitnow 
dcmner |!opinion la plus favorable du capitaine Owen e| 4? 
son lieulçnant. « Bien ne pouvait nji'â^^e plus agréable que 
jde me trouver dans la conipagnie ^u capitaine Owen et de 
mon excellent ami \p lieutenant Allen avec lesquels je UsfflB 
tous les jours les saints écritures. Le^capitaipe Owen^^l-r 
Jait avec soin- à ce que tous les marins qui étaient sous ses 
ordres satisfissent exactement à leurs devoirs religieux. 9 
A,près,av9ir ifiis. Iç lecteur à^4(ne de qonpaitVjQ notre au-»> 
leur, et sjbs honcu^le^ i^is , r nous allpus^f ntrer dans une 
relation plu^^inti^e avec les habitans d'J^aXti^ . 

«,Nous déb^xjullmes à quatre b^es et demie aur le qof^i 
de la viUe d^.Çayes; .me de la mef à. i^qe petite distancert 
son aspect a beaucoup de ressemblajj^jceaiî^a la partie, occi- 
dentale de Kingston à la Jamaïquetprèsdu quai Sous le Yent^ 
Nous yimes dans le port trois pu quatre bâtimens. ^ voiles 
«Barrées, françaisetaméx'icains^ainst qped^e nombreux canots 
qui allaient et venaient dans différentes directions et «jiontr 
9aienf un. air d'activité à la seèn&j l'équipage de Fune de c^ 
embarcatijK^ps Gomposé^entièrement de nègres s'écriadafiano^ 
tre langue : a Un vaisseau de gueri:e anglais arrive, p je croi^ 
que leur connaissance de l'anglais se bornait à cette phrase. 
Une fonle de noirs.et de mulUtrea était accourue sur lequa^ 



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92 NOirVElXlES AiriCALES 

pôut mr Ui étrangers. La plupart noua parurent être des 
militaire&et nous montrèrent beaucoup de civilité, pliMÎeurs 
étaient convenablement, et la plupart fort bien yétus, et 
rien chez eux n'annonçait la misère et la malpropreté aux-* 
quéfles je devais m'àttendre d'après des récits que Tira par- 
tialité n'avait pas dictés; un grand nombre paraissaient être 
des soldats. En quîttadt le rivage nous entrâmes , sous là 
conduite d'un officier noir, dans une rué parallèle au quai 
et nous suivîmes ensuite la principale rue de la ville oif était 
la demeure' du commandant. Cette rue est large et bordée 
idë grandes maisons en bois oti certaînemenfué se déplpieiit 
pa^ la richesse et te liixe de nos belles villes européennes , 
mais qui ne manquent ^as de propreté et même d'une cer^ 
'taitië élégance. Le r^-de-chaussée est occupé par des 
boutiques où l'on vend toutes sortes de marchandises , et 
prîiîcipalement des cotonnades, des mousselines, dé^ soieries 
généralement de couleui*s éclatantes. Presque toutes lés mar- 
chandés , négresses et mulâtresses étaient en quelque sorte 
parées d'étoffes brillantes d'un prix plus ou itfbins considé- 
rable et garnies dé dentelles ; leur coiffure se composait d'un 
mouchoir de soie d'un beau jaune, 'des souliers de soie 
bleus complétaient leur toilette. J'entrai dans qiielqués-unes 
de ces boutiques pour m'înformer du prir de plusieui-s ob- 
jets, et quoique n'ayant rien acheté, je ne trouvai partout 
qii'bbligea'nce et urbanité. 

« Cômttie nous travefrsions une autre rue un nègre en u ni- 
ibriné appellaà haute voix l'ofïicîer qui nous accompagnait , 
et lui demanda qui nous étions. Celui-ci répondit marins 
ifùn vaisseau de guerre. — De queHe nation? — Atiglais. 
Alors l'interrogateur qui^ nous l'apprîmes bientôt j était le 
capitaine du port , s'écria vous pouvez avancer. A notre ar- 
rivée chez le commandant nous trouvâmes devant ^satnaison 
une garde d'honneur en uniforme bleu qui nou^ parut for^ 



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niée 4e boui^eois ou de mîlicieoak Leur léte était ooiffiée 
d'un i^let en coton ou en laine rouge, et terminé par un 
glan4/ presque tous, étaient assis sur des chaises, et de 
grands bancs. Jl n'y avait point de factioi^aire se prome- 
nant. Nous fûmes introduits sur-le-champ auprès du géné- 
ral qtij se nomme Borgella , il nous offrit poliment des siègfss 
et Qous ipvita à nou$ asseoir. Déjà avancé en âge , il est cor-^ 
pulent et presque entièremcfnt de couleur blanche! , aussi 
nous aurions pu le prendre pour un véritable blancsi noifs 
n'avions pas été assurés du contraire. Son appaitement 
était bien meublé quoique le mobilier eut plutôt de Téclal^ 
qu'une valeur réelle} la tablette de la cheminée poin- 
tait une t|*ès belle pendule de fabrique française*, plu- 
8ieui*8 gravures asses bonnes représentant Napoléon , étaient^ 
suspendues aux murs. Le général nous ût remarquer dans 
l'antichambre un polirait de Christophe Colomb ; par un 
ancien maître ; il nous dit qu'il avait trouvé ce portrait dans 
la.irillede Santo-Domingo , quand il 7 commandait, on 
le lui avait depuis renvoyé de France , où il l'avait envoyé 
pour être gravé. }» "* 

a Le capitaine Owen avait des lettres du secrétaire d'état 
au département de la marine , pour le président de la répu- 
blique haïtienne , lesquelles invitaient ce gouvernement k 
lui donner toijite l'assistance possible dans la mission qui lui. 
était confiée, et lorsque nous apprîmes au général que le» 
Anglais débarqués sur un point de la côte avaient été assail* 
lis^àcoupsde pierreS', il s'empressa d'assurer le capitune 
qu'on allait prendre des mesures promptes et efficaces pour 
empêcher le renouvellement de pareilles insultes. y> 

L'auteur a eu de fréquentes relations avec plusieurs na-, 
turels militaires et bourgeois ; il assure que presque toujours 
il a reconnu qu'ils étaient intelligens et bien instruits des 
choses qui les intéressaient. Us ne cachaient pas les viye& 



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94' MODV£LL£S ÂimAtÉS 

». 'Y . , . . . 

ifiquiétddefli qutB lent inspirait une escadfe -franeaiflie qui' 
d^oisaiUdans les mers voisines , 6t cra%naientde8 actes d'hos* 
tifité de la part. Où sait que suivant un traité passé entré' 
CharlesrX et la répubKque d'Haïti ^ la France ff ebusddfi ^ 
moyennant la somme de i5o raillions payable en cinq ter-*- 
mes, d'abandonner toutes ses^rétentibns sur cette lliey^ âë 
recokinaitre son indépendance. Depuis dix ans il- n*a 4bà 
acquitte qu'une très petite partie de cette detle, et néan- 
moins il ne parait pas jusqu'à présent que le goUverilemènt 
français veuille employer la force pour parvenir à Fexëcu^ 
tion du traité; mais les naturels semblent redouter qu'il 
n'ait enfin recours à ce mojren extrême. 
' M. Hanna apprit d'un M. Tovrning, Anglais établlaux < 
environs des Giyes , qu'on ne se livre presque plus dans* le 
pays à la culture du sucre , elle est deVenue à peu près 
nulle 9 les principaux objet:; d'exportation sont- le cafiSet 
le iiois d'acajou. 

Citons divers passages de notre auteur, parce qti'îis péi^ 
gn'ent les Haïtiens sous des traits caractéristiques. 

<c Hier soir, M. Roberts , noire hôte , nous affirma qdi'oH 
peut voyager en sûreté dans tout le pays, la bourse hieii 
garnie , et sbn témoignage est d'autant moins suspect, qu'en 
général ses préventions le rendent peu fiivorable tint n^res; 
voici sès propres expressions : Je pourrai» aller d'ici au 
^rt au Pk*ince, voyage qu'on ne fait qu'entrons jours à tra- 
vers les montagnes , chargé d'un millier de piastres, sans 
la moindre crainte , quoique les routes*^ les moyens d^ 
transport laissent beaucoup à désirer. 

ce Le ' docteur Daglish , m^ecin, qui dtnait hier avec 
nous, aime avec passion la chasse ; la veille il avait abattu 
trois ou quatre couples de bécassines ; un de ces oiseaux ftlt 
réclamé'par uu nègre ou mulâtre qui chassait de' son côté , 
et qui prétendit que c'était lui qur l'avait atteint; ledocleur 



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DES VOYAGES. ^5 

qo\ avait réellement tué la bëcasaîne , reprit aussitât : Yoas 
l'avez tuée , m'assurex-vous? alors metlez*-la dans vMre èar- 
nasaîère, et ^u'il n'en soit plus question. i> Tons ceux qui 
étaient présent s'accordèrent à dire que c'est ainsi qu'il faut 
se conduire avec les Haïtiens. Lorsqu'on les voit disposés à 
commettre un acte de violence ( chose rare à la vérité ); il 
est sage de céder ; car on a la tète dans la gueulé du lion , 
et il n'y a pas assez de fermeté ni d'impartialité dans les au- 
torités, pour couvrir de leur protection l'imprudent qui 
tenterfflt de réôster. 

« Les blancs sont , à certains égards , une race proscritd. 
Un blanc ne peut posséder ni terres ni maisons dans llle^, la 
. loi est formelle sur ce point. On m'a assuré aussi , mais je 
n'^i pu vérifier le fait avec certitude , qu^ùne iTégresse ou 
une mulâtresse qui épouserait un blanc , perdrait par cela 
même son droit de cité. 

' ce Les exécutions des criminels ont lieu de la manière la 
plus barbare; il sont fusillés > mais leur supplice est sou^ 
vetit d'une longueur extrême , parce qu'on place le con- 
damné aune grande distance des soldats ^ il seift de point 
de mire. Demain un homme sera mis à mort de cette ma- 
nière pour avoir^ de dessein^prémédité y .brûlé une maison. 
J'ai appris cette particularité de MM. Roberts et Daglish, 
et je n'ai aucune raison de mettre en doute leur véracité, v 
La population des Cajes , sous le point de vue religieux 
et moral, est dans l'état le plusdéplorabley et diaprés l'aveu 
*• de M. Hanna , pire encore qu'à la Jamaïque. Il n'y a point 
dechef ecclésiastique dans l'île. Aux Cayes, qui passent pour 
être la seconde ville d'Haïti , on à établi à la vérité une 
école publique pour les enfans des effiders de l'armée , 
mais elle est très peu fréquentée. 

Noti*e auteur préfère la ville de Jacmel aux GayeSi biei> 
que les rues et l«s chemins y soient affire\u; ; les boutique»' 



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g6 novvMhtss aubtaijbs 

sont d'une grande propreté, et souvent même le^r arraii^ 
gement intéi*ieure ne manque pas d'une certaine élégance. 
DaQs quelques-unes, On débite de9 denrées, et dan$ les aii« 
très toutes sortes d'étoffes et de marchandises, et surtout 
l^eauçoup de parfumerie. M. Hanna a trouvé les habitans 
deJacmel polis, doux, obligeans, Êiisanteomme les Ft^an- 
çais, tous leurs efforts pour comprendre et mettre à Taise 
les étrangers. Hommes et femmes sont d'une extrême .mo-» 
destie dans leurs habillemens , tandis qu'à la Jamaï^iue la 
population noire est presque nye ; à Jacpiel , les classes les 
plus pauvres même spot vêtues décemment, et les pei'son-- 
lies rjicbeset aisées avec quelque icecherche. Les femmes^ qui 
comme partout ailleurs, aiment 1^ parure , donnent la prëfé^ 
rence aux couleurs éclatantes. 

Un tiers au moins de. la population parait voué au ser- 
vice militaire^ mais le soldat est mal armé et mal équipé; 
l'uniforme d'un bleu pâle est souvent en lambeaux , et le 
fusil en mauvais état. En général la mise de ces guerriers a 
quelque chose de grotesque, et 'quant à la dieeipline^ 
M. Hanna n'en fait pas l'éloge. 

« Ce matin en me promenant à cheval dans la campât-* 
gne, je rencontrai à peu de distance de la ville un soldM 
de cavalerie avec son justaucorps bleu, et son chapeau 
d'uniforme , il était juché bravement^ non sur un cheval , 
m^is sur uti baudet , ses pistolets placés dans kurs fontes 
étaient , comme à l'ordinaire , en avant de la selle ; un peu 
plus loin je vis venii* de mon côté un officier au grand galop 
sur un bidet un peu p^us grand que son écujer, dont les 
pieds touchaient presqu'à terre. Ce petit quadrupède avait 
une selle neuve d'uniforme, une immense housse de couleur^' 
écarlate serrée avec.des cordons d'un beau jaune couvrait 
les deux tiers de son dos et. de ses flancs , et .les fontes des 
pistolets revêtus jd'une peau dé léopard cachaient entière- 



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DES VOYAGES. C)7 

ment ses épaules ainsi qu'une bonfte partie de ses jambes de 
devant. L'officier; malgré la rapidité de sa course^ eut la' 
politesse.de me sahier militairement, et en se penchant 
même en avant sur Tarçon de saWUe; ces deux militaires 
étaient, entièrement noirs. 

ce Ce soir je suis allé à cheval , sur la place qui est en 
face de la demeure du président , un corps de troupes qui 
y faisait l'exercice me parut manquer d'expérience , car il 
ne manœuvrait pas mieux que la milice de la Jamaïque , 
lorsqu'elle passe sa revue mensuelle. Cependant les Haïtiens 
sont un peuple de spldats , j'ai déjà remarqué qu'un tiers de 
la population était appelé au service militaire , j'aurais Ad 
dire les deux tiers ; Mais quels guerriers que ceux qui , en 
• faction , restent nonchalamment assis avec leurs fusils à côté 
d'eux ou entre leurs jambes. Je puis affirmer que cet 
, usage est général , et à tous les postes il y a des chaises des* 
tinées aux sentinelles. D^ailleurs ce détachement n'était 
pas y pour l'habillement et l'équipement / dans un état plus 
brillant que ceux que j'avais déjà vus dans diverses occa- 
sions. Il y avait des soldats en pantoufles, d'autres por-. 
taient, des espèices de mules de bufle, et plusieurs même 
u'avéientni souliers ni pantoufles. La musique, qudqu'elle 
ne fi^t pas bonpe , était meilleure que je ne l'avais suppo-. 
se , d'après l'aspect des soldats manœuvrant dans les rangs] 
<( .Le bataillon qui avait paradé la veille , se trouvait au 
degré d'instruction que j'avais présumé y car on lui com- 
ms^nda quelques mouvemens, marches et contremarches 
des plus simples qu'il exécuta avec aussi peu de régularité 
qu'un corps de recrues. Les officiers, à de nombreuses excep7 
tions près , n'avaient pas une trop mauvaise tenue. 11 y eu 
avait un absolument en face de moi à la tête d'une compa- 
gnie qui me divertit beaucoup. C'était un petit nègre d'en- 
viron cinq pieds deux ou trois pouces anglais et à*\\n^ 

(f836.> tomt: iy. 7 



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^8 NOUVELLES AT!yi!fALÉ^ 

soixantaine d*annéç8 , qui avait tout le earactëre de lif figtti'il 
et les traits bien prononcës'd'un Africain. Il portait un vieux 
chapeau retapé sovis lequel était roulé autour deea tête Té-i 
ternel mouchoir de madras. Sock habit et son pantalon , ja^ 
dis bleus , avaient changé depuis long-temps leur couleui^ 
primitive contre une autre difficile à définir et qui appro- 
chait de la couleur de la suie ; * sctn côté pendait une toutes 
petite épée mince comme ceile d*on enfant , et quelques so* 
lutiouaide continuité au fourreau laissaient apercevoir dos 
portions de knle rouillée; enBn en: guise d*épaulette f<oU 
épaule étaU décorée d*un vieux morceau de grosse laine 
tricotée, 

« Le général qui trottait à Tamble dé son bidet dans le 
' milièli de îa place , etit bientôt terminé ee qu'il voulut bien 
appeler une inspeclian , et se retira chez lui^ à mesure qu*fi 
passait le long de la ligne , les soldats lui présentèrent tes • 
armes, et il fut accueilli par un vacarme épouvantable dér 
trompettes et de tambours. J'ai remarqué que les Haïtiens 
avait une sort^ de passion pour ce brdyant instiniment , et 
y étaient (ort habiles, ce qui n'est pas étonnant^ car ils né 
cessent de»')r exercer depuis le matin jusqu'au soir , c'est ^tl 
roulement cootinutl. 

ce Combietn de choses dans ce pays présentent d^s' con- 
trastes bisarr^ft et compléta, au moins aux ym\x dhm 
étranger, et m'ont rappelé ke tableau de la tenta ^n de 
saint Antoine oii. te pinceau de Teniers s'est plu à créer 
tant d'ab|ets Ëintasques. J'ai vu des officiers tout brillans 
d'uniformes magnifiques et chargés d'or se promenant av^c 
des camarades couverts à peine de leur ehétif habit bleu , 
bien usé > bien râpé , et que des mendians oseraient à peine 
porter en Angleterre , réqui|)ement étant d'ailleurs parBii-^ 
tement ^ harmonie avec ce misérable vêtement. J'ai vu des 
cavaliers montés sur des âne» avec de superbes housses âe 



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tl^utéur écârlâte et des peaux de léôpabd siir lès fontes deê 
{>istoletâ ; des hommes qu'on prendrait pour des militaircfs 
remplissiatit des fonctions civiles*, par exemple deâ génërâut 
tenant des cours de justice , et des employés aux douanes > 
des capitaines de ipott, des colonels, et des blancs occupés 
d afFaii'es cominetrciales , vivant avec une grande somptun^ 
site dans des maisons qui , d'après la loi haïtieni^ ne leur 
appartiennent pas, mais sont à dés femmes qu'ils sont 
censés aVôir épousées; enfîn des nègres presque partout où 
ailleurs on est accoutumé à n'apercevoir que des blancs, "b 

Parmi de nombreuses dtations à l'avantage deis Haïtien^ 
let qui doivent faire concevoir lés plus douces^ espérÀiiceS 
sur l'avenir de ce peuple encore au berceau de là civilisa- 
tion , nous choisirons un trait du général Borgella > un de 
ses principaux chefs ^ qui peut servir de modèle à ses corn-» 
|)atriotes. 

<( Au mois de février 18.1 3, sir James ITeo^ qui commàn^ 
dait le vaisseau da toile Sbutkamptén, s'empiai'è^ après un 
engâgemei^t' àsse^ vif, d'une grosse fiégate hàïlieùne qu'il 
amena à Port^Royal , à la Jainafque. Ce bâtiment f qui 
appartenait à Borgella et à ses associés , avait à bord uA 
régiment qu'crn transportait d'un point de l'Ile à un autre. 
Borgella se ti'ouvait absent' du lieu où il coimnandait , 
lorsqu'on y apprit la prise de la frégate qui n'avait abaissé 
son pavillon qu'après avoir perdu beaucoup de mondé. A 
cette nouvelle/ toute la population entra en fureur ; où se 
saisît des Anglais qui demeuraient dans la ville , et on les 
conduisit à la placé destinée aux exécutions. Déjà même , 
dit-on, on avait distribué des cartouches aux soldats qui 
devaient les fusiller > Iprsque heureusement il s'éleva une 
discussion qui retarda le supplice. Le général Borgella 
arrive , et ordonne sur-le-cbamp de mettre les Anglais en 
Mberté et de leur restituer tout ce qui leur appai-tenait. 11 



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f OO WOr VJEIXES ANNALES 

savait qu'ils n('ayirî€a!it partici:pé en rien à la conduite dé sir 
JimesYeo, et il était trop Juste et trop humain pour lès 
punir d'un attentat auquel ils étaient entièrement étrangers» 
Telle fut la noble conduite d'un naturel d'Haïti , d*un des- 
cendant de ces malheureux Africains auxquels on ne veut 
reconnaître aucune vertu. Je n'ai entendu dire que du 
bien de |je digne général, et tput le monde s'aècordè ^ 
chanter ses louanges ; s'il survit à Boyer, il est probable 
qu'il sera élevé à la présidence , car aucun autre personnage 
ne jouit dans l'île d'une estime aussi générale. Quant a mo), 
j'avoue qu'il m'a inspiré la plus profonde vénération , et je 
regarde comme up honneur d'avoir eu avec lui des rapporià 
intimer dont je me féliciterai toujours et que je n'oublierai 
jamais* 

a Ce fait m'en rappelle un autre qui prouve que dans ti-ne 
position inférie^ure, cette race de noirs si tâlomniée^ eut 
tout audsi susceptible de sentimens généreux que |es aiiires 
hommes. Le lo juin 1770, la ville du Port-au-Prince fut 
renversée de^fond en comble par un horrible tremblement 
de terre!* Les habitans d'une des maisons principales pri- 
rent la (\i\\eA%ec la plus grande précipitation, à l'exceptiore 
d'upe i^égresse qui allaitait un enfant de son maître, et qui,, 
malgré la chute des murs qui tombaient avec fracas , ne 
voulut point, abandonner son nourrisson. S'élançant vive- 
ment auprès de son berceau, elle étendit ses biai au-dessus^ 
.pour le garantir de tout accident. Le bâtiment s'écroula 
jusque 4a us ses fon démens et la couvrit de ses débris qui 
d^yai<çnt écraser ces deux infortunés; mais la courageuse 
femme couvrait l'enfant de son corps et le sauv^ ainsj aiiîL 
dépens dç sa propre vie. » {Monthly: reyiew,} 



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DES VOYAGES. lOT 



MÉLANGES. 

Rapport ducapitaine Tréhouarl,a S. E. M. le mi- 
nisère de là marine. 

a J'ai eu Thonneur de vous rendre compte, d^ns mq pré- 
cédent rapport y de l'arrivée de la Reçîierche à Reikiavik, 
et de rinstallation de la<:ommission scientifique sur ce poiut. 
Le a juin y M. Gaymard étant pourvu de tous les objets qui 
pouvaient assurer le succès de l'exploration qu'il était 
chargé de.(}ifiger^ je le. quittai ^ et fis route vers le N.-O. 
de l'il^y oiije ralliai le^ bâtimens de pèche. Après être resté 
quelques jours au milieu d'eux,, je me rendis à Djre-FrioQd, 
afin d'y re^iplaQer n^qi) ej^u, Lç hasard me fit trouver dans 
cette baie Is^ galiote hollandaise le William I^^y comman- 
dée par le nqmqié Jacob Ys^uQulen. Ce capitaine avait l'an-' 
néedernièi^e, pour second^ le nommé Pierre De Goëde, qui 
fit au capitaine français Frédéric le rapport que j'eqs.. 
l'honneur de vous' ^dresser quelque temps après mon re-- 
tour, et dans lequel il déclarait avoir vu so^br^r un brjg 
de guerre français, le â8 août i833^ à quelques milles au, 
large du cap Staalbierg. Le capitaine Yanculen m'assura^ 
avoir souvent entendu parler de ce naufrage àJQeOoè'df^ 
et m'apprit que le bâtiment sur lequel ce, marin était em- 
barqué en i833 étaitxommandépar le qommé Tunus Van^ 
deflet^ et que son armateur était M. Hoguedinçk^ de.Ylar- 
dingen ^ petit port sur la Meuse ; que ces deux marins n'ér 
taient pas en Islandç cette année^ mais que^ faisant la p^che 
(laps la mer du Nord y il serait facile à leur retour^ au moi ^ 



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102 NOUVELLES ANNALES 

d'octobre, d'obtenir d'eux de plus amples reoseigDemeiiSw 

a Apres avoir de nouveau rallié les pêcheurs^ et m'étre. 
assure que la présence de la Recherche n'était pas, pour le 
moment, nécessaire au milieu deux, je. profitai, le i4 au 
soir, d'une brise favorable , et fis route vers la côte occi- 
dentale du Groé'land. 

« Quelques rcnseigneoiens quç j'avais pu' me procurer à^ 
Cherbourg et à Reikiavik m'avaient appris que Frédérics- 
dal, que je cherchai inutilement à atteindre l'année der- 
ni^rç, n'était pas un port, mais simplement la résidence de 
deux frères moraves ; que le premier établissement danois 
situé sur cette côte était JuKancnshaàb \ mais que Tabord de 
ce port était presque toujours impraticable directement, à 
cause des glaces; et que, pour y parvenir, il fallait remon- 
ter jusqu'à Frédéricshaab , et ensuite , avec l'aide d'un pi- 
lote , redescendre la côte par retrait espace laissé entre la . 
terre et les glacçs. 

<x Ces renseignemens , joints à l'espoir que m'avait donné 
M. de Krieger, gouverneur d'Islaode, de rencontrer à 
Frédéricshaab le capitaine de la marine danoise Graah , 
qui , pi u& que personne, était à même de m'éclairer sur les 
recb^'chcs qua j'étais chargé de faire , me décidèrent a mei 
diriger directement vers ce dernier point. 

a Servi par un vent favorable , j'atteignis le méridien du 
cap Farewell le 21; mais de cette époque au 29, les vents et 
lescourans contraires ne me pei^mirent de faire que très peu 
de chemin. Le 3o , étant à vingt cinq lieues au large de Fré-: 
déricshaab, j'eus connaissance des premières glaces. Je 
passai toute cette nuit et une partie de la journée du 1er juil- 
let à louvoyer entm deux bancs qui laissaient un espace 
d'environ deux mille entre eux. Dans l'après-midi, la brise 
qui s'éleva du nord me permit de faire bonne route à l'est , 
en prolongeant et laissant à petite distance sous le vent un 



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^nc de placée. La partie du vent moins embarrassée lais- 
fait quelques espaces libres. 

« ^, huit heures du soir, je fiis arrête par un banc qui , 
§e dirigeant du nord au sud , me ban-ait la route. Après 
m'étre assuré , du haut des mâts , qu'il se trouvait de Teau 
(ibi'e de l'au,tre côté , et que les mok*Geaux de glace n'étaient 
pas tellement serrés qu\l ne fôt possible d'y trouver un pas- 
sage , je me décidai à franchir cet obstacle , et , en moins 
d*un quart d'heure , j'en viens % bout sans accident. Je fî& 
ensuite quelques lieues vers la terre, et rencontrai encore 
U9 banc que je ne jugeai pas convenable de franchir au 
commencement de la nuit et je mis*<en travers dans l'espace 
libre que je venais de laisser derrière moi. 

a Le 3 y à trois heuras du matin , cet espace libre n*exis- 
tait plus ; les bancs de glace s'étaient tellement rapprochés 
que le bâtiment ç^ était environné de toutes parts , et qu'il 
devenait presque impossible d'éviter les abordages.. En cher^ 
chant un endroit plus libre « et traversant à cet effet ua 
banc très-serré, /«st. JR^cA^re^e aborda rudement une glace ^ 
«t quoiqu'elle ne fît paa d'eau j^ j'eus lieu de craindre , vu la 
violence du choc, que sa carène n'eu fût endotnmagée. 
A huit heures du matin , louvoyer devenant impossible au 
milieu de tant d'éçueils, et mettre en panne impraticable à 
cause des porfe-haubans que les glaces, sur lesquelles le 
bâtiment dérivait avec force, menaçaient d'enlever, je pris 
le parti d'amarrer sur l'une d'elles; mais à peine les hom- 
mes qui étaient allés fixer le grappin étaiéïit-ils réembar- 
qués dans le canot pour apporter le bout du grelin à bord , 
que la glace se rompit en plusieurs morceaux , et occasiona 
la perte du grelin y dont le canot fut obligé de laisser aller 
le bout. 

(i Cet accident , dont plusieurs hommes avaient manqué 
, 4'étire tes victimes, me força de rester sous voiles, et pen- 



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104 NOUVELLES Ain^TALKS 

dant loute cette journée tous nbs soins fUrent apportés à 
éviter les abordages. 

ce Jusqu'au soir /malgré une brise très fràiche^ la mer 
resta belle; mais^ vers huit heures, nous remarquâmes 
uae houle venant du nord qui , dans peu de temps , devint 
très forte. Dès ce moment ^ les glaces commencèrent à se 
mettre en mouvement , et à minuit toutes couraient au sud 
avec plus ou moins de vitesse! Je jugeai^ au remous que 
plusieurs d'entre elles faisaient, qu'elles avaient au moins 
trois ou quatre milles de sillage à l'heure. Cette débâcle de 
glaces rendit notre position encore plus critique ^ en aug- 
mentant la difficulté d^iter les abordages/ que la grosse 
houle qui régnait eûjt rendus très dangereux. 

a Le 3^ à midi^ la mer devint enfin plus libre ; il ne resta 
plus au large du bâtiment qu'un certain nombre de très 
' grosses glaces assez espacées pour permettre de naviguer 
entre elles ^ mais la partie de Test resta encombrée de bancs 
très serrés, dans lesquels je ne jugeai pas convenable de 
m 'engager^ et je me décidai à attendre un moment plus favo? 
rable pour accoster la terre, dont je n'avais pas encdre eu 
connaissance. 

ce Les 4 et 5/, je louvoyai à petits bords sur la côte de 
cette banquise^ m'apèrcevant avec plaisir qu'elle dimintiait 
sensiblement en largeur. Le 5, à huit heures du soir, j'a- 
perçus la terre à si^ lieues dans le|nord de Frédéricshaab ; 
mais, pris daps le calme, ce ne fut que le lendemain que je 
pus expédier un pêcheur esquimau au directeur de cet éta- 
blissement, pour le prier de m'envoyer un pilote. Dans la 
soirée du 6, après avoir parcouru le grand nombre d'étroits 
canaux que forment les îles qui avoisinent le port^ la Re-^ ' 
cherche mouilla dans une excellente rade, et à l'abri de tout 
danger. 

te Je reçus de M. Moller, directeur de cet établissement, 



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tl&S VOYAGES. |o5 

raccueil \e plua bienveillanL II m^apprît d'abord que 
M. Graah ëtait è Goodhaab, colonie siiuée à soixante lieues 
plus nord. Je lui présentai ensuite une lettre de recomman- 
dation que M. de Krieger avait bien voulu me donner, et 
dans laquelle il exposait le but de ma mission. M. Moiler 
ignorait totalement la disparition de la Lilioise, et n'avait 
jamais entendu parler de ce bâtiment. £tant en fréquentes 
relations avec les autres établissemens, et surtout avec celui 
de Julianenshaab, il me donna l'assurance la plus formelle 
que si quelques renseignemens i^elatifs à la Lilloise étaient 
parvenus sur ce point, il en aurait eu connaissance tout de 
suite. Ce fait me fut confirmé quelques jours après par l'ar- 
rivée de M. Wolf , assistant du directeur de Julianenshaab, 
qui me déclara aussi ne rien savoir sur le sort de la ■ 
Lilloisep 

m Je priai M. Moiler, qu'un séjour de douze années sur 
C(\tte côte mettait à même de m'éclairer, deme déclarer fran- 
cliement ce qu'il pensait de la possibilité qu'aurait eue l'é* 
quipag^ de /a Lilloise de parvenir jusqu'aux établissemens 
danois ; et je ne puis mieux vous faire connaître sa manière 
de penser à cet égard , qu'en mettant sous les yeux de 
votre Excellence la traduction libérale d'une lettre que 
M . AJoller écrivit à M, Krieger, en réponse à celle que je 
lui apportai. 

ce M. le gouverneur, le capitaine Tréhouart m'a prié de 
(1 vous exposer^ par écrit, ce que je pense de la possibilité 
(( que réquipage du brick la Lilloise ^it pu se sauver; 
(( et c'est par cette raison que j'ai l'honneur de vous décla* 
(( rer ici que, quoique l'événement ne soit pas vraisem- 
a blablé, il n'est pas tout-à-fait impossible que quelques 
(c hommes de l'équipage de ce brig aient été assez heu-» 
if. reux pour parvenir par les glaces jusqu'à la cote orieo^ 
^•tale du Groenland, surtout s'ils étaient munis d'embar- 



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« C4»tim$ I4gèrt9, de pi*ovisioiis néceuairet^ et de v^mettib 
f[ .eq igi*9»de quantité pour les garantir du froid pendant; 
« un U*ajet de |>lusleiu^ jâurs sur les glaces^. 

<c Si qulquesruns, de cette maiaière, avaient été asses; 
€( beureux pour gagner la terre, il n*e6t pa» impossible 
^ .qu'ils, aient pu avec des circenstanoes favorables, ptasser 
Kl en canot le long des côtes jusqu'à Frédéricadal; et il n'j 
«.a .pas d^ doute qu'ils auraktnt trouvé sur cette route. 
« piuaieurs liabitans de la partie orientale, desquels ils 
ic auraient été assistés poui* pouvoir continuer leur route.. 

«c A cette occasion, j'ai eu l'boiineur de dire à M. le capi^- 
«..taine:. qu'il n'y a pas de doute que si le» naufragés étaient 
fc assez heureux pour parvenir à Julianenshaab^ils seraient 
« traités. par les employé» danois de la meilleure manière, se-, 
ce Ion les circonstances et les arrangemeus de l'endroit, et, 
a .qu'une relation, en ce cas^ serait faite tout de suite à là di-« 
« rection royale du commerce du Gro^land àCopenha- 
« gue ; et, par elle, à l2^ légation française. 
/ a Quoique je ne doute pas que ^inspecteur du Sudr- 
« Groenland ne donne tout de suite des ordres au chef de la 
«c colonie Julianenshaab , de surveiller s'il se trouve dahs^ 
« cjon district des traces d'un bâtiment naufi-agé, je ne man- 
ie qu^rai pourtant pas, par la première occasion, de lui en, 
« adresser l'avis, non-seulement pour que cet employée 
(K puisse, même avant l'arrivée de l'hiver et la rupture des 
a communications, faire des recherches nécessaires, mais^ 
a surtout pour qu'il puisse trouver l'occasion, peut-étte en- 
ii core dans cette année, de mettre les habitans de la partie 
a orientale du Groenland, qui visitent la colonie en au», 
c tomne, en connaissance de la perte de la Litèoise, et de 
« leur donner les instructions nécessaires, dans le cas où ils, 
« feraient eux-mêmes^ ou leurs compatriotes, quelques dé- 
<c couvertes. » 



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9%S VOYAGES. ^ lO^i 

il Âiis^tôl mou arrivëiB à Fvéd^icshBA , j'écrivis à 
Tfi.'bH* G^j^ah et Holkbul, Tua dii'ecteiirel l'autre inspec* 
tei^r-^ei^éral du Groeoland. Je leur, fis connaître le but de 
ma iaias4Qn , et leç priai de vpiiloir bien me communiquer leur 
manière 4^ voir 8ur Tespoir que nous oonaervicifis encore de 
revoir c^i jour nps malheui^eux compatriotes. Je pouvais avoii' 
leurs réponses dafis douze jours çt je. réflmlna de les attcn*^ 
4:|re. Mais> le i^, ^yantapprip que ces messieurs avaient 
quitté GfQCMlhâiab, ^t^ faisaient dans le nord une tournée qui 
les. mettait daf^s rimposait>ilité de recevoir mes lettres avant 
la, fin d'ao|!kt^ je ine déteruùiiai À opéi'er mou retoijir en 
Islande, et priai M. Molles dl9 madreffser leurs réponses 
par la première occasion. 

a L'année de^^nièpe fut extrémemoat -rude sur cette côte t 
le bâtiment destiné pour Frédéricsliaab y fut bloqué par les 
glaces depuis le lupis de juillet, et foircé d'y passer Tbiver ; 
celui de Juli^iti^naiviabsaprèsçivoir attendu à Frédérksfaaab 
pendant cinquante-cinq jours que le passage fût ouvertj 
Çnit par se perdre avai>t d'atteindre sa destination. 

ce J^ profitai du séjour de la Recherche k Frédéricshaab 
pour faire visiter sa carèpe. MM., de Cotenson, lieutenant 
de frégate , et Le Durier, maître calfat, qui, malgré une 
lepipér^ture à zéro, ploogèreut plusieurs fois, me ron-* 
dirent compte que l'étrave était fortement endommagée, à 
six pieds au-dessous de la flottaison; qu*une écbancrure de 
plus de deux pieds y avait été faite par la glace, et qu'elle 
s'étendait en profondeur jusqu'à la rablure, laissant à dé- 
couvert les abouis des bordages, I>ans Vimpossibilité de 
réparer une ayarie aussi gr^ive^ dans un port dénué de toua 
les moyens nécessaii^, je me conteptai d'y appliquer un 
prelart lardé, espérant que le bâtiment, qui n'avait pas fait 
d'eau jusqu a ce jour, cQntin,uei:ait à n'en pas. faire. 

(X Le 2 1 ^ je quittai Férdéricshaab, laissant à M. MoUer le 



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io8 irouyKLÊBs • animales 

numéro des Annales maritimes dans lequel se trouve irrtév 
ré» la loi quiaccordeupe récompense à celui qui ramènera, 
&à France tout ou partie de l'équipage de la Lilloise. Après, 
avoir employé d^uz jours à^ traverèer la>aoquise^ que je 
trouvai heureusement peu séirée, je me ditîgéaî sur i^s- 
lande, et j'atteignis Dyr^-FioFd le 7 aoèt. Je paisat quel- , 
qoes jours dans cette baie^ afin de procurer quelques vivre», 
frais à mon équipage^ et le 1^, je repris la mer et rejoignit 
lespécbeurs, que je ne trouvai plus qu en très petit nombre, 
sur cette côte, presque tous aérant profité d'un coup de 
vent de sud peur gagner la partie orientale et être plus 
à même d'opérer leur retour à Dunkerque vers la fin du . 
mois^ 

a Le 30p me trouvant seul siir la côte occidentale, je me/ 
dirige^ sur Reikiavik, où je mouillai le 21. Ilf. Gajmard, 
retardé par la neige, n'amva que le â8; ainsi que les mem*. 
bres de la commission. Toutes les dispositions pour le dé- 
part furent immédiatement prises, et le 3 1 la Recherche sm-\ 
rait pu mettre "^sous voiles, sans la violence d'un coup de. 
vent du' nord qui ne lui permit de quitter Reikiavik que 
le- 3 septembre. Contrarié par des vents d'est à l'entrée de la, 
Manche, ce. ne fut que le 37 qu'il me fut possible d'atteindre 
Chei:i)Ourg. Pendant cette traversée, l'avarie de l'étrave 
s'est considérablement accrue ; le bâtipaent ne fait cepen- 
dant pas d'eau. 

i<c M. Gaymard a exploré, cette année, avec la com- 
mission scientifique, le sud, l'est et le nord de l'Islande. 
Ce voyage, long et difficile, dans lequel 4^4 lieues ont été: 
parcourues, a produit des collections très considérables 
en histoire naturelle, en objets d'art et en liyrcs islandais, 
(c Pendant le cours de cette campagne, qui n'a pas été 
sans dangei*s réels, le zèle et le dévoûment de l'état-majoi: 
et de réquvpage de la Recherche ne se sont jamais démentis^ 



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DES VOYAGEIÏf . lOff 

Comme 4 année dernière,. M^ Mignet s^est occupé d observa- 
tions météorologi(|ues ; MM. de Coi^nulUery de Cotensoti et 
d'Ëclanches ont employé leiir temps eq peignant les gUces^ 
sous différens aspects. . ! . ^ ,• - 

<c La pèche a été bonne cette, année. Je n'ai point evt. 
d'actes d'insubordination à réprimer. J'ai ei\ Vhovaievkv de. 
vous rendre compte du naufrage du dogi'e la Jeume-^F/^-^ 
çaiseéX de la rencontre que j'ai fait^ à Reikiavikdu teetet 
de son équipage que J'ai d'abord recueilli, et ensuite' dirigé 
sur Duukerque. Le dogre les Jeunes Sceurs, dans un'coupi 
de mer qu'il a reçu, a perdu sept hommes qui se trou- 
vaient sui* le pont ; le reste de l'équipage a été sauvé aîi titi0* 
ment où les Jeunes Sœurs coulait bas. Ces sinistres, et plu^« 
sieurs autres dont j'ai entendu parler sans pouvoir lés- coi^*- 
tater, proviennent de l'arrivée trop prompte des^^heuns; 
sur la câte. Plusieurs abordent da^s les premietfti09f9.de 
Hiars, et avec des nuits encoi^ longues, sont exposés à 
essuyer les coups de vent si violens dans ces pi^^ges; Ik 
serait donc à désirer que le moment de l^ur^.^épairt.^ 
France fôt fixé^ et, d'après ce que . m'ont aft^ui?^ ^Mi^ui!a 
capitaines expérimentés, le 90 m%rs s^i^t ^ç ^poq^». 
favorable et tendrait à améliorer la pécl^). en empêchant» 
la destruction du frai en même lemps; que celle du j^^e^t^* 

«• J'ai. rhonneur^ etc. . vmaop^vyi^ii' ' 

Foyage à la côte orientale de la C^dney^ -: 

Cette expédition futcoirçaie p^r Ip reMéreod W.H. Med- 
hurst et un négociant nord-américain dans le but unique 
de di^buetdes livres de piété et de répandit l'instructkn 
chrétienne ^r la cote de -la Cbin^» En, conséquence le na^ 
vtre nord-américain ie Huron , brig d'un pcii plus de deux» 



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if toi }vouT«tiÉ.É3 À-èankiÈi 

cents f onnèâUx , et monte de douze hoihmcs l^gèrémèht 
BlméÈy pailft fef a6 aoû^ ï835 de Can^Sîhg Mouo. On pensât 
qu'il devait -Éé âitif^ër d'abord Tei-s les cantons septéntrio-»-' 
naiix de la Chine , pendant que la moussoti du sud-ôiîest 
sOnfHait eriedré, et éilsiiité' longer la côte en revenant a Vec 
te mousson du nord'^st. 

- Apfès'qîie leHuron fut sorti du canal deLénia; il eill' 
ttès'beau tetti;j>s; petidafit pliusiëuiisl jdin-s àt ^ite uii férit 
in^déré dit êiid-oiiest et line mer franquillë Tà^rofisèr'ent s* 
Marché, et: \^ g septembre \\ put doubler le promontoire 
d^C^an-f^iiin^. Le preliiïe^ {roirl où il s'arrêta ftitHbei- 
Hdï«-Hoeï>'6ur la côte éëpfétrtrîonaïe de cette provmce , pai** 
57<> 3b' 30^ de lât. N. Ces* un port excellent tfix Txiti 
est parMtetneiit à 4'âhr» dé tous les vents • & Huràh s'y 
ariréta pl]iiii4^ut6 Jotirë, inotiitlë ïr^ sûreméiiï et paisible- 
ttieiit f^ÎMktm titt coup de verit dti nord. Hôeï^Hàï-i^Hôrf 
estime patrie placé de giferrë «en tourne de t^ein paHs', éî^ 
n'ayamt^d^impèiicttice quép'ar IcmxDiiHa^ que son port 
élke aux nôttibi'etix navires dit pays qtti vont aii Tîrt-Tsih, 
et pi«ë'^t| ittttrd.RtfSiëiiW i^feîèi's vrarent à bord àH txrîg, 
d&sôompoirtèl'eÉt très citîlènient , et Mi Medbu^t rfescenfdft 
âlerreet léi*r rendit lear visite. Quoiqu'ils se montrassent 
t44è9ôpf«>^'Â ptei^ttiettre \i ifeéîridf^ commuriica^n àvécf 
les hafbita** , éepebdant ikr^ne manifestèrent aucune itatèti-^ 
tion hostile ni aucune disposition d'insulter. Un vieux fort 
non occupé défend y ou plutôt domine la ville. Les étran- 
gers passèiei)i*deux joui-» iBwr.te riVage.^ parmi les Chinois , 
à distribuer des livres de village en village, et à donner 
des médîcàmenB à«i petit âoihli^^dé^ malade^ ^uliâ trou- 
vèreot^: '• ". ^ ■ • ■'••' ' - "' 

Le Hùrùri lafasâ ensuite toudlwr Toncré dàii» la bàtcf 
spacieuse ik Kc-Chàn-Sd j souô léf èâp Yé*-Wb«-Tâ6ti: «Ifétî , 
est irè» élevé , »à 7 milUs a Toùest de Hoeï-Haï-Hbéi. Il 



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^àsdA cinq joura dan« ce port, cbangeant cfoêltjaefoîs dé 
mouillage pour la commodité des personnes qui voulaient 
débaix|uér. Trois de ces jours firent employés à communi- 
quer librement avec les habitans -des villages qui bordent 
cette bftie profonde ; maia( au bout de ce temrps la nouvelle 
de l'arrivée d*ùn navire étranger snr cette côte, avait pro- 
duit une grande sensation. Les troupes comitiéncèrent à se 
rasseinbleri et la première cbaloupe de guerre que Ton vit 
.vint en doublant le cap dTe-Nou-Tapu. 

Letchi-fou dTàng-Tcheou -Pou, letchîng-^fou ou général 
tartare du district, et le tchi-tcheou de NingHaï-Tcheott 
s'étaient réunis dans la ville de Ké-Cban-So, accompagy^éâ 
d'une snite- nombreuse, et demandèrent uiië entrevue. 
MM. Medburst et Sleveiis eurent Tbonneur dé se rendre 
auprès de ces fonctionnaires public ; ils furent reçus 
en ^ande oéréaniODie; et purent ^'asseoir en leur pi^- 
senee. 

Après une loûgue convérsatitra sur Isk religion ohrétienh^ 
et sur d'autres strjets, tels que l'Angleterre et l' Amérique du 
nordy puis sur MM. Lindsay^ Gnit\atk\ Gordon et autres, 
ils reprirent peu à peu !e caractère d'officiers du gouverne- 
ment chinois, et rappelèrent à leurs hôtes les loâsderéhi^ 
pîrev M. Medburst répondit qiie , qu^nt à Itti , il n'avàî't 
jamais commis k moindre offense soit cobtre ta loi , ^oijt 
contre l'empereur. La conférence se termina sané aucuù 
incident désagt^able. Le général côi^^eilla de rerôurner àù 
plutôt à C'tnton , ajouta que les otdres de ïa cour enjoi- 
gnaient de montrer de la compassion en vefà des étrangers 
(non peint à des barbares), veiiiaiit d'e loin , dé subvenir à 
leur» besoins aux dépens du trésor icopérial , et de les ren- 
voyer le plus prenttïplement po^ibfe. Eh- conséquence , il fît 
porter à bord un approvisionnement considérable de vivrez; 
du riz fut envoyé en retour, naturellement il fut refusé y 



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\ 



lia NOUVELLES ATTBTALES 

après deux ou trpU voyages du bord à la tcn-e et fie la terre 
à bord, on finit par le garder. 

L'aspect meDaçant du temps aveilissait le capitaine du 
Huron de chercher un abri sur la côte méridionale du 
Chan-Toung avant les coups dp vent d'équinoxe auxquels 
oh devait s'attendre. En conséquence le capitaine doubla le 
promontoire, et mouilla dans une vaste, baie au sud du cap 
Macartney. Toute cette côte méridionale étan^ inconnue^ le 
relèvement , et les dessins q,ue le capitaine Winsor en a faits, 
lie pourront qu'être i3tile3 aux, autres navires, qui , par 
hasard , suivront la même route. Peu de grande» villes fu4 
rent vuessuf cette côte orientale ; en général les habitaus 
du Chao-Toung paraissent s'adonner pluç à l'agricuUute y 
et 1^1 oins au négoce que leurs voisins du sqd. 

Après trois semaines de séjour dans le Chan^Toubg, k 
Huron fit voile au sud pour Chang-Hai , situé par.3i** i4' de 
lat. Celte ville , célèbre par son commerce, est située à i5 
milles et peut-être plus de Tembouchure du Kiang Soiftig, 
beau fleuve, large d'un ipille^,et assez proibndt pour pece^^ 
vqirles plus grosses jonques jusqu'aux quai^d^e. cette, citéi 
il y règne une activité et un mo^vem^nt très remarquables i 
quoique gardée par quelques centaines de soldats et par 
une gi'o^se flotte, de. yaiasea^x de guerre ,, . Ge|^ndai^t: les 
officiers du gouvernement ne se permirent n^uUe démarche 
jtips^ile^ quoiquHls entiayassent, autant qu'ils le pciuiiaieiit, 
;t,oute cqmmunication ^v^c les habitans. Les terres basses et 
fertiles çje cette provincc^ofFrent un contraster frappant avec 
les côtes mont^ei^sçs et stériles du Chan-Toung* Quand ce 
beau poii; sera ouvert au commerce avec les étrangers , ih 
cesseront de parler des productions de Canton. La carte dp 
l'entrée du fleuve par Kees est très exacte et tri» u^ilfs ^ /^ 
Huron put, avec son secours , entrer dans le fleuve par un 
'coup de vent de nord- est très fort. 



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DES YOYAGfeS. uS 

De là le Huron gagna le groupe des lies Tchou-San ; il 
s'y arrêta deux jours, ensuite il cingla au sud , jusqu'au 
moment où une bourasque le força de chercher un abri 
sous Tîle occidentale du groupe de Lamyet ou Nin-Djin , 
comme le nomment les habitans. Horsburgh , sur sa nou - 
velle carte, lui donne le nom de Hilly island (île mon- 
tueuse). Après avoir mouillé au jour dans la baie deToling- 
Chan , oii Ton fut très bien accueilli par les habitans et par 
les fonctionnaires publics , le Huron revint à Lin ting le 
3i octobre. Sa campagne avait dure deux mois dix jours ; 
M. Medhurst el ses amis avaient passé à terre plus de quinze 
jours, et mis e^ circulation à peu près dix mille volumes. 

Ce voyage donna lieu à la lettre suivante écrite par les 
faanistes : 

ce Nous voua annonçons très respectueusement que lé 
quinzième jour du neuvième mois (4 novembre)^ nous avons 
reçu un édit du gouverneur pour être transmis à chaque 
négociant étranger ; il rappelle que les navires des com- 
merçans étrangers de toutes les nations ont , d'après les 
ordonnances de la céleste dynastie , la permission de venir 
au marché de Canton qui leur est ouvert. Cette permission 
émane uniquement de la faveur céleste, et les étrangers 
devraient respectueusement se conformer aux lois restric- 
tives. Il ne leur est pas permis de conduire leurs vaisseaux 
aux côtes des autres provinces , allant de côté et d'autre , 
et projetant dans leurs idées désordonnées des moyens for- 
tunés et extraordinaires de profit. Nous , vos frères puîoés, 
vous transmettons respectueusement le susdit édit. » 

ËDiT. — (c Ki, gardien du prince, gouverneur et fou-y uen 
des deux provinces de Kouang , publie le présent édit 
pour l'instruction complète àes marchands hanistes. ' 

<c Le dixième jour de la neuvième lune de la quinzième 
année de Tao-Kouang, un exprès de feu a été envoyé par les 
(l836.) TOM. l\' 8 



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J 

i 1 4 NOUVELLES ANN AL^ES 

grands officiers du conseil privé au conseil militaire , et 
expédié à Ki, fou-yuenet gouverneur-général du Kouang- 
Toung et à Pang y contrôleur général des douanes ^ leur 
apprenant que le vingt -quatrième jour de la huitième lune 
de la quinzième année , un édit impérial avait été i*eçu à cet 
effet : à savoir qu'il a été prouvé par un rapport de Tchan^- 
Siug, fou-tai du Chang-Toung, qu'un navire étj'anger an- 
glais est tout à coup arrivé dans les eaux de celte provinco. 
Des ordres de l'empereur furent expédiés aux gouvertifurs 
«t fou-juen du Pi-Tchi-Li à Foung-Tin (Fou), du Kiati^- 
Mang^ dti Çhang-Toung , du Fo-]&*ièn et du Tché-Kiaug, 
pour ({u'ils enjoignissent strictement aux officiers èlVils et 
inilitaires de faire faire, sans le moindre délai , des pa- 
trouilles, de veiller sur le i avire et de ne rien négliger 
pour l'empêcher d'entrer. Maintenant il est avéré autlien- 
tiquement que , suivant le rappoit de Foung^-'îtsan-Heoun, 
le navire étranger anglais est allé d'un lieu à un aittre sans 
la moindre crainte^ et Foung-Tsan-Heoun demande 
qu'il soit ordonné aux grands officiers de donner des 
ordres très stricts pour qu'il suit privé pour toujours de la 
bienveillance de la terrible et i*edoutable nation ( ia* 
Chine) \ et afin de prévenir des calamités futures , il doit 
être ordonné à ces étrangers ang4ais de rester à Canton, d'y 
faire leur commerce, et de réprimer leur caractère fier, 
violent, rusé et retors. «Jusqu'à présent les grands officiers, 
les gouverneurs-généraux et les fou-yuen ont été trop 
indulgens et généreux à l'excès ; c'est pourquoi ils ( les An- 
glais) se sont récemment placés sur un terrain et n'ont p<is 
voulu en désemparer, et ils ont eu l'audace de demander 
qu'ils puissent amener en particulier les femmes étrangères 
à la cité de la province, et j être portées en chaises à quatre 
porteurs. 
« Dana la douxi^me année de Tao-Kouang , ils ont eu b 



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DES VOYAGES. Jl5 

présbmptîoti d'envoyer un navire' dans le Fou-Kian et de 
là dans le Ché-Kiang , le Ghau-Toung et autres endroits. 
L'année dernière^ en automne, ils expédièrent sans passe- 
ports des navires de guerre dans les eaux intérieures du 
Whampô , jusqu'à une distance seulement de ^o li de 
la capitale de la province ; leur audace a été si grande , 
qu'ils ont tiré des coups de canon d'un très gros calibre , et 
de toutes les manières ils ont transgressé les lois : actes du ' 
. genre le plus gra^e et le plus irrégulier* 

<c Dans le temps actuel un navire est entré dans les eaux 
du Chan-Toung y et des livres étrangers ont été distribués 
par lui avec l'intention folle d'exciter des doutes et des 
troubles. Tout cela est très extraordinaire et alarmant , ledit 
bavire étranger entrant dans les eaux de chaque province , 
allant, revenant, courant çà et là; si ce n'est pas l'œil 
étratiger qui a ordonné cette affaire , qui est-cie donc qui 
ose ainsi aller de coté et d'autre sans crainte ? est*ce le 
capitaine ? 

(c II est ordonné à Ki et à ses collègues d'expédier immé- 
diatement audit œil étranger et à d'autres un édit exposant 
clairement que les réglemens du céleste empire leur per- 
mettent de demeurer à Canton, et de commercer, et cela 
émane de la bienveillance céleste. 

a Dorénavant , que tous les étrangers obéissent respec- 
tueusement, et soient empêchés d'aller dans les autres pro- 
vinces projettant follement des profits irréguliers et extraoi - 
dinaïres. S'ils s'abandonnaient encore à leurs pensées et à 
leurs actions désordonnées, chassez-les tout de suite du port, 
et ne leur peimettez pas de trafiquer : exécutez la loi de ma-' 
nière qu'il leur sôît difficile de l'enfreindre, et ils ne seront 
pas induits à commettre jdes crimes , et ensuite à se re- 
pentir. 

« Faites proclamer cet édit pour qu'il soit généralement 



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j,ib irOUVELLES ANKALES 

connu, envoyez^-le à Pang, lehoppo, pour son instruction. - 
Respectez ceci. 

« La dépêche contenant la volonté impériale Qt lescircons-" 
tances mentionnées précédemment, étant arrivée et reçue par 
moî(Ki), ofi&cier exerçant le contrôle et l'autorité supérieure, 
je m'empresse d'ordonner que ledit édit soit envoyé immé- 
diatement au chef desdits marchands hanistcs afin qu'ils 
puissent l'expliquer sans délai aux marchands de la nation 
anglaise pour qu'ils y obéissent respectueusement, et lesdits 
hanistes transmettront ledit édit à chaque navire marchand 
de ladite nation, en disant que les réglemens de la céleste 
dynastie leur permettent de demeurer en marché ouvert à 
Whnmpoa, et que cela est une manifestation extraordinaire 
de la grâce céleste : dorénavant, que tous les étrangers se 
conforment uniformément aux restrictions ; il n'est permis 
à aucun navire étranger de fréquenter les eaux des autres 
provinces, en allant.de côté et d'autre à l'aventure^ proje- 
tant des profits extraordinaires et inéguliers : s'ils osent se, 
fier à leurs propres pensées et occasioner de la confusion, il 
est décidé que les navires étrangers de ladite nation doivent, 
éti'e chassés du poii, et que le trafic doit leur être interdit ; et 
que la loi doit être exécutée de manière qu'il leur soit diffi- 
cile de l'enfreindre ; et étant soigneux et attentifs , ils ne 
seront pas entraînés au* crime, ni à un repentir tardif. 

a Obéissez à ceci en tremblant de respect, car l'édit est très 
'spécial et de la plus haute importance. 

<c Taakouang, quinzième jour du neuvième mois de la 
quinzième année. {Asiatic Journal). 

Navigation à la vapeur. 

Le hoppo (directeur des douanes). de Canton a ordonné 
que la Jardine, navire à vapeur envoyé d'Angletere dans le 
dessein d'introduire ce genre '(de navigation en Chine^ 



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DES VOYAGES. I ly 

quittât le voisinage de Canton. Il parait que ce navire a 
causé des craintes infinies au hoppo. Il enjoint du ton le 
le plus impératif aux hanistes d'ordonner tout de suite que 
ce bâtiment retourne dans son pays, et ne rôde pas de côté 
et d'autre pour occasioner des troubles. 



Explication d'un monument de sculpture de la 

cathédrale de Chartres (i). 

(Suite.) 

En expliquant le monument connu à Chartres sous le nom 
d'âne qui vielle, monument unique et sans analogue nulle 
part , je me proposais de traiter dans un autre article de la 
truie qui file, placée non loin de Vâne qui vielle sur le même 
contrefort du clocher vieux , et aussi dans une espèce d'i- 
solement , l'artiste n'ayant pas voulu le confondre avec des 
oeuvres d'un genre plus relevé. . C'est encore ici qu'il faut 
fâii^ connaître Tesp rit d'un siècle difîérent du nôtre, du 
douzième siècle , âge de ces deux monumens. 

Pour cela , il ne faut pas remonte^- à la mythologie grec- 
que et romaine. On n'y retrouverait point la cause de la 
répétition fréquente, dans les sculptures du moyen âge, de 
l'image du porc représenté avec différentes attitudes singu- 
lières, mais toutes significatives, toutes calquées sur une 
phrase de Cicéron qui était un proverbe. 

Qu'on étudie bien les métamorphoses de Jupiter et des 
autres dieux , on remarque qu il ne vient jamais dans 
l'idée de ces dieux de se métamorphoser, ou de métamor- 
phoser les individus de l'espèce humaine en cochon, quoi- 
qu'ils usent de celle licence divine très largement , et jusqu'à 

(i) Voir les Nouçelies Annales des Vayages^t. Hlde i836, p. aîtS 



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Il8 KOUVELLEÎ* AKNALliS. 

cli.anger ceux qu'ils veulent puniiv en pierre, en arbre, em. 
grenouilles , en chien et en loup. Ce qui est surtout digne 
d observation en ce point c'est que Junon change en oiws ^ 
animal hideux et méchant , Calystq , nyoïphe de Diane , 
pour avoi r plu à Jupiter (Métam.Ovid*., lib. II, fabul. 6, 7), 
et qu'Apollon donne des oreilles (Tâne à Midas pour s'être 
refusé à croire que sa flûte rendait des sons plus harmonieux 
que celle de Pan (Métam., ibid., lib. II , fabul. 4* ^j 6)* 

Cependant il faut remonter à l'antiquité romaine pour 
donner la raison de celte figure sans noblesse. Tous les au- 
teurs de notre littérature classique étaient familiers à ceux 
qui dirigeaient la main des sculpteui^s. Cicéron avait dit 
d'un ignorant présomptueux : C'est un cochon qui veut en 
apprendre à Minerve , sus Minefvam doceU 

Ces sculpteurs et leurs imitateurs des siècles suivans, en 
prenant ainsi le porc pour symbole , lui donnent toutes^ 
sortes de caprices : ici , à la cathédrale de Chartre9 y c'est 
une truie à mamelles gonflées tenant d'un pied une que- 
nouille et de l'autre un fuseau; le peuple l'appelle la truie, 
qui file, A Saint-André de la même ville , église supprimée, 
on voyait au jubé construit en i5oi un cochon dresse sur 
ses pieds de derrière, battant le beurre dans une tinette, 
au»dessous d'un chêne , pour mangçr le giend suspendu 
au-dessus de sa tête. {Description historique manuscrite (le 
Saint-André ,- parM. Hérisson , et Description historique de. 
la cathédrale de Chartres f in-8<*, p. 38, Sg.) 

Autre fait. Dans Téglise de Saint-Seurin de Bordeaux , 
les stalles sur lesquelles Iç chapitre de 1 église s'assied peor 
dant loffice, présentent, lorsqu'on les i*etourne, entre au- 
tres figures aussi bizarres que grotesques, un cochon placé 
devant un buffet d'orgue dont il paraît tirer des sons. I^ 
travail est d'une belle conservation. (Voir l'article de M. G. 
p. dans le Temps du 19 juillet i836.) 



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DES VOYAGES. I I9, 

Il n'y a pas de doute qu*au moyen âge de Tère vulgaire , 
comme au siècle d* Auguste , le cochon ëtait regarde comme 
le plus ignoble des animaux , parce qu'il est le plus sale , 
le plus gourmand , le plus indocile , en un mot le moins 
propre à une instrmction instinctive. C'est pourquoi Cicëron 
compare Ti^norant pr^mptueux à uh porc qui sort de sa 
natura quoique sans intelligebce ^ pour s'ingérer à faire 
toutes sortes de choses étrangères à sa manière d'être. Dans 
un même esprit , se répandit un autre proverbe latin , ne 
sutor ultra crepidam , que le cordonnier ne s'occupe qu'à 
raccommoder ses souliers. 

Si les proverbes sont lie produit de la sagesse ci de U 
philosophie du peuple^ et o£Frent des sentences pleines de 
sens , on ne sera pas étonné que les siècles qui ont précédé 
la Renaissance des lettres aient abusé de l'un d'eux , et qu'ils 
aient toujours mis en action la figure ignqble do cochon. 
Les âges diffèrent entre eux comme les hommes'^ iU ont 
chacun leur tour d'imagination toujQurs relatif aux lumiè- 
res du temps. Ceux dont nous parlons eurent teui* théâtre ; 
la vraie comédie dégénéra en bouffonneries. On voulut «e- 
pjendant une scène plus grave , et elle fut inspirée par la 
religion. La dévote simplicité de nos .pères s'édifia à la re- 
présentation des Mystères» Toute la passion de Jésus-Christ 
fut mise en sç^e , et les spectateurs de verser des larmes 
^boudantes. 

De l'autre côté , que de choses indécentes dans les mœurs 
de ce temps , choses aussi éloignées de nos mœurs ! Les 
menues pâtisseriesn^présentaient des parties du corps hu- 
main dont on ne parle qu'avec une certaine retenue. Qua^ 
dampudenda mulMria, aliœ virilia reprœsentant.Adeodege-' 
neraiftruniboni mores ^ ut etiam christianis obscœna et pudendh 
m cibis placeant, (Charopicr, De re Cibarta, Lugduni, j58o, 
in-S^.) 



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I20 NOUVELLES ANNALES 

Je termînti. Je croîs avoir apprécié la valeur historique 
de la truie qui file. Elle fait coDnailre , comme Vâne qui 
vielle, l'esprit du temps. M. G. P. avait raison ( voir le 
Temps du 19 juillet i836) de dire que ces figures sont des 
caricatures sérieuses et énergiques. 

OZERAT, 
f 

auteur de T Histoire générale du pays Chartrairt. 



Corporation des tailleurs à Londres, 

Ce fut d'abord en 1480, et ensuite sous le règne d'Henri Vil 
en i5o3, que les tailleurs obtinrent des lettres -patentes pour 
former un corps de métier : la premièi-e fois sous le nom de 
tailleurs et ai listes en toile, la seconde sous celui d'hom- 
mes de Tart et de la pratique, de marchands tailleurs de la 
confraine.de saint Jean -Baptiste. Ils tenaient le septième 
rang dans les grandes compagnies d'arts et métiers. Un 
grand nombre de personnages éminens s'empressèrent d'être 
admis dans leur corporation. Sept rois, une reine , dix- 
sept princes et ducs , deux duchesses, un archevêque, tren- 
te-un comtes , cinq comtesses , un vicomte , vingt-quatre 
évêques , cinquante-six barons, deux baronnes> septabbés^ 
sept prieurs et un sous-prieur, indépendamment d'une 
quantité innombrable de gentilshommes, se firent inscrire 
sur les registres des membres de cette compagnie. ' 

Parmi les tableaux qui ornent la grande salle du vaste 
bâtiment oii elle se réunit et qui porte le nom de merehant^ 
taylors hall , on remarque le portrait d'Henri VU présen- 
tant à la compagnie sa charte d'incorporation. Il fut peint 
et donné par Nathaniel Glarksou d'Islington. Le rpi est 
accompagné de Guillaume Warham , archevêque de Can- 
forbéry et grand chancelier d'Angleterre. Ce prélat avail 



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DES VOXAGES. 12 I 

comineDcé sa carrière par remplir avec beaucoup d'habilefé 
divers emplois aujourd'hui dévolus aux laïcs. En j4B6, 
il devint maître des rôles de la chancellerie ; en i5o2, garde 
du grand sceau et chancelier en i5o3 ; Tannëe suivante il 
fut promu au siège de Cantorbéry. U jouissait de la plus 
haute faveur auprès de Henri YII, mai* à Tavènement de 
Henri VI II, il fut bientôt supplanté par Wolsey qui le traita 
de la manière la plus insolente. Il jouit vingt-huit ans de 
sa dignité éminente , vécut avec honneur et munificence , 
et mourut en i532. 

Le grand nombre de portraits que l'on voit dans les 
différentes salles de ce bâtiment est considérable. Quelques- 
uns des personnages qu'ils représentent ont été réellement 
tailleurs^ et ont exercé avec distinction des emplois muni-' 
cipaux , même celui de maire. 

En 1791, la corporation passait pour avoir 3, 000 livrés, 
sterling (76,000 francs) de revenu à disposer en '-harités : 
c'était le fruit de legs faits par plusieurs de ses membres. 
( Pennantn — Some account of London,) 



EXTRAIT 

DES SiANGES DE l'aGADiSmIE DES SGIEIS'C^IS. 



Séance du 26 septembre, ^- physique du globe. — Questions 
relatives aux effets des déjrichemens , lettre de M, le Ministre 
des Finances au Secrétaire perpétuel, — a Monsieur , la 
commission chargée par l'ordonnance du Roi du 2g 
mars i836, d'examiner s'il y a lieu de rapporter ou de modi- 
fier les dispositions de l'article 2 19 du Gxle forestier^ relatif 



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f 
I3t4 NOU^'E:LLES ANIMALES 

au défrichement des bois des particnliers, s'est occupée dana 
sa séance du 1 1 juin dernier, de divera points de statistique, 
de météorologie et d'administration sur lesquels elle a pensé 
que des renseignemens pourraient ét|ie utilement demandfss 
à divers ministères et ^ministrations publiques, aux préfets 
et a l'Académie deÉSciences. 

a Le procès-verbal de cette séance, que j'ai sou» le» 
yeux , contient la proposition de demander à l'Académie 
derSciences, la solution des questions météorologiques sm- 
vantes : 

« j •> A-t-on fait en France des observations tbermomé- 
triques d'où l'on puisse déduire si la température se main- 
tient constante^ ou si,- au contraire, elle varie? La neige se 
conserve t-elle sur le sommet des montagnes aussi long-tcnîps, 
que par le*passé? 

a 9* Depuis les temps historiques, l'époque de la moisson, 
l'époque de la maturation des- fiiiits et celle de la vendangé 
ont-elles changé, ne fût-ce que dans quelques localités psu*ti- 
culières? Les pluies sont-elles devenues de moins en moins 
abondantes ? 

ce 3® Tombe-t-ii autant ^e neige que dans le siècle der- 
nier? Y a-t-ii eu dans les sources des diminutions qui puissent 
être attribuées au déboisement? 

a 4** Des cantons jadis préservés de la grêle ^ sont-ils 
aujourd'hui ravagés par ce météore? 

« 5* A-t-on remarqué que la destruction des* forêts ait 
i^ndu les prages plus fréquens ? 

«c 6^ Les crues des rivières sont-elles plus fortes et plus 
subites qu'elles ne l'étaient avant la révolution? 

<c 7® Les vents dominans ont-ils changé de direction de- 
puis le déboisement du pays? Sont-ils devenus plus foits^ 
plus désastreux, plus malfaisans? 

a 8" Eufiii^ le lit des rivières s'est-il notablcmeut élçvé ? 



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DES voyages/ ' J^i 

Dans le cas de I affirmative, à combien évalue *t-OQ Texhaus- 
sèment annuel 7 

«c Je vous serai obligé, Monsieur, de vouloir bien sou- 
mettre ces diverses questions à Texamen de FAcadémie et 
de ses coi*respondans dans les dépaitemens, et me faire 
connaître ensuite le résultat de cet examen, d 

Cette lettre est renvoyée à unê^ commission élue à cet effet 
et composée de MM. Duiong, Arago, Gay-Lussac, Silvesti-e, 
Girard, Mirbel, Çostaz. 

Séance du 3 octobre. — Notes sur quelques ossemfins fossiles 
^Alsace et du Jura; par M. G.-L. Duvernoy, doyen de la 
Faculté des Sciences de Strasbourg. — ce En i83o, j'appris 
par une lettre de M. Marchai, alors inspecteur des douanes 
à la résidence d'Altkirch, département du Haut-Rhin, 
qu^on avait découvert dans un village de la frontière à quel-^ 
ques lieiies de Bâle^ un tronc de squelette, dont il m'en- 
voyait, en même temps, une portion de côte. La forme en 
était extrêmement épaisseï^ arrondie de toutes pai*ts, et la 
substance, un calcaii*e très dur, d'un brun rouge. 

a Je reçus, dans le même envoie une petite dent cylin- 
drique, à couronne arrondie et mousse, striée eu long à sa 
surface latérale^ ayant toutes les apparences d*un germe non 
encore usé par la trituration ; cette dent devait avoir été 
trouvée dans le même bloc. Il y avait encore, dans cet envoi^ 
de petites denta de plusieurs espèces de squales, enfouies eo 
grand nombre, dans la même roche. 

a Me rappelant que cette forme arrondie dos côtes, sans 
bord tranchant, est un caractère essentiel de celtes des 
lamantins^ indiqué par M. Guvier (i) ; que leur tissu est de 
même très compacte ; que les os fossiles de lamantins^ \eA 

(i) Rechtrches sur Us ossemens fossiles, parCuvicr, t. V, i'" par- 
tie , p. aoa. 



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ia4 NOUVELLES ANNULES 

côtes, en pailiculier, dëcouverls on différent lieux, avaient 
généralement été changés en calcaire ferrugineux très dm-,, 
comme la côte que j*avais sous les yeux ; je présumai qu'elle 
provenait d'un animal de celte famille, et je la fis placer 
parmi les fossiles du Musée de Strasbourg^ avec Finscriptien 
suivante : 

Portion de cple présumée de lamantin, 

ce Les blocs de pierre renfermant ces débris fossiles ont 
été, pendant quelques temps, possédés par la Société indus- 
trielle de Mulhouse, qui a bien voulu les céder à notre 
Musée, à la sollicitation de M. Volz, ingénieur en chef des 
mines, et mon collègue dans l'administration de cet éta- 
bliscement. 

c( Ces blocs sont au nombre de quatre; ils n'en faisaient 
primitivement que deux : on les a divisés pour la facilité du 
transport. Les parties osseuses qui y restent engagées ou 
qui y ont seulement laissé leur empreinte, appartiennent ^ 
toutes aux côtes ou aux vertèbres dorsales et lombaires de 
l'animal. Il n'y a qu'une seule trace probable de la partie 
la plus avancée du bassin, du côté droit. 

a Les côtes, qui devaient être toutes très fortes, très 
épaisses, avaient un caractère remarquable, signalé par 
M. Ruppel, dans la description du squelette du dugong de 
la mer Rouge. » 

M. Duvernoy décrit, en détail, toutes ces parties, ainsi 
qu'une vertèbre caudale détachée que renfermait le même 
bloc. 

ce C'est dans une roche de calcaire grossier appartenant 
aux terrains tertiaires ou aux mollasses qui reposent sur des 
terrains jurassiques, au fond de la vallée de Rœdersdorf^ 
que le fossile en question a été découvert, avec quelques 
débris de tortues y une quantité prodigieuse de dents de plu- 
sieurs espèces de squales et quelques bivalves des genres Mo- 
diolcy Cardium, Arche et Lucine. 



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DES VOYAGES. ia5 

« Cette roche est formée d'un grain, calcaire réuni par 
un ciment ferrueino-calcaire, qui lui donne une teinte 
jaunâtre, semblable à celle de la pierre à bâiir des environs 
de Paris. Elle lui ressemble encore en ce qu çUe durcit à 
l'air. Elle forme des bancs puissans traversés par des veines 
plus colorées par le fer, qui fournissent une bonne pierre à 
bâtir. Aussi avait- on ouvert une carrière, il y a quelques 
années, à l'extrémité du village de Rœdersdorf, pour en 
extraire la pierre destinée à la . construction de la maison 
commune. Ce village esta peu de distance de Fenette^ an- 
cienne ville bi^n connue dans Thisloire de TAlsace. C'est 
très près de là que se trouve une des sources de la rivière 
de rill^ qui arrose la partie française de la vallée du Rhin 
et lui a donne son nom. 

a En passant en revue, l'année dernière, un assez grand 
nombre de morceaux du calcaire d'eau douce du Basiberg, 
près de BouxwiUer^ que possède le musée de Strasbourg (i ), 
et les ossemens que ces morceaux renferment, je fus agréa- 
blement surpris d'y découvrir ia partie supérieure du crâne 
d'un animal qui devait avoir au moins ia taille du tapir. 
Les deux dernières molaires supérieures du côté gauche, 
qui sont à la face supérieure de ce morceau, me donnèrent 
de suite la facilité de le caractériser avec certitude, comme 
ayant appartenu au Lophiodon de la petite espèce (2). On 
âait que les lophiodons ont un système dentaire très ressem- 
blant à celui des tapirs ; mais jusqu'ici, personne que je 
sache n'en a fait connaître le crâne. La grande dimension des 



(i) Plusieurs avaient déjà ('lé recueillis par feu [lermann, les autres 
]*oni clé par les soins de M. le professeur Marner, mon honorable pré- 
décesseur. Voira ce sujet les Recherches sur les ossemens fossiles de 
M. Cuvier, édîu in-40, t. Il, .\ro j,artie, p igS et suivantes. 

(a) Ihid , p 22a. 



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Ja6 KOTJVFXLKS ANNALES 

fi)S8e8 temporales constitue un nouveau caractère différentiel 
entre ces animaux et le tapir de l'Inde, chez lequel elles ne 
se rapprochent pas à ce point vers le sommet de la tête ; 
mais elle établit un rapporjt entre ce lophiodon et les tapirs 
d'Amérique^ qui les ont ainsi conformées. Les vieux babi-^ 
toussa montrent bien encore ce rapprochement des tbsses 
temporales tout-à>fait â Tarrièi^ dii crâne , mais ces 
fosses ne s'étendent pas, chez ces animaux ^ a us» loin en 
avant. 

<c J ai reconnu parmi ces mêmes ossemens fossiles àxi 
musée de Strasbourg, provenant du calcaire d'eau douce de 
Bouxwiller ou du Baslberg, une portion de mâchoire infé- 
rieure gauche d'un très petit pachyderme, telle qu'on n'en 
a pas encore décrit un aussi petit , à l'exception du daman , 
qui Test encore davantage. 

(( L'histoire des brèches osseuses de la Méditerranée a été 
traitée avec tout l'intérêt qu'elle mérite , par M. Cuvier dans 
le t. IV de 9es Recherches sur les ossemens fossiles* Il termine 
ce chapitre remarquable par le catalogue des restes d'ani- 
. maux que ces brèches renferment; parmi lesquels les uns 
pourraient être considérés , à la rigueur, comme ayant a/>» 
pai tenu à des animaux qui habitent encore le pays , et les 
autres sont tout à-fait étrangers à la population actuelle. 

ce II en conclut que tous ces restes doivent être considérés 
comme les débris de la population contemporaine des élé- 
phans et des rhinocéros fossiles. Il se demande d'ailleurs 
pourquoi ces ossemens ne se retrouvent pas dans d'autres 
brèches , dans les fissures du Jura > entre autres^ remplies , 
suivant l'observation de M. Brongniart, par une terre ix>U'- 
geâtre, qui durcit souvent des infiltrations spathiques, et 
enveloppe des fragmens du corps de la montagne et àes 
grains d'hématite, dont il se forme une brèche fort sem- 
blable à celles qui contiennent des os. 



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DES VOYAGES.^ ^ ,127 

il j'eus , peu de tempa après la publication de ce volume , 
roccasiou de prouver à M. Guvier que ces brèches du Jura 
i*enfermpDt aussi des restes de mammifères fossiles. C'était un 
premier fait remarquable de la note que jc^kii adressai à ce 
sujet, note qui a été insérée par extrait dans le supplément 
du tome Y du même ouvrage^ page 5i5. Un auti^ fait éga- 
lement nouveau pour la science y à cette époque , était que 
les os trouvés dans cette brèche formaient les premiers dé-- 
bris d'ossemens d ours découverts en France. L'existence de 
Ceux que renferme en si grand nombre la vaste grotte d'Os- 
ëelle , dans le département du Doùbs , n'avait point encore 
été indiquée par le célèbre Buckland , et confirmée par l'in- 
téressante description que M. Fargeaud , mon collègue à la 
Faculté des sciences de Strasbourg, a donnée de cette grotte. 
MM.Tériac et L. Fallot n'avaient pas encore trouvé, dans 
plusieui^s grottes de la Haute-Saône ^ les beaux fragmens 
dont on leur doit la découverte, et que ce dernier a dépo- 
sés dans le musée de Strasbourg. Ces nombreux débris 
d'ossemens d'ours fossiles des grottes de Franche-Comté (i ) 
et de la brèche de Châtillon , semblent indiquer que les ani- 
maux d^ unes et de l'autre étaient contemporains. La 
brèche en question est extrêmement dure; les os qu'elle 
renferme ne peuvent en être détachés sans se briser, et ils se 
distinguent de ceux des brèches de la Méditerranée en ce 
qu'ils sont un peu pétrifiés ; ce qui n'a pas lieu , comme l'on 
sait , pour les ossemens de ces dernières brèches. D aileui*s , 
la plupart des os que la brèche de Châtillon renferme ne 
sont que des fragmens brisés et méconnaissables. 

(i) Sans parler de ceux découverts dans le midi de la France , et 
surlesnuels M. Flourens a lu re'ccmment un ra^iport à rAcadémii*, 
dans lequel il a bien voulu rappeler la découverte des ossemen» dé 
Clk&liDon que |*avais annoncc'e à M. Guvier. 



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128 NOUVELLES ANNALES 

« Malgré plusieurs voyages et des recherches opiniâtres 
pour )r découvrir d*aulres ossemens, je n'avais pu en trouver 
de bien caractérisés que des molaires et des canines d'ours ; 
mais j'avais re^ijjl^mândé à M. Binet , qui habile le haut du 
rocher oii se trouve cette brèche , et sur laquelle on avait 
construit^ dans le moyen-âge^ un des murs du cïiâteau de^ 
Châtillon , de suivre mes recherches et de recueillir tous les 
fragmens qu'il verrait contenir d'autres os que ces mêmes 
dents. Au mois d'avril i835 , j'ai reçu de M. Binet, par les 
soins de M. le docteur Marcou, qui habite le Pont-de-Roide, 
à deux lieues de Châtillon , arrondissement de Montbéliard, 
où se voit cette brèche , noii loin- de la vallée du Doubs , un 
fragment d'os assez caractéristique ; c'est une portion de 
bassin qu'il est facile de reconnaître pour un iléon. Il a 
même un. caractère remarquable qui le rapproche de celui 
des ruminans et encore mieux de celui du cheval. 

KXPrniTiON SCIENTIFIQUE d'islande. — Extruit de deux lettres 
de M. Robert d M. Cordier. 

Eske-FiorJ , 29 juillet iS36. 

ce Ayant offert à l'Académie des Sciences, M. Gaymard et 
moi , par Tentremise du Ministère de la Marine^ une caisse 
de spath d'Islande , destinée aux physiciens^ je crois devoir 
vous donner quelques renseignemens sur le gisement de 
celte substance, que nous venons de recueillir en abon- 
dance. 

ce Dans TEske-Fiord, au pied de la montagne Helgusta- 
dahlid , sur la rive droite du torrent Sîlfurlœhir , et à 3oo 
pieds environ au-dessus du niveau de la mer, le spath dls- 
lande constitue un «filon de 4o pieds de longueur sur 9 pieds 
de puissance au centre, et incliné de 25 degrés environ de 



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rtES VOYAGES. ' IQQ 

l'est à Touest du compas, au milieu de roches basanîtiqucs, 
ayant les mêmes inclinaison .et direction. Le spath le plus 
translucide^ ainsi que les formes cristallines dérivées du 
rhomboïde y se remarquent surtout à la pointe inférieure 
du âlon , au milieu d'une espèce de terre argileuse rou- 
geâtre , tandis que vers le milieu y quoique en apparence 
pluB beau, 1^ spath devient opaque. Le dessin que M. Mayer, 
l'un des membres de notre commission , a fait du filon , en 
donnera sans doute une meilleure idée à MM. les membres 
de l'Académie , que je ne puis le faire par une description 
de cette localité. 

(cNous, sommes retournés au Grand-Geyser/ et l'un de 
nous, M. Lottin , a pu cette fois prendre exactement sa tem- 
pérature, qid s'élève à \2^ degrés centigrades, à ao mètres 
de profondeur. Le Strokur (Petit-Geyser), situé à côté, ne 
nous a donné que m degrés, à i3 mètres de profondeur, 
ïïous trouvâmes aussi une température de loi degrés, dans 
, un petit trou plein d'eau , à fleur de terre. 

(cNous fîmes ensuite l'ascension ( tentée vainement l'année 
dernière ) du mont Hécla , qui est entièrement couvert de 
neiges épaisses, mais pas assez pour donner naissance à des 
glaciers tels que ceux du Klofa-Yokul , qui ont 6 à 7 lieues 
de largeur près du bord de la mer. Ces immenses glaciers 
donnent immédiatement naissance à une large et rapide ri- 
vière, le Yokulsàa, qui après avoir jailli de dessous les glaces^ 
se rend sans recevoir le moindre affluent à la mer, en sui- 
vant un cours d'une lieue tout au plus d'étendue, sa tempé- 
rature étant presque égale à zéro. 

a Sur le bord de la rivière de Thuerà , nous vîmes et re- 
cueillîmes , pour le Muséum , des troncs de bouleaux de 
grande dimensigp (environ 3o pieds de hauteur), encore 
enracinés veiticalement au milieu de cendres volcaniques et 
d'attéi;issemens fluviatiles , qui les ont san9 doute fait dispa- 
( l836.) TOME IV. Q 



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l3o WOUVBIXES AWÎTALES 

raître de la partie méridionale de Tldiande , où la tempéra- 
ture est d'une douceur remarquable» 

«Veuillez avoir la bonté , Monsieur^ d'annoncer à 
MM. Brongniart fils et Adrien de Jas8ieu> que je crois 
posséder maintenant les piincipales plantes de l'Islande. 

<ic Quant à la zoologie y pour ma part , je n'ai recueilli d'o- 
riginal que trois petites espèces de mc^lusques terrestres^ no- 
tamment une hélice^ qui sont peut-être nouvelles. Nous 
avons déjà beaucoup d'insectes, qui pourront ausû ofifrir 
de l'intérêt. 

«c'Nous avons eu très souvent le phénomène du mirage 
sous les yeux; et, Contrairement à l'opinion de quelques 
navigateurs qui sont allés dans le Nord y je n'ai jamais eu oc- 
casion de remarquer qu'il élevât les objets. Il m'a toujours 
produit l'effet d'un brouillard à la surface de la terre , très 
brillant^ qui venant à modifier diversement la base des ob- 
jets, peut, je crois, dans certaines circonstances^ prêter as- 
sez à l'illusion pour faire croire qu'ils se trouvent plus éle-' 
vés par l'effet de ce phénomène. 

ce Enfin , Monsieur,' seriez-vous assez bon pour faire savoir 
à M. A^ago, qui avait recommandé, dans ses instructions 
pour la Bonite, de rechercher si les nombreuses plantes 
{fucus natans ) qu'on trouve en pleine iner dans les régions 
tropicales, croissent réellement au milieu des eaux ; que j'ai 
eu, dis-je, assesp de bonheur, en revenant de Cajénne, 
quelque temps avant notre seconde expédition en Islande , 
pour recueillir dans une touffe du même/iica^î^à 5 où 600 
lieues de toutes côtes, un morceau de verre roulé, cq qui me 
.. semble devoir indiquer, jusqu'à l'évidence, que la plante qui 
le portait , provient d'une côte habitée ; ce qui peut s'àppli-. 
quer à toutes les autres. Ce morceau de verre fart partie de 
ma dernière collection de roches adressée au Musëutn, dans 
le catalogue de laquelle se trouve la longitude et la latitude 



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DES VOYAGES. l3l 

paf l^ueUe^ «e £iît , que je crois dèfoir voua signaler, a été 
observa» » 

/îa</e rfe Cherbourg y 27 septembre, — ccDepuis que j'aî eu 
rhoDiieui' de vous écrire d'Ëske-Fiordur^ j^ai visité des points 
non moins intéressans que eelui du spath dislande. Permet- 
tez-moi de vous les signaler. 

a i<^ A Yirkl/danf^e Yapnafiodur, j*ai décrit et dessiné 
avec le plus grand soin un gisement très curieux de sutur- 
brand , qui doit jeter le plus grand jour sur l'origine de ce 
lignite , et sur l'importance qu'on doit accorder désormais à 
l'ejûatence dks anciennes forêts dont les Sagas ont fait men-* 
tion > v^lativemeot à la température .de l'Islande depuis cette 
époque jusqu'à nos jours. Je me bornerai aujourd'hui à dé^ 
clarer que le tufa passant à la gallinace, qui le renferme, et 
qui est recouvert d'une puissante coulée basanitique, un peu 
plu» élevé que le niveau de la mer, au bord de laquelle il se 
troare j renferme d'énormesL troncs roulés amenés par elle , 
et des bouleaux qui ont crû jadis en Islande, avec une si 
grande probabilité, qu'à l'embouchui^ de la rivière voisine, 
j'ai recueilli pour le Muséum un tronc de ce genre ayant en» 
cor^ toùtcrson écoi*oè, charrié par elle, et arraché à d'an- 
ciennes toui'bièrée oii il avait été enseveli. Cette dernière ob- 
servation 1 que j'ai eu occasion de refaire à la côte nord, se 
lie dîliilteurs tris bien à l'existence des bouleaux verticaux, 
indiqués dans les attérissemens de la rivière Thueràa de la 
côte méridionale. (Voir ma première lettre. ) 

(c â^ Près des nombreuses soufrières de Krabla , qui ont là 
plus grande analogie avec celles de Krisevik , dont j'ai rap- 
porté beaucoup d'échantillons l'année dernière, j'ai visité 
avec le méi^e intérêt la montagn« Hrabntinuhriggur, qui 
es^ presque entièrement formée d'obsidienne en masse. J'ai 
recueilli une grande quantité de oetle roche à tous les états 
possibles , notamment des échantillons magnifiques tant par 



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l3a NOUVELLES AJlIfALES 

leur volume que par leur homogënéitë, et un conglomérat 
fort curieux d'obsidienne et de pumite sur le sommet de la 
n^ontagne. 

ce 3^ J*ai pris avec la plus grande exactitude possible la 
hauteur barométrique du grand lac Myvatn au-dessus du 
niveau de la mer. ^. , 

ce 4° En nous rendant à Husevik, ^nn Français, natif de 
I^yoïi* purifie le soufre qui provient des montagnes Krabla 
.etNamajall^ situées près du^^Mjvatn, je me suis arrêté long- 
temps aux Geysers du nord (Uxaghœr), qui ont la plus 
grande analogie avec ceux du sud. J'ai recueillrune grande 
quantité d'échantillons pour faire connaître leur identité, et 
nota^unent un tuf siliceux remarquable par sa couleur de 
bistre^ lequel se dépose actuellement. 

ce 5^ A {mot illisible\dans le manuscrit ), sur la côte nord, 
dans des circonstances à peu près analogues à celles de 
Yapnafiordur^ mais à une plus grande hauteur ( environ 
20O pieds); existe encore du siiturbrand. An-dessous^ et 
sur un point différent très voisin, les mêmes végétations sont 
à rétat de pétrification dans un tufa passant à la gallinace, 
et renfermant en outre des ossemens de cétacés et de nom- 
breuses coquilles ( cjprina islandica ), la plupart spathisées 
(chaux carbonatée cubique). La même espèce vit encore 
sur la côte en grande abondance^ au milieu des bois flottés 
et déposés par la mer. 

ce 6^ Une neige de 6 à 8 pouces d'épaisseur^ans la plaine, 
précédée d'une très belle aurore boréale, étant venue {dw 
19 au âi août) blanchir et niveler tout le sol de la partie 
septentrionale de l'Islande ^ c'est avec le plus grand regret 
que j'ai dû renoncer à aller observer le gisement du 
tufa rougeâtre^ tendre, à empreintes de feuilles de bou- 
leaux, ayec lequel est construit le temple célèbre d'Holab jrda 
(^oulin). 



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DES VOYAGES. l33 

a 7^ Si les fameuses grottes de SurtsheUir ne m'ont 
fourni que des stalactites basanitiques^ elles offriront sans 
doute le plus grand intérêt géologique sous le rapport de 
leur origine* Qu'on se figure le lit d'une rivière souterraine, 
recevant plusieurs affluens^ et dont le canal sinueux con*- 
serve dans une seule étendue de 4>ooo pas une hauteur de 
la mètres environ au sommet de la voûte, sur une largeur 
de 8 mètres 76 centimètres, et cela, au sein d'une immense 
coulée provenant du Langi-IokuU, d'où la lave s'épan- 
chait tranquillement pour se répandre dans les vallées. On 
y remarque aussi de très belles stalactites et stalagmites de 
glace. 

~^ S^ Après avoir vainement cherché le trachjte au milieu 
du grand plateau de l'Islande, que nous traversâmes en 
revenant à Reykiavik'et où Krug de Nidda n'hésite pas à 
supposer un grand développement à cette roche, tandis que 
je n'ai cessé d'y voir des basanites, des mimosites et des do-" 
lérites ( dont j'ai pris la hauteur barométrique ), je fus assea 
heureux pour découvrir et pour pouvoir examiner avec 
soin, sur les confins de ce plateau à Drengagil, un petit 
noyau trachytîque qui doit se lier avec la montagne Beula, 
laquelle est de même nature. Je me contenierai pour le 
jnoment de vous annonceur que ce terrain', d'une très faible 
étendue, dont j'ai pris exactement la hauteur barométrique, 
est compris entre des djkes de mimosite, et se montre en 
outre traversé par un dyke de la même roche. La mimo- 
site se trouve elle-même bornée par des basanites altérées^ 
Nous aurons la satisfaction d'offrir au Muséum quelques pe- 
tites colonnes de ce trachyte grisâtre. 

ce 9^ Les nombreux dessins de M. Mayer, pris à Tiug- 
vallum> feront connaître j,'espère^ la plus^orte coulée ba- 
sanitique qui existe peut-être en Islande. Descendant de 
Krabnabjorg, elle a rempli une des extrémités du grand lae 



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l34 irOUVKLLEâ AmfÂ!LES 

de TingxfiaUiiiD^ et^ par un« caiMe âiffieile à expliquer, il 
s opéra en celte place no affaissement considérable, moins; 
remarquable en lui-même, que parce que là coulëe reprend 
de l'autre coté du lac son niveau primitif^ et qu'on voit snr 
ce point une crevasse qui a plus de loo pieds de profbndeui* 
sur une étendue rectiligne de 2 à 3 lieues. Eue rupture 
parallèle, mais moins forte, se remar{|ue aussi au point oh la 
lave a pénétré dans le lac. 

<£ lo** Enfin j'ai. terminé mes observations géologiques^ 
en prenant la hauteur barométrique du lac de ïingvallum, 
aundessus du niveau de la mer. . 

, ce Tels sont , Monsieur , avec ceux que j'ai déjà eu l'hon- 
neur de vous communiquer^ les principaux résultats de cette 
deuxième campagne en ce qui me concerne. J'espère qu*en 
y joignant ce que j'ai déjà observé l'année dernière, on 
pourra désormais prendre une idée géologique de Flslande. 
La collection que j'aurai l'avantage d'exposer prochaine- 
ment au Muséum est moins nombreuse, il est vrai, que la 
précédente, puisqu'elle ne compte que cent- soixante-huit nu- 
méros; mais en revanche elle renferme les roches les plus 
dignes de représenter cette grande île toute volcanique, où 
nous avons déjà parcouru, M. Gaymard et moi, 800 lieuesde 
côtes t ne pouvant la visiter autrement. Les gisemens des prin- 
cipales roches sont fort heureusement apipuyés des dessins 
de M. Mayer et de quelques mesures trigonométriques de 
M. Lottin. 

a Quant à la botanique, qui est dans mes attributions, 
je dois signaler un fait très curieux pour l'histoire du sutur- 
brand : j'ai mesuré et dessiné, près de la côte du nord, des 
sorbiers et des bouleaux d'une assez belle dimension, l'un 
de ces arbres ayant 7™, 55 de hauteur /Je ferai encore re- 
marquer que ces arbres, qui croissent dans la partie de Itte 
pii Ton devrait s'attendre à trouver la végétation la plus 



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J>BS vaYA<}BS. i35 

faible^ reasemUeDt singulièrement à ccuxrque j'ai trouvés 
enfouis dans les attérissemens de la rivière Thuera déjà ci« 
X^9 sur la côte méridionale. Tous ces fait« ne doivent-ils pas 
donner à penser maintenant> que le disparition des forêts 
islandaises, décrites dans les Sagas, est due plutôt à Tin- 
curie des habitans (ainsi que des Islandais éclairés en con- 
viennent), qu'à tout autre cause telle qu'un abaissement de 
température. 

(( La Recherche ajant eu le bonfa^ur^ cette fois, de tou- 
cher au Groenland et de passer une quinzaine de jours à 
Frédéricshaab, je m'empresserai de mettre à la disposition 
du Muséum^ la collection des roches primitives ( granité, 
siénite, etc.) qu'y a faite le lieutenant^ M. de Cornulier, 
ainsi que tous les échantillons recueillis par les matelots et 
qui m'étaient destinés. Je conserve aussi pour la botanique^ 
un petit herbier que m'a remis l'un des officiers du bord^ 
Mi^ Dupontavisse, et toutes celles recueillies parles mêmes 
matelots. «Tespère, en outre, que le chirurgien M. I^echau- 
cher, vous enverra la collection géologique qu'il a faite avec 
beaucoup de discernement, sur le même point et en recueil'^* 
lant beaucoup de bonnes notes sur les gisemens. Cet officier 
possède, en oUtre, une plante (fucus agarum) désirée par 
M. Brongniart fils^ et trois têtes d'Esquimaux très remar- 
quables par leur conformation^ ainsi qu'un grand nombre 
de clios boréales, ayant encore leurs couleurs naturelles ; 
objets qui seraient sans doute précieux pour le Muséum. 3> 
. Après la lecture de ces lettres, M. Libri fait remarquer 
<c qu on ne peut pas affirmer, comme semble le faire M. Ro- 
bert, que les objets ne s'élèvent pas par le mirage ; car ce 
phénomène, qui a lieu dans des cironstances fort diverses, 
produit des effets très variés. On sait que le mirage d'A- 
frique ne ressemble pas à celui des régions glaciales. Dans 
les sables des pays méridionaux, on voit, par le mirage^ des 



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l36 NOUVELLES ANNALES 

lacs et des napper dteu, tandis que dans le nord et en mer 
ce phénomène consiste à voir des objets qui sont fort éloi- 
gnés^ ou qui même ne sont pas sur l'horizon. Quant à voir 
ces objets élevés plus ou moins par YeSet du mirage^ cela dé- 
pend surtout des circonstances locales et de l'état des couches 
atmosphériques qui doivent traverser les rayons qui partent 
des objets soumis au miriage. » 



NOUVELLE. 

La corvette anglaise le Beagle, est de retour d'un long 
voyage d'exploration qu'elle a fait, sous lés ordres du capi- 
taine Fitz-Roy, pendant les cinq dernières années. Le 
Beagle est resté quatre ans sur les côtes de l'Amérique du 
sud 9 et sur celles des lies Falkland et Galapagos. Puis^ 
€n 1 835, traversant l'océan Pacifique et relâchant à Tahiti 
et à la Nouvelle-Zélande, il a visité Sydney, Hobart- 
Town, le détroit du roi Georges, les ilesKeetisg, l'île Mau* 
rice, le cap de Bonne-Espérance, Ste-Hélène^ l'Ascension^ 
le Brésil, les îles du cap Yert et les Açores. Il rapporte de 
ce voyage de nombreuses observations qui éclairciront des 
points douteux d'hydrographie et de géographie. Ses collec- 
tions géologiques et botaniques sont aussi dignes d'atten- 
tion. 



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DE* VOYAGS5. l37 



VOYAGES EN NUBIE^ 

EN KORDOFAN, 
ET DANS L'ARABIE -PÉTRÉE, 

WÂvn nu>czvAX<B«niv 
SOUS LB fiiVPORT DB LA GÉOaaAPHIB FE BB X.A STATIATK^US ; 

PAR fis. ËDOUAIEID RUPPEI^ D. fif. (i). 



Domine par le goût des voyages, M. Ruppel par- 
tit en i8i 7 pour l'Egypte; il était alors âgé de vingt- 
deux ans. Il parcourut cette contrée jusqu'aux cata* 
ractes de Syène, et TArabie-Pétrée jusqu'au mont 
Sinal. On pouvait dès cette époque visiter avec la 
plus grande sécurité ces contrées^ autrefois si inhos* 
pitalières. Le gouvernement vigoureux de Mohanv- 
med-Ali était déjà consolidé et garantissait toute^la 
protection désirable aux Européens conduits dans 
ces régions 9 soit par l'amour de la science^ soit 

(1) Reisen in Nubien, Kordofan, und dem PetràiscKen 
Arahien , vorzuglich in geographischrstatisticher Hinsicht. 
7rankfart-am-Main ^ i8âg, in-S'^^ avec un atlas/—- La 
ttarte des voyages de M. Ruppel a été donnée dans les Nour 
i^elles Annales des_ Vofages ( a" série), 1. 1, p« a6g. 

(«836.) TOME IV. 10 



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par la simple curiositë. «Je reconnus bientôt , dit 
M.Rupp^l, par ma propre .expérience , quelle vaste 
perspective cette tranquillité politique ouvrait au 
naturaliste qui, pourvu des connaissances néces- 
saires et muni de ressotil'ee» pécuniaires suffisantes , 
pourrait consacrer un temps convenable à cette en- 
treprise* » En conséquence, M. Éuppef résolut d'em- 
ployer son loisir à des recherches de ce genre , et 
de faire un long voyage dans l'Afrique septejQtrio-* 
nale. Afin de s'y préparer, il reprit en 1818 le che- 
min de l'Europe, "fyi passant à Gènes , il eut le bon- 
heur d'y faire la connaissance du baron de Zach , et 
lui communiqua ses plans : c'était la plus agréable 
conimunication que pût entendre ce respectable 
vieillard, qui à si bien mérité de la géographie. 
Kôn«seulement il â^l^taUdit k l'idée de M. Ruppel, 
it lui offrit àUssi dô lui enseigne^ la mËbière de faire 
les observations âétrb]iomi(|tiës. M. Rûppd testA 
donc quelques jôUrs ftu{$fès de lui J cft comme 1er ch* 
mat du niidi était fàvof âbte ad f établissemeiït âk sâ 
santé, îl passa l'hivët* àl?avie, pour étudier à Tuni* 
vérsité dé cette vitle les diverses brancihes dte l'his- 
toire naturelle. 

î)e retour eii Àilemàgue , il y côdsacfni qtielqtre^ 
années à se perfectionner dans ces sciences et dans 
la connaissance de l'astronomie pratique. II prit pour 
compagnon de KOjrage son compatriote M. Hey^ doc* 
t«ulr en méde^ney et arriva eii Ègjfie wiàcùmm^Or 
cernent de x8aa; 



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Au- parimtiDpy il alla par Suez à Ne||faeié) à 
Âkaba^ a Keêbé et à Nasb dans l'Arabie^Pétrée ; en 
étéf il fit une' excursion dans le Fayoom , puis à 
Damiette^Uoe cEyssenterie opiniâtre tourmenta beati^ 
coup ka deux Tojageurs. £n novembre^ il apprit k 
Thèfaes, dans la Haute-Egypte^ qulsinaïl-Pacba arait 
été mis à mort à Chendi f comme il s'attendait à ap- 
prendre que cet événement allait causer un soulè^^ 
Témcsit général, il se (Erigea ea décembre ters Gos<^ 
seîr« «En poursuivant mon voyagé au sud, dit 
M« Rtip{)«i, éehappés par us beureux basard aut 
tëvoltés du cbâlea/u de Sai, nous tâmes obligés , à 
cause des iusiirrections partielles eu Nubie , de pas- 
ser k plus grande partie du prmtemps dans le camp 
dea Turcs aa Nouveau-Bongola ; enfi», dans les dier* 
fiiers jours d'avril, j'obtins la permission de conti^ 
Mier mou Toyage. J'ea profitai pour visiter les i^ui« 
nés de Napata, près de Barkal. M. Hey fil àkrs s« 
première exeursioft de diasse dans les platines déser^^ 
tés d'Amboucol; il passa lè resrte de Teté dans k 
province de Dongola, pendaiat que je retournais au 
Caire pour diriger l'envoi de ma collection d'bistoire 
naturelle. 

a Revenu vers la fin d'octobre au Nouveàu-^Don- 
goia^^ j'aàlai avec M. Hey, par Âmberucbl^ an eamp 
4e9.Tui*cs à Cltei^di; je fus obligé d'y attendre le 
relâtfr'de Mobammed-Bey, lé général en ehef^ qui 
s'était albseifté potir «ne expé^totf sur les fron-* 
lièr«& ik i^Abyseinie. Cepe^dMI^ poâi' ne pa^ rester 



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l4o KOUVELiCES ANNALES 

entièremeni oisif , je dis, au corn inencemeht lie rSà4y 
k M. Hey de s'embarquer sur le Bahr-el-Abiàd et dé 
le remonter. Mon projet était de le suivre bientôt 
par terre ^ puis d'aller avec lui au Kordofan; mais 
la guerre vint déranger nos plans. Je restai plusieurs 
mois comme bloqué dans le camp turc , à Gourkab. 
Sur ce^ entrefaites^ M. Hey fit une promenade à- 
Sennaar, sans s'occuper beaucoup de recueillir des 
objets d'histoire naturelle. Revenu eh avril dans la 
province de Dongola^ il partit pour une seconde 
excursion de chasse dans les plaines d'AmboùcoL 
Cependant la sanglant-e insurrection des paysans et 
des troupes régulières éclata dans la Haùte-Ëgypte 
et en Nubie. Une armée du Darfour avait fait inva- 
sion dans le Kordofan ) et le mécontentement des 
soldats turcs dans le Dongolà rendait la durée de^ 
la tranquillité très incertaine. En conséquence, avant 
de songer à de nouveaux plans de voyage, je voulus 
expédier au Caire toutes mes collections d'histoire 
naturelle; j'accompagnai cet envoi. M. Hey resta 
durant les mois d'été à Dongola. Le soulèvement 
dans la Haute-Egypte me lit perdre les instrumens', 
les papiers et les effets que j'avais laissés dans un 
magasin à Esné. 

<K A mon retour en Nubie , à la fin de septenribre 
i8a4> i^ santé de M. Hey était fortement dérangée ^ 
la communication directe avec le Kordofan cooiplè* 
tement interrompue. Alors j'allai chasser aux bip* 
popotames dans la province de Sukkot; à la fin de 



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DES VOT ACES. ï 4 1 

rannée^ je confiai à M. Hey lesoia àe conduire «n 
Egypte les riches résultats de cette campagne , et en 
mênv temps je partis seui pour le Kordofan. 

€itAn milieu du mois de janvier suivant, j'arrivai 
heurensement à Obeîd, capitale de ce pays; bien- 
tôt l'usage. de ses eaux, chargées de parties hétéro- 
gèaes, me donna la jaunisse. Malgré cette maladie 
et d'autres contrariétés, mon 'court séjour dans 
celte . GOâttée me procura une moisson abondante 
en objets d'histoire naturelle; la tranquillité publi- 
que n y fui pas troublée , toutefois il n'eût pas été 
prudent de compter sur sa durée. Peut-être me blâ- 
mera*t^on d'avoir quitté si précipitamment le Kor- 
do&n^ que personne n'avait encore exploré; mais 
on ocdoit pas oublier qi^e j'étais absolument seul , 
à peine convalescent, et que la saison des pluies, si 
insalubre^ approchait. Jemé hâtai donc de regagner 
ÙB/canton hospitalier dès la fin de mars i8îi5 ; je me 
relrouvai auprès de mon digne ami Abdin-Bey^ gou- 
verneur de Dongola. 

.'« Quand) les troupes s'étaient insurgées, une partie 
de cetÊCi soldatesque ennemie avait fait une incur- 
sioii dans le territoire de Dongola. Leur chemin les 
conduisait naturellement le long des puits près des- 
quels M. Hey était campé dans le désert ; j'avais 
donc tout sujet de craindre pour lui le résultat 
d'une: pareille visite, à laquelle il n'était nullement 
préparé» Abdin^Bey , qui s'intéressait de la ma- 
niène la plus. bienveillante au succès de mon entre- 



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f49 iroirvixxxs AumAhES 

fH^a ^eini^ #imi<de QQu^ feiapipekv à «temps, et «lé 
BQUs» fm^ ifseorter jti^u'à Dosgola :.cfaÉt. atverlft 
sentiment f)e la plqis istiicère ra[r<miia«ssafOM:cpi»;je 
eûiet'^t ippid^atule ktssaià sa.gairdeteut>ûe qu* je 
raf^i'tais du Kiord^&o, lït j'allai ohaiaer daas ibs 
plaia^s d'AaiibpiiPQl, 'pù mes anceàs isuopassèrdnl 
mon ^spéraiice. Au mois de juilliet, je i^touroai éa 
Cajire , oùjji^ restôi .pluAteurs mots pour le.9ëtablisse* 
meot da ma .saolé ; j Vnvoyai M« -Ifay da-ns ia Hautes* 
Égjplie^ 't^pur (expédier mes i cxdlectioBs. 

<c Dura^ la pir^mière inoMiy 4e ida6,.aous vkin 
tâmes lescôte^de^ g^lfi^s d^Suezle(:4'A^«^«^l^^A^ 
là moaicosapa^Bon, j'aUaideXor par loBafi jMidhaiD* 
med , Cba?oii^ «t MùiM. /el .Dabab au mcqit ^Siolaï ) 
uQeaiHre fais, j'allai de Mofaila à&edeaietà'Maf[aa« 
£q septembre., .ri»9 courte , visite au Oaiee men^îA 
eii état de m^ffmw\d0 àMt cej^ijn'fil^it wtessaire 
pour cQfHénuer mooi voyage iAe.k'&iiepRoagèi)fiiuiis 
je ae pus péiAhiir mes forces i^ptûsées. Ij'ëtiat de ana 
santé durant la traversée de Suez à JB^idda, en octo* 
br^, et mon séjour dans cette ville^ nie.pnaïu^^rent 
q^^ j(Q «e pouvais pki^ aupponter les faii^Oiss^ du 
voyage. Averti par l!exeoiple de MM» Ëphatobergoal 
H00pi*ich , je ne voulus t>a6 jn'Achever par jonc ûaaok^ 
pi^e d-u9e durée iodéterminée sirr^neD^ je .nedstit- 
ge^i vers Mas^oua aur bcote d'Abysainie. Noaspaa» 
sâin^^s quatre mois dans cette vilte et a es 'enorUroDs. 
La stanté tnès chancelante de n^on oompagaon iat.dea 
attaqiLies de Sèvre.que Je rcsseatisme fireat repoiM 



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/ 



iffM^s^KAt^ qui «9t4*Ûe d'câtre «^^f^inioé ^yoc la ^^ 

gra»de attemio». E» «larfi i8$>7, je r^agpai Djîddii, 

f)&;}e «](i'€^ttaiH|U^i poj^r jQ(^sei]?; j^ r^yi^ le Çairie^ 

«t^nvAuitç Almaisidrie, d'où; je p^fjûsp^ui^'J^urçpe. 9 

. Ua.a^our de cinq ans à^vs^ 4.its .fiftîftmf 4QPt 

^elqMS^UMs étaient .aâsisiï p^u çoiiAuesl^âiwmit p^w 

CsMirotr a M. Buppel des matériaux sAiffîsan^ pour 

p^$ieur$ voUiioes; hkâb slétant lait uœ loi de m 

paà répéter ce que d'autrea voyageurs avaient dii 

av^nt Itii et de 6U|>pnjner tout oe qui ae pojuvait 

»?oirid'inténètx{uepour lui seul, <^ savant n^a voulu 

donner iqu'un esLtrait de son journs|l >de voyage , et 

réuuir dans difTérens chapitres toutes les obsenvar 

tâpiis qu'à .différentes ipo<{ues il a eu oca^asion de 

fetr^.sur le mbs^ ^ujet fiTe aerait-îrl pas à 4ësii*er 

que.beanQoup de voyageurs adoptassent jcetie jiaé^ 

tibode., ieit .qu'ils .^pargnasseoit à leurs lecteurs lune 

foule lie déuilfi/oudnsignifians ^u diqa connus? 

description topographique des prerinces que le 'N'd 
arrose entre Gebel Barkal et Ouadi Halfa. 

;fcAu-dessjis.d'Assottani(«$yi^)yie Nil arrose les 
omifiées 4iuivaflites : l'Ouadi Keuous , l'Ouadi Arsb y 
yOdadi JS-uha, le fi^den «1 Hadjar, le Sukkot , ile 
Bar Jllahàsy le -Bax* Don^la^ Dar Qbokié^et l'ûttadi 
Gapiiner, oii finit le «gouvecaement .de la pitiivince 
Uinque ide Dongola. li'Ouadi iKenous s'ëtend d'As* 



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l44 irOUVELLES ANfTALES 

sottan aa village de Korotîâco ; TOuadi Nuba , sub* 
divise en Ouadi Ibrim , Ouadi Fareg , Ouadi Serra 
et Ouadi Halfa^ commence un peu au sud de la 
ville de Dirr^ et va jusqu'à la cataracte d'Ouadî 
Halfa ; le petit canton^ situé entre les deux provinces 
s'appelle Ouadi Ârab. Ces divisions géographiques, 
nées dans le pays, sont indubitablement dues à la 
différence des idiomes usités dans chaque province. 
En effet /dans l'Ouadi Kenous et l'Ouadi Nuba, on 
parle éi^clusivement le berber, tandis que les habi* 
tans de rOuadi Arab n'emploient que la langue que 
leur ont transmise leurs ancêtres venus jadis de 
r Arabie-Pétrée 9 et appartenant à la tribu des Aie* 

kati. 

' ff On comprend sous le nom de Baden el Hadjar 
(val des rochers) le territoire inhospitalier qui , da 
N. au S. S. O., borde le Nil sur une longueur de 
2!2 lieues, au S> d'Ouadi Halfa jusqu'à Oukmé* Le 
fleuve y est rétréci par des masses ccmtînues de ro- 
chers granitiques et syénitiques, subordonnées quel- 
quefois à des couches de grès. A l'exception de quel«- 
ques petits espaces le long de la rive et de quelques 
îles, tout le terrain est rebelle à la culture; çà et 
la des buissons épineux mêlés de palmiers doums 
s'élèvent près du lit du fleuve, qui est quelquefois 
rempli d'innombrables rochers pointus; ils sont tel« 
lement rapprochés dans certains endroits, que lé 
Nil ne peut les traverser qu'en écumant, et que 
la navigation y est interrompue pendant la plus. 



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PES VOYAGES. l/^S 

grande partie de TannëQ. Ces lieux &ont appelés 
Chellal (cataractes) ; les plus dangereux sont dans 
les environs de Semné j d'Amboukal, de Tangour et 
de SoBfg. 

€ Ce sont seulement les masses de rochers nus et 
escarpes de la rive orientale du Nil, entre Semnë 
et'Ûukmé, qui forment une véritable chaîne de mon- 
tagnes : j'estimai leur élévation au-dessus du niveau 
du fleuve à 800 pieds. Les vallées de ce territoire 
sont entièrement inhabitées, et fréquentées seule^ 
ment à deâ époques fixes par des bordes de Bicharis. 
Sur les coteaux sjénitiques de là rive occidentale 
^ap|yâie un désert de sable mobile s'étendant à perte 
de vue, et dont la triste uniformité n'est ipterrom- 
pue que par des pointes de rochers noirs. Dans l'été 
de 1823, je traversai cette solitude affreuse pour 
fuir les brigands Isa. 

« Au S. daja cataracte d'Ouadi Halfa, on rencontre 
sur la rive occidentale Axa Nil beaucoup d'habita- 
tions abandonnées^ parmi lesquelles il y a plusieurs 
couvens : on les nomtpe Soidli. Maintenant toute 
cette rive occidentale est presque inhabitée; sur 
l'orientale, demeurent quelques Arabes Kai*arik9v 
qui ont une chétive agriculture. \ Semné, on voit 
des ruines de bàtimens anciebs considérables el^de 
quelques temples de style romano-égyptien. 

«Sous le nom deSukkot, ob comprend la contrée 
qui borde le Nil depuis Oukmè jusqu'au village 
d^Osbé, sur une longu^r de 18 lieues. Ce fleuve 



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IA6 VOjyVSiAm AHUJLLES 

^otokUeà venir du S* S. O en Beppenttnt^ mais aes 
Wft» »inkt moim constammeni rtss&çfpseées p«(r 4^ 
inaw^ de .rochers prioulifs^ Entre Dabi «t Sloknafcp, 
s'élèvent des montagne^ de schiste argileux, ^mi^. 
Au S* d'AiMm f ia vallée du M\ s'éliai^it yh^ niasses 
fâ^rreufies qui la bûroeftt IprmeMt s^tuvi^t 4e^ «otlr 
iMes eoQM[MC!B de ^ès à cotuehe» borÎTaataAeii* Ibui 
frè« d'Oukxn^^ anr la rtvie QinîffibiJi?» j^ilUtipse 
£)rte.«<mre)e tiiecmale, que jp .p!ai pa^^.vjiisgé^} let ;à 
ro,. de rik jEJTi^baardi^.c» reiitarque dàw te 
couches HÂnees «l'un l»eau wang^èa!^ ave^ d^^^fis 
iikiiea d'opale. PLusîeurs .canto«a d^ «Qtte provînioe 
apfU passaJbleineQt peuplés; il (lai^îl: quliU llétIJieM: 
btiaitiaoup plus autnefob^ id'après Jes .twd^ de (deus: 
rYÎilii^s près d!Amaca lOt de C^ikb S(^liin> J>e it^*»»» 
-labourable. îest peu fertile; maid-la oiJtpve du<dattier 
n'est que plus productive, 

« te cours dû Hil eat barré à Dabi , Jant W Aorri- 
ipû^ de Siikkoty pàr.uo ohellalfira plusieurs aiitiires 
feodroîAS) Jia navigatioa y est di£ic!ilie.à.ûause des 
pointes de roehers. Je ff!ai j)as vîsifaé lea pu«aaqtes 
isoMches de. sel gemme cristallisé iquiiSoi»t da«$ ie 
.déftert , à trois yoitn de xmrxh^ de Chçifch S^m. 
Oa ne les expk>ilte qiie povr l'ui^agie^des bftbito9»d«i 
3ukkot. et du Maba^; on n'm ej^^^rt^ pas 4«qs lies 
pays voisins. 

« Je ne ai:k'éteQdralpas sur le Saï, petit état aris- 
toeriatique indépeûid^iutf quiiCiMaapreiid Tilcdiioieme 
nom. et qnelques villages eQ9tîgus)«u fleuvç. H doit 



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0m VOYAGES. ' i47 

<$a. naissance 9 4^ma^ Wcbltoaus d'Ihrun»et d^Asr 
sottaHy à itnecdosie isîlttiire que le aaltan 5éln;i 
«n vo^a daas ce liea yeris la fia du quatorzième atède. 
Le 1 3 février i8»3, le Saï se révolta^ parce que 
MohftmiuadUÂli^acha voulait le spumettrea rbopot. 
Deux mois après, il &A anéanti par la mort de tous 
les hofflinies capables ^0 porteries armes et laides»- 
tractiorwdu château iÇ»rt: 

-H« Daim le Bar Mahai^ lariv6duNilxoinmeQee',à 
montrj&j^ ça et là des espaces très fertiles. Cette f)fO- 
TÎttoe ^'létexid du villagejâlQd^é à Vile de Toumbous, 
èttrùftçlaqguettrd'àrpiamanèa^idlîeues. LelHilesttpàs 
aiilu^x daiBS CGtiolermrUe, suDlput entre Kqié.et 
FbkmrBtoder; il forme plissieurs.gcaadesiies^ telles 
qne Ifariatj Moaoul^ Simtt; ne disant pas I^ur exia- 
(é<i;ee^1domifiepJus.au;S.»ii^ rèceikm'uUttion Hu limon 
dttil(i)% inaiâl<»împQaée8^de fragmens des cotea» 
de ffodifsÊrd pnbnttifs!j^oé les eaux embrassent daap 
JieMlV)i^Aiwr.^t kdr /^l. iE0ÔiiUeux ealt à'n^e fitééilkë 
^fQ^^se^'Brlii^épft^^^WïUtjdo'^^^ coudes 

do»i« q9 ^tenade :parifiç^sà étiust 9 ;|:)est y otonquoâ ]e 
dël¥^f^piari4pt 7:maiit<bfceitttiMip .plus )fiie dads les 
<mita«^.!plttafii)«i>idiaQaM;^;iis c^^ 
fimiâp»^as%ir^ibndéi{ catJapiastr.|iipin^ûmhalli^^ 
{>itisiéfem9jp eÉi{)aricbn|âqtiflnt;ih£Mat 0mpU>f|peifii|e 
dofùfales^ifdqessà eahiflooi* ifarnjjriar.riî^ i i -^tii / îumj}. 
« Dans>c^tltr tJroYi|icëV:laHfiayiga(i»nidaiïU éÀ 
barrée par: dés tcfafslbls à iKiajtbar^îà Ttagiab^et 4t 
Hannek. LeDar Afalias aonhUe aa^oir 'été ancienne^ 



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l48 NOUVELLJCS AKNÂLES 

ment dans un état assez iloristiant , si i*aii en juge 
par les monumens de Doscë, de Solis et de Seseé. 
I^e noyau des montagnes autour desquelles* tourne le 
Nil, entre Fakir Bender et Koié^ est composé eu par- 
tie desyénite, en partie de schiste argileux prômitif, 
souvent recouvert de -grès borizontal^ Les collines 
au N« et au S. de K.oié sont de schiste argileux. Â 
Tinari , les rochers sont de grauwacke porphyriti^ 
que; entre Séséé et Hannek, 'tout est granité, sur 
-lequel s'appuient des litshorizontaux de ^rè$. ««^^ 
. a Les habitans du ']%tr Dongola y ou le craiparMt 
avec les pays voisins y Icupeignenl avec raisdii eutnme 
une plaine fertile; elle s'éteiMi de Tôumbou'S À 6ebd 
iDdka : c'est entre;, ces/deuai points > que -s'avënde là 
pointe. S. O. du grand coude parabolique du Ni)^ 
Mesuré le long.de la riveda fleuve , le Dffir Bongo)a 
aentreces limites unélotigaeuv deôolieues.PbésquIe 
^partout , un des cotés est boidé d^otie plaine êillti- 
vable, large parfois d'uiieii«»e.iLes tteë nofn^efllê^^ 
sfmt généralement d'ime^êseiir^e fet^ilité; tâ^t^'oe 
()ui n'est pas ^^oQSÎHrré» à^'âigHcqltùre^^ft' cpilv^ 
<djirbres vi^ourknfx^] ntetele» {terraîpârélilft^néferidti 
îfleuke'fiDUi tapâssésiide : broussailles < datii: l&^ktnkm* 
/^eemensy i)ieii£Edl;alHf ainujpluies përiodiquesidc^' }7é(é> 
quiroislîfiairemâit^tombentadous: fois |>ar^^« «jus^ 
qu'au vingtième degré db latitjude^ Gesiplmes irygii* 
Jières'i si jiécesrsaires pour l'agrîexiltin*e^ sont incon- 
nues' aii K. di^ .quinzième' degré de latitude; les 
champs de doufi^ que j'«i rèncontrdasur)Ieiblieiiiin 



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DÏS VOYAGES? 149 

d'Amboukol à Gotirkab, dans lés vallées voisines de 
Ghêkdoudy sont une exception absolument locale. 

a II est étonnant que dans tout le territoire fér^ 
tile du Dar Dongola on ne trouve des restes d'an«- 
tiquité qu a Toumbous , à Argoséné , au château de 
Handak et à Dongola Agousa. Je dois dire, pour 
l'instruction des voyageurs qui pourront me suivre, 
que la statue de prêtre avec les bras croisés, sculp« 
tée en granité noir, que l'on voit maintenant sur le 
bord du INil près du Nouveau Dongola, 7 a été ap- 
portée en 1823 par otdrp d-Abdin, bey de Méroê,oîi 
elle était cachée souis des décombres. 

«Mais les habitations modernes en ruine sont, 
en revanche, très fréquentes; ce qui ne doit pas 
s'attribuer uniquement à la diminution de la popu«< 
lation, comme je le dirai plus tard. A ces lieux^ 
abandonnés totalement ou partiellement appartiens 
nent Haiinek, Handak, Dohgola Agousa, Dabbé et 
Défar. 

a A Toumbous se montrent les derniers rochers 
granitiques ; les coteaux que l'on rencontre plus au 
S. sont tous de grès, et dans le voisinage du ffluve, 
d'un conglomérat de roches primitives formantune 
brèche siliceuse qui renferme de belles agates rou* 
lées. On trouve de ces agates éparses sur plusieurs 
îles de sable; et dans un conglomérat semblable de 
la petite île d'Iris, je découvris des pétrificutioQS 
d'osseniens d'hippopotame très bien conservés } ils 
paraissaient ne différer en rien de ceux dé l'espèce 



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]5or XÏOUVELLES ANITÀLES 

qui vit aajoardliuî dians le Rik Je remarquai fpxe 
tous tes ossèmens observés par moi n'appartenaient 
qu'à ttn seal individu, qoi pouvait avoir existé dans 
ks- temp» historiques* 

' tf On voit dans des eoUines de grà» à Dabbé,. à 
5 ligues à TO. do WA ^ de la brèche de grès argilenx , 
feitettient imprégnée de sel gemme. Les habitans eo 
savent extrarre une eau saline pour les besoins de 
leur ménage* Daws t&ath Dar Dongola, le Nil- est 
navigable durant toute l'année. 

« Les grandes îles, telles qi^Argt», Bimfi, Magassé, 
Tangasi et Ghianelti^ me paraissent avoir été for-^ 
mées par des canaux^ ouvrages de fart. A quelle 
époque ontwls été creusés poor favoriser ragricul* 
tare? 

« Le Dar Chakié, dont la partie orientale peut par 
sa fiirtilité le long du Nil être comparée au Dar 
Dongola^ a ifi lieues de long , de Gebel Dèka à 
Ouadi Gammer; entre ces deux points^ le cours du 
flenve est généralement à peu près du N. £. au S. O. 
Toutes le» Iles f jusque dam» le territoire de Nouri , 
sonrlbnnées d'attérissemens du limon du NiL Les 
coteaux le long de ses bords sont de grès f à Fexcep** 
tioii d'un peth espace entre le village de Masoukotti 
ai HelletTasi ; là se montrent des couches de syénite 
qui paraissent se diriger doN. au S. La navigation jus^ 
qa^à'Mouri n^est nullement obstruée par des rochers. 
Je lie soi» allé que jusqu'à Gebel Barkat , par censé-» 
qneot je ne sais que par oui-dire qu'à i'E. de^Nouri 



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mes roTAGCjv. i5i 

6h vdi t d Vf grankd, éï qne deptÀ$ ee poÎQ t j usqtie dans 
le Toisinage de Berber^ le )k do fleirve est pleia de 
rochers ^ de sorte que tes bMeaux n'y peuvent passer 
que lorsque les eaux açM comiplèteinent hautes* 

« Les mines antiques aï futërcfisanles de Gebel Bar* 
kai et de Noùri ^n^HùMem. que cette contrée f«t 
autrefists dans un ëtai florissant ; aujourd'hui encore, 
elle eët bien euitivér et bien peuplée rektivement à 
rétendue de ses terres fertiles; et pour qu'elle pros* 
père', il ne lai manque qu'un gouvernement qui ait 
pour objet, son Poppressiofl, mais le bien des sujets* 
Du reste, un ^ammerce i^ëgslier et libre lui est in- 
dispensable, car il paraît que c'est à ses heureun 
effets que, dans les feitfps aucieiia^ les habitans ont 
été redevables de teâr ricfaedsé. 

État politique et statistique du Dangbla; mœurs, 
langue , usages de ses habitans. 

à Dati^ un piys où l'on ne s'oceupe que de l'évé^ 
nemeut dif moment , oci Fod ne connaît pas même de 
nom les annales écrites, ni les documens publics , il 
parait impossible de se procurer des renseignemens- 
sor le pasàéi Aussi je dois avouer que les détails doût 
je pullKaire part à mes lecteurs sur l'état politique 
des cantons de la Nubie qaé j'ai visités , se bornent 
à ce qui coMerue cette contrée dans les années qui 
ont prëo^ 9&a tnvasîoa par tea troupes de Mobam- 
nieckAli. 



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iSa NOUVELLES ANNALES 

«Avant cette époque» le territoire au S. d'Ouadr 
Halfa jusqu'à Saî était soumis à des chefs nubiens 
résidant à Dirr; ie temps en temps ^ ils faisaient 
des excursions militaires dans cette province pour 
extorquer des contributions à ses habitans. Ces 
chefs descendaient de la garnison bosniaque du châ- 
teau dlbrim , et portaient le titre de kacbef ; leur 
autorité était héréditaire; ils reconnaissaient la su- 
prématie des pachas d'Egypte , dont ils recevaient 
l'investiture et auquel ils payaient un Iribut antfbeL 
Les habitans de l'île de Sai étaient également regar^ 
dés comme assujètis à la même obligation , mais ils 
avaient su l'éluder sous divers prétextes. Le Dar 
^ahas était tyrannbé par un nombre indéterminé 
de chefs éphémères prenant chacun le titre de mé* 
Uk. Malgré le peu d'étendue de leur territoire, ils s'y 
maintenaient dans une sorte d'indépendanqe, grâce 
au caractère belliqueux de leurs sujets et à Téloi- 
gnement d'états puissans* Chaque mélik résidait dans 
un château fortifié, guerroyait fréquemment avec 
ses voisins, et exigeait un péage arbitraire des mar- 
chands qui passaient sur son territoire. 

<K Au dix-huitième siècle, le Dar Dongola était di- 
visé en plusieurs fie& reconnaissant de nom la suze- 
raineté de la dynastie des Founghi régnant à§xi% le 
Sennaar. Les méliks d'Argo , de Handak , de Don* 
gola-Agousa et de Korti, avaient reçu autrefois rin« 
vestiture de ces princes, auxquels ils devaient payer 
un tribut anpuelj mais les Arabes Ghakié, devenus 



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DES VOYAGES. l53 

ptit9$aiis avaient, par leurs fréquentes invasions , 
anéanti la puissanice des Fôujaghi dans le Don- 
gola. Us y nommèrent el déposèrent des méliks à 
leur; fantaisie ,: et leur imposèrent un tribut; les 
méliks d'ArgOy de Ja famille de Sibéra , qui prétend 
descendre des anciens rois de Dongola^ réussirent 
seuls, par leur résistance opiniâtre, à se maintenir 
indégendans des Ghakié, que leurs exactions avaient 
rendus odieux à tout le monde* 

ce Lo(^sque les Mamelouks ^ expulsés d'Egypte , se 
retirèrent dans le Dongola, les habilans les reçu- 
rent avec joie, espérant qu'ils les protégeraient 
contre les Chakié. £n effet , aidés par les Dongo« 
Idouis, les Mamelouks chassèrent les Chakié. Pour 
se payer de ce service, ils s'érigèrent en maîtres du 
pays entre^Argo et Dongola Agousa. D'ailleurs, ils 
laissèrent les anciens méliks en possession de leurs 
fiefs, et se contentèrent d'impôts modérés : je crois 
donc que leur domination fut moins accablante quel 
ne l'avaient été les déprédations partielles des Cba^-^ 
kié et que ne l'est maintenant le pillage systéma^ 
tique des lieutenans de Mohammed-Ali. Ces Mame- 
louks étaient appelés Coloman da&s cette partie de 
la Nubie ; j'ignore l'origine de ce nom. 

« Les habitans du Dar Chakié formaient réelle- 
ment une république aristocratique, quoiqu'ils re- 
connussent pour chefs plusieurs méliks qu'ils éli- 
saient, et dont le plus considérable, nommé Mélik 
Khaous, résidait à Méroë du temps de l'invasion 

(l836.) T0M3E IV. 11 



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54 iroyvELLK^ akkâles 

des Turcs. Ces méUks étaient plutôt des che& miH* 
t aires que des souverains; car ils ne pouvaient ni 
lever des impôts , ni infliger la peine de mort. Ces 
Chakié prétendaient être une branche des Djahelin^* 
tribu bédouine qui^ venue du Hedjaz , s^établit près 
de Chendi. Maintenant ils sont tous agriculteurs , 
et ne parlent que la langue de leurs ancêtres^ l'ignorer 
''*^tymologie de leur nom actuel ; quelques personnes 
pt lisent qu'il dérive de chark (oriental), et qu'il 
leur avait été donné par les Nubiens^ parce qu'ils . 
venaient de l'E.i et nommément de la province de 
Chendi. 

« Ce fut en 1 8ao que Mohammed-Ali exécuta soa 
projet long«temps médité d'envahir le royaume det 
Sennaar. Son principal but était de se débarrasser 
d'une partie de ses soldats turcs très turbulens , et 
de se procurer un grand nombre d'esclaves nègres 
dont il voulait former une* milice régulière. Son objet 
secondaire était de chasser le reste insignifiant des 
Matnelouks qui étaient encore dans ce pays j et de 
chercher les riches mines dor qui, disait-on, se 
trouvaient dans cette contrée de l'Afrique; peut-être 
aussi désirait-il s'assurer un lieu de refuge dans le 
cas d'une rupture avec la Porte. Il allégua pous 
prétexte de cette expédition l'intention de rétablir 
dans ses droits la dynastie légitime d'Ouelled-Âtlan , 
qui avait été renvoyée du Sennaar. 

.<c A l'approche de l'armée turque, les faibles res» 
tes des Mamelouks se retirèrexit par le Kordofan 



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^ BKS irOYAQTS. l55 

dans le Darfonr; et IsmaïUPacha, vainqueur à la 
bataille de KLorti ^ au mois dé novembre i8ao y sou- 
mit tout le territoire des Chakië. Maintenant , la 
contrée comprise entre Ouadi Halfa et Ouadi Gamr 
mer est réunie en Une seule province ^ dont le com^ 
mandant réside dans un château fort construit près 
du village d'Âkromar^ et qui a été nommé Dongola. 
L'ancienne ville de ce nom y située à 227 lieues plus 
au S.9 sur la rive orientale, du Nil , et aujourd'hui 
abandonnée^ était déjà avant Tinvasion des Turcs 
appelée Dongola Âgousa (Yieux Dongola); la do- 
mination des Turcs ne saurait être considérée que 
comme une occupation militaire provisoire , puis- 
que les revenus couvrent à peine les frais d'adminis^ 
tration. 

et Dans tous les pays au sud d'Âssouan ^ les impôts 
ont toujours été calculés et répartis^ non d'après la 
fortune des habitans y mais' d'après le nothbre de 
roues à godets servant à l'irrigation ; même l'éten- 
tendue du terrain arrosé pàrv chacune de ces ma- 
chines n'était pas prise en considération ; et ainsi , 
il résultait de ce mode de répartition un grand avan- 
tage pour les cultivateurs riches, qui pouvaient ache- 
ter beaucoup de bœufs^ parce que leurs roues ayant 
la possibilité de travailler continuellement, fertili- 
saient une bien plus grande étendue de terrain que 
celles de leurs voisins pauvres, qui n'avaient que 
trois paires de bœufs pour faire mouvoir leurs roues. 
D'ailleurs , dans le Dar Mahas , il y a le long du Nil 



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l56 :iroUt£LLES ANNALES 

de vastes terrains rocailleux , recouverts d'une mince 
couche de limon , qui retiennent les eaux de Vinon- 
dalion assez long«temps pour donner une récolte de 
lupins 9 de lentilles, d'orge et de tabac, sans avoir 
un besoin absolu d'arrosement. Dans quelques can- 
tons du Sukkot 9 les bords du fleuve sont générale- 
ment plantés de dattiers, qui n exigent aucun arro- 
sèment et qui étaient exempts de tout impôt. 

a Les Turcs ont introduit dai^s le Dar Don|;ola un 
système d'impôts tout différent : toutes les terres 
arrosées artificiellement, de même que celles qui le 
sont naturellement par leur position, ont été me- . 
surées; puis une portion déterminée de terrain a été 
assignée à chaque roue; je n'ai pu savoir son éten- 
due. Le surplus des terrains a servi à former de 
nouvelles portions, dans lesquelles les habitans ont 
été contraints de constriûre de nouvellies roues. Le 
gouvernement alla plus loin encore : afin de fournir 
à ces nouvelles portions de terrain :1e nombre d'ou- 
vriers nécessaire pour les cultiver, il ordonna qu'à 
l'avenir chaque roue ne serait exploitée que par 
quatre hommes adultes; l'excédent fut enlevé de 
force, et réparti dans les portions où Ton. manquait 
de cultivateurs. Enfin chaque champ renfermant 
200 pieds de dattiers dans le Sukkot et leMahas, a 
été taxé comme s'il était arrosé artificiellement. Ces 
innovations ont augmenté le nombre des roues d'un 
cinquième; mais elles sont trop vexatoires et trop 
violentes pour durer long^temps. U n'a été tenu 



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DES VOYAGES. iB'] 

compte ni de la différence de fertilité du sol, ni de 
ce que dans plusieurs cantons les plaines cultivables 
sont beaucoup trop élevées au-dessus dit niveau du 
fleuve pour être arrosée par une seule roue, en 
sorte qu'il ^en faut deux correspondantes placées 
l'une au-dessous de l'autre pour faire arriver l'eau 
à la hauteur nécessaire; ce qui exige un double 
nombre de paires de bœufs. 

a Avant l'ordonnance dont il vient d'être ^question, 
on comptait dans leDar Dongola 5a5a roues à go- 
dets. Celles du Baden-el-Hadjar et du Sukkot, dont 
les terres sont très maigres ^ paient chacune un im« 
pot de i5o piastres égyptiennes (55 francs); celles 
de tous les autres districts sont taxées à 200 piastres 
(75 francs-). Cet impôt se paie partie en argent, 
partie en denrées à des prix très bas, que le gouver^ 
nement fixe arbitrairemrent. Outre ces impôts per- 
manens , il exige parfois des subventions extraordi- 
naires : ainsi 9 dans les années ]8&f , iSaa et i8a4 9 
il se fit livrer un esclave nègre sur cinq roues. Les 
propriétaires qui ne possèdent point d'esclaves , en 
paient le prix à raison de 100 francs par tête; et 
c'est d'ap?ès la même évaluation que cet impôt ex- 
traordinaire se r^artit sur les contribuables. Enfin , 
chaque roue est tenue de fournir au gouvernement 
une quantité indéterminée de beurre , démontons, 
de tabac, d'ognons, de coton, de charbon, d'outrés 
dé cuir, de poules, de foin. Toutes ces redevances 
payées, il résieaux habitans, malgré h siinplicité 



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|58 NOVYMWm ANIfÀf.ES 

(Bitr&né de leur manière de vivre et'de si? vêtir, k 
peine ce qui leur est nécsessaire pour satisfaire aux 
besoins les plus iippérieux. Aussi les Migrations 
clandestines en Egypte sont-elles fréquentes malgré 
toutes les défenses. L'industrie nationale ^'peu consi* 
dérable, a été presque écrasée par une taxe person- 
nelle sur les ouvriers en tissus de coton ; elle leur 
enlève presque la moitié de leur salaire. 

<c On com{>rend9 d'après cet exposé, que les ha- 
bitans du Dongpla regrettent le régime des Mame^ 
louks, et plus en^core leur ancienne indépendance. 
Us ont, à plusieurs reprises, fait des tentatives pour 
chasser les Turcs , mais toujours sans succès» D ail- 
leurs Tadministi^ation turque est juste, quoique 
sévère* Tous les territoires, ejtcepté l'île tfArgo, 
sont gouvernés par des militaires turcs; les anciens 
ipiélikii, que ceux-ci peuvent ^déposer et remplacera 
leur • fantaisie /ike sont plds .que des eâpièoes de juges 
de paix et des percepteurs- d'itnpôts ; il» reçoivent 
du gouvernemeat des appoinlemens annuels assez 
minces. 

a Le nombre d^s roues à godets du Dar Dongola 
étant exactement connu, fiournit un mdyeîl d'évaluer 
sa pop^lâtionV J'ai trouvé que 4ix-huit individus 
vivent du produit du terl'atn arrosé par une roue^: 
.or, en multipliant les SaSo roues par i8, on obtient 
94,^06 iniiividus. Il faut ajouter à, cette quantité, 
i"" les équipages rdes bateaux appartenant au gouver- 
nement , leâ ^larbbands , lei^ tisserands et autres ar- 



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jUes voyages. 1:9 

transi qui> avec leurs familles / format un total 
d'environ S^oco âmes; a* plusieurs tribus d'Arabes 
nomades^ s'élevant ensemble à 6,700 tê^esj ce qui 
porte la pQpulaUon du Dongola à 1049^00 âmes. 
A peine cômpte-t«on maintenant 5oo e3claves c|an$ 
tout le Dongola ; jadis il y en avait plus dç 4^000. 
Leur nombre a diminué rapidement depuis l'iuva» 
ision des Turcs ^ soit par l'effet de l'impôt dont il a 
été question précédemment, soit parce que beau^ 
coup de propriétaires ont été obligés de vendre leur^ 
esclaves pour ps|yer leurs. impositions. 

a Cette diminution de populaJÛoii a été en partie 
remplacée par plusieurs familles de marchands, qui 
depuis vingt ans avaient quitté le Dongqla à cause 
des troublés^ et qui y sont revenues depuis le réta- 
blissement delà tranquillité.* «. 
, « D'après un. ealcul. approximatif, je crois pou* 
voir évaluer à i5a lieues carrées les terres laboura^ 
blés du i^vernement de Dongola, situées le long 
du I^i);'ce qui donnerait une population d*à peu 
près 700 amçs par lieuie carrée. 

. Les babitans du Dar Dongola se divisent en deux 
<;la8$es principales^ savoir .^psBarabras, ou descen- 
dans des- anciens Éthiopiens, et les tribus arabes 
venues de Hed^a^* Quoique les ancêtres deà Barabras 
se soient certSàinement mélangés à plusieurs reprises 
liV;$c Us tribus eanmies qui les ont subjugués, ce- 
peçidant un examen attentif fait retrouver chez leurs 
disscendans c|ueIquesritDs des traits quç nous retra* 



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j60 IVOUVELLES AVVkLES 

cent les statues colossales ainsi que les bas-relUkdçd 
.temples et des tombeaux. Un visage ovale, un.nea 
bien fait légèrement arrondi à l'extrëmitë, des lèvres 
assez épaisses, un menton fuyant, une barbe peu 
fournie, des yeux vifs, des cheveux crêpus^san^étre 
laineux, une taille moyenne, mais ad^niràblement 
bien prise, un teint couleur de bronze : tels sont les 
traits d'un véritable Dongolaoui. On retrouve en 
général les mêmes traits caractéristiques chez les 
Ababdi et les Bicheri qui habitent la province de 
Chendi , et même , du moins en partie , chez ^ les 
Abyîssins. 

a Je n'ai pas eu occasion d'examiner quelle affinité 
les langues de ces différens peuples ont entre elles; 
mais|e crois que celle des Barabras, qdfest parlée 
de Gebel Deka à Ouadi Ibrim et dans tout l'Ouadl 
Kénous, dont Içs mots, composés de peu de syllabes, 
se terminent presque tous par des voyelles, et dont , 
les modulations sont harmonieuses et douces , doît 
être regardée comme faisant partie des langues 
nuba ou nègres : cela me parait d'autant plus pro*? 
bable, que plusieurs de ces mots se retrouvent dans 
l'idiome du Kordofan. G est peut-être à cause de celte 
afGnité des langues que les Arabes établis dans le 
Dongola donnent le nom générique de Nuba aux 
^ habitans primitifs de cette province, et. en générai 
à tous les indigènes au S. d'Assouan , dont la langue 
maternelle est le barabf a. 

çc Beaucoup de Barabras parlent l'arabe; mais 



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J)£S VOYAGES. l6l 

rarement un Arabe libre s^abaisse à apprendre le 
barabra; les deux peuples vivent séparés Tun de 
l'autre; très rarement ils s'allient par des mariages. 
Les Arabes ont conservé en partie les traits de leurs 
ancêtres; ils se distinguent par un front saillant, 
un nez bien fait| une boucbe proportionnée, des 
lèvres minces, des yeux vifs un peu enfoncés , un 
menton arrondi garni d'une barbe touffue, des che-* 
veux plats y une taille baute et un teint assez clair. 
Gomme leurs ancêtres , ils mènent une vie nomade 
et ne s'occupent que de leurs troupeaux , à Texcep- 
pourtant de ceux qui habitent le Dar Chakié , et de 
quelques tribus fixées dans le Dar Dongola qui se 
livrent à l'agriculture. 

«Les Barabras et les Arabes sont vêtus de la 
même manière : une grande toile de coton , bien 
grasse et bien sale, leur couvre les épaules et les 
reins; leurs cheveux, dcgoûtans de beurre, retom* 
bent en petites boucles sur leur nuque ; ils portent ^ 
des sandales dont les semelles et les courroies sont' 
fartes d'une seule pièce. Au bras gauche ils attachent 
un couteau avec des formules n^agiques écrites sur 
une bande de cuir ; quelquefois aussi une petite pince 
en fer, pour enlever les échardes, et une corne 
creuse contenant du musc de crocodile et d'autres 
drogues odoriférantes. 

« £n voyage , le Barabra porte une épée droite , 
suspeûdue obliquement au-dessous du bras par une 
courroie courte, L'Arabe ne quitte jamais cette arme 



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|6a lyOUVELIiES AlOrALES 

qui esl de fabrique allemande , et apportée par les 
marchands égyptiens; il y joint ordinairement deux 
lances et un bouclier oblong fait.de peau d'antilope. 
On se sert rarement ici de boucliers de peau d'hip-^ 
pçpAtame ou d'éléphant, parce qu'on les trouve trop 
lourds; quelquefois on en &it de peau de crocodilei 
Jjes méliks omt la poignée de leur épée en argent d'un 
travail assez délicat : c'est. le seul signe distinetif (|e 
leur dignité. 

' Le vêtement des femmes se borne également à une 
grande pagne de toile de coton blanche {melmé) 
avec une bordure rouge , qu'elles fabriquent elleS"» 
mêmes ; elles s'en envieloppent à peu près comme 
les hommes , quelquefois elles s'en couvrent le der- 
rière de la lêle; mais quand elles font quelque tra- 
vail pour lequel les bras doivent être libres , elles 
s'en entourent seulement les reins. Elles se parent 
les oreilles d'anneaux épais d'argent; les riches, qui 
ont quelquefois au nez des anneaux d'or, s'ornent 
les bras et les pieds de braeelets d^argent, e^ leurs 
cheveux tressés de grelots d'argent garnis de coi^ail, 
qui leur pendent sur les épaules et sur la poitrine ; 
des filiàireset des colliers de verroterie etde succin non 
taillé sont réservés pour les côtés de la tête et pour le 
cou; des bagues d'argent, avec ou sans cornalines 
polies, sont très à la mode; enfin là parure la plus pré* 
cieuseestua^o/72//ii]^: c'est une agate à couches de dif- 
féreates couteunî, parallèles entre elles, mais verti- 
cales à l'aide de la piètre; lès plus estimées sont noi- 



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' DES VOYAGES. l63 

res, à bandes blanches. La pierre brute se trouve 
dans le Nil; «lie est polie et percée dans l'Yëmen. 

^Lès femmes se teignent en roug^ ta paume des mains 
€t les ongles, et se noircissent les paupières et les 
lèvres. 

«Les jeunesifiUes porteul;, jusqu'à leur mariage, 
autour, des reins une ceinture de lanières de cuir 
^roar/)^ et quelquefois jétieni surjeturs épaules use 
pagne de cbton; elles s'attachent autour des han- 
ches un c6fdon de eeirnalioea oh|ongue$^ de U gros*» 
seur du pouce, polies sur leur face antérieure.. l^es 
garçons vont nus jusqu'à l'^eide dix ans; alors ils 
â'entoureni; les reins d'un cbiffon* 

«La principale occupation des Barabras e$t la 
culture des terres; comme elles sont trop A^yée» 
pour pouvoir être suilisamment inondées par lelïil 
pendant sa crue, )a hauteurià laquelle il monte t^'it 
pas. une. influence directe sur l!abondanoi des mois- 
•$ons. Ainsi;toiute terre cultivée doit être arrosée a^i- 

* £deUement. Maie, ai le î^il ne monte pas^très haut, 
ou s'il.ne pleut past^pendant Vétéj le fourrage man* 
que ^urJes bestiau)^ : alors iceuic-ci ne peuvent faire 
leur travail ordinaire , ^t: l'aVro^èment s'e« restent. 
Pour maintenir suft|sa^mei}l en activité une i^ue^ 
il laut au moins trois paiires de. bœufs travaillât 
chacune cinq beui?es par jour. L'ouvrage de l'homme 
se boipe ^.piocher un. peu le sol avec la houe, à 
Vivifier, fe terrain fa catréif plus ourapins réguliers 
que l'on, entoure d^itin peiit rebord en terre., et d'y 



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l64 NOUVKtLES AVJKKLES 

faire arriver Teau au moyen (dé rigoles. Ôrcttôaircs 

ment, avant les semailles, on couvre les champs 

d'une légère couche de terre grasse qu'on, tire des 

parties basses du désert; je crois que ce sont d'au-*- 

ciens dépôts de débordemens extraordinaires du NiU 

« On fait deux récoltes par an , mais non sut! le 

niérae champ. Les premières semailles se font en 

septembre, aussitôt que l'inondation a cessé; la 

moisson a lieu en janvier : elle est suivie immédiat 

tement de nouvelles semailles; et la seconde moisson 

mûrit en mai* Les principales productions sont le 

dourra , le ma!s et le doghen , et depuis l'invasion 

turque > le froment et Forge. Le long du rivage on 

sème des lupins et des haricots qui n'ont pas besoin 

tf arrosement artificiel ; dé plus , auprès de chaque 

roue y un petit terrain est réservé au coton , au ba* 

mié ( hibiscus escidenius ) , à Tognon et au tabac. 

«Un cakulant d'un côté le produit net des denx 
récoltes stir un champ arrosé par une roue ainsi que 
leur prix moyen, de l'autre le montant des impôts 
payés soit en argent soit en nature , on trouve qu'il 
reste au propriétaire un revenu équivalant à 4oo fr^ 
par an, avec lequel il faut qu'il nourrisse et vêtis>sé 
de dix-huit à vingt personnes, et subvienne à des 
pertes extraordinaires occasfonées- par des épizoo« 
ties, à des dégâts causés par Tinondation et autres 
àccidens. Jadis l'impôt sur chaque roue, lequel est 
aujourd'hui de 1 1 5 fraqcs , n'était que de a5 francs , 
et en même temps les prix des denrées étaient plus 



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IIES VOYACEâ. l65 

élevés. L'énormité des impots a été suivie d'une mi^ 
sère extrême : le paysan n'a fréquemment pour 
nourriture que des feuilles de haricots cuites à Teau^^ 
du lait caillé et du pain de dourra ; sa seule jouis-* 
sance est de boire du bousa, liqueur fermentée faite 
avec du dourra germé. Il ne mange de la viande qu'à 
roceasipn du décès d'une personne considérable ^ 
parce qu'alors les parens de celle-ci sont obligés de 
tuer une vache. Faute de fourrage, il ne peut nourrir 
nî moutons, ni chevaux; il n'a d'autres bêtes de 
somm^ que des ânes d'une chétive apparence ; le petit 
nombre de chameaux est d'une espèce très inférieure. 

a L'état de trouble du pays depuis cinquante ans 
est cause que l'on ne bâtit presque plus de maisons 
en briques séchées au soleil ; la plupart consistent en 
un treillage de perches, recouvert de grandes nattes^ 
de tas de paille ou de tiges de dourra. Ces huttes 
ont l'avantage de pouvoir se transporter facilement 
d'un lieu dans un autre. Les Barabras sont persua- 
dés qu'occuper une maison précédemment abandon- 
née porte malheur; et comme les pluies annuelles 
né sont pas assez fortes pour détruire les cabanes 
des villages quittés par leurs habitans, on comprend 
pourquoi on rencontre une si grande quantité de 
ruipes éparses : on conclurait à tort de cette circon-* 
stance que la population a baissé; on peut tirer la 
même induction, avec plus de justesse, de la dimi-*' 
nution du nombre de roues d'arrosage. 

«Des châlits {ankareb) faits avec des baguettes 



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l6é NOUVELLES ANNALES 

de palntiër^ ou dès courroies, plusieurs liatteë en 
paille, une pieire plate (/woÂ/^aAé) pour moudre le 
grain; un pdëlon en terre Çdoka) et autres usten- 
siles pour cuire le pain ; des plats Çtabaké) en feuiUeiS 
de dom tressées ; un grand vaâe en terre ( bourma ) 
pour l'eau; de petits pots en terre {fcabaké) pour 
préparer le bousa ; des gourdes pour le beurre , uti 
vase dans lequel on conserve de la pommade de sen- 
teur pour les cheveux , enfin des courges creusées 
qui servent d^assiettes : voilà à quoi se réduit lé 
mobilier' d'une maison barabra. Tout autour, on 
place sur des pierres plusieurs grands cylindres 
tveux en argile , qui peuvent se fermer hermétique-^ 
ment avec un couvercle, et qui contiennent chacun 
une espèce particulière de provision, par exemple ^ 
les grains, les bamiés sèches, le coton; elles sont 
ainsi préservées des atteintes des rats et des insectes^ 

« Les Barabras adultes passent la plus grande 
partie de leur temps dans une oisiveté complète y à 
l'exception de quelques artisans^ tels que tisserands, 
forgerons et charpentiers ; mais ceux-là même ne 
travaillent guère que deux à trois heures par jour. 
Le soin de surveiller les bœufs employés à faire 
tourner les roues d'arrosement, d'ouvrir et de fer- 
mer les rigoles et de chasser les oiseaux quand les 
récoltes sont près de leur maturité , est confié aux 
jeunes garçons et aux esclaves. 

«Les femmes sont beaucoup plus actives; le soin 
duméoage est leur moindre occupation , puisqu'il 



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BJKS VatAGES* 167 

se borne à moudre le grain et à faire cuire le pain ; 
elles doivent encore. aller chercher wa fleuve , sou-^ 
vent à de grandes distances, leau jipur boire, et à 
l'époque des moissons elles font les rëcpltes , bat<« 
tent le grain , nettoient et filent le coton« 

«Depuis l'occupation du pays par les Turcs , leé 
Barabras sont assujétis . à de fréquentes corvées ^ 
surtout pour le halage des bateaux du gouverne-^ 
ment. . 

a Les filles et les jeunes femmes barabras ont d^ 
beaux traits , une jolie physionomie et une taille 
élégante; mais lestravaux du ménage et des champ» 
détruisentpromptement leurs charmes. On les ma-> 
rie k l'âge de dix ou ortzé ans ; c'est«à-dire la mhvë 
les vend à leur prétendu ; la somme est payée moitié 
en argent , moitié en bestiaux et en vêtemens; cette 
dernière portion constitue ta dot de la femme msir^ 
riée; quant à l'argent, la mère le garde; mais aussi 
elle est obligée de reprendre sa fille et de la nourrir^ 
s'il plait au mari de la répudier, ce qui arrive asseae 
souvent. La femme divorcée est tenue de gardei^ 
ses eufans jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge dé 
sept ans, alors le père prend les fils, et les filles 
restent avec la mère. La femme répui^iée peut se r^» 
marier; son prix est d'un tiers moindre que lors- 
qu'elle était fille. Si un couple divorcé se rapatrie , 
l'homme doit donner à sa femme deux pièces de 
toile de coton. 

«Il m'a semblé que les filles do joie n^^encoumenft 



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l68 IfOUVJEUBS AIVNALÈS 

pas le mépris; elles sent admises, et même très v<M 
lontiers dans toutes les maisons ; leur nombre se&t . 
beaucoup accru dans le Dar Dongola depuis les 
dernières gjuerres. Ce sont toujours des femmes aban« 
données de leurs maris ou des négresses esclaves qui 
fotit ce métier pour le compte de leur maître. Un 
ancien usei9»i déclare esclave du mélik Tenfanll 
illégitime .i>.' la iemme libre; mais cette loi sévère 
n'a pu arrêter la dissolution des mœurs ; elle est 
portée à un d^ré inconcevable daâs tout le pays. 

«c L'administration de la justice est , entièrement 
entre les mains des officiers militaires turcs qui né 
consultent guère que leur caprice. On peut , à la 
vérité, appeler de leurs jugemens au gouverneur de 
la province, mais il est bien rare d'obtenir satisfac- 
tion. Autrefois les méliks rendaient la justice tout 
aussi arbitrairement; toutefois^ dans les causes im^ 
portantes, ils consultaient les notables. 

ce Dans la plupart des villages se trouve un faktr^ 
e'est^à-dire un homme sachant lire et écrire et con- 
naissant à foiul les cérémonies religieuses de l'isk- 
misrae; exempt de tout travail manuel, il est nourri 
par les habitanis et chargé d'enseigner aux garçons 
la lecture, l'écritm*e, la religion et les prières; un 
de ses moyens d'industrie consiste à écrire sur des 
morceaux de papier ou de peau des formules magi* 
ques dont chaque Barabra porte au moins sur soi 
une demi-douzaine^ on en attache aussi au cou des 
chevaux et. autour des champs, pour les préseryer 



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BES VOYAGE*. 169 

d'un mauvais regard et des incursions des 'hippopo- 
tames. 

ce Apeinelesjeuiies gens coniiaissent-ils les lettres 
de Talphabet t{u'ils se croieut très savans; en peu- 
dé temps ils oublient cequMls ont appris. Toutefois y 
ceux qui se destinent aux fonctions de fakir conti- 
nuent leurs études; je n'en ai jamais vu un qui fût ' 
allé ni au Caire ^ ni daiis aucui^e autre université 
musulmane, pour s'y instruire dans la théologie. 
Rien <le plus rare qu'un Dongolaoui qui ait fait le 
pèlerinage de la Mecque; ils n'observent d'autre 
pratique religieuse que le jeûne du Ramadan; ha- 
bituellement ils négligent les ablutions et les prières 
prescrites par le Coran; mais, de temps en temps, 
on en voit un s'en acquitter, pendant quelques se- 
maines, avec la régularité la plus .scrupuleuse; c'est 
ordinairement à la suite d'nn vœu prononcé au mo- 
ment où il allait commencer un long voyage pour 
revenir dans ses foyers , ou entreprendre une affaire 
d'un succès douteux. 

<x Le Dar-Dongola n'a d'autreà productions à ex- 
porter que des dattes qui sont expédiées à Chendi, 
au Kordofan et en Egypte, et depuis quelques an- 
nées beaucoup de froment qui va dans les deux pre- 
miers pays pour la consommation des Soldats turcs. 
Autrefois il y avait parmi les Dongolaoui de riches 
geliabiy ou marchands, qui visitaient annuellement 
le Sennaar, le Kot«dofan et le Darfour, dont ils 
transportaient les productions dans les pays septen- 
( ï836.) TOME IV. la 



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trionaux du Nil ; mais les guerrefs, et plus tard te 
système de Mohammed- Ali , ont anéaati ce com- 
merce. Aujourd'hui il ue reslie plus qii« des mar- 
chands en détail qui vtnàeût j daas les foires des^ 
graads villages^ les marchandises étrangères dont 
les Dongolaoïfti ont besoin^ 

a Pour entretonir les commuoicafions entre les 
deux rives et arec les îles du Nil ^ les indigènes se 
serveat de bateaux à bords perpendiculaires et à 
fond plat, qu'ils eonstruisent avec des planches 
épaisses de ekiq pouces et demi clouées ensemble^, 
ces bateaux ne Yo«t qu'à k rame^ et sont très lourds f 
mais ils ne courent jamais la chance de chavirer, et 
portent ua grand ûombre d'hamroes et d*animaux.. 
Le gouveraemenD turc a> fait bâtir k son usage deux 
cents bateaux beaucoup plus grands, à quille et 
avec un mât à voile carrée; i\ les loue aussi aux par* 
ticuliers pour le transport de leurs marchandises. 

u Les chasseurs d'hippopotames et les pêcheurj 
forment dans le Dar-Dongola une cilste particulière » 
et sont nommés haouaouit en langue barabra; ils 
creusent dans un tronc d'arbre une pirogue longue 
de dix pieds qui ne peut porter que deux ùtJt au 
plus trois hommes. Pour la pêche ils put de grands 
filels de fil de coton , et la font ordinairement 
la nuit; ils etsiploient aussi diçs hameçons. Quant 
à la chasse aux crocodiles , la saison la plus favo- 
rable est Vbiver, parce que alors ces grands rep* 
tiles s'endornient au soleil sur les emplacemens sa- 



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ilES VOTÂGES. lyi 

blonneiix} où bien lie printemps, qùaiicl la femelle 
surveille ses' œufs qu'elle a enfouis dans le sable : le 
chasseur, après avoir observé l'endroit où elle a 
l'habitude de se tenir, se cache derrière un amas de 
stable situé sous le vent ; dès qu'il la voit endormie , 
il lui lance de toutes ses forces son harpon; le cro« 
^odile blessé se précipite dans leau, entraîne avec 
hîi un morceau de bois léger attaché au harpon par 
une longne corde y et qui flottant sur l'eau indique 
la directidn que prend le monstre; le chasseur se 
jette dans la pirogue qne son camarade tient prête ^ 
suit kl crocodile et lui lance un second harpon , au 
moment où il âe tftotttre à la surface' de l'eau ; lors- 
que Tanimal est épuisé par là perte de son sang^ 
les detnc chasseurs saisissent la corde du harpon , 
traînent leur proie à terre, lui enfoncent leur lance 
dans la nique et l'achèvent en lui brisaiitt Fépine 
du dos« 

a Les B^trabras mangent la chair et la graisse du 
crocodile; mais ils lé tuent surtout pour se procurer 
une substance âemblabld au musc qui se trouve pla- 
cée daas quatre glandes situées à la mâchoire i>nfé^ 
rieure de l'animal J ils s'en servent pour se parfumer 
les cheveux. 

« Les chasseurs d'hippopotames épient le mome»ll 
où ils dorment, pendant le jour, sur les bancs de 
sabib du Nil, ou bien celui où ils quittent le fleuve 
la miit pour aller paître dans les champs de do\xvnû4 
Arrivé à la distancé d'environ sept pieds, le eliËfs-^ 



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lya KOUVikLLEni ÀBriCALES 

seur lance à Thippopotame son javelot dont rextrë-f* 
mité est barbelée; malheur à lui si l'animal l'aper- 
çoit avant que l'arme ait été décochée , car alors il 
se précipite sur lui et le broie entre ses dents ; une 
fois blessé^ i'hippîopotame regagne' le fleuve et 's'y 
plonge; mais le morceau de bois attaché au fer dii 
javelot surnage sur l'eau ; les chasseurs montent 
dans leur pirogue y vont attacher à ce morceau dé 
bois une longue corde, et regagnent le grand ba- 
teau où se trouvent leurs compagnons; ils tirent à 
eux cette corde ; l'animal , irrité par la douleur que" 
lui causent les dents du harpon, revient sur l'eau,- se 
précipite sur le bateau , en saisit les. bords avec ses 
dents et tâche de le renverser^ ce qui lui réussit par- 
fois; de leur Coté, les chasseurs lui lancent uue 
demi'douzaine d'autres harpons, et cherchent, avec 
une lance bien acérée, à lai: couper la %orge où à 
lui fendre le crâne. Quand ils l'ont tué, ils le traî-^ 
nent à terre pour le dépecer, mais ils ne sont pas 
assez nombreux pour faire cette opération, à cause 
de la pesanteur' de l'animal; ils partagent son corps 
dans l'eau, et baient les mprceaux sur le rivage: 
ordinairement ils détruisent atïnuellémeht un ou 
deux hippopotames. La chair des jeunes est très dé- 
licate; ceux qui ont toute leur croissance sont très 
gras; ils pèsentautant que quatre ou cinq bœu&JLes 
Dongolaoui ne tirent parti que de leur peau dont 
ils font des cravaches excellentes; une seule peau 
pçut en fournir 35o à 5oo; on négligé leiira deUts. 



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0E& VOYAetS. 173 

« Un deshippopolâines que nous avons tues étak 
ftrès vieux et long de treize pieds et demi depuis le 
«luseau jusqu'à la naissance de la queue: la Ion* 
loueur de ses défenses était de yingt-slk pouces. Â 
peine eut->il aperçu les chasseurs qui voulaient atta^ 
cher la corde au morceau de bois tenant au harpon , . 
qu'il se précipita sur eux ^ coula à fond leur pi- 
rogue; les deux chasseurs ne se sauvèrentqu'à grande 
peine à la nage. Il se porta ensuite sur le bateau où 
j'étais et l'entraîna dans toutes les directions , peu 
s'«n fàll^ -qu'il ne le submergeât; il reçut dans la 
lêtevingt-cinq. balles à bout portant; i^ne seule lui 
perça lestes près du museau ^ toutes les autres étaient 
restées d^ns la peau ; en respirant, il nous inondait 
de torrens de sang. U expira enfin après qu'une ea* 
pingoLe lui eut envoyé dans la tête et le corps cinq 
grosses balles:. L'obscurité de la auit ajoutait à Tbor^ 
renr.du ciombat qui- duca qnatre heuresl 

tt Quosque laoonditioades Dongolaauiy depuis que 
1^ Turcs sont mattreisi de. leur pays, aûit très.misé-r 
4^able, ils n'en conservent pas moiins un grand fond 
degàîté; ils chantent et danseni; volontiers et sou- 
vent, «t oublient facilement leurs, tabula tions., 
pourvu qu'ils aienjt du bouaat à boire. 

..ccBienque Ton ne puisse pas se^ faire un^ idée 
exacte du caractère d'une nation quand on y^xa^ 
jBÎne ilai^ un temps ,oii les événemens politiques 
pèsent d'une manière accablante sur tout le monde^ 
jrei crois néanmoins pouvoir tracer le portrait suv- 



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174 irOUVEUiES AVViLES 

yajQt, eommeU résultat 4e mes obsei^atlons pe^daiil 
irak aaft. E^es DoDgolaotti sont un peupk U^v, f^iif 
^nsuel 6t exirémemeat égoïste ; ils ne connaisMOt 
p^9 même de nom t'esprit public; ifs ignorent ce^Uf 
c'est queramitié, l'amour, la neconpaissanee. Par 
une suite naturelle de cet ëgqiame, ils ne i^eod^at 
um service qu^a^ytc la |>lus grande répu^naiice. f^ 
pourrais appeler les adultes paresseuj^y puisqq'iit 
Dot horreur de tout trarail suivi. Ils ne m'ont poîn( 
paru vindicatifs 9 ai endins au vol^ ni fàpatifpteSf 
Les ruines des temples chrétiens que JW trouve 
près de Saï, de Hannak , de Dongola Agousa , 4e 
Ghianetti et de Magall , prouvent que jadis notre 
proyaiice était répandue dans c^ttecpntRpe; aujour^ 
d'hui son nom méoia y est; inconnu. 

« lite.capastère des babiiaos du Maihlis et du Sulsàot 
diffène eteentipUeioent de celui des Dongolâoui^ on 
ne trouvé ches euK qu'une sombre réscpvse^reavie et 
la défiai|oeç «leur smh qualité eoaiinuoe eçt V^ égplsme 
escoe&sif» L'absence àp toute unifbnmté dans les traits 
indique u^ mélange de plosieuns races| le typedo<* 
lïiHiaat est c^ui des lîeilabs arabes. Avaiit Tiiiva*- 
sion des so^ldats osmanlis ^ les liaibstans 4e :oes emi* 
trées vivaient en hostilité continuelle éatm eux; l|t 
plupart des villages éts^ienten^ourés, cottnpedes oliâ- 
teaux forts ; d'énoraies murailles -coostriiitea en 
bbps de granité ^ formant un ci|rréiavec deux UMnrs 
À chaque angle , et peroées de meurtrièt»es. 

fiç Les fMR{mes étaient surveillées avec iin neil ja? 



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- jllfi8 ' VOf AT^SSi 1 7*5 

louX| et IjeursfauUs puoies.avec une «évérké ex- 
trême., Une femme, apeurée par son mari <l*avoit* ' 
manqué ^ la foi con^.^galf avee ufi. ëtrao^^ était 
.nojéjs dans le Nil par ses propreii pareo&. G'«taît 
peut-jêtrepour évUerces relations crirainetlea qu'elles 
n'apprenaient d'aigre laague que le harabra leur 
idiome maternel : dans.pliisieurs villages, les lM>mmes 
même n'ea p^^rlent pa$ d'aiiiitre ; l'adultère avec uo 
.indigène n'était p^ai que par la repuditttioB de La 
fenme. Je n'ai presque pas^ entendu retentir chez 
.ces peuples les airs de danse et les t^baif^s joyeni; • 
au lieu jde l>pusa, on boit une décoction île dattes 
.h moitié fermentées ; on lappeUe vin de dattes , elle 
a un goût douceâtre fort désagréable. 

«cAu nord de Sukkot, jusqu'à Ouadî Halfa, il<a 

.été et il e$t encore très dangereux de voyager h 

cw&e du peu de ^sûreté des ^ixemins^ circonMance qui 

. prévient peu^ favoi^ablement pour le caras^tère mo- 

, rai dei» liabitans. Beaucoup d'hommes, chercheat à 

.inûter le costu^ie de ceio^ d'Ouadi Ifalfa, en se ra- 

,^aat la tâbe et fse coif&ot de petits bonnets blancs : 

les femmes des environs» de Sal portent , comme 

cellesd'Quadi Ibrim, des paAtalons amples et longs; 

.du.re^e^y elles s babillent oocniaseeeUes dul>ongola. 

^I^as chéttCi prodtiits de l'agriculture sont, jusqu'à 

un certain ppii^t , compensés par une abondance eic- 

. tr*£me 4e dattes eiLcelleates ; les babitana en font * 

leur principal^ nourriture et en donnent marne à 

leurs ânes dans les. voyages de peu de dur^ 



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176 HOlfVfiLLBS AÏTNALES 

«BiLes Arabes Chakië passent pour être plus dk« 
solus que tes Dongolaoui, non par légèreté^ lûais 
par principe. Je les ai trouvas hospitaliers et obH- 
geans; ils étaifsnt renommés par leur bravoure dans 
les combats , ils ont également conservé l0ûr amour 
de l'indépendance. Les chefs, retranchés dans leurs 
châteaux forts , vivaient entre eux dans un état de 
jalousie continuelle; néanmoins , dans un moment 
de danger commun , toute disseutioh particulière 
dispara'issait. Comme ils possèdent beaucoup d'es* 
clavesy ila leur confient tous les travaux du ménage 
et des champs; leurs femmes restent presque toujours 
assises et sortent rarement, c'est peut-être pour 
cette dernière raison que leur teint est bien moins 
foncé que celui des femmes des Dongolaoui et' des, 
autres Barabras , vivant plus au nord; celles-ci sont 
• presque d'un brun-noir. Les femmes des Arabes 
Chakié ont de grands yeux très vifs et des traits 
très réguliers ; c'est poqr s'embellir encqre qu'elles 
se noircissent les cils et même les lèvres avec de la 
poudre d'antimoine. Quelques-uns des cheikhs sont 
' des fakirs savans, c'est-à-dire qui ont fait une étude 
' approfoirdie des lois musulmanes dans les écoles do , 
Damas. Ils mènent une vie régulière, du moins en 
apparence; ils s'abstiennent de toute liqueur fer* 
mentée, et s^açquittent ponctuellement de tous les 
devoirs religieux et de toutes les pratiques prescrites 
par le Coran; ils se rasent la tête et l'entourent d'ui^ 
inorceau de toile en guise dç turban. 



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]>ES VO¥AeB5f 177 

> M Tous leà Bédouios vivant en nomade dans le 
Dongola, prétendent être sortis du He^az, et sont 
fiers de cette! ot*igine , quoiqu'ils ignorent l'époque 
à laquelle leur tribu a émigré, et le canton du Hed- 
jaz qu'elle habitait. Ils ne parlent que l'arabe^ beau* 
coup même ne comprennent pas l'idiome des Bara* 
bras au milieu desquels ils demeurent; ils ne con- 
tractent jamais de mariage avec eux , et , quoiqu'ils 
ne soient pas orgueilleux, ils traitent avec une 
sorte de dédain les Dongolaoui qu'ils désignent par 
le nom générique de Nuba, 

a Ils cherchent , du moins en apparence , à observer 
ies lois de l'hospitalité, maïs il m'a semblé qu'ils 
«le se piquaient pas d'y être très fidèles. On répète 
généralement, dans le pays, qu'il ne faut pas beaur 
coup se fier à leur parole, et que la convenance di* 
rige chacune de leurs actions ; leurs femmes sont 
anssi feméusjps pour leurs mœurs dissolues que ce-' 
lèbres pour leur beauté. Autrefois-, une certaini^ 
défiance hostile- régnait entf^e les tribus; l'adminis- 
tration dé la justice et le soin des autres affaires pu- 
bliques étaient entre les mains de cheikhs élus, 
maiscetle dignité était. héréditaire dans les familles) 
du reste, leur autorité était insignifiante, et ils n'a- 
vaient pas de revenus fixes. Aujourd'hui les gouver- 
neurs turcs leur paient de petits émolumens, et 
^'arrogent le droit de les destituer, à leur fantaisie, 
Jdrsque les contributions de guerre imposées à leur 
|i:ibu nesont pasi^pa^éesexacteu^ent. 



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mlM liohcAsetla oei Bédouins côôsAsto dans leora 
troupeaux^ cQD)fM>s0$ princips^ment tie moulons et \ 
' de chèvres; au commencement de la saisoci des 
^uîes, ijs les canduisent dans \t deseiH de B^hida, 
mx iiis restent pendaiit sU à huit mois. 'Vers la fia 
Je février^ lorsque la séd^reese diniia.uie les pâtu*^ 
orages, iU se rapprochent du NU au de6^aod& puits^ 
tels ^ue c(3u^ de Oamaier et de <jS^hekdoi¥l; 4s vi* 
want tiWAle Tan^ sous des testes d'uae étoffe gros- 
fÂère 4e poU de chaweau ou de (C^èy œ qu'ils &bri- 
quent eux-mêmes. 

• « Autrefois ils a vaioiH d'è^elteus ehtvauiL dia race 
40i9go)4OMi; les Turcs les» leur ont euicvés^t leur 
«ont vendu des ehevaux de vSyrie. Us «'en serv^ant 
liendiant \^ mois de juin et de juiUfit pouf la ohasse 
Jans le désert , surtoat . celle dea àotilcipes de la 
fraiide «espèce et des atitrucbes. 

<^Vmxv la premièi'ei pn cbpifiît de préféf^enoe un 
jour de calme et de graA^de dhaleur^ iOeux chasseurs, 
.armés ehapuo d'une oourte tance et d'un fouet de 
i^uir, partent ensemble à la rechenc^e. du gibier.; 
jis sont suivis de deux autres Arabes montés aur des 
jciatameaux qui portent une provision ^^avou Quand 
ils ont trpu^é dos traces fraîches d'aniiilopes^ ik 
.fiant boûré et reposisr un. peu leurs iCèievsqx ; puia 
ik lesmâtteotau grapdgalopdès qu^ils aperçoivs^vt 
i'aoimal. Il j a ordinairemetit plusieurs açttilopes 
ensemble, mais les dîlTérentes espèces sont sur des 
pâturages distint^s« L^ninial poursuivi décrit^ en 



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i«)|ranti pt^^M^H «tntpbéi. Hnn des <4uUs0urs àtk 
^1 t^99&jf lUkAs t}tie l*aut4r<» ehetchB à YsAîeinàw 
par la cpfd^ de l'arc. L atiûlopoy affaibli dans la 
. ëaison ^j^nde , , par le . manque d eau 9 ne tardé 
p(^i torpber de lassitude^ et souvent le voyageur 
ii'a paj$ à faire usQge.de 909 armes, il 1 égorge. Les 
.«t^ai?»eauit arman!, on rafraîchît les cfaevauiL et oa 
ij)arge sur les chameaiis le produit 4ie la chasse. 

ce C est de la même manière que Van force les 
di|{r«dbfis^ qui jpaîsseat toujours par leouples : quand 
il f ^it du veaat , les. meilleurs chevrttix na saurûent 
Jes fitlftindre; Das9 le^ chaleurs «aoessives, au co^- 
.tntirû^ les dromadaires les plus agil^ les attrapent. 
Vtmplsi chasse auxjgirafes,vp9 a besoin 9 a'itnpone 
. b laieda, de& efaevaux ^^i <so«ii'ftnt le plus vite. 
: « J^S'plénies de^U'antrucbe mâle 8(>nt-les pliis 
^tijiiées. O^ en iaiit 4e petite paqueits et 00 les eon^ 
serve dans la peau même de Toi^eatt après l'avoir 
retournée. Les Arabes las vendent aux Hiardiands 
«ggifitient a raàspo de iB à 3o francs par pe^u; 
chaque. autruche iboniijt lenvinoa crois .litres de 
plumes noires^ poids du iCati-e^ et une ^eoM^Uvre 
4e.plttÉfies Uancbee. Q^ péujt jiiger par là du gros 
ptt^ofitqnie doaaje cet objet quand la mode Le fait 
Mncfaëiiiv en Euarope. jLè plumage d'ime antrvobe 
£ttnelle se paîa an plus.n irAnos Se eeqtrmes daqs 
}e Dar Dongola. . ». » 

. jQcLa «ehaîr et la graisfeo die rautrucha eoutr^pu- 
H^s up înets délicai; ataîd elle a rni goûjt parti* 



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l8o irO0V£ïl^S AKBfALES 

cnlierquime la rendait dësagréable. La chair ée^ 
grande antilopes est e<^upéè par trancher et sëchée 
à l'air; on l'expose en vente dans les marclïés d'Âni- 
boukoL La peau de l'antilope leucorix i4p6 a près 
d'un pouce d'épaisseur sur le dos; on en fait dea 
boucljers qui se paient jusqu'à i5 francs. Ôii tanne 
les autres peaux ^ et on en fait des outres et des san- 
4^es : celle des girafes est surtout estimée pour les 
ouvragés en cuir^ 

« C'est aussi à oheval <)u*on fait la chasse aux 
Jynx {/elïs ca/%ica/), aux petites panthères (^lis 
gutùata)j aux chiens sauvages {canis pictus)^ ces. 
anintaux craignent la chaleur. du sable échaufté par 
les rayons du soleil; poursuivis, ils fuient rapide- 
ment d'un arbre à l'autre pour se mettre k l'ombre, 
jûaqu'à ce qu'ils succombent de lassitude. On prend; 
aux filets les petites gazelles, telles que XantUop^, 
dorcas et V antilope dama. 

u Les singes, les moutons sauvages et les porcs-. 

* épies, se chassent avecdes. chiens; maison en prend 

• peu, parce qu'ils ont trop de moyens de se aauver^ 
le singe sur les arbres, le mouton ^sauvage sur dçs. 
rochers inaccessibles, le porc-épic dans des sou- 
terrains. Les hyènes sont prises au piège : les Arabes 

' mangent leur graisse ainsi que celle des lynx et des 
panthères; ils dédaignent celle des singe et des^ 
chiens sauvages. 

- . a Rarement les Arabes font la cirasse iaux lions, 
parce qu'eue coûte ordinaîre^ment la vi^ à quelques. 



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DES VOYAGEvS. l8i 

liomnies et à quelques chevaux. On me raconta qu'un 
Arabe seul était venu à bout d'un lion. Pourvu d'une 
fi*onde et d'un sac de pierres, il arriva eu vue de 
l'animal couché à l'ombre d'un arbre; il' lui lança 
de loin des pierres avec beaucoup d'adresse, et se 
retira bien vite pour éviter sa colère. La chaleur du 
soi obligeait toujours le lion à se réfugie^ prompte- 
ment sous l'ombrcf d'un arbre j l'Arabe recommen* 
çait continuellement ses attaques avec sa fronde; 
enfin un coup heureux frappa l'animal à la tête et 
le tua. 

« Les phénomènes atmosphériques reviennent an« 
niiellement dans le Dongola avec une sorte de ré^ 
gularité. En décembre et en janvier, lès nuits sont 
fréquemment froides^ et même pendant le jour la 
fraîcheur est quelquefois désagréable, lorsque le 
v^ent du S. £. , qui vient des montagnes neigeuses 
de l'Afrique centrale, souf&e avec force ; on a mèmQ 
vu d3QS les années pluvieuses des flaques d'eau sta- 
gnante du désert se couvrir d'une couche de glace 
d'un pouce d'épaisseqr. Ces froids extraordinaire) 
sont per'tiicieux pour les enfans , généralement peu 
vêtus. D'ailleurs l'atmosphère est ordinairement, 
d'une pureté remarquable. 

. k Les mois de février et de mars sont déjà chauds, 
suite très n^^turelle de la position élevée du soleil, 
d'uji cie^ sans nuage et d'un air calme. Je n'ai pas 
observé ;de tfuages pendant la nuit et même.presque 
pas de rôjécj depuis octobre jusqu'en juin; quant 



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dux tiioisi dé jnilkt^^ acA^ et septembre, ]û les pis^* 
sais toujours à vo^a^éi^ dans les «eantods du nord/ 
Même vers la fia de fëTrîe^ , le thermomètre de 
RëauttiBr baissa un matki ^ pat^ un veÉit frais da N ., 
à 9"*; au lerer du^ soleil fit marquait ordinaireiriedt 
i'j à î8*j verfr midi y a^^ j et quaùd le vent ii« souf- 
flait pas^ iâ cbafeur à deux heures était de ^8^^. Ël(« 
contribue au développement d'urufe espèce de petites* 
mouches dont ks essaims r&uômbrables se répâxf^ 
Aeuti datiscètle saisoi», soi* la surfoce de la vallécr 
du ïl?il; elles se précipitent sur les hommes et le» 
bestiaux 9 pénètrent dan» ks yeuK^ le nez et ks 
oreilles, et font des piqûres tfii douloureuses^ ïkte»: 
ne garantit de ces inseicle^ tfna^lf^Wmsy si de tiVse \k 
fumée et ^obscurité ? aussi beatrco«Pp de Barâlyrd»^ 
pour s'en p^réserver, portcnt-ftedôiirvefit k la mûm urt 
morceau déboute de vaehe^ dbméj dont la^ fnihé^' 
leur enveloppe lei vils«g<pi^ Q^atid k v^t du iior'4 
seaffle, ce» inai^t^^ se i^éfugient tous su# le eôté 
méridional des bttûsôns toâffus , et leurs* mtfSsf^ 
flottantes et emnpaetfs offrent alons' ùd singulier 
coup A'mL 

n En avrils il s'élève erdiiltfifretnent des ceups de^ 
vent deN. O. qui sont d'une vioknee extraordinaire^ 
et deviennent de véritables oïlragans; Tair est «lors 
tellemeut rempli de sable et de poussière , que ï'on 
ne voit paS' à quarante pas de distance. Vers Ki &r 
àa mois, Ton a akiernativëment des ctilmes et des* 
coups de vent de N. O.; 4atts k pi^emier tas^ k 



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i 

chaleur estacciablaote ('a8à Si""), et l'àunosplière 
souvent chdtf'géede nuage& 

« Alt Gommencement de jui« f le ciel est très nua- 
geux, et il éclate commuMmept dès orages ^i 
sool précGdë& de vents frais du S» O. Le 5 1 mai 
iSikiy le ciel fut constainineiii voile à Amboukol } de 
tout le jour nous ne vtmes pas lé soleil, et tiëan-* 
moiBs le ikermoiuèkre monta jusqu'à 37^ ^^ Cette 
chaleur étouflaiite causait u» malaise estréme; le 
tonnerre ne tai'd» pas. à gronder ; de grosses gottttes> 
de pluie tombirent vers quatre heures après midi ;• 
ttiai& l'orage se érigea vers le mont Déka^ dans le 
voisinage, où la ntas&e d'eau creva en toi^reas épais. 
Suivant le récita des hafaitans^ cette monlaîgne et le 
Gebel Barkal prè$ de Méroê attirent avec la plu^ 
grande force les ondées de pluie quand la saison hu« 
mtdé commence. Le ai mai iSot&y j'ai éprouvé près; 
de Gebel Barkil un violent orage accompagné de 
lonneiîre. Ce phénomène physique n'aiu*ai4*il pas été 
le motif qui a fait chcûsir le Gebel Barkal par les 
païens pour y honorer le divinité? La réaction de 
ces orages se manifeste par d'impétueux coups de 
vent du N« 

a Dans le Dar Dongola, le Nil commence à croH 
tre au milieu de mai. On a encore de bonne heure 
en juin des vents frais du ^. qui maintiienneni Ui 
pureté de l'atmosphère et tempèrent la chaleur f au 
moina à l'ombre; maie pendant les mois* de Tété ^ le 
calme prédomine ^ et le ciel est souve;it nuageux* 



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l84 IfOUVtol-ES AîfWALES 

Alors la température varie peu, «oit de jour, sent clé 
nuit; mais à midi elle excède toujours 3o*. 

« Les pluies tombent irrégulièrement } elles sont 
abondantes et toujours accompagnées de violens 
coups de yènt de difféiens points de l'lK)rizon , mais 
elles durent peu. Ce n'est qu'au i8' degré dé lati- 
tude qu'on peut s'attendre à de» ondées régulières. 
A la fin de septembre et en octobre ^ de petits vents 
dû S. commencent à souffler; ils couvrent fréquem- 
ment l'atmosphère de nuages produits par Tévapo^ 
ration dés flaques d'eau restées dans le désert. 

tf Durant la saison chaude j il règne ordinaire- 
ment dans le Dar Dongola, et surtout sur les bords . 
du Nil, wne fièvre épidémiquè très dangereuse; l'ex* 
périence a appris que, dans les cantons sablonneux 
et peu favorables à la végétation, cette maladie n'est 
plus à craindre ; elle est également à redouter poixt 
les indigènes et pour les. étrangers. 

«Le changement de température de la fin de 
l'année amène la cessation de cette maladie; en no-*: 
vcmbrè, le temps est constamment .agréable et se- 
rein, et la chaleur à midi varie de sa à a4^ : il ne 
parait pas y avoir daus ce mois de vent domi* 
nant. 

«c Aucune malaïUe.ue fait autant de ravages dans 
le Dar Dongola que la petite vérole. M. Hey essaya 
d'introduire la vaccine; mais il laissa le vaccin vieillir 
et dégénérer. Plusieurs personnes vai:cinées furent 
ttusuite attaquées par la petite vérole, et parmi elles , 



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- DES VOYAGES* i8d 

Nasser, mélik d'Amboukol, en mourut ; en sorte que 
la vacciné perdit prornptement tout son crédit. 

Buines des monutnens antiques entre Ouadi Hàlfa 
et Gebel Barkal, 

a Sémné, dont je ne connais que ce qui est situé 
sur la rive gauche ou occidentale du Nil , me sem- 
ble avoir été plutôt un poste militaire qu'un comp- 
toir de commerce; car quel autre motif aurait pu 
porter des hommes civilisés à s'établir dans ce dé- 
sert? On voit sur un coteau rocailleux les restes des 
habitations disposées sur deux rangs , se croisant à 
angle, obtus ; dans l'endroit où elles se coupent , a 
dû exister la porte de la ville; tout auprès, il y ^ 
un petit temple en grès, de st^le égyptien; quoi- 
qu'il soit assez entier, je n'ai pu découvrir aucune 
régularité dans le plan def sa construction^ On y re- 
marque dés hiéroglyphes bien sculptés, une statue 
de prêtre en syénite, et dans le voisinage une tablette 
en granité , arrondie à une extrémité et couverte 
d'hiéroglyphes d'un beau travail. Autour de la ville 
règne un mur épais, fortifié cà et là d'ouvrages en 
formé de tour. Au dehors, dans la direction du N., 
une ca^tacombe est creusée dana une paroi de rocher 
perpendiculaire. 

« Près du village d'Amara, dans le Sukkot, sur la 
rive orientale du Nil , on observe des tas informes 
de décombres de murs en terre et de briques ; au 
(i836,) TOME IV. i3 



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l86 NOaVÊLLliS ANÎfAtÊS 

milieu s'ëlève le vestibule d'un temple d'architecture^ 
égyptienne; huit colonnes , chacune de 40 pouces 
de diamètre, disposées sur deux rangs, soutiennent 
le toit y qui très probablement était en bois ; les murs 
latéraux du temple sont en briques non cuites ; les 
fûts des colonnes, les jambages des portes, les ar- 
chitraves, sont en pierre^ les colonnes n'ont plus 
de chapiîeatux , mais offrent des bas-reliefs. 

«Au S. du village de Cheikh. Selim, sur la rive 
gauche du Nil , on trouve un espace carré couvert 
àe débris d'habitations en briques, et plus à l'Ë., les 
ruines de deux temples; l'un d'eux pourrait bien 
avoir été une église chrétienne, l'autre offre tous 
les caractères de l'architecture égyptienne. Près du 
fleuve, on remarque deux sphinx en granité noirj 
les habitans désignent ces restes par le nom de »fe- 
di^gné ( ruines en barabra ); je crois qu'ils sont du 
teiTips des Ptolémées. 

« Descé est une colline de grès qui s'élève à laa 
pieds sur la rive gauche <ïu JNil, au N. du village 
d'Osbé; on y a taillé une niche dans laquelle sont 
trois petites figures assises, aujourd'hui mutileeis 
ainsi que les hiéroglyphes qui ornaient les parois. La 
face extérieure du rocher offre des hifàroglyphes. 

«r A peu de distance de là et à une demi-lieue au 

S. du village de Solib, existent des ruines considë* 

. râbles nommées Ûarganto. Probablement ce sont 

celles d'un palais , car leur plan diffère de celui des 

•temples égyptiens Un mur massif en toii^re une cour 



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i)ES VOYAGES. 187 

longue die îgd pieds et large de 107; deux sphiiiic 
couchés, en granité , sont placés près de l'entrée. A 
rexlrémîlé occidentale de la première cour, s'élèvent 
d^ux pylônes qui conduisent à une seconde cour 
longue de 72 pieds et large de 92, entourée d'une 
belle colonnade; a l'O. un péristyle est suivi d'une 
troisième cour; l'intérieur est également orné d'une 
colonnade. Le palais est terminé par une vaste salle 
dont le toit plat est supporté par douze statues co- 
lossales. Les hiéroglyphes des colonnes et des archi-^ 
traVes sont d'un beau travail , mais peu nombreux • 
les chapiteaux des colonoes représentent des feuilles 
dé palmier^ comme au grand temple de Luxor. Tou- 
tes ces constructions soù t'en grès. 

« Près du palais, dont l'intérieur esc rempli de dé- 
bris informes , un petit mole en granité , s'avance 
dans le fleuve. 

a On désigne à la fois par le iiom de Sescé une 
habitation déserte du moyen âge, située sur une 
éminence conique^ et les ruines d'une ville ancienne 
peu éloignée, au S. O. de la plaine. De grands 
tas de décombres, de briques et de poteries cou- 
vrent un- espace de 3oo pieds carrés, j»dis entouré 
de murs; dans le N. O., on aperçoit les ruines d'un 
temple égyptien, d'un style très lourd. 

a Toumbous est le nom d'une petite île à lexlré- 
mité méridionale de la cataracte de Hannek. Sur la 
rive orientale du Nil s'élèvent de grands rochers 
de granité rougcâtre, entre lesquels on voit une sta- 



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tue colossale y d'un beau travail, de. style égyptien^ 
mutilée en partie; sa hauteur. est de 12 pieds. Sur 
une masse de granité voisine , on apet*çoit des hiéro* 
glyphes dontie temps a rendu tes contours Uliçibles; 
et sur un autre rocher, un has^relief représentant 
deux princes debout auprès d'un autel , et h leurs 
pieds deux prisonniers les mains liées derrière le 
dos ; un prêtre présente deux boules enflammées. 

(c A moitié chemin, entre Toumbous et Argosaft, 
à uu quart de lieue à TE. du Nil , on trouve un sin-» 
gulier édiBce : c'est une masse prismatique de âioa 
pieds carrés et haute de 70 pieds, entièrement cons- 
truite en briques. A la hauteur de 5o pîeds, une 
petite cour circulaire sépare le gros mur extérieur, 
d'un bâtiment central cubique , percé de petites ga- 
leries voûtées : un bloc de grès taiUé est placé sur 
une de ces galeries. Les habitans nomment cq lieu 
Kemé; ils disent qu'autrefois il y avait là un cou-*» 
vent î les environs ofircnt beaucoup de tombeaux 
modernes. 

«Le centre de la grande île d'Argoest couvert de 
ruines d'un vaste temple tellement bouleversées, 
qu'on n'en peut plus reconnaître le plan. Devant 
son entrée, à !'£., on voit deux statues colossales, en 
granité, de travail égyptien, très mutilées; et ailleurs 
un sphinx et un groupe de singes, en granité noir. 
L'ile est parsemée d'amas de décombres. 

«Handak ne renferme d'autre antiquité qu'une 
colonne de granité , ayep, des biéji oglyphps. Les rui- 



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' MiS, VOYAGES. t8() 

nés dé Dôngolâ Agousâ i^pparrlienrient aux temples 
chrécieiis dû moyen âge. 

<c Le Méroë actaern'est pas celui ou fut jadiii là 
célèbre ville de mêiîie notn; les ruines de celle-ci 
sont à Goôs Bourri , au !S. de l'île de Kourgo. Mé^ 
roè n'offre qu*an-6phinx et un lion, couchés, très 
mutilés, en granité noir, et d'un beau travail; un 
bloc eubiqiie de granité avec des hiéroglyphes. Pro- 
iMiblemaot les tas de débris sur lesquels les habita- 
tions? acttidles des Chakié sont construites , cachent 
d'autres restes d'antiquité. 

a De tout t^nps la forme singulière du Gebel 
Barkal a dû fixer l'attention de l'observateur : ce 
rocher de grès s'élève brusquement au milieu d'une 
plaine immense à une hauteur de 4oo pieds ; sa cir- 
^confiérence estrde ^5 minutes. J'ai déjà dit que cette 
wasse isolée attirait fortement presque tous les ora- 
ges> : 'ii n'est donc pas surprenant que dans les temps 
anciens on ait cru trouver ici un lieu où la divinité 
s'approchait des hommes et s'entretenait avec eux. 
Des temples nombreuse furent construits, et qui sait 
quels péUi^inagei se furent pas entrepris pour con- 
sulter le destin? Le nom de Barkal ne dériverait-il 
pas du mot grec oracle? 

«C'est au S. '£. du mont que l'on voit les ruines 

de» diiiéreus temples. Les unà sont taillés dans le 

rocher; la main du temps les a fortement endomma- 

'%ési partout c$n' vék des hiéroglyphes sculptésjles 

figure^ <en relief *sQtit souvent peintes en jaune et en 



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190 wovYMiiJ^ Airjr^ixa 

bku. On ci;oit pouvoir <}piij|^ctarer qu'iij» jutel mi 
grès placé hors de l'enceiiii^ 4'un sanctuaire , était 
idesUné aux sacrifices hm^ains p oar ^ côxé un bai-* 
relief ofTce un groupe de ciaq bomiiie^ et de six. 
fyaxtnes e^cliives, le$ pieds et Ws .mains liés <t la 
corde au cou^ deux yaM^oiM^s^fii tiennent les bonta, 
et semblent., par la position d^ leurs sierres et de 
leur bec, prêts à fondre su.r leur proi^. Quoiqn^ lc4 
flgui'es de ces esclavea- soient grossièrement sçulfl* 
tées, leur prqfil ^Kprioie bien unadiffi^açedena** 
ûon. 

«c Au S. O. et au IS. Q.^ et k nn quart de lieue de 
dkitance du mont Barkal, on rencontre des coupes 
de pyramides qui ont servi de tombeaux : elles sont 
plus ou moins bien conservées. La construction du 
.plus grand nombre difiere 4e c^Ue de^ pyramide de 
Gizéb; elles diflerent entre elles, et sont esi.grèai^Xia 
plus au nord a 34. pieds de baut.anr une base de 
.44 pieds. Celles de ce groupe sont ornées sur tmo de 
leurs faces d'un vestibule soutçnn par d^Ji^ po|onnes, 
avec une porte, et dont ]és parpî^ intérieures sont 
pmées d'biéroglyphes d'un beau travail , rep|résep« 
tant l'apolbéose du défunt. 

ce Nouri 9 sur la rive méridionale du Nil , à sept 
lieues à l'E. de Gebel Barkal^ est le dernier lieu dii 
.^rritoire dea Chsikié où l'on trouva des raines aiiii« 
ques : je n'ai pas eu rpccasion de les visiter* 

« Le style de rarçbilectnre let Je genre des orne- 
(ncns. dés monuipen^ antiqnes qne Ton voit emrft 



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1>ES VOYAOES. 191 

Ouadi Halia et Ouadi Cbmm«r, me font penser qu'ils 
appartiennent à deux périodes différentes. Les rui-- 
nés de Gebel Barkai , d'Argo., de Toumbous et de 
Solib, me semblent être d'un temps plus ancien , où 
un gouvernement fort rendait la puissance de Tem- 
pire ëthiopieti rc$èontabie : ce fut celui durant lequel 
il tint rÉgypte asservie pendant plusieur^s siècles. 
IjCS édiBces deSemné, de Sescé, d'Amara et de Se- 
degné, sont bien plus réceas et peut-être contem- 
poraine des Ptoléméos et de*la <îomination romaine ^ 
en Egypte. 

Conjectures sur Vétat ancien de la Nubie, 

a Hérodote dit que les Égyptiens ont été les maî- 
tres des Nubiens ou Éthiopiens dans les sciences^ 
suivant Strabon, c'est le contraire. Ces deux écri- 
vains, également dignes de fôi^ étaient allés jusqu'à 
Syène, sur la limite des deux peuples, et cependant 
leurs récits sont diamétralement opposés. Si, il y a 
plus de deux mille an^s , on ne savait rien de précis 
'' sur ce point de controverse, quel espoir reste-t*il 
aux voyageurs modernes de pouvoir y démêler la vc« 
rite? Sans avoir la prétention de rien décider, je vais. 
présenter quelques observations qui m'ont été sug- 
gérées pai^ les reeliercbes que j'ai faites sur ce sujet. 
« Les auteurs anciens appellent pasteurs, cVst-à- 
dire nomades, les -eonquérans de l'Egypte, venus de^ 
IfÉtbiopie sous le commandement de Sabacon. Si ce 



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ig% JXOVYEhLES AIHKALES 

peuple eûtëtë déjà civilisé, certainement on neîéAt 
pas désigné par une dénomination qui implique une 
ignorance ab&olae des arts. Mais une domination de 
deuK cent cinquante ans sur l'Egypte , oii florissaient 
les sciences et les^arts^ a pti en faire naitrele goût très' 
facilement che2 le peuple conquéï^ant paf leur liaison 
intime à la religipn du pays, que les Ethiopiens adôp- 
tèisent alors pu avaient d^a adoptée. Les vicissi- 
};udes de la fortune qui mirent fin à l-empire de 
peux«ci sur VEgypte , les firent rentrer chez eux ; 
mais les liens formés par la religion durent se forti- 
fier par la protection qui en résultait pour' le com- 
merce. Aujourd'hui encore;^ il est, dans la Nubie 
indépendante 9 sous la garantie des prêtres musul- 
mans. Lqs princes étaient peut-être alors , comme 
ils sont maintenant dans cette contrée de l'Afrique , 
les principaux négoçtans; ofn cherchait sans doute 
à donner plu^ de force à la religion , qui servait de 
sauve-garde aux marchands; on construisit donc des 
temples égyptiens en Nubie, tputefois sans s'astrein- 
dre sa'vilement au style des maîtres. Celui qui est 
particulier aux monumens4e,ce pays m pourrait-il 
pas avoir cette origine? Des juges beaucoup plus 
coi^pétens que moi examineront si ces conjectures 
sont plausibles et si on dpii les étendre aux ruines 
prodigieuses que l'on rencontre dans la province 
de Chendiy sur la rive orientale du Nil, et qui , d'a- 
près les excellens dessins de M. Linant, offirent' de$ 
f races évidentes de l'arohitect'Jire indienne. 



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DKSVOTAGCS. I^S 

<x l'apptti de moB sentin^nt, suivant lequel la 
civilisation se s'est pas développée primitivement' 
dans la partie de k Nnbie que j'ai parcourue , je 
dirai par quelle raison je pense que les habitans 
actuels de k vallée du Nil en Nubie, qui par les 
traits de letir \isage se rap{M*ochent des anciens 
Égyptiens et des-Bedouins à TË», parlent un- dialecte 
de la langue nègre. La population d'un' pays peut' 
disparaître de deux manières : smt parce qu'une 
armée ennemie défait et anéantit «ne partie des an- 
cien» habitans, soit parce que toute une nation en-« 
vabit par violence un territoire et sufbjtigue celle 
qui y 'vivait, quaad cet établissement n'arrive pas*' 
par suite d'une convenûoa amiéftki Les deseeadans^ 
du .peuplé étranger sont ^ p^endant une longue suite' 
de siècles, F€^oanaissa)>les à lecir physionomie, -et 
souvent conservent l'^ùsage dé leur idiome materneL- 
Des exemples de ce genre nous sont fournis par les 
tribus arabes répandues dans toote'l' Afrique, et par 
les familles juives en ÇuropCé II en est tout autre«* 
ment quand une armée se fixe dans un pays qu'elle 
a conquis ; les guerriers: vainqueurs se marient avec 
les veuves et les filles des indigène^ ; la postérité qui 
résulte de ces alliance» conserve la physionomie de ses 
pères et la langue de ses mères; si bien que, peu à 
peu, la langue des vainqueurs se perd. Ou en voit un 
^exemple très réeent dans les cantons vocsinsd' Assouan , 
d'Ibrim et de Sai : leùr^ habitans, qui descendent 
de soldats bosniaques y ne paHeutque le barabfâ» 



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f |4 HOUVISWISS AlCDIàLEa 

uj^r coqséqiient cwt du Dar Dong^ ^ Je la 
cp^r«e au N. jusqu'à A^souan doiveol: «rîgtoaîi^^ 
niei)tavoir éié de race nèjgre ou nnba^ puisque leun 
idifO^c est un dialecte rapproché de la langue ans, 
SU¥*4eifaiijs act.uels.| qui aont d«6 iijàgres indtépen-*. 
Mm* Les traita du visage, qui sont r^pr^i^té&daiis 
les bftô-reliefa. dutiques di reasembleot ^ uve partie 
d^ Ij^bitana présem de la Nubie , montrent au. coa* 
traire iiu'uoe raeia étrangère à ceèW des Nègres se* 
fiji^a dans le ierrîtaire de Oougola à u»e époque- iflr 
dél/^rmiBée, et occasioiiA dans -^ masae du peuple 
Im. <çbaA§r^oiem quW événement de* ce genre doit 
m^^er. Aucun des monuinens ne pculë^ jde Ivaee^^ 
4'avoîi' ét4 hk iivaai cotte période; tant s'ea £w| 
même y puisque la comparaison . des profils Kpn j; 
sùqt dessinés nousii^pprend que le peuple vens dans. 
CQpays aivaîi; de TâlKQité avec ks anciens Égjrf^îna. 
^^v^ les nomades yimnC anjonird'hui à !'£• dn Nil. 
Vlu re^t^fJ^jfkotmmms de l'^r^ ont tant depotai3t& 
de^ontact avi^ amx de TÉigyptei que L'on pleut dif« 
ficiletneot faire dériver Wur origine d'une autre 
C4>ntrée« Daus tons les cas, il ne peut être question. 
d'u9Q iâviUsaiion primitive de la race nègri^. 

Le Béhéda. 

« lie teiritatre compris entre Chendt, Berber, Me-. 
më et Ambonkol^ &n S. et k TO. du Nil, est appelé 
par<lcsindijgtees>ifiékMiia on Beyf^miû; vei^s scnii e^n* 



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tre, sous4e I7« degeé de laûtade, s'étend une chaîne 
\m^$» de i^oches pârphyrîtiqu^^ qui probablement se 
praioBge nu N; (Hi suiv^fMtles sini^osités du Nil entre 
Nauri et Berber, et par s<4pQnd liérissë de rocher» 
j reud la navigation dangereuse* Le pltteau adossé 
à ces montagnes primitives est composé éa grande 
partie de grès en couches horizontales qui s^^bn 
mnsVO.f à Simrié, en Un groupe dentelé. Il s'a*» 
baisse inseusiblemeol: à !'£. et au If • en terrasses 
vers. le Mil. Tout oe pays âent arrosé assez régu^ 
fièrement par des }lluias<d'été ^ les cavités des flancs 
de la efaatoe de mcmtagAes au <&. el-iMi S. £• sont 
propres à Tagriaulturet 

.. tf Dans Htoa voyage d^Ajtiiiâukol à Gottrkab, je 
trouvai dans le voisinage du |>ails d'Abonné, ^ vaa^* 
^s champs de dourra qui ne r^evaienl d'aiiti:^arro<- 
seoient que cidui des pluies; ii est vrai que les okan* 
ines étaient éloignés de quati^ pieds carres les uns 
des antres, et que plusieurs é|Ms<étaient vides. Le 
territpire qui lange le Nil ^wr uee étendue de vingt 
lieues est^ par son sol sabk»nneas^ peu susceptible 
de végétation; mais toutes les plaines et toutes las 
vallées au S. de ce cantea sont «ouvertes dagfasses 
prairies; les arbres soiit si nembrêux dans beaucoup 
des vallées principales y^ que divers emplacemaiis 
peuvent être comparés à une forêt. £a cretisant 
dans les endroits QOQvenahl^, on reJocoQlré Teau 
de sour^ce ser pliisieurs points , k Moe profondeur 
p:u «(iqyiidéra^. J^ coUioeaji. les mentagaes soot 



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196 NOUVELtS* ÀHiN'A.LES 

encwe im eottèreiDeBt nues'; te n^esC que sbuâ 1^ 
1 5* degré de latitude que les mft^es de granité dé- 
Gon^Kisé eômmenci^t à âAouvrir de pfetits buis- 
sans, "^P 

« Dans les coteaust du Béhéda, le bassin naturel 
de Gheckdoud estînfét^ssantel très utife. Des ma's- 
ses perpendiculaires de porphyre y fortnerit un en- 
tonnoir elliptique , long de 200 pieds, large dé iôo« 
et d'une pmfondear indéterminée; par sa position , 
il rassemble toutes les eatix de ploied'Une large "val- 
lée qu'il a au S., de sorte -qu^il est toujours plein 
d'uner eau excellente. Je mé èùSfi enqûis itiutitemcné 
des monumens d'antiquité de'ce Méa^ si bien âitué I 
égale ^istanee de la raitte directe eiiti^e les ruines de 
Gehd fiarkal ou Napata'et celles dé lUe de Kourgos, 
route que sans douté, dans l'antiquité, on préférait 
comme pâiÉs eommoà^ à delte qui, plàs' longue et 
plus diffîi^, iûft les iglnnositésdu Nil; car cette 
route des caravanes n'ofTre pas un seul défilé ro- 
cailleux,' partent' le terrain y est ferme, et la plus 
grande» 'distance d'un puits à l'autre est de deux 
jours de marehe. 

<tQa dit >que dans d'érutres lieux de la plaine du 
Çéliéda, on voit'dts restés d'habitations anciennes, 
capendant je n'y en sA pas obs^véj-eit ie récit des 
:Arabes4 que je regaTde cotnme des? téihoihs assez 
croyables., est conforme à ce fait. 

a A. quatre Uenes à-l'E. du puits de Goummèr, 
situé sous, les lÔ'^debtit^ide^ ofn i>etnafque k!^ ruines 



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SES VOYAGES. ig^ 

de deox grands bâtHii6fisantiqaes : îk sont ednslrbits 
eu pi^re de. taille et ornés d^'inscription»- et de bas- 
reliefs: au-devant soQt deux.gcaods puits muré». 
Ce lieu ^est appelé Ouadi Mogattem. Le puks de 
Goqnijner esi sur le chemin des caravanes de Dabbé 
à ELardoum. 

«0Q m'a dit qu'à Abau Gaclum (lepèredesf$îm« 
pies )., sur un coteau à quatre lieues de Simrié, sont 
éparses les ruines de nombreuses habitations cons-' 
truitçs ^ l'ordiqaire en blocs de pierre brute; peut- 
être y avaiNil là un couvant chrétien. On «dit qu'on 
y trouve .çncpre de grandes cruches à eau dans les 
coins deji demeures;. mais il.n'y^a pas. du tout de 
(âerres taillées^ ]>a colline d'Ahou Ghi^lié, à quatre 
lieues à TQ. du puits d'Ouéhci^.of]frey dit-pn, ^leii 
ruines sçmblablçs. Aujourd'hui tot^t ce c^ntoa n'est 
habité que par intervalles par un petit nombre de 
Bédouins, qui vraisembUbi^ment au prinliemps^ 
époque de la séchei:esse, gagnent avec leurs trou- 
peaux les bords du îf il. Les tribut d'Oadié^de Saou-^ 
rat et de Hpunié.ont des campemens perioa]ieiis.dana 
le vojisiaage des puits d'Aboulé , d<î GheokdoiMlet de 
Milick , qui\ prob^iblement acmt cpAStaioment^ bien 
pleins d'eau. GeMx dç. Mtltck-spnt dans une vaUée 
granitique ayec des ma^s^s de porphyre. Au pi^ du 
coteau y. on écarte le sêlile et le tiiou se remplit peu 
à peu d'eau. A Aboiilé, aitué au.milieu d'une plaine, 
les pi^S;,sont.à une profondeur de; quarante pieds, 
dans ]i^9H$ .aegile p)aaUqiict« L'oau se rassemble assez 



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ktttéWMi dm ks etirttés q«e IW a vîdëes ; eHé ési 
troubles , Bwis a bon goût. En creusant dans tout K^e 
OftQtoa , on trouve de Têau ; tôutefcfts la coif naissance 
du Ueu précis où il faut foniller est un aebret pré- 
cieux dont je pense que les Arabes oni hérité éM^ 
cessivement de génération en génération; car de^ 
connaîssances' pratiques pcravant servir à déconvi*ir 
«ni Ueu abondant en sources sont étrangères à ces 
contrées. 

« Vcdci un fak remarquable, duquel j'ai ététémoin. 

En t8a3^ acoorapagné «d'une troupe nombreuse 

de chasseurs^ j'allai au puits d'Ouébri, situé dans^ 

une Tallée d6 grès entre Sinirié et Milick. J'avais 

avec moi vingt-quatre afaevauft et beafucoup' d'faoitt- 

im$ appartenant à cinq tribâs arabes différentes^; 

deux de celles*ci> les Kababicbes et les Haoaaouit , 

etannaîscaient parfaiteinenl ce canton ; elles envoyé- 

sent ^n avant quelques hommes qui, en un clin 

ê?ml i ettosèreot da«s le large Kt d'une rivière des« 

séi^ée UB puit» profond de onze pieds; il se remplit 

^MMidaiBinent d'eau. Les autres divisions de mes 

eompagnona de chasse se creusèrent aussi chacune 

un puits dans la mèm^ direction de la vallée. On 

rencontra parlent d'abord une couche de sable et 

de oaiiloux de^quarts routés, épaisse de sept piedis; 

puis une d'argile bleue de trms pieds , enfin da gra* 

vicr humide ; mais ce 4{ai fat assez isurptf^nant , les 

deux oaotu veaux puits ne se remplirent j^as d'eau, 

quûîqite l'oQ continuât à fcfuiller le MUe nimiillë à 



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J>lusîettra ^ds de profondeur; tandit icpie le aotre 
ne htàusL jpas. Ce phénomèae sembla ne surprendre 
' nullement les Arabes vivant dans ces environs. Après 
une longue contestation , ils furent obliges d'indi* 
qaer aux autres un endroit éloigné de nous d'à peu 
près cent cinquante pas^ dans la même vallée; on 
y trouva beaucoup d'eau à une profondeur de douze 
pieds 9 à travers un terrain semblable au premier^ 
On ne peut expliquer cette anomalie locale que par 
la connaissance qu'ont les Arabes des points oii les 
couches d'argile qui conduisent Teair se rapprochent 
de la surface. - 

«Les tribus arabes qui habitent, s^t périodique» 
menti soit constamment, les plaines do Béhéda sont 
les KabaAûcfaesy les Huouaouit, les Hounié, les Fatr 
mié f leS'Saonrat ^ les Oadié^ dans le S., les Hassanié 
et les Béni Gérar ; enfin , les Djahéliu , qot autre- 
fois vivaient près de Chendi. Depuis la domination 
turque^ ces Arabes sont soumis à des tmpâis arbi- 
traires, et les haines mutuelles entre les difiérent^s 
tribus ont fait place à une aversion oommfUtte con^ 
Ire leurs oppresseurs. Quelques-uns eultivent «ki - 
dourra dans; les vallées dunnit la saison des pluies ; 
mais la ptupiaH sont purement nomades. Les diamps 
de dourra sont toujours très- éloignés du chemin 
ordinaire des éaravanes, pêut^re par mesure de 
sâreté, p<îut»être pour éviter tout -sujet d'alterca- 
tion» Gommunéttieet, le voyageur ne les aperçoit 
pas; un liasard heureux me les fit découvrir; Mms . 



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2MM> irOUV£iLES ANBTALES . 

celAy.jajiJNiiS'^lomaié. ce pays, en rappdaifl an 
désert inhabité. Pendant que je le parcoui»y#, U 
tranquillité politique et la sûreté y régnaient j je vis 
de très petites caravanes passer près da puits d'Oué- 
bri en allant deDabbé, par Goummer^au Kordofan; 
il.y a quelques années » aucun marcband n osait se 
hasarder sur cette route : sa longueur est.de oiize à 
douce jours de marche; on rencontre régulièrement 
des puits et de boiis pâturages; elle est libre de tout 
obstacle» 

«La comoMinicatîon des caravanes d'Amboukol 
avec Matemma^ vis-à<vis de Chendi, a maintenant 
lieu très régulièrement |j on passe par le bassin de 
Gheckdoud, où Ton rencpntre la route directe de 
Kourgos à Barkal; le voyage enti^ dure sept jours^ ^ 
Ce chemin est assez uni^ traverse un terrain, dur} 
on n'y -manque pas d'eau ^. mais les pâturages y sont 
rares et on y eraÎRt ordinairement l'attaque des vo*^ 
leurs. Plusieurs autres vallons ou pâturages^ entiè- 
rement différens.^ sont désignés dans ce pays par 
des noms semi>lables, empruntés généralement de 
cpielqua arlvisseau qui y est commun. L'appellAtioo^ 
de hara;ui st reproduit, souvent; c'est celle d'uo 
arbre épineux, Yacacùi^ albida? des botanistes. Vabou 
sialf égalci^ent fréquent, àoïlêsix^xûxx\ài&V acacia 
sejral des Européens. lia , gousse sèche ou fraîche 
de cet arbre est une npurriture très recherchée des 
chameaux. Dans la saison convenable, on trouve en 
grande.abondance dans ces plaines les fruits de J'abou 



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B£S VOYAGES. SfOl 

ban (mùrtnga zeyianica?) et de Tel ^m^ (èàlaniùes 
egypiiaca?)^ mais on n'en tire aucun parti. 

Observations sur le Chendi. 

« Au moment où je visitai le Chendi, dans l'hiver 
de 1824 9 ce pays venait d'être reconquis par larmée 
de Mohammed«Bey y chargée de vengei* le meurtre 
d'Ismaîl y fils du pacha d'Egypte. Des cruautés inouies 
furent exercées; à Matemma , on égorgea froidement 
avec à»& coutelas des milliers de femmes et d'enfans ; 
à Chendi, on enfei*ma dans plusieurs grandes mai- 
sons tous leshabUans dont on put s'emparer, et on 
birûla vifs tous ces infortunés. En un mot, ce n'était 
de toute part qu'exécutions sanglautçs, mutilations 
et massacres. Certes, ces atrocités ne pouvaient être 
favorables aux recherches d'un voyageur, puisqu'elles 
tendaient à dénaturer le véritable caractère des in- 
digènes. Aussi mes observations ont-elles été res- 
treiiUes aux environs du camp de Gourkab. 

«( La taille et les traits de la plupart des hommes 
libres du Chendi indiquent qu'ib descendent des 
Arabes du Hedjaz. Tous les Chendaoui qui se li*. 
vrent à l'agriculture, ont de grands yeux noirs, un 
peu enfoncés dans la tête et desxsourcils épais, le 
nra ^ la bouche d'une forme régulière, le visage 
ovale, la barbe forte et noire, les cheveux légère- 
ment frisés, le. corps robuste et bien proportionné. 
Leur teint varie du .brun*clair au brun-foncé; ils 
( i836.) TOME ly. i4 



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parlç^t çjtaU|»ifement l'arabe; ils se préte|i4wi ori- 
ginaires du Hedjaz, et^ppartenjapt av^p l/esCbaUéà 
la tribu desDjaheliu. Quoique chaque famille possède' 
un certain nombre d esclaves galla et nuba, la race 
arabe s'est maintenue assez pure. Cela tient à ce qud 
les bâtards, bieii que très cQjmmuns^ m sont pas 
comptes parmi les hommes libres , n'ëpou^ot presr 
que jamais des femmes libres ^ et peuveqt mêm^ 
être vefidus comme e^cUves. 

à Indépendamment de la culture desierrea« les 
Chendaôui s'^^doonaicnt aussi au opmtnerc^; c'est 
pourquoi ils étaient plus civilisés que leurs voisîas y 
et avaient contracté des habitudes de luxe «tran<- 
gères à ceu3&*çi. Les tissus de coton rayés, dont leurs 
femmes s'habillaient^ venaient ordinairemenl de 
l'Inde } elles avaient une grande quantité de bijoux 
en argent; on voyait chez eux des selles de cba* 
meau ornées d'ivoire et d'ébène, des harnais garnis 
d'argent^ .des bois de l^t faits dans Tliide et in- 
crustés de oacre de pt^rle. Les pillages des Tufiçs 
fichent exposer eu vente une quantité de ces objets y 
parmi lesquels j'en distinguai beaucoup de remar-^ 
quàbles par l'élégauce de leurs formes. 

. a Les Chendaôui plaçaient leur principal luxe 
dans leurs chevauxi presque tous de^ couleur noire, 
avec des piçds blancs , et supérieurs eu beauté et en 
qualité aux chevaux dongolaoui; la race en a été 
ppuç ainsi dire anéantie par Tinvasion turque» Dans 
le^ cimtpn^ à lest da NU,, on xlèvc des- chameaux 



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PES VOYAGES. 2o3 

repommés pour leur force et leur vitesse , cepen- 
dant je n^ai pas entendu dire ni ici ni ailleurs qu'ils 
pussent parcourir dans un jour plus de trente-cinq 
à quarante lieues, et encore né pourraient-ils re- 
commencer le lendemain. Lorsque Sonnini parle 
des cent lieues qu'un chameau fait en un jour, il 
faut qu'il y ait quelque malentendu grave dans cette 
assertion. 

a Les Ojahelin sont polis et prevedans envers les 
étrangers; de toutes' parts on me faisait des offres 
de service;. mais, si je ne me trompe pas, c'était 
dans des vues d'intérêt, et personne n'avait l'intén* 
tiou de réaliser ses offres, à moins qu'on n'y trouvât 
un avantage manifeste. i*orsqu'ils se croient en droit 
^ériger une petite marque de reconnaissance d'un 
étranger, ils font des demandes exorbitantes, et il 
est presque impossible de les satisfaire. On ne doit 
nullement compter sur leur parole; l'ivrognerie et 
l0 liliertriiage sâinblent être lenr unique délassc- 
mvut; en un mot, leurs actions et leurs pensées 
sont étrangères à tout seittiment moral ; même le 
zèle religieux dont quelques-uns font parade, ne 
m'a para qa hypocrisie. 

« L'état politique actuel du pays ne peut que de- 
dépraver encore davantage les mœurs , si c'est pos- 
sible. Les pillages avaient causé momentanément 
tlne grande misère; , les soldats pouvaient s'aban-* 
donner, sans^ obstacle, à leurs j)enchanis désor- 
donnés; les villes et plusieurs villages sont détruits 

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ao4 NOUVELLES ANlfALES 

et abandonnés: les roues destinées à' Vatrùsemeut 
âont employées comme bois de chauffage ; Vagricul'^ 
ture languit; en un mot^ lé pays porte lés traces 
d'une guerre de Tut-cs. Je suis hors d'état d'offrir 
même des conjectures sur la population et les au-" 
très détails statistiques de cette contrée. 

flt A Kôurgôs^ la vallée du Nil ou l'edpace cou* 
Vert de son limon, et que la crue inonde ordinai'^ 
vrement, a près d'une lieue de largeur sur chaque 
rive f mais même avant l'invasion des Turcs , il n'y 
avait qu'une faible portion de ce terrain, la plus 
proche du fleuve, et dans les îles, qui fût cultivée; 
tout le reste est couvert de broussailles et de halfa, 
sorte d'herbe qui sert de fourrage. La plupart de&^ 
villages sont situés sur la Ksière du désert où se re«4 
tirent aussi les habitant dès Hes à 4 approche de 
l'inondatioti. Les maisons , au Keu d'être ^construites 
en tiges de dourra , comme dans le DarDo&gola i 
ront en argile, tantôt de forme carrée avec des. toits 
plats, tantôt de forme ronde avec des toits pointus, 
afin de mieux résister aux pluies d'orage. Les pro-» 
ductions de la terre sont à peu près les mêmes que 
celles du Dougola, à l'exception du fromeixt; oii<n'y 
plante pas non plus autant de dattiers. La fertilité 
des îles est prodigieuse, les tiges de dourra yattei* 
gnent à une hauteur de douze pieds , et leurs 'épia 
longs d'un pied contiennent quelquefois trois cents 
|[rains et plus. « 

« Ismail Pacha^ fut la victime de son irapru* 



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DES VOYAGES. . aoS 

dence et de se& formes brutales; son assassinat n'é- 
tait nullement le résultat d'une conspiration. Voici 
-des détails de cet événement qui coûta la vie à des 
milliers d'infortunés. Vers la fin d'octobre 1822, 
Ismaîl retournant de Sennaar au Caire , arriva dans 
sa barque à Chendi, accompagné d'un petit nombre . 
de mamelouks. Mclik Nemir^ dont Burckhardc fait 
mention dans ses F'ojrageSy le reçut comme son 
seignem*' et son souverain y mais il fut consterné 
quand Ismaîl lui déclara inopinément que dans un 
terme de deux Jours il devait lui payer un tribut de 
mille esclaves. Nemir lui représenta que c'était ab- 
solument impossible; Ismaîl le fii^ppa en jurant de 
le faireretnpaler toutnf , s'il ne satisfaisait pas ppnc« 
tucHement à sa demirflde* Il fallait prendre un parti 
sans délai. Nemir pria le pacha de venir loger dans 
la yille où il serait plus commodément et plus agréa- 
blement que dans sa barque. Sous I0 prétexte de 
•préparer du fourrage pour les cbevaui^ donnés en 
pi^ésent à Ismaîl , Neroir (k entasser autour de so« 
logement unegrande quantité de tiges de dourra sè« 
cbes. A l'entrée de la nuit, une foile. agitation se 
•manifesta dffnsck ville } les amis du pacha lui cour 
seiUèrent deseiretirer sur sa barque; on raconte 
qtze^ déjà à moitié ivre, il répondit d'un ton.dédai^ 
gueux : a Je suis le fils de Mohammed-Ali J qutose^ 
raît toncher à un cheveu de ma tête? » Cependant 
Neuiir fit mettre le feu aux amas de paille; oaem^ 
pécha par force aticun.Turc de sortir de la maison., 



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ao6 ' IfOUVELUS AKITALëS 

Ismall et toute sa suite périrent dans les flaraiùes* 
Le soulèvemeat de tout le pays fut le résultali^de 
cet événement. Mohammed Bey, gouverneur du 
.Kordofan, se hâta d'accourir pour venger la mort 
de son beau-frère. Son armée était peu nombreuse, 
mais courageuse; Nemir commit Timprudenee de 
vouloir le combattre en rase campagne avee des 
masses indisciplinées qui n'avaient pas même d'ar« 
mes à feu; elles furent eotnptètem en t battues; Mo- 
hammed Bey, entra dans Chendi en vakiqueuri 
l'éduisit la ville en cendres , exterminant ses habi-* 
tans/ et fît éprouver le même sort à Matemma^ si* 
tuée sur la rive opposée du Nil. 

ff II est question maintenant de rebâtir Çhendi. Le 
pacha d'Egypte y a fait tran$porter les familles des 
Ghakié qui, sous la conduite du mélik Khaous 
étaient au service dlsmaïl ; il leur a cédé la pro* 
vince en fief, pour leur tenir lieu de la solde qu'il 
leur avait promise ; mais c'est une récompense ima^ 
ginaire >, car dans ce, pays la possession des terres 
est de nulle valeur, si l'exemption d'impôts ue Vwlo 
compagne pas. Quant aux autres provinces du 
royaume de Sennaar, leur sort futur n'est pas en- 
core fixé. En attendant, elles s'appauvrissent' de 
jour en jour par les impositions exorbitantes dont 
>,elles sont frappées ; les gouverneurs turcs les pres- 
surent à leur gré et laissent à peine auxliabitans de 
quoi vivre; faientol l'épuisement général du pays 
forcera les Turcs à révacuer* Parmi les plans m||l 



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I>ES VOYAGES. aO^ 

combines coqçu& par Mohammed-Ali ^ on peut rati«- 
ger celui d'introduire au Sennaar^ pour son propre 
compte, la filature du coton et la fabrication de la 
inousseline; dëja rexécution de ce projet, qui a 
pour bnt de procurer au Sennaar de nouvelles res* 
souk*ces, est commencée; dans l'intérêt réel du pays^ 
il aurait mi«ux fait d'y introduire la culture de Tin- 
digo et d'y favoriser celle dn coton. Au reste, ces 
ét^biissemenSi n'ont jamais pour obj,et rayantage des 
cultivateurs; au contraire, ils ne sont créés que 
pour procurer un monopole au gouvernement et 
pour aggraver lesçlavage des sujets; et ceuxrrci m 
pouvant en comprendre l'avantage financier, ne les 
considèrent que comme des innovations odieu$es 
inventées par le despotisme et l'arbitraire. 

Ryihes de monumens anciens près de Kourgos* 
Détails sur Mandera. 

ft Ce fîit réellement un hasard très hetrfeux pour 
moi*, que Mohammed &ey eut placé son camp vis- 
à^^vis devatstes ruines d'édifices anciens situées au N« 
de nie de Kourgos. sur la rive orientale du ^il. 
Ayant été obligé de passer plus de quatre mois dans 
çe«ainp, on pense bien que je désirais vivement 
d'examiner ces monumens avec beaiicoupd'attention, 
mais les circonstances rendaient cette exploration 
impossible; le camp turc était sur la rivé occiden« 
taie-dii Nil, et le hord opposé, alors inhabité, 



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ao3 KOtVStXES 4.£riri.LE9 

était fréquemment )e théâlre d'iocursions det e»« 
nemis. Personne ne voulait $e risquer à y aller eo 
petites troupes; enfin une escorte de dpuze cava- 
liers me conduisit à oes ruines que je n'ayais pu long- 
temps contempler qu'avec upe lunette. d'approche. 
Je ne pus rester que trois heures sur la lisière du 
désert^ ce qui excusera la brièveté de mon récit. 

<c Quand du village de Gourkah^ sur la rive orien- 
tale du Nil, on va droit à l'E.^ on arrive, après 
une marche de vingt-sept minutes, à travers une 
plaine d'alluvion couverte de broussailles et dç 
grandes herbes, à un village abandonné, placé dans 
j|e désert , et dont personne i^e put me dire le nom. 
Qn parcourt encore dix minutes dans la iQeme dir 
rectioa et on rencontre un an^as considérable de 
ruines. La main du temps a tout détruit ; ce ne fut 
qu'avec peine que je.décquvris des coloinaes de trpî$ 
pieds et demi de diamètre et à chapiteaux ornés de 
têtes dlsis. A douze minutes à TE. de ces grands 
débris y on voit un groupe de treize petit^. ma iso- 
lées pyramidaux en grès quartzeux, hauts d'une trea-r 
taiue de pieds, disposés en gradins, et où l'on n€; 
distingue nulle trace, d'entrée* Tout auprès je viil 
étendu à .terre un sphinx mutilé en granité noir^ 
'A une distance de trente-une minutes à TE., tou- 
jours $ous le pariillèle> de Gouràab , qn rencontrei 
un filtre groupe de vingt-une pyraniides, dissem- 
blables de construction, rangée^ irrégu^hèrepent^ 
K* au $. sur la lisière ^'unç terra^e de gfès ; ie^ 



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^ DBS VOYAOBS. 1209 

unes sopt en gradins et leur sommet offre un angle 
obtus; lies autres ont leqrs flancsl ornés, et leur 
sopimet assez aigu. Les premières ont toutes à U 
J^se de leur face orientale un petit sanctuaire dont 
les parois intérieures sont ornées de sculptures d'un 
travail délicat. Ces monumeps me semblent plus mo- 
dernesque ceux de Barkal ; ils sont pour la plupart 
mutilés au sommet; auparavant ils devaient avoir 
quatre-ivingt-dix pieds de haut. 

a Directement au S. £., et à cinq minutes de ce 
groupe, il y en a qn troisième, de neuf mausolées en 
pyramides hautes de quarante pieds, assez aiguës et 
à flancs en gradins avec des angles unis. Chacun a 
un sanctuaire à TE» orné^d'hiéroglyphés; les bas* 
reliefs montrent toujours des figures de femmes a8« 
sises auxquelles on présente des offrandes, tandis 
que dans eéu^i^ du groupe précédent on ne remarque 
uniquement qu'une apothéose de héros. 

a A peitie eus-je le temps de dessiner quelques 
esquisses;; mon escorte me pressait itér,ativement de 
m'en retourner au oi^mp. Combien je dus envier le 
30rt de voyageurs yeaus avant moi dans ces lieux, 
puisqu'ils avaient eu le loisir de creuser, en grandes 
lett^res latines, leurs noms sur les pierres ! Les cir* 
constances. politiq^ies m'ont empêché de visiter les 
ruines que M« Lîoant a découvertes a Misaucat et 
que -]V}. Cailliaud a examinées. Je n'ai pu par la 
même ca.ii«e aller à Mandera , lieu éloigné et ouïes 
l|2|bitws assqrent qi^'il y a des ruiiies anciennes. 



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Bichir^ cbeikh des Djafaelîn, et d'autres indigènes 
très dignes de foi, les ont vues plusieurs fois; elles 
ponsisteut en plusieurs temples coqstruits en pierres 
de taille et ori|és d'inscriptions. Ce lieu intéres» 
sa«it est situé au milieu de la plaine qu'entourent 
leDittder, le ^br*eUAitre|k, le Nil ( Bahr-el-Abiad) 
et TAlbara^ et h peu près à ëgale distance deKour- 
goS) de Soiibah ou Abou Haraza, de Sofié et de 
Gos Régiab. Burckhardt' a donné sujet de pré- 
sumer, avec beaitcaup de vraisemblance, qu'il y a 
des ruines antiques à ce dernier lieu. Un officier, 
turc que Mohammed Bey envoyait de So6é sur le 
Bahr-elSetif y au S., vers les frontières de l'Abys* 
sinie^ et qui conduisait moh escorte dans mon ex- 
cursion aux pyramides de Kourgos, me racouta , 
sans que je l'eusse questionné, qu'il avait rencontré 
dans cet endroit des groupes de pyramides sembla- 
bles à celles que je voyais et construites en grès 
taillé. M. Cailliaud assure qu'il a trouvé ,dan^ le ter- 
ritoire d'Abou Haraza des ruines de monumens an- 
tiques. Je viens de décrire ce que j'ai vu de celles qui 
s'étendent sur un grand espace près de Kourgos» On 
dit également à Bruce, si je ne me trompe pas, 
qu'il en existait beaucoup dans un lieu nommé Marii^ 
déra^ k] peu près dans le canton dont j'di parlé. 
Or, si l'on applique aux ^ines de Misai^raf le nom, 
de l'antique lUereê, qàpl était celui de la grande 
viHe qui fut jadis florissante dans le territoire de 
Mandera, et que, suivant les apparences, ^m corn- 



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meree âttif avec toutes les contrées voisines enri- 
chissait? Je pense que les ruines de Gos Reglab ^ 
de Sofié, de Sou^ah et de RourgQs, indiquant les 
traces des diiféren tes routes de commerce qui,conime 
autant de rayons , partaient de celfcenire. La pre» 
mière conduisait peut-être au port de Thcon Soter 
sur la Mer-Rouge^ la seconde à Atoum et à Adulis, 
la troisième au Sennaar et au Kordofan, enfin la 
quatrième à Gheckdoud, à Barkal et à Solib. Ce ne 
sont là que des hypothèses qui ne pourront être con* 
firmées ou détruites que lorsque des voyageurs eu- 
ropéens dignes de foi auront visité les ruines de 
Mandera* 



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Skia . l!(OÛftMJR% AiribLLES 



BULLETIN. 
ANALYSE CKITIQUE,. 



Séjour à Çonstanlinople y pendant le^ femps qui ont p^ 
naître et finir les révolutions grecque et turque j^ 
par le rév. R. Walsh (Londres^ i vol. i836)... 

A la fin de 1820 , à peu prè^ à Tépoque ou se manifes- 
tèrent les premiers symptômes de l'insurrection grecque, \^ 
doeteur Walsh accompagna^ lord Strangford.à Constantin 
npple en qualité de chapelain d^ Tmobassade britannique. 
Il passa quatre années en Turquie, revint ensuite en Angle- 
terre, et «ix ans après, il reprit ses fonctions spirituelle à 
Fera. Il s'était opéré de grands changemens pendant son 
absence. Les Grecs étiùent libres, les Jani^i^s anéantis, et 
des bonnets rouge-garance 9iTatent remplacé les turbans; 
les chiens, anciens boueurs de la> capitale de l'empire mu- 
^Iman, avaient été chassée, et des cochons leur avaient 
succédé. Les classes élevées buvaient ouvertament du vin, 
et chose plus étrange, un monarque crue) et sanguinaire^ le 
sultan Mahmoud , était devenu un prince doux et clément 
et s'était métamorphosé en un instituteur public, à l'aide. 
d*une gasatte bti il exposait lui-même ses idées. Mais les 
événamens si remarquables de la dernière guerre ave« les 



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; D8$ voyages:. ai3 

Gl-ecs, leSi/^ffetÎB qu'eUe produisit. «ur les OUcHoftus, leti 
iiKBurs et leeacaetère du. peuple av^ot et après la réfortue' 
turque .ne sont pas les. seuls objets qui ont fixé rattention. 
dû docteur'=*WalsIi ; A décrit aussi avec intérêt et agrément 
les lieux ({u'il a vus, éniremétaât aVec goût le passé et le 
présent, et dans ses nombreuses excursiofis, il a monti^é le 
double mérite d\in ex^adlent. observateur et d'un bomme. 
de letti*es. distingué ;, enfin il nous a foiimi des renseigne-, 
mens précieux sur les différeus peuples qui habitent G>us- 
tantihople^ GrecS; juifs, Américains^ ainsi que sur leurs 
erojances et leurs dogmes et rites religieux. 

La meilleure manière, à notre avis, de fidre apprécier un. 
auteur à sa juste valeur, est de le laisser, parler lui-même 
en autant seulement soin de mettre de ia variété dans les ci* 
tatUiiis qu'on lui emprunte, et ncHis allons les. commencer 
pai^ le récit d'une coarae de M. Wakh dans les plaines de 
Troie. 

cT Jt' traversai FemboacbUre du Stmoïs, attjourd'hsii le 
Meniei*sou,' livière aus ondes turbuleaftes. et âmgeuses qui. 
ontdÀ entraîner rapsâsmeot à là uiec.ka airmei , les«he<-k 
vaux et les corps dee'béros «ués^sùr ses mes. Elle tombe, 
dans rHellespont, entre le. cap Sigée et Ehalée» environ à. 
quatre milles de chacune ces promontoires et forme une. 
baie peu frofonde du'nous trouvâmes plusieurs petits bâti* . 
mens grec» faâlés suihle rivage, canniiB jadis eeux de leurs 
anoêtres. Les .eaux stagnantes de ce •terrsin marécageux^ 
échauffées par un soleil brûlant, eogettdrentjdes miaMnes 
morbifiques qui* donnent iieu à une maladie semblable à> 
àta^èvixî de Walchei^n en Zâandeé Au premier aspect on . 
^connaît le terrain insalubre décrit au commencement de 
/Uiade, et l'on; voit que les flèches ou les rayon du dieu, 
du jour sûntà' présent aussi à «edooter qoft dans les temps -. 
âmdlens. J'entrai ensuileKlanB'UDe grande plaine quisiéteàdi. 



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2ll4 NdUTBLLBS ANHALKS 

entre deux raogsdeootoat» pr6ai|uepar«MÀb»i» A nta droite 
près de lamery s'élevait^ jeJeeuppose, le rempdrtd^Hercule^ 
oùMeptuDepfit séancecvec lesdi^ux larorablesà lacause éeê 
Grecsy et à ma gauche, à une plus f[raDd distance, était le 
Kali^K^lonc où ^égèrent les divinités protectrices des 
Trojen». Je gravie, dans le milieu de cette plaine, une butte 
circulaire formée ë?idemiuent par la main des homiaes , 
appelée aujourd'hui Vé^eeifé^ et que Ton présume être la 
tombe d*iBsites , oii Polites fut envoyé pour observer les 
mouvemens des Grecs; Il ne pouvait y avoir une meilleure 
place pour bien remplir sa mission, car eUeoommandetouta 
la campagne juaqù'i THeliespont. 

« De Ml je me rendis à Bmmarhuikif qui veut dire littéra^ 
lement k commenaemeni de la 4owcé ; 41 sort de terre en œ 
lieu des eaux ti chaudes qu'elles répandent de la Rimée, et 
qu'on peut à peine y tenir la 4nain; à ufee petite distance -est 
une autre source encore plus chaude qui sert absolument 
aux mêmes usages que dans les temps hérolqi^es ; des ftinmes 
turques lavaient du tsa^ dan» dios bassins en pierre, comme 
je faisaient .prohabkmcnt les Ttojeones avant le débarque- 
ment des Greee. Je déjednai aupiès d*un ruisseau limpide 
et pittoresque qui ooulalt à travers une yeite [Hrairie 
émaillée de fleurs^ dee ormes, dra saules, des tamAnscs/des 
cyprâs et autres végétaux qui se plaisentdans les terrains hu« 
mides, érnaîent ses «charmantes rives» et le poiésôa j était si 
abondant qu'eu peu de temps je pus m'en fovïfeurei^ une 
f«ra]»de quautîté. Tout ici me rappela la situation de Troie, et 
Yx peinture qu'en a tracée le vieil Homèi^ estooooro fidèle. . 
Je grimpai ensuite le coteau de Boimarhathi 4i\x sans douie 
cmte v^Ug était bâtie ; à mes coté^ apparaissait Ténédos ; et le 
mont Ida s'ilevait derrière mot. La montagne des figuiers 
sauvages était eneore couverte dé ces apbves, et comme ti-o- 
phéeataouveuûrf'ycufiillaiaune branfibechargée de £rutts. 



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visa VOYAGES. a»5 

qc Afirèd lijQ \è%er repas, je me remie en vdute pour nevetiir 
8urt|iefl( pa9, à peuprèsàrheureoù Priam dortîtdeTroîe p6ur 
aller au camp des Grecs demander le corps d*Hector ^ il dût 
parcourir le chemin que je suivis;- comme lui je descendis 
en compagnie de plusieurs personnes qui me quittèrent à la 
pljS^ine. Arrivés ensuite à la chute du iour au point le plus 
r«Jf|iproGhé des deux rivières, bientôt la nuit assombrit tous 
iesÂjets, mais par un b^tureuxhasard je retrouvai mon guide 
qui s*était séparé de moi a Bommarhacki, et comme un autre 
Mercury il dirigra mes pas. -Cest un fait bien remarqua- 
ble, il «ijoute au vif intérêt qu'inspire la patrie d*Heclor : 
quoique les rivières ne se réutiissent plus comme au temps 
de Priam, il est de la plut complète évidence qu'autrefois 
elles ont .dû confondre leurs eaux. A. présent le Scamandre 
y^. se jeter dans la mer Egée après s'être creusé un nouveau 
canal, et on distingue encore parfaitement .le lit par lequel 
il s^ mariait au^imoïs. Au moment de souper je parvins à 
la.Joinbe d'Achille auprès de laquelle était dressée sa tente 
oiii Priam se présenta esActement à la même heure. 

<c Je ne vous fatiguerai point eqk.voua ranettant sous ïeê 
jeu^ les nombreuses controverses qu ont fait naître ces lieux, 
et toutes les discussions des savanadont elles 4Mit été l'objet ; 
jÇ: ne 19'arreterai point à combattre le .paradoxe de Jacob 
Bryant, qui tranche le nœud gordien en affirmant que 
Troie n'a jamais existé , et que les combats prétendus qui 
ont ensanglanté son territoire tie sont qu'une fictibn ; mais 
pour ajouter, s'il se peut, à la profonde vénération que vbuS' 
portez à la mémoire du premiei* et du plus grandies poètes 
époques, je n'hérite pas à vous affirmer que, malgré quelf- 
ques dissemblances , si on visite avec soin et dans un esprit 
d'impartialité cette* terre classique, «n reoonnaU aisément 
qu'elle a été le théâtre d'une, des créationa-qui font le pàar 
d'bonaeur au géok d* l'homme* En effet, il est ittpossifai» 



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3l6 NOUVBX.LE$ AiriTALES 

< 

qu6 téutes les ûeaaipAms d'uoe. épo<|iM A étoigitée 8*i^ 
daptent eiactetnent aax localités actuelles et que .la face 
de la nature n'ait pas subi à la longue quelques modifi- 
cations. » - 

Ëo opposition avec le passé, prenons cm tableau de Tétat 
présent. ' ... 

oc Mon chemin suivait les bords de l'Heltespont ; le calnl^e 
avait suecédé à la tpmpéte, et les plantes ouvraient leur sein 
«ubaumé aux doux rayons du soleil. Comment vous peindre 
les beautés admirables des plaines ondulées qui s'étendent le 
long de la côte asiatique de cette mer célèbre ? ma plume le 
tenterait en. vain. Une pfllouse verte descendait jusqu'au 
bord des eaux^ coupée presqu'à chaque mille par de char- 
mantes yallées boisées, qui s'iSlevant légèrement à<[uel(pie 
distance du rivage^ se terminaient en pente douce à une 
petite baie d!un aspect rorhanlique oà menaient se jouer des ' 
vagues argentées dont la <lég«*eagit4tion avait quelqueohose 
d'harmonieux^ CeA là , sur ce sol délicieux , que je vis les* 
premières -traces de l'état d^ désolation qui déshonore la 
Turquie. Tandis que «es myieages enchanteur* qu'une pra- 
vidence bienfaisante a- cfêés pour le bonheur de l'homme, 
semblent l'inviter à y £x!er sa demeure^ tout y est désert et 
solitaire comme dans les savaives immenses du MissouH. 
Dans uiie promenade de quinze milles le long de la cdte f 
do^ moitié sur lés rivages de i'Heilespont, je n'ai pas ren*- 
contre ttije seule liabitatioii- humaine^ etH)ela au milieu 'dea 
^ teisres le^ plùis fertiles , dans le plus beau climat» et la con-* 
trée autiefois la plus peuplée- et la plus florisfsante du. 
monde. y> 

Les diveirs événemens de ta guei«re des Grecs mddemies 
ont été. déerits avec des circonstaBoes trop contrastajifes 
pcHur qu'on puiise les réunir dans un cadre «complet ^ et si 
on eiuîepâe le a écit de rhoÎTÎble dévasiatiea de Scii»^ oe «ont 



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plùtâ^ .çles -fragmens d'iiktoire qu'upe :histoire ëik^méme ; 
maAs les citations suivantes ne sercNtit sans doute pas sans 
intérêt* . * - , 

ce La création soudaine d'âne flotte, fut le service le plus 
impo^ast qviè lies îles rendirent à k <:ause des Grecs. Les 
ti'bisiles lés plus stériles, lés iftdins productives étaient les 
plus riches. Ne pouvant obtenir ancun moyen de^ subsis- 
tance sur les roëhjss -arides oii* ils vivaient > leura habitans 
avaient cherché et trouvé au dehojfs par leur industrie- et 
leur activité ïesressoilriÉèS'iia^ùûênaliire xnftrâ^re leur re- 
Iusaitche2eiiat»^^dra etS^msài, à Tentnéedu goMe d'Egine, 
et Ipsarà,. à ped de distance de ïi\e de Scio, faisaient un 
commerce xjonaidérable; leurs navires étaient les potxr- 
^Ggieui:^ de tout l'archipei et4l'une paç^ des côtes continen -i* 
, taies ;.ilS'trân^c»'tajent toutes les denrées ^ touters If s mav- 
diandises/«t jjen ne démontre^aùeux l'état de prospérité de 
ces Jnsuiaireis ,que . les escadres qu'ils mirent en mer si 
pr^mptement pouir le sotAièn de la cause générale^' Les 
£^l*3[l|atei^r8 convertiKcnt leurrbâtîmens maitJiands en vais- 
seaux. de^guerre, et comme: ils étaient déjà plus ou i^oins 
pourvus de m<^ens lie détensis pbflif^éflîster £^ux pirates^ ils 
^euBenibesain que d'un supplén^ient d'aclilkHe. Les pirates 
etix-rmâniési ainsi qHeies>Mlspktes àterre> renoncèrent à leur 
brigandage et siu^unii^nl ccmtre l'ennemi eomnmn. L'in- 
^^rrœtiqaïawt à peine commencé sur le continent, ér^dëja 
. . la mer étaitnouy eile d'unèiîûttoide cent-vingt voites^ pouta nt 
diiç ou douze ^oanons de différens calibreSé Les premières 
.dépenses. tombèrent à la charge des uégocians seuls qui 
partageant i^enthousiasme universel , s'en chargèrent vo- 
ijpntiers, mais par la suite^ 4es autres lies fureift tenues de 
foiu>nir leur.çantingQnt pei|u»rr«ntretieo des forces navales. 
cc.Leaeoyiloita de. cette marine impro^jiiée^ qui eut pour 
. prjemiet .chef Jacopki Tombasi auquel succéda Andréas 
(i836.) TOM. IV. i5 



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^ient compte c|e8 ^éiq^pfi^ àe p^S( for;^»4tioo9, L«9 éqnlpagef 
ii'aviiicnt pas d'ofliciçrs et étaient cntiècament iadëp^odans 
les uns 4^ autres. Çh^^ue lu^ii;! ajant. pa^ Au:|.{;>4jB£fkes 
dans Içs hâûmens, lQr*qn!il^ 4lftiw^ idç^iç^ 4^^ c|imfiie>Qa^ 
voulaitqu'il en fût toujow» ^W ^»8 l'était de guerre. On . 
dqpfiait cûnnaÎ9$aQc« à tout le ^Q9^d^d€ V<3ibiet de Fexp^- 
ditioQ.que ) qp ^ proppsaît 4fi ^W^» ^ tous croyaient avoir 
k4roîtdq d^^ioqer leur opÀt;i9i|;,heMreu9eia^t|U ëu^eot 
daps v^ne t^iiËy te. UMpi|Ai\4. j^q^ilf leur baiiie ccuitce Jea 
Turçs^ 9t t^ien uiH%.qu4iid Ui'dqwH de eojtnbattre. Lit ùi-^ 
kWsffi 46 i^^t hâUmei%i9!4f,l4QQni|»»itioo biaf rre^dcsiqui-f 
pafe&ne leur %uraien^fA9.peraû(| d^ JuUçr c«nitoe l'immense 
aupiéripriié dQ8 V9kie«iix lui)çaifiii ^«ont .peittrâii;^ ka. p^ 
hçattjL dii moside entîeif, et dont uq aaul senablait pouvoir ^ 
«nëttulir tûiite.ia flotte. :g|PiQqu« 9. niftis> jeomKieaeeux de» 
ancjeaiB Peraest^ icei «ijieebfaioQbaBea étaient irès^kmal ma-p 
«çluvrés^ et. Ievœ9 aeuls xbatelcAo >expértmef tés .:âa>ept<^. 
Gi^e$, qvi ifii«pis«Mi)t ua^.iit»p. juste défiaace. LesAbaipl^ 
in9Ôs.eu|Kot.tfi) putr« ^aire. à. iioi autve eanen^i queikar 
ms^ftdpi)^ m.naX pK4 4vit€r. ^ Auquel la grpidettir ;de leim 
vaiseeau;i(^dQPAaît.eiicoiw plus* de prise; e'étaieat deiklkBÛiqlB 
•que dirig^ienl ooAtre. eiix.xlesiiomnea intrépides ct.qiià 
.]^rlaiep^ pisuipiû. «ux U Aerjreiw et ht destviction : J'in^^en^ 
tioQi^ «ette arme redotUabJe n'était pas noujselle» oar d^s 
le jnoyenr&ge elle Avait ^tcmini r£urope «t.ijjiouyaiU^é 
l'Asie. » • j -,..-':>.•.■. 

• •• • • • ... .. .. * .. •••^, « ♦ 

a Jusqu'au moment oii . se répandit la première ii9«vel}e 

de riusurrcction grecque ^ naas^ avions jouixleki phlddieiy- 

l'euse tranquillité; nous.alliQiie aux- envivqiis de la,«iUe, 

partout <oii pouA conduisaient no» af&irea et^os plaisirs ^ 

' avec autant de séobrifé qu'aiiprèd de.liOndres^.#t ftonrae\|- 



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DKS YOXA&ES. aiQ 

liment touteë les classes des d^rentes nations ei des 
croyances diverses qui composent la population de la capi- 
tale, se pîonlraîeQjt }é^u disposées en noire faveur, le plus 
parfait accord régnait entre elles. Je descendis à Galata 
pour &ire une visite à l'hoDôrable M. Barbaud qui éteit 
regardé comice le père de la loge anglaise et qui, malgré 
%aR grand âge, avait toujours le petit mot pour rire. Lui 
^jant tjjouvé l'air fort soucieux contre son ordinaire ,^ Je lui 
en demandai la cause; il'tne répondit que depuis cin^ 
qqanftt ans qu'il habitait Constifntinoplie, il ne s'était jamais 
trouvé clanç une situation aussi périlleuse. Jç crus au pre-- 
mier mop^^ent et à'ap^^ès son humeur habituelle, qu'i^plair- 
^htait, wais j'eiis bientôt reconnu mon erreur. Il me dît 
qu'il vpnfititde recevoir l'avis certain dw soulèvement génépi 
des Gri^çs d^ps jtputes lêa parties de lempire Ottoman, que 
le prjhqe Itpsihu^jLi dont il avait connu le père j, venant de 
^usaie, était entré en Moldavie ; qu'il avait levé Tétendart de 
la révçlte, et qujs fo^s les Grecs s'étaient réunis à lui 5 qu'on 
attendait à chaque^ instant la nouvelle de leur marche sur 
Gpnstantinople ,, où les chriéMens orientaux devaient se 
joindre à aux ; et que dans une telle crise la vie et les biens 
des Francs étaient exposés aux plus grands daugçrs. En 
confinjoation de ce récit, il me montra une proclàiûation 
qu'il venait de recevoir d'un de ses correspondans, et H 
termina en m'aasurant que ce vaste plan avait été tenu dans 
un tel secret, que rien li'avait transpiré parmi le grand 
* noi]^bre dç Grecs avec lesquels il avait, ainsi que d'autres 
négociaps, de continuelles relations. A mon retour ^ Pera, 
il ne me fut pas difficile de voir que déjà les dispositions du 
peuple avaient bien changé à notre égard. Le bruit de cette 
terrible commotion à* peine ârroé, venait de se répandre 
avec une rapidité inconcevable , quoique sans le secoui^q 
des gazettes. Les Arméniens quj avaient dès boutiques daas 



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aîD NOTTViiTXES àNNlLES 

Galata, s'empressèrent de regagner leurs habitations à ÎPcrà ^ 
ils gravissaient en foule la colline devant moi^ en regardant 
€X)ntintieHément autour d'eux avec toutes les marques dé 
la plus vive anxiété. On voyait çà et là des Turcs marchant 
silencieusement, une main sur la poignée de leur jatagans> 
et de l'autre tressant leurs moustaches, taudis que les Grées 
ou les juifs qui les ftpercevaient se hâtaient d'entrer danà 
des boutiques ou des cafés qui heureusement se trouvaient 
encore ouverts. » 

Les atrocités qui ensanglantèrent journellement , et d'une 
miinière systématique , Gonstantinople après la confirma*- 
tion des premiers rappoits^ égalent toutes les horreurs qui 
accompagnent le sac d'une ville. Les Turcs massacraient leé 
Grecs qu'ils trouvaient danB les rues. Instruits par une Ëi^- 
taie expérience du sort qui les attendait hors de leurs mai- 
scfbs^ ces derniers s'y tinrent renfemiés , mais leurs ennemis ' 
y pénétrèrent de vive force , mirent tout au pillage et égor- 
gèrent les habitans avec une cruauté calme et méthodique 
qui passe toute croyance. Les Francs mêities furent insultés^ 
baSbués , battus et volés , et la populace armée fit feu sur les 
b&timens européens qui étaient dans le port. Le docteur 
Walsh entre à ce sujet dans quelques détails qui font frémir, 
efque nous nous «dispenserons de mettre sous les yeux du 
lecteur* 

a Le samedi 5 novembre i83i vit paraître pour la^remîèitï 
fois dans la capitale ce phénomène appelé Taakpimi veekai 
V ou Tableau des éuénemens qui, depuis, a toujours été publié 
i^gulièrcihent. Afin de le répandre dans tout l'emfire , l^s 
pachas sont obligés de souscrire pour un certain nombre 
d'exemplaires , qu'ils doivent faire distribuer dans leurs pa- 
chaKks pour l'instruction du peuple. Il est imprimé sur 
deux feuilles in-folio , en langue turque et française ; cette 
dernière composition porte le nom de Moniteur oriental. 



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pis voY^^pss. a^f 

X^'^i^mplak^e tui:C est à l'usage des nationaux et l'autre est 
destiné aux f^rancs. "fous les samedi».au matin cette gazette 
BOUS arrivait en même temps que notre déjeàner^ av.cc la 
même exactitude qu'une feuille hebdomadaire à Londres. 
X^ sultan, qui y attache un grand intérêt j la lit toujours eiji 
entier ; et contribue même quelquefois à. la rédactiop des 
ii:ticles les plus importan.s. 

(c Yoicî ordinairement le détail de ce qu'elle cutttîent : 
file commence par Constantinople et la Turquie, les armées 
de terx^ et de mer, leurs mouvemêns, le chaUgenifent des 
officiels, les promotions , les bulletins des combats, raconi 
t& d*un stj^le simple et dégagé du fatras emphatique si fa- 
milier aux Orientaux ;? vienneul ensuite les affaires civiles^, 
les divers .événemens qui seront pajisés dans 1^ promc^, 
en ^8. présentant toujours sous un point 4e vue fa\'orabfe^. 
et un éloge des mesures, prises par le sultan pour le bonheur 
du peuple. On trouve après les nouvelleàp. étrangères^ et 
quelquefois des ^traits des débats. de la chambre desdépu-- 
tés de Fjcanee et du "parlement anglais, où M. O'Connell 
figtne d'une manière remarquable. Oa aura, peine à croire 
que les, discours vielens de ce démagogue se reproduisent 
dans un43 gazette turque \ il efi est pourtant ainsi ; aii reste ^ 
il est vrai de dire qu'ils ne peuvent entraîner aucune suito 
fâcheuse , le peupU étant absolument. hors detat de les com- 
prendra. Mais ce que Ton voit de plus, extraordinaire dans 
le Taakçimirueeiai esi une espèce de budget où Ton exposè- 
les recettes et les d^enses publiques , avec des comptes mi- 
nutieux dé pinstries et de paras , qui fei^ient pâmei* d'aise 
rhoQorable M, Hume. Il feut avouer que c'est um nou- 
veauté é^^nge dans l'administration turque^ qui Rys$t p#ur 
principe de couvrir du vo^le le plu^^.épais tout ce q^i^cM3- 
cernait les finances du gouvernement. Enfin , to Moniêç\q'. ' 
Quanian se termine par l'annonce d'inventions utiles, n^r 



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^aH NOUVtMiES AirPTALES 

■ • * '^ 

des principes élémentaires sur lès sciences et les atts^ çt 

Blême asses souvent psft* des anecdotts piquâtftéis et instruc- 
tives. . • , 

« Lorsque cette gazette parut , les Turcs ne concevaient 
pas qu'on pût f tipiiver quelque amusétneut et qtiélque in- 
téi'ét, Biais, semblable 1^ des enfans , lorsque leur curio- 
sité eut été stimulée, elle ne connut plus de bornes. De 
TaakHmi tee^étl Ait donc bientôt universëlleiïit^t rech'(^r- 
phé , et fte répandit suilout dails fous les cafés. Ce taème 
Tore, tqu ou voyait n^guèi^ à moitié endorftii et à moitié 
4)ébêté en buvant son càfii «I fumarft sa pipe, e^aujoûr- 
d'hui sorti de son engourdisseifnent , et, ton journal à la 
IBaijfi,, il le lit «vec la plus s<)rupuléuse Àtteritiohet sand 
l4)S6ct,échapfier une ligae. M«s pour qtf^ tOulilè monde, 
jusqu'aux hommes illétrés , puis^ se ipepdîti^dè cette dbu- 
veauté ,, il s'est établi des espèces de cabinets littéraires qui 
l'eçoivcnt de nombreuses réunions, au milieu desquelles 
s*assied un lecteur^, les auditeurs formant tm. cfércle autour 
de lui. Tous écoutent attentivement, dans lè^^Ius grand 
silence ) qui^'est i&ten'dmpti de teDnps en tetnps que par 
ees mots : inchaliah ou aUah kérèn , pronondés gravement* 
La premièie cii(>s6 dont^esl frappé ud Turc qui se trouve 
dnDs une positfoti élevée e^t de davoii: s'il est question de lui 
^'et ceque l'on eo dit^ et cela est asset naturel ^ car le«ultan 
étant le principal éditeui* , Topinion Aix prin'ee sur tel ou tel 
de ses^ sujets est po«ir eux de k plus haatè importance. 3> 

<c Ldltl Strangford avait apporté deux grands et beaux 

gloires d'Angleterre ;et comme les Turcs lûotltraiettt deptfis 

peu quelque disposition à apprendre dès latigul^s étrâû- 

' gjèi'rt , il pinstt qu^ls poari*aiént ausàt avoir qud<iue envie 

ll'at^quérir d'autres cbmiaissanises , et, s'é^ifit proposé d'ei^ 



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DES YOyAGES. ai3 

faire présent à U Porte ^ il me QjiiargeA de les accotupagner 
et d'en expliquer l'usage. 

a Le irans^rt.se fit avec uti cëi^monial qui prouvait 
assez là valeur que Tofi attachait à ce don. Vïi tchiaou^ 
marchant en atant avec mn bâton da sei vice , était suit i 
dm deux janissaires qui, nouveaux Atlas, portaient le 
monde sur leurs épaules; je venais ensuite , accompagné de 
potre priucipal drogman > en= grand costtnne , et ua -gros de 
janissaires et d'employés du sérail fermait la mai che. Ar- 
rivés au- palais nous fûmes iatiXKliiits auprès du r^isieifendi, 
pit ministre des affaire^ étraii^èrés, qui nous attendait avec 
les autees ministres. Lorsque ces globes euretit été mis en 
placé, ils en firent le tour avec un intérêt ^êié de curioàité, 
et le mis^effefidi , qui crut apiiareOnmënt , ex-officioy qu'il 
devait cd^nattre qiNSique ohbsè à la géographie , mit ses lu- 
nettes et esi^inina les globes avei; attention. La première 
chose qui frappa ces messie^rè fut la boussotft^ et quand ik. 
eiu^nt remarqué que TaiguiUe gardait toujours la même 
position^ ils eu . témoignèrei^t leur surprise > s'iinaginant 
qu elle le devait à un mécMiisbie îutéi ieuir» Il était midi , et 
1 ombre du châssis de la fanétlie tombait sut le plancher ; je 
chei<chai à Içrur démotiti*e^ , t^n indiquant le n6rd > que l'ai- 
guille 86 trouvait presque toujours daqs oettç direction/ 
mM malheut-eUsemêiil ils comprirent^ ohaJgré tous mes 
efforts^-qu'elle était toujours tournée vera le soleil, l^i rein* 
effendi me^ptia eiisuite de lui mont4*er TAngleterre^^et lors- 
que je lui indiquai le petit espace^ qu'elle occupait ,. il se 
tourna vets-ses i^bllègues en disant iuichûk {p^îte)^ pt \W. 
répétèrent tous kutçhàk d*un air de mëpiié ; maJs quand je. 
leurfis nMF les nombreuses dépendances de notre empii*e^ et 
pdrtteiiiiàrem^t la vaste étendpe de ilude^iU changèrent 
^ toD i et le mot bay€A {.grand} sortit de leur boucl^avec 
U«èe&|M(e9oioii bi^ll diflér^^nte* Je iaimso^eoccasioa ^Uv 



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aa4 HfOVVJihlMS AHKA^LES 

leur apipr^dre que la communicAtioii , paniaer, de tlode 
à Goostantinople, ne se trouvait arrêtée que par Tisthme de 
Suez. Le no|iveau drogmau de la Porte , j^if renégat, qui 
avait quelque teinture de géogi^pllie^ élait présent, et je 
pris, le parti de lui donner toutes les explications possibles, 
lui laissant Thonorable. et. pénible tâche d'initier les mi- 
nistres dans cette nouvelle science , car je Jugeai bientôt 
qu'aucM» (} eux n'avait vu auparavant un globe terrestre , 
ni mên^e un .compas de marine, s) ^ 

• • • • •(• • •>* •.» • • •'• » • • « 

<L Là manière doqt nos présens d'ambassade ont été offerts, 
et reçus prouve bien le peu d'importance -«(u'on y attache. 
Ils consistaient ei^ jojaux , boîtes à tabac^ et nuTtres ol^f ts de 
l^ijbuterie plus ou moins riches, destinés nu sultan, au 
gmnd visir , au reis-effendi et autres penonnages en place. 
Toutes ces magnifiques b^atelles sortaient des magasins des 
joailliers du roî, qui ont, a Gon^tantlnople, un agent chargé 
de les racheter. Ceux auxquels on les distribue , bien loin* 
de les garder comme la marque d'une distinction flatteuse, 
daignent à peine 7 jeter le^ yeux , et mandent aussitôt cet 
agent , en sorte que^ le jour mém£ de la réception ils sont 
vendus, puis renvoyés à Londre»> oii, après quelques lé- 
gers chângem^ns, le gouvernement en fait de nouveau l'emr 
plète, totjjour9 ftour le. même objet; ainsi lu même ^hoee, 
ud pe\} mîodifiée, est destinée à subir un grand no|Bt»« de 
repr^sentatic^s différentes , quoique du même genre, d 

Depuis lenr première apparition comme nation, les Tures 
et leuf sultan ont toujours présenté an problème» moral et 
politique . très difficile à résoudre. Plusieurs des faits cités 
par M. Walsh augmente|it beaucoup cette difficulté. Biais 
ni ses récits , ni ses réflexions , ne fouinissent les moyepa de 
devinjif l'énigme. Les seub effeta dans lesquels nous pou^ > 
vpns apercevoir ijpe trèi^ légère trace de causes son^ Tét^^ 



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paiaible actuel dedonstatitinople et là facilité avec laquelle 
ont été eâectués denûërement quelques changemens relàtik 
à des pointillefies religieuses. Le massacre des janissaires 
.et k levée en masser ordonnée lors des guerres contre les 
Qrecs et les Russes ont servi surtout à purger la capitale d» 
son écume, en ne laissait dans son enceinte que des hahi- 
tans d'une humew tranqiiille. Noua ne terminerons pas 
cette remarque sans convenir, d'un autre côté, que notre 
auteur semble porté à crpire que l'antique loyauté des Mu- 
9lil;nans à subi quelque altéi*ation , et que le manque de foi 
3 maibeureusemeof fait des pro^^ parmi eux , même dans 
jks classes inférieures. 

A son i^toiir d'Angleterre le docteur Walik reconnais- 
^t à peine Gonsfantiûople ; ses traits les plus caractérisa 
tiques étaient e£facés. 

a La premiève chose qui me frappa en débarquant à To- 
phana fut l'absence de celte multitude de chiens qui , sur le 
quai ejt dan/s l^e^ rues environnantes , cherchaient habituel- 
lement leur nqurriti^re dans des amas d'ordures; mais J'ap- 
pris bîcntât que la^esjtruction de cps vilains animaux avait 
été l'objet d'une des premièi-ee réformes du sultan. Piotégés 
par^ne bienveiljiance mal entendue ils s'étaient apcrus à un 
noqnbre intoléraM^* A. l'épo^^ue affreuse de l'insurrection , 
ils avaient ajoi^té d'une manière horrible à l'exécution des 
jlais turqufW^ en déchirapt les çprps desyictimes tombées 
soué le gJWye du bf^rriejai^^ et ^is ayaieiijt contracté on tel 
goût pour la jcb^ir humaipe qu'ils étaient devenus très daor 
gereux. Un Musulman voui/Sit-ii insulter ou attaquer ^n 
gjaour, avec l'aide de ces épouvantables auxiliaires, il le 
chassait comme un lièvre. Les Francs avaient auti*efois élevé 
jde nombreuses^t de vives représentations à ce sujet, mais c'é*- 
tâit dun de ces usages chers aux Turcs el sanctionnés par le 
temps, coptre lequel le sultan n'osât pfoipt aiorp déployer 



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âa6 KoiTVettiËs akitâles 

«du «utdriték Quand It éé fuf débarraissé dë^ janissaires, qtU 
toièllt Tobsladle le f)lua ^^uiééèkt & tdlrtë àMiNiôràtioti, il 
«itaqua sérieusemet^t cet abus odieux. On Impojsonna des 
«aucissies^ dont <ieâ animaux étalent très frlatids, et oh \eé 
«rëpandit en grande quantité dahs leé différens qnart!è:«i; 
TefFat de cette iaieantîe à été prompt et général , et cette èale 
et dangerèoâië indotn^odîté ft dispai^. ^ 

L»s bonneê intentîoi^a de Mahmoud H'ènt jâm^k été ré^ 
votées en doute^ iàih la bètihê intention èiéulè n'étant que 
irûp 80tit«nt tôns efficacité, 3 est Viigné de remarque que la 
|»lupart des réfortneb tentéëè pat- de pritt^è, btft été |)arfai- 
tement adaptées à Tétat particulier et auTdàradtéré dttt>ëup<'* 
flur lequel il règne et qui c6mtnen,ee ft leé a{:){»rétiér ^' aussi 
jamaiaêiritaa ne ftit4l salué par âtitatirt dVclàiâatiôiisf^ lora. 
de son entrée dans Constantinopie , k sôù Mour d*iin 
vojage dans une partie dé^ plt>viticeè élnatiqfi^ pôin* j 
&ire addptêr les çhàtigemenè qtt^il avait inédites; 

a La brtfit du retour dé Mëhinôud éTétailt H^Mtt, je 
«jrtb pôtir lé Voir à sofa déharqUètoent et ëtltenditfe Cê que 
le peuple diëait dé lui. Je tToUvâi le rivage obstrué par la. 
<0ule jus^ull Beékikiachôh il tîëvàît fcfettriô pied à terre. 
Ail milieu d'une afifloehee itfhdiAbHiMë, j[ë pusûepenâànt 
distinguer iéd èhfiinë des éMé^ qu'il aVait fbndé^. Il« 
avaient èotdtneiici^ à ifâèsëmblér dans téU» ka qttârtferé,,. 
Siiud la directioù dé leairs instituteurs *rèé{)èctiB; et réunid. 
«n^ttiBfé il» fbrmâii^irt une très longue file, aûi^i intâ*es~ 
twftt« et ansà étendue que celle qui cotiVi^ lèa mies de 
L^ndr^, lorsque les ènfans dea diverses éCôles se rendent à; 
'âamt^PauL Màia à tjondreâ cette réuniorf ne ste èèmipoto que 
•des enfan* d'une ëèulé profession relî^fèUsèj tàndià'qU'ici. 
^le était Ibruiéè des éhfaUë desiMusulibàfàs/de^ juifs et dea? 
0hrétiena, ear ib jouiëeféht tous égaléinent des biénfatfe de 
Védauâtion. QviAfiâ je volé cotnltten il a fella dé tetdps pour 



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ras' vb¥'AOiS3'. ' âa^ 

.^iâunaer la for^e dès ànllpatbi^â et'^^^nfthiilëà qdrdivï- 
r^ient <M>sdiffér6tit«à èèctes r^ligieuèes, et quelle e^ ëticôi*e 
.qu«lquçfoitIeâryiol6nee, je ne puis în'êtn pêcher d*ad mirer 
/la toiérànce d^ v^ Turc, qui, malgré les diiE&culiës et lés 
pppositioos qu'il rencontre, s'est montré si éclairé el si lir 
M*«L Après son arrivée îMit distribuer cent mille piastres 
è ovs^ôles, sans omettre celles des juifs^ des Grecs et des 
, .i2Àtfaoii<}ue8 aniiMtei0DS. 

. ce Partout eur 6oà passage sa présente eicita une ém6tiofi 
jg^ni^alé, et lowi tes yéUx «e fiièreol sur lui a.irec un vif 
intérêt. Dans ies^oiîcasîènspubliqiiesiesï'urc^ n'expriment 
poini'leurs «ensa|i(^s par des cris et des huzzaâ, mais d'uue 
Inaniire grava et att poussfint souiniettient queiqfueë sotipif*^ 
•quiaemÛeni'èottirdufaud de la {Kntrine: Je trouvai dans 
JeaUNivamecit de toutes ceè tèfès qui $'inciînaient devant liiï 
ki daçBoe wurmureaoleûuèl d'â][yplaùdiâseittenôconcenti^, 
plus d'amour aide respect que dans toutes les autres mani^ 
festatiOBë dont fairaiè été iéoiuki. 

^ïr y a quelques traits danis le caractère d^s Turcs qui 
permettent d^jpéi^r qti'utt jour ils t^àrviendtônt au dègrê 
4a civilisation ded autres nations européennes, mais ce qui 
mi <3erlain, c'<8t qu'ilfc l'etnporteroAt bientôt éur les Grèce 
chez lesquels on trouve èùeora des traces tioûlbreusés dé cet 
iBsprit y^ et turbûleut'i(ui aàité la dégradation et la cbula 
da reii»piiYe bfstantirt. Quel cbdtra^é a présenté là coudùite 
. des^lHtétieDS «t éeè Musulmaus lors du désordre qtii suivit 
la grai^ inceû^die de Pétâ ! ' 

' le Un t:erlàin nombre dé,6t^cë et' dl^ûiiieM qui avaiëht 
éti ktepfatès tm brigands pendant Ik-guerre de la révolu^ 
tien, étaient venus à Péra^ la paix faite, pour exëi^eir léiih 
fitéoéêë^Û îndtiàtrie tous une atitre fbrme. Se faisant {vasser 
^ut 4f^ hufnmab t»u porte&ix dobt on accueillait les 
sfitn^eè aviec empresâemient dans ce momeot de désastre, ils 



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acoouruMnt w fi^uki m cbargèrent des meuUes «I efieia 
qu'on leur remit puis disparurent. Un^ looilié de bboii petit 
mobilier fut enlevé par ces, bandits et je ne Tai plus revu. 
Ce brigandage fut porté à un tel point q^e l'autorité donna 
Tordre d'arrêter tous les porteurs dans les rues^ et si To» 
avait quelque soupçon sur leur compte, de £iire déposer^ 
leur fardeau dans des endroits déngaés à cet effet. Un de 
m^ amis qui avait perdu sa mallq^ ajanjtété à Tersanha 
( l'arsenal ) où un de. ces dépôts avait été établi, oa lui 
en montra cinq ou six cenjl^ parmi lesquelles il décepivnt, 
la sienne. XJn autre de mes compatrioteSi avec lequel j'étais 
intimement lié, perdit nne t>eUe armoiq^ qu'il avait oenfiée^* 
à un hummal dont il s'était séparé dans, la foule , et €^U 
n'avait pu rejoindre. Désolé de cette perte, il fit pendant plu»- 
sieurs jours des recherches inutiles, et il, avait rfimncé à tout . 
espoir de recouvrer ce meuble auquel il attachât un très grand 
prix, lorsqu'un matin il fut accosté dans la xw.par un Turc 
qu'il ne se rappelait pas avoiç jam^s vi:t, ^qiM, i'^jrant engage \ 
à le suivi'e, le conduisit dans une maison à Galata où ioet 
honnête Musulman avait transporté son ariupi^ qui était 
parfaitement intacte ; c'était l'hummal qu'il a^it emplo]?4» 
En général si Thummal dont on se se,rvait étaijt uni Turc, oa 
pouvait être tranquille sur sa pr<^riété , .mais il n'en était 
pas de même si on avait eu affaire h uu Greq, ï^ , ,. 

Le feu à Constantinople est une espèce dejouf oal 4:Oppp^ 
sîtion et un moyen dont les mécpntens et Içs.Jbcti^ux, s^ 
servent pour manifester leur désapprobation dQ9 mt^su^ei 
adoptées par le gouvernement, mais ses désa4res n^ fimoi 
Jamais si multipliés que pendant le ,8éjo\|r 4|3 BJ. 'Walsli 
dans cette ville. i . , . . . 

(c Bientôt on acquit la preuve que le feu ;ii'é^ pi# &6Çjr 
denfel et que le désespoir expirant des paitisans des ja« 
pissaires vengeait ainsi leur desti'uctiou. Quelques joura 



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t)ES VOYAGES. à^§ 

aprèdùn autre incendie ëclat^ et dëtruisH! quatre déûlB mai-*' 
sons ; la nuit suivante trois cents autre furent réduites en 
cendre, et le lendemain le palais du capitan pacha subit le 
même sort ainsi qu'une partie de l'arsenal. A peine le feu' 
ëlait-^il éteint d'un côté qu'il allait exercer ses ravages sur' 
un autre point, et enfin un matin on vit de Galata qu'if 
enveloppait pret^que toute la capitale. Il se manifesta d'à**' 
bord «D plusieurs endroits à la fois, auprès des Sept Tours/ 
et pénétrant rapidement au cœur de cette vaste cité, il 
embrasstr une étendue de terain d'un mille de longueur sur 
presque aulÉBt en largeur. Les nombreux fa<ibi(an8 qui 
ibyaîefrt devant lui avec les éffetéqulls avaient pu emporter, 
pi l isc nteient le spectacle le plus douloureux ; ils se réfu- 
gièrent dans le district de Balata, mais les flammes les y 
siiivireut et ih Ibrent obligés de chercher un autre asile. 
Eu peu de temps l'embrftsemeot s'étendit dans six quartiers 
dififéreifs, et consuma environ onze mille maisons, et en j 
ajoutant celles de Péra, il en dévora vibgt-un mille en moins 
' d'une semaine. 

« Cette effirojable calamité à laquelle on ne vojait pas 
de terme , jeta l'alarme dans tous les esprits, et l'on enten-» 
dait dire de tous (iÔtés qu'il fiiHaît abandonner une ville où 
la vie et la propriété n'étaient point en sûreté. Le gouver-* 
nement cependant nt resta pas !n|ctif et se livra aux inves- 
tigations lé9 plus multipliées pour tâcher de découvrir les 
auteurs de ce cruel désastre. Oh parvint à saisir plusieui*s 
incendiaire^ suriesquels^ on trouva des condacs ou espèces 
de grenades dont ils se proposaient sans doute de se servir 
tant qu'it resterait une maison sur pîed. Leur procès ne fut 
pas long, il furent exécutés sur-le^hamp et sur le lieu 
même, et* on laissa leurs cadavres dans les rues, la tête entre 
les jambes avec un condae ou un paquet de mèches dans la 
bouche poup indiquer la cause deHeur supplice. On n'avait 



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ppiat ehcorç r^w^ai & rêii)99t^ '^asqfi'aux InaUg^tears du 
qçime, loracmW jpur on yit i^ne f^tma^ âw^? bieto mme, qui. 
avait up cojudac, Con^^'t^ devant l^ .magistrat de polioe,. 
i^lle déclara q/un U^kef^ qu boi;Din« cpmm^ il &ut^ 1 «yoiit 
r£f>contré^.d9Us )a vnè, I9 lai avait reop» m tvi; id^«iP4ai e«. 
ta)êaie fe^tps cinq cçnt^ pi^j»tir«». Sur sf d^^igotaiien , cls. 
ichelebi fi^t rei!oQnu.po^r lim do^ oulén>a9 qi»i avaient le plus» 
d'ix^flneiicçi sur la ^pulatJQii ; on Y^vr^ ^xmM^^ et le& 
^ul^^rs de la lëttur^ lui ËK^nt av^^iMur que tj^oia centainiH*» 
t^ii;e« dé tOija grade* 0V|i^nt fgr^jpéaiw }ei^ rfMb»:^^ 
VAlbaoie fit ieç pfi).li^P9 ^% japig»aijitSi}^ OM^^^d^^f^ 
trûiro entièfeiaent la . viUe, de profiter de J^ c;fliÉrâmQA 
qu!Qçca.«iwefait Vw;6i\4»^j po^r d^pipw le #ilA%« ^çt rÂftt 
l^lir J'awiqri ordr« d? çl^oftf^i ï| .;/•:. .. ? « ,; 

Pierre le Grand, montre souvent dé Tindulgeuçe fKitir U^n 
d«^ Sàut^, «nal^ il.)^ i«»^ti<îP9?{ P** ^ ceM» quiiM>ppo$»i3it à 
6e,f pl^W d.'^R)^ioyça,ticw^ ... 

Le, dQ<ît^^ '^f^bwtro^^n^UU Wg ^ï,apiflçifi|« r^ 
religieux des;çl>r^]^^|i9 fti^e;^ 4e V^9^pir0 O^f^ pX pw^Vit 
culjèreçuejpt d^^ife^çs et ^^ 4r«n«oifini9. Ife«ft ip^fe ;$lliYr4»«»f 
p^ daxjs l^ pivrti^ lh4olpgique4e.s^if ref4w'<;b«^, «^r^^gm^/c^Mf 
J>iffflef^iïs*pour devoiere çit^invî ^ twtvwfiiisi je réeiAd Mil 
mariage anuéni^i auqud \\ a^^a avee ^y ftti^^qgford» 

flc I^QUS nou? rendiiai^es à hy^X beurcy» d^ m^\n à la j^aiso^ 
oii .^demeurait la fi^i«rf « V^g^ ,inpérîeup était ^^^req^Mr 
diç^ajdt (}e Inmièi^f^: )eJ^,:r€^pU p^r Iqs p^eQs et aoiis au 
jp^{)4m'0 'desquels Bpm.i^marquficoes le prêtre q^i devait 
JlKCçoiqpUi* les, ciférémonî^s religieuses^ ets' ^.(ewme,tW8le8 
•4€W y9t«3. aifw Hoe^gfajîdp fjj|ip)i<^iiM^» JSwi iraveisf^o? 



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dans UDe cbai^ibr^ i^iléi'iem*^ g^oi§,t<^pt l^i|^>u.r'4'un lilrg^^ 
divan^ sur lequel étaient s^B^ms,le^ '^mbei^^t^iaéeSy plu-* 
sieujs 4aiDes av^ncui^uQ^; au. fc^d s ^finp. i|«i angle ;)Btait 
Mlle figure immobile coiDDse une çtatiae cltmi^ ui^ picfae, cou- 
verte d*un rlçhç vo|le tout brilUot d or qiM p^ttdliit de tous les 
côlcs autour d'elle, et ^ dérobait eutière^eiit i^ k vue j c'é- 
tait l'cpousie future. L/e miUeu de Tapp^rterfliQtlIL él9it. ocçtipié 
par un groupe db^u^mcs qui se tenaient debout ^t la re^iw . 
dai<^nt ex^ pl^sorVf^pt up. profopd silepçe», Ajgi^ de upufil &ire . 
hopueqr et de se conformer à noyai u^^ ^VPp^en9> on. 
nc^U^ .ofU'it abJigea?iimpiept des ^^gç^^pi^Vi-^iielAT «K^#. 
pj»tmef pla<;ç, ^ pau;* Sfit^fairç nptre çuriîç)î5i4/éi on pçriiéuiA à 
la «pariée de ^eycr u^ peu scxa vqiUî; c« fl*t iW^ire d'u^i 
instant^ mais je pus remarquer qu'eUe avait ui^ air iMSès 
cWtif, la figuri? pAle^.^t .qu'elle paWi5Pait:l^iç«ïB'.e^.pftilliyie. 
Il n'en était paç de mêfl^çde ses çpmp^gq^, çw, 4ou^^]pniti 
voi}e.et d'uue l;fei^i\t(é,r^i8«apl^, g^^ss^qt farlf^^imiAt 
(çni ffffJfl^éeê, E,M?^ c|ii^ç;bpt^ipi^t,tf3>itf iM^^^qtr^ ^f s» eXrtiMJÛi . 
IiPUi;^.fnouvepjken8.élai^nt empr^nt^^^^e. jr^Q ^ dQ modeiti^é 
Qu^lqu^çîi-Mfies porta^ient de petit^ç qt^uronqw d'or,^e^ leu^ 
Ipnguç et A^oi^daotf chevelure flottant autQiAr d'elle»» des*^. 
cendait jusque ^uç lei^iyap où eUei?.repowî«^t, 

« Après la musique et la distribution de c^uelques rafraî- 
chissernens» on laissa devant la mariée un espace vide, sur 
leiquel on étala deux riche$ tapis )'sur l'un on plaça deux 
énorraçs candélabres contenant de gros ciei^ges, au milieu 
clesqucls on apporta uu ftutr^ ciçrge d'une gvoaaeur enooéa' 
plu9 cûxisid^able ;(^ ^nais s^na cande^bxe i;t .attaché, skux 
deux âulies par de^.rubapa- Ce mystérieux emblème, ^ui 
s'appelle le cierge nuptial, représente Pétat virginal de la 
jeune épouséC; et idoit bi'ûler jusqu'à ce que cet état n'existe 
plus \ il n'était point alors, allumé^ et c^ri Le conserve dans les 



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fjtmîlles cénifeii^ un souvenir précieux et une espace dè*^^^' 
Itque. Les résidus de la mèche, auxquels op attribue d'émi-- 
nentes qualités conjugales, sont déyolus an prêtre. 

« Un instant après ce pastenr s'approcha pour remplir 
une autre cérémonie, et après qu'où eut placé aupcès dU 
cierge nuptial une table basse couverte d'an linge blanc, il tirs: 
de son; sein un petit crucifix, et l'agitant pi u^eurs fois en l'air 
au-dessus de la table, il la bénit et termina cet acte religîeAix 
en récitant nnr psaume. Nous étions curieux de savoir quel 
objet le linge cachait à nos jeu;ic, et bientôt nous fûmes 
satisfais' ^ ônf l'enleva doucement, çt niorus vîmea alors \xn 
châle nttiginifique dont on enveloppa la mariée. Celte c&é- 
moteié est riegairdée comme une des plus itàportantes de 
celles que Ton éélèbré à cette occasion, et on l'appelle jbé"-'' 
nédiction du châle nuptial. *' 

<c Lorsque tous les rites accoutàiàésfntj^nt terminés ^notts 
restâmes encore quelque temps dans l'espoir, de toit -'le' 
ittarié) mais H ne parut paint. Il Àait dç^cendur, ndiiè' 
di«H>n, k (yftlata, et se lirrait au plaisir a^ecr ses amK Cé- 
n'é^it qu'à la fin de la troisième journée qu'on d^evaittitins- 
l^oiler ohez lui sa future, emmaillotée en quelque sortes 
dans son châle > comme un enfant dan» ses langes; son 
époux la verra alors seulement pour la première fois. ^ 



Extrait de la relation ^un voyage fait chez les tribus 
indiennes dtuées à l'ouest du missouri, .par Vaa 
QuicHs^'embome, en i835^ trad. du bollandais. 

Ge<H'ges Town , l^ «eptemlkre 'i$35.^ 

a Monsieur/ je me |ai3 un^devoirde vouscommmvqiier le 



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B£S VOYAGES. ^33 

l^ésuhat de ma dernière visite chez les Indiens qui habitent 
les rives du Missouri. Hors des limites , et à l'ouest de Tétat 
du même nom . le gouvernement des Etats-Unis a formai aa 
district indien oii sont déjà venus résider diverses nations éta-* 
blies autrefois sur plusieurs points des contrées de l'est. Il 
veut j rassembler tout ce qui reste encore de ces nations ^ 
et celles aussi du territoire du Michigan qui doit être mis 
l'année prochaine au nombre des provinces confédérées. 
« Ce district indien est d'une grande étendue j il est borné 
à l'est par l'Arkansas et le Missouri ; la Rivière Rouge le sé- 
pare au sud du Mexique , à l'ouest et au nord il a l'océan 
Pacifique. Le gouvernement a l'intention de le diviser en 
deux états exclusivement indiens. On a déjà proposé au 
congrès de recevoir dans l'union la partie située à l'ouest do 
l'Arkansas. Ce territoire qui comprend les nations, des 
Chaktâs^ des Chikas', desCriks, des Osagesetune grande 
partie .de celle des Cherokis, dont l'autre partie n'a pit 
se résoudre à quitter la Géorgie, sera sur le pied de? 
autres états. Les propriétés n'y seront plus possédées ei| 
commun ; il choisira les membres de son conseil législa- 
lif y il aura un gouverneur nommé par le président des 
États-Unis , et il jouira du privilège d'envoyer UP prési-r 
dent au congrès. 

m Les diverses nation!» qui habitent ce territoire , forment 
une population de plus de cinquante mille hommes. Il se 
trouvé parmi eux des' Tazous, des Arkansas, des Nat- 
chèc^ des Alabamas et autres Indiensdont^Iestribns furent 
évangélisées autrefois par des missionnaires jésuites^ mais 
elles n'ont rien conservé de l'instruction donnée à leurs 
pères. 

<c L'autre territoire dont l'incorporation n'a pas encore 
été proposée au congrès, quoiqu'elle soit dans leâ vues dtfi 
jgiMivemement, est situé à l'ouest du Missouri, et se troi^yç 
( l836. ) TOME IV. ;Ç 



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5i3/| ISOIJVBLLKS AliWjàXES 

maintenant habité par des nations indigènes et émigrahtes. 
Les premières comprennent les Seneoas , dont le chef mort 
dernièrement était catholique. Ils sont au nombre de qna^-^ 
tre à cinq cents ; et il en existe encore une autre portion 
qui ne s'est pas réunie. Les Piankùskâs^ les Weas, les' 
Peorias les Kaskaskias ; ces quatre nationd , autrefois très 
nombreuses, ne comptent pas actuellement plus de.s»i(i' 
sept cents Indiens : les Chavanous, les Dekwares, les Kio— 
kapous y une bande d -Ottowas et une autre de PottowàttO' 
mies y sont compris; les peuples indigènes sont les Kiail- 
zaS| les Aiouais, les Saaks, le^ Ottosy les M^liabs, les Pairuis' 
et autres nations nombreuses et aguerries qui àontpliisà 
Toqest et avec lesquelles on n*aeu ju6qu*iGique bien peu de * 
relations. A r^xception de ces indigènes et des Osage», 
tous ces peuples ont subi de grands ehangémens dans leurs* 
mœurs; la passion pour la giterre.ne les domine plus , le' 
gouvernement ne leur pennet pas de se la faire les unsielfix' 
autres. Ce n'est plus le nombre des chevelures enlevées à 
Tennemi qui distingue les jeunes gueri;iers ; leur aversidn > 
pour le travail des mains commence àcéder.èila:Daces8Îté) 
où ils se trouvent d'y recourir^ et par suite de leur demëui^e ' 
près des frontières d'un état déjà bien peuplé , la châsse ne' 
peut plus suffire pour les nourrir, vu la rareté du gibicTy» 
dèa-iors ils sont forcés de se livrer à l'agriculture. 

Les peuplades qui , après avoir vCfndu leurs teires qu'elles i 
occupaient dans divers états de l'Union , se sont fixées dans ^ 
ce nouveau district , y ont obtenu des terres en échange , 
et reçoivent annuellement une certaine somme dWgent. Le 
gouvernement paie les frais de l'émigration et Ibuitiit dea> 
vivres durant la première année qui la suit et qui est pour 
eux une année d'abondance qu'ils passent foii; gaiement : 
il n'est pas même rare qu'ils contractent. d'avance ch&LileB. 
iraùans , des dettes plus fortes que le cens annuel qu'ils 



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MS VOYAtîES. ' l35 

pélèôivéîhl: ; et dont la quotité est de cinq'^iàbtfe's au plus 
par tête chez quelques peuplades ; et de deux pià^ti^À pour 
quelques autres ; il eu résulta quela^econdé'àûiieâ de leur 
éiiiigi^on^ ilètonffiènt datid une gràbde miéèreVc'e et àlorâ 
qu'ils commencent â ti^vétUei'. Dans lè'a'fs ti*àit^é avec les 
Étarfs-Unîs, il est pifesquë fcûjôurs stipùli^ que îe gouverne- 
ment leur fournira au cothmenôement , et à ses frais ^ une 
cértÂîne quantité dé bétail qtiJ ti'ést jamais con'3Îâéi*àbrte , 
un 'forgeron pour raccommoder les fusils et leur febriquei* 
uii ceHain noinbrié dëHacbéé et d'autres outils , et un mai* 
ti*e d'école pour l'éducation de leurs enfans. Ces-conditions 
Jî'embfàssent qu'un petit nombre d'années, et le président 
de ItJnion est chargé de veiller à leur exécution. Il est évi- 
dent que si les Indiens savaient en profiter, ils en relire* 
raieiil dé grands avantages. Plusieurs ônt'déja fait de 
grands paè vers la civilisation , surtout' les Ghâktâls , }ei 
érîks/les'GKerokis^ les Ghawanous et les Ûelafwarés, 
^ui' tous reciieîUéilit assez de maïs et de froment pour leur 
nourriture pebdânt la plus grande partie de l'année. Les 
deux derniers peuples n*habitent plus sou3 de mîsd^rabtès 
huttes. Chaque famille est logée à l'américaine dans des 
maisons de bois. Elle a des chevaux, des vaches^ des co- 
chons et dé la volaille. Quelques peuples voisins suivent 
déjà leur exemple ; on voit chez eux des maisons et des 
terres cultivées. 

Tous ces peuples né se faisant plus la guerre , ont beau- 
coup perdu de leur férocité; en généi^al la polygamie 
n'existe plus comme auparavant ; mais il arrive assez fré- 
«[uemment encore que les époux se quittent et contractent 
de Uouveaut ekigagemens. Le mari a un pouvoir absolu sur 
sa femme aussi long-temps qu'elle reste avec lui. Il peut la 
tuer impunément. Mais ce crime a lieu très rarement. Les 
hommes se croient encore déshonorés par le travail de« 



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a36 NOUVELLES ANITÀLES 

mains , d'e^&t pourquoi le plus fort de Touyrage retombe €IK^ 
roresur les femiues^ 

a Jusqu'à pi^^^^ î^^ ^'^^^ pas .encore de loiif, établies,, 
et Fautoritë du chef, est assez .précaire. C'est lui 
nëenmoius qui > après l'avis de bqq conseil , négocie les in- 
térêts de la nation auprès du gouvernement par l'entre- 
mise d'un agent que les Etats-Unis entretiennent. 

€C Chaque peuplade a un traitant qui vend les marchant 
dises au prix fixé par l'agent. Ces traitans sont presque to^s 
Français* Ils ont quelques écoles tenues par des prédiç^ns 
protestans. 

(c Les Indiens croient à un être suprêpe, mais ils ont çt^s» 
espèoes de prophètes qui se disent envoyés du ciel, et fai- 
seurs de miracles tels que de voler dans les airs, démar- 
cher sur la cime des arbres , de parler aux anges et ressus- 
citer les morts. Le plus célèbre de tous, est celui des Kika-^ 
pous : c'est un homme d'une taille imposante, d'un esprit 
subtil et d'une intelligence bien supérieure à celle du com- 
mun des Indiens : il possède le talent de la parole à, un 
degré éminent. Sa nation ayant long-temps habile dans le 
voisinage des Canadiens , il parait qu'il en a profité adroite- 
ment p6ur observer les cérémonies et les pratiques qui sont 
en nsîgechez les catholiques; en se donnant pour prophète, 
il s'attribue la gloire d'avoir fait des miracles, et surtout, 
d'avoir ressuscité des morts. Ayant obtenu créance sur cq 
point, il s'est fait une secte de plus de quatre cents disciples; 
les agens et même les traitans le regardent con^me un êtr,e 
prodigieux et surnaturel. Il a aboli la bigamie, les danses 
guerrières qui ont de si puissans attraits pour les sauvages, 
l'habitude de se tatouer le corps, le vol, le mensonge. et 
Tivrognerie ; il a porté ses sectateurs au travail, en leur en 
donnant lui-même l'exemple. Il les réunit quatre fois par 
semaine pour leur adresser de longues exhortations pie^se$ 



t 

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Ï)E9 VOYAGES. tk^J 

pendiBLnt lesquelles il les Ak scmVent pleurer ; il leur faitob- 
tervéi* strictement le âimenche. Parmi les conditions du traita 
qu'il a. conclu, il y a envit^n trois ans avec les Etats-Unis, il 
exigea qu'on lui fit bfitir vtne église. Convaincu de Futilitë 
d'établir quelque signe exVérieun propre a frapper les sens 
et à'étre.^omme ie caractèi^e distinctif de sa' secte, il a choisi 
un bâton long de 1 4 pouces|; le recevoir- publiquement de ses 
mains en présence de toute l'assemblée , c'est déclarer qu'on 
veut être son disciple. Il a adopté plusieurs rites ou céré- 
monies de l'église catholique ; il exige la confession publia 
que , et il donne souvent pour pénitence de recevoir de a 
à 20 coups de verges sur les épaules nues. Si une faute est 
connue et que le coupable ne vienne pas s'en accuser, on 
l'enverra chercher et il lui fait administrer un plus grand- 
nombre de coups de verge. Le patient est obligé de baiser en- 
ensuite la main. du prophète et de l'assurer de son repentir, 
(c Toutes ces peuplades sortent peu à peu de l'état sau- 
vage^ grâce aux missionnaires qui vont vivre au milieu 
d'eux , et qui en leur préchant la parole de Dieu , jettent 
dans leurs cœurs les premières semences des vertus et de la 
civilisation : il est admirable de voir ces enfans de la terre 
écouter avec attention les discours et les exholtations des 
pieux ecclésiastiques , et de mettre en pratique ce qu'on 
leur enseigne. )> Ozm. 



• Ei^nemena à Madagascar. 

La reine de Madagascar a, par un édit, prohibé l'exer* 
cice du christianisme parmi ses sujets, et a sévèrement 
inteixlit à ses sujets, sous le titre de religion, toute déviation 
des coutumes de leurs ancêtres. Cette princesse, veuve du 
célèbre Radama auquel elle a succédé^ règne sur une popu- 



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l38 IÏOUY£LL£a ^l^KALES 

et leB ijfiveptionf derEurop^^^qiM c^c>ptribttçot dir^çitentent 

mais «lie igfLÇirQ iqi^ tçu;^ 1^ arl^ util^> po^ir Q^tm et pour 
être epiplpjré^ à aputeAÎr U gr4^di9ur nationale, sont liés 
d'unie ^d^^içre indissoluble à l'état intellectuel. et moral de 
Fesprit humain. LfSf.arts de. l'Europe cbjrétienne ne tardent, 
pas à devenir stériles^ et fini^nt p^r périp> quand ils sont- 
laissés aux m^ns d'une société païenne et dépravée. 

i^SoaUh-'Afric^m.Adçertiserf Asiatk journal*) 



MaléUidenê égarés. 

ilj a quelques jours, dit une lettre d^e Tavoï> du ^o 
juillet i835 , nous fûmes très éfonné^ envoyant entre;* d^n^ 
notre port nn bate^n n^ildivien dans lequel se trouvaient 
neuf hommes ; ils^ étaient dans un triste état. Autant qu'pn 
put les comprendra , ils racontèrent qu'ils passaient d'AtpU 
Malé ( l'île Royale ), à Atoll Sonadiva, quand une tempête 
soudaine ca^sa et emporta leur mât, et endommagea lenr 
gouvernail , et les laissant ainsi dans une situation critique 
au milieu de l'océan orageux , ils ont dans cet état fâcheux 
dérivé à travers te golfe du Bengale sans souffrir de rudes 
privations. Très heureusement ; ils étaient chargés de riz , 
qui le£f sustenta , et la pluie jointe à leur provision d'eau 
étancha leur so|f ;. enfin ^^ tronçon du mât leuf faur^t 
du bois de chauffage.. 

Us disent qu'ilsf avaient erré sur 1^ mer pendant. unr. 
mois et demi; mais leur calcul du temps ne peut (&tre re- v 



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gardé comme exact ; 8*|( Tétait, leur bateau doit avoir par- 
couru ^ terme moyen , à peu près cinquante milles par jour, 
ce qui avec le courant et iâ mousson du sud-ouest n'est 
pas iitiprobable. 

Leur bateau' parait être du poi% de deux et demi à trois 
tonneaux ( 5o à 60 quintaux ); il est construit en bois de 
cocotier sans un seul clou en fer^ il y a du côté de la poupe 
une chambre commode , et à la proue une sorte de tillac en 
nattes) qui ne peut nullement empêcher l'eau d'entrer; il 
est réellement merveilleux qu'un tel bateau ouveit n'ait 
pas coulé à fond ; une natte tient lieu de voile* Cea Mal- 
diviens ont une boussole grossière , et une carte informe de 
ieur archipel et du golfe du Bengale , enfin un instrument 
en bois aysnt a peu près la forme de la lettre T ; ils assurent 
qu'il leur sert à prendre la latitude quand ils naviguent 
au milieu de leurs îles , mais au-delà de ces parages , il ne 
peut leur être d'aucun usage , car lorsqu'ils eurent con- 
naissance de la terre près de Tavoï , ils crurent qu'elle 
fôisait partie de la côte de Ghittagong quf est à plus de aoo 
lieues plus au nord. 

L'aspect de ces insulaires parait annoncer que leur nation 
provient d'un mélange d'Arabes et d'Hindous de la côte 
occidentale ; il ressemblent assez au Chouliâs ou aux La- 
bis; ils professent l'islamisme , et ont à bord deux livres de 
religion en caractères arabes , mais dans un dialecte parti- 
culier. Ils ne peuvent souffrir les chiens et disent qu'il ny 
en a pas un seul dans leur Atoll. ( A siatic journal, ) 

Tavoï ou Tavaï est une ville de la côte orientale du golfe 
de Bengale y sur la rive di^ite , et à 10 lieues de l'embou- 
chure de la rivière de son nom qui a un cours d'à piu près 
60 lieues y et qui est navigable pour de grands bateaux 
jusqu'à 3o lieues de la mer. Les gros navires sont obligés de 
s'arfêter à 61 lieues au-deséous de Tavoï. Mais les prôs, les 



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a^o iiouvÈixiES Ainf alès 

onqueBet autres petits I>fttiinensdu pays yiennen^Biotâilèf 
devant les maisons. Sa situation dans un terrain bas Tex- 
jpose à de fréquentes inondations dans la saison des pluies» 
Tavoï appartenait autrefois à l'emjpire des Birmans ; par 
le traite de paix de i8à6, il fut cédé avec le pays voisin 
à la tirande-'Bretagne. 



Incendie à Canton. 

Les lettres de Canton du 28 novembre i835 annooceni 
qu'un incendie terrible a éclaté dans cette ville le s 3 ail 
soir, et à continué avec une violence extraordinaire jusH* 
qu'au lendemain matin. Alors sa marche a été arrêtée par 
le mur de la ville. Comme les comptoirs étrangers étaient 
situées directement sous le vent du feu, on y conçut de vi- 
ves alarmes; iditsles étrangers empaquetèrent leurs papiers 
et leurs objets les plus précieux , et beaucoup embarque^ 
rent tout cela pendant la nuité La compagnie des hanistes 
a couru aussi de très grands risques , et les marchandises 
que contenaient leurs inagasins s'élevaient à une somme con- 
sidérable; ils envoyèrent pour plus de sûreté, tout de Tau- 
tre côté du fleuve. L'incendié s'est étendu sur une largeur 
d'environ un mille, dans la partie de la ville la plus peu- 
plée; il a détruit Sooo maisons , et des marchandises appar- 
tenant aux Anglais pour une valeur d'à peu près 3oo, ooo 
piastre^. ( Asiatic journaL ) 



^ Brasseurs en Angleterre. 

Il parait, d'après un document parlementaire, que le 
nombre des brasseurs patentés en Angleterre est de 2000 > 



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D£S YOTAGfeS. fl4i 

ttui consoîiimen^ i6,4 12,44^ boiM6aux de âridhe; et celui 
des aubergistes de S^^BSi , dont 36,963 brassant éux-mé^ 
mes leur bière, et consommant 9>59 1,797 boisseaux de 
drèche. Il j a 36,536 personnes ayant permission dé ven^ 
dre de là bière qui doit être bue sur lé lieu. Sub cette 
quantité 14,840 brassent eux-mêmes leur bière, et con-* 
somment 3,703,417 boisseaux: de drèche ; et sur les 4>i^8 
vendeurs patentés de bière qui doit être bue chez eux > 
983 la brassent eux-mêmes et consomment 316,616 bois- 
seaux dé drèc|ie. 

En Ecosse , 343 brasseurs consomment 988,800 bois- 
seaux de drèche ; et sur 17,036 aubergistes de ce pajs^ 
335 brassent leur bière, et consomment i4o,3oo boisseaux 
de drèche. 

En Irlande , on compte 945 brassciufs consommant 
1,839,587 boisseaux de drèche. 



Emancipation du sérail* 

a Nous avons dit, il y a peu de jours, que le sultan avait 
introduit dans le sérail des réformes importantes. Voici les 
détails que donne sur ce fait la correspondance du Mor'^ 
ning-Pùst : 

(c Le 4 septembre doit être gravé en lettres d'or dans les 
annales du sérail. Le matin de cet heureux jour, le sultan 
invita les principaux d'entre les cadis et ses odalisques far 
vorites à paraître en sa présence , ayant à leur parler d'un 
objet de haute importance. Après avoir fait rapidement le 
récit des diverses réformes qu'il avait accomplies dans âa 
cour et dansl'état, le sultan les assura que, depuis beau- 
t:oup d'années, il sentait la nécessité d'affranchir leur sexe 
^ chaînes dont le chargeait une barbare coutume ^ fondée 



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9^9 »OUyEttt$ /AWITALES 

mr les i^éeB cidioiileiiiaitfm? (Us préjugés vieillis. Bwenxacf» 
X\fy surtout politiqiies rdvRient pourtant ^ jusqu à ce jour , 
«ippé^hé de suiyrc^ m vues» 

- « Eu lait 9 aJQutait-'il> j« V.OUS ai afFranchies déjà de la 
bi despotique du ol&ef des eunuques, et je Fai réduit , 
lui et ses. subalternes y à use condition pegi différente d^ 
celle d€8 derniers esclaves ^ eo fait, je vous ai permis de re- 
cevoir compagnie, et même j'ai bravé l'opinion publique 
jusqu'au point de vous permettre de passer de la résidence 
d'hiver à la résidence d'été, non seulement en plein jour, 
maia encore dans des barques découvertes et voilées si légè- 
rement, qu'à cette occasion .les plus éclairés des vrais 
croyans se sont déclarés, en vous voyant, tout à fait 
scandalisés de cette innovation. 

a Cependant , aujourd'hui , j*ai résolu de vous affranchir 
de votre emprisonnement perpétuel dans l'enceinte de mon 
palais : emprisonnement auquel on vous considérait comme 
condamnées pour la vie , et de vous accorder la faculté de 
chercher occasionellement des distractipns au dehors. 
Vous pourrez désormais, quand il vous plaira de fréquen- 
ter quelqu'une des promenades publiques sur le Bosphore , 
me faire librement connaître votre désir, car je m'empres* 
serai d'j obtempérer. » 

ce II est plus facile d'imaginer que de peindre l'agréable 
sensation que ces paroles du sultan ont produite sur son ai- 
mable auditoire. Les odalisques se sont simultanément je- 
tées à se» pieds , qu'elles ont baigné des pleurs de la plus 
cordiale gratitude. Peu de minutes après la réception de 
eette nouvelle , elles étaient embarquées , voguant vers 
Hunktar-Ske^iessy avec toute la rapidité d'impulsion que 
pouvait imprimer à leur légère embarcation l'énergie con- 
centrée de 1 4 rameurs vigoureux. 

m A leur arrivée au charmant kiosque del'okat ^ toutes 



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m& yotkG^Ss ' 245 

dot prîs uoe paît égal^nent active à une scène de gaité et 
de joie qui s'est prolongée sans interruption jusqu'au mo~ 
ment où les om))r^ descendues des hauteurs voisines leur 
ont appris qu'il était temp^ de rentrer dans leur asile. Elles 
avaient été si enchantées de ce jour de divertissement , 
qu^en' rentrant au palais elles ont pressé le sultan de leur 
permettre de retourner au Tokat le 6, et n'ont cessé leurs 
supplications qu'après s'étrç assurées de son consente^ 
ment. 

a Cette innovation dans le harem , jointe au changement 
qu'a éprouvé la condition sociale des femmes en Orient , 
depuis douze ans , doit être regardée comme une cîrcons^ 
tance impoiiante^ en ce que c'est une indication de plus de 
la probabilité de voir tomber l'un des plus grands obstacles 
aux progrès de la civilisation dans le Levant y l'exclu- 
sion des femmes de la vie sociale. » 



IrradUâion de la lumière. 

Si des lettres absolument de la même dimension sont 
peintes sur deux planches différentes , les unes en blanc 
sur un fond noir, les autres en noir sur un fond blanc , les 
premières paraîtront beaucoup plus grandes et pourront 
être lues à une plus grande distance que les secondes. Ce 
fait curieux est dû à ce qu'on appelle l'irradiation de la 
lumière. Cet effet dépend de ce que l'impression produite 
sur le fond de l'œil par des objets brillans , s'étend un peti 
plus loin que la portion de l'organe frappée par la lu- 
mièi*e y et envahit l'espace occupé par les objets plus som- 
bres, de sorte que les plus brillans piaraissent plus grands 
qu'ib ne le sont réellement. {Railway magazine.^ 



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a44 NOUVELLES AK5AL£iS 

Livres sacrée des Tibétains* 

. Jasqu'à présent on n'arait possédé à Calcutta que de# 
extraits incomplets du célèbre recueil intitulé Stan^ouf 
(Dandjouf); mais la table des matières, rédigi^ avec 9pîn 
par M. Gsoma de Koros, avait été analysée dans le Journal 
ofthe asiatito society ofBenguL M. Briap Hodgson^ résident 
britannique près du souverain du Népal, a réussi enfin à se 
procurer un exemplaire complet de ce livre. Il se propose 
. de Iç présenter au conseil de la compagnie des Indes ^ 
ainsi qu'une édition également complète du Bka Gyour 
(Gandjour). 

Cette admirable collection qui serait encore, unique en 
Europe si M. le baron Schilling de Canstadt n'avait pas 
rapporté les mêmes livres de son voyage en Mongolie^ se 
compose de3vj grands et magnifiques volumes de la plus 
belle exécution typographique. 

M. Hodgson est sur le point d*obtenir des monastères de 
Lhassa et de Digarchi, des copies de ceux des originaux 
sanscrits des traités^ compris dans ces deux grands recueils 
qui ne se trouvent plus dans la vallée du Népal. 

On doit se féliciter, dans l'intérêt de la science, de ce 
qu'un homme d'un esprit aussi éclaii^é et aussi libéral que 
M. tlodgson ait été appelé à occuper une position de la- 
quelle il domine, pour ainsi dire, à la fois l'Inde et le Tibet 
et touche aux frontières de toutes les (!ontrées de L'Asie 
continentale qui ont conservé le monument de ta littérature 
bouddhique. {Journal asiàtiquem) 



Assemblée des Angh^Caffres. 
Le 7 janvier i836, tous les chefs des.Caffres qui recon- 



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0E8 VOTÀGSS. ^45 

naiâçeat k juridiptiQQ britannique^ 6e «ont réunis à KIng 
WiUiam'a Town,,poiHr prêter serment d'obéissance au gou^ 
vernemei^t et ét^e instaillés comme magistrats^ commandans, 
et officiers de leurs kraalr*>re8pectifii. Tous ces fonction- 
naires pi4>liG^ devaient .auflii'reeevoir de3 instructions sur 
les fpnctions qu'ils auiKint à rénipltn 
, he&ÇsL&fi» bivpudq«iaient sur ia pente des coteaux, tîes 
tribus de Macomo et de Taïrali^ composées de 600 cavaliers, ' 
et^à peu près lOQofantjisaînSy ofiraient un aspect très impo- 
ss^L I^es autres Caffres arrivèrent àvee beaucoup d'ordre et 
de r^ula^té ; quelques tribus £adsaieikit entendre leur chant 
de£uen*e. Les commissaires britanniques, des missionnaires, 
plusieurs Anglais venant de l'Inde, se trouvaient présens. 
Le coup d'œil était extrêmement intéresnaât, et sàn carac- 
tère étrange le rendait très pittoresque. AU cenlire s'élei^iï 
la tente du commandant en ehef de la province, à sa 
droiteétait assis Macomo, à sa gaucbé Taïrali, chacun habillé 
de bleu, ensuite venait Sêta la reine, épouse de Gaska, 
, puis Monabi, Gobeu, Congo, Pato et Guillaume Kama, 
La çérémpnie s'ouvrit par uoe\pitère jen câffre^ qwa pro- 
nonça le révérend M. Ghalme^^s.-, Avant de leur adresser 
son discours, le colonel Smith agitant son chapeau en 
l'air, s'écria : .<c Viv^ notice .bon roi Guillaume IV! » Ces 
Caffres lui répondirent pfir..^il^ èoelamation brttjatite,' le- 
vant très haut les mains, et faisant claquer leurs doigtsën 
niême temps qu'ils criaient, q^qui produisait ttf](-êflRdt|i*è9 
singulier ; ensuite ^s s'àssire.qt» et il parut smgÀlier que 
^,000 individus pussent .ai n^i s'entasser ihins un si petit 
espace. . ., . 

Alors le colonel Smith lut le document impo]tant,>et 
quand il eut fini, il dit : (c Macomo, Taïrali et autres mâgis- 
(c trats, qu'avez-vous à dire 7 Paviez. >) Après une courte 
pause, Macomo se tourna et dit : «c Quoique ipon penpk 



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a4Q NOU.VELLISS AVWÂLëS 

c( sok »tupt00, igpoi'aiit et na, jeoimpreM&^'fathitkinetïi 
a ainsi. que lui, les. bonne» paroles tpà. viennent de noua 
a êive. adressées^ je vom înstruiini toujonrs dé ce cpil se 
à passent parmi mon peuple, pamce que vous éte^ fe feprë-' 
a sentant du roi et dU goanrehitua*^ et }*obéirâi k vbâ in»- 
(c tructions. » Le gouverninir lui répondit i <!t VUtcc/ino, votiir 
<^ VOU3 Âtes niODjtré ati^oùrd'ktli le ^^«K lioMme que je 
a vous a^ toi]yours'vii I et je vous ^gàgé dé nbkrreàu à 
ce vous fljpuyiçoir toujours de ces motst Vciûè- étéé mailiW- 
(( n^anlt un çujet du roi de 1» Grande-Bretagne. •» Ensuite, 
Taïi^li dijk en peu. d# inbls> qu'il i«tiiéHjhit lè èolônel 
SmjtU 4^ tpul ce qjtt'il avait fait pour lui et ftoûf éàti 

peuple'.. \„\',, • .. .:. :rî • •' -^ ■»'^' ••^'' 

. C'est ^Bsî jquA.^e-^émina^oette aissetobl^ réàiài^îùLblÀ; 
Tout le monde s'^n alla traattyaîMefliebt, èbaque tribn cf Ah -' 
Çlo-Çaffrcs s'en retourna dftn& sota cantoa* ' ' '. ' 

I^Asiatic Journal, 0xiraii du Grahams-'Town Journal ) 



Monam^ns. érigés en Allemagne aux inventeurs de 
fimprimèrie. 

. Bepuis plusieurs annfes, ^Allemagne s'est* occupée d'ho- 
noi)er la mémoire dés premiers imprimeurs. Une commission 
formée k> Mayence a recuàlU les cotisations des princes et 
4e8:f)^ticttUer8 pour l'érection de la statue de Guttenbcrg, 
né danâ l^mursde cette ville. Tliorwaldsen, à Rome> a 
frit k modèle dé ia^ statiië, et on a chargé M. Crozatier, 4 
Paris, de la fondre en bronzç. On espérait inaugurer la 
statue cette année: on le dénràit d'autant plus que, selon 
l'opinion de quelques bibliograpliies , c'est en l436 que 
l'imprimerie a ^i^ inventée ; on aurait donc célébré en 
m^Â^iemps la mémoire de Gultcnberg et la quatrième 



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DES A'aVAl5ES;j à47 

fôjte^ulidrè d6'8oiliirt.'Mais,d*tine party le môndmenti. 
ppilr lequel le pajs de Nassau doit fournir le ibarbre néces- 
saire au piédcatJàlj n'est pa^ prêt, et, de l*autr8v quelques ^ 
savàns allennands oùt pen^;quG célébrer en 1 836' la fête ^é^^ 
culiliiré de rimprimeriey ce serait sadctàoflMirer lès prétentiolis^ 
de la ville de Strasbourg, qui mn tient que e'^t dans éèei 
murs jG(u'en,t43&£'inipnmerie a éié dëcbttvertè. Il e^cei^-^^ 
U^ qi^^ petidànt cbtte anndèv^âuitettberg siijottriiaitt à:' 
Strasbourg^.' * ' '•«'•*'.'' si' '• ■ •! ' . 

La pietifee jnU&uift6ei!n^Mfii> jùilrîe^ de Pierre Sbhueflfer/ 
l'un des' troitf inVenteurs de [^imprittkétte, ou plutôt i'tirn^ 
des tro&v^remiérS'iiïipHftiein^r'a'^é p)u»'hefttr^^ que' 
Mayence; le monument qu'elle a fait ^ire en rhonoéur d#^ 
sotf coinpa^Hafe«séiâtiréf^aÉ>M'1â«^ug^ré au mois dé juin 
deraiérën présèÊee^de» 4ibii^iflB«> iiâprimeurs et ï^^^y»>' 
ainsi qilé dos ^eos^e kttreb et 4^3 iirtiste» des viltcs totsitie^> < 
•suHoat .dè'Dârmbtaiit. il^est-Vi^i que ce monument ëët 
plus modesàb q^ue celui que ie^Màyétiçais 6e proposent d'é^ * 
rigeir à iôtttteidpef g. €'eâ« «rtië êtâtlue de is pieds de hatit, 
en grëitdepRpitbi'onb) posée sur Un piédestal <ie la Àièihe 
élévalion.O»^'» gravé rin^rîpfioti suivante, en caràk^tèi'és 
gethiques^^ -r^ ^ ; 

H A la mémoire de Pierre SchœfFer, de Gerttiheim; Jugè^ 
« séeutiër de Mi^nœ, co-inVenteur de l'imprimerie jdoht' 
<c la fl&^eité à perfectionné cet art, et qui l'a propagé avec- 
oc le zèle le plus actif. Monument dédié par sa patrie, la ville' 
# reconnaissâôttr de Gêrnsheim^ l'àA du salut iS36. i> 

QuAàques jourfiaux d'Allemagne contestent le titre der 
colsânvénteur^ donné silr ce nîonument à Pierre Schœffer. 
€elm-(ci, disent^ls, était tout simplement calligraphe : c'est 
dans^cette qualité qu'il vint à Parîs, et qu'il fut appelé par 
Fuatlet<3ruttenberg pour orner de grandes letti^es initiales 
les'IiY^pes 'qu'ils imprimaient, parce que, n'ayant que def 



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94B NOUVELLES ANNALES 

tjpes de la rnéùe grandeur, ib étaient obligés de kiager 
Jes initiales enblanc,etdele8&ire écrire, dessiner ou peindMq 
ensuite à la main. Déjà ils employaient des types de métal, 
quand ils s'associèrent Schœffer ; l'invention était donc déjà 
faite>.et.Schœffer ne put que perfectionner quand il fût 
initié dans les secrets de l'âoiprimerie après avoir épousé la 
fille unique de Fust. Ce qui est àûLh Selioaffery.ce sont la 
grâce donnée aux typeSf ramétioration de la fonte des lettres, 
et les matières d'acier employées pour cette fonte. Du reste 
si ou. veut connaître des détails Instnicf ifs sui^ ce sujet inté- 
ressant, on peut consulter un opuscule de Jd.Daunoo, inti<- 
tulé An^se des opinions d^i^tnes sur f origine de Eimpri-^ 
iii#rie(Paris, an6, in-^8<>), . 

Devenuie gendre d'uQ homme enrichi ^ sa découverte, 
SclmeAV: parvint à de gi^andslhonneurs àliayence ; â eut 
l'emploi de juge séculiei: qu'avantluî on donnait hahilneUe* 
lisent à d^s nobles et à 'des docteurs. eift^/droîti U pessëda 
iro^ maisons dans cette viHe,, et oblint aussi le droit de 
bourjçeoisie à Francfort, pour l'exercice de.«on con^nenoe* 
Il epttàQbeilx que tout juge qu'il était, il n aifc pasr étéplus 
jusie^qMil^'Sop^beau-p^re envers 1^ pauvre Guttedbergylenii 
associé, qu'ils évincèrent, et dont ils firent saisir l'imprime^ 
rie^ en sorte que le même homme à qui la ville de Mayeuce 
à;ige mai^it^nant une statue en bronze, serait jnort dé £um, 
s'il,Q'â^vaUJutté contre rinfprtunte avec une persévéranco 
adipjrablç. .. . 

Cep^odi^nt le malheur vint poursuivre tiusai le trop faeu-i. 
rffix juge et iinprimeur SchœfFer, qui avait gardé juéqu>u 
]46â le secret de l'imprimerie. Cette anuée, «la vîlîe de 
Mayence ayant été. prise dfassaut dans une guecreientrel'arv 
cbevêqueet le pape, les ateliers se fei^mèrent ; les ouvriers de 
Scbœffer se dispersèrent et allèrent porter le secret de leur 
Y)[ifc|tre dans diverses contrées, ce qui mit fin à son ponppole, . 



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DES VOYAGKS. 24g 

Sehœffei* se rendit à Pari? et ne revint à Mayence qu'en 1 476 . 
Depuis cette date jusqu'en i5o3^ ses presses mirent encore 
au jour vingt-sept ouvrages, dont le dernier fut le Psautier, 
considéré aujourd'hui encore comme un chef-d'œuvre de 
typographie. SchœfFer mourut octogénaire dans le première 
moitié de Tannée i5o3. ^ 

Sa statue est l'œuvre du statuaire hessois Scholl. Il est 
représenté debout, revêtu d'un manteau à fourrure, et te- 
nant en main les matrices des types d'imprimerie. 



Découverte d^ antiquités à Athènes* 

D'après la feuille allemande le Kunsthlàtty on continue 
avec activité les fouilles et les déblaiemens dans la capitale 
actuelle de la Grèce. Une des découvertes les plus impor- 
tantes qu'on ait faites, est une très longue inscription dont 
on a retrouvé d'abord le morceau principal , et ensuite plu- 
sieurs fragmens. Cette inscription contient une espèce de 
mémoire ou de facture des frais qu'ont occasionés les orne- 
mens en sculpture d'un temple qui paraît être TErechtéion, 
L'architecte y est désigné sous le nom d'Archilochus d'^- 
gilie, nom restitué ainsi à l'histoire des arts, où il était in- 
connu. ^ 

On cite ensuite un grand nombre de sculpteurs qui ont 
exécuté des figure^, avec l'indication des prix de leurs tra- 
vaux. Deux céroplastes ou modeleurs en cire ont fait les 
modèles de rosettes et acanthes en bronze; un contrat a été 
passé avec un nommé Dionysodori pour peindre à l'encaus- 
tique 1 1 3 pieds de cannelures de l'architrave , à raison d'un 
pentobolon le pied ; j 66 feuilles d'or pour la dorure des or- 
nement en bronze ont coûté autant de drachmes ; le four- 
nisseur de cet or était un bourgeois de Mélite appelé Donis ; 

(l836.) TOME IV. 17 

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2 5b KOUVELLES ANNAI.ÉS 

le plomb pour sceiler les figures a coûté lo drachmei^^ itc. 
dette inscription est un document précieux pour servir à 
l'histoire des arts dans les beaux temps de la Grèce. 

En démolissant une batterie qui masquait l'entrée des* 
propylées, on a mis à découvert l'ancienne route ou montée 
qui y conduisait ; elle est couverte de grandes dalles en 
marbre pentélique; ce pavé est sillonné dans sa largeur, 
pour que les chevaux puissent monter et descendre sans 
glisser. Les marches pour les piétons avaient été démolies 
en partie lorsqu'on avait construit la batterie; on pourra 
maintenant les remettre en place. 

En travaillant au rétablissement des colonnes du iParthé- 
non y on a retrouvé dans les ruines un fragment bien con- 
servé de la frise , qui a échappé à l'avidité de lord Ëîgin. Tl 
représente trois des douze divinités? assises qui ornaient le 
milieu de la frise au-dc^ssous de l'entrée orientale. Tout prè» 
de ce bas-relief , on a trouvé un superbe siège ou trône en 
marbre blanc , dont le dos est orné d'une figure drapée et 
ailée : c'est peut-être un des sièges sur lesquels , selon Hé- 
rodote, la prêtresse de Minerve avait coutume de d'as- 
seoir. 

Ces deux beaux fragmens antiques étaient enfouis entre 
les colonnes du péristyle et celles du pronaos. 

Dans d'autres endroits de l'ancienne ville , on a trouvé 
des fragmens de statues et des tombeaux de divers temps. 
C'est ainsi qu'où a déterré des sarcophages en marbre, sur 
lesquels sont sculptés des génies bachiques et d'autres fi- 
gures, mais qui, dans des temps barbares, paraissent avoir 
été ouverts par effraction et destinés ensuite à servir à de 
nouvelles sépultures. Dans un de ces sarcophages^ on avait 
entassé jusqu'à douze corps ou squelettes. 

En un mot , Athènes pourra espérer de former un trè» 
beau musée d'antiquités , si les objets qu'on trouve ne sont 



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DES VOYAGES. aSl 

paa obligés d'aller orner le Musée de Munich pour faire 
plaisir à Tauguste père du roi Othdn. 



Erreurs de ta presse. 

Il n'existe pas de métier ni de profession plus sujets aux 
cnances de Terreur ou plus exposés à voir leurs méprises ré- 
vélées à tout Tunivers' que l'imprimerie. Une gazette de 
dimension ordinaire^ par exemple ^ contient chez nous 
(dans la Grande-Bretagne), à peu près 3a6,ooo caractères , 
et les yeux du correcteur doivent être incessamment fixés 
sur chacun de ces petits individus qui^ d'eux-mêmes^ ne 
sont pas portés à s'égarer^ mais le sont à fourvoyer leurs 
voisins bien intentionnés , et à les conduire par leur con- 
tact dans des positions bien malencontreuses. Il y a quel- 
que temps que voulant féliciter un de nos amis sur la dis- 
tribution judicieuse de sa maison y nous en fîmes la des- 
cription^ et en parlant d'une partie de l'intérieur^ 
nous employâmes le mot interne ; le compositeur substitua 
très froidement à Ce tnot celui d'infèrnaL 

Mais la méprisé qui nous a le plus chagrinés est celle 
qu'a commise récemment uiie gazette de province^ et qui 
peut mettre auprès de beaucoup de monde notre véracité 
en doute. Cette f(Ëuille^ copiant un paragraphe du Scôtsman 
et citant la source de laquelle elle avslit tiré le fait^ nous 
faisait dire que a récemment on avait récolté dans le can- 
(C ton qiie nous habitons , une pomme de terre dont le 
ce diamètre était de sept pieds. » Mais notre texte ne por- 
tait cette dimension qu'à sept pouces , et nous pensions 
qu'en conscience elle suffisait pour la faire avaler au pu-^ 
blic. {Scofsjnan. ) 



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!z5a NOUVELLES ANNALES 

Navigation par les navires à vapeur. 

En supposant que les chaudières des navires à vapeui^ 
soient en activité pendant 22 heures, terme moyen ^ et en 
laissant le reste du temps pour les pauses occasionnelles, 
on peut évaluer leur consommation journalière de houille 
à 220 kilogr. par force de cheval , ou à peu près un ton- 
neau pour la force de dix chevauk. Dans les voyages de 
coui*te durée où Ton ne s'arrête pas^ la consommation 
journalière excédera un peu cette quantité ; mais la distance 
parcourue sera propoiiionnellcment plus considérable. 
Quand la pix>poi*tion de la force à la quantité de houille 
consommée reste la même , la vitesse du bâtiment n'éprou-^ 
vera pas de changement essentiel. On peut donc supposer que 
dix livres de houille par force de cheval peuvent transpor- 
ter par mer un navire à vapeur, disposé pour de longs 
voyages, à sept mille un quart de distance en ligne directe, 
et que par conséquent pour lui faire parcourir cent milles, 
il faudra 1 38 livres de houille ou près de la seizième partie 
d*nn tonneau. . 

Aujourd'hui les navires à vapeur de la 'Méditerranée sont 
en état de prendre une quantité de houille dans la propor- 
tion d'un quart de tonneau par force de cheval ; mais le rap- 
port de leur force à leur tonnage est plus considérable que 
celui que l'on voudrait probablement adopter pour des 
voyages plus longs. Nous ne nous hasarderons donc pas trop 
en présumant qu'il est possible de construire un navire à 
vapeur capable d'embarquer un tonneau et un tiers de 
houille par force de cheval. 

Au taux de consommation dont il vient d'être question , 
cette quantité serait suffisante pour faine parcourir au na- 
vire 2,4oo milles par un temps ordinaire ; mais comme il 



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DES VOYAGES. 253 

faut toujours un supplément de houille pour les cas 
extraordinaires , nous ne pouvons supposer que le 
bâtiment puisse réellement parcourir cette distance^ qui 
est le maximum de ce qu'il peut faire. En admettant 
donc le supplément de houille équivalant à un quart 
de tonneau par force de cheval , nous aurons comme limite 
extrême de voyage à peu près 2,000 milles pour la distance 
qu'un navire à vapeur peut réellement parcourir, sans re- 
cevoir un nouvel approvisionnement de houille. * 
{Lardners, Steam Mnginç.) 



Science géographique des Persans. 

Dans une histoire universelle, dont Tauteur est le Persan 
Naschiel-Eddin , et dont le commencement date de Tan- 
née i3i'4, on trouv€ les paragraphes suivans , qui ont 
rapport à la géographie : 

ce U Irlande est une île au milieu de la mer ; le climat en 
ce est si salubre qu* on n'y trouve ni serpens , ni rats ^ ni au- 
a cune espèce de reptiles ^venimeux ; les habitansne meu- 
<t rent que dans un âge très avancé \ il^ sont roux , fortç et 
ce vaillans. 

ce On trouve , dans cette lie , une fontaiqe ou source qui 
ce a la propriété particulière que le bois que l'on y jette se 
ce change en pierre dans le court espace d'une semaine. 

ce Proche de l'Irlande est une autre île nommée Ingli- 
ce tara; on y voit une montagne qui renferme des mines 
ce d'or , d'argent, de cuivre , d'étain et de fer. Parmi les cu- 
ce riosités naturelles de ce pays on remarque un arbre où 
ce il croît des oiseaux au lieu de fruits , ce qui arrive de la 
ce manière suivante : quand l'arbre. est censé fleurir on voit 
<e pendre aux branches des espèces de petits sacs, dans le^- 



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a 54 * NOUVELLES ANJSÎ^LES 

« quels les oiseau:^: se trouvent comme dans des œufs^ 
(c quand ces sacs qu fruit?» sont ^lurs, les volatilesi (es pe^c^i^t 
a avec Içur bec et prennent leur volée ; qn les guette k le^ï 
\ ce sentie jpoiir le^, mettre en cages et les nourrir pendant 
ce deux ^ns5 ils ppt alors la grandeur dTun canard. Cçst la 
ce nourriture habituelle des habitans de Tîle. 

a Sx^r ces deu^ îles, ^o^t des moutons dont U laine 9eit 4 
(c fabriquer deç cbâjes ëcariates de laine sojeusjB. lie roi 
a de ces îlesi ^'appelle Ecosse, sdn grand visir est ^pp/elé 
«ç Parlement, et son diyap est intitulé Compagnie, » 

{Extrait (Tunjournai hollandais intitulé Boek^aal. ) 



EXTRAIT 

DES SEANCES DE L'ACADlJMrE DES SCIEITCES^ 



Séance du3i octobre. — MÉTEonoLOGiE. — sections compa-i 
ratiçes des rajons solaires sous différentes latitudes, -r- \*^% 
pbservatîons météorologiques recueillies pendant les der-» 
niers Voyages de& navigateurs anglais dans les régioujEi bp- 
réaleSj; avaient fait naître une vive polémique entre divers 
physiciens, sur la question de savoir si les rayons solaire^. 
jetés sur la l^pule d'un thermomètre noirci, produisent yn^ 
plus grand effet à Téquateur que vers, le§ pôles : les uns sp^-, 
tenaient que réchauffement croît avec la latitude du Ijeu çi^ 
se fait Tobseryation ; d'autres regardaient cette idée çômipe. 
frès hasardée. Des observations de M. Hèrs.chelque]\|. Aragq 



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DES VOYAGES. 255 

a eotnmuniquées à VÂjCdièéàiie, restituent dcfinitivement aux 
contrées voisines de 1 equateur , le privHége dont on avait 
voulu les dépouiller. M. Herschel a trouvé au Cap, jusqu'à 
48* I pour TcfFet thermométrique direct des rayons du 
soleil. Eh Europe, le maximum n'avait jamais dépassé 39° ^. 
PHYSIQUE DU GLOBE. — Communications présumées entre la 
source du Vautluse ci un gouffre des environs c^Aix. {Extrait 
d^une lettre deM.jyaniel, docteur-médecin et ancien maire de 
Cette y à M. Arago.). -*« En lisant Votre intéressant article 
sur les puits artésiens {Annuaire du Bureau des Longi-^ 
tudes, 1 835 ), j'ai vu, dans la note de la page 209^ que vous ne 
pouviez vous expliquer d'une manière satisfëisante l'abon* 
dance et les crues des eaux de la fontaine deYauctuse. Une 
anecdote que j'ai entendu raconter par mon père dans mon 
jeune âge, pourrait bien donner la solution du problème, et 
prouver jusqu'à l'évidence que la fontaine de Vaucluse n'est 
elle-même qu'un immense puits artésien naturel. Il serait, di| 
reste, très facile de vérifier le fait que voici : il existe entre 
Aix (Bouches du Rbéne) et Saint-Maximin (Var),'8ur le 
mont de Sainte -Victoire (en patois provençal Santa yenturï), 
un gouffre appelé lou Garagaï, qui est formé par une fissure 
profonde de la montagne^ fissure dont on ne connaît point 
l'étendue, mais qu'on croit être considérable, puisque le 
bruit produit par les ricochets multipliés des cailloux qu'on 
y j^te^ finit par s'éteindre progressivement, avant qu'on 
puisse acquérir la oooscience qu'ils sont arrivés au fond 
de l'abime. Un berger, ti^s habile à graver au couteau des 
MtOBS en branches de saule, dont on noircit au feu les 
Vides résultant de l'écorce enlevée, avait donné en cadeau 
à un auti'e berger^ son ami, un de ces bâtons. Un jour, fai- 
sant paître son troupeau sur les bords de la Sorgue et se 
trouvant lui-même foit près de rcmbôuchure de la fbn- 
tai]ie, il fut très surpris de voir un objet qui sortait du 



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d56 



NOUVELLES AWiSTàLES 



gouffre en tourbillonnant. Il chercha à attirer cet objet 
sur les bords et reconnut, avec étonnement, le bâton de 
saule façonné par lui et donné à son camarade. Son esprit 
se perdit en conjectures. Ayant ensuite retrouvé cet^ ami 
dans les Basses -Alpes^ oii tous les troupeaux de la Provence 
se rendent en été, il lui demanda des nouvelles de son bâton 
de saule. Il est tombé dans le Garagaï, répondit celui-ci, 
j'ai manqué m'y engouffrer moi-même, pour empêcher une 
chèvre d'éprouver un pareil sort.— ? Eh bien ! j'ai ton bâton, 
moi! — Impossible ! t— Le voilà. Le Garagaï communique 
. donc avec la Sorg^te, fiit la pensée des deux. bergers , après 
cette explication. C'est ce qu'il faut savoir, se dirent-ils. Il 
fut donc convenu entre eux, qu'à des époques fixées, l'un 
se tiendrait sur les bords de la caverne d où sort la Sorgue 
et que l'autre jetterait dans le Garagaï, d'abord une chèvre, 
ensuite une grande quantité de petits morceaux de bois; 
enfin de la paille hachée menu. Cette dernière fut la seule 
qui reparut avec les eaux de Yaucluse. 

ç Par conséquent, et le fait paraît certain : 

a 1** Il y aurait une rivière souterraine au fond du 
Garagaï ; 

<c 2" La source de Yaucluse communiquerait avec cette 
rivière, ou mieux n'en serait elle-même que son produit 
mis au jour. 

«3'' Comme rien, dans les environs du mont Sainte- 
Victoire, ne peut expliquer l'abondance d'un pareil cours 
d'eau^ et que d'ailleurs il est avéré que c'est au printemps, 
à l'époque de la fonte des neiges Sur les Alpes , que la fon- 
taine de Yaucluse est dans sa plus grande crue habituelle. 

ce Qu'il ne tombe presque pas de neige sur l'espace ren-* 
feimé dans la circonférence d'un cercle qui comprendrait 
la fontaine de Yaucluse, le Garagaï et leurs plateaux dé- 
pendans ; 



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|)F.$ VOYAGES. %5'] 

a Que cf ailleurs cette minime quantité de neigé est tou- 
jours et depuis long-temps fondue, quand la fontaine de 
Vauoiuse donne sa plus grande masse d'eau ; 

<c Qu'on ne pourrait expliquer ce phénomène par les 
pluies tombées sur la portion du pays comprise entra 
Vaucluse et le Garagaï, puisqu'il cesserait par cela même 
d'être périodique et ne serait qu'accidentel et sous la 
dépendance des grandes averse^ ou des pluies continues, ce 
qui est contraire à l'observation^ sauf quelques cas excep-r 
tionnels ; 

<£ Il serait tout aussi naturel de supposer que la fontaine 
de Yaucluse est le produit de la fonte des neiges des Basses- 
Alpes ; que son origine est la mé^ne que celle du torrent de 
la Durance ; mais que l'un^ arrive par des canaux sou- 
ten;ains; tandis que cette dernière roule sur la superficie du 
sol. » 

Influence du vent sur les hauteurs harométriqnes ; extrait 
^une lettre de M. Maille. — M. Maille examine dans sa 
note quels doivent être, sur le baromètre, les effets des 
vents y en tant que d'après la direction suivant laquelle ils 
soufflent et la position des fenêtres de Tobservatoire , ils 
peuvent condenser ou raréfier l'atmosphère qui pèse sur 
l'instrument. 

M. Maille a essayé de mesurer expérimentalement 'snr 
son propre baromètre les oscillations dont la théorie lui 
avait indiqué l'existence ; mais la maison qu'il habite est 
dominée par des bâtimens voisins , et rien de sensible ne 
s'est manifesté. M. Maille n cru trouver, en comparant ses 
observations avec celles de Paris, qu'à l'Observatoire l'in- 
fluence du vent est très sensible. Qu'il y ^it une influenc(> ^ 
c'est ce qu'on ne saurait nier ; toutefois , en suivant atten- 
tivement de Pœil la colonne mercurielle ^ depuis les mo- 
mens de calme compiis entre deux fortes boufféçs, Jùs- 



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^5ft ' NOUVELLES ANITALï:» 

qu'aux époques où le v^nt avait k plus dHotensîté , on n'a 
jamais eu à noter que des variations négligeables* Pendant 
ces expériences^ lea fenêtres étaient fermées ; il resté donc à 
ka répéter co disposant les ouvertures libres de Tapparte- 
ment de manière que les e£fets soient à leur maximum. 

]fÉi£OJioi.o&nB. ^-«- Aurore boréale du iS octobre i836. L'A- 
cadénûe a reçu aujourd'hui plusieurs lettres : de M. Masson 
(de €acn)>) de MM. Gachot^ lieutenant de vaisseau ^ et Yé- 
nismor ^de Ciieiiwurg ) ; de M. Cliarié^ ingénkur des 
ponts-et-chaussées ( de Corbigny , Nièvre) ; etc. , sur une 
brillante aurore boréale qui a'est montrée le 18 novembre , 
caitre huit et neuf heures du soir. Les rayons rougeâtres du 
phénomène ont occasioné de nombreuses méprises : presque 
partout les populations se sont mises en marche pour aller 
éteiodrede prétendus incendies dont 9 suivant elles^ la lu- 
mière se reflétait dans lair. 

L'aurore a éÉé.vue à Cahors. C'est , jusqu'ici ^ le point le 
plut méridjosal dont lea observations soient parvenues à 
l'Académie, 

Le mauvais temps et un épais brouillard n'ont pas permit 
de voir le météore à Paris; mais dèa dix heures du matin il 
(«rétaijt annoncé , eomme d'habitude ^ par une augmentatioq 
sensible de la déclinaison. Le soir^ au contraire, de huit 
]^eure9 i à neuf heures, la pointe nord de l'aiguille était 
t^uamp pius rapprochée du méridien terrestre qu'à pareille 
époque les jours précédens. A sept heures (cette circona-. 
tance eat très digne d attention ) y la perturbation était po-r 
liitive : elk augmentait notablement la déclinaison. 
. BAUT^a 9¥s YAGUlis. -— Observations faùes pétulant une 
trav^rséfi 4e Dieppe^ d f^rre-Neuçe. {Extrait {tune lettre dçt 
M. A» Duhamel^ JM^e nyy^alaux (les Sainte Pierre et Micque-^ 
ion.) 
. tt N'ayant pas le dip-sector dont parle M. Arago , noua 



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DES VOYAGES. *JtSQ 

n'avons pu faire usage du premier moyen qu'il indique pou» 
mesurer la hauteur des vagues ; voici donc ce que noug 
avons fait. Le 26 mars ^ la veille du grand ooiup de vent , la 
mer ét^nt ce que les marins appellent grosse , 1^. d'Aigr^^ 
mont monta a li^ mâture , et eesay^ d'aligner les «ommets Au 
deux lames l'une par l'autre \ il éprouva de la difficulté à m 
servir de ce moyen. Il eut alqra l'idée de cheroher à amenei» 
à l'horizon le sommet de I9 lamç , lorsque le navire était 
dans le, creux : la moyenne de plusieurs ohaerv^tioD^ lui 
doni^ 4ix-sept pieds pour U l^auteur des^ vaguoa. Le 99 
mars, étant aux environs de. la petite Sole^. deu|^ navir-e»^ 
un trois-mâts le matin et vue goélette dans. l'apirèaKmidi ^ 
passèrent assez près dç npus , courant à, çontre-ibord , ^ 
travers à la lame. La mer était affreuse :r Qn peut i)a. voiif 
quelquefois plus grosse^ mais rarement. Cette çiçconstancQ 
nous parut favorable pour la mesure^ que aQi,ia çhecctiio<is*> 
Dans les moment o^ ces navires fl^ trouvaient dan^ te creux 
d'une lame, position oii ijia éjtaient à peu pi*èa droiits, noui 
examinâmes par quel point de Içur mâturf passait U Ugnet 
droite menée par les.somn^ets de^ d^u|i Unp^s doe^t 3 occur 
pait rinteryalle , a]^ant coin de nous placer 4^ B»anîère qAMi 
notice œU fût aussi dans cette ligne droite, y élévation de^oei 
point de la mâture au-dessus de la mer était évidemment ku 
hauteur des lamesi. Nous estimâmes quelle pouvait tore la? 
grandeur de ces navires (et les marins se troHipent peu^dank 
cette estime) , çt ^n les supposant mâté9 dans les proporliîons 
ordinaires ^ la moyenne des observations pair le U*oisrXDàla 
nous donna quarante pieds pour la ha^uJteur des lames y et* 
(Celle des observatioi^s par la goélette trente-huit pieds. €ette 
détermination est affectée de toute Tendeur que nous avone 
pu faire dans l'estima tion^ de la grandeur de ces: deux* iuh^ 
vires et de la hauteur de leur mâture ; mais en faisane ces 
observations sur des navires connus , et dans la mâtuce dea^ 



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260 NOUVELLES ANNALES 

quels on pourrait placer des points de repère , ce moyen 
me semble un des plus faciles, et peut-être des plus exacts.?) 
' La même lettre contient quelques détails sur une aurore 
boréale aperçue le a a avril i836 , par les 46®, a5 lat. N. et 
les 44** long. O. Ce qui, la rendait remarquable , c'était Tin-- 
tensitë de la lumière , dont l'éclat , dit l'observateur , était 
tel qu'il effaçait celui de la lune , alors dans son plein. 

Séance du i4 novembre, — HÉTioROLOGiE. — Etoiles fi" 
lantes dans la nuit du 12 au i3 noç^embre i836. — Les ins- 
tructions remises à l'état-major de la Bonite par l'Académie 
des Sciences^ invitaient les navigateurs à observer attenti- 
vement tous les météores qui pourraient se montrer dans le 
ciel, du 10 au i5 novembre, et particulièrement pendant 
la nuit du la 'au i3, date habituelle d'une sorte de pluie 
d'étoiles filantes fort extraordinaire. Il était bien entendu 
que la même recommandation s'adressait aux observateurs 
sédentaires. Aussi, n'ai-je pas manqué, a dit aujoui*d'hui 
M. Arago, d'inviter les quatre jeunes astronomes que 
le Bureau des Longitudes a placés sous ma direction, 
MM. Mauvais, Bouvard, Laugier et Plantamour, à vou- 
loir bien , ckpuis le coucher jusqu'au lever du soleil , s'éta- 
blir à tour de rôle sur la terrasse supérieure de l'Observa- 
toire, pour y tenir une note exacte du moment de l'apparition 
de chaque étoile filante, de la direction de son mouvement 
rapporté aux étoiles fixes , de sa durée et de son éclat. 

Le mauvais temps avait contrarié ces recherches jusqu'au 
la ; mais ce jour- là , dans la soirée , te ciel s'étant éclairci, 
on a vu , depuis le 1 a , à 6 heures 4B' du soir , temps moyen 
jusqu'au i3, à 6 heures 35' du matin, 170 étoiles filantes, 
ce qui faisait , terme moyen , un peu plus d'une étoile par 
chaque quati^ minutes ; mais il faut remarquer que la lu- 
mière crépusculaire , le matin , dut effacer les plus faibles 
de ces météores. 

Au milieu de la nuit , de 1 1 heures 4^' ^ ^ heures 5' y 



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t)ES VOYAGES. 261 

c'est-à-dire en a heures 20' , on a compté 71 étoiles ^ ce qui, 
terme moyen , correspond à une étoile chaque deux mi- 
nutes. 

La veille ^ de 1 1 heures | à minuit ^ , on n'en avait pas 
aperçu une seule! 

Sur les 170 étoiles dont il vient d'être fait mention , 

52 ont parcouru le Lion ; 

73 se mouvaient dans dés directions qui , prolongées^ tra- 
versaient la même constellation ; 

4o suivaient des routes qui n'aboutissaient pas au Lion ; 

5 n'avaient fait que se montrer et disparaître* 

Ceci y au surplus^ n'est qu'vme simple annonce. Nous 
aurons l'occasion de reparler de ce curieux phénomène au 
fur et à mesure de l'arrivée des observations faites dans 
d'autres localités. Aujourd'hui l'Académie a déjà reçu à ce 
sujet une communication intéressante de M. Ch. Coquerel. 

pUTsiQUE ou GLOBE. — *- Entrait et une lettre de M. Robison^ 
secrétaire de la Société royale ^Edimbourg, sur un puits arté- 
sien creusé dans le granité. — a A mon retour en Ecosse, j'ai 
pris quelques renseignemens sur le puits artésien paradoxal 
, creusé dans le granité, qui fut annoncé à Paris, pendant 
mon séjour dans cette ville. J'ai obtenu des détails sur ce 
forage, de l^ingénieur même qui Ta dirigé, et j'ai appris : 

« 1® Que les puits au nombre de trois, out été commen- 
cés près du bord de la mer ; 

ce a° Qu'après avoir foré à une certaine profondeur dans 
le granité, on traversa un lit mince ( a thin stratum) de sable 
et de gravier qui fournit un volume d'eau considérable ; et 
que^ bien que le forage fût continué à une profondeur beau- 
coup plus grande encore, on n'aperçut aucune augmenta- 
tion dans le volume d'eau fourni. y> 

HAGNÉTISME TERRESTRE. — Inclinaison de f aiguille aimantée 
à Tile Saint-Michel, dans le port de Lorient. — Extrait d'une 
lettre de MM. d'Abadie et Lefebvre, à M. Arago. , 



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HG^ i^OUV£LL£S AlffïTALÉS 

Ii« i5 o/:lobre i836. 

AîguîUe no n locImèîsoÀ par des observation faites dans , ^ 

le méridien magnétique Y • • • 6;o4^',3 

i'ar deux »7.iraiiis rectangulaires. • • • iyyf> i%\ft 

Aiguille nP a. Inclinaison dans le tnifridien magnëûcfue. . 6^*'4^^j4 

Par deux azimuts re) langulaires. . t à 67*^4*^^,1 

Moyenne 6704^'»^ 

Leâ observations ont ^té faites avec une boussole de 
M. Gambey, et avec toutes les précautions que la science du 
magâétisme commande. 

Le 18 novembre, dans la soirée, le ciel était entièrement 
couvert à Torieni. Aussi, MM. d'Abadie et Lefebvre, n'ont 
eu connaissance de Taurore boréale de ce jour-là, que par 
les dérangemens de leur aiguille horizontale des variations 
diurnes. 



ANNONCES. 

Examen critique de Vhistoire de la géographie du 
nouveau continent et des progrès de V astronomie 
nautique aux quinzième et seizième siècles, par 
Alexandre dé Humboldt. Chez Gide, rue Saint- 
Marc-Feydeau , n. 25. 

Cet ouvrage, du plus haut intérêt pour la science , est 
dStisé etx quatre sections. 

La première traité des causes qui ont préparé et amené 
lA découverte du Nouveau-Monde ; 

La deuxième de quelques faits relatifs à Christophe Co- 
lomb et à AméHgo Yespucci , comme aux dates des décou- 
vcfttes géographiques ; 

Là tioisième traite des premières cartes du Nouveau- 
Monde et de l'époque à laquelle on a proposé le nom d'A- 
mérique ; 



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DES VOYAGES. I&63 

La quatrième des progrès de rastronomie tiaulique et da 
tracé des cartes dans le quinzième et le seizième siècle. 

Les deux premiers vplumes renferment la première sec- 
tion. Il est impossible, à moins d avoir lu ce beau travail ^ 
de se faire une idée de la vaste et consciencieuse éruditioft 
développée par l'auteur. Il y discute , avjec cette supériorité^ 
cet esprit de judicieuse critique qu'on lui connaît ^ les tra-> 
Citions plus ou moins obscures qui peuvent avoir révélé à 
Christophe Colomb l'existence d'un grand continent occi- 
dental et l'avoir guidé dans sa noble et courageuse entre^ 
prise. Cette discussion jette aussi un grand jour sur les pré^ 
tentions de la Norvège et de l'Islande à une ancienne colo- 
nisation du nord de l'Amérique. 

L'ouvrage sera enrichi de cartes qui paraîtront avec les 
prochaines livraisons. 
- lies deux premiers volumes sont en vente. Prix : i4 fi*- 



Le nwnde primitif et V antiquité expliqués par V élude 
de la nature , par le docteur H. F. Link ^ professeur 
de médecine à l'Université de Berlin, membre de 
TÂcadémie des Sciences de cette ville et d'antres so- 
ciétés savantes , traduit de l'allemand sur la deuxième 
édition^ par M. Clément Mullet, secrétaire de la 
Société géologique de France, membre de la Société 
de géographie, etc. 2 vol. in-8, 12 fr. Chez Gide, 
libraire , rue Saint-Marc Feydeau ^ n. 25. 

Aujourd'hui que les sciences d'observation ont fait de si 
grands progrès, qu'on s'est occupé avec tant d'ardeur de 
l'étude de la terre et des modifications qu'elle a éprouvées^ 
nous avons pensé qu'il ne serait pas sans utilité d'o£Prir au 
public la traduction d'un ouvrage dont l'objet principal est 



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î64 JJrOUVBlLES A.lViS'ÀLES 

l'histoire deë modificatioiis ou des révolutionâ éprouvées par 
les habitans du globe. Ce livre ^ qu on doit à un savant don^ 
le nom est devenu célèbre par ses travaux sur la physiologie 
végétale , a obtenu un grand succès en Allemagne. Un pa- 
reil travail manquait en France. Le véritable but de Tau- 
teui^ est de prouver que la nature^ dans la création succes- 
sive des êtres, a toujours tendu à la perfection. Pour ap- 
puyer sa thèse, il invoque les observations faites par la 
géologie , il cite des considérations tirées de la physiologie 
animale et végétale et de la philologie. Ce sujet , comme on 
le voit, est vaste ; il embrasse le monde physique et le monde 
intellectuel. 



On va publier, au i'' janvier i837 , chez £. Audot, édi- 
teur de V Italie , Naplet et la Sicile , que la France et IV- 
tranger ont accueilli si favorablement , le premier cahier 
d'un ouvrage intitulé : La Terre-Sainte et les lieux illustrés 
par les apôtres. Cet intéressant tableau d'une contrée célèbre 
sous tant de rapports , qui se composera de vingt-quatre 
livraisons , accompagnées de quarante-huit gravures et d'un 
magnifique plan de Jérusalem , confiées aux plus habiles* 
artistes , jouira , nous osons le prédire , du même succès 
que V Italie, L'un de nos collaborateurs, chargé du texte, 
a recherché dans les écrivains les plus distingués et les plus 
récens tout ce qui se rattachait à la Judée sous le rapport de 
la religion , de l'histoire , des monumens , des mœurs an- 
ciennes et nouvelles , et la gravité du sujet ne l'a point em- 
pêché d'offrir au lecteur tout ce qui pouvait justifier le titre 
de pittoresque , c'est-à-dire une description animée, bril- 
lante, des sites, des paysages, de toutes les beautés natu- 
relles qui s'offrent au voyageur dans ce pays si curieux àr 
observer. 



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DKS VOYAGES. 2l66 

VOYAGES EN NUBIE, 

EN KORDOFAN, 
ET DANS L'ARABIE-PÉTRÉE, 

r*iDi rftincirALBMsiir 
:90V5 XB RAFPOET DB LA GÉOGRAPHIE BT DB LA STATMTigUB ; 

PAR M. EDOUARD RUPPEL, D. M* 

{Suite.) 



Description topograptuque du chemin des cara-- 
vanes de Dobbé àObéïdj en passant par Simrié 
et Ùaraza. 

a Je vais décrire un peu en détail *ma route de 
Dobbé au Kordofan , parce que la contrée que j'ai 
parcourue dans ce voyage est entièrement inconnue 
des Européens , et qu'on peut la considérer comme 
le type de tous les déserts qui l'entourent. Quand on 
va de Dobbé au S. , on traverse d'abord pendant 
une demi-heure une plaine couverte alternative* 
ment de sable mobile et de galets de quartz, dont 
]f^ couches inférieures consistent en dépôts de vase 

(l836.) TOME IV. 18 



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266 nfUBVMMÂiMS aunuiEEs 

du Nil; oa îfmàwf^ dam tonte leur étendue, des 
buissons épineux; ensuite on rencontre un espace 
inégal et sablonneux , où on aperçoit çà et là des 
rochers de grès à couches horizontales ; les lits de 
ruisseaux temporaires^ cn^sé^ipar les pluies pério- 
diques, se croisent dans toutes les directions; ces 
enfoncemens , qui abondent en herbes sèches et en 
broussailles^ sont très fréquentés par les gazelles 
et les lièvres. A i5 lieues au S, de Dobbé, dans 
une dépression considérable, on trouve le puits 
d'Abou-Ghérad. Abdin-Bey voulait ^ pour la com- 
modité des caravanes , en faire entourer de maçon- 
nerie un très profond, afin que l'on fût assuré d'y 
avoir de l'eau dans tous les temps. Les pierres né- 
cessaires y furent amenées; un cachef (capitaine) 
campa dans les environs , avec ses soldats , pour sur- 
veiller les travaux des Arabes. Mais ils manquaîeat 
des çûnnaissc^nc^ nécessaires; les parois de la fouille 
n'étant pas soutenues , s'éboulèrent et ensevelirent 
sous leurs débris quatorze ouvriers, presque tous 
Ces itt^E^rtunés moururent^ Ce triste' accident fut 
ooDisidéré comilie on avertissiâtnetit de la divine prô- 
videiiceveirenlr&{>fise totalement abandonnée. Lés 
pîet^fièis 8^m restées en tas sur le Heu, de sorte 
qu'<lii éti^dgëi*, igtiorant cet événement, pourrait 
sup|M)SC^ qu'éHes foiit partie des ruines d'un monu- 
iftent aMfti^é^ 

« L'Abou^Ofaérad n'a pà^de rèan touâ les ans. En 
î^^3, il ne tomba pas une goutte de pluie dans le 



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DES VOYAGES* 3167 

canton; la source, qui, dès le mois de juillet, con- 
teoait très peu d'eau, tarit ensuite totalement. 

«Les autruches ^ les grandes antilopes sont com- 
munes daQ$ les enviroQs, En continuant à marcher 
on atrive à des coteaux de grès, et après neuf heures 
dé voyage, dans une vallée considérable nommée 
Ouacm-Mousétterè. Op y voit beaucoup d'arbres 
trè^ haut3, de beaux arbitres verdoyans, et de bons 
pl^tpr^ges. On remarquait dans le sable des traces 
nombreuses de bétes sauvages, entre autres quelques* 
uiies de Ijk»»; .ce. sont les premières et les seules 
quejVie découvertes dans mon voyage. 

«A son extrémité méridionale, l'Ouadi-Mousétterè 
deivient nu et rocailleux et tourne .autour des^ flancs 
4u SUnrié , modtagùe entièrement composée de grès 
rouge grisâtre, Pes ravins isolés,. tapissés d'herbes 
sèches , sillonnerai , dans diverses (inactions , la masse 
rocailleuse,^ ce. passage resselnble à ceux de la 
Suisse, oh des montag^nes primitives élèvent; leurs 
cimes nues; ici, Therbe desséchée rem][>lace la neige 
restée dans les fentes des rochers. Une route très 
difficile, passant. sur de grands blocs épars^ conduit 
au fond du bassin de Simrié; pour y parvenir, il 
faut prendre un grand détour^ parce que la vallée 
est en forme d'entonnoir f et accessible seulement 
par le Qord; cependant on pourrait, sù!b& beaucoup 
de peine, ouvrir une route qui descendrait le long 
du coté méridional. Le bassin est circulaire , son 
diamètre d'environ i8o pieds, et fermé de trois 



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^68 NOUVELLES ANNALES 

côtes par des rochers perpendiculaires de grès, 
hauts de plus de i5o pieds. Le grès est disposé en 
assises horizontales, et, dans le fond, elles sont 
quelquefois séparées les unes des autres par àé 
minces couches d'argile. Ce bassin , par sa position, 
reçoit toutes les eaux des principales 'Vallëes da 
groupe de montagnes qui l'entourent , de sorte que 
lorsqu'il a plu seulement une demi-heure, avec force, 
dans une partie de celles-là , il s'emplit d'eau à une 
profondeur de plusieurs brasses. Jusqu'à la fin de 
mars elle est excellente; plus tard, quand la cha- 
leur augmente , sa surface se couvre d'une mousse 
verte , et son usage cause fréquemment 4a Gèvre. 
Quelquefois le bassin est complètement à sec en 
juillet ; on raconte que daqs certains étés la provision 
d'eau n'a pas été renouvelée par la pluie; ces cas sont 
très rares, à la vérité, et doivent l'être , puisque ce 
groupe des monts de Simrié, étant isolé, attire tou- 
jours les orages ordinaires de l'été. Lorsque Peau man- 
que à Simrié, les caravanes passent plus à l'E, par les 
puits d'Ouébri, de Hassanavi et d'Ëlai, où, en creu- 
sant, on trouve ordinairement une provision d'eau 
abondante! Cette route est plus longue de deux 
journées; on n'y est gêné ni par les rochers, ni par 
les pentes rapides ; mais comme les -Arabes nomades 
l'infestent, elle passe |)our peu sûre. Quoique le nom 
de Simrié, ainsi que je l'ai remarqué plus haut, dérive 
de celui que porte, >en arabe, une espèce d'acacia ^ 
fréquent dans quelques vallées de ce canton , éepen- 



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DES VOYAGES. aÔQ 

da«ty il n'y a maintenant pas un seul arbre dans le 
bassin, et pas du taut de pâturage pour les cha- 
nieaui^; toutefois, il paraît que pendant long-temps 
des Arabes y ont eu un campement, car, sur des 
terrasses des rochers, on voit des murs peu élevés, 
de forme elliptique , con|truit$ en blocs entassés 
sans ordre, et que l'on peut regarder comme des 
lieux habités périodiquement. 

a £n avançant on fait le tour du bord supérieur de 
la vallée eu entonnoir; au bout d'une heure et 
demie on traverse, du côté du S», des coteaux ro- 
cailleux , et on découvre une vaste plaine couverte 
de bçaux pâturages ; les broussailles y sont clair- 
semées ; les antilopes y étaient extrêmement nom- 
breuses, et on y distinguait des vestiges d'autru^ 
ches; le sq}, bien que sablonneux , est ferme. 
Après une marche de. 8 heures, au S. S. O., nous 
sommes entrés dans VOuadi-Maras , vallée qui ser- 
pente entre des collines basses; de beaux arbres 
Tombragent. £Ue est jonchée de carapaces d'une 
grande; tortue de terre ( testudo bicalcarata ) ; ou y 
voyait des traces de singes et de porcs-épics. Au S. 
de rOuadi-Maras, la plaine commença à se cou- 
vrir de petites broussailles; 8 heures de route au 
S. S. O. nous conduisirent à TOuadi-Serafc, qui 
offre de beaux arbres, et court de TE. à TO. Le 
terrain de cette vallée est complètement argileux; 
on y chercha vainement des pierres pour faire cuire 
le pain. Dans le lointain s'élèvent des coteaux de 



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370 irOUVfiLLfô ANlfALES 

grès. Nous aperçûmes ^ et là des traces de girafe^^ 
qui donnent leur nom à ce lieu. 

« De POuadi-Serafé au groupe des monts Haraaui y 
on compte 27 heures de marche au S< S. O. 
Plus on avance vers le S. , plus les broussailles de- 
VienneM touffues dans la plaine; ou voit des nids 
innombrables d'oiseaux sur les branches dégarnies 
de feuilles; c'était l'hiver , et tons leurs habitans 
avaient gagné un autre canton; mais dans la saison 
des pluies j celui-ci doit-étre extrêmement animé par 
leur présence. En plusieurs eâdroîts des buttes eo« 
biques s'élèvent jusqu'à huit et dix pieds : elles sont 
l'ouvrage des redoutables termites. De leur centre 
sortent souvent des raies qui s'étendent à plus d'un 
quart de lieue en ligné directe /sur la terre; ce sont 
les routes que suivent , en été, les individus non 
ailés f pour porter les provisions à la demeure com- 
mune. 7e remarquai çà et là des trous profonds; 
mon guide m'assura que c'étaient des terriers de 
Vaboudélafj espèce de fourmilier ( orycteropui), A 
peu de distance de Haraza, on me montra les traces 
de l'om ghirfé^ animal qui , très Vraisemblablement , 
est le pangolin à grosse queue (manis macrura). 
Indépendamment des antilopes que Fon rencontre 
plus au nord , il y en a ici une espèce de la grosseur 
d'un cheval; elle a le poil rougeâtre et des cornes 
très longues, épaisses et recourbées; on la nomme 
eédtiL Je n'en pus pas attraper une seule en vie. 
* a Le rocher de Nasbousan est à 20 lieues^ au N. 



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D^ VOXAGISS. 371 

ji^Usktaza el à a lieues à VO. de la route ; quel- 
quefois on trouve ^i'eaii dans sop voisinage, qui, 
(iaÂli^^rof mti habité* De l'Ouacb-iSaraSi un ceîl exerce 
^p«r$oît lea mmU Hiuraza , masse de rodieps primi« 
^i&qiii«'4U»kâ sur une Icmgueur de ^^eues, et s*é* 
Jà«e as$ez bRusquement AU^deesus de la plaine; la 
cpclteen esl; poifpliTntiqiiie, la paie est ^feldspaâi 
h\m ^mcéf oontenant des orîslaux de quartz, et 
. queiqiiefoîa de touraialine; je n'y ai jamais ob- 
$&^é de mica. le ne puis déterminer rien de prëcis 
sur la disposition des couches. Cest à la nature 
de oeite rocbe qu'il faut attribuer la cause pour 
laquelle qiielquee*UDes des montagnes de ce groupe 
sont absolument nues , tandis que d'autres sont re* 
vMne$tf jusqu'à kur jSQnaaet, de buissons épineux. 
J^ UWi arabe de ^tèt iS^biaite est haras, et a été 
dmné à ce çanton.ainsi qu'à beaucoup d'autres viU 
lages et p\iita de cette coqtrée. 

a Au viUagede Kmlourb, lesroehers fcma^nt un raste 
amphithéâtce; lea coteai» sont pftitout rangés les 
uns à la suite des autres, excepté d|i côté du nord- 
ouest^ Quelques moittagnes ont une hauteur de 5oo 
pisids au>d8sstiis de. la surface -du sol. Vers le milieu , 
du co&é pccidei^al de l'amphithéâtre^' il y a ^un 
puits profond de iS brasses , il a été creusé dans 
une masse de galets primitifs et d'argile rougeâtre. 
U coatient ccmstamment de l'eau dont le goût est 
désagréable; un autre inconvénient, «W qu'il faut 
toujours que plusieurs hommes y descendent è une 



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ay^ irotTHttKS annales 

grande profondeur pour remplir les seaux de cuir. 
Cette eau est la propriété commune des habitans du 
Ueuy mais présentement chacun peut en puiser à sa 
fantaisie. Les habitans vendent aussi aux voyageurs 
de Feau de pkiie qu'ils recueillent dans les creux , 
soit naturels 9 soit artificiels ^ des rochers^: an bout 
d*un certain ten^ elle se corrompt; au mois d^ 
mars y je la trouvai très puante et d'une couleur noi- 
râtre; elle nous donna la dyssenterie à mes gens et 
à moi. Au mois d'avril , cette eau corrompue se pu- 
rifie d'elle-même par une fermentation spontanée; 
elle devient claire comme le cristal , et inodore; on 
dit qu'alors elle est agréable au goût et ne dérange 
p^s la santé. 

«Les monts Haraza renferment les villages deRaî- 
louby Kédi et Baraza ; je ne connais que le premier, 
où réside Abd«el-Uadi, cheikh de tout ce territoire; 
jadis il était presque indépendant, seul^nent il en- 
voyait quelquefois des présens au souverain du Kor- 
dofan. Par le monopole de la vente de l'eau aux ca« 
ravanes ^ ainsi que par l'élève du bétail , l'agriculture 
et le commerce , les habitans de Kaïloub avaient ac- 
quis des richesses considérables. Durant la saison 
des pluies ila ensemençaient de vastes espaces avec 
du doghen , plante de la famille des grwminéesv Les 
derniers événemens de la guerre ont tout changé. 
La plus grande partie des habitans, dont le nombre, 
néanmoins , paraît, dans toute la montagne , n'avoir 
jamais dépassé i,5oo, s'est enfuie, avec ses tvoinr 



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DBS YOTAGES. 275 

peaux , à Abou-Hadit , à Abou«Darak , et dans d'au^ 
très cantons montagneux du voisinage; Tagriculture 
est complètement abandonnée, et , comme les cara- 
vanes allant au Kordofan sont toutes obligées de 
suivre le cours du Babr--el-Abiad , le monopole de « 
l'eau qu'on leur vendait n'existe plus. 

« Les babitans de ce territoire sont un mélange de 
Nuba ou nègres y et d'Ethiopiens ou Dôngolaout; 
befiucoup. sont entièrement noirs ^ ont , en partie , 
la chevelure laineuse, mais les traits du visage gé- 
néralement réguliers , leur profil n'a rien de celui 
des nègres. Ici y tout le monde prpfesse l'islamisme 
et parle l'arabe , mais ces gens se servent entre eux 
d'un dialecte particulier : je ne pus en écrire un vo- 
cabulaire; il doit avoir de l'affinité avec le barabra 
de Dongola et le dialecte nuba de Gebel Koldagi. 
Les maisons ressemblent à celles des Nuba libres , 
dans les montagnes du JLordofan ; elles sont rondes , 
et ont à peu près 1 5 pieds de diamètre; le mur, 
haut de 5 pieds , est construit en pierres brutes et 
en terre; des perches supportent un toit conique en 
paille , dont l'extrémité offre un ornement en forme, 
de corbeille, et peint. Une seule ouverture sert d.e, 
porte, de fenêtre et de tuyau de cheminée à ces 
maisons, qui, ordinairement, sont réunies en cercle, 
au nombre de cinq à hqit; ce groupe, entouré 
d'un mur bas en terre, est habité par une famille; 
chaque femme , avec ses petits enfans , à sa case par-c 
tiçulière. Ou trouve, dans chacunes de celles-ci. 



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274 hOJPŒLU^ AirNALFS 

juo^ 4aUe eq granU^ pour moudre l6 gmm , ei quatre 
çç!ae^ ^ûbil^s e« tisrre ptottr y poser le ^adre du 
Jft^ TpMtc^ Us provisions. sont suspenduee ^Una des 
^rjbeilUs aUeoh^es par des cordes ^uz perches du 
loit, f^A de les pré)a^^er4es attaques des termites, 
lie costume et la coiffure. sout absolument ^wmt 
it^f^EJOsi Qari^bras. -Quelques femmes Avaieot des iia* 
f^au^ d'or massif au nez. Le peuple a la réputation 
dfi cb^rçhei; à.dël)aueher les eselaves des marchands 
qui pas^iènt^ afin de s'en emparer à son profit. Kai« 
louh compte à peu prè^ une pinquantaine de mai» 
«ons.; pour la plupart , elles sont maintenant de- 
f^tes« On dît que le village de Harasa, éloigné de 
trpis lieues, dans le N. "E. , est plus considérable. 
!(c DeKaîloub au village de Saraoué la distance, est 
de la heures de marche , direetemmt au $• A VeX" 
c^iQU d'une lieue el demie dans les montagnes 
dia Haraxa» on voyage dans une plaine unie, coo* 
y^te de broussailles et d'herbes. Le terrain est 
plus ou marna argileux. ▲ trois lieuejs au N. de 
ISaraoué , la terre a été essartée et sem/ée en do^ieû ; 
las gi^ins sont mis dans des trous éloignés de^ 
ipatre pieds les uns des autres; dans quelques en*- 
droiis bas on eultive une espèce de melon. 
, « Jje groupe de montagnes sur lequel Saraoué est 
placé porte communément le nom de Geèelj^rghian 
(mont de la soi^); parce que, peu de temps après 
la chute des pluies, l'eau. des puits manque Qom^ 
plètement , et que les habitans sont contraints d'en 



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9SS voMtkGTS. a7& 

a lier chercher à ceux de Ketéhinary k une distance 
de six lieues : nialgrécet inconvénient, Saraoué est 
^rè^ peuplé; il contient priés de trois cents maisons 
^construites presqne toutes en paiïle et en nattes j il 
y a aussi quelques hameaux éparpillés dans les mon- 
tagnes/ j'en ignore le nom. La roche est un granâte 
gris /à grains fins, avec peu de mica noir. La jlky^ 
-sionomiéy la langue, les usages, rappellent tout ee 
qu'on a remarqué à Haraza; cependant le profil 
nègre domine : indépendamment de Tidiome du 
pays, on parle aussi Tarabe^ et fose dire que la 
|)rofessiOn de Tislamisme y va jusqu'à ràflectatioil* 
Ces gens cultivent la terre et élèveht du bétail; les 
pâturages des environs me semblèrent très beaux. 
Les coteaux sont en partie tapissés de broussailles; 
il en est de même de la plupart des montagnes situées 
plus au sud. Les chefs, qui pour la plupart sont <les 
fakhrs, ont une coiffure singulièi'e; je ne puis 
mieux la comparer qu'à celle des feus en titre d'of- 
fice auprès des princes du moyen âge : ces bcmnets, 
faits de morceaux de toile de coton de couleurs dif- 
férentes, sont pointus par en haut, et de 1^ jpression 
des bords de chaque coté résultent deux longues 
pointes qui se rapprochent par leur> sommet. 

« Ketchmar est un étang marécageux dont Feau est 
amère et désagi^able; cependant beaucoup de puits 
ont été creusés sur ses bords ; plusieurs contiennait 
de l'eau à peine buvable : sur sa rive orientale ^ on 
voit des coteaqxpeu élevés qui me semblèrent être 



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a 7^ KOUVKLIE» ANKALES 

de •marne argtleàse ; j^^puis me tr^miper à ceC é^rd ; 
ne It» ayant obserrës que de loin. La végétation est 
très forte le long de la rive oceid^itale dé Tétang et 
dans Jes terrains bas qui se prolongent au S. Autres 
fois les Arabes Beni-Gerarcampaient toujours dans 
ce lieu, dont ils rendaient les environs peu sûrs; 
ils se sont retirés chez les Bakara, qui vivent 
au S. d'Obeïd. On commence à rencontrer fré-* 
quemment, au sud de Retchmar, un arbrisseau 
épineux duquel , vers les premiers jours de la saison 
des pluies y suinte la gomme arabique; j'aper^jus 
•ussi plusieurs autres arbres que je n'avais pas vus 
plus au N. A l'époque où je traversai ce (^ntodv 
c'était en janvier et en mars ^ ces végétaux n'of«> 
fraient ni feuilles ni fleurs. La surface de l'étang 
était couverte d'oiseaux aquatiques ; je n'en pus pas 
taer uu seul. Tous les oiseaux terrestres étaient dis>* 
parus, à l'exception ^es pintades qui couraient en 
troupes nombreuses. 

« A deux lieues et un quart au S. de Ketchmar, 
s'élève une colline granitique isolée, et sur son som* 
met est placé le village de Filié y qui peut contenir 
une centaine de cabanes. Au pied méridional de la 
colline, un puits d'à peu près cinq pieds de profon^ 
deur donne de l'eau excellente. On cultive tout au* 
près de vastes champs de doghen et de simsin ( sé^ 
same )• De Filié à Barko j on traverse une plaine 
longue de i6 lieues, parfaitement unie, couverte 
de broussailles touffues, de sorte qu'il est difficile 



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DIS VOYAGES. ^77 

d'y voyager de nuit. Quelques villages soiil ëpar» 
s«ir cette route, âavoir : Semraoui à un quart de 
lieue au N. de Bara, et tout près de là Hellet 
Simmak; 

« Bai*a est^ dans son genre, un lieu important , 
habité en grande partie par des marchands dongo* 
laoui : la physionomie de presque toute la popula- 
tion ressemble parfaitement à celle des Dongolaoui; 
ces gens ont le teint brun-jauné : la chevelure des 
fieÉimes leur pend en boucles sur les gaules. Le 
dongolaoui pur et l'arabe sont également en usage. 
Indépendamment de la culture ordinaire des champs, 
on consacre ici au jardinage une portion considéra* 
ble des terres qui est arrosée par des roues à godets. 
Au mois de mars, Teau des puits était à treize pieds 
aurdessous de la surface du sol; des esclaves mâlea 
' adiiltes^ attachés par de lourdes chaînes, sont char- 
gés de remplir le bassin appartenant à chi^que jar- 
din, et dont tous les soirs l'eau est répartie suivant 
les besoins des différentes pièces de terre où Ton 
sème du froment, des ognons et du tabac; des dat-* 
tiers les ornent. Les maisons de Bara sont cons« 
truites . assez solidement en terre, leur forme est 
ordinairement carrée, avec le toit plat; du reste, il 
y en a aussi, comme à Chendi, de circulaires, k» 
toit pointu, en chaume; elles servent également d* 
magasins dans la saison des pluie. Les Turcs ont ac«« 
tuellement ici un château fortifié où campe une qua- 
rantaine de cavaliers: les tracasseries de la garnison 



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ek L'iUiëiHP^i68(Nn^t.du.cdmtiaieref(.(diQ^^ jour*. 

Mllemant la popoUtkiP de Hfitmv ei»ji&i4f JA ^H 
ertifaiâB à goà îiidividiia. 

a Aucun des villages que j'ai vus dans lo Ko^ofiia. 
nVtak eifMuré d'«iii i:etTai»çh«»iei»lî 4ueljconquei ex-» 
ci^é kéftw^ d'Obeïd établi par lès Turca^ Cette; 
viÛe fist; à ArâsEe! Ueoea S. 0. 4e Bam* On parcourt 
1^ ^ixx^ tftet*k dé oeEtte distance dans une plainecou^ 
v^eiil&.d'arJ^ceBjetîd'arbttstes; lé voyagôuir est singu». 
lièremdQl tëurnleiité pial* les girainès épineuses d'une 
berbe qui: s'attacbeà toutes tesxpartîes.dui vêtement. 
4'troîaiUetie» d!ûfaeïdf on franchit. une petitaxrétet 
de.c6{eAU3i primitifs.'; la.rQcI1e.9st une eimVeirou^ 
geMi*e| dans l(aqneUa;ie quact^ fecmedes; rainas oii. 
plutôt dès coucbefs puissantes; ce, ikii.eil nonmé 
Gdfel Kourbatch; au sud de Cette â*êfe/ j'aperçus* 
dans la plaine lés ()remi^s ts^ldi (bëobab, jâdMf* 
sonia digUaia) rieur tronc , de:foriiié eoniqUe^a* 
daAS sft^ partie înCédieuré.une circonférence de qua* 
nanteà soixante pieds; on dit que plus.aur S. on 
en voit de plus gros. Quel aspect majestueux doit 
offirir la masse arrondie des branches de. cet arbre 
gi§antes(i|be tfuAnd il est en feuille ! A l'O. du Gebd. 
Kourbatcb^ un enfoncement où se rassemblent les* 
eaux de pluie est bordé en partie: de jardins; on de<» 
sî|^e par le nom de khor ces lieux bas où un étang 
subsiste ordinairement pendant ^ix mois. Dans le 
voisinage d'Obéïd ^ le pays est absolun^ent nu ^ suite 
naturelle du séjour prolongé d'un nombre 'Considé- 



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DBS^ VOYAGES. 379 

raUe ct^homnieB <|iit onteÉifJoyé t^dmtiié ehhtifFtga 
tous les végétaux ligneux; un n'Aperçoit' pltw au» 
jourd'hui dans la plaine que de l'herbe sèèbir el 
QQurte* 

« Ce qui me surprit beaucoup daM lé voyage dé 
Dobbé à Obeid , fut le changement à peine sensible 
de niveau des payé c^ue je traversai, et surtout de 
n'observer aucune , direction déterminée dans la 
pente dés Vallées; de sorte que je n'esttmaii l'éléva*^ 
tion du plateau de la dernière de ces villes qu^à 
4oo piedsiaUMlessusduNilàl^bbé. Du reste, cette 
estimation est purement conjecturale, et peut^tre 
serait«elle troxvvée peu exaote si les diverïsëS'hà^»^ 
téurs étaient mesurées au moyen du baromètre. J'ai 
dît plus haut que le terrain s'élève insensiblenienf i 
e» effet j j'ai remarqué que de TOuàdi Serafé on dé« 
couvrait les montagnes de Haraza y qui en sont éloi<* 
gnées de vingt-sept lieues^ quoiqu'elles paraissent 
ne s'âever qn^à 5oo pieds au-^dessUs de^ la plaine. 

Notice sur le Kordo/an. 

«" Les Arabes et les marchands égyptien^ compren^- 
neat sous la dénomination de Kordofkn la région 
qui s'étend a^l S. clè Haraia, c'est-à-dire du 15*^ au 
10* degré de latitufde sur à peu près 4 degrés de 
longitude à TO. du Bahr el Asiad. Au N. et à l'O., 
cette contrée est bornée par des steps arides et 
déserts; au S. sont de vastes forêts habitées paries 



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aSo nouTELLss AmriLLEg 

sègret Fertii et Chibuk. Les derniers se sont r^n- 
eus assez loio à VE. le long da Bahr el Abiad , et se 
MQt avancés, en le remontant , jusqu'aux cantons 
dont les Mehanioudies^les Hassanié, les Béni Gerar 
et les Kababicbesi quatre tribus de Bédouins, se 
sont emparés. 

a Kordofan est proprement le nom d'un petit 
groupe de collines habité par des Nuba libres , à 
une demi-journée de marche au S. E. d'Obeld. Dans 
la langue koldagi usitée en ce pàys^ korda signifie 
l^oimne; Vétymologie du mot ^/i mW inconnue. 
11 est très difficile de savoir si jamais les différens 
cantons du Kordofan ont été réunis par un lieu po« 
litkiue; ce qu'il y a de certain, c'est qu'au temps oii 
la domination des rois de Sennaar s'étendait sîir les 
pays baignés par le Nil jusqu'au ao* degré de lati- 
tude, le chef du pays plat, autour d'Obeid, était 
leur tributaire, et exerçait une influence indirecte 
• sur les républiques nègres du voisinage. Il parait 
que dès le milieu du dix«huitième siècle^ les princes 
du Darfour commencèrent à disputer aux souverains 
de Sennaar la suzeraineté du Kordofan; enfin^ dans 
Ifi^ premières années du dix-neuvième siècle, le mé* 
lik Makdoum el Mousallem , commandant des trou« 
pes du Darfour, chassa le mélik el Hachema , allié 
du it>i de Sennaar. Mousallem établit sa résidence à 
Obeid, et y gouverna au nom de Mohammed ibn 
Fatel, sultan du Darfour. £n iSao, il fut d^ait et 
tué« à la hataiHe de Bara , par Mohammed Bey Defp 



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lardor. Depufs cette époque ,• les Turcs sont maîtres 
du pays. Us ont établi près d'Obeïd un camp retran^ 
ché^ et placé de petites gafmsons à Bara^ à Molfat 
et à Abûu Hâraza ; ils tyraniiisept le plat pays dé la 
manière la plus arbitraire , et chaque année fotot 
des incursions de pillage dans les montagnes habi* 
tées par les Nuba ( nègres ) ; il s'y emparent de tous 
ceux qui ne se sauvent point par la fuite , et en vertu 
du droit du plus fort, les emmènent eh- esclavage. 
On a caldxle qu'ordinairement les deux tiers de- ces 
infortunés périssaient- faute de nourriture ou par 
smtê de mauvais traitemens avant d'arriver au 
€ûl#e;'lâ[y ui^ grand nombre meurt de maladie.- Sur 
q$taf«iilfet^^i)lef victimes qqe les 'Turcs ont enlevée>^ 
«i4«urfi:^ers'^daiis l'espace de six ans , il eh' existé 
JM'CèmomeAt à peinecin^q millcdans toute TÉgyptè. 
Gombfen li'ont pas succombé en se défendant contre 
leufjs'vaviâseiirs ! Mais ^'est àsses rappeler ces scènes 
réMottflnt'e8> pbut l'humanité , et bien dignes dé la 
<ûViiiâftlîoà ^îentale ; et cepcfndsfnt celle-ci' a trouvé 
lié^f î^ifdfi^Mi^S'' ^t ' des panégyristes , même en Ehirbpé ! 
cLa- ville ii'Obeïd, où résidait jadis le itjélik qui 
^ttvernttitmi'ilolti du sultan dii Dar(bur/a été 
complètement détruite par les Turcs. Maintenant 
OB désignepar les nongisduiVanà {'ensemble de irph 
étaUtssemens différens situés aux environs de ces 
ruides : ï**- Ouadi Naghélé\ gros bourg habité par 
\éè inîat*châiid8 indigènes et étrangers : les premiers 
«ont, pour la plupart, originaires du Dongola; a" Bl 
(i836. ) TOME IV. 19 



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^%% NOUV££LES ANNALES 

Orfôi , OU le camp retr^MM àes Twsok^ rentferiàftiil 
des casernQ3 ^t de» magasins : ce soat 4e grands 
b&Cioiens ea terre f y Ouadi Safié^ village dont la 
population se G<>inpo$e preaqOe exqluiîvem^l é^ 
nè!gi*es indigènes^ jadU haMtafil; une chaîné d«.mQn* 
tagnes située plus au S.^ et tra&s[:Jantéa ioiî psir 
Mélik Mousallem» 

« Le seul édifice public dants ces trois établisse* 
mens, *e&t la mosquée d'Ouâ^i Nagh^ ^ 4:o^strui(^ 
en briques ; du reste , les mi^^ns- sont e» carrêaui 
d argile et généralement solides , et re^sembjyiiit 
par leur forme à celles de Bàrft et 49'Ch^nâi* L'aîné 
de» habitations cc^iste en une siiirfaçe dure i^\fi 
de petits morceaux de quarts^ ce qat:lfs.fd?»lié|^ 
loiig*temp««coatre les termites; trois ;à ^[uiiCk'Q mtiîr 
sons appartenant à wrih (amitié so»t ^mt^«ir^ ihm 
épaisse baie d'épines j ii y.a ordinairement au QeA« 
tre de Templftcemeiit un puits de viikgi pfteds:di3>:pc-oi- 
fondeur; il fournit en abondance une. eau uilopl^ 
saumatre^ qui est assez malsaiDe^MSsrtoi»l>p^i*J^ 
étrangers : aussi fonNils, aio^i que plu^ie^rs indjk 
gènes, presque exclusivemeiit usage de biM>ilM^ àe 
merise , boisson fermentée prépara avec du dowm^ 

aLanourriturehabituelW des iBd%èoet^il[ii#Â^ 
espèce de galette 6it0 dé^ferine de.ilow^^vet drre^ 
sée ^upe décoction de bamieâ sèilhes. hÀ\% l^Jblt* 
bitans d'Obeîd niapgeaie«>t presque tOfl) les }0>jaraîd^ 
la viande;.car avai^t l'invasion. dé$; 7uI«qi Je mi^r<^é 
dp la ville était bi^ pourvu de très beaU boHif^ ainsi 



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DES VOYAGES. 283 

^ue de beurre ^ ûq miel , d^ dourrs^ et de dofbbea : 
toutes ces denrées étaient à très bon marobé. Au- 
jourd'hui le Kordofaii partage le sort de tous les 
pays possédés par Mohammed-Âli^Pacba : ses babi'*. 
tanSf écrasés par les impots Les plus arbitraires, 
sont .réduits à la pauvreté; le gouvernement s'est 
même réservé e&clusiveiaeat le droit de trafiquer 
aveo les nègres libres. Autrefois ce .commerce était 
une apurée intarissable de richesses pour ks-mar'* 
ehands du ILordofan; ils recevaient des caravanes 
de FÉgypIe et du Cbendi une grande quantité:d'ob'« 
jets fabriqués qu'ils allaient rev^endre mux nègres 
libres de leur voisinage; ceux*ci leur dcMinaifint en 
éohaiige les productions de leur pays.; les S^rdofii-» 
m Élisaient de très ^os bénéfices ; ils avaient or* 
dinaireme nt de graud» approvisionnemens d'objets 
faluriqués, et. traitaient les af&ires assea rondes 
ment lAaintenant cette ressource est^omplsteinent 
tarie pour eux. 

« La population des trois établissemens situé^rsur 
i'emplàcemeiy: d^ Tancieu Obeïd me parul cette' de 
£odb âmes y dont 2,00a afiparti^aeaf à Quadi iSd'^ 
ghélé, 200a à El Qrta et. 1000 à OuadlS^fié. :J'ai 
peine à croire qu'avant l'invasion des Tares, le nomi 
lire 'des hahitanaait été de io^ooo. Oiftque Êuiiille 
d^Onai^ iljfaghelé possède) bêa^tooup d'esclaves des 
deux sexes^ chargés de tous les travaux'dai méimge; 
les esclaves mâles adultes soot.raresy parce que, 
faute de; jar^nagéy on ja'a pas d'occupatioircona* 



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^84 jrOUVKCLES A^irNALES 

Unte pour eux : ilf ont , de- même qu'à Bara, géné'^ 
ralemeot les fers aux pieds ^ et ou a '^eu d'attache-* 
ment pour eux , parce qu'on ne peut pas compter sur. 
leur fidélité. 

c Les femmes des marchands sont généralement 
très belles; leurs traits rappellent plus ou moins 
ceux des Dongolaoui, leurs ancêtres; elles vivent 
dans une oisiveté complète , restent ordinairement 
couchées à l'ombre sur un lit de repos; aussi leur 
teint est«il d'an brun clair plutôt que 'noir. Les 
mœurs. sont extrêmement dépravées; le costume est 
le même que celui des habitans des bords du Nil; 
toutefois les vêtemens n'y sont pas autant noircis 
par la saleté. Les sandales sont faites artislemient^ea 
cuir decouleur. Les-£emti)es>ont^ outre leurs bi^nê"* 
mens en or, en argent y en sucoin et eli gvains>iâé 
verroterie, des bagues de bois d'ébène et d^ivcnre^ 
Les hommes se rasent la tête , portent' de gramdes 
tuniques à manclies très larges et de petits bonnets 
blancs. ^ » 

a Lés habitans d'Ouadi Naghele^ totis marchands, 
sont i^ez h^piuliêrs lorsqu'ils y trouvent leur 
compte, ce qui est le cas de cette sorte de gen^^^^ 
les autres contrées de l'Afrique. Mou séjour ici a 
été trop court pour pouvoir juger, par expérienee^ 
du caractère national. Je crois qu'abandpnnéis |^ eUx- 
mêmes, les' Kordofani ne différeraient guère dés 
Dongolaoui. . Je sais, par moi-même, qu'à Obeîd 
an doit prendre toutes les pf|feauiions' possibles 



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DES. VOYAGES. a 85 

pour n'être pas victime des vols dont on accAise^ les 
Arabes. 

ce On fait ici de très jolies corbeilles et des plats 
avec les feuilles du palma ûhebaïca' coloriées ^ on 
les tresse si artisteraent, que l'eau ne peut s'en 
échapper. On se sert, pour les menues dépenses^ 
d'une monnaie particulière : ce sont, des morceaux 
de fer'longs de trois pouces et de la forme d'un T 
dont la traverse serait courbée : on les appelle ha^ 
chache ; autrefois on eA échangeait i5o contre une 
piastre forte, aujourd'hui on en a â5o pour la même 
valeur; le gouvernement actuel, de même que le 
précèdes^ en a mis en circulation. Dans les mar* 
ché,s cQj^idérables , le prix des choses était repré- 
senté par une mesure déterminée de dourra ou par 
une toile de coton grossière , fabriquée dans le pays* 
Trois pièces équivalaient à une piastre forte Autre- 
fois il ne circulait parmi les marchands que des 
piastres à l'effigie de Charles IV, et, par une singu- 
lière lubie, ils exigeaient que ce nombre fût exprimé 
sur la pièce paç quatre traits perpendiculaires et 
parallèles , IIII. La présence des soldats turcs a mis 
en circulation forcée les piastres d'Egypte et les pe- 
tites pièces d'or turques de bas aloi. 

Habitans du Kordofariy à V exception des nègres 
libres. 

oc Trois races d'hommes différentes habiten t le Kor- 
dofan, i^ais le profil de la plupart annonce qu'au^ 



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a86 NOUVELLES ANNALES 

ciiae d'dles ne s'est maintenue pure de tout mélange 
de sang étranger. Les Nuba ou nègres , les vérita-i 
blcs indigènes^ se subdivisent eti nègres Ubtes et 
païens qui vivent dans la edntiNée montagneuse au S. 
d'Obeïd, et^ii Nuba iliusulmans assenris, dëmeu- 
wiût dans les plaines autour d'Cfbeïdj et reconnais* 
êant depuis iodgues années l'autorité du chef qui y 
résidé. Les Dongolaoui , venus dans le Korâofan à 
différentes époques, forment la seconde race. La 
troisième se compose des tribus d'Arabes Bédouins 
arrivés du Hed^az après que l'islamisme* se fut ré* 
pandu en Egypte. Chacun de ces peuples a sa lan- 
gue particulière ; cependant les Nuba agriculteurs, 
établis dans la partie septentrionale du.Kordofan, 
parlent de préférence l'arabe , quoiqu'ils paraissent 
savoir bien leur langue maternelle , qui est presque 
identique avec les dialectes de Haraza et de Kol- 



« L'absence d'uniformité dans la physionomie des 
Kuba indique de fréqUens mélanges avec les autres 
races; ils ont, à la vérité , les cheveux laineux et les 
lèvres passablement grosses , mais le néz bien pro- 
portionné plutôt que plat et écrasé. Ils habitent de 
petits villages ; lêtir principale occupation est l'agri- 
culture y cependant tout leur travail se borne à net- 
toyer la terre des broussailles qui la couvrent, à en- 
lever le gazon avec un instrument de fer, et , lors- 
que la saison aes ploies a commencé , à semer du 
dourra , du doghem ou du simsin. Quand le temps 



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DBS VOYAGES. nHj 

est favorable, la moisson mûrit à merveille, sans 
qu'on s'en occupe davantage. Les ondées fréquentes> 
qui dans la plaine ^ont très avantageuses , nuisent 
aux récoltes dans les cantons montagneux du S., ce 
qui provient de la différence des terrains; au S. il 
est argileux, au N. sablonneux : cette dissemblance 
Aidait puissamment au commerce entre les deux ter- 
ritoires. On se contente de couper les épis, on laisse 
manger les tiges par le bétail. On extrait de la graine 
du 6imsin une huile employée principalement à oin^* 
dre la peau et la qhevelure. Les Nuba cultivent aussi 
du coton pour leur propre consommation, et fabri- 
quent eux-mêmes les étoffes dont ils s'habillent. Ils 
ont peu de moutons et de chameaux , fiiais de très 
beaux troupeaux de bœufs , dont la chair n'est pas 
bonne; ils ne se servent de ces animaux que pour 
bêtes de somme ; de leurs peaux , qu'ils tannent par- 
faitement avec la gousse du senne , ils font de gran- 
des outres à eau appelées raï, meuble indispensable 
pour les voyages dan$ le désert. Ils tannent aussi 
tr^ bien et teignent en vert , en rouge ou en jaune , 
avec le suc de diverses plantes , les peaux de mou<- 
tons et de chèvres. Du reste, l'usage de ce cuir est 
très borné , puisqu'on se contente d'en orner les san* 
dales , les gaines des couteaux et d'en récouvrir les 
formules magiques. 

ctTous ces Nuba sont musulmans ;• ils passent pour 
pacifiques et méfians. Chaque village a un chef él^- 
lif ; sa dignité est héréditaire dans sa famille : il n'a^ 



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a88 NOUVELtES AKIfALES 

Yait pas le droit de lever des impôts , et tout son 
revenu fixe consistait dans une sorte de dîme de 
toutes les récoltes.: en revanche, il était teau d'exer- 
cer riîospitalité envers tous les étrangers; quelque- 
fois ces chefs abusaient âfi leur autorité en s'empa- 
rant par force, et à un prix*qu'ils fixaient, du bien 
de leurs subordonnés, pour le vendre avec profit 
aux marchands. Un tribut régulier en bétail. et en 
esclaves était envoyé à Obeïd. 

« Les Dongolaoui établis à Obeid ne s'occupent 
que du jardinage; ils font arroser la terre par leurs 
esclaves, qui tirent Teau des puits :. tous sont mar- 
chands ; beaucoup vont demeurer dans les cantons 
montagneux du midi , au milieu des Nuba Ubres, et 
s'y marient, afin de mieux veiller à leurs affaires et 
de les faire plus^ facilement ; les Nuba ne s'y oppo- 
sent nullement, mais ils ne permettent jamais à la 
femme ni aux enfans issus de ces mariages mixtes de 
suivre son mari et leur père dans la plaine, de 
crainte qu'il ne les vende, ce qui n'est pas sans 
exemple. Les mariages notamment' qui se faisaient 
dans les montagnes de Tackelé et de Chaboun ne 
pouvaient manquer de laisser des tracés manifestes 
du sang dongolaoui dans la pure race oègi%. Tous 
ces Dongolaoui parlent exclusivement le barabra; 
les hommes savent aussi l'arabe. 

a Voici les noms des tribus arabes qui, à diffé* 
relates époques, ont quitté le Hedjaz pour aller dans 
le Ro'rdofan ^ en traversant l'Egypte : ffaouasaié^ 



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D£S VOYAGES. 289 

J?/ Ghiomméf Liserra ^ Habanié ^ Verihamat, Mou-^ 
siWj Hanifmrj Seiqftiéy Maghianiéy Gkélidat, Moar 
leniy Habakin^'ïjes cinq (^rnièr^ se sont très ré- 
cemment retirées dans le Darfour, pour échapper 
au|c vexatifs^ns du gouvernement turc; les quatre 
premières sont désigpées par lé nom générique de 
Bakara ( pasteurs ) , parce qu'elles s'adonnent prin- 
cipalement à réducatiou du bétail; elles. habitent léâ 
C^inoipagnes au S. et au S. O. d'Obeïd , et possèdent * 
de grandes richesses en bœufs, en chevaux^ en es«- 
claves. Les autres tribus arabes établies soit à l'O* 
soit an -N. O, d'Obeïd, élèvent beaucoup de cha- 
meaux, et > après la saison des pluies , sèment du 
dourra et du ^ogben. J'ai eu l'occasion d'observer 
de près les Hammer, ayant passé un mois au milieu 
d'euK près du puits de Nedjer. Us vivent dans des 
buttes de paille j dont ils changent l'emplacement à 
volonté, quand les termites les y contraignent. Tout 
le pays est couvert de broussailles ; les collines sont 
également revêtues de terr# végétale; les puits sont 
dans la plaine argileuse : en février, on y trouvait, 
à une profondeur de dix pieds, de l'eai; excellente; 
ils ne^ lamjent pas. A TO. de Nedjer, les Arabes 
ont défriché des étendues considérables de terre, où 
ils sèment du doghen dans la saison des pluies. Au 
temps d^la récoite, oq creuse dans la terre des trous 
profonds , et on y^ enfouit les grains, qui s'y conser* 
vent plusieurs années en très bon état. Le froment 
i-^dM^ ^n fariné sert à la nourriture des hommes.; oa 



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a90 NOUVELLES ANNALES 

le doBBe entier aux chevaux , et on en fait le mérisé» 
Ufie autre boisson très recherchée se compose d*an 
mélange de lait de brebis et de miel; on la tire des 
canlans méridionaux habités par les Nuba libres. 
Quoique ie beurre et la viande abondUnt dans* ce 
càtiton 9 il est difficile d'en acheter, faute de consom-* 
mation régulière ou d'un marché. Pour tout Arabe, 
k possession d'un cheval est le but de son ambition; 
à cause des avantages qu'il en retire, sdit à la guerre, 
soit à la chasse. Les chevaux* du Kordofân provien- 
nent en partie de lu race dongolaoui , en partie de la 
race barabra , et ressemblent à toutes les deux par 
la forme de la tête, la hauteur du corps et la vigueur. 
On les laisse boire du lait de vache à discrétion jus* 
qua l'âge de quatre ans; outre le foin, on leur donne 
tous les jours une ration de douïra^ et on les laisse 
constamment courir en plein air. Ce régime paraît 
contribuer à leur donner la force et la vitesse qui les 
distinguent : il y en a qui, en toute saison, atteignent 
à la course les girafes et même'^les autruches. Ces 
boû6 coureurs sont appréciés^ et quelquesi^ins ont 
été payés jusqu'à mille francs. 

«Les Bakara font régulièrement la chaise aux élé« 
phans. Ces animaux arrivent par. grandes troupes , 
durant la saison des plaies , dans les canton que ces 
Arabes habitent. Voici comme on "m'a décrit cette 
chasse': quelques cavaliers, munf^ chacun de phw 
sieurs javelots, vont à la recherche d'un éléphant 
qui s'est séparé des autres ; quand ils en ont troavé 



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DES VOYAGES. îgi 

un , ils se partagent en deux bandes; tandis que les' 
«as s'efforcent de tenir Téléphant en échec par de-' 
vafi^ rie» autres lui lancent^ pat derrière, leurs 
javelots pour ie blesser îaax jambes. Dès qu'il se sent 
atteint ,41 se retourne^ furieux contre les àssaillans, 
qui '6e sauvent en toute hâte; alors les autres cava- 
liers poursuivent l'animal, et, à leur tour, lui lancent 
leiirs javelots. Ces attaques se répètent jusqu'à ce 
que l'animal tombe vaincu par la douleur et la perte 
de son sang ; alors les chasseurs lui font de larges 
blessnres avec nn sabre très tranchant , et Fachèvent. 
La peau 4e l'éléphant est trop épaisse et trop pe- 
sante pour être employé© à autre chose qu*à faire 
des boudins; sa chair est très estimée, et quand 
elle a été<;onvenabiement séchéeà*i'air, elle se con- 
senre long-temps. Toutefois , on lui fait principale- 
ment la chasse pour se procurer ses défenses; les 
marchands d'Obeïd les achètent à bas prix : il en est 
de si colossales que deux composent une charge de 
•chameau. 

« Indépendamment des tribus arabes que j'ai nom- 
mées plus haut, celles des Kababiches , des Hassa- 
niéetdesBeni^Gerar, toutes les trois très puissantes, 
Itabitènt la partie orientale du Kordofan, dans le 
Vaisihage du Bahr el Abiad; les deux premières 
passent pour être de sang arabe très pur; la der- 
nière, au contraire, s'est fortement mélangée avec 
lès nègres, parce que ses dissenlions continuelles 
avec leii detix autres Font souvent obligée de se re« 



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tirer ^ans les montagnes occupées par les nègres 
libres. Pour le eûmbat, les Arabes du Kordofaa 
s'arment ^.d'un casque de fer hémisphérique , Hiuie 
cotte de'inaîllQ et de brassards fabriqués soit en 
Egypte, sèit en Yémen, et qui sont app<ytés*par les 
cdk*avaiies. (^iniques chefs garantissent même leur» 
chevaux au moyen d'une sorte de cuirasse en fer, 
ou de couvertures de coton ouatëOs, ''qui ^nt faites 
dans le paysl^^uivant %è qu'oE*in*a raconté, ces 
héros, aii^ armés, tenant un sàlfre à chaque maih 
et la bride de leuf s chevaux è la bouche , se préci- 
pitent au miliéti des enneiflis^^ pàimi lesq^ls ils ré-» 
pandent la mort et la dévastation. 

« J'accompagpai Ha^ji Mia^iim ; che&dfts Hammer, 
au puits de Nëdjaf . A notre ^Veivé^Bt, ses ti*ois femmes 
r.accueillireqt' avec Tempressement le plus affec- 
tueux; elles lui pressèrent les jambes et les oignirent 
de beurre; chacune le pria de boire dé 1^ liqueur 
fermentée qu'elle avait préparée elle-même; les es- 
claves s'approchèrent de lui en rampdfnt sur les- 
mains, et embrassèrent ses gent>ux, jusqu^à ce qu'il 
leur eut'imposé à chacune les ^lains sur la tété. Il 
me sembla que personne ne f^i^ait la moindre at- 
tention à moi. En général, les femmes ne se lE^ilent 
pas le visage dans le Korddfaii. Bientôt les notalileç 
et les autres chefs demeurant dans le voisinage) se 
rassemblèrent. On délibéra ^sUr la nianière dont on 
satisferait \aux dernières demandes dMmpôt du gou» 
verneinent turc, qui étaient vraiment acc^laqfes; 



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ïypi VOYAGES. ag3 

on ne pût rîefti résoul^e : j'appris plus tard que Ton 
ayait dëcidé de faire courir le bruit d'une attaque 
proYfh^ne du côté de Daripur, afia de gagner du 
temps et .de se préparer à la fuite dans cf pays ; ce 
qui fut effectué quelques mois plus tard. Depuis ce 
moment il arrivait presque jourriellement un émis-^ 
saire expédié exgrès qui prétendait avoir vu let^n* 
nemis; tantôt ici et tantôt là. A l'instant les tim})à:les 
donnaient le signal, et les Arabcf^ du voisinage, re^^ 
vêtus de leurs Cui^as^eâ, s'élançaient à cheval dans 
la plaine 9 en criant et gésti^Iant comme de Vrais 
fanfarons. On préparait tout pouit marcher à Vèii$e7* 
mu Le bétail fut dirigé vers'les cantoi^s'du midi. ËAtiii 
la comédie €ut si parfaitement joiié qtie moi-même 
je commeiiçais à h'êCfre pas sûr de là vérité de'l'îift 

- M Les diffèrent chefs étaient, en général, ^^es 
boiQ^s ' âgés 5 ils * faisaient le semblant' d-êttié- ti*ès 
«l^èm en«"observai»tç^ des joui^s de jeûnes qu'eux- 
logifoies s'étaient imposés , et réiiitaient régsdièm* 
lisent leurs pc4èi?es^ lundis que les iJLrabes d^ ces 4Saft«^ 
tons avaient l'air de n'y pas pense!*. » -.^ '• 

Notice sur les montagnes situées àu midi/ d-Obéïd 
et sur les Nuba libres qtU les habitent: 

. ce A trois journées de marche', environ' 3<» ligues . 
au S. et au S. O. d'Qbéïd, commence une 
AbaÎQ^ 4e montagnes qui paraît^âtre de fprm^tipii 



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^94 NOUV£LtVÂ AdriSALES 

volcaaiqM« Skiiva^tla récit 4eS( m^îgètteA^ les ra^ 
chers des ènvirpos de lioidagî ^JifiSèreol; dé oe^ 
des moatagne^ du N. f les uns ^ U^ixt, Uûirssy res« 
semblent à du ¥^rre ( obsidiennes);) les. autres^ 
friables y sont pleins de trous ronds .( lave poreuse ]; 
Il s'y trouve des qaus tbqw^i^; ii a'écljappe des 
vapeurs sulfureuses d'une monliigne abaolumsat 
nue ; on me montra même, d^ soufré dont les pe> 
tites stalactites semblaient s'i(re. formées par là.au«^ 
blimaiion des vapeurs. On ent?o4 souvent , dans 
rint^r^;sur de >çette tu(>atagne , ua bsuît que leiuari- 
r2(||eur comparaliv ^u grognement d'um cbaméatt^ 
quand cet anli^al, irrît^^ ùik sorJir.d/s sa hoùchs 
une membrane, on épr4>^ve fréqu^mfiût.des tceni^- 
blenjens de terre.. . -. i. ; • .. u ^ - 

a Un de mes esclaves ^ né dans ces cantons ^^ait 
au ipaire I9 ai^aout i8a5 , jour où isw commotions 
soiÀ^/*aines sy fireiit sentir ;j6f 14$ tipèfe e^ffrajté^ifiar 
je d^en^Hrais d^j;^ une maisoii. passablement ééljfcf 
Jtu'ée;, mais pour gàoa iiègre» le phéoomèQe,n'asippt 
JGJi^&4'^VS99g^,et, 4e.iumâ9)e^, il s'Àsria y t. Ûts 
moùveqiens ^e ^ terre sont coniaiun& daos^ mon 
pays, ». 

« Par malheur, durant mon séjour à Obetd et. à 
Nedjer^ ^OFqte ^communication avec. cette contrée 
.«tait interrompue. Tout ce que j'en dis repose sur 
4es^ récite, obtemis*. par Jt'intermédiaii^ d'un 'inter- 
prète; quant ;ao résultat , si on l'applique à ua vol-* 
<aQ à m<)itté éteint^ tt contredit joutes les notions 



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1>^S VOYAGES. 295 

^ gëologoes européens. Cependant le concours des 
circonstances accessoires était trop frappant pouI^ 
que je passasse ces récits sous silence. Plusieurs beys 
ef iles marchands d'Obétd ignoraient complètement 
ces particuiariiés. Peut-être ai-je mal compris beau*^ 
coup de répQUses; par conséquent, ùvk ne peut nuk 
lement déduire des renseigneniens qiiejai obtenus^ 
rexistençe de volcans en activité comme un fai^ âUK 
thentique. 

. « XiOs coteaputy au S. de ces terrains volcaniquea 
problématiques;, sout, à Chaboun du mouia*.^ eomr 
posés de; gneiss, et de mica<«)pbiste, et' le sot «alluvial 
des terrains bas est formé de détritus de roches? prirr 
mitives^ d'<^ les pluies entraînent souvent de Vw* 
On sait) que d^^s le^ environs de Chaboun on trouvé 
deft pâr^içMles de cenkétal^ et voilà pourquoi les; 
fliarchai^s ^équenter)t ce.4»éu de préférettte* Oa y 
dépouvr§ quelquefois des pépites d'or pur dont lesr 
ipdigèiies connaissf^il la valeur. Les Turcs avaient;, 
dans leur igtiorance, chargé ici d<^maases entièfèb 
dç mica*scbîtfte sur. des, chameaU^^ ^ et Jes avaient mC^ 
pédié^ à QbeSd; ilr m'en moutrèmot dès échantillofi» 
pour que je leur fisse connaître mon sentimoAl sur 
la richesse de ce minéraii 1, 

B On diuqu'il }ra aussi ^.dans cette dbntrée^'des eô- 
teaux entiers d'oxide 4te fer nouge, et qu'il estsLdaé 
de le macûpuler, que l$s nègre^ sont en état de le 
convertir e^ npélta} qu'ils savent fik^onner. Ibitruit dft 
ce frit, SCobàtemed-Aii-I^ciha .eut Vidée d#<iioeb 



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ag6 wouvÉtLEs annales 

parti, par |ai-mêmè, de ces mines. Dans ce but, il 
chargea quelques Albanais d'aller au Kordofàn. 
Ceux-ci conçurent une telle aversion pour lé pay? 
qu'ils revinrent à la hâte sans avoir rien fait. Plus 
tard le paoha fit proposer Tafiaire en Angleterre,* 
tt denianda qu'on lui envoyât -lé nombre nécessaire' 
de personnes instruites dans la métallurgie pour 
établir des forges flans cette.régiou k>iritai^è.' îV^'J 
raît que personne, en Angleterre, ne se sowcia-de 
prendre part à cétte.enfreprise. Ainsi échoira ce plan 
hasardoux , qui n'aurait eu d'autre résUUàt que dé 
foire sacrifier inutilement )a vie dé qUélqttéà'EûraH 
péeus. • ''''•'^"* ■'' • 

« Les nègres des cantons montagneux dû ^ofiùhW 
se subdivisent en un grand nombi^e^péUte^'j^ëii^ 
plades; chacune, habite - ordinairement nné'^^nioU^ 
tdgne .pai'ticuUère; elles, parlent dçls^ialectes uff 
peu différenis les uns-<)eis autres , et .^ùi ïne parais*^ 
sent dériver de quatre langues -dissemblables é)it¥ë 
ellesf' savoir , ccHb de Koldagi , de Cl^&bd(ih ^ '4l? 
Tackeléet de Deïer. Toutes ces péyplaflôiJ'ônt beàii^ 
coup d'affinité ent»ê elles; chevet ; cômplètèkibîiti 
laineM et peu fournis, lèvres épaisSëé, ncjs eamàrd^ 
voilà les traits qui les caractérisent j cepéhdaDtt' ils 
n'ont irfl les mâchoires aussi prôciifinentds , ni les 
pommettes c^es joues^ aussi saillantes que • les 
peuplades» nègres plus méridionales! Les hommes 
sant^ en. général, bien faits et de taille moyenne* 
Vu singulier usage diâfdrme la plupart d^ filles dans' 



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DES VOYACES. 2g^ 

leur jeunesse y elles ont coutume de porter ^ toute la 
journée, lés petits enfaiis qui' s'accrochent sur leurs 
Êàhchès; il résulte de cette' habitude que la colonne 
vertébrale forihie peu à peu un àriglé obtus avec le 
babiffv desdrte que \éè parties postérieures devien-l 
nent plus sfaillantes qu*eUes ne le seraient naturelle- 
ment; Cette difformité ne se retroute pas chez les ^ 
jeunes^ IN ubiennés amenées, " dès leur bas âge, en 
Egjpte où au Dongoïa ; maïs on l'observe chez 
tôutleâ celles conduites en ésélavage chez l*étranger^ 
après lëùl* quatorzième ailnée. Le teint dés nègres 
dû Kordôfàn est souvent 'châtain , comme celui' des 
Barabras ou des Abyssins. La peau des enfans, au 
idoment 'âê leur naissance ,'~ est d*un gris clair; on 
m*à dit 'tjû-on la leur lavàil? a^ec une décoction vé- 
gétale 'qui contribue à la noircir*; le but dé cette 
é^pét^ftti^tt est probablement de gaVantîr la- peau .de§ 
i^àyons dû soleil; Ati bout deHfiiéïques semaines l en- 
fant est complètement noir. On rencontré des Albi- 
nos "ou Kiikerlacs : on dit que leur chevelure est 
hiiè ^t blonde; ils sont en ïi'otï'ëur a^feûrs côriipà^ 
triotes, quoique Fôn sache que leur côûteUr est due 

une maladie. 
' -«Lès villages des Nuba libres Sont, conimç ceux 
que j*ai vus dans les monts Harazâ^' bâtis sur des ro- 
chers d'un accès difficile et défendus contré toute 
surprise par de fortes haies d'épines. Tous les Nuba 
adultes ont les reins enveloppés d'un pagne dé 
toile qu'ils fabriquent avec le coton qu^ils ont ré- 
(i836.) TOME IV. ao 



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ag8 ^otJYRi^^ ^iajuAjLEs 

coltë. Le jbqDhçur suprême 4e;s fema^es et des filles 
paraU consister d?i|'^ ^^ co^Uiers de grains dev.er'^ 
roterije doqt elles ornent leur cou y et .ellea 6n purent 
même lai copaue de leur.s ((>reillepi qui est , à cet eSef^ 
percée ^n plusieurs endroits ; ,^les partent fus^^es 
brasselets ()e verre et d'ivoire. Souvent des entailles; 
faites avec la pointe d'un couteau^ dans un c^dre 
symétrique^ sur les braset le ventre desfîUes, sont 
regardées comme une parure; peut-être cet, us^ge 
a-'t-il été introduit pour iie^^Qan^titre ^e^ e^i^% perr 
dûs. Les Arabes Bakara faisaient des ciqft^çes 
seuiblf^les sur J(e front et^es jçuea de^eur^esclnv^f 
mâles. 

«Ces Nuba ne se j^eryent^ dans le ço;nn^er(;ç^ 
d aucune monnaie à\of 9U d'argent : fout^^ Ji^P ;9ff> 
faires se fout psn^ échange. Leurs ar^n^es sont, des 
lances einpoisonnées qu'ils découchent avjçc ^i^cpjwi 
i'adfesse, et qui peuY.enJ.nieme percer ^e§ cqt^^^ de 
maiUe des cavaliers .^nuemis ; Us fabriquent jifis 
kourbqtchs ou sabrejs recourbés dont la poignée ;e&t 
garantie d'un côté par^ujie,sa,illie droite, et ave^ Je^- 
quels ils Purent très jadroit^neat ][es coups à^ epr 
nemis; enfin , ils ont des boucliers de cuif de j^iverfc^ 
formes. Les arc^ et les flèches semblent être enti^- 
ment inçonnup^Ep temps de guerre ^ les femu^es m 
iT^êlent aux ççmba^tans pour les encourager; la 
ni|SIçe est op^ni^tre et sanglante; surs d'être réduit^ 
en esclavage s'ils spçt vaincus , les.Nub^ ajmieint 
mieux jpérir les arine^ à la mûn que dp ^ ren4l^e ; 



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i^lBS VOYAGES. ^9^ 

iq[iiiAAt jsiiix feixiBies el; auK enfans, ils davieonent, 
^sà»^ ^j^jrmwkr^ U proffiétpda vainqueur. Quoique 
pfli^}$jB, ift pdlygaime e$t rave chez |es Nuba. La 
ymw jlSlJie.if^.a<lh^iée éè ses parens. 

« IfluAiieiir(9.^lî3 tribus Dfidiadu Kordofan ont; em- 
bra^$4 j'iftlAHiiwie, la plupart sont restées païennes, 
^f ©Vi .ofeS^I^ qi*ç des censeignemens incomplets 
«tWA^s pr^tiqiiiiQ^ r^Ii^^usfis 4le cdies^oi. Chacune a 
W fekir PU ^^aûd-prêtre héréditaire. Ces Nuba 
i^n^nijjeq^.i: ^Hiâtite dupremé^ dont ils pensent que la 
l4iQj3 j9s| i'iiùagé y .et lui adressent iews prières. Us 
p*(cmt;.p{is d'iddies; iils ohseityeiiit des joiirs de jeune 
nei» h fia «du mais Impaire. Après la première pluie 
idlét4^;fit l^prèb la JGQOîsson^ ils immolent des victimes 
^9ir<ks faicirsî inan^ent la clxair. On me parla sur* 
tout d'une cérémonie religieuse de la fête de la 
^lM>îw09t 6Ji 'vim ^emiG fijUe furéseote a<] g^and falur 
h plus gmis éf^k dejdourra. Les KuiMa croient à 
^9 ffh^tminmfOh ia ^^ertu sera liéeMnpensée dans 
if^mf^Ucin de Dûeu. La morale de la religion natn- 
fl^Ue jieiO'ble itégler l||rs actions , tant que les pasr- 
«ÎM^ OQSQntpAs.en jeu^^t celles-ct ont souvent le 
âôssiis. Quant aux év^nefaeiifi m^alheureux^ les Nu- 
))fi les sitrtbuent ^us à Piafluence des finies mal- 
iîkisansy auxquels, du reste , ils ne rendent aucun 
«uke.i I.ies. If uha de Roldagi déposent leurs morts, 
a^ec beaucoup de soin, dans des fosses profondes, 
sur des lits de repos en bois, et enterrent avec eux 
des jMtwtsîons de vivres. 



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3oo WOUVrXLES anwales 

« Ib ont' une divîsibn du tenkps en sept jMff s^/'éâk-^ 
pruntéé sans doute dés phafs^ de la \ùlié:Chéi\éi 
Koldagi^ le premier jour de la semaine est ^ dit-on^ 
le mardi; ils calculent;, d ailleurs, l^te^ps d'après 
les mois lunaires; comme ils ne saVéùi m lire' ni 
écrire , leurs dates ne sont pas très exactes. Séiis le 
nom d'année ils entendent le temps qui s'écoule 
entre la 6ù de deux saisons :de plilies, saâjs àVéSr 
égard au nombre des hiois. Le ciel est leur câlén^ 
diier. Quand Ankareb ( l'étèrile d'Orion ) n'esf pllis 
visiUe après le coucher da soleil, ils âisiént^quià'lâ 
s9i$on des pluies ^ approché Aussitôt iqUe i^s^Sépft 
étoiles d.e. U grande ourse; paraissent k A^iHëa 
avapt b,lêv^r du soleil, la saison d<^^ltiÎQs>tire 
à j9«i fili ; ils donnent a cetleconsteliaiioii'leHiilbAtiitife 

dareïhé. - ^ ' » ' *''-' 

" a Les nègres fdes montagnes du RoiîdolFân sèment, 
vers la 6«i'de la saison des:(>luies, ^ ddiitr^, du;d5«- 
ghen et du simsin. La terre est êxtpêmisttiràt'fertité'; 
les tiges de doùrra atteignent à une dimensidii^gi^ 
gantesque; l'étendue du sol^ultivafole étant irèfi 
grande en proportion de la population ,: et Isrculim^ 
exigeant peu de travail, diaque récolte foih^mt des 
provisions^^pour plusieurs années; cela, est ïl'auiaiQt 
plus nécessaire qu«, parfois, la moisson tout eô*- 
tière d'une tribu est détruite par des pluies excïss^ 
sives , par des essaims de sauterelles , par les dévas- 
tations d'une troupe d*élépfaans, ou pajr celles d'une 
tribu ennemie d'Arabes nomades. Dès que la récolte 



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BES VOYAGES. 3o f 

de FanBee est serrée , on donne presque tout le reste 
de la précédente aux cochons et aux chèvres y et très 
peu aux.chamei^ux et aux chevaux. Je n'ai pas eu 
Toccasion d'observer leurs cochons domestiques ; 
quant à leurs moutons , quoique de petite taille, ils 
ressemblent, par la longueur d^ la laine de leur 
tête, pendant sur la partie antérieure du cou, à 
Votais tragelaphuSfqniest sauvage dans cette con- 
trée. Les chèvres sont petites , sans barbe , à petites 
cornes peu courbées. Les bœufs ont généralement 
des cornes courtes et, sur le garot, une bosse pleine 
de graisse. 

«L'industrie de ces Nuba est. très bornée; cepen- 
dant, ils savent façonner le fer en armes, mais ils 
ignorent lart de le tremper; ils coulent toutes sortes 
d'ornemens en étain, métal que les marchands leur 
apportent d'Egypte. Ils s'entendent assez bien à pré- 
parer et à travailler le cuir ; leur poterie est gros- 
sière et peu solide. Ils cultivent le coton et en fa- 
briquent des étoffes, seulement pour leur propre 
usage; à l'exception deshabitans de Tackél^, ceux- 
ci en vendent beaucoup aux marchands, qui les 
exportent. 

H Sans être aussi paresseux que le sont , en général , 
les nègres, les Nuba du Kordofan ont de l'aversion 
pour tout travail prolongé. Habitués à l'indépen- 
dance, ils sont emportés et entêtés; extrêmemei\t 
sales sur leur personne et dans leurs demeures ; ils 
sont obligeans entre eux, et on peut se fier à leur 



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parole mèeux qufà etetté- é'^fm Arabe ot d*un Donigô-r 
laoui. Autrefois) ils meaaterity dans leurs montagties, 
une vie heureuse et à peu près exempte de soucis^ ^ 
puisqu'il n^âvaient à erÉittdre que' les attàqueâ, dés 
Arabes. La viande^ lie beut^e, le lait, le miel et le 
dourra abondlent ciiez eux. Les jeunes gens des deax^ 
sexes se véunîisettt sotiveat pour danser au sbii de là 
maadolino barbare et du tambour de basque. 

«c Chaqoe tribu eét subdiyis<$e en familles indé-; 
pendantes les unes &^ autres; cependant elles te- 
connaissent un chef politique qui, de concert arec 
le grand fakir , ajuste les différends, mais dont le 
pouvoir «écurif est très restreint. L'influence de èes 
chefs tient surtout au di'oit qu'ils se sont arroge de 
feire aeuls h commerce avec les marchands étran-^ 
gers qui visitetit leur hoirie et qui achètent leur pro- 
tection pi^r des pi^ësens. Les principaux objets d^ex-' 
portation sont : la gomn^e, les paumes d'autruche, ïe^ 
t€imarin, te mielyet surtout* lés esclaves. Ces Nuba , 
comme je Vaidit plus haut, possèdeiit des esclaves' 
nègres qu'ils ont achetés en échange dé denrées, o\X 
enlevés, eacoré eâfans', à des tribus vivant dansde)&^ 
montagnes éloignées; et les parens soAt toujours 
dans la crainte d'étiré, dé la même mahière, af ra- 
phés de leiirS'fdyerà. Dans les temps de disette, mat- 
heureusenlçiit tWp fréquéus dans ces montiigiies, il 
arrive que lë'pîUà fort vehd le plus faible comme es- 
clave; le pè^ m'eten vente son fils, le frère adulte sa 
^(iBureû bas âçe. J'avais uaçsclavo natif de Kodér^ 



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T)US» VÛtAOES. 3o3 

il aVait été vendu / avieô sa mère ^ par son oncle , pour 
un sac de farine dé d^ôuira'. Ces famines périodiques^ 
dans les contrées iiitéPtropicales , ne seraient-elles 
pas la cause pi^imitivë du éommérce dès esclaves , 
qai y existe dep'uiis un' temps immémorial? Je me 
suis, plus tard , convaincu de la vérité des scènes de 
désolation qu'on me dépeignait dans le Kordofan ; 
on voit des malh^uré^ù'id , exténués par la faim, errer 
de côté et d'autriô et se Vendre eux-mêmes pour ob- 
tenir un peu de nourritui^é. Aussi , tant que la civi- 
lisation n'aura pas f«àit, parmi les nègres, assez de 
progrès pour qu'ils prennent des mesures régulières 
et générales contre les ravagés dés famines, rescla-» 
vage èï là l!raite subsiisteront. Mais comment établir 
cette civilisation dans riiitérieur de TAfrûme? J'a- 
voue que je ne suis']!>ais eu état de répoa^Và cette 
question, à nioin^ d^admettre l'étrange isupposition 
qu'un jour dès Européens policés régneront en 
maîtres sur toute la partie septentrionale de l'A- 
friquc. L'idée conçue, à Paris, de. comniencer la ci- 
vilisation des Africains par l'envoi, dans leur pays, 
de nègres affranchis, est, suivant mon % sentiment, 
inexécutable dans ^Ethiopie orientale; la raison ei\. 
est toute simple, presque tous les esclaves sorti* de* 
cette contrée ànï été arracbés à leur patrie «dabs 
leur extrême jeunesse, et, généralement, par suite 
d'événemens malbeureux, tels que la guerre, le bri- 
gandage , la famine , de sorte qu'ils n'ont que peu , 
ou même pas du tout d'attachement pour ' leurs 



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3o4 NOUVFXLES ANNA.tES 

foyers. Du reste, leur retour daas leur patrie est, pour, 
ainsi dire, impossible, car avant d'y arriver, ils se- 
raient immanquablemerft dëpouillésde tout ce qu'ils 
posséderaient, et de nouveau réduits en esclavage^ 

(( C'est probablement ^e manque total de sûreté 
politique qui rend les Nuba peu enclins à faire de 
longs voyages. Une course de deux jours est pour 
eux une grande entreprise; rien, d'ailleurs, ne les, 
porte à sortir de chez eux , puisque les marchands 
d'Obeïd établis parmi çux, se sont emparés exclusi- 
vement du commerce des productions de leur pays. 

« Les forêts du Ç.ordofan sopt remplies d'animaux 
de toutes tes sortes. On me parla beaucoup d'un, 
serpent long de vingt-cinq pieds, dont les écailles,^ 
ont un éclat métallique; il habite les marécages et 
fait la c||iise aux chèvres et aux petites antilopes ; 
il n'est pas venimeux ; à Koldagi on le nomme as^ 
salé. Les nègres mangent presque toi^tes les espèces 
de chairs, même celle des rats et des chats. Ils van- 
tent la graisse des serpens; les sauterelles rôties sont 
une de leurs friandises ; ils font la chasse aux bétqs 
sauvages avec des froqdes et des chiens ; ils creusent; 
des fosses poiir prendre Içs éléphans, a 

Remarques sjur le climat et les maladies du Kor-^ 
• dofan. 

a J'ai passé trop peu de temps au Kordofao, et 
dans des circoQstançes trop défavorables, pour pqu^ 



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DES yOTAGES. 3o5 

voir faire des observations sur le climat. £n jaor 
vier, les calmes et les vents de S« dominèrent, et 1^ 
brouillards furent périodiques ; la température était 
agréable, et de 17 à ao degrés; mon thermomètre 
s'étant cassé , toutes ces évaluations ne sont qu'ap- 
proximatives. Au commencement de février, par le 
vent de JN. E« et un ciel pur, le temps était frais et , 
probablement, la température à 10 degrés; quel- 
quefois elle est plus basse ; Mohammed-Bey mla$sura 
mèmej très positivement, que dans Thiver de iSaa, 
il avait vu tomber de la neige dans la plaine , mai^ 
quelle fondait en touchant la terre. Dans les mon-», 
tagnes des nègres il y a souvent de la glace, et, 
quelquefois, les cimes sont coiffées de neige. 

rc Du i5 au 18 février iSsS, étant au puits de 
Nedjer , nous eûmes de l'orage et des ondées de 
pluie, avec un veut d'E. variable; cela parut ex- 
traordinaire aux indigènes, et leur causa des inquié- 
tudes. Je cherchai vainement à m'instruire de la 
^signification fâcheuse de ce météore ; on me répon- 
dait toujours par cette phrase si usitée parmi les 
Musulmans : «Tout vient de Dieu. » A peu près à la . 
même époque, M. Hey éprouva, dans la Haute- 
Egypte, des orages accompagnés de pluie, et qui 
furent également regardés comme quelque chose 
d'étrange. L'été suivant la sécheresse fut très grande 
dans le N. E* de l'Afrique équinoxiale, et l'insuffi- 
sance de Tinondation du Nil fit manquer partout la 
récolle. Arrive-t-il donc constamment que les pluiea 



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d'd^geé, eé h?véry dans Ik IlàUtô-Ëgypté et la 
Fiébie^ annoncent uii été côtfipàràtîVèment sec âaris 
lè§ niontagnes dek contrée^ éq^àinoxiates , situées 
plus au S.? Alolri cela explid^'ue^aît ce que dît Hércw 
dbté (Ihté IH, cil. ro)', ^u*à Thèb'és, en Egypte, 
W phiie paisse pour un p^oà'ô^tic très mauvais ; ce" 
qui' doit sVntendre dés pluies d^hîver , puisque au- 
jourd'hui quelqtkes personnel prétendent a voit ob* 
sfèvvé que lorsqu'en mai les orages du â. s'étendent 
jOiâi^u'à la Hatite^Egyjite, il'y a inondation complète 
d^ NiL II est également singulier que ces orages 
tf hiver éclatent ordiuairemeùt dans lés monts Gour- 
na j près dé Thèbes : ce fut peut-être une des causes 
qui firent regarder ce liéù comme sacré. 

« On m^a dit, àu' ÈiorâofànV que les mois d^avril 

et de mai sont lés plus chaudisi de l'année , parce que 

Faîr est alors absolument calme. Les terribles fièvres 

pernicieuses qui se développent vers le milieu de lia 

$aison des pluies, en juillet, sont probablement pro- , 

duites par l'usage de Teau chargée d'aninialcules infu- 

soires; c'est la mêmemaladie qui règne, à cette époque, 

datis le Dongola, le long du Nil. Aii Kordofan, dans 

les étés pluvieux , les étrangers sont attaqués d^une 

inflammation de poitrine d'un genre particulier ; 

elle emporta, en iSaii, une grande partie de l'armée 

turque. La petite vérole est un fléau horrible pour 

les nègres libres. Les fièvres âe la saison des pluies leur 

paraissent bien moins dangereuses qu'aux habitans . 

d% la plaine , vraisemblablement parce qu'ils boivbat 



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VlÉéi VOtAOtS. 3ùj 

ée Teaa^ A& iotiréè |> étqvit^ cèûx qui ihent àaù^ lés 
montagnes i^dpiréiit ùtt àtr plus pur. Mais / S la 
Hxémc époque, ils sont exposés à une dy^éhteritB 
Yxolente qui est, dït^ut , fréi^ueinitaent mortellfe. Cfi^z 
les Nuba' on observe aussi dés 6as de lèpre et' de 
inaladiés' du même gen^é. Le ver de M édinè est 
très commun parmi eux danj^ le teihpis( dés' pluies. » 

Prétendues ruines dans lé Kordofan et le Darfoûr^ 
Cours du Bahr-eUA^iad. tloutés commerciales. 

« Dans une tertre que j'écrivis d'ÀihboukoI , à 
M« le baron de Zach> dans l'étë de 181149 et qu'il 
inséra dans son tome II, p. 370', de sa Çorrcspon'» 
dùnce astrmomifue j je lui diis que j'avais quelques 
notions de ruinas d'architecture égyptieniie qui se 
trouvaient datis- les cantons habités' par lés nèg^eii 
dwKordéfen;^il dievait y avoir, près de Roldagi, deà 
cavernes dont le toit aplati était Soùtetiu' p^r desi 
colonnes;- leurs parois, ufaies, éliraient des figurés. 
d'animaux sculptées. Un i^écît de ce gisnre, fait pâï* 
un nègre qui n'avait jatnàisrien vu dé semblable' et 
qui n'avait nulle intention de me tromper, me parût 
intéressant et digne d'attention. 

a Plus tard , je' conduisis un esclaVë natif de ce 
pa]f8, dans les magnifiques temples souterrains, entre 
Ouadi-Halfa et Âssouan. Ces monumens lui cau- 
sèrent uti étonnement extrême, et il me dit que céâi 
iminés étaient iiifimment plus belles et miieu^ tra*. 



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3c>8 NOUVELLES ANNALES 

vaillees que<^l|es.de sa patrie; qellos^i n'étani ,que 
des cavernes, très .simples y où ce qu'il appelait des 
£gures d'animaqx sculptées n'étaient que des ou-- 
.vràges confus ^ sans plan, et isolés. On sait qu'or- 
.dinairement les ol)jets ,qu'un homme a vus les pre^ 
miers produisent sur son esprit ufi effet bien plus 
favorable que ceux qu'il contemple .plus tard; ainsi, 
mpn espoir de trouver des monumens dans le Kor- 
dofan diminua beaucoup. 

cr Durant mon séjour à Obeïd, m'étant informé 
de ces ruines de Koldagi, j'éprouvai le déplaisir 
infini de ne trouver personne de croyable qui pût 
me donner des renseignemens salis&isans sur ce 
sujet, quoique je ne fusse éloigné du lieu que de 
trois journées de marche. Mais alors aucun Nuba 
p'osait se hasarder dans la plaine, à cause des évé* 
liemens de la guerre, et; les Arabes eux*mêmes ne 
s'avepturaient pas dans les montjagnes. On ne me 
parlait avec assurance^ que de débri$ de bâtimens en 
briques, situés à Tackélé, et dont l'âge était inconnu. 
Par conséquent l'architecture égyptienne des ca* 
vernes dont il a été question devient très problé* 
matique. 

<t Cependant je crois avoir fait par ces recherches, 
une découverte très importante en archéologie; 
plusieurs personnes qui m'ont semblé très dignes de 
foi, me parlèrent de vastes ruines qu'on voit près de 
pebel Marra, en Darfour. Ce lieu est situé a 5 jours 
de marche au S. de Kobbé, capitale du pays; des 



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colonnes, mé dif^n^ y sofél eh tassées les 'unes *stif 
id9 Jantresj âe g)*an^ ' tnors si^nt^ entièreffîecK^etf 
, pierires db tâfHtérfo/éfV on né làrtss^t pas sur'ce? 
pièrveilles.' ■ » ;- ;:'.>/['. 

i .:»^Pai< la Wîte^, je'fis'âu Caire la connaissaiieW 
tfjun. marchand^ égyptien ^ qdi avait été réténU' 
par forcé an 'Barfoûr pendant pluiâléurs années^ M 
caiiserile ,k guWe 7 «l'avâif i^affoiè Mutetiîplé lés 
ruiues.de 6diéLi:Miarra qui «ont 'vasiës et remar^ 
qbaixbm B'<a(kvè&;4a(^â^|ii][$tlo détatf léé quUr tsfék 
$L)fiilà, .^ piôâeDque oéf^ SénC-^ 6ds gfSoùfiesdeii^d^ 
kotieabasahîqiierJdcr^formti^Isèâgtfbèfé.', :q^i dëfifa 
pi^ienrs aat?^e|s (p^ysf ëtïï £iéri»!^[^ au§rsi' poUi^'id^ 
«MtiYxages )dé.gëanti;âai»^!|oa»>l»fif <fàs> tleiis^' V^a^^^is 
fiiitiMai qbii sèrftienb ^àssbir ^ii^fèu^l^^ ^^ i'^nUkt 
ltààs'IeAarfo0t*/ft«aieMâéf»d^tfl0lléi'<d^tterJù^ 
Gébfii iMar/a > :i£tf t^â^t^fâiliè^ ^e'>r^ué''sont{ replié^ 
Hient Usinonum0n»%>éft^illè«d[qÛ^Âe^ 
iiOic')IàuifiOTabftrit>^é tiei p«lH i^iiP^^)jpliè»dt^e;Mi<^M 
MUBSi iiiërî£onffl»[ei>te^]t9qi^ett')(id^]B^^ él "AfbHid/ 
\fa«û)ipt?Hl^iW«iaQnto'M^lidmitiei(l^fiéyVëAi^^ IkiMiè 
«wttsi:|^'^U£')'k4>^^U^%lMlmtffèuk^ dWt*ek 
yt>;fagettr8 qi^iom ^téomii^ùi '{^sk^-^ffè i^gtoi^f 
MfriqûeJ A tâ>^li*it4"5if^^iné p&f4à ^ lJià«ikiëés^>d|» 
trbis^;<gcwbo%l'l^iif^ifidtè'd4. ^ëtif§{Iiilfilis ce sbufitiè^ 
tonnes. Kègre: (^d )K^ofany -i^âAfCrpgielk^^ 
cbaad ),- tok}rûûrit ( péletiin ), Wucîiii - de - dès gén» • M 
va dans^la ctffitréé 4>à le Bahf d'Aiiiàd a 'sa source* 
Ce qui .est certam^^^^^^t que ^'^illlS' lé chémui du 



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s la HOUVèLMS A^iriLES 

A^attdn 'ComnTérciàte avec les états vpîsîds était 
interrompue ;'jte ne ^jpus 'aussi recueillir que peu de 
renseign'enieoi's sur les roiités par lesquelles il coinmu- 
ni^ué avec les piays cfUi rentourénV. Au N, j'en 
cbhhais trois partant lôu\es de Hàrazà, et se rap- 
prochant les nneè Jéà âUfres à Dôbbè'sur le Nil; 
la •plus courte ipasse par Simi^ié; je l'ai décrite plus 
hauir;*Tine'secoride,^plus'ôrientâle et plus longue de 
èèux journées que lia ^i^i^édenlè, 'rfièhe' aux puits 
d^Oùébri et'd'Êlàï; là plus bcciden'l'àté, qui conduit 
àâ Imiès-âe^Jamirierj'estplus longue d'une journée^ 
que celle de Simrié, mais oti n^a'p'âs ' k traverser de 
àéAiék rocaflltetfi et difficiles, et quelquefois on ren- 
tùtkfe ée IVab k^Naiâboù^ati; ÎJès caravanes qiii yonf 
àé^UàfAta àk%«ldy^^premlenr toatêà^? route 

jdctfi-'i l^aîi^'dé 'KétËfaiiJàr; ià elles so sépaVëàt 
«tiï»tfll*^ii'éHésiréulfeût visiter teibute^ village de la 
]»^0 de Bârà;^'dh"Vâ àe mêtiie'i OhéïÛ pkr'Aé^^ 
Mûl^lffifféréntâf;' * ^ , ' . 

•^^.ifc^Xa-^oaBè^dé^Bïihrié 'ért^^^^^ 
il^hi*l*î> el-^iPHÀ*^- r4'i-eellë '^^^^ hé > 4 J 

T.^ij^k Voi^lcf^ bréîhaîFe des caraVâîiôs'^ii'Obeïd à 
SèWÊfkKv var'pa? Korisi; Ohiganàtir et Chalié oîi aùtre^ 
fiW an Iraverèbll le Bàhr el Abiâd d^ùs Un bac. O'a 
paivourt cette distance en iiuit jours ; it fàutehcore 
qualité joUVs de marche pour arriver à ' iSenna^r. 
c •«( Unéaiitre routé d*Ob^id à Sennâàr, passe par 
Tackelé; je n^en connais pas bien le détail; Tackélé 
tst à cinq journées' ait S. d'Obeïd. 



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DES VOYAGES. 3>3 

V On dësigae sous ie nom de Tackélë un- pays 
indépendant, habité par des nègres et assez peuplé; 
ses bs^bitans doivent él^re parvenus à un certain degré 
de civilisation, puisqu'ils fabriquent et vendent aux 
<x>ntrées voisines une quantité considérable de toiles 
de coton. 

a Cest ici le lieu de faire une remarque sur une 
locution employée par le? Arabes de cette région : 
<{uand ils veulent exprimer une grande population , 
ils se disent: tel pays compte 99 ou 199 villages; 
ces nombres n'ont d'autre signification' que celle 
d'une grande quantité; M. Caillapd semble l'avoir 
ignoré. 

« £n trois jours on va deXackélé au Bahr el Abiad, 
et de ce fleuve il en faut quatre pour gagner Senhaar. 
On dit que la direction de la route est au-N. 

(c Je possède des renseignemens exacts sur la roule 
d'Obeïd à Chaboun, marché très connu de tous les 
marchands du Soudan. On marche au S. S. O. pen- 
dant 7 jours; d'Obeïd on va en un jour et demi à 
Birket Koli oîi il y a un enfoncement considérable 
rempli d'eau de pluie et autour duquel campent les' 
Hakara qui sont des Arabes nomades. £n un jour 
jon arrive ensuite aux coteaux de Koldagi où com- 
mencent les établissement des nègres païens libre»; 
on me désigna, par les noms suivans, les tribus de 
ce peuple vivant dans le voisinage : Deberik, Co- 
dero, Dileb, Ouadébouna. On compte un jour de 
iMrche à travers une plaine boisée, de Koldagi 
(i836.) TOM. IV. ai 



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3l4 NOUVEIXS6 AiriTALES 

aux coteaux d'Âboulë ; également un jour d^Aboulé 
à Kolfan et de Kolfan à Oumheidan, d'où ou atteint 
Chaboun en un jour et demi. Les relations de 
BrowQy de Burckhardt et les ùotes que j'ai recueillies 
s'accordent à dire qu'il y a là des mines d'or très 
riches. C'est doue là que commence cette zone auri*^ 
£èire que borne une chaîne de montagnes primitives 
situées au S., ainsi qu'on peut le conclure par l'a-* 
nalogie d'après les rapports géologiques. 

a On connaît trois routes d'Obeïd à Kobbé, capi« 
taie du Darfour. Par la plus fréquentée on va eu 
une forte journée à l'O. S. O. d'Obeïd à Abou-Haraza, 
lieu florissant habité par des Éthiopiens agriculteurs. 
On marche ensuite pendant six* jours à l'O. N, O. 
dans une plaine sans eau et couverte de broussailles, 
et on arrive à Ril, bourg du Darfour; il est à troiâ 
journées de Kobbé, dans la même direction que la 
précédente. 

ce La seconde route des caravanes mène en dix 
heures directement à TO. d'Obeïd, au puits dé 
Nedjer : en une demi^journée on atteint ensuite 
Goos^ campement des Arabes.Hammer où il n'y a 
pas de puits. En deux journées de plus au N. O., 
on arrive à Kagia, colline granitique où il y a 
abondance d'eau et une population nombreuse de 
Nuba. En cinq jours de route à l'O. à travers des 
plaines arides et inhabitées^ on parvient à Ril^ village 
sur la frontière du Darfour. 

« En prenant la troisième route, on marche au 



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DES VOVAGES. 3l5 

S. O. d'Abou Haraza, pendant deux jours^ dans un 
terrain bas et bien boisé, et Ton est à Sreour, co- 
teau habité par des tribus nuba libres ; l'eau y est 
bonne. Après cinq autres journées de marche au 
N. O. dans des plaines dépourvues d'eau et inhabitées 
on entre dans Ril. 

«Les marchands donnent ordinairement la préfé- 
rence à la première de ces trois routes, quoique le 
manque d'eau la rende la plus pénible ; mais ce 
même motif y meta l'abri de l'attaque des brigands 
qui n'aiment pas à s'y engager. Avant l'invasion^ des 
Turcs dans le Kordofan, les communications entre 
ce pays et le Darfour étaient actives et régulières, 
durant mon séjour dans le premier, elles étaient 
entièrement interrompues depuis un temps assez 
long. Je ne pus par conséquent recueillir des rén* 
^eignemens précis sur la géographie des contrées 
à rO. du Kordofan. Au reste les découvertes 
récentes des voyageurs anglais dans le plateau 
central de l'Afrique, font connaître, quand on les 
compare avec les détails qui nous ont été transmis 
par Burckhardt etpar Brown, détails qu'ils tenaient 
4e la bouche de qiarchands africains^ combien les 
. récits de ceux-ci sont trompeurs, d 



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3l6 NOUVELLES ANNALES 

EXPÉDITION SCIENTIFIQUE 

POUR 

L'EXPLORATION DE LA TURQUIE D'EUROPE, 

FAR VN£ SOGIETÉ DE IfATVRAUSTES. 



vienne , le 36 septembre i836. 

ce Mon premier voyage en Turquie a été , comnie 
je le prévoyais, fort heureux ; nous avons même été 
étonnés, mes compagnons et moi^ de la facilité avec 
laquelle on parcourt ce pays , de la sûreté person- 
nelle dont on y jouit , et de l'accueil bienveillant que 
les Turcs comme les chrétiens nous y ont fait. Nous 
avons visité cependant des contrées bien peu con- 
nues, des cantons regardés comme des oasis impé* 
nétrables; partout nous n'avons rencontré que de 
braves gens, des hommes serviables, et dans les 
lieux les plus revêches à la civilisation, nous n'avons 
trouvé que des Albanais reconnaissant, quoique à 
regret, la supériorité des Européens. En société, 
nous avons parcouru la Servie centrale et S. O.» la 
province bosniaque dç Novibazar ^ le pachalik alba- 



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DES VOYAGES. • 3?7 

nais d'Ipek, celui de Pristina, puis touteja Macé* 
doine, presque depuis le Piade et l'Olympe jusqu'à 
Dubnicza. M'étant sëparé à Salooique de. mes com^ 
pagnons de route, j'ai continué mon voyage dans 
Tintérieur sans tartare ni firman, et simplement avec 
mes domestiques^ tant était' grande ma conviction 
qu'iV n'y aurait nul danger ni obstacle à craindre. 
Tai ainsi parcouru la partie peut-être la plus inté- 
ressante de la Romélie centrale, puis je suis entré 
en Bulgarie, et ai examiné ces chaînes si curieuses, 
qui s'étendent de Sophie au Danube et dans leBan^ 
nat; une course dans ce dernier pays m'a été fort 
utile comme point de comparaison. Je ne puis passer 
sous silence l'appui si bienveillant et si précieux que 
nous avons trouvé dans le prince Milosch, qui, non 
content de nous assurer partout dans son pays un^ 
accueil distingué, a poussé l'obligeance jusqu'à nous 
donner pour interprète en Turquie un de ses méde- 
cins d'armée. 

ce Ce premier voyage n'a pu être qu'une grande 
reconnaissance, un essai; mes collections s'en sont 
aussi ressenties; maintenant je sais comment il faut 
voyager, et je ne doute pas que mon second voyage 
ne soîl plus fructueux. Nous avons trouvé la géo- 
graphie de la Turquie si peu connue , que je désire- 
rais bien avoir l'an proch'ain avec moi un physicien 
qui pût faire quelques observations astronomiques ; 
j'ai déjà l'espoir d'avoir un entomologiste, mais un 
Cologne et un botaniste me seraient bien précieux. 



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3l8 NOUVELLES ANNALES 

Kous avons rencootrë tant de choses neuves^ et ça 
et là de si beaux sites, que nous avons bien vivement 
regretté l'absence d^un peintre... >* 

Après avoir donné des détails sur les collections 
qu^il a recueillies et sur celles de ses compagnons de 
voyage , M. le docteur Boue continue en ces termes : 

«Voici maintenant les principaux résultats de 
cette grande reconnaissance de la partie centrale de 
la Turquie. 

« Le premier a été de constater Tinsuffisance et 
l'inexactitude extraordinaire de toutes les cartes, 
même de celles qui sont réputées les meilleures. Une 
foule de localités sont oubliées ou mal indiquées, non- 
seulement orthographiquement , mais pour leur po- 
sition réelle. Beaucoup d'endroits blancs des cartes 
sont couverts de villages et de lieux habités. Mais 
tout cela ne serait encore rien si les routes étaient 
toujours bien tracées, si de grandes rivières n'étaient 
pas oubliées, comme la branche occidentale de l'Ibar 
supérieur, le cours inférieur de l'Égridère et celui de 
la Sukovâ. Enfin la configuration des montagnes et 
des plaines est quelquefois tellement fautive, qu'on 
est obligé de reconnaître à regret que tout ce luxe 
topographique n'est fondé que sur l'imagination du 
dessinateur. Plus tard, je m'étendrai davantage sur 
ce sujet; mais je dois dire d'avance que M. Viquenel 
et M. Friedrichsthal avaient la charge de rassembler 
le plus de noms possible de villages, etc., et de noter 
les distances et les positions ; c'est à eux qu'il faudra 



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DES VOYAGES. SlQ 

surtout s'adresser à cet égard. Tai été plus soigneux 
pour la partie de la Turquie que j'ai visitée tout 
seul. 

a Un second résultat très remarquable est la 
forme véritable de la chaîne centrale de la Turquie. 
Le milieu de cette chaîne , que tous les géographes 
figurent comme la partie la plus élevée , est en gé- 
néral la plus basse 9 et la portion occidentale du 
Rhodope a presque la hauteur des plus hautes som- 
mités de la chaîne centrale. La géologie des chaînes 
turques semble être telle qu'il n'est guère possible 
de séparer' le Despoto-Dagh ( Monts Jes Ecclésias- 
tiques , à cause des couvens qui y sont) d'avec la 
chaîne centrale. Si les Alpes proprement dites sont 
composées de plusieurs chaînes , elles sont presque 
toujours dans un certain ordre ; au contraire , les 
Alpes turques paraissent avoir été morcelées par 
divers phénomènes particuliers , de manière qu'elles 
forment bien plutôt plusieurs chaînes isolées qu'une 
seule crête. 

ce Impartie occidentale de la chaîne centrale ou le 
Tchardagh (Skordus des anciens) est la portion la 
plus élevée, et s^étend depuis ITskub ou Kacsanik 
( on prononce Ratchianik ) jusque vers Alessio ou 
Scutari; elle court presque N. E.-S. O., et commence 
à l'est sans contrefort par la pyramide de Liubeten, 
à l'ouest de Kacsanik. C'est une chaîne composée de 
schistes cristallins, surtout talqueux ou micacés^ 
avec des couches courtes de calcaire compacte ou 



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3ao irouvELUES annales 

grenu y et des roches riches en feldspath. Vue des 
plaines albanaises, elle a toutes les apparences d'une 
chaîne alpine, à coupoles et cimes çà et là pointues^ 
et à petites plaques de neige ^ même au gros de Véié. 
La hauteur des plus hauts sommets peut atteindre 
7000 ou même 8000 pieds. ' 

<c La partie orientale de la chaîne centrale , VHoe* 
mus ou les Balkans, forment une muraille continue 
depuis Sophie jusqu'à la Mer Noire; elle s'abaisse à 
mesure qu'elle avance vers l'est; la partie occiden- 
tale , ou la plus élevée 9 porte le nom de grand Bal- 
kan ( vehki 'Balkany ou en turc beuk Balkan ), et la 
partie orientale celui de petit Balkan [malo Balkan, 
en turc kutoliuk Balkan ). Cette chaîne paraît sur* 
tout composée de roches primaires , ou ce qu'on ap* 
pelle le terrain intermédiaire ancien^ qui au sud &'as« 
socie avec des schistes cristalUns, tandis qu'au nord 
il y a de grands contreforts, en grande partie de 
molasse. Un peu plus de 3ooo pieds pourra bien être 
le maximum de hauteur de la partie occidentale de 
cette chaîne, à contours bien plus doux que le Tchar- 



a La partie moyenne de la chaîne centrale qui s'é* 
tend de Kacsanik à Sophie, n'est véritablement qu'un 
assez haut plateau, supportant çà et là des monta- 
gnes peu élevées ou des monticules. Le sol schisteux 
primaire ( intermédiaire des auteurs )^ avec des mas- 
ses calcaires, domine, et il y a aussi des gneiss et 
des granités dans certaines chaînes, ainsi que des 



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DBS VOTAGSS. 3a 1 

rochesk dolérttiqyies et des trachytes. Ces derniers 
paraissent former, ea particulier/ les sommités les 
plus élevées de cette partie de la chaîne centrale , 
YOrbelus des anciens, qui serait situé un peu au 
i^Qvd de la route qui conduit d'Egri^Palanka àKoS" 
tendil ou Ghiustendil. L'aspect général de ces mon- 
tagnes a un caractère tout particulier par la quan* 
tité des cônes doléritiques ou de cimes plates et 
carrées de trachyte ou de calcaire, ainsi que par ses 
vallées-plaines. Je ne crois pas être loin dé la vérité 
en assignant à ces montagnes un maximum de hau- 
teur de a à 3ooo pieds, et en donnant 4ooo pieds 
à rOrbelus , protubérance exceptionnelle dans 
cet assemblage de petits chaînons , courant les 
uns environ N. S., et les autres N. O.-S. E., ou 
O. N. O. à £. S. E. Le plateau a peut-être aooo pieds 
d'élévation* 

« JJ a /ait bien curieux , c'est la facilité avec la- 
quelle on traverse ces montagnes sans avoir presque 
à franchir aucun col. Ainsi, au sud de la vaste plaine 
alluviale et tertiaire de Kossova au de Pristina, le 
partage des eaux se trouve sur un très petit plateau 
au sud de Babuch , qui s'élève au-dessus de la vallée 
de 5o à 60 pieds tout au plus; et au sud le lit du 
Pepentz, situé dans une de ces fentes environ N. S. 
si fréquentes en Turquie , conduit le voyageur, par 
un faible pUn incliné insensiblement, dans le bassin 
tertiaire du Vardar ou d'Uskub. D'un autre côté, ou 
p^ut se rendre de Radomir ou de la plaine niaréca* 



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3aa KouviiLLEa aiticales 

geuse du Strymon supérieur (eu twp KAra30u).cbfià 
la vallée: de Sukova et à Charkoë, en Bulgarie^ 
presque sans passer un col; de Radomir^ on njonte 
insensiblement à Grelo ou Gerlo : une petite fente y 
donne passage à travers une crête de molasse redres* 
fiée par des dolérites; puis on traverse une élévation 
insignifiante de molasse, pour n'avoir plus qu'à des* 
cendre jusqu'à Charkoê et au Danube, au moyen 
de plusieurs défilés ou fentes et de petits bassins. La 
route de Komanova à Yrana, et surtout celle de 
Pristina à Yrana, ne passe presque sur aucune hau« 
ieur qu'on puisse appeler montagne ou col de mon« 
tagne. . 

a La chaîne centrale de Turquie se subdivise donc 
en une haute muraille occidentale et en une basse 
muraille orientale, dont la plus grande largeur 
n'exige jamais plus d'un jour de route pour être 
franchie , et dont le passage est facilité singulière- 
ment par des fentes courant souvent environ N. S. 
Entre ces deux murailles est un plateau avec diverses 
très petites murailles qui ne font guère masse, et sur 
le bord méridional duquel se trouve, au centre, la 
position importante et assez élevée de TOrbelus, 
point de partage des eaux du Yardar et du Strymon, 
et clé de la route joignant la Turquie sud balkani- 
que, ou la Romélie, avec la Macédoine supérieure 
et l'Albanie. 

a Le Despoto^dagh ^ on Rhodope des géographes, 
es( une chaîne bien plus large que la chaîne ceur 



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DES VOTAGES. 3a3 

trâlé;. elle commence à Dubnic^a , Rilo et Djumaha, 
et s'étend de N. O. à S. E. ou de O. N. O, à E. S. E. 
à la mer de Marmara , et continue en Asie-Mineure 
sous le nom de Taurus. La partie occidentale , qui 
porte les divers noms de RUo Planifia, Samakw 
Planina, Stanimak Plànina, etc», et qui comprend 
le Perin-dagh j situe au S. £• de Djumaha, est la 
plus élevëé : elle atteint certainement au-delà de 
6éoo pied$ , les plus hauts points peuvent bien aller 
à 7000 pieds; et, vue de loin, elle fait un effet im- 
jxilsanty présentant extrêmement peu de bas contre- 
forts alluviaux ou tertiaires, au nord, et descendant 
plus insensiblement à là mer Egée. Cette chaîne di* 
Ininue de hauteur à mesure qu'elle s'avance vers 
Peit. C'eàt un amas^ dé schistes très cristallins, avec 
beaucoup d'amphibolite , des roches de grenat , des 
couches courtes de calcaire grenu , et surtout beau- 
coup de granité et de pegmatite en filons , filons cou- 
ches ou coupole. Près des granités, le calcaire offre 
4jûelquefois , comme en Norvège ou en Ecosse, de 
beaux minéraux, tels que l'améthyste , des grenats , 
de ridocrase,'de l'actinote, de la trémoiithe, du 
pyroxène vert , etc. Près du couvent de Rilo, un en- 
trelacement de granité et de calcaire rappelle le& 
accidens de Glentilt en Ecosse, de Brévigen Nor- 
vège, ou d'Auerbach sur le Rhin. 

« Cette chaîne , en général très boisée; à sapins et 
mélèzes dans le haut et chênes dans le bas , est tra^ 
versée de fentes, de manière à offrir des v.uea pit- 



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.3a4 irOTTVJiLLES ANNALES 

toresques et des défiles très faciles à défendre. Elle 
forme aussi la position centrale la plus importante 
de la Romélie, surtout par sa liaison intime avec le 
grand système de montagnes porphyritiques et tra- 
chytique.de Karatova , et au moyen de ces dernière» 
avec rOrbeluSy appelé par les géographes Egnsu- 
daghy nom inconnu dans le pays. 
. a Les chaînes un peu plus basses du Pinde et de 
Y Olympe , quoique aussi à très petites plaques d& 
neige au mois de juillet ,- paraissent toutes les deux 
des chaînes de schistes cristallins; mais le Pinde a 
de grands contreforts de calcaire compacte. Yues de 
loin j ces chaînes paraissent former un arc de cercle 
ou les deux côtés d'un triangle. L'Olympe s'appelle 
en turc Chelé: on en apporte tout Tété de la neige à 
Salonique. 

a Entre JNovibazar, Ipek, l'Herzegowine et la Bos- 
nie méridionale, est un immense amas de monta- 
gnes , qui forme une chaîne particulière^ portant 
divers noms ; plusieurs rivières découlent de ce petit 
Saint-Gothardy qui ne paraît être composé que de 
calcaire jurassique, comme celui des Alpes, avec un 
dépôt de trias, comme dans le Tyrol septentrional. 
La hauteur des plus hautes cimes doit aller au moins 
à 6000 pieds. Là chaîne court environ du N. £• au 
S. O. ; elle est très peu connue et mériterait une 
étude géographique approfondie. Il y a beaucoup 
de bois et des pâturages alpestres. 

« En Bosnie, il y a aussi des chaînes intermédiai-r 



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BCà VOTAOBS. 3^5 

r«s, et de calcaire, probablemeùt jurassique ou de 
dolomie, qui sont au moins aussi élevées , surtout au 
S. £. de Mostar. 

« La Seivie n'est qrfun pays montueux et extrè-* 
mément boisé en bois de chêne; le sol intermédiaire 
récent (grauT^v^ckes, schistes et calcaire très coq mil- 
lier) apeine à se faire jour à travers les molasses, 
les argiles et les sables tertiaires; ainsi se sont for» 
mëesy au centre du pays, des suites de petites iiau- 
teurs courant environ N. S., et n'atteignant guère 
au-delà de 1 5oo à aooo pieds. Dans la Servie méri- 
dionale^ sur la frontière turque , s'élèvent de véri- 
tables grandes montagnes, à sommets dépouiwus 
d'arbres et couverts de végétaux subalpins ou alpins : 
ce sont le& montagnes de schistes cristallins de Jaztre- 
baczy le Plocsa et le Kapaunik, qui est composé de 
- schistes primaires ( intermédiaires ) , de calcaire , 
syénite et serpentine. 

« La Servie occidentale est plus monti^euse que 
la partie centrale , et a, comme la Bosnie, des chaî- 
nes calcaires à galène , assez élevées ( szokol). Dans 
la Servie orientale et la Bulgarie occidentale, j:ai 
trouvé une grande formation àe trias y qui ressem» 
ble assez à celui dés Alpes allemandes, et, .en le 
poursuivant jusque danà le Banhat, j^ai eu le plaisir 
d'y trouver les preuves que c'était bien un. repré- 
sentant du trias de l'Europe septentrionale centrale. 
En effet, ces grès y sont associés avec du porphyre 
quarzifère, des brèches de ce porphyre^ un grès 



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3^6 NOUVELLES ANJfALES 

rouge semblable au todtliegeode p^l nu grè$ houUler 
donnant du charbon de terre qollant ; I0 tout repor 
sant sur des grauwackes et des calcaines primdirâs< 
( intermédiaires ) rëcens (slettersdoirf)*. 

« Néanmoins^ la plus grande, partie de la chaiiM 
s'ëtendant environ N. N. 0.-S,.S^<£«9 depuis le dé* 
£lë du Danube jusqu'à Sojpliie ou à l'Hcemus, eàl; 
composée de calcaire compacte jurassique; aur/lè 
versant oriental de cette chaîne , les masses. $up«r 
rieures sont remplies de fossiles^ à p^u près^comm^iU 
Coralrag» C'est dans cette intéressanlè forn:iàiioa ^ 
reposant distinctement sur le trias (S. £^ de J7issâ> 
etc.) y que se trouve ce canal antique, qui rappeiUc 
celui qui est entre Annecy et Chambéry^ et cekt sur 
une grande échelle ; il formé la vajlée à plusî^^ur^ 
défilés qui conduit de Nissa k Sophie* La. mètne 
formation calcaire parait fort étendue dans le 
S. O. de la Macédoine , ainsi qu'en Albanie et 
Bosnie. 

a La hauteur atteinl^ par la; chaîne calcair;e ûb 
Bulgarie 9 peut être estimée peu au«dessus de ^qq^ 
pied^s; sa coupure la plus basse s^ troiuve %u $^£. 
de Nissa, entre cette viUé et la vallée 40.Timok: 
néanmoins, je.n'ai pas vu passer le.sol tertiaire d^ 
molasse par-dessus les cols les plus bas , quoique^ la 
molasse en ap|)roche fort près. Lie BXam^ pyramide 
qui domine au nord cette partip baas^> in'a offerl,, 
à son pied sud, un puits naturel, au fpnd dvquel il 
y a de la glace et de la neige en. étq^ les, gens du 



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DES VOYAGES. 827 

pajrs y vienaeat prendre de la glace pour les cafôé 
de Yiddin^ de Nissa, etc. On m'a assure que cette 
glace et cette neige disparaissaidùt en septembre, 
pour ne se reprodirire que Tété suivant. Je ^uis des* 
eeadu dans ce gouffre profond d'une quarantaine 
de pieds et j'y ai observé une température de i ou 
de 2** au-dessus du point de congélation , l'air exié* 
rieur étant à a3 ou a4* centigrades. J'ai aussi vu 
des gouttes d'eau gelée ou des stalactites de glace 
au plafond de l'espèce de caverne qui forine le fondv 
Voilà le Eût tel que je l'ai observé en compagnie 
avec le prince Milosch et ses ministres ; si je passée 
par là en avril ou en octobre, je- ne manquerai pas 
d'aller m^assurer de la vérité de l'opinion du pays 
aur cette glacière naturelle; 

a La grande formation crétacée, à nummulites 
et hyppurites dé l'Europe méridionale , s'étend de 
la Dalmatie dans la Bosnie occidentale et toute l'Al- 
banie; nous l'avons vue s'avançant de Scutari jus- 
<{u'au milieu du bassin tertiaire du Drin blanc. Nous 
avons aussi rencontré des parties isolées de cal- 
caire à hyppurites^ près de Bdgrade, non loiii 
de Novibazar, et des masses appartenant à ce dé« 
pot très probablement, dans le S. O; de la Macé* 
doine. 

a 'De&bassins tertiaires, semblables à ceux de Hon- 
grie, occupent beaucoup d'espace en Turquie, prin« 
cipalement dans les lieux suivans : la plus grande 
partie de k Servie! centrale^ jusqu'au-delà 'de ia 



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3îl3 NOtrVELT.ES ANNALES 

Morava servientie; toute la plaine de la YalaqQÎe^ 
tout le bord méridional du Danube en- Bulgarie; la 
grande plaine de Sophie , au S. de l'Hcemus; le bas* 
sin du Maritza , celui du Strymoa supérieur ou de 
Dubnicza^ Kostendil etDjumaha, celui du Yardar 
supérieur ou d'Uscub; celui du Yardar inférieur, 
sur le bord de la mer; celui du Drin blanc, en AU 
banie; celui de Scut^ri. Les roches sont principale* 
ment des molasses et des argiles ou des marnes, et 
peu de sables çà et là. Il y a'aussi, surtout- en Ser* 
vie, et vers le Danube ^ des calcaires coquillerster^ 
tiaires; en outre, il y a plusieurs bassins subor- 
donnés aux premiers, oii il ne s'est déposé que des 
calcaires lacustres ou des travertins, conxme dans 
le bassin servien de Rachina, les plaines de Kos- 
sova et de Hadomir, à Istip, Komanova, Gafadartzi, 
Yodena en Macédoine, etc. Des lignites existent 
près de Sophie^ de Dubnicza et sur le défilé du 
Danube. 

a Des trachytes ont fait leur éruption au milieu/ 
des molasses, et les ont déjetées et peut*étre ex-^ 
haussées 4^à et là : aussi nous avons trouvéde gran^ 
dépots de tracfayt^ et d'agglomérats, trachytiquei» 
entre Komanova et Straczin, entre ce dernier 
bourg et Karatova, entre Egri-Palanka et Kostén« 
dil. Ces trachytes ont formé de véritables barres 
dans d'anciennes vallées. Nous avons aussi rencontrç 
des sommets itrachytiques près de Nàvibazar, en 
Bosnie, mais de plus grands dépots existent au S, 



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àù Oàh^vj^îf ainsi, qiie {M*ès de Yodeaa en Macé- 
do^ne^y où dçs agglojtnérats ppnceux s'associent au 
travertin de ce beau Tivoli turc. Des buttes poin- 
tuç|^,fpu,, carrées de dolérite se trouvent près de 
Na|[pritch en Macédoine , à Gerlo et Charkoë 
en Bulgarie; cette roche est accompagnée de 
brèche. 

. . «UnQ variété de porphyre siénitique métallifère 
forfpe les environs de ia singulière ville de i^ara- 
tova; ce dépôt renferme des bandes à petits réseaux 
de cba.ux carbonatée et. de galène argentifère ^ etc. 
C'est l'objet d'une riche exploitation, et les seules 
mines, que nofjs ayons vues en Turquie, si nous 
y joignons un lavage de fer oxidulé , implanté 
en petits cristaux dans un pic^-schiste, près deKos- 
tendil. On est encore là dans l'enfance de l'art 
métallurgique et des mines. Ce porphyre siénitique 
est entouré 9 comme à Schemnitz, de tracliyte, d'ag- 
glomérats trachy tiques , et çà et là de porphyre mo- 
laire ou agglomérat siliciflé. Ces meaies s'exportent 
au loin. 

a Les filons épais de porphyres siénitiques qui , 
dans le«Bannat, traversent environ N. S. le soi pri- 
maire de grauwacke, etc., et altèrent le calcaire 
compacte et grenu, en y produisant des grenats, 
des amphiboles, des petits filets et mouches de 
cuivre pyriteux , etc., se montrent aussi çà et là 

* dans la Servie orientale, à Maidanpek, jusquà 
"Simdu, et Ton retrouve un semblable dépôt dans 

( l836.) TOMJS IV. 22 



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33o jrotTVEI-LÊS ANITAIES 

la Servie centrale (Rdduik) cl oeddentâle (sur 
ribar, au mont Kopauïiik), et probablétHent tn 
Bosnie. 

<c La serpentine a fait de nombreuses érntiftibns 
en filons et coupoles , au milieu du sol de grtu*- 
^acke et de schistes ^ dans la Servie centrale et S. O. 
Il y en a aussi dans le pachalik de Novibazar^ dans 
le pachalik de Pristina, et dans le S. O. de la Ma« 
cédoiiie. . • 

tf De superbes protigènes porphjrriques forment 
des groupes de montagnes sauvages, à l'E. du lac 
de Castoria, et sont placées entre des schistes et des 
calcaires fonces, et les montagnes le ga^$5 et de 
roches talcqueuses à siénite, qui s'étendent de là 
vers Bitoglia , Perlepe et Ochrida. 

a Les granités abondent dans les monts Rilodagh ^ 
dans le Perindagh en particulier, dans le mont 
Krechnâ. Il y en a à l'O. de Kostendil, qui sont très 
porphyritiques. La partie nord du bassin de Bitoglia 
est bordée à l'ouest de gneiss très feldspathiques, 
avec beaucoup de granités, tandis qu'à l'est, il y a 
des schistes cristallins, avec des doloniies, comme 
celles du Saint-Gothard; piris, plus à l'est, des 
schistes argileux et des calcaires compactes foncés. 
La Servie centrale a aussi du granité au milieu de 
ses grauwackes, près de Rudnik et Maidan, non 
loin des porphyres siénitiques métallifères jadis ex- # 
ploités. 

a Le phénomène des blocs erratiques pa^allétpàll^ 



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}gBr à . U Turquie eevivaki. Le iSs^ y «stble ^n àban« i 
<ij|06% surtout MT le Baoïâbe^ .. 

<r Le sol primaire ( intermédiaire ) de la Servie' 
ei d^ ^>BQ^if)^ mlf 'Comme celui de Nassau, riche 
60 tmw itucicUiies ou saknes (Haastn^Pascha, Pa<<- 
iabka^ Sukova «in. Sertie ^ I^^epenio^ eu Bosnie). Il 
y a bimicoup d'tfbao? /Ash»a&rj dans la Servie orien- 
tale (Banja, Banja près de Nissa), ainsi qu'au sud 
de la chaîne centrale (Banja sur le Vordar, Kos- 
tendil, Banja près de Rostanitz, Banja entre Ke-^ 
zanlik et Philippopolis, Âîdos, Novibazar )• La plu» 
part de ces eaux sont imprégnées de plus ou moins 
d'hydrogène sulfuré , excepté à ?)issa et à Banja 
près Âlexinitza , où Ton a peine à en trouver une 
trace ^ar les réactifs. II. est k remarquer que ces 
eaux sourdent toutes près de dépôts trachytiques , 
ou doléritiques y ou siénitiques. Ces eaux out une 
température qui varie entre 35 et 58" i/a R. 

«t Quant à ia direction des chaînes et des couches , 
la direction presque N. S. est la direction prédomi- 
nante dans la partie centrale des contrées visitées; 
celle N. O. S. E. se trouve dans la Turquie occiden- 
tale, jusqu'au Pinde et des deux cotés du Tchar- 
dagh, qui court N. E. S. O. Puis on trouve de nou- 
veau en Macédoine y en Romélie, à l'ouest et à l'est, 
les directions N. S. et E« O. La conformité entre les di- 
rections générales des chaînes et celle de leurs couches 
n'existe que dans la Servie centrale et dans certains 
lieux, comme près de Bitoglia , pii les couches cou- 



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33^ irÔUVBLLES iLiriTALES 

r€ttt IT« S; Âilleui's la direction des couokeJ^' coupe, 
celle des chaînes sous Utt^'ângle plus W' iTioilis 
aigu* » i ;•.. i. ->j-' • .. . : ^ . 

(M.,leJ>' Boué:termioe en annonçant <}t^il va' 
tr^Dsmeltre ses réponses aux questions géographi- 
ques et archéo^iques y que pluHeurs savaas de 
Paris lavaient prié de résoudre pendant $on voyage.). 



::rc[:^i 



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pCS VOX/LGSSr 333 



EXPÎÉpmON 

' ' D'ANS 

L'INTÉRIEUR DE L'AUSTRALIE. 



,,. .]je^g(mi[^liemeiit local a;fatt publier à ^ydaey le 
jrapport 4aas lequel le major Mitchell annonce le 
résultat de l'expédition dont il avait été chargé pour 
çxplocer. le cours, du Darliug. Ce rapport est daté 
del'Que^jt des IHLonts Harvey, 1^4 sept^nbre 18^. 

M. Mitchell partit le 4 avril de Buree, par une 
route noa encpre parcourue ;. son intention était de 
suivre ks^ terres hautes entre le Lachlan et le Mac- 
quarie^ espérant échappera la nécessité de traver- 
ser des rivières, ne pas courir h risqué d'être ar- 
rêté par des débordemens^ et étendre ses mesures 
trigonométriques ; le long de ces hauteurs dans 
l'intérieur aussi loin que ce serait possible. 

En trente jours , depuis son départ de Buree, il 
atteignit le Darling près de son confluent avec le 
New-Year's-Creèk. La nature du pays était si favo- 
rable à sa marche^ que jamais il ne fut obligé d'en- 
lever la charge d'aucune charrette^ de se fra^i^er avec 



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334 NOUI^Sl.» AiriVALES 

]gL hache un chemin à travers les br(>u3$9illç$ > ou 
de passer une nuit sans eau. A droite^ il avait le lit 
du Bogan , à gaucho ime ^«tpe de hauteurs dont 
les monfs New-Year sont les derniers. 

L'expédition éprouvja une perte bien doulou-^ 
reuse. Le 17 d'avril, M. Cunningham, botaniste de 
la coloniç^ $'4taBit éloigné de 3Qs compagnons, près 
de la source ^u Bogan, ils ne le revirent plus. Us 
discontinuèrent leur voyage douze jours pour le 
chercher ; enfin, on découvrit les traces de son chevalet 
et ensuite le pauvre aniipal mort ayant encore la 
selle sur le dos^ et la bride* à lar bbùdhfél'îl'te'atJut que 
M. Chïhninghattii yprèS^voîr perdu' fednèW^ili'aVâfït 
marché au iicyrrfj*ôn 'àuivît ses pas Vers le Bôgarf; 
puis vingt milles à l'ôrfest, îeldngdè cette TÎvi8te, 
on les perdit près d'nta endroit 614" les tnfl^ènea 
avaient campé récemment. On y trouvai ûû petit 
morceau de la basque de son liàbit et des fragmens 
d'une carte dans sàpoèhe. Deux tV*îlius dïfFéretftès 
étaient en ce moment lé long du Bogàn j on né put 
rien apprendre d*eUes sur lé sort de l'infortuné 
Çunningham. ' 

a L'intérieur dd pays, dit M. Mitchell, était leU 
lenient brûlé par une sécheresse excessive , que le 
marécage au^dessouis du plateau d'Oxley, dont 
M. Sturt a fait metitîon y était complètèmient à sec ^ 
et il ne restait plus qo'un petit nombre de flaques 
d'eau dans le lit du Bogan (le Ncw"Years-Ci*eekd^ 
çç yoyageur). ï>ai][s ux^e étendue de Soo milles a}\% 



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idesspM/» <|e <^Uç rivière , nous ne bûmes d'autre eau 
qu^ celle du JDarling ; elle avait un cours assez 
faible , et coulail à travers des rapides en quan- 
tité suffis^nt^ pour faire tourner un moulin. Par- 
4;out fi\l§ était aussi transparente que celle de la 
: source ^^ plus pure; elle perdait toute espèce de 
g^Mt^jiHiiâtre au»des8pus de la pointe extrême des 
^)l0Qt^:I^nl^P) ou un poteau composé d'une brèche 
•irès .^dûppatti^int le bord de la rivière en séparant 
ib^ plains qui sont a^-dessus de celles qui sont si- 
fiflP^s.pluÉI bas.» . , . 

. QU9^. ®^ arriva sur les rives du Darling, l'aspect 
Jilivomhl^ de cçtte r^vi^re engagea M. Mitchell à es- 
sayer quelle distance ilpourrait parcourir en bateau. 
jUe i^' jifii) il s^y e^oibiurqp^ donc avec la plus grande 
.pacûe.de, spf, nioi^d^^ ¥>ais les rochers et les hauts 
:i^ads élai^ent slfréque^s que le 8 il fallut reprendre 
le ehciniip de terre le long de la rive gauche du 
P^rling. 

a A mesure que nos bêtes devenaient plus faibles, 
le pays étaù plus difficile à parcourir : il offrait prin- 
çipaleincfnt des plaines nues , où la terre était trop 
légère pour retenir des racines, et assez compacte 
pour qu'il s'y ouvi^ît des crevasses qu'il n'était pas 
toujours sûr de traverser à cheval. Des fondrières 
in^praticables couvertes de polygonum junceum , 
finirent par la border à une telle distance que nous 
pouvions rarement camper à moins d'un mille, et 
. quelquefois à moins de trois milles de sa rive. Ce- 



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336 wouviïiii.s' AWJÎ'ÂXES 

pendant nous n'aurîoirs pas pu subsister san^j-^eétte 
rivière, elle contenait la' seule eau, et'feès b6r3s 6f* 
fraient la seule herbe pTour nos bêtesi - r •^'^'** • 

« Pavais ainsi chemina pendant 3oonliUesefi des- 
cendant le long du DàrlingV quand Pépuiéënieat de 
nos bœufs et la diminution de nos Vivres inè forçai de 
considérer S*îl ne conviendrait pas d'avantét^ dVecÛil^ 
troupe peu nombreuse , qui marcherait plus vite; 
tandis que le bétail fatigué se referait pouç retournât 
au lieu d'oîi nous étions partis. Mais avant '^é aie 
décider sur la séparation de ma bande, en présence 
de plusieurs puissantes tribus , je fis balte ^buc-^ue 
les animaux se reposassent, et Ton s'odcupa dé pré- 
paratifs pour la continuation du voyage. Mais au 
bout de deux jours, les mouvemèns que j'observai 
parmi les sauvages me coriVàinquirènt qu'ian* avali- 
sant^ au risque évident 'de compromettre- la sût^eié 
du détachement qui resterait ici j^ j'agirai» contre la 
teneur expresse des instructions du gouverneur, et 
en conséquence je renonçai à mou plan. 

a Les sauvages commencèrent à devenir très: in- 
commodes, la conduite de plusieursde leût^ -tribus 
était vraiment extraordinaire. Nous ne pouvions 
espérer de les pacifier, non point^ar crainte de leur 
part. Au contraire, plus nous faisions d'efforts pour 
subvenir à leurs besoins réels et leur montrer de la 
bienveillance , pluç ils semblaient convoiter ce cftii 
leur était entièrement inutile, et plus ils ourdissaient 
. (Iç trames pour notre destruction. Quelques-uuea^ 



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•^ »ÉSî* VOYAGES. •' 3^7 

de leurs'céfétiifo^ïés.tlifréf aient tatalement de cdten 
'des 'tràbiis' plus rapprochéeis' de la 'colonie; par 
^"éïèinple, ils agitaient '-tinè^ ipànchie ^d'arbre, après 
^Fàv6i^ d'abord posée snr le feu, eâ tidils fâisàtlt des , 
gestes farieux; ils nous jetaient de la poussière avec 
leurs orteils et crachaient sûr npUs. Eùffin ils%ous 
Mtaquèrent. Des trois individus4es plus outragéux, 
debx furent tués; le troisième , qui' était le chef ^ 
eut la mâchoire fracassée d'un coup ^e feu; le soûl 
dommage éprouvé de notre côté fut un coup de^ 
massue donné par le chef qui abattit un de nos. 
''botiimes portaiit de Teau; il voulait s'emparer de. sa 
•lûarmite. 

Alors les sauvages rétrogradèrent et comme» le 

^passiige dés charretïes avait fd^ftié^ène vqie, fe iet- 

tour fut bien pl&s facile pour nos bêtes qui ne firent 

*^ue de petiteis marches ,ise reposèrent de temps en 

«tën^psy et le lo'aèût arrivèrent ail dépôt à peu près 

-& douze milles au-d^sous du confluent du BQgttn. 

- tf Le pays à l'ouest du Darling est diversifié pffr 

"des- groupes ^pars de collines et des moniislgnjss 

basses dont'léti èhaîne» sojé^ interrompues'^^' dt là| 

de soi^è qu'elles r^semhlont à dés îles; niais Tâih 

'pect général de la surface n'annénçàit pas l«'pëé« 

sence de l'eau dans ce moment. Du haut de deux 

collines , toutes deux d'à peu pr^s une douzaine de 

milles à Toûest du Dariing, et éloignées de 70 milles 

l'une de l'autre, je découvris le pays à une grande 

^istance ; mais de chacun de ces soncimetsi je n'aper» 



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S3f9 NOPH^LLSS. AM9ÂX.ES 

i0» ai (umé^p pi même l'gpparwç^.d'uu ai:)i>re; 
loute la fîQntrée ët^it couverte d'une e$p^c^ de 
buwon, forfpaujt un haUier tpuffu, ^Vec quçdquiçs 
intervalles plua ^verts^ maU parseiufs de buis^tfs 
plu^ petits. Durant Ifis^ quatre .mois, d'bi ver qui vien- 
,pwt de ^*éçOiïler, p^is un seul grotipcj d^. puage^ fie 
a'çflit réuni 9ur aucun point .d^rjtioria^oa,.pafi ^ne 
e|^tt9>^'^u n'es^ .tombée-^ il n^ & paan^u^ ^M.de 
rosée ; ks. vents de Touest et du:nprd?ot|est , ch£|ud& 
H brûiansj aemblaieiH isouffl^ s^r. une région dans 
liiiuelle il ne re&tait nulle buoitdité. ,. i 

. «I Dans un coura de 3oo^ Uwe^ r.h DarUftg Ue 
recevait d'aucun côté Teau d'une seule rivièri?, JHI 
. d'utae chaîne d et^nga. Wle& éfi^iwt réten4ue des 
plaitea qu'il I|^v^er4e, la pr^^ondi^ur et la qualité 
."«bscdbante de k teiîre,. qu «ttife.grftndf^ quantité dp 
il'eau du débord^n^nt paraît jr 4tim reténuetyiind^ 
,pend4immeiU de loui ce qijà vifii|.;d$f fç^9^q^|f|j^ 
.ék^gliés. On peut supposiçr qften'eat de ce^tte mà- 
'fltèré.que $bnt appri>visionnée$ les sources par les* 
rqneUea la rivij^re est alimentée durant Ja saison <a.f>- 
^ttielle de la séeUeresse* Ce^ pUiniA aii^rbiuiites s'é* 
tfndent^ terme moyen, à peu. près à cinq milles^ de 
•|}lMique côté du Darling; des coteau;^ de sable mou 
.et rouge les bornent en se reculant à peu près à trois 
milles plus loin : il leur succède des ondulations de 
.gravie diluvial^ d'une brèche siliceuse très dure^ qui 
œtgnent la base des collines composées générale^ 
iwnt de grès primitif. Le pays à l'est du Darling 



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s élève gp^4aeîIfilttw,t, eii affvîèc«>?Tersî)e^cDtamrx 
par lesquels je m'âvdnçai vers cêlté rivière. Là ^ h» 
terres hautes sont plus liies entre ellei, £t 'envoient 
(ÇA bas des;cJiaîii€S d'étangs qui paraissent être ab^ 
^rbés dans les plaitues. La même espëoe de btiksoii 
cou vite là première régîob dès hnoléura le^ pius V^^ 
coulées de cbaqne c6bé du Darling^ ide aoMe qiie- )e 
i^ai^ctère, le8trait& et la direction des faiU^d'iae 
pwvaif^t: pas bien se distiôguer du htiil des Oét- 
iines Voisine» d^ cette rivière* La direction g^ërate 
4e'aoiii i^urav aufantqae j® Fai exploré , soqs la là- 
ûlMdQ 4u foiid du golfe Spencçr^ était one6t<-8uâ-ot|i«s|t 
(varialioti^S*' ay)iXela mènerait à Pouçst du^-golfr . 
Saint-yiôceiit> si la longitude du Barliiig supérieur 
était exacte; mais je fais la longitude de cette ri- 
vière^ sous le parallèle des 3o* 5', près d*un:éegré 
pliis orientale, et depuis cette longitude , le cours 
général se rapproche beaucoup plus de la jonction 
supposée plus bas, quoiqu'il soit beaucoup à Touést 
de ce point tel qu'il est marqué sur les cartes. 

« En qtfittant le Fort-BouVke (3o" 7^ laU S., i45* 
5a' long. E.;, je contihuai à relever le cours du 
Darling en prenant des mesures , opération que je 
rectifiai par l'intersection des points éloignés, et par 
des observations de latitude; je poursuivis ainsi 
jusqu'à la fin de moa voyage; je me trouvais alors 
parles 32*^ 24' 20'' S. et par 142** 24' 20'' de longi-^ 
tude est, déduite de ce relèvement. 

<f Ayant reconnu que la plus occidentale de deu^c 



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r34o irOU VSUUS8 ' AANALES 

mikieSfirzrmséos par> te oapttaine StrUtt , dans 
min voyage ah-delà ^ da Macqume ^ eçt le Bogati^ 
j«t dësireux de'coitnaitre la source de ^ràttt^e nom^ 
4)4ée Duck^Creei (crique au canard), je chargèîiî 
M* Larmer d'explorer son'x^ours; il le remonta jus- 
ipi'à «Il grand lac jsitué le long de ses bords , et da^ 
^uel d'autres lacs réttniis par des canaux conduisent 
également dans cette rivière. M« Larmer trouva que 
4ws plusieurs endroits son eau était excellefii%^; 
ifaais le lit du Mâcquarie était à sec dans le lietfit>& 
U'Ie-rejoigniL II parak donc que U pente de confie 
^y$ étant vers roiiest, le surplus des eaux du Mlàfé^ 
t^ùarie est porté auDarling par le Duck-Creek^ qui 
'fi>rnie un canal séparé à Foueat des marais. 

( Asiatic journal y mai 1.836. ^, .,, , 






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DES VOYAGES. 34^ 



BULLETIN. 

ANALYSE CRITIQUE. 



Description génér^^jlè de la Chine, par M* L F. Davis^» 

No^s ne crajons.paa nous tromper «n dëclarantque dans 
le inonde entier il n'y a pas de pays civiJiM ou sauvage sur 
lequel ob ait des notions aussi incomplètes et aussi peticer^ 
tajQQ^quesur Ten^ÎBe chinois^ probablsment le plus ab- 
ci|n de l'univers. Qdellèé sont les lois y les coutumesy \m 
.ân^tilutiQiid^ qui^ depuis tant de siède», ont servi à régir 
une population innombrable^ et à la maintenir dans un 
ordre constant et dans unevparfaile soumission aux autd-* 
ri|^ çh^rgélfts de veiller sur elle ? Nous ne pouvons alléguer 
'que notre défaut de connaissances précises sur cet objet 
impoi-tant provient de la conduite d'im gouvernement qui 
env<»loppe tous ses actes d'un ^le mystérieux » ni d'un 
manque de renseigiiqbaeps écrits ou recueillis. £o effet, il 
existe .une multitude d'ouvrages nationaux authentiqué»'^ 
tout genre, dont nous avons même ^plusieurs traductiône 
dans nos. langues européennes; mais malheureusement ces 
versions sont ou . trop libres ou trop littérales , et de plus , 
1^ difficultés queprésente.la singulière syntaxe de la langue 
chinoise j, ses noiE^re^sesjaétaphores et les allusions 4or 



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34a ïfODVSIXM XtXlXktÈS 

cales dont die abonde, sont cause qu'on ne peut toujouH 
se fier entièrement à ces versipns. En ajoutant à ces otn- 
flticks les restrictioD$ siSvères apportées aux relations des 
étrangers avec les habitans ; et qui équivalent presque à 
une piohibltion complète ,' excepté ^^s le seul port de 
Canton 9 on trouvera aisément 1 origine de Ja disette de do^ 
'cumens exacts dont n^ys avons parié. D'ailleurs, il esta 
remarquer que les affaires éommerbiaiei , dcMii on s'occupe 
dans ce port^ ee bornent en grande partie à une échange 
de .draps fins contre du thé, et à un trafic frauduleux 
d'opium, et qu'elles n'ont pour interprète qu'un jargon 
llâmrd , moitié aqglais , moitié chinois, entremêlé de quel* 
qu^ mots d'un iâat|vâk(^^tùgais. Ëf yéïilité^ légende 
Canton , car les Européens ne sont pas admis dans la ville , 
est, si on veut .le ciMnpaiier' Avec le^ rester de iaChîfie, ce 
qu'une petite viU4 tnUritimf d'An^ntoive. «at au risst^ d&î 
tCQr^nilie. 

,lliif!£«écessak%dè |}onsulter les'jai^lears iiffedet4ë9 
mif^ i^ep^ignemeosesaetf iseiatîM ia CbÂneet à se» n^-^ 
]H«fMix.i4ibilao»^ Hpiftr anjver àJUa&îoÉte^ppréiiifttiCMlâV* 
vmg K|tie> d'^e» Hdlré 8eiitJBMbt.^iil8 ^dcivent €é»if|ia^ 
le9^ .nations Ctt$iliiiée0icaf tlsns sommeslittimcéieât con^' 
if^iicaii.qiii'«in ea^pire qui éontiewtà]>e«i/prà^«fâr.d<^iiéfl^ 
psocti^Bid^ la portioà MabttaUe dtt::glDbé et une po)>iiliatk»ii 
^ui «fti^MSâ 4e beaucoup Jias.pltts gi*ands état» de l'Eui^pey 
ffltunphéQQmèiitt dans la soienoe du gouvaiiMnieiiWt dé 
l'&MlHmâpubUqiie^ digne di&touiel'«lteâti^ de ûoseoiH 
tiiéea ocoidentalesi La. snrfaee de la 'Cyi{«) d^près hs 
iMUenreacartea^ip^tAtre évaluée à a6d^|[>oO:]|pues car'» 
réeS) ^/d'après un dénombrement rédent > M pojpolatiôft 
s'élève au diiiFre énoL'me de â6o mimons. La dlètribtttiou 
des teitrek en Chine n'est suns doyte pafrf^Oâtetaiétit égàll» 
eairt ka familles , maîa les dispn^portlofi^ lie «oâl pas eoih« 



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sid^i^bled ; it n*y à dotvc -paK d'un ùètà à&é pk-^opriéV^ife» 
eio^mMiii^cb6B> et dé Vautre une ^^uUiitoti 'ttcmmm 
éefisim, tothtke éttïrlaode , pài* «keAi^e.' fl«mai<4Uôild ë|(* 
ootrt qu'en Chiné il ti^y a point de pptUHàs qui exeirëi»^ 
ktu^ bUailieé^àl^Q«fiaBâiiiat) Il û'y a pas d'assémbyei ëédl^ 
tîattM> da ffîaurtres au milieu ééa téisèbièë dé la rkLit\ 
oon{»arëa à l'Irlande^ la Gfaiiià aftt tfârtérîtabk paradis t^f- 
rcatt^i ' ' :;■.'■ '1 ' .::_ 

M. David n'arieft â^ligé pour ùnre ^nhahra les ibfe «t 
kà institutions d'Ud0 iiatioâ-à laquelle on ii^a ][>eutr4t¥«'pas^. 
s*endu la justice qui lui est due^ etpoap remplir la tâeii« 
difficile qu'il s était împO«lée > il s'est heureusement trouvé 
dans une position fatorabla que peu d^Européens ont pW 
paHager. Il a réside vii^gt ans à Canton , oii il est paf^enfa 
à k place honorable da ehêf de k loge anglaise; il a ae-^ 
cdmpagné lofd Amherst dans son atnbassade à Peki^g> «I 
H est du petit nombra des savaiis qui connaissent paiiâHiH*'^ 
niant la langue et k littérature chinoises. Il a traduit en- 
anglais des romans , dies mom^eaus de poésie , des o^fragev/ 
dramatiques ehinois* Oii sait qua k fradoctiba' dt aetté 
darnière espèce d'ouvrages présente 5 à raison dés spécialitët^ 
i^iationakë, de gi^aves difficulté dans toutes les k<l(pilM-f 
éRo» en ofira da plus gi^tides e^cora dans la kngua'^cbli* 
noise , qui n'a d'analogie avec aucune autre. On peuidotl|> 
regarder k travail qu'il soumet au publk comma ranfôr^ 
mant d^une manière àiISBi complète et ausài exacte qu'il esi 
pofliibk ks observations et les notions les plus précieuses sui^ 
ce singulier peuple , sûto gouvarneiiient ^ ses lots , sas4nati^ 
tutions^ emun mot toute son organisation sociale. Peut^tn» 
la distiibution n'en est-elle pas auseâ mAhodfque qu'il so^ 
raît à désirer et ks répétitions 7 sont^lleé trop fréquentas y 
maia rien n'y est omis, à t^xcaplioi^ de oe qui conaarm^ 
l'histoire nattfreik. ^"'- 



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344 vdtmtLBS AmiÀLCs 

. %\y:fk de'forlearaiioiis de croife .^uè besCbidoîs toiit Uti 
p9fl9l«, primitif) <^t4rdire qu'iUjse aont 4taUi8 lespoo^ 
i|^^r9t.4l^Dfl^l)94i'plaifte4: 49 la;Ç]Û9ie# i^çpuis une ,^{K)!q«iè 
çattit|m«aiJeDt raei^l^^ ;< $»ai» qu'ils nàjas^t descendus de« «é^ 
gipu» QOQt&giieiifiQfi^quibornénf l^ur-^mpir^à Vpvteai et nui 
nordrouest ^ ouqUe* ipabsbitatt9..-a€)Hiel9 de cm montagoeik 
eqieDt iteas des JiâlntaM dç k p^9i«ê ^ .p!e«t lili ■ p6iiit; sur. 
lequel on ne peut former que des conjectures; cepeodwit 
il est plus que'proh^le que les uns etlesgutredont une bfi- 
gip^conimunei et que les travaux de l'agriculture ont peii^ 
éM succédé à. la ¥Îe nomade des chasseurs et des pasteurs^i 

a Sans essayeri dit M. Davis ^ de dénier à laChif<é.une 
très kaute antiquité^ il e^t aujourd'hui génératememt ^admié 
sur le témoignage, des historiens nationaux- les plus. oB^q 
mes qu'il y a euà cet égard une grande exagération, là 
Chine, comme tous les auti^es pays, a sa mythologie, et^t 
8ous<tette désignation, nous pouvonë ranger les personnages. 
appels Fo'hi'^ ChinrMng et Hàmt^g-^ii , eV.lwm suœ^sn 
seiirs immédiats qui, de même que lies demi-<dieux et \^, 
héros dte la-Giride fah^leuse, par la Bupéric^i^é delei^rJu^i 
ttflUgeitiOe et la pipt^ce de leur génie , Di»t tiré l'e^pcic^, 
hum^ÀQ^a de la bai'barie dans* laquelle elle était plongée , et 
que la reconnaissance a décorés de tous les attributs de la 
4fvinité.» , . 

Que des hommes plongés d^ns la barbarie aient vudana. 
œu Jc qui les avaient arrachés à cet état d^ êtres d'une coa- 
' dition surhumaine , et si Chin^nong" , ou le dmn iaàoureur^ 
enieigDfr à ses compatrîoies les premiers élémens. de l'agri- 
culture , et si Hoangriérût un partage des terres entre lea 
familles^ et inventa un cycle de soixante ans pour les 
metjtreen état.de tenir note des événempnset de distinguer 
la manche des temps et des sail$ons, il n'est pas étonnant 
que des personnages si bienfaisans aient, excilé la gralitudei 



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DES VOYAGES. 34^ 

de leurs contemporains ignorans , et que leur mémoire vé- 
nérée ait été transmise à la postérité. Quoique entremêlées 
de fictions y ces vieilles histoires reposent sans doute sur 
des faits réels qui nous donnent à croire que ces bienfai-^ 
teurs de l'humanité ont existé. 

Les meilleurs historiens chinois leur donnent pour suc- 
cesseurs les Cinq souverains, dont les deux derniers^ Yao 
et CAufi sont regardés comme les modèles de tous leurs 
successeurs jusqu'à ce jour. Ckun vivait à l'époque de la 
grande inondation qui couvrit toutes les terres basses de la 
Chine y et que quelques-uns des premiers missionnaires ont 
confondua à tort avec le déluge dont il est parlé dans la 
Bible, quoiqu'il soit évident qu'elle était le résultat du 
débordement des eaux du Hoang-ho (fleuve Jaune), comme 
on en voit encore périodiquement. Yuy le grande ayaçt 
employé huit ans de travaux à dessécher le pays inondé , 
fut choisi par Chun pour être son successeur. Cet événe- 
ment semble remonter à environ a,ooo ans avant notre 
ère. «Mais, dit M. Davis, les Chinois n'ont point d'annales 
écrites antérieures à Confucius , qui était presque contem- 
porain d'Hérodote. 7> Confucius était né 55o ans avant 
Jésus-Christ, et les Chinois ne s'accordent pas sur l'époque 
où il commença à recueillir les monumens historiques. Ils 
embrassent cependant les AnnaleSy quelles qu'elles soient , 
de Yao et de Chun , dont il cite souvent les paroles et les 
doctrines , en recommandant à ses concitoyens , dans plu- 
sieurs parties de ses œuvres, d'imiter la conduite et les 
vertus de ces princes. La civilisation avait donc fait déjà de 
grands progrès avant le régne de ces deux monarques. Les 
Institutions sacrées qui successivement , par les ordres de 
chaque empei'eur, sont communiquées deux fois par an 
à la multitude rassemblée pour lui persuader la nécessité 
de Tautorité paternelle; s'expriment en ces termes: ce La 
(l836.) TOME IV. 23 



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346 irOUVKLLES ANNAIXS 

sagesse des anciens empereurs Yoù et Chan a pcmr fande^ 
ment ce lien essentiel de la société humaine* d L'empereur 
Kia-kingy quand il écarta du trône son fils aine, justifia 
cet acte par l'exemple de Chun y qui avait conféré l'empire 
à Ju à l'exclusion de sa propre famille. Si de tels princes ^ 
révérés encore aujourd'hui comme les sages et saints mo- 
dèles de la politique actuelle, existaient s^ooo ans avant 
Jésus-Christ, la civilisation de la Chine doit nécessaire* 
ment avoir précédé leur règne de plusieurs siècles, a S'ils * 
ont, dit Toltaire , plus de 49<^oo ans d'annales, il faut bien 
que la nation ait été rassemblée et florissante depuis plus 
de cinquante siècles , d et quoique cinquante siècles soient 
une large concession , nous n'avons pas besoin d'a£Brmer 
que jamais ces illustres personnages n'ont été surpassés en 
sagesse, en modération et dans l'art de bien gouverner 
leurs peuples. 

M. de Guignes est le premier , à ce que noua croyons , 
qui ait hasardé la conjecture de faire descendre les Chinois 
d'une colonie égyptienne. Paw, critique et commenta- 
teur malin des écrits des jésuites sur la Chine , a démontré 
le peu de fondement de cette supposition , et nous conve- 
nons parfaitement, avec M. Davis, que cette opinion n'est 
appuyée sur aucun témoignage direct ou indirect. En effet, 
il n'y a pas la plus légère similitude entre les caractères 
chinois et les hiéroglyphes égyptiens. Enfin , sous le rap- 
port physique , les formes , la couleur , les traits des deux 
races ne présentent pas la moindre analogie quand on exa- 
mine les Coptes actuels, les momies et les figures tracées sur 
les édifices, car ce sont les types véritables des anciens 
Egyptiens. Et quant à ces ouvrages gigantesques , ces pyra- 
mides , ces obélisques , ces tombeaux y qui ont supporté les 
ravages de trente siècles et plus , les Chinois ^ bien loin d'a<- 
voir aucun monyipent qui puisse leur être comparé , n'oiit 



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^ DES VOYAGES. 347 

IpMy à Texceptioa de la grande muraille^ une seule cons- 
truction dont Tancienneté remonte à plus de deux cents 
ans. * 

Un fait révélé récemment semble venir à l'appui de ceux 
qui pr^ument qu'il a existé , dans des temps très éloignés , 
des relations entre l'Egypte et la Chine. On racontait que 
M. Rosellini avait montré, à Florence, à un voyageur anglais 
une espèce de vase à parfums , évidemment de porcelaine de 
la Chine , et empreint de caractères qui , d'après toutes les 
-apparences, devaient être chinois, M. Rosellîni les avait • 
tix>uvés lui-même , ajoutait-on , dans une tombe qui , pro- 
bablement^ n*avait pas été ouverte depuis le règne des Pha- 
raons. Nous avons vu depuis deux de ces vases que lord Pru- 
dhoe avait achetés d'un fellah à Coptos. On en avait offert 
d'autres à ce voyageur, qui apprit qu'on lés avait rapportés 
de la Haute-Egypte, mais il n'était nullement question qu'on 
les eût trouvés dans un tombeau, et il n'y a pas de doute 
que les caractères sont chinois. i 

Mw Davis a considéré sous un point de vue judicieux le 
^uvernement et la législation de la Chine : ce On sait, dit-il, 
que V autorité paternelle est le modèle ou le type du pouvoir 
politique en Chine. » Cette autorité, la plus naturelle et la 
plus familière à chacun , depuis Tenfance , peut avoir con- 
duit les législateurs chinois à la regarder comme devant 
être , moins que toute autre , mise en question. 

Ces vieilles maximes indiquent déjà une société civilisée. 
M, Davis nous apprend que le gouvernement, tel qu!il existe 
aujourd'hui , ne s'en tient point aux simples avertissemens. 
Il appelle à son aide la cangue et le bambou; dans de cer- 
-^aines occasions il porte à un haut degré la sévérité , rinhu- 
' manité , la cruauté ; il pénètre dans les secrets de la vie do- 
mestique ; il donne au père droit de vie et de mort sur ses 
«nfaiis ; il peut même transformer en rébellion une querelle 



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348 NOUVELLES ANNALES 

f 

particulière ou une brouillerie de famille , et quand cela 
s'accorde avec ses vues^ il sait j trouver un acte de trahison « 
Lé dernier empereur a donné un exemple ten^ible de la fa*- 
cilité avec laquelle il n'hësita pas à aller au-delà des lois dans 
un cas entièrement privé , sans le soumettre préalablement 
à aucun tribunal , et , cependant , ce peuple proclame , et 
l'empereur lui-même répète , que malgré sa haute dignité îl 
doit obéissance aux lois de son pays comme le dernier de ses 
sujets,. Laissons parler M. Davis : 

(( Un mari et sa femme s'étaient fort mal conduits avec la 
mère du premier , et avaient été même jusqu'à la, frapper. 
Le rapport ^n ayant été fait , par le vice-roi , à la cour de 
Péking , on arrêta en conseil de corroborer d une manièi^e 
éclatante le principe fondamental de l'empire. Le lieu où le 
désordre avait éclaté fut anathématisé y pour ainsi dire , et 
maudit ; les principaux coupables furent mis à mort ; la 
mère de la femme reçut la bastonnade , fut marquée d'un 
fer chaud et exilée pour le crime de sa fille ; on défendit, 
pendant trois ans , aux écoliers du district de subir aucun 
examen, et leur promotion fut retardée; les magistrats 
furent destitués , et la maison habitée par les délinquans fut 
rasée jusqu'aux fondemens. — Le vice-roi, ajoute l'édit, est 
chargé de le faire connaître et de le répandre dans tout 
l'empire , afin qu'il ne soit ignoré de personne, et si quel- 
ques enfans rebelles résistent à leurs parens, s'ils les battent, 
les injurient et cherchent à les avilir , ils subiront la même 
peine. Peuple , si tu reconnais l'excellence du principe que 
je remets sous tes yeux, sois saisi d'une qrainte salutaire^, 
obéis à la volonté impériale et ne regarde pas cette procla- 
mation comme une vaine publication. J'enjoins aux magis- 
trats de toutes les provinces de faire savoir mes intentions 
aux chefs de familles , aux anciens des villages , et de lire 
publiquipment les Institutions sacrées le a et le 16 de chaque 



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DES VOTAGES. 34g 

mois , afin de montrer l'importance des relations de la vie 
et que personne ne puisse se révolter contre ses païens ^ car 
je veux rendre 1^ empire filial» — Cet édit était adressé à une 
population de trois cents millions d'ames. » 

Telle est l'administration de ce pays ; belle en théorie et y 
sans doute^ généralement efficace en pratique. Nous voyons, 
par l'exemple que nous venons de citer , qu'un empereur 
de la Chine peut être parfois aussi despote que les souve- 
rains les plus absolus, ce En- pratique^ ajoute M. Davis ^ il 
j a beaucoup d'abus inévitables , mais au total et en dernier 
résultat la machine marche bien , et je répète que rien ne 
démontre mieux le bien-être général que tout ce qui cons- 
titue ^extérieur de la nation la plus industrieuse ^ la plus 
gaie, la plus rangée et la plus riche de l'Asie. » 

Ce système d'autorité paternelle sur lequel le gouverne- 
ment est fondé y cette piété filiale si vantée par les jésuites , 
semblent avoir été justement appréciés par sir Georges 
Staunton (i) : <c Cet état de choses , dit-il, doit être regardé 
plutôt comme une règle générale de conduite que comme 
l'expression d'une affection profondément sentie, d II con- 
vient cependant qu'au milieu de tous les changemens et de 
toutes les révolutions que la Chine a éprouvés , il n'a pas 
cessé d'exister dans toute sa force , appuyé par des lois posi- 
tives et sur lopinion publique. 

Les Chinois^ à quelques exceptions près^ portent une 
grande vénération au ta-hoang-ti , le grand empereur et le 
père du peuple. Son nom leur inspire , dans toutes les cir- 
constances, l'idée d'un bienfaiteui*. Quand un criminel est 
condamné, une grâce de l'empereur adoucit les ligueurs 
du jugement ; dans les temps de famine, il ouvre les grenier» 

(i) Sir George» Slaimton a donné la traduction du code pcnal chi- 
aois. 



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35o IfOUVELLKS ANNALES ' 

publica ; le Hoang-ho ( £leu?e Jaune ) francbit-il «es rifi», 
ravage-t-ii les campagnes^ Tempereur puise aussitôt dans 
le trésor public pour indemniser ceux qui ont souffert du 
débordement des eaux ; quand l'état de l'atmosphère et des 
pluies trop abondantes font pâtir lesmoisaons, le pèiredu 
peuple s'humilie lui-métne et offre un sacrifice solennel 
dans le temple consacré à la Terre; il encourage Fagricul- 
ture en conduisant la charrue de ses propres mains y au 
printemps de chaque année; enfin il donne un repas oii les 
pauvres et les vieillards sont invités , et leur distribue d^ 
vivres et des vêtemens. Tous les actes de grâce et de bienfai-^ 
sance de l'empereur spnt insérés dans la gazette de Pékiog. 
Feu Kia King se leva un jour de son siège pour prendre 
par la main un vieux serviteur qui était venu à son au- 
dience. Le jour de la naissance de ce prince , parvenu à sa 
soixantième année , fut célébré dans- tout l'empire par nu 
jubilé général. Cette fête fut accompagnée > comme en pa-* 
reille circonstance , de la remise de tout l'arriéré de l'impo-^ 
âtion foncière , d'un- pardon général accordé aux crimi-^ 
nels y. ou de Tadoucissemenl de leur peîne^ et de l'admissioa 
d'un nombre double de candidats aux différens degrés des 
examens publics, oc Cette solennité^ dit M. Davis ^ célébrée: 
par trois cents millions d'individus^ à l'occasion de Fâ^e 
d'un homme, a quelque chose d'impo^nt et ne peiit 
avoir lieu que pour un empereur de la Chine. i> On cherche, 
d'ailleurs, par toutes sortes de moyens, d'environner le 
monarque du respect public. Personne ne peut traverser lar 
porte extéiieure de son palais en voiture ou à cheval ; tCHit 
le monde , sans distinction de rang , doit abaisser la tête de^ 
vaut le paravent jtmne de soie ; on ne peut parler qu'à voix 
basse en présence de l'empereur ; à la réception d'une dé- 
pêche impériale on doit se prosterner devant ^le et brûler 
des parfums ; l'empereur seul a le droit de passer par la 



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DES VOYAGES. 35 1 

porte du milieu de son palais, etc., etc. Il a le titre de fils 
da Ciel y et on lui rend les honneurs divins, quoiqu'en sa 
qualité réelle et mondaine de fils il soit astreint à rhumi- 
liante cérémonie de se courber jusqu'à terre devant sa mère ; 
enfin lui seul , entouré de ses ministres , offre de Tencens et 
des victimes dans les temples de Gonfucîus , du Gel et de la 
Terre. 

Les rouages du gouvernement de la Chine semblent avoir 
été disposés et arrangés dans la vue de faire jouir la nation 
d'une paix continuelle. Le grand conseil d'état se compose 
de quatre principaux ministres , deux Tartares et deux Chi- 
nois, auxquels sont attachés un certain nombre d'assesseurs 
choisis dans le collège impérial de Han-lin , où on étudié 
et .explique les livres sacrés de Gonfucius. Ces divers per- 
sonnages forment , en quelque sorte , le cabinet ou conseil 
intime $ mais l'expédition des affaires est confiée au leou-pou, 
dénomination générale qui désigne les six conseils ; savoir : 
1 ^ le /i-pou (conseil des mandarins), nomme tous les fonction- 
naires publics de l'ordre civil, surveille leur conduite, tient 
registre de ce qu'ils font de bien et de mal, et en instruit l'em- 
pereur , qui punit ou récompense d'après son rapport ; a^ le 
hou'pou (conseil des finances) règle tout ce qui les concerde ; 
3^ le fy'pou (conseil des rites et cérémonies) a dan s son dépar- 
t^sment les coutumes et les mœurs publiques; 4*^ le ping^pou 
( conseil des armes) est chargé de toutes les affaires mili- 
taires ; 5^ Le king-pouy cour suprême de juridiction crimi- 
nelle \ 6<^ Le kong-pouj conseil des travaux publics. Toutes 
les nominations et tous les réglemens relatifs à l'administra ^ 
tbn des provinces et des cités de l'empire émanent de ces 
consuls qui siègent dans la capitale. Les gouverneui*s et 
magistrats civils, partagés en trois classes, prennent rang 
suivant l'ordre et l'importance des villes dont l'administra- 
tion leur est confiée; le nombre de ces magistrats civils ,^ 



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, 35a NOUVELLES ANNALES 

dans tout l'empire ; s'élève à quatorze mille. Tous les trois 
ans, les vice-rois adressent au li-pou un rapport sur les 
noms, la conduite et les qualités de leurs subordonnés; et 
c'est d'après ce rapport que le conseil rédige son travail ; 
a règle, dit M. Davis, qui diffère peu de celle qui a été 
adoptée récemment dans l'administration des Indes an- 
glaises. » 

Une des particularités les plus remarquables du gouver^ 
nement chinois est la charge des censeurs, a Ils ont deux 
présidensy.l'un Tartaré et l'autre Chinois^ et sont au nombre 
d'environ quarante ou cinquante, parmi lesquels on en 
choisit plusieurs, qui sont envoyés dans les difiEerentes pro- 
vinces de l'empire, comme inspecteurs, ou plutôt, peut- 
être, comme espions impériaux. D'après un ancien usage 
ils jouissent de la prérogative de pouvoir présenter leurs 
avis et leurs remontrances au souverain sans courir le dan- 
ger de perdre la vie ; mais ils sont souvent destitués , dégra- 
dés et punis quand leurs requêtes déplaisent et sont incon- 
venantes. Il en existe un exemple encore vivant dans la 
personne de Soung-ta-Jin , auquel avait été confiée la mis- 
sion de conduire l'ambassade de lord Macartney , et qui , 
dans un âge très avancé , se trouve , à cause de la hardiesse 
et de la franchise de ses parole^s, dans un état qu'on peut 
. qualifier d'honorable disgrâce. » 

Pour que les différens conseils et leurs subordonnés puis- 
sent mettre les lois à exécution , surveiller et réprimer une 
population si immense , on leur fournit un code en' harmo- 
nie avec le caractère , les moeurs et les inclinations de ceux 
pour qui il a été créé. Lès fautes et les punitions y sont 
classées sous six titres principaux , et les dispositions et la 
rédaction en sont généralement claires, méthodiques et 
conséquentes. Ce n'est pas, cependant, qu'on ne puisse lui 
reprocher des imperfections , et M. Davis en indique , entre 



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1>ES VOYAGES. 353 

autres ; quelques-unes dont les principales consistent à s'oc- 
cuper , tantôt minutieusement de choses trop importantes, 
et tantôt de se perdre dans de vagues généralités y dont il 
cite l'exemple suivant : 

a Celui qui se rend coupable d'une conduite incon(^enante 
et contraire à Yesprit de la loi y quoiqu'il ne la viole pas 
précisément , sera puni d'au moins quarante coups de bam- 
bou , et de quatre-vingts si Y inconvenance est d'une nature 
sérieuse. Les Chinois , ajoute-t-il, peuvent dire avec raison 
qu'il est difficile d'échapper aux filets de la loi quand ses 
mailles sont tellement serrées qu'elles ne donnent pas d'issue 
aux plus petits poissons. » 

Le bambou parait jouer un grand rôle dans ce code. Il 
punît tous les délits, les plus légers comme les plus graves y 
d'un si grand nombre de coups , qu'un étranger serait tenté 
d'en conclure que le bâton seul maintient l'ordi-e en Chine. 
Cependant il n'en est pas ainsi; le nombre de coups de 
bambou sert , en quelque sorte , d'échelle pour mesurer le 
degré de criminalité ^ et il y a, en général , commutation de 
la peine nominale en une amende dont la quotité est pro- 
portionnée au nombre de coups énoncé dans la loi. D'après 
cette règle , ceux qui peuvent payer Tamende esquivent , 
dans la plupart des circonstances^ les châtimens corporels , 
car il y a des cas oii la commutation n'a jamais lieu. 

Il est inutile d'entrer ici dans l'examen détaillé de ce code 
pénal y mais nous devons signaler une de ses dispositions ^ 
applicable au crime de trahison, comme étant d'une cruauté 
impitoyable, et même de l'injustice la plus odieuse. «En 
Chine, remarque M. Davis, on accorde au criminel toua 
les moyens de défense , on allège même sa peine dans les 
cas ordinaires de nature capitale y et jamais dans les cas de 
trahison. » Non seulement le traître, mais aussi son inno- 
cente famille, est dévouée à la mort, et M. Davis ajoute 



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354 irouvBixxs auvâles 

que , c en i8o3 , un assassin ayant attenté à U vie d^ fém- 
pereur y fut condamné à une tnort lente , et que ses enfans^, 
qui étaient en bas âge y furent étranglés. » 

Il n'y a point en Chine d'aristocratie de naissance ni dé 
fortune , l'éducation et les taiens seuls peuvent conduire 
aux fonctions éminentes et à des dignités qui sont pi^ilé 
toujours personnelles. Les fils même de l'empereur et leuiiÉ 
familles se fondent dans la masse générale , s'ils ne se sont 
pas rendus , par leur travail et leur capacité , propres à 
occuper des places importantes* Cependant on confie 
quelquefois, à certaines personnes des distinctions pure^ 
ment honorifiques y. telles que des boutons à leurs bonnets ^ 
et il est présumable qu'elles s'obtienneiit à prix d'argent. Il 
n'existe d'exception que pour les descendans en ligne di- 
recte de Confucius ; des honneurs héréditaires leur sont 
attribués , et le chef de la famille vient tous les ans à Pékiog 
où il est accueilli et traité de la manière la plus distinguée 
par l'empereur. Toute personne en place, du plus bas au 
plti^ haut degré de la hiérarchie , dont le nom est inscrit 
dans le gros livre rouge , publié et rectifié quatre fois dans 
TaiHiée^ doit avoir subi un examen sévère, d'abord dans 
les cours provinciales de Confucius , et ensuite dans le col- 
lège impérial de Han^lîn. Tout le monde y est admis ^ il 
n y a d'exclusion que pour lés domestiques et les comé- 
diens. Ainsi, le fils d^paysan le plus dénué de fortune bu 
d'un simple artisan peut se présenter comme candidat > 
par son travail et sa capacité il peut parvenir aux premières 
dignités de letat , et les exemples n'en sont pas rares. Ce 
système si libéral n'est pas sahs quelques inconvéniens. Le 
fils d'un homme pauvre entré en fonctions pauvre , ses ap- 
pointemens sont faibles , il faut que la tenue de sa maison 
réponde à la position <|u41 occupe , et pour y parvenir il 
peut être tenté d'employer d'indignes moyens et de se 



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DES VOITAGÉS. 355 

livrer à des i^apiDes et des concussions. Aussi n'y a-t«il 
point de gazette officielle qui ne rende compte de quelque 
délit de cette espècci. D'un autre côté , il &ut convenir qu'H 
résulte un grand bien de cette admission générale aux 
fonctions publiques y car, comme il j a des écoles pour la 
jeunesse dans toutes les parties de l'empire et que les frais 
de l'instruction sont si peu considérables que le père de 
famille le moins aisé peut j envoyer ses enfans , presque 
tout le monde sait lire et écrii^e. 

Il n'y a point de religion de l'état en Chine , point de 
dîmes pour l'entretien du clergé , point de congrégations 
religieuses ; mais demandez à un Chinois combien il y a de 
religions dans son pays, il vous répondra qu'il y en a trois : 
Vu y la doctrine de Confucius ; JPa , ou le Bouddhisme , et 
Tao , ou la religion des Rationalistes (esprits forts). Ces 
deux dernières, quoique tolérées et fécondes en prétrea, 
n'occasionent aucune dépense au gouvernmnent. Leurs 
principales ressources consistent dans des dons et des con«- 
tributions payées par ceux qui viennent dans les tempks 
pour apprendre leur destinée et consulter le résultat de 
quelque entreprise importante , pratique presque générale 
dans toutes les classes , même les plus élevées , sans en ex-^ 
cepter les Confucionistes* Les vêtemens et les cérémonies 
des Bouddhistes ont une analogie BjÊUMinte avec ceux des 
moines et des ecclésiastiques romnHpRs se rasent la tète , 
demandent l'aumône , et pratiqueif? le célibat quoiqu'il y 
ait des femmes dans leuirs temples. Ile ont leur ching-num , 
ou sainte mère à laquelle ils adressent des prières ; ils jeû^ 
sent et |Hient pour les trépassés , brûlent de l'encens , aU 
lument des cierges sur les autels, sonnent des cloches, a^ 
pergent les fidèles avee de l'eau bénite^ disent leur chapd«t^ 
chantent dans leurs <^ces ^ adorent des reliques et fléchis^ 
sent le genou devant des images gigantesques. La resMλ^ 



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356 vonvfiLLEs anna^les 

blance est si forte que le père Prëmare en fbt vivement 
choque , et déclara qu'il ne pouvait l'expliquer que par une 
ruse infernale du diable^ qui avait voulu nuire aux jésuites. 
Toutes ces grandes pagodes à neuf étages , si nombreuses 
en Chine, ont été bâties par les Bouddhistes; M. Davis 
nous apprend qu'elles sont généralement en ruines. 

Les tao'tsé (docteui'S de la raison)' pi*ofessent la science 
de la magie y prétendent à l'alchimie et à la possession de 
rélixir de longue vie , emploient toutes sortes de moyens 
pour en imposer aux ignorans qui viennent les consulter 
et leur font adopter les superstitions les plus puériles. Là 
croyance tiux revenans et aux malins esprits , encouragée 
par ces imposteurs /a infecté une grande partie de ta po- 
pulation ; il en est de même pour les charmes y les talis- 
mans, les oiseaux présageant le bien et le mal, et le/oung- 
ckoueï (le vent et Teau), supercherie qui a rapport au choix 
heureux d'une position pour construire une maison ou 
ériger un tombeau , sans compter une foule d'autres pra- 
tiques absurdes et ridicules par lesquelles ces docteurs de la 
raûon cherchent à s'enrichir. 

M. Davis remarque que les lectures du code pénal faites 
régulièrement au peuple , le i^nd familier avec ce code.que 
l'on publie d'ailleurs à un prix très modique , afin que per- 
sonne ne puisse areÊÈÊàÊà filgnorance de la loi. a Cette me- 
sure, dit-il, peut ^Hbnsidérée comme une branche de 
cette justice préventiire^que noire grand jurisconsulte Black- 
stone , appuyé sur tous les principes de la raison , de l'hu- 
manité et de la saine politique , regarde comme étant pré- 
férable à tous égards à Isl iusiicelpunissante. » L'édition du 
code pénal à l'usage du public est renfermée dans un 
moindre espace qu'un de nos 5ilh; à la vérité, il ne con- 
tient que deux mille caractères ou mots, les législateurs 
chinois s'étant attachés avec soin à le simplifier, et par une 



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DES VOYAGES. 35^. 

c<»ci8ion nette ^ à le mettre à la port^ des intelligences les 
plus communes. On en compte encore moins dans le»' 
oauvres complètes de Gonfucius. 

Dans les ai*ts mécaniques et les découvertes et inventions 
utiles, loin d'être en arrière desauti^s nations, les Cliinoi» 
les ont précédées sur beaucoup d'objets d'un haut intérêt , 
et dans quelques-uns on n'a pas encore pu les égaler. L'art 
de l'imprimerie leur était connu dès le dixième siècle de 
l'ère chrétienne : citons à ce sujet M. Davis. 

a L'histoire rapporte que les premiers essais de l'impri- 
merie consistèrent à graver les caractèi'es sur des pierres 
, pour les reporter ensui^sur le papier ; d'après ce procédé 
le papier était noir et les lettres blanches. Feu â peu op 
parvint à l'améliorer par le stéréotjpage sur des planches 
de bois où les caractères étaient taillés en relief, comme c^ 
présent , ce qui changea entièrement la méthode précé-:' 
dente, le papier restant blanc et les caractères étant noircis 
avec de l'encre. y> 

Les ouvrages populaires sont à très bas prix en Chine,, 
quatre volumes de la grandeur et de la forme d'un in-8^ 
ne coûtant pas plus de deux schillings (a fr. 5o). 

<c La date de l'invention du papier semble prouver que 
quelques-unes des industries les plus importantes qui ont 
une connection intime avec là marche de la civilisation sont 
extrêmement anciennes en Chine. Du temps de Confucius 
on écrivait avec unst^^let sur l'écorce de bambou apprêtée : 
on se servit ensuite de papier de soie et de toile dont l'inven- 
tion rempnte à l'an 96 de notre ère. Les matières que l'on 
emploie aujourd'hui pour sa fabrication sont de différentes 
natures. On fait avec la paille de riz un papier grossier, jaurt 
oâtre I qui sert pour les enveloppes; et les papiers fins ayec. 
du coton, \e. liber, ou écorce intérieure d*une espèce do, 
mftrier* et principalement du bambou. » 



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358 NOUVELLES ANITALCS 

L^encve se compose avec du noir de ftitnëe et du ghiteta , 
en j ajoutant un peu de intiee pour Ibî donner use odeur 
agréable. Parmi les vieilles- découvertes des Chinois, il ne 
faut pas oublier celle de la pondre à canon. L'invention de 
ce mélange de soufre ^ de salpêtre et de charbon de saule 
se reporte, suivant eux , à une époque très éloignée , mais 
il paraît qu'ils ne s'en servaient que pour les feux d'aitifice. 
Ils donneut à la flamme toutes sortes de formés ; ainsi dans 
leurs fêtes nocturnes, on voit des oiseaux, des quadru^ 
pèdes, des poissons éclairés par une lumière intérieure et 
faisant chacun les mouvemens particuliers à son espèce ; 
des dragons de cent pieds de loag|k. des jonques couvertes 
de leurs vcôles , des pétards et des fusées à û'en pas finir ; 
quant à Tusage de la poudre pour l'artillerie ils l'ont ap-* 
pris des premiers missionnaires catholiques. M. Davis a 
vérifié , comme un fait assez rematxjuabie , sur le tableau 
comparatif des quantités de nitre, de charbon et de salpêtre 
employées par les différentes nations pour la fabrication de 
cette composition^ que les proportions usitées par les Chi- 
nois et les Anglais sont absolument les mêmes; la pottdi« 
chinoise , à la vérité , a moins de force par l'imperfection 
sans doute de la mixtion et la qualité inférieure des matières 
premières; toutefois cette infériorité n'^est pas bien grande» 
suivant M. Davis , car lorsque la frégate Vlmogvne traversa 
le Bocea-Tigris, il a vu un marin tué auprès de sa pièce, 
par un boulet lancé d'une batterie chinoise qui, du pre- 
" n>ier coup, perça le flanc de ce bâtiment. 

La découverte de la puissance directrice de Taimantest 
généralement attribuée à Gioia d' Amalfi , vers la premik^ 
partie du treizième siècle. Nous ne partageons pas cette opi- 
nion, et notre auteur nous apprend que a la propriété de 
communiquer au fer la vertu de se diriger vèra le pôle ««t 
indiquée clairement, pour la première fois, dans un die* 



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0tS VOYAGES. 359 

tionnaire chinois terminé en Tannée 131 de notre ère. 7> 
L'ingénieux et laborieux Klaproth , dans une lettre à 
M. Humboldt^ sur l'invention de la boussole, cite un ou-> 
vrage de médecine chinois dans lequel on lit que raiguillè 
aimantée a la propriété d'indiquer le midî^ (c que, cepen- 
dant , elle décline à Test et n'est pas dirigée exactement ver» 
le midi ; n d'où il infère que les Chinois ont pu connaître sa 
variation à une époque fort ancienne. Klaproth cite aussi 
un ouvrage appelé le Trésor j écrit en français , par Bru- 
nette Latini, vers Tan ia6o^ où après avoir établi que Tai- 
guille magnétique serait d'une grande utilité pour les na- 
vigateurs *) cet auteur ajoute c< qu'aucun pilote n'oserait en 
faire usage dans ta crainte de passer pour magicien , et 
qu'aucun matelot ne se hasarderait à se mettre en route 
avec lui s'il avait un instrument qui , suivant toutes les ap-* 
parenees , aurait été fabriqué sous l'influence de quelqi^e 
esprit infernal, d Bajlak, auteur arabe qui écrivait en 1 24^9 
déclare, en termes explicites, que la puissance directrice 
de l'aiguille magnétique .était x;onnue des navigateurs de la 
mer de Syrie. Il est très probable qu'ils avaient déjà ap-* 
précîé ce phénomène long-temps auparavant, que la bous-> 
sole avait servi de guide aux deux Arabes qui entreprirent 
un long voyage maritime dans le neuvième siècle, et que, 
dans le temps des croisades, les Francs apprirent des marins 
orientaux l'utilité de cette découverte. 
' Les Chinois ont un génie particulier pour les arts indus-* 
triels et mécaniques , et ils y déploient l'imagination la plus 
féconde. Ijcurs gongs et leurs cloches, leurs anciens vasea 
et leurs ti^pieds de bronze , etc. , etc. , prouvent chez eux 
une excellente connaissance pratique de la métallurgie à 
une époque fort éloignée. M. Davis nous a donné la gravure 
d'une théière en métal revêtue d'une belle poterie, que les 
plus habiles de nosfabricans seraient vraisemblablement très 



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360 NOUVELI.ES AlirifALES 

embarraseés d'imiter^ et il cite un objet eûcore plus étonnant, 
de leur industrie , qu'on regardait presque Oomme magique 
et qu'on ne pouvait expliquer jusqu'à ce que le mystère eut 
été éclairci par le spirituel auteur des Lettres sur la Magie 
naturelle (en anglais). Nous voulons parler de ces miroirs 
de métal parfaitement polis, qui ont la singulière propriété^ 
lorsque les rayons du soleil se réfléchissent sur leur sur- 
face brillante^ de reproduire sur le mur ou sur une feuille 
de papier l'image des ornemens de la bordure et des figures 
empreintes par c/emer^. 

<c Gomme tous les autres j ongl eurs, dit sir David Brewster , 
auteur des Lettres sur la Magie naturelle, l'artiste s'est attaché 
à ce que l'observateur pût s'induire lui-même en erreur^ et 
c'est dans Cette vue qu'il a tracé des figures derrière son mi- 
roir. Le spectre , sur la surface lumineuse , nest point une 
image des figures qu'on voit derrière. Ces figures ne sont que 
la reproduction d'un dessin que l'artiste a décrit sur la su- 
perficie du miroir , et qui est tellement caché par le polis- 
sage y qu'il ne peut apparaître à une clarté ordinaire \ il ne 
peut être mis en évidence que par la clarté du soleil. Citons 
poiu* exemple la représentation du dragon produite par un 
de ces miroirs. Quand la surfacedu miroir est préparée pour 
le polissage y on peut y tracer cette figure en traits extrême- 
ment déliés ou par l'emploi d'un acide très délayé^ pour en- 
lever la plus petite partie possible du métal. On lui donne 
ensuite un admirable poli, non pas en se servant de poix / 
comme pour le verre et les glaces , mais par le frottement 
d'une étoffe, comme on en use quelquefois lorsqu'on polît 
les verres lenticulaires. Par ce moyen, les traits, qui sonf 
' légèrement inférieurs à la surface, reçoivent le polissage 
comme le reste du miroir , et la figure tracée se réverbère à 
une forte clarté par la réflexion des rayons du soleil sur 
cette surface métallique. » 



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Aès voyagé*. 36 1 

Il n'y â tien de plus étrange que les lunettes chinoises^ 
par leur jbrfne^ leur grandeur, leurs énormes l^tilles de 
erîstal de roche , et par la manière dont on les porte ; elles 
«e posent à califourchon sur lé nez , et se tendent au-dessus 
des olreillès avec des cordons de soie au bout desquels pen- 
dent de petits poids pour lés àssiijétir. 

Lèà Ëfiihois n'ont point de rivaux dans le travail et la ci- 
«èlure dii bois , de l'ivoire , de la nacre de perle et d'autres 
sub^hcc^ analogues, et nous sommes à une grande distance 
àé ces îhgfoiéux et jlâtiéiis ouvriers pour les corbeilles , les 
éventails éû ivoire et autres objets délicats. Nous ne croyons 
pàé qtié Jàtnais un ouVrier européen ^it même essayé de tail- 
ler > dariis une boule d'ivoire pleine , sept ou huit autres 
boules séparées les n^es.dès autres et d'une forme aussi par- 
faite que la première ; cette opération a lien au moyen de 
^lu^ieùrs trous circiilàireâ percés à travers la boule mère* 

a Lfelir extrême adresse, dît IVt. Davis, n'est pas moins 
i'eniâr(|uablé dàbë le travail des substances les plus dures ;^ 
telles que l'agathe et le cristal dé rochie , qu'ils creusent en 
^etifi flacons à tabac parfaitement bien faits^ de deux pouces 
de longueur , avec une ouverture dans le col , qui n'a pas 
^lûs de iràii ligbeâ de diamètre ; mais ce qu'il y a de plus 
êtàmàût, c'est Qu'ils parviennent à graver, dans l'intérieur, 
dés ckrdctères très niiricés qu'on peut lire à travers la ma- 
lïèi-é trafn^at^tiiè du vase. » 

' Malgré lès sàgès préceptes et les règles de conduite que 
Fon répand si libéralemëht d^ns tout l'empire et parmi 
toutÊfs les classes d'habitàhè , on ne peut pas avancer, cepen*^ 
dant; que' Ici Chinois soient un peuple moral. «Les traits 
beurètii et Ibuafctés de leur caractère, dit St. Davis, la dou- 
ceur ^ là docilité, l'atnôur du travail, l'obéissance aux su- 
périeure, tirie hiîmèur pacifique, le respect pour les per- 
sonnes âgée^, s6nt accompagnés de fausseté, de dissimulation 
(i836*) TOME IV. a4 



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364 NOUVELMS ANNALES 

de romanB. Il n'y a pas de picte prompte êt^ plti^ sàre ma- 
nicrô d'ôbtètiir dès renieigaettieiié exacts sur tin peà|»fe du- 
qtrel tes Européètià ont si peu i apprendre sons le rapport 
dés sciences physiques et morâfeé^ qn'en ptdsànrt largement 
àattia les sources abondantes de 6ètte litiërahiVe. 

La n^eitleure collection àjè leurs œavréè âraihatiq^^ «st 
celte qui contient les cène comédies tfTueh; c^ dé VuM 
d'elles que Voltaire ^ tire lé sujet de éôn Orphelin dû la 
Chine. M. Davis en a traduit une autre intitulée lé P^eil 
tiéfitieYy qui Jette dé vives luiKiières suf quelques pdlnts im-^ 
pottans dû caractère et deë taCBixr^ dèd Chîhots;. 

ce Cette pièce, dît M. Oavis, prouvé llmpbrtaàce y^û'lTé 
mettent à l'accomplissemeint du devoir de pûrteir dés ôf- 
ff-atldès Sur la tombé de leufë àïéux , et à laisser après éùx 
déli héritier^ mâles qtii puissent continuer leur race. On y 
trouve ha description dëtaill^ dés céréMônîeà qtii se c^ 
lèbrent aux tombeaux ; elle donne une juste idée des rela^ 
tlôYi's q^t existent eûti-e la sei*Vante et la'féméàé légitimé ^ 
él appï'éiià ^ue la j^remîèfe n^éàt qu'utaè èScTavé qui appïir- 
tient , ainsi que ses enfané , à Ikfemme^ et que Thomiàé i^^ 
peut légalement avoir qu'une seule femme. iS 

Nous remarquerons ici que îa seconde JfemiSne ôu la ^r* 
vante est achetée très fréquemment ou admise , du cbnseU^ 
teincnt de àes parens^ dans une famille lorsque )a fékniùé 
légitikbe est frappée dé stériUté ou n'a que dés âlés ; eai* é*èst 
un suifét de vivé afflittion pour le mari et son époUSé qùàhd 
ils n ont point de fils pour s'acquitter dés dëvéirâ bUrg^ 
siir la Sépi^tui'e dé's iïeùx. L'auteur a pdiit en trailJs vig6u« 
rëui^ dstné eètté pièce, la profonde dôUleur des vî'eUx éj^ô'ui 
^ui )&Yitfëçu la tibùvèlle de là perte OU dé la mèi^i'supj^ioâéë 
de là séàbudé femniie et de son fils, et leur }oié extrême 
lorsq'u'ils léS rétrôUVe/>t "après Un tehipâ fort long. 

Cependant l'harmonie? est bientôt détruite dans u'né ft- 



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DES VOXAGIj?^. 305 

mille OÙ une femme subordonnée est introduite , roéoifC du 
consentement de la fçfîi^i^ légal?. L4 servante Agar^ que 
prit Abraham , à la demande de Sarah^ fut la cause de qn&< 
relies de ménage^ et le^ Agars chinoises éprouvent souvent 
le même sort que la m^lheui^euse mère d'Ism^^k; mais leurs 
enfans sont traités absolumenjt comme ceux de la première 
femme. 

M. Davis a t radiait également une pièce dans le genre 
tragique , qui a pour sujet les malheurs d'un empereur de 
la Chine lors, de la première invasion des Mongols. Une 
autre pièce , tir^ du recueil d*Yu£n, a été traduite par 
M.Julien, professeur de langue chinoise, à Paris; elle a 
pour titre Lç Cercle de Craie» 

(c Le principal incident de c^tte pièce est si parfaitemeift 
semblable au Jugement de Sahmpn, qu'on serait tenté de 
croire que l'auteur chinois Fa emprunté de quelque récit de 
la décision du plus sage des rois hébreux , ou d'une tradi- 
tion obscure. Deux femmes qui prétendent être mères du 
même enfant ae présentent devant le juge ; celui-ci , afin de 
découvrir 1^ vérité^ ordonne de tracer un cercle de craie sur 
le plancher de la salle du tribunal , et de placer l'eafent au 
milieu du cçi^cle ; il déclare ensuite que Ten&nt appartien- 
dra à la fem^qui, malgré Tauti-e, parviendra à le pou«wr 
l^ors du cei[cle. La fausse mère, n'ayant aucun ménage 
ment pour le malheurei^x enfant, remporte bientôt l'avan- 
tage dur la véritable , qui n'ose employer toute sa. force dans 
I4 crainte 4^ fy^^ du mal à cette faible créature , et le jUge 
dpnne j^io djs cause à la, femnoe dont la réclamation est 
fondée. » 

, Six: Qeorge^ Staunton a ^:!;tr(|it du même recueil le sufett 
d'une autre, pièce intitulée le^ FilU d'nn Etudiant ve9gée. 
Confie on }; trouve un boK| modilQ de la manière dont tes 
Chinois çox^di^isfent une intriguç , .nous croyons devoir le 



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366 irouvKLLES annales 

mettre sous les yeux du lecteur, quoiqu'en même temps il 
ne présente pas leur moralité sous un point de vue très fa-r 
voràble. 

Première partie. Une femme riche et vieille a un fils âgé 
de huit ans. Un pauvre étudiant^ qui a une fille de sept ans, 
emprunt^ à cette femme une petite somme , qu'il ne peut 
rembourser, et au lieu du paiement, il remet à sa créan- 
cière sa jeune fille pour être fiancée à son fils et devenir par 
la suite son épouse. 

Seconde partie* Treize ans après , la fille de l'étudiant , 
parvenue à l'âge de vingt ans, demeure toujours avec la 
vieille dame, quoique le fils de cette dernière étant moit 
jeune, le mariage n'ait pu avoir lieu. Un jour, la vieille 
femme étant allée chez un apothicaire pour lui demander le 
paiement d'une dette, son débiteur, feignant de vouloir 
s'acquitter, la conduit dans un lieu écarté et se dispose à la 
tuer, lorsqiie surviennent par hasard deux hommes, le père 
et le fils , qui empêchent le meurtre. Pour récompence de 
ce service ils demandent la vieille femme et la fille de l'é- 
tudiant en mariage ; la vieille femme refuse d'abord^ mais, 
effrayée par leuw menaces; elle finit par céder, et les con- 
duit >chez elle. La fille de l'étudiant, informée de cet enga- 
ment , déclare, quand à elle , ne vouloir ^int y souscrire. 
Cependant la vieille femme épouse le père et reçoit le fils 
dans sa maison > espérant que la fille de l'étudiant se décir 
dera enfin à se marier avec lui. 

Troisième partie. Ne pouvant obtenir le consentement de ' 
la jeune fille , le fils s'imagine qu'il parviendra à son but en 
se débarrassant de la vieille femme, et , dans cette intention; ' 
il va chez l'apothicaire dont il a été fait mention , pour ache- 
ter du poison k Ce dernier fait d- abord quefques objections^ 
mais le jeune homme, qui l'avait reconnu /lui ayant fait 
craindre ,' s'il le refu^it , de le dénoncer comme ayant vouli^ 



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DES VOYAGES. 867 

«tssasdiner lar vieille femme , il cède et délivre le poison y que 
le fils met dans un bouillon préparé pour la veille femme , 
qui était malade. Le pèrétboit ce bouillon par méprise , et 
meurt aussitôt. Le fils, voyant son projet avorté^ renou- 
velle sa demande de mariage et menace la jeune fille , si elle 
n'y copient pas , de Taccuser , e|le et la vieille femme , de 
Tempoisonnement de son père. La jeune fille reste inébran- 
lable dans son refus, et le jeune homme, pour se venger, 
traduit les deux femmes devant le juge, comme coupables 
de la mert de^on p4re. Le magistrat fait mettre la jeune 
fille à la torture pour Toh^ger à confesser son crime ; les 
douleurs ne lassent pas sa constance, mais voyant qu'on se 
disposait-à faik^ subir les mêmes tourmens è la vieille femme , 
elle n'hésite pas à dire qu'elle seule a commis l'empoisonne*^ 
ment» Sur cet aveu, le juge protionce la peine capitale contre 
la fille de l'étudiant , «t i*e^it las remerclmens de Teccusa'* 
teur sur la droiture de son jugement. 

Quatrième partie. lia fille de l'étudiant est conduite au 
heur du sBpplice ; elle atteste son innocence et demande 
inutilement la vie. Un instant avant rexéculion elle dé- 
clarejqu'en témoignage de cette innocence qu'elle proclame 
de nouveâlu , il tombera de la neige au milieu de Véié , que 
son Sang jaillira en l'air et soulHeiti les insignes du tribunal, 
et enfin qu'il y aura une sécheresse de trois ans dans le 
district où elle reçoit la mort. Tous ces prodiges s'accomr- 
plirent.- ' • 

X^inquiêihe partie* Cependant le pauvre étudiant dont il 
a été parlé '<iao9 la première pailié , était devenu nn grand 
mandarin, et dans l'exercice de ses fonctions,^]] eut occa- 
sion ide réviser les décîsîbW'deff magistrats inférieurs. Il 
étâiî occupé à lire le ptocës'e^ le jugement cï'iaprès lequel 
sa propre fille dont il n'avait eu aucune nouvelle de- 
puia>.:son . en&nce , avait été condamnée , lorsque 'soud^hi 



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369 mOUVEULI^S AKNALES 

aon fantdme lui apparaît-, lui révèle l'iniquité dont elle a 
été victime et lui demande vengeance. 4fUa«itôt il iait tra* 
duire devant lui les parties qui existaient encore^ désigne 
un nouveau tribunal et apaise Tooibre desa fiUe ç^v UA 
jugement qui casse la première ac;ntence, l/às^s^i^ dét- 
nonciateur esl condamné à être coupé en dii^ mUle morr 
ceaw^, Tapothicaire es^ banni pouj|^ la vie^ et le n^iagistrat 
qui avait prononcé rinju9te arrêt de mort, après avoir wqa 
cent coupe de bâton , est 4estitu^ 

Uauteur a eu soin , comçie on voit, que la jos^, fo^ 
tique s^exerçât sur Iç coupal>le ^ et qa'une j^ste vengeance 
apaisât les mânes de la jeune fille y mais l'observation de^ 
sir Georges Staunton sur XOfpheîin de 1% Chi^ d^i|ibleq[K; 
plîcable à cette pièce et |i la plupart des œuvres dr^matiquesi 
des Chinois, tt Lamorale de œt ouvrage, dU-il, qui inculque 
dans les esprits un sjrstème effrayant de fi^geance ne trou- 
vera pas beaucoup de sympathie auprès deç lecteurs euro* 
péens. £n effet, il est démontré par la ^t^i^opjtie c[u^ le 
plaisir dé la vengeance est ici en première ligne, e| que A la 
justice çst satisfaite, ce n!est que. dans un intérêt secpnd£|irfi«Pk 
D'un autre côté^ TA*. Staunton ajou^^qu'avft|t decOEH^ 
damn^ les Chinois il fstut ^ rappeler qi^iç t^e ^t^t à ce^ 
égard l'opinioii des oatiops les plu9 çixilisaes ^e l'antiquité 
en Europe. . 

Nous n'avons que peu de cho^ies ^ dire de 1^ poéëe de# 
Chinois, et nous croyons que des Européens ne trouyenuent 
pas beaucoup d'ha^inooi^ d^^leifirs maigres QioixQ^Uahes^ 
ajustés de, ni^f^i*^ ^ %^f!^ 4^ ligneii. de t^QJ^ cinq ci sq[>t 
pieds, chacun j|f , w monpqyllfibes» çpippftçit p^wr an. 
Çied ; au reste le;. jecte^jÇ tx^ouv^a; chez j&S. Qgvkqv^iquea 
échantillons des^o^es et dj^e fih?^ç^ pop^bjr<^•de9;^Cihir. 

Uois. • . , : 

M,, Pâvis ne crai|ç^|,, paf. 4'^%jQ[Lejç qi^'w. g£9Ad.nomt>m 



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4e r^^n» cbii>Qis éoril^ d^ns la iS? ûèqie de potré èvetit à 
uD^ époque beai^oup p|vL9 ancî^i^ç , oQi^ïAHmi avan- 
iageysement comme compositions Utt^r^ii^^» et gomme péin^ 
tMres de la fiipçiété, fvec kf Quvr^^ di| môme genre publiés 
à la mêm<e époque en Europe* Qu9l<}ues«-uii8 méioea soot 
remi^is d'esprit etd'W flentiment fiu ^^X exqtiift. Voltaire 
p'a pas dédajigné d'f puàfer UPfî dos oeiUeui^ épisodes de 
son Zadig, 

Un disciple de U secte de^tf^orUd^ Ott docteurs de. la 

rai9on, ae retire ds^nsspn pays ««tel, après, avoir épousé 

une femine jeune et jot^, résolu d'y «ii»*e daxis La cetcaite 

et 1% mjéditation. 9e proioto^ut «n, jour^ abîmé dans «es 

réflexions accputuii9:ées, il se trouare^ en levant les yeuxj > 

f^if milieu d'une mt^ltitude de tombes , et aperçoit sur une 

fosse qui pai^aiss^U avoir été i:écemment comblée ^ une 

jeune femme en grand deuil , c*est^à»dire revêtue d'une 

pbe blanche^ tenant à la main un éventail blanc qu'elle 

estait fortement au--dessu8 de la sépulture. Il s'approche 

d'elle en la yoy^t «n pleurs y et'se hasarde à lui demançter 

queJJ^ <Jtait la personne que renfermait cette tombe, et 

pourquoi e^e e9 d<Hinait tant de peine à T^éventer. Slie , 

^gm» se lever, cqntinue à agiter son éventait. Croyant que 

c'était la timidité qtrî Fempéchait de répondre, il insiste dé 

nojjuveau sur f^ question du ton k plus doux ; elle lui ré- 

P9ix4 nàïven^ent ; ^ Yoji^ yoyês une veuve éplorée au tc^- 

(f b^au de BQu éppW ; i^ l'aimais tendrement , et son amour 

^ Calait ma tendre^- Profondément affligé décidée de se 

^ séparer de v^cl, iJL m'adressa ees' dernières paroles sur son 

a* lit de mort t ce ]\}a qbèreifmme » s'il te prend envie de te 

sf, j(^iqanei: , |e Vf99^ cojsjure, attends au moins jusqu'à ee 

«c que le mortier de ma fosse soit complètement séché. Alors 

c( tu pourras épouser qui tu vouc^^as , bien, sfûre d'av^pir 

ff. mon coDSentemept daps l'autre vie* y^ Or, comme la sur*- 



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370 ÎTOirVElLES AinTALES 

a face du tombeau est encore très moite, et probablement 
« ne sëchêm pas de sitôt ^ je Févente pour hâter l'évapora- 
« tion de rhuroidité. » 

Le philosophe eut beaucoup de peine à s'empêcher dé 
rire de cet aveu si ingënu. (c II parait, se dit-il en lui-mcine^ 
qu'elle est singulièrement pressée. Comment ose-t-ellé parler 
de sa tendresse pour son mari. Si ce sont4à des témoignages 
d'amour, que ferait-elle si elle l'avait détesté. » Puis se tour- 
nant vers la dame , il lui dit : 

. « Tous désirez vivement que cette tombe se sèche promp- 
« .tement ; maïs , délicate comme vous l'êtes , les efforts con- 
ce tinuels que vous vous imposeï^ ne tarderaient à vous épiiî- 
(c serdc^ fatigue, permettez-iâoi de vous aider, n) 

La jeune femme se leva aussitôt , et , l'ayant remercié 'de 
son offre obligeante , elle lui présenta un éventail semblable 
au sien. Le philosophe , qui avait le pouvoir d'évoquer les 
esprits , les appela à son secours ; tl frappa plusieurs fois la 
terre «avec son éventail^et bientôt l'humidité qui là couvrait 
disparut. La veuve alors 4ui fît gaiment de * nouveaux re- 
merciemens, et ôtant l'épingle d'argent qui retenait sesiche- 
yeuk, elle la luioflErit en le priant de» l'accepter, ainsi que 
l'éventail. Le philosc^he refuisa l'épingle, tnaîs garda i'é-« 
ventaîl. 

Arrivé chez lui, il racbnta cette aventure à sa femme*.* 
a Oh ! la malheureuse ! s'écria-t-elle , quel monstre d%i- 
sensibilité ! Une épouse vertueuse dôit-^llcjàms^is -penser à 
un second* maî*i (1)? Ah! si par malheur je viens à vous 
perdre^ soyez sûr que je resterai veùvè fe i^ste de ma vie ! » 

«Belle promesse, pensa le philosophe^ oh^lesfaitaiéé-' 
ment , mais nous verrons, » Peu de jours après il tomba 

(1) En Chine, un secobd mariage' jette une grande de'favtfur sur 
^oe femme , et cependant ils* soni asscs 'fri$r)itei/s« ■■--'•■ 

( 



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DES VOYAGES. S^I 

dangereusement matade , et il s'ensuivit une scène atten- 
drissante. Sa femme lui jura un éternel souvenir^ et lui réi- 
téra, au moment de sa mort^ sa ferme résolution de lie 
jamais se remarier, a Assez;, dit le philosophe , je suis con- 
vaincu de votre sincérité ; mais^ hélas! adieu ^ mes yeux se 
ferment pour jamais ^ » et en prononçant ces mots il rendit 
le dernier soupir. 

. La veuve, au désespoir, se jeta sur le corps inanimé de 
son époux, et le tint long-temps serré dans ses bras, en 
poussant de longs cris de douleur. Elle se revêtit d'habits 
de deuil , refusa toute espèce d'aliment, et parut sur le point 
de perdre l'esprit. Cependant les voisins étaient arrivés en 
foule pour rendre les derniers devoirs au défunt. Parmi 
ceux qui se réunirent dans cette triste circonstance était un 
beau jeune homme qui , disait-^il , était venu de loin pour 
prendre des leçons du philosophe qui venait de décéder. Il 
danandàik f>résenier ses hommages à la veuve', qui, vaincue 
par ses instances, sortit de sa chambre et se rendit, à pas 
knts, dans la salle de réception. Il lui présenta ses compli- 
mens de doléance d'un ton si jpénétrant , que la veuve ne 
put s'empêcher de jeter les yeux sur lui. Elle fut frappée de 
sa beauté et de l'élégance de ses manières. Attirée par un 
penchant irrésistible , elle le revit le lendemain ; ils dînèrent 
enseiiible, ils soupèrent ensemble; et éthangèrent de tendres 
regards. Le jeune homme était à moitié enflammé ; la véûye 
entièrement éprise ; le mariage fut bientôt convenu , mais^ 
auparavant, le futur stipula trois conditions, dont il suffit 
d'indiquer u&e^ieule. Il désirait que la veuve fit tranjsporter 
hors de la maison 'l<e céroûeil qui contenait les restas dç son, 
premier màri> et disparaître ce douloureux spectacleâ La 
veuve y consentît ^cilement, et le cercueil fut relégué aus- 
f^tôt dans un vieux hangar > au fond du jardin. . 
^.Pn sloccupatt de touç les préparati& pour la célébration 



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3.7* NOpiîBlJyÇ^ AKtfALES 

4v^ma|:i<^e ; la veuve, ayapti qi»itt^ aes lwJ)H9 de d^ml pour 
de^ y^%ejsxen» de^soi^ liçhem^ iM^odài r à la chute du jôt r 
(çs >Dtç7D)ea de papier avaiepit é^ aUuméea» te flambeau 
iiu||tial oi:nait la priiicipi^)e table , U oér^oiM&de vider U 
Çoup^ de l>Ui4Pce avait eu lieu.^ lorsifu!^ U fio du rcpaa i« 
fut^i: fut eaW tput à çQUfi dt'afifçwe» çgnvuUiona, et tomba 
sur le plancher. Son domestique accourut^ le releva, «t 
ii^vit% 1^ dam)9 i <|ui était de^a |e plua violent désespoir , à ne 
pas, s*alarmer. % Cça açc^, lui dit-il , sont aase* ficéqueBs, 
<i, iPj^ja notre ipédesii^p a décQuyert une recette qui opère in- 
ce faillîblem^ut 1^ gu^r^q. (1 suffirait de lui feire prendr« 
«ç la cervelle d*ui^ ^M^fo^ inpit récemment , en la mêlant à 
a, di^ vip^ chauc^, ppi^ où trouv^ejc uupaceii remède? » — 
^ 4h ! dit la dwç > il n'y a que p^u de jours que mon mari 

a n'est plus, pçut-étre » — <c J'y avais pensé , inter- 

^ rompit le ^ervitçur , mais je nVtdJ^ point osé tous le pro- 
a poser. » — ce l^oujçquoi d^WC» réi4iqua-t*èile , votre 
c< maître n'es;;-ilp^. à présent mpp ^ux? Ne devraîs^je 
« pas verser jusqu'à Isi derjiiière goutte de mon sang pouK 
a le sauveç? ^e v^s moi-même au cercueil , et j'y prendrai 
a. le. remède* » A^^ssitôt , laissant Iç j^une homme aux soins «^^ 
de son domes^yque ^^î^ ^slW^ 4'^^ Petite hache et courut 
à la cabane où le cercueil df| sp^ nmj fividt.â;é.dap(né. Sai^« 
sîss^nt alor^ sa haphe k deux mains > elle la laissa retombei» 
de toute; sa forc^sur le couvercle du cercueil» qui se bri$a ; 
quelques autres coups suffireiit pour l'eBlever compiète<- 
m^nt.' Après cet explpit, la dame ^'ét^it arrêtée pour re- 
prendre haleine » lorsqu'elle eptepdiStun profend ^ùpir, 
et qu^ le mort; 4 84 graj^d^ ^creiy*» sç levant suc son séanl^ 
lu\ dijt 4'un trèç graq4 9^6*:&Qid** <^ IV^l chère moitié , 
oc donne-moi I4. m^^ja p^^r'^t'aji^^* k sortir, de cette boite 
ce maudite. » ^. n^a^i|eurf 1^ , yf^jmi. alors que toute sa 
conduis sers^jt bil^Oti^ 4é^PUV<^^^ ; W^ ^ ft"*c 7 c* «^ P<^ti- 



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vant éurviv^pè ft sa h6nie , éûé se pètodft à ùrié ^utrô dé sa 
chami>re avéc. là beîlè ceinturé de èoîe fcrdchéë d*6r ^'ûï 
serrait sa taille. Le philosophe ràyanttroùVéë ttkdtïé, cbupà 
le nœud qui l'attachait, et après avoir réparé sou propre 
cercueil , il y plaça lé corps de cette épouse si fidèle et si 
constante , bien déterminé à ne pas en prendre une autre. 
Cette nouvelle est racontée par Tanteur chinois a^c 
beanconp ^e détails plus ou moins curieux qu0 nous avo ns 
cru devoir élaguer en partie. 

On jouit en Chiïiè de la itbèrié âè U prèée èoûs là res- 
ponsabilité de raUtéfUir et êe rimpriiùateuir. Auduh pHviïégè 
n'existe^ atn^une i^tHction h'e^ imposée, l'hais léstèoù^'H 
déclarent que «c quicol^q^e se rèitd cbrupàbîe de ptiblîér dél^ 
ouvrages pernicieux et immoraux danb fa vùé de côri'ômprè 
le peuple , et ^uico^t^ cherché à éxctter une sédftlb'H p'àV 
des écrits ou des^^ffichtes; sera condàiBiné à être décàpiï^.'if 
> L'histoire de la Chiile, depuis le comYmencèméiit àê la 
dynastie Éiotegote-, cofttiéht 36o vôltmifes. hé S'ihg'-poû, biï- 
yré^e biographique, éncbïBpfe i^ ; iélU-tsing-fe-ioài/^^ 
thé (Dictionnaire départs et ihv^ations), zlp ; ïé tode cîVili' 
a6.i^ et un recueil de pièceb de tbfôtrc, ioo. A peirie ^éùt- 
tekénuiqéi^lëiÀcAhbrè dèS^cornmek^fâirès ^tir les ii^lE^és Aé 
Goaixtcitis \ il éft è^'^db *méiik^ ^ ^i^éVëè étèciSstiq'ùlèà M 
plusieurs provinces et déé iàolkctidni îlé= c^iMé» tttoi^auk & 
d'ûphorismés(i)7 ' • "' 

• Nous be pouviwi* «uivï-é M*. Davis dans les détails njftrtï 
donne sur teë iiàtérèti èoiàimètciàuix dé là Chiné \ 'rààis oii 
^oil pttT le talytoati suivant q^ TopitM entré m Miid^ 

j(i) on. sait qae l'empereur Kien^ipng a fait réimprimer à.rbc(pri^ 
mèrie impériale les inoitleurs ouvrages chinois : en cinq ans on eo 
avait im^rïéiE iteS,6o6 vol., et on croyait que la lolalite s'élèverait 
à 6éo,GO&. *' ' •' 



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3;^ NouViîttt^ Aïiri^ALÈS 

DMttèefttil le rèdréa^éltiehl déé fnjui^eb iJont iioiis âbreuVeiit 
fes t^iiïÀià ! éeéi k t^pj^è au mot iMWeS dont iti Se sér- 
fént èii pàrlàbt (fefl Enrôpéeiis. 

(C Cette eifcadire> dit-il > «eraii ^é/l sUffisithie pôUr les 
obliger à satisfaire à tidd'deiâatidéât. i> Cé^ehcikntM. Lind- 
ôay semble àvoik* ètdXtX de sTôtk^ trbp âvahclJ éti d&là- 
rant qu'elle serait bien suffisante, car qii'élqued lignes 
après on lit céàiiîôts': «t Quelque poTtroàd ^ quelque pu- 
ce «illattti!»edqtlè^p(li*àîëééht les Chinois, st noos animions 
«( la n«tioii<iontrél!ibuSy ils éëraiént plue redbuiablès que 
^<£ Mus ne nous l*itiyigikàâÀ* ii Alors il appelle à sbn àidë sa 
8ë<;o'âde p^dj^iutitin <|ili eàt aussi tépSiùvàntakl^é que la pré- 
mfei'e et quG toîôi : «cÉV'iter d'IrHler lé péU]^y et proclaiûër 
<c hatttètâeiil ^(£e l^on u'tt àUbUbë^'iitëritioa hbétile ddntré 
d bii. Ydtre gotlvêrâemeilt ûous à Iribultëé , dirions-nous \ 
<i VMlSbiili*é /d/(^e nom dMg^ual)iôscbûps/et non contre 
«c «km^;i> Pdi|r parler ekil^ment /sëti atSë e^t de soulever \é 
f^\é ecrtitre son gdu^^hemetit. Etenotiâblë iiilâsiôn ^u^ 
Patt^MWëuï'^ 1^ féï de là Grahdé-BiH^agne et ^our uii 
aitli¥i4'ftbg^id14^t(^ë€f à HôUô d^ fburtéF kixk fiieds toùtéd lés 
ld»^v«ewtes1eW|0«%aië i^'drëifuîftël.dé jUsUcè, priti'cîpà- 
ktti€»tpoar ftfttifSseir l*àVidité et le&iî[to^irt^ des contrëbaû^ 
dMr«: d'opium et dWèutWriiéi^ sâHà pl^încij^eï? Est-dé i 
iMmrâeMtrstuer^sût'^tié Qâtk>iii j[>Aisiblè ^ûi veut bieii 
SK^è retèirt)£r 'dW éltet'^àl^ qui ^Ue^ dés reliions trop 
intimes et tix>p multipliées avec nous , sachant trop' blèU 
<|<ie waéavonllonjouwiété et qôë(hc«tô WminèS peut-êlre 
Bunns disposé» qÛQ jaûfa^^i iddus cOitlbndier aùî lois et àûi^ 
riglèoietis. ^ existe»! «Éièé elle. Ati iWië; M. Lîndsây ri 
été si; jooofpllteiiknl r^fVlté paè- sir George' Stàfàntou qu'iï 
wnls jMnhbài itm^te dé riei> «joutéi» à^ ce st^étf. 

Si oinuHis dértië^dê èe qtfil séi»aitf boir éà fefrë , voict 
«otre, i^ipMSd; Mti/ aif^e^^^ èéh desH-^du gouverne^ 



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. DES VOYAGES. 377 

ment chinois «n envoyant en CUine' un homme habile, 
intègre 9 versé dans les affieiires commeî*ciales , et armez46 
de tous les pouvoirs consulaires ordinaires pour réprimer 
les procédés blâmables employés trop souvent à Canton par 
nosîpres et irréfléchis compatriotes. Les Chinois le de- 
mandent y notre position l'exige et déjà la chose' a existé. 
En 1699^ une commission de consul fut délivréeau chef de 
la loge de la compagnie. Si on ne tient pas la même con- 
duite ^ peut-être avec quelques modifications , et cela 
promptement, nous ne craindrions pas de prédire la ces- 
sation totale et pix>mpte de notre commerce avec la Chine. 

{Extrait du Quaterfy Rei^iew,) 



MÉLANGES. 

NouueUea tlécoupertes d'antiquités à Athènes. 

M.'L^. Ross 9 savant allemand, préposé aux fouilles que 
l'on exécute dans la capitale de la Grèce, a fait dans le 
Kunstèlàttyde Stuttgard, de nouveaux rappoits sur les dé- 
couvertes qui en ont été le résultat. 

Omareprnau printmnps dernier les fouilles commen- 
cées, il y a dà-hùit mois , dans un jardin auprès du Pirée. 
Elles ont produit plusieurs grands bas-reliefs du plus beau 
travail grec , provenant d'ancieiis monumens funéraires. 
Quelques-unes de ces sculptures ont quatre à cinq pieds 
de haut ; elles égalent en beauté le fragment de la frise du- 
Fartbé|;ion> qu'on a retrouvé il n'y a pas long-temps. On 
a reiiréfjde plus, de Ja terre , un. nombre considérable de 
de pçtitis .b9kS-i!^li.ef8 et de simples stèles avec de beaux 
d^raotèrep^; OU jUg^> P^k* l'orthographe el^la ibrmé des 
( l836. ) TOME IV. 2 5 



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^jS NOVVnJjUSS ANNALES 

ioscriptioDa , que o88 objets datent de Fëpoque de ia pttw» 
pjritë des art» en Grèce* Les tcnfibee ayavt'M toutes oit-^ 
vertes et pillées dans vkm temps trea reculé ^ n'otii fourni 
que de petits vases lAo^matôires. On pèééiiâi^ qXië k 
violation des ^coahes eut lieu lorsque Fhitippé III^ mi âë 
Macédoiiie^ en envahissant TÂttiqne^ il ja a^^edo- anttSy ta- 
vageatoujt> sans épargner las temples et les tondtyeenix, 
selon l'assertion de Tite-Live> et de Diodore* 
- Au ParthénoQ on a tominé les fouille» le loiog àè la 
façade orientajb du temple y et l'on a commencé à démolîr 
ce qui restait de k niche de Fautel cbnétk^ent^ léèr co- 
lonnes du pronaos. Malhjeureusement on n'a découvert 
aucun objet sculpté qu'on puisse rapporter aux figures du 
fronton» A la vérit» e» a- trouvé: dev» torses^; Fuir d-'tm 
enfant et l'autre d'un homme ; mais il est douteux que 
ces statues aient fait partie du fronton. 

Dans les fouilles exécutées devant les Propylées^ on a été 
assez heureux de retrouver encore un fi^gmeot) de Kins- 
cription curieuse qui contient un mémoire des frais de Ja 
construction de l'Ereditéioa.; On voit panp. I0 fràigmènire- 
trouvé ce qu'ont coûté les échafaudages érigés pwxr les ce* 
loones du vestibule y et pour r^&écution des peinture» à 
l'encaustique. Dans la partie inférieure} de la battene^c» a 
retroiivé un grand nombre de piei'res qm ont «ppartena au 
grand escalier des Propylées. On pourra. rétablir lesmarches 
presque en entier» > 

La découverte la plus importante y éat moiii» foùt kfo 
savans^ est celle d'un fraient considérable d'aise tottgu^ 
inscription qui est eneore us sete reisiîf aux tmvàvtx 
publics : un inivéntaire deé objets que ItiSMepecfèFéM des 
travaux d'arts > en soi^tast de charge^, éot^têm^'etÉt^ ïeê 
mainsideileuBS suoGesseurài. Cette. in«er^)1ibll «iCrMs êSif»^ 
publiée el oommentés ;aABksi«h fim sîmiUià'tÊé éatfff>i fetu 



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DÈS ^OYAdES. 379 

savàht ppôi^^uf Bè^ckh , à BetHh* / ^ui s'est chargé dé 

i>*«p\>^ cet intëôfàirë , là ^lùpatt de^ objëfs tiiètitîbiyhés 
cdmrïité d^bëéê dahH rdréèhal proVèifàiënt dés fratiàiitx de 
Itf SkdhM^jHéi iûb% timéirt cdtfstruît j^ar thiléw , ébritëte- . 
pôfrftîtf<ic'li;féuirgti*. VàmÛ teé dbje\é , Vinwéiiiàïrë Hdmme 
uti tHgl^phé éû hdh pèînt à f encaustique , ](frdbabîe- 
rrféïil pdiir àêi*Vîr dé inodèïe S reiitrejrf-eneùr des tta- 
Vàù* ,. àihÉt qtite deïi tnocféïe^ de fuilés' à téies dé liàn^ 
{fèxfi^M^ figiirées en baï-relièf) ; ptiîs de tuiles dorit tes 
boftiêëtaSerit orriéâ de fleurohs'à ^entâû6tiqùë^ 

On sait maintenant que les Grecs employstîètït â pfôte- 
skirf la péihtute à- Féxtérieilr de leurs ^rarid^ mbtiiimeiîs , 
èl'à TôrriéPinem dès li^avâux d'àrichitecf titc. IF est â' règiiet- 
l«i» qu'tfif tirait rîén téirfcmé àé la èkëhbtfaèi^ilef xkMh de 
Flfîtoii y ({m ^uelquèë restés dé fènfdaiitonè' et ^ef(^tiè!ii 
trîglypttes c{Uî aVêtient élé eiidtriis dé stud é, réétiuvérfà' de 
èofttiliéè Û€ couleurs à l'edcMéti^iiéf. Mais pieiit-^âti^è', éâ 
ët^ndSiit \m fotiîifetf âftitovh* de TetÀ^lacéùrétit «Kiùel d(?è 
îttagaSilW fH>yài« a* Pîréè, ééi^âit-oA àhéèk it&UrkhtiX pùttt 
W*r6t(Vëf d'sflitrèé restés; CeÉl' en creusant léS fttfrflafîôhs 
é^0àW mdgflèiblF ^u^oii à , éiit Une kiigùë tfé' térf ë kiiprSB 
d(* Rfêé j découvert le curîéiiji j|yéritrfîfê éir jfiiei^re qui 
serajjiètit^ôt litre à U frtblicitë; ^' 

Nn^tfs îaf(î>W«gi^b<iS^ ^Ùé l'iiWcri^tion ëblâiipfcit titié qUèstîdà 
qm a *c«i^ les ai'chéolbgncs. On à* trô^uvë ééë tsiséÉ grées 
danb l)e¥'l*i!ii«è^d'éKàiiciénitfè^ Adrîà'; dârïs Platrfe. Od sb 
dMMSkicfait quéts ra'ppb^ts Adrià a^it eus Si^kéVAitit^tié; 
-i?i«W«fip«teA' l^vêleèdtjNWéis : car elléfkti mteiitïôh Aè dècteU 
du peuple relatifs à l'envoi d'une colonie à Adria^ écfiîfif tft% 
chef nommé Miltiade , l'an 3a5 avant notre ère. 

En continuant y l'été dernier, les fouilles dans l'Acropor 
lis , on a découvert encore divers objets intéressans, tels que 



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38o WOUVBLLKS AJiWALES 

des fragmenSy malheureusement très endommages, de Yk^ 
toires ailées , en haut relief, provenant de l'ancien temple 
de la Victoire; un piédestal très endommagé., avec Tinscrip- 
tion Athenas Demokratic^s ^ en car^^ctères de l'époque ro- 
maine. Il a été déterré aux environs duPavthénon. Puis un 
siège en marbre , semblable à ceux qui se trouvent à Rham- 
nos, devant le petit temple.de Thémis. L'appui est cassé : 
ce siège a pour inscription les mots îereos boutou ,■ qui prou- 
vent que ce monument appartenait à TËrechtéion; c'e^ 
peut-être le même que Stuart a vu , sans y reconnaître un 
siège ou trône. Il était enfoui sous les décombr^ d'une ba- 
raque turque. 

Au Partbénon , on a tenpiné les fouilles le long de la fa- 
çade orientale , et on a poussé assez loin les fouilles dU'câté 
du nord* Dje ces deux côtés, les marches en .marbre réposent 
immédiatement sur le roc taillé , tandis qu'au sud Iç temple 
a àe& fondations de 5 mètres et demi de haijttjeur, et qu'au 
nord-ouest deux assises de pierres carrées de Poros forment 
la substruction des gradins, de jo^rbre. Dans quelques en- 
droits du plateau du rocher on a remarqué des /carrés régu- 
lièrement taillés , dans lesquels doivent avoir été placés des 
piédestaux pour des statues ou d'autres monuraens, On a eu 
soin.de relever tous c^endrojits afin de pouvoir les mar- 
quer dans le plan defllcropolis que l'on sera à même de 
^dresser,, après les fouilles. Comme l'encombrement n'a pas 
..été considérable du côté oi^ les gradins touchent au roc vif, 
pn n'y a pas découvert beaucoup d'objets antiques ; ils se 
.réduisent à.quelques petits -fragmens de la frisa , à la^oM^tié 
d'un xqasque. en marbre , à quelques tétea très^ endomtna- 
jgées^ etc. .. 



.-.f: 



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DES VOTAGliS, 38 1 



Noupélles scientifiques de. la Russie. 

L'académie des sciences;, " à Pëtersbourg , a joint à sa bi- 
bliothèque un nouveau local destiné au cabinet d'histoire 
naturelle et au musée asiatique. Ce musée seràiin des plus 
riches d'Europe en ouvrages et manuscrits orientaux , sur- 
tout en livres chinois , mongols et mantchoux. Il à été en- 
richi > il 7 a peu de temps, de la collection de livret, cartes \ 
et plaos du Japon, du Tibet , de la Mongolie et de ITnde^ 
formée par M. le baron Schilling; d'une collection de 78 
maimscrits indiens, provenant du colonel anglais Stewart, et 
eonceriKint ^ur la plupart là littérature sanscrite ; enfin 
d'une collection de 43 ouvrages mongols et tibétains, formée 
à Példng par Faréhimandrite russe Pierre. 

Un prêti'e russe, le père Véniaminoy, séjournant' à Novo- 
Arkhatigelsk , chez les Aléontes, peuple insulaire ^' et peu 
Ueanhreuit, a rédigé iine grammaire de la langue impar- 
feite de ces demi*sauvagës qui n'ont même pas d'écriturieî 
Considérant que la langue aléonté finira par s'éteindre, 
l'académie de. Pétei*sbourg a décidé que la grammaire d\i 
ibtssionnaire russe serait imprimée comme un monument 
durable de< l'existence de cet idiome ; elle sera suivie d'un 
vocabulaire/ 

&|ii8349M. Parrot, naturalisée, s'était rendu au lac de 
Buvtneck en Livonie, pour faire des recberthes sur les os 
foflsiles que , dans un premier voyagé, ilavisiit remarqués 
dans cette localité. Â scui retouk* à Pétersbourg , il à fait à 
l'académie un rapport sur ces recherches. Il en résuHè 
que M. Parrot a trouvé beaucoup ^e fragmens^ d'os fos- 
siles, maiq en trop mauvais état pour qu'il pût déterminer 
avec 0Ûreté le genre d'animaux auxquels ils ont appartenu, 
il n'y a point' de- squeletles entiers, ni même d'ossemensd'un 



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302 IfOUV£]pi:.^3 A^rifALES 

gros volume; mais le naturaliste a recueilli des f ragmens de 
coraux et des dçpts d'espèces ii^connueg dj^.p^^^ens. Selon 
8€RB conjectures^ l'état fruste dans lequel se trouvent les os 
fossjles d^pftf^ sm: Içj ti^ds (^u lac B^i:t^eç)L> {|Tp¥i^t de 
c^ q^P les sqpi^ljejçtçf oij^ été fr^ças^é^ paf |f^ g^9ptji^ vam^- 
brable dq blocs erratiques qui ont été rpiflés ftfpyi^ l^.npr4 
d^ la F?nlaD4fi ^* ^P *^ Spap^inavi^., iu^^g'4ïir4Qli <te? 
bords açtijeUde I3 ^ler B^UigMi? «|t d^q îaq? Qftçga^t;li©f 
doga. ÇçaupQW ^Ç bfecs de c«i gey^Kegî^^^ enfiorsfw 
le9 i;^p9.du l^p^v^inci^^dai^îî levpisii^ag^ 4iifî4p!Oil:,(to 
©fi«iÇ,f?e}}?fps9iî[ç^. 'i^^ blocs cpy^tiqu^ qu'qp tr<?HY%ei|,Ri|^ 
a$e variejït in^i|ne^t.^gr9^^f;-; il y ei^'^ «qv^i 9WpM$m( 
^ft g^çandepf Içf palf iâ ,. tandis qjie lc{^ pl^sp^ta ^WV^ i^tt 
p^y.é4esr})eft4^i)i|je&villf^.. ,( ./ . • 

M. Fraehn, orientaliste, a trouvé d^paf^'^i^w^ge^JR.cmr 
tciiif' fr^be, Hnabi Jaççub el-Jîjedim, qui^cpyit^» V:anf87 
de notre ère^» des rieqseignein^s curieii^ sur les jur^^l^^ 
d'^ijaii^ de différentes ii^^ions de cette éfçque^M^êtfilfiX 
m^SfiUi;i^n do;ane ^^rp ^utiff» un éotantiljfcnft d^ Téçi^UW! 
rus^e^ q^'il prétepd ^eniç d'^n hqi^ftP qui, çn qimiité dl'PUr 
yoyé «^'i^n pç^ce d^ Caucase, ^vai^ ^Hr.|ié|<|«elqW i^msp9 
à l^ cç^. j^'\i^ pripce rus?e? 4i*. lîfM 4§ papier a$i s» servait 
^ fliu^ ;ï c^pp^m^.en Sf;^ï^<ii|i^yiç , d?(b^^. 9t}iî,ilQ^««l an 
taillait les lettres. Ce qu'il y a de curieux c'est q^ijg l'^Qh^Qr 
*iU9îi. <î^^. VfiÇFîîJPÇft !¥8se .4^ ; 19?^ ^jÀclç,, 499Q<if pjtf lîaiiieur 
a^ah^yji^ç rfissp^cçi^iie ai^un^ffgfm ^^ix çar^9t^«ft §lê¥ew «â 
à résrj^tiye jftwqve j. 0^ y r^cftpjpftît ^^ QQR%^isfiniQ# iewr 
f^pblfiiipe fr^ppantç ^^eg l^^qaraçt^eft d^ io^eriptip^a non 
çi^ore ea^pi^qu^es que Ygn i^fn^on^ççi çiiri k?r^t0.ei*kre 
Syjez e^ Je mqpt Sjns^q^i^çiqî^t ^é^ çi^ pa« Ma auteur d^ 
Ç*. fftçpjl^j. et qu^ rpq. ^^^ifei^; ài;4?ll chf.éiieiift q«t. «e cen^ 
4?i^t S^ B#^rina»9i,îî»vi »q»MS4w,4ç lftT:^f^fiîgu»atiw» 
Aff ¥^;^.ce n'est tMh pr^9»if^(ei fejji, qKi^ I'qa a gm ifo&vi^ 



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DES VOTAGBS. 363 

naitre d^s le Nord des analogies avec cette écriture mys- 
térieuse du mont Sinaï : rorientaliste Tycbsen avait trouvé 
de la ressemblance entre ces ca^actçres et ceux de quelques 
inscriptions découvertes en Sibérie. 

Un dlijtrjQ çi^embre dç raç^déçiied^PéterBiboarg^ M. Sjœ- 
gren > a été envoyé pour deux ans au Caucase, afin de s'y 
livrer à des études comparatives des langues peu connues^ 
parlées par les nations de ces montagnes. A Texception du 
gé^i^gien^ on Jie poniiaj^ guère ^ graIl^naire des langues 
caji(pa5i^ijne».C'ç^t suitout li^Uj^gued^Ossètesquâ^M. Sji»- 
g^i) ^t çbîtrgé d'pf ^initier. K|ikproth regardait ce .pfÇUjj^e 
q^me ui;ie brapdbe de (jir^ce indio'-germanique dç l'Asie» 
€^ r^i^i^uyait ^eajgiçpup de mofts os^# ^ans 1^ dialeelee 
finnois p il en était de n^ême du g^rgien^ de Vari^éiûett^ 
1^ fjfifiéray^ toutes les langues du Caucase, qlii, selon le 
^jKanjt cité j ont une affini^té remarquable av^c le finnois et 
}^M^\^^^. d^ ^^^ ^^ y^^f maprQtb prétendait eu outxe 
q^e*}^.Qs^if^f qui habitaient encore )e Caucase^ sont le 
^ep^{^p|e qae le» à^m ^\h^ Alaip* du moyeorâg)^ ; k 
oç9f<4'0^sèit^;en étai^^ selon lui, une preuve, puisque ée 
nom vient de celui des A^s ; or^ selon les traditions repaie 
^e$ dans le Dord de l'Europe, les Aaes vinrent du Cau- 
c^^e^lK^c Odin s'établir dans la Scandinavie. Sur 3i7 mot? 
ôj^ti;imçs:jqtte]^laproth avait recueillis, environ Un cin*- 
qWfftfi 1^ fi^t«-^U¥e dans l'apcieune l^g^e des Qotha. Il wt 
donc intéressant d'approfondir 4a langue ossète, ^fîn de vûir 
si riel^Q^^ent e)lç peut être considérée comme lu mère ou la 
sflsjurj^es langues du nord c^s .l'Eu^ppe; et ^i par oonaé^ 
quent U tc^itio^ a^ çjujet de r^rriyée d'pjne çok>»ie sanoa-* 
sienne dans le nord de l'^ui^ope, tfpuve un appui dans 
raffimté dof^ juliomes de ces peiiples. ) 



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3â4 irOUa^LLKS jINHALES 

EXTRAIT 

DES SÈAirCES DE l!'ACAVÈVlXZ DES SttffeScfeS. 



"y 



Séance du 21 novembre. — soDueâs'iPÎàBRiAtfels. -î- ÇUèl^ 
ques ohsêfvaXions faites en août et àtfptemireiS^y'dZutkôh^, 
pêtr M. Séguîèr. — ce La ville de Lucfaon ; prdpri^nttfé d'é^ 
«aux thermales qui portent son nm , désirait^ dépuis^rà^- 
femps , pour répondre à ^empressement des bai^nisûrT^ 
mettre à leur disposition un'pliis grand vbltimë'dN?àù. "^ 

a Dans les dernières années , raffluencé'des tûS^aû^'ètàiit 
devenue de plus en plus considérable, îF était tndispeti^bfe 
de chercher à augmenter le produit des- sources f ëncti^vèï* 
de nouvelles , ou bien essayer de rendre l'ëcoiffenient^âé^ 
anciennes plus abondant , en mtbageant agrafa îd&^treb 
{^u»' larges et plus nombreuses au travers dû 'soï/ étaient tes 
Mulf mby'en s qui s'offraient à la pensée. * ''^ ^"'*^ ' "^ '"^'^' 

« -Eti décembre i835 on'sè mit à l'oBUvre; àii' g^nd 'df(fc 
plaisii^ des* timides , à lâ graiidé satisfaction dës'â^rïtdreux ^ 
les fouilles furent commencées. L'opératiôti était délficèftè^ 
elle e^Ligeait de la circonspeètièn : on pouvait cdiatoôiliëttii^ 
Tétat des choses en Voulant* Fatiiéliorér. - '' ' ' • ■ '* • •w' 

<!C Heureusement 46 succès -rie se fit poî^t ^tfendrev H 
vint bientôt couronoer les tentatives du éonséîlîntiiâcipà! et 
reudi^e le calmtê aux habîtâns ^ iqbi déjà cr6||^teiat les rêviez- 
bus de leur ville' gravement 'compromis. • ' * • '•• - < '^i» 

<c Nous vous demandons V Messieurs ;' là '^eriiiissîon de 
vous entretenir un instant des travaux exécutés à Luchon ; 
leur résultat remarquable mérite , nous le croyons , defixer 
tm moment votre bienveillante attention. 



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DES VOYAGES. 385 

À Lea sources anciennes de Ltichon coulent ^ comme cha- 
cun, sait, -du .flffiQC d'une haute montagne- au pied de la- 

, quelle a été construit l'établissement des bains. 

ce C'est àu-.desBiis de cet ëtablissement, dans le flanc 
mêiae de la montagne ', que devaient être tentées les fouilles, 
pour ne rien changer aux dispositions existantes. 

<c C'est aussi là qu'ont été pratiquées 4 galeries creusées 

horizontalement 9 et se dirigeant de la surface au centre de 

la montagne. ^ 

i ce La haute tempà'àture de^ces galei*ies, l'abondance , le 

canclèr»«tit^éliX'de6 eaux qu'ellesiémettent , leur peu de 

' piôfondèttr, nctus ont paru autant de circonstances dignes 
de Eomarque. '^ • i- ■ . .■ * : 

! McCes^ ^galeries sont désignées, à Tinchon , par des nu- 
mixw qutJ n'indiquent point l'ordre dans lequel elles ont 

•' été creusées ^ mdk seulement leur position i^spective. 
« La galerie n^ a , dite aussi de la Source de la Nouvelle- 

.Reine y a été excavéeja première; elle a été poussée jusqu^à 

'û3*>*., i5 à partir de la surface inclinée de la- montagne ; la 
ioùrce découverte dans cette galerie s'élance dé la voûte 
avec un bruit sourd ; elle fournit en ^4 heures un volume 
d'eau suffisant pâur administrer au moins soo bains ; ie pro- 
duit de cette sctotse est* emmagasiné dans la galerie*iaémé , 
•quia élé convertie en réservoir au moyen d'un barrage en 
-maçeotterle^jâciit son entréew Le soufre qui s'exhale dé fa 
•masse d'eau accumulée se dépose^ efr -cristaux nombreux 
cputre leS'parois de la voûte ; elle -en est tapissée, dans toute 
•eon étendtie , sûr près d'un centimètre d'épaisseur. La tem^- 
rfpérature deseàux^deicelle galerie^ J>risé, lé 3o août, le «3 
eeptembre, le i3<h] irieme mois a été * 

*^ • -» ■'....- 

Pour la i'^* observation : ^ -^, Tajratm.à ij ^q- 

— a* observation: 5o ^ , l'air atm. à i8 ^q,' 

— 3* observation : 5o j^, l'air atm. à 17. 



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^396 J!fOVWWJ&» AiriCALES 

y^cQpdp; ^I{0 a iUftmtsi» à la di'sliaiiaa.âe^i4 iiiètrcs 19 
centimètres; çll^ donn^ iasuai parsuintentent 8eufceiiiêi|t> 
ii ^ne eau ^ès 9ulÂli«u«e » assee abondante , déposant aussi 
jdu soii{ri9 i:Qfifi^ i^ paroiampérieuE«8; comme la précé- 
dente e\\§ a «té i)Oilv«atie en véscrvoiç; la tempéfatiitie^cle 
4«s e9ia an^ lépoquel préeitéea était 4I9 . • 

44 î%, 44 1^, 44 Â- ■„;',...;:,..; 

K$ Jj^ q^atriëixie: gaferia jd^s ^Qi^i^vda nHiuilioâ a été 

nom de nouveUç souirce fMçbî^rd 9 ^ é\é QQadoilftittacpà'à^a 
profondeur de 22 mètres ad centimètres ; dansjcm^eaiUrft- 
ixaté die se di^riçe px^ à^x^&gf^bt^nQh^mexm^&uoii(ikBif^é)verB 
}0 nord 9 l'autre v^rs. l(^ i^\id. Is piremeir de.ôea em|>raiiâia- 
mens jfpuri^U , pj|r ufi suipt^m/^fit çQ«tijautdl^ u^a aiti méms 
chaude et moins çJsiar^ 4^ «oufra qu^ jes. préeédantfis ^ob- 
servée aux paémes épflqueft».A9L temBécalnm aj-étf de .38^ 
?8 ^V» 3S îV- l^ teippérAture dfji'wi* qui «RécDiâf ^leerafe 
mil^çi; de cette galerie , obnervéa séparément le 8 itepteii^ce, 
ft';esjté|e»ée^4a^. ,■ - ; . 1. 

,. q. La galerie v:rw$â9 la d^niièrea ^m prefoluleHr.de 
.qu/^l/iu^ mètres setfifmant : «lia porta la aP i parea qu^alla 
ast l^première sur la t^rraii^ an aikptidia<aiad a» saad. 
Péjay à cette &ibl« di#Pi»P^.d» la9ui&cay%]«lk iaiBseetpan- 
mi^njet w» I4g0r ^Miakosent 4'eau thermale ;. sa le»pératora, 
mesurée 1^ 3 septemfeije, ét^it d« %degrés* Hp &ifc digne 
de rmvque , c'est que p^ndwl toutes les ^fernUbi ifSf^ 
propha des eaux thermale» a /çomÉammeuA ^ indiquée {Mif 
Ja rencontre de terres gri^c^ el ywàààFeé, doot xmqgif déjer 
sons sur le bureau des échantUlons. 

(c Le soufire n'est paa^ja 4eale matièra-qm tapisse iaa^- 
rois des. gftloiw eii soa* emmagasiiiées. la oouyellea eaux 



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.de (i^çtipA r op y r^pcpQtr^ mw^^ ^n abonflance une autre 
substaneç giiatàmsmt^^if^^^^^ g^calenient lUaignéesous 
jf) ippip 4e ^Hi^iiite, {^oh^iemept p^ice. qu'elle i^ aussi éto 
tmm*)9Ç ^ Pfti^ge r BPtaû^ qui serait mieux Bopunée luchéninè, 
puisque c'est à Luçb(9P^ qu'^ll^ ^t » «ans contredit j en pi^s 
^P^wd'Q quotité. 

, «ç I^a oppU\Q!^§xYQ çt^éf^ ri^cemmeot eojeore à Foocasion 
i^. petl^ lap^ti^ro^ déola^éfi jirégélaia par. las uns, minéitafce 
par les autres 9 ifous a engage à ne pas négligea Foccasiob 
•4!tf 'l)f)9@îi#mitt<iai9^f}urta&6ça loiif à ILiKbàii y ^étudier 
.oiHlf»HllbiiMOQ>#(dp'fOôu0iUii? dAâi éhaniwtrons «t dea$»l8 
«4^8iWMeiifcj^|pp^i«Bjqpe Jour suc oeMaquestio f^ 

j;i^>iSp^t W<»W don«.«baroM tout d'abqrdiàfaîea étudier 
1^ Mmx c^ m iwcoi^tra la bavéginè^ à Moonmitt*e 4iaiis 
qi^l^lt i^i^prartaiieef f'flpua quelles iafluences «lie ae pro- 
duit. Yoici ce qua^^de^' observations/ boAScieDciettaes nops 
^^fii»^t|sil>âMAIMer >à^^^ ou itiofao- 

ninfiiiajlff<8IT0>ieii abondanca da^ns toBsieà rénrvoîi^ coi»- 
;|jeiiij|ql)0^'iQau»fb<6tniàb»d^ Luchon, Ifaîs^cHès'^ trouve 
;dMl)4«ftl^âsa^ diffitieatà i ohaer^ée sqr les panxskitéfaïcK^ 
sMr )« fbndi.iaâfne, mais seulement Içrsqu'elle est encore 
adbéniQtei eHe pséaSntJ^ l-aspéet de nombreuft £lainefi|8 
àhfmén par tnècfaça aasex: semblable» à* «kl^am^ptei danS' 
iMv^ éMr le kBQWvemebt de Ue^u peut hii oomnaùiiiquer un 
iogeRibakiseem^. Des masses eousidiëràblef dé bai'ëgî^ 
détaehëe gisent dans te fond des réser^^oÎFS } des fragmena 
ikfces çaâsfesi sQiDt p^i^ofiné entrain^^ ûm^s lea conduits et 
juaquadans ^a baîgnoiiiss. 

il La bais^ijué adhérente , celle qui à l'oeil n«^ pi^sCi'nte 
uDa(Bpeotolwv;elu , soyeux» tapisse principalement^ -dans les 
galecies^ lî9s sur&œf erposëes toup à tochp au contaet*^ 
i'eaa et de^l'àtv/ autaiest^e ver» la i%ne des niveaux âés 
réscBvoirs.quf'oiir k^ reâcôntre en abondaipee , eHe prttid en- 



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388 



NOUVELLES, ANHALES 



core u» développetnetat remàrqufàble sur les parmtfdès ga- • 
lenes^ d'où l'eau né s'échappe que par suintement. 

« La galerie n^ i / à peine creusée , et dont le terrain 
«l'offre encore passage qu'à dos gouttelettes d'eau thermale^ 
est peut-être la plus riche en barëgine. 

a L'examen attentif de cette substance , à Faide d*un ex- 
cellent microscope y nous a présenté , au 'mdinent même oii 
elle venait d'être recueillie avec précautiôn^dés résultats 
bien difiEenens. .: ;; » «. . ; î . ; • 

a, La barégise fles parais , détachiSe a^fito iiti eitrêmè teé— 
sagement et observée et t'instant même ^ oS^é cen8tamiû«nl', 
sous un faible grossissement, l!appar«t|ce d'une massé de 
crin mal cardée; sous iin grossissemifttlf i^kis^fbrty éha^e 
brio prend la forme d'un tube èompbsé d'àltéoles jtâttapo^ 
aéea suivant la longueur : cette disposition «Mrv}e croisj celle 
qu'on est convenu d appeler mdm7i}^^mf*r) '»'> >"^' '<'•'' 
ce La barégine prise' parmi les masses détattfiéeè^ gisMiM 
sur le sol dis réservoirs , présente un tout atttf« âëpcicts 

<c Le microscope , soit avec tes Hifbles, soit'«v«cfïëf*ftl^ 

. groMissemens y n'y peut jamais feire distinguer »(itrè <sliose 

qu'une masse amorphe : touchée avec ia pointiez d^une^-^ 

guille, cette matière semble être gélatineuse ou glaireuse.' >• 

«, Frappé d'une:. telle dissemblance , nous avrils voulu 

. acquérir l'entiène certitude que la substance* efasèi^vifo pt» 

nouç.était cependant bien la même^ quo^oelt»uéillleéinlè 

des circonstances différentes. ' '(.•>.•!. 

ce Nous avons donc pris de la barégine des pavoisy et«près 

nous être assuré, en l'examinant hm^^temps^avec soi» , 

qu'elle était uniquement composée de filaniens momli- 

formes, nous l'avons abandonnée pendant plusieurs jonrs 

dans un vase découvert, à moitié rempli d'eau dès sources. 

Des observations successives nous ont révélé les différena 

états par lesquels. passe cette substadke pour arrivera-fer^ 



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DES VOYAGES. SSg 

mer la barëgioe amorphe , où le microscope ne p«ttt plus 
rien faire distinguer. - 

a Voici ranalyse de ces ol^rvations : 
a 1^^ four. Bariégine à tubes iponiliformes , enlacés au 
milieu du liquide très transparent. . . / 

a â* , 3* et ^* jours. A peu près lé même état. 
« 5*" jour. Léger changement : les fitamens commencent 
à paraître visqueux et plongés dans un liquide c^ui semble 
devenir légèt^meot trouble.. A cette époque un développe- 
ment d'animaux infusoires assez nombreux se fait remar- 
quer. Les jours suivans, Tétat de viscosité augmente pro- 
gressivement. Enfin ,^^ers le i5« Jour la barégine, soumise 
à l'observation , i^e forme plus .qu'une masse opaque, glai^ 
reuse ou gélatineuse.^ que nous ayons précé4emment si-* 
gnalée. 

«c Ces ob^ryations a'ont point^été faites par nous seul ;, 
noua savons trop popabien U est facile de se méprendre sut 
le vrai caractère des objets soumis au microscope; Nous 
avons souvent demandé à des, personnes étrangères^ à nos 
tecbei*ehes la. déÇnition de ce qu'elles voyaient ; leurs ob- 
servations se sont toujours accordées avec ce que nous 
avions cru apercevoir nous-meme. 

a Pour utiliser les loisirs de notre séjol;^: à Luchon , i^jus 
avons eu la pensée de fiaii-e aussi quelques expériences sur 
la durée, du refroidissement des eaux thermales pour une 
certaine quantité de. degrés déterminée. Nous avons com- 
paré ce temp9 à celui nécessaire pour abaisser d'une quan>- 
tité égale de degrés un même volume d'eau semblable préa- 
lablement refroidie^ puis artifi€ieillei«>ent réchavfiee à la 
températUA*e>0e:ki source : la moyenne de ces expériences, 
plusieurs fois répétées . a été de i minute 5 secondes de 
,:t ei B p § en p l u s p e ur l^ baissem ei it de tu mpéia ture lie l^êS^u 
préalablement' refroidie , puis 'réchauffée arllficiellement. 



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390 NOUV«XF.è ANfrÀLES 

Nous devons ne pftt fntifi<tàé^ dé felfé Hbébrtët qjùë bieh 
que ces expériences aient été faites dans^lëé îhCfAië^ cî^oéis- 
tances, cependant, ooiiitff^ elles ëtàieiit TépMéà i vases 
ouarerts^ Teau pouvait^ Aatht lès êxt^ériéiifces'àticces^vés, 
émettre des quantités de g«e différènteé; hbùif àtorùs dhi/ 
en effet, remarquer à Tckkimt ^ué tes ëàKtx i^'hàùffeês fé- 
pandaîent^ pendant leur rc^reMîëéettfèiif y Acnné d'6deur 
que les eaux inifpr^Biées die! Jéù^ chailetir tiâtureHéf : !à pfuà 
grande déperdition de gais àe k-^aiil de cëà de^àîMteëéhSty 
ce nous semble, potff expitqtiër tét^ ^Itis pf^on^{>t rèfrbi- 
dissemeofl. 

imrsiqfDB du globh. — Hagfiéiisme ikrrèsire.' -**-*M. Mérfet* 
adresse le taMesu suiTat}t> dàtiè' lequel lëé'inëHtiài^és Aia-- 
gnétiques observées pendam l'expédition dà càpitsfhieBè&' 
chej, sont rapprochées de celles qu'il avait calculées, |>6ùr 
les œéflMv Heox y d^àprè^ ks^ formuffes éofHéàtteé dans iin 
iftiiBMMrc présmtépàr hxi en jtdllet i836*^ et ^éii éëîtbwfétri 
éaoïltéee dansr 00 mémon^ii 




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Ce t^Utftu ^t k lettre qd Vsccùj^ ^^^"' ®*® Renvoyés ft 
rcxaaMD de la oommÎMioA chargée ^r '^^ ^^ ^port sur 
le ftéaéàent mémoire de M. Morléi?.'^ j^^°f ' "^^^ 

Séance du a8 notfembre. — Tistvit^n^^ * ^ *— Sur les 
nuages dgs téteè de ta Guyane; par M. Ji^iâijfS^ «: Les plus 
fortes marées obêfervées ont lieu ordittsiremetit datrâ quel- 
ques golfeaformatit une espèce de cul-de-^sac, et l'on atiri^' 
bue à ^ette forme la faàdtédr extradrdiofaîre du motnretfiétit' 
ascensionnel de la mer. Tels sont , par exemple , le gcrlfe' 
formé siir les côtes de la France par les promonf crires du 
FmÎBtère et dit Cotentin ^ ait fcmd duquel se trouvent Saiùt'^' 
Malo elGranville, golfe où les marées atteignent une élé-- 
vation considéf able ; le canal de Bristd! , en Angleterre ; et 
la bai«de Fundy> danë l'Amé^^tre méi'idibnale; mâi^ lés 
cdtes d« l'Amérique sepitentrionalë , depuîs^lfe de la Trifiit^ 
jusqu'au eap Sttint-'Rech^ ne présentent aucun enfoncemeùt 
yeDia#quabîe^; cm a donc lieu de ^ètonûet devoir lin tfem-^ 
blâUi« piiénomène se reproduire ici r oi^ c'est ce que I^ th- 
servati«ns fa»ies pa^ M. Penaud, lieutenant de vaissàlu^ 
oommandant la gdè'lettè ht Béarnaise, hàné montrent. 
- m M. Penaud a observé k marée danà tous les points où' 
it s'est arrêtée Ltitsqti^^ eist resté lotig-temps dans un Héti / 
comme dans le éanal de Maittca et au mouillage de Baïlique/ 
il a pu avoir ïamarée à& ^z jgie ; mais dans plusieUtS aiAréë^ 
poiutS;p il n'a eu qu'une t^bseitvatiomr qui se rapporte à un jouir 
quekonquede k kine^ ]^ar tfiï côtfdu^é Cfcfqu'oti autàitëu 
le jdardii matimom, j'à^cènènparé lesmàrées'qtri ôtlt éW àb-* 
servéce èi BresC atit méaaêé' époques ^ Mais comme' M. PetifaUd 
dit que rar tdute cette edte les gtéxadeàmdttéesoiit Réir f^ 
troisième joutf'apt^t^ la Nouvelle oiX la pleine Ittue^ fAtrdk 
qu'à Brest > céVteffet et prôdtiU nti jàur ^maAheûiédieht 
sÊftè») fat evu à^idîi'freiiêté h ttt^é^ bCMBéè^â^Br^rô" 



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39^ ^ NOtK^Ï^ES ANKALES 

port pour 1^ Q^ p^ iQ^ouvement des eai|x observé^ celui 
qui aurait^ériences aienV^e» syEygics d'équinoxe. Ce mofeu 
n'est sans ^pendant y ci^^eux , mais il sufi&t , je crois, pour 
constater It^^ p m^^ ^gP^le. 

<c Nous tr(H»ipWS dans le récit de M. Penaud les &its suiï- 
vans : au mouillage près de Conani, le mouvement de la 
mer fut de ao pieds le 18 février , ce qui , comparé aux mi- 
rées de Brest du 17 février , donne pour les grandes mares» 
d'ëquinoxe a3 pieds. 

m Dans la rivière de Mapa , le â 1 février , la mer s'était 
abaissée de a5 pieds, ce qui donnerait pour lés grandes ma- 
rées 3a pieds. ^ 

(c Au mouilUge de la crique de la Gallebj^,..dan8 Je 
détroit de Maraca, où la Béarnaise resta près d'un mois,vda 
19 février au la mars, la plus grande marée fut trouvée.de 
35 pieds , et l'heure de l'établissement , de 6 heures. M^ Pe- 
naud remarque aussi que 2 heures el demie -ou 3 heures 
après le commencement du flot , l'eau est parvenue à sa fiM 
grande hauteur, et que la différence du niveau de la basse 
mer des petites marées à celui de la basse mer lors des vives 
eaux, n'a pas été de plus de 7 pieds. £n examinant les ma- 
rées de Brest , on voit que la plus grande qui ait été obser- 
vée à cette époque , était plus faible que (es grandes marées . 
dans le rapport de 1 à 1 , 14. Les grandes marées du eafial 
de Maraca seraient donc de 4o pieds. 

ce Dans le canal de Tourlouri , situéei^e l'ile MaFau^Let 
le cap Nprd, là goélette la Béarnaise^ qui tirait 5 pieds 
d'eau,, échoua le 3 mars. M. Penaud dit : «c Nous avons en 
vue des b^nç^ de 3o pieds d'élévation sur lesquels nous 
avions passé dans «la matinée. » Cela don^i^rait au moins 
35 pieds de ;maréei cette observation est un peu vague s 
au88i^ijtaf^ rappiMrté.aij^ elte donpisraj^ 

$7 pieds, ce qui e^t évidemm^t trop fort { ipaMrestimAtktt 



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DES VOYAGES. SqÎ 

Ûfi la kauteur des bancs peut bien avoir été exagéi*ée. Ce 
fait d'une grande marée dans cette paille^ est encore con- 
firmé par M. Lartigue , qui , dans l'Instruction q|ptique 
qu'il a donnée pour la navigation des côtes de la Guyane / 
rapporte que le capitaine d'un bâtiment qui fit naufi^age 
aux environs du cap Nord, en 1825, disait avoir trouvé 
3o pieds d'eau dans des endroits qui étaient à sec avant le 
flot. De plu8> d'autres observations de marées faites par 
M. Penaud 9 dans les enviix>ns du même point, lai donnè- 
rent, le 36 mars, une marée de 1 1 pieds à un mille et demi au 
N. 4^'* O. du cap Nord, ce qui, rapporté aux syzygies, donne 
j>our les grandes marées 4o pieds; le ^5 mai^, une marée 
de 9.pieds à 4 ou 5 milles dans le N.-N.-£. du même cap^ ce 
qui uoiine pour les gi^andes marées , 26 pieds. 

« Mais U ^5 mars, entre le cap Nord et Belle-Crique, au 
sud , M* Penaud observa une marée de 6 pieds , ce qui 
donnerait 17 pieds pour les syzygies d*équinoxe. 

« Le 2411 avait eii au N.-E., de Tembouchure de 11- 
laouarî, à une lieue et demie de terre, une marée de 8 pieds 
correspondante à un maximum de 17 pieds. 

a  l'entrée même de llraouari, la marée avait été ob- 
servée le 33 mars de 13 pieds ^, ce qui donne pour les 
grandes marées 31 pieds. 

ce Enfin , une suite d'observations faites au mouillage de 
Baïlique, depuis le ]5 mars jusqu'au 9 avril, adonné pour 
la plus grande marée de cette époque 33 pieds, ou 35 pieds 
pour les grandes marées d'équiuoxe ; cette observation au 
reste a été unique , et le jour suivant la montée de Teau ne 
fut que de 17 pieds. 
I <c Tels sont les résultats que Ion obtient par les obser- 
vations de M. Penaud y en les rapportant aux grandes ma- 
rées; si maintenant nous examinons ce que Ton a eu dans 
divers points àrouest et à Test du cap Nord , nous trouve- 
(l836.) TOME IV. 26 



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3^4 NOUVFXLES 


ANNALES 


ratas tèé valeurs suivantes , pour 


■ Ja gi 


•dndeàv âH Wà'xAii^rii 


de la marée: 




• / 


w 


Vieài. 




Daft5 le golFe de Paria, 


10 


BluQt* Jmerican Piht%, 
|>. 5oo. 


A l^émbôucfiure cle rOrcQoqac. 


3 


tdem» p. 5oo. 


A Démerari. 


9 


Tfîerii, p. 49^*' 


A FénKdùctiiite dû Mai'ôhi. 


S ^ 


GàVtc nm&bjoritê. * 


Aittlle# da Saldc 


» 


Ol>sèn^deJ!ll;De»feisé/, 
en. i8i3« 


A Gajenne. ^ 


9 




À rcinboucimre de rOyapocfc* 


lÔ 


Carte manuscrite. 


Au mtàni ikàjè'i. 


i5 


Hoûtièr Hes AûlHles ,' 


ACoiiani. « ' '•- 


= n^^ • 


' M.PdnSèiU' 


Bans la tiviète de Mapa. 


3a. . 


-•\Mfm:' : .:- 


Dans le dëtroit de Maracâ. 


^ 


IH^m* 1 . 


Bans le détroit do Tourloarî^ plus de 


4o 


. , • J^det^' 


Au N.-O. du cap Nord , à i» i/a. 


4o 


Ifkm, 


Au N.-N.-E. du cap. Nord, à 4 ou 5 mil 


1.26. 


ï(km. 


Entre le cap Nord él Bélle-Criqùe. 


«7 


JÙeni, 


Au N.-C- de Veinbouch. de riraroaari 


• «7 


ÎMn. 


A Tembonrhure de Viraiouati. 


at 


• • Idèrn. ' - ' ' - 


Au mouillage de BaYliqne. 


35 


Idém. 


A Tile de Marajo. 


16 


Lar ligue , fnstf, ii^uf , 
p* 3*. 
a La Copdâminc. 


A Tenirce de la rivière du Para. 


101/ 


Sur la vigie de Manocl Luis. 


11 


M. Roossîh. 


A Maranhani. 


16 


Idem. 


A Tcmbouch. de ta riv. de J9g;nar]fbe. 


8 


Carte aniglkîâè rëcehtc. 


Au cap. Saint-Roch. 


10 


M. Houssiif. 


/ 







<( A partir de ce point , la côte qui ^ depuis File de la 
Trinité courait à peu près S. O. et N. È., prend là iîirec- 
tion S. E. et N. O., et les marées continuent toujours de 



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• (iimipi^er ainsi ^u'cî^a peijil le voir dans je Pilote du Brésil 
de M. le l]^rpn RoiJ^ssip , pu Ion trpuve 





Pieds. 


A Pern^mbc|cp, plu« granule cnaréc. 


a 


îA Bahîâ. 


7 


Att;i Abrolbos. 


s 


'A)£tpii^itu.Slanto. 


4 


i A (fVior Janeiro. 


4i/: 


;A.S?^^nUj»ëha$fiçn. 


4 


.^.^§a^tc-C,îrthçifinc, 


,6 



jK ^'iït^peçtion de ce .tatjle^u suffit ppur îjoontj^pr qii'ilj 
» 9.\\x .epy^iflps 4u ç^PjÇJpçii fjfljB.^iijgflaent^tipn nplable 
^^ans (a Iiauteurde l^^^ré^. 

fc L^ pliservatiqiis ne /sont pas a^z pirépf^i^ pour en 

déterminer exactement la va|^ur. y mais jie p$;ns<e que ce^e re*^ 

. marque engagera les personnes qui iraient dans ces parages^ 

rà porter leur attention «urce phénomène, ^t-à feii^xoDpaâts^ 

^1^9^ f^rv^tipps, ,» 

Influence des cQwaj^de.l0jriersur l'^M^d^ Vatmt^spH^re ;^ 
jpar ML, Lartigue, capitaine de Corvette. — M. Lartigue an- 
nonce avoir reconnu que les courans de la mer détermi- 
nés par la marée ^ exerçât, i^i}e^ii)f)uence sensible sur notre ^ 
atmosphère. Suivant lui, le changement de direction de 
ces. coiirans amène ordin^îreijQuent une variation dans la, 
force du vent, dans le rhumb suivait lequel il souille, ou, 
dans ('état du ciel. 

JLes premières observations de A|. La^^igue rempiitent à . 
181 2 ; elles furent faites pendant dçux années consécutives , 
ep rade de Brest. Plus tard à la Guyane, presque chaque 
çhaiigement de marée , à Tépoque des syzygies, à l'époque 
des fortes intumescences de la n^ier, à l'époque des forts 
courans, amenait un grain plus ou moins prononcé ; enfin, 



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îcp IVOtJVELLF.S AWITALES DES VOYAGES. 

en i83a, sur la côte de Hollande et dans la rade des Dunes; 
les coups de vent commencèrent ordinairement en même 
temps que le courant de flot , tandis qu'ils finissaient au 
renversement de la marée ! 

Si nous arrêtons ici l'analyse de la note de M". Larii^e, 
les résultats de cetoffieier trouveraient probablement peif 
d'incrédules ; chacun assignerait même sans peine la cause 
physique des effets annoncés ; mais , suivant nous , voici 
ce qui complique singulièrement la question : un même 
courant agit tantôt dans un sens et tantôt dans le sens 
opposé! ce A Bi^est, dit l'atiteur du mémoire , la force 
« du vent 9 dans certaines circonstances^ augmente par 
« l^influence d'un courant venant en sens contraire; quel- 
le quefois la brise entre la marée ; quelquefois , enfin , les 
a courants font succéder à un calme plat , une légèi*e brise 
« contraire à leur direction !» 



^ Vai^enir, VExtrait des séances de VAcadévim 
des ScienÉes sera fondu dans les Mélanges. 

ANNONCE. 

. Presqa'au moment oii M. Davis publiait son excellent 
ouvrage^ paraissait^ dans un recueil intitulé ia Bibliothèque 
jt Edimbourg i UQe compilation faite avec soin et intelligence 
sur l'histoire et l'état du céleste empire^ et qui peut lui 
aervir iie complément. Nous la recommandons à tous ceux 
qui désirent s'instruire ai fond de tout ce qui concerne cette 
vaste et intéressante contrée^ «et porticulièremeat le troi- 
çièine volume qui traite de sa zoologie et de sa botanique. 



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TAUB BBS «CATlitRCS. 9^ 



TABLE DES MATIÈRES 

GOITTBVUES 

PAJÎJS Cï; VOLUME. 



Sicurrion aux rapides de TAnse/à sa aortie da basiin 

derAnnénie;parFi^d4ricDuBoi8. (a'articla.] 5 

L'Asvattba et le Pipala , par M« Charles &hter. 3i 

Voyages en Nubie , en Kordpfitn et dans TArabie^Pé- 

trée, par M. Edouard Ruppel» i37 

SToyages en Nubie^ en Kordo&n, etc. (Suite.) ii6S 

Expédition scientifique pour l'exploration de la Turquie 

d'Europe^ par une société de naturalistes. 3i6 

Eïpédition dans Tintérieur de l'Australie. 333 

BULLETIN, 
ANALYSES CRITIQUES. 

^otes sur quelques cantons d'Haïti recueillies dans ua . 
voyage fidt à cette tle en i835, par le révéreud S. W. 
Haona. 8g 



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f^ ,?:iRÂitAfl^Wk .Tiff/ : 

Séjour à Çonstantinople^ pendant les temps qui ont vu 
naître et finir les révolutions grecque et turque > par 

Description générale de la Chine, par M. I. F. Davis. 34 1 



:-::Tn:';?Ti'?«Mî^. ::j"=- 



i: 



Rapport du capitaine Tréhouart à S. £. M. le ministre 

delà marine. .,| A «I ^^^ , ..,. > , ,,. loi 

Toyage à la côte brîéntafe c^e la ^falne.' < 109 

Navigation à la vapeur. 1 16 

Explication d'un monument de sculpti^re de la cathé- 
drale de Chartres. (Suite.) 117 
Corporation des tailleurs à Londres. 1 ao. 
Extrait «ikxii dsktion tf];«ui.KAijl2^&ili<fb^«ibp«d^./.:. 
<*^ îndi4ialei«ttii$es.Ai>ff9aésfcidAjaQs^ 
loQuickembMUfi^eDiiSaS./: . • /^â^ 
EvélMéieBkiMIlâUasaMc.f ■ %^ 
^fbidiviens égarés. ' !.. , . ... ^3S 
Sîicendie à C4nlhiDH . . ^4^, 
B raow i y n A n j j la l w iaBi . . i$!^. 
«Binancipation d«»étwitt; . M ^ 
QUadiation de la.htettw; . ^4^ 
Livres sacrés des Tibétains. ^44 
Assemblée des Anglo-Çji|^'iÇi^. . , , Ihid. 
Monumens érigés en' Allemagne^ aux inventeurs de 

l'imprimerie. . .. , . , , M^ 

Découverte d'ahtiquités"^ à Athènes. 349 

Erreurs de )a pi;ç0se. a5i 

Navig^^op par l.es,na\îresày,^peur. â5a 

Çciehce géographique des* Pci sans. 353 



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DES aCATliHES. ^^Q 

Nouvelles découvertes d'antiquités à Athènes. 877 

Nouvelles scientifiques de la Russie. iSi 

Extraits des séances dé rAcadémie des Sciences. lai , 

554,384 

Nouvelle. i36 

Annonces. 36s, 263, a64, 896 

CARTES ET PLANCHES POUR L*ANNÉE i836. 

Carte des découvertes du capitaine Bach pendant 

son expédition aux terres arctiques. T. I, p. 73 

Carte des Iles Britanniques^ dressée pour la lec- 
ture des historiens anciens. T. t, p. i^5 . 
Plan de la ville et de la foire de Nijni Novgorod . T. II, p. 5 
Ourdabad , et entrée de l'écluse de TAraxe. T. II, p. 3i4 
Carta da Navegar de Nicolo et Antonio Zeni. T. IIT^ p. 5 
Le grand platane d'Ourdabad. T. IV, p. 5 



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