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Full text of "Observations météorologiques en ballon: (Résumé de 25 ascensions aérostatiques)"

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JÈS SCIENTlFlQUeS. 



OBSERVATIONS 



EN BALLON. 



nmst OE ^ij iscusiDw XEUinTUiviFs; 



UABiriN TISSANDIBK, 



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in 


PARIS. 

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Given in memory of 
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r PRESTON, Class of 1930, was a man in 
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•y foDiba!! player whcec Eiathing rnd play be- 
'0 poundt, he carocd Coach Glenn Warner's 
ine of ihc greaim ends l've ever coachcd." 
me veDtutesomc spiril impcUed hïm to nirn to 
hU lîfe'f wuck. Upun his graduation fram Sun- 
ent to Kelly Field. Texas, where he won hii 
tenanfs commission in 19il. For the nexc llve 
■ïcd as an officer in dic Air Furce. 
, while on flying duiy al Fou Lewis, Washing- 
lered a spinal injury which ultimauly termi- 
niUtary career. Despite hls injury, fie trained 
dcC pilols under General Claire Ctiennault in 
Denied ihe right to fly in World War II, he 

unt in his life, which cndcd iragically on Oc- 
919. was his dcïotiQn to three causes; his Uni- 
Country, and aviation. This, one of a collection 
n his nncmory, is a tributc to that 



Xiradaale Scboel af Buâness Lihrary 



PS Transportation Library 

STANFORD UNIVERSITY 



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OBSERVATIONS 



HÉTàOROLOGlQUBS , 



EN BALLON 



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Qui def Aii:iiiUBf, ss. 






I 



ACTUALITES SCIENTIFIQUES. 



OBSERVATIONS 

EN BALLON. 

(BÉSCKÉ DR 25 ASCEHSItNS iÉIOSTATltlfES }; 
Gaston TISSANDIER. 




PARIS, 

GADTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE 



1879 
ITdim drolU réMn<>') 



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OBSERVATIONS 

MÉTÉOROLOGIQUES 

EN BALLON'"' 



Vitesse des conrants aériens , sa variation avec l'alti- 
tude. — Influence des dépressions du sol sur le vent. 

Le ballon est le plus exact des anémomètres : 
non-seulement il donne la vitesse exacte du cou- 
rant aérien où il est plongé, mais il indique avec 
précision la route que ce courant a suivie au-dessus 
du sol, et qui est précisément celle de l'aérostat 
lui-même. 

Les vents superficiels qui soufflent à la surface 
de la terre ne donnent souvent à l'observateur que 



(*) La plupart de mes ascensions ont été faites avec mon frère, 
M. Albert Tissandier, qui a retracé à l'aide du crayon les in nom* 
brables spectacles aériens observés, effets de nuages, phénomènes 
lumineux, etc. Quelques-unes d'entre elles ont été exécutées 
sous les auspices de l'Académie des Sciences, de l'Association 
scientifique de France^ de l'Association française pour l'avance- 
ment des Sciences, de la Société de navigation aérienne et avec 
le concours de plusieurs savants. A tous ceux qui nous ont aidés, 
nous adressons le témoignage de nos remercîments les plu» 
sincères. 

G. TissANDiER. — Observ, météor, en ballon, i 



des renseignements très incomplets sur le courant 
général et dominant qui s'étend dans les hautes 
régions et quelquefois au-dessus d'un épais massif 
de nuages. 

Dans notre voyage du 7 février 1869, tandis que 
le vent à terre était très modéré, M. de Fonvielle 
et moi y nous avons été entraînés au-dessus des 
nuages par un courant sud-ouest très-chaud, qui 
nous a emportés avec une vitesse considérable de 
iSo''"' environ à l'heure, et qui nous a transportés, 
dans l'espace de trente-cinq minutes, de Paris à 
Neuilly-Saint-Front, au delà de Château-Thierry. 

Quelquefois une légère brise souffle à terre et le 
vent est tout à fait nul dans les régions plus élevées 
de l'atmosphère. Lors de notre voyage du 1 1 avril 
de la même année, nous sommes restés en ballon, 
de iSoo"* à 2000" d'altitude, exactement au-dessus 
de notre point de départ, dans une situation d'im- 
mobilité absolue pendant plus d'une heure consé- 
cutive. 

Généralement le vent augmente de vitesse à me- 
sure que l'on s'élève dans l'atmosphère. Cette règle 
est presque absolue. Elle est mise en évidence par 
les ascensions à grande hauteur, pendant lesquelles 
le ballon parcourt des chemins considérables dès 
qu'il a atteint les hautes régions. 

Le vent suit horizontalement les dépressions 
terrestres jusqu'à une hauteur que nos observations 
successives nous permettent d'estimer à 600"* ou 
800™ environ. 



-- 3 - 

Le diagramme que nous avons tracé de l'ascen- 
sion de longue durée du ballon le Zénith, les 2 3 et 
24 mars 1876, montre, en effet, que l'aérostat sui- 
vait à plusieurs reprises les proéminences du sol et 
s'élevait de lui-même par un vent ascendant quand 
il passait au-dessus d'une colline. Ce fait est sur- 
tout rendu manifeste par son passage successif 
à 600" au-dessus de plusieurs monticules. L'aérostat 
s'est, en outre, fréquemment éloigné de la ligne 
droite, ce qui prouve d'une façon certaine que les 
courants aériens ne se meuvent pas toujours sui- 
vant des directions rectilignes. La vitesse du vent 
pendant ce voyage, le plus long comme durée qui 
ait jamais été exécuté, a, de plus, subi des varia- 
tions très appréciables , comme le montre le Ta- 
bleau ci-joint, que nous empruntons au Rapport 
publié dans le bulletin VAéronaute, par Grocé- 
Spinelli, Sivel, A. Tissandier, M. Jobert et moi : 

Vitesse Tempé- 
par rainre 

Heures. Altitodes. Direction da veDt. seconde, i terre. 

Il m 

7 S.... 700 » 7»70 — o 

II. 30 S 750 N|NE 6,80 » 

I M . . . 1000 » 5,Fo » 

2.40 M... 900 Entre NNE. et NE. . 6,00 » 

3.45 M... 960 » 7»7o » 

4 M . . . 1000 N |NE 7 , 40 » 

5.20 M... 1000 NNE 13,00 — 3 

7 M... 1700 Entre NNE. et NE.. 5,90 -^a 

9.38 M... 760 » 8,q5 -4-4 

10. 3o M ... 65o » 6,66 -+-8 

A partir de 11**, le courant nord-nord-est supé- 



— 4 - 

rieur possède une vitesse de 3" à 4" par seconde, 
tandis que le courant inférieur nord-ouest, dont 
l^épaisseur varie de 6oo™ à 200"*, possède d'abord 
une vitesse de 7" à 8"™ à la seconde et atteint 12*" 
à la seconde à 5^ du soir, à l'atterrissage. 

Le tracé de notre voyage a mis encore en évidence 
des variations très appréciables dans la vitesse du 
vent, qui fait environ 5"* à la seconde pendant la 
nuit, 10" au lever du soleil, et qui diminue de vi- 
tesse dans les hautes régions, contrairement à ce 
qui a lieu habituellement, comme nous l'avons dit 
précédemment. 



Courants aériens superposés. 

11 arrive fréquemment que les nuages suspendus 
dans l'atmosphère suivent des directions sensi- 
blement différentes de celle du veht qui souffle 
à la surface de la terre, quelquefois diamétrale- 
ment opposées. Plusieurs courants aériens distincts 
peuvent ainsi se trouver superposés dans l'atmo- 
sphère. Les voyages en ballon permettent de con- 
stater bien des faits de ce genre qui échappent aux 
observateurs terrestres. 

Le diagramme ci-contre {Jig' 1) reproduit les re- 
marquables circonstances atmosphériques que j'ai 
observées le 16 août 1868, lors de mon ascension 
faite avec M. Duruof au-dessus du détroit du Pas- 
de-Calais. 



— 5 - 

Deux courants aériens bien distincts étaient 
superposés dans Pair. Le courant inférieur régnait 
de la surface de la terre et de la mer jusqu'à l'alti- 
tude de 600™. 11 avait une température de i3° C. Il 
se dirigeait du nord-est vers le sud-ouest. A sa 
partie supérieure, des nuages floconneux et blancs, 
isolés les uns des autres par de petits intervalles, 
étaient réunis sur un même plan horizontal en 



Fig, I. 



rnctrr.r 
S vvtK 



ijOOii — 
800 _ 
doo 
èoG 

'■iOO _ 
O 



Bfunu> eiKcLixye, 





^NE 



/Vù>eccu tùf. fa. rrter^ 



nombre considérable. Ils flottaient à la surface 
supérieure du courant aérien, en suivant la même 
direction. Ces cumulus étaient arrondis et mame- 
lonnés ; leur épaisseur était faible et ne dépassait pas 
une dizaine de mètres. La surface supérieure de ces 
nuages était unie et située exactement sur le même 
plan abcd. Il est probable qu'ils étaient arrêtés ou 
dissous par le courant supérieur qui glissait au- 
dessus dans une direction sensiblement opposée, 
du sud-ouest au nord-est. Par un singulier eflet de 
perspective, cette succession de mamelons de va- 



I . 



- 6 - 

peur, considérée à Taltitude de 1600", semblait 
prendre naissance d'un côté de Thorizon pour dis* 
paraître de Tautre; ils étaient entraînés par le 
courant inférieur qui se mouvait avec une vitesse 
de 48""^ à 5o^™ à l'heure : aussi les voyions-nous 
courir avec une rapidité considérable, puisque nous 
nous mouvions nous-mêmes au sein du courant 
supérieur, avec une vitesse de 32*^" à 36''"* à l'heure, 
en sens inverse. 

Nous avons constaté la présence du courant 
supérieur jusqu'à Faltitude de 1700"*, point cul- 
minant de notre ascension. La température était 
de i5°. A celte hauteur, nous apercevions d'autres 
nuages qui paraissaient suspendus à quelques cen- 
taines de mètres au-dessus de nos têtes : ils for- 
maient probablement la limite supérieure du se- 
cond courant aérien et étaient peut-être surmontés 
d'un troisième courant; mais il ne nous est pas 
permis d'émettre à cet égard autre chose que des 
conjectures. 

Les courants aériens superposés ne sont pas 
toujours séparés par une couche de nuages, comme 
nous l'avons constaté lors de notre ascension de 
Calais. Il arrive même très fréquemment que rien 
ne peut en indiquer l'existence aux observateurs à 
la surface de la terre. Voici les faits que nous avons 
recueillis au sujet de courants superposés se mou- 
vant dans des directions inverses au sein d'une 
atmosphère dépourvue de nuages. 

27 juin 1869, ascension dans le ballon le Pôle 



— 7 — 

Nord, exécutée au Champ de Mars, à Paris, — 
De la surface de la terre à Taltitude de aSSo", le 
vent est nord-nord-est ; au-dessus de cette hauteur 
le ballon est saisi par un courant sud-sud-ouest. 
Aucun signe apparent n'indique le point de sépara- 
lion de ces deux courants. Notre brusque change- 
ment de direction, apprécié en considérant la 
surface terrestre, nous en fait seul reconnaître 
Texistence. 

8 novembre 1870, ascension du ballon le Jean- 
Bart ; tentative de retour dans Paris assiégé, — 
Au-dessus de la forêt de Rouvray, près de Rouen, 
à 6**3o" du soir, de o™ à 200", vent superficiel du 
nord. Au-dessus, jusqu'à 320o", vent est-nord- 
est et un peu plus tard nord-est. 

4 octobre 1878, ascension exécutée à 12** 3", de 
l'usine à gaz de la Villette, Paiis, — Au moment 
du départ, le vent est ouest-nord-ouest, tandis que 
vers l'altitude de 700™ le courant supérieur est 
sud-ouest. Les observateurs à terre nous ont vus 
décrire une courbe très prononcée, comme l'in- 
dique le tracé de notre voyage. 11 n'y avait pas de 
nuages dans l'atmosphère. La descente s'est effec- 
tuée à Crouy-sur-Ourcq. En nous rapprochant de 
terre, nous avons été repris parle courant inférieur 
qui nous a ramenés sur notre route, comme au 
moment du départ {fig- 2). Mais la courbe avait 
un plus grand développement. Les vitesses de ces 
deux courants superposés étaient très différentes. 
Le courant supérieur avait une vitesse de 35"^™ à 



— 8 - 

l'heure. La vitesse du courant Inférieur n'était que 
de 6"^" à y''™, ainsi que M. Paul Henry, astronome, 
qui nous accompagnait, a pu le constater très 
exactement en observant la différence des temps 
du passage du ballon sur une ligne terrestre. La 
vitesse du courant supérieur a été obtenue exac- 
tement, connaissant la durée de notre voyage et la 
longueur du chemin parcouru. 



Fig. 2. 



r 




Cnmy- 
a> Ou/fO 



lù-ui£ à {fax. 
UULfMe, 



24 mars iSjS, ascension de longue durée du 
ballon le Zénith. — Le 24, à midi, après avoir 
traversé la Gironde près de son embouchure, le 
ballon plane au sein d'un courant nord-nord-est, 
tout près du bord de la mer. Ce courant règne 
depuis les hautes régions de l'atmosphère jusqu'à 
l'altitude de 5oo™, où le vent est nord-ouest; le 
courant inférieur est très humide, tandis que le 
courant supérieur est d'une sécheresse presque 
absolue, comme nous l'avons constaté, Crocé- 
Spînellî et moi, à l'aide de l'hygromètre à point 



- 9 - 

de rosée. Il n'y avait aucun nuage, aucune vapeur 
entre les deux courants aériens; mais, contrai- 
rement à ce que j'avais observé précédemment, 
le passage de Taérostat de la couche d'air supé- 
rieure dans la couche d'air inférieure fut signalé 
par des mouvements de rotation renouvelés et 
énergiques. Le ballon tourbillonnait, oscillait, 
tremblait, comme il ne le fait jamais quand il est 
bien équilibré au sein d'un courant aérien homo- 
gène. 11 y avait incontestablement ce jour-là, entre 
les deux courants, des remous, des sortes de vagues 
aériennes dont l'aérostat subissait l'influence; il 
se produisait sans doute entre les deux courants 
des mouvements de fluides, analogues à ceux qui 
existeraient à la surface inférieure d'une couche 
d'huile glissant sur une nappe d'eau. J'ajouterai 
que le courant inférieur a été en diminuant d'épais- 
seur jusqu'à la fin du jour, où il n'avait plus qu'une 
hauteur de i5o". En même temps qu'il devenait 
plus mince, il augmentait très-sensiblement de 
vite'sse. Le courant supérieur nord-nord-est, dont 
l'existence échappait ainsi aux observations ter- 
restres , continuait à régner uniformément. C'était 
le courant dominant et général. 

Si, comme nous venons de le voir dans ces faits, 
les courants de directions et de propriétés difl'é- 
rentes peuvent être superposés dans l'atmosphère 
sans que des nuages les séparent, la présence de 
nuages au sein de l'air n'implique pas non plus 
l'existence de deux courants difl'érents. Presque 



- 10 — 

toujours les bancs de nuages sont suspendus à la 
limite de séparation des deux courants ; mais cela 
n'est pas absolument général, et nous avons quel- 
quefois suivi exactement la même direction au- 
dessus des nuages comme au-dessous. Ajoutons 
que quelquefois la route suivie par Taérostat à des 
hauteurs différentes peut varier faiblement de direc- 
tion, mais le fait peut facilement échapper à l'ob- 
servateur, si l'angle formé par les directions diffé- 
rentes est très-faible. 



Nuages, leur aspect, lenr couleur, leur hauteur 

dans l'atmosphère. 

Les nuages au milieu desquels l'aéronaute peut 
se trouver plongé offrent des aspects très-variés. 
Pendant mon voyage de Calais (i6 août 1868), je 
me suis trouvé plongé dans des nuages si sombres, 
si épais, qu'ils interceptaient presque complè- 
tement la lumière solaire. Nous étions envelop- 
pés par des vapeurs d'un gris foncé, tellement 
denses, que la vue de l'aérostat avait complètement 
disparu. C'est à peine si je pouvais apercevoir mon 
compagnon de voyage, M. Duruof, placé cependant 
tout à côté de moi. Cette vapeur d'eau était sèche 
et ne se condensait nullement en eau. Sa tempéra- 
ture était de i4°. 

Les cumulus sont souvent d'un blanc éblouis- 
sant, même quand on se trouve plongé dans leur 
masse. On est parfois environné d'une vapeur 



- 11 - 

blanche opaline qui paraît être lumineuse, et sa 
présence n'empêche pas de distinguer nettement 
les objets voisins. 

Les nuages de pluie sont formés d'une vapeur 
analogue à celle de nos brouillards terrestres. 

Les cirrhus et les nuages de glace offrent un 
aspect tout particulier, dont nous réservons la 
description pour un des Chapitres suivants. 

Les nuages forment souvent, au-dessus de la 
surface terrestre, de véritables bancs de vapeur, 
dont la surface supérieure présente des aspects des 
plus variés. Cette surface est tantôt mamelonnée 
comme une mer de glace ; elle est alors tout à fait 
blanche, avec des éclats argentés quand la lumière 
du Soleil s'}' réfléchit. Les mamelons qui y forment 
des proéminences plus ou moins considérables 
projettent des ombres tout à fait noires et ac- 
quièrent ainsi un relief extraordinaire. Ces masses 
de nuages, ainsi vues de haut en bas, prennent 
Fapparence de masses solides semblables à d'im- 
menses amas de neige. 

Les effets de coucher de soleil sont admirables 
au-dessus de ces océans nuageux ; les couleurs les 
plus vives s'y observent comme dans les pays tro- 
picaux, et les massifs de vapeur se colorent en 
rouge éclatant, en violet, et prennent tour à tour 
l'apparence de l'or ou de la pourpre. 

Les nappes de vapeur forment parfois aussi de 
grands plateaux unis qui, vus d'en haut, ressem- 
blent à des lacs à l'eau tranquille. 



- 12 - 

Quand Taéronaule plane au milieu d'un amas 
de vapeurs semi-transparentes, il se croit situé au 
centre d'un véritable cirque de nuages qui paraît 
se déplacer avec lui. Pendant une notable partie 
de notre voyage du i3 septembre 1868, nous pla- 
nions au milieu d'un semblable cirque de nuages, 
ayant un diamètre apparent d'au moins i5o°de va- 
leur angulaire. Ce cercle, très régulier, très homo- 
gène, un peu plus foncé du côté de l'orient que 
du côté opposé, produisait un spectacle saisissant. 
Le ciel était très pur, surtout dans le voisinage du 
zénith, et la terre ne cessait pas d'être entrevue au- 
dessous de la nacelle, même au moment où l'aé- 
rostat est parvenu au maximum de sa hauteur, 
à aSSo"*. Cet effet de cirque de vapeurs est proba- 
blement dû à la transparence de certains nuages, 
qui ne se laissent entrevoir que sous une certaine 
épaisseur; il se présente aussi avec les cirrhus, 
comme nous le verrons dans la suite. Vus dans la 
verticale sous une faible épaisseur, ces nuages sont 
transparents; mais, considérés sous une grande 
épaisseur et horizontalement, ils sont opaques ; ils 
s'aperçoivent à une certaine distance de l'œil et 
produisent ainsi l'aspect d'un cercle tout autour de 
l'observateur. 

La hauteur. à laquelle les nuages se trouvent sus- 
pendus au-dessus de la surface terrestre est très 
variable. Nous avons rencontré, le 22 septembre 
1874» uii épais massif de nuages qui s'étendait au- 
dessus de la terre, à partir de l'altitude de i5o™. 



- J3 - 

Sa surface supérieure se terminait à 600™. Au- 
dessus, le ciel était d'un bleu très intense. Les 
cumulus blancs sont très souvent suspendus à des 
altitudes variant de i5oo™ à 2000™. Souvent au- 
dessus d'un amas de nuages, on en rencontre un 
autre à un étage supérieur; quelquefois même 
plusieurs bancs de nuages peuvent se trouver ainsi 
successivement échelonnés dans l'atmosphère. Les 
cirrhus n'existent qu'à des niveaux très élevés ; il 
est rare d'en traverser avant 5ooo°* ou 6000". 
Dans l'ascension à grande hauteur du Zénith, il y 
avait, à 8000™, un banc de cirrhus très abondant, 
et l'on apercevait encore d'autres légers amas de 
nuages semblables à des altitudes supérieures. La 
planche ci-jointe [fig^ 3) donne le résumé de nos 
observations sur l'altitude des nuages. Les nuages 
marqués d'une croix ( -f ) sont ceux que nous n'avons 
pas observés de près, mais dont nous avons constaté 
l'existence et l'altitude approximative à des niveaux 
inférieurs. Tous les autres ont été traversés pendant 
l'ascension.' Nos observations», comme on le voit, 
portent sur vingt-cinq ascensions, exécutées depuis 
le niveau de la mer jusqu'à l'altitude de 8600™, 
point le plus élevé qui ait été atteint par des aéro- 
nautes français. Dans ce Tableau, les courants 
aériens sont indiqués par des flèches ; ces courants 
avaient des directions variables avec l'altitude, lors 
des ascensions I, VII, X, XII, XVIII, XIX, XX et 
XXIV. On voit que souvent plusieurs couches de 
nuages se trouvent échelonnées les unes au-dessus 

Gi TissANDiER. **- Obsen^, mécéor» en ballon. ^ 



- 14 - 

des autres dans Tatmosphère (1, II, IV, V, XI, 
XVI, XXII, XXIII, XXIV, XXV). 

Nous complétons les documents figurés par le 
Tableau de la^ig^. 3, en donnant la date, la durée 
et les lieux de départ et d'atterrissage de chacune 
des vingt-cinq ascensions qu'il représente : 



I. 



II. 



m. 



IV. 



V. 



VI. 



VII. 



VIII. 



IX. 



X. 



XI. 



i6 août i868, 
4'» à 7*^ du soir. 


De Calais au cap Gris-Nez, 
au-dessus de la mer du 
Nord. 


i3 septembre i868, 
12** à b^ du soir. 


De Paris à Laigle 
(Orne). 


8 novembre i868, ii^'aS" 
du matin à i^ iS™ du soir. 


De Paris à Chennevières- 
sur-Marne. 


8 novembre i868 (suite du 
voyage précédent, après 
atterrissage ) V^ à ô'' 1 5" 
du soir. 


De Chenncvières à Vert- 
Saint-Denis. 


7 février 1869, 
II*» 35" à 12*^ 10" du soir. 


De Paris à Neuilly-Saint- 
Front (Aisne), 


Il avril 1869, 
3»» à 5»^ 30- du soir. 


De Paris au cimetière 
Clichy. 


26 juin 1869, 
6*» 45" à 9*^45 du soir. 


De Paris à Auneau, 
près Chartres. 


!•' août 1869, 
6''4o" * 7''3o™ du soir. 


De Dijon à Rouvres. 


3o septembre 1870, 
9>»3o™à u^'o™ du matin. 


De Paris à Dreux. 


. i4 octobre 1870, 
i'*3o"' à S^'So™ du soir. 


De Paris à M ontpotier, près 
Nogent-sur-Seine.Voyage 
exécuté par M. A. Tissa n- 
dier. 


7 novembre 1870, u*^ du 
matin à S'' 45" du soir. 


De Rouen à Romilly-sur- 
Andeile. 



- 15 - 



XII. 



XllI. 



XIV. 



XV. 



XVI. 



XVII. 



XVIII. 



XIX. 



XX. 



XXI. 



XXII. 



XXIII. 



XXIV. 



XXV. 



8 novembre 1870, 
4*'3o" à à 9^3o du soir. 

29 mai 1873, 
7'' 10°» à 7** 50" du soir. 

3 juin 1872, 
5'*3o"» à 7**3o" du soir. 

8 juin 1872, 
5*^05" à 6*^ 10". du soir. 

27 juin 1872, 
7** 15" à S^liS'^ du soir. 

16 février 1873, 1 1*» 17" du 
matin à 3^ du soir. 

4 octobre 1873, 
12** 3" à 2'' i5" du soir. 

24 septembre 1874» 
midi à 3^ i5" du soir. 



23-24 mars 1875, 

6^*30" du soir le 23 mars 

à 5^ du soir le 24 mars. 



i5 avril 1875, ii^35" du 
matin à 4^ du soir. 



m 



29 novembre 1875, 

ni» 40" du matin à 2^*30 

du soir. 

29 septembre 1877, 
3*» 30" à 5^*20" du soir, 

3o juin 1878, 
eM^"» à S^ du soir. 



7 juillet 1878, voyage exé- 
cuté par M. A. Tissan- 
dier, 6*^30" à*8»»i5» du 
soir. 



De Romilly à Heurtrauville 
( Seine-Inférieure ). 



De Paris à Longjumeau. 



De Paris à Combs-la- Ville, 
( Seine-et-Marne). 



De Paris à Saint-Firmin 
(Oise). 



De Paris à Meaux 
( Seine-et-Marne ). 



De Paris à Montireau, 
prés Chartres. 



De Paris à l>ouy-s'-Ourcq 
(Seine-et-Marne). 

De Paris à Nogeon 
(Oise). 

De Paris à Arcachon 
(Gironde). 

De Paris à Ciron (Indre). 
Catastrophe du Zenith . 

De Paris aux Dauxfrais, 
près Chartres. 

De Paris à Chavenay 
(Seine-et-Oise). 

Do Paris à Torcy (Seine- 
et-Marne). 



De Paris à Breuil , prés 
Rozoy (Seine-et-Marne). 



2. 



- 16 - 



Altitud* 

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Mètres 



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IV 



VI 



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IX 



XI 



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3000 



2S00 



2000 



1500 



1000 



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Fig. 3 . — Altitude et nature des nuages; direction des courants aériens, < 



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te dtni le Goun de vingt-ciiiq ascensïona sérostatiques de 0° à 



- 18 - 

Cristaux et aiguilles de glace aériens. — Girrhus. 

Les halos solaires et lunaires et les phénomènes 
qui accompagnent ces météores ont, depuis long- 
tempS) fait supposer aux physiciens que les hautes 
régions de notre atmosphère peuvent tenir en sus- 
pension des aiguilles de glace cristallisées, dont 
Faction sur les rayons lumineux est susceptible de 
fournir la. cause de ces apparitions. Huyghens le 
premier, en essayant de rendre compte des halos, 
supposa qu'il se trouvait dans l'air des globules de 
glace entourés d'eau. Mais cette théorie, que nul 
fait connu n'accrédite, ne tarda pas à être aban- 
donnée. C'est Mario tte, vers le milieu du xviii® siècle, 
et , un peu plus tard Venturi , qui furent con- 
duits à rechercher la cause des halos et des 
parhélies dans la présence au sein de l'atmosphère 
de prismes de glace à angles réfringents de 60". 
Cette théorie a été reprise par Brewster et par 
Arago, puis adoptée par tous les physiciens, parmi 
lesquels nous mentionnerons spécialement Fraun- 
hofer, Young, Brandes, Galle, Babinet et Bra- 
vais. 

Quoique, d'autre part, lés météorologistes aient 
admis depuis longtemps que les cirrhus sont con-^ 
stitués par des aiguilles d'eau solidifiée, il reste bien 
des incertitudes à l'égard de ces nuages et des 
autres amas de cristaux de glace aériens. 

Leur formation au sein de l'atmosphère n'exerce 



- 19 - 

pas seulement son influence sur l'apparition de 
phénomènes lumineux, elle se traduit par des mou- 
vements calorifiques considérables; elle doit jouer 
un rôle d'une haute importance dans le mécanisme 
aérien : leur étude offre donc un intérêt de pre- 
mier ordre. Les aéronautes seuls jusqu'ici ont pu 
l'entreprendre directement et apporter à la Météo- 
rologie, non pas le fruit de conceptions ou de 
théories plus ou moins ingénieuses, mais le résultat 
de faits incontestables et précis. 

Avant de décrire les observations qui nous sont 
personnelles, nous croyons utile de rappeler suc- 
cinctement les faits antérieurement signalés par 
nos prédécesseurs dans les études aériennes aéro- 
nautiques. 

Le 27 juillet i85o, MM. Barrai et Bixio, lors 
de leur ascension aérostatique devenue célèbre, 
traversèrent un nuage de glace à l'altitude de 
6000™. 

(( Nous sommes couverts, disent les voyageurs, 
de petits flocons en aiguilles extrêmement fines, 
qui s'accumulent dans les plis de nos vêtements. 
Dans la période descendante de l'oscillation baro- 
métrique, par conséquent pendant le mouvement 
ascendant du ballon, le carnet ouvert devant nous 
les ramasse de telle façon, qu'ils semblent tomber 
sur lui avec une sorte de crépitation. » 

Le 17 août 1802, c'est-à-dire au milieu de l'été, 
comme dans l'ascension précédente, Welsh et 
Nicklin, partis de Londres en ballon à 3^49™ ^^ soir, 

2.. 



— 20 — 

rencontrèrent, à 3ooo"* d'altitude, une neige for- 
mée de cristaux étoiles qui tomba de temps à autre 
sur le ballon. 

Le dimanche 8 novembre 1868, mon frère et 
moi nous avons exécuté, à Tusine à gaz de la 
Villette, une ascension aérostatique au moment 
où une neige abondante tombait à gros flocons; 
grâce à une abondante provision de lest, nous 
avons pu nous élever lentement jusqu'à l'altitude 
de 1800"* au milieu de flocons de neige qui volti- 
geaient autour de la nacelle. A mesure que nous 
nous élevions dans l'atmosphère, les flocons dimi- 
nuaient de volume; on les voyait s'accroître en tom- 
bant et grossir très sensiblement. A 2100"*, 
maximum de hauteur que nous ayons pu atteindre, 
nous nous trouvions pour ainsi dire au lieu même 
de la production de la neige. L'air était translucide, 
et, tout autour de nous, nous apercevions de 
très petites paillettes de glace, d'un aspect bril- 
lant, irisées comme le mica, qui paraissaient se 
souder ensemble en tombant pour donner nais- 
sance, à un niveau inférieur, à des flocons volu- 
mineux. La température était de — 1**. 

Le 16 février 1873, nous avons traversé, avec le 
ballon le Jean-Bar t y un nuage d'une constitution 
toute particulière et qui rentre bien dans la classe 
de ceux que nous étudions actuellement. Il avait 
environ 890" d'épaisseur et il était suspendu 
à 1 200**^ seulement au-dessus de la surface terrestre. 
Au-dessus de ce nuage, régnait un courant aérien 



- 21 - 

qui se mouvait dans une direction sensiblement 
différente de celle de la couche d'air inférieure. 
Ce courant aérien était très chaud : la température 
y était de 17°, 5. A 3** Sa"*, nous pénétrons de haut 
en bas dans le massif de nuages. Des vapeurs blan- 
ches opalines cachent la vue de l'aérostat suspendu 
sur nos têtes, le thermomètre marque — a° et un 
givre abondant se dépose sur nos cordages ; un fil 
de cuivre, long de 200™, pendu à la nacelle, donne 
de vives étincelles, comme nous l'avons constaté 
ainsi que nos compagnons de voyage, et, presque 
instantanément, il se couvre d'une couche épaisse 
de paillettes de glace d'un aspect adamantin. Sans 
nous occuper ici du fait électrique, que nous exa- 
minerons plus loin, nous ajouterons que ces petits 
cristaux, sans tomber des vapeurs qui nous envi- 
ronnent, paraissaient prendre spontanément nais- 
sance sur les parois de la nacelle, sur nos vêtements 
et jusque dans notre barbe. 

D'autres observations fort intéressantes sont du es 
à mes regrettés amis Crocé-Spinelli et Sivel, ainsi 
qu'à MM. Penaud, Pétard et Jobert. Partis de 
l'usine à gaz de la Villette à 10^ 5o™ du matin, 
le 26 avril iSjS, ddins le hallon TE toile polaire, 
les voyageurs ont traversé, entre 1200"^ et 2400™, 
une série de nuages composés de petits cristaux 
prismatiques aiguillés d'environ o*'*,oo4 de lon- 
gueur sur o"^,ooo25 d'épaisseur, généralement 
verticaux et donnant une image à bords frangés du 
Soleil. 



— 22 — 

L'eixtrée dans ce nuage s'effectua à i3oo*" d'alti- 
tude; la température s'abaissa à — 7®. Au delà, 
à 3400"*, une zone d'air se rencontra, dont la tem- 
pérature était de — ao°, et l'air humide sortant des 
poumons produisait de petits cristaux microsco- 
piques qui s'attachaient à la barbe et aux cheveux. 
La température à terre était de 4*^, 7 ; au-dessus 
de iSoo"", elle était de — 4**î ^t allait en s'abais- 
sant régulièrement jusqu'à 4500°", où elle attei- 
gnait — 7*^. 

Lors de leur remarquable ascension à grande 
hauteur, le a 2 mars 1874» Crocé-Spinelli et Sivel 
ont décrit très complètement d'autres faits de même 
nature. 

(( Il faut signaler, disent les deux voyageurs, 
la présence de très légers amas de cristaux de glace 
très espacés, rencontrés pour une première fois, 
en montant, vers 5ooo™, et une seconde fois, en 
descendant, à la même altitude. 

» Nous aperçûmes en effet, chaque fois, pen- 
dant trois ou quatre minutes, et au-dessous du 
ballon, des cristaux aiguillés, distants les uns des 
autres de o™, 20 ào™,4o, qui étincelaient vivement 
au soleil, à tel point que, malgré leur petitesse, ils 
semblaient très visibles à 100™. Nous n'en vîmes ni 
au-dessus ni autour de nous. Il est certain que 
nous devions les traverser à la descente. Ajoutons 
que ces légers amas ne semblaient pas diminuer la 
netteté des lignes du sol. » 

Crocé-Spinelli attachait une très grande impor- 



— 23 — 

tance à l'étude des nuages de glace; aussi a-t-il 
toujours pris soin de décrire avec beaucoup d'exac- 
titude ceux qui se sont offerts à son observation. 
Lors de la même ascension, il cite encore au- 
dessus de l'aérostat « de légers cirrhus formant 
une nappe assez continue, à reflets plus ou moins 
nacrés ou soyeux, et dont l'élévation semblait 
être de 9000"* à 10 000™. Ces nuages, à travers 
lesquels la lumière se tamisait comme à travers 
un globe dépoli, ne cachèrent que presque com- 
plètement et pour très peu de temps le disque 
du Soleil. » 

Lors de l'ascension fatale du Zénith (i5 avril 
18^5), j'ai pu apercevoir tout autour de la nacelle 
comme un vaste cirque de cirrhus à l'altitude 
de 45oo*". Ils allaient en augmentant d'épaisseur 
jusqu'à l'altitude de 8000"* (diagramme de l'ascen- 
sion à grande hauteur, Jig' 4)'i ils prenaient 
alors l'aspect de masses compactes d'un blanc d'ar- 
gent tout à fait éblouissant. Cependant, à ce mo- 
ment, le ciel était limpide et transparent pour les 
observateurs à la surface du sol, comme me l'ont 
prouvé plusieurs lettres reçues de quelques habi- 
tants du département du Loiret, au-dessus duquel 
l'aérostat planait au moment où il atteignait son 
maximum de hauteur, 8600"^. Ces nuées, sans 
doute formées d'aiguilles de glace très espacées les 
unes des autres, étaient transparentes, vues de bas 
en haut sous une épaisseur relativement faible, et 
n'apparaissaient que pour l'aéronaute, qui, situé à 



- 24 - 

Jeur niveau, les considérait horizontalement sous 
une épaisseur considérable. 

De ces observations, encore peu nombreuses, vu 
le petit nombre d'ascensions exécutées à grande 



Fig. 4. 



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hauteur, il me semble que l'on peut déduire les ré- 
sultats suivants. 

La présence des cristaux de glace est très fré- 
quente dans l'atmosphère. 

Ces cristaux peuvent exister dans les hautes ré- 
gions de l'air sans que la limpidité du ciel soit 



- 25 ~ 

troublée pour les observateurs terrestres; en 
d'autres termes, de véritables bancs d'aiguilles de 
glace peuvent être suspendus dans l'atmosphère 
sans être visibles à la surface du sol. L'aéronaute, 
comme je viens de le dire, les aperçoit de près, et 
surtout quand il les considère horizontalement sous 
une grande épaisseur. J'ajouterai que, dans les ré- 
gions polaires, les voyageurs ont souvent vu tom- 
ber des cristaux glacés sous un ciel limpide et 
bleu(*). 

La formation des aiguilles de gjace dans les 
hautes régions de l'atmosphère ne peut se produire 
que sous l'influence de mouvements calorifiques 
considérables, qui ne sont pas sans agir sur les 
couches inférieures de l'air. On peut même admettre 
que ces nuages glacés ne sont pas étrangers aux 
manifestations électriques de notre atmosphère. 
Gay-Lussac, dans son ascension mémorable, a rap- 
porté des expériences qui semblent démontrer que 
la tension électrique s'accroît continuellement à 
mesure que l'on s'élève. Or, pour se solidifier dans 
les hautes régions, la vapeur d'eau doit.perdre une 

(*) La transformation subite de la vapeur d'eau en aiguilles 
csty en efletf un phénomène qui s'observe à la surface du sol 
dans les régions boréales. L'explorateur autrichien M. Payer 
rapporte que, dans son dernier voyage, par un froid de 35®, 
son haleine se condensait subitement en petits cristaux; ces 
aiguilles cristallines se formaient avec un bruissement particu- 
lier et brillaient vivement au soleil. Elles nous paraissent offrir 
des analogies frappantes avec les aiguilles de glace des hautes 
régions. 

G. TissANDifiR. — Observ» météor, en ballon» 3 



— 26 — 

quantité de chaleur considérable; il est vraisem- 
blable que cette déperdition de calorique se traduit 
par une abondante production d'électricité. Nous 
allons voir plus loin qu'un fil de cuivre fort long, 
plongé de haut en bas' dans un nuage glacé, a donné 
de fortes étincelles électriques. 

Les cristaux de glace des hautes régions peuvent 
être en outre considérés, dans certains cas, comme 
une des causes de formation de la neige ou de la 
grêle. A la limite supérieure des couches d'air traver- 
sées par la neige, nous avons vu précédemment des 
paillettes extrêmement ténues s'agglomérer et for- 
mer les flocons, toujours grossissant dans leur 
chute. Ces paillettes étaient, en tons points, com- 
parables à celles des nuages glacés. 

Si la petite aiguille de glace des hautes régions 
vient à descendre, à tomber dans un nuage de va- 
peur, à — 2®, semblable à celui que nous avons tra- 
versé et où des cristaux se formaient sur nos vête- 
ments, sur la nacelle, ne pourra- t-elle pas y déter- 
miner, comme le faisait l'aérostat, un ébranlement 
moléculaire et devenir le centre d'une congélation 
plus importante pour arriver à former le grêlon 
avec le concours de manifestations électriques par- 
ticulières? Les faits bien constatés sont encore trop 
rares pour qu'il soit possible de présenter ces hy- 
pothèses autrement que sous une forme dubitative ; 
mais, tels qu'ils sont, ils permettent d'affirmer que 
les nuages à glace jouent un rôle important dans 
la plupart des phénomènes aériens, et qu'à ce 



- 27 ~ 

titre ils sont dignes de fixer spécialement Tatten- 
tion du météorologiste. 

J'ajouterai que les amas d'aiguilles de glace es- 
pacées les unes des autres, et souvent invisibles à 
la surface du sol, diffèrent complè tement des cirrhus 
très apparents, qui affectent, comme on le sait, 
Tapparence de panaches ou de plumules. La brume 
opaline que nous avons observée le i6 février 1873, 
et où la vapeur d'eau, maintenue à une tempéra- 
ture inférieure à zéro, se solidifiait subitement 
sous l'action d'un ébranlement moléculaire, ne res- 
semble non plus en rien aux cumulus, aux nimbus 
et aux stratus. Il y aurait, à ce qu'il nous semble, à 
tenir compte de ces faits dans la classification des 
nuages. 

Formation de la neige. 

Il m'a été donné de faire, dans le cours de deux 
ascensions aérostatiques, quelques observations in- 
téressantes sur la formation de la neige. Le 8 no- 
vembre 1868, nous nous sommes élevés, mon frère, 
M. Mangin et moi, de l'usine de la Villette, à 1 1^ 
du matin, au moment où des flocons de neige 
tombaient très abondamment. A 2000™ d'altitude, 
nous apercevions autour de nous de très petits 
cristaux qui s'aggloméraient en tombant et qui 
paraissaient se souder entre eux à des niveaux infé- 
rieurs pour donner naissance à des flocons volumi- 
neux. La faible quantité de lest dont nous dispo- 



— 28 - 

sions ne nous a pas permis de dépasser sensiblement 
cette altitude de 2000™. A cette hauteur, les nuages 
de neige dans lesquels nous étions plongés sem- 
blaient avoir encore une épaisseur assez considé- 
rable, car on n'entrevoyait que faiblement la lu- 
mière du Soleil. 

Le 29 novembre 1875, il nous a été donné de rap- 
porter des observations beaucoup plus complètes. 
A 1 1^4^™, nous nous sommes élevés dans le ballon 
V Atmosphère, avec mon frère, MM. Poitevin et 
L. Redier. La chute de légers cristaux de neige 
qui signala notre départ ne tarda pas à cesser. La 
température, jusqu'à 700™, était de — 2**. A cette 
altitude, le massif de nuages blanchâtres, opalins, 
s'étendait au-dessus de la surface terrestre sur une 
épaisseur de 800™. En y pénétrant, nous vîmes la 
température s'abaisser et descendre à — 3°, puis à 

-4°. 

A i5oo™, après avoir dépassé la surface supé- 
rieure de ce nuage, nous avons plané au milieu 
d'un véritable banc de cristaux de glace suspendu 
dans l'atmosphère sur une épaisseur de i5o™. La 
température du milieu ambiant était de zéro. Les 
cristaux qui voltigeaient autour de nous étaient 
transparents, très nettement formés d'étoiles hexa- 
gonales variées, de o™,oo4 de diamètre et du plus 
remarquable aspect. L'élévation de température 
était due sans doute à la formation même de ces 
cristaux. Quant au fait delà suspension des pail- 
lettes de glace au sein de l'air, il peut s'expliquer 



- 29 - 

par les mouvements de tourbillonnement dont 
elles étaient animées sous Finfluence des >jrayons 
solaires réfléchis par la surface supérieure des 
nuages. Ces nuages étaient, en effet, d'un blanc 
éblouissant et offraient, à s'y méprendre, l'aspect 
de montagnes de neige. A i()5o"\ l'air était assez 
pur, et la température, jusqu'à 1770™, s'éleva 
encore pour atteindre i** {fig' 5). Des cumulus 
s'étendaient à un niveau plus élevé, et le ciel 
bleu s'entrevoyait à travers les intervalles qui les 
séparaient par moments. Quand *le Soleil était 
voilé, les cristaux de glace, bien moins éclairés, il 
est vrai, ne semblaient plus cependant être soumis 
aux mêmes mouvements tourbillonnants. Il est pro- 
bable qu'ils tombaient alors au sein du nuage in- 
férieur et arrivaient jusqu'à la surface du sol, où, 
comme nous l'avons constaté à la descente, ils 
étaient beaucoup plus gros, mais moins réguliers, 
et comme recouverts d'un givre opaque qui leur 
donnait l'aspect d'un sel effleuri. Ces phénomènes 
successifs donneraient l'explication des chutes de 
neige intermittentes du 29 novembre 1875. 

Pendant cette ascension, les couches atmosphé- 
riques supérieures et inférieures se mouvaient 
dans la direction du sud-ouest avec une vitesse de 
41*"°* à l'heure. Les deux massifs de nuages super- 
posés avaient la même direction et sensiblement 
la même vitesse. ( f^oir le tracé du voyage, fig, 5). 



3. 




x^ 



w 






— 31 - 



Composition de l'air. — Décroissance de la quantité 
d'acide carbonique avec l'altitude. 



Le savant directeur de Tobservatoire météoro- 
logique de Greenwich, notre maître et ami M. J. 
Glaisher, a apporté à la Science un nombre consi- 
dérable de faits, relativement à la décroissance de 
rhumidité avec l'altitude. Les résultats hygromé- 
triques obtenus dans le cours de mes ascensions 
confirment ces résultats, ainsi que ceux qui ont été 
obtenus en France par notre collègue M. G. Flam- 
marion. 

Je me suis attaché, lors des ascensions du Zé- 
nith exécutées avec Crocé-Spinelli, Sivel et mon 
frère, à déterminer la proportion d'acide carbo- 
nique contenue dans un même volume d'air à dif- 
férentes altitudes. 

La détermination de la quantité d'acide carbo- 
nique contenue dans l'air à différentes altitudes 
a été déjà entreprise en 1 878, par M. P. Truchot(*), 
au sommet du Puy-de-Dôme et du pic de Sancy. 
Ce savant chimiste a fait passer de l'air dans de 
l'eau de baryte préalablement titrée, a laissé dépo- 
ser le carbonate formé, puis a titré de nouveau la 
liqueur limpide surnageante en en prélevant une 
certaine quantité à l'aide d'une pipette. 

( ' ) Comptes rendus de l'Académie des Sciences^ t. L\X, p. G^S. 



- 32 - 

Les résultats obtenus par M. Truchot ont indi- 
qué une diminution rapide d'acide carbonique avec 
Taltitude ; mais il nous a semblé qu'il y avait un 
intérêt réel à analyser Pair loin de la terre, dans la 
nacelle de l'aérostat, là où l'on a abandonné com- 
plètement le sol ; celui-ci doit, en effet, exercer une 
grande influence sur l'atmosphère qui en baigne la 
surface. Il est probable que le massif d'une mon- 
tagne influe sur l'air qui l'enveloppe ; il esl possible 
que cet air diffère sensiblement de celui qui se 
trouve à la même altitude au-dessus des plaines et 
loin de tout contact terrestre. 

Ces motifs ont déterminé la Société française de 
navigation aérienne à me confier le soin de doser 
l'acide carbonique de l'air à différentes altitudes 
dans la nacelle du ballon le Zénith, 

L'appareil habituellement employé pour ces do- 
sages, qui consistent, comme nous l'avons vu pré- 
cédemment, à déterminer l'augmentation de poids 
de tubes à potasse caustique, où a été retenu l'acide 
carbonique d'un certain volume d'air, ne pouvait 
ê tre avantageusement employé en ballon . Nous avons 
eu récours aune disposition nouvelle dont M. Hervé 
Mangon nous a suggéré l'idée, d'après le principe 
de la méthode que M. Regnault a employée pour les 
dosages de l'acide carbonique dégagé dans la res- 
piration des animaux. 

Notre appareil, représenté (/%. 6) tel qu'il a 
été disposé à bord du Zénith, consiste en deux 
tubes de verre, fermés à la lampe à leur partie in- 



férieure. et munis d'un bouchon àleur partie supé- 

FiE. 6. 




Appareil de MM. Hervé Mangan et Gaston Tisaandier, pour doser 
l'acide carbonique de l'air, tel quil était disposé ï bord du 
ballon le Zénith. 

A, entrée de l'air extérieur. — B, tube ï coton destiné b arrêter 
les poussières, — C, tubes remplis de pierre ponce imbibée 
de potasse exempte do carbonate. — D, flacon renfermant de 
l'eau do baryte. — E, tube cunimuniquant avec un aspirMeur 

rieure. Leur hauteur est de o^.SS, leur diamètre 



- 34 - 

de o™, o3 ; tous deux sont fixés à une planchette de 
bois C, qui permet de les manier commodément. 
Ces tubes sont remplis de' pierre ponce lavée et 
calcinée, imbibée d'une solution concentrée de 
potasse caustique, préalablement précipitée par le 
chlorure de baryum, et parfaitement exempte d'a- 
cide carbonique. L'air extérieur appelé à l'aide 
d'un aspirateur à retournement, mis en communi- 
cation avec le tube E, était prélevé à 6"* au-dessous 
de la nacelle, à l'extrémité d'un mince tuyau formé 
par des tubes à gaz reliés à l'aide de caoutchouc au 
tube A. L'air extérieur traversait d'abord un tube 
en U, représenté sur notre figure en B, et rempli 
de coton destiné à arrêter les parcelles de sable 
servant de lest, qui eussent pu introduire de l'acide 
carbonique étranger à l'air, par l'apport de petits 
fragments de carbonate de chaux. Il arrivait à la 
partie inférieure du premier tube à potasse, qu'il 
traversait de bas en haut, et s'engageait de la même 
manière dans le second tube. En circulant dans ces 
deux tubes, l'air était absolument dépouillé de l'a- 
cide carbonique qu'il contenait. A la sortie, il pas- 
sait dans un flacon laveur D, rempli d'eau de ba- 
ryte, qui est resté limpide pendant toute la durée 
des expériences. 

L'aspirateur, que nous n'avons pas représenté sur 
notre figure, contenait 22*^* d'eau, additionnée du 
tiers de son volume d'alcool, qui avait pour but 
d'empêcher la congélation du liquide par le froid. 
Sans cette précaution nous n'eussions pas réussi à 



- 35 - 

exécuter nos expériences, car l'eau destinée à hu- 
mecter la surface de la boule de notre thermomètre 
mouillé n'a pas tardé à se congeler sous l'influence 
d'une température de — 4**. 

Notre première expérience a été commencée le 
23 mars à 8^45" du soir, à l'altitude de 890™ au- 
dessus du niveau de la mer. Elle a duré jusqu'à 
10^7*". Dans cet espace de temps, nous avons fait 
passer dans nos premiers tubes 1 10'**^ d'air, en re- 
tournant cinq fois l'aspirateur. L'aérostat est resté 
sensiblement sur l'horizontale ; sa hauteur n'a varié 
que de 100"* environ. 

Notre deuxième expérience a été faite le 24 mars, 
de 3^35" à4^3o°* du matin. Pendant tout ce temps 
l'aérostat a plané à l'altitude de 1000". La pression 
barométrique est restée presque absolument con- 
stante. Par suite de quelques dispositions à donner 
à notre appareil, nous n'avons fait passer dans nos 
seconds tubes que 66^^^ d'air. 

Les tubes à potasse, après ces expériences, qui se 
sont exécutées dans les conditions les plus favo- 
rables, ont été rapportés à terre parfaitement in- 
tacts, grâce à un emballage minutieux. Les deux 
tubes fixés à la planchette de bois C étaient enfer- * 
mes dans une petite caisse de bois, garnie de ouate. 
Une fois le couvercle fermé, ils se trouvaient en- 
tourés de coton de toutes parts, et ils ont pu sup- 
porter sans inconvénients les secousses de la des- 
cente. 

M. Hervé Mangon et moi, nous avons déterminé 



-sc- 
ia proportion d'acide carbonique absorbée dans 
chaque expérience, en séparant le gaz de la façon 
suivante. 

Chaque tube à pierre ponce potassique a été.muni 
successivement, à sa partie supérieure, d'un enton- 
noir A(^g^. 7), où l'on aintroduit de l'acide sulfu- 
rique étendu d'eau. Ce liquide décomposait le car- 
bonate de potasse formé ; l'acide carbonique isolé 
était chassé à travers un tube à dégagement dans 
une longue éprouvette de verre graduée D, remplie 
de mercure et retournée sur une cuve à mercure G. 

Le tube à potasse B, retenu par une pince, in- 
cliné environ à 45*^> comme le représente la^g*. 7, 
était à moitié entouré d'une feuille métallique, qui 
permettait de le chauffer à l'aide d'un bec Bunsen. 
On arrivait ainsi à faire bouillir le liquide, et à 
chasser les dernières traces de gaz dans l'éprouvette 
graduée. Après avoir recueilli dans l'éprouvette D 
les gaz (air et acide carbonique) contenus dans les 
deux tubes à potasse, ayant servi à la première ex- 
périence, on a déterminé le volume de l'acide car- 
bonique en l'absorbant par une solution concentrée 
de potasse caustique. Les corrections de pression, 
de température, ont été calculées très exactement; 
les lectures des divisions de l'éprouvette graduée, 
comme celles du baromètre et du thermomètre 
placés dans son voisinage, ont été faites à l'aide 
du cathétomètre. L'expérience a été recommencée 
de la même façon pour les tubes à potasse de la 
deuxième expérience. 




- Eilraclion de l'scido carbonique, recueilli dans les tubes 

de MM. Hervé HangoD 'et GastuD Tiisaudier. 

A, entonnoir au mojen duquel on introduit de l'eau addittunDce 

d'acide sulfurique dam le Inbe B. — C, cuve il mercnre, où 

~':ni;ar|e le tube de ddeagement. — D, (ubo gradué deiliué h 

cueillir l'acide carbonique à l'élBt [^zeux. 

4 



r l'acide carbonique à l'élBt i-aza 
G. TissAMDiEH. — Obseni. micéor. en ballon. 



- 38 - 
Voici les résultats de nos dosages : 

Volume d'acide carbonique 
contenu dans looo d'air 
Aililude. à o* et à 760 miiiim. 

8oo""-890" 2,40 

1 , 000" 3 , 00 

La diflerence entre ces deux chiffres est dans les 
limites de variation des expériences exécutées à 
terre. Ces résultats semblent indiquer que la pro- 
portion d'acide carbonique contenue dans Tair dé- 
croît avec l'altitude. Mais nous devons faire obser- 
ver que, pour obtenir des conclusions certaines, il 
est indispensable de faire des dosages à des hau- 
teurs plus considérables dans des ascensions exé- 
cutées dans les hautes régions de l'atmosphère. 
Nous espérons pouvoir compléter nos premières 
déterminations et fournir des faits positifs, sur 
les variations de la quantité d'acide carbonique 
contenue dans l'air à différentes altitudes. 

Nous ajouterons enfin que la méthode d'analyse 
employée par nous à bord du Zénith a été précé- 
demment étudiée à la surface du sol, et que nous 
avons déterminé par de nombreuses opérations 
préparatoires les conditions du fonctionnement de 
l'appareil. 

Phénomènes d'optique. — Auréoles de lumière, halos, 
croix lumineuses. — Déformation du Soleil, de la 
Lune par la réfraction. — Mirage. 

Quand l'ombre de l'aérostat se projette sur la 
terre ou sur les- nuages, elle est très fréquemment 



- 39 - 

entourée d'une auréole de diffraction. Voici les 
phénomènes de ce genre que nous avons observés 
dans le cours de nos ascensions. 

f^ojage du 4 octobre iSjS, ascension de i5oo™ 
à 2000™. — Nous n'avons pas cessé de voir Tombre 
du ballon sur la terre ; à i'*35'", à l'altitude de 700™, 
cette ombre, projetée sur une prairie, est entourée 
d'une auréole très lumineuse et de couleur jaune : 
M. Albert Tissandier a pu en faire un dessin qui 
représente très nettement le phénomène. 

Pendant le voyage que j'ai exécuté le 8 juin 1872, 
avec M. le vice-amiral baron Roussin, un autre phé- 
nomène d'optique, analogue au spectre d'UIloa, 
s'est offert à nos yeux. 

A S^SS^'* du soir, l'aérostat avait dépassé les 
beaux cumulus blancs qui s'étendaient horizonta- 
lement dans l'atmosphère à 1900"* d'altitude. Le 
Soleil était ardent, et la dilatation du gaz détermi- 
nait notre ascension vers des régions plus élevées 
que je ne pouvais atteindre sans danger, n'ayant 
pour la descente qu'une faible provision de lest. Je 
donne quelques coups de soupape pour revenir à 
des niveaux inférieurs. A ce moment, nous planons 
au-dessus d'un vaste nuage ; le Soleil y projette 
l'ombre assez confuse de l'aérostat, qui nous appa- 
raît entourée d'une auréole aux sept couleurs du 
spectre. A peine avons-nous le temps de considérer 
ce premier phénomène, que nous descendons de 
5o"" environ. Nous passons alors tout à côté du cu- 
mulus qui s'étend près de notre nacelle et forme 



~ iO - 

un écran d'une blancheur éclatante, dont la hau- 
teur n'a certainement pas moins de 70"* à 80™. 

L'ombre du ballon s'y découpe cette fois en une 
grande tache noire et s'y projette à peu près en 
vraie grandeur. Les moindres détails de la nacelle, 
l'ancre, les cordes, sont dessinés avec la netteté 
des ombres chinoises. Nos silhouettes ressorlent 
avec régularité sur le fond argenté du nuage : nous 
levons les bras et nos sosies lèvent les bras. L'ombre 
de l'aérostat est entourée d'une auréole elliptique 
assez pâle, mais où les sept couleurs du spectre 
apparaissent visiblement en zones concentriques. 
La température était de i4" C. environ, l'altitude 
de 1900™ ; le ciel était très pur et le soleil très vif. 
Le nuage sur la paroi verticale duquel l'apparition 
s'est produite avait un volume considérable et res- 
semblait à un immense bloc de neige en pleine lu- 
mière. Nons étions nous-mêmes plongés dans une 
nébulosité, car nous n'entrevoyions la terre que 
sous un brouillard indécis. 

Lors de notre ascension du 16 février 1873, le 
phénomène de l'auréole aérostatique s'est encore 
présenté à nous dans des conditions très favo- 
rables à l'observation. 

Dix minutes environ après notre départ, qui eut 
lieu à 1 1^20™, nous avions déjà traversé les nuages; 
le ballon plane bientôt au-dessus d'un véritable 
océan de vapeurs que les rayons solaires éclairent 
avec une intensité de lumière vraiment extraordi- 
naire. Le ciel au-dessus de nos têtes est d'un bleu 



ji 



- 41 - 

foncé. Il s'étend en un dôme d'azur sur un véritable 
plateau de cumulus arrondis prenant l'aspect d'une 
mer de glace en pleine lumière. 

Pendant trois heures consécutives, nous avons 
plané à 4oo" environ au-dessus de cette couche de 
nuages, où l'ombre du ballon s'est constamment 
projetée, entourée d'auréoles d'un effet admirable. 
Nous avons observé trois aspects différents de ces 
effets d'optique. A l'altitude de i35o™, l'ombre du 
ballon n'avait pas d'auréole extérieure ; celle-ci était 
seulement visible autour de la nacelle (vojez 
le frontispice). A lyoo", l'ombre, plus petite, 
était encadrée d'un arc-en-ciel circulaire, for- 
mant comme un cadre irisé d'une forme elliptique. 
Enfin, au même niveau, nous avons vu plus tard 
trois auréoles concentriques parfaitement nettes 
se dessiner sur l'océan de nuages autour de notre 
ombre. Dans tous les cas, le violet était intérieur 
et le rouge extérieur; mais le bleu et l'orangé 
étaient beaucoup plus apparents que les autres 
couleurs du spectre. 

La température était très élevée (le thermomètre 
a accusé jusqu'à 17°, 5 au-dessus de zéro); les 
rayons solaires étaient d'une ardeur extraordinaire 
et par moment nous brûlaient le visage. Nous avons 
maintenu l'aérostat pendant trois heures au-dessus 
des nuages; son altitude a varié de i4oo"* à 2000"*, 
hauteur maximum que nous avons atteinte. 

Le phénomène des auréoles, qui se présente si 
fréquemment autour de Tombre du ballon dans 

4. 



le cours des ascensions a éro statiques, trouve son 
explication dans les faits décrits par les physiciens 
sur les franges irisées. 

Un autre genre de pliénomèncs d'optique, dû à 
la réfraction de la lumière à travers les cristaux de 

FÎE- S. 




glace suspendus dans les hautes régions de l'atmo- 
sphère, a encore été observé par nous lors de l'as- 
cension de longue durée exécutée dans la nacelle 
du ballon le Zénith : nous voulons parler de halos 
et de croix de lumière autour de la Lune. 

Partis de l'usine à gaz de la Villctte le aS mare 



1873, à 6''2o'" du soir, nous opérâmes notre des- 
cente le lendemain a4 mars, à j'' du soir, à Mont- 
plaisir, non loin du bassin d'Arcachon, après un 
séjour dans l'atmosphère de vingt-deux heures 
quarante minutes. 




Pendant la nuit, la température se maintint au- 
dessous de zéro, entre — 1° et — 4°t5, l'aérostat 
oscillant entre 700"" et 1100"'. A terre, il gelait 
également et la température j était généralement 
inférieure. Une huée couvrait le sol sur une épais- 
seur de Soo™ à 600"", et son opacité variait, sans 



- 44 - 

toutefois nous cacher la vue du sol. Au-dessus de 
Taérostat s'étendaient des cirrhus; très faibles et 
très bas sur l'horizon au départ, ils s'élevèrent 
pour donner naissance, peu de temps après le lever 
du Soleil, à un magnifique halo et à une croix 
lumineuse. La Lune s'entoura d'abord d'un petit 
cercle, puis la croix prit naissance à 4** 3o"™ du matin 
{fiS' ^)* '^"^ demi-heure après, une ellipse reliant 
les branches de cette croix vint compléter le phé- 
nomène. Le halo était dans tout son éclat au 
lever du Soleil, qui se présenta à l'état fragmenté. 
L'ellipse disparut, et les branches de la croix, plus 
persistantes, s'observèrent encore à 5** 35™ [fig' 9)i 
jusqu'au moment où elles s'évanouirent en dimi- 
nuant peu à peu de longueur. Cette succession 
d'aspects dura environ une heure. Les cirrhus, 
très abondants jusqu'à lo** du matin, s'abaissèrent 
à l'horizon en donnant l'aspect d'une chaîne de 
montagnes aux pics neigeux. A midi, ils avaient 
disparu, pour se montrer de nouveau à 4^. La pré- 
sence de ces cirrhus permet de supposer l'exis- 
tence dans les régions élevées d'un courant aérien 
humide venant de la mer : nos observations posté- 
rieures ont confirmé cette conjecture. 

Parmi les phénomènes d'optique que l'on observe 
fréquemment en ballon, nous mentionnerons en- 
core les déformations du Soleil et de la Lune au 
moment du lever et du coucher de ces astres au- 
dessus de nappes de vapeurs. Pendant l'ascension 
de longue durée du Zénithy nous avons constam- 



- 45 -- 

ment plané pendant la nuit au-dessus d'un véritable 
plaleau de brume qui prenait l'aspect d'un vaste 
océan. Le 24 mars, à 5**'io™ du matin, le Soleil, 
se levant au-dessus de cette masse de brume, sem- 
blait étiré vers un de ses côtés. A 8** du soir, le 23, 
la Lune, se levant, était encore sensiblement 
déformée par la réfraction des rayons lumineux. 
Lors de notre ascension dans le Pôle-Nord^ des 
effets semblables furent observés au coucher du 
Soleil. 

Nous terminerons ce qui est relatif aux phéno- 
mènes d'optique particuliers que nous avons ob- 
servés en décrivant succinctement le singulier effet 
de mirage qui s'est offert à nos yeux lors de notre 
ascension au-dessus de la mer, près de Calais, le 
16 août 1868. Du côté de l'Angleterre, le rivage 
était caché par un immense massif de nuages d'un 
gris sombre. Leur partie supérieure formait un 
véritable miroir où se réfléchissait l'image de 
l'Océan. L'image renversée d'un bateau à vapeur 
qui passait en mer fut aperçue dans cette nappe de 
brume. Le phénomène ne put être observé que 
pendant quelques minutes, le ciel s'étant bientôt 
obscurci autour de nous. 



Température des hautes régions. 

Nous n'insisterons pas sur cette question, au 
sujet de laquelle il a été publié précédemment un 



- 46 - 

nombre considérable de documents. Les ascen- 
sions en montagne ou en ballon ont montré que les 
températures décroissent assez régulièrement avec 
Taltitude. Cependant, si le fait est général en con- 
sidérant une masse d'air d'une très grande épais- 
seur, il arrive fréquemment que des couches d'air 
relativement chaudes se trouvent interposées dans 
Talmosphère, surtout quand l'air est chargé de 
nuages ou de brumes. En jetant les yeux sur le 
Tableau que nous donnons ci-dessous, on verra que, 
dans un assez grand nombre de cas, les températures 
sont plus élevées à certains points de l'atmosphère 
qu'à des niveaux inférieurs. Nous avons la persua- 
sion que, si l'on s'élevait au-dessus de ces zones 
particulières, la loi des décroissances des tempé- 
ratures reprendrait ses droits; mais il n'en est pas 
moins très important de tenir compte des faits de 
la nature de ceux que nous signalons ici. Les 
chiffres suivants, que j'ai recueillis lors de l'ascen- 
sion à grande hauteur du Zénith, sont intéressants 
à examiner sous ce rapport : 



Heures. Altitudes. Température 

o 
( à terre -{- 14 

\ 792" -h 8 

j 1 267™ -h 8 

1 3200" -\- I 



II»» 35™ 



ii*'4o 

I2*'l5' 



12*'5l" 



j 3698» -H 2 

( 4387™ o 

( 470<^"-- • o 

\ 5210" — 5 



- 47 — 

Heures. Âltitades. Température. 



l''2D 



m 



56oo™ — 5 

6700". . . ^ — 8 

( 7000" — 10 

(hao»» I 7/100'° — M 

( 8000". X 



Électricité atmosphérique. 

Les faits éleclriques que nous avons pu recueillir 
pendant notre ascension de longue durée sont inté- 
ressants. Ils étaient obtenus en approchant un 
électroscope à feuilles d'or d'un fil de cuivre isolé, 
long de 200'" et pendant de la nacelle. En voici le 
Tableau : 



-. 48 - 



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- 49 -- 

Les feuilles d'or de rélectroscope ne dévièrent 
pas pendant lanuit, mais elles s'écartèrent de o»», 006 
à o"',oo7 au lever du Soleil. Puis Téleetricité devint 
moins accusée jusqu'au passage que nous fîmes de 
la Gironde à son embouchure, à 700*^ d'altitude 
environ. A ce moment, 10^ i5'™, une déviation 
subite de o'",oo6 des feuilles d'or se manifesta avec 
une augmentation appréciable de température. 
Dans la suite du voyage, les déviations électriques 
devinrent très faibles et même nulles. 

A 1^20"*, à i4oo°* d'altitude, lors de notre ascen- 
sion du 16 février 1873, nous avons dévidé un long 
fil de cuivre de 200^" de long que nous avons laissé 
pendre de l'aérostat; sa partie inférieure était ter- 
minée en pointe ; sa partie supérieure, attachée à 
la nacelle et isolée dans un tube de caoutchouc, 
était terminée par une boule de cuivre. En appro- 
chant un électroscope de cette boule, les feuilles 
d'or se sont brusquement séparées l'une de l'autre^ 
nous avons constaté, à l'aide d'un bâton de cire, 
que l'électricité ainsi manifestée était négative. 

A 2^1 5^", l'aérostat, descendu à des niveaux 
inférieurs, ne tarde pas à sillonner la surface des 
nuages au-dessus desquels il avait longtemps plané. 
Le fil de cuivre plonge dans leur sein. Nous sommes 
à l'altitude de i35o™; j'approche mon doigt de la 
boule métallique ; une étincelle jaillit, faisant 
entendre un bruissement énergique. L'intensité 
électrique était assez considérable pour faire éprou- 
ver à ceux des voyageurs qui nous accompagnaient, 

G. TissANi>iER. — Observ. météor, en ballon, 5 



**^ *>« ^««E.1 



-~ 50 - 

mon frère et moî, une violente commotion dans 
l'avant-bras quand ils approchaient la main pour 
recevoir la décharge. Ce phénomène s'est mani- 
festé durant une demi-heure, pendant tout le 
temps que l'aérostat était plongé dans le nuage. Ce 
nuage était un nuage à glace d'une constitution 
toute particulière, dont on a lu précédemment la 
description , 



FIN. 



Si - 



TABLE DES MATIÈRES- 



Pages. 

Vitesse des courants aériens, sa variation avec l'altitude. — 

Influence des dépressions du sol sur le vent i 

Gourants aériens superposés f^ 

Nuages, leur aspect, leur couleur, leur hauteur dans l'at- 
mosphère 10 

Cristaux et aiguilles de glace aériens. — Girrhus 1 8 

Formation de la neige 27 

Composition de l'air. — Décroissance de la quantité d'acide 

carbonique avec l'altitude 3i 

Phénomènes d'optique. — Auréoles de lumière, halos, croix 
lumineuses. — Déformation du Soleil, de la Lune par la 

réfraction. — Mirage 38 

Température des hautes régions 4^ 

Electricité atmosphérique 47 



S361 Paris. - Imp. Gaatliler-Vlllar«i, quai des AagnsUns, 5S. 



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or before the date last stamped below 



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LIBRAIRIE DE" GAUTIIIER-VILLARS 

OtAI DKS Al OUSTISS, 55, A r-ABI*. 



CHARDON (Alfred). licier d'Académie, Lauréaldu Mini»(tm t]c rin^lriii!- 
liiiii |mblii|ue etdelaSûciSté française ik-Photogruptiie. — PhatograptUfl 
par émalsion aêche an bromurâ d'argent pur. Grand in-8 â\cc fijinris; 



DUCOS DO HAURON [H. él L.) — Traité pratique de la Photogra- 
phie dea coulears llliilioclnumiej. Utacnptiuii des moyens d'eït^giJlion 
réceii]iiiPii(dL:c(iiiv«i'l«. Irt-S; 1878 3 fr, 

, DOHOOUN. — Los Couleurs reprodnitea en Photographie. Uisihriiiiie, 
thè<iric etprniUine. [n-iHjûsiis; 187G 1 fr. 5o c. 

&OBERSON. — Formulaire delà Photographie aux sels d'argent, ln-18 
jé=us; i!*7M . fr- ioe. 

FOËT. — Comment ou observe les nuages pour prévoir le temps IVtU 
in- 8, avec ij planulies yiifonmlilli^graijiiiées: 1871.1 4 U. So. 

PESBOT DE CHAUHEOX (L.). — Premières Leçons de Photographie. 

Troisième édition, revue et auf;menLée. In-iH ji^sus, a\cc fiiiiires diin» lu 
:lL'; 187B I ir- 5u 0. 

I BADAD (R)- — La Photographie et ses applications scientifiques. 

■ I11-18 Jésus; TlfrB 1 Ir. ;:! u. 

■■SCOTT (Bobert-H.), Directeur du Service méléoroloaii|nB dp l'Aii?leterre.. 
— Cartes du temps et avertissements de tempêtes. OuvrHge Iraduil 
de l'anylais p;ir MM. Zinrhrret Man^MIé. Polit in-8, aver- «ombreuses 
tiguros dans (e.r.exle, eUî planciies en couleur; 1875 4 fC' '"''■ 

' TISSAÎIDIER (G-iatonl. — Les Poussières de l'air, «ne ligures iJans le 
texte el 4 [ibn-huS. In-tS jfeuâ; 1877 a fr. aâ c.. 

TBCTAT (E.) — La PhOlagraphie appU^ée à VArchéolDgfie; K«)iro- 

' duclion des M'iniiinunt---, OEiim-i d' Art, Molii/irr, lintenptomK, Mana- 

sciitx. In-iBjSsiis, atet niiq |'lHjtûliiliograiilitc=; 1871] 3 fr, 

Uip&ti. — TraitË pratique do Phototypie, ou Iinprctiihri h l'encre gra.<.ie 
^^itiir «aia-Ae 'fe gt6aii/fc,\n-i3]imi, a\ec belles [igu rus sur bois duns In 
K le»Uj et Sfiécimei»; 1879. '^ '- 

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