Skip to main content

Full text of "Nouvelles recherches sur les poissons fossiles du mont Liban"

See other formats


■^^: 


viCSis^^Oii;:?' 


OîOO<:x!s«ooiCX!>s;::^  C' 


"ïlÊSSx,    1^ 


^rM 


h 


le 


NOUVELLES  RECHERCHES 


SUR  LES 


POISSONS  FOSSILES 


DU 


MONT  LIBAN 


F.-J.  PICTET  ET  Aloïs  HUxMBERT 


GENÈVE 

CHEZ  GEORG,  RUE  DE  LA  GORRATERIE 

PARIS 

J,-B.  BAILLIÈRE  ET  FILS.— F.  SAVY 


1866 


:"3ss;X!sc:;Oa^C5a;;DO«:M 


3 


^^aw;<St:':Ù. 


.»-i^_ 


Sdy.i 


^ibrariT  of  tbc  Mitstum 


OF 


COMPARATIVE    ZOOLOGY, 


AT  HARVARD  COLLEGE,  CAMBRIDGE,  MASS. 


iFounSeli  bi)  pribate  suliscrfptfon,  fn  1861. 


£:k 


No.  jCl.  (o- 


NOUVELLES  RECHERCHES 


SUR  LES 


POISSONS  FOSSILES  DU  MONT  LIBAN 


GENÈVE,    IMPRIMERIE    RAMBOZ   ET   SCIIUCHARDT 


NOUVELLES  RECHERCHES 


SUR  LES 


POISSONS  FOSSILES 


ni- 


MOIVT  LIBAN 


F.-,l.  PICTEÏ  ET  Aloïs  HUMBERT 


GENEVE 

CHEZ  GEORG,  RUE  DE  LA  GORRATERIE 

PARIS 

J.-B.   BA1J,L1ÈRE  ET  FILS,—  F.   SAVY 


'"1866 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Introduction 1 

g  1.  Historique 2 

§  2.  Documents  géologiques  (par  M.  Humbert) 7 

§  3.  De  l'âge  des  deux  faunes  iclithyologiques  du  mont  Liban,  d'après  les  données  paléontologiques.  12 

§  i.  Considérations  paléontologiques  générales 17 

Liste  générale  des  espèces  de  poissons  fossiles  du  mont  Liban  actuellement  connues 23 

Description  des  Espèces 25 

Famille  des  PERCOIDES 25 

Genre  Beryx,  Cuvier 27 

Beryx  syriacus,  Pictet  et  Humbert 28 

»     vexillifer,  Pictet 30 

Genre  PsEUDOBERYX,  Pictet  et  Humbert 32 

Pseudoberyx  syriacus,  Pictet  et  Humbert 33 

»          Bottœ,  Pictet  et  Humbert 34 

Famille  des  CHROMIDES 35 

Genre  Pycnosterinx,  Heckel 37 

Pycnosterinx  discoides,  Heckel 38 

»            Heckelii,  Pictet 40 

»           dorsalis,  Pictet 40 

»           Russeggerii,  Heckel 41 

»           elongatus,  Pictet  et  Humbert 42 

»           niger  (Costa),  Pictet  et  Humbert 43 

Genre  Lviogaster,  Costa 44 

Imogasler  auratus,  Costa 44 

Genre  Omosoma,  Costa 44 

Omosoma  Sach  el  Almœ,  Costa 45 


VI  TABLE  DES  MATIÈKES. 

Famille  des  CARANCIUES 45 

(ienre  Platax,  (kivier 46 

Platax  minor,  ficlel 47 

Genre  Vo.meb.  (ùivier 49 

Vonier  paivulus,  Agassiz 50 

Tamille  lies  SPAROir)F>:S 30 

Genre  Pagellus,  Cuvier 50 

Pagellus  ieptosteiis,  Agassiz 50 

»       libanicus,  Pictet 50 

Famille  des  SPHYRÉiNOIDES 51 

Genre   Sphyr.ena,  P>loch 51 

Spliynena  Aniici,  Agassiz Til 

Famille  des  GOBIOIDES 51 

Genre  CHKirtoTiriux,  Pictet  et  llumbert 51 

Cheirothrix  libanicus,  Pictet  et  Humbert 52 

Famille  des  JOUES  CUIRASSÉES 54 

Genre  Petalopteryx,  Pictet 54 

Petalopteryx  syriacus,  Pictet 34 

Famille  des  AULOSTOM  ES 54 

Genre  Solenognathus,  Piclet  et  Ihimbert 54 

Solenoiînallnis  lineolatns,  Pictet  et  Humbert 36 

Famille  des  HAUÉCOIDES 37 

Genre  Clupea,  Linné KO 

Clupea  Gaudryi,  Piclet  et  Humbert tiO 

»       brevissima,  HIainville 61 

')       Rottae,  Pictet  et  Humbert 64 

»      minima,  Agassi?. 65 

»       sardinoides,  Pictet 66 

»      lata,  Agassiz 68 

»      laticauda,  Pictet 69 

»       Beurardi,  Rlainville 70 

»       gigantea,  Heckel 70 

Genre  Scombroclupea,  Kner 71 

Scombrodiipi'a  macrophthalnia,  (Heckel)  Pictet  et  llumbert 71 

(Jenre  Leptosomus,  von  der  Rlarck 74 

Leptosomus  macrourus,  Pictet  et  Humbert 75 

»         crassicostatus,  Pictet  et  Humbert 76 

Genre  Osmeroides,  Agassiz 77 

Osmeroides  niegapterus,  Pictet 78 

Genre  Opistoptebyx,  Pictet  et  Humbert 78 

Opistopteryx  gracilis,  Piclet  et  Humbert 80 

Genre  Rhinelf.us,  Agassiz 81 


TABLE  DES  MATIftiŒS.  VII 

Pages 

Rliinelhis  furcatiis,  Agassiz 82 

Genre  Spaniodon,  Pictet 84 

Spaniodon  Blondelii,  Pictet 8i 

y          elongatus,  Pictet 85 

«         bievis,  Pictet  et  Humbert 86 

Genre  Chirocentrites,  Heckel 87 

Chirocentrites  libanicus,  Pictet  et  Humbert 88 

Famille  des  SILUROIDES 90 

Genre  Coccodus,  Pictet 90 

Coccodiis  armatus,  Pictet 90 

Famille  des  HOPLOPLEURIDES 90 

Genre  Dercetis,  Agassiz .    .  9i 

Dercetis  linguifer,  Pictet 95 

Genre  Leptotrachelus,  von  der  Marck 95 

Leptotracheius  triqueter,  Pictet  et  Humbert 95 

>'           hakelensis,  Pictet  et  Humbert 98 

Genre  Eurypholis,  Pictet 99 

Eury|iholis  Boissieri,  Pictet 102 

»        longidens,  Pictet 105 

Famille ? 107 

Genre  AspiDOPLEUfius,  Pictet  et  Humbert 107 

Aspidopleurus  cataphractus,  Pictet  et  Humbert 109 

Famille  des  SQUALIDES 110 

Genre  ScYLLiuM,  Cuvier 110 

Scvllium  Sahel  Almœ,  Pictet  et  Humbert 111 

Genre  Spinax,  Cuvier 112 

Spinax  primaevus,  Pictet 112 

Famille  des  RAIIDES 112 

Genre  Rhinobathus,  Bloch 112 

Rhinobatus  maronita,  Pictet  et  Humbert 113 

Genre  Cyclobatis,  Egerton 114 

Cyclobatis  oligodactylus,  Egerton 114 

Table  alphabétique  des  espèces 115 


NOUVELLES  RECHERCHES 


SI  R    I.F.S 


POISSONS  FOSSILES  DU  MONT  LIBAN 


INTRODUCTION 


Ces  nouvelles  recherches  ont  été  entreprises  à  la  suite  d'un  voyage  fait 
par  l'un  de  nous  (M.  Humberl)  dans  les  deux  localités  du  mont  Liban  où 
l'on  a  déjà,  à  diverses  reprises,  signalé  des  poissons  fossiles.  L'étude  des 
matériaux  qui  ont  été  apportés  à  Genève  nous  a  promptemenl  convaincus 
qu'ils  pouvaient  fournir  un  bon  nombre  de  documents  nouveaux  à  ajouter 
à  notre  mémoire  publié  en  1850  '.  Nous  avons  reconnu  qu'il  y  avait  plu- 
sieurs espèces  nouvelles  à  faire  connaître  et  quelques  rectifications  ou  addi- 
tions à  introduire  dans  l'histoire  des  espèces  précédemment  connues.  Dès 
lors  il  nous  a  paru  utile  de  refondre  complètement  ce  premier  travail  en 
ajoutant  à  la  description  de  ces  espèces  celle  de  tous  les  poissons  qui  ont 
pu  nous  fournir  des  détails  nouveaux.  Nous  y  avons  joint  l'indication  som- 
maire de  toutes  les  autres  espèces  décrites  par  d'autres  auteurs  et  par  nous- 

'  F.-J.  Piciet.  Description  de  quelques  poissous  fossUes  du  mont  Liban.  Genève,  1850  ;  in-4''.  Extrait 
(les  Mémoires  de  la  Société  de  physique  et  d'histoire  naturelle,  tome  XII. 

1 


2  INTRODUCTION. 

mêmes,  nous  bornant,  pour  toutes  celles  au  sujet  (lescjuelles  nous  n'avions 
rien  de  nouveau  à  dire,  à  citer  leurs  noms  en  renvoyant  aux  divers  tra- 
vaux publiés  ou  au  Mémoire  de  1850. 

En  même  temps  nous  avons  eu  recours  à  l'obligeance  de  quelques-uns 
de  nos  amis  qui  ont  bien  voulu  nous  conmiuni(juer  les  collections  conliées 
à  leurs  soins.  Nous  témoignons  en  particulier  notre  sincère  reconnais- 
sance à  M.  (iaudry,  qui  nous  a  prêté  plusieurs  échantillons  recueillis  par 
lui-même  et  déposés  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  M.  le  doc- 
teur Oppel,  dont  nous  déplorons  avec  tous  les  amis  de  la  science  la  mort 
prématurée,  n'avait  pas  mis  moins  d'obligeance  à  nous  communiquer  ceux 
qui  sont  conservés  à  Munich  dans  le  Musée  paléontologique  de  l'Académie 
des  sciences. 

Ces  matériaux  réunis  nous  permeltronl  de  donner  un  élal  complet  des 
connaissances  actuelles  sur  les  poissons  de  ces  gisements  classiques.  Nous 
ne  doutons  pas  ((ue  plusieurs  collections  n'en  renferment  encore  d'autres; 
notre  travail  rendra,  nous  l'espérons,  plus  facile  la  tâche  de  ceux  qui  les 
décriront  plus  lard. 

i^    1.    IIISTORIOIE. 

L'existence  de  poissons  fossiles  au  nionl  Liban  et  sur  la  côte  de  Syiie  a 
déjà  été  constatée  à  une  époque  très-reculée;  mais  ce  n'est  que  depuis  un 
nombre  d'années  relativement  restreint  que  ces  poissons  ont  été  étudiés, 
classés  et  décrits. 

Le  document  le  plus  ancien  que  nous  connaissions  sur  leur  compte  se 
trouve  dans  l'histoire  de  saint  Louis  du  sire  de  Join ville,  et  remonte  à 
l'année  1248.  Il  nous  aurait  très-probablement  échappé  sans  l'analyse  ' 
d'une  nouvelle  édition  de  cette  chronique  '.  On  lit  ce  qui  suit  dans  un 
des  chapitres  où  est  raconté  le  séjour  de  saint  Louis  à  Sayetle  (l'antique 


'  Dans  le  journal  le  Tetnps  (11  mai  18G5). 

*  Histoire  de  saint  Louis,  <:  texte  rapproché  du  français  moderne  et  mis  à  la  portée  de  tcms,  »  publiée 
par  les  soins  de  M.  Nataiis  de  Wailly.  1  vol.  in-18,  chez  Hachette. 


INTKODUCTIO.V.  3 

Sidon,  aujourcrhui  Saïda)  :  «  On  apporta  au  roi  une  pierre  qui  se  levait 
par  écailles,  la  plus  merveilleuse  du  monde;  car,  quand  on  levait  une 
écaille,  on  trouvait  entre  les  deux  pierres  la  forme  d'un  poisson  de  mer. 
Le  poisson  était  de  pierre,  mais  il  ne  manquait  rien  à  sa  forme  :  ni  yeux, 
ni  arêtes,  ni  couleur,  ni  autre  chose  qui  empêchât  qu'il  ne  fût  tel  que  s'il 
fût  vivant.  Le  roi  demanda  une  pierre  et  trouva  une  tanche  dedans,  de 
couleur  brune  et  de  telle  fa^on  qu'une  tanche  doit  être.  » 

L'auteur  de  l'analyse,  M.  Ludovic  Lalanne,  ajoute  à  cette  reproduction 
les  considérations  suivantes  :  c  II  faut  que  bien  peu  de  géologues  aient  lu 
Joinville,  car  autrement  on  aurait  relevé  depuis  longtemps  ce  passage,  le 
plus  ancien  peut-être  de  nos  annales  où  il  soit  question  de  fossiles.  Ne 
serait-il  point  très-intéressant  de  retrouver  aujourd'hui  ce  gisement  schis- 
teux que  notre  chroniqueur  du  treizième  siècle  est  probablement  le  seul  à 
mentionner,  et  qui  pourrait  fournir  à  la  science  de  nouveaux  et  précieux 
matériaux?  Je  signale  le  fait  à  ces  nombreux  touristes  qui,  chaque  année, 
vont  visiter  les  côtes  de  Syrie.  »  Les  faits  que  nous  allons  exposer  mon- 
treront que  rignorance  des  voyageurs  ou  des  géologues  à  ce  sujet  n'a  pas 
été  aussi  générale  que  ces  mots  pourraient  le  faire  croire. 

Jonas  Korle,  dans  son  voyage  en  Terre-Sainte,  raconte  que  l'on  trouve 
dans  le  Liban,  en  Syrie,  un  schiste  blanc  entre  les  plaques  duquel  sont  des 
squelettes  rougeàtres  de  poissons  '. 

En  1705,  M.  Maraldi  a  communiqué  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris "^ 
qu'il  a  vu  «  des  Poissons  desséchez,  semblables  à  ceux  du  Véronais,  dans 
des  pierres  qui  avaient  été  prises  en  Phénicie  dans  le  territoire  de  la  ville 
de  Biblis  appelée  présentement  Gibeal,  sur  des  montagnes  presque  inac- 
cessibles et  éloignées  de  la  mer  de  13  milles.  »  L'historien  de  l'Académie 
se  demande  qui  peut  avoir  porté  ces  poissons  et  ces  coquillages  dans  les 
terres  et  jusque  sur  le  haut  des  montagnes?  il  considère  comme  «  vrai- 
semblable qu'il  y  a  des  poissons  souterrains  comme  des  eaux  souterraines, 
et  ces  eaux  qui,  selon  le  système  de  M.  de  la  Hire,  s'élèvent  en  vapeur, 


'  Citation  faite  d'après  une  note  de  la  traduction  allemande  du  travail  de  Blainville  sur  les  poissons 
fossiles. 

-  Histoire  de  l'Académie  des  sciences  pour  1703. 


4  INTRODUCTION. 

emportent  peut-être  avec  elles  des  œufs  et  des  semences  très-légères,  après 
quoi,  lorsqu'elles  se  condensent  et  se  remettent  en  eau,  ces  œufs  y  peu- 
vent éclorre  et  devenir  poissons  ou  coquillages.  Que  si  ces  courants  d'eau 
déjà  élevés  beaucoup  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  peut-être  jusqu'au 
haut  des  montagnes,  viennent  par  quelque  accident  ou  à  tarir  ou  à  prendre 
un  autre  cours  entre  des  sables,  enfin  à  abandonner  de  quelque  manière 
que  ce  soit  les  animaux  qu'ils  nourrissaient,  ils  demeureront  à  sec  et  en- 
veloppez dans  des  terres  qui  en  se  pétrifiant  les  pétrifieront  aussi.  » 

Corneille  Lebrun,  dans  son  voyage  au  Levant  ',  a  donné  quelques  détails 
sur  un  gisement  de  poissons  fossiles  des  environs  de  Tripoli,  qui  est  peut- 
être  celui  de  Hakel.  Voici  ce  qu'il  en  dit  : 

«  Après  avoir  fini  le  chapitre  précédent  par  quelques  remarques  sur  les 
fruits  du  cèdre,  nous  ne  sçaurions  mieux  commencer  celui-ci  qu'en  disant 
quelque  chose  de  certaines  pierres  où  l'on  voit  la  ressemblance  de  diverses 
sortes  de  poissons,  mais  si  naturelle  qu'on  ne  sçaurait  regarder  cela  sans 
admiration.  On  trouve  ces  pierres  au  haut  d'une  montagne  à  quelques 
heures  de  distance  de  Tripoli.  Quand  elles  sont  entières,  on  n'y  voit  rien 
du  tout  par  dehors,  mais  lorsqu'on  les  casse  en  les  jeltant  à  terre  ou  en  les 
frappant  contre  quelque  chose,  elles  se  fendent  à  peu  près  comme  les  ar- 
doises, et  lorsqu'elles  sont  ainsi  fendues,  on  voit  ordinairement  sur  chacun 
des  deux  morceaux  la  ressemblance  d'un  poisson,  ou,  pour  mieux  dire,  de 
son  arrête.  Afin  d'avoir  de  ces  pierres,  j'envoyai  une  personne  exprès  avec 
un  âne  à  la  montagne,  elle  m'en  apporta  une  assez  grande  quantité,  entre 
lesquelles  j'en  trouvai  une  par  hasard  qui  était  tellement  fendue  que  de 
chaque  côté  de  la  pierre  on  voit  la  moitié  de  l'arrête  du  poisson,  et  les 
morceaux  se  referment  aussi  juste  quand  on  les  rapproche  que  si  la  pierre 
était  entière,  et  de  toutes  celles  que  j'ai  vues  je  n'en  ai  pu  trouver  une  qui 
y  fût  comparable.  J'ai  dessiné  ces  deux  morceaux  l'un  auprès  de  l'autre 
pour  mieux  faire  voir  comment  on  voit  le  poisson  à  demi  de  chaque  côté, 
c'est-à-dire  que  chaque  morceau  représente  la  moitié  du  poisson,  comme 
on  le  voit  N»  158,  » 

La  planche  158  représente  en  effet  l'empreinte  et  la  contre-empreinte 

'  C.  Lebrun.  Voyage  au  Levant,  1714.  In-folio,  chap.  58,  p.  309. 


INTRODUCTION.  5 

d'un  poisson  sur  deux  plaques  symétriques,  mais  les  formes  en  sont  si 
indistinctes  qu'il  faut  renoncer  à  faire  aucune  supposition  sur  l'espèce  que 
l'auteur  a  figurée. 

Volney^  a  probablement  eu  en  vue  Hakel  en  signalant  l'existence  «entre 
Batroun  et  Djebaïl  au  Kesràouan,  à  peu  de  distance  de  la  mer,  d'une  car- 
rière de  pierres  schisteuses,  dont  les  lames  portent  des  empreintes  de 
plantes,  de  poissons,  de  coquillages  et  surtout  d'oignons  de  mer.  » 

Dans  toutes  ces  indications,  nous  ne  trouvons  encore  aucune  tentative 
pour  étudier  les  formes  zoologiques  de  ces  fossiles.  M.  de  Blainville  '  est 
le  premier  à  notre  connaissance  qui  ait  essayé  une  détermination  gé- 
nérique de  quelques  poissons  du  Liban.  En  1818,  il  a  décrit  sans  les 
figurer  deux  espèces  auxquelles  il  a  donné  les  noms  de  Clupea  hrevissima 
et  C.  Benrardi,  qu'elles  porlent  encore. 

Lorsque  M.  Agassiz  aborda  en  1828  l'histoire  des  poissons  fossiles  ^  il 
trouva  très-peu  de  renseignements  sur  ceux  du  Liban.  Dans  ses  préfaces 
successives  et  ses  indications  diverses  réunies  de  1855  à  1845  pour  former 
le  premier  volume,  il  cite  parmi  les  gisements  qu'il  connaît  très-imparfai- 
tement, les  roches  du  Liban  dont  il  n'a  vu,  dit-il,  qu'un  très-petit  nombre 
d'espèces.  Il  indique  comme  possesseur  de  quelques  plaques  Alexandre 
Brongniart,  St.  Moricand  (de  Genève)  et  surtout  M.  Amie  (Poiss.  foss., 
t.  I,  p.  24),  qui  a  lui  a  communiqué  les  figures  d'une  belle  collection  de 
poissons  du  Liban,  la  plupart  nouveaux.  »  Il  y  a  là  un  peu  d'exagération. 
Nous  avons  vu  nous-mêmes  les  originaux  de  M.  Amie  ;  ils  ont  servi  à 
reconstituer  un  très-petit  nombre  d'espèces.  Quant  aux  exemplaires  de 
M.  Moricand,  M.  Agassiz  n'a  pas  eu  le  temps  de  les  utiliser.  Un  de  nous 
les  a  décrits  sous  le  nom  générique  de  Spaniodon. 

Au  moyen  des  documents  fournis  par  MM.  Brongniart  et  Amie,  M.  Agas- 
siz a  pu  décrire  quatre  espèces  nouvelles,  savoir  :  Sphyrœna  Amici,  Clupea 


•  Volney  (C.-F.).  Voyage  en  Syrie  et  en  Egypte  pendant  les  années  1783  à  1785.  2""  édition.  In-8">. 
Paris,  1787,  tome  I,  p.  273. 

'  Sur  les  Ichthyolithes  ou  les  Poissons  fossiles,  nouveau  dictionnaire  d'histoire  naturelle,  tome  XXVII. 
Traduit  en  allemand  par  Krûger  :  Die  versteinerten  Fische,  geologisch  geordnet,  etc.  Quedlimb.  et  Leipzig, 
1823.  In-8°. 

'  Agassiz.  Recherches  sur  les  poissons  fossiles.  Neuchâtel,  1833-43. 


6  INTHODUCTION. 

lala,  Cl.  minima,  RhineUus  furcalus.  H  en  a  en  outre  indiqué  deux  dont  la 
description  a  été  ajournée,  Pagellus  leplosleus  et  Votner  pamilus,  et  donné 
de  nouveaux  détails  sur  les  Clupm  hrevissima  et  Cl.  Beurardi  de  Blain- 
ville. 

Dans  son  mémoire  classique  sur  le  Liban  et  l'Anli-Liban,  publié  en 
1855,  M.  Botla  '  a  donné  sur  les  deux  gisements  de  poissons  de  cette  ré- 
gion (Hakel  et  Sabel  Aima)  des  renseignements  géologiques;  mais  il 
n'a  pas  décrit  les  échantillons  qu'il  y  a  recueillis.  Nous  reviendrons  sur  ses 
travaux,  ainsi  que  sur  ceux  de  quelques  autres  géologues,  lorsque  nous 
discuterons  plus  bas  l'âge  de  ces  faunes. 

En  1845,  Sir  Pliil.  Grei/  Egerlon'-  a  figuré  et  décrit  une  espèce  intéres- 
sante du  groupe  des  Raies  (  Ci/clohutis  ollçjodacti/lus). 

En  1849,  Heckel  a  étudié  les  espèces  rapportées  par  Th.  Kotschy  "'.  Il  a 
établi  le  genre  Pf/cnoslerinx,  dont  il  a  décrit  deux  espèces;  il  a  fait  en 
outre  connaître  doux  Clupes,  dont  une  douteuse,  et  figuré  sous  le  nom 
iVIsodus  sulcatus,  une  mâchoire  que  nous  attribuons  au  genre  Eunjpholis. 

En  1850,  l'un  de  nous  a  publié  le  mémoire  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut  ',  mémoire  dont  l'ouvrage  actuel  est  le  développement  et  la  conti- 
nuation. Ce  travail  renferme  la  description  de  vingt  espèces  nouvelles. 

En  1855,  M.  Costa',  professeur  à  l'université  de  Naples,  a  ajouté  quatre 
espèces  nouvelles  à  celles  qu'on  connaissait  du  mont  Liban.  Une  d'elles 
au  moins  nous  parait  douteuse;  nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  sujet. 

Dans  la  présente  monographie,  nous  décrivons  six  espèces  nouvelles  de 
Sahel  Aima  et  huit  de  Hakel.  En  tenant  compte  de  celles  que  nous  pro- 
posons de  retrancher,  le  nombre  des  espèces  connues  se  trouve  aujour- 
d'hui porté  à  cinquante  et  une,  réparties  en  nombre  à  peu  près  égal  entre 
les  deux  faunes. 


'  Mémoires  Soc.  géol.  de  France,  tome  I,  p.  135. 

'  Quarterly  Journal  ofthe  Geological  Society.  184.5,  tome  1,  p.  225,  pi.  5. 

"•  Al)l)il(liiii;,'on  unil  IJcsclireibungen  nouer  und  scltener  Tliiere  uud  Pflanzen  in  Syrien,  etc.  versammclt 
von  ïh.  Kotscliy,  herausgegeben  von  D.  D.  Feml,  Heckel  nnd  Bcdtcmbachei:  Stuttgardt  1843-1849. 8"  und 
Atlas  folio. 

^  F.-J.  Pictet.  Description  de  quclcpies  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  (tenèvc,  1850.  In-4''. 

■"•  Costa,  O.-G.  Descrizioni'  di  alcnni  Pesci  fossili  del  Libano.  —  Mem.  délia  K.  Accad.  d.  se.  di  Napoli. 
Vol.  Il,  p.  !)7-ni2,  avec  2  pi. 


I.XTRODI'CTION. 


§  2.  Documents  géo logiques. 

(Par  M.  Hiimhcrt.) 

Les  couches  à  poissons  fossiles  dont  nous  avons  à  nous  occuper  ici  sonl 
celles  de  Hakel  et  de  Sahel  Aima,  localités  situées  sur  le  versant  occiden- 
tal du  Liban,  entre  Tripoli  et  Beyrouth,  mais  plus  près  de  celte  dernière 
ville  que  de  la  première.  La  nature  de  la  roche  et  la  faune  ichthyologique 
des  deux  gisements  montrent  qu'ils  appartiennent  à  des  terrains  différents; 
toutefois  leur  âge  et  leur  antiquité  relative  n'a  malheureusement  pas  en- 
core été  déterminé  d'une  manière  satisfaisante. 

M.  Agassiz  eut  entre  les  mains  des  échantillons  provenant  évidemment 
de  Hakel  et  de  Sahel  Aima,  mais  il  ne  les  distingua  que  par  la  nature  de 
la  roche  et  les  regarda  probablement  comme  contemporains.  Le  nombre 
trop  restreint  des  espèces  qu'il  put  examiner  ne  lui  permit  pas  de  se 
faire  une  opinion  précise  sur  le  terrain  auquel  l'on  devait  les  rapporter  et 
il  les  plaça  tantôt  au  niveau  du  Monte  Bolca,  tant(M  dans  le  jurassique 
supérieur  ou  le  crétacé  inférieur. 

Heckel  trouva  dans  les  quelques  poissons  du  Liban  qu'il  étudia  des  rap- 
ports avec  ceux  de  la  craie  d'un  côté  et  avec  ceux  du  Monte  Bolca  de 
l'autre,  tout  en  étant  cependant  disposé  à  les  rapprocher  davantage  de  ceux 
du  Monte  Bolca. 

Les  renseignements  stratigraphiques  que  Russegger  a  pu  donner  ne 
nous  sonl  connus  que  par  l'analyse  insérée  dans  ï Histoire  des  Progrès  de 
la  Géologie  de  M.  d'Archiac.  Nous  ne  trouvons  rien  de  relatif  aux  couches 
de  Hakel  ni  de  Sahel  Aima,  et  nous  supposons  d'ailleurs  que  si  les  recher- 
ches du  géologue  allemand  avaient  fourni  quelques  données  positives, 
Heckel  en  aurait  fait  usage  dans  sa  discussion  sur  l'âge  des  couches  à 
poissons. 

M.  de  TchihatchetT  retrouva  à  Makrikoï,  aux  portes  de  Conslanlinople, 
des  poissons  fossiles  que  Valenciennes  reconnut  appartenir  aux  mêmes 
espèces  que  ceux  du  Liban  (Eurypholis  Boissieri,  Pictet,  Eur.  sulcidens, 
Pictet,  Cktpea  brevissima,  Blainv.  et  Cyclobaiis  oligodadylus  Egerton),  mais 


8  INTRODICTION. 

l'Age  des  couches  dans  lesquels  ils  se  rencontrent  est  incertain.  Les  pois- 
sons se  trouvent  dans  des  carrières  profondes,  et  ils  n'ont  pas  été  vus  en 
place  par  M.  de  Tchihatcheff,  qui  suppose  qu'ils  pourraient  appartenir  au 
terrain  nummulitique.  Valenciennes  ajoute  qu'une  Telline  rapportée  par 
M.  Botta  (d'où?^  est  très- voisine  de  la  T.  etegans  de  Oignon  et  de  Mouchy. 
Il  n'y  a  là  rien  de  bien  concluant,  et  nous  devons  être  toujours  plus  dispo- 
sés à  admettre  les  conclusions  formulées  par  M.  Botta  dans  son  mémoire 
sur  le  Liban  et  l'Anti-Liban. 

M.  Botta  a  distingué  trois  terrains  principaux  dans  le  Liban.  Il  rapporte 
le  plus  inférieur  à  l'étage  jurassique  supérieur,  le  suivant  au  grès  vert, 
et  le  troisième,  qui  recouvre  celui-ci,  au  crétacé  inférieur.  Cette  craie  in- 
férieure est  formée  d'alternances  de  calcaires  et  de  marnes  calcaires. 
C'est  dans  une  des  couches  moyennes  de  ce  dernier  terrain  que  se 
trouvent  les  poissons  de  Hakel.  Quant  à  ceux  de  Sahel  Aima,  ils  appar- 
tiendraient, suivant  M.  Botta,  au  même  groupe,  mais  seraient  un  peu  plus 
anciens. 

Examinons  l'un  après  l'autre  chacun  de  ces  deux  gisements  en  com- 
mençant par  celui  de  Hakel. 

Pour  l'atteindre,  il  faut  gagner  Djebaïl,  l'ancienne  Byblos,  petite  ville 
située  au  bord  de  la  mer,  à  27  '/,  kilomètres  au  nord  de  Beyrouth  '. 
Depuis  ce  point  l'on  monte  par  une  pente  assez  rapide  jusqu'au  village  de 
Hakel,  qui  se  trouve  à  10  kilomètres  à  l'E.-N.-E.  de  Djebaïl.  «  Ce  lieu,  dit 
M.  Botta  -,  est  dans  une  vallée  profonde  située  à  une  grande  hauteur  au- 
dessus  de  la  mer,  car  il  faut  monter  pendant  six  heures  pour  y  arriver  et 
les  nuages  la  parcourent.  Le  gîte  des  poissons  est  sur  la  pente,  à  droite 
en  montant  au-dessus  du  village;  il  y  a  en  cet  endroit  un  désordre  consi- 
dérable; les  couches  varient  beaucoup  dans  leur  direction  et  leur  incli- 
naison ;  les  flancs  de  la  montagne  sont  couverts  de  débris,  et  c'est  dans  ces 
débris  qu'on  trouve  les  poissons.  Je  n'ai  pu  parvenir  à  l'endroit  d'où  ils 

'  Les  distances  on  kilomètres  ont  été  mesurées  au  compas  sur  la  carte  du  dépôt  de  la  guerre  publiée 
récemment  à  Paris.  (Carte  du  Liban  d'après  les  reconnaiss;inces  de  la  brigade  topographique  du  corps  expé- 
ditionnaire de  Syrie  en  1860-61,  dressée  sous  la  direction  du  général  Blondel.)  1862.  Échelle  de  j-ôTTcnrô- 

•  Observations  sur  le  Liban  et  l'Auti-Liban,  par  M.  P.-E.  Botta  fils.  —  Mémoires  de  la  Société  géolo- 
gique de  France,  tome  I,  1"  partie.  Paris,  1833. 


INTRODUCTION.  9 

proviennent,  mais  il  doit  être  à  une  fort  petite  distance  au-dessus  du  point 
où  j'étais.  Ces  débris  sont  formés  de  couches  minces  feuilletées,  exhalant 
par  la  cassure  une  forte  odeur  d'hydrogène  sulfuré  ;  elles  contiennent  des 
lits  irréguliers  de  silex,  ou  plutôt  de  calcaire  siliceux  qui  renferment  eux- 
mêmes  des  poissons.  On  y  trouve  aussi  des  boules  de  carbonate  de  chaux. 

Le  gisement  de  ces  poissons  diffère  par  tous  ses  caractères  de  celui  de 
Sahel  Aima,  et,  selon  moi,  il  lui  est  supérieur,  l'autre  se  trouvant  plus 
rapproché  'du  terrain  sablonneux;  les  espèces  de  poissons  sont  d'ailleurs 
toutes  différentes,  ainsi  que  leur  disposition  dans  la  roche  et  la  nature  de 
celle-ci.  » 

Mes  observations  personnelles,  bien  que  très-incomplètes  ',  me  condui- 
sent aussi  à  ranger  les  couches  de  Hakel  dans  les  parties  supérieures  de 
la  formation  crétacée.  Voici  ce  que  j'ai  pu  observer. 

Le  gisement  de  Hakel  se  trouve  dans  un  ravin  très-profond  et  à  parois 
Irès-inclinées  dont  le  fond  n'est  occupé  que  par  un  petit  ruisseau.  Un  peu 
au-dessous  du  point  où  se  trouvent  les  poissons,  la  vallée  s'élargit,  les 
pentes  deviennent  un  peu  moins  abruptes,  et  les  cultures  apparaissent. 
C'est  à  quelques  centaines  de  pas  plus  bas,  après  cet  élargissement,  que 
se  trouve  le  village  de  Hakel,  assis  sur  le  flanc  gauche  de  la  vallée. 

Une  série  de  bancs  alternativement  calcaires  et  marneux  qui  s'étendent 
en  amont  du  village,  le  long  de  ce  flanc  gauche  de  la  vallée,  peuvent  servir 
de  point  de  repère  pour  déterminer  l'âge  relatif  de  la  couche  à  poissons. 

A  l'endroit  où  se  fait  l'élargissement  dont  je  viens  de  parler,  l'on  voit 
un  de  ces  bancs  calcaires,  recouvrant  un  banc  marneux,  s'étendre  horizon- 
talement au  travers  du  ravin  et  former  une  sorte  d'escalier  sur  lequel  le 
ruisseau  fait  une  petite  chute.  Ces  bancs  m'ont  fourni  quelques  fossiles  qui 
sont  les  Arca  Tailleburgensis ,  Cardium  Hillanum,  et  Nalica  difficilis  (?), 
espèces  caractéristiques  du  terrain  cénomanien.  J'ai  aussi  trouvé  dans  les 
champs,  au-dessus  de  ces  couches,  YOstrea  flahella,  qui  est  du  même 
terrain,  mais  sans  être  certain  qu'elle  fût  là  en  place  et  ne  vint  pas  des 
parties  supérieures. 

'  Mon  voyage  en  Syrie,  s'étant  eft'ectué  dans  des  circonstances  particulièrement  défavorables,  a  été  beau- 
coup moins  fructueux  que  je  n'aurais  pu  l'espérer.  En  effet,  le  temps  dont  je  pouvais  disposer  était  très- 
restreint,  et  mon  séjour  a  coïncidé  avec  la  période  la  plus  tragique  des  troubles  de  1860. 

2 


10  INTRODICTION. 

L'on  rencontre  également  clans  les  calcaires  marneux  VHemiasln  Saul- 
cyanns,  d'Orb.  et  le  Pseudodiadema  sinaica,  Cottean  {Diplopodia  sinnica, 
Desor),  espèces  dont  l'âge  n'avait  pas  été  déterminé. 

Quoique  la  forte  inclinaison  des  pentes  dans  la  partie  de  la  vallée  où 
se  trouve  le  gisement  de  poissons  ait  amené  beaucoup  d'éboulements  et 
rendu  par  conséquent  difficiles  les  études  stratigraphiques,  je  crois  m'ètre 
assuré  que  les  couches  à  poissons  recouvrent  celles  à  Cardium  Hillannm. 
Peut-être  malgré  cette  superposition  font-elles  partie  du  même  groupe  et 
ne  sont-elles  qu'un  faciès  du  cénomanien.  Ce  ((ui  me  le  ferait  supposer, 
c'est  que  si  l'on  part  du  lit  du  ruisseau  dans  un  point  situé  entre  le  village 
et  le  gisement  à  poissons  et  que  l'on  monte  peipendiculairement  le  long 
du  flanc  gauche  de  la  vallée,  l'on  trouve  une  série  d'assises  de  calcaire 
plus  ou  moins  compacte,  mais  sans  trace  de  la  couche  à  poissons;  les 
assises  supérieures  semblent  cependant  se  continuer  avec  celles  qui  recou- 
vrent cette  couche.  On  doit  donc  conclure  que  celle-ci  est  supérieure  au 
terrain  cénomanien  ou  qu'elle  fait  partie  de  ce  terrain.  Si,  comme  je  le 
suppose,  les  Hippurites  lumbricalis  (et  peut-être  H.  socialis)  que  j'ai  récol- 
tées entre  Djébaïl  et  Hakel  sont  supérieures  aux  poissons  de  Hakel,  ceux-ci 
se  trouveraient  en  dessous  du  terrain  turonien. 

Les  couches  de  Hakel  semblent  se  prolonger  sur  un  espace  assez  consi- 
dérable. La  Clupea  Beurardi  a  été  décrite  par  de  Blaiuville  d'après  un 
échantillon  rapporté  de  Gibel  (Djébaïl)  et  tiré  probablement  de  Hakel,  et 
M.  Agassiz  l'a  étudiée  de  nouveau  sur  un  exemplaire  de  Saint-Jean-d'Acre. 
La  Clupea  brevissima,  si  abondante  à  Hakel,  se  trouve  représentée  au 
musée  de  Genève  par  des  échantillons  étiquetés  comme  provenant  du  moni 
Carmel;  M.  Agassiz  a  vu  au  musée  de  Zurich  un  échantillon  de  cette  espè<e 
envoyé  de  Saint-Jean-d'Acre ';  M.  Williamson'  l'a  trouvée  au  Gebel-Suneen 
(très-probablement  le  Sannine),  près  de  Beyroul;  enlin  nous  venons  de  voir 
que  M.  de  Tchihalchefl'  l'a  rapportée  de  Makrikoï,  près  de  Constantinople, 
où  elle  est  associée  à  VEnryphoHs  Boissieri  et  au  Cyclobatis  oligodarlylus. 


'  Il  est  bien  possible  que  Sainf-Jean-d'Acre  et  le  niimt  Carinet  ne  correspoiulciit  qu'à  une  seule  et  même 
localité. 
*  Proc.  geol.  Soc.  of  London,  vol.  III,  p.  291. 


INTRODUCTION.  1 1 

Le  dépôt  de  Hakel  doit  s'être  formé  à  une  faible  dislance  de  la  terre, 
car  j'y  ai  récolté  un  insecte  Orthoplère  aptère. 

Quant  au  gisement  de  Sahel  Aima  ',  voici  ce  qu'en  disait  M.  Botta  :  «  Le 
gîte  de  poissons  de  Sahel  Aima  se  trouve  sous  le  couvent  de  ce  nom,  à 
300  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  C'est  un  calcaire  argileux,  feuil- 
leté dans  quelques  couches,  assez  tendre,  n'ayant  aucune  odeur  particu- 
lière. 11  y  a  des  parties  d'un  gris  foncé,  presque  semblables  à  l'argile  plas- 
tique. Je  ne  puis  dire  quelle  est  la  stratification,  parce  que  tout  le  terrain 
est  cultivé  et  que  la  roche  ne  paraît  que  très-peu  à  la  surface,  mais  cepen- 
dant je  suis  certain  de  sa  position  ;  c'est  le  terrain  argileux  n"  2  que  l'on 
voit  se  continuer  le  long  de  la  côte.  Les  empreintes  de  poissons  y  sont  en 
quantité  considérable;  leur  disposition  dans  la  roche  est  fort  irrégulière,  et 
croise  dans  tous  les  sens  la  direction  des  lits.  Il  y  en  a  un  grand  nombre 
d'espèces,  parmi  lesquelles  de  fort  grandes,  que  l'aspect  chagriné  de  leur 
peau  me  fait  regarder  comme  des  squales;  malheureusement,  on  ne  peut 
en  voir  que  des  débris.  On  y  remarque  aussi  des  empreintes  de  diverses 
espèces  de  crustacés.  Ce  gîte  de  poissons  diffère  de  celui  de  Hakel  par  sa 
position  inférieure,  la  nature  des  espèces,  la  qualité  du  calcaire,  l'absence 
du  silex,  etc.  » 

Je  ne  puis  absolument  rien  ajouter  au  passage  de  Botta  que  je  viens  de 
citer.  L'auteur  s'appuie  sur  des  termes  de  comparaison  qui  m'ont  manqué. 
Le  couvent  de  Sahel  Aima  se  trouve  à  environ  2  '/,  kilomètres  à  l'E.-N.-E. 
de  Djouni  '  ;  il  est  construit  sur  une  pente  rapide  qui  descend  vers  la  mer. 
C'est  immédiatement  au-dessous  des  murs  du  couvent,  dans  un  champ  de 
mûriers,  et  recouvert  seulement  par  la  terre  végétale,  que  se  trouve  le 
calcaire  marneux  qui  renferme  les  poissons.  Outre  les  poissons ,  j'y  ai 
trouvé  des  crustacés  et  deux  ammonites.  Ces  derniers  fossiles  ne  sont  mal- 
heureusement pas  assez  bien  conservés  pour  fournir  les  éléments  d'une 
détermination  certaine.  J'ai  recueilli  encore,  en  assez  grande  quantité,  des 
corps  énigmatiques  qui  ne  peuvent  se  rattachera  aucun  type  animal  connu. 


'  L'orthographe  adoptée  pour  les  noms  de  localités  est  celle  de  la  carte  de  l'état-major  français  citée 
plus  haut 
'  Djouni  est  situé  sw  les  bords  de  la  baie  de  ce  nom,  à  15  kilom.  au  nord  de  Beyrout. 


12  INTRODUCTION. 

et  dans  lesquels  des  liotaiiisles  liabiles  déclarenl  iie  recoimaîire  aucune 
forme  vésfétale. 

Valenciennes,  en  examinant  les  poissons  récoltés  à  Makrikoï  par  M.  de 
TchihatclieH',  a  trouvé  une  espèce  d'un  genre  nouveau  qu'il  a  nonmiée, 
sans  la  décrire,  Slrymonia  sirica'.  Elle  provient  d'un  calcaire  tendre,  par- 
faitement identique  à  <elui  de  Sahel  Aima,  tandis  que  les  autres  espèces  se 
rencontrent  dans  un  calcaire  très-semblable  à  celui  de  llakel.  Il  semblerait 
donc  que  les  deux  couches  à  poissons  du  Liban  se  retrouvent  à  Conslan- 
tinople. 

^  3.  Uk  i/a(;k  des  deux  faunes  ichthvolomuues  i»i   Mo.vr  Liban, 

DAPRftS    LES    DONNfiES    PAI.KONTOI.OGIOIIES. 

Nous  croyons  pouvoir  établir  avec  une  certitude  prescpie  complète  que 
ces  faunes  appartiennent  toutes  les  deux  à  la  période  crétacée.  Il  serait,  en 
particulier,  impossible  de  les  attribuer  à  la  période  jurassique.  Le  grand 
nombre  de  poissons  Téléostéens  qu'on  y  trouve,  ainsi  que  l'absence  com- 
plète des  Ganoïdes,  montrent  qu'elles  sont  certainement  postérieures  à  cette 
période. 

II  n'est  guère  moins  évident  pour  nous  que  ce  ne  son!  pas  des  faunes 
tertiaires.  Nous  en  avons  pour  preuves: 

i'*  La  présence  de  deux  espèces  d'Ammonites  dans  les  couches  de  Sahel 
Aima  et  d'un  Aptychus  dans  celles  de  Hakel. 

2o  L'existence  d'un  certain  nombre  de  genres  ou  de  groupes  qui,  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances,  caractérisent  exclusivement  l'époque 
crétacée.  Ce  sont  les  genres  Scombroclupea  et  Leplosonms,  le  groupe  des 
Dercelis  et  celui  des  Eurypholis. 

50  Le  grand  nombre  de  genres  éteints  qui  contribuent  à  donner  à  ces 
faunes  une  physionomie  spéciale.  Ce  sont,  à  llakel,  les  Pseudoberyx,  Pela- 
lopteryx,  Coccodns,  Aspidopteuriis  et  Cyclobalis,  et  à  Sahel  Aima  les  Pyc- 
nostermx,  Cheirolhrix,  RhineUus  et  Spaniodon. 

'   Bull.  Soc.géol.  (Il'  Krauce,  2"'  série,  tome  VIO,  18.51,  p.  301. 


INTRODUCTION.  13 

i"  Lo  lail  que  parmi  les  genres  qui  ont  encore  des  représentants  vivants 
ceux  qui  sont  le  plus  abondants  au  Liban  sont  précisément  ceux  qui  ailleurs 
se  retrouvent  dans  l'époque  crétacée.  Nous  pouvons  mentionner  en  particu- 
lier le  type  des  Beri/x,  (\m  est  éminemment  crétacé,  quoiqu'il  soit  repré- 
senté aujourd'liui  par  quelques  espèces  dans  les  mers  chaudes.  Nous 
pouvons  citer  aussi  les  Clupis,  dont  l'existence  est  démontrée  dès  l'origine 
de  la  période  crétacée,  et  les  Chirorenlriles,  dont  le  principal  développement 
caractérise  aussi  cette  épocpie. 

Les  poissons  qui  ne  rentrent  pas  dans  une  de  ces  catégories  son!  Irès- 
peu  nombreux,  (M  ne  jouent  (|u'un  rôle  foui  à  lait  subordonné  dans  les 
faunes  du  Liban. 

Mais  si  nons  sommes  à  même  d'établir  avec  sécuiité  le  lait  général  que 
ces  faunes  sont  crétacées;  nous  sommes  bien  plus  embarrassés  pour  décider 
à  laquelle  des  subdivisions  de  cette  longue  période  on  doit  les  rapporter. 
L'histoire  des  poissons  fossiles  présente  encore  trop  de  lacunes  pour 
qu'on  puisse  appliquer  ici  les  mêmes  méthodes  que  lorsqu'il  s'agit  de  mol- 
lusques ou  d'échinodermes,  et  nons  sommes  condamnés  à  ne  pas  dépasser 
un  certain  degré  de  probabilité. 

Le  premier  point  à  constater  es!  qu'aucune  espèce  du  mont  l^iban  n'a 
encore  été  retrouvée  dans  un  autre  gisement,  sauf  sur  quelques  points  de 
la  Syrie  et  de  l'Asie  Mineure  qui  appartiemieni  à  la  uK'me  époque,  et  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  faut  donc,  dans  nos  comparaisons,  nous 
borner  au  rapprochement  plus  incertain  des  genres  ou  des  groupes  naturels. 

Les  faunes  crétacées  européennes  avec  lesquelles  nous  avons  pu  faire 
des  comparaisons  sont,  par  ordre  d'ancienneté,  la  faune  néocomienne  des 
Voirons',  celle  de  Comen  en  ïsirie,  celles  des  craies  d'Angleterre  et  celle 
de  la  craie  de  Westphalie. 

La  faune  néocomienne  des  Voiions  n'est  connue  encore  que  par  un 
très-petit  nombre  de  poissons  que  nous  avons  décrits  nous-mêmes  dans  un 
mémoire  spéciaT.  Nous  ne  les  citons  ici  que  parce  qu'ils  représentent  seuls 

'  Nous  ue  parlons  ici  que  île  la  taiiiie  néocomieune  des  Voirons.  I,es  autres  siscments  de  cette  époque 
n'ont  guère  fourni  que  des  dents  iSMii  V Hixtialosa  Thiollieri). 

'  Pictet.  Paléontolofiie  suisse,  ifi.'ift.  l"  série,  liescr.  des  fossiles  du  terrain  neocomieu  des  Voirons. 
In-â»  et  atlas  folio. 


a  iNTRonrcrioN. 

jusqu'à  présent  la  population  iththyologique  des  mers  crétacées  les  plus 
anciennes.  En  appelant  de  nos  vœux  de  nouvelles  dérouvertes,  nous  cons- 
tatons les  laits  suivants: 

Le  Spathndactylus  neocomiensis.  Pictel,  appartient  évidemment  au  même 
i^roupe  que  les  Chirocentrites,  et  fait  ainsi  un  lien  entre  la  faune  des  Voi- 
rons et  celles  de  Comen  et  du  I.ii>an  (Hakel). 

Les  Clupes  des  Voirons  rappellent  celles  du  Liban.  Elles  sont  un  rare 
exemple  d'un  genre  vivant  existant  déjà  à  une  si  haute  antiquité;  mais 
elles  ne  peuvent  guère  être  invoquées  à  titre  d'analogie,  vu  la  durée  même 
de  ce  type,  qui  (caractérise  à  la  fois  les  mers  crétacées,  tertiaires  et  actuelles. 

Le  C rossognathxis  sabaudianns  n'a  pas  d'analogue  au  Liban.  On  peut  tou- 
tefois remar((ii(M'  (ju'il  appartient  à  la  famille  des  Halécoïdes,  la  plus  abon- 
damment représentée  dans  ces  gisements. 

\jAspidorhynchus  genevensis  fournit  nn  enseignement  contraire  aux  pré- 
cédents. Ce  genre,  principalement  jurassique,  appartient  à  la  famille  des 
Ganoïdes  et  manque  tout  à  fait  au  Liban.  Sa  présence  est  une  preuve  de 
l'antiquité  plus  grande  de  la  faune  des  Voirons. 

La  faune  de  Comen  en  Istrie  est  connue  d'une  manière  un  peu  moins 
incomplète,  grâces  aux  travaux  de  MM.  Heckel,  Rner  et  Steindachner.  Son 
âge  ne  parait  pas  encore  parfaitement  précisé;  on  l'attribue  généralement 
à  la  division  inférieure  de  la  période  crétacée.  Les  rapports  avec  les  faunes 
du  Liban  nous  paraissent  assez  considérables.  On  peut,  en  particulier,  citer 
les  analogies  suivantes: 

Le  genre  Chirocentrites  se  trouve  à  Comen  (deux  espèces)  et  à  Hakel. 

Il  en  est  de  même  du  genre  Scomhroclnpea. 

Le  Saururamphus  Freyeri  de  Comen  est  extrêmement  voisin  des  Eury- 
pholis  de  Hakel  et  de  Sahel  Aima. 

UAipirhthys  pretiosus  de  Comen  rappelle  beaucoup  notre  Platax  minor 
de  Hakel. 

A  côté  di'  ces  poissons,  la  faune  de  Comen  ne  renferme  que  trois  genres 
qui  ne  se  retrouvent  pas  au  mont  Liban;  ceux-ci  ont  plutôt  une  signification 
neutre  (|ui'  négative.  Ce  sont  :  les  Elopopsis  (neuf  espèces),  du  même 
groupe  que  les  Chirocentrites  ;  VAmiopsis  prisca,  voisine  des  Amia  et  le 
Cœlodus  Rnslhorni.  Ce  dernier  toutefois,  déterminé  comme  un  Pycnodonte, 


INTRODUCTION.  15 

pouiiait  être  considëié  comme  un  élément  didérentiel  important;  mais 
sans  vouloir  contester  directement  ses  rapports,  nous  devons  faire  remar- 
quer qu'il  n'est  connu  que  par  sa  queue,  et  que,  par  conséquent,  ses 
caractères  les  plus  importants  nous  manquent  encore. 

Mais  il  est  encore  un  autre  élément  important  qu'il  faut  introduire,  et 
qui  semble  prouver  que  les  faunes  du  Liban  sont  un  peu  plus  récentes  que 
celles  de  Comen.  C'est  le  fait  qu'elles  renferment  plusieurs  genres  vivants 
inconnus  en  Istrie  :  Vomer,  Platax,  Pagellus,  etc. 

Les  poissons  de  la  craie  du  sud  de  l'Angleterre  ont,  en  revanche,  très- 
peu  d'analogie  avec  ceux  du  Liban.  Ce  fait  paraît  ne  pas  tenir  uniquement 
à  la  différence  d'âge,  car  nous  allons  retrouver  certaines  ressemblances  en 
comparant  la  faune  de  Westphalie  à  celle  de  la  Syrie.  Il  y  a  probablement 
là  une  cause  géographique  qui  nous  échappe.  Les  seules  analogies  ont  lieu 
par  les  groupes  des  Beryx,  des  Osmeroides  et  des  Dercetis. 

La  craie  de  Westphalie  renferme  un  assez  grand  nombre  de  poissons 
fossiles  dont  l'étude,  commencée  par  M.  Âgassiz,  a  été  reprise  récemment 
d'une  manière  plus  complète  par  M.  von  der  Marck'.  Cette  faune  ichthyo- 
logique  présente  quelques  analogies  curieuses  avec  celles  du  Liban.  Nous 
pouvons  citer  en  première  ligne  : 

Le  genre  Ischyrocephalus,  von  der  Marck,  qui  a  des  affmités  incontestables 
avec  les  EuryphoHs  de  Sahel  Aima. 

Le  genre  Leptotrachelus,  von  der  Marck. 

Le  genre  Leptosomus,  von  der  Marck,  dont  nous  décrivons  quelques 
espèces. 

Parmi  les  analogies  moins  évidentes,  nous  pouvons  ajouter  : 

Le  groupe  des  Beryx,  qui  toutefois  est  représenté  en  Westphalie  par  des 
genres  différents  de  ceux  que  nous  avons  recueillis  {Hoplopteryx,  Spheno- 
cephaius,  Acrogaster,  etc.). 

Quelques  Clupeides,  voisins  à  la  fois  de  celles  de  nos  Clupes  du  Liban 
dont  le  ventre  n'est  pas  ilentelé,  et  des  genres  Osmerus  ou  Osmeroides 
(genres  Sardinius  et  Sardinioides,  von  der  Marck). 

Le  genre  Pelargorhynchus,  qui  forme  un  membre  nouveau  et  curieux 

'  Palaeontographicu,  1863.  tome  XI.  p.  1. 


16  INTKODUCTION. 

de  la  famille  des  H(»))lo|)leuri(ies,  et  qui  a  avec  les  Dercelis  des  analogies 
plus  éloignées  que  les  Leptolrachelus. 

Tous  les  autres  genres  sont,  en  revanche,  très-difl'érents  de  ce  que  l'on 
connaît  des  faunes  du  Liban.  Ce  sont  les  Macrolepis,  von  der  Marck,  Rhab- 
dolepis,  id.,  Palœolijcus,  id.,  Esox,  Cuv.,  htieus^  Ag.,  Microcœlia,  v.  d.  M., 
Trarhyneties,  id.,  Ëchimxephalus,  id.,  et  Enchelurus,  id.  (]es  genres,  dont 
plusieurs  présentent  deux  à  (|ualre  espèces,  donnent  une  physionomie  spé- 
ciale à  cette  faune,  d'autant  plus  que  quelques-unes  sont  de  grande  taille. 

En  résumé,  et  en  renouvelant  nos  réserves  sur  les  conclusions  que  l'on 
peut  tiier  d'un  nombre  encore  insuffisant  de  faits,  nous  sommes  portés  à 
conclure  ce  qui  snil  : 

1"  La  faune  de  llakel  a  ses  principales  ressemblances  avec  la  faune  de 
Comen  en  Istrie.  Elle  présente  cependant  une  plus  grande  proportion  de 
genres  vivants,  ce  qui  peut  la  faire  considérei'  comme  plus  récente. 

2°  La  faune  de  Salie!  Aima  a  des  rapports  incontestables  avec  la  faune 
de  la  craie  de  Westphalie. 

ô»  L'une  et  l'autre  diffèrent  plus  des  faunes  crétacées  d'Angleterre. 

¥  Les  différences  et  les  ressemblances  précitées  peuvent  tenir  en  partie 
à  des  causes  géographiques  et  en  partie  à  l'âge  des  formations.  Les  pre- 
mières peuvent  avoir  augmenté  les  rapports  avec  Comen  et  diminué  ceux 
avec  les  craies  du  Nord,  et  rendre  par  conséquent  un  peu  douteuse  l'action 
des  secondes. 

Malgré  ce  doute  légitime  dont  il  nous  est  impossible  de  calculer  la  portée 
exacte,  notre  conclusion  générale  est  que  les  faunes  du  Liban  sont  l'une  et 
l'autre  intermédiaires  entre  celles  d'Istrie  et  celles  de  la  craie  supérieure, 
et  qu'en  conséquence  leur  place  la  plus  probable  est  dans  la  formation 
crétacée  moyenne. 

Ici  vient  se  présenter  une  question  difficile  et  embarrassante.  Quel  est 
l'âge  relatif  de  nos  deux  faunes  du  Liban'.'  Laquelle  des  deux  est  la  plus 
ancienne? 

Si  les  travaux  géologiques  de  Botta  avaient  résolu  la  question  et  que 
nous  eussions  des  preuves  stratigraphiques  suffisantes,  nous  n'aurions  pas 
à  recourir  à  une  analyse  paléontologique  hasardeuse  qui  nous  embarrasse 
d'autant  plus  (ju  elle  conduit  à  un  résultat  plutôt  contraire  de  celui  qui  a 


INTRODUCTION.  17 

été  donné  comme  probable  par  l'auteur  précité.  M.  Botta  croit  que  la  faune 
de  Sahel  Aima  est  la  plus  ancienne.  Les  comparaisons  que  nous  venons 
de  faire,  d'où  nous  avons  conclu  que  la  faune  de  Comen  ressemble  davan- 
tage à  celle  de  Hakel,  tandis  que  celle  de  Sahel  Aima  rappelle  surtout  les 
faunes  de  la  craie  blanche,  devraient  nous  faire  considérer  au  contraire  la 
première  comme  la  plus  ancienne.  Espérons  qu'une  bonne  étude  géolo- 
gique de  cette  contrée  intéressante  mettra  fin  à  ces  doutes. 


§  4.  Considérations  palèontologiques  générales. 

L'étude  du  développement  organique  dans  la  série  des  temps  géologi- 
ques montre  que  les  diverses  classes  du  règne  animal  sont  loin  de  présen- 
ter une  histoire  identique.  En  particulier,  l'époque  où  ont  eu  lieu  les  mo- 
difications les  plus  puissantes  dans  l'organisme  semble  n'avoir  pas  été  la 
même  pour  toutes.  On  voit  quelquefois,  à  un  moment  donné,  telle  classe 
se  transformer  d'une  manière  très-intense,  tandis  que  telle  autre  conserve 
la  même  physionomie  générale,  pour  être  à  son  tour  modifiée  pendant  une 
période  différente. 

La  classe  nombreuse  des  poissons  présente  un  exemple  remarquable  à 
cet  égard'.  La  dernière  modification  profonde  qu'elle  a  éprouvée  corres- 
pond au  passage  qui  sépare  la  période  jurassique  de  la  période  crétacée. 
Or,  pour  la  plupart  des  classes  les  mieux  connues,  ce  passage  est  relati- 
vement peu  important.  Nous  voyons  les  reptiles  jurassiques  se  continuer 
avec  une  grande  partie  de  leurs  types  dans  la  période  crétacée,  tandis  que 
le  passage  de  celle-ci  à  la  période  tertiaire  est  marqué  par  les  plus  puis- 
sants changements  de  forme.  Nous  voyons  les  Mollusques,  les  Echinoder- 
mes  et  les  Polypiers  des  mers  crétacées  reproduire  en  grande  majorité  les 
types  de  leurs  prédécesseurs  jurassiques.  Si  l'on  cherche  pour  chacune  de 


'  M.  le  professeur  Heer  vient  de  signaler  un  fait  tout  semblable  dans  l'histoire  du  règne  végétal  (Les 
Phyllites  crétacés  du  Nebraska.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  helvétique  des  Sciences  naturelles, 
186G.)  Il  a  montré  que  la  flore  crétacée  supérieure  est  tout  à  fait  différente  de  la  flore  jurassique  et  se  lie 
plutôt  à  la  flore  tertiaire. 

3 


18  l.\TROD[  CÏIOX. 

ces  classes  les  époques  où  les  plus  grandes  modifications  ont  eu  lieu,  ce 
ne  sera  jamais  entre  l'étage  jurassique  supérieur  et  l'étage  néocomien 
qu'on  sera  amené  à  les  placer. 

L'im|)ortance  du  changement  qui  a  eu  lieu  à  la  fin  de  la  période  juras- 
sique a  déjà  été  mise  en  évidence  par  les  travaux  de  M.  Agassiz.  Notre 
savant  ami  a  en  particulier  insisté  sur  l'apparition  en  quelque  sorte  subite 
au  commencement  de  la  période  crétacée  du  groupe  des  poissons  les  plus 
parfaits,  les  Téléostéens,  qui  forment  la  grande  majorité  de  la  population 
ichthyologique  des  mers  actuelles.  Malgré  une  restriction  apportée  depuis 
lors  à  la  généralité  de  cette  assertion,  ce  fait  a  été  confirmé  dans  son  en- 
semble. Il  doime  une  importance  exceptionnelle  à  l'étude  des  faunes  cré- 
tacées de  poissons,  puisque  ces  faunes  sont  l'origine  et  en  quelque  sorte  la 
première  expression  de  nos  faunes  actuelles.  Il  est  intéressant  de  recher- 
cher par  quelle  série  graduelle  de  modifications  elles  ont  passé,  quels  sont 
les  types  précurseurs  qui  les  premiers  les  ont  représentées,  quelles  sont 
les  formes  qui  se  sont  continuées  de  la  manière  la  plus  constante  et  quelles 
sont  celles  qui  ont  apparu  les  dernières. 

La  classification  des  poissons  la  plus  généralement  adoptée  est  celle  de 
J.  MuUer.  Sur  les  six  sous-classes  qu'il  a  établies,  trois  n'ont  pas  de  repré- 
sentants fossiles  (les  Leptocardn,  les  Cyclostomes  et  les  Dipnoi);  les  trois 
autres  forment  donc  seules  le  domaine  du  paléontologiste. 

Or  parmi  ces  trois  sous-classes,  les  Elasmobranches  se  conservent  avec 
les  mêmes  caractères  généraux  qu'ils  ont  montré  dans  toute  la  série  des 
temps.  C'est  le  groupe  qui  a  été  le  moins  modilié.  Il  n'est  pas  représenté 
au  Liban  d'une  manière  très-abondante;  on  y  trouve  cependant  les  deux 
types  principaux,  les  Squales  et  les  Raies.  Ces  poissons  sont  du  reste  diffi- 
cilement comparables  aux  autres  espèces  fossiles,  car  dans  la  plupart  des 
gisements  les  Elasmobranches  ne  sont  conservés  que  par  des  dents  isolées, 
tandis  qu'au  Liban  c'est  précisément  le  contraire  qui  a  lieu;  il  n'y  a  pas 
de  dents  isolées,  mais  bien  quelques  corps  entiers. 

La  sous-classe  des  Ganoïdes  est  dans  toutes  les  faunes  connues  de  la 
période  crétacée  en  voie  d'extinction  rapide.  C'est  un  fait  d'autant  plus 
intéressant  que  les  faunes  du  Jura  supérieur  qui  ont  immédiatement  pré- 
cédé cette  période  sont  riches  en  belles  et  nombreuses  espèces  caracté- 


1. NT  RO  DICTION.  19 

risliques.  Nous  n'avons  trouvé  au  Liban  aucun  véritable  Ganoïde,  car  nous 
ne  saurions  plus  comprendre  aujourd'hui  dans  cette  sous-classe  l'ordre  des 
Hoplopleurides  établi  par  l'un  de  nous.  Cet  ordre  doit  appartenir  à  la 
grande  série  des  Téléostéens. 

Cette  troisième  sous-classe,  celle  des  Téléostéens,  est  en  conséquence  la 
plus  importante  de  beaucoup.  Elle  fournit  la  presque  totalité  de  la  faune, 
et  c'est  celle  dont  nous  avons  principalement  à  nous  occuper. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  M.  Âgassiz  ne  faisait  pas  remonter 
l'existence  des  Téléostéens  avant  la  période  crétacée;  mais  la  plupart  des 
auteurs  admettent  aujourd'hui  une  exception  à  cette  règle  et  reconnaissent 
comme  des  Téléostéens  très-probables  les  genres  Tharsis,  Leplolepis,  etc.,  à 
écailles  minces  et  arrondies.  En  acceptant  celte  manière  de  voir,  dont  la 
discussion  nous  entraînerait  trop  loin,  nous  devons  constater  ici  un  fait 
important,  c'est  que  les  poissons  Téléostéens,  dont  M.  Agassiz  fait  la  famille 
des  Halécoïdes,  et  que  nous  connaissons  sous  les  noms  de  Salmones  et  de 
dupes,  sont  évidemment  les  plus  voisins  de  ces  genres  jurassiques.  La 
famille  nombreuse  à  laquelle  appartiennent  ces  types  précieux  de  nos  mers 
actuelles  sont  les  continuateurs  des  Téléostéens  jurassiques.  Ils  ont  une 
histoire  plus  longue  que  celle  d'aucune  autre  famille  actuelle  et  peuvent 
être  considérés  en  quelque  sorte  comme  le  tronc  de  l'arbre  généalogique 
des  poissons  de  nos  mers. 

Il  est  intéressant  en  même  temps  de  constater  que  ces  poissons  sont 
ceux  qui  possèdent  au  plus  haut  degré  les  caractères  normaux  de  la  classe, 
et  qu'ils  en  représentent  en  quelque  sorte  l'archétype.  Un  anatomiste  théo- 
ricien qui  voudrait  représenter  cet  archétype  serait  forcément  conduit  dans 
ce  but  à  faire  à  peu  près  la  tigure  d'un  Halécoïde,  car  il  lui  assignerait 
des  nageoires  ventrales  à  leur  place  normale,  en  arrière  de  l'abdomen,  ainsi 
qu'une  bouche  dont  le  bord  serait  composé  par  l'intermaxillaire  et  le 
maxillaire,  et  rien  n'est  plus  normal  que  les  nageoires  d'un  salmone  et 
que  son  corps  fusiforriie  et  régulier. 

Constatons  donc  en  résumé  que  les  plus  anciens  poissons  téléostéens 
ont  été  ceux  dont  les  formes  sont  les  plus  normales  et  que  leurs  caractères 
se  sont  continués  dans  la  période  crétacée  et  dans  les  suivants  par  la  fa- 
mille des  Halécoïdes. 


20  IMRODl  CTION. 

Nos  faunes  du  Liban  sont  riches  en  poissons  de  celte  famille,  car  sur 
cinquante  et  une  espèces  connues,  dix-neuf  lui  appartiennent. 

Un  autre  type  important  est  celui  des  poissons  Téléostéens  à  écailles 
dentelées  que  M.  Agassiz  réunissait  sous  le  nom  de  Clénoïdes.  Cette  déno- 
mination, qui  ne  correspond  plus  aujourd'hui  à  un  ordre  d'une  valeur 
zoologi(jue  suftisante,  peut  cependant  encore  être  utilement  employée  dans 
la  comparaison  générale  qui  nous  occupe,  pour  désigner  tous  les  poissons 
se  rapprochant  plus  ou  moins  du  type  de  la  Perche  par  cette  dentelure 
des  écailles,  par  les  rayons  épineux  de  leurs  nageoires,  par  la  tendance 
des  os  de  la  tête  à  s'armer  de  pointes,  etc. 

Ces  poissons  Cténoïdes,  moins  nombreux  au  Liban  que  les  Halécoïdes, 
y  présentent,  comme  nous  allons  le  montrer,  quelques  formes  bien  dis- 
tinctes; ils  ont  cependant  une  physionomie  uniforme  commune  et  se  res- 
semblent bien  plus  que  les  Cténoïdes  actuels.  La  variété  s'est  établie  plus 
tard  et  elle  a  été  en  augmentant  constamment  jusqu'à  nos  jours. 

Les  types  de  poissons  à  écailles  dentelées  que  nous  trouvons  au  mont 
Liban  sont  les  suivants  : 

1°  Le  groupe  des  Beryx,  dont  M.  Agassiz  a  déjà  fait  connaître  la  sin- 
gulière histoire.  Aujourd'hui  ils  font  partie  d'une  petite  association  de 
genres  {Holocentrum ,  Myripn'stis,  Beryx)  spéciaux  à  la  mer  des  Indes, 
voisins  des  Percoïdes  par  leurs  caractères  essentiels,  mais  constituant 
dans  cette  famille  une  tribu  caractérisée  par  les  rayons  branchiostègues  et 
les  rayons  de  leurs  ventrales  qui  dépassent  le  nombre  normal  de  sept.  (]e 
groupe  des  Beryx,  comprenant  le  genre  actuel  et  quelques  genres  éteints, 
est  le  seul  représentant  pendant  l'époque  crétacée  de  la  famille  des  Per- 
coïdes. C'est  la  première  expression  de  cette  famille  si  abondante  aujour- 
d'hui; après  l'avoir  constituée  seul,  il  n'en  forme  plus  qu'un  rameau  ac- 
cessoire. 

2°  Un  type  tout  à  fait  nouveau  et  intéressant  que  nous  avons  désigné 
sous  le  nom  de  Pseudoberyx.  Il  réunit  aux  caractères  ordinaires  des  Beryx 
celui  d'avoir  des  ventrales  abdominales,  circonstance  bien  rare  dans  les 
poissons  à  écailles  véritablement  dentelées.  Ne  pourrait-on  pas  voir  là  une 
indication  d'une  règle  semblable  à  celle  que  nous  avons  constatée  au  sujet 
des  Halécoïdes  et  en  inférer  que  les  premières  apparitions  des  types  ont  en 


I.VTKODUCTION.  21 

général  eu  de  la  tendance  à  se  rapprocher  des  formes  archélypiques  plus 
que  ne  l'ont  fait  les  généralious  suivantes. 

S*»  Le  type  des  Pycnosterinx,  déjà  reconnu  cl  étaltli  par  Heckel,  qui  se 
rapproche  par  ses  caractères  de  la  famille  des  Chromides,  associée  ancien- 
nement en  partie  aux  Lahroïdes  et  en  partie  aux  Sciénoïdes,  puis  reconnue 
pour  distincte  et  transportée  dans  le  groupe  des  Pharyngognathes.  Ces 
poissons,  sur  lesquels  Heckel  a  reconnu  des  dents  pharyngiennes,  appar- 
tiennent à  un  type  bien  distinct  aujourd'hui  des  Percoïdes;  et  cependant  ils 
ressemblent  à  un  point  extrême  aux  Beryx  de  la  craie  par  leurs  écailles, 
leurs  nageoires  et  leur  faciès. 

4"  Le  genre  des  Platnx,  de  la  famille  des  Carangides,  remarquable 
encore  par  la  ressemblance  de  ses  nageoires  et  de  son  contour  avec  ces 
mêmes  Beryx. 

En  d'autres  termes,  ces  quatre  types,  bien  distincts  aujourd'hui,  se  trou- 
vent réunis  à  leur  origine  par  des  caractères  communs,  actuellement  dimi- 
nués ou  effacés,  de  sorte  qu'on  pourrait  représenter  l'histoire  des  Cténoïdes 
sous  la  forme  d'un  faisceau  de  lignes  divergentes  entre  lesquelles  se  seraient 
intercalées  toutes  les  familles  qui  n'ont  pas  existé  avant  l'époque  crétacée. 

Quelques  autres  familles  de  Téléostéens  ont  encore  de  rares  représen- 
tants au  mont  Liban.  Nous  ne  nous  y  arrêterons  pas,  et  nous  nous  borne- 
rons à  indiquer  un  ou  deux  Sparoïdes,  un  ou  deux  Gobidides,  et  un  genre 
curieux  fPetalopteryxJ,  appartenant  probablement  aux  Jones  cuirassées. 

Il  nous  reste,  pour  compléter  ce  que  l'on  sait  de  ces  faunes  du  Liban,  à 
dire  quelques  mots  d'un  ordre  que  nous  avons  déjà  nommé  ci-dessus,  celui 
des  Hoplopleurides,  dont  les  rapports  ont  été  contestés.  Nous  discuterons 
cette  question  plus  loin,  et  nous  montrerons  que  les  arguments  donnés  en 
faveur  de  leur  affinité  avec  les  Ganoides  sont  tous  contestables,  et  que  ces 
poissons  sont  de  véritables  Téléostéens. 

Ces  Hoplopleurides ,  caractérisés  par  des  séries  d'écussons  disposés  en 
séries  longitudinales,  forment  un  groupe  jusqu'à  présent  spécial  à  la  pé- 
riode crétacée.  Ils  contribuent  bien  pour  leur  part  à  la  physionomie  des 
faunes  du  Liban. 

Ces  faits  peuvent  encore  se  résumer  comme  suit  : 

Les  faunes  du  Liban,  comme  les  autres  faunes  crétacées,  ont,  dans  leurs 


22  INTRODICTION. 

grands  traits,  tous  leurs  rapports  avec  les  faunes  suivantes  et  presque  aucun 
avec  les  faunes  précédentes.  Le  commencement  de  l'époque  crétacée  a  été 
pour  cette  classe  un  temps  de  renouvellement  de  formes  et  de  modifica- 
tions puissantes.  Le  caractère  général  principal  consiste  dans  la  disparition 
brusque  des  Ganoïdes  et  leur  remplacement  par  d'abondants  Téléostéens. 

Si  on  les  compare  avec  les  faunes  suivantes  (tertiaire  et  moderne),  on 
verra  qu'elles  sont  composées  de  familles  qui  sont  dans  d'autres  proportions. 

La  plus  importante  est  celle  des  Halécoïdes  (Salmones  et  Clupes),  qui 
peut  être  considérée  comme  la  continuation  de  quelques  genres  jurassi- 
ques. C'est  la  seule  parmi  les  Téléostéens  qui  ait  une  origine  aussi  ancienne. 
C'est  aussi  celle  qui  reproduit  de  la  manière  la  plus  marquée  les  formes 
normales  et  typiques  du  poisson.  Les  saumons  et  les  clupes  de  nos  eaux 
actuelles  sont  de  tous  les  poissons  ceux  (jui  ont  le  mieux  conservé  les 
formes  originelles;  ce  sont  aussi  ceux  qui  ont  les  plus  anciens  aïeux  connus. 

La  grande  division  des  Cténoïdes,  aujourd'hui  si  variée  et  si  importante, 
n'a  pas  de  racine  connue  avant  l'époque  crétacée.  Elle  est  représentée  par 
un  certain  nombre  de  types  liés  ensemble  par  de  nombreux  caractères 
communs^  surtout  dans  le  faciès,  l'apparence  générale  et  les  téguments. 
Ces  types  forment  la  base  d'un  grand  faisceau  qui,  en  avançant  dans  les 
âges  successifs,  s'est  différencié  davantage  soit  parce  que  les  branches  se 
sont  écartées,  soit  parce  que  de  nouvelles  sont  nées  de  leur  division. 

Le  troisième  groupe  qui  a  joué  un  rôle  important  dans  ces  Téléostéens, 
est  l'ordre  des  Hoplopleurides,  plus  isolé  que  les  précédents.  Rien  ne  l'an- 
nonce  dans  la  période  jurassique  ;  rien  ne  le  continue  dans  la  période 
tertiaire. 

Ces  trois  groupes  forment  la  presque  totalité  de  la  faune  des  Téléostéens. 
Il  faut  seulement  y  ajouter,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  quel- 
ques genres  isolés  dont  l'histoire  ne  nous  est  connue  que  d'une  manière 
incomplète,  et  qui  paraissent  subordonnés  aux  précédents  tant  par  cet 
isolement  même  que  par  le  petit  nombre  des  individus  qui  les  représentent. 


INTRODICTION. 

DES 

ESPÈCES  DE  POISSONS  FOSSILES  DU  MONT  LIBAN 

ACTUELLEMENT  CONNUES 


1°  Faune  dn  Nahel  Aliua. 

Bi'ijir  si/ndcus.  Pictet  et  Humbert. 
Pifcnosterinx  cliscoides,  HeckeL 
»  Heckelii,  Pictet. 

»  dorsalis,  Pictet. 

Russegcjerii,  HeciceL 
»  eloncjatus,  Pict.  et  Humb. 

niger.  Pict.  et  Huinb.  (Berjii  niger,  Costa). 
Imogaster  aiiratiis,  Co.sta. 
Omosomn  Such  el  Almœ,  Costa. 
Pagellus  lihaniciis,  Pict. 
Cheirolhvix  likinicus,  Pict.  et  Humb. 
Solenognatlius  lineolatm,  Pict.  et  Humb. 
Leptosonius  macrouriis.  Pict.  et  Humb. 

»  crassicostatus,  Pict.  et  Humb. 

Osmeroides  megaptenis,  Pict. 

Opistoptein.c  gracilis,  Pict.  et  Humb.  {Mesogaster  gracilis,  Pict.). 
Rhinellus  furcafus,  Ag. 
Spiiniodon  Blondi'lii,  Pict. 
»        elongatus,  Picl. 

»        bren'.s,  Picl.  el  Humb.  (Cliipea  hiln.  Pict.;  non  Cl.  lata.  Ag.). 
Dercetis  Unguifer,  Picl. 
Leptotracheliis  iriqueter,  Pict. 

Imiiis.  Picl. 
EurgphoUs  longideiis,  Pict.  {Isodus  sulcaliis,  Heckel). 
Scijllium  Sahel  Almœ,  Pict.  et  Hurai). 
Spinax  primœvHs,  Pict. 


24  INTRODICTION. 

S"  Fanne  de  Hakel. 

Beryx  lexillifer,  Pictet. 
Psmdoberfix  syrinrm,  Picl.  el  Hiinib. 

»  Bottœ,  Picl.  et  Humb. 

Platax  minor,  Pict. 
Petalopteijjx  syrinctis,  Pict. 
Clupea  Gawlryi,  Picl.  el  Humb. 

•1     IjierissiiiKi.  IJlainv. 

»     Bottœ,  Pict.  el  Humb. 

»     .siinlinoides,  Pict. 

'     lata.  Ag.  (M0«  Pictet). 

■>     lalicmida,  Pictet. 

•     Beurardi,  Blainv.  (Haivel  ?). 

"     (jùjimtea,  Hecivel. 
Scomhrodiipi'd  mnn-opktdlmn,  (Hecicel)  Picl.  et  Humb. 
Chirocentrites  libanicus,  Pict.  et  Humb. 
Cocrodm  nniintiis.  Pictel. 
Leptrotruilit'lns  liakdemin,  Picl.  et  Humb. 
Euryplwlù  Boissleri,  Pict.  {E.  Boissieri  et  mlcidens,  Pict.) 
Aspidoplcnrns  attnplnnclm.  Picl.  et  Humb. 
Rhmobntus  maronitit,  Picl.  et  Humb. 
Cjjclobatis  oligodiictyliis,  Egerton. 

3°  Espèces  de  provenance  dontease» 

Voilier  pdivtdus,  Ag..  localité  précise  inconnue. 
Pagellus  leptosteus,  Ag.,  Liban? 
Spliijrwiiii  Amici,  Ag..  localité  précise  inconnue. 
Clupea  minium,  Ag.,  probablement  de  Hakel. 


Parmi  les  poissons  ([u'a  décrits  M.  Costa,  trois  figurent  dans  la  liste  précédente:  il  y  en  a 
trois  autres  (jue  nous  n'avons  pas  pu  y  faire  entrer.  Ce  sont:  1"  Le  Rhamphornimia  rhinelloide^, 
Costa,  p.  12,  pi.  11,  lig.  2,  qui  ne  présente  aucun  caractère  de  poisson,  et  que  nous  soupçonnons 
plutôt  être  une  réunion  de  débris  disparates,  parmi  lesquels  on  croirait  distinguer  une  cara- 
pace de  crustacé.  —  2°  Deux  petits  poissons  figurés  pi.  I,  fig.  3,  et  pi.  H,  fig.  3,  mais  qui  n'ont  ni 
été  décrits,  ni  même  nommés,  et  dont  nous  ne  pouvons  apprécier  les  caractères. 


DESCRIPTION  DES  ESPÈCES 


FAMILLE   DES    PERCOIDES 


La  famille  des  Percoïdes  n'est  représentée  dans  les  poissons  du  mont 
Liban  que  par  quelques  espèces  appartenant  au  genre  Beryx  et  à  celui 
que  nous  avons  appelé  Pseudoberyx.  M.  Agassiz  a  déjà  fait  remarquer  que 
le  genre  Beryx  et  quelques  autres  qui  viennent  se  ranger  à  côté  de  lui 
«  sont  pour  ainsi  dire  l'expression  synthétique  de  tout  ce  groupe  au  com- 
mencement de  son  développement  et  antérieurement  à  toutes  les  modifica- 
tions qu'on  lui  voit  subir  à  des  époques  plus  récentes,  lorsque  de  nouveaux 
éléments  de  vie  viennent  à  se  manifester.  » 

Les  Beryx  vivants  ont  été  placés  par  Cuvier  à  la  suite  des  Percoïdes  avec 
un  certain  nombre  de  groupes  qui  n'offrent  pas  la  totalité  des  caractères 
de  cette  famille.  Celui  auquel  ils  appartiennent  renferme  les  genres  Holo- 
centrum,  Artedi,  Myripristis,  Cuvier,  et  Beryx,  Cuvier,  qui  ont  tous  plus 
de  sept  rayons  aux  branchies,  des  ventrales  supportées  par  une  épine  et 
au  moins  sept  rayons  mous  (au  lieu  de  cinq  au  plus);  leurs  écailles  sont 
fortement  dentelées  sur  le  bord  libre,  et  les  os  de  la  tête  sont  également 

4 


26  PorssoNS  fossiles 

épineux  et  dentelés.  Les  Holocentres  et  les  Myripristis  ont  deux  nageoires 
dorsales,  l'une  épineuse,  et  l'autre  molle;  les  Beryx  ont  une  seule  nageoire, 
soutenue  principalement  par  des  rayons  mous  avec  quelques  petites  épines 
antérieures. 

M.  Agassiz  a  rapporté  au  genre  Beryx  un  certain  nombre  de  poissons 
fossiles,  remarquables  comme  les  vivants  par  les  dentelures  de  leurs 
écailles  et  ayant  de  même  une  tête  grosse  et  obtuse,  ainsi  qu'une  seule 
dorsale  soutenue  par  des  rayons  épineux  peu  abondants.  Il  a  reconnu  en 
outre  dans  la  craie  blanche,  outre  ces  vrais  Beryx,  quelques  poissons  qui 
s'en  rapprochent  assez  pour  constituer  avec  eux  un  groupe  naturel,  tout 
en  formant  des  genres  spéciaux.  Nous  parcourrons  rapidement  les  carac- 
tères de  ceux  de  ces  genres  qui  ont  été  proposés  soit  par  M.  Agassiz,  soit 
par  quelques  auteurs  plus  récents. 

Le  genre  qui  ressemble  le  plus  à  ces  Beryx  fossiles  est  celui  des  Hoplop- 
teryx,  Agassiz,  caractérisé  par  des  os  de  la  tête  dentelés  et  par  la  partie 
épineuse  de  la  dorsale  formée  de  très-gros  rayons  et  aussi  étendue  que  la 
partie  molle.  D'après  les  observations  de  M.  von  der  Marck,  les  écailles 
sont  dentelées  sur  le  bord  comme  celles  des  Beryx.  Le  caractère  tiré  des 
rayons  épineux  de  la  dorsale  et  de  l'anale  ne  nous  paraît  pas  avoir  une 
valeur  rigoureuse,  car  entre  les  Beryx  à  rayons  épineux  de  la  dorsale  très- 
pelits  et  VHoplopteryx  anfiqmis,  où  ces  rayons  sont  gros,  nombreux  et 
espacés,  nous  trouvons  des  espèces  telles  que  le  Beryx  Zippei,  Ag.,  et  le 
B.  siiperbus,  Dixon,  où  ces  rayons  sont  gros,  au  nombre  de  cinq  ou  six, 
mais  serrés  et  ne  constituant  pas  une  région  aussi  indépendante  des  rayons 
mous.  Des  deux  espèces  que  nous  décrivons  ici,  l'une  est  sous  ce  point  de 
vue  un  véritable  Beryx,  l'autre  appartient  à  ce  groupe  intermédiaire. 

Le  genre  Sphenocephalus,  Ag.  diffère  davantage  des  Beryx  par  sa  tête 
effilée  et  sa  dorsale  courte.  Celui  des  Acanus,  Ag.  a  les  rayons  épineux  de 
la  dorsale  encore  plus  gros,  plus  espacés  et  plus  nombreux  que  les  Hoplo- 
pteryx,  et  se  distingue  surtout  par  les  très-longs  rayons  épineux  de  son 
anale. 

Nous  considérons  comme  encore  plus  éloignés  les  Plalycormus,  genre 
établi  par  M,  von  der  Marck  pour  le  Beryx  germanus,  Ag.,  dont  les  écailles 
ne  sont  pas  dentelées,  mais  seulement  granuleuses;  les  Podocys,  Ag.,  dont 


DU  MONT  LIBAN.  27 

la  dorsale  s'étend  jusqu'à  la  nuque;  les  Acrogaster,  kg.,  poissons  gibbeux, 
à  région  abdominale  Irès-développée,  dont  la  dorsale  ne  dépasse  pas  en 
arrière  le  milieu  du  dos  ;  et  enfin  les  Macrolepis,  von  der  Marck,  qui  sont 
de  petits  poissons  allongés,  à  écailles  lisses. 

M.  Dixon'  a  donné  une  caractéristique  très-incomplète  de  trois  genres, 
dont  les  noms  avaient  été  inscrits  par  M.  Agassiz  dans  la  collection  de 
M.  Catt,  mais  qui  n'avaient  jamais  été  publiés.  Ce  sont  : 

1°  Les  Berycopsis,  Ag.,  semblables  aux  Beryx,  mais  à  écailles  non  pec- 
tinées,  avec  lesquels  les  Plalycormus  pourraient  peut-être  faire  double 
emploi. 

2°  Les  Homonolus,  Ag.,  à  dorsale  très-haute  et  à  écailles  très-délicates 
et  mal  connues. 

3°  Les  Stenosloma,  Ag.,  caractérisés  seulement  par  des  écailles  très- 
petites,  et  paraissant  être  voisins  des  Rhacolepis,  Ag. 


Genre  BERYX,  Cuvier. 


D'après  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  nous  plaçons  dans  le  genre 
Beryx  les  espèces  qui  ont  le  corps  comprimé  et  élevé,  une  tête  courte  et 
obtuse  dont  les  os  sont  plus  ou  moins  dentelés,  une  dorsale  unique,  assez 
longue,  supportée  en  avant  par  des  rayons  épineux  serrés,  une  anale  munie 
aussi  antérieurement  de  quelques  rayons  épineux,  une  caudale  portant  à 
sa  base  quelques  épines,  et  enfin  des  écailles  bordées  par  une  dentelure 
très-prononcée. 

'  Geology  and  Fossils  of  Sussex,  1850,  p.  372. 


28  POISSONS  FOSSILES 

Beryx  syriacus,  Pictet  et  Humbert. 
(PI- 1.) 

DIMENSIONS  : 

Longueur  du  corps  sans  la  queue 107  mm. 

Longueur  de  la  tête 42 

Hauteur  du  corps 70 

Formes  générales.  Poisson  rhomboïdal,  élevé,  dont  la  hauteur  n'est  comprise  qu'une 
fois  et  demie  dans  la  longueur  sans  la  queue.  Sa  plus  grande  hauteur  est  située  à  peu 
près  vers  le  miUeu,  et  de  là  le  profd  descend  en  ligne  droite  jusqu'au  bout  du  museau. 
Le  pédicelle  de  la  queue  est  court  et  peu  rétréci. 

Tête.  La  tête  est  à  peu  près  aussi  haute  que  longue;  l'œil  est  médiocre  (13  millim. 
de  diamètre),  situé  un  peu  en  avant  du  milieu  et  près  du  bord  supérieur.  La  gueule  est 
largement  ouverte.  L'intermaxillaire  forme  la  plus  grande  partie  du  bord  de  la  mâ- 
choire supérieure  ;  il  est  échancré  non  loin  de  sa  base  supérieure,  et  les  deux  divisions 
très-inégales  qui  résultent  de  cette  échancrure  sont  arquées  en  avant.  Il  porte  de 
petites  dents  serrées,  plus  grandes  en  dessus  de  l'échancrure  et  plus  petites  en  dessous. 
L'os  maxillaire,  situé  en  arrière  du  précédent,  le  dépasse  à  la  partie  inférieure,  où  il 
est  considérablement  élargi.  On  dislingue  de  petites  dents  sur  les  palatins,  mais  nous 
n'avons  pas  pu  voir  s'il  en  existe  sur  le  vomer.  La  mâchoire  inférieure  est  à  peu  prés 
de  la  même  longueur  que  la  supérieure,  et  porte  de  petites  dents  semblables  à  celles 
de  cette  mâchoire.  Les  pièces  operculaires  sont  peu  étendues,  plus  hautes  que  larges  ; 
leur  bord  postérieur  est  oblique  en  avant  ;  l'opercule  et  le  préopercule  ont  (au  moins 
en  partie)  leur  bord  pectine  comme  celui  des  Myripristis.  On  remarque,  en  outre,  sur 
la  joue  des  pectinations  analogues  qui  paraissent  être  des  bords  d'écaillés.  Les  rayons 
branchiostègues,  surtout  les  deux  supérieurs,  sont  robustes  ;  nous  n'avons  pu  compter 
leiir  nombre. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  estimons  à  28  environ  le  nombre  des  vertèbres. 
Elles  sont  plus  hautes  que  larges,  et  l'ensemble  de  la  colonne  épinière  est  convexe  en 
dessus  dans  la  partie  antérieure.  Les  apophyses  sont  trop  cachées  par  les  écailles  pour 
pouvoir  être  décrites. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  commence  sensiblement  en  arrière  du  mi- 
lieu, et  se  trouve  par  conséquent  située  dans  la  région  oblique  qui  est  comprise  entre  la 
plus  grande  hauteur  et  le  pédicelle  de  la  queue;  sa  longueur  totale  est  de  36  millim. 
Elle  est  portée  en  avant  par  six  rayons  épineux,  dont  le  dernier  est  le  plus  long 


DU  MONT  LIBAN.  29 

(25  millim.),  et  qui  sont  profondément  sillonnés  dans  le  sens  longitudinal.  Le  reste  de 
la  nageoire  est  soutenu  par  une  dizaine  de  rayons  mous  ramifiés  qui  décroissent  uni- 
formément. La  nageoire  anale  a  31  millim.  de  longueur.  Elle  ressemble  beaucoup  à  la 
dorsale,  sauf  que  nous  n'y  comptons  que  cinq  rayons  épineux  ;  ces  rayons  sont,  du 
reste,  aussi  longs  que  ceux  de  la  dorsale  et  également  sillonnés.  Ces  deux  nageoires 
sont  sensiblement  à  la  même  dislance  du  bout  du  museau.  La  nageoire  caudale  est  mal 
conservée  ;  elle  parait  avoir  été  large  et  bilobée. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  paraissent  avoir  eu  un  développement 
médiocre;  elles  sont  portées  en  avant  par  un  arc  très-oblique,  qui,  à  son  extrémité 
inférieure,  soutient  également  les  ventrales.  Celles-ci,  dont  l'origine  est  en  conséquence 
un  peu  en  avant  des  pectorales,  présentent  un  fort  rayon  épineux  sillonné  et  des  rayons 
mous  que  nous  n'avons  pas  pu  compter. 

Écailles.  Les  écailles  ne  sont  pas  de  grande  dimension  ;  elles  sont  plus  hautes  que 
larges  ;  leur  moitié  postérieure  est  marquée  de  fortes  carènes  horizontales,  (]ui  se  ter- 
minent chacune  sur  le  bord  libre  par  une  pointe  aiguë  ;  ces  pointes,  un  peu  inégales, 
sont  le  plus  souvent  au  nombre  d'une  vingtaine.  Nous  n'avons  pas  pu  estimer  le  nombre 
des  rangées  d'écaillés,  mais  il  y  en  a  certainement  plus  de  20  dans  une  ligne  verticale  et 
plus  de  40  dans  la  longueur  du  corps. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  a  une  partie  des  caractères  des  Hoplopteryx, 
et,  en  particulier,  sa  nageoire  dorsale  est  supportée  en  avant  par  des  rayons  épineux 
plus  nombreux  et  plus  forts  que  dans  les  Beryx  vivants  et  que  dans  la  plupart  des 
espèces  fossiles.  Nous  la  considérons  néanmoins  comme  un  véritable  Beryx,  et  cela  par 
les  motifs  suivants  : 

i"  Ses  rayons  épineux  sont  beaucoup  plus  serrés  les  uns  contre  les  autres  et  plus 
liés  avec  le  reste  de  la  nageoire  que  cela  n'a  lieu  dans  ï Hoplopteryx  antiquus. 

2"  Nous  avons  bien  vu  sur  ce  poisson  les  pectinations  des  os  de  la  tête,  mais  pas  les 
véritables  crêtes  frontales  qui  semblent  caractériser  les  Hoplopteryx. 

3"  Nous  devons  faire  remarquer  enfin  que  ses  principales  analogies  spécifiques  sont  avec 
les  Beryx  Zippei,  kg.  et  B.  superbus,  Dixon.  Les  rayons  épineux  de  sa  dorsale  ressem- 
blent beaucoup  à  ceux  de  ces  deux  espèces  par  leurs  dimensions,  leur  courbure,  etc.  ; 
ceux  de  son  anale  sont  remarquablement  semblables  à  ceux  de  cette  même  nageoire 
dans  le  B,  superbus,  qui  sont  infléchis  et  cannelés  exactement  de  la  même  manière. 

Notre  espèce  ne  peut  d'ailleurs  être  confondue  avec  aucune  de  celles  qui  ont  été 
décrites.  Elle  se  distingue  facilement  du  B.  Zippei,  dont  la  dorsale  plus  longue  com- 
mence beaucoup  plus  près  de  la  nuque,  et  des  B.  superbus  et  B.  ornatus,  dont  les  écailles 
sont  beaucoup  plus  grandes  ;  chez  ce  dernier,  en  particulier,  on  ne  trouve  dans  la 
longueur  que  vingt-cinq  rangées  d'écaillés  qui  présentent  sur  leur  bord  postérieur  plu- 
sieurs séries  concentriques  de  piquants.  Le  B.  radians,  Ag.  a,  comme  le  nôtre,  des 
écailles  dont  le  bord  n'est  muni  que  d'une  seule  rangée  de  dentelures  profondément 


30  POISSONS  FOSSILES 

enlaillées;  mais  ces  écailles  sont  encore  plus  grandes  que  dans  noire  espèce,  puisque 
l'on  n'en  compte  qu'une  trentaine  dans  la  longueur  du  corps  ;   il  est  d'ailleurs  plus 
long  proportionnellement  à  sa   hauteur.  Le  B.  syriacus  est  évidemment  encore  plus 
éloigné  du  B.  microcephalus,  Ag.,  caractérisé  par  un  corps  effilé  et  grêle. 
Localité.  Saliel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  I.  Fïg.  1  a  et  J  b.  Betyx  syriacus,  Pict.  et  Humb.  (Empreinte  et  contre-empreinte.)  Musée  de  Genève. 
Fig.  1  c.  Rayons  épineux  de  la  dorsale,  grossis. 

Fig.  1  d.  Quelques  écailles  grossies. 


Beryx  vexillifer,  Pictet. 

(PI.  Il,  fig.  1-3.) 
Pictet.  Poissons  du  Liban,  p.  8,  pi.  I,  fig.  1. 

Cette  espèce  a  déjà  été  décrite  dans  le  premier  travail  sur  les  poissons  du  Liban  ; 
mais  de  nouveaux  échantillons  nous  permettent  aujourd'hui  de  compléter  sa  descriplion 
sur  plusieurs  points  importants  et  de  la  rectifier  sur  d'autres.  Nous  sommes,  en  parti- 
culier, à  même  d'en  donner  des  figures  meilleures  que  celle  de  l'ouvrage  précité. 

DIMENSIONS  : 

Longueur  totale 75  mm. 

Longueur  du  corps  sans  la  queue  59 

Hauteur  du  corps 25 

Longueur  de  la  tête 28 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  régulier,  en  forme  d'ovale  allongé;  sa  hauteur  est 
comprise  trois  fois  dans  la  longueur  totale  et  deux  fois  et  demie  dans  la  longueur  du 
corps  sans  la  queue. 

Tête.  La  tête  est  un  peu  plus  longue  ciue  haute  ;  l'œil  est  assez  grand  (8  millim.), 
situé  en  avant  du  milieu  et  près  du  bord  supérieur.  La  bouche  est  assez  largement 
ouverte;  l'intermaxillaire  forme  la  plus  grande  partie  du  bord  de  la  mâchoire  supé- 
rieure ;  il  est  mince  et  arqué  en  avant  ;  le  maxillaire  supérieur,  mince  à  la  base,  s'élargit 
considérablement  un  peu  avant  l'extrémité;  il  est  également  arqué  du  côté  antérieur; 
la  mâchoire  inférieure  est  triangulaire  ;  on  voit  sur  l'une  et  l'autre  mâchoire  de  très- 
petites  dents  serrées.  Les  pièces  operculaires  forment  un  ensemble  plus  haut  que  long  ; 


DU  MONT  LIBAN.  31 

l'angle  du  préopercule  présenle  quelques  dents;  nous  n'en  avons  point  vu  sur  le  bord 
de  l'opercule;  les  joues  paraissent  un  peu  rugueuses.  Les  rayons  branchioslègues  sont 
au  moins  au  nombre  de  huit;  les  antérieurs  sont  très-minces,  les  cinq  postérieurs  sont 
larges. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  d'environ  .30  vertèbres, 
dont  i')  à  IG  caudales.  Les  corps  sont  plus  hauts  que  longs.  Les  neurapophyses  sont 
courtes  dans  la  partie  antérieure  ;  elles  atteignent  leur  maximum  de  longueur  vers  le 
milieu;  dans  la  région  caudale,  elles  diminuent  et  s'infléchissent  en  arriére.  Les  hae- 
mapophyses  de  celte  région  sont  symétriques  aux  neurapophyses.  Nous  n'avons  point 
pu  voir  d'apophyses  rayonnantes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsa/e  est  assez  allongée  (18  millim.);  elle  nait  un 
peu  en  avant  du  milieu  du  corps,  ce  milieu  correspondant  à  peu  près  à  son  cinquième 
ou  à  son  sixième  rayon  ;  elle  est  trés-élevée,  sa  hauteur  égalant  presque  celle  du  corps. 
L'étude  de  nouveaux  échantillons  nous  force  à  modifier  un  peu  ce  que  nous  avions  dit 
dans  notre  premier  travail  sur  le  nombre  de  ses  rayons.  Elle  en  a  en  totalité  de  19  à 
20;  les  rayons  épineux  de  sa  partie  antérieure,  qui  sont  difficiles  à  distinguer  des  rayons 
mous  qui  les  suivent,  ne  semblent  pas  être  au  nombre  de  plus  àe  S  à  5.  La  nageoire 
anale  naît  à  peu  près  au  niveau  du  tiers  postérieur  de  la  dorsale  ;  elle  est  plus  courte 
que  celle-ci,  et  paraît  composée  de  13  à  14  rayons,  dont  les  deux  premiers  seulement 
sont  épineux.  La  nageoire  caudale  est  peu  profondément  bilobée. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  peu  développées  et  composées  de  rayons  fins, 
dont  l'on  ne  retrouve  pas  l'empreinte  sur  tous  les  échantillons.  Les  ventrales  sont  situées 
au-dessous  des  pectorales;  elles  sont  très-développées,  ayant  au  moins  15  millim.  de 
longueur,  et  sont  composées  de  rayons  mous  nombreux  dont  nous  avons  compté  au 
moins  huit. 

Écailles.  Les  écailles  sont  sensiblement  plus  hautes  que  longues;  leur  bord  libre  est 
arrondi  et  pectine  par  des  épines  plus  petites  et  plus  nombreuses  que  dans  le  Beryx 
syriacus.  De  nouveaux  échantillons  nous  ont  montré  que  ce  qui  avait  été  désigné  comme 
un  second  cercle  d'impressions  plus  petites,  n'est  en  réalité  produit  que  parla  base  des 
cannelures  qui  correspondent  à  l'intervalle  des  épines  marginales.  Les  écailles  forment 
à  peu  près  dix  rangées  longitudinales,  et  on  en  compte  environ  une  trentaine  dans  la 
longueur. 

Rapports  et  différences.  Par  le  petit  nombre  des  rayons  épineux  de  sa  dorsale  et  de 
son  anale  et  par  leurs  faibles  dimensions,  celte  espèce  reproduit  mieux  que  la  précé- 
dente les  caractères  typiques  du  genre.  Elle  se  distingue,  du  reste,  de  toutes  les  espèces 
connues  vivantes  et  fossiles  par  la  hauteur  de  sa  dorsale.  Elle  a  sous  ce  point  de  vue 
quelques  ressemblances  avec  V Homonotus  dorsalis,  Dixon.  Le  genre  Hoinonolus  n'est 
d'ailleurs  connu,  comme  nous  l'avons  dit,  que  d'une  manière  insuffisante,  et  il  nous 
est  impossible  d'en  apprécier  complètement  la  valeur.  M.  Dixon  lui  attribue,  outre  les 


32  POISSONS  FOSSILES 

caractères  tirés  de  sa  dorsale,  des  vertèbres  plus  grêles  que  dans  les  Beryx,  une  tête 
plus   petite  et  des  écailles  très-délicates  et  rarement  conservées,  ce  qui  forme  un 
ensemble  bien  différent  de  ce  que  l'on  voit  chez  notre  espèce. 
Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures- 
Pi.  II.  Fig.  1  et  3.  Beryx  vexillifer,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  2  a.      Quelques  écailles  grossies. 
Fig.  3.  Restauration  du  squelette. 


Genre  PSEUDOBERYX  ,  Pictet  et  Ilumbert. 


Bouche  médiocrement  ouverte. 

Pièces  operculaires  ornées  de  stries  nombreuses  et  irrégulières,  qui  for- 
ment des  denticulalions  sur  leur  bord  libre. 

Os  sous-orbitaires  et  os  de  la  joue  denticulés  ou  granuleux. 

Nageoire  dorsale  unique,  à  peu  près  médiane,  composée  presque  uni- 
quement de  rayons  mous. 

Nageoire  anale  petite. 

Nageoire  caudale  bilobée. 

Nageoires  pectorales  assez  grandes. 

Nageoires  ventrales  situées  en  arrière  de  l'abdomen,  à  peu  près  aujiiilieu 
de  la  longueur  totale  du  corps. 

Ecailles  grandes,  pectinées  sur  leur  bord  libre. 

Ce  genre  présente  des  caractères  que  l'on  ne  trouve  pas  associés  en- 
semble dans  la  nature  vivante.  Les  écailles  appartiennent  évidemment  au 
type  des  Clénoïdes,  et  ressemblent  beaucoup  à  celles  des  Holocentrum  et 
des  Beryx.  Cette  analogie  est  rendue  plus  frappante  encore  par  les  granu- 
lations et  les  stries  qui  se  trouvent  sur  les  os  de  la  tête  et  en  particulier 
sur  les  pièces  operculaires.  En  même  temps,  la  position  des  nageoires 
ventrales  est  la  même  que  chez  les  poissons  abdominaux.  Il  forme  donc 
évidemment  un  type  nouveau. 


DU  MONT  LIBAN.  33 

PsEUDOBER\'x  SYKiACUS,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  II,fig.  4-6.) 

DIMENSIONS  : 

Longueur  totale 60  à  63  mm. 

Longueur  sans  la  queue 48 

Hauteur  du  corps 26 

Formes  générales.  Ce  poisson  a  une  forme  ovale  peu  allongée,  sa  hauteur  élant  com- 
prise à  peu  près  deux  fois  et  demie  dans  la  longueur  totale. 

Tête.  La  tête  est  courte,  environ  aussi  longue  que  haute;  le  profil  continue  à  peu 
près  la  courbure  du  dos.  L'œil  est  très-grand,  situé  près  du  bord  supérieur  et  à  peu 
près  à  égale  distance  du  bout  du  museau  et  du  bord  postérieur  de  l'opercule.  La  bouche 
est  médiocre  ;  les  os  qui  la  composent  sont  trop  mal  conservés  pour  être  décrits.  Les 
pièces  operculaires  sont  peu  étendues,  formant  un  ensemble  haut  et  étroit  ;  elles  sont 
ornées  de  stries  nombreuses,  souvent  interrompues,  qui  se  terminent  sur  le  bord  libre 
en  denticulalions  fines.  Le  préopercule  a  son  bord  postérieur  droit,  marqué  de  stries 
horizontales  fortes  et  courtes;  son  angle  postérieur,  qui  est  arrondi,  présente  des 
stries  plus  longues,  plus  serrées  et  plus  irrégulières.  L'opercule  est  subtriangulaii'e, 
strié  de  lignes  fines,  ondulées,  rayonnant  depuis  la  partie  supérieure  jusqu'au  bord 
inférieur.  Le  sous-opercule  et  l'interopercule  sont  petits  et  ont  des  stries  rayonnantes 
plus  ou  moins  horizontales.  On  remarque  en  outre  quelques  stries  et  quelques  granu- 
lations sur  les  os  des  joues. 

Colonne  épinière.  La  colonne  épinière  n'est  connue  que  par  des  impressions  très- 
imparfaites  cachées  par  celles  des  écailles  ;  elle  est  à  peu  près  droite  et  composée  de 
28  vertèbres. 

Nous  n'avons  pu  voir  ni  les  côtes  ni  les  apophyses. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  origine  un  peu  en  avant  du  milieu  du 
corps  sans  la  queue.  Nous  n'avons  pu  préciser  ni  sa  longueur  ni  le  nombre  de  ses 
rayons,  qui  est  au  moins  de  12.  Les  rayons  épineux,  s'ils  existent,  sont  très-peu  nom- 
breux. Sa  hauteur  est  assez  considérable,  et  atteint  à  peu  près  les  deux  tiers  de  celle  du 
corps.  La  nageoire  anale  est  très-petite,  située  en  arrière  de  la  terminaison  postérieure 
de  la  dorsale.  La  caudale  est  profondément  divisée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  assez  considérables  et  composées  d'au 
moins  une  dizaine  de  rayons.  Les  nageoires  ventrales  sont  situées  très-en  arrière  des 

5 


34  POISSONS  FOSSILES 

précédentes  et  à  peu  près  vers  le  milieu  de  la  longueur  totale,  c'est-à-dire  tout  à  fait 
dans  la  position  qu'elles  occupent  chez  les  poissons  abdominaux. 

Écailles.  Les  écailles  sont  grandes,  beaucoup  plus  hautes  que  longues,  arrondies 
sur  leur  bord  libre,  où  elles  sont  ornées  d'environ  25  épines  semblables  à  celles  des 
Beryx.  Nous  ne  comptons  que  10  rangées  longitudinales  et  50  écailles  entre  l'opercule 
et  la  queue. 

Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures. 

PI.  II.  Fig.  4.  Pseudoberyx  syriacus,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  4  a.  Quelques  écailles  grossies. 

Fig.  5.  Autre  échantillon  de  la  même  espèce.  —  Musée  de  Genève. 

Fïg.  6.  Restauration  du  squelette. 


Pseudoberyx  Bott^,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  II,  fig.  7.) 

DIMENSIONS  : 

Longueur  totale 39  mm. 

Longueur  sans  la  queue 31 

Hauteur  du  corps 10 

Formes  générales.  Le  corps  forme  un  ovale  beaucoup  plus  allongé  que  dans  l'espèce 
précédente,  sa  hauteur  étant  comprise  presque  quatre  fois  dans  la  longueur  totale. 

Tête.  La  tête  est  plus  longue  que  dans  le  Pseudoberyx  syriacus,  sa  longueur  dépas- 
sant sa  hauteur  d'un  quart  au  moins  -,  cette  différence  provient  surtout  de  l'opercule, 
qui  est  plus  long  à  proportion  ;  il  est  du  reste  strié  des  mêmes  lignes  rayonnantes  qui 
rendent  son  bord  denticulé.  Des  stries  et  des  dentelures  analogues  se  retrouvent  sur 
d'autres  pièces  operculaires  et  sur  les  os  de  la  joue. 

Colonne  épinière.  La  colonne  épinière  parait  présenter  une  différence  importante  en 
ce  qu'elle  n'a  que  25  vertèbres.  Sa  forme  est  la  même  que  dans  l'espèce  précédente. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  nail  de  la  même  manière  que  dans  le  Pseudo- 
beryx syriacus,  et  paraît  être  composée  comme  chez  cette  espèce.  La  hauteur  de  son 
plus  grand  rayon  est  de  10  millim.,  c'est-à-dire  qu'elle  égale  la  hauteur  du  corps. 
L'anale  man(|ue.  La  caudale  est  profondément  divisée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  manquent.  Les  ventrales  naissent  un  peu 
en  avant  du  milieu  de  la  longueur  totale. 


DU  MONT  LIBAN.  35 

Ecailles.  Les  écailles  nous  ont  paru  être  composées  comme  dans  l'espèce  précédente, 
et  former  un  nombre  de  lignes  à  peu  près  identique. 

Rapports  et  différences.  C'est  avec  quelque  doute  que  nous  avons  séparé  cette  espèce 
de  la  précédente,  vu  les  rapports  considérables  qu'elles  présentent  dans  l'écaillure  et 
dans  la  disposition  des  nageoires.  Il  nous  a  paru  cependant  que  leur  distinction  se 
justifiait  par  les  considérations  suivantes  :  Le  P.  Bottœ  est  en  forme  d'ovale  beaucoup 
plus  allongé;  son  opercule  est  notablement  plus  long  par  rapport  à  sa  hauteur;  sa 
dorsale  est  plus  haute  ;  ses  ventrales  sont  situées  un  peu  plus  en  avant  ;  enfin  sa  colonne 
épinière  n'est  composée  que  de  25  vertèbres  au  lieu  de  28. 

Localité.  Hakel. 

Escplication  des  figures. 
PI.  II.  Fig.  7.  Pseuddbenjx  Bottœ,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 


FAMILLE    DES    CHROMIDES 


La  famille  des  Chromides,  telle  que  nous  l'entendons  ici,  a  été  établie 
par  Heckel'.  Elle  est  caractérisée  principalement  par  la  soudure  des  os 
pharyngiens  inférieurs,  ce  qui  la  fait  rentrer  dans  le  groupe  des  Pharyn- 
gognathes.  Elle  comprend  des  poissons  acanthoptérygiens,  pour  la  plupart 
cténoïdes,  le  plus  souvent  marins,  quelquefois  d'eau  douce,  qui  ont  été  en 
général  confondus  dans  les  méthodes  précédentes  avec  les  Labroïdes  et 
avec  les  Sciénoïdes.  J.  Millier,  dans  son  mémoire  classique  sur  la  classifi- 
cation des  poissons^,  tout  en  admettant  en  principe  les  analogies  qui  lient 
entre  eux  ces  Chromides  de  Heckel  et  en  les  plaçant  dans  les  Pharyngo- 

'  Annalen  des  Wiener  Muséums,  H.  Band,  p.  330  et  440. 

*  Miiller  (J.).  Ueber  den  Bau  und  die  Grenzen  der  Ganoiden,  etc.  Mémoire  lu  à  l'Académie  de  Berlin 
le  12  décembre  1844  ;  publié  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  1846.  —  Un  extrait  en  a  paru  dans  les 
«  Archiv  fiir  Naturgeschichte,  1845,  p.  91-141,  >  et  a  été  traduit  par  M.  C.  Vogt  dans  les  «  Annales  des 
sciences  naturelles.  »  3"'  série,  tome  IV,  1845,  p.  5.  —  Voyez  aussi  un  mémoire  antérieur  de  J.  Miiller  : 
Beitrâge  zur  Kenntniss  der  natiirlichen  Familien  der  Fische,  Archiv  fiir  Naturgeschichte,  1843,  I,  p.  292, 
lu  à  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin  les  16  et  23  juin  1842  et  le  3  août  1843. 


36  POISSONS  FOSSILES 

gnathes,  pense  qu'ils  doivent  être  scindés  en  deux  familles  :  l'une,  celle 
des  Chromides,  qui  correspondrait  aux  Chromis  et  à  quelques  genres  voi- 
sins placés  par  Cuvicr  dans  la  famille  des  Lahroïdes;  l'autre,  celle  des 
Pomacenlrides  ou  Lahroïdes  cténoïdes,  qui  se  composerait  des  genres  placés 
par  Cuvier  à  la  suite  des  Sciénoïdes  et  distincts  du  reste  de  la  famille  par 
la  présence  de  moins  de  sept  rayons  Itrancliianx  et  par  leur  ligne  latérale 
interrompue;  elle  comprendrait  les  Amphiprion,  Premnas,  Pomacentrus, 
Dascyllus,  Glyphisodon,  Heliases. 

Les  poissons  du  Liban  que  nous  avons  à  décrire  ici  ne  représentent 
assez  exactement  aucun  des  types  vivants,  pour  que  nous  puissions  les 
faire  rentrer  dans  l'un  de  ces  groupes  plutôt  que  dans  l'autre.  Nous  adop- 
tons donc  la  famille  dans  son  sens  le  plus  général. 

Nous  avons  placé  ces  espèces  dans  l'ordre  des  Pharyngognathes  sur 
l'autorité  de  Heckel,  et  en  nous  en  référant  tout  à  fait  à  ce  que  cet  habile 
observateur  dit  avoir  vu.  C'est,  en  effet,  lui  qui  a  établi  le  genre  Pycnos- 
terinx  dans  lequel  elles  rentrent.  11  l'a  caractérisé  par  la  soudure  des  os 
pharyngiens  inférieurs  munis  de  petites  dents  en  velours,  par  les  rayons 
branchiostègues  au  nombre  de  cinq  et  par  les  nageoires  ventrales  sup- 
portées par  un  rayon  épineux  et  cinq  rayons  mous.  Nous  n'avons  pu  véri- 
fier aucun  de  ces  caractères,  et  en  particulier  pas  le  premier;  nous  ne 
pouvons  toutefois  émettre  aucun  doute  sur  leur  existence. 

Si  nous  nous  étions  bornés  aux  caractères  que  nous  avons  pu  observer, 
nous  aurions  été  plus  frappés  par  les  analogies  de  nos  Pycnosterinx  avec 
deux  autres  groupes. 

L'une  résulte  de  leur  comparaison  avec  les  Beryx  que  nous  avons  décrits 
ci-dessus.  Ces  deux  genres  ont  un  rapport  frappant  dans  le  faciès,  dans  la 
composition  des  nageoires  verticales  et  dans  la  nature  des  écailles.  Nous 
aurions  donc  cru  avoir  des  motifs  légitimes  pour  les  considérer  comme 
appartenant  au  même  groupe  naturel. 

Une  autre  analogie  qui  a  attiré  notre  attention  est  celle  qui  existe  entre 
ces  poissons  et  quelques  Squammipennes.  Cuvier  avait  déjà  fait  remarquer 
les  rapports  des  Sciénoïdes  à  moins  de  sept  rayons  branchiaux  avec  les 
Chétodontes;  nos  Pycnosterinx  et  surtout  le  P.  discoïdes  en  sont  évidem- 
ment encore  plus  voisins. 


DU  MONT  LIBAN.  37 

Ainsi  que  M.  Vogt  '  l'a  fait  remarquer,  le  caractère  sur  lequel  est  basé 
l'ordre  des  Pharyngognalhes  n'est  ni  si  absolu  ni  si  important  qu'il  peut 
le  paraître  au  premier  abord.  L'on  voit,  en  effet,  que  dans  certains  genres 
les  deux  pharyngiens  sont  complètement  soudés  et  ne  se  présentent  plus 
que  sous  la  forme  d'un  os  impair,  tandis  que  dans  d'autres  la  soudure  est 
incomplète  et  que  les  deux  os  sont  seulement  réunis  par  un  cartilage.  Ne 
serait-il  donc  pas  possible  que  certains  types  fossiles,  tels  que  les  Pycnos- 
terinx,  présentassent  un  passage  entre  les  Pharyngognathes  et  quelques 
familles  de  l'ordre  des  Acanthopleri  de  Mûller,  telles  que  les  Percoïdes  ou 
les  Squammipennes.  Ces  trois  familles,  les  Percoïdes ,  les  Chromides  et 
les  Squammipennes,  aujourd'hui  assez  éloignées  les  unes  des  autres  dans 
la  méthode  naturelle,  ont  été  représentées  dans  la  période  crétacée  par  des 
types  évidemment  plus  voisins  les  uns  des  autres.  Il  semble  y  avoir  eu  là 
un  exemple  de  divergence  semblable  à  ceux  que  l'on  observe  dans  d'autres 
groupes  du  règne  animal. 


Genre  PYCNOSTERINX,  Heckel,  18431 


La  caractéristique  suivante  est  la  traduction  de  celle  qui  a  été  donnée 
par  Heckel  : 

Bouche  médiocrement  fendue;  chaque  mâchoire  munie  d'une  rangée 
étroite  de  dents  en  velours  courtes  et  fines. 

Plaque  des  os  pharyngiens  inférieurs  rhomboidale  (?),  garnie  de  dents 
en  velours,  courtes,  droites  et  très-serrées,  dont  celles  qui  sont  placées  plus 
en  arrière  deviennent  graduellement  plus  fortes  et  presque  coniques. 

Opercule  arrondi;  préopercule  finement  dentelé  sur  son  bord. 


'  Annales  des  sciences  naturelles;  1845,  tome  TV,  p.  67. 

■  Abbildungen  und  Beschreibungen  der  Fische  Syriens,  p.  235  (337),  pi.  XXIII. 


38  POISSONS  FOSSILES 

Arcs  branchiaux  externes  munis  à  leur  bord  antérieur  de  larges  apo- 
physes osseuses  cul  tri  formes,  sur  le  milieu  desquelles  se  trouve  un  crochet 
tourné  en  haut. 

Rayons  brancliiostègues  5. 

Nageoires  dorsale  et  anale  simples,  longues,  commençant  par  des  rayons 
épineux  serrés  les  uns  contre  les  autres  et  s'allongeant  par  degrés;  la  pre- 
mière naissant  au  milieu  du  corps  (sans  la  queue). 

Nageoires  ventrales  échancrées. 

Écailles  serrées,  couvrant  l'occiput,  l'opercule,  les  joues,  le  tronc  et  une 
partie  des  nageoires  verticales;  elles  sont  petites,  rondes,  épaisses,  avec  des 
cercles  concentriques  lisses,  dont  le  point  médian  se  trouve  dans  la  moitié 
postérieure,  et  un  bord  simple  mais  portant  des  dentelures  aiguës. 

Vertèbres  courtes;  9  à  11  abdominales,  17  à  18  caudales. 

Côtes  courtes,  grêles;  les  postérieures  s'appuyant  sur  de  longues  apo- 
physes transversales. 


Pycnosterinx  discoïdes,  Heckel. 

(Pl.IIlfig.  ici  a.) 

Heckel.  Abbildungen  und  Beschreibungen  der  Fische  Syriens,  1843,  p.  238  (340),  pi.  XXIII,  fig.  3. 
Pictet.  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  1850,  p.  57. 

DIMENSIONS  ; 

Longueur  totale 68  mm. 

Longueur  du  corps  sans  la  queue 50 

Hauteur  du  corps 50 

Longueur  de  la  tfte 23 

Formes  générales.  Ce  poisson  a  une  forme  discoïdale,  la  hauteur  du  corps  étant  sen- 
siblement égale  à  la  longueur  sans  la  queue.  Le  profil  forme  une  ligne  très-oblique, 
faiblement  convexe  en  avant  ;  le  pédicelle  de  la  queue  est  court  et  épais. 

Tête.  La  tête  est  beaucoup  plus  haute  que  longue.  L'œil  est  médiocre  et  situé  à  peu 
de  distance  de  l'extrémité  du  museau  et  près  du  bord  supérieur.  La  bouche  est  assez 
grande;  l'os  intermaxillaire  forme  la  plus  grande  partie  de  son  bord  supérieur;  il  est 
échancré  vers  son  tiers  supérieur  et  arqué  en  avant  dans  le  reste  de  sa  longueur;  le 


DU  MONT  LIBAN.  59 

maxillaire,  qui  est  situé  en  arrière,  le  dépasse  et  s'élargit  à  sou  extrémité.  La  mâchoire 
inférieure  est  épaisse.  D'après  Ileckel,  les  deux  mâchoires  seraient  armées  de  très- 
petites  dents;  mais  nous  n'avons  pas  pu  nous  assurer  d'une  manière  certaine  de  leur 
présence.  Les  pièces  operculaires  sont  mal  conservées.  Heckel  dit  que  le  préopercule 
descend  verticalement  et  que  son  angle  inférieur  est  aigu,  finement  denté  et  sillonné. 
Nous  n'avons  également  pas  pu  voir  les  particularités  d'organisation  des  os  pharyngiens 
que  signale  cet  auteur. 

Colonne  epinière  et  côtes.  Nous  comptons  26  verlèhres  depuis  l'origine  de  la  queue 
jusqu'à  l'opercule,  et  nous  estimons  que  le  nombre  total  doit  être  de  28  à  30,  sur  les- 
quelles il  y  en  a  18  caudales.  Ces  vertèbres,  surtout  les  abdominales,  sont  plus  hautes 
que  longues.  Les  neurapophyses  et  les  hsemapophyses  ont  laissé  de  fortes  empreintes 
et  paraissent  avoir  été  robustes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  origine  au  niveau  du  milieu  de  la  longueur 
du  corps  et  à  l'endroit  qui  correspond  à  la  plus  grande  hauteur.  Elle  est  portée  par  une 
trentaine  de  rayons,  dont  les  huit  premiers  sont  épineux  et  croissent  uniformément  et 
rapidement  depuis  le  premier  au  huitième  ;  les  plus  grands  atteignent  une  longueur  de 
16  millimètres.  Cette  nageoire  s'étend  jusqu'à  une  petite  distance  de  l'origine  de  la 
queue.  La  nageoire  atiale  a  son  origine  en  dessous  du  milieu  de  la  dorsale,  et  lui  res- 
semble par  sa  forme.  Elle  est  portée  par  21  rayons,  dont  6  épineux  ;  le  sixième,  qui  est 
le  plus  grand,  atteint  une  longueur  de  12  '/s  millimètres.  Cette  nageoire  s'étend  égale- 
ment jusque  près  de  la  caudale,  et  se  termine  à  niveau  de  la  dorsale.  La  nageoire  caudale 
est  large  et  divisée  en  deux  lobes  obtus. 

Nageoires  paires.  Dans  nos  échantillons,  les  nageoires  pectorales  n'ont  pas  laissé  de 
traces.  Les  ventrales  sont  portées  par  l'arc  pectoral;  elles  sont  mal  conservées,  et  nous 
n'avons  pas  pu  estimer  le  nombre  de  leurs  rayons  ;  le  premier  est  épineux  et  épais. 

Écailles.  Les  écailles  sont  petites ,  plus  hautes  que  longues  ;  leur  bord  libre  est 
arrondi  et  muni  d'un  rang  de  très-petites  dentelures  aplaties.  Quoiqu'il  ne  nous  ait  pas 
été  possible  d'apprécier  exactement  le  nombre  des  rangées,  nous  avons  cependant  pu 
vérifier  approximativement  les  chiffres  donnés  par  Heckel  qui  a  compté  30  écailles  dans 
une  ligne  verticale  et  40  à  50  rangées  entre  l'opercule  et  la  queue.  Quelques-unes  de 
ces  écailles  recouvrent  les  pièces  operculaires,  les  cÀtés  de  la  tèle,  ainsi  que  la  base 
des  nageoires  verticales,  à  l'exception  de  la  queue. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  III.  Fig.  1.     Pi/niosterinx  discoides,  Heckel.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  2  a.  Quelques  écailles  grossies. 
Fig.  3  b.  Nageoire  caudale  d'un  autre  échantillon. 


iO  POISSONS  FOSSILES 

Pycnosterinx  Heckelu,  Pictet. 

(PI.  III,  fit,.  3  et  4.) 
Pictet.  Poissons  du  Liban,  1850,  p.  15,  pi.  H,  fig.  1  et  2. 

iNous  avons  eu  quelques  nouveau.\  échantillons  de  celte  espèce,  mais  aucun  n'est  assez 
bien  conservé  pour  nous  permettre  d'en  donner  une  description  beaucoup  plus  complète 
que  l'ancienne.  En  particulier,  nous  avons  été  embarrassés  pour  apprécier  exactement 
la  forme  générale,  parce  que,  parmi  ces  poissons,  il  y  en  a  qui  ont  été  évidemment 
raccourcis  par  la  fossilisation,  tandis  que  d'autres  ont  été  allongés.  Nous  en  figurons 
deux  nouveaux  échantillons  ;  l'un  deux  parait  bien  conservé  dans  sa  région  abdominale 
et  dans  sa  région  caudale,  et  il  peut,  à  ce  que  nous  croyons,  donner  une  idée  assez 
exacte  de  ces  régions  ;  mais  la  destruction  ou  la  perturbation  de  toutes  les  parties  anté- 
rieures de  la  tête  lui  donnent  certainement  une  apparence  beaucoup  plus  discoïdale  que 
cela  ne  devrait  être  ;  l'autre,  qui  est  beaucoup  moins  bien  conservé  dans  la  région  de 
la  queue,  peut  mieux  faire  comprendre  la  tète  et  ses  proportions  relativement  au  reste 
du  corps.  Nous  pensons  donc  que  les  deux  figures  du  précédent  mémoire  doivent 
donner  une  idée  assez  juste  de  la  forme  normale  de  l'espèce,  et  que  les  deux  nouvelles 
ne  peuvent  servir  qu'à  les  compléter. 

Nous  renvoyons  pour  la  description  à  l'ouvrage  précité,  nous  bornant  à  donner  ici 
quelques  détails  qui  la  corrigent  ou  la  complètent. 

Tète.  Un  nouvel  échantillon  nous  a  permis  de  constater  que  l'angle  inférieur  du  pré- 
opercule est  réellement  dentelé. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  devons  revenir  en  partie  sur  ce  qui  a  été  dit  de  la 
courbure  de  la  colonne  épinière.  De  nouveaux  exemplaires  nous  montrent  une  colonne 
plus  droite  et  semblent  prouver  que  la  courbure  avait  été  accidentellement  exagérée 
dans  les  premiers  individus  figurés.  Nous  croyons  pouvoir  porter  aujourd'hui  à  26  le 
nombre  des  vertèbres  comprises  entre  l'opercule  et  la  queue,  et  probablement  à  29  ou 
30  le  nombre  total.  Nous  comptons  16  caudales. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  naît  vers  la  partie  la  plus  élevée  du  corps. 
Elle  parait  soutenue  par  au  moins  18  rayons,  dont  les  premiers  sont  épineux;  les  plus 
grands  atteignent  une  longueur  de  16  millimètres.  Uanale  est  soutenue  par  12  rayons, 
dont  3  sont  épineux  ;  le  plus  grand  atteint  une  longueur  de  12  '/,  millimètres.  La 
caudale  est  profondément  divisée  en  deux  lobes  peu  aigus  ;  ces  lobes  atteignent  une 
longueur  de  25  millimètres. 

Nageoires  paires.  Nous  n'avons  vu  que  quelques  traces  confuses  de  la  pectorale.  La 


DU  MONT  LIBAN.  41 

ventrale  paraît  assez  développée  et  composée  de  rayons  passablement  longs.  Elle  est 
insérée  au-dessous  de  la  pectorale. 

Rapports  et  différences.  Les  principales  différences  qui  nous  frappent  aujourd'hui 
entre  les  P.  Heckelii  et  P.  discoides  se  trouvent  surtout  dans  les  nageoires  impaires, 
supportées  dans  le  premier  par  des  rayons  beaucoup  moins  nombreux.  Cette  même 
espèce  n'a  que  16  vertèbres  caudales  au  lieu  de  18. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  III.  Fig.  3.  Pycnosterinx  Heckelii,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  4.  Idem.  —  Musée  de  Genève. 


Pycnosterinx  dorsalis,  Pictet. 

Pictet,  1850.  Poissons  du  Liban,  p.  17,  pi.  U,  fig.  3. 

Nous  n'avons  retrouvé  aucun  exemplaire  de  celte  espèce,  et  nous  n'avons,  par  consé- 
quent, rien  à  ajouter  à  sa  description. 

Ce  Pycnosterinx  se  distingue  des  deux  précédents  par  son  corps  qui  forme  un  ovale 
beaucoup  plus  allongé  et  par  la  hauteur  de  sa  dorsale.  Il  a  plus  de  rapports  avec  le 
P.  Russecjgerii  de  Heckel  qu'avec  les  autres  espèces  du  genre,  et  parait  s'en  distinguer 
soit  par  la  longueur  de  sa  dorsale,  soit  par  le  nombre  de  ses  vertèbres  caudales,  qui 
est  d'au  moins  20  au  lieu  de  17  ou  de  18,  soit  enfin  par  sa  nageoire  anale,  qui  est 
supportée  en  avant  par  de  très-forts  rayons  épineux. 

Localité.  Sahel  Aima. 


Pycnosterinx  Russeggerii,  Heckel 

Heckel,  1843.  Fische  Syriens,  p.  236,  pi.  XXm,  fig.  1  a. 

Nous  n'avons  eu  entre  les  mains  aucun  échantillon  de  cette  espèce. 
Localité.  Sahel  Aima. 


42  POISSONS  FOSSILES 

Pycnosterin\  elongatus,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  III,  ficj.  .5  et  G.) 

DIMENSIONS: 

Longueur  totale 60  mm. 

Loni,'ueur  de  la  queue M 

Hauteur  (lu  corps 16 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  en  forme  d'ovale  allongé,  sa  hauteur  étant  com- 
prise près  de  quatre  fois  dans  sa  longueur  totale  et  un  peu  moins  de  trois  fois  dans  la 
longueur  sans  la  queue. 

Tête.  La  tète  est  comprise  un  peu  plus  de  trois  fois  dans  la  longueur  totale  ;  sa  partie 
supérieure  forme  un  profd  régulier  et  peu  convexe;  le  bord  postérieur  de  l'œil  corres- 
pond à  peu  près  au  milieu  de  la  tête.  La  bouche  est  peu  fendue  ;  son  bord  est  formé 
par  l'interniaxillaire,  qui  est  étroit;  le  maxillaire  supérieur  est  plus  large,  surtout  dans 
son  milieu  ;  la  mâchoire  inférieure  est  mince.  L'opercule  paraît  terminé  en  arrière  par 
une  pointe;  le  prèopercule  porte  quelques  dents  sur  son  bord  inférieur.  Le  sous-orbi- 
laire  présente  quelques  dentelures. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  28  à  29  vertèbres, 
dont  17  caudales;  elle  est  à  peu  près  droite,  et  donne  naissance  à  des  neurapophyses 
et  à  des  hajmapophyses  assez  solides,  espacées  et  peu  inclinées.  Les  côtes  sont  minces 
et  fortement  inclinées  en  arrière  ;  on  ne  voit  pas  les  apophyses  divergentes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  origine  vers  le  tiers  antérieur  de  la 
longueur  totale  ;  elle  est  longue  et  supportée  par  30  à  32  osselets  porte-nageoire.  Les 
rayons  paraissent  être  à  peu  près  en  même  nombre  ;  les  premiers  sont  très-serré?  et 
épineux,  au  nombre  d'au  moins  quatre  ;  le  plus  grand  rayon  est  mou  et  atteint  une 
longueur  d'au  moins  14  millimètres;  les  derniers  sont  plus  écartés,  mais  mal  conservés. 
La  nageoire  anale  a  son  origine  à  peu  près  sous  le  milieu  de  la  dorsale  ;  elle  a  la 
même  forme,  et  est  supportée  par  un  nombre  de  rayons  que  nous  n'avons  pas  pu  esti- 
mer exactement,  mais  qui  doit  être  supérieur  à  20  ;  les  trois  premiers  au  moins  sont 
épineux  ;  le  plus  grand  rayon  mou  atteint  une  longueur  de  12  millimètres.  A  l'origine 
de  la  nageoire  correspond  un  fort  osselet  qui  s'étend  jusqu'à  la  première  vertèbre  cau- 
dale. La  nageoire  caudale  est  grande  et  profondément  divisée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  n'ont  pas  laissé  de  traces  suffisantes  pour 
pouvoir  être  décrites.  Les  ventrales  sont  portées  par  deux  longues  pièces  triangulaires, 
dont  l'extrémité  antérieure  repose  sur  l'arc  pectoral  ;  nous  n'avons  pas  pu  compter  le 
nombre  de  leurs  rayons. 


nu  MONT  LIBAN.  43 

Écailles.  Les  écailles  sont  marquées  de  stries  longitudinales  irrégulières  et  un  peu 
flexueuses;  les  parties  saillantes  comprises  entre  ces  stries  se  relèvent  vers  le  bord  libre 
pour  former  des  pointes  marginales.  La  ligne  latérale  est  bien  marquée;  elle  est  paral- 
lèle à  la  colonne  épinière  et  située  un  peu  au-dessus  d'elle.  Nous  n'avons  pas  pu  appré- 
cier le  nombre  des  rangées  d'écailles. 

Rapports  et  différences.  Ce  n'est  pas  sans  quelque  bésilalion  que  nous  avons  rap- 
porté ce  poisson  au  genre  Pycnosterinx,  car  il  est  bien  plus  allongé  qu'aucune  espèce 
connue,  même  que  le  P.  Russeggerii.  Mais  à  part  celte  circonstance,  ses  caractères 
concordent  en  général  avec  ceux  du  genre;  les  nageoires  verticales  sont  constituées  tout 
à  fait  de  la  même  manière  que  dans  les  autres  espèces  auxquelles  elle  ressemble  en  outre 
par  la  forme  de  ses  mâchoires,  la  position  de  l'œil,  les  épines  du  préopercule,  le  nombre 
des  vertèbres,  etc.  Nous  pourrions  même  ajouter  que  les  stries  irrégulières  des  écailles 
présentent  une  analogie  très-marquée  avec  celles  que  l'on  voit  chez  le  P.  Heckelii. 
Nous  ne  doutons  pas  que  si  nous  avions  eu  sous  les  yeux  des  exemplaires  suffisam- 
ment bien  conservés  de  ces  deux  espèces,  nous  n'eussions  pu  trouver  dans  ces  stries 
des  preuves  importantes  d'analogie. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explicaiwn  des  figures. 
PL  III.  Fit).  5  et  6.  PycnostentKc  domjaUis,  Pictet  et  Hiimbert.  —  Musée  de  Genève . 


Pycnosterinx  niger,  Pictet  et  Humbert. 

Betyx  niger,  Costa,  18.55.  Descrizione  di  alcuni  pesci  fossili  del  Libaiio,  p.  4,  pi.  II,  fig.  1. 

Nous  n'avons  aucun  doute  que  le  poisson  figuré  par  M.  Costa  sous  le  nom  de  Beryx 
niger  n'appartienne  au  genre  Pycnosterinx.  Il  est  voisin  du  P.  dorsalis,  Pictet,  dont  il 
diffère  par  sa  nageoire  dorsale  beaucoup  plus  petite  et  par  sa  hauteur  un  peu  moindre. 
Il  se  rapproche  encore  plus  du  P.  Russeggerii,  Heckel,  et  il  ne  serait  même  pas  impos- 
sible qu'il  dût  lui  être  réuni. 

Localité.  Suivant  toute  probabililé,  l'échantillon  de  M.  Costa  provenait  de  Sahel  Aima. 


44  POISSONS  FOSSILES 


Genre  IMOG ASTER,  Costa. 

Costa,  0.-6.  1855.  Descmione  di  alcuni  pesci  fossili  del  Libano,  page  6. 


Nous  plaçons  avec  doute  à  la  fin  de  la  famille  des  Chromides  ce  genre  que 
nous  n'avons  pas  vu  en  nature,  et  dont  nous  avons  quelque  peine  à  bien 
apprécier  les  véritables  rapports.  Il  ressemble  un  peu  à  la  l'ois  aux  Beryx  et 
aux  Pycnoslerinx.  Son  corps  est,  comme  dans  ces  deux  genres,  ovale  et 
court;  ses  écailles  sont  fortement  dentelées,  et  sa  nageoire  anale  est  sou- 
tenue en  avant  par  de  forts  aiguillons.  Il  difl'ère  de  tous  deux  par  sa  dor- 
sale occupant  tout  le  dos,  depuis  l'occiput  jusqu'à  la  caudale,  et  soutenue 
en  avant  par  des  rayons  fins  et  serrés.  M.  Costa  ajoute  que  les  nageoires 
ventrales  sont  abdominales;  mais  sa  planche  nous  laisse  quelques  doutes  à 
cet  égard. 


Imogaster  auratus,  Costa. 

Loc.  cit.,  p.  6,  pi.  I,  fig.  2. 

M.  Costa  n'indique  pas  la  localité  d'où  lui  est  pai'venue  cette  espèce,  mais  nous  ne 
douions  pas,  d'après  la  figure,  que  l'échantillon  décrit  n'ait  été  trouvé  à  Sahel  Aima. 


Genre  OMOSOMA,  Costa. 

Costa,  O.-G.  1855.  Descrizione  di  alcuni  pesci  fossili  del  Libano,  p.  10. 


Le  genre  Omosoma  a  été  établi  en  1855,  par  M.  O.-G.  Costa,  pour  un 
poisson  du  Liban  dont  nous  n'avons  vu  aucun  fragment.  L'auteur  le  place 


DU  MONT  LIBAN.  45 

dans  la  famille  des  Scombéroïdes,  et  le  rapproche  des  Centrolophus,  dont 
il  ne  se  distinguerait  que  par  des  caractères  peu  importants.  Il  le  repré- 
sente comme  un  poisson  ovale,  à  longue  dorsale  commençant  au  tiers 
antérieur  du  corps,  ta  anale  presque  aussi  longue  que  la  dorsale,  à  pecto- 
rales Irès-pelites ,  à  ventrales  Ihoraciques,  et  couvert  de  petites  écailles 
lisses  et  striées  concentriquemenl. 


OiMOsoMA  Sach-el-Alm^,  Costa. 

Loc.  cit.  p.  10,  pi.  I,  fig.  1. 

M.  Costa  a  compté  45  rayons  dans  la  dorsale  et  33  vertèbres  dans  la  colonne  épi- 
nière.  La  longueur  totale  du  poisson  est  de  90  millimètres,  et  sa  plus  grande  hauteur 
de  3'2  millim. 

Localité.  Sahel  .Aima. 


FAMILLE   DES    GARANGIDES 


Nous  acceptons  ici  cette  famille  telle  qu'elle  a  été  constituée  par  M.  Gùn- 
ther',  en  réunissant  une  partie  des  Squammipennes  de  Cuvier  avec  une 
partie  des  Scombéroïdes  du  même  auteur.  M.  Gùnther  laisse  le  nom  de 
Squammipennes  aux  genres  chez  lesquels  la  portion  épineuse  de  la  dor- 
sale est  composée  de  rayons  nombreux,  et  a  un  développement  presque 
égal  à  celui  de  la  dorsale  molle.  11  réduit  les  Scombéroïdes  à  ceux  qui  ont 
le  corps  généralement  allongé,  couvert  de  petites  écailles  et  dont  les  vertè- 
bres dépassent  le  nombre  de  24. 

Ses  Carangides  sont  caractérisés  comme  suit: 

'  Gûnther,  1860.  Catal.  of  the  Acanthopterygian  Fishes  in  the  Collect.  of  the  British  Muséum,  vol.  II. 


46  POISSONS  FOSSILES 

Corps  généralemont  comprim»',  ol)loiiii  ou  élevé,  couvert  de  petites 
écailles  ou  nu;  yeux  latéraux.  Deuliliou  variable.  Os  infraorbitaires  ne 
s'articulant  pas  avec  le  préopercule.  Dorsale  épineuse  moins  développée 
que  la  molle  ou  que  l'anale,  soit  continue  avec  la  portion  molle,  soit  séparée 
de  celle-ci,  quelquefois  rudimentaire.  Rayons  posiérieurs  de  la  dorsale  et 
de  l'anale  quelquelois  à  demi  disjoinls.  Ventrales  Ihoraciques,  quelque- 
fois rudimeulaires  ou  man(iuanl  entièrement.  Pas  de  papille  proéminente 
près  de  l'anus.  Ouverture  branchiale  large;  généralement  sept  rayons 
branchioslègues  et  des  pseudobranchies';  une  vessie  natatoire;  appendices 
pyloriques  généralement  en  grand  nombre-.  Vertèbres  10/14.  i^ 

La  seule  espèce  de  cette  famille  que  nous  ayons  à  décrire  est  un  Platax, 
et  par  conséquent  serait  un  Squammipenne  pour  Cuvier. 


Genre  PLAÏAX,  Cuvier. 


Les  Platax  sont  caractérisés  ainsi  par  M.  Giintlier: 

((  Corps  très-comprimé  et  élevé;  museau  très-court.  Une  dorsale  à  por- 
tion épineuse  presque  entièrement  cachée  et  généralement  formée  de  5(5-7) 
épines,  l'anale  en  ayant  3;  ventrales  bien  développées,  avec  une  épine  et 
cinq  rayons.  Dents  en  soie,  avec  une  série  externe  d'assez  grandes,  entail- 
lées à  l'extrémitc'  ;  pas  de  dents  sur  le  palais.  Écailles  de  dimension  modé- 
rée ou  petites.  Six  rayons  branchiostègues;  vessie  natatoire  simple.  » 

Quoique  nous  rapportions  sans  hésiter  au  genre  Platax  l'espèce  décrite 
ci-dessous,  nous  devons  faire  remarquer,  ainsi  (pie  nous  l'avions  déjà  dit 
dans  le  premier  mémoire,  qu'elle  forme  un  groupe  spécial,  ses  nageoires 
verticales  étant  bien  moins  développées  que  dans  les  espèces  du  Monte 
Roica  et  dans  les  espèces  vivantes.  Nous  attirons  de  nouveau  l'attention 

'  Celles-ci  m;uuincnt  dans  les  Lichid  ci  Trachynotus 
-  Ils  sont  peu  nombreux  chez  les  Equula  et  Lactarius. 


Dr  MONT  LIBAN.  47 

sur  le  fait  que  ce  poisson  a  des  i'esseml)laiices  IVappanles  dans  sa  forme  et 
dans  la  composition  de  ses  nai^eoires  avec  les  Pycnoslerinx,  ce  qui  confirme 
ce  que  nous  avons  dit  précédemment  en  faisant  remarquer  comi)ien  les  rap- 
ports qui  existent  entre  les  Cténoïdes  de  l'époipie  crétacée  sont  plus  grands 
que  ceux  qu'on  peut  observer  entre  les  membres  de  cette  famille  dans  le 
monde  actuel.  Sauf  la  différence  dans  la  dorsale  ipie  nous  avons  signalée 
ci-dessus,  tous  les  caractères  que  nous  avons  pu  observer  s'accordent  bien 
avec  la  caractéristique  du  genre.  Nous  devons  toutefois  faire  remarquer 
que  nous  n'avons  pu  observer  sur  nos  échantillons  aucune  trace  de  dents, 
et  que,  par  conséquent,  nous  sommes  encore  dans  l'ignorance  sur  leur 
organisation  et  même  sur  leur  existence.  D'un  autre  côté,  nous  trou- 
vons de  très-grands  rapports  entre  ce  poisson  et  une  espèce  de  Comen 
décrite  par  M.  Steindacbner  '  sous  le  nom  de  Aipichlhjs prehosus,  et  caracté- 
risée comme  suit  :  «  Corps  très-élevé,  fortement  comprimé;  bouche  large- 
ment fendue  et  fortement  dentée.  Dorsale  très-longue  et  haute;  anale  plus 
courte.  »  La  planche,  qui  représente  un  échantillon  assez  complet,  montre 
de  grandes  analogies  avec  notre  espèce  dans  la  forme  générale  et  dans 
celle  de  tout  le  squelette  analogies  qui  ne  vont  pas  toutefois  jusqu'à  l'iden- 
tité, vu  que  dans  notre  poisson  la  dorsale  est  moins  échancrée  et  ne  paraît 
pas  se  terminer  par  des  rayons  aussi  allongés.  D'ailleurs,  si  les  dents 
du  Platax  minor  avaient  été  aussi  fortes  que  celles  de  YAip.  pretiosus,  il 
est  probable  qu'elles  auraient  été  conservées  sur  quelqu'un  de  nos  échan- 
tillons. 

M.  Steindachner  atliibue  le  genre  Aipichlhys  à  la  famille  des  Scombe'- 
roïdes,  et  le  considère  comme  intermédiaire  entre  les  Vomer  el  les  Hynnis. 
Il  est  évident  que  dans  la  méthode  de  M.  Gùnther  ce  genre  appartiendrait 
à  la  famille  des  Carangides;  mais  nous  croyons  que  dans  cette  famille  il 
doit  faire  partie  de  la  division  qui  renferme  les  Platax  et  qui  est  caracté- 
risée par  des  rayons  épineux  faisant  partie  intégrante  des  nageoires  dorsale 
et  anale.  Il  serait  par  conséquent  séparé  des  Vomer  et  des  Hynnis,  chez 
lesquels  l'une  et  l'autre  de  ces  nageoires  sont  précédées  par  des  épines  tan- 
tôt libres,  tantôt  formant  une  dorsale  antérieure. 

'  Sitzungsber.  J.  K.  K.  Akademie  der  Wisseuschaften.Wien,  1859:  tome  XXXVIII,  p.  7G3,  pi.  I,  fig.  1. 


iS  POISSONS  FOSSILES 

Platax  MiNOR,  Pictel. 

(PL  IV,  fig.  1-3.) 

Pictet,  1850.  Poissons  fossiles  du  Liban,  p.  19,  pi.  II,  lig.  1. 

DIMENSIONS  : 

Longueur  du  corps  sans  la  queue 39  ram. 

Hauteur  du  corps 37  à  39 

Formes  générales.  Ce  poisson  a  une  tonne  rhomboïtiale.  La  hauteur  du  corps,  me- 
surée de  l'origine  de  la  dorsale  à  l'origine  de  l'anale,  est  à  peu  près  égale  à  la  lon- 
gueur sans  la  queue.  Le  profd  est  droit  et  descend  rapidement  depuis  l'origine  de  la 
dorsale  jusqu'au  bout  du  museau.  Cette  origine  de  la  dorsale  correspond  au  point  le 
plus  élevé,  et  l'origine  de  l'anale  au  point  le  plus  bas. 

Tête.  La  tête  est  courte  et  haute;  sa  longueur  est  de  15  millimètres,  et  comprise  par 
conséquent  environ  2  '/^  fois  dans  la  longueur  du  corps  sans  la  queue.  L'oeil  est  médiocre. 
La  bouche  est  oblique  et  passablement  fendue.  L'opercule  est  plus  haut  que  long,  marqué 
de  fines  lignes  granuleuses  et  ramifiées  rayonnant  des  angles  supérieur  et  inférieur. 
Le  préopercule  présente  quelques  lignes  élevées  parallèles  à  la  longueur  du  corps.  Au- 
dessus  de  l'œil  s'élève  une  pièce  triangulaire  qui  forme  une  partie  du  profil,  et  qui  est 
concave  en  arrière  et  terminée  par  une  forte  pointe  à  sa  partie  supérieure. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  droite  et  paraît  composée  de 
24  vertèbres,  dont  14  caudales.  Les  apophyses  épineuses  sont  peu  inclinées,  robustes; 
les  plus  grandes  sont  celles  de  la  région  médiane.  Les  luemapophyses  sont  syméliiques 
aux  neurapophyses  dans  la  région  caudale.  Les  côtes  sont  peu  nombreuses,  grêles  et 
atteignent  à  peine  le  milieu  de  la  cavité  abdominale. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  naît  au-dessus  de  la  partie  postérieure  de  la 
tête,  et  elle  occupe  tout  le  dos  jus(|ue  prés  de  l'origine  de  la  queue.  Elle  est  soutenue 
par  29  osselets  porte-nageoire,  dont  le  premier  se  termine  à  la  partie  supérieure  par 
une  sorte  de  crochet  pointu  dirigé  en  avant  et  formant  le  sommet  du  profil  du  front  ; 
en  avant  de  lui,  il  y  a  trois  os.selets  très-longs,  élargis  à  leur  extrémité  supérieure,  mais 
ne  portant  pas  de  rayons.  Les  autres  osselets  sont  longs  et  minces,  et  vont  s'intercaler 
entre  les  neurapophyses;  ils  diminuent  graduellement  jusqu'à  l'extrémité  postérieure. 
Les  rayons  de  la  nageoire  sont  à  peu  près  en  même  nombre  que  les  osselets  porte- 
nageoire;  les  deux  premiers  seulement  sont  épineux;  le  premier  est  très-court;  le 
second,  (|ui  a  une  longueur  au  moins  double,  est  loin   d'atteindre  la  moitié  de  celle 


DD  MONT  LIBAN.  49 

du  suivant.  Le  second  rayon  mou  paraît  être  le  plus  long,  atteignant  une  longueur  de 
16  millimètres  ;  les  rayons  suivants  décroissent  rapidement.  La  nageoire  anale  ressemble 
à  la  dorsale  ;  elle  est  supportée  par  20  osselets  porte-nageoire  dont  le  premier,  long  et 
épais,  limite  en  arrière  la  cavité  abdominale.  Ce  rayon  se  courbe  à  sa  partie  inférieure 
en  une  pointe  dirigée  en  avant  ;  il  est  suivi  d'un  second  qui  est  presque  aussi  fort  que 
lui  ;  les  autres  sont  longs  et  minces.  Les  quatre  premiers  rayons  de  la  nageoire  sont 
épineux  ;  le  premier  est  très-court,  les  autres  croissent  très-rapidement  jusqu'au  qua- 
trième, qui  est  large  et  paraît  être  aussi  long  que  les  premiers  rayons  mous  ;  ceux-ci 
sont  à  peu  près  au  nombre  de  18;  ils  sont  beaucoup  moins  longs  que  ceux  de  la  dor- 
sale. La  nageoire  caudale  est  profondément  divisée  en  deux  lobes  aigus  qui  atteignent 
une  longueur  d'au  moins  17  millimètres. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  médiocres  et  portées  par  un  arc  pec- 
toral épais,  strié  de  petites  lignes  obliques.  Les  nageoires  ventrales  sont  également 
portées  par  l'arc  pectoral,  et  sont  formées  de  rayons  assez  allongés. 

Rapports  et  différences.  Ce  Platax  se  distingue  de  toutes  les  espèces  connues  par  ses 
nageoires  verticales  proportionnellement  moins  élevées. 

Localité.   Hakel. 

Explication  des  figures. 

PI.  IV.  Fig.  1  et  2.  Platax  minor,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 
Mg.  3.  Restaïu'ation  du  squelette. 


Genre  VOMER,  Cuvier. 


Le  genre  Vomer,  réuni  aux  Argyreiosus,  Lacépède,  par  M.  Giinlher,  est 
caractérisé  par  une  forme  comprimée  et  élevée,  à  peu  près  semblable  à 
celle  des  Platax,  par  deux  dorsales  dont  la  première,  souvent  rudimen- 
taire,  est  formée  de  rayons  épineux  et  par  une  anale  précédée  quelquefois 
de  petits  rayons  épineux  détachés. 


50  POISSONS  FOSSILES 

VoMER  PARvuLus,  Agassiz. 

Agassiz.  Poissons  fossUes,  tome  V,  p.  4  et  31. 

Celte  espèce,  indiquée  par  M.  Agassiz  comme  provenanl  du  Liban,  n'a  jamais  été 
décrite,  et  nous  ne  connaissons  aucun  échantillon  qui  puisse  lui  être  rapporté. 


FAMILLE  DES   SPAROIDES 

Genre  PAGELLUS,  Cuvier. 

Pagellus  leptosteus,  Agassiz. 

Agassiz.  Poissons  fossiles,  tome  IV,  p.  10  et  154. 

Cette  espèce  a  été  décrite  mais  non  figurée  par  M.  Agassiz  d'après  un  échantillon  du 
musée  de  Zurich,  dont  l'origine  est  douteuse.  M.  Agassiz  dit  avoir  tout  lieu  de  croire 
qu'il  provient  du  Liban.  Malgré  la  complaisance  de  MM.  les  administrateurs  du  musée 
de  Zurich,  nous  n'avons  pas  réussi  à  retrouver  ce  poisson. 

Pagellus  lihanicus,  Pictel. 

Pictet,  1850.  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  11,  pi.  I,  fig.  2  et  3.  Cette  espèce 
est  indiquée  par  erreur  dans  la  planche  sous  le  nom  de  Pagelltis  ovalis. 

Nous  n'avons  pas  eu  de  nouveaux  échantillons  de  cette  espèce  qui,  d'après  ce  qui  a 
été  dit  dans  le  premier  mémoire,  paraît  se  distinguer  de  la  précédente  par  son  squelette 
moins  grêle  et  par  la  structure  différente  de  sa  dorsale. 

Localité.  Sahel  Aima. 


DU  MONT  LIBAN.  51 


FAMILLE  DES  SPHYRENOIDES 

Genre  SPHYRiENA,  Bloch. 
SPHYRiENA  Amici,  Agassiz. 

Agassiz.  Poissons  fossiles,  tome  V,  p.  8  et  97,  pi.  X,  fig.  3. 

Cette  espèce  a  été  établie  par  M.  Agassiz  sur  un  fragment  de  mâchoire  provenant  du 
mont  Liban.  Elle  est  caractérisée  par  des  dents  larges  et  pyramidales.  Nous  ne  possé- 
dons aucun  échantillon  qui  puisse  lui  être  attribué. 


FAMILLE   DES    GOBIOIDES 


Genre  CHEIROTHRIX,  Pictet  et  Humbert. 


Le  poisson  sur  lequel  est  établi  ce  genre  nouveau  nous  a  beaucoup 
embarrassés,  parce  que  nous  n'en  possédons  qu'un  seul  exemplaire  (em- 
preinte et  contre-empreinte).  Les  caractères  tirés  de  ses  nageoires  sont 
cependant  si  particuliers  que  nous  n'avons  pas  hésité  à  le  décrire  et  à  lui 
donner  un  nom;  mais  comme  nous  le  montrerons  plus  bas,  nous  avons  en 
même  temps  de  l'hésitation  sur  la  signification  de  ses  nageoires.  En  ad- 
mettant l'interprétation  que  nous  en  donnons,  ses  caractères  généraux 
peuvent  se  résumer  comme  suit  : 

«  Corps  étroit  et  allongé;  squelette  grêle;  tête  atténuée  en  avant;  ma- 


52  POISSONS  FOSSILES 

ciloires  minces,  droites,  armées  de  petites  dents  coniques;  nageoire  dorsale 
commençant  immédiatement  après  la  nu((ue,  composée  de  longs  rayons 
tiliformes;  nageoires  pectorales  également  composées  de  rayons  très-longs 
et  très-minces,  articulés;  nageoires  ventrales  naissant  dans  le  voisinage 
des  pectorales  et  composées  en  partie  de  rayons  longs  et  en  partie  de 
rayons  courts.  » 

Nous  ne  connaissons  ni  dans  la  Jiature  vivante  ni  dans  les  fossiles  au- 
cune forme  identique  à  celle-ci.  Par  son  corps  étroit,  par  l'extrême  allon- 
gement des  rayons  de  la  plupart  de  ses  nageoires,  et,  en  particulier,  par 
la  disposition  de  sa  dorsale,  ce  poisson  ne  nous  parait  avoir  d'analogues 
que  dans  la  famille  des  Gobioïdes,  à  laquelle  nous  le  rapportons  provisoi- 
rement. 


Cheirothrix  ubanicus,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  V,  flg.  1.) 

Les  parties  conservées  sont  la  tête,  la  colonne  épinière  jusqu'après  la  nageoire  anale, 
une  partie  de  cette  dernière  nageoire,  la  dorsale  et  les  nageoires  paires. 

Formes  générales.  Ce  poisson  parait  avoir  été  étroit  et  allongé;  son  squelette  est 
grêle  ;  la  longueur  de  la  partie  conservée  est  de  80  millinièlres,  et  il  est  probable  (jue 
ce  qui  manque  dans  la  région  de  la  queue  était  bien  de  20  ou  2.5  millimètres.  La  hau- 
teur du  corps  ne  peut  être  mesurée  que  vers  l'anale,  et  elle  est  à  peu  près  de  10  mil- 
limètres. Dans  celte  région,  le  corps  est  vu  de  profil  ;  mais  dans  les  régions  antérieures 
il  a  été  fossilisé  dans  une  position  oblique. 

Tête.  La  tête,  telle  que  nous  la  voyons,  a  une  longueur  de  26  millimètres  sur  une  lar- 
geur de  14.  Elle  est  atténuée  en  avant.  Les  mâchoires  sont  grêles,  droites  et  portent  de 
petites  dents  minces,  coniques,  plus  ou  moins  arquées  et  trés-inégalcs;  elles  ne  parais- 
sent pas  nombreuses.  L'opercule  paraît  un  peu  acuminé  en  arriére  et  plus  étendu  en 
longueur  que  dans  les  autres  dimensions.  Les  rayons  branchioslègues  .sont  longs  et 
arqués;  nous  n'en  pouvons  pas  compter  plus  de  cinq. 

Colonne  épinièhe.  Les  vertèbres  sont  peu  robustes,  courtes,  faiblement  rétrécies  dans 
leur  milieu.  Nous  pouvons  en  apprécier  approximativement  le  nombre  total  d'après  le 
calcul  suivant  :  Nous  en  comptons  12  sur  une  longueur  de  14  millimètres  dans  la  partie 
postérieure  de  la  région  conservée;   or,  la  proportion  de  ces  14  millimètres  avec  la 


DU  MONT  LIBAN.  S3 

longueur  problable  entre  la  lêteel  la  (|ueue  accuserait  un  chilTre  total  d'environ  60  ver- 
tèbres. Sur  cette  même  paÈ'lie  posiérieui'o  on  clislinguc  clairement  des  neurapopliyses 
et  des  haîmapophyses  courtes  et  grêles  oblicpiement  dirigées  en  arrière.  Nous  n'avons 
pu  voir  aucun  autre  détail. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  naît  immédiatement  en  arrière  de  la  nu(|ue  ; 
elle  est  composée  de  longs  rayons  dont  certains  atteignent  jus(|u'à  au  moins  45  milli- 
mètres. Ils  paraissent  simples  et  se  terminent  en  une  pointe  très-line.  Nous  en  comp- 
tons au  moins  une  quinzaine,  mais  il  est  difficile  d'apprécier  le  point  où  se  termine 
postérieurement  cette  nageoire.  L'anale  est  courte,  peu  élevée,  située  fort  en  arrière; 
nous  y  complons  une  douzaine  de  rayons  très-rapprocliés  les  uns  des  autres. 

Nageoires  paires.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  nageoires  paires  de  ce 
poisson  sont  très-caractéristiques,  mais  elles  nous  ont  laissé  des  doutes.  Une  des 
paires  est  composée  de  Irès-longs  rayons  rappelant  presque  ce  que  l'on  observe  chez 
les  poissons  volants;  l'autre  est  beaucoup  plus  petite.  Cette  dernière  est  située  en 
avant  de  la  grande,  et  nous  nous  sommes  demandé  à  laquelle  des  deux  il  fallait  attribuer 
le  nom  de  nageoire  pectorale.  Les  os  qui  les  fixent  sur  le  squelette  sont  malheureuse- 
ment trop  mal  conservés  pour  permettre  de  résoudre  la  question,  et  nous  n'avons  par 
conséquent  pu  nous  appuyer  que  sur  la  comparaison  de  ces  formes  avec  celles  des 
poissons  vivants.  Il  nous  a  paru  peu  probable  qu'une  nageoire  aussi  développée  que 
l'est  la  plus  grande  des  deux  ait  pu  être  une  nageoire  ventrale.  Nous  ne  trouvons 
aucune  analogie  qui  autorise  une  pareille  détermination,  et  nous  comprenons  difficile- 
ment que  dans  cette  position  elle  eût-  pu  être  d'une  utilité  réelle  pour  le  poisson.  Il 
nous  parait  plus  probable  que  c'est  la  petite  nageoire  qui  est  la  ventrale,  et  qu'elle  se 
présente  ici  dans  les  mêmes  conditions  que  chez  les  poissons  subbrachiens.  La  décou- 
verte de  nouveaux  échantillons  pourra  seule  confirmer  ou  infirmer  celte  manière  de  voir. 

Les  nageoires  pectorales  sont  composées  d'environ  16  rayons  articulés,  dont  les  plus 
longs  atteignent  environ  50  millimètres,  c'est-à-dire  la  moitié  environ  de  la  longueur 
totale.  Ces  rayons  sont  trés-minces,  un  peu  ramifiés  à  l'extrémité.  Les  nageoires  ven- 
trales sont  composées  d'une  dizaine  de  rayons  très-rapprochés,  dont  quelques-uns 
(les  médians)  sont  prolongés  en  longs  filets  el  atteignent  plus  de  30  millimètres  ;  les 
premiers  et  les  derniers  sont  beaucoup  plus  courts. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  V.  Ftg.  1  a  et  1  b.  Clmrothrix  ii6ani«<s,  Pictet  et  Humbert.  Empreinte  et  contre-empreinte. —Musée 
de  Genève. 


54  POISSONS  FOSSILES 


FAMILLE  DES  JOUES  CUIRASSÉES 

Genre    PETALOPTERYX  ,   Pictet. 
Petalopteryx  syriacus,  Pictel. 

Pictet,  1850.  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  22,  pi.  III,  fig.  1. 

Localité.  Hakel.  C'est  par  erreur  que,  à  la  suite  de  la  description  citée  ci-dessus,  cette 
espèce  a  été  indiquée  comme  de  Sahel  Aima.  Cette  erreur  a  d'ailleurs  été  rectifiée  à  la 
page  58  du  même  mémoire,  où  ce  poisson  est  inscrit  dans  la  liste  qui  comprend  ceux 
de  Hakel. 


FAMILLE   DES   AULOSTOMES 


Genre  SOLENOGNATIIUS,  Pictet  et  Humbert. 


Corps  très-alïongé;  os  de  la  face  formant  un  tube  depuis  l'œil  jusqu'à 
la  boucbe,  qui  est  petite,  terminale  et  composée  comme  chez  les  Fistu- 
laria  vivantes.  Opercule  terminé  par  des  pointes  aiguës.  Nageoire  dorsale 
courte,  située  un  peu  en  arrière  du  milieu  et  à  peu  près  opposée  aux 
ventrales.  Anale  également  courte  et  située  sur  le  milieu  de  la  distance 
((ui  sépare  les  nageoires  précédentes  de  la  (fueue.  Caudale  petite,  arrondie. 
Écailles  disposées  en  séries  longitudinales. 


DU  MONT  LIBAN.  55 

Nous  n'hésilons  pas  à  rapporter  l'espèce  qui  forme  le  type  de  ce  genre  à 
la  famille  des  Aulostomes,  quoiqu'elle  s'éloigne  par  plusieurs  caractères  des 
genres  vivants.  Nous  nous  basons  soit  sur  sa  forme  allongée,  soit  surtout 
sur  la  disposition  des  os  de  la  face  qui,  comme  chez  les  Fislularia  et  les 
Aulosloma,  se  prolongent  en  un  tube  au  bout  duquel  se  trouve  la  bouche 
peu  fendue  et  ouverte  horizontalement.  Les  pièces  qui  composent  cette 
bouche  sont  tout  à  fait  disposées  comme  chez  les  Fistularia  vivantes;  la 
mâchoire  supérieure  est  formée  par  un  petit  intermaxillaire  mince  suivi 
d'un  maxillaire  plus  robuste.  Ces  caractères  de  la  tête,  joints  à  l'allonge- 
ment du  corps,  paraissent  rapprocher  ce  poisson  des  deux  genres  précités 
plus  que  d'aucun  autre  type  connu;  il  s'éloigne  beaucoup  plus  des  Cen- 
triscus  et  des  AmphisUe. 

Les  dillérences  qui  le  distinguent  des  Fislularia  et  des  Aulosloma  sont 
les  suivantes  : 

1°  La  dorsale  est  beaucoup  moins  reculée  que  dans  ces  deux  genres; 
elle  est  située  au-dessus  de  la  ventrale  et  non  au-dessus  de  l'anale. 

2°  La  caudale  ne  paraît  pas  avoir  été  prolongée  en  filet. 

5^  La  tête  est  moins  longue  par  rapport  au  corps. 

4o  Les  écailles,  dont  nous  n'avons,  il  est  vrai,  que  des  traces  insuffi- 
santes, étaient  probablement  plus  apparentes,  et  formaient  des  lignes  lon- 
gitudinales plus  marquées  et  plus  nombreuses. 

Parmi  les  autres  genres  de  cette  famille  décrits  dans  ces  dernières 
années,  nous  n'en  trouvons  aucun  qui  lui  ressemble  davantage.  En  parti- 
culier, les  Aulorlnjnchus,  Gill'  et  les  Aulichlhys,  Brevort'  ont,  comme  les 
genres  précités,  la  dorsale  opposée  à  l'anale;  leurs  ventrales  sont  d'ailleurs 
beaucoup  plus  rapprochées  des  pectorales  que  dans  le  Solenognalhus.  Les 
Siphonoijnalhus,  Richardson  '"  s'en  éloignent  encore  davantage  par  l'absence 
de  ventrales  et  par  leur  dorsale  très-longue. 


*  Proceedings  Acad.  Pbilad.,  1801,  p.  169. 

«  Proceed.  Acad.  Philad.,  1862,  p.  2o4. 

'  Proceed.  Zool.  Soc.  of  London,  1857,  p.  237. 


56  POISSONS  FOSSILES 

SoLENOGNATHUS  LiNEOLATUS,  Piclel  et  Iliimbert. 

(FI.  IV,  fig.  4-7.) 

DIMENSIONS: 

Longueur,  environ 70  mm. 

Hauteur 5 

Longueur  de  la  Wte 12 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  très-allongé,  s;i  liauleur  étant  comprise  quatorze 
fois  dans  sa  longueur.  Sa  hauteur  se  conserve  à  peu  près  la  même  sur  loule  la  lon- 
gueur, il  est  toutefois  un  peu  atténué  en  avant  et  en  ariiére. 

Tête.  La  tête  est  comprise  à  peu  près  .six  l'ois  dans  la  longueur  totale  ;  elle  est  environ 
trois  fois  aussi  longue  que  haute,  et  rappelle  assez  celle  des  Aulostomes  vivants. 

La  bouche  est  petite  et  ouverte  tout  à  fait  à  l'extrémité  antérieure  ;  l'intermaxillaire 
est  étroit  et  [lointu  ;  le  maxillaire  qui  lui  est  parallèle  est  un  peu  plus  robuste  et  plus 
long  (pie  lui.  La  mâchoire  inférieure  est  horizontale  et  un  peu  plus  courte  que  la  supé- 
rieure. Le  vomer  est  long,  effdé  et  bien  saillant.  Le  bord  postérieur  de  l'opercule  pré- 
sente à  sa  partie  supérieure  une  forte  pointe  très-aiguë  dirigée  en  arrière;  son  angle 
inférieur  est  faiblement  arrondi. 

Colonne  ÉPiNiÈRF.  et  côtes.  Nous  comptons  environ  52  vertèbres,  dont  seulement  15 
à  16  caudales.  Ces  vertèbres  sont  courtes  et  rétrécies  dans  leur  milieu.  Les  apophyses 
épineuses  et  les  hœmapophyses  sont  assez  robustes  et  dirigées  en  arrière;  l'on  voit  (du 
moins  sur  une  bonne  partie  d'entre  elles)  un  épatement  assez  marqué  à  leur  base.  On 
remarque,  en  outre,  des  ti'aces  confuses  d'apophyses  rayonnantes,  mais  nous  n'avons  pu 
voir  que  quelques  côtes  dans  la  région  antérieure. 

Nageoires  impaires.  La  dorsale  est  courte  (5  mill.)  et  située  sensiblement  en  arrière  du 
milieu  de  la  longueur  totale  ;  son  premier  rayon  est  un  pou  plus  près  de  l'origine  de  la 
caudale  que  de  l'occiput.  Elle  est  portée  par  une  dizaine  d'osselets  porte-nageoire,  et 
paraît  composée  d'un  nombre  à  peu  près  égal  de  rayons.  La  nageoire  anale  est  encore 
plus  courte  que  la  dorsale,  et  est  située  au  milieu  de  l'intervalle  qui  sépare  celle-ci  de 
la  caudale.  Elle  est  portée  par  environ  8  osselets  porte-nageoire.  La  caudale  est  petite, 
arrondie  et  ne  parait  pas  avoir  été  échancrée. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  paraissent  peu  fournies  ;  leurs  plus  grands  rayons 
atteignent  environ  6  milliniélres.  Les  venlrales  sont  placées  légèrement  en  avant  de 
l'origine  de  la  dorsale  ;  elles  sont  assez  développées  ;  leurs  plus  grands  rayons  paraissent 
avoir  atteint  au  moins  9  millimètres. 


DU  MONT  LIBAN.  57 

Écailles.  Nous  observons  des  bandes  longitudinales  saillantes  au  nombre  de  12  à  15, 
se  distinguant  par  une  coloration  brunâtre.  Elles  sont  probablement  la  trace  de  séries 
d'écaillés,  mais  ces  écailles  elles-mêmes  sont  tombées  ;  quelques  débris  informes  et  peu 
nombreux  qui  en  restent  semblent  montrer  qu'elles  étaient  épaisses. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  V.  Fig.  4-6.  Solenognathits  lineolatus,  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  7.  Id.  Restauration  du  squelette. 


FAMILLE    DES    HALÉGOIDES 


Nous  avons  adopté  la  famille  des  Halécoïdes  telle  que  l'a  établie  M.  Agas- 
siz.  Elle  comprend  des  poissons  presque  tous  réguliers,  fusiformes,  rare- 
ment trapus,  qui  sont  liés  entre  eux  par  un  ensemble  important  de  carac- 
tères. Ce  sont  des  Malacoptérygiens  abdominaux,  chez  lesquels  le  maxillaire 
supérieur  fait  réellement  partie  du  bord  supérieur  de  la  mâchoire,  et  sert 
à  la  préhension  des  aliments,  disposition  qui,  comme  on  le  sait,  est  relati- 
vement assez  rare.  Leur  cavité  abdominale  est  le  plus  souvent  grande  et 
protégée  par  des  côtes  longues  et  nombreuses. 

Il  est  vrai  que  plusieurs  auteurs  subdivisent  cette  grande  famille,  et 
nous  reconnaissons  que  si,  dans  l'étude  des  poissons  fossiles,  l'on  pouvait 
toujours  observer  la  totalité  des  caractères,  il  serait  probablement  conve- 
nable d'adopter  la  plupart  de  ces  subdivisions,  et  même  d'en  créer  de 
nouvelles;  mais  désireux  de  ne  pas  dépasser  l'enseignement  direct  des 
faits  suffisamment  observés,  nous  avons  préféré  suivre  l'exemple  de  l'il- 
lustre auteur  des  «  Recherches  sur  les  poissons  fossiles,  »  nous  réservant, 
lorsque  nous  traiterons  des  divers  groupes,  de  discuter  leurs  afthiités  géné- 
rales et  les  motifs  qu'il  peut  y  avoir  pour  en  former  des  familles  spéciales. 

8 


58  POISSONS  FOSSILES 

Les  terrains  crétacés,  et  en  particulier  la  faune  du  Liban,  manquent  de 
plusieurs  des  types  actuels,  entre  autres,  des  genres  importants  des  Sau- 
mons et  des  Corrégones. 

Les  groupes  que  l'on  peut  distinguer  parmi  les  poissons  que  nous  avons 
à  décrire  sont  les  suivants  : 

1°  Les  Clupes,  comprenant  le  genre  Scombroclupea  de  Heckel,  les  Ctnpea 
proprement  dites  et  quelques  espèces  voisines  dépourvues  de  la  dentelure 
du  ventre. 

2»  Les  Leplosomus,  petit  genre  détaché  des  Clupes. 

3o  Le  genre  Osmeroides,  dont  la  place  ne  pourra  être  définitivement 
fixée  que  lorsqu'on  saura  s'il  a  ou  n'a  pas  de  nageoire  adipeuse. 

^o  Les  Opistopten/x,  genre  établi  sur  le  Mesogasler  gracilis,  Pictet. 

5°  Le  genre  RhineUus,  qui  nous  paraît  ne  pas  pouvoir  être  éloigné  du 
précédent. 

6°  Le  genre  Spaniodon,  qui  semble  jusqu'à  présent  spécial  aux  calcaires 
tendres  de  Sahel  Aima. 

7"  Le  genre  Chirocentrites,  qui,  avec  quelques  genres  vivants  et  fossiles, 
constitue  pour  M.  Heckel  la  famille  des  Cbirocentrides. 

Il  nous  paraît  prol)able  que,  lorsque  ces  groupes  seront  sullisamment 
connus,  la  plupart  d'entre  eux  devront  constituer  des  familles  ou  des  tribus 
distinctes.  En  revanche,  nous  pensons  que,  de  toutes  les  classifications,  celle 
qui  doit  être  le  plus  complètement  abandonnée  est  celle  qui  consiste  à  ne 
subdiviser  les  Halécoïdes  qu'en  deux  familles  :  celle  des  Salmones  et  celle 
des  Clupes.  Les  caractères  sur  lesquels  cette  séparation  est  basée,  à  savoir 
la  présence  ou  l'absence  d'une  nageoire  adipeuse  et  de  la  dentelure  du 
ventre  ne  soutiennent  plus  un  examen  approfondi. 

L'histoire  paléontologique  de  la  famille  des  Halécoïdes  présente  un  inlé- 
rêt  spécial,  non-seulement  par  le  grand  nombre  et  la  variété  des  types  cré- 
tacés qui  la  composent,  mais  surtout  par  ses  relations  avec  les  faunes 
antérieures. 

On  sait  que  jusqu'à  ces  dernières  années,  et  à  la  suite  des  travaux  de 
M.  Agassiz,  les  Poissons  Téléostéens  étaient  considérés  comme  n'ayant  pas 
existé  avant  la  période  crétacée,  et  que  tous  les  types  plus  anciens  de  pois- 
sons osseux  étaient  attribués  à  la  sous-classe  des  Ganoïdes.  Parmi  ces  soi- 


DU  MONT  LIBAN.  59 

disant  Ganoïdes  se  trouvaient  quelques  genres  jurassiques  à  écailles  minces 
et  arrrondies  au  sujet  desquels  se  sont  élevés  des  doutes  sérieux.  Pour 
deux  de  ces  genres,  les  Leplolepis  et  les  Tharsis,  la  question  n'est  pas  encore 
tout  à  fait  résolue,  parce  que  l'on  n'est  pas  complètement  d'accord  sur 
l'existence  d'une  mince  couche  d'émail  recouvrant  les  écailles,  caractère 
que  M.  Agassiz  jugeait  suffisant  pour  justifier  leur  association  avec  les 
Ganoïdes.  Celui  des  Thrissops,  en  revanche,  appartient  certainement  au 
même  groupe  que  les  Chirocentrites,  comme  l'a  démontré  M.  Heckel,  et  il 
faut  par  conséquent  admettre  aujourd'hui  que  les  Téléostéens  ont  eu  des 
représentants  dans  la  période  jurassique. 

Ces  Téléostéens  jurassiques,  soit  qu'on  les  restreigne  aux  Thrissops, 
soit  qu'on  y  joigne  les  genres  sus-indiqués,  ont  toutes  leurs  analogies  avec 
les  Halécoïdes.  Ces  analogies  se  manifestent  par  une  composition  tout  à 
fait  semblable  de  la  mâchoire  supérieure,  par  un  mode  de  terminaison 
identique  de  la  colonne  épinière  à  la  base  de  la  queue,  par  une  même 
disposition  des  nageoires,  et  enfin  par  la  forme  générale  et  le  faciès.  La 
famille  des  Halécoïdes  est  la  seule  parmi  les  Téléostéens  qui  représente 
bien  ces  formes  antérieures;  elle  semble  en  être  en  quelque  sorte  la  suite 
et  le  développement. 

Il  est  vrai  que  dans  l'état  de  nos  connaissances  sur  les  limites  qui  sépa- 
rent les  Ganoïdes  des  Téléostéens,  on  pourrait  bien  objecter  que  les  Leplo- 
lepis, les  Tharsis  et  même  les  Thrissops  présentaient  peut-être,  comme  les 
Amia,  des  caractères  internes  que  leurs  formes  extérieures  ne  laissent  pas 
soupçonner;  mais,  en  admettant  la  possibilité  de  ce  fait,  il  n'en  resterait 
pas  moins  prouvé  que  l'analogie  tirée  de  tous  les  caractères  connus  est 
incontestable  et  présente  certainement  un  rapprochement  intéressant. 


60  POISSONS  FOSSILES 


Genre  CLUPEA,  Linné. 
Clupea  Gaudryi,  Pictel  el  Ilumbert. 

(PL  F,  fig.  2-5.) 

Formes  générales  et  dimensions.  Ce  poisson  est  allongé  ;  sa  hauteur  est  comprise 
cinq  fois  dans  la  longueur  de  son  corps  sans  la  queue.  Cette  longueur  est  en  moyenne, 
dans  nos  échantillons,  de  60  millimètres,  les  extrêmes  variant  entre  55  et  68  milli- 
mètres. La  tète  est  comprise  environ  trois  fois  dans  cette  même  longueur  du  corps  ; 
elle  a  21  millimètres. 

Tête.  La  tête  a  une  forme  allongée.  L'œil  est  médiocre,  situé  un  peu  en  avant  du 
milieu.  La  bouche  est  peu  fendue;  l'os  intermaxillaire  est  étroit  et  ne  forme  qu'une 
partie  des  bords  de  l'ouverture  buccale  ;  le  maxillaire  supérieur  est  beaucoup  plus 
grand  que  lui  ;  le  maxillaire  inférieur  est  triangulaire  et  dépasse  très-légèrement  les 
os  de  la  mâchoire  supérieure.  Nous  n'avons  pas  vu  de  traces  de  dents.  Les  pièces 
operculaires  forment  un  ensemble  arrondi  avec  une  légère  sinuosité  rentrante  devant 
l'insertion  de  la  pectorale. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  42  vertèbres,  dont 
environ  16  caudales;  elles  sont  proportionnellement  plus  courtes  et  plus  hautes  dans  la 
région  antérieure,  et  s'allongent  dans  la  région  caudale.  Les  neurapophyses  sont  fines  et 
obliques  dans  la  région  antérieure  ;  elles  sont  plus  courtes  et  plus  fortes  après  la  nageoire 
dorsale,  et  redeviennent  plus  obliques  en  s'approchant  de  la  queue;  les  dernières  sont 
élargies  à  leur  extrémité.  Les  hu.'mapophyses  de  la  région  caudale  sont  symétriques 
aux  neurapophyses.  On  voit,  en  outre,  de  nombreuses  apophyses  rayonnantes  dans 
toute  la  région  abdominale.  Les  côtes  sont  nombreuses  et  fines,  et  portent  des  appen- 
dices rayonnants  très-marqués  ;  elles  atteignent  le  bord  inférieur  de  la  cavité  ventrale, 
le  long  duquel  on  distingue  des  côtes  sternales  dont  quelques-unes  sont  bien  évidentes, 
mais  dont  nous  n'avons  pas  pu  apprécier  le  nombre  total. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  origine  à  peu  près  sur  le  milieu  du 
corps  (sans  la  queue);  elle  n'a  que  8  millimètres  de  longueur.  Nous  avons  compté  14 
osselets  porte-nageoire,  sans  pouvoir  certifier  qu'il  n'y  en  ail  pas  davantage.  La  na- 
geoire anale  est  mal  conservée  et  parait  avoir  été  très-petite  ;  elle  est  très-reculée  et 
placée  sensiblement  plus  près  de  lu  caudale  que  de  la  ventrale.  La  caudale  est,  comme 


DU  MONT  LIBAN.  61 

nous  l'avons  dit,  longue  de  13  à  14  millimètres  et  parlagce  eu  deux  lobes  aigus;  la 
colonne  épinière  se  termine  à  sa  base  comme  dans  les  Clupes  vivantes. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  médiocres.  L'origine  des  ventrales  correspond 
à  peu  près  à  l'extrémité  postérieure  de  la  dorsale.  Ces  nageoires  sont  composées  cha- 
cune d'environ  12  ou  13  rayons  serrés  et  peu  allongés. 

Les  Écailles  manquent  sur  nos  éclianlillons. 

Rapports  et  différences.  Cette  petite  Clupe  se  dislingue  facilement  de  toutes  celles 
du  Liban  par  son  corps  long  et  mince.  On  peut  dire  qu'elle  a  plus  de  rapports  avec 
la  Scombrodupca  macrophthalma,  que  nous  décrirons  plus  loin,  qu'avec  aucune  des 
véritables  Clupes.  Elle  pourrait  même  se  confondre  avec  les  jeunes  individus  de  cette 
dernière  espèce,  si  ce  n'était  l'organisation  toute  différente  de  sa  nageoire  anale  et  sa 
position  bien  plus  reculée.  On  peut  ajouter  que  les  nageoires  ventrales  sont  situées 
également  plus  en  arrière. 

Parmi  les  espèces  que  nous  n'avons  pas  observées  en  nature,  elle  paraît  avoir  de 
grands  rapports  avec  la  Clupea  Beurardi,  Blainv.  Les  différences  principales,  autant 
que  nous  pouvons  l'apprécier  d'après  la  description  et  la  figure  de  M.  Agassiz,  résident 
dans  le  nombre  des  vertèbres  caudales,  qui  est  de  16  dans  noire  espèce  et  d'au  moins 
20  dans  la  Cl.  Beurardi,  et  dans  la  nageoire  anale,  qui  est  fort  longue  dans  la  Cl. 
Beurardi  et  très-courte  dans  la  nôtre.  Ces  deux  circonstances  réunies  donnent  une 
apparence  très-différente  à  la  région  caudale. 

Localité.  Hakel  (2  échantillons  rapportés  par  M.  Humbert,  et  4  par  M.  Gaudry). 

Explication  des  figures. 

PI.  V.  Fig.  2.  Clupea  Gaudryi,  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  3.  M.  —  M.  Gaudry. 

Fig.  4.  Id.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  5.  M.  Restauration  du  squelette. 


Clupea  brevissima,  Blainville. 

(PI.  VI.) 

Blainville,  1818.  Ichthyol.,  p.  60.  Extrait  du  Nouveau  Uiet.  d'hist.  nat.,  tome  XXVII. 

Id,        1823.  Id.  trad.  allem.,  p.  149. 
Kruger,      1823.  Geschichte  der  Urwelt,  tome  II,  p.  657. 
Agassiz,     1833-43.  Poissons  fossiles,  tome  V,  p.  117,  pi.  61,  fig.  6-9. 
G-iebel,        1848.  Fauua  der  Vorwelt,  tome  I,  3""  partie,  p.  126. 
Pictet,        1850.  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  41,  pi.  8,  fig.  1  et  2. 


62  POISSONS  FOSSILES 

DIMENSIONS  : 

Longueur  totale,  environ 120  mm. 

Hauteur 31 

Formes  générales.  Ce  poisson,  tout  en  rappelant  les  formes  de  l'Alose,  est  remar- 
(liialiie  par  sa  brièveté,  (|ui  résulte  surtout  de  celle  de  sa  région  abdominale.  Sa  bauteui' 
est  comprise  un  peu  moins  de  trois  fois  dans  la  longueur  de  son  corps  ;  elle  égale  à 
peu  [irès  la  longueur  de  sa  tèle.  Le  corps  est  ovale,  et  sa  plus  grande  hauteur  est  un 
peu  en  avant  du  milieu. 

Tète.  La  tète  est  courte,  toutefois  un  peu  plus  longue  que  haute  ;  l'ccil  est  situé 
vers  le  milieu  de  sa  longueur.  La  bouche  est  médiocrement  ouverte.  Le  maxillaire 
supérieur  est  long  et  ar(pié  en  avant;  rinlermaxillairc  est  très-étroit.  La  mâchoire  infé- 
rieure est  triangulaire,  .\ucun  des  os  de  la  mâchoire  ne  semble  porter  de  dents.  Le 
préopercule  se  termine  postérieurement  par  un  angle  arrondi  ;  son  bord  antérieur 
forme  un  angle  ouvert  en  avant  duquel  parlent  de  nombreuses  lignes  saillantes,  irré- 
gulières, (jui  le  font  paraître  rugueux.  L'opercule  est  étroit,  beaucoup  plus  haut  (|ue 
large,  régulièrement  arrondi  en  arrière.  Le  sous-opercule  et  l'interopercule  sont  petits 
et  continuent  sa  courbure.  Nous  n'avons  pas  pu  compter  les  rayons  branchiostègues. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  30  vertèbres  visibles  auxquelles  il  faut  en 
ajouter  probablement  trois  cachées  par  les  pièces  operculaires,  ce  qui  porterait  le 
nombre  total  à  33.  Là-dessus,  il  y  en  a  seulement  16  abdominales  et  au  moins  17  cau- 
dales. La  colonne  épinière  est  faiblement  arquée  en  bas  ;  les  corps  de  vertèbres  sont  un 
peu  plus  hauts  que  longs  dans  la  partie  antérieure,  et  tendent  à  s'allonger  dans  la  région 
caudale.  Les  neurapophyses  sont  minces  et  dirigées  obliquement  en  arrière.  Cette 
obliquité  est  moins  marquée  en  dessous  de  la  nageoire  dorsale.  Les  hfemapophyses  de 
la  région  caudale  reproduisent  à  peu  près  la  forme  et  la  direction  des  neurapophyses 
correspondantes. 

Les  côtes  sont  fines  et  longues,  et  ne  paraissent  pas  dépasser  le  nombre  de  douze 
paires;  elles  atteignent  les  bords  inférieurs  de  la  cavité  abdominale. 

On  voit,  en  outre,  dans  la  partie  antérieure  de  la  colonne  épinière  deux  séries  d'apo- 
physes minces  qui  paraissent  s'étendre  assez  en  arrière  ;  mais  des  arêtes  musculaires 
qui  se  confondent  avec  elles  empêchent  d'en  compter  exactement  le  nombre. 

La  dentelure  du  ventre  est  produite  par  des  pièces  osseuses  triangulaires  qui  sont  au 
nombre  de  six  paires  en  arrière  de  la  nageoire  ventrale,  el  dont  nous  avons  compté  au 
moins  neuf  paires  en  avant  de  cette  nageoire  sans  pouvoir  affirmer  qu'il  n'y  en  a  pas 
davantage.  Leur  angle  postérieur  est  saillant,  el  elles  se  prolongent  sur  les  parois  de 
l'abdomen  en  des  osselets  styloïdes  plus  ou  moins  allongés. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  un  peu  en  avant   du  milieu  de  la 


DU  MONT  LIBAN.  63 

longueur  totale;  elle  est  longue  et  forme  au  moins  un  cinquième  de  celle  longueur 
totale.  Elle  est  portée  par  17  ou  18  osselets  porte-nageoire.  Nous  n'avons  pas  pu  com|)- 
ter  exactement  le  nombre  de  ses  rayons,  mais  il  doit  probablement  dépasser  un  peu  ce 
chiffre;  M.  Agassiz  en  indique  20.  Entre  celle  nageoire  et  la  partie  postérieure  de  la 
tête,  on  compte  six  osselets  libres  qui  ne  portent  pas  de  rayons  externes.  La  nageoire 
anale  est  longue  et  peu  élevée  ;  elle  est  portée  par  environ  27  osselets  porle-nageoire  ; 
en  les  comptant  sur  un  grand  nombre  d'échantillons,  nous  avons  trouvé  comme  mini- 
mum 26  et  comme  maximum  29.  Le  nombre  des  rayons  doit  atteindre  à  peu  près  ce 
dernier  chiffre.  Les  premiers  de  ces  rayons  sont  situés  au-dessous  des  derniers  de  la 
dorsale.  La  nageoire  caudale  est  grande  et  fortement  échancrée  en  deux  lobes  aigus.     . 

Les  NAGEOIRES  PAIRES  sont  imparfaitement  conservées,  et  nous  n'avons  pas  pu  compter 
le  nombre  de  leurs  rayons.  L'origine  de  la  ventrale  est  située  au  niveau  du  quart  anté- 
rieur de  la  dorsale. 

Ecailles.  Les  écailles  sont  petites;  sur  aucun  de  nos  échantillons  elles  ne  sont  suffi- 
samment conservées  pour  permettre  une  description. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  se  distingue  de  toutes  les  Ciupes  connues  par  la 
brièveté  de  sa  région  abdominale,  par  le  petit  nombre  de  ses  côtes  et  par  la  longueur 
de  son  anale. 

Histoire.  M.  de  Blainville  a  décrit  le  premier  celte  espèce,  mais  sans  la  figurer. 
M.  Agassiz  en  a  donné  une  description  plus  complète  et  en  a  figuré  quatre  échan- 
tillons. Nous  ne  doutons  pas  que  nos  exemplaires  ne  se  rapportent  bien  à  celte  espèce, 
qui  offre  des  caractères  trop  clairs  pour  être  méconnue.  Nous  devons  toutefois  faire 
remar(]uer  que  nous  sommes  en  désaccord  avec  M.  Agassiz  sur  deux  points.  Cet  auteur 
indique  15  vertèbres  caudales,  tandis  que  nous  en  trouvons,  comme  nous  l'avons  dit 
plus  haut,  17  ou  18.  Il  décrit  la  nageoire  anale  comme  s'étendanl  jusqu'à  l'origine  de 
la  caudale,  tandis  que  nous  avons  toujours  constaté  un  intervalle  bien  marqué  entre 
ces  deux  nageoires.  Le  grand  nombre  d'échantillons  que  nous  avons  pu  observer  et 
leur  parfaite  conservation  ne  nous  laissent  aucun  doute  sur  les  chiffres  et  les  rapports 
que  nous  avons  indiqués. 

Cette  espèce  avait  été  décrite  et  figurée  dans  le  premier  mémoire  sur  les  Poissons  fos- 
siles du  Liban,  publié  par  l'un  de  nous. 

Localité,  ilakel,  où  elle  très-abondante. 

Explication  des  figures. 

PI.  VI.  Fig.  1,  3  et  3.  Clupea  brevissima,  Blainville.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  4.  Id.  Restauration  du  squelette. 


64  POISSONS  FOSSILES 


Clupea  Bott.e,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  VII,  fig.  1-5.) 


DIMENSIONS: 


Longueur  de  notre  plus  grand  échantillon 90  mm. 

Hauteur  du  même  échantillon 27 


Formes  générales.  Ce  pois.son  est  un  peu  plu,s  allongé  que  la  Clupea  brcrissima,  dont 
il  rappelle  du  reste  la  forme.  Sa  hauteur  est  comprise  un  peu  plus  de  trois  fois  dans 
sa  longueur  sans  la  queue  ;  la  longueur  de  la  tête  est  comprise  un  peu  plus  de  trois  fois 
dans  cette  même  dimension.  Le  corps  est  ovale;  sa  plus  grande  hauteur  est  située  un 
peu  en  avant  du  milieu. 

Tête.  La  tète  est  sensiblement  plus  longue  que  haute  ;  l'œil  est  situé  plus  prés  du 
bout  du  museau  que  de  son  bord  postérieur.  La  bouche  est  assez  ouverte;  son  bord 
supérieur  est  formé  par  un  intermaxillaire  court  et  par  un  maxillaire  dont  le  bord  est 
beaucoup  plus  droit  que  dans  la  plupart  des  autres  espèces;  cet  os  est  large  et  ovale. 
La  mâchoire  inférieure  est  triangulaire.  Nous  n'avons  pas  pu  constater  d'une  manière 
certaine  l'existence  de  dents.  L'opercule  est  médiocrement  développé,  plus  haut  que 
large,  arrondi  en  arrière.  Les  rayons  branchiostègues  sont  minces  et  longs. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  30  vertèbres,  dont  15  à  16  caudales; 
elles  sont  assez  robustes,  ainsi  que  les  neurapophyses  ;  celles-ci  sont  courtes  dans  la 
moitié  antérieure  et  assez  lonoues  dans  la  réoion  caudale.  Les  côtes  sont  fines  et 
entourent  toute  la  cavité  abdominale.  Nous  n'avons  pas  vu  de  traces  de  côtes  siernales. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  sensiblement  en  avant  du  milieu 
de  la  longueur  totale;  elle  est  courte,  supportée  par  13  osselets  porte-nageoire,  et 
parait  composée  d'environ  12  rayons,  dont  le  troisième  et  le  quatrième  égalent  presque 
la  hauteur  du  corps  en  cet  endroit.  La  nageoire  anale  est  courte  et  située  assez  en 
arrière  ;  la  distance  de  son  premier  rayon  à  l'origine  de  la  queue  égale  à  peu  près  la 
hauteur  du  corps  au-dessus  de  ce  même  rayon.  Cette  nageoire,  mal  conservée  sur  la 
plupart  de  nos  échantillons,  paraît  supportée  par  6  à  8  osselets.  La  nageoire  caudale  est 
échancrée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  petites  et  composées  de  rayons  fins. 
Les  ventrales  ont  leur  origine  sous  le  milieu  de  la  dorsale,  et  sont  situées  à  peu  prés 
au  milieu  de  la  longueur  du  corps  (sans  la  (jueue). 

Les  ÉCAILLES  ne  sont  pas  visibles. 


DU  MONT  LIBAN,  65 

Rapports  et  différences.  Parmi  toutes  les  Clupes  du  mont  Liban,  celle  à  laquelle 
cette  espèce  ressemble  le  plus  est  la  Clupea  brevissima;  elle  s'en  rapproche  en  parti- 
culier par  son  corps  court  et  par  le  petit  nombre  de  ses  vertèbres  abdominales.  Elle 
en  diffère  par  sa  nageoire  anale,  qui  est  beaucoup  plus  courte  et  composée  d'un 
nombre  de  rayons  moindre,  et  par  sa  dorsale  beaucoup  moins  haute.  Elle  paraît  en 
outre  manquer  des  côtes  sternales  qui  sont  si  évidentes  dans  la  Cl.  brevissima. 

Elle  semble  aussi  avoir  des  rapports  avec  la  Cl.  minima,  décrite  par  M.  Agassiz  d'une 
manière  très-incomplète,  et  dont  nous  parlons  ci-dessous.  Nous  avons  même  hésité  à 
la  considérer  comme  le  type  de  cette  espèce  douteuse;  mais  en  comparant  nos  échan- 
tillons avec  la  figure  que  M.  Agassiz  a  donnée  de  cette  C.  minima,  nous  avons  été  arrêtés 
par  des  différences  importantes.  Les  échantillons  que  nous  décrivons  ici  sous  le  nom 
de  C.  Bottœ  ont  le  corps  bien  plus  élevé  par  rapport  à  sa  longueur,  et  leur  nageoire 
dorsale,  ainsi  que  leurs  ventrales,  sont  notablement  plus  avancées. 

Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures. 

PL  VIL  Fig.  1-4.  Clupea  Botta,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 

Fïg.  5.  là.  Restauration  du  squelette. 


Clupea  minima,  Agassiz. 

Agassiz,  Poissons  fossiles,  tome  V,  partie  H,  p.  120,  pi.  61,  fig.  1. 

Dans  le  premier  mémoire  sur  les  Poissons  du  Liban,  le  nom  de  Clupea  minima  a  été 
attribué  à  une  petite  espèce  de  Sahel  Aima  sur  laquelle  nous  avons  conçu  depuis  lors 
de  grands  doutes,  comme  nous  le  dirons  en  traitant  des  Leplosomus. 

Il  est  probable  que  le  type  figuré  par  M.  Agassiz  provenait  de  Hakel  ;  nous  avons,  en 
effet,  trouvé  parmi  nos  poissons  de  cette  localité  plusieurs  petits  échantillons  mal  carac- 
térisés qui  paraissent  correspondre  assez  bien  à  la  description  trés-incomplète  donnée 
par  cet  auteur.  Ils  ne  sont  d'ailleurs  pas  suffisants  pour  autoriser  une  nouvelle  descrip- 
tion, et  nous  ne  serions  pas  étonnés  qu'ils  fussent  les  jeunes  de  quelqu'une  des  espèces 
que  nous  décrivons  ici.  La  Clupea  minima  reste  donc  douteuse  pour  nous. 


66  POISSONS  FOSSILES 

Cl.UPEA    SARDINOIDES,    Pictet. 

(PI.  VIII.) 
Pictet,  1850,  Description  Je  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  38,  pi.  7,  fig.  2. 

Formes  générales  et  dimensions.  La  Clupea  sardinoides  est  en  forme  d'ovale  allongé. 
La  longueur  de  l'échanlillon  le  plus  complet  est  de  120  millimètres;  sa  hauteur  est  de 
30  millimètres.  Cette  hauteur  est  comprise  environ  trois  fois  et  demie  dans  la  longueur 
du  corps  (sans  la  queue).  La  longueur  de  la  tète  est  un  peu  plus  grande  que  la  hauteur 
du  corps,  étant  coiiqjrise  trois  fois  et  un  tiers  dans  cette  même  longueur. 

Tête.  Nous  n'avons  aucun  échantillon  sur  lequel  la  tète  soit  suffisamment  conservée 
pour  permettre  une  description  détaillée.  Le  maxillaire  supérieur  est  un  peu  arqué  en 
avant.  L'opercule  est  régulièrement  arrondi  en  arriére.  Nous  n'avons  pu  apercevoir 
aucune  trace  de  dénis. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  au  moins  47  vertèbres  visibles,  et  nous 
ne  sommes  pas  certains  qu'il  n'y  en  ait  pas  en  outre  2  ou  3  cachées  par  les  pièces 
operculaires.  Les  caudales  sont  au  nombre  de  15.  Celte  colonne  épinière  est  faiblement 
arquée  en  bas.  Les  corps  sont  courts  dans  toute  la  longueur. 

Les  neurapopbyses  de  la  région  antérieure  sont  minces  et  dirigées  obliquement  en 
arrière.  Celles  (]ui  sont  comprises  entre  la  dorsale  et  l'anale  sont  plus  robustes,  presque 
droites  à  leur  base  et  courbées  en  arrière  à  leur  extrémité.  Les  plus  voisines  de  la 
queue  redeviennent  très-obliques. 

Les  hœmapophyses  de  la  région  caudale  reproduisent  à  peu  pn's  la  direction  et  la 
forme  des  neurapopbyses  correspondantes. 

Les  côtes  sont  fines  et  longues  ;  les  antérieures  atteignent  les  bords  de  la  cavité  abdo- 
minale ;  les  postérieures  sont  mal  conservées.  Nous  n'avons  aucun  échantillon  qui  per- 
mette de  décrire  les  fines  apophyses  qui  rayonnent  de  la  colonne  épinière  dans  les 
régions  antérieure  et  médiane.  11  n'y  a  aucune  trace  de  la  dentelure  du  ventre,  et  nous 
ne  pouvons  par  conséquent  rien  dire  de  son  existence. 

Nageoires  lmpaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  notablement  en  avant  du  milieu 
de  la  longueur  totale;  en  effet,  si  l'on  prend  avec  un  compas  la  distance  entre  le  bout 
du  museau  et  la  base  du  premier  rayon  de  la  dorsale,  et  que  l'on  reporte  celte  mesure 
en  arrière  à  partir  du  même  rayon,  le  compas  rencontrera  l'origine  de  la  caudale. 
M.  Agassiz  a  trouvé  les  mêmes  rapports  dans  la  Clupea  dentcx.  Cette  nageoire  dorsale 
est  plutôt  courle;  elle  est  portée  par  environ  10  osselets  porte-nageoire,  et  paraît 
composée  de  17  rayons.  Entre  elle  et  la  partie  postérieure  de  la  tête,  on  compte  au 


DU  MONT  LIBAN.  67 

moins  12  osselets  libres  qui  ne  porlenl  pas  de  rayons  externes.  Ils  sont  grêles,  un  peu 
sinueux  et  très-obliques  de  bas  en  baul  et  d'avant  en  arrière.  La  nageoire  anale  est 
très-courte  et  située  fort  en  arrière,  de  sorte  que  la  distance  qui  existe  entre  son  pre- 
mier rayon  et  la  base  de  la  caudale  est  à  peine  égale  à  la  moitié  de  celle  qui  sépare  ce 
rayon  de  l'origine  de  la  ventrale.  Elle  paraît  n'être  supportée  que  par  7  ou  8  osselets 
porte-nageoire;  ses  rayons  semblent  également  être  peu  nombreux.  La  nageoire  caudale 
est  grande  et  fortement  échancrée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  médiocres.  Les  ventrales  ont  leur  insertion  au- 
dessous  des  derniers  rayons  de  la  dorsale. 

Ecailles.  Aucun  de  nos  échantillons  ne  présente  une  écaillure  complète  ;  mais,  en 
combinant  les  observations  faites  sur  trois  d'entre  eux,  nous  avons  pu  constater  qu'elle 
est  composée  de  55  à  60  bandes  transversales  obliques.  Sur  celles  de  ces  bandes  qui 
sont  situées  vers  le  milieu  du  corps,  on  peut  compter  une  vingtaine  d'écaillés.  Celles-ci 
ont  leur  bord  libre  arrondi  et  leur  surface  couverte  de  petites  stries  longitudinales. 

Rapports  et  différen'ces.  Celte  espèce  se  dislingue  très-facilement  des  Scombroclupea 
macrophthalnia  et  Clupea  brevissima  par  ses  vertèbres  nombreuses.  Elle  se  rapproche 
principalement  des  Cl.  dentex,  Bl.  et  Cl.  Beurardi,  Bl.  Sa  forme  générale  et  la  position 
de  sa  dorsale  sont  les  mêmes  que  dans  la  Cl.  dentex;  mais  elle  diffère  de  cette  espèce 
par  ses  vertèbres  plus  nombreuses  (47  à  50,  au  lieu  de  40),  par  le  nombre  plus  grand 
des  rayons  de  sa  dorsale  (17,  au  lieu  de  12)  et  par  ses  ventrales  insérées  plus  en  arrière. 
Elle  se  distingue,  d'autre  part,  de  la  Cl.  Beurardi  par  sa  tête  plus  courte,  par  ses  ver- 
tèbres plus  nombreuses,  par  la  position  de  sa  dorsale  située  plus  en  avant  et  par  la 
brièveté  de  son  anale.  Elle  semble,  par  le  nombre  de  ses  vertèbres,  avoir  de  l'analogie 
avec  la  Cl.  lata,  mais  elle  s'en  distingue  facilement  par  sa  forme  plus  régulièrement 
ovale,  par  sa  tête  beaucoup  moins  grosse,  et  surtout  par  la  position  de  la  dorsale  qui, 
chez  la  Cl.  lata,  a  son  premier  rayon  situé  bien  en  arrière  de  la  moitié  de  la  longueur 
du  corps. 

Histoire.  Dans  le  premier  mémoire  de  l'un  de  nous  sur  les  Poissons  fossiles  du  mont 
Liban,  cette  espèce  a  été  décrite  et  figurée  d'après  un  échantillon  dont  les  bords  étaient 
moins  complets  que  chez  ceux  que  nous  possédons  aujourd'hui,  ce  qui  pouvait  par 
conséquent  la  faire  paraître  un  peu  moins  haute  qu'elle  n'est  en  réalité.  Nous  en  don- 
nons de  nouvelles  figures  plus  exactes. 

Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures. 

PI.  VIII.  Fig.  1  et  2.  Clupea  sardimides,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  3.  Id.  —  Musée  de  Munich. 

Fïg.  4.  Id.  Restauration  du  squelette. 


08  POISSONS  FOSSILES 

Clupea  lata,  Agassiz. 

(PL  VII,  fig.  G.) 

Agassiz,  Poissons  fossiles,  tome  V,  2""  partie,  p.  118,  pi.  61,  fig.  10. 
Non  Clupea  lata,  Pictet,  Poissons  du  Liban,  p.  37,  pi.  VII,  fig.  1. 

La  Clupea  lata  a  été  décrite  pour  la  première  fois  par  M.  Agassiz,  (|iii  lui  donna  pour 
caractère  principal  d'avoir  sa  plus  grande  hauteur  à  niveau  de  la  ceinture  thoracique, 
et  par  conséquent  d'être  très-différente  pour  la  forme  de  toutes  les  autres  espèces  de 
Clupes. 

Dans  le  premier  mémoire  sur  les  poissons  du  Liban,  il  a  été  donné  une  fausse  inter- 
prétation de  cette  espèce,  et  l'on  a  figuré  sous  le  nom  de  Cl.  lata  un  poisson  dont  la 
plus  grande  largeur  se  trouve  également  vers  la  ceinture  thoracique,  mais  que  ses  autres 
caractères,  ainsi  que  nous  l'avons  reconnu  depuis  lors  et  que  nous  le  démontrerons 
plus  loin,  doivent  faire  placer  dans  le  genre  Spaniodon.  Nous  le  décrirons  sous  le  nom 
de  Spaniodon  brevis. 

Aujourd'hui,  nous  sommes  portés  à  croire  que  l'échantillon  qui  a  servi  à  la  description 
de  M.  Agassiz  a  été  altéré  par  la  fossilisation  et  accidentellement  élargi  dans  sa  région 
thoracique.  Nous  avons  été  amenés  à  celte  conclusion  par  l'étude  d'un  exemplaire  qui 
nous  a  été  communiqué  par  M.  Gaudry,  et  chez  lequel  l'on  trouve  tous  les  caractères 
signalés  par  M.  Agassiz,  en  particulier  le  même  nombre  de  vertèbres,  la  même  dorsale 
reculée,  etc.,  sauf  qu'elle  a  tout  à  fait  les  formes  normales  d'une  Clupe.  On  pourra  se 
convaincre  de  ces  analogies  en  comparant  notre  figure  avec  celle  de  M.  Agassiz. 

dimensions: 

Longueur  totale 150  mm. 

Hauteur  du  corps 37 

Formes  générales.  Ce  poisson  a  une  forme  ovale  allongée  ;  sa  plus  grande  hauteur 
est  un  peu  en  avant  de  la  dorsale  et  est  comprise  à  peu  près  trois  fois  et  demie  dans  la 
longueur  du  corps  (sans  la  queue). 

Tête.  La  région  de  la  bouche  manque  dans  notre  échantillon.  L'œil  est  assez  grand. 
Les  pièces  operculaires  sont  uniformément  arrondies  en  arrière;  l'opercule  est  un  peu 
plus  haut  que  long.  Les  rayons  branchiostègues  sont  nombreux  ;  les  premiers  sont 
minces,  les  derniers  sont  très-larges. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  52  vertèbres  visibles,  auxquelles  il  faut 
en  ajouter  probablement  trois  cachées  par  les  pièces  operculaires,  ce  qui  porterait  le 
nombre  total  à  55.  Là-dessus,  il  y  en  a  21  caudales.  Cette  colonne  épinière  est  arquée 


DU  MONT  LIBAN.  69 

en  bas  dans  le  milieu  de  sa  longueur.  Les  corps  sont  sensiblement  plus  bauts  que  longs, 
surtout  dans  la  partie  antérieure.  Les  neurapophyses  sont  dirigées  en  arrière  d'une 
manière  presque  uniforme  ;  il  en  est  de  même  des  hasmapophyses  de  la  région  caudale. 

Les  côtes  sont  mal  conservées  ;  elles  paraissent  fines  et  nombreuses  ;  il  en  est  de 
même  des  apopbyses  rayonnantes  obliques  de  la  colonne  épiniére.  On  voit  le  long 
du  bord  ventral  quelques  impressions  confuses  qui  semblent  avoir  été  produites  par  des 
côtes  sternales. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  origine  à  peu  près  au  milieu  de  la 
longueur  totale  ;  elle  est  courte  et  ne  forme  guère  qu'un  septième  de  cette  longueur 
totale.  Elle  semble  composée  de  18  rayons  portés  par  un  nombre  sensiblement  égal 
d'osselets  porle-nngeoire.  La  forme  de  cette  nageoire  est  subtriangulnire.  La  nageoire 
anale  a  son  premier  rayon  situé  à  peu  près  au  milieu  de  la  distance  qui  sépare  l'ori- 
gine de  la  ventrale  de  celle  de  la  caudale.  Elle  est  courte  et  assez  robuste,  portée  par 
7  osselets,  et  paraît  composée  de  8  rayons  assez  longs.  La  nageoire  caudale  est  échan- 
crée  en  deux  lobes  médiocrement  aigus. 

Nageoires  paires.  Ces  nageoires  sont  imparfaitement  conservées.  L'origine  des  ven- 
trales est  située  un  peu  en  avant  du  milieu  de  la  dorsale. 

Ecailles,  Les  écailles  n'ont  été  conservées  que  sur  un  petit  nombre  de  points.  Elles 
sont  petites  et  on!  formé  des  lignes  nombreuses. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  est  voisine  de  !a  Cl.  sardinoides  par  le  grand 
nombre  de  ses  vertèbres.  Elle  en  diffère  principalement  par  ses  vertèbres  caudales  au 
nombre  de  21  au  lieu  de  15,  et  par  la  position  de  ses  nageoires  verticales,  la  dorsale 
étant  située  plus  en  arrière  et  l'anale  par  contre  sensiblement  moins  reculée.  Elle  a 
également  quelques  rapports  avec  les  Cl.  dentex,  Blainv.  et  Cl.  Beurardi,  Blainv.,  mais 
ses  vertèbres  sont  plus  nombreuses  que  celles  de  ces  deux  espèces  ;  elle  en  diffère,  en 
outre,  par  sa  dorsale  située  plus  en  arrière.  La  brièveté  de  son  anale  fournit  encore  un 
très-bon  caractère  pour  la  distinguer  de  la  Cl.  Beurardi. 

Localité.  Très-probablement  Hakel. 

Explkalion  des  figures. 
PL  VII.  Fig.  6.  Clupea  lata,  Ag.  —  Échantillon  communiqué  par  M.  Gaudi-y. 


Clupea  laticauda,  Pictet. 

Pictet,  1850,  Poissons  fossiles  du  meut  Liban,  p.  39,  pi.  VII,  fig.  3. 

Cette  espèce,  sur  laquelle  nous  n'avons  pas  de  nouveaux  documents,  appartient  au 
même   groupe  que  les  Clupea  sardinoides  et  Cl.  lata,  qui  sont  caractérisées  par  des 


70  POISSONS  FOSSILES 

vertèbres  courtes  et  nombreuses  atteignant  ou  dépassant  le  chiffre  de  50.  Elle  diffère 
de  toutes  deux  par  sa  nageoire  anale,  qui  est  supportée  par  i4  osselets  au  lieu  de  l'être 
par  7  ou  8  seulement,  cl  par  les  rayons  de  la  base  de  sa  caudale  qui,  étant  beaucoup 
plus  nombreux  et  plus  serrés,  lui  donnent  une  apparence  toute  spéciale. 
Localité.  Hakel. 


Clupea  Bel'rardi,  Blainville. 

Blainville,  Ichthyologie,  p.  61. 
Agassiz,  Poissons  fossiles,  tome  V,  p.  117,  pi.  61,  fig.  2. 

Petite  espèce  voisine  do  la  Chipea  dentex.  Blainv.,  et  caractérisée  par  une  quarantaine 
de  vertèbres,  dont  au  moins  20  caudales.  Ces  chiffres  empêchent  de  la  confondre  avec 
aucune  des  autres  espèces  décrites  dans  ce  mémoire. 

L'exemplaire  original  de  M.  de  Blainville  avait  été  rapporté  du  Liban  par  un  neveu 
de  M.  Beurard,  et  provenait  des  environs  de  Gibel  (Djébaïl);  il  est  donc  probable  qu'il 
avait  été  trouvé  à  Hakel.  L'échantillon  figuré  par  M.  Agassiz  provenait  de  Saint-Jean 
d'Acre. 


Clupea  gigantea,  Heckel. 

Heckel,  1843,  Fische  Syriens,  p.  243. 

On  ne  possède  sur  cette  espèce  que  les  renseignements  suivants  insérés  par  Heckel 
dans  son  article  sur  la  Clupea  macrophlhalma. 

«  Une  autre  plaque,  provenant  de  la  même  localité  (Hakel),  contient  une  portion  de 
la  région  antérieure  du  tronc  d'un  gros  poisson  haut  d'au  moins  G  pouces,  sur  laquelle 
on  ne  peut  reconnaître  rien  autre  que  18  vertèbres  abdominales  à  demi  brisées,  qui 
sont  plus  hautes  que  longues,  des  côtes  longues,  grêles,  sillonnées  d'apophyses  dorsales 
assez  fortes  recouvertes  d'une  forêt  d'arêtes  musculaires.  Nous  lui  donnons  provisoire- 
ment le  nom  de  Clupea  gigantea.  » 


DU  MONT  LIBAN.  71 


Genre  SCOMBROCLUPEA,  Kner'. 


M.  Kner  a  établi  ce  genre  pour  des  poissons  qui  joignent  aux  caractères 
généraux  des  Clupes  une  organisation  de  la  nageoire  anale  que  l'on  ne 
retrouve  chez  aucun  des  représentants  vivants  de  ce  groupe.  A  la  suite 
d'une  nageoire  anale  normale,  on  remarque  une  série  de  fausses  na- 
geoires rappelant,  avec  un  développement  moindre,  la  disposition  de  cette 
même  région  chez  les  Scombres. 

On  peut  caractériser  ce  genre  de  la  manière  suivante: 
Poissons  comprimés,  à  squelette  composé  comme  celui  des  Clupes;  ver- 
tèbres nombreuses;  des  côtes  sternales  en  avant  et  en  arrière  des  nageoires 
ventrales.  Tète  semblable  à  celle  des  Clupes;  mâchoire  dépourvue  de  dents. 
Nageoire  dorsale  courte  et  située  sur  le  milieu  du  dos.  Nageoire  anale 
petite,  suivie  de  petites  fausses  nageoires  (pinnules)  portées  chacune  par 
un  seul  osselet.  Nageoire  caudale  fourchue.  Nageoires  ventrales  situées 
sous  la  dorsale. 


ScoMBROCLUPEA  MACROPHTHALMA  (Heckel),  Pictct  et  Humbert. 

(PL  IX.) 
Clupea  macrophthalma,  Heckel,  1843,  Fische  Syiùens,  p.  242  (344),  pi.  XXIII,  fig.  2. 

DIMENSIONS; 

Longueur  totale,  environ 1"C  mm. 

Hauteur 35 

Formes  générales.  Ce  poisson  rappelle  par  ses  contours  réguliers  les  formes  normales 
des  espèces  vivantes  du  genre  Clupea,  et  en  particulier  des  harengs  et  des  sardines.  Sa 

*  Sitzungsberichte  der  K.  K.  Akad.  d.  Wissenchaften,  1863,  p.  132. 


72  porssoxs  fossiles 

hauteur  est  comprise  un  peu  plus  de  quatre  fois  dans  sa  longueur  (sans  la  queue),  et 
sa  lêleà  peu  près  trois  fois  et  demie  dans  cette  même  longueur.  Le  corps  est  ovale;  sa 
plus  grande  hauteur  est  un  peu  en  avant  du  milieu. 

Tête.  La  partie  supérieure  de  la  tête  forme  une  ligne  régulière  très-faiblement  arquée 
qui  continue  la  courbure  générale  du  poisson.  L'œil  est  grand  et  un  peu  en  avant  du 
milieu  de  la  tête.  La  bouche  est  médiocrement  ouverte.  L'os  maxillaire  est  fortement 
arqué  en  avant  et  élargi  depuis  son  milieu  jusqu'à  son  extrémité  inférieure.  L'inter- 
maxillaire  est  court  et  étroit.  La  mâchoire  inférieure  est  triangulaire.  Nous  n'avons  vu 
de  traces  de  dents  sur  aucun  des  os  de  la  mâchoire.  Le  préopercule  occupe  une  place 
assez  considérable  par  rapport  aux  autres  pièces  operculaires  ;  il  se  termine  postérieu- 
rement par  un  angle  arrondi  ;  son  bord  antérieur  est  brusquement  coudé  vers  le  milieu, 
et  de  là  partent  en  arrière  quelques  petites  arêtes  irrégulières  et  sinueuses,  visibles 
surtout  à  la  face  interne.  L'opercule  est  étroit,  plus  haut  que  large,  arrondi  en  arrière. 
Le  sous-opercule  et  l'interopercule  continuent  sa  courbure.  Les  rayons  branchiostègues 
paraissent  avoir  été  assez  nombreux  (au  moins  10). 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  36  vertèbres  visibles,  et,  en  supposant  que 
les  pièces  operculaires  en  cachent  3,  cela  porterait  le  nombre  total  à  39.  Là-dessus,  il 
y  en  a  23  abdominales  et  16  caudales.  Dans  beaucoup  d'échantillons,  la  colonne  épi- 
nière est  rompue,  de  sorte  qu'on  ne  peut  pas  juger  de  sa  courbure  ;  dans  ceux  où  elle 
est  le  moins  modiliée,  elle  paraît  avoir  été  à  peu  près  droite.  Les  corps  sont  à  peu  près 
aussi  hauts  que  longs  dans  la  partie  antérieure,  et  ils  tendent  à  s'allonger  dans  la  partie 
caudale.  Les  neurapophyses  de  la  région  dorsale  sont  minces  et  dirigées  obliquement 
en  arrière.  Celles  de  la  portion  antérieure  de  la  région  caudale  sont  un  peu  plus  droites 
et  plus  fortes  à  lem'  base  ;  les  dernières  reprennent  la  position  oblique.  Les  hœmapo- 
physes  de  la  région  caudale  reproduisent  à  peu  près  la  forme  et  la  direction  des  neura- 
pophyses correspondantes.  Les  côtes  sont  fines  et  longues;  les  premières  atteignent  les 
bords  inférieurs  de  la  cavité  abdominale.  On  voit,  en  outre,  dans  la  partie  antérieure  de 
la  colonne  épinière  deux  séries  d'apophyses  minces,  dirigées  en  arrière;  les  unes  par- 
tent de  la  base  des  neurapophyses,  les  autres  de  la  base  des  côtes.  Ces  dernières 
paraissent  s'étendre  plus  loin  en  arrière  que  les  premières.  Le  squelette  est  compliqué 
par  de  nombreuses  arêtes  musculaires  fourchues  qui,  se  confondant  avec  les  apophyses 
précédentes,  les  rendent  difficiles  à  compter. 

La  dentelure  du  ventre  est  produite  par  environ  25  pièces  osseuses  triangulaires  dont 
l'angle  postérieur  est  saillant,  et  qui  se  prolongent  sur  les  parois  de  l'abdomen  en  des 
osselets  styloïdes  plus  ou  moins  allongés. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  à  peu  près  au  milieu  de  la  longueur 
totale.  Elle  est  peu  élevée  et  courte  ;  sa  longueur  ne  forme  guère  qu'un  dixième  de 
cette  longueur  totale.  Elle  est  portée  par  15  osselets  porte-nageoire.  Nous  n'avons  pas 
pu  compter  le  nombre  des  rayons  (jui  la  composent.  La  région  anale  est  occupée  toute 


DU  MONT  LIBAN.  73 

entière  par  une  nageoire  normale  petite,  mais  suivie,  comme  nous  l'avons  dit  dans  la 
caractéristique  du  genre,  de  fausses  nageoires  détachées.  La  première  est  portée  par 
6  à  8  osselets  porte-nageoire  rapprochés  les  uns  des  autres;  les  rayons  sont  courts  et 
incomplètement  conservés,  et  paraissent  être  à  peu  près  en  même  nombre.  Puis  viennent 
six  rayons  porte-nageoire  beaucoup  plus  écartés  et  partageant  en  parties  égales  l'in- 
tervalle compris  entre  l'anale  proprement  dite  et  la  base  de  la  caudale.  Chacun  de  ces 
osselets  porte  un  rayon  qui  se  divise  en  petites  branches  comme  l'extrémité  d'un  rayon 
mou  ordinaire.  Ces  petits  faisceaux  sont  assez  distants  les  uns  des  autres,  mais  nous 
ne  sommes  pas  sûrs  qu'ils  n'aient  pas  été  réunis  par  une  membrane  commune.  La  na- 
geoire caudale  est  fortement  échancrée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  paires  sont  imparfaitement  conservées,  de  sorte  que 
nous  n'avons  pas  pu  compter  leurs  rayons,  ni  estimer  d'une  manière  précise  leur  lon- 
gueur. Les  pectorales  occupent  leur  place  normale.  L'origine  des  ventrales  est  située 
sous  le  milieu  de  la  dorsale. 

Ecailles.  Les  écailles  ne  sont  pas  assez  bien  conservées  pour  que  nous  ayons  pu 
apprécier  exactement  leurs  contours  et  les  caractères  de  leur  surface.  Elles  paraissent 
avoir  été  délicates  et  uniformément  arrondies  sur  leur  bord  libre.  Un  calcul  approxima- 
tif, fondé  sur  l'examen  de  quelques  régions,  montre  qu'elles  ont  dû  former  environ  45 
bandes  verticales  obliques,  dont  les  plus  longues  avaient  une  douzaine  d'écaillés. 

Ratports  et  différences.  Cette  espèce  est  extrêmement  voisine  de  la  Scombroclupea 
pinnulata,  de  Comen,  à  propos  de  laquelle  le  genre  a  été  établi  par  M.  Kner.  Le  nombre 
des  vertèbres  et  celui  des  rayons  des  nageoires  présentent  de  trop  légères  différences 
pour  que  nous  ayons  pu  y  trouver  des  caractères  spécifiques.  Toutefois,  en  comparant 
nos  échantillons  avec  les  planches  de  M.  Kner  qui,  il  est  vrai,  paraissent  avoir  été  faites 
sur  des  échantillons  imparfaits,  il  nous  semble  que  son  espèce  est  plus  trapue  et  pro- 
portionnellement plus  courte  que  la  nôtre.  Nous  devons  d'ailleurs  faire  remarquer  que 
le  nom  spécifique  de  macroplithalma  est  le  plus  ancien  et  que,  par  conséf|uent,  il  de- 
vrait être  conservé  dans  le  cas  où  l'identité  entre  l'espèce  de  M.  Kner  et  celle  que  nous 
décrivons  ici  serait  prouvée. 

Histoire.  L'espèce  que  nous  venons  de  décrire  ne  parait  pas  avoir  été  connue  de 
M.  Agassiz  ;  nous  croyons,  en  revanche,  que  c'est  bien  celle  qui  a  été  décrite  par  Heckel  ' 
sous  le  nom  de  Clupea  macrophthalrna.  L'échantillon  figuré  par  cet  auteur  est  très- 
imparfait,  et  il  est  par  conséquent  difficile  de  se  prononcer  d'une  manière  rigoureuse  ; 
mais  tous  les  caractères  importants  indiqués  par  la  description  semblent  concorder.  La 
figure  pourrait,  il  est  vrai,  faire  croire  à  l'existence  d'un  gros  rayon  épineux  au  com- 
mencement de  la  dorsale,  mais  il  est  évident  qu'il  y  a  là  une  erreur  du  dessinateur, 

'  Heckel,  J.-J.,  Abbildungen  und  Beschreibungen  der  Fische  Syriens.  Stuttgart,  1843,  p.  242,  pi.  23, 
fig.  2. 

10 


74  POISSONS  FOSSILES 

puisque  l'auteur  n'en  fait  pas  mention  dans  le  texte  et  place  cette  espèce  dans  le  genre 
Clupea.  Nous  pouvons  ajouter  que  parmi  ceux  de  nos  échantillons  qui  sont  mal  con- 
servés, il  y  en  a  plusieurs  (|ui  rappellent  assez  Iiien  l'apparence  de  la  figure  précitée. 
Localité.  Hakel. 

Eayplication  des  figures. 

PI.  IX.  Fig.  1-3.  Sœmhroclupea  macrophthalma  (Heckel),  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  4.  Id.  Restauration  du  squelette. 


Genre  LEPTOSOMUS,  von  der  Marck. 


Le  genre  Leptosomus  a  été  établi  par  le  docteur  von  der  Marck  dans 
son  Mémoire  sur  les  Poissons  de  la  craie  de  Weslphalie';  mais  nous 
avons  vainement  cherché  dans  ce  mémoire  une  caractéristique  complète  et 
précise  de  ce  genre  détaché  des  Chipes,  non  plus  que  les  caractères  qui  le 
distinguent  des  Sardinius  et  des  Sardinioides. 

Toutefois,  ayant  à  décrire  deux  petits  poissons  du  mont  Liban  très- 
voisins  des  Clupes,  mais  caractérisés  par  leurs  nageoires  ventrales  plus 
rapprochées  des  pectorales  que  dans  les  Clupes  proprement  dites,  et  cette 
même  disposition  étant  très-marquée  dans  le  Leptosomus  Guestphalicus, 
v.  d.  M.,  qui  d'ailleurs  ne  dilTère  de  nos  poissons  par  aucun  caractère  géné- 
rique appréciable,  nous  avons  cru  devoir  accepter  provisoirement  ce 
genre. 

C'est  une  de  ces  espèces  {Leptosomus  crassicostaius)  qui,  dans  le  premier 
mémoire  sur  les  poissons  du  Liban,  a  été  figuré  sous  le  nom  de  Clupea 
m.inima.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  la  Cl.  minima,  Ag.,  espèce 
très-imparfaitement  décrite,  a  le  même  nombre  de  vertèbres  (29);  mais, 
suivant  toute  probabilité,  elle  se  trouve  à  Hakel  et  non  à  Sahel  Aima. 

'  Palaeontographica,  1863,  tome  XI,  p.  49. 


DU  MONT  LIBAN,  75 

Leptosomus  macrourus,  Pictet  et  Humberl. 

(Pl.X,fig.l-4.) 

DIMENSIONS  : 

Longueur  du  corps  sans  la  queue i2  à  54  mm. 

Longueur  de  la  queue 13  à  14 

Longueur  de  la  tête 10  à  12 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  très-allongé,  sa  hauteur  étant  comprise  cinq  fois  et 
demie  dans  la  longueur  du  corps  sans  la  queue.  La  tète  est  comprise  un  peu  moins  de 
quatre  fois  dans  cette  même  longueur. 

Tête.  La  tète  est  peu  allongée.  L'œil  est  assez  grand  ;  son  bord  postérieur  corres- 
pond au  milieu  de  la  longueur  de  la  tête.  La  bouche  est  passablement  fendue  ;  l'os 
intermaxillaire  est  étroit  et  occupe  à  peu  près  la  moitié  du  bord  ;  l'os  maxillaire  est 
plus  robuste  et  bien  plus  long;  la  mâchoire  inférieure  est  triangulaire.  Quelques  échan- 
tillons nous  ont  montré  que  la  bouche  était  armée  de  dents  assez  fortes  et  coniques, 
mais  aucune  n'est  conservée  en  place.  Les  pièces  operculaires  sont  mal  conservées; 
elles  paraissent  avoir  eu  un  bord  postérieur  arrondi. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  29  vertèbres,  dont 
13  à  14  caudales.  Ces  vertèbres  sont  très-étranglées  dans  leur  milieu.  Les  neurapo- 
physes  et  les  hœmapophyses  sont  fines,  ainsi  que  les  apophyses  rayonnantes,  qui  pa- 
raissent être  assez  nombreuses.  Les  côtes,  en  revanche,  sont  robustes,  surtout  les  an- 
térieures. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  au  milieu  de  la  longueur  du  corps 
sans  la  queue,  la  distance  de  son  premier  rayon  au  bout  du  museau  égalant  celle  de  son 
dernier  rayon  à  l'origine  de  la  queue.  Cette  dorsale  est  courte  ;  nous  y  avons  compté 
11  osselets  porte-nageoire  auquels  correspondent  des  rayons  en  nombre  à  peu  près  égal. 
La  nageoire  anale  est  peu  reculée  et  courte  ;  nous  n'y  avons  compté  que  7  osselets 
porte-nageoire.  La  nageoire  caudale  est  très-grande  et  profondément  divisée  en  deux 
lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  médiocrement  développées.  Les  ventrales  ont 
leur  origine  un  peu  en  avant  de  celle  de  la  dorsale,  et  elles  sont  ainsi  peu  éloignées 
des  pectorales. 

Ecailles.  Nous  ne  pouvons  rien  dire  des  écailles  ;  elles  ne  sont  pas  conservées  sur 
nos  échantillons. 

Localité.  Sahel  Aima.  8  échantillons. 


76  POISSONS  FOSSILES 

Explication  des  figures. 

PI.  X.  Fig.  J  et  3.       Leptosomus  macrounts,  Pict.  et  Hunib.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  3  cl  ?  bis.  Ll.  Empreinte  et  contre-empreinte.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  4.  Id.  Restauration  du  squelette. 


Leptosomus  crassicostatls,  Pictet  et  llumbert. 

(PI.  X,  fig.  5-7.) 

DIMENSIONS  : 

Lorii^ueur  du  corps  sans  la  queue 38  mm. 

Longueur  de  la  queue 1 1 

Longueur  de  la  tête 10  '/, 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  assez  allongé  ;  sa  liaïUeur  est  comprise  un  peu 
moins  de  six  l'ois  dans  la  longueur  du  corps  (sans  la  queue). 

Tête.  Elle  est  très-mal  conservée,  surtout  dans  ses  parties  antérieures,  en  sorte  que 
nous  n'avons  pu  constater  ni  la  forme  des  mâchoires  ni  l'existence  des  dents.  Les 
pièces  operculaires  forment  un  ensemble  étroit  et  arrondi.  Les  rayons  branchiostègues 
sont  longs  et  arqués. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  29  vertèbres,  dont 
13  à  14-  caudales.  Les  neurapophyses  sont  visibles  dés  l'occiput,  et  les  plus  antérieures 
font  saillie  au-dessus  des  pièces  occipitales.  Elles  sont  fines  et  obliques  jusqu'après  la 
nageoire  dorsale  ;  depuis  là,  elles  sont  plus  fortes  et  se  redressent,  puis  entin  redevien- 
nent obliques  vers  la  queue.  Les  haîniapophyses  leur  sont  symétriques.  Les  côtes  sont 
robustes,  et  l'on  dislingue  de  fines  apophyses  rayonnantes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  sensiblement  en  avant  du  milieu, 
son  premier  rayon  étant  presque  au  tiers  antérieur  de  la  longueur  du  corps  sans  la 
queue.  Cette  dorsale  n'est  longue  que  de  5  à  6  millimètres  ;  nous  y  comptons  avec 
doute  li  osselets  porte-nageoire;  les  rayons  sont  forts  et  à  peu  près  en  même  nom- 
bre. La  nageoire  anale  est  sensiblement  plus  reculée  que  dans  l'espèce  précédente;  elle 
a  son  origine  sur  le  milieu  de  la  distance  qui  sépare  les  ventrales  de  la  caudale  ;  elle 
est  courte,  mal  conservée,  et  paraît  avoir  été  composée  d'un  petit  nombre  de  rayons.  La 
caudale  est  médiocre  et  partagée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  médiocres,  ainsi  que  les  ventrales,  (|ui  ont  leur 
origine  sous  le  milieu  de  la  dorsale. 

Les  écailles  man(piei)t  sur  nos  échantillons. 


DV  MONT  LIBAN.  77 

Rapports  et  différences.  Celte  petite  espèce  est  très-voisine  de  la  précédente,  et  s'en 
rapproche,  en  particulier,  par  la  forme  de  sa  tête,  le  nombre  de  ses  vertèbres,  ses 
grosses  côtes,  etc.  Elle  nous  parait  en  différer  par  sa  dorsale  plus  avancée,  par  la  posi- 
tion de  ses  ventrales,  par  son  anale  plus  reculée  et  par  le  moindre  développement  de 
sa  caudale.  • 

Localité.  Saliel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  X.  Fig.  Set  6.        Leptosomm  erassicostatus,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  7  et  ?  bis.  Id.  Empreinte  et  contre-empreinte.  —  Musée  de  Genève. 


Genre  OSiMEROIDES,  Agassiz. 


Le  genre  Osmeroides  a  été  élalili  par  M.  Agassiz  '  pour  des  poissons  de 
la  craie,  voisins  des  Èperlans  (Osinerus),  mais  plus  trapus,  ayant  le  pédicule 
de  la  queue  moins  rétréci,  la  dorsale  située  sur  le  tiers  antérieur  du  dos 
au  lieu  d'être  au  milieu,  des  ventrales  et  des  pectorales  bien  développées 
et  un  squelette  rappelant  celui  des  Chipes,  sauf  qu'il  n'a  pas  de  côtes  ster- 
nales.  M.  Agassiz  ajoute  qu'ils  appartiennent  évidemment  à  la  famille  des 
Salmones,  et  qu'il  y  a  même  des  exemplaires  qui  ont  conservé  des  traces 
de  l'adipeuse. 

M.  von  der  Marck,  qui  a  étudié  une  partie  des  espèces  qui  ont  servi  de 
types  à  M.  Agassiz,  n'est  pas  d'accord  avec  lui  sur  ce  dernier  point;  il  nie 
l'existence  de  la  nageoire  adipeuse,  au  moins  chez  les  espèces  de  la  craie 
de  Westphalie.  11  fait  remarquer  que  des  nageoires  de  cette  nature  sont 
très-bien  conservées  chez  quelques  poissons  de  ce  même  gisement  appar- 
tenant cà  d'autres  genres,  tandis  qu'il  les  a  vainement  cherchées  sur  plus 
de  quatre-vingts  exemplaires  des  Osmerus  et  des  Osmeroides  qu'il  a  eu 
entre  les  mains.  Cet  auteur  rejette  en  conséquence  le  genre  Osmeroides, 

'  Poissons  fossiles,  tome  V,  partie  I,  p.  14,  et  partie  II,  p.  103. 


78  POISSONS  FOSSILES 

et  ne  pense  pas  qu'aucun  poisson  de  la  craie  puisse  être  attribué  aux  Os- 
merus.  Il  remplace  ces  genres  par  ceux  qu'il  nomme  Sardinius  et  Sar- 
dinioides,  les  plaçant  dans  la  section  de  la  famille  des  Clupes  qui  est  ca- 
ractérisée par  l'absence  de  côtes  sternales. 

Dans  la  méthode  de  M.  von  der  Marck,  la  seule  espèce  dont  nous  ayons 
à  parler  ici,  à  savoir  XOsmeroides  megaplerus,  Pictet,  appartiendrait  plutôt 
au  genre  Sardinioides,  qui  est  caractérisé  par  une  dorsale  un  peu  plus 
avancée  que  les  Sardinius,  par  de  grandes  ventrales  et  par  ce  singulier 
caractère,  dont  nous  ne  pouvons  pas  apprécier  la  valeur,  que  la  pectorale 
n'a  ({ue  Irès-rarement  laissé  des  traces,  preuve,  suivant  lui,  que  cette  na- 
geoire était  ou  très-petite  ou  très-délicate. 

Nous  ne  nous  sentons  cependant  pas  assez  éclairés  sur  la  valeur  du 
nouveau  genre  de  M.  von  der  Marck  pour  changer  le  nom  sous  lequel  ce 
poisson  avait  d'ai)ord  été  décrit,  et  nous  lui  conservons  celui  qu'il  portait 
dans  la  méthode  de  M.  Agassiz.  Nous  doutons  même  que,  d'après  les  lois 
de  la  priorité,  le  nom  d'Osmeroides  dût  être  changé,  puisqu'il  repose  sur 
les  deux  espèces  qui  ont  servi  de  type  au  genre  Sardinioides. 


OSMEKOIDES   MEGAPTERUS,    PictCl. 

Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  27,  pi.  III,  fig.  3. 
Localité.  Sahel  Aima. 


Genre  OPISTOPTERYX,  Pictet  et  Humbert. 


L'espèce  que  nous  décrivons  sous  ce  nouveau  nom  générique  a  été 
publiée  dans  le  premier  mémoire  sur  les  poissons  du  Liban  sous  le  nom 
de  Mesogaster  gracilis,  à  cause  de  sa  grande  ressemblance  avec  le  Meso- 


DU  MONT  LIBAN.  79 

gnster  sphyrœnoides ,  Agassiz.  Ce  genre  Mesogaster  a  été  caractérisé  par 
l'illustre  auteur  des  Recherches  sur  les  poissons  fossiles  comme  ayant  des 
ventrales  situées  au  tiers  antérieur  de  l'espace  compris  entre  les  pectorales 
et  l'anale,  et  une  dorsale  très-reculée.  11  le  plaça  dans  la  famille  des  Sphy- 
rénoïdes,  en  lui  supposanl  une  première  dorsale  épineuse  dont  il  n'avait 
pas  réussi  d'ailleurs  à  voir  de  traces.  Les  ressemblances  qui  existent  entre 
le  Mesogaster  sphyrœnoides  et  notre  espèce  purent  faire  supposer  que  cette 
dernière  avait  aussi  une  première  dorsale  qui  n'avait  pas  laissé  de  traces. 
De  nouveaux  échantillons  très-bien  conservés  dans  leur  région  dorsale 
nous  font  croire  maintenant  que  cette  première  nageoire  dorsale  n'a  ja- 
mais existé  chez  le  Mesogaster  gracilis.  Il  doit  donc  être  sorti  de  la  famille 
des  Sphyrénoïdes  et  transporté  dans  celle  des  Halécoïdes.  D'un  autre  côté, 
nous  avons  des  exemplaires  du  Mesogaster  sphyrœnoides  du  Monte  Bolca, 
dans  lesquels  nous  voyons,  le  long  du  dos,  une  longue  série  d'osselets 
porte-nageoire,  dont  les  antérieurs  et  les  postérieurs  soutiennent  deux  na- 
geoires. Dans  le  milieu,  les  rayons  manquent  et  l'on  ne  peut  savoir  si,  entre 
la  dorsale  antérieure  et  la  postérieure,  il  se  trouvait  des  rayons  qui  les 
unissaient  l'une  avec  l'autre,  ou  si  elles  étaient  réellement  discontinues. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  là  une  disposition  bien  différente  de  ce  que  l'on 
voit  dans  le  Mesogaster  gracilis,  et  nous  nous  croyons  suffisamment  auto- 
risés à  créer  pour  notre  espèce  un  genre  nouveau  que  nous  caractérisons 
comme  suit  : 

«  Poissons  allongés,  à  bouche  largement  fendue;  un  intermaxillaire 
étroit,  atteignant  à  peu  près  la  moitié  de  la  longueur  du  maxillaire,  qui 
est  beaucoup  plus  robuste  que  lui;  nageoire  dorsale  courte,  située  en  ar- 
rière du  milieu  du  corps  et  presque  opposée  à  l'anale;  ventrales  situées 
vers  le  milieu  de  la  distance  qui  sépare  les  pectorales  de  l'anale.  » 

En  supposant  même  que  les  Mesogaster  d'Agassiz  n'aient  point  de  na- 
geoire épineuse,  notre  espèce  en  différerait  encore  par  ses  ventrales  moins 
avancées  et  par  sa  dorsale  un  peu  moins  reculée. 


80  POISSONS  FOSSILES 

Opistopteryx  gracims,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  XI,fig.l.4.) 
Mesognster  gracilis,  Pictet,  1850,  Poissons  fossiles  du  Liban,  p   21,  pi.  III,  fig.  2. 

DIMENSIONS  : 

Longueur  approximative  (sans  la  queue)  100  mm. 

Longueur  de  la  tête 31 

Hauteur  du  corps  vers  son  milieu 12 

Formes  générales.  Ce  poisson  est  mince  et  allongé  ;  sa  hauteur  est  comprise  environ 
huit  fois  dans  sa  longueur  sans  la  queue. 

Tête.  La  lèle  est  grande;  elle  est  comprise  un  peu  plus  de  trois  fois  dans  la  longueur 
du  corps;  sa  plus  grande  hauteur,  qui  est  vers  son  milieu,  est  comprise  à  peu  près 
deux  fois  dans  sa  longueur.  Elle  parait  avoir  été  un  peu  déprimée.  La  bouche  est  large- 
ment fendue  ;  l'intermaxillaire  est  étroit  ;  le  maxillaire  supérieur  est  beaucoup  plus 
robuste  que  l'intermaxillaire,  placé  en  arrière  de  lui  et  deux  fois  aussi  long.  Le  maxil- 
laire inférieur  est  robuste,  et  dépasse  sensiblement  les  os  de  la  mâchoire  supérieure. 
Nous  n'avons  pas  aperçu  de  dents.  L'œil  est  situé  très-en  avant;  son  centre  correspond 
à  peu  près  au  tiers  antérieur  de  la  tête.  Les  pièces  operculaires  sont  peu  développées  ; 
l'opercule  est  étroit  et  arrondi  ;  sa  surface  porte  ijuelques  lignes  rayonnantes. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  vertèbres  très- 
courtes,  au  nombre  d'au  moins  55,  dont  environ  28  caudales.  Les  côtes  sont  fines  et 
nombreuses  ;  les  neurapophyses  et  les  hsemapophyses  sont  minces  et  très-incHnées  ;  on 
dislingue,  en  outre,  de  nombreuses  apophyses  rayonnantes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale,  i\ui  est  composée  de  rayons  mous,  a  son  ori- 
'gine  sensiblement  eu  arrière  tlu  milieu  du  corps;  elle  n'est  longue  que  d'environ  10 
millimètres  et  presque  deux  fois  aussi  haute.  Elle  est  portée  par  14  osselets  porte-na- 
geoire. La  nageoire  anale  a  son  origine  un  peu  en  arrière  du  milieu  de  la  dorsale;  elle 
est  un  peu  plus  longue  que  celle-ci,  soutenue  par  9  osselets  porte-nageoire  et  composée 
d'une  dizaine  de  rayons  écartés,  dont  les  plus  grands  ont  environ  15  millimètres  de  lon- 
gueur; les  trois  premiers  rayons  sont  petits  et  non  divisés.  La  caudale  manque  dans  tous 
nos  échantillons. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  portées  par  un  arc  fortement  courbé  ; 
elles  sont  assez  amples  et  composées  de  rayons  dont  les  plus  grands  ont  environ  15 
millimètres  de  longueur.  Les  ventrales  ont  leur  origine  sur  le  milieu  de  la  distance  qui 
sépare  les  pectorales  de  l'anale,  et  sont  portées  par  deux  os  en  forme  de  triangle 


DU  MONT  LIBAN.  81 

allongé  ;  elles  sont  plus  petites  que  les  pectorales,  leurs  plus  grands  rayons  n'ayant  que 
9  millimètres  de  longueur. 

Les  ÉCAILLES  n'ont  pas  été  conservées  sur  nos  échantillons. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI  XL  Fig.  1-3.  Opistoptcryx  gracilis,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  4.  là.  Restauration  du  squelette. 


Genre  RHIINELLUS,  Agassiz. 


M.  Agassiz  a  établi  le  genre  Rhinellus  pour  un  petit  poisson  du  mont 
Liban,  caractérisé  par  un  bec  allongé.  Il  rapportait  avec  doute  à  la  même 
espèce  la  partie  postérieure  d'un  autre  poisson,  et  il  en  concluait  à  l'exis- 
tence de  deux  dorsales  et  de  lignes  d'écussons  semblables  à  celles  des  Der- 
cetis.  L'un  de  nous  a  déjà  fait  remarquer,  dans  un  premier  mémoire  sur 
les  poissons  du  Liban,  que  l'association  de  ces  deux  fragments  est  erro- 
née; des  échantillons  complets  rapportés  récemment  nous  ont  prouvé  jus- 
qu'à l'évidence  que  le  Rhinellus  n'a  qu'une  seule  dorsale  et  que  la  portion 
postérieure  du  corps  que  lui  associait  M.  Agassiz  appartient  au  Dercetis 
tennis.  Pic  tel. 

Nous  pouvons  caractériser  le  genre  Rhinellus  comme  suit: 

«  Tête  allongée,  prolongée  en  un  bec  rappelant  celui  des  Belone.  Sque- 
lette grêle,  composé  de  vertèbres  nombreuses.  Nageoire  dorsale  courte,  un 
peu  en  arrière  du  milieu  du  corps  et  légèrement  en  arrière  des  ventrales; 
pectorales  assez  grandes;  anale  courte  et  rapprochée  de  la  queue;  celle-ci 
divisée  en  deux  lobes.  Écailles  très-imparfaitement  connues.  » 

Dans  le  mémoire  précité  sur  les  poissons  du  Liban,  l'on  a  fait  remar- 
quer qu'il  n'y  a  aucun  motif  pour  rapprocher  ce  genre  des  Dercetis  et  qu'il 
a,  au  contraire,  tous  les  caractères  des  Malacoptérygiens  abdominaux.  Ses 
principales  analogies  parurent  alors  être  avec  les  Esocides,  et  en  particulier 

11 


82  POISSONS  FOSSILES 

avec  les  Belone;  mais,  depuis  lors,  nous  avons  eu  des  échantillons  plus 
complets  qui  montrent  que  la  dorsale  est  moins  en  arrière  que  nous  ne 
l'avions  supposi',  et  qui  présentent,  d'un  autre  côté,  une  analogie  incontes- 
table avec  les  Opistopteryx.  Nous  [jr^tchoiis  donc  les  considérer  comme  un 
des  nombreux  membres  de  la  famille  des  Ilalécoïdes. 

En  plaçant  ce  genre  dans  la  famille  des  Ilalécoïdes,  nous  nous  trouvons 
en  désaccord  avec  M.  Giinther  qui,  au  sujet  de  la  description'  d'un  poisson 
{Plinihophonis  robustus)  de  la  craie  inférieure  de  Folkestone,  associe  le 
Rhinellus  avec  les  Dercélides  à  dorsale  courte.  Cette  divergence  provient, 
suivant  nous,  de  ce  que  M.  Giinther,  tout  en  admettant  en  partie  la  rectifi- 
cation faite  par  l'un  de  nous*,  n'en  a  pas  compris  toute  la  portée  et  semble 
croire  qu'elle  n'a  trait  qu'à  l'existence  d'une  seule  dorsale.  Celte  rectifica- 
tion avait  pour  but  essentiel  de  montrer  que  les  deux  fragments  figurés 
par  M.  Agassiz  n'appartiennent  pas  au  même  type,  que  par  conséquent 
le  fragment  de  la  figure  6  de  la  planche  68  b,  qui  montre  seul  des  séries 
d'écussons,  ne  peut  en  aucune  manière  prouver  l'existence  de  ce  caractère 
chez  le  Rhinellus,  et  (|u'au  contraire,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
tous  nos  échantillons  de  ce  dernier  genre,  dont  plusieurs  sont  bien  con- 
servés, en  sont  complètement  dépourvus;  il  ne  reste,  en  conséquence,  au- 
cun motif  pour  rapprocher  les  Dercetis  des  Rhinellus. 


Rhinellus  furcatus%  Agassiz. 

(PI  XI,  fig.  5  à  8.) 

Agassiz,  Poissons  fossiles,  tome  II,  partie  2,  p.  260,  pi.  58  /),  fig.  5,  non  fig.  G. 

Heckel,  Fische  Sjrriens,  p.  238.  La  pi.  2.3,  fig.  1,  qui  représente  le  Pyciwsterinx  Busseggerii,  contient,  sur 

la  même  plaque,  une  tête  du  Bhin.  furcatus. 
Pictet,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  44,  pi.  8,  fig.  3  et  4. 

Formes  générales  et  dimensions.  Nos  échantillons  les  mieux  conservés  ont  une  lon- 

'  The  geological  Magazine.  Sept.  1864,  p.  114,  pi.  6. 

*  Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  43. 

'  Nous  supposons  que  le  nom  spécifique  de  furcatus  a  été  tiré,  par  M.  Agassiz,  de  la  forme  de  la  cau- 
dale du  fragment  de  Dercetis  (fig.  G)  rapporté  avec  doute  au  Rhiuellus  (fig.  5).  Comme  ce  nom  n'est  pas 
en  désaccord  avec  les  caractères  du  Rhinellus,  nous  croyons  devoir  le  conserver. 


DU  MONT  LIBAN.  83 

gueur  de  100  n  110  millimètres;  mais  nous  avons  quelques  fragments  qni  indiquent 
une  taille  an  moins  double.  Dans  ceux  de  110  millimètres,  la  hauteur  du  corps  n'est 
que  de  G  millimètres.  La  longueur  de  la  tête  avec  le  bec  atteint  près  de  50  millimètres, 
c'est-à-dire  près  de  la  moitié  de  la  longueur  totale.  Ce  poisson  conserve  la  même  hauteur 
dans  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur  ;  c'est  aussi  celle  de  la  tête  à  sa  base. 

Tétp,.  La  tête  est  en  forme  de  triangle  très-allongé  ;  son  profil  antérieur  est  droit, 
ainsi  que  le  bord  supérieur  de  la  bouche.  Ce?  deux  lignes  convergent  en  avant,  de  ma- 
nière à  former  un  bec  très-effilé.  La  mâchoire  inférieure  est  également  très-étroite. 
Nous  croyons,  sans  pouvoir  l'affirmer,  que  les  deux  mâchoires  sont  d'égale  longueur. 
Ces  mâchoires  portent  sur  toute  leur  longueur  de  petites  dents  coniques  nombreuses 
et  serrées.  La  bouche  est  fendue  jusqu'en  arrière  de  l'œil.  Celui-ci  est  grand.  Les  pièces 
operculaires  sont  étroites  et  allongées  en  arrière. 

Colonne  épiniêre  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  vertèbres  minces  et 
assez  longues  ;  nous  n'avons  pas  pu  compter  leur  nombre  exact,  qui  ne  doit  pas  s'éloi- 
gner beaucoup  de  45.  Elles  portent  des  côtes  fines  et  des  apophyses  nombreuses,  lon- 
gues et  minces,  dirigées  en  arrière. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  située  sensiblement  en  arrière  du  milieu 
de  la  longueur  totale.  Elle  est  courte  et  paraît  composée  d'une  quinzaine  de  rayons 
mous.  La  nageoire  anale  est  située  sur  le  milieu  de  l'intervalle  qui  sépare  la  dorsale  de 
la  queue;  elle  est  soutenue  par  au  moins  10  rayons.  La  caudale  est  petite  et  divisée 
en  deux  lobes. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  longues  (15  millimètres)  et  composées  de  rayons 
minces  et  nombreux.  Les  ventrales  sont  situées  légèrement  en  avant  du  commencement  de 
la  dorsale  ;  nous  trouvons  toutefois,  sous  ce  point  de  vue,  entre  nos  échantillons,  quel- 
ques différences  qui  ne  tiennent  probablement  qu'à  des  accidents  de  fossilisation.  Dans 
celui  qui  a  été  décrit  dans  le  premier  mémoire,  l'origine  des  ventrales  correspond  pres- 
que exactement  à  celle  de  la  dorsale.  Dans  la  plupart  de  ceux  qui  ont  été  rapportés 
depuis  lors,  elle  est  de  4  millimètres  en  avant.  Ces  ventrales  sont  portées  par  un  bassin 
assez  grand  ;  les  nageoires  elles-mêmes  ne  sont  pas  considérables. 

Ecailles.  Les  écailles  manquent  presque  complètement  sur  nos  échantillons  ;  on  en 
distingue  cependant  sur  quelques-uns  des  fragments  disposés  en  séries.  Leur  surface  mon- 
tre des  traces  de  bo.sselures,  insuffisantes  pour  donner  une  idée  de  leur  ornementation. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  XI.  Fifj.  5  et  G.  Bhitiellus  furcatus,  Agassiz.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  7.  Id.  Restauration  du  squelette. 

Fig.  8.  U.  Mandibules  supérieure  et  inférieure  grossies. 


84  POISSONS  FOSSILES 


Genre  SPANIODON,  Pictet. 


Nous  rappelons  que  le  genre  Spanioilon  a  été  établi  dans  le  premier 
mémoire  de  l'un  de  nous'  sur  les  poissons  fossiles  du  Liban  pour  des 
poissons  de  la  famille  des  Halécoïdes,  Leur  squelette  est  grêle;  leurs  côtes 
sont  fines  et  nombreuses;  leur  mâchoire  supérieure  est  formée  par  des 
intermaxillaires  courts  et  forts  portant  un  petit  nombre  de  dents  longues 
et  en  forme  de  crochets,  et  par  des  maxillaires  allongés  et  peu  on  point 
dentés;  leur  mâchoire  inférieure  est  armée  comme  les  inlermaxillaires; 
leurs  rayons  branchiostègues  sont  nombreux,  et  leurs  nageoires  sont  dis- 
posées à  peu  près  comme  dans  les  Salmones  et  les  Clupes. 

Deux  espèces  avaient  été  décrites  dans  le  mémoire  précité.  Pour  l'une 
d'elles  (Span.  Blondelii),  nous  n'avons  rien  à  changer  à  la  description  ori- 
ginale; pour  l'autre  {Span.  elongalus),  de  nouveaux  échantillons  nous 
permettent  d'ajouter  quelques  détails,  principalement  en  ce  qui  concerne 
la  partie  postérieure  du  corps.  Nous  décrivons  en  outre  dans  ce  gein-e  une 
espèce  qui  avait  été  figurée  dans  le  premier  mémoire  sous  le  nom  de  Clu- 
pea  lata. 


Spaniodûn  Blondelii,  Pictet. 

Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  34,  pi.  5,  fig.  2,  3  et  4. 

Localité.  Sahel  Aima. 


'  Pictet,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  33. 


DU  MONT  LIBAN.  85 

Spaniodon  eloxgatus,  Pictel. 

(PI.  XII,  fiff.  1  et  3.) 
Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  35,  pi.  6,  fig.  1  et  2. 

Formes  générales  et  dimensions.  Nos  échanlillons  varient  depuis  une  longueur  de  170 
millimètres  jusqu'à  environ  250  millimètres.  Ils  sont  trés-allongés,  car  la  hauteur  de 
leur  corps  est  comprise  environ  dix  fois  dans  la  longueur  totale.  La  longueur  de  la  tête 
est  comprise  trois  fois  et  demie  dans  cette  même  dimension. 

Tête.  La  tête  est  longue,  amincie  en  avant,  sa  plus  grande  hauteur  étant  dans  sa 
partie  postérieure.  Le  profil  de  la  partie  supérieure  forme  une  ligne  droite  qui  continue 
celle  du  dos.  L'œil  est  situé  à  peu  près  vers  le  milieu  de  la  longueur  de  la  tête.  La 
bouche  est  peu  fendue;  elle  est  formée  par  un  inlermaxillaire  court  et  épais,  armé  de 
deux  on  trois  dents  longues  et  un  peu  arquées,  et  par  un  maxillaire  allongé,  sans  dents. 
La  mâchoire  inférieure  est  courte  et  robuste,  et  porte  trois  dents  en  crochet,  plus  fortes 
et  plus  grandes  que  celles  de  l'intermaxillaire. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Le  nombre  des  vertèbres  est  d'environ  58  (et  non  de  55, 
comme  on  l'avait  indiqué  par  erreur  dans  le  premier  mémoire).  La  région  caudale  est 
courte  et  composée  d'environ  20  vertèbres.  Toutes  les  apophyses  sont  grêles  et  nom- 
breuses; les  côtes  sont  très-fines  et  atteignent  le  bord  inférieur  de  la  cavité  abdominale. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  courte  et  composée  d'une  quinzaine  de 
rayons  mous  soutenus  par  un  nombre  égal  d'osselets  porte-nageoire.  La  nageoire  anale 
(qui  manquait  dans  nos  anciens  échanlillons)  est  un  peu  plus  longue  que  la  dorsale  et 
située  près  de  la  queue.  Elle  est  supportée  par  45  osselets  porte-nageoire,  et  composée 
d'un  nombre  un  peu  plus  considérable  de  rayons.  La  nageoire  caudale  est  médiocre  et 
profondément  partagée  en  deux  lobes  aigus. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  assez  grandes  et  composées  d'au  moins 
16  rayons  mous  assez  égaux  entre  eux.  Les  nageoires  ventrales  sont  petites  et  situées 
un  peu  en  arrière  de  l'extrémité  postérieure  de  la  dorsale. 

Nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  des  Ecailles. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  XII.  Fi(j.  1.    Spaniodon  élongaius,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 

Fig.  2.  Id.  Restauration  du  squelette. 


80  POISSONS  FOSSILES 

Spaniodon  brevis,  Pictet  et  Huinbert. 

(PI.  Xn,fig.3et4.) 
Clupea  laia,  Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  37,  pi.  7,  fig.  1.  —  Non:  Clupca  lata,  Agassiz. 

Formes  générales  et  dimensions.  Cette  espèce,  coinparée  aux  deux  précédentes,  frappe 
par  sa  brièveté  beaucoup  plus  grande,  sa  bauteur  étant  comprise  trois  fois  et  demie 
dans  sa  longueur  totale,  au  lieu  de  six  fois  comme  dans  le  Sp.  Blondelii  et  de  dix  fois 
comme  dans  le  5p.  elongatui.  Le  profil  de  son  dos  et  de  sa  tète  forme  une  ligne  très- 
peu  arquée.  Sa  plus  grande  hauteur  correspond  à  l'arc  pectoral. 

Tête.  La  longueur  de  la  tête  égale  à  peu  près  la  hauteur  du  corps.  Cette  tête  a  une 
forme  triangulaire  ;  sa  hauteur  décroil  uniformément  d'arrière  en  avant.  L'œil  est  situé 
un  peu  en  arrière  du  milieu.  Les  mâchoires  paraissent  composées  comme  dans  l'espèce 
précédente;  on  voit  quelques  fortes  dents  coniques  et  pointues,  mais  elles  ne  sont  plus 
en  place  et  sont  portées  par  des  os  brisés  qui  ne  permettent  pas  une  description  rigou- 
reuse. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  n'avons  pas  pu  compter  le  nombre  exact  des  vertè- 
bres ;  il  est  d'environ  45;  ces  vertèbres  sont  proportionnellement  beaucoup  plus  courtes 
que  dans  les  deux  autres  espèces.  Les  diverses  apophyses  sont  également  fines  et  nom- 
breuses; il  en  est  de  même  des  côtes,  qui,  comme  chez  les  antres  espèces  du  genre, 
s'étendent  jusqu'au  bord  inférieur  de  la  cavité  ai)doniinale. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  courte  et  située  un  peu  en  arrière  du 
milieu  de  la  longueur  totale;  elle  est  portée  par  17  ou  18  osselets  porte-nageoire. 
Uanale  est  située  fort  en  arrière  d'elle,  et  est  plus  rapprochée  de  la  caudale  que  des 
ventrales  ;  elle  est  moins  haute  «pie  la  dorsale,  et  nous  y  comptons  une  (juinzaine  d'os- 
selets porte-nageoire.  Nous  n'avons  aucun  échantillon  sur  lequel  la  caudale  soit  assez 
bien  conservée  pour  que  nous  puissions  apprécier  quelle  était  la  forme  de  son  extrémité. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  grandes  et  composées  d'au  moins 
16  rayons  mous;  ces  rayons  diminuent  d'une  manière  uniforme;  le  bord  postérieur, 
formé  par  leurs  extrémités,  est  droit.  Nous  pouvons  faire  remarquer  que,  dans  tous  nos 
échantillons,  ces  nageoires  se  présentent  étalées  et  dirigées  verticalement  en  bas.  Les 
nageoires  ventrales  sont  médiocres  ;  leur  insertion  est  un  peu  eu  arriére  du  milieu  de 
la  dorsale;  nous  voyons  toutefois  quelques  légères  différences,  à  cet  égard,  entre  nos 
différents  échantillons. 

Écailles.  Elles  sont  très-imparfaitement  conservées  ;  on  peut  constater  cependant 
qu'elles  étaient  grandes  et  que  leur  surface  était  bosselée  par  quelques  lignes  flexueuses. 


DU  MONT  LIBAN.  87 

Rapports  et  différences.  Dans  le  premier  mémoire  de  l'un  de  nous  sur  les  poissons 
du  monl  Liban,  celte  espèce  a  été  rapportée  à  tort  à  la  Clupea  lata,  Agassiz,  qui  est 
caractérisée  comme  elle  par  un  corps  dont  la  plus  grande  hauteur  est  vers  l'arc  |)ectoral. 
L'existence  de  grosses  dents  coniques  s'oppose  à  ce  rapprochement,  et,  après  un  nouvel 
examen,  nous  croyons  qu'elle  réunit  bien  plutôt  les  caractères  du  genre  Spaiiiodon,  en 
particulier  dans  la  forme  triangulaire  de  la  tête,  dont  la  ligne  du  profd  supérieur  est 
presque  droite,  dans  la  forme  de  la  grande  nageoire  pectorale,  el  surtout  dans  la  com- 
position des  mâchoires.  Un  squelette  grêle,  des  apophyses  minces  et  nombreuses,  des 
côtes  fines  entourant  toute  la  cavité  abdominale,  une  dorsale  courte  et  à  peu  près 
médiane,  avec  des  ventrales  situées  un  peu  en  arrière  d'elle,  etc.,  sont  des  caractères 
qui  conviennent  aussi  bien  aux  Spaniodon  qu'aux  Clupes.  Cette  espèce  se  distingue  des 
deux  autres  du  genre  par  son  corps  considérablement  plus  trapu. 

LoQALiTÉ.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 
PI.  XII.  Fig.  3  et  4.  Spaniodon  hrcvis,  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 


Genre  GHIROCENTRITES,  Ileckel. 


Le  genre  Chirocentriles  a  élé  établi  par  Heckel,  en  1849',  pour  des 
poissons  Téléosléens  de  la  famille  des  Halécoïdes  qui  rappellent  à  la  fois, 
et  jusqu'à  un  certain  degré,  les  Chirocentres  vivants  et  les  Thrissops,  au 
moins  le  Thrissops  formosus  d'Agassiz.  Ce  dernier  rapprochement  contri- 
buera probablement  à  fortilier  l'idée  que  ces  Thrissops  ne  sont  pas  des 
Ganoïdes,  mais  bien  de  véritables  Téléostéens. 

Le  poisson  que  nous  rapportons  à  ce  genre  est  trop  imparfaitement 
conservé  pour  que  nous  puissions  y  constater  tous  les  caractères  des  Chi- 
rocentrites;  mais  ceux  que  nous  avons  pu  observer  s'accordent  en  tous 
points  avec  les  descriptions  de  Heckel,  et  sont,  ce  nous  semble,  suffisants 

'  Heckel,  Beitràge  zur  Kenntniss  der  fossilen  Fische  Œsterreiclis,  p.  3. 


88  POISSONS  FOSSILES 

pour  laisser  singulièrement  peu  de  doute  sur  ce  rapprochement  géné- 
rique. I.cs  caractères  ([ui  justifient  ce  rapprochement  sont  surtout  tirés  de 
la  forme  des  nageoires  pectorales  composées  de  rayons  très-larges  et  tout 
à  fait  semhlables  à  ceux  des  Chirocentrites,  des  dentelures  probables  des 
pièces  operculaires,  de  la  disposition  des  vertèbres  et  de  leurs  apophyses, 
et  des  grandes  écailles  à  bord  arrondi. 

Le  seul  genre  qui  pourrait  nous  laisser  quelque  hésitation  est  celui  des 
Spathodactylus,  établi  par  l'un  de  nous'  pour  un  poisson  de  l'étage  néoco- 
mien;  mais  notre  échantillon  du  mont  Liban,  quoique  bien  conservé  dans 
la  région  dorsale,  ne  présente  aucune  trace  du  grand  rayon  isolé  des  Spa- 
thodactylus. Cette  circonstance  nous  parait  résoudre  la  question  en  faveur 
du  genre  Chirocentrites. 


Chirocentrites  libanicus,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  XIII.) 

Formes  générales  et  dimensions.  Le  corps  de  ce  poisson  présente  une  liauleur  de 
7  centimètres,  qui  paraît  se  continuer  d'une  manière  assez  constante,  et  ce  que  nous  en 
connaissons  indique  un  corps  allongé,  assez  semblable  à  celui  du  Chirocentrites  Coro- 
ninii,  Heckel.  La  longueur  entre  l'occiput  et  la  ^i™"  vertèbre  est  de  16  centimètres. 
Si  le  reste  du  corps  a  été  dans  les  mêmes  proportions  que  chez  l'espèce  précitée,  la 
longueur  totale  pourrait  être  estimée  à  environ  60  centimètres. 

Tète.  La  tête  est  très-mal  conservée.  Elle  paraît  avoir  été  un  pou  moins  obtuse  que 
dans  le  Ch.  Coroninii.  On  ne  voit  aucune  trace  de  l'œil,  et  il  est  impossible  de  rien 
dire  sur  les  pièces  de  la  bouche.  Le  seul  tait  que  l'on  puisse  constater  est  l'existence 
de  quelques  épines  qui  paraissent  avoir  bordé  le  préoperoule  ;  nous  n'avons  pas  cepen- 
dant une  certitude  complète  sur  ce  fait. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  ne  connaissons  que  les  'ii  premières  vertèbres  ; 
leurs  corps  sont  à  peu  près  aussi  hauts  que  longs  ;  ils  portent  des  neurapophyses  obli- 
ques, assez  robustes,  irrégulières,  avec  lesquelles  se  mêlent  plusieurs  traces  d'apophyses 
rayonnantes.  Les  côtes  ne  sont  conservées  que  dans  leur  partie  supérieure.  Toutes  ces 


'  F.-J.  Pictet,  Matériaux  pour  la  Paléontologie  suisse.  2""  série.  Description  des  Poissons  des  Voi- 
rons. 3""  partie,  p.  2,  pi.  1. 


DU  MONT  LIBAN.  89 

pièces  du  tronc  rappellent  beaucoup  par  leurs  directions  et  leur  complication  les  Halé- 
coïdes  vivants. 

Nageoires  pectorales.  Ces  nageoires  forment,  comme  nous  l'avons  dit,  la  pièce  la 
plus  importante  de  notre  poisson.  Elles  se  présentent  de  telle  manière  que  celle  de 
droite  est  entièrement  conservée  sous  forme  d'empreinte,  cl  que  celle  de  gauche  est 
réduite  à  quelques  traces  des  rayons  de  sa  base.  Les  rayons  conservés  de  la  nageoire 
droite  sont  très-larges  ;  ils  paraissent  l'être  davantage  que  dans  aucune  espèce  connue. 
Le  premier  a  été  en  partie  dépassé  par  le  second,  et  il  est  difficile  de  bien  distinguer 
ce  qu'il  faut  attribuer  à  l'un  ou  à  l'autre.  Celui  que  nous  considérons  comme  le  second 
parait  être  le  plus  considérable  de  tous  ;  il  a  une  longueur  de  55  millimètres  et  s'élargit 
uniformément  depuis  sa  base  jusqu'à  son  extrémité,  où  il  atteint  une  largeur  de  8  mil- 
limètres. Il  est  partagé  dans  sa  longueur  en  deux  surfaces  inégales  limitées  par  une  strie 
profonde  qui  forme  une  saillie  dans  l'empreinte.  L'area  antérieure,  qui  est  la  plus 
étroite,  présente  de  fines  stries  obliques;  la  postérieure  est  ornée  de  stries  longitudi- 
nales rayonnantes  inégales,  nulles  à  la  base,  au  nombre  de  trois  ou  quatre  principales 
un  peu  avant  le  milieu,  et  de  stries  accessoires  s'intercalant  entre  les  précédentes.  Sur 
l'area  antérieure  du  premier  et  du  second,  l'on  voit  en  outre  quelques  faibles  impres- 
sions transversales,  trace  des  articles  nombreux  qui,  dans  ce  genre,  bordent  l'extrémité 
antérieure  des  rayons.  Le  troisième,  le  quatrième  et  le  cinquième  rayons  sont  sembla- 
bles à  l'area  postérieure  du  second  ;  ils  vont  également  en  s'élargissant  vers  l'extrémité, 
mais  ils  diminuent  graduellement  de  longueur,  le  dernier  n'ayant  que  20  millimètres; 
ils  sont  de  même  divisés  par  des  stries  dont  les  principales  naissent  à  peu  près  vers  le 
milieu,  et  dont  les  accessoires  intercalées  sont  de  grandeur  inégale.  Après  ces  rayons, 
on  voit  des  traces  de  plus  en  plus  confuses  de  rayons  étroits  ;  il  nous  est  impossible  d'en 
compter  au  delà  du  huitième. 

Écailles.  On  voit  des  traces  assez  marquées  d'écaillés  qui  atteignent  une  hauteur  de 
8  à  9  millimètres;  leur  bord  paraît  arrondi,  et  elles  présentent  par  places  quelques 
traces  de  stries  rayonnantes  peu  distinctes. 

Localité.  Hakel.  Nous  n'en  connaissons  qu'un  seul  échantillon. 

Explication  des  figures. 
PI.  XIII.  Chirocentrites  lihanicus,  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 


12 


90  POISSONS  FOSSILES 


FAMILLE    DES    SILUROIDES 
Genre  COGCODUS,  Pictet. 

CoccoDus  ARMATUS,  Pictet. 

Pictet,  1850,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  51,  pi.  9,  fig.  9. 
Localité.  Hakel. 


FAMILLE'   DES  HOPLOPLEURIDES 


Le  groupe  des  Hoplopleurides  a  élé  établi  par  l'un  de  nous'  pour  des 
poissons  qui  manquent  en  général  d'écaillés  proprement  dites,  mais  qui 
sont  armés  sur  le  dos  et  sur  les  flancs  d'écussons  disposés  en  séries  (souvent 
au  nombre  de  cinq).  Leur  tête  est  en  général  allongée  et  armée  de  dents 
pointues  et  inégales.  Les  os  de  la  tête  sont  souvent  sculptés  ou  granuleux. 

Le  genre  le  plus  anciennement  connu  parmi  ceux  que  nous  lui  rappor- 
tons est  celui  des  Dercelis,  Ag. 


'  Nous  avous  intitulé  ce  paragraphe  Famille  des  Hoplopleurides ,  parce  que,  dans  le  présent  travail, 
nous  n'avons  jamais  discuté  les  caractères  des  divisions  supérieures.  Nous  considérons  cependant  ce  groupe 
comme  devant  former  un  ordre,  et  il  a  été  établi  comme  tel.  Il  y  aura  peut-être  lieu  une  fois  de  discuter 
s'il  doit  renfermer  une  seule  famille  ou  plusieurs.  Nous  avons  provisoirement  adopté  le  premier  de  ces  par- 
tis ;  cette  famille  unique  peut  donc  porter  le  nom  que  nous  lui  donnons  ici. 

*  Pictet,  F.-.T.,  Traité  de  Paléontologie.  2"'°  édition,  tome  H,  p.  213. 


DU  MONT  LIBAN.  91 

En  18i9,  Heckel  '  a  fait  connaître  sous  le  nom  de  Sauroramphiis  un  type 
très-remarquable  provenant  de  Comen. 

Le  premier  mémoire  de  l'un  de  nous  sur  les  poissons  du  Liban  (1850) 
y  a  ajouté  celui  des  Eurypholis,  qui  est  voisin  du  précédent. 

En  1863,  M.  von  der  Marck'  a  établi  le  genre  Leptotrachelus,  qui  se 
rapproche  des  Dercetis;  celui  des  Pelurgorhijnchus,  qui,  outre  des  écussons 
semblables  à  ceux  de  ce  dernier  genre,  porte  de  petites  écailles  et  a  une 
dorsale  très-développée,  et  celui  des  Ischyrocephalus,  qui,  à  certains  carac- 
tères des  Eurypholis,  en  joint  d'autres  qui  semblent  le  rapprocher  des  Sal- 
mones. 

M.  Gûnlher'  a  décrit  récemment  sous  le  nom  de  Plinthophorus  un  pois- 
son de  la  craie  inférieure  d'Angleterre,  plus  voisin  des  Eurypholis  que  des 
Dercetis,  mais  très-distinct  des  uns  et  des  autres. 

Les  rapports  de  ces  poissons  ont  été  diversement  appréciés.  M.  Agassiz, 
qui  ne  connaissait  que  les  Dercetis,  les  a  placés  dans  les  Ganoïdes;  mais  il 
ne  faut  pas  oublier  qu'il  étendait  les  limites  de  cette  sous-classe  bien  plus 
loin  qu'on  ne  l'a  fait  depuis  lors,  et  qu'il  y  faisait  rentrer  les  Sclérodermes, 
les  Lophobranches,  etc.  Heckel  a  soutenu  la  même  opinion  au  sujet  des 
Sauroramphus;  il  s'est  basé  pour  cela  sur  l'existence  de  quelques  carac- 
tères qui  ne  nous  paraissent  pas  avoir  la  portée  qu'il  leur  a  attribué. 
M.  Gûnther  est  resté  dans  le  doute;  il  pense  que  l'on  ne  peut  décider  si 
les  Plinthophorus  sont  des  Ganoïdes  ou  des  Téléostéens,  mais  que,  s'ils 
appartiennent  à  cette  dernière  sous-classe,  ils  sont  les  restes  d'une  famille 
éteinte  qui  n'est  plus  représentée  dans  le  monde  actuel.  M.  von  der  Marck 
attribue  h  la  sous-classe  des  Téléostéens  les  Ischyrocephalus,  mais  place 
ses  deux  autres  genres  dans  les  Ganoïdes.  Quant  à  nous,  nous  croyons  que 
tous  ces  genres  font  partie  d'une  même  division  ;  nous  nous  basons  sur  les 
grandes  analogies  que  présentent  dans  toutes  les  séries  d'écussons  et  sur 
les  transitions  qui  les  lient.  Nous  sommes  convaincus  qu'ils  appartiennent 
tous  à  la  sous-classe  des  Téléostéens,  et  cela  par  des  motifs  que  nous 

*  HecTcel,  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  fossilen  Fische  Œsterreichs.  Wien,  1849,  p.  17. 
-  Von  der  Marck,  Fossile  Fische,  Krebse  und  Pflanzen  aus  dem  Plattenkalk  der  jûngsten  Kreide  in 
Westphalen.  Palseontographica,  tome  XI,  1863-64. 
'  Giinther,  Geological  magazine,  1864,  p.  114,  pi.  VI. 


92  POISSONS  FOSSILES 

discuterons  en  traitant  des  genres  qui  sont  représentés  au  mont  Liban,  et 
en  particulier  au  sujet  des  Eurypholis.  Nous  combattrons  alors  l'opinion  de 
Ileckcl,  qui  place  parmi  les  Ganoïdes  le  genre  Sauroramphus,  genre  in- 
contestablement voisin  des  Eurypholis.  Quant  aux  Dercetis  et  aux  genres 
voisins  dont  les  détails  d'organisation  nous  sont  moins  connus,  nous 
croyons  qu'il  y  a  tous  les  motifs  pour  les  associer  aux  précédents. 

Nous  avons  été  confirmés  dans  notre  manière  de  voir  par  une  commu- 
nication que  nous  devons  à  la  complaisance  de  M.  le  professeur  Kœlliker. 
Cet  habile  micrographe  a  bien  voulu,  sur  notre  demande,  étudier  l'orga- 
nisation microscopique  des  os  et  des  écailles  des  genres  Eurypholis  et 
Leptotrachelus.  Il  nous  écrit  : 

1°  Que  les  os  des  Eurypholis  ne  contiennent  point  de  corpuscules 
osseux;  que  ces  os  sont  homogènes  et  ne  renferment  que  de  rares  canaux 
médullaires,  et  par-ci  par-là  des  lubes  ou  canaux  très-lins  (lepidine  tubes  de 
Williamson).  Cette  organisation  les  place  dans  la  première  catégorie  de 
poissons  établie  dans  son  mémoire'  sur  la  structure  microscopique  du 
squelette  des  poissons  osseux.  Cette  catégorie  contient  tous  les  Acanlho- 
ptérygiens,  sauf  un  petit  nombre  de  Scombéroïdes ,  les  Anacanthini,  les 
Plecfognathi,  les  Lophobranchii  et  une  partie  seulement  des  Phijsoslomi. 

2o  Les  os  des  Leptotrachelus  ne  contiennent  également  point  de  corpus- 
cules osseux,  mais  seulement  des  stries  parallèles  et,  en  quelques  endroits, 
de  petits  corps  de  la  grandeur  de  Omni,OOl  à  0mm,002,  qui  sont  peut-être 
occasionnés  par  des  tubes  analogues  aux  tubes  dentaires  que  l'on  trouve 
aussi  dans  beaucoup  d'os  de  poissons  Acanthoptérygiens.  M.  Kœlliker 
ajoute  qu'il  n'a  pas  pu  s'assurer  que  ces  parties  fussent  véritablement  des 
tubes.  Ces  Leptotrachelus,  et  par  conséquent  les  Dercetis,  rentrent  donc 
dans  la  même  catégorie  que  les  Eurypholis. 

Nous  nous  bornons  à  reproduire  ici  la  caractéristique  des  différents 
genres  que  nous  faisons  rentrer  dans  cette  famille,  nous  réservant  de  dis- 
cuter plus  loin  en  détail  les  affinités  zoologiques  de  ceux  qui  se  trouvent 
au  mont  Liban. 


'  Kœlliker,  A.,  Ucbcr  verschiedene  Typcn  in  dcr  raicroscopischen  Structur  des  Skelettes  der  Knochen- 
fische.  Verhandl.  d.  Wiirzburger  Gesellschaft,  tome  IX,  18  décembre  1858. 


DU  MONT  LIBAN.  93 

Genre  Dercetis,  kg.  —  Corps  allongé.  Dorsale  occupant  à  peu  près  toute 
la  ligne  du  dos;  anale  atteignant  la  moitié  de  cette  longueur;  pectorales 
très-grandes;  ventrales  courtes,  très-rapprochées  des  pectorales.  Trois  ran- 
gées d'écussons  osseux,  granuleux  à  leur  surface  extérieure,  en  forme  de 
cœur  de  carte. 

Genre  Leplotrachelus,  von  der  Marck.  —  Corps  allongé,  plus  étroit  dans 
toute  sa  partie  antérieure.  Dorsale  courte,  submédiane;  anale  courte,  pro- 
bablement à  égale  distance  de  la  dorsale  et  de  la  queue;  ventrales  situées 
sous  la  dorsale.  Cinq  séries  d'écussons  (trois  selon  M.  von  der  Marck),  dont 
une  dorsale  et  deux  sur  cbaque  flanc;  ces  écussons  sont  en  majorité  tri- 
cuspides,  quelques-uns  en  forme  de  coeur. 

Genre  Pelargorhijnchus,  von  der  Marck.  —  Corps  allongé  comme  celui 
d'une  anguille.  Dorsale  haute  et  très-longue,  naissant  un  peu  en  arrière 
du  milieu  du  corps  et  s'élendant  jusque  près  de  la  queue;  anale  courte, 
mais  assez  élevée,  située  très-près  de  la  queue;  caudale  peu  échancrée; 
pectorales  médiocres;  ventrales  situées  vers  le  milieu  du  corps.  Plusieurs 
rangées  d'écussons  en  forme  de  cœur  allongé,  entre  lesquels  on  remarque 
une  sorte  d'écaillure  formée  de  nombreux  écussons  très-petits,  serrés, 
rhomboïdaux. 

Genre  PUnthophorus,  Gûnther.  —  Corps  oblong.  Dorsale  courte,  sub- 
médiane; anale  courte,  un  peu  en  arrière  de  la  dorsale;  ventrales  sous  la 
dorsale.  Quatre  séries  d'écussons,  dont  deux  de  chaque  côté  ;  ces  écussons 
sont  osseux,  imbriqués,  en  forme  de  fer  de  lance,  non  écbancrés  en  arrière. 

Genre  Sauroramphus ,  Heckel.  —  Tête  rappelant  la  forme  de  celle  du 
Brochet,  quadrangulaire,  déprimée,  à  museau  allongé  et  aplati,  couverte  de 
granulations;  dents  petites,  égales,  sauf  quelques  antérieures  plus  grandes. 
Point  d'apophyses  rayonnantes  à  la  colonne  épinière.  Dorsale  médiocre, 
un  peu  en  arrière  du  milieu;  anale  un  peu  plus  longue;  pectorales  médio- 
cres; ventrales  un  peu  plus  rapprochées  des  pectorales  que  de  la  dorsale. 
Trois  (ou  cinq)  rangées  d'écussons  osseux,  dont  une  sur  le  dos,  une  de 
chaque  côté  sur  le  milieu  des  flancs,  et  probablement  encore  une  de  chaque 
côté  dans  la  région  ventrale;  les  écussons  de  la  rangée  dorsale  sont  ovales, 
au  nombre  de  sept  entre  l'occiput  et  la  dorsale;  celte  série  se  continue,  en 
arrière  de  la  dorsale,  jusqu'à  la  queue. 


94  POISSONS  FOSSILES 

Genre  EuryphoUs,  Pictet.  — -  Corps  prol)ablcnienl  aussi  large  que  haut, 
très-atlénué  en  arrière. Tète  grande,  formée  d'os  granuleux.  Bouche  grande, 
dents  nombreuses,  pointues,  inégales.  Vertèbres  antérieures  portant  des 
apophyses  rayonnantes  obUques.  Une  dorsale  presque  médiane,  courte; 
anale  à  peu  près  de  même  longueur;  caudale  très-homocerque,  à  rayons 
larges,  principalement  ceux  de  la  base.  Écussons  paraissant  disposés  sur 
trois  rangées,  dont  une  dorsale  et  deux  latérales  ;  rangée  dorsale  formée 
de  trois  écussons  ovales  entre  l'occiput  et  la  nageoire  dorsale;  écussons  des 
rangées  latérales  plus  ou  moins  échancrés  ou  anguleux. 

Genre  hchyrocephalus ,  von  der  Marck.  —  Corps  robuste,  comprimé. 
Bouche  fortement  fendue,  armée  de  dents  inégales,  dont  quelques-unes 
très-grandes.  Deux  dorsales  dont  la  première,  courte  et  haute,  est  située 
vers  le  milieu,  et  dont  la  seconde  est  adipeuse;  anale  longue;  caudale  à 
rayons  aplatis  comme  dans  les  Eurypholis;  pectorales  grandes;  ventrales 
petites,  situées  un  peu  en  avant  de  la  première  dorsale.  Une  série  de 
quatre  écussons  rhomboïdaux  entre  l'occiput  et  la  première  dorsale; 
M.  von  der  Marck  n'en  indique  point  d'autres. 


Genre  DERCETIS,  Agassiz. 


Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  la  caractéristique  du  genre  tel  que  nous 
l'avons  établie  ci-dessus  d'après  M.  Agassiz.  Nous  le  pouvons  d'autant  moins 
que  de  nouvelles  études  nous  ont  montré  que,  sur  les  trois  espèces  décrites 
dans  le  premier  mémoire  sur  les  Poissons  fossiles  du  Liban,  il  y  en  a  deux 
qui,  ainsi  que  nous  le  montrerons  plus  bas,  doivent  être  transportées 
dans  le  genre  Leptotrachelus;  ce  sont  les  D.  triqueler  et  D.  tenuis.  Nous 
maintenons  provisoirement  dans  le  genre  Dercetis  le  D.  linyuifer,  connu 
par  un  fragment  très-insulTisant  figuré  dans  le  premier  mémoire,  et  au- 
quel nos  nouvelles  collections  n'ont  rien  ajouté.  Nous  nous  basons,  pour 


DU  MONT  LIBAN.  95 

le  maintenir,  sur  deux  fails  :  l'un,  c'est  que  ses  écussons  sont  granuleux 
comme  dans  les  Dercelis;  l'autre,  c'est  qu'il  a  une  certaine  ressemblance 
avec  le  Dercelis  elongalus  représenté  par  M.  Agassiz  dans  la  fig.  5  de  sa 
pi.  66  a. 


DeRCETIS    LINGUIFER,    Pictct. 

Pictet,  1850,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  47,  pi.  9,  fig.  7  et  8. 

Localité.  Saliel  Aima. 


Genre  LEPTOTRACHELUS,  von  der  Marck. 
Leptotrachelus  triqueter,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  XIV,  fig.  lel  3.) 

Dercelis  triqueter,  Pictet,  1850,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  i7,  pi.  9, 

fig.  5  et  6. 

FoRiMEs  GÉNÉRALES.  Poisson  Irès-allongé,  dont  la  partie  la  plus  large  est  la  tête  ;  celle- 
ci  est  suivie  d'un  cou  très-nnince  dans  une  longueur  à  peu  près  égale  à  celle  de  la  tête; 
le  corps  va  ensuite  en  s'éiargissant  pendant  une  longueur  à  peu  près  égaie  ;  alors  com- 
mence la  plus  grande  largeur.  Avant  la  queue,  le  corps  redevient  plus  mince. 

La  description  originale  de  cette  espèce  avait  été  faite  d'après  un  échantillon  très- 
incomplet  ;  il  ne  nous  paraît  pas  impossible  aujourd'hui  qu'une  partie  au  moins  de  ceux 
qui  ont  servi  à  établir  le  Dercelis  lenuis  ne  soit  autre  chose  que  la  région  cervicale  du 
Lept.  Iriqueler.  Un  exemplaire  plus  complet  (figuré  pi.  XIV,  fig.  \),  en  nous  permettant 
de  nous  faire  une  idée  plus  exacte  de  l'ensemble  de  ce  poisson,  nous  montre  une  sin- 
gulière différence  entre  les  régions  antérieure  et  moyenne  de  la  colonne  épinière,  dif- 
férence tout  à  fait  semblable  à  celle  qui  a  été  signalée  par  M.  von  der  Marck  chez  le 
Leptotrachelus  armalus. 

Tête.  La  tête  est  triangulaire,  pointue,  environ  trois  fois  aussi  longue  que  large  ;  sa  plus 
grande  largeur  correspond  à  la  région  du  préopercule.  Les  deux  mâchoires  sont  droites 


96  POISSONS  FOSSILES 

et  minces;  elles  portent  de  petites  dénis  nombreuses,  dont  les  antérieures  sont  un  peu 
arquées.  On  voit  aussi  quelques  petites  dénis  sur  un  os  qui  nous  parait  être  un  ptéry- 
goïdien.  Les  rayons  hranchiostègues  sont  longs  et  minces.  Le  préopercule  est  aminci 
et  arrondi  en  arrière. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Les  vertèbres  du  cou  sont  grêles,  amincies  dans  leur 
milieu  et  profondément  cannelées;  les  suivantes  deviennent  de  plus  en  plus  épaisses  en 
conservant  toujours  ce  caractère  d'être  beaucoup  plus  larges  à  l'articulalion  (|u'au  mi- 
lieu. Les  côtes  sont  très-mal  conservées  ;  on  en  voit  quelques-unes,  minces  et  grêles, 
dans  la  région  du  cou.  Dans  la  partie  large  du  corps,  chaque  vertèbre  porte  une  forte 
neurapophyse  et  une  hœmapophyse  opposée.  On  remarque,  en  outre,  par  places  quel- 
ques petites  apophyses  trop  irrégulières  pour  qu'on  puisse  les  décrire. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  n'a  laissé  aucune  trace  sur  nos  échantillons. 
L'anale  est  courte,  située  fort  en  arrière,  mais  restant  toutefois  à  une  certaine  distance 
de  la  caudale.  Cette  dernière  ne  nous  est  pas  connue  d'une  manière  complète,  ses 
rayons  étant  brisés  et  contournés. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  situées  un  peu  en  arrière  de  la  tête 
et  paraissent  être  médiocres  ;  leurs  rayons  externes  sont  aplatis.  Nous  attribuons  aux 
ventrales,  sans  pouvoir  justifier  cette  opinion  par  des  preuves  complètes,  un  faisceau  de 
rayons  qui  sont  situés  au  commencement  de  l'élargissement  du  corps,  c'est-à-dire  à 
deux  longueurs  de  tète  de  l'occiput. 

Ecailles.  L'étude  de  nos  nouveaux  échantillons  nous  a  prouvé  que  les  écailles  sont 
plus  nombreuses  et  plus  variées  ipic  la  description  donnée  dans  le  premier  mémoire 
ne  pouvait  le  faire  supposer.  Ce  n'est  pas  toutefois  sans  grande  peine  que  nous  sommes 
parvenus  à  nous  rendre  compte  de  leur  disposition,  et  ce  n'est  pas  sans  quelque  hési- 
tation que  nous  en  donnons  la  description  suivante  : 

Ces  écailles  forment  cinq  rangées  au  moins  dans  certaines  parties  du  corps,  une  dor- 
sale médiane  et  deux  latérales  de  chaque  côté.  La  rangée  dorsale  n'a  été  observée  que 
dans  la  partie  antérieure  du  cou,  sur  une  longueur  moindre  que  celle  de  la  tête.  Les 
écailles  de  cette  rangée  sont  en  forme  de  fer  de  flèche  à  pointe  dirigée  en  avant  ;  les 
côtés  sont  arrondis  de  manière  à  ce  que  la  plus  grande  largeur  soit  un  peu  en  arrière 
du  milieu;  leur  extrémité  postérieure  estéchancrée  par  un  angle  aigu  ;  elles  se  terminent 
ainsi,  en  arrière,  par  deux  lobes  pointus.  Les  écailles  les  plus  visibles  sont  celles  qui,  dans 
les  échantillons  vus  par  le  dos,  constituent  la  ligne  externe  du  corps  et  qui,  par  consé- 
quent, occupaient  probablement  le  milieu  des  flancs.  Nous  pouvons  les  suivre  dans  toute 
la  longueur.  Elles  se  présentent  sous  la  forme  de  fers  de  flèche  tricuspides,  dont  une  des 
branches  est  dirigée  en  avant  et  dont  les  deux  autres  divergent  en  formant  un  angle 
obtus  ;  la  branche  antérieure  est  un  peu  plus  longue  que  les  autres  dans  toute  la  région 
comprise  entre  la  tête  et  les  nageoires  ventrales;  à  partir  de  là  et  dans  la  région  de  la 
plus  grande  largeur  du  poisson,  les  branches  latérales  tendent  à  prédominer,  surtout  la 


DU  MONT  LIBAN.  97 

branche  interne.  Entre  cette  rangée  et  la  rangée  dorsale,  on  en  voit  île  chaque  côté 
une  autre  composée  d'écaillés  plus  petites,  probablement  plus  délicates,  car  elles  sont 
moins  bien  conservées.  Ces  écailles  sont  également  en  fer  de  flèche  à  pointe  dirigée  en 
avant  et  munies  à  leur  base  de  deux  prolongements  divergents,  plus  courts  et  moins 
importants  que  dans  les  écailles  de  la  rangée  précédente.  Il  nous  est  impossible  de  savoir 
si  ces  rangées  étaient  situées  en  dessus  ou  en  dessous  des  latérales  principales. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  appartient  évidemment  au  genre  Leptotrache- 
lus.  Nous  devons  toutefois  faire  remarquer  que,  pour  une  identification  complète,  il 
nous  manque  la  connaissance  de  la  dorsale  et  la  certitude  que  le  faisceau  de  rayons 
attribués  aux  ventrales  représente  bien  ces  nageoires.  Nous  avons  pu  cependant,  jusqu'à 
un  certain  point,  suppléer  à  cette  lacune  par  l'étude  d'un  fragment  de  ce  même  gise- 
ment, qui  représente  peut-être  une  espèce  plus  grêle,  mais  dans  lequel  la  disposition 
des  écailles  est  tellement  semblable  à  celle  du  Lept.  (riqueler,  (|u'il  nous  paraît  tout 
au  moins  impossible  de  l'attribuer  à  un  autre  genre.  Dans  cet  échantillon,  la  dorsale  est 
représentée  par  une  série  de  rayons  peu  écartés,  grêles  et  au  nombre  d'au  moins  30; 
cette  nageoire  occuperait  à  peu  près  le  milieu  du  corps;  les  ventrales,  qui  sont  bien 
apparentes,  ont  leur  origine  à  niveau  du  huitième  rayon  visible  de  la  dorsale  ;  l'anale 
est  aussi  assez  bien  conservée. 

Il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  que  nos  échantillons  principaux  se  rapportent  bien 
au  D.  Iriqueter,  Pictet  ;  mais  nous  avons  eu  de  grandes  hésitations  au  sujet  d'un 
certain  nombre  d'autres  fragments  dont  nous  avons  été  obligés  de  négliger  une  partie. 
Il  en  résuite  que  nous  ne  pouvons  pas  décider  d'une  manière  certaine  si  le  D.  tenuis 
doit  être  conservé  ou  réuni  au  D.  iriqueter.  Nous  serions  disposés  à  prendre  ce 
dernier  parti  pour  l'échantillon  représenté  pi.  IX,  fig.  1  du  premier  mémoire,  et  com- 
prenant un  fragment  de  lèle  et  de  cou  qui  nous  paraissent  très-semblables  aux  régions 
analogues  du  poisson  que  nous  figurons  pi.  XIV,  fig.  1.  Nous  ne  serions  pas  éloignés 
de  considérer  l'échantillon  mince  et  allongé,  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus,  comme 
le  type  d'une  autre  espèce  plus  grêle,  qui  serait  le  D.  tenuis.  Quant  aux  fragments  repré- 
sentés dans  les  figures  2  et  3  de  la  planche  IX  du  preinier  mémoire,  nous  restons  dans 
le  doute  sur  l'espèce  à  laquelle  ils  appartiennent. 

Le  D.  linguifer,  par  son  corps  plus  large  et  ses  écailles  plus  minces  à  proportion 
et  plus  symétriques,  semble  être  bien  caractérisé  ;  toutefois,  depuis  que  nous  avons 
reconnu  combien  il  y  a  de  différences  entre  les  diverses  régions  d'un  de  ces  poissons, 
il  nous  est  venu  quelques  doutes  que  de  nouveaux  échantillons  plus  complets  pour- 
raient seuls  dissiper. 

Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures: 

PI.  XIV.  Fig.  1.  Portion  antérieure  du  Leptotradielm  iriqueter,  Pict.  et  Humb.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  2.  Portion  postérieure  d'un  autre  échantillon  de  la  même  espèce.  —  Musée  de  Genève. 

13 


9S  POISSONS  FOSSILES 

Leptoïrachelus  hakelensis,  Piclet  et  Humbert. 

{PI.  XIV,  fi(j.  .>./ 

Formes  générales  et  dimensions.  Nous  ne  possédons  qu'un  seul  échantillon  de  cette 
espèce  qui  n'est  pas  tout  à  fait  complet  dans  sa  partie  postérieure  ;  mais  comme  la 
colonne  épinière  se  prolonge  assez  en  arrière  de  la  nageoire  anale,  nous  pouvons  sup- 
poser qu'il  en  manque  bien  peu.  La  longueur  totale  de  la  partie  visible  est  d'environ 
50  millimètres  ;  la  tête  forme  un  peu  moins  du  quart  de  celte  longueur.  Nous  n'avons 
pas  le  contour  du  corps,  mais  nous  pouvons  supposer  que  ce  poisson  était  effilé  comme 
les  autres  espèces  du  genre. 

Tête.  La  tête  est  longue  et  étroite,  et  se  termine  en  avant  par  un  bec  très-mince  et 
Irès-pointu.  Sa  plus  grande  hauteur  est  à  niveau  du  bord  postérieur  de  l'œil  ;  le  milieu 
de  celui-ci  correspond  au  tiers  postérieur  de  la  longueur  de  la  tète.  La  bouche  est  fer- 
mée ;  nous  n'avons  pas  pu  voir  les  dents.  L'opercule  est  plus  long  que  haut,  faiblement 
acuminé  en  arriére,  et  parait  rugueu.x. 

Colonne  épinière.  Nous  n'avons  pas  pu  compter  exactement  le  nombre  des  vertèbres, 
qui  est  au  moins  de  50.  Ces  vertèbres  sont  assez  allongées. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  commence  à  peu  prés  vers  la  vingtième  ver- 
tèbre ;  elle  paraît  être  courte  et  composée  d'un  petit  nombre  de  rayons.  La  nageoire 
anale  commence  vers  la  (|uarantiéme  vertèbre  ;  nous  y  pouvons  compter  7  à  8  rayons. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  occupent  leur  place  normale  ;  les  ventrales 
sont  opposées  à  la  dorsale  ;  elles  sont  les  unes  et  les  autres  incomplètement  conservées. 

Écailles.  Nous  n'avons  vu  distinctement  que  deux  rangées  d'écaillés,  qui  se  trouvent 
en  dessous  de  la  colonne  épinière  ;  il  se  pourrait  cependant  qu'il  y  en  eût  un  plus 
grand  nombre.  La  rangée  inférieure  forme  une  série  continue  depuis  la  tête  jusqu'au 
milieu  du  corps  ;  nous  ne  pouvons  pas  savoir  si  elle  se  prolongeait  au  delà.  Les  écailles 
de  cette  rangée  sont  Iricuspides  ;  la  pointe  antérieure  est  la  plus  grande  ;  les  deux 
postérieures  sont  symétriiiues  et  assez  divergentes.  Les  écailles  de  l'autre  rangée  sont 
moins  bien  conservées  ;  elles  ne  se  voyent  que  par  places  ;  du  reste,  elles  paraissent 
être  semblables  aux  précédentes. 

Localité.  Ilakel. 

Explication  des  figures. 

PI.  XIV.  Fig.  -i  a.  Leptotrachelus  hakelemis,  Pictet  et  Humbcit.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  3  b.  Le  même  grossi. 


DU  MONT  LIBAN.  99 


Genre  EURYPHOLIS,  Pictet. 


Corps  probablement  aussi  large  que  haut,  très-atténué  vers  l'extrémité 
postérieure. 

Tète  grande  ;  la  surface  de  ses  os  ornée  de  granules. 

Bouche  occupant  la  moitié  de  la  longueur  de  la  tête,  largement  ouverte; 
dents  nombreuses,  pointues,  inégales. 

Colonne  épinière  composée  de  vertèbres  osseuses,  toutes  les  vertèbres 
antérieures  portant  des  apophyses  rayonnantes  obliques. 

Nageoire  dorsale  à  peu  près  médiane,  courte;  nageoire  anale  plus  basse 
et  à  peu  près  de  même  longueur. 

Nageoire  caudale  très-homocerque  et  remarquable  par  ses  rayons  larges, 
principalement  ceux  de  sa  base. 

Écailles  osseuses,  paraissant  disposées  sur  trois  rangées,  dont  une  dor- 
sale et  deux  latérales  allant  depuis  la  tête  jusqu'à  la  queue.  Les  écailles  de 
la  rangée  dorsale  sont  ovales,  très-granuleuses,  les  antérieures  étant  les 
plus  grandes  de  toutes;  les  écailles  des  rangées  latérales  sont  plus  ou  moins 
échancrées  et  anguleuses. 

Histoire.  Lorsque  ce  genre  a  été  établi  dans  le  premier  mémoire  de  l'un 
de  nous  sur  les  poissons  du  Liban',  ses  caractères  n'étaient  pas  aussi  com- 
plètement connus  qu'aujourd'hui;  en  particulier,  l'on  n'avait  pas  encore  eu 
la  queue  ni  les  rangées  latérales  d'écaillés. 

En  l'étudiant  sur  des  échantillons  plus  complets,  nous  avons  vu  qu'il  a 
de  très-grands  rapports  avec  celui  des  Sauroramphus  établi  en  1849  par 
Heckel  ',  et  par  conséquent  antérieur  d'un  an  au  genre  Eurypholis.  Tou- 

'  Pictet,  Description  de  quelques  poissons  fossiles  du  mont  Liban,  1850,  p.  28. 
'  Beitrâge  zur  Kentniss  der  fossilen  Fische  Oesterreichs,  p.  17,  pi.  6  et  7. 


100  POISSONS  FOSSILES 

telois,  malgré  l'analogie  inconleslable  (jui  existe  entre  ces  deux  genres, 
nous  croyons  devoir  conserver,  jusqu'à  plus  ample  information,  celui  des 
Eurypholis,  parce  ipi'il  y  a  entre  eux  et  les  Sauroramphus  des  diUérences 
d'une  certaine  importance,  comme  on  en  pourra  juger  par  l'analyse  sui- 
vante: 

1°  La  tête  des  Eurypholis  est  plus  courte  et  plus  grosse  proportionnel- 
lement que  celle  des  Sauroramphus;  elle  n'a  point  l'apparence  sauroïde 
de  ces  derniers,  et  ne  forme  point  ce  long  museau  aplati  qui  les  carac- 
térise. 

2°  Chez  les  Eurypholis  les  dents  sont  beaucoup  plus  inégales;  les 
plus  grandes  sont  réparties  sur  toute  la  longueur  des  mâchoires,  au  lieu 
de  ne  former  qu'un  crochet  vers  l'extrémité  antérieure  du  maxillaiie 
supérieur. 

3"  La  colomie  épinière  porte  dans  toute  sa  longueur  des  neurapophyses 
distinctes,  et  les  vertèbres  antérieures  ont  toutes  des  apophyses  latérales 
rayonnantes,  tandis  que  dans  les  Sauroramphus  les  vertèbres  antérieures 
ne  portent  ni  les  unes  ni  les  autres. 

4»  Les  vertèbres,  rélrécies  dans  leur  milieu  et  larges  à  l'articulation, 
sont  d'une  nature  évidemment  osseuse,  tandis  que  Heckel  donne  celles  du 
Sauroramphus  comme  cartilagineuses. 

Nous  considérons  ces  deux  genres  comme  devant  être  maintenus  l'un  et 
1  autre,  mais  comme  appartenant  à  la  même  famille  naturelle.  Or,  Heckel 
rapportait  ses  Sauroramphus  à  la  sous-classe  des  Ganoïdes,  opinion  qui 
avait  été  adoptée  par  l'un  de  nous'.  Il  nous  reste  à  dis'uter  les  motifs  qui 
pourraient  justifier  celte  manière  de  voir. 

On  sait  que  les  limites  de  cette  sous-classe  des  Ganoïdes  sont  très-diffi- 
ciles à  établir  pour  tous  les  poissons  dont  on  ne  connaît  pas  le  cœur,  et  par 
conséquent  pour  tous  les  poissons  fossiles.  Les  auteurs  sont  d'accord  pour 
considérer  comme  Ganoïdes  les  poissons  qui  ont  des  valvules  multiples. 
Mais  parmi  les  caractères  accessoires  et  les  caractères  extérieurs,  il  y  en  a 
qui  laissent  souvent  des  doutes.  Les  Sauroramphus,  non  plus  que  les  Eury- 
pholis, ne  présentent  parmi  ces  caractères  extérieurs  aucun  de  ceux  qui 

'   Pktet,  Traitr  de  l'aléoutologie,  t.  II.  p.  215. 


DU  MONT  LIBAN.  101 

sont  réputés  incontestables,  à  savoir  :  une  corde  dorsale  indivise  jointe  à 
un  squelette  osseux,  des  écailles  articulées  les  unes  avec  les  autres  par  un 
processus,  ni  des  fulcres  sur  les  rayons  des  nageoires. 

Le  caractère  sur  lequel  s'appuie  principalement  Heckel,  est  l'existence 
d'osselets  surapophysaires.  On  sait  que  M.  Âgassiz  a  donné  ce  nom  à  une 
série  d'osselets  qui  sont  compris  entre  les  neurapophyses  ou  les  hiemapo- 
physes  d'une  part  et  les  osselets  porte-nageoire  de  l'autre,  et  qu'il  les  con- 
sidère comme  un  caractère  certain  de  Ganoïde.  Mais  il  nous  parait  évident 
que,  si  l'on  compare  ces  osselets  tels  ({u'ils  ont  été  ligures  par  exemple 
dans  le  Plalysomus  '  avec  ceux  des  Sauroramphus,  l'on  reconnaîtra  qu'ils 
sont  bien  loin  d'avoir  une  signification  identique.  En  revanche,  l'on  trouve 
chez  plusieurs  poissons  vivants,  et  en  particulier  chez  des  Halécoïdes,  une 
organisation  tout  à  fait  analogue  à  celle  du  Sauroramphus  et  des  Eury- 
pholis. 

Nous  renvoyons  en  outre  à  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  (p.  91)  sur 
la  structure  microsco[)ique  des  os  des  Eurypholis,  telle  qu elle  lésulte  des 
recherches  de  M.  Kœiliker.  Cette  structure  ne  s'accorde  en  aucune  manière 
avec  celle  des  os  des  Ganoïdes,  et  présente  au  contraire  tous  les  caractères 
de  celle  des  os  des  Téléostéens. 

Il  est  un  autre  genre  avec  lequel  les  Eurypholis,  surtout  1'^.  longidens, 
ont  des  rapports  dont  il  nous  est  difficile  d'apprécier  complètement  la  portée. 
(]'est  celui  des  Ischyrocephalus,  établi  par  M.  von  der  Marck*.  Ces  poissons 
de  la  craie  de  Wesiphalie  ont,  comme  les  Eurypholis,  un  corps  robuste  et 
une  bouche  largement  ouverte  et  fortement  armée,  dans  laquelle  on  re- 
marque à  la  mâchoire  supérieure  (au  moins  chez  l'une  des  espèces)  une 
grande  dent  tout  à  fait  semblable  à  celle  de  YEurypholis  longidens.  Ils  res- 
semblent aussi  aux  Eurypholis  par  une  série  dorsale  d'écaillés  trapézoïdales 
couvertes  de  granules  disposés  en  lignes  rayonnantes;  seulement  ces  écailles 
sont  au  nombre  de  quatre  au  lieu  de  trois.  La  forme  et  la  position  des 
nageoires  sont  aussi  à  peu  près  les  mêmes  que  chez  les  Eurypholis,  et,  en 
particulier,  la  caudale  a  les  mêmes  rayons  aplatis.  En  même  temps,  ils 

'  Agassiz,  Poissons  fossiles,  tome  II,  pi.  D,  fig.  2. 

*  Palfeontographica,  tome  XI,  1863,  p.  28,  pi.  II,  fig.  2,  et  pi.  III,  tig.  4. 


102  POISSONS  FOSSILES 

paraissent  en  différer  par  plusieurs  caractères  importants;  ainsi  ils  ont  une 
naiicoire  adipeuse  dont  nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  chez  nos  Eury- 
fdiolis,  les  rangées  latérales  d'écussons  paraissent  manquer  complètement, 
et  les  os  de  la  tête  ne  sont  pas  décrits  comme  granuleux.  M.  von  der  Marck 
place  ces  poissons  dans  la  famille  des  Characins. 


EURYPHOLIS    BOISSIERI,    PictCt. 

(PL  XV  et  XVI.) 

Em-i/pliolis  Boi.ssieri,  Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  30,  pi.  4,  fig.  2,  3.  4. 
Enri/pholis  sitlcicktis,  Pictet.  Ici.  P- ^i  p'-  i,  fig-  '• 

dimensions: 

Longueur  totale,  environ 1 80  mm. 

Hauteur 30 

Formes  générales.  Ce  poisson  élail  probablemeni  cylindrique  el  même  un  peu  dé- 
primé ;  c'est  flu  moins  ce  (|ui  semble  résulter  du  fait  qu'une  grande  parlie  des  échan- 
tillons sont  fossilisés  en  étant  aplatis  sur  leur  dos  ou  leur  ventre,  et  que  parmi  ceux  qui 
sont  conservés  de  profil  il  arrive  rarement  que  la  ligne  médiane  corresponde  au  bord 
de  l'empreinte.  La  tête  est  grosse  par  rapport  à  l'ensemble  du  corps;  la  plus  grande 
hauteur  parait  être  immédiatement  en  arrière  d'elle,  et  depuis  là  le  corps  s'atténue  gra- 
duellement jusqu'à  la  queue,  dont  le  pédicelle  est  étroit. 

Tête.  La  longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  museau  jusqu'à  l'exlrémilé  posté- 
rieure do  l'opercule  égale  à  peu  prés  deux  fois  sa  hauteur,  et  forme  environ  un  tiers 
de  la  longueur  du  corps  sans  la  queue.  La  bouche  égale  la  moitié  de  la  longueur  de  la 
tèle.  Les  os  de  la  tête  sont  solides  ;  leur  surface  externe  est  couverte  de  granulations 
disposées  en  séries,  rappelant  beaucoup  sous  ce  rapport  l'organisation  des  Trigles 
(ex.  Tr'ujla  gurnardus,  L.).  Ces  granulations  sont  en  particulier  bien  visibles  sur  tous 
les  os  qui  forment  la  voûte  supérieure  du  crâne,  les  pièces  operculaires  et  les  mâchoires. 
L'œil  a  laissé  des  traces  peu  certaines  ;  il  paiail  avoir  été  silué  sur  le  milieu  de  la  lon- 
gueur de  la  lèle.  La  bouche  est  large  et  forlemcnt  armée.  Les  inlermaxillaires  sont  petits 
et  ne  forment  que  l'extrémité  du  museau.  Ils  ne  portent  qu'un  petit  nombre  de  dents.  La 
presque  totalité  de  la  mâchoire  supérieure  est  formée  par  le  maxillaire  ;  cet  os  est  presque 
droit,  ainsi  que  le  maxillaire  inférieur,  qui  est  plus  robuste  que   lui.  Les  dénis  sont 


DU  MONT  LIBAN.  103 

inégales  ;  chaque  mâchoire  en  porte  de  cliaque  côté  une  dizaine  de  grandes,  entre  les- 
quelles on  en  voit  de  nombreuses  plus  petites.  Celles  de  la  mâchoire  supérieure  sont,  en 
général,  un  peu  plus  robustes  et  un  peu  plus  courtes.  Celles  de  la  mâchoire  inférieure 
sont  plus  aiguës,  et,  près  de  l'extrémité  antérieure,  il  y  en  a  qui  atteignent  jusqu'à 
4  millimètres  de  longueur.  Ces  dents  sont  droites  ou  peu  arquées;  quelques-unes  sont 
lisses,  d'autres  sillonnées  de  stries  longitudinales,  et  d'autres  enfin  ont  des  cannelures 
bien  marquées. 

L'opercule  est  triangulaire  et  prolongé,  du  côté  postérieur,  en  une  pointe  aiguë  qui 
dépasse  l'arc  pectoral.  Il  est  orné  de  lignes  granuleuses  rayonnant  depuis  le  milieu  de 
sa  partie  antérieure.  Le  sous-operculc  est  ovale,  arrondi  en  arrière  et  orné  de  stries 
granuleuses  rayonnant  de  son  bord  antérieur;  il  ne  dépasse  pas  l'arc  pectoral.  L'inter- 
opercule  parait  être  une  petite  pièce  triangulaire.  Le  préopercule  se  présente  sous  la 
forme  d'une  pièce  robuste,  verticale,  étroite,  en  arrière  de  laquelle  se  trouve  un  espace 
granuleux  également  étroit.  Les  rayons  branchioslègues  sont  nombreux;  nous  en  comp- 
tons au  moins  14  ou  15  de  chaque  côté  ;  les  premiers  sont  minces  et  longs,  les  derniers 
plus  larges  et  plus  courts. 

Colonne  épinière  et  côtes.  La  colonne  épinière  est  composée  de  35  vertèbres  visibles, 
auxquelles  il  faut  en  ajouter  4  ou  5  cachées  parles  pièces  operculaires.  Elles  sont  très- 
étranglées  dans  leur  milieu  ;  à  en  juger  par  la  matière  qui  s'est  déposée,  les  cônes 
étaient  fort  grands  par  rapport  au  reste  des  corps  de  vertèbres.  Les  neurapophy«es  sont 
courtes  et  épaisses,  fixées  sur  la  partie  postérieure  du  corps  de  la  vertèbre  par  une  base 
élargie;  les  plus  courtes  et  les  plus  obliques  sont  sous  la  nageoire  dorsale;  celles  qui 
les  précèdent  sont  difficiles  à  voir;  elles  paraissent  être  plus  grêles  et  plus  longues;  les 
postérieures  sont  un  peu  relevées  et  médiocrement  fortes.  Dans  la  région  caudale,  les 
apophyses  inférieures  leur  sont  symétriques.  On  voit,  en  outre,  dans  toute  la  longueur 
de  la  colonne  épinière  deux  séries  d'apophyses  minces,  obliques  en  arriére,  que  nous 
n'avons  pas  pu  rétablir  d'une  manière  complète. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  a  son  premier  rayon  un  peu  en  avant  du 
milieu  de  la  longueur  du  corps  sans  la  queue.  Elle  est  courte,  et  ne  représente  à  peu 
prés  qu'un  huitième  de  celte  longueur.  On  y  compte  13  osselets  porte-nageoire,  et  13 
ou  peut-être  14  rayons  mous  qui  paraissent  avoir  élé  assez  allongés.  La  nageoire  anale 
est  un  peu  plus  longue  et  un  peu  moins  haute  que  la  dorsale.  Son  premier  rayon  est  à 
peu  prés  autant  en  arrière  de  la  dorsale  que  son  dernier  l'est  de  la  caudale.  Elle  a, 
comme  la  dorsale,  13  osselets  porte-nageoire  et  14  rayons.  La  nageoire  caudale  est 
assez  profondément  divisée  en  deux  lobes  peu  aigus;  elle  est  symétrique;  la  colonne 
épinière  s'y  termine  sans  presque  se  diriger  vers  la  partie  supérieure.  Les  rayons  prin- 
cipaux qui  aboutissent  à  la  pointe  de  chaque  lobe  sont  remarquablement  larges  ;  chacun 
d'eux  est  précédé  par  au  moins  une  dizaine  de  rayons  arqués  diminuant  graduellement 
en  avant  jusqu'à  devenir  très-petits,  et  contribuant  ainsi  à  arrondir  et  à  élargir  la  queue 


104  POISSONS  FOSSILES 

dés  sa  base.  Les  autres  rayons  diminuenl  graduellement  de  largeur  jusqu'à  la  ligne 
médiane. 

Nageoihes  paires.  L'arc  pectoral  se  termine  inférieurement  par  une  forte  pièce  osseuse 
triangulaire,  à  stries  granuleuses,  dont  la  partie  postérieure  forme  une  pointe  assez 
aiguë,  et  dont  la  partie  antérieure  s'appuie  sur  le  bord  postérieur  du  sous-opercule  et 
de  l'interopercule.  Nous  n'avons  pas  pu  voir  .si  la  partie  supérieure  de  cet  arc  porte 
aussi  des  prolongements  analogues.  Les  nageoires  pectorales  sont  petites.  Les  nageoires 
ventrales  sont  portées  par  deux  fortes  pièces  triangulaires,  élargies  en  avant,  qui  arrivent 
jusque  vers  la  pointe  postérieure  de  la  pièce  qui  termine  en  bas  l'arc  pectoral.  Nous 
n'osons  pas  affirmer  qu'elles  soient  en  contact  avec  cette  pièce,  comme  semblent  l'indi- 
quer quelques  écbanlillons.  La  nageoire  elle-même  est  grande,  et  paraît  avoir  été  com- 
posée de  rayons  très-longs  et  très-flexibles. 

Écailles.  L'écaillure,  qui  forme  un  des  caractères  les  plus  importants  de  cette  espèce, 
est  composée  de  trois  rangées  d'écaillés  disposées  l'une  sur  la  ligne  médiane,  et  les  deux 
autres  vers  le  milieu  de  chaque  flanc.  Celle  de  la  ligne  médiane  commence  immédia- 
tement en  arrière  d'une  pièce  osseuse  granuleuse  qui  parait  placée  sur  l'occiput  en 
dessus  de  l'arc  pectoral.  Elle  est  composée  seulement  de  trois  grandes  écailles,  très- 
apparenles,  remplissant  l'espace  compris  entre  cette  pièce  et  la  dorsale;  nous  n'avons 
aucun  motif  pour  supposer  que  d'autres  écailles  la  conlinuenl  en  occupant  l'espace 
compris  entre  la  partie  postérieure  de  la  dorsale  et  l'origine  de  la  caudale.  Ces  trois 
grandes  écailles  antérieures  sont  à  peu  firès  ovoïdes,  étant  un  peu  plus  atténuées  du 
côté  postérieur  que  de  l'antérieur;  leur  diamètre  longitudinal  atteint  à  peu  près  les  trois 
quarts  du  transversal,  qui  est  de  \i  millimètres  dans  l'écaillé  antérieure  de  nos  plus 
grands  échantillons  ;  cette  écaille  est  la  plus  grande,  et  la  troisième  est  la  plus  petite. 
Elles  sont  placées  de  telle  manière  que  la  pointe  postérieure  de  l'une  est  recouverte  par 
la  partie  antérieure  de  celle  qui  la  suit.  Leur  face  interne  est  lisse  ;  leur  face  externe 
est  ornée  de  granulations  disposées  en  lignes  concentriques  un  peu  confuses  vers  le 
centre  et  plus  régulières  sur  les  bords.  Elles  portent,  en  outre,  une  carène  longitudinale 
plus  man|uée  à  la  face  externe  qu'à  la  face  interne. 

Chaque  rangée  latérale  est  composée  d'au  moins  35  écailles  qui  commencent  en 
arriére  des  pièces  operculaires  pour  aller  également  jusqu'à  la  nageoire  caudale.  Elles 
sont  anguleuses  et  traversées  par  une  carène  oblique  ;  leur  bord  posiérieur  est 
échancré  et  divisé  en  deux  pointes,  dont  la  plus  aiguë  correspond  à  l'extrémité  de  la 
carène;  dans  les  antérieures,  le  diamètre  transversal  dépasse  un  peu  le  longitudinal  ;  le 
contraire  a  lieu  pour  les  postérieures  qui  sont  sensiblement  plus  étroites.  Leur  face 
interne  est  lisse,  et  leur  face  externe  granuleuse. 

Rapports  et  différences.  De  nouveaux  et  abondants  matériaux  nous  font  croire  aujour- 
d'hui que  l'on  ne  doit  pas  séparer,  ainsi  que  cela  avait  été  fait  dans  le  premier  mémoire, 
VEurypItolis  sidcidens  de  VEurypholis  Bomieri.  Cette  distinction  avait  été  basée  princi- 


DU  MONT  LIBAN.  105 

paiement  sur  les  dents,  sur  la  forme  du  museau  et  sur  la  position  de  la  dorsale.  Nous 
avons  reconnu  que,  lorsque  la  dentition  est  complète,  il  y  a  des  dents  lisses  et  des  dents 
sillonnées.  Nous  nous  sommes  assurés  aussi  que  l'échanlillon  unique  sur  lequel  avait 
été  établi  YE.  sulcidens  présentait  des  conditions  un  peu  anormales  sous  le  point  de  vue 
de  sa  dorsale,  qui  a  été  évidemment  poussée  en  avant  par  la  fossilisation.  On  trouve  la 
preuve  de  ce  fait  dans  la  direction  trop  verticale  des  premiers  osselets  porte-nageoire. 
Ce  même  poisson  ne  doit  l'apparence  obtuse  de  son  museau  qu'à  ce  que  sa  bouche  est 
fermée.  Les  différences  de  proportion  entre  les  trois  premières  écailles  dorsales  nous 
semblent  aussi  perdre  de  leur  importance  à  la  suite  de  comparaisons  plus  étendues. 

Quant  à  VE.  longidens,  c'est  une  espèce  bien  distincte,  comme  nous  le  montrerons 
plus  bas. 

Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures. 

PI.  XV.  Fig.  1.     Euri/plwlis  Boissieri,  Pictet.  —  Musée  de  Genève. 

Restauration  du  squelette. 
Les  trois  écailles  de  la  rangée  dorsale  ;  grossies. 
Quatre  écailles  d'une  des  rangées  latérales;  grossies. 
Trois  autres  échantillons.  —  Musée  de  Genève. 
Échantillon   vu  du   côté  du  ventre.  —  Communiqué  par 
M.  Gaudry. 
Fig.  4  b.  Id.  Écailles  delà  rangée  dorsale  du  même  échantillon;  grossies. 


EURYPHOLIS    LONGIDENS,    PictCt. 

(PI.  XVII.) 

Eunjpholis  longiâeiis,  Pictet,  1850,  Poissons  du  Liban,  p.  31,  pi.  5,  fig.  1. 
Isodus  sulcaius,  Heckel,   1843,  Fische  Syriens,  p.  241  (343),  pi.  23,  fig.  4. 

Dans  le  premier  mémoire  de  l'un  de  nous  sur  les  Poissons  du  Liban,  c'est  avec  quel- 
que hésitation  que  cette  espèce  avait  été  rapportée  au  genre  Eurypholis  ;  mais  l'étude 
de  nouveaux  matériaux  ne  nous  laisse  plus  de  doutes  à  cet  égard.  Nos  échantillons  ap- 
partiennent à  des  individus  de  dimensions  très-diflérentes,  dont  les  plus  grands  nous 
ont  servi  à  figurer  les  mâchoires,  mais  dont  aucun  n'est  suffisant  pour  nous  permettre 
de  reconstituer  la  forme  générale,  qui  n'a  pas  dû  s'éloigner  beaucoup  de  celle  de  VE. 
Boissieri. 

Tête.  La  tête,  vue  de  profil,  est  obtuse  et  présente  une  bouche  largement  fendue  et 

14 


Fig.  2. 

Id. 

Fg.  3  a. 

Id. 

Fg.  2  h. 

Id. 

Pl.XVI.Fig.  1-3. 

Id. 

Fg.  4  a. 

Id. 

\()C)  POISSONS  FOSSILES 

puissamment  armée  ;  vue  en  dessus,  elle  rappelle  un  peu  celle  d'un  Chabot  (Cottus 
gobio).  Les  pièces  operculaires  sont  régulièrement  arrondies  et  ornées  de  stries  rayon- 
nantes granuleuses  coupées  par  quelques  lignes  concenliiques.  Les  autres  os  de  la  tête 
paraissent  avoir  été  également  couverts  de  lignes  saillantes  granuleuses.  L'œil  est  situé  un 
peu  en  avant  du  milieu.  La  mâchoire  supérieure  est  formée  par  un  inlermaxillaire  court 
et  un  maxillaire  droit  et  allongé;  la  mâchoire  inférieure  est  beaucoup  plus  robuste  ;  ces  os 
son!  couverts  de  lignes  saillantes  longitudinales  granuleuses.  Les  dents,  qui  forment  un 
des  caractères  les  plus  remarquables  de  ce  poisson,  sont  disposées  comme  suit  :  L'inter- 
maxillaire  ne  porte  que  de  petites  dents  courtes  ;  le  maxillaire  est  armé  en  avant  d'une 
très-grande  dent  droite,  après  laquelle  viennent  des  dents  très-espacées,  d'autant  plus 
courtes  et  plus  larges  qu'elles  sont  plus  en  ariiérc;  entre  elles,  on  en  distingue  de  plus 
petites  intercalées.  A  la  mâchoire  inférieure,  on  voit  en  avant  une  ou  deux  petites  dents 
suivies  d'une  très-grande  ;  après  elle,  se  trouvent  six  dents  espacées  ayant  â  peu  prés  la 
moitié  de  la  longueur  de  la  grande.  Toutes  ces  dents  sont  droites  ou  faiblement  arquées; 
elles  sont  lisses  ;  quelques-unes  sont  striées  à  lo  base,  surtout  â  leur  face  interne. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Les  nouveaux  échantillons  que  nous  avons  eus  ne  nous 
ont  rien  appris  sur  la  colonne  épinière.  Nous  ne  pouvons,  pas  plus  que  dans  le  pre- 
mier mémoire,  estimer  le  nombre  des  vertèbres,  ni  la  disposition  des  côtes  et  des  apo- 
physes. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  est  haute  et  courte;  nous  y  comptons  16 
rayons  ;  ïanale  est  située  plus  en  arrière  qu'elle,  et  est  sensiblement  plus  longue;  nous 
y  comptons  au  moins  19  rayons.  Nous  attribuons  à  cette  espèce  une  caudale  bien  con- 
servée qui  est  identique  à  celle  de  l'échantillon  figuré  pi.  V,  fig.  1,  du  premier  mémoire. 
Elle  présente  les  mêmes  caractères  que  celle  de  VE.  Boissieri  de  Hakel,  étant  profon- 
dément divisée  en  deux  lobes  aigus  et  composée  de  rayons  plats  divisés  en  articles  rela- 
tivement assez  longs.  Dans  chaque  lobe,  le  plus  grand  de  ces  rayons,  c'est-à-dire  celui 
qui  forme  la  pointe  du  lobe,  est  en  même  temps  le  plus  large;  il  est  précédé  par  une 
dizaine  de  rayons  un  peu  sinueux,  convexes  en  avant  et  comme  imbriqués,  décrois.sant 
uniformément  jusqu'à  la  base  de  la  caudale. 

Nageoires  paires.  Nous  ne  trouvons  que  de  faibles  traces  des  nageoires  paires,  qui 
montrent  seulement  qu'elles  étaient  peu  développées. 

Écailles.  L'on  voit  sur  le  dos,  entre  l'occiput  et  la  dorsale,  quelques  débris  des  (rois 
écailles  caractéristiques  du  genre;  elles  sont  ovales  et  ornées  de  stries  rayonnantes  gra- 
nuleuses. On  aperçoit  également  les  traces  d'une  série  latérale  d'écaillés  qui  se  termine 
vers  la  queue  par  une  plaipie  triangulaire. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  se  distingue  clairemenl  de  la  précédente  par  sa 
dentition,  ainsi  que  par  la  disposition  des  granules  des  os  de  la  tête  et  des  écailles. 
Localité.  Sidiol  Aima. 


PI. 

XV IL 

Fig. 

I. 

Fig. 

2. 

Fig. 

3  et  4. 

Fig. 

5. 

DU  MONT  LIBAN.  107 

Eacplicatimi  des  figures. 

Eurypholis  longidens,  Pictet.  Tète  avec  la  bouclie  fermée.  —  Musée  de  Genève. 
Id.  Tête  avec  la  bouche  ouverte.  —  Musée  de  Genève. 

Id.  Mâchoires  inférieures.  —  Musée  de  Genève. 

M.  Moitié  antérieure  d'un  petit  échantillon  vu  du  côté 

du  ventre.  —  Musée  de  Genève. 
Fig.  a.  Id.  Queue.  —  Musée  de  Genève. 


FAMIT.T.E 


Genre  ASPIDOPLEURUS,  Pktel  et  Hiimberl. 


Nous  établissons  ici  un  genre  nouveau  qui  nous  paraît  suffisamment 
caractérisé,  mais  qui  s'éloigne  tellement  de  tous  les  types  décrits,  que  nous 
ne  pouvons  le  rapporter  à  aucune  famille  connue.  Nous  conservons  en 
même  temps  des  doutes  sur  la  possibilité  de  le  considérer  comme  consti- 
tuant une  famille  nouvelle. 

Ce  genre  peut  être  caractérisé  comme  suit  : 

Tête  triangulaire,  amincie  en  avant;  bouche  assez  ouverte,  armée  dans 
toute  la  longueur  des  os  maxillaires  de  dents  coniques,  pointues,  faible- 
ment arquées  et  inégales.  Pièces  operculaires  ornées  de  stries  rayonnantes. 

Nageoire  dorsale  médiane. 

Nageoire  anale  courte,  située  fort  en  arrière. 

Pectorales  grandes. 

Ventrales  (?). 

Caudale  (?). 

Deux  rangées  au  moins  d'écussons  plus  hauts  que  larges,  disposés  obli- 
quement, un  peu  imbriqués,  ornés  chacun  d'une  quille  médiane  horizon- 
tale dont  l'ensemble  forme  une  ligne  longitudinale;  le  reste  de  leur  surface 
est  ornée  de  lignes  saillantes  dans  des  directions  variées. 


108  POISSONS  FOSSILES 

Ainsi  ([Il 'on  le  voit,  il  nous  manque  quelques  données  pour  discuter 
complètement  les  rapports  de  ce  genre. 

1°  La  position  des  ventrales  est  douteuse. 

2°  Nous  ne  sommes  pas  certains  que  la  dorsale  ne  soit  composée  que 
de  rayons  mous,  quoi(|ue  certainement  ils  soient  biiuniués  à  partir  du 
troisième. 

3»  La  mâchoire  supérieure  nous  parait  composée  d'un  intermaxillaire 
et  d'un  maxillaire  situés  à  la  suite  l'un  de  l'autre,  mais  l'impression  de  ces 
deux  os  n'est  pas  assez  parfaite  pour  que  nous  n'ayons  aucun  doute  à  cet 
égard. 

En  revanche,  M.  Kœlliker  a  hien  voulu  nous  communiquer  sur  ce  pois- 
son, comme  sur  les  Hoplopleurides,  quelques  renseignements  précieux.  Il 
nous  écrit  : 

«  Les  os  de  ÏAspidopleurus  contiennent  de  belles  cellules  osseuses,  qui 
ont  les  caractères  de  celles  de  beaucoup  de  Malacoptérygiens.  Comme  les 
tubes  que  l'on  trouve  chez  les  Ganoïdes  manquent  complètement,  je  croi- 
rais que  ce  poisson  appartient  à  une  des  autres  familles  à  corpuscules  os- 
seux qui  composent,  dans  mon  mémoire',  la  seconde  division.»  Cette  di- 
vision comprend  les  Siluroïdes,  les  Cyprinoïdes,  les  Characins,  les  Mor- 
myres,  les  Salmones,  les  Clupes,  les  Murénoïdes,  les  Gymnotes  et  quelques 
genres  de  Scombèroïdes. 

La  famille  des  Scombèroïdes  ayant  des  représentants  dans  les  deux  divi- 
sions à  corpuscules  osseux  et  sans  corpuscules,  et  d'un  autre  côté,  les  écus- 
sons  de  l'Aspidopleurus  ayant  une  analogie  frappante  avec  ceux  de  la  ligne 
latérale  des  Caranx,  ne  se  pourrait-il  pas  que  notre  genre  dût  être  rap- 
proché de  cette  famille?  Il  faut  toutefois  remarquer  que  les  Caranx  se 
trouvent  précisément  dans  le  groupe  qui  n'a  pas  de  corpuscules  osseux. 

On  pourrait  aussi,  en  se  basant  sur  la  forme  de  la  bouche  et  des  dents 
et  sur  la  disposition  des  nageoires  connues,  trouver  des  analogies  entre 
l'Aspidupliuius  et  les  Ilalécoïdes  et  su|)poser  qu'il  a  formé  dans  le  voisi- 
nage de  cette  famille  un  type  cuirassé  qui  n'existe  plus  de  nos  jours. 


'  Kœlliker,  A.,  Ilebor  verschiedene Typen  in  dor  microscopischen  Structur  des  Skelettes  der Knochenfi- 
sche.  Vcrhandl.  d.  Wurzburger  Gesellschaft,  tome  IX,  18  décembre  1858. 


IH    MOM    LIBAN.  109 

AspiDOPLEURUs  CATAPHRACTUS,  Pictet  et  Humbert. 

(Pl.XriII,fig.J.) 

DIMENSIONS: 

Longueur  sans  la  queue 175  mm. 

Hauteur 30 

Formes  générales.  Ce  poisson,  qui  ne  nous  esl  connu  (|ue  par  un  échantillon,  est 
allongé;  mais  comme  il  n'est  vu  ni  de  profil  ni  tout  à  fail  horizontalement,  il  esl  diffi- 
cile d'apprécier  exactement  sa  forme.  On  peut  supposer  que  sa  largeur  était  à  peu  près 
égale  à  sa  hauteur. 

Tète.  La  tête  est  triangulaire,  amincie  en  avant;  sa  longueur  est  comprise  un  peu 
moins  de  3  Vj  fois  dans  la  longueur  du  corps  sans  la  queue.  L'œil  est  situé  un  peu  en 
avant  du  milieu.  La  bouche  est  assez  ouverte  ;  sa  longueur  égale  à  peu  près  la  moitié 
de  celle  de  la  lète  ;  les  os  ma.xillaires  sont  peu  courbés  et  portent  des  dents  coniques, 
pointues,  faiblement  arquées,  inégales  et  répandues  sur  toute  la  longueur  des  deux 
mâchoires.  L'opercule  est  terminé  en  arrière  par  une  pointe  médiocre  ;  il  est  orné  de 
stries  rayonnantes  très-prononcées  et  inégales,  et  d'une  carène  médiane  qui  aboutit  à 
sa  pointe.  Le  sous-opercule  est  arrondi,  et  ne  porte  que  quelques  stries  concentriques. 
L'inleropercule  est  triangulaire,  et  présente  aussi  quelques  stries.  Le  préopercule  est 
droit  et  étroit. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  comptons  environ  40  vertèbres  sur  lesquelles  il 
semble  yen  avoir  à  peu  près  14  caudales.  La  colonne  épinière  esl  presque  droite;  les 
corps  sont  rétrécis  dans  leur  milieu  ;  leur  longueur  est  assez  uniforme.  Les  neurapo- 
physes  sont  arquées  et  comprimées  dans  la  région  antérieure,  surtout  sous  la  dorsale  ; 
elles  sont  droites  et  obliques  dans  la  région  caudale.  On  aperçoit  aussi  les  hœmapo- 
physes,  les  côtes  et  de  nombreuses  apophyses  rayonnantes,  mais  ces  parties  sont  trop 
mal  conservées  pour  permettre  une  description. 

Nageoires  impaires.  La  nageoire  dorsale  esl  médiane  ;  son  premier  rayon  est  situé  à 
peu  près  à  la  même  distance  du  bout  du  museau  que  !e  dernier  l'est  de  l'origine  de 
la  queue;  sa  longueur  dépasse  un  peu  le  diamètre  du  poisson.  Cette  nageoire  semble 
composée  de  'i4  rayons  portés  par  un  nombre  à  peu  près  égal  d'osselels  porte-nageoire. 
Uanale  est  située  fort  en  arrière  ;  elle  est  très-courte,  et  n'est  portée  que  par  6  ou  7 
osselets  porte-nageoire.  La  nageoire  caudale  manque  sur  notre  échantillon. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  portées  par  un  arc  large  et  strié.  Elles 
ont  une  longueur  de  28  millimètres,  et  sont  composées  de  rayons  nombreux.  Des 


110  POISSONS  FOSSILES 

liaces  conl'uses  qui  se  remarfjueni  on  arrière  (J'elles  el  sciisilileinent  en  avant  du  niveau 
(lu  premier  rayon  de  la  dorsale,  pourraient  peut-être  se  rapporter  aux  ventrales. 

Écailles.  Chaque  flanc  porte  une  série  d'écaillés  osseuses  très-caractéristiques.  Elles 
sont  heaucouji  plus  liautes  que  larges,  obliques,  faiblement  imbriquées,  munies  dans 
leur  milieu  d'une  carène  saillante  qui,  en  correspondant  avec  celles  des  autres  écailles, 
l'orme  une  ligne  longitudinale  sur  toute  la  longueur  du  poisson.  Chaque  région  de 
l'écaillé,  en  dessus  el  en  dessous  de  celle  carène,  présente  des  stries  Irès-marquées, 
rayonnantes  el  granuleuses  sur  la  moitié  antérieure,  horizontales  sur  la  moitié  posté- 
rieure. Chacune  de  ces  écailles  a  son  bord  antérieur  parallèle  au  postérieur,  mais  celui-ci 
s'infléchil  vers  chaque  extrémité,  de  manière  à  les  rendre  pointues.  On  compte  une 
(|uarantaine  de  ces  écailles  dans  la  longueur  du  corps.  Nous  n'avons  pas  de  preuves 
suffisantes  qu'il  n'y  ail  pas  eu  d'autres  rangées  que  ces  deux-là. 
Localité.  Ilakcl. 

Explication  des  figures. 

PI.  XVIII.  Fiff.  1  a.  Aspidopkurus  cataphractiis,  Pictet  et  Humbert.  —  Musée  de  Genève. 

Fi;/.  1  h.  Id.  Quelques  écailles  d'une  des  rangées  latérales  ;  gi'ossies. 


FAMILLE   DES   SQUALIDES 


Genre  SCYLLIUM,  Cuvier. 


L'espèce  qui  l'ail  l'olyel  de  cette  description  appartient  au  genre  Srylllum 
tel  que  le  comprenait  Cuvier.  Si  nous  la  comparons  avec  les  genres  qui 
composent  aujourd'hui  la  famille  des  Scylliens  correspondant  à  ce  genre 
Scyllium  de  Cuvier,  nous  reconnaissons  que  ses  alTinités  probables  sont 
avec  les  Prisfiurus,  Bonaparte,  auquels  elle  ressemble  soit  par  ses  dents, 
soit  par  le  prolongement  de  son  museau,  qui  était  soutenu  par  des  tiges 
dont  on  voit  les  traces  sur  nos  empreintes.  Toutefois,  la  queue  man(|uanl 
sur  ces  échantillons,  il  nous  est  impossible  de  décider  s'ils  avaient  le  ca- 
ractère essentiel  du  genre,  à  savoir  la  dentelure  de  la  base  supérieure  de 


1)1    MONT  LIBAN.  I  1  1 

la  caudale.  Il  pourrait  se  l'aire  ainsi  que  noire  espèce  formât  un  f»roup(' 
ditîérent  de  ceux  du  monde  actuel,  et,  dans  le  doute,  il  nous  a  paru  pru- 
dent de  la  rapporter  au  genre  plus  étendu  dans  lequel  sa  place  est  incon- 
testable. 


ScYLLiUM  Sahel  âlm.ï:,  Pictet  et  Uumberl. 

(PI.  XVIII,  fi!j.3-i.) 

Formes  générales  et  dimensions.  Ce  poisson  est  assez  bien  conservé  clans  sa  partie 
antérieure  et  médiane  ;  mais  la  queue  manque  dans  nos  deux  échantillons.  Il  a  une 
longueur  d'un  peu  plus  de  6  centimètres  entre  l'extrémité  antérieure  des  appendices  du 
museau  et  la  fin  de  la  deuxième  dorsale,  ce  qui  lui  assignerait  une  longueur  totale  de 
10  centimètres  s'il  avait  les  mêmes  proportions  que  le  Prisliurus  melanostomus,  Bonap. 
Sa  plus  grande  largeur,  qui  correspond  à  la  région  de  la  mâchoire,  est  de  12  millimètres. 

Tête.  La  tète  est  remarquable  par  deux  prolongements  situés  en  avant  du  nez,  longs 
de  8  millimètres,  minces,  élargis  à  leur  base  et  filiformes  à  leur  extrémité  ;  ils  paraissent 
avoir  supporté  un  museau  triangulaire  dont  il  reste  des  traces  confuses.  Il  est  possible 
que  ces  prolongements  aient  été  au  nombre  de  trois,  comme  dans  le  PristUirm  melanos- 
tomus, mais  l'on  ne  peut  voir  les  traces  que  de  deux.  La  bouche  est  modérément  arquée, 
à  peu  prés  comme  dans  le  Scyllium  catulus.  formée  de  deux  mâchoires  assez  robustes, 
portant  de  petites  dents  coniques  munies  de  dentelons  à  leur  base. 

Colonne  épinière.  Elle  est  composée  de  vertèbres  plus  larges  que  longues,  au-dessus 
desiiuelles  on  voit  la  série  ordinaire  des  petits  cartilages  cruraux  et  intercruraux  (Aug. 
Duméril,  Hist.  natur.  des  Poissons,  tome  I,  p.  17).  Sur  les  côtés  des  premières  vertè- 
bres, on  voit  des  traces  confuses  des  arcs  branchiaux. 

Nageoires  impaires,  .\insi  que  dans  tous  les  Scylliens,  il  y  a  deux  dorsales,  dont  la 
première  est  située  en  arrière  de  la  ventrale.  Cette  première  dorsale  a  son  origine  au- 
dessus  de  la  vingt-septième  vertèbre  ;  elle  est  assez  longue,  mais  étroite  et  arrondie  à 
son  extrémité.  La  seconde  dorsale  est  située  non  loin  delà  première;  elle  est  un  peu 
plus  courte  et  un  peu  plus  large.  Nous  n'avons  pu,  ni  dans  l'une  ni  dans  l'autre,  voir 
de  trace  des  rayons  qui  soutiennent  ordinairement  ces  nageoires  ;  cela  tient-il  à  un 
défaut  de  conservation  ou  à  une  organisation  |)articulière?  C'est  ce  que  nous  ne  sau- 
rions décider.  L'anale  et  la  caudale  manquent. 

Nageoires  paires.  Les  nageoires  pectorales  sont  portées  par  un  arc  scapulaire  mé- 
diocre; leur  base  seule  est  conservée,  et  elles  ne  paraissent  pas  avoir  été  très-dévelop- 
pées.   Les  nageoires  centrales  sont  portées  sur  une  ceinture   pelvienne  un   peu  plus 


112  POISSONS  FOSSILES 

robuste  que  la  scapulaire  ;  elle  est  au  niveau  de  la  vingtième  vertèbre.  Les  rayons  parais- 
sent avoir  élé  au  nombre  de  17;  ils  sont  un  peu  plus  gros  que  ceux  des  pectorales,  et 
forment  une  surface  un  peu  plus  étendue. 
Localité.  Sahel  Aima. 

Explication  des  figures. 

PI.  XVIII.  Fig.  2  et  3.  Scyllium  SaM  Almœ,  Pictet  et  Hambert.  —  Musée  de  Genève. 
Fig-  4.  Id.  Restauration. 


Genre  SPINAX,  Ciivier. 
Spinax    PRiMyEviJS,   PicleL 

Pictet,  1850,  Poissons  fossiles  du  Liban,  p.  53,  pi.  X,  fig.  1-3. 
Localité.  Sahel  Aima. 


FAMILLE  DES   RAIIDES 


Genre  RIIINOBATUS,  Bloch. 


Nous  rapportons  an  genre  Rhinobatns  un  poisson  dont  nous  ne  possé- 
dons que  la  région  médiane  du  corps.  Cette  insuffisance  de  caractères  au- 
rait pu  nous  donner  quelque  hésitation  si  les  parties  visibles  n'étaient  pas 
aussi  identiques  qu'elles  le  sont  avec  celles  des  Rhinobates  vivants.  Ce  genre 
est  si  clairement  caractérisé,  que  nous  ne  croyons  pas  une  erreur  possible. 

Nous  sommes  plus  embarrassés  pour  le  comparer  au  genre  Spathobalis, 


DU  MONT  LIBAN.  113 

établi  par  Thiollière'  sur  un  poisson  des  calcaires  lithographiques  de  Cirin 
(département  de  l'Ain).  L'auteur  signale  quelques  faibles  difîérences  entre 
ses  Spathobalis  et  les  Rhinobatus,  difierences  sur  lesquelles  notre  échan- 
tillon ne  nous  fournit  pas  de  lumières.  Il  ajoute  même  qu'on  peut  douter 
que  les  Spathobatis  soient  génériquement  différents  des  Rhinobatus,  et 
que  c'est  par  déférence  pour  les  idées  reçues  sur  l'extinction  des  genres  de 
poissons  de  l'époque  secondaire  plutôt  que  par  une  conviction  basée  sur 
les  faits  qu'il  adopte  cette  séparation. 


Rhinobatus  Maronita,  Pictet  et  Humbert. 

(PI.  XIX.) 
DIMENSIONS: 

Largeur  au  niveau  de  l'arc  pectoral 1 15  mm. 

Largeur  des  ventrales 80 

Distance  de  l'arc  pectoral  à  l'arc  pelvien 40 

Formes  générales.  Si  l'on  compare  celle  espèce  avec  la  plupart  des  espèces  vivantes, 
on  esl  principalement  frappé  par  le  développement  des  ventrales,  qui  sont  larges  et 
longues,  et  qui  s'avancent  vers  les  pectorales  de  manière  à  être  recouvertes  par  l'extré- 
mité de  celles-ci,  en  sorte  que  le  contour  générai  est  plus  uniforme  et  présente  une 
échancrure  moins  grande  entre  les  nageoires  antérieures  et  les  postérieures. 

Colonne  épinière  et  côtes.  Nous  avons  sur  notre  échantillon  les  traces  de  45  vertè- 
bres, dont  \3  entre  l'arc  pectoral  et  le  bassin.  Les  corps  sont  bien  conservés,  très- 
distincts,  un  peu  amincis  dans  leur  milieu  et  faiblement  striés.  Les  cartilages  impairs 
(Duméril)  qui  occupent  la  place  des  apophyses  épineuses  ont  été  rejetés  sur  le  côté  par 
la  fossilisation  ;  ils  sont,  du  reste,  tout  à  fait  semblables  à  ceux  des  Rhinobates  vivants, 
et  leur  bord  supérieur  forme  une  ligne  parfaitement  droite.  Les  vingt  premières  vertè- 
bres qui  suivent  l'arc  pectoral  portent  des  pleurapophyses  ou  côtes  bien  développées, 
atteignant  une  longueur  de  vingt  millimètres,  sauf  les  dernières  qui  sont  plus  courtes. 

Nageoires  impaires.  Nous  n'avons  vu  aucune  trace  des  nageoires  impaires;  la  région 
qui  les  porte  chez  les  Rhinobates  vivants  n'est  pas  conservée  dans  notre  échantillon. 

'  Thiollière,  Sur  un  nouveau  gisement  de  poissons  fossiles  dans  le  Jura  du  département  de  l'Ain.  — 
Annales  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  histoire  naturelle  et  arts  utiles  de  Lyon,  1848;  p.  21  du 
tirage  à  part. 

15 


114  POISSONS  FOSSILES  DU  MONT  LIBAN. 

Nageoires  paires.  Les  pectorales  sont  longues  et  étroites  comme  chez  les  autres  Rhi- 
nobates.  L'arc  scapulaire  et  les  pièces  qui  portent  les  rayons  se  comportent  comme  chez 
les  espèces  vivantes.  La  nageoire  proprement  dite  e.sl  complète  en  avant  et  forme  en 
arriére  une  région  plus  étroite  que  dans  la  plupart  des  espèces  connues.  La  ceinture 
pelvienne  a  une  longueur  de  55  millimètres  d'une  de  ses  extrémités  à  l'autre,  en  sorte 
que  l'ensemble  des  deux  nageoires  ventrales  est  large,  mais  chacune  d'elles,  considérée 
individuellement,  est  formée  de  rayons  courts  et  par  conséquent  étroits.  Ces  nageoires 
sont  longues  et  portent  intérieurement,  vers  leur  extrémité,  des  appendices  semblables 
à  ceux  qui  caractérisent  les  mâles  dans  ce  genre. 

Localité.  Hakel. 

Explication  des  figures. 
PI.  XIX.  Bhinobattts  Maronita,  Pictet  et  Hurabert.  —  Musée  de  Geuève. 


Genre  GYCLOBATIS,  Egerton. 


Cyclobatis  OLiGODACTYLUS,  Egerton. 

Egerton,  1845,  Qiiarterly  Journal  of  the  geological  Society,  t.  I,  p.  225,  pi.  5. 
Pictet,  1850,  Poissons  fossiles  du  mont  Liban,  p.  55,  pi.  10,  fig.  4. 


Localité.   Hakel. 


-■at^tt-'i^j-' 


TABLE  ALPHABÉTIOFE  DES  ESPÈCES 


Pages 

Aspidopleurus  cataphractus,  Pict.  et  Humb   .  109 

Beryx  niger,  Costa 13 

»      syriacus,  Pict.  et  Humb 28 

»      vexillifer,  Pict 30 

Cheirothrix  libanicus,  Pict.  et  Humb 52 

Chirocenlrites  libanicus,  Pict.  et  Humb. ...  S8 

Clupea  Beurardi,  Biainv 70 

»      Bottae,  Pict.  et  Humb ,  .  64 

»       brevissima,  Biainv 61 

Gaudryi,  Pict.  et  Humb 60 

giganlea,  Heckel. 70 

lata,  Agassiz 68 

lata,  Pict.,  non  Ag 86 

laticauda,  Pict 69 

macrophthalraa,  Heckel 71 

minima,  Ag 65 

minima,  Pict.,  non  Ag 74 

sardinoides,  Pict 66 

Coccodus  armatus,  Pict 90 

Cyclobatis  oligodactylus,  Egerton 114 

Dercetis  linguifer,  Pict 95 

»      tenuis,  Pict 97 

»      tiiqueter,  Pict 95 

Eurypholis  Boissieri,  Pict 102 

»      longidens,  Pict 105 

»       sulcidens,  Pict. 102 

Iraogaster  auratus,  Costa 44 

Isodus  sulcatus,  Heckel 105 

Leptosomus  crassicostatus,  Pict.  et  Humb.  .  .  76 

»       macrourus,  Pict.  et  Humb 75 

Leptotrachelus  hakelensis,  Pict.  et  Humb.  .  .  98 


Page> 

Leptotrachelus  tenuis,  Pict.  et  Humb.   ...  97 

»      triqueter,  Pict.  et  Humb 95 

Mesogaster  gracilis,  Pict 80 

Oraosoma  Sach  el  Almœ,  Costa 45 

Opistopteryx  gracilis,  Pict.  et  Humb 80 

Osmeroides  megapterus,  Pict 78 

Pagellus  leptosteus.  Ag. 50 

»       libanicus,  Pict 50 

Petalopteryx  syriacus,  Pict 54 

Platax  minor,  Pict 48 

Pseudoberyx  Bottœ,  Pict.  et  Humb 34 

»      syriacus,  Pict.  et  Humb 33 

Pycnosterinx  discoïdes,  Heckel 38 

>      dorsalis,  Pict 41 

»      elongatus,  Pict.  et  Humb 42 

Heckelii,  Pict 40 

•       niger,  Pict.  et  Humb 43 

»      Russeggerii,  Heckel 41 

Rhamphornimia  rhinelloides,  Costa  .  .  (note)  24 

Rhinellus  furcalus,  Ag 82 

Rhinobatus  Maronita,  Pict.  et  Humb 113 

Scombroclupea  macrophthalma,  Pict.  et  Humb.  71 
Scyllium  Sahei  Alm*,  Pict.  et  Humb. .  .      .111 

Solenognathus  lineolatus,  Pict.  et  Humb.      .  56 

Spaniodon  Blondelii,  Pict 84 

»      brevis,  Pict.  et  Humb 86 

»       elongatus,  Pict 85 

Sphyr^na  Amici,  Ag 51 

Spinax  prirafevus,  Pict 112 

Vomer  parvulus,  Ag 50 


«-^s»t5*!às*3-a.-^ 


^lph,.Zuné2>  lukf 


Irr^r,  PiZtC  eà  GoiLqna^_  &enèse.-: 


BERYX   Syruidis.  Pictct    et  Humbcri. 


Pl.ll 


U  L, 


^ 


% 


J 


*  rj 


ff^, 


—^^ 
^■1^- 


.^ 


>M 


-Trmf 


Ki^.l.î  liliKV.V   vixillil.r.l'iclcl     Fiù  .  'I    (i.  l'SKI'DDIiKIlVX  svruicns.l'icl.,"- llumhcil   t-i^7  l'.SKrDOUKin.V  r.dlUr.l'.Hli. 


pim. 


U    b 


^ïph.  liijiùi^   Izch 


$C->!.. 


Fjo.U.7J'YC.\0ST?:R1NX  (lisr(.uirsJI,xkdJ-io.;^<^.lf'||,.,kHii,PK[H.F,^'j,  :,.<"..  O.  p.  cl,)n;.atu.s,  l'irlS-    H 


iitiibcrl 


PI.  I\' 


M 


\  '!!!0j 


•>^"**^ 


^  •-■"  "«S®5?^rj-3ïî;®^.rrSKSSriSS#Sw^^i«ss5:: 


r^^-^-^: 


^^     \v\     ^ 


-^îph.S'or.^l     7i^i. 


i-'io;  I-;!  Pi.A'i'AX'  iiiiiHii'.  Pu  ict -Fmv  .i-7.  soi,r:\o(;x.\Tiirs  li )iaius  Puioi  a- iiurni-cri 


^ 


':% 


ïl 


Lî        ^ 


■^ 


-Wi.;- 


h\ 


Xw  m 


A-, 

;î#S;  à.' 


\\\\ 


ri.vi 


'.^ 


"■^'!a 


'\r^' 


pm^M 


'H' 


■^. 


J 


_^^  Ittnel  Id 


7  UTe!  .^'  Q;zz^iu£/-ci,  o^nr^e. 


CI, l:  l'EA    brevissiiii  .1 ,    li  l.iiuv 


PL. vil. 


'«»«-e«**»i**#ft*ï9;»«ife*i*«^^ 


^^<( 


\ 


"^ 


""Wk 


,<^.,  '  .  V- 


Fii    I    f).  CLUPEA   BoUa;.    Pictel  8  Humbert._  Fié- 6.  CLIIPE A  lata.Aâassiz 


PL. VIII 


-V^c^î,  Zun^_  £i&i. 


CLUPEA    sardin  oide  s.   Pic  te  t. 


PL      I\. 


^'T?^77^ 


tî  ^,M(M^'4&--i<^^^ 


Tr  v  \ 


7. 


W^ 


■^ 


:-^y 


w 


f 


.^fy}à.IunH 


fm^.It/et  et  Citt^iîOLi'st.  OericuC^ 


SfOMBROCLUFEA   inat  iMsphlli.iliiia      (llV-ckcl)    Pic  I  el  &  HumbiT  I 


PL.X. 


:-.;»Ssav;î!5^3^g>S^g?4î:''?vJ 


;^7J■*i*-■^T*T»**l~«»**ïi=•0■0!WFI^*^;^i' 


^. 


J»al>#f 


*-^i^s|Sà^aS!S^»;,, 


j/if 


-/ffv'  File£t~  ^iuana  •-  ■' 


■i;;  1  4    l.TI'TOSOMrS  iiuirroiinis,  PicI -t  fi■Hllmbp^^  -  Fim  5  7   lEPTOSOMrS  crassicostaliis.  Pi-h-t  ftHunilu-rt. 


M 


X 


\ 


-^:-' 


U.         ■**; 


■   V  V    t    ^  f  i  I  1   ')  t  >  ^ 


iJv/x\i^.^)^hV\Xi,Vi 


^     l:-.-Z   //i* 


li-i.  1  4.  ol'lSKtl'l  i:i!Y.\  lira,  ilis.l'idei  fi  IIuihImim   -     \'\i    ôS.    liHINKLl-US    l'un  .uns  .  Aii.issi/. 


PL, 


\ 


A 


,  /ÇiK     ;.>• 


■t^: 


•#.   # 


J 


M. 

m 


I 


n 
o 

< 
■j: 

ai 


O 

< 


«N 

^ 


K 


<! 


S; 
s 


'.Û-- 


■f 


u 
c 


---■■.-^-'*?ê3ys^^«â^" 


73 


Mitt. 


,:--.  '*%-«: 


Z 
w 
o 
o 

X 

u 


l'I,  Xl\ 


^!ph^Li!.'-M  àth.. 


■//;  ^i^t  <£  Coit^nctrci.  ^^t/hc- 


Ki"    Ifl'J.    I.KI'IOTRAIHKMS     I  i  iqiicici  ,  l'icl.'t      _  Fio   ô     I.   luik.lc.Ms      l'ut    5  lluml, 
0  1  0 


M.^ 


W'p'.-'  ■'■■   '.  .' 


?>.r:ïr 


#^1*: 


^^-\? 


/^?^' 


m 


o 

pq 


PL  XVI. 


HKVriKII.IS      iîoissi.M-l      Plflrl. 


1    Wll. 


i:  1  m  nidi.is  i. i.icn-  i'ki, 


1'^ 


% 


'^ 


■'^m^iW 


tf 


-^       Ê 


PL  XIX. 


A^vh-Minél.  /i/à 


rjUXOli  ATI'S      iiKiinnil.i       Tic  tel    \\   lliimhrit  , 


ATTIRES  OUVRAGES  DE  M.  F.-J.  PICTET 

En  veme  à  Genève,  chez  H.  Georc.  —  A  Bâle.  chez  H.  Gicorg.  —  A  Paris,  rhez  J.-B. 
lÎAiLUKHE  et  fils,  hhraires  de  rAcade-niie  impériale  de  Médecine,  rue  Hautefeuille ,  19,  et 
chez  F.  Savy,  libraire  de  la  Sociélé>géologi(ine ,  rue  Haulefeuille ,  24.  —  A  Londres,  chez 
11.  BAH.i.ii'UiE ,  Reg»nl-Slreel,  219.  —  A  New-York,  chez  H.  Bailliére,  Broadway,  290. — 
A  Madrid,  chez  BAU.i.Y-BAiu,iicnE,  Galle  del  Principe,  11. 

Descuiption,    de   t^LEi.y'.K:?   POISSONS  FOSSILES  DU   MONT    LiBAN.    Genève, 
1850,  grand  in-é",  avec  10  planches.  15  francs. 


Matériaux  pour.  la.  Paléontologie  suisse,  paraissant  par  livraisons,  à  8  fr.  50. 

Première  Série.  Prix  relié  en  toile,  9.'>  francs.^ 

(Elle  contient.  Pictkt  et  Rknevier  :  Terrain  aptien,  40  francs.  —  Pictet,  Gaudin  et  de  la 
IIahpe  :  Animan.x  vertébrés  de  la  faune  éocène,  20  francs  —  Pictkt  et  Humbert  :  Chéloniens  de 
la  molasse,  SO  francs.  —  Id.  Description  d'une  Emyde  nouvelle,  5  francs.) 

Deuxième  Série.  Prix  relié  en  toile,  125  ffâncs. 

(  Ello  contient.  Pictkt  et  de  Loriot,  :  Description  des  fossiles  du  terrain  néocoraien  des  Voirons,  avec 
atlas,  f)0  francs.  —  Pictet  et  Campiciie:  Description  des  fossiles  du  terrain  crétacé  de  Sainte- 
Croix.  Première  partie,  80  francs. 

Troisième  Série.  Pri.x  relié  en  toile,  130  francs. 

(  Elle:  contirnt.  Picxet  et  Jaccard  :  Description  des  fossiles  de  l'étage  virgulien  du  Jura  neuchà- 
telois,  2()  francs.  —  Pictkt  et  Campiche  :  Description  des  fossiles  du  terrain  crétacé  de  Sainte- 
(;roix.  Deuxième  partie,  110  francs.) 

Quatrième  Série.  En  cours  dç  publication. 


TuArrK  DE  PALÉoVToi.oiiiE ,  OU  Histoirp  nalurelle  des  animaux  fcssiles,  2""'  édition.  Paris.  4  vol. 

8"  et  atlas  de  110  planches,  4°.  80  francs. 
ftlÉLA.vGES  l'ALÉo.NTOLOGiQUES.  1"  li\Taison,  avBC  8  planclics.  Genève  1864.  4°.  8  fr.  50. 

Hl.STOlItE   NATIIKE1.LE  DES    INJECTES   NÉVROPTICRES.   Geuève.    8°. 

Pi-eniiére  monographie.  Perlioes,  avec  53  [ilanches.  66  francs. 
Seconde  monographie.  Épiiéméuiues,  avec  47  planches.  60  francs. 

Kecumuches  pour  servir  à  l'histoire  et  à  l'anatomie  des  Phryganides.  1834.  4°.  Avec  planches 
coloriées.  40  francs. 

Descru-tion  de  (luelijues  nouvelles  espùces  de  Né\Toptères.  1836.  Br.  4°.  Avec  i  pi.  col.  2  fr. 

Noté  sur  les  organes  respiratoires  des  Capricornes.  183S.  Dr.  4".  Avec  1  planche.  1  fr.  50. 

N'oTicEs  SL'R  LES  .\mmai'x  Noi VEAUX  OU  PEU  co.^■^.s  DU  MusÉE  DE  Genève.  1'°  séi'ie  :  Mammi- 
fères. Livraisons  1 — 4,  avec  23  planches. -!^  francs. 

Descriptio.n  d'un  veau  mo.nstrueux,  formant  m  GEiïRE  nou..;au  (Hétéroïde).  1850.  4°.  3  fi-. 

Notice  sur  quelques  anomalies  de  l'organis.vtion  (Polypaçe  et  Pleuroméle).  1855.  4°.  Avec 
4  planches.  5  francs. 

Pictet  et  Roux.  Description  des  MoUusipies  fossiles  qui  se  trouvent  dans  les  grès  verts  des 
environs  de  Genève.  Un  volume  in-4°,  avec  51  planches.  GO  francs  (èjmisé). 


\     ' 


CENevE,  iiiriuHEniP  damiiOZ  et  sciiuciiardt