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Full text of "Observations sur les ascidies composées des côtes de la Manche"

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OBSERVATIONS 


LES    ASCIDIES    COMPOSÉES 

DES  COTES  DE  LA  MANCHE, 

Par    m.    Milne    EDWARDS, 

MEMBRE    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


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V  OBSERVATIONS 


ASCIDIES  COMPOSÉES 


DES   COTES  DE  LA  MANCHE, 


PAR    ».    mL,]VE-ED\WARDS, 

MtMliKK   DE    L'INSTmiT.    EU:. 


PARIS, 

CHEZ    FORTIN-MASSON    ET    C'S 

1  ,    PLACE    DE    L'ÉC0LE-DE-MÉDF,CIM;. 

1841 


OBSERVATIONS 

SUR 

LES    ASCIDIES    COMPOSÉES 

DES  COTES  DE  LA  MANCHE. 
Par   m.   Milne    EDWARDS. 

Lues  à  l'Académie  des  sciences,  le  ii  novembre  1839. 


Rien  n'est  plus  commun,  sur  les  rochers  et  sur  les  fucus  de 
nos  côtes,  que  des  corps  semi-gélatineux,  dont  les  couleurs 
sont  souvent  des  plus  brillantes  et  dont  la  masse  renferme  une 
multitude  d'animalcules,  tantôt  épars,  tantôt  groupés  de  façon 
à  représenter,  avec  élégance,  des  lignes  onduleuses ,  des  an- 
neaux ou  des  étoiles  à  plusieurs  rayons.  On  en  trouve  aussi 
dans  presque  toutes  les  mers;  et  cependant  jusqu'en  ces  der- 
nières années  les  naturalistes  avaient  presque  entièrement  né- 
gligé l'étude  de  ces  productions  si  variées  et  si  bizarres;  ils 
n'en  mentionnaient  que  six  ou  sept  espèces,  et  les  confondaient 
avec  les  Alcyons  et  les  Polypes.  On  peut  même  dire  que 
l'histoire    de  ces   animaux    agrégés    restait   tout   entière    à 


^dnnç^ 


2  OBSERVATIONS  (^iS) 

faire,  lorsqii'en  i8i5  notre  respectable  et  infortuné  confrère 
M.  Savigny  s'en  occupa  et  la  porta  de  suite  à  un  haut 
degré  de  perfection;  il  fit  voir  en  effet  que  ces  prétendus 
Polypes,  loin  d'avoir,  comme  on  le  pensait,  une  organisa- 
tion des  plus  simples,  présentent  une  structure  très-compliquée, 
et  ne  diffèrent  guère  des  Ascidies  ordinaires  que  par  leur 
petitesse  presque  microscopique  et  par  leur  singulière  agré- 
gation. Presqu'en  même  temps  les  recherches  faites  sur  les  Bo- 
tiylles  par  MM.Desniarest  et  Lesueur  conduisirent  aux  mêmes 
résultats  (i).  Aussi,  dès  ce  moment,  a-t-on  désignéces  animaux 
sous  le  nom ,  mieux  choisi ,  d'Ascidies  composées ,  et  au  lieu 
de  les  laisser  avec  les  zoophytes  les  a-t-on  rangés  parmi  les 
mollusques,  ou,  mieux  encore,  dans  une  division  particulière 
du  règne  animal,  celle  des  Taniciers  àe  Lamarck.  Le  travail  de 
M.  Savigny  (2)  est  en  même  temps  si  approfondi  et  si  minu- 

(i)  Le  premier  mémoire  de  M.  Savigny,  intitulé  :  Observations  sur  les 
alcyons  gélatineux  a  six  tentacules  simples ,  a  été  lu  à  l'Académie  des 
sciences,  le  6  février  i8i5,  et  contient  l'anatomie  des  Aplides,  des  Poly- 
clines,  des  Didemnes  et  des  Eucœlies. 

Le  second  mémoire  de  M.  Savigny,  Sur  les  ascidies  composées,  a  été 
présenté  à  l'Académie  le  17  avril  suivant. 

Enfin,  les  observations  de  MM.  Desmarest  et  Lesueur  furent  commu- 
niquées à  la  Société  philomatique  ,  le  22  avril  i8i5  ,  et  imprimées  dans  le 
Nouveau  bulletin  de  cette  société  (  année  i8i5  ,  page  74)  >  ainsi  que  dans 
le  Journal  de  physique  ,  tome  80  ,  pag.  424- 

Mais  ce  fut  surtout  dans  le  rapport  fait  à  l'Académie  sur  ces  travaux 
par  M.  Cuvier,  le  8  mai,  que  les  rapports  intimes  qui  existent  entre  les 
ascidies  composées  et  les  ascidies  simples  furent  signalés  à  l'attention  fies 
naturalistes. 

(2)  Mémoires  sur  les  animaux  .sans  vertèbres,  seconde  partie,  prenne)- 
fascicule;  in-8'',  Paris,  1816'. 


(2  1 9)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  3 

tieiisenient  exact  que  je  ne  puis  en  parler  sans  admiration,  et  si 
je  suis  parvenu  à  ajouter  quelques  faits  nouveaux  à  ceux  qu'il 
avait  si  bien  constatés,  c'est  seulement  parce  que  j'ai  pu  me 
placer  dans  des  conditions  plus  favorables  à  l'observation. 

En  effet,  c'est  sur  les  animaux  conservés  dans  l'alcool  que 
M.  Savigny  a  entrepris  ses  belles  recherches,  et  cette  circons- 
tance explique  comment  certains  organes  délicats  ont  pu 
échapper  à  sa  patiente  investigation;  elle  devait  aussi  lui 
interdire  l'examen  de  la  plupart  des  questions  qui  se  ratta- 
chent à  la  physiologie  des  Ascidies  composées;  et  c'est  seu- 
lement en  étudiant  ces  petits  êtres  à  l'état  vivant  ,  qu  on 
pouvait  avoir  l'espérance  de  remplir  les  lacunes  qu'il  a  lais- 
sées dans  leur  histoire. 

Voulant  me  livrer  à  cette  étude  j'ai  été  à  diverses  reprises 
m'établir  sur  les  côtes  de  la  Manche  où  les  Ascidies  abondent. 
Mes  premières  recherches  à  ce  sujet  datent  de  1828,  et  je  les 
ai  faites  de  concert  avec  M.  Andouin.  Nous  avons  constaté 
alors  que  ces  animaux,  destinés  à  vivre  fixés  au  sol  comme  des 
plantes,  naissent  avec  des  organes  de  locomotion,  nagent 
pendant  un  certain  temps  à  l'aide  d'une  longue  queue,  puis 
se  fixent  à  quelque  corps  sous-marin  et  demeurent  immobiles 
pendant  tout  le  reste  de  leur  vie  (i).  Ce  fait  nous  expliquait 
comment  ces  animaux  qu'on  n'avait  encore  trouvés  qu'adhé- 
rents à  des  rochers,  à  des  coquilles  ou  à  des  plantes  marines, 
peuvent  propager  au  loin  leur  race  sédentaire;  mais  le  temps 
nous  avait  manqué  pour  en  étudier  tous  les  détails ,  et  c'est 

(i)  Résumé  des  recherches  sur  les  animaux  sans  vertèbres^  faites  aux  lies 
Chausej;  par  MM.  Audouin  et  Milne  Edwards.  Annales  des  sciences  natu- 
relles,  tome  XV,  page  10. 

I. 


4  OBSERVATIONS  (22o) 

en  1 834  seulement  que  j'ai  pu  m'en  occuper  de  nouveau. 
A  cette  époque,  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  àl'Académie 
les  résultats  de  quelques  observations  ultérieures  sur  le  dé- 
velojjpement  des  Ascidies  composées,  et,  dans  l'espoir  de  ter- 
miner ce  travail,  j'y  ai  consacré  la  fin  de  l'été  qui  vient  de 
s'écouler. 

Mon  intention  était  d'abord  de  m'occuper  seulement  de 
l'anatomie  et  de  la  physiologie  des  Ascidies;  mais  j'ai  vu 
bientôt  qu'il  fallait  aussi  les  étudier  sous  le  point  de  vue  zoo- 
logique, car  la  plupart  des  espèces  que  je  rencontrais  ne 
pouvaient  se  rapporter  à  aucune  de  celles  dont  les  naturalistes 
nous  ont  donné  la  description  ;  celles  que  M.  Savigny  a  si 
bien  fait  connaître  ont  été  pour  la  plupart  recueillies  en 
Egypte,  et,  depuis  la  publication  de  l'ouvrage  de  ce  savant, 
on  n'a  rien  fait  paraîti-e  sur  cette  partie  de  la  Faune  française. 
Aussi  les  espèces  nouvelles  que  j'aurai  à  caractériser  sont- 
elles  assez  nombreuses,  et,  pour  faciliter  les  recherches  de 
ceux  qui  voudraient  compléter  la  liste  des  Ascidies  de  notre 
littoral,  j'ai  joint  à  ce  mémoire  des  figures  coloriées  de  toutes 
celles  dont  je  parle. 


PREMIERE  PARTIE. 

OBSERVATIONS    ANATOMIQUES    ET  PHYSIOLOGIQUES. 

La  CIRCULATION  DU  SANG  chcz  Ics  Ascidics  composées  est  le 


(22 1)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  5 

premier  point  sur  lequel  j'appellerai  l'attention  de  l'Aca- 
démie. Les  observations  de  Dicquemare  (i),  de  Cuvier  (2), 
de  M.  Savigny  (3)  et  de  M.  Délie  Chiaje  (4),  nous  ont  appris 
que  les  Ascidies  simples  sont  pourvues  d'un  cœur  et  d'un  ap- 
pareil vasculaire  très-compliqué,  mais  c'est  seulement  par 
analogie  avec  ce  qui  se  passe  chez  les  mollusques  bivalves 
qu'on  a  cru  pouvoir  assigner  aux  vaisseaux  de  ces  animaux 
les  noms  d'artères  ou  de  veines,  et  indiquer  la  marche  du 
sang  dans  leur  intérieur.  Relativement  aux  Ascidies  compo- 
sées, nos  connaissances  sont  encore  plus  imparfaites;  M.  Sa- 
vigny a  cherché  en  vain,  chez  un  grand  nombre  de  ces  ani- 
maux, un  organe  qui  pût  être  assimilé  au  cœur  des  Ascidies 
sinqiles  (5),  et  le  Diazona  est  la  seule  espèce  où  il  paraît  en 
avoir  aperçu  des  traces  (6).  Depuis  loi's,  M.  J.  Lister  (7)  a 
observé,  chez  un  Tunicier,  qu'on  ne  peut  ranger  ni  pai'mi 
les  Ascidies  simples,  ni  parmi  les  Ascidies  composées,  une  cir- 
culation oscillatoire  et  commune  à  plusieurs  individus;  cir- 


(i)  Suite  des  découvertes  de  labbé  Dicquemare.- — Sac  animal.  Journal 
de  Physique  ,  année  1777,  tome  IX  ,  part.  I,  pag.  187. 

(2)  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  et  h  rnnatomie  des  mollusques  ; 
mémoire  sur  les  Ascidies. 

(3)  Op.  cit.,  troisième  mémoire. 

(4)  Memorie  sulla  Storia  e  notomia  degli  animali  senza  vertèbre  del  ré- 
gna di  Napoli,  tome  III,  pag.  i83 

(5)  Op.  cit.,  pages  82  et  76. 

(6)  Savigny,  op.  cit.,  page  117. 

(7)  Philosopiàcal  transactions  ,  i834  ,  part.  II ,  pag.  365.  M.  Lister  n'a- 
vait pas  donné  de  nom  à  cet  Ascidien  ;  mais  M.  Wiegmann  en  rendant 
compte  du  travail  du  naturaliste  anglais,  propose  d'en  former  un  genre 
nouveau,  appelé  Perophora.  fVoy.  Wiegmann' s  archiv.,  2  B,  i835,  p.  Sog). 


B  OBSERVATIONS  (222) 

culation  qui  offre  beaucoup  d'analogie  avec  celle  constatée 
chez  les  Biphores,  d'ajjord  par  Kuhl  et  Van-Hasselt  (i),  puis 
par  MM.  Quoy  et  Gaimard  (2).  Enfin,  M.  Lister  a  aperçu 
aussi  un  mouvement  circulatoire  chez  une  Ascidie  composée, 
qu'il  range  à  tort  dans  le  genre  Polyclinium;  mais  il  n'a  pu 
déterminer  la  marche  que  le  liquide  nourricier  suit  dans  le 
corps  de  cet  animal.  On  voit  par  conséquent  que  la  question 
de  la  circulation  chez  les  Ascidies  composées  reste  presque 
tout  entière  à  résoudre. 

En  étudiant  ces  petits  animaux  pendant  qu'ils  sont  en- 
core vivants ,  il  m'a  été  facile  de  constater  que  chez  tous  il 
existe  un  cœur  très-développé. 

Chez  les  Ascidies  composées  de  la  famille  des  Polycliniens, 
cet  organe  important  se  trouve  relégué  à  l'extrémité  infé- 
rieure du  post-abdomen  (3)  ;  il  est  logé  dans  un  péricarde 
mince  et  transparent ,  et  il  affecte  la  forme  d'un  gros  tube 
contractile,  recourbé  sur  lui-même  et  l'étréci  à  ses  deux  extré- 
mités. Chez  les  Didemniens,  le  cœur  est  moins  allongé,  et  au 
lieu  d'être  placé  sous  l'ovaire  il  est  logé  avec  cet  organe  à 
côté  de  l'anse  formée  par  l'intestin.  Il  en  est  à  peu  près  de 
même  chez  les  Claveliniens  (4);  enfin,  chez  les  Botrylliens  il 
remonte  encore  davantage,  et  se  montre  auprès  de  l'estomac, 
près  du  fond  du  sac  branchial  (5).  On  remarquera  que  ces  va- 


(i)  Extrait  d'une  lettre  de  Van  Hasselt,  Bulletin  des  sciences  naturelles, 
de  Ferrussac,  tome  II,  page  212. 

(2)  Fojage  de  r Astrolabe ,  partie  zoologique,  tome  III,  page  56 1. 

(3)  o,  fig.  I,  2",  3  et  4'.  pi.  3. 

(4)  o,  fig.  I,  i^a"  et  3;  pi.  2. 
(5)P1.  7;fig.  !,<?.    . 


(223)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  -j 

riations  dans  la  position  du  cœur  coïncident  toujours  avec 
des  changements  analogues  dans  la  place  occupée  par  les 
ovaires  ;  il  en  est  encore  de  même  chez  les  Ascidies  simples,  et 
c'est  sans  des  raisons  suffisantes  que  Cuvier  a  cru  pouvoir 
admettre  que,  chez  ces  animaux,  c'est  la  position  de  la  bouche 
f[ui  détermine  celle  du  cœur.  Là  où  les  ovaires  sont  thoraci- 
ques,  le  cœur  l'est  également;  là  où  les  ovaires  sont  logés 
avec  le  tube  digestif  dans  un  aiidomen  simple,  le  cœur  est 
placé  aussi  à  côté  de  l'intestin  dans  cette  même  cavité  ;  enfin, 
là  où  l'ovaire  est  infère  et  se  trouve  dans  un  post-abdomen, 
le  cœur  est  également  relégué  dans  cette  portion  terminale 
du  corps. 

Si  l'on  retire  de  la  masse  tégumentaire  commune  de  quel- 
que Polyclinien  un  individu  bien  vivant  et  qu'on  le  plate 
sous  le  microscope,  dans  un  peu  d'eau  de  mer,  on  étudie  fa- 
cilement les  mouvements  du  cœur.  On  voit  alors  cjue  ses  bat- 
tements se  succèdent  avec  assez  de  régularité,  mais  ne  se  font 
pas,  comme  chez  la  plupart  des  animaux,  brusquement  et 
dans  toute  son  étendue  à  la  fois;  sa  contraction  commence  à 
une  de  ses  extrémités,  et  l'étranglement  ainsi  produit  se  pro- 
page d'une  manière  ondulatoire  jusqu'à  l'extrémité  opposée, 
à  peu  près  comme  les  mouvements  péristaltiques  des  intestins 
chez  les  animaux  supérieurs.  Pendant  quelque  temps,  ces  con- 
tractions se  suivent  assez  rapidement  et  se  propagent  toutes 
dans  la  même  direction  ;  à  un  certain  moment  cependant  elles 
s'arrêtent,  puis  recommencent,  mais  en  sens  contraire,  de  fa- 
çon que  le  sang,  contenu  dans  cet  organe  et  circulant  dans  le 
reste  du  corps,  se  trouve  poussé  alternativement  dans  des 
directions  contraires. 

[^e  sang  ainsi  chassé  tki  cœur,  tantôt  d'avant  en  arrière, 


g  OBSERVATIONS  (224) 

tantôt  d'arrière  en  avant,  remonte  vers  le  thorax,  mais  ne  pa- 
raît pas  y  être  conduit  par  des  vaisseaux  ;  il  se  trouve  répandu 
entre  la  tunique  interne  de  l'abdomen  et  les  viscères  logés  dans 
cette  cavité,  et  il  y  forme  des  courants  dont  la  position  peut 
varier  suivant  que  les  mouvements  de  l'animal  ou  toute  autre 
cause  mécanique  viennent  en  gêner  le  passage  dans  un  point 
déterminé.  En  général,  cependant,  la  plus  grande  partie  du 
sang  remonte  par  la  face  dorsale  ou  par  la  face  ventrale  de 
l'abdomen,  et  après  avoir  baigné  ainsi  les  viscères,  il  gagne 
le  fond  de  la  cavité  branchiale.  Lorsque  le  cœur  s'est  con- 
tracté d'arrière  en  avant,  le  courant  ascendant  s'établit  le  long 
de  la  lixce  antérieure  de  l'abdomen,  et  le  sang  arrive  ainsi 
dans  un  large  canal  vertical  qui  occupe  le  devant  de  la  cavité 
respiratoire,  et  qui  pourrait  être  appelé  le  grand  sinus  tho- 
racique  ou  ventral  (i).  Ce  sinus  médian  donne  naissance  de 
chaque  côté  à  une  série  de  gros  vaisseaux  transversaux  qui 
communiquent  entre  eux  par  une  multitude  de  petits  canaux 
verticaux, et  qui,  aprèsavoir  formé  delà  sorteun  réseau  vascu- 
laire étendu  sur  les  parois  delà  cavité  respiratoire (2),  vont  dé- 
boucher dans  un  autre  canal  vertical  parallèle  au  grand  sinus 
ventral,  mais  situé  du  côté  opposé  du  thorax (3).  Une  portion 
du  san^  arrive  en  même  temps  dans  ce  sinus  dorsal  {^),  sans 
avoir  traversé  le  réseau  respiratoire,  par  l'intermédiaire  d'un 


(i)y;  fig.  I  et  I',  pi.  2;  fig.  i,  2",  3°  e\  c,  pi.  3. 

(2)  e,  fig.  I,  pi.  2;  e,  fig.  I,  pi.  3,  etc. 

[i)  e ,  fig.  I  ,  pi.  2  ,  etc. 

(4)  Je  crois  nécessaire  d'avertir  le  lecteur  qu'ici,  (le  même  que  cliez  les 
polypes,  je  désigne  toujours  sous  le  nom  de  ^o/\$.// le  côté  du  corps  sur 
lequel  est  placée  l'ouverture  anale. 


(225)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  9 

canal  qui  naît  de  l'extrémité  supérieure  du  grand  sinus  ven- 
tral, et  entoure  comme  un  anneau  la  base  de  la  bouche.  Enfin, 
la  niasse  tki  liquide  nourricier  se  répand  entre  les  viscères  et 
la  tuuique  interne  du  corps,  pour  descendre  ensuite  le  long 
de  la  face  dorsale  de  l'abdomen  et  gagner  de  nouveau  le 
cœur.  Si  la  circulation  se  faisait  toujours  de  cette  manière, 
elle  ressemblerait  assez  à  celle  des  mollusques  proprement 
dits,  et  ne  différerait  que  peu  de  celle  que  l'on  croit  géné- 
ralement exister  chez  les  Ascidies  simples;  le  cœur  pourrait 
alors  être  comparé  à  un  ventricule  aortique ,  le  grand  sinus 
thoracique  à  une  grosse  artère  branchiale,  et  le  sinus  dorsal 
à  une  veine  branchiale  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi ,  car  lors- 
que le  cœur  vient  à  se  contracter  en  sens  opposé,  c'est-à-dire, 
d'avant  en  arrière,  la  direction  de  tout  le  courant  circulatoire 
change;  le  sang  arrive  aux  branchies  par  les  canaux  qui  au- 
paravant recevaient  ce  liquide  après  son  passage  dans  l'ap- 
pareil respiratoire,  et  les  vaisseaux  qui  remplissaient  quelques 
instants  avant  les  fonctions  de  veines,  deviennent  des  artères. 
Ce  singulier  mode  de  circulation  n'appartient  pas  exclusi- 
vement aux  Polycliniens;  il  a  déjà  été  constaté  par  M.  Lister 
chez  les  Pérophores,  et  il  offre  la  plus  grande  ressemblance 
avec  celui  que  l'on  connaît  chez  les  Salpa.  Je  l'ai  rencontré 
aussi  chez  les  Botrylliens;  et  chez  les  Clavelines,  il  est  encore 
plus  facile  à  observer.  Une  espèce  de  ce  dernier  genre,  longue 
de  près  d'un  pouce  et  d'une  grande  transparence,  VAscidia 
iepadiformis  deMuller(i),  me  l'a  montré  d'une  manièreadmi- 
rable,  et  j'en  ai  rendu  témoin  M.  le  professeur  Nordmarui,  qui 
a  passé  quelque  temps  avec  moi  sur  les  cotes  de  la  Manche. 

(i;  Zoologia   Danica,  tome  II,  pag.  54,  pi-  79,  fig.  5. 


lO  OBSERVATIONS  (22(i) 

Si  l'on  conservait  quelque  doute  sur  l'existence  d'une  cir- 
culation vague  ou  extravasculaire  dans  toute  la  portion 
abdominale  du  corps  chez  les  Polycliniens,  cette  incertitude 
cesserait  par  l'observation  de  la  manière  dont  le  sang  se 
meut  chez  les  Clavelines,  surtout  chez  la  Claveline  lépadi- 
forme  et  chez  la  Claveline  naine,  espèce  nouvelle  où  l'espace 
compris  entre  la  tunique  interne  et  les  viscères  est  plus  con- 
sidérable que  d'ordinaire  (  i  ),  et  chez  laquelle  les  courants ,  dé- 
celés par  le  mouvement  des  petits  globules  sphériques  tenus 
en  suspension  dans  le  liquide  nourricier,  sont  plus  visibles. 

Quant  au  niécanisme  de  cette  circulation,  il  est  très-simple. 
Le  cœur  est  un  tube  musculaire,  élastique  et  ouvert  près  de 
chacune  de  ses  extrémités.  Ses  contractions  annulaires  com- 
mencent à  un  bout  et  se  propagent  peu  à  peu  vers  le  bout 
opposé ,  de  façon  à  pousser  en  avant  tout  le  sang  dont  sa  ca- 
vité est  remplie  ;  à  mesure  que  cet  étranglement  s'avance  de 
la  sorte,  les  parois  de  la  portion  du  cœur  laissée  en  arrière, 
se  relâchent,  et  reprennent  leur  position  primitive  à  raison 
de  leur  élasticité;  alors  le  cœur  se  remplit  de  nouveau  par 
l'extrémité  où  le  mouvement  péristaltique  avait  commencé; 
puis  cette  même  extrémité  se  contractant  une  seconde  lois,  et 
la  contraction  se  propageant  comme  la  première  vers  l'extré- 
mité opposée  du  cœur,  pousse  une  nouvelle  ondée  de  sang 
dans  les  canaux  en  communication  avec  cette  dernière  extré- 
mité ;  bientôt  une  troisième  contraction  progressive  se  ma- 
nifeste, et  l'effet  que  nous  venons  d'indiquer  se  répète;  enfin, 
tant  que  le  mouvement  vermiculaire  du  cœur  conserve  la 
même  direction,  le  sang  circule  dans  le  sens  de  ce  mouve-- 

(l)   PI.  2,   fig.    2°. 


(227)  SLR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  I  I 

ment;  mais  lorsque  la  contraction  péristaltique  de  cet  organe 
vient  à  s'établir  en  sens  contraire  et  commence  par  l'extré- 
mité où  il  venait  auparavant  se  terminer,  le  sang  se  trouve 
poussé  aussi  dans  une  direction  opposée  à  celle  du  mouvement 
dont  il  était  animé  ;  ce  liquide  s'arrête  alors  dans  les  canaux  oîi 
il  coulait  avec  rapidité,  puis  il  revient  sur  ses  pas,  et  on  voit 
tout  le  courant  circulatoire  se  renverser.  Ces  changements 
périodiques  dans  la  direction  de  la  circulation  ne  dépen- 
dent donc  que  d'un  changement  correspondant  dans  la  di- 
rection du  mouvement  péristaltique  du  cœur;  c'est  toujours 
par  le  même  mécanisme  que  les  courants  en  sens  opposés  se 
produisent  alternativement,  et  on  peut  remarquer  que  les 
choses  se  passent  dans  le  cœur  de  nos  Ascidies  à  peu  près  de 
la  même  manière  que  dans  l'œsophage  des  ruminants ,  chez 
lesquels  la  déglutition  ou  la  régurgitation  s'opère  suivant  que 
les  contractions  annulaires  de  ce  conduit  charnu  se  pro- 
pagent de  la  bouche  vers  l'estomac,  ou  de  l'estomac  vers  la 
bouche. 

D'après  les  recherches  de  M.  Délie  Chiaje,  on  serait  porté 
à  croire  que,  chez  les  Ascidies  simples,  la  circulation  se  fait 
d  une  manière  toute  différente;  car.  en  injectant  du  mercure 
dans  l'appareil  vasculaire  d'un  de  ces  animaux ,  ce  savant  a 
cru  y  apercevoir  des  valvules  disposées  de  façon  à  empêcher 
le  sang  de  rentrer  du  vaisseau  qu'il  nomme  artère  aorte 
dans  la  cavité  du  cœur,  ou  de  refluer  de  cet  organe  dans  les 
conduits  par  lesquels  il  y  est  arrivé  fi).  Si  cet  appareil  valvu- 
laire  existait,  le  mouvement  circulatoire  ne  pourrait  pas  se  ren- 

(i)  Memorie  su/la  Storia  e  notomia  degli  animali senza  vertèbre  del  regnn 
di  Napoli,  tome  III,  pag.  iy5. 

a. 


j2  OBSERVATIONS  (228) 

verser  périodiquement,  comme  cela  a  lieu  chez  les  Ascidies 
composées,  et  cette  particularité  établirait  entre  ces  animaux 
une  différence  importante.  Mais  ayant  dépouillé  de  sa  tunique 
externe  une  des  Ascidies  simples ,  les  plus  communes  de  nos 
côtes,  VJscidia  intestinalis  (i),  et  ayant  placé  sous  le  micro- 
scope l'animal  ainsi  préparé,  et  encore  bien  vivant,  j'ai  pu  me 
convaincre  que  l'ojjinion  de  M.  Délie  Chiaje  n'est  pas  fondée, 
et  que  chez  ces  Tuniciers ,  de  même  que  chez  les  Ascidies  com- 
posées et  les  Biphores,  le  sang,  après  avoir  coulé  pendant 
({uelque  temps  dans  un  sens,  parcourt  le  même  cercle  en  sui- 
vant la  direction   contraire.  Le  cœur,  qui  est  très-long  et 
étendu  sous  le  bord  ventral  de  la  cavité  respiratoire,  com- 
municjue  avecle  grand  sinus  thoracique  par  une  fente  longi- 
tudinale située  à  peu  de  distance  de  son   extrémité    anté- 
rieure, et  lorsque  les  mouvements  péristaltiques  de  cet  organe 
s'établissent  d'arrière  en  avant,  la  presque  totalité  du  sang 
contenu  dans  sa  cavité,  passe  dans  ce  sinus,  pour  pénétrer 
ensuite  dans  le  réseau  vasculaire  du  sac  respiratoire,  et  aller 
dans  le  sinus  dorsal ,  d'où  il  se  répand  entre  les  viscères  et 
revient  dans  l'extrémité  postérieure  du  cœur  située  près  de 
l'anus;  dans  ce  moment,  le  cœur  remplit  par  conséquent  les 
fonctions  d'un  ventricule  branchial ,  et  le  grand  sinus  tho- 
racique est  une  espèce  d'artère  pulmonaire.  Mais  lorsque  cet 
état  de  choses  a  duré  pendant  quelques  minutes,  le  mouve- 
ment péristaltique  du  cœur  s'intervertit,  et  le  sang,  au  lieu  de 
traverser  le  réseau  branchial  de  bas  en  haut  connue  aupara- 
vant, y  circule  de  haut  en  bas,  et  passe  du  grand  sinus  tho- 
racique dans  le  cœur.  Ce  dernier  organe  devient  alors  un 


(0  Cuv.,  op.  cit.  —  Phulhisla  intestinalis,    Savigny,  op.  cit.,  pag.  169. 


(229)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  l3 

ventricule  aortique,  et  le  sinus  lui-même  une  sorte  de  veine 
branchiale  ou  d'oreillette  aortique.  On  voit,  par  conséqueiit, 
que  l'existence  des  valvules  mentionnées  par  M.  Délie  Chiaje 
est  inq)ossible,  et  que  les  noms  d'artères  et  de  veines,  dont 
on  a  décoré  les  divers  vaisseaux  des  Ascidies,  ne  peuvent 
nullement  y  convenir. 

(En  étudiant  à  l'état  vivant  des  jeunes  Pyrosomes ,  il  m'a 
été  facile  de  me  convaincre  que  chez  ces  animaux  ,  de  même 
que  chez  les  Biphores  et  les  Ascidiens ,  le  courant  circulatoire 
change  périodiquement  de  direction  ,  et  que  ce  changement 
dépend  de  ce  que  les  mouvements  péristaltiques  du  cœur  se 
succèdent  alternativement  de  gauche  à  droite  et  de  droite  à 
gauche  )  (1). 

Ainsi,  ce  singulier  mode  de  circulation,  si  différent  de  ce 
qui  se  voit  chez  les  mollusques  proprement  dits,  paraît  ap- 
partenir à  tout  le  groupe  naturel  des  Tuniciers ,  et  fournit  un 
argument  de  plus  aux  zoologistes  qui,  à  l'exemple  de  La- 
marck,  veulent  exclure  ces  animaux  de  la  grande  division  des 
Mollusques,  pour  les  rapprocher  davantage  des  zoophytes. 

S  H. 

D'après  l'ensemlDle  des  faits  connus,  il  était  assez  difficile 
de  se  former  inie  idée  précise  du  mécanisme  de  la  respiration 
chez  les  Ascidies.  i;)'après  les  descriptions  que  Cuvier  et 
M.  Savignv  ont  données  de  l'appareil  respiratoire  de  ces  ani- 


(i)  Ce  passage  a  été  ajouté  au  moment  de  l'impression  d«  ce  mémoire, 
et  le  fait  dont  il  est  ici  question  a  été  consigné  dans  les  Comptes  rendus 
(le  l'Académie^  tome  X,  page  284  ;  17  février  1840. 


l4  OBSERVATIONS  (aSo) 

maux,  on  serait  porté  à  croire  que  le  sac  branchial  se  dilate 
et  se  resserre  alternativement  pour  faire  entrer  et  pour  ex- 
pulser tour  à  tour  par  la  même  voie  l'eau  nécessaire  à  l'exer- 
cice de  cette  fonction  importante  (i).  Mais  lorsqu'on  observe 
ces  animaux  à  l'état  vivant,  on  ne  tarde  pas  à  se  convaincre 
que  les  choses  ne  se  passent  pas  ainsi  ;  car,  tant  que  la  bouche 
reste  dilatée,  le  courant  qui  traverse  le  sac  branchial  continue 
sans  interruption,  bien  que  les  parois  de  cette  cavité  ne 
soient  le  siège  d'aucune  contraction  visible.  M.  Lister  a  cons- 
taté aussi  que,  dans  le  singulier  Tunicier  connu  sous  le  nom 
de  Perophore,  l'eau  employée  pour  la  respiration  s'échappe 
au  dehors  par  l'ouverture  anale,  et  cju'il  existe,  sur  les  parois 
du  sac  branchial,  une  ninltitude  de  fentes  entourées  de  cils 
vibratiles  (2).  En  observant  une  Ascidie  que  ce  savant  rap- 
porte au  genre  Polycline,  mais  qui  doit  indubitablement  ap- 
partenir à  la  tribu  des  Didemniens,  il  a  vu  encore  quelque 
chose  d'analogue;  mais  il  pense  que  les  fentes  dont  il  vient 
d'être  question  traversent  de  part  en  part  les  parois  du  tho- 
rax, et  que  l'eau  qui  s'en  échappe  se  répand  librement  sous 
une  pellicule  gélatineuse  qui  unirait  entre  eux  les  animaux 
rassemblés  en  une  même  masse,  et  qui  à  son  tour  laisserait 
sortir  ce  liquide  par  les  ouvertures  communes  éparses  à  sa 
surface  (3).  Mais  cette  opinion  est  évidemment  inadmissible 
car  les  Ascidies  composées  ne  flottent  pas  librement  dans  une 
cavité  commune,  comme  M.  Lister  le  croit,  et  on  sait,  à  ne 
pas  en  douter,  que  leur  thorax  est  revêtu  d'une  tunique  con- 


(i)  Voyez  Cuvier,  op.  cit.,  page  7,  et  Savigny,  op.  cit.,  page  128. 

(2)  Philos,  trans.,  i834,  page  SyS. 

(3)  Lister,  op.  cit.,  page  382. 


(23 1)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  l5 

tinue  partout,  excepté  dans  les  points  occupés  par  la  bouche 
et  par  l'anus.  Il  était  par  conséquent  nécessaire  d'étudier 
avec  plus  de  soin  les  voies  respiratoires  de  ces  animaux,  et 
de  chercher  par  quel  mécanisme  l'eau  passe  de  la  bouche  jus- 
qu'à l'anus  sans  traverser  le  tube  digestif". 

Une  des  espèces  qui  se  prêtent  le  mieux  à  l'investigation , 
tant  à  cause  de  sa  transpai-ence  cristalline  qu'à  raison  de  sa 
taille,  qui  s'élève  quelquefois  à  dix  ou  douze  lignes ,  est  la  Cla- 
veline  lépadiforme  (i)  dont  on  trouve  des  touffes  sur  presque 
toutes  les  parties  rocheuses  des  côtes  de  la  Manche.  Chez  cet 
Ascidien,  le  sac  branchial,  qu'on  peut  comparer  à  une  sorte 
de  pharynx  énormément  dilaté,  comnnniique  directement  au 
dehors  par  une  grande  ouverture  qui  en  occupe  le  sommet 
et  qui  remplit  en  même  temps  l'office  d'une  bouche  (2).  Cette 
ouverture  est  entourée  de  fibres  musculaires  disposées  en  an- 
neaux et  faisant  les  fonctions  d'un  sphincter  (3)  :  aussi  est-elle 
très-contractile;  mais  lorsque  rien  n'irrite  l'animal,  elle  est 
toujours  béante  et  sa  dilatation  paraît  dépendre  en  partie,  de 
l'élasticité  de  son  tissu  ,  en  partie  de  la  contraction  d'un 
certain  nombre  de  muscles  longitudinaux  qui  s'insèrent 
autour  de  sa  base  et  descendent  verticalement  jusqu'à  l'ex- 
tréinité  inférieure  du  corps  (4).  L'eau  nécessaire  à  la  respira- 
tion entre  par  cet  orifice,  et  la  nature  prévoyante  y  a  placé 
un  petit  appareil  destiné  à  tamiser  en  quelque  sorte  ce  liquide 


{i)  Ascidia  lepadiformis ^  Muller,  loc.  cH.—  Clai>eIina  lepadiformis ,  Sa- 
■»igny,  op-  cit.,pag.  174. 

(2)  PI.  I  ,  fig.  I,  et  pi.  2,  fig.  I,  c. 

(3)  PI.  2,  fig.  i"  et  i'. 

(4)  PI.  2,  fig.  i\b\ 


1 6  OBSERVATIONS  (aSa) 

et  à  empêcher  l'entrée  de  corpuscules  solides  trop  gros  pour 
pouvoir  pénétrer  ensuite  dans  le  tube  intestinal  ou  pour 
être  entraînés  au  dehors  par  l'eau  expirée.  C'est  un  cercle  de 
tentacules  filiformes,  qui,  fixés  à  la  marge  inférieure  de 
l'espèce  de  bordure  membraneuse  dont  la  bouche  est  entourée, 
se  dirigent  verticalement  vers  l'axe  de  l'ouverture,  et  ressem- 
blent aux  rayons  d'une  roue  (i);  on  en  compte  environ  trente, 
dont  une  dizaine  sont  assez  longs  pour  se  rencontrer  au 
centre  de  l'orifice,  tandis  que  les  autres,  placés  entre  les 
premiers  sont  beaucoup  plus  courts.  Du  reste,  cette  dispo- 
sition ne  se  rencontre  pas  seulement  chez  les  Clavelines  :  les 
dissections  faites  par  M.  Savigny  avaient  permis  à  ce  savant 
de  s'assurer  de  l'existence  de  filaments  tentaculaires  à  l'entrée 
du  sac  branchial  chez  un  grand  nombre  d'Aseidiens,  mais  il 
ne  paraît  pas  avoir  connu  la  manière  dont  ils  fonctionnent  (2). 
M.  J.  Lister  a  représenté  aussi  ces  appendices  chez  les  deux 
espèces  d'Aseidiens  qu'il  a  décrits  (3),  et  en  étudiant  à  l'état 
vivant  les  Ascidies  composées  de  nos  côtes  j'ai  pu  me  con- 
vaincre que  ces  tentacules  existent  avec  plus  ou  moins  de 
développement  chez  toutes,  et  constituent  comme  chez  la  Cla- 
veline  lépadiforme  une  sorte  de  grille  étoilée  servant  aux 
mêmes  usages  (4). 


(i)  PI.  3,  fig.  I  et  fig.  i'. 

(2)  M.  Savigny  a  représenté  ces  filaments  tentaculaires  renversés  en 
haut,  comme  les  tentacules  des  polypes;  disposition  qui  n'existe  jamais 
pendant  la  vie ,  et  qui  ne  permettrait  pas  à  ces  organes  de  servir  aux 
usages  dont  il  est  ici  question.  (Voyez  les  Méiii.  sur  les  animaux  sans  ver- 
iè^/ei,  deuxième  partie,  pi.  14,  fig.  i5. 

(3)  Philos,  trans.,  i834. 

(4)  Voyez  pi.   I ,  fig.   3«  ;  pi.  3,  fig.   a'^et  3'  ;  pi.  6,  etc. 


SUR     LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  l'J 

Le  grand  sac  branchial  dans  lequel  l'eau  pénètre  de  la  sorte 
pour  servir  à  la  respiration  occupe  presque  toute  la  moitié 
supérieure  du  corps  de  la  Claveline  lépadiforme ,  et  présente 
de  chaque  coté  douze  replis  transversaux  très-minces  qui  font 
sailif  dans  sa  cavité  (i),  et  qui  se  réunissent  en  arrière  pour 
donner  naissance  à  autant  de  languettes  membraneuses,  les- 
quelles se  tiennent  roides  comme  des  épines  pendant  la  vie  de 
l'animal,  et    semblent  être  dans   tnie    sorte    d'érection.  Les 
vaisseaux  branchiaux  côtoient  le  bord  basilaire  de  ces  replis, 
et,  comme  d'ordinaire ,  communiquent  entre   eux    par    une 
nuiltitude  de  petits  canaux  anastomotiques  simples,  dirigés 
verticalement  (2).  Il  résulte  de  cette  disposition  des  espèces 
de  mailles  ovalaires,  ou  plutôt  quadrangulaires,  placées  avec 
une  grande  régularité  par  rangées  transversales  et  occupant 
toute  la  surface  interne  du  sac  branchial ,  excepté  à  l'entour 
delà  bouche  et  sur  la  ligne  médiane  ventrale,  où  se  voit  un 
large  sillon  vertical    séparant  deux  replis  longitudinaux  et 
correspondant  au  grand  sinus  thoracicjue  dont  il  a  déjà  été 
question.  On  compte  de  chaque  côté  du  thorax  treize  de  ces 
rangées,  et  chacune  des  mailles  dont  elles  se  composent  est 
garnie  tout  autour  d'une  bordure  de  cils   vibratiles   qui   se 
meuvent  avec  une  rapidité  extrême  ,  et  produisent  l'apparence 
d'une  rangée   de    perles  roulant    sur   elles-mêmes  dans    un 
cercle  continu  ;  enfin,  le  tond  de  ces  mêmes  mailles  vasculaires 
est  occu[)é  par  une  t'enle  verticale  semblable  à  une  bouton 
nière.  C'est  par  ces  espèces  de  stigmates  intérieurs  que  l'eau 
s'échappe  du  sac  branchial  et  c'est  le  mouvement  ciliairedont 


(i)  e,  fig.  .,  pi.  a, 
('2)  PI.  2 ,  lig.  t  et  I'. 


l8  OBSERVATIONS 

il  vient  d'être  question  qui  détermine  évidemment  sa  sortie 
et  qui  produit  par  conséquent  une  sorte  d'appel  d'où  résulte 
l'entrée  de  nouvelles  quantités  de  liquide  par  l'orifice  buccal. 
L'eau  après  avoir  traversé  ces  fentes  se  répand  dans  une 
grande  cavité  comprise  entre  la  face  externe  du  sac  branchial 
et  une  tunique  membraneuse  qui  enveloppe  complètement  ce 
sac  et  qui  en  avant  vient  se  fixer  de  chaque  coté  du  grand 
sinus  thoracique,  le  long  d'une  ligne  jaune  facile  à  distinguer. 
Cette  tiuiique  membraneuse  se  réunit  aussi  au  sac  branchial 
autour  de  ses  deux  extrémités  dans  les  points  occupés  par  des 
lignes  jaunes  horizontales  semblables  aux  deux  lignes  ver- 
ticales dont  nous  venons  de  parler  et  elle  y  adhère  en  outre 
latéralement  d'espace  en  espace  au  moyen  de  brides  mem- 
braneuses; mais  en  arrière  cette  cavité  que  j'appellerai  la 
chambre  thoracique ,  se  prolonge  beaucoup  plus  loin  que  le 
sac  l)ranchial  suspendu  dans  son  intérieur  et  y  forme  un 
gros  canal  cylindrique  (i)dont  l'extrémité  supérieure  comnui- 
nicpie  librement  au  dehors  par  l'ouverture  anale  (2)  et  dont  le 
fond  est  occupé  par  les  orifices  de  l'intestin  et  des  organes  de  la 
génération  (3).  Ce  canal  dorsal  constitue  j)ar  conséquent  un 
véritable  cloaque,  et  comme  il  comnuniiqiie librement  avec  les 
parties  latérales  de  la  chambre  thoracique  où  l'eau  se  répand 
après  avoir  traversé  les  fentes  branchiales,  c'est  par  son 
intermédiaire  que  ce  liquide  arrive  jusqu'à  l'aïuis  et  s'écoule 
au  dehors. 

Dans  les  grandes  Ascidies  simples,  dont  M.  Savigny  a  formé 


(i)  K  fig.  I,  pi-  2. 

(2)  i,  fig.   I,  pi.  2. 

(3)  n  et  /■',  fig.   I,  pi.  2. 


SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  I9 

son  genre  Phallnsie,  le  mécanisme  de  la  respiration  n'est  pas 
aussi  facile  à  observer,  à  cause  de  l'opacité  de  l'enveloppe  ex- 
térieure de  ces  animaux;  mais  on  peut,  néanmoins,  s'assurer 
(ju'il  doit  être  le  même  chez  les  Clavelines;  car,  si  l'on  isole 
avec  soin  une  portion  du  sac  branchial,  et  qu'on  la  place  sous 
le  microscope,  on  voit  que  le  tond  de  chacune  des  grandes 
mailles  vasculaires  est  occupé  par  une  petite  fente,  qui  établit 
la  communication  entre  l'intérieur  de  ce  sac  et  la  chambre 
thoracique,  dont  les  parois  sont  formées  par  l'enveloppe  mem- 
braneuse désignée  par  Cuvier  sous  le  nom  de  tunique  interne. 
I^a  portion  dorsale  de  cette  chambre  constitue  aussi  une  sorte 
de  cloaque,  dont  !e  fond  est  occiqié  par  les  orifices  extérieurs 
(les  ap|)areils  digestif  et  générateur,  et  dont  le  sommet  com- 
inuniqiiedirectementaudehorsparrouvertureanale(i).  Ainsi, 
la  disposition  anatomique  des  parties  est  essentiellement  la 
même  que  chez  les  Clavelines,  et,  en  poussant  un  liquide 
coloré  dans  l'intérieur  du  sac  branchial,  on  peut  s'assurer 
que  sous  le  rapport  physiologi(jue  la  ressemblance  est  éga- 
lement complète,  car  on  voit  alors  cette  injection  traverser 
les  parois  de  ce  sac,  se  répandre  dans  la  partie  voisine  de  la 
chambre  thoracique,  et  ariiver  jusque  dans  le  cloaque. 

Enfin,  chez  les  Polycliniens,les  Didemniens  et  les  Botryl- 
liens  en  assez  grand  nombre,  que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier 
sur  nos  côtes,  les  fentes  branchiales,  constamment  bordées  de 
cils  vibratiles,  débouchent  aussi  dans  une  cavité  thoracique, 
disposée  de  la  même  manière  que  chez  les  Clavelines  dont 
j'ai  donné  ci-dessus  la  description.  Ce  sont  les  mouvements 


(i)  Voyez  à  ce   sujet   les  planches  de  l'anatomie  des  Ascidies  simples  , 
que  j'ai  données  dans  la  nouvelle  édition  du  R'egtie  animal,  de  Cnvier. 

j. 


ao  OBSERVATIONS 

de  ces  cils  qui  établissent  le  courant  dans  l'intérieur  de  lap- 
pareil  respiratoire,  et  l'ean,  après  avoir  baigné  l'intérieur 
du  sac  branchial ,  s'en  échappe  et  pénètre  dans  la  chambre 
thoracique,  où  elle  agit  de  nouveau  sur  le  sang  par  la  surface 
externe  du  réseau  vasculaire  des  branchies.  Enfin,  le  liquide 
parvenu  dans  le  cloaque  est  expulsé  par  l'anus  et  s'écoule 
directement  au  dehors  ou  bien  s'échajipe  par  des  cavités  creu- 
sées dans  le  tissu  tégumentaire  commun  ,  suivant  que  ces 
animaux  sont  pourvus  d'un  anus  libre  ,  ou  se  trouvent 
léunis  en  groupe  autour  d'une  cavité  centrale,  au  fond  de 
laquelle  l'orifice  anal  de  chacun  d'eux  vient  déboucher  comme 
dans  un  cloaque  commun  (i). 

S  ni. 

On  ne  sait  que  peu  de  chose  sin-  l'appareil  de  ia  généra- 
tion chez  les  Ascidies  composées.  M.Savigny  a  signalé  l'exis- 
tence d'un  ovaire,  qui,  chez  les  Polycliniens  surtout,  est  très- 
développé,  et  qui,  logé  dans  le  post-abdomen,  paraîtrait 
communiquer  avec  le  cloaque  à  l'aide  d  un  canal  très-long  et 
très-étroit,  qu'on  voit  aboutir  dans  cette  dernière  cavité,  à 
côté  de  l'extrémité  de  l'intestin.  On  n'a  encore  rencontré 
aucun  indice  de  la  présence  d'un  organe  mâle  chez  ces  ani- 
maux; et  lesavantque  je  viensdeciter,  pense  que  leurs  œufs  se 
développent  sans  aucune  fécondation  préalable  (2).  Mais  nous 
allons  voir  que  sons  ce  rapport  la  structure  des  Ascidies  com- 
posées est  plus  compliquée  qu'on  ne  le  supposait. 

(i)Pi.  i,fig.4«,5^pl.  3,  fig.4;  pi.  6,7,  8. 
{2)Savigny,  op.  cit.,  page  il. 


SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  Hï 

Efl'ecti veinent,  en  disséquant  sons  la  loupe  un  des  animaux 
presque  microscopiques  dont  se  conqiosent  les  masses  ar- 
rondies d'une  nouvelle  espèce  de  Polycliniens,  à  laquelle  je 
donnerai  le  nom  à'Jmarouque  argus  {\) ,  je  suis  parvenu  a 
constater  l'existence  d'un  testicule  très-développé,  qui  occupe 
pres(jue  toutela  partie  inférieure  du  post-abdomen(2),  et  com- 
munique avec  le  cloaque  par  le  canal  filiforme  considéré  par 
M.  Savigny  comme  étant  un  oviducte  (3).  Cette  glande  se 
compose  d'une  multitude  de  vésicules  blanchâtres,  qui,  au 
premier  abord,  ressemblent  beaucoup  à  des  œufs  peu  déve- 
loppés, et  qui  paraissent  avoir  été  confondus  avec  l'ovaire 
par  M.  Savigny-  Mais  pour  s'assurer  de  leur  nature,  il  suffit 
d'en  isoler  quelques-unes  à  l'aide  de  la  pointe  d'une  aiguille 
très-fine,  et  de  les  écraser  entre  deux  lames  de  verre;  car,  si 
l'animal  sur  lequel  on  opère  était  bien  vivant,  on  voit  alors 
(|ue  ces  vésicules  sont  renqjlies  d'un  liquide  blanchâtre  et 
opaque,  (jui  fourmille  (V animalcules  spermatiques ,  recon- 
naissablcs  à  leur  forme,  et  surtout  aux  mouvements  dont  ils 
sont  agi  tés  (/^).  Ces  zoospermes  (5)  sontd'une  petitesse  extrême; 
en  avant,  leur  corps  est  renflé  de  manière  à  simuler  une  tête 
lancéolée  terminée  par  un  pointe  aiguë,  et  leur  extrémité  pos- 


rOPl.  i,fig.  4  et  4". 

(2)  y,  fig.   I,  pi.  3. 

(3)  r,  fig.  i,pi.  3. 

(4)  Ces  observations  ont  été  faites  en  automne  ,  et  d'après  le  peu  de  dé- 
veloppement que  m'a  offert  l'appareil  générateur  des  Ascidies  au  prin- 
temps ,  je  suis  porté  à  croire  qu'il  n'en  est  pas  de  même  dans  toutes  les 
saisons. 

(5)  PI.  3,  fig.  !■. 


22  OBSERVATIONS 

lérieure  constitue  une  sorte  de  queue  flexible.  Enfin,  il  est 
encore  à  noter  que  ces  animalcules  abondent  non-seulement 
dans  la  slande  testiculaire  elle-même,  lui'.is  aussi  dans  le  ii- 
(|tiide  dont  le  canal  déférent  est  gorgé  :  quelquefois  je  les  ai 
l'etrouvés  jusque  dans  le  cloaque  où  ce  canal  va  alioutir. 

.1  ai  constaté  aussi  la  présence  de  cet  appareil  niale  et  de 
ces  zoospermes  chez  lesPolyelines,  les  Aplides  ,  les  Clavelines 
et  plusiein-s  autres  Aseidiens,  de  sorte  que  je  n'hésite  pas  à 
admettre  leur  existence  chez  tous  les  animaux  de  cette  grande 
famille.  Quant  à  l'ovaire,  il  est  plus  ou  moins  intimement  uni 
au  testicule.  Chez  tous  les  Polycliniens,  il  se  trouve  dans  le 
post-abdomen  accolé  à  cet  organe,  dont  il  n'est,  en  général, 
(jue  peu  distinct  vers  l'extrémité  postérieure  du  corps;  mais 
vers  le  tiers  supérieur  du  post-abdomen,  il  devient  plus  facile 
à  reconnaître  à  causedu  vohmie  et  de  lacoiileurdes  o-iifs  qui 
s'y  trouvent  [i).  Ces  œufs,  dont  je  m'occuperai  bientôt  d  une 
manière  spéciale,  ne  s'y  développent  qu'en  petit  nombre  à  la 
fois,  et  passent  ensuite  dans  le  cloaque,  ou  même  jusque  dans 
la  partie  latérale  de  la  chandire  thoracique,  entre  la  tunique 
propre  de  cette  cavité  et  le  sac  branchial  (2).  Ils  y  séjournent 
assez  longtemps,  et  s'y  trouvent  dans  les  conditions  les  plus 
favorables  pour  éprouver  l'influence  vivifiante  de  l'eau  aérée; 
mais  il  m'a  été  impossible  de  découvrir  la  voie  par  laquelle 
ils  se  rendent  de  l'ovaire  dans  cette  espèce  de  poche  incuba- 
trice.  Il  serait  possible  que  le  canal  déférent  de  l'appareil  mâle 
servît  en  même  tenqjs  d'oviducte,  car  il  paraît  adhérer  inti- 
mement à  la  portion  supérieure  de  l'ovaire;  mais  sa  ténuité 


(i)  p  et//,  fig.  I,  2°,  3,  pi.  3. 
(2);,",fig.  i,2",3,3",pl.3. 


StJK     LES    ASCIDIES  COMPOSEES.  u'i 


extrême,  par  rapport  aux.  œufs,  et  la  densité  du  liquide  sémi- 
nal dont  je  l'ai  toujours  trouvé  distendu,  nie  paraissent 
rendre  cette  supposition  peu  probable.  J'ajouterai  aussi  que 
je  nV  ai  jamais  vu  d'œuis  engagés,  et  je  suis  porté  à  croire 
que  c'est  après  s'être  détachés  de  l'ovaire,  et  après  être  tombés 
ainsi  dans  la  cavité  abdominale,  que  ces  corps  arrivent  au 
cloaque. 

Dans  la  famille  des  Didemniens,  ainsi  que  M.  Savigny  l'a- 
vait constaté,  l'ovaire  se  trouve  appendu  au  côté  de  l'anse 
intestinale,  et  les  œufs  qui  s'y  développent  paraissent  quel- 
(piefois  s'échapper  au  dehors  sans  traverser  le  cloaque,  et  se 
loger  immédiatement  dans  la  substance  du  tissu  tégumentaire 
comnuni.  effectivement,  en  étudiant  au  microscope  de  pe- 
tites plaques  du  Didennie  gélatineux,  espèce  nouvelle ,  qui,  à 
raison  de  la  transparence  de  son  tissu  tégumentaire ,  se  prête 
très-bien  à  ce  genre  d'observation,  j'ai  souvent  vu  un  ou 
deux  œufs  très-gros  faire  saillie  à  la  partie  inférieure  du 
corps  de  ces  animaux  et  n'y  tenir  même  que  par  un  pédoncide 
très- grêle,  formé  par  la  tunique  interne  extrêmement  disten- 
due, et  devenue  facile  à  rompre  (i);  enfin,  àcôté  de  ces  œufs  en- 
coread  hérents,  j'ai  trou  vé,  dans  ces  mêmes  masses  gélatineuses, 
des  œufs  parfaitement  libres  de  toute  adhérence  avec  les  ani- 
maux situés  au[)rès,  et  offrant  des  degrés  très- variés  de  dé- 
veloppement (2).  Or,  il  serait  difficile  de  s'expliquer  la  pré- 
sence de  ces  œufs  dans  la  profondeur  du  tissu  commun,  si 
ce  n'est  en  admettant  qu'ils  se  détachent  de  l'abdomen  des 
animaux  adultes  englobés  de  toutes  parts  dans  ce  même  tissu. 


il)  PI.  7,  fig.  5",  5',  S',:')''. 
(2)R7,fig.5",//, //'. 


u4  OBSERVATIONS 

Du  reste,  les  laits  me  manquent  encore  pour  trancher  com- 
plètement la  question,  et  je  crois  devoir  ne  |>résentcr  qu'a- 
vec réserve  l'opinion  que  je  viens  d'énoncer. 

§  IV. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  au  commencement  de  ce  mémoire, 
nous  avons  constaté,  en  1828,  M.  Audouin  et  moi,  que  les 
Ascidies  composées,  au  moment  de  la  naissance,  sont  douées 
de  facultés  locomotives  assez  étendues,  et  que  ces  animau\ 
subissent,  par  les  |)rogrès  de  l'âge ,  de  véritables  métamor- 
i)hoses  (i).  Ce  fait,  tl'abord  révoqué  en  doute  par  (juelques 
naturalistes,  a  été  depuis  lors  vérifié,  par  M.  Saars,  sur  les 
lîotrylles  des  côtes  de  la  Norwége.  (2),  et  vient,  encore 
tout  récennuent,  d'être  annoncé  comme  une  découverte  nou- 
velle par  un  naturaliste  écossais,  sir  John  (iraham  -  Da- 
Ivell  (3).  Nous  avions  également  fait  connaître  brièvement,  il 
V  a  onze  ans,  les  principaux  changements  de  forme  que  ces 
espèces  de  larves  subissent  après  s'être  fixées,  et  M.  Dalyell 
a  publié  au  commencement  de  cette  année  des  observations 
analogues;  il  a  même  ajouté  aux  faits  déjà  connus  quelques 
détails  de  plus,  mais  sans  les  distinguer  des  découvertes  qui 


(1)  Annales  des  sciences  naturelles,  1828,  tome  XV,  page  10. 

(  2)  Bcskrivelser  og  iagttagelsev  oder  nogle  mœrkelige  eller  njc  i  habel 
hcd  den  Bergenska  kjsl  lehende  dyr  af  polypernes ,  aealephernes,  indin- 
thernes ,  annelidernes  og  molluskernes  classer.  ln-4°,  Bergen,  i835. 

(3)  A  singidar  mode  of  propagation  amongthelowevaniniah^illustraledby 
sirJ.  Graham  Dalyell.  Edinburgh  new pkilosophical  journal  January  1839, 
vol.  26,  pag.  iSa. 


(a4l)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  20 

ne  lui  appartiennent  pas,  et  en  s'abstenant  toujours  de  citer 
ses  devanciers;  reproche  que  je  ne  veux  pas  mériter  à  mon 
tour  en  omettant  de  mentionner  ici  les  recherches  de  ce 
savant. 

D'après  les  données  que  la  science  possédait  déjà  sur  le 
développement  des  Ascidies  composées,  il  m'a  semblé  qu'il 
y  aurait  de  l'intérêt  à  étudier,  avec  plus  de  soin  qu'on  ne 
l'avait  encore  fait,  l'œuf  de  ces  animaux  pendant  son  incuba- 
tion, et  les  métamorphoses  que  leurs  larves  subissent  avant 
que  de  parvenir  à  l'état  parfait. 

Les  œufs  des  divers  Polycliniens  que  j'ai  observés  sur  les 
côtes  de  la  Manche,  affectent,  lorsqu'ils  sont  encore  renfermés 
dans  la  masse  ovarienne,  et  que  leur  développement  est  peu 
avancé,  la  forme  d'un  ellipsoïde,  et  se  composent  d'une  mem- 
brane extérieure  très-mince ,  d'une  masse  intérieure  subgé- 
latineuse, blanchâtre  et  grumeleuse;  enfin,  d'une  petite  vé- 
sicule centrale  remplie  d'un  liquide  aqueux  et  logée  au  milieu 
de  la  substance  grumeleuse  dont  il  vient  d'être  question  (i). 
Or,  la  détermination  de  ces  parties  ne  laisse  aucune  incer- 
titude; la  vésicule  intérieure  est  la  vésicule  de  Purkinje,  ou 
vésicule  proligère  ;  la  substance  subgranuleuse  qui  l'entoure 
est  le  vitellus  encore  imparfait,  et  la  tunique  externe  est 
la  membrane  vitelline. 

Pendant  que  ces  œufs  sont  encore  renfermés  dans  la  partie 
supérieure  du  post-abdomen,  ils  grossissent  beaucoup  et  de- 
viennent sphériques.  Mais  le  changement  le  plus  remarqua- 
ble qu'ils  y  subissent  consiste  dans  la  coloration  du  vitellus, 


(i)  PI.  4,  %.  I. 


26  OBSERVATIONS  (242) 

d'abord  en  jaune  pâle,  puis  en  jaune  foncé  (i).  La  vésicule 
de  Purkinje  est  encore  visible  au  commencement  de  cette 
période  du  développement  (2),  mais  elle  disparaît  bientôt,  et 
onremarque  alors  à  la  surface  du  vitellus  une  tache  nébuleuse 
d'un  jaune  pâle,  qui  paraît  être  le  blastoderme  ou  couche 
proligère  destinée  à  devenir  l'embryon  delà  jeune  Ascidie  (3). 

Les  œufs  arrivent  dans  le  cloaque  et  se  logent  même  quel- 
quefois dans  les  parties  latérales  de  la  chambre  thoracique, 
sans  avoir  subi  d'autres  modifications  appréciables  (4),  et  je 
suis  porté  à  croire  que  c'est  dans  l'intérieur  de  cette  cavité 
que  leur  fécondation  s'opère;  car  ils  s'y  trouvent  en  contact 
avec  des  animalcules  spermatiques,  et  peu  de  temps  après  y 
être  parvenus,  ils  présentent  des  indices  d'un  travail  intérieur 
très-actif.  On  remarque  d'abord  que  les  granules,  dont  la 
masse  vitelline  est  composée,  se  pelotonnent  pour  ainsi  dire 
et  donnent  à  la  surface  de  cette  niasse  une  apparence  bos- 
selée ou  framboisée  (5);  enfin,  il  se  produit  en  même  temps, 
entre  le  jaune  et  la  membrane  extérieure  de  l'œuf,  une  couche 
gélatineuse  transparente  et  presque  incolore,  qu'on  serait 
tenté  de  prendre  pour  un  albumen,  mais  qui  est  une  partie 
plus  importante,  et  qui  est  destinée  à  former,  comme  nous 
le  verrons  bientôt,  la  tunique  extérieure  du  nouvel  être. 

Lorsque  les  œufs,  logés  dans  l'espèce  de  poche  incubatrice 
formée  par  la  chambre  thoracique  de  nos  Polycliniens,  sont 


(i)  PI.  3.  fig.  1,/7'etpl.  4,  fig-  2  et  :}. 

(2)  PI.  3,  fig.  i,pet  pi.  4,  fig.  2. 

(3)  PI.  4,  fig-  3. 
(4)p"fig.  i,pl.  3,  etc. 
(5)  PI.  4,  fig.  4. 


(243)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  2^ 

parvenus  à  une  période  un  peu  plus  avancée  de  leur  déve- 
loppement, circonstance  qui  est  souvent  facile  à  reconnaître 
par  le  seul  fait  de  leur  position  relative  dans  le  cloaque,  le 
vitellus  perd  l'aspect  framboise  qu'il  avait  pris  peu  de  temps 
auparavant,  et,  si  on  l'écrase  entre  deux  lames  de  verre,  on 
voit  qu'il  est  composé  tout  entier  de  petits  globules  ou  gra- 
nules de  grosseurs  variées.  Bientôt  l'œuf  s'aplatit  un  peu,  et  la 
substance  vitelline  paraît  se  concentrer  vers  le  centre;  elle  y 
forme  une  masse  ovoïde  d'une  couleur  jaune  foncé,  qui  est 
entourée  d'une  sorte  de  bordure  assez  large,  d'une  teinte 
plus  claire.  Cette  portion  marginale  du  vitellus  se  condense 
à  son  tour,  et  alors  on  commence  à  apercevoir  qu'elle  ne 
constitue  pas  un  anneau,  mais  un  long  prolongement  conique 
enroulé  autour  de  la  portion  centrale  du  vitellus,  et  y  adhé- 
rant par  sa  base,  tandis  que  sa  pointe  est  libre  (i). 

Par  les  progrès  de  l'incubation,  l'œuf  grandit,  s'aplatit  da- 
vantage et  devient  plus  ovalaire.  La  masse  vitelline  paraît  se 
resserrer;  et  sa  surface,  devenue  plus  dense,  semble  s'orga- 
niser en  une  membrane  distincte  de  la  substance  jaune  si- 
tuée plus  profondément.  Les  deux  portions  de  cette  masse  se 
séparent  aussi  davantage;  celle  qui  occupe  le  centre  de  l'œuf 
devient  ovoïde  et  bosselée  à  l'une  de  ses  extrémités;  vers  l'ex- 
trémité opposée,  on  aperçoit  un  ou  deux  petits  points  noirâ- 
tres, et  cette  dernière  extrémité  elle-même  se  continue  avec  la 
portion  marginale,  qui,  maintenant,  ne  simule  plus  un  anneau 
complet,  mais  une  sorte  de  prolongement  caudal  trop  court 
pour  entourer  complètement  la  portion  centrale  dont  il  s'é- 
carte un  peu  en  avant.  Enfin,  la  substance  blanche  qui  en- 

(i)  PI.  4,fig.5. 


28  OBSERVATIONS  (244) 

toure  la  masse  vitelline,  et  que  je  désignerai  sous  le  nom  de 
corps  tégiimentaire,  augmente  beaucoup  d'épaisseur  (i). 

Lorsque  ces  œufs  approchent  davantage  de  la  maturité,  la 
queue  du  vitellus  se  raccourcit  encore,  et  la  portion  centrale 
ou  tronc  de  l'embryon  se  resserre  de  plus  en  plus.  Son  ex- 
trémité antérieure  devient  lobulée  et  se  couronne  d'une  série 
de  cinq  prolongements  cylindriques,  qui  s'avancent  en  diver- 
geant vers  le  bord  de  l'œuf;  trois  de  ces  appendices  se  ter- 
niinent  par  une  sorte  de  bouton,  tandis  que  les  deux  pro- 
longements qui  séparent  ceux-ci  entre  eux  sont  amincis  vers 
le  bout;  de  chaque  côté  de  la  base  de  ce  petit  appareil  on 
aperçoit  aussi  un  petit  lobule  saillant.  Enfin,  le  côté  du  tronc 
oj)posé  à  cellii  contre  lequel  s'enrotde  la  queue^  devient  assez 
fortement  bosselé  près  de  sa  base,  et  vers  l'endroit  où  se 
voient  les  points  noirs  déjà  signalés  (2). 

L'œuf  prêt  à  éclore  ne  paraît  différer  que  très-peu  de 
celui  dont  je  viens  de  parler.  Il  est  seulement  à  noter  que  les 
deux  apjjendices  styliformes  de  l'extrémité  antérieiue  du 
tronc  de  l'embryon  ont  presque  entièrement  disparu,  et  que 
les  trois  prolongements  terminés  en  bouton  ont  acquis  plus 
tie  développement.  Ou  remarque  aussi  que  le  tronc  s'est 
contracté  davantage  vers  son  extrémité  antérieure,  et  (|ue  la 
matière  jaune  contenue  dans  son  intérieur  s'est  beaucoup 
condensée  vers  le  centre  de  l'œuf. 

La  membrane  extérieure  de  l'œuf,  devenue  excessivement 
mince,  se  rompt  alors  et  laisse  sortir  l'end^ryon.  En  général, 
cette  éclosion  a  lieu  dans  l'intérieur  du  cloaf|ue  de  la  mère, 

(1)  PI.  4,fig.6. 
12)  PI. /i^Hg.j. 


(2^5)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  2^ 

mais  quelquefois  elle  ne  s'opère  que  lorsque  les  œufs  ont  été 
rejetés  au  dehors  par  l'anus.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  jeune  ani- 
mal, débarrassé  de  ses  enveloppes,  ne  tarde  pas  à  étendre 
sa  longue  queue,  et  à  nager  dans  le  liquide  ambiant  à  l'aide 
des  mouvements  ondulatoires  que  cet  organe  exécute.  Par  sa 
forme  générale  (0,  il  offre  alors  quelque  analogie  avec  un 
têtard  nouveau-né;  mais  il  ressemble  encore  davantage  à  une 
Cercaire.  Le  tronc  de  cette  larve  de  Polyclinien  est  ovalalre 
et  un  peu  déprimé.  Le  tissu  blanchâtre  que  j'ai  désigné  plus 
haut  sous  le  nom  de  corps  tégumentaire ,  en  occupe  toute  la 
surface,  et  acquiert  surtout  un  grand  développement  vers  les 
bords;  sa  substance  offre  un  aspect  granuleux  et  paraît  être 
subgélatineuse;  enfin,   sa  consistance  est  plus  considérable 
vers  sa  surface  que  dans  sa  profondeur;  mais  il  m'a  paru  ne 
pas  être  revêtu  d'une  tunique  membraneuse  proprement  dite. 
Vers  le  centre  du  tronc  est  une  grosse  poche  membraneuse 
de  forme  elliptique,  que  je  désignerai  dorénavant  sous   le 
nom  de  tunique  interne;  elle  est  remplie  par  la  matière  jaune 
du  vitellus,et  se  continue  en  avant  avec  trois  tubes  élargis  au 
bout  et  terminés  sur  le  bord  antérieur  de  l'œuf  par  une  sorte 
de  ventouse;  au  moyen  d'une  conq^ression  méthodique,  on 
fait  passer  avec  facilité  la  matière  jaune  de  la  poche  princi- 
pale dans  ces  appendices,  ou  vice  versa ,   et  ou  peut  de  la 
sorte  renverser  au  dehors  le  fond  de  la  petite  capsule  (jui 
termine  chacun  d'eux  ;  on  reconnaît  encore  à  leur  base  des 
vestiges  des  autres   appendices,  qui,  à   une   époque  moins 
avancée  du  développement,  se  trouvaient  entre  ces  prolon- 
gements et  qui  ont  maintenant  presque  entièrement  disparu. 


(i)  PI.  4,iig.8,eti4. 


3o  OBSERVATIONS  {^A^) 

La  matière  jaune  contenue  dans  la  tunique  interne  paraît 
s'être  séparée  en  deux  portions;  une  plus  claire,  située  près 
des  parois  de  cette  poche,  et  l'autre  plus  dense  et  d'une  teinte 
plus  foncée  qui  en  occupe  le  centre.  En  ari^ière,  on  distingue 
aussi  un  petit  espace  marginal  plus  clair  que  les  parties 
voisines,  et,  sur  l'un  des  côtés,  on  aperçoit  encore  les  points 
noirs  dont  il  a  déjà  été  fait  mention.  La  queue  est  très-grande, 
et  se  compose,  ainsi  que  le  tronc,  de  deux  parties  bien  dis- 
tinctes :  l'une,  superficielle,  incolore,  transparente,  gélati- 
neuse, et  ressemblant  beaucoup  à  l'albumen  des  œufs  de 
grenouille  ;  l'autre,  centrale  et  colorée  en  jaune.  Cette  der- 
nière partie  se  continue  antérieurement  avec  le  sac  central 
du  tronc,  et  se  compose  aussi  d'une  tunique  membraneuse, 
renfermant  une  matière  jaune,  granuleuse  et  semi-fluide;  il 
m'a  semblé  y  voir  en  même  temps  un  canal  central,  mais  je 
n'ai  pu  m'assurer  positivement  de  cette  disposition  (i). 

Ainsi  que  nous  l'avions  déjà  constaté,  M.  Audouin  et  moi, 
lors  de  notre  excursion  aux  îlesChausey,  en  1828,  ces  jeunes 
Ascidies,  encore  à  l'état  de  larve,  nagent  en  frétillant,  et  s'a- 
gitent beaucoup  pendant  les  premières  heures  qui  suivent 
leur  naissance  ;  mais  bientôt  on  les  voit  se  reposer  contre  la 
surface  des  corps  solides  qu'elles  rencontrent,  et  y  rester  im- 
mobiles, à  moins  que  quelque  cause  accidentelle  ne  vienne 
les  déranger  ,  car  alors  elles  reprennent  leur  course  et  nagent 
avec  vivacité  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  rencontré  quelque  autre 
place  de  repos  qui  leur  convienne.  Ce  besoin  de  repos  aug- 
mente de  plus  en  plus  ;  enfin  au  bout  de  quelques  heures ,  ces 
larves,  dont  la  grosseur  ne  dépasse  pas  celle  de  la  tête  d'une 

.    (i)  PI.  4,  fig.  14. 


(247)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  3l 

de  nos  épingles  les  plus  fines,  se  fixent  à  l'aide  de  l'une  des 
petites  ventouses  dont  leur  extrémité  antérieure  est  garnie, 
et  alors  elles  perdent  pour  toujours  la  faculté  locomotive. 

La  larve,  devenue  ainsi  adhérente  à  quelque  corps  étran- 
ger, ne  tarde  pas  à  changer  de  forme  (i).  L'extrémité  anté- 
rieure de  son  tronc  s'élargit,  et  les  prolongements  de  la 
tunique  interne,  qu'on  remarquait  dans  son  intérieur,  dispa- 
raissent promptement;  la  portion  centrale  de  la  queue  se 
vide  en  même  temps,  et  rentre  dans  la  grande  masse  de  ma- 
tière jaune  qui  occupe  le  centre  du  tronc.  La  poche  renfer- 
mant cette  masse  ou  la  tunique  interne  du  tronc  se  contracte 
beaucoup,  prend  une  forme  sphérique;  enfin  la  matière  jaune 
qui  s'y  était  inégalement  répartie,  semble  s'y  brouiller  de 
nouveau.  La  queue,  qui  pendant  la  première  période  de  la 
vie  de  ces  larves  remplissait  un  rôle  si  important,  puisqu  il 
était  leur  unique  instrument  de  locomotion,  semble  être,  dès 
ce  moment,  frappée  de  mort;  elle  se  trouve  réduite  à  sa  por- 
tion gélatineuse  ou  tégumentaire,  et  celle-ci,  après  être  de- 
venue de  plus  eu  plus  transparente,  se  flétrit  et  finit  par  se 
détacher  ou  par  tomber  en  lambeaux  à  une  époque  plus  ou 
moins  avancée  de  développement  du  jeune  animal  (2). 

Le  tronc  de  la  petite  Ascidie  est  au  contraire  le  siège  d  un 
travail  vital  très-actif.  La  portion  tégumentaire  de  son  corps 
s'élargit  beaucoup  (3),  puis  reprend  une  forme  ovalaire  (4), 
et  en  même  temps  grandit  bien  visiblement.  T^a  tunique  in- 


(i)  PI.  4,  fig-  9  et  i5. 

(2J  PI.  4,  fig.  10,  II,  12,  i3,  etc. 

(3)  PI.  4,  fig.  10  et  16. 

(4)  PI.  4,  fig-  II  et  17. 


Sa  OBSERVATIONS  (248) 

térieure  continue  d'abord  à  se  rapetisser  et  devient  tout  à  fait 
sphérique  (ij;  enfin  on  y  remarque  plusieurs  grandes  taches 
d'une  teinte  jaune  plus  claire  que  le  reste ,  et  il  est  à  noter  que 
l'une  de  ces  taches  en  occupe  la  partie  antérieure,  tandis  que 
deux  autres  se  voient  à  sa  partie  postérieure. 

Les  modifications  dont  il  vient  d'être  question  se  produi- 
sent ordinairement  dans  l'espace  de  dix  ou  douze  heures;  et 
si  l'on  examine  de  nouveau  ces  larves  vers  la  fin  de  la  pre- 
mière journée  de  leur  vie  sédentaire ,  on  remarque  de  nou- 
veaux changements  dans  l'espèce  de  sac  formé  par  la  tunique 
intérieure:  au  lieu  d'être  sphérique,  cette  grosse  vésicule  jaune 
est  devenue  ovalaire ,  et  sa  partie  antérieure  s'est  beaucoup 
éc]aircie(2).  Bientôt  elle  s'allonge  encore  davantage,  et  un  ré- 
trécissement circulaire  la  divise  en  deux  parties  inégales  (3). 
La  portion  antérieure ,  plus  petite  et  moins  foncée  que  la  por- 
tion postérieure ,  est  arrondie  en  avant ,  et  présente  dans  cette 
région  une  grande  tache  annulaire  d'un  jaune  foncé,  circons- 
crivant vaguement  une  partie  centrale  plus  pâle.  La  portion 
postérieure  est  plus  renflée  et  d'une  teinte  jaune  beaucoup 
plus  intense  que  la  portion  antérieure;  enfin,  on  y  aperçoit 
tout  à  fait  en  arrière  une  petite  tache  d'un  jaune  très-clair;  et 
afin  de  fixer  l'attention  sur  ces  particularités  qu'on  pourrait 
croire  d'un  faible  intérêt,  je  devancerai  ici  l'ordre  chronolo- 
gique des  observations ,  pour  dire  que  cette  dernière  tache  (4) 
va  devenir  bientôt  le  cœur,  tandis  que  la  portion  antérieure 


(i)  PI.  4,  fig.  lo  et  i6. 

(2)  PI.  4,  fig.  17- 

(3)  P1.4,fi§.  n. 
{^)d,  fig.  II, 


(a/Jg)  SUR    l-ES    ASCIDIES    COMPOSEES.  33 

de  la  tunique  interne,  plus  claire  (jiie  le  reste  (i),  sera  par 
la  suite  le  thorax  du  jeune  animal. 

Le  lendemain,  toutes  ces  parties  commencent  à  se  mieux 
dessiner  (a).  J.a  jjortion  antérieure  de  la  tunique  interne 
ou  le  thorax  ,  qui  était  plus  petite  que  la  portion  posté- 
rieure ou  abdominale  ,  grandit  beaucoup  (3);  elle  devient 
aussi  beaucoup  plus  transparente  ,  et  la  partie  occupée 
par  la  tache  blanchâtre  antérieure  commence  à  s'élever  en 
forme  de  mamelon,  et  l\  marquer  ainsi  la  place  où  se  trou- 
vera plus  tard  la  bouche  de  l'animal;  le  cercle  obscur  qui 
entourait  la  base  de  cette  région  buccale  est  remplacé 
maintenant  par  une  bande  jaune  très-étroite,  et  on  distingue 
aussi  sur  la  portion  inférieure  de  cette  portion  thoracique  du 
corps  deux  stries  jaunes  qui  la  partagent  verticalement  en 
trois  lobes  à  peu  près  égaux.  Enfin  la  portion  abdominale  de 
la  tunique  interne  s'est  au  contraire  beaucoup  rétrécie;  la  tache 
()éricardiale  est  devenue  beaucoup  plus  distincte,  et  une  au- 
tre tache  moins  bien  limitée  et  située  plus  en  avant  m'a  paru 
être  un  premier  vestige  de  l'estomac. 

Vers  le  milieu  de  cette  seconde  journée,  j'ai  trouvé  le  lobe 
médian  du  thorax  beaucoup  élargi,  et,  dans  certaines  positions 
de  l'animal ,  j'ai  pu  distinguer  qu'il  était  formé  par  une  nou- 
velle poche  intérieure  assez  bien  limitée,  et  de  forme  cylin- 
drique, qui,  en  avant,  vient  se  confondre  avec  la  pai'oi 
antérieure  du  thorax  dans  le  point  occupé  par  l'anneau  jaune 
dont  il  a  été  déjà  question,  tandis  que  latéralement  elle  est  sé- 


(i)  c,  fig.  II,  pi.  4. 

(2)  PI.  4,  fig.  18. 

(3)  PI.  4,  fig-  12. 


34  OBSERVATIONS  (aSo) 

parée  de  la  tunique  interne  par  des  espaces  correspondant 
aux  lobes  latéraux  mentionnés  dans  le  paragraphe  précé- 
dent (i).  L'un  de  ces  derniers  lobes  se  rétrécit  extrêmement, 
et  paraît  destiné  à  constituer  le  grand  sinus  vasculaire  qui 
par  la  suite  doit  longer  la  face  antérieure  du  thorax;  l'autre 
lobe  latéral  correspond  au  cloaque  ;  enfin ,  le  lobe  médian  n'est 
lui-même  autre  chose  que  le  sac  branchial  au  fond  duquel 
naîtra  le  tube  digestif. 

En  examinant  de  nouveau  ces  larves  quelques  heures  plus 
tard,  j'ai  trouvé  le  mamelon  antérieur  bien  plus  saillant,  et 
il  m'a  paru  être  contractile.  J'ai  pu  distinguer  aussi  dans 
l'abdomen  la  place  occupée  par  l'estomac,  ainsi  que  le  trajet 
suivi  par  l'intestin  (2).  Enfin,  la  matière  jaune  avait  alors  dis- 
paru en  grande  partie;  mais  il  s'en  trouvait  encore  une  quan- 
tité assez  considérable  dans  le  tube  digestif,  et  toutes  les 
parties  intérieures  du  jeune  animal  en  paraissaient  comme 
imprégnées. 

Vers  la  fin  de  la  seconde  journée,  je  distinguai  très-bien, 
au  sommet  du  thorax,  la  bouche,  dont  les  bords  commen- 
çaient à  se  festonner;  mais  cette  ouverture  n'occupait  que  la 
tunique  interne ,  et  la  substance  tégumentaire  se  continuait 
sans  interruption  au-devant  d'elle  (3)  ;  le  tubercule  qui  est  si- 
tué entre  la  bouche  et  l'anus ,  et  qui  paraît  être  un  ganglion 
nerveux,  se  voyait  aussi;  et  le  cercle  jaune  qui  entourait  le 
sommet  du  thorax  était  devenu  le  bord  supérieur  du  sac 
branchial  ;  toute  la  portion  thoracique  du  corps  se  contrac- 


(1)  PI.  4,  fig.  19- 

(2)  PI.  4,  fig.  i3. 

f3)  PI.  4,  fig.  20,  21 ,  22  ,  23, 


(aSi)  SUH    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  35 

tait  de  temps  ea  temps  au  point  de  changer  de  forme;  enfin, 
l'anus  commençait  à  devenir  visible. 

Le  troisième  jour  de  cette  espèce  de  métamorphose  de  la 
larve  en  une  Ascidie  parfaite,  je  vis  battre  le  cœur,  et  je 
distinguai  très-bien  des  boulettes  de  matières  fécales  dans 
l'intestin  (i).  Le  lendemain  ,  la  bouche  était  devenue  béante  à 
l'extérieur,  et  l'eau  pénétrait  par  cette  voie  dans  le  sac  bran- 
chial (2).  Vers  la  même  époque,  la  tunique  tégumentaire  se  per- 
fora aussi  pour  constituer  l'anus,  et  j'en  vis  sortir  les  boulettes 
de  matières  fécales  ,  provenant  sans  doute  de  la  digestion  des 
matières  nutritives  fournies  par  la  masse  vitelline. 

Les  jours  suivants ,  la  croissance  du  jeune  animal  fut  pins 
rapide  ;  tous  ses  organes  devinrent  plus  visibles ,  et  bientôt 
je  pus  même  distinguer,  dans  l'intérieur  du  sac  respiratoire, 
les  fentes  branchiales  disposées  par  rangées  transversales,  et 
les  mouvements  vibratiles  des  cils  dont  ces  ouvertures  sont 
entourées  (3);  mais  le  nombre  de  ces  rangées  de  stigmates 
branchiaux  n'était  encore  que  de  quatre ,  tandis  qu'à  l'âge 
adulte  on  en  compte  dix. 

A  cette  époque  de  son  développement,  la  jeune  Ascidie 
était  déjà  pourvue  de  tous  ses  organes,  si  ce  n'est  de  l'appa- 
reil de  la  génération ,  dont  on  ne  voyait  aucune  trace  et  dont 
la  place  même  était  occupée  par  d  autres  organes,  car  le 
cœur  était  encore  en  contact  presque  immédiat  avec  l'anse 
formée  par  le  tube  intestinal.  La  conformation  générale  du 
corps  n'était  cependant  pas  ce  qu'elle  devait  être  par  la  suite, 


(i)Pl.  5,fig.8et9. 

(2)  c,  fig.  i3,pl.  4  et  fig.  12,  pi.  5. 

(3)  PI.  4,  fig.  25,  26. 


3<)  OBSERVATIONS  (aSa) 

et  le  jeune  animal  ressemblait  beaucouj)  plus  à  une  Ascidie 
de  la  famille  des  Didemniens  qu'à  un  Polyclinien ,  car  il 
n'avait  pas  encore  de  post-abdomen  ,  et  l'anse  intestinale  était 
reployée  contre  l'extrémité  inférieure  du  thorax.  Enfin,  pen- 
dant les  jours  suivants,  l'abdomen  s'allongea  beaucoup,  et  vers 
la  fin  de  la  seconde  semaine  je  trouvai,  entre  le  cœur  et 
l'intestin,  une  masse  granuleuse  qui,  par  son  aspect  et  sa  po- 
sition ,  était  facile  à  reconnaître  comme  étant  l'appareil  géné- 
rateur (i). 

Jusqu'ici  je  n'ai  guère  parlé  que  du  développement  des 
parties  intérieiu'es  du  jeune  animal,  et  je  n'ai  presque  rien 
dit  de  sa  tunique  tégumentaire.  Celle-ci ,  destinée  à  devenir 
la  partie  commune  à  toute  la  colonie  dont  s'entourera  par 
la  suite  notre  Ascidie,  maintenant  solitaire,  est,  dans  le 
principe,  la  couche  gélatineuse  qui,  dans  l'œuf,  revêt 
en  dehors  la  masse  vitelline  (2),  et  qui  un  peu  plus  tard 
donne  au  tronc  de  la  larve  sa  forme  ovalaire  (3).  La  mem- 
Ijrane  qui  entoure  immédiatement  la  matière  jaune  et  qui 
doit  être  considérée  connue  un  blastoderme,  devient  la 
tunique  interne  de  la  jeune  Ascidie;  et  lorsque  la  larve  subit 
ses  premières  métamorphoses,  il  ne  paraît  exister  aucune 
connexion  organique  entre  ces  deux  tuniques.  Effectivement,  à 
une  certaine  époque ,  on  voit  souvent  la  tunique  interne,  avec 
tout  ce  qu'elle  renferme,  c'est-à-dire,  l'animal  tout  entier,  à 
l'exception  de  sa  peau  extérieure,  se  renverser  complètement 
dans  la  cavité   de  la  tunique   tégumentaire,    et   quelquefois 


(i)  PI.  5,  fig.  i5. 

(2)  PI.  4,  fig.  4,5,6,7. 

(^)  P!.  4,  fig.  Set  14. 


(253)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  Sj 

elle  fait  niênie  pour  ainsi  dire  hernie  au  dehors  de  cette  cavité, 
en  abandonnant  sa  place  primitive  et  en  distendant  une  petite 
portion  du  tissu  tégumentaire,  au  point  de  doubler  l'éten- 
due de  cette  tunique  extérieure  (i).  11  ne  faut  pas  croire 
cependant  que  la  substance  semi-gélatineuse  dont  cette  cou- 
che tégumentaire  est  formée,  soit  un  simple  dépôt  produit 
de  quelque  sécrétion,  ou  une  partie  organisée  qui  aurait 
cessé  de  vivre  en  cessant  de  tenir  aux.  parties  intérieures  de 
l'animal ,  car  elle  continue  à  croître  et  donne  des  signes  irré- 
cusables de  vitalité.  Ainsi,  non-seulement  sa  masse  augmente 
rapidement,  mais  on  en  voit  naître  des  expansions  lobulaires 
qui  changent  fréquemment  de  forme,  se  contractant  ou  se 
dilatant  avec  une  lenteur  extrême,  et  paraissant  avoir  quel- 
que analogie  avec  les  expansions  protéiformes  des  Amibes  et  de 
divers  animaux  inférieurs.  L'inspection  des  trois  séries  de 
figures  réunies  dans  les  planches  4  et  5 ,  et  représentant  les 
mêmes  larves  observées  de  quatre  heures  en  quatre  heures, 
fera  apprécier  l'étendue  de  ces  changements  de  forme  mieux 
qu'une  longue  description,  et  lèvera,  je  crois,  toute  espèce  de 
doute  sur  la  vitalité  de  cette  partie,  qui  est  évidemment 
l'analogue  du  polypier  chez  les  polypes.  C'est  seulement 
lorsque  la  bouche  et  l'anus  s'ouvrent  au  dehors,  que  l'adhé- 
rence s'établit  entre  ce  tissu  tégumentaire  et  la  tunique  interne 
de  l'animal;  et  alors,  de  même  que  pendant  le  i^este  de  la  vie, 
c'est  seulement  autour  de  ces  deux  orifices  que  la  continuité 
organique  existe  entre  ces  deux  parties  dont  l'une  seulement 
est  en  relation  directe  avec  les  organes  delà  vieanimale.il  est 
par  conséquent  probable  que  la  nutrition  ne  se  fait  jamais 

(i)  PI.  5,  fig.  4,5,6,7. 


38  OBSKRVATIONS  (254) 

dans  lenveloppe  tégumentaire  que  par  iinbibition  ;  et,  quo 
qu'il  en  soit,  c'est  un  fait  qui  me  semble  digne  de  l'intérêt  des 
physiologistes  ,  que  cette  indépendance  de  deux  portions  du 
corps  des  Ascidies  durant  les  premières  périodes  de  leuri 
métamorphoses  ;  chacune  de  ces  parties  vivant  et  se  dévelop- 
pant à  sa  manière  pour  se  réunir  ensuite  et  continuer  un 
seul  tout.  Ce  mode  de  vitalité  de  la  tunique  tégumentaire  des 
jeunes  Ascidies  offrira  probablement  de  l'analogie  avec  ce  qui 
se  passe  chez  les  Eponges,  et  jettera  peut-être  quelque 
lumière  sur  le  genre  d'existence  de  la  portion  basilaire  des 
Sertulariens  et  des  autres  Polypes  qui  continuent  à  vivre  pen- 
dant longtemps  après  la  chute  ou  la  destruction  des  parties 
mobiles  considérées  généralement,  mais  à  tort,  comme  cons- 
tituant l'animal  tout  entier.  Du  reste,  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de 
discuter  ces  questions,  et  dans  ce  moment  leur  examen  serait 
peut-être  prématuré. 

Les  observations  que  j'ai  recueillies  sur  le  développement 
des  œufs  et  des  larves  chez  quelques  autres  espèces  dePolycli- 
niens,  chez  les  Didemniens  et  chez  les  Clavelines,  m'ont  fait 
voir  que  chez  tous  ces  animaux  les  choses  se  passent  à  peu 
près  de  la  même  manière;  il  me  paraît,  par  conséquent,  inu- 
tile de  présenter  ici  des  descriptions  qui  seraient  pour  ainsi 
dire  la  répétition  de  ce  que  je  viens  d'exposer,  et  j'ajouterai 
seulement  que  la  forme  des  larves  varie  un  peu  et  que  leurs 
métamorphoses  ne  s'effectuent  pas  toujours  avec  la  même 
rapidité.  Ainsi,  les  larves  de  la  Claveline  grêle,  par  exemple, 
ont  la  tunique  interne  fortement  bosselée  en  avant,  très- 
renflée  en  arrière,  et  dépourvue  des  prolongements  en  patte 
d  oie  qui  sont  remarquables  chez  les  Polycliniens  (i).  Chez 

(i)Pl.  2,fig.  3",3^ 


(255)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  39 

les  Didemniens  ces  appendices  existent ,  mais  sont  très-courts, 
et  près  de  leur  base  se  trouve  une  rangée  de  lobules  pyri- 
formes  qu'on  pourrait  pi-endre  facilement  pour  les  germes 
d'autant  de  jeunes,  mais  qui  appartiennent  tous  à  un  seul 
individu.  Enfin,  c'est  surtout  chez  les  jeunes  de  l'Amarouque 
de  Nordmann  que  le  développement  des  lobes  protéiformes 
de  la  tunique  tégumentaire  m'a  paru  remarquable. 

Les  Ascidies  dont  nous  venons  d'étudier  le  développement 
sont  solitaires  darfs  le  jeune  âge;  plus  tard  on  les  trouve 
réunies  par  colonies  nombreuses,  tantôt  sur  une  tige  ram- 
pante, tantôt  dans  une  masse  compacte  formée  par  un  tissu 
tégumentaire  commun  à  tous  les  individns  ainsi  associés,  et  en 
général  ces  derniers  sont  groupés  d'une  manière  déterminée 
et  constante  pour  chaque  espèce.  Comment  s'opèrent  ces 
réunions  ?  C'est  ce  qu'on  n'a  pas  encore  expliqué  d'une  manière 
satisfaisante,  et  c'est  la  question  dont  nous  allons  maintenant 
nous  occuper. 

§  V. 

D'après  quelques  observations  incomplètes  sur  les  Botrylles 
et  sur  les  Pyrosomes ,  M.  Savigny  avait  été  porté  à  croire  que  , 
chez  les  Ascidies  agrégées,  les  germes  de  tous  les  individus 
dont  se  compose  chaque  système  ou  groupe  préexistent  dans 
l'œuf,  et  que  celui-ci  donne  naissance  de  prime  abord ,  non 
à  un  seul  jeune ,  mais  à  plusieurs  petites  Ascidies  déjà  réunies 
suivant  l'ordre  qui  est  particulier  à  chaque  espèce.  Le  fait 
que  M.  Audouin  et  moi  avons  constaté  en  1828,  que 
M.  Dalyell  a  observé  depuis,  et  que  je  viens  d'étudier  dans 
tous  ses  détails,  montre  que  chez  les  Polycliniens,  au  moins, 
il  n'en  est  pas  ainsi,  car  les  jeunes,  au  sortir  de  l'œuf,  sont 


4o  OBSERVATIONS  (2  56) 

parfaitement  libres  et  isolés,  tandis  que  plus  tard  on  trouve 
toujours  ces  animaux  réunis  par  colonies  nombreuses  dans 
une  masse  tégumentaire  commune,  et  groupés  suivant  des 
règles  déterminées. 

Je  n'ai  pas  eu  l'occasion  d'étudier  le  développement  des 
larves  de  Botrylles,  et  par  conséquent  je  ne  puis  me  pro- 
noncer sur  leur  mode  d'évolution  ;  mais  je  ferai  remarquer 
que  1  existence  de  quatre  embryons  réunis  en  un  anneau 
chez  les  Pyrosomes,  qu'admet  M.  Savigny  (i),  et  le  dévelop- 
pement de  plusieurs  germes  disposés  en  étoile  dans  chacune 
des  larves  des  Botrylles,  annoncé  par  M.  Saars  (2),  ne  suffi- 
raient même  pas  pour  expliquer  l'association  de  ces  animaux  à 
l'âge  adulte;  car,  chez  les  Pyrosomes,  par  exemple,  chaque 
système  ,  au  lieu  d'être  formé  par  quatre  individus  seulement, 
se  compose ,  à  l'état  adulte,  de  plusieurs  centaines  de  ceux-ci, 
parvenus  à  des  degrés  de  développement  très-variés.  Or,  pour 
expliquer  cette  multiplication ,  il  faut  admettre  que  tous  les 
individus  d'un  système,  quel  qu'en  soit  le  nombre,  préexis- 
taient dans  le  même  œuf,  quoiqu'on  n'ait  pu  apercevoir 
dans  celui-ci  que  quatre  embryons,  ou  bien  que  des  indi- 
vidus provenant  de  quelque  autre  origine  viennent  peu  à  peu 
s'associer  à  ceux  déjà  existants,  mais  ne  peuvent  s'y  réunir 
qu'autant  qu'ils  se  placent  dans  certaines  positions  déter- 
minées pour  chaque  espèce ,  et  variables  d'une  espèce  à  une 
autre.  La  première  de  ces  hypothèses,  adoptée  par  M.  Savi- 
gny (3),  ne  repose  sur  aucune  observation  directe,  et  ne  me 


(i)  Op.  cit.,  pag.  58. 
(2)  Op.  cit.,  pag.  69. 
(3jOp.  cit.,  pag.  121, 


(u57)  SUR     LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  ^l 

paraît  guère  plus  admissible  que  la  célèbre  théoii.e  de  l'eniboî- 
tement  des  germes,  théorie  devant  laquelle  l'iinaginatioii 
tuème  la  plus  ardente  doit  s'effrayer  ;  la  seconde  de  ces  hypo- 
thèses laisse  la  difficulté  tout  entière,  sinon  pour  les  pre- 
miers fondateurs  de  ces  singulières  colonies  zoologiques,  du 
moins  pour  tous  les  membres  dont  elles  se  grossissent  suc- 
cessivement. 

Ces  considérations  m'ont  conduit  à  porter  une  attention 
toute  particulière  sur  le  mode  démultiplication  des  Ascidies, 
et  à  chercher  si  ces  animaux  ne  posséderaient  pas,  comme  les 
Polypes,  un  double  mode  de  reproduction.  I.es  observations 
f|iie  j'ai  recueillies  en  i834,  pendant  mon  voyage  sur  la  côte 
d'Afrique,  m'ont  fait  penser  qu'il  en  était  ainsi ,  et  dans  une 
lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie,  dans  sa 
séance  du  12  janvier  i835,  j'ai  annoncé  ce  résultat;  mais  les 
faits  que  je  possédais  à  cette  époque  ne  me  paraissaient  pas 
assez  concluants  pour  entraîner  la  conviction  de  tous  les 
zoologistes,  et  avant  que  de  les  publier,  j'ai  cru  devoir  me 
livrer  à  de  nouvelles  recherches.  Je  me  suis  donc  de  nouveau 
occupé  de  cette  question  cet  été,  et  les  observations  que  j  ai 
recueillies  me  paraissent  devoir  lever  toutes  les  incertitudes  ; 
car  elles  me  semblent  montrer  clairement  que  les  Ascidies 
composées,  ainsi  que  les  Claveliniens,  se  reproduisent  par 
bourgeonnement,  aussi  bien  que  par  le  moyen  d  (eufs. 

En  disséquant  des  Botrylles,  M.  Savigny  a  remarqué,  vers 
le  bord  de  ces  masses  étoilées  ,  une  uuiltitude  de  petits  tubes 
membraneux,  un  peu  renflés  vers  le  bout;  il  les  appelle  des 
tuhcs  mara:iiiaux ,  et  signale  aussi  leur  existence  chez  les 
Diazones  ;  mais  il  n'entre  dans  aucun  détail  sur  leurs  relations 
avec  les  animaux  englobés  dans  la  même  masse  tégumentaire  , 

G 


42  OBSERVATIONS  (soB) 

et  ne  s'explique  pas  sur  leurs  usages  (i).  Il  m'a  été  facile 
de  retrouver  ces  tubes  marginaux  chez  les  Botrylles  de  nos 
côtes  (2),  et ,  en  les  observant  pendant  la  vie  chez  des  espèces 
dont  le  tissu  commun  est  assez  translucide,  j'ai  vu  que,  dans 
le  principe,  chacun  de  ces  appendices  intérieurs  est  un  petit 
tubercule  qui  se  développe  sur  la  surface  de  la  |)ortion  ab- 
dominale de  la  tunique  interne  d'une  Ascidie  adulte.  Ce 
tubercide  s'allonge  ensuite,  et  constitue  un  tube  dont  l'extré- 
mité libre  est  fermée,  et  dont  la  cavité  conuiiunique  par  son 
extrémité  opposée  avec  la  cavité  abdominale  de  l'animal  dont 
il  provient;  aussi,  le  sang  qui  circule  dans  cette  dernière 
cavité  pénètre-t-il  jusqu'au  fond  de  ce  prolongement  cœcal, 
et  on  y  aperçoit  un  double  courant  très-actif.  En  général , 
à  mesure  que  ces  tubes  marginaux  s'avancent  dans  le  tissu 
tégumentaire  commun  qui  les  entoure,  ils  se  divisent  en 
plusieurs  branches,  et  l'extrémité  de  chacune  de  celles-ci  ne 
tarde  pas  à  se  renfler,  de  façon  à  devenir  claviforme  (3)  ;la  cir- 
culation continue  toujours  à  y  être  active,  et  bientôt  on  voit 
apparaître,  vers  le  sommet  de  chaque  renflement  tei^minal , 
une  petite  masse  granuleuse ,  dont  la  couleur  se  rapproche 
de  celle  de  la  portion  thoracique  des  animaux  adultes,  situés 
auprès.  Un  peu  plus  tard,  on  commence  à  distinguer,  dans  cette 
petite  masse  organisée,  les  formes  d'une  Ascidie  (4),  et  en 
effet,  cetteespècede  bourgeon  ne  tarde  pas  à  devenir  un  jeune 
animal ,  semblable  à  ceux  qui  existaient  déjà  dans  la  masse 


(i)  Op.  cit.,  p.  47  et  48. 
(a)  PI.  6,  fig.  2",  4",  6%  etc. 
(3)  rfig.  i,pl.  7. 
(4)P1.  7,  fig.I^       . 


(25g)  SUR    LKS    ASCIDIKS    COMPOSEES.  43 

conimuue,  dont  il  est  destiné  à  devenir  un  nouvel  habitant. 
Enfin,  la  communication  entre  la  mère  et  le  jeune  individu 
s'oblitère;  mais  pendant  quelque  temps  encore  tous  les 
jeunes  individus  provenant  d'une  même  branche  restent 
unis  par  leur  pédoncule,  et  suivant  toute  apparence,  c'est 
cette  union  qui  détermine  leur  mode  de  groupement  par  sys- 
tèmes. 

LeDidemne  gélatineux  m'a  fourni  des  exemples  non  moins 
évidents  de  ce  mode  de  multiplication  par  bourgeons  (i),  et 
m'a  en  même  temps  démontré  que  le  germe  dont  on  voit  le 
développement  s'effectuer  au  sommet  de  chacune  de  ces  espèces 
de  stolons,  n'est  pas  un  œuf  semblable  à  ceux  que  l'animal 
expulse  au  dehors;  car,  non-seulement  il  n'en  a  ni  l'aspect  ni 
la  forme,  mais  son  volume  est  dans  l'origine  vingt  ou  trente 
fuis  moindre  que  celui  de  la  masse  vitelline  de  ces  corps 
propagateurs  (2). 

Chez  les  Polycliniens ,  j'ai  également  constaté  ce  mode  de 
reproduction.  Ainsi,  dans  l'Amarouque  prolifère,  j'ai  fré- 
quemment trouvé  à  la  surface  d'inie  masse  arrondie  consti- 
tuée par  une  colonie  de  ces  animaux,  plusieui-s  petites  bran- 
ches filiformes,  tantôt  simples,  tantôt  rameuses,  qui  étaient 
formées  par  un  prolongement  du  tissu  tégumen taire  com- 
mun, et  qui  consistaient  en  un  tube  fermé  au  bout,  et  ren- 
fermant dans  son  intérieur  un  ou  plusieurs  embryons,  dont 
le  développement  était  plus  ou  moins  avancé  (3)  ;  enfin,  ces 
jeunes  Ascidies  se  terminaient  inférieurement  par  un  pédi- 


(,)  PI.  7,  fig.  5",  5s  5^. 
(2)  PI.  7,  fig.  5"  et  5''. 

(3j  PI.  3,   fig.   2,2^2". 


44  OBSERVATIONS  (260) 

«ule  qui  se  pi'olongeait ,  en  forme  de  tube  grêle,  dniis  la 
niasse  commune,  et  naissait,  suivant  toute  appai'ence,  de  la 
tunique  abdominale  d'un  individu  adidte,  comme  nous  l'a- 
vons déjà  vu  chez  les  Botrylles  et  les  Didemnes  ;  mais  je  dois 
dire  qu'il  n)'a  été  impossi])le  de  le  suivre  assez  loin  puur 
m'assurer  de  cette  connexion. 

Les  faits  que  je  viens  d'exposer  snttiraient  certainement 
pour  flémontrer  l'existence  de  la  singulière  propriété  que  les 
Ascidies  composées  possèdent,  en  commun  avec  les  Polyjjes, 
de  se  multiplier  par  bourgeons  aussi  bien  que  par  des  œufs, 
^lais  les  observations  dont  il  me  reste  à  parler  sont  encore 
plus  concluantes,  car,  pour  les  faire,  il  suffit  d'une  simjile 
loupe.  Elles  se  rapportent  aux  Clavelines. 

Tous  les  zoologistes,  à  l'exemple  de  Cuvier  (i)  et  de  M.  Sa- 
vigny  (2),  s'accordent  à  considérer  les  Clavelines  comme  des 
Ascidies  simples;  et, en  effet,  ces  animaux  ne  sont  pas  réunis 
dans  une  masse  commune,  et  n'adhèrent  au  corps  étranger  sur 
lequel  ils  vivent  que  par  leur  extrémité  inférieure;  quelque- 
fois on  les  trouve  tout  à  fait  isolés,  et  lorsqu'ils  sont  rassem- 
blés en  groupes,  ils  ne  paraissent  avoir  entre  eux  aucune 
connexion  intime.  Cependant  ils  naissent  à  la  manière  des 
Ascidies  composées,  et  leur  sépai\ition  ultérieure  n'est  pour 
ainsi  dire  qu'un  accident. 

Si  on  examine  avec  attention  le  pied  d'une  Clavelina  te- 
padiformis ,  on  voit  que  l'animal  adhère  au  sol  par  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  prolongements  radiciformes 


(f)  Règne  animal,  t(jni.  111,  pag.  1 66 (  2' édit.). 
(2)  Op.  cit.,  p.  137,  etc. 


(•iGl)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  45 

de  sa  tunique  tégiimeiitaire  (i),et,eii  général,  on  distingue  en 
outre  des  filaments  cylindriques,  (|ui ,  mêlés  à  ces  racines  et 
formés  à  l'extérieur  par  le  même  tissu,  rampent  aussi  à  la 
surface  du  sol,  mais  sont  creux  et  renferment  dans  leur  in- 
térieur un  tubemembraneux  (a).  Ce  tube  secontinue  supérieu- 
rement avec  la  tunique  interne  de  l'Ascidie  (3) ,  et  la  circulation 
<]ui  se  voit  dans  l'intérieur  de  l'abdomen  de  celle-ci,  se  con- 
tinue également  dans  ce  canal  appendiculaire.  Cette  espèce 
de  stolon,  qui  est  fermée  au  bout  et  (jui  est  d'abord  simple, 
se  ramifie  à  mesure  qu'elle  s'allonge;  et  lorsque  sa  croissance 
est  plus  avancée,  on  voit  se  développer  à  l'extrémité  de  ses 
branches,  ou  même  sur  divers  points  de  sa  longueur,  des  tu- 
bercules qui  renferment  dans  leur  intérieur  une  petite  masse 
organique  en  connexion  avec  lé  tube  intérieur  (4).  Ces  tuber- 
cules s'allongent,  s'élèvent  verticalement  et  deviennent  clavi- 
formes  ;  le  sang  qui  circule  dans  la  tige  pénètre  dans  la  masse 
molle  et  pyriforme  qui  en  occupe  le  centre;  mais  cette  masse, 
d'abord  pédiculée  et  adhérente  à  la  tunique  interne  du  canal 
principal ,  ne  tarde  pas  à  se  séparer  de  celui-ci,  et  alors  elle  ne 
])articipe  plus  à  la  circulation  de  l'individu  dontelle  a  pris  nais- 
sance. Son  développement  se  continue  néanmoins,  et  bientôt 
on  y  distingue  tous  les  principaux  traits  caractéristiques  de  la 
structure  des  Ascidies  (5);  le  sac  branchial  se  dessine  parfaite- 
ment sans  être  encore  en  communication  avec  l'extérieur;  on 


(i)  PI.  i,(ig.  i;  pl.2,  fig.  I,  I'. 
(2)5'  fig.  i,pl.  2. 
(3)f'fig.  i,pl.  2. 

(4)  PI.  2,  fig.  1'. 

(5)  PI.  2,  fig.  i«. 


:\G  OBSERVATIONS  (262) 

y  reconnaît  aussi  un  tube  digestif  recourbé  en  l'orme  d'anse 
sous  le  thorax;  enfin,  l'ouverture  buccale  se  montre  plus 
tard,  et  la  forme  générale  du  jeune  animal  se  rapproche  de 
plus  en  plus  de  celle  de  l'adulte.  11  se  produit  donc  ainsi,  par 
bourgeon,  un  nouvel  individu  qui  tient  à  celui  dont  il  naît, 
par  un  prolongement  radiciforme  de  la  tunique  tégumen- 
taire,  et  qui,  pendant  les  premiers  temps  de  sa  vie,  avait  avec 
sa  mère  une  circulation  commune,  mais  qui  jouit  ensuite  d'une 
vie  indépendante.  Alors  il  peut  rester  encore  en  connexion 
avec  l'individu  dont  il  provient,  par  l'intermédiaire  de  ses 
racines,  ou  bien  devenir  complètement  libre  parla  rupture 
de  ces  filaments  grêles,  sans  que  du  reste  rien  d'important 
soit  changé  dans  son  mode  d'existence. 

Dans  une  autre  espèce  de  Claveline,  assez  voisine  de  la  pré- 
cédente (i),  j'ai  observé  la  formation  de  bourgeons  repro- 
ducteurs et  de  jeunes  individus ,  non-seulement  à  l'aide  de 
ces  sortes  de  stolons  radiciformes  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, mais  aussi  sur  la  paroi  même  du  corps  de  lanimal 
adulte,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  figure  3  de  la 
planche  -2. 

Ces  observations  montrent  que  chez  les  Clavelines  le  mode 
de  développement  est  essentiellement  le  même  que  chez  les 
Ascidies  composées,  et  la  seule  différence  importante  qui  dis- 
tingue ces  espèces  entre  elles,  tient  à  ce  que  chez  les  premières 
le  tissu  tégumentaire  des  jeunes  ne  se  développe  pas  autant 
que  chez  les  dernières,  et  ne  se  soude  pas  avec  celui  des  adul- 
tes dans  leurs  points  de  contact:  d'où  il  résulte  que  les  indi- 


(ij  La  Claveline  allongée. 


(263)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  47 

vidiis  provenant  d'une  même  souche  restent  isolés  dans  toute 
leur  longueur,  au  lieu  d'être  réunis  en  une  masse  connnune. 
Enfin,  chez  les  Péropbores,  que  j'ai  eu  fréquemment  l'occa- 
sion d'étudier  sur  les  côtes  de  la  Manciie ,  la  multiplication  par 
bourgeons  est  également  facile  à  constater,  et  ici  les  connexions 
intimes  qui  chez  les  Clavelines  réunissent  entre  eux  les  indi- 
vidus d'un  même  groupe  pendant  le  jeune  âge  seulement, 
persistent  pendant  toute  la  vie  ;  car,  ainsi  que  M.  Lister  l'a 
très-bien  observé,  ces  petits  êtres  sont  toujours  réunis  par 
grappes  sur  une  tige  radiciforme  commune,  et  le  sang  qui 
circule  dans  l'un  de  ces  animaux  descend  par  son  pédoncule 
dans  cette  tige  et  pénètre  ainsi  jusque  dans  l'individu  sui- 
vant, de  sorte  qu'il  existe  chez  ces  Ascidies  une  circulation 
commune  ayant  autant  de  centres  particuliers  et  d'organes 
moteurs  qu'il  y  a  d'animaux  provenant  d'une  même  souche. 

§  VI. 

D'après  l'ensemble  de  faits  que  j'ai  exposé  dans  ce  mémoire , 
on  voit  que  les  Ascidies  ont  avec  les  mollusques  proprement 
dits  des  analogies  moins  intimes  qu'on  ne  le  croyait  généra- 
lement. Elles  ressemblent ,  il  est  vrai ,  à  ces  animaux  par  la  dis- 
position de  l'appareil  digestif  et  par  quelques  particularités  de 
l'appareil  respu-atoire  ;  mais  elles  s'en  éloignent  par  leur 
mode  de  circulation,  par  les  métamorphoses  que  les  indi- 
vidus provenant  d'œufs  subissent  dans  le  jeune  âge,  et  surtout 
par  la  singulière  propriété  que  la  plupart  d'entre  eux  pos- 
sèdent, de  se  multiplier  au  moyen  de  bourgeons.  Par  ces 
derniers  caractères,  d'une  si  haute  importance  physiologi- 
que, elles  se  rapproclient  beaucoup  des  polypes;  et  si  l'on 


4H  OBSERVATIONS  (204) 

compare  la  cont'oniiation  générale  de  leur  corps  avec  celle 
(les  Eschares,  des  Vésiculaires,  des  llalodactyles  ,  des  Pédicel- 
lines,  et  des  autres  zoophytes  que  j'ai  proposé  de  désigner 
sous  le  nom  de  polypes  tunicie/is  (i),  ou  ne  pourra  méconnaître 
d'autres  analogies  non  moins  frappantes;  le  mode  d'agi'é- 
gation  suivant  lequel  la  plupart  d'entre  elles  se  réunissent 
en  sociétés,  et  jusqu'à  leur  aspect  phytoide,  tout  semble  les 
rapprocher  des  polypes  autant  que  des  mollusques;  et  pour 
mettre  les  classifications  zoologiques  en  harmonie  avec  nos 
connaissances  anatomiques  et  physiologiques,  il  me  semble- 
lait  convenable  de  ne  plus  confondre  les  Tuniciers  avec  les 
mollusques,  comme  le  voulait  M.  Cuvier,  mais  d'en  former, 
à  l'exemple  de  Lamarck,  une  division  particulière  intermé- 
diaire entre  les  mollusques  bivalves  et  les  polypes.  On  re- 
viendrait donc  vers  les  opinions  des  anciens  zoologistes,  qui 
ne  distinguaient  pas  les  Ascidies  composées  des  véritables 
polypes,  mais  on  n'irait  pas  aussi  loin  qu'eux,  et  l'on  suivrait 
une  marche  intermédiaire  entre  les  deux  extrêmes  où  l'on 
s'est  tour  à  tour  jeté,  suivant  qu'on  s'en  tenait  exclusivement 
à  la  considération  des  formes  extérieures ,  ou  qu'on  se  gui- 
dait uniquement  par  les  analogies  anatomiques  tirées  de  la 
structure  des  principaux  viscères.  Du  reste,  ce  résultat  est 
aussi  celui  auquel  M.  Savigny  lui-même  paraît  s'être  arrêté, 
et  l'autorité  de  son  opinion  ajoutera  certainement  un  grand 
poids  aux  arguments  que  je  viens  de  présenter  en  faveur  de 
ce  mode  de  distribution  méthodique. 


Il)  Voyez  le  journal  \liiUilut,  aniiec   i83j;  séance  de  la  Société  pli 
)ornatiquf  du  20  mai. 


(265)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  '{^ 


SECONDE  PARTIE. 

OBSERVATIONS    ZOOLOGIQUES. 


M- 

Les  zoologistes  s'accordent  généralement  à  diviser  la 
famille  des  Ascidiens  en  deux  grandes  sections  :  les  Ascidies 
simples  qui  vivent  isolées,  ou  qui,  du  moins,  n'ont  entre 
elles  aucune  connexion  organique;  et  les  Ascidies  composées, 
(jui  vivent  en  grand  nombre  confondues  dans  une  seule 
masse  ,  et  qui  y  sont  unies  par  un  tissu  tégumentaire  com- 
mun. Mais,  d'après  les  observations  consignées  dans  la  pre- 
mière partie  de  ce  mémoire,  il  me  paraîtrait  nécessaire  de 
modifier  cette  classification.  Effectivement ,  le  mode  de  re- 
production que  j'ai  fait  connaître  chez  les  Clavelines  et  les 
Pérophores,  ainsi  cjue  les  connexions  organiques  qui  chez 
ces  animaux  lient  entre  eux  les  divers  individus  issus  d'une 
même  souche,  ne  permettent  plus  de  ranger  ces  Tuniciers 
parmi  les  Ascidies  simples,  et,  d  un  autre  côté,  l'absence  de 
toute  soudure  entre  le  corps  des  individus  ainsi  groupés 
sur  une  base  commune,  les  éloigne  trop  des  Ascidies  compo- 
sées, pour  que  l'on  puisse  les  réunir  à  celles-ci.  Il  me  paraî- 
trait, par  conséquent,  convenable  d'établir  pour  ces  ani- 
maux un  troisième  groupe,  qui  serait  intermédiaire  entre 
les  deux  sections  déjà  admises  ,  et  qui  comprendrait  les  Asci- 
dies qui  se  reproduisent  par  des  bourgeons  aussi  bien  que 
par  des  œufs,  et   qui  vivent  réunies  sur  des  prolongements 

7 


5o  OBSERVATIONS  (266) 

latlici formes  communs  ,  mais  qui,  du  reste,  sont  libres  de 
toute  adhérence  entre  elles. 

On  réserverait  alors  le  nom  d^  Ascidies  simples  pour  les  As- 
cidies qui  ne  se  reproduisent  point  par  bourgeons,  et  qui 
ne  vivent  pas  réunies  en  groupes,  par  l'intermédiaire  d'une 
(jortion  commune  du  tissu  tégumentaire. 

Enfin,  \e?,  Ascidies  composées  se  rapprocheraient  de  cette 
division  nouvelle  par  leur  mode  de  multiplication ,  mais 
s'en  distingueraient  par  l'existence  d'un  seul  corps  tégumen- 
taire commun  à  tous  les  individus  dont  se  compose  chaque 
colonie;  tandis  que  chez  les  premiers,  chaque  individu  pos- 
sède une  tunique  tégumentaire  qui  lui  est  propre. 

Je  proposerai  aussi  de  donner  à  ce  groupe  intermédiaire 
le  nom  de  :  Section  des  Ascidies  sociales. 


§11. 


Cette  section  nouvelle  comprend  plusieurs  espèces  assez 
conununes  sur  nos  côtes.  L'une  d'elles,  XAscidia  lepadifor- 
mis  de  Muller  (i),  a  été  assez  bien  figurée  par  ce  zoologiste, 
et  a  été  rapportée  avec  raison  par  M.  Savigny  au  genre  cla- 
VELINE  (2) ,  mais  ne  doit  pas  être  confondue  avec  l'Ascidien 
que  ce  dernier  savant  a  décrit  sous  le  même  nom ,  dans  le 
supplément  de  son  excellent  ouvrage  (3).  Je  l'ai  trouvée  en 
assez  grande  abondance  à  Saint-Vaast-la-Hougue,  aux  îles 
Cliausey,  à  Roscoff,  et  sur  plusieurs  autres  points  de  la  por- 


(i  !  Zoologica  Danica^  tome  II,  page  54)  pi-  79,  fig-  5- 

(2)  Mém.  sur  les  arum,  sans  vert.,  deuxième  partie,  p.   174. 

(3)  Savigny,  op.  cit.,  p.  237. 


("267)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  5l 

tioii  granitique  ou  schisteuse  du  littoral  de  la  Manclie.  Elle 
vit ,  en  général ,  attachée  sur  les  rochers  ,  et  ne  se  rencontre 
qu'au-dessous  de  la  limite  des  basses  eaux  ordinaires.  Quel- 
quefois ces  Clavelines  sont  solitaires;  mais,  en  général,  on 
les  voit  réunies  en  assez  grand  nombre,  de  façon  à  former 
de  petites  touffes.  Leur  corps  (i),  long  d'environ  deux  centi- 
mètres, est  presque  cylindrique,  mais  beaucoup  plus  large 
dans  son  tiers  supérieur  que  dans  le  reste  de  son  étendue  ; 
cette  portion  renflée  constitue  ce  que  l'on  peut  appeler  le 
thorax  de  l'animal ,  tandis  que  la  portion  rétrécie  correspond  à 
son  abdomen  (2).  A  son  extrémité  supérieure  se  trouve  l'ouver- 
ture buccale,  qui  est  circulaire,  dirigée  directement  en  haut, 
et  garnie  d'un  rebord  labial  très-mince  ,  lequel  s'élève  vertica- 
lement en  forme  de  cylindre,  et  n'offre  aucune  trace  de  di- 
visions lobulaires,  mais  donne  attache  intérieurement  à  une 
couroinie  de  filaments  tentaculaires  (3) ,  dont  le  nombre  est 
ordinairement  de  trente,  et  dont  dix  sont  assez  longs  pour 
atteindre  presque  l'axe  de  l'orifice,  tandis  que  les  autres,  si- 
tués entre  les  premiers  ,  sont  très-courts.  A  peu  de  distance  de 
la  bouche  et  vers  la  partie  supérieure  de  la  face  dorsale  du 
thorax,  se  trouve  l'ouverture  anale,  qui  est  également  circu- 
laire, et  à  bords  minces  et  entiers  (4).  Enfin,  à  l'extrémité 
inférieure  du  corps ,  on  voit  un  nombre  variable  de  pro- 
longements radiai/ormes  (5),  qui  servent  à  le  fixer  au  sol. 


(i)  Voyez  pi.  I,  fig.  I. 

(2)  PI.  2,  fig.  I  ,  A  thorax;  B  abdomen. 

(3)  PI.  2,  fig.  i'. 

(4)  ',  fig-  I ,  pi-  2. 

(5)  j,  fig.  I ,  et  1''  pi.  2. 


5a  OBSERVATIONS  (268) 

Presque  tous  les  tissus  qui  forment  ces  parties  diverses  sont 
incolores  et  d'une  transparence  si  grande,  qu'on  peut  facile- 
ment étudier  la  structure  intérieure  de  l'animal  vivant,  sans 
avoir  recours  à  la  dissection.  On  remarque  cependant  au  mi- 
lieu de  ces  parties  hyalines  ,  quelques  lignes  d'un  jaune  de 
soufre  (i)  et  d'un  aspect  granuleux,  lesquelles  correspon- 
dent,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  aux  points  de  sou- 
dure de  certaines  parties  intérieures;  deux  de  ces  bandes (2), 
très-rapprochées  l'une  de  l'autre ,  descendent  verticalement 
tout  le  long  de  la  ligne  médiane  de  la  face  ventrale  du  tho- 
rax ,  et  sont  séparées  par  un  espace  linéaire  incolore ,  mais 
semi-opaque;  une  troisième  ligne  jaune  (3)  naît  à  droite  et  à 
gauche  de  celles-ci  ,  vers  la  partie  supérieure  du  thorax ,  et 
se  porte  horizontalement  en  arrière,  en  décrivant  un  cercle 
autour  de  la  base  de  l'ouverture  buccale;  une  quatrième 
ligne  de  même  couleur  et  disposée  également  en  anneau  (4) 
occupe  l'extrémité  inférieure  du  thorax,  et  paraît  naître 
aussi  des  lignes  verticales  dont  il  a  déjà  été  question;  une 
cinquième  ligne  semblable  aux  précédentes  entoure  l'ouver- 
ture anale,  et  se  prolonge  en  haut  et  en  avant  jusque  tout 
auprès  du  bord  postérieur  de  la  bouche  (5).  En  général ,  on 
aperçoit ,  à  quelque  distance  de  la  face  dorsale  du  thorax , 
une  sixième  ligne  jaune  qui  descend  verticalement  de  l'an- 
neau supérieur  à  l'anneau   inférieur,  mais  qui  est  beaucoup 


(,)  PI.  i,fig.  I. 

(9.)  PI.  2 ,  fig.  I ,./; 

(3)  PI.  2,  fig.  i,e'. 

(4)  -?:',  fig.  i,pl.  2. 

(5)  i',  fig.   i,pl.  2. 


(26g)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  53 

plus  pâle  que  les  autres  ,  et  se  trouve  située  plus  profondé- 
ment. Vers  le  milieu  de  la  portion  abdominale  du  corps  ,  on 
aperçoit  une  petite  masse  ovalaire  d'un  jaune  orangé  (i), 
qui  est  garnie  de  quatre  lignes  verticales  d'un  jaune  clair  , 
comme  celles  du  thorax,  et  qui  n'est  autre  chose  que  l'esto- 
mac. Enfin,  tout  auprès  se  trouve  une  autre  tache  orangée, 
formée  par  une  portion  colorée  de  l'intestin ,  et  plus  bas 
une  masse  blanchâtre  d'aspect  glanduleux  (a). 

I>a  tunique  extérieure  ou  membrane  tégumentaire  du  corps 
est  mince,  mais  d'un  tissu  subcartilagineux  (3);  elle  n'adhère 
que  faiblement  aux  autres  parties,  si  ce  n'est  autour  des  deux 
orifices  buccal  et  anal,  et  elle  ne  présente  rien  de  remar- 
quable. 

ha  seconde  tunique,  comme  suspendue  dans  l'intérieur  de  la 
première  (4),  est  tout  à  fait  membraneuse  et  d'une  délicatesse 
extrême.  Supérieurement  elle  adhère  au  pourtour  des  deux  ori- 
fices, et  inférieurement  elle  se  termine  en  cul-de-sac  ;  souvent 
elle  présente  dans  ce  dernier  point  quelques  prolongements 
tubuleux ,  tantôt  simples,  tantôt  ramifiés ,  qui  descendent  vers 
le  pied  de  l'animal  et  s'avancent  quelquefois  dans  l'intérieur 
des  appendices  radiciformes  de  la  tunique  externe (5);  enfin, 
sa  surface  est  parcourue  par  divei'ses^/-'r<?j'  musculaires  {&) , 
dont  les  unes  sont  circulaires  et  constituent  des  sphincters 


(1)  /,   fig.    I,pl.   2. 

(2)  P,    ?,  fig-    I  ,    Pl-    2. 

(3)  <7,fig.    I,    pi.    2. 

(4)  è,    fig.    I,pl.    2. 

(5)  Z.',<,lig.    l,pl.  2. 

(6)  PI.    2,  fig.    1". 


54.  OBSKRVATIONS  (^7») 

autour  de  la  bouche  et  de  l'anus  ,  tandis  que  les  autres,  au 
nombre  de  neuf  ou  dix  paires,  naissent  d'une  sorte  de  collier 
tendineux,  situé  autour  de  la  bouche  (i),  et  descendent  ver- 
ticalement jusqu'à  l'extrémité  inférieure  de  l'abdomen.  Ces 
derniers  muscles  servent  à  raccourcir  le  corps  ou  à  l'inflé- 
chir, et  il  paraîtrait  que  c'est  par  l'élasticité  de  sa  tunique 
externe  qu'il  s'allonge ,  après  avoir  été  ainsi  rétracté  ;  car  je 
n'ai  jju  découvrir  aucune  trace  de  fibres  musculaires  trans- 
versales, propres  à  agir  connue  antagonistes  des  fibres  ver- 
ticales. 

Dans  toute  la  portion  thoracique  du  corps  ,  se  trouve  une 
troisième  tunique  ,  qui  est  membraneuse  comme  la  précé- 
dente, et  qui  est  suspendue  dans  l'intérieur  de  l'espèce  de  sac 
formé  par  celle-ci  ;  elle  y  adhère  vers  le  bord  de  l'ouverture 
anale  et  le  long  de  la  ligne  blanchâtre,  qui  forme,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  un  collier  autour  de  la  base  de  la  bou- 
clie.  Inférieurement ,  cette  poche  membraneuse  se  soude  au 
pourtour  des  deux  ouvertures  du  canal  digestif,  ou  plutôt  se 
continue  avec  les  parois  de  ce  tube;  et  sa  cavité  constitue 
ce  que  j'ai  désigné  dans  la  première  partie  de  ce  mémoire, 
sous  le  nom  de  chambre  thoracique  ;  elle  renferme  l'ap- 
pareil branchial  et  présente  du  côté  dorsal  un  espace  libre, 
qui  constitue  une  sorte  de  cloaque  (2),  et  va  aboutir  à 
l'ouverture  anale.  On  y  remarque  le  long  de  la  ligne  médio- 
ventrale  un  sillon  vertical ,  bordé  de  chaque  côté  par  les 
lignes    jaunes  dont   il    a   déjà  été   question,    et,  dans    le 


(i)  d,  fig.  1  et  i',  pi.  2. 
(2)  PI.  2,  fig.  i,/,. 


(l'Jl)  SUR    LES    ASCIDIES   COMPOSEES.  55 

point  où  elle  adhère  à  la  seconde  tunique  entre  la  bouche 
et  l'anus ,  on  aperçoit  un  petit  tubercule  qui  paraît  être  un 
ganglion  nerveux  (i). 

Cette  chambre  thoracique  ressemble  exactement  à  la 
grande  cavité  des  Biphores ,  et  en  différerait  à  peine ,  si  le 
cloaque  était  plus  court  et  si  l'ouverture  anale  était  plus  éloi- 
gnée de  la  bouche  et  dirigée  en  arrière.  Mais  pour  mettre 
dans  tout  son  jour  l'analogie  de  structure  qui  existe  entre 
ces  animaux ,  il  faut  se  former  une  idée  exacte  de  la  dis- 
position de  l'appareil  branchial  chez  les  uns  et  chez  les 
autres. 

Chez  les  Biphores  (le  Salpa  maxima ,  par  exemple),  la 
branchie  consiste  ,  comme  chacun  le  sait ,  en  une  bande 
membraneuse  tendue  obliquement  d'un  bout  de  cette  cavité 
à  l'autre  (2).  En  avant,  elle  naît  de  la  partie  dorsale  de  la 
chambre  thoracique,  au-dessous  du  point  où  se  trouvent 
le  ganglion  nerveux  et  l'appareil  oculiforme  ;  puis  elle 
devient  libre,  et  va  se  terminer  sur  le  noyau  viscéral  (ou 
abdomen)  entre  l'ouverture  œsophagienne  et  l'orifice  du 
rectum ,  de  façon  à  diviser  la  chambre  thoracique  en  deux 
portions,  Tune  antéro- ventrale  ou  pharyngienne,  l'autre  pos- 
téro-dorsale  et  analogue  au  cloaque. 

Chez  notre  Claveline,  il  existe  aussi  une  large  bande  mem- 
braneuse (3)  qui  naît  de  la  face  dorsale  de  la  chambre  thoraci- 
que, au-dessous  du  tubercule  gangliforme,  et  qui,  par  son 


(i)  PI.  :i,rig.  i,y. 

(2)  Voyez  les  planches  que  j'ai  données   dans   la   nouvelle  étlition  du 
Règne  animal^  de  Cuvier  (Mollusques,  pi.  121  ,  fig.  1.) 

(3)  g,  fig-  I ,  pl-  2. 


56  OBSERVATIONS  (^72) 

extrémité  opposée,  se  fixe  à  l'espace  étroit  situé  entre  l'ou- 
verture œsophagienne  et  la  terminaison  de  l'intestin  ,  de 
façon  à  séparer  le  cloaque  de  la  grande  cavité  pharyngienne 
ou  respiratoire;  seulement,  au  lieu  de  présenter  de  chaque 
côté  de  simples  stries  ,  garnies  de  cils  vibra tiles,  comme  chez 
les  Biphores,  cette  espèce  de  tige  verticale  jjorte  à  droite  et  à 
gauche  une  série  d'appendices  filiformes  ,  qui  se  dirigent  ho- 
rizontalement vers  le  côté  ventral  de  la  cavité  respiratoire , 
où  ils  se  fixent  de  chaque  côté  du  sillon  médian,  et  qui, 
pendant  ce  trajet,  sont  réunis  entre  eux  par  une  multitude 
d'autres  filaments  plus  grêles  et  verticaux  (i).  Il  résulte  de  cette 
disposition  des  parties,  une  sorte  de  cage  à  grillage  serré,  qui 
occupe  toute  la  portion  pharyngienne  de  la  chambre  bran- 
chiale, et  qui  ne  permet  de  communication  entre  celle-ci  et 
le  cloaque  qu'à  travers  les  mailles  de  son  réseau ,  lesquelles 
sont  bordées  tout  autour  de  cils  vibratiles.  Cet  appareil  bran- 
chial si  compliqué  adhère  aussi  à  la  tunique  thoracique  par 
ses  deux  extrémités  ,  et  cette  union,  de  même  que  celle  dont 
j'ai  déjà  mentionné  l'existence  de  chaque  côté  du  sillon 
médio-ventral ,  est  marquée  par  une  ligne  jaune.  L'espèce  de 
tige  dorsale  qui  constitue  de  la  sorte  la  base  de  l'appareil 
branchial ,  et  qui  représente  la  branchie  simple  des  Bipho- 
res, fait  une  saillie  assez  considérable  dans  l'intérieur  de  la 
cavité  respiratoire,  et  offre  le  long  de  son  bord  ventral  une 
série  de  dix  languettes  membi^aneuses ,  lesquelles  se  tien- 
nent ordinairement  droites  et  paraissent  être  susceptibles 
d'une  sorte  d'érection.  C'est  aussi  le  long  de  son   bord  que 


(1)  e,  fi«.  1  ettig.  I',  pi.  -2. 


(273)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  5j 

se  voit,  eu  i^énéral,  la  ligue  jaune  verticale  déjà  iudiquée  , 
comme  s'éteudant  d'une  extrémité  du  thorax  à  l'autre,  près 
du  dos;  enfin,  l'intérieur  de  cette  bande  membraneuse   est 
occupé  par  une  grande  cavité  vasculaire,  à  laquelle  j'ai  donné 
ci-dessus  le  nom  de  sinus  branchial  ou  de  sinus  dorsal.  Les 
bandelettes  transversales  qui   en  naissent ,  sont  au  nondire 
de  douze  paires,  et  les    filaments   verticaux  qui  réunissent 
celles-ci  entre  elles  sont  tous  à  peu  près  de  même  grosseur  : 
on  en  compte  environ  trente  par  rangée,  et  il  y  a  treize  de 
ces  rangées  ,  savoir  :  onze  situées  entre  les  douze  bandelettes 
tranversales  ,  et  deux  qui  s'étendent  de  la  première  et  de  la 
dernière  de  ces  bandelettes  aux  parois  de  la  chandjre  tliora- 
cique,  et  qui  s'y  fixent  le  long  des  deux  lignes  jaunes  placées 
comme  des  anneaux  aux  deux  extrémités  de  cette  chambre. 
Quelques  brides  membraneuses   paraissent  s'étendre   aussi 
de  divers  points  de  la  surface  du  réseau  branchial  aux  pa- 
rois de  la  cavité  dans  laquelle  celui-ci  se  trouve  suspendu; 
mais  elles  sont  peu  nombreuses,  et  n'empêchent  pas  les  œufs, 
déposés  dans  le  cloaque,  de  s'insiiuier  souvent  dans  la  por- 
tion de  cette  cavité  située  de   chaque  côté  du  sac  respira- 
toire. Les  espèces  de  mailles  étroites  et  allongées,  fournies 
par  ces  filaments  verticaux,  sont  bordées,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  par  des  cils  vibratiles,  et  l'espace  circonscrit  par 
chacune  d'elles  n'est  pas  occupé  par  une  membrane,    mais 
constitue  une  ouverture  en  forme  de  boutonnière,  dont  il  a 
été  question  dans  la  première  partie  de  ce  mémoire,  sous  le 
nom  de  stigmate  branchial.  Ces  fentes,  à  travers  lesquelles 
l'eau  passe  du  sac   branchial  dans  la  chambre  thoracique  , 
pour  s'échapper  ensuite  au  dehors  par  l'ouverture  anale,  sont 
par  conséquent  disposées  de  la  même  manière  que  les  fila- 

8 


58  OBSERVATIONS  (274) 

inents  verticaux  qui  les  circonscrivent;  c  est-à-dire,  parallèle- 
ment entre  elles  et  par  rangées  transversales,  dont  le  nombre 
s'élève  à  treize.  Enfin  ,  chacun  de  ces  filaments  verticaux  est 
creusé  d'un  canal  qui  s'ouvre  par  ses  deux  extrémités  dans 
d'autres  canaux  analogues,  mais  plus  gros,  qui  occupent 
l'intérieur  des  bandelettes  transversales,  et  ces  derniers  ca- 
naux à  leur  tour  débouchent  par  une  de  leurs  extrémités 
dans  le  grand  sinus  dorsal  ou  branchial ,  et  par  l'extrémité 
opposée  (i)  dans  un  repli  vertical  de  la  paroi  ventrale  de  la 
chambre  thoracique;  repli  qui  est  circonscrit  par  les  deux 
lignes  parallèles  jaunes  dont  il  a  déjà  été  question,  et  qui  met 
l'appareil  respiratoire  en  relation  avec  le  grand  sinus  thora- 
cique,  compris  entre  cette  chambre  et  la  portion  ventrale  de 
la  tunique  interne  du  corps.  Il  est  encore  à  noter  que  ces 
deux  sinus  communiquent  aussi  entre  eux  par  des  vaisseaux 
qui  entourent  l'ouverture  buccale  et  qu'ils  donnent  naissance 
à  d'autres  canaux  qui  descendent  vers  l'abdomen.' 

La  portion  pharyngienne  delà  chambre  thoracique,  ta- 
pissée, commenous  venons  de  le  voir,  par  leréseau  branchial, 
communique  au  dehors  par  son  extrémité  supérieure  ;  l'ou- 
verture buccale  en  occupe  presque  tonte  la  largeur  et  est 
garnie  d'une  sorte  de  grillage  radié,  formé  par  les  filaments 
tentaculairesdont  il  a  déjà  été  question  (2).  I^a  cavité  ainsi  cir- 
conscrite est  cylindrique  et  beaucoup  plus  longue  cjue  large  ; 
enfin,  à  son  extrémité  inférieure,  se  voit  une  large  fente  trans- 
versale, qui  fait  face  à  l'ouverture  buccale  et  qui  est  l'oriiice 


(1)  PI.  2,fig.    ,', 

(2)  PI.  a,  fig.   ,' 


(2j5)  SCR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  5g 

de  V œsophage.  Ce  dernier  conduit  (i),  assez  large  et  moins  long 
que  le  thorax ,  descend  verticalement  dans  l'abdomen  et  se 
termine  à  V estomac  (a) ,  renflement  ovoïde  de  couleur  jaune 
foncé ,   marqué   de    quatre   lignes   longitudinales   ou   côtes 
d'apparence  granuleuse  et  d'une  teinte  jaune  de  soufre.  Ijin- 
testm(\u\  naît  de  l'extrémité  inférieure  de  l'estomac,  se  di- 
rige d'abord  verticalement  en  bas,  puis  se  recourbe  en  avant 
et  en  haut,  de  manière  à  former  une  anse,  remonte  vers  le 
thorax  en  longeant  l'estomac  et  l'œsophage,  et  en  les  recou- 
vrant un  peu  du  côté  droit  (3)  ;   parvenu  à  la   partie  supé- 
rieure  de  l'abdomeu  ,  l'intestin    se   recourbe  de  nouveau , 
passe  à  côté  de  l'œsophage,  remonte  un  peu  en  arrière  du 
sac  branchial ,  et  va  se  terminer  à  la  partie  inférieure  du 
cloaque ,  vers  le  niveau  de  l'antépénultième  rangée  de  stig- 
mates branchiaux  (4).  Pendant  ce  trajet,  l'intestin  conserve  à 
peu  près  le  même  calibre,  mais  varie  dans  son  aspect  ,  et  se 
divise  ainsi  en   trois   portions.   La  première  partie  qui  fait 
suite  à  l'estomac  et  qui  forme  l'anse,  est  incolore  et  transpa- 
rente; on  peut   la   désigner  sous  le  nom  de  duodénum.    La 
portion  suivante,  qui  est  située  au  niveau  de  l'estomac,  mais 
du  côté  ventral   du  corps,  est  au  contraire  d'une  couleur 
jaune  terne ,  et  le  tissu  de  ses  parois  semble  être  de  nature 
glandulaire.  Je  serais  porté  à  la  considérer  comme  une  par- 
tie hépatique  du  tube  alimentaire,  et  à  la  comparer  à  l'organe 
qui  chez  les  insectes  est  connu  sous  la  dénomination  de  Den- 


(i)  k,  fig.  I,  pi.  2. 

(2)  l,  fig.  I,  pi.  2. 

(3)  ?«,  fig.  I,  pi.  2. 

(4)  «,  %  i>  pl-  2. 


6o  OBSERVATIONS  (2/6) 

tricide  chylifique.  Enfin  ,  la  troisième  portion  de  l'intestin  est 
He  nouveau  membraneuse  et  incolore  ;  c'est  dans  son  intérieur 
que  les  matières  fécales  s'amassent  sous  la  forme  de  houlettes 
brunâtres,  et,  à  raison  de  ses  fonctions  et  de  sa  position,  on 
peut  l'aj^peler  f;ros  intestin  ou  rectum. 

A  droite  de  l'anse  intestinale  se  trouve  une  masse  glandu- 
leuse (i),  dont  la  plus  grande  partie  est  formée  par  l'ovaire, 
reconnaissable  à  ses  vésicules  et  aux  œufs  à  divers  degrés  de 
développement  qui  s'y  voient.  Au-dessous  de  l'ovaire  est  \\\\ 
paquet  de  filaments  blanchâtres  et  rameux  (2)  qui  paraissent 
constituer  le  testicule  et  qui  s'étalent  un  peu  sur  l'intestin. 
Enfin  ,  de  ce  paquet  de  viscères  naît  un  canal  filiforme,  d'un 
blanc  mat,  qui  remonte  entre  l'estomac  et  l'intestin,  longe 
l'œsophage  du  côté  gauche  et  va  s'ouvrir  dans  le  cloaque 
près  de  l'orifice  du  rectum  (3).  Le  liquide  qu'il  renferme 
est  d'un  blanc  argenté  et  fourmille  d'animalcules  spernia- 
tiques  ;  on  doit  par  conséquent  considérer  ce  conduit  lui- 
même  comme  un  canal  déférent  ;  mais  peut-être  sert-il  aussi 
comme  oviducte,  car  je  n'ai  pu  apercevoir  aucun  autre 
moyen  de  communication  entre  la  masse  viscérale  dont  il  sort, 
et  le  cloaque  où  les  œufs  sont  déposés.  Il  est  aussi  à  noter 
qu'en  écrasant  le  paquet,  formé  par  l'ovaire  et  le  testicule, 
on  eu  voit  également  sortir  de  la  liqueur  spermatique,  carac- 
térisée par  des  zoospermes;  mais  il  m'a  été  impossible  de 
m'assurer  si  ce  liquide  provient,  comme  je  le  pense,  de  la 
portion  inférieure  de  cette  masse,  que  par  analogieje  considère 


(i)  p,  fîg.  I. 

(2)  q,  fig.    I. 

(3)  r,  fig.   .. 


(277)  V  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  61 

comme  un  testicule,  ou  de  toute  autre  partie.  Les  œufs  (i) 
sont  petits  ,  circulaires,  et  d'une  couleur  jaune  verdatre.  En- 
fin le  cœur  (2)  est  logé  aussi  à  la  partie  inférieure  de  l'ab- 
domen ,  et  se  trouve  accoté  à  l'intestin  et  à  l'ovaire,  à  droite 
et  en  avant  du  premier;  il  est  renfermé  dans  un  sac  membra- 
neux,  et  a  une  forme  cylindrique;  son  extrémité  supérieure 
estau  niveau  du  milieu  de  l'estomac,  et  son  extrémité  infé- 
rieure, recourbée  un  peu  en  arrière,  dépasse  quelquefois  un 
peu  l'anse  intestinale. 

J'ajouterai  encore  que  les  prolongements  radiciformes  . 
dont  l'extrémité  inférieure  du  corps  est  entourée,  portent 
souvent,  de  distance  en  distance,  de  petits  tubercules  pyri- 
formes  qui,  en  se  développant,  deviennent  de  nouveaux  in- 
dividus (3)  ,  ainsi  que  cela  a  été  exposé  dans  la  première  partie 
de  ce  mémoire. 

J'ai  trouvé  à  Villefranche,  près  de  Nice,  une  autre  espèce 
de  Claveline  qui  ressemble  extrêmement  à  celle  dont  il  vient 
d'être  question,  mais  qui  s'en  distingue  par  la  couleur  des 
lig'nes  opaques  du  thorax  et  de  l'estomac,  lesquelles,  au  lieu 
d'être  jaunes,  sont  d'un  blanc  de  lait;  je  la  désignerai  sous  le 
nom  de  claveline  rissoienne  (4),  en  l'honneur  de  M.  Risso, 
qui,  dans  l'étude  des  richesses  zoologiques  de  cette  côte,  a  dé- 
ployé une  activité  et  un  zèle  dignes  d'éloges. 

Une  troisième  espèce  du  même  genre,  que  je   nommerai 


(i)  PI.  2,  fig.  ,'■. 
(a)  o,fig.  I,  pi.  2. 

(3)  PI.  2,  fig.  ,^ 

(4)  Clavelina  Rissonna  Nob.  L'indication  de  ceUe  espèce  nouvelle  a  éie 
ajoutée  depuis  la  lecture  de  mon   mémoire  à  l'Académie. 


ftO.  OBSERVATIONS  (^^J^) 

CLAVELINE  SAViGNiENNE  (i),  habite  DOS  côtcs  de  l'Ouest,  et 
notamment  les  environs  de  la  Rochelle  ;  elle  diffère  des  deux 
précédentes  par  la  longueur  considérable  de  la  portion 
abdominale  du  corps,  qui  est  trois  ou  quatre  fois  aussi  lon^ 
que  le  thorax  ,  et  par  la  forme  allongée  de  l'estomac.  N'ayant 
pas  observé  cette  ascidie  à  l'état  vivant,  je  n'ai  pu  connaître  la 
couleur  des  lignes  granuleuses  dont  le  thorax  est  orné,  mais 
leur  disposition  est  la  même  que  dans  les  espèces  précédentes. 
Je  suis  porté  à  croire  que  la  Claveline  dont  M.  Savigny  parle 
dans  l'appendice  de  son  ouvrage  (2) ,  se  rapporte  à  cette  espèce 
plutôt  qu'à  \ y^scidia  lepadiformis  de  Muller;  il  est  cependant 
à  noter  que  le  nombre  des  vaisseaux  transversaux  des  bran- 
chies, indiqué  par  ce  savant  (i5  ou  16),  est  plus  élevé  que 
dans  les  trois  espèces  que  je  viens  de  caractériser. 

Une  quatrième  espèce  que  j'ai  trouvée  sous  les  fragments 
de  rochers  entassés  autour  de  l'île  de  Tatihou ,  et  que  j'ap- 
pellerai CLAVELINE  ALLONGEE  (3),  cst  cncorc  plus  grêle  et 
plus  allongée  que  la  précédente  ;  mais  se  fait  remarquer 
surtout  par  la  conformation  du  thorax,  qui  est  très- court, 
presque  aussi  large  que  long,  et  n'offre  dans  son  intérieur  que 
trois  rangées  transversales  de  stigmates  branchiaux ,  séparés 
par  deux  vaisseaux  transversaux.  Le  cloaque  est  en  même 
temps  proportionnellement  plus  court  que  dans  les  espèces 
précédentes,  et  l'œsophage  est  extrêmement  long;  l'estomac, 
de  couleur  jaune  et  de  forme  ovoïde,  est  situé  très-près  de 
l'extrémité  inférieure  de  l'abdomen,  et  le  cœur,  relégué  encore 


(i)  Claçelina  Sauigniana  J\oi>. 

(2)  Op.  cit.,  pag.  287. 

(3j    Clavelina  producta  Nob.  Voyez  pi.  2 ,  fig.  3. 


(279)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  (13 

plus  bas,  n'arrive  même  pas  au  niveau  de  l'ouverture  pylo- 
rique.  Les  téguments  sont  transparents  comme  dans  les 
espèces  précédentes,  mais  légèrement  teintés,  et  on  n  a- 
perçoit  pas  de  lignes  granuleuses  jaunes  ou  blanches  autour 
du  thorax. 

La  Claveline  allongée  porte  souvent  des  bourgeons  repro- 
ducteurs, non-seulement  sur  ses  appendicfê*  radiciformes , 
mais  aussi  sur  la  surface  des  parois  de  l'abdomen  (i). 

Enfin,  une  cinquième  espèce  sur  laquelle  j'appellerai  éga- 
lement l'attention  des  zoologistes,  pourra  porter  le  nom  de 
CLAVELINE  NAINE  (2),  et  se  fait  remarquer  par  sa  |)etitesse, 
par  sa  forme  tfapue,  et  par  le  mode  de  conformation  de  son 
sac  branchial.  Cette  cavité  est  assez  vaste,  mais  ne  présente 
de  chaque  côté  que  deux  rangées  transversales  de  stigmates 
branchiaux,  qui,  au  nombre  de  cinq  par  rangée,  diffèrent 
beaucoup  entre  eux  quant  à  leurs  dimensions;  ceux  situés  près 
du  sinus  dorsal  sont  très-grands,  tandis  que  les  suivants  de- 
viennent de  plus  en  plus  petits ,  de  façon  que  l'ensemble  de 
ces  organes  représente  de  chaque  côté  du  thorax  une  bande 
triangulaire.  Il  est  aussi  à  noter  que  les  stighiates  de  la  rangée 
supérieure  sont  moins  grands  que  ceux  de  la  rangée  in- 
férieure ,  et  qu'il  existe  un  espace  considérable  entre  ce.s 
organes  et  la  bouche.  L'œsophage  est  court;  l'estomac  glo- 
buleux et  l'intestin  n'offrent  rien  de  remarquable;  enfin  le 
cœur  est  très-grand. 

C'est  encore  au  milieu  des  rochers  de  l'île  Tatihou  (jue  j'ai 
découvert  cette  espèce  nouvelle. 


(i)  Voyez  pi.  a  ,  fig.  3,  u. 

(2)  Clavelina  pumilio,  pi.  2,  fig.  2  et  1" 


64  OBSERVATIONS  (280) 

La  CLAVELiNE  BOREALE,  dont  MM.  Ciivier  et  Savigny  ont 
fait  connaître  la  structure  (i),  se  distingue  de  toutes  les  espèces 
précédentes  par  plusieurs  caractères,  tels  que  le  nombre 
considérable  des  vaisseaux  transversaux  des  branchies,  et  par 
conséquent  des  rangées  de  fentes  respiratoires  (35),  la  dis- 
position des  filaments  tentacnlaires  de  l'orifice  buccal,  sur 
deux  rangs,  et  l'existence  d'un  pédoncule,  qui  forme  une  grande 
portion  de  l'abdomen,  et  dans  laquelle  ne  pénètrent  ni  les 
viscères  ni  même  la  tunique  interne. 

§  m. 

La  SECTION  DES  ASCIDIES  COMPOSEES  Comprend  des  animaux 
qui  diffèrent  beaucoup  entre  eux,  tant  sous  le  rapjiort  de 
leur  structure  interne  que  relativement  à  leur  conformation 
extérieure  et  à  leur  mode  de  réunion;  aussi  est-il  nécessaire 
de  la  diviser  en  plusieurs  groupes.  Mais  les  zoologistes  ne 
s'accordent  pas  entre  eux  sur  la  marche  à  suivre  dans  cette 
distribution  méthodique.  M.  Savigny  (2),  dont  la  classifica- 
tion, fondée  sur  l'anatomie,  a  été  adoptée  avec  de  légères 
modifications  par  la  plupart  des  auteurs  (3),  répartit  ces 
animaux  en  trois  sections  et  en  dix  genres.  M.  Cuvier ,  au 
contraire,  n'en   forme  que   deux    divisions   génériques  (4); 

(i)  Cuvier,  Mollusq.,  Me'/«.  sur  les  Ascidies,  }^a^.  24. —  Savigny,  Op.  cit., 
pag.  172. 

(2)  Op.  cit.,  page  i38  et  238. 

(3)  Lamarck,  Hist.  des  Anim.  sans  vert.,  tome  III,  page  91.  — Latieille, 
Familles  naturelles,  page  527.  —  Blainville,  Dict.  des  Sciences  nat.,  ar- 
ticle Malacologie  ,  tome  32  ,  page  365  ,  etc. 

(4)  Voyez  Règne  animal,  tome  III,  page  186. 


(281)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  65 

mais  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  systèmes  ne  me  paraissent 
bien  naturels. 

En  effet ,  lorsqu'on  compare  entre  eux  les  Ascidies  compo- 
sées ,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  qu'elles  se  rapportent  à 
trois  formes  principales  ou  types  d'organisation.  Chez  les 
unes  (1),  le  corps  se  compose  de  trois  parties  bien  distinctes, 
un  thorax  renfermant  l'appareil  branchial ,  un  abdomen  supé- 
rieur logeant  les  organes  de  la  digestion,  et  un  post-abdo- 
men oîi  se  trouvent  relégués  les  organes  de  la  génération  et 
le  cœur;  chez  d'autres  (2;,  le  corps  ne  se  compose  que  d'un 
thorax  et  d'un  abdomen  simple,  tous  les  viscères  étant  réunis 
dans  une  même  cavité  ;  enfin  ,  chez  d'autres  encore  (3) ,  il  n'y  a 
plus  de  distinction  à  établir  extérieurement  entre  l'abdomen 
et  le  thorax ,  les  viscères  se  trouvant  accolés  à  la  chambre  tho- 
racique ,  et  formant  avec  elle  une  seule  masse  plus  ou  moins 
ovoïde. 

D'après  ces  différences  dans  le  mode  général  de  confor- 
mation ,  il  me  paraîtrait  convenable  de  diviser  la  famille  des 
Ascidies  composées  en  trois  tribus,  que  je  désignerai  sous  les 
noms  de  Polycliniens ,  de  Didemniens  et  de  Botrylliens. 

§  IV. 

La  TRIBU  DES  POLYCLINIENS,  dont  nous  nous  occuperons 
d'abord,  est  caractérisée  principalement  par  la  division  du 
corps  en  trois  portions  distinctes  :  un  thorax,  un  abdomen 


(i)  PI.  3,  fig.  I,  etc. 

(2)  PI.  7,  fig.  5'  ;  pi.  8  ,  fig.  2°,  etc. 

(3)  PI.  7>fig-  1,2,  3,4- 


^ 


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3 
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G6  OBSERVATIONS  (282) 

supérieur  et  uu  post-abdomen  (i)  ;  mais  elle  se  fait  remarquer 
aussi  par  plusieurs  particularités  anatomicjues,  telles  que  le 
grand  développement  del'appai^eil  générateur  (2),  et  la  position 
du  cœur  à  l'extrémité  inférieure  du  corps  (3).  Elle  est  nom- 
breuse eu  espèces ,  et  se  laisse  diviser  en  deux  sections  natu- 
relles, lecounaissables  au  mode  de  conformation  de  l'orifice 
anal.  Chez  les  uns, cette  ouverture  est  entourée  d'une  couronne 
régulière  de  rayons  ou  lobules  marginaux,  et  ressemble  exac- 
tement à  la  bouche;  chez  les  autres,  l'anus  ne  ressemble  nul- 
lement à  cette  dernière  ouverture,  et  n'est  pas  rayonné,  ou  du 
moins  n'est  garni  que  de  lobules  marginaux  iri^éguliers.  Le  pre- 
mier de  ces  groupes,  que  l'on  pourrait  désigner  sous  le  nom  de 
PolycUniens  bistellés ,  ne  se  compose  que  du  genre  Sigelline 
de  M.  Savigny  (4);  le  second,  que  j'a|)pellerai  la  division  des 
PolycUniens  unistellés ,  comprend  les  genres  Polycline  , 
Aplide,  Sidnie  et  Synoique  du  même  auteur. 

Je  n'ai  rencontré  sur  nos  côtes  aucune  espèce  de  Polycli- 
nienbistellé  ;  les  Polycliniens  unistellés  y  sont ,  au  contraire, 
extrêmement  communs,  et  ce  n'est  pas  sans  surprise  que  j'ai 
vu  que  presque  tous  ceux-ci  ne  pouvaient  se  ranger  dans  au- 
cun des  genres  établis  par  M.  Savigny.  En  effet ,  la  jjlupart 
de  ces  Ascidies  ressemblent  exactement  aux  Aplides  et  aux 
Synoiques  par  la  conformation  générale  de  leur  corps;  mais 
leur  anus,  au  lieu  de  s'ouvrir  dii^ectement  au  dehors,  comme 
chez  ces  animaux  ,  débouche  dans  une  sorte  de  cloaque  com- 


(i)  A,B,C,fig.  I,  pi.  :i 

(2)  q,p,H-  l'Pi-  ^• 

(3)  o,  fig.  I,  pi.  3. 

(4)  Op.  cit.,  page  !;8. 


(283)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  67 

mun,  qui  appartient  à  un  grand  nombre  d'individus  ,  et  qui 
affecte  la  forme  d'un  gros  canal  creusé  dans  la  masse  com- 
mune, presque  toujours  ramifié  inférieurement  et  terminé  à 
son  extrémité  opposée  par  un  grand  orifice   excréteur  (i); 
sous  ce  rapport  ils  se  rapprochent  des  Polyclines(2),  mais  ils 
en  diffèrent  par  la  conformation  de  leur  post-abdomen  et  de 
leur  cellule  tégumentaire  :  celle-ci  ne  forme  pas  trois  loges  su- 
perposées ;   disposition  qui  rend   l'extraction   du   corps  de 
l'animal  renfermé  dans  son  intérieur ,  très-difficile ,  à  moins 
de  rupture,  et  qui  a  valu  aux  Polyclines  le  nom  qu'elles  por- 
tent ;  elle  ne  constitue  qu  une  seule  chambre,  d'où  le  corps  tout 
entier  s'échappe  facilement  sans  se  rompre,  pour  peu  qu'on 
la  comprime,  et  le  post-abdomen,  au  lieu  d'être  pédicule  et 
fixé  à  la  partie  latérale  de  l'abdomen  supérieur,  comme  chez 
ces  animaux  (3),  fait  suite  à  l'abdomen   supérieur,  comme 
chez  les  Aplides  (4).  Il  me  paraît ,  par  conséquent ,  nécessaire 
de  placer  ces  Polycliniens  aplidiformes  et  à  cloaques  com- 
muns, dans  une  division  générique  particulière; et  pour  rap- 
peler la  disposition  curieuse  de  leur  cloaque  commun,  que 
l'on  ne  peut  mieux   comparer  qu'à   un   égout  rameux  ,  je 
proposerai    de  désigner   ce    genre    nouveau    sous   le   nom 

d'AMAROUQUE. 

Une  de  ces  Amarouques,   qui  me  paraît  nouvelle    pour 
la   science  et    que  je  nommerai  amarouque  prolifère    (5), 


(i)  PI.  i,fig.4%  5". 

(2)  PI.  3,  fig.  4. 

(3)  PI.  3,  fig.  4'. 

(4)  PI.  3,  fig.  I,  etc. 

(5)  Amaroucium  proliferum  Nob.  PI.  i,  fig.  3. 


G8  OBSERVATIONS  ('-i84) 

est  très-commune  aux  environs  de  Saint-V  aast-la-Houerue , 
et  se  trouve  adhérente  aux  rochers  bien  abrités  vers  la 
limite  des  basses  eaux.  Elle  constitue  des  masses  épaisses 
et  charnues,  dont  la  couleur  est  le  plus  ordinairement  jau- 
nâtre ,  avec  des  taches  allongées  d'une  teinte  jaune  rou- 
i^eàtre,  répandues  principalement  près  de  leur  surface  su- 
périeure; mais  je  crois  que,  sous  ce  rapport,  elle  peut 
varier;  car  j'en  ai  trouvé  dont  la  couleur  générale  était 
d'un  rouge  assez  intense,  sans  qu'elles  m'aient  offert,  du 
reste,  aucun  caractère  ]>ropre  à  les  distinguer  des  pre- 
mières. Quelquefois, on  remarque  aussi  dans  la  substance  de 
ces  Amarouques,  un  grand  nombre  de  points  arrondis  d'une 
teinte  brune,  tirant  sur  le  vert  ou  sur  l'orangé;  mais  ces  ta- 
ches ne  sont  qu'accidentelles,  et  dépendent  de  la  présence  de 
petits  bols  de  matière  fécale  ou  d'œufs  prêts  à  éclore.  La 
tbrme  générale  des  masses  que  constituent  ces  Ascidies  com- 
posées, varie  aussi ,  et  ces  difléreuces  me  paraissent  dépendre 
de  la  nature  des  localités  oii  elles  se  sont  développées  :  tantôt 
elles  s'étalent  sans  s'élever  beaucoup  ,  de  façon  à  ressembler 
à  une  croûte  épaisse,  arrondie  en  dessons,  et  peu  ou  point  lo- 
bulée(i)  ;  d'autres  fois,  elles  s'allongent  beaucoup,  deviennent 
snlipédiculées ,  et  offrent  souvent  des  divisions  profondes , 
qui  les  partagent  en  plusieurs  lobules  digitiformes  ,  plus  ou 
moins  distincts  (2).  Or,  la  première  de  ces  deux  variétés  se 
rencontre  d'ordinaire  à  la  surface  supérieure  de  quelque 
corps  sous-marin,  tandis  que  je  n  ai  observé  la  seconde cpie 
lorsque  ces  animaux  croissent  à  la  surface  inférieure  de  quel- 


(i)  PI.  .,fig.  :^". 

(2)  PI.  I,  fig.  3,  et  pi.  3,  fig.  2. 


(285)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  6g 

que  portion  saillante  de  rocher,  de  façon  à  y  être  pendants  et 
à  se  trouver  dans  la  position  inverse  des  premières.  Le  tissu 
tégumentaire  commun  est  mou  et  peu  coriace  ,  si  ce  n'estvers 
la  base  des  masses ,  où  il  acquiert  souvent  une  consistance 
très-grande.  Les  individus  qui  s'y  trouvent  empâtés  se  dis- 
tinguent facilement  à  la  couleur  rougeâtre  de  leur  thorax, 
et  produisent  les  taches  allongées  dont  il  a  déjà  été  question  ; 
ils  sont  groupés  sans  ordre  apparent  autour  d'un  ou  de 
plusieurs  cloaques  communs,  et  les  systèmes  qu'ils  forment 
ainsi ,  n'ont  pas  de  circonscription  appréciable.  Pendant  la 
vie,  les  orifices  fécaux  par  lesquels  ces  cloaques  communs 
débouchent  au  dehors,  sont  béants  et  s'aperçoivent  aisé- 
ment; leur  forme  est  arrondie  et  leurs  bords  épais  :  mais 
après  la  mort,  ils  se  contractent,  ou  bien  leurs  bords  s'affais- 
sent, de  façon  qu'il  est  souvent  très-difficile  d'en  constater 
l'existence.  Enfin,  lorsque  ces  petits  animaux  dilatent  leur 
bouche ,  la  partie  supérieure  de  leur  corps  s'élève  de  façon  à 
bosseler  légèrement  la  surface  générale  de  la  masse,  et  ils 
font  saillir  au  dehors  une  couronne  membraneuse,  dont  le 
bord  libre  est  découpé  en  six  lobules  réguliers  (i)  ;  dans  l'inté- 
rieur de  l'orifice  buccal  et  vers  le  bord  inférieur  de  cette 
couronne,  on  distingue  aussi ,  à  l'aide  de  la  loupe,  une  série 
de  petits  filaments  tentaculaires,  ([ui  se  dirigent  vers  le  cen- 
tre de  l'ouverture,  comme  les  rayons  d'une  roue,  et  qui  sont 
ordinairement  au  nombre  de  neuf  ou  dix,  mais  diffèrent 
beaucoup  entre  eux  par  leur  longueur,  les  uns  étant  presque 
rudimentaires  ,  tandis  que  les  autres,  alternant  avec  les  pre- 
miers, sont  assez  longs  pour  se  rencontrer. 


(i)  PI.  3,  fig.  2*. 


JO  OBSERVATIONS  (a86) 

Ainsi  (jue  je  lai  déjà  dit,  la  conf'orniatioii  individuelle  de 
ces  Ascidies  est  essentiellement  la  même  que  celle  des  Aplides, 
si  bien  étudiée  par  M.  Savigny(i),  et  ressemble  beaucoupà 
celle  des  Clavelines,  dont  il  a  été  traité  longuement  dans  les 
paragraphes  précédents  ;  il  est  seulement  à  noter  que  chez  les 
Amarouques,  de  même  que  chez  toutes  les  autres  Ascidies  com- 
posées ,  la  tunique  externe  est  représentée  par  le  tissu  tégu- 
mentaire  commun  à  toute  l'association,  de  façon  que  c'est 
l'analogue  de  la  tunique  interne  des  Clavelines  qui  constitue  la 
première  enveloppe  particulière  du  corps;  du  reste,  cette  tuni- 
que présente  aussi  des  traces  de  fibres  musculaires,  et  affecte  la 
forme  d'un  long  sac,  dont  l'extrémité  supérieure  est  occupée 
par  la  bouche  et  l'anus  (2).  Ces  deux  orifices  sont  placés  à  peu 
près  de  même  que  chez  les  Clavelines;  mais  les  bords  du 
premier  sont  lobules,  et  le  second  est  surmonté  d'une  lan- 
guette membraneuse  (3) ,  qui  est  dirigée  horizontalement  en 
arrière  et  qui  concourtà  former  la  voûte  du  cloaque  commun. 
Entre  ces  deux  ouvertures,  on  remarque  aussi  un  petit  tuber- 
cule gangliforme  (4);  et  la  disposition  du  thorax  ne  présente 
rien  de  nouveau  ,  si  ce  n'est  que  le  sac  branchial ,  de  couleur 
rouge  orangé,  n'est  garni  que  de  dix  ou  onze  rangées  trans- 
versales de  fentes  intervasculaires ,  et  que  la  crête  corres- 
pondante au  bord  antérieur  du  sinus  branchial  paraît  être 
dépourvue  de  languettes  membraneuses.  L'abdomen,  comme 
je  l'ai  déjà  dit,  est  divisé  en  deux  ])ortions,  dont  l'une  courte 


[i)  Op.  cit.  PI.  16  et  17. 

(2)  PL  3,  fig.  2°. 

(3)  i%  fig.  2%  pi.  3. 

(4)  J,  fig.  a»,  pi.  3. 


(287)  SU"    lES    ASCIDIES    COMPOSÉES.  7I 

et  arrondie,  n'est  séparée  du  thorax  que  par  un  léger  étran- 
glement et  loge  l'appareil  digestif.  L'œsophage  est  très-court, 
etrestomac(i)  qui  y  fait  suite,  et  qui  est  de  couleur  jaune,  est 
marqué  d'une  série  de  plis  verticaux ,  dont  les  bords,  exami- 
nés au  microscope ,  paraissent  être  garnis  de  follicules  sécré- 
teurs. L'intestin  se  divise  en  trois  portions,  comme  chez  les 
Clavelines,  et  ne  présente  rien  de  particulier,  si  ce  n'est 
que  le  rectum  remonte  jusque  vers  le  milieu  du  cloaque, 
i  i'abdomen  inférieur  fait  suite  à  l'extrémité  inférieure  de 
l'abdomen  supérieur,  et  n'en  est  ordinairement  que  peu 
distinct;  il  est  au  moins  deux  fois  aussi  long  que  le  thorax, 
et  se  termine  par  deux  petits  prolongements  coniques.  Une 
masse  blanchâtre ,  formée  par  les  vésicules  testiculaires  et 
par  l'ovaire ,  en  occupe  presque  tout  l'intérieur ,  et  donne 
naissance  à  un  conduit  fdiforme ,  qui  remonte  latéralement 
entre  l'intestin  et  l'estomac ,  pour  aller  déboucher  dans  le 
cloaque;  la  portion  inférieure  de  cette  masse  viscérale  est 
formée  principalement  par  le  testicule ,  et  en  automne  se 
trouve  gorgée  de  zoospermes  ;  l'ovaire  paraît  en  occuper  la 
partie  supérieure,  et  dans  ce  point  on  voit  souvent  des  œufs 
assez  volumineux  (2) ,  dont  les  uns  sont  blanchâtres,  les  autres 
jaunes,  et  d'autres  encore  de  couleur  brune.  Enfin,  le  cœur 
est  situé  au-dessous  de  l'appareil  générateur ,  à  l'extrémité 
inférieure  du  corps  ,  et  a  la  forme  d'un  tube  membraneux 
recourbé  sur  lui-même  en  manière  d'anse  (3). 

Une  autre  Amarouque,  qui  est  très-voisine  de  la  précédente, 


(i)  /,  fig.  2",  pi.  3 
(a)  p,  fig.  2°,  pi.  3. 
(3)  o,fig.  2",  pi.  3. 


7 


2  OBSERVATIONS  (288) 

mais  qui  me  paraît  devoir  en  être  distinguée  spécifiquement, 
se  trouve  également  au  milieu  des  rochers  de  Tatihou,  et  se 
fait  remarquer  par  sa  couleur  blanche.  Elle  se  présente  aussi 
sous  la  forme  de  petites  masses  subcartilagineuses,  tantôt  ar- 
rondies et  un  peu  déprimées  (  i  ),  tantôt  subpédiculées ,  lobulées 
et  plus  ou  moins  renflées  vers  le  bout  (2),  suivant  qu'elle  repose 
sur  un  corps  solide  et  qu'elle  s'est,  pour  ainsi  dire,  tassée  en 
se  développant,  ou  bien  que,  étant  suspendue  par  son  extré- 
mité basilaire  sous  quelque  voûte  naturelle ,  elle  s'est  beau- 
coup allongée  en  prenant  de  l'accroissement.  La  teinte  géné- 
rale de  ses  masses  est  légèrement  grisâtre, et  au  lieu  des  taches 
rouges  ou  jaunes  qui ,  dans  l'espèce  précédente ,  marquent 
les  places  occupées  par  les  divers  individus  ,  on  remarque  ici 
des  taches  presque  incolores  et  semi-transparentes  ;  quelque- 
fois on  distingue  aussi  à  travers  le  tissu  commun  une  ou  deux 
grosses  taches  jaunes,  situées  assez  profondément;  mais  elles 
ne  sont  pas  permanentes  et  dépendent  seulement  de  la  pré- 
sence de  quelque  amas  d'œufs  vers  le  fond  des  cloaques 
communs.  D'après  cela,  on  peut  prévoir  que  le  thorax  de  ces 
animaux  ne  peut  être  coloré  comme  chez  l'Amarouque  pro- 
lifère. En  effet ,  il  est  incolore  et  transparent ,  et  l'estomac 
n'est  aussi  que  faiblement  teinté.  Dans  tous  les  individus  que 
j'ai  examinés,  la  languette  membraneuse  placée  au-dessus  de 
l'anus,  m'a  offert  trois  divisions  lobulaires  ,  disposition  que 
je  n'ai  jamais  aperçue  chez  l'Amarouque  prolifère;  enfin  ,  le 
post-abdomen  était  plus  grêle  que  dans  l'espèce  précédente; 
mais,  du  reste,  la   structure  de  cette  Ascidie,  à  laquelle  je 


(i)Pl.  I,  fig.  3'  X. 
(2)  PI.  i,fi§.  3'©. 


(aHt))  SUU    I,ES    ASCIDIES    COMPOSÉES.  78 

donne  le  nom  cI'amarouque  blanchatre(i),  ne  m'a  offert  rien 
de  particulier. 

C'est  aussi  dans  cette  division  généric[ue  que  doit  se  placer 
une  autre  Ascidie  composée,  cpi'au  premier  abord  on  pour- 
rait  facilement  prendre   pour  un   Botrylle;   elle  forme  des 
masses  encroûtantes  assez  épaisses,  mais  toujours  beaucoup 
plus  larges  que  hautes,  dont  la  teinte  générale  est  d'un  rose 
tendre  tirant  sur  le  jaune  vers  le  bas  (2).  Ici  les  groupes  ou  sys- 
tèmes d'individus  réunis  autour  d'un  cloaque  commun  sont  peu 
nondjreux  ,  et  sont  en  général  disposés  sur  un  seul  rang,  de 
façon  à  représenter  une  ellipse  plus  ou  moins  allongée  (3);  ces 
systèmes  ont  en  même  temps  une  circonscription  bien  dis- 
tincte, et  la  même  masse  en  renferme  presque  toujours  plu- 
sieurs. En  général ,  l'orifice  du  cloaque  commun  n'occupe  pas 
le  centre  de  ces  groupes ,  mais  se  trouve  presque  à  l'une  de  leurs 
extrémités,  et  communicjue  avec  les  individus  situés  à  l'autre 
bout  du  groupe,  à  l'aide  d'un  canal  intérieur;  ses  bords  sont 
minces  et  s'étendent  un  peu  en  forme  de  cône  tronqué.  L'ou- 
verture orale  de  ces  Ascidies  est  peu  saillante,  et  les  lobes  de 
sa  bordure  membraneuse  sont  obtus  et  de  couleur  blanchâtre, 
de  façon  qu'ils  constituent  autour  de  la  bouche  un  cercle  de  six 
taches  arrondies,  dont  la  blancheur  contraste  avec  la  teinte 
rose  du  fond  ;  le  cercle  tentaculaire  situé  au  fond  de  cette 
ouverture   est  plus  développé  que  dans  les  espèces  précé- 
dentes; on  y  compte  douze  filaments,  dont  six  grands  et  six 
petits.  Une  strie  blanchâtre  se  prolonge  aussi  du  voisinage 


(i)  Aniarouciiim  ulbicans  h  oh. 

(2)  Amarouciiiin  Nordmannii.  PI.  i,  fig.  5. 

(3)  PI.  1,  fig.  5°. 

10 


-74  OBSERVATiOA'S  ('-^QO) 

de  la  bouclie  vers  le  cloaque  commun  ,  et  une  seconde  de  même 
teinte  se  voit  du  côté  opposé  et  correspond  à  la  ligne  ven- 
trale du  thorax.  Le  tissu  tégumentairecommunest  jaunâtre,  et 
la  couleur  rose  qui  domine  dans  la  partie  supérieure  de  la 
masse  dépend  principalement  de  la  teinte  de  la  portion  thora- 
cique  du  corps  de  ces  Ascidiens.  La  forme  générale  de  ceux- 
ci  est  plus  trapue  que  dans  les  espèces  précédentes  {i);\e  sac 
branchial  est  garni  de  douze  rangées  de  lamelles  vasculaii^es; 
l'œsophage  est  très-court,  l'estomac  est  ridé  comme  chez  l'A- 
marouque  prolifère;  enfin,  le  post-abdomen  est  gros  et  très- 
court.  J'ai  rencontré  cette  espèce  à  Roscoff ,  aux  îles  Chausay 
et  à  la  Hougue;  mais  elle  ne  m'a  jamais  paru  être  très-connue; 
je  la  désignerai  sous  le  nom  d'AMAROUQUE  de  Nordmann,  eu 
l'honneur  de  l'habile  zoologiste  qui  se  trouvait  avec  moi  à 
r^a  Hougue  lorsque  je  faisais  l'anatomie  de  ce  Tiinicier. 

Une  quatrième  esjîèce  de  Polyclinien  unistelié  habite  éga- 
lement les  côtes  de  la  Hougue ,  des  îles  Chausay,  etc.,  et 
semble  se  rapprocher  des  Synoiques  de  Phipps  (2),  tant  les 
petites  niasses  qu'elle  constitue  s'allongent  et  deviennent  pé- 
diculées,  quand  elles  se  trouvent  suspendues  à  la  face  infé- 
rieure de  quelque  partie  saillante  d'un  rocher  ou  sous  quelque 
grosse  pierre  dont  la  base  ne  touche  pas  le  sol;  elles  sont 
alors  tout  à  fait  claviformes  (3);  mais  lorsque  leur  corps  se  dé- 
veloppe contre  l'effet  de  la  pesanteur,  elles  s'élargissent  da- 
vantage et  ne  sont  plus  pédiculées.  Si  l'on  poussait  les  divisions 


(i)  PI.  3,  fig.  3  et  3°. 

(2)  V^oyage  au  pâle  boréal.  Pi.  i3,  fig.  3.  —  Savigny,  op.  cit.,  page  180. 
PI.  3,  fig.  3,  et  pi.  i5. 

(3)  Ainaroucium  argus  Nol>.  PI.  i,  fig.  4- 


(291)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  ^5 

génériques  aussi  loin  que  l'a  fait  M.  Savigny,  il  faudrait  former 
un  genre  nouveau  pour  cette  Ascidie,  car  tout  en  ressem- 
blant aux  Amarouques  ordinaires  par  les  principaux  traits  de 
on  organisation,  elle  eu  diffère  par  une  particularité  ana- 
logue à  celle  sur  laquelle  repose  la  distinction  établie  par  ce 
savant  entre  ses  Aplides  et  ses  Sidnies.  En  effet,  les  parois 
de  l'estomac  présentent,  au  lieu  de  plis  longitudinaux,  une 
multitude  de  petits  compartiments  qui  ont  l'aspect  d'alvéoles 
et  qui  paraissent  être  garnis  tout  autour  de  lamelles  ou  replis 
rayonnants  (i).  Mais  si  l'on  descendait  à  des  caractères  de  cet 
ordre  pour  en  faire  la  base  des  divisions  génériques,  on  serait 
conduit  à  multiplier  inutilement  ces  coupes  et  on  rendrait 
les  déterminations  d'une  difficulté  extrême.  Je  rangerai,  par 
conséquent,  cette  espèce  dans  le  même  genre  que  les  précé- 
dentes, et  je  la  désignerai  sous  le  nom  d'AMAROUQUE  argus.  Sa 
couleur  générale  est  d'un  jaune  olivâtre  vers  la  base  de  la  masse 
comnuine,et  tirant  sur  l'orangé  vers  son  extrémité  libre;  mais 
sa  surface  terminale  (  ou  buccale  )  est  presque  blanche  et 
présente  une  multitude  de  petits  points  roses.  Les  individus 
sont  groupés  à  peu  près  circulairement  autour  d'un  cloaque 
conmiun  (2);  en  général  ils  forment  ainsi  plusieurs  rangées 
irrégulières,  et  il  n'existe  qu'un  seul  de  ces  systèmes   par 
masse;  mais  quelquefois  on  en  trouve  deux  ou  un  plus  grand 
nombre,  et  alors  la  circonscription  de  ceux-ci  est  peu  dis- 
tincte. Chaque  individu  fait  une  saillie  considérable  à  la  sur- 
face de  la  niasse  commune,  et  le  bord  de  l'ouverture  buccale 
est  profondément  divisé  en  six  lobes  à  peu  près  triangulaires. 


(i)  PI.  3,  lig.  I,  I",  1'. 
(2)  PI.  I,  fig.  4°. 

10. 


jG  OBSERVATIONS  (^-9^) 

C'est  autour  de  la  base  de  cette  couronne  denticulée  que  se 
trouvent  les  petites  taches  roses  dont  il  a  déjà  été  question; 
on  en  conqjte  quatre  pour  chaque  animal,  et  si  les  opinions 
de  M.  Ehrenberg,  relatives  à  la  nature  des  points  colorés  dont 
un  grand  nombre  de  zoophytes  sont  pourvus,  venaient  à 
être  confii-mées,  il  faudrait  considérer  aussi  ces  taches 
comme  étant  des  points  ocuUf ormes .  Quant  à  la  structure  in- 
dividuelle de  ces  animaux,  elle  n'offre  du  reste  aucune  parti- 
cularité inqiortante;le  thorax  (ij  est  conformé  de  même  que 
dans  les  espèces  précédentes;  seulement  il  n'est  pas  coloré,  et 
le  sac  branchial  n'offre  que  dix  rangées  de  stigmates  ou  fentes 
intervasculaires;  l'œsophage  est  rougeâtre;  l'estomac  est  for- 
tement coloré  en  jaune;  la  première  portion  de  l'intestin  ou 
duodénum  est  grisâtre,  et  la  seconde  portion  ou  le  ventricule 
chyliKque  est  rouge  comme  l'œsophage ,  tandis  que  le  l'ectum 
est  de  nouveau  presque  incolore;  enfin  le  post-abdomen  est 
gros  et  a  le  plus  ordinairement  environ  une  fois  et  demie  la 
longueur  du  thorax. 

Les  PoLYCLiNEs  proprement  dites,  qui  jusqu'ici  n'avaiejit 
été  rencontrées  que  dans  des  mers  plus  chaudes,  sont 
représentées  aux  environs  de  la  Hougue  par  une  espèce  que  je 
ne  vois  décrite  dans  aucun  ouvrage  et  que  je  désignerai  sous  le 
nom  de  Polycline  orange,  à  raison  de  sa  forme  arrondie 
et  de  sa  couleur  jaune  foncé.  Cette  espèce  nouvelle  (2)  cons- 
titue de  petites  masses  plus   ou  moins  sphériques  qui  sont 


(i)  PI.  3,  fig.  I. 

(2)  Polyclinum  aurantium  Nob.  PI.  1,  fig.  6. 


(ayS)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSÉES.  77 

fixées  aux  rochers  par  un  pédoncule  court  et  gros^,  et  qui, 
vues  à  l'œil  nu,  ne  laissent  pas  distinguer  les  animaux  dont 
elles  se  composent;  mais  eu  les  examinant  à  l'aide  d'une  forte 
loupe ,  on  distingue  à  leur  surface  une  multitude  de  petits 
trous  rangés  par  séries  linéaires,  de  façon  à  représenter  un 
nombre  considérable  d'ellipses  groupées  autour  d'un  trou  cen- 
tral assez  grand  pour  être  facilement  aperçu  sans  le  secours 
d'une  lentille  (i);  ces  espèces  de  pores  sont  les  bouches  d'autant 
d'animaux  réunis  en  une  masse  commune,  et  le  trou  central 
dont  il  vient  d'être  question  est  le  cloaque  commun  dans  le- 
quel viennent  déboucher  les  ouvertures  anales  de  toutes  les 
Ascidies  groupées  àl'entour.Quelquefois  la  masse  tout  entière 
n'offre  qu'un  seul  de  ces  groupes  ou  systèmes;  mais,  en  gé- 
néral, on  y  reconnaît  plusieurs  groupes  pourvus  chacun  de 
leur  cloaque  commun.  La  bouche  est  très-contractile  et  en- 
tourée d'une  bordure  membraneuse  qui ,  lors  de  la  dilatation 
de  cet  orifice,  s'élève  en  manière  de  couronne,  et  qui  porte 
sur  son  bord  libre  six  petits  prolongements  digitiformes  très- 
courts  (2),  mais  n'est  pas  profondément  lobulée  comme  dans 
les  espèces  figurées  par  M.  Savigny.  Le  tissu  tégumentaire  qui 
constitue   la  portion  commune   de  ces  agrégations,  et  qui 
peut   être   comparé   au   polypier  des  polypes  agrégés,   est 
d'une  consistance  coriace,  et  laisse  pour  chaque  individu  une 
sorte  de  loge  divisée  en  trois  chambres  par  des  étranglements; 
caractère  qui  est  commun  à  toutes  les  espèces  du  genre  Po- 
lycline  et  qui  lui  a  valu  le  nom  qu'il  porte.  Quant  à  la  con- 


(i)  PI.  3,  fig.  4. 
(.)  PI.  3,  fig.  4". 


^8  (OBSERVATIONS  (294) 

fonuation  individuelle  de  ces  Ascidies,  elle  ne  s'éloigne 
que  ]3eu  de  celle  des  espèces  si  bien  étudiées  par  M.  Savi- 
gny  (i).  Le  corps  (2)  est  divisé  comme  d'ordinaire  en  trois 
portions  bien  distinctes,  qui  correspondent  aux  trois  cellules 
superposées  dont  nous  venons  de  parler  :  lui  thorax  ,  un  ab- 
domen supérieur  et  un  abdomen  inférieur  ou  post-abdomen. 
Le  thorax  est  moins  allongé  que  dans  la  plupart  des  Poly- 
clines,  et  le  sac  respiratoire  qui  en  occupe  l'intérieur  n'offre 
que  treize  rangées  de  fentes  branchiales  ;  l'abdomen  supé- 
rieur n'est  séparé  du  thorax  que  par  un  rétrécissement  faible 
et  de  peu  d'étendue;  enfin  le  post-abdomen  est  attaché  à  la 
partie  latérale  de  l'abdomen  supérieur  par  un  pédoncule 
étroit;  disposition  qui  constitue  un  des  traits  caractéristiques 
du  geni^e ,  et  il  est  seulement  à  noter  que  cette  portion  infé- 
rieure du  corps  est  beaucoup  plus  allongée  que  dans  toutes 
les  autres  espèces  du  même  groupe.  Si  l'on  compare  notre 
Polycline  orange  avec  les  espèces  dont  l'organisation  inté- 
rieure nous  est  connue  par  les  observations  de  nos  prédé- 
cesseurs, on  verra  que  c'est  avec  une  espèce  propre  aux  côtes 
de  lîle  de  France ,  la  Polycline  constellée  (3) ,  qu'elle  a  le  plus 
de  ressemblance;  mais  elle  s'en  distingue  par  des  caractères 
importants. 

§  V. 

La  TRIBU  DES  DiDEMNiENS  cst  formée ,  ainsi  que  nous  1  a- 


(i)  Op.  cit.  PI.  18  et  19, 

(2)  PI.  3,  fig.  4'. 

(3)  Savigny,  Op.  cit.,  page  189.  PI.  4j  fig-  2,  et  pi.  18,  fig.  i. 


(295)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  ^y 

vons  déjà  dit ,  de  toutes  les  Ascidies  composées  ,  dont  le 
corps  est  bien  distinctement  divisé  en  deux  portions  ,  un 
thorax  et  un  abdomen  (1)  ;  elle  se  rapproche  extrêmement 
des  Clavelines,  et  se  distingue  de  la  tribu  des  Polycliniens 
par  l'absence  d'un  post-abdomen  et  par  la  position  de  l'ap- 
pareil de  la  génération  et  du  cœur,  qui  se  trouvent  remontés 
à  côté  de  l'intestin. 

Ces  animaux  présentent  entre  eux  des  différences  analo- 
gues à  celles  d'après  lesquelles  j'ai  divisé  la  tribu  des  Po- 
lycliniens, et  me  semblent  devoir  être  également  répartis 
en  deux  groupes,  suivant  que  l'anus  est  étoile  comme  la 
bouche  ou  bien  dépourvu  d'une  couronne  de  lobules  mar- 
ginaux. La  première  de  ces  divisions  ,  c|ue  l'on  pourrait 
appeler  celle  des  Didemniens  bistellés,  conqirend  les  Dis- 
tomes et  les  Diazones ,  par  lesquels  le  passage  s'établit  entre 
les  Clavelines  et  les  Ascidies  composées  ;  la  seconde  di- 
vision, celle  des  Didemniens  unistellés,  a  pour  type  les 
genres  Didemne  et  Euc.ielie  de  M.  Savigny. 

Le  genre  diuemne  (2),  comme  on  le  sait,  est  caractérisé  par 
l'existence  des  rayons  réguliers  autour  de  l'ouvertui^e  bran- 
chiale, l'absence  de  cavités  centrales  pour  les  divers  systèmes 
d'animaux  (ou  de  cloaques  communs),  et  parla  confor- 
mation de  la  masse  commune,  qui  est  sessile,  fongueuse  et 
incrustante.  Je  crois  devoir  y  rapporter  une  Ascidie  que 
j'ai  trouvée  sur  des  serpules  ,  en  draguant ,  près  des  îles 
Saint-Marcouff,  et  que  je  nommerai  didemne  gélatineux  (3). 


(1)  PI.  7,  fig.  5%  5^  etc.;  pi.  8,  1%  2". 

(2)  Savigny,  Op.  cit.,  page  i38  et  ig4- 

(3)  Didcrnnuni  gelât inosum  Nob.  PI.  7,  fig.  5. 


8o  OBSERVATIO^S  {^^C)^) 

Elle  se  présente  sous  la  forme  d'une  croûte  mince  ,  vis- 
queuse et  incolore  ,  dans  l'épaisseur  de  laquelle  se  voient 
une  multitude  de  petits  points  jaunes,  produits  par  les 
animaux  qui  s'y  trouvent  réunis,  sans  présenter  entre  eux 
aucun  ordre  appréciable.  Ceux-ci  (i)  ont  le  bord  de  la  bouche 
divisé  en  six  petits  lobes  obtus  ,  et  ont  l'ouverture  anale  si- 
tuée tout  auprès;  le  thorax  est  gros  et  n'ofïre  que  cinq 
rangées  transversales  de  stigmates  branchiaux  ;  l'abdomen 
est  séparé  du  thorax  par  un  jjédicule  bien  marqué ,  et 
se  replie  contre  son  extrémité  inférieure  ;  il  n'y  a  pas  de 
post-abdomen  distinct ,  et  l'ovaire  ,  placé  sur  le  côté  de 
l'anse  intestinale ,  ne  le  dépasse  bien  notablement  en  des- 
sous que  lorsque  les  œufs  sont  très-développés.  Ceux-ci 
acquièrent  des  dimensions  très-considérables  et  paraissent 
quelquefois  prêts  à  rompre  les  membranes  dont  ils  sont 
recîouverts,  et  à  s'échapper  dans  la  masse  tégumentaire 
commune  (2).  Enlin ,  on  voit  aussi  chez  beaucoup  de  ces 
animaux  des  bourgeons  reproducteurs ,  qui  naissent  de 
divers  points  de  la  surface  de  l'abdomen  ,  et  qui  ,  d'a- 
bord radiciformes ,  se  renflent  bientôt  à  leur  extrémité  (3). 
La  plupart  des  espèces  de  Didemniens  (}ue  j'ai  ren- 
contrées sur  les  côtes  de  la  Manche,  offrent  bien ,  comme  la 
précédente,  la  conformation  générale  propre  au  genre  Di- 
demne  de  M.  Savigny,  mais  s'en  distinguent,  ainsi  que  du 
genre  Eucielie ,  par  un  caractère  que  j'ai  déjà  signalé  chez, 
certains   Polycliniens    :    l'orifice   anal,   au    lieu  de  s'ouvrir 


(i)  PI.  5,  fig.  5^  etc. 

(2)  PI.  7,  fig.  5",  5^ 

(3)  <',  fig.  5''  et  5',  pi.  7. 


(297)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  8l 

isolément  à  la  surface  externe  de  la  masse  commune ,  dé- 
l)Ouche  dans  des  cloaques  communs ,  plus  ou  moins  ra- 
meux ,  de  la  même  manière  que  chez  les  Amarouques. 
Or,  les  Didemniens  qui  offrent  ce  mode  de  conforma- 
tion, ne  peuvent  évidemment  prendre  place  dans  aucune 
division  déjà  établie,  et  je  proposerai  de  les  réunir  en  un 
genre  particulier,  auquel  je  donnerai  le  nom  de  leptocline, 
à  raison  de  la  minceur  de  la  masse  commune ,  servant  de 
lit  à  ces  petits  êtres. 

Une  des  espèces  les  plus  communes  et  les  plus  remar- 
quables de  ce  genre,  est  le  leptocline  maculé  (i),  qui  se 
trouve  ordinairement  sur  les  pieds  des  grandes  laminaires 
des  côtes  de  la  Manche.  Elle  se  présente  sous  la  forme 
d'une  croûte  mince,  mais  dure  et  très-coriace,  agréable- 
ment variée  de  blanc  et  de  violet.  Sa  surface  est  quelquefois 
un  peu  bosselée,  et  on  y  remarque  un  grand  nombre  de 
stries  irrégulières,  de  couleur  brune  ou  violacée,  qui  pa- 
raissent correspondre  aux  canaux  par  lesquels  les  diffé- 
rents individus  d'un  même  système  communiquent  avec  les 
cloaques  conununs.  La  substance  du  tissu  commun  est  far- 
cie de  granules  calcaires  ,  qui,  vus  à  l'aide  d'une  loujje 
ordinaire  ,  paraissent  être  de  petites  conci'étions  sphéri- 
ques,  mais  qui  sont  seulement  des  agrégations  de  petits 
cristaux  pyramidaux,  réunis  par  leur  base,  de  façon  à  re- 
présenter une  étoile  à  plusieurs  rayons ,  surmontée  sur  cha- 
cune de  ses  faces  d'un  groupe  d'autres  rayons  semblables 
aux  premiers,  quoique  plus  petits  (2);  pour  s'en  assurer ,  il 


(i)  Leptocliniim  ninculosum   JSob.,  pi.  8,  fig.  2. 
(2)  PI.  8,  fig.  iK 

I  l 


g.j  OBSERVATIONS  (298) 

suffit  d'isoler  quelques-uns  de  ces  granules  et  de  les  exami- 
ner au  microscope.  Les  ouvertures  buccales  sont  disposées 
à  peu  près  en  quinconce  et  deviennent  presque  impercepti- 
bles lors  de  leur  contraction  ;  mais  lorsqu'elles  se  dilatent , 
elles  sont  assez  grandes,  et  leur  bord  membraneux  et  légère- 
ment saillant  se  découpe  en  six  lobules  arrondis.  Quant  à  la 
structure  intérieure  des  individus  réunis  par  ce  tissu  tégu- 
nientaire  commun  ,  elle  est  essentiellement  la  même  que 
celle  des  Dideraniens ,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  les 
figures  jointes  à  ce  mémoire  (i). 

.le  désignerai  sous  le  nom  de  leptocline  uude  (2),  un 
autre  Didemnien  qui  est  très-voisin  de  l'espèce  précédente, 
et  qui  peut-être  même  n'en  est  qu'une  variété  ,  mais  qui  en 
diffère  par  l'existence  d'un  gros  tubercule  conique,  situé 
auprès  de  chacun  des  orifices  buccaux,  dont  la  surface  de  la 
masse  commune  est  parsemée  ;  cette  masse  présente ,  du 
reste,  la  même  conformation  que  chez  le  I;eptocline  ma- 
culé :  il  est  seulement  à  noter  que  sa  couleur  est  en  général 
blanchâtre.  On  trouve  le  Leptocline  rude  dans  les  mêmes 
localités  que  l'espèce  précédente. 

Une  troisième  espèce  de  Leptocline,  qui  ressemble  aux 
deux  précédentes  ,  par  la  minceur  et  la  consistance  des 
croiites  qu'elle  forme,  se  reconnaît  à  sa  couleur  uniforme 
d'un  jaune  chamois.  Elle  se  trouve  adhérente  aux  pierres 
qui  bordent  l'île  de  Tatihou ,  et  je  la  désignerai  sous  le  nom 
de  leptocline  coriace  (3).  Les  orifices  buccaux  sont  plus  rap- 


(i)    P1.8,fig.  2". 

(2)  Leptoclinum  aspenim  ]\oh.,  pi.  8 ,  tig.  3 ,  3° 

(3)  Lepivclinum  durum  Nob.,  pi.  8,  fig.  4)  4° ■ 


(299)  ^^^    LES    ASCIDIES    COMPOSÉES.  83 

proches  que  dans  l'espèce  précédente  et  plus  profondément 
lobules;  ces  orifices  sont  garnis  d'une  bordure  membraneuse, 
divisée  en  six  dents  qui  s'élèvent  quelquefois  en  manière  de 
couronne,  ainsi  que  cela  se  voit  en  <7  dans  la  fig.4%pl-8.  Mais, 
en  général,  cette  bordure  ne  saille  pas  au  dehors,  et  alors 
l'ouverture  buccale  paraît  avoir  seulement  des  bords  épais, 
et  divisés  en  six  lobes  arrondis  (comme  en  b,  dans  la  figure 
déjà  citée).  Quant  aux  animaux,  considérés  individuellement, 
ils  ne  m'ont  offert  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  que  le  pé- 
dicule situé  entre  le  thorax  et  l'abdomen  est  plus  court  que 
dans  le  Leptocline  maculé. 

Une  quatrième  espèce,  qui  se  trouve  dans  les  mêmes  loca- 
lités que  les  précédentes,  est  le  leptocune  éclatant  (i), 
que  je  nomme  ainsi  à  cause  de  sa  belle  couleur  d'un  rouge 
de  Saturne  ;  elle  ressemble  du  reste  beaucoup  à  l'espèce 
précédente. 

Enfin,  j'appellerai  leptocline  gélatineux  (a),  une  cin- 
quième espèce  qui  se  distingue  facilement  des  précédentes 
par  la  consistance  gélatineuse  et  la  semi-transparence  de 
son  tissu  tégumentaire  commun.  Les  individus ,  ayant  les 
viscères  abdominaux  seuls  colorés  en  jaune ,  sont  rangés 
irrégulièrement  autour  des  cloaques  communs ,  et  ont  le 
bord  supérieur  de  l'ouverture  buccale  profondément  divisé 
en  lobules  (3)  ;  on  aperçoit  aussi  autour  du  bord  inférieur 
de  cet  orifice  une  série  de  tentacules  filiformes,  dont  le  nom- 
bre est  ordinairement  de  douze,  et  dont  les  uns  sont  grands 


(i)  Leptoclinum  fui  gens  Nol>.,  pi.  8,  fig.  5. 

(2)  Leptoclinum gelatinosum  Noh.,  pi.  8,  fig.  i,  1°. 

(3)  PI.  8,  fig.  i«. 

I  1. 


84  OBSERVATIONS  (3oo) 

et  les  autres  petits;  mais  sans  que  ces  deux  sortes  d'appen- 
dices alternent  entre  eux  aussi  régulièrement  que  chez  les 
Polyclinicns.  Le  sac  branchial  est  garni  de  cinq  rangées  de 
l'entes  stigmatiformes,  et  l'abdomen  appliqué  contre  l'extré- 
mité inférieure  du  thorax  est  à  peine  pédicule  (i). 

L'Ascidie  composée,  mentionnée  par  M.  Lister  (2),  comme 
étant  un  Polycline  appartenant  évidemment  à  mon  genre 
LEPTOCLINE,  ressemble  beaucoup  à  l'espèce  précédente ,  mais 
s'en  distingue  par  l'existence  d'un  cercle  de  taches  autour 
de  l'orifice  buccal,  disposition  qui  n'existe  pas  chez  le  Lep- 


tocline  gélatineux. 


§  VL 


La  TRIBU  DES  BoTRYLLiENS  Comprend  les  Ascidies  com- 
jjosées  qui,  réunies  par  systèmes  autour  de  cloaques  com- 
muns, n'ont  pas  le  corps  divisé  en  un  thorax  et  un  abdomen 
distincts;  les  viscères  étant  refoulés  en  avant  sur  le  côté  de 
la  chambre  branchiale  (3). 

Jusqu'ici  toutes  les  Ascidies  composées  qui  présentent  ces 
caractères  ont  été  réunies  en  un  seul  geni^e ,  celui  des 
Botrylles  ;  mais  dans  l'état  actuel  de  la  science  il  me  paraîtrait 
utile  d'en  former  deux  groupes  génériques,  car  on  y  remarque 
des  différences  considérables  que  la  classification  me  semble 


(i)  P!.  8,  fig.  i'  et  i\ 

(2)  Philos. T/ans.,  1 834,  part.  ^L  page  382,  pi.  i2,lig.  i.  Je  proposerai 
de  dédier  cette  espèce  à  robservateur  judicieux  qui  l'a  fait  connaître  ;  on 
pourniit  par  conséquent  la  nommer  LeptocUnum  Listerianum. 

(3)  PI.  6  et  pi.  7,  fig.  I  à  4. 


r3oi)  SUR    J.ES    ASCIDIES    COMPOSEES.  85 

devoir  signaler.  Effectivement, chez  les  uns  (i),  les  divers  in- 
dividus composant  chaque  système,  sont  réunis  en  cercle  ou 
en  ovale  autour  d'un  cloaque  commun,  simple  et  en  forme 
de  fossette  à  bords  relevés,  d'où  résulte  pour  chacune  de  ces 
aaréaations  la  forme  d'une  étoile  à  plusieurs  branches  ;  chez  les 
autres  (2),  les  cloaques  se  continuent  dans  la  masse  commune 
sous  la  forme  de  canaux  intérieurs,  de  chaque  côté  desquels 
les  individus  se  trouvent  rangés  en  séries  linéaires  ,  de  sorte 
que  l'aspect  étoile  ne  se  retrouve  plus  dans  les  systèmes  ainsi 
disposés.  Il  est  aussi  à  noter  que  chez  les  premiers,  aux- 
quels il  convient  de  conserver  le  nom  de  Botrylle,  le  corps 
de  ces  petits  animaux  est  couché  presque  horizontalement, 
et  l'anus  est  très-éloigné  de  la  bouche  (3),  tandis  que  chez  les 
seconds,  dont  je  proposerai  de  former  le  genre  Botrylloîde, 
le  corps  est  placé  presque  verticalement ,  et  les  deux  orifices 
sont  très-rapprochés  l'un  de  l'autre  (4). 

L'espèce  de  ce  dernier  groupe  que  j'ai  rencontré  le  plus 
communément  sur  nos  côtes  ,  est  le  Botrylloîde  rotifère  (5). 
Cet  Ascidien  vit  sur  les  rochers  et  sur  les  fucus,  aux  envi- 
rons de  Langrune,  de  Saint-Vaast ,  etc.,  et  se  compose  de 
systèmes  irréguliers  à  individus  très -nombreux  dont  la 
partie  antérieure  du  corps  ne  s'élève  que  peu.  Le  tissu 
tégumentaire  commun  est  de  consistance  gélatineuse  et 
d'une    teinte   jaunâtre.    La   tunique   des   divers   individus, 


(i)Pl.  6,fig.4,  4%5,  5^6,6^7,7^ 
(2)P1.6,fig.  I,  i%2,  3,3». 

(3)  PI.  7,  fig.  3,  4. 

(4)  PI.  7,  fig.  I  et  2. 

(5)  Botrylloides  rotifera  Nob.,  pi  6,  fig.  i  et  i". 


86  OBSERVATIONS  (3o2) 

ainsi  réunis  ,  n'est  pas  opaque  et  uniformément  teinte 
en  rouge  comme  dans  un  autre  Botrylloïde  dont  j'aurai 
bientôt  à  parler,  mais  est  semi-transparente  et  ornée  d'une 
multitude  de  petits  points  rouges  qui  deviennent  assez  serrés 
entre  eux  autour  de  la  bouche,  autour  du  bord  supérieur  du 
sac  branchial  et  sur  la  ligne  correspondante  aux  replis 
longitudinaux  dont  ce  sac  est  garni  intérieurement  ;  il  en 
résulte  autour  de  l'ouverture  buccale  de  chacun  de  ces  pe- 
tits êtres  un  double  anneau  ponctué  de  rouge,  et  dans 
l'espace  compris  entre  ces  anneaux  huit  lignes  divergentes 
(jui  représentent  assez  bien  les  rayons  d'une  roue.  La  ligne 
de  démarcation  entre  les  divers  individus  d'un  même  sys- 
tème, n'est  pas  toujours  bien  distincte.  L'oriHce  extérieur 
du  cloaque  commun  est  entouré  immédiatement  par  en- 
viron six  ou  huit  individus  seulement;  mais  il  naît  de 
cette  cavité  une  ou  plusieurs  branches  latérales,  de  cha- 
que côté  desquelles  se  trouvent  d'autres  individus  rangés 
avec  assez  de  régularité,  avec  l'extrémité  anale  dirigée 
en  dedans,  et  vers  le  centre  commun  du  système.  L'orifice 
buccal  de  ces  animaux  est  grand,  et  présente  en  dedans  un 
cercle  de  filaments  tentaculiformes  dont  quatre  sont  toujours 
assez  développés,  tandis  que  les  autres,  en  nombre  variable, 
sont  toujours  rudimentaires.  Le  sac  respiratoire  présente  dix 
rangées  verticales  de  stigmates  branchiaux,  séparés  entre  eux 
de  trois  en  trois,  par  un  repli  vertical  (i)  ;  on  compte  neuf 
de  ces  ouvertures,  en  forme  de  boutonnière,  sur  chaque 
rangée  latérale,  et  on  remarque  à  chacun  de  leurs  quatre  an- 
gles un  petit  tubercule.  L'estomac  est  pyriforme  et  divisé  en 


(i)  PI.  7,  tig.  I  et  1",  e. 


(3o3)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  87 

sept  ou  huit  lobes  par  des  sillons  qui  se  portent  horizon- 
talement de  son  extrémité  cardiaque  vers  le  pylore.  L'in- 
testin est  recourbé  en  cr.,  et  se  divise  en  trois  portions  dont 
la  première  est  lisse  et  transparente  (i) ,  la  seconde  est  en- 
tourée d'un  tissu  granuleux  (2),  et  la  troisième  (3)  est  de 
nouveau  membraneuse.  Une  masse  glandulaire  (4) ,  qui 
paraît  être  un  organe  hépatique ,  est  couchée  sur  le  commen- 
cement de  la  troisième  portion  de  l'intestin,  et  donne  nais- 
sance à  plusieurs  petits  canaux  excréteurs  qui  se  réunissent 
bientôt  en  un  seul  tronc,  lequel  paraît  déboucher  dans  l'in- 
testin près  du  pylore  (5).  Au-dessous  de  cet  organe ,  et  plus  en 
arrière,  on  aperçoit  une  autre  masse  glandulaire  qui  paraît 
appartenir  à  l'appareil  de  la  génération  et  qui  m'a  semblé 
donner  naissance  à  un  petit  canal  dirigé  vers  le  cloaque  (6).  Le 
cœur  (7)  est  situé  latéralement  et  repose  sur  le  côté  cardiaque 
de  l'estomac.  Enfin  la  portion  inférieure  de  la  tunique  propre 
donne  naissance  à  des  prolongements  radiciformes  qui  s'a- 
vancent dans  le  tissu  commun,  se  ramifient  et  portent  à 
l'extrémité  de  leurs  divisions  des  renflements  pyriformes 
destinés  à  devenir  de  nouveaux  individus  (8). 

Une  seconde  espèce  appartenant  à  la  même  division  géné- 
rique se  rencontre  également  aux  environs  de  Saint- Vaast  et 


(l)    W,  fig.  1%  pi.  7. 

(2)  /«',  fig.  1-,  pi.  7. 

(3)  m",  fig.  I",  pi.  7. 

(4)  ^,  fig-  1°.  pi-  7- 

(5)  x',  fig.  I",  pi.  7. 

(6)  7,  ^  fig-  i°.pl-7- 

(7)  «jfig-  i)Pl-7- 

(8)  ^f',fig.  1,1%  i^pl.  7. 


88  OBSERVATIONS  (3o4) 

se  fait  remarquer  par  sa  couleur  éclatante.  Je  la  désignerai 
sous  le  nom  de  Botrylloïue  rouge  (i), et,  pour  la  distinguer 
de  l'espèce  précédente,  il  me  suffira  de  dire  que  la  tunique 
propre  de  ces  petits  Ascidiens  est  opaque  et  partout  d'un 
rouge  de  saturne  très-intense.  Il  est  aussi  à  noter  que  la  cir- 
conscription des  divei'S  systèmes  réunis  dans  une  même 
masse  est  beaucoup  plus  distincte  que  chez  le  Botrylloide 
rotifère;  que  la  démarcation  entre  les  individus  d'un  même 
système  est  également  bien  apparente;  que  l'extrémité  an- 
térieure du  corps  de  ceux-ci  s'élève  beaucoup  en  forme  de 
mamelons,  et  que  les  filaments  tentaculaires  sont  assez  déve- 
loppés. Quant  à  la  structure  intérieure  de  ces  animaux  (2), 
elle  ne  m'a  présenté  rien  de  particulier. 

.rai  trouvé  aussi  sur  les  côtes  de  la  Normandie,  mais  dans 
une  localité  différente  (sur  les  rochers  du  Calvados,  vis-à-vis 
le  village  de  Langrunej,  ini  autre  Botrylloide  qui  est  évidem- 
ment très-voisin  de  ceux  dont  je  viens  de  faire  la  descrip- 
tion,  surtout  du  Botrylloide  rotifère,  mais  qui  me  paraît 
devoir  en  être  distingué  spécifiquement  à  cause  de  sa  cou- 
leur blanchâtre  légèrement  teintée  de  rose,  et  de  quelques 
autres  caractères,  tels  que  la  grandeur  des  tentacules  buccaux 
et  la  forme  plus  allongée  du  corps.  On  pourra  désigner  cette 
espèce  sous  le  nom  de  Botrylloide  blanchâtre  (3). 

Le  Botrjllus  Leachii  de  M.  Savigny  (4)  appartient  égale- 
ment  à  ce  genre,   et  diffère  des  espèces   précédentes   par 


{i\  Botrjlloides  rubruin  ,  pi.  6,  fig.  3,  3". 

(2)  PI.  7,  fig.  2. 

(3)  Botrjlloides  albicans  Nob.,  pi.  6,  fig.  2. 

(4)  Op.  cit.,  page  iy9,pl.  4,  fig.  6  jet  pi.  20,  fig.  4- 


(3o5)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  89 

plusieurs  caractères;  entre  autres  par  le  nombre  beaucoup 
plus  considérable  des  fentes  branchiales.  II  me  parait  pro- 
bable que  le  Botryllus  rosaceus  du  même  auteur  (i)  devra 
aussi  prendre  place  dans  cette  nouvelle  division  généri(jue. 

Nos  côtes  sont  très-riches  en  Botkylles  proprement 
dits;  M.  Savigny  en  a  décrit  plusieurs  avec  tout  le  soin 
minutieux  qui  distingue  ses  travaux,  mais  la  plupart  des 
espèces  des  côtes  de  la  Manche  me  paraissent  encore  inédites  : 
de  ce  nombre  est  un  Botrylle  qui  est  extrêmement  commun 
aux  environs  de  Saint-Vaast  et  qui  ressendjle  beaucoup  au 
Botryllus  gemmeus  de  M.  Savigny  (2). 

Chez  celui-ci  (3)  le  tissu  commun  est  d'tuie  teinte  brunâtre, 
et  les  étoiles  assez  régulières ,  formées  par  la  reunion  d'en- 
viron six  ou  huit  individus  en  cercle  aiitoiu-  d'un  petit  cloaque 
commun,  présentent  trois  zones  bien  distinctes;  la  zone 
extérieure,  d'une  teinte  violacée,  est  formée  par  l'extrémité 
renflée  de  ces  petits  êtres  et  loge  les  orifices  buccaux  ;  la  zone 
moyenne,  d'un  jaune  vif,  est  divisée  en  petits  compartiments 
par  une  série  de  lignes  violacées  qui  constituent  pour  chaque 
individu  du  système  une  petite  étoile  à  six  branches;  enfin  , 
la  zone  interne  est  formée  par  un  fond  violacé,  parsemée  de 
petits  points  jaunes  qui  se  prononcent  surtout  autour  de 
l'orifice  du  cloaque  commun,  et  an-dessus  la  ligne  médiane 
de  chaque  individu,  de  façon  à  représenter  vaguement  une 
étoile  à  plusieurs  branches. 

Dans  l'espèce  nouvelle,  que  je  nommerai  le  Botrylle  vio- 


(i)  Op.  cit.,  page  198. 
(^2)  Op.  cit.,  page  2o3. 
(3)  PI.  6,  fig.  5  et  5° . 

12 


90  OBSERVATIONS  (3o6) 

LACÉ  (1),  le  tissu  tégiiiiientaire  commun  est  plus  pale,  et  la 
tunique  propre  de  chacpie  Ascidien,  groupé  comme  dans  l'es- 
pèce précédente,  est  pres([ue  entièrement  d'un  bleu  foncé 
tirant  sur  le  violet;  seulement  autour  du  cloaque  commun, 
et  dans  les  deux  tiers  de  l'espace  com|jris  entre  cette  ouver- 
ture et  la  bouche,  se  trouve  de  chaque  côté  de  la  ligne  mé- 
diane une  tache  d'un  blanc  jaunâtre;  il  en  résulte  que  chaque 
système  ressemble  à  une  double  rosace  dont  les  lobes  mar- 
ginaux seraient  violets  et  les  lobes  intérieurs  blanchâtres 
avec  une  nervure  longitudinale  violacée. 

Dans  le  Botrylle  violacé,  ainsi  que  dans  le  Botrylle  doi-é, 
les  animaux  sont  de  petite  taille  et  la  bouche  médiocrement 
dilatable;  les  tentacules  buccaux  sont  en  même  temps  presque 
rudimentaires,  de  façon  fju'il  est  très-difficile  de  les  aper- 
cevoir, mais  dans  la  première  de  ces  deux  espèces  leur  nom- 
bre paraît  être  plus  considérable  que  d'ordinaire.  Lorsqu'on 
dissèque  un  Botrylle  violacé,  on  remarque  aussi  à  droite  et 
à  gauche  de  l'ouverture  buccale  un  petit  tubercule  gangli- 
forme,  situé  à  distance  à  peu  près  égale  de  l'extrémité  supé- 
rieure du  sinus  ventral  et  du  petit  noyau  dorsal  qui  semble 
devoir  être  considéré  comme  un  ganglion  nerveux  (2).  Le  sac 
respiratoire  ,  couché  presque  horizontalement  ,  offre  de 
chacpie  côté  neuf  rangées  transversales  de  stigmates  bran- 
chiaux séparés  de  trois  en  trois  par  des  replis  longitudinaux. 
Enfin  l'estomac  est  petit,  et  l'intestin  est  fortement  recoin^bé 
en  forme  de  c/3  renversé  (3). 


(i)  Botryllus  vio/aci'iis,  pi.  6,  f'ig.  4,  4"- 

(2)  PI.  7,  fîg.  y. 

(3)  PI.  7,  (ig.  3«. 


(3o7  )  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  gi 

Je  ne  puis  rapporter  à  aucune  espèce  décrite  par  les 
naturalistes  un  autre  Botrylle  qui  se  trouve  également 
sur  les  fucus  près  de  Saint-Vaast,  et  cpii  se  fait  remarquer 
par  ses  belles  couleurs  jaune  et  verte.  Dans  cette  espèce, 
que  j'appellerai  le  I3otrylle  émeraude  (i),  la  disposition 
des  systèmes  est  la  même  que  chez  les  précédentes,  mais  les 
individus  dont  les  groupes  se  composent  sont  beaucoup 
plus  grands  et  se  distinguent  aussi  par  la  dilatabilité  con- 
sidérable de  leur  ouverture  buccale,  au-dessous  de  laquelle 
on  aperçoit  facilement,  à  l'entrée  de  la  cavité  thoracique,  une 
couronne  de  quatre  tentacules  fdiformes  assez  longs.  La 
couleur  générale  de  la  tunique  propie  de  chaque  individu 
est  d'un  vert  plus  ou  moins  intense,  et  souvent  fort  brillant, 
mais  le  tour  de  la  bouche  est  toujours  très-]jâle,  quelquefois 
même  jaiuiâtre,  ainsi  que  les  tentacules  buccaux,  et  l'espace 
compris  entre  cet  oritice  et  le  bord  du  cloaque  commun 
est  oci^upé  presque  entièrement  par  une  grande  tache  pyri- 
fornie  divisée  en  petits  compartiments  par  des  lignes  ver- 
dâtres  dont  une  est  médiane,  et  les  autres  se  dirigent  de 
celle-ci  vers  les  côtés  du  corps;  parmi  ces  dernières  lignes, 
une,  tout  à  fait  transversale,  forme  avec  la  première  une 
croix  située  à  peu  de  distance  du  bord  du  cloaque,  mais  les 
autres,  situées  plus  près  de  la  bouche,  rayonnent  d  un  centre 
commun,  de  façon  à  représenter  une  étoile,  et  au  milieu  de 
cette  étoile  se  trouve  une  tache  circulaire  de  couleur  orangée. 
Quant  à  la  structure  anatomique  de  ces  Botrylles,  je  n'y  ai 
aperçu  rien  qui  soit  digne  de  remarque  [-a). 

(i)  BotrjUus  smnragdw.  Nob.,  \i\.  6,  fig.  6,  6". 
(,)  PI.  7,  fig.  4. 

12. 


()2  OBSERVATIONS  (3o8) 

Enfin  je  signalerai  encore  à  l'attention  des  zoologistes  une 
troisième  espèce  nouvelle  de  Botrylle  (i)  c|ue  j'ai  trouvée  à 
fjangrune,  et  qui  se  reconnaît  aux  deux  bandes  jaunes  éten- 
dues le  long  du  dos  de  chaque  individu  depuis  la  bouche 
jusqu'au  bord  du  cloacpie  commun  ;  la  couleur  générale  de  ces 
animaux  ,  qui  diffère  peu  de  celle  de  leur  tissu  tégumen- 
taire  commun,  est  d'un  jaune  verdâtre  terne,  tandis  que  les 
bandes  dont  il  vient  d'être  question  sont  d'un  jaune  vif  et 
représentant  tout  à  l'entour  de  l'orifice  fécal  une  série  de 
triangles. 

Dans  les  divers  voyages  que  j'ai  faits  sur  nos  côtes,  j'ai  eu 
l'occasion  de  m'assurer  de  l'existence  de  plusieurs  autres  es- 
pèces nouvelles  d'Ascidies  composées,  mais  ne  pouvant  en 
donner  ici  des  figures  sans  trop  nuiltiplier  le  nombre  des 
planches  consacrées  à  ce  mémoire,  je  n'ai  pas  cru  devoir  en 
faire  la  description;  par  la  suite,  j'espère  pouvoir  combler 
cette  lacune  et  présenter  aussi  les  résultats  de  mes  recherches 
sur  la  structure  de  plusieurs  animaux  de  la  même  famille,  rpii 
n'habitent  pas  nos  mers,  et  cjui  me  sont  connus,  grâce  à  l'ac- 
tivité éclairée  des  voyageurs  dont  les  collections  ont  depuis 
quelques  années  eiu'ichi  à  un  si  haut  degré  le  ]Muséum  d'his- 
toire naturelle.  C'est  alors  seulement  que  je  pourrai  exposer 
l'ensemble  des  modifications  que  l'état  actuel  de  nos  con- 
naissances me  semble  nécessiter  dans  la  classification  métho- 
dicjue  des  Ascidies,  car  la  discussion  de  plusieurs  de  ces 
questions  serait  prématurée  ici. 

(i)  Botryllus  bmttnln^  Noù.,  pi.  6,  fig.  7,  7°. 


(3o9)  SUR  LES  ASCIDIES  compose'es.  g3 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Il  ne  m'a  pas  été  possible  île  réunir  toujours  sur  la  même  planche 
toutes  les  figures  appartenant  à  une  même  espèce,  et  par  conséquent  il 
m'a  paru  utile  de  faire  précéder  l'explication  détaillée  de  ces  planches  par 
l'indication  méthodique  des  diverses  figures  qui  se  rapportent  à  chacune 
des  espèces  dont  j'ai  traité. 

LISTE  MÉTHODIQUE  DES   ESPÈCES. 


TRIBU  DES  ASCIDIES  SOCIALES. 
Genre  Claveline.  CJavelina^  Sav. 

1.  Claveline  lépadiforme.   Chu'elina  lepadiformis  ,  Sav.   (page  266),  pi.  i, 
fig.   I,  et  pi.  2,  fig.  I  à  i*. 

2.  Claveline  naine.  Clavelina  pumilio ,  E.  (page  279),  pi.  2,  fig.  2,  2". 

'.\.  Claveline  allongée.   Claveliiin  proditcta  ,   E.  (page  278),  pi.  i,  fig.  2,  et 
pi.  2 ,  fig.  3,  3«,  3^ 

TRIBU  DES  ASCIDIES  COMPOSÉES. 

SECTION    DES     POLYCLINIENS. 

Genre  Polycline.  Polyclimim ,  Sav. 

i.  Polycline  orange.  Polycliiniui  nurantiiim  ,  E.  (page  292),  pi.   1,  fig.    6  , 
etpl.  3,fig.  4,4^4"• 


g/i  OBSERVATIONS  (3lo) 

Genre   Amarouque.  Â/iinroncitirn ,  E. 

1.  Amarouqiu'  prolifère.  Ainarnuciinn  proliferuni  ,  E.  (page  283  j  ,  pi.   i, 
fig.  3  ,  3",  et  pi.  3  ,  fig.  2  ,  à  1''. 

2.  Amarouqiie   blanchâtre.  Amaroucium   a/bica/is,   E.  (page    287),  pi.  i, 
fig.  3'. 

3.  Amarouqiie  argus.   Aiiuirouciuin  argus  ,  ¥,.  (page  290),   pi.    i,   fig.  4) 
4";  pi.  3,  tig.  I,  i«,  1". 

4.  Amarouque  de  Nordmann.  Antaroiiciuiii    Ndidniaiini ^  E.  (page  289), 
pi.  i,fig.  5,  5^  pi.  3,  fig.  3  à  3*. 

SECTION     DES     DIOEMMENS. 

Genre  Didemne.  Didemnum  .,  Sav. 

I.  Didemne  gélatineux.    Didemnum  gelatinosuin,  Yj.    (page    295),   pi.    7, 
fig.  5   à  5*". 

Genre  Leptocline.  Leptoclinum,  E. 

I.  Leptocline   maculé.    Leptoclinum  %ntaculosum ,    E.   (page    297),    pi.  8, 
fig.  2,  2",  1''. 

1.  Leptocline  rude.  Leptoclinum  asperum,  E.  (page  298),  pi.  8,  fig.  3,  3". 

3.  Leptocline   coriace.  Leptoclinum  clurum,  E.  (page  298),  pi.   8,  fig.  4» 

4",  4". 

4.  Leptocline    éclatant.   Leptoclinum  Julgens  ,     E.    (page   299),    pi.    8, 
fig.  5,5«. 

5.  Leptocline  gélatineux.  Leptoclinum  gelalinosum,  E.  (page  299),  pi.    8  ,. 
fig.  là  i''. 

SECTION     DES     BOTRYLLIENS. 

Genre  Botrylloïde.  Botrylloides ,  E. 

I.  Botrylloide  rotifère.  Botrylloides  rotifera,  E(page  3oi  ),  pi.  6,  fig.   i  , 
i",  et  pi.  7,  fig.  i  à  i". 


(3lZ)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  g') 

2.  Botrylloïde  rouge.  Botrjlloïdes  rubrum  ^  E.  (page  3o3),  pi.  6,  fig.  3,  3", 
et  pi.  7,  fig.  2. 

3.  Botrylloïde  blanchâtre.   Bolrylloïdes  alhicans  ^   E.    (page    3o4),  pi.  6", 


fig- 


Genre  Botrylie.  Botryllus. 


1.  Botrylle  violacé.  Botryllus  vioJaceus,  E.  (page  3o5),  pi.  i^ ,  fig.  4,  4"; 
pi.  7,  fig.  3,  3",  3". 

2.  Botrylle  doré.  Botryllus  gemineus ,  Sav.  (page  3o5),  pi.  6,  fig.  5,  5". 

3.  Botrylle  émeraude.  Botryllus  smaragdus,  E.  (page  307),  pi.  6',  fig.  6,6"-^ 
pi.  7,  fig.  4. 

4.  Botrylle  à    deujt    bandes.   Botryllus    bà'ittatus,  E.  (page  3o8) ,  pi.  6, 
fig-  7,  7"- 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 


Fig.   1.    CijAveline  lépadiforme.    Clavelina    lepadif'ormis ,  Sd\.  De  gran- 
deur naturelle. 

h'ig.   2.  Claveline  allongée.    Clavelina  prodiicta.  Edw.  De  grandeur  na- 
turelle. 

Fig.   3.  Amaro€qtje   prolifère.  Aniarnucium  proliferum ,  E.   De  grandeur 
naturelle. 

Fig.  3".  Une  niasse  de  la  même  espèce  grossie. 

F'ig.  3*.   Amauouque  blanchâtre.  Amaroucium  albicans ,  E.  De  grandeur 
naturelle. 

X  Une  masse  globuleuse  trouvée  sur  la  surface  supérieure  dune 

pierre. 
O  Masses  pédiculées  trouvées  suspendues  sous   une  portion  sail- 
»  lantc  de  rocher. 


()6  OBSERVATIONS  (3 1  s) 

Fig.   4-   Amarouque  argus.  Jmarouciuni  arifus,  E.  De  grandeur  naturelle. 

Fi  g.  4"^.  La  même  espèce  grossie. 

Fig.   5.  Amarouque  de  Nordmann.  Aniaroucium  Nordmanni ,  E.  De  gran- 
deur naturelle. 

Fig.   5°.  La  même  grossie. 

Fig.  6.   PoLYCLiNE   orange.   PolycUiium  aurnntititn ,  E.  De  grandeur  na- 
turelle. 

PLANCHE    2. 

Fig.    I.    Anatomie  de  la  Claveline  lépadiforme.  Clavelinn  lepadiforinis , 
Savigny.  L'animal  vu  de  profil  et  grossi  environ  6  fois. 

A  Thorax. 

B  Abdomen. 

a    Tunique  externe  ou  membrane  tégumeiitaire. 

b    Tunique  interne. 

c    Bouche;  au-dessous  du  bord  labial  on   aperçoit,  à  l'intéiieur,   les 

filaments  tentaculaires. 
d    Lignes  formant  un  collier  autour  de  la  base    de   la  bouche  ,   et 

correspondant   à   un   vaisseau    qui    établit    la    communication 

entre  l'extrémité  supérieure  du  sinus  ventral  et  le  sinus  dorsal. 
e    Sac  branchial. 
e    Ligne  granuleuse  jaune  correspondant  au  point  d'union  du  bord 

supérieur    du    réseau    branchial    avec   la    tunique    propre  du 

thorax. 
f  Sinus  ventral   ou    thoracique  ,    bordé  de  chaque    côté  par    une 

ligne  jaune. 
g  Portion    médio-dorsale    du     sac    branchial,    contenant    le   sinus 

dorsal  et  garni  antérieurement  d'une  série  de  languettes. 
h  Cloaque. 
h'  Tunique    thoracique    formant     la    chambre     thoiacique    et     le 

cloaque. 
/■    Anus. 

i'  Ligne  granuleuse  jaune  entourant  l'anus. 
j    Tubercule  ayant  l'apparence  d'un  ganglion  nerveux.  a 


(3l3)  SUR    LES    ASCIDIES    COMI'OSEES.  97 

k  OEsophage. 

A-' Ligne  granuleuse   jaune    correspondant   à  l'insertion   du   reseau 

branchial  autour  de  l'œsophage. 
/    Estomac. 
m  Intestin. 

/;  Terminaison  de  l'intestin  dans  le  cloaque. 
o  Cœur. 
p  Ovaire. 
(}  Testicule. 
/•  Canal  déférent. 

/•'Orifice  du  canal  déférent  dans  le  cloaque. 
.?  Prolongements  radiciformes  de  la  tunique  externe. 
6' Prolongements  analogues  de  la  tunique  interne. 
/  Tidie  naissant  de  la  tunique  interne,   se  continuant  dans  un  des 

appendices    radiciformes    prolifères    (.s),   et  parcouru  par   un 

double  courant  sanguin. 

Fig.  1".  Le  même,  dépouillé   de  sa    tunique  externe,  pour    montrer   les 
fdjres  musculaires  de  la  tunique  interne. 
//  Fibres    longitudinales.  —  c'   Sphincter    buccal.  —  i"    Sphincter 
anal.  — /"Sinus  ventral. 


s 


Fi<^.  i''.  Extrémité  antérieure  du  corps  beaucoup  grossie,  pour  montrer 
la  disposition  de  la  couronne  tentaculaire  fixée  au-dessous  du 
bord  labial. 


Fi<J.  1".  Portion  du  thorax  beaucoup  grossie,  pour  montrer  la  disposition 
des  stigmates  branchiaux  et  la  communication  entre  le  sinus 
thoracique  et  les  vaisseaux  transversaux  de  l'appareil  respi- 
j-atolre. 
a  Tunique  externe.  —  b  Tunique  interne.  — J  Sinus  ventral. —  /' 
Orifices  des  canaux  transversaux  du  sac  branchial.  —  e'  Fentes 
branchiales  ou  stigmates  situés  entre  les  vaisseaux  verticaux 
par  lesquels  les  canaux  transversaux  communiquent  entre  eux. 
—  k  Commencement  de  l'œsophage.  —  m  Intestin. 

Fi''   i''.   Portion   inférieure  du  corps,  vue  de  face,  pour  montrer  la  posi- 

i3 


o8  '  OBSERVATIONS  (3 1 4) 

tion  du  cœur.  Les  diverses  parties  sont  désignées  par  les  mêmes 
lettres  que  dans  les  figures  précédentes. 

Fil.  i"".   Groupe  de  Clavelines  lépadiformes  ,   réunies  par  des  appendices 
radicit'ormes  communs,  d'où  naissent  par  bourgeons  de  nou- 
veaux individus. 
s  Appendices  radicifornies. — u  Bourgeons  reproducteurs.  —  u'  et 
u"  Bourgeons  dont  le  développement  est  plus  avancé. 

Fiiï.  i'.  L'iin  de  ces  bourgeons  reproducteurs  grossi  davantage. 


&• 


Fi",  i''.  Une  de  ces  jeunes  Ascidies,  naissant  par  bourgeons  et  n'ayant  pas 
encore  d'ouvertures  extérieures. 
a  Tunique  externe,  ou  tégument  commun.  —  b  Tunique  interne. 

Fig.  i*.  OEuf  prêt  à  éclore. 

Fig.    2.   Claveline  naine.  C/cwelina  pumt'lio ,  F.,  de  grandeur  naturelle. 

Fig.  2".  La  même,  grossie  environ  4o  fois.  Les  diverses  parties  sont  indi- 
quées par  les  mêmes  lettres  que  dans  les  figures  précédentes. 

Fig.  3.  Claveline  allongée.  Clnvelina  prodiicta^  E.  Groupe  de  deux 
individus  adultes  et  de  plusieurs  jeunes  ,  grossi  environ  lo  fois. 
Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les  mêmes  lettres  que 
dans  les  figures  précédentes.  On  voit  ici  des  bourgeons  re- 
producteurs à  divers  degrés  de  développement  [u,  u,  n"  ) , 
naissant  sur  la  surface  de  l'abdomen  des  adultes. 

Fig.  3".   OEuf  prêt  à  éclore. 

Fig.  3''.  Larves  au  premier  âge. 

PLANCHE   3. 

Fig.  I.  Anatomie  de  I'Amauouque  argus.  Aniaruuciiun  Argus,  Y^.  L'animal 
retiré  de  la  masse  tégumentaire  commune,  et  considérabiemeiii 
grossi. 

A  Thorax. 

B  Abdomen  supérieur. 

C  Post-abdomen. 

Il  Tunique  propre. 

/>  Tunique  thoracique. 


(3l5)  SUR    LES    ASCIDIES   COMPOSEES.  99 

//  Fibres  musculaires  longitudinales  de  la  tunique  uiterne. 
c    Bouche. 

d  Collier. au-dessous  duquel  se  voient  deux  des  taches  oculif'ormes. 
e   Sac  branchial, 
y  Sinus  thoracique. 

/'  Vaisseaux  transversaux  ilu  sac  branchial. 
h  Cloaque. 
/    Anus. 
/'  Appendice  ou  languette  concourant  à  former  la  voûte  du  cloaque 

commun. 
j    Tubercule  gangliforme. 

k  OEsopliage. 

/   Estomac. 

m  Intestin. 

n  Orifice  de  lintestin  dans  le  cloaque. 

o  Cœur. 

o'  Péricarde. 

j)  Ovaire. 

p'  OEuf  prêt  à  passer  dans  le  cloaque. 

p"  OEuis  logés  dans  le  cloaque  et  prêts  à  éclore. 

^  Testicule. 

/•   Canal  déférent. 

r'  Orifice  du  canal  déférent  dans  le  cloaque. 

Fi",  i".  Tube  digestif  isolé  et  grossi  davantage  pour  montrer  la  conforma- 
tion de  l'estomac.  Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les 
mêmes  lettres  que  dans  la  figure  précédente. 

Fi",  i''.  Portion  des  parois  de  l'estomac  grossi  encore  davantage  pour  en 
faire  voir  la  structure. 

Fi'',  i".  Zoospermes.  —  a  Grossis  considérablement.  —ÙVn  des  mêmes 
grossi  davantage. 

Fig.  2.  Croquis  d'une  masse  d'AMAROUQDES  prolifères,  Amarouctum 
proliferuii  E.,  grossie  deux  fois. 

Fi''  2"    Un   de  ces  animaux  extrait   du  corps  tegumeutaiie   commun,  et 

"    ■  i3. 


rOO  OBSERVATIONS  (^l^) 

grossi.  Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les  mêmes  lettres 
que  dans  les  figuies  précédentes. 

Fig.  i''.  (3rifice  buccal  dans  la  position  naturelle  ,  représenté  de  profil  [a) 
pour  montrer  les  lobes  du  rebord  labial;  et  de  face  ('(!';,  pour 
faire  voir  les  tentacules. 

Fig.  ■i'' .  Prolongements  radiciformes  dans  lesquels  on  aperçoit  encore  le 
canal  formé  par  l'appendice  tubulaire  (<)  de  la  tunique  propre 
de  l'individu  mère,  et  les  jeunes  se  développant  par  bour- 
geons (tt). 

Fig.  a''.  Un  liourgeon  contenant  un  seul  individu,  et  plus  avancé  dans  son 
développement. 

Fig.  3.  Anatomie  de  I'Amarouque  de  Nordmann,  Amaroiicium  Nord- 
mannii ,  E.  Un  individu  retiré  de  la  masse  tégumentaire 
commun  et  vu  de  profil. 

Fig.  i".  Portion  supérieure  du  même ,  également  grossi  et  vu  par  la  face 
ventrale,   pour   montrer  la  disposition    du  grand  sinus  thora- 
cique. 
Dans  ces  deux  figures,  les  diverses  parties  sont  indiquées  par   les 
mêmes  lettres  que  dans  la  fig.   i. 

Fig.  3''.  Extrémité  supérieure  du  corps  représenté  de  face  et  dans  sa  posi- 
tion naturelle,  pour  montrer  la  conformation  de  l'ouverture 
buccale. 

Fig.  4-  Croquis  du  Polycli.\e  oi!A\ge,  Po/ycliiiiiin  aurantiiim,  E.  Grossi 
3  fois  ,  et  montrant  la  disposition  des  ouvertures  buccales  (c), 
et  celle  du  cloaque  commun  i* . 

Fig.  4".  Bouche  d  un  de  ces  animaux  dans  l'état  de  dilatation. 

Fig.  4''-  Anatomie  d'un  de  ces  animaux.  Les  diverses  parties  sont  indiquées 
par  les  mêmes  lettres  que  dans  la  fig.  i. 

PLANCHE    4- 

Développement  de  l'œuf  et  de  la  larve  de  I'Aiivrouque   prolifèke;    les 
figures  I   à  i3  ont  été  grossies  environ    5o   fois;  les  autres  un  peu  moins. 


(Siy)  SUR    LES    ASCIDIES    COMI'OSE'eS.  lOl 

Fig.    I.    OEiif  très-jeune,  extrait  de  l'ovaire. 
a  Vitellus.  —  b  Vésicule  de  Purkinje. 

Fig.  2.  OEuf  plus  avancé  ,  également  retiré  de  l'ovaire  et  montrant  encore 
la  vésicule  de  Purkinje. 

Fig.  3.  OEuf  miir,  prêt  à  passer  de  l'ovaire  dans  le  cloaque;  on  y  aper- 
çoit, à  la  place  de  la  vésicule  de  Purkinje,  une  tache  nébu- 
leuse centrale,  qui  paraît  être  un  blastoderme. 

Fig.   /\.    OEuf  retiré  du  cloaque  et  offrant  les  premiers  phénomènes  de 
l'incubation. 
La  matière   jaune  du    vitellus   (b)   s'est    pelotonnée    par  petites 
masses,   et  la  couche  tégumentaire  (a),  située  entre  le  vitellus 
et  la  membrane  extérieure,  a  pris  de  l'épaisseur. 

Fig.    5.    OEuf  dont  l'incubation  est  plus  avancée. 

a  Couche  tégumentaire.  —  b  Masse  centrale  du  vitellus,  destinée 
à  devenir  le  corps  de  la  larve.  - —  b'  Portion  annulaire  de  la 
masse  vitelline,  destinée  à  occuper  le  milieu  de  la  queue  de  la 
larve. 

Fig.    6'.    OEuf  dont  l'incubation  est  très-avancée. 

La  queue  (i^')  est  devenue  bien  distincte  du  tronc  [b] ,  et  celui-ci 
commence  à  présenter  à  son  extrémité  antérieure  [b")  des 
lobules. 

Fig.   7.   OEuf  arrivé  au  terme  de  l'incubation. 

n  Corps  tégumentaire.  —  b  Tronc  de  la  larve.  —  b'  Portion  cen- 
trale de  la  queue.  —  b"  Appendices  cupulifères  à  l'extrémité 
antérieure  de  la  larve.  —  b"'  Lobules  placés  à  la  base  des  ap- 
pendices cupulifères. 

Fig.  8.    Larve,  ou  jeune  Ascidie  nouvellement  éclose. 

a  Corps  tégumentaire  du  tronc.  —  b  Poche  renfermant  le  vi- 
tellus, et  formant  la  tunique  propre  du  corps  de  la  larve.  — 
b"  Appendices  terminés  en  ventouse,  et  servant  à  l'animal 
pour  se  fixer.  —  a*  Queue  formée  par  un  prolongement  du 
corps  tégumentaire,  et  renfermant  un  appendice  tabulaire  du 
sac'vitellin  [b'). 


lOa  OBSERVATIONS  (3 1 8) 

Fig.   Q.    La  même  larve,  ol)seivée  quelques  heures  après  qu'elle  s'est  6xée. 
On  n'aperçoit  plus  que  des  traces  des  appendices  antérieurs  (b"); 
le  prolongement  vitellin  de  la  queue  (/!'')  s'absorbe,  et  la  poche 
centrale     renfermant  le  vitellus  ,  s'est  contractée  en  boule. 


Fitr.  lo.  La  même  larve  observée  environ  lo  heures  après  s'être  fixée. 

La  masse  viteUine  de  la  queue  {b')  est  presque  entièrement  absor- 
bée ,  et  celle  du  tronc  {ù)  commence  à  former  des  zones. 

h'ï".  II.  La  môme  larve,  environ  20  heures  après  qu'elle  s'est  fixée. 

Le  prolongement  caudal  de  la  tunique  interne  (contenant  la  ma- 
tière jaune)  a  entièrement  disparu,  et  cette  tunique  (b)  a  pris 
la  forme  d'un  sac  ovoïde  légèrement  étranglé  au  milieu  ;  on  y 
distingue  en  avant  un  cercle  jaune  pâle  {d)  entourant  une 
tache  qui  deviendra  la  bouche  ;  et  eu  arrière  une  autre  tache 
claire  (c)  dans  laquelle   se  développera  le  cœur. 

Fig.  12.  La  même,  vers  le  commencement  de  la  seconde  journée  de  son 
état  sédentaire. 
La  coupe  tégumentaire  («)  est  beaucoup  plus  grande  et  on  com- 
mence à  distinguer,  dans  la  tunique  propre  (b),  une  portion 
thoracique  (A)  et  une  portion  abdominale  (B).  Le  mamelon  (d), 
destiné  à  devenir  la  bouche,  est  devenu  très-saillant  et  com- 
mence à  se  lobuler.  La  tache  péricardique  (c)  s'éclaircit  davan- 
tage. On  commence  à  distinguer  le  sac  branchial  (e) ,  le  sinus 
thoracique  (/)  et  le  cloaque  {g):,  mais  il  n'y  a  pas  encore  d'o- 
rifices externes,  et  l'intestin  ne  se  dessine  pas  nettement. 
a*  "Ve-stiges  de  la  queue  dont  on  n'a  figuré  qu'une  portion. 

Fig.  i3.  La  même,  vue  à  la  fin  de  la  seconde  journée  de  la  vie  sédentaire. 
Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les  mêmes  lettres  que 
dans  la  figure  précédente.  —  L'estomac  (/)  commence  à  de- 
venir distinct,  et  l'intestin  [m)  se  montre  rempli  de  matières 
Hrumuleuses  et  denses. 
Le  développement  de  cet  individu  s'est  fait  beaucoup  plus  rapi- 
dement que  d'ordinaire;  une  circonstance  fortuite  ma  empêché 
de  le  suivre  plus  longtemps. 


(Sig)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  lo3 

Fig.  14.  Ine  larve  mobile,  légèrement  comprimée,  de  façon  à  retourner 
en  dehors  le  fond  des  ventouses  frontales  (b" ,  b" ,  />"),  et  à 
faire  refluer  la  matière  jaune  dans  un  prolongement  tubiilaire 
contenu  au  milieu  de  l'appendice  caudal  de  la  tunique  in- 
terne [b'). 

Kig.  i5  à  26.  Développement  d'un  autre  individu  de  la  même  espèce, 
montrant  les  lobes  protéiformes  qui  se  produisent  souvent 
autour  de  la  portion  tégumentaire  de  la  jeune  Ascidie. 

Fig.  i5.  Larve  pondue  le  27  juillet,  trouvée  fixée  le  a8  au  matin,  et  ob- 
servée le  même  jour  à  midi.  Les  appendices  frontaux  6''  exis- 
tent encore  ;  mais  la  matière  jaune  de  la  queue  commence  à 
être  absorbée. 

tig.  16.  Le  même  individu,  à  six  heures  du  soir. 

Il  est  parvenu  à  un  degré  de  développement  un  peu  plus  avance 
que  l'individu  représenté  fig.  10. 

Fig.  17.  Le  même,  le  29  juillet,  à  six  heures  du  matin;  on  commence  a 
distinguer  le  mamelon  buccal  (r/). 

Fig.  18.  Le  même,  le  3o  juillet,  à  six  heures  du  matin. 

Le  mamelon  buccal  qui  se  voyait  la  veille  s'est  contracté;  la  ru- 
nique  propre  (b)  a  pris  une  forme  plus  arrondie,  et  on  com- 
mence à  distinguer  le  thorax  (A) ,  l'abdomen  (B)  et  le  sac 
branchial  (e).  On  remarquera  aussi  que  le  tissu  tégumentaire  (a) 
a  donné  naissance  à  deux  lobes  (a'  a')  arrondis.  • 

Fig.  19.  Le  même,  observé  le  3i  juillet  à  six  heures  du  matin. 

La  bouche  {d)  est  devenue  bien  vi.sible,  ainsi  que  le  sac  bran- 
chial, et  presque  toute  la  matière  jaune  s'est  concentrée  dans 
l'abdomen.  Les  deux  lobes  du  tissu  tégumentaire  formés  la 
veijle  existent  encore,  mais  l'un  d'eux  (a^)  a  changé  un  peu  de 
forme  ,   et  il  s'en  est  développé  un  autre  (a  ). 

Fis.  20.  Le  même,  observé  à  neuf  heures  du  soir. 

Les  lobes  tégumentaires  a^  et  a  ont  disparu;  celui  qui  s'étend  a 
droite  {à)  a  grandi ,  et  il  s'en  est  développé  un  nouveau  fa*} 
qui  occupe  tout  le  côté  gauche  du  corps. 


I  o4  OBSERVATIONS  (320) 

Fig.  ai.  Le  même,  observé  le  i"^  août  à  six   heures  du  matin. 

Tous  lesloljesdu  tissu  tégunientaire  qui  existaient  lavant-veille 
ont  disparu,  et  celui  qui  avait  commencé  à  se  montrer  la  veille 
au  soir  (o^)  est  devenu  extrêmement  grand.  On  remarquera 
aussi  que  le  sac  interne  formé  par  la  tunique  propre  [b)  a 
changé  de  place  et  a  descendu  beaucoup  au-dessous  du  ni- 
veau de  l'insertion  de  la  queue  (n) ,  tandis  qu'auparavant  il 
était  situé  en  avant  de  cet  appendice. 

Fig.  22.  Le  même  ,  à  quatre  heures  du  soir.  i 

Le  grand  lobe  tégumentaire  antérieur  la'^)  est  rentré,  et  il  s  en 
est  développé  deux  autres  («',  a^)  ;  le  sac  intérieur  est  en  même 
temps  remonté  de  façon  à  se  placer  de  nouveau  au-dessus  de 
la  queue. 

Fig.  23.  Le  même,  le  2  août,  à  cinq-heures  du  matin. 

Le  lobe  tégunientaire  («'}  est  beaucoup  élargi,  et  le  sac  inté- 
rieur [//)  est  complètement  sorti  de  la  portion  du  corps  tégu- 
mentaire (rt)  où  il  était  d'abord  renfermé,  et  a  fait  hernie  dans 
un  nouveau  lobe  protéiforme  [a~). 

Fig.  24.  Le  même,  observé  le  3  août  à  dix  heures  du  soir. 

Tous  les  lobes  protéiformes  de  la  veille  ont  disparu,  et  l'animal 
s'est  complètement  renversé  dans  1  intérieur  de  son  tissu  té- 
gumentaire. On  distingue  maintenant,  non  -  seulement  la 
bouche  ((-/),  qui  est  béante,  ainsi  que  l'anus  (/) ,  le  sac  bran- 
chial (e),  le  sinus  thoiacique  (/)  et  le  cœur  (o),  mais  aussi  I  es- 
tomac (/)  et  l'intestin  (/«). 
Les  jours  suivants ,  toutes  ces  parties  sont  devenues  plus  dis- 
tinctes, et  l'abdomen  s'est  allongé;  mais  une  maladie  m'a 
forcé  d'en  interrompre  l'étude,  et  je  n'ai  pu  l'observer  de  nou- 
veau que  le  1 5  août. 

Fig.  25.  Le  même  individu  observé  le  20''  jour  après  sa  sortie  de  l'œuf. 

m*  Bols  de  matières  fécales  contenus  dans  I  intestin.  — ■  a  Tissu 
tégumentaire  destiné  à  former  la  masse  commune  de  la  colonie 
qui  naîtra  plus  tard  de  cette  Ascidie. 


(32 1)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  lO) 

Fig.  26.  Le  même ,  quelques  jours  plus  tard. 

Le  cœur  (o)  est  encore  presque  en  contact  avec  l'intestin ,  et 
l'abdomen  est  encore  simple  comme  chez  les  Didemniens;  il 
n'existe  aussi  que  quatre  rangées  de  stigmates  branchiales  ;  mais 
du  reste  on  reconnaît  toutes  les  mêmes  parties  que  chez  l'a- 
dulte ,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  comparant  cette 
figure  avec  celle  de  ce  dernier  (pi.  3,  fig.  2°),  où  les  divers 
organes  sont  indiqués  par  les  mêmes  lettres  qu'ici. 

PLANCHE    5. 

Développement  d'un  autre  individu  de  la  même  espèce,  montrant 
les  lobes  protéiformes  du  tissu  tégumentaire  et  le  jeune  animal 
parvenu  à  un  âge  plus  avancé  que  dans  les  figures  de  la  planche 
précédente. 
Fig.   I.    Larve  fixée  depuis  la  veille,  et  observée  le  3o  juillet,  à  six  heures 
du  matin. 
a   Le  corps  tégumentaire.  —  a*   La  queue  qui  commence   à   se 
flétrir. — a!  Un  lobe  protéiforme  qui  n'existait  pas  la  veille  à  dix 
heures  du  soir.  —  b  Le  sac  intérieur. 
Fig.  2.    Le  même  individu,  le  3o  juillet,  à  six  heures  du  soir. 

Le  lobe  protéiforme  {a')  n'existe  plus. 
Fig.  3.    Le  même,  le  lendemain  (3i  juillet),  à  six  heures  du  matin. 

Il  s'est  développé  deux  nouveaux  lobes  protéiformes  {a' a')  ;  le 
sac  formé  par  la  tunique  interne  {b)  s'est  beaucoup  contracté; 
la  bouche  (c)  s'est  garnie  de  divisions  lobulaires ,  et  on  com- 
mence à  distinguer  le  cœur  (o). 

Fig.  4.   Le  même,  à  cinq  heures  du  soir. 

Les  deux  lobes  protéiformes  qui  existaient  le  matin,  sont  rentrés, 
et  il  s'en  est  formé  deux  autres ,  dans  l'un  desquels  le  sac  in- 
terne [b]  s'est  logé  tout  entier,  comme  dans  une  hernie. 

Fig.   5.    Le  même ,  à  neuf  heures  du  soir. 

Le  lobe  tégumentaire  (a')  a  changé  de  forme,  et  celui  contenant 
l'animal  [b)  s'est  élargi  à  sa  base  ;  on  distingue  très-bien  les 
contractions  du  sac  interne. 

i4 


Io6  OBSERVATIONS  (322) 

Fig.  6'.    Le  même,  observé  le  lendemain  (i'^'' août),  à  six  heures  du  matin. 

L'animal  (A)  commence  à  se  renvei-ser  dans  sa  tunique  tégumen- 

taire  («),  et  la  bouche  (c)  devient  bien  distincte,  quoiqu'elle  ne 

soit  pas  encore  ouverte  extérieurement. 

Fig.    'j.   Le  même ,  à  quatre  heures  du  soir. 

L'animal  {b)  s'est  complètement  renversé  dans  l'intérieur  de  son  té- 
gument (a)  ,  de  façon  que  sa  bouche  [c)  se  trouve  maintenant 
dirigée  du  côté  de  la  queue.  Le  lobe  protéiforme  inférieur  s'est 
modifié  aussi. 

Fig.    8.    Le  même,  le  2  août,  à  cinq  heures  du  matin. 

L'animal  a  encore  changé  de  place  dans  l'intérieur  de  son  tissu 
tégumentaire,  de  façon  que  sa  bouche  (c) ,  d'abord  dirigée  en 
arrière  (c,  fig.  3,  etc.),  ensuite  à  droite  (<?,  fig.  6) ,  puis  à  gauche 
(c,  fig.  7),  est  dirigée  maintenant  directement  en  avant;  mais 
elle  n'est  pas  encore  ouverte  au  dehors.  On  distingue  le  tho- 
rax (A)  de  l'abdomen  (B). 

Fig.   g.   Le  même,  à  trois  heures  du  soir. 

L'abdomen  (B)  est  devenu  subpédiculé;  la  bouche  (c)  est  devenue 
béante  au  dehors,  ainsi  que  l'anus  (i)  ,■  on  distingue  très-bien 
les  stigmates  branchiaux  (e) ,  le  ganglion  dorsal  (y)  et  la  tunique 
interne  (b). 

Fig.  lo.  Le  même,  à  neuf  heures  du  soir. 
Fig.  1  1 .  Le  même ,  le  3  aoiit. 

La  bouche  (f)  est  très-béante  ainsi  que  l'anus  (/),  et  l'on  distingue 

fort  bien   l'intestin  ( /«  )   et  les   bols  de   matières   fécales  ('«*) 

contenues  dans  son  intérieur. 

Fig.  12.  Le  même,  le  4  août. 

Fig.  i3.  Le  même,  le  5  août. 

Fig.  i4-  Le  même,  le  6  août. 

Fig.  i5.  Le  même,  le  20  août. 

Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les  mêmes  lettres  que  dans 
les  figures  26,  pi.  4;  et  2°,  pi.  3.  On  commence  à  distinguer  les 
organes  de  la  génération  (/^,  q)^  et  le  post-abdomen  se  ilessine. 


(SaS)  SUR    LES    ASCIDIKS    COMPOSEES.  IO7 

PLANCHE    6. 

Fig.    I.    HoTRYLLOÏDE  rotifère ,   Botrjlloides  rotijeia,   E.,    de  grandeur 

naturelle. 
Fig.   1°.  La  même  espèce,  grossie. 
Fig.   2.   BoTHYLLOÏDE  BLANCHATRE ,  Botryllotdes  albicans,  E.,  de  grandeur 

naturelle, 

Fig.   3.    BoTRYLLoÏDE    ROUGE,    BotrylloiJes    rubrum ,    E.,    de    grandeur 
naturelle. 

Fig.  3°.  La  même  espèce,  grossie. 

Fig.    4-   BoTRYLLE   VIOLACÉ,    Botrjllus    violaceus ,   E.,   de   grandeur  na- 
turelle. 

Fig.  4"-  La  même  espèce,  grossie. 

Fig.  5.    BoTRiLLE  DORÉ,  Botrjllus  gemme.us ,  Sav.,  de  grandeur  naturelle. 
Fig.  5".  La  même  espèce,  grossie. 

Fig.   6.   BoTKYi,iB  ÉMBRAVDE ,  Botrjllus  smaragdus ,  E.,  de  grandeur  na- 
turelle. 

Fig.  6".  La  même  espèce ,  grossie. 

Fig.  7.   BoTRYLLE  A  DEUX  BANDES,  BotrjUiis  bivittùtus ,  E. 

Fig.  7°.  La  même  espèce,  grossie. 

PLANCHE    7. 

Fig.    I.   Anatomie  du  Botrylloïde  rotifère,  Botrjlloides  rotifera ,  E. 

L'animal  étant  retiré  de  la  masse  tégumentaire  commune  et 
grossi. 

Fig.  i".  Le  même,  vu  de  côté. 

Dans  ces  deux  figures ,  les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les 
mêmes  lettres  que  dans  les  planches  2  et  3. 

c  La  bouche.  —  e  Les  stigmates  branchiaux.  — /Le  sinus  thora- 
cique.  —  h  Cloaque.  —  i  L'anus.  —  i'  La  languette  sus  -  anale 
qui  concourt  à  former  la  voûte  du  cloaque  commun.  —  k  Œso- 
phage. — •  l  Estomac.  —  m  Première  portion  de  l'intestin  ou 

14. 


lo8  OBSERVATIONS  (3^4; 

duodeiuini.  —  m!  Deuxième  portion  de  lintestin  ou  ventricule 
cliylifique. —  m!'  Troisième  portion  de  l'intestin  ou  rectum.  — 
n  Orifice  de  l'intestin  dans  le  cloaque.  —  o  Le  cœur.  —  ^  Le 
testicule.  —  r  Le  canal  déférent.  —  t  Appendice  radiciforme. 
—  t'  Bourgeons  reproducteurs.  —  x  Masse  glandulaire  (hépa- 
tique.>■) —  x'  Son  canal  excréteur. 

Fig.   i*.  Bourgeons    reproducteurs,    extraits    de    la    masse   tégumentaire 
commune. 
t  Portion  de  l'appendice  radiciforme.  —  t'  et  t"  Bourgeons  à  divers 
degrés  de  développement. 

Fig.    1^.  Bourgeons  reproducteurs,  grossis  davantage. 

Fig.    2.   Anatomie  du  Botrylloïde  rodge,  Botrylloides  rubrum,  E.,  grossi, 
c  Bouche.  —  g  Sinus  dorsal.  —  h  Cloaque.  —  y  Ganglion.  — 
  Œsophage.  —  /  Estomac.  —  m  Intestin.  — p  Ovaires. 

Fig.    3.   Anatomie  du  Botrylloïde  violacé,  Botrylloides  violaceus ,  E. , 
srossi  et  vu  du  côté  droit. 

Fig.  3".  Le  même,  vu  du  côté  opposé. 

Les  diverses  parties  sont  indiquées  par  les  mêmes  lettres  que  dans 
les  figures  précédentes. 

Fig.  3'.  Portion  supérieure  de  la  cavité  branchiale,  vue  par  sa  face  interne. 

c    Bouche.  —   c'    Tentacules    buccaux.  —  c"   Deux  tubercules 

•rauTliformes.  —  d  Repli  annulaire   entourant  la   base  de  la 

bouche.  —   e   Stigmates  branchiaux.   —  g  Sinus    dorsal.  — 

/'Sinus  ventral. 

Fig.    4.   Anatomie  du  Botrylle  émeraude,  Botryllas  smaragdus,E.,  grossi 
et  vu  de  côté. 
Les  lettres  ont  la  même   signification  que  dans  les  figures  pré- 
cédentes. 

Fig.    5.    DiDEMNE    GÉLATINEUX,   Didenuius  gelatinosus,    E.,   de  grandeur 
naturelle  et  représenté  fixé  sur  une  masse  de  Serpules. 

Fig.  5".  Portion  du  même,  grossi. 

a  Tissu  tégumentaire  commun.  —  6  Un  des  individus  logés  dans 


(SaS)  SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  1 09 

ce  tissu.  —  p'  Un  œuf  peu  développé.  —  p'  Un  œuf  très- 
développé. 

Fig.  5",  S'',  5",  S"*.  Divers  individus  extraits  du  tissu  tégumen taire  commun. 
A  Thorax.  —  B  Abdomen.  —  c  Bouche.  —  e  Sac  branchial.  — 
/Sinus  thoracique.  — /i  Cloaque.  — i  Anus.  —  k  OEsophage.. — 
/  Estomac.  —  m  Intestin.  —  m*  Matières  fécales. — /> Ovaires. — 
^' OEufs  très-développés.  —  t'  Prolongements  radiciformes.  — 
i"  Bourgeons  se  développant  à  l'extrémité  de  ces  prolongements. 

PLANCHE  8. 

Fig.    I.   Leptocline  gélatineux,  Leptoclinum  gelatinosum ,  E.,  fixé  sur  un 

pied  de  laminaire. 
Fig.  i".  Portion  du  même,  grossi. 
Fig.  i''.  Un  individu  extrait  de  la  masse  commune  et  vu  du  côté  droit. 

Fig.  1*.  Un  autre,  vu  du  côté  opposé. 

c  Bouche.  —  e  Sac  branchial.  — /  Sinus  thoracique.  —  i  Anus. 
—  i'  Appendice  sus-anal.  —  /  Estomac.  —  m*  Bols  de  matières 
fécales  dans  l'intestin.  —  n  Terminaison  de  l'intestin  dans  le 
cloaque.  —  p   Œufs. 

Fig.   a.    Leptocline  maculé,  Leptoclinum  maculosum  ,  E.,  sur  un  pied  de 
laminaire. 

Fig.  2".  Un  des  animaux  extrait  de  la  masse  commune. 

A  Le  thorax.  —  B  L'abdomen.  —  c  La  bouche.  —  e  Le  sac  bran- 
chial. —  i  L'anus.  —  k  L'œsophage.  —  /  L'estomac.  —  m  L'in- 
testin. 

Fig.  2*.  Corpuscules  calcaires  dont  le  tissu  commun  est  farci. 

Fig.   3.   Leptocline   rdde  ,    Leptoclinum   asperum ,  E. ,  de  grandeur  na- 
turelle. 

Fig.  3'^.  Portion  du  même,  grossi. 

Fig.   4-  Leptocline   coriace,   Leptoclinum  durum ,  E, ,  de  grandeur  na- 
turelle. 


JIO  OBSERVATIONS    SUR    LES    ASCIDIES    COMPOSEES.  (SaG) 

Fig.  4"-  Portion  du  même ,  grossi. 

a  Individu  dont  le  rebord  labial  est  saillant.  —  h  Individu  dont 
la  bouche  est  dilatée,  sans  que  le  bord  labial  soit  apparent.  — 
c  Individu  dont  la  bouche  est  contractée. 

Fig.  4*-  Un  des  individus  extrait  du  tissu  commun. 

Fig.   4-    Leptocline  éclatant,  Leptoclinumfufgens,  E.,  de  grandeur  na- 
turelle, fixé  sur  une  pierre. 

Fig.  5".  Portion  du  même,  grossi. 

a  Cloaque  commun.  —  b  Orifices  des  égouts  intérieurs. —  h  L'un 
de  ces  égouts.  —  c  Bols  de  matières  fécales. 


IMPRIMERIE    UB     FIKMIN     DIDOT    FRÈRES, 

IMi'BIMEHBS    PB    l'iwMITIJT,     hl'E   JACOf»    H       J6. 


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