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Full text of "Numismatique de l'ancienne Afrique"

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NUMISMATIQUE 



DE 



L'ANCIENNE AFRIQUE 



OUVRAGE PREPARE ET COMMENCÉ 



par C. T. FAME et J. CHU. LLNDBERG, 



REFAIT, ACHEVÉ ET PUBLIÉ 



par L ICLLBR. 



DEUXIEME VOLUME. 



LES MONNAIES DE LA SYRTIQUE, DE LA BYZACÈXE 

ET DE LA ZEUGITANE. 



COPENHAGUE. 

IMPRIMERIE DE BIANCOLIJNO. 
PAI1 V. S. RUBLR. 

18(11. 



II. 



LES MONNAIES DE LA SYRTIQUE, DE LA BYZACÈNE 

ET DE LA ZEUGITANE. 



Préface de ce volume. 

Le manuscrit laissé par Lindberg embrasse les monnaies de la Syrtique et de la Byzacène, 
mais pour la Zeugitane, il ne contient que les commentaires de quelques pièces puniques attribuées 
à deux villes de cette province; mon savant devancier ne parvint pas à traiter des monnaies de Car- 
thage. Il en est de ce manuscrit comme de celui sur les monnaies de la Cyrénaïque; je n'ai été 
à même d'en adopter aucune partie, quel qu'ait été mon désir à cet égard; les raisons en ont déjà 
été indiquées dans la préface de cet ouvrage. Aussi ce manuscrit, qui a été écrit en 1842 et qui 
depuis Tan 1847 n'a subi aucune révision, aurait-il sans doute été refait ou changé sur des points 
essentiels par l'auteur lui-même, s'il lui avait été accordé de reprendre ses travaux, comme il se 
Tétait proposé. A la vérité ce volume contient plusieurs interprétations de légendes puniques qui 
sont les mêmes que celles de Lindberg; mais, pour la plupart d'elles, ce savant n'est pas le seul 
qui y soit parvenu, bien qu'il faille lui attribuer l'honneur d'avoir été le premier. Le nom de 
Sabrata avait déjà été découvert par Gesenius; Movers a de même déchiffré le nom de Leptis 
Magna, et M. Judas a trouvé les noms d'Oea, de Zitha, de Zuchis, de Macarée et d'Utique, sans 
avoir d'autre connaissance des recherches de Lindberg que celle que lui fournit l'annonce publiée 
en 1843 de cet ouvrage. Lindberg seul a indiqué le nom de la ville de Gercina et le titre de 
magistrat que nous présente sans doute une monnaie de Leptis. En admettant les interprétations 
que je viens de citer, j'ai tâché de les appuyer par des arguments nouveaux. Mais Lindberg a 
donné à plusieurs autres légendes puniques des explications que je regarde comme douteuses, ou 
auxquelles je n'ai pu adhérer; il en est ainsi des légendes inscrites aux monnaies dont nous avons 
traité dans l'appendice, et de celles qui sont ajoutées au nom de la ville sur les monnaies d'Oéa 
et de Sabrata 1 ); ensuite, dans son manuscrit, un nombre de monnaies puniques qui appartiennent 
sans doute à la Numidie et à la Mauritanie, comme nous tâcherons de le démontrer dans le pro- 
chain volume, sont attribuées à des villes dans les provinces dont il est question dans ce volume *), 
tandis qu'on n'y trouve pas les villes de Thœna, d'Alipota et de Tysdrus de la Byzacène, dont il 
existe apparemment des monnaies. Lorsque j'ai emprunté au manuscrit de Lindberg une explica- 
tion ou une remarque quelconque n ), j'ai toujours eu soin de le relever par la citation de son nom. 

Le catalogue des monnaies de ces provinces rédigé par Palbe, a été entièrement refait. 
Beaucoup de monnaies décrites sous des villes auxquelles, selon nous, elles n'appartiennent pas, 
ont changé de place ou ont été omises, tandis que des monnaies, insérées dans d'autres cahiers 

i) Voyex les pages 18, 24 et 31. 3) On en trouvera encore p. 26, 30, 32, 51, 53, 80-81 et 163. 

2) C'est à Stina (Iscina), Makuma, Copsa, Leptis Minor, Des explications que je n'ai pu admettre, sont citées 

Sullectis, Hadrumetnm et Cothon que ces monnaies ont p 19 note», p.22n.2, p.48n.4 et p.58n.i. 

été rapportées par Lindberg. 



VI 

du catalogue de Falbe, ont été adoptées; Tordre que j'ai suivi dans la disposition des monnaies, 
diffère du sien, surtout pour les monnaies de Carthage ; la description des types et des légendes a 
été faite par moi d'après les monnaies ou les empreintes mêmes; j'y ai enfin ajouté l'indication de 
la division et du système monétaires. Mais pour les poids, ainsi que pour les collections et les 
livres cités, je me suis servi du catalogue de Falbe, toutefois de manière à y admettre des raccour- 
cissements et des additions; parfois on rencontrera aussi des annotations dues à Falbe 1 ). < 

Ce qui depuis le temps d'Eckhel a été publié de nature à éclaircir les monnaies latines appar- 
tenant à ces provinces, est d'une importance peu essentielle, si l'on excepte les savantes observations 
communiquées par le comte de Borghesi dans les Décade numismatiche du Oiornale arcadico. Mais 
pour les monnaies puniques, l'étude en a fait pendant les derniers temps des progrès assez notables. 
Parmi les savants de différents pays qui, à partir de Gesenius, ont aplani la voie d'une explication 
mieux fondée des monnaies de ce genre, il faut surtout nommer l'allemand défunt, Movers, et 
M. Judas à Paris. Le premier de ces savants a aidé à répandre de la lumière à peu près sur 
toutes les parties de l'antiquité phénicienne par son ouvrage approfondi Die Phonizier, publié pen- 
dant les années 1841-1856. Nous devons à M. Judas d'avoir beaucoup contribué à une interpré- * 
tation plus juste des inscriptions puniques, soit en général, soit à l'égard des monnaies dont il 

9 

est question ici, d'abord par son Etude démonstrative de la langue phénicienne, publiée en 1847, 
puis par ses articles sur les monnaies de l'Afrique septentrionale avec légendes puniques, insérés 
dans la Revue numismatique française de l'année 1856. Quant aux monnaies de Carthage, on 
n'en a étudié qu'un nombre limité, celles à légendes puniques et frappées surtout en Sicile; la 
totalité des monnaies carthaginoises n'a été l'objet d'aucun travail spécial. 

Dans le catalogue des monnaies on trouvera des abréviations pareilles à celles qui ont été 
employées dans le I er volume. St., Dr., Ob. indiquent Statère, Drachme, Obole, les chiffres précé- 
dents, le multiple et la fraction de ces espèces, les mots abrégés suivants, le système monétaire 
auquel elles appartiennent (voir p. 134 et 136). Les chiffres placés en dernier lieu dans la descrip- 
tion de la monnaie, en présentent le poids en grammes français; l'astérisque y ajouté renvoie à la 
table supplémentaire des poids à la fin du volume. Pour les lettres À-E, par lesquelles la tête de 
la déesse est marquée dans le catalogue des monnaies de Carthage, il faut consulter le § 3 p. 112. 

Beaucoup de xylographies avaient déjà été exécutées sous la direction de Falbe d'après les 
monnaies de ce volume. Avant de les adopter, je les ai soumises à une révision détaillée ; une partie 
en a été rectifiée et une autre partie mise de côté; j'y ai en outre ajouté un nombre de nouvelles 
gravures en bois. 8 ) 

Copenhague, septembre 1861. w MvUp^ 



i) Voyex p. 72 et 116. 11 se trouve d'ailleurs des remarques a) Des gravures des monnaies contenues dans ce volume, 
concernant le catalogue de Falbe: p. 18, p. 22 note a, p. 35, les 384 sont anciennes, les 52 nouvelles; il y a eu 40 

p. 49, p.62, p.81-82, p.144, p.145-147 et p.l52note». d'écartées. 



VII 



Table des matières. 



LA SYRT1QUE. 

Page*. 

La province et les monnaies de la Syrtique 1 . 

K M 1-27. LEPTIS MAGNA 3. 

N" 28-37. OEA 15. 

K 0i 38-40. OEA, ZITHA et ZUCHIS 20. 

N 0- 41-45. OEA, MACARiEA et BILAN (?) 23. 

N°» 46-47. MACARiEA et BILAN (?) 26. 

K" 48-64. SABRATA 26. 

N° 65. GERG1S 35. 

Système monétaire de la Syrtique 36. 

LA BYZACÈNE. 

La province et les monnaies de la Byzacène 38. 

N" 1-4. THiENA 40. 

N° 5. ALIPOTA. (SULLECTI.) 42. 

N M 6-11. ACHULLA 43. 

N M 12-14. THAPSUS 47. 

K" 15-20. LEPTIS MINOR 49. 

N" 21-33. HÀDRUMETUM 51. 

N M 34-36. THYSDRUS 58. 

CERCINA 60. 

N M 37-39. Monnaies frappées par le préfet de la province 61. 

Système monétaire de la Byzacène 63. 

LA ZEUGITANE. 

La province et les monnaies de la Zeugitane 65. 

CARTHAGE. 

La ville et l'état de Carthage 66. 

Les monnaies carthaginoises et leur classification 70. 

N M 1-44. A. Tétradrachmes frappés par Carthage en Sicile 74. 

Commentaires aux monnaies précédentes 78. 



VIII 



Paf«a. 

B. Monnaies autonomes frappées principalement à Carthnge. 

N ea 45-83. Monnaies d'or, classes I-VH 84. 

N" 84-130. Monnaies d'argent, classes I-VIII 87. 

N" 131-318. Monnaies de bronze, classes I- IX 92. 

§ 1. Motifs de la classification à Carthage des monnaies précé- 
dentes 104. 

§ 2. Les lieux d'émission 107. 

§ 3. Les types principaux et le style 110. 

§ 4. Les types accessoires 118. 

§5. La légende des n oa 76 et 127 122. 

§ 6. Les noms abrégés, les lettres isolées, récriture 126. 

§ 7. Différentes autres marques 129. 

§ 8. Le titre de l'or et de l'argent 131. 

§ 9. Le système monétaire 133. 

§ 10. Époques de l'émission 141. 

§11. Motifs de l'ordre suivi dans la classification 143. 

Monnaies autonomes dont l'attribution à Carthage est incertaine ou 

inadmissible 144. 

N" 319-329. carthage, colonie romaine 148. 

N" 330-340. CLYPEA 155. 

N M 341-373. UT1CA 159. 

N 0i 374-379. HIPPO DIARRHYTUS 167. 

N 0i 380-392. L. CLODIUS MACER f 170. 

Système monétaire de la Zeugitane à l'époque romaine . . . . 175. 

APPENDICE. 

N ai 1-16. Petits bronzes phéniciens au type d'un crabe 178. 



Table du système monétaire de Carthage 184. 

Table supplémentaire aux poids des monnaies 185. 



/ 



LA SYRTIQUE. 



Syrtica, y Ivçrixj, est le nom par lequel les Romains et les Grecs désignaient le conti- 
nent situé entre les deux Syrles, c'est-à-dire depuis le cap Céphalé ou l'extrémité occidentale de 
la grande Syrte jusqu'au cap Zitha, où commençait la petite Syrie. 1 ) Sous les empereurs romains 
le pays, devenu province séparée, à dater probablement du 3 e siècle, reçut d'après ses trois villes 
principales, le nom de Tripolitana, d'où le nom actuel de Tripoli tire son origine. La limite 
de cette province romaine s'étendait vers l'ouest jusqu'à la rivière du Triton qui formait les lacs 
de Libya palus, de Pallas et de Triton. Le littoral était sablonneux et non très fertile, à l'excep- 
tion du district oriental sur la rivière du Cinyps. 

Les habitants aborigènes de ce pays, comme dans toutes les régions septentrionales de 
l'Afrique, étaient le peuple auquel les anciens donnèrent le nom de Libyens, et les Arabes celui 
de Berbères 9 ), peuple qui a été primitivement d'un teint blanc, à ce qu'il semble, mais qui dans 
un très ancien temps a mêlé le sang avec celui des races d'un teint foncé, immigrées dans le 
pays de la haute Egypte et de l'Ethiopie. B ) Les tribus qui demeuraient le plus près de la côte, 
étaient agricoles, tandis que celles de l'intérieur, qui appartenaient principalement aux peuples 
immigrés du sud-est, menaient la vie nomade. Ces peuples africains avaient admis dans leur sein 
des Cananéens émigrés, qui, expulsés en partie par les Israélites, lors de la conquête du pays par 
Josué 4 ), étaient venus se joindre à eux en traversant l'Egypte et en longeant la côte; ils furent 
enfin suivis par les Phéniciens qui par la voie maritime se rendirent en Afrique, pour y fonder des 
colonies. Ce peuple, composé d'Africains indigènes mêlés avec des Cananéens et des Phéniciens 
immigrés, reçut des anciens auteurs le nom de Liby- Phéniciens. 5 ) 



i) Le pays a été décrit par Strabon, Ptolémée, Mêla et 
Pline. Parmi les auteurs modernes qui nous en font 
la description, voici les plus importants: Mannert, Géogr. 
anc. par Marcus, p. 129suiv. ; Forbiger, Handbuch d. ait. 
Geogr. II p. 832 suiv. ; Barth, Wanderungen durch die 
Kûstenlânder d. Mittelmeeres I p. 267 suiv. ; Mo vers, Die 
Phônizier II B. 2 Th. p. 462 ff. 

3) Dans les traditions généalogiques des berbères, recueil- 
lies et publiées par Ibn Kaldun, ils sont désignés par 
le nom de Bcranis. Les peuples berbères se donnèrent 
à eux-mêmes le nom de Meurigh ou d'Amazigh qui signi- 



fie les hommes libres ou indépendants. Voir Movers 
Die Phônizier II B. 2 Th. Gap. VIII p. 363 suiv., et Kenrick 
Phœnicia p. 138 suiv. 
8) Dans les traditions berbères que nous venons de men- 
tionner, ces peuples ont été nommés Al Butor, descen- 
dant de l'immigré Kaîs, qui est probablement le même 
que Ouech, Al&ioty, dont il est dit qu'il se mariait avec 
Tamazight, personnification des Berbères. Movers 1. c. 
p. 371-389. 

4) Movers 1. c. p. 413-435. 

5) Movers 1. c. p. 435 suiv. 

1 



2 LA SYRTIQUE. 

La Syrtique était une de ces parties de la côte africaine qui de très bonne heure eurent 
part à la civilisation des Phéniciens. 1 ) Parmi les colonies fondées par ces derniers, celles de 
Leptis, d'Oéa et de Sabrata s* élevèrent, par le trafic avec les peuples de l'intérieur, à un état de 
prospérité qui en -fit des villes florissantes; elles reçurent par suite de leur commerce le nom 
d'Emporia ou d'Emporia puniques, dénomination quelles partageaient avec les villes maritimes 
autour de la petite Syrte. À dater du 6 e siècle, la Syrtique était soumise à Carthage. Cet état 
exerçait par sa domination une influence oppressive et onéreuse sur le pays, en imposant aux 
villes une contribution très élevée, et en s'emparant de leur trafic maritime, pendant qu'elle tâchait 
d'éloigner tous les peuples étrangers. Le pays, isolé par cet état des choses, était par conséquent, 
durant la période carthaginienne , très peu connu des Grecs et des Romains. 

Dès que Carthage eut succombé aux Romains, il parait que la Syrtique fit partie du royaume 
numide 9 ) jusqu'à la guerre de Jugurtha, après laquelle elle fut incorporée dans la province romaine 
de l'Afrique *) , qui comprenait la Zeugitane et le Byzacium ; elle en fut détachée ensuite plus tard, 
quand, au troisième siècle, elle parvint à former, comme il a été dit plus haut, une province à part 
sous le nom de Tripolitana. Les trois villes étaient pendant cette période unies par une alliance, 
et se rassemblaient dans des réunions annuelles, pour se concerter sur leurs intérêts communs. 4 ) 
Dès le quatrième siècle le gouvernement impérial cessa de s'occuper de la défense de la province;- 
des peuples indigènes ravagèrent alors le pays et envahirent les villes, dont plusieurs furent dé- 
truites; les Vandales et les Arabes en achevèrent la destruction. 

La langue usitée dans cette province, comme dans les autres pays du nord de l'Afrique à 
l'ouest d'elle, était en partie la libyenne, dont la langue actuelle des Berbères a conservé plusieurs 
restes, en partie la phénicienne; la première en était surtout parlée par la population de la cam- 
pagne, tandis que la dernière était celle des villes. Le phénicien se maintenait pendant la domi- 
nation des Romains. Dans la régence tripolitaine on a découvert plusieurs inscriptions lapidaires 
en langue punique, appartenant à cette période 5 ); sous le règne de Septime Sévère, c'était encore 
la langue dominante dans les cercles supérieurs des villes 6 ), et du temps d'Arnobius, au milieu du 
5 e siècle après J. C, c'était encore la langue universelle du peuple. 7 ) 

Les monnaies frappées dans les villes de cette province, sont en bronze, à l'exception d*un& 
seule (le n°13), et elles sont toutes de la période après la chute de Carthage. II n'y a pas de doute que* 
celles de ces monnaies qui sont autonomes et portent des inscriptions purement puniques, n'appartien- 
nent à cette même époque ; on s'en persuade, d'abord par la qualité de l'écriture, et ensuite par la res- 
semblance qu'elles ont avec celles qui portent la tête ou le nom de l'empereur. Aucune d'entre elle», 
n'est postérieure au règne de Tibère. Le nom de la ville écrit en langue punique, et répété sur toutes- 
les monnaies, sauf les n" 24, 25, 27 et 65 8 ), nous montre qu'elles ont été émises par le propre gouver- 

♦ 

i) Movers 1. c. p. 462 suiv. p. 138 suiv. Movers 1. c. p. 476. 

2) Conférer Becker, Rôm. Alterthûmer III B. ITh. p. 225-226. 6) La soeur de cet empereur, en arrivant de Leptis à Rome, 

Voyez plus bas p. 8 note 6. pouvait à peine s'exprimer dans ia langue latine. Spar- 

8) La Syrtique y est comprise par Ptolémée, Mêla et Pline. tianus Sept. Sev. c. 15. Cf. Statius Silv. IV, 5, 45. 

4) AmmianXXVIH,6,7. Il n'est pas invraisemblable qu'une 7) Cf. Movers Phônizien, Ersch u. Gruber Allg. Encyclop. 

pareille alliance ait déjà existé à une époque précédente 111 Sect. 24 TU. p. 434.. 

sur l'exemple des trois villes de la mère -patrie, conf. 8) Quoique le nom de la ville ne soit visible aux n°« 24, 

Movers 1. c. p. 482. 25 et 27 , il se peut néanmoins qu'il y ait été orlgi- 

b) Gesenius Mon urne n ta p. 21 3 suiv., tab. 27. Judas Étude nairement. 



LEPTIS MAGKA. 



nement des villes. Les trois villes principale* de la province étaient apparemment autonomes {libéra) 
sous la domination romaine, c'est-à-dire qu'elles se gouvernaient elles-mêmes d'après leurs propres 
lois, sans que le gouverneur romain fût investi du droit de s'ingérer dans l'administration; a cette 
autonomie a probablement été joint le droit de frapper la petite monnaie dont la circulation à l'intérieur 
pourrait avoir besoin. Il n'y a que la monnaie frappée à Gergis (n* 65) qui, à en juger par son 
inscription, n'a pu être émise que par suite de la permission du proconsul romain, attendu que 
cette ville d'un rang inférieur n'a probablement pas joui de la même liberté politique que les trois 
grandes villes. Les caractères puniques, inscrits aux monnaies, nous offrent un mélange des 
caractères normaux qui constituaient l'ancienne écriture carthaginienne , et des caractères dégradés 
ou transformés appartenant à l'écriture néo-punique. 1 ) 



IEPTI8 MAGNA. 

t. Tête de Bacchus, couronnée de lierre, à gauche; les cheveux en sont liés en noeud par derrière, 
et tombent sur le cou en longues tresses régulières. Grenelis. ty. Massue droite; des deux 
eûtes: *VJL, *YXl) CpD 1 ? "IpBD), écrit de haut en bas; le tout entouré d'une couronne de 
laurier. (Le second mot est varié ainsi: q îyj)-) M. 8. 31,6— 23,3gr.* s ) 

2. Mêmes types et mêmes légendes. JE. 4. 7,9 — 3,7gr,* B ) 




Tête de Bacchus comme sur les n" précédents; devant, 1C y J t* PpB 1 ?) de bas en haut. 
I)-. Tête d'Hercule, barbue et laurée, à dr.; devant, la même légende qu'au droit, de haut en 
bas. Grenelis. (Fig.) M. 7±. 20,<— 12,1 (us.)gr.**) 

Même tête à droite; les feuilles et les baies de la couronne de lierre paraissent dessus et 
derrière la tête; les boucles tressées pendent derrière la nuque. Devant, même légende 
écrite ainsi: ")J*ÇjL- Grenelis. IV- Une peau de taureau étendue et une massue, placées 
en sautoir. Grenelis. (Fig.) M. 7. 14,0— 8,9 gr.* 3 ) 



i) Cette écriture formée après la chute de Carthage et 
assez différente de l'ancienne, a reçu de la part de Ge- 
aettlus le nom moins juste de numldienne. Movers 
l'appelle la liby-phéniclenne, Levj y donne le nom de 
néo-phénicienne, Iilnu et Ewald la qualifient de néo-pu- 

si Cabinets de Stockholm, de Copenhague (2 exemplaires), 
de Paris (Pellerln Rec. III p. 147 pl.CXX, 5, cf. Suppl. 
IV p. SI, HlonnetVl p.6ll n>8) et de Florence. Cf 
Llndberg De Inscr. Uelilensl p. 25 noie GO cl. III ; Judas 



Revue nmn. fr. 1856 p. 237 n*T. 

S) 2* exemplaires de différentes collections et catalogue*. 

»j Husëe britannique (Cal. P. Knight p. 218 n* I), cab. du 
rot de Sardalgne, de Paris (Barthélémy Journ. d. sav. 
1763 p. 711, pi. Ug.8, Hlonnet VI p.6II n*10) et de 
Copenhague (2 ex, Cat. Mus. Mûnter a* 3268). Cf. Llnd- 
berg De Inscr. Hel. p. 26 note 60, cl. IV; Revue nom. 
fr. 1856 p. 237 n»6. 

5) Cab. de Paris (de la coll. Wicial, Sestinl Mua. Hederv. 
III cont. p. 78 n>7, Bionnet S. IX p. 201 n»12), de Fon- 




5. Autre semblable avec Cft en contremarque. JE..'. I0,g & 9,ogr. '( 

6. Télé de femme tourelée à dr. Grenetis. I)-. Massue et thyrse en sautoir, tournés de diffé- 
rentes manières; même légende écrite ainsi }£ yj l, , les lettres disposées dans les quatre 
intervalles. Grenetis. JE. O-ô. 9,6— 6,9 gr.* *) 

T. Même tête à g.; derrière, un rameau. f>. Le même que le revers précédent. 

M. 5-4. 8,1— 3,sgr.**) 



Ciste bacchique entr'ouverte d'où sort un serpent; entourée d'une couronne de lierre. ff. 
Coupe bacchique et deux tbyrses en sautoir; même légende que sur les n°' précédents, disposée 
dans les quatre intervalles. M. 4|. 4,9 gr. 4 ) 

Autre semblable; la légende est autrement disposée, le phe à dr., le jod à g. JE. 4. 4,8 gr. s ) 




10. Tête de femme tourelée à g. $. Thyrse droit; des deux côtés, la même légende écrite ainsi 
7vJ'-> en fleiu ligues; le tout entouré d'une couronne. JE. 3. 2,6 gr. ") 



tana (Nus. Fontann 1 p. 12» n°2, tab.V, H; III p.OG n»3; 
Mlonnet S. n°M), de Copenhague (2 ex., l'un de la coll. 
Wiciai, Neumann Num. vet Ined. Il p. 107 tab. III, 18, 
Sestini Mus. Hederv. III eont p. 78 n»6), de Florence, 
devienne et mua. brii. {Cal. P. Knlghl p.218, Rex ign. 
n* 1). CI. Judas Revue num. fr. 18SC p. 238 n« 14. 

■1 Cnb. de Stockholm et coll. de Rollin. CI. Judas I. c. 

a) 8 exemplaires de différentes collections et catalogues. 

s) 17 exemplaires de différentes collections cl catalogues. 
Judas i. Revue num. fr. 1856 p. 237 n»4) a fil* une pièce 
des mêmes types et légendes que u»7, ayant derrière 



la tête une patère au lieu du rameau, sans eu Indi- 
quer la collection. Gesenlus (Honum. p.320H. cf. Judas 
le. n".i) a encore décrit une monnaie portant an droit 
la même têle, au revers une télé barbue avec la même 
légende, du musée britannique; cette pièce ne se trouve 
pas parmi celles dont on a envoyé les empreintes pour 



cet o 



vrage. 



4) Musée britannique. 
s) Coll. de feu le comte de Rorghesl. 
•) Cab. de Paris (MionnetVI p. 611 n»7, Revue n 
p. 236 n*2 pl.VI.fi) et de feu M.Welil. 



LEPTIS MAGNA. 



11. Autre semblable; la légende est écrite transversalement en une ligne. JE. 3. 3,1 gr. 1 ) 

12. Même tête à dr. Qr. Même type et même légende, écrite ainsi \V^> perpendiculaire- 
ment en deux lignes. jE.3. 2,5 gr. 2 ) 







u 



10 



12 



13. Dépouille de lion suspendue sur une massue élevée; à g., un arc; à dr., une coupe à boire 
et la lettre A. Grenetis. Çr. Une panthère sautant à g.; au-dessus, un thyrse; au-dessous, 
la même légende écrite ainsi ity . Grenetis. JR. 4. Den. (Dr.) 2,85 gr. 8 ) 




Sous le Tègne d'Auguste. 

14. Tête d'Auguste à g., dans une couronne de laurier. Q-. Têtes affrontées de Bacchus cou- 
ronné de lierre, et d'Hercule barbu et diadème; même légende écrite ainsi &f JÇ , en deux 
lignes. Grenetis. JE. 9. 23,8— 14,7 gr.* 4 ) 




14 




15. Même face. IJ\ Massue et thyrse en sautoir; même légende en une ligne; le tout dans 
une couronne de laurier. (Fig.) M. 7. 12,8— 8,8 gr.* 5 ) 

16. Mêmes types et même légende. (Fig.) M. 4. 3,7 gr. 6 ) 



i) Cab. de Copenhague. 

•i) Cab. de Paris (Revue num. fr. 1856 p. 236 n° 2 pi. 

VI, 7). 
8) Coll. de feu M. Tôchon d'Annecy (2 ex., Cat de vente 

n*986) et de M. Judas. 
4) Cab. de Stockholm, de Paris (2 ex., Pellerin Rec. III 



pi. CXX, 4, Revue num. l.c. n°10), de Copenhague et 

de Rollin. 
s) Cab. de Copenhague (de la coll. Wiczal, SesUni Mus. 

Hederv. III cont p. 78 n»5), de Paris (3 ex. cf. Pellerin 

1. c. n« 6, Revue num. I. c. h° 9) et de la Haye. 
6) Cab. de Copenhague. 



6 



LA 8YRTIQUE. 






lô 



16 



15 



17. Même tête à dr. Grenetis. Qr. Le capricorne ayant un globe entre ses jambes et une corne 
d'abondance sur le dos; au-dessous, môme légende, écrite ainsi X^S • Filet au pourtour. 
(Fig.) M. 5. 6,6 d: 5,4 gr. M 

18. Même face. Ç\ Aigle et paon, posés en sens inverse; au-dessus du paon, même légende 
écrite ainsi ^fK • Filet au pourtour. (Fig.) M. 5. 6,4 de 5,4 gr. *) 

19. Autre semblable; la légende se trouve au-dessus de l'aigle. JE.b. 6,9 de 4,7 gr. 8 ) 

20. Autre semblable; la légende est la même que sur le n°17 et se trouve au-dessus du paon. 

JE. 5. 5,1 gr. 4 ) 






17 



18 



Sous le règne de Tibère. 

21. DIV(OS AVjGVSTVS Tête d'Auguste laurée à dr. IJ\ Bacchus debout à g., vêtu d'une 
longue tunique et d'un pallium et couronné de lierre; il tient de la main droite une coupe, 
de la gauche un thyrse; à côté est une panthère qui lève la tête vers le dieu. Des deux 
côtés, la même légende phénicienne, écrite ainsi TL°tf J L, . (Fig.) M. 10. 33,4 gr. 5 ) 

22. Autre semblable avec la légende DIVOS AVGVSVTS (sic). M. 10. 33,6— 24,6 gr. 6 ) 

23. IMP- CAESAR- AV Même tête. $. AVG(VSTA MATER) PAT... Livie en déesse, assise 
sur un siège, à dr.; elle est vêtue de la stola et voilée, tenant une patère de la main droite 
et un sceptre de la gauche; à l'exergue, la même légende phénicienne, écrite ainsi i*ÇJ4 • 
(Fig.) jE.9. 15,5gr. 7 ) 

24. Autre semblable. La légende phénicienne à l'exergue n'est pas apparente. Au droit on lit 
AVG au lieu de AV; au revers la légende circulaire est distinctement écrite AVGVSTA MATER 
PATRIA(sic). jE.9. 18,4 gr. 8 ) 



i) Mus. brit. et cab. de Paris (Pellerin 1. c. n°7, Revue 

num. 1. c. n°i2). 
2) Cab. de Copenhague et de Paris ( Revue num. 1. c. n°13). 
s) Cab. de Stockholm et de Copenhague. 
4) Cab. de Paris. 
b) Coll. de Fontana ( Sestini Mus. Fontana II p.68, tab.XH, 1 ; 

111 p. 96 n»2) et de lord Northwick; cab. de Paris; cf. 



Mionnet VI p. 612 n» 18 et S. IX p. 199 n<>3-4. 

6) Coll. de Fontana (Sestini l.c. I p. 127 tab. IV, 8; III p. 96 
n» 1 ; Mionn. S. n°2) et de Capranesi; cab. de Stockholm. 

7) Cab. de Copenhague ( Falbe Recherches sur Carthage 
p. 113), cf. Mionnet S. IX p. 200 n° 9. 

s) Coll. de Fontana, cab. de Paris et de Vienne (Eckhel 
Doctr. VI p. 155). 



LEPTIS MAGNA. 



25. Autre semblable. Au droit, C# en contremarque. JE. H. 9,1 gr. (us.}') 

26. IMP TIB CAESAR AVG CO.... Tête de Tibère laurée à dr. R% AVGVSTA MATER 
PATPIA (sic). Même type et même légende phénicienne à l'exergue que sur le n" 23. 

M. 9. 20,8 & 16,1 gr. 9 ) 

27. Autre semblable, sans légende phénicienne visible; dans la légende du droit, Tl au lieu 
de TIB. JE.9. 18,1— 13,8 gr. 8 ) 




LA VILLE DE LEPTIS. 

Leptîs 4 ), qui des trois chefs-lieux de la Syrtique était le plue important, était situé sur 
la limite orientale du pays, non loin de l'embouchure de la rivière du Cinyps. C'était une colonie 
phénicienne, fondée par les Sidoniens, que des troubles civils avaient engagés a quitter leur ville 5 ); 
cependant, il est probable qu'il y a eu déjà auparavant un lieu habité par des Libyens ou par des 
Liby-Phéaiciens s ) ; plus tard la ville a sans doute aussi admis dans son sein des colons de Tyr. ') 
Les anciens auteurs lui ont donné le nom de jiêmtç, Leptia, surnommé quelquefois Meyâlq, 
Magna, pour la distinguer d'avec la ville du même nom, située dans la Byzacène; parfois on la 
rencontre aussi désignée par le nom de Neapolù. B ) Elle était de toutes les villes phéniciennes 
sur la côte de l'Afrique la plus grande et la plus riche après Carthage, ce qu'on peut déduire 



1) Coll. de Fontana (Seslinl Mus. Fontann 1 p. 131 n* I ; 
I! p. 63, tab. XII, 3; Illp.97n*2; Monnet S. IX p. 200 
n»7; Sestini a lu MAT à l'exergue au lieu du nom 
punique). 

1} Cab. de Paris (Falbe Recherches sur Corth. p.l 14 pl-VI.T; 
Mlomi. S. IX p. 200 n*8; cf. Pellerin Hel. I p.l 37 pi. X, 2, 
à Sinope) et de Milan. 

1) Cab. de Stockholm, de Copenhague et de Vienne (Mus. 
Theupoll p.664, Kfkhel Doctr.VI p.làG ineorr.i. Ces mon- 
naies ont peut-être porté le nom de Leptls A l'exergue. 

1} Quant a l'histoire et a la topographie de Leptls, oo aura 
des renseignements dans les ouvrages suivants: Man- 
nert Géogr. anc. par Harcus , p. 130-134; Forblger 
dans Paully Real -Encyclopédie d. class. Alterth. Wl§». IV 
p.934-935; Beechey Travels p.5l sniv. et 74 sulv.; Itarth 
Wanderungen p.30G-315et p.360-362; Movers Phœnlxier 
Il B. 2 Th. p. 483-489; C. Huiler Geographl gr. min. 
p. 461. 

s) Selon l'hist. de Jugurtha par Salluste, cl). 78. Pour ce 



qui est de la fondation de la ville, Hannert {1. c.) pré- 
tend qu'il faut en rapporter l'époque au temps d'Héro- 
dote ou à celui qui suivait immédiatement la mort de 
cet historien, puisque Scylax est le premier qui en fasse 
mention. 

s) Le nom, à ce qu'il parait, est d'origine libyenne, voir 
Hovers I. c. p. 485. La dérivation proposée par Ha- 
maker et Geseniua (Monum. p. 424) n'est guère admis- 
sible. 

1) Pline (V, 17) et d'autres auteurs racontent qu'elle a été 
fondée par des colons de Tyr; cf. Hovers 1. c. p. 485. 

B) Chcï Scylax, Slrabon et Ptolémée. Mannert U.c.) est 
d'avis que le nom de Nénpolls a été donné à la ville 
par les Cyrénéens, Barth (l.e. p.3«l nolc14-IG) prétend, 
en conformité avec Hovers et C. Millier (ll.ee.), que ce 
n'est que la partie neuve de la ville [voir plus bas) qui 
a reçu primitivement ce nom; Forblger enfln émet l'opi- 
nion, d'après Hela et Pline, que Néapolis a été le nom 
d'une ville toute différente de Leptls. 



g LA SYRTIQUE. 

soit des débris qu'on en aperçoit encore aujourd'hui, soit de la contribution dont elle était tributaire 
à Carthage, à qui elle payait un talent par jour. 1 ) Le territoire de la ville était très fertile; Héro- 
dote et d'autres auteurs vantent également la grande fertilité de la contrée qu'arrose la rivière du 
Cinyps. 2 ) Pendant la première période de son existence, la ville a aussi dû s'occuper du commerce 
maritime; on voit par les débris de môles et les constructions sous -marines en briques qu'il y a 
eu autrefois un port très sûr; mais* déjà au 4 e siècle on n'a pu se servir du port 8 ), suivant ce 
que nous en rapporte Scylax, et plus tard il est dit expressément que la ville était dépourvue 
de port. Mais la grande prospérité dont jouissait Leptis, était principalement due au trafic qu'il 
faisait avec les peuples libyens et l'intérieur de l'Afrique; les tribus nomades, surtout les Maces 
limitrophes, paraissent être venus s'établir sous leurs tentes pendant l'hiver dans un faubourg 
construit spécialement à leur égard. 4 ) Par les mariages et par d'autres liaisons, les habitants de 
Leptis s'étaient successivement fondus avec les peuples indigènes, et par suite de cette fusion la 
langue s'était modifiée d'après le libyen. 5 ) 

Peu de temps avant la chute de Carthage, Masinissa s'était emparé de Leptis. 6 ) Dans la 
guerre de Jugurtha, la ville se rangea du côté de Rome 7 ), et il est vraisemblable qu'elle acquit sa 
liberté à cette époque. Plus tard elle fut convertie en colonie romaine, ce qui parait avoir été 
fait sous Septime Sévère qui y était né 8 ); cet empereur accorda à la ville le jus ùalicum et y fit 
construire un palais magnifique. Autant par les avantages qui en furent la conséquence, que par 
l'activité de son commerce avec l'intérieur, dont l'importance est constatée par la route mentionnée 
dans l'itinéraire d'Àntonin, Leptis figure comme une ville opulente jusqu'au-delà du milieu du 4 e siècle. 
Mais en 366 lés Ausuriens, le même peuple libyen qui avait ravagé le territoire de Cyrène, vinrent 
assaillir la ville, qui implora vaiuement le secours de l'empereur Valentinien; le territoire fut sac- 
cagé et la ville fut envahie. L'empereur Justinien la trouva abandonnée et ensevelie dans le sable; 
il la rétablit de nouveau, ou plutôt, à en juger par les ruines encore visibles, il fit construire une 
nouvelle ville, un peu à l'est de l'ancienne ; mais encore cette ville n'eut qu'une existence très courte. 
Les invasions des peuples indigènes l'amenèrent près de sa ruine, que les Arabes achevèrent au 
7 e siècle. 

Les débris qui en restent encore, témoignent de l'ancienne grandeur de la ville. Une 
rivière qui à l'endroit où elle se jetait dans la mer, en formait le port, partage les ruines en deux 
parties. L'ancienne ville était située à l'ouest sur une langue de terre saillante, et une triple 
ceinture de murailles la mettait à l'abri d'un assaut du côté du continent. La ville neuve (Neapoliâ), 
qui se rattachait à l'ancienne, était d'une étendue bien plus grande, et l'on en voit encore des ruines 
nombreuses et superbes datant pour la plupart du temps des empereurs romains. Il en faut sur- 
tout relever une basilique, un arc de triomphe et un péristyle. Ces édifices sont pourtant en 

• 

i) A l'époque de la deuxième guerre punique, selon Tite- 5) Jugurtha de Salluste, ch. 78. E jus civitatis Ungua modo 

Live XXXI V, 62. Cf. Movers p. 488. conversa cormubio Numidarum; leges cultusque pleraque 

2) Voir vol. 1 p. 133 note 8. Sidonica. 

3) Barth (1. c. p. 309) présume que le port a été succès- 6) Polybe XXXII, 2. Tite-Live XXXIV, 62. Confères: RudorfT, 
sivement ensablé par les alluvions de la mer; Movers Zeltschr. f. gesch. Rechtwissenschaft X p. 87 ; Becker, 
(1. c. p. 488) est d'avis que les Carthaginois ont défendu Rôm. Alterthûmer III B. 1 Th. p. 226- 

aux Leptitains l'usage du port, ou même qu'ils l'ont 7) Jugurtha par Salluste ch. 77. 

rendu inaccessible. 8) Cf. Zumpt, Comment, epigraph. p. 425. 

4) Movers 1. c. p. 487. 



LEPTIS MAGNA. 9 

grande partie ensablés, et une quantité de précieuses colonnes de grandes dimensions en ont été 
emportées en Angleterre et en France. A Test de la rivière, on découvre les débris d'une citadelle 
servant à défgpdre le port, ainsi que de plusieurs établissements appartenant à la ville et offrant 
une construction plus récente. Le champ couvert de ces ruines porte encore aujourd'hui le 
nom de Lebidàh ou Lebdah. 

LES MONNAIES DE LEPTIS. 

Les légendes puniques des monnaies précédentes ont été interprétées de manières très 
différentes. Le mot qui se répète sur toutes les monnaies, fut lu wp^h par Barthélémy 1 ), ïp^b 
par Hamaker*), et a été traduit Bocchi par tous les deux savants, qui prétendaient y voir le nom 
de Bocchus II, roi de Mauritanie. Falbe ayant publié une monnaie au même nom punique et 
frappée sous Tibère 9 ), il fut évident que l'explication proposée était inadmissible, vu que la mort 
du roi nommé arriva avant la bataille d'Actium. Plus tard Gesenius 4 ) parvint à établir la juste 
leçon: 'pa*?, LBQI. Ce savant prenait b pour le préfixe et v>a pour le nom de Baga ou Vacca, 
ville de Numidie, dont il déduisit le nom du mot correspondant de la langue égyptienne signifiant 
ville; quant au mot ajouté sur le n°l, il le lut *ipbo> Hercule*, en supposant que le nom entier 
de la ville avait été la cité d'Hercule. Mais la dernière lettre de ce second mot est incontestable- 
ment daleth et non resch, et quant à l'interprétation du premier mot, il faut faire remarquer que 
la lettre lamed sur les monnaies des villes africaines n'est point employée comme signe du cas 
oblique, et que par conséquent il faut plutôt la regarder comme radicale. 5 ) Falbe et Lindberg 
en publiant, en 1843, l'annonce de cet ouvrage, étaient d'avis que ces monnaies appartiennent à 
Lambssa en Numidie, et que celles des deux premiers n" ont été frappées dans cette ville par le 
roi Bogud (Bocchus I) 6 ). Dernièrement M. Judas a en partie adopté cette opinion, en rendant 
compte de ses motifs. 7 ) Ce savant, en s'appuyant sur l'inscription Verna Lepcitana que nous 
présente une épitaphe romaine, découverte parmi les ruines de Lambsse, présume que Lepca est 
le nom primitif de cette ville, lequel a dans la langue latine été transformé en Lambssa, et que c'est 
le môme nom qu'on trouve écrit ipa 1 ? (LBCA) sur les monnaies dont il s'agit. Quant à l'autre 
mot du n° 1, Judas prenant la première lettre pour une ligature du mem normal et de aïn, lit: 
IpS Dp ? peuple de Bogud, et suppose que ce roi est le second Bogud, appelé aussi Bocchus, allié 
de J. César et d'Octave. Voici ce qu'il y aura à objecter contre cette explication. Il est d'abord 
très douteux si Lepca a été le nom punique de Lambssa. Il est de même peu probable qu'une 
série aussi considérable de monnaies puniques aient été frappées à Lambsse, ville dont il n'a pas 
été fait mention avant le deuxième siècle lorsqu'elle servait de lieu de station à une légion romaine, 
et parmi les ruines de laquelle on a découvert des inscriptions romaines en quantité, mais non 
des inscriptions puniques. Ensuite, l'initiale du groupe expliqué en peuple de Bogud, n'est pas la 
ligature de mem et d'atn, mais un simple mem, ce que nous font admettre plusieurs exemplaires 

I) Journal des savants 17G3, 2* « lettre p. 711. L'opinion 4) Monumenta p. 321. 

de Barthélémy a été motivée en outre par Lindberg dans 5) Cf. Judas dans la Revue nu m. fr. 1856 p. 242. 

Inscr. Bfelit. p. 25-27 note 60. 6) Annonce p. 7 n° 17 et p. 8 n°33 cl. I. 

3) Miscellanea phoen. p. 155. ?) Étude dém. p. 157, Revue num.fr. 1856 p. 238-245. 
s) Recherches sor remplacement de Cartbage p. 113. 



10 



LA SYRTIQUE. 



bien distincts. l ) EnÛn , la forme normale de la lettre mem ne convient nullement à l'époque où 
vivait Bocchus IL 9 ) 

Pellerin et Dutens avaient déjà rapporté ces monnaies à Leptis Magna, mais ils étaient 
induits en erreur en transcrivant les lettres par VIS*?. *) On les trouve classées à cette ville par 
Sestini 4 ) et Payne Knight *). Enûn Movers a émis l'opinion que vo 1 ? , seule leçon qui soit vraie, 
est une autre forme de Leptis. 6 ) Lindberg est parvenu au même résultat; dans le catalogue 
de Falbe, cette série de monnaies a pour titre: Leptis Magna, et les légendes des premiers n°* 
sont transcrites: *ps6, IpSD, Leptis , Prœfectus.' 1 ) Cette détermination est apparemment la juste, 
ce que nous tâcherons de démontrer. 

Dans les langues sémitiques les lettres qof et tau sont voisines et passent quelquefois 
Tune dans l'autre, tout comme il en est de h ou q et de t dans les langues grecque, latine et 
autres. 8 ) Le nom punique Lephki ou Lepki^ chez les Grecs et les Romains, se changeait donc 
facilement en Lepti\ de même, si Lepti (Lepte) 9 ) est le nom libyen primitif, ce qui nous parait 
le plus probable, ce nom aurait pu être transformé en Lepki par les Phéniciens. Le mot ajouté 
sur les n°M-2 doit être transcrit ipso, non 1p20; la forme normale de la 1" lettre porte à croire 
que la 2 me est également normale, par conséquent un phe. Pour l'interprétation de ce mot, ce qui 
nous parait le plus simple, c'est de le rapporter, comme Ta fait Lindberg, à la racine ipD qui en 
hébreu signifie prceficere; on pourra donc traduire prœfectura, prœfectus, en regardant le mem 
comme un préfixe employé à la formation du substantif 10 ), ou a prœfecto, si Ton prend le mem pour 
la préposition. Ce qui vient à l'appui de l'opinion qui rapporte cette série à Leptis, c'est le 
parallélisme remarquable qu'elle offre avec les séries des deux autres villes tripolitaines , surtout 
avec celle d'Oéa, la voisine. Sur les monnaies dont nous nous occupons, on voit figurer deux 
dieux, Hercule et Bacchus, dont les têtes ou les attributs sont employés comme types;* sur les 
monnaies d'Oéa, on trouve également les têtes ou les symboles de deux seules divinités, savoir de 
Minerve et d'Apollon. Sur les pièces du plus grand module, qui ont été frappées par toutes les 
deux villes sous le règne d'Auguste (n° 14 et n°38), on voit affrontées les têtes des deux divinités 
principales. En outre, sur les monnaies de Tune et de l'autre ville, on rencontre la tête de la ville 
personnifiée, ainsi que l'aigle et le paon, symboles de la déification de l'empereur et de l'impéra- 
trice. Les monnaies de Sabrata portent de même pour types les têtes d'Hercule et de Bacchus, 



i) Le petit trait vertical à la courbure supérieure du mem 
prend quelquefois, par suite de la négligence du gra- 
veur monétaire, la forme d'un globule (voy. la variante 
sous le n°l); c'est ce globule, représenté comme un 
cercle dans les dessins de Pellerin et de Gesenius, qui 
a induit M. Judas à penser qu'un am était lié au mem. 

21 M. Judas lui-même relève comme un fait remarquable 
qu'un tel mem se trouve sut une monnaie de cette 
époque (i. c. p. 241). 

3) Pellerin Recueil III p. 148-149, Suppl. IV p. 82-90. Du- 
tens Expl. de méd. gr. et phén. II p. 135. Swinton avait 
lu ie nom de la même manière, mais il lavait pris 
pour celui de Lapethus en Chypre, Inscr. cit. p.78suiv. 

4) Ll. ce. p. 3-7 notes. 

b) Ll. ce. p. 3-4 notes 

6) Die Pbônizier II B. 2 Th. p. 486. 



?) C'est par la correction de Vacca en Leptis, faite par la 
main de Lindberg dans le catalogue de Falbe sur les 
monnaies de la Mauritanie, qu'on reconnaît quelle a été 
la dernière opinion de Lindberg concernant les mon- 
naies en question; nous ne saurions dire si cette cor- 
rection est antérieure ou postérieure & la publication 
en 1850 du livre de Movers que nous venons de citer. 

s) Des exemples ont été cités par Gesenius dans le Lexi- 
con man. p. 877, et par Judas a la Revue num. fr. 1856 
p. 104. On pourra y ajouter une foule d'autres exem- 
ples de différentes langues. 

9) La terminaison en i ou e s'est conservée dans les noms 
des villes de Byzacène, qui semblent dériver de la même 
racine: Lepte Minus ou Leptiminus et Telepte. 

10) D'après l'analogie de ^DD Qui indique et principatus 

t : • 

(Daniel 11,3) et princeps [i Chron. 26,6). 



LEPTIS MAGNA. 



11 



et contiennent encore l'horoscope d'Auguste qu'on voit sur le n'il. 1 ) La réunion du nom punique 
de la ville aux noms et aux titres latins de l'empereur sur les monnaies frappées sous Auguste et 
Tibère, est une particularité qu'on retrouve sur les monnaies d'Oéa et de Sabrata. Le même 
style d'art et le même travail, tantôt grossier, tantôt négligé, signalent les monnaies des deux 
autres villes. Pour l'écriture, on trouve dans toutes les trois séries des lettres de forme normale 
mêlées avec celles de la basse époque. Dans les divisions monétaires enfin, il y a une pareille 
conformité; les monnaies de cette série présentent six espèces séparées par les types et les poids; 
on trouvera dans les séries suivantes d'Oéa et de Sabrata autant de divisions, distinguées Tune 
d'avec l'autre par les types et correspondant par les poids aux divisions de la série précédente 
(voyez plus bas). Si l'on rapproche ces monnaies de celles de la Mauritanie, parmi lesquelles 
on les a rangées, on découvrira une différence essentielle. 11 n'existe pas d'autres monnaies 
qu'on puisse rapporter à Leptis Magna 9 ); les deux autres villes commerçantes de la Syrtique ayant 
frappé des monnaies en quantité, il serait étrange que Leptis seule n'en eût pas émis, d'autant 
plus que par son opulence et son commerce elle surpassait les autres et tenait probablement à 
cette époque le premier rang parmi toutes les villes puniques. 

Les têtes d'Ilercule et de Bacchus que présentent les monnaies de Leptis, ont 
souvent été méconnues. Les têtes affrontées du n°14 furent ainsi prises par Barthélémy pour 
«elles du roi Bocchus et de son épouse 8 ), par Pellerin et Gesenius pour celles de Marc- Antoine et 
d'Octavie; les deux derniers savants voyaient encore le portrait d'Octavie dans la tête du n a l. 4 ) 
Selon Neumann la tête du n° 4 serait celle de Julie , fille d'Auguste. 5 ) Sestini regardait comme 
têtes de femme toutes les têtes de Bacchus 6 ); de plus, croyant lire sur un exemplaire du n°4 
auprès de la tête de ce dieu les lettres ABIA, il la regardait comme l'effigie de Livie. 1 ) Ce même 
exemplaire est celui que nous avons fait graver ci-dessus 8 ); on voit comment s'est trompé Sestini, 
en prenant pour des lettres les feuilles et les baies dont la tête est ornée. M. Judas suppose de 
même que cette tête représente Livie, attendu qu'il la trouve ressemblant au portrait de cette im- 
pératrice sur le n° 35 d'Oéa 9 ); mais il a échappé à l'attention de ce savant que la tête est ornée 
de lierre. 10 ) La physionomie que présentent les têtes des différents exemplaires de ce n°, diffère 
-en général beaucoup de celle de Livie; si l'on trouve néanmoins que sur une certaine pièce les 
traits offrent de la ressemblance avec Livie, il faudra prendre en considération que le travail en est 
trop rude et trop négligé pour qu'on puisse s'appuyer sur une telle ressemblance. Tous les sym- 
boles employés comme types sur les monnaies de cette série, se rapportent à Hercule et à Bac- 



1) Ce parallélisme des types n'a pas échappé a l'attention 
de M. Judas (l. c. p. 240-241), qui cependant n'en a pas 
profité pour la détermination du lieu d'émission. Aussi 
Movers (1. c. p. 486) a-t-il fait remarquer la concordance 
de ces monnaies avec celles d'Oéa et de Sabrata; mais 
ce savant se trompe en tirant du capricorne et du paon, 
qu'il regarde comme symboles de Neptune et de Junon, 
des moUfs pour attribuer ces monnaies à Leptis, voyez 
plus bas p. 13 note 11. 

3) Les autres monnaies qu'on a données à cette ville, ap- 
partiennent à Leptis Minor et à Celsa en Espagne, 
voyez p. Un 

3) L. c. p. 9 note 1. 



4) Ll. ce. p. 3 note 2 et p. 5 note 4. Gesenius Monum. p. 
319-320. 

5) L. c. p. 3 note 5. 

6) Dans le Mus. Hederv. III cont. p.78 n° 3, la tête de notre 
n°2 est décrite à tort par capui muliebre loti flore or- 
natum. 

7) Mus Fontana I p. 128-129 n«» 2-3; Mus. Hederv. III cont. 
p.78 n««6-7. Adopté par Mionnet S. IX p.201 n" 11-12. 

8) Cette pièce a passé de la collection Wiczai dans le ca- 
binet de Paris. 

9) Revue num. 1856 p. 239. 

io) Il en est toujours ainsi, quoiqu'il n'y ait quelquefois 
que de faibles traces de feuilles et de baies. 

2* 



12 



LA SYRTIQUE, 



chus; Hercule est indiqué par la massue, la dépouille du lion, l'arc et le laurier; le thyrse, la 
peau de taureau 1 ), la ciste avec le serpent, la couronne de lierre, la coupe à boire et la panthère 
sont les attributs bacchiques bien connus. Le caractère et la coiffure des têtes nous renvoient 
également à ces deux dieux. La tête d'Hercule offre la figure large, la barbe arrondie et le cou 
épais qui lui sont particuliers; elle est ceinte d'un laurier, comme sur les monnaies de Tyr, ou 
d'un diadème, comme souvent ailleurs. La couronne de lierre dont l'autre tête est ornée, est la 
parure habituelle de Bacchus; l'expression féminine et les longues tresses de cheveux conviennent 
parfaitement à ce dieu. 9 ) 

Cependant ce ne sont pas les dieux gréco-romains, Hercule et Bacchus, qui figurent sur 
ces monnaies, mais les dieux phéniciens qui répondaient à eux. Leptis était une ville phénicienne 
et continuait à l'être sous l'empire 8 ); les monnaies ne sont pas frappées par les préfets romains, 
mais par les magistrats indigènes, comme on le voit par le nom de la ville; il faut par con- 
séquent plutôt prendre les dieux y représentés pour puniques que pour étrangers. Les divi- 
nités phéniciennes, par suite de l'influence qu'exerçaient la mythologie et l'art grecs, se con- 
fondaient avec les divinités grecques auxquelles elles correspondaient; elles furent figurées dans le 
costume et avec les attributs de celles-ci, et chez les auteurs anciens on les trouve généralement 
appelées de noms grecs et romains. 4 ) Le dieu phénicien assimilé à Hercule, comme on le 
sait, était Melkart ou Baal-Melkart, objet de la plus grande vénération et dont le culte était le 
plus répandu dans les colonies. 5 ) Ce dieu avec Baal-Samim et Astarte formait la triade divine et 
principale de Tyr et de Sidon ; attendu qu'il était selon l'idée religieuse la divinité révélée, agissant 
dans le monde, on le faisait fils de Baal-Samim (seigneur du ciel), dieu suprême répondant à Ju- 
piter. Le nom de Baal, le seigneur, désignait sa participation à la divinité suprême; par le nom 
de Melkart, roi de la ville, il était indiqué comme le dieu tutélaire de Tyr. 6 ) Dans les différents 
pays et villes ce dieu était l'objet d'un culte différent; on l'assimilait tantôt à l'un, tantôt à l'autre 
dieu. 7 ) En Afrique il fut surtout, à ce qu'il semble, considéré comme le principe conservateur 
de la nature, se rapprochant au Saturne phénicien (Bel) et à l'Hercule égyptien (Chon), ou comme 
le héros qui luttait contre les éléments destructifs du monde (représentés par Typhon), égalant 
ainsi l'Hercule grec. 8 ) Les Liby-Phéniciens le disaient fils de Cronus , qui était vénéré par les 



t) Souvent on a pris, à tort, cette peau pour la dépouille 
du lion, attribut d'Hercule, ainsi Neumann, Sestini, 
Mionnet et Payne Knight II. ce. p. 3 note S. 

2) Sous ces rapports la tète ressemble au buste bien connu 
du musée du Capitole qu'on prenait pour celui d'Ariadne, 
jusqu'à ce que Meier démontra qu'il représente Bacchus 
(Gesch. der Kunst I p. 301, II p. 243 suiv., note 314). 
Il faut ajouter que déjà M. Judas, en alléguant diffé- 
rents passages des anciens auteurs, a fait voir que les 
têtes des n«»l-2,3 et 14 sont celles de Bacchus (1. c. 
p. 239-240). 

3) On sait que le phénicien était encore sous le règne de 
Septime Sévère la langue usitée à Leptis, voyez p. 2 
note 6. 

4) Cf. Movers Phônizier I B. p.82f. 

6) Sur cette divinité voyez surtout Movers Phônizier I B. 
Gap. 10-1 2 , II B. 2 Th. p. 109 suiv.; Allg. Encycl. III S. 



24 Th. Phônizien p. 384-386. 

6) MtUxaç9oç, selon Philon de Byblus (Sanchoniaton), écrit 
HIp^D et traduit 'Açx*jyéTfjç (= Uoltov/oç de Tyr) dans 
la le inscription bilingue de Malte. Gesenius Monum. 
p. 96 suiv. et 410. Movers Allg. Encycl. 1. c. p. 377. Aussi 
le nom d'Hercule est sans doute d'origine phénicienne, 
voy. Movers Phônizier I p. 430-434. 

7) Dans les pays asiatiques, Hercule fut, en plusieurs en- 
droits, identifié avec Moloch, dieu du feu chez les Sémi- 
tes, ainsi qu'avec le Mars romain, et représentait en 
cette qualité le principe destructeur de la nature (Movers 
Phôn. I p. 385 suiv.); en d'autres endroits, surnommé 
Sandan, il fut vénéré en héros (Movers 1. c. p. 451 suiv.). 
En outre, pour sa signification sidérique, il était dieu 
du soleil, confondu à cet égard avec le suprême Baal 
(Movers 1. c. p. 182 suiv. et p. 385 suiv.). 

8) Movers Phônicler I p. 41 5 suiv. 



LEPTIS MAGNA. 



13 



Carthaginois 1 ), et convertissaient le nom Melkart en Makar. 9 ) Comme dieu tutélaire de Tyr, il 
passa en même temps pour conducteur des colonies établies dans l'Occident et sorties principale- 
ment de cette ville; en Afrique on le faisait fondateur de beaucoup de villes anciennes, ainsi que 
des dynasties auxquelles appartenaient les rois numides et mauritaniens. 8 ) Le dieu du vin était 
l'objet d'un culte en Phénicie, surtout dans les villes de Sidon et de Tyr 4 ), par lesquelles Leptis 
avait été fondée. A Tyr on disait que ce dieu avait enseigna à Icare la culture de la vigne, 
mythe transmis plus tard en Attique par les Grecs 5 ), et Ton y célébrait une fête annuelle en son 
honneur 6 ); sur les monnaies de Sidon on trouve la tête de Bacchus ornée de lierre et la ciste 
bacchique entourée d'une couronne de -lierre 7 ), tout comme sur les monnaies dont nous nous 
occupons. Ce dieu phénicien est nommé Dionysos par les anciens auteurs 8 ); on le confondait 
aussi, à ce qu'il parait, avec Osiris, à qui on attribuait également l'introduction de la culture de 
la vigne, et on l'appelait du nom de ce dieu égyptien. 9 ) C'est ce Bacchus gréco-phénicien, dieu 
du vin, qui figure sur les monnaies de Leptis, et non le Bacchus libyen, qui fut regardé comme 
fils d'Ammon et représenté avec des cornes de bélier, ainsi qu'on le voit sur les monnaies de la 
Cyrénaïque. 10 ) 

Sur les monnaies frappées sous Auguste et Tibère, on rencontre au revers, outre les 
représentations empruntées à Hercule et à Bacchus, plusieurs types qui se rapportent spécialement 
à l'empereur et à l'impératrice; ce sont: le capricorne, l'aigle et le paon, enfin la déesse assise. 
Movers est d'avis que le bouc à queue de poisson représente le Neptune liby-phénicien , et que 
le paon est l'emblème de la déesse phénicienne, assimilée à la Junon samienne, qu'on aurait 
adorée à Leptis. ") Cette explication n'est nullement admisible. Le capricorne avec le globe et la 
corne d'abondance est l'horoscope bien connu d'Auguste, signe de pouvoir et de bonheur, qu'on 
trouve appliqué sur une foule de monnaies grecques et romaines. M ) Le paon et l'aigle , qui font 
pendants sur les n 0i 18-20, sont les symboles de la déification d'Auguste et de Livie; c'est dans ce 
sens que sur les monnaies suivantes d'Oéa (n°'35et37), on voit le paon devant la tête de Livie et 
l'aigle devant celle de Tibère. La déesse enfin, siégeant sur un trône, est Livie, comme nous 
l'apprend la légende ajoutée Augusta, mater patries > surnoms dont on l'honorait, d'après les rap- 
ports des anciens auteurs 18 ). H est connu que Livie ou Julie , comme elle fut appelée après la 
mort d'Auguste, recevait des hommages divins déjà de son vivant; à Rome même on érigea des 
statues en son honneur, et on lui consacra des temples tout autour dans les provinces. 14 ) Elle 
est représentée comme Junon et comme Cérès sur les monnaies d'Oéa et d'autres villes de la 
province d'Afrique. 15 ) 



t) Arapelii Lib. mem. cap. 9. 

2) Dans les inscriptions lapidaires: IpJJJD ou "IpJD. Pau- 
sanias X, 17,2: Mdxrjçiç. Cf. Gesenius Mouum. p. 409, 
Movers Phônizier H B. 2 Th. p. 117 note 222. 

3) Movers Phônizier II B. 2 Th. p. 292, 497, 518 et ailleur. 

4) Movers Allg. Encycl. Le. p. 377 et 406. 

&) Àchilles Tatius 11, 2. Cf. Movers Phôn. I p. 330. 

6) Movers Allg. Encycl. 1. c. p. 377 et 406. 

7) Voy. Eckhel Doctr. III p. 366 n" 27, 42 et 48. 

s) Selon Movers les dieux phéniciens Moloch, Adonis et 
Jao ont été assimilés, en différents lieux, à Dionysos, 
à Bacchus, à Liber. Phônizier I p.325 suiv., 337 suiv., 371 



sulv., 381 et 539 suiv. 

o) Dans la I e inscription bilingue de Malte (Gesenius Mo- 
num. tab.Vl) le nom d'un Tyrien, Abd-Osir, adorateur 
d'Oriris, est traduit en Jioyvoioç. Cf. Diodore 1, 15. 

io) Voy. Volume I p. 101. 

11) Phôn. Il B. 2 Th. p. 486, cf. p. 469. 

12) Selon Suétone Octavius c. 94. Cf. Rasche Lexicon T. 1 
P. II p. 341-359; Eckhel Doctr. VI p. 109. 

13) Dion Cass. LV1I, 12. Tacite Ann. 1, 14. 

14) Sur la déification de Livie, voyez surtout Le Blond Acad. 
des inscr. XXXIX p.559-565 et Eckhel Doctr. VI p. 146-1 57. 

15) Voyez plus bas: Thapsus, Carthago, Utica et Hippo. 



14 LA SYRTIQUE. 

L'écriture punique nous présente le lamed et le mem de la forme normale 1 ), mais le 
jod de la basse époque. Le 2 B>e caractère du nom de Leptis peut être soit un phe normal, soit 
un beth dégradé; la légende contenant des lettres de tous les deux genres, on pourrait admettre 
l'un et l'autre; B et P ou Ph étant limitrophes, ils conviendraient également au nom de Leptis. 
Tous les savants qui se sont occupés de cette légende, ont pris ce caractère pour un beth] mais 
si Ton admet l'interprétation que nous avons donnée ci-dessus du mot ajouté sur les n°'l-2, dont 
la 2 me lettre est la même, il faudra lui assigner la valeur de phe. Il est vrai que dans la gravure 
du n°3, publiée par Barthélémy 2 ), la 2 mo lettre du nom de Leptis est d'une forme qui la forait 
prendre pour un beth sur toutes les monnaies ; aussi M. Judas en a-t-il tiré un argument en faveur 
de la valeur de B 8 ), mais le dessin de ce caractère n'est pas correct; on a regardé comme faisant 
partie de l'a lettre un petit trait transversal très-faible qui, à ce qu'il parait, est accidentel. La 
lettre jod offre deux formes divergentes, qui sont employées indifféremment sur les monnaies frap- 
pées avant et sous le règne d'Auguste; sur les monnaies émises sous Tibère, on ne rencontre que 
la forme 2 . Gesenius, et d'après lui Judas, a donné comme 3 me variante de cette lettre la figure 
*5) ; nous ne connaissons pas la monnaie sur laquelle se trouverait cette lettre. 4 ) 

La date. Les monnaies aux types autonomes appartiennent assurément à l'époque posté- 
rieure à la chute de Carthage; voilà ce qu'on peut déduire des caractères de l'écriture et de la 
ressemblance que les monnaies offrent avec celles aux types impériaux. Les n 08 1-2, qui se distin- 
guent d'avec les autres par l'addition du mot np&D avec le mem normal, sont probablement les 
premiers en date. Le denier n° 13 se rapproche le plus du règne d'Auguste, ou paraît même 
frappé sous celui-ci ; ce qu'on pourra déduire de ce qu'il porte une lettre latine, A , et qu'il ressemble 
aux deniers de Juba II de la même époque, soit par le bas poids, soit par le type du droit qu'on 
rencontre sur certaines pièces de ce roi; la lettre A peut signifier Augustus, de même que C devant 
la tête de l'empereur sur les monnaies d'Oéa et de Sabrata 5 ) peut être l'initiale du titre Cœsar. 
Les monnaies n 09 14-20, qui portent la tête d'Auguste sans légende latine, ont sans doute été 
frappées sous le règne de cet empereur; mais les monnaies suivantes à la tête d'Auguste, qui pré- 
sentent des légendes latines, ont dû être émises sous Tibère. L'épithète Divus ajoutée au nom 
d'Auguste sur les n 08 21-22, à en juger par l'usage de ce mot sur les monnaies impériales, indique 
probablement l'empereur apothéose après sa mort, et les titres Augusta et Mater patrice, que porte 
Livie sur les autres n os , ne lui furent sans doute conférés que sous le règne de Tibère 6 ). 

On rencontre plusieurs contremarques sur les monnaies de Leptis, voyez les n * 5 et 25. 
Sestini a pris la contremarque dont est signé le n° 25 , pour celle de Carthage , et a même classé 
la pièce sous celte ville. 7 ) M. Judas a fait observer qu'un exemplaire du n° 4, dans sa collection, 
porte une contremarque avec CiR, et la regarde de même comme la marque de Carthage. 8 ) Il est 
cependant peu probable que ces sigles indiquent le nom de Carthage. La contremarque du n° 25 
se retrouve sur une monnaie frappée à Hippo sous Opelius Macrinus; elle appartient donc à une 
époque où Carthage, comme les autres villes africaines, à la seule exception de Hippo, n'avait plus 

i) Conférez les formes altérées de ces deux lettres sur haut p. 4 note 3. 

les monnaies aux noms de Macarée et Bilan n°»41 suiv. 5) Voyez plus bas les n°« 40, 46 et 60. 

2) Voyez p. 9 note 1. c) Voyez plus haut p. 13 note 14. 

3) Revue num. 1856 p. 239. 7) Ll.cc. p. 7 note 1. 

4) Gesenius Monum. p. 320 H, Judas l.c. n°5. Conférez plus 8) Revue num. 1856 p. 238 n» 14. 



ses propres monnaies. La contremarque du n' 5 présente également un C suivi d'un monogramme, 
qui par plusieurs de ses éléments ressemble aux deux autres; mais ce monogramme ne peut dé- 
signer le jiom de Carthage. Il est vraisemblable que ces contremarques contiennent les noms d'un 
préfet ou d'un autre magistrat romain; selon la pièce de llippo que nous venons de citer, elles 
appartiennent à une époque de beaucoup postérieure a celle d'où datent les monnaies. 

Or a longtemps attribué à Leptis les bronzes qui portent au droit COL VIC IVL LEP (ou 
la même légende abrégée) à coté de différentes têtes, au revers un boeuf et divers noms de ma- 
gistrats; Lorichs et Grolefend ont démontré que ces monnaies appartiennent à Celsa en Espagne, 
ville qui était sans doute surnommée Lepida d'après le triumvir, 'j Enfin les monnaies au nom 
AEITT1C, datant des règnes d'Auguste et de Tibère, sont généralement rapportées à Leptis Magna; 
il y a plus de raison pour les donner ù Leptis Minor, ce que nous tacherons de démontrer sous 
cette ville. 



OE A. 

Tête de femme tourelée à g.; derrière: fO^V (PJPlt- Grenetîs. R-. Tête d'Apollon laurée 
à dr.; devant: pX t?J (tPDlIp)- ^-8. 25,Ogr.*) 




28 

29. Même tête; même légende, écrite ainsi fORf, à droite et à gauche de la tête. I)r. Tro- 
phée dans une couronne de laurier. M. 5. "1 

30. Buste de déesse casquée et tourelée a dr.; même légende, écrite ainsi: N-Î.V j à dr. et à g. 
de la tête. Grenetis. r>. Trépied auquel est suspendu un arc et un carquois. Grenetis. 
(Fig.) ,E. 5-4$. 7,6— 4,lgr.**| 

31. Arc et carquois; même légende, variée ainsi f OVÏ ( écrite a dr. et à g. dans le champ. 
Grenetis. Ç-. Deux boucliers ronds placés sur deux lances en sautoir. JE. 4. 7,7— 3,6gr.* s ) 




i) Grotefend Blâtter fur Mûmiunde IV (1844) p. MO. cr. 
Gaillard Cat. de la coll. de la Torre p. 86 noie I . Néan- 
moins on trouve encore souvent ces monnaies attribuées 
à Leptis, soit dans les ouvrages qui traitent de la géo- 
graphie ou de l'archéologie de l'Afrique, aoil dam les 



catalogues numismatique*, 
a] Cah de Copenhague. 

3) Coll. de Judas (Revue num.fr. ISSGp.lOI noteI.pl.IV.il. 
il U exemplaires de différentes collections et de catalogues. 
i) Cab. de Copenhague |2ev,i'un du cab. Ailler, cat. p.123, 



LA 8YBTIQUE. 



32. L'égide avec la tête de Méduse, ailée et ceinte de deux serpente qui s'élèvent au-dessus du 
front. Grenetis. ïf. Lyre; même légende, écrite ainsi f°VÏ , a dr. et à g. dans le champ. 
Grenetis. (Fig.) JE. 3f 3,6* 3,4 gr. ') 

33. Casque, à g. Grenetis. R-. Trépied; même légende, écrite ainsi: T°*ï , & dr. et à g. 
dans le champ. Grenetis. JE. 3. 3,1 gr. s ) 





Sous le règne d'Auguste ou de Tibère. 

34. Buste de Lîvie à dr. Grenetis. ïf. Buste de Minerve à g., la poitrine couverte de l'égide 
hérissée de serpents; devant, même légende, variée ainsi: t*M ■ JE. G. 9,8 — 7,0 gr.**) 

35. Môme buste; devant, un paon; derrière, un épi. Grenetis. r)r. Le même que le revers 
précédent. M. 6. 15,3—7,1 gr." 4 ) 




Sous le règne de Tibère. 

6. Tl CAESAR AVGVSTVS Tête de Tibère, nue, à g. Grenetis. r*. Buste d'Apollon lauré 
a dr.; devant, la cithare; derrière, même légende, variée ainsi: f*\- Au P ourIour: une 
couronne de lauriers. .£.8-7. 15,7 — 9,7gr.* s ) 

7. Même légende et même tête; devant la tête, un aigle tenant un rameau dans le bec; derrière, 
un rameau de lauriers. Grenetis. R-. Le même que le revers précédent. 

.E.8-7. 18,9— 8,3gr.* fl ) 



l'autre du cab. Wicial, Caronnl Ragguaglio tav. V, 24, 
Sestinl Mus. Hcderv. III font. p. 82 n«2), mus. Thor- 
»aldaen, mus. brit. , cali. de Parla (Pellerln Rcc. I pi. 
XXY111.35, Mionn.VI p. ,10 1 n"2), de Vienne et de Milan, 
i) Cab. de Copenhague (de la coll. de Welil, cat. n»7792) 
et de Funlana. 



a) Cab. de Florence. Mllllngen Recueil p. 82 pi. IV, 20 

3) 22 exemplaires de différents catalogues et collections. 
i) 1 1 exemplaires de différentes collections. 
si 24 exemplaires de différents cataloguée et collections, 
a) 32 exemplaires de différents catalogues et collection». 



OEA. 



17 



Oéa 1 ) était située à l'ouest de Leptis dans le même endroit où se trouve aujourd'hui 
Tripoli. 2 ) Cette ville, à en juger par le nom, était d'origine libyenne et non phénicienne 9 ); sous 
la domination de Carthage, la population liby-phénicienne fut mêlée de Grecs, que les Carthaginois 
y transportèrent de la Sicile. 4 ) Il semble qu'Oéa, ainsi que Leptis, ait été étroitement liée avec 
les tribus nomades, et qu'elle ait dû surtout au commerce qu'elle faisait avec l'intérieur du pays, 
l'état florissant où elle s'était élevée. Sous les Romains le territoire de la ville était assez consi- 
dérable et s'étendait vers Test jusqu'à la frontière de Leptis. Nous devons à Tacite 5 ) la connais- 
sance d'une guerre, qu'Oéa, assistée par les Garamantes, peuple libyen, faisait avec Leptis sous le 
règne de Vespasien; cette guerre se termina par la médiation de Rome. Dans les itinéraires, 
Oéa est appelée colonie; il est assez probable qu'elle en a reçu le titre sous Septime Sévère. 6 ) 
Au milieu du 4 ne siècle , la ville souffrit beaucoup de l'invasion des Ausuriens 7 ) , la même peuplade 
qui dévasta Leptis. D'après le récit des auteurs arabes, les Sarrasins s'emparèrent de la ville 
dans l'année 23 de Régira (644 après J. Chr.). 8 ) A Tripoli il ne reste de l'ancienne ville qu'un 
arc de triomphe, érigé en l'honneur de Marc-Aurèle et de Lucius Vérus; dans les environs on a 
déterré différentes antiquités. 

Il n'y a pas de nom punique dans la numismatique africaine qui ait été l'objet de plus 
différentes interprétations que celui des monnaies précédentes. Swinton, premier paléographe qui 
s'occupait de cette légende, lisait ^jm et y voyait le nom de Jol (Cœsarea) en Mauritanie, opinion 
qui fut adoptée par Pellerin , Mionnet et Sestini. 9 ) Bellermann 10 ) et Hamaker u ) , méconnaissant 
plusieurs des lettres, déchiffraient la légende, chacun de sa manière, et en venaient à différentes 
déterminations du lieu de l'émission. Gesenius, prenant les lettres pour njPD, supposait que 
c'était le nom de Siga en Mauritanie. 1 -) Lindberg enfin, qui, lisant njJBO, avait précédemment 
attribué ces monnaies à Cissa en Mauritanie 18 ), parvint à la juste interprétation 14 ), qui a été exposée 
plus tard par Judas 15 ) et Movers 16 ). U ne peut plus y avoir de doute qu'il ne faille lire njW ; 
toutes les trois lettres dont la valeur a été contestée, vav, jod et tau } se retrouvent sous les mêmes 
formes sur les monnaies bilingues de Juba 1 er . Cette légende répond parfaitement au nom romain 
de la ville. Les lettres i, * et y se transcrivaient assez souvent par les voyelles 0, E et A; n (T), 
terminaison féminine en phénicien, qui se perdait sans doute dans la prononciation, n'était fré- 



t) Sur cette ville voyez: Mannert Géogr. p.Marcus p. 143-1 44 
et 644-645, Barth Wanderungen p. 294-295 et 359 , Mo- 
vers Phônizier II B. 2 Th. p. 489-491, C.Mûller Geogr.gr. 
min. 1 p. 463-464. 

v) Mannert fixe la position d'Oéa à 3 ou à 4 milles a lest 
du nouveau Tripoli. L'opinion que Tripoli occupe la 
même place que l'ancienne Oéa est émise par Marcus, 
Barth, Movers et C.Mûller (U. ce), et s'appuie sur le 
témoignage de l'auteur arabe Abou - Obaïd Al Bekri du 
1 !■" siècle. 

a) Movers (1. c. p. 490) suppose que le ho m d'Oéa dérive 
du mot libyen ait, tribu, lequel s'est conservé dans la 
composition de plusieurs autres noms de tribus ou villes 
libyennes. Selon Judas (Revue num. 1856 p. 107), le 
nom est d'origine égyptienne ou berbère et signifie 
séjour. 

4) Silius liai. III, 257. Cf. Movers 1. c. p. 490. 

») Hist. IV, 50. 



6) Chez les auteurs modernes on trouve assez souvent 
établi qn'Oéa est déjà auparavant devenue colonie ; mais 
cette opinion est fondée sur la fausse Interprétation de 
certaines monnaies, dont nous ferons mention plus bas 
p. 20. 

7) Ammien XXXVIII, 6. 

8) Barth 1. c. note 1. 

9) Pellerin Rec. III p. 152; Mél. I p.143. Mionnet VI p. 591 ; 
S. IX p. 210. Sestini Mus. Hederv. III cont. p. 82. 

10) Bemerkungen ûber phôn. Mûnzen H, 9. 
il) Mlscell. phœn. p. 34. 

12) Monum. p. 324-325. 

13) De lnscr. Melit. p. 42. 

u) Dans l'annonce faite de cet ouvrage en 1843 par Falbe 
et Lindberg, on trouve citées sous la rubrique d'Oéa, 
1 1 classes de monnaies puniques. 

15) Étude dém. p. 137; Revue num. 1856 p. 99-101. 

16) L. c. note 1. 

3 



18 



LA SYRTIQUE. 



quemment rendue par aucune lettre. Dans les anciens auteurs, on trouve encore, outre la 
forme Oea, qui est la plus usitée, dans différentes éditions: '£*»«, Oeea, Ocea, Oca, Occa % Oza, 
Osa ') ; quelques-unes de ces formes sont sans doute des leçons corrompues, mais plusieurs d'entre 
elles peuvent être dérivées de la transformation du son guttural de la lettre aïn, qui fut quelquefois 
rendu par la lettre G ou C 2 ). 

Le n°28, pièce unique et inédite, porte encore au revers une légende de 5 lettres; il est 
douteux si un point qu'on découvre entre la 3 me et la 4 me lettre, est un signe de distinction ou 
une élévation accidentelle du métal. L'analogie que présentent les n°" 38-47, peut bien induire à 
croire que ces lettres contiennent le nom d'une ou de deux villes alliées avec Oéa. Falbe a 
proposé de lire tfiWD et d'entendre par cette légende, Berezeos, station sur la route de Tacape 
à Cydamus d'après l'itinéraire d'Antonin; Lindberg, lisant t^D'ID 1 ?, y a vu les noms abrégés 
des villes de Lambesa et de Mascula en Numidie. Ces. interprétations ne sont guère admissibles. 
Berezeos était un lieu inconnu dans le désert au-delà des montagnes et sans communication directe 
avec Oéa; les deux autres villes étaient situées dans l'intérieur de la Numidie, et n'avaient assu- 
rément aucune relation avec Oéa. Les lettres doivent sans doute être lues ttfcnB- 8 ) Cette 
légende ne peut indiquer le nom d'aucune ville connue. Si l'on en examine les éléments d'après 
l'hébreu, on verra qu'elle peut signifier prœfectuê tributo. 4 ) On pourra donc y voir un magistrat 
phénicien répondant au raplaç, quœstor, titres qu'on rencontre souvent sur les monnaies grecques 
et romaines, notamment sur les monnaies cyrénéennes de la même époque 5 ); une telle signification 
serait analogue à celle de la légende ipso sur le n° 1 de Leptis (voyez p. 10). Il est toutefois 
possible que la légende dont il s'agit, nous offre les noms des deux suffètes qui étaient à la tête 
de l'administration de la ville 6 ), ou bien, si la légende n'est pas divisée en deux par un point, le 
nom d'un des suffètes, auquel a été confiée la surveillance du monnayage. 7 ) 

Les types prédominants sont les têtes et les attributs d'Apollon et de Minerve. Tou- 
tefois les deux divinités que nous offrent ces monnaies, ne sont pas, comme nous l'avons déjà fait 
remarquer plus haut (p. 12), les divinités grecques qui portaient ces noms, mais les phéniciennes 
qui leur répondaient. Le dieu des Phéniciens qui fut assimilé à Apollon 8 ), avait été vénéré par 
les Liby-phéniciens depuis une époque très-reculée. Selon Pline 9 ), les Tyriens, en fondant la ville 
d'Utique, environ 1100 av. J. Chr., y érigèrent un sanctuaire à Apollon. A Carthage il y avait un 
temple d'Apollon, qui renfermait une statue d'or du dieu placée dans une niche dorée. 10 ) Il faut 
ajouter que, selon Ptolémée, il se trouvait un temple d'Apollon sur la côte à l'ouest de Hippo, et 
que le promontoire non loin d'Utique portait le nom de ce dieu. On disait que l'Apollon libyen 



t) Les textes anciens sont cités chez C. Mûller 1. c. p. 463. 

9) Cf. Gesenius Monum. p. 430-431. 

8) L'initiale ne peut guère être un lamed; conférez les for- 
mes de cette lettre dans les noms de Leptis et de Bilan 
sur les monnaies précédentes et suivantes; la 2"« lettre 
étant de la forme normale, la Ire lest probablement de 
même, et a donc la valeur de phe, comme dans le nom 
de Leptis , voyez p. t4. La 2«* lettre peut être beth et 
resch; il faut préférer resch, vu que beth ne s'associe 
pas bien avec phe. 

4 ) TIC» prœfectu$, Habac. 111,14. #&ft t tributum, 2Chron. 
XVII, 11. 



5) Voy. Volume I p. 161 et 168. 

6) Sur les monnaies dé Sabrata on trouve plusieurs grou- 
pes composés de deux couples de lettres, séparées par 
un point, qui indiquent sans doute les noms de suffè- 
tes; voyez plus bas sous Sabrata. 

7) Dans les inscriptions lapidaires on rencontre quelque- 
fois le nom d'un seul suffète, voyez Movers Phôn. II B. 
ITh. p. 543 note 142. 

8) En Phénicie Apollon était un objet de culte à Dor (Joseph, 
c. Apion. 11,9) et à Ascalon (Euseb. Hist. eccl. I, 6, 1 ). 

9) Hist. nat. XVI, 79 (40). 
io) Appien VIII, 127 et 133. 



OEA. 



19 



était fils d'Ammon. *) Quant à la Minerve phénicienne, on la trouve désignée par des noms 
différents; selon Pausanias, elle fut appelée Siga*), selon Plutarque, Saosis*), d'après des passages 
dans d'autres auteurs, Onka. 4 ) Par les deux premiers noms elle était sans doute signalée comme 
la pure, la vierge (y nctQ&époç) } par le dernier comme une divinité de lumière, attendu qu'elle 
était aussi déesse de la lune ainsi que dans l'origine la Minerve grecque. 5 ) Hérodote raconte ) 
que les tribus libyennes autour du lac de Triton vénéraient une déesse répondant à *A^vaia\ à 
en juger d'après les fêtes qu'on y célébrait en son honneur, elle était déesse de la guerre et fut 
figurée avec casque et lance. Des mythes grecs de Minerve, datant d'une très-ancienne époque, 
s'attachaient au lac de Triton; on disait que la déesse était née dans cette localité, fille de Poséidon 
(ou Pallas) et Tritonis, et on en dérivait ses surnoms, Tritonis et Tritogeneia; le lac de Triton fut 
aussi appelé Pallantias, et un lac voisin, Pallas. 11 est assez probable que cette déesse a été la 
Minerve phénicienne, que les colons de Sidon et de Tyr ont transportée dans les villes qu'ils fon- 
dèrent sur cette côte. 7 ) L'égide portant la tête de Méduse, qui fait le type du n°32 et dont est 
couverte la poitrine de la déesse sur les n 01 34-35, convient particulièrement à la Minerve libyenne; 
le mythe des Gorgones était indigène dans la Libye, et Hérodote dit expressément que l'égide avec 
laquelle les Grecs représentaient Minerve, provenait de ce pays. 8 ) La couronne murale dont est 
entouré le casque de la déesse sur le n°30, la désigne sans doute comme génie tutélaire de la 
ville, répondant à Minerve IJoXidç ou TloXiovxoç. 

Le buste au droit des n" 34 et 35 a été pris tantôt pour celui de Julie , fille d'Auguste °), 
mariée d'abord à Agrippa, puis à Tibère, tantôt pour celui de Livie 10 ), épouse d'Auguste et nommée 
également Julie. Par les traits seuls il est difficile de décider cette question; les portraits des 
personnages de la famille impériale qu'on trouve représentés sur les monnaies frappées dans les 
provinces, offrent souvent peu de ressemblance. Si l'on en regarde la physionomie, ce buste 
pourra représenter l'une et l'autre des deux princesses 11 ); mais les attributs, le paon et l'épi, 



i) Aristote chci Cl. Alex. Protrcpt. H p. 24A (Oxon. 1715). 
Ampelii Lib. mem. c. 9. Cf. Servius ad jEneid. 1, 740. 
Movers pense que le dieu Apollon, adoré par les Liby- 
phénlciens, est le même qui dans la plus ancienne his- 
toire de Carthage est mentionné sous le nom de Jopas 
ou Japon. Phônixier II, 2, p.149, p. 384 note 87, p. 509 et 
513. Allg. Encycl. S. III Th. 24 p. 398 note 23. 

a) Paus. IX, 12, î: Siya (leç. var. lOyya, "Oyxa). 

a) Plut, de Iside c. 15: Sàwaiç. 

4) "Oyxa, rj Ufrijva xarà .<Poiy*xccç. Steph.Byz. s.Y.'Oyxaîat. 
"Oyya. Hesychius. Sous ce nom Minerve fut vénérée à 
Thèbes en Béotie, ville d'origine phénicienne (Nonnus 
Dlonys. V, 15 et 70}; dans la ville béotienne Onkae il y 
avait urte statue de cette déesse qu'on disait érigée par 
Gadmus. Il faut ajouter qu'une Minerve surnommée 
«ftoiwxy était un objet de culte à Corinthe. O. Mûlier 
Gesch. hell. St. I p. 11 5. Kenrick Phœnicia p. 100 notel 
et p. 325. Movers II. ce. note suiv. 

&) Les noms Onka et Saosis renvoient à la ville de Sais 
en Egypte où l'on adorait une déesse Ank ou Anuke à 
côté de Neith, la Minerve égyptienne. Movers Phôn. I 
p.642-650; Allg. Encycl. le. p.394. Pauly Real-Encycl. 
V p. 5 11 et 513. 



6) Herod. IV, 180 et 188. 

7) Movers Phônizier II, 2; p. 463-467; Kenrick Phœnicia 
p. 144. II y avait aussi, comme on le sait, des tradi- 
tions béotiennes d'une Minerve Tritonis ; d'autres archéo- 
logues regardent celles-ci comme originaires de la Béotie, 
en pensant qu'elles ont été portées en Libye par des 
Minyens émigrés. O. Mûller Gesch. hell. St. I p. 349-351 ; 
Allg. Encycl. S. IÏI Th.tO p. 98 suiv. Krause dans Pauly 
Real-Encycl. Y p. 45-46. 

8) Herod. IV, 189. 

9) Pellerin Rec. III p 151. M ion net VI p. 593. Cohen Méd. 
imp. I p. 11 2. Lindberg suppose de même que ce buste 
représente la fllle d'Auguste. 

10) Sestini Mus. Hederv. III cont p. 83 n* 9 suiv. Judas 
Revue num. 1856 p. 100 note 2. 

u) Le seul portrait que l'on connaisse de la fllle d'Auguste, 
à ce que nous sachions, est une tête d'un caractère 
peu prononcé que nous offre une monnaie de Pergame 
(Mlonnet n»542, Eckhel Doctr. VI p. 168). Un denier 
d'Auguste (Eckhel Doctr. VI p. 102) présente sa tête jointe 
à celles de ses deux fils; mais elle est trop petite 
pour qu'on en puisse discerner la physionomie. La 
statue au musée de Louvre avec la tète couronnée d'épis, 

3' 



20 



LA 8TRTIQUE. 



qu'on voit ajoutés sur le n*35, démontrent que c'est l'effigie de Livie. On ne trouve qu'une seule 
fois la fille d'Auguste figurée comme déesse, savoir sur une monnaie de Pergame, et selon la 
légende ajoutée , comme Vénus. ') Mais dans les provinces on rendait en maints endroits des 
honneurs divins à Livie représentant tantôt Junon et tantôt Cérès *) ; on la trouve figurée ainsi sur 
un bon nombre de monnaies"), notamment sur celles qui ont été émises par les villes de la pro- 
vince d'Afrique. •). Parmi ces dernières une pièce frappée sous Tibère à Thapsus , porte la tête 
de Livie couronnée d'épis et la légende IVN AVG; cette pièce est analogue à notre n'35, sur 
lequel on voit réunis les symboles de Junon et de Cérès. 

On a attribué à Oéa trois monnaies coloniales d'Antonin le pieux, ayant pour types du 
revers : une tête de femme tourelée, le dieu Lunus à cheval, l'aigle sur la foudre. Ces monnaies, 
comme il a élé démontré par Dtichalais, appartiennent à l'Asie, la première à JEMa. Capitolina, la 
deuxième à Olba en Pisidie, la troisième à une autre ville asiatique. 9 ) 



OEA, ZITHA et ZIICH1S. 

Sous le règne d'Auguste. 

38. Tête d'Auguste nue h g.; (devant, le tïtutu); derrière, le pré/ériculum. Le tout entouré 
d'une couronne de laurier. r>. Bustes affrontés de Minerve casquée et d'Apollon lauré ; 
devant la poitrine du dernier, la lyre. Au-dessus: f ° 3\ ou f m ^\ (PJPl)i au-dessous: 
\\©n lt>ti (jnï!E"BB). Grenetis. JE. 9-8. 21,3— 19,0 gr.*"} 

39. Tête d'Auguste nue à g., entourée d'une couronne de laurier. R-. Cithare. Mêmes légendes 
qu'au revers précédent, écrites ainsi: au-dessus, /oir 1 ^ ; a droite, 1T(y %) ; à gauche, 

V\/7 fpTO). Grenetis. JE.l. 11,6 & 11,0 gr. 1 ) 

40. Autre semblable; devant la tète, C. JE.l. 11,8 & 10,8 gr. 8 ) 




qui par YisconU et Mongei (icon, rom. II p. 51 pi. XX, 1-3) 
a été prise pour celle de la Bile d'Auguste, ne représente 
sans doute pas cette princesse. 

i) Voyez II. ce. la note précédente. 

i) Vojes plus haut p. 13 note 14. 

a) Sur la monnaie de Pergame que noua venons de citer 
(note M), on lit AimAN IIPAN auprès de sa tête. 

4) Voyez p. 13 note 15. 

si Revue nuin. fr. 1849 p. 97 sulv. 

•} Cab. de Paris (î ex, l'un de la coll. Wlczai, Carroni 
Ragguaglio p. 182, tav. XII, TS, Sealinl Mus. Hederv. III 
cont. p.83 n»5, Mionn. S. IX p.2IO n°2, [tcvueiium.fr. 



1856 p. 107) de Vienne et de Stockholm. La pièce figurée 
est l'une de celles du cabinet de Paris; la partie droite 
de la légende en bas est conservée sur l'exemplaire de 
Vienne; la variante de ta légende en haut se trouve 
sur l'exemplaire de Stockholm. 

t) Cab. de Paris ( 2 ex., Pellerln Rec. 111 pi. CXXI, 18 ; Suppl. 
IVpl.IU.16; HlonnetVI p.612 n*16; Gesenius Honum. 
p.326n"l). 

8] Cab. de Paris (MlonnetVI p.GI2 n° 15) et coll. de Fon- 
tana. La pièce Ogurée est du cabinet de Paris: la lé- 
gende a. gauche est entièrement conservée sur un autre 
exemplaire du même cabinet el sur celui de Fontana. 



OEA, ZITHA et ZUCfflS. 



21 



Hamaker et Gesenius l ) lisaient et interprétaieut les légendes de ces monnaies d'une ma- 
nière erronée qu'il serait inutile de reproduire. MM. Movers et Judas en ont reconnu les justes 
lettres en lisant : pw *BB njH , OEAT ThTfcE SVQ. Le premier de ces savants , présumant que 
pitp est une abréviation de bpW } sicle, et que njPl est un mot libyen signifiant tribu } traduit la 
légende : sicle (monnaie) de la tribu de Titi\ il fait observer que Titi ou Tel se retrouve dans des 
noms de lieu en différentes contrées de l'Afrique, mais il ne détermine pas où a demeuré cette 
tribu. 2 ) Judas prend ny»1 pour le nom de la ville d'Oéa, comme sur les monnaies n os 28 suiv.; 
pour les deux autres mots, il avait cru précédemment qu'ils n'indiquent qu'un seul nom, celui de la 
ville de Subtutu 8 ); mais plus tard il est parvenu à. établir l'opinion que ce sont les noms de deux 
villes dans la partie occidentale de la Syrtique, Zitha et Zuchis. 4 ) Lindberg entend par ces trois 
mots les mêmes villes que Judas. Cette interprétation, à laquelle sont arrivés ces deux savants 
sans que l'un ait connu l'opinion de l'autre, est indubitablement la juste qu'il faut préférer à celle 
de Movers. 

La ville de Zitha était située sur le détroit qui sépare l'Ile de Meninx du continent; 
elle était jointe à cette lie par un pont de pierres taillées, qui est mentionné dans l'itinéraire d'An- 
tonin 5 ) et dont il reste encore des débris. 6 ) A l'époque impériale, la ville était municipe. Le 
nom est écrit de différentes manières: Zitha, Zita, Tiza 9 Zita* 1 ); on conviendra donc facilement 
que c'est le même nom qui se lit Thithe 9 ) sur les monnaies dont il s'agit; dans le sémitique, 
ainsi que dans d'autres langues, les lettres dentales et sibilantes se confondaient souvent 9 ). Zu- 
chis était situé à l'est de la ville précédente, dans une lie qui se trouvait à l'embouchure d'un lac 
du même nom. Ses habitants s'occupaient de teintures de pourpre et de salaisons; à cause de 
ce dernier métier, la ville était aussi appelée par les Grecs Tarichiœ 10 ). On découvre encore tout 
près de la mer des ruines en briques, qui selon leur construction particulière ont dû servir à la 
teinture du pourpre, et dans la mer on rencontre des débris d'un port excellent. Un village et 
une citadelle, qui portent le nom de Biban, occupent aujourd'hui l'emplacement de l'ancienne cité. 11 ) 
Le nom punique a sans doute signifié marché, nom qu'on a donné à la ville par suite du débit 
des marchandises dont nous avons fait mention. 12 ) Ce ne fait aucune difficulté que le nom de 
la ville sur les monnaies offre pour initiale un «m, tandis que dans Strabon il commence par 
un Z in ); car les lettres sibilantes, comme nous l'avons déjà fait remarquer, se transforment souvent 
l'une dans l'autre. H ) Sur le n° 38 un aïn est intercalé dans le nom, comme on le voit fréquemment 



i) Hamaker Mlscell. phœn. p. 153. Gesenius Monum. p. 326, 
Tab. 44, XXVI , Incerti A et B. 

3) Phônizier II, 2, p. 489 note 100a. 
8) Étnde p. 139-140. 

4) Revue num. fr. 1856 p. 104 suiv. 

5) Muntcipium ponte Zita. (Ed. Fortia d'Urban p. 19.) 

6) Barth Wanderungen p. 263. Mannert est d'une opinion 
divergente (éd. Marcus p. 148). 

7) Ptolémée: Zii9a. Table de Peutinger: Tiza ou Ziza 
municipium. 

*) Gesenius (Monum. p. 430) et Marcus (Géogr. de Mannert 
p.646) supposent que ce nom est à dériver de rW> olivier; 
Judas est d'avis qu'il désigne limoneux, de £^D» limon, 
vase, épithète donnée à la ville de la plage marécageuse. 

o) Des exemples de la transition de toade en thet se trou- 



vent cités dans le Lexicon de Gesenius p. 580. Tkade 

en hébreu répond à thet en syriaque. Cf. Judas 1. c. 

p. 105. 
10) 7Yr绣<Kr». ScylaxllO. 

il) Mannert Géogr. p. Marcus p. 148 et 646. Barth Wan- 
derungen p. 269-270. C.Mùller Geogr. gr. min. I p. 464- 

465. Judas 1. c. 
«*) pW* forum. Gastiglioni Reçu, sur les Berb. atl. p. 117. 

Gesenius Monum. p. 430 s. v. Judas 1. c. 
is) Zov*x*t> Strabon XVII p. 834. Chez Stephanus Byi. (s.v.) 

on trouve le nom écrit Sofytç, dans le stadiasme, 

ZtvxaçtÇ. 
14) Des exemples de la confusion des lettres £f et 3 en 

hébreu sont cités dans Gesenius Lexicon mau. p. 954 

sub a et p. 972 sub4. 



22 LA SYRTIQUE. 

dans les inscriptions lapidaires 1 ); de même le nom de Sabrata sur les n"48suiv. est écrit sans 
ou avec aïn dans la dernière syllabe. Pour ce qui regarde la réunion de trois noms de villes sur 
une même monnaie, beaucoup de monnaies grecques de F époque impériale, comme on le sait, 
contiennent de même les noms de plusieurs villes qui ont battu monnaie aux frais communs, ou 
qui ont conclu une alliance monétaire; il n'y a donc rien de plus naturel que d'admettre qu'à la 
même époque les villes puniques en ont fait de même. Ces villes, toutes trois maritimes et situées 
sur la même côte, ont dû être liées par des relations de commerce. 

Ces monnaies portent les mêmes têtes de divinités que nous offrent les monnaies d'Oéa, 
celles de Minerve et d'Apollon, et la lyre, attribut du dernier dieu; il est donc probable qu'elles 
sont sorties de l'atelier d'Oéa, qui était aussi la plus grande des trois villes. Selon Sestini et 
Mionnet, ce sont Tibère et Julie, son épouse, qu'on voit représentés ici avec les attributs des deux 
divinités. 2 ) Il est vrai que les traits en sont très-peu idéaux; mais d'un autre côté ces têtes 
n'ont qu'une ressemblance lointaine avec Tibère et Julie, et sur les autres monnaies d'Oéa les têtes 
des mêmes divinités ont un caractère individuel tout pareil. Les deux mêmes numismatistes ont 
supposé, à tort, qu'il y a un aigle devant la tête d'Auguste sur le n°38; ce qu'on y aperçoit, ce 
n'est qu'une partie du lituus. 

La lettre C qu'on voit devant la tête du n°40, ne se laisse rapporter ni à l'atelier ni au 
magistrat monétaire, puisque la même lettre apparaît devant une tête semblable sur les monnaies 
de Macarée et Billa (n os 46-47) et de Sabrata (n°60); il faut donc qu'elle appartienne au person- 
nage que représente la tête. On pourrait prendre cette lettre pour l'initiale de Cajus en attri- 
buant la tête soit au fils adoptif d'Auguste, dont le portrait est figuré sur certaines monnaies de la 
Byzacène avec l'addition d'un seul C, soit à l'empereur G. Caligula; les effigies des personnages im- 
périaux sur les monnaies africaines sont en général peu ressemblantes. Il est cependant plus 
probable que ce C est une abréviation de CAESAR, et que la tête en est celle d'Auguste; car cette 
tête est tout-à-fait pareille à celle d'Auguste que nous offre le n° 38, et sur les monnaies de Sabrata 
on trouve le nom Cœsar placé seul auprès de la tête du même empereur. Il n'existe pas d'autres 
monnaies africaines à la tête ou au nom de Caligula. 

Pellerin et Gesenius ont publié une monnaie semblable à celle du n° 39, mais sans le nom 
d'Oéa au-dessus de la cithare ); M. Judas en a aussi fait mention et la regarde comme frappée par 
les deux seules villes de Zitha et de Zuchis. 4 ) Mais cette pièce , qui se trouve au cabinet de 
Paris, n'est qu'un exemplaire du n°39 dont le revers est usé à la partie supérieure; on découvre 
encore des vestiges des deux dernières lettres du nom d'Oéa. M. Judas enfin a publié la gravure 
d'un bronze dans le cabinet de Paris, ayant au droit une tête de femme, au revers une lyre et 
une légende qui, selon lui, offre le nom de Zuchis répété deux fois. 5 ) Cette inscription n'est pas 
phénicienne, mais grecque, savoir €l"ll HPOT6IMOY; au cabinet de Paris il y a de cette monnaie, 
parmi le nombre des incertaines, deux exemplaires qui en complètent réciproquement les légendes. 



i) Voyez: Gesenius Monum. p. 431, Judas l.c. p. 107, De leurs noces. Mais on n'aurait certainement pas choisi 

Saulcy Revue arcliéol. 111 p. 571. les images d'Apollon et de Minerve pour représenter un 

a) Ll.cc. p. 20 note 6. Dans le catalogue de Falbe ces têtes époux et sa jeune mariée. 

sont également désignées comme celles de Tibère et de 3) Recueil III pl.CXXI, 18. Monum. Tab. 44, XXVI, A. 

Julie, et Lindberg, dans son manuscrit, émet la conjec- 4) Étude p. 139, Revue num. l.c. p. 104. 

ture que ces monnaies ont été frappées à l'occasion de 6) Revue num. 1856 p. 105-106. 



OEA, MACARfiA et BILAN. 



OEA, HACARAA et BILAN (?) 



41. Casque. Grenelis. ft. Un bouclier rond, placé sur une lance. Autour: l/jj ^f/OArf OXY 

f ^3 "ipP0 njm )• Variantes de la légende: |f5JS*fc O^ | O \X » 1^ ^'V°+/' 1ï- 

M. h. 6,7— 4,8 gr.* ') 

42. Main droite levée; à gauche et a droite: (o if (njn). fy. Caducée; à droite: *fyOX 
l-ipjjo); à gauche: ffl |r>a). JE. 2. l^gr.'J 




Sous le règne d'Auguste. 

43. Tête d'Auguste, nue, à dr.; devant, le lituua. Grenelis. Vf. Tête de femme tourelée à dr.; 
devant: f/Jj J>©2| (j^anSI); derrière: <tyo* ClpVD). M. »■ 18,2— l2,3gr.* 8 ) 

44. Même Tace. IJr. Même tête; devant: ÎOlY^bot llxl I HP 1 ! IpO jS'a )• Grenelis. 

JE.S. 17,1— !2,3gr.**) 

45. Autre monnaie semblable, avec la même légende écrite ainsi: f^lM^o^^frlJ • 

£1.8. I2,7gr. s ) 



Les deux mots puniques qui sur ces monnaies sont joints au nom d'Oéa, ont été 
expliqués différemment. Nous passons sous silence les interprétations manquées qui se ratta- 
chent a la lecture erronée du mot qui exprime le nom d'Oéa. 8 ) M. Judas, en publiant le pre- 
mier'} la juste interprétation du mot signifiant Oéa, traduisit le reste de la légende: urbs Macara; 
il lut n^a, qu'il prit pour synonyme de r6jO, ville, comme GeBcnius l'avait déjà fait avant lui, 
et entendit par cette ville Maxaçata qu'on trouve mentionnée dans le stadiasme parmi les villes 
de cette cote. Movers, reconnaissant qu'il faut lire i^a, rendit toute la légende ainsi: Oiat bel 

i) 8 exemplaires de différents catalogues et collections. tab. -M, A), de Stockholm et de H. Tbomsen a Copen- 

i) Musée britannique. bague. 

S) Calj. de Copenhague, de Paria (2 ex., Pellerln Bec. III s) Cab. du roi de Sardalgne. 

pl.CXX.ia, Gesenlus Mon. lab.44.B) et de Stockholm. s) Hamaker WUceii. phœti. p.34. Llndberg De Inscr. Melll. 
<| Cab. de Paris (4 ex.. Pellerln Rec. Ui pt.CXX.12, Eckhel p. 43-44. Geseoius Honum. p. 325. 

Doctr. III p. 4-21, Mlonnel VI p. 592 n>4, Cesenlus Mon. 7) Étude p. 138. 



24 LA SYRTIQUE. 

noêter Makar y et y vit le nom entier de la ville d'Oéa. *) Cette opinion a été adoptée par le 
savant géographe C. Mûller qui, s' appuyant sur l'interprétation de Movers, présume que Maxaçala 
du stadiasme dérive de Maxaç-Oïa et que c'est un autre nom de la ville d'Oéa. 2 ) Plus tard 
Judas, lisant le troisième mot J^B, Ta pris pour le nom de Pallene, qui, selon lui, a été une ville 
alliée ou subordonnée à Oéa de même que Macarée. 8 ) Lindberg, transcrivant également les deux 
mots en question par "pyo et 1^2, les considère enBn comme les noms des deux villes, Macarœa 
et Villa Magna; il est d'avis que le nom punique de la dernière a été ^3, dont Ava est la forme 
plurielle, indiquant les citoyens; sur le n°45, prenant la lettre finale pour un caph au lieu d'un 
nwn, il regarde ce caph comme une abréviation de *vdd, magna. 

Nous allons discuter ces interprétations si divergentes. Quant à celle de Movers, il faut 
faire remarquer qu'on ne rencontre pas sur d'autres monnaies un nom de ville d'une telle longueur, 
et que les deux mots 1py£ et jfpa ne semblent pas former un seul nom avec njH, puisque sur 
le n° 12 ils sont placés au revers, tandis que le dernier se trouve au droit, que sur le n° 43 ils 
occupent chacun leur côté de la pièce, et que sur les n 01 46-47 ils paraissent seuls, sans que le 
mot njpi soit ajouté. Par la circonstance que dans la série des villes de cette côte que nous offre 
le stadiasme, sur l'étendue de Mégerthis jusqu'à Sabrata, on trouve nommée seulement Macarœa et 
non Oea, ville beaucoup plus importante, on pourrait à la vérité être tenté de croire que Macarœa 
a été identique à Oea ; mais d'un autre côté, nous faisons observer que dans Scylax, entre les villes 
de Leptis et de Sabrata, on trouve également omise Oea, à laquelle a été substituée une ville 
obscure, Gaphara, et que Strabon ne fait non plus mention de la ville d'Oéa. L'analogie que 
nous présentent les monnaies n 01 38-40, qui portent les noms de Zilha et Zuchis joints à celui 
d'Oéa, milite en faveur de l'opinion que nous avons encore ici les noms de deux villes. Pour la 
question quelles ont été ces villes, on ne peut douter que l'une, désignée par IpJJD (MAQR), ne 
soit Macarœa du stadiasme, ville qui, tirant son nom du dieu Makar, a dû être située près d'Oéa 
vers l'ouest, là peut-être où Edrisi place Gargara. 4 ) Il est plus difficile de déterminer l'autre 
ville dont le nom est écrit ]*tq (BILN). La supposition de Lindberg, que nun est la désinence 
du pluriel et indique les habitants de la ville, ne parait pas plausible, vu que les deux autres 
noms sont employés au singulier et expriment la cité même. Nous ne saurions non plus adhérer 
à l'opinion du même savant que la dernière lettre de ce nom sur le n° 45 est un caph indiquant le 
surnom Magna\ ce caractère peut aussi être un nun 5 ), et l'on est amené à lui assigner ici cette 
valeur, parce que le nom sur toutes les autres monnaies se termine en nun. Il n'est pas invrai- 
semblable que le nom Villa tire son origine de la langue punique, comme nous le ferons voir 
tout de suite, mais il est très-douteux, si Villa Magna a été une ville; cette localité n'est men- 
tionnée que dans l'itinéraire d'Antonin, et simplement comme une station de route entre Sabrata et 
Zitha avec l'addition villa privata. 6 ) Pour ce qui regarde la ville de Pallene, proposée par Judas, 

1) Phônizier II B. 2 Th. p. 489-491. Movers suppose que 644-645. Selon Fortia d'Urban (Itin. anc. p. 375), Ma- 
Oiat est un mot libyen signifiant tribu, et que la ville carée répond à Qargach. 

d'Oéa a reçu le nom d'après Makar r pour la distinguer &) On rencontre assez souvent un nun de cette forme, 

d'une autre ville, Oiat Tui, dont il croit trouver le nom p. ex. dans pjD û l & 5 me inscr. carthag. , 2*" ligne 

sur une autre monnaie, voyez plus haut p. 21. (Gesen. Tab. XVII p. 177), et dans njm2J? * 1* 1" 

2) Geogr. gr. min. I p. 463. inscr. athén. (Gesen. Tab. IX p. 113), noms dont l'inter- 
8) Revue num. fr. 1856 p. 103. prétation n'est sujette à aucun doute. 

4) Ed. Jaubert p. 283. Cf. Marcus Géogr. de Mannert p. 6) Fortia d'Urban p. 19. Cf. Barth Wanderungen p. 270. 



OEA, MACARJEA et BILAN. 



25 



il se peut que le nom inscrit sur les monnaies doive être prononcé PALN, et qu'il désigne cette 
ville. *) Mais il faut prendre en considération une circonstance qui n'est en faveur d'aucune des 
deux villes proposées, c'est qu'elles étaient situées Tune et l'autre à l'extrémité occidentale de la Syr- 
tique, à une assez grande distance de Macarée; les monnaies n 08 46-47, dépourvues du nom d'Oéa, 
ont dû être frappées par Macarée et une seule des villes en question; il faudrait par conséquent 
admettre qu'il y avait eu une alliance monétaire entre ces deux petites villes éloignées l'une de 
l'autre, ce qui parait peu probable. On est donc porté à chercher une ville plus rapprochée de 
Macarée. Dans l'itinéraire d'Antonin se trouve mentionné un lieu nommé Villa Repentina, 
situé tout près d'Oéa et de Macarée 9 ); il est bien possible que ce Heu ait été originairement une 
ville punique du nom Bilan. Plusieurs noms puniques qui chez les auteurs anciens se terminent 
en a, ont été écrits en phénicien avec un nun final*); dans la prononciation des Romains Bilan 
passa donc facilement en Bila ou Billa. 11 y avait dans l'Afrique septentrionale un certain nombre 
de bourgs ou de cités, plus tard sièges d'évéques chrétiens, qui portaient le nom de Villa aug- 
menté de différents surnoms. 4 ) Il se peut que les noms de ces cités dérivent du mot latin villa, 
et que ce soient des villas de Romains privés qui se sont élevées successivement au rang de villes 
ou cités 5 ); mais peut-être aussi que ce nom si fréquent tire son origine d'un mot punique qui 
a été dérivé du dieu Baal, ou qui a signifié ville, comme le mot hébreu r6$JD- Qu'on adopte 
l'une ou l'autre de ces dérivations, ce mot a probablement été prononcé souvent Billa et Villa. 6 ) 
C'est ainsi qu'un bourg dans le pays des Garamantes, voisin de la Syrtique, est appelé Balla par 
Pline , Billa par Ptolémée. 7 ) On écrivait le nom du dieu de Baal en syriaque BU. 8 ) Le nom 
d'une ville en Zeugitane, emprunté du même dieu, se trouve écrit Bol et Vol. 9 ) Si l'on admet 
cette étymologie du nom de Villa, les villes africaines appelées ainsi répondraient aux villes nom- 
breuses de la Palestine, dont les noms étaient composés de ^y3 ou r6jJD et d'un autre mot 10 ); il y 
a parmi celles-ci .plusieurs qui portaient le nom rby2 tout seul, et il y en a même une, située 
dans la tribu de Siméon. dont on trouve le nom écrit soit rta, soit nrte. 11 ) 

' T T ' T : • ' 

Le casque, le bouclier et la lance, attributs de Minerve (voyez p. 19), se trouvent sur les 
monnaies au seul nom d'Oéa; la tête tourelée parait également sur une pièce d'Oéa (n° 28) et 
représente la déesse de cette ville fortifiée; il en faut conclure que les monnaies n°'4let 43-45, 
qui présentent ces types, sont sorties de l'atelier d'Oéa. Mais la main et le caducée, qui font les 



i) M. Judas (1. c.) regarde ce nom comme équivalent aux 
noms de Phelline en Zeugitane et de Bellène en Mauri- 
tanie. Barth est d'avis que ce lieu, qui se trouve uni- 
quement dans la Tab. Peutinger, sous le nom de Putea 
PalUne, n'a point été une ville; cependant ce savant 
voyageur découvrit au voisinage les ruines d'une ville 
assez considérable. Wanderungen p. 267. 

a) Vax Villa Repentina. (Fortia d'Urban p. 19, cf. p. 289.) 
C'est peut-être la bourgade qui dans Marmol Afrique II 
p. 431 est désignée sur la carte par le nom de Qansora 
tout près de Tripoli. Cf. Marcus 1. c. p. 645. 

3) P. ex. les noms de Cirta, de Jugurtha, de Masinissa. 
Revue num. fr. 1856 p. 234. 

4) Ces sièges d'évéques sont: deux nommés Villa Magna, 
l'un dans Africa proconsularls, différant du lieu en Syr- 
tique, l'autre dans la Numidie; Villa Victoriata et Villa 



Regia en Numidie; Villa Noba (nova) en Mauritania Cs- 
sariensis. Morcelli Africa christiana I p. 354-356. Cf. 
Villa Sele de la Numidie (Tab. Peuting.). 
6) Ainsi que vice versa des bourgs ont été réduits en villas 
privées. Cf. Barth Wanderungen p. 288 note 74. 

6) C'est le même nom qui, prononcé à l'aide de la voyelle 
u, se retrouve dans ceux des villes numides, Bulla 
Regia et Bulla Minsa; la première est appelée Bal par 
Abu Obaid al Bekri (Marcus l.c. p. 680). 

7) Marcus l.c. p. 203-204. 

8) Jesaia 46, 1. 

9) Marcus l.c. p. 700. 

îo) Voir le lexicon man. de Gesenius p. 162-163. 

u) Josué 19,3. 1 Chron. 4,29. Cf. Gesenius Lexicon p. 163 



26 LA BYRTIQUE. 

types du a" 42, ne se retrouvent pas parmi ceux d'Oéa; il se peut donc que cette petite pièce ait 
été frappée dans l'une des deux autres villes qui a dû posséder un atelier monétaire, comme on 
le voit par les n" 46-47. Le caducée nous renvoie au dieu phénicien répondant à Mercure, dont 
la tête est représentée sur les monnaies de Sabrata; voyez plus bas sous cette ville. La main 
levée est un symbole d'adoration ou de la prestation d'un voeu, qu'on trouve Qguré plus d'une fois 
sur les pierres votives découvertes en Afrique. ') Lindberg pense que les types de cette pièce 
ont rapport à un traité commercial conclu entre les trois villes, de sorte que la main levée en 
indique la confirmation par serment. 



HACARAA et BILAN(?|. 

Sous le règne d'Auguste. 

46. Tête d'Auguste, nue, à dr.; devant, C. Grenetis. Ç-. Tête d'Apollon laurée à dr.; devant: 

tyo* npJIDl; derrière: |*Çj (|^3|. M. 6. _ 10,6— 7,8gr.* ! l 

47. Autre semblable avec la légende entière écrite devant la tête d'Apollon. M.&. 8,9 — 7,r>gr. s ) 



Les légendes de ces monnaies ont été discutées dans l'article précédent. Nous y avons 
tâché de démontrer, qu'elles offrent les noms de deux villes, dont l'une est Macaraea prés d'Oéa, 
et dont il faut par conséquent chercher l'autre dans le voisinage, enfin que cette autre ville a pu 
'être le lieu, appelé à une époque plus récente Villa Repentina, qui a bien pu être primitivement 
une ville punique, nommée Bilan ou Billa. Pour Apollon, dont la tête parait aussi sur les mon- 
naies d'Oéa, voyez p. 18. La lettre C est sans doute abrégée de CAESAR, comme nous l'avons 
fait voir plus haut p. 22. 

S1BRATA. 

48. Tête (d'Hercule) barbue et laurée à dr. ; devant, un astre ou symbole cruciforme entouré de 
quatre globules. Grenetis. R-. Temple pentastyle; au-dessous |®|/^33fl IJJHTOSI- 
Grenetis. ( Variantes de la légende : l®t^*j)V*i l*/^lP" ' |Fig ' t 

M. 9. 27,7 — 19,7 gr.* 4 } 

i) Voyei Gesenlus Honum. Tab.lGetlT, p. 173-174. où la conl. p.84. Tabraca n*1). mua. brlL (Cet P.Knlghtp.218 

signification de ce symbole est ultérieurement discutée. Ign. 2), cab. de SI. Pétersbourg (Sestiiil Mus. Ctiaudolr 

ij y exemplaires de différents catalogues et collections. p.iu, Tabraca n*l), deFontana (3 ex.. Sestlni Hus. Fe-ii- 

a) Cab. de Copenhague, de Vienne et de Stockholm. tana I p. 17, Abdéra n*l, tab.V, 2; 11 p. 70, lab. XII, 4, et 

41 Cab. de Paris (de la coll. Wicial, SeslinI Mus. Hederv. III III p. 98, Tahraca n° Il cl de Florence. 



49. Tête de Sérapis, surmontée du modius, a dr. Grenetis. fy- Temple pentastyle; au-dessous, 
mfime légende, écrite ainsi: f®^^^ ou ^H^T 6 ■ ■*•■ 7 - 1 3,7 & 1 1 ,* gr. »} 





50. Même télé. Grenetis. ïf. Même légende, écrite ainsi: (OYlIP > au milieu du champ, en- 
tourée d'une couronne. M. 5. 9 ) 

51. Tête de Mercure, couverte du pétase ailé, à dr. Grenelis. Ç-. Les lettres If) Jj* (imax I, 
au milieu du champ. Grenetis et filet au pourtour. JE. 3. 3,7 gr. *) 

52. Même tête. If-. Les lettres <J ^ "Yl ( "os ) au milieu du champ. Grenetis et Dlel au 
pourtour. JE. 3. 2,6 gr, 4 ) 





Sous le règne d'Auguste. 

53. Tête d'Auguste nue (ou radiée) à dr.; devant, le lituus; derrière, CAESAR. Le tout entouré 
d'une couronne de laurier. If-. Tête (d'Hercule) barbue et laurée à dr.; derrière, la même 
légende que sur les n" 48 suiv., écrite ainsi |0\*^*|^- ; dessous, Vf- fit (W-p)* Grenetis. 
IFig.) M.S. 18,9-13,3gr.* a ) 

54. Autre semblable, mais au revers, au lieu de la légende en bas, devant la tête: - -"*\A. < ^-"U)- 
(Fig.) M.è. 14,2ftl4,Ogr. 8 ) 

55. Autre semblable, avec une contremarque, dans laquelle le symbole "J* . JE.e). 13,6 gr. T ) 




i) Cab. de Copenhague et de Paris (Mionnet S.l p. 9, Abdéra 

nM7). 
1) Cab. de Parla (Revue num. fr. 1856 p. 100 note, flg.]. 
f : Cab. de Vienne {Eckhel Cat. mus. Vind. I p. 287 n> 14, 

Ub.V, 13; Mionnet VI p. 610 m 3). 



4) Cab. de Florence. 

i) 13 exemplaires de différents catalogues e 

a) Culi. de Milan el de Copenhague. 

7) Cab. de Stockholm. 



28 



LA 8YETIQUE. 



56. Tête d'Auguste nue à dr.; devant, le liluus; derrière, CAESAR. Grenetis. r)-. Tête de 
Sérapis à dr.; derrière, même légende, écrite ainsi fNm ; au-dessous: -y**/ (XD' , *'T). 
Grenetis. (Variantes de la légende en bas: >»rt.| , l*xAJ.) (Fig.) JE. 6. 1 1,0—6,6 gr.* 1 ) 

57. Autre semblable, mais au revers en bas: t»i| ( Ity • "»T ) . JE. 6. 9,5gr. 9 ) 

58. Autre semblable, mais au revers, au lieu de la légende en bas, la lettre 111) devant la tête. 
(Fig.) JE. 6. Il ,5—8,5 gr.* ■) 

59. Même face; la tête d'Auguste est radiée. r>. Même tête; devant, même légende, écrite 
ainsi |»^9K ; derrière: fy|*XnX4 PaWWPffil). ^.6. 1 1,3— 7,9 gr. *) 




Télé d'Auguste nue àdr.; devant, C; derrière, même légende, écrite ainsi --)|t^V !(■- Tête 
de Sérapis à dr. JE. 6. 10,2 gr. 5 ) 





61. Tête de Bacchus, couronnée de lierre, à g.; devant, même légende écrite ainsi l"flVP; derrière, 
'WY'to Pî^Oî). Grenetis. rj. Capricorne à dr., tenant un globe entre les pieds; au- 
dessus, une corne d'abondance; au-dessous, un gouvernail. Filet au pourtour. (Fig.) 

JE. à. 5,1 &4,8gr. B ) 

62. Buste de Mercure à g., couvert du pétase ailé et de la chlamyde; derrière, le caducée; devant, 
même légende que sur le n° 51, écrite ainsi : (MÎT* ■ {Variantes des deux premières lettres: 
y» , ^ . 1 Filet an pourtour. r)-. Le même que le revers précédent. (Fig.) 

JE. 5. 5,6— 4,8 gr* '} 

63. Sérapis debout, vu de face, la tête surmontée du modius; la main droite est levée, ta gauche 
tient une lance; à g. même légende, écrite ainsi: lf"HT" - ft- Le même. que te revers pré- 
cédent. ( Fig.) . JE. 5. 4,sgr. 8 ) 



i) 1T exemplaires de différents catalogues et collections. 

3) Cab. de Florence. 

s) Mus. bril , cab. de Paris (2 ex.}, de Vienne, de Milan {2 ev) 

et de Stockholm. 
t) Cab. de Stockholm, de Copenhague et de Paris (Pellerln 

Lettres II p. 148 pi. 11,1: HionoetVI p.592n"8; Gesenlus 

Monum. tab. 43, K'i. 
s) Cab. de Stockholm. 



b; Cab. de Copenhague 
Mus. Kederv. III cont 

i| Cab. de Copenhague. 
BlonnetVlp.610n»2) 



! ex., l'un de la eoll.Wicial, Sesllnl 
).87, Ptolemteus n°26). 
e Paris < Pellerln Rec. 111 pl.CXX.1 1 ; 
de Vienne, de Hunleh et de Stock- 



holm; mus. brit. (2 ex.); coll. deWeltl (Cal. n*7S06|. 
'I Cab. de Florence et de Stockholm ; Cat. de Gaillard (1854) 
n« 985 { Incorr. decr.l. 



SABRATA. 29 

64. Autre semblable; sur la face à dr., la lettre ") (»)). jB. 5. 6,2— 4,4 gr. M 




Sabrata 9 ), celui des trois chefs-lieux de la Syrtique qui était situé le plus à l'ouest, était 
une colonie de Tyr a (; on trouve le nom de Liby-Phéniciens donné à ses habitants 4 }. La situation de 
la ville sur le bord de la mer, était belle et amphithéàtrale; dépourvue d'un port, elle avait cependunt 
une bonne rade. Un vaste champ de ruines sur le lieu qu'on désigne aujourd'hui par le nom de vieux 
Tripoli, ne laisse pas de doute sur l'emplacement de la ville 9 ); il parait qu'elle a été d'une étendue 
considérable, qu'elle a eu beaucoup d'édifices imposants et des fortifications solides; tout comme 
Leplis, elle avait, du coté de l'intérieur du pays, un faubourg entouré de murailles, où il y a eu 
probablement un lieu de campement pour les tribus libyennes amies, qui s'y réfugiaient surtout 
pendant l'hiver. Le nom de la ville est d'origine phénicienne 6 ); les formes sous lesquelles on le 
rencontre dans les anciens auteurs, nous présentent les variations suivantes: Sabrata, Sabratha, 
Salaratha, Sabathra, et encore, à ce qu'il parait, Abrotoxon.*] Sous l'empire elle devint colonie 
romaine, on ne saurait dire à quelle époque; il en a été fait mention pour la première fois dans 
l'itinéraire d'Antunin. Flavia Domitilla, épouse de Vespasien et mère de Titus et Domilien, était 
native de cette ville; il est donc vraisemblable que c'est à la protection d'un de ces empereurs 
qu'elle a été redevable des privilèges de la colonie. 6 ) On sait que plus tard Justinien s'est inté- 
ressé à Sabrata de manière qu'il en fit restaurer les murailles et y fit construire un temple superbe. 
Sous la domination arabe la ville fut détruite, mais on ne saurait en préciser la date. 9 ) 

Le nom de Sabrata qui se retrouve sur toutes les monnaies, a été lu et interprété bien 
différemment. Quoique Barthélémy 10 ) en eût déjà reconnu les justes lettres, à l'exception de la 
dernière, Dutens et Hamaker en lisaient pourtant plusieurs d'une autre manière et étaient d'avis que 
le nom de la ville était Tabraca. n ) Bellermann croyait trouver dans ces lettres le nom d'un roi 
de Numidie. w ) Chez Mionnet, Sestini et d'autres on trouve les monnaies classées à Abdéra en 
Espagne, à Tabraca en Numidie ou à Césarée en Mauritanie. 11 ) Oesenins ") parvint enfin à 

I) Mus. brit. , cab. de la Haye et de Milan. 8) Selon Mannerl; Marc us eil d'un nuire avis. 

i) A l'égard de cette ville, voir: Mannerl Géogr. pur Marcue a) Mnrcus (le. p. 645) et Barth (l.c. p.289 nole85) sont la- 

p.144-147elp.G45nole40; BarlbWanderurïgen p. 276-279; dessus d'opinions divergentes. Suivant un auteur arabe, 

Movers Phônliler 11 B. 2 Th. p. 491-492; C. Huiler G eogr. une foire autrefois très florissante de Sabrata fut en 31, 

gr. min. 1 p.86e!464. d'après Mégira, transférée a Tripoli. 

S) Sillug lui. 111,256: Sabratha tum Tyrium rulguê. 10) Lettre A Ollvlerl p.45. 

«I Stepb. By*. av. 'Afiçàioror nôAtc AifiiHfonixatr. il| Dutena Explie. de méd. gr. et phén. p. 137. Hamaker 

t) Cet endroit porte, selon Barth II. t.), le nom de Katr Miecell. phœn. p. 24. Lindberg a aussi adopté cette 

Allaca, selon d'autres, celui de Sabart ou Sabrât explication, De inscr. Helit. p. 56-57. 

a) Quant à l'étymologie du nom, voyez plus bas, p. 30 note 5. ni Bemerkungen iil>. pliôn. Mùnzen II p. S. 

T) Pline distingue deux villes différentes: Sabrata et Abro- is) Hlonnel VI p. 592 n'5-8; Suppi I p. 9n*47, IX p. 209 

tonum; Harcus (le p. 645) se règle sur cet auteur, maia ri° 1-2. Sestini, plus linut ll.ee. aux notes 

Hannert, Barth. Movers et C. Huiler (II. ce.) sont d'avis ul Monunienla p. 323. 

que lea deux noms désignent la même ville. 



30 LA 8YRTIQUE. 

statuer que le nom est celui de Sabrata, interprétation dont la justesse ne pourra être révoquée en 
doute, et qui a été reconnue de tous les savants qui se sont occupés plus tard de l'étude de ces 
monnaies, savoir de MM. Judas 1 ), De Saulcy*), Movers 8 ), Levy 4 ) et chez nous de Lindberg. Mais 
à regard de l'explication de la première et de la dernière lettre, ainsi que de l'application des 
voyelles, les opinions sont partagées. La lettre initiale a été prise pour stn par De Saulcy et 
Movers, et pour tsade par les autres savants. 5 ) Les auteurs arabes ont, en écrivant le nom, em- 
ployé pour lettre initiale tantôt tsad et tantôt sin. Le choix de stn s'accorde bien avec la manière 
d'écrire des auteurs grecs et romains, et la forme de la lettre sur les monnaies s'approche en effet 
plusieurs fois de celle de sin. Mais il faut néanmoins la considérer comme un tsade, car sur la 
plupart des monnaies la longueur de la jambe gauche dépasse tant celle de la droite qu'il ne peut guère 
être question ici d'autre lettre, et dans les légendes ajoutées sur les n os 57, 59 et 61, on rencontre 
une lettre d'une forme différente, qui est évidemment un sin. La lettre ûnale fut prise par Ge- 
senius pour un lamed 6 ), mais sur les monnaies de Leptis et d'Oéa (n 09 4l suiv.), cette lettre est 
figurée d'une autre manière. Judas la regarda d'abord comme tau, plus tard, d'après De Saulcy, 
comme moi, en quoi il a été suivi par Movers. Plusieurs exemplaires bien conservés nous mon- 
trent que le haut de la lettre n'a point ce crochet qu'on voit à la lettre précédente tau, de sorte 
qu'il faut que ce soit nun. Lindberg, qui prend également cette lettre pour nuit, suppose que 
c'est la désinence du pluriel qu'on a employée pour désigner les habitants, et que le nom de la 
ville a été yrTD3 ou rTD2t répondant au nom usité par les auteurs arabes. Judas et Movers 
émettent, avec plus de raison, l'opinion que ce nun n'est qu'une lettre paragogique; le premier de 
ces savants a fait observer que les noms puniques se terminent assez souvent par n, terminaison 
que les auteurs grecs et romains font disparaître pour faire place à un a 7 ); le dernier est d'avis que 
la terminaison en question fait partie d'une forme intensive, analogue au )1 des Hébreux. Quant à 
l'application des voyelles, Movers suppose que le nom a été prononcé par les indigènes comme 
Sabraton ou Sabroton, en renvoyant au nom d'Abrotonon, employé par les auteurs grecs d'une 
époque plus reculée; cette supposition s'accorde très bien avec le penchant pour des voyelles 
obscures habituelles à l'idiome phénicien, ainsi qu'avec la prononciation particulière de ain dans bien 
des noms phéniciens. 8 ) Les autres savants présument que le nom a été prononcé avec le son 
d'à dans toutes les trois syllabes, selon la manière habituelle dont on le trouve écrit. Sur les 
n oa 51 et 62-64 l'écriture du nom est défective, Vain y étant omis; sur le n° 52 il a été abrégé de 
manière k n'en offrir que les trois premières lettres. Les globules ou points qu'on voit quelquefois 
à l'intérieur des lettres (voir les n oa 48 et 49) ne proviennent probablement que du goût pour l'orne- 
ment de la part du graveur des coins. Les lettres beth et resch sont tracées sur les n" 50, 60 
et 63-64 de la manière négligente, habituelle à l'écriture néo-punique, c'est-à-dire comme des barres 
verticales. 

1) Étude dém. p. 144; Revue num. fr. 1856, p. 100 note. son avis, quant au sens qu'il attribue à la désinence; 

a) Revue archéol. III p. 571. conf. la note 7. 

a) Die Phônizier II B. 2 Th. p. 492 note 109. 6) Gesenius (1. c.) regarda le nom comme formé par con- 

4) Phônizische Studien II p. 92. tracUon de ^}J3 IVOX. «>Hm« <k Baal. 

M Movers (1. c.) dérive le nom de "OB', blé, et suppose 7) Voyez plus haut p. 25 note 3. 

qu'il signiûe marché au blé (cfr. p. 29 note 9); Levy (1. c.) 8) Conf. Gesenius Monum. p. 431 , Movers dans Ersch u. 

est d'avis qu'il est composé de rVOSJt réunion, et de Gruber Allg. Encycl. S. III Th. 24, Phônizien p.431,434- 

îy=DJJ> peuple-, cependant on ne pourrait se ranger de 435 et 437. 



8ABRATA. 



31 



La légende que nous présente le n°59, outre le nom de Sabrata, a été interprétée très 
différemment, jusqu'au temps dernier. Nous passerons sans discussion les premières interpré- 
tations faites par Gesenius 1 ), Judas 2 ) et Lindberg*), mais auxquelles on ne peut adhérer, déjà par 
la raison qu'ils ont vu à la lettre initiale le caractère de resch, selon la manière d'expliquer ce 
signe, en usage jusqu'à ce que M. De Saulcy prouva que c'est he. Ce dernier savant a lu la 
légende *D2]7 DpOH la grande ville ou métropole*)] mais la troisième et la quatrième lettre ne sont 
pas Dp. Movers 5 ) transcrivit les lettres en "DDP DJJ DH, qu'il traduisit par moneta populi et curiœ. 
Contre cette interprétation Judas fait l'observation juste que la troisième et la quatrième lettre sont 
*W et non DV; ce savant propose de diviser 1a légende ainsi: "DD PKP&n, et de traduire le grand 
port comme l'épithète de Sabrata, ou d'y voir le nom d'une autre ville, Villa Magna, située sur la 
route qui conduit de Sabrata à Macomades. fl ) Cependant, autant que nous en pouvons juger, 
M. Judas n'a point réussi à rendre vraisemblable que le mot JftttPD a eu la signification de port ou 
de villa] il est en outre douteux si jamais il a existé une ville portant le nom de Villa Magna. 7 ) 
Enfin M. Levy 8 ) est d'avis qu'il faut lire 13DJJD trcn , et veut que la légende de la monnaie ait la 
signification du peuple de la puissante Sabrata] pour arriver à cette interprétation, il considère 
Won comme identique au mot hébreu ou chaldéen HDN, peuple] mais cette dernière supposition 
paraîtra certainement trop hardie, et la quatrième lettre, étant différente de la deuxième, ne peut 
être, comme celle-ci, la lettre mem. La juste lecture de cette légende tant contestée est sans nulle 
doute "13DJJW DD 9 ), ainsi que l'a présumé M. Judas. Rien n'empêche que cette légende ne signfie 
moneta senatus, selon l'explication donnée par Movers. Une monnaie d'argent frappée à Gades, 
porte l'inscription D^DD 10 ), qui signifie sans doute monnaie, en dérivant du mot D^n, tudit, feriit] 
dans Ézéchiel 7,11, on rencontre le mot Dîl, employé, à ce qu'il paraît, dans le sens d'opes 11 )] on 
peut donc fort bien admettre que DD est provenu par contraction de dSi, et qu'il a eu la significa- 
tion indiquée, sous laquelle le mot parait, selon toute probabilité, aussi sur les monnaies datant 
des rois de la Numidie et de la Mauritanie. On sait que la lettre tP, employée comme préfixe, 
sert à marquer le génitif. Pour ce qui est enfin du mot "GDJJK, il est bien probable, qu'il a eu 
la signification du sénat; on peut le considérer comme formé de *Dn, employé dans le vieux testa- 
ment dans le sens de societas, socius 12 ), avec un N prosthétique et un V intercalé en pléonasme, 
comme les inscriptions néo-puniques nous en offrent souvent des exemples. 

Parmi les légendes ajoutées sur les n" 53-57 et 61 , plusieurs ont été déchiffrées et inter- 
prétées d'une manière erronée. Sur un exemplaire du n°56, publié par Pellerin 1 *), Gesenius 



i) Honumenta p. 323. 
a) Étude dé m. p. 144. 
t) Au manuscrit de Lindberg la légende est lue TIWNIP 0"\> 

dont le sens serait prince du peuple, titre donné a Auguste. 
4) Revue archéol. 111(1847) p. 671. 
&) Allg. Encycl. 1. c. p.347 notes et p.437 ; Phônizier II B. 1 Th. 

p.5 17 note 97 a; les arguments allégués par Movers seront 

exposés plus bas. 

6) Revue num. fr. 1856 p. 114 notel. 

7) Voir plus haut p. 24 note 6. 

9) Phônlfische Studien 1 p. 6 1-62. 

») A l'appui de cette lecture nous renvoyons à l'exemplaire 
suffisamment distinct au cabinet de Stockholm, qui est 



figuré ci-dessus au n° 69. 

10) P. Bayer dans Gesenius Palàogr. Studien p. 52-53 et 66, 
lab. IV, 15; Rubio dans Horozco Historia di Cadiz, tab.II 
série 2 a n°2; Delgado Cat. de la coll. de Lorichs n»2ll, 
pi. L, 1 et 3. Le cabinet de Copenhague possède deux 
exemplaires de cette monnaie. 

u) Voir Gesenius, Lexicon man. p. 280. 

13) Movers lit un mot de l'inscription phénicienne de Mar- 
seille D3*Dn> et suppose qu'il désigne hatçicu, familles 
aristocrates de Carthage, ou le sénat qui les représen- 
tait. Phôn. Texte II (Opferwesen der Carthager) p. 35. 
Die Phônizier II B. 1 Th. p. 495. 

ta) Recueil III pi. CXX, 9. 



32 LA 8YRTIQUE. 

lisait roi6, qu'il combinait avec le nom de ia ville dans le sens de populi Sabratœ; sur un autre 
exemplaire du même n°, il croyait voir nD-^, et sur le n°53 Ti«bt2, en proposant de ces légendes 
des explications singulières qui ne le satisfaisaient pas lui-même. 1 ) Movers est d'avis que les 
légendes des deux exemplaires du n*56, qui ont été étudiées par Gesenius, doivent être lues PDJJÎ 
et HDJH, mais il s 1 accorde du reste avec le dernier savant dans la traduction qu'il en a faite; il 
considère ainsi le M et le 7 comme la désignation du génitif en le regardant comme synonyme du 
IP, et en sous-entendant le mot CD, monnaie. 2 ) Dernièrement M. Levy a adopté l'interprétation de 
Gesenius. *) M. Judas lit les légendes mentionnées 3D*TI et ^Sf-bo, sans essayer de les inter- 
préter. 4 ) Quant aux interprétations de Gesenius et de Movers, nous ne pouvons y donner notre 
adhésion. Ils se sont trompés en prenant pour un ain le point qui sur le n* 56 suit les deux 
premières lettres; il apparaît des légendes correspondantes des autres n oa que c'est uniquement un 
point de distinction. Il faut ajouter que la légende de la première monnaie, publiée d'après Pel- 
lerin, ne diffère en rien de celle qu'on lit sur notre n p 66, et que la dernière lettre des deux 
légendes interprétées en populi, n'est pas tau, mais identique à la lettre initiale du nom de 
Sabrata. Il existe des exemplaires de toutes les monnaies en question (excepté du n'54), qui 
font ressortir les lettres on ne peut plus distinctement. Mais plusieurs de ces lettres se prêtent à 
une valeur différente. Sur le n° 53 , les deux premières lettres se laissent lire comme p ou 
comme F)D; les deux suivantes sont sans doute Vf. Le n° 54 parait nous offrir les mêmes deux 
couples de lettres qu'on lit sur le n°61. Sur le n° 56 la première coupla se prête à ces diffé- 
rentes lectures: "H, ^, '&; l'autre couple peut être ou yo ou WD. La première couple du n° 57 
nous présente ^ ou *ï, la seconde a très distinctement les lettres W. Le n*61 renferme enfin 
la légende incontestable: W**U. Il n'y a pas de doute que toutes ces légendes ne doivent, à 
cause de leur uniformité, être interprétées d'une seule et' même manière. Elles peuvent nous 
offrir, soit des noms de villes qui ont été ou alliées avec Sabrata ou dépendantes d'elle, soit des 
noms de magistrats ou de suffètes de Sabrata; Lindberg présume que le dernier est le juste. Sur 
les monnaies portant le nom d'Oéa, on rencontre des noms d'autres villes et peut-être aussi des 
noms de suffètes (voyez le n°28). En repassant les noms conservés de villes situées sur cette 
étendue du littoral africain, on rencontre les noms suivants: Meninx, Gerra, Gergis et Suchis, dont 
le premier aurait pu être désigné par p, le deuxième ou le troisième par "H, le quatrième par IIP; 
ensuite Vf, HP et "H pourraient exprimer le commencement du nom de Zitha, écrit de différentes ma- 
nières. Meninx et Gerra étaient les deux villes les plus considérables de l'Ile de Meninx qui était 
peu éloignée de Sabrata; Gergis, Zitha et Suchis étaient des villes du littoral entre l'Ile mentionnée 
et Sabrata, et l'on en trouve les noms sur d'autres monnaies (voyez les n os 38-40 et 65) ; nous avons 
déjà plus haut fait la remarque que la manière d'écrire le nom de Zitha varie beaucoup dans les 
anciens auteurs. II y a ainsi quelque raison pour admettre que ce sont les noms de ces villes 
qui ont été indiqués. D'un autre côté il faut faire observer qu'on ne connaît sur ce littoral 
aucune ville qui ait pu être désignée par yo , et que le nom de Zitha sur les n" 38-40 a tû pour 
lettre initiale, de sorte qu'il faut que le nom de cette ville ait été écrit de quatre manières diffé- 
rentes sur des monnaies d'une même époque. Les noms sur les monnaies d'Oéa, lesquels nous 

i) Monumenla p. 322. a) Phôn. Studien 1 p. 61. 

3) Allg. Encycl. 1. c. p. 438 note 56, et p. 440 notes 90 et 91. 4) Étude dém. p. 144. 



SABRATA. 



33 



avons considérés plus haut comme des noms de villes, sont écrits en entier, et à l'égard de la 
grandeur des caractères et de la place que ces noms occupent, ils sont coordonnés avec le nom 
d'Oéa; ici les noms sont abrégés jusqu'à n'avoir que deux lettres; plusieurs d'entre eux sont écrits 
en petits caractères et n'occupent qu'une place inférieure. De plus, ces noms sont toujours 
désignés d'une seule et même manière, par deux couples de lettres, séparées entre elles par un 
point, et ils sont presque tous différents. Nous croyons y voir assez de raisons pour les regarder 
plutôt comme des noms de suffètes. Dans les villes puniques l'administration suprême était confiée 
à deux suffètes 1 ) qui alternaient tous les ans, et qui répondaient aux duumvirs des villes de pro- 
vince où la population romaine l'emportait; par l'inscription sur la ruine de l'arc de triomphe 9 ) k 
Leptis, on voit que nommément les villes de la Syrtique, sous l'empire, étaient administrées par 
des suffètes. Sur les monnaies frappées dans la Carthage romaine, on rencontre des noms de 
personnes puniques désignés par SVF comme noms de suffètes, tout comme les monnaies frap- 
pées sous Auguste et Tibère dans les villes de la Zeugitane nous présentent souvent les noms de 
llvtrt. Les caractères isolés qu'on trouve ajoutés sur les n 0> 58 et 63-64, savoir resch (ou beth) et 
phe, se rapportent probablement aux fonctionnaires de l'atelier monétaire, à l'instar des lettres et 
des monogrammes figurant sur les monnaies grecques. 

Les monnaies de Sabrata présentent les images des dieux phéniciens répondant à Her- 
cule, à Bacchus et à Mercure, enfin celle de Sérapis, dieu assyrien. Quant à la tête barbue 
et laurée du n*48, on a cru y voir celle de Neptune ou de Jupiter 3 ); mais elle représente appa- 
remment Hercule ou Baal-Makar 4 ) que l'on figurait comme Hercule (voyez plus haut p. 12). 
Sur le n° 3 de Leptis , on rencontre une tête tout-à-fait semblable qu'il faut prendre pour celle 
d'Hercule, attendu que les autres monnaies de cette ville offrent les attributs et les symboles de ce 
dieu. Hercule était le dieu principal de Tyr, métropole de Sabrata, et sur les monnaies de cette 
ville la tête est également représentée ceinte d'un laurier. Le temple du dieu qu'on voit au 
revers, offre dans le frontispice, sur plusieurs exemplaires, le symbole du soleil; Baal-Melkart Ait 
aussi considéré comme dieu du soleil 5 ) chez les Phéniciens. Devant la tête du dieu on observe 
un signe ayant la forme d'un astre à quatre rayons ou d'une croix; c'est peut-être encore le sym- 
bole du soleil; mais on pourra aussi le rapprocher des différentes croix qui sont employées en 
attributs d'Astarte sur les monnaies d'autres villes puniques et qui sont des symboles sacrés d'ori- 
gine asiatique 6 ). C'est probablement encore l'image d'Hercule que représentent les têtes barbues et 
laurées sur les n M 53-55. Sestini 7 ) a eu tort en appelant la tête du n° 53 celle de Pan; ce sont 
les cheveux dont le front est hérissé qu'il a pris pour des cornes. La tête ornée de lierre que 



i) Voir: Movers Die Phônizier IB. 1 Th. p. 534. 

a) Gesenius Mon uni. tab. 27 p. 21 4, cf. Barth Wanderuugen 
p. 312 et 361 note 28. 

3) Voir les passages cités p. 26 note 4. 

4) Gesenius (Monum. p. 217) et Judas (Étude p. 139) ont lu 
le nom de Baal Makar dans une inscription punique 
trouvée au territoire de Tripoli; remarquons pourtant 
que Movers (Phônizier II B. 2 Th. p. 477 noteôl) interprète 
différemment les mots en question de cette légende. 

b) Voir Movers Phônizier I p.l82suiv., 385 suiv. et 444, Allg. 
Encycl. l.c. p. 397-398. Nous retrouvons la même signi- 
fication sidérale dans une partie des mythes de l'Hercule 



grec. L'ornement ressemblant à une rosace, qui dans 
d'autres exemplaires de cette monnaie figure au frontis- 
pice du temple, se laisse prendre pour un astre servant 
à désigner le soleil ; sur quelques exemplaires des mon- 
naies puniques d'Utlque, les étoiles placées au-dessus 
des têtes des Dioscures ont une forme analogue. 

G) Voir plus bas sous la fiyzacène Thœna n°4. Des croix 
pareilles se trouvent comme symboles divins sur des 
cylindres assyriens, voir Lajard Acad. des inscript. XVII 
Partie I pi. III, 2 et 5; Luynes Num et inscr. Cypr. pi. 
VII, 1. 

7) Mus. Hederv. III cont. p. 83, Cœsarea n» 4. 

5 



34 LA 8YRTIQUE. 

nous montre le n°61, est, à l'instar d'une pareille tête sur les monnaies de Leptis, celle du dieu 
du vin vénéré par les Phéniciens, à qui Ton vouait un culte particulier à Tyr, d'où Sabrata tirait 
son origine, et qui fut figuré comme le Bacchus des Grecs; voyez plus haut p. 13. Le dieu 
dont la tête est représentée avec les attributs de Mercure, est Taaut, qui se fond avec Cadmus. 
Taaut répondait à Thot> l'Hermès égyptien, et avait probablement été tiré de l'Egypte; Cadmus 
était un objet de culte divin à Tyr et à Sidon; l'un et l'autre furent vénérés, ainsi que Hermès, 
comme inventeurs des arts et des sciences, spécialement de récriture; on les considérait tous les 
deux comme conseillers et messagers du dieu suprême. Ce dieu, Taaut-Cadmus, était probable- 
ment un des huit Cabires ou des grandes divinités révérées par tous les peuples phéniciens dans 
les différents pays; il appartenait en outre au nombre des dieux qu'on appelait Ophiones et dont le 
symbole était un serpent. ') A l'instar de Hermès et de Mercure chez les Grecs et les Romains, 
ce dieu était sans doute chez les Phéniciens aussi le dieu du commerce. On racontait de Cadmus 
que dans ses courses il était arrivé en Libye et y avait fondé cent villes, et aux environs du lac 
de Triton, comme en beaucoup d'autres lieux, on célébrait une fête en l'honneur de lui et d'Har- 
monia. 2 ) Une rade près de Leptis Magna et un promontoire non loin de Carthage portaient 
aussi le nom de ce dieu (Hermœon). Selon les traditions des Libyens, Mercure était petit -fils 
d'Atlas 8 ), vénéré comme dieu en Afrique, et ce fut à ce dieu qu'il devait son éducation. 4 ) La tête 
barbue avec le modius représente sans doute Sérapis, de même que la tête analogue qu'on voit fré- 
quemment sur les monnaies grecques. Le culte de Sérapis était durant la période à laquelle ces 
monnaies appartiennent, très répandu dans les pays de l'Asie depuis Babylon jusqu'à Sinope'sur la 
mer noire, de même qu'en Grèce, en Italie et en Egypte; comme dieu de l'enfer il avait des rap- 
ports avec Osiris et Hades-Pluton, et comme dieu de la médecine, il s'approchait d'Esculape. 11 
parait que cette divinité a été d'une origine assyrienne très ancienne, et que son culte a surtout été 
introduit en d'autres pays par les Phéniciens 5 ); il est donc tout naturel que nous le retrouvons aussi 
dans les colonies phéniciennes de l'Afrique. 6 ) Le revers du n°49 nous montre le temple du 
dieu, et la face des n" 63-64, sa statue qui y était érigée. 

Le capricorne des n 01 61-64 est l'horoscope bien connu d'Auguste, qu'on trouve également 
sur les monnaies de Leptis, voir p. 13. Le symbole phénicien de la contre-marque du n* 55 sera 
mentionné sous les monnaies de Carthage. Le signe qu'on voit devant la tête d'Auguste sur le 
n°60, est probablement la lettre C, initiale de CAESAR, qu'on lit sur les autres monnaies de 
Sabrata qui portent la tête de l'empereur; voyez plus haut p. 22. 

Les monnaies aux types autonomes, n" 48-52, à en juger par la fabrique et l'écriture, ne 
peuvent être bien antérieures à celles qui portent les types impériaux. 11 se peut même que les 
n 01 50-52 soient frappées simultanément avec les dernières, car le n° 50 à la tête de Sérapis nous 
offre dans la légende les mêmes formes dégradées de beth et de resch qu'on aperçoit sur les n ' 60 f 

i) Taaut-Cadmus était encore un dieu cosmogonique, et 4) Cf. Movers dans Allg. Encycl. le. p. 403 notes 43 et 44. 

dans cette qualité il a été, comme Uranus, placé à côté 5) Voir Movers Phônizier II B. 2 Th. p. 197-201, où Je savant 
d'Astarte représentant la terre (Varro De lingua lat.V, 10). auteur a démontré que les noms de Sérapis, de Sinope 

Voir au sujet de ce dieu surtout Movers Phônizier I et de Canopus ne sont primitivement qu'un seul et méme- 

p. 500-502 et p. 51 3-522 ; Allg. Encycl. S. III Th. 24 , Phœ- mot Cf. Pauly Real - Encycl. d. cl. Alterthumswiss. VI, 1 

nizlen p. 394-395. p. 1064. 

a) Voir Movers Phônizier I p. 519 et p. 522. 6) On trouve également la tête de Sérapis sur une monnaie? 

a) Servius ad jEneid. 1,741. de Thaena dans la Byzacène. 



GERGIS. 



35 



63 et 64 qui portent l'image du même dieu, et le n° 51 à la tête de Mercure offre le nom de 
Sabrata écrit défectivement , ainsi que le n° 62 qui nous présente également la tête de Mercure. 
Parmi les monnaies au capricorne, les n" 61-64, la première en a été frappée sous Auguste simul- 
tanément avec le n°54, attendu qu'elle nous offre les deux mêmes noms de suffètes que ce n°; les 
trois autres peuvent être rapportées au règne de Tibère, puisque l'horoscope d'Auguste fût employé 
à l'empreinte monétaire encore après sa mort, comme symbole du bonheur et de la puissance de 
l'empereur romain. 



GERGIS. 

65. IMP- CAES(AR) DM • F • AVGVSTVS Tête d'Auguste nue à dr.; devant, le lituus. Grenetis. 
ïfr. PERM* L- VOLVSh PRO- COS« GERG Tête de Minerve àdr.; devant, un crabe, placé 
entre la dernière et la première lettre de la légende. JS. 11. 38,9 gr. 1 ) 




65 




La ville de Gergis 9 ), située à l'extrémité occidentale de la Syrtique, non loin de l'île de 
Mcninx, avait, selon le sladiasme, un château fort et un port; les ruines et une citadelle moderne 
qui se trouvent dans ce lieu, portent encore l'ancien nom que l'on prononce Zarzis. 71 ) Cette ville 
a peut-être dû son origine aux Gergesites qui, selon les anciens écrivains judaïques, avaient quitté 
le Canaan à l'époque de Josué et étaient allés s'établir en Afrique. 4 ) 

Sestini et Mionnet 5 ) ont attribué à Achulla de Byzacène deux exemplaires de cette mon- 
naie, sur lesquels la partie du revers devant la tête de Minerve a dû être usée et non reconnais- 
sable, comme on le voit par la description qu'ils en ont donnée; Sestini lisait, à tort, ACHVL au 
lieu de PERM. Dans le catalogue de Falbe, elle est classée parmi les monnaies incertaines de 
la Byzacène, et les dernières lettres de la. légende circulaire y sont rendues par CEN ou GEML(?), 
dans lesquelles il parait que Falbe a cru voir un nom de magistrat. Mais la teneur de l'in- 
scription en entier fait supposer que ces lettres désignent le nom de la ville, et que le crabe, 
auquel elles se rattachent immédiatement, en est le symbole. Les deux dernières de ces lettres, 
il est vrai, ne sont pas bien distinctes; cependant, par un examen attentif, on se persuade, que ce 
sont RG ou RC et que le nom entier doit se lire CERC ou GERG. D'après la première lecture, 



i) Musée britannique. Cf. Sestini Mus. Hederv. III cont. 

p. 79, Achulla n°2 (Mionnet S. n°2, incorr. décr.), et 

Mionnet VI p. 578 n°4 (incompl.). 
2) Stadiasmos 102: riqytç. Procop. De œdif. VI, 4: riçyêÇ. 

Cf. Mannert Géogr. p. Marcus p. 149-150, C.Mûller Geogr. 



gr. min. p. 465 notes. 
a) Barth Wanderungen p. 266. 
4) Movers Phônizier II B. 2 Th. p. 427 et 434-435. 
&) Ll. ce. note I. 



36 LA SYRTIQUE. 

le lieu d'émission serait Cercina, ville située dans l'île du même nom près de la côte de la Byza- 
cène, et en effet, par l'inscription et la fabrique, cette monnaie se rapproche plus de celles de la 
Byzacène que de celles de la Syrtique. Cependant, selon nous, il faut donner préférence à Gergis 
par les raisons suivantes. Par une contre-marque qui nous offre sans doute le nom de Cercina 
en lettres puniques, et dont sont signées plusieurs monnaies de la Byzacène datant du règne d'Au- 
guste, on peut conclure que récriture officielle de cette ville à l'époque impériale était punique, 
tandis que la monnaie en question porte une inscription latine. Cercina, selon Pline 1 ), était une 
ville libre, et pour battre monnaie, il ne lui fallait probablement pas la permission du proconsul 
romain avec laquelle cette pièce a été émise. La tête de Minerve ne se rencontre pas sur les 
monnaies de la Byzacène, mais bien sur celles de la Syrtique (voyez les n°» 34-35 et 38); la déesse 
phénicienne, répondant à Minerve, était honorée d'un culte particulier dans le pays voisin du lac de 
Triton (voyez p. 19), sur la côte duquel pays était située la ville de Gergis. Le crabe, type maritime 
et spécialement symbole d'un port 9 ), convient parfaitement à Gergis, qui possédait un bon port. 

Le proconsul qui a donné la permission de l'émission de la monnaie, est L. Volusius Sa- 
turninus, préfet de la province d'Afrique entre les années 748 et 755 u. c; il sera fait mention 
de lui plus bas, sous Achulla de Byzacène. 

I) y a quelques petits bronzes portant au revers un crabe et les lettres puniques *12 (GR) , 
qui appartiennent peut-être à cette ville; nous y reviendrons à la fln de ce volume. 



Système monétaire de la Syrtique. 

On ne connaît qu'une seule monnaie d'argent de la Syrtique, celle du n*13, qui pèse 
2,86 grammes. C'est peut-être une drachme du système asiatique 8 ); cependant, comme par l'em- 
preinte elle se rapproche des deniers de Juball, qui sont d'un poids égal, et qu'elle appartient à 
la même époque que ces derniers, on pourra la regarder comme un denier de bas poids. 

Quant aux monnaies de cuivre puniques, nous ignorons complètement quelles en 
ont été les divisions et les dénominations. En examinant les rapports des poids avec les types, on 
parvient facilement au résultat, que ces monnaies, de même que les monnaies de cuivre grecques, 
n'ont pas eu une valeur correspondant au poids ni au prix du métal, mais que la valeur en a été 
fictive; ce n'était qu'approximativement par le poids et le module que l'on en désignait les divi- 
sions, qu'il fallait surtout distinguer par les types. On s'en aperçoit par la circonstance que 
beaucoup de monnaies aux mêmes types qui, selon le nom de l'empereur ou la fabrique, appar- 
tiennent à une même époque, varient sensiblement à l'égard du poids, sans que leurs pesées pré- 
sentent de lacunes ou de sauts de manière à faire croire que de temps en temps une élévation ou 
une diminution légale du poids a eu lieu; les pesées se succèdent sans interruption, en offrant 
une série progressive, comme on le voit par le tableau des poids ajouté à la fin de ce volume. 
Il est évident que de telles pièces n'ont pu constituer différentes divisions; il n'aurait pas été pos- 

i) Hist. Nat. V,7. a) Voir volume I p. 95. t) Voyez, sur ce système, volume I p.l 17.-1 18. 



• 9 



SYSTÈME MONÉTAIRE. 37 

sible de distinguer dans la circulation l'une division d'avec l'autre. De l'autre côté on verra qu'en 
général les monnaies d'une même époque qui offrent des types différents et qui paraissent ainsi 
avoir formé différentes divisions, se séparent par les pesées l'une de l'autre; assez souvent, il est 
vrai, les plus fortes pièces à certains types se rapprochent de très-près, par leurs poids, des plus 
faibles pièces à certains autres types qui semblent appartenir à une autre division, mais elles 
dépassent très -rarement celles-ci en poids, et si l'on prend le moyen des poids, on trouvera 
ordinairement entre elles une différence notable. Il s'ensuit de là qu'on a aussi eu égard au poids 
en réglant les divisions, et qu'on a voulu les faire connaître encore par l'épaisseur ou te module, 
bien que ce fût principalement par les types qu'il fallait les distinguer. Quelquefois cependant on 
a émis des divisions différentes aux mêmes types, en les rendant reconnaissables par une grande 
différence quant au poids ou au module; les n os 1-2 et 15-16 en offrent des preuves. D'autre part 
on trouve des monnaies de types différents datant d'une même époque, qui, à en juger par la con- 
formité du poids, n'ont fait qu'une seule et même division; voyez les n" 30-31 d'Oéa, et les 
n 0f 61-64 de Sabrata. 

On pourrait demander si les monnaies frappées sous Auguste et Tibère, notamment celles 
aux légendes latines, font part du même système que les monnaies purement puniques, ou si elles 
se rattachent au système romain; le poids normal et les noms des divisions étant connus dans ce 
dernier système, on pourrait s'en servir pour déterminer les monnaies impériales de la Syrtique. 
Selon toute apparence ces monnaies rentrent dans le même système que les autres; étant inscrites 
du nom de la ville en punique, elles ont sans doute été frappées par les mêmes magistrats com- 
munaux, et tant par les poids que par le nombre des divisions, elles se rattachent aux monnaies 
autonomes. 

Lorsqu'on se met à examiner les monnaies des trois chefs-lieux de la Syrtique, pour ap- 
prendre combien il y a eu de divisions émises et quel a été le poids normal de chacune, en prenant 
le poids moyen de toutes les pièces qui semblent appartenir à une même division, voici alors ce 
qu'on trouvera. Les monnaies autonomes de Leptis présentent 6 divisions aux poids: 27, 16, 10,6, 
6, 4,6 et 2,8 gr., les impériales de la même ville, 5 divisions aux poids: 29, 18, 10,6, 5,8 et 3,7 gr. 
Pour Oéa, les monnaies autonomes offrent 4 divisions pesant 25, 5,6, 3,8 et 1,6 gr., les impériales, 
3 divisions pesant 20, 1 3 et 1 1 gr. Dans la série de Sabrata enfin gn trouvera, pour les monnaies 
autonomes, 4 divisions à 23, 12, 3,7 et 2,5 gr., pour les impériales, 3 divisions à 16, 8,6 et 5,8 gr. 



38 LÀ BYZACENE. 



LA BYZACENE. 



Bytacena était le nom que depuis la On du 3 me siècle on donnait à la province romaine 
qui s'étendait le long de la mer depuis le fleuve de Triton et les lacs qu'il traversait, jusqu'à la 
frontière de la Zeugitane qui commençait un peu. au-delà de la ville d'Adrumète, et dans l'intérieur 
jusqu'au fleuve du fiagradas, aux montagnes et au désert. ') La province se composait de trois par* 
ties: le littoral du nord, appelé originairement BvÇditiç, £ft/£ax»»ç, Byzacium*), depuis la limite 
de la Zeugitane jusqu'à la ville de Thsna, le littoral du midi, qui à cause de ses villes commer- 
çantes avait reçu le nom d' Emporta , depuis Thsna jusqu'au fleuve de Triton, et le pays intérieur 
qui confinait à la Numidie, à laquelle il avait appartenu primitivement. 

La population de la Byzacène, tout comme celle de la Syrtique 8 ), était composée de Li- 
byens, Africains indigènes qui à une époque très-reculée avaient accueilli parmi eux des Cananéens 
émigrés, et de Phéniciens qui étaient venus y fonder des établissements. Les habitants des villes 
étaient Liby-phéniciens, ceux de la campagne se composaient surtout de Libyens. Le littoral, dont 
nous avons à nous occuper, était très-fertile, surtout en blé; c'était le grenier de Carthage et de 
Rome. 4 ) Les villes nombreuses qui couvraient la côte , en partie libyennes qui avaient reçu des 
colons phéniciens, en partie fondées par les Phéniciens, florissaient principalement par le com- 
merce qu'elles faisaient soit avec l'intérieur de l'Afrique, soit par mer avec l'étranger. Elles furent 
de bonne heure soumises à Carthage qui y percevait des impôts très-élevés, ce qui explique pour- 
quoi elles haïssaient Carthage, et prenaient à chaque occasion le parti de ses ennemis, d'abord 
celui d'Agathocle quand il débarqua en Afrique, puis celui des mercenaires qui se soulevèrent après 
la première guerre punique, enfin celui des Romains. 

L'Emporta fut occupé par Masinissa peu de temps avant la dernière guerre de Carthage 
contre Rome, et passa de lui à ses héritiers; Byzacium, après la chute de Carthage, fut réuni 
avec la Zeugitane en une même province appelée Africa; la limite entre le territoire romain et le 
pays numidien fut marquée par un fossé que Scipion le Jeune, en partageant le royaumt de la 
Numidie entre les fils de Masinissa, fit creuser depuis la ville de Thœna jusqu'au fleuve du Tusca. 
Sous la domination de Rome la plupart des villes qui avaient fait cause commune avec cet état 

i) Ce pays a été décrit par les mêmes auteurs anciens que 2) Pour l'étymologie de ce nom, voyez Marcus l.c. p. 661 
ia Syrtique. Parmi les écrivains modernes, voyez sur- note 64. 

tout: Mannert Géogr. p. Marcus p. 266 suiv., Forbiger 3) Voir plus haut p. 1. 

Alte Geogr. Il p. 839 suiv., Hovers Phônizier 11,2, p. 494 4) Les textes anciens sont cités chez Forbiger l.c. p. 840 
suiv. note 59. 



HISTOIRE DU PAY8. . $9 

contre Carthage, reçurent ia liberté et regagnèrent leurs anciens territoires; aussi plus tard les villes* 
qui avaient pris le parti des Pompéens et de Juba contre César, ne furent-elles pas privées de 
leurs privilèges après que les premiers avaient perdu la bataille de Thapsus en 46. *) Après celte 
défaite, les Eraporia ainsi que la Numidie furent réunies à la province d'Afrique ; on donna le nom 
de Africa nova à ces pays et à la Syrtique qui n'avaient pas fait partie de la province dès sa pre- 
mière organisation, tandis que la province primitive fut depuis ce temps appelée Africa vêtus. La 
Numidie ayant été constituée en province à part sous le règne de Caligula en 39, les Emporta 
restèrent partie intégrante de la province iï Afrique proprement dite ou proconsulaire. Cette pro- 
vince fut enfin, sous Dioctétien, divisée en trois provinces: Zeugùana, Byzacena et Tripolitana^ dont 
la deuxième comprenait le Byzacium et les Emporia. Pendant le temps suivant la Byzacène subit le 
même sort que les provinces voisines. 

Les monnaies qui nous sont parvenues des villes de la Byzacène, sont toutes en cuivre. 
Les monnaies d'or et d'argent qui circulaient dans ce pays, étaient celles de Carthage, tant qu'il 
était soumis à cet état, et après la chute de Carthage, celles de Rome. Sous la domination 
de Carthage les villes n'ont sans doute pas encore battu monnaie, de sorte qu'on s'est servi égale- 
ment de la monnaie en cuivre émise par le gouvernement de Carthage; il n'y a aucune des mon- 
naies suivantes qu'on pourrait rapporter à l'époque carthaginoise; celles aux légendes puniques 
n'en datent pas, comme on le voit par l'écriture, qui est néo-punique et diffère de celle employée 
sur les monnaies de Carthage; les monnaies anépigraphes (n°* 22-23) n'appartiennent non plus à 
cette époque, à en juger par leur ressemblance avec celles aux légendes latines. Les monnaies 
puniques autonomes sont en très-petit nombre et n'ont été émises que par trois villes, situées Tune 
près de l'autre: Thœna, Alipota etThysdrus. Quant à l'époque où les villes de la Byzacène ont com- 
mencé à battre monnaie, la plus ancienne pièce dont on puisse préciser la date, est celle d'Ha- 
drumète qui porte le nom de Sextilius, propréteur de la province en 94 av. J. Chr. La moitié 
des monnaies appartient au règne d'Auguste; il n'y en a aucune qui dépasse la 7 ne année du règne 
de Tibère, l'an 21 après J. Chr. 

Quant à l'autorité par laquelle les monnaies ont été émises, il faut admettre que la 
grande majorité, celles des n"l-36, ont été frappées par les propres magistrats des villes, et non 
par le gouvernement romain. On peut en juger d'abord par ce quelles portent des nom de 
ville ; il n'y a que 4 monnaies dépourvues de nom de ville, savoir les n" 22-25 aux types d'Hadru- 
mète; mais on ne peut douter que celles-ci n'aient été également émises par l'autorité communale, 
puisque les deux en offrent le nom d'un des duumvirs, suprêmes magistrats des villes élus par le 
peuple. 9 ) Il faut ajouter, que les villes d'où sont sorties ces monnaies, étaient libres; on sait 
qu'il en a été ainsi au moins des cinq: Achulla, Leptis, Thapsus, Hadrumète et Thysdrus 8 ); il est 
donc tout naturel de supposer que les monnaies qui portent des noms de villes, ont été frappées 

» 

i) Sur les rapports politiques de la province et des villes du collège des épulons à Hadrumète, y a été inscrit 

dans ce siècle, voyei surtout Rudorff Ackergesetz des Sp. pour cause d'honneur. 

Thorius Cap. V, dans Zeitschr. f. gesch. Rechtswissen- 3) Lex Thoria: Quei ager iidra finis populorum leiberorum, 

schaft X (1842). Uticentwm, (Hadrumetinorum), Tampêitanorum, Leptka- 

%) L'une de ces monnaies (le n«25) portant en outre le norum, Aqttillitanorum quom in amicitiam populei 

nom du propréteur de la province, on pourrait croire romani proxumum (venerunt, fuit). Rudorff Zeitschr. 

qu'elle eût été émise par l'ordre de celui-ci; mais il fur gesch. Rechtswissenschaft X p. 101 et 183. Pline V 

parait que le nom de ce préfet, qui était aussi membre 3, 4 et 7. 



40 LA BÏZACÈNE. 

par leurs propres magistrats. A la vérité elles contiennent en grande partie les têtes et les noms 
des proconsuls, des empereurs ou des personnages de la famille impériale; mais on ne saurait en 
déduire qu'elles ont été émises par le gouvernement de la province; c'est pour rendre hommage 
au préfet ou à l'empereur et pour acquérir leur faveur, que les villes ont donné une telle em- 
preinte à leurs monnaies. Ce ne sont que les trois monnaies décrites les dernières, les n" 37-39, 
qui ont été frappées par le proconsul romain à l'usage de la province, ainsi que nous tacherons 
de le démontrer plus bas. 



THJSN A. 

Tête de Sérapis, surmontée du modius, à.dr. ; devant, la même légende que sur les n°" suivants. 
Grenelis. FJ-. Tête d'une déesse à dr., semblable à celle du n* 4 ; devant, la même légende. 
(Jrenetis. JE. 8. 14,3 gr. ') 




Sous le règne d'Auguste, 

2. Tête imberbe nue (d'Auguste) 
style, (jrenetis. 

3. Télé d'Auguste nue à dr.; devant, le lituus. Grenetis. 
même légende écrite ainsi tH° t . Grenetis. 



derrière, H2 A (WJfft)- Grenetis. ty. Temple tétra- 

.£.6. Il,7gr.*) 

Temple tétrastyle; à l'exergue, 

M. 8. M,o gr. ") 




CAESAR DM • F Tête d'Auguste nue à dr. Grenetis. r>. Buste d'une déesse (Aslartet, 
orné d'uu diadème élevé, à dr.; devant, même légende écrite ainsi fflflf't derrière, un 
symbole cruciforme. Grenetis. JE.8. 14,2 & 11,6 gr. *j 



I) Cab. de Milan. 

» Cab. de Stockholm. 

3) Cab. de la Hâte [Revue n 



41 Cab. de Copenhague et de la Haye {Revue nura. fr. 1856 
p. 1091; Cat. de la collection d'Egremont par Lonaperier 



THJENA. 



41 



Thœna était située à l'extrémité septentrionale de la petite Syrte et s'appelle encore de 
nos jours Taineh, Thaïni. 1 ) Le nom fait conclure que la ville a été phénicienne ou liby- phé- 
nicienne 9 ); par les auteurs grecs il est écrit: Gaiya, &êva y Orjvi] } ®imvcn\ par les auteurs 
romains : Thenœ et Thœnœ. 8 ) Après la chute de Carthage, elle reçut sans doute la liberté comme 
la plupart des villes de cette côte. Elle devint colonie romaine sous Hadrien et fut alors appelée: 
AElia Augusta Mercurialis Thaenitana. 4 ) 

M. Judas, qui a publié les monnaies n°'3et4, les a attribuées à cette ville, pourtant non 
sans hésitation quant à la première. 5 ) Dans le catalogue de Falbe, revisé par Lindberg, ces 
monnaies sont classées à la Mauritanie sous le titre Taghyna. 

Les monnaies précédentes, à n'en pas douter, appartiennent à la partie de l'Afrique que com- 
prend ce volume, et n'ont pu être frappées qu'à Thœna en Byzacène. La même tête de déesse 
parait sur une monnaie d'Achulla, ville voisine; la tête de Sérapis et un pareil temple se retrouvent 
sur les monnaies de Sabrata. Parmi les monnaies de Leptis Magna il y a une qui offre le nom 
punique de la ville répétée sur tous les deux côtés comme le n u 1 ; les monnaies frappées par les 
trois villes de la Syrtique portent au droit le nom ou le titre de l'empereur en latin, au revers le 
nom de la ville en punique, comme le n°4. C'est le même travail grossier et négligé que nous 
présentent beaucoup de monnaies émises par les villes de cette côte. Il faut ajouter qu'une de 
ces monnaies, le n°3, a été rapportée de Tunis par.Humbert. La légende punique, sur plusieurs 
exemplaires, est assez distincte, et donne n^yn, TAINaT, ce qui répond parfaitement au nom 
ancien, surtout à la forme Oaiva 6 ), ainsi qu'au nom moderne Thaineh. 

La tête de déesse, représentée sur les n" 1 et 4, est ornée d'un diadème pointu et saillant 
qui offre une certaine ressemblance à celui que portent souvent Junon et Vénus sur les monnaies 
grecques et romaines. 7 ) Comme cette tête se trouve sur une monnaie punique autonome (le n°l) 
et qu'un symbole phénicien est placé à côté d'elle (sur le n°4), on est induit à la regarder comme 
celle d'une déesse phénicienne 8 ); elle représente probablement Astarte, suprême déesse des Phé- 
niciens, qui fut identifiée à Junon et à Vénus. 9 ) Astarte était révérée par les habitants de cette 
côte; c'est ce qu'on peut conclure par les monnaies frappées à Admmète (n°21) et à Thysdrus 
(n°34), qui portent sa tête; et par les noms de deux sanctuaires, voués sans doute à celte déesse, 
l'un appelé Templum Venerù, situé au sud près de la petite Syrte 10 ), l'autre nommé Aphrodision, 



i) Sbaw Voyages , Tunis chap. IV p. 249. Voyez sur l'an- 
cienne Thœna: Mannert Géogr. p. Harcus p. 159-160 et 
p. 649 note 47, C. Muller Geogr. gr. min. 1 p. 468 § 108 
notes. 

2) Movers ( Phôn. 11,2, p. 495) dérive le nom de rONH» 
figuier; cette contrée est riche en arbres fruitiers, et il 
y avait d'autres lieux sur la côte africaine qui avaient 
reçu leur nom de cet arbre. Selon Judas, le nom de 
la ville est la forme libyenne de pJJ, §ource, fontaine, 
conformément à la langue actuelle des Berbères. 

s) Voyez les textes anciens, cités chez C. Muller l.c. notel. 

4) Selon une inscription lapidaire (Grut. Inscr. p. 363). Elle 
est nommée colonie dans Tab. Peut et Itin. Ant. Gf. 
Zumpt Gomment, epigr. p. 421. 

6) Revue num. fr. 1856 p. 109-110. 



e) Le T final, terminaison féminine, tombait, sans doute 
dans la prononciation phénicienne. Le savant géo- 
graphe Forbiger (Alte Geogr. II p. 844) suppose que Oi- 
atraè dans Ptolémée est une leçon corrompue; mais 
c'est apparemment la prononciation du guttural am qui 
a causé l'addition de t à la voyelle a. 

7) M. Judas, ne connaissant pas d'autre exemplaire du n* 4 
que celui de la Haye, qui est mal conservé, pense, à 
tort, que cette tête est laurée. 

8) On a pris, à tort, la tête semblable sur une monnaie 
d'Achulla pour celle de Livie, voyez plus bas p. 46. 

9) Bfûnter Religion d. Garth. p.74-75. Movers Phôn. I p. 604- 
606, Allg. Encycl. S. III, Th. 24, p. 386-387. 

io) Tab. Peutinger, éd. Fortia dOJrban p.289, CXCIV. Barth 
Wanderungen p. 259. 

6 



42 



LA BYZACENE. 



situé au nord, sur le golfe néapolitain. f ) Le signe cruciforme qu'on remarque derrière la tête de la 
déesse sur le n*4, est un symbole religieux qui est sans doute, pour la signification, analogue à 
la croix simple dont est o/né le bout du sceptre d'Astarte sur les monnaies de différentes villes de 
la Byzacène et de la Phénicie*); il tire probablement son origine de la croix sacrée, appelée Tau, 
qui était en grande vénération parmi les peuples sémitiques. 8 ) On rencontre une pareille croix, 
ayant les quatre extrémités recourbées, sur des monnaies frappées en Asie 4 ), en Grèce 5 ), en Italie 6 ) 
et surtout en Sicile 7 ), pays auxquels ce symbole avait sans doute été transporté par les Phéniciens. 



ALIPOTA. (SIILLBCTI.) 

5.. Tête de déesse (Astarte) diadémée à g. Grenelis. Ç\ Caducée; dans le champ à gauche: 
X/>fà («riDby); adroite: -/**- (-rw-). JE. 4. 4,7 gr. 8 ) 





Les types de cette pièce renvoient aux provinces dont nous nous occupons dans ce volume; 
la tête de déesse ornée du diadème se retrouve sur les monnaies de Thsna, d'Achulla et de Hippo, 
la tête ou le symbole de Mercure sur les monnaies d'Oea et Macarœa, de Sabrata, de Leptis Minor 
et de Glypea. La légende à gauche du caducée offre le nom NHE^JJ, ALPTA, écrit assez distinc- 
tement. On pourrait songer à Leptis Minor; il y a plusieurs noms de lieu puniques commençant par 
un A prosthétique qu'on trouve aussi écrits sans cette lettre 9 ), et la tête de Mercure fait le type sur 
les monnaies de Leptis. Mais par la légende et la fabrique cette pièce diffère essentiellement des 
monnaies de Leptis Minor (voyez les n"15suiv.), desquelles elle n'a pu être que peu éloignée à 
l'égard du temps; c'est pourquoi il faut donner la préférence à une autre ville, dont le nom répond 
exactement à celui inscrit sur la monnaie, savoir à Alipota. 

Cette ville, selon le stadiasmos, était située entre Achulla et Thapsus, et possédait un 
port. 10 ) A en juger par la position , c'est sans doute la même qui est appelée BuUecti dans 
la table de Peutinger, SvXXsxtov par Procope, et dont le nom est encore aujourd'hui Salleclah. 11 ) 
Aussi ces deux noms paraissent-ils n'avoir été qu'un seul et même nom; on trouve également le S 



i) Ptolcmée éd. Wilberg p. 262 1.13. 

2) Voyez plus bas Hadrumète n° 21 p. 56 note 6 etThysdrus 

n« 34. 
s) Ezechlel IX, 4. Raoul Rochette Acad. des inscr. T. XVI 

P. II p. 297 sut v. ; T. XVII P. Il p. 377 suiv. Movers Phôn. 

11,2, p. 408. 

4) De Panticapœum, Musée Kotchoubey 1 pi. 111,6. 

5) De la Macédoine (Mlonnet pi. XL VI, 1; Num. d'Alexandre 
le Grand p. 383 n»262, cf. p. 107 note 6), de la Locride 
(Mus. Fontana I tav. 1,13), de Corinthe (Mionnet pi. 
XXX VIII, 7-9) et de Cnossus en Crète (Mus. Hunter 



tab.18, 16-17; Mionnet pi. LXII, 5). 

6) Mus. Kircher. , incerte, tav. V, 10. 

7) Sur des monnaies de Syracuse (Mus. Hunter tab. 54,7; 
Mionnet pi. XXXVIII, 10), d'Eryx (Mus. Hunter tab. 67,5) 
et a la légende punique fcPft (Ugdulena Mon. punico- 
sicule Tav. 11,21). 

s) Cab. de Copenhague. 

o) P. ei. Achulla , voy. la page suivante. 
10) Uhnoxa. Stadiasmos § 110-112. 
il) Shaw Voyages, Tunis p. 246. C. Muller Geogr. gr. min. 
I p. 468 §110 note. 



ÀUPOTÀ. 



43 



initial omis dans le nom de la ville de Sabra ta, appelée Abrotonon par certains auteurs grecs 1 ); 
la lettre crin «tait souvent prononcée par le son u *) , et les lettres P et K se transformaient quel- 
quefois Tune en l'autre, comme dans le nom de Leptis Magna. *) Selon Procope, la ville avait 
été fortifiée 4 ); on voit encore à son ancien emplacement différentes ruines, des chambres sépul- 
crales et les débris d'un port. 5 ) C'était à ce lieu ou dans le voisinage qu'était situé 2Vm 
Hannibalîs, domaine ayant un château d'où Annibal s'évada pour se réfugier dans l'Orient. 8 ) 

Pour la légende à droite, ce ne sont que les deux lettres au milieu qui se voient distinc- 
tement; la première en est à demi effacée; la dernière paraît éire jod. On peut y voir le nom d'un 
sufîète, qu'on rencontre sur d'autres monnaies des villes puniques 7 ); si l'on veut y chercher le 
nom d'une ville alliée, il y a deux villes dans le voisinage dont les noms ont pu être désignés par 
cette légende: Uzùa (Usceta) 8 ) et Zêta 9 )] ce qui reste de la lettre initiale permet de la prendre 
pour tsade ou stn. 

M. Judas a supposé que le nom ro^K qu'on trouve associé au nom de Cirta en Numidie 
sur uue monnaie punique, désigne Alipota en Byzacène; nous tâcherons de démontrer dans le 
volume suivant, qu'il faut plutôt prendre ce nom pour celui de Télepte, situé dans l'intérieur 
du pays. 

Cette monnaie est inédite et n'a pas été examinée par Palbe et Lindberg. 



ÀCHILLA. 

Sous le règne d'Auguste. 

6. (C)AES(AR) DM F (AC)HVLLA Tête d'Auguste, nue, à dr. Grenelis. I*. DIVOS (IV)LIVS 
Tête de Jules César, nue, à g. Le tout dans une couronne de laurier. Grenetis. Avec une 
contremarque offrant les lettres TCy . M. 10. 23,8 gr. I0 ) 





i) Voyez p. 29 note 7. Conférez, sur ce S initia], Gesenius 
'Montrai, p. 4 17 et 426. 

2) Voyez p. 30 note 8. 

3) Voyez p. 10. M. C. Muller (I.c. p. 42 notell) est dune 
opinion divergente; il considère également la ville d'Ail- 
pota dans le stadiasme comme la même que Sullecti, 
mais il croit que le nom 'AXinora est écrit par erreur 
pour SaUnora, ou qu'il est encore plus corrumpu. 
Le même savant pense que oppidum Salaphitanum dans 
Pline V, 4 , est encore un outre nom de la même 
ville. 



i) Bélisaire, traversant cette contrée avec son armée, trouva 
les murailles de la ville en ruines. Procopius Bell. 
Vand. 1, 16. 

M Barth Wanderungen p. 175. 

6) D'après Tite-Live XXXIII, 48. Cf. Mnnnert Géogr. p. Mar- 
dis p. 292; Bnrth le. 

7) Voir p. 18 et 33. 

8) Hirtius Bell. nfr. c. 41, 51 et 89. Ptolémée. Pline V, 4. 
Cf. Mnrcus l.c. p. 663 note 70. 

0) Hirtius Bell. nfr. c. 68 et 74. 

io) Cab. de Milan. 

6' 



44 



LA BYZACÈNE. 



7. AVG PONT MAX Tôte d'Auguste, nue, a g., entre les têtes affrontées des césars Caius et 
Lucius; dessous, C L. Grenetis. lfr. P- QVINCTJLI- VARI- ACHVLLA Tête du proconsul 
Varus, nue, à dr. Greuetis. JE. 8. 17,8 — ll^gr.* 1 ) 

8. Autre semblable avec Wb en contre-marque. ^.8. 12,3 gr. ') 

9. Même avers. 1J-. L- VOLVSIVS SAT(VRN- ACH)VL Tête du proconsul Saturninus, nue, 
à dr. Grenetis. JE. 8. 12.sgr. *) 




10. ACHVLLA Tête de déesse (Aslarle), diadémée, à dr. 
Même tête qu'au revers précédent. 



i>. L VOLVSHIVS SATVRN 
JE.7. 10,1 gr. 4 ) 



Achulla était une ville phénicienne qui avait été fondée par des colons venus de Malle 9 ), 
sans doute à une époque très-reculée où celle tle n'était pas encore soumise à Carthage. 8 ) Pendant 
la dernière guerre punique elle Tut parmi les villes qui firent venir des provisions à l'armée romaine''); 
lorsque Cartilage eut succombé, elle regagna, en récompense, la liberté et son ancien territoire. 6 ) 
Des citernes spacieuses et de nombreuses ruines qui couvrent une plaine fertile sur une assez 
grande étendue, témoignent de l'ancienne importance de (avilie; cette localité s'appelle aujourd'hui 
Karn- el Aliak ou El Aliah. s i L'ancien nom, qui dérive du phénicien 10 ), est écrit de différentes 
manières: Achola, Acholla, Çkolla, Aquilla, Achilla. 11 ) 



il Cab. de Stockholm, de Paris iMorellI N. fam. Quimilia 
flg.3; Imp. p. 358lab.2T,i7-l8; p. 491 tab.7l,u-»; Vail- 
lant N. colon, p. 56 llg. 2; Incorr. décr.; Nlonnet n* I) et 
de Gotha (Liebe p.410 incorr.décr.). Nui. brit Pcllerln 
Bec. I p.V et fleuron de p. 111. 

■il Cab. de Paris (Mioiinet u»2i. 

3) Cab. de Paris (Mionnet ri" 3 K Sestlnl Leltere Vlll p.135. 

i) Cab. de Milan (Borghesi Dec. VI Oss.VI). 

ii "Afakka, iaotxai Miittaitay. Steph. Bjl. a. 1. 

S) Movcrs Phôn. 11,2, p. 353. 

"■) Ainsi que Radrumetum, Leptia, Thapaus et Utica. Ap- 
plen VIII. 94. 

sj Hirlius Bell. nfr. c. 33: Aefàlia rieitat libéra. Strabon 
i.XVII p.S3l) et Pline (V, 4,101 citent Ugolia, oppidum 
Acoiitanum, parmi tes villes libres. Confères plus haut 



p. 39 note 3 le passage cité de la Lei Thorla. 
«) Shaw Vojages, Tunis c. IV p.247. Barth Wanderungen 
p. 176. Voyei du reste sur cette ville: Hannert Géogr. 
p. Harcus p. 161-162; C. Huiler Geogr. gr. min. I p. 468 
ad Stadiasmos §109. 

10) Différentes opinions ont été émises sur la signification, 
primitive de ce nom; Gesenlus (Honum. p. 413 s.v.) l'a 
dérivé de rvVpff. eurro, ou de TVX< annona, MoTers 
(Phôn. 11,3, p.'iOli et Judas (Bévue num. ISS6 p. 164). 
de *iip, uril, eatteUam, cnlln Olshausen et Hlixlg (Rhelu. 
Mus. 1853 p.333noteetp.60I), à» FT^IR. rvhmda. 

11) Ptol.^/ulc StadiaamosglOS: "Ajokla- ApplenVIII,tr4: 
XôiXu. Tit«-Li\cXXXIU,4S: Acholla. Confère* les note» 



ACHULLA. 



45 



Le nom de P. Quinctilius Varus, qui se lit sur les n°'7-8 t fut pris pour celui d'un 
duumvir de (a ville p%r Havercamp, Morelli et Vaillant 1 ), qui croyaient voir, au lieu du nom d'Achulla, 
des lettres appartenant au titre IIVIR. Mais ce nom, de même que le nom sur la pièce analogue 
n°9, doit être celui du proconsul de la province, et Ton ne pourra douter qu'il ne désigne Varus, 
connu par l'histoire, qui lors de la naissance de Jésus-Christ était proconsul de la Syrie, qu'il 
épuisait par son avarice, et qui plus tard devint préfet de la Germanie où, supprimant la liberté 
des peuples et essayant d'introduire des institutions romaines, il provoqua un soulèvement, sous 
lequel, dans une expédition militaire, il fut attaqué à l'improviste par Ariminius et succomba avec 
trois légions romaines en 762 (9 après J. Chr.). Quant à son proconsulat de l'Afrique, rien n'en a 
été rapporté par les anciens auteurs. Eckhel 9 ) présuma qu'il avait gouverné cette province en 
741-742, par les raisons qu'Auguste, qui sur la monnaie au nom de Varus porte le titre de pontife, 
ne fut revêtu de cette dignité avant l'année 741, et qu'Agrippa, dont la tête, selon lui, est repré- 
sentée au revers, mourut l'année suivante. Mais le comte de Borghesi a démontré que Varus a 
dû être proconsul de l'Afrique en 747; étant consul à Rome avec l'ibère en 741, il ne pouvait 
entrer en fonctions comme proconsul que de cinq ans plus tard, selon la loi alors en vigueur 3 ), et par 
une monnaie frappée à Antioche au nom du même Varus, qui porte l'an EK (25) d'après l'ère ac- 
tiaque c. à d. l'an de Rome 748, on voit qu'il était pendant cette année préfet de la Syrie. 4 ) Borghesi 
a encore fait observer, contre Eckhel, qu'il existe des monnaies à la tête d'Agrippa, frappées après 
sa mort 5 ); nous verrons plus bas que cette monnaie ne renferme point l'effigie d'Agrippa. 

L. Vo lu si us Saturninus était proconsul de la province d'Afrique, comme on le voit par 
la monnaie de Gergis où il porte ce titre (voy. p. 35). C'est sans aucun doute le personnage de 
ce nom qui fut consul en 742 avec C. Caninius Rebilus, et duquel il est rapporté par Tacite, qu'il 
fut élu censeur pour les élections supplémentaires de l'ordre équestre par Auguste 6 ), et qu'il possé- 
dait une grande fortune; une monnaie d'Antioche, portant le nom de Volusius, fait conclure qu'il a 
été préfet de la Syrie. 7 ) Il parait qu'il a été cousin de l'empereur Tibère, et que c'est par suite 
de cette parenté qu'il est parvenu à ses dignités et à ses richesses; il mourut en 773.(20 après 
J. Chr.) 8 ) Comme il fut consul l'année après Varus, il est probable, qu'il lui a aussi succédé 
comme proconsul de l'Afrique, c. à d. en 748. On ne saurait déterminer quelle a été la durée 
de son gouvernement de cette province; il n'a pu s'étendre au-delà de l'année 757, puisque la 
monnaie d'Antioche avec son nom porte l'année AE (35) d'après l'ère actiaque = 757-758 u. c. 9 ) 



D Ll. ce. p. 44 note 1. 
•i) Doctrina IV p. 134. 

3) D'après la lex Pompeia de l'an 54 et un décret émané du 
sénat Tan 53, personne ayant rempli les fonctions de 
consul ne pourrait être nommé avant 5 ans au gouver- 
nement d'une province. Dio Cassiiis XL, 46 et 56. On 
voit par le même auteur (LUI, 14), que cette loi était 
maintenue sous Auguste. Cf. Becker Rom. Alterth. Il, 2, 
p. 121 note 270 et ailieur. 

4) Borghesi Décade VI, Osserv.V. Le savant italien,, jugeant 
d'après les autres années que portent les monnaies d'An- 
tioche avec le nom de Varus, ainsi que par d'autres 
rapprochements, fait encore voir que Varus n'a pu être 
revêtu du proconsulat de la Syrie avant celui de l'A- 



frique. Dans le même traité de Borghesi on trouvera 
divers renseignements sur la généalogie de Varus ainsi 
que sur son affinité avec la famille impériale. Pauly 
Real-Encycl. d. class. Alterth. Wiss. VI, 1 , p. 372 o» 11. 
Eckhel Doctrina 111 p. 275 
s) Voyez Eckhel Doctrina VI p. 165. 

6) Ccruoria potatate legendi* equitum deeuriis /une tus. An- 
nales III, 30. 

7) Eckhel Doctrina III p. 276. 

8} Borghesi Décade VI, Osserv.Vl. Pauly Real-Encycl. VI, 2, 

p. 2745 n«6. 
9) Peut-être a-t-il eu pour successeur dans le proconsulat 

de l'Afrique Q. Fabius Maximus Africanus en 749, voyez 

plus bas sous Hadrumète. 



46 LA BYZACÈNE. 

La monnaie n°9, qui nous offre les effigies des deux césars Caius et Lucius, a dû être frappée 
avant 755, parce que cette année Lucius décéda à Massilia, en se rendant à l'armée, romaine en 
Espagne. 

On a généralement pris la tête du n 9 7 pour celle (l'Agrippa; Havercamp, Morelli et Vaillant 
étaient de cet avis; Liebe lisait AGRIPPA au lieu du nom d'Achulla sur l'exemplaire du cabinet de 
Gotha 1 ); Eckhel était d'accord avec ses prédécesseurs à cet égard 9 ), et dernièrement le comte de 
Borghesi, tout en sachant que la lecture de Liebe était fausse, a de même vu le portrait d'Agrippa 
dans cette tête. 3 ) La tête du n°9, à laquelle le nom de Volusius est ajouté, a été considérée 
également comme celle d'Agrippa 4 ), même par le comte de Borghesi. 5 ) Nous ne pouvons admettre 
qu'aucune de ces têtes représente Agrippa. Elles sont toutes deux d'un caractère très-prononcé, 
mais ni Tune , ni l'autre n'offrent les traits bien connus de cet homme célèbre. Pour la 'tête du 
n° 7, Pellerin a déjà révoqué en doute que ce fût celle d'Agrippa, et Eckhel, s'appuyant toujours 
sur la leçon de Liebe, a fait observer que cette monnaie sert à prouver qu'on ne peut se fier à la 
ressemblance des portraits placés sur les monnaies des provinces. La tête du n° 9 est toute diffé- 
rente de celle du n° 7 ; il serait étrange que l'effigie d'Agrippa eût été représentée par des traits si 
différents dans une même ville pendant deux années consécutives. On retrouve enfin la tête du n° 9 
sur les n" 27-28 d'Adrumète avec le nom du même L. Volusius Saturninus. Nous sommes par 
conséquent d'avis que ces deux têtes représentent les proconsuls Varus et Saturninus dont les 
noms sont inscrits à côté d'elles, et nous n'hésitons pas à augmenter l'iconographie romaine de ces 
deux portraits. Pour ce qui regarde les têtes du n 9 10, le comte de Borghesi les a prises pour 
celles d'Auguste et de Livie 6 ), mais sans juste raison. La tête du revers est évidemment la même 
que celle du~n°9, et représente par conséquent Volusius dont le nom y est joint. La tête de femme 
à l'avers ne peut non plus être assignée à Livie; la physionomie en est une toute autre que celle 
que nous offre la tête du n°12 de Thapsus, qui par la légende est désignée comme celle de 
Livie; aussi cette impératrice est-elle toujours représentée voilée, en Junon ou en Cérès, sur les 
monnaies des villes africaines. Par le diadème saillant et pointu, ainsi que par la frisure, cette 
tête ressemble à celles des n ' 1 et 4 de Thsna, qui représentent Astarte (voire p. 41); il faut donc 
croire que c'est l'image de cette déesse. 

Quant à la contremarque des n°* 6 et 8, Gesenius, Movers et Judas ont été d'avis que les 
lettres y inscrites présentent le nom punique d'Achulla. Mais cette contremarque, dont est égale- 
ment signée une monnaie d'Adrumète, doit plutôt être rapportée à une ville différente; nous 
tâcherons de démontrer plus bas que c'est la marque de Cercina. 

Dans les ouvrages de Sestini et de Mionnet trois monnaies sont classées, à tort, sous 
Achulla. Nous avons déjà fait mention (p. 35) des deux de ces pièces, qui ne sont que des exem- 
plaires incomplets du n° 65 de Gergis en Syrtique. La troisième pièce, autrefois dans la collection 
de Wiczay, devait, selon Sestini, porter au revers la moitié d'un vaisseau, surmonté d'une étoile, 



i) Ll.cc. p. 44 notel. vaincu que Liebe avait mal lu l'inscription de la dite 

2) Doctrina IV p. 133. monnaie. 

3) Décade VI, Osserv. V. Le savant auteur nous y fait 4) Voyez 11. ce. p. 44 note 3. 
aussi connaître que M. Cataneo, conservateur du musée &) Décade VI, Osserv. VI. 
de Brera, examinant la collection de Gotha, s'est con- 6) L. c. note précédente. 



et la Bn du nom d'Achulla. •) Mais cette pièce, qui a élé acquise pour le cabinet de Copen- 
hague, ne contient au revers rien de ce que Sestini a cru y voir; le revers, qui est très-mal con- 
servé, semble avoir pour iype l'horoscope d'Auguste. 



TBAPSt'S. 



Sous le règne de Tibère. 



Tl CAE- DM- AVG F AVG- IMP" VII Tète de Tibère, nue, à dr. Greuetis. R-. THAP- 
SVM IVN AVG Tête de Livie, voilée et couronnée d'épis, à g. Grenetis. (Fig.) 

^.7, 16,5* 14,5 gr.*) 
Même avers. I)-. Même légende. Livie assise, vêtue de la stola et voilée, une patère a la 
main dr., la gauclie appuyée sur le sceptre. Grenetis. JE. 6. 8,2 gr. ■) 

Autre semblable; au revers THAPSVM est écrit devant la figure, IVN AVG, derrière elle. 

,«.6. 7,6 gr. 4 ) 





Thapsus était parmi les villes commerçantes de cette cote la plus considérable et sans 
doute une ancienne colonie phénicienne. Le nom, qui se retrouve aussi en d'autres pays où les 
Phéniciens s'étaient établis, signifiait probablement lieu de trajet 9 ); c'était à cette ville que se faisait 
le trajet du port de Cercina, où se rendaient surtout les navires venant de l'Orient. 6 ) Dans les 
anciens auteurs le nom s'écrit Gâtpoç, Thapsus; sur les monnaies on lit toujours Thapsum." 1 ) 
Après la chute de Carthage, Rome lui accorda la liberté et un certain terrain. e | Pendant la guerre 
qui se faisait dans cette contrée entre César et le parti oligarchique, c'était devant cette ville que 
se livra, en 46, la grande bataille où César remporta la victoire. A cette époque Thapsus était 
une ville riche et bien fortifiée, en possession d'un territoire considérable; c'est ce qu'on peut 
déduire des événements de la guerre et de la contribution élevée que César imposa aux Thapsi- 
tains et à leur conventua. 9 ) Mais après ce temps, probablement par suite des guerres dont les 
environs avaient été le théâtre, la ville tomba en décadence. Les ruines qui eu restent, témoignent 
de son opulence et de sa population nombreuse; elles couvrent une vaste étendue sur une pënin- 



I) Scitini Hua Hederv. III cont. p.79 »• 1, tab. XXXIII, U; 

Classes gen. p. 175; Miomiet S. IX p. 202 n« I. 
a) Coll. de Tocbon (HioiinetVJ p.577 ii°I3, Sestini Letl. 

dl cont. III p. 130, tav. III, 22, Incorr. décr.) «t cab. de 

la Haye. 
al Cab. de Copenhague | Holbe Rerli. sur Cartilage p. 121 

pi. VI, 22, Mioim. S. n»9; incorr. décr.) 
s) Coll. de Fontana i Sestini Mus. Fonunn I p. 132 n*l. 

tav. 111,12; III p. 30 a» '2; M ion net S n° 10; Incorr. décr.). 
& l PIDDH. trajeclui, loevt qua trajieitiir, de riDDi («nuire. 



Cf. Noyers Phôn. 11,2, p.161, 296. 329 et 501. 

a) Voyei plus bas Cercina. 

J) On trouve cependant la forme Tkaptum dans la Table 
de Peutlnger. C'est ainsi que Leptis Hinor est aussi ap- 
pelé Lepte minus, voyei p. M). 

8) Voy. II. ce. p. 39 note 3 et p. 41 note 7. Pline (V, 3 ) cite 
Thapsus parmi les oppida libéra. 

9| La ïljle Tut contrainte de payer, comme multo, 20,000 
HS, et son umteMut, 30,000 HS. Hiitliis Bell. »fr. c. 
28 suir. et 97. 



48 



LA BYZACENE. 



suie terminée par un cap, dont le nom moderne est Demas; on y voit encore les débris d'une 
citadelle et d'un grand amphithéâtre, une série de longues citernes et un môle qui se prolonge 
bien avant dans la mer et qui a dû former un excellent port (coihon). ] ) 

La déesse dont le n° 12 nous offre la tête, et que les deux n" suivants nous présentent 
assise, est Livie (Julie), mère de Tibère, qui dans les provinces, surtout en Afrique, fut honorée 
d'un culte divin*); par les épis elle est désignée comme Cérès, par le voile et par l'inscription 
IVN(oni) AVG(ustœ) comme Junon; ce sont les attributs et les noms de ces deux déesses qu'on 
trouve habituellement conférés à la Livie déifiée, soit sur les monnaies, soit dans les inscriptions 
lapidaires , soit dans les pierres gravées et d'autres sculptures. Sestini *) parait incertain , si les 
lettres IVN ont égard à l'impératrice, ou s'il faut les suppléer en IVNonium comme épithète à 
Thapsum ; la première explication de ces lettres est la juste ; une monnaie analogue de Hippo, qui 
a l'inscription IVN AVG à côté d'une pareille image, nous en offre la preuve. 4 ) Sestini et Mionnet 
ont lu au droit des n 09 12 et 14: IMP VIII; mais ce nombre parait être VII, comme sur le n°13. 
Tibère n'ayant pas, à ce qu'il semble, pris le titre d'IMP VIII avant l'année 21 après J. Chr. 5 ) , il 
s'ensuit de là que ces monnaies ont été frappées au courant des 7 premières années du règne de 
Tibère, encore pendant le vivant de Livie. 

Sestini a mis de la confusion dans la numismatique de cette ville. Sur l'exemplaire du 
n°12, qu'il publia de la collection de Fontana, il croyait lire au revers des lettres puniques au lieu 
de AVG; de même il s'imaginait voir au revers du» n°14, à l'exergue, quatre lettres puniques qui, 
selon lui, fourniraient le nom de Thapsus, sans cependant en pouvoir reproduire les caractères 6 ). 
Les empreintes de ces deux monnaies, que Falbe à reçues pour cet ouvrage, montrent qu'elles ne 
contiennent, ni l'une ni l'autre, aucune lettre punique. 7 ) L'exemplaire du n 9 12 dans le cabinet 
de la Haye offre distinctement les lettres AVG après IVN, et l'on en découvre aussi les traces sur 
l'exemplaire de la collection de feu M. Tôchon. Dans son catalogue du musée de Fontana, Sestini 
a encore publié une monnaie qui porterait le nom de Thapsus en lettres puniques et latines. Voici 
la description de cette pièce, dont il nous donne aussi le dessin. 6 ) IMP DM F AVG PONT MAX 
Figure militaire, peut-être Auguste, debout, mettant le pied dr. sur la proue d'un vaisseau; il tient 
de la droite un vexillum, et pose la main gauche sur le parazonium; au-dessus, trois lettres puni- 
ques comme YOX. $. NONNIVS SVLPICIVS IIVIR Q. Chaise curule sur laquelle est un aigle, 
perché sur un rameau; à l'exergue THAPSVM (en lettres à demi effacées). Dans plusieurs collections 
il se trouve une monnaie assez semblable, mais qui diffère de celle que décrit Sestini, par l'avers 
qui porte seulement la légende IMP DIVI F, sans lettres puniques, et par le revers qui nous offre 
nne chaise curule avec une couronne et la légende circulaire terminée en QVINQ au lieu de Q, 



i) Shaw Voyages p. 244. Barth Wanderungen p. 163-164. 
Voyez du reste, sur cette ville: Mannert Géogr. p. Marcus 
p. 293 et 663; Forbiger Geogr. II p. 844; Movers Phôn. 
11,2, p. 501-502. 

2) Voyez plus haut p. 13 notes 13-15. 

a) Mus. Fontana I p. 132. 

4) Lindberg a supposé que la déesse figurée sur ces mon- 
naies est une Junon surnommée Augusta, de même qu'on 
trouve une Juno Regina sur certaines monnaies romai- 



nes. Mais les traits de la tête sont ceux de Livie. 
s) Voyez Eckhel DoctrinaVI p. 190-192. 

6) Dans la gravure que Sestini a donnée de cette pièce 
dans sa description du musée de Fontana (I tav.III,12), 
on ne voit pas de lettres puniques. 

7) Falbe dans ses Recherches sur l'emplacement de Carthage 
a déjà fait remarquer que Sestini s'était trompé en voyant 
des lettres puniques sur ces monnaies. 

8) Mus. Fontana II p. 69 tav.XII,2; III p. 96 n»l. 



LEPTIS M1NOB-. 49 

sans le nom THAPSVM. ') Parmi les empreintes envoyées à Falbe de la part de Fontana, il y 
avait aussi un exemplaire de cette monnaie ayant la surface très-corrodée ; c'est probablement cette 
pièce qui a été erronëment reproduite par Sestini. Il est connu que ce numismatiste a souvent 
mis peu de soin à examiner les monnaies qu'il allait décrire, et s'est laissé induire en erreur par 
sa fantaisie; ses ouvrages en fournissent de nombreux exemples, surtout dans la numismatique de 
l'Afrique. Falbe, dans son catalogue, tout en se méfiant de la description de Sestini, a pourtant 
classé cette monnaie & Thapsus ; mais nous ne voyons pas de raison pour la rapporter & cette ville 
ni en général à l'Afrique; aucun des deux types n'apparaît sur d'autres monnaies émises dans leB 
pays à l'ouest de la Gyrénalque, et l'on ne trouve pas de Ilviri quinquennales inscrits aux mon- 
naies africaines. 



LEPTIS HINOR. 

DIVOS IVLIVS Tête de Jules César, laurée, à dr. Grenetis. R-. AE m I Buste de Mercure 
à g., avec le pétase ailé et le caducée devant l'épaule; la poitrine est couverte de la pœnula. 
Dessous, B. Grenetis. JE. 9. 21,7 gr.') 




Sous le règne d'Auguste. 

16. CAESAR DIVI F Télé d'Auguste, nue, à g.; devant, le lituus. Grenetis. R\ Même légende 
et même buste; dessous, A. JE. G. 6,8 * 6,6 gr. (usées). ■) 

17. IMP'C-D'F- A'P'M' P'P Même tête. GrenetiB. B-, Le même que le revers précédent. 
iFig.) JE. S. 8,1 gr.*) 

Sous le règne de Tibère. 

18. TI-CAE-AVG-F- IMP V Télé de Tibère, nue, à dr. Grenetis. B-. AEHTIC Même buste 
de Mercure. Dessous, B. Grenetis. (Fig.) £.9. 1 5,8 & 12,8 gr. jus.) 9 ) 

19 AVO* F- IMP* VII Même tête. R-. Même légende et même tête. Dessous, A. 

M. 6. 8,* gr. •) 

■I Un exemplaire de cette monnaie a été publié dans le gr. p. 4 (Mlonnet ri* 8 Incorr. dêcr.). Harduln N. anL 

Muséum Hedervarlanum par Wkiuy II p.SO iiMïTO tab. p. 290. 

suppl. n* 19. D'autres exemplaire» se trouvent dans le 4) Cab. de Parla (de la coll. Wlciaj, Sestini Mua, Hederr. 

musée britannique et lea cabinets du roi de Sardalgne III cont. p. 77 ni 8, Mlonnet S, n* 5, Incorr. déer.J. 

et de Munich, ilonl le premier est surtout bien conservé-, si Cab. de Paris i 2 ex. Norelll Imp. I p. 591, tab VI, 31; 

ai Coll. du baron d'Alllv (Revue num. fr. 18-11 p. 317 flg., Harduln >. ant. p.94; Vaillant N. Imp. gr. p.9; Mionnet 

Incorr). n'9-10). 

1) Cab. de la Haye et du roi de Sardaigne. Vaillant N. Imp. ai Cab. de la Hâve. 



.ArPinniNA Tête d'Agrippine à dr. R-. AenTIC Tête lourrelée de femme il dr. 

M. 5. >) 




Cette ville, située entre AcliulJa et Adrumète, était probablement, à en juger d'après le 
nom, d'origine libyenne*); pour la distinguer d'avec la ville plus grande du même nom dans la 
Syrtiqne, on l'appelait: Ainxtç fttxçô, Leptù minor ou Lepte minus"). Elle était du nombre des 
villes qui, pendant la dernière guerre punique, avaient envoyé des provisions à l'armée romaine, ce 
qui est la raison pourquoi, sous la domination de Rome, elle était libre et exempte de payer 
tribut 4 ); sous les empereurs elle parait avoir acquis une importance assez considérable. 3 ) Elle 
avait aussi un port"), qui était cependant petit, et dont, a une époque postérieure, on ne pouvait 
plus Taire usage 1 ). On découvre encore des ruines de l'ancienne ville aux environs d'une bour- 
gade, appelée Lempta ou Lemta d'après le nom ancien. 8 ) 

Les nu mis ma listes qui ont fait mention de ces monnaies, les ont attribuées à Leptis Magna, 
ou ont laissé indécis, si le lien d'émission en a été Leptîs Magna ou Leptis Minor. Eckhel pré- 
férant Leptis Magna, en donne pour raison que le nom écrit en lettres grecques s'adapte mieux à 
cette ville, a. cause de su proximité de la Cyrénalque grecque, qu'il ne le fait k Leptis Minor qui 
avait toujours été soumis à Cartilage. B ) Il faut objecter à cette considération que Leptis Minor 
n'était pas plus éloigné de la Sicile que Leptis Magna ne l'était des villes cyrénéennes, et que ces 
monnaies ont été frappées plus d'un siècle après la chute de Carthage. Elles se distinguent sous 
tous les rapports d'avec les monnaies décrites plus haut sous Leptis Magna, et dont le classement 
à cette ville doit être regardé comme certain; ces dernières n'offrent pas la tète de Mercure, elles 
ont toujours le nom de la ville écrit en punique, ensuite, celles d'entre elles qui datent des règnes 
d'Auguste et de Tibère, sont d'un travail inférieur et ont les empereurs désignés par d'autres sur- 
noms et titres. De l'autre coté, les monnaies dont il s'agit, se rattachent aux monnaies émises 
sons Auguste et Tibère dans la Byzacène et la Zeugitane. Le type emprunté a Mercure, dont le 
choix convient entièrement aux villes appelées Emporia , paraît sur les monnaies d'Alipota et de 
Clypea; la tête et le nom de Jules César, que nous offre le n"!5, se retrouvent sur les monnaies 
d'Achulla (n°6) et d'Adrumète m°30|; l'inscription insolite du n*17, dans laquelle le nom et les 
titres d'Auguste sont abrégés jusqu'aux lettres initiales, se rencontre aussi sur une monnaie de 

i) Du Mcllnet, Cab. de St. Geneviève p. 82 tab. 21,1; Seguin (Géogr. p. Marcus p. 294 1 dit que août Juillnleu elle était 

Sel. mini. p. 317 (Mionnet n» 11). une des résidence» du commandant militaire de la pro- 

1) Voyei Hovera Phôn. II. ?, p. 4S5. vlnce; mais la ville appelée dans le Codex Jusiinlani 

S] Aussi Leptimimu, dans les Itinéraire». altéra Lepte, était «ans doute Telepte, vovei Movers 

t\ Ciritat libéra et immuni». Hirtiua Bell, afr. C. T. Pline Ptlon il, 2, p. 4S5 note 33. 

V,3. Lei Thorla (voy. plus haut p. 39 noie 3). Appien «I Cest ce qu'on volt par HlrUus Bell. afr. c.62. 

VIII, 9*. i) Selon Stadiasmot § 113. 

s) Dans la table de Peulinger on trouve tracées près de s) Sbaw Vovages p. 243. Barth Wanderungen p. 161. 

Lepllmlnus lea marques d'une ville importante. Maonert 9| Doclrhia IV p. 130. 



HÂDKUMETUM. 



Cartbage; enfin, IMP avec le chiffre y appartenant est de même ajouté au nom de Tibère sur les 
monnaies frappées à Thapsus et à Clypea. ') 

Sur toutes les monnaies émises avant le règne de Tibère, le nom de la ville est écrit 
AErïTI; c'est à tort qu'on a lu un 1, un C*), ou bien un S 8 ) à la fin du nom. Le nom écrit 
ainsi ne doit pas être regardé comme une abréviation; c'est probablement le nom punique rendu 
en caractères grecs; il répond à celui que nous offrent les monnaies de Leptis Magna en carac- 
tères phéniciens, ainsi qu'aux formes de Lepte ou Lepti minus chez les auteurs romains. 

Les lettres A et B, que l'on remarque sous le buste de Mercure, indiquent sans doute la 
valeur de la monnaie; car B est placé exclusivement sur les grandes pièces, A sur toutes les 
petites pièces, soit avant, soit sous le règne de Tibère; ces lettres sont probablement les marques 
de l'as et du dupondius, comme nous le ferons voir à la fin de cette province. 



IABRIIIETI1I. 

21. HADR Tête de Neptune à tir., la poitrine couverte d'un pallium; devant, un trident. Grenetis. 
IJ-. Télé d'AsIarte, diadémëe et voilée, à g.; derrière, un sceptre terminé par une croix, 
(irenetis. JE. 6. 10,0—7,7 gr. •) 



22. Tête de Neptune à dr.; derrière, le trident. Ç-. Tête radiée du dieu du soleil, à g. 

JE. 3f 5,3 gr. >) 

23. Autre semblable; mais la tête du revers est k droite. JE. 3£. 4,3 * 3,9 gr. «) 

24. Même tète. fr. C FABIVS iCA.i Tête radiée et laurée du dieu du soleil à dr. JE. 3}. T ) 

25. C- FABIVS CATVLVS IIVJR Même tête. R-. (P)SEXTIUVS PR P AF VIIV EP Buste du 
dieu du soleil, vu de face, la tête entourée d'un disque radié. JE. 3£. 4,1 — 3,3 gr. 8 ) 




i) Dans le catalogue île Falbe ces monnaies sont décrit» 
sous Leptis Magna, mais Lfndberg a indiqué par une 
rectification qu'il préférait Leptis Mlnor. 

1) Ainsi Vaillant. Hardulii, Sostlni et Miomiet ll.ee. p. 49 
notes 3 et 4. L'absence de celte lettre est constatée par 
plusieurs exemplaires bien conservés. 

ai Le baron d'Allly a pris pour un S le B sous la tête du 
si" 16. et a regardé ce prétendu S comme la lettre finale 
du nom de Leptis. Nous avons sous les yeux une em- 
preinte de cette monnaie. Il est vrai que le B n'y est 
pas très-clair; mais si l'on rapproche cette pièce de 
celle du n* 18, qui oltre à la même place un fi distinct, 



et que l'on prenne en considération qu'un S latin ne 

s'accorde pas avec les caractères grecs du nom de Leptis. 

on aura bien la conviction que c'est un fi. 
t) Cab. de Florence (Eckhel N. vei.anecd p.307 tab.XVI.6). 

de la Haye, de Copenhague et du comte de Palln. 
ai Cab. de Copenhague (de la coll. Wiciay, Sestlni Mus. 

Rederv.II p 24ôn°37, Illiodus, Hionnel S. n*SI7, Ineorr. 

décr.l. Mus. Htiuter Inc. Tab. 68.1B (Hionnel VI p. D6S 

n* !87 Incert.). 
s) Cab. de Copenhague (2 ex.). 
T| Cab, de Stockholm. 
ai Cab. de la Hâve et de Copenhague I 2 ex.i. Caronni Rag- 



LA BYZÀCENE. 



Sous le règne d'Auguste. 

26. P- QV1NTILI VARVS Tête d'Auguste, nue, k dr. Grenelis. 
du dieu du soleil a g.; derrière, un trident. Grenetis. 

27. L.VOLVSIVS SATVR Tôle du proconsul Salurninus, nue, à g. 
radiée du dieu du soleil à dr.; derrière, un trident. Grenetis. 



ï>. HADRVME Tête radiée 

Grenetis. Ç-. HADR Tête 
£.8. 11.8411, Igr. 8 ] 




28. Autre semblable avec la légende L VOLVSIVS SATVRN. ^.8.") 

29. AFRIC- FABIVS- MAX- COS- PROCOSVIh EPVL Tête du proconsul Fabius, nue, à dr. 
Grenetis. R-. HADRVM Partie supérieure d'un dieu barbu, revêtu d'un ample manteau, à dr. 
La tête est couverte du capuchon du manteau et d'une tiare élevée ; la main gauche tient 
deux épia, la droite est levée. Grenetis. JE. T. 16,9 — 12,0 gr.* 4 } 

30. HADR AVGVS . . . -Tête d'Auguste, nue à dr.; derrière, Vapex. Grenetis. I>. CAESAR 
Tête de Jules César, nue à g.; derrière, une étoile; devant, le lùuus. A'.. 11. 5 } 

31. HADR AVGVSTVS Même tête à g.; derrière, l'ope*. Grenetis. IJ-. Le même que le revers 
précédent, mais la tête tournée à dr. Grenetis. Jî. 8. 12,1 gr. •) 





Même légende. Même tête à dr.; devant, le lituus. Grenetis. fr. Têtes affrontées des 
césars Caius et Lucius; dessus et dessous, des légendes k demi effacées. Grenetis. 

M. 11. 26,1 gr. 1 ) 



guagllo II l 



IV, 20. 



1. Hederv. n'7095 lab.XXVHI, 



Sesllnl Mus. Hederv III coin. 

n» 3, devant la léte de Neptune, < 
i) Coli du comte de Patin. 
ai Cal>. de Vienne et mua. liril. 
s) Coll. de Dufresne Saint-Léon (Hit 
*) Cnb. de la Haye, de Pari» (2 ei., 

pl.8S,i, incorr.fjg.; Hionnel 



p. 79 n- 



m.S.n»4). 
Pellevin Rec. III p. 17 
décr., et U.i 



Copenhague (de lu coll. Wiciay, Seul ni Mus. Hederv. III 



l'init. p. 79 n*2, Hlonnet S. n°S, incorr. décr.J. CaL de 
Nortliwick n*1599. Sestini Descr. n. *. p.563 (Hlonnet 
S. n*6, Incorr dëcr.). 

ai Pcllcrln Rec. MI p. 18. pi. 88,*. {Hlonnet n°7). Cette mon- 
naie, dont Mlonnet a donné une empreinte en soufre, 
ne se trouve plut au cabinet de Paris. 

«I Cab.de Paris (Pellerin Met. Ip.l, fleuron du titre; Nionnet 
n» 6). Cst de Bentlnck II p.1079, Ile. 

-.) Cab. de Paris (Mlonn. S. n«7). ■ 



HADRUMETUM. 



53 



33. Autre semblable; au revers, en haut, L*CAE*F. Au droit, une contremarque avec les 
lettres ^ty- JE. II. 31.4 gr. M 





33 

• Hadrumète était une ancienne colonie phénicienne, fondée de Tyr. *) On trouve le 
nom écrit différemment: l^âçvfAtj, ^AâçvfAfjtoç et d'autres manières a ), par les auteurs grecs; Adrv- 
metum, Hadrumetvm, par les auteurs romains. C'était une ville commerçante, riche et popu- 
leuse, peut-être la plus grande en Afrique, après Carthage. Les décombres qui en restent au- 
jourd'hui, dans les environs de la ville moderne nommée Souza, ne sont pas très-considérables; 
mais au moyen-âge, les ruines occupaient, au dire de l'auteur arabe Al-Bekri, un grand terrain, et 
deux édifices, sans doute un amphithéâtre et un temple, s'en attiraient surtout l'attention par leur 
grandeur colossale. Par la guerre qui se faisait dans cette contrée entre César et le parti aristo- 
cratique, nous apprenons que la ville était fortement munie et pourvue d'un port intérieur (coikon)\ 
aussi, selon le rapport de l'auteur arabe, y avait-il de son temps un port excellent, entouré des 
murailles de la ville 4 ) ; mais de nos jours le port est comblé de sable , et l'on n'en voit que les 
débris d'un môle. Le district de la ville était très-fertile. 5 ) Pendant la dernière guerre punique 
elle prêta des secours à l'armée romaine, et après la destruction de Carthage, elle acquit un certain 
terrain et la liberté. 6 ) A l'époque impériale elle devint colonie romaine ') , sans doute sous le 
règne de Trajan, comme on le voit par les surnoms Ulpia Traiana Augusta, qui lui ont été donnés 
dans une inscription lapidaire. 8 ) Après la période des Vandales, Hadrumète était encore une ville 
grande et populeuse, et chef- lieu du Byzacium. Justinien en releva les murailles, qui, autrefois 
très-fortes, avaient été démolies par les Vandales; pour plaire à, cet empereur, la ville adopta le 
surnom de Justiniana. Elle fut détruite par les Sarrasins. 



i) Cab. de Stockholm. 
, 3) Salluste Jugurtha c.19. Sol in XX Vil ,9. Sur cette ville, 
voyez: Falbe Recherches p. 75-78, Mannert Géogr. p. Mar- 
dis p. 295-298, Forbiger Geogr. II p. 845, Barth Wan- 
derungen p. 152-155, Movers Phôn. 11,2, p. 502-503 et 
C. Millier Geogr. gr. min. p. 470 § 1 16 notes. 
3) On trouve encore: y Aâ(jv/UffÇ, 'Aùçov/lhttoç , 'AâçaprjToç , 
'Aâçov/uqToç , 'Aâça/dprtfÇ . Selon Stephanus Byzantin us 
( s. v.) la ville tirait son nom de son fondateur mythique 
'Aâçvfittjc L'étymologie du nom est douteuse, voyez 
Movers dans Phônizier 11,2, p. 502 note 149, Olshausen et 
Hitzig dans Rhein. Muséum VIII ( 1853) p. 322 et p. 597. 
Lindberg dérive le nom de Qrn* australù, et pense 
que la ville a été appelée ainsi parce qu'elle avait été 
fondée au sud d'Utique et de Carthage, qui étaient des 



villes plus anciennes. 

4) 11 faut cependant que dans l'antiquité le' port ait été 
inaccessible à une certaine époque, attendu que dans 
le stadlasme il est dit que la ville était dépourvue de 
port. Voyez Falbe, Barth, Movers et C. Muller ll.ee. 
note 2. Mannert et Forbiger 11. ce. soutiennent au con- 
traire qu'Hadrumète n'a pas eu de port. 

s) D'où la ville, devenue colonie, prit plus tard le surnom 
Frugifera, voyez 1. c. note 8. 

6) Voyez 11. ce. p. 39 note 3 et p. 44 note 7. Dans Pline V, 3, 
elle est citée parmi les villes libres. 

7) Elle est appelée colonie dans Ptol. IV, 3,9, Itin. Ant. et 
Spartian. Did. Julianus c. 1. 

8) Complètement: Colonia Concordia Ulpia TYaxana Auguêta 
Frugifera Hadrumetina. Inscr. Gruteri p. 362. 



54 



LA BYZACENE. 



N ,g 21-25. Comme ce n'est que le premier de ces n" qui porte le nom d'Hadrumète, on 
pourrait révoquer en doute que les autres appartiennent à cette ville; aussi le n°22 a-t-il été 
attribué à Rhodes ou classé parmi les monnaies incertaines 1 ); ce qui nous décide à les donner à 
Hadrumète , c'est qu'ils présentent tous les têtes de Neptune et du dieu du soleil , et que le n° 25 
porte le nom de Sextilius, désigné comme PRoPrœtor AFricœ. Sextilius était propréteur de la 
province en 660 u.c. (94 av. J. Chr.); c'est ce que nous apprenons par Piutarque qui raconte que 
Marius, étant dans sa fuite venu à la côte de l'Afrique et ayant pris terre dans le territoire de 
Carthage, reçut Tordre de s'en aller par le préteur Sextilius. 9 ) La présence de ce nom nous 
porte encore à conclure que la série des n" 21-25 appartient à la dernière époque de la répu- 
blique romaine, et qu'elle est ainsi antérieure en date à la série suivante. Sextilius est appelé 
VlIVir EPulonura sur la monnaie; il était donc membre du sacerdoce ou du collège composé de 
sept personnes, dont les fonctions consistaient à ordonner les cérémonies et les temps réclamés par 
les fêtes publiques, surtout pour les banquets somptueux appelés lectùternia, auxquels ils prési- 
daient. 3 ) Le n° 24, dont la légende est peu distincte, nous offre sans doute le même nom que le 
n* 25 , celui de C. Fabius Catulus, l'un des duumvirs ou suprêmes magistrats de la ville, préposé à 
surveiller le monnayage. 

N°» 26-29. Ces monnaies portent les noms de proconsuls qui gouvernaient la province 
sous Auguste. P. Quintilius Varus fut proconsul de l'Afrique en 747 u. c. et L. Volusius 
Saturninus en 748 u.c., comme nous l'avons avancé plus haut (p. 45) sous les monnaies d'Achulla 
qui portent les mêmes noms. Les n ' 27 et 28 présentent au droit le portrait de Volusius; c'est 
la même tête d'un caractère marqué qui parait sur les n" 9 et 10 d'Achulla avec le nom de Volusius, 
et ne peut guère représenter aucun autre (voyez p. 46). Mais la tête du n° 26 n'est pas celle de 
Varus, dont nous connaissons le portrait par les monnaies d'Achulla; elle ressemble aux têtes du droit 
des n 01 30 suiv. et nous offre donc l'effigie d'Auguste. Le proconsul , dont le nom est inscrit au 
n°29, est Q. Fabius Maximus Africanus, qui fut consul en 744 u.c. 4 ) Comme, selon la loi, 
il ne pouvait être promu au proconsulat que 5 ans après 5 ), il n'est venu en Afrique avant Tan 749; 
il se peut qu'il ait succédé à Volusius dans l'administration de cette province. Les anciens auteurs 
n'ont rien rapporté de sa personne ni de sa vie. Selon les renseignements donnés par le savant 
Borghesi 6 ), il aurait adopté le surnom d'Africanus d'après le célèbre Scipion, vainqueur de Carthage, 
qui était un de ses aïeux, et il aurait vécu encore en 758. Auparavant on a lu sur cette mon- 
naie APR, au lieu de AFRIC; la présence d'un tel nom paraissait une énigme à Eckhel; il fut sup- 
pléé à Apronius par Mionnet, qui n'hésitait pas à donner deux noms de famille à ce magistrat 7 ); 
sur la pièce de Milan, gravée sous le n°29, et sur l'un des exemplaires de Paris 8 ) la légende est 



i) Voyez U. ce. p. 51 note 5. 

a) Plut Marius c. 40: 2iÇril*oç 6 crçaniyéç. Dan* Appien 
(Bell. civ. 1,62) le nom de ce préteur est écrit 2i$noç\ 
la légende de la monnaie sert à confirmer que le nom 
dans Piutarque est correct. 

3) Cf. Pauly Real-Encycl. III p. 208. Sur les deniers ro- 
mains de la famille Coelia. on voit le nom d'un VllVIR 
EPVL inscrit à un lit portant l'image dune divinité. 

4) Dans les années de 743 et 744 il y avait deux consuls 
du nom de Fabius Maximus, dont le premier avait pour 
prénom Publius, le dernier, Qulntus. Eckhel (Doctr. 



IV p. 134) ne sait auquel de ces deux appartient le nom qui 
apparatt sur la monnaie; le comte de Borghesi a montré 
que c'est le dernier qui par Suétone et Dion a été men- 
tionné sous le surnom d'Africanus, Décade IV Osserv. X. 
b) Borghesi 1. c. Conférez plus haut p. 45 note 3. 

6) L. c. note 4. 

7) Eckhel Doctr. IV p.l 34. Mionnet VI p. 580 n* 9 note. Cf. 
Borghesi 1. c. 

s) Sur cet exemplaire Mionnet lisait justement le premier 
mot AFRIC, mais croyait qu'il avait été refait au burin. 
Cette légende ne paraît nullement burinée. 



HADRUMETUM. 55 

parfaitement conservée et fournit AFRIC. Il ne faut pas s'étonner que dans cette légende Àfri- 
canus précède le nom de famille; car à l'époque d'Auguste il était d'usage, comme le savant 
Borghesi l'a montré par plusieurs exemples 1 )) que ceux qui avaient deux surnoms, en plaçaient l'un 
avant le nom de famille. On voit par la fln de la légende que ce proconsul était septemvir epu- 
lonum, comme l'avait été autrefois le propréteur Sextilius (voyez p. 54). Eckhel et Borghesi ont 
supposé que la tête de l'avers représente Auguste; mais d'une part elle diffère de la tête d'Auguste 
qui figure sur les n"30suiv., d'autre part elle est identique à celle qu'on voit sur le n° 37, accom- 
pagnée du même nom; il faut donc présumer que c'est le portrait du proconsul Fabius. 

N M 30-33. Ces monnaies, qui toutes portent la tête et le nom d'Auguste, sont sans doute 
postérieures aux précédentes. L'insigne sacerdotal, apex, qu'on remarque derrière la tête d'Au- 
guste sur les deux premiers n", indique la dignité de pontife dont il fut revêtu en 742; le lùuus 
qu'on aperçoit sur les deux derniers n", l'office d'augure qui lui avait été conféré depuis la mort 
de Marc-Antoine. 9 ) Les deux monnaies portant les têtes de Caius et de Lucius, fils d' Agrippa et 
de Julie, qui en 737 furent adoptés par Auguste et nommés césars, ont été frappées avant l'année 
755, dans laquelle Lucius, le cadet, cessa de vivre. La contremarque du n° 33 est sans doute 
celle de Cercina, voyez plus bas. 

Les monnaies d'Hadrumète portent plusieurs images de divinités qu'on ne retrouve pas sur 
d'autres monnaies de l'Afrique, les unes copiées sur les images grecques, les autres offrant un 
aspect particulièrement punique. A la première classe appartient la tête des n os 21-25, à laquelle 
le trident y ajouté, ainsi que la chevelure et la barbe larges, donne l'apparence de Neptune. Un 
dieu répondant au Poséidon des Grecs, avait été vénéré, depuis un très -ancien temps, dans le 
midi de la Byzacène, par les mêmes peuples libyens autour du lac de Triton qui révéraient une 
déesse ressemblant à Athéné; selon Hérodote, ce dieu était père d'Athéné par Tritonis*); on le 
trouve aussi appelé du nom de Pattas ou Pallan. 4 ) Il est possible , comme l'ont supposé plu- 
sieurs archéologues 5 ), que ces mythes doivent leur origine aux mythes semblables de la Béotie, que 
des Grecs émigrés auraient apportés à cette côte; il parait cependant plus probable, que le cuite 
de ce dieu est plus ancien en Libye qu'en Grèce, ou du moins, qu'il n'a pas été introduit de ce 
dernier pays. Hérodote prétend que c'est de la Libye que les Grecs avaient reçu le culte de 
Poséidon 6 ), et plusieurs mythes engagent à croire que depuis une période très-reculée on a vénéré 
en Afrique un dieu de la mer différent de celui des Grecs. Poséidon, selon les uns, avait eu 
pour épouse Libye avec qui (ou avec Gé) il avait procréé Antée 7 ), représentant des peuples libyens 
en opposition avec Hercule, dieu des colons étrangers; selon d'autres, Poséidon aurait été, par 
Libye, père d'Agénor, qui eut pour fils Phœnix, souche du peuple punique. 8 ) Ce dieu ne doit ce- 
pendant pas être considéré comme originaire de la Libye; c'est sans doute le dieu des Phéniciens 

D Dans le traité cité p. 54 note 4. néré dans la Cyrénaique. Peut-être ce nom provient-il 

2) Les monnaies les premières en date, sur lesquelles Au- du surnom de Minerve, peut-être aussi a-t-il été formé 
guste est nommé augure, sont les deniers frappés en par imitation du nom phénicien BaaL Cf. Movers Phôn. 
Afrique par Pinarius Scarpus peu de temps après la 11,2, p. 469. 

bataille dActium. Eckhel Doctr. V p. 272; VI p. 82. s) Voyez plus haut p. 19 note 7. 

3) Herod. IV, 180. Cf. Pausan. 1,14,5. 6) Hérod. 11,50. 

4) Cicero De nat. deor. 111,23,59. Ampelii Lib. mem. c. 9. 7) Àpollod. 11,5,11. 

Ce Poseidon-Pallan est probablement le même que Ho- 8) Apollod. 11,1,4; III, 1,1. Hygini Fab. 178. 
anâtùr Uëllaytoç qui, selon Hesychius (s. v.), était vé- 



56 



LA BTZACENE. 



navigateurs ou Baal en qualité de dieu de la mer, qui de la Phénicie a été apporté en Afrique; 
le dieu de la mer, comme on le sait, fut en grande vénération à Berytus 1 ), & Sidon 2 ) et h Tyr*), 
et fut aussi honoré d'un culte particulier par les Carthaginois 4 ). Quant à Hadrumète, comme 
c'était une ville maritime, qui avait été fondée par Tyr et longtemps soumise à Carthage, il était 
tout naturel qu'on y adorait par préférence ce dieu. On n'en connaît pas le nom phénicien; par 
les anciens écrivains il est appelé du nom grec et latin. 5 ) 

La déesse dont on voit la tête sur le n° 21 , est Astarte; on s'en persuade en regardant 
le sceptre terminé en croix, qui est le même avec lequel elle est représentée sur les monnaies de 
Sidon et d'autres villes de la Phénicie 6 ). Astarte, qui dans la croyance des Phéniciens était la 
déesse suprême et la plus vénérée, fut acceptée, pour son être, ses qualités et ses rapports avec les 
autres divinités, de manières très-différentes, ou plutôt, il y avait plusieurs déesses, différant beau- 
coup l'une de l'autre, qui furent appelées du nom commun d* Astarte. 7 ) Il parait que dans les 
autres villes de la Byzacène elle s'est rapprochée surtout de Vénus et de Junon, et on peut la regarder 
ici de la même manière. Cependant, quand on considère que sa tête se trouve sur la même 
monnaie dont l'avers présente l'image de Neptune, on pourra aussi la mettre en relation avec ce 
dieu. Astarte, à ce qu'il semble, étendait aussi son empire sur la mer; une Vénus marine était 
honorée dans certaines colonies phéniciennes 8 ), et sur les monnaies de Sidon on voit Astarte, le 
sceptre cruciforme à la main, placée sur un vaisseau. D'autre part Neptune n'était primitivement 
autre que Baal régnant sur la mer. 9 ) Il se peut donc que le n° 21 nous offre les images de 
Baal et d' Astarte, principalement dans leur qualité de divinités de la mer. 

La tête radiée sur les n" 22-28 ressemble à celle de Helios et Sol sur les monnaies grec- 
ques et romaines. Le dieu phénicien que les anciens auteurs appellent Apollon, et qui était 
objet de la vénération à Utique, à Carthage 10 ), dans plusieurs villes de la Syrtique et à Thysdrus, 
ville voisine d'Adrumète 11 ), était sans doute aussi considéré comme dieu du soleil 19 ) de même que 
chez les Grecs et les Romains. Sur le n° 25 on voit son buste en face, entouré d'un disque radié 
ou d'un nimbe, représentation insolite. Parmi les monnaies phéniciennes de Malaca en Espagne, 
les unes offrent la tête radiée d'un dieu imberbe, vue également de face, les autres portent au- 
dessous d'un temple la légende tPDW, signifiant le soleil; il est permis d'en déduire que Semés a 
été le nom phénicien de ce dieu. 18 ) Le trident qu'on remarque derrière la tête sur les n" 26-28, 



i) Un dieu pareil à Neptune est représenté principalement 
sur les monnaies de Berytus. Selon Sanchonlaton on 
le regardait dans cette ville comme fils de Pontus. 

2) Oalâaatoç Zivç, h Jtâàvt n/iara». Hesychius s. v. 

3) Nonnus Dionys. XL, 494, 529 et 549. 

4) Hannon Periplus §4. Scylax Periplus §112. Diodore 
XIII, 86. Polybe VII, 9, 2. Ptol. IV, 3 ( Uooêèâàroç fiwpoi 
dans la Zeugitane). 

5) Voyez, sur le Neptune phénicien: Mûnter Rel. d. Car- 
thager p. 97 suiv.; Movers Allg. Encycl. S. III Th. 24 p. 401, 
Phôn. I p. 664 et 11,2, p.468-470; Kenrick Phœnicia p.325. 

6) De Berytus, Orthosia, Byblus et Tripolis. Lajard £ans 
Acad. d. inscr. T. XVII, P. I p. 374-375, pi. II, 14-16. Do- 
naldson Archit. numism. (1859) n" 20 et 28. 

7) Voyez surtout Movers Phôn. 1 p. 176-189, p. 385-386 et 
p. 444. 



s) Voyez Movers dans Allg. Encycl. S. III Th. 24 p. 401 notes 

94-96. 
9) Voyez plus haut note 2. 
10) Conférez plus haut p. 18. 
n) Voyez sous la Syrtique les n°» 28, 30-33, 36-37, 38-39, 

46-47 et plus bas le n'34, qui offrent la tête ou les 

symboles d'Apollon. 

12) Conférez: Pausanias VII, 23 ; Movers Allg. Encycl. l.c. p. 
398 note 23; Kenrick Phœnicia p. 299. 

13) D'autres savants ont expliqué d'une manière différente 
la tête et la légende en question que portent les mon- 
naies de Malaca. Creuzer (Symbolik N. Ausg. Il p. 503 
n« 3) a ainsi supposé que cette tête représente Astarte 
comme déesse sidérale, Movers (Allg. Encycl. I. c. p. 394), 
que c'est la tête d'Onka Chusartis. Pour la légende, 
M. Judas a été d'avis qu'elle offre le nom du Mercure- 



HÀDRUMETUM. 



57 



ne doit guère être regardé comme un attribut de ce dieu, mais comme le symbole de la ville ou 
de Neptune, son dieu principal; comme les monnaies précédentes, les n 0i 21-25, montrent qu'un 
dieu de la mer pareil à Neptune et un dieu du soleil répondant à Sol ont été honorés, chacun de 
son culte particulier, à Hadrumète, nous ne saurions admettre qu'on y ait adoré en outre un dieu 
qui aurait réuni les qualités si opposées de ces deux dieux; il s'est fait tout naturellement qu'en 
voulant mettre sur la monnaie la tête du proconsul, on a concentré de cette manière au revers 
les représentations des deux dieux qui avaient auparavant occupé chacun leur face de la monnaie. 

Le n°29 nous présente l'image punique d'un dieu de l'agriculture. L'attitude en est la 
même que celles de Sérapis sur les monnaies de Sabrata (n os 63-64) et de la déesse (Thuro-Chu- 
sartis) sur les monnaies de Hippo en Zeugitane: ses deux bras sont levés et la main gauche tient 
l'attribut de la divinité, tandis que la droite est étendue et fait voir le paume ; le costume et la coif- 
fure qui tient d'une tiare asiatique, sont tout-à-fait insolites et peuvent être regardés comme particu- 
lièrement puniques. Dans la Phénicie on vénérait différents dieux de l'agriculture. À Byblus le 
dieu suprême 1 ) était aussi le protecteur des céréales, appelé 'en cette qualité 'Ayqovtiqoç et 'AyQOtfjç 
par Philon; dans sa fête une petite chapelle renfermant l'image du dieu fut promenée sur un char 
attelé de boeufs. *) A Berytus il y avait plusieurs dieux qui présidaient aux différentes branches 
de la culture du sol; Philon les nomme IdyçoTa* et les place parmi les dieux tutélaires de la 
ville. *) Encore Dagon, révéré surtout chez les Philistéens, était un dieu agricole. Selon Philon 
il était au nombre des dieux principaux, fils d'Uranos et de Gé, et avait inventé la culture du blé 
et la charrue, d'où il avait reçu le nom de Zevç Wço'rçtoç; Philon rend Dagon par 2l%wv. A ) Le 
nota entier de ce dieu a jgans doute été: fiaal-Dagon, le seigneur du blé. 5 ) C'est ce dieu ou un 



phénicien, dont il voit la tète dans celle du cabire Phthah 
(=. Vulcain) qui figure au droit des monnaies de Malaca, 
opinion déjà inadmissible par la raison que des tenailles 
y sont ajoutées en guise de symbole. Il parait le plus 
naturel de rapporter le mot Semés h la tête radiée et à 
l'astre, symbole habituel du soleil, que l'on trouve au 
revers d'autres monnaies de Malaca, soit qu'on prenne 
ce mot pour un surnom de la ville, soit qu'on le re- 
garde comme le nom du dieu auquel appartient la tête 
radiée ainsi que le temple. Il s'ensuit de lu que cette 
tête est masculine, non féminine, et qu'il faut de même 
considérer la tête en face sur les monnaies d'Adrumète 
comme celle d'un dieu et non d'une déesse. Il faut 
encore conférer les monnaies d'une ville de la Mauri- 
tanie qui portent également la face du dieu du soleil 
(Baal), un astre et la légende Makom semés; nous en 
traiterons au 111"" volume. On rencontre le nom Baal 
Semés dans une inscription palmyréenne, voyez Kenrick 
Phœnicia p. 298 notel. 

t) Le même qui est nommé ailleurs Gauas et Adonis. Voy. 
Movers Allg. Encycl. 1. c. p. 389-390 et 406. 

a) Philon, Sanchoniaton I, 4. 

3) Sanchoniaton I, 7. Cf. Movers Allg. Encycl. I. c. p. 406. 

4) Sanchoniaton I, 5 et 6. 

5) On trouve dans l'Etymol. Magnum (s. v.): Bqrdyaiv, o 
Koôroç vno <t>oivixu)v. Ce nom provient évidemment 



de BeUDagon; Baal ou Bel fut souvent rendu par Cronos. 
ryr\, blé, Tut sans doute prononcé en phénicien dagon. 

La plupart des exégètes et des mythologues, dérivant le 
nom de ;n, poisson, ont présumé que Dagon a été un 

dieu à corps de poisson, répondant à Oannes. et à Der- 
ceto. L'explication de Philon n'a été adoptée que par 
Bochart (Hieroz. 1.44) et dernièrement par Movers, qui 
renvoie a la traduction du nom de Dagon par Zsvç 
'Açovçtvç, Jupiter ruralis, qui est donnée dans le voca- 
bulaire chez St Jérôme (Hieronymi Op. II p. 202 éd. Paris. 
1699). Allg. Encycl. 1. c. p. 405. Cf. Fûrst Hebr. Wôrter- 
buch s.v. Dagon. Dans le passage du I Sam. 5,4, où il 
est fait mention de la statue de Dagon a Asdod, terrassée 
devant l'arche de Jéhova, les derniers mots yhy "MK?'} 
I^P! p"l ont été parfois traduits: seulement la part du 

poisson lui resta; ainsi récemment par Kenrick (Phœni- 
cia p. 324); mais il n'est pas permis d'assigner au mot 
Vj*n dans cette phrase un autre sens que dans le pré- 
cédent où il signifie le dieu ou sa statue entière. Il pa- 
raît que le texte a été tronqué ou corrompu (cf. Thenius 
Bûcher Samuels p.18-19), et qu'il y manque un mot dé- 
signant le tronc, de sorte que le sens en est, que seule- 
ment le tronc de Dagon est resté; c'est ainsi que les 
anciennes versions chaldaïque et syriaque ont rendu ce 
texte. 

8 



58 



LA BYZÀCÈNE. 



dieu pareil qu'on voit représenté sur la monnaie dont il s'agit. 1 ) La culture des céréales était 
sans doute d'importance pour les habitants d'Adrumète qui en adopta plus tard, en devenant colonie 
romaine, le surnom Frugifera*). 

Il nous reste de faire mention de quelques autres monnaies qu'on a attribuées à Hadru- 
mète. Eckhel et Mionnet ont classé à. cette ville un bronze portant la tête et le nom du proconsul 
Fabius Maximus et au revers le type de J. César, un éléphant écrasant un serpent; nous discuterons 
cette monnaie plus bas sous le n° 37. Falbe, dans ses Recherches sur Carthage (p. 119-120), a 
publié trois monnaies qu'il donne, cependant non sans hésitation, à Hadrumète; la l re et la 3 me de 
ces monnaies ont sans doute été frappées à Bippo regius et seront traitées sous la Numidie; la 
2 me est la même qui est décrite plus bas sous Thysdrus n° 35. Les monnaies puniques enfin, 
qui dans l'annonce publiée de cet ouvrage par Falbe et Lindberg en 1843, sont citées sous Ha- 
drumetum, n'appartiennent non plus à cette ville; celles qui sont désignées par les classes I— II, 
sont les mêmes qui avaient été publiées par Falbe et que nous venons de nommer; celles des 
classes III -VIII, émises par le roi Juba I er , seront discutées au III m ° volume, où il sera démontré 
qu'elles n'ont pu être frappées à Hadrumète. 



THYSDRUS. 

34. Tête d'Astarte, diadémée et voilée, à dr.; derrière, un sceptre cruciforme. Q*. Cithare; à 
gauche: ^h)fe*h (nttfBBtf). jE. 6-5. 7,1— 5,3gr. *) 





34 

Sous le règne d'Auguste. 

35. IMP AVG P P Tête d'Auguste nue à g. I)\ Tête d'Astarte, diadémée et voilée, à dr.; der- 
rière, le sceptre cruciforme; devant, la même légende écrite ainsi: ini>- ("NÈDŒfcM» 

M. 6-5. 8,9— 7,0 gr.* 4 ) 

36. Tête de Neptune à g.; derrière, le trident; devant, la même légende que sur le n°34, écrite 



t) Lindberg suppose que c'est le pontife d'un temple à 
Hadrumète qui est figuré sur cette monnaie. Le même 
savant voit dans la tète radiée celle de Baal; pour la tête 
de Neptune (n«21), il croit qu'elle est cornue et qu'elle 
représente un dieu punico-grec provenant d'un syncré- 
tisme. D'autres savants, a ce que nous sachions, n'ont 
pas essayé d'expliquer les divinités figurées sur les mon- 
naies d'Hadrumète. 

2) Voyez plus haut p. 53 note 8. 

a) Gab. de la Haye (2 ex.) et coll. du comte de Borghesi. 
L'exemplaire figuré est dans le cabinet de la Haye; sur 



celui de la collection de Borghesi les 4 dernières lettres 
de la légende sont distinctes. 
4) Gab. de Pais (2 exemplaires; l'un publié dans: Pellerin 
Rec. III pi. 121, 17, Mionnet VI p. 61 2 n«17 et S IX p. 210 
n»3, et Falbe Recherches p. 119 pi. VI, 21; l'autre, de la 
coll.Wiczay, publié dans Garonni Ragguaglio p. 81 tav.V, 22 
et Sestini Mus. Hederv. III cont. p. 83 n° 3), cab. de la Haye 
et devienne. P. Bayer Sallustius esp. p. 366 n*4. Gf. 
Gescnius Palàogr. Studien Tab.111,4 et Monum. p. 327 n°2 
Tab.44,XXVI,C-E. 



THYSDRUS. 



59 



ainsi: )^)0 - • Grenetis. I)\ AVGVSTV Capricorne tenant un globe entre les jambes, 
dessus, une corne d'abondance; dessous, un gouvernail. Grenetis. M. 4£. 6,9 — 4,3 gr. 1 ) 





De ces monnaies la seule qui ait été publiée, est le n° 35. Gesenius en lisait la légende: 
-tëfttDB, qu'il traduisit: Prtmogenita Tyri, en supposant que c'était le nom ou le surnom donné à 
une ville à cause de son origine et de sa vétusté, sans déterminer quelle était cette ville. 8 ) Lind- 
berg expliquant de la même manière la légende des n°* 35 et 36, y voit le nom de la ville d'Utique, 
qui était la première colonie fondée par les Tyriens sur la côte de l'Afrique. 3 ) M. Judas, en 
transcrivant les lettres "ttfètOD, présume qu'elles désignent une ville près d'Hadrumète dont le nom 
nous a été transmis sous les formes: Putput, Pudput, PhtiU, de sorte que T a été substitué au 
tsade et que le resch final a disparu. 4 ) 

Aucune de ces explications n'est admissible par la raison qu'elles sont fondées sur une 
lecture incorrecte. Sur tous les exemplaires des n" 35 et 36 la partie droite de la lettre initiale 
est effacée, ce qui l'a fait prendre pour un phe\ ce caractère est entièrement conservé sur l'exem- 
plaire de la Haye, figuré sous le n°34; on voit que c'est un sin. La 3 me lettre ne peut être un 
resch, comme l'ont supposé Gesenius et Lindberg, vu qu'elle diffère de la dernière lettre qui est un 
resch distinct de forme normale; elle nous présente donc un phe y ainsi que Ta présumé Judas. 
La 4 me lettre est un sin sur les n" 34 et 36, un tsade sur le n°35; ces caractères, ne différant 
beaucoup ni par la forme ni par la prononciation, sont substitués l'un à l'autre, comme cela arrive 
souvent à ces deux lettres dans les langues sémitiques. Donc, il faut que la juste lecture soit: 
ntP&ttW (SThPSR) ou "KtëtOtP (SThPZR). Ces monnaies se rapprochent beaucoup de celles d'Hadru- 
mète; la représentation d'Âstarte est tout-à-fait la même que celle sur le n° 21 d'Hadrumète, et la 
tête de Neptune forme le type principal des monnaies autonomes de cette même ville; on ne ren- 
contre ni l'une ni l'autre sur les monnaies d'autres villes africaines; la cithare enfin se rapporte 
au dieu phénicien, assimilé à Apollon et à Hélios, dont la tête radiée parait de même sur les mon- 
naies d'Hadrumète. Par cette concordance on serait induit à croire que la légende contient le 
nom punique d'Hadrumète, si ce nom n'était pas lui-même, selon toute apparence, le nom primitif 
(voir p. 53 note 3). Ce qui est incontestable, c'est qu'il faut chercher la ville dans le voisinage. 
On pourrait prendre le sin initial pour le signe du génitif comme sur les monnaies connues de 
Juba I er ; en admettant, ainsi que Ta fait M. Judas dans son interprétation de cette légende, que le R 
final s'est perdu dans la prononciation, on en viendrait à tPDD qui égale le nom de Thapsus; ces 
monnaies se rattacheraient très-bien comme les premières aux n" 12-14 de cette ville, qui datent 



i) Cab. de Stockholm et de la Haye (2 exemplaires mal 
conservés ). 

2) Monum. p. 327 n« 2. 

3) Voyez plus bas sous Utica. Le n°34 n'a pas été traité 
par Fa Ibe et Lindberg. 



4) Revue num. fr. 1856 p. 167. M. Judas renvoie en ce lieu 
à une monnaie publiée par Falbe dans ses Recherches 
sur Carthuge p. 119; cette pièce est mal lue et appartient 
à une autre ville, voir plus haut p. 58. 



8' 



60 LA BYZÀCENE. 

du règne de Tibère. Ce qu'il faut objecter à l'explication proposée, c'est que la dérivation du 
nom de Thapsus qui se présente comme la plus probable, exclut un resch final, et qu'on ne trouve 
pas sur d'autres monnaies le sin appliqué en signe de génitif à un nom de ville. Si Ton regarde 
sin comme radical, on ne trouvera aucune autre ville que Thysdrus à qui l'on puisse rapporter 
ces monnaies. L'orthographe de ce nom est très varié; on trouve: Ovcâçoç, Tysdrus, Tusdrus, 
Tusdra, ThiadruS) Tisdrus, Tisdra^ Tisdre. 9 ) Lorsqu'on considère combien l'altération des noms 
phéniciens est grande chez les auteurs grecs et romains, il ne paraîtra pas invraisemblable que ce 
nom soit provenu de celui qui est inscrit sur les monnaies. Les lettres qui répondent h T, D, Z 
et S, se confondaient dans les langues sémitiques et sont rendues de très-différentes manières dans 
les anciens auteurs ); par la transformation de l'une en l'autre de ces consonnes, SThPZR a pu 
facilement être changé en ThSPDR (Thyspdr) et, par l'élision du P, en ThSDR (Thysdr). Thysdrus 
était voisin d'Hadrumète; situé h quelque distance de la côte, sur une roule principale qui, venant 
du sud, aboutissait h Hadrumète, il a sans doute employé cette ville comme port; cette circon- 
stance explique la présence de la tête de Neptune sur la monnaie d'une ville qui n'était pas 
maritime. 

Thysdrus, comme nous l'apprenons par le récit des guerres de César dans ces contrées 4 ), 
était une ville fortifiée et qui servait de grenier .à l'armée romaine. A cette époque elle était cepen- 
dant peu considérable; ayant pris parti pour les ennemis de César, ainsi que les autres villes de 
cette côte, il ne lui fut imposé, à cause de sa pauvreté, que la prestation d'une certaine mesure 
de froment, tandis que celles-là furent frappées d'une grande contribution de guerre. Dans la 
suite sa prospérité allait croissant. Pline la cite parjni les villes libres. 5 ) Plus tard , probable- 
ment sous le règne de Hadrien, elle devint colonie romaine. 6 ) C'était dans cette ville que Gor- 
dien fut proclamé empereur. 7 ) 11 en reste encore des ruines très-considérables, parmi lesquelles 
on remarque un amphithéâtre magnifique et bien conservé; cette localité s'appelle aujourd'hui 
Ledjem ou El Jemme. B ) 

Dans l'article précédent nous avons fait mention d'Astarte et du Neptune liby- phénicien, 
dont les têtes figurent sur ces monnaies, et en outre du dieu à qui se rapporte la cithare. Pour 
l'horoscope d'Auguste, qui sert encore de type sur les monnaies de Leptis et de Sabrata, voyez 
plus haut p. 13. 

CERCINA. 

Une contremarque portant la légende Ifty , est empreinte dans deux monnaies d'Achulla, 
les n°'6et8, et dans une d'Hadrumète, le n°33, toutes trois datant du règne d'Auguste. 9 ) 

• 

i) Voyez plus haut p. 47 note 5. ?) Capitolinus Gord. c. 7 et 11. Herodien VII, 6. 

a) Gonf. Mannert Géogr. p. Marcus p. 431-432. 8) Voyez, sur cette ville: Falbe Recherches p. 79-80; Man- 

3) C'est ainsi que le nom de la ville de la Syrtique, dont nert Géogr. p. Marcus p. 431 ; Barth Wanderungen p.169- 
nous avons fait mention p. 21, est écrit par les anciens 172; Davis Garthage p. 492 suiv. 

auteurs Zitha, Tiza, Ziza, et sur les monnaies Thilhe. 9) On trouve encore cette contremarque dans un bionzo 

4) Hirtius Bell. afr. c. 36, 76 et 97. [JE. 7) du cabinet de la Haye, dont les types sont com- 
s) Hist. Nat. V, 4. plétement effacés. 

6) Dans Tab. Peut, et Itin. Ant. elle est appelée colonie. 



CERCINA. 61 

Les lettres de cette contremarque, qui avaient été précédemment interprétées par IDp, 
Cœaar 1 ), furent lues justement "Vp, KIR, par GeseDius*); trouvant la contremarque empreinte dans 
une monnaie d'Acliulla, ce savant inclinait à supposer qu'elle nous transmettait tin nom ancien ou 
indigène de cette ville. Cette opinion a été adoptée par Movers, qui est d'avis que Kir a été le 
nom phénicien et originaire de la ville d'Acliulla, de manière que par la substitution d'une liquide 
à B et par l'adjonction d'un A proslhétique, il est devenu Aqutl en libyen, ou bien que Kir, qui 
signifie arx, a été le nom du quartier phénicien de la ville (l'A c huila. a ) M. Judas présume égale- 
ment que Qttî est le nom primitif de cette ville et que le nom latin en est une corruption, de 
sorte que E s'est changé en L et que l'A initial est l'article ou une lettre destinée à en faciliter 
la prononciation. 4 ) 

■ La circonstance que cette contremarque se trouve sur deux monnaies d'Acliulla, n'est pas 
en faveur de l'opinion selon laquelle elle doit contenir le nom de cette ville. Les contremarques 
avaient pour but de donner du cours aux monnaies ou de les autoriser comme moyens de paye- 
ment; par conséquent, c'était surtout dans les monnaies frappées par d'autres villes que ces marques 
furent empreintes. Lindberg suppose que ~Pp désigne Cercina, ville dans l'Ile du même nom; 
cette explication paraît très-probable. Le mot Tp répond exactement à la syllabe initiale du nom 
de Cercina sans qu'il soit nécessaire de recourir à aucune transformation ou adjonction de lettres; 
il se peut aussi que la première syllabe de Cercina présente le nom phénicien primitif, puisque 
cette Ile est appelée Kyraunis par Hérodote. 3 ) Comme ce sont les monnaies d'Acliulla et d'Ha- 
drumèle qui nous offrent cette contremarque, la ville qui s'en est servi, n'était sans doute pas très- 
distante; l'Ile de Cercina était située près d%la cote, non loin de ces villes. 

La ville de Cercina {RsQxtva, KJçxiwa) avait un port excellent qui était fréquemment 
visité par des vaisseaux marchands.") Sous les Romains elle était ville libre. 1 ) L'Ile s'appelle 
encore de nos jours Kerkeni, Karkeneh, Querquanea. 8 ) 



Monnaies frappées par le préfet de la province. 

37. AFR- FA-MÂX-COS-PRO-COS-VIIVIR-ERVLO- Télé du proconsul, nue et imberbe, à dr. 
Grenetis. R-. C-LIVIN- GALLVS-Q- PRO-PR Éléphant marchant à g., écrasant un serpent 
sous le pied g. de devant. Grenetis. JE. 6. 9,7 — 5,9 gr."*) 



i) Barthélémy. Lettre à Olivier! p.44n"8. Lindberg De 6j Tlte-Live XXXIII, 48. Hirtlus Bell. afr. e. 34. Diodore 

Inscr. Mellt. p.39. V, 12. Dionysiua PerieR. v. 480. 

ai Monuments p. 319. t] Pline V,7. 

ai Die Phôniilcr 11,3, p. SOI. S) Sur llle et la ville de Cercina, voyei: Hannert Géogr. 

«I Revue num. IBSG p.164-165, où cette eipllcatlon est ul- p Marcusp.l63etp.650 note49; Movers Phon. II. 2, p.49G- 

lêrleurement motivée. 497; C. Mûller Geogr.gr. mPn.I p. 469 §112 notes. 

s) Hérod. IV, 195.: Kvgatm. «j 14 exemplaires de différentes collections. 



62 



LA BYZACENE. 



38. CAESAR AVGVSTVS Tête d'Auguste nue à dr. Grenetis. ft. OCAESAR A AV- 

GVST F. Têtes affrontées des césars Caius et Lucius. Grenetis. M. 10. 30,4 gr. l ) 

39. Même avers. fy. Mêmes têtes. Au-dessus, une légende effacée; des côtés, C (et L). 

JE. 10. 26,2 gr. 9 ) 




38 





Ces monnaies, qui sont dépourvues de nom de ville, offrent de la ressemblance avec 
celles d'Hadrumète; l'avers du n° 37 est le même que celui du n° 29 de cette ville, et les 
n" 38-39 présentent les mêmes têtes que les n 01 32-33; aussi le premier n° a-t-il été classé 
à Hadrumète. 8 ) 

Les monnaies dont il s* agit, diffèrent de toutes les autres monnaies émises dans la pro- 
vince de l'Afrique sous Auguste, par ce qu'elles ne portent ni le nom d'une ville, ni le nom d'un 
Ihir ou d'autre magistrat communal, ni aucune inscription, p. e. permùsu proconsulis*), PP ou DD 5 ), 
d'où l'on peut conclure qu'elles ont été frappées par •une ville. Le n°37, outre la tête et le nom 
du proconsul de la province, offre le nom du quœstor proprœtore, comme plusieurs des monnaies 
romaines frappées à la même époque pour la Cyrénaïque 6 ) , tandis que le nom du llvir de la ville 
est ajouté à celui du proconsul sur beaucoup d'autres monnaies des villes de l'Afrique. 7 ) L'élé- 
phant écrasant le serpent, est un type purement romain qu'on ne trouve sur les monnaies d'au- 
cune ville africaine; ce type, choisi pour les deniers de J. César pour perpétuer le souvenir de 
la victoire remportée sur ses ennemis, a sans doute été employé après la mort de César par allu- 
sion au pouvoir impérial en général. 8 ) Il est donc assez probable que les monnaies en question 
ont été émises à l'ordre du proconsul pour la circulation dans la province; elles correspondent 
ainsi aux monnaies romaines provinciales de la Cyrénaïque 9 ) et doivent être séparées d'avec les 
monnaies des villes. Mais quant à, la question, dans quelle ville elles ont été frappées, il est 
certainement vraisemblable, à cause de leur conformité avec les monnaies d'Hadrumète, qu'elles 
sont sorties de l'atelier de cette ville. 

Nous avons énoncé , sous les monnaies d'Hadrumète, que le proconsul, dont le n° 37 offre 
le nom, est Q. Fabius Maximus Africanus qui gouvernait la province de l'Afrique en 749 u. c. ou peu 



1) Cab. de la Haye. 

2) Cab. de Paris. 

3) DansPellerinRec.nl p. 18, Eckhel Doctr.IVp.134, Mionnet 
VI p. 580 n° 10 et ailleurs. Dans le catalogue de Falbe il 
est également rangé sous Hadrumète. 

4) Voy. plus haut p. 35 et plus bas les monnaies de Clypea 
en Zeugitane. 



&) Voyez plus bas les monnaies de Carthage et d'Utiquc. 

6) Voir volume 1 p.161-162 et p.168. 

?) Voyez plus bas les monnaies de Clypea et d'Utique en 

Zeugitane. 
s) Voyez, sur l'explication de ce type, Eckhel Doctr.VI p. 5. 
9) Voy. volume I p. 152. 



SYSTEME MONETAIRE. 63 

après, et que la tête nous présente son portrait. Sur cette monnaie, comme sur la monnaie 
analogue d'Hadrumète, on a lu, à tort, APR au lieu de AFR 1 ); les exemplaires qu'en possè- 
dent les cabinets de Copenhague et de la Haye, offrent un F distinct au lieu du P. Eckhel, 
n'apercevant pas la lettre Q derrière l'éléphant, supposait que Gallus avait gouverné la province 
comme propréteur, et que Fabius n'avait été que le patron de la ville, dont le nom y figurait 
pour cause d'honneur. V 



Système monétaire de la Byzacène. 

Les monnaies qui nous sont parvenues de la Byzacène, sont toutes en bronze. II en 
est de ces monnaies comme de celles de la Syrtique 8 ); à cause de la fluctuation dans leur poids, 
il est très difficile, de les rapporter à certaines divisions. On distingue les divisions tant par 
les types que par les poids, si l'on excepte les monnaies de Leptis qui, tout en offrant les mêmes 
types, à en juger par la différence en poids, appartiennent à deux divisions. Ces monnaies de 
Leptis sont marquées d'un A et d'un B, et il est à supposer que ces deux lettres en indiquent la 
valeur différente parce que le A se trouve sur les pièces d'un poids inférieur, le B sur celles d'un 
poids supérieur, soit sur celles qui ont été émises avant et sous le règne d'Auguste, soit sur celles 
qui datent du règne de Tibère. Sur les monnaies en bronze romaines , frappées par les préfets 
de la flotte de Marc -Antoine, A désigne l'as, B le dupondius 4 ); il est assez probable que ces 
lettres ont ici la même signification. Sous le règne d'Auguste, le poids normal de l'as était 
{ uncia ou 6,7 grammes 9 ); les pièces des n oa 16, 17 et 19 à la lettre A pèsent 8-6 grammes, celles 
du n°18 pèsent 15 et 12 grammes; ces monnaies peuvent donc fort bien être des as et des du- 
pondius. Pour le n°15, pesant 21 grammes, cette monnaie a peut-être été frappée à. l'époque où 
le taux de l'as était semuncial c. à d. avant les années 39-34 av. J. Chr. °); mais quand même elle 
aurait été émise après ce temps, on pourrait bien la prendre pour un dupondius; car les mon- 
naies de Marc-Antoine qui sont signées de la même lettre, varient beaucoup en poids 7 ), et il en 
est de même des monnaies en bronze frappées à cette époque dans la Cyrénaïque d'après le 
système romain. 8 ) 

Les monnaies de la Byzacène que nous connaissons, sont en trop petit nombre pour que 
nous puissions nous faire une idée des divisions émises par chaque ville en spécial. Si l'on 
considère les monnaies de toutes les villes dans leur ensemble, en prenant le poids moyen de 

i) Voyez plus haut p. 54. Eckhel (Décade IV Osserv. X). 

2) Eckhel Doctr. IV p. 134. Il échappa à l'attention d'Ëckhel, 3) Voyez plus haut p. 36. 

ainsi que plus tard à celle de Mionnet \\\ p. 580 n°10), 4) Borghesi dans Cavedoni Numism. bibl. ûbers. v. Wcrlhof 

que le Q se trouvait déjà marqué sur la gravure publiée p. 120. Mo ni m se n Gesch. des rôm. Mûnzwesens p. 760 

par Pellerin (Rec. 111 pl.88,2). Aussi le savant viennois suiv. 

ne prenait-il pas en considération qu'après Tan 727 u c. s) Borghesi 1. c. p. 124 suiv. Mommsen 1. c. 

la province de l'Afrique n'était plus gouvernée par un 6) Ll.cc. dans les notes précédentes. 

propréteur, mais par un proconsul. Le comte de 7) Mommsen 1. c. p.7Gl note 73. 

Borghesi a déjà signalé cette erreur où a été induit 8) Voir le volume I, table V. 



64 LA BYZACENF. 

toutes les pièces qui semblent rentrer dans une même division, on trouvera pour les monnaies au- 
tonomes (les n 01 1, 5, 21-25 et 34) 5 divisions pesant 14,3, 8,8, 6,2, 4,6 et 3,6 grammes, pour les 
impériales, 3 ou 4 divisions des poids: 26, 14, 9 et 6 grammes. Il est impossible de décider si 
parmi les monnaies frappées sous Auguste et Tibère, d'autres que celles de Leptis appartiennent 

au système romain; si on les rapporte toutes à ce système, elles présenteront le sesterce, le 

■ 

dupondius, Tas et peut-être encore le semis. 



LA ZEUGITANE. 65 



LA ZEUGITANE 



Zeugitana, y ZsvyiTavy, ou Zeugis s'appelait le pays qui forme aujourd'hui la partie sep-' 
tentrionale de la régence de Tunis. La rivière de Tusca (Zaïne) marquait la limite entre cette 
province et la Numidie, ainsi qu'encore entre Tunis et l'Algérien; vers le midi les chaînes de mon- 
tagnes au-delà desquelles commence le désert, la séparaient de la Byzacène; cette ligne tracée par 
la nature se terminait à la côte orientale un peu au nord d'Adrumète. Le nom de Zeugitana, 
dérivant sans doute du peuple libyen qui primitivement avait habité le pays l ) , date du temps des 
Carthaginois. Les habitants aborigènes ayant été mêlés avec des Phéniciens immigrés, la popula- 
tion était devenue liby- phénicienne. Les plus anciennes colonies, fondées par Sidon et Tyr, se 
trouvaient sur cette côte: Ctique, Garthage et Hippo; d'autres villes étaient, à ce qu'il semble, 
d'origine libyenne, et avaient dans la suite reçu des colons phéniciens. A mesure que Carthage 
agrandissait, toute la Zeugitane lui fut soumise, le pays de môme que les villes, à l'exception d'Utique, 
qui restait son allié en conservant son autonomie. 

Après la chute de Garthage, la Zeugitane fut réunie avec le Byzacium en une province 
romaine dont la limite était, vers l'ouest, la rivière de Tusca, vers le midi, le fossé dit punique, 
tracé depuis cette rivière jusqu'à la ville de Thœna; cette province fut appelée Africa et plus tard 
Africa vêtus ^ pour la distinguer d'avec les autres pays qui lui furent annexés. 2 ) Sous le règne 
d'Auguste la Zeugitane formait le milieu de la grande province, appelée Afrique ou Libye, qui 
s'étendait depuis la Gyrénaïque jusqu'à la Numidie* occidentale; par la répartition des provinces 
entre Auguste et le sénat en 27 av. J. Ghr., elle échut à ce dernier, et fut gouvernée, à dater de 
cette époque, par un proconsul résidant à Garthage qui avait été reconstruite. Au 3 me siècle, lorsque 
l'Afrique fut divisée en plusieurs provinces, la Zeugitane fut constituée en province à part sous le 
nom A % Africa proconsularis. 

Les monnaies qui, selon le système numismatique généralement adopté, doivent être clas- 
sées sous cette province, se divisent en deux parties bien différentes. L'une en comprend les 
monnaies de la Carpiage punique, battues de tous les trois métaux et en grande quantité, depuis le 
4 Be siècle jusqu'à la destruction de Carthage. L'autre partie contient les monnaies émises par 

i) Ce peuple est probablement le même que Hérodote (IV, tribu libyenne, citée dans Hérodote IV, 194. Les mon- 

193) a appelé Zavtjxtç, et dont le nom s'est conservé tagnes et une ville au sud de Tunis portent encore le 

dans la tribu très répandue des Berbères nommée Za~ nom de Zaghwan. 

tcagkah; voyez Movers Phôn. 11,2, p. 404. Marcus (Géogr. 2) Voyez plus haut p. 39. 
de Mannert p. 661 note 64 etp.710,b) renvoie à une autre 



66 



LA ZEUGITANE. 



différentes villes sous la domination de Rome, toutes en bronze et qui, à l'exception de quelques 
pièces de Bippo, ne dépassent pas le règne de Tibère; parmi ce nombre il n'y a que certaines 
pièces, frappées à Utique, qui portent une légende punique; toutes les autres ont des inscriptions 
en latin et appartiennent pour la plupart aux règnes d'Auguste et de Tibère. 



CARTHAGE. 

La ville et l'état de Carthage. 

Cartbage 1 ) fut fondée au commencement du 9 me siècle par la princesse Elissa qui s'était 
enfuie de Tyr. *) Le nom primitif de la ville était Caecale ou Cambe*)\ celui qu'on adopta plus 
tard et qui fut généralement usité, veut dire la ville neuve, signification exprimée par la dénomi- 
nation punique Kart chadasat 4 ) qui, par suite d'une contraction et d'une abréviation, fut changée en 
Carthada 5 ) et Carthago chez les Romains, et en KagxTjâoûy chez les Grecs. D'abord ce n'était 
là sans doute que le nom de la ville qui fut bâtie autour de l'ancienne cité, Caccabe; mais dans 
la suite on le transmit à la double ville, comme on le faisait d'autres villes phéniciennes d'une origine 
semblable. 6 ) 

La colonie, s'étant agrandie par la réception des Liby- phéniciens habitant cette côte ainsi 
que par de nouveaux colons arrivés de la mère-patrie , se soumit peu à peu les tribus et les villes 
voisines. Le territoire de Carthage, en tant qu'il formait une réunion compacte de lieux habités, 
s'étendait enfin, vers l'ouest, jusqu'à la contrée de Hippo qui appartenait aux rois* des Numides, 
vers le sud, le long de la petite Syrte jusqu'au lac de Triton, embrassant ainsi le Byzacium et les 
Emporia. Mais en outre un grand nombre de villes sur la côte africaine étaient soumises à la 
domination de Carthage. Vers l'Orient lui étaient assujetties les villes commerçantes de la Syr- 
tique, qui étaient de grande importance; après une guerre avec les Grecs dans la Cyrénaïque, 
probablement au 4 m * siècle, la limite vers ce pays fut fixée au fond de la grande Syrte à l'endroit 
appelé Arae Philsnorum. 7 ) Aussi sur les côtes de la Numidie et de la Mauritanie beaucoup de 
villes, entre autres celles qui étaient appelées Metagonia*), dépendaient de Carthage; par une expé- 



i) Un exposé complet et suivi de l'histoire et des anti- 
quités de Carthage a été donné, aux derniers temps, 
dans les ouvrages suivants: Bôtticher Geschichte der 
Carthager (1827); Allg. Encyclopâdie v. Ersch u. Gruber 
21 Th. (1830) p. 56-101 (par Gesenius); Georgii Alte Geo- 
graphie I (1838) p. 487-501 et p. 521-527 ;*Pauly Real-En- 
cyclopâdie II (1842) p.159-177 ( par Pauly et Kraft). 

s) U est probable que déjà au 1 3™ siècle les Sidoniens 
ont fondé, dans le même endroit, une colonie qui a 
été détruite par les Libyens; voyez, sur cette première 
fondation de Carthage, l'exposé approfondi par Movers, 
Phônizier 11,2, p.133-146. L'année où la Carthage tyri- 
enne fut fondée, est sans doute 813 ou 814 (Movers l.c). 

8) Selon plusieurs auteurs anciens, ce nom aurait eu la 
signification de tête de cheval et aurait été donné à la 
ville par suite des événements attachés à sa fondation 



(voir plus bas sous B, §3); mais cette dérivation ne peut 
être admise. Gesenius (Monum. p. 421 s. v. Caccabe), 
d'après Bochart, a supposé que le nom a signifié caput 
regni; Movers (l.c. p. 143- 144) es} d'avis qu'il n'est dans 
aucune de ses formes phénicien, mais libyen. Ce der- 
nier savant a aussi démontré que l'ancien nom de Car- 
thage se trouve sur les monnaies frappées à Sidon sous 
les Séleucides (l.c. p. 134). * 

4) On lit ce nom sur les tétradrachmes de Carthage, frap- 
pés en Sicile, voyez plus bas A les n« 1 suiv. 

5) Solini Polyhistor c.27,10. Isidori Orig. XV, 1,30. 

6) Movers Phôn. 11,2, p. 29-30. Cf. Marcus Géogr. de Man- 
nert p. 671. 

7) Voyez Thrige Res Cyren. §49-51. 

s) Voyez: Géogr. de Mannert par Marcus p. 263-264 et 536 ; 
Georgii Alte Geogr. I p. 489. 



CARTHAGE. ' 67 

dition entreprise par Hannon hors du détroit gaditain, dans la première moitié du 5 me siècle, les 
anciennes villes d'origine phénicienne qui y étaient situées, furent colonisées de nouveau, et de 
nouvelles colonies carthaginoises y furent fondées. 

Hors de l'Afrique la domination de Carthage s'étendait, pendant des époques plus ou 
moins longues, sur une grande partie des lies de la Méditerranée occidentale ainsi que sur le midi 
et Test de l'Espagne. Dans l'Ile d'Ebusus il y avait une colonie carthaginoise que Ton disait y 
avoir été amenée 160 ans après la fondation de Carthage. 1 ) La Sardaigne et la Malte, dont la 
population était en grande partie d'origine phénicienne, furent occupées par les Carthaginois déjà 
au 6 me siècle 9 ); la première lie passa sous la domination des Romains peu de temps après la 1™ 
guerre punique ; la dernière resta soumise à Carthage jusqu'à la 2 me guerre avec Home. 8 ) Les 
Carthaginois, qui de bonne heure avaient des relations avec les villes phéniciennes en Sicile, 
essayèrent en 480 de s'emparer de cette lie, mais sans réussir; ils parvinrent enfin à s'y établir en 
410; la partie occidentale leur en fut soumise, et s'étant emparés des grandes villes d'Agrigente et de 
Gela, ils devinrent aussi maîtres de la côte méridionale en 405. Pendant les années suivantes ils 
firent avec un succès alternatif la guerre contre Dionys l'ancien de Syracuse; mais Timoléon les 
contraignit en 340 de faire la paix, par laquelle il fut fixé que la rivière de Halycus formerait la 
limite du territoire carthaginois, et que les villes grecques seraient libres. Après la mort du tyran 
syracusain Agathocle, en 289, les Carthaginois tirèrent parti des troubles qui ravageaient l'Ile pour 
en conquérir une grande partie; mais Pyrrhus, roi d'Èpire, dont les villes grecques avaient imploré 
le secours, leur enleva de nouveau toutes leurs possessions jusqu'à la place forte de Lilybée. 
Lorsque les Carthaginois, après le départ de Pyrrhus en 275, essayèrent encore à répandre leur 
empire sur l'Ile, ils eurent des collisions avec les Romains qui, alliés avec Hiéron II de Syracuse, 
firent pendant la première guerre punique la reconquête de toute l'Ile, à l'exception de la pointe 
occidentale où étaient situées les villes de Lilybée et de Drépanum. A la paix conclue en 241, 
les Carthaginois furent contraints de renoncer entièrement à la Sicile. Plus tard, pendant la deux- 
ième guerre punique, plusieurs villes siciliennes furent pourtant encore pendant quelque temps 
en leur pouvoir. 

En Espagne, où les Liby-phéniciens avaient établi sur la côte méridionale de nombreuses 
colonies, Carthage ne commença à faire des conquêtes qu'après la 1" guerre punique. Hamilcar 
luttait avec succès contre les peuples belliqueux de la Turditanie, et quand en 228 il eut trouvé la 
mort dans une expédition dans l'intérieur du pays, son successeur Asdrubal soumit à Carthage une 
grande partie du sud-est de l'Espagne, où il fonda la ville de Carthage neuve qui devint le point 
central de la puissance exercée par les Carthaginois dans ce pays. Asdrubal étant mort en 221, 
Annibal en continua la conquête jusqu'à la rivière de l'Ebre, et en 218 il s'empara de la ville im- 
portante de Sagunte, qui était l'allié de Rome. Mais pendant la deuxième guerre punique, dont 
cette conquête fut le signal, les Carthaginois furent forcés à la retraite par les deux Scipions, tandis 
' que Annibal conduisait son armée victorieuse contre Rome. Les peuples mécontents de l'Espagne 
se rangèrent du côté des Scipions, et en 206 l'empire de Carthage avait cessé en Espagne. 

En Afrique, Carthage, tandis qu'elle poursuivait la guerre dans les autres pays, avait 

i) Diodore V,16. 

2) Movers Phônizier 11,2, p.347suiv. et p. 556 auiv. Dans session, à ce qu'il semble; voyez Movers l.c. p. 578. 

l'ile de Kyrnos (Corslca) Carthage n'avait aucune pos- 3) Tite-Lhre XXI, 51. 

9* 



68 " LA ZEUGITANE. 

souvent été elle-même en danger. En 310 et pendant les années suivantes, le tyran syracusain 
Agathocle, ayant passé en Afrique, trouva de l'appui auprès des villes liby-phéniciennes qui étaient 
mécontentes de la domination de Gartbage, et soutenu par une armée qu'Ophellas lui amena de Cy- 
rène, il parvint à s'emparer à peu près de tout le territoire carthaginois, en inquiétant la ville même ; 
mais la chance se tourna, et en 306 il fut forcé de retourner en Sicile. Pendant la première 
guerre contre Rome, en 256, le consul Régulus débarqua avec une armée sur la côte de l'Afrique et 
marcha à la télé de ses troupes victorieuses vers Carthage, dont les habitants furent contraints de 
demander la paix; mais les conditions en étant trop dures, ils continuèrent la guerre et finirent par 
remporter la victoire sous le commandement du Spartiate Xantippe. Peu de temps après avoir 
conclu la paix avec Rome, en 241, Carthage eut à soutenir pendant trois ans une guerre civile 
très dangereuse ; les troupes mercenaires, à qui Ton n'avait pas payé la solde entière, se soulevèrent 
par cette raison, et les villes liby-phéniciennes, surchargées d'impôts très onéreux, se réunirent avec 
elles ; ce ne fut que par suite de grands efforts que Hamilcar réussit à réprimer celte insurrection. 
En 204 le jeune Scipion conduisit une armée romaine de Sicile en Afrique; Annibal fut rappelé 
d'Italie pour se charger de la défense de la capitale; mais à la bataille de Zama, en 202, il fut 
complètement battu par Scipion, et Carthage fut forcée d'accepter des conditions de paix très 
dures. Au bout de quelque temps l'État commença & se relever par son commerce et par les 
sages réformes introduites dans l'administration par Annibal; mais les forces s'en affaiblirent par 
des querelles intérieures, surtout entre le parti démocratique et l'aristocratique, et ce dernier força 
Annibal de quitter l'Afrique. Massinissa, qui avait des partisans dans la ville même de Carthage et 
était fort d'ailleurs par le secours de Rome, s'empara des Emporia et de la partie occidentale du 
territoire de Carthage. Enfin, en 149, une armée romaine débarqua de nouveau en Afrique, et 
après la résistance la plus désespérée, Carthage M forcée de se rendre à Scipion Emilien en 146. 
La grande ville, autrefois si opulente, Ait livrée aux flammes, et ce que celles-ci ne dévoraient pas, 
fut démoli; les habitants ou périrent victimes de l'incendie, ou furent vendus en esclaves. 

La constitution politique 1 ) de Carthage était essentiellement aristocratique. 'L'aristo- 
cratie se composait d'un nombre de familles héréditaires, partagées en trois classes selon différents 
rapports de rang. Le pouvoir législatif et exécutif était confié à un sénat, qui était divisé en 
deux sections, savoir la supérieure composée de 30 chefs représentant la sommité de l'aristocratie, 
et l'inférieure comptant 300 membres appartenant aux autres familles aristocratiques. A la tête 
du gouvernement il y avait deux suffètes élus par l'aristocratie, que les anciens auteurs comparent 
aux rois de Sparte et aux consuls de Rome. Enfin, les basses classes ou le peuple avait aussi 
part à l'administration de l'État, soit par des délégués, soit par l'assemblée populaire qui, lorsqu'elle 
était convoquée, jouissait de la décision en dernière instance. Les relations avec les villes 
et les peuples soumis était d'une nature très différente. 9 ) Quelques villes, telle que Utique, 
jouissaient de l'autonomie et étaient alliées avec Carthage; d'autres, auxquelles appartenaient les 
colonies fondées par Carthage, avaient la législation et les droits politiques .et civiles de commun 
avec la métropole. Mais la plupart des villes avaient leur législation et leur constitution & elles 



t) Voir là-dessus principalement Pauly Real-Encycl. H p.l 71- a) Le passage principal à cet égard se trouve dans Po- 
173, MoversPhônlzierII,l,c.l2 f AIlg.Encycl. S. III Th. 24 lybe VU ,9,5. Voir du reste Movers Phônizier 11,1, 

p. 341-343. p. 554, et 11,2, p. 49 et 56. 



CARTHAGE. . (59 

et étaient tributaires; il en était spécialement ainsi des emporta 1 ) et d'autres colonies fondées à 
une époque reculée par les Phéniciens sur les côtes de l'Afrique, de la Sicile et de l'Espagne. 
Les peuples libyens agricoles qui habitaient le terrain depuis le district de Carthage jusqu'au lac 
de Triton, étaient également contribuables; mais les tribus nomades, nommément celles qui de- 
meuraient vers Test aux environs des Syrtes, et de même les peuples espagnols, étaient ou des 
alliés indépendants, ou chargés de payer un tribut minime et de fournir des troupes au service 
militaire. 

La puissance de Carthage se fondait principalement sur un trésor rempli. De grandes 
sommes étaient réclamées par la flotte et l'armée, ainsi que pour acquitter la solde des nombreuses 
troupes mercenaires, car les citoyens de Carthage ne faisaient le service miHtaire qu'en petit nombre 
et lorsque quelque danger l'exigeait. Les recettes de l'État se composaient d'abord des contri- 
butions qui furent payées par les villes en argent comptant et par les habitants de la campagne 
en produits du sol; ces impôts étaient très considérables; ainsi il nous a été transmis que la popu- 
lation de la campagne eut quelquefois à payer la moitié de ses revenus, que le tribut payable par 
les villes liby- phéniciennes fut pendant la première guerre punique élevé jusqu'au double, et que 
Leptis eut pendant la deuxième guerre punique un talent à payer par jour. Tant que Carthage 
possédait l'Espagne, elle tirait de plus un grand revenu des mines d'argent de ce pays; ce furent 
celles-ci qui fournirent à Annibal les moyens de faire durant .tant d'années la guerre contre Rome, 
presque sans recevoir de soutien de la capitale. Mais le revenu le plus important était sans doute 
dû au rapport de la douane. Ce fut principalement le commerce sur lequel reposait l'opu- 
lence de Carthage, non-seulement à cause des recettes qui affluaient à l'État de cette source, mais 
surtout par suite des grandes richesses qu'il apportait aux citoyens de Carthage. *) Le gouverne- 
ment tâchait d'assurer à la capitale le monopole du commerce; tandis que le port de celle-ci 
était ouvert aux navires de toutes les nations, les villes soumises n'étaient guère plus que des 
lieux de dépôt pour son commerce, et l'accès de leurs ports était interdit aux négociants étrangers. 
C'était surtout la partie occidentale de la mer méditerranée sur laquelle s'étendait le trafic des 
Carthaginois. Au midi de l'Italie et en Sicile ils cherchaient du vin et de l'huile , en Espagne de 
l'argent, dans les lies Baléares des bétes de somme, en Corse des esclaves, de la cire et du miel, 
dans la Cyrénaïque du silphium. Ils exportaient à leur tour des céréales du Byzacium et des 
Emporta, des objets de manufacture, dont les tissus étaient surtout recherchés, de la capitale et de 
sa colonie en Malte, enfin des esclaves, des pierreries et de l'or de l'intérieur de l'Afrique. Ces 
derniers produits furent acquis par l'entremise des peuples libyens, principalement par les Nasamones 
et par les caravanes qui partaient pour la plupart des villes aux environs de la petite Syrie. La 
navigation des Carthaginois s'étendait aussi au-delà du détroit gaditain, assez loin vers le sud et 
le nord. Leurs nombreuses colonies, fondées sur le littoral septentrional de la côte atlantique, 
leur fournissaient du vin et du thon salé très estimé et d'un prix élevé; plus vers le midi ils se 
procuraient par échange de l'or, de l'ivoire et des peaux; ils naviguaient jusqu'au nord de l'Espagne 
(laGalicie) et jusqu'à la Grande-Bretagne pour y chercher de Tétain. 



1) Conférez Movers Phônizier 11,2, p. 457-459 et p. 499-500. vers Allg. Encycl. S. 111 Th. 24 p. 362-366, Phônizier 11,3, 

%) Voir sur le commerce de Carthage: Bôtticher Gesch. d. en différents endroits. 

Carthager p. 66-76 ; Pauly Real-Encycl. II p. 174-176; Mo- 



70 



LA ZEUGITÀNE, 



La villo de Car» h âge était située sur une presque-Ile touchant vers le midi à un grand 
lac, au fond duquel s'élève la ville actuelle de Tunis. *) Vers le nord et vers Test c. à d. du côté 
de la mer, la ville était protégée par des rochers escarpés, munis en outre d'un mur; vers l'ouest, 
du côté du continent, on avait construit une fortification très solide consistant en murailles hautes 
et larges, à quatre étages et flanquées de nombreuses tours; là se trouvaient des caveaux pour 
300 éléphants, des écuries pour 4000 chevaux, des casernes pour la plus grande partie de l'armée 
et des magasins nécessaires. .L'ancienne cité, dans la partie du sud -est, renfermait la citadelle 
appelée Byrsa ou Cadmœa\ sur une colline escarpée dont un des sommets portait aussi le temple 
principal, celui d'Esculape; en outre la place publique, le temple magnifique d'Apollon ainsi que 
beaucoup d'autres temples et édifices publics étaient situés dans la même enceinte. La ville neuve 
s'étendait dans .la plaine vers le nord et l'ouest, occupant un grand terrain où se trouvaient aussi 
de nombreux jardins entrecoupés de canaux; elle était appelée Magalia, Megara, Neapolù, par les 
Romains et les Grecs. *) Il y avait deux ports protégés contre la mer par une langue de terre 
étroite et par un môle; le port extérieur était pour les navires marchands; le port intérieur, appelé 
Cotkon, servait h la flotte de guerre; au milieu du bassin était située une lie qui renfermait les 
arsenaux nécessaires, et à l'entour de laquelle on avait construit des halles capables d'abriter 
220 vaisseaux. Carthage comptait une population de 700,000 habitants encore du temps de la 
dernière guerre contre Rome. 



Les monnaies carthaginoises et leur classification. 

Selon une opinion très répandue, la totalité des monnaies carthaginoises a été émise en 
Sicile, et il n'y a pas eu de monnaie battue à Carthage. Eckhel était de cet avis, en regardant 
toutes les monnaies carthaginoises comme siculo- phéniciennes 4 ), et par suite de l'autorité bien 
fondée de ce savant le classement à la Sicile devînt assez commun. C'est ainsi qu'on trouve 
toutes les monnaies appartenant à Carthage classées sous la Sicile, surtout à Panorme, dans les 
catalogues des collections suivantes: du musée britannique par T. Combe 5 ), du cabinet viennois par 
M. Arneth 6 ), du musée de Berlin par M. Pinder 7 ), des cabinets d'Allier de Hauteroche 8 ), de Lavy 9 ), 
de Welzl de Wellenheim 10 ) et de Leake 11 ). Dans le corps d'ouvrage de Mionnet elles sont égale- 



I) Voyez, sur la topographie de Carthage: Mannert Géogr, 
par Marcus p. 317-329 et p. 665-672, Pauly Real-Encycl. 
II p.159-161 et Forbiger Alte Geogr. II p. 84 9-851; dans 
ces ouvrages on trouve citée la littérature y appartenant. 
Il faut ajouter du dernier temps: Beulé Fouilles de Car- 
thage, et Davis Carthage and lier remains. 

s) Byrsa signifie citadelle (cf. B, §5), Cadinœa Y ancienne, 
en opposition à la ville neuve. 

8) Movers présume que Magalia doit être dérivée de ^jyo , 
rotundum, et que la ville neuve a été appelée ainsi 
parce qu'elle formait un cercle autour de Byrsa (Phô- 
nizier 11,2, p. 140 note 54); Megara a sans doute été 
formée de Magalia par la transition de / en r. D'autres 



dérivations sont proposées par Bôttlcher Gesch. der Carth. 

p. 25 note 2, par Marcus l.c. p.671 a/1 p. 322, et par Judas 

Revue numism. fr. 1856 p. 175 suiv. 
4) Doctrina 111 p.417 et IV p. 136-1 37. Précédemment les 

monnaies de Carthage avaient été classées sous Panorme 

dans les ouvrages de Paruta et d'Orville. 
&) Vet. pop. et regum numl etc. p. 72-75. 

6) Synopsis num. gr. mus. Vindob. p. 8. 

7) Die ant Mûnzen d. kôn. Muséums p. 25 et p. 139- 140. 

8) Description des méd. ant. etc. par Dumersan, p. 15. 

9) Museo numismatico p. 67 suiv. 
10) Catalogue 1 p. 46 n" 986 suiv. 

il) Numismata hellenica, Ins. Greece p. 66-67. 



CARTHAGE. 



7! 



ment décrites sous Panorme. Gesenius 1 ), Boeckh 9 ) et Creuzer*) ont adhéré à l'opinion établie par 
Eckhel. Dernièrement enfin M. Ugdulena 4 ) a compté sans distinction les monnaies carthaginoises 
parmi les monnaies punico-siciliennes, et M. Mommsen 5 ) a de nouveau prétendu que Carthage n'a 
pas eu sa monnaie. De l'autre côte, il y a presque tout autant de numismatistes qui ont attribué 
à la ville de Carthage les monnaies carthaginoises différant des siciliennes. Ces monnaies ont 
été classées sous l'Afrique par Pellerin 6 ), C. Combe 7 ), et dans les catalogues du cabinet de Milan 8 ) 
et de la collection de M un ter 9 ). Mionnet, dans le 1 er volume du supplément, tout en décrivant 
les monnaies carthaginoises sous Panorme, a fait remarquer dans une note qu'il fallait plutôt les 
regarder comme frappées à Carthage, et dans le dernier volume du supplément il a cité plusieurs 
pièces sous cette ville. Dernièrement on les trouve classées ainsi par Payne Knight 10 ), Mçy- 
naerts 11 ), M. J. de Witte 19 ) , M. Gaillard 18 ) et M. Delgado 14 ). MM. Consinéry ») et Marcus 18 ) ont 
tâché de démontrer que des monnaies ont été battues à Carthage, et M. Judas 17 ) enfin s'est déclaré 
en faveur de l'opinion que les monnaies dont il s'agit, sont sorties de l'atelier de Carthage. 

Ce ne sont qu'Eckhel et récemment M. Mommsen qui ont allégué des raisons de la suppo- 
sition qu'on n'a pas battu monnaie à Carthage. 18 ) Nous allons considérer la valeur des argu- 
ments auxquels ces savants ont eu recours. Tous les deux ils ont renvoyé à un passage connu 
d'un dialogue attribué à Eschine 19 ), dans lequel il est raconté que des sachets de cuir munis d'une 
empreinte et remplis d'une substance dont le public ne connaissait pas la composition, avaient 
cours chez les Carthaginois. On en pourra bien déduire qu'on s'est servi, à Carthage, dans cer- 
taines circonstances, au lieu d'argent monnayé, d'une espèce de signes comparables aux représen- 
tatifs des "états modernes 90 ); mais on n'en saurait conclure que le gouvernement n'a pas en même 
temps fait frapper monnaie. 91 ) Ensuite, Eckhel se réfère à ce que les anciens auteurs, en faisant 
mention du butin dont les Scipions s'emparaient deux fois à Carthage, se bornent à citer le poids 
de l'argent sans parler de la somme de l'argent monnayé, comme ils le font dans d'autres occa- 
sions. L'insuffisance de cet argument est évidente; aussi M. Mommsen n'y a-t-il pas eu recours. 
Mommsen enfin donne pour raison qu'à Carthage et dans son territoire on ne rencontre, en fouil- 
lant le sol, d'autres monnaies de l'antiquité que des monnaies romaines; il renvoie à cet égard au 



1) Monum. phœn. p. 313. Précédemment (dans Allg. Encycl. 
Th. 21 Carthago p. 91) ce savant avait dit, qu'il n'y avait 
sans doute personne qui voulût sérieusement prétendre 
qu'on n'avait point battu monnaie à Carthage. 

a) Metrol. Untersuchungen p. 330 et 333. 

8) Symbolik Neue Ausg. II p. 441 note. 

4) Sulle monete punlco-sicule (1857) p. 42 et ailleurs. 

6) Gesch. d. rômlschen Mûnzwesens (1860) p. 89 et 671. Cf. 
Davis Carthage p. 87 note. 

6) Recueil III p. 19 et ailleurs. 

7) Muséum Hunterianum p. 83 suiv. 

8) Cat. musei Mcdiolanenals p. 37. 

o) Muséum Mûnterianum I p. 204 suiv. 
10) Muséum Payne Knight p. 216-217. 
u) Descr. des méd. en or de sa coll. (1852) p. 41-42. 
u) Cat. du cab. de H.G(reppo) (1856) p. 233. 
18) Cat. du cab. de Garcia de la Torre (1852) p. 99 suiv. et 

Cat. du cab. de Gaillard (1854) p. 40. 
U) Cat du cab. de Lorlchs (1857) p. 142. 



îs) Essai sur les monnaies de la ligue achéenne etc. -p. 180 
suiv.; voyez précédemment' Bres Malta ant. illustrata I 
p. 298 suiv. 

te) Trad. de la Géographie de Mannert p. 338-840. 

17) Revue num. fr. 1856 p. 172 note. 

is) Doctriria IV p. 137. Gesch. d. rôm. Mûnzwesens p. 671. 

10) Dial. De divitiis c. 24. 

90) Cf. Gesenius et Marcus U. ce. notes 1 et 16, et Davis Car- 
thage p. 86. 

si) Dans le même texte ancien il est encore dit qu'on se 
servait de monnaies de fer à Sparte; on pourrait tout 
aussi bien en inférer que dans cette ville on n'a frappé 
de monnaies d'autres métaux que de fer. Du reste, 
si ce dialogue provient d'un disciple de Socrate^ il est 
bien possible qu'à l'époque où 11 fut écrit, on n'eût pas 
encore commencé à battre monnaie à Carthage, ce qui 
probablement n'a pas eu lieu avant la seconde moitié 
du 4»« siècle. Mais le dialogue allégué est sans doute 
d'une date postérieure. 



72 



LA ZEUGITANE. 



catalogue d'une collection de monnaies recueillies par Pellissier dans le beylic de Tunis, qui ne con- 
tient pas de monnaies carthaginoises 1 ), et il croit pouvoir déduire des recherches publiées par 
Falbe sur remplacement de Carthage, qu'on ne trouve pas de monnaies antérieures à la domination 
romaine dans l'ancienne province de l'Afrique. Mais il faut faire observer que dans le livre cité 
Falbe a seulement voulu publier certaines pièces inédites ou remarquables, tandis qu'il n'a point eu 
pour objet de donner un catalogue des monnaies déterrées dans la régence de Tunis; mon devan- 
cier était bien de l'avis que les monnaies carthaginoises ont été pour la plupart frappées à Car- 
thage ; aussi dans le catalogue qu'il en a laissé pour cet ouvrage, les a-t-il décrites sous l'Afrique. 9 ) 
On pourra opposer à Mommsen un autre témoignage positif, celui de Cousinéry, qui dans ses 
recherches sur les monnaies de Carthage 8 ) , nous informe qu'on fait sans cesse des découvertes de 
monnaies carthaginoises d'une fabrique différant de la sicilienne, non -seulement dans le territoire 
de Carthage, mais encore dans toute l'étendue de la Zeugitane; il s'en rapporte soit à sa propre 
expérience, soit aux voyageurs et aux consuls qui ont séjourné assez longtemps à Tunis. 

Quand il s'agit de démontrer qu'il y a eu de monnaie battue à Carthage, il ne suffit pas 
de s'appuyer sur l'observation générale qu'une ville commerçante, si grande et si riche, a dû avoir 
ses propres monnaies; car les monnaies carthaginoises ne sont pas antérieures au quatrième siècle, 
et déjà avant ce temps Carthage était assurément une ville opulente, florissante par le commerce. 
Mais il faut bien distinguer les différentes époques ; avant le 4 rae siècle beaucoup de villes commer- 
çantes ne frappaient pas encore monnaie; dans le 3 B * et le 2 me siècle la fabrication de monnaies 
était devenue générale. Il n'est nullement croyable que dans cette période, après que le com- 
merce s'était développé d'une tout autre manière par suite de la grande quantité d'argent et d'or 
monnayé, Carthage, la plus puissante et la plus riche de toutes les villes commerçantes dans le 
monde ancien, ait été la seule qui n'ait pas émis de monnaies. Quand môme on supposerait 
que Carthage, tant qu'elle avait ses possessions en Sicile, eût fait frapper dans les ateliers moné- 
taires y établis la quantité de monnaies jugée indispensable à la circulation et au trafic de la 
capitale, on ne pourra nullement admettre que Carthage, ayant une fois éprouvé les avantages 
du monnayage, ait cessé de battre monnaie après la perte de la Sicile, à cette même époque où 
par la conquête de l'Espagne elle s'empara des riches mines d'argent de ce pays, et où la guerre 

avec Rome exigeait des sommes énormes pour l'équipement de l'armée et la paye des troupes 

* 

mercenaires. Dans les historiens on rencontre quelquefois des faits en faveur de l'opinion que 
nous soutenons. Polybc nous informe ainsi qu'à Carthage, après la 1" guerre punique, les sol- 
dats mercenaires recevaient en solde des monnaies d'or. 4 ) Annibal, traversant le nord de l'Italie 



i) Expl. scient, de l'Algérie XVI , Descr. de Tunis p. 423 
suiv. 

2) Falbe rapporta de son séjour à l'étranger un grand 
nombre de monnaies carthaginoises, dont beaucoup se 
trouvent au cabinet de Copenhague; .mais il est à regret- 
ter qu'il n'ait pas laissé de notices sur les lieux où elles 
ont été découvertes ou acquises; ce n'est qu'à l'égard 
de certaines pièces de prix qu'il a noté qu'elles ont été 
déterrées dans la régence de Tunis; il en est p.e. ainsi 
des monnaies d'or n°» 46 et 63. 

a) Dans l'Essai sur les monn. de la ligue achéenneetc. p. 
184. Conférez Langlois dans la Revue archéol.Vl p. 651. 



4) Polybe 1,66: xqvgovç. — Sur la colonne rostrale érigée 
à Rome Tan 264 en l'honneur de Duilius, de grandes 
sommes de monnaies d'or et d'argent sont nommées 
dans l'indication du butin que le consul romain enleva 
aux Carthaginois pendant la 1" guerre punique. 11 ne 
faut cependant pas s'y rapporter par la raison qu'on peut 
entendre par -là les monnaies frappées en Sicile, ainsi 
que l'a déjà fait remarquer Eckhel (1. c), que d'ailleurs l'in- 
terprétation de cette inscription est incertaine (cf. Marcus 
Géogr. de Mannert p. 339 notel), et que même l'authen- 
ticité en a été contestée (cf. Pauly Real-Encycl. II p. 127 9 
note). 



CABTHAGE. 73 

dans son expédition contre Rome, séduisit Dasius, commandant de Claslidium, h livrer cette place 
forte contre la somme de 400 pièces d'or. 1 ) Dans la même guerre, Hanno, ayant laissé aux Ro- 
mains prendre la ville dAgrigente, fut condamné par le gouvernement de Carthage à payer une 
amende de 6000 monnaies d'or. 9 ) En examinant enfin les monnaies mêmes qui sont générale- 
ment reconnues comme carthaginoises, on trouvera qu'il y en a une grande quantité qui, par le 
style particulier de Part, par le travail inférieur ou par les variétés de l'empreinte diffèrent plus ou 
moins des monnaies siciliennes, et qui ne rentrent pas dans le système monétaire prédominant en 
Sicile 8 ); ces monnaies sont les mêmes que l'on déterre surtout en Afrique. 4 ) 

La classification des monnaies dont l'attribution à Carthage peut être mise en question, 
est sujette à beaucoup de difficultés, comme on peut le conclure de la discordance des numisma- 
listes. Il est d'abord difficile de déterminer quelles monnaies appartiennent à l'Etat carthaginois. 
Les monnaies dont il s'agit, sont pour la plupart dépourvues de légendes, et les légendes rares qui 
s'y trouvent, sont d'une interprétation précaire ; il n'y a pas de types exclusivement carthaginois, et 
le genre du travail permet souvent de choisir entre Carthage et d'autres villes ou peuples. C'était 
en Sicile que les Carthaginois apprirent à battre monnaie; ils y adoptèrent en partie les types moné- 
taires des villes grecques, et au commencement ils se servirent de graveurs grecs; les anciennes villes 
phéniciennes de cette lie frappaient, à la même époque, également des monnaies qui par les types et 
le style ressemblaient aux grecques, et qui portaient des inscriptions en phénicien comme celles de 
Carthage; par suite de cette concordance avec les monnaies siculo-grecques et siculo-phénfciennes, 
il est souvent douteux, si telle ou telle pièce ne doit être rapportée à ces dernières séries. Par 
l'entremise des Carthaginois le monnayage se répandait dans la suite aux différents pays où étaient 
établies leurs colonies, ou dont les peuples étaient influencés par les institutions et les usages des 
Carthaginois; il y a des monnaies en quantité, pour la plupart anépigraphes, qui sans nulle doute 
ont été émises par des villes ou des rois de la Numidie et de la Mauritanie, ainsi qu'en Sardaigne, 
et qui par les types et le travail se rapprochent plus ou moins des monnaies qui sont assurément 
carthaginoises; il y a donc souvent lieu de hésiter quand il faut distinguer entre les premières et 
les dernières. Quand il s'agit de diviser en plusieurs classes le grand nombre de monnaies qui, 
selon toute probabilité, appartiennent à l'Etat carthaginois, les difficultés qui se présentent, ne sont 
pas moins grandes. Il faudrait les classer d'après les pays, les lies ou les villes où elles ont été 
frappées; mais il est tout aussi impossible de faire un tel classement des monnaies de Carthage 
qu'il Test quant aux monnaies de la république de Rome. A la vérité, il y a une série de tétra- 
drachmes qui, selon les types, le style du travail et le poids, appartiennent incontestablement à la 
Sicile; ensuite, un certain nombre de pièces en bronze, selon des trouvailles faites en Sardaigne, 
se laissent avec quelque probabilité rapporter à cette lie; enfin, un grand nombre de différentes 
monnaies, à en juger par le style artistique, la fabrique, le poids, le métal, ou par certaines parti- 
cularités de l'empreinte, peuvent à juste titre être considérées comme frappées à Carthage. Mais 



i) Tite-Live XXI, 48: numis aureis quadringentU, La con- 8) M. Mommsen même (l.c. p. 90) a reconnu que les séries 
jecture émise par M. Mommsen (1. c ) concernant ce pas- monétaires en question appartiennent à un système par- 
sage, attendu qu'elle est fondée sur la supposition que ticulier, non-attique, qu'on ne trouve pas dans le mon- 
Carthage n'a pas eu ses propres monnaies, ne peut être nayaçe grec de la Sicile, 
prise en considération. 4) Cousinery l.c. plus haut p. 72 note 3. 

2) Diodore XXIII, 9: jfçttfott i£ax»ff*À#o»f. 

10 



74 LA ZEUGITANE. 

il reste néanmoins beaucoup de monnaies, surtout en bronze, qu'on ne saurait classer à L'aide des 
moyens indiqués. On peut bien admettre trois divisions, une, des monnaies frappées à Cartbage, 
une autre, des monnaies émises en Sicile, une troisième, de celles appartenant à la Sardaigne, et 
réunir enfin dans une quatrième division toutes les monnaies qui ne se laissent ranger avec pro- 
babilité dans aucune des 3 premières divisions. Mais en essayant un tel classement, on se trouve 
trop souvent embarrassé, quand il faut choisir entre Tune des 3 premières divisions et la quatrième, 
celle des monnaies incertaines, de sorte qu'on parvienne bientôt à se persuader qu'une telle répar- 
tition des monnaies est très peu satisfaisante. Jusqu'à ce que des renseignements exacts soient 
publiés sur les monnaies carthaginoises que l'on déterre constamment dans les différents pays, et 
que de nouvelles trouvailles de grands dépôts de ces monnaies, faites en différents lieux, viennent 
à l'aide de la science, il vaudra sans doute mieux s'abstenir de faire une division géographique. 
Toutefois, il y a une partie pour laquelle il faut faire une exception; ce sont les tétradrachmes qui 
ressemblent le plus aux monnaies de la Sicile. Ces monnaies forment une série toute cohérente, 
qu'il est facile de distinguer d'avec les autres monnaies de Carthage, et elles sont en même temps 
les premières en date. Il parait donc assez convenable d'en faire une section à part et de la 
mettre à la tête. 



A. 

Tétradrachmes frappés par Carthage en Sicile. 

Classe I. À la légende Kart-chadasat. 

1. Tôte de Cérès, couronnée d'épis; derrière, /«DfYfJT • Ifr. Cheval marchant; au fond, un 
palmier. A. 7-6. 4 Dr. att. 17,6 — i 6,8 gr.* *) 

2. Partie antérieure d'un cheval au galop, couronné par la Victoire; devant, un grain d'orge. 
Ç-. Palmier; des côtés, la môme légende. M. 7-6. 4 Dr. att. 17,6— 16,6 gr.* 2 ) 





Cl. II. Aux légendes Kart-chadasat et Machanat. 

3. Partie antérieure d'un cheval au galop, couronné par la Victoire; devant, un grain d'orge; 
dessous , rf*M^y* . Ç-. Palmier; des côtés, f)*1 . iR. 7-6. 4 Dr. att. 17,8— 16,7 gr.*") 

4. Autre semblable; au revers en bas, deux petits vases. iR. 6. 4 Dr. att. 17,0 — (6,9 gr. 4 ) 



i) 8 exemplaires de différentes collections. 
2) 10 exemplaires de différentes collections. 
s) 7 exemplaires de différentes collections. 



4) Cab. de Paris, mus. brit. et coll. particulière à Messine. 
Forcella Num. sic. tab. 111,2. 



CARTHAGE. 



75 



à. Partie antérieure d'un cbevai au galop; dessus, un grain d'orge. H-. Le même que le revers 
précédent. M.8. 4 Dr. ait. 17,1 & T6,6gr. ') 

6. Autre semblable, Bans le grain d'orge. Ai. 6. 4 Dr. att. 17,1 gr. 9 ) 

7. Cheval au galop, couronné par la Victoire; dessous, la même légende entre deux lignes, 
ft. Le même que le revers précédent. JB..1. 4 Dr. att. 17,3 & 16,8 gr. ") 




Cl. III. A la légende Am machanat. 

8. Tête d'Hercule, couverte de la peau de lion. R-. Buste de cheval; derrière, un palmier; 
dessous, *>#w . Ai. 7-6. 4 Dr. ait. 17,3 — 15,8 gr.* *| 

9. Autre semblable; dessous le buste de cheval, >SfSflf«i- . ^R.7-6. 4 Dr. att. 17,1 — 15,8 gr." s ) 

10. Semblable au n° précédent; au revers, trois globules. Ai. 6-6. 4 Dr. att. 16,7 & 15,7 gr. *) 

11. Autre semblable; au revers, un épi. A. 7-6. 4 Dr. ait. 17,3 & 16,7 gr. T ) 

12. Aulre semblable; au revers, un double épi. Al. 6. 4Dr.alt. 16,ôgr. 8 , 




13. Tête de déesse couronnée de roseaux (la Sicile); autour, quatre dauphins. R-. Buste de 
cheval; dessous, la même légende que sur le n*8. M.l. 4 Dr. att. 17,8— 12,8 gr.*") 

14. Autre semblable; au droit, un pétoncle. Ai. 7. 4 Dr. ait. 17,2— 14,4 gr.* l °) 

15. Autre semblable; dessous le buste de cheval, tiittV . Ai.T. 4 Dr. att. 17,2— 16,Bgr.* ") 

16. Tête de Vénus, coiffée d'un bonnet asiatique. Ç. Lion marchant; au fond, un palmier; 
dessous, la même légende que sur le u° précédent. Ai. 7. 4 Dr. ait. 17,2— 17, 1 gr. ") 



V Mus. brlt. (2 m., Cat. Combe tab. IV, 10, Cal. P. Knlghi 

p. 220.A.3). 
3) Mus. brlt (Du. Combe p.74 n<Ml. incorr.1. 
-3) Mus. brlt. {2 ex. , Torre Nuzia tab. I00,( ; Cal. P. Knight 

p. 2iO,À,4). 
41 12 exemplaires de différentes collections. 
*) 16 exemplaires de différentes collections. 
■ej Cab. de Copenhague (de la coll. Pembrock, Mus. Pembr. 

Il tab.87,s) el coll. de Rollln. 



T) Cab. de Paris (Mlonnet I p.îC9 n»496). D'OrvIlle Slcula 

lab. 1,0. 
S) Mua. Borbonico A Naples (la légende incertaine). 
>) 48 exemplaires de différentes collections. 
10| 10 exemplaires de différentes collections, 
it) à exemplaires de différente* collections, 
il) Cab. de Paris (Mionncl I pl.LXVI,71, mus. brlt., mu*, 
borb. et cab. de Bologne. 

10' 



LA ZEUGITANB. 



17. Autre semblable; le bonnet de la déesse a la forme d'une coquille. 

.«tt.7. 4Dr.att. 17,s— 16,9gr.*») 



u 



[fi 




Cl. IV. A la légende Meckasbimi?). 

18. Télé d'Hercule, couverte de la peau de lion. 
dessous, ^1*W ■ 

19. Autre semblable; au revers, une massue. 

20. Autre semblable; au reverB, une grenade. 

21. Autre semblable; au revers, un caducée. 




Buste de cheval; derrière; un palmier; 
itt. 6. 4 Dr. ait. 17,3—16,1 gr.**| 
.dt.6-5. 4Dr.att. 17,2— 16,8gr.*t 
JR. 6. 4Dr.att. 17,0— !5,5gr.* 4 > 
JR.S. 4Dr.att. 16,7— I5,6gr.* s > 




Cl. V. A d'autres légendes ou à lettres isolées. 8 ) 

22. Tête de Cérès, couronnée d'épis; derrière, "♦) . r>. Cheval marchant; au fond, un palmier. 

A. 6. 4 Dr. att. 17,2— 16,9 gr. 7 ) 

23. Tête de déesse, couronnée de roseaux (la Sicile); autour, trois -ou quatre dauphins. R\ Buste 
de cheval; derrière, un palmier; dessous, la mémo lettre. jB. 6. 4 Dr. ait. 17,2 — 13,8 gr.* 9 ) 

24. Autre semblable; au droit, un globule. M. G. 4 Dr. ait. 17,1— 16,7 gr.* 8 ) 

25. Autre semblable; au revers, **)t) . M. 6. 4 Dr. ait. 17,1— lo,5gr. ,0 l 



i) 7 exemplaires de différentes collections. 
3) 1S exemplaires de différentes collections. 
I) Coll. du comte do Slnnesi à Rome et de M.Thotnsen à 

Copenhague. Mus. Pembrock 11 tab.87,*. DOrville Sl- 

cnla tak 1,5. 
4] 6 exemplaires de différentes collections. 
i) 5 exemplaires de différentes collections. 



t) Cf. plus bas p. 82 note3. 

T) Mua.lirll.; cab. de Paris et de Copenhague; coll. de Rollio. 
s) 13 exemplaires de différentes collections. 
t) 1 exemplaires de différentes collections. 
loj Cab. de Milan, de Vienne (Hlonnet S. I p. 4 1 1 n"343) et 



de Copenhague (Mus. Mûnter D*Sf49); r 



}. brit. 



CARTHAGE. 



77 



26. Autre semblable; au droit, un dauphin et un caducée; au revers, les mêmes lettres. 

A 6. 4 Dr. att. 17,1 — 16,2 gr. 1 ) 

27. Même télé, entourée de trois (ou quatre) dauphins. R-. Cheval marchant; au Tond, un palmier; 
dessous, \o. JR.6. 4Dr.att. 16,5gr. a ) 

28. Même tête; devant un thymiaUrim. ffr. Cheval marchant, couronné par la Victoire; au Tond, 
un palmier; devant, un caducée; dessous, 1* . M. 6. 4 Dr. att. 17,8— 14,7 gr.**) 

29. Même tête. fr. Cheval marchant; au fond, un palmier; dessous, VW 1 • 

M.b. 4 Dr. alL 16,7 gr. 4 ) 





Cl. VI. Sans légendes. 

30. Tête de Cérès, couronnée d'épis. r|. Cheval marchant; au fond, un palmier. 

M. 6-5. 4 Dr. att. 17,0—16,4 gr. 5 ) 

31. Même tête; autour, trois dauphins. Ç-. Cheval debout; au fond, un palmier; devant, un 
caducée. ' A.~- 4 Dr. att. 17,0— 16,0 gr. 6 ) 

32. Même tête; devant, deux dauphins; derrière, &. r>. Cheval debout; au fond, un palmier; 
dessus, l'astre du soleil; dessous, une fleuri?). M. 7. 4 Dr. att. 17,1 gr. 7 ) 




33. Cheval au galop, couronné par la Victoire. r>. Palmier. M. 6. 4Dr.att. 17,2— 16,7 gr.* 8 ) 

34. Tête d'Hercule, couverte de la peau de lion. Ç-. Duste de cheval; derrière, un palmier. 

JR. 6. 4 Dr. att. 16,5 gr. B ) 

35. Tête de déesse, couronnée de roseaux (la Sicile); autour, quatre dauphins. r>. Le même 
que le revers précédent. JR.6. 4 Dr. att. 17,ogr. i0 ) 

36. Même face. r). Cheval debout; au fond, un palmier. Ai. fi. 4 Dr. att. 17, i * 16,7 gr. ") 

37. Autre semblable; au revers, un croissant. AL. 6. 4 Dr. att. 17,2 & 16,ûgr. i9 | 



t) Mua. brlt., Mb. de Bologne, coll. de Thomas (Cat. n*483) 

et de Coprane*!. 
1| Musée Thorvaldien. 
1) 11 exemplaires de différentes collections. 
I) Car, de Copenhague. 

t| Cab. de Vienne (2 ex ) et coll. de Thomas (Cat n«391). 
e) Cab. de Copenhague el de Bologne; coll. de Rollln. 



7) Cab. de Berlin. 

8) G exemplaires de différentes collections. 
>| Cab. de Copenhague. 

to) Mus. bril. (CaL de Thomas n>484). 

il) Cab. de Copenhague (Mus. Pembrock 11 tab.79,<| et de 

Bologne. 
11) Coll. du duc de Lu vues et de Thomas (Cat. n*393). 



7, S 



LA ZEUGITANE. 



38. Autre semblable; au revers, un croissant et une grenade. M. 6. 4 Dr. att. 17,1 gr. ') 

39. Même face; devant la (été, un pétoncle. ft. Cheval marchant; au fond, un palmier. 

JR.l. 4 Dr. att. 17,0 gr. 1 ) 

40. Même face, sans marque. R-. Cheval au galop; au fond, un palmier. 

JR.l. 4Dr.alt. 17,a-i6,4gr. S), J 





41. Même télé; autour, trois dauphins; devant, un globule. Ç-. Chuval debout, d'une allure 
inquiète; au fond, un palmier. M. 6. 4 Dr. att. 17,1— 16,6 gr.**) 

42. Même tête, sans les dauphins. R-. Cheval marchant; au fond, un palmier. 

M. 6. 4 Dr. att. 16,6 & 16,4 gr. s ) 

43. Autre semblable; au droit, une grenade. M.&. 4 Dr. att. 17,1 gr. 6 ) 

44. Même tête, sans marque. If 1 . Cheval au galop; au fond, un palmier. 

,«.7. 4 Dr. att. 17,1— 16,6 gr. *) 



A3 





Cette section comprend une série de tétradrachmes, avec ou sans légendes puniques, qui 
par le style, les types et le poids se rattachent a la Sicile. 

Dans le système numismatique ces tétradrachmes ont généralement été classés sous la 
Sicile, classement qui paraît assez fondé, attendu qu'ils se rapprochent beaucoup des monnaies de 
cette Ile et qu'ils y ont été frappés tous ou pour la presque-totalité. On pourrait donc être d'avis 
qu'ils n'appartiennent pas à un ouvrage qui traite de la numismatique de l'Afrique. Nous avons 
pourtant jugé à propos de ne pas les omettre. Comme dans le système numismatique les mon- 
naies de la république romaine, frappées en différents pays, se trouvent réunies de manière à former 
un ensemble, il faut par analogie réunir dans une même division les monnaies de la république 
carthaginoise. H y a dans la série précédente certaines pièces qu'on pourrait, à cause du travail 



il Musée britannique. 
3) Cab. de Paris { Nlonnel I p. 297 n* 760 1. 
1) 9 exemplaires de différentes collection». 
1} 6 exemplaires de différentes collections. 



s) Cab. de Parla et de Copenhague. 

ai Musée Thorvaldjen. 

T| Mus.brlt,, mus. borb. et coll. du duc de Lujnea 



CARTHAGE. 79 

artistique, être tenté de rapporter à l'atelier de Carthage; d'un autre côté, il est bien possible que 
les séries suivantes renferment des monnaies qui ont été frappées en Sicile; cette section est donc 
étroitement liée à la suivante et n'en doit pas être entièrement séparée. De plus, on est contraint 
d'adopter au nombre des monnaies africaines de Carthage celtes frappées en Espagne, en Sardaigne 
et en Malte, par la raison qu'on n'est pas k môme de distinguer les unes d'avec les autres; mais en 
réunissant les monnaies carthaginoises de tous les autres pays avec celles émises à Carthage, on 
ne doit pas exclure celles de la Sicile. Enfin, quand il s'agit de déterminer la date et le lieu 
d'émission des monnaies carthaginoises en général, cette détermination dépend en grande partie 
d'une comparaison, à l'égard du style et du caractère des têtes, avec les tétradrachmes dont 
l'émission dans la Sicile est indubitable; il serait donc à regretter de n'avoir pas sous les yeux des 
gravures de ceux-ci pour les rapprocher les uns des autres. Cependant, nous n'avons pas l'intention 
d'entrer dans toutes les questions détaillées qui s'attachent à l'explication de ces tétradrachmes. 
Ce dont nous nous occuperons surtout, c'est de relever tout ce qui rend vraisemblable qu'ils ont 
été frappés en Sicile, non en Afrique, et qu'ils ont été les monnaies de l'Etat carthaginois, non 
des villes autonomes de la Sicile, attendu que ni l'un ni l'autre de ces faits n'ont été générale- 
ment reconnus. 

D'après l'interprétation que M. Judas a donnée des légendes de ces monnaies , elles n'ont 
pas été frappées en Sicile, mais à Carthage et dans d'autres villes africaines. Ce savant est d'avis 
que les mots Kart chadasat et Machanat désignent l'un et l'autre le même quartier de Carthage, 
celui de ia ville neuve ou basse; de même que le premier nom, la ville neuve, est opposé au nom 
de Cadmœa, Vaurienne, que portait la citadelle, le dernier des noms cités a signifié, selon lui, la 
ville basse par opposition à la haute ville, Byrsa ou la citadelle, et a été changé en Magalia, 
Megala, Megara, comme ce quartier de Carthage a été appelé par les anciens auteurs. ') Ensuite, 
M. Judas prend la légende des n 01 18-21 pour le nom de la ville d'Aspis en Zeugitane, et celle du 
n° 28 pour celui d'une autre ville, Abba, non loin de Carthage. 9 ) Ces interprétations ne sont 
guère admissibles. 11 faut d'abord faire remarquer qu'il est très douteux que le nom Magalia*) 
dérive de Machanat, et qu'il ne paraît pas probable que de tels tétradrachmes aient été frappés 
par des villes si peu importantes, comme l'étaient Aspis et Abba, surtout la dernière. Mais ce 
qui s'oppose le plus à l'attribution de ces monnaies à l'Afrique, c'est d'un côté leur défaut d'accord 
avec les autres monnaies frappées à Carthage, et de l'autre la conformité qu'elles ont avec les 
monnaies siciliennes. La tête de déesse ornée de joncs ou entourée de dauphins, la tête d'Her- 
cule couverte de la peau de lion , la Victoire couronnant le cheval sont des types qu'on ne ren- 
contre pas sur les monnaies de l'Afrique punique, mais qui sont d'un usage général sur les mon- 
naies de la Sicile. D'après le poids ces tétradrachmes appartiennent au système attique qui à 
cette époque était le plus usité en Sicile, surtout dans les villes phéniciennes, mais dont on ne 
faisait pas usage à Carthage. 4 ) Par la beauté enfin du style, par le caractère purement ( grec et 
par l'élégance du travail ces tétradrachmes ressemblent, pour la grande majorité, aux monnaies de 
la Sicile, tandis que sous les mêmes rapports ils s'éloignent plus ou moins des monnaies qui ont 

l) Revue num. fr. 1856 p. 175-179. Précédemment Bayer 8) Pour la dérivation de ce nom, voyez plus haut p. 70 

avait déjà inte/prété Machanat de la même manière, note 3. 

voy. Gesenius Palâogr. Studien p. 58. 4) Voyez plus bas p. 82-83 et sous la section B, §9. 
a) Revue num. fr. 1856 p. 220-224. 



80 LA ZEUGITANE. 

assurément été frappées à Carthage. Il faut cependant convenir que quelques-unes de ces monnaies, 
appartenant aux n ' 2-6, nous présentent des chevaux d'un style inférieur; aussi, par cette raison, 
M. De Saulcy a-t-il supposé que ces pièces sont sorties de l'atelier de Carthage. 1 ) Il est bien 

possible qu'il en soit ainsi. Toutefois il faut prendre en considération que ces chevaux ne res- 

* 

semblent non plus aux africains, que le travail en est d'un relief plus fort que celui que nous 
offrent en général les monnaies frappées à Carthage, et que la Victoire couronnant le cheval est 
toute pareille à celle qu'on voit fréquemment sur les monnaies de la Sicile. On pourra donc tout 
aussi bien admettre que les coins de ces monnaies ont été faits en Sicile par des graveurs 
moins habiles. 

Les autres savants, tout en rapportant ces tétradrachmes à la Sicile, ont pour la plupart 
interprété les légendes de manière à attribuer les monnaies plutôt à Panorme qu'à Carthage, et 
dans les catalogues on les trouve classées tantôt à Panorme, tantôt sous le titre de punico- sici- 
liennes, de sorte qu'il reste incertain si elles ont été frappées par la ville de Panorme, ou par 
d'autres villes autonomes, ou par Carthage. Quand nous aurons donné un aperçu des différentes 
interprétations des légendes, nous tâcherons de démontrer qu'il faut regarder ces monnaies comme 
émises par le gouvernement carthaginois en Sicile. 

Classes I- IV. Pour la première des légendes, Kart chadasat, signifiant ville neuve, 
Movers 2 ), ainsi que précédemment Kopp*), a soutenu qu'elle désigne le quartier neuf de Panorme 
qui s'appelait Neapolis, tandis que la plupart des savants, comme pendant les derniers temps MM. De 
Saulcy 4 ) et Ugdulena 5 ), ont présumé que c'est le nom de Carthage. Quant aux légendes Machanat 
et Am machanat, on a généralement reconnu que la signification primitive en est camp et peuple 
du camp, et que le préfixe sin, adjoint quelquefois à Am, est le signe du génitif, ainsi que le pré- 
fixe de Machanat sur les n 0f 9-t2, he, est l'article, mais on a accepté les mots mêmes dans un 
sens différent; Barthélémy, Gesenius, Movers et Ugdulena 6 ) sont d'avis que Machanat a été le nom 
phénicien de Panorme, tandis que d'autres savants, comme De Saulcy, le prennent dans le propre 
sens de camp, en supposant que ces monnaies ont été frappées dans le camp carthaginois pour 
servir à acquitter la solde des troupes. Le mot enfin sur les pièces de la IV me classe a été con- 
sidéré par Lindberg comme une dénomination de magistrats correspondant aux questeurs romains 7 ); 
MM. Movers , Garucci et Ugdulena 6 ) prétendent qu'il est composé du nom abrégé de Machanat et 
d'un autre mot, sur lequel ces savants émettent chacun leur propre conjecture, et qu'il nous pré- 
sente le nom primitif et entier de Panorme ou le nom d'un quartier de cette ville qui plus tard a 
passé en Machanat. Voici les observations qui se présentent à l'égard de ces interprétations. 
Ce qui parait le plus simple, c'est d'entendre par Kart chadasat Carthage c. à d. la république car- 
thaginoise, ainsi que ROMA sur les monnaies de Rome frappées dans les provinces signifie la 

1) Acad. des inscr. T. XV P. II p. 59. Lexicon man. p.377. Dans an catalogue manuscrit laissé 

2) Phônizier 11,2, p. 335-337. par Falbe sur les monnaies phéniciennes de la Sicile, 

a) Bilder u. Schr. derVorzeitll p. 189. on trouve ajouté, par la main propre de Lindberg, aux 
4) L. c. note 1. légendes dont il s'agit: Carthago, castra, populus Castro- 

b) Monete punico-slcule p. 20. rum, quœttores, d'où l'on voit quelle a été la dernière 

6) Gesenius Monumenta p. 288-289. Movers 1. c. note 2. opinion de Lindberg concernant l'explication de ces épi- 
Ugdulena I. c. p. 17. graphes. 

7) De i user, melit. p. 47. D'après cette Interprétation il faut s) Movers 1. c. Ugdulena 1. c. p. 20. Garucci dans Bull, 
lire D?^DD de 3£TI, en Piel, computavit, cf. Gesenius Napol. N. S. I p. 175. 



CARTHAGE. 



81 



république romaine. Quant aux explications qui se rapportent à Panorme, il n'est pas vraisem- 
blable que cette ville ait été désignée sur les monnaies d'une même époque par trois ou deux 
noms différents, ni qu'un quartier de Panorme ait frappé monnaie à part, ni non plus qu'on ait 
inscrit aux monnaies frappées par Panorme le nom d'un seul quartier de la ville. Ensuite, il faut 
sans doute plutôt expliquer les mots Machanat et Am machanat par le camp et l'armée que par 
Panorme et ses citoyens. On ne trouve pas sur d'autres monnaies phéniciennes le nom de la 
ville précédé par DJJ, peuple. 1 ) Sur les monnaies de la II 010 classe, Machanat se trouve combiné 
avec Kart chadasat qui sans doute, comme il a déjà été dit, est le nom de Carthage; cette com- 
binaison s'expliquera tout naturellement, si ces monnaies ont été frappées pour la paie de l'armée, 
mais elle sera moins facile à expliquer, si Ton prend Machanat pour le nom de Panorme, car pen- 
dant la domination de Carthage en Sicile, celte ville était le siège de son gouvernement et sa place 
d'armes 2 ), mais nullement une ville autonome qui aurait pu frapper monnaie en alliance avec Car- 
thage; on ne rencontre pas ailleurs sur une même monnaie les noms de la ville dominante et de 
la ville soumise. Il y a tout lieu de croire que dans l'antiquité on a souvent frappé monnaie 
dans les camps fortifiés pendant des guerres d'une longue durée *) ; d'ailleurs , il se peut encore 
que ces monnaies aient été frappées dans l'atelier principal, soit à Panorme, soit à Lilybée, et que 
l'inscription n'indique que la destination de la pièce. Par les mêmes motifs il est à préférer de 
rapporter la légende de la lV me classe aux magistrats chargés de la paie des troupes que de l'in- 
terpréter par la ville de Panorme; on trouve assez souvent le nom du questeur inscrit aux mon- 
naies de la république romaine frappées dans les provinces, et une légende sur les monnaies de 
Leptis semble également annoncer un titre de magistrat. 4 ) Mais quand même on prendrait l'une 
et l'autre de ces légendes pour le nom de Panorme, il faudrait néanmoins considérer ces monnaies 
comme celles de Carthage, et non comme celles de Panorme, qui à l'époque dont il s'agit, n'était 
assurément pas une ville autonome, de sorte que Machanat n'a désigné que le lieu de l'émission 
et non l'autorité par laquelle la monnaie a été émise. 

Classe V.. La lettre D sur les n°* 22-24 est sans doute l'initiale du mot njriD; le 2 me de 
ces n°* offre les mêmes types que le n°13 qui porte cette légende. 5 ) De même les lettres CD 
sur les n 0f 25-26 sont probablement une abréviation de T\TïD et D3BTID; elles désignent donc le 
camp et les questeurs, supposé qu'on explique ainsi ces deux mots sur les monnaies précédentes. ) 
Quant aux trois autres légendes, on pourrait les regarder comme des noms de villes; ty pourrait 
ainsi désigner Agrigentum ou Agyrium 7 ), DP!, Hybla ou Abacœnum 8 ), et ^J?irQ quelque autre ville 



1) C'est à tort que Gesenius et Movers ont lu ce mot sur 
les monnaies de Sabrata, voyez plus haut p. 31-32. 

2) Voyez plus* bas p. 83. 

8) Ii est permis de supposer que les chefs de l'armée ont 
porté avec eux des coins gravés par les artistes moné- 
taires de l'atelier principal, pour les employer au mon- 
nayage des métaux précieux, produits du butin fait à la 
guerre. Sur des monnaies phénico-perses on rencontre 
un mot qui signifie probablement solde, voyez Blau dans 
Zeitschr. d. deutschen morgenl. Gescllsch. IX (1855) p. 81 
note. 

4) Voyez plus haut p. 10; cf. Oéa p. 18. 



5) Cf. Ugdulena Mon. punico-sicule p. 14 n°3. 

6) Dans le catalogue manuscrit de Falbe, ces iniUales sont 
transcrites de la même manière par Lindberg. Si l'on 
prend rWID et DDtfcTID V our I e8 noms de Panorme, 11 
faudra regarder le premier ft comme la préposition de; 
mais il est peu probable qu'une préposition ait été 
jointe à l'initiale d'un nom abrégé. 

7) Dans le catalogue de Falbe cette monnaie est décrite 
sous Agrigente. 

s) Ces deux noms sont ajoutés par la main de Lindberg 
à la description de cette pièce dans le catalogue de 
Falbe. 

11 



82 



LA ZEUGITANE. 



dont nous ne connaissons que le nom grec, peut-être Eryx. *) Cependant, si Ton considère que 
ces tétradrachmes sont tout différents des monnaies autonomes de ces villes, et que de l'autre 
côté ils sont conformes aux tétradrachmes précédents à. l'égard des types, du style et du poids, on 
est porté à croire qu'ils n'ont été émis par d'autres villes que Carthage. Il paraît donc assez 
probable que les légendes nous présentent des noms de magistrats 5 ).; sur les monnaies frappées à 
Carthage on trouve des noms qui ont sans doute celte signification. Si l'on préfère d'y voir des 
noms de villes, il faut pourtant, par les raisons que nous venons d'indiquer, plutôt adopter ces mon- 
naies parmi celles de Carthage que parmi celles des villes autonomes de la Sicile, en regardant 
les noms inscrits seulement comme ceux des lieux monétaires. a ) 

Classe VI. Les monnaies de cette classe, bien qu'elles soient anépigraphes, doivent éga- 
lement être considérées comme celles de la république carthaginoise, parce qu'elles sont tout-à-fait 
pareilles aux précédentes par les types, le travail et le poids. C'est ainsi que sur les monnaies 
frappées à Carthage on ne trouve en général pas de nom. 

Quant aux types, on en trouve la plupart sur les monnaies des villes siciliennes; c'est 
donc à celles-ci qu'ils ont été empruntés, mais il n'en résulte pas que les Carthaginois les aient 
acceptés précisément dans le même sens que les Grecs. La tête d'Hercule représente Baal-Mel- 
kart qui fut figuré comme l'Hercule grec. 4 ) La tête de femme couronnée de joncs ou entourée 
de dauphins peut être regardée comme une personnification de l'île de Sicile. 5 ) Il nous est rap- 
porté que les Carthaginois adoptèrent de Syracuse le culte de Cérès 6 ); c'est donc celte déesse que 
représente la tête couronnée d'épis; par les dauphins dont elle est accompagnée sur les n 09 31 et 32, 
elle est caractérisée comme déesse principale de l'île. La tête couverte du bonnet asiatique est 
sans doute celle de la déesse phénicienne, identifiée avec Vénus, qui était en grande vénération à 
Eryx. 7 ) Le lion est à considérer comme symbole de l'Afrique, patrie de cet animal, et le 
cheva.1 spécialement comme celui de la Libye punique, célèbre pour ses chevaux 8 ); la Victoire cou- 
ronnant le cheval se réfère donc aux victoires remportées dans la Sicile par le peuple venu de la 
Libye. Le palmier enfin, emblème connu de la Phénicie, désigne l'origine de ce peuple. Les 
symboles accessoires se rapportent pour la plupart aux dieux honorés par les Carthaginois; con- 
férez plus bas sous la section B le § 4. 

Le système monétaire. Les monnaies de cette section sont toutes des tétradrachmes 
du système attique. Sur le nombre de 240 pièces dont les poids ont été examinés pour cet 



i) Falbe a catalogué sous Eryx la monnaie à cette légende. 
Je ne sais si Lindberg, dérivant le nom de HS — fVD» 
domus, et 7JJ, a supposé que le dernier mot El a passé 
en Er et Eryx. 

2) 7j?inD peut bien être un nom de personne correspon- 
dant à SfcttPD, Betuel, dans le Vieux Testament, soit 

que « ait été changé en y , soit que la dernière syllabe 
dérive de vyy, summus, au lieu de 7^, deus. 

3) Dans Mionnet I p. 331 n°* 39-41 on trouve décrites trois 
pièces aux mêmes types que les n" 2 et 3 décrits plus 
haut, qui selon les figures citées de la planche au- 
raient porté ^H et ty. Il y a ici une erreur; dans 
la description de ces pièces les figures 3 et 4 de la 
planche XX sont citées au lieu des fig. S et 9 de la 



même planche; les fig. 3 et 4 appartiennent aux mon- 
naies décrites p. 266 sous les n°* 473 et 474. Cette 
erreur a échappé à l'attention de Gesenius et de M. Ug- 
dulena, qui l'un et l'autre ont émis l'opinion que ces 
lettres sont des abréviations de Chadasai et de Machanat, 
abréviations qui auraient certainement été très étranges; 
voyez Gesenius Monum. p. 292, Ugdulena l.c. p. 15 n°9, 
p. 20-21 et 43. 

4) Voyez plus haut p. 12. 

5) D'autres l'ont prise pour celle d'Artemis Potamia. • 

6) Diodore XIV,63et77. Voyez plus bas sous B, §3. 

7) Movers Phônizier 11,2, p.322. KenrickPnœniciap.104-105. 

8) Sur la signification du cheval et de la tête de cheval, 
voyez ultérieurement sous B, § 3. 



CARTHAGE. 



83 



ouvrage, les 227 en pèsent 17,8 — 16,0 grammes et nous présentent donc le taux du télradrachme 
altique avec les variations habituelles. *) Il n'y a que 1 3 pièces d'un poids inférieur, dont 8 pèsent 
15,8 — 15,6 gr., les 5 autres: 14,7, 14,4, 13,8, 13,7 et I2,8gr. Quelques-unes de ces pièces sont 
assez mal conservées et ont du perdre de leur poids originaire ; pour d'autres nous n'en connaissons 
pas Tétat de conservation, et pour aucune d'elles nous n'avons été à même de vérifier l'exactitude 
du poids indiqué. Supposé qu'il existe des pièces bien conservées de poids tellement diminués', 
il ne faut pourtant pas les rapporter à d'autres systèmes monétaires, parce qu'elles portent les 
mêmes types et datent de la même époque que celles d'un poids supérieur; on ne saurait admettre 
qu'un gouvernement ait fait frapper des monnaies d'une même empreinte et à peu-près d'un même 
poids, destinées à avoir une valeur différente. On est donc forcé de présumer que le poids 
diminué de certaines pièces dérive de la négligence ou de la fraude des officiers monétaires. 

L'atelier monétaire principal a probablement été établi à Panorme ou à Lilybée, les deux 
chefs -lieux du gouvernement carthaginois en Sicile. Panorme était -occupé par les Carthaginois 
depuis le commencement de leur domination jusqu'à la première guerre punique, si l'on excepte 
une courte époque où il était au pouvoir du roi Pyrrhus; cette ville était leur place d'armes prin- 
cipale et la station de leur flotte 2 ); elle ne fut prise par les Romains qu'en 254. Lilybée, fondé 
par les Carthaginois eux-mêmes environ 355, était une ville grande et forte, défendue par une 
nombreuse garnison de troupes mercenaires; c'était la seule ville qui restât aux Carthaginois du- 
rant l'époque où la Sicile était soumise à Pyrrhus, et ce fut en vain que les Romains pendant la 
première guerre punique essayaient de s'en emparer. 

L'époque durant laquelle ces tétradrachmes ont pu être frappés, est celle depuis la fin 
du V me siècle, où les Carthaginois prirent possession d'une partie de la Sicile, jusqu'à l'an 241 où 
ils furent contraints d'abandonner cette Ile; aussi le style d'art qui n'offre point de trace d'archa- 
ïsme, fait -il voir qu'aucune des monnaies ne peut remonter plus haut. Les pièces à la tête de 
Cérès ne peuvent être antérieures à l'an 396 où le culte de cette déesse fut adopté par le gouver- 
nement carthaginois (voyez p. 82 note 6). La tête d'Hercule, qui figure sur un grand nombre de ces 
tétradrachmes, diffère des têtes de ce dieu qu'on voit sur les monnaies siciliennes, mais elle est 
identique à celle qui fait le type des tétradrachmes d'Alexandre le Grand, qui étaient du meilleur 
cours dans le commerce et adaptés également au système attique, ce qui porte à croire que c'est 
à ceux-ci que la tête d'Hercule a été empruntée. ) Quant au rapport avec les monnaies de la 
section suivante, il résulte de tout ce qui précède, que cette série renferme les premières mon- 
naies de Carthage. 

Il est bien possible que ces tétradrachmes aient constitué la seule monnaie que le gouver- 
nement carthaginois a fait frapper dans la Sicile; il y circulait peut-être en assez grande quantité 
de petites monnaies frappées par les villes siciliennes, de sorte que ce ne fût que pour la paie 
des troupes mercenaires et d'autres dépenses publiques qu'il fallut émettre des monnaies. Mais 
il se peut aussi que Carthage ait encore fait frapper d'autres monnaies en Sicile, et qu'un certain 
nombre de celles qui sont rangées sous la section suivante, aient été émises dans cette lie; nous 



i) Cf. Volume I p. 116-117. 

2) Polybe I, 21,24 et 38. Diodore XXIII, 14. 

a) Cf. Cousinéry Monnaies de la ligue achéenne etc. p.lS4- 



18û; Kôline dans Mém. de la soc. d'archéol. de St.Pétcrs* 
bourg I (1S47) p. 143. 

If 



84 LA ZEUGITÀNE. 

indiquerons plus bas celles qu'un peut y rapporter. Les autres monnaies siculo-phéoiciennes, que 
l'on trouve souvent mêlées entre les monnaies de- Carthage , ont été frappées par les villes auto- 
nomes de la Sicile et n'appartiennent pas à cet ouvrage; il y a cependant dans ce nombre plu- 
sieurs monnaies anépigraphes ou à lettres phéniciennes isolées, à l'égard desquelles le choix entre 
le gouvernement carthaginois et les villes autonomes parait douteux; celles-ci seront discutées 
à la fin de la section suivante. 



B. 

Monnaies autonomes frappées principalement à Carthage. 

Monnaies d'or. 

Classe I. Tête 4e Cérea A, BU, et Je Froserpine fi. r>. Cheval début. 

45. Tête de Cérès A, à gauche. Grenetis au pourtour. I(\ Cheval debout, à droite; devant les 
pieds, trois points. AT. 4. Statére olympique. 9,56 — 9,25 grammes.* ') 

46. Autre semblable, avec la légende ftAWI [r6-Wl) à l'exergue. AT. 4. St. ol. 9,46 & 9,40 gr. 3 ) 

47. Télé de Cérès D, à g. Grenetis. r|. Même cheval, sans points ni légende. Grenetis. 

9 A/. 4. St. ol. 9,36 & 9,24 gr. a f 

48. Mêmes avers et revers. El. 4. St. ol. 7,es — 7,24 gr,**) 

49. Autre semblable, avec un point devant les pieds du cheval. El. 4. St. ol. 7,74 — 7,62gr.* s ) 

50. Autre semblable, avec deux points à l'exergue du revers. El. 4. St. ol. 7,65 — 7,31gr.*°) 

51. Autre semblable, avec un point devant le cou de Cérès et deux points à l'exergue du revers. 

El. 4. St. ol. 7,61—7,20 gr.* ">) 

52. Autre semblable, avec un. point devant le cou de la déesse et trois points à l'exergue du 
revers. El. 4. St. ol. 7,61— 7,25 gr.* s ) 

53. Autre semblable, avec quatre points à l'exergue du revers. El. 4. St. ol. 7,50 gr. 8 ) 




54-55. Tête de Cérès A & D (sans collier), à g. Grenetis. R;. Même cheval; au fond, un 
palmier. Avec ou sans grenetis. M. 2-2 £. $ St. ol. 4,82— 4,62 gr.* 10 ) 

1) 17 exemplaires de diOVrenlea collections s) Cab. de Copenhague, de Munich et de Rollln (2 ex.). 

a) Cab. du duc de Luvnrs, de Copenhague et de Rollln. «) S exemplaires de différentes collections. 

Cab. Allier p. 16 pi. 1. 19. cfr Revue aum. fr. 1851 p.TG. t) 20 exemplaires de différentes collections. 

Pour la légende, voyez plus bas sous §6. s) 12 exemplaires de différentes collections, 

3) Mus. Pembrock Tab. IV. 10 iC.at.de vente a» 4 là) et coll. El) Mus. Lavy(Cat. n°703). 

de Tliomas |Cat. n«298). io) Nus.brit.. cab. de Munich, coll. du duc de Luynes et de 
*l 29 exemplaires de différentes collections. M. H ol mentale (Cat.de Thomas n*37S). 



CAHTHAOE. 



H5 



56. Tête de Cérès D, il g. Grenetis. IJ-. Le même que le précédent. 

El. 24. iSLol. 3,71— 3,65 gr. '( 

57. Même tête. Grenetis. !$■. Le même que le précédent. Aï. 2. J St. phénicien. 2,07 gr. a ) 

58. Tête de Cérès A-E, à g.; au-dessus, une marque incertaine. Grenetis. If-. Même cheval; 
au-dessus , H (20). Grenetis. . Aï. 3 \. \ St. phén. 3,92 gr. *) 

59. Autre semblable; au revers, au-dessus du cheval, m (an); dessous, <*4 (D). 

Aï. 3J. | St, phén. 4 ) 

60. Tête de Cérès E, à g. Grenetis. Ç-. Même cheval, sans marques. 

El. 3. | SI. phén. 2,83 & 2,44 gr. (us.) 5 ) 

61. Tête de Proserpine G, à g. Grenetis. Ç-. Même cheval, sans marques. Grenetis. 

El. 3. | St. phén. 2,92— 2,66 gr.* ") 

62. Mêmes avers et revers. AT. 2. } St. phén. 1,97— 1,81 gr.*'} 




63. Tête de Cérès E, a g. R-. Même cheval; dessus, un disque radié flanqué de deux uréus 
dont les têtes sont surmontées d'un disque. El. 5£-5. St. éginétique. 11,40— I0,64gr.* 8 ) 

64. Autre semblable, avec un point entre les pieds de derrière du cheval. 

El. 5£-5. St. ég. lO/ro-lCMigr.* 8 ) 

65. Autre semblable, avec trois points placés sur la barre devant les pieds de derrière du cheval. 

El. 5J-5. St.ég. 11,00— 10,71 gr.* 10 ) 



Cl. II. Tète 4e Cérès A * », et de Proserpine «. 
à g. Grenetis. 



Cheval début, U tête retournée, 



66. Tête de Cérès A-D, a g. Grenetis. !(-. Cheval debout à dr., regardant derrière lui. 
Grenetis. Aï. 6. St. ég. 12,61 gr. "| 

67-68. Tête de Cérès A-D & D, à g. Grenetis. R\ Même cheval. Grenetis. 

Aï. & El. 1-2. J St. phén. 1,96—1,81 gr.* '*) 



1) Cab. de Vienne, de Munich el de la Haye. 

t) Musée brlla n nique. 

a) Cnb. de Paris iMlonnet I p. 264 n°450j. Sur la marque, 

voyci g 7. 
4) Coll. de Meynaerls {Cal. n° 131). 
i) Coll. de Rolliii et cab. de Copenhague. 
8) 10 exemplaires de différentes collection!. 



T) 54 exemplaires de différentes collections. 

s) 10 exemplaires de différentes collections. 

si 9 exemplaires de différentes collections. 

101 4 exemplaires de différentes collections. 

11) Coll. du duc de Luynea. 

11) 27 exemplaires de différentes collections. 



LA ZEUG1TAKE. 



69. Tête de Proserpine G, à g. Filet au pourtour. If. Même cheval, portant nu licou autour 
de l'encolure. Filet au pourtour. El. 2|. { Si. phe'n. 1,74 gr. 1 } 





Cl. III. Tèlr <le Cerè§ C I}-. Cheval marchant •■ trottant. 

70. Télé de Cérès C, à g. Grenelis. R-. Cheval allant au pas ou au (rot à tir., portant un 
licou; entre les jambes de devant, tin globule. Filet au pourtour. 

A!. 2$ dentelée, j St. ég. 3,05—2,92 gr.* a ) 

71. Autre semblable, avec le globule placé au-dessus du cheval. 

A/, 2$ dent. $ St. ég. 3,03& â.oi gr. a ) 

72. Autre semblable, sans globule ; entre les jambes du cheval, *\ (1|. Af, 1\. £ St. ég. 3,01 gr. 4 ) 

73. Même tête. tj. Même cheval sans licou. Sans globule ni lettre. Filel au pourtour. 

El. 3. \ St. ég. 2,8G-2,70gr.* s i 




CI. IV. Tête de Cérès A & ». !(-. Cheval galapait. 

74. Tête de Cérès A, à g. Grenelis. If*. Cheval au galop à dr. ; dessus, le symbole ft. 
Grenelis. M. 3. St. phén. 7,51 gr. ") 

75. Autre semblable, sans le symbole. AT. 3. St. phe'n. 1 ) 

76. Tête de Cérès D, à g. IJr. Même cheval; au fond, un palmier; dessous: /*?*¥?- (naitO). 

M. 8. 2 St. ég. 22,63 gr. 9 ) 





i) Cali. de Paris. 

a) Cati.de Copenhague, mus. brtt. (2cs„ CM. P.Kuiglit p.216, 
11, l: el coll. rieRoMn. 

3) Cob. de Copenhague et de la Haye. 

4) Cab. île Paris .Miuimct I i-.ÏOÔ n»t.jli. 
Si G ewinplaires de différentes collections. 

fil Musée britannique. Cf. Btillettno Sardo II] (1857) p. 



92; IV (1858] p. 104. 

ï! Bulleltiio Sardo IV p. GT n° I , 

81 Cnb. de Paria et de M;iurld. P. Bayer Del nlr. y lengua 
ile los Frnices App. p. 370 1)0.1, de In coll. de Tcruel 
(Gesenlus P.ilâogr. Stmlicn lab. IV, 18; Ugdulcna Mon, 
punico-sic. p.26 lûï. 1,5). Vojei, aur HnlerprétMion de 
la légende, le §5. 



il 



CARTHAGE. 



Cl. V. Tète de Cérès C. Tjc. liste de eheral. 

77. Tête de Cérès G, à g. Grenetis. tjt. Buste de cheval à dr. Filet au pourtour. 

AT. 1^. -JSt.ég. 1,57— 1,52 gr.* 1 ) 




77 




CI. VI. Tète de Cérès A. Ç\ Palmier. 

78. Tête de Cérès A, à g. Grenetis. Ç\ Palmier. Grenetis. M. If \ St. ol. 2,52—2,30 gr.* -) 




CI. VU. liste de eke?al. fy. Palmier. 

79-80. Buste de cheval à dr. Grenetis. fy\ Palmier. 

81. Autre semblable, avec un globule au droit. 
82-83. Autre semblable, avec trois globules au droit. 



Grenetis. 
AT. AEl.f. 
El. f . 
AT. <& El. f 




79 





82 




| St. ol. 
£ St. ol. 
| St. ol. 



1,15— 0,66 gr.* s ) 

0,77 de 0,72 gr. 4 ) 

0,95—0,51 gr.* 5 ) 



Monnaies d'argent. 

CI. 1. Tète de Cérès B, C k E, et de Proserpine CI b H. Ffr. Cheval tleboat. 

84. ïéte de Cérès li, à g. Grenetis. Fj\ Cheval debout à dr. ; au fond, un palmier. Filet au 
pourtour. M. 4. Dr. phén. 3,85—3,28 gr.* 6 ) 

85. Autre semblable, avec un globule devant le cheval. Ai. 4. Dr. phén. 3,90 gr. 7 ) 

86. Même avers. Ç\ Même cheval, sans le palmier. ifi. 2. \ Dr. phén. 2,07— 1.84 gr.* 8 ) 





87. 

88. 
89. 



85 ^-=>- 86 

Tête de Proserpine H, à g. Grenetis. Fj\ Même cheval; dessus, un disque radié flanqué 
de deux uréus. Filet au pourtour. M. 4. Dr. phén. 3.92 — 3,42gr.* 9 ) 

Autre semblable, avec la lettre (JJ) dessous le cheval. MA. Dr. phén. 3,65 gr. 10 ) 

Autre semblable, avec la même lettre écrite ainsi: o. JR. A. Dr. phén. 3,75 — 3,54 gr.* 11 ) 



t) Cab. de Paris (Mionnet I p. 265 n«458), de la Haye, de 
Munich, du duc de Luynes et de M. Rollin. 

2) Cab. de Vienne, de Copenhague (2 ex.), de Stockholm et 
de la Hâve; mus. brit. 

3) 35 exemplaires de différentes collections. 

4) Cab. de Paris et de Stockholm. 

&) 17 exemplaires de différentes collections. 



6) 7 exemplaires de différentes collections. 

7) Cab. de Copenhague. 

s) 10 exemplaires de différentes collections. 

9) 12 exemplaires de différentes collections. 
10) Cab. de Copenhague. 

il) Cab. de Paris (Mionnet 1 p. 266 1)0471), de Milan, de Co- 
penhague et de Rollin. 



LA ZEUGITANE. 



90. Tête de Proserpinc G & H, à g. Grenetis. R-. Môme cheval, sans le symbole égyptien. 
Filet au pourtour. JR.2\, j Dr. phén. 2,07— 1,62 gr.*'| 

91. Autre semblable, avec un globule dessus ou dessous le cheval. 

■ M. 21, 4 Dr. phén. 2,17— 1,69 gr.**) 




92. Tête de Gérés G, à g. fy. Même cheval; devant, deux épis; dessous, un globule. Filet au 
pourtour. JR. 4 J dent. 2 Dr. as. 6,28gr.{us.)') 

93. Têle de Cérès D-E, à g. Grenelis ou filet au pourtour. r>. Même cheval; dessus, ■MW (26). 
Filet au ppurtour. JR. 5-4. 2. Dr. ol. 9,36— 8,75 gr.**} 



Monnaies de potin. 

94. Tête de Gérés E, a g. IJ. Même cheval; dessus, un grand astre. Grenelis. 

Pol. 6J-6. 4 Dr. phén. 15,07—11,07 gr. (us.)* 3 | 

95. Mêmes avers et revers. Pot. 3. Dr. phén. 2,80 gr. 

96. Même têle. R-. Même cheval, sans l'astre. Pot. 5. 2 Dr. phén. 6,iogr. (us.) 

97. Aulre semblable; dessous le cheval, W (O); entre les jambes de derrière, trois globules. 

Pot. 5. 2 Dr. phén. 6,87 gr. " 

98. Autre semblable; dessous le cheval, la même lettre, J ; entre les jambes de derrière, /* p). 

Pot. 5. 2 Dr. phén. 7,27 & 5,ai gr. "} 

99. Même têle. ty. Même cheval; dessus, le même symbole égyptien que sur le n*H7. 

Pot. 9. 8 Dr. as. 23,00 gr. ™) 





i) 20 exemplaires de différentes collections. 
1) 19 exemplaires de différentes collections, 
a) Cab. de Copenhague. 
«I 8 exemplaires de différentes collections. 
ij 13 exemplaires de différentes collections. 



SI Coll. de Hejdecken (Cat de Rauch n*417). Hus-Hederr. 

n*14S3. 
T) Cab. de Copenhague, 
s) Musée Thorvaldaen. 

s) Cab. de Copenhague et coll. de San Angelo à Naples. 
10) Cab. de Naples. 



CAKTHAGE. 



89 



100. Même tête. 1J-. Même cheval; au fond, un palmier, placé vers la gauche, en ligne avec la 
croupe du cheval. Pot. 8. 6 Dr. as. 18.50gr. *) 

101. Autre semblable, avec un globule devant le cheval. Pot. 8. 6 Dr. as. 19,08 & 18,65gr. s ) 

102. Autre semblable, avec un globule dessous le cheval. Pot. 8. 6 Dr. as. 16,16 gr. (us.) s | 

103. Même tête. R\ Même cheval; au fond, un palmier placé au milieu. 

Pot. 7. 4 Dr. as. 12,12— 10,86 gr. (us.|**( 

104. Autre semblable, avec un globule entre les jambes de derrière du cheval. 

Ppl. 7. 4 Dr. as. 11,66* 11,86 gr. 6 ) 

105. Tête de Proserpine fi, à g. r)\ Le même que le précédent, sans globule. 

Pot. 7. 4 Dr. as. 1 1 ,22—9,15 gr. (us.) *) 



Cl. II. Tète de Céres A-B, B* E, et Je Proserpine G. 



Cheval debont, Il tête nUuiée. 



106. Tête de Cérès A-D, à g. Grenetis. fy. Cheval debout à dr., regardant en arrière. 

M. 4. Dr. ol. 4,63 gr. 'I 

107. Tête de Cérès D, à g. Grenetis. ft. Même cheval; au fond, un palmier. Grenetis. 

M. 4 $. 2 Dr. phén. 8,10—7,02 gr.* s ] 

108. Autre semblable; au revers, outre le palmier, un aslre devant le cheval. 

M. 4£. 2 Dr. phén. 7,58—6,97 gr.* B ) 

109. Tête de Proserpine G, à g. r>. Même cheval; au fond, un palmier. Grenetis. 

M. 4i. 2 Dr. phén. 7,36 gr. i0 ) 

110. Même tête. Grenetis. r>. Même cheval, sans le palmier; au-dessous, un globule. Gre- 
netis. M. 3. Dr. phén. 3,61 & 3,46 gr. "| 



Monnaies de potin. 
111. Tête de Cérès E, à 





g. I}-. Même cheval. 



Pot. 7. 4 Dr. phén. 14,36 gr. 13 ( 



I) Cuil. du duc de Luynes. 

Il Cab. de Milan et du duc de Lujnes. 

ï) Cab. de Copenhague. 

i; 7 exemplaires de différentes collections. 

S) Cab. de Copenhague (î exemplaires i. 

fi) Cab. de Stockholm et coll. de Falbe (^exemplaires). 



7i Mus. brit (Cat.P.Knight p.ZIT. LSI. 

B) 8 exemplaires de différentes collections. 

a| 12 exemplaires de différentes collections. 
ii).. Coll. dé Rollin. 

il) Cab. de Lisbonne (2 exemplaires). 
Il) Cab. de Copenhague, 



LA ZEUGITÀNE. 



113. Mêmes avers et revers; le cheval porte quelquefois le licou. 

Pot. 5. 2 Dr. phén. 7,29— 6,64 gr.* '> 





11. III. Tète de Cérès A-B k 9, et de Fr»serplae fi. f£. Cheval retwraaat la tète, en Marchait. 

113. Télé de Cérès A-D, il g. Grenelis. R-. Cheval regardant en arrière au moment de partir, 
k dr. Grenetis. ^B. 4. Dr. perse. 5,38—4,88 gr.* ! ) 

114. Tête de Cérès D, à g. (t. Même cheval; dessous, la lettre o (JJ). 

JR. 4. Dr. perse. 5,54—4,85 gr.* ■) 
Monnaies de polio. 

115. Tête de l'roserpine G, à g. lr. Même cheval. Grenetis. Pot. 6. 2 Dr. phén. 6,89 gr.*) 




Cl. IV. Tète de Cérès C. R-. Ckeral tntlant. 

116. Tête de Cérès C, à g. Grenetis. r>. Cheval trottant à dr; avec un globule placé devant, 
dessus ou dessous le cheval. Filet au pourtour. 

Ai. 6 dentelée. 4 Dr. as. 1 2,94 — 1 1 ,64 gr. (us.)* s ) 

117. Autre semblable; entre tes jambes de devant du cheval, ï . °j 

JR. 6 dent. 4 Dr. as. 1 3,17— 1 1 ,86 gr. (us.)* T ) 
MS. Autre semblable; dessous le cheval, «t. 



119. Autre semblable; dessous le cheval, n. 

120. Autre semblable; dessous le cheval, O (ÎM- 

121. Autre semblable; dessous le cheval, Or* (JH). 

122. Autre semblable; dessus le cheval, un astre. 



^B.6dent. 4 Dr. as. I3,20gr. e > 
Ai. 6 denl. 4 Dr. as. 13,09—12,82 gr. B ) 
M. 6 dent. 4 Dr. as. I3,oo — 12,53 gr. l °) 
^t.6dent. 4 Dr. as. 12,82 * 12,44gr. ") 
,<tt.6dent. 4Dr.as. 13,60* 13, lOgr. "} 



il 7 exemplaires île différentes collections. 

3) 6 exemplaires de différentes collections. 

s) 7 exemplaires de différentes collections. 

«I Cab. de Vienne. 

si Cul), de Copenhague et devienne; coll. de Fonlana et de 
Roltin ; Cal. Thomas 11° 403). 

s] 11 est douteux si le signe sur ce n° et les deux n" sui- 
vants est ta lettre jod ou le symbole de la lune (cf. g 4). 



7) Cab. de Copenhague et de la Haye (2 ex.); mus. Lavy 

|Cat. ii« 719). 
s; Cab. de Copenhague. 
ti; Cab. de Paris [2 ex., Mionnel 1 p.26&n«465, incorr. décr.) 

et de la Haye. 
10) Cab. de Parie (Mionnel S. 1 p. 411 n*34l, Incorr. décr.) et 

de Copenhague; musée Thorvaldsen. 
il) Cab. de Munich et de Milan. Mlotinet S. I p.4II n°340. 
il) Mus. brit. et coll. du duc de Luynes. 



CARTHAGE. 



133. Autre semblable; dessus le cheval, le symbole j£ . M. 6 dent. 4 tir. as. i;J,iâgr. J ) 




in 
124. Même tête. fi-. Même cheval, sans marque. 




,K. 4£. 2 Dr. as. 6,35 gr. s ) 




Cl. T. Tète de Cérès I, et de Pnsrrpine I. R-. Cheval gal.piut 

125. Tète de Cérès D, à g. Grenetis. Ifr. Cheval au galop, à g. 

iR. II. 12 Dr. phén. 45,99—44,70 gr.* a ) 

126. Tête de Proserpine H, a g. Ifr. Même cheval a dr.; dessus, un grand astre. Grenetis. 

M. b. 2 Dr. phén. 7,29 gr. 4 , 





Cl. ¥1. Tête de Cérès 1. fi-. Cheval allé. 
127. Tête de Cérès D, à g. r>. Cheval ailé, volant à dr.; dessous: ftf\f^ (nit1«3). 

JR. 12-11. 10 Dr. phén. 38,65-35,08gr.* s ) 



I) Coll. du duc de Luynes. 

2} Cab. de Copenhague. 

S) Cab. de Copenhague el de ISaples ; mus. brit. (Cat. P. Knlght 

p.2IG. H, I) el coll. du général Fox tCat.de Thomas n° 381). 
4) Coll. deThomsen a Copenhague, TorreMuiza lab LXX.9. 
si Cab. de Paris (Pellerin Rec. III pi. 88.6: Mlonnel I p. 207 

D*47G-47T, pl.6G,«; Gesenius Palâogr.Studien lab. IV, 19), 



mus. bril. 12 ex.. Cal. de Combe p. 73 n"30; Cat. de P. 
Knight p. 3 16, lf, 2). cab devienne [2 a,, Cal. mus.Vind. 
1 p. 37 n'27), de Naples, de Modène, de Copenhague et 
du duc de Lujnes (2ex.|. Puruta Paiiormus n°l33. 
D'OrvIUe Slcula II p.280 lab. 1,4. Cal. Revll. n»309. Cat. 
de Korthwlck n*4!7. Pour l'interprétation de la lé- 
gende, vojei le §5. 

12' 



92 LA ZEUGITANE. 

128. Mêmes avers et revers. jR.il. 8 Dr. phén. 29,38gr.'| 



Cl. VII. Tête de Céréa 1. R-. Tète 4e cheval. 
129. Tête de Cérès D, à g. R-. Tôle de cheval à dr. Al. 8£. GDr.phën. 22,i6gr. s ) 



Cl. YIH Tète de ehenl. ft. Palmier. 
10. Télé de cheval à dr. r>. Palmier. M.l. 1$ Ob. phén. 0,70 & 0,69 gr. a | 



Monnaies de bronze. 

CI. I. Tête de Praserpine *>, H * I, et de Céres E, E-P * F. R. Cheval debot. 

131. Tête de Proserpine H, a g. r>. Cheval debout à dr., portant un licou autour de l'en- 
colure; dessus, un disque radié flanqué de deux urêue ayant la tête surmontée d'un 
disque. .£.13. 121,1 & 105,2gr. 4 > 

132. Autre semblable; au revers, outre le symbole, la lettre O'(JI) dessous le cheval. 

M. 13. 116,3 — 96,igr. (us.)>> 

t) Cab. de Milan. (1854) n°G69 (trouvée à Palmal. 

3| Coll. du duc de Luynes [de la coll. de lord Norlhwick. 4) Cab. de Paris (2 ex., Mionnet I p. 27 1 n*5!6). Mus. Pem- 

Cal. n°418). D'après Bull. SardoiVp.68 n° 3. Il semble brock 11 tab.SO. Mus. Lavy n»755tis. 

qu'il existe aussi une drachme aux mêmes type». j) Cab de Paris (2ex., Mlonnel I p. 271 n°5!7| et dcCopeu- 

3} Cab. de Copenhague (2 ex.). Gessner Numi pop. lab. bague (2ex,|. 

XL1V, 31. Cal. de Benllnek II p. 1110. Cal. de Gaillard 



CARTHAGE. 




133. Tôle de Cérès E-F à g. Ç\ Même cheval et même symbole. M.9. 

134. Autre semblable; au revers, outre le symbole, la lettre Jf'(N) devant le cheval. Filet < 
greaetis au pourtour de l'un ou des deux côtés ainsi que sur les n" suivants. 

JE. 9. 25,0— 21,1 gr.* 

135. Même tête. If-, Même cheval et même symbole, avec la même lettre placée devant c 



i ^ mi. 



dessous le cheval. 

136. Autre semblable; dessous le cheval, q (T). 

137. Semblable au n°134; devant ou dessous le cheval, 

138. Semblable au n"135; dessous le cheval, la même lettre. 

139. Semblable au n°135; devant le cheval, q (1); dessous, ^ (n). 

140. Semblable au n°13ô; dessous le cheval, S (3). 

141. Même tête. ÏJr. Même cheval et même symbole. 



JE. 5. 6,4— 5,9 gr. f 

JE. 5-4. 5,7—5,1 gr. * 

£.9. 26,4— 19,0gr.* ! 

JE. 5. 7,0— 4,6gr.*« 

JE. 5. 5,0 gr.' 

JE. 5. 6,0— 5,5 gr.* 

Devant le cheval, Hj (Dl- 

JE.l. 12,0 4- 10,7 gr. " 

142. Semblable au n°l35; dessous le cheval, la même lettre, écrite: 4y, ^,'*- JE. 5. 7,5-5,Ogr.* i0 

143. Semblable au n" 134; devant le cheval, o (y). JE. 9. 23,5— 1 8,2 gr.* 11 

144. Semblable au n" 141 ; devant le cheval, la lettre précédente. JE. T. 12,9 & (2,2 gr. iS 

145. Semblable au n*135; devant le cheval, la lettre précédente. JE. 5. 6,1 — 4,3gr.* iB 

146. Semblable au n°134; devant le cheval, un caducée et une couronne. .€.9. 22,6 gr." 





ii Mus. Hunier lab. 15,» 

D Cab. de Paris (Mionnet 1 p. 270 n*5I4), d 

Milan e( tle Copenhague; coll. de Horla. 
3) 5 exemplaires de différente* collections, 
t| Cab. de Paris, de Vienne et de Copenhague 
s) G exemplnlrcs de différente» collections. 
•) 14 exemplaires do différentes collections. 



71 Cab. de Copenhague. Harwood Sel. nuui. gr. tab. 11,13. il) Cab. de Copenhague. 
SI Cab. de Copenhague, de la Haye, de Christiania et Mus. 



Lavv n°73â. 
s) Cab. de Paris {Mlonnet S. I p.41 3 n" 358) et de Copenhague. 
io) 9 exemplaires de différentes collections, 
n) Mus. bril. |2 ex.l. cab. de Paris (HlonnelS. 1 p. 4 13 n°356) 

et de Copenhague, 
ni Mus. bril. et Cab. de Stockholm. 

S exemplaires de différentes collections. 



LA ZEUGITANE. 



152. 
153. 
154. 



Tête de Proserpine G & H, à g. 

mier, placé vers la gauche. 

Même tête. ft. Même type. Le cheval est sans licou; le 

champ. 

Mêmes avers et revers. * 

Semblable au n"lS7. Devant le cheval, ^ (2). 

Semblable au n°148. Devant le cheval, la même lettre. 

Semblable au n* 149. Devant le cheval, la même lettre. 

Semblable au n* 149. Devant le cheval, o [VU 

Semblable au n-147. Dessous le cheval: @ , .fQ , ^J ou 



Même cheval, avec ou sans licou; au Tond, un 

JE.*. 22,0 — 14,5 gr.' 



al- 



155. Semblable au n " 147. 



palmier est placé an milieu du 

JE.1. 12,Ogr.*t 

JE. 5-4. 7,0&6,9gr. n ) 

jE.8-7. 22,6— 14,8 gr.» 4 ) 

JE. 6. 10,4 gr.») 

JE. 5. 5,3 gr. 8 ) 

JE. 5. 6,7— 5,6 gr. 1 ) 

(E ou ETi. 

JE. 8. 23,6— 15,2 gr.* 9 ) 
Devant le cheval, T ou 4mN); dessous, Q ou *-S (3). 



JE. 8. 19,7—16,4 gr.* 9 ) 

Devant le cheval, 4(3); dessous, \ (3). JE. 8. 1 3,6 gr. (fruste). 10 ) 

149. Devant le cheval, j (2); dessous, o (p). JE, 6. 7,1 4 6,9 gr. 11 ) 

Devant et dessous le cheval les mêmes lettres que sur le n* suivant, à 

JE. 8. 18,7gr.") 
Devant le clieval, /(P); dessous, « (il). JE. 5. 6,9— 5,Sgr. M | 

g. Rr. Même cheval; au fond, le palmier, placé au milieu. 

JE. 7-6. 12,0— 9,2 gr.* 1 *) 
Autre semblable, avec un globule sous le cheval. JE. 7-6. 12,0 — 9,0gr.*"| 

Mêmes avers et revers, sans globule. JE. 5-4. 7,9— 4,9 gr* ,fl | 



156." 


Semblable au 11° 147. 


157. 


Semblable au nM49. 


158. 


Semblable au n" 147. 




demi effacées. 


159. 


Semblable au n° 149. 


160. 


Tête de Cérès E, à 




Tête de Cérès F, à g. 
Autre semblable, ave 



H-, Même cheval auprès du palmier au milieu, 
un globule devant ou dessus le cheval. 



M.l. 

JE.Z. 



1,4— 2,4 gr.* 18 ) 



1) Jl exemplaires de diuVienles collections, 
1) Ont de Milan Plusieurs des pièce* citées sou 
n<"160ciir.2 appartiennent peut rire aux n"148e 
a; Mus. tint et cab de Copenhague 
4) Il exemplaires dr différentes rollerlloiis 
6) Cab de Vienne 
e) Cab. de la Haye. 

T) Cab deCopPiitiacur. col) de Tlioouen. Mas. Lavy ti 
9) 31 ("«emplâtres de différentes follerlion» Pour la 1 

coof plus bas S G note 

s) 10 exemplaires de différentes collections. 
io) Cab. de Vienne 



il) Cab. de Copenhague el de Stockholm. 

i») Cab. de Parle (Hionnet S. I p.413 il» 353). 

is) Cab. de Paris (Woonet S. 1 p. 413 n°3S4) et de Copen- 
hague; coll. de Thomsen 

14) 20 exemplaires de différentes rollerhons Plusieurs pièces 
des n«t60eti62 apparliennctil peut -être an* n ' 148 
et 149. 

il) Cab. de la Haye, de Vienne, de H i . et mus bril Cal 
de Combe p. 72 n»l3) 

■si 10 exemplaires de diiTerentes cotlecUoos, 

17) 94 exemplaires de différentes coller! ion s. 

is) S exemplaires de différentes colleetion* 



CARTHAGE. 



96 



Autre semblable, ayant tin globule derrière la tête de Cérès, un autre devant le cheval. 

JE. 3. 2,5 gr. 1 ) 
Autre semblable, avec 2 globules devant le cheval. JE. 3. 3,1 — 2,5 gr. ! ) 

Autre semblable, avec 3 globules devant le cheval. JE. 3. 3,6— 2,1 gr.* 8 ) 

Autre semblable; derrière la télé de Cërès, un globule; devant le cheval, 3 ou 4 globules. 

JE.Z. 2,8— 2,3 gr.* 4 ) 
Même tête E-F, à g. Ifr. Même cheval auprès du palmier au 



Mêmes avers et revers. 

Semblable au n*169; devant le cheval, b (H). 

Semblable au n°169; devant le cheval, o (V). 

Même têle; derrière, ©. K-. Même cheval auprès du palm 

symbole qu'au droit. 



milieu; devant, V* (K). 

JE.8. 15,9— 14,9gr. s | 

JE.Z. 3,8— 2,4 gr.* °) 

£.8. 15,6— 1l,o gr.* T ) 

£.8. 16,6 — 14,2gr. 8 } 

au milieu; dessous, le même 

JE. 6. 1 0,8 gr. »> 



174. Semblable au n°170; devant le cheval auprès du palmier, un petit caducée. 

M. 3. 3,4— 1,9gr.* i0 ] 

175. Même tête. It. Même cheval; au fond, un long caducée; devant, H (l"l). 

JE. 5. 6,4— 4,8 gr. ") 

176. Autre semblable; devant le cheval , o (V). JE. 5. 5,7gr.' s ) 

177. Même tête. IJ\ Même cheval; devant, un petit caducée. JE. 5. 1S ) 

178. Autre semblable; devant le cheval, un caducée et une couronne. M. 5. 5,5 gr. i4 | 

179. Même têle (?}. IJ\ Même cheval; au-dessus, une couronne. JE. 2. ,s ) 

180. Même tête. R-. Même cheval; au-dessus, un grand actre; devant, A (3). 

JE.8. I9,2gr. 10 ) 

181. Tête de Proserpine G, à g. r>. Même cheval surmonté de l'astre, sans lettre. 

JE. 3. 2,6—2,1 gr. "| 



il Cab. de Paris. 

a) 5 exemplaires de différentes collections. 

a) 14 exemplaires de différentes collection». 

t) 8 exemplaires de différentes collections. Au revers, les 

3 globules sont placés en triangle devant le polirai! du 

cheval, le quatrième devant les pieds; quelquefois ce 

dernier, faute de flan, ne parait pas. 
si Cab. de Paris et de Copenhague; colt.deThomsen; Hue. 

Lavy n«730. 
e; 5 exemplaires de différentes collections. 
i) S exemplaires de différentes collections. 



si Cab. de Paris (Mionnet S. I p.413 n"355), de Vienne (Cat. 
mus.VInil. I p. 37 ii" ai) et de Bologne. 

9) Cab. de Naples. Cat. de ta coll. de la Torrc 11° 1613. 
10] 7 exemplaires de différentes collections. 
Il) Cab. de Copenhague (2 ex.) et mus. hril. 
12; Cab. de Stockholm, 
ta) Cab. de la Haye. 

1*) Cab. de Paris (Mionnet I p. 27* n°SG2). Cf. le n°1*6. 
isi Mionnet S. I p .420 n°424. 
toj Cab. de Stockholm. 
■1) 5 exemplaires de différentes collections. 



LA ZEUGITAKE. 



Ifr. Même cheval 



croissant renfermant un 

M. 5. ») 

JE. 5. 7,1 gr.») 

£. 5. 6,8—4,4 gr. a ) 



jE. 5. 5,7 gr. 7 ) 

Même cheval; dessous ou devant: & ou 

JE. à. 8,5— 5,8gr.* 8 ) 

ou devant, ^ (3), varie ainsi: 



'.. Têle de Cérès E-F, à g. Ij-. Même cheval; au-dessus, 

disque. 
I. Autre semblable; devant le cheval, ^ (3). 
. Autre semblable; devant le cheval, u (P). 
>. Autre semblable; devant le cheval, ev (tC|. JE. à.*) 

;-l87. Têle de Cérès ou de Proserpine. 9 ) Ç-. Même cheval, sans marque. JE. 5-4. 8,9— 4,4gr.* 6 ) 
i. Tête de Proscrpine I, à g. Ç-. Même cheval. Frappée sur une monnaie de Hiéron II, ayant 

au revers le trident. 
i. Tête de Cérès F ou de Proserpine I, à g. 

^ («}. 
K Tête de Proserpine G-I & I, 

j , P| . jE. 5. 9,4 — 5,7 gr.* 9 ) 

. Tête de Cérès A-F, à g. Vp. Même cheval; dessous, 7(3); devant, la même lettre. 

JE. â. 7,6&7,Ogr. *°) 
'. Tête de Cérès F ou de Proserpine i, à g. Ifr. Même cheval; dessous ou devant. ^ (3). 

JE. 5. 8,8— 5,7 gr.*") 
.. Autre semblable; dessous le cheval, Q ("!). JE. 5. 8,0— 5,8 gr. 1! | 

i. Autre semblable; dessous le cheval, la même lettre; devant, un globule. JE. 5. 7,1 gr. ,a ) 
>. Autre semblable; dessous le cheval, H fil). 
I. Autre semblable; dessous le cheval, <H (Dj. 
. Autre semblable; dessous le cheval, o \V). 
■. Autre semblable; dessous ou devant le cheval 
'. Autre semblable; dessous le cheval 





l) Combe Mi.- bi.l. p. 74 ti" ÔO. 

a) Cab rie la Haye et coll Je Thomsen 

a) 7 exemplaires de différentes collections. 
4) Ctb de ta il- - 

s) Noua ne saunons indiquer Ir style de ces tries, attendu 
que nous n'avons pas ■ ■ m de; empreintes de ces 
monnaies parmi celles qui ont ete recueillies pour tri 

6) 23 exemplaires dp différentes collections 

7) Cab. de Copenhague 

b] 27 exemplaires de différentes collections 
9] 15 exemplaires de différente» collectons. 

10' Cal), de Copenhague el M ■ - Lait n»T37. 



ni 16 exemplaires do différentes collections, 

»] i '..-. de Paris iMlomiei S I p 414 n» 364 i, de Munich et 

de M Thomsen à Copenhauur 
il! Cab <le Stockholm 

H S exemplaires de différentes collections, 
lîl Mus brll cab. de t. ■... ■■•, ,.■ ie et de Munich; Mus. Lavy 

n»73s. 
i«l Mus brlt {Cat de Comte n»40); cah. de Paris iMionnet i 

p 771 n°5?4i et de Copenhague; coll. de Rollin. 
i;) Cab. de Paris M .... i I p 371 n°526], de Copenhague et 

de Christiania: col) de Welil (Cat. n'1000). 
is) 9 exemplaires de différentes collections. Pour les lettres 
, liées, conférei §6. 



CARTHAGE. 



97 



€1. Ut: Tète de Proserpine G, fl-I 1 I. Ç\ Cheval debout, la tète retournée. 

200. Tête de Proserpine G, à g. I}\ Cheval debout à dr., regardant en arrière, avec un licou 
autour de l'encolure. Grenelis ou filet au pourtour de l'un ou des deux côtés, ainsi que 
sur les n 08 suivants. JE. 6. 14,4— 8,4 gr. (us.)* *) 

201. Tête de Proserpine G-I ou F, à g. IJ:. Même cheval, sans licou. JE. 5-5J. 7,9— 4,2 gr.* 2 ) 

202. Autre semblable, avec un globule dessous le cheval. JE. 6-5. 9,7 gr. 8 ) 

203. Tête de Proserpine G, à g. IJ:. Même cheval, avec le licou; dessous ou devant: 'f'(N). 

JE. 6. 13,5— 9,2 gr.* 4 ) 

204. Tête de Proserpine 1 , à g. lj\ Même cheval, sans licou, avec la même lettre variée ainsi : 
^, j*. JE. 5. 6,7— 5,1 gr. 5 ) 

205. Autre semblable; devant le cheval: ^ (D). JE. 5. 6,7 gr. 6 ) 

206. Tête de Proserpine G, à g. fy. Même cheval; dessous, même lettre. JE. 3. 3,5 gr. 7 ) 

207. Tête de Proserpine I(?), à g. Fjr. Même cheval; dessous: \[1). JE.b. 6,3 gr. 8 ) 

208. Même tête. fr. Même cheval; devant: W (-PI). JE. 5. 7,1— 4,ôgr. 9 ) 

209. Même têle(?). Ifr. Le même que le précédent. JE. 3. 3,0 gr. 10 ) 

210. Tête de Proserpine G, à g.; derrière, un globule. IJ:. Même cheval, avec licou; des- 
sous: o (y). JE. 6. 12,4 gr. 11 ) 

211. Tête de Proserpine I, à g. ï)r. Même cheval, sans licou; dessous, | (S), varié ainsi: 

f> f ' f> T' f 5 deVant ' $ (N) ' M ' b ' 8,4-4,2 gr.* 12 ) 

212. Autre semblable, frappée sur une monnaie de Hiéron II au type du trident. JE. 5. 5,7 gr. 18 ) 

213. Tête de Proserpine G, à g. Q-. Même cheval; dessous: -\* (?) ( « ) ; devant: \ (î). 

JE. 3. 2,8 gr. "| 

214. Même tête. IJ\ Même cheval; dessous: 0(?)(JJ); devant: 4 (N). JE. 5. 4,9 gr. 15 ) 

215. Même tête (?). Ifr. Même cheval; dessous: ^ (3); devant: ^\ (PI). JE. 5. 5,2 & 4,2 gr. 16 ) 

216. Tête de Proserpine G de I, à g. IJ:. Même cheval, avec ou sans licou; dessus, un astre; 
devant ou dessous: 4 (3). JE. 5. 8,5— 4,1 gr.* 17 ) 

217. Même tête. ï)r. Même cheval; au fond, un enseigne formé d'un bâton surmonté d'une 
palmette. JE. 5. 10,2—4,8 gr.* I8 ) 

218. Autre semblable; dessous le cheval: A (3). JE. 5. 7,4 & 6,0 gr. 19 ) 

219. Autre semblable; devant le cheval:^ (J). JE. o. 8,8— 5,6 gr.* 20 ) 



i) Cab. de Milan, de Copenhague (2 ex.) et de Stockholm. 

2) 23 exemplaires de différentes collections. 

3) Cab. de Kiel. Mionnet S. I p.418.n°* 405-407. 

4) 4 exemplaires de différentes collections. * 

5) 5 exemplaires de différentes collections. 

6) Cab. de la Haye; Cat. de Heydecken n° 3618 et 3619 et 
Cat. de Gaillard (1854) n°679. 

7) Cab. de Copenhague; Mionnet S. 1 p. 41 4 n°370; Cat. de 
Heydecken n» 3623. 

3) Cab. de Copenhague; Mionnet 1 p. 271 n°535. 
9) Cab. de Milan et de Kiel; coll. de Rollin. 



10) Cab. de Paris (Mionnet I p. 272 n°53G). 

il) Cab. de Copenhague et coll. inconnue. 

12) 35 exemplaires de différentes collections. 

13) Cab. de Copenhague. 

H) Cab. de Munich; Cat. de Gaillard (1854) n» 680. 

i&) Cab. de Copenhague. 

16) Cab. de la Haye et de Bruxelles. 

17) 21 exemplaires de différentes collections. 
is) 9 exemplaires de différentes collections. 

19) Coll. de Thomsen. et de Rauch. 

20) 5 exemplaires de différentes collections. 

13 



LA ZEUOITASE. 



220. Autre semblable; dessous le cheval: v\ (H). 

221. Autre semblable; devant le cheval: *jf (D). 

222. Autre semblable; devant le cheval: y (J). 

223. Tête de Proserpine I, à g.; dessous, le croissant avec le disque, 
licou; au fond, un long caducée. Devant le cheval: J(3). 

224. Même tête. r>. Même cheval; dessous: <) |3), devant: (| (l"l). 

225. Antre semblable; dessous le cheval: ¥ (D). 

226. Même tête. r>. Même cheval, 



iE. 5. 9,8*«,6gr. M 

£. 5. 5,9 gr. »> 

£.5. 8,lgr. a ) 

ty. Même cheval avec 

JE. b. 7,0 gr. 4 ) 

jE. Ô. 7,0— 5,2 gr.* 5 ) 

jE. 5. T.Ogr.' 1 ) 

i licou; au-dessus, le croissant avec le disque. 

JE. 3. 3,3— 1,3 gr.* 7 } 

227. Autre semblable; dessous le cheval: f (II). ^.3. 2,6gr. e ) 

228. Autre semblable; dessous le cheval: w (I?). £.3. 2,1 gr. 9 ) 

229. Même tête. r>. Même cheval; dessus: f|| (?). M. 7. i0 | 





Cl. III. Tète de Pr«s«pioe 8 i 

230. Tête de Proserpine G, a g 
devant, à dr.; il porte un licou autour de l'encolure, 
ou des deux côtés, ainsi que sur les n" suivants. 

231. Autre semblable, avec un globule dessous le cheval. 

232. Même télé. R. Même cheval, sans globule. 

233. Autre semblable, avec un globule dessus le cheval. 

234. Tête de Cérès B, à g. 



et de Cérès Bit 1 . Ifr. Cheval retournant la tète, en marchant. 
Ifr. Cheval regardant en arrière et levant la jambe droite de 



235. Tête de Cérès F, à g. 

236. Têle de Proserpine I, à 
revers du trident. 

237. Tête de Cérès F, à g. 



Grenelis ou fllet au pourtour de l'un 

^.7-6. 9,6— 7,0 gr.* 1 ») 

£1.7-5. 9,9— 5,Dgr.* ls ) 

JE. 3. 3,3— 3,1 gr. ">) 

JE. 3. 2,9 gr.») 

Même cheval, levant la jambe gauche de devant, sans licou. 

JE. 4. 7,6&G,8gr. »} 

Même cheval. JE. 5-4. 8,6—5,3 gr.* '") 

R-. Même cheval. Frappée sur une monnaie de Hiéron II au 

JE. 4. 5,3 gr. ") 

Même cheval; dessous: f (N). JE. 5-4. 8,1 — 6,ûgr.* I8 ) 



i) Mus. brit. et cab. de Copenhague. 
i) Cab. de Vienne. 

3) Cab. de Paris (Mionnet I p. 272 n°534|. 

4) Cab. de Copenhague. 

M T exemplaires de différentes collections. 

6} Cab. de Copenhague. 

J| .'i exemplaires de différentes collections. 

S| Cob. de Uruxclles. 

a) Cab. de Dresde. 



10) Bulletino Sardo IV p. 65 iav. n*3*, p.101. 

ni 113 exemplaires de différentes collections. 

iï) 25 exemplaires de différctilea collections, 

il) Mus. brit. et coll. de Thomsen. Torre Nuna Tab. 93,* 

M) Coll. de lier ter. 

is) Cab. de Copenhague (2 ex). 

16) 7 exemplaires de différentes collections. 

Uj Cab. de Copenhague. 

is) 7 exemplaires de différentes collections. 



CARTHAGE. 



238. Autre semblable; devant le cheval: j (3). JE.ô. 6,4gr.») 

239. Tête de Proserpine G, à g. Ifr. Même cheval; dessous, la même lettre. M. 3. 2,8 gr. 9 ) 

240. Télé de Cérès F, à g. r). Même cheval; dessous: jj (H). JE. 5. 8,0— 4,0 gr.*"} 



241. Télé de Proserpine I, a g. R-. Même cheval; au I 




I vers la gauche, un palmier. 

JE. b. 8,6—6,1 gr.* 




Cl. IV. Tête de rYoserplne I & I, et de Cérès I. R. Cheval mitant on narchant. 

. 242-243. Têle de Proserpine H, à g. rj-. Cheval trottant à dr., avec un licou autour de l'encolure 
ou sans licou apparent. Grenetis ou filet au pourtour de l'un ou des deux côtés, ainsi nue 
sur les n" suivants. JE. 8-7. 26,7—1 2,4 gr.* a ) 

244. Autre semblable, avec un globule devant ou dessous le cheval. M. 8-7. 19,4 — 14,9 gr.**) 

245. Aulre semblable; dessous le cheval: ^ («). JE. 8-7. 20,8— 15,»gr.* T ) 

246. Autre semblable, avec la même lettre et un globule dessous le cheval. JE. 8. 23,4 gr. B } 

247. Autre semblable; dessous le cheval: A 12) et un globule. JE. 8. 16,ogr. B ) 

248. Aulre semblable; dessous le cheval: 4 (3) et un globule. JE.S. 21,1 gr. 10 ] 

249. Aulre semblable; dessous le cheval: **f (C). JE. 8. 18,3gr. ") 

250. Autre semblable; dessous le cheval: on O (P). JE. 8-7. 19,0— 15,6gr. ") 




251. Même tête. ft. Même cheval; dessus, un disque radié flanqué de deux uréus; dessous: 
^(K)- jE.13. 105,2 & 100,6 gr.» a ) 



i) Cab. de Copenhague. 

■j) Cab. de Paria i.Mionriet SI p. 414 n« 371). 

*) G exemidainn île dlUVrentea ..':., ■■!■ 

i) 6 exemplaires de dlireicnies collection* 

s) 7 i'ïi n.| i. :.,-. de dlOurcnte» rullecuona 

•i 7 exemplaire* de différente» collection». 

i] 13 exemplaire* de différente* rollections 

91 Cnb. de Pari* 



si Cnb, de Copenhague. 

10] Cab. de Milan. Cul. de Gaillard (I Bit) n° 676. 

ni Cab. de l'université ricTurin. Cat.deGailliirdilfl5J>ii°676. 

il) Cab. de Paris (2 ex., Mlonnetl p.270n«5l3) et de Copen- 
hague; coll. de Rolliti. 

13} Cab. de Paris ( 2 ex. . Wlciav Mus. HedeiT. m" 1 533 lab.V, 
IIC; Pellerin Suppl III pi V, 10, Icsjmbole presque effacé) 
et de Florence (usée, sans lettre apparente). 
13" 



LA ZEUGITANE. 



252. Tête de Cérès B(?(, à dr. I)r. Cheval marchant à dr.; 



i fond , un p a 1 m i e i 

JE.l 



253. Même tête à g. R:. Même cheval; au fond, un long caducée. 

254. Tête de Proserpine I, à g- R-. Même cheval auprès du caducée. 
25Ô. Même tête. F*-. Même cheval auprès du caducée; dessous: o(ïî). 
256. Même tête. r)r. Même cheval; dessus, un grand astre. 





14,3 gr. 1 ) 
8,1 gr. »f 
7,6 gr. "} 
6,7—4,0 gr.*«| 
JE. 5. 7,5 gr. 5 ) 



JE. à. 

JE. â. 



CI. V. Tète de Proserpine 6. rj\ Cheval galapant. 
257. Tête de Proserpine G, a g. r)r. Cheval galopant, a g. 



JE. 5. 7,8 gr.' 



Cl. VI. Tète de Crrea I, B, A-F t t, et de FraerplRe «, H, G-l II I. r}. Baate de eheral. 

258-260. Tête de Cérès lî, à g. Ifr. Buste de cheval, à dr. Grenetis ou fllet au pourtour de 

l'un ou des deux eûtes, ainsi que sur les n" suivants. S. 7-4. 15,6 — 4,4 gr.* 

261-262. Autres semblables; devant le buste de cheval, JK ou ^ (N). JR.1-&. 13,&— 7,6gr* 

263. Autre semblable; devant le buste de cheval, ^ (3). JE. i^. 6,6— 4,7 gr. 

264. Antre semblable, devant le buste de cheval, f(?)(l). M. 6. 10,7gr.' 

265. Tête de Proserpine H, à g. r>. Buste de cheval. . JE. 3. 3,9— 3,2 gr. 1 




i) (lab. de Copenhague. 

t) (la li. de Lisbonne. 

3) Cnb. de Copenhague. Cat. mus. Hunier p.84 n°27, tab. 

15,6. Cat. mue. P.Knîght p.217,N, n° I4-1S. 
4i Mus. Iril.. cab. de Copenhague (3 ex.) et Mua. Lavy n°73G. 
s) Cnb. de Copenhague, 
s) Cab. de Copenhague. Bull. Sardo IV p. 67 n« I, 



7j 37 exemplaire» de différentes collections, 
s) 16 exemplaires de différentes collections, 
s) Cab. de Paris (Mlonnet S. I p.415n"3831, de Stockholm 

et de Copenhague, 
■ai Cab. de Parts. 

n) Cab. de Copenhague (2 ex.) et coll. particulières de Copen- 
hague 12 ci. I. 



CAETHAGE. 



101 



266. Tête de Proserpine G, à g. Ifr. Ruste de cheval; devant, ^ (3). 

267. Tête de Proserpine ti-l, à g. R-. Buste de cheval; devant, i*t \>) 
268-269. Tête de Cérès A * A-F, à g. fi-. Buste de cheval. 
270. Télé de Cérès A, il g. $. Buste de cheval; devant, un point. 
27t. Télé de Cérès A-F, à g. Ç-. Buste de cheval; devant, trois points. 

272. Tête de Cérès F, à g. R/. Ruste de cheval. 

273. Aulre semblable; devant le buste de cheval, un poinl. 

274. Même tête. R\ Même type, sans point. 

275. Tête de Cérès A-F, à g. fi;. Ruste de cheval; dessous, un globule, 
placé sur les têtes mêmes de la déesse et du cheval. 



- M. 5. 7,6— 7,Ogr. >] 
^.ô. 9,9— 6,lgr. s ) 
MA. 6,7— 4,0 gr.**) 
MA. 6,5 4 4,8 gr. *1 
JE. 4. 5,7— 4,2gr.* 5 ) 
JE.!. I5,7gr. 8 | 
JE.". 17,9— I2,0gr.*') 
JE.Z. 2,0— l.Sgr.* 8 ) 
Un autre globule est 
4,4 & 4,1 gr. °) 



IRA. 



276-277. Tête de Cérès A4 A-F, à g. 



Buste ( 



278. 
279. 



Tête de Cérès A-F, à g. fif. 



e cheval; devant, un globe. 
MA 
Buste de cheval; devant, un glob 



Autre semblable, ayant un globule sons la tête de Cérès, 
que le n* précédent. 

Même léte. fi-. Ruste de cheval; devant, ^|1|. 
Autre semblable; devant le buste de cheval, y (3). 



et i 



4,0 gr.* 10 ) 
dessous, un globule. 

JE. 4. 5,6— 4,4 gr.*") 
ers les mêmes marques 
JE. 4. 4,7— 4,2 gr. ") 
M. 4. 5,5— 4,3 gr. ,e ) 
JEA. 6,0— 4,3gr. ")■ 



280. 

281. 

282. Autre semblable; devant le buste de cheval le croissant renfermant le disque, ou la lettre 

JEA. 5,9-4,6 gr.*» 3 ) 
précédent; devant 



jod, variée ainsi : * , «* . 

283. Autre semblable; derrière la tête de Cérès, symbole ou lettre comme au 
le buste do cheval, "J(3). MA. 6,7— 4,0 gr.* '•) 

284. Tête de Cérès F, à g.; derrière, le disque dans le croissant. I)r. Buste de cheval; devant, 
^ (O). M.'. 16,4— 13,0 gr.*") 

285. Même tête, sans symbole. fi-. Le même que le précédent. MA. 6,8— 3,5 gr.* 1 ") 




i.i Cnb. du <:.-( enlin ■ i. a m.), 

■i} Cab. Je Copenhague (ïev) et coller Mo» di 

ai 40 exemplaires île illfleremrs collections 

ti Cad. de Paris et de tlruiclles 

*) 13 exemplaire*, àr différente*, colleeliona 

•) Cab. lie Copenhague 

ïi 8 cxeinr*l-tir'--t île .*- lî.-i r i.i.-s colleclions 

î) 8 exemplaire) île .Mirèrent*» collection* 



5, Culi 



■Oi 3t exemplaires de dilTirenies collection*, 

il) s exemplaires île dilît-tenlc» collections 

■al Cab. devienne, de MiI.ik et dp Copenhague. 

13) i.. ■ île l'ail» Mlannei S, I p 410 n» 377 1 et île Copen- 
hague (2 ei.J. 

ïi) Cab. de Copenhague (2 ex,), de Christiania et de In Hâve. 

Il) Il exemplaires de différentes eo Ile? (Ions. 

i6i Mus. Urit. , rab. de Copenhague (3 ex.) et de In H;i>c 

it) S exemplaires de différentes eollections. 



: Paii» Min I S I j, 11(1 n*4tG| et de In Hnje. is) 20 exemplaires de différentes collections. 



102 



LA ZEUGITÀNE. 



286.. Tête de Cérès A4A-F, à g. IJr. Bu6te de cheval; devant ou dessus, la lettre aïn, variée 
ainsi: o, c, o, «. JE. 4. 6,1— 3,6gr.*') 

287. Autre semblable; la lettre o est inscrite sur le cou même du cheval. JE. A. 6,0 gr. S | 

288. Autre semblable; derrière la tête de Cérès, trois points; devant le buste du cheval, la même 
lettre, o. JE. 4. 5,8 — 4.7 gr. a ) 

289. Tête de Cérès F, à g. fr. Buste de cheval; devant, la même lettre. 

JE.l. 15,1 — l3,7gr.**| 

290. Tête de Cérès A de A-F, à g. It. Buste de cheval; devant, J ou ) (D). 

JE. 4. 5,5— 4,0 gr.* 5 ) 

291. Tête de Cérès A-F, a g. Br. Buste de cheval; devant, ■*• [»). JE. 4. 6,1 & 5,fi gr. °) 

292. Tête de Cérès F, à g. R-. Buste de cheval; devant, j? (Kl; derrière, k |J). 

JE.l. 13,2 & 11,8 gr.') 

293. Tête de Cérès A &A-F, à g. R-. Buste de cheval; devant, le signe du soleil. JEA. 6,e-3,ogr.* 8 i 



294. Autre semblable; 

295. Autre semblable; 

296. Tête de Cérès F, 

297. Autre semblable, 

298. Autre semblable; 

299. Autre semblable; 

300. Autre semblable, 
cheval. 

301. Autre semblable; 

302. Tête de Cérès A 

303. Tête de Cérès A- 




devant le buste de cheval, un astre. JE. 4. 7 

devant le buste de cheval, un caducée. JE. A. 4 

à g. R;. Buste de cheval; devant, un caducée. JE.l. 15,0- 
avec une contremarque contenant une tête casquée, 
devant et derrière le buste de cheval, un caducée, 
devant le buste de cheval, un caducée; dessus, un astre. 

JE.l. 17,5 
avec les deux mêmes symboles et un autre caducée derrière 

JE.l. 16,7- 
dessus le buste de cheval, un astre; devant, la lettre /v (1). 
& F, à g. R-. Buste de cheval; devant, un double épi. JE. 7, 
F, à g. B% Buste de cheval; devant, un palmier. JE.l. 15,7 



,l-4,6gr. 


«»| 


,7&4,6gr. 


"1 


-12,0 gr.* 


"1 


M.~. 


"I 


m. 7. 


»l 


>— 14,6 gr. 


"1 


le buste 


de 


-13,9 gr.* 


"1 


fi..'. 


"1 


. 1 1 ,8 gr. 


") 


& 14,9 gr. 


"1 



i) 40 exemplaires île différentes collections. 

*) Cab. de Paris ( Mionnet S. I p 4 1 S n° 380 1. 

1) Mus. Iiril. , cab. de Vienne el de Copenhague. 

<) o exemplaires de différentes collections. 

si 9 exemplaires de différentes collections, 

Bj Cab, de Copenhague et musée Thonnldsen. 

;i Cab. de Copenhague (2 ex.). Bull. Sardo IV p. 6i Tav. 1,30, 

cf. p. 102. 
8) Il exemplaires de différentes collections. 
si 10 exemplaires de différentes collections. 



p.GS Tnv. 1,18. 
m N exemplaires de différentes collections. 
Il) Cab. de la Haye. 
13| liiill. Sarde IV p 102 n»29 (tav). 
iv ô exemplaires de différentes collections 
il) b exemplaires de différentes collections. Bull. Sardo 

p6i Tav .1,20433, cf.p.102. 
iei Bull. Sardo IV ].c.u»37. 
17| Coll. de Thomsen il Copenhague. Uull. Sardo IV I 



i»34. 



'i Cab, de Copenhague el de Christiania. Bull. Sardo IV 19' Cab. de Vie 



l de Copenhague, 



CARTHAGE. 



103 







296 



299 



302 



303 

304. Mêmes avers et revers. JE. 4. 6,3 — 4,Ogr.* 1 ) 

305. Autre semblable; devant le buste de cbeval, un palmier; dessous, un globule. 

JE. 4. 5,5— 4,4 gr.* *) 

306. Autre semblable; dessous la tête de Cérès, un globule; devant le buste de cbeval, un pal- 
mier, dessous, un globule. JE. 4. 5,0 de 4,6 gr. n ) 

307. Autre semblable; derrière la léte de Cérès, un globule; devant le buste de cbeval, un palmier. 

JE. 4. 4,8 gr. 4 ) 

308. Autre semblable; derrière la tête de Cérès, trois globules; devant le buste de cheval, un 
palmier. JE. 4. 4,4 gr. 5 ) 

309. Tête de Proserpine I, à g. 1jr. Buste de cheval. JE. 6. 11,1— 8,1 gr.* 6 ) 

310. Autre semblable; devant le buste de cheval, »f (N). JE. 6-5. 9,8— 5,4 gr.* 7 ) 





310 



Cl. VII. Tète de Proserpine H. Q-. Palmier. 

311. Tête de Proserpine H, à g. ty. Palmier. 




311 




JE. 3. 2,9—2,6 gr. ") 



Cl. VIII. Cheval. tf. Palmier. 

312. Cheval debout à dr. Ç*. Palmier. 

313. Même cheval; au fond, un long caducée, 
l'un ou des deux côtés. 



JE. 5 A4. 5,8&3,6gr. 9 ) 
1J:. Palmier. Grenetis ou filet au pourtour de 

JE. 5^. 8,l-5,4gr.* 10 ) 



i) 42 exemplaires de différentes collections. 
3) 11 exemplaires de différentes collections. 

3) Cab. de Copenhague et coll. de Krohn a Copenhague. 

4) Coll. de Freund à Copenhague. Cat. Mus. Hunter tab. 
XV, 12. 

5) Coll. de Reichcl. Mionnet I p. 274 n»671. 



6) Mus. brit. , cab. de Christiania, coll. de Rollin (2 ex.). 

7) 14 exemplaires de différentes collections. 

8) Cab. de Copenhague (Mus. Hedervar. n°1504), coll. de 
Thomsen et de Becker. Cat. mus. Hunter tab. XV, 14. 

9) Cab. de Paris (Mionnet 1 p. 275 n°ô80) et de Copenhague. 
10) 13 exemplaires de différentes collections. 



104 



LA 2EUGITANE. 



314. Autre semblable; avec un globule devant le cbeval. M.b$. 7,2— ôjôgr. 1 ) 

315. Cheval debout à dr., regardant en arrière. I}-. Palmier. Grenetis des deux cotés. 

AI. 4-3. 4,B— 2,ôgr.* s ) 

316. Cheval au galop a dr. r>. Palmier. •Filet au pourtour des deux côtés. JE. 4.") 




Cl. IX. liste de cheval. ft. Falnler. 

317. Buste de cheval a dr. R;. Palmier. Filet au pourtour de l'un ou des deux côtés. 

ÎE. 4. 8,1— 4,6 gr.* 4 ) 

318. Buste de cheval à g. R-. Palmier. M.Z{. 3,4 gr.») 




§ 1. Motifs de la classification à Cartilage des monnaies précédentes. 

Nous avons relevé plus haut (p. 70 suiv. ) que plusieurs numismates et d'autres savants, 
même du dernier temps, ne reconnaissant pas qu'on a Trappe monnaie à Carlhnge, ont rapporté à 
la Sicile, surtout à Panorme, les monnaies que nous venons de décrire. Nous ferons voir ici 
que ces monnaies se distinguent remarquablement d'avec les télnidrachmes décrits sous la section A 
ainsi que d'avec les autres monnaies de la Sicile, et que pour cette raison elles ont dû être frap- 
pées, en général ou pour la plupart, hors de la Sicile et principalement à Cartilage. 

Pour les types, il n'y a rien qui nous conduise à assigner ù la Sicile les monnaies pré- 
cédentes. On n'y voit ni la tête de déesse couronnée de joncs ou entourée de dauphins, ni la tête 
d'Hercule, ni enfin la Victoire couronnant le cheval, comme sur les tétradrachmes de la section A. 
A la vérité, les têtes couronnées d'épis sont semblables à celles de Gérés et de Proserpinc qu'on 
rencontre sur les monnaies grecques de la Sicile; mais le culte de ces déesses avait été transmis de 
Syracuse à Carthage {voyez § 3); comme les Carthaginois avaient appris l'art monétaire en Sicile, on 
conçoit facilement leur penchant à faire figurer sur les monnaies les images des déesses dont ils avaient 
emprunté le culte à cette Ile. Ou ne trouve que très-rarement la léte de Gérés sur, les tétradrachmes 



I) Cab. de Copenhague et de Stockholm (2 exemplaires), 
t) 3H oieniplnircs de différentes collections. 
3) Coll. de M. Nu ol ii Rome. 



i) ii eiemplaires de ililt collections 1 
grossières trot im-oies ;>;■'" '• res 
t) Cab. de ChrUllanil 



CARTHAGE. 105 

de la section A, tandis que les têtes de ces déesses se répètent sur la presque-totalité des mon- 
naies de cette section. Pour donner une empreinte phénicienne aux types primitivement grecs, 
on a toujours fait accompagner du palmier le cheval ou la tête de cheval sur les tétradrachmes 
frappés en Sicile; sur les monnaies précédentes le palmier a été le plus souvent soit omis soit 
remplacé par d'autres symboles. Sur ces dernières monnaies le cheval est fréquemment repré- 
senté retournant la tête; c'est là une position particulière qu'on ne rencontre pas sur les monnaies 
siciliennes ni sur les grecques en général; le licou que porte souvent le cheval autour de l'enco- 
lure, ne se retrouve non plus sur les chevaux que nous présentent les monnaies d'autres pays, et 
il faut le regarder comme un trait distinclif du cheval africain (voyez le §3). *) 

Quant au travail artistique, il n'existe parmi les monnaies précédentes qu'un petit 
nombre qui par la beauté du style ou par le fini de l'exécution se rapproche des tétradrachmes 
frappés en Sicile, tandis que la grande majorité en diffère plus ou moins, soit par le style parti- 
culier et moins beau, soit par le travail moins soigné, soit par le relief plus plat. Lorsqu'on exa- 
mine les têtes variées de la déesse couronnée d'épis, dont nous présenterons plus bas les variations 
en les rapportant à neuf classes marquées des lettres A-I, on s'apercevra que les têtes C, D, E, 
G et H, par les traits, le caractère ou la frisure, diffèrent des têtes figurées sur les monnaies sici- 
liennes; la tête E, qui est la plus fréquente, est d'une physionomie particulière qu'on ne rencontre 
jamais sur les monnaies grecques ni dans les produits de l'art grec en général; aussi les têtes 
A et B, tout en ressemblant aux têtes que l'on trouve sur les monnaies de la Sicile 7 nous offrent par 
9 le caractère et l'expression des nuances propres à elles. 11 en est de même quant aux chevaux; 
ils sont le plus souvent maigres, musculeux, lourds, ou d'une taille comprimée, et se rapprochent 
de ceux qui figurent sur les monnaies numides et mauritaniennes, tandis que les chevaux repré- 
sentés sur les monnaies de la section A ont en général les formes plus arrondies, la taille plus 
svelte, le mouvement plus dégagé. 2 ) Il faut enfin faire remarquer que, parmi les bronzes, il y a 
un assez grand nombre qui par le travail rude, mal -adroit ou mauvais (voyez les têtes Fetl), 
s'écarte beaucoup des monnaies siciliennes. 

Dans l'écriture on rencontre plusieurs lettres qui par la forme diffèrent de celles sur les 
monnaies de la Sicile. Les monnaies de cette lie ont aleph écrit ainsi: t ou ^ n ); on ne trouve 
jamais le premier de ces caractères, et l'on n'en rencoutre que rarement le second sur les mon- 
naies dont nous nous occupons; celles-ci présentent le plus souvent un aleph de ces formes: 
V'» K î on v °iï qu'aux caractères siciliens les deux petites barres transversales sont ouvertes 
à droite, tandis qu'aux caractères africains elles sont fermées vers la droite, la barre supérieure étant 
plus courte que l'inférieure et courbée vers celle-ci. On trouve la lettre he figurée par \ dans 
la première section (n 0i 9suiv.), et par fl dans cette section (n°46). Vav est écrit en H sur les 
monnaies de Motya et sur le tétradrachme n°29, mais en ^ sur les monnaies dont il s'agit. Thet 
présente la figure ^ ou ^ sur les monnaies de Motya, @ ou @ sur les monnaies de cette 
section (voyez le n°154). Sur les monnaies nombreuses de la Sicile à la légende \*\ (&PN), on 

i) On ne trouve le cheval portant ce licou que sur une 3) La première forme est habituelle sur les monnaies 

seule monnaie de la section A, le n°28. de différents t\pes à la légende fcON» la dernière sur 

2) Ceux des n°* 2-0 y font une exception, comme nous les monnaies de Cephalodium (ou Solus) à la légende 

lavons déjà fait observer p. 80. Conférez d'ailleurs tOBD- 



le §3. 



14 



106 



LA ZEUGITANE. 



trouve toujours jod écrit *i ; ce caractère ne se rencontre que sur te n* 267 parmi les mon- 
naies précédentes ,• sur lesquelles la forme ordinaire est *> , tourné de différents côtés. Tsade 
enfin, qui est écrit en Y sur une monnaie de Segeste 1 ), offre les formes | , if, j^, y , sur les 
monnaies de cette section; voyez les n * 76, 127, 21 1 et le §5. 

Lorsqu'on examine la tranche des monnaies pour en connaître la fabrication du flan 9 ), 
on trouvera, il est vrai, tant pour les monnaies précédentes que pour les monnaies de la Sicile, 
que les flans en ont été en général faits à l'aide d'un pareil procédé. Parmi les premières ainsi 
que parmi les dernières, il y a des pièces à tranche arrondie et d'autres k tranche oblique, avec 
ou sans les traces du jet du métal dans le moule; les monnaies d'argent ont le plus souvent la 
tranche arrondie, tandis que celles de bronze l'ont oblique. Toutefois, en rapprochant des tétra- 
drachmes de la section A les pièces d'argent de grand module de cette section, on remarquera 
que les premiers aux deux points opposés de la tranche ont une élévation semblable à une bavure, 
qui n*est pas apparente ou dont on n'aperçoit que de faibles traces sur les dernières. Mais ce 
qui est plus saillant, c'est qu'un certain nombre de monnaies d'or (les n" 70-71) et d'argent (les 
n" 116-123) ont la tranche dentelée, particularité provenue de ce qu'on s'est servi d'une demi- 
boule ou d'une lentille à bord dentelé pour en frapper la monnaie; on ne rencontre pas de 
pièces dentelées parmi les monnaies de la Sicile. a ) 

Quant au système monétaire et au titre du métal, les tétradrachmes de la l re section ont 
été frappés d'après le système attique, qui était prédominant en Sicile durant l'époque qu'embrasse 
la domination de Carthage dans cette lie 4 ), et sont d'argent pur, comme les monnaies siciliennes 
le sont en général. Les monnaies dont nous nous occupons ici, ne rentrent pas dans le système 
attique, mais appartiennent au système phénicien et à d'autres systèmes adoptés dans les pays avec 
lesquels les Carthaginois étaient en relation de commerce ; dans un assez gttind nombre on trouve 
l'argent plus ou moins mélangé de cuivre et de plomb; voyez plus bas sous le §8. 

Tout en reconnaissant les différences que nous venons de relever, on serait peut-être tenté 
de croire qu'elles proviennent de ce que les monnaies dont il s'agit ont été frappées à diverses 
époques et dans plusieurs villes de la Sicile, et que les différences sont dues surtout à la cir- 
constance que ces monnaies sont postérieures aux tétradrachmes décrits dans la section A. Ce 
que nous y avons à redire c'est qu'il est certainement plus vraisemblable qu'un style d'art parti- 
culier s'est développé à Carthage, surtout après la séparation de la Sicile, qu'il ne l'est que tel a 
été 1* cas dans les villes siciliennes pendant qu'elles étaient soumises à Carthage, c'est à dire 
avant le milieu du IIl me siècle, époque où l'art grec dans sa pureté était encore tout florissant en 



î) Voy. Ugdulena Mon. punico-sicule, tav. Il, 6. 

2) C'est par l'examen de la tranche qu'on parvient, comme 
on le sait, à apprendre quelle a été la forme du mor- 
ceau de métal qui a servi à la fabrication du flan de 
la monnaie. Les monnaies à tranche arrondie sont 
frappées sur une boule, celles à tranche oblique sur 
une demi -boule ou sur un disque à tranche oblique. 
Des deux côtés opposés ou d'un seul côté de la tranche 
de la monnaie on aperçoit souvent un bouton saillant 
ou une raie élevée, provenant du jet du flan dans le 
moule, savoir le premier du canal par où a passé le 



métal fondu, la dernière de la composition du moule 
formé de deux parties. Souvent aussi ces restes du 
jet ont-ils été enlevés avant la frappe. 

8) Ce mode de fabrication a probablement été inventé à 
Carthage, voyez plus bas sous le § 10. 

4) A ce système appartiennent toutes les monnaies phéni- 
ciennes, frappées par les villes autonomes de la Sicile, 
et la plupart des monnaies des villes grecques; les 
tables XVIII et XIX de l'ouvrage de M.Vasquez Queipo sur 
les systèmes métriques et monétaires nous en offrent la 
preuve. 



CARTHAGE. 107 

Sicile. 1 ) Pour les monnaies de bronze qui sont d'un travail grossier ou mesquin, il est impos- 
sible d'admettre qu'elles ont été frappées en Sicile antérieurement au milieu du lll me siècle. En 
considérant combien la quantité est grande qui nous est parvenue de monnaies carthaginoises, 
combien il en existe de différentes espèces frappées d'après différents systèmes et d'un titre dif- 
férent, combien on trouve de variétés à l'égard des types, des symboles accessoires et des lettres, 
et quelles sont enfin les diversités que nous présentent le style d'art et le travail, on ne trouvera 
pas probable que la totalité de ces monnaies ait été émise dans la Sicile en moins d'un siècle. 9 ) 

Nous avons démontré plus haut (p. 72), en renvoyant aux exemples des autres grandes 
villes de commerce ainsi qu'aux événements historiques, que le gouvernement de Carthage a dû 
frapper monnaie au moins à l'époque qui succédait à la perle de la Sicile ; nous avons ensuite fait 
remarquer (p. 72) qu'on a souvent trouvé dans le sol du territoire de Carthage des monnaies ap- 
partenant au nombre de celles dont il s'agit; il parait par conséquent hors de doute que cette 
section renferme les monnaies émises dans la métropole africaine. La totalité de ces monnaies, 
il est vrai, n'y appartient pas. Nous ferons voir dans le § suivant que les monnaies carthaginoises 
ont aussi été émises en d'autres pays; ces monnaies font sans nul doute partie des précédentes, et 
il se peut même qu'il y ait dans leur nombre des pièces fabriquées dans la Sicile. Toutefois, 
comme on ne saurait séparer avec certitude les dites monnaies de celles sorties de l'atelier de 
Carthage, on est contraint de les réunir toutes ensemble, et c'est sous Carthage, où en a été 
frappée la grande majorité, qu'il faut les classer. 

§ 2. Les lieux d'émission. 

On ne doit pas restreindre l'émission des monnaies carthaginoises uniquement à la Sicile 
et à la capitale. Carthage avait fondé un grand nombre de colonies sur les côtes de l'Afrique et 
de l'Espagne, en Malte et en Sardaigne; ces colonies avaient sans doute les mêmes institutions et 
les mêmes lois que la métropole et étaient en partie administrées par le gouvernement central; il 
est donc très vraisemblable que dans quelques-unes d'entre elles il y a eu des ateliers monétaires 
où Ton a frappé les petites monnaies pour la circulation locale; comme les colonies n'étaient pas 
autonomes, ces monnaies ont dû porter les types carthaginois. Carthage neuve, fondée par Hasdru- 
bal, était le chef- lieu du pouvoir de Carthage en Espagne, et les environs en renfermaient les 
riches mines d'argent qu'exploitaient les Carthaginois; il est de toute probabilité que le gouverne- 
ment, du produit des mines, a fait frapper dans cette ville même les monnaies réclamées par les 
dépenses de la république en Espagne; en transportant le métal à Carthage pour l'y faire mon- 
nayer, on l'aurait exposé aux chances d'un double trajet. Annibal tirait chaque jour de la mine 
qu'il y possédait, 300 livres d'argent 3 ), provenu qu'il employait à l'armement de l'armée et à la 
paye des troupes pendant la guerre avec Home; on ne saurait douter qu'il n'ait fait frapper de 
monnaies de cet argent. L'examen des monnaies elles-mêmes vient à l'appui de ce que nous 
tâchons de démontrer. Celles de bronze offrent une multiplicité de caractères et de types acces- 

i) Leake parait admettre que dans les villes phéniciennes 2) Conférez plus haut p. 83 et plus bas le § 10. 
de la Sicile, il s'est formé peu à peu un style d'art dif- a) Pline H.N. XXXIII, 31. 
férent du grec. Num. Hellenlca 1ns. Gr. p. 66. 



108 



LA ZEUGITÀNE. 



soires, et varient beaucoup à l'égard du style et du travail; il parait assez probable que ces diver- 
sités ne dérivent pas entièrement des différentes époques d'où datent les monnaies, mais que les 
différents lieux d'émission y ont aussi eu leur part. Le travail rude et presque barbare que pré- 
sentent un grand nombre de bronzes, nous défend d'en rapporter la fabrication à la capitale ainsi 
qu'aux villes de la Sicile. Remarquons enfin que les monnaies carthaginoises, notamment celles 
de bronze, ont été déterrées, quelquefois en grande quantité, en Sardaigne, dans l'Espagne, en 
Malte, ainsi qu'en différents endroits de la côte africaine hors de Carthage. Or, les données 
historiques, les monnaies elles-mêmes et les trouvailles nous conduisent à supposer, qu'on a 
frappé des monnaies carthaginoises en plusieurs autres lieux que dans la Sicile et à Carthage. 
Mais quand il s'agit de répartir les monnaies aux différents pays ou villes, on rencontre des diffi- 
cultés insurmontables; à l'égard du plus grand nombre on est dépourvu des moyens nécessaires 
pour déterminer le lieu de l'émission. C'est surtout par les fouilles qu'on pourrait y parvenir; 
mais il n'existe pas de description de dépôts déterrés de monnaies carthaginoises, à l'exception de 
ceux de la Sardaigne, et l'on ne connaît non plus de quel genre sont les monnaies qu'on trouve 
constamment dans le sol des différents pays. Nous allons cependant indiquer, autant qu'il sera 
possible, quelles monnaies il faut attribuer avec le plus de probabilité aux différents pays et lies 
dépendant de Carthage. 

La Sardaigne. M. Spano, archéologue sarde, a publié des renseignements intéressants 
sur les monnaies carthaginoises découvertes en Sardaigne. Ce qui est surtout d'importance pour 
la question dont il s'agit, c'est la description détaillée et accompagnée de gravures, que ce savant 
a donnée d'un dépôt déterré en 1855 près de Scano, dans le voisinage de l'ancien Cornus, ville 
carthaginoise. 1 ) Cette trouvaille se composait de 500 pièces de bronze dont la plupart étaient 
parfaitement conservées et, à ce qu'il paraît, sorties directement de la fabrique monétaire. Un 
nombre de ces monnaies avaient pour types une tête de Cérès et trois épis, espèce de monnaie 
souvent exhumée en Sardaigne et appartenant sans doute à cette île 2 ); d'autres portaient les types 
carthaginois, la tête de Cérès et le cheval ou la tête de cheval, avec différents symboles ou carac- 
tères. M. Spano est d'avis que toutes ces monnaies ont été frappées en SarMaigde , et que c'est 
à Cornus que l'atelier monétaire de Carthage a été établi. Les monnaies aux types carthaginois 
de cette trouvaille sont les mêmes qui ont été décrites plus haut sous les u 09 189, 190, 192, 195, 
198, 199, 229, 285, 292, 295 et 300-302. ») En vérité, il est très probable, à en juger par la quan- 
tité et l'état de conservation des pièces que contenait la trouvaille de Scano, que le lieu de l'émis- 
sion de ces monnaies a été la Sardaigne; le travail grossier et imparfait des monnaies se retrouve 
dans beauconp d'autres antiquités découvertes dans cette île, et concorde avec le bas degré de civi- 
lisation où elle se trouvait à cette époque. Parmi les bronzes décrits dans notre catalogue, il y 



1* Bullctino Sardo IV (1858) p. 65 suiv. tav. I, et p.100 suiv.; 
les pièces provenant de la trouvaille de Scano sont 
figurées sur la table sous les n°* 17-35 et 39. Selon le 
rapport de M. Spano dans le Bulletino de la même an- 
née p. 31 , on a découvert plus tard, en 1858, ù Aritzo 
un dépôt enfoui de 400 pièces de bronze à la même 
empreinte. 

a) Ces monnaies, qu'on a classées à tort sous Panorme, seront 
mentionnées a la fin de cette section après les n**9-14. 



3) U est à regretter que dans la table du Bulletino les 
dessins sont exécutés d'une manière si négligée et mal- 
adroite que Ton n*en saurait juger le style des monnaies, 
et que de toutes les têtes, qui sont les plus propres à 
guider le jugement, il n'y a qu'une seule qui soit re- 
produite; nous ne doutons cependant pas que les mon- 
naies figurées dans la table ne soient les mêmes que 
nous avons décrites dans le catalogue d'après les exem- 
plaires de différentes collections: 



CARTHAGE. 



109 



a encore un certain nombre aux mêmes types et du même travail, qui ne diffère de ceux de la 
trouvaille de Scano que par des lettres et des marques; il est à supposer que ces pièces provien- 
nent également de Sardaigne; ce sont les n°" 191,193-194, 196-197, 280-284, 286-289 et 296-299. 
Il se peut enfin que les pièces d'un travail inférieur, décrites sous n os 275-279 et 303-308, appar- 
tiennent encore h cette lie, parce que, selon Spano, de pareilles pièces y ont été trouvées. 1 ) 

L'Espagne. A ce que nous sachions, rien n'a été publié sur les monnaies carthaginoises 
déterrées en Espagne. Le seul moyen d'apprendre quel est le genre des monnaies que Ton trouve 
dans ce pays, c'est celui que nous offrent les deux catalogues rédigés par M. Gaillard , l'un de la 
collection de feu M.Garcia de la Torre, l'autre de sa propre collection, composées toutes les deux 
de monnaies acquises et en grande partie découvertes en Espagne. Les monnaies carthagi- 
noises que Ton trouve décrites dans ces catalogues 2 ), correspondent aux n°* suivants de notre 
description: 79, 130, 147-149, 154, 167, 173, 186, 189, 230, 238, 248, 249, 258, 261, 266, 281, 286 
et 317. Mais il est très douteux que ces monnaies ou même que quelques-unes d'entre elles aient 
été émises en Espagne. Les dits catalogues contiennent une quantité de monnaies grecques et 
d'autres monnaies frappées hors de l'Espagne; il n'y a qu'une seule des monnaies carthaginoises, 
qui ait été annotée comme trouvée dans ce pays 3 ); mais quand même elles y auraient été déter- 
rées, on n'en pourrait déduire leur émission en Espagne, car on voit que parmi les bronzes phé- 
niciens qui, selon l'indication y ajoutée, ont été exhumés en différents lieux de ce pays, il y a un 
assez grand nombre qui sans aucun doute appartient à l'Afrique. 4 ) Quant h la question, les- 
quelles des monnaies carthaginoises en argent ont été frappées à Cartilage neuve (cf. p. 107), tout 
ce qu'on en pourra dire, c'est qu'il faut chercher ces monnaies parmi celles qui, d'après le style 
et le titre, paraissent dater de la H mo époque, à laquelle appartient la domination de Carthage en 
Espagne (conférez plus bas § 10). 

Quant à l'Ile de Malle et à la côte africaine, nous ne connaissons aucune publication 
d'où Ton pourrait conclure quelles sont les monnaies frappées dans les colonies carthaginoises y 
fondées. Ce qui parait le plus naturel, c'est d'y rapporter les monnaies en bronze d'un travail 
inférieur qui diffèrent de celles trouvées en Sardaigne. Il y a quelque raison pour supposer que 
la tête de Cérès, désignée par E, appartient h la dernière époque du monnayage à Carthage (cf. 
§§3 et 10); s'il en est ainsi, il ne faut pas attribuer à Malte les bronzes qui portent une tête 
copiée sur celle-ci, parce que cette lie fut enlevée aux Carthaginois pendant la 2 mc guerre 
punique. 5 ) 



i) Bulletino Sardo l.c, tavola, n" 14 et 15. Il faut cepen- 
dant faire observer que parmi les monnaies carthagi- 
noises qui d'après l'indication de Spano ont été décou- 
vertes en Sardaigne, il y en a qui n'appartiennent pas 
à cette lie. 11 en est ainsi des pièces d'or et d'argent 
figurées sous les n<" 1 et 3 de la table du Bulletino. 
A en juger d'après le mauvais travail que nous pré- 
sente le n° 1 , on pourrait bien être porté à croire que 
ce n° appartient û la Sardaigne; mais le dessin en doit 
être inexact; l'auteur lui-même vante le travail parfait 
des monnaies de ce coin et suppose qu'elles proviennent 
de la Sicile (p.G7-G8). Cf. le n°7i de notre description. 

2) Cat. de la coll. de la Torre n° 1482 suiv., de la coll. de 



Gaillard n° 664 suiv. 11 est a remarquer qu'on trouve 
dans ces catalogues sous le titre de Carthage beaucoup 
de pièces qui n'y appartiennent pas. 

3) N° 680 du cat. de Gailliird, analogue a notre n° 213. 
C'est a Cadix que cette pièce a été trouvée, bien loin 
des possessions des Carthaginois. 

4) 11 en est ainsi des monnaies n°* 221, 223, 224, 227-231 
et 687 du catalogue de la coll. de Gaillard ; par les noms 
phéniciens qui y sont inscrits, on voit qu'elles ont été 
frappées dans différentes villes africaines. 

b) A moins qu'on ne suppose qu'on ail continué a frapper 
des monnaies aux types carthaginois en Malte après l'oc- 
cupation de cette île par les Romains. 



HO LA ZEUGÏTANE. 

Si dans cette section il y a des monnaies frappées dans la Sicile, ce sont celles qui 
par le style et le travail artistique se rapprochent le plus des monnaies siciliennes, notamment 
celles qui portent les têtes A et B. Mais il se peut bien que ces monnaies aient été émises à 
Carthage; la ressemblance qu'elles présentent avec les monnaies de la Sicile, s'explique tout natu- 
rellement par la circonstance que dans le commencement on a dû se servir de graveurs siciliens à 
Carthage; aussi le revers d'une pièce à la tête B, le n°234, nous présente-t-il le cheval regar- 
dant en arrière, représentation qui renvoie à l'Afrique (cf. p. 105). 

A l'atelier de Carthage il faut rapporter les monnaies en or, en électrum et en argent, 
si l'on en excepte un certain nombre de pièces en argent frappées apparemment à Carthage neuve, 
et qu'on ne soit pas inclin à en attribuer quelques-unes à la Sicile. Aussi les monnaies en potin 
ont-elles probablement été frappées à Carthage pendant l'époque de la décadence de l'état; bien 
que le travail de ces pièces soit quelquefois négligé et médiocre, il l'emporte cependant de beau- 
coup sur celui que présentent les bronzes provenant des trouvailles faites en Sardaigne. Nous 
n'avons nulle part rencontré de notice sur le genre des monnaies en bronze qu'on déterre dans 
le territoire de Carthage 1 ); mais on ne saurait douter que ce ne soit de l'atelier de la métropole 
que sont sorties la plupart des pièces qui se rapprochent des monnaies d'or et d'argent, c'est à 
savoir celles qui portent les têtes E, G&H, et peut-être A de B, et qui sont d'un travail supérieur. 



§ 3. Les types principaux et le style. 



Les têtes couronnées d'épis. Plusieurs savants ont supposé que ces têtes repré- 
sentent Astarte, déesse principale de Carthage; tel est l'avis de Mûnter 9 ), et dernièrement de 
MM. Movers a ), Ugdulena 4 ) et Davis 5 ). Cette supposition n'est guère admisible. Mûnter croyait 
apercevoir une corne derrière l'oreille de quelques-unes de ces têtes; M. Ugdulena relève que les 
monnaies présentent plusieurs fois les symboles d'Astarte; mais la prétendue corne n'est autre 
chose que la feuille de l'épi, que nous présente assez distinctement la majorité des monnaies, 
et l'on y rencontre beaucoup d'autres symboles qui n'ont nul rapport avec Astarte. La déesse 
vénérée à Carthage sous le nom d'Astarte, se trouve assimilée, dans les anciens auteurs, tantôt, 
comme la vierge pure, avec Luna, Diane ou Minerve, tantôt, dans sa qualité de reine du ciel, avec 
Junon, mais jamais on ne la trouve nommée Cérès ni' rapprochée de cette déesse. La tête 
d'Astarte est représentée d'une toute autre manière sur les monnaies puniques; on voit celte déesse 
tantôt, à l'inslar de Junon, ornée d'un diadème ou couverte d'un voile 6 ), tantôt, comme déité de 
la lune , ayant la tête surmontée du croissant renfermant le disque 7 ). Dans le culte des Phéni- 
ciens il n'y avait pas de déesse présidant à la culture des blés; c'était un dieu qui en fut réputé 
protecteur; un tel se trouve figuré sur les monnaies de Hadrumète 8 ). Mais les déesses siciliennes, 
Cérès et Proserpine, comme nous l'apprend un ancien auteur, étaient en grande vénération à Car- 



i) Conférez plus haut p. 72 note 3. 4) Monete punico-sicule p. 45. 

2) Religion d. Karthager p. 68 et p. 107 n« 10. Lindberg De 5) Carthage and her reniai ns p. 213 note et p. 263. 
inscr. melit. p. 42 note 95 et p. 64 note 157: caput Astarte* 6) Voyez plus haut p. 40-42, 51, 56 et 58-59. 

cornutum. Cf. Creuzev Symbolik Neue Ausg. II p. 505: 7) Sur une monnaie de la Numidie, dont nous traiterons 

Astarte -Demcter, punische Ceres. dans Je volume 111. 

3) PhÔnizier 1 p. 378. 8} Voyez plus haut p. 52 n* 29 et p. 57. 

• 



CARTHAGE. | | | 

thage. Selon le récit de Diodore 1 ), lorsque les Carthaginois, en 396, pendant la guerre avec 
Denys Faîne, mirent le siège devant Syracuse, ils pénétrèrent, sous la conduite d'Imilcon, dans le 
faubourg Achradine et profanèrent les temples somptueux qui y étaient élevés en l'honneur de 
Cérès et de Proserpine; dans la suite, l'armée des Carthaginois ayant été affligée de la peste et 
d'autres désastres, ils y virent le juste châtiment de l'impiété dont leur chef s'était rendu coupable, 
et tâchèrent de réconcilier les déesses offensées; on leur érigea pour ce but des statues à Car- 
thage, institua en leur honneur des sacrifices solennels suivant les rits grecs, et leur consacra un 
collège de prêtres choisis parmi les citoyens les plus notables. 2 ) Les Carthaginois, ayant appris le 
monnayage dans la Sicile, fabriquaient leurs monnaies d'après le modèle des monnaies de cette lie; 
les images de Cérès et de Proserpine se trouvaient sur les monnaies siciliennes; ces déesses étaient 
considérées comme déités' tutélaires de File soumise en grande partie à Carthage, et leur culte avait été 
introduit dans la capitale même; il ne faut donc pas s'étonner que leurs têtes fussent choisies pour 
types. Les monnaies à ces types ayant une fois obtenu un cours général, il y avait dans cette même 
circonstance un motif pour ne pas les abandonner après la perte de la Sicile. On a communément 
regardé les têtes variées comme représentant toutes une même déesse, savoir Cérès; mais il faut sans 
doute en rapporter un bon nombre à Proserpine, dont la tête sur les monnaies siciliennes est 
ornée également d'épis. *) Lorsqu'on examine les têtes sur les monnaies qui sont du travail le 
plus soigné et semblent appartenir à la première époque 4 ), surtout sur celles en or et en argent, 
dont les coins ont sans doute été exécutés à Carthage et en partie peut-être par des graveurs 
siciliens, on s'apercevra que les unes offrent un caractère sérieux et plus matronal, les formes plus 
arrondies et les cheveux retroussés ou bouclés par derrière, les autres au contraire un caractère plus 
gai et virginal, les formes plus délicates et les cheveux de derrière entortillés en noeud avec les 
bouts retombant souvent sur le cou. Sur les monnaies de la Sicile la tête de Cérès a les che- 
veux de derrière retroussés, comme on le voit sur les tétradrachmes décrits ci-dessus (n 01 t,22, et 
30-32) et sur quelques pièces de Syracuse 5 ), tandis que la tête qui par l'addition de K0PA2 sur 
les monnaies de Syracuse, frappées sous Âgalhocle, est désignée comme celle de Proserpine, a les 
cheveux de derrière longs et flottants. Il parait donc probable que les têtes nommées les pre- 
mières représentent Cérès, et les dernières, Proserpine. Les têtes de Cérès que l'on trouve sur 
les monnaies de la I re époque, n'offrent cependant pas les mêmes traits; il y a deux différentes 
têtes sur les monnaies de la Sicile qui semblent avoir servi de modèles aux graveurs des coins à 
Carthage; l'une est la tête de déesse à la physionomie noble et belle, le plus souvent couronnée 
de roseaux ou entourée de dauphins, qu'on voit figurée sur les tétradrachmes frappés par Carthage 
et par plusieurs villes siciliennes; l'autre est la tête de Cérès aux traits peu idéaux, couverte par- 
fois d'un voile, qu'on voit sur les didrachmes au nom des Siciliens 6 ), sur certaines monnaies de 



i) Diodore XIV, 63 et 77. Cf. Mûnter Bel. d. Carth. p. 108 et les monnaies de Cyzique. 

De Saulcy dans Acad. des inscr. T. XV P. II p. 53-M. 4) A en juger par l'exécution même, ainsi que par le style 

2) M. Davis (Carthage p. 194-195), révoquant en doute l'ex- et le titre; voyez plus bas dans ce § et le § 10. 

actitude du rapport de Diodore, suppose que ces deux &) Sur des bronzes au revers de Pégase, du temps de Hié- 

déesses n'ont pas eu de temple à Carthage; mais nous ron II; la tête de déesse ayant les cheveux de derrière 

ne saurions attribuer aucun poids aux motifs par les- tombant sur le cou, qu'on voit figurée sur les statères 

quels ce savant est parvenu à une telle conclusion. . d'or du même roi, doit être regardée comme celle de Pro- 

a) Sur les monnaies d'AgathocIc le nom KOPA est ajouté serpine. 

à la tête couronnée d'épis. On peut encore conférer 6) Mionnet I p.207n°l. 



112 



LA ZEUGITAKE. 



Syracuse 1 ) et sur les monnaies d'Enna. Dans le cours du temps les types primitifs de Cérès et 
de Proserpine, par l'arbitraire, la négligence ou l'inhabileté des graveurs, subirent des variations et 
Turent altérés; on donnait à la physionomie de Cérès un caractère particulier qui peut élre regardé 
comme proprement carthaginois, et les traits de Proserpine devenaient plus forts et plus replets; 
toutefois, si l'on excepte un petit nombre de pièces d'un travail négligé ou grossier, on pourra 
bien en reconnaître les modèles originaux et distinguer la tôle de Cérès d'avec celle de Proserpine. 
Nous allons donner un aperçu des différentes tûtes de ces déesses sur les monnaies de cette sec- 
tion, rangées dans certaines classes aux lettres, par lesquelles elles ont été désignées plus haut 
dans te catalogue et auxquelles nous renverrons souvent dans les articles suivants. Le rapproche- 
ment de ces lûtes doit non -seulement servir à rendre plus claire la différence entre les têtes de 
Cérès et celles de Proserpine, mais aussi à faciliter la détermination des' lieux et des époques de 
i'émisssion des monnaies. Ce sont le caractère de la physionomie, la frisure et le travail qui 
offrent les critéria essentiels des différentes classes. s ) 
Têtes de Cérès. 



A. 



M. 

A. Celte lêle nous offre des Iruits réguliers où la beauté s'unit à la noblesse, et se rap- 
proche de l'idéal grec que l'on rencontre sur les monnaies siciliennes du quatrième siècle. La 
chevelure est retroussée par derrière et plus ou moins bouclée. Le cou est paré d'un collier, 
large sur quelques lûtes, mince sur d'autres; à l'oreille on voit suspendue une ou trois breloques. 
Les épis sont pourvus d'une grande feuille. Le relief s'en détache assez du fond. On rencontre cette 
télé sur les monnaies d'or et d'argent pures, ainsi que sur les bronzes. B. Les traits de cette 
tête diffèrent assez de ceux de la précédente par leur qualité moins idéale; ils rappellent une tête de 
Cérès qui parait sur certaines monnaies de la Sicile ■). Les cheveux, retroussés par derrière, n'en 
sont pas bouclés. Le cou est sans parure ou ceint d'un mince bandeau; l'oreille porte une ou 
trois pendeloques; les épis sont dépourvus de feuilles. Le relief en esl fuit d'une manière assez 
plaie. On ne trouve celte lêle que sur les monnaies d'argent pur et de bronze. C. Cette tête 
se distingue moins par la beauté el la noblesse que la première, et elle nous offre moins de carac- 




i Sur tes lironies elles dans la note 3. Elle ressemble aussi 
a la léte voilée sur les monnaies d'argent portant le nom 
de In reine Philistis, lêle qui par Raoul Rochelle n clé 
considérée comme celte deCérts, Mém. de numism. p. 63 



. superflu de faire remarquer qu 
reproduire par des seuls contoui 






pas toujours réussi a attraper ■ 



ne suffit pas pour suppléer il celle imperfection. Il ; 
n dans tes plivslonnmiea une expression particulière 
qu'on ne pourra rendre ni par un dessin ni par des 
mois; pour la bien saisir, il faut avoir recours il I aspect 
même de la monnaie ou d'une empreinte. Nous espé' 
rons cependant que Us gravures y suffiront pour tous 
ceux qui possèdent la connaissance des monnaies. Les 
pièces en or et cri arpent étant en général d'un travail 
supérieur, c'est surtout il elles qu'il faut s'en tenir pour 
déterminer le caractère de la tète. 



la ressemblance. La description que nous ajoutons, 31 Voyez la page précédente n 



ÏS-i-i. 



CARTHACE. H3 

1ère que la deuxième. Lee cheveux, retroussés par derrière, Bout fortement bouclés. Cn bandeau 
mince entoure le cou; à l'oreille est suspendue une seule breloque; les épis ont leur feuille. Le 
relief en est plat. Ce n'est que sur les monnaies d'or et d'argent purs qu'on distingue bien 
cette tête; tes pièces dentelées la portent toutes. 



d. /ï&Bèz\ E - 




D. Cette tête se rapproche de la première par la beauté du visage; elle y est inférieure 
par la noblesse, mais la surpasse par la douceur; elle en diffère encore par un caractère individuel, 
qu'on ne découvre pas dans les tètes des monnaies siciliennes. Les deux pièces figurées présen- 
tent deux nuances qui sont souvent assez prononcées. Cette léle forme, par la physionomie, la 
transition de A à E; le caractère individuel en dérive de l'une ou de l'autre des particularités qui 
dans la tète suivante sont plus saillantes. Les cheveux en sont retroussés par derrière et plus 
ou moins bouclés. Le cou est le plus souvent orné d'un collier richement garni; les boucles 
d'oreille ont d'ordinaire trois, parfois une seule pendeloque; la feuille des épis est grande et s'élève 
au-dessus de la tête. 1 ) Le relief est tantôt assez saillant, tantôt assez plat. On ne trouve cette 
léte distinctement reproduite que sur les monnaies d'or, d'électrum et d'argent pur. E. La phy- 
sionomie que nous présente cette télé, est particulière; l'éminence arquée au-dessus de l'oeil est 
saillante, et l'oeil même est mince ou à demi fermé, ce qui donne quelquefois au visage une ex- 
pression sombre; ia lèvre supérieure est très rapprochée du nez, la joue épaisse et le menton 
proéminent. Comme on ne rencontre aucune tête d'un tel caractère dans les produits de l'art 
grec, elle doit être regardée comme proprement carthaginoise. Elle porte les cheveux retroussés 
et très bouclés, et elle est habituellement parée d'un large collier et de boucles d'oreille à trois 
pendeloques. La feuille des épis ne s'élève pas ou très peu au-dessus de la tête. Le relief 
est plus ou moins saillant. Celte tête se rencontre sur les monnaies d'électrum, de potin et de 
bronze, mais non sur celles d'or ou d'argent purs. 




F. Cette rubrique comprend les têtes de Cérès, qui sont d'un travail négligé, grossier ou 
mal exécuté. Tanlot c'est une caricalure du type carthaginois (E) qui se présente, de sorle que 
l'oeil est presque clos, ou que la partie inférieure du visage offre une largeur disproportionnée; 
tantôt les particularités de plusieurs têtes sont confondues; lantôl le caractère en est tellement 

i) C'est celte Feuille qu'on n prise A tort pour une corne, voyei p. 110 nolel. 



114 



LA ZEUOITANE. 



indécis qu'on ne saurai! déterminer quelle tête a servi de modèle. Le cou est souvent très long. 
Ce sont les monnaies de bronze seules qui nous offrent ces télés. Les six figures qui précèdent, 
ne serviront que d'exemples des têtes de cette classe; il y a encore une foule d'autres bien diffé- 
rentes de celles-ci, qu'il faut attribuer à la même catégorie; quelquefois on ne saurait décider si 
une tète appartient à cette rubrique on à la dernière, I. 
Têtes de l'roserpine. 

II. 





G. Celte téle diffère de celles de Cérès soit par le visage, soit par la frisure; les traits 
en sont plus jeunes et plus délicats, et le nez ordinairement plus pointu; les cheveux ne sont pas 
bouclés par derrière, tuais entortillés. Le cou est en général sans collier ou ne porte qu'un 
mince bandeau; la boucle d'oreille est une seule pendeloque. Les épis ont une petite feuille très 
recourbée ou deux grandes feuilles. Le relief est assez plat. Cette téle reparaît sur les monnaies 
de tous les métaux. H. Les têtes que nous avons rangées sous celte rubrique, représentent la 
même déesse, mais aux traits variés ou aux formes assez replètes; les cheveux sonl également 
entortillés par derrière, mais de longues mèches en descendent sur le cou. Quelquefois elles 
portent un collier mince; les boucles d'oreille consistent en une ou en trois pendeloques, ou en un 
seul anneau. Les épis ont une ou deux feuilles, ou en sont dépourvus. On rencontre ces têtes 
sur les monnaies d'argent et de bronze. 




I. Ces télés nous font voir une dégradation successive de celles des deux classes précédentes. 
Les Iraits du visage sont indécis ou altérés; la chevelure offre souvent par derrière une masse 
confuse ou compacte; le travail est négligé ou mal exécuté, quelquefois même d'un genre barbare. 
Il y a encore d'autres variétés de ces télés qui se confondent parfois avec celles de la classe F. 
On les trouve exclusivement sur les monnaies en bronze. 

Les têtes de Cérès A el II el la téle de Proserpine G sonl sans doute les premières en 
date; c'est ce qu'on peut déduire du soin avec lequel elles sont exécutées, du beau style que nous 
présentent les têtes A el G, de la ressemblance qu'offre la tête B avec certaines têtes sur les mon- 
naies de la Sicile, enfin de la circonstance qu'on tes rencontre sur les monnaies d'or el d'argent purs 
(cf. §§ 8& 10). Les télés C, D et H succèdent aux précédentes. La tête de Cérès E date d'un 
temps postérieur et a probablement élé le type usité pendant la dernière époque, comme on est 
induit à le croire en apercevant combien, par son caractère particulier, elle s'éloigne des têtes de 
l'art sicilien, el de plus en remarquant qu'elle est souvent d'un travail inférieur, qu'elle ne figure 



CABTHAGE. 1 J 5 

pas sur les monnaies d'or ou d'argent purs, mais sur la plupart de celles en potin, et enfin, 
qu'on ne la trouve pas imitée sur les monnaies frappées en Sardaigne qui appartiennent sans doute 
à la I re époque, la seule durant laquelle celte Ile était soumise à Carthage (cf. §2 et §10). Les 
têtes très-variées, comprises sous F et I, appartiennent à des époques bien différentes; il faut ainsi, 
suivant ce que nous venons de faire remarquer, rapporter à la première époque celles qui figurent 
sur les monnaies provenant des fouilles faites dans la Sardaigne (voyez p. 108), à la dernière époque 
celles imitées sur la tête de Cérès E. L'exécution de la plupart de ces têtes est plus rude et 
plus barbare que négligée et accuse plutôt un degré inférieur de la culture que -la décadence de 
fart monétaire; du travail imparfait on ne saurait donc conclure à une époque postérieure. Quant 
aux lieux monétaires, les têtes A et B se trouvent sur des monnaies qui ont été fabriquées soit 
en Sicile, soit, comme nous le trouvons plus probable, à Carthage à l'aide de graveurs siciliens, 
let têtes C-E etG-H, sur des monnaies qui pour la plupart ont sans doute été frappées à Carthage, 
let têtes F et I enfin, sur des monnaies émises dans différentes colonies hors de la Sicile (cf. §2). 
Pour ce qui est du rapport de ces têtes avec les différentes espèces de monnaies, on voit que 
celle de Cérès comme déesse principale a été placée sur la plupart des monnaies d'or et d'argent, 
et exclusivement sur les plus grandes espèces faites de ces métaux; la tête de Proserpine ne se 
rencontre que sur des monnaies d'or et d'argent appartenant aux espèces inférieures, mais elle 
figure sur les bronzes les plus grands, et elle est la plus usitée sur les monnaies en bronze qui 
semblent avoir été frappées à Carthage. On rencontre assez souvent des têtes qui forment la 
transition d'une classe à une autre; nous avons désigné ces têtes par les lettres des deux classes, 
unies par un tiret; c'est ainsi que p. ex. E-F indique que telle tête nous présente bien le type E, 
mais que par l'exécution inférieure elle se rapproche des têtes dégénérées qui sont comprises sous 
la classe F. 

Le cheval. 11 est assez probable que chez les Libyphéniciens, ainsi que chez les Grecs, 
cet animal a été consacré au dieu de la mer 1 ); ce dieu était vénéré par les Carthaginois 2 ); c'est 
pourquoi plusieurs savants *) ont été d'avis que c'est en symbole de Neptune que le cheval a été 
placé sur les monnaies de Carthage. Il faut cependant plutôt croire que le cheval est l'emblème 
de la Libye. 4 ) Le nord de l'Afrique, dans l'antiquité ainsi que de nos jours, avait abondance de 
chevaux, et les Libyens excellaient par leur habileté à les élever et h les dresser 5 ); c'est ce que 
Hérodote nous raconte spécialement des Zavèkes 6 ), qui habitaient le pays où Carthage était située. 
Le cheval est encore un type commun aux monnaies des rois de la Numidie et des villes dans 
l'intérieur de ce pays; mais sur celles-ci on ne saurait le regarder comme le symbole du dieu de 
la mer. Il ne parait pas probable que la tradition d'un événement qui aurait dû être arrivé lors 
de la fondation de Carthage, ait eu quelque part au choix de ce type, comme plusieurs savants 
l'ont supposé (voyez p. 117); il y aurait plus de raisons pour admettre que la présence du cheval 

1) On disait que Neptune avait enseigné aux Barcéens, cheval a été voué à Baal comme dieu du soleil (Wicn. 
peuple d'origine libyenne dans la Cyrénaique, l'art d'é- Acad. d. Wissensch. 1860, XXXV, 1, p.39), opinion à la- 
lever le cheval, voyez volume I« p.87note2. quelle nous ne saurions adhérer. 

2) Voyez plus haut p. 56 note 4. 4) C'est ainsi que Movers a compris ce type, Phônizier II, 

3) Mûnter Bel. d. Carth. p. 101-102. Cousinéry Monn. de 1, p. 4. 

la ligue achéenne p. 185. Récemment M. Aloys Mûller a s) Voyez le volume I" p. 36 note 5 et p. 87 note 2. 

émis l'opinion que l'emploi du cheval sur les monnaies 6) Hérodote IV, 93. 

carthaginoises est à dériver de la circonstance que le 

15' 



116 



LA ZEUGITANE. 



sur les monnaies siciliennes 1 ), prises pour modèles par les Carthaginois lorsqu'ils commencèrent à 
battre monnaie, a contribué à l'adoption de ce type monétaire. Sur les monnaies frappées en 
Afrique, les chevaux ne sont en générât pas si bien formés que ceux représentés sur les monnaies 
siciliennes. Le plus souvent, même sur les monnaies d'un beau style et d'une exécution soignée, 
ils sont maigres, musculeux, au cou épais ou aux jambes courtes 2 ); selon Strabon et Àppien les 
chevaux puniques étaient petits et vifs. 8 ) On remarque souvent un licou autour de l'encolure du 
cheval. 4 ) Slrabon rapporte que les chevaux des Libyens portaient un collier (nsQnQaxihov) de 
poil ou de coton, auquel pendait le frein, et qu'ils étaient si dociles qu'il suffit, pour les gouverner, 
d'une baguette 5 ); la cavalerie numide, comme nous l'apprennent Polybe et Virgile, ne se servait 
pas de mors. 6 ) Encore de nos jours dans le nord de l'Afrique le licou consiste en un cordon, 
habituellement en poil de chèvre avec un noeud coulant, formant une espèce de collier par lequel 
on mène le cheval. 7 ) 

Le cheval est représenté dans cinq ou six différentes positions: debout tout simplement; de- 
bout, regardant en arrière; dans la même pose, levant l'une jambe de devant; marchant ou trottant; 
galopant. En voici les figures, que nous avons marquées de lettres aidant à les citer plus facilement. 






M. 



El. 






AT. 



AT. 



iH. JE. 

Chacune de ces cinq positions se trouve sur les monnaies de tous les trois métaux, ex- 
cepté C, qu'on ne rencontre pas sur les pièces d'or. 11 se présente ici la question quel est le 
rapport de ces variations du type avec les époques, les lieux d'émission et les divisions monétaires. 
Quant au temps, on ne saurait admettre que ces variétés aient succédé l'une à l'autre, de sorte 
qu'un cheval dans telle position ait été le type usité à telle époque; voilà ce qu'on peut déduire 
de ce que les monnaies appartenant, à en juger par le style et le titre, à des époques différentes, 
portent le même cheval 8 ), et que les monnaies qui, selon tous les critères, ont été frappées simul- 



i) Sur les monnaies des villes autonomes de la Sicile, la 
représentation du cheval sans frein est peut-être un 
symbole de la liberté. 

2) On trouve quelquefois des chevaux aux jambes dlspro- 
portionnellemcnt longues, mais ce n'est que sur les mon- 
naies en potin et en bronze d'un travail médiocre. 

a) Strabon XVII p. 828: juxqoU Vnnotç /çcu/if ro» , ô&o*. 
Appien VIII, 100: înnotç (aixqoïç xai ivjfio». 

4) Voyez les figures des n«»70-72,112,132, 231, 244, 246et 
249. Sur les monnaies aux mêmes types ce licou est 
tantôt omis, tantôt ajouté; souvent aussi la conservation 
de la monnaie ne permet pas de décider si le cheval 
porte le licou ou non. 

b) Strabon XVII p. 828 : Oi Innoiat .... oxo*yox<*Hyo*ç 

XQixi/uiyo* toÏç ïnnotç xai yvfjyolç xai êùnti- 

déoiy tiïor* àno Çap&iov oiaxiÇto&tu* mçiTQaxqha de 
Çvbya rj rçtjpya, àtp ta* o Çvryç dntjçTfjrat. Strabon 
appelle sans doute les chevaux axoiroxalivot parce qu'on 



se servait de la corde attachée au collier pour frein. Ce 
passage a été moins bien compris par Letronne (Tra- 
duction V p. 459) ainsi que par d'autres traducteurs; la 
représentation sur les monnaies carthaginoises conduit 
à montrer comment il faut expliquer le texte ancien. 

6) Polybe III, 65. Virgile Enéide IV, 41 : Numidœ infreni. 

7) Ce renseignement est dû à une notice de Falbe dans 
son catalogue manuscrit, où est encore ajoutée la re- 
marque que ce licou ou collier ne sert pas à attacher 
le cheval, ce qui se fait toujours par des entraves aux 

pieds, et qu'il s'appelle en arabe resen ( ^y^*^> ) , tandis 

que le licou européen est nommé schekimet ( \ ^ . c-^ ; - v ) ; 

aussi fait -il observer que cet usage maintenu jusqu'à 
nos jours doit servir à entendre justement le passage 
dans Strabon, que nous venons de citer. 

8) En examinant le catalogue, on trouvera dans les classes 
spéciales, représentant chacune le cheval dans une cer- 
taine position, des monnaies aux têtes d'un style diffé- 



CARTHAGE. 



117 



tanément ou pendant une même époque, présentent le cheval en poses différentes. *) Les chevaux 
A, BetC, comme ils se trouvent sur celles des monnaies d'or et d'argent qui, d'après le style et le 
titre, sont de la plus ancienne date, ont dû être les premiers types; les chevaux D et£, suivant 
les mêmes indices, n'ont pas été en usage à la dernière époque; le cheval debout A, comme il est 
le plus commun et figure sur des monnaies de tous les genres, a été employé comme type jusqu'au 
dernier temps. Quant au rapport de la variation du type de cheval avec les lieux d'émission, 
il n'y a rien qui invite à croire que certaines colonies aient émis des monnaies présentant le cheval 
exclusivement dans telle ou telle position. Tout ce qu'on en pourra dire, c'est que les monnaies 
qui ont sans doute été frappées en Sardaigne (voy. §2), ont pour types les chevaux A et B, et 
que le cheval E ne se trouve pas sur des monnaies qu'on aurait lieu de rapporter à d'autres lieux 
monétaires qu'à Carthage et à la Sicile. Enfin, quant à la question comment se rapporte la po- 
sition du cheval aux divisions ou systèmes monétaires, nous verrons, en examinant les tables 
sur les monnaies d'or et d'argent, que ni les monnaies du même système, ni celles de la même divi- 
sion dans tous les systèmes ne nous offrent le même cheval, et que par conséquent on ne s'est 
point servi de la position du cheval comme d'une marque distinctive des systèmes ou des divisions 
en général; mais nous remarquerons que pourtant les divisions du même système se distinguent 
assez souvent l'une de l'autre par la différente pose du cheval. C'est ainsi que dans le système 
phénicien le statère a pour type le cheval E, le demi-slatère le cheval A, et le quart de statère le 
cheval B, dans le système éginétique le distatère porte le cheval E, le statère le cheval B et le quart 
de statère le cheval D. Les monnaies d'argent nous en offrent également des preuves. On s'est 
donc bien servi de la représentation du cheval pour marquer différentes divisions monétaires, mais 
sans suivre aucune règle; nous trouverons aussi dans le même système le même cheval appliqué 
aux différentes divisions ainsi que des monnaies de la même division portant des chevaux différents; 
nous verrons dans le § suivant qu'on a en outre fait usage des symboles accessoires pour faire 
distinguer les divisions monétaires. 

La tête de cheval. On a rapporté l'emploi de ce type à un mythe raconté par plu- 
sieurs anciens auteurs. 9 ) Lorsque les Tyriens jetèrent les fondements de Carthage, il fut raconté 
qu'ils trouvèrent sous la terre une tête de cheval au pied d'un palmier et que, regardant comme un 
signe de bon augure la tête de cet animal fougeux, ils donnèrent par cette raison à la ville le 
nom de Caccabe, tête de cheval. 8 ) Mais les anciens auteurs ont été en erreur en dérivant du 
grec ce nom, qui est phénicien ou libyen; c'est sans doute un conte dont il faut attribuer 
l'invention à la présence de la tête du cheval et du palmier sur les monnaies carthaginoises de 
même qu'à l'étymologie prétendue du nom primitif de Carthage. *) 11 ne faut pas donner au- 
cune autre signification à la tête de cheval qu'au cheval entier; c'est une représentation qui se 



rent et dont l'or ou l'argent est de différent titre, diffé- 
rences qu'il faut regarder comme des indices de diffé- 
rentes époques, cf. les §§8 et 10. 
1) C'est ainsi que Ton trouve l'attitude du cheval variée 
sur les monnaies dentelées (n* s 92 et 116 suiv.), qui da- 
tent sans doute du même temps, et sur les monnaies 
de potin, qui semblent appartenir toutes a la dernière 
époque; des monnaies portant des têtes identiques par 
le style et les détails, ont souvent au revers des che- 



vaux représentés différemment. 
a) Ainsi Eckhel Doctr. I p. 229-230, et Ugdulena Mon. pu- 

nico-sicule p. 20. 
a) De x(iç, tête, et xapaXltji, cheval. Justin XVIII, 5. Enéide 

1,442-445. Steph. Byz. s.v. Kaçxqduy. Eusthatius ad 

Dionys. Perieg. v. 195. Silius liai. 11,410-411 : caput ôef- 

latorii equi. 
4) Conférer: Gesenius Monum. p. 421 s.v. Caccabe, Movers 

PhônizierII,2,p.l42-143. 



118 LA ZEUGITANE. 

trouve aussi, comme on le sait, sur les monnaies d'autres pays. Ce type est employé aux hui- 
tièmes de statère, à la pièce de 6 drachmes, à l'obole, et aux monnaies de cuivre frappées à 
différentes époques soit à Carthage soit hors de la capitale. 

Le cheval ailé. D'après les mythes grecs Pégase avait été procréé dans la Libye par 
Neptune et Méduse , ) et dompté ensuite par Minerve. 2 ) Comme les divinités vénérées par les 
Grecs sous les noms de Neptune et de Minerve, avaient été objets du culte dans la Libye depuis 
l'époque la plus reculée, et qu'elles ont sans doute été transmises de ce pays aux peuples grecs *), 
il est assez probable que dans les mythes puniques le cheval ailé s'est trouvé dans un pareil rap- 
port avec ces deux divinités 4 .), et sa présence sur une monnaie de Carthage s'en explique facile- 
ment. Du reste, il est assez probable que la représentation de Pégase sur les monnaies sici- 
liennes a contribué au choix de ce type comme à celui des autres types sur les monnaies cartha- 
ginoises. Il se trouve uniquement sur les pièces de 10 et 8 drachmes, où on l'a placé pour 
distinguer ces espèces d'avec la pièce de 12 drachmes qui porte le cheval habituel. 5 ) 

Le palmier, comme on le sait, était l'ancien symbole des Phéniciens, qu'on trouve em- 
ployé sur les monnaies de Tyr, mère-ville de Carthage, et de même sur les monnaies d'autres 
colonies phéniciennes. La Phénicie était riche en palmiers, et c'était sans doute d'après le nom 
grec de cet arbre, (poivêÇ, que les Grecs avaient appelé ainsi le littoral de Canaan. 6 ) Le type du 
palmier désigne donc l'origine nationale des Carthaginois, tandis que le cheval est l'emblème du 
pays qu'ils habitaient. On trouve souvent le palmier placé à côté du cheval; comme type prin- 
cipal il n'est employé qu'aux plus petites pièces d'or et d'argent, ainsi qu'aux bronzes sortis sans 
doute de l'atelier de Carthage. 



§ 4. Les types accessoires. 

Les types accessoires sont les suivants: un palmier, un symbole égyptien, un astre, un 
cercle radié, un croissant renfermant un disque, un caducée, un épi double, une enseigne, une 
couronne et enfin un symbole phénicien particulier. Ils figurent à côté du cheval ou de la tête 
de cheval; le signe lunaire se voit cependant aussi au droit de la monnaie (sur les n" 223 et 
283-284). On rencontre quelquefois plusieurs symboles sur une même monnaie; ainsi les n ' 108, 
174, 178, 223 et 299 en présentent deux, les n°» 146 et 300, trois. Le palmier et le symbole égyptien 
sont les types accessoires qu'on voit employés le plus fréquemment, sur les monnaies de tous les 
métaux et de différentes espèces; l'astre ne se trouve que sur les monnaies d'argent et de bronze; 
les autres symboles figurent exclusivement sur les bronzes. Le palmier, le symbole égyptien et 
l'astre ont été en usage depuis le commencement jusqu'au dernier temps, soit à Carthage, soit 
dans les colonies, le signe de la lune, à ce qu'il semble, seulement pendant la dernière époque 

i) Hésiode Theog. v. 281. Apollod. 11,3,2. 5) Les petits bronzes portant pour types le Pégase et des 

2) Pausanias II, 4,1. lettres phéniciennes appartiennent sans doute aux villes 

3) Voyez plus haut p. 19 et p. 55. autonomes de la Sicile, voyez plus bas après § 11, n°2. 

4) Pour la relation du cheval ailé avec le dieu de la mer, 6) Les anciens auteurs ainsi que plusieurs auteurs mo- 
voyez: Braun Griech. Gôttcrlehre §341 p. 253, et Gerhard dernes ont dérivé le nom des Phéniciens de différentes. 
Griech. Mythologie I §238,1. autres origines, voyez Movers Phônizier 11,1, p.l suiv. 



CABTHAGE. 



119 



ou hors de Carthage; voilà ce qui se laisse déduire du style et du titre des monnaies, portant 
ces symboles, voyez les §§2 et 8. 

Ces symboles sont tous d'un sens national ou religieux. Le palmier, représenté en 
grand auprès du cheval, en petit à côté de la tête de cheval, est l'emblème connu des Phéniciens, 
qu'on trouve aussi employé comme type principal. Le symbole égyptien, composé d'un disque 
radié, flanqué de deux serpents portant chacun un disque sur la tête, nous présente le soleil 

w 

combiné avec le serpent aspis, qui par les Egyptiens était appelé ouro, uréus, et considéré comme 
symbole de la divinité. Cet emblème est sans doute celui d'Osiris, dieu du soleil, qui a été 
adopté dans le culte punique et assimilé à Baal; à Alexandrie, à Byblus et en Chypre, Osiris fut 
confondu avec Adonis qui de même que Baal fut vénéré comme dieu du soleil. 1 ) L'astre doit 
être regardé comme le signe du soleil, tout comme sur les monnaies de la Cyrénaïque 9 ) et d'autres 
pays grecs, et se rapporte sans doute à Baal; on voit la tête de ce dieu surmontée d'un astre sur 
une monnaie numide* 1 ); il avait son temple à Carthage 4 ), et son nom se trouve souvent inscrit aux 
stèles votives trouvées dans son territoire, voyez plus bas p. 121. Sur les n°* 122 et 256 l'astre res- 
semble à une rosace comme sur d'autres monnaies puniques. 5 ) Le cercle radié (sur le n°293) 
est probablement aussi une représentation du soleil; sur les monnaies de Sabrata on voit au fron- 
tispice du temple le soleil figuré d'une manière analogue. Le croissant renfermant le disque 
désigne la lune qui était un objet de culte chez les Carthaginois 6 ) ; comme c'était Astarle qui à 
Carthage était vénérée en divinité de la lune 7 ) sous le nom de Tanù 9 ), il faut prendre ce signe 
pour celui d'Astarte. On Ta regardé comme représentant à la fois le soleil et la lune 9 ); mais 
c'est uniquement le symbole de la lune, de sorte que le disque désigne la pleine lune. En voici 
les preuves: sur une monnaie numide portant la tête de Baal surmontée de l'astre, on aperçoit 
au revers ce symbole sur la tête voilée d'Astarte 10 ); sur une monnaie d'or phénicienne, frappée 
probablement en Sardaigne 11 ), sur les monnaies de la ville de Bailo en Espagne, et sur les stèles 
votiveg consacrées à Baal-Chamman et à Astarte-Tanit 12 ), on le trouve associé à l'astre du soleil; 
le dieu égyptien Ooh-Thoth, identifié avec le dieu Lunus, porte le même symbole sur la tête, et le 
disque de la lune est placé entre les cornes de vache dont est surmontée la tête d'Isis. Le ca- 
ducée se réfère au dieu Taaut-Cadmus, assimilé à, Mercure 13 ), dont on voit souvent la tête et les 
attributs sur les monnaies des villes liby-phéniciennes ; ce symbole se trouve aussi sculpté sur les 



1) Voyez Movers Phônizier I p. 235 suiv. 

2) Voyez le I" volume p. 110. 

3) Voyez dans le volume suivant: Hippo regius et Tipasa. 
C'est à tort que M. Ugdulena a regardé l'astre comme 
le symbole d'Astarte (Mon. pun. sic. p. 44). 

4) Polybe III. 11. Corn. Nepos Hannibal c. 2. Cf. Franks 
Archœologia brit. XXXVIII p.217-218. 

5) Vojez plus haut p. 33 note 5. 

6) Plutarque De facie in orbe lunœ c. 26. Polybe VII, 9. 

7) Herodien V, 6. 

s) Ce nom, qui se lit sur un grand nombre de stèles vo- 
tives de Carthage, tire sans doute sou origine de Tanau, 
déesse assyro - perse , qui était également divinité de la 
lune et avait de l'affinité avec la déesse égyptienne Seith. 
Geseuius Monum. p. 171-172. Judas Élude dé m. p. 42. 
Movers Phônizier I p. 616 suiv. Franks Archœologia brit. 



XXXVIII (1860) p. 214 suiv. Davis Carthage p. 256 suiv 
Heidenheim Deutsche Vierteljahrs-Schrirt fur engl. theol. 
Forschung n«I (1861) p.71-72. QueTanit a été déesse de 
la lune, voilà ce qui s'ensuit de la circonstance que sur 
les stèles votives son nom est associé à celui de Baal 
solaire et accompagné quelquefois du signe de la lune, 
conférez plus bas p. 121 notes 6 et 7. 

9) Ainsi Lindberg dans son manuscrit et dernièrement Vo- 
gué dans l'Athenœum français 1855 p. 139. 

îo) C'est la monnaie citée dans la note 3, dont il sera traité 
dans le volume sui\ant. 

il) Cette monnaie sera mentionnée plus bas à la fin de 
cette section sous le n° 7. 

12) Bourgade Toison d'or 11 , Inscr. 10 m * tunisienne. Heiden- 
heim 1. c. (note 8) p.77 flg. 

13; Voyez, sur le culte de ce dieu, plus haut p. 34. 



120 



LA ZEUGITANE. 



stèles de Carthage. *) L'épi double (sur les n os 92et302) est le symbole de Cérès et de Pro- 
serpiûç, dont les têtes figurent sur la face des monnaies. Le bâton portant au bout un ornement 
de palmette (sur les n 0i 217-222), est une enseigne militaire ou une enseigne qui a été en usage 
dans les rits et les processions du culte; c'est à tort qu'on l'a pris pour une torche ou un sceptre 9 ). 
La couronne (sur les n°* 146 et 178-179) peut de même être rapportée soit à des victoires rem- 
portées à la guerre, soit h des fêtes célébrées en l'honneur des dieux; sur une stèle carthaginoise 
on voit une couronne figurée entre deux symboles de Baal 8 ). 

Le symbole qu'on voit Gguré ainsi: 2f,.ft, ou, encadré dans un cercle, ©, sur les n 0, 74, 
123 et 173, se rencontre sur les monnaies phéniciennes des lies de la Méditerranée occidendale 4 ) et 
de la Numidie 5 ), de même que sur un grand nombre de stèles votives carthaginoises et numides 6 ); 
il faut donc le considérer comme particulièrement phénicien ou punique. Des opinions très diffé- 
rentes ont été énoncées sur l'origine et la signification de ce symbole. Eckhel le dérivait du tau 
sacré égyptien 7 ); Raoul Rochette l'a identifié avec le même symbole égyptien, dit la croix ansée, 
signe de la vie divine ou immortelle 8 ), opinion qui est encore celle de M. Cavedoni 9 ). Gesenius 
le regardait comme l'image de Baal et d' Astarte ,0 ) , ce en quoi il a été suivi par Creuzer qui voit 
dans cette figure une idole conique, pourvue de bras. 1! ) M. Ugdulena, sans considérer la figure de 
celte manière, pense que c'est un emblème se référant surtout à Astarte 1 -); M. Franks le prend 
pour* l'image de Tanith ou d'Astarte. 1S ) M. Judas, qui avait vu précédemment dans cette figure un 
personnage en invocation 14 ), s'est plus tard avisé de la considérer comme équivalente au symbole 
usité sur les monnaies des Sassanides et les monuments de Persépolis, que Silvestre de Sacy a 
pris pour une réduction, sous la figure la plus simple, du ferouher, symbole de l'âme vigilante et 
protectrice des génies ou des^ personnages humains. 15 ) Cette figure, si différemment interprétée, 
est sans doute à regarder comme un cône pourvu d'une tête et de bras, ou comme la partie supé- 
rieure d'une figure humaine réduite en symbole, servant à représenter l'image de Baal-Chamman 
ou de Baal comme dieu solaire. 16 | Nous allons indiquer ce qui parait plaider en faveur dç cette 
opinion. Sur une des stèles votives la figure a l'un des bras terminant en une grappe de raisins, 
l'autre en une grenade 17 ); sur une autre stèle l'un des bras porte au bout une palme 18 ); sur une 



1) Dans le musée britannique, voyez Archœologia brit. 1860 
p. 209. Heidenheim 1. c. ( note 8 ) p.70 Og. Beulé Fouilles 
de Carthage pl.V,7. M. Franks (Archœol. brit. 18G0 p. 220) 
prend le caducée pour le symbole de Baal-Hamon. Cf. 
plus bas p. 121 note 1. 

a) Mionnet 1 p. 272 n«534; Suppl. I p.414 n» 368. 

3) Dans le musée britannique, cf. Heidenheim l.c. (note 8) 
p.76fig. 

4) Sur les monnaies de Cossura et de Lopadusa(?). Sestini 
Cl. gen. p. 23, Fiorelli Mon. di città gr. p. 68. Conf. 
l'appendice à la On de ce volume. 

5) Revue nu m. fr. 1856 pi. XIII, 6. 

6) Gesenius Monum. Tab. 16, 17, 23, 24 et 45 (47). Bourgade 
Toison d'or, JI™ partie, Carth.A. Beulé Fouilles de Car- 
thage pl.V,7. Archœologia brit. XXXVIII p. 209 et 220. 
Ailleurs. 

7) Doctrina I p. 267. , 

8) Acad. des inscr. T. XVI p. 292 note 1 et p. 325-326. 

9) Builetino arc h. napol. annoll n°33 p. 125. 



10) Monumenta p. 174 et 299. Cf. Allg. Encycl. 21 Th. Car- 

thago p. 97-99. 
il) Symbolik N'eue Ausg. II p. 505 n°16 et 19. 

12) Monete punico-sicule p. 45-46. 

13) Archœologia brit. XXXVIII p. 219-220. 

14) Revue num. fr. 1856 p. 396. 

15) Revue archéol. fr. XV, 1 (1858) p.135-136. 

16) Le nom Chamman, ]J0n. dérive sans doute de Hûn» *** 
aoleil ardent-, il se rapproche aussi du nom du dieu 
perse Oman ou Aman, ainsi que du nom du dieu égyp- 
tien et libyen Âmmon. Voyez, sur ce nom: Gesenius 
Lexicon p. 350 et Monumenta p. 170-171; Judas Étude 
p. 42; Movers Phônizier I p. 343 suiv. et Allg. Encycl. S. III 
Th. 24 p. 377 et 398 ; Franks Archœologia brit. Vol. XXXVIII 
(1860) p. 217 suiv.; Davis Carthage p. 261 ; Heidenheim 
D. Vierteljahrschr. No I (1861) p. 72. 

n) Gesenius Monumenta Tab. 23. 

18) Qourgade Toison d'or, Inscr. 9 me tunisienne. 



1 



CARTHAGE. 1 2 1 

troisième chacun des bras se termine dans un cercle, destiné sans doute à désigner une couronne 1 ); 
plus d'une fois les bras ne sortent pas du sommet du cône, mais s'y appliquent plus bas, de sorte 
que la partie supérieure oiïre l'aspect d'un cou. 9 ) Sur d'autres stèles la divinité, représentée en 
forme humaine et tenant également un rameau ou une couronne, est figurée d'une manière si 
grossière que ce n'est presque que par l'adjonction des jambes qu'elle se distingue d'avec la figure 
en question. 3 ) Le symbole du n°123, celui qui se retrouve le plus souvent sur les stèles, a l'ap- 
parence d'une figure aux bras levés; cette attitude paraît avoir été la plus usitée pour les images 
des divinités puniques, soit masculines, soit féminines, comme on le voit par les types de plusieurs 
monnaies de l'Afrique. 4 ) Les stèles sur lesquelles cette figure est sculptée, sont en général, à en 
juger par leur inscription, consacrées à Tanit et à Baal-Chamman, et quelquefois elles nous pré- 
sentent le symbole deux fois répété 5 ); il est connu que dans les pays asiatiques des pierres coni- 
ques furent, depuis une époque reculée, employées en guise d'images de la divinité, soit masculine, 
soit féminine; il est donc probable que la figure symbolique dont il s'agit, a représenté Tune et 
l'autre des deux divinités. Que ce symbole n'a été celui d'Astarte seule, comme l'ont pensé plu- 
sieurs savants, peut être déduit de ce qu'une stèle sur laquelle une telle figure est sculptée, est, 
selon l'inscription, vouée à Baal-Chamman seul. 6 ) Dans les cas où il n'existe pas de raison parti- 
culière pour rapporter le symbole à toutes les deux divinités, il faut sans doute donner préférence 
à Baal, car sur certaines stèles on rencontre un cône surmonté du signe de la lune 7 ), qui est 
évidemment le symbole d'Astarte. Dans le vieux testament les images de Baal sont appelées 
Chammanim 8 ) ; on pourra bien assigner ce nom à la figure symbolique dont nous venons de nous 
occuper. 

Quant à la signification qu'il faut assigner aux types accessoires dans l'empreinte monétaire, 
il est d'abord à regarder comme certain que ce ne sont pas des signes de magistrats, pour lesquels 
on a souvent pris les symboles de ce genre sur les monnaies grecques. 9 ) C'est là un fait qui 
résulte déjà de la circonstance que ces symboles, pour une partie, se répètent sur des monnaies 
appartenant à des temps et à des lieux différents; il faut y ajouter, qu'ils sont en très petit nombre 
relativement à la longue période qu'embrassent les monnaies de Carthagc, qu'ils sont tout aussi 
saillants que les types principaux, enfin qu'ils ont tous, comme nous venons de le démontrer, une 
signification générale, religieuse ou nationale. Ensuite, il n'y a pas de raison pour considérer ces 
symboles comme des signes de différents ateliers monétaires de Carthage; on trouve d'autres mar- 
ques moins saillantes qui sans doute sont celles des ateliers, voyez plus bas le § 7. Il n'est non 
plus vraisemblable que ce soient des symboles de différentes villes, car plusieurs des mêmes sym- 
boles, tels que le palmier, le signe égyptien et l'astre, sont placés soit sur les monnaies d'or et 

i) Revue archéol. fr. XV, 1 (1858) pi. 334. Annali dell'inst. monnaies est très -grossière, et ses jambes paraissent 

archeol. XIX tav. d'agg. I p. 201 (le cercle a été pris par dépourvues de pieds. On voit encore Cérès dans la 

d'autres pour un caducée, cf. plus haut p. 120 note 1 ). même position sur les monnaies vandales. 

s) Gesenius Monumcnta Tab. 24. Revue archéol. 1. c. note b ) Gesenius Monumenta Tab. 16. Archœologia bril. 18C0 

précédente. p 2 ->0 flg., cf. Heidenheim 1. c. p. 76 Og. 

3) Revue archéol. fr. VI pi. 110, 4 et 5. „ v ~ M . ~ . O0 

' „. . 6) Gesenius Monumenta Tab. 23. 

4) Cest dans cette attitude qu'on voit Sérapis représenté 

sur les monnaies de Sabrata (p. 29), BaaJ-bagon sur 7) Boursade Toison * 0T > Inscr ' °- Cl *"*' <!e T ° niS ' 
celles dAdrumète (p. 29) et Thuro-Chusartis sur celles 8 > Gesenius Lcxicon p. 349-350. 
de Hippo Diarrhytus; l'image de Sérapis Bur les dites 9) Voyez le I er volume p 109. 

10 



122 LA ZEUGITÀNE. 

d'argent qui ont sans doute été frappées à Carthage, soit sur les bronzes qui, à en juger par les 
trouvailles et la fabrique grossière, ont dû être émises dans les colonies. 1 ) 11 faut donc croire 
que ces symboles ont fait une partie essentielle des types monétaires de Carlhage. Mais il parait 
probable que souvent, par l'adjonction d'un tel symbole, de même que par le changement de la 
position du cheval (cf. p. 117), on a voulu faire distinguer les divisions monétaires. Il semble 
ainsi que sur les monnaies qui portent le cheval debout (A), type qui est le plus commun, on a 
placé le palmier, le symbole égyptien et l'astre comme marques distinctives de différentes divisions. 
En examinant les monnaies d'or et d'argent de la I re classe, offrant ce type, on remarquera que les 
demi-statères du système olympique (n°" 54-56) et le quart de statère du système phénicien (n°57) 
ont un palmier, tandis que le cheval apparaît seul sur les statères du premier système (n os 45-53) 
et sur les demi-statères du dernier système (n 08 58-61), puis, que dans le système phénicien les 
drachmes ( n OÏ 84-85 et 87-89) portent le palmier ou le symbole égyptien, qui manque sur les 
demi-drachmes (n 00 86 et 90-91), ensuite, dans la série des pièces en potin, que les tétradrachmes et 
les drachmes du système phénicien (n 01 94 et 95) ont pour symbole l'aslre qui n'apparaît pas sur 
les didrachmes du môme système (n 01 96-98), et que loctodrachme du système asiatique (n° 99) 
offre le symbole égyptien, les tétradrachmes du même système (n 08 100-105), le palmier. Il se peut 
que certains événements aient motivé le choix de tel ou tel symbole; mais il est tout aussi possible 
que l'emploi d'un nouveau type accessoire n'ait souvent été dû qu'à un changement personnel 
dans le gouvernement de l'État ou dans la direction de la Monnaie, quand un nouveau magistrat 
a voulu marquer de cette manière les monnaies émises sous son administration. 



§ 5. La légende ff\tf 



Celte légende, la seule qui soit écrite en entier sur les monnaies frappées à Carthage, se trouve 
sur les monnaies d'or et d'argent du plus grand module, savoir sur le distatère n°76 2 ), et sur le 
décadrachme et l'octodrachme n°* 127-128. 11 n'y a pas d'épigraphe phénicienne qui ait subi des 
interprétations plus divergentes. Pellerin, prenant d'abord la 2 roe et la 4 mc lettre pour qoph, y vit 
le nom de Carthage"), ce qui fut repris plus lard par Lindberg 4 ). Bayer 5 ) et Bellermann 6 ), en 
lisant nsn*Q, présumaient que c'était le nom de Byrsa, citadelle de Carthage. Barthélémy avait 
déjà précédemment considéré comme un aleph la 2 me et la 4 me lettre; cette opinion fut adoptée 
par Pellerin, qui abandonna sa première explication 7 ), et la lecture n*ON3 a depuis ce temps été 
généralement considérée comme juste. Gesenius traduisit ce mot fons signi ou miraculi, dénomi- 
nation par laquelle il entendit d'abord la ville de Thermœ Himerenses, appelée ainsi à cause de 
ses eaux thermales, et dans la suite la fontaine Arethuse à Syracuse, à quelle ville il attribuait ces 

i) Au cas qu'on veuille prendre les lettres isolées pour des aperçoit encore des traces de la lettre beth au bord de 

initiales de noms de villes ou de magistrats monétaires, la pièce. 

il faudra remarquer que sur les monnaies qui selon la 3) Supplément I p. 25. 

fabrique semblent appartenir n la même ville ou à la 4) De inscr. Melitensi p. 42 note 95. 

même époque, une même lettre se trouve souvent jointe s) Del alfabeto y lcngua etc. p. 377 , cf. Gesenius Palàogr. 

à différents symboles accessoires. Studien p. ôô suiv. 

2) La première lettre, faute de flan, n'est pas apparente 6) Bem. ûb. phôn. Mûnzen I p. 20. 

sur la monnaie d'or; c'est à tort que M. Judas (Étude ?) Recueil III p. 19. 

p. 199-200) en a pris la légende pour complète. On 



CARTHAGE. 



123 



monnaies. 1 ) Movers a de même rapporté ces monnaies à Syracuse; en traduisant ntCHQ par 
fontaine de TUe c. à d. de l'île d'Orlygia où se trouvait la source d'Arethuse, il les regardait comme 
frappées par une colonie phénicienne établie dans cette lie. 2 ) Grotefend était d'avis que cette 
légende désigne Lilybœum, ville tirant son nom, selon Diodore, d'un puits situé dans le voisinage, 
auprès duquel les Carthaginois, lorsqu'ils débarquèrent pour la première fois en Sicile, avaient planté 
leurs bannières 8 ); dernièrement M. Ugdulena s'est déclaré en faveur de cette explication 4 ). M. Judas 
qui, en supposant que la légende exprime le nom même d'Arethuse, avait précédemment attribué ces 
monnaies à Syracuse 5 ), a récemment énoncé l'opinion qu'elle présente le nom phénicien de Pa- 
norme; il traduit sur Oreth, en renvoyant à un ancien auteur selon lequel la rivière auprès de 
Panorme a porté le nom d'Orelhus. 6 ) Voilà donc quatre différentes villes de la Sicile auxquelles, 
h partir de Gesenius, on a rapporté ces monnaies. Nous allons indiquer ce qu'il y aura à objecter 
contre ces interprétations, puis, exposer les motifs par lesquels nous avons placé ces pièces dans la 
série des monnaies africaines de Carthage, enûn, examiner quelle signification on pourra donner à 
la légende. 

Pour ce qui regarde d'abord la lecture, il est plus que douteux qu'il faille lire DNIfrO; la 
4 me lettre est plutôt un tsade qu'un alepk. Cette lettre, qui sur tous les exemplaires présente 
précisément la même forme, diffère de la deuxième 7 ); on rencontre souvent un pareil tsade 
dans les inscriptions carthaginoises 8 ); mais ce qui surtout porte à croire que c'est un tsade, c'est 
la manière variée dont cette lettre est écrite sur les pièces du n°211. Ces pièces portent deux 
lettres; l'une, placée devant le cheval, est un aleph qui a constamment la forme J^ ; l'autre, au- 
dessous du cheval, est variée ainsi: | , ^, jf, !?; comme ces caractères nous offrent la tran- 
sition de Tune forme dans l'autre, et que d'ailleurs les monnaies sont parfaitement pareilles à l'égard 
du style et des détails de la tête et du cheval, il est très probable qu'ils représentent une seule et 
même lettre qui ne peut être que le tsade] nul autre tsade ne se trouve sur les monnaies car- 
thaginoises. On ne rencontre pas un aleph de cette forme sur les monnaies de Carthage, ni sur 
les siciliennes, ni sur les africaines; sur ces dernières les formes variées de la lettre aleph s'ac- 
cordent toutes en ce que les petites barres transversales, l'une ou toutes les deux, traversent le 
long trait vertical de manière à reparaître à gauche. 9 ) Il est donc très vraisemblable que nîTlfcO 
est la juste leçon. Mais quand même on prendrait la 4 me lettre pour un aleph, il ne faudrait pas 
rapporter ces monnaies à aucune des quatre villes en Sicile qu'on a proposées. Pour Himéra, il 



i) Palâogr. Studicn p. 60. Monumenta p. 295. 

2) Phônizier 11,2, p. 327. 

3) Blatter fur Mûnzkunde II p. 179. 

4) Monete punico-sicule p. 28. 
&) Étude p. 200. 

•6) Orethus fluvius Panorhmi Siciliœ. Vibius Sequester dans 
Catalogue des fleuves. Revue archéol. XVI (1860) p. 660. 

?) Nous avons examiné 14 exemplaires de ces monnaies. 
La 4"»* lettre n'a pas été exactement figurée ni par Bayer 
U.c. p.122 note 5), ni par Pellerin (Recueil 111 pl.88,6), 
ni par Gesenius (Palàogr. Stud. tab. IV, 18-19, Monum. 
tab.38,XI,C), ni par Ugdulena (l.c. tav. 11,29). 

5) Voyez p. e. la table gravée dans Davis Carthage p. 279. 
Cf. l'Inscription de Marseille. 



9) Conférez plus haut p. 105. Pour prouver que la lettre 
en question est un aleph, Gesenius a renvoyé aux 
monnaies attribuées à Gaulos ou Enna (Pnlàogr. Stud. 
p. 66); on trouve en effet dans Gesenius Monumenta 
tab. 40, parmi les variantes iY aleph, des formes pareilles. 
Mais comme nous n'avons rencontré un tel caractère 
sur aucun exemplaire du grand nombre que nous avons 
examiné de ces monnaies, nous inclinons à supposer 
que les dits caractères sur la table de Gesenius ont été 
gravés d'après des spécimens moins distincts. Quoi- 
qu'il en soit, c'est par les monnaies de Carthage elles 
mêmes qu'il faut éclaircir les monnaies de Carthage, et 
non par des monnaies étrangères. 

16* 



124 



LA ZEUGITANE. 



est à remarquer que ce nom même dérive sans doute du phénicien 1 ), à moins qu'on ne présume, 
selon l'opinion de M. Cgdulena, que cette ville a été appelée la en phénicien. 9 ) Quant à Syracuse, 
il ne parait pas probable que cette ville ait frappé des monnaies à une épigraphe phénicienne ou à 
un type carthaginois tel que celui au revers de la pièce d'or, ni non plus qu'une colonie phé- 
nicienne établie à Syracuse ait émis de si grandes monnaies d'or et d'argent; encore a-t-on 
objecté, avec bonne raison, contre l'interprétation de la fontaine d'Arethuse donnée à ntTttO, que 
le mot IfcO en hébreu signifie un puits creusé, et non une source. 3 ) On ne saurait non plus ad- 
mettre que la ville de Lilybée ait été nommée mCttO par les Carthaginois d'après l'ancien puits 
de cet endroit; Lilybœum en a sans doute été lui-même le nom phénicien; Diodore dit expressé- 
ment que cette ville tirait le nom Aâvpaiov du dit puits, et que celui-ci avait déjà eu ce nom à 
l'époque reculée où les Carthaginois prirent terre pour la première fois en Sicile ; le puits dut 
probablement son nom au promontoire voisin, appelé ainsi par les Phéniciens à cause de sa posi- 
tion proéminente en face de la Libye 4 ). Pour ce qui est enfin de la ville de Panorme, il faut 
faire relever que ces monnaies, comme nous le ferons voir tout-de-suite, se distinguent essentielle- 
ment d'avec les tétradrachmes, décrits dans la section A, qui ont sans doute été frappés, pour la 
plupart, dans cette ville. Cette dernière considération s'oppose en général à l'idée d'attribuer ces 
monnaies à la Sicile. 

Les monnaies dont nous nous occupons, diffèrent des monnaies siciliennes a l'égard du 
style, de l'écriture et du poids, tandis que sous les mêmes rapports elles se rapprochent des mon- 
naies africaines. C'est le style carthaginois bien prononcé que nous offre le travail; le caractère 
de la tétc de Cérès, celui que nous avons marqué de la lettre D, se retrouve dans d'autres têtes 
sur les monnaies d'or et d'argent de cette section qui, pour différentes raisons, doivent être rappor- 
tées à l'atelier de Carthage; le cheval, par sa taille, s'éloigne autant des chevaux figurés sur les 
tétradrachmes siciliens qu'il ressemble à beaucoup d'autres chevaux sur les monnaies africaines; 
le cheval ailé vole de manière que la partie supérieure de l'aile se porte en avant, manière diffé- 
rant de celle dont on voit représenté le Pégase sur les monnaies de la Sicile et sur d'autres mon- 
naies grecques 5 ); le relief, soit de la tête, soit du cheval, est très-plat, tandis que les monnaies 
correspondantes de la Sicile présentent un relief saillant. 6 ) Pour l'écriture, on ne rencontre ni le 
2 me ni le 4 me caractère sur les monnaies de la Sicile, mais l'un et l'autre se retrouvent sur d'autres 
monnaies africaines de Carthage; voyez ce que nous avons fait observer plus haut p. 105 et p. 123. 
Quant au poids enfin, ces monnaies ne rentrent pas dans le système attique, auquel appartiennent 
les monnaies carthaginoises qu'on peut avec certitude attribuer à. la Sicile (voyez p. 83), mais elles 
s'adaptent parfaitement à deux systèmes dans lesquels sont frappées d'autres monnaies africaines; 
la pièce d'or est un distatère d'après le système éginétique, pesant le double des statères n 09 63-66 7 ); 



i) Judas Étude p. 197, cf. Revue archéol. fr. XVI (1860) p. 654. 

Movers Phônlzier 11,2, p. 339. 
a) Monde punico-sic. p. 31 sulv. , cf. Judas dans la Revue 

archéol. I. c. p 652. 
a) Voyez Grotefend et Ugdulena 11. ce. notes précédentes. 

4 ) ^y?» versus Libyam. Cf. Movers Phônizier 11,2, p. 333, 
Judas Revue archéol. 1. c. p. 659. 

5) Le type de Pégase, qui est d'un emploi fréquent sur les 
monnaies de la Sicile, n'empêche pas de rapporter ces 



monnaies à l'Afrique; nous avons démontré plus haut 
(p. 118) que le cheval ailé, par son rapport avec Nep- 
tune, Méduse et Minerve, convient fort bien à l'empreinte 
d'une monnaie africaine. 

6) Aussi P. Bayer s'est-il appuyé sur le style du travail en 
rapportant ces monnaies à l'Afrique. Voyez Geseoius 
Palâogr. Stud. p. 56.' 

7) Nous ignorons si cette monnaie est d'or ou d'électrum; 
le poids en convient mieux au dernier métal. M. Queipo 



CARTHAGE. 



125 



les monnaies d'argent sont des pièces de 10 drachmes et de 8 drachmes du système phénicien, et 
forment avec la pièce de 12 drachmes n°12ô et celle de 6 drachmes n°129, toutes du même style, 
une série bien cohérente de divisions de ce système. *) Il est donc de toute probabilité que ces 
monnaies sont sorties de râtelier de Carthage. 

Si, d'après ce que nous venons d'exposer, on admet que les monnaies en question ont été 
frappées à Carthage et que l'épigraphe doit être transcrite niTttQ, l'interprétation qui s'en présente 
de prime-abord, est celle proposée autrefois par Bayer et Pellerin, savoir que c est le nom de Byrsa, 
citadelle de Carthage. M. Judas a objecté à cette interprétation que le nom de Byrsa, étant le 
même que l'hébreu '"n^3, forteresse, a dû être écrit en phénicien de la même manière, et que 
c'est dans la prononciation des étrangers que les lettres S et "1 ont été transposées 9 ); mais comme 
une telle transposition n'est pas rare dans les langues sémitiques, il se peut bien qu'elle ait eu 
lieu dans ce mot, passant de l'hébreu dans le phénicien. 11 est en outre à remarquer qu'il se 
trouve dans le sémitique un mot rapproché, de la même signification, écrit rTP3 en hébreu*), 
KrTT3 et ]L^ en chaldaïque et en syriaque 4 ), d'où plusieurs places fortes de la Mésopotamie 
tiraient le nom de Birlha, et qui a sans doute aussi existé dans l'ancien dialecte assyrien, comme 
on peut le conclure du nom de la ville de Borsippa dans les inscriptions de Babylone et de 
Niniveh. 5 ) Il n'est pas invraisemblable que le mot phénicien ait été formé par une fusion de ce 
mot avec rnjO. Aleph, intercalé entre la l re et la 3 me lettre de la légende dont il s'agit, se 
laisse dériver du mot appartenant au dialecte assyrien qui fut prononcé par a; le son y dans Byrsa 
correspond h la prononciation du même mot par t dans le chaldaïque et le syriaque, où la lettre 
jod fut ajoutée; on voit par les passages puniques dans le Poenulus de Plautus, qu'en Afrique 
aleph a par préférence été prononcé par la voyelle y. Il est permis de croire que l'hôtel de la 
Monnaie s'est trouvé dans l'ancienne cité ou la haute ville, appelée Byrsa, et il est donc bien na- 
turel que l'on a inscrit ce nom aux monnaies frappées à Carthage; quoiqu'il en soit, il est plus 
probable que le nom de Byrsa y a été inscrit que celui de Kart chadasat, nom donné à Car- 
thage surtout par les peuples étrangers et qui fut par cette raison placé sur les monnaies frappées 
en Sicile. 6 ) 



(Syst. monét. I p. 414) l'a prise pour une pièce de 6 
drachmes du système phénicien; mais on ne connaît 
pas d'autres pièces d'or de 3 statères (=6 drachmes), 
tandis que les distatères se rencontrent assez souvent 
i) M. Queipo (I. c.) a également pris le n° 127 pour un 
décadrachme phénicien. M. Boeckh l'a regardé comme 
un pentadrachme éginétique (Metrol. (Jnters. p. 334); mais 
cette espèce est plus insolite, et les monnaies cartha- 
ginoises en argent, a ce qu'il semble, n'ont pas été frap- 
pées d'après le système éginétique. > 

2) Étude p. 199. 

3) Dans les livres de l'Ancien Testament d'une époque posté- 
rieure, ceux de Nehemia, Esther et Daniel. 

4) Il se peut que ce mot provienne de H1SD» de 80l *t e 
que £ ait été changé en y, comme dans d'autres mots 
du dialecte chaldaïque et aramaîque. 

&) MM. Rawlinson,Talbot et Oppert, d'accord l'un avec l'autre, 
interprètent un groupe en caractères cunéiformes sur un 



cylindre babylonien et dans les sculptures de Korsabad, 
par Borsippa, en prenant la première syllabe, écrite Bar, 
dans le sens de forteresse. Journal of roy. asiatic So- 
ciety Vol. XVIII P. 1 p. 30 et 38. Journal asiatique Série V 
T. IX p. 500. Le même mot se retrouve dans l'arabe 

jvjf i & moins qu'on ne veuille le dériver du grec wify- 
yoç\ il s'est conservé dans le nom actuel de Borsippa: 
Birs Nimrud, cf. Oppert dans Zeitschr. f. deutsche mor- 
genl. Gescllschaft VU p. 406. 

g) Je ne sais s'il plairait à quelqu'un de traduire p!HK2 : 
dans le pays c. à d. dans le continent africain, épigraphe 
qui aurait pu être opposée à la légende fcOft dont sont 
inscrites beaucoup de monnaies frappées en Sicile et 
qui peut signifier rite. Le mot l^tf est plusieurs fois 
écrit rBPiK dan8 l'Ancien Testament, dans le livre de 
Hiob et la prophétie d'Esaia, et le mot correspondant 
dans le chaldaïque et le syriaque est également féminin. 



120 



LA ZEUGITANE. 



Pour le eus qu'on ne trouve pas satisfaisante l'interprétation que nous venons de faire 
valoir, ou que Ton préfère de voir un aleph dans la lettre pénultième, il nous reste encore un ex- 
pédient, c'est de prendre cette épigraphe pour un nom de personne. On trouve assez souvent 
dans le phénicien des noms d'homme terminant en tau. *) Ce serait donc le nom de l'un des 
deux suffètes qui étaient h la tête du gouvernement; c'est ainsi que chez les anciens auteurs, dans 
les récits historiques, il n'est généralement fait mention que d'un suffète, celui qui était chargé du 
suprême pouvoir exécutif, nommé (laGiXevç, atçartjyoç^ prœtor. 2 ) Sur un des tétradrachmes sici- 
liens, le n°29, on trouve un nom écrit en entier qui peut de même être celui d'un magistrat, et 
d'autres monnaies frappées à Carthage portent des noms abrégés qui sans doute désignent des 
magistrats, voyez le § suivant. 8 ) 

§ 6. Les noms abrégés, les lettres isolées, fécriture. 

Le statère n°2 porte à l'exergue deux groupes bilittères, séparés par un point. Autant 
qu'il est possible d'en discerner les caractères, qui sont très minces, ils fournfssent: **v*$l (rn-Nil); 
les deux lettres au milieu sont penchées l'une vers l'autre, ce qu'il faut dériver de l'étroit espace 
de l'exergue. Cette légende, de même que les légendes analogues sur les monnaies de Sabrata 
(voyez p. 27-28 et 33), présente sans doute deux noms de personnes abrégés, soit les noms de 
deux suffètes, soit les noms de deux magistrats ou officiers monétaires; le dernier parait plus pro- 
bable par suite de la petitesse des lettres. 

On trouve une seule fois deux lettres écrites l'une à côté de l'autre, savoir OK sur le 
tétradrachme n°121. Dutens 4 ) a vu dans ces lettres le commencement du nom de Gela en Sicile; 
mais la monnaie ne peut être rapportée à la Sicile. Cette pièce fait partie d'une série de tétra- 
drachmes qui, par suite de leur conformité à l'égard des types, du style, du flan dentelé et du 
poids, ont dû être frappés à une même époque et dans une même ville, sans doute à Carthage; il 
faut donc expliquer cette couple de lettres de la même manière que les lettres solitaires jod et aïn 
qu'on rencontre sur d'autres pièces de cette série, c. à d. par un nom de magistrat abrégé. Deux 
lettres se trouvent assez souvent placées en différents endroits dans le champ; voyez les n°" 98, 139, 
155-159, 191, 211-215, 224 et 292. Swinton 5 ), lisant ensemble ¥ et ^ sur le n° 155, et ^ et ^ 
sur le n°215, croyait que ces lettres désignent des villes siciliennes, les premières Abacœnum, les 
dernières Hybla; mais ces monnaies n'ont pas été frappées dans la Sicile. Deux lettres, placées 
de cette manière, l'une en distance de l'autre, doivent plutôt être prises chacune à part, dans le 
même sens que les lettres solitaires dont nous allons traiter dans le suivant; on trouve la même 



1) On rencontre ainsi dans les inscriptions lapidaires pu- 
niques les noms d'homme: Agelmat, Abircat, Mezima- 
chat, Mezat, voyez Levy Phônizische Studien II (1857) 
p. 49, 65 et 80. Dans l'Ancien Testament se trouvent 
Qoliat et Achuzat (Genesis 26,26). Si l'on donne pré- 
férence à la leçon rWïfcO. U se présente un nom 
d'homme semblable dans I Paralip. 5, 6 et 7,37, écrit 
mta et fcOND- 

a) Voyez Gesenius dans Allg. Encycl. Th. XXI, Carthago, 
p. 88-89; Movers Phônizier H, 1, p. 535-536. 



3) Si l'on objecte qu'il faudrait plutôt prendre cette légende 
pour le nom du lieu d'émission, attendu qu'elle est la 
seule dont la monnaie soit sienée, nous renverrons aux 
monnaies grecques de différents pays qui ne portent 
aucun autre nom que celui d'un magistrat, p. ex. de la 
Cyrénaïque, de Gnossus en Crète, de la Béotic, de Cla- 
zomène en Ionie etc. 

4) Explication de m éd. gr. et phén. p. 155. 

5) Philos, transactions LIV p. 408-409, cf. LVIII p. 267. 



CARTHAGE. 127 

lettre deux fois répétée sur le n°191. Le n°199 présente un caractère qui parait composé de 
deux lettres, savoir ^X, qui est probablement une ligature de >3 ou ro. 1 ) Cette monnaie a sans 
doute été émise en Sardaigne (voyez le §2); il y a quelque raison pour croire, comme nous le 
ferons remarquer plus loin, que les lettres inscrites aux monnaies carthaginoises frappées dans cette 
lie, sont des initiales de noms de villes; il se peut donc que ce caractère désigne une des villes 
dont le nom commençait ainsi, savoir Biora ou Bitia 9 ), et qu'on ait lié jod avec beth pour distin- 
guer cette ville d'avec une autre, celle de Bosa, qui a été désignée par un seul beth. 

Les lettres isolées. On trouve toutes les lettres de l'alphabet figurant seules, si Ton 
excepte: n 3 ), ^ 4 ), D, p et *1. Elles apparaissent le plus souvent sur les bronzes; les monnaies 
d'or n'en portent que deux: 1 et D; il y en a quatre sur les monnaies d'argent: 1, \ D et y. 
C'est au revers qu'elles ont place 5 ); une fois, sur le n°287, la lettre est appliquée au cou môme 
de la tête de cheval. On les rencontre soit aux monnaies qui sont dépourvues de symboles acces- 
soires, soit aux monnaies qui portent les symboles suivants : le palmier, l'astre, le signe de la lune, 
le caducée et l'enseigne. Plusieurs monnaies sont marquées de deux lettres placées isolément, 
comme nous l'avons déjà fait remarquer. 

Swinton prenait les lettres solitaires sur les monnaies carthaginoises pour des initiales de noms 
de villes; en rapportant à la Sicile les monnaies africaines, il interprétait ^ par Gela et ^ par Hybla, 
voyez la page précédente. Eckhel se moquait des interprétations proposées par ce savant, ainsi 
que de la promesse faite par Bayer de vouloir expliquer les lettres sur les monnaies de Carthage ; 
il le croyait le plus prudent de s'en abstenir. 6 ) Pendant le temps dernier on y est revenu. M. Ug- 
dulena, supposant que les monnaies de Carthage ont été toutes frappées en Sicile, pense que ^ 
désigne Mimera, dont il voit le nom punique dans la légende ]"*{ , que ^ est la marque de Li- 
lybée, ville qui, selon lui, a été appelée par les Carthaginois nsOfcQ, et que les lettres ^ et A 
sont les signes de Panorme, les prenant toutes les deux pour des abréviations du mot Machanat. "*) 
M. Spano 8 ) a enfin émis la conjecture que les lettres sur les monnaies provenant des trouvailles 
faites en Sardaigne (voyez p. 108), désignent des villes de cette île; ce savant propose d'expliquer 
S en Chornuy *4 en Macomer, J en Bosa, \ en Ghilarza, en faisant remarquer que ces villes, 
soit d'après leurs noms, soit d'après les antiquités trouvées dans leurs environs, sont d'origine phé- 
nicienne ou punique, et qu'elles sont situées dans la contrée même où l'on a exhumé ces mon- 
naies; quant aux autres lettres inscrites aux monnaies des trouvailles sardes, il suppose qu'on 
trouverait également des noms de ville correspondants, si l'on connaissait toutes les localités de 
cette contrée à l'époque carthaginoise. 

Plusieurs explications de ces lettres se présentent à l'idée; on pourra croire que ce sont 
des chiffres marquant l'ordre des émissions des monnaies, ou qu'elles ont désigné différents ateliers 

i) On pourrait de même regarder le caractère sur le n«154 -i) Ou ], si Ion préfère de prendre pour latned les lettres 

comme un monogramme composé de ttfE; mais comme sur les n«» 222 et 292. 

dans les inscriptions lapidaires on trouve souvent le s) Il est douteux si la marque au droit du n°283 est la 

tfiet orné au milieu, il faut plutôt y voir cette lettre. lettre jod ou le signe de la lune. 

2) Mannert Géogr. IX, 2, p. 602. Movcis Phôimier 11,2, r.) Doctrina III p. 417. 

P* 574. 7) Mon. punico-sicule p. 43. Conférer plus haut p. 80 et 
9) Le caractère H sur les n<" 58*59 est sans doute le chiffre p. 82 note 3. 

20, parce qu'il a cette valeur sur le n« 93 et que la 8) Bulletino Sardo IV (1858) p. 104. 

lettre he sur le n«2 présente une autre forme. 



128 



LA ZEUGITAKE. 



monétaires, ou des noms d'individus, soit d'officiers de la Monnaie, soit de magistrats, ou enfin 
des noms de villes. Comme les monnaies carthaginoises ont été frappées durant une longue 
époque, soit dans la capitale, soit dans les colonies, il s'ensuit de là qu'on est autorisé à expli- 
quer de différente manière les lettres sur des monnaies de différente fabrique. Il n'y a pas de 
raison pour admettre que ces lettres ont rempli la fonction de chiffre* numéraux 1 ); on ne trouve 
dans aucune des séries dont il s'agit une suite continue de caractères depuis le commencement de 
l'alphabet 9 ), ni les lettres désignant les unités jointes à celles qui marquaient les dixaines, mais on 
rencontre plusieurs lettres qui auraient indiqué un nombre trop élevé. Quant aux monnaies frap- 
pées à Carthage ou dans telle autre ville où une grande fabrication de monnaies a eu lieu, il est 
possible que les lettres aient été des marques de différents ateliers appartenant à la Monnaie; c'est 
ainsi qu'il faut sans doute expliquer la suite des 12 premières lettres de l'alphabet dans une série 
de monnaies frappées à Cyrène 3 ); il nous parait cependant plus simple et plus analogue à l'usage 
des lettres sur les monnaies grecques, de les considérer comme les initiales des noms de fonc- 
tionnaires employés aux ateliers, ou bien des magistrats qui leur étaient préposés, surtout en con- 
sidérant que les lettres ne font pas une suite cohérente de l'alphabet. 11 importe peu, du reste, de 
savoir si les lettres sur des monnaies frappées dans une même ville ont eu Tune ou l'autre de ces 
significations. Ce qui offre plus d'intérêt, c'est de connaître s'il y a quelques lettres qui désignent 
des villes. Nous allons examiner spécialement les séries qui renferment les monnaies aux lettres, 
pour faire voir ce qu'il y aura de plus probable dans cette question. Sur les monnaies d'or et d'ar- 
gent, comme elles ont sans doute été frappées à Carthage, il faut regarder les lettres comme 
des marques d'ateliers ou de personnes 4 ); il en est de même quant aux lettres dans les séries des 
bronzes qui portent les têtes de Proserpiue G et H et les têtes de CérèsAetB, savoir les n°* 150-159, 
203-215, 245-251 et 261-264 5 ), car le travail supérieur par lequel se distinguent les monnaies de 
ces séries, nous renvoie à la capitale. 6 ) Lorsqu'on examine les monnaies aux lettres dont la 
fabrication peut être rapportée à la Sardaigne (voyez p. 108), on trouvera que celles qui portent 
des lettres différentes, présentent aussi des têtes différentes, ce qui nous fait croire que ces mon- 
naies ne sont pas sorties du même atelier, mais qu'elles ont été battues dans plusieurs villes. Il 
est donc bien possible que les lettres en soient des initiales de noms de villes, comme le pense 
M. Spano, et que P, ^, \ et *f aient été les signes de Cornus, Bosa, Gurulis et Macopsisa 
(Macomer), villes phéniciennes situées dans la partie occidentale de l'Ile où Ton a fait les trouvailles 
de ces monnaies. Il faut ajouter que, si Ton ne veut pas se borner à cette contrée, on trouve 
ailleurs en Sardaigne des villes d'origine phénicienne dont les noms correspondent assez bien avec 
les autres lettres gravées sur ces monnaies. 7 ) La présence de deux lettres sur une même mon- 



i) Nous avons déjà excepté du nombre des lettres un carac- 
tère qui semble numéral, voyez p. 127 note 3. 

2) Nulle série ne présente plus que les 3 ou 4 premières 
lettres de l'alphabet sans interruption. 

a) Voyez Volume I p.76. 

4) Si quelques-unes des monnaies d'argent ont été frap- 
pées à Carthage Neuve (cf. p. 107 et 109), les lettres qui 
s'y trouvent, ont dû avoir le même sens. 

5) A moins que la suite n" 261-264 n'appartienne a la Si- 
cile, cf. p. 110. 

6) II est rare de trouver dans une des séries citées une 



monnaie marquée de la même lettre qu'une monnaie 
d'une autre série; ces pièces à la même lettre dans les 
diverses séries diffèrent par la tête et le style, si l'on 
excepte les n" 97-98 de potin qui ressemblent aux n°* 
140-141 de bronze, et les n« 156 et 210 de bronze qui 
portent tous les deux une tête identique; les lettres sur 
ces n°» désignent donc la même personne ou le même 
atelier. 
7) Aleph peut désigner une des villes dont le nom en grec 
ou en latin avait YO ou YU pour 1" lettre, daleth une 
de celles dont le nom a été écrit par un T initiai par 



CARTHAGE. \ 29 

naie peut indiquer une alliance monétaire entre deux villes, à moins qu'on ne préfère de prendre 
Tune pour l'initiale d'un nom de magistrat. Restent les monnaies en bronze signées de lettres 
qu'on ne saurait attribuer avec quelque probabilité ni à Carthage ni à la Sardaigne; elles forment 
les séries suivantes: n 0f 134-145, 183-185, 204-211, 217*222 et 281-292. Les pièces appartenant à 
la série n°* 183 suiv. offrent une tête identique; dans les séries n M 204 suiv. et n 0f 217 suiv. on voit 
également des têtes assez ressemblantes entre elles; il est permis d'en déduire que dans chacune 
de ces séries les monnaies à lettres différentes ont été frappées dans une même ville, et que 
par conséquent les lettres doivent être regardées comme des initiales de noms de personnes. Il 
en est autrement des séries n M 134 suiv. et n 0i 281 suiv. ; celles-ci nous présentent une assez grande 
diversité dans les têtes; il est donc bien possible que les monnaies qui en font part, aient été 
émises dans différentes villes, et que plusieurs des lettres en désignent les noms. 

L'écriture présente les caractères corrects et normaux, transmis de la Phénicie à Car- 
thage, où ils avaient en partie été légèrement modifiés; ce sont en général les mêmes que Ton 
trouve dans les inscriptions lapidaires découvertes dans le territoire de Carthage. Plusieurs de 
ces caractères diffèrent essentiellement de ceux qu'on lit sur la plupart des monnaies des autres 
villes africaines, qui sont frappées à l'époque après la chute de Cartbage, durant laquelle l'ancienne 
écriture fut peu à peu altérée et dégradée (cf. p. 3). On rencontre toutes les lettres de l'alphabet, 

w 

à l'exception de celles qui répondent à D, p et 1; les lettres qui se retrouvent le plus souvent, 
sont: M,2,^,*l,n,^,D,yett^. Nous avons déjà fait remarquer (p. 105) que les formes 
que présentent les lettres N, n, 1, 10 et 2*, diffèrent plus ou moins de celles qu'on trouve sur les 
monnaies de la Sicile. Les figures des caractères sont assez variées, comme il fallait s'y attendre, 
vu que les monnaies appartiennent à des lieux et à des temps différents; il en est ainsi surtout 
des lettres « (voyez les n°» 134,155, 204, 214, 261 etc.), B (n°154), * (n 0i 98, U7-118, 267 et 282), 
V (n°286) et H (n° 211); on n'est cependant pas à même, selon les indices que présentent les 
monnaies, d'assigner certaines formes à certains lieux d'émission, ni de rapporter les unes à une 
époque plus ancienne et les autres à une époque plus récente. 



§ 7. Différentes autres marques. 

Il se trouve fréquemment sur les monnaies de Carthage des globules de différente gran- 
deur; nous avons appelé points ceux qui sont très petits ou qui n'offrent pas la forme parfaite- 
ment ronde. Ils sont placés en nombre d'un à quatre, soit au droit, quelquefois sur la tête même 
de Gérés ou du cheval (voyez le n°275), soit au revers, soit sur tous les deux côtés, conjointe- 
ment avec différentes lettres et divers symboles accessoires, sur des monnaies à différents types 
principaux et de tous les métaux, frappées à diverses époques, tant à Carthage que hors de Car- 
thage. M. Boeckh a émis l'opinion que ces globules désignent la valeur 1 ); M. Mommsen suppose 
de même qu'ils ont quelquefois pu avoir cette signification. 9 ) Mais il est à remarquer qu'on 
trouve ces globules en nombre différent sur des monnaies de la même division et de la même 

les anciens auteurs. M. Spano a pris à tort le $in rable sur la côte méridionale. 

pour tau, référant cette lettre à la ville deTharros; «m i) Metroiog. Unters. p. 333 et 335-339. 

peut indiquer Sulcis, ville carthaginoise très considé- 2) Rôm. Mûnzwesen p. 89-90. 

17 



130 



LA ZEUGITANE. 



époque (voyez les statères n 01 49-53 et les bronzes n M 270-271, 288 et 305-308), que plusieurs 
pièces, appartenant à des divisions et à des systèmes monétaires différents, sont marquées d'un 
seul globule (p. ex. les drachmes et les demidrachmes phéniciennes de même que les tétradrachmes 
et les hcxadrachmes asiatiques n OÎ 85, 91,101-102, 1 10 et 1 16), et que quelquefois un seul globule 
est placé au droit, tandis que le revers de la même pièce est marqué de 2, 3 ou 4 globules ( comme 
sur les statères n 01 51-52 et le bronze n Q 168). *) Il faut ajouter que souvent ces globules sont 
très petits et placés de manière à les soustraire h l'attention; il en est ainsi sur les statères où ils 
sont attachés à la barre sur laquelle pose le cheval, et sur les bronzes où ils sont appliqués à la 
tête même de Cérès ou du cheval; ce qui porte à croire qu'ils n'ont pas été destinés au public, 
mais uniquement à l'administration de la Monnaie. Il est donc vraisemblable que d'une manière 
ou d'autre ils regardent la fabrication des monnaies, étant des marques soit des graveurs des coins, 
soit d'autres fonctionnaires, soit des ateliers monétaires, et qu'on en a fait usage pour contrôler 
le monnayage. 

Sur quelques bronzes, les n 0i 276-279, on remarque un disque ou globe, soit seul, soit 
ensemble avec un ou deux globules. Comme ce signe dépassé de beaucoup en grandeur les 
globules, et que les pièces qui le portent, sont toutes du même module, il est assez vraisemblable 
qu'il indique la valeur, en désignant l'unité des monnaies en cuivre; nous en ferons mention plus 
bas dans le § 9. 

On rencontre deux signes numéraux, savoir H sur les demi-statères n of 58-59 et whih 
sur Je didrachme n°93; le premier caractère, comme on le sait, servait h désigner le nombre 20, 
les derniers, 25. *) Il n'y a rien qui porte a croire que ces chiffres ont désigné les années 
d'une ère. Il se peut qu'ils aient été des marques d'atelier, de même que les chiffres placés sur 
certains deniers de la république romaine; mais il parait plus probable qu'ils ont eu rapport à. la 
valeur. Les monnaies en bronze de l'île d'Ébusus, dont une partie a sans doute été frappée sous 
la domination de Carthage, ont le champ du revers occupé par le nombre 50, composé de H 
deux fois répété et du chiffre dénaire, nombre qui est probablement une indication de la valeur.") 
Sur les monnaies frappées à Carthage à une époque postérieure, sous l'empire des Vandales, on 
plaçait également des chiffres comme signes de valeur, savoir C, L et XXV sur les monnaies d'ar- 
gent, XLII, XXI, XII et 1111 sur les bronzes. 4 ) Suivant ces analogies il est permis de Croire que 
les chiffres dont il s'agit, désignent également le nombre des pièces d'une certaine espèce inférieure 
qui a fait la même valeur; de même que sur les monnaies vandales, les chiffres sur les pièces de 
l'un métal se rapportent à une autre unité que ceux sur les pièces de l'autre métal, voyez plus 
bas dans le § 9. 



1) SI la supposition de M*. Boeckh était juste, les globules 
sur les grandes pièces auraient eu une autre valeur que 
sur les petites pièces, et ceux au droit une autre que 
ceux au revers, ce qui est inadmissible. 

2) Conférer Gesenius Monum. p. 87 et 300, et Judas Étude 
p. 85, 89 et 92 suiv. Le 1 er caractère peut aussi être la 
lettre he, mais sur le n* 2 cette lettre est d'une autre 
forme. 

8) Le duc de Luynes a énoncé une opinion divergente à 
l'égard des chiffres sur les monnaies d'Ébusus, en les 
regardant comme la date d'une ère qui a tiré son ori- 



gine de la défaite de Régulus. Bull, archéol. de I'Àthe- 
nœum français 1855 p. 80. Mais par les formes diffé- 
rentes que nous offrent les lettres aleph et mem dans 
le nom de l'île, écrites en caractères normaux sur un 
nombre de monnaies, en caractères dégradés sur un 
autre nombre, de même que par la quantité qui nous 
est parvenue de ces monnaies, il faut conclure qu'elles 
n'ont pas été frappées dans une seule année, mais du- 
rant un espace de temps assez long. Elles sont toutes 
à peu près du même module. 
4) Conférer Friedlânder Mûnzen der Vandalen p. 10 suiv. 



CÀRTHAGE. 131 

On aperçoit enfla au-dessus de la tête de Cérès, sur les monnaies de tous les trois métaux, 
quelques petites barres verticales qui se laissent considérer comme des marques particulières. 
Ces traits très-minces, qui sont en nombre de 2 à 5, ont jusqu'ici échappé à r attention des numis- 
matistes. Où ils sont placés immédiatement derrière les épis et dans une direction oblique, il faut 
les prendre pour les extrémités des épis qui s'élèvent du côté opposé de la tête; mais assez sou- 
vent la direction de ces traits ne permet pas de leur donner cette signification, et plusieurs fois 
ils sont tous perpendiculaires et placés sur le sommet de la tête (p. ex. sur le n° 54 Og.). Ils se 
trouvent aussi appliqués sur une boucle plus on moins détachée de la chevelure; on voit même 
cette boucle portant les traits, complètement séparée de la tête et formant une marque isolée, voyez 
le n° 58 fig. Ce n'est pas seulement sur les bronzes d'un travail négligé qu'on remarque ces petites 
barres, mais aussi sur les monnaies d'or et d'argent où la tête est exécutée avec soin et dans un 
bon style. Par ces raisons on est porté à croire que l'on s'est servi des extrémités des épis qui 
de l'autre côté de la tête devaient faire pendant aux épis qu'on y voit en entier, pour en faire des 
marques d'atelier, et que ces traits remplissent une pareille fonction que les globules. Sur les 
monnaies romaines de la Cyrénaïque on découvre également au-dessus des têtes de Jupiter-Ammon 
et d'Apollon de petites barres perpendiculaires qui se prêtent à une explication pareille. *) 

§ 8. Le titre de Por et Me l'argent. 

Les monnaies d'or* diffèrent beaucoup à l'égard du titre du métal. Dans un certain 
nombre l'or est assez pur;. des épreuves auxquelles nous avons sousmis, au moyen de la pierre de 
touche, des pièces appartenant aux n"45, 62, 70 et 78, ont donné 22-23J carats ou 916-979 milli- 
èmes. Mais l'or est très souvent fortement mélangé d'argent; on le voit par la couleur blanchâtre 
des parties saillantes de la monnaie lorsqu'elle est tant soit peu usée, et pour les grandes pièces 
on le sent par la moindre pesanteur; les parties qui ne sont pas usées, ont conservé l'aspect d'or, 
parce qu'on s'est servi d'un procédé de cémentation par lequel on a enlevé l'argent de la surface 
de la monnaie. 9 ) Pour connaître avec certitude quelle est la quantité de l'argent dans les mon- 
naies de cet aloi, il faudrait faire subir au métal une analyse chimique, méthode qui n'est pas 
applicable, puisqu'il faut sacrifier un morceau de la monnaie. Par cette voie M. le duc de Luynes 
a fait examiner quelques monnaies en or mélangé d'argent, frappées en d'autres pays, en délivrant 
les pièces entières à l'analyse; en voici le résultat. Le sixième d'un statère cyzicène donna en 
nombres ronds: ^ d'or, fâ d'argent et -fo de cuivre, c. à d. 2 cinquièmes d'or; deux pièces de 
Syracuse, un demi-statère au revers du trépied pesant 3,40 gr. et un quart de statère au revers de 
la lyre pesant 1,80 gr., fournirent, la première |§ d'or, {$ d'argent et ^ ô de cuivre, la dernière |g 
d'or, £§ d'argent et -fo de cuivre, ce qui fait environ 3 cinquièmes d'or. *) Comme la plupart des 
monnaies carthaginoises en or mélangé ressemblent par la couleur à ces dernières pièces, qui 
appartiennent à la même époque et à une ville avec laquelle Carthage avait beaucoup de trafic, il 
est assez probable qu'elles sont d'un alliage pareil; il y a cependant aussi des pièces dont le 

i) Voyea le I" volume p.t54fig., p. 159 et p.lG2flg. est un alliage d'argent et de cuivre. 

s) De nos jours on se sert d'un pareil procédé pour donner 3) Voyez la Revue num. fr. 1856 p. 89 et p. 9 1-92. 

l'aspect de monnaies d'argent aux pièces dont le métal 

17* 



132 



LA ZEUGITANE. 



métal offre un autre aspect, d'où il est permis de conclure que la composition n'est pas partout la 
même. Le métal composé d'or et d'argent, soit natif, soit artificiel, fut appelé electrum par les 
anciens. 1 ) Selon Pline, le mélange d'or et d'argent, pour être appelé electrum, devait renfermer 
au moins un cinquième d'argent; Isidore dit que Y electrum est composé de trois parties d'or et 
d'une partie d'argent 9 ); c'est donc à juste raison que dans la numismatique le nom d'électrum est 
appliqué aux monnaies d'or dont la surface fait supposer un mélange de plus d'un cinquième 
dlargent. 8 ) 

Quant au motif par lequel, dans l'antiquité, on a frappé des monnaies en electrum, Eckhel 
ne voulait pas décider si Ton a fait usage de ce métal dans le monnayage parce qu'il se trouvait 
mélangé ainsi dans la nature et qu'on ne savait en séparer l'argent, ou si les gouvernements ont h 
dessein mêlé l'or avec de l'argent. 4 ) Ch. Lenormant, dans un traité sur le prétendu electrum des 
statères de Cyzique, incline à supposer qu'on s'est servi de l'or naturel pour la fabrication de ces 
monnaies. 5 ) Quant à ces questions, il faut d'abord statuer que les anciens ne se sont pas servis 
uniquement de l'électrum natif, mais qu'ils ont aussi produit, moyennant la fonte, le mélange d'or et 
d'argent employé pour les monnaies, par la raison que ce n'est qu'en petite quantité qu'on trouve 
dans la nature l'or combiné avec l'argent dans une telle proportion que le renferment les monnaies 
d'électrum. Cette considération s'applique spécialement à l'État de Carthage, car les monnaies 
d'électrum y surpassent de beaucoup en qombre celles d'or, et les Carthaginois tiraient l'or surtout 
de l'intérieur et de la côte occidentale de l'Afrique 6 ), où ce métal, que charrient les fleuves, se 
trouve d'ordinaire en état de pureté. De plus, lorsqu'on prend en considération que par un procédé 
artificiel, comme nous l'avonç déjà fait remarquer, on a donné aux monnaies d'électrum l'apparence 
de monnaies d'or, et qu'on y ajoute que ces monnaies, ainsi que nous le ferons voir dans le § 
suivant, ont présenté en général les mêmes types et le même module que les monnaies d'or pur, 
on est en droit d'en tirer le résultat, que l'électrum n'a pas été un métal d'un certain alliage au- 
torisé par le gouvernement, et dont les monnaies ont été destinées à une certaine valeur intermé- 
diaire entre celles des monnaies d'or et d'argent, mais que ces monnaies, malgré leur titre inférieur, 
ont dû équivaloir aux monnaies d'or du même module. Il faut donc admettre que le gouverne- 
ment.de Carthage, ainsi que tant d'autres, séduit par la pénurie de numéraire, a détérioré le titre 
de l'or, de même que celui de l'argent, et a frappé les monnaies d'électrum pour les faire circuler 
en guise de monnaies d'or. A en juger par le style des têtes que nous présentent ces monnaies, 
ce n'est que dans la deuxième époque, après la perte 4e la Sicile, qu'on a commencé à combiner 
l'or avec de l'argent pour la fabrication des monnaies (cf. le §10). 

Les monnaies d'argent sont également d'un titre très différent. Un grand nombre en 
sont d'argent assez pur; des essais que nous avons fait faire au moyen de la pierre de touche, 
ont donné pour des pièces appartenant aux n°* 84-91, 107-108 et 116-123: 1 5-1 5£ demi -onces = 



1) Sur le métal appelé electrum par les anciens, voyez 
Pauly Real-Encyclopâdie III p. 69 et Ch. Lenormant dans 
la Revue num. fr. 185G p.88suiv. 

3) Pline Hist. Nat. XXXIII, 23. Isidore Orig. XVI, 23. 

8) Ch. Lenormant (I.c. dans la note 1) s'est opposé à l'em- 
ploi de ce nom au métal monnayé, mais sans raison 
suffisante, à ce qu'il nous parait. Conférer Mommsen 
Gesch. des rôm. Mûnzwesens p. 9. 



4) Doctrina I p. XXIV-XXV. * 

5) Revue num. fr. 1856 p. 89, 92 et 96. 

6) Les Carthaginois allaient chercher de l'or, soit par terre, 
à l'aide des caravanes qui se dirigeaient à travers la 
Sahara jusqu'en Soudan, soit par mer, en naviguant à 
l'île de Kerne, située assez loin vers le sud près de la 
côte occidentale (Hérodote IV, 196). Conférer: Bôtticher 
Gesch. der Carthager p. 73, Movers Phôniiier II, 3, p. 59 -61 . 



CARTHAGE. 133 

937-968 millièmes d'argent. Dans les n ' 93 et 114 l'argent n'est pas d'une pareille pureté; d'après 
les essais entrepris à l'aide de la pierre de touche, les pièces du premier de ces n 01 renferment 
14 demi-onces = 875 millièmes d'argent, et celles du dernier, 12 demi-onces = 750 millièmes ou 
| d'argent. Mais un assez grand nombre en sont de bas titre, ce que nous montre l'aspect au 
premier coup d'oeil. À en juger par les épreuves que nous a fournies la pierre de touche, le 
n°102 ne se compose que d'une moitié d'argent, et les n 01 94, 96, 98, 102 et 111-112 sont d'un aloi 
encore inférieur. Les pièces des n" 103-104 offrent un aspect à faire douter s'il faut les regarder 
comme des monnaies d'argent ou de cuivre. L'analyse chimique à laquelle nous avons sacrifié 
une de ces pièces, n'a amené aucune certitude à cet égard; elle n'a fourni que y 1 ^ d'argent, mais 
ffo de cuivre et T § ç d'autres métaux 1 ); cependant, comme dans l'antiquité on a bien su affiner les 
métaux et donner à des monnaies d'un très bas titre l'apparence d'argent, et que la quantité de 
11 centièmes d'argent est trop considérable pour qu'on ne l'eût séparée du cuivre, il parait pro- 
bable que ces pièces ont été destinées à être émises comme monnaies d'argent Quant à la com- 
position métallique des autres pièces dont l'argent est au-dessous de la moitié, la couleur du métal, 
comme elle se présente sur la pierre de touche, fait supposer que les pièces des n 09 98 et 111-1 12 
renferment non -seulement du cuivre, mais encore une assez grande quantité de plomb. Nous 

* 

avons donné le nom de potin, nom adopté dans la numismatique pour les monnaies d'argent de 
bas titre en général, au métal des monnaies dont l'alliage offre une moitié d'argent et au-dessous, 
tandis que nous avons rapporté aux monnaies d'argent celles dont le métal renferme -f d'argent et 
au-dessus; il n'existe pas de monnaies carthaginoises dont l'alliage soit entre £ et f d'argent. 

Il n'y a pas de doute que les monnaies en potin n'aient eu l'apparence de monnaies d'ar- 
gent, bien que dans leur état actuel elles en diffèrent beaucoup par leur aspect, et qu'elles n'aient 
été destinées à circuler comme telles; elles n'ont assurément pas eu cours selon la quantité d'argent 
qu'elles renferment, ainsi que les monnaies d'argent mêlées de cuivre dans les états modernes, 
mais elles ont dû équivaloir aux monnaies d'argent du même module. L'altération du titre de 
l'argent n'a probablement commencé qu'à la lll me époque; car les monnaies de potin portent toutes 
la tête de Cérès du style africain (E), et elles sont en partie d'un travail assez médiocre; elles 
appartiennent peut-être surtout au dernier temps où la misère croissante a dû forcer le gouverne- 
ment à frapper des monnaies à bas titre. 



§ 9. Le système monétaire. 

Dans les anciens auteurs rien n'a été rapporté qui soit capable de nous éclaircir sur le 
système monétaire adopté à Carthage; il faut s'en tenir uniquement aux monnaies elles-mêmes. 
En examinant les pesées, on trouvera les mêmes divisions que celles des monnaies grecques en 
général. Dans les monnaies d'or les parties aliquotes suivent l'ordre binaire; dans les monnaies 
d'argent il en est de même pour les divisions de valeur moyenne auxquelles appartient la partie 
majeure, mais les plus grandes espèces de ce métal offrent plusieurs autres multiples, et la plus 
petite fraction, répondant à l'obole grecque, fait un tiers de l'espèce la plus rapprochée. On trou- 

1) Savoir d'or, dé tain, de plomb et de fer. 



1 34 LA ZEUGITANE. 

vera ensuite que ces divisions ne se rapportent pas à une unité d'un seul et même poids, mais 
qu'elles appartiennent à des systèmes différents, c'est-à-dire à ceux mêmes qui étaient en usage 
dans les autres pays; il a été suffisamment constaté que dans les étals de l'ancien monde, surtout 
dans les grandes villes commerçantes, le gouvernement faisait souvent frapper des monnaies d'après 
plusieurs systèmes. 1 ) Nous allons démontrer, autant qu'il sera possible, à quelles divisions et à 
quels systèmes ont appartenu les monnaies carthaginoises, en considérant chacun des métaux en 
lui-même; faute de connaître les noms puniques, on est contraint de se servir des noms grecs 
pour les divisions monétaires. Deux tableaux, ajoutés à la fin de ce volume, offrent un aperçu 
des monnaies d'or et d'argent d'après les systèmes et les divisions. 

•Les monnaies en or pur. Gomme il y a des pièces, différant par les types, qui pré- 
sentent les poids de 7, 9 et 12 grammes, il est évident que les monnaies d'or n'ont pas appartenu 
à un seul et même système. Le n°74, pesant 7,5 gr., les n 01 58-59, qui en pèsent la moitié, enfin 
les n" 57, 62 et les pièces en or des n 01 67-68, qui pèsent le quart du n°74, sont un statère, des 
demi-statères et des quarts de statère du système appelé phénicien, auquel appartiennent un 
grand nombre de monnaies de la même époque, frappées par les villes de la Phénicie, les Ptolé- 
mées et Cyrène. 9 ) Bien que plusieurs pièces de ces n" dépassent d'un peu le taux ordinaire du 
système phénicien, il ne faut sans doute pas les rapporter à aucun autre, attendu qu'on trouve 
assez souvent des exemples d'un poids trop élevé parmi les monnaies d'autres pays frappées dans 
ce système. 8 ) Avec les n°* 45-47, pesant 9,5— 9,2 gr., s'accordent les n ' 54-55, le n° 78 et quel- 
ques pièces des n M 79-83, comme parties aliquotes en £, -} et |; ces monnaies sont probablement 
des statères, des demi-statères, des quarts et des huitièmes de statère d'un système d'après lequel 
ont été frappés un certain nombre de didrachmes de l'Asie Mineure méridionale, ensuite des mon- 
naies de différentes espèces de la Macédoine, datant d'une époque assez reculée, ainsi que d'autres 
pays de la Grèce et de Crète, enfin beaucoup de drachmes de Rhoda et d'Emporia en Espagne. 
M. Queipo a donné à ce système , dont la drachme normale parait avoir été de 4,8 gr. , le nom 
d'assyro-phénicien , d'après son origine supposée, ou olympique, à cause de son rapport avec le 
pied cube olympique 4 ); la dernière dénomination est celle que nous avons adoptée dans le cata- 
logue. Enfin, à la pièce n°66, pesant 12,5gr., s'attachent les n" 70-72 et le n°77, qui en pèsent 
! et £; ces monnaies s'adaptent, comme des statères, des quarts et des huitièmes de statère, au 
système éginétique, dans lequel la plus grande espèce, le didrachme ou statère, avait le poids 
de 12,6— 12,3 gr. 5 ) Comme parmi les tétradrachmes d'argent du système asiatique (n os 116 suiv.), 
on rencontre quelques-uns d'un poids faible, pareil à celui du statère n° 66 , on pourrait demander 
si les dites monnaies ne sont des distatères, des demi-statères et des quarts de statère du système 
asiatique ; il faut sans doute préférer le système éginétique , parce que les pièces en question ne 
semblent avoir rien perdu de leur poids, et que les monnaies d'or bien conservées sont en général 
d'un poids assez exact. 



i) Voyez le l" volume p. 120. 5) Pour ce système, voyez le 1« volume p. 118; nous y 

2) Voyez, sur ce système, le I" volume p. 119-120. avons désigné, comme le poids le plus élevé que Ton 

3) Conférer les monnaies de la Cyrénatque l.c. 11 en est connaisse des didrachmes éginétiques, celui de 12,3gr.; 
de même des monnaies d'argent frappées d'après ce sys- il en existe cependant des pièces pesant 12,5 ett2,4gr., 
tème, voyez plus bas p. 136. voyez Mommsen Geschichte des rôm. Mûnzwesens p. 44 

4) Systèmes monétaires I p. 259-261 et p. 4 17-420. note 135. 



CARTHAGE. |35 

Les monnaies en électrum. H ne faut pas rapporter ces monnaies aux divisions des 
différents systèmes auxquelles elles répondent par le poids; c'est ce qu'on verra en les comparant 
aux monnaies d'or semblables. Si Ton voulait déterminer les monnaies d'électrum d'après les 
pesées, il .faudrait prendre les n* f 48-53, 56 et 79-83 l ) pour des statères, des demi-statères et des 
| de statère du système phénicien, les n°* 60-61 pour des { de statère du système perse ou éginé- 
tique, enfin les n" 67-69 pour des \ de statère asiatiques ou des £ de statère éginétiques. Mais 
à regard des types et du module, les n' 8 48-53, 56 et 79-83 ressemblent aux statères, aux demi- 
statères et aux \ de statère d'or du système olympique, les n os 60-61 aux demi-statères d'or phé- 
niciens et les n" 67-69 aux | de statère d'or du même système ; par rapport au temps les mon- 
naies d'électrum s'éloignent, pour la plupart, très peu des monnaies d'or selon le style; leur 
extérieur offrait primitivement le même aspect que celui des monnaies en or pur; par conséquent, 
les types et le module étant les mêmes, on n'aurait été capable de distinguer les espèces en élec- 
trum du système phénicien d'avec les espèces parallèles en or du système olympique, ni les espèces 
en électrum appartenant aux autres systèmes d'avec les espèces semblables en or du système phé- 
nicien. Or, il est impossible d'admettre qu'un gouvernement eût fait frapper des monnaies par- 
faitement pareilles à certaines monnaies déjà émises, mais d'une valeur tout autre. 11 faut donc 
croire que les monnaies d'électrum ont présenté les mêmes divisions des mêmes systèmes que les 
monnaies d'or aux mêmes types et du même module; par conséquent les n 01 48-53 sont des sta- 
tères olympiques comme les n" 45-47 en or, le n°56 un demi-statère olympique comme les n°* 54-55 
en or, les n" 60-61 des demi-statères phéniciens comme les n" 58-59 en or, les pièces en élec- 
trum des n ci 67-69 des quarts de statère comme les pièces en or des mêmes n", le n°73 un quart 
de statère éginétique comme les n 08 70-72 en or, enfin les pièces en électrum des n * 79-83, des 
huitièmes de statère éginétiques comme les pièces en or décrites sous les mêmes n 08 . Le poids 
moins grand qu'offrent les monnaies d'électrum comparativement aux monnaies d'or correspon- 
danles, provient tout simplement de la quantité d'argent ajoutée à l'or, auquel l'argent est inférieur 
en poids spécifique. Par analogie il faut statuer que les monnaies d'électrum, qui par les types 
diffèrent des monnaies d'or, n'appartiennent pas à un tel système auquel elles s'adapteraient selon 
leurs poids, mais à un système dans lequel les divisions correspondantes sont d'un poids un peu 
plus fort; les n 01 63-65, les seuls dont les types ne se retrouvent pas dans les monnaies d'or, doi- 
vent donc être regardés comme des statères éginétiques. La fluctuation du poids des pièces d'é- 
lectrum appartenant à une même espèce, est plus grande que dans les monnaies d'or; ceci s'ex- 
plique naturellement par le plus ou moins d'argent dont on a mélangé l'or; étant une fois arrivé à 
altérer le titre des monnaies d'or, on se souciait peu de le faire toujours dans la même mesure. 
H est souvent assez difficile de décider si une monnaie a été battue en électrum ou en or. 
Lorsque les pièces d'électrum ne sont pas usées, on est facilement induit à les prendre pour des 
monnaies d'or; il en est ainsi surtout des petites pièces, auxquelles la diminution du poids, causée 
par la présence de l'argent, n'est pas sensible. 11 est donc bien excusable que dans les publica- 
tions numismatiques ainsi que dans les notices qui ont été communiquées de l'étranger à Falbe 
pour cet ouvrage, des pièces en électrum aient été quelquefois désignées comme des monnaies d'or, 

i) Selon l'analogie des autres monnaies nous supposons que celles qui sont du plus faible poids, sont en électrum ; 

parmi les pièces des n«* 79-83, ainsi que des n«« 67-68, conférez plus loin. 



136 



LA ZEUGITANE. 



et il ne faut pas toujours le croire assuré que les monnaies, dont le métal est indiqué comme de 
l'or, sont réellement en or non mélangé. *) Par ces mêmes raisons nous avons été forcé de mêler 
ensemble sous les n" 67-68 et sous les n" 79-83 les petites pièces d'or et d'électrum de poids 
assez différents; il n'y a pas de doute que les plus fortes n'en soient d'or, les plus faibles, 
d'électrum. 

Les monnaies en argent pur ou de bon aloi appartiennent, à ce qu'il semble, h quatre 
systèmes différents, dont les deux sont les mêmes dans lesquels on frappait aussi des monnaies 
d'or. Les monnaies du système phénicien constituent 8 divisions, dont les quatre sont de 
grandes espèces qu'on ne trouve pas réunies dans une même série monétaire d'aucun autre pays, 
savoir des pièces de 12, 10, 8 et 6 drachmes. Dans plusieurs divisions de ce système on rencontre 
des pièces d'un poids trop élevé, de sorte qu'on pourrait être tenté à les rapporter au système 
attique; elles ne peuvent cependant appartenir à aucun autre système par la raison qu'elles sont, 
pour les types et le style, identiques aux pièces de juste poids qui font la majorité, et que leurs 
pesées forment avec les pesées de ces dernières une série sans intermission. Les n 08 93 et 106 
nous offrent un didrachme et une drachme, frappés dans le système olympique, d'un poids assez 
normal. La série des pièces dentelées, les n°M16suiv., consiste en tétradrachmes du système 
asiatique, auquel appartiennent la plupart des tétradrachmes de la Cyrénaïque des poids 13,6 — 
12,4 gr. 2 ); les n 0$ 92et!24, dont les poids sont 6,2 et 6,3 gr. , doivent être regardés comme des 
didrachmes du même système, parce que le premier est une pièce dentelée, que le dernier porte 
au revers le même cheval que les tétradrachmes, et qu'ils sont tous les deux du même style que 
ceux-ci. 11 y a enfin un nombre de pièces décrites sous les n°» 113 et 114, pesant 5,5 — 4,8 gr., 
qui ne rentrent dans aucun des systèmes précédents; elles sont trop faibles pour des drachmes 
éginétiques ou des didrachmes asiatiques, et trop fortes pour des drachmes olympiques. Ces 
pièces peuvent être des drachmes d'un système, usité depuis une époque reculée dans les pays 
asiatiques et dans lequel le sicle ou la drachme babylonienne et le darique d'argent perse, pesant 
5,ô gr., formaient l'unité. 8 ) A ce système appartiennent un grand nombre de didrachmes avec leurs 
fractions, frappés dans les pays méridionaux de l'Asie Mineure sous la domination perse, ainsi que 
plusieurs des monnaies d'or des Lagides; M. Fr. Lenormant l'a appelé babylonien, M. V. Queipo 
l'a nommé babylonien ou perse; nous y avons donné le nom de perse. 4 ) 

Les monnaies en potin. Il est difficile de déterminer à quelles divisions des différents 
systèmes appartiennent les pièces de ce métal. On ne pourra y parvenir au même moyen dont 
nous nous sommes servis quant aux monnaies d'électrum, parce qu'il n'existe pas de monnaies 
d'argent semblables, à l'imitation desquelles elles ont été fabriquées, comme il en était des mon- 



i) Je n'ai examiné moi-même que les monnaies qui se 
trouvent dans les collections de Copenhague, dans le 
cabinet impérial de Paris et dans la collection du duc 
de Luynes. Dans la description laissée par Falbe, les 
n<" 57 et 74, conservés dans le musée britannique, sont 
indiqués comme des monnaies d'or; sur ce compte je 
les ai regardées comme un quart de statère et un sta- 
tère du système phénicien; si elles sont d'électrum, 
elles appartiennent au système olympique. 

2) Voyez, sur ce système, le I e ' volume p. 118-1 19. 11 n'y 



a que deux pièces qui offrent un poids inférieur, de 
11,8 et 11,6 gr.; mais, étant usées, elles ont dû perdre 
de leur poids primitif. 

3) Le darique d'argent appartenait a un autre système que 
le darique d'or pesant 8,3 gr. 

4) Sur ce système, voyez: Fr. Lenormant Revue num. fr. 
18ôôp.l02suiv., I79suiv. et 187suiv., V. Queipo Systèmes 
monétaires 1 p. 290, 294, 307-308, 312 et 400; Mommsen 
Gesch. des rôm. Mûnzwesens p. 12-18. 



CARTHAGE. 1 37 

naies d'or. Cette question ne se laisse pas décider d'une manière certaine à l'aide de la balance, 
parce que les monnaies de potin sont composées, dans une proportion inconnue, de plusieurs 
métaux qui diffèrent par leur poids spécifique l'un de l'autre; la quantité de r cuivre dont l'argent est 
mêlé, varie de T 5 ^ à tW (voyez p. 133), et dans beaucoup de pièces le plomb fait sans doute 
aussi une grande part de l'alliage; le poids spécifique du cuivre est à peu près d'un septième infé- 
rieur h celui de l'argent, et le poids spécifique du plomb surpasse celui de l'argent par environ un 
treizième. 1 ) Aussi les pièces de potin qui, à en juger d'après l'identité des types, du module et 
de la fabrique, ont dû appartenir à une même division, nous présentent-elles une variation de poids 
plus grande qu'il n'en existe dans les divisions des monnaies d'argent. 11 en résulte que pour 
les monnaies de potin, la détermination de la division et du système monétaires doit être plus pré- 
caire que pour les monnaies des métaux précédents. Nous avons désigné les n" 94-98, 111-112 
et 115 comme des tétradrachmes , des didrachmes et des drachmes du système phénicien, parce 
que, selon le poids, ils conviennent le mieux à ce système qui était le plus usité à Carthage. Les 
n°* 103-105 de 12-9 grammes se rattachent au n Q 99 de 23 grammes comme des pièces qui en font 
la moitié; selon les poids, ces monnaies ont pu être des didrachmes et tétradrachmes, soit du 
système perse, soit du système éginétique, ou bien des tétradrachmes et oclodrachmes du système 
asiatique; nous avons préféré de les rapporter à ce dernier système, par la raison qu'il n'existe pas 
de monnaies d'argent du système éginétique, et qu'on ne trouve le système perse que dans quelques 
drachmes rares qui, h ce qu'il semble, ne datent pas de la dernière époque à laquelle appartiennent 
les monnaies de potin. Les n" 100-102, pesant 19-16 gr., ont donc probablement été frappés dans 
le même système, où, selon le poids, ils ont présenté des pièces de 6 drachmes; ils se distinguent 
d'avec les tétradrachmes aux mêmes types en ce que le palmier au revers est placé vers la gauche, 
tandis que sur les derniers il se trouve au milieu. 2 ) 

Les métrologues qui se sont occupés du système des monnaies carthaginoises, sont arrivés 
à des déterminations très divergentes de celles que nous venons d'exposer. M. Bœckh a rap- 
porté toutes les monnaies de Carthage qui ne sont pas de poids attique, à un seul et même 
système, qu'il regarde comme identique au système éginétique, ou comme rapproché de celui-ci, 
qui a été transmis de Tyr à Carthage. 8 ) Les monnaies carthaginoises ainsi que les pesées publiées 
de ces monnaies, dont ce savant pouvait disposer pour ses recherches, étaient d'un nombre assez 
limité; pour adapter toutes les pesées au système éginétique, il fut forcé d'admettre tantôt des divi- 
sions insolites, tantôt une grande aberration du poids normal. M. Mommsen 4 ) est. d'avis que 
les monnaies de cette section, frappées, selon lui, en Sicile, ont appartenu à un système en partie 
décimal, en partie sédécimal, dont l'unité a été une petite monnaie d'argent de 0,95 grammes, sem- 
blable à la litra syracusaine; ce savant essaie aussi de repartir les monnaies d'après les pesées à 
un nombre de différentes divisions d'un tel système, mais en même temps il reconnaît qu'il y a 
beaucoup de précaire dans sa supposition, et il regrette que les pesées des monnaies carthagi- 
noises ne sont pas publiées en assez grand nombre pour qu'on puisse avec certitude résoudre 

i) Le poids spécifique de l'argent est de 10,5, celui du plus grandes et plus petites. 

cuivre de 8,os, celui du plomb de 11,4 grammes. 3) Metrol. Untersuchungen XXIII. 

a) Dans la série des bronzes aux mêmes types, n" 147 4) Gesch. des rôm. Mùnzwesens p. 88-90, Taf. p. 12 1-123. 



suiv., on remarque la même différence entre les pièces 



18 



138 LA ZEUGITANE. 

celte question. M. Queipo 1 ) émet l'opinion que Carthage a frappé des monnaies d'après plu- 
sieurs systèmes, d'entre lesquels il nomme le phénicien (divisé par lui en deux, savoir le bosporique 
et le lagide) et l'olympique, en attribuant certaines pesées h chacun de ces systèmes; mais il ne 
rapporte pas de monnaies au système éginétique ni à l'asiatique, et en assignant les poids spéciaux 
à diverses divisions des systèmes phénicien et olympique, il arrive plusieurs fois à établir des déter- 
minations, que nous ne saurions admettre, d'après ce que nous avons exposé précédemment. 11 y 
a deux faits que ce savant métrologue a manqué de prendre en considération. L'un, c'est que 
des pièces de la même empreinte, datant, selon la fabrique, de la môme époque et ne différant 
qu'insensiblement en poids, n'ont pu appartenir à des divisions ou à des systèmes différents, parce 
qu'on n'aurait été à même d'en distinguer la valeur sans recourir à la balance. L'autre fait est 
celui, que pour les monnaies de titre inférieur il ne faut pas déterminer la division ni le système 
d'après le poids seul, parce que les métaux moins précieux qui sont ajoutés à l'or et h l'argent, 
changent considérablement la pesée de la monnaie. Si, selon le procédé de M. Queipo, n'ayant 
aucun égard ni aux types ni au titre, on se réfère au poids 6eu), on est amené à donner aux mon- 
naies d'électrum une valeur trop petite, et à assigner à des systèmes différents des monnaies qui, 
en offrant le même aspect, ont dû appartenir à la même division du même système. 

Les divisions des différents systèmes se distinguent en général l'une d'avec l'autre 
par l'empreinte même. Quant aux monnaies ayant pour types communs la tête de Cérès ou de 
Proserpine et le cheval, auxquelles appartient la partie majeure, on a varié la position du cheval 
ou l'on s'est servi de différents symboles accessoires pour désigner les différentes espèces; les 
signes accessoires qui remplissent cette fonction, sont: le palmier 2 ), le symbole égyptien, l'astre et 
le double épi. *) Pour les espèces les plus grandes et les plus petites on a choisi d'autres types 
principaux, savoir le cheval ailé, la tête de cheval et le palmier. Il y a cependant aussi plusieurs 
divisions qui présentent la même empreinte, se séparant l'une de l'autre seulement par le module 
ou le poids; il en est ainsi des -J- et j de statère phéniciens n" 61 et 62, des tétradrachmes et 
drachmes de potin n" 94 et 95, et d'autres espèces. 

Quant à l'emploi des différents systèmes dans le monnayage, on voit que c'est le 
système phénicien qui doit être considéré comme le système principal de Carthage, surtout pour 
la fabrication des monnaies d'argent. tes monnaies en argent frappées d'après ce système nous 
sont parvenues en plus grande quantité, et elles présentent plus de divisions, de même que plus de 
variation dans l'empreinte que celles des autres systèmes; aussi par leur style et leur titre diffé- 
rents peut- on conclure que ce système a été en usage depuis le commencement jusqu'à la On. 
Il existe de même un grand nombre de quarts de statère en or du taux phénicien. Mais les sta- 
tères d'or ont été frappés par préférence dans le système olympique pendant la première époque, 
.et dans le système éginétique pendant la dernière époque; c'est ce qu'on peut déduire du grand 
nombre qu'on possède de ces monnaies, ainsi que du style différent des têtes que présentent les 
statères de ces deux systèmes; ce sont probablement ces pièces qui ont été employées à la solde 
des troupes mercenaires, laquelle, selon Polybe, fut payée en statères d'or ixçMovç). 4 ) Du reste 

i) Systèmes monétaires T. I §264 et 268; Tables XVHI-XIX 3) Par les chiffres numéraux, le didrachme olympien n°93 
et XLVII-XLV1II. se sépare des didrachmes phéniciens en potin n°» 96-98. 

3) il semble qu'on ait encore varié la place du palmier pour 4) Polybe 1, 66. 
marquer différentes espèces, voyez la page précédente. 



CARTHAGE. 139 

on ne saurait douter que le commerce n'ait surtout été la cause qu'on s'est servi de plusieurs 
systèmes dans le monnayage, de sorte que les monnaies frappées dans les systèmes différant du 
phénicien, ont été destinées au trafic avec les pays où de tels syslèmes étaient adoptés. A en 
juger par le style des têtes, on n'a pas à la dernière époque fait usage des systèmes olympique 
et perse. 

Parmi les monnaies d'or et d'argent quelques pièces portent des chiffres qui sans doute, 
comme nous l'avons fait remarquer plus haut (p. 130), ont rapport à la valeur; ce sont les demi- 
statères phéniciens n * 58 et 59, marqués de t* , 20, et le didrachme olympique n°93, qui offre: 
util* , 25. Il faut que le chiffre sur les pièces d'or désigne des unités d'une autre valeur que 
celui sur la pièce d'argent; c'est ainsi que sur les monnaies frappées à Carthage sous l'empire des 
Vandales, les chiffres inscrits aux monnaies d'argent se réfèrent à des monnaies d'une autre espèce 
que ceux inscrits aux monnaies de bronze (voyez p. 130). Comme la valeur de l'or chez les 
peuples anciens, bien que variant selon les temps et les lieux, surpassait le plus souvent dix fois 
la valeur de l'argent, on peut croire que les monnaies dont les pièces d'or ont compris une ving- 
taine, ont été des demi-drachmes, notamment celles des n os 86 et 90-91, qui sont du même système 
et nous présentent le même cheval au revers. L'espèce dont 25 pièces ont fait le didrachme, a 
dû se rapprocher de la demi -obole; mais comme il n'existe aucune pièce d'argent inférieure à 
l'obole, il faut que la monnaie de cette valeur ait été une pièce de cuivre correspondant à peu 
près au tétrachalkon des Grecs; nous ferons voir plus bas (p. 140) quelles sont parmi les bronzes 
les pièces répondant à cette espèce. Les chiffres sur ces monnaies se réfèrent donc aux rap- 
ports de la valeur existant entre les monnaies d'or et d'argent, ainsi qu'entre les monnaies d'argent 
et de cuivre. 

Les monnaies en bronze. Si l'on essaie de diviser la totalité des monnaies de bronze 
selon leur valeur, il se présentera des difficultés insurmontables. Les poids ne forment pas ici, 
comme dans les monnaies d'or et d'argent, différents groupes d'où l'on pourrait déduire différentes 
divisions; mais ils offrent une série continue, sans interruption, depuis 26 jusqu'à 2 grammes, outre 
les très grandes pièces pesant 121-96 gr. On ne saurait non plus rapporter les bronzes à cer- 
taines divisions suivant les types; en examinant les classes dans le catalogue, on verra que dans 
une même classe des pièces aux mêmes types principaux et accessoires présentent des poids très 
différents, et que les mêmes pesées se retrouvent dans plusieurs classes. Il s'ensuit qu'à l'égard 
de l'empreinte, du module et du poids des différentes espèces de brotaze, il n'a existé aucun règle- 
ment qu'on a suivi dans les différents lieux monétaires, ou qui s'est maintenu durant toute la 
période. Pour déterminer les espèces, il faudrait classer les monnaies d'après les villes et les 
époques; il n'y a pas de doute que les différentes espèces, émises dans telle ville à telle époque, 
ne se soient distinguées l'une d'avec l'autre d'une manière sensible; mais ce n'est que pour certaines 
suites et avec peu de certitude qu'on est à même d'indiquer le lieu et le temps de l'émission, comme 
nous avons tâché de le démontrer dans les §§2 et 10. 11 serait donc en vain, selon les moyens qui 
sont actuellement à la disposition de la numismatique, de tenter de ranger les bronzes carthaginois 
en général d'après les divisions monétaires. Mais pour les séries dont les monnaies semblent 
appartenir à une même ville et à une même époque, il en est autrement; on y pourra assez bien 
distinguer plusieurs espèces. Nous allons indiquer quelles sont ces séries. Les monnaies qui, 
autant qu'on en peut juger, ont été émises dans la Sardaigne, savoir les n 0i 189-199 et les 



140 LA ZEUGITANE. 

n ot 275suiv., ont sacs doute été de 3 espèces; à la I" ont appartenu celles du module 7, pesant 
16-11 gr., au buste de cheval pour revers, à la 2 Be , celles du module 5, pesant 9-5 gr., au cheval 
debout pour revers, et à la 3 na , celles du module 4, pesant 6-3 gr., au buste de cheval pour revers. 
La série n oa 133-146 de la I rc classe, ayant la tête de Cérès E-F et au revers le symbole égyptien 
au-dessus du cheval debout, comprend des pièces des modules 9,7 et 5, auxquels correspondent 
3 groupes de pesées: 26-18 gr., 12-10 gr. et 7-4 gr. ; il y a donc eu 3 espèces. La série suivante 
de la même classe, n ' 147-159, qui porte la tête de Proserpine G-H et au revers le cheval debout 
auprès du palmier, offre 3 espèces semblables, la l fe de 23-14 gr., la 2 n,e de 12-10 gr., la 3 me de 
7-5 gr. ; y appartiennent peut-être encore, comme 3 me et 5 me espèce dans Tordre, les monnaies de 
Ja Hl me classe qui offrent la même tête, savoir les n 08 230-231, pesant 9-6 gr., et les n" 232, 233 et 
239, pesant 3 gr. Dans la M"* classe les monnaies à la tête de Proserpine G présentent une 
espèce du module 6 et des poids 14-9 gr., une autre du module 3 et des poids 3-2 gr.; d'entre 
les pièces portant pour symboles l'astre ou l'enseigne, celles qui offrent une tête semblable s'y 
attachent comme une espèce moyenne. 1 ) On en vient aux résultats suivants : qu'on a procédé 
avec de l'incurie et de l'arbitraire quant h la pesée des pièces destinées à une même espèce; que 
les poids des différentes espèces n'ont pas été exactement en rapport entre eux d'après la valeur; 
que les différentes espèces se sont distinguées soit par le module ou le poids seul, soit par le 
module et l'empreinte réunis; enfin, que le poids ou le module des espèces a varié d'après les 
lieux et les temps. 

11 est assez probable qu'on a donné aux espèces principales des monnaies de bronze une 
valeur répondant à celle du cuivre, et que la valeur du cuivre a été en raison de celle de l'argent 
comme 1 à 60; il parait aussi que les monnaies de bronze carthaginoises ont présenté les mêmes 
divisions que les monnaies de bronze grecques. Voici quelques rapprochements capables d'amener 
ces suppositions. Les pièces n°* 131-132 et 251 , pesant 121-100 gr., ressemblent aux pièces du 
plus grand module frappées par les Lagides à la même époque; en Egypte la valeur du cuivre était 
■$ l 6 de celle de l'argent 9 ); en admettant qu'il en a été de même à Carthage, les pièces en question 
ont équivalu aux demi-drachmes du système phénicien. Parmi les autres espèces, la première en 
grandeur et la plus usitée est celle que constituent les pièces pesant 26-18 gr.; ce poids est environ 
£ de celui de la plus grande espèce et s'approche de celui du tétrachalkon (=| obole) qui était 
la plus commune des espèces grecques d'un module supérieur. Ensuite, supposé que la valeur 
de l'argent ait surpassé de 60 fois celle du cuivre, il s'ensuit que la monnaie de bronze dont le 
didrachme olympique de 9 gr., n°93, a contenu 25 pièces (cf. p. 139), a pesé environ 21 gr. et 
qu'elle a été analogue au tétrachalkon. Enfin, les pièces marquées du globe, n" 276-279, qui, à 
ce qu'il parait, ont constitué l'unité dans les monnaies de bronze (voyez p. 130), pèsent un quart 
des pièces que nous venons de citer; elles ont donc répondu au chalkus, l'unité en bronze dans 
le système grec, qui était d'un pareil poids. 



i) Dana quelques suites on n'est pas à même de distinguer Mon, comme on le voit par la table, et les pièces a la 

les différentes espèces; il en est ainsi des n" 258-264 même tête des classes III et IV, les n°« 234 et 252-253, 

de la classe VI a la tête de Gérés B; un nombre de 56 n'en diffèrent pas par leurs poids, 

exemplaires qui ont été examinés pour cet ouvrage, a) Cf. Mommsen Rômisches Mûnzwesen p. 42-43. 
donne une série de pesées de 15 à 4gr. sans interrup- 



CARTHAGE. 1 4 | 



§10. Époques de rémission. 



Quant à l'époque où remontent les monnaies carthaginoises, la ressemblence qu'elles offrent 
avec celles de la Sicile, porte à croire qu'elles ont été frappées après que Carthage s'était emparée 
d'une partie de cette lie; le style de l'empreinte, dans lequel on n'aperçoit aucune trace de l'ar- 
chaïque, montre également quelles ne sont pas antérieures au quatrième siècle; on est même en 
état de préciser l'année qu'elles ne peuvent dépasser; ainsi, c'est l'an 396 avant notre ère, où fut 
introduit à Carthage le culte de Cérès et de Proserpine *), dont les télés forment le type sur la 
presque-totalité des monnaies. Il est assez probable que le gouvernement n'a commencé à battre 
monnaie à Carthage qu'après qu'il avait déjà quelque temps fait frapper des monnaies en Sicile; 
mais en fixant le commencement du monnayage dans la capitale, il ne faut sans doute pas descendre 
au-delà du quatrième siècle, attendu qu'à l'égard de la beauté du style et de l'élégance du travail 
un assez grand nombre de monnaies d'or et d'argent se rapprochent des monnaies de la Sicile de 
ce siècle. Carthage ayant été détruite en 146, c'est donc une période d'environ 200 ans sur 
laquelle s'étendent les monnaies frappées dans la capitale. Dans les colonies africaines les mon- 
naies carthaginoises ont pu être frappées jusqu'à la chute de Carthage; mais dans les colonies hors 
de l'Afrique, l'espace de temps auquel elles appartiennent, est plus restreint; en Siciîe la fabrication 
en cessa en 241; en Sardaigne elle finit sans doute peu de temps après, lorsque cette lie fut 
enlevée à Carthage, et en Malte par Tan 218 où les Romains s'emparèrent de cette lie; en Espagne 
elle n'avait lieu que pendant la partie postérieure du lll me siècle jusqu'en 206, époque durant 
laquelle Carthage avait ses possessions dans ce pays. 

11 n'est pas possible de ranger les monnaies carthaginoises en général d'après l'ordre chro- 
nologique, ni d'en répartir les différentes séries sur les différentes époques d'où elles datent, ce qui 
résulte déjà de la circonstance qu'on n'est pas à même de classer les monnaies frappées à Car- 
thage et dans ses colonies sous les lieux d'émission. Mais quant aux monnaies dont on a des 
raisons pour rapporter la fabrication à la capitale (voyez p. 110), on pourra bien, en ayant égard 

ê 

au style, à la fabrique, au caractère de la tête et au titre du métal, en tirer des conclusions 
propres à déterminer approximativement la date d'un assez grand nombre. En rendant compte 
des observations qui se présentent à ce sujet, nous jugeons à propos de diviser la période qu'em- 
brassent les monnaies frappées à Carthage, en trois époques, dont la 1" s'étend depuis le 
- commencement du monnayage à Carthage, environ 350, jusqu'à la perte de la Sicile en 241, la 
2 me depuis l'an 241 jusqu'à la fin de la deuxième guerre punique en 201, et la $ m * depuis celte 
année jusqu'à la destruction de la ville en 146, époque pendant laquelle la domination de Carthage 
était restreinte à l'Afrique seule. A la première époque il faut rapporter les monnaies qui se 
rapprochent le plus de celles de la Sicile, car on ne saurait douter qu'au commencement on ne 
se servit à Carthage de graveurs siciliens, et tant que l'état carthaginois conservait ses possessions 
en Sicile et qu'il y faisait frapper monnaie en même temps que dans la métropole, il est assez 
naturel que la conformité se maintenait avec les monnaies siciliennes. Les monnaies de cette 
époque sont dont en général celles qui se distinguent principalement par la beauté du style et par 
la supériorité du travail. Les têtes de Cérès qu'on y trouve, sont celles qui présentent le carac- 

1) Voyez plus haut p. 111. 



142 



LA ZËUGITANE. 



tère À et B et peut -être plusieurs de celles que nous avons désignées par G et D. L'or et l'ar- 
gent n'en sont pas mélangés. A la deuxième époque on peut avec la plus forte raison 
assigner les monnaies qui par le travail artistique diffèrent des siciliennes, sans qu'on puisse y 
remarquer aucune décadence essentielle. Parmi les têtes de Gérés, ce sont probablement celles 
marquées de C et D, qui appartiennent surtout à cette époque. L'or en est le plus souvent mélangé 
d'argent ; l'argent est en général assez pur. D'après le rapport de Tite-Live 1 ) , l'argent que les 
Carthaginois, selon la stipulation de la paix qui mit fin à la 2 ne guerre punique, apportaient pour la 
première fois en payement à Rome, se composait d'un quart de métal inférieur ; il est permis d'en 
conclure que l'argent dont on frappait monnaie à Carthage à la fin de la 2 ne époque, était de cet 
aloi 2 ); les pièces d'argent du n°114, à la tête de Cérès D, renferment du cuivre pour un quart, et 
se laissent donc avec quelque raison rapporter à ce temps -là. Les monnaies d'or et d'argent à 
la tête de Cérès C sont dentelées, circonstance qui s'accorde assez bien avec la supposition qu'elles 
appartiennent à la 2* a époque. Les monnaies en bronze des Séleucides qui ont le bord dentelé, 
datent pour la plupart du 2 ne siècle, quelques-unes peut-être de la fin du 3 ae siècle"); il est pro- 
bable que ces pièces ont été imitées d'après les monnaies carthaginoises, et que c'est à Carthage 
qu'on a commencé à fabriquer les monnaies de ce genre, ce qui fait attribuer les monnaies car- 
thaginoises en "question à la dernière moitié du 3 me siècle. 4 ) A la troisième époque appar- 
tiennent, à n'en pas douter, les monnaies qui par le style s'éloignent le plus des monnaies de la 
Sicile et qui sont d'un travail médiocre ou négligé. En d'autres pays on commençait à la même 
époque à négliger l'art monétaire; les monnaies grecques du 2 me siècle avant notre ère cèdent en 
général à celles du 3 me . La tête de Cérès qui figure sur les monnaies de Carthage de cette 
époque, est celle du caractère proprement carthaginois E, voyez la page 113. On se servait alors 
d'électrum au lieu d'or; il n'y a pas de monnaies d'or pur qui offrent la tête de Cérès E ou 
qu'on serait porté par aucune autre raison à ranger sous cette époque. 11 faut également y rap- 
porter toutes les monnaies d'argent de bas titre ; la tête E est la seule tête de Cérès qu'elles nous 
offrent, et elles sont en général d'un travail inférieur. A cette époque où les mines de l'Espagne 
ne fournissaient plus d'argent, notamment pendant le dernier temps où la ville fut serrée de plus 
près par ses ennemis, et où il fallut des efforts extraordinaires pour sauver l'Etat, il est assez 
naturel que le gouvernement eut recours à une détérioration du titre des monnaies et que l'art 



1) Tite-Live XXXII, 2: Carthayinienses eo anno argentum in 
êtipendium impositum primum Romam advexerunt; id 
quia probum non esse quastores renunciaverant , expe- 
ricntibusque paré quaria décoda erat, pecunia Homes 
mutua mmta, intertrimentum argenti suppleverunL 

2) Il se peut bien que les Carthaginois, au lieu d'apporter 
de l'argent monnayé ù Rome, y aient apporté des barres 
qui ont été reçues au poids; toutefois il se laisse dé- 
duire du rapport de Tite-Live, qu'il était alors usité à 
Carthage de mêler l'argent d'un quart de cuivre. 

3) Les monnaies dentelées des Séleucides dont on peut 
déterminer la date, portent les noms des rois depuis 
Antiochus IV jusqu'à Alexandre II Zébina qui régnaient 
176-123 av. J.Chr. ; mais il y a encore quelques pièces 
aux noms d'Antiochus et de Séleucus, sans addition de 
surnoms, qui ont sans doute été frappées sous les rois 
précédents de ces noms. 



4) Dutens (Explic. de méd. gr. et phén. p. 155) et dernière- # 
ment M. Judas (Revue num. fr. 1856 p. 406) ont présumé 
que les Carthaginois ont emprunté ce mode de fabrica- 
tion aux monnaies des rois de la Syrie. Mais il faut 
statuer le contraire. Comme les monnaies carthagi- 
noises sont en or et en argent, tandis que celles des 
Séleucides sont en cuivre, il est vraisemblable que les 
premières sont les antérieures et qu'on a inventé ù Car- 
thage ce procédé dans la fabrication pour rendre plus 
difficile la contrefactlon dont les monnaies qu'on appelle 
numi subœrati offrent tint d'épreuves. Il faut plutôt 
rapporter les monnaies dentelées de Carthage au IH rae 
qu'au Jl me siècle, parce qu'elles sont d'or et d'argent 
purs. Les deniers dentelés de la république romaine 
sont frappés encore plus tard, au dernier siècle avant 
notre ère; conférez Mommsen Gesch. des rôm. Mûnz- 
wesens p. 472. 



CARTHAGE. 143 

tombait en décadence. Quant aux bronzes, il faut enfin faire remarquer qu'il existe des pièces 
frappées sur les monnaies de Hiéron II de Syracuse, voyez les n ' 212 et 236 à la tête de Proser- 
pine I; comme ce roi régnait 265-215 av. J. Chr. , ces monnaies pourraient bien dater de la 2 n * 
ou même de la fin de la 1" époque, mais le travail médiocre les renvoie à la 3 me époque. 

Quant au grand nombre de monnaies en bronze qui, à cause du travail mauvais ou 
demi-barbare, ont dû être frappées hors de la capitale, ce ne sont que celles qui selon les 
trouvailles appartiennent à la Sardaigne, dont on est h même de déterminer l'époque, qui est la 
première, seule époque durant laquelle la Sardaigne fût soumise à Carlhage. Pour ce qui est des 
autres bronzes de ce genre, comme on est dépourvu des renseignements qui se laissent tirer des 
trouvailles, on ne saurait en indiquer les époques. Il ne faut pas, à cause de la qualité infé- 
rieure du travail, les assigner à la 3 me époque où Fart monétaire était en décadence, car l'exécution 
rude et imparfaite, qui accuse un degré de culture bien bas, convient également à l'un et à l'autre 
siècle; tout ce qu'on pourra dire, c'est que les pièces qui présentent une imitation de la tête de 
Cérès E, datent de la dernière époque. 

§ 11. Motifs de Tordre suivi dans la classification. 

De tout ce qui précède, il résulte que les données ne suffisent pas pour classer les mon- 
naies de cette section d'après les pays, les villes ou les époques. Toutefois on pourrait être 
d'avis qu'il faudrait s'approcher d'un tel classement autant que possible, et ranger les monnaies 
principalement d'après les critéria qui ont rapport au lieu et au temps. C'est d'abord le style 
et la qualité du travail par lesquels on peut parvenir à connaître si les monnaies ont été frappées à 
Carlhage ou dans les colonies, et si elles datent d'une époque antérieure ou postérieure; or, comme 
le caractère du travail est le plus prononcé dans les têtes, il aurait fallu classer les monnaies par 
préférence d'après celles-ci, tant qu'elles offrent des indices de lieux et de temps différents, et c'est 
d'après les différentes classes dans lesquelles nous avons divisé les têtes (p.112s.), que nous aurions 
dû ranger les monnaies. En effet, suivant un tel ordre on aurait obtenu un préparatif de classi- 
fication des monnaies carthaginoises selon les lieux et les temps. Mais en entreprenant de ranger 
les monnaies d'après ce système, on se persuade qu'il ne peut être adopté. Attendu que le style 
et l'exécution d'un produit d'art ne dépendent pas seulement du développement de l'art dans tel lieu 
ou à telle époque, mais aussi de l'habileté de l'artiste, le résultat que l'on peut tirer de la qualité 
du travail pour déterminer le lieu ou l'époque de l'émission de la monnaie, reste toujours peu sur; 
aussi l'exécution de l'avers diffère-t-elle souvent de celle du revers. On trouve beaucoup de têtes 
dont on est nécessairement incertain à quelle classe il faut les attribuer; un classement basé sur 
le seul style du travail serait donc très précaire, et on aurait des difficultés à trouver des monnaies 
spéciales dans un tel catalogue. Il y a d'autres particularités qui se trouvent en rapport avec les 

questions du lieu et du temps, ce sont les symboles accessoires, les lettres et les globules; dans 

• 

ce qui précède nous avons tâché de démontrer, que certains symboles ont été ajoutés aux types 
principaux par certaines administrations monétaires, que les lettres désignent des noms de fonc- 
tionnaires de la Monnaie ou de magistrats, quelquefois peut-être de villes, et que les globules sont 
des marques d'atelier; on pourrait donc demander s'il ne faudrait pas réunir ensemble les monnaies 
à différents types principaux et de différents métaux lesquelles sont signées d'un même symbole, 



144 LA ZEUOITANE. 

d'une même lettre ou d'un même nombre de globules. Un tel ordre, selon nous, ne doit non 
plus être suivi dans le classement. On retrouve assez souvent un même symbole, un même 
nombre de globules ou une même lettre sur des monnaies qui diffèrent beaucoup Tune de l'autre 
par le style ou la fabrique, d'où il est permis de conclure, qu'à différentes époques et dans diffé- 
rents lieux on a fait usage des mêmes symboles pour faire distinguer les monnaies aux types com- 
muns (cf. p. 122), ainsi que des globules comme des marques d'atelier (cf. p. 129), enfin que les 
mêmes lettres désignent différents individus ou bien différentes villes (cf. p. 128). 

La seule division qui soit praticable est celle d'après les trois métaux et les diffé- 
rents types, la même qui est généralement adoptée. 11 y aurait ici plus d'une voie à suivre. 
Dans le catalogue laissé par Falbe, les monnaies sont classées d'abord d'après les types, notamment 
d'après les différentes positions du cheval, ensuite d'après les symboles accessoires, les lettres et 
les globules, en dernier lieu d'après les trais métaux, de sorte que dans chaque classe, présentant 
un certain type, on trouve rangées ensemble toutes les monnaies d'or, d'argent et de bronze, d'un 
module quelconque, qui portent un même symbole, une même lettre ou une même marque, si ce 
n'est qu'un globule. Si la concordance des monnaies à l'égard de ces accessoires était toujours 
ou le plus souvent un indice de leur émission dans une même ville ou à une même époque, il y 
aurait lieu de donner adhésion à ce classement; mais nous venons de faire observer qu'il n'en est 
pas ainsi. Aussi, suivant ce système, faudrait -il arracher un petit nombre de monnaies d'or et 
d'argent à leur cohérence avec les autres pour les placer parmi les monnaies de bronze dont elles 
diffèrent sous tous les autres rapports, et parmi lesquelles on ne s'aviserait pas de les chercher. 
Nous sommes donc de l'avis que pour l'ordre de classement, le métal est à préférer aux types et 
aux différents autres accessoires, comme on le reconnaît ordinairement, et qu'il faut établir comme 
division principale celle d'après l'or,» l'argent et le bronze, et comme secondaire celle d'après les 
types. Lorsque les monnaies d'or et les monnaies d'argent forment les unes et les autres une 
section à part, on parvient plus facilement à connaître auxquelles divisions des différents systèmes 
monétaires elles apparliennent, question qui est d'un certain intérêt, mais difficile à traiter. Les 
monnaies en or, ayant sans doute été frappées à Carthage, forment un tout bien cohérent, et il 
en est de même des monnaies d'argent, qui, pour la grande majorité, sont probablement aussi 
sorties de l'atelier de la capitale. Pour les types, comme la tête de Cérès ne se laisse pas tou- 
jours distinguer d'avec celle de Proserpine, il faut s'en tenir au revers, de sorte que les différentes 
positions du cheval sont considérées comme autant de types différents. On en vient ainsi à 7 
classes de monnaies d'or, à 8 classes de monnaies d'argent et à 9 classes de monnaies de bronze. 
Dans ces classes nous avons réglé l'ordre d'après le genre des monnaies que contient chaque 
classe en spécial. C'est ainsi que dans les classes des monnaies d'or et d'argent on trouve 
réunies ensemble celles du même titre et du même système monétaire, tandis que les classes des 
bronzes renferment des séries offrant un même symbole accessoire, ou portant une même tête de 
déesse, ou ayant des lettres pour marques distinctives. 

Monnaies autonomes dont f attribution à Carthage est incertaine ou inadmissible. 

11 y a encore un nombre de monnaies qui, à cause de leur ressemblance ou affinité avec 
celles dont nous venons de traiter, ont été classées à Carthage, ou dont l'attribution à Carthage 



CARTHAGE. 



145 



pourrait $tre mise en question. Plusieurs de ces monnaies peuvent être rapportées à cette ville, 
tandis que d'autres n'y appartiennent assurément pas. En allant citer ces monnaies, nous indi- 
querons pour les unes, quels sont les motifs qui nous ont déterminés à ne pas les adopter au 
nombre des monnaies carthaginoises, et pour les autres, quelle en est la juste classification. 

1. M. 7-6. Tête d'Apollon laurée. I}\ Cheval marchant; au-dessus, un disque radié, 
flanqué de deux urceus. 1 ) 

2. iE. 3. Pégase. I}\ Palmier. Au droit, une lettre punique: *t , 1, \ ou hi. 2 ) 

Le premier de ces n" a été classé à Panorme par T. Combe , à Carthage par C. Combe et 
P. Knight, ainsi que dans le catalogue de Falbe; les pièces du n°2, attribuées le plus souvent à 
Panorme , sont rangées sous Carthage dans les catalogues des collections de P. Enight et De la 
Torre. Les types du revers, le symbole égyptien et les lettres puniques isolées font rapprocher 
ces monnaies de celles de Carthage; le style de la tête, du cheval et du Pégase 9 ) nous renvoie 
à la Sicile ; il est donc bien possible qu'elles aient été frappées par le gouvernement carthaginois 
en Sicile. D'un autre côté, il faut faire remarquer que le même symbole égyptien se rencontre 
aussi sur des monnaies non -carthaginoises 4 ), et que la tête d'Apollon n'apparaît pas sur d'autres 
monnaies de Carthage, tandis que cette tête, ainsi que le Pégase, ûgure sur les monnaies frappées 
par les villes phéniciennes de la Sicile. 9 ) Il y a donc plus de raison pour supposer que c'est 
à l'une ou à l'autre des villes autonomes de cette lie qu'appartiennent les monnaies dont il s'agit. 

Il y a encore un nombre de petits bronzes de fabrique sicilienne, dont il pourrait être 
question. Ils sont sans épigraphe et ont au droit une tête de femme, quelquefois ornée de joncs, 
ou une tête d'homme, soit nue, soit couronnée, au revers, un cheval en différentes positions, 
vu parfois de moitié. Plutôt que de rapporter ces monnaies au gouvernement carthaginois en 
Sicile, il faut admettre qu'elles ont été émises par. quelques-unes des villes autonomes, notamment 
par Syracuse ou par Panorme. Il en est de même des petits bronzes anépigraphes de pareil 
style, qui portent une tête virile et jeune entre deux épis entrelacés, et au revers un cheval galo- 
pant 6 ); un grand nombre en proviennent d'une surfrappe sur les monnaies carthaginoises ayant 
pour types la tête de Cérès et le cheval debout auprès du palmier 7 ). 

3. JE. 4£. Tête imberbe casquée. I}\ Palmier. 8 ) 

Cette monnaie a été attribuée tantôt à Panorme, tantôt à Carthage. 9 ) La tête est fort en 
relief et nullement de style africain. On trouve des têtes d'un caractère assez semblable sur les 



i) Mus. Hunter p. 85 n«33, tab.15,8; Combe Mus. brit. p.72 
n« 13-14; Mus. P. Knight p. 217, N, 2. 

2) 28 exemplaires de différentes collections. Voyez: Combe 
Mus. brit. p.75 n°55; Mionnet I p. 272 n" 543-544; Mus. 
Lavyn»789; Mus. P. Knight p. 217, N, 28; Cat. de la coll. 
de Heidecken n» 3629; Cat. de la coll. de Welzl n°1035; 
Cat. de la coll. De la Torre n" 1499 et 1501. Dans les 
catalogues publiés on trouve encore des exemplaires cités 

avec les lettres y , **# et o • 

*} Le Pégase se distingue par l'agitation de l'aile d'avec 
celui sur les monnaies de Carthage n»» 127-128. 

4) P. ex. sur les monnaies des rois numides et de la Sar- 
daigne (voyez plus bas le n» 12). 



s) P. ex. sur un petit bronze semblable au n* 2 à la légende 
X*\ ; cf. Ugdulena Mon. punico-sicule Tav. II, 18. 

e) Mionnet I p. 275 n<>577, S. I p. 420 n°427; ailleurs. 

?) D'entre 39 pièces que nous avons examinées, les 19 
offrent les traces des types carthaginois, et les autres, 
si l'on en excepte trois, sont si aplaties qu'on est porté 
à croire qu'elles ont été produites par une pareille sur- 
frappe. 

8) Mus. Hunter p.86 n»52,tab.l5,16; Mionnet I p. 275 n°579; 
Mus. Lavy n« 790; Cat. de la coll. De la Torre n«» 1502- 
1504 et de la coll. de Gaillard n« 672. 

9) Elle est classée à Carthage dans le Muséum Hunter et 
dans les catalogues de Gaillard (ll.ee. de la note pré- 
cédente), ainsi que dans le catalogue laissé par Falbe. 

19 



146 LA ZEUGITANE. 

monnaies de la Sicile, mais il Sexiste aucune raison pour ranger la monnaie parmi celles de Car- 
thage, frappées dons cette île; il fallait plutôt l'assigner à Cephaloedium ou h Solus, dont les 
monnaies de bronze offrent une tête casquée. Il est- cependant à remarquer que le catalogue de 
la collection De la Torre, composée principalement de monnaies trouvées ou acquises en Espagne, 
contient 7 exemplaires de cette monnaie qui est d'ailleurs fort rare, ce qui porte à croire qu'elle a 
été frappée par une ville phénicienne de ce pays. 

4. JE. 7-6. Tête de Minerve, couverte d'un casque à trois aigrettes. fr. Cheval debout. 
Quelques exemplaires offrent *f devant la tête, ou <\ dessous le cheval. M 

5. JE. 4£. Même tête. fr. Palmier. Sur un exemplaire, devant la tête, «*.*) 

6. JE. 3. Tête de Minerve couverte d'un casque à un seul panache. Ij:. Cheval debout, 
la tête retournée. 8 ) 

Les n°* 4-5, qui dans l'ouvrage de Mionnet avaient été décrits sous Panorme, ont dernièrement 
été classés à Carthage par M. DeWitte 4 ) et M. Gaillard 5 ); dans le catalogue laissé par Falbe ils 
se trouvent également parmi les monnaies de Carthage. Les têtes, qui par le caractère et par le 
casque diffèrent essentiellement de celle sur le n°3, sont d'un style qui interdit de rapporter ces 
monnaies à la Sicile, mais qui ressemble à celui que nous offrent beaucoup de monnaies africaines; 
la position du cheval sur le n° 6 est la même qu'on voit sur un nombre de monnaies carthagi- 
noises. On peut donc bien rapporter ces monnaies à Carthage; mais avec tout autant de raison 
on peut les attribuer à quelque autre ville africaine. Il faut enfin ajouter que dans le catalogue 
de la collection De la Torre, on trouve 14 exemplaires du n°4, qui se rencontre rarement dans 
d'autres collections, d'où l'on peut être tenté de croire que ces monnaies sont sorties d'une ville 
phénicienne en Espagne. 

7. M. 3. Tête de Cérès. £. Taureau marchant; au-dessus, un astre; au-dessous, le 
croissant renfermant le disque. Devant, sur un exemplaire, ft- 6 ) 

8. JE. 4. Même tête. fr. Même taureau surmonté de l'astre; au-dessous, tf", quelque- 
fois, ^ ou V 7 ) 

9-10. Pot. de JE. 5. Même tête. fr. Même taureau; au fond, un épi très haut. 8 ) 

IL JE. 6-4. Même tête. fr. Trois épis, surmontés du croissant renfermant le disque. 
Au droit, quelquefois, A. Au revers, deux lettres phéniciennes: \*l> 1 a > T° ou AI* 9 ) 

12. JR. 4. Tête imberbe diadémée. fr. Taureau marchant; au-dessus, le disque radié 
flanqué de deux urœus. 10 ) 

13-14. Pot. de ;E.6-5. Même tête. fr. Même taureau; au fond, un épi très haut. Au des- 
sous: ^ ou ^o. 11 ) 

i) 25 exemplaires de différentes collections. Cf. Mionnet I 5) Cat. de la coll. De la Torre n" 1494-1497,1502 et 1504; 
p.271 n» 528. Cat. de la coll. de Gaillard n° 670-671. 

2) 6 exemplaires de différentes collections. Cf. Mionnet 1 6) Cab. de Paris (Mionnet SI p. 410 n* 330) et mus.brit. 
p. 275 n" 578. 7) 20 exemplaires de différentes collections. 

3) Cab. de Copenhague. — Il faut rapprocher de ces mon- 8) Bulletino Sardo IV p. 108 n<*38, tav. I. 
naies la pièce publiée dans le Muséum Hunter tab.l5,ia, 9) 51 exemplaires de différentes collections 
avec une tête de Minerve et pour revers une tète de io) Musée britannique. 

cheval. n) 7 exemplaires de différentes collecUons. 

4) Cat. de la coll. de l'abbée G(reppo) n°1646. 



CARTHAGE. H 7 

Les n°" 7-8 et 11 ont été à tort rapportés à Panorme *) ; le style montre à 'l'évidence 
qu'ils n'appartiennent pas à la Sicile. Falbe, dans son catalogue, a classé toutes ces monnaies à 
Carthage. En effet, elles se rattachent sous plusieurs rapports aux monnaies carthaginoises, frap- 
pées hors de la capitale: par la tête de Cérès, par les signes du soleil et de la lune, par le sym- 
bole égyptien, enfin par le travail médiocre ou demi -barbare. 11 ne faut cependant pas réunir 
ces monnaies avec celles de Carthage. Les pièces du n°ll proviennent surtout de la Sardaigne; 
elles composaient une grande partie du dépôt déterré à Scano 2 ), qui consistait principalement en 
monnaies de bronze aux types carthaginois, frappées sans doute dans cette lie (voyez p. 108); celles 
des monnaies décrites sous les n ' 8-10 et 13-14 dont on connaît la provenance, ont de même été 
découvertes en Sardaigne. 8 ) H n'y a pas de doute que les monnaies de cette série n'appartiennent 
toutes à un même pays, ce qu'on est autorisé à admettre par ces raisons, que la tête de Cérès est 
commune aux n°"7-ll, la tête diadémée, aux n 08 12-14, et le taureau, au revers de tous les n°* ex- 
cepté le n°ll, parce qu'elles sont toutes d'un travail plus ou moins médiocre ou barbare, enfin, 
et c'est ce qu'il faut surtout prendre en considération, parce que les mêmes couples de lettres se 
répètent sur les monnaies aux différents types; 3E est inscrit aux n°" 7, 11 et 13-14, 1J? aux n os ll et 
13-14. Il est donc vraisemblable que ces monnaies appartiennent à la Sardaigne, mais il faut 
statuer qu'elles y ont été émises par les villes autonomes, non par le gouvernement de Carthage, 
attendu que la tête de Cérès est le seul type qu'elles aient de commun avec les monnaies de cet 
état. Elles ont probablement succédé aux monnaies carthaginoises frappées en Sardaigne, dont nous 
avons fait mention plus haut (p. 108), et elles datent apparemment de l'époque où cette lie n'était plus 
sous la domination de Carthage. Dans le volume suivant nous reviendrons aux n°* 12-14, parce 
que récemment un savant numismate a cru voir dans la tête diadémée celle du roi Masinissa. 4 ) 

15. JE. 5. Tête de Cérès. £. Un épi. 3 ) 

16. JE. 5. Tête de Cérès. fr. Une charrue; à côté, H- 6 ) 

C'est encore sous Panorme que ces monnaies ont été classées par Mionnet ; dans le cata- 
logue de Falbe le n°15 est décrit sous Carthage; M. Gaillard a attribué le n° 16 à la même ville. 
Le travail du n°15 est très médiocre, celui du n°16 presque barbare; il ne faut donc pas les rap- 
porter à la Sicile. Ces monnaies se rapprochent des monnaies carthaginoises par les têtes, mais 
elles en diffèrent par les types du revers; pour cette raison elles doivent plutôt être séparées des 
monnaies de l'état carthaginois et attribuées à des villes autonomes qui ont eu quelque relation 
avec Carthage. Sur les monnaies de la Sardaigne, on rencontre parmi d'autres types aussi un 
seul épi et une charrue 7 ); mais comme il ne s'est trouvé aucun exemplaire de ces monnaies dans 
les riches dépôts de monnaies en bronze de la même époque qui ont plusieurs fois été déterrés 
en Sardaigne (cf. p. 108), il est plus probable qu'elles appartiennent à des villes de l'Afrique ou 
de l'Espagne ; on sait que les monnaies de ce dernier pays nous présentent également comme types 
l'épi et la charrue. 

1) Voyez: Combe Mus. b*rit. p. 73 n° 25, Mionnet Suppl. n°< 5) 6 exemplaires de différentes collections. Mionnet S. I 
330, 385-388 et 394-395, Mus. Lavy n«« 749-750 et753-754. p.416 n»» 390-391. 

2) Builetino Sardo IV p.65 Tav. I n°» 9-12 et 25-20, p. 100- 6) 10 exemplaires de différentes collections. Mionnet I p. 273 
101. Cf. Eckhel Syllogc I p. 23. n°549; S. I p. 416 n*392. Mus. Lavy n«752. Cat. de la 

3) Builetino Sardo 1. c. n" 36-38, cf. p.102. coll. de Gaillard n«678 (avec la lettre <) ?i. 

4) Duchalais Monn. de la Numidie dans Mém. de la société 7) Voyez Builetino Sardo IV p.65 tav. 1,6 et p. 199. 

des ant. de France vol. XIX, Extrait, p.18 suiv., pi. 1,6. 

19* 



148 



LA ZEUGITANE. 



Remarquons enfin que les monnaies frappées par les rois numides avant Juba I, ont plu- 
sieurs fois été classées sous Garthage, même au dernier temps; il en est ainsi dans le Muséum 
Bunter et dans les catalogues rédigés par M. Gaillard et par M. Delgado. *) Il sera traité de ces 
monnaies au volume suivant. 

M. Fr. Lenorraant, en prenant un monogramme sur quelques-uns des tétradrachmes des 
Lagides pour celui du nom de Garthage, a émis l'opinion que Carthage, pour des motifs mercantils, 
a fait frapper des tétradrachmes aux types ptoléméens. 2 ) C'est là une conjecture qui nous parait 
trop hasardée. Le monogramme en question peut indiquer d'autres villes appartenant à l'empire 
des Ptolémées, ou bien un nom de magistrat. 



CARTHAGE, colonie romaine. 

Vingt- quatre ans après la destruction de Carthage, le sénat romain envoya G. Gracchus 
avec 6000 colons en Afrique pour bàlir une ville sur remplacement qu'avait occupé la rivale 
de Rome; mais, par suite des mauvais présages survenus lorsqu'on était occupé à tracer l'en- 
cejpte du nouvel établissement, le projet fut abandonné. Jules César reprit le plan; en 44, la 
même année où il reconstruisit Corinthe, il fit relever Carthage. La colonie nouvelle, à, ce 
qu'il semble, ne prospérait pas. Lépide en «expulsa une partie des habitants, parce qu'ils s'étaient 
établis sur l'emplacement mime de l'ancienne ville, lieu interdit par le sénat au nom des dieux. *) 
En 29 av. J. Chr. Auguste y envoya 3000 citoyens romains; dépuis ce temps, la population des 
environs étant aussi reçue dans la ville, la colonie s'accrut si rapidement qu'elle était déjà vers la 
fin du règne d'Auguste, au dire de Strabon, une des plus florissantes villes de l'Afrique. On avait 
fondé la nouvelle ville à quelque distance des débris restant de l'ancienne; mais peu à peu, sans 
se laisser intimider par la malédiction énoncée jadis par le sénat, on faisait construire des édifices 
partout indifféremment, de sorte, que la Carthage romaine envahissait successivement le même ter- 
rain qu'avait occupé la ville punique. Le proconsul de la province y fixa sa résidence. Après 
la mort de Néron, Clodius Macer proclama à Carthage le rétablissement de la république romaine, 
mais il fut bientôt accablé par Galba (voyez plus bas les n os 380-392). Dans les siècles suivants 
Garthage était une des villes les plus importantes et les plus populeuses dans tout l'empire, rivali- 
sant avec Alexandrie et avec Gonstantinople même. Occupée par Genscrich en 439, elle devint 
lar capitale des rois Vandales jusqu'en 533, où Bélisaire la reconquit pour l'empire. En 647 les 
Arabes s'emparèrent de Garthage et la détruisirent de fond en comble. 4 ) 



i) Mus. Hunter p.83 n» 11 et p. 85 n" 35-36. Cat. de la coll. 
De la Torre n" 1483-1491. Cat. de la coll. de Gaillard 
n«« 664-667 et 673. Cat. de la coll. de Lorichs n«»2088- 
2091. 

«J Revue num. fr. XIX p. 240 suiv. 

3) Plusieurs savants, se référant au récit d'Appien( VIII, 136), 
ont été d'avis que l'idée qu'avait conçue J. César en 44 
de rétablir Carthage, avait été empêchée par sa mort, ou 
n'avait pas reçu sa pleine exécution, et que ce n'est 
qu'en 29, sous Auguste, que la colonie a été fondée, ou 
que l'organisation en a été achevée; voyez: Géogr. de 



Mannert p. Marcus p.335; Pauiy Real-Encycl. Il p. 171 ; 
Zumpt Comment, epigr.p.380; Becker Rôm.Alterth. 111,1, 
p. 227. Mais dans Plutarque Cœsar c. 57, Strabon XVII 
p. 833, Pausanias II, 1 et Dion Cassius XLI1I,50 et LU, 43, 
il est dit en termes précis que la colonie de Carthage 
fut fondée par J. César, et il résulte du dernier passage 
N dans Dion que cotait une colonie nouvelle qui y fut 
amenée sous Auguste en 725 u.c. 
4) Voyez, sur la Carthage romaine, la Géographie de Man- 
nert p. Marcus p. 334 suiv. La littérature y appartenant 
a été citée dans Forbiger Geogr. I p. 525-527. 



CAETHAGE. 



149 



Au moyen âge il existait encore des ruinée considérâmes de Carthage, parmi lesquelles 
Edrisi relève un théâtre magnifique; mais dans le cours des siècles les blocs en marbre et les 
colonnes furent emportés en différents lieux, de sorte que de l'ancienne ville il ne resta enfin 
que des fragments d'édifices méconnaissables, un grand aqueduc et des citernes. Des fouilles 
entreprises de nos jours, surtout pendant le dernier temps, ont fait reparaître des fondements de 
quelques temples et d'autres édifices, des parties des anciennes murailles de la Byrsa, l'intérieur 
de tombeaux, des pavés en mosaïque, un nombre de stèles à inscriptions puniques, et différentes 
antiquités de l'époque romaine. ') 

MONNAIES DE LA CARTHAGE ROMAINE. 
Avant le règne d'Auguste. 

319. ARISTO • MVTVMBAL • RICOCE • SVF Deux têtes imberbes et nues (de i. César et d'Auguste) 
accoléeB, à dr. #. KAR VENERIS Temple tétrastyle; dans le frontispice, un aigle. 

£.9-8. 40,2-24,8 gr.*') 

320. Autre semblable; le portrait à dr. est représenté en buste, la poitrine couverte de la toga. 

&. 8. 23,6 gr. B ) 




Sous le règne d'Auguste. 
321. AVG...0 C Tête d'Auguste nue à g. Crenetis. 

A ■ Il ■ VIR Tête de J. César nue à dr. 
322 C-ICDD-PP Tôle d'Auguste (?) nue k dr. 

F • M ■ M Télé de J. César laurée (?) à g. Grenetis. 



ff CAE(S) 

Grenetis. Vf. . 




M-TF-M-M- 

12,8 & 9,3 gr. 4 ) 

.... (O)N-M'T- 

JE. 6-, 6,4 gr. ») 




323. 1MP -C-O-F-A-P-MP-P Tête d'Auguste nue à g. Grenetis. R-. P • I ■ SP • D • V- 



SP- 1 1 VI R • C • I ■ C Au milieu du champ: P-P-D-D. Grenetis. 



5,7 gr.* e ) 



i. Geofg Aile <.■■.- I p SÎ5-4Î7 Beulê Fouilles de Car- 
thage (i8Cu;. Krar.it Archa?ol (Jritann. XXXVI11 (1860) 
p. Ï02 Biili- Daits Carthage an.l her remains (1861). 

Il 24 exemplaires de ■' ■■ ■■■■■■.■■ ■ i .. ,-.:■:.. 

ai Cab. île Milan. 



tl Cab. de Parla (HlonnetVI p. 662 n« 3i2 Iiicoit. décr.) et 

coll. de Raucb. 
s) Cab. de ParU : Hlonnet S. IX p. 209 n° 1 2 inroir décr.). 
«) 13 exemplaires de différentes collections. 



160 



LA ZEDGITANE. 



324. Autre semblable," avec la lôte tournée à dr. JE.'è. 8,4— 6,5gr.**) 

325. Tl ■ C ■ A ■ F ■ IMP ■ V ■ Tête de Tibère, nue à dr. Grenelis. R\ Le même que le revers 
précédent. jE. 6. 8,5—5,0 gr.* ■] 

326. Autre semblable, avec la tête tournée à g. - JE. 6. 6,Bgr. 8 > 




Sous le régne de Tibère. 

327. TICAESAR IMP-P-P- Tête de Tibère, nue a g. Grenelis. r>. L-A-FAVSTVS 
D - C ■ BASSVS 1 1 VI R • Junon (ou Livie | assise à dr., tenant de la main dr. une patère et 
appuyant la gauche sur un long sceptre. Dans le champ: P P 0- Grenelis. 

JE. 6. 9,7— 5,6 gr.* «) 

328. Autre semblable, avec la tête tournée a dr. JS.6. 9,7— 4,6gr.* s ) 
329 IMP-P-P Tête de Tibère nue a dr. Ç-. L ■ A • FAVSTVS D C BA V1R Trois 

épis liés. Dans le champ: P P D D. ' Grenetis. JE. A. 4,1 gr. 6 ) 





N" 310-320. Quant à la légende de la face, il se présente d'abord la question, si SVF 
est abrégé de SVFETES de sorte que les trois noms indiquent les deux sulTètes de Carthage, ou 
s'il faut le suppléer en SVFES et regarder les noms comme ceux d'un même individu. Sous la 
domination de Rome les deux magistrats suprêmes des villes puniques furent appelés par ce nom 
phénicien, répondant aux duumvirs dans tes colonies romaines. Les inscriptions lapidaires nous ont 
conservé les noms de sulfètes appartenant aux villes de Apisia, Siaga, Timilaga et Themelra "); de 
ces inscriptions c'est uniquement celle de la première ville qui offre les noms de tous les deux 
sulTètes; dans les autres, il n'y est fait mention que- d'un seul sulTèle. Il faut ensuite faire remar- 
quer que les monnaies frappées par les autres villes de la Zeugilane ne portent que le nom d'un des 
duumvirs, de celui qui avait l'administration du monnayage, et qu'on trouve des magistrats puniques 
à trois noms dans les inscriptions lapidaires que nous venons de citer. Cependant, comme les 



il 7 eiemplairrs de dilïêrenles collection!. 
ï) '20 e»eniplaires de différente» collection», 
81 Cab de la Haye. 
ij 8 i v'j \ ,i.iii. de différente! collection». 



■) 30 exemplaire» de différentes colleclluiis. 
s) Cab. de la Haye. 

7) Gniteri Inscr.p.470. Orelli Inscr. n°3693. Mnffci Mus 
Veron. p. 472. Cf. Hovera l'hônltier 11,1, p. 534. 



CARTHAGE. 



151 



monnaies suivantes frappées dans la Carthage romaine, présentent les noms de l'un et de l'autre 
duumvir, il est assez probable que les noms de tous les deux suffètes ont de même été inscrits 
sur ces monnaies. Mutumbal et Ricoce sont des noms phéniciens, dont le premier se rencontre 
dans Plautus comme celui d'un Africain punique 1 ); Ariato peut être le nom grec ^çlatwv; il est 
cependant h remarquer que Tite-Live fait mention d'un ïyrien de ce nom 9 ), et que le même, 
comme nom d'un homme de la Zeugitane, se trouve associé à d'autres noms puniques dans une 
des inscriptions citées. *) Puisque tous les trois noms sont séparés l'un de l'autre par un point, 
on ne saurait dire si Mutumbal appartient à Ai-isto^ comme nom de son père, ou s'il faut lier en 
pareil sens Ricoce au nom de Mutumbal. Quant aux deux têtes accolées, on pourrait les prendre 
pour les portraits des suffètes dont les noms sont inscrits autour d'elles. Il est cependant plus 
probable qu'elles représentent Jules César, fondateur de la colonie, et Octave. 4 ) A la vérité, la res- 
semblance en est assez imparfaite; mais il en est souvent ainsi des efûgies des empereurs et des 
personnages de leur famille qu'on voit figurées sur les monnaies des provinces; le caractère principal 
de ces têtes est bien celui des deux hommes célèbres, et l'une offre l'aspect d'un homme plus 
âgé que l'autre. Selon l'opinion de Bayer, Eckhel, Sanclementi et Guignaut 5 ), le temple est 
celui de Vénus, consacré à cette déesse comme aïeule et tutélaire de la famille Julia à qui appar- 
tenait César; le premier des savants cités réfère au temple le mot Veneris de l'inscription. Cepen- 
dant, comme un aigle est placé dans le frontispice, il faut plutôt regarder le temple comme celui 
de Jupiter ou Baal, qui avait son sanctuaire dans la Carthage romaine 6 ) de même que dans la 
ville punique 7 f, à moins qu'on ne soit inclin à supposer que l'aigle y a été figuré comme le sym- 
bole de Rome. Le mot Veneris est sans doute une épithète de Carthage. Il se peut que la 
colonie ait reçu ce surnom d'après la déesse qui fut regardée comme tutélaire de J. César et de 
sa famille 8 ); mais il nous partit plus probable qu'elle a pris le nom de Veneris d'après Astarte, 
déesse tutélaire de l'ancienne Carthage, à laquelle on consacra le temple principal dans la nouvelle 
ville 9 ), et qui fut identifiée par les Romains avec Vénus. C'est ainsi que la ville de Sicca en 
Numidie était appelée Veneria d'après le culte d'Astarte qui y était prédominant 10 ) ; de même le 
surnom de Junonia, qu'aurait porté la première colonie romaine que Gracchus allait fonder sur 
l'emplacement de Carthage 11 ), se rapportait, à ce qu'il semble, à Astarte, qui fut assimilée aussi à 
Junon. Ces monnaies ont sans doute été frappées à la première époque, avant Tannée 29 av. 
J. Chr. pendant laquelle la ville acquit un accroissement de nouveaux colons, et où son état fut sans 
doute réorganisé par Auguste; c'est ce qu'on peut déduire d'une comparaison établie avec les mon- 



i) Pœnulus Act.V se. 2 v. 35-37. Sur l'étymologie de ces 
deux noms, voyez Gesenius Monumenla p. 41 1 et413s.v. 

2) Tite-Live XXXIV, 61. 

3) Gruteri Inscr. p. 470,1. Conférer Gesenius Monum. p. 396 
note et p. 401 s.v. 

4) Cf. Mus. Sanclementi II p. 5. Précédemment ces têtes 
avaient été prises pour celles des césars Caius et Lucius. 

s) Voyez 11. ce. note précédente et p. 152 notes 2 et 3. 

6) C'est ce que l'on peut déduire d'un passage dans Op- 
ta tu s De schism. Donatist. (Dupin Monum. vet. ad Donatist. 
hist. p. 163, éd. 1702), où un duumvir de Carthage est 
appelé sacerdos Jouis optimi maximi. Conférez, sur ce 
temple, Beulé Fouilles à Carthage p. 76 -77 (Extrait du 
Journ. des sav. 1861). Le savant français pense qu'un 



temple sculpté sur un petit relief votif, dont un fragment 
a été trouvé à Carthage (pi. 11,6), représente celui de 
Jupiter; cet édifice est d'architecture romaine et tout 
différent de celui figuré sur les monnaies. Mais la con- 
jecture de M. Beulé nous parait peu fondée; aussi n'a-t- 
elle pas été admise par M. Franks (Archsol. brit 1860 
p. 236) ni par M. Davis (Carthage p. 375-376). 

7) Conférer plus haut p. 119 note 4. 

8) C'est dans ce sens que M. Zumpt croit que Carthage a 
eu le surnom de Veneris. Comment epigr. p. 380. 

o) Mûnter Religion der Garthager p. 76. 
10) Valerius Maximus II, 6,is. 
il) Plutarque Gracchus c. 11. Solln c. 30. 



152 



LA ZEUGITANE. 



naies suivantes, frappées, selon les inscriptions, sous le règne d'Auguste. Tandis que ces der- 
nières sont entièrement romaines, l'empreinte des monnaies dont il s'agit, accuse une époque où 
Ton tâcha de former la colonie d'après le modèle de la ville punique; on voit que ce furent alors 
des Africains indigènes qui la gouvernèrent sous l'ancien nom de suiïètes, qu'on appela la colonie 
d'après la déesse de l'ancienne Carthage, et qu'on y reconstruisit les temples en style punique 1 ). 

Des monnaies précédentes on a publié plusieurs spécimens dont le revers présente des 
variétés essentielles. Une gravure dans l'ouvrage de Guignaut fait voir des cyprès à l'intérieur du 
temple, représentation qui a été réproduite par Creuzer et M. Gerhard. 9 ) La même gravure, ainsi 
qu'une autre publiée par P. Bayer d'après une monnaie de sa collection, et citée par Eckhe), Mionnet 
et Gesenius 8 ), offre la légende VEN COL KAR; sur un exemplaire de la collection de Wiczay l'in- 
scription, selon Caronni, est VENERIS COL KAR, selon Sestini, COL KAR 4 ); Sanclementi enfin 
a donné la gravure d'une pièce inscrite: KAR COL ..NERIS. 5 ) Nous n'avons adopté aucune de 
ces variétés dans notre catalogue, parce qu'il y a lieu de douter que les pièces citées soient cor- 
rectement rendues. Parmi 24 exemplaires de différentes collections qui ont été mises à la dispo- 
sition des auteurs de cet ouvrage, aucun n'offre ni les cyprès du temple ni de telles légendes. 
Comme sur la plupart de ces monnaies, les compartiments entre les colonnes du temple ne se pré- 
sentent pas distinctement, et que les lettres sont le plus souvent effacées en partie, on comprend 
facilement qu'on a pu s'y méprendre. Sestini fait observer que la légende est indistincte sur 
l'exemplaire de la collection de Wiczay; la pièce de la collection de Bayer est sans doute la même 
qui a été publiée par Guignaut 6 ). En rapprochant les gravures en question des monnaies dont la 
légende est claire, on s'aperçoit que dans celles publiées par Bayer et Guignaut, les lettres COL 
occupent exactement la même place que ERI, et que dans celle de l'ouvrage de Sanclementi COL 
sont placés là où se trouvent ailleurs les lettres VE. Il y a donc quelque raison pour croire que 
les éditeurs ont eu sous les yeux des exemplaires imparfaits qu'ils ont restitués d'une manière 
peu juste. 

Il est enfin à remarquer que Sestini a publié sous Carthage une monnaie ayant au droit 
deux têtes imberbes laurées et accolées, au revers, les dioscures à cheval et les lettres KAR. 7 ) 
Une telle pièce ne se trouve dans aucune collection; c'est peut-être un exemplaire mal conservé 
ou surfrappé de la monnaie d'Utique n°341, qui a été décrit ainsi par Sestini; les catalogues de 
ce numismate contiennent, comme on le sait, beaucoup de monnaies erronément décrites 8 ). 

N°" 321-322. Mionnet a publié le premier de ces n M parmi les monnaies incertaines, le 
second sous Utique. 9 ) Il faut rapporter ces deux monnaies à une seule et même ville , comme 



i) Ce temple ressemble par son architecture à celui qui 
est représenté sur les monnaies puniques de Thaena, 
voyez p. 40, et sur une monnaie de la Sardaigne, île 
qui avait été longtemps soumise à Carthage, voyez Délia 
Marmora Voy. en Sard. I p. 396 et Bull. Sardo I p. 74 et 
IV p.199. 

2) Guignaut LIV, 208 b. Creuzer Symbolik N. Ausg. 2 Th. 
Taf. 11,15. Gerhard Kunst d. Phôn.Taf.IIl,19, p. 31 n« 19. 

3) Bayer Sallustius esp. p. 367. Gesenius Palàogr. Stud. p.43 
Taf. 111,2; Monum. tab. XVI, c. Eckhel Doctr. IV p. 138. 
Mionnet VI p. 581 n°3. 



4) (Caronni) Mus. Hederv. n° 7097. Sestini Mus. Hcderv. e 

piu musei III cont. p. 80 n°2. 
b) Museo Sanclementi II p. 5, tab. Xill, 3. 

6) Nous en jugeons ainsi par une comparaison des deux 
gravures. N'ayant pas l'ouvrage de Guignaut à notre 
disposition, nous ne savons s'il y est indiqué d'où la gra- 
vure a été Urée. 

7) Mus. Hederv. III eont. p. 80 n°3. 

s) Voyez dans ce volume p. 46-47, 48-49 etc. 
o) Ll.cc. p. 149 notes. Dans le catalogue de Falbe, ces 
monnaies et les monnaies suivantes dans ce volume, 



CARTHAGE, 153 

on le voit par les lettres inscrites au revers, qui présentent les initiales des mêmes duumvirs: 
M-T-F et M- M -À. Les lettres au droit du n°322, C-l-C, qui ont sans aucun doute aussi 
été inscrites au n° 321 , se retrouvent sur les n" 323-326; il sera démontré plus loin qu'elles 
désignent probablement la colonie de Carthage. Le commencement de la légende au droit du 
n° 321 doit être suppléé en AVGVSTO. *) Ce n° présente les effigies d'Auguste et de J. César, 
et il faut croire que ce sont les mêmes que porte le n° 322, où les têtes sont peu distinctes, et où 
les légendes qui en ont indiqué les noms, sont effacées. Mionnet a pris les têtes de ce dernier 
n° pour celles de Tibère et de Livie; mais la tête du revers parait être laurée, et les lettres 
qui précédent les initiales des duumvirs, semblent être ON, sans doute la un du PON, abrégé 
de Pontifex. 

N" 323-326. Eckhel inclinait à croire que ces monnaies ont été frappées à Utique, par la 
raison qu'elles portent dans le champ du revers les mêmes quatre lettres que les monnaies de 
cette ville. 2 ) Quant à la légende circulaire du revers, ce savant numismatiste, ne connaissant 
d'autres exemplaires que celui du cabinet de Vienne, qui est mal conservé, et ceux du musée Ari- 
goni, qui sont incorrectement décrits, ne réussit pas à en trouver la juste explication. Repoussant 
l'interprétation hardie de Havercamp, il proposa de lire sur quelques-unes de ces monnaies 
C l(ulius) CRISPVS IIVIR, sur d'autres CRISPDVS, en prenant ce nom pour une forme provinciale 
et barbare de Crispus; mais en même temps il reconnut que cette lecture était peu satisfaisante, 
et qu'il n'était pas certain que ces lettres se trouvent réellement sur les monnaies. Sestini indiqua 
la juste manière d'expliquer cette légende, en démontrant que C I C expriment le nom de la ville, 
et que les huit lettres qui précèdent IIVIR, renferment les noms des duumvirs; il interpréta C I C 
par Colonia JuLia Carthago. n ) Plus tard le comte de Borghesi a approuvé l'explication due à 
Sestini; en faisant observer qu'il n'a trouvé sur aucun exemplaire les lettres SP séparées par un 
point, il lit les noms des duumvirs: P«I-SP et D-VSP. 4 ) Il n'y a pas de doute que ces lettres 
ne présentent les noms abrégés des duumvirs municipaux 5 ), et que C-l-C n'indique le nom de 
la colonie. Il est ensuite vraisemblable que cette colonie a été Carthage. D'abord, elle a dû 
être située dans cette partie de l'Afrique, car les lettres P P D D se trouvent inscrites de la même 
manière sur les monnaies d'Ctique, et les monnaies dont il s'agit ont surtout été rapportées de 
Tunis et de Tripoli. 6 ) Sous le règne d'Auguste, on frappait monnaie dans la plupart des villes de 
quelque importance dans la province de l'Afrique; il fallait donc s'attendre qu'il en eût été de 
même à Carthage, qui fut agrandie sous Auguste et où un atelier monétaire avait déjà été établi 
auparavant (voyez p. 151); mais il n'y a pas d'autres monnaies que celles-ci qui ont pu être émises 
à Carthage pendant le règne d'Auguste. Aussi la quantité qui nous est parvenue de ces mon- 
naies, nous porte-t-elle à en admettre une grande émission comme a dû l'être celle de l'atelier de la 

celles exceptées qui portent les noms d'Utique et de P. Junius Spendo (cf. Nuratori Inscr. p. 605,8) et Decimui 

Hippo, sont décrites sous le titre: Monnaies coloniales Valerius Speratus. 

incertaines, attribuées à Carthage, Clypea ou Utique. &) Quant à l'interprétation de ces initiales, proposée par 

i) Conférez l'inscription DRVSO sur les n"333 et 340 de Borghesi, il faut faire observer que les dernières lettres 

Clypea. SP sont séparées par un point sur un exemplaire du 

2) Doctrina IV p. 144. n° 323 au cabinet de Copenhague, et sur un autre du 

8) Mus. Fontana I p. 130. Mus. Hederv. 111 cont p. 80. n» 325 au cabinet de Stockholm. 

4) Décade X Osserv. IV. Le savant italien ajoute la re- 6) Cf. Sestini Mus. Fontana I p. 130. 

marque que ces initiales peuvent désigner les noms: 

20 



154 LA ZEUGITANE. 

capitale. Il paratt enfin assez croyable que Carthage -a reçu le surnom de Julia d'après J. César, 
de même qu'il en fut de l'autre grande colonie, celle de Corinthe, fondée par lui dans la même 
année. Eckhel, n'admettant pas l'explication en Carthage des lettres C»I*C, a objecté que sur 
les monnaies ce nom a généralement pour initial un K 1 ); mais on verra plus bas qu'un denier de 
Clodius Macer porte Cartkago, et' sur les monnaies de Carthage neuve en Espagne le nom est 
quelquefois également écrit par C. A la vérité les n os 321-326 aux lettres C-I«C diffèrent beau- 
coup des n" 319-320 au nom ICAR; mais cette différence s'explique naturellement par ce qu'ils ont 
été émis après que la colonie avait été réorganisée par Auguste 9 ), peut-être bien longtemps après 
les autres qui portent tous les indices de la première époque de la colonie. Au moins les n" 323- 
326 appartiennent à la fin du règne d'Auguste et ont dû être frappées entre les années 763 et 
765 u.c.; c'est ce que nous apprend l'inscription IMP V sur les n" 325-326, portant la tête et le 
nom de Tibère. Tibère reçut le titre iïlmperator V en 763, après la guerre dans la Dalmatie, où 
il partageait le commendement avec Germanicus, et c'était sans doute déjà en 764-765, après la 
victoire remportée sur les Pannoniens et les Dalmatiens, qu'il fut pour la VI me fois salué Imperator.*) 
Les n 01 323-324 au nom d'Auguste datent de la même année que ceux au nom de Tibère, puis- 
qu'ils portent les noms des mêmes duumvirs, magistrats dont la fonction était annuaire. 

N 08 327-329. Ces monnaies, dépourvues des initiales du nom de la colonie, furent encore 
rapportées à Clique par Eckhel. 4 ) Sestini préféra de les attribuer à Carthage, en donnant pour 
raison qu'elles portent dans le champ les lettres P*P-D*D, tandis que les monnaies d'Utique ont 
ces lettres transposées en D*D*P*P 5 ); mais on trouve ces quatre lettres écrites de l'une et de 
l'autre manière sur les monnaies d'Utique ainsi que sur les n 01 321-326 signés CIC. Il y a 

* 

cependant une autre considération qui milite en faveur de l'attribution de ces monnaies à Carthage, 
c'est que les noms de tous les deux duumvirs y sont inscrits, de même que sur les n os précédents, 
tandis que les monnaies d'Utique, ainsi que les autres monnaies coloniales de la Zeugitane, ne pré- 
sentent que le nom d'un seul magistrat communal. Le type des épis , que nous offre le n° 329, 
était un emblème qui convenait bien à la Carthage romaine, à l'égard du commerce des blés dont 
elle était la place principale; sous l'empire, comme on le sait, Carthage était le grenier de Rome 
et du reste de l'Italie; aussi Cérès y était-elle vénérée comme elle l'avait été dans l'ancienne ville 
punique 6 ). La déesse figurée sur les n" 327-328 est sans doute Livie représentée en Junon, 
comme sur d'autres monnaies de la province d'Afrique, frappées sous Tibère. 7 ) Il faut faire 
remarquer comme une chose insolite qu'on a ajouté au nom de Tibère sur ces monnaies P P, qui, 
selon l'emploi vulgaire de ces lettres, ne peuvent signifier que Pater patriœ. Les historiens, 
Suétone, Dion et Tacite, d'accord entre eux, rapportent que Tibère persista h refuser ce titre 
d'honneur qui lui fut plusieurs fois offert par le peuple, et Eckhel dit qu'il n'existe pas de mon- 
naies de Tibère où on le rencontre 8 ); on voit donc par ces monnaies qu'en Afrique ce titre a été 
conféré à Tibère, malgré ses refus réitérés. Comme cette épithète honorifique n'a pu être donnée 
à Tibère qu'après la mort d'Auguste, il s'ensuit que ces monnaies ont été frappées sous son règne, 

i) Doctrina IV p.t42. 5) Mus. Fontana I p.t30. 

a) C'est peut-être lors de cette réorganisai! on , en 29 av. 6) Mûnter Religion d. Carthager p.109-110. 

J. Chr. , que le surnom Venerù a été changé en Julia. 7) Voyez plus haut p.l3et48, et plus bas sous Hippo. 

a) Eckhel Doctrina VI p.185-186 et 200-201. s) Doctrina VI p. 200, où l'on trouve cités les passages des 

4) Doctrina IV p. 144. anciens auteurs, nommés ci-dessus. 



CLYPEA. 1Ô5 

tandis que les n" précédents, qui portent également son nom et sa tête, appartiennent au règne 
d'Auguste, comme trous l'avons Tait remarquer pluB haut. 

DD, répété sur les n ' 321-329, est le sigle connu des monnaies coloniales, indiquant 
Decreto decurtonum; la signification des lettres PP qui y sont ajoutées, est moins certaine; nous y 
reviendrons sous les monnaies d'Utique. 

Les numismatistes du siècle passe ont encore rapporlé a la Carthage romaine un nombre 
de monnaies différentes qui n'y appartiennent assurément pas; on les trouve citées dans l'ouvrage 
d'Kckliel, qui a démontré que la classification à Carthage de ces monnaies est inadmissible 1 ); plu- 
sieurs d'entre elles seront mentionnées sous la ville de Clypea, à laquelle elles paraissent appartenir. 



CLYPEA. 

Sous le régne d'Auguste. 

330. AVGVSTVS IMP Tête d'Auguste nue à g.; derrière, le atmpulum. Le tout dans une cou- 
ronne de laurier. ty. C I P- Mil VI (Ri Mercure, la tête couverte du pétase ailé, assis sur 
un rocher, à g.; la main dr. lient le caducée, la gauche est appuyée sur le rocher. Orenetis. 

JE. 11. 37,3 & 32,6 gr. 3 ) 




Sons le règne de Tibère. 

331. Tl CAE DIVI AVG F AVG IMP VIII COS Mil Télé de Tibère nue à g. Grenetis. r>. PER- 
MISSV L-APBONI-PROCOS lll-CSEXPOM-CELSO- Le même type qu'au revers précé- 
dent. Dans le champ: C P |. M. 10. 35,5— 24,6 gr. B ) 

332. Même légende cl même tête. Ç. Même légende. Cérès (ou Livie) voilée assise à dr. , 
tenant dans la main dr. deux épis, la gauche appuyée sur un long sceptre. Dans le champ: 
C P I. M. 8. 20,4 gf. 4 | 

333. DRVSO CAESARi.l) Tête de Drusus Junior nue à g. Grenetis. r>. PERMISSV L APRONI 
PROCOS III- Buste de Mercure a g., couvert du pétase ailé et de la paenula; derrière, le 
caducée. Grenetis. JE. 6. 8,0 & 6,6 gr. 5 ) 

i) Domina IV p. 139 n° 1. p.UO-Ui n" 15-22 et p. M 4- 145. a) Cab. de Paria (Pellerln Lettres II p 152 pi- 11,3; Mionnet 
s] Cab. de Copenhague (Cat. de Ramua I p. 391, lillca n»t, VI p. 585 n»26, incorr. décr.), de Vienne et de la Haye. 

tflb.VJlU j incorr.) et de Si. Pélerabourg iSesllnl Hua. t) Cab. de Milan. 

Choudoir p. 114 n*i; Hed. di mus. Hederv. e plu musei y, Cab. de Paris (2 ex , Thés. Morell. Apronia p. 32 tab. Kg. B, 



III cent, p.77 n*9, lab. XXIII, 12, incorr.; Hionnet S. IX Imp. p.521 lab. 76, M>-H i HIODnelI.c. 

p.199 n 



20 - 



156 



LA ZEUGITANE. 



834. Autre semblable, uvec la tête de Mercure tournée u dr. JE. 6. ') 

335. Même face qu'au p-III. Ç-. PERMIS- P- DOLABELLAE PRO COS-C- P- G CAS- D- D- 

Mercure assis sur un rocher comme aux n" 330-331. Dans Ee champ: CP1. Grenetis. 

JE. 12. 54,4 & 41,4 gr. 9 ) 






336. Autre semblable, mais au revers: PERMIS P CORNEL1 DOLABELLAE PROCOS- C- P- CAS- 
D-D. jE.1I. 36,6 gr.") 

337. Autre semblable, mais au revers: PERMIS- P- DOLABELLAE PROCOS C-(P-)GAVIO CAS. 

M. 11. 4 ) 

338. Même face. fr. PERMIS P DOLABELLAE PROCOS- C- P- G- CAS- La même déesse 
assise qu'au n" 332. Dans le champ: C P I. ;E. 8. 22,4 — 15,4 gr.* s ) 




339. Antre semblable, mais les dernières lettres de la légende sont P- GAVIO CASCA. 

JE. 8. 14,9gr. ") 

340. DRVSO CAESARI Tête de Drusus Junior à g. R-. PERM- DOLABELLAE PROCOS- C- P- 
G -CAS- Buste de Mercure comme au d* 333. JE. 'G. 9,5&6,7gr. ') 




1) Hnvprcimp Héd. de In reine Christine Tnb.48,8» (Vaillant 

N.Col. p.92, tlg.S). 
J) tnb. de Copenhague (flg-l, de Parla iPellerin Rec. I p. VI- 

VII, Mionnet VI p. 581 n*23) el de ChrUllimia. 
a) Cab. de Berlin IThes. Brandenb. 111 p. 93; Thés. Morell. 

Imp. I p. 588 tab. 88. iï ; Mionnet I. c. n° 22, etc.). 
4) Manolenl Mu». Pisano 1 p. 265 tav.V,l (Pellrrin Rrc I 

p.Vlll, Eckhel Doclr. IV p. 139,3, Hionuet l.c. D*24). 



5) Cab. de Paris (2 ex.; Vaillant N col p. 91 ng.l ; Thés. Mo- 
rell. Imp. p. 163 tab. 92,96; Mionnet l.c. n°25), de la Haye, 
de Copenhague et coll. de Rollln. 

«I Cab. de lu Hâve. La légende de cette pièce a été refaite 
au burin, et on y n substitué un autre nom au lieu de 
Do la bel la. 

i) Cab. de Vienne ( Pclterln Mél. I p. 260 ; Eckhel Doclr. IV 
[i.HO.T: Mionnet l.c. n» 28) el de la Haye. 



CLYPEA. 1 57 

Cette ville fut fondée par Agathocle à l'époque où il Ht son invasion en Afrique; elle 
était située sur une élévation du cap de Taphitis qui avait quelque ressemblance avec la forme d'un 
bouclier, d'où il reçut le nom grec Aspis, traduit plus tard en Ciypea ou Clupea par les Romains. 
Après le départ d'Agathocle, les Carthaginois conservèrent cette place forte; Régulus, l'ayant occupée 
dans la première guerre punique, la prit pour base de ses opérations; dans la dernière guerre 
que firent les Romains contre Carthage, le consul Calpurnius Piso mit le siège devant elle, mais 
fut forcé de se retirer. Selon Pline, Ciypea était une ville libre. Elle avait un port excellent, 
dans lequel la flotte romaine vint se mettre à l'abri, et qui par sa position était importante pour la 
navigation. On voit encore les ruines de l'ancienne ville entre la colline et la mer et des restes 
de fortifications romaines dans l'enceinte d'une citadelle moderne, élevée au haut de la colline; il 
reste aussi des parties considérables du quai et du môle de l'ancien port. Une bourgade située 
dans ce lieu , porte encore aujourd'hui le nom de Clybea ou Kalibiàh. ! ) 

N° 330. Les deux exemplaires existant de cette monnaie, n'ont pas été justement expli- 
qués; le premier, au cabinet de Copenhague, a été classé sous Clique par Ramus, qui lisait VT 
dans le champ du revers à gauche; le deuxième, au cabinet de St. Pétersbourg , a été attribué à 
Leptis par Sestini, qui prenait pour un A grec la lettre V, la seule visible sur cet exemplaire. 2 ) 
En examinant l'exemplaire de Copenhague, on parvient à se persuader qu'il faut lire les caractères 
à gauche conjointement avec les traits en haut: IIIIVIR. Quant aux trois lettres à droite de Mer- 
cure, la l re est distinctement C, les deux autres paraissent être I P; ces lettres pourraient désigner 
la même colonie que C P I sur les n oa suivants, mais il paraît plus probable qu'elles nous présen- 
tent les initiales du nom du Illlvir que celles du nom de la colonie. Cette monnaie appartient 
sans doute h la même ville que les n ot 331 et 335-337, attendu qu'elle porte le même type de Mer- 
cure assis sur un rocher, et qu'elle est de la même fabrique et du même grand module. 

N M 331-332 et 335-339 aux lettres C P I. Parmi les numismatistes d'une époque anté- 
rieure, Beger, Schlegel, Havercamp et Mazzoleni attribuaient ces monnaies h Carthage, en inter- 
prétant chacun de sa manière les lettres dernières de la légende circulaire et les lettres dans le 
champ du revers. s ) Mais par les initiales du nom de la colonie , par les magistrats y inscrits et 
par le type de Mercure, elles diffèrent des n ot 322-329 qui sans doute appartiennent à Carthage. 
Pellerin les rapporta à une ville du nom de Parada, en expliquant les lettres C I P par Colonia 
Julia Parada 4 )] Eckhel a déjà démontré que cette explication n'est pas admissible, attendu que 
Parada, située au milieu des montagnes entre Utique et Thapsus, n'était qu'une bourgade qui n'a 
été mentionnée qu'occasionnellement par ïlirtius dans son histoire de la guerre africaine, mais qui 
est d'ailleurs inconnue. 5 ) Le savant Viennois supposa que Ciypea était le lieu de l'émission à 
cause du type de Mercure assis sur un rocher, parce que Pline a dit que cette ville était située sur 
le promontoire de Mercure 6 ). Le classement à Ciypea a été adopté par Sestini et puis par le 

i) Sur les restes de l'ancienne ville et sur son histoire, trina IV p. 141. Perizoni rapporta ces monnaies à Saldœ 

conférer: Mannert Géogr. par Marcus p. 302-304 et Barth ou Sabrata, Harduin, à Patra? en Achaïa. 

Wanderuhgen p. 134-1 37. Les textes anciens y appar- 4) Lettres II p. 152 suiv. La quatrième lettre A, que Pellerin 

tenant, se trouvent cités dans C. Muller Geogr. gr. min. a cru lire dans le champ du n°331, ne se rencontre 

p. 470 note ad Stadiasmos §117. sur aucun exemplaire. 

2) Ll. ce. p. 155 note 2. Dans le catalogue de Falbe cette s) Doctrina IV p. 143. 

monnaie est décrite sous Utique. 6) Hist nat.V,3: Liberum Clupea in promontorio Mercurii. 

3) Voyez les 11. ce. p. 155- 156 dans les notes et Eckhel Doc- 



158 LA ZEUGITANE. 

savant Borghesi. 1 ) C I peut désigner Clypea Julïa, et P un autre surnom, qui a pu être Pia, 
Pulchra, Pax ou Pacensù, épithètes données à d'autres colonies romaines. Deux observations 
pourraient y être opposées, Tune, que la ville de Clypea, selon le stadiasme, était à 200 stades du 
promontoire dit de Mercure, l'autre, que Clypea, étant, selon Pline, une ville libre, a dû posséder 
le droit de battre monnaie, et n'a pas, pour en faire usage, eu besoin de requérir la permission du 
proconsul, mentionnée dans l'inscription des monnaies. A la première objection il faut répondre 
que )e rocher peut très bien se rapporter au promontoire avec l'élévation à la forme de laquelle la 
ville dut son nom. Quant à la dernière objection, il est h remarquer que la ville n'a peut-être 
pas encore acquis la liberté sous le règne de Tibère; comme dans la dernière guerre punique 
elle fit résistance aux Romains 2 ), elle ne fut probablement pas au nombre des villes qui reçurent 
leur liberté après la chute de Carthage 3 ). Le type de Mercure nous renvoie à la côte à l'est de 
Carthage, où se trouvait le promontoire, portant le nom de ce dieu, et où étaient situées les villes, 
appelées Emporia à cause de leur commerce, parmi lesquelles Leptis et Alipota frappaient des mon- 
naies aux types empruntés h Mercure. Il n'y a donc pas de ville h laquelle ces monnaies con- 
viennent mieux qu'à Clypea. 

N M 333-334 et 340 sans nom de ville. Havercamp et Vaillant ont rapporté à Leptis les 
deux premiers n", à cause de la tête de Mercure que portent aussi les monnaies de cette ville; 
pour le dernier n°, Pellerin en a regardé le lieu d'émission comme incertain. 4 ) Mionnet a classé 
ces n 0> , ainsi que les n ' précédents, parmi les médailles incertaines de la Zeugitane. Ces mon- 
naies se rattachent à celles dont nous venons de traiter, par la tête de Mercure et par les noms 
des proconsuls; le nom du magistrat communal, P. Gavius Casca, qui est inscrit au n° 340 de 
même qu'aux n 08 335-339, sert à prouver qu'elles ont été frappées dans la même ville que 
les autres. 

Les proconsuls L. Apronius et P. Cornélius Dolabella, avec la permission desquels 
ces monnaies ont été frappées, sont connus par la guerre que les Romains eurent à soutenir 
contre le Numide Tacfarinas, qui sous le règne de Tibère souleva plusieurs tribus numides. Apro- 
nius, comme nous l'apprend Tacite 5 ) , fut nommé proconsul de l'Afrique après Furius Camillus, qui 
en 770 u.c. avait supprimé la première révolte de Tacfarinas; sous son gouvernement, en 773, le 
chef numide recommença la guerre et avança jusqu'à la côte, mais fut vaincu et contraint de se 
retirer au désert. En 774 Apronius eut pour successeur Junius DIaesus, qui pendant deux années 
continuait la guerre avec Tacfarinas. C'était enfin, selon Tacite 6 ), Dolabella qui termina cette 
guerre septennale, lorsqu'en 777 Tacfarinas fut attaqué à l'improviste près d'Auzea où il trouva la 
mort. Donc, les monnaies au nom d' Apronius, auquel est ajouté PROCOS III, datent de l'an 
773 u.c., celles portant le nom de Dolabella, des années 776-777 u.c.; la monnaie n°340, comme 
elle porte le nom de Drusus, fils de Tibère, mort en 776, a été émise dans cette même année. 

Les lettres qui sur les n 08 335-340 succèdent au PROCOS, ont été mal comprises et inter- 
prétées de différentes manières assez étranges par les numismatistes des siècles passés. 7 ) Les 
légendes plus complètes des n 09 337 et 339 montrent que P G CAS et P CAS désignent le nom du 

t) Sestini Classes gen. p. 176. Borghesi Décade X Osserv.IV. &) Annales III, 20-21. Cf. Eckhel Doctrina IV p.148. 

a) Appien VIII, 110. 6) Annales IV, 23-26. Cf. Eckhel Doctrina IV p. 142. 

3) Voyez plus haut p. 39 note 3 et p. 44 note 7. 7) Voyez Eckhel Doctrina IV p. 141. 

4) Ll.cc. p. 155 note 5 et p. 156 note 1. 



UTIQUE. 



159 



magistrat municipal P. Gavius Casca y qui correspond au nom de S. Pomponius Celsus sur les 
n os 331-332. La lettre précédente C, comme on le voit par les formes d'ablatif CELSO et GAVIO, 
signifie curante et offre le même sens que F C sur les monnaies d'Utique n ot 356-357 et sur les 
n 04 363-366, comme Eckhel l'a déjà fait remarquer. Il est incertain si ces deux personnages ont 
été du nombre des IlIIvirs, comme ont été appelés, selon le n° 330, les magistrats préposés à l'ad- 
ministration de cette ville, ou s'il faut y voir d'autres magistrats communaux. 



UTIQUE. 

341. Têtes des deux Cabires (Dioscures), imberbes et laurées, à dr.; au-dessus, deux étoiles. 
ty\ Deux chevaux allant ù dr. ; au-dessus: A^^ (JPN). Variations de la légende: ^{Pg , 

342. Autre semblable, frappée sur une monnaie de Carthage avec la tête de Proserpine et un 
cheval debout. . M. 8. 14,6 gr. *) 

343. Autre semblable, aux chevaux allanjt à gauche. JE. 8. 13,ôgr. 8 ) 






Sous le régne de Tibère. 

344. Buste de déesse (Livie), voilée à dr. ; derrière, un sceptre, 
milieu du clamp : P • P. Filet au pourtour des deux côtés. 



Ç-. M M IVL VTI D D • Au 

JE. 2. 2,6 gr. 4 ) 




wp*a 



^ 



dm 



& 



344 



345. 



Tl CAESAR AVG F A(VG) Tête de Tibère nue à g. Grenetis. f£ TIC PP DD. 

Déesse (Livie) voilée assise à dr., tenant une patère dans la main dr. , la gauche appuyée 
sur un long sceptre. Grenetis. jE. 6J. 12,igr. 5 ) 





346 



i) 26 exemplaires de différentes collections. 

sieurs de fabrique barbare. 
•à) Cab. de la Haye. 
8) Coll. particulière de Copenhague. 



Il y en a plu- 



4} Cab. de Naples (Thés. Morell. Imp. I p. 485 tab.70, &-6; 

Eckhel Doctr. IV p.148,9; Mionnet n°6l). 
s) Cab. de la Haye. 



y 



160 



LA ZEUGITANE. 



346. 

347. 

348. 
349. 
350. 

351. 
352. 
353. 

354. 



Tl CAE DM AVG F AVG IMP VII Même tête. Grenetis. %. M MVN IVL VTICEN D D PP 
Même type. Grenetis. JE. 6. 9,1— 5,8 gr.* 1 ) 

Autre semblable , mais la tête est à dr. , et au revers : M M IVL VTI ... D D P P. 

JE. 6. 8,9&7,lgr.«) 
Autre semblable, dont la légende au revers finit par PPDD. M. 6. 7,0 gr. a 

Autre semblable; au revers: M MVN IVL VTIC D D P P. JE. 6. 7,7 de 5,5 gr. 4 

Autre semblable. Au droit: Tl CAESAR DM AVG F A l(MP) — Au revers: M MVN IVL 
VTIC PPDD. JE. 6. 9,1 gr. 5 

Autre semblable, mais le droit est comme au n°346. JE. 6. 7,2 gr. 6 

Semblable au précédent, mais la légende du revers flnit par: D D P P. tE. 6. 6,9 gr. 7 

Légende presque effacée. Même tête à dr. I}\ M V D D P P au milieu d'une couronne de 
laurier. JE. 3. 3,3 gr. 

Tl IMP VII Même tête à g. $•. Le même que le revers précédent. JE. 3. 3,2 gr. 




353 






353 



355. Tl CAESAR DM AVG F AVGVST IMP VIII Tête de Tibère nue à g. Grenetis. ï£. C 
VIBIO MARSO PROCOS II L CAECILIVS PIVS IIV La même déesse assise que sur les 
n os 3*5-352. Dans le champ: M M I V. Grenetis. JE. 9. 22,8 gr. 10 ) 

356. Autre semblable, mais au revers: C VIBIO MARSO PR COS II L CAECILIVS PIVS IIV F C. 

JE. 8. 16,2— 12,2 gr.* 11 ) 

357. Autre semblable, mais au revers: C VIBIO MARSO PR COS II Q CAECILIVS 10 VIN IIV F C. 

JE. S. 16,2 gr. 1 *) 

358. Autre semblable. Au droit: Tl CAESAR DM AVG F AVG IMP VIII. Au revers: C VIBIO 
MARSO PR COS II SEX TADIVS FAVSTVS Tï V. JE. 8. 14,6 de 12,3gr. 13 ) 

359. Autre semblable. Au droit: Tl CAESAR DIVI AVG F AVGVST IMP VIII. Au revers: C 
VIBIO MARSO PR COS III C SALLVSTIVS IVSTVS ÏÏ. JE. 8. 17,8 — 10,1 gr.* 14 ) 

360. Autre semblable, mais dans la légende du droit, AVGVSTVS, et à la fin de celle du re- 
vers: IIV. JE. 8. 22,4 de 1 6,0 gr. 15 ) 



i) 12 exemplaires de différentes collections. 

2) Cab. de Copenhague (de la coll.Wiczay, Sestini Mus. He- 

derv. 111 cont. p. 82 n° 6, incorr. IMP VIII) et de Milan. 

Mionnet ti° 52. 

a) Cab. de Paris. 

4) Cab. de Copenhague et de Florence. 

b) Cab. de Paris (Mionnet n°51). 

6) Coll. de Thomsen a Copenhague. 

7) Cab. de Copenhague. 

8) Cab. de Copenhague. 

o) Cab. de la Haye (2 ex.). 



10) Cab. de Stockholm (Cat.de Skiôldebrandt p. 105). 
il) 13 exemplaires de différentes collections. 

12) Cab. de Florence. 

13) Cab. de Stockholm et de Vienne ( Eckhel Doctr. IV p. 148, &; 
Mionnet n»ô6). Muselli I Imp. tab.14,6. Vaillant N. col. 
p. 88 ilg. 2. Morelli Fam. Tadia fig 11 . Sestini Mus. He- 
derv. III cont. p. 82 n«l-2. 

14) 11 exemplaires de différentes collections. 

li) Cab. de Vienne (Eckhel Doctr. IV p.148,8) et de Paris 
(Mionnet n°59). 




362. TICAESARDM AVGFAVG IMP VIII Tête de Tibère nue à g. Grenelis. I>. C V MARSO 
PROCOS NËR CAES Q PR A M GEMELLVS Déesse (Livie) voilée, assise à dr., tenant une 
patère dans la main dr., la gauche appuyée sur un long sceptre. Dans le champ: D D P P. 
Grenetis. JE.8. 15,8 — 10,7 gr.* s ) 

Autre semblable. Dans la légende du droit: AVGVST. Au revers: C VIB MARSO PR COS 
.NE CAE Q PR A M GEMELLVS F C. £.6. 13,6 — 11,9 gr.* a ) 

Autre semblable. Au revers: C VIB MARSO PR COS DR CAE Q PR T G RVFVS F C- 

JE. 8. 14,5 — 9,8 gr.* 1 ) 
Aulre semblable. Au revers: C VIBIO MARSO PR COS DRV CAE Û PR A T G RVFVS F C. 

JE.8. 17,8 — 10,0gr.* s ) 
Autre semblable, mais dans la légende du revers DR au lieu de DRV. JE. 8. 14,0 gr. 8 ) 

Autre semblable. An revers: C VIBIO MARSO PR COS C CASSIVS FELIX A IIVIR. 

JE.8. 13,9 — 11,9 gr.*'} 



363. 



364. 



365. 



367. 



363 




3G6 



313 T 



368. Autre semblable, mais dans la légende du revers PR COS III. JE.8. 14,3 — 10,s gr. 8 ) 

369. Autre semblable. Au revers: C VIBIO MARSO PR COS III C CAELIVS PAX AVG II VIR. 

JE. 8. 12,9gr.») 



i) Cab. de Vienne et de Paris (Nionnel n»60). 

31 Cab. de Vienne (Eckhel Doctr.lVp.147,3), de Paris [Mionnet 

n« 63 1 , de Copenhague (Sa.) et de Stockholm 1 2 ex. J. 

Vaillant N. col. p.87 flg.i. Horelli Imp. I p. CM. lab. 

93, 1-3. 
a; 9 exemplaire « de différentes collections. 
*) 32 exemplaires de différentes collections. 
*1 Mus. brit., cab. de Paris, devienne (Eckhel Doetr. IV 

p. 147, s, Cat. mus. Vind. 1 p. 284 n*4). de Gotha et de 

Christiania. Vaillant IS. col. p. 87 11g. 2. 



a| Cab. de Florence. 

7) Nus. brit. (de la coll. Alnslie, Sestiul Descr. n.v. p. 504 
ii°tj, cab.de Paris (Mlonn. n°o7o), de St. Pétersbourg, 
de Milan et coll. de Thomseri fi Copenhague. 

SI Cab. de Paris (Mionnet n*57b|, de Copenhague |!ei.] 
et de Stockholm. Havercamp Mtiil de la reine Christine 
Tan.Vlll.il. Vaillant ». col. p. 98 fia. 1 . Horelli Imp. I 
p. 6lâ. lab.93.e-». 

9) Cab. de la Hâve. 

21 



162 



LA ZEOQITANE. 



370. Aulre semblable, mais la légende du revers Unit par A II VIR. 

371. Autre semblable, la télé tournée à dr. 

372. Autre semblable, mais la légende du revers finit par AV II VIR. 



JE. 8. 13,7 gr. 1 ) 
jE.8. 13,9— 12,2 gr. 5 ) 
£. 8. 15,2* 13,8gr. a ) 



373. T1CAESAR AVG Même léte à g. 
Au-dessus, deux points. 



C-APRON II VIR Au milieu du champ: D-D(PP). 
JE. 3. 3,4 gr. *) 




IHica, la plus ancienne des colonies phéniciennes en Afrique, Tut fondée avant Cnrthage, 
en l'an 1100 de J.Chr., par les Tyriens. 5 ) Dans le cours du temps elle fut réduite eu dépen- 
dance de Carthage, sa puissante voisine; elle gardait cependant son ancienne constitution libre, et 
était plutôt une ville alliée à Carthage que soumise à elle. La tutelle que Carthage s'arrogea sur 
Clique, avait pour résultat que les citoyens de celte ville nonrissaient de la haine contre elle; voila 
ce qui nous explique comment Agalhocle parvint sans difficulté a s'en emparer lorsqu'il débarqua en 
Afrique; aussi plus tard prit-elle le parti des troupes mercenaires dans leur insurrection contre 
Carthage, et dès le commencement de la 3*" guerre punique elle s'allia avec Rome. Après 
la chute de Carthage, elle regagna d'abord en récompense la liberté, et obtint encore une grande 
partie du territoire carthaginois, savoir la contrée fertile des deux cotés du fleuve de Ba- 
gradas jusqu'à Hippo Diarrhytus. Le commerce de Carthage passa dès tors à l! tique. Tant que 
Carthage restait ensevelie dans ses ruines, elle était la première ville de l'Afrique, et le proconsul y 
résidait avec les légions romaines. Pendant les guerres civiles des Romains, elle fut plusieurs 
fois le théâtre d'événements graves; elle servit de place d'armes et de dernier refuge au parti répu- 
blicain contre César; Caton s'y donna la mort. Carthage ayant été reconstruite, le proconsul y 
transféra sa résidence; néanmoins Utique continuait de se trouver dalis un état florissant, et sous 
l'empire elle tenait le second rang parmi les villes de l'Afrique. Les Arabes la détruisirent, on 
ne sait a quelle époque. 

Utique était située sur le golfe de Carthage à l'embouchure du fleuve de Bagradas. Cette 
partie de la côte africaine s'est complètement changée dépuis l'antiquité; on jadis la mer creusait 
une baie profonde, on voit de nos jours une vaste plaine d'un sol ferme, quoique marécageux. 
A une longue distance du rivage, dans la localité qui s'appelle aujourd'hui Bouchaller, on trouve 
différentes ruines dispersées sur une large étendue, qui sont Bans doute celles de l'ancienne Utique. 
On y voit de grandes citernes, les restes d'un aqueduc, des murailles de la ville, d'un théâtre, 



i) Cnb. de Copenhague. 

a) Cal), de Vienne et de Copenhague; coll. de Freund a Co- 
penhague. 

a) Cab. de Paris (Mionnet n«50, S. n°l() et de Copenhague 
Ide la coll. WJeiay, Seslini Mus. Hederv. III cont. p.S2 
n»4). Vaillant N. col. p.89 flg.2. Morelli Imp. I p.GIS, 
lab. 11,10. Eckhel Doctr. IV p.148,7. Cat. du cab. Mag- 



noncour n°S45. 

4) Cali. de Copenhague (Cat. de Ramua I p. 300, Hippo n»4, 
Ub.VIU.U). 

b) Voyez, sur l'époque de la fondation d'Utique, Movcrs Pliô- 
nizier 11,2, p. 148-140 et p. 512. L'histoire d'Utique se 
trouve exposée dans la Géographie de Mannert par Mar- 
dis p.343suiv. 



UTIQUE. 



163 



d'un amphithéâtre et de l'ancien port; les fouilles qu'on y a faites récemment, ont mis au jour 
des pavés en mosaïque. l ) 

N os 341-343. La légende punique de ces monnaies a été lue TON par Bellermann 9 ) , pïtfN 
par Gesenius 3 ) et 2DIP par Scott 4 ); mais tous les exemplaires bien conservés portent distinctement 
les lettres JDN; nous pouvons donc passer sous silence les explications données par ces savants. 
Dans l'ouvrage de Mionnet ces monnaies sont décrites sous Panorme 5 ); Duchalais, sans essayer 
d'en interpréter la légende, les a rangées parmi les monnaies des rois numides. ) M. Judas a 
enfin lu justement jntt, UTG, qu'il a pris pour le nom d'Utique. 7 ) Lindberg était déjà auparavant 
parvenu à la même explication; dans le manuscrit qu'il a laissé 8 ), en renvoyant aux passages puni- 
ques dans Plautus, où aleph est souvent rendu par les voyelles u et j/, il fait remarquer que 
3nK a probablement été prononcé Ytig, prononciation dont se rapproche autant le nom romain 
Utica que le grec ïwxtj. 9 ) En effet, il n'y a aucune ville punique dont le nom s'adapte mieux à 
la légende de ces monnaies que celle d'Utique ; la permutation de la lettre douce G avec la forte 
C ou K, comme on le sait, se rencontre assez fréquemment dans les noms phéniciens et puni- 
ques. 10 ) Les caractères en sont carthaginois. Les types, qui nous présentent les têtes des 
Dioscures et leurs chevaux, conviennent bien à une ville maritime, comme l'était Utique. Les 
deux Cabires que les Phéniciens regardaient comme inventeurs et protecteurs de la navigation, 
attendu que sous ce rapport ils répondaient à. Castor et Pollux, furent généralement ûgurés comme 
ces derniers, ainsi qu'on le voit par les monnaies des villes de la Phénicie. 11 ) M. Judas a émis la 
conjecture que c'est à l'occasion de la mémorable victoire, remportée sur Régulus par le Lacédémo- 
nien Xantippe pendant la première guerre punique, que la ville d'Utique, par reconnaissance envers 
les divinités protectrices de la patrie du général étranger, a empreint ces types sur ses monnaies. 
Mais la fabrique interdit de rapporter les monnaies à, une époque si reculée; elles sont d'un travail 
très grossier, souvent même barbare, par lequel elles diffèrent entièrement des monnaies frappées 
dans la Carthage punique; aussi la pièce n° 342 est- elle frappée sur une monnaie carthaginoise. 
Elles datent sans doute de l'époque romaine. Bien que la légende et les types, comme nous 
avons tâché de le démontrer, conviennent assez à Utique, il faut cependant faire remarquer que 



i) Voyez: Barth Wanderungen p. 108-112; Davis Carthage 
and her remains, chap. XXIII. Mannert était d'avis 
qu'Utique n'avait pas eu de port, et que l'ancienne ville 
a disparu sans laisser de traces, Géogr. p. Marc us p. 346- 
348. Blaquière a cru découvrir les ruines d'Utique 
dans un autre endroit, conférez Forbiger Alte Geogr. Il 
p. 852 note 14. 

a) Bemerk. ùb. phôn. Mûnzen IV p. 8. 

3) Monumenta p. 328 n°5. 

4) Num. Chronicle XIV p.145; cf. XV p.9l. 

5) Descr. n« 545 et Suppl. n« 397. 

6) Extrait du XIX e vol. des Mém. de la soc. des antiquaires 
de France p. 29 n°20, pi. n° 11. 

7) Revue num. fr. 1856 p. 224-225. 

8) Ce manuscrit date de l'an 1842. 

9) Lindberg, rapportant le nom punique à la racine 33n> 
pense qu'il a signifié la couronne. La dérivation habi- 
tuelle est celle proposée déjà par Bochart, de HpTlJJ, 
l'ancienne, nom qu'on aurait donné à cette ville en op- 



position à Carthage, fondée plus tard, voyez Gesenius 
Monum. p. 429, Barth et Forbiger ll.ee. Movers, rejetant 
cette dérivation par la raison qu'il en résulterait qu'Uti- 
que aurait primitivement eu un autre nom, la inter- 
prété par nDnjJ» diverëorhtm, statio nautarum, Phônizier 
11,2, p. 340 et 512. M. Olshausen enfin adonné au nom 
d'Utique la signification de colonia, de pnjJ» translatif 
est, Rhein. Muséum VIII (1853) p. 329 note. Aucune de 
ces dérivations ne s'accorde avec les lettres inscrites sur 
ces monnaies. 

10) On en trouvera des exemples cités dans Gesenius Mo- 
numenta p. 433, 2. 

ji) Voyez les monnaies de Béryte, Tripolis, Tyr, Orthosia 
et Paltus. La ville de Béryte était consacrée aux deux 
Cabires; sur les monnaies de Tripolis le nom KABtPSiN 
a été ajouté. Sur ces deux Cabires et leurs noms pro- 
pres, voyez Movers Phônizier I p. 653-654 et Allg. Encycl. 
Sect. III Th. 24, p. 395-396. 



21* 



164 LA ZEUGITANE. 

la qualité du travail que nous venons de relever, éveille des doutes sur la justesse de cette attri- 
bution; il y a lieu de s'étonner que des monnaies d'une fabrique barbare aient été frappées dans 
une ville si opulente, qui était la capitale de la province jusqu'à la reconstruction de Carthage. Si 
Ton prend TA initial pour l'article ou pour une lettre servant à faciliter la prononciation, cette 
légende pourra désigner d'autres villes puniques dont les noms avaient pour premières consonnes 
TetG ou TetC, notamment Tacatua ou Tucca, villes situées sur la côte numide à l'oaest de 
Hippo regius. 

M. Judas a encore attribué à Utique quelques monnaies puniques, savoir une monnaie d'ar- 
gent, ayant pour types une tête laurée et un élépbant avec la lettre K, et une pièce de bronze à 
deux têtes avec les lettres nN. 1 ) Ces monnaies, dont la dernière, à cause de sa conservation im- 
parfaite, n'est pas correctement décrite par M. Judas, appartiennent sans doute à la Numidie et 
seront discutées dans le volume suivant. 

N os 344-361. Ces monnaies portent toutes l'inscription Municipium Julium Uticense, plus 
on moins abrégée. Le litre de Munictpium fut adopté par Utique, lorsqu'Auguste conféra à ses 
habitants le droit de citoyens romains (civitas)*), et la ville garda ce titre jusqu'au règne d'Hadrien, 
où, par suite d'une pétition adressée à l'empereur, elle fut élevée au rang d'une colonie. 3 ) Eckhel, 
de même que d'autres savants avant lui, a interprété M • MVN par Municipes municipii. Borghesi, 
en faisant observer que d'après cette interprétation la légende M * MVN renferme un pléonasme qui 
s'accorde peu avec les inscriptions monétaires, si concises en général, est d'avis que MVN est une 
épitbète de M(unicipium), et que la ville a reçu cette épithète à cause des fortifications admirables 
dont elle fut munie par Caton. 4 ) La déesse assise sur un trône, est sans doute la mère de Tibère, 
qu'on trouve souvent figurée dans cette attitude sur les monnaies des villes africaines; le nom de 
l'impératrice est ajoutée à la même image sur une monnaie de la ville voisine Hippo. La tête du 
n°344, comme elle est voilée et a pour attribut un sceptre, de même que la déesse trônante, 
représente probablement encore Livie. 11 se peut que cette monnaie, dépourvue du nom de l'em- 
pereur, ait été frappée sous Auguste; il parait cependant plus probable qu'elle appartient au règne 
de Tibère, de même que toutes les autres monnaies d'Utiqne inscrites en latin, vu que ce n'était 
qu'après la mort d'Auguste que Livie reçut les honneurs divins 5 ). Les monnaies n°" 345-354, sur 
lesquelles le titre IMP VII est ajouté au nom de Tibère, sont frappées pendant les 7 premières 
années de son règne, les n" 355-361, portant IMP VIII, à l'époque après l'an 774, où Tibère prit 
ce titre. 6 ) La date de ces dernières monnaies peut encore être précisée à l'aide du nom du pro- 
consul C.Vibius Marsus. Pendant les 4 premières années de la dite époque, 774-777, Blœsus 
et Dolabella, comme il a déjà été remarqué (p. 158), étaient proconsuls de l'Afrique; par un pas- 
sage dans les annales de Tacite 7 ) on apprend que C. Vibius Marsus était en fonction à -Rome en 
779; les monnaies suivantes, n os 362-363, frappées dans la l rc année de son proconsulat, présentent 
en outre le nom de Néron, fils de Germanicus, qui en 783 fut déclaré ennemi de la patrie et relégué 



i) Revue num. fr. 1856 p. 225. epigr. p. 421. 

2) Dio Cnssius XLIX,16: rovç 'Iruxtjoiovç noliraç inotijoaro. 4) Hirtius Bell. afr. c. S8: Cato Utieam mirificis operibus 
Plinius V, 30: Vtica cicium romanorum. munierat. Borghesi Décade X Oss. IV. 

3) Gellius Noct. att. XVI, 13. Dans une inscription tapi- s) Voyez plus haut p. 13 note 14. 

dalre Utique est appelée Col Jul. Ael. Hadr. Aug. Utik. 6) Conférez Eckhel Doctrina VI p. 200-201. 

Janssen Inscr. Mus. Lugd Bat. p.79. Cf. Zumpt Comment. 7) Annales IV, 56. 



UTIQUE. 



165 



à l'île de Pontia, où il mourut Tannée suivante 1 ); Marsus a donc élé nommé proconsul de l'Afrique 
entre 780 et 783, et les monnaies en question, sur lesquelles on lit PROCOS II et III, appartien- 
nent à Tépoque 781-785. 5 ) Sur les monnaies au nom de ce proconsul on trouve encore les 
noms des duumvirs, présidant à l'administration de la ville, dont trois, comme on le voit*, ont été 
en. fonction pendant son 2 me proconsulat, deux sous son 3 me proconsulat. Les lettres F-C-, 
fadundum curavit, ajoutées aux noms des Hvirs sur les n 08 356-357, indiquent qu'ils ont été pré- 
posés à la fabrication des monnaies; Havercamp et d'autres savants d'un temps passé supposaient 
que ces lettres se réfèrent à la statue de l'impératrice, représentée sur les monnaies, supposition 
qui a déjà été refutée par Eckhel. n ) 

N" 362-372. Ces monnaies, bien qu'elles ne présentent pas le nom d'Utique, ont géné- 
ralement été attribuées à cette ville; c'est ainsi que les ont classées Eckhel 4 ), Sestini 5 ), Mionnet 6 ) 
et Borghesi 7 ). En effet, il n'est pas invraisemblable qu'elles aient été frappées à Utique à cause 
de leur conformité avec les monnaies précédentes; elles nous offrent l'image de la môme déesse, 
le nom du même proconsul, le nom d'un Ilvir ou d'un autre magistrat municipal, enfin les let- 
tres D-D-P-P. H y aurait néanmoins quelques objections à faire à cette classification. Les 
monnaies n os 368-372, signées des noms des Hvirs C. Cassius Félix et C. Cœlius Pax, ont été frap- 
pées sous le III me proconsulat, de même que les n°* 359-361, portant le nom d'Utique et les noms 
de deux autres Hvirs; il faut donc admettre que pendant l'époque d'une année quatre Hvirs, 
magistrats annuels, ont été en fonction à Utique, et que dans le cours d'une année l'administra- 
tion municipale a frappé des monnaies avec et sans le nom de la ville, ce qui est en effet bien 
possible, mais qui peut cependant faire naître des doutes. Si l'on s'avise de classer i\ Utique 
cette série, il faut placer les n os 362-367, appartenant au I er proconsulat de Marsus, entre les 
n os 354 et 355. Les n os 362-366 offrent les noms des césars Néron et Drusus, fils de Germanicus, 
avec le titre Q PR, Quœstor proprœtore, titre honorifique du genre de ceux qui dans les provinces 
furent souvent conférés aux personnages de la famille impériale. 8 ) Ces mêmes monnaies , selon 
les légendes, sont frappées sous la direction de A.M.Oemellus et T. Q. Rufus\ il est incertain s'il 
faut entendre par ces deux personnes les Hvirs de la ville ou un autre magistrat communal, vu que 
seulement F-C- (fadundum curavit) y est ajouté, et non IIVIR, comme sur les n°" 367 suivants. 
C. Cassius Félix , comme on le voit par les n°" 367 et 368, a été deux fois Ilvir, dans le I er et le 
Hl me proconsulat de Marsus. 9 ) Le cognomen du Ilvir C. Cœlius Pax sur les n°* 369-372 a souvent 
été incorrectement rendu par Tax. *°) Dans les légendes des n" 365-372 on trouve encore ajoutée 



D Cf. Eckhel Doctrina VI p. 216. 
•2) Cf. Eckhel Doctrina IV p.H8. 

3) Doctrina. IV p. 149-150. Conférez plus loin p. 166. 

4) Doctrina IV p.147 n»' 2-3 et p. 148 n<>» G-7. 

5) Mus. Hederv. III cont. p. 8 n° 3-7. Classes gen. p.176. 

e) Descr.Vl p. 589-590 n«« 53-54 et 57-58, Suppl. IX p. 208 
n» 11. 

7i Décade X Osserv. IV. 

8| Spanheim et d'autres numismatistes des siècles précé- 
dents ont expliqué Q PR par Quœstor provinriœ; Eckhel 
a démontré que ces lettres désignent Quœstor proprœtore, 
Doctrina IV p. 247-249. Conférez Vol. I La Cyrénaïque 
p. 163. 



9) Il n'y a pas lieu de croire que sur le n° 367 le chiffre III, 
par une faute, ait été omis après PR COS, car III ne 
parait point sur quatre exemplaires dont les coins ont 
été exécutés par des graveurs différents. 

10) Voyez les li.ee. p. 162 note 3. Cette faute a déjà été 
rectifiée dans l'ouvrage de Mionnet. Du reste les lé- 
gendes sur les monnaies d'Utique sont assez souvent 
inexactement reproduites dans les catalogues publiés. 
Dans la liste qui en a été donnée par Eckhel, Doctrina 
V p.147-148, on trouve au n» 3 le nom de famille de 
Rufus indiqué par C au lieu de G, et au n*7 Tax au 
lieu de Pax. 



166 LA ZEUGITANE. 

la lettre A ou les lettres AV, AVG, qui sur les n" 365-366 se rapportent à Drusus, sur les autres 
n" au Ilvir 1 ); ces sigles, qu'on rencontre fréquemment comme indication d'un titre dans les inscrip- 
tions lapidaires, signifient sans doute Augustalis, dénomination par laquelle, à ce qu'il semble, on 
désignait dans les municipes soit ceux qui appartenaient à un ordre supérieur répondant à Tordre 
équestre romain, soit ceux qui étaient membres d'un collège sacerdotal voué au culte d'Auguste et 
de la famille de Julia.-) 

Le n°373, qui ne se trouve qu'au cabinet de Copenhague, a été classé sous Hippo dans 
l'ancien catalogue de ce cabinet publié par Ramus, qui y a donné pour motif de ce classement, 
que le nom Apronius se rencontre sur une monnaie de Hippo. Mais le nom qu'on lit sur cette 
monnaie (n°378), est L.Apronivs, sans doute celui du proconsul qui se rencontre aussi sur les 
monnaies de Clypoa (n os 331-334), tandis que sur la monnaie en question APRONIVS est précédé 
par un C distinct et par IIVIR est désigné comme magistrat municipal d'une ville. Par les 
lettres DDPP, placées au lieu d'un type au milieu du champ, cette monnaie se rapproche de 
celles d'Utique du même poids, n°* 344 et 353-354; pour cette raison nous l'avons rattachée à la 
série précédente. 

Les lettres DDPP ou PPDD, inscrites sur les monnaies précédentes ainsi que sur celles 
décrites plus haut sous Carthage, n" 322-329, ont été l'objet d'interprétations bien différentes. Vail- 
lant, Havercamp et Sanclementi ont expliqué ces lettres: Decuriones posuere, ou Decreto decurionum 
publiée posita, ou Decreto decurionum pecunia publica, en supposant qu'elles se rapportent à la 
statue de Livie représentée sur les monnaies. 8 ) Eckhel a démontré que celte supposition n'est 
pas admissible, déjà par la raison que plusieurs monnaies, signées de ces lettres, ne présentent 
pas l'image de Livie; ce savant incline lui-même à interpréter les lettres par Decuriones probavere, 
inscription par laquelle il aurait été indiqué que le collège des décurions ou le sénat de la ville a 
sanctionné la monnaie frappée par ordre des duumvirs. Sestini a proposé de lire ces lettres 
dans le même sens : Pecunia probata decreto decurionum 4 ). À l'égard de ces explications le comte 
de Borghesi a fait remarquer que l'indication qu'une monnaie a été approuvée par la même autorité 
qui l'a fait frapper, parait peu conforme à la convenance; à l'explication donnée par Eckhel il a 
spécialement objecté qu'à l'époque de Tibère ce n'était pas encore usage de doubler une lettre 
pour désigner le pluriel, et qu'on trouve assez souvent PP placé avant D D. Le savant italien 
préfère de suppléer P P en Pennissu proconsulis , qui se lit sur les monnaies de Clypea (n 0, 331- 
340). Il y a cependant quelques considérations qui s'opposent encore à cette interprétation. Une 
telle indication parait superflue sur des monnaies qui présentent le nom et le titre du proconsul, 
ce qui est le cas des n 09 362-372; par une pareille raison Borghesi lui-même a été porté à ne 
pas admettre l'interprétation de M MVN par Municipes municipii (voyez p. 164). De plus, Utique 
était une ville libre, qui a dû jouir du droit monétaire; il n'y a donc pas lieu de croire que les 
monnaies de cette ville ont été impriïnées de lettres indiquant que la permission de battre monnaie 
a été accordée par le proconsul (cf. p. 35-36). 

i) La lettre .4 sur les n«« 362-363 ne doit pas être rap- Decker Rômische Alterlhûmer III, 1, p. 375-382. 

portée au césar Néron , mais il faut la considérer dans 3) Ces opinions ont été citées et disculées par Eckhel Doc- 
ces pièces comme le prénom de Gemellus, attendu que trina IV p. 149-151 et par Borghesi Décade X Oss. IV, où 
le prénom du Ilvir est indiqué sur tous les autres n°*. l'on trouvera aussi ultérieurement motivées les explica- 
Sur le n° 364 A n'est pas ajouté au titre de Drusus. tions suivantes. 

2) Pour ce titre, qui a été tant discuté, voyez surtout 4) Mus. Fontana I p. 130. 



HIPPO INAItKHVTlS 

LIBERA Tête de déesse (Astarte), diadémée et voilée, à g. Grenetis. r>. HIPPONE 
Déesse (Thuro-Chusartis) debout, vue de face, la tête surmontée du modius; elle tient de la 
main gauche étendue un caducée et deux épis, la droite est levée et ouverte. Grenetis. 

JE. 5. 6,8 — 3,9(us.)gr.*') 
HIPPONE Tête de déesse (Cërès), couronnée d'épis, à dr. Grenetis. Ifr. LIBERA Tête 
de déesse diadémée (Jitnon) à dr. Grenetis. JE. 3. 3,6 — 2,7gr. s ) 




Sous le règne de Tibère. 
376. TI-CAFSAR DIVI AVGVSTI F-AVGVSTVS Tête de Tibère nue à dr. Ifr. HIPPONE 
LIBERA Julie (Livie) assise à dr. , la télé voilée et couronnée d'épis; elle tient de la main 
dr. une patère, la gauche est appuyée sur un long sceptre; des côtés, IVL AVG en gros 

JE. 10. 23,8 * 20,o gr. *) 



caractères. 




377. Même légende et même tête. ft. DRVSVS CAESAR • HIPPONE LIBERA 
junior nue à dr. JE. 8. 

378. Même légende et même léte; devant, le liluus; derrière, le stmpulum. rj-. 
HIPPONE -LIBERA Tête de Drusus junior nue k dr. Grenetis. JE. G. 



Têle de Drusus 
13,3— 12,6 gr. *) 
L-APR0N1VS- 

7,6 — 6,3 gr. 5 ) 





378 37 

i) Cab. de Milan, de Paris (Seguin Sel. num. p. 13; Harduin 
>*um. vel. p. 07; Mionnet n°4."j), de Copenhague (Bannis 
Cat. 1 p. 390 n»Z), de Vienne (cet exemplaire, appelé nili- 
dittimu» par Eckhel Doctr. IV p. 146, est retouché au 
burin ) et mus. brii. Mus. Pcmbrock 11 tab.10. 

1) Cab. de Copenhague (! exemplaire!; sur l'un, vnjez Ramus 
Cal. Le. n°l llg.; sur l'autre, qui est de In coll.Wicxay, 
voyez Seslini Mua. Hederv. III cent. p. 81 ri" li. Cab, de 
Paris. 




ït Mus. brit. et cab. de Munich. Cnt.dEnnery p.447 n°î5!9. 

Le Blond Acad. des inscr. XXXIX p. 519 (Eckhel Doctr. IV 

p. UT, Mionnet n°47!. 
<) Cnh. de Copenhague (Ramus Cat. le. n°3l. de Vienne 

(Eckhel Doctr. IV p. 147; et mus. brit. Cal. d'Ennery 

p. 517 ii>3320. Le Dlond Le. (Mionnet n*4B), 
6) Cab. de Berlin, de Parle (Mionnet n«49| ei de la Haye. 

Mus. Pembrock III tab. 43 (Cal. de vente n> 1 386, b ; Eckhel 

Doctr. IV p.147). 



168 



LA ZEUGITANE. 



Sous le règne de Cl. Albinus. 

379. IMP-CAES- DCLO-SEP-ALBAVG Tête d'Albin nue à dr. Ç-. HIPPONE LIBERA 
Déesse assise à g., tenant de la main dr. une patère, de la gauche, un sceptre. JE.b. 1 ) 

Hippo était une colonie phénicienne, fondée par les Sidoniens à une époque assez recu- 
lée. 2 ) Elle était située, non loin d'Utique, à l'embouchure étroite d'un vaste Lac, nommé Hippo- 
nitis, qui pouvait servir de port h une grande flotte et était riche en différents poissons; les envi- 
rons en étaient très fertiles, ainsi que de nos jours. 3 ) Elle était dépendante de Carthage, à la 
domination de laquelle elle tâchait en vain* de se soustraire en prenant le parti des troupes merce- 
naires lorsque elles se révoltèrent après la 1" guerre punique. 4 ) Agathocle s'étant emparé de la 
ville pendant sa guerre contre Carthage , la fortifia et y construisit un port pourvu de chantiers. 5 ) 
Dans le moyen âge arabe , Hippo était encore une ville considérable et florissante. 6 ) Une bour- 
gade nommée Benizert ou Bizert"*) occupe actuellement la place; on y trouve encore quelques 
restes épars de l'ancienne ville. 

On voit celte ville appelée par des noms très différents dans les anciens auteurs. Scylax, 
qui le premier en fait mention, la nomme "Innov nôfaç ou "fnnov axça] dans les auteurs postérieurs 
elle est en outre appelée Hippagreta et les habitants Hippacritœ. Les 3 derniers noms dérivent 
sans doute du punique Ippo acheret (mnx KDN), l'autre Hippo , nom qu'on a donné à cette ville 
pour la distinguer d'avec Hippo regius en Numidie. 8 ) Les Grecs donnaient au même Hippo le 
surnom Diarrhytus, c. à d. traversée par teau, h cause de sa position, surnom qui, altéré dans la 
prononciation, fut transformé en Dirutus, Diaritus 9 ) et Zarythus 10 ). Le nom inscrit aux mon- 
naies, Rippone libéra, ne se rencontre dans aucun texte ancien; on ne saurait cependant douter 
que les monnaies n'appartiennent à cette ville, et non à la ville numide nommée Ilippo, en consi- 
dérant la conformité qu'elles présentent avec les monnaies d'Utique et d'autres villes de la Zeugi- 
tane. L'épithète Libéra a causé des difficultés à plusieurs savants, comme à Le Blond, à Eckhel 
et à Mannert, attendu que cette ville est appelée colonia par Pline le jeune 11 ); il est assez pro- 
bable, comme le savant philologue Zumpt à tâché de le démontrer, que c'est h l'époque entre 
Pline l'ancien et Pline le jeune qu'elle est devenue colonie romaine. ,2 ) 



i) Mionnet Suppl. IX p. 207 n° 9 (de la coll. de Cadalvène). 

2) C'est ce que Movers a démontré par l'inscription d'une 
monnaie de Sidon, voyez Phônizier. II, 2, p. 134 et 144. 
Sur cette monnaie le nom est écrit en phénicien KGK> 
qui, selon Movers, a été prononcé N'EN et signifie un 
lieu ceint de murailles, de la racine n&K- 

3) Voyez la description dans Barth Wanderungen p. 202-203. 
Cette ville et ses monnaies ont été l'objet d'une mono- 
graphie par Le Blond dans Acad. des inscr. XXXIX p. 549 
suiv. Voyez en outre sur cette ville: Mannert Géogr. par 
Marcus p. 352-356 et C. Muller Geogr. gr. min. I p. 89 ad 
Scylax §111 notes. 

4) Polybe 1,82. 

5) Appien Pun. cl 10. 

6) Edrisi éd. Jaubert I p. 264. 

7) Au dire de ceux qui ont fait une étude de la langue 
berbère, ce nom a une signification répondant à IXar- 



rhytus, voyez Mannert Géogr. par Marcus p. 354 et 676. 
M. Barth 1. c. pense qu'il tire son origine de l'ancien 
nom Hippo Zarytus. 

6) Voyez Movers Phônizier 11,2, p. 511. 

9) Ptolémée IV, 3 (ed.Wilberg p.261;: Juifâvrog. Pline V,4: 
Oppidum quod Hipponem Dirutum vocant, Diarrhytum a 
Grœcis dictum, propter aquarum irrigua. 

io) Tab. Peutinger, Itin. Antonini et plus tard. 

n) Epist. IX, 33, i. Le Blond (1. c. p. 557-558) et Mannert 
(1. c. p. 355) supposent que Pline a été dans l'erreur. 
Eckhel (Doctrina IV p.146) fait remarquer que la ville, 
tout en étant colonie romaine, a bien pu avoir le sur- 
nom de Libéra, mais il ajoute que ce n'est peut -être 
qu'après le temps de Tibère qu'elle a reçu le titre de 
colonie. 

12) Comment, epigr. p. 407. 



HIPPO. 169 

La déesse debout au revers du n° 374 a été prise pour Venus Urania par Eckhel 1 ); mais les 
épis et le caducée n'appartiennent pas à cette divinité. La déesse représentée par cette figure 
est sans doute punique, car les deux attributs réunis ne conviennent à aucune divinité grecque ni 
romaine, et l'attitude parait propre aux images africaines; on voit Sérapis et le dieu des blés figurés 
de la même manière sur les monnaies de Sabrata et d'Adrumète 2 ), aux bras levés, la main droite 
faisant voir la paume et la gauche tenant l'attribut. C'est probablement la déesse phénicienne qui 
selon Sanchoniaton fut appelée Thuro avec le surnom de Chusartis, et qui fut vénérée à Gabala 
sous le nom aramaïque de Dotho. *) Cette divinité, comme on le voit par la signification des 
noms 4 ), était une personnification de la loi et de Tordre du monde, et fut confondue avec Har- 
monia par les Grecs. Flarmonia, sçlon plusieurs auteurs, tirait son origine d'Atlas, et près du 
lac de Triton on célébrait ses noces avec Cadmus 5 ), d'où Ton peut déduire qu'elle a été l'objet 
d'un culte en Afrique. Sous le nom de Thuro cette déesse interprétait les livres sacrés de Taut; 
sous celui d'Harmonia elle était épouse de Cadmus; le nom tfHarmonia est, à ce qu'il semble, le 
féminin répondant à Hermès 6 )] Taut-Cadmus était le dieu phénicien qui fut identifié avec Hermès- 
Mercure et figuré comme celui-ci 7 ); on en comprend, que le caducée a été donné comme attribut 
à cette déesse. Harmonia fut aussi vénérée en qualité de mère et de nourrice universelle, rrerp- 
pri%(ûQ et navTQocpoÇ) comme elle est appelée par un auteur grec 8 ); elle s'est donc encore rapprochée 
de Cérès. Demeter- Cérès, comme on le sait, fut honorée de pareils surnoms et était la déesse 
qui avait introduit, avec l'agriculture, l'ordre et les lois dans la société humaine (&ëOpoq>o(>oç, 
légiféra)] c'est ainsi qu'on est venu à représenter Thuro-Harmonia tenant dans la main aussi les 
épis de Cérès et portant sur la tête le modius, symbole de la fertilité. 

Les n°* 374 et 375 présentent trois têtes de déesses qui sont différemment coiffées. Eckhel 
a vu dans celle du n° 374 la tête de Livie ou Julie , mère de Tibère ; mais on voit par le n° 376 
qu'à Hippo cette impératrice a été représentée en Cérès, couronnée d'épis. C'est probablement 
la tête d'Astarte, qu'on voit de même diadémée et voilée sur les monnaies d'Adrumète et de Tys- 
drus 9 ); comme la divinité figurée au revers est punique, on est porté à croire qu'il en est de même 
de' celle que présente la face. La tête du n° 375 , couronnée d'épis , ne doit non plus être prise 
pour celle de Livie, attendu qu'elle est dépourvue du voile dont est couverte la statue de l'impéra- 
trice sur le n° 376; elle représente sans doute Cérès, qui était en grande vénération dans l'Afrique 
romaine, comme on peut le déduire de plusieurs passages dans Tertullien. 10 ) Enfin, quant à la 
tête diadémée au revers du n°375, on pourrait y voir Astarte, qui est probablement figurée ainsi 
sur plusieurs monnaies de la Byzacène; cependant, puisque elle ne porte pas de voile comme la 
tête du n° 374 qu'on a lieu de rapporter h Astarte, il faut plutôt la prendre pour celle de Junon, 
qui parait également représentée par l'image du n° 379. La statue de la déesse assise , sur le 
n°376, est par l'inscription IVL(ia) AVG(usta) désignée comme celle de Livie, qui après la mort 
d'Auguste fut vénérée en déesse sous le nom de Julie. 11 ) La monnaie n°378 T qui porte la tête 

i 

il Doc tri na IV p. 146. • 6) Movers Phônizier I p. 522. 

2) Voyez p. 29 n°G3 et p. 52 n°29. ?) Conférez plus haut p. 34. 

3) Voyez, sur cette déesse phénicienne, Movers Phônizier 8) Nonnus Dionysiaca XLI, 277 et 314. 

1, p. 507 guiv., AlIg.Encycl. Sect. III Th. 24 p. 393. 9) Voyez plus haut p. 51 n°21 et p. 58 n°34. 

4) Thuro et Dotho dérivent de m)T\ et Nni» ka?» Chu- I0) Voyez Mûnter Religion der Carlhager p. 109- 110, notes 6-8. 
sartis de rVHfcTit ordo. Il) Conférez plus haut p. 13. 

5) Movers 1. c. note 3. 

22 



170 



LA ZEUGITANE. 



de Drusus, fils de Tibère, et le nom de L. Apronius, est frappée au cours des années 771-773 u.c., 
pendant lesquelles Apronius était proconsul de la province; voyez les monnaies de Clypea p. 158. 

La pièce n°379 est unique et assez remarquable; comme il n'existe pas d'autres monnaies 
frappées par les villes de la province d'Afrique après Tibère, ce qui porte h croire qu'après le 
règne de cet empereur elles ont été privées du droit monétaire, on s'étonne de trouver une mon- 
naie émise par Hippo au nom de Cl. Albinus. Nous n'avons pas vu cette monnaie ; c'est sur l'au- 
torité de Mionnet que nous l'avons adoptée. L'authenticité en est confirmée par une monnaie en 
bronze du même module au cabinet de Dresde. Cette pièce porte deux têtes affrontées et laurées, 
l'une barbue, l'autre imberbe, qui représentent ou Sept. Sévère avec l'un de ses fils, ou Op. Ma- 
crinus avec Diadumentanus; de la légende circulaire il ne reste que quelques lettres qui ne per- 
mettent pas de restituer avec certitude les noms de l'empereur et de son fils; il nous semble 
cependant qu'elles s'adaptent le mieux à Macrinus et à son fils. *) Le revers porte pour type un 
vaisseau à pleines voiles, sous lequel on lit LIBERA. On ne connaît, outre Hippo, aucune autre 
colonie romaine de ce surnom; la fabrique est africaine; un vaisseau semblable forme le type sur 
une monnaie de Césarée en Mauritanie; la pièce porte la contremarque C/P, la même qu'on voit 
imprimée sur une monnaie de Leptis Magna, et qui nous offre sans doute le nom d'un proconsul 
ou d'un autre magistrat de la province d'Afrique 2 ); il parait donc probable que cette monnaie a été 
frappée par Hippo en Zeugitane. Il mérite d'être relevé que les empereurs dont il est question 
ici, étaient des Africains natifs; Albinus était né d'une famille patricienne à Hadrumète et élevé 
dans cette ville 8 ); Leptis était la ville natale de Sept. Sévère, qui avait été proconsul de l'Afrique 4 ); 
Macrinus était natif de Césarée de la Mauritanie et avait passé longtemps en Afrique 5 ); il est donc 
bien possible que ce soit par suite de certaines relations ayant eu lieu entre l'un ou l'autre de ces 
empereurs et Hippo, que le droit monétaire a été de nouveau accordé à cette ville. 

L CLODIDS MACER. 

380. L • CLODIVS • MACER Tête de Clodius Macer nue à dr.; dessous, S C. Ç\ PROPRÀE 
AFRICAE en trois lignes. Galère à rames. Grenetis. Ai. A. Den. 3,70— 2,86 gr. 6 ) 

381. L • C • MACRI • CARTHAGO Buste tourelé de Carthage à dr.; derrière, une corne d'abon- 
dance; dessous, S C. Grenetis. fy. SICILIA Tête de Gorgone de face servant de centre 
à trois jambes humaines, entre lesquelles trois épis. Grenetis. JR. A. Dcn. 3,30 gr. 7 ) 



i) Sur l'empreinte au moins qui m*a été envoyée, de cette 
monnaie, je n'ai pas été à même de lire la légende du 
droit d'une manière certaine; pour cette raison je n'ai pas 
jugé à propos d'en donner une gravure. En haut on 
remarque un distinct et 3 lettres peu claires; der- 
rière la tête du césar a droite on lit . . . E CAE. Il se 
peut que le nom HIPPONE se soit trouvé en haut; je 
suis cependant plus enclin à déchiffrer la légende : 

(Macri)NO DI(adum)E CAE. Le revers a pu porter 

en haut le nom H1PP0NE. Par un examen de la 
monnaie elle-même, on parviendra peut-être a une in- 
terprétation certaine. 

2) Voyez plus haut p.7 n° 25 et p.14-15. 



a) Capitolinus, Albinus c. 1 et 4. 
4) Spartianus, S. Severus c. I et 2. 

6) Dion LXXVJIIJ6. Capitolinus, Macrinus c. A. 

fi) Cab. de Paris, de Vienne, du roi de Sardaigne, de Lavy 
à Turin et du comte de Salis (de la coll. de Herpin). 
Num. Mediobarbi p. 98. Patin Imp. p. 124. Harduin Num. 
an t. pop. p. 13. Gesncr Imp. tab.50, 13. Eckhel Doctrina 
VI p. 288. Mionnet VI p. 583 n° 19. Sestini Classes gé- 
nérales p. 176 n« 9. Mus. Lavy n° 1275. Akerman Roman 
coins I p. 168 n» 10, pi. 5,1. Cohen Médailles impériales 
I p.217n°10, pi. XIII. 

7) Cab. de Paris (de la coll. de Gosselin; Mionnet n° 18, 
Sestini u<>8, Akerman n°9, Cohen n°8, incorr. décr.). 



CLODIUS MACER. 



171 



382. Tête casquée de Rome à dr.; devant, ROMA; dessous, S C. Grenetis. Ij\ L-CLODI 
MACRI Trophée. Grenetis. JR.4. Den. 3,04 gr. 1 ) 






380 ' ^-i^ 381 ^ < . n ^ 382 

383. L* CLODI MACRI Femme (Libertas) debout h g., tenant de la main dr. un bonnet, de ia gauche, 
une couronne; dans le champ, S C. Grenetis. fy. Aigle légionnaire entre deux enseignes 
de cohorte; dans le champ, LEG I; autour, LIB MACRIANA. Grenetis. MA. Den. 2,79 gr. 9 ) 

384. L- CLODI • MACRI • LIBERATRIX Tête de l'Afrique à dr., couverte d'une peau d'éléphant; au- 
dessous, S C. Grenetis. I}\ Semblable au revers précédent. JR. 4. Den.*) 

385. Même face. fy. Aigle légionnaire entre deux enseignes de cohorte. LEG III AVG LIB, 
écrit entre les enseignes. Grenetis. ^R. 4. Den. 3,80 gr. 4 ) 

386. Autre semblable; derrière la tête de l'Afrique, deux javelots. ^R. 4. Den. 5 ) 

387. Semblable au n°385; mais sur la face, LIBERA, au revers, AVG écrit à l'exergue. 

JR. 4. Den. 3,15 gr. 6 ) 








383 " 385 " 387 

388. L-CLODI MACRI écrit en deux lignes à g. et à dr. Tête de lion; au-dessous, S C. Grenetis. 
Ij\ Semblable au revers du n° 385. ^R. 4. Den. 3,60 gr. 7 ) 

389. Autre semblable; mais la légende de la face est circulaire, et au revers AVG est écrit à 
droite des enseignes. ^R. 4. Den. 3,50 & 3, 22 gr. 8 ) 

390. Autre semblable, mais au revers AVG est écrit à droite et 'LIB à gauche des enseignes. 

iR. 4. Den. 3,35 gr. 9 ) 

391. Semblable au n°389, mais sur la face, L-C-MACRI. ^R. 4. Den. 2,70 gr. 10 ) 

392. L-CLODI -MACRI Buste de la Victoire à dr.; des côtés, S C. Grenetis. Q*. Semblable 
au revers du n° 389. JE. 4. Den. 4,05 gr. 11 ) 





390 





392 




1) Cab. de Copenhague (Falbe Recherches p. 122 pi. VI, 23; 
Mionnet S. IX p. 207 n« 8). 

a) Cab. de Paris (Mionnet n» 12, Sestini n«2, Akerman n«3, 
Cohen n<>2). Num. Medlobarbi p. 98. Morelli Nu m. fam. 
p. 472, Miscell. tab.VI, 19. Conférer: Akerman n° 1 et 
Cohen n° 1 , avec la légende Incomplète. 

3) Khell Suppl. à Vaillant p. 27 fig.l (Mionnet u» 11, Sestini 
n°l, Cohen n«7, Akerman n«2, incorr. décr.). 

4) Cab. de Stockholm (Cat. de Skiôldebrandt p.lll). 

b) Coll. de Schellershelm à Florence (Mionnet n* 15, Sestini 
n«5, Akerman n«G, Cohen n°6). 

c) Cab. de Paris (Seguini Sel. num. p.4IO, Morelli Fam. p.472 



et Miscell. tab.VI,! 7, Mionnet n» 13, Sestini n« 3, Aker- 
man n° 4 , Cohen n« 3). Conférer: Mionnet n° 16, Sestini 
n° 6 et Akerman n°7, avec la légende incomplète. 

7) Cab. de Paris (Mionnet n» 17. Sestini n»7, Akerman n»8, 
Cohen n°5fig ; le droit en a été retouché au burin). 

8) Cab. de Paris et de St. Pétersbourg. 
o) Coll. de Thomsen a Copenhague. 

io) Cab. de Gotha (Liebe Gotha num. p.245 flg., Morelli Fam. 

Miscell. tab.VI, 18). 
h) Mus. brit. et cab. de Paris (Mionnet n°18, Sestini n°4, 

Akerman n° 5 , Cohen n« 4 ). 

22' 



•I 



H2 LA ZEUG1TANE. 

L. Clodius Macer, comme nous rapprenons par Suétone, Tacite et Plutarque ! ) , gouver- 
nait l'Afrique sous la On du règne de Néron et se révolta en 68, au même temps que Galba. 
Instigué par Calvia Crispinilla, qui avait été la mattresse de Néron en débauches, il retint les vais- 
seaux aux blés destinés pour Rome, afin de provoquer par ce moyen la disette et une révolte dans 
la capitale. Il se faisait haïr par sa cruauté et par son avarice. Son pouvoir ne fut que de 
courte durée; Galba, ayant été proclamé empereur, remporta sur lui et le fit mettre à mort. par 
Trebonius Garucianus. C'est là tout ce que nous ont rapporté les historiens sur Clodius Macer 
et sur son insurrection. De l'empreinte de ses monnaies on pourra encore tirer quelques éclair- 
cissements. Il est permis d'abord d'en déduire que Clodius Macer a simulé d'avoir pour but de 
rétablir la république romaine, car Africa et les légions de Macer y portent les surnoms Liberatrix 
et Libéra , comme étant destinées à restituer la liberté perdue, et la déesse de la liberté y est 
aussi représentée. L'inscription S • C • montre que Macer a voulu faire croire qu'il agissait d'après 
Tordre du sénat. Ensuite les monnaies nous apprennent que Macer a eu sous son commandement 
deux légions, dont Tune a porté, d'après lui, le nom de Macriana, tandis que l'autre a été la 
Ill me légion, nommée Augusta, qui, selon le rapport de Dion et une inscription trouvée en Afrique 9 ), 
avait sa station dans ce pays. Enfin, par le symbole et le nom de la Sicile que présente le n°381, 
on est porté à croire que Macer a eu des partisans dans cette lie, ou qu'il a eu l'intention d'y 
faire une expédition. 

Macer est nommé Proprœtor Africœ sur le n° 380. On pourrait s'étonner de ce titre, 
parce que l'Afrique, après la répartition des provinces romaines entre Auguste et le sénat, fut 
gouvernée, comme on le sait, par un proconsul. M. Mommsen suppose que Macer, pour rappeler la 
république, s'est fait inscrire sur ses monnaies comme proprœtor. a ) Mais il est à remarquer que 
les empereurs, à commencer déjà par Auguste, permutaient les provinces impériales et procon- 
sulaires, lorsque les circonstances l'exigeaient, ou envoyaient au proconsul un legatus proprœtore 
pour lui assister comme conseiller ou en qualité de vicaire pendant son absence. Caligula par- 
tagea en deux le gouvernement de l'Afrique, en séparant le commandement de l'armée et l'admini- 
stration de la Numidie de la préfecture de l'Afrique proprement dite. 4 ) De plus, on apprend par 
les historiens ainsi que par les inscriptions lapidaires que les empereurs firent souvent gouverner 
l'Afrique, par un legatus proprœtore ; une inscription nous fait connaître que l'installation d'un tel 
gouverneur arriva sous Vespasien, peu de temps après la mort de Macer. 5 ) 

Les monnaies de Macer ressemblent aux deniers romains, surtout ci ceux de la république. 
Il n'en existe qu'un petit nombre, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, puisqu'elles ont été frappées 
pendant le cours de moins d'une année et seulement dans la province de l'Afrique; mais l'em- 
preinte en présente beaucoup de diversité. La galère et les enseignes, les mêmes types que portent 
les deniers de Marc-Antoine aux noms de ses légions, ont dii montrer le pouvoir tlont Macer pou- 
vait disposer par mer et par terre. La tête de Rome, le trophée et la liberté personnifiée sont 
empruntés aux monnaies romaines; le buste de la Victoire et la tête de l'Afrique se trouvent éga- 
lement sur les monnaies de la république romaine, mais ces types peuvent aussi être considérés 

i) Suétone Galba cil. Tacite Hist. 1,7, 11, 37 et 73; 11,97; 8) Gesch. des rôm. Mùnzwesens p. 745 note 17. 

IV, 49. Plutarque Galba c. 6, 13 et 15. 4) Tacite Hist. IV, 48. Dion LIX, 20. 

a) Voyez Eckhel Doctr.VI p. 290. Tacite (1,11 et 11,97) fait 5) Muratori Inscr. p.766, 5. Voyez l'exposition approfondie 

mention des légions de Macer sans en citer les noms. et détaillée dans Eckhel Doctrina IV p. 239-242. 



CLODIUS MACER. 173 

comme africains, puisqu'ils figurent sur les monnaies des rois de la Numidie et de la Mauritanie 1 ); 
le lion, dont les 388-391 offrent la tête, forme également le type sur plusieurs monnaies de ces 
rois, comme un symbole de l'Afrique. La tête de la Carthage personnifiée, que porte le n° 381, 
ne se rencontre pas ailleurs. La représentation au revers de ce dernier n° figure sur plusieurs 
monnaies frappées dans la Sicile ou ayant rapport à cette lie. Ce symbole, appelé triquetra ou 
triskèle, a communément été considéré comme faisant allusion à la forme triangulaire de la Sicile 
ou aux trois promontoires d f où elle tirait le nom de Trinacria 8 ); mais c'est sans doute, ainsi que 
l'ont démontré, d'abord le duc du Luynes*), puis M. Beulé 4 ), un symbole religieux d'origine asia- 
tique qui désigne les trois déesses régnant tour à tour sur la lune, Diane, Proserpine et Minerve, 
triade divine d'où se développait la triple Hécate ; la tête de Gorgone est le signe de la pleine lune 
et d'Hécate, et les trois jambes courant Tune après l'autre se rapportent à la rotation du globe 
céleste. Les trois déesses nommées furent vénérées par préférence dans la Sicile conjointement 
avec Cérès, qui est désignée par les épis, ajoutés au symbole. 

Dans le système numismatique, les monnaies de Clodius Macer ont été classées sous les 
empereurs romains par Ëckhel et dernièrement par MM. Akerman et Cohen, mais sous la Zeugitane 
par Mionnet et Sestini. Cette dernière classification nous parait préférable. Macer ne s'arrogea 
pas le nom d'empereur; son pouvoir était restreint à l'Afrique, et il n'a pu battre monnaie que 
dans cette province. Ses monnaies, il est vrai, ressemblent aux monnaies romaines, mais c'est à 
celles de la république, et non aux monnaies des empereurs, parmi lesquelles on les a rangées; 
elles ne portent pas la tête de Macer, à l'exception d'une seule qui la présente sans aucun insigne 
ni titre impérial, et le nom de Macer est mis au génitif, tandis que les monnaies impériales offrent 
en général la tête de l'empereur et son nom au nominatif; on y rencontre enfin les têtes de l'Afrique 
et de Carthage ainsi que d'autres types ayant rapport à l'Afrique. Si dans le système on donne 
place sous l'Afrique aux monnaies frappées par des magistrats romains dans la Byzacène et dans la 
Cyrénaïque, comme nous l'avons fait dans cet ouvrage 5 ), il faut par analogie ranger à la Zeugitane 
les monnaies de Macer. 

Chez les numismatistes d'une époque antérieure à notre siècle, on rencontre, concernant 
les monnaies de Cl. Macer, différentes interprétations et remarques, qu'il faut repousser. Vaillant 
était d'avis que la lettre désignant le prénom de Macer est un C et non un L, en faisant observer 
que la famille Claudia n'aimait pas le nom de Lucius; mais la plupart des monnaies présentent un 
L distinct; aussi Liebe a-t-il démontré, h l'aide des inscriptions, qu'on trouve des Clodii qui ont 
eu ce prénom. 6 ) Morelli, Havercamp et Liebe lisaient LIBERTAS devant la tête de l'Afrique sur 
le n° 387 ; Ëckhel a déjà démontré que cette leçon est incorrecte, et qu'il ne se trouve pas auprès 
de cette tête d'autres légendes que LIBERA et LIBERATRIX, épithètes données à. l'Afrique per- 
sonnifiée, parce que c était à l'aide de cette province que la liberté de l'état romain serait restituée 



1) Sur les monnaies de Juba I et II , de Ptolémée et de nés p. 22-23. 

Bogud. Les deux javelots derrière la tête de l'Afrique s) Voyez plus haut p. 61 et dans le i* r volume p.152. 

sur le n«> 38G se retrouvent sur un sesterce de Juba I. 6) Gotha numaria p. 246-247. Récemment M. Cohen < I. c.) 

?) Rasche Lexicon rei num. T.V, P. II p. 3 et 109. Ëckhel a lu C au lieu de L sur l'exemplaire du n° 387 dans le 

Doctrlna I p. 184. cabinet de Paris; mais par un examen attentif on par- 
aï Études num. sur le culte d'Hécate p. 84 suiv. vient a se persuader que ce caractère est bien un L, 
4) Revue num. fr. 1856 p. 356 et 358 suiv. Monnaies d'Athè- tracé, il est vrai, d'une manière négligée. 



174 LA ZEUGITANE. 

après la tyrannie de Néron. *) Havercamp interprétait les légendes au revers des n 0i 383-392 par 
Liberta8 Macriana et Libertas Avgusta 2 ) ; Harduin suppléait l'inscription de l'avers des n w 384 suiv. 
ainsi: L(egio) CLOD(iana) MACRI(ana) LIBERATRIX 8 ); ces interprétations n'ont pas besoin d'une 
réfutation. Vaillant, Spanheim et Liebe ont regardé comme fausse la monnaie n°380à la tête de 
Macer 4 ), et Eckhel est de la môme opinion 5 ); il parait en effet que le spécimen que ces savants 
ont étudié, a été une contrefaçon moderne 6 ); mais à présent on connaît plusieurs exemplaires de 
cette monnaie dont on ne saurait contester l'authenticité. 7 ) 

Les catalogues des monnaies de Cl. Macer, rédigés par Mionnet, Sestini, M. Àkerman et 
M. Cohen 8 ), présentent plusieurs mésentendues et inexactitudes que nous allons indiquer. Le nom 
inscrit au n° 381 est rendu par L CLODI MACRI dans le catalogue de Cohen n°2; mais il n'existe 
sans doute qu'un seul exemplaire de cette monnaie, celui du cabinet de Paris, déposé autrefois dans 
la collection de Gosselin et publié par Mionnet, et cet exemplaire porte la légende L C MACRI. 
MM. Akerman et Cohen 9 ) ont pris pour une patère l'objet que la Liberté tient de la main gauche 
baissée sur le n°383; mais d'après la manière dont la déesse tient cet objet, on peut juger que 
ce n'est pas une patère; il faut y voir une couronne; sur des monnaies contemporaines, de Vilel- 
lius et de Vespasien , la Liberté est représentée levant une couronne de la main droite. 10 ) Cette 
déesse est appelée femme debout, sans aucune indication des attributs, dans la description de 
Mionnet n° 12 d'après la pièce mal conservée du cabinet de Paris (n°383flg.); M. Àkerman, suppo- 
sant que la monnaie, décrite ainsi par Mionnet, est une autre que celle offrant la déesse de la 
Liberté, qui est le n°l de son catalogue, l'a rendue séparément, sous le n° 3. La légende du 
revers du n° 383 est donnée par LEG I MAC dans le catalogue d'Akerman n° 1 et de Cohen n° I ; 
mais la pièce décrite ainsi est sans doute incomplète; les restes de la légende, LIB et RI AN A, 
étant placés à gauche et à droite près du bord de la pièce, ont facilement pu disparaître. Une 
monnaie pareille à notre n° 387 au nom de la lll mc légion, mais sans LIB, a été décrite dans 
Mionnet au n°16 et adoptée plus tard par Sestini sous le n° 6 et par Àkerman sous le n°7; ce spé- 
cimen, à ce qu'il semble, est également incomplet et ne diffère pas de notre n°387; les lettres 
LIB, écrites en haut, sont peu distinctes sur l'exemplaire du n° 385 au cabinet de Stockholm, ainsi 
que sur celui du n° 387 au cabinet de Paris, et sur l'exemplaire du n° 389 au cabinet de St. Péters- 
bourg on n'en découvre que les extrémités. Sur toutes les monnaies de Macer que nous avons 
examinées, soit la l" soit la HI me légion portent le surnom LIBeratrix. Le n° 2 du catalogue 
d'Akerman présente une pièce semblable à notre n° 384 , mais dont le revers a LEG deux fois 
répété; il faut croire que cette pièce a été deux fois frappée, à moins qu'il n'y ait une erreur typo- 
graphique. Il est enfin à remarquer que dans les catalogues cités on trouve décrites des mon- 
naies analogues à nos n 0i 383, 385, 387 et 388, mais ayant pour type du revers trois enseignes au 
lieu de l'aigle entre les deux enseignes, voyez la description de Mionnet n 08 11, 12, 16 et 17, et 
celles de Sestini n°' 1,2, 6 et 7, d'Akerman n us 2, 3, 7 et 8 et de Cohen n°7. Il est de toute pro- 



i) Voyez Eckhel Doctrina VI p. 289. monnaie qui est très-suspecte. 

2) Morelli Num. fam. p.472. 7) Cf. Cohen 1. c. p.216 notes 1-2. 

3) Cf. Eckhel Doctrina VI p. 289. 8) Voyez les livres cités p.170 note 6. 

4) Morelli Jmp. II p.181. Gotha num. p. 24Ô-246. 9) Ll.cc. p. 171 note 2. On trouve la même description de 
s) Doctrina VI p. 290. cette monnaie dans Eckhel 1. c. p. 288. 

6) Le musée britannique possède un exemplaire de cette to) Rasche Lexicon rei num. T. II P. II p. 171 3 et 1715. 






SYSTEME MONETAIRE. |75 

habilité que la description de ces monnaies n'est pas exacte, et que les monnaies légionnaires de 
Macer, de même que les monnaies correspondantes de Marc -Antoine, ont sans exception porté 
l'aigle, signe de la légion romaine, entre deux enseignes de cohorte; par conséquent le n°16 de 
la description de Mionnet ne diffère pas du n°13 qui précède, et les n 08 3 et 6 du catalogue de 
Sestini se rapportent à une seule et même monnaie. 



Système monétaire de la Zeugitane à fépoque romaine. 

Les seules monnaies en argent de l'époque romaine qui se laissent classer sous la Zeugi- 
tane, sont celles de Clodius Macer. Ces monnaies sont des deniers romains; elles pèsent de 4,0 
h 2,8 grammes, dont le poids moyen, 3,4 gr., est le même que celui des deniers qui furent frappés 
sous l'empire depuis le milieu du règne de Néron jusqu'à Seplime Sévère. , ) 

Les monnaies de bronze des différentes villes présentent des poids ou des groupes de 
poids différents, d'où Ton voit que les villes n'ont pas frappé en bronze les mêmes espèces ni 
donné aux espèces un poids conforme. Nous allorfs examiner d'abojd quel a été le nombre et le 
poids des divisions monétaires émises par chacune des villes en spécial, puis, s'il faut les rapporter 
à un système africain ou au système romain. 

Quant à la colonie de Carthage, les monnaies autonomes ainsi dites offrent 22 pièces 
pesant depuis 31 jusqu'à 23 grammes, sans aucun saut dans la succession de ces poids, et une seule 
pièce pesant 40 grammes; les premières ont donc constitué une même division, tandis que la dernière 
a pu appartenir à une division supérieure. Pour les monnaies impériales de Carthage, les pièces 
des n 01 321-328, pesant 9,7— 4,6 gr., n'ont fait qu'une seule et même division, puisque les poids s'en 
suivent tout près l'un de l'autre; mais on peut regarder comme des divisions à part un exemplaire 
du n°321, pesant 12,8 gr. 2 ), et le n°329, ayant au revers un type particulier et pesant 4,1 gr. 
Les monnaies de Clypea, qui toutes sont impériales, ont formé au moins 3 divisions, distinguées 
par les types et les poids, dont la l re a compris les n" 330, 331 et 335-337 au Mercure assis, de 
54-24 gr., la 2 me , les n" 332 et 338-339 à la statue de Livie, de 22-14 gr., la 3 m % les n" 333 et 340 
k la tête de Mercure, de 9,6— 6,6 gr. Dans chacune des deux dernières divisions les pesées se 
rapprochent l'une de l'autre, mais dans la V e elles sont si divergentes et offrent de si grandes 
lacunes a ) qu'il est assez probable qu'il y en a eu plus d'une division. Les monnaies puniques 
attribuées à Litique présentent une série continue de poids de 17-11 gr., et ont par conséquent 
constitué une seule et même espèce. Dans les monnaies impériales de cette ville on peut distin- 
guer 3 ou 4 divisions. Les n os 365-372, de 22-10 gr., ayant pour type la statue de Livie, en ont 
formé la l re division. 4 ) Les n os 346-352, de 9,1— 5,3 gr., ont sans doute appartenu à une division 



i) Voyez Mommsen Gesch. d. rôm. Mùnzwesens p. 756-757. ment corrodées, et ont dû perdre en poids originaire. 

2) On rencontre le même poids dans le n° 345 d'L'tique et 4) Deux pièces de ces n" pèsent 22 gr., tandis que toutes 
le n°377 de Hippo, qui ont sans doute appartenu à une les autres forment une série cohérente de 17 à 10 gr.; 
division a part. on pourrait donc être tenté de rapporter les 2 premières 

3) Voici les pesées: 54, 41, 37, 36, 35, 33, 32 et 24 gr. Les à une division supérieure. Il faut cependant les as- 
pièces du poids le plus haut et le plus bas sont égale- signer plutôt a la même division que les autres, a en 



176 LA ZEUGITANE. 

inférieure, bien qu'ils portent la même image de Livie; ils se distinguent d'avec les autres par l'in- 
scription circulaire du revers. Le n°345, de la même empreinte, pesant 12,1 gr., peut être rap- 
porté à la même division; mais il se peut aussi- qu'il ait fait une division à part répondant au 
n° 377 de Hippo. Les n" 344, 353-354 et 373, qui pèsent 3,4—2,6 gr. et portent au revers le nom 
de la ville au lieu d'un type, ont constitué la plus petite espèce des monnaies d'Utique. Les 
monnaies autonomes de Hippo présentent 2 divisions séparées par les types et les poids, Tune 
de 6,9— 3,8 gr., l'autre de 3,6 — 2,7 gr. Les monnaies impériales de la même ville ont apparemment 
été de 3 divisions; la 1" nous fournit le n° 376 à la statue de Livie, pesant 23-20 gr., la 2" e , le 
n° 377 à la tête de Drusus au revers, pesant 13-12 gr., la 3 me , le n° 378 à la même tête, de 7,4— 
6,3 gr. ; la dernière division se distingue d'avec la 2 ne par les attributs ajoutés sur le droit de la 
pièce et par la légende du revers. Lorsqu'on prend le moyen des pesées appartenant h une 
même division, les monnaies des villes dont il s'agit, présentent les divisions suivantes: 

Monnaies autonomes. Monnaies impériales. 

Carthage. 2 divisions à: 40; 27. 2 div. à: 8,7; 4,1; ou 3 div. à: 12,8; 7,1; 4,1. 

Clypea 3 div. à: 39; 18; 8,0; ou 4 div. à: Al; 31 ; 18; 8,0. 

Utique. 1 division: 14. 3 div. à: . , 16; 8,7; 3,0; ou 4 div. à: . . . . 16; 12,1 ; 7,2; 3,0. 

Hippo. 2 divisions à: 5,3; 3,1. 3 div. à: . . 21; 12,0; 6,9. 

Dans l'ouvrage approfondi de M. Mommsen sur le système monétaire romain *) , on trouve 
énoncée l'opinion, que dans la province de l'Afrique, depuis le commencement de la domination de 
Rome, les monnaies romaines ont exclusivement eu un cours légal et autorisé, et qu'il va sans 
dire que les monnaies frappées par Utique, par la colonie de Carthage ainsi que par d'autres com- 
munautés, ont été réglées d'après le système romain. Quant à la monnaie d'argent et d'or, il est 
assez probable qu'il en a été ainsi; mais pour ce qui regarde la monnaie de cuivre, il y a lieu d'en 
douter. Comme les monnaies de cuivre étaient destinées à circuler seulement dans la ville qui 
les faisait battre, ou dans la province, il se peut bien qu'on ait continué à les frapper d'après l'an- 
cien système carthaginois; en considérant combien est grande la quantité qui nous est parvenue 
des monnaies carthaginoises en bronze, on est porté à croire qu'elles ont eu cours longtemps après 
la chute de Carthage. (1 parait assez vraisemblable que les monnaies autonomes, surtout celles 
inscrites en punique ou dont l'empreinte diffère entièrement de celle des monnaies romaines, n'ont pas 
appartenu au même système que ces dernières. Ce serait par la comparaison des poids qu'il fallait 
décider si les monnaies émises par les villes de la province de l'Afrique ont été adaptées au 
système carthaginois ou romain; mais il est très difficile de parvenir par cette voie à un résultat 
sûr, soit parce qu'on ne connaît pas avec certitude les divisions des monnaies de bronze frap- 
pées par la Carthage punique 2 ), soit parce qu'en général dans la fabrication des monnaies de 
bronze beaucoup de négligence et d'arbitraire avait lieu par rapport au poids des pièces. Les 
monnaies frappées par les villes de la Syrtique et de la Byzacène, ne s'accordent pas bien, pour la 
plupart, avec les monnaies romaines par rapport au nombre ou au poids des divisions; voyez les 
pages 37 et 64. En rapprochant du système romain les monnaies des villes de la Zeugitane dont 
nous avons essayé d'établir les divisions, on trouvera qu'il se présente de même une discordance 

juger par l'analogie des n<" 338-339 de Clypea aux mêmes D Gesch. des rôm. Mùnzwesens p. 671. 
types, qui offrent une série non interrompue de pesées 2) Voyez plus haut p. 139- 140. 
de 22-14 gr. 



SYSTEME MONETAIRE. 



177 



assez essentielle, au moins pour les monnaies autonomes de la Carthage romaine et pour les mon- 
naies de Clypea. Les monnaies de bronze qu'on frappait dans l'état romain pendant l'époque à 
laquelle appartiennent les monnaies impériales et peut-être aussi les autonomes dont il s'agit, étaient 
les suivantes: le sesterce (de 4 asses), le dupondius, Tas, le semis et peut-être le quadrans, dont les 
poids normaux étaient respectivement: 27, 13,5, 6,7, 3,3 et 1,7 gr. 1 ) On voit que la plus grande 
espèce du système romain était d'un poids de beaucoup inférieur à celui des grandes espèces sor- 
ties des ateliers de Carthage et de Clypea, qui montent jusqu'à 54 gr. et présentent en poids moyen 
47 ou 40 gr.; selon le système romain les pièces de ces poids auraient eu la valeur d'un quinaire 
( = 8 asses) ou de 6 asses, mais il n'existe pas de monnaies romaines en bronze qui offrent 
ces espèces. 



i) Ce fut sous les triumvirs que ce système fut introduit. 
A l'époque immédiatement précédente on ne frappait pas 
le sesterce en cuivre, et les autres espèces avaient alors 



un poids doublement plus grand. Voyez le I* r volume 
p. 169- 170 note 6. 



23 



178 



APPENDICE. 



APPENDICE. 



Petits bronzes phéniciens au type d'un crabe. 

1. Crabe. Ç:. Crabe; dessous, 'l Cl). JE. 3. 3.0 gr. 1 ) 

2. Charrue; dessous, f) (DD). Le tout dans une couronne de laurier. Grenetis. I}\ Crabe; 
dessous, J'S p} ou 2}). Grenetis. JE. 3£. 2,8 gr. 2 ) 

3. Héros, armé d'un casque, d'un bouclier et d'un glaive; il s'avance à dr., mettant la droite sur 
la garde du glaive. Des deux côtés, les mêmes lettres qu'au droit précédent. Grenetis. 
Ç:. Le même que le revers précédent. JE. 3{. 8 ) 








4. Mêmes types. 

5. Mêmes types. 



Au droit, nulle légende; au revers, f} (N2). JE. 3£. 3,2— 2,4 gr. 4 ) 

Au droit, les mêmes lettres qu'au droit des n M 2-3; au revers, X^ (**-)• 

JE. 3f 5 ) 



6. Mêmes types. Au droit, nulle légende; au revers, Jf ou ^J( (2K). 



JE.n. 3,0 gr. 6 ) 







7. Hercule debout, tenant la massue de la main g. qu'il appuie sur la hanche, et étendant le 
bras droit; devant, Jj (*p). Grenetis. #. Crabe; dessous: W ou ^S ni \ fO&n). Gre- 
netis. JE. U. 3,7—2,2 gr. 7 ) 



i) Cab. de Milan. 

2) Cab. de Copenhague. 

3) Musée britannique. 

4) Cab. de Paris (Mionnet Vp.472 n«913) et de Copenhague 
(3 ex); coll. part, de Copenhague, de M. Rollin à Paris 
et de M.Walter à Berlin. Neumann N. vet. ined. Il p. 117, 
tab.4,8. Eckhel Doctr. 111 p.419. Mus. Uederv. I n°1556. 
Sestini III di cont. p. 88 n° 11 ( la légende du revers est 



différente). Lindberg De inscr. Melit. p.60 note 143 cl. VII- 

VIII. Rauch Cat. de la coll. de Heydecken n» 624. 
s) Délia Marmora Monde fen. d. isole Baleari p. 17 note 2, 

tav. I, n. 
g) Mus. Argoni III Numi punici tab. 111,24. Coll. de Judas 

(Étude p. 179 pi. II, 35). 
?) 22 exemplaires de différentes collections. 



APPENDICE. 



179 



8. Tête barbue (d'Hercule) à dr. Grenetis. Ij\ Le même que le revers précédent. JE. 3. *) 

9. Tête imberbe (de Bacchus), couronnée de lierre (?), à dr. fy. Le même que le revers pré- 
cédent, avec la légende écrite ainsi: +^**)- JE. 2. 2,0— 1,7 gr. 2 ) 







10. Tête imberbe à dr. Grenetis. Ç\ Crabe; au-dessous, o^o (J71JJ). Grenetis. 

JE. 3 &2£. 3,6&l,9gr. B ) 

11. Autre semblable; entre les pinces du crabe, un petit autel; au-dessous <)o OJJ). JE. 3. 4 ) 





10 

12. Héros, armé d'un casque, d'un bouclier et d'une lance; il s'avance à dr., en élevant la lance. 

Grenetis. Ifr. Crabe; entre les pinces, un petit autel; au-dessous, %jf\ (fpn?). Grenetis. 

JE A. 3,9— 2,8 gr. 5 ) 

13. Tête barbue (d'Hercule) à g. Grenetis. Ç\ Le même que le revers précédent. 

JE. 2$. 2,2&I,8gr. 6 ) 




12 





13 




14, Caducée; des côtés: ri» m mm ; le tout entouré d'une couronne de laurier. I)\ Crabe; au- 
dessous, °0 (V n )- Grenetis. JE. 4. 3,8 — 2,9 gr. 7 ) 





14 

15. Symbole de Baal et caducée, dans une couronne de laurier. 
Grenetis. 



Ij\ Crabe; au-dessous, ^1 (Ci). 

JE. 4. 2,8— 2,2 gr. 8 ) 



i) Coll. de Delgado à Madrid et coll. Inconnue. 

a) Cab. de Paris (2 ex., Pellerln Suppl. III p. 91 pi. IV, l ; 

Miounet V p. 472 n°914), musée britannique et cab. de 

Dresde. 

3) Cab. de Copenhague (2 ex.). 

4) Cab. de Paris. 

s) Cab. de Copenhague , de la Haye et de M. Judas à Paris 

l Revue archéol. 1860 p. 654 fig.). 
6) Cab. de Florence et de Paris. 



7) Cab. de Copenhague, de Vienne (Eckhel Sylloge I p. 80 
tab.VII, 1 1) et de M. Rauch a Berlin. Lindberg De inscr. 
Melit. p. 60 note 143 cl. VI. Au cabinet de Copenhague 
il y a un bronze du même module, dont l'empreinte 
de la face est entièrement effacée, ayant au revers un 
caducée et ^1 4 dans une couronne. 

8) Cab. de Copenhague (2 ex.), de Dresde, de Milan et mus. 
brit. Lindberg 1. c. CI.V. Sestlni Classes gen. p. 23 
Lopadusa. 

23' 



180 



APPENDICE. 



16. Mêmes types; au revers, ^fl^J (D1D). 




15 




JE. 4. 3,2— 2,0 gr. 1 ) 




16 




Les monnaies précédentes ont, comme on le voit, beaucoup de ressemblance entre elles; 
ce sont des bronzes de petit module ayant tous pour empreinte un crabe et des légendes phéni- 
ciennes. Nous avons jugé à propos de les adopter dans ce volume parce qu'il y a des raisons 
qui portent à croire qu'une partie en ont été frappées par des villes des provinces précédentes; 
nous en traitons dans un appendice, attendu que ces raisons ne nous paraissent pas décisives. 

Plusieurs monnaies de celle série n'ont pas été publiées, savoir les n°* 1-3, 8, 10-11 et 13; 
les autres en ont été rapportées à des lieux démission très différents. Neumann attribua le n° 4 
à la même ville en Bruttium que le n°7; le général Délia Marmora est d'avis que les monnaies 
aux types -des n ' 3-6 ont été frappées en Malte, par la raison qu'on les a trouvées dans cette Ile; 
M. Raucb a classé une de ces pièces sous Cossura. 9 ) M. Judas, déchiffrant en "UN la légende de la 
pièce figurée sous le n° 6, assigne cette monnaie à. Àgrigenle. Les n" 7 et 9 furent attribués à une 
ville du nom de Brettia en Bruttium par Pellerin et Neumann, qui interprétaient la légende en Birt 
ou Bert *) ; Bellermann y a lu ^Bm , qu'il prend pour le nom de la ville de Raphia en Palestine 4 ) ; 
Gesenius a repoussé ces explications sans y substituer aucune autre 5 ). Dans le Muséum Heder- 
varianum 6 ) et le catalogue de la collection de Welzl de Wellenheim 7 ) , le n°7 est classé aux lies 
près de la Sicile et à Cossura. M. Judas enfin, lisant l'épigraphe de cette monnaie **2W2 , l'attribue 
à Bésippo, ville de l'Espagne, située en dehors du détroit gaditain. 8 ) Le n° 12 f été donné à 
Himéra en Sicile par M. Judas qui en transcrit la légende en "1ET1, en faisant remarquer qu'on 
trouve les mêmes types sur les monnaies de cette ville. 9 ) Le n° 14 a été rapporté à quelqu'une 
des lies entre la Sicile et l'Afrique par Eckhel, et les n°* 15-16, à l'île de Lopadusa, par Sestini et 
Fiorelli. 10 ) Dans l'ouvrage de Mionnet les n°* 4,7, 9 et 16 sont classés parmi les médailles incer- 
taines de la Phénicie. n ) 

Parmi les attributions que nous venons de citer, il faut d'abord rejeter celles des n 09 7 et 9 
à Brettia et Raphia, déjà par la raison que les lettres de la légende s'y opposent. On ne saurait 
non plus admettre que ces n 08 appartiennent à Bésippo; la première lettre, comme nous le ferons 
voir plus loin, est sans doute un resch et non un beth; aussi le crabe est-il un type qui ne se 
rencontre pas sur les monnaies de l'Espagne. Quant aux n°'6ell2, rapportés à Agrigente et à 



i) Mus.brit. (Mus. P.Knightp.2!9n°4), cab.de Paris (Mion- 
net V p. 472 n» 91 2), de Vienne (Eckhel Sylloge I p. 80, 
tab.VU, 12), de Munich, de Copenhague (2 ex., Lindberg 
Le. cl.V) et de la Haye. Fiorelli Mon. di città gr. p. 68, 
tab. 11,15. Judas Étude p.l 79 pi. 11,37. 

2) Ll. ce. p. 178 note 4. 

3) Pellerin Le. p. 179 note 2. Neumann N. vet ined. I p. 27, 
tab. 1,13, où Hercule est figuré en sens inverse et pris 
pour une plante ou un poisson. 



4) Bem. ûb. phôn Mtinzen IV p. 10- 12. 

5) Monumenta p. 327 n°4. 

o) Cat. de Wiczay I n» 1957. 

7) Vol. 1 n«1179. 

8) Étude p. 162. 

9) Étude p. 197; Revue archéoL fr. 1860 p. 654. 
io) Voyez les 11. ce. p. 179 note 8, et note 1. 

il) Descr.V p. 472 n« 910-914. 



APPENDICE. 



181 



Himéra par M. Judas, il faut convenir que le lype du crabe est en faveur de ces attributions; mais 
il est très douteux que les légendes offrent Tes noms de ces villes; le caractère du n°6, que 
M. Judas a pris pour une ligature de 3 et K, ne parait être qu'un K négligemment figuré, et contre 
l'interprétation du 2 me caractère sur le n°12 par "1D, on aura à objecter qu'on ne trouve point un 
mem de cette forme postérieure sur les monnaies phéniciennes de la Sicile. Mais pour ce qui 
regarde le classement de ces monnaies aux îles entre la Sicile et l'Afrique, il n'y a rien qui s f y 
oppose; les types, l'écriture et la fabrique y conviennent assez bien. 

Lindberg a attribué la plupart des monnaies précédentes h des villes africaines, savoir les 
n°* 1-3 à Gergis en-Syrtique, les n 0> 7-9 à Ruspae en Byzacène, les n 0â 10-11 à Gurra dans la 
même province, le n° 12 à Carpis en Zeugitane et le n° 14 à Choba en Mauritanie. Mon docte 
devancier n'a pas motivé ces attributions. *) Nous tâcherons de démontrer qu'il y a des raisons 
assez plausibles pour rapporter un certain nombre de ces monnaies aux provinces de l'Afrique, dont 
nous avons traité la numismatique dans ce volume. 

Le crabe, symbole maritime 2 ), que Ion rencontre sur les monnaies de plusieurs villes de 
la Sicile occidentale, de Motya, d'Agrigenle et de Himéra, fut, de même que d'autres types moné- 
taires, transmis de là aux villes de la côte africaine, comme on le voit par les monnaies frappées à 
Sozusa (Apollonie) de la Cyrénaïque et à Gergis de la Syrtique 3 ); les villes citées étaient toutes 
situées sur la mer. Les n" 1-3 présentent au revers des lettres qui peuvent fort bien être 2 et 
~)2 de manière à signifier Gergis; on pourrait aussi rapporter ces lettres à Gerra (ou Girba) dans 
l'Ile de Meninx, voisine de la côte où était situé Gergis; mais attendu que Ja monnaie de Gergis 
que nous venons de citer, porte le crabe comme signe de la ville, il faut lui accorder la préférence. 
L'épigraphe des n°" 7-9 doit être lue 'QÈH, qui répond exactement au nom de Ruspae, écrit 
Povanai et Ruspe dans les textes anciens 4 ) , ville située entre Thœna et Achulla. 5 ) M. Judas, 
interprétant ce nom par Besippo, à pris l'initiale pour un béth de même que la 3 me lettre; à la 
vérité, elle ressemble le plus souvent à. cette dernière; mais sur quelques exemplaires elle s'en 
distingue par le trait droit qui la fait prendre pour un resch 6 ), et Ton voit encore par les formes 
différentes que présentent le 1 " et le 3 roe caractère dans la légende du n° 9 qu'ils ne désignent 
pas une seule et même lettre ; sur les monnaies de Sabrata de la Syrtique et d'Abdéra de l'Espagne, 
beth et resch, employés aux noms de ces villes, offrent souvent l'apparence d'une même lettre. Les 
têtes des n°*8 et 9 représentent sans doute Hercule et Bacchus 7 ), c. à d. les dieux phéniciens qui 
furent figurés comme ceux-ci; on trouve les têtes des deux mêmes divinités sur les monnaies de 
Leptis Magna. Le n° 10 porte la légende distincte JHJJ, qui peut très -bien offrir le nom de 



i) Dans le catalogue de Falbe, où ces monnaies sont dé- 
crites sous les îles appartenant à la Sicile, Lindberg a 
transcrit les lettres puniques en hébreu et y a ajouté 
les noms des villes, mais il n'a laissé aucun commen- 
taire sur ces monnaies. Précédemment Lindberg avait 
classé plusieurs de ces monnaies à Gossura, voyez De 
inscr. Melit. p. 60. 

-2) Proprement symbole d'un port, muni de môles, /»?*«*, 
comme s'appelaient également les pinces du crabe, cf. 
volume I p. 95. 

*l Voyez, le I" volume p. 93 et dans ce volume p. 35. 

A) Ptolémée IV, 3 led.Wiiberg p. 262). Table de Peutinger. 



5) A Tépoque chrétienne cette ville était le siège d'un évè- 
que; à présent un village nommé Schebbah en occupe 
la place. Géogr. de Mannert p. Marc us p. 650. Barth 
Wanderungén p. 177. Selon Fortia d'Urban (Uin. adTab. 
Peuting. p. 290) c'est le Gilgel actuel qui répond à Kuspœ. 

6) Il en est ainsi sur un exemplaire du cabinet dé* Paris, 
dont la légende est la 2 me figurée dans la description 
du n°7. 

7) La télé de bacchus a été prise pour celle d'Hercule, cou- 
verte de la peau de lion, par Eckhel (Doclr. III p. 419), 
pour laurée par Mionnet (Vp.472 n°914j; mais elle pa- 
rait être couronnée de lierre. 



182 



APPENDICE. 



Gurra, ville sur la côte de la Dyzacène au nord d'Adrumète *); la lettre y, comme on le sait, fut 
souvent rendue par G et prononcée en U par les Grecs et les Romains. Il est bien possible que 
le 2 m ° caractère, inscrit aux n ' 12-13, soit composé de "1 et D, de sorte que la légende présente 
le nom de Carpis (ou Carpi, Carpe), ville située sur le golfe de Garthage, où il y avait des eaux 
thermales.-) Quant au n°14, attribué à Choba (Bougie) de la Mauritanie par Lindberg, il faut 
faire observer que cette ville était très distante des villes précédentes, situées toutes sur la mer 
lilybéenne, et qu'il y a une autre ville qui parait préférable, savoir Curubis ou Curubi B ) sur la 
côte de la Zeugitane, un peu au sud de Clypea. 4 ) Comme la permutation des lettres G et Gh est 
fréquente dans les noms puniques, et que aïn fut souvent prononcé en U, les lettres yn convien- 
nent assez bien comme initiales au nom de cette ville. Mercure et le caducée sont représentés 
sur les monnaies d'autres villes de cette côte, celles de Clypea, Leptis et Alipota. 5 ) 

I) y a cependant d'autres considérations qui ne plaident pas en faveur de l'attribution de ces 
monnaies aux villes que nous venons de citer, et qui conduisent à les rapporter plutôt aux lies de 
la mer lilvbéenne. On ne rencontre ni un héros combattant ni un Hercule debout sur les mon- 
naies de l'Afrique. Quant à l'attribution des n" 1-3 à Gergis, nous avons à relever que la lettre 
sur le n° 1 est peu distincte, et qu'on ne saurait décider si le 2 me caractère au revers des deux 
autres n ' est resch ou beth. Les n" 2-3 appartiennent sans aucun doute au même lieu d'émission 
que les n ' 4-6 , puisque ils portent tous deux au droit les mêmes lettres que le n° 5 , et que le 
n°3, par les types et par la fabrique, ressemble aux n"4-6; mais ces derniers n 01 ont au revers 
des couples de lettres différant de "13. La circonstance qu'on a déterré en Malte ces monnaies au 
héros combattant, nous fait pencher en faveur de cette lie. Pour les n os 12-13, rapportés par 
Lindberg à Carpis, nous faisons observer que le même héros qui est représenté sur le n°12, se 
retrouve sur les monnaies grecques de l'Ile de Gaulos, voisine de Malte; aussi est-il peu certain 
que le 2 ne caractère soit une ligature de 1 et *). Mais si les n 01 2-6 et 12-13 appartiennent à 
Gaulos ou Melita, on aura lieu de douter que les n°" 7-9 et 10-11 aient été émises à Ruspœ et à 
Gurra, car la tête d'Hercule du n°13 est semblable à celle que porte le n° 8, et l'autel placé entre 
les pinces du crabe sur les n" 12-13 se trouve de même sur le n° 11. N° 14 enfin se rapproche 
par le droit, des n 09 15-16; mais ceux-ci se rattachent aux monnaies de Cossura et de Melita, qui 
portent le symbole de Daal et ce même symbole combiné avec le caducée. Quant à la concor- 
dance que présentent plusieurs des légendes avec les noms des villes africaines, tandis qu'elles ne 
s'adaptent pas aux noms des lies de la Méditerranée, il ne faut pas trop y insister, tant que nous 
ignorons quels ont été les noms phéniciens de Melita, de Gaulos, de Lopadusa, des iEgades 6 ), et des 



i) Table de Peutinger. Cette ville était plus tard le siège 
d'un évèque chrétien. Voyez la Géographie de Mannert 
p. Marcus p. 419 et 699. Suivant l'opinion de Fortia d'Ur- 
ban (ltin. p. 294), elle était située où se trouve aujourd'hui 
Koudiah. 

a) Elle élait à une époque postérieure le siège d'un évèque; 
dans le village Ourbos ou Kurbos, situé à l'endroit occupé 
par elle, on rencontre encore des thermes et quelques 
débris d'antiquités. Voyez: Mannert Géogr. p. Marcus 
p. 31 1 et 6GI; Barth Wanderungen p. 130-131 ; C. Muiler 
Geogr. gr. min. I p. 471. 

3) Écrit Kovçovfcç dans Ptolémée, CurubU dans Pline et 
dans une inscription, Curubi dans ltin. Ant. 



4) Sous les empereurs cette ville était colonie romaine, 
surnommée Fulvia; dans le village, qui en occupe au- 
jourd'hui la place et s'appelle encore Ourba, on dé- 
couvre des ruines de l'ancienne ville. Voyez: Géogr. 
de Mannert p. Marcus p. 302, Barth Wanderungen p. 138. 

s) Voyez p. 42, 49 et 330 suiv. 

6) Les îles iEgades étaient phéniciennes et soumises aux 
Carthaginois tant qu'ils possédaient la partie occidentale 
de la Sicile. Movers (Phônizier 11,2, p. 346) regarde le 
nom JEgoàju comme phénicien, mais l'interprétation qu'il 
en donne, est douteuse. U est de même incertain si 
pN a été le nom de Gaulos, cf. Gesenius Mouum. p. 303, 
Movers l.c. p. 360. 



H 



APPENDICE. 183 

villes y situéeé; de toutes les lies entre la Sicile et l'Afrique, on ne connaît avec certitude que le nom 
phénicien de Cossura, qui différait entièrement du grec 1 ); il se peut donc que quelques-unes des 
légendes offrent le nom de Tune ou de l'autre de ces lies. Remarquons enfin qu'il n'est pas certain 
que les légendes au-dessous du crabe désignent le lieu de rémission, comme on Ta supposé; il 
est même probable qu'au moins quelques-unes d'elles se rapportent à des magistrats. Sur les 
n 0- 2-6 on ne trouve au droit qu'une même couple de lettres (22 sur les n 0f 2, 3 et 5), tandis qu'il 
y en a 3 ou 4 différentes sous le crabe ; on est donc porté à expliquer les légendes au revers de 
ces monnaies par des noms de magistrats, et à en rapporter plutôt au lieu de l'émission celle qui se 
répète au droit. Au revers des monnaies de la série dont nous nous occupons, on trouve indi- 
qués au moins 9 noms différents; si tous ces noms désignaient les lieux d'émission, il faudrait 
admettre qu'il eût existé un pareil nombre d'Iles ou de villes qui ont frappé de petites pièces en 
bronze au type d'un crabe sans émettre d'autres monnaies, ce qui paraît peu vraisemblable. Les 
monnaies carthaginoises en général ne présentent pas le nom de Carthage, mais on y rencontre 
souvent des lettres qui désignent sans doute des magistrats 3 ); on connaît plusieurs petits bronzes 
au type d'un crabe, qui appartiennent indubitablement aux lies mentionnées ou à Motya en Sicile, 
mais qui sont dépourvus de légendes 3 ); il se peut que de même la plupart des monnaies dont il 
s'agit, ne renferment pas le nom du lieu de rémission. 

Ce qui parait certain, c'est que les monnaies que nous venons d'examiner, ont été frap- 
pées par des villes situées sur la mer lilybéenne; mais s'il faut chercher ces villes sur la côte de 
l'Afrique, ou dans les lies de cette mer, ou peut-être dans la Sicile occidentale, ce sont là des 
questions qu'il est difficile de décider par les moyens dont dispose en ce moment la science. 

i) Sur le nom phénicien que présentent les monnaies de 2] Voyez plus haut p. 126 et 12S. 

Cossura, voyez: Gesenius Monuments p. 298-299, De 3) Ugdulena Mon. punico-sicule p.43-44 n«» 1-3. Cf. Torre- 
Saulcy Acad. d. inscr. T. XV P. Il p. 179 suiv., Mon ers Phô- muzza Tab. 8,5-6. 

nizier 11,2, p.360, Judas Revue archéol. fr.XVI p. 648 suiv. 



184 



Système monétaire de Carthage. 



T. signifie Tcle. Les lettres A— E, ajoutées à la tête de déesse et sa cbeval, se rapportent ta S 3 p. 112- 114 et 116. St., Dr. et Ob. désignent: 

Ststère, Drachme, Obolo. Le petit trait — est employé pour éviter la répétition de ce qui précède. 



MONNAIES D'OR. 



MONNAIES D'ARGENT. 



!fr 



Tjpes monétaires. 



Or. Electrum. Espèce. 



Système phénicien. 

74 - 75. . T. de Cérès A. IV- Cheval E. 



58 - 59. 
60. 
61. 
62. 
57. 

67-68. 
69. 



45-47. 
48-53. 
54-55. 

56. 

78. 
79-83. 



7,51. 
3,92. 



— A-E. IV- — A,H ' 

"-~ Ci. IjT. *— A. j 

T.deProserpineG. fy. Cheval A. j . . . 

— G. Ifr. — A. I 1,97-1,81 



• • 



• * 



2,83. 2,44. 
2,92 - 2,66. 



St. 
JSt. 



T. de Cérès D. $. Cheval A, 

palmier. 

— A-D. IV. — B. 
T.deProserpineG. ty. Cheval B. 

Système olympique. 



76. 

66. 
63-65. 

70-72. 
73. 

77. 



2,07. 



* • 



i St. 



1,95 — 1,31. 
. . 1,71. 



9,56-9,24. 



• ■ 



2,52-2,30. , . 

1,15 — - 0,51 



T. de Cérès A, D. ft. Cheval A. 

— D. Ifc — A. 

— A, D. IV. — A, ; 4,82-4,62. 

palmier. 

— D. I>. — A, 

palmier 

— A. IV- Palmier. 
T. de cheval. k>. Palmier. 



Système égiuétiqne. 

T. de Cérès D. k>. Cheval E, 

palmier. 

— A-D. IV- — B. 

— E. IV. — A, 

symbole égyptien. 

— C. IV. — D. 

— C. IV- — D. 

— C. IV- T. de cheval. 



• 



St. 



7,74 - 7,20. — 



«r ôl. 



3,71 - 3,55. 



• ■ 



}St. 
ï St. 



I 



• • • 



12.5. 



3,06-2,92. 



■ • 



1,57-1,52. 



22,6. ' 2 St. 

I 

... ot. 

11,4-10,4. | — 

i i St. 

2,86-2,70. — 

I 

St. 



Il 



os. 



Types monétaires. 



Argent. Potin, i Espèce. 



125. 

127. 
128. 
129. 
107-108 
109. 

126. 

84-85. 
87-89. 

110. 

86. 
90-91. 

130. 

94. 

111. 

112. 
96-98. 

115. 

95. 



93. 
106. 



116-123 
124. 
92. 
99. 

100-102. 

103-104. 

105. 



Système phénicien. 

T. de Cérès D. IV- Cheval E. 

— D. IV- Cheval ailé. 

— D. IV- — 

— D. IV. T. de cheval. 

— D. IV- Cheval B, palmier. 

T.de Proserpine G. IV- Cheval B, 

palmier. 

— H. IV- Cheval E, 

astre. 

T. de Cérès B. IV- Cheval A, palmier. 
T. de Proserpine H. IV- Cheval A, 

symbole égyptien. 

— G. IV. Cheval B. 
T. de Cérès B. IV. Cheval A. 

T. de Proserpine G, H. IV- Cheval A. 

T. de cheval. IV- Palmier. 

T. de Cérès E. IV. Cheval A, aaire. 

— E. IV- - B. 

— E. IV- — B. 

— E. $. — A. 

T. de Proserpine G. Çr. Cheval C. 
T. de Cérès E. IV. Cheval A, astre. 

Système olympiqne. 

T. de Cérès D - E. $ Cheval A, 

M III H 

— A-D. IV- Cheval B. 

Système asiatique. 

T.de Cérès C. IV- Cheval D. 

— C. IV. — D. 

C. IV- — A, 2 épia. 

— E. iy. — A, 

symbole égyptien. 

— E. Çr. Cheval A, 

palmier (à gaoebe). 

— E. IV- Cheval A, 

• palmier (an milieu). 

T. de Proserpine G. IV- Cheval A, 

palmier (au milieu) 



45,9-44,7. 

38,6 - 35,0. 

29,3. 
I 22,1. 
8,10-6,87. 
7,36. 

7,29. 

3,90-3,29. 
3,92-3,42. 

3,61. 3,46. 
2,07-1,84. 
2,17-1,62. 
0,70. 0,59. 



I 



12 Dr. 



10 Dr. 

8 Dr. 

6 Dr. 

2 Dr. 



Dr. 



JDr. 



! 



» • 



9,36-8,75. 
4,53. 

13,6-11,6. 
6,35 

| 6,28. 

I 

• • • 

i 

I 

i 

\ . 



« • 



• ■ 



• 



| Système perse. 

113-114.! T.deCérès A-D. IV- Cheval C. 15,54-4,85. 



Ob. 
15,0-11,0 4 Dr. 

14,s. I — 
7,29-6,54. 2 Dr. 

7,27-5,50. j — 

6,89. 

2,80. Dr. 



2 Dr. 
Dr. 

4 Dr. 
2 Dr. 

8 Dr. 
6 Dr. 



» • 



• • 



23,0 
19,0-16,1. 



12,1-10,3. 4 Dr 



11,2-9,4. 



Dr. 



Supplément aux poids des monnaies. 

Dans cette table sont spécifiés les poids des monnaies appartenant à un même numéro, dont seulement le poids le plus 

haut et le plus bas sont indiqués dans le catalogue. S'il y a plus d'un exemplaire du même poids, le nombre 

en est ajouté. Conférer les remarquée faites à la table parallèle dans le l r volume p. 175. 



185 



Nos. 


Poids. 


Nos. 


Poids. 


Nos. 


Poids. 


Nos. 


Poids. 


No». 


Poids. 


Nos. 


Poids. 


SYRT1CA. 




6,2. 




* 

8,8. 




16,6. 




23,7. 




12,0. 


1. 


31,e. A. 
27,5. 




5,9. 
5,7. 
5,3. 




8,7. 
8,5. 
8,4. (tei.) 




15,9. 
15,5. 
14,7. 




20,2. 
20,0. 
19,7. 


35. 


8,9. 
8,0. 




25,6. 
24,8. 
23,3. 




4,7. 
4,6. 
4,5. 


- 


8,3. 
8,1. 
8,0. 




14,1. 
14,o. 

13,9. 


1 

53. 


18,9. 
18,2. 
16,5. 


37. 


7,6. 
7,0. 

9,7. 


2. 


7,9. 




4,4. 




7,7. 




13,8. 


1 15,2. 




8,8. 




6,7. 




4,1. 




7*. 




13,2. 


! u.s. 




7,4. 




6,4. 




3,8. 




7,4. 




13,1. 


I 9 

13,3. 




7,2. (i eu) 




6,0. 




3,6. 




7,1. 




12,7. 








7,0. 




5,9. 




3,3. 




7,0. (!«.) 




12,5. 


56.: ll,o. 




6,7. 




5,7. (lai.) 
5,6. (in.) 


14. 


23,8. 

21,2. 


35. 


15,3. 

11 />. 




12,0. 
11,6. 


I 


10,7. 
9,5. 


i 


6,6. 
6,5. 




5,5. (tex.) 

5,1. 

5,0. [in.) 




A, 1 ,•• 

20,2. 

18,4. 
14,7. 




10,8. 

10,0. 

9,3. 


38. 


10,1. 
8,3. 

21,3. 


i 
i 


9,3. 
9,2. 

9,0. 

8.7 


1 5,9. 

i 

ZEUGITANA. 




4,9. 








8,3. 




ë 

21,0. 
19,1. 
19,0. 




\J% m » 


, Carthago. 




4,8. fin.) 

4,7. 

4,6. 


15. 


12,8. 
11,8. 
10,3. 




8,1. 
7,7. 
7,2.(1 ex' 




i 8,6. 

. ' 8,5. 

8,1. 


1. 17,50. jR. 
17,39. 
17. an 




4,4. 
3,8. 




9,8. 

8,8. 


36. 


7,1. 
15,7. 


J41. 

1 
1 

1 


6,7. 

5,9. 

m _ 


8 >°- i , 7 
7 A j. n ' ,c - 

,76 ' ,7 ' 03 - 




3,7. 


30. 


7,6. 




15,6. 


1 

1 


5,5. 


1 7 . i i 16,90. 


3. 


20,4. 




7,4. 




14.9. 

* 




5,4. 
£ rt 




6e'. l0 ' TO - 




16,0. 

15,9. 
14,4. 

12,1. 




7,3. 
7,2. 
6,5. 
6,4. 
6,3. 




14,7. 
13,8. 
13,6. 
13,2. 
12,9. 


: 43. 

1 

1 


d,0. 

4,9. 
4,8. 

18,2. 

15,0. 


58. 


7 

11,5. 
9,4. 
9,2. 

9,0. 


2. 

i 
i 

i 
i 


17,47. 
17,30. 
17,20. 
17,11. 


4. 


14,0. 




6,2. 




12,7. 


1 


13,1. 




8,8. 


17,08. 




12,7. 




5,4. 




12,5. 


1 

1 


12,8. 


1 8,5. 


i 
i 


17,02. 




11,8. 




5,0. 






12,4. 


1 . . 




62. 


5,9. 


i 


1 6,73. 




1 1,2. 




4,9. 




12,0. 


i 44. 


17,1. 




5,4. 


16,62. 




9,7. 




4,6. 




7 

11,7. 




15A 




5,1. 




16,60. 




9,a. 




4,1. 




11,6. 




14,7. 




5,0. 


3. 


17,30. (î ti.) 




8,9. 


31. 


7,7. 




11,9. 




13,8. 
13,3. 

12,3. 




4,6. 




17,03. 


6. 


9,6. 

9,1. 




5,7. 
4,8. 




11,2. 
11,0. 




;4,3. 


i 


16,97. 
16,87. 




8,5. 




4,6. 




10,8. 


46. 


10,5. 




i 

i 


16,73. 




8,4. 




4> 




.10,6. 




9,5. 


BYZACENE. 


! 8. 


17,38. 




8,8. 




4,1. 




10,0. 




9,4. 


/• 17,8. iX.. || 


17,27. 




7,9. 




3,6. 




9,7. 




9,3.1 ai.) 




15,9. | 


16,90. (t ai) 




7,4. 


34. 


9,8. 


37. 


18,9. 




9,0. 




13,5. 


1 

1 

1 


16,87. 




6,9. 




9,7. 




18,8. 




8,9. 




13,2. 


1 


16,71. 


7. 


8,1. 




9,5. 




17,3. 




8,2. 




11,5. 




16,70. {t si.) 




7*. 




9,3. 




17,1. 




7,2. 


29. 


16,9. 




16,45. 




7,1. 




9,2. 




17,0. 


48. 


27,7. 




16,1. ,| 


15,84. 




6,3. 




8,9. (lai.) 




16,9. 




25/). 




1 4,4. 1 


. 9. 


17,17. 



Nos. 


Poids. 


Nos. 


Poids. 




16,87. 


17,23. 




16,80. 




17/». 




16,78. (î«.) 




17,oi. (îw.) 




16,76. 




17,oi. 




16,61. 




16,98. 




16,50. 




16,70. 




16,49. 




16,69. 




16,47. 




14,41. 




16,35. 








9 

16,07. 


15. 


17,22. 




15,85. 




17,H. 

17,10. 


13. 


17,50. 




16,84. 




17,40. 




16,80. 




17,86. 








17,29. 


17. 


17,31. 




17,25. 




17,20. 




17,23. (!«.) 




17,17. 




17,22. 




17,14. 




17,18. 




17,00. 




17,17. 




1 6,95. 




17,16. 


18. 


17,24. 




17,14. 


1 


17,22. 




17,12. 




17,13. 




17,10. (t«H 




17,12. 




17,09. 




17,11. 




17,03. (1 ex.) 




17,10. 




17,02. (Jei.; 




17,00. 




17/11. 




16,97. 




17,00. (3 m.) 




16,87. 




16,98. 




16,85. ' 




16,97. 




16,54. 




16,93. 




16,81. 




16,91. (le».) 




16,67. 




16,90. a ei.)! 




16,47. 




16,89. 




16,45. 




16,88. 




16,30. 




16,87. 

i 




16,13. 




16,81. (! il.) 








16,80. (tel.) 


20. 


17,08. 




16,79. 




16,84. 




16,78. 




1 6,32. 




16,73. 




15,50. 




16,67. 


21. 


16,77. 




16,52. 




16,70. 




16,47. 




16,65. 




15,85. 




16,54. 




13,70. 




15,55. 




12,80. 


23. 


17,18. 


14. 


17,24. 




17,09. 



186 



N". 


Poids. 


Nos. 


Poids. 


N§i. 


Poids. 




17,08. 




9,2S. 


54- 


4,82. 




1 7,03. 




9,27. 


55. 


4,73. 




17,oi. 




9,25. 




4,64. 




17,oo. 


48. 


7,63. 




4,62. 




16,94. 




J 








16,03. 
16,87. 
16,73. 
16.58. 




7,61. 
7,56. 
7,55. 
7,50. (Jm.) 


61. 


2,92. (Im) 

2,83. 
2,83. 




16,36. 
13,88. 




7,45. 
7,44. 
7,42. (Ifi.) 




2,90. 
2,75. 
2,66. 


24. 


17.10. 




7,41. (Ses.) 








* 

1 6,97. 




7,40. 


62. 


1,97. 




16,91. 




7,39. 




1,96. (! m.) 




16,88. 




7,36. 




1,95. <in.) 




16,77. 




7,35. (5 ex.) 




1,94. (4 m.) 




16,75. 




7,32. (Sri.) 
7,24. (les.) 




1 93. ln.j 
1,92. (3 ex.) 


28. 


17,32. 




7.04. 




1,91. (4M.) 




17,31. 




é 




1,90 (4 m.) 




17,23. 


49. 


7,74. 




1,89. (in.) 




1 7.19. 






7,67. (!«.) 




1,87. (Im.) 




17,11. 




7,52. 




1,86. (4 m.) 




17,10. 


50. 


7,55. 




1,85. (*m.) 




16,50. 




7,52. 




1,84. (ÎM.) 




16,45. 




7,43. 




1,83. (4 ci.) 




1 5,55. 




7,37. 




1,82. 




14,70. 




7,31. 




1,81. 


33. 


17,21. 


51. 


7,61. [In.) 


63. 


11,40. 




17.10. 

* 




7,58. 




11,12. 




16,85. 




7,56. 




11.00. (! m.) 




16,71. 




7,51. 




10,85. 


40. 


17,20. 




7,53. 




10,82. 




17,16. (I m) 




7,51. (im.; 




10,70. 




17,12. 




7,50. 




10,64. lex.i 




17.10. 




7,46. 


64. 


10,70. 




16,99. 




7,45. 




10,69. 




16,85. 




7,42. (Im.) 




10,63. 




1 6,S0. 




7,39. 




10,57. 


• 


16,42. 




7,38. (in.) 




10,55. 


41. 


17,15. 




/,35. 
7 30 




10,54. 




17,10. 




1 ,w. 

7,20. 




10,48. 




16,90. (Im.) 


52. 


7,51. 




10,41. 




16,62. 




7,50. 


65. 


11,00. 


45. 


9,56. Al- 




7,46. 




10.94. 




9,50. 




7,41. 




10,75. 




9,49. 




7,43. 




10,71. 




9,45. 




7,40. 


67- 


1,95. 




9,43. 




7,39. 


68. 


1,90. (Im.) 




9,40. 




,7,88. 




1,89. (4ei.) 




9,39. 




,85. 




1,83. 




9,36. 




7,83. 




1,82. (4 ex.) 




9,32. 




7,31. 




1,80. (lei.) 




9,80. (lei.) 




7,25. 




1,78. 



N" 


Poids. 


N»». 


Poids. 




1,76. 




0,84. (tei.) 




1,75. 




0,79. 




1,72. 




0,74. 




1,04. 




0,73. il m.. 




1,60. 




0,72. 




1,59. 




0,65. 




1,58. 




0,59. 




1,53. 




0,51. 




1,48. 
1,46. 
1,37. 
f,31. 


84. 


3,85. 
3,61. 
3,74. 
3,68. 


70. 


3,05. 




3,61. 




3,01. 




3,48. 




2,99. 




3,23. 




2,92. 

4 


86. 


2,07. 


73. 


2,86. i*m. 




2,04. 




2,84. 




2,02. 




2,80. 




1,86. 




2,70. 




1,84. 


77. 


1,57. 
1,56. 


87. 


3,92. 
3,90. 




1,55. îl m.) 
1,52. 


► 


3,85. 
3,80. 


78. 


2,52. 




3,78, 




2,33. tei. 
2,31. (8 m. 




3,76. (Im.; 
3,65. (3n.j 


79- 
80. 


2,30. 

1.15. 

1,10. 




3,61. 
3,60. 
3,42. 




1.02. 


90. 


2,07. 




1.01. 

* 




1.99. 




1,00. 






1,94. 




0.99. 




1,99. 




0,97. 




1,83. 




0,96. (Im.) 




1.81. 






0,95. (lei.) 




1,80. 




0,94. 




1,71. 




0,93. (Sfi.) 




1,69. 




0,92. (4 m.) 




1,62. 




0,90. (Im.) 

0,87. 

0,85. (lei. 

0,84. (In.) 

0,82. 

0,60. 

0,76. 

0,69. 

0,68. 


91. 


2,17. 

2,15. 

2,05. 

1,97. 

1,96. 

1,90. 

1,89. (If i.) 

1,81. (Im.i 

1,93. 


82- 


0,95. 




1,82. 


83. 


0,90. (Im.) 




1.81. 




0,99. 




1,60. 




; 87. (lei.) 




1,78. 



Xoi. 



93. 



94. 



103 



107. 



108 



112. 



113. 



Poids. 

1,74. 
1,69. 

9,36. AL 

9,30. 
9,17. 
9,09. 
0,88. 
8,87. 
8,75. 

15,07. 

15,00. 

14,83. 
14,60.(1 m. 

14,58. 
14,21. 
13,80. 
12,33. 
12,00. 
11,80. 
11,36. 
11,07. 

12,12. 
11,40. 
10,50. 
10,40. 
10,35. 

8,10. 

7,29. 

7,23. (lei.) 

7,22. 

7,04. 

7,02. 

7,58. 
7,48. 
7,47. 
7,45. 
7,36. 
7,30. 
7,21. 
7,06. 
6,87. 

7,29. 
7,25. 
7,05. 
6,87. 
6,86. 
6,54. 

5,38. 
5,30. 
5,05. 
4,98. 
4,88. 



N»«- 



114 



116. 



117 



125 



127 



134. 



137 



138. 



142. 



Poids. 

5,54. 
5,16. 
4,96. 
4,94. 
4,92. 
4,85. 

1 2,94. 
12,80. 
12,73. 
11,64. 

• 

13,17. 
12,99. 

11,85. 
45,99. 

45,50. 
45,41. 
44,70. 

38,65. 

37,47. 

37,35. 
37,20. (Im. 
37,05. 
36,83. 
36,60. 

36,55. 

36,50. 
36,00. 
35,09. 

25,0. /E. 
24,3. 
23,0. 
21,1. 

26,4. 
25,6. 
24,9. 
23,9. 
22,7. 
19,1. 
19,0. 

7,0. 
6,7. 
5,8. 
5,5. 

5,3. (lei.) 
5,2. iln.) 
4,7. 
4,6. 

7,5. 
7,4. 
6,9. 
6,7. 



Nos. 



Poids. 





5,4. 




5,1. 




5,0. (lex.) 


143. 


23,5. 




22,2. 




21,0. 




18,2. 


145. 


6,1. 




5,5. 




4,7. 




4,6. îlei.) 




4,3. 


147. 


22,0. 




20,7. 




20,2. 




19A 




18,8. (Ici.) 




18,6. 




17,9. 




17,8. (lei.) 




17,7. 




17,5. 


« 


17,3. 




15,3. 




14,6. 




14,5. 


150. 


22,5. 




20,7. 




20,6. 




20,1. 




19,9. 




19,8. 




18,3. 




18,0. 




17,6. 




17,0. 




14.9. 




154. 


23,5. 




20,5. 




20,0. 




19,6. 




19,5. 




19,4. 




19,3. 




19,1. 




19,0. 




18,9. 




18.5. 




18,4. 




18,3. 




18,1. 




17,9. 


1 


17,8. 



187 



N"- 



155. 



160. 



162. 



163. 



164. 



167. 



Poids. 
7,7. 

7,6. 
7,5. 

6,0. 
5,2. 

9,7. 
8,8, 
8,7. 
8,5. 
8,3. 
8,1. 
7,1. 
6,s. 
6,4. 

2,0. (3n.) 

1,9. 

1,6. 

1,3. 

1,0. Jei.; 

0,9. 

0,7. 

0,3. il ex.) 

0,2. (3 ex.) 

9,3. 

9,2. 

7,9. 

7,7. 
7,3. 

7,0. (fei.) 
6.9. (in.) 
5.8. 
4,9. 

4.0. (iti.) 

3.5. iln.) 

3.4. 3 ci.) 

3.2. ;4«.) 

3.1. i.Jm.) 

3.0. (Mm.) 
2,9. In.) 
2,8. '«m.) 
2,7. /7ei.) 

2.6. tti.) 

2.5. (ÎM.J 

2,4. (In) 

2.3. 4«.j 

2.2. (In.) 

2.1. (lei. 
2,0. (Tn.) 

3,4. 
3,2. 

2.7. ïn.l 
2,4. 

3,6. 



RM. 



168. 



169. 



170. 



171. 



174. 



184. 



186- 
187. 



Poids. 
3,8: 

3.2. (In.) 

3,1. ati.) 
3,o. 

2,9. (tei. 
2,5. 
2,3. 
2,2. 

2,1. 

2,9. 

2,8. 

2,6. (îex.; 

2,5. 

2,4. 

2,3. 

15,9. 
15,4. 

15,0. 

14,9. 

3,8. 
3,5. 
2,9. 
2,6. 
2,4. 

15,6. 

15,1. 

14,5. 
13,8. 
13,4. 
1 3.0. 
11,0. 

3,4. 

3,0. 

2,9. (Jm.j 
1.9. 



6,2. 
5,4. 

5,0. 

4.8. 
4,7. 
4,5. 
4,4. 

8,9. 
7,4. (4 «.) 

7.3. {!«.) 
6,9. 
6,8. 
6,7. 
6.5. 
6,3. 
6,2. 
6,1. 
5,7. 



N«- 



189. 



190. 



192. 



195. 



196. 



197. 



Poids. 

5,4. (Itr.jJ 
4,8. (tn.)j 

V. ' 

4.4. ! 

I 
8,5. 

8,1. 

7,6. 

7,5. 

7,4. 

7,1. 

6,8. (Iei. ; 

6,7. 

6.5. (îex./ 
6,1. 
5,8. 

9,4. 

8,0. 
7,7. 
7,4. il M. 

7.8. (3 *x. 
7,2. (îex.) 
7,0. 
6,8. 
6,6. 
5,9. 

5.7. (îex.; 

8,a 

8,2. 

7.9. (îex.; 

7.8. (fn.j 

7.6. 'îex., 
7,4. 
7,2. 
6,9. 
6,7. 
6,4. 
5,7. 

8,3. 
8,0. 

7,5. 
7,3. 
7.2. 

ê 

6,7. 
6,3. 
6,2. 

8,5. 
7,8. 
7,5. 
5,9. 

6,9. 
6,5. 
6,3. 
4,9. 



Nos. 



199. 



200. 



201. 



203. 



211. 



Poids. 
7,7. 

7,3. «ai.) 

7,0. 

6,8. (In., 

6,3. 

6,2. 

5,4. 

4,8. 

14,4. 

11,3 

9,7. 

8,4. 

7,9. 
7,7. 
7,4. 

7,0. 

6,9. 

6,6. 

6,3. 'îex, 

6,2, fin, 

5,9. 

5,7. 

5,6. 

5.2. (lei.j 
4,8. 
4,6. 
4,5. 
4,4. 

4.3. lei., 
4,2. 

13,5. 
10,8. 

9,7. 

9,2. 

8,4. 

8,i. 

8,0. 

7,8. 

7,7. 

7,6. 

7,5. 

7,3. 

7,2. 

6,9. 

6,8. (Jex, 

6,7. 

6,5. 

6,2. 

6,1. *«./ 

6.0. 

* 

5,0. (4 ex.; 
5,8. 

5,7. (4n.) 
5,6. 



N«. 



216. 



217. 



219. 



226. 



230. 



231 



Poids. 
5,0. 

4,7. (In.) 
4,2. 

8,5. 

8,0. 

7,9. (îex.) 
7,5. 
7,4. 
7,2. 
6,9. 
6,7. 

6,3. {îex,; 
6,1. {!«•) 

6,0. 

5,8. 

5,7. ■ÎM.J 

5,2. 

5,0. 

4,2. 

4,1. 

10,2. 
9,9. 
8,3. 
7,0. 
6,4. 
6,3. 
6,2. 
5,8. 
4,8. 

8,8. 
7,8. 
7,7. 
7,6. 
5,6. 

3,3. 
2,9. 
1,6. 

1,3. 

9,6. '3ex.j 
9,3. 

9,0. 

8,5. 
8,4. 
8,2. 
8,1. 
7,4. 
7,0. 

9,9. 
9,8. 
9,7. 
9,5. 
9,4. 



No». 



235. 



237. 



240. 



241. 



242- 
243. 



244. 



245. 



Poids. 

9,3. 

9,2. 
9,1. 

9.0. Un.) 
8,9. fîex.) 
8,5. 

8,4. (3n.) 
7,9. 1«n 
7,2. 
6,9. 
6,6. 
6,4. 

6,0. 

5.9. 



8,6. 
8,4. 
7,5. 
7,2. 
6,8. 
6,7. 
5,8. 
5,6. 
5,3. 

8,1. 
7,9. 
7,5. 
7,3. 
6,5. 

8,0. 
7,0. 
6,9. 
5,8. 
5,1. 
4,0. 

8,5. 
7,3. 
6,7. 

6.1. ««.) 

26,7. 
18,1. 
18,0. 

13,2. !ex. 
12,4. 

19,4. 
18,6. 
17,9. 
17,5. 
16,8. 
16,5. 
14,9. 

20,2. 
20,0. 

19,9. 



No*. 


Poids. 




19,4. 




18,9. 




18,5. 


i 


18,4. 


i 


18,3. 




18,0. fin.) 


« 


17,7. 


i 

i 


17,4. (tn.) 


i 

l 


15,9. 


1 250. 


19,0. 


1 
i 


18,3. 




16,2. 




15,6. 


255. 


6,7. 


1 


6,6. 


i 


4,3. 


i 


4,0. 


258- 


15,6. 


260. 


15,4. 




15,0. 




14.1. 




13,9. Ut.) 




12,3. 




11,8. 




10,7. 




10,5. 




9,4. 




8,2. 




8,0. in. 


ii 


7,6. fin., 


il 


7,5. 


1 

1 


7,8. 




7,2. 




6,7. 


t 


5,7. 




5,3. 


1 


5,2. (3ex. 


1 


5.1. («ex. 

* 




4,8. *ei. 




4,6. 




4,5. 




4,4. 


261- 


13,9. 


262. 


13,1. 


1 


12,8. 


i 


12,5. 




12,3. 


i 


12,2. 




12,1. 




12,0. 




11,9. 


, 


11,6. 




11,2. 




11,0. 



N°«. 



268- 
269. 



271. 



272. 



274. 



276- 
277. 



Poids. 

9,9. 
9,4. 
8,9. 
7,6. 

6.7. (îex.) 
6,2. 

6,1. 

6,o. 

5,9. (tex.) 

5,8. 

5,7. 

5,6. 

5,5. 

5,4. 

5.3. ri n.) 

5.2. iSn.) 

5.1. (In.) 
4,9. (Iex.) 

4.8. (in.) 
4,7. 
4.5. \U\.) 

4.4. {3 n.) 

4.3. (4 ex. 

4.2. (3 ex.) 

4.1. (îex.) 

4,0. 

5,7. 
5,5. 
5,3. 

5.2. fin.) 
5,1. 

4,9. 
4,7. 
4,6. 
'4,3. 
4,2. 

17,9. 

16,0. 
15,1. 

14,0. In.) 
12,1. 

12,0. lei.) 

2,0. 

1,8. 
1,6. 

1.4. Iex.) 
1,2. 

5,8. 
5,7. 
5,6. 
5,5. 
5,4. 
5,3. 



188 



N" Poids. 

5,1. *"• 
5,0. 

4,9. '*«..' 

4,8. fa n. 

4,7. «Iti. 

4.6. 5 en 
4,5. Ui 

4.4. Ui. 
4,3. (4«. 
4,2. 

4,0. 
278. 5,c. 

5,2. 
4,9. 
4,6. 

4.5. .*ei.) 
4,4. 

282. ! 5,9. « «. 

5.7. *tei. 
5,6. 
5,4. 
4,9. 

4.8. (îei.i 
4,7. 
4,5. 



283. 



284. 



285. 



5,7. 
5,5. 
4,4. 

4,0. 

15,4. 
14,9. 
14,7. 
13,5. 

13,1. 
13,0. 

6,8. 
6,1. 
6,0. 

5,7. :*«.) 

5,2. iei. 
5,1. {*«•/ 
4,9. 

4,6. (!«- 
4,5. 



No«. 


Poids. 


N". 


Poids. 




4,1. <tei..< 




5,2. 




3,9. 




5,1. 




3,5. 




4,7. 


286. 


6,1. 




4,6. («M. 




6,0. 


296. 


15,0. 




5,9. 'Su.) 




13,3. 




5,8. 




12,3. 




5,6. (tei.) 




12,0. 




5,5. (lai.) 








9 

5,4. 


300. 


16,7. 




5,3. 1.4 m.) 


■ 


16,1. 




5,2. 





15,5. 




5,1. (4«.; 




13,9. 




5,o. (1m.) 


304. 


6,3. 




4,9. '4ei.i 




6,1. 




4,8. '3 m.) 




5,7. 




4,7. IN.) 




5,6. '!•!..■ 




4,6. '5 m.) 




5,4. îlei.. 




4,5. (4 m.; 




5,3. 




4,4. (a m.) 




5,2. 




4,3. 




5,1. 




4,0. 




5,0. (4 m. 




3,6. 




4,9. (!m. 


289. 


15,4. (in.) 




4,7. il M-, 




13,8. 




4,6. (tei.j 




13,7. 




4,5. (4 m.) 

4,4. 


290. 


5,5. 




4,8. (Jei.) 




5,0. 




4,2. Im. 




4,9. (fM.- 




4,1. (3 m. 




4,6. 




4,0. fin.: 




4,1. 








4,0. .lai.) 


305. 


5,5. 


293. 1 6,6. 




5,4. ««. 




5,0. 




5,1. kUx.) 




4,9. 




4,8. 




4,6. 




4,6. 

• 




4,4. 




4,5. 

4,4. itM.i 




4,3. 








4,1. 


309. 


11,1. 




3,8. 




10,8. 




3,0. 




8,6. 


294. 


7,1. 




8,1. 




6,1. 


310. 


9,8. 




5,6. 'ÎM.) 




9,2. 



Nos. 



Poids. 

9,0. 
8,7. 

8,6. 

8,3. 
8,2. 
7,7. 
7,6. 
7,8. 
5,4. 



313. 



8,1. 
7,7. 
7,4. 
7,2. 
6,2. fM, 

5.4. «m. 

i 

315. | 4,8. tiM.i 

|4>. 
:4,2. 

4,1. 

4;o. 

j 3,9. 'lu.) 
i *»,8. 

3.7. (.7ei.; 
3,6. (fei; 
3,5. 
3,4. 
3,3. 

3.2. flei.) 

3,1. i««.î 

3,0. 

2.8. '4 m. 
2,7. 

2.6. (!«.■ 

317. | 8,1. 

7,6. 

7.5. (îex.) 

7.4. (!«.) 

7.3. {fM.) 

7,1. (!•!.' 

7,0. 

6,9 i«.j 

6.7. iîei.j 

6.6. (tn., 

6.5. (4 m.; 

6.4. (5 ex.; 



N"- 


Poids. 




6,8. (3 m) 




6,2. (Ui.) 




6,1. ■!«.) 




5,6. [tei.j 




5,5. 




5,4. 




5,3. If M.) 




5,1. 




4,9. 




4,8. 




4,7. 




4,6. (Ici.) 




4,5. 


319. 


40,2. 




31,0. 




30,2. 




30,0. 




29,6. 




29,3. 




29,2. 




29,0. (îm. 




27,8. (!«M 




27,4. 




27,1. 




26,6. 




26,4. 




26,2. 




25,5. («m.j 




25,8. 




24,7. 




24,2. 


323. 


9,7. 




7,3. 




7,2. (In.) 




7,0. 




6,6. 




6,3. (fM.) 




6,1. 




5,7. 


324. 


8,4. 




7,2. 




6,7. (fM.) 




6,5. 


325. 


8,5. 



N«« 



327. 



328. 



Poids. 
7,8. 

7.6. fei. 
7,4. 

7,1. 'fM., 

7,0 

6,5. 

6,1. '4ei. 

6,0. 

5,9. 

5,8. 

5,6. 

5,1. 
5,0. 

9,7. 

8,8. 

8,0. 

7,4; 
6,8. 
5,6. 

9,7. 

7,4. 
7,2. 
7,1. 

6,9. if M) 

6,8. (fM./ 

6.7. (tM.| 

6,6. 
6,2. 

6,1. 
6,0. 
5,9. 
5,6. 
4,9. 
4,6. 



338.| 22,4. 
22,2. 
18,2. 
15,4. 



341. 



17,9. 
16,6 

16,5. 

16,3. 



N«i. 



346. 



356. 



359. 



362 



Poids. 

6,2. 
6,0. 

5,8. 
5,5. 

£,3. Un.) 

5,1. 
5,0. 
4*,6. 
4,2. 
4,1. 

3,7. 
3,4. 
3,2. 
3,1. 

2,3. (fM.) 

2,1. 
1,8. 

9,1. 

8,8. «M.) 
8,2. 

7,2. 

5,8. 

5,5. 'ÎM.) 
5,4. (in.) 
5,3. 

6,2. 
5,4. 
4,9. 
4,8. 
4,6. 
3,6. 

3,0. 

2,9. 
2,7. 
2,2. 

7,8. " 

6,6. 

4,9. 

2,0. 

1,7. 

0,6. 

0,1. 

5,8. 
4,4 



N°«- 



363. 



364. 



365. 



367. 



374. 



Poids. 

3,5. 
3,2. 
3,o. 
10,7. 

3,8. 
3,5. 
3,1. 
2,3. 
1,9. 



4,5. 
3,4. 

3,3. 

3,1. 
3,0. 

2,9. 

2,7. 

2,6. 

2,5. 
2,3. 
2,2. 
2,1. 
1,8. 
1,5. 

«> 
10,9. 

10,7. 

0,6. 

9,8. 

7,8. 
4,3. 
2,9. 
2,4. 

0,o. 

3,9. 
2,6, 
2,0. 
1,9. 

6,9. 
6,8. 
6,6. 
6,4. 
3,9. 



(fM.) 
(fM.) 

(in.) 

(S M.) 
(fM.) 

(3 m.) 

(f«J 



ifei.) 



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