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ŒUVRES COMPLÈTES
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J.-M. CHARGOT
II
Œm'RES COMPLÈTES
•M. CHARCOT
LEÇONS
MALADIES DU SYSTEME NERVEUX
BT PUBLIEES
BOURNEVILLE
PAIIIS
WÂÛ "PROGRÈS MEDICAL" 1 FÉLIX ALCAN
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122756
PBEMIËRË PARTIE
Anomalies de Tataxie locomotrioii.
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PEEMIÊEE LEÇON
Prodrome anatomique.
SomcÂiBB. — La tâche du clinicien diffère de celle du nosog^aphe. — DlTorsité
des opinions sar le siè^ de U lésion dans Tataxie locomotrice. — Insuffisance
des procédés employés. — Sclérose des cordons postérieurs ; sa si^fica-
tion. — Examen à rœil nu ; notions qu'il fournit. ~ Premiers faits de sclé-
roee des cordons postérieurs.
Examen macroscopique. — Induration ^se, ses caractères. — Foyer ori-
ginel de la lésion irritative. — Anatomie topographique microscopique. —
Circonscriptions sjnnales. — Gordon de Goll. — Bandelettes externes des
fiûsce^ux postérieurs ; leur altération parait constante dans Tataxie locomo-
trice.
Sclérose fascicnlée systématique médiane. ~~ Sclérose fasciculée latérale.
•—Dans Pataxie locomotrice, la sclérose débute par les bandelettes postéro-
lAtérales. — Rapport entre les lésions et les symptômes. — Mode de propa-
gation de la sclérose. — Faisceaux radiculaires internes. — Envahissement
des cornes antérieures de substance grise : amyotrophie consécutive.
I.
Messieurs,
Je me propose, dans la série des quatre leçons qui vont
saivre, d'étudier avec vous quelques points peu connus de
l'histoire anatomique et clinique de Tataxie locomotrice pro-
f^ressive. C'est surtout au point de vue clinique que je compte
me placer dans ces entretiens.
On peut dire que la tâche du clinicien et celle du noso-
f^phe sont très différentes. Le dernier s'attache principale-
ment au tableau abstrait des maladies; il néglige à dessein,
ClABCOT. Œamê oonplètef, t. II. 1
IKPOKTANCE DBB ÉTQDES AKATOItlQDES
Koa relègue volontairement, au second plan, les anomalies, li
déviations du type.
Le clinicien, au contraire, vit plus spécialement des cas
individuels qui, presque toujours, s'offrent avec des particu-
larités 8 éloignant plus ou moins du type vulgaire; il ne sau-
rait négliger les cas exceptionnels, anormaux, car c'est en
leur présence que sa sagacité trouve principalement l'occasion
de s'exercer.
Or, pour ce qui concerne le premier point de vue, j'aurai peu
de choses à ajouter aux descriptions classiques qui, depuis
quelques années, ont été tant et tant de fois reprises et qui
ne font d'ailleurs que reproduire, avec quelques variantes, la
description magistrale que nous devons à M. Duchenne (de
Boulogne).
En revanche, les anomalies de l'ataxie locomotrice, les dé-
viations du type normal présentent à nos in\'estigation8 un
champ vaste encore et qui n'a pas été, tant s'en faut, par-
couru dans toutes les directions. Dans cette exposition, nous
comptons bien, du reste, utiliser les cas Ni nombreux soumis
à notre observation dans cet hospice. Ils nous permettront
de vous faire voir, à côté des types ordinaires, des combinai-
sons inattendues, peu ou point étudiées, et qui, cependant,
sont loin de constituer des cas rares.
Sans négliger l'étude anatomique, nous ne nous y attache-
rons qu'autant qu'elle peut jeter la lumière sur les faits cli-
, niques d'une interprétation difficile, et même je me propose,
dans la présente conférence, de vous montrer, à propos de
l'ataxie locomotrice, quel parti le clinicien peut tirer des
recherches anatomiquea conduites dans une certaine direc-
tion, suivant une certaine méthode. Faisons-nous donc ana-
tomistcs pour aujourd'hui, l'examen du vivant reprendra
eosuile ses droits.
eCLËBOBË DES COKDOKS POSTâlRIEiUSS
II.
i termes « ataxîe locomotrice » répondent A une déno-
lation toute aympUiniatiiiiie et, pendant quelque temps,
I a pa h^iter sur la question de savoir à quel département
jja_vstème nerveux ou périphérique il fallait rattacher l'en-
nble de s^tnptômea que ces mots désignent. Les uns incri-
aient le cerveau et le cervelet ; les autres la moelle, avec
1 BOQS le concours des nerfs périphériques. D'autres, enfin,
|(lt sciutena que l'ataxie était une névrose : pour ceux-ci, la
iMon des centres nerveux, trouvée à l'autopsie, ne se pro-
fit qu'à la longue comme conséquence éloignée, mais nuN
mt nécessaire, d'un trouble fonctionnel prolongé, Plu-
d'cntre vous ont pu entendre encore cette thèse
keloppéc par un mattre habile, Trousseau.
' On 80 fondait alors sur quelques nécroscopies, négatives
disait-on; et ces nécroscopies sans résultat frappaient d'au-
tant plus les esprits qu'elles avaient été conduites avec tout
l'appareil des investigations les plus délicates et par des
homme}! compétents dans les études microscopiques. Mais,
aujourd'hui, c&s faits paradoxaux sont controuvés : la mé-
ide était insuDîsante, et nous croyons pouvoir affirmer
10, dès les premières périodes de l'ataxie, alors même que la
tdie, encore à ses débuts, est marquée seulement par des
■leurs fnl|3:unintes, on trouve, dans certains points bien
ifnés du système nerveux — les faisceaux postérieurs
b ta moelle épinière — des lésions facilement saisissables.
J'esptTc vous montrer, Messieurs, que ces recherches, en
Apparenct; si minutieuses, n'exigent que du soin, du temps
et l'application d'une mf^thode particulière, fort simple du
reste, pour donner des résultats aussi positifs que ceux four-
nis par i'anatomie microscopique la plus élémentaire, celle
gtii correspond i l'anutomiu descriptive.
EXASIEK MACSOSCOFIQITK
III.
Wais, et il importe de le remarquer dès l'origine,
vrai que l'ataxie locomotrice progressive se rattache, ainsi
qu'on l'a dit, A la sclérose postérieure comme « l'ombre «e
rattache au corps », il ne faudrait pas croire, toutefois, qu'eu
appelant sclérose des cordons postérieurs l'ataxie locomo-
trice, vous vous trouviez en possession d'une délînition adé-
quate.
Il n'en est certainement pas ainsi, et j'espère qu'il me
facile d'établir sur des faits les propositions suivantes que je
me borne pour le moment à énoncer sommairement
1° Les cordons postérieurs sont quelquefois atteints de:
rose dans une grande partie de leur étendue, sans que
symptômes de l'ataxie en soient la conséquence;
2" Certaines lésions de la moelle, primitivement dévelop--
pées en dehors des cordons postérieurs, peuvent, à un moment,
les envahir dans une hauteur variable et produire acciden-
tellement quelques-uns des symptômes de l'ataxie que j'ap-
pellerais volontiers symptômes tabéliques; mais ce n'est
là véritablement l'ataxie locomotrice progressive.
3° En effet, celle-ci évolue avec un appareil de symptôi
se succédant dans un ordre déterminé, toujours le même
peu s'en faut; c'est une maladie ù part, autonome. La lés«
à laquelle sont liés les symptôme» occupe, en réalité,
cordons [H>stérieurs, mais elle occupe systématiquement, di
ces cordons, une partie circonscrite, lixe, toujours la même'
c'est ce dernier point que nous allons tout d'abord chertïhe^
u mettre en évidence.
IV.
ue je
ïlOÏ^-.^
Entrons donc de plein pied dans Vaiiatomle jiatkologiqm.
L'étude analomiquc des scléroses spinales comporte, vous lo
BSAHEN MACaoecOrtQUB. ItESIDBUATA 5
ivez, d'une manière générale : 1° l'examen ;\ l'œil nu;
2* l'examen microscopique tour à tour sur des coupes fraîches
et sur des coupes durcies par divers procédés. Nous serons
bref sur les résultats de l'exploration macroscopique dans
l'ataxie, car elle est (évidemment insuffisante, frappée, dès
l'origine, de stérilité. En elTet, dans les cas récents, elle ne
déoote aucune altération et, dans les cas anciens, elle ne nous
donne pas les moyens de préciser exactement le sièg« de la
Bon, pas plus tjue sa nature. Elle nous ensei^e simplement
y a une induration grise. C'est tout et ce n'est pas assez.
'oublions pas cependant que, malgré ses imperfections,
& ce mode d'examen que nous devons la découverte de la
des cordons postérieurs. Et si je relève ce fait, en
it, c'est parce qu'il est une conquête toute française,
itant à la grande époque anatomo-pathologîque inau-
par Bayle et Laennec et continuée par Cruveilhier. Dès
!#B7,H«tin montrait à la Société anatomique un spécimen
de la dégénération gélatiniforme des cordons postérieurs.
Puig, vinrent Monod et OUivier (d'Angers); mais, dans ces
pommunications, les symptômes ne pouvaient être mis en
r^ard des lésions; aussi, ces observations n'éveillèrent-elles
l'attention qu'à titre de curiosités anatoviiqiies. Ce
qtie plus tard, qu'aux symptômes de l'ataxie, définiti-
il coordonnés par M. Duehenne (de Boulogne), on par-
vint à rattacher l'induration grise des cordons postérieurs et
montrer que la maladie, considérée d'abord comme excep-
tionnelle, est, en réalité, très commune.
Outre les altérations des cordons postérieurs, l'anatomie
macroscopique a décelé : 1° celle des racines postérieures
(atrophie); 2^ celle des méninges [méningite spinale posté-
rieure); vt" celle des difl'érents nerfs cérébraux, et entre
dffl •norfe optique, moteur oculaire, hypoglosse
ihie et d^nération grise). Disons aussi, d'une ma-
r^ard
Htneni
6 éTUDE liieTOLOOIQDK
nière générale, qu'elle a permis de constater que les lésions
sont plus prononcées à la région cervicale lorsque les symp-
tômes prédominent aux membres supérieurs, et à la région
lombaire dans la forme commune, c'est-à-dire quand les
phénomènes morbides sont accusés, surtout dans les mem-
bres inférieurs. Ajoutons eniin que l'envahissement des cor-
doDS latéraux par l'induration grise n'avait pas échappé à
ce procédé d'examen. Toutefois, je le répète, l'an&tomie
macroscopique ne fournissait aucun renseignement sur l'état
de la substance grise, sur la localisation exacte de la lésion,
sur la genèse et la nature du processus morbide, et sur
bien d'autres points encore.
V.
L'étude de la moelle épinière, à l'aide des grossissements,^
g seule le pouvoir de combler les desideraia que nous venons
de signaler. Ses procédés sont applicables, d'ailleurs, à divers
points de vue. Elle peut, en premier lieu, se proposer de
remonter jusqu'aux éléments anatomiques eux-mêmes, et de
rechercher les modifications qu'ils subissent aux diverses
phases de l'évolution du processus morbide. C'est ainsi
qu'on a reconnu que la lésion des cordons postérieurs, dans
l'ataxie locomotrice progressive, est une des formes de la
^IKlérose dos centres nerveux.
La sclérose ou induration grise descentres nerveux répond,
jlrous ne l'avez pas oublié, à l'un des modes de l'inâamma-
pion chronique primitive. Un de ses traits les plus saillants,
tfest l'hyperplasie avec métamorphose fibrilkire de la névro-
"glie s'cffectuant aux dépens des éléments nerveux ou s'opé-
rant, tout au inoins, parallèlement ti la destruction de ces
Je n'insisterai pas pour montrer que, on ce qui concerne
tt
ANATOMœ TOtOQRAFBiqUB UICROStJOPIQUB 7
caractères bistolog-iques, l'induration grise, dans l'ataxie
locomotrice, ne difTère en rien d'essentiel de ce qu'elle est
dans la sclérose en plaques ou dans la sclérose symétrique des
cordoDs latéraux, par exemple. La question paruît aujour-
d'hui déSnitivement résolue, et personne n'admet plus, je
pease, tm'ti s'agisse \i, comme l 'ont avancé quelques auteurs,
H. Leyden entre autres, d'une atrophie isimple. La méningite
spinale, qui coexiste si fréquemment avec la sclérose des fais-
ceaux postérieurs, dans l'ataxie, et qui se montre toujours, en
pareil cas, exactement limitée à la surface de ces faisceaux,
fournirait encore au besoin un nouvel argument en laveur
de la nature irritative de Taltération. Mais il est un point
sur lequel il paratt impossible de se prononcer, quant à pré-
astii, d'un manière déHnilive : quel est le foyer originel de
celle lésion irritative? Est-ce la névroglie? Est-ce au con-
Uaire Télément nerveux? J'avoue que, considérant comment
Itération reste confinée, en quelque sorte systématiquement,
l'aire des faisceaux postérieurs, dont elle ne franchit les
ites que dans les circonstances exceptionnelles, je ne puis
m'eiupècher d'incliner fortement vers la seconde hypothèse.
L'irritalionparenchymateuae serait donc le fait initial; l'irri-
UtioD interstitielle serait secondaire. Je trouverai peut-être,
chemin faisant, l'occasion de signaler à. votre attention quel-
qu«8 autres données qui viennent à l'appui de cette manière
t'flDVtsag^r les choses.
VI.
tOo peut encore, ainsi que nous l'avons annoncé, diriger
ï [nint de vue l'étude de la moelle faite à l'aide des
iQla. Il existe, en elTet, une sorte d'anatomin lupo-
! Microscopique, dont l'objet est d'examiner les
parties dans leurs rapports naturels, sans destruction, sans ■
a AMATOUIB T0FOGRAPHlt)UB WCSOeCOPKlDS
dilacératioD. 11 s'agit alors, principalement, de reconnaître
d'une façon exacte, dans l'aire des faisceaux blancs, oa dans
Les divers départements de ia subetance grise, quelle est
L'étendue, la conjuration, la répartition exacte des altéra-
tions, de suivre leur mode d'extension, lorsque, débordant
au delà de leur foyer primitif, elles se propagent aux régions
voisines ou se communiquent même à des régions éloignées.
On doit, si je ne me trompe, à ce mode d'investigation une
bonne partie des progrès récemment accomplis dans l'histoire,
longtemps presque inextricable, des maladies spinales chro-
niques. Ce résultat était d'ailleurs facile à prévoir. L'expéri-
mentation sur l'animal, malgré ses procédés comparativement
grossiers, avait suilK cependant pour mettre hors de doute
que, dans ce cordon mince qu'on appelle la moelle épinière,
il existe, pour ne parler que des faisceaux blancs, plusieurs
régions répondant à autant d'organes dont les fonctions,
malgré l'analogie de composition, sont tout à fait distinctes.
Ainsi les faisceaux latéraux sont tout à (ait distincts physîo-
logiquement des faisceaux postérieurs. Dans la substance
grise elle-même, il y a lieu, vous le savez, d'établir, à ce point
de vue, un certain nombre de circonscriptions plus ou moin»
nettement séparées,
La pathologie, à son tour, était venue confirmer, d'
manière générale, ces données, en montrant qu'une lésion^
limitée à tel ou tel de ces départements, se traduit chaque
fois par un ensemble particulier de symptômes; mais elle
devait encore, de nos jours, avec l'aide des nouveaux moyens
d'étude anatomique, aller plus loin, devancer sur plusieurs
points l'expérimentation. Celle-ci, en effet, même entre les
mains de l'opérateur le plus habile, pourra-t-elle jamais, dans
un organe aussi délicat que l'est la moelle, aussi dîfficîlo
à atteindre, déterminer des lésions exclusivement bor*
nées, par exempte, à certains groupes de cellules nerveuses,
i
SCL.ÉB06B DE» COBDONS UK UOLL 9
û certains Msee&nx de fibres? Il est permis d'en douter. Lu
maladie, au contraire, produit journellement de telles lésions,
et t'anatomie lopographique de la moelle nous les fait recon-
naître avec la plus grande précision ; elle nous permet de
constater quel groupe de cellules, quels faisceaux de fibres
nerreoses ont été irrités, atrophiés ou détruits. Mettez en
prtecDce d'une anatomie aussi délicate des observations
recneillies avec soin, oii l'analyse des symptômes se montrera
d'autant plus complète, d'autant plus profitable qu'elle aura
été faite à la lumière de connaissances anatomiques et physio-
logique!* préalables, et vous aurez entre les mains les condi-
tioos d'nne expérience s'opérant, si l'on peut ainsi dire,
spoDtanément — et s'opérant sur l'homme, ce qui, dans l'es-
pÂce, est un avantage inestimable.
On peut dire qu'aujounl'hui, grâce aux recherches dirigées
dans cet esprit, l'histoire d'un bon nombre d'affections spi-
nales, dont la pathogénie était demeurée jusque-là plongée
dans une obscurité profonde, s'est éclairéed'un jour inattendu.
On a appriB entre autres que la paralysie, dite essentieUe,
lia enfants relève d'une myélite systématiquement confinée
dauB OD tout petit département de la substance grise de la
moelle : la région des cornes antérieures. On sait encore que
lam^forité des cas, désignés en clinique sous le nom d'atrophie
musculaire progressive, se rapporte A une altération occu-
jiant le même si^e, mais dans laquelle la lésion des cellules
nerveuses s'opère non plus suivant le mode aigu, mais bien
raivant le mode chronique progcessif. Kous pourrions mul-
tiplier ces exemples, mais il faut nous borner, et revenir
maintenant à l'objet principal de notre étude.
VU.
Hous nous sommes efforcé, Messieurs, pendant le cours
des deux dernières années, d'appliq uer la méthode que nous
10 SCLtROBB DS8 BAMDBLBTTZB BXTBRXIB
venons de préconiser à la révision des données anatomiques
qui concernent l'ataxie locomotrice progressive. Les résultats
acquis, bien qu'imparÛùts encore à quelques égards, nous
paraissent cependant dignes de tous être présentés. Ils sont
dus, pour la majeure partie, aux recherches entreprises,
d'après mes conseils, par M. Pierrot dans mon serrice. Ces
travaux ont fait l'objet de deux mémoires publiés dans les
Archives de physiologie*. Je m'attacherai seulement à
vous &ire connaître les points les plus importants qui ont
été élucidés.
Je vous ai laissé pressentir que la lésion des cordons posté-
rieurs de la moelle, k laquelle se rattachent les symptômes
Sdéroêt limitée aax cordant wtdiant ou eordont d» Goll.
Fij. I. BiglaD ocrrlcolc — Fig. t. lUglon doruie.
de l'ataxie locomotrice, n'affecte pas indistinctement toutes
les parties de ces faisceaux, mais occupe nécessairement
certaines régions qu'il s'agit de déterminer à présent.
On avait, depuis longtemps, remarqué que la sclérose fas-
ciculée et ascendante des faisceaux postérieurs, telle qu'elle
s'observe, par exemple, au renflement cervical, dans les cas
1. Fierret, — Notea lur la leliroie dot eordotu pottirieiirê daiu rofoxie
locomotrice progitttivt. {Archiva de phynologit, lÈTi, p. 364.) — Note» lur
un e<u de ntéroie primitive dafaUceau médian dea eordont potUrieuri, {Ibid.,
1873, p. 74.)
SCUCR08B DSS BAIiDELETTES KXTBRMBS
oit la mœlle eat comprimi^c sur uo point de la région dor-
sale, par le fuit du mal de Pott, n'a pas pour eSet, à moins
de ciroonstaoces spéciales, de produire lea symptômes de
l'ataxie (incoordination motrice et douleurs fulg'urantes) dans
las membrcssapérieurs. Or, cette sclérose consécutive affecte
exclusivement, en pareil cas, le3 cordons médians ou cor-
doiui de Ootl. Il était déjà rendu vrai.Heinblable par là que,
(Uns l'ataxie, les cordons de Goli doivent être exclus de toute
psrticipatiuo dans la production des symptômes esscatiels.
(Fig. 1, 2, 3, 4, a, a; voyez aussi Planche I, Fig. 1.)
L'examen Atteatildes lésions que présente la région cei^
SeUroK timitie aitr eordoni dt Ooll,
Tico-dorsale, dans les cas d'ataxie locomotrice généralisée,
c'est-à-dire intéressant à la fois les membres supérieurs et les
nbreH înlérieurs, est venu confirmer ces prévisions. On
t que, dans les cas de ce ^nrc, on observe en dehors de
clérose des cordons de Ooll — laquelle est à peu près
^onrs présente — deux minces bandelettes grise» que nous
is, dans le temps, reconnues à l'œil im et signalées,
i Vulpinn et moi.
s bandeletlcH, vues a la surface de la moelle, semblent
saper les eillons collatéraux postérieurs, et les racines seu-
les plus internes paraissent en émerger. (Voyez
12 ecLÂKOSs DES coaDom db qoll
Plasche I, Fig. 2.) Sur les coupes transversales, elles se
montrent sous forme de deux Iractus gris, dirigés d'avant en
arrière et un peu de dehors en dedans; ces tractas sont
sépariîs des cordons de GoU, en dedans, et des cornes grises
postérieures, en dehors, par des bandes minces, où la subs-
tance blanche a conservé les caractères de l'état normal. Or,
Messieurs, il résulte des nombreuses observations, que nous
avons recueillies avec M. Pierret, que les tractas sclé/vsés,
dont il s'agit, ne se rencontrent jamais que dans les cas où,
pendant la vie, les membres supérieurs ont présenté les
symptômes labétiques. Ils n'existent qu'à droite, ou prédo-
minent de ce côté, selon que ces symptômes n'ont affecté
que le membre supérieur droit ou s'y sont montrés plus
accusés qu'il l'autre membre. C'était l'inverse lorsque les
symptômes avaient prédominé, au contraire, dans le membre
gauche. De plus, dans tous les cas où les membres supérieurs
étaient restés absolument indemnes, les tractus ont fait com-
plètement défaut. La présence des symptômes tabétiques
semble donc, vous le voyez, intimement liée à l'existence des
bandelettes scléreuses latérales.
Mais il manquait encore à la démonstration de reconnaître
un cas où la sclérose des cordons de Golt fût absente au ren-
flement brachial, bien que les symptômes d'ataxie eussent
occupé les membres supérieurs. Ce cas s'est enfin présenté
chez une nommée Jloli, dont l'histoire a été rapportée tout
au long dans un des Mémoires de M. Pierret. Chez cette
femme, l'incoordination motrice, ainsi que les douleurs fulgu-
rantes, avaient existé à un haut degré dans les deux membres
supérieurs, et cependant la lésion scléreuse n'était représentée,
à l'autopsie, dans la région dorso-cervîcale de la moelle, que
par les deux minces bajidelette-'i grises; le faisceau médian
était exempt de toute altération. (Plasche 1, ffg. 3.)
Il résulte évidemment de tout ce qui précède que, pour ce
RAfPOBTS ENTRE LE8 LËBIOlia 8T LES 8YUPt5uBS 13
S concerne les membres supérieurs, la lésion des cordons
d© Goll ne saurait réclamer aucun rôle dans la production dea
symptômes tabétiquea. Quelle peut donc être la raison de
IV-xistencesi habituelle de cette lésion dans l'ataxie? M. Pierrot
a émi» l'opinion qu'il s'agit là d'un phénomène analog:ue à
celui qui détermine la sclérose fasciculée médiane ascendante,
 la snîte des myélites partielles ; d'après cela, la lésion des
curdons de Goll ne se produirait à la région cervicale, chez
li!S ataxiques, que dans les cas où la sclérose se montre chez
«IX très prononcée à la région dorso-lombaire. Je me rat-
Ucbo pleinement à cette vue, et je n'ai rencontré jusqu'ici
aucun fait qui lui soit contraire.
Ce qui vient d'être dit à propos dea membres supérieurs
s'applique d'ailleurs également aux membres inférieurs; le
■•« de Moli en fait foi. L'atasîe locomotrice se montrait en
eflet, chez cette femme, dans la forme généralisée. Les dou-
leurs lulgurante-s et l'incoordination motrice occupaient aussi
bien les membres inférieurs que les membres supérieurs, et
rependant la lésion des cordons médians faisait défaut ici à la
r^on lombaire, tout autant qu 'au rendement cervical ; seules,
les deux mêmeabnndelettea latérales sur lesquelles nous appe-
lons votrt^ attention, étaient affectées dans toute la hauteur
de la rootlle et à cela se bornait, dans ce cas, la sclérose des
faisceaux postérieurs.
Vous voyez, Messieurs, qu'en somme, la lésion scléreuse
dtt bandelettes latérales est le seul fait anatomique essentiel
daoB l'aiaxie locomotrice prop-essive. La sclérose dea cordons
médians n'est, au conlraire, qu'un fait accessoire, aléatoire
rt vraisemblablement consécutif.
Les Iâit£qui précédent coupent court, — cela ne vous a pas
•^chapp'^* sans doute, — A certaines récriminations que les
Kcptique» aiment ùt élever contre les résultata fournis par
e pathologique. Ils l'accusent d'être trompeuse, in-
14 R&FPOKTS EHTBB LES LASIONB BT LB8 SYMPTÔMES
fidèle, parce qu'elle montrerait tantôt l'ataxie sans sclérose
postérieure et tantôt celle-ci sang ataxie, La vérité est que la
sclérose des bandelettes latérales des faisceaux postérieurs
est la seule lésion constante dans l'ataxie locomotrice ; cette
sion existe, Messieurs, à toutes tes époques de la maladii
mais il faut savoir la chercher Uoù elle est.
vm.
1
Il y a lieu, comme vous l'avez compris, d'après tout ce qui
précède, d'établir dans la sclérose postérieure deux formes
bien distinctes, lesquelles peuvent se montrer isolées, indé-
pendantes l'une de l'autre, ou, au contraire, entrer en combi-
naison. L'une de ces formes pourrait être désignée sous le
nom do sclérose/ascfculée systématique médiane ou sclérose
des cordons de Ooll; elle existe tantôt à titre d'affection con-
sécutive (sclérose ascendante, consécutive), tantôt à titre
d'affection primitive. On ignore, quant à présent, quels symp-
tômes particuliers se rattachent à cette forme de la sclérose
postérieure. L'autre forme, la sclérose fasciculée latérale des
cordons postérieurs, ou sclérose des bandelettes externes
tient BOUS sa dépendance les symptômes tabétiques ; do même
que la première, elle peut être deutéropathique, ou, au con-
traire, prutopathique. Celle-ci n'est aulre que le substratum
anatomique de l'ataxie locomotrice progressive.
Je crois utile d'entrer dans quelques nouveaux développe-
ments pour faire ressortir que cette sclérose fasciculée la-
térale est bien, en réalité, le fait anatomique fondamental dai
l'ataxie. Nouspensonspouvoir établir, en premier lieu, qu'ell
s'observe dès le début de l'affection, même à l'époque où les
douleurs fulgurantes composent i elles seules tout le tableau
clinique, sans accompagnement d'incoordination motrice;
alors elle peut exister seule, les foisceaux de Goll ne présen-
les I
ATÀXfS LOCOKOTRiCB BT ATKOPBIB UUfiCtrLA.IKB 15
Jr encore aucune altération. Le fait a été mis hors de doute,
9-Doa.i, dans plusieurs cas où la mort, déterminée par
»mplicatioii, est venue arrêter prématurément l'évolu-
î de la maladie. Je puis citer, A ce propos, l'observation
de la nommée Allard, relatée par M. Pierret. En pareille cir-
constance, il ne faut pas l'oublier, l'œil nu et même un examen
microscopique mal conduit seraient souvent impuissants à
découvrir l'aUération spinale qu'une étude méthodique, faite
sur des coupes durcies et convenablement préparées, pourra
9eaie révéler.
D résulterait de cette donnée que, contrairement aux as-
wrtioos des auteurs classiques qui font commencer la sclé-
nêe de l'ataxie, par les parties médianes, au voisinage des
, celle-ci débute, au contraire, par la région des
rtles latérales. Nous devons ajouter que, d'après nos
, à cette époque de la maladie, les racines spi-
|DDres ne présentaient encore, en générât, aucune
ipréciable, et enfm que les bandelettes scléreuses
nt alors très étroites, réduites, pour ainsi dire, à
demioccâ tractus linéaires.
Il eet permis d'espérer qu'à l'aide d'observations très nom-
hreoscs, très variées quant aux symptômes, et recueillies
lox diverses époques de la maladie, on parviendra, tôt ou
tutJ, — par la comparaison attentive des faits cliniques, avec
iea résultats microscopiques, — à reconnaître le mode d'en-
voiiiBseiDent progressif de la lésion, soit de dedans en dehors,
wit de dt'bors en dedans, et à déterminer, du même coup, les
diverses régions d'où dérivent les symptômes qui apparaia-
teol successivement. Voici les quelques résultats auxquels
Dnosout conduit, quant à présent, les recherches instituées
èuu cotte direction. Les bandelettes scléreuses latérales, très
Atroitee, très minces, tant que la symptomatologie en est
réduite aux douleurs fulgurantes, s'élargissent à la fuis on
16 LÉSIONS DES CBUtTLES DR LA Sl^âTAHCS ORISB
dehors et cd dedans, lorsque l'incoordination motrice s'ajool
A celle-ci. S'il a existé une anesthésie très accusée, les con
postérieures de la substance grise sont à leur tour envahi
par l'altération, et en même temps les tubes neri-eux se mon-*
trent atrophiés en grand nombre dans les racines posté-
rieures. Enfin les s^inplômes parétiques nu paralytiques, avec
ou sans contracture, qui viennent qutflquefois, en général j
une époque avancée de l'évolution, s'adjoindre à l'incoorï
nation, répondent à l'envahissement de la partie postériem
des cordons latéraux. Pour ce qui est de l'extension si halH
tuelle de la sclérose latérale aux cordons médians, not
n'avons pas remarqué jusqu'ici qu'elle ajoutât quoi que i
Noitaux symptômes ordinaires de la maladie.
L'extension progressive de la lésion scléreuse au delà c
foyers qu'elle occupe à l'origine peut d'ailleurs être étendd
dans deux directions principales. Nous venons de voir coo]
ment, dans le sens transversal, elle se fait, soit en dehca
vers les cornes postérieures de la substance grise et les t
ceaux latéraux, soit en dedans vers les cordons médians- Dai
le sens vertical, elle s'étend progressivement, du moinsd
les circonstances ordinaires, de la région dorso-lombairc vd
la région cervicale, en conservant la disposition dt
lettes latérales, en même temps que le cordon médian devîei
habituellement le siège d'une sclérose consécutive ascendiuid
Les prolongements des bandelettes latérales par en 1
peuvent être d'ailleurs suivis jusque dans le bulbe od i
occupent la région des corps restiformea.
IX.
Il n'est pas sans intérêt de rechercher si, comme a pn
cela est très vraisemblable, cette locali.sation des lésions scll
reuses, chez les ataxiques, dans une région déterminée àm
UtelOXS DBS CSLLULS0 DB LA flDBSTANCB ORISB 17
pOHtérîeurs, qu'on pourrait appeler réijlon rfc* Oaii-
tUietles externes, uo serait pas en rapport avec amt dispo-
sition anatoniique particulière. Très certainement il bxiste
une telle disposilion. Kn effet, les bandelottcs, dont il s'agit,
oorrefi|>uudont exa^rtement A la distribution intra-médullnire,
d&rîte par Stilliiig, Clarke, KôINkcr, de ceux des filets nor-
Tuax (iisanaut des ra£:ine» spinales imstérieureg, qu'on dé-
aigoe cojJiinuQiiment sous le nom de faisceaux radiculaires in-
' ternesfKfiIliker). Mais ces filets nerveux n'entrent pas «euls
du» la ctimpfisition dos iHindolettos ; car la lésion sclèreuae se
retrouve («ut aussi prononcée dans l'espace qui sépare les
{loiutiid'iiiscrtiondcs raciiioii postôrimires qu'au tiivciiu même
<)eocspiiiiii8. Il est rendu par là très vraisemblable que, en
uiitre dfs fuwceaux radiculaires internes, il existe en cette
r^'in des ixirdons postL-rieurs, des fuisceaUK de (ibren, é(a-
Mlssuut Nifis dout«, dans le son» vertical, des connexions
«Btre les diverses parties de ta moelle. Ces fibres serviraient
CNtk'iK. Uknw tmtfMm, t. [I.
18 LUSSIONS DBS GfiLLULBS DE LA SUBSTANCE QRISB
à la coordination des mouvements des membres^ tout au
moins, nous savons, d'une manière positive, parce qui pré-
cède, que leur lésion produit Tincoordi nation, tandis que la
lésion des faisceaux de fibres qui composent les cordons mé-
dians ne paraît pas avoir cet effet.
La relation qui existe entre le trajet des faisceaux radicu-
laires internes et le siè^e des lésions de Tataxie contribuera,
sans doute, à faire comprendre l'apparition de certaines com-
plications qui s'observent dans cette maladie. Je me bornerai
îV un exemple. On sait qu'il n'est pas rare de voir, dans le
cours de l'ataxic locomotrice, se produire une atrophie mus-
culaire, tantôt partielle, tantôt, au contraire^ plus ou moins
généralisée. La raison anatomique de cette complication
nous paraît se révéler dans le fait suivant : il s'agit du cas
de la nommée Moli, auquel nous avons déjk fait allusion ^
L'ataxie, caractérisée par des douleurs fulgurantes vives et
une incoordination motrice très accentuée, était depuis
longtemps constituée chez cette femme, lorsque survint une
atrophie muisculaire, laquelle progressa sous nos yeux assez
rapidement, mais se montra limitée d'une façon très nett<'
aux membres supérieur et inférieur du côté droit. Je ne
pouvais me résoudre a voir dans cette complication le fait
d'une coïncidence fortuite, et j'omis Topinion que Tamyotro-
phie relevait, dans ce cas, de l'extension de la lésion sclo-
reuse des cordons postérieurs à la corne antérieure grise du
côté droit {Fig. 5). La malade ayant succombé à une affec-
tion intercurrente, l'autopsie vint justifier pleinement mes
prévisions. A la région dorsale, comme a la région cervicale
de la moelle, la corne grise du côté droit était manifeste-
ment atrophiée. Les grandes cellules motrices présentaient
1. Pierret (A). — Sur les aller atiain de la suhstanc?, grise de la nioelleépi-
mhre dan» Valaxie locomotrice, considéré es dans leurs rapports avec Vatrophie
musculaire. {Archives dt physiologie, 1872, p. 590.)
LÉSIONS DES CELLULES DE LA SUBSTANCE CRISE 19
des altérations profondes; celles qui constituent le groupe
externe, en particulier, avaient en grande partie disparu pour
faire place à un îlot scloreux. Or, Ton Siiit que, suivant la des-
cription de'Kôlliker, un certain nombre des fdcts nerveux
qui composent les fiiisoeaux radioulaires internes se dirigent
vers les cornes antérieures de substance grise, et peuvent
être suivis jusqu'à ce groupe externe des cellules nerveuses
motrices. C'est vraisemblablement par la voie de ces tubes
Qerveux que le processus irritatif, primitivement développé
dans les cordons postérieurs, se sera propagé jusqu'aux
extrémités de la substance grise antérieure, et y aura dé-
terminé les lésions qui président au développement de Tamyo-
trophie de cause spinale.
Le temps presse, et je ne puis insister plus longuement.
J'ose espérer, d'ailleurs, que les développements dans lesquels
je viens d'entrer suffiront pour vous mettre à même d'appré-
cier tout le parti que la clinique peut tirer des études anatomi-
qaes délicates, dirigées suivant la méthode que j'ai voulu
recommander à votre attention.
DEUXIÈME LEÇON
Des actions rétrogrades dans les maladies spinales;
leurs rapports avec la sclérose des cordons posté-
ri eurs. ~ Des douleurs fulgurantes et des douleurs
gastriques.
SoMMAiBE. — Relations entre les filets ncrroiix radiculaires internes et le
groupe dus cellules nerveuses multipolaires des cornes antérionres. — De«
symptômes rûcurrents ou rétrojrrade.s. — Selnroso des faisceaux médians
postérieurs ; prépara tiou de la sclérose aux bautlelettes latérales des cordons
postérieurs.
Type classique de l'ataxie locomotrice projrressive. — Période prodromiqne
ou des douleurs fulgurantes. — Pério<lo do la maladie constituée ou de
Tincoordination tabétique. — rériode paralytique.
Des douleurs ful<>:urantes. — Leurs variétés : douleurs térébrantes ; — dou-
leurs lancinantes; — douleurs coustrictives. — Des douleurs fulgurantes
symptomatiques dans la sclérose en plaques disséminées, la paralysie grénéralo
j)roprossive et Talcoolisme chroui(pie. — Symptômes viscéraux : douleurs
vésicalcs, uréthraU's; téuosme reetiil.
Des crises ppastritjues. — Spéciticité de leurs caractères. — Durée. — Cai*
frustes d*ataxio locomotrice.
I.
ilessieurs,
Quelques-uns de mes auditeurs m'ont fait Thonneur, à la
fin de la dernière séance, de me demander (jnelques explica-
tions relativement à la connexion qui paraît exister entre les
Jikts nerreux racUciilaires internes issus des racines posté-
rieures et le groupe externe des ccUules nerveuses multipo-
laires des cornes antérieures. .le suis amené à réi)ondre que,
d'une manière ^^énérale, on ne peut, dans Tétat actuel de la
RÉSBAU DES FIBREfi NERVEUSES 21
science, rien préciser encore concernant les relations anatomi-
ques qui peuvent s'établir, à Taide des prolongements
cellulaires, soit de cellule à cellule, soit entre les cellules
et les tubes nerveux, tant des racines antérieures que des ra-
cines postérieures.
Voici, d'ailleurs, en quelques mots, ce qu'enseignent à ce
sujet les recherches les plus récentes. Parmi les prolonge-
ments qui partent, en nombre variable, des grandes cellules
nerveuses des cornes antérieures, il en est un, vous le savez,
qui, dans chaque cellule, se distingue entre tous par des
caractères anatomiquos bien tranchés. Très fin, très délié à
son origine dans la cellule, ce prolongement s'épaissit peu k
peu, sans se ramifier, et acquiert bientôt les caractères histo-
logiques d'un tube nerveux. C'est ce prolongement que
Deitera a fait connaître sous le nom de Nervenforsatz (pro-
longement nerveux). lHou^Xe^ prolongements nerveux^ ou à
peu près, suivant M. Gerlach^ se dirigent manifestement
verj; l'extrémité antérieure de la corne antérieure, où ils
paraissent entrer en connexion avec les filets radiculaires,
d'où émanent les racines spinales motrices. Quant aux autres
prolongements cellulaires, qu'on désigne, pour les distinguer
du précédent, du nom de Protoplasmaforsatze (prolonge-
ments de protoplasma), ils se ramifient bientôt après avoir
quitté la cellule, et les ramifications ainsi produites se sub-
divisent à leur tour presque à l'infini, de manière à consti-
tuer ce que M. Gerlach appelle le réseau desjihres nerveuses
{Xerven fasernetz). C'est par l'intermédiaire de ce réseau,
et non pas d'une façon directe, que les faisceaux radiculaires
postérieurs entreraient en connexion avec les cellules ner-
veuses des cornes antérieures ^ Il v a loin de ces données,
un peu vagues, a la précision presque mathématique avec
laquelle certains auteurs font communiquer les cellules ner-
1. GerUch. —lu Stricker's Ilandbach^ t. 11, p. 083.
22 SYMPTÔMES RÉCURRKNTS
veuses, soit entre elles, soit avec les filets nerveux des ra-
cines, tant antérieures que postérieures. Mais il importe de
ne jamais confondre Tanatomie problématique avec l'ana-
tomie réelle : ce sont choses toutes différentes.
U.
Il est un autre point relatif, cette fois, à TanatomieetU
la physiolog-ic piithologiqucs de la sclérose des cordons pos-
térieurs, que le manque de temps m'a forcé de passer sous
silence, et qui, je le crois, mérite cependant quelques déve-
loppements.
Je vous rappellerai, Messieurs, que, dans le cas de dégo-
nération ascendante consécutive à une lésion partielle de la
moelle dorsale (myélite partielle primitive ou liée au mal de
Pott, tumeurs comprimant la moelle dorsale), les cordons
postérieurs sont afftctés de sclérose dans toute leur étendue
en hauteur, ju.^îqu au voisinage du bulbe; et cependant, dans
les cas de ce g<'nre, les symptômes ataxiques font absolument
défaut Jans les membres supc'rieiirs, au moins dansTimmense
majorité des cas.
11 y a^ néanmoins, des exeoptions à la régie, et ceci m'a-
mène à vous dire queJ'iuos mots de ce qu'on pourrait appe-
ler, en natholo.crie spin.tk', /es symptùme.H récurrents ou
rétro() rafles^ symiî(ôiu;'s hicu connus do Marshall Hall, qui
les rattachait, sans plus s'r\pli«jucr, à une actiopi rétrograde.
{Rétrograde actloii In <})hia^ !)\<l(i,<cs, — Dérangements
of thc nervous aS'^.s/<>//, p. -i^s.)
L'auieur, qui, le premier, naraÎL avoir été frappé des faits
de cet ordre, est, si je ne me Lrompe, M. Louis*. Un sujet
atteint de carie des vertèbres dorsales avait présenté, outre
1. Mcm. nur l\tat de la moelle épin'irc dans la carie vcrtébrcUej in
Mém, et liech. anat. patU. sur diverses maladies, r&riSj Id^.
ACTION A DlflTAKCB 23
ia paraplégie, une paralysie complète avec contracture des
membres supérieurs. Cependant, à Tautopsie, on constata
que la moelle dorsale était seule ramollie dans une partie de
son étendue. Los cas de ce genre ne sont sans doute pas
très rares : Marshall Hall, Nase et Bieger en ont rapporté
quelques-uns. J'en ai (également observé plusieurs.
Ces faits ne constituent pas, d'ailleurs, un tout homogène,
et il y a lieu d'établir au moins doux catéf^ories principales.
Dans la première, il s'agit d'une véritable paralysie motrice,
avec ou sans contracture, occupant l'un des membres supé-
rieurs ou tous les deux à la fois; dans la seconde, il n'y a
pas de paralysie proprement dite, mais il se produit dans les
membres supérieurs^ lors des mouvements intentionnels, une
incoordination motrice s'exagéranl par l'occlusion des yeux,
et en tout comparable à ce que l'on observe dans les cas
dataxie locomotrice progressive. Aussi, chez ces malades,
bien que la lésion spinale primitive occupe un point limité
de kl région dorsale de la moelle, on observe, en outre de la
paralysie des membres inférieurs que celle-ci détermine,
tantôt des symptômes ataxiques, tantôt une paralysie plus
ou moins prononcée dans les membres supérieurs.
Quelle est la raison de cette complication singulière? Pour
s'en rendre compte, Marshall Hall, ainsi que je le disais tout
à l'heurC; fait appel à une sorte d'action à distance. Il est
incontestable que certaines lésions expérimentales, portant
sur le- segment inférieur de la moelle épi nière, peuvent
retentir, par une action à distance sur les régions supé-
rieures de (îc «cordon nerveux. C'est ce que met bien en
lumière uhvj expérience, déjà citée, de M. Ilerzen : un frag-
ment de p(Hasso causti(iue étant appliqué sur la partie infé-
rieure de la moelle, chez une grenouille décapitée, il est
impossiijle, tant (pie dure l'application, d'exciter dans les
membres supérieurs des mouvements réflexes. Je vous rap-
24 SCLÉROSB FASCICULfbE LATÉRÂLB
pellerai aussi quo, dans les expériences de Lewisson, Tirri-
tation vive des nerfs viscéraux (reins, utérus) produit dans
les membres inférieurs, une paralysie temporaire. Quoi qu'il
en soit, il paraît bien difficile d'expliquer, par une action de
ce genre, des symptômes permanents tels que sont, soit Ta-
taxie, soit la paralysie avec ou sans contracture des membres
supérieurs, dans les cas pathologiques qui nous occupent.
C'est, selon moi, dans les modifications que peut présenter,
dans certaines circonstances, la sclérose consécutive ascen-
dante qu'il faut chercher la solution du problème.
Ainsi que je vous l'ai fait remarquer, Messieurs, la sclé-
rose ascendante consécutive aux lésions partielles de la
moelle dorsale reste strictement limitée, dans les cordons
postérieurs, aux faisceaux médians ; telle est du moins la
règle -, or, ainsi que nous l'avons démontré dans la dernière
séance, la lésion des faisceaux médians n'a pas pour effet,
lorsqu'elle occupe le renflement cervical, de déterminer l'ap-
parition des symptômes tabétiques dans les membres supé-
rieurs. Mais une fois constituée, la sclérose consécutive peut
acquérir une existence individuelle, et il se peut faire que,
s'étendant au delà des limites qui lui sont ordinairement
assignées, die envahisse dans certains cas, les bandelettes
latérales des faisceaux postérieurs, dont la lésion, vous le
savez, produit l'incoordination -, c'est ainsi que je vous pro-
pose d'interpréter les cas de la seconde catégorie. A la vérité,
cet envahissement des bandelettes externes n a pas encore,
que je sache, été ratifié par l'autopsie ; mais les considéra-
tions qui précèdent rendent, si je ne me trompe, notre sup-
position très vraisemblable.
Restent les faits de la première catégorie. Voici l'explica-
tion que je propose à leur sujet. En outre de la sclérose fas-
ciculée des cordons médians postérieurs, il existe presque
toujours, dans les cas de lésion partielle de la moelle dorsale,
ATAICIE LOCOMOTRICE : TYPE CLASSIQUE 25
principalement lorsque cette lésion siège très haut, au voi-
sinage du renflement cervical par exemple, une sclérose
plus ou moins prononcée de la r%ion postérieure des cor-
dons latéraux. Cette sclérose latérale ascendante reste le
plus souvent rudimentaire, et ne détermine alors aucun
svmptome ; mais elle peut, dans certains cas, s'accuser à un
liaut degré, et remonter jusqu'au bulbe, principalement,
je le répète, lorsque la lésion partielle primitive occupe les
parties supérieures de la région dorsale. Or, la paralysie des
membres supérieurs, tôt ou tard suivie d'une contracture,
est un symptôme lié à la sclérose fasciculc'e latérale occupant
le renflement cervical de la moelle épinière.
En résumé, lorsque la sclérose secondaire ascendante de-
meure, comme c'est la règle, limitée aux faisceaux médians
des cordons postérieurs, on n'observe dans les membres su-
périeurs ni paralysie, ni contracture, ni mouvements ataxi-
ques. — Si, au contraire, les bandelettes externes sont en-
\'ahies, les membres supérieurs seront atteints d'incoordina-
tion motrice. Enfin, la paralysie et la contracture apparaî-
traient dans les cas où la sclérose consécutive occuperait, à
un haut degré, les cordons latéraux dans toute la hauteur
«lu renflement cervical de la moelle épinière.
m.
11 est temps, Messieurs, d'aborder l'objet principal de cette
«•«nférence. Il s'agit, vous vous en souvenez, d'étudier avec
vous quelques points peu connus ou insuffisamment connus,
—je le crois du moins, — de l'histoire clinique de l'ataxie
l^xîomotrice progressive.
Si les cas qui vont nous occuper s'éloignent tous, A des de-
îïrés divers, du type vulgaire, ils s'y rapportent tous cepen-
A'ïnt par quelques traits essentiels qui ne font jamais défaut
26 ATAXIE LOCOMOTBICB : TYPE CLÂ88IQUB
■
d'une façon absolue. Il me paraît utile^ avant d'entrer en ma-
tière^ de rappeler en quelques mots les caractères fondamen-
taux du type le plus commun. Nous serons mieux en mesure^
après cela, connaissant les analogies, de faire ressortir et
d'accuser les contrastes.
Vous avez dans l'esprit la description de lataxie locomo-
trice telle que l'a faite M. Duchenne (de lîoulogne). Il ne sera
donc pas nécessaire d'entrer dans de longs développements
pour vous la remettre en mémoire, au moins dans ses grandes
lignes. Tous, vous savez que lataxie locomotrice progressive
est une maladie chronique primitive qui s'attaque simulta-
nément à différents points du système nerveux, et qui, dans
la règle, — il y a des réserves à faire sur ce point, — pro-
gresse en s'aggravant d'une manière à peu près fatale*
La lésion spinale, sur laquelle notre attention a surtout
porté jusqu'ici, ne constitue pas toujours à elle seule, dans
la maladie, le fond anatonio-patholo^ique. A elle se rattachent
les symptômes dits spinaux, qui constituent, sans ccmtredit,
un des aspects les plus saillants du tableau symptomatique;
mais il est rare (|uo roux-ci existent isolément. II s'y sur-
ajoute d'habitude tout un ensemble de phénomènes^ qu'on a
coutume de désij^nor sous le nom de siiniptômcs cép/uiliqueSj
et qui ont pour point de départ une lésion des nerfs cérébraux
ou bulbaires, tels que les nerfs opiiques, par exemple, ouïes
nerfs moteurs de l'œil.
Sous ce rapport, il y a unparalléh^ à établir entre Tataxie
locomotrice pro*^iossive et la maladie ([U(; j'ai pro[)osé d'ap-
peler sclérose en phupies disséminées. Celle-ci, comme celle-
là, envahit à la fois divers points du système cérébro-spinal,
et il y a lieu de distinguer, dans la description clinique des
deux affections : l°des symptômes spinaux* 2'* des symptômes
céphaliques. — La sclérose en plaques, de même que l'ataxie
locomotrice, est le plus souvent, dans sa marche, fatiUement
PÉIUODS DBS DOULEtTRS FULaiTRANTES 27
progressive. Mais là s'arrêtent les analogies, et, dans le
détail, nous n'avons plus qu'à saisir des différences qui
permettent presque toujours de poser le diagnostic sans
difficulté.
IV.
On a coutume d'établir dans la progression de l'ataxie
locomotrice, qu'on suppose évoluer d'une façon normale, un
certain nombre de périodes. On en reconnaît, en général,
trois principales.
La première a reçu le nom àoptrlodGprodromique. Pour-
quoi prodromique ? L'appellation est peut-être mal choisie, car,
déjà, lorsque les premiers symptômes apparaissent, la lésion
est constituée, visible. VA d'aillours, concoit-on une période
prodromi(iiic susceptible de s'étendre à de nombreuses années,
8, 10, 1:^, 15 ans par exemple V Pout-etre vaudrait-il mieux
l'appeler période des douleurs fulgurantes. Ces douleurs,
en cIVet, sont incontestablement l'un des phénomènes les plus
saisissables, bien (ju'il no soit par; absolument constant. Quoi
qu'il (Ml .îoit, la maladie, dans coUo pi'riode, est représentée
clini(iuomcnt par deux ordres do symptômes qui coexistent
dans les cas complets et ^^e moutroiit isolément dans les cas
imparfiiiL^, //T^sto, ainsi qu'on les nomme encore. Ce sont :
IMes symptômes céphaiiques (paralysie d'un nerf moteur
avec toutes ses conséquences, amblyopie plus ou moins mar-
quw) -, 2'' les symptôuics spinaux représentés, à cette époque,
par l(îs douleurs fuhjurantes.
Dans la seconde période, dite do la nudadle constltuéej et
lui pourniit recevoir la désignation de période dUncoordl-
nation motrice, le tableau cliniciuo se compose, en premier
liou, dos symptômes do la première période, en proportion
variée •, ainsi les symptômes céphaiiques persistent et peuvent
28 PÉRIODE d'incoordination
se montrer aggravés, plus accentués-, les douleurs fulgurantes,
parfois, sont devenues plus intenses. Mais, et c*est là le point
capital, les symptômes spinaux ont subi une modification
importante.
On note, en second lieu, V incoordination tabétique des
mouvements volontaires. En quoi consiste ce symptôme? Vous
savez que les membres inférieurs ayant conservé leur pouvoir
dynamométrique, il va asynergie, c'est-à-dire association vi-
cieuse et intempestive des actes moteurs élémentaires, asy-
nergie qui a pour résultat de troubler la marche, la station, et
même de les rendre impossibles.
Simultanément, un peu plus tôt ou un peu plus tard, il se
produit, en outre, des troubles divers dans la transmission des
impressions sensitives, se traduisant : 1^ par une abolition
des différents modes de la sensibilité cutanée -, 2* par une in-
sensibilité des parties profondes : muscles^ articulations,
os, etc.
La troisième période mériterait peut-être la qualification
de période paralyUque. Eu même temps que la plupart des
autres symptômes s'aggravent et que les membres supérieurs,
libres jusquVi ce moment, sont envahis à leur tour, suivant
le mode indiqué dans notre Prodrome anafomlquCy on voit un
affaiblissement paralytique réel s'emparer des membres infé-
rieurs, et s'y substituer progressivement à l'incoordination.
En même temps aussi, la nutrition souffre fréquemment d'une
manière générale : les malades maigrissent et il est fort
commun de voir chez eux se déclarer des symptômes de
phtisie. D'autres fois, la nutrition est atteinte lentement, loca-
lement : les muscles s'atrophient dans les membres privés du
mouvement : il se produit une tendance aux eschares sacrées ;
les symptômes de la cystite ulcéreuse apparaissent.
Tel est, Messieurs, en raccourci, le type vulgaire de
DOULEURS FULGURANTES 29
Tataxie locomotrice progressive. Nous sommes en mesure,
maintenant, de faire ressortir les anomalies, les déviations
du type.
V.
Attachons-nous, en premier lieu, à Tétude de la première
période. C'est alors qu'il importe surtout de reconnaître
l'ataxie locomotrice ; car, étant encore à ses débuts, on peut
espérer qu'il sera moins difficile d'en enrayer la marche.
Cependant, à cette époque, elle est fort souvent méconnue.
Pour beaucoup de personnes encore, la maladie no commence
qu'au moment où l'incoordination, l'ataxie qui lui donne
son nom, est déjà manifeste. Or, je le répète, à ce moment-
là, elle peut dater déjà de 10, 15 ou même 20 ans. D'ailleurs,
elle s'arrête parfois d'elle-même à cette période, sans jamais
pousser plus loin, mais aussi sans rétrograder. C'est pour-
quoi, Messieurs, nous allons nous efforcer de vous montrer
que les douleurs fulgurantes et \q% symptômes cépftaUque^
peuvent se présenter et se présentent, en réalité, le plus
souvent avec des caractères à peu près spécifiques, et qui,
en l'absence de tout autre phénomène concomitant, permet-
tent communément de reconnaître la maladie pour ce qu'elle
est et de la dénommer.
Arrêtons-nous, en premier lieu, aux douleurs /aiguisantes,
réservant, pour une époque prochaine, l'examen approfondi
des symptômes céphaliques. Il suffira, pour faire ressortir
l'importance de cette étude, de vous rappeler que, pendant
de longues années, ces douleurs peuvent composer à elles
seules, toute la symptomatologie de l'affection.
Les douleurs fulgurantes se rencontrent d'ailleurs dans
la très grande majorité des cas d'ataxie locomotrice progres-
sive. Il est incontesUible, toutefois, qu'elles font défaut chez
quelques malades; mais c'est là une véritable exception.
30 DOULEURS TjË&ÉBRANTBS ET LANCINANTES
Ainsi, d'après une statistique de M. Cyon, qui comprend
203 cas, les douleurs fulgurantes ont été notées expressé-
ment dans 138 ; 8 fois seulement on insiste sur leur absence.
Les variations qu'elles peuvent offrir nous conduisent à
établir deux catégories :
1*» Douleurs térébrantes. Dans cette première variété,
les douleurs sont comparées par les malades à celles que
déterminerait l'introduction brusque et soudaine d'un instru-
ment piquant, d'un poinçon, d'un poignard, auquel on im-
primerait en même temps un mouvement de torsion. Ces
douleurs sont limitées à un point et siègent le plus ordinaire-
ment au voisinage d'une jointure. Toutefois, ce serait aller
trop loin si Ton prétendait qu'elles épargnent toujours le
corps des membres. En général, dans un accès^ les douleurs
térébrantes alternent en différents endroits et occupent
successivement plusieurs points des deux côtés du corps.
A l'endroit où elles siègent, il se produit momentanément,
dans un espace très circonscrit, une hyperesthésie plus ou
moins prononcée : le moindre frôlement exiispèrela douleur,
tandis qu'une pression un peu forte amène du soulagement.
Les membres inférieurs sont toujours préférablemcnt affec-
tés-, néanmoins, les membres supérieurs, la tête, le tronc,
ne sont pas, tant s'en faut, toujours respectés.
2** Douleurs lancinantes. Dans la deuxième variété, qui,
du reste, coexiste d'habitude avec la première, les douleurs
méritent, à proprement parler, le nom de douleurs fulgu-
rantes. Elles semblent suivre le trajet d'un nerf le long duquel
elles passent comme uncclair. 11 en résulte que le membre
ou une partie d'étendue variable est rapidement parcouru
jmr la fulguration douloureuse. En raison de la courte durée
de la sensation pénible, la délimitation exacte du nerf affecté
est souvent difficile. Elle peut se faire cependant très net-
DOUlJBUBfi COHSTBICTIVSS 31
teoumt, bien que le cas soit rare, lorsque des éruptions
cuUoées se manifestent le long des nerfs où siège la douleur.
Cest ce qui a lieu chez une malade nommée Magdali.., que
je vous présente, et qui, pendant le cours d'un accès dou-
looreux deB plus intenses, nous a offert successivement des
éruptions d^ecthyma sur le parcours du petit nerf sciatique
d'abord, puis sur celui du saphène interne. Aujourd'hui
encore^ vous pourrez reconnaître les cicatrices dues à ces
lésions qui remontent déjà à quatre ou cinq ans.
3** Douleurs constrictlves. En outre des douleurs fulgu-
rantes, il y a à étudier, dans Tataxie, les douleurs cœistric-
tives; ces douleurs surviennent soit en môme temps que les
précédentes, soit en dehors d'elles. Leur durée est plus
longue, leur persistance plus grande. Il semble que, sur cer-
tains points^ le membre soit saisi dans un étau. La dou-
leur intéresse-trelle le tronc ? Les malades la comparent à
rétreinte qu'occasionnerait une cuirasse ou un corset trop
serrés. Les douleurs constrictives s'exaspèrent fréquemment
dans le temps où régnent les crises térébrantes ou fulgurantes
proprement dites. Nous résumerons, en quelques mots, ki
caractéristique des douleurs fulgurantes :
1" La fulguration douloureuse, comme son nom l'indique,
n'a qu'une durée passagère •,
2** Elle se répète à des intervalles variables de manière a
constituer des accès qui se prolongent pendant 4, 5 ou 8 jours ;
3*» La douleur atteint son maximum d'intensité, surtout
durant la nuit ;
4* Les rémissions qui séparent les accès peuvent être par-
faitement libres ; les douleurs constrictives font seules excep-
tion  la règle et f ersistent à un certain degré, dans l'inter-
valle des crises \
r>o Le retour des accès varie beaucoup; il s'eUectue tous
32 DOULEURS FULGURANTES SYMPTOBiATIQUES
les quinze jours, tous les mois^ tous les deux ou trois mois,
quelquefois à des intervalles beaucoup plus éloignés encore;
G^ Tantôt les douleurs fulgurantes sont d'une intensité
modérée, et il faut appeler spécialement l'attention des ma-
lades pour en réveiller chez eux le souvenir ; d'autres fois, aa
contraire, elles sont d'une violence extrême et arrachent des
cris affreux aux malheureux ataxiques. Dans cet hospice^ où
le nombre de ces malades est grand, nous assistons fréquem-
ment à des scènes de ce genre.
VI.
Les faits nombreux qu'il m'a été donné d'observer me
portent à admettre que les douleurs fulgurantes, lorsqu'elles
se présentent sous les traits que j ai essayé de faire ressortir,
sont vraiment caractéristiques, je ne dirai pas de l'ataxie
locomotrice, mais bien de la sclérose rubanée postérieure, en
tant, du moins, que la lésion a envahi le trajet intra-spinal
des faisceaux roff/cu/aires internes (bandelettes externes
des faisceaux postérieurs). Cette réserve était nécessaire.
Vous n'avez p:is ouhlié, (mî elTet, que I(»s faisceaux médians
(cordons de Goll) |)ouvent être sclérosés sans que les douleurs
fulgurantes s'ensuivent, et(iue, d'un autre côté, ces douleurs
existent, alors que la lésion sclérouse est restée limitée au
trajet des faisceaux ratiiculaires. Seule, la sclérose des rubans
externes serait donc, vous le voyez, le .<ubstratum anato-
miquedes douleurs fulgurantes.
Vous ne vous étonnerez pas, d'après cela, ilessieurs, de
voiries douleurs ful^^urantes figurer de* temps à autre dans !a
symptomatologie «le diverses maladies, autres que l'at^ixie,
dans lesquelles les faisceaux postérieurs peuvent être envahis,
d'une faron pour ninsi dire accidentelle, par l'inflammation
scléreuse. Tel est le cas de la sclérose en phfQues rf/>.<c-
DOULEURS FULGURANTES SYMPTOMATlQUES 33
minées. Il n'est pas rare que, dans cette affection, divers
symptômes tabétiques, et en particulier les douleurs fulgu-
rantes, viennent se surajouter aux symptômes propres. J'ai
constaté plusieurs fois, en pareille circonstance, que les
plaques sclérelises avaient envahi les cordons postérieurs
qu'elles occupaient dans une grande étendue en hauteur et
en largeur.
Les accès fulgurants s*observent aussi assez souvent dans
la paralysie générale progressive ; ils doivent certainement
être rattachés, dans ce cas, aux altérations des faisceaux pos-
térieurs qui, ainsi que Tout montré M. Magnan et M, West-
phal, sont un accompagnement fréquent des lésions ordinaires
de la panilysie générale.
J'ai été consulté, il y a quelques années, par d(.»ux malades
accusant une foule de symptômes nerveux bizarres, que je
enn'ais pouvoir rattacher à Thypochondrie. Ces deux malades
se plaignaient plus particulièrement de douleurs, revenant
par accès, en tout comparables à celles de l'ataxie locomo-
trice. Ils ont tous deux présenté ultérieurement les symp-
UnnifS de la paralysie générale progressive. Je ne doute
l>as que, chez eux^les bandelettes externes des faisceaux pos-
térieurs fussent déjà atteintes à l'époriue où les douleurs
fulgurantes constituaient à peu près seules toute la maladie.
Quelques symptômes signalés dans le tableau elini([ue de
Valcooh'snie chronique rappellent la description dos douleurs
fulgunintes : ainsi ilagnus Huss a insisté sur les tlualeitrs
lancina jtteSj parfois très pénibles, dont S(.* pl;ii;:iient les
alcooliques.
Tout récemment, M. Wilks et 31. Locldiart Clarke» ont
appelé Tattention sur une forme de parapléf^io (|ui s'ol)serve,
paraît-il, assez fréquemment à Londres, chez les femmes, —
jiiêine p.irmi les /«(//es, — et qu'ils désignent d'un ronmiun
1. The Lanrct, l^^Tl.
Ckau-.«»t. Œ-.tTr..jj ci.uipiotv-, t. II. J
34 DOULEUKS VÉSICÂLES ET UKÉTHBALES
accord sous le nom de parapUtjie alcoolique. Un des traits
les plus saillants de cette forme pathologique paraît être
Texistence de douleurs revenant par accès, et que les malades
comparent à des clwcs électriques. Les douleurs existent
seules pendant longtemps avant que des désordres moteurs ne
viennent s'y adjoindre. Il y a lieu de se demander si, ici
encore, il ne s'agit pas d'une forme particulière de tabès,
d'ori^nne alcoolique cette fois, mais devant être rattachée
toujours, cependant, à une lésion des cordons postérieurs,
lésion que Tanatomie pathologique fera sans doute découvrir
quelque jour.
J ai observé quelquefois des douleurs fulgurantes compa-
rables à celles de Tataxie, dans la myélite partielle et dans
le mal de Pott, Dans plusieurs de ces cas, j'ai reconnu à lau-
topsie une lésion fasciculée extensive des cordons postérieurs,
pouvant rendre compte de la présence des douleui'S spéciales.
Kn dehors des cas ({ui viennent d'être passés en revue et
dont le départ sera toujours fait aisément, en tenant compte
(les symptômes concomitants, les douleurs fulgurantes pour-
ront être rapportées, presque a coup sûr, à lu forme parti-
culière (le sclérose postérieure qui conduit à lataxie locomo-
trice i)rogressive. Il y a bien, do temps à autre, dans la
pratiijue, quehjues difticultés d'appréciation, sur lesquelles
j'attirerai votre attention^ mais, en réalité, cela est assez
rare. D'ailleurs, fort souvent la situation se trouve simpli-
lirc \K\v l'adjonction aux ilouleurs fiilg'urantes de certains
syjnptômes qui, comme celles-ci, ont un caractère spécial;
tels Sont les symptômes dits ccp/ial/quei de Tataxie, dont il
sera bit.'Utôt question-, tels sont encore quelques autres
syunitôiiies moins remarqués, quoique assez fréquents néan-
moins, (ju'on pourrait désigner sous le nom de symptômes
/v',N'a'/v//'.r, parce qu'ils témoignent évidemment d'une parti-
(•i{)atioii des nerfs viscéraux thoraciques et abdominaux.
*ï-i»i» *-» .-
CiUSES GASTRIQUES 35
Dans ce groupe de symptômes viscéraux, je signalerai tout
(l'abord les douleurs vésicales et itréthrales qui se mani-
festent quelquefois au moment où régnent les douleurs
fulgurantes, et qui s'accompagnent d'un besoin d'uriner
fréquemment, la miction étant d'ailleurs l'occasion de dou-
leurs vives dans le canal.
Je mentionnerai en second lieu les douleurs d'un caractère
p;irticulier, dont le rectum est le siège, et qui surviennent
dans les mêmes circonstances que les douleurs vésicales.
Chez un malade, M. C..., qui a présenté ces douleurs rectales
dans leur type de complet développement, elles avaient pré-
cédé de sept II huit mois la manifestation des accès de dou-
leurs fulgurantes, qu'elles ont accompagnées par la suite.
Elles se déclaraient subitement, et étaient marquées par une
sensiition comparable à celle que produirait Tintromission
brusque et forcée d'un corps volumineux dans le rectum.
C'est ainsi que le malade les dépeignait, et il ajoutait qu'A la
fin de l'accès survenait toujours un besoin pressant d'expul-
sion et [>arfois même une expulsion effective de matières
fécales.
<'es accidents se reproduisaient d'ordinaire deux ou trois
lois par mois ; il s'y adjoignait habituellement un besoin
fréfjuent d'uriner, avec douleurs durant l'émission. Pendant
plusieurs mois le cathétérisme et l'examen rectal furent
maintes fois pratiqués sans qu'on soupçonnât la nature du
mal. CV n'est que- beaucoup plus tanl, que l'apparition des
douleurs fulgurantes vint éclairer la situation.
VII.
Mais de tous les symptômes viscéraux qui [xnivent se
montrer dès la période îles doaJcars fahjurauttf^j un des
l»lus remarquables à la fois et des moins connus, si je ne nie
'.Z'-j^'j^.. ^x o-rl:iI ;::r J ai ir..«.-^r i-.- ÎT^fpmer sôus le nom
* i ^ ^ ^ ^^
C-r^ «:ri<f> :.'Tî-:r: /i-rs -la r*As:nl«-i ri-r^. ojciaie vous vou-
drez \^, .'!-. parler. o^r-rL* 'îrs^"arji.::irre? vrritableiiirirnt spéciaux.
TK-* v^a^-rrit. crrz-rn Liât. î-or v^riraM-f- si^rân-^atiMn restant
mr=?orir:':-r. elle*'*':.'!: l*'»:a5'L/2. .icrr-f-ur? irravesdans le dia-
<>. n'-s: pas li î^n ^^Tri^tiime rare; aussi nVst-il pas resté
cornpIv:»irm«rnt icapert;u. On le tr»:'uve menrî onné dans un
as^s^rz crrand riombr-.- .i'obser^aîivns r'.-?ucîlLi-r"5 par divers
autfrurs. frt fzn pirti'i-ulier dans le ':a> ii' lT*j, de l'excellent
ouvHi^^e Ak m. Tuijinard. 3tii< la OMnn-rxiié ^ui existe réelle-
ment entre les crise-i ;ra.>tri.jues et l'ataxie î- o«»motrice me
paraît avoir «-t'- si^'-naK-e, puur la premiè-re fois, par M. Dela-
mare, auteur d'une th^rse qui date de l>»î'.î*. En ISOS, dans
mes le^'ons, je me suis efforcé de faire res^^urtir l'importance
que jattache à ce symptôme, et M. P. Dub jîs. un de mes
aij'Iiteurs. a cousiçrné, la même année, dans >:i dissertation
inaij;rur;il<.-. le r'sîili.it de> rîuJcs qu'il a laites :t ce sujet-, de
r-oiicert \\\i-(\ M. l]'yurn»,*villc.
Je \v: veux pas Vuus laisser iîznurcr «jUf, dés l^SôS,
M. <iiill. rlari< la [)r»'cieuse collL-ctic»n de ('*f< </'/ maladies
sjffiLoh^ 'Cases o/ P^fraph-ii/a ^ quil a publi«''c dans les
ftuijs Ilosjjfial llt'iiovis^ avait si.unialc la rrlatinn qui lui
semblait exister entre certains syiupt«*»mes <ra>triques et une
afl'ertion de la moollt' qui se rapport»- cvidL'iiiiiient à la des-
rripti(in artu<-lledt; l'ataxie locoinotri«;L* prog-n-ssive.
X(ius r(*trnuv<»roiis d'ailleurs des syuipt«*»inL*s gastriques au
moins fort analo;ru<*s à ceux sur lesquels y- veux appeler
Notre attention, dans les maladies s[)inales autres que la
*\o Tarin, IHGH.
■ ■ij'my
OBSERVAllONS DE GRISES GAi^TRIQUES 37
sclérose postérieure, par exemple dans la j^araJi/.^ie gétié-
raie sjjnirile. Cette dernière affection, lorsqu'elle prédomine
dans les membres supérieurs, rappelle par quelques-uns de
ses caractères la paraplégie saturnine, et les crises cardial-
friques ou entéralgiques qui raccompagnent quelquefois sont
s'uivent considérées alors, bien à tort, comme des coliques
de plomb. Il y a là une difficulté de diagnostic à propos de
laquelle j'entrerai plus tard dans quelques développements.
Mais il est temps de vous dire en quoi consistent ces
crises gastriques. Tout a coup, le plus souvent à Tépoque
même où règne une crise de douleurs fulgurantes occupant
les membres, les malades se plaignent de douleurs qui, par-
tant des aines, semblent remonter de chaque côto do l'abdo-
men pour venir se fixer à la région épigastrique. K^imultané-
ment, ils accusent des douleurs siégeant entre les deux
épaules, lesquelles s'irradient autour de la base du tronc
s^ius forme de fulgurations. Alors les battements du cœur
deviennent ordinairement violents et pr;îcipités. ]M. Rosenthal,
qui a quelquefois assisté à ces crises, si^jrnale un cas où le
|KmIs était ralenti pendant l'accès. En ce qui me concerne,
j ai toujours observé au contraire, en pareille circonstance,
une accélération notable du pouls, laquelle ne s'accompagne
d'aucune élévation de la température centrale.
I^ fréquence du pouls sans fièvre est d'ailleurs un fait
très conunun, dès les premières périodes do l'ataxie, et en
delpirs des crises gastriques et des acr'ès fulgurants, alors
qu'il n'existe encore aucune trace d'inco(jrdination mo-
trice.
Des vomissements presque incessants et extrèmemont péni-
bles s'associent souvent aux crises gastriques. Les aliments
vint d'abord rojotés; puis, c'est un liquide uiUciuouXj inc )lorc,
|»arfois môle de bile ou teinté de sang. Vn malaiso i)r<)iond.
38 OBSERVATIONS DE CRISES GASTRIQUES
des vertiges, se' surajoutent aux vomissements et aux dou-
leurs eardîalgiques ; celles-ci peuvent être vraiment atroces,
et la situation est alors d'autant plus affligeante que les ful-
gurations douloureuses sévissent souvent en même temps
dans les membres avec une intensité exceptionnelle.
Les crises gastriques des ataxiques persistent habituelle-
ment, comme les crises fulgurantes, à peu près sans répit,
pendant deux ou trois jours, et il est très remarquable que,
dans les intervalles de ces accès, les fonctions de Testomac
s'exécutent généralement d'une manière très régulière. Elles
peuvent se montrer dès Torigine de la maladie et en consti-
tuer pendant de longues années, avec les douleurs fulgurantes,
toute la symptomatologie. Quand l'ataxie s'est pleinement
confirmée et que l'incoordination motrice s'est développée, les
crises gastriques ne disparaissent pas toujours pour cela-,
elles se reproduisent, au contraire, souvent, jusqu'à la ter-
minaison fatale, à chaque accès de douleurs fulgurantes. Tel
a été, entre autres, le cas d'une nommée Ménil, qu'il nous a
été loisible d'observer pendant plus de six ans dans nos salles.
Voilà, incontestal)lement, une forme de cardialgie bien
singulière, bien remarquable dans ses allures. Vous ne la
trouverez cependant mentionnée, je le crois du moins,
dans aucun des traités spéciaux sur les maladies de Testomac,
même les plus récents.
Maintes fois, j'ai vu ce symptôme détourner l'attention du
médecin, et lui faire méconnaître la véritable nature du
mal ; je m'y suis laissé prendre aussi plusieurs fois dans le
temps. Un notaire de la province vint pour me consulter, il
y a dix ans, pour des accès cardialgiques, présentant les
caractères que je viens d'indiquer; il souffrait en même
temps dans les membres de douleurs paroxystiques peu
accentU''es d'ailleurs. Je ne connaissais pas alors le lien qui
rattache ces divers accidents. Les crises gastriques ont
-TT g ■ a > Éfch,
OB8EayATIONS DE CRISES GASTRIQUES 39
disparu; mais le malade souffre aujourd'hui de tous les
svmptômes de Tataxie locomotrice la mieux caractérisée.
La première fois qu'il m'a été donné de reconnaître la vé-
ritable signification des crises gastriques, il s'agissait d'un
jeune médecin, qui, en outre de ces crises, présentait des
«louleurs fulgurantes et une hydarthrose de l'un des genoux,
développée spontanément {arthropathie des afaxfques). Vin-
coordination motrice ne s'est manifestée chez lui que quelques
mois plus tard. Tout cet ensemble de symptômes — crises
gastriques, douleurs fulgurantes, arthropathies, qui n'ont
en apparence aucune connexité^ — revêt un cachet presque
spécifique, sitôt que l'on considère ces symptômes sous leur
véritiiblejour.
J'ai encore vu les crises gastriques coexister avec les
douleurs fulgurantes, pendant plus de cinq ans, sans accom-
paprnementd • désordres moteurs, chez M. T... Le diagnostic
était rendu facile, dans ce cas, par Texistence d'une atrophie
commençante d'un des nerfs optiques. L'opinion que j'émis,
presque dès Torigine, sur la nature du cas, fut néanmoins
vivement contestée par plusieurs médecins qui visitèrent le
malade. Aujourd'hui, mes prévisions ne se trouvent que
trop justifiées.
Nous n'en sommes pas réduits, d'ailleurs, pour traiter des
crises gastriques, à faire appel seulement à des souvenirs. Je
puis, en effet, vous présenter un certain nombre de malades
chez lesquels vous pourrez étudier cet accident. Ce sera en
même temps, pour \ous, une occasion d'observer l'ataxie
frasU: dans quelques-unes des formes variées qu't'le peut
revêtir.
1^ Lîi nommét^ ilar..., actuellement Agée de 46 ans, .soiiUVe
depuis une douzaine d'années, de doulnirs fulgurantes
revenant par a«.'''ès, et qui se montrent souvent combinées
40 OBSERVATIONS DE CRISES GASTRIQUES
aux crises gastriques. Celles-ci se déclarent environ tous les
trois ou quatre mois ; elles sont habituellement d'une inten-
sité extrême, et lorsque la malade est en proie a ces douleurs,
elle pousse <les cris, se tord et prend les attitudes les plus
bizarres. Au bout de quelques jours, Taccés se termine tout
à coup, comme par enchantement. JxiS digestions sont régu-
lières dans l'intervalle des accès. Le diagnostic est facilité
dans ce cas par Texistence d'un strabisme qui date de Tépoque
où les douleurs fulgurantes ont commencé a paraître. Il n'y
a pas d'incoordination des mouvements des membres tant
inférieurs que supérieurs. La démarche est régulière, et la
station delx)ut peut être soutenue longtemps sans fatigue.
Seulement, quand la malade ferme les yeux, la station et la
marche deviennent un peu plus difficiles.
2® Coud... est âgée de 55 ans. Il y a 20 ansque cette femme
est devenue aveugle. La lésion du fond de l'ieil consiste en
une atrophie nacrée des papilles; les accès de douleurs fulgu-
rantes se sont montrés chez elle depuis une dizaine d'années.
Elles «occupent souvent, non seulement diverses parties des
inenil)res, mais encore la région occipitale et la nuque. Les
crises canlialgiques coexistent souvent avec les accès fulgu-
rants, et elles s'accompagnent de vomissements. O* siège,
assez exceptionnel des douleurs fulgurantes à Tocciput et à
la nuqu(^ mérite d'être relevé à cause des vojnissemenis qui
se maniifstent souvent en même temps ([u'elles. Ce concours
de circonstances pourrait obscurcir le diagnostic, et faire
songer à l'existence d'une lésion cérébrale ou cérébelleuse.
— C'est un point sur lequel nous reviendrons ailleurs.
Jusqu'à ce jour. Coud... n'offre aucun troul)le de la locomotion.
3^ La femme l)eg..., âgée de 52 ans, est aveugle depuis
(luinzean.s. 11 s'agit ici encore d'une atrophie nacrée des nerfs
optiques. Les accès de douleurs fulgurantes qui occupent les
OBSERVATIONS DE CRISES GASTRIQUES 41
I' points (lu corps les plus divers, et fréquemment aussi le front,
Tocciput, la nuque, ont commencé à paraître à Tépoque où la
cécité s'est déclarée. Elles sont souvent accompagnées de
crises pistriques d'une grande intensité. Les fonctions de
l'estomac, dans Tintervalle des accès, sont régulières. 11
n'existe, chez cette femme, aucun signe d'incoordination
motrice.
4° Audi !>..., âgée de 36 ans environ, soulïre de temps à
autre de crises gastriques vraiment atroces, accompagnées
(le vomissements incessants et qui se manifestent, en géné-
[ rai, en même temps que des accès fulgurants siégeant dans
les membres inférieurs. — Ces accidents remontent à cinq
ou six années. Il y a deux ans est survenue spontanément une
Iuxati<m de la hanche droite et, quelques mois après, une
luxât i(»n de la hanche gauche (arthropaflue des ataxiqiœs) ,
Quelques symptômes d'incoordination motrice existent de-
pui.s un an à peine.
Je n'insisterai pas davantage pour aujourd'hui.
TROISIÈME LEÇON
De Tamaurose tabétique.
Sommaire. - Symptômes céphaliqiies daiis Tataxie locomotrice. — Lérïious
des nerfs crâniens et lïuHjaires. — Induration grise progressive du uorf
optique. — Atrophie progressive de la papille. — Nécessité do rexamen
ophtiilmoscopique dans le diagnostic de quelques affections cérébi'ales.
Existence isolée de ramauros^e tahétique; sa fréquence. — Caractèrts de
la lésion anatomi(|ue du njrf optique à Tœil nu et au microscope. — Aspect
de la papille : l® à l'état normal; "« dans Tinduration grise progressive. —
Troubles fonctionnels qui accompagnent l'induration grise du nerf et de la
papille optiques. — Modifications do la papille dans les cas dVnubolie do
l'artère centrale de la rétine, dans la glycosurie, la rétino-cboroïdite syphi-
litique et la paralysie générale.
Delà neuro-rétinite. — Sesf»»rme8, ses symptômes. — Ditféronces qui la
séparent de l'amaurose tabétique. — Faits cliniques démontrant Timpor-
t^mce des signes t'oiinii^ pur Tophtalmoscope.
Mess ion rs.
J'ai l'intentiuii d'exposer aujourd'hui, devant vous, quel-
(jues points rolalils à eeux des symptômes de l'ataxie que
nous avons désig'iiés sous le nom de siimjdôme.'i ctphali-
(lues. Ces symptûmes répondent à des lésions variées des
nerfs crâniens et bulbaires. Dés les premières périodes, ainsi
({ue nous lavons dit déjà, les douleurs fulgurantes, seule
représentation, à cette époque, de la lésion spinale, se trou-
vent généralement combinées, en proportions di\'erses, avec
des troubles des nerfs bulbaires ou des nerl's optiques. J'ajou-
terai que ces accidents, — et c'est là une circonstance bien
;■ •*■!
TUOUBLES VISUELS 43
propre à faire ressortir l'intérêt clinique qui s'attache a leur
étude, — peuvent précéder parfois, dans l'évolution du pro-
cessus morbide, les douleurs fulgurantes elles-mêmes, et se
montrer ainsi complètement isolés pendant plusieurs mois,
voire même pendant plusieurs années.
II n'est peut-être pas un seul nerf bulbaire qui, à ce mo-
ment même, ne puisse être affecté. Mais, le plus ordinairement,
fe sont les nerfemoteurs oculaires qui sont envahisles premiers.
C'est par ordre de fréquence, les nerfs de la troisième et de la
sixième paires ; puis, mais de très loin, le nerf pathétique-, le
facial, l'hypoglosse et la cinquièmepaire ne sont pas eux-mêmes
toujours indemnes. Les symptômes qui répondent à ces lésions
se traduisent, pour les uns, par un état paralytique, pour les
autres, par les douleurs. Mais, de tous les nerfs crâniens, les
ne.i^s optiques sont ceux qui, dans l'espèce, méritent sur-
tout de fixer lattention en raison de la grande fréquence do
leur altération et de la gravité de Taffection que cette lésion
détermine. Nous allons donc entrer à ce propos dans quel-
ques développements.
I.
Les troubles visuels dans Tataxie peuvent être rangés sous
deux principaux chefs. Ce sont : P des troubles de Taccom-
modation, la diplopie, liés à des lésions plus ou moins transi-
toires et fugaces î 2" des troubles visuels dépendant d'unelésion
particulière du nerf optique. Ceux-ci sont autrement sérieux
que les premiers, car l'affaiblissement de la vue, comme la
It'-sion qui l'a produite, se distingue par une marche l\ peu
près fatalement progressive et envahissante.
L:i lésion des nerfs optiques, dont il s'agit, pourrait i^iw'
désignée du nom iVuularattoa (jrist proijrcsslvij^ par oppo-
sition d'une part A la lésion de ces mêmes nerfs dans la sclé-
r'»s<.- r-n plaques,qui reconnaît un processus fortanal<><j:uc, mais
4i TROUBLES VISUELS
dont la progression est moins inévitable; et d'autre part, aux
lésions connues sous le nom de névrite optique : dans ces deux
derniers cas, malgré quelques traits de ressemblance, les
lésions et les symptômes diffèrent d'une manière essentielle
de ce qu'ils sont dans latrophie optique tabétique.
L'induration grise progressive des nerfs optiques se traduit
pendant la vie par des caractères oplitalmoscopiques spéciaux
et qui répondent à ce qu'on est convenu en ophtalmologie
d'appeler Y atrophie progressive de la papille. Ces carac-
tères, Messieurs, seraient à peu près spécifiques, d'après quel-
ques auteurs, et tels que — en dehors même des troubles fonc-
tionnels concomitants qui, eux aussi, offrent des particularités
très dignes d'intérètaupointdevueclinique — ils permettraient
de cliaijnosti(/uer Tataxie ou la sclérose des cordons postérieurs,
si déjà elle existe, ou d'en prévoir la venue plus ou moins
prochaine, si elle n'est pas encore définitivement constituée.
Les assertions de MM. Jaeger, Wecker, Galezowskî sont
formelles à ce sujet.
>sous verrons, Messieurs, ce qu'il faut en penser. Je dois
dire toutefois par avance que, ayant été bien des fois témoin
de la sûreté, de la précision du diagnostic établi par les méde-
cins versés en ces matières, je suis arrivé a partager, au moins
en jjnuule partie, la conviction qui les anime. Bien que ces
faits ne soient pas absolument de ma compétence spéciale, je
vous demanderai la permission, cependant, d'entrer a leur
égard dans quelques détails. Mon entreprise trouvera, je l'es-
père, sa justilication dans l'intérêt qui doit s'attacher à toutes
les questions qui concernent le diagnostic du tabès dorsal.
IL
L'énoncé sommaire de deux points relatifs aux difficultés
que je signale suffira pour mettre en lumière l'importance
DR l'amaurosb tabétique 45
qu'il y a pour nous, médecins, à nous familiariser, autant que
possible, avec Texamen régulier du fond de Toeil.
En premier lieu, j'essaierai de vous démontrer que Tataxie
peut se présenter entourée de symptômes que reproduisent cer-
taines lésions encéphaliques, les tumeurs par exemple, avec une
telle similitude que le diagnostic en devient des plus difficiles,
et je vous ferai voir du même coup quel parti il est possible
de tirer, en pareille occurrence, de Texamen ophtalmoscopique.
En second lieu, suivant quelques ophtalmologistes, la lésion
optique propre ù lataxie peut, dans un certain nombre de cas,
précéder tous les autres symptômes et composer à elle seule,
parfois pendant de longues années, toute la maladie. — Or,
ainsi que je vous Tai fait pressentir, rien n'est mieux établi,
à mon sens, que cette proposition. Si cela est vrai, il sera,
vous le comprendrez, de la plus haute importance d'être fixé
sur ces caractères (jui, suivant les auteurs, permettent de re-
connaître TamaurosQ des ataxiques, et de la distinguer de
toutes les autres formes d'affaiblissement de la vue.
En ce qui concerne, tout d'abord, l'existence isolée de Vd-
manrose tabctfr/f/e durant une suite d'années, c'est la un fait
dont la réalité peut être facilement établie daiiS cet hospice à
Taide d'observations faites sur une grande» échelle. Je crois
pouvoir déclarer que la f/rande majorité iles femmrSj qui
Mint admises dans les dortoirs comme atteintes de cécité aniau-
rotique, offrent tut ou tard, après leur entrée* dans rétablis-
sement, des symptômes plus ou moins manifestes d'ataxie.
J'ai insisté sur ce point déjà, dans mes leçons de l'^'îs- mos
observations ultérieures me permettent de confirmer ce cjue
j'avais alors avancé a cet égard. — Je pourrais V(jus i>ré-
S'.'nter, à rai»i)ni d(ï mes assertions, des faits nombreux, je nie
contenterai de résunu-r deux exemples, d'ailleurs trè< 'b.'nions-
t rat ifs :
46 FAITS CLINIQUES
l"" Mill..., couchée au n° 12 de la salle Saint -Alexandre,
est agrée de 55 ans. Elle est entrée à la Salpêtrière, comme
aveugle, en 1855. Les troubles de la vue, accompagnés de
douleurs de tête, ont paru en 1850. D'abord limités à Tœil
gauche, ils ne tardèrent pas a envahir l'œil droit. Au bout
d'un an, la cécité était complète. Or, c'est en 1860 seulement,
c'est-à-dire dix ans après le début des phénomènes, que les
douleurs fulgurantes se sont manifestées pour la première fois.
Elles se sont bientôt compliquées de douleurs en ceinture ; la
maladie, depuis ce temps, est restée à peu près stationnaire.
Les symptômes d'incoordination motrice ont cependant
commencé à s'accuser il y a quelques mois.
2' Coud..., placée dans le dortoir »Saint-Charles, est égale-
ment âgée de 55 ans environ. A 2(3 ans, il y a vingt-neuf ans
de cela, elle éprouva des élancements violents dans l'orbite,
et fut peu après frappée de cécité d'abord à gauche, puis a
droite. Trois ans plus tiird, elle fut prise de douleurs fulgu-
rantes dans la tête et les muscles, douleurs auxquelles s'asso-
cièrent des crises gastriques. Depuis lors, la maladie n'a pas
subi (l'ag-gravation.
Ces faits, je pourrais, Messieurs, les multiplier beaucoup,
si je ne craig-nais pas de fatiguer votre attention. En somme,
je suis très disposé à croire, d'après ce que j'ai vu, que les
ainaurotiques, chez lesquels Vafrop/iîc jyrof/ressa-e de h
jjajj/!/e est la cause de la récité, n'échai)pent guère à cette loi
fatale.
Il importerait, par conséquent, de pouvoir reconnaître
pour ce qu'elle est, dès l'origine, cette affection du nerf opti-
(jue (jui, dix, quinze ans après s'être cimstituée, sera suivie
d'ataxie; de pouvoir, en d'autres termes, un cas d'amaurosc
l>;ir lésion atrophique du nerf optique étant donné, déclarer
si Tataxie s'ensuivra tôt ou tard, d'une fa(;on à peu près iné-
CARACTÈRES DE LA LÉSION ANATOMIQUE 47
vitable, ou si, au contraire, Taffection du nerf optique demeu-
rera isolée.
Recherchons donc quels sont les caractères de Tinduration
irrise des nerfs optiques et examinons s'ils sont, en réalité,
comme on le dit, à peu près infaillibles.
m.
Un mot d'abord concernant la lésion anatomique à laquelle
se rattache le trouble visuel qu'il s'ag^it d'étudier.
A l'avV tw, Taltération du nerf optique se présente sous la
forme d'une induration grise, dont Taspect rappelle à tous
é;^rds celui de la sclérose fasciculée spinale. Elle paraît, en^
rè^^le générale, débuter par l'extrémité périphérique <lu nerf
et s'étendre ensuite progressivement vers les parties centrales.
Les bandelettes optiques sont aussi atteintes à leur tour, à un
moment donné, et quelquefois même les corps genouillés. Au
delà de ce point, on perd les traces de l'altération. Il est remar-
quable que celle-ci affecte, comme vous le voyez, dans le nerf
optique, une marche centripète, tandis que les lésions corres-
pondantes des nerfs spinaux ont, au contraire, une progrès-
M<m centrifuge.
llttuih: hf'f^toloifi'que, à son tour, fait reconnaître de nou-
velles analogies entre l'induration grise des nerfs optiques et
IîiscLtosc signale tabéticpie. Il y a lieu de remémorer à ce
proposque, à l'état normal, les nerfs npti(|uesse rapprochent,
quanta la texture, beaucoup plus de la substance blanche des
mitres nerveux que tous les autres nerfs. C'est ainsi que,
danslesncrfs optiques, on trouve, comme Ta signalé M. Leb(u-,
des oeil 11 U»s conjonctives étoilées et un réticuluni iibro'ûle.
.rajouterai (jul* les tubes nerveux qui les cninposent sont très
d''li«'s, très délicats et offrent, en rons(M]uenco, une grande
analon^iy ;,vec les tubes nerveux de renc<'pliale.
48 CARACTÈRES OPIITALMOSCOPIQUES
La lésion qui constitue l'induration grise s'accuse (railleurs
dans le nerf optique, comme dans la moelle épinière, par la
métamorphose fibrillaire de la névrog-lie et la disparition con-
comitante du cylindre de myéline d'abord, puis du cylindre
axile. Dire quel est des deux phénomènes celui qui précède
l'autre, est chose difficile ; j'incline beaucoup à croire que, de
même que dans la moelle épinière, le tube nerveux est affecté
en premier lieu, antérieurement à la gangue conjonctive. On
s'expliquerait ainsi pourquoi, dans la lésion tabétique des
nerfs optiques, l'élément nerveux subit une destruction com-
parativement bien plus complète et plus rapide que celle qui
se produit dans la sclérose en plaques, les cylindres d'axe
persistant en effet beaucoup plus longtemps dans le cas de la
dernière affection. L'induration grise des nerfs optiques, dans
l'ataxie locomotrice, pourrait donc être, d'après cela, dési-
gnée sous le nom de nécvlte parenchipnatense.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas encore, quant à présent,
dans l'histologie qu'il faut chercher des traits distinctîfs, car,
à cet égard, il y a une ressemblance très grande entre l'indu-
ration qui se pnxjuit dans le nerf optique en conséquence de
la névrite liée aux tumeurs cérébrales {m-rritit optique) et
l'induration grise de ce même nerf chez les tahétiques. Re-
cherchons donc dans la clinique des données plus décisives.
Exposons, en i)remier lieu, les caractères ophtalmoscopi-
ques qui correspondent, «Tailleurs, jusqu'à un certain point
à l'anatoniie faite sur le vivant. Je vous rappellerai très briè-
vement l'aspect (le la papille optique à l'état normal. — Vous
n'avez pas oublié la forme ovaloïdc que» c<»]le-ci présente; ses
contours très nets, très accusés; la dépression cupuliforme
([u'elle offre dans sa partie centrale-, enlin la teinte légèrement
rosée (|ui distingue au contraire sa partie iK*riphérique, et
«jui est due a la présence des vaisseaux propres que renferme
CAIIACTÈUES DE l'aMAUUOSE TABÉTIQUE 49
le nerf optique dans son épaisseur. — Pour ce qui est des
vaisseaux de la papille, vous savez qu'ils consistent en deux
veines et une artère, celle-ci beaucoup moins volumineuse
que celles-là, et reconnaissable du reste aux divisions dicho-
tomiques qu'elle présente.
Voici maintenant en quoi toutes ces particularités se trou-
vent modifiées dans le cas d'induration {irise proffrcs-
sive.
La papille n*a pas éprouvé de changement, soit dans sa
forme, soit dans ses dimensions; ses contours sont toujours
très accentués. Les vaisseaux restent ce qu ils étaient aupara-
vant; seulement, contrairement à ce qui a lieu dans Tétat
normal, on ne peut plus les suivre, pénétrant à une certaine
distance dans l'épaisseur de la papille, sur laquelle ils parais-
sent être simplement appliqués. Rien d'ailleurs qui s'éloigne
profondément de l'état normal -, mais voici lo caractère décisif.
Par suite du changement de texture qu'a subi le nerf optique,
et en conséquence surtout de la disparition du cylindre de
myéline, la papille a cessé d'être transparente-, elle rélléchit
au contraire fortement la lumière et ne laisse plus voir dans
sa profondeur les vaisseaux propres. 11 s'ensuit qu'elle ne
présente plus la teinte rosée normale, et quelle olfre, au
contraire, une coloration blanche crayeuse, comme nacrée.
Tel est, M«'ssieurs, le caractère dont il faut bien se péné-
trer; car, à lui seul, quand il est manirestement accusé, il
suflit pour spécifier Tamaurose tabétique et pour éclairer la
situation d'une iinyu décisive. 11 convient néanmoins de ne
p<^int né;^li«;er les troubles fonctionnels (jui, eux aussi, ont
bien leur imi)<>rtance. Ils peuvent, en ellct, coniribuer puis-
samment à /-talilir le diagnostic, dans les cas nù les symptômes
•iphtalniosropiques sont peu accentués, en dniinant plus cK'
poids à Tinipression ressentie par l'obserNatcur. D'ailleurs,
parmi ces troubles fonctionnels, il en esL quel {ues-uns ([ui,
CUAIi'. «jT, (IjUVrrS CuUilhctf:?, t. II. l
50 TROUBLES FONCTIONNELS
même à défaut (le signes oplitalmoscopiques, font jusqu'à un
certain point préjujircr la nature du mal.
Je signalerai en premier lieu la limitation concentrique et
unilatérale du champ visuel, trouble fonctionnel qui ne se
retrouve pas dans la ncvrite ox)tique; en second lieu, la con-
traction plus ou moins prononcée des pupilles, contraste*
frappant avec ce qui se produit dans la névrite optique, où
les pupilles se montrent au contraire très dilatées.
Nous devons citer un symptôme qui, suivant quelques au-
teurs (Galezowski, Benedikt), est en quelque sorte spécifique :
il s'agit d'une forme particulière d'achromatopsie caractérisée
ainsi qu'il suit : P perte de la notion des teintes secondaires
(l à 5 de l'échelle de M. Galezowski) ; 2° perte de la notion du
muge et du vert : la n« »tion du jaune et du hJen. persistant,
au contraire, à un haut degré et pendant long^temps. Ces
signes peuvent se montrer déjà fortement accusés, alors que
la perte de l'acuité visuelle est incomplète et permet encore
de lire les gros caractères.
J'ajouterai (|ue le dt'but de ces accidents par un œil et la
localisatit)n prolonj^^éc de la lésion, dans ce même O'il, sont
tout à fait à l'inverse tle ce qu'on observe dans la névrite
opti(]ue. De plus, dans le tabès, l'évolution des troubles vi-
suels est, dans l'immense majorité des cas, lente, ijrra luelle,
pro^n*essive, tandis ({ue, dans la névrite optique, leur début
s'opè.e assez souvent d'une façon à peu près subite.
Les autres troubles fonctionnels qu'il nous reste à signaler
sont i)hitùt (le nature à obscurcir le diagnostic; mais en
raison de cela même ils méritent, eux aussi, d'être relevés.
Telles sont des douleurs de tête continues ou à i)eu près et
qui sie-ent principalement au front et à la nuque. A ces dou-
leurs s'assoeient, dans bien des cas, des fnl;rurations reve-
nant par accès et occupant le trajet des l)ranches de la cin-
quième paire. Dan-^ les paroxysmes, les malades éprouvent
TROUBLES FONCTIONNELS 51
des sensations qu'ils comparent à celles que produirait Far-
rachement du globe oculaire.
8i Ton fait abstraction des douleurs de tête, qui sont un
symptôme assez banal, les phénomènes qui viennent d'être
signalés forment, dans leur ensemble^ un syndrome à peu
près caractéristique. Ils permettraient de distinguer aisément
l'amaurose tabétique de celle, par exemple, qui accompagne
la sclérose en plaques.
L'embolie de Tartére centrale de la rétine donne lieu, a la
longue, à des apparences ophtalmoscopiques qui simulent
••elles de la papille tabétique. Il y a toutefois des carac-
tères distinctife tranchés et que vous trouverez exposés
dans les traités spéciaux. Le début brusque, dans le cas d'em-
Wie et la concomitance habituelle d'une hémiplégie et d'une
canliopathie ne laisseraient d'ailleurs pas longtemps subsister
de Joute.
Je ne ferai que mentionner en passant, la lésion du nerf
optique qui survient quelquefois dans la glycosurie et la
rètino-cboroïdite syphilitique, comme pouvant également
reproduire, jusqu'à un certain point, l'aspect de l'atrophie
papillaire tabétique. Enfin, dans la paralysie générale, on
ol>scrve quelquefois une lésion de la papille qui ne dillere en
rien Je celle qui se m )ntre dans l'ataxie; mais nous avons
^u le soin de vous faire remarquer déjà que les lésions spi-
nak'S tabi' tiques se rencontrent, dans quelques cas, liées à la
paralysie générale, et cette circonstance permet i)eut-êtix'
d'expliquer roccurrenccfn'Mjuonte de l'atrophie papilhiire pro-
i-Tcssive dans la méningite chronique diiïuse.
•le me borne à signaler hriévement ces diverses airecti<ais,
^^' proposant d'attirer toute votre attention sur les symp-
t-mesolyoctifs qu(^ proiluit l'altération du nerf opti(|uo d.'-si-
î^i^-ii'V suus le nom de lu'rrfte ojdHjtn- ou de- nen m-i'rf'nih ,
'-arlà Su trouve en réalit»'* le nœud de la situation.
52 DE LA KEIIKO-UÉTINITE
Nul doute qu'il y ait des analogies, d'une part, entre les
symptômes concomitants de la neuvo-rtUnite et ceux qui
accompag-nent l'atrophie tabétique et, d'autre part, entre
l'aspect de la papille qui marque l'atrophie papillaire consé-
cutive à la névrite optique et celui de Tamaurose txibétique;
mais il va aussi, pour l'un comme pour l'autre, des caractères
distinctifs, et c'est la connaissance de ces caractères qui per-
mettra d'assurer le diagnostic.
IV.
Pour atteindre ce but, il nous faut entrer actuellement
dans quelques détails, au sujet de la neuro-rétinite et des
circonstances au milieu desquelles elle prend naissance. Do
ces circonstances, deux surtout méritent d'être relevées :
1^ a) La cécité, si commune dans les cas de tumeurs céré-
brales, puisqu'elle se produit dans prés de la moitié des cas
Friedrcich et Ladame), paraît reconnaître le plus souvent
pour cause hi neiiro-vtthute.
h) La méningite de la base, de nature syphilitiqui» ou
autre, est aussi fréquemment Toccasion do la neuro-rétinite,
et, en pareil cas, le pronostic est bien difl'rent de ce qu'il
est dans l'hypothèse de tumeurs cérébrales. S'il s'agit, en
particulier, d'une lésion syi)hilitiqne, la cécité peut n'être
pas fatalement progressive et la A'ision persister au moins à
un certain degré.
Les auteurs admettent deux formes principales de neuro-
rétinite. En premier lieu, viendrait la itturu-Visthuta, dite
}}fir (■franiiltmcnf (Sta^fftnfjs raitillr des auteurs allemands,
— (li'jclcfil iJ/'sJ: des Anglais). Elle se caractérise anatomi-
quenieiil i)ar une tuméfaction souvent énorme de la papille,
reconnaissant pour cause une simple eongestion avec exsu-
dation s'-reuse. Cotte forme serait liée surtout à Texistence
FORMES DE LA NEUHO-RÉTINITE 53
de tumeurs intra-eraniennes. — Selon de Graefe, les symp-
tômes qui la caracti'risent résulteraient de Texagération de
la pression a l'intérieur du crâne. Mais il paraît prouvé
qu'en outre de la papille, le nerf lui-même peut être affecté
dans toute son étendue, et offrir un certain degré de tumé-
faction et de ramollissement, ou même les caractères anato-
miques de la névrite optique inflammatoire. C'est du moins
ce qui semble ressortir des observations de MM. Hulkc,
Albutt et quelques autres. Il existerait, d'après cela, une
sorte de transition entre les deux formes de la neuro-rétinite.
2" La seconde de ces formes est habituellement désignée
sous le nom de neuro-rétlnUe descendante. Quelques ophtal-
mologistes, et entre eux de Graefe, prétendent que cette
forme est liée d'une manière spéciale a la méningite, et que si
elle s'associe parfois, d'une façon concomitante, aux tumeurs,
c'est qu'alors il y a en même temps une méningite de la base.
S'il est possible d'invoquer trois exemples de de (îraefe, cités
par M. Albutt à l'appui de cette opinion, nous devons dire
qu'un fait récent, observé dans cet hospice, vient la controu ver ■
au moins dans ce qu'elle a de trop absolu. Il s'agit du cas
d'une malade nommée Ler..., chez laquelle se présentaient les
caractères de la névrite optique avec atrophie du nerf, (.^es
lésions étaient liées à l'existence d'une tumeur sarcomateuse
oecupiint le lobe occipital gauche du cerveau. La tente céré-
J>elleuse avait été refoulée; le mésocéphale ainsi que les
Ijandelettes optiques et les tubercules quadrijumeaux, étaient
fortement aplatis. Eh bien, dans ce cas, où la pressit)n intra-
cranienne était évidemment exagérée (l'hypertrophie et
l'aplatissement des circonvolutions ne laissent aucun doute A
«•et égard) et où probablement l'étranglement de la i)apille
avait eu lieu à une certaine époque, les nerfs optiqu^-s <*taienl
gris, atrophiés, en un mot sclérosés dans toute leur étendue.
II ifuxistait pas de trace d'une méningite.
54 CAUACTÈUES CLINIQUES DE LA NÉVRITE OPTIQUE
Cette atrophie scléreuse caractérise la seconde forme, ou,
si l'on préfère, le deuxième degré de la névrite optique. Il
s'agit ici, anatomiquement, d'une névrite interstitielle, avec
substitution fibrillaire, destruction consécutive des éléments
nerveux; le processus morbide affecte la une marche plus
aiguë que dans le cas de la névrite optique tiibétique-, la
multiplication des noyaux est plus accusée, l'exsudation plus
abondante, et c'est, en somme, dans la production de ces
lésions que gît toute la différence.
V.
Recherchons maintenant quels sont les caractères qu'offre
au clinicien la papille dans ces deux formes ou, si vous le
voulez, dans ces deux périodes de la névrite optique, et oppo-
sons-les aux caractères qui distinguent la papille tabétique.
A. Pour ce qui concerne la papille étranglée, rien n'est
plus siiiiple. La papille, en effet, présente alors une tumé-
laetionj un gonllement nianifestes dijà au simple éclairage.
Les contours, d'ailleurs mal accusés, sont effacés pour ainsi
dire par un exsudât paraissant répandu à la fois sur la papille
et à son pourtour. Cet exsudât a une teinte gris rougeatre.
Çà et là, les vaisseaux centraux sont, en apparence, inter-
rompus. Ce phénomène, très net pour lus reines. Test moins
pour les artères qui sont relativement plus petites. Les capil-
laires sont très développés, au moins à une certaijie époque.
Cet ensemble de phénomènes est déjà très frappant; mais l(»s
symptômes fonctionnels, eux aussi, méritent d'être consultés.
Je me bornerai à relev(.T les traits suivants : les deux yeux
habituellement sont pris du même coup; le début est quelque-
fois subit; il n'y a pas de diminution concentrique du champ
visuel; enfin, on ne note aucune modification chromaticiue.
FAITS CLINIQUES 55
B. Quels sont maintenant les caractères de la névrite
optique considérée dans la seconde forme? La papille, en
quelque sorte élargie, se montre avec des contours frangés ,
irrégulierSj mal délimités. On la dirait entourée par une
espèce de nuage.
En raison de Topacité acquise par le nerf optique, les capil-
laires et la teinte rosée paraissent effacés. Les vaisseaux sont
tortueux, sinueux, surtout les veines qui semblent interrom-
pues, coupées de places en places. Voilà, llessicurs, des carac-
tères qui ne s'effacent jamais complètement et qui tranchent
avec les caractères ophtalmoscopiques assignés à la papille
tabétique. Quant aux signes fonctionnels, ils se confondent
avec ceux de la papille étranglée.
VL
Il ne sufSt pas d'avoir exposé les caractères qui distinguent,
tant au point de vue fonctionnel qu'à celui de l'examen ophtal-
moscopique, l'altération tabétique de la papille et celle qui
se lie à la névrite optique, il est encore indispensable de
montrer, sur le vif, le parti qu'on peut tirer de ces notions
pour le plus grand bien du diagnostic. Je me bornerai à un
exemple particulier.
Tout récemment, nous avions dans nos salles, presque
côte à côte, deux malades : Tune, Deg..., que je vous ai fait
voir comme un spécimen d'ataxie fruste aveccrises fulgurantes
vt crises gastriques, et non accompagnées d'incoordination
motrice ; l'autre, Ler..., qui a succombé il y a quelques jours.
I^ première est uneataxique, et personne ne saurait suspecter
ce diagn<»stic^ bien que le critérium anatoniique fasse d-'-faut -,
la seconde avait une tumeur de l'un des lebcs occipitaux du
cerveau.
Mais, me direz-vous, quel rapport y a-t-il entre une tumeur
50 FAITS CLINIQUES
occupant le lobe occipital et un cas d'ataxie à la première
pv'riode? Ce sont deux maladies qu'on ne rapproche pas d'ha-
bitude l'une de l'autre, parce qu'elles s'éloijment par des
caractères très tranchés. Eh bien, ^[essieurs, il importe de no
pas trop compter sur ces caractères-, ils peuvent tromper. Et,
do fait, la combinaison des symptômes était telle chez nos deux
malades, que la perplexité, pendant longtemps, a été grande,
le diagnostic absolument incertain. Il n'est pas douteux pour
moi que certains cas de tumeurs cérébrales, sans nul doute
fort exceptionnels, doivent être rapprochés, cliniquement, de
l'ataxie locomotrice. L'exposition des deux cas que je viens
de citer sera, du reste, plus démonstrative que ne le seraient
de longs commentaires.
La nommée Deg... offre les symptômes suivants: cépha-
lalgie intense, rémittente, siégeant à l'occiput et au iront ;
douleurs dans les globes oculaires, cécité absolue des deux
côtés; douleurs à la nuque à peu près constantes, paraissant
se répandre dans toute la longueur d'un bras -, vomissements
revenant par accès, composant de véritables crises gastriques
et s'accompagnant d'une exaspération des douleurs cépha-
liques;eniin fulgurations douloureuses dans tous les mem-
l)res, revenant i)ar accès.
Lcssyniptnnn.*sol)servés chez Ler... exigent plus de détails.
Nous noterons : une cécité complète, survenue progressive-
ment (le d.'l)ut sul)it, dans la névrite optique, vous le voyez,
nVst i>as ni'cessairè : — une céphalalgie intense occupant l'oc-
ciiuit et le front, ii peu près continue, mais s'exaspérant par
accès : — des douleurs vives dans les yeux, sujettes à des
temps darrèt et à des exacerbations*, des vomissements, se
montrant ]»ar crises, de mémo que chez Dn'^.,., et persistant
queljjuefni^ pendant (juelques jours, — enfin des douleurs
<!ans les membres.
( Vs dfMileurs, qui forment rexce])tion à la règle que je si-
FAITS CLINIQUES 57
gnabis en commençant cette leçon, à propos de la description
des douleurs tabétiques, offraient, a s'y méprendre, le cachet
des douleurs fulgurantes. Plus de vingt fois, dans Toljserva-
tion, on trouve consigné, d'après le récit sincère de la malade,
enregistre au m<;ment même des accès, que ces douleurs se
montrent tout i coup, comme des éclairs, qu'elles n'occupent
qu'un point, soit au voisinage des jointures (genou, poignet),
soit sur le corps des membres, et qu'elles s'accompagnent
d'une sorte de ressîiut du membre où elles sévissent. C'est
lorsque ces douleurs, ainsi que la céphalalgie, s'exaspèrent,
que surviennent les accès de vomissement. A tous ces symp-
tômes, nous devons ajouter une douleur vertébrale se répan-
dant autour du tronc et simulant la douleur en ceinture.
Ces douleurs, de caractère particulier, si remarquablement
accusées chez notre malade, ne sont pas, d'ailleurs, un fait
absolument exceptionnel en cas de tumeurs cérébrales. Ainsi,
sur 233 cas, M. Ladame a mentionné 23 fois des douleurs
rhumatoïdes dans diverses parties des membres. 11 est sans
doute très rare qu'elles prennent le caractère fulgurant ; ce-
pendant cet auteur signale, sans y insister, il est vrai, des
douleurs plus ou moins vives revenant par accès, et courant
frrtjuemment d'un point à un autre.
Quoi qu'il en soit, cette complication singulière est établie
d'une matière péremptoire, ne serait-ce que par le fait même
deLer... Et il n'y a pas lieu d'invoquer, pour s'en rendn*
t'ompte, quelque complication tabétique, car les cordons pos-
térieurs, examinés avec soin lors de l'autopsie, ont été recon-
nus pîirfaitement sains. Eh bien. Messieurs, en pareille occur-
rence — et selon toute prribabilité, les cas de co penrc se
repniduiront dans la pratique — le diagnostic n'est-il juis
hien embarrassant? rennettez-moi encore de vous l'aire
rt-m-'irqucr, pour ajouter X l'intérêt de la situation, que la
titul>;ition existait dans le ras do la tumeur, et que De;^...,
58 FAITS CLINIQUES
Tataxique, n'en présentait pas de traces. Or, Tophtalmos- '
copie, dans cette conjoncture, est venue nous apporter un ;
concours décisif. Je mets sous vos veux deux dessins faits
d'après nature et que je dois à Tobligeance de M. Galezowski :
Tun figure la papille de Dcg..., et vous pouvez y reconnaître
tous les caractères de la papille tàbétique; — l'autre re- .
présente la papille de Ler... : l'atrophie consécutive à la
névrite optique se présente là avec tous ses caractères dis-
tinctifs.
Après cet examen, toute difficulté cessait sur-le-champ. II
devenait évident que Ler... était sous le coup d'une tumeur
cérébrale, et l'autopsie l'a vérifié-, quHiit à Deg..., elle est
ataxique; la nécroscopie prononcera quelque jour, et je ne
doute pas qu'elle nous donnera raison.
Cet exemple, choisi entre tant d'autres, suffira, je l'espère,
pour faire ressortir à vos yeux l'intérêt qui s'attache à l'étude
ophtalmoscopique dans la clinique des maladies des centres
nor\('ux. Je ne saurais donc trop vous recommander,
^lessiêurs, de chercher dansTapplicationdu miroir d'IIelmoltz
le concours si précieux qu'il est capable de procurer dans de
semblables couJiticms. Les cas abondent dans cet hospice,
et vous pourrez, en très peu de temps, avec un piMi d'exer-
cice, vous mettre au courant des faits fondamentaux. M. (la-
lezowski veut bien se mettre à notre disposition, et il vous
(^ffre (le rendre évidente, à l'aide de Tinstrument spécial
qu'il a construit et qui facilite à un si haut degré la démons-
tration^ les faits particuliers sur lesquels j'ai insisté aujour-
d'hui.
QUATRIÈME LEÇON
De quelques troubles viscéraux dans Tataxie loco
motrice. — Arthropathies des ataxiques.
i^OMNAiRc. — Troubles des organes géiiito-urinairos. — Envies fréquentes
d'uriuer: — Satyriasis; — Ténesme rectal. — Symptômes oculo-pupillairos.
— Accélération permanente et dicrotisme cîii pouls.
!>♦» Tartliropathie des ataxiques : sa fréquence. — Observations. — Cetto
arthropatbie se dév6lop]>e à une époque peu avancée de la maladie spinale.
— Prodromes. — Pbases de rartbropathie dos ataxiques. — Jointures
qnttlle intéresse. — Ses caractères siMÎciaux. — Diajrnostic entre l'artliru-
{jftthie des ataxiques et rartbrite sèche.
Lésions auatomiques. — Des arthropathies consécutives aux affections
«i'uri;rine spinale. — Mécanisme de la production do l'arthropathio des
Ataxiques. — Lésion des cornes antérieures do la substance pfrise. — Desi-
dentma.
Messieurs,
Je me propose de terminer ce matin l'histoire des anoma-
liesqai se présentent le plus habituellement dans la proniirre
période de Tataxie locomotrice progressive.
I.
.!«' vr)us ai entretenus, dans Tune des dernières séances,
do<i Ci' f ses ijastrique.^ ci je vous ai montré le rôle dia^nosti-
•|ue imi>ortant que joue ce phénomène^ lorsqu'il se f'omhine à
<vrtains symptômes céphaliques, tels (jne la céphalalî^ic et
lama un »se par induration grise du nurf optique. II convient
00 TROUBLES DES 0UGAKK3 GÉNITO-UUIXAIUES
(le rapprocher de ces j^rises gastriques d'autres afferf/ons ns-
cerale: qui peuvent encore, dans la période des douleurs ful-
gurantes, coexister seules avec ces douleurs.
A. C'est ainsi qu'il n'est pas exceptionnel de voir se mani-
fester, au moment des accès de fulguration, certains troubles
des or (fanes (jénito-nri naïves qui ont bien leur importance.
Tels sont :
1" Les envies fréquentes d'uriner avec émission doulou-
reuse des urines;
2° Le satf/rlasfs sur lequel insistait Trousseau et qui n'a
guère été signalé que chez Thonime. Les symptômes qui le ca-
ractérisent consistent en érections fréquentes et incomplètes,
avec c^aculation prématurée, etc. Des phénomènes analo-
gues peuvent se montrer également chez la fennne, ainsi
que nous l'avons signalé, M. Bouchard et moi. Nous les avim?*
vus accusés surtout chez la femme du nom de lîarr..., que
nous avons observée pendant longtemps îi la Salpètrière, et
qui, lors des crises fulgurantes, éprouvait souvent des sensi-
tions voluptueuses. s«MubIables à celles que détermine le coït
et accompagné(»sirune sécrétion vulvo-vaginale abonJaiitc.
Le rectum peut être aussi le siège d'accidents singuliers.
Nous rappellerons ici le cas d'un malade, ^I. (.'..., dont nt»us
vous avons déj^i parlé : avant même que les douh-urs fuI^'U-
rantes n'eussent ai)i)aru, il ressentait de temps à autre, et
subitement, dans l'anus et le rectum, des scmsations qu'il
com[)arait à celles (jiie produirait Tintroduetion lore«'*e dans
le reetuni d'un r^n'\)< long et volumineux. ( 'es sensations
survenait*nt tout à enup et disparaissaient rai)iilenieni. Ils'y
joignait jKirfois un l>es«)in d'cfXiMilsion qui fut suivi, à dilL!*-
rentes reprises, «r.'vaeuations involunlaires de matières
féeales. (.'«'tte sorte .[..• spasme douloureux de l'intestin a
e\i>té»'hez ne ni;ilii<l«' j-eudant près iK* huit m.us avant«iue les
ACCÉLÉRATION DU POULS 61
douleurs des membres ne se fussent déclarées. On comprend
rintérêt que peuvent acquérir ces épi phénomènes dans cer-
taines circonstances où le diagnostic reste incertain.
B. II y a quelque raison de supposer que le grand sympathi-
que joue un rôle quelconque dans la production de ces crises
visctraks, comme je les appellerai pour plus de brièveté, et
c'est ici, peut-être, le lieu de vous signaler certains autres
phénomènes dans lesquels le grand sympathique est claire-
ment en jeu ; je veux parler des symptômes oculo-jmptlluireSj
mentionnés pour la première fois, je crois, par M. Duchenne
(de Boulogne). 11 s'agit là de la participation du grand sym-
* [athique cervical.
Dès la première période de Tataxie, il est commun d'obser-
ver une hu^gnUtc jmpiUai re et, du côté où la pupille est le
plus contractée (myosis), il y a quelquefois des phénomènes
qui révèlent Tétat paralytique des vaso-moteurs : la joue est
rou«,^e; Tu-'il injecté, présente une sorte de chémosis-, enfin,
il y a une élévation relative de la température. Durant Taccès
l'ul^rurani, la pupille contractée se dilate et les signes de para-
lysie vaso-motrice disparaissent momentan/'ment.
(\ De ces phénomènes je rapprocherai ['acrclcratîon jjcr-
maitenf': df jjou/s qui, ainsi que je l'ai fait voir, s'observe
fn-quemnient cht^z les ataxiqiies (ÎMj-luo)^ et le dicrotisme
îabituel sur 1-* juel il. Eulenburg a attiré l'attention.
Enfin, c'est le cas de mentionner en passant la fièvre réelle
ui, au début deTataxie, accompagne les crises ful;^»-urantcs
insi qurje Tai observé nraintes fois^ en particulier (.'liez I»...,
t ediiinie l'ont vu également le doeteur Finckelburg, directeur
• r<'tab!issenient hydrothérapi(jue île ^i«»d(.'sl)erg, et il. Ko-
■ntîial (de Vienne».
Mais, je ïh' puis m'étêndn? sur ce-; divers plii'nomènes (jui
rp bien c«,*[MMi'lant leur intérêt. ,Ie veux insister à [)r'->ent
62 ARTUROPATHIES DES ATAXIQUES
sur une affection dont j'ai signalé l'existence et que j'ai l'ha-
bitude de désigner, afin de ne rien préjuger, sous le nom
à'artliropaWe des ataxiquei^.
II.
Dans ma pensée, et j'espère vous faire partager ma ma-
nière de voir, il s'agit là d'une des formes multiples de Tar-
t hropathie spinale. (Qu'est-ce que Tarthropathie spinale? pour- l
ront demander quel(iues-uns d'entre vous. J'ai proposé de !
désigner sous ce nom tout un groupe d'affections arti-
culaires qui paraissent être sous la dépendance directe de
certaines lésions de la moelle épinière auxquelles elles se
rattacheraient par conséquent à titre d'affection symptomati-
(|ue. Les lésions irrîtatives de la moelle épinière, celles surtout
qui occupent la substance grise, retentissent quelquefois,
vous le savez, à la périphérie et déterminent soit dans la peau,
soit dans les parties plus profondes, telles que les muscles, des
troubles variés de nutrition. Les os et les articulations sem-
blent no pas écliap[>cr à cette loi^ Il s'ensuit que les arthro-
pathies d(,* Tataxie locomotrice, suivant moi, seraient une des
formes de CCS afTect ions articulaires, développées sous l'in-
lluence plus ou moins directe de la lésion du centre spinal.
Dés a présent, il n'est i^as inutile de vous faire remarquer
(jue toutes ces anVcti«»ns articulaires, (jui surviennent chez un
malade atteint d'ataxie locomotrice, ne rentrent pas néces-
sairement dans la ilc-cription ([ui va suivre. Ainsi, il n'es',
pas rare de voir le rliumatisme noueux, l'arthrite sèche ordi-
naire, coïncider ave«" lataxie. Alors, ces manifestati<»ns rhu-
matismales, etj'insistesur c(*p(Mnt, — se présentent avec leurs
1. La l*i..VNriiE VI est rolativi» à iino ataxiijno «pii pri's.iutjiit il»'S l/*si'>iis
o>seusc> t'rartiir«\>) et «l. - lL'>iuiis articulaiios .arthroi atliio , Uii trouvorn
l'observât i«j 11 do cette iiiaiadc à rAiTEMUCi:.
ARTHROPATIIlEfi DES ATAX1QUE3 63
î4ympt«jines habituels. L'arthropathie des ataxiques évolue,
au contraire, avec des caractères cliniques tout spéciaux,
comme vous allez le reconnaître, et qui en font une affection
vraiment à part.
J ajouterai encore qu'il ne s'agit pas, en pareille occurrence,
J'UQ phénomène tout à fait rare, exceptionnel. Je puis vous
montrer cinq exemples de ces arthropathies sur 50 ataxiques
environ que je connais dans cet hospice. Cinq cas sur cin-
quante, c'est déjà un chiffre respectiible. J'ai observé pour
mon compte cette complication de l'ataxie peut-être une tren-
Liine de fois, tant en ville qu'à l'hôpital. De plus, à l'étranger,
MM.Albutt, enAngleterre, Mitchell, en Amérique, Kosen thaï,
i Vienne, ont cité des faits analogues*.
Envisageons tout d'abord, Messieurs, le côté clinique.
M. Bail, auquel on doit plusieurs travaux importants sur ce
sa]et, propose de distinguer dans larthropathie des ataxiques :
1" le développement précoce; 2° le développement tardif.
.4 mon avis, l'arthropathie en question est toujours un pli/-
numèae précoce, c'est-à-dire de la période initiale de la ma-
Wie spinale-, et, pour préciser davantage, je dirai que, dans
IV'volution naturelle de la maladie, il prend place, du moins
*n général, aune époque intermédiaire entre la période dite
prodromique et la période d'incoordination. Si l'affection
apparaît quelquefois à une époque tardive, ce qui est parlai -
Uîment exact, c'est toujours au membre supérieur, à l'épaule,
au coude ou au poignet qu'on l'observe, ilais vous savez que
tiSL'l«'rose spinale postérieure peut être tout à fait récente? <laus
IfS régions supérieures delà moelle, alors qu'elle est «Ijjà très
1. 1*1 qii'.-stioii rlos arthropjitli'K«< do Tutaxie a /;tt' réconinuMit port»'»» ili'v.int
i» S»ci-itt; lit* iiic'iuciiio do Borliii -iO «lotobro), a propo»* d'un i*a.< piv.si-iité i»nr
M. I*'inîit-k et PTiudlli dans lo .sorvico do M. Westplial.
Viiir liirliii. Klin. Worficu^n-hrify, n*^ h», 25 novoiu^ro \i>~'2, n' 47, '2 d«-
'-n.'r.'; — voir aiKsi, in«*'in(i i»nn-nal, n " 53, muMioto dt» M. Jliî/.iL' : r.'-ui-j'
■'".le. .V"N: '/'.' f-i V K'filioil.:
Gt FAITS CLINIQUES
ancienne dans la région dorso-lombaire. Notez, Messieurs, la
date d j cette apparition, pour ainsi dire constante et régulière,
dans la marche de la maladie spinale, car c'est là un premier
argument de quelque poids en faveur de la spécialité — pour
ne pas dire spécificité — de la lésion articulaire dont je vous
entretiens. Pour que vous vous rendiez bien compte comment
l'affection se présente à l'observateur, laissez-moi rapporter
brièvement quelques cas.
Prehilcr cas, — M. B... a eu, en 18G0, des accès de dou-
leurs fulgurantes. En 186(), un juur^ au réveil, il fut fort
étonné de voir, sans le moindre prodrome, son genou gauche,
le haut de la jambe et la partie inférieure de la cuisse corres-
pondante, envahis par un gonflement indolore mais très con-
sidérable. -M. Xélaton, consulté, constata la présence de liquide
dans la cavité synoviale. Au bout de quelques jours, la join-
ture était le siège de craquements. Cinq ou six mois plus tard,
tout était rentré dans Tordre. Or, remarquez cette pjirticu-
larit*', il n'existait au moment do Taci^ident aucun signe d*in-
roordination motrice. Les jambes n'étaient pas projetées de
côt«' et d'autre et aucune cause m^'canique n'était intervenue.
1/incoorJiiiation motrice ne s'est montrée ((u'en 18Gl3. Plus
tard (isTij). l'ataxie ayant progressé, l'affection articulaire,
au contraire, avait disparu sans laisser de trace.
Voil.'i, Messieurs, un beau sp./cimen de hx/oniic bdnigne
et [/rr'nrc de la maladie.
l)^'iixn:)ii(. c'fs. — ("liez un pharmacien de province qui
est vlmiu nie consulter l'an passé, l'arthropathie, occupant
é;j;-alement le p-iiou, avait paru plus tôt encore — dès les
premières c•ri^es de douleurs l'ul-iiirantes. De même que dans
le dernier cas, l'affection aujourd'hui ne se décèle par aucun
indice, et rincoordinatioii, quoique très évidente, n'est pas
j
ÇS'.»*..^..- -.-
FAITS CLINIQUES 65
cependant très prononcée^ puisqu'elle permet au malade de
se livrer avec ardeur à des excursions botaniques.
Troisième cas . — L'histoire du docteur X..., que je vous
ai racontée k propos des crises gastriqices^ se rapproche
aussi de celle do M. B... A une époque où la maladie n'était
symptomatiquement constituée que par des accès de douleurs
fulg^urantes et des crises gastriques, le docteur X... s'aperçut
de l'existence d'une hydarthrose du genou avec gonflement
général du membre, survenu sans catLse appréciable, ce sont
ses propres expressions. Il n'y avait pas de douleur locale
et, bien qu'un peu gênée, la marche était possible. L'incoor-
dination ne commença à se produire que cinq ou six mois
après : c'est alors que je vis le malade. Le genou contenait
une petite quantité de liquide et le membre, resté volumi-
neux, présentait une espèce d'empâtement, d'induration,
plutôt que de Tœdème.
QiuUrihme cas. — Je rappellerai ici Aub..., que je vous ai
présentée et qui, elle aussi, avait des crises gastriques et des
douleurs fulgurantes et marchait sans incoordination lorsque
survint le gonflement de la hanche droite qui la fit admettre
dans le service de chirurgie. La hanche gauche s'est prise
plus tardivement, lorsque cette femme était dans nos salles
et nous avons pu assister au développement de cette seconde
arthropathie. C'est ultérieurement à l'apparition des arthro-
pathies que les phénomènes d'incoordination se sont montrés
dans chacun des membres.
Cette malade nous fournit un exemple, relativement rare,
d'une arthropathie tabétique intéressant les hanches. J'ai cru
pendant longtemps, bien à tort, vous le voyez, que cette
articulation était toujours respectée en pareil cas. Elle nous
fournit, d'autre part, un exemple de la funne mah'gne, c'ost-
a-dire avec désorganisation rapide et luxation de la jointure.
ChàbCuT. ŒurrcTi complètes, t. II. 5
66 FAITS CLINIQUES
Il convient d'opposer cet exemple aux trois premiers cas qui
eux, je le répète, appartiennent à la forme bénigne, laquelle
peut se terminer par la guérison.
Cinquième cas. — Une malade, nommée Mén..., sur
laquelle j'ai observé pour la première fois les crises gastriques
qui avaient des caractères très tranchés, présente une arthro-
pathie typique de Tépaule. (De toutes les jointures des mem-
bres supérieurs, c'est Tépaule qui est le plus souvent affectée.)
Mén... était depuis bien des années confinée au lit, et rincoor-
dination était peu marquée aux membres supérieurs, quand
un matin, à la suite d'accès fulgurants, elle appela notre
attention sur la tuméfaction pathognomonique de Tépauleet
du membre tout entier. Nous constatâmes une hydarthrose
énorme avec gonllement de tout le membre et, malgré cela,
la malade ne se plaignait d'aucune douleur \ la température
rectale n'étiiit pas élevée, le pouls était comme d'habitude à
100*. Au bout de quelques jours, il était facile de percevoir
de très forts craquements dans la jointure, il... nous dit
alors qu'elle en avait ressenti déjà durant les 7 ou 8 jours qui
précédèrent le d^'hut de la tuméfaction. Le i^onllement se
dissipa assez rapidement et bientôt il se produisit une
luxation de l'épaule en arrière (/'/y. G).
Ce cas revient de droit, comme le précédent, à la forme
destructive de Tarthropathie, puisqu'il y a une dislocation de
la jointure. Un nutre point de cette observation mérite dès
maintenant d'être relevé : c'est l'absence de douleurs et de
réaction fébrile. Sans être de rè^le absolue, l'absence de ces
symptômes est presque constante.
II est nécessaire de faire cette réserve : en eflet, un malade
derilôtel-l)ieu(]iii a été, de la part de M. Bail, le sujet d'une
leçon clinique intéressante, fait exception à la rèi^rle.
1. La t'ré iiu'uco <lu pouls sans tiùvre ost chose coimimuo chez lo?
ataxiiiu» s.
FAITS CLINIQUES 67
Sixième cas. — Après avoir éprouvé, pendant quelques
jours, des craquements dans l'épaule gauche, cet homme vit
survenir, dans l'espace d'une nuit, une tuméfaction du
membre supérieur tout entier, telle que ce membre était
presque le double du membre opposé*. Outre une douleur
vive (les parties affectées, on nota une élévation très pro-
noncée de la température (40°).
Je n'insisterai pas sur un grand nombre d'autres cas d ar-
thropathie qu'il m'a été donné d'observer chez les ataxiques.
Toutefois, avant de clore cette énumération, je dois vous
faire remarquer en passant que chez le malade de M. Bail, on
vit se développer une éruption de zona, alors que le gonfle-
ment persistait encore. Cette complication est bien propre à
mettre en lumière Torigine névropathique, tout au moins,
sinon spinale de Taffection.
III.
Je me bornerai, Messieurs, à cette exposition sommaire,
aussi bien suffit-elle pour faire connaître les principaux
aspects de Tarthropathie.
A. En résumé, sans cause extérieure appréciable, sans coup
ni chute, en dehors d'un traumatisme quelconque, ralTection
locale ap})araît. A ce moment, Tincoordination n'est pas
encore prononcée, les malades ne lancent pas leurs jambes
«lune manière désordonnée. J'insiste sur ce d'tail parce qu'il
r'jKjnd à une objection de .M. Volkmann, suivi en cela par
•l'autres chirur^^-iens — qui ne veulent voir, dans l'artliropa.
îliie (les ataxi'jues, qu'une arthrite traumatique occasionnée
p;ir la démarche particulière à ces malades.
Il ny a pas à invoquer non plus soit rinlluencedu froid,
1. lievuc pkolo'ir, dc9 hôpitaux de Paris, 1871, \u îi^^y.
68 SYMPTÔMES DB l'aRTHROPATHIB
soit un état dîathésique, goutte, rhumatisme, etc., les
affections articulaires propres à ces maladies ayant d'ailleurs
une tout autre physionomie.
B. Cette arthropathie se développe à une époque peu
avancée de la maladie spinale^ le plus ordinairement alors
que la symptomatologie en est réduite aux douleurs fulgu-
rantes. L'incoordination, il est vrai, ne tarde pas en général
à se montrer lorsque Tarthropathie a paru. Ainsi celle-ci,
vous le voyez, a sa place marquée dans la succession régu-
lière des symptômes de l'ataxie locomotrice.
C. L'arthropathie se produit d'ordinaire sans prodromes,
si Ton en excepte cependant les craquements que nous
trouvons mentionnés chez un certain nombre de malades
(Buj..., Lel..., Mén..., etc.).
D. Le plus communément, le premier phénomène appré-
ciable, — car il n'y avait antérieurement aucune gêne dans
les mouvements du membre — c'est la tuméfaction extrême
de tout le membre, tuméfaction qui se compose : 1® d'une
hydarthrose considérable -, d'un empâtement qui offre pour
la majeure partie uqe consistance dure et dans lequel les
symptômes ordinaires de l'œdème ne sont pas d'habitude très
accentués.
Cette arthropathie ne s'accompagne le plus souvent ni de
fièvre, ni de douleurs-, ce n'est que par exception que ces
symptômes sont consignés dans les observations.
Au bout de ((uelques semaines, de quelques mois, le
gonllement disparaît et alors tout rentre dans l'ordre
{forint béniipie)] tantôt, au contraire, il reste des désordres
graves de la jointure, des craquements, des dislocations,
répondant à une usure des surfaces osseuses, des luxations
variées ^fonue maligne). En dépit de ces lésions profondes,
FRÉQUENCE DE l'aETHROPATUIE 69
le membre correspondant à Tarthropathie peut encore rendre
des semces pour la préhension, — s'il s'agit du membre su-
périeur, pour la marche s'il s'agit de la hanche et du genou.
Katurellement cette demi-liberté des mouvements diminue si
rincoordination fait des progrès ou si la luxation s'exagère.
E. Relativement à la fréquence, c'est le genou, puis Té-
paule, enfin le coude, la hanche, le poignet qui sont affectés
de préférence. Mais les petites articulations ne sont pas tou-
jours épargnées, ainsi qu'il nous serait loisible d'en citer
quelques exemples.
IV.
Tel est le tableau symptomatologique qu'offre ordinaire-
ment Tarthropathie des ataxiques. Eh bien, je le demande,
existe-t-il quelque part, dans les cadres pathologiques, une
affection qui renire exactement dans cette description ? Il
8'agit la d'une arthrite sèche, me répond-on, toutes les fois
que je défends Tautonomie ou au moins la spécialité de
Tarthropathie des ataxiques, — et il y a tantôt six ans que
yii entrepris cette défense. Je ne conteste pas qu'il s'agisse
là d'une arthrite sèche; mais, de par les caractères cliniques,
je maintiens que cette arthrite sèche est toute spéciale et ne
rentre pas dans la loi commune. Voyons plutôt ce que va dire
la comparaison de la symptomatologie de l'arthropathie des
ataxiques, telle que je viens de vous l'exposer d'après nature,
avec la description classique de l'arthrite sèche dont j'em-
prunterai le substratum à un livre récent et justement
estimé'.
1=* Il est bien rare, dit-on, que la quantité de liquide au^^-
mente dans la jointure atteinte d'arthrite sèche. Or, cette
1. FoUin et S. Duplay. — Traité élémentaire (h Fatholotjic extcrnt, t. III,
«. «M*
p. Jrt.
70 DIAGNOSTIC
augmentation de liquide paraît constante dans notre arthro-
pathie.
2° Quelquefois, il est vrai, — c'est-à-dire par exception à
la règle précédente, — répanchement est considérable et s'é-
tend au delà de la jointure ; or, ce qui est l'exception dans
l'arthrite sèche est, au contraire, la règle dans l'arthropathie
des ataxiques.
3° Lîi dislocation de la jointure, très rare dans l'arthrite
sèche, est très fréquente dans Tataxie locomotrice.
4*> C'est la hanche qui est 'surtout affectée dans l'arthrite
sèche; l'épaule ne vient qu'au 3^ ou 4« rang; — dans l'ar-
thropathie des ataxiques, c'est de préférence le genou, puis
l'épaule qui sont pris, et la hanche ne vient qu'en 3*^ ou 4« li-
gne.
5° La marche de l'arthrite sèche est nécessairement pro-
gressive ; elle ne rétrograde jamais ; — eh bien, l'arthro-
pathie des ataxiques peut rétrograder et peut même guérir,
lorsque les désordres organiques n'ont pas été poussés trop
loin, ainsi que vous le démontrent quelques-uns des exemples
que je vous ai cités.
G" On nous dit encore que, dans l'immense majorité des
cixSj la forme mono-articulaire de Tarthrito sèche, reconnaît
l>our cause une lésion traumatique, une fracture intra-articu-
laire. Je crois, en effet, qu'il en est ainsi. Mais notre arthrite
sèche spinale, qui est souvent mono-articulaire, ne reconnaît
pas une ttdle cause : il n'est possible d'invoquer ici ni un
traumatisme ni une fracture intra-articulaire.
7^ Ajoutons enfin, comme dernier trait, que les premiers
symptômes de l'arthropathie des ataxiques apparaissent tout
à coup, inopinément, tandis que dans l'arthrite sèche — et je
me sers toujours de la description classique — les symp-
tômes s'accusent et s'aggravent d'une manière lente et pro-
gressive.
ANATOMIE FATHOLOtilQirK 71
ks liifTùiwni't's signalé't's, jo suis le premier îi reconnaître
L'an&lc^tc A<;s craquements, des tuniL'fnctions osseuses, etc.
Unis je tiens à faire ressortir encore ce qu'il y a de spécial
il4D3 l'évolution, l'enchaînement et k* caractère des symp-
Uao&s, enfin, à mettre :iu premier plan In connexité indéniable
qui existe entre notre arthrite et l'alTeclion spinale, conuexilé
ol&ant surtout ceci de remarquable, que l'affection articu-
lûre Burvicnl à une époque bien déterminée de l'évolution de
h maladie spinale. Acceptons les analogies, mais n'oublions
pat les dilTérenees si frappantes que la cumparaison met en
Bconvieni maintenant, Messieurs, d'examiner quelles sont
Efiotiuns que nous fournit l'anatomie pathologique. lucon-
lement, dans les cas de date ancienne, quand les sur-
! articulaires, usées et dépouillées de cartilage, ont cun-
tinoé à se mouvoir l'une sur l'autre, le membre n'ayant pas
72 SFÉCIAUTÉ DE L*ARTHROPATUIE DES ATAXIQUES
cessé de fonctionner tant bien que mal, ce sont les caractères
de l'arthrite sèche qu'on observe : éburnation et déforma-
tions des surfaces articulaires, déformations des extrémités
osseuses, bourrelets osseux, stalactites osseuses, corps étran-
gers, etc., etc. Toutefois, il est deux points sur lesquels je
dois appeler votre attention :
1** La prédominance de l'usure sur la production des bour-
relets osseux dans les cas récents. Comparez, par exemple,
rhumérus que je vous présente [Flg, 6) et provenant d'une
malade ataxique qui a succombé deux mois après le début de
l'arthropathie, avec la planche d'Adams, figurant les lésions
de l'arthrite sèche scapulo-humérale, et vous saisirez les rai-
sons de mon insistance.
2*» Je mentionnerai, en second lieu, la fréquence des luxa-
tions vraies qui sont en quelque sorte la règle dans les arti-
culations atteintes de l'arthropathie des ataxiques, lorsque
les articulations comportent ce déplacement, dans l'épaule
entre autres, tandis qu'elles ne sont que l'exception dans
l'arthrite sèche vul?:aire, où elles sont le plus souvent appa-
rentes et non réelles.
En somme, anatomiquement i)arlant, notre arthropathie
rentre dans le groupe do l'arthrite sèche. A cela, je n'ai pas
d'objection sérieuse a opposer- mais croit-on que ce classe-
ment anatomo-patliologique avance beaucoup la question?
Si Ton place devant vos yeux, sous forme de pièce anato-
miquo, une jointure présentant tous les caractères de Tar-
tlirite avec exsudation séro-fibrineuse ou purulente, vous pro-
noncerez sur-le-champ cette dénomination même à'arthrîte
jfurulcnft dont je viens de faire usa^e, ot Thistc^logie ne
changera rien à ce diagnostic tout local, tout anatomique.
Le problème serait-il par la tout à fait r'^solu*? Evidemment
on, car l'arthrite peut avoir été, pendant la vie, un des
PATHOGÉNIE 73
symptômes du rhumatisme ou delà scarlatine; ou de la morve,
00 de rinfection purulente^ etc.
n en est de même, Messieurs, de Tarthrite sèche qui n'est
souvent qu'une manifestation du rhumatisme noueux, de la
goutte topbaeée^ ou une des lésions de la maladie d'Heberden,
comme elle peut être aussi, enfin, le résultat d'une cause
traumatique tout extérieure, dans certains cas.
La considération anatomique, avec le concours même de
' ITiistologie la plus avancée, ne peut pas tout donner ; son
rôle est grand, il est\Tai, mais non prédominant, et ne voir
en pathologie que ce côté, c'est commettre le vice de raison-
nement qu'on appelle, si je ne me trompe, dans le langag'e
scholastique de la philosophie, une énuménition incomplète.
VI.
Malgré les caractères anatomiques qui la rattachent plus
ou moins intimement au type classique de Tarthrite sèche,
Varthrapathie des ataxiques n'en reste pas moins une va-
riété à part, en raison et de Toriginalité de l'ensemble symp-
tomatique qu'elle présente et de sa connexité évidente avec
l'ataxie locomotrice dont elle fait réellement partie à titre
depiphénomène.
C'est sur la cause de cette connexité qu'il s'agirait main-
tenant d'être éclairés. Si la solution de ce problème est dif-
ficile, il n'est pas impossible, je pense, de la donner, au
moins partiellement.
En premier lieu, je ferai valoir cette particularité, a savoir
que Texistence d'affections articulaires subordonnées plus ou
moins directement à une lésion protopathique du système
nt-n'eux n'est pas, tant s'en faut, un accident excoi)ti<)nnel.
Je vous l'ai fait pressentir lorsque je vous ai déclaré, qu'à
74 PATHOGÊNIB
mon sens, Tarthropathie des tabétîques constitue un genre j
dans la classe des arthropathies spinales.
A. On connaît, d'ailleurs, fort bien aujourd'hui les affec-
tions articulaires qui résultent des lésions des nerfs périphé-
riques au même titre que l'herpès, la peau lisse, l'atrophie
musculaire rapide, et tant d'autres troubles trophiquesdu
même genre. Les observations de plaies de guerre, recueillies
par le D^ Mitchell, durant la guerre d'Amérique, et publiées
à nouveau dans un ouvrage tout récent^, sont très inst^u^
tives à cet égard.
B. On connaît aussi ces affections articulaires singulières
qui se développent dans les membres frappés d'hémipl^,
par hémorragie ou ramollissement du cerveau, à une cer-
taine époque de la maladie, et qui rentrent anatomiquement
dans la description de l'arthrite aiguë ou subaiguë.
C. 5Iais, pour ne parler que de ce qui concerne spéciale-
mont la nK^ello épinière, je crois pouvoir déclarer qu'il nest
peut-être pas une des formes morbides auxquelles elle est
assujettie qui ne puisse provoquer, dans certaines cir-
constances, une affection articulaire relevant évidemment à
titre de symptôme de la lésion de ce département des centres
noweiw.
On observe surtout ces arthropathies : 1^ dans la para-
plé^ne du mal de Pott -, 2° dans la myélite aiguë; 3° dans
certains cas de tumeurs occupant primitivement la substance
^risi- spinale '(Uill;; 4° dans certains cas d'altérations de la
substance ^'•rise déterminant l'atrophie musculaire progres-
sive (Rosenthal, Remak, Patruban); 5° mais le cas où il est
1. s. Wcir Miti'liol. — lujuries of NervCif ant^ their Coiise^uence*. Phila-
delphie. 1S72. — M; Dastro a puMié une traduction fran«;aistî do cet ou-
vrajr»'. Pari<, ISTL
PATHOGÉNIE 75
3 plus facile de montrer la liaison qui existe, suivant moi,
aire la lésion spinale etTaffection articulaire, c'est celui des
.ésions traumatiques portant sur la moelle épinière; je me
bornerai à citer deux exemples à Tappui de ce que j'avance.
Dans un cas, relaté par M. Viguès, il s'agit d'une lésion
de la moitié latérale gauche de la moelle épinière déterminée
par un coup d'épée. Il se produisit une hémi paraplégie gau-
che, avec conservation de la sensibilité de ce coté. Vers le
douzième jour, on remarqua une tuméfaction du membre in-
férieur gauche tout entier, puis une arthropathie du genou
correspondant. Enfin, deux jours plus tard, apparut une
escarre siégeant sur la partie latérale droite du sacrum et
SOT la fesse du même côté ^
Ces accidents pourraient être considérés comme ne cons-
tituant qu'une simple coïncidence si on ne les voyait se re-
produire tous avec une régularité admirable, dans d'autres
cas analogrues. Tel est, en particulier, celui que MM. JofTroy
et &ilmon ont observé et dont voici l'abrégé.
Un homme est frappé d'un coup de poignard qui lèse la
moitié latérale gauche de la moelle. On vit peu de jours
après survenir successivement : une paralysie complète du
mouvement dans le membre inférieur gauche; une diminu-
tion de la contractilité électrique dans tous les muscles de
ce membre, indiquant une souffrance rapide et profonde dans
leur nutrition ; des escarres occupant la fesse droite (côté
non paralysé du mouvement), bien que le malade reposât
complètement sur le dos \ enfin une arthropathie du genou
gauche, en tout semblable à celle du malade de M. Viguès-.
Ainsi, sans cause déterminante appréciable, il s'est produit
là une affection articulaire à type aigu, apparaissant cons-
1. Vf»yo7. |»oiir jilns d»' (Ictailn, Charcut : Leym^fsnr les raalad'uis du ni/atcuw
jurrenj-, t. 1, p. l(j<), 5* édition.
2. Charcot, loc. cit.j p. 101.
76 LÉSIONS DES CELLULES DES CORNES ANTÉRIEURES
tamment quelques jours seulement après la lésion spinale et
accompagnée d'autres troubles trophiques, tels qu'escarres,
modifications des propriétés des muscles, troubles trophiques
qui ont évidemment la même origine. N'est-ce pas là, Mes-
sieurs, des éléments suffisants pour établir que la moelle est,
dans ces circonstances, le grand moteur des symptômes ?
Uarthropathle des ataxiques serait, à Tétat chronique,
le représentant des affections articulaires à type aigu qui
éclatent à la suite des lésions spinales aiguës ou subaiguës.
VII.
Nous devons nous arrêter maintenant à rechercher quel
peut être le mécanisme qui préside au développement de ces
arthropathies, et quelle est, en particulier, la région de la
moelle épinière dont l'altération détermine la lésion articu-
laire; car, évidemment toutes les régions du centre spiual
ne sauraient être indistinctement mises en cause. 'Pour en
revenir a l'ataxie locomotrice, où cette question a été surtout
étudiée, il est clair, que, a priori, l'iirthropathie ne pouvait
être rattachée à la lésion commune et banale des cordons
postérieurs. II fallait chercher ailleurs.
Par analogie avec ce qui a lieu dans l'atrophie musculaire
et dans la paralysie infantile où la lésion trophi(iuo muscu-
laire est évidemment liée a une altération des cornes anté-
rieures de la substance ^rise, j'avais supj)oséque cette même
région de substance grise pouvait être encore le point de
départ de la lésion articulaire. Un fait, observé avec M. Jof-
froy, est venu donner appui à cette supi)osition. Il en a été de
même dans deux autres cas étudiés avec Mil. Pierret et
(Jombault. J'ajouterai qu'un certain degré d'atrophie mus-
culaire dans le membre affecté s'observe fréquemment,
DESIDERATUM 77
comme phénomène concomitant de Tarthropathie, nouvelle
circonstance qui semble désigner aussi les cornes antérieures
comme siège particulier de la lésion spinale. Je dois cepen-
dant, à la vérité, déclarer que, dans un fait tout récent d'ar-
thropathie tabétique, malgré de patientes recherches, l'atro-
phie des cornes antérieures du côté correspondant à Taffec-
tion articulaire n'a pu être reconnue au niveau des points
où elle avait été rencontrée dans les cas antérieurs. Par con-
tre, dans ce cas, les ganglions spinaux étaient très volumi-
neux, évidemment altérés. Il se pourrait donc qu'ils fussent
appelés à jouer un rôle dans la production de ces arthropa-
thies. Pour ce qui est des nerfs périphériques, on s'est
assuré dans ce dernier cas, comme dans les précédents,
qu'ils ne présentaient pas d'altération appréciable. En
f somme, la question relative au siège précis de l'altération
spinale demeure encore en litige et réclame des investiga-
tions nouvelles. Toutefois, la subordination de l'affection
articulaire à l'affection spinale n'en reste pas moins établie,
jecrois, par l'ensemble des considérations que je viens de
faire valoir devant vous.
Malgré ce desideratum que je viens de signaler, je recom-
mande, Messieurs, à toute votre attention, l'arthropathie des
ataxiques, comme un fait pathologique et clinique d'une réelle
valeur. En ce qui concerne le premier point, il y a là un él(>-
ment de solution pour un intéressant problème de physiologie.
Cliniquement vous apprendrez à connaître une affection qui,
si vous Vous placez au véritable point de vue, pourra contri-
buer à éclairer le fliagnostic et à éviter des erreurs regretta-
bles. Combien de l'ois n'ai-je pas vu des personnes non fami-
liarisées encore avi»c cette arthropatliie, en méconnaître la
véritable nature (.'t toutes préoccupées de raffoetion locale,
oublier menu* absolument que, derrière la maladie de la join-
ture, il y a une maladie plus importante dans Fespèce et qui,
78 TRAITEMENT
en réalité, domine la situation, — la sclérose des cordoot;
postérieurs !
J*en ai fini, Messieurs, avec les considérations que je YOêrj
lais vous présenter relativement à Tataxie locomotrioe. IIqa'j
intention ne pouvait être de vous exposer l'histoire coni]
de raffection; j*ai toujours voulu me borner à traiter le;
d'une manière épisodique, m'attaquant aux points les plus i
gnificatifs ou les moins connus. Ceux d'entre vous, qui
sont pas déjà versés dans la connaissance des maladies ner*^
veuses, pourront d'ailleurs reconstituer ce tableau claasiqi
en se reportant aux nombreuses descriptions qui ont été don-^
nées dans ces derniers temps et je ne saurais trop leur cùat->
mander d'en revenir fréquenmient à celle qu'a donnée M. Du-
chenne (de Boulogne), car, après tout, elle reste tougoors la
meilleure.
Il est un point auquel j'aurais voulu cependant donner quel- .
ques développements si le temps me l'eût permis. C'est celui |
qui concerne le traitement. Mais, à l'heure qu'il est, dans ce
domaine, il n'y a qu'un côté qui soit vraiment neuf et digne
de nous arrêter, je veux parler de l'application thérapeutique
des courants électriques continus. C'est là un sujet d'autant
plus digne de votre intérêt que l'application des courants con-
tinus est recommandée non seulement dans le traitement de
l'ataxie, mais encore dans celui de bien d'autres maladies
chroniques de la moelle épinière. On raconte des merveilles
(Je ce moyeu au delà du Rhin. Que faut-il penser de ces ré-
cits? Je ne sais encore ; car, pour les apprécier à leur juste
valeur, il faut être spécialement versé dans ces matières.
Heureusement une circonstance favorable s'offre à nous.
M. Onimus qui, avec un grand zèle et avec une compétence
indiscutable, se livre depuis près d'un an dans cet hospice à
des recherches d'électrothérapie galvanique, a bien voulu
TBAITSMSNT 79
Doos promettre que samedi prochain, à Theure habituelle de
nos réunions, il développerait dans une leçon, en mon lieu
et place, et bien autrement que je ne l'aurais pu faire, les
principes qui doivent diriger dans Temploi de cet agent. Je ne
saurais trop vous convier. Messieurs, à venir Tentendre^ Dans
hait jours je reprendrai le cours de mes conférences et je trai-
terai des accidents qui résultent de la compression lente de
la moelle épinière.
1. LêM. leçon de M. Oniinus a été publiée dans la Hevue photographique den
h^iiaux de Paris, 1872.
I
DEUXIÈME PARTIE
De la compression lente de la moelle
épinière.
'■ .a::- O". <Kiivr * cnriiiilèt^i», t. II.
I
CINQUIÈME LEÇON
De la compression lente de la moelle épinière.
Prodrome anatomique.
^«îtJaiEE. — La compression lente de la moelle reconnaît des causes variées.
^ Importance de son étude.
Causes de la compression. — Tumeurs de la moelle : gliôme, tubercule,
ttrcoDie, carcinome, gomme, dilatation kystique de la moelle.
Tamears primitivement développées dans les méninges : sarcome, psam-
nome, échinocoques, néoplasies inflammatoires (pachyméningite interne,
Pichjméningite hypertrophique).
Prodactions morbides nées dans le tissu cellulo-adipeux du rachis : cnrei-
Dome, sarcome, kystes hydatiques, abcès.
Usions vextébrales : hyperostoses syphilitiques, arthrite sèche. — Mal
^ Pott : mécanii^mo de la compression de la moelle. ~ Mal vertébral can-
'wwu. — Paraplégie douloureuse des cancéreux.
I.
Messieurs,
M existe une forme particulière de paraplégie qui résulte
^ la compression lente que peut subir la moelle épinière en
divers points de son trajet dans le canal rachidien. Les lé-
sions organiques, capables d'amener ce résultat, sont de
nature très différente. Ce sont, par exemple, des néoplasies
inflammatoires, des tumeurs cancéreuses, sarcomateuses ou
tuberculeuses, des productions syphilitiques, voire môme des
tumeurs parasitaires, etc.
Au point (le vue de la clinique, ces lésions, d'origines si
\'ariées, d'^ivent être cependant rapprochées les unes des
81 COUPKEHStON LRKTE DB LA MOKLLZ ÉPlN'lËItB
autres, au moins un instant. En effet, lea acciileiits qu'elles
occasionnent, en interrompant le cours des fibres nerveuses
dans la moelle, constituent souvent les premiers symptômes
qui fpnppcnt l'attention du mûdecin et, la paralysie tétant
donnt'e, il sngitpour lui de remoutor jusqu'à la cause orga-
nique qui l'a provoquée.
1^1 C'est à cette esp6ce de paraplégie que je me propose de
^^Bl consacrer la séance d'aujourd'hui et celles qui suivront, Tou-
^^ff^lefois, avant de vous làire connaître les symptômes particu-
^H liers qui la révèlent durant la vie, ii me paraît tout à fiiît
^^B indispensable de comparer, s<)us le rapport de l'anatomie et
H^B de la pliysicilogiu pathologiques, les lésions organiques mul-
^B.tiples qui lui donnent naissance. Car, Messieurs, leselîetsde I
^^ la compression lente sur le centre nerveux spinal ne varient |,
guère que suivant la région de ce centre qui est intéressée J
et, en defiors de cette circonstance, ils se montrent toujours 1
à peu près identiques, quelle que soit la cause qui ait déter-
miné la eompresfflon. Ce n'est donc pas de ce côté qu'il ton- |
vient »!e ftiLTchiT, on général, la révélation de signes distinc-
tifs.
Mais, d'une part, avant d'arriver, par le fait des pr(^rèa
naturels de leur évolution, jusqu'à intéresser la moelle et,
d'autre part, dans le temps même où elles déterminent une
compression plus ou moins prononcée de cet organe, les lé-
sions dont il s'agit ont parfois une histoire anatomique et cli-
nique qui leur est propre. Or, c'est surtout cette histoire
qu'il sera nécessaire de consulter pour trouver les caractères
qui nous permettront de remonter jusqu'à la source du mal.
Ce préambule me dispense. Messieurs, d'insister longue-
ment pour faire ressortir à vos yeux l'importance de l'étude
à laquelle nous allons nous livrer. Qu'il me suffise de vous
rapp:>ler qu'un bon nombre de lésions organiques que nous
allons passer en revue, sont des plus vulgaires, et, par consé-
CAUSES DE LÀ COMPRESSION 85
quent, au premier rang dans la clinique usuelle. La carie
vertébrale ou mal de Pott, le cancer vertébral, les tumeurs
intra-rachidiennes, peuvent être cités, en effet, parmi les
causes les plus fréquentes de la paraplégie par compression
lente.
II.
Afin d'établir un peu d'ordre dans Ténumération qui va
saivre, nous grouperons les lésions en question d'après le
àège qu'elles occupent, au début de leur développement.
•Pour ce point de vue, il co:ivient de vous remettre en mé-
moire, d'une manière rapide, les principales dispositions que
présente la moelle au milieu du canal richidien. Vous savez
que ce cordon nerveux, recouvert de son enveloppe propre,
la pie-mère, est comme suspendu dans une sorte d'étui
formé par la dure-mère à laquelle il n'est guère attaché que
parlmtermédiaire des racines nerveuses et du ligament den-
telé. L'arachnoïde joue le rôle d'une membrane séreuse inter-
posée entre la pie-mère et la dure-mère. Celle-ci, à l'instar
<lela moelle, est, elle-même, suspendue dans le canal rachi-
dien, eaniil osseux plus ou moins llexible selon les régions.
ia dure-mère ne touche nulle part à ce canal, si ce n'est au
niveau des trous de conjugaison qui servent d'issue aux nerfs
et ;i la région cervicale, sur un point qui correspond a la face
aotérieure de la dure-mère spinale. J'ajouterai que ce con-
tact est tout a fait indirect, médiat, et déterminé seulement
[or des tractus ligamenteux. Partout ailleurs la dure-mère
151 s«'parée des parois osseuses par une couche de tissu adi-
>eux qui livre passage à des artères, à des veines et à des
lerfs. Kn d<*finitive, Messieurs, le canal rachidien enclave la
loelle et ses enveloppes d'une façon a peu [)rès lierméticiue,
.icepté, toutefois, au niveau des trous de conjugaison qui
peuvent, comme nous le verrons, laisser jK'iiL'lrer certain
produits pathologiques, nés en dehors de ce conduit osseiu
J'ai dû vous rappeler très sommairement ces notions d'aiti
tomie topographique parce qu'il n'est peut-être pas uneseo]
des parties que je viens d'énumérer qui ne puisse devenir li
»iègQ d'une production morbide, laquelle, par les progra
ultérieurs de son évolution, pourra entrer en contact avec Ij
moelle épinière et exercer sur elle une compression plus o
moins accusée.
Il suit de li : 1° que des produits ayant débutî- cji dehofi
du canal rachidien pourront s'introduire dans ce canal par la
vciie des trous de conjugaison; 2° que d'autres pourront se
développer : a) dans les os ou le périoste; 6) dans le tissi^J
cellulo-graisseux extérieur à la dure-mère {périménîngej
c) aux dépens des racines et des troncs nerveux ; d) dans
dure-mère ou dans l'arachnoïde et la pie-mère; c) enfin da;
lu moelle elle-même.
III.
Envisageons tout d'abord les produits morbides qui pre
nent naissance dans la moelle elle-même. C'est lA, jkl^sieui
dans l'espèce, un groupe véritablement ;'i part, car le méc
nismo suivant lequel elles engendrent la paraplégie ne po
pas être assimilé sans réserve à celui qui préside à la comprt
sien de dehors en dedans. En effet, le plus souvent, les né
plasies qui composent les tumeurs se substituent lenteme
aux éléments nerveux plutôt qu'elles ne les comprime
mécaniquement. D'un autre côté, vous comprenez sa
peine que les effets, dus à la présence de ces tumeurs, aô tl
duisent nécessairement, d^ l'orlijinn, par des symptômes ■
rapport avec l'interception des fibres nerveuses spinale
tandis que ces phénomènes, dans les cas de productions mo
ilLlÔUE 87
bides, Dt^ en diihors de la moelle, ne se manifesteront que
tardivement : d'où un premier caractère distinctif que je me
toatenlc de relever pour l'instant, et dont uous retrouve-
rous l'application par la suite.
Tumeur.'* hUra-spinales. — Noua nous bornerons, au
sujet de ces tumeurs, A une brève énumi-ration parce que,
I somme, elles sont plutôt rares.
[Le gllome vient en première ligue, non en raison de na
ace, car c'est une lésion exceptionnelle, mais parce
i'ag'it là d'une production pour ainsi dire spéciale à la
: eu effet, le cerveau et la moelle sont surtout les
loù, jusqu'ici, on l'a rencontré.
tomeur, vous le savez, d'après la loi de Mûller, a
ligme, son t\-pe physiologique. Or, ici la névTogflie
i tissu normal aux dépens duquel se développe la tumeur
née flous le nom de gliôme et dont elle reproduit les
cmctères.
II se présente sous l'aspect de masses molles, grisâtres,
nppelant par leur coloration et tous leurs autres caractères,
U nibstance grise des centres nerveux où, d'ailleurs, ils
uiascDl du préférence. lies gliômes ne sont pas des tumeurs
bit>D délimitées, énucléables; ils se confondent avec le tissu
nerveux par des nuances insensibles. Cependant le gliôvie-
M une tumeur dans l'acception vulgaire du mot, et c'est là
an Irait qui le différencie des foyers de sclérose avec lesquels
il a tant d'analogies, car les parties qu'il a envahies (dans le
cervesu, tes couches optiques par exemple) se tuméfient d'une
na&ière remarquable, tout en conservant leur forme.
ilogîquemcnt, nous retrouvons dans ces tumeurs dei*
qui rappellent la sclérose, car elles sont presque
livement constituées par des éléments nucléaires et cel-
Dombreux qui ne sont autres que des myélocites en-
88 TUBERCULE, SARCOME, GOMME, ETC.
globes dans une substance amorphe finement granuleuse.
Sous l'influence de l'acide chromique, cette substance
amorphe, intermédiaire^ se décompose, si l'on peut ainsi dire ,
en une infinité de minces fibrilles, ofirant une grande res-
semblance avec ce qu'on observe dans la sclérose confirmée.
Mais, nulle part, et c'est là une différence fondamentalei on ne
reconnaît la disposition alvéolaire propre au réticulum de la ;
névroglie et, de plus, les éléments nerveux font absolument ^
défaut.
Je n'insisterai pas davantage sur le gliôme car, par rap-
port à la moelle, son actif se réduit, pour le moment, à trois
ou quatre faits plus ou moins incomplets. Je ne puis toute-
fois m^abstenir de mentionner la particularité suivante : le
gliôme est une production très vasculaire et les vaisseaux
qui la traversent sont plus spécialement sujets à se rompre ;
de là des inondations sanguines, variables en étendue, au
sein de la tumeur. Ces hémorragies pourront se révéler pen-
dant la vie par des accidents subits et, après la mort, donner j
le change en faisant croire qu'il s'agit d'une hématomyélie
primitive, affection rare et dont la réalité même a pu dtre
mise en doute.
b) Après le gliôme, je citerai le tubercule solitaire qu'il
est possible de considérer comme une des tumeurs intra-spi-
nales les plus fréquentes. Il coïncide, en général, avec des
tub(TcuIes développés dans d'autres organes.
c) Les diverses variétés du sarcome et du carcinome ne se
moi.rent guère d'emblée dans la moelle elle-même.
d) La (jomvie ou syphilome est aussi un produit morbide
peu commun, en tant que tumeur intra-spinale. Il existe
dans la science environ trois ou quatre exemples de ce genre
et encore sont- ils le plus souvent insuffisamment relatés.
J 'espère néanmoins vous montrer. Messieurs, à propos d'un
fait qui s'est offert récemment à mon observation, qu'on
TUMEURS DE LA DUllE-MÊUE 89
peut, les circonstances aidant, reconnaître avec quoique pré-
cision durant la vie, la présence dans la moelle d'une lésion
syphilitique.
c) Je ne veux pas abandonner le groupe des tumeurs intra-
spinales sans signaler à votre attention la dilatation kys-
tique que présente quelquefois le canal central de la moelle
épinière. Dans un cas de Gull, et dans quelques autres, cette
lésion s'était traduite, du vivant du malade, par une parésie
avec atrophie musculaire des membres supérieurs. La dila-
tation, dans ces cas, intéressait presque toute retendue en
loDpieur du renflement cervical de la moelle. Le dernier
phénomène, atrophie musculaire, se comprend aisément,
puisque, en se développant, le canal dilaté doit en quelque
sorte infailliblement déterminer une compressi(m plus ou
moins forte des cornes antérieures de la substance grise.
IV.
Tumeurs primitivement cUvelopiJtLS dans les méninges,
— Messieurs, on peut dire avec M. Gull que la majorité des
twneursqui se développent primitivement dans les méninge$i
Appartiennent aux néoplasies bénignes. Le carcinome ne
fi?arel:ique très accessoirement à titre, du moins, de tumeur
primitive. C'est sur la dure-mère et principalement sur sa
ûce interne que naissent la plupart des produits morbides,
sessiles ou pédicules, qui n'acquièrent pas, d'ordinaire, un
grand volume. Leurs dimensions égalent, leplus'souvent, celles
d'un haricot, d'une cerise, ou tout au plus d'un petit œuf.
Nous mentionnons parmi les plus counnunes : P les di-
verses variétés de sarcome, comprenant le sareoiae fuso-eel-
lulaire et le sarcome médullaire ou il cellules rondes ; '!'' le
]/sammomc ou tiuncur armacée, qui mérite do nous arrê-
ter un instant, parce qu'il s'agit la d'un produit propre à la
tB, ÉCHINOCOQUEfi, BTC.
rt-gion : c'est le sarcome anijioJlthlque de 5DI. Ranvier el
Cornil, La tumeur se compose de petits amas calcaires arron-
dis ou inûriformes, enveloppés de cellules accolées les unes
aux autres et qui rappellent, par leur disposition, les globe»
épidermiques. Le type physiologique est représenté par de
petites tumeurs fort analogues qui existent, à lelat aormal,
à la surface de la dure-mère crânienne el sur les plexus
choroïdes. Dans la boîte crânienne, leur volume est
rarement assez considérable pour déterminer des symptômes
décompression; mais, dans le canal racitidien, alors même
qu'elles n'atteignent pas le volume d'un haricot, ces tumeurs,
placées à l'étroit entre la dure-mère et la moelle, occasion-
nent promptement l'aplatissement du cordon nerveux et lefi
phénomènes qui en sont la conséquence.
3° Je ne puis me dispenser de mentionner, en passant,
l'existence des échùiocoques, développés entre le feuillet
viscéral de l'anichnoïde et la pie-mère, ainsi que le démon-
trentdifférents faits, entre autres ceuxdeBartelseld'KsquiroI.
4° Enfin, à propos de la dure-mère, j'appellerai votre
attention sur des néoplasies îiijlamiiiatoires capables d»
donner lieu aux phénomènes de la compression spinale lente,
bien qu'il ne s'agisse plus, en pareille circonstance, de tu-
meurs dans l'acception rigoureuse du mot. Ce sont : 1° ta
pachyméningite interne qui, ici comme dans le crâne, peut
devenir le point de départ d'un hématome (cas de Kiîhle)';
2° une forme de la pac hymen ingite particulièrement fré-
quente au renflement cervical et qu'on pourrait appeler Ay-
pertrophique, car elle consiste surtout en un épaississemenl
souvent énorme de cette membrane. Communément aussi,
les autres méninges participent à l'allèration. Le canal
membraneux que forment les méninges se rétrécît, lamoollc
se trouve comme étranglée par ses enveloppes hyportro-
1. KiUitB. — Gruftu:aldtriiitdhviiichilieUraai:,\ BJ. DBnti.ij;, 1863,p. ».
LtaO» Pir TieSU CEI.LULO-(SRAtS6EL'X 91
i qui, elles, subissent à un moment donné une sorte de
rvtraflion s'cfTectuaDl par un mécanisme spéciale! qui diffiire
i)d la pomiressîon ordinaire. L'affection qui produit ces accî-
deots n'est pas rare, et il est possible de la reconnaître pendant
bi vie, n Taido de certains caractères. Aussi mérite-t-elle, à
tous les (.^nis, une étude particulière que nous entrepren-
drons daos une des séances prochaines'.
i
i son r:nté, le tissu c.Uuio-fji'nissenx du racli/'s donne
^gâlcmcut naissance à des productions morbides qui, enpro-
gTessant, arrivent à comprimer la moelle raHdialemcnt, en
refoulant la dure-mère.
J'ai vu plusieurs fois le carcicome occuper cette région
dans certains ca-'i de cancer du sein; d'autres tumeurs, et en
pwrticulier le sarcome, les kystes hydatiques, peuvent y
avoir leur siège primitif. Selon Traube, il se forme aussi dans
» tissu cellulo^raisseux des abcès qui, se Eaisant jour h
trsrer» les trous de conjugaison, viendraient apparaître sur
las bords du racbis. Mais, on général, c'est une marche inverse
que l'on observe : Des tumeurs de diverse nature, nées en
ileiiors do rachis, dans son voisinage cependant, s'avancent
vers rinl'.'rieur, par le trajet naturel que constituent les trous
de conjugaison et pénètre dans le canal rachidien. Tels sont
tes kyfte* hiitUitlqaes, signalés par Cruveilbîer; les abclspré-
vert^rmix, ceux par exemple qui se développent en arrière
da pharynx et qu'on désigne quelquefois, en Allemagne,
B le nom à'Anffhia Ludovici, du nom de l'auteur qui, le
■ier, les a bien décrits. D'autres fols, ces produits s'ou-
ûvoîc par un mécanisme différent. Ils s'introduisent
|l» cavité rachidicnnc par un chemin plus large, sinon
P«ir LaODfi UV,
92 LÉSIONS YSBTÉBKALS8
plus court, en usant et dissociant les vertèbres. Je citerai, à
ce sujet, les hydatides et les anévrysmes de Taorte.
Signalons encore les névromeSy les fibromes^ les myxoTnes,
développés aux dépens de l'enveloppe coiyective des nerfs et
dont la structure paraît faite sur le modèle du réseau mu-
queux de la gélatine de Wbarton. Ces tumeurs déterminent
d'abord la compression des éléments du nerf, puis, se trou-
vant à rétroit dans le canal rachidien, elle^ refoulent la dure-
mère, et, par son intermédiaire, pressent la moelle elle-même.
VI.
Lésions vertébrales. — J'arrive, Messieurs, au point le
plus important, sans contredit, de cette exposition.
l"* Je ne parlerai pas des hyperostoses syphilitiques plutôt
admises à titre d'hypothèses que d'après une observation ri-
goureuse, en tant, au moins, que formant des tumeurs assez
volumineuses pour comprimer la moelle.
2"^ Je me bornerai aussi k mentionner Vart/irite sèche des
articulations vertébrales interapophysaires, l'hypertrophie de
l'apophyse oJontoïde entre autres, laquelle dans certains cas
rares, très rares même, puisque Adanis, qui s'est occupé
spécialement de cette question, n'en avait jamais rencontre
d'exemples, — (îst susceptible de produire les phénomènes de
la compression spinale. Je citerai, pour mémoire, une obser-
vation de 11. Bouchard, recueillie dans mon service.
3° liais je m'arrêterai tout particulièrement au mal de
Pott (carie vertébrale) et au cancer vertébral. Ces affec-
tions peuvent être comptées, en effet, parmi les causes les
plus comnmnes des paraplégies or^raniques, considérées
d'une façon générale, et des paraplégies par compression
étudiées en particulier. Nécessairement, je n'entrerai pas
dans t6us les détails que comporterait Thistoire complète do
MAL DE POTT 93
ces affections; je m'attacherai ci*une manière exclusive aux
points qui ont trait le plus directement a la compression que
ces lésions ont le pouvoir de déterminer.
A. Je commencerai parle mal dePott, Chose remarquable !
bien que ce soit là une maladie évidemment très vulgaire, on
ne s'entend pas encore sur le mécanisme suivant lequel la
moelle est affectée dans le mal de Pott. Ce desideratum a
été comblé dans ces derniers temps par un de mes internes,
M. Michaud, dans une dissertation inaugurale que je recom-
mande à votre attention^
En général, on admet sommairement que la paraplégie
résulte, en pareil caâ, de la courbure exagérée et souvent
anguleuse que présente le canal rachidien lorsque une ou
plusieurs vertèbres se sont affaissées sur elles-mêmes, ilais,
ainsi que Boyer et Louis l'avaient constaté, la paraplégie
peut disparaître alors que la courbure persiste au même degré.
En second lieu, la paraplégie par mal de Pott s'observe sans
qu'il y ait la moindre trace de déformation 2. Enfin, et ceci
constitue un troisième argument contre Topinion courante,
on sait, et c'est un point sur lequel M. Cruveilhier a insisté,
que le rachis peut offrir les déformations les plus extraordi-
naires, sans que la moelle soit intéressée.
Voici, Messieurs, d'après nos recherches, comment les
choses se passent dans Timmense majorité des cas. Tout
d'abord, il est possible qu'un abcès caséeux. formé au niveau
des vertèbres malades, repousse le ligament vertébral anté-
rieur qui fait alors saillie dans le canal; mais ce n'est pas la le
mécanisme habituel. Le ligament vertébral se dissocie, s'ul-
cère et se détruit enfin sur un point de telle sorte — et c'est
la un fait que ^l. Michaud a bien mis en lumière — que le pus
1. Michaad. — .^nr fa méniriyUe et la mijélltc dan, le /»«' vcrtèhral, 1871.
2. Cas de M. Lioiiville.
94 MAL VEUTËSttAt, uajfCËBEUX
de provenance osseuse se met en contact avec la face antj
rieure de la dure-mère qui consécutivement s'enflamme A
maniùre. Il se produit \\ une sorte de pachvméningiteexte
caséeuse toute spéciale et dont le mode d'évolution a été n
nutieusement étudié par M. Michaud. C'est bien la suri
externe de la dure-mère qui végète et qui prolifère, carfl
partie moyenne et la (ace interne restent souvent tout à fl
indemnes.
Les produits de l'inflammation dissocient ces couches supj
ficiellos et, conservant une certaine cohérence, viennent cM
tituer une espèce de champignon plus ou moins volumind
qui est, en réalité, l'agent de la compression. Dans la proU
deur^ les éléments embryoplastiques sont encore par&iten]
reconnaissables par l'analyse histologique; à la surfiace, 1
ont subi la métamorphose caséeuse. Cette inHammatioin
propage sur la dure-mère, d'avant en arrière; mais, raM
le champignon forme un anneau parfait, de telle sorte t[
la moelle ne paraît comprimée que sur une partie de sa surf
extérieure.
Il va sans dire que les troncs nerveux dans leur trajet
travers des parties ainsi altérées de la dure-mèrL- sont, A la
tour, le siège de lésions plus ou moins considérables et qui!
seront traduites, durant la vie, par des symptûmea propre
c'est là une notion que nous utiliserons par la suite.
B. A côté du mal vertébral de Pott, je placerai le 1
vertébral cancéreux. Plus rare que le mal de Pott, le cai
vertébral se présente cependant assez fréquemment en«
dausla clinique. Nous le rencontrons assez souvent à laSal^
trière, placés que nous sommes dans des conditions d'obs
vation à la vérité toutes spéciales.
Rarement primitif, le cancer vertébral se montre enp
culier à la !-uite du cancer du sein, principalement quin
MAI. VEKTÉBItAL CANCÉUKL'X 95
eliit-ct revêt les formes dures du carL-înome. On l'oliserve
tonai cooBtVmivement au cancer rénal, au cancer gastrique,
Ik la dég^DiiratJon cancéreuse des masses ganglicmnaîres pré-
rertébrak-g, soit ù titre de manifestation secondaire ou par
le &it d'une sorte de propagation de proche en proche et pour
wasi dire directe.
Le cancer vertébral a été l'objet de travaux importants.
Jecitcrui, entre autres,ceiixdeC.Ha\vkins,Leyden,Cazali8,
raes recherches personnelles et enfin la thèse de M. L. Tripier
qsi « été faite surtout avec les documents puisés dans cet
IwBpice'. Voyons, maintenant, comment se comporte anato-
Biiqaement le cancer vertébral.
D est des cas où les noyaux cancéreux développés en petit
! Bombre au sein des corps vertébraux demeurent absolument
IJiUbIs, cette variété du cancer vertébral est très commune ;
■âce n'est pas celle-là qui doit nous intéresser dans cetti'
D'aotres fois, le corps des vertèbres, infiltré dans son ensem-
Mc, par la néoplasie, st; ramollit et s'aflaisse soua le poids du
Cûfje, Cet affaissement s'opère souvent sans qu'il survienne
au déviation bien accusée, particularité qui a une certaine
ioforlancc. Dana d'autres cas, on remarque une courbure
HTOiidie, Â grand ravon, bien dîITércnto de celle du mal Jl-
Vm.
I L'infiltration cancéreuse ne se borne pas d'ailleurs aux
} (Wps vertébraux; elle envahit les lames et les apophyses.
Ihas do (ebi rns, les vertèbres sont parfois molles comme du
tiaatcboui:. l'ne des conséquences les plus graves de cet état
(leduMses «ïra la compression des troncs nerveux en plus uu
toanm grand nombre, i k-ur passaj,'e âtravera les trous de
eoo^ugahma, par un mécanisme sur lequel j'ai déjà insisté.
la colonne vtrii'jrale c! de •« rapporlt
)
96 MAL vzutébual cancéreux
Cette compression, remarquez-le bien, pourra exercer
effets sans que la moelle soit on cause et c'est de la sorte que
se produit l'ensemble symptomatique que j'ai proposé de dési-
gner sous le nom de paraplégie douloureuse des cancéreux^
car non seulement les nerfs ainsi comprimés sous le. poids de
la colonne vertébrale sont le point de départ de douleurs très
vives, mais encore ils peuvent amener un affaiblissement de
la puissance musculaire dans les membres auxquels ils se
rendent; affaiblissement qui est lui-même suivi, à la longaei
d'une atrophie plus ou moins prononcée des muscles.
La compression, l'irritation des nerfs sont fréquemment en
jeu et à un haut degré dans le cancer vertébral. Elles existent
aussi dans le mal de Pott, mais moins accusées, plus circons-
crites et s'effectuant, à la vérité, par un autre mécanisme.
En pareille circonstance, l'irritation des nerfs est occasionnée
par leur passage a travers des points enflammés de la dure-
mère. La compression des nerfs peut se produire aussi dans
les cas de tumeur ou de néoplasie inflammatoire ayant pris
naissance dans les méninges : c'est donc là un élément qui se
montre en proportions variées, dans tous les cas de lésions
organiques qui, développées en dehors de la moelle, produi-
sent, dans une de leurs phases, la compression de cet organe.
Seules, les tumeurs développées primitivement dans les
parties centrales de la moelle, échappent à cette loi, piirti-
cularité dont il faudra tenir compte a propos du diagnostic.
Mais revenons, Mes-ieurs, au cancer vert<'bral. La com-
pression d(*^ troncs nerveux par le mécanisme qui vient d'être
indiqua n'est par t(»ut. 11 s'y surajoute ordinairement telle
circonstance qui aura pour conséquence d'entraîner la parti-
cipation (!(.' la nio(^lle. Les masses cancéreuses font issue en
dehors du corps des vertèbres -, elles gagnent le périoste, la
dure-mére qui, la i)lupart du temps, oppose un obstacle
MAL VERTÉBRAL CANCÉREUX 97
bientôt vaincu, et ainsi la moelle se trouve intéressée. II y a
bien d'autres combinaisons encore, mais je pense que les
explications qui précèdent suffiront pour vous faire connaître
le fait le plus habituel.
Cbabcot. Œavres complûtes, t. II.
1
H
I
4
SIXIÈME LEÇON
De la compression lente de la moelle épinièra. —
Modifications anatomiques dans les cas qui se ter-
minent par la guérison. — SymptAmes. — Des
pseudo-néyralgies. — De la paraplégie douloureuse
des cancéreux.
SoMKiiBS. — Ifodifications anatomiqoeB que labit la moelle an niTeut ém
point comprimé. — Changements de fonne; ramollÎMement, in^ttru^im ..
Myélite interstitielle. — Scléroses consécutives ascendante et deeoes-
dûite. — Les fonctions peuvent se rétablir ma1|^ Texistenee de IMdm
profondes. — Régénération des tubes nerveux au niveau du poiiit eon»
primé.
Des symptômes. — Symptômes extrinsèques, symptômes iatrinaèquai. ^
Anatomie topographique de la région vertébrale.
Des symptômes extrinsèques : pseudo-névralgies. — Des pseudo-névralgiee
dans les cas de tumeurs rachidiennes, de mal do Pott et dans le mai Ter«
tébral cancéroux.
Paralysie douloureuso des caucéreux. — Douleur ; ses caractères : par-'
oxysmes. — llyperestbésie tégumentaire. — ^[£riiption de zona sur le tra-
jet des nerfs douloureux ; anesthésio cutanée circonscrite ; atrophie et
contracture musculaires partielles. — Déformation de la colonne vertébrale.
— Difficultés du diagnostic dans certains cas : ostéomalaciei pachyménin*
^te cervicale liypertrophique, irritation spinale, etc.
Messieurs,
Vous savez comment, dans la dernière séance, nous avons
passé en revue les principales lésions organiques qui peuvent
déterminer la compression lente de la moelle épinière. Actuel-
lement, il nous faut étudier les effets que cette comrpressîon
produit sur la texture de la moelle.
ALTÉRATIONS DE LA MOELLE 99
Il ne s'agit pas là, Messieurs, de phénomènes purement
mécaniques; la moelle réagit à sa manière et s'enflamme tôt
ou tard sous Tinfluence de la compression quelle qu'en soit
d'ailleurs la cause. C'est là un fait qui, je l'espère, sera faci-
lement mis hors de doute.
I.
Examinons d'abord ce qui se passe sur la moelle épinière
au niveau du point où elle est comprimée.
Il est possible que, dans les premiers temps, il n'y ait là
qu'une romi^resston simple , sans modification autre que celle
qui résulte de la pression exercée sur les parties. C'est ce qui
a eu lieu très certainement dans les deux cas suivants. Dans
le premier, rapporté par Ehrlîng, la compression était due à
une luxation d'une vertèbre cervicale. La réduction fut opérée
et, au bout de huit jours, tous les symptômes de compression
sétaient dissipés. — Le second cas, communiqué par
M. Brown-Séquard, concerne un individu qui était atteint
de mal de Pott et chez lequel se manifestèrent tout à coup
les symptômes de compression marqués par une paraplégie
complète : l'applicati^m d'un appareil prothéti(iuo convenable
fit disparaître en cinquante heures toute trace de paralysie.
Dans ces deux cas, assez exceptionnels, d'ailleui-s, la com-
pression s'est opérée brusquement. Ils diiTèront, par consé-
quent, de ceux qui doivent nous occuper d'une manière
spéciale.
Les nombreuses observations (juc nous avons laites aver,
M. Michaud, dans le courant des deux dernières années et
relatives soit à des tumeurs, soit au mal de Pott, nous ont
toujours montré, même à une époque voisine du début des
accidents, une altération de texture plus ou moins profonde,
en plus du changement de forme causé i)ar la compression.
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■/
100 ALTÉRATIONS DB LA MOBLLB
On a quelquefois parlé d'un ramollissement par ischémie
comparable à celui que produit Toblitération artérielle et qui
surviendrait dans la moelle épinière au niveau du point com-
primé. M. L. Tripier a signalé cette lésion secondaire dans le
cas de cancer de la colonne vertébrale. Mais c'est là, sans
doute^ un fait rare, et je dois ajouter, d'ailleurs, que VexBmsa
anatomique tel qu'il a été pratiqué dans ce cas, n'est pas
à Tabri de la critique, la moelle n'ayant été étudiée qu*à l'état
frais, et non à la suite des durcissements qui seuls peavent
mettre bien en évidence les hyperplasies conjonctives.
De fait, d'après mon observation, l'œil nu montre taatât
un ramollissement, tantôt une induration avec ou sans cbsn-
gement de couleur de la région malade de la moelle. Hais
l'examen microscopique, pratiqué sur des coupes après dur-
cissement, fait toujours reconnaître, sur le point compnmiéy
l'existence d'une myélite transverse interstitielle, rappelant
les caractères de la sclérose et accompagnée d'une destruction
plus ou moins complète des tubes nerveux.
Je vous présente une planche où vous pourrez reconnaître
les altérations qu'offrait la moelle au niveau du point com-
primé, chez une femme atteinte de mal de Pott ; cette femme
a succombé par le fait d'une maladie intercurrente dans le
temps même où la paraplégie consécutive, qui datait de près
de deux ans, était des plus prononcées. (Voyez Plaisîches II
et m.)
La névroglie paraît transformée en un tissu conjonctît
dense et résistant. Les trabécules qu'elle constitue sont ordi-
nairement épaissies. Pour la plupart, les cylindres de myéline
des tubes nerv'eux ont disparu, et on trouve à leur place des
amas de granulations graisseuses agglomérées sous forme de
corps granuleux. — Beaucoup de cylindres axiles ont
persisté; quelques-uns même paraissent avoir subi une
augmentation de volume.
( ^'
ALTÉRATIONS D£ LA MOELLE 101
En somme, nous retrouvons là des caractères qui se ren-
contrent dans certains cas de myélite transverse primitive
subaiguë ou chronique.
Mais, les lisions spinales, dans la compression lente, ne
restent pas confinées au point comprimé; elles s'étendent
suivant des lois bien connues depuis les travaux de Tiirck,
au-dessus et au-dessous de ce point, le long de certains
faisceaux de la moelle : au-dessus, elles intéressent les cordons
postérieurs et au-dessous les cordons latéraux. Enfin, la lésion
ne porte que sur une moitié latérale de la moelle, si la com-
pression est elle-même hémilatérale.
Ces lésions seconda ires sont-elles d'abord purement passives,
analogues à celle que détermine la section d'un nerf? Je ne
saurais le dire. Touj(»urs est-il qu'elles se montrent, ainsi
que je Tai fait voir, dans les cas de myélite primitive, c'est-à-
dire là où la compression ne peut guère être invoquée.
Toujours est-il aussi, — et c'est là une particularité impor-
tante, — que, à un moment donné, les lésions en question se
présentent dans les cordons envahis avec tous les caractères
de la sclérose interstitielle. Il ne s'agit donc pas seulement
d'une dégénérati<m ascendante et descendante dans l'accep-
tion rigoureuse du mot, mais d'une véritable sclérose ou
mvélite scléreiise fosciculée consécutive.
II.
Mvélite transverse avec sclérose consécutive ascendante et
descendante, tels sont. Messieurs, en résumé, les (.'IVcts pour
ainsi dire nécessaires de la compression lente de la moelle,
Koit qu'il s'agisse du mal de Pott, du cancer, de tumeurs de
Umt genre, ou même encore de tumeurs intra-spinales.
Une question se présente ici : Lxx désorganisation si accusée,
dont il a été question plus haut, est-elle au-dessus des
fr ^,
102 curabhjté du uâjl sa pott , .
ressources de la nature et de Tart? Une moelle aussi profiMir
dément altérée ne peut-elle pas reprendre en tout ou «a partie
ses fonctions^ en même temps, bien entendu, qu'elle récu-
pérerait, la cause comprimante venant à cesser, tout ou partie
de sa texture normale?
Il n'est pas douteux que cela puisse avoir lieu pour le mal
de Pott et très vraisemblablement U en serait de même pour
le cas des tumeurs s'il n'était de la nature de celles-ci de ne
point rétrograder.
La curabilité du mal de Pott, bien établie en particulier par
MM. Bouvier et Leudet^, dans les cas mêmes où elle entntne
la paraplégie, permettait déjà de prévoir qu'il en serait ainsL
A la vérité, quelques auteurs classiques semblent croiie
qu'une fois déclarée^ la paraplégie, par mal de Pott, ne rétro-
gTùde guère ; ils signalent seulement les cas dans lesqnéb la
paralysie des membres supérieurs, après avoir été plus ou
moins prononcée, s'amende ou disparaît même complètement,
à mesure que se développe sur un point du corps un abcès
par congestion.
Ces assertions vous donneraient; Messieurs; une très fausse
idée de Ta venir de la paraplégie par mal de Pott. Il est notoire^
dans cet hospice, que la paraplégie par mal de Pott guérit
souvent; le plus souvent peut-être, dans les conditions où
nous l'observons, alors même que les symptômes qui ne per-
mettent pas de douter de Texistence d'une myélite invétérée,
se sont manifestés de la manière la plus évidente et datent
déjà de loin.
Je ne saurais dire si le mal de Pott, qui guérit en pareil cas,
appartient plus spécialement à l'une ou à lautre des formes
décrites par IL Broca. Tout ce que je puis affirmer c'est qu'il
s'agit là de sujets qui ont surmonté les premières phases du
1. Leudot. — Curabilité dea accidenta paralytiques comécutifê au mal
Ubral de Pott. [Soc. de biolog., 1862-63, t. IV, p. 101.)
CUBABILITÉ DU MAL DE POTT 103
mal, et dont la santé générale est satisfaisante. Ce que je puis
assurer aussi, c'est qu'aucune de ces malades n'a eu d'abcès
visibles à lextérieur. En dehors de cela, je le répète, la pa-
ralysie peut s'être montrée aussi complète que possible,
accompagnée d'insensibilité, de contracture permanente, et
avoir persisté sans amendement pendant des mois ou des
années même.
Je puis vous présenter deux malades chez lesquelles cet
heureux résultat a été obtenu. L'une d'elles a été complète-
ment paralysée des membres inférieurs pendant dix-huit mois,
lautre durant près de deux ans. Toutes les deux, naturelle-
ment, ont conservé leur gibbosité; mais toutes les deux ont
retrouvé l'entier usage de leurs membres inférieurs : depuis
deux ou trois années, elles marchent sans fatigue et peuvent
laire de longues courses. Elles ne conservent pas, en d'autres
termes, le moindre reliquat de leur paraplégie. J'ai observé
déj.à, soit dans cet établissement, soit ailleurs, cinq ou six
faits semblables. En pareille circonstance, la guérison me
paraît due a l'intervention de l'art : c'est à la suite de l'appli-
cation de pointes de feu sur la gibbosité, de chaque côté des
apophyses épineuses, que survient la guérison. Je ne crois
pas qu'on puisse voir là, dans tous les cas, une simple coïn-
cidence; c'est en quelque sorte un résultat prévu, annoncé.
Eh bien, dans quel état a été la moelle au niveau du point
comprimé chez ces sujets, ou mieux dans quel état est-elle
encore? Je crois pouvoir vous donner à ce sujet des éclaircis-
sements satisfaisants. Les altérations que nous avon.s obser-
vées chez une femme nommée Dup.., qui a succombé ré-
cemment à une coxalgie, alors que sa paraplégie était guérie
depuis plus de deux ans, serviront à la démonstration,
La moelle, chez cette femme, au niveau du point où avait
eu lieu la compression, en conséquence du mal du Pott, n'était
pas plus grosse que le tuyau d'une plume d'oie et corres-
104 RttiéNÉKATIOK DUS TUBES NBRVRUX
poudait sur une coupe au tiers environ de la surface desectiu
d'une moelle normale examinée dans la même région, f
consistance étaîi très ferme, sa couleur grise; en un mot,!
moelle avait toutes les apparences de la sclérose la pM
avancée (Pl. III, i^/fl. 1).
Au-dessus et au-dessous de ce rétrécissement, les faiscoaiu
blancs, dans le sens des dégénérations secondaires, étaiet
occupés par des ti-actus gris.
Entre ces apparences que sur le point rétréci la mot
donne lort^qu'on l'examine à l'œil nu seulement et les phéaM
mènes observés durant la vie, il existe, semble-t-U, une©
tradiction bien frappante et bien singulière. Le retour dci
fonctions, nous l'avons dit, était parfait au moment delamuri
et, à ce moment cependant, la moelle, à ne tenir compte que
des renseignements fournis par l'étude microscopique, était
le siège de lésions tellement profondes qu'elle paraissait litté-
ralement interrompue sur un point de son tnyet par v
conlon d'aspect sclércux et où l'on aurait pu croire que toiil
trace de tubes nerveux avait disparu.
L'histologie nous montre que la contradiction n'est |
réelle. La substitution conjonctive n'est ici qu'apparente. .
sein des tractus fibreux très denses, très épais, à la vérité, I
<jui communiquent à la moelle sa coloration grise et s
sistancc dure, le microscope fait découvrir luie assez gravi
quantité de tubes nerveux, munis de leur cylindre d'axol
de leur enveloppe de myéline et par conséquent très r
lièremcnt et très normalement constitués.
C'est par l'intermédiaire de ces tubes nerveux que s'e
tuait, pendant la vie, la transmission normale desordresl
la volonté et des impressions sensitives.
Mais ici nous rencontrons plus d'une dilliculté sérieuse J
En premier lieu, comment s'est produite la réparation!
ces tubes nerveux qui ont rétabli les commiiuications l
DES SYMPTÔMES 105
ises entre le segment supérieur et le segment inférieur de
moelle épinière? S'est-il agi là d'une reproduction de
ates pièces, ou seulement de la réapparition du cylindre de
véline autour des cylindres axiles dénudés?
D'un autre côté, ainsi que je vous Tai fait remarquer,
1 surface de section du tronçon de moelle rétréci représentait
i peine, en diamètre, le tiers de la surface d'une moelle nor-
vale, considérée dans le même point. — Le nombre des tubes
■erveux était en conséquence, dans le point comprimé de la
|iioelle, bien au-dessous du taux normal. J'ajout(Tai que la
substance grise n'était plus représentée en ce point que par
Boe des cornes de substance grise où Ton ne retrouvait qu'un
petit nombre de cellules nerveuses intactes. Cependant, ces
conditions, en apparence si défavorables, avaient suffi, je le
rfpète, au rétablissement complet de la sensibilité et du mou-
vement dans les membres inférieurs.
Ce sont là autant de problèmes de physiologie pathologique
içie je De suis pas à même de résoudre, pour le moment, et
que je me borne a offrir à vos méditations.
III.
Nous sommes maintenant en mesure d'étudier avec fruit
te BjTnptômes qui résultent de la compression lente de la
■Kjelle épinière. Mais, au seuil même de la question, hi néces-
*te se présente, pour nous, d'établir une distinction impor-
' bote. Les symptômes, qui se rattachent directement aux effets
^l'interruption du cours des fibres nerveuses dans \i\ moelle,
^^' s'obsen'ent prescjuc jamais, dans la clinique, coniplètc-
'ïient isolés. A peu près toujours, il s'y surajoute dos phéno-
friênes dont le caractère varie suivant la nature (l<* la lésion
if^ranique qui est enjeu. Et, Messieurs, la connaissance appro-
ondie de ces phénomènes est du plus haut intérêt pour k*
106 ^ DB8 BTHPTÔHSB
clinicieiii car c'est elle qui fournit^ dans rimmenaé
des cas, les éléments du diagnostic. En effet, ainsi que Je
le faisais remarquer dans la dernière séance, les coi
propres à la compression spinale sont toujours les
quelle qu'en soit la cause. Us ne changent guère, en
que suivant le degré de la . compression et suivant
s'exerce sur telle ou telle r^ion de la moelle. Ce n'ert
pas de ce côté, vous le voyez, qu'il faut espérer trouver
caractères distinctifs.
IV.
Nous désignerons, pour plus de commodité, sous lenooi^
symptômes extrinsèques^ les phénomènes qui s'en
avec les symptômes particuliers de la compression
ces derniers, nous réserverons spécialement le nom de
tomes intrinsèques. Occupons-nous tout d'abord^des
Afin de faciliter la connaissance de ces symptômes
slques et pour mieux comprendre leur raison d'être,
tons-nous à T étude topographiquc de la région où se prodi
sent tous les accidents que nous allons avoir à décrire.
En procédant de dehors en dedans, nous rencontrons, april
les parties molles extra-rachidiennes, abondamment pourvM
de nerfs, les diverses pièces de la colonne vertébrale, dans
lesquelles se distribuent des filets nerveux en assez grand
nombre et qui peuvent devenir, dans l'état pathologique, le
siège de douleurs vives. Puis vient la couche cellulo-gnûs-
seuse {périméiunge) où pénètrent par les trous de conjugai-
son des filets nerveux multipliés qui accompagnent les sinus
vertébraux {rami sinus vertébrales y Luschka).
Plus profondément nous trouvons les enveloppes de li
moelle. En premier lieu se présente la dure-mère. Purkinje,
KôUiker, Luschka la disent privée de rameaux nerveux; Bu*
dinger, au contraire, assure qu'elle en possède. Toujours est-il
DES SYMPTOMES 107
d'après Haller et Longet, la dure-mère est insensible a
t normal; mais, par contre, il est certain, d'après Flou-
, que, dans l'état pathologique, c'est-à-dire lorsqu'elle est
unniée, la dure-mère peut devenir le siège do douleurs
îs. Quant h Yarachnoïcley elle n'a pas de nerfs à elle propres.
revanche, la jne-m'ère en possède un grand nombre.
3e n'est pas tout encore. La moelle paraît jusqu'à un cer-
Q degré douée de sensibilité dans les cordons postérieurs,
i'onen juge tout au moins par les conditions expérimentales.
Vous comprenez. Messieurs, par cet exposé sommaire, que
$ diverses parties que nous venons d'énumérer pourront
ates traduire leur souffrance par des douleurs plus ou moins
VC8. Toutefois, j ai négligé à dessein jusqu'ici le point le
us important.
De la moelle épinière partent les racines antérieures et
ottérieures qui traversent la pie-mère, l'arachnoïde et enfin
i dure-mère, se réunissent à ce moment-la, pour former les
t)nc8 originels des nerfs mixtes, lesquels cheminent pendant
Q certain temps dans les canaux de conjugaison avant de
épanouir au dehors. Or, toutes ces parties sont éminemment
'DSibles, les racines antérieures exceptées, et c'est juste-
fflit de Tirritiition qu'elles subissent par le fait de la com-
ession que dérivent les plus intéressants de ces symptômes
itrinsèques qui s'offrent à notre étude.
V.
Sans négliger les renseignements très dignes d'attention
e nous fourniraient : 1'* la présence d'une tumeur extra-
;hidienne (anévrysme, tumeur hydatique); T la constatât ion
me tiéformation delà colonne vertébrale, se présentant avec
s caractères variés suivant ([u'il s'agit, par exemple, du mal
I
de Putt oti du mncer vertébral; 3" sans négliger enfin l'exil |
tence d'une douleur locale correspondant au lien où siège la |
lésion et dépendant de l'irritation des os ou de celle <
méninges, — c'est surtout aux syraptùmes résultant de l'irri-
tation des racines ou des neris périphériques qu'il faut nous <
attacher. Car c'est leur présence surtout qui impose aux j
diverses formes de la compression spinale lente une pbvaio- 1
nomie i part. Us font défaut, en effet, c'est la rèjele, dans le I
cas où, soit des tumeurs, soit encore d'autres lésions se déve- l
loppent primitivement dans l'épaisseur de la moelle épi-J
nîère. Aussi II. Cruveilhier a-t-il pu dire avec raison qoeU
douleur vive est un 8ympt<')me des lésions extra-Rpinatef ■
qui fiiit défaut dans les cas de lésions intra-spinales.Bien^
ici comme ailleurs, les exceptions ne soient pas rareSf^
règle persiste, M. Gull est de cet avis quand il déclare, 1
aussi, que c'est là un fait caractéristique.
D'après ce qui précède, Messieurs, ces symptômes dei
cent toujours — notez ce point, parce qu'il ne manque p«8 1
d'importance — l'apparition des symptômes intrinsèques, de
telle sorte que souvent, pendant un temps fort long, ils com-
posent à eux seuls toute la maladie, ou pour mieux dire
toutes les apparences extérieures de la maladie. C'est là Que
circonstance capable de devenir l'occasion, dans la clinique,
d'une foule d'erreurs qu'il faut s'efforcer d'éviter. Qu'il me suf-
fise, à l'appui de cette assertion, de vous rappeler, par exemple,
les difiicultés du diagnoslic de la carie vertébrale k ses débuts.
Les symptômes dus à l'irritation des racines nerveusesou
des nerfs périphériques sont d'ailleurs constants, ou peu s'en
faut, et vous le comprendrez aisément si vous voulez bien
remarquer qu'à un moment donné une tumeur extra-spinatef
quel qu'en soit le point de départ, ne peut manquer de ren-
contrer les racines nerveuses ou les nerfs mixtes dans leur
FSEUDO-NÉV&ALOIES 109
ajet intra-rachidien et d'en déterminer la compression,
est-à-dire l'irritation, au moins dans les premiers temps.
En ce qui concerne les tumeurs extra-rachidiennes qui
codent à s'avancer vers la moelle, elles amènent un résultat
nalogue, en produisant l'irritation des cordons nerveux
iprès leur sortie du rachis (anévrysme aortique, hydatides).
VI.
On désigne communément sous le nom de pseudo-ntvral-
giques les symptômes en question ; mais, en réalité, il s'aj^it
là, presque toujours, du moins à une certaine époque, d'une
véritable névrite, comparable, à tous égards, à celle qui naît
et progresse sous Tiniluence d'une lésion traumatique. Le
caractère de la douleur est le même (Burning pains). L'ab-
sence de points douloureux exagérés par la pression, un des
caractères objectifs des névralgies, est aussi à noter. Enfin
» manifeste la série des troubles trophiques qui n'appar-
tiennent guère aux névralgies proprement dites -, tels sont,
par exemple, du côté de la peau, le zona, les bulles pemphi-
j^îdeSy les escarres même, et, du côté des muscles, l'atrophie
»las ou moins rapide, la paralysie, la contracture. Au reste,
a nature inllammatoire de la lésion nerveuse a été plusieurs
>is nettement constatée, entre autres par M. Bouvier, dans
î mal de Pott, et par moi-même dans le mal vertébral can-
Jreux.
Vil.
Mais, laissons, Messieurs, ce point do vue général pour
escendrc dans le concret et montrer l'intérêt qui s'attache
ans la clinique à l'étude de ces symptômes. Nous les exami-
erons successivement dans les trois groupes principaux qui
J
110 pâRi;t>o-X]ïviiAi.aiES
suivent : 1° tumeurs intra-rachidiennes ; — '2" mal de Potlj
— 3° cancer vertébral. II sera facile ensuite d'appliquer, dau
une certaine mesure, aux autres formes, les ru-sultata iiae n
nous fournir cette première étude.
Le principe, d'ailleurs, est toujours le même, ijuel que soil
le point de départ de la douleur : celle-ci s'irradie suivant b
direction des nerfe dont les origines sont afToctéos, irritées,
comprimées, et elle se conforme, en général, àla loideMit-
KUtion périphérique. A la pression, on observe <ju<slquei
variétés : tantôt la douleur se montre circonscrite dans ou
région plus ou moin» limitée ^ tanti'-t, au contraire, le inijel
nerveux paraît affecté dans toute l'étendue de son parrouw.
A. Tumeurs întra-rac/dtliennes. — lAdouleur p$m(l9-
névral{fique précède, ici, comme c'est la règle, le développe-
ment des symptômes mvtlitiques proprement dits. 1*8 nctflf
voisins de la tumeur sont comprimés les premiers nu, pont'
mieux dire, la moelle peut être comprimée pendant un ccrtaia
temps avant d'être irritée et de manifester sa souffrance par
ili'S symptômes propres, tandis que les nerfs, eux, semblent .
répondre presque immédiatement à l'action de la cause irri-
lante. En pareille occurrence, la douleur occupe souvent une
région très limitée : c'est un point, une lîgrne qui sont Joo-
loureux et non pas une surface. Le domaine où règne ta
douleur est, toutes choses égales d'ailleurs, d'autant plus
circonscrit que la tumeur est moins volumineuse.
I^a douleur, bien entendu, siège à droite si la tumeur est
li droite; elle siège à gauche si la tumeur est à gauche; elte
est bilatérale — ce qui n'est peut-être pas le cas le plus com-
mun— quand la production morbide presse également les
racines uei'veuses des deux côtés de la moelle.
A l'appui de ces assertions, je crois bon, Hessiears, d>
riter brièvement quelques exemples :
TUMEU118 INTUA-UACHIDIBNXES 111
1° Dans le cas d'une malade, observée dans cet hospice et
ommée Oill.,., il s'agissait d'un sarcome de la périméninge,
îjuel pénétrait dans un trou de conjugaison du côté gauche
ît s'était étendu jusqu'à la plèvre correspondante : il avait
existé chez cette malade un point douloureux fixe à gauche,
Bur le thorax, plusieurs mois avant que les fourmillements
des membres inférieurs, qui ont inauguré la paraplégie, se
fusBent manifestés.
2* J'emprunte l'exemple qui va suivre à un auteur anglais,
M. Ceyley*. La tumeur — un psammome — siégeait au
niveau de la onzième vertèbre dorsale et comprimait la
moelle. Le malade avait accusé constamment un point dou-
loureux, fixé vers la fosse iliaque gauche, pendant les six
mois qui précédèrent la première apparition des fourmille-
ments dans les membres inférieurs. Le siège particulier du
point douloureux chez le sujet trouve son explication dans
ce fait que le dernier nerf intercostal que comprimait la
tumeur, fournit des branches terminales se rendant au
voisinage de la crête iliaque.
3** Dans un cas rapporté par M. Bartels^, il s'agissait d'une
tomeur hydatique intra-rachidienne comprimant la moitié
gauche de la partie inférieure du renflement cervical. Pendant
trois mois, on n'observa pour tout symptôme que des douleurs
s'irradiant dans le bras, la main et l'épaule du côté gauche, et
accompagnées d'un sentiment de constriction à la base du
cou. Ce ne fut qu'au bout de ce temps que survinrent des
fourmillements dans le pied gauche et bientôt après les autres
symptômes de compression spinale. On comprend que tel
ou tel autre nerf, le sciatique par exemple, puisse être
affecté de la même façon : cela dépend du lieu occupé par
1. Ceylcy. — Pn*hnl.,fi',rat Societif, t. XVII, p. 25, isr,s.
-. Barteis. — Eiii Fait von Kchinococcus inntrhalb des SaLxs rftr Dura
nattr t^jnna^U. UtrUdit Archxv fUr klinincke Mcdicin^ vol. V, p. ISU, 180',».;
L*^ ■
-•
112 PSBUDO-NâVAALaiBS : VAL DB POTt
la tumeur. Peu importe, du reste, le siège de la douleur il
diée. Ce qui est important, c'est que, à un moment don
le symptôme en question, bien et dûment constaté parmi
prodromes, suffirait pour différencier la parapluie
de la compression lente d'une affection spinale primitino.
B. Des pseudo-névralgies dans le mal de Pott. — Nousi
ferons qu'effleurer la description des pseudo-névralgias
le mal de Pott, non pas qu'elles ne méritent point notre i
tion, mais c'est que, pour traiter à fond une telle
il nous faudrait entrer dans de nombreux faits de détul!
l'intervention serait indispensable. Là, en effet, est en
partie l'histoire de Ibl carie vertébrale latente et vong n'j
rez pas quelles difficultés on rencontre pour le
dans les premiers temps de la maladie.
La condition organique n'est pas ici complètement éli
Il est vraisemblable qu'elle est variable : tantôt la léooii
nerf siège au niveau de la dure-mère; tantôt elle est dans]
trou de conjugaison. Ce dernier cas est plus rare, s*il est exact,]
comme plusieurs auteurs Tavancent, que les trous de conji
gaison dans le mal de Pott ne s'affaissent jamais assez ponri
comprimer les nerfs qui les traversent. Qu'il me suffise, Me»*'
sieurs, de vous dire que, selon le siège du mal vertébral, hj
douleur en ceinture ou Tapparence d'une névralgie brOr\
chiale, sciatiquCj précède souvent de longtemps la premiën;
apparition des symptômes spinaux proprement dits.
Les accidents qu'entraînent les pseudo-névralgies, chez kl
malades atteints de carie vertébrale, peuvent aller jusqu'i
produire des éruptions cutanées, telles que le zona ainsi qcM
cela s'est vu dans un cas rapporté par M. Wagner ' et dans
un autre cas rapporté par M. Michaud^, ou l'atrophie muscQ-
1; £. Waper. — Ârchiv dtr Heilkunde^ 4 heft. 1870, p. 331.
2. Loc. cU,
MAL VEUTÉBRAL CANCÉREUX 113
laire. Alors, celle-ci peut se montrer sans paralysie proprement
dite; suivant 51. Benedickt*, la contractlHté électrique peut
être conservée en même temps que la sensibilité électrique
est accrue, particularité qui semble prouver que l'atrophie
musculaire est bien ici la conséquence d'un travail d'irritation.
C. Mais c'est principalement sur Tétude des pseudo-nt-
vralgks, liées au mal vertébral cancéreux^ que je veux
concentrer toute votreattention.il y a plusieurs motifs qui
m'y décident. En premier lieu, c'est là un ordre dt* fiiits peu
connus encore, ou au moins mal connus, mal interprétés, en
dépit des travaux nombreux qui ont été publiés sur la ma-
tière. En second lieu, la connaissance de ces faits est, ainsi
quej'espèrevousle démontrer, d'une très |;^ran(le importance
dans la pratique. Enfin, faut-il le dire, c'est une «luestion
d'intérêt tout local. C'est en effet dans cet hospice qu'ont
été entreprises en France les premières études sérieuses sur
ce sujet : les premiers jalons ont été posés par mon maître et
ami M. Cazalis. C'est lui, je le répète dauUint plus volontiers
qu'on paraît l'avcnr oublié clans un article récent, qui a fait
connaître la raison anatomique et physiolof2:iriue de cette
espèce particulièn» de pseudo-névraljjie en établissant qu'elle
résulte de la pn'ssion ({u'éprouvent les troncs ner\'eux clans
les trous (le conjugaison, et qu'elle ne dépend pas, comme
beaucoup de personnes semblent encore le croire aujourd'hui,
de la compression exercée sur la moelle épinière. Les travaux
de M. L. Tripier', ceux de M. Lépine^, ont complété, en y
ajoutant quelques traits importants, mes premières obser-
vations, lesquels datent de 18G5*. Mais nous avions été
1. Electrothérapie, t. II, p. 316.
2. Tripier (L.). — Dtt cancer de la colonne vertéhrale et de ses rapports avec
la paraplégie douloureuse^ 1867.
3. Lépino (U.). --iJull. de la Soc, arux^, 1867.
4. Ciiarcot. — Sur la para2)Ugie douloureuse et sur la thrombose artérxcUt
CaABCOT. Œuvres CQmpIctes, t. II. 8
114 MAL YSitTËBOAL CAKCÉRSUX
(levancûs II l'étranger par II. Hawkins' et par 51. Leyden' dont
je ne connaissais pas, lors de la publication de mon mûtnoîre,
les travaux du reste Tort remarquables. Je relèverai sculemout
que ces auteurs ne parlent aucunement du mécanisme da Ut
lésion, non plus que du mode df production des syraptùmes
qu'elle détermine.
Ici, plus qu'ailleurs, la distinction entre les phéuomèDCg
p^udo-névralgiques et les symptômes de compression spi-
nale lente, est de la plus haute valeur. De plus, parmi les J
pseudo-névralgies, il va lieu de distinguer une espèce f
ticulière qui prête, dans le cas où elle existe, une physi*
nomie propre à la maladie. C'est lorsqu'il s'agit de cetti
forme-là, et de celle-là seulement, qu'il est juste de direavM
Hawkins, Gull et Leyden, que les douleurs, dans le c
vertébral, sont presque caractéristiques. Elles le sont, «H:^
réalité, alors jusqu'à un certain point, car elles ne se pré* 1
sentent guère a\'ec le même caractère que dans les cas dft 1
tumeurs extra-racMdicnnes faisant effort avec la moelle,
comme dans le cas par exemple d'un anévrysme ou d'une
tumeur liydatique qui use les corps vertébraux et se met en
contact avec les nerfs rachidiens. Dans ces cas divers, la
cause organique est toujours la même ; c'est la compressiwo,
l'irritation vive que subissent les troncs nerveux, et danslo
ras de cancer vertébral, en particulier, la lésion des nerfs est
produite par l'afTaissement des vertèbres ramollies.
En dehors de cette circonstance, le cancer vertébral n'a
plus de douleurs qui lui soient propres, ou, autrement dit, It
t de .
i.)
. {Sociilê médical» dt» hôpitma,
aitl Diieaie of tlu ipinal Colnm. (Mté.
1, C. Hawkins. — Caia o/m
ehir. TranKoet., t. XXIV, p. 46, ISlô.)
2. E. Loyden. — Utbcr Wirlkrthi. lu Ânnaîen dtf KranbeiAaa». I Bil-
3 hefl, p. M. — Sur le mémo sajet coiiealter BIbcI;, t'entralblat, I8fi4, ji. Mï.
— Th. SiiQuQ. Parapleffia daUiroia. Aus <ler Allg^iu. Erniikeuli. su Hun-
iHii^. In Stdin Kti.i. Wocheni., u- 35 at 36, 187U.
f
MAL VERTÉBRAL CANCÉREUX 115
cancer peut pénétrer jusqu'à la moelle sans produire d'autres
douleurs que celles qui se développent en conséquence de
toutes les autres lésions organiques, quelles qu'elles soient,
capables de déterminer la compression spinale.
En résumé, il y a : 1** des cancers vertébraux latents ; —
î* des cancers vertébraux qui amènent la compression de la
moelle, à peu près sans douleurs prédominantes ; — 3** enfin,
le caacer vertébral, lorsqu'il occasionne le ramollissement et
Taffaissement des vertèbres, est la source de douleurs dont
le caractère est presque spécifique. Cet affaissement vertébral
peut d'ailleurs exister seul ou s'accompagner des symptômes
ordinaires de compression de la moelle ; mais, je n'hésite pas
i le dire, dans l'espèce, le fait de la compression des nerfs
est, pour la clinique, beaucoup plus intéressant que ne l'est
le&it de la compression spinale.
Les assertions que je viens de poser devant vous sont fon-
dées sur des observations multipliées dont quelques-unes ont
été consignées dans la thèse de M. L. Tripier, et dans les-
quelles la lésion organique en question existait avec tout l'en-
semble des symptômes caractéristiques sans aucune partici-
pation de la moelle. Leyden, Ilawkins, ont relaté des faits du
même genre et, depuis l'apparition de la thèse de Tripier, j'ai
plusieurs fois vérifié la justesse de mon interprétiition patho-
génique. Les nerfs comprimés, en pareil cas, sont rouges,
tuméfiés à un haut degré, toutefois sans changement histolo-
gique bien sérieux*; — à la vérité nos moyens d'investiga-
tion en ce qui concerne ce point sont encore relativement
bien grossiers. Ce n*est que fort tard qu'ils s'atrophient et
subissent la'dégénérescencegranulo-graisseuse. Jamais, en ce
1 - Cliarcut et Cotard. — Sur un ca» de zona du rou avec aVéridiuii drs ner/.s
lin plextu crrvlral tt des i/antflions afrrespondantu dcë racinea ajtinalcn pot-
Uricuru, [Société de /^io^ic,' XVll, 1806, p. 41.)
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116 PABAFUtolB DOULOimSUBI
qui me coaceme, je n'ai vu en semblable circonstance l'infil-
tration cancéreuse du nerf invoquée un peu i la légère, je
crois, par plusieurs auteurs.
vm.
•f-':' n s'agit actuellement de &ire connaître les symptômeB sur
^ :. lesquels j'ai voulu appeler tout particulièrement votre atten-
tion. Ces symptômes, j'ai proposé de les réunir soub le nom
de paraplégie douloureuse des cancéreux K Cette dârigna*
tion de paraplégie douloureuse^je l'ai empruntée à M. Gm-
veilhier qui a bien reconnu ce genre de symptômes sans en
entrevoir, toutefois, l'interprétation *• Elle s'applique avec
exactitude seulement au cas où la région vertébrale lombaire
est atteinte dans une certaine étendue. C'est là, du reste, le
cas plus habituel-
Mais de fait, plusieurs autres combinaisons sont possiblee.
En premier lieu, les vertèbres étant affaissées, surtout d'un
côté, il peut n'y avoir, en conséquence, qu'une hémi-para-
plégie douloureuse -, ou bien encore les douleurs et les phéno-
mènes concomitants pourront occuper le plexus brachial ou
le plexus cervical, lorsque la lésion portera sur la région
vertébrale cervicale.
D'autres fois, enfin, les douleurs se montreront exclusive-
ment circonscrites à la distribution de tel ou tel tronc nerveux.
Il importe d'ailleurs de remarquer que, quel que soit le lieu
où elle se montre et quelque circonscrite qu'elle soit, la dou.
leur, dans les cas de ce genre se présente absolument avec les
mêmes caractères que dans la paraplégie douloureuse propre-
ment dite.
1. Ch&rQot, — Sur la paraplégie douloureuse qui survient dans ceriainseas
dectmcer. In Bulletin delà Société médioale des Hôpitaux, loc.cit,
2. CruveilLier. — Atlas^ 32« livr., p. 6.
CARACTÈRX8 DBS DOULEURS 117
Supposons qu'il s'agisse d'une altération des vertèbres
lombaires — ce cas répond, vous le savez, au type le plus
commun — et que celles-ci aient été envahies par le cancer
dans leur totalité, aussi bien du côté droit que du côté
gauche, conditions qui se trouvent, du reste, reproduites chez
une des malades que je vais vous présenter dans un instant,
eh bien, il y a lieu de relever, en pareil cas, les symptômes
suivants :
Des douleurs vives existent : les unes étreignant la partie
inférieure de l'abdomen k la manière d'une ceinture, les
autres se répandant le long du trajet des nerfs cruraux et
des nerfs sciatiques, depuis leur origine spinale jusqu'à leurs
extrémités périphériques. Il y a hyperesthésie des tégu-
ments, sur les points répondant à la distribution des nerfs
doaloureux. Cette hyperesthésie, le plus souvent, est telle
que le moindre attouchement se montre des plus pénibles.
Les douleurs en question sont permanentes ou à peu près ;
mais elles s'exaspèrent par crises qui se montrent surtout
intenses pendant la nuit et revêtent quelquefois un caractère
périodique. Les mouvements dans le lit, qu'ils soient d'ail-
leurs actifs ou passifs, provoquent l'apparition de ces dou-
leurs ou les exaspèrent. Il en est de môme, à plus forte
raison, de la station et de la marche qui deviennent bientôt
tout à fait impossibles. Il résulte de là une sorte d'impotence
qui ne relève point d'un amoindrissement de la force muscu-
laire, car, au lit, dans le temps où les douleurs ne sont pas
trop vives, les mouvements des membres inférieurs s'exécu-
tent, si le malade n'est pas très affaibli, comme dans les con-
ditions normales.
Lors des paroxysmes, les douleurs sont véritablement
atroces. Les malades les comparent à celles que produiraient
l'écrasement des os, une morsure des parties profondes faite
par un gros animal, etc. On ne parvient, et c'est là un trait
118 ZOKA, ANESTHÉSIE, BTC.
qui mérite d'être signalé, que très difficilement à les
calmer par l'emploi de doses élevées de substances narcoti-
ques. Il y a lieu de faire remarquer dans ces douleurs des
amendements spontanés, et dont la raison physiologique
nous échappe complètement.
A ces phénomènes peuvent s'adjoindre, surtout dans les
périodes plus avancées de Tafifection, un certain nombre d'acci-
dents parmi lesquels je signalerai plus spécialement les érup-
tions de zona^ qui se produisent sur le trajet des nerfs par-
ticulièrement douloureux, une anesthésie cutanée circons-
crite sous forme de plaques et qui se développe malgré la
persistance des douleurs dans le domaine des nerfs affectés
{aiiesthesia dolorosa)^ Vatroi:>hie plus ou moins prononcée
des masses musculaires, et enfin la contracture survenant
dans un certain nombre de muscles.
Je ferai remarquer enfin qu'une déformation faisant décrire
à la colonne vertébrale une courbure à grand rayon, qu'une
douleur locale vertébrale que provoque ou qu'exaspère très
nettement la pression ou la percussion, sont des symptômes
concomitants qu'il ne laut pas nép:li^rer de rechercher avec
soin parce qu'ils peuvent éclairer la situation et que, d'ail-
leurs, ils s'observent fréquemment. Ces divers symptômes.
Messieurs, peuvent être, pendant de lon^s mois, la seule révé-
lation (lu mal vertébral cancéreux-, mais les symptômes de
la paraly>ie par compression de la moelle pourront venir s'y
surajouter.
Quoi qu'il en soit, lorsque les phénomènes de parapléjrie
douloureuse se montreront avec les caractères qui viennent
d'être décrits, il y aura lieu de rechercher s'il n'existe p;is,
quelqu(f part dans l'or^inisme, quehjue autre manifestation
de la diathèse cancéreuse-, car, vous ne l'ignorez pas, le cancer
vertébral est habituellement secondaire, deutéropathique.
1. Cliarc<»t et Cotard, loc. '.it.
DIFFICULTÉS DU DIAGNOSTIC 119
Or, dans cette recherche, on peut se trouver en présence de
plus d'une difficulté de nature à égarer le diagnostic. Je me
contenterai, quant à présent, de vous signaler la circons-
tance suivante dont j'ai été témoin récemment. Il peut se
faire que des malades portent au sein certains cancers atro-
phiques, indolents, auxquels elles ne prêtent pas la moindre
attention. J'ai été consulté ces jours-ci par une dame qui
souffrait depuis plusieurs mois d'une névralgie cervico-bra-
chiale — c'était en réalité, vous allez le voir, une pseudo-
névralgie — extraordinairement pénible, et qui avait résisté
absolument à tous les moyens d'amendement mis en œuvre.
Frappé du caractère spécial que présentait la douleur, et me
remettant en mémoire les faits observés à la Salpùtrière, je
demiandai s'il n'existait pas quelque lésion mammaire. On me
répondit par la négative-, mais je crus devoir insister et
examiner les choses par moi-même. Je découvris, au grand
étonnement de la malade, que Tun des seins était déformé
sur un point très circonscrit d'ailleurs, par le foi t d'une rétrac-
tion consécutive au froncement déterminé par un squirrhe
atrophique. Tout récemment un médecin anglais, dont le
nom m'échappe, a publié un cas du même genre dans un des
volumes de la Société j^tftologlque de Londres. Ces faits
suffisent, je l'espère, Messieurs, pour faire ressortir à vos
yeux jusqu'il quel point il faut, en pareille circonstance, se
montrer attentif et circonspect dans l'examen des malades.
D'un autre côté, il ne faudrait pas aller jusqu'à croire que
les douleurs du mal vertébral cancéreux, alors même qu'elles
se présentent avec tous les attributs qui viennent d'être mis
on relief, soient absolument spéciliques et propres à con-
duire, sans embarras, au diagnostic. Loin de la, des difli-
cultés peuvent survenir-, mais, en général, elles ne sont pas
insurmontables. Parmi les affections qui, en raison des dou-
leurs dont elles s'accompagnent, pourraient induire en erreur.
120 DifTictn-TÊs r
j'ai df^jà ini'Qtionné les aaévriismes aorliques et les kystes
bijdafiques, lorsque ces tumeurs sont disposées de façon à
comprimer et à irriter les nerfs spinaux. Je signalerai actuel'
lement ro8téomalacie, la pachyint^ningite hvpertrophique
cervicale, et enfin une névrose : l'irritation spinale.
L'ostéomalacie séiiile, aussi bien que celles des adultes,
rappelle parfois, par le caractère des douleurs dont elle s'ac-
compagne, la sjTuptomatologie du mal vert(''bral des cancé-
reux. La pacht/méiiinriite cervicale hypertrophique, dans la
première période, s'accompagne, elle aussi, de douleurs assez
analogues; on peut en dire autant de cette affection bizarre,
singulière, qu'on désigne quelquefois sous le nom A'irrita-
tion .spinale, et que quelques médecins ont voulu, bien â
tort, bannir des cadres nosologiques; mais je veux me borner,
pour le moment, à appeler votre attention sur ces difficulté!^
de diagnostic. C'est un sujet sur lequel je me propose âs]
revenir dans une autre occasion.
i
SEPTIÈME LEÇON
De la Compression lente de la moelle épinière. —
Symptômes. — Des troubles de la motilité et de la
sensibilité liés à la compression spinale. — Hémi-
plégie et hémiparaplégie spinales avec anesthésie
croisée.
SouiAiiE. — Lésions quo subit la moelle au niveau du point comprimé. —
QIm occupent toute retendue de la moelle en travers ou ne portent qu(«
nt one ^es moitiés latérales du cordon nerveux.
Premier cas : Succession des symptômes. — Prédominaneo, au délnit, des
''wbles moteurs : parésie, paralysie avec flaccidité, ri^ridité temporaire,
•witracture permanente des membres, exaltation des actes réflexes. —
Troubles de la miction ; — théorie de Budge. — Modifications do la sen-
■Hlité : retar.l dans la transmission des sensations, dysestliésie. — Sensa-
**onj associées.
^ond cas : Lésions portant sur une des moitiés latérales du cordon
^^ï^enx. — Circonscription de la lésion. — Hémiparaplégie spinale avec
^Wrthésie croisée ; ses caractères. — Hémiplégie spinale.
Messieurs,
Avant de poursuivre nos études sur la compression lente de
^ moelle épinière, permettez-moi de faire passer sous vos
Jeux (les pièces anatomiques relatives à notre sujet, et que
ïïous devons à Tobligeance de M. le D*" Liouville.
Dans la paraplép^ie parle mal de Pott, vous disais-je, la dé-
fcrmation du rachis n'est pas, en règle générale, l'agent de
'^compression que subit la moelle épinière ; la moelle peut,
m^me en pareil cas, être comprimée sans (pu* la colonne
Vertébrale présente la moindre trace de déformation. La pièt.M»
<JeM. Liouville met la réalité du fait dans toute son évidence.
1 , ■
■i
122 CONDITIONS AHATOIIIQUSS
Le rachis, voas le voyez, n'était ici nullement déforméi bien
que le corps de plusieurs vertèbres fût altéré profondérnsnt ,
Le ligament vertébral antérieur, au niveau de la lésioa,.
osseuse, était comme dilacéré et la matière caséeuse, d'apcèi '
le mécanisme indiqué par M. Michaud, était venue au contact i
de la dure-mère, qui, en conséquence, sur les points corra^^
pondants présentait un épaississement remarquable (pocAyr;
méningite caséeuse externe). C'est évidemment cet épBiaiÊ%:
sèment de la dûre-mère qui avait déterminé la compresBiA
spinale. Celle-ci s'est traduite cliniquement par des Bymfia
tomes de paralysie qui, pendant plusieurs mois, comme c^esti
rhabitude, ont été précédés par des douleurs pseudo-névnlk
giques simulant une névralgie intercostale^
Je reprends actuellement le cours de nos conférences.
n s'agit, vous le savez, de faire connaître les symptfimes
qui relèvent directement de la compression lente de la
moelle épinière. Nous allons aborder, je ne dois pas vous ^
le dissimuler, une voie longue à parcourir et hérissée de
difficultés de tout genre -, mais j'espère que, en établissant de
bonnes étapes, nous arriverons au but sans trop de fatigue.
I.
Remettons-nous en mémoire les conditions anatomiques à
propos desquelles j'ai dû entrer dans (luelques développe-
1. Ces piècos provenaient d^un honimo â^é do 50 ans environ; eUes ont
été rociieillios dans le service de M. Béhier. Avant d'être pris de paraplégie,
ce malade avait éprouvé pendant plusieurs mois, dans les parois thoraciqnet»
dos douleurs localisées sur le trajet des nerfs intercostaux, ce qui, an ins-
tant, avait fait croire quMl s'apfissait là dVne simple névralgie intercostale.
Plus tard) on raison àà la persistance et du caractère de ces douleurs, on
avait émis l'opinion ((ue la névralgie était symptomatique, sans pouvoir en-
core, toutefois, préciser la nature do la maladie primitive. Ensuite survint
la paraplégio qui éclaira définitivement lo diaf;nostic. Le rachls, jusqu^à la
terminaison fatale, conserva sa conformation régulière. Encore dans le ser-
vice do M. Béhier, M. Liouville a observé récomment un antro cas de para-
plégie par le mal do Pott, également sans déformation de la colonno vertébrale.
' 1
vartabilitA des symptômes au début 123
ments. La moelle^ vous ne l'avez pas oublié, se trouve com-
primée, comme étranglée sur un point de son parcours. Or
si, dans les premiers temps, il ne s'agit là que d'un phéno-
mène purement mécanique, bientôt, dans T immense majorité
des cas, les éléments qui composent le centre nerveux spi-
nal réagissent à leur manière. Au niveau du point comprimé,
86 produisent les lésions de la myélite transverse 2>rtr corn-
pression^ tandis que, au-dessus et au-dessous de ce point, se
développent, suivant les lois que nous avons exposées, les
altérations de la sclérose fasciculée secondaire^ laquelle
occupe, dans le premier cas, la partie médiane des cordons
postérieurs et, dans le second cas, la partie la plus posté-
rieure des cordons latéraux.
II.
Envisageons donc les choses telles qu'elles se présentent
dans les conditions ordinaires : chemin faisant nous relève-
rons les circonstances exceptionnelles, et, pour plus de clarté,
prenons pour exemple le cas le plus vulgaire, celui où la
lésion siège sur un point quelconque de la région dorsale de
la moelle épinière.
D y a dès maintenant une première distinction à établir.
Tantôt, en effet, la compression affecte toute l'épaisseur de la
moelle, en travers; tantôt elle ne porte que sur une des moi-
tiés latérales du cordon nerveux. C'est le premier cas, —
Je beaucoup le plus fréquent d'ailleurs, — qui nous o(»cupera
tout d'aijord.
m.
«
Entn>ns bien dans la situation que nous devons examiner.
Depuis quelques semaines, quelquefois depuis plus 'longtemps
eocoro, les symptômes dits extrhishques, et parmi
douleurs pseudo-névralgiques, occupent seuls la scène,
l'hypothèse où nous nous sommes plaet, il s'agit uniquematt
bien entendu de lésions organiques primitivement sitaées en
dehors de la moelle, ce centre nerveux n'a pas encore mani'
Testé sa souffrance. Quels sont les symptômes qui vonl
inaugurer la série des accidents nouveaux? Soiit-ce let
troubles moteurs ou les troubles sensilifs? Cet ordre de suc-
cession, Messieurs, est difficile k déterminer, dans l'étal ac-,
tuel des choses, faute d'observations recueillies dans l'intea-
tion spéciale d'élucider ce fait particulier. C'est làd'ailleitn
un point de détail assez secondaire pour le côté pratiqae,
mais qui toutel'ois, pour le côté théorique, n'est pas bs
quelque intérêt.
En effet, l'existfince, à titre de premier symptâme,
fourmillements, de picotements, de sensations de chaud «t
froid, dans les membres inférieurs, indiquerait nécessai
ment, d'après la théorie, que, dès l'origioe, les conductean
de la sensibilité, c'est-à-dire la substance grise, ont subi
modification pathologique importante ; car l'expérimenUtioii
montre que, dans les conditions normales, la substance (fri»
ne provoque, sous l'influence des excitations, aucune eapèc*
de sensations. En revanche, les troubles purement moteurs,
la parésie ou la paralysie plus ou moins complète des mem-
bres inférieurs sont des phénomènes qui pi'uvent se produi
en dehors de toute modification dans les prupriétés des iMr
ments de la moelle, par le fait de la seule interccssioD
nique de la continuité des libres nerveuses.
Quoi quil en soit, Messieurs, la réalité paraît être que
tôt les troubles moteurs (parésie des membres inférison),
tantôt, au contraire, les troubles sensitifr, en iiarticalier \M
Kensntions rapportées A la périphérie et indiquant l'irrîtatits
de la subiitance grise (picotements, fourmillementa^
J
TROUBLES MOTEUBS 125
ment de constriction, douleurs articulaires; etc.), ouvrent
la marche.
IV.
Les troubles moteurs, en tout cas, ne tardent pas a prédo-
miner, dans les premiers temps du moins, sur les troubles .
sensitifs. A part les quelques phénomènes subjectifs que nous
mentionnions tout à Theure, la transmission des impressions
sensitives s'effectue longtemps d'une manière physiologique
alors que les mouvements sont profondément altérés et il
est même rare qu'elle soit jamais complètement interrompue
ou même très sérieusement intéressée. Il semble que, placée
au centre, la substance grise soit protégée contre les causes
d^initation venues de la périphérie. C'est là une particularité
reconnue depuis longtemps par l'observation clinique et qui
établît un contraste avec ce qui a lieu dans les cas de
myélites spontanées ou de tumeurs intra-spinales, dans les-
quels ces lésions occupent très habituellement^ dès leur appa-
rition, les parties centrales de la moelle. Arrêtons-nous un
instant aux troubles de la motilitt.
A. Au premier degré, il s'agit d'une simple parcs/Cj mais
celle-ci se transforme bientôt en une parai ijsîe plus ou moins
absolue, ayecjfacchlité des membres, en d'autres termes sans
rigidité musculaire.
Ce phénomène, en rapport avec l'interruption des cordons
blancs» et plus spécialement des cordons latéraux, est con-
forme, vous le voyez, aux données de la pathologie expéri-
mentale.
B. Au bout de quelques jours, de quelques semaines, phis
tard dans certains cas, plus tôt dans d autres, il se manifeste,
I
126 TRODBLaS MOmUBS
I
dans les membres paralysés, des secousses, des crampes, uns .■
rigidité temporaire des masses musculaires, autant de 87119-
tomes qui relèvent encore de la lésion des cordons latérauz,
mais qui indiquent déjà qu'une cause d'excitation a élu domi*
cile dans ses faisceaux. Ce sont là, en somme, les premim;J
symptômes qu'on puisse rapporter à la myélite descendante
des cordons latéraux.
C. Enfin survient la contracture permanente de$ membret-
qui ne manque à peu près jamais d'exister à une certaine
époque de la maladie qui paraft devoir être rattachée, éUa
aussi, à la lésion scléreuse que présentent les cordons lat^l
raux dans le segment inférieur de la moelle. U est de régto']
que cette contracture impose d'abord pendant quelque temps
aux membres paralysés l'attitude de l'extension; mais tôt 01
tard, en général^ survient au contraire, l'attitude de la flexiot'
forcée.
D. A cette phase de la maladie, sous l'action combinée de
la suppression de rinfluence modératrice du cerveau et pro-
bablement aussi par le fait de Tirritation dont la substance
grise a son tour devient le siège, les propriétés réflexes s'exal-
tent dans le segment inférieur de la moelle. Alore on voit les
membres paralysés se soulever et entrer en convulsion aux
moindres attouchements ou encore quand le malade urine
ou va à la selle.
Je n'insiste pas sur ces troubles de la motilité qui sont
aujourd'hui de connaissance vulgaire. Je me bornerai à voue
faire remarquer que Tintensité de la contracture permanente
des membres, et surtout de la contracture avec flexion est en
général plus prononcée dans la myélite par compression lente
qu'elle ne Test dans la myélite spontanée.
Il en est de même de l'exaltation des propriétés réflexes de
TROUBLES DE LA VESSIE 127
la moelle. Il ne faudrait pas néanmoins chercher dans cette
difierenee, dont la raison, d'ailleurs, nous échappe entière-
ment, un caractère diagnostic absolu.
E. H est de règle aussi dans la myélite par compression,
lorsqu'il s'agit du moins de la région dorsale ^, que la vessie
conser>'e en grande partie Tintégrité de ses fonctions pendant
un laps de temps relativement considérable; mais des troubles
vésicaux plus ou moins accentués peuvent enfin survenir.
A ce sujet, il y a une distinction à établir.
Si la compression siège trop haut, vers le milieu de la région
dorsale, par exem])le, on observe, en général, de la diffi-
culté dans rémission des urines. Cette difficulté semble due
à ce que les muscles qui jouent le rôle de sphincters restent
dans un état de spasme permanent. La volonté ne modifie
pas aisément cette contraction permanente, et rémission
involontaire des urines, qui se produit quelquefois, en pareil
cas, s'opère par regorgement comme on Ta dit.
Au contraire, si la lésion siège très bas, vers la partie supé-
rieure de la région lombaire, il peut arriver que les sphinc-
ters soient paralysés d'une manière continue et les urines
s'écoulent alors involontairement. Il est possible, dans une
certaine mesure, de se rendre compte de cette diff<»rence, au
premier abord singulière, si l'on se reporte à la théorie,
fondée sur l'expérimentation, émise récemment par II. iludge
relativement au mode d'action du système nerveux central
>ur les fonctions de la vessie*.
En réalité, selon il. Budge, il n'existerait pas d'autre
sphincter de la vessie que les muscles uréthraux (constric-
1. HolmoM. — A Sifi,teiii or >^frfjery^ t. 111, p. Sô«. — Indusion o/ tlu.
»pinaf C'orJ in Carien of the Splnc.
ï. nudcre. — Zf^itsrhr. /. prat. lltVk. -VA'/, p, 3 uivl 174. — l\ln:r dia
lUizb'jrLtit dtr Vui'dcri.ti Uuckennuirfciatriin^''. J*jli'"jcr\ Archiv fiir riit/àio-
.'•>'/»e. W. II, 1». 511.)
^^^^^ TirÉORIE DE EUDOB
'urèthre et bulbo-caverneux). Les nerfs qui font
t, r la vessie viendraient des pédoncules cérébraux.
1 ssariL par les corps restiformes, ils pourraient être suiris
expérime italeraent dans les cordons antérieurs de la moollc
~ jusqu'à 1 issue des S'-S" paires sacri5e3. Les nerfe qui tonc
contracter les muscles de l'urèthre suivent, toujours d'aprin
M. Budge, à peu près le même trajet et ils offrent ceci de parti-
culier, qu'ils sont modifiés dans l'état normal par une inflaence
' réflexe, qui leur est communiquée par les nerfs centripètes
j provenant de la vessie. Use produit là, en conséquence, unacle
qui a pour effet de déterm contraction permanenle des
I muscles uréthraux, mais i peut être annihilé même [«r
t une sorte d'arrêt que commande la volonté.
J D'après cela, toute lésion qui aura pour conséquence d'in-
terrompre dans la moelle, jusqu'à la sortie des 3% 4* et b' paires
sacrées, le cours des nerfs qui se rendent soit à la vessie, soit
à l'urèthre, aurait également pour résultat do laisser subsis-
ter l'acte réflexe qui commande l'occlusion constante liu
sphincter; c'est pourquoi les lésions de la moelle cervicale rt
dorsale produiraient le spasme permanent du sphincter vésical
qu'on observe dans certains cas de compression spinale. !^,
par contre, la lésion siège plus bas, les conditions de l'acte
réflexe dont il s'agit ne subsistent plus, le sphincter est pars-
lysé d'une façon constante, et Turine s'écoule alors inces-
samment goutte à goutte, l'action des muscles de la vessie
ne rencontrant plus d'obstacles.
Je n'ignore pas, Messieurs, que la théorie de M. Budge n'est
pas, tant s'en faut, encore classique, et les faits expérimentaux
sur lesquels elle s'appuie, demandent eux-mêmes k être véri-
fiés. J'ai cru devoir néanmoins l'exposer brièvement parce
que, èk mon avis, elle explique, quant à présent, mieux que
tonte autre, les faits révélés par l'observation clinique.
TROUBLES DB LA SENSIBILITÉ 129
V.
Ainsi que je vous le disais tout àrheure, dans la paralysie
par compression, la sensibilité ne se modifie en général que
très tard, d'une manière sérieuse^ à moins qu'il ne s'agisse
d'une lésion qui^ primitivement, aurait occupé les parties
centrales de la moelle. Quoi qu'il en soit, voici l'exposé de
quelques particularités relatives aux troubles de la transmis-
sion des impressions sensitives, lesquelles se manifestent de
préférence, mais non pas cependant d'une façon exclusive,
dans les paralysies par compression spinale ; elles ne s'ob-
servent, ainsi que vous l'avez dû pressentir d'après ce qui a
été dit plus haut, que dans les cas où la compression est
portée à un haut degré.
En premier lieu, je signalerai le retard dans la transmis-
sion des sensations j phénomène curieux et qui, si je ne me
trompe, a été pour la première fois relevé par il. Cruveilhier^:
il peut, ainsi que je l'ai une fois constaté, se passer quelque-
fois jusqu'à trente secondes depuis le moment où l'impres-
sion a lieu jusqu'à celui où elle est perçue par le malade.
Je dois mentionner ensuite une sorte A'hyperesthésle ou
mieux de dysesthésie par suite de laquelle les moindres
excitations, telles qu'un léger pincement, l'application d'un
corps froid, donnent naissance à une sensation très pénible,
toujours la même, quelle que soit la nature de Texcitation
et dans laquelle domine^ d'après les récits des malades, un
sentiment de vibration. Ces vibrations, toujours d'après ce
que rapportent les malades, semblent remonter du c^jté de
la racine du membre en même temps qu'elles descendent
1. Cniveilhier. — Anat. patholoy'iq.^ liv. XXXVIII, p. 9. — M. Scliiff.
Ltftrfjruch dtr Phi/aiolotj. des Mciuchen, 1863-5*J, p. 210.
Chaiicot. Œuvres C(»uiiilitoi4, t. II. 0
130 TsbUBUBS DS LA SUMIBIUTA
vers son extrémité. Dans la plupart des cas, cea BensatioBS
persistent pendant plusieurs minutes, parfois on quart d'heim
et plus encore, après la cessation de la cause excitatrice qd
les a déterminées. En pareil cas, le malade éprouve toi^onn
une grande difficulté à désigner exactement le lieu où l'exci-
tation a été produite.
Enfin, il n'est pas rare que Texcitation portant sur m
membre, après avoir produit les phénomènes qui viemMit
d*être indiqués, soit suivie, au bout de quelque tempa, d'un
sensation analogue qui paraît si^er symétriquement dans
un point du membre opposé correspondant à la région prinri-
tivement excitée. Cela rentre dans l'histoire de ce qu'où
désigne sous le nom de sensations associées.
On a cherché, vous le savez, à se rendre compte aiiuî ^
qu'il suit de la production du phénomène en question : Loif- ;
que la transmission des impressions sensitives dans la moeUs .;
est rendue difficile par l'interruption d'un certain nombEeda
tubes nerveux (centripètes), ces impressions seraient trans-
mises par la voie des cellules ganglionnaires, liées entre elles
par leurs prolongements jusqu'à des fibres nerveuses restées
saines-, ces impressions parvenues au centre de perception,
par cette voie anormale, seraient consécutivement, suivant
la règle commune, rapportées à la périphérie de ces dernières
fibres nerveuses, et de là proviendrait l'erreur dans la loca-
lisation.
J'ai cru, Messieurs, devoir rappeler ces particularités,
parce que, je le répète, elles s'observent plus communément,
et à un plus haut degré, dans la paraplégie par compression
que dans toute autre forme de paralysie des membres infé-
rieurs. Mais il nefiiudrait pas, cette fois encore, chercher là
un caractère distincfif absolu. D'ailleurs, ces symptômes, et
TROUBLES DE LA NUTRITION 131
j'insiste sur cette réserve, ne s'observent guère, dans la
paraplégie déterminée par une compression lente de la moelle
('-pinière, que dans le cas où la lésion spinale est portée au
plus haut point.
VI.
A moins de complications inattendues, la nutrition dans
les parties paralysées demeure normale. Ainsi les muscles
conservent pendant de longs mois leur volume et leurs pro-
priétés électriques. L'inactivité prolongée finit toutefois par
amener Témaciation et l'amoindrissement do la contracti-
lité feradique des muscles paralysés. De leur côté, le tégu-
ment externe, la vessie, les reins ne présentent, durant long-
temps, aucune modification nutritive appréciable. Mais la
vitalité de ces organes paraît rapidement se modifier sous
l'influence de certaines complications. Ainsi, par exemple,
ilans un cas que j ai observé de paraplégie consécutive a un
maldePott, l'ouverture subite d'un abcès dans le canal rachi-
dien détermina une brusque irritation du segment inférieur
de La moelle bientôt suivie de la formation rapide d'escarres
sacrées, d'une modification de la contractilité électrique des
masses musculaires qui, peu à peu, présentèrent une atrophie
remarquable. Les urines en même temps deviennent puru-
lentes. Les accidents survenant dans de telles conditions
sont, en général, promptement mortels. Du reste, sans l'inter-
vention apparente d'une cause nouvelle, d'une complication
quelconque, ces mêmes accidents peuvent se manifester plus
ou moins rapidement, à un moment donnt'», dans h> cours
des paraplt'gies par compression et amener l'issue fatale.
VIL
Jusqu'ici, Messieurs, nous ne nous sommes occupés ([ue
des lésions organiques qui interceptent le cours des fibres
132 HÉMIPLÂaiE ET HÉMIPAKAPLÉaiB SPINALES
nerveuses dans la moelle, sur un point, dans toute son épais-
seur. Je veux actuellement appeler votre attention sur le cas
où Tune des moitiés latérales de ce centre est seule lésée pur
le fait de la compression.
Il importe de bien spécifier tout d'abord l'étendue et le
mode de répartition de l'altération que nous avons en vue.
Nous supposons la moitié latérale de la moelle épinière lésée
dans toute son épaisseur, jusqu'à la ligne médiane. La lésion
doit avoir, par conséquent, interrompu le cours des fibre»
des cordons postérieurs et antéro-latéraux d'un côté et
simultanément aussi les parties correspondantes de la subs-
tance grise jusqu'à la ligne médiane. Dans ces conditioni
spéciales, et dans celles-là seulement, la lésion dont nous
étudions les eiTets se traduit cliniquement par un ensemble
symptomatique fort remarquable et vraiment caractéristique.
On peut désigner cet ensemble simplement sous le nom
d'hémijjlégle spinale avec anesthtsie crolséCy quand h
lésion dont il s'agit occupe un point de la région cervicale.
Si c'est au contraire un point de la réj^rion dorsale ou lom-
baire qui est altecté de cette faron, ce n'est plus rhémiplégrie,
mais l»i(Mi Vhcm/parajjfcfj/e spinale avec oniMhvsit croisit
<iu'()n observe. Vous allez rec<jnnaître bientôt, Messieurs, la
raison de ces dénominations.
VIII.
Toute lésion hémilatérale de la moelle, (jui ne remplirait
pas les conditions expresses que je viens d'énuniérer, ne pro-
duirait pas Tensenible symptomatiqu(» sur le(|ue] je veux atti-
rer votre attention ou ne le produirait tout au moins que
d'une manière imparfaite ; une lois, au contraire, ces condi-
tions remplies, le tableau symptomatique se pn'sente néces-
sairement. La connaissanceque nous enavons est de datotouti»
HÉMIPAUAPLÉOIE SPINALE 133
moderne. C'est un des résultats les plus nets et les plus fruc-
tueux qu'ait fournis, dans ces derniers temps, Tîntervention
de la physiologie expérimentale dans le domaine de la patho-
logie spinale, et je suis heureux de dire que cet impor-
tant résultat est dû tout entier aux travaux de mon ami,
M. le professeur Brown-Séquard.
Ce n'est pas, toutefois, que l'hémiplégie et Thémipara-
plégie spinales aient passé inaperçues jusqu'à lui; mais, jus-
qu'à M. Brown-Séquard, ce n'était là, pensait-on, qu'une
réunion, pour ainsi dire fortuite de phénomènes étranges,
contradictoires, inexplicables au point de vue de la physio-
logie régnante. Aujourd'hui, grâce aux travaux de M. Brown-
Séquard, nous connaissons, en grande partie du moins, la
raison des phénomènes qu'il nous est possible de faire re-
monter, avec précision, jusqu'à la lésion anatomique qui leur
a donné naissance.
Pendant longtemps, au point de vue clinique, l'intérêt a
été surtout chirurgical, car la section hémilatérale de la moelle
capable de déterminer l'hémiparaplégie avec ânes thcsie croisée
paraît être une conséquence fréquente des lésions du centre
spinal par un instrument tranchant. Cependant le médecin
est appelé à observer parfois cette forme symptomatique, et,
en particulier, lorsqu'il s'agit de la compression spinale occa-
sionnée par une tumeur.
Prenons le cas d'une tumeur méningée, comprimant vers
la partie moyenne de la région dorsale, une moitié latérale
de la moelle épinière et supposons, pour nous mieux orienter,
que la compression porte, par exemple, sur le côté gauche du
cordon nerveux, ainsi que cela avait lieu dans un fait dont
j'ai rapporté l'histoire {Flg. 7 et 8)^ Voici les principaux
phénomènes qu'il y aurait à relever en pareille circonstance.
1. Cbarcot. — ïlémiparapUgie déterminée par une tumeur qui comprimait
la wMftié gaucke de la moelle éjnnière. In Archives de phi/niotoyie, t. II, ]>. 2V),
134 HÉUIF&RAPI^niE BPIKALK
Le membre infènevr ducô(é(}aucliesGr,i\t paralys<i, pi
eu moins cumplétcment, quant au mouvement, ainsi que
muscles abdominaux de ce même côté. Les t<!-g'ument8, j
lespoints correspondant aux parties atteintes de paral^'sioÉ
1869. pi. XIU. — Lu lumeur appliquée «ur la tice niitérieoro d» l> b_
durwile do la maellp, qu'elle cooiprimo forteniont d'avant «u aniiraW
i;atiijLa k droiU', eel n^suz réguliêrauiout ovuïde. 8oa grand ai« ti ''~
!l7pf^8CUleii(,relativemeQtaux parties humolngues du côté
apposé, une «Ic'vation plus ou moins prononcée de la tem-
p^-raturc, cousûquence de la paralysie vaso-motrice. Laseo-
sîbilité, sur toute l'étendue de ces mêmes points, se rencon-
trerait normale ou même notablement exaltt^'C au niveau du
BÎèg» d« la compression spinale et, du même côté, une explo-
nitioD attântive ferait reconnaître l'existence d'une zone d'à-
nesthùie, dirigée transversalement et formant par en haut
ialfmitâdes parties paralysées du mouvement et dont la sen-
SÎbilitiJ, ainsi qu'il a été dit, serait exagérée ou normale.
A droite, c'est-à-dire du côté opposé i la lésion spinale, le
mouvement serait parfaitement conservé dans le membre in-
f^eur et les muscles de l'abdomen ; mats, par contre, la sen-
sibilité sur ces points serait obnubilée ou même complète-
ment éteinte dans tous ses modes. Il s'agirait làd'une véritable
hémitineHthésie, limitée supérieurement au niveau de la lésion
spinale, par une ligne horizontale bien tranchée et en dedans
très exactement par la ligne médiane.
Vous comprenez aisément, d'après ce qui précède, la raison
de la dénomination : héniiparapUgit s/iinale avec anesdiésie
croisa, proposée pour désigner l'ensemble symptomatiquc
dont il vient d'être question. Si la compression hémilatérale
ao Uea de aiéger à la région dorsale do la moelle, occupait
fco•tltilI)élr(M el demi envïrun «t con aie transversal au reTitiinèlre
[j^. 7 et 8, a.) £Ii« «si située à cinij centimètrea au-de»eus d'iino
ira qui diviserait eo trarert la partie lu plus large àa renflement
EUa eat iogév un partie daun une dâprsMÏoii r{u'eUe a'««t creu»ée
aux dépens da la moslie. (/^ij. 8, b.) Elle n'est pas placée eutctemeiit surla
VfTm mMÎAno, mais bien un pL'u à gauche da siUon médian antérieur qu'elle
■ repuiMiii fBTv la droile, de telle surto qu'elle comprime beaucoup jilus for-
liwat la multié fr»uche que la moitié droite. En uu point, la campreMiou de
1» BMiid^ EKuclia lia la moella e«[ piiuBsée si loin que les deux feuillets de la
jàt-atlm parniaRenl âci'olés l'un à l'autre ; au contraire, la moitiù druitu du
turdun aul4aUaire présenta encore dans le* poiuts les plus fortomeut coiii'
IMiiiii». c'mt-k-JUn an roûinige du ùllon nédiftn, nue épaisseur du plus do
dMS KOUmàtroa. — Voir aussi un fait publié daus r/t< LajKtt (1^'> P- *'^)t
13(! Bi»IIANESTIIËSIE CROISÉE
une K'giun plus élevée, la partie supérieure du reiiOemâï
brachial, par exemple, ce sont les symptômes de VkémipI^
spina/e proprement dite qu'on aurait alors suus lesyeiu
Ici encore, on observerait une hémianesthésie croisée, c'est-j
dire occupant le côté du corps opposé au sièpe de la lée
spinale, mais l'insensibilité ne resterait pas burnée au memin
inférieur et à un côté de l'abdomen, elle s'étendrait de )
même côté au membre supérieur, au tronc, au cou même, 4
telle sorte que la face serait peut-être seule respectée.
Du côté correspondant au siège de la lésion spinale, k (
ralysie motrice occuperait à la fois le membre supérieur et 11
membre inférieur, lesquels présenteraient l'un et l'autre u
élévation relative de la température. Le tronc et les i
bres de ce côté auraient conservé leur sensibilité ou se i:
treraient hyperesthésiés. La zone d'anestbésie qui formen
la limite supérieure de ces parties serait située très haut, i
occuperait, par exemple, la partie supérieure du thorax et ^
l'épaule et même le cou.
L'anesthésie, répandue comme îl vient d'être dit, et I
mitée exactement, géométriquement, pour ainsi dire, à )
ligne médiane, sur presque tout un côté du corps, rappt
H quelques égards, l 'hémianesthésie des hystériques ot celfi
qui s'observe, ainsi que nous l'avons fait remarquer ailleoi
dans certaines lésions en foyer de l'encéphale'. Mais, mainte
circonstances peuvent être relevées qui, en cas de I
serviraient à la distinction. Ainsi, dans l'hystérie, commed
le cas d'une lésion encéphalique, la face participerait il [
près nécessairement à l'hémianesthésie, ce qui n'aurait ]
lieu dans l'hémiplcgie spinale. De plus, les troubles mote
concomitants — parésie, paralysie avec ou sans contractuil
— se montreraient, dans ce dernier cas, du côté opposé i
l'anesthésie, tandis qu'ils occuperaient le même câté qol
1. Voyez Cliarcot. — Ltioni iur le* mal. du tijHhmt ntntitx, 1. 1, p^ SOOi. j
HÉMIANRSTHÉSIE CROISÉE 137
3— ci chez les hystériques et chez les sujets atteints de lé-
is or^niques de l'encéphale. Je ne m'étendrai pas plus
guement au sujet de ces traits distinctifs qu'on pourrait
ornent multiplier.
ïe ne m'arrêterai pas non plus à développer Tinterpréta-
»n anatomique et physiologique qui a été donnée des
mptomes de l'hémiplégie et de la paraplégie spinales. Je
e puis mieux faire à cet égard que de vous renvoyer aux
ivers écrits de M. Brown-Séquard * et je me bornerai aux
marques suivantes. On suppose que les conducteurs des
inpressions sensitives, quels qu'ils soient, après avoir suivi
itas chaque moitié latérale de la moelle épinière, un trajet
irigé de dehors en dedans et d'arrière en avant, sur un plan
ligèrement incliné de bas en haut, viennent s'entre-croiser
■r la ligne médiane. Il y a lieu d'admettre, en outre, que
I» faisceaux qui, après l'entre-croisement, remontent vers
l'encéphale, ne s éloignent pas notablement du plan médian
intéro-postérieur et qu'ils occupent la partie centrale de la
nbstance grise au voisinage de la commissure. Voici main-
ienant les conséquences qui résulteront d'une telle disposi-
kn.
La lésion hémilatérale de la moelle épinière — qu'il
'apsse d'une plaie déterminée par un instrument tranchant,.
'un foyer de myélite, ou d'une tumeur, peu importe, —
ara pour effet de détruire un nombre d'autant plus grand de
inducteurs non encore entre-croisés, qu'elle sera plus
tendue en hauteur; ainsi se produit la zone d'anesthésie
lus ou moins haute suivant les cas, à direction transversale,
ai s'observe au niveau de la lésion et du m* me côté que
îUe-ci.
1. ConiHilter Brown-Séquard : Phijtiology and pathologi/ of tk^ uervous
yifem. PUiladelpliia, IrtCO; — Journal de la plujsiolo'jlc^ etc., t. IV, 1863,
134; — The Lancet, 18C9, vol. 1.
138 IIÉMLANI^STUÉSIE CBUI6ÉK
Au-dessous de la lésion, les conducteurs venant de ce mètSt
cûtéde la moelle suivront leur trajet jnsqu'iV la lig'ne médiane
et s'y entre-croiseront avec ceux du cûlû "pposé, ^tans avoir
subi d'interruption dans leur parcours. C'est pourquoi iM
parties situées au-dessous de la zone transverse d'anc^h^e
conservent la sensibilité normale. Elles se munirent Iris
souvent même notablement hyperesthésiées. Il n'a pas encoK
été donné, que je sache, de ce dernier phénomène, une expli-
cation qui soit tout à fait satisfaisante.
Pour ce qui est des conducteurs des impressions sensilivo,
venues du côté de la moelle opposé à celui qu'occupe la lêma, '
ils ont tous à traverser, après leur entre-croisement, le foyts •
d'altération pourvu que celui-ei s'étende réellement jusqu'il
la ligne médiane, et ils subissent tous, par conséquent, dins <
cette partie de leur trajet, une interruption plus ou moiM ■
complète. C'est ainsi que se produit rhémianesthésiei^roisée-
Quant à la paralysie motrice qui s'observe au-dcs80U9 il< I
la lésion hémilatérale de la moelle et du même côté qu'ella, *
c'est une conséquence facile à prévoir de l'interruption subis '
par le faisceau latéral correspondant, les libres qui cons-
tituent ce faisceau ne s'entre-croisant nulle pari dans U
moelle avec des fibres homologues du cfité opposé.
J'avais soin de vous faire remarquer tout à l'heure qn» les j
faisceaux — en supposant que ce soit véritablement des'
faisceaux — résultant de l'entre-croisementdes eotidoctfiun
des impressions sensitives paraissent ne pas s'éloifçner nota^
blement du plan médian antéro-postérieur, où ils occupool,
de chaque cûté, la partie centrale de la substance grise. Il
résulte de cette disposition qu'une lésion hémilatéralo (te It
moelle, même assez prononcée, mais qui, ne s'étendant pu-
rigoureusement jusqu'à la ligrne médiane, épargiiaot des
faisceaux dont il s'agit, n'aurait pas pour effet de détenaiatf '
l'hémianesthésie croisée. Une telle lésion produirait, suivanl
LÉSIONS SEC'OKOAtKES 131)
;Ib cas, l'hémiplég'ie oa i'hémipanplég'ie spinales, mais sfins
sncKthôsie croisûe. Vdiis rencontrerez dans la pratique d'assez,
mnnbreux exemples de ce genre.
J'ai routu me restreindre, Messieurs, a vous indiquer d'il ne
naoîèrG très suminaire les traits les plus saillants de l'en-
•emblesjTnptomatique qui révèle l'existence de lésions hémi-
Kles de la moelle épimère. Je ne pais me dispenser
dant d'ajouter à ce qui précède quelques détails complé-
Ijîres. Rarement les lésions dont il est question restent
aïs confinées dans leurs limites originelles. Tôt ou tard,
ne projKig^ent, soit par en haut, soit par en bas, soit
dus les deux directions à la fois, à une certaine distance, en
dïhorB da fnyer primitif. Il est presque de règle, par exemple,
■p'au-dcssous de la lésion transverse hémîlatérale, et du
némerôl^ que celle-ci, le faisceau latéral soit a un moment
dwmé atteint dans toute son étendue en hauteur, suivant la
lui du développement des scléroses fasciculées descendantes.
Ko pareil cas, la contracture 'permanente ne tarderait pas à
Hnirajouter à la paralysie déterminée dans les membres par
blÂsicin spinale primitive : d'autres fois, l'Irritation semble
H propager, eu outre, également au-dessous dt^- la lésion en
piver et du même côté dans la corne antérieure de la subs-
(anec grise. Alors, les membres, paralysés déjà et contrac-
VtréKf offriraient, en plus, une atrophie plus ou moins pro-
des masses musculaires. Enfin, vraisemblablement
en rapport avec l'Hltération consécutive de divers pcjints non
rnroro délerminéfl de la substance grise, on peut voir les
kyinpl'>mi'S d'hémipl^ie spinale se compliquer de divers
autres tronbles tropbiques, tels que arthropathies, escarres
faMiéres ou sacrd-cs, etc.
fTen 08t assez, jo l'espère, Messieurs, pour vous faire re-
«Miunltre l'inlérèt qui, à notre point do vue, s'atlache A
140 DÉMIPAltAPLÉtilB ■: CAirSSB
l'étude de l'hémiplégie spinale. Je ne saurais trop le répéter,
cet ensemble symptomatique ne se produit pas seulement,
comme on a pu le penser pendant un temps, en conséquence
de lésions traumatiques de la moelle épinière. Je l'ai pour
mon compte observé, soua la forme bien dessinée d'hémipara-
plégie avec anesthésîe croisée, dans cinq cas. Dans trois de
ces cas, il s'agissait d'une myélite scléreuse traneverse; dans
un quatrième d'une néuplasîe întra-spinale'; dans le cin-
quième enfin, déjà mentionné plus haut, une tumeur, primi-
tivement développée à la face interne de la dure-mère, avait,
à un moment donné, en s'étendant dans le sens antén>-
postérieur, déterminé sur un point de la région dorsale, une
compression i peu près exactement limitée à une moitié la-
térale de la moelle épinière.
1. Gbsrcot ei Gomh»u\t. — Notrmr unrafdtlttioiudùtfMintitiUteniirm
ntrvtai obt«rvéft cA« unP /cmmt »j/pAi7i(îguï. Id Architu dt ph^Mt^*,
1873, p. 173.
HUITIÈME LEÇON
De la Compression lente de la moelle épinière. —
Paraplégie cervicale. — Symptômes particuliers.
— Pouls lent permanent.
S<miiAiBX. — De la paraplégie cervicale. — Compression des nerfs des extré-
mités sQpérieores. — Lésions de la moelle épinière au cou ; leur mode d'ac-
tion dans la production de la paraplégie cervicale. — Distinction entre la
paraplégie cervicale due à la compression des nerfs périphériques et celle
qui dépend d^one lésion de la moelle. — Altération des cellules nerveuses
motrices et tumeurs de la moelle, cause d*une troisième forme de la para-
plégie cervicale.
De quelques symptômes particuliers de la compression lente de la moelle
cervicale. — Troubles oculo-pupillaires. — Toux et dyspnée. — Vomisse-
ments à retour fréquent. — Gêne de la déglutition. — Hoquet. — Trou-
bles fonctionnels de la vessie. — Attaques d'épilepsie.
Du pouls lent permanent. — Ralentissement temporaire du pouls dans
Ut fractures des vertèbres du cou. — Pouls lent permanent lié à certaines
affections organiques du cœur (rétrécissement aortique, dégénérescence
graisseuse du tissu cardiaque, dépôts ôbrineux). — Insuftisance des lésions
cardiaques, dans certains cas, pour expliquer le pouls lent. — Accidents
liés au pouls lent permanent : Syncope, état apoplectiforme, accès cou-
vulsifs. — Dans certains cas le point de départ du pouls lent permanent
doit être recherché dans la moelle cervicale ou dans le bulbe. — Cas du
D'Haiberton.
Mort subite ])ar rupture du ligament transverse do Tapophyse odon-
toîde.
Symptômes qui accompagnent les lésions du rendement lombaire et de
la queue de cheval.
Messieurs,
Je terminerai cette série d'études relatives a la compres-
sion spinale lente, en appelant votre attention sur certaines
HIPARAPI.£(iIB OBSTICALB
particularités qui s'observent quelqueluis dans les cas où la
I lésion, qui délermine les phénoméDes de compression, affecte
L la région cervico-brachiale de la moelle épinière.
I.
Noua noua occuperons, en premier lieu, d'une forme sin-
gulière de paralysie qu'on peut rencontrer en pareil cas et
que nous vous proposerons de désigner, à l'exemple dû
M. Oull, sous 1.1 dénomination, assurément très pratiiiue,
1^ de pampléijie cervicale*. La paralysie occupe alors, soii uu
seul des membres supérieurs, soit les deuv membres sufhv
rieurs i la fois, exclusivement ou tout nu moins d'une- façuo
pn'dominante. — Les membres abdominaux sont souvcal
affectt-s à leur tour, par la suite, mais généralement iV nn
degré relativement moindre. II n't-st pas très rare de reu-
coutrer cette forme de paralysie dans le mal de Potl cervi<al.
Y «) II peut arriver, et il arrive, en effet, assez fréquemmenl
dans cette variété du mal de Pott, ijuc les nerfs des exlréuiiu-s
supérieures soient comprimés, tantôt au niveau destrousde
conjugaison, tantôt dans leur passage à travers la dure-mère
épaissie par le fait de la pachy méningite casseuse. Cette com-
pression, portée à un certain degré, aura nécessiii rement, liil
ou tard, pour résultat, une paralysie portant, suivant le ta.",
soit sur un seul de ces membres isolément, paralysie toute
périphérique et qui se traduira à peu prés. Messieurs, par
l'ensemble des symptômes suivants :
A l'origine, une douleur vive occuperait le trajet des
troncs nerveux comprimés et irrités; il pourra s'y joindre
une hyperesthésie plus ou moins prononcée des téguments,
des troubles vaso-moteurs variés, diverses éruptions cuta-
I. Ctrvkal Faraplrgia, i
n Uo'p. Jlcport; I. IV, 18Sd, p. iOT.
PÂRAPLÉQIB CERVICALE 143
nées vésiculeuses et huileuses, etc., en un mot toute la série
des phénomènes que nous avons naguère appris a connaître
à propos des pseudo-névralgies et sur lesquels, par consé-
quent, il n'est pas nécessaire de revenir. L'impuissance
motrice ne tarderait pas à survenir, et les muscles des
membres paralysés présenteraient hientôt une atrophie plus
ou moins accusée, accompagnée ordinairement d'une dimi-
nution plus ou moins accentuée de la contractilité faradique
par le progrès du mal, Thyperesthésie ferait place à une
anesthésie souvent très profonde. Enfin, il y aurait lieu de
relever l'existence, dans les membres privés du mouvement,
d'un amoindrissement et même de la suppression totale des
actes réflexes*.
6) La compression subie par les filets nerveux qui don-
nent naissance au'plexus brachial n'est pas, tant s'en faut,
la seule cause organique capable de produire la paraplégie
cervicale ; celle-ci peut se montrer encore en conséquence de
lésions qui portent leur action sur la moelle épinière elle-même.
S'il est vrai qu'une compression très accentuée, poussée au
point, par exemple, de déterminer un aplatissement prononcé
de la moelle, a pour effet nécessaire, lorsqu'elle s'exerce sur
la région cervico-brachiale, de paralyser les quatre membres,
Tobservation démontre, d'un autre côté, qu'une pression
moins forte, s'exerçant sur cette même ré^j^ion, peut dans
de certaines conditions, avoir pour résultat d'occasionner
une paralysie motrice limitée, au moins pendant quelque
temps, aux deux membres supérieurs ou même à l'un de ces
membres.
1. Sur la parapléfjie cervicale par compremon des tronct nervenj., loii-
Kultez : Brodii*. — Injuries of ihe npinaf Cord. In Medico-rhi ru rf/irtt/
Tramaet., 1KJ7, t. XX* p. 131;'— Marshall Hall. \\\ Medi.:.-cUir. Tran'aact.j
1839, "t. XXIIl, p. 216; — Niomoyor. Speciell PathuL, t. II, p. îVJS; —
M. Roseuthal.— Comtntr» Jahresh,, 1866, 2' Bd., 1 Abtli. p. 45 ot Xe.rnn-
krankh. — Bonodikt. Elektrothcrap., t. II. p. 310. — J.-A. Miclwiiid. Sur
la méningite et sur la myélite dans le mal vertébral, rari», 1871, p. 56.
Pour se rendre compte anatomiciuementet phygiologitiue- I
ment de ce phénomène, mis en relief p;ir l'observation cli- I
nique, on a proposé d'admettre que les conducteur!* pour les !
incitations motrices volontaires des membres thoraciquas i
occupent, dans les cordons antérieurs de la moelle cervici
un plan plus superlicicl que celui qu'occupent les condd
leurs d>?s mûmeN Incitations pour les membres infôrioan
suit naturellement do là que les deux ordres de condiu
peuvent être lésés isolément, séparément'.
Quelle que soit la valeur de cette interprétation, uaf
saurait, Messieurs, je le répète, mettre en doute l'exîst
de la forme de paralysie des membres supérieurs sur la<]Ut
j'appelle votre attention. Voici d'ailleurs l'indication f
maire des traits particuliers sous lesquels elle se préstmlil
qui permettent de la distinguer des paralysies cervicales lim
i la compression périphérique des nerfs. — Dans cellW
vous le savez, l'impuissance motrice est préeé-dée et»
pagnée de douleurs vives (pseudo-névralgies), suh-ie ti
tard d'anesthésie : il s'y ajoute une atrophie plus ou l
marquée et plus ou moins rapide des masses muscalad
avec diminution de la réaction faradique. Les actes r
dans les membres paralysés sont amoindris et supprimés
La paraplégie cervicale par compression spinale bdh
postérieure se présenterait au contraire avec des cars
tout autres. Ici les muscles conservent i>endant fort l
temps leur volume ainsi que leurs propriétés électriqi
sensibilité des membres paralysés peut n'être pas uot
ment modifiée ; enOn, non seulement les phénomènes xiOi
persistent dans ces membres, mais encore ils s'y mond
quelquefois manifestement exaltés. Cette circonstance]
1. Consulter : IlTowD-Séqii&iil. — Journal da la phytiolagit, «le^ 1
1BC6, p. i:iïi, 631 et osa. — Euletihurg. — Jr'inetiolinttlen Ktrr—^
Uedin, IST), ]<. HT».
PARAPLÉaiB CERVICALE 145
suffirait à elle seule pour démontrer que la lésion ne porte
pas sur le trajet périphérique des nerfs, se trouve mise en
relief déjà dans une observation recueillie par M. Budd et
qui fait partie d'un mémoire très intéressant dont la publica-
tion remonte à Tannée 1839 *. Il s'agit, dans ce cas, d'une
jeune fille scrofuleuse, atteinte de carie des vertèbres cervi-
cales et chez laquelle se développa consécutivement un abcès
rétropharjngien. Pendant deux ans environ la paralysie
s'était montrée limitée aux membres supérieurs; elle envahit
par la suite le membre inférieur droit. Sous Tinâuence de
diverses excitations, ainsi que pendant l'acte de la micturi-
tion et de la défécation, des mouvements involontaires plus
ou moins énergiques survenaient dans ce membre, et aussi
parfois, bien que toujours à un degré moins prononcé, dans
le membre supérieur du même côté.
Un feit rapporté par le D' Radclifle doit être rapproché,
a certains égards, de celui du D^ Budd ^
c) Il est encore, Messieurs, un autre mode suivant lequel
une altération de la région cervico-brachiale de la moelle
épinière pourrait déterminer une paralysie motrice bornée
aux membres supérieurs. Vous n'ignorez pas que, dans cer-
tains cas de paralysie infantile spinale, la ijaraplégle cervi-
cale s'observe lorsque la lésion systématique des cornes
antérieures de la substance grise est limitée, dans une cer-
taine étendue en hauteur, au renflement brachial. Les mem-
1. Paiholo'jy ofihe spinal Cord, In Med,-chir. Transad.j 1>*39, t. XXXII,
p. 141.
9. Uncasy recueilli à la clinique d'Oppolzer par M. Scliott, et un autre cas
obfenré par MM. Vof^el et Dittmar sont aussi des exemples de compression
lente «*eser^ant sur la partie antérieure do la répfion cervicale de la moello
é|»ijiière, et ayant déterminé une paralysie motrice limitée aux membres siip»'--
rieon. Cc!t deux faits ont été sifi^ialés dans un intéresi^ant travail de M. £mil
RoUe. KrankheiU Eracheinungen in Folge von Compression der oherster
DmaUtUckê ihê JUlcJcenviarcks. In Wiener med, Wochenachr . , n°' 24, 25,
1SG4 et OaiiêtalVs Jalircêb,, 1865, t. III, p. 30.
CbaH'.ot. Œarrc8 complvtct, t. II. 10
146 PAOAPLÉQIE CEBVICALE
bres paralysés présentent alors, dès l'orig'ine, une RuccidJ
extrême, résultat de la perte de la tonicité des muscles; lea
actes réSexes sont plus ou moins complètement abolis ; les
muBcIes atrophiés ne répondent plus aux excitations faraiji-
ques. La sensibilité n'est, dans la règle, en rien modifiée.
Une myélite aiguë, partielle, de même siège, produirait à
peu de chose prés les même effets* et l'on peut en dire autant
d'une tumeur qui, primitivement développée vers le centre
de la moelle cervicale, s'étendrait principalement en avant de
manière à affecter surtout la substance grise des cornes anté-
rieures. Seulement, dans ce dernier cas, en raison de l'évo-
lution relativement lente de la lésion et de son extension, pour
ainsi dire tatale à un instant donné, soit aux faisceaux blanot,
Boit aux régions postérieures de la substance grise, l'aspoct
des symptiTimes se montrerait nécessairement plus ou moins
profondément modifié. Quoi qu'il en soit, on pourrait citer
quelques exemples où une tumeur intra-spinale cervicale»
déterminé dans les membres supérieurs une paralysie se rap-
prochant, a beaucoup d'égards, du type infantile. A ce pn»-
pos je me bornerai à signaler une observation recueillie par
M. GuU et où il s'agit d'un enfant de 8 mois chez lequel un
tubercule solitaire s'était développé à la partie inférieure do
renflement cervical, au niveau de l'origine des G' et î' nflri*
cervicaux, La paralysie envahit d'abord graduellement k
membre supérieur droit; puis, au bout de quinze jours, allf
s'était étendue au membre supérieur gauche. Doux mois sprès
le début des premiers symptômes, les membres paralysa»,
profondément amaigris, pendaient flasques et inertes de du-
que cùté du corps. Les membres abdominaux étaient faibltfi
mais le petit malade pouvait tes mouvoir voloutAJrement.I'
mort survint environ six mois après l'invasion de la paralyne-
1. OlUvier [d'Angort), t. U, p. 3W, 3* édilion.
5TMPT0UBS PARTICULIBKS 147
Jusqu'au deniier moment les mouvements volontaires [lersis-
lèrent à on certain degré dans les membres inférieurs'.
Je tie m'étendrni pas plus longuement ici sur cette der-
nière %'3riété de paralysie cervicale d'origine spinale; elle-
sera ailleurs l'objet d'une étude approfondie.
ip
l*sïëme
n.
Je me propose actuellement de vous présenter quelques
remarques relatives à un certain nombre de sjmptùmes qui
86 manifestent pariais, en conséquence de» lésions par com-
pnasioD soit de la région cervicale, soit de la partie supé-
rieare de la région dorsale de la moelle. Les symptômes en
ipiesUon méritent d'autant mieux de nous arrêter que, d'un
eHé, ils ont été jusqu'ici, pour la plupart du moins, peu
remarqués, et que, d'un autre côté, ils peuvent exister, durant
plusieurs semaines, ou plus longtemps encore, à l'état d'iso-
lement, c'est-à-dire indépendants de toute paralysie motrice
desmembres, constituant pour ainsi dire, pendant ce temps,
laseulo révélation clinique de l'afTection spinale.
a) Vous n'ignorez pas que des troubles oculo-puplllaires
plus ou moins accusés se produisent assez fréquemment par
le (ait des lésions traumatîques portant sur la moelle cervicale
mt BOT la moelle dorsale supérieure. C'est tantôt la dilatation
{myptûspastica), taaiot au contraire, et plus souvent, ta
cootnctton pupillaire (7nyosîs paralytica) qu'on observe en
pareil cas; elles occupent tantôt un seul œil, tantôt les deux
jeax i la fuis. On peut voir, sur un même œil, les deux
ordree de phénomènes se succéder et alors la dilatation
.Oay'* Hotpilal JltporU. IWâ, p. a06,iMUexuu- Voir miBsi Im cas iv
" (I8&0, p. lâl), oii il s'agit vrjùsemblBbleuieiit d'an
I tS TItODBLRft OCL'LO-Ptn'ILI.AmiUl
spasmodique précède la contraction paralytique'. Ce sonfl
aujourd'hui des faits de coauaissance ^nilgaire*. Mais ce qnO
l'on sait moins peut-être c'est que la mydriase, résultant
d'une irritation permanente delart'gion cilio-spinale, déter-
minée par une cause traumatique, peut subsister, d'une ma-
nière continue, pendant plusieurs semaines, sans adjonction
de paralysie des membres, ainsi que le démontre une obser-
vation recueillie par M. Rosonthal et sur laquelle jercvicndrai
toutk l'iieure.
Ces mêmes moditîcntions de l'orifipe pupillaire peuvent te
montrer liées aux lésions par compression des régions supé-
rieures de la moelle. M. Ogie les a signalées dans plusieurs
cas de mal de Pott cervical. Dans un cas du même genre,
publié par M. A. Eulenburg*, la pupille droite resta très
manilestement dilatée pendant quatre semaines, aprè» quoi
elle reprit progressivement ses dimensions normales. L'affec-
tion osseuse, chez ce malade, paraissait occuper la dernîcre
vertèbre cervicale et les trois premières dorsales. Un fait
recueilli par M. K. Rollet, à la clinique d'Oppolzer*, est, dans ,|
l'espèce, particulièrement intéressant, parce qu'il monti
dilatation des deux pupilles, accompagnée d'un certain d
de protrusion des bulbes oculaires, précédant quelque t
le développement de la paralysie motrice dans les membres
inférieurs. Il s'agissait, dans ce cas, d'une tubercitiosÉ occu-
pant IfS 3" et 4* vertèbres dorsales et ayant déterminé par
compression un ramollissement des cordons antérieurs dans
la région correspondante de la moelle épinièrc. Il serait facile,
sans doute, de multiplier ces exemples.
1. Oehrard, — Ctntralhlall, ISte, p. 10.
2. h6\X'Ut. — Mim. dt la Soeiitt dt Biolojie, 186.1, p. 106. — Bsurtn- —
Dtë Iroubiri fonetionnol* du grand aympathiqve obtervii datu le* ptaUt ii
la moellt cemûale. In Ardi. gin.dtmld., «jpt. l8G9,p.S8&2 9T. — A.EnlM-
biu^ iind P. GaCtmann. — PatKotogie du St/mpatlûeiu, Berliu, 1S73, f- L
3. A. Enlanburg. — Gr^iwalder ined, BcitrSgt, 1864, pp. 81, 88,
4. Loc.cit. In CaJUlalfi Jal\rub., IBM, t. 111, p. 90.
un lail
st, dans j
ontqS|
r3|
TOnX, DYSPKËS 14!)
5 Je signalerai en second lieu tout spi^cialement iatoicx et
tyjpn^gui, dans la comprcssiou des régions supérieures
i'ia moelle ^pinière, peuvent exister à titre de sjnipti'iines
wlés, longtemps avant l'apparition de la paraplégie. Cora-
bint^s avec les douleurs névralgii^ues qui, en pareil cas, occu-
pent naturellement les parties supérieures du thorax, ces
K^inplâmes ont quelquefois reproduit, jusqu'au point de
rendre la méprise facile, les apparences de la phtisie corn-
mcnt.'ante, c'est là une circonstance que le sens pratique de
il. Gull n'a pas manqué de mettre convenablement en relief,
et, à ce propos, il cite une observation qu'il me paraît utile
de vous faire connaître au moins sommairement.
Le fait est relatif à un boulanger, Agé de trente ans, qui,
depuis deux mois environ, lors de son entrée ù Guji's
Hospital, se plaignait de toux et de dyspnée accompagnées
de douleurs dans la partie supérieure du dos ainsi que dans
l'épaule droite, de transpirations fréquentes, d'un certain degré
d'amaigrissement et enfin de prostration des forces. Quatre
jours après l'admission, il se trouva tout A coup dans l'impos-
sibilité de rendre ses urines volontairement et quinze jours
plus tard les genoux devinrent douloureux (artbropathies
«pilule»?) en même temps que s'exaspérait la douleur thora-
dqne; puis le mouvement commen(,'a A s'affaiblir dans les
membres inférieurs. La paralysie motrice s'accusa aussi pro-
gressivL'ment dans ces membres \ bientôt elle se montra com-
plète, alisulue. La sensibilité était de son côté naturellement
Amoindrie dans les membres paralysés et dans toute la partie
iaférieure dn tronc, jusqu'au niveau de la 3' côte. Une vaste
ewarro s'étant déclarée à la région sacrée le malade succomba,
émois environ aprùs le début des premiers accidents. La
B épiniére, i l'autopsie, fut trouvée ramollie dans l'éten-
M'OD pouce environ et dans toute son épaisseur, à la hau-
e la promiire vertèbre dorsale. Une tumeur, du volume
d'une noisette, était appendue à la face interne de la dure-i
elle avait déterminé la compression de la moelle, d'avant i
arriére, au niveau du point ramolli. Les lobes inférieurs des
deux poumons présentaient des lésions d'une pnetunonîe
récente; nulle part, dans cg9 organes, il n'existait de t
d'une lésion ancienne'.
Des 8ympti5mes fort analog'ues, sous tous les rapporta,^
ceux qui viennent d'être mentionnés, se retrouvent dans une
observation appartenant égalemÊnt à M. Gull, mais où l'affec-
tion spinale n'était pas le résultat de la compression; e
consistait en une influration qui occupait le renflement c
vical'.
c) Des troubles gastriques variés et, en particulier, i
vmnîssementsàretotCTs/rtiguents, doivent figureraussi p
les phénomènes qui se lient quelquefois aux première eflj
de la compression spinale cervicale. Ce symptôme s'e
tré très accentué dans un cas où il s'agissait d'une tumeoffl
tra-spinale (probablement un gliôrae) qui occupait lap
centrale de la moelle, dans la moitié inférieure du rentlem
cervical'. II existait aussi chez le petit malade cité plus bai
et qui présentait un tubercule solitaire développé dans!
même région de la moelle. Il convient de mettre ces troubj
digestifs en parallèle avec les crises gastriques de l'at
locomotrice progressive et de la paralysie générale spin
mais il importe surtout, au point de vue de la physïolod
pathologique, de faire remarquer que des vomissements t
tenaces, très persistants, sont, en dehors de toute commoll
cérébrale, un symptôme immédiat assez fréquemment li^ a
1. W. Gull. — Ouy't HoipUal RcporU, 3* a
S. Ufime reoueîl, obs. ivt, p. 1B5.
i. Gnll, Idc. etc., t. n, p. IM, eue xr.
*. Oull, Uk. cit., t. IV. p. S06, cftw »xxn.
b. V(ûr p. 36.
.. n, iRse, obp. I, p. M
aïNE DB LA UÊOLirriTlON, HOQUET, ETC. 151
ips s[>iaales occasionnées par une fracture des vertèbres
:alcs. Le fait se trouve mentinnné déjà, à la vérité, en
iant, par Brodie ; mais il est mis décidément en lumière
l'intérciisante statistique de M. Gurlt, laquelle repose
^'analyse de 30IJ ca^ de fracture des vert èbres cervicales
renues dans diverses régions'.
I Vnegêne de la rîéijlutitîon, plus ou moins prononcée et
■ou moins persistante, le hoquet, peuvent être rapprochés
roubles gastriques dont il vient d'être question. Ils sur-
nent dans les mêmes circonstances et se montrent, dans
pins casdi? compression de la moelle cervicale, quelquefois
Bavant l'apparition de la paralysie des membres*. On peut
e autant des troubles fonctionnels de la vessie et du rec-
f et ce dernier fait contraste remarquablement avec ce
^CHis avons appris relativement à la façon dont se corn-
ait ces organes lorsque la compression porte sur la moelle
lie. C'est l;i un point qu'il n'est pas sans intérêt de faire
ïrtir.
ije ne ferai que mentionner les attaques d'êpHepsie qui
mifestent quelquefois d'une manière périodique c hez les
B atteints de lésionsspînales par compression. Contraîre-
Bice qu'auraient pu faire supposer les elTets bien connus
Ktions d'une moitié de la moelle épinîère chez certains
X, l'épilepsie parait être, chez l'homme, un résultat
ttivement assez rare des lésions spinales. Pourtant
a aisément réunir une dizaine de cas de ce genre dont
t. Goril. — Hatuib. der Lthre von dtr KnochenLrHehta, 9 lli. I. Uef.
f. n. Uuu lin cnt du Brodia la liquide Tomî présentait uni) volorMion
I. La auiinlirsiM muitui'Dse de l'estomic était imrMinéQ do tnclia*
Mli)U«a, et la i^avlté de i'urg&tie éUU reoipllo d'un liquide semlilabls
u« dit calv, <iiui* un des cas rapportés par Guilt (n* !Î&].
"), tac. <»f.. IT, xïi.
152 FOITLS LENT, PKACTUUES OU KAailâ
la moitié environ est relative k des lésions de la luoolle cervi-
cale détermiiK-es par la compression.
Le pliia remarquable de ces faits est incontestablement
celui qui a été publié en 1862, dans la Gazelle des hôpitaux,
par M. Duménil (de Rouen) '.Vous ne confondrez pas ces con-
vulsions générales, de cause spinale, arec l'ensemble sympto-
matique décrit par M. Brown-Séquard sous le nom d'éjtilepslR
spinale et sur lequel noua avons plusieurs fois dt^à appelé A
votre attention dans le cours de ces leçons'. Les convulsions
toniques ou cloniques sont, dans ce dernier cas, vous le savez,
limitées aux parties situées au-dessous de la lésion de la moelle
épiniére.
/) Un des faits les plus intéressants, mais aussi, si je ne J
m'abuse, les moins remarqués de la symptomatologie des
lésions spinales i-ervicales, c'est, sans contredit, le raUntisse-
ment permanent du pouls que l'on observe quelquefois en
conséquence de ces lésions.
L'observation chirurgicale a depuis longtemps reconnu que 1
les fractures des vertèbres cervicales ont assez souvent pouril
effet de donner lieu à un ralentissement remarquable des bat-*
tements du cœur. Telles sont en particulier les fractures intd*
ressant les 5* et G' vertèbres du cou. M. Hutchtnson a \'U, ei^
pareil cas, le pouls, — qui toujours alors, suivant lui, resttfl
1. Â. Duoiëuil. hc. eîL, p. 178. — Voir aiusi les obeervatiuiis de OeddinKif
da Baltimore (Bronn-SéquNFd, Journal de la phytlolagie, I. VI, p. SSS;<tbw
VobBtor {Mediai-chiriirffiml Trantael., 2* série, t. VUI); île Geiidrin ( UUhrÏM»
<l'Ai>)ror9, t. n, p. bits et 630); de Charcot et Buncbard {Houainri, Det iigé^M
niratiotu necondaire-i dt la mùtlif. ipiiâire, eitrait des ArùhivtM gtairmfS
de, m^eeint, ISGS, p. 3â); dsni ce dernier r»a U com|>res3lon portait (dultt
sur Ib bullie.
Pour l'épitepaie liée aux lâiioDH des régions dorrale et lombaire de UmMUirS
épinière, oun.'ulier : I^udet rJrcfti'eM ila in^Jgciiic, lHC3,t. 1, p. i6Q);DiU7ierj*
d'Ânger», 3< ëdit. 1837, t. II, p. aïO] ; Rillet et BariheK (t. lU, p. &B9, 1t>>Qu|
Midiaud {Sur la méntngUe et la tn^Hle, Paria, lS71,p. 60); Bro'n-u-SAtlu"
(AMMn.'h« on Epileptij, p. 11); Westphal {Âràiiw» de Ptjieliiatrie, t
p. M, I»6B); Olliviar, d'Angem (t. n, p. 310).
S. Cbarcot. — Levons tiir lu viatailUf dn njilhit ntrveux, t. I, p. SIS, Sltil
POULS LENT, FRACTURES DU RACBIS 153
régulier, contrairement à ce qui aurait lieu s'il s'agissait de la
commotion cérébrale, — ne plus battre que 48 fois à la mi-
nute'. Suivant M. Gurlt, dont je vous ai recommandé déjà la
statistique importante, les battements peuvent même des-
cendre jusqu'à 36, à 20. Les fractures de la première dorsale
paraissent être susceptibles elles-mêmes d'amener le ralentis-
sement des pulsations*. Bien entendu toute intervention de la
commotion cérébrale se trouve écartée dans ses observations.
Dans la règle, le ralentissement du pouls, lié aux fractures de
la région cervicale, est un phénomène essentiellement tran-
sitoire et bientôt il fait place à une accélération très prononcée
et presque toujours de mauvais augure.
Il arrive cependant parfois qu'il persiste, à titre de symp-
tôme permanent, pendant plusieurs semaines. Je reviens à ce
propos sur le cas du docteur Rosenthal (de Vienne) que j'ai
mentionné plus haut : Un enfant de 15 ans reçut un coup qui
le frappa dans la région de la 6*^ vertèbre cervicale. Les symp-
tômes d une commotion cérébrale légère et tout à fait transi-
toire se manifestèrent aussitôt, accompagnés d'une hémiplé-
gie du côté droit qui, elle-même, ne dura pas plus de vingt-
quatre heures. Néanmoins pendant les quatre semaines qui
suivirent l'accident, en outre de la dilatation pupillaire déjà
signalée, on remarqua que le chiffre des battements du
cœur restait, d'une façon permanente, très notablement
abaissé. Les pulsations oscillaient entre 5G et 48 par minute.
Le malade guérit complètement.
Ce cas, très remarquable incontestablement, ne rend-il pas
déjà très vraisemblable, que le phénomène du j^ouls lent
permanent pourra, dans de certaines circonstances, s'ob-
1. Hatchinsoii. — On fraciwrts of the Spine, In Lomlon lloip. Reporh^
1866, t. lU, p. 366.
2. Ourlt, ùc, ciL, p. 50, obB. 61 empruntée à Huhhes {Dublin Uotfp.lhp.^
t. II, 1815, p. 145) et obs. xxix, rapportée par Tyrrel (London mcd, and Fhij^»
Journal^ t. LXI, new série, vol. VI, 1829, p. 232).
154 POULS LKNT, LfisiONS SI-INALES IBBITATITI
server avec toutes se» conséquences, à la suite
îrritatives de la moelle cervicale, en dehors même de t«>iite
înllueiice traumatique ?
J'ai dît « avec toutes ses conséquences », parce qu'en réa-
lité, ainsi que vous allez lo reconnaître dans un instant, le
pouls lent permanent n'est pas, tant s'en faut, un phénomèw
indiffét-ent, pour peu qu'il soit très accentué.
En dehors des lésions traumatiques de la moelle cervkal«
ou du bulbe rachîdien, le pouls lent, dans l'opinion des au-
teurs, peu nombreux d'ailleurs, qui l'ont étudié, ne s'obser-
verait que comme une conséquence de certaines maladlM
organiques du cœur : le rétrécissement aortique, la dégéné-
rescence graisseuse des muscles ventriculaires ', la présence
de dépôts fibrineux {fiifarctusf) dans ces mêmes muscles*. J«
suis bien loin de vouloir nier que le phénomène du pouls lent
puisse reconnaître, en effet, pour point de départ une lésion
organique du coeur. Maia je dois déclarer que trois fois j'ai
observé ce phénomène persistant, sous une forme très accen-
tuée (20,30 pulsationspar minute), à l'état permanent, [Msndaol
plusieurs années, chez des vieillards de cet hospice, et qot
dans ces trois cas, après vérificaliou anatomique attentive, I*
cœur a été trouvé soit tout A fait sain, soit ne présentant qm
des altérations véritablement banales, surtout k cette époque
de la vie'\ J'ai été conduit par là à me demander si, toat ai
moins dans ces cas où les lésions cardiaques font défout, la
1. W. Stokeg. — Obtervatio*» on nonte catu of pcrvmnenUi/ Slow M"*-.
{Dublin i^aarlerly Journal of medic. Seieact, Angost. I. 146- — TVsWfc
maladitt du eitur et de l'aorle, tmd. par U D' Seu&c, |>p. ISâ, S3, SM, tU.
33T. — R. guaia. — Medko-chir. TrantacUonf, I. XXJUll.
'i. Ogie. — t'ibfitutUi maiMU depaaiUd ïii the Êutitlatfe i>/tA« htarT* WtBil
Hemarkahie Slotentta ofthe ptUe; Epiltptic StUiiret. {Pathologieal ■'^MÏriJb
188S, p. 80.)
3. ùt cueiir ue préHentuit, a l'aiiKultation et k la percusHon,
d'itltâratiuu dnnH iincos tr^iatrireoaaat do/wui* lenf |>emuin<nt .- .,
«/ncopfile» ut é|iîleptiqnes, [iiibliâ par H, A. Rctnroaa, dniui l'Union Wriirttk
( l" inar» 1870, ii- 25, p. .fSl )
POITLS LENT PËRMASENT 165
organique du ralentissement des batlementa artériels
[oû serait pas dans la moelle cervicale ou dans le bulbe rachi-
idîen, plutôt <)ue dans le cœur. A la véritt', les recherches
|»natomiquos, que j'ai entreprises à cet égard, sont restées
jusqu'ici sans rûsultat définitif. Mais il importe de remarquer
qa'elles datent d'une «.-poque où nos moyens d'exploration, en
ce qui cuDCcrne les centres nerveux, étaient beaucoup moins
[poissants qu'ils ne te sont devenus aujourd'hui.
SijMcssieurs, j'insiste sur le pouls lent permanent considéré
ma ses relations possibles avec les lésions spinales ou t^ul-
boires, c'est non seulement parce qu'il s'agit là d'un phéno-
le dont l'interprétation intéresse au plus haut de^é la
physiologie pathologique, mais encore parce que, très habi-
tDetlement, il s'y surajoute, ainsi que je te laissais pressentir
toittâ llieure, des accidents graves capables de déterminer
npidement ta mort.
Voici d'ailleurs en quoi ces accidents consistent. Ils sur-
,viennent jar accès, se répétant régulièrement à des époques
,|fliisou moins éloignées : tantôt ils se présentent avec tous les
do la syncope; tantôt ils participent à la fois, quant
•ympti^mes, de la syncope et de l'état apoplectique; il est
n des cas, dans lesquels il s'y adjoint des mouvements
jpUqitîfonnes, surtout marqués à la face, avec changement
di coloration du visage, écume à la bouche, etc. Le pouls
qni, daos l'intervalle des crises, bat en moyenne, 30, 40 fois
|ar minute, se ralentit encore pendant l'accès, jusqu'.^ des-
«endre à '*0, ou même à 15 pulsations. Il s'arrête même
BUmeotaiiément, quelquefois complètement. Toujours l'état
qnieopal ou\'re la scène; l'état apoplectique avec sommeil
allrtorcus snrvient ensuite, au moment où le pouls, un ins-
Ftipprim--, reparatt, et où la pâleur des traits fait place
:cur du viaago. C'est dans ces mêmes conditionsque
'ent parfois les convulsions épileptiformes.
156
ACCIOEKTB COSBÉCUTire
L'ensemble syraptomatique reste invariable, l^Iessieuni,
ainsi que le démontrent mes trois observations, soit qu'il y
ait des lésions organiques du coeur bien et dûment consta-
tées, soit alors que ces lésions n'existent pas. Quelle est ànot
l'origrine du ralentissement du pouls et des accidents qui b'v
surajoutent dans les cas du dernier genre ? Je suis très port*
à croire, je le répète, qu'elle doit être cherchée dans la moelle
épintère ou dans le bulbe, En l'absence d'observations per-
sonnelles propres à décider la question, je puis étayt-r mon
hypothèse non seulement sur ce qui a été dit tout à l'heure
des eflets produits par l'irritation traumatique des r^gkail
supérieures de la moelle, mais encore sur la cunnaissaDW
d'un fait particulier extrêmement remarquable et qui, jn»-
qu'ici, est resté dans l'ombre, je ne sais trop pounjuoi.
Ce fait appartient au D' Halberton, qui l'a publié dans les
Tranxactîom médîco-cJiirurf/icales de Londres, pourl*(44'.
Il concerne un gentleman âgé de ()4 ans qui, dans une partie
de chasse, fit une chute sur la tête et perdit connaissance nn
instant. Il dut rester plusieurs semaines au lit, se plaignant
d'une douleur vive au cou et d'une gêne manjaée dans ka
mouvements de la tête. Cette gêne persista longtemii»; cupa-
dant durant les deux années qui suivirL>nt l'accident, et
gentleman put se livrer tant bien que mal à la plupart de au
occupations favorites. Ce n'est qu'au bout de ces deux annto
que survint la première crise syncopale {a/aintingflt\
l'on reconnut à cette occasion, pour la première fois,
pouls était ralenti d'une manière permanente. Pen«
cours des deux ou trois années qui suivirent, I«9 ai
reproduisirent et se rapprochèrent de plus en p!08, en
temps qu'ils devenaient plus longs. Le plus souvent, di
1. T. H. H.ilberton. — .J ctuc ofilow puUt ufit\ faS^Ug fiU, hAMJ
came on lii^o ysari a/ter an îiytiry of ihe neek, J^m a /atl, [M
7^-411».,». XXIV. LooJon, 1814.)
LÉSIONS SPINALES ET BULBAIRES 157
crises, Tétat syncopal faisait place bientôt aux phénomùnes
apoplectiformes et épileptiformes dont je vous entretenais il
y a un instant. Le pouls qui, dans les conditions ordinaires,
était en moyenne à 33, tombait à 20, à 15 même aux
approches de Taccès, et il cessait momentanément de battre
lorsque celui-ci avait éclaté.
La mort survint dans une de ces crises, et voici ce que
Tautopsie, laite par Lister, permit de constater. La partie supé-
rieure du canal spinal et le trou occipital étaient considérable-
ment rétrécis dans le diamètre antéro-postérieur-, à peine ce
dernier pouvait-il admettre le petit doigt. La dure-mère et le
ligament qui recouvre la partie postérieure du corps de Taxis,
étaient très épaissis. L'atlas avait conservé sa situation nor-
male, mais les articulations qui l'unissent à roccipital avaient
subi Tankylose osseuse, de manière à ne permettre aucun
mouvement. Lu moelle allongée était très petite et d'une
consistance très ferme. Le cœur était volumineux, les parois
ventriculaires plutôt minces, mais il ne présentait d'ailleurs,
a part un certain degré d'épaississement de l'endocarde dans
plusieurs cavités, aucune altération digne d'être notée.
L'auteur n'hésite pas à rattacher tous les symptômes relevés
dans son intéressante observation — pouls lent permanent,
crises syncopales suivies de symptômes apoploctifu raies et
épileptiformes^ — aux effets de la compression que la moelle
cervicale et le bulbe avaient dû subir en conséquence du
rétrécissement que présentaient la partie supérieure du canal
vertébral ainsi que le trou occipital. Je m'associe sans ré-
serve à son opinion*.
1. Le ponlê lent permanent avec attaque» syncopales, npoplocti formes et
épileptiformes, s'observe quelquefois à titre d'accident censée utifii la diphtérie.
11 y a lieu de croire, d'après ce (pii précède, que ces symptômes qu'on s'efforce
toaiours de ratUichor soit à uue altération des ]»arois veutriculairos, soit à la
formation do caillots dans les cavités cardiaques, relèvent, d.ms certains cas
aa moins, d'une lésion siégeant djins le bulbe ou dans la moelle corvicale
BUpérienre; c'est là une thèse que je me réserve de développer par la suite.
158 LÉSIONS bV UEKPLBUEhT LOUllUKK
C'est ici le lieu de vous remettre en mémoire l'accîdpot
terrible qui se produit assez fréquemment dans le mal de Poil
cervical : je veux parler de la rupture du lig:ament transverw
qui maintient l'apophyse odontoïde sur l'axis, et de la liua=
tion de l'apophyse qui en n^ulte. L'histoire des eflets dft
compression brusque de la moelle cervicale et du bulbe, ^
survient alors, ne prête pas à de longs développements d
criptife; c'est la mort subite, la mort « sans phrase»'
passez-moi le mot — qui s'ensuit. Cet accident, je lo répèt
est loin d'être rare. M. Ogie, à lui seul, a rassemblé quatre (
cinq faits de ce genre, recueillis dans sa pratique d'hôpîul'.
m.
Pour en finir avec ce qui a trait ^ l'histoire de la ci
sion spinale lente, il me reste à vous dire quelque» m
relativement aux symptômes particuliers qui s'ubaerv<
lorsque la lésion porte sur le renflement lombaire ou eooi
sur la queue de cheval. Je serai bref sur ce point, parce qi
n'a pas encore été, que je sache, l'objet d'études cliDiques su
sautes. Les seuls faits à relever pour le cas où il s'agirait dVi
altération profonde, occupant le renflement lombaire di
toute ré tendue de sa portion inférieure jusqu'au ^/uïnwmi
nale, sont ; la llaccidilê que présenteraient les membre»
lysés, l'inertie très accentuée du sphincter anal et vésici
l'obnubilatioii ou même la suppression des actes réflexes*.
Consulter à ce Biyat : MJllner Itury. BrilUk vied. Journal. Julj, UM{
R, ThompMQ. Mtd. Timu. Janvier IBGO; — Eisenhinaii. DU Urtatkt i
diphlUrachtv. Lahmangen. IDeutlcIu Klimk. Jatj- 1S61, d- 39, p. SOS};
CireenLoir. Clin, Soe. of LoiuUm. (The Lancet, M»j 4, 1812, p. 616.)
1. Ogla. — FaViolçg. Soeitty, 1863, pi 17.
2. llrown-Séquard. — Dioantutif: et traUtmtnt du jtrinciiialtt /o.
liaralytie da numbru inférieur: PnHa, 1SG4, p. 73. — W. Ogle. — i'WU
■Soeieljf, 1863, t. IV. Ffacturt of tht lail donal vtrlebra i "" "
(Ac tpiaal nuirreu'.
LÉSIOXB DU KfiNFLEUENT LOMUAUtB 15i)
la lésion siûgoait d'un seul cûté du renllement, soît à di'oite,
vl par exemple au niveau de la 3' paire sacrée, s' étendant un
peu au-<lessuâ et au-dessous de ce point, on observerait les
phénomènes suivants : paralysie des mouvements ii droite
n'occupant ^'uère que la jambe et le pied ; conservation de la
«ensibilitt^ de ce côté, dans les parties paralysées ; aiiesthésîe
complète ou à peu prés, des parties correspondantes du coté
gauche, avec conservation du mouvement volontaire. De
plus/îl y aurait^ et c'est lace qui permettrait de différencier
K tas de ceux où la lésion bémilatérale siège plus baut dans
limoelle — perte delà sensibilité dans diverses parties des
Jeux côtés du tronc et aux membres inférieurs, surtout :i
' Tuas, au périnée et aux genoux '.
Les elTets de la compression des nerfs de la queue de cheval
rentrent naturellement dans l'histoire des lésions des nerfs
périphériques. Les douleurs pseudo-névralgiques, la paralysie
Diotrico et lanesthésie, varieraient nécessairement de siège
« (Tétendue, suivant le mode de répartition et le degré de la
Hàaa d«â nerfs. Les sphincters de l'anus et de la vessie
anîent, en pnreil cas, le plus souvent indemnes, mais il
pPBrraJt ne former des escarres i développement rapide à la
région nacrée et sur d'autres parties des membres inférieurs'.
Id s'arrêteront, Messieurs, les développements relatifs aux
ifjnDptûmes 'des compressions spinales. >Si le temps me l'eût
m, j'aurais voulu voua montrer, par l'examen de quel-
exemples particuliers, le parti qu'on peut tirer do la
m-Séqnard, lot. cit., p. D!3.— Kiuipp (^eic- York Journal of medt-
■■ 1961, p. IW, — Dearuelle*. — Sociéli anatomiq., lâftS, p. 12. —
n'Uaipiial lUport,, l. lU, 1866, p. 313.
coMPRirsaioiis spdiai.es
, connaissance des iaits que nous avons enr^istxés dans la
clinique des maladies de la moelle épinière. Je me vois torcé,
à mon regrret, de laisser quant à présent, à l'état de projet,
ce travail d'application.
TROISIÈME PARTIE
Des amyotrophies spinales.
PanUysie spinale InfAstlle i -» Paralysie spinale de Tadulte i —
Atvspkie aiasealalre pro|preaslve spinale t — Sclérose latérale
•■iyetrapiilqne» ete.
Chaicot. ŒvrrM complétai^ t. II. H
NEUVIÈME LEÇON
Paralysie infantile «.
âoioiAiBS. — Myopathies spinales oa de canse spinale. — Caractères géné-
raux. — Localisation des lésions spinales dans les cornes antérieures de la
inibctance grise.
Paralysie spinale infiantile. — Elle sera considérée comme maladie
d^étnde. — Symptômes : période d'invasion, ses modes; — seconde période
on régression des symptômes avec localisation des lésions musculaires
(Atrophie musculaire, arrêt de développement du système osseux, refroidis-
f^ment des membres, déformations, pied bot paralytique).
Anatomie pathologique de la paralysie infantile. — Lésions des muscles
aux diverses périodes: surcharge graisseuse. — Lésions du système ner-
veux : historique (Gharcot et Gornll, Yulpian et Prévost, Charcot et Joffroy,
Parrot, Lockhart-Glarke et Johnson, Damaschino et Roger). — Localisation
des Ubods dans les cornes antérieures de la substance grise. — Altérations
weoooâaJtnÊ : transformation sclérense de la névroglie; foyer de désinté-
gration ; scléroae partielle des cordons antéro-latéranx ; atrophie des racines
antérieures. — Raisons qui tendent à démontrer que la lésion primitive
réside dans les cellules nerveuses.
I.
Messieurs,
Je veux appeler votre attention sur un groupe nosogra-
phique, que je vous proposerai de désigner sous le nom de
myopathies spinales ou de cause spinale.
Une lésion trophique des muscles, plus ou moins étendue
et plus ou moins profonde, est un trait commun à toutes les
1. Cette leçon, faite à la Salpêtrière en juillet 1870, a été publiée dans la
pkoiographiquc du hôpitaux^ janvier et février 1872.
164 EtmST&KCX ORtBB DE lA MOBIXB ^^^^^B
indîvidualiti^s du groupe et c'est lu, de plus, leur caraett^B
clinique le plus saillant. V
D'un autre cOté, les afTections musculaires dont il s'aflîB
paraissent devoir être rattachées toujours à une alténiticin qBin
occupe d'une manière prédominante, sinon exclusive, certains
éléments bien déterminés de la substance grise, à savoir :
Vappareil des cellules nerveuses dites motrices, lesquelles,
comme vous le savez, ont pour siège les cornes antérieures
de la substance grise de la moelle épinière.
Avant d'entrer dans l'étude particulière des diverses affec-
tions qui constituent ce g^roupe, permettez-moi de vous pré-
senter quelques détails préliminaires, propres à mettre en
relief les caractères généraux que je veux indiquer d'une laçoo
tout à fait sommaire.
Bien qu'elle occupe, dans la moelle épinière, un espace
relat i^■ement restreint, la substance grise centrale est cepen-
dant, au point de vue physiologique, la partie la plus impor-
tante du centre spinal. Qu'il me suOtse de vous rappeler que
ce cordon central de substance grise est un lieu de passage
obligé pour la transmission des impressions seositives, que
les impulsions motrices volontaires et réllexea doivent néces-
sairement, elles aussi, passer par la substance grise, — de
telle sorte que, si cette \'oie était coupée, l'accompUsseiDent
de toutes ces fonctions serait du même coup rendu impossible.
Mais il semble aujourd'hui démontré que toutes les partiw
de la substance grise ne sont pas indistinctement affectées ii
l'exécution de ces diverses fonctions. Dans cet espace BÎ limité,
je le réi^ète, si circonscrit, qu'occupe la substance grise au
centre de la moelle épinière, il y a lieu d'établir plusieurs
régions, plusieurs départements bien distincts. C'est ainsi, par
exemple, que M. Brown-Séquard, suivi en cela par M. .Schiff,
sépare physiologiguement, d'une façon très nette, ce qu'il
appelle la substance grise centrale et les cornes de substance
k
.Lat
CELLtTLEB MSnVEUBBS UOTRICEfi
clesc
ISb
i première aurait seule (avec les cornes postérieures,
do moins pnur une part), un rôle sérieux dans la transmis-
sion des impressions sensitives. Quant aux cornes antérieures,
elles seraient destinées surtout à la transmission des excita-
tions motrices et auraient peu de rapport avec la sensibilité.
Messieurs, ces résultats, fondés sur l'expérimentation phy-
siologique, trouvent leur confirmation dans la pathologie. La
nuladie, en effet, mieux encore que ne peut le faire le phy-
siologiste le plus habile, produit parfois des altérations qui
affectent isolément les diverses régions de la substance grise.
C'est là justement le cas des affections que nous allons dé-
crire. Elle sont déterminées par une lésion qui peut siéger
exolDsiTi-ment, ou à peu prùs, sur les cornes antérieures et,
on C4)nséquoncc, tandis que la transmission des impressions
WQSitives n'est en nenmodifir-e, si ce n'est très accessoirement
•t comme par hasard, les fonctions motrices, au contraire,
s profondément.
Jette absence d'une modiûcation de la sensibilité est un
t qui différencie les maladies du groupe des diverses
s de myélites que nous étudierons bientôt et qui, comme
lires, peuvent affecter la substance grise centrale.
ï ces myélites centrales, la lésion întlammatoire porte
tioctement sur tous les points, sur toutes les régions de
bstsnce grise, d'où il résulte que la sensibilité et le mou-
nt sont, de toute nécessité, altérés simultanément. Les
R motrices et la nutrition des muscles, sont seules
s au contraire dans les cas de myopathies spinales
lent dites, du moins dans les types purs, exempts de
implication. Et, puisque nous en sommes a comparer
élite aux myopathies spinales, faisons ressortir encore
s suivants qui appartiennent A la première et non ailx
IMIection musculaire est, dans celles-ci, bornée aux
1C6 MYOPATHIES 8PIKA1.R3
muBcles (le la vie animale, en particulier aux muscles <
membres ; le tronc, la tête, ne sont pas épargiiés, tant s'il
faut; mais les fonctions de la vessie et du rectum sodI,
général, respectées.
Il est rare, aussi, contrairement à ce qui a lieu c
myélite ordinaire, de voir des escarres ou d'autres tronbj
de nutrition de la peau se produire dans les myopcU/fi
spinales, même dans les cas les pluH graves.
Enfin, l'exaltation des ■propriétés ré/texes, les différera
formes de l'êpilepsie spinale qui se voient dans cerlaiûJ
myélites, la contracture permanente qui s'y surajoute -
qui constitue aussi un des symptômes des maladies sclére
des cordons blancs antéro-latéranx parvenues à un cert
degré de développement, — fontdi'faut dans les myopoUi
spinales.
En somme, Messieurs, les lésions du système mm
de la vie animale, se traduisant par une impuissance moir
et une atrophie plus ou moins accusées, sont, ainHÎ qua]
vous l'avais fait pressentir, le caractère clinique prédomflU
des maladies qui composent le groupe nosographîque I
nous nous proposons d'étudier avec vous. Mais i ce prod
il convient d'établir une distinction importante.
Tantôt l'impuis-sance motrice survenue dans un t
nombre de muscles ou groupes de muscles, est le prem
symptôme que l'observation fasse reconnaître. Le muHCIe txA
d'abord paralysé, les fonctions motrices sont anéanties d'ao«
façon plus ou moins complète ; la structure du muiulc semble
ne s'altérer que secondairement.
D'autres fois, au contraire, les muscles affectés sont, A»
l'origine, le siège de troubles trophiques très acceutuy^ et
l'impuissance motrice, en pareille circonstance, semble être
en quelque sorte proportionnelle au degré de l'atroptiie s
par te muscle.
Ce sont là deux cas extrêmes, reliés par de nombreux inter-
médiaires, car souvent, le plus souvent peut-être, les mus-
cles malades sont à la fois paralysés et atrophiés et, en outre,
1 plus ou moins profondément dans leur texture.
PXes affections que nous allons réunir sous une même rv-
ifique, avaient été jusqu'ici tout à fait séparées, en noso-
grspbie, comme s'il s'agissait là d'alfections radiealiïment
diittincteii. Qu'il me suffise de citer, à titre d'exemple, la para-
lysie ln/antile spinale, la pai-alysle ijénérale spinale, rô-
cemment décrite par M. Duchenne (de Boulogne), et qui n'a
pas encore reç-u droit de domicile dans les cadres classiques,
\a parai yfile gîosno'labio-larifiigée, certaines formas de Va-
Irophfe vuisciilin're profjressive, etc. J'espère vous démon-
trer que le rapprochement que nous allons tenter mettra en
lumière des caractères communs qui, jusqu'à ce jour, étaient
rastés méconnus'.
1. Un poul ramoner tvutaa lei ntruphies niusculairaB développée» tone l'in-
tocncs d'une léaioa spinale [ami/olroplnet ëpinalei) h deux groupes (onds-
manlkoi. Dans un groupe, l'affection évolue unatunîqueiueutauivaut le mode
■)|ni vit m&me ■anii|:a. Dans l'nutre, elle prend dans sa marche, le» alluree
ri*uiM iiuilsdio priiniUvement cLranîque. Il y a là matière à une division tran-
'|./-.,
• -- il tIbs Mujutrvphiei Rpiiuitea à dévelo]>pi>uieiil rapide, tant circons-
ir, ii{^ d^'à un dianip d'étude axBt^s vaste, l'ar le* liiaio os aiguës
r'jiiniiira iiDÎ jieuvent entraîner le dévelop|iemout rapide d'une
"'iiUIre, «ont nomlireuaes. Nous cilerona, à titre d'nxemple, la
■r,.i,;,}.- <''eal.dt-dire localisée principalomant dan* la subatnnce
iivûrsef formes de nij/élife Iraamatiqiie, soit qu'il s'n-
iitii par un instrument pénétrant duns le canal niohi-
iiif'aatitt.
j'iiiiilea d'origine et do nature si diverses, il on est une
■■■ri niiuiomiqno fundamental est de s'attacher, pour aiuû dire
meut aux réglions de U Hubstaix'o grise occupée» par les piaudes
irni.w, dont oIIq détormino l'atrophie et môme la dpstroctiun coin-
'!'■ aff^i'Uun, qui n'eut autre que la [Diral^sie infantile, constitue
:i''<.<, dauH Ib groupe des «myotrupbies spinales aîguJis, un tjtpe
"> i|U'il convient ilo considérer tout d'abord, parce que la l^ion
'1 Iiis iMiiit^quencus i^uj n'y rattachent sa produisent In dans dee
j "UtiTtuiiHul Ihmucouii plus ùmptefi et pnr conséquent plus fnvo>
ntiiii3 .1 I oiial^M ijua partiiut .lillonrs. tCouri d'analomU pat/ioloyi'juf 'Ir^ 'a
r»mUt,trtil 1S74.)
T-ÂMALMSIB IKFASmS
n.
M&ifl fl est tempe, Messieura, de Laisser ces c
priliminaires, trt^ générales pour n'être pas tm peu s
et d'ealrer dans l'acalyse des Esits. Homb cboisirons c
étalon la maladie siogalière qu'on désigne ititgatrenient m
le nom de paralysie in/atitile. Cesi ià, en effet, l'un i
types les plus remarquables du groupe : les caiactères spéd-
fifjues s'y montrent accusés de la manière la plus frappant*;
partant, dans l'espèce, la paralysie iï\fantUt peut être pré-
sentée comme une maladie d'étude; car si nous réussisBoas
à bien laire ressortir devant vous les traits les plus saillants
de son histoire, la tâche qu'il nous restera à accomplir se»,
Voua le reconnaîtrez, je pense, rendue facile.
Voue n'ignorez pas qu'il s'agit là d'une maladie propre jus-
qu'à un certain point à l'enfance. En elîet, c'est entre un an
et trots ans qu'elle se développe le plus souvent'. Après cioq
ans, les cas sont rares', après dix ans ils sont tout à fait
exceptionnels*. Mais il importe de reconnaître, Uessîeura,
qu'on peut voir se développer chez l'adulle, et même dan»
l'âge mûr, une affection qui ne diffère en rien d 'et<8entîel de
la paralysie infantile, de telle sorte que, à côté de \¶ly$(l
spinale de l'enfance, il y a lieu de faire une place pour b
paralysie spinale de l'aduite. C'est là un point que M. Do-
chonue (de Boulogne) a bien mis en lumière, que d'autres
observateurs ont reconnu avec lui*, et que je relèverai à mon
tour.
1 . LabordB. — Ut la paraljjiit (dite ewentiollej de l '«n/anrc Pan», I8SI
p. 98.
2. Laborde, loe. cil., p. 63. — Hejaa. ~ Spinalt KimltrlàhMang, ■£• Aoll.
Stuttgart, 1860, p. 60.
3. Duebenne (de Boulo^e) fit». — De ta paralyrû atrophigiK graUtiun
de Vtnfaact. Puib, 1864, p. 31,
4. Duclionne [do Boulo^e). — De ViteetrUalion Uxaliêie, » iMil. Xtîî,
p. 437. — H. Mofer. — Dt< EltxtriàUU und ihre Anieenduns, elc. B
1867, p. 210. — Robert*. — In R«fiiulil. A tyittm of mnJicine, p. 160.
MODES D^INVASIOM 169
Je vais rapporter en quelques mots les symptômes qui
caractérisent cette affection et, pour plus de clarté, nous
reconnaîtrons dans notre description Texistence de deux
périodes.
Première période. !<> Le mode d'invasion de la paralysie
infantile est, vous le savez, des plus remarquables. La ma-
ladie a un début brusque, soudain, annoncé le plus souvent
par une fièvre intense, avec ou sans accompagnement de con-
vulsions, ou d'autres symptômes cérébraux et quelquefois de
contractures passagères.
Cette fièvre initiale ^ que nous venons de signaler à votre
attention, s'observe, je le répète, chez la plupart des enfants ;
toutefois, elle peut, paraît-il^ faire absolument défaut ^
Quoi qu'il en soit, les symptômes paralytiques s'accusent
d'emblée, du jour au lendemain, et dès l'origine, ils ont ac-
quis leur summum d'extension et d'intensité. Ces symptômes
paralytiques offrent de grandes variétés de siège. La paralysie
est parfois absolue, complète, intéresse les quatre membres
ou trois d'entre eux; — ou bien elle n'affecte qu'un seul
membre inférieur, ou encore l'un des membres supérieurs-;
— d'autres fois, très rarement à la vérité, elle frappe exclu-
sivement les deux membres supérieurs^, enfin, il est des cas
où la paralysie, atteignant seulement les membres inférieurs,
revêt la forme paraplégique.
En résumé, on obsei-ve ici une paralysie complète, absolue,
avec flaccidité des membres, avec abolition ou diminution de
l'excitabilité réflexe, mais — et c'est là un point sur lequel
j'insiste encore — sans qu'il y ait trace d'obtusion de la sen-
1. K.Volkmann. — Ueber Kinder lëhmung und parai ytische Contracturen,
in Sammlung Klinischer VortràgCf n« 1, Leipzig, 1870, p. 3 et 4.
8. R. Vollunanii, lœ. cit,
3. Duchenne (de Boulogne), loe. cit., p. 13 et 18. — L. Clarke. ~ Med.»
chir, Trantactiaru, t. LI, 1868.
170 COSTRACTIUT* ELECTRIQUE
Hibilit(!', de nécrose dermique, ni troubles fonctionnels soit
rectum, soit de la vessie'.
Existe-t-îl, à l'origine, des douleurs, des (ourmiUements
indiquant une participation au moins temporaire de In sul)3-
tfince prrisc centrale? Quelques observatious laites [«ir
MM. Duchenne et Hein, chez des enfants dcjà d'un âge aset
avancé pour fournir des renseignements i cet égrard, tendent
à établir qu'il en est ainsi. Ce qui se passe, en pareil rag,
chez l'adulte, plaide, nous le dirons ailleurs, dans lu roi>me
sens. Du reste/ c'est là, le plus souvent, un phi5nomène tran-
sitoire, accessoire et certes l'absence d'altérations un peu ac-
cusées de la sensibilité, contrastant avec une paralysie mo-
trice aussi absolue, aussi complète est un des caractvres Iw ]
plus frappants de la paralysie infantile'. î
Voici encore un nouveau trait. A une époque trùs rappro-
chée du début des accidents, la co-ntractUité électrùjue fara'
(tique est amoindrie sur un grand nombre de muacltt
paralysés, éteinte sur plusieurs d'entre eux; c'est là un phi*
nomène important, constaté par M. Duchenne plusiuurs (vis
dès le cinquième jour, mais qui se rencontre plus fré^jueiiK
ment le septième et le huitième jour. Je rappellerai, & es
propos, ce que je vous ai dit naguère, k savoir que, sdoll
quelques auteurs, la. contractiUté galvanîqut peut cncow
mettre enjeu les muscles que la faradisation n'affecte plu.
Tout muscle qui, au bout de quelques semaines aprà \t
début, ne réagit pas, est menacé d'être perdu pour la *iV-
Tels sont. Messieurs, les caractères los plus saillants de b
première période de la paralysie infantile ; je vous d«muMk
la permission de les résumer en quelques mots :
J. Volkmann, toc. cU, Cet (tuteur fwt remarriuBr i|iih I« fijnclioi»
lors de l'n^ ftilutle, ne sont pas eotnvdeia.
2, Duchenne \,da Buulugne), he. eit. — VolkmAun, lor. eil., ttt.
3. Volkmann. — Klin. VortrUge, p. b.
RÉGRESSION DES SYMPTÔMES 171
1° Invasion brusque de la paralysie motrice qui atteint du
premier coup son summum d'intensité, à la suite d*un état
fébrile plus ou moins intense ou en 1 ^absence de fièvre -,
2^ Prompte diminution et même abolition apparente de la
contractilité faradiquc dans un certain nombre de muscles
frappés de paralysie ;
3^ Absence de troubles marqués de la sensibilité, — de
paralysie du rectum ou de la vessie, — absence d'escarres
ou d*autres troubles trophiques cutanés.
Deuxième période. Messieurs, la régression des symptômes,
dont nous venons de vous entretenir, inaugure la seconde
période de la paralysie infantile. Elle commence à s accuser
du deuxième au sixième mois à partir du début ; parfois plus
tôt, quelquefois plus tard. Elle met plusieurs mois à s'accom-
plir, six mois, dans certains cas, au dire de Volkmann. Huit
ou dix mois après le début, époque qui marque la terminaison
de cette période rétrograde, les muscles qui n'ont pas recou-
vré leurs fonctions peuvent être, d'après la plupart des ob-
servateurs, considérés comme lésés a tout jamais, comme per-
dus sans retour. Du reste, Tamendement ne se fait pas sentir,
en r^le générale, sur tous les points. Dans les cas ordinaires,
il est toujours quelques muscles, ceux parfois de tout un mem-
bre ou seulement d'une région d'un membre, dans lesquels
les lésions continuent à progresser, au contraire, pendant un
certain temps encore, puis persistent d'une manière indélébile,
et présentent à l'observateur une série de phénomènes qui
méritent de nous arrêter d'une façon spéciale.
a) UatroijJiie devient bientôt manifeste sur ceux des mus-
cles chez lesquels la contractilité faradiquc n'a pas reparu. On
ne se rend pas toujours un compte exact de l'étendue de cette
atrophie, parce qu'elle est souvent masquée, ne l'oublions
172 AKRliT I>E DËVKLOFPXMEXT
pas, par ruceumulatioa du tissu cellulo-grraisseux. Elle cun
titue, d'ailleurs, l'un des traits siiillaots de la paralysie iafimtl
et elle semble s'accuser plus vite dans cette maladie, que «1
Les cas de Ic-sions des nerfs mixtes où elle est cependant ti
rapide. Ainsi, d'après M. Duchenne (de Boulogne), elle a
dans la paraivsie infantile, déjà très apparente au bout d'à
mois, et il est des cas, rares à la vérité, où elle peut s'ta
même dès les premiers jours.
b) Arrêt du tk'i^tloppcnientdu système osseux. Nousd
relever, ici, un trait important que M. Duchenne (de I
gne) et, après lui, M. Volkmann, ont fait ressortir: c'esll'ft
de développement du système osseux. L'atrophie [jai s
les 03 n'est nullement en rapport nécessaire avec le def
avec l'étendue de la paralysie et de l'atrophie musculaireeJ
Ainsi, suivant une remarque de Duchenne (de Boulof
un membre frappé de paralysie infantile pourra avoir p
plupart de ses muscles et cependant n'être plus court, qaeo
du côté opposé resté sain, que de 2 à 3 centimètres seule
tandis que, dans un autre cas, la diminution en longueori
membre frappé de paralysie peut aller jusqu'à 5 on 6 «
mètres, bien que, dans ce cas, la lésion musculaire soit r
localisée dans un ou deux muscles à peine et ait pen
prompt retour des mouvements'. M. Volkmann, de sund
a obser\"é des faits de raccourcissement considérable du n
bre affecté chez des enfants qui, en raison du lé^erdegrid
tération des muscles des pieds et du peu d'étendue des d
mations essentielles, boitaient h peine et se tenaient SUT k
jambes une bonne partie du jour. 11 dît même avoir vu qui
ou cinq fois une paralysie infantile tout k fait tempon
aboutissant, au bout de quelques jours, à un retour com^dolJ
. De réhctritation localûie, 3< édition, 1812, p, 400.
UiirBOllnBSBIUtNT ORS URUBRSB TAItALVEÉS 173
fonctions des muficlea, être suivie cependant de lésions tru-
phiqnea osseuses qui persistaient toute la vie '.
Il serait difficile de trouver un exemple plus propre à. 6tA-
blir l'actioD directe des liJsions du système nerveux central
8or la natritîon des psirties osseuses, puisqu'il est impossible
d'invoquer, dans cette circonstance, l'influence de l'inertie
Ibnctionnelle prolongée.
c) Refroidissement du membre. Un autre pht'nomtine qui
mérite d'être signalé, au même titre que les précédents, c'est
le refroidissement [«rmanent souvent très prononcé que pré-
sente ti''t nu tard le membre paralysé. De même que l'atrophie,
ce phéoonn'-ne paraît s'accentuer plus dans la paralysie spinale
iofiintilo que dans toutes les autres formes de paralysie des
■Mmbres'. C'est peut-être le lieu de faire remarquer qu'en
antre de l'atrophie des muscles et des os, on trouve à l'autop-
Hie, (Uns les cas de ce genre, une diminution remarquable du
c&libre dis troncs vasculaires. Il est des circonstances où le
teEroidÎAS^ment en question devient appréciable de très bonne
hnre, quelques semaines parfois après le début, ou même
|iof tôt encore^.
d) Un <lernier caractère sera fourni par les déformations f\]ù
M iDanîJ'e:stent dans les membres paralysés, en conséquence
de la prédominance d 'action des muscles restés sains ou ayant,
• an moment donné, récupéré leur tonicité. La pathogénie de
wa déformations n'offre pas d'obcurités. Nous savons que l'a-
truphiu n'est pas répandue uniformément sur tous les muscles
\. B- VulkmAiin, lot. lit., p. 6. «Même dans la [i«ra1ysie infantile très limi-
llyal uà itiruiii|il^tii, lo» troutlestropliiquas dont il s'agit puuvent afiscter Is
^Htbn dans l>>ule iHin ùtandue; on en relronve «oufent dan trnceit au tronc,
t» ^rÏTi anx <L]iiiula> ot inêiQe, dans c«rt&iiifl cas, h la tëtii. b -- Id., loe. cil.
t. H^m, toe. eit., p. 16-
B. Dncbvnin (ia BÔalupne) dit l'avoir coiutatù d<-jii du <|iiHiriàitii! nu i^iii-
^nlfaM jour. — /-M. cit., dernlâre édition, )>ase 39».
174 DitKORMATlOKS
d'un membre t, elle prédomine diini> certains muscles et
pes de muscles ; lea antagonistes de ces inuecles doiveat
poser, à la longue, des attitudes vicieuses nSpondant A ladîi
tion de leurs mouvements. C'est d'ailleurs vers Iv buiU<
ou dixième mois que les difTormités commencent à g'accai
Ainsi se développe le pied bot de la paralysie înfknttle qtril
le jiietl bot paralytique par excellence, et qui, dans l'ii
majorité des cas, revêt la forme du variis éqiiin.
La laxitû des ligaments est extrême, et l'on peut faci]
imprimer aux diverses parties du membre paralysé le*.
des les plus forcées et rappelant celles des membres d'uo
chinelle. Jointe aux autres caractères, et en pnriiculier
refroidissement permanent du membre, cette grande Ui
des jointures permet do distinguera coup sûr le pied botj
tant de la paralysie infantile du pied bot congénital,
même que l'on serait privé de toute espèce de reniioi
ment concernant le mode de développement des accideDi
A partir de l'époque où les lésions sont devenues défiail
dans certains muscles, on peut dire que la maladie est
tée. Il ne s'ag-it plus, dès lors, que d'une inflrmîtv pli
moins pénible qui, suivant la remarque de Heine, ne
pas avoir d'inâuence directe sur la durée de la vie. A l'a]
de cette proposition, je puis vous présenter aujourd'hui
vieille habitante de cet hospice, laquelle offre ;'i une distance
de plus de soixante-dix ans, les vestiges trèscaracléristiqticl
de la maladie qui l'a frappée X l'âge de cinq ans.
Tels sont les caractères fondamentaux de la paral\'8ie inÙB-
tilc spinale considérée dans son mode régulier ; quelquefois,
il se produit dans l'évolution naturelle de la maladie des itn!-
gularités qui, elles aussi, ont droit à notre intérêt.
Ainsi, il est des cas où la fièvre initiale présente UDa ink'O-
sité et une durée exceptionnelles-, il en est d'autres où, aprùa
I. Heine, 'oc. c-.> ps^^eH, 15, 30.
ASATOMtt: PATnOLOGIQtlE 1(5
FVre, la paralysie, au lieu d'atteindre tout ù coup son plus
' haat degr^' d'intensité, se développe au contraire d'une ma-
nière progressive, dana l'espace de quelques jours ou même
ie quelques semaines.
Il est d'autres cas enfin où, dans la pôriode de régression,
il se produit des temps d'arrêt ou même des retours agres-
sifs*.
Je n'insisterai pas plus longtemps sur ces faits anormaux
qui paraissent, d'ailleurs, assez rares. Je n'ai pas cru devoir
hiat«9iots les passer sous silence, parce que, A mon avis, ils
peuvent servir à établir un trait d'union entre la paralysie
infantile spinale et les autres maladies du groupe.
m.
Je vais essayer actuellement de vous faire connaître les lé-
•fons «jue les recherches récentes ont fait constater dans la
finilvBic infantile et auxquelles se rattache l'ensemble si re-
narquablo de phénomènes qui vient de vous être présenté.
Suus traiterons en premier lieu des lésions des muscles, et
«n (traxièuie lieu des lésions du système ner^'eux.
!• Léslonè rfw muscles. — Je serai bref sur ce qui est re-
latif i l'altération des muscles, car c'est là un sujet qui ré-
dame cucore de nouvelles éludes.
A. Première période. C'est surtout relativement aux pre-
mlins phases de la maladie que les données positives con-
eemaot l'altération histologique des muscles font défaut.
D'après ce qu'on sait, la majeure partie des faisceaux pri-
mitils subirait, dans cette première période, l'atrophie simple
L Voir Ilaiaa ql Diieltuniie (de Uni I iciie) Mu, loj. r'U,, p. S.
w
sans dégénérât ioii graisseuse. L'examen microscopique lut
reconnaître, en effet, un grand nombre de faisceaux d'un trj»
petit diamètre gui ont conservé cependant leur striation nor-
male, et qui ne présentent pas traces de granulations (çraù-
seuses. D'autres faisceaux, encore en grand nombre, entre-
mêlés aux précédents, renferment en outre, de distanc« en
distance, des amas de noyaux du sarcolemme. On reocoatre
enfin, çà et l!i, un troisième ordre de faisceaux, le plus souvent
en très petit nombre, lesquels ont perdu leur striation et
laissent voir à divers degrés les caractères de la dé^uératiOD
granulo-graisseuse. Mais, c'est IX, je le répète, un fnit plutôt
exceptionnel. En somme, il paraft constant que les léiiont
irritatives prédominentsur les lùions passives. Nous verrons
bientôt que, contrairement à l'opinion la plus répandue, le
même caractère se retrouve dans l'atrophie musculaire pro-
gressive de cause spinale. Les lésions dont il s'agit paniissuat
s'accuser de bonne heure ; M. Damaschino, d'nprèscequi nous
a été dit par M. Duchenne (de Boulogne), les aurait cons-
tatées trois semaines après le début de la maladie sur un frag-
ment de muscle obtenu à l'aide de l'emporte-pièceiàrnidedu
même procédé, MM. Volkmann et Steudener ont pu également
étudier les muscles paralysa, à une époque assez voisine du
début et ils y ont reconnu 1^ mêmes altérations '. Cesderaien
auteurs signalent, en outre, une hyperplasie dti tissu con-
jonctif qui ne se trouve pas mentionnée par les autres obser-
vateurs et que nous avons reconnue, pour notre compte, d'une
façon très nette, dans des cas de date anciemie.
B. Seconde période. Si l'on étudie les muscles altéré» id
époque éloignée du débutde la paralysie ainsi que nous arc
eu mamtes fois l'occasion do le faire, à la Salpêtrîère,
1, Tolkmann, lot. cit., p. a.
SUBSTITUTION OKAISSEUSE 177
reconnaît que tous les caractères de la substitviion et de la
surcluirge graisseuses se surajoutent habituellement aux
lésions qui ont été décrites plus haut. Des amas de granula-
tions et de gouttelettes graisseuses s'accumulent dans les
gaines du sarcolemmeet s'y substituent au faisceau primitif
qui disparaît en totalité ou dont on ne retrouve que des frafr-
ments; d*un autre coté, des cellules adipeuses s'amassent en
dehors du sareolemme dans les intervalles qui séparent les
faisceauxprimitifs*. Cetissuadipeuxinterposéest parfois assez
abondant pour distendre les aponévroses d'enveloppe, de telle
sorteque, ainsi que l'avait parfaitement reconnu M. Laborde-,
le volume et la forme des masses musculaires peuvent être,
jusqu'à un certain point, conservés, bien que la plupart des
faisceaux primitifs aient disparu. Il est même des cas — et
j'en ai observé un de ce genre^ — où la surcharge graisseuse
est tellement prononcée que le volume du muscle est nota-
blement accru, de manière à reproduire exactement ce qu'on
observe dans la période ultime de l'affection décrite par Du-
chenne (de Boulogne), sous le nom de paralysie pseudo-hii'
pertrophiqiie ou mi/o-sclérosique. C'est là un point sur lequel
il importe que vous soyez bien fixés. Bientôt j'aurai l'occasion
de vous faire connaître que, malgré cette analogie d'ordre
secondaire, la paralysie infantile diffère cependant essen-
tiellement de la pafralysie pseudo-hypertrophique {atrophia
musculoram lipomatosa de quelques auteurs allemands) par
un ensemble imposant de caractères cliniques et nécroscopi-
ques. Qu'il me suffise pour le moment de vous faire remar-
quer que la lésion spinale qui, dans la paralysie infantile, no
fait jamais défaut, manque au contraire absolument — si j'en
1. Voir, il ce sujet, dans lo douxitMiie volumo dos J»v/iû*c» de phi/sioloi/'f,
lôH oliservAtionH de MM. Vulpian, Cliarcot et Joffroy, Parn»t ot Joffroy.
:!. I^borde, loc, cit., ]i. 142.
3. Arch.de phi/siolot/lef t. II, y. 47.
CHAnr-i)T. ŒuvrtMi complète:*, t. II. 12
178 suBSTiTtmoB aBAisesrSE
jug:e du moins d'après mes observations, conformes d'i
leurs en cela à celles de Colinheim — dans la paralysie
sclérosique.
La surcharge graisseuse, bien qu'elle soit habituelle
l'amyotrophie infantile de date ancienne, n'y est cepei
pas nécessaire : à côté des muscles distendus par la graii
il en est souvent d'autres qui sont réduits à un très petit
lume et dans lesquels le tissu adipeux fait à peu près com-
plètement défaut'. On ne trouve dans ces derniers muscles
que des faisceaux primitifs d'un très petit diamètre, mais
ayant conservé leur striation : çA et là quelques gaines du
sarcolemme renferment des amas de noyaux. Ces faisceatix
primitifs, atrophiés, sont séparés les uns des autres par an
tissu conjonctif fîbrillaire, évidemment de formation nouvelle.
Les muscles qui ont subi ce mode d'altération ont, à l'œil na,
l'apparence du tissu fibreux ou encore celle du dartos. Il
serait intéressant de savoir si l'hyperplasie conjonctive inlfT-V
titielle qu'on observe en pareil cas est un fait constant l't
si elle remonte, ainsi que las observations de UM. Vulkmana
et Steudener portent à le penser, aux premières phases d« la
maladie. Mais, c'est là un point qui réclame de nouvelles
recherches.
2" Lésions du système nerveux. ~ Lésions aptiiaief.Lts
lésions spinales dont je vais vous entretenir constituent ïo-
contestablemeat, à l'heure qu'il est, le point le plus întérei-
sant A la fois, et le plus neuf de l'histoire anatomique di* Is
paralysie infantile. Aussi crois-je utile d'entrer à ce propos
dans quelques dévelop|iements.
Beaucoup d'auteurs, vous ne l'ignorez pas, ont «msidérf
l'affection dont ils'agit, comme siégeant dans les porWeJprfri-
phérigties, muscles on neris, d'autres ont voulu y voir une
1. Voir l'obserTUtlan de Wîlson, in Arck. dejAyûoloi/ir, foc. ci'J.
LtSlONS SPIN-AI.B8 179
maladie essentielle — ce qui, dans l'espèce surtout, ne veut
pas dire grand'chose. — II est juste, toutefois, de reconnaître
(\ixc lu ruHJorilé des médecins, qui se sont occupés particulière-
ment de la question, ont, d'un commun accord, désigné la
moelle épinière comme étant l'organe où les lésions primor-
«lialea et fondamentales de la paralysie infantile devaient être
cherchées. C'était, de leur part, une présomption exacte,
mais qui, jusque dansées dernières années, ne s'est appuyée
sur aucune donnée vraiment pnsitive. On avait invoqué les
congestions, les exszidals, sans en démontrer rigoureusement
l'existence, carfaute de moyens suffisantH d'investigation, les
résultats des c'xaraens néeroscopiques étaient à peu près tou-
jours restés négatifs ou équivoques. (J'estdansces conditions
que furent faites, à la Salpêtrière, les premières études ré-
gnliùres, relatiTemeni à la nécroscopie du centre spinal dans
la paralysie inbntile.
Dès 1&34, nous avions reconnu, M. V. Curnil, alors mon
inleme, et moi, :\ propos d'un fait recueilli dans mon service,
une partie des altérations spinales qui président au dévelop-
pement de la paralysie infantile. Mais c'était, il faut le dire,
b partie la moin» importante. Ainsi, nous avions constaté
l'existence d'une atrophie des cornes antérieures de la subs-
tance Kcisii et des cordons blancs antéro-Iatéraux, dans la
T^iQ do la moello d'ufi émanaient les nerfs se rendant aux
ntoacles atrophiés; mais nous n'avions pas remarque ladimi-
autton de nombre et de volume qu'avaient subie les grandes
s motrices, altération qu'on peut cependant très nette-
i reconnattro sur une préparation faite à l'époque par
, et qui se trouve actuellement entre les mains de
I uni, M. Duchcnnc (de Boulogne) * .
i légion des cellules nerveuses motrices dans la paralysie
%Biolo3it, iwm, p. u
180 tHETOIIlQUB
infantile II lîtt;, pour la première fois, signalée par MM. ValpS
et Prévost, en 1866, chez une femme de la Salpêtrière. I
ce cas, qui a Hé communiqué à la Société de biologie \
M. Prévost, la plupart des cellules avaient disparu dauisj
corne antérieure du segment de la moelle correspondant a
muscles atrophiés et, sur les pointa qu'elles avaient occupi
la névroglie présentait la transformation scléreuse'.
Un fait, rapporté en 18G9parMM. L. Clarke etZ. J-jhnson
sous le nom â'atrophie musculaire, doit être, croyons-nous,
rapproché du précédent; la critique permet de reconnaître,
en effet, qu'il s'est agi là, bien que les auteurs ne le disent
point, d'un cas de paralysie infantile spinale. L'époque de la
vie où la maladie a éclaté, la brusquerie de l'invasion des
accidents, le mode de locAlisutinn de l'atrophie des muscles
ne laissent guère subsister de doute à cet éfnird ; ur, dans ce
cas encore, l'examen microscopique a fait reroniialtre
l'atrophie des cornes antérieures, la disparition ou l'atrophie
granuleuse d'un certain nombre de cellules uervcu»es motrices
et, en outre, l'existence de plusieurs ./b/yers de dûshiUtjralivn
sur divers points de la substance grise'.
Mais, si je ne me trompe, l'étude qui a le plus contribnJ
à déterminer le c;iractère des lésions spinak-s de la para-
lysie infantile, est celle que nous avons faite l'an passé,
M. Joffroy, mon interne, et mol, d'un cas très remarquable,
relatif à une femme de mon seri'ice nommée "Wilson, qui
succomba à la phtisie pulmonaire à l'âge de 4ô ans. La para-
lysie, chez cette femme, s'était développée tout à coup, à
l'j'ige de sept ans; elle avait frappé les quatre membnss dont
ta plupart des muscles s'étaient rapidement atrophiés. Los
membres d'ailleurs avaient subi un remarquable arrêt de
1
LÉSIONS DBS CELLULES MOTRICES 181
développement et offraient des déformations caractéris-
tiquesf. .
Ici, les lésions étaient extrêmement accentuées et elles
régnaient à peu près dans toute la hauteur de la moelle
épinière : elles occupaient, partout principalement, et sur
certains points exclusivement, les cornes antérieures de la
substance grise (Flg. 9). Dans toutes les régions de la moelle,
Fi$. 9. — Coupe de la moelle à la région cervicale datis un cas de paroi-
Ijfêie infantile tpinale du membre supérieur droit. — Pièce recueillie à la
Sftlpëlrière chei ane femme morte de paralysie ((générale k Vkge de cinquante
am» — Atrophie fibroïde de la corne antérieure du côté droit, émaciation
eonflécatire de tous les faisceaux blancs dans la moitié correspondante de la
les grandes cellules motrices étaient altérées profondément,
bien qu'à des degrés divers, et sur les points les plus sé-
rieusement affectés, des groupes entiers de cellules avaient
disparu sans laisser de traces. Presque toujours, la névro^Iio
1. SoàéU de biologie et Archives de physiologie^ t. III, p. 135, 1860.
183 I.É8I0H8 DES CELLULKH UOTUICBB
avait subi la transformation seléreuse au voisinage il
et jusqu'à une certaine distance des cellules K-sées, mais il
(■tait des points — et c'est là un fait qu'il convient de fain*
ressortir — où cette lésion des cellules était la seule alté-
ration que l'examen histologique permît de constater, U
trame conjonctive ayant, dans ces points-là, conservé la tranâ-
parenoâ et, à peu de chose près, tous les caractères de lu
structure normale.
Enfin, nous signalerons, dans notre observation, une
atrophie avec sclérose partielle des cordons antéro-lauSraux
et une atrophie très prononcée des racines antérieures, re-
marquable surtout au niveau des régions de la moelle le plus
profondément atteintes, altérations déjà signaléesdans les pu-
blications antérieures à la nôtre.
Dans le travail auquel notre observation sert de fondemed
nous nous sommes cru autorisé à admettre que la l4ston c
cellules nerveuses motrices, qui se trouve déjà mentiof
dans les cas de KtM. Vulpian et Prévost et dans celai d
L. Clarke, est tm/ait constant dans la paralysie infantu
spinale et d'où dérivent les principaux symptômes de I
maiadie, en particulier la paralysie ainsi que l'atrophie d
muscles ; noua avons, eu outre, émis l'opinion que, suivi
toute vraisemblance, c'est là le fait anatomique initial, \m
lésions de la névroglie et l'atrophie des racines nerveuse?
devant être considérées comme des phénomènes consécutift.
Je ne puis aujourd'hui développer devant voua tuus les
arguments qu'on pourrait invoquer en faveui' de ces asser-
tions, cela m'entraînerait trop loin. Je réserve d'uilleura cette
tâche pour l'époque où j'aurai pu faire connaître les autres
espèces morbides qui appartiennent au groupe des myopatfa
de cause spinale. Je compte alors entrer dans une discut
en règle a propos du rule que je prête aux cellules iierv«<
motrices dans la production des lésions trophiques •
ALTËKATIOMS BECONDAlKEe 183
Ëuacles. Poor le moment, je me bornerai aux considérations
suivantes qui concernent plus particulièrement la paralysie
înrantîle.
Belativcmentà notre première conclusion, il suffira de faire
remarquer qu'elle trouve sa confirmation dans tous les faits,
actuellement en assez grand nombre, qui ont été recueillis
ilepui!< la publication de notre travail. Ainsi la lésion des cel-
lules motrices se trouve expressément signalée dans une
obsenatîon de MM. Parrot et Joiïroy, où il s'agit d'un enfant
chez lequel la maladie remontait à peine à une année'; dans
un fait recueilli par M. Vulpian à ta Salpétrière*; dans deux
outres cas, enfin, observés à l'hôpital des enfants, par M. Da-
tnaschino et dont je ne connais encore les détails que par la
rommuiiicalioii qui m'en a été faite par M. Duchenne (de Buu-
lo^e)^ Enfin, cette même lésion existait de la manière la
plus nette dans trois nouveaux faits recueillis tout récem-
ment dans mon service, et dont l'anatomie a été poursuivie
avec le plu» grand soin par mes élèves, MM. Michaud et
Pierret. Ces faits nouveaux, joints aux faite» jinciens, consti-
tuent incontestablement un ensemble assez imposant, si l'on
considère surtout que, jusqu'à ce jour, il n'a été relaté aucun
cafl conlradicloiro de quelque valeur. Les cas qui nous ont
été opp*'»!'» datent tous d'une époque où les procédés d'in-
itigation appliqués à l'élude anatomiquc de la moelld
aient pas atteint le degré de perfection qu'ils poœèdent
loard'bui, et d'ailleurs aucun de ces faits ne porte ce
ictère de précision qu'on est en droit d'exiger actuelle-
t dans les obser\'ations de ce genre.
L ArrhtM* ii« ph^noUigie, t. III, IBTO.
L /dtm, t. III. IS10.
vAiJaiiii,Hii nombre de tToii, racuailliM dans le service ils M. Ro-
\f»t H. iJaiiuiK-^ina, oui éU niiemmetil uniiiuiiiniquéw k U SoctlU Ht
«•t pDliUùiw in exleiuo inné U Ouîttif médicale, W i\, 43, ib, iS.bl.
t, no*eiBlir« et déiwubre 1811.)
16-1 ALTÉK\T[ONS BECONUAIKE8
Pour ce qui concerne la seconde proposition, je forai res-
sortir ce qui suit : Si, sur certains points, les li^inna
de la névroglie envahissent la plus grande partie de la
substance ^rise et s'étendent même parfois aux parties Adja-
centes des cordons antéro-latéraux, il n'en est pas moins vrai
Ftg. 10. — Coupe de la ii\oetU faite
snlérieiire gauche, Mine. — a, nuyaii gAiifrlioi
rieura ilroiti!. — b, aojun g'aogliouiuiiro mùdinn ilnnt les tellulus Mnt it
truites et i[ui sat représealû par un petit foyer de si:liiroite.
que, sur d'autres, elles restent exactement limitées aux
cornes aatérieures, qu'elles n'occupent même pas toujours
dans toute leur étendue-, on les voit, en effet, quelquefois se
localiser exactement et comme systématiquement dans l'es-
pace ovalaire très circonscrit qui correspond k un groupe ou
agrégat de cellules motrices {Fig. 10). Comment concevoir.
LESIONS US I.A NRVH0OI.li: lë5
(|Q6 cela puisse être, si raltt-ratiuii avait f<oii point de départ
dans Ifl tis3u conjonctlf întermiîdîairpaux éléments nerveux?
N'est-il pas plus vraiaembhible qu'elle prend origine dans
I organes spéciaux, doués de fonctions propres, comme
nt les grandes cellules nerveuses dites motrices? C'est
^iDsi que, suivant lit théfjrie émise par 51. Vulpian, théorie
^ laquelle j'adhère complètement, les scléroses systématî-
<{uement limitées aux cordons postérieurs doivent être ratta-
chées à une irritation occupant primitivement les tubes ner-
veux qui entrent dans la composition de ces faisceaux.
II est des circonstances, d'ailk^urs, — et l'observation de
Wilson peut être rappelée à ce propos — où, sur certains
points, l'altération d'un certain nombre, voire même d'un
(•roupe entier de cellules nerveuses, est la seule lésion qoe
l'exanK'D hîstologique permette de constater; la trame con-
jonctive ayant, dans ces points-là, ponsené la transpiirence,
et, à peu de chose près, tous les caractères de la structure
normale. Dans d'autres régions, les lésions de la névroglie
pourront se montrer plus accusées VL-rs les parties centrales
d'uD agrégat de cellules nerveuses que dans les parties péri-
phériques ; beaucoup plus accentuées également au voisi-
oage îmmi-diat des cellules que dans les intervalles qui les
séparent ; de telle sorte que ces dernière» paraissent comme
^ntant de centres ou îoyer, d'où le processus morbide aurait
Ifonné, à une certaine distance, dans toutes les directions.
^On ne saurait admettre, d'un autre côté, que l'irritation
^toit originellement développée sur les parties périphériques,
et qu'elle ait remonté ensuite jusqu'aux parties centrales par
t* Voie des racines antérieures des nerfe rachidiens, car ces
'iemiers, en général, — c'est li un point que MSI. Parrot et
Jfiffroy ont bien mis on lumière, — ne présentent au niveau
'1» réf,'îons altérées de la moelle épinière, dans les cas récents,
<]Uc dos lésions relativement minimes et nullement propor-
18l> TRANSPORUATIOHS FlIiaoll'RS
tionnées, quant à. l'intensitû, aux lésions do la SubsU
grise.
II nous paraît évident, d'après tout ce qui précède, que 1
cellules nerveuses motrices wmt bien réetlenient le siège pri-
mitif du mol. Le plus souvent, sans aucun doute, le travail
d'irritation gagne secondairement la névToglie et s'étend de
proche en proche aux diverses régions des cornes antérieures,
mais cela n'est nullement nécessaire. A plus forte raison, il
faut considérer, comme un fait consécutif et purement acces-
soire, l'extension, observée dans certains cas, du processus
morbide aux faisceaux antéro-latéraux.
La lésion en question des cellules nerveuses, à en juger
d'après le caractère des altérations que présente la trame con-
jonctive, serait de nature irritative; mais c'est là un point
sur lequel l'examen direct, purement anatomique, ne peut,
quant k présent du moins, nous renseigner. De même, en
effet, que cela arrive pour les tubes nerveux, les cellules
nerveuses irritées s'atrophient et, au dernier tonne du pro-
cessus, disparaissent sans que le mode de l'affection dont^
elles sont le siège, se révèle par des caractères spéciaux. ^Ê
Un mot, en terminant, relativement à ces altérations de
la trame conjonctive, qui, suivant moi, seraient un fait
secondaire, consécutif iV Tairection des cellules nerveuses.
Dans les cas de date ancienne, elles consistent principale-
ment en une métamorphose fibrillaire ou fibrolde du réticu-
lum, avec disparition plus ou moins complète des tubes ner-
veux et condensation du tissu \ mais ce sont là seulement les
derniers vestiges d'un processus morbide depuis longtemps
éteint, et il est difficile de préjuger ce que peuvent être les
altérations dans les premières phases. 11 est asse» vraisem-
blable toutefois qu'on trouverait là les caractères histolojç!-
ques de la myélite aiguè avec multiplication des myélocytea
mtAute DBSTBUcTnra 187
et des noyaux des gaines vasculaires, telle, en un mot, qu'elle
a été décrite par Frommann et par Mannkopf. L'existence
dei foyers de désintégration, signalés dans l'observation de
Cfaurke et dans quelques-unes de celles que nous avons
HBcoeillies récemment à la Salpêtrière, montre que, par places,
le tissu enflammé peut subir une véritable dissociation ; les
eu de M. Damaschino établiraient même qu'on peut, sur les
points de la moelle le plus profondément atteints, rencontrer
tons les caractères de la myélite destructive avec formation
d'un foyer de ramollissement rouge avec lésions vasculaires,
corps granuleux et le reste. Quoi qu'il en soit, vous corn-
pranez aisément, Messieurs, que rien dans tout cela ne vient
infirmer la théorie d après laquelle Vappareil des celhcles
merveuses motrices serait U premier foyer et comme le
point de départ du processus itiflammatoire.
n me reste à mettre les symptômes en présence des lésions
et i rechercher comment ceux-là dérivent de celles-ci \ c'est
qae j'essaierai de faire prochainement.
DIXIÈME LEÇON
Paralysie spinale de l'adulte- — Nouvelles recherchas
ooncernant l'anatomie pathologique de la paralysie
spinale infantile. — Amyotrophies consàoutivei
aux lésions aigu&s diffuses.
(<oiiHAi&B> — Paralysie spinale de l'Adulle : Higtorique. — Exposé ^mt CM |
emiiruiité i. H. Ducheime (de Bouli)<i:De). — Faits peraonneb. — AnabgiM j
t'troite» ifui rapiiricheut la paraljsie npiiiale aiguë de l'adulte el caU« il«
l'euiaut. — Mudilicatioiis sjrmpCoinatologiijusi en rnpport avec Tige. —
PronoBtic.
TrBVBQi récents conuenuiDt l'aiistomïe et la phjaiolo^e pAtlioIogiqiwi et
la paralysie spinale infantile ; ila i^onlirnient sut tes pointa f nacntidi M i
uomplèteut à certains égatA» la» Téaultats préuédeminent (txpoaêa.
Un mot isur les lésioua spinales aigufis qui ne sont pu, cainm* daas la
paralysie inbuitiln, systê manquement limitées a iix cornes anténearw da II
substance grise. — Myélite aigaô centrale g^néraliséa, hématn-oijiSiB,
myélites treumatiquas, mjélîtes aiguës partielles. — Coiidïtioni daw b^
quelle* ces affections détermiDent t'atropliie rapide des uiuaclei.
Messieurs,
11 y a longrtemps déjà que M. Duchenne (de Boulogne) a
reconnu l'existence, chez l'adulte, d'une parahjsie .•tpi$tale
atjju'-, comparable k celle de l'eofant'. Le D' Moritz Mover
(de Berlin)* et M. le D' Roberts' ont, eux aussi, ra[fôrté
1. Vuir, à ce sujet, la tliêae ilo M. Ducbenna flls (de Boulogtte).
i. H. Me^er. — DU ElKJricil«t ind ihre Anwendxny. Uoriin, IW8, p. SMl •
S. Re/nold'a Sj^Um of MeilMnr, X. I, p. 169.
PABALVSIG SPINALE AIOL'B US L AlfULTI
ips des iaits qui appartiennent cvidemmeot
fietle catiîgorie. J'ai, pour mon compte, été frappé plus
d'aitfi fois de lu ressemblance remarquable qui rapproche
diniqueiaent eertaipes paraplégies à début brusque, suivies
d'atrophie musculaire, développées dans l'ndoIesccDce ou
chez l'adulte, et la paralysie des jeunes enfants.
Je voudrais établir devant vous la réalité de l'existence
de cette paralysie spinale de l'adulte comparable à la para-
lysie infantile spinale. J'eepére y parvenir, en exposant
d'abord les traits principaux d'une observation que j'em-
praate à la nouvelle édition du Traité d'êlectrothéraiiie de
H> Duchenne (de Boulogne) et en faisant connaître ensuite
qaelques-UDs des faits qui me sont personnels.
n s'a^t, flnns le cas de M. Duchenne (de Boulogne],
d'une tille âgée de 22 ans qui, un matin, se réveilla avec de
b Gèvrc, de la courbature et de la difficulté à mouvoir ses
membres. Une heure a[)rè8, elle se plaignait de douleurs
dans la région cervicale postérieure, de fourmillements et
dlrnuliations douloureuses dans les doigts des mains. Cette
dernière circonstance, si vous vous reportez à la description
da la paralysie infantile, pourra vous paraître constituer,
duis l'espèce, une anomalie frappante ; mais nous n'avons
ptta manqué de vous faire remarquer, ailleurs ', que les
enfimts, atteints de paralysie spinale, se plaignent quelque-
fois du semblables douleurs lorsqu'ils sont assez âgés pour
N avoir traduire leurs impressions.
L'Age, d'ailleurs, en supposant même un processus au
P identique, doit nécessairement créer des différences dont
but tenir compte. Âitisi, par exemple, dans les cas seni-
Uables à celui que nous emprunton.4 à M. Duchenne, le
dêveluppcmcnt du sujet étant parfait A l'époque où la ma-
I. Vuyex Lo^n IX, ji. 11»
190 CAS VB H. DUCHXHDB
ladie apparatt, vous ne devez pas vous attendre A voir e
duire cette atrophie par arrêt de développement, qui, chez
les enfants, détermine, pour une bonne part au moins, le
raccourcissement des membres affectés et est l'un des traite
les plus saillants delà paralysie infantile.
Pour en revenir au cas de M. Duchenne, la douleur s'était
à peine montrée que les quatre membres étaient complète-
ment paralysés, absolument inertes. Quatre jours plus tard,
la fièvre avait cessé. La paralysie du mouvement persista
pendant deux mois, sans modification appréciable; elle
semble avoir été, je le répète, complète, absolue; et, malgrv
cela, la sensibilité de la peau n'était nullement afTcctée.
Jamais non plus on n'observa de ti*ouble8 durables de U
miction; jamais enfin il n'y eut le moindre indice de la
formation d'escarres.
Vers le milieu du troisième mois, la rétrogression dca
Mvmptômes paralytiques commença à s'accuser.
En premier lieu, ce fut dans les membres inférieurs que
les mouvements se rétablirent progressivement; puis, quinze
jours plus tard, ils reparurent aux membres supérieur?,
mais, h. la vériti'^, d'une manière incomplète. C'est que, dans
un bon nombre de muscles des membres supérieurs, l>
nutrition avait souffert au point que l'atrophie y était ^
manifeste.
Six mois après le début de la paralysie, un cxamea l
tif faisait reconnaître des désordres dès lors irrépan
Une grande partie des muscles du bras, de l'avant-l
de la main étaient considérablement atrophiés, surtoa
droite, et, en outre, ils ne réagissaient pas sous rinfloT
de la faradisatiun; par opposition aux désordres coni
sur les membres supérieurs, l'amélioration avait contini
prog;resser dans les membres inférieurs: U, tous les mui
avaient récupéré leurs fonctions, -X l'exception du jamfi
antériour Ju côté droit dont l'altération, par suite de la
prédominance li'actîon des antagonistes, avait occasionné la
formatiuii d'une sorte de pied bot équin paralytique.
Il n'est ^uère douteux, Messieurs, que, malgré les traits
si particuliers de l'ensemble sympt orna tique, les cas de ce
fçeare ont été maiutcs fois méconnus ou mal interprétés. Or,
d'après ce que j'ai lu ou vu, la forme de paralysie spinale dont
il s'agit ne serait pas, tant s'en faut, absolument rare, dans
Ib dioique de l'adulte'.
Le pronostic, cependant, ainsi que toutes les autres circons-
Uooes de la maladie, difTèrent ici en général singulièrement
de ce qu'ils sont dans les autres formes de paraplégie à début
bniaque, c'est U un fait avec lequel il importe d'être familiarisé.
Attflai n'hésiterons-nous pas à entrer, actuellement, dans de
aciaveaux détails, à propos de deux cas très significatifs à
amo sens, que j'ai recueillis récemment.
l. riOKDurs esemplas âe paraigne ip:n<Ue de l'adallt onl été, dans re» der-
«•en >•rn^•<'. mpiwTtéH par M. liernhardt. (Ardiiv fdi ptychiatrit, IV, Bd.
i*Tj -< W ^"m'ial (Fivy). — Âiu dtr mtdieinitchen Klinik det Ihrnt Prof.
Ilfrtin. H'MA«iMc/i.,i874,ii-l,2et3. — UndMMsdaM. Kilm-
.'iiUiroiDuntmt^reaBiint enceqaelaa oscillatioiiadela tempéra-
' <'nt ét& uoi4e» penditot ttiate la dorée de la i>ériuds fébrile iiii-
' 'ivatioiuoatét^pab1iéiwîn«x(«iuodaiis le Progrii tnidicatlHH,
JU Mltcoalrd, il / n i[U0lt[Uee aunéos, en Au(;lel«[Te, aui envîroni An
LMtbi, kvei- mun ami le proreMOur Brown-Séquàrd, un ^eatlemnn, ipé de
tMuu. qui. <!<'iii aiuaiii«rxvaut,aprHS[tiiatra jour» de nutlaiee, Hvaît été prii
>ii''n<te. U'iuetle dura pendant plus d'une semaine et fat luîvia
'< iitiiti'iueroniplètadog <(uatre Diembrea brusqnainent développée.
' la dMut des nccidentii, le mouvement conimen<;A à reparaître
..I ' I .' <lroil, d'aburd, puia prugreasivement dam les AUlres membres.
la malade prisent» actitellement une atrophie vrabembUblement indé-
~ .Mi pronwiudo, du* muscles du bran droit et de la jniube (çauclie : n
"fiMafonmilleiiiouta, iln'fi jamais existé de Irouble» dola lenaibililë;
■t ]• rectum mit tuujo&rd fonclioniié nurmalemout. Il aa n'esl pan
par H. 1» profesMiir Gumiai; [de BelfuNl], dan> le journal de
(QHoltHj/ Jvum. "f Mtdic. .Science, ma; IS6'J, p. 411), me parait
~ iMprûcMenls, rsttat'héàla Parali/iie tpinaleûel'adntte.—
>t rintéreManl travail d'un élève de la 8alpètri6re, M. Petit-
^pODr litre : Atrophie aviuHdt* celtulet jtervtunt. (J.-M.C.)
OBSEUVATIOSS PBIUOHNBLLSB >
En rnison de l'âge des sujets auxquels ils ont trait (19 »
et 15 ans 1/2), ils c-tallissGnt une sorte de transiliun enlre
l'obsen'ation qui précède et celles qui appartiennent ù La
paralysie infantile proprement dite.
Obb. I. — M. X... est k^é de 19 ans. Les Heuleft particoU-
rités antérieures à sa maladie qui méritent d'être signalée;!,
sont les suivantes : sa mère a eu trois grossesses et, pendant
le cours de deux d'entre elles, elle a été atteinte de v^oti).
La santé de X... avait toujours été excellente, il jouissiît
d'une grande force physique. 11 est d'un caractère aaaez
calme.
Peudantles mois de juin, de juillet et jusqu'au 10 du moi»
d'août 1873, X... fil de grands efforts intcllectueJH {Miarn*
préimrer à un examen. Pendant ce temps, il t^prouva à plu-
sieurs reprises des épisliixis abondantes qui ne lui étaient
pas habituflles. Il échoua à son examen, et en ^-prouva otw
contrariété des plus vives.
C'est dans ces circonstances que le 10 août, on renconln
X... dans le parc environnant le château qu'il habite, abatlAnt
un arbre avec une énergie maladive. A la question qu'on loi
fit, relativement au motif de cet acte, il répondit : « J'ai be-
soin de casser quelque chose, parce que je me sens agacé. »
Le même jour il se plaignit d'une grande fatigue, de courin-
tore, surtout prononcée dans la région lombaire et auuSrït
de sueurs abondantes.
Le lendemain, il se sentit plus malade. 11 put se lever «*•
pendant, mais ne put marcher qu'en s'appuyant sur
canne ou sur le bras d'un valet de chambre.
Le troisième jour se déclara un état fébrile,
dès l'abord, et qui, bientét, s'accompagna de sympl
qu'onputcroire à l'invasion d'une fièvre typhoïde, s'
avec des caractères de haute gravité. La langue
OBSERVATIONS PERSONNELLES 193
et recouverte d'un enduit noirâtre, la soif vive -, la peau était
chaude, le pouls à 120 -, il y avait du délire la nuit. Enfin, le
ventre se ballonna et l'on dut, pour vider la vessie, sonder
plusieurs fois le malade pendant une période de 36 heures.
Il importe de relever que la rétention d'urine fut, comme on
le voit, tout 11 fait transitoire. Elle ne se renouvela plus par
la suite.
Cette période fébrile se termina au bout de cinq ou six
jours, et rétat g^énéral redevint rapidement tout a fait normal.
Ce fut alors seulement qu'on reconnut l'existence d'une para-
lysie du mouvement à peu près complète, et marquée par une
flaccidité absolue des parties, portant uniformément sur les
quatre membres. L'inertie motrice avait été remarquée déjà
pendant la durée de la fièvre, mais elle avait été considérée
jusque-là comme résultant d'une adynamie profonde. Jamais
il n'v avait eu tendance à la formation d'escarres.
Les choses en restèrent à ce point pendant les quinze jours
qui suivirent. Au bout de ce temps, il se produisit un certain
amendement dans l'état des membres supérieurs et le malade
commença en outre à pouvoir se maintenir, tant bien que
mal, assis sur son séant.
Je fus appelé a voir M. X... pour la première fois, le
1*' novembre 1873, c'est-à-dire deux mois et demi après le
début des premiers accidents. Je constatai alors ce qui suit :
des deux côtés, mais surtout à droite, il existe une atrophie
assez prononcée des épaules et de la partie postérieure du
bras; au contraire, les muscles de l'avant-bras, de la poitrine,
ceux de l'abdomen et du cou surtout, contrastent par leur relief
qui rappelle Tétat normal. Des deux cotés, mais principale-
ment à gauche, la paume de la main est aplatie et comme <»x-
lavée en conséquence de l'atrophie qu'ont subie les éminences
thénar et hypothénar. Il se produit, de temps à autre, sponta-
nément, dans les muscles d<î la main, des contractions flbril-
Charcot. Œuttos complëti!i>, t. IL 13
194 OBSÏKVATIOSS rERSO!iNB[.I.GS
laîresqui communiquent aus duigts de légers mouvciaeal|
X... ne peut lever les épaules ni soulever les bras ou ûteodl
lavant-bras ; mais, en s'appuj'ant sur les coudes, il par\*ieâ
il se servir des mains pour porter ses aliments à sa boucbi
Les divers modes de la sensibilité cutanée ne sont en rien
modifiés sur les différentes parties du tronc et des membre)"
supérieurs.
Quant aux membres inférieurs, ils sont tous deux fla»«iues,
inertes, amaigris. On n'y observe aucune trace de contracture
ou de rétraction. L'émaciation est plus prononcée aiu
cuisses qu'aux mollets. Les mouvements volontaires sont à
peu près impossibles; à gauche, tout se borne i\ quelques
légers mouvements du gros orteil ; à droite, tous les orleilK
peuvent être soit lléchis, soit étendus volontairement, maia
seulement dans des limites très restreintes. On noto avec
soin qu'ici encore la sensibilité cutanée n'est en rien modilïée;
on note aussi, particulièrement, que les divers modes d'cxct'
tation de la peau ne provoquent aucune trace de mouvements
réflexes.
Le malade n'accuse aucune sensation pénible dans les
membres paralysés. Il dit éprouver seulement, de tempH à
autre, quelques fourmillements ; il se plaint aussi d'un fré-
quent besoin de changer de position, plus pressant la nuit
que le jour. Les membres inférieurs sont habituellement
froids, surtout le pied et la jambe gauches, qui sont de plus
presque toujours couverts d'une sueur visqueuse.
Le pouls est normal, l'appétit excellent, le sommeil inter-
rompu seulement, comme on vient de le dire, par le besoin
de changer de position. Les sphincters fonctionnent d'une
façon tout à fait régulière.
Il a été matériellement impossible de préciser l'époque uù
l'atrophie des muscles a commencé à se produire. On assure
toutefois qu'elle a été remarquée quelques semaines sen-
i
TIONS PBU80!(SBU,BB 195
l après le dt-but de ta maladie. Il est a regretter éga-
lement que, faute d'appareils convenables, l'exploration élec-
trique de» parties atrophiées n'ait pu être pratiquée a cette
époque.
Dans la consultation qui eut lieu lors de la première en-
trevue, je m'appliquai à faire ressortir surtout le début
l>rusque, presque subit, des accidents paralytiques, et marqué
par une période fébrile bien distincte, la tlaccidîté et l'atro-
phie profonde rapidement survenue que présentaient les
masses musculaires dans les membres paralysés, phénomènes
contractant avec l'absence d'ant'Sthésie, de troubles durables
de la vessie ou du rectum, d'escarres sacrées. J'émis l'opinion
qoe l'ensemble de ces symptômes positifs ou né^tîfs permet-
tait de rapprocher le cas de M. X... du type paralysie iïifan-
tlle spfimU. Me fondant en dernier Heu sur ce qu'enseigne
l'biittoirc naturelle de cette afi'ection, je crus pouvoir avancer
qae la rétrocession des symptômes, déjà ébauchée aux mem-
bres BUpérieurs, s'y accuserait plus encore et s' étendrait sans
doute jusqu'à un certain degré aux membres inférieurs; qu'il
p»ui-ail même se faire que la station et la marche redevins-
sent jMSsibles avec le secours d'appareils électriques; qu'en-
fin le retour agressif des accidents n'était guère à redouter'.
La suite de l'observation montre que ces prévisions se sont
réaiiaétjâ. Une note, recueillie en février 1874, constate, en
eflet, qu'une amélioration très notable s'est opérée en ce qui
concerne la puissance motrice et la nutrition dans les mem-
bres supérieurs; aux membres inférieurs, la contractilité
&nidique continence à. reparaître dans plusieurs musclée où
i était soit très amoindrie, xoît abolie. Par contre, en
dMW lia maa cDlloinie, H. U doutaur Bouvier, ilcml rexpérioneu Ht si
m parulUo nutière, qu'il n'a vu r|ua Iruiii toi», dua» lu l'onra d« m
«xrridra, In tétruuoMiiuii normal» >1oii acciduutii de !■ paralj'siu Mpioulo
It itn entrkVttfl jiar uuu r«i'liulu.
N
196 oiihF.nvAiK
raison de la prédominance d'actioa des muscles postériourB
de la cuisse et de ceux des mollets, il se produit une tendance
à la (lexioD des jambes et à. la formation de pieds ImLs ûquins
contre laquelle on a lutté par l'application de divers appareils.
En avril, la puissance musculaire a tellement progressa,
dans les membres inférieurs, que le malade se tient debout
et fait quelques pas dans la chambre avec le secours de deux
personnes. Enlin, on août, un an environ après le début, il
peut, étant assis, se dresser seul et, s'aidant de deux bé-
quilles, faire de courtes promenades. Il peut même, au moven
d'un appareil qui s'oppose à la flexion du {^enou gauche,
marcher quelque peu en n'appuvant sur une seule canne'.
Le fait suivant, quoique moins régulier à quelques é^rds ,
quo celui qui précède, mérite cependant do lui être compara |
Il peut être rapproché de ces paralijfieiHemjiorairesàéaiieii i
par Kennedy, et dont l'histoire ne saurait être séparée (b j
celle de la parahjxic iu/antile pcmnanente. \
Ob8. II. — Charles R..., actuellement âgé de 15 ans et demi,
est un grand jeune homme bien pris, à l'air intelligent. On
ne signale dans ses antécédents aucune maladie di^ne d'être
relevée^ pas de convulsions. H n'a éprouvé ni émotions mi>-
rales vives, ni refroidissement. On fait remarquer seulement
qu'il a beaucoup f^randi en fort peu de temps.
1. Pundant In périudo <]iii liiieaà dii lU noût ISTn nu 1" auilt 1ST4, la trai-
tement n runnslâ iirincipMloiiicnt en l'applicaliaii de vetilouFcs scarifiéM, i*
vMeatoiraB, puiii da cautères te long do la colonne vertébrale. A partir fel»
dernière date, les muicIsB ]<arBlyBi^s ot atrophiés ont été sonmii loui 1m dnu
JDtirs h l'excitation produite jiar un courant faradiqiie de mojanne ioteiuil*.
En outre, X... (irennil chaque jour des pilules de sti'fclmine de 1 milUinwuiis
cbftquB, dont le nomtire» été proxreEsivement porté jusqu'à 1.%. Peudantl»
moii d'nrril, maleljuin.onaasBocié, k l'excitation farsdiqup, l'cxcitationiiil-
ïHnique et l'b.vdrotliorapîe ; c'est dan» le cours da cette jwriode ïnrIoalqnelM
progivs se sont la plus roniHr([iialileoieiit accentués. Durant le^ raoii do joiJIet
otttoQl, à Bagnùres-de-Luchun, bains, douches et massage onergiijue.
OBSERVATIONS PERSONNELLES 197
Le 27 septembre 1873, il fut pris d'une fièvre peu intense
qui ne T'obligea p«is à se coucher. L'appétit toutefois était de-
venu nul, la langue était chargée. L'état fébrile a persisté
les 28 et 20, sans se montrer, à aucun moment, assez fort
pour empêcher M. R... de rester hors du lit une partie du
jour,
La seule particularité à noter durant cette période de trois
jours, c'est l'apparition sur le tronc d'un zona douhleàoni on
voit encore aujourd'hui (novembre 1873) les traces. L'éruption
occupait le thorax dans toute son étendue en hauteur. En
avanty on voyait : à droite, un premier groupe de vésicules
au-dessous de l'aisselle-, un second, latéral aussi, au voisinage
du bord inférieur du grand pectoral; un troisième, médian,
placé au-dessous de l 'appendice xiphoïde -, — 2° à gauche^
un groupe répcmdant au second groupe droit et un autre situé
à gauche de la ligne médiane, à égale distance de Tombilic
et de l'extrémité inférieure du sternum. En arrière^ ilexisUiit
un groupe un niveau de l'angle inférieur de l'omoplate et un
second, plus latéral, presque à la même distance du précé-
dent et de la crête iliaque. Il paraît certain que ce zona ne
s'est pas accompagné de douleurs localisées sur le trajet des
nerfs.
Sans avoir ressenti ni douleurs ni fourmillements, le 1'' oc-
tobre, en se levant le matin, et à poinc descendu du lit,
Ch. K... sentit ses membres inférieurs lléchir sous lui et il
tomba lourdement sur le sol. C'est doncdansla nuit du 30 sep-
tembre au P' octobre que la paraplégie s'est produite. Le
malade fut recouché. Il parait bien établi que, ce jour-là, il
n'avait plus de fièvre. La paralysie fut accompagnée, dès l'o-
rigine, d'une flaccidité marquée des membres inférieurs. Ja-
mais la sensibilité cutanée n'y a été modifiée : on ne saurait
«lire s'ils ont jamais été froids ou cyanoses. 11 y a toujours
persista quelques mouvements partiels. Ainsi, K...a toujours
198 OBBBRVATIONS ntBSOHKSUaB
puétendre et fléchir les orteils: par contre, il était, à l'ori^ne,
absolument ÎQcapable de fouleverses membres en totaliti^ au-
dessus du plan du lit. On assure que, quelques jours nprésie
début des accidents, ramaig^rissement des cuisses était dt'jA
appréciable.
Les membres supérieurs n'ont, à aucune époque, été sérieu-
sement engagés et R... a toujours pu continuer 4 se servir
do ses mains, soit pour manger, soit pour tenir un lix-re. Ja-
mais il n'a existé aucun tniubte dans l'exorcice des foncUona
de la vessie ou du rectum. La période de rétrocession a oun-
mencé à s'établir fort peu de temps après t'invasîoa. Aiiisi
vers le 15' jour, R... pouvait se tenir debout en appuyant les
tmûns sur les objets environnants.
h'êiat actuel, relevé le 17 novembre IHTd, apprend ne (jai
suit : H... peut se tenir debout et même Taire quelques [«sa
condition de s'appuyer k l'aide des deux mains sur les épaules
de son domestique. Les membres inférieurs sont amaigris
dans la totalité, l'atrophie est surtout marquée aux cuissesqui
sont tlasqaea et comme aplaties d'avant eu arrière, tandis que
les mollets sont assez pleins encore et résistants. Les mus-
cles du bassin semblent particulièrement atteints. Aiusi,
lorsque R... est assis, il ne peut fléchir les ouïsses sur l'al»-
domen ; il esquisse à peine ce mouvement. Couché sur le dos,
il lui est tout A fait impossible de relever le tronc. Quand le
malade, maintenu dans la station verticale, essaye, avec le
secours d'un aide, de marcher, on le voit, à chaque pas, M
/lancher à l'excès et incliner fortement le tronc t^uccessire-
ment vers un côté, puis vers l'autre côté. L'état général est
toujours resté excellt-nt.
Nous revoyons Jf. R, .. en octobre 1874 ; les mouvetnents
des membres inférieui-s ont repris leur puissance normale et
il peut aujourd'hui, sans fatigue, se livrera tousti'^i exercice*
du corps. Un certain degré de maigreur relative, de tla4xi-
PARALYSIE 8PIKALE INFANTILE 199
dite des muscles antérieurs à la cuisse gauche, une tendance
marquée du tronc à s'incliner dans la station debout et la
marche vers le côté droit, tels sont actuellement les seuls
vestiges de la maladie spinale.
Les iaits qui viennent d'être exposés à titre d'exemples, et
qa*on pourrait aisément multiplier, suffiront, je l'espère,
Messieurs^ à mettre en évidence que certains cas de paralysie
spinale aiguë, observés chez Tadulte, sont, au point de vue
clinique, tout à fait assimilables à la paralysie spinale des
jeunes enfants. Il resterait à déterminer si, ainsi que cela est
vraisemblable, la lésion spinale d'où dérive l'ensemble
symptomatique reconnatt chez l'adulte la localisation étroite
dans les cornes antérieures et tous les autres caractères qui
distinguent celles de l'enfant. Mais l'autopsie n'a pas encore
définitivement prononcé. Il y a là une lacune qui ne saurait
tarder à être comblée ^
IL
Je crois utile 3e revenir aujourd'hui sur divers points rela-
tifs à Vanatomie et à la physiologie pathologiques de la
paralysie infantile spinale. Je trouverai ainsi l'occasion de
^ignàHer et de mettre à profit plusieurs travaux (|ui ont paru
sur ce sujet, depuis la publication des premières recherches
entreprises à la Salpêtrière. Ces premières études concernant
1. Cliniquement, Tobservation piiblioo par mou interno, M. Goinbault^ dans
les Arcliivtê de pht/aioloyie (1873, janvier, p. 8<)), m rapitroclie incontostablo-
nient beaucoup de la paralysie spinale infantile; elle on ditfère à «luebiues
égards cependant au point de vue analonio-i):ithologi4uo. Le» rollulai mo-
trices étaient profondément altérées dans lus régions do la nuxdle épinière,
correfi»oadantos aux muscles frap]>és d^atrophie; mais on ne riMU'ontre nulle
|*art, danii les cornes antérieures, les foyers limités ayant fait disj»araître des
•rroupe:* entiers de cellules nerveuses et produit 1 VjialssisstMnont iibroïde du
tiiMU iiitoratitiel qui paraissent être un caractère constant de la lésion spi-
nale propre à la paralyiûe atrophiiiue des jeunes enfants. (^.J.-M. C.)
200 ANATOMIE »T PHTSIOUSaiE FATHOI.OGIQUBS
des pensionnaires de l'iiospice, c'est-à-dire des sujelB aji
succombu- à une époque le plus souvent fort <^loigiii^e del
période infuutile, ont été faites incontestablement, par 0
môme, dans des conditions relativement défavorables, i
ont permis, cependant, d'établir déjà des données fondai
taies que les observations ultérieures, instituées dansi
conditions plus heureuses, c'est-à-dire sur déjeunes si^
morts à une date rapprochée de l'origine de la maladie,!
pu compléter à quelques égards, mais n'ont pas esseatifl
ment modifiées. Cela ressortira, je pense, du court exposéqoi
va suivre.
1" Ce qui caractérise surtout, anatomiquement, la lésion
spinale de la paraivsie infantile, c'est la localisation étroite,
systématique, des altérations dans les cornes antérieures de
la substance grise et, plus précisément, dun^ la région decei
cornes qu'occupent les grandes cellules ganglionnaires, dites
motrices. Rien, jusqu'ici, n'est venu contredire celte propo-
sition établie dès l'origine de nos recherches '.
L'altération dont il s'agit, — c'est un point sur laquel nuia
n'avions pas manqué d'insister, — se montre parfoiseMicteDieot
limitée à un seul ou à deux des groupes ovalairos, ni-ttemeni
circonscrits, que, dans le renflement lombaire, par exemple^
ces cellules forment en s'agrégeaul (Fig. Kl). Ce sont là, pour
ainsi dire, les foyers primitifs du mal, car, si la lésion s'élenl
au delîi, elle paraît rayonner autour du groupe celluloin
comme autour d'un centre. Ce n'est qu'au plus haut degré de
l'altération et seulement çà et là, sur quelques points, que U
corne grise est envahie dans toute son étendue transver«le
[Fig. y). Il est de règle, en pareille occurrence, que les fcù-
1, Ces vues, retntivus uu rûle da l'altéralivu da« co11nl«3 uorvMwa it*
oomw aolûriaures iUub In patliugéiiie de la puiùyaiù ÎDliuililo «I iIm wB,
tropliie* spioales iirotrrtwsïvag, unt été expos^w* iIbus uue Iv^oa I
H. Charcot a faite à 1» Snlpêtriùru, en juin 1863. (B.)
ANATOMIE ET PHYSXOLOQIE PATHOLOGIQUES 201
ceaux blancs, les antérieurs et les latéraux surtout, présentent
dans la région où la corne grise est aussi profond:»nient at-
teinte, une sorte d'émaciation, d'atrophie, avec diminution
plus ou moins prononcée de tous les diamètres; mais cette
lésion évidemment secondaire des faisceaux blancs n'est pas
nécessaire. Elle peut faire défaut {Flg, 10) et ne saurait, par
conséquent, figurer au premier rang dans la caractéristique
de la lésion spinale propre a la paralysie infantile.
La localisation si remarquable des lésions dans Taire des
groupes de cellules m'avait conduit à admettre depuis long-
temps, à titre d'hypothèse très vraisemblable, que le processus
morbide occupe d'abord la cellule nerveuse, pour se propager
ensuite àlanévroglie. Comment, en effet, expliquer autrement
cette circonscription si frappante de l'altération dans le voi-
sinage immédiat des éléments ganglionnaires? Je ne sache
pas qu'aucun argument sérieux ait été, jusqu'ici, opposé à
cette hypothèse.
2° Lii lésion des cornes antérieures^ dans les cas de date
ancienne, tels que ceux qui ont servi a nos études, consiste,
en général, pour ce qui concerne les cellules nerveuses, en
une atrophie scléreme plus ou moins accentuée. Les élé-
ments ganglionnaires do tout un groupe, de toute une région
lorsque l'altération est portée au plus haut degré, peuvent
même avoir disparu sans laisser de traces, (^uant à la névro-
glie, on y trouve les caractères de l'hyperplasie conjonctive
avec multiplication des éléments nucléaires et formation d'un
tissu fibroïde, souvent très dense, marques évidentes de
Texistence passée d'un travail irritatif.
Toutefois, ainsi que nous l'avons reccmnu ailleurs, les ob-
servations recueillies à la Salpetrière a'avaient mis, sous nos
yeux, que les reliquats d'un processus morbide depuis long-
temps éteint. En présence des documents qu'elles nous four-
202 ASATOMIE ET FHYSIOLOGIB PATHOLOGIQUES
Hissaient, nous ne pouvions que cherchera reconstruire, pur
une espèce d'exi^gèse, les premières phases du processuâ.
Sans doute les lésions du la névroglie nous offraient les traces
incontestables de leur origine inflammatoire. Mais s'^t-il
agi lîi, autrefois, d'une myélite hyperplaxique sans dùoffré'
gration du tissu, ou, au contraire, d'une myélite desiruc-
tîve avec ramollissement? Le problème était A peu prùs
impossible à résoudre. C'est ici que gft principalement l'ia-
térét des importantes observation» de MM. Damascbino et
Roger (/oc. cit.). Ces auteurs ont eu l'occasion do pratiquer
l'autopsie dans deux cas relatifs à de jeunes enfants aynat
succoml>é l'un 2 mois, l'autre (j mois après le début de l'-ifTec-
tion et ils ont reconnu dans ces deux cas que, sur tes poîiiIS
de la moelle le plus profondément alU^n^s, les lésions loca*
Usées, d'ailleurs, comme c'est la règle, dans l'une des coflM
grises antérieures, consistaient en un ramollissement tqu^
inflammatoire, avec injection vasculaire, production d*
corps granuleux, etc., etc. Au-dessus et au-dessous de cm
points, l'altération pouvait être poursuivie encore à une cot-
taine distance dans la substance grise-, mais, s'atténuaiU
progressivement, elle n'était plus représentée bientiit qoejar
la multiplication des éléments nucléaires et une tnjoc^
vasculaire surtout marquée au voisinage immédiat de«
groupes de cellules nerveuses.
Ces observations établissent — comme on voit — que to
ramollissement rouge doit être compté parmi les lésions epi- j
nales de la paralysie infantile. Mais rien ne démontre, quM* '
à présent, que ce soit là, dans l'espèce, une condition obli?»^
toîre. Il est même fort vraisemblable que, A l'exemple dec*
qui a lîou parfois dans la myélite aiguë centrale vulgaire, la^
altérations de la moelle épiniére, dans la paralysie des enEssIs*
peuvent atteindre leur plus haut degré d'intensité et pron»-
quer, à la périphérie, les lésions trophioues musculaires le* i
ANATOMIB KT PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 203
plus graves, sans qu'il y ait dissociation des éléments nerveux
ît conjonctife et autrement dit ramollissement ^
Un autre fait intéressant, mis en lumière par ces mêmes
obeervations de MM. Roger et Damaschino, c'est que, dans
ses premières phases, l'altération des cellules nerveuses est
marquée par une atrophie avec pigmentation excessive de
ces éléments. La lésion scléreuse, signalée dans les obser-
vations qui nous sont propres, serait donc un phénomène
consécutin.
1. Charcot. — Archives de physiologie^ 1872, janvier-fé\Tior ; — Hayem,
même recueil, 1874, p. 603.
S. C*est ici le lieu de rappeler les principaux modes d'altératiou dont les
celhilei nerveuses des cornes grises antérieures de la moolle épinière se mon-
trent sosceptibles.
1* Jesigriialerai, en premier lieu, la tuméfaction, souvent énorme, que subis-
■eut parfois ces colluîes et que j'ai le premier reconnuo, je crois, du moins
Fî$. 11, — Cellules nerveuses îles cornes
mineures de la uioelle épinihre. —
1, état normal. — B, état hypertro-
pbiqae. — C, altération pi^mtmtairo.
— 0, altération pir^mentaire arrivé»
AU dernier toraior — E, cellule atteinte
d*atrophie sclérouiio. — F, altération
▼acuolaire.
ê
•«eeiiui concerne la moelle [Soc. de biologie^ 1^7*2). Le e«)rps, volumineux
^canine rentlé, est on môme tem])s troublo v.i opalescent. Les prolun^omoiit^
^^lUplui) épaii* qu'à V**uii normal et comme contournés. J'ai oomparé cette
•'Vinitîon des cellules nerveuses de la moelle ('']iinit'ire à riiyportro]>hio que
P'^'Mite, sous l'iutliiencf^ de certains processus irritjitits, le cylindre axile des
^"w nerveux, soit dans le contre cérébro-spinal, »?oit dans les norts périphé-
riqne:» [Fij. 10, B;.
204 AHATOUIS KT FUYâlOI-OGtB PA'raOLOGlQnES
iî" Lii lésioD spinale, dont les principaux traita vit-nncnt
d'être rappelés, est constante dans la paralysie infantile,
ï" (JaeliioeB nateura oui décrit, dniii hs cellulua iierveuBt* de IVni:é)>Iinlii,
nna multiplii^atioa des nojunit (Jolly) qu'ils conBidèrcnt comme lu m«r<|U^
d'un pTOcesiiifl irriMtîf. M. Leyclen dit ftïoir Cuit la mémo obsurvation mit les
collulea g^ftnglionn aires da U moelle. Mai» il importe da remarquer qiin, d«in
certainaB régiana de l'encâphale et danv le aystême du (frand aym|jslliiqDO, la
prÉ!«ence do deux noyaux dans une colloie norveiisa est uu fait rare mits
doute, mais qui sa montre àttvs les cunditiona Qonuales, eu dehors da t«al«
trace d'un processus irritatif i ou ne conuait pa» une prolifémUon do la l^«llalq
nerveuse correspoodant à la prolïfërntiou des éyiiients cellulaire!) du tiseu
coujouctif jiKT exem|ile. Eu somme, les altérations diverses que Bubisavnt cttt
cellules par le fuit de l'iuHnmmation, ù part le gouflemo&t sipinlé plus liant.
Bout tontes, anatomîqueuiaiit parlant, atropliiques ou dégéuératives (^'l'ff. V),
C, D, E.).
3* Je si(*iuilerai, en pus&ant, l'altératiou dite vncuolairc des cellule» v«t-
vauses des eûmes autérïeureH. Je l'ai maiutos fois rencontrée <Ieliu>i1(i*> cas oh
la uévroglie préseutait, au voiûuH^, leK carsclères non équivoitucis de l'in*
flamniation. Je n'ai pu me convaincre encore que cette altération n'Mt
pas Mil produit de l'art (.t'ij. 11, F).
4° J'insisterai plus lou^uement sur l'altération, dila fiigmentaire, du eiUnto
nerveiistf apinalt4. C'est un fait normal, pour ainsi dire, dans l'ige sénile <lOft
ces cellules Hoient r<:mpUes et disteudnes par une quantité iouraiit éaotma
de pigment. Est-ce \k une circouitance tout à fait indifférente au point de vue
du fonctionnambnt; ne faut-il pas pi utst rapporter, pour une part, il cette nio-
diUeatioD sénile de ta cellule, l'aSaibliRsemeut moteur et les altéraUous des
niiiHcluB des memljrcs, ijiii su mimireut à [leii prés faliik-riitiil :i wnn ivnnhf
époque de In vie ?
Quoi qu'il en soit, l'accuiuulatlau de plg'meul, dans uiio cellule nervouso
Kpinale, nu nufRt pas, à elle hoiiIu, quelque marquée qu'elle soil, pour carac-
tériser une léaiou profoudo de l'ui^anite. Mais il s'y joint, dans les cas patho-
logiques prvproiuent dits, une atrophie véritable, dont M. L. Clarke a bien
décrit toutes les phases; au premier dé(;rë de cotte ait érdtiou, la cellule dïuii-
nue de vuluuio ut 1» |>artie traiispn rente du coqis se réduit de plus eu plus;
k uu deuxièiuo ddf;ré, les pralungemeuts s'atrophient tL leur tour, en mêiiio
tomps rpiu le corps prend une forme globuleuse ; hientrit les prolongements
no sont plus représentés que par des Riamonts courts et i;rêles. Enfin, au der-
nier d<.-gré, ils (liH|>ai'aissent. Le noyau de la cellule subit une atrophia couco-
tuitaule. Cette alrophit piynisniaire, ciui conduit à la destruction totale de la
cellule, se montre liée il des prucesaus irrîtittifs ptijuitivemtint développés dans
la névroglie avoisinante, ou bieu elle existe iaoléinent, indépendamment da
toute lésion de la uérroglle, dans certaines fermes, par exemple, d'utropbie
musculairo progressive, ou de paralysie Imlbairo {t'ig. Il, C, D).
&* Entin, une doruiùre forme d'altération de la cellule nerveuse motrice est
celle que l'on désiguo quelquefois bous te nom de icliroat ou d'atrophie trll-
reiiêe. — La cellule a diminué de volume, quelquefois considérablement. Elle
est comme ratatinée, plus ou moins arrondie, ou, au contraire, allongée. Les
prolongements sont courts, desséchés, ou absents. Le corps cellulaire est opa-
que, d'aspect brillutit i le noyau est petit, inégal et ratatiné. Jlguore sicettit
altération est toujours précéJéo par les lésions de i'alropliio pigmentairo ou
PHY2SL0L0GIB PATHOLOGIQUE 203
c'est là un fait capital que j'ai fait pressentir déjà dans mes
leçons de 1868 et que toutes les observations, aujourd'hui
nombreuses, publiées depuis lors, soit en France, soit à
l'étranger, sont venues confirmer. Parmi ces observations
à VappiUy pour ne parler que des plus récentes, je citerai
celles qui ont été publiées en Allemag-ne par MM. Reckling-
bausen, Roscnthal (de Vienne) et Koth (de Balo)^
Je m'étais efforcé, en outre, à la même époque, d'établir
que la lésion en question doit être considérée comme initiale,
primitive, et comme dominant, en un mot, tout le drame
morbide. On ne pouvait admettre, en effet, qu'elle Alt une
conséquence de l'inertie fonctionnelle des membres frappés de
paralysie, car elle n'a rien de commun avec Taltération parti-
culière de la moelle épinière, alors déjà fort bien étudiée par
MM. Clarke, Vulpian et Dickinson, qui survient à la suite
des amputations de date très ancienne -. D'un autre côté
l'hypothèse qui placerait à la périphérie, soit dans les mus-
cles, soit dans les nerfs, le point de départ des accidents,
serait fort compliquée, fort embarrassée et ne reposerait sur
«lucune analogie-, tandis que l'hypothèse adverse, au contraire,
en outre de Tappui que lui prête l'histoire de la myélite aiguë
centrale vulgaire, compte encore, en sa faveur, l'expérimen-
tation sur les animaux, qui, entre les mains de M. Prévost,
a montré qu'une lésion, portant sur les parties centrales
de la moelle, détermine des lésions musculaires fort sembla-
bles à celles qui s'observent dans la paralysie des jeunes
enfants '.
L'opinion que je me suis appliqué à faire prévaloir autre-
i»î eUe peut être priiuitivo. Kilo so roncontre fruqueni mont dans Ioh cas (Vaiiiyo-
tropbie siiiiiale liée à un processus irritatif bien accusé (F*^. 10, K.). (Charcot:
Cimrs de la FacuHé, 1874.)
1. Roth. — Anatom. Jiefand bci spinaler KinderUihmung. In Vircftow''8
Arehiv, 1873, t.LVIII, p. 273.
2. Vulpîan. — Archives Je phj/siolo*fiej ISOS, p. 443. — Jdem, 1869, p. 675.
3. Prévost. — Société de bivlof/ief Heaucu du 14 avril 187'2.
■206 PHIBIOLOOIE PATHULUOltiUS
fois n'a rencontré, comme vous le voyez, aucune objection
sérieuse; elle paraît d'ailleurs, aujourd'hui, assez géacratu-
ment répandue. Je crois donc pouvoir, »l'apr6s cela, m'en
tenir à la théorie que j'ai proposée dans le temps, ^cUlit^
ment à l'enchaînement des phénomènes. Les cellules nen*euseit
seraient le premier siège et le point de dtpart du proocasffl
irritatif et il se produirait là une Uphromtl^ite antiîrîeurt
aiguë parenchijinatfitise*. Le processus se commuai quenii
rapidement, de proche en proche, au tissu conjonctif voisin,
sans dépasser toutefois la limite de l'aire des cornes anté-
rieures. Tandis que, sous l'influence de cette incitation mo^
bide, la cellule subit les diver^tes phases d'atrophie capaUts
d'aboutir à une destruction complète, lanévro^lie réaffit, die,
à sa manière, et s'enflamme. Le processus phlcgmasique peut
même aller là, sur les points les plus altérés, jusqa'ù la forau-
tîon d'un foyer de ramollissement rouge.
Quoi qu'il en soît, à ces altérations brusquement dévelop-
pée se rattachent tous les phénomènes de la maladie, savoir:
d'abord l'appareil fébrile initial, puis toute la série des aed-
dontsquîbientôt lui succèdent. La paralysie motrice, maniaée
par la suppression de la tonicité musculaire et des autm
modes de l'activité réflexe, peut être considérée, d'après le»
vues physiologiques actuellement régnantes, comme une
conséquence toute simple de la désorganisation dont souffre
l'appareil des cellules nerveuses motrices. De cette même
lésion des éléments ganglionnaires relève aussi certainement
l'atrophie rapide des muscles paralysés et les modificatioM
de la contracttlité électrique qui en sont le prélude ; mais oa
ne connaît pas bien encore le mode pathogéuiquc qu'il fiinl
1. H.KiuiDumlaiimpogéladéuDniinalioii Polffo-mgrlMt aal^rlor aemlimmà
pour dKaicner la Itnion epiiiala da lu paulysie iiifiuitila {toe. d(„ a> 1, p. tg.
Je crois Uphro-myUife prùfêrNble et je )mU iuToijiier k ue )irup<» la pwa«al*
autorilë Je M, Littré Ikjj.ss, finti. Plul, — rifinttf, n'nerou, jClian).
PUîmOLOQIR l-ATHOLOUKJUS 207
invoquer ici. On admet volontiers que les nerfs centrifuses,
^ui prennent leur origine dans les parties affectées de la moelle
tpinière, se comportent comme le bout périphérique d'un nerf
sectionné. Ils subiraient les diverses phases d'altérations
destructives que MM. Xeumann, Ranvier ', Vulpian, Eich-
horst*, ont, dans ces derniers temps, étudiées avec tant de
tmn k l'occasion des lésions expérimentales des nerfs, et la
perte tipparente de la contractilîté laradlquc, ainsi que l'atro-
phio des faisceaux musculaires, surviendraient en consé-
ipencv. 11 ne faut pas oublier que ce n'est là encore qu'une
hypothèse, A la vérité fort plausible, et il importe de remar-
ier en particulier que l'état dos nerfs périphériques, dans
les premières semaines qui suivent le début de la paralysie
fn&uttle, n'a pas encore été reconnu de visu.
Quant à l'absence, constamment relevée dans les observa-
tions cliniques, de troubles durables de la sensibilité cutanée,
Htearalytiio da rectum ou de la vessie, de troubles trophiques
^^Bis ou viscéraux, elle tient, vous le savez, un rang
^^^■nt dsDS la caractéristique de la paralysie infantile et
mW contribue, pour une bonne part, à séparer nettement
cMte afTectinn des diverses formes de la myélite aiguè diQ'use;
physiologiquoment en rapport avec la localisation
le la lésion spinale dans l'aire des cornes antérieures
ibstance grise. Il se produit là, par le fait de la ma-
ies parties centrales do la moelle épinière, une
délicate et toujours réussie qui montre que les
grises antérieures ne sont pas nécessaires à la trans-
I des impressions sensltives et n'ont pas d'influence
sur les mouvements de la vessie ou du rectum non
le sur ,1a nutrition soit de la peau, soit des organes
'Urinoires.
> FAI; LÉSIUKS 6P1NAI.RS
III.
I
Si les vues qui viennent d'être exposées sont fond^, il
doit s'ensuivre que toute lésion inllammatoiro uî{>:uë ite li
moelle épinière, ijuellc que soit d'ailleurs son origine, pro-
duira nécessiiirement, à l'instar du la puralysic infantile, b
paralysie motrice avec l'atrophie rapide des muscles paral\'8^
pourvu que soit remplie la condition expresse, mise en rciifif
tant de fois dc/jà, savoir : la lésion atropkifjue aigu? rftt
cellules nerveuses vwtrices. U"un autre côté, les phênu-
mènes sur lesquels j'appelais l'attention tout à l'heure et qui
font régulièrement défaut dans la symptomatolo^çie de la )»-
ralysie infiinlile en raison même de la circonscription sj-sté-
matique de l'altération i l'aire des cornes antérieures, cM
phénomènes, dis-je, devront, au contraire, se rencontrera
dcfl degrés divers, dans toutes les autres formes aiguesd'atrec-
tion spinale, parce que toutes elles reconnaissent poar
subatratum des lésions plus ou moins diïl'uses.
Les choses sont ainsi, dans la réalité, c'est ce dont témoigne,
entre autres, l'histoire de l'une des maladies spinales les plu*
communes chez l'aduite, et en même temps leg plus graves.
Je veux parler de la myélite aigtU- centrale i/éncrcUisée*.
La lésiftn sp traduit ici, le plus souvent, microscopiquement
par le ramollissement rouge. Mais les choses ne vont pas
toujours aussi loin et les éléments, tant conjonctifs que
ner\-eux, pourront se montrer profondément altérés, suis
avoir subi de dissociation'. Quoi qu'il en soit, elle occupe les
1. I^eB nllér&lioiii profoiiiloii qito peuvent xubir h» mtisctee îles iDeinbn»
parBlysés (iftim Uui]rtiiitet;eutrala aijtuii sa Iroiivent xipiiilëee dt^ji |i«r E«t>-
Wnsky. {Uhrb. dot paUi. Anal. 1-Bd. 18», p. 329, S*lld. 18S6. p. t^.)
-. Vuyt'slea obaeivatiuna de M. Gharcot sur lliisMlofrie île la oij-elite ajiraû
lArdi. il', phi/molog., 187S, jiinv.-fér.l, ot cello fle M. Hnjrt'in sur lu mèm
iiujet (môme recaiiil, 19T4, p. IjOH).
MYÉLITE AIQUE CENTRALE OÉNÉIIALISÉK 2JI)
régions centrales de la moelle épinièrc, la substance grise
surtout, et tend à envahir une grande partie de la hauteur du
cordon nerveux, de telle sorte que, par exemple, la région
dorsale et la région lombaire seront atteintes simultanément
dans toute leur longueur. Dans la substance grise, elle in-
téresse les cornes grises antérieures et, par conséquent, les
cellules motrices, mais elle ne s y limite point, et elle attaque
aussi bien les cornes grises postérieures et les commissures.
Enfin, elle se répand toujours, en outre, çà et là, d'une façon
inégale, sur les divers faisceaux blancs.
Le début s'opère souvent brusquement, et il peut être
marqué comme dans la paralysie infantile, par un appareil
fébrile plus ou moins intense. Si Ton compare, d ailleurs, les
deux affections sous le rapport des symptômes locaux, on
remarquera que plusieurs leur sont communs. Dautres
n'appartiennent qu'à la myélite aiguë diffuse. Les symptômes
communs sont : la paralysie motrice avec llaccidité complète,
amoindrissement hàtif de la contractilité faradique n^connue
dans plusieurs observations de myélite dès la première se-
maine*; et enfin, Tatrophie des muscles rapidement déve-
loppée. La théorie indique qu'ils dépendent de l'altération
des cornes grises antérieures. Par contre, les symptômes
nouveaux surajoutés, n'appartenant qu'à la myélite diffuse,
révèlent la participation des autres régions tle la moelle. Ce
sont des altérations plus ou moins marquées de la sensibilité,
et particulièrement une anesthésie cutanée i)lus ou moins
profonde des membres paralysés, la paralysie de la vessie et
du rectum, rémission d'urines alcalines, purulentes, enfin la
formation d'escarres non seulement à la région sacrée, mais
encorj sur tous les points des membres paralysés soumis à
une pression un peu prolongée.
1. <)l»soiviitious <îo M.Mannkopf. — ^Im/Z/c/i. lirrlcht iih^'rtfif W-rmnilmu/
iMutwcher Saturfui'Mrher mid Aerztc zu Hannovtr^ p. 251, ISGO.
CiiAKi or. QS-4vr<*s (■•.•luplite.'*, t. II H
210
UÉ11AT031YÉLIIE
Ces escarrea, qui, comme les autres phénomènes pr^
demment cités, font absolument défaut dans la paralvi
infantile, sont, au contraire, un fait vulgaire dans la mytsl^
aiguë généralisée. Onsaitqu'elless'y produisent souvent avij
une rapidité singulière, 4, 6, 10 jours après le début i
premiers accidents et qu'elles contribuent puissammeotl
déterminer l'issue fatale.
h'hématomyûie, ou, en d'autres termes, Vhémo
intraspinale, se prête à des considérations ncmbla
Dans nombre de circonstances, son histoire symptoioatiqael
confond, en effet, pour ainsi dire sur tous les points, art
celles de la myélite aiguë généralisée; ainsi, pour ne parler
que de la contractilité faradique, on l'a vue disparaître dès h
quatorzième', dès le neuvième jour', et il est fréquent, d'il
autre côté, que de vastes escarres se déclarent rapidement!
siège. L'hémorragie intra-spinale, ainsi que M. Hayem't
moi-même' nous nous sommes efforcés de l'ét-iblir, no 8
d'ailleurs qu'une sorte d'épiphénomène de la myélite aig
centrale. II paraît certain que, A peu près toujours, Vè
chement de sang se forme \k, au sein de parties préaU
ment modifiées dans leur texture par le fait de l'intlammatid
Les lésions traumatiques de la moelle épinûrt^ *l^'4
résultent d'une fracture de la colonne vertébrale ou d'v
plaie par instrument tranchant, peuvent, elles aussi, dél
miner l'amyotropbie aigut' avec tous ses accompagnemeq
en un mot, la formation d'escarres îi développement rapid
Les altérations spinales, dans ces cas de traumatisme, s
à l'origine du moins, celles de la myélite aiguë transveii
1. O1i««rv»ti0M de Levier. — lleitrag tur PatMogie de* HUo
Apoptcxit. Inuug. Dis. Itero, 1861.
S. ObsBTTftliuu» de Dari«D. — Union midîcaU, 1860, 1. 1, p. SB.
3, Haj«>i><' — ^« himurra^ia iiUra-rachiditnnet, 1872, p. 133.
4. Charcot. — Lcioni de la Solpitriire, ISÎU.
UtelOKS TBAUMATIQUX8 Dl LA MOBLLB ÂPIMIArB 211
c'est-à-dire qu'il s'agit de lésions inflammatoires qui, inté-
ressant à la fois l'axe gris et les faisceaux blancs, n'occupent
cependant qu'une petite étendue de la hauteur de la moelle.
Mais souvent elles se propagent très rapidement au-dessous
du point primitivement afiecté, jusquà l'extrémité du ren-
flement lombaire, par exemple, si la lésion a porté sur un
point de la région dorsale; la propagation en question se
fait dans les faisceaux blancs, suivant une loi bien connue, le
long des faisceaux latéraux tandis que, dans la substance
grise, ce sont les colonnes formées par les cornes antérieures
qui sont envahies. Cette extension descendante des lésions
spinales transverses, dans les cornes grises antérieures,
n'est pas une simple vue de Tesprit; je l'ai tout récemment
reconnue nettement à l'examen de pièces provenant d'un cas
de myélite aig^uë transverse sur lequel je reviendrai. Elle
seule permet de comprendre, — je l'ai déjà fait remarquer
ailleurs*, — comment une lésion spinale, en apparence limitée
à un point circonscrit de la région dorsale, peut déterminer
dans les membres inférieurs paralysés du mouvement,
l'atrophie aiguë des muscles, et en un mot tous les phéno-
mènes, qui, ainsi que le montre l'analyse physiologique de
la paralysie infantile, relèvent de latrophie aiguë des cel-
lules nerveuses motrices.
1. Charcot. — Leçons sur les maladies du systhme nerveux ^ t. I, p. C'J,
note 1.
Des amyotrophies spinales chroniques- — Atrophia
musculaire progressive spinale protopathiqae
(Type Duchenne-Aran).
SaiHtiKB. — Variutus «.'Uniques dos cns dijsigiiés iiuns le nom d'alropliM inii*-
CLlIdiru progressive [Rtrophies Ulus(^u1ui^es |irugr<Hitive« Epiiulos). — Umfor-
mile d>Di ce» csk de la lûsion epiiulo qui ]>orte sur Iw mrnes antoriAtirM
de lï. Bulistance grite.
Etu<lu de l'nli'ophie mueculnire progressive egiinnle prolopitthiqDB cMano
type du groupe: simplicité de lu lëùnn npinalo. — Arojotrophiea i^HOila
ciirouiquee doutéroputbiques. Lu lûitioti des cellultia nerveuses motrice «M
ici consécutive ; elle se suri^outa ii uua léaiou spinale de siège TsH«bl«> —
Aperfu des principales alTaclioiii spitiale« qui penveot produira l'Amyoti»-
phie pregressive deutâropktbique ; paBliyméoin^îte spinale fa;pertrophiqites
— stléri'se dos faiscenux postérieure; myélilo lentialo cliroiiiquA; lij-dtf-
mv^lie; lameiir» intra-spinnles; sciérose en plaques; — silèrosf liiiér»!"
symétrique.
Da l'atropliie musculaire progiossive spinale prutopathique en particulisr.
[Ty]» Diichenne-Aran.j — Sjmptrunes: atropliie individuelle des musclas,
troubles foiictieniiets, paisistance ]>rolon)[ée da la contracti lité faradiifM;
secousses fîbrillairirs, déformaliom? ou déviations pnrnljtic|ues; {griffes. —
Modes d'invasion. — Etiologio : hérédité, froid, traumatisoie.
Anatomia patbolugiquc. — Lésion de la moelle: altération limitée ans
cornes antérieures de substance grise (cellules nerveuses, névroglie). —
Lésions dos racines nerveuses et des nerfs périphériques. — Lésions mus-
culaires, leur nature.
I.
Messieurs,
Je me propose, dans les leçons qui vont suivre, do consa-
crer quelques développements à l'histoire des amyotrophies
spinales chroniques. Les affections que comprendra cette
AHTOTROPHIB SPISALB PliOTOPATHIQUE 213
aitl>cItation sont aujourd'hui encore souvent confondues en
clinique sous la dénomination commune d'atrophie lauscu-
latre pwfjresswe. L'anatomie pathologique cependant a
établi depuis longtemps qu'il ne s'agit pas là d'un groupe
homogène.
En effet, les I('3ion8 spinales qu'on peut rencontrer dans
les cas qui portent en clinique cette di^nomination d'atrophie
musculaire progressive sont très variées. Elles ont toutefois,
eu commun, un Irait particulier qui constitue, pour ainsi
dire, le caractère anatomique fondamental du groupe : c'est la
lésion dc-s cornes antérieures de substance grise et plus
explicitement l'altération atrophîque des cellules motrices de
bi r^ion. Nous trouvons en quelque sorte ici la reproduc-
lioo de ce que nous avons vu à propos des amyotrophies
spinales aiguës; seulement la lésion spinale, dans les cas qui
vont nous occuper, évolue non plus suivant le mode aigu,
mais au contraire suivant lo mode subaigu chronique et, à
cette circonstance, se rattachent, malgré plus d'une analogie,
des différences considérables dans la succession des symp-
tAmes.
A. Voua vous souvenez sans doute, Messieurs, que dans
t'élude des amyotrophies algues, nous avons pris pour objet
im type régulier, la paralysie infantile où les lésions
spinales sont s^Tïtématiquement limitées aux cornes anté-
riearvs de la substance grise. Un type du même genre nous
servira de guide dans l'histoire des amyotrophies spinales
chroniques. En effet, une lésion exactement limitée aux
riions antérieures do la substance grise et laissant parfaite-
ment indemnes tous les autres départements de la moelle
•^piniwrc, substance blanche et substance grise, tel est le
«mbstratuin anatomique dans une certaine forme d'atrophie
mmculaire progressive qui répond à peu prés cliniquement
214 AUYÔTaOPBIBB SPINALES DEUTtROPATKIQUBS
au type vulgaire, tel qu'il a été décrit par Cruveilhier,
Ducherme (de Boulogne), Aran, et à laquelle nous donne-
rons, BÎ vous le voulea bien, la qualification de «pfnalepn-
topathigue.
La cuDstitution de cette forme protopathique de l'atrophie
musculaire spinale, qui reproduit en quelque sorte, j« le
répète, dans \<; mode chronique, la paralysie infaniite, C9l
relativement fort simple. Ainsi, l'élément anatorao-patholo-
gique est représenté : 1° dans la moelle, par une lésion sys-
tématiquement limitée aux cornes grises antérieures; l'alto
ration des grandes cellules nerveuses étant d'ailleurs unt
condition nécessaire, sine qua non, et parfois la seule Icâion
appréciable; 2" dans les racines motrices et les nerfe mo-
teurs périphériques, par une atrophie plus ou moins pro-
noncée, conséquence de la lésion spinale ; 3" enfin dans I«
muscles, correspondants, par des lésions trophiques que nous
aurons à passer en revue et d'où procède, i'i propri
parler, tout« la symptomatologie de l'affection.
'eiB^J
rroopt 1
B. Les choses sont plus compliquées dans un second groopt '
d'amyotrophica spinales chroniques que, par opposition, je
désignerai sous le nom de deutéropathiijuef. Ici, en effet,
la lésion des cornes antérieures et des cellules ner^'euses est
nécessairement présente aussi, mais elle n'est qu'un fait du
seconde date, consécutif en tout cas. La lésion ori^oelle
siège encore dans la moelle épinière, mais elle s'est dévelop-
pée en dehors de la substance grise et ce n'est que soconcb
rement, par extension, que celle-ci a été, à son tour, envi
A la vérité, lorsque cet envahissement s'est opéré, la n
série de phénomènes consécutifs en découle, et en f
lier, l'atrophie progressive des muscles; toutefois Im syj
tomes amyolrophiques se trouvent alors comme entremU
ou mieux surajoutés à ceux de la maladie spinale primitif
AMTOTROPHIEB SFINALES DBirrâOOPATBlQUEE 215
Or, VOUS comprenez aisi^ment, Messieurs, combien l'ensem-
ble syuiplomatiquc qu'on observe dans ces diverses combi-
naisons pourra se montrer complexe et variable. Car, de' fait,
il n'est peut-être pas une lésion élémentaire chronique de
la moelle épinière qui ne soit susceptible, à un moment
donna lie son évolution, de retentir sur la substance grise
antérieure et d'y déterminer l'atrophie des cellules motrices.
Pour ne parler que des faits dans lesquels une vérification
anatomiquc a eu lieu, voici l'énoncé des principales formes
d'affection de la moelle épinière qui peuvent donner lieu à
runyotropliic spinale chronique deutéropathique :
l" En premier lieu, je signalerai la pachy méningite spi-
nale hypertrophique. Elle consiste, nous le verrons, en
une inflammation des méninges qui occupe surtout le renfle-
ment cervical dt? In moelle et qui répond sans doute à ce
qu'on appelait autrefois I7tj/per(rt>;)/iïe de /a ïnoeZ/eéîJ(tt?^re.
La lésion méningée se propage à la moelle elle-même et
stinultanément aux origines des nerfs rachidiens. L'atrophie
musculaire des membres supérieurs se développe sous cette
double inûucnce; elle se montre combinée a des symptômes
rticuliers qui relèvent :i la fois de la lésion méningée, do
ftion spinale et de celle des nerfs périphériques.
^ Vient ensuite l&scl^rose (les zones radiculairts posté-
, substnitum anatomique del'ataxie locomotrice pro-
BÏve*. La symptomatologie se composera ici des phéno-
S liés à l'îitruphie consécutive des cornes antérieures, —
>phie tente dos miisctes, — et de ceux qui caractérisent
ïsc des zones radiculaires postérieures — douleurs
Jites spéciales, incoordination motrice, etc.
t Lagos I, [i. 1%.
316 ACPECT10N8 SPINALES QUI LBS PRODtTtfiBMT
it" Divers types de mij&ite centrale, spontanée ou traum
tique, à marche chronique, doivent entrer dans cetto <5num
ration; une lésion anatomîque que l'on di5signe couunuDJ
ment sous la dénomination A'hydromyélie ou hydromyélS
mérite d'être mentionnée spécialement '.
Quelques auteurs décrivent cette altération spinale coni
résultant d'une dilatation du canal central de la moelle û
nière. Il est certain que, dans la majorité des cas, il s'a^tfl
de foyers canaliculés consécutifs A une myélite cbronîqi
centrale. Quoi qu'il eu soit, la substance prise des coni
1. OetUi lésion spinale a été âéàgnéa par Olliviar (d'Angora) m
de ij/r'mgomsilia otteaviié eeal fait dan* la moelle tpiaiire (Traité d»im
Hiet lU la moelle épinitre, 3* édit,, 1837, t. I, p. ÏOi). J'u fait connkitm j
observation de mjâlito spinale uerviuale »vec ptcbyméningiti.*, roQMrqni
entre sntre«, p&r la présente de trois canaux longs ot iStruits, qui,
pour la majeure partie dans l'épaisseuT de la substance ^ise, parcoi
parallèlement au grand axe de la moelle, le renflement cerrical dans ta
étendue. L'unda tes canaux, da li>ua le plas considérable, pouvuit mëi
Huivi jusqu'an niveau du tiers in féiieur de la rii)pon dorsale. Dans la p
grande partie de son tr^et, il occupait la corne grise postérieure du «
gauclie ou, pour mieux dire, il s'dtaît substitua k cette coma grise doal ■
divers éléments avaient diapiirQ. Les deux autres canaux,
neux, siégeaient, l'nn immédiatement en arrière da In commissi
sur la ligna médiane, de manière k intéresser k la tois les deux ti
blancs postéiieurs, l'autre en [«rtia dans la corne postérieure drtile,!
partie duns la faisceau postérieur du côté droit. Ces derniers oan
trouvaient eu grande partie comblés par une substance amorphe, ti
rente, finement grenue, qui, en certains points, s'était désagrégâa, v
blablament par le fait de <]uelqaa accident de préparation, et anûl 1*
•a place di-s lacunes plus on moins étendues, à conteurs plus o
guliers. Cette même substance, finement grenne, légèrement ci
mait U paroi des fojers at se continuait sans ligne de démare*tiaD t
trancLée avec te tissu nvoisinant qui présentait lui-même, àunecertsllted
tance, les caraclère» de la dé|;énération grauulenie. Cette □bservulOB ■
figure dans un mémoire publié en commun avec M. Joffr»;, alors mon UM
(Archive! de phi/iiologir, mai, septembre et novembre 1869), rendait ddjktt
vraisemblable qu'un corlain nombre de cas d'hudromi/tlie, assM corai
ment rapportés jusqu'alors il une dilatation du canal contml, jieuvent H
de la fonte d'un tissu pathologique développé au seiu des parles OM
de la moelle épinière. La réalité du fait me semble avoir été ujae hvn \
doute par M. Hsllopeau dans un travail intérexsant présenté à la Sod4l«|
Biologie. {Mémoiru de ta SocUli de Biologie, 1869, p. l'JQ] Tout n
M. la D" Tli, Simon (de Hambourg) a, rassemblé un grand nombre d'ol
rations {Ârch. fur Pii/Matrie uad nertienkankhreiltn, v. Bd. I befU B
1S74, p, lâO etsuiv.]qni viennent confirmer à cet égard les c
travaux français. (J. -M. Cliarcot.)
AMTOTROPHIB SPINALE PROTOPÂTHIQUE 217
antérieures pent, en pareille circonstance, être intéressée au
point que les cellules nerveuses motrices subissent des alté-
rations plus ou moins profondes et, par ce fait, Tatrophie
Dasculaire, à marche progressive, viendra figurer dans la
symptomatologie de ralTection^
4* Il existe aussi plusieurs exemples de tumeurs intra-
tpinales (gliômes ou sarcomes), qui, développées au centre de
a substance grise^ dans la région cervicale, ont été le point
le départ de symptômes d'amyotrophie progressive '.
5* Nous devons citer encore la sclérose en plaques. En
^émly dans les cas ordinaires relatifs à cette affection, la
robstance grise n'est pas profondément atteinte; il est pos-
ÂUe que cela arrive néanmoins, et alors, aux symptômes
lijà si variés de l'induration multiloculaire des centres
DOTeaXy viennent se joindre des amyotrophies à marche
projfressive.
6* Mais la forme pathologique que je veux relever particu-
Kirement parmi ces amyotrophies spinales chroniques, deu-
apathiques, est celle qui est caractérisée anatomiquement
pw une sclérose qui affecte symétriquement les faisceaux
^fiUraiix de la moelle épinière, dans toute la hauteur de ce
^on nerveux. Cette sclérose fasciculée peut même être
•ttîvie, ainsi que nous le dirons, jusque dans le bulbe et la
pfotabérance. La sclérose fosciculée latérale symétrique peut
•b rencontrer isolément, en dehors de toute lésion de Taxe
^ris', mais, très fréquemment, elle retentit sur les cornes
intérieures de la substance grise, et plus particulièrement sur
!• Voir entre autrcH le cas do M. O. Sehuppel: L'effcr llydroimjdas, lu
^^klv der Heilkunde. Leipzip, ISOf), p. 280.
2* 0. Schuppel. — DaaGlioni und Oliomyxon des HUckcHmarka. In Archlv
^ Ueilkunde, p. 127, 1867. — J. Grimiii. — Atrophia mu seul o m m proi/res-
**t^(itmor cardnamatoHU» intttniescentiiv spinafitij etc. lu Vinhon-'s ArchiVf
IW», 4 Fanp. S Bd.
218 AilYOTBOPHIK SPINALE! PHOTOPATHIQUK
les cellules nerveuses de la région, en conséqueBce de
les symptômes amyotrophiques se surajoutent à cei
relèvent de la sclérose latérale.
Dans tous les cas qu'embrasse cette ('nuDiération, !'<
hissement de la substance grise antérieure, iiinfit que
l'avons fait remarquer, est constamment un phénomène
cutif. li est possible que la combinaison inverse puisse
venir, c'est-à-dire qu'une lésion primitivement di-veloppi»
dans le centre gris envahisse consécutivement les faiscesiu
blancs; mais je ne crois pas, quant à présent, que cette com-
binaison ait jamais été régulièrement observée.
II.
Messieurs, ainsi que je vous l'ai annoncé en commcn^ip
c'est tout d'abord l'amyotrophfe progr^sive ttp/'nak proto-
patkiqne déHnie, comme vous venez de l'entendre, (luenom
allons étudier dans cette leçon. Lorsque ce type, compatiti-
vement simple, vous sera connu, il deviendra plus facile df
pénétrer dans l'histoire, maintenant encore assez emlirouill^.
des amyotrophies spinales deutéropathiques.
Nous nous efforcerons de dégager, autant que possible, !>
description de VatropMe musculaire protopathfgue de tous
les éléments étrangers qui l'encombrent chez la plupart des
auteurs. Nous suivrons en cela l'exemple de M. Ducheni»
(de Boulogne) qui, de longue date, a commencé, en se pi**
çant surtout au point de vue clinique, ce travail d'épurati'>U'
Les jalons posés par cet auteur sur la voie qu'il a déjù {B^
courue nous serviront, plus d'une fois, de guide dans l'w-
complissement de la tâche que nous allons entreprendre'.
A. Nous commencerons notre exposition par le c^ité cUni*
I. Vuir 1« cbApitre V dans le Traité de !' EledroUiiraint lotalUi*.
ATBOPHIB niDIVIDUELLB DES MUSCLES 219
que; après quoi, nous descendrons dans le détail des lésions
anatomiques et, enfin, nous vous présenterons^ en manière
de conclusion, quelques considérations relatives à la physio-
logie pathologique de TafTection.
a) Le premier trait à faire ressortir dans la symptomato-
logie de Tatrophie musculaire progressive, après le début
insidieux, sans prodromes, ou avec des prodromes longtemps
inaperçus, pour ainsi dire, c'est ce qu'on pourrait appeler
V atrophie individuelle que subissent les muscles afTectés ; en
d'autres termes, un muscle ou plusieurs muscles d'un mem-
bre peuvent avoir souffert une diminution de volume très
remarquable^ alors que les muscles voisins ont conservé leur
relief normal.
Ce premier trait est, en quelque sorte, caractéristique-, c'est,
écrit M. Duchenne (de Boulogne), <i le faciès de la maladie ».
Précisons, en faisant appel à un exemple concret. Supposons
le cas, très commun dans l'espèce, où la maladie n'a envahi
encore qu'un certain nombre de muscles dans un membre
supérieur. Tous les muscles de la main et de Tavant-bras
auront, je suppose, à ce moment, subi une atrophie profonde,
à l'exception d'un seul peut-être, le long supinateur par
exemple. En revanche, les muscles du bras et de .l'épaule
seront intacts et présenteront le volume de l'état normal de
manière à former un contraste frappant avec l'atrophie très
accentuée de l'avant-bras et de la main.
Prenons un autre exemple, plus rare. Ce sera, dans ce cas,
les muscles thoraciques qui auront été affectés les premiers.
Les pectoraux seront profondément émaciés, et, partant, la
poitrine aura subi un amaigrissement très prononcé, tandis
que les membres supérieurs, ayant été épargnés tout entiers,
offriront une saillie relativement considérable. Ce mode d'en-
vahissement de l'atrophie qui procède, dans une certaine
220 TROUBLES :
mesure, muscle jiar muscle, fournit un caraclére iunxirtant
parce qu'il ne se retrouve pas au même degré dans les amvo-
trophies dcutCTopathiques.
6) Los trouhhs fonctionnels que pn-sentent les musclesen
voie d'atrophie doivent nous arrêter actuellement. A la dimi-
nution de volume se lie un certain degré d'affa/blissfmieiii
des moitvevieats exécutés par le muscle etl'on peut dirvque
ces deux phénomènes, d'une façon générale, progressent paral-
lèlement; autrement dit, moins il y a de fibres musculairei
dans un muscle ou plus il y a de fibres atrophiées, plus la
faiblesse est grande, et celle-ci ne paraît guère dépendre i
de la diminution du nombre ou de l'atrophie plus ou ni(
prononcée des faisceaux musculaires.
Ce fait contraste avec ce que l'on sait des paralysie/ $
prement dites ou par défaut d'action nervetise. Soit,
exemple, une paralysie des membres inférieurs détenni
par une compression s'exerçant sur im point limité &t
moelle épînière k la région dorsale; l'inertie motrice
sionnée dans les membres inférieurs par la suppresslcm
l'action cérébrale pourra être complète, absolue, et cepeûd
les muscles, en pareil cas, ne souffriront pas dans leur nutril
ou ne souffriront qu'A la longue, par le fait de l'in:
prolongée.
DaasJesamyotrophiesspinaleSjdeutéropathiques.en
de la combinaison habituelle d'une lésion des faisceaux blal
avec la lésion de la substance grise, il est de règle qu'
degré plus ou moins prononcé de paralysie par suppressl
de l'action nerveuse s'ajoute aux effets de t'amyotrupl
protopathique où la substance grise est soûle affoetée.
c) Un autre fait, digne d'être relevé, est le suivant : le
de, même quand il est parvenu à un degré avancé d'atroj
SECOUSSES FIBUILLAIRGS 221
conserve sa contractilité électrique faradique normale. La
diminution ou Tabolition de cette contractilité ne se manifes-
tent que dans les phases ultimes, alors que Tatrophie est por-
tée à son comble. C'est Ta un caractère qui tranche considé-
rablement avec ce que nous savons des amyotrophies spi-
nales aiguës où, dès les premiers temps et avant même que le
volume du muscle ait décelé par ses changements une altéra-
tion appréciable, la contractilité faradique est déjà remarqua-
blement modifiée.
d) Il importe, dans la description, de ne pas oublier les
secousses flbrillaires. Ces secousses se produisent spontané-
ment, mais on peut en provoquer souvent Tapparition à Taide
d'un léger choc porté sur le muscle. Elles consistent, permet-
tez-moi de le rappeler, en ce que la peau, qui recouvre le
muscle atteint, paraît tout à coup soulevée par de petites
cordes très fines, qui se dessinent dans la direction des prin-
cipaux faisceaux musculaires. Quelquefois tout à fait partielles
et localisées, elles sont, d'autres fois, assez énergiques pour
mettre en mouvement un doigt, la main elle-même. Ces
secousses fibrillaires n'appartiennent pas en propre à la forme
protopathique. J'ajouterai, en outre, qu'elles se voient en
dehors de l'atrophie musculaire progressive, chez des sujets
sains. Elles constituent parfois, dans ce cas, un des symp-
tômes d'une forme particulière d'hypocondrie, assez fré-
quente, soit dit en passant, chez les étudiants en médecijie.
c) Je dois signaler, mais pour les écarter du tableau, d'au-
tres symptômes qu'a mon sens on a compris à tort dans la
description de l'atrophie musculaire vulgaire. Les douleurs
spontanées, continues et névralgiques, les douleurs paroxys-
tiques fulgurantes, mentionnées par quelques auteurs, appar-
tiennent aux formes deutéropathiques (sclérose postérieure,
2'2i UABCUB, ÉTIOLUUIE
pas d'une fa(;on absolue a la Bbitioa et ;\ la marche. Je ne
puis m'empêcher de voir, dans ce cas, un exemple d'ataxie
locomotrice; on sait que, dans cette affection, l'atrophie pro-
gressive des membres frappés d'incoordination motrice n'af
paa une complication très rare.
C, On peut avancer que, dans les conditions régulières, la
marche de la maladie est très lente: c'est par exception qne, '
envahissant prématurément tous les muscles qui servent
au mécanisme do la respiration (muscles intercostao-t ou i
diaphragme, ou encore les nerfs bulbaires, combinaison dunl
nous parlerons en un lieu spécial), elle s-' termine au boot
de deux îi cinq ans. Je le répète, Jana les conditions habi-
tuelles, l'atrophie vraie dure dix-huit ans sous forme partielle,
dix-huit ou vingt ans même, alors qu'elle a'erit depuis long-
temps généralisée à tous les muscles.
D. XJn mot maintenant concarnant Vétiologie. Ce qii'oB>
écrit sur la coH.faJi3i[//*//t'ou8ur 17(e;v-'rt/ip, en tant qu'éltimenl
étiologique de l'atrophie musculaire progressive, lue pMs'l,
d*après la critique des textes \i laquelle je me suis liffé,
appartenir à l'amyotrophie spinale profopathique. OllKi,
ajouterai-je, ne reconnaît guère de causes occasionnelUs-
Les amijotrophies spinales, appelées rhumaUsmsl&'
parce qu'elles semblent déterminées par l'impression du froi"-
sont, si je ne me trompe, du ressort de la myélite chronique
de la pachy méningite ou de la sclérose latérale.
Celles qui surviennent en conséquence d'une cause iTùO-
viatique, d'un coup porté sur le dos, comme chez le malaii*
de M. Gull'. du poids d'une balle de coton trop harà''!
1. W. Guii. — Froii.-fttive alrophn 0/ tl.e ma$eU> of Ihi Ininkan «fl*''
Extremilics aflei- n Blvw vn Ih: -Vect v,ih Ihc fi,<. la '(^u.v'a lîvp. Jfcr**" I
Viiii, [1. 106,
I. ifcf** I
ANÂTOMIB PATHOLOGIQUE 225
comme chez le malade de M. Roberts, etc., sont vraisembla-
blement aussi relatives à la myélite*. Mais pour ce qui est
de l'atrophie primitive, le rôle étiologique de la transmission
héréditaire paraît très important. Il a été relevé par tous les
auteurs et récemment M. Naûnyn, professeur à Kœnigrsberg,
relatait l'histoire d'une famille où la transmission avait pu
être suivie à travers cinq générations*.
m.
Dans un exposé où il s'agit surtout de mettre en relief
quelques caractères nosographiques fondamentaux, c'en est
assez, Messieurs, pour le côté clinique. Nous avons recueilli,
chemin faisant, des matériaux dont l'utilité ne saute peut-être
pas aux yeux de prime abord, mais qui apparaîtra dans toute
son évidence lorsqu'il faudra établir tout à l'heure comment
les amyotrophies deutéropathiques se distinguent de l'amyo-
trophie protopathique, mais aussi par tout Tensemble des
autres caractères pathologiques. Actuellement, il convient de
vous Élire .-onnaître ùe qu'on sait sur Yanatomie patholo-
gique de i'amyotrophie progressive spinale protopathique.
«
1® Nous commencerons par ce qui est relatif à la moelle.
La lésion, dont il s'agit, porte nécessairement sur les grandes
cellules motrices.
La névroglie peut être, elle aussi, affectée; mais, en pareil
cas, l'altération reste systématiquement circonscrite dans
1. W. Roberts. — Art. Wastiny Pahi/,ïn U, Rtynold's SjjsUm of viediclnc^
p. 168. — D*autre8 exemples d'atrophie proprossive des muscles, «urvomio à
lâtfiiite de causes traumatiquos, ont été cités par Bergmanu {St-ritenthun/er
Med. Ztxtêch,, p. 116, 18G4, Thudicum et Lockhart-Clarko [Bealc's Arcfuven
ofmedûÀM, 1803).
2. Berlin. Klin. Wochens,, n» 42, 1873.
Chabcot. Œuvres compiacs, t. II. 1$
l
226 LÉaioKe de la uosixe ëpisière
les cornes crises antérieures : les faisceaux blancs sont abso-
lument respectés.
La lésion de la névrogrlie est de nature inflammatoiref
ainsi les vaisseaux de la substance grise sont plus vtdunU'
neux que de coutume et leurs parois sont épaissies. Les él^
lEients cellulaires de la gangue conjonctive présentant let
traces manifestes d'un travail de prolifération. Des cori>9 gra-
nuleux, en nombre variable, se renconl r».-nt sur les pri'paW"
lions faites à Irlal fi-ais. Loi-sque ces alti'rations de la n*-
vro.Lrlie sunl très accentuées, la corne grise peut offrir uii6
réilu'-tion dans tous SCS diamètres 7-''j;. 1:*).
l'our ce ijui est dos cellules nerveuses, ce sont tantôt les
LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPIMIÈBE 227
caractères de Tatrophîe pigmentaire {Fig. 11, C, D, p. 203),
tantôt ceux de l'atrophie scléreuse {Fig. 11, E, p. 203) qu'on
V observe.
En somme, nous retrouvons ici dans le mode chronique,
les altérations que nous avons décrites à propos de la para-
lysie infantile, et il y a lieu de supposer, comme dans ce der-
nier cas, que la limitation des altérations aux cornes anté-
rieures de la substance grise a sa raison dans cette circons-
tance que les éléments ganglionnaires sont le siège primitif
du mal^ . D'après les considérations des caractères anatomi-
ques, la forme d'atrophie musculaire progressive, dont il
s'agit, pourrait être désignée sous le nom de téphro-myélite
chronique parenchymateiise.
Les observations sur lesquelles s'appuie la description ana-
tomo-pathologique qui vient d'être présentée ne sont pas
nombreuses encore. Il n'en existe guère, pensons-nous, que
six ou sept au plus. — Nous citerons parmi elles, un fait de
M. Lockhart-Clarko, un autre de M. Duménil (de Rouen)*,
un cas très important de M. Ilayem*^ -, trois observations re-
cueillies à la Salpêtrière, dans mon service*, et, enfin, un
1. Voir Leçon IX, i>. 103 et Leçon X, j». 188.
a. MalbeureusiMiHint, dans les cas d») M. L. Clarkoof do M. Diimônil, Tétiit
de la sultstaiic'o Idaïu-ho K[iinalu n'est pas indiqué d'une fas'ori ex]i]i('ite.
3. Uayem. — Note yur un eau iVatrophic nninctilaire proi/rcssive, Ihions de
la moelfe. iArrhivm de plii/aiolof/U-y l8Gi>. |». 70.)
4. Voici le .sommaire dti deux do e».*s olwrvations qui s«*ront bientôt \u\-
bliées in txteuno «laiis l»»s Arrhives de }»ltif8iolo;/ie. La troisiônu' H}rure déjà
dnn» ce recueil (année 187U, p. 2l7j. .le Tai présentée connue un exemple dn
paralysie jrlt»sso-laryn;r«*<-î.
riour prauche. — Eml»arras do la i)arole à peu près à la môme éptuiue. — Pas
do douleurs, pas de i-ontracture <lans les mémoires. — Etat actutd un juillet
1^72: torticolis ]>aral\tique très accentué avec courlmres de conipeuHation
daiiR lo n?j*to de la c«donni* racliidienne. — Symptômes de i)araIysio labio-
jrlofBO-larynjrée avec atrophie manifeste de la Ian{::ue. — Gêne trè> prononcée
228 LÉSIONS DES CELLITLBS NERVEUSSg KOTUICEG
fait très régulier à tous égards, observé récemment «laos ifl
service de M. le professeur Vulpiao, par M. le D' Troisior'J
Ce petit chif&e de faits compose néaDmoins un cnsembld^
solide. Toutes les observations contradictoires, c'est- à-dirt
celles dans lesquelles l'amyotrophie progressive se seraiQ
montrée conforme au type clinique Duchcnne-Aran, sail|
l'accompagnement des lésions spinales qui viennent d'êtvl
décrites, sont, je crois m'en être assuré, des observations qm
pèchent, soit par le côté clinique, soit par le côté ;
de In déglutition. — Les deux menibru tupirieuri, lïurtout le e^ucb"!
peudants.iaertas, sans coairactaras. Les musai mDsiMitniresy soiilAtroiil
à peu près uaiformémaiit paitoul; coutraclinns fibrilturea trôn prononcées.-]
ha coDtractilité tiiradiqu» ii'e»t pas modifiée. A In main, dlaparition eon
plète des éaàjieaves tliénar ot hypotbéiuir. 11 n'exisl« pu de déforoiAlion a
(griffa. — iftmbru supéricurt non atrophiés; la station et la niArcha ont iS
possibles presque jusqu'au dernier moment, — Mort rapide par le tmiX d'U
pncumotiia lobiilaire.
Hlat de la thocIU épiniire k l'autopûe. — Renflement cervical : k l'A
frais, des corps granuleux existent an abondance eiclnsivemenl dans llklQ
des cornes antérieures. Les cellules nerveuses motrices préHenlent là te
les degrés possibles de la <lâ|;éné ration pî^meutaire. Sur les coupes dltrcî
on retrouve cette même altération des cellules nerveuses. Beaucoup d'«al
elles ne sont plus représentées que par un amas globuleux de pi^nivat. -i
Nombreux îlots de dinnUgraliim granuletut dans l'aire des cornos cnt
rîeurea. — Leu faUceaux blano, et enparticiilier letfaUceanj: latirans, |
pritenlenl pat la moindre trace d'altéralion,
Obs. 11, recueillie par M. Pierret. — La nommée C..., entrée k la 8al[4
trière, le 16 février 1850, est mort« le 14 avril 1ST4, jl VÀgo de ib ma. ^
Début vers V>s de vin^-six ans par le membre supérieur droit. — Exh
lentement progresaive de l'atropbie au membre supérieur fi^uche. -
membres inférieurs ne sont affectés de manière k rendre la insrcbe iinp<
que depuis cinq ou six ans. — Pas de cuutractiires, poa de troubles d« la h
sibilitéi contractions fibrillaires très accusées. Dana les derniers lampa, U
les mouvements des membres sont devenus à peu près impossibles, — V
l'atrophie des muscles est surtout prononcée au membre thoraciqoa d
(mvn, épaule, avant-bras). La mort est survenue en coiiséquenco d'nne (
hercniiuUon pulmonaire, à évolution rapide. — Examen de la eut"
niire durait, *iir dtt coupu, — Daitt toute l'étendue de la moollo, ic
tout i\ la région ciT'icale, un grand uombro do cellules nerviMiBea dw
antérieures ont disparu, à l'exception d'un seul petit groupe {Pig. 11. h).m
Les racines antérieures, émanant de la région cervicale-, soot atrc
on y trouva quelques tubes nerveux présentant l'altération gronul
I.ËeiONa DES CBLLULEB NXHVEUSBS A^tTËKISUKES 329
Clique. Ku égard à ce dernier point, Messieurs, je vous ferai
remarquer que la lésion spinale de l'arayotrophie progressive
protopathique, de même que celle de la paralysie inrantile,
ne peut être rccouuue sûrement que sur des coupes durcies
et convenablement préparées. Toutes les recherches qui ne
sont pas pratiquées suivant cette méthode, et dans do bonnes
conditions de réussite doivent être, à ce point de vue, con-
aidérées'conune non avenues '.
2° Les racines nerveuses antérieures et les iter/s périphé-
riques sont atToctés consécutivement à !a lésion de la subs-
tance grise. Je vous rappellerai, U ce propos, que Cruveil-
hier avait considéré l'atrophie des racines antérieures comme
1. 11. Bamberiroi' » publié ( Wiener merfii. Preite, □■ 2T, 28 Joli 1860 st Ctn-
tr^Utatl, octobre, n" 46, lS69)ileux cas d'stropbie miucuUirâ pro^Teuive dmu
leaquelB l'autopitie, faite pur M. Recklinghausen, n'aurait parmis ds racou-
OKltro aacuiie l&iioii do U moelle ùpiiiîâra. Malhauraïuemcnt U relation ds
ï'mntofaH, en ce qui oonaerne la système uerveui, n'est ps« accompagnée,
«bu* ow cas, do ilùlatU ciraonstanviés. Il n'est pat dit, entra autres, ai l'exa-
BMn micTOMopique a été fait snr des i^onpes ânruie.i — ce c|ni, datu l'iispèce ,
«t uoe cundition absolument iudispoiuiiblo — et l'on ne mentionne pas d'une
nuim&re spéci.ila l'état du cellules de* coriiM antérieure». Noug uro/om do-
voir rappeler euuore une fois, que la mi>alle éptuièra peut, à l'œil uu, paraître
■ont il fftil naine, ulurs que les cellules nerreuseada la subslani^e grina ont subi
eependant les plus profondes altérations. Nou* ajoutjront qu'eu pareil cas
l'examen uiicroscupiqua lui-même peut ne founûr auunn résultat décisif a'ïl
Ma porta quasurdospiàcesnon durcies.— Les remarqnas qui procèdent s'appli-
tptentde Ions pointai tous lescasisana exception, que M. Friedreieli a alignés
dana »un oufntga récent ( Ueber jirogremvt Miukelatriiphia. Berlin, 1878),
contrôla lAéoritnertifluisderamyetropliieprogressivelObs. I, II, IVet XVU).
J« parla dss obtervations recuaillias par l'autaur Ini-mânie; toutes datent
d'Boa époque (du lSàS-tSG7), o(i le rSle do l'altératian des cullules uerveuws
mSuM n'avait pas encore été mis en tumièro, et nulle iinrt l'état anatomique
de cea cellales a» se trouve eiplicitemonl mentionné. — Je [erni remnrquer
d'killanr* qun plusieurs des observations rassemblées par M. Friedreich sous
naeaiàmerubriqiie,ne méritent en rien la dénomination A' atrophie miuailaire
fTogrtÊtive, ce nom étant employé, même dans ton acception la plus large et
I» plus va^ue : ainsi les obaerraCïons I et II ne peuvent ^ère être considé-
rée qno comme des exemples de paralysie spinale infantile, et robservation
Vt, Kunarqnable pnr le début fébrile et la marche rapide de l'affection, uie
•amble h rapjurter naturellement au tjpe créé par Duchenne sous la nom de
pstralyiie spinale do l'adulte. Un pareil laisser-aller en matière de disUncliona
noHi|{rapljiques, surtout dans une qunslioD par ello-int'nie nssaz obncure, est
SB moins rujrrettaljle et ne peut qu'entrutunir la cuiifiiaioti. [J.-M. C)
2S0 LdiBiona drs racinus neuveusgs antAkieusks
le caractère anatomique de la forme d'atruphjp muscull|
dont il a contribué à élucider l'histoire et qu'il avait pi
ainsi dire prévu que cette atrophie serait rattachée quelque
jour A une lûsion de la substance grise*.
Il importe de reconnaître que l'atropbie des racines anté-
rieures ne pourra pas être, au même degré que dans la para-
lysie infantile, une atrophie destructive. Sans doute, dan»
les racines émanant des régions de la substance grise et plus
profondément altérées, on trouve habituellement unccrtsio
nombre de tubes nerveux vides de myéline, ou dans lesqudt
la myéline est frappée, à un degré variable, de dégénénititdi
granuto-graisseuse. Mai8 la majeure partie de ces tubes juat
être, — c'est un fait dont je me suis assuré encore dans lUi cas
récent — conservée intacte, ou tout au moinH n'offrir d'iu-
très altérations que celle de l'atrophie simple. Celle intiigrit^
relative d'un très grand nombre de tubes nerveux des f*-
cines antérieures se voit alors même que celles-ci offrent, *
l'œit nu, une apparence très grêle et une teinte Ii^èrenMat
grisâtre.
Le mécanisme, suivant lequel l'altération spinale reteuii'
sur les muscles dans l'amyotrophie progressive, semble donc
différer à quelques égards de celui qui s'observe dans la JH
lysie inlantile. Dans celle-ci, en effet, un certain nom
tubes nerveux subissent les mêmes altérations qu'un nei
tionné. Bans l'atrophie musculaire, il n'esl qu'un ]
nombre de nerfs qui éprouvent ce sort, et encore ta i
tion se produit-elle là peu à peu, progressîvemeDtJI
n'est-elle délinitivement accomplie que dans les dernj
phases du processus morbide. Les autres tubes du la T
nerveuse conservent l'intégrité de leur constitution, aan
dans ce qu'elle a d'eïisenliel.
parai -/eic muiculai
B-dUtln de CAcadh'iU île mi'Ucine,
■e atraphiiiitt, 5' BÔrie, t. \'1I, janvier
LESIONS MUSCULAIKIiS 231
t^uel est donc Ip mode suivant lequel, dans l'amyotrophie
progressive, s'effoetiio la lésion muBculaire en conséquence
de la Iiîsion spinale? Je ne vois guère, à ce sujet, qu'une
bvpothèse à proposer : c'est que le travail ïrritatif, dont les
celiulcs sont le siège, se transmet, par la voie des racines
iierveusen et des nerfs centrifuges, jusqu'aux faisceaux raus-
ciilair(.-8 qui, Sfjus cette iufiuenee, subissent l;i lésion tro-
ptiique. L'atrophie est ici le ph^'nomène primitif; elle ne
sVcompngue pas tout d'ahord de paralysie par interruption
de L'influx nerveux parce que celui-ci peut se propager, pen-
dant longtemps encore, par la voie des tubes nerveux éma-
e'ih, mais non détruits.
*■ Il me reste, en dernier lieu, à vous exposer en quoi
ODiuistont ces lésions tmisctilatres qui surviennent ainsi en
conséquence des lésions du centre spinal. Je n'aurai pas ^
înMrtcT longuement sur ce point, car nombreuses sont les
' «mlogiesqui relient les lésions musculaires de l'amyotrophie
^Qale protopathiquc ù celles de la paralysie infantile.
Ce sujet d'histologie pathologique a été, dans le temps,
i l'objet de controverses nombreuses, très intéressantes à
. ^miiultor au point de vue de la critique historique, uiais qui,
' «a doiiors de ce domaine, ont perdu beaucoup de leur valeur.
I' Jû rappellerai seulement que l'atropiiie granulo-graisseuse
1 d'an certain nombre de faisceaux est le fait qui avait frappé
, wnout te« premiers observateurs, Mandl, Galliet, Lebert,
''niïoilhîer, Aran et Duchenne. Se fondant sur ces observa-
^Mf M. l>uchenne avait cru pouvoir caractériser la maladie
WMoiniquement en lui imposant le nom d'a/rophie muscu-
^rt graisseuse progressive. M. le professeur Kobin inter-
I ''lut alors dans le débat et il fit remarquer avec raison que
l*>Qcftup de granulations qui apparaissent dans les faisceaux
MiKiat pas de nature graisseuse, puisqu'elles se dissolvent
'2'ài KATUBB DB6 LÉSIONS MUSCUIÂIIIKS
dans l'acide acétique ea même temps qu'elles résisi
l'éther'.
Vint ensuite M. Vîrchow qui réclama en faveur de Us
génération graisseuse et renchérit même sur les opil^
déjà émises, en annonçant ce fait, fort exact, d'ailleurs,*
la graisse ne prend pas naissance seulement au scinj
faisceau musculaire, mais qu'elle envahit aussi parfobi
tiasu conjonctîf interstitiel ou pérfviysdim.
Il est facile de reconnaUre aujourd'hui que, dans ce d
on avait laissé passer à peu prés inaperçu le fait t
Ënefîet, dansTamyotruphie progressive spinale, commet
l'atrophie infantile, la dégénération granulo-protéiquef
même que la dégénération granulo-graisseuse des (àïsc
musculaires, n'est qu'un phênornè ne accessoire. C'est cej
prouvent les observations de M. Hayem et les obi
multipliées que nous avons pu faire k la Salpêtrière.
Le fait capital, dans l'espèce, c'est une atrophie simpld
t'iiisceau musculaire avec conser^'ation de la striatioB
travers. Celle-ci persiste jusqu'aux dernières limites. (
amyotrophie, sur quelques points, s'accompagne d'on)
d'une prolifération plus ou moins marquée des élém
cellulaires du sarcolcmme. Dans un certain nombcal
faisceaux musculaires, la multiplication peut être poul
assez loin pour que les éléments de formation nouvelles'al
mulent dans la gaine du sarcolemme de manière^ la dlstcl
et à refouler la substance musculaire. Celle-ci se sof
alors et prend l'apparence de petits blocs qui «
toutefois, jusqu'aux dernières phases de l'altération, l's
rence striée.
Pourcequi est des éléments cellulaires nouvellement foni
quelques-uns prennent le développement de cellulesavcc pi
I. Cb. Roliin. — Coiaiites rendu* tl Mim. dt la Soc <U bm
p. âoi.
NATURE DES LÉSIONS MUSCULAIRES 233
^^5X8ma, mais c'est le cas le plus rare. La plupart avortent dans
"^Air évolution et tendent à s'atrophier, en même temps que
^ substance musculaire fragmentée se divise de plus en plus
^t quelquefois disparaît sans offrir la moindre trace de
dégénération granulo-graisseuse. Toutes ces particularités ont
été étudiées avec soin dans le travail de M. Hayem.
Enfin^ le périmysium subit^ lui aussi^ dans une certaine
mesure^ un travail de prolifération qui constitue une sorte
d'esquisse de la cirrhose musculaire. A son tour, la lipo-
matose interstitielle peut intervenir et aller même jusqu'à
la lipomatose luxuriante. Ce dernier fait mérite d'être par-
ticulièrement mentionné parce que la surcharge graisseuse
peut, pendant la vie, rendre méconnaissable l'existence de
l'atrophie des masses musculaires et masquer ainsi le prin-
cipal symptôme de la maladie.
Telles sonty Messieurs, les altérations musculaires dans
Tamyotrophie progressive protopathique. Nous allons voir
qu'elles n'appartiennent pas en propre a cette forme patho-
lexique et qu'elles se retrouvent avec les mêmes caractères
dans les amyotrophies symptomatiques qui, maintenant,
doivent nous occuper.
POUZIÈME LEÇON
Ajuyotrophies spinales deutéropathiques.— Sclérose
latérale amyotropiûque.
IP ro]>]iie« 8piuRK>a iltiiitér'.>pnlliii[ue8. — Scl^nini ItlùnW
^aliaatioii de U tésioD «piaaie daiiB las irardoni Utwniu.
ati3 Uicstisation fonrnios pAr l'étude du dùvaluppBtiniDl il
B. — FunuRtiDn des cordons Istoraux, dua faÙcMni da
_.jui doTUrck.
«<nu»»~ iKUirftle conRêcative il ane lésiaa cérébrale.
SoWrose Intiiralo Bymdtrique primitive. — Auntoioie pntliolugiiiiiB : C"""
fijurntiou «t tupographio de la léeion dans la moelle et le bulbe. — IMm
couaécutives do U subiilanca grisa ^cellaleii nerveuMs tnoirivca. iiérraf^
daua Lu muoUa ut dans le bulbe. — Attérationn seer]nda.ir<.'s ; Baciiui M-
Tounes aiitérioure», — Nerfa péripliériques. — Lésioua ttoplui|Uc» d»"»*'
Messieurs, 1
Kous en avons fini avec la forme à'atropk/e muscnUliTt '
jjrogressive qui relève d'une lésion UmilÉesy^témaiiqaeiaei^ |
h la suhctatu'É grise spinale antérieure; ie moment «1
venu d'entrer diins ([ueltjues développements, i propos dw
amyotrophies spinales affectant le mode chronique, dan.»
lesquelles la lésion centrale, no reconnaissant plus une cir-
conscription aussi étroite, occupe dans la moelle, en outre
des cornes antérieures, soit la substance grise postérieure,
soit divers faisceau\ blancs.
Nous sommes convenus, vous ne l'avez pas oublié, d'ap-
peler deutérojialhiques lesamyotropLies spinales de ce genre.
SCLÉROSB LATÉHALB AMYOTKOPHIQUE 235
Elles composent un ensemble complexe et encore peu élucidé.
Mais, comme je vous Tai fait pressentir^ il est, dans ce groupe,
une individualité qui, en raison de son importance clinique,
— à la vérité jusqu'ici à peu près méconnue, — et en raison
aussi des particularités anatomiques et physiologiques qui
s'y rattachent, mérite d'être examinée de près.
Ici, la lésion spinale est constituée par une combinaison,
si Ton peut ainsi dire, de Taltération obligatoire de la
substance grise antérieure avec une sclérose syméti'ique et
primitive des faisceaux blancs latéraux.
I.
Envisageons, tout d'abord, le côté anatomo-pathologique
et entrons, en premier lieu, dans la description de cette sin-
gulière lésion des faisceaux blancs. Rien n est plus original
assurément et plus inattendu peut-être, pour quelques-uns
d'entre vous, que cette lésion circonscrite en quelque sorte
géométriquement dans une région des faisceaux blancs qui à
l'état normal, du moins chez Tadulte, ne se sépare par aucune
ligne de démarcation appréciable du reste des cordons antéro-
latéraux.
Mais la surprise cesse bientôt lorsqu'on fait appel aux
ïM)tion8 fournies par l'étude du développement embryonnaire
de la moelle épinière. En effet, on reconnaît alors aisément
que la partie des cordons antéro-latéraux dans laquelle le
processus inflammatoire peut ainsi se limiter systémati-
'luement, forme pondant la vie fœtale et jusque dans les
premiers temps de la vie extra-utérine, un système a part,
distinct anatomiquement des autres faisceaux de la moelle
•pinière.
C'est là, Messieurs, un point de vue à peu près neuf, au
loins dans ses applications à la pathologie. J'en ai touché
236 lifiVKLOI'I'BMEST DE I.A MOELLE âMNltaE
UQ mot déj'i dans la leçon qui a inauguré ce cours, mais )«
pense qu'il y a Heu d'y revenir aujourd'liui avec plus do
détails.
Les résultats que je vais exposer, d'ailleurs très brièremenl,
sont empruntés aux travaux de Budge, KiilTer, L. Clafke,
KJ5lliker,l''Iechsig et à ceux plus complets, sur certains points,
qu'a entrepris récemment, à ma sollicitai ion, dans le hbo-
ratoire que je dirige, M. Pierret.
A, La moelle épinière n'est, vous le savez, dans la
premiers temps de sa formation, qu'an anneau incomplet
formé de substance embryonnaire. Aussitôt que le caïul
central est fermé en arrière, la masse embryonnaire tend s
I. [13. — Coupe de la modU d'un cmbri/oa Ai"»*
moi». — o, cornes antérienrea. — 6, corna» p«<*"
m. — e, canal centmL — d, rai-ines uniiJrieui*—
:iiiss poBtérieuru*. — a', xuiio radiculsirfl MV
I, — 6', zone radiculaire ]«
«e séparer, par suite de l'apparition d'un sillon latéral, 6"
deux parties, l'une .intérieure, l'autre postérieure, pour
chaque moitié latérale de la moelle. Ainsi se trouvent
ébauchés, en premier lieu, les rudiments des cornes mI*"
rieures (Fig. 13, à) et des cornes postérieures {Fi'ij. 13i'''
de substance grise. A chacune de ces parties est venu*
s'adjoindre, vers la fin du premier mois, unezoaedesubslaW*
blanche, laquelle est en connexion avec les racines Kt'
veuses.
Ces zones, dans la nomenclature proposée par H. Pic
portent les unes, le nom de zones radiculaires antért
(Fifj. 13, a')\ elles entreront, chez l'adulte, pour une
part dans la constitution des faisceaux antéro-lat
les autres s'appellent zones radiculaires postéri
DÉVBLOPPEUBKT Dt LA MOELLE ÂPINIÈBE 237
(Fig. 13, 6'). Avec l'adjonction des faisceaux de Goll, non
encore développés à cette époque, elles formeront ulté-
rieurement ce qu'on désigne d'ordinaire sous le nom de
cordons postérieurs.
l4eB faisceaux latéraux n'existent pas encore; on les voit
apparaître vers la 6' ou la S' semaine dans le sillon qui sépare
encore latéralement les deux parties de la substance grise,
Fig. 14. — Coupe de Ut moelle iTun enibri/on humai»
égi d'vn tnoU et demi. — a, b, c, etc., comma àaas la
figure U. — I, cordon ktéral.
SOUS l'aspect de deux petites masses ou tubercules de subs-
tance embryonnaire, où les tubes nerveux ne se montreront
que très tard {Fig. 14, l). Vers cette même époque
(c'est-à-dire la huitième semaine environ) se développent.
f t'y. 16. — Coupe de la modU rf'uii embryon
humain âiji de deux moîi. — a, h, e, etc., commo
dam U fignrn 13. ^ t, f»ieceau latéral, — m, dé-
veloppement des faUceaiix do Goll. — n, dévo-
loppetnent des fniaceaai de TUrck (faÏBUoaux
M)t«rienrs).
dans le sillon qui sépare les zones radiculaires po.sté-
rieures, deux petites émincnces symétriques qui tendent
à s'accoler et qui régnent dans toute la hauteur de
la moelle : ce sont les faisceaux do Goll {Fig. !.">, m).
En même temps, une formation analogue a lieu dans le
sillon qui sépare les zones radiculaires antérieures. Elle est
23S DËVBLOPPBUEKT I>BS fAISCKAIFX LATÉDAUX
relative aux petits faisceaux que j'ai proposé de àûslgam $ni»
le nom de faisceaux de Tilrclc (Pîg. 15. 10, n) et qui ne
peuvent être suivis chez l'adulte au-dessous do restriîmiîcdi
renflement cervical de la moelle.
Ainsi se trouve complété l'ensemble des pièces distinctes,
ijui, par leur réunion ou leur fusion plus ou moins intimes,
composeront, H une époque plus avancée de la vie, les fais-
ceaux antéro-latéraux tels qu'on les connaît flie» l'adulte.
13. Mais les faisceaux latéraux devant seuls nous occoper
aujourd'hui, je dois revenir plus particulièrement sur \t»
caractères qu'ils présentent aux diverses phases de leur en-
"iil. m. — fcir./)« dt la moetlt atti^
1 taUirijoH hamitin âgf ilt IS i Ot
net, — Mêma aîgaitiuition iIm IrtW
lution. Par les progrès du développement, ils inclinenl i»
confondre : en avant avec les zones rudiculaires ant4^rieurM,
en arri'ère avec l'extrémité antérieure des zones radiculaiW
postérieures, de manière à ne plus se distinguer bientôt li
des unes ni des autres.
Cependant, même après la naissance, chez te- nouveou-n^
on rfconniitt encore, dans laire des faisceaux Ithmcp, h cet-
tains caractères histologlques qui accusent un ilévcloppeinml
relativement moins avancé, la région qui appartient ans
faisceaux latéraux proprement dits. Cette réffion se voit en
arrière d'une ligrne fictive transversale, qui jiaascrait iKicl»
eomroissure, sous la forme d'un espace trianguliiro corna-
DÉVELOPPEMENT DES FAISCEAUX LATÉRAUX 239
pondant à la partie la plus postérieure du faisceau antéro-
latéral. Dans cet espace, la substance blanche se distingue
par une teinte grisâtre, appréciable à l'œil nu. L'examen
microscopique fait reconnaître que là les tubes nerveux à
myéline sont rares, et que, au contraire, la gangue conjonc-
tive prédomine ; aussi ces parties se colorent-elles fortement
par le carmin tandis qu'elles sont à peine teintées par l'acide
osmique. Enfin, ces mêmes parties renferment, à l'état
normal, une certaine proportion de cellules chargées de gra-
nulations graisseuses qui représentent dans la moelle ce que
M. Parrot désigne sous le nom de stéatose physiologique.
J'ajouterai que, ainsi que le montre une planche du traité
de Kolliker, un sillon plus ou moins prononcé dénote souvent
chez le jeune enfant, k l'extérieur de la moelle, une séparation
entre les faisceaux latéraux proprement dits et les faisceaux
antérieurs. Mais, chez l'adulte, toute distinction s'efface; tou-
tefois, il est juste de reconnaître que, même chez lui, les
régions qui correspondent aux faisceaux latéraux sont mar-
quées encore par le diamètre relativement petit des tubes
nerv^eux et une certaine prédominance de la névroglie.
C'en est assez, je l'espère. Messieurs, pour faire ressortir
l'indépendance que possèdent, sans conteste, dans les premiers
temps de la vie au moins, les faisceaux latéraux de la moelle
épinière; je dois compléter pourtant cet aperçu, en vous fai-
sant remarquer que ce système se trouve représenté dans le
bulbe, au-dessus de rentre-croisement, parles pyramides an-
térieures et aussi dans la protubérance et dans l'étapre infé-
rieur des pédoncules cérébraux. Or, ces régions de l'isthme
de l'encéphale et du i)ulbe qui sont eu relation avec les fais-
ceaux latéraux se distinguent, comme ceux-ci, chez le fœtus,
par un développement tardif et incomplètement accompli au
moment de la naissance.
SfLÉKOSE LM'KRALK SEfOSDAIUK
II.
L'individualité-, l'autonomie des faisceaux latéraux, Jiîjîi '
rendue manifeste par les considérations qui précèdent s*aocuse
encore nettement lorsqu'on envisage les faits appartenant au
domaine pathologique. Voua n'ignorez pas, car c'est là an
sujet qui nous a occupé l'an passé, qu'à la suite de la légion
unilatérale de certains départements de rencéphale, toute
une moitié du système des faisceaux latéraux subit isolément,
à la fois dans le pédoncule, la protubérance, le bulbe et toute
la hauteur de la moelle épinière, une lésion consécutive, r[ni
se tnuiuîl bientôt, hîstologiquement, par les caraetirea pro-
pres à la sclérose des centres nerveux. Dans l'isthme et itans
le bulbe, la sclérose fasciculée peut être suivie jusqu'à l'entre-
croisement, du même côté que la lésion cérébrale. Au-dessous
de l 'entre-croisement, au contraire, elle occupe dans ia
moelle le côté opposé. Cette lésion du système des faisceaux
latéraux est, en pareil cas, absolument isolée; elle nu »kc-
compagne en particulier, du moins dans la règle, d'aucune
altération de la substance grise antérieure ou des racines spi-
nales motrices et je rappellerai, à ce propos, que l'hémiplégie
avec contracture qui coexiste avec cette lésion est remar-
quable par l'intégrité de la nutrition dans les muscles
paralysés, tant que l'inertie fonctionnelle ne s'est pas trop
longtemps prolongée.
Dans le cas où la lésion cérébrale prioiitive occuperait si-
multanément les points correspondants des deux hémisphères,
le système des faisceaux latéraux serait naturellement lésé
des deux côtés, à droite et à gauche, dans toute son étendue,
aussi bien dans l'isthme que dans le bulbe et dans la moeile
épinière. Dans cette hypothèse qui, plus d'une fois, a trouvé
SCX£l{OSB LATÉBAI^ PROTOPATIIKJUB 241
■Jisation, il s'agirait par conséquent d'une jc^^rujc laté-
rale symétrique, consécutive à une lésion cérébrale.
Uais la 8ctt5rose symétrique totale des faisceaux latéraux
peut survenir protopathiquemeat, primitivement, c'est-à-
dire sans aucune dépendance d'une lésion encéphalique
qaelconqui,!. C'est là un fait que L. Tùrck, en IHôfJ, et moi-
mSme, dix ans plus tard, nous avons rendu évident et qu'il
convient actuellement de mettre en relief,
ici, deux cas peuvent s'offrir : 1" La sclérose symétrique
primitive existe seule, sans complication d'une lésion de la
substance i^rise antérieure; le trait le plui} saillant dans le
lyndroine relatif à la lésion, ainsi localisée, est une parésie
dus membres, des inférieurs surtout, marquée par une contrac-
j tore, plus ou moins intense, des muscles, lesquels conservent
'pendant lonc^temps tous les caractères indiquant une nutrition
narmalu. Cetto lésion de la moelle épinière, entre autres
Il circonstances, s'observe assez fréquemment dans le cours de
I 1* paralysie générale progressive : C'est là une coïncidence
I qui a été signalée plus particulièrement par M. Westphal.
j ï* Uais il arrive assez souvent qu'une altération de la subs-
I tonce grise s'associe à la sclérose symétrique des faisceaux
! Ial«raux. Or, la combinaison de ces deux ordres d'altérations
constitue justement le substratum anatoniique de la forme
, pathologique sur laquelle je veux appeler votre attention. Les
symptômes d'amyotrophie progressive se trouvent alors asso-
ciés là -X ceux qui relèvent de la sclérose latérale.
m.
Noos devons maintenant étudier de plus près, au point de
e anatomique, les altérations dont il s'agit. Dans la descrip-
^ui va suivre, nous aurons à nous occuper successive-
: 1» Ac» lésions que présente l& syelème des faisceaux
242 ANATOMIS FATHOLOaiQUE
latérajix dans les diverses régions de la moelle, dans le bull
et dans i'îsthme de l'encéphale; — 2» des lésions concomi-
tantes do la substance grise dans les mêmes départemeni
des centres nerveux \ — 3" des lésions consécutives des racinii
antérieures et des >ieT/s siiînaxix; — 4" enfin des lésion»
trophique» de» muscles.
Sur ce premier point, je serai bref, parce que je suppose
connues les scléroses consécutives de cause cérébrale, dont K»8
caractères anatomiijues se confondent, & peu de chose près,
avec ceux des scléroses primitives. Je me bornerai
à relever les points suivants.
A. Considérons, en premier lieu, ce qui se passe dans
moelle. — a) Sur des coupes transversales, à la région
Fiff. n. — Coupe iriKimer
taie de la moelU fpinièrt pat
tant par la purlie tiioyenn
du renjtcnteni cervical.
■ Coupe Fig. 19. — Cm
■rtale poMiant trannermlt pam
par l« milieu de ta par le milieu dn n
rigioK dortale. fiemerit lombaire.
renflement cervical, l'altération symétrique comprend une
plus grande étendue en largeur que partout ailleurs. Ainsi,
la région envahie par la sclérose s'étend en avant jusqu'aS
niveau, et même au delà, de l'angle externe de la corne anté-
rieure. En arrière, elle confine presque à la substance grÎM
postérieure. En dehors, toutefois, elle est séparée constam-
ment de la couche corticale de la moelle par un tractus ûé
substance blanche restée intacte. (Fig. 17, A, A. — Voir
PI. IV. Pin- 1, 2, y-, PI. V, Fig. 1 et 2.)
Toutes les antres parties des faisceaux blancs sont rcApea*
tées, à l'exception des petits faisceaux de Tùrck qui, ds
TOPOUltAPlIIS DR LA LÉSION 213
«riainscas, sont lésés symétriquement. Ces faisceaux, je le
rappelle en passant, paraissent appartenir .iu même Hystèmc
i)ue les faisceaux latéraux.
6) A la région dorsale, la lésioa est plus circonscrite
(fti/. 20).'En avant, elle n'atteint même pas une ligne fictive
Iransverse qui passerait par la commissure. En dehors, elle
8e rapproche de la zone corticale de la moelle dont elle n'est
■iparée que par une languette très mince de substance blanche
Intacte.
c) Enfin, à la région lombaire, la lésion est moins étendue
encori". Ellen'occupeguèreque
Is quart postérieur des cordons
latéraux. Il est à remarquer
qne, en dehors, elle touche à la
lODf corticale {F/g. 20).
B.En second lieu,qu'obser^ e-
tfiQ dans le bulbe f La lésion
s'accuse Ui par l'envahissement y-_ ... ..-.in^eriaU
•lïa pyramides antérieures dans ''" butu passai j iia,- la part»
moyenii«rfeCoI.«e. — A, A, pyr»-
louie leur étendue en hauteur mîdes ButëHeures sdërusées.
\Sig, 20). Au-dessus, dans la
pirtie inlérieurc de la protubérance, la lésion peut être suivie
tint que les fibres, provenant des pyramides, sont encore
l^DQÎes en faisceaux; mais, plus haut encore, lorsque ces
Jbrea se disséminent, on les perd aisément de vue.
Quelques auteurs ont pou rBuivi les lésions de la sclérose
latérale primitive jusque dans le pfed du pédoncule cérébral
e inférieur du pédoncule) : mais on ignore comment elle
ne là, c'est-A-dire du côté de l'encéphale. Toujours
I que ta capsule interne, qui semble n'être, pour une part,
1 prolongement de l'étage inférieur du pédoncule, n'est
iant {tus envahie.
LÉSIONS DES
KBKVEUSES MOTRICES
IV.
I
I
Voili pour ce qui concerne les altérations dos faisceaw
blancs. Il importo de relever actuellement, Messieurs, colles
qui appartiennent à la substance grise.
Elles ne diffèrent en rien d'essentiel de celles que nom
avons étudiées à propos de Vairophie musculaire spimk
protopatkique. C'est déclarer qu'elles sont, ici encore, syst^
matiquement localisées dans les cornes antérieures grises.
Là, comme dans le premier cas, elles portent et sur la vévro-
glie et sur les cellules nei^eitses motrices qui sont en piP
ou moins grand nombre dégénérées, atrophiées ou mêiW
complètement détruites. (Voir PI. IV, Fifj. 4.)
Il est de règle que l'altération de la substnnce grise sa
dépasse point l'aire des cornes antérieures : cette partîculinl^
est mise en évidence surtout par l'intc-frralité parraite, t^u*
sieurs fois constatée, des groupes cellulaires de la colonne i^
Clurke dans ta région dorsale.
a) L'altération de la substance grise spinale, dans tous 1*
cas que j'ai observés, prédomine à la région cervicale de 1*
moelle épinière; elle est souvent très prononcée encore à I»
région dorsale; mais elle tend A s "atténuer à mesure qu'on
descend vers le renliement lombaire. Cette disposition de l»
lésion est en rapport avec une circonstance que je ne IDSD'
querai pas de mettre en relief dans l'exposé clinique, à savoir
que l'atrophie musculaire, dans la forme nosographiquequi
nous occupe, porte rarement sur les membres inférieurs. Ces
membressont paraly-sés et contractures de très bonne beuffi
ce qu'explique l'existence de la sclérose latérale, mais leuf
muscles ne sont pas ou sont relativement peu atrophiés.
LÉSIONS DU BULBB 245
6) Les altérations de la substance grise de la moelle épi-
nîère, de même que celles des faisceaux blancs, ont leur pen-
dant dans le bulbe. Vous n'ignorez pas, Messieurs, qu'il existe,
dans cette partie des centres nerveux, un certain nombre de
noyaux de substance grise que l'on considère comme les ana-
logues des cornes antérieures de la moelle et, par conséquent,
comme servant d'origine aux nerfs moteurs bulbaires. Cette
aflTectation n'est guère douteuse, particulièrement en ce qui
concerne les noyaux d'origine de l'hypoglosse, du spinal et
même du facial. Or, pour ne parler que du premier, les gran-
des cellules multipolaires qui le composent et qui ont, au
point de vue morphologique, tant d'analogie avec les grandes
cellules motrices de la moelle, se montrent atrophiées ou dé-
truites en même temps que la névroglie qui les englobe est
sclérosée {Fig. 21). Mais je me contente, pour le moment,
d'indiquer le fait, afin de ne pas laisser entièrement dans
Tombre tout un coin, fort intéressant d'ailleurs, du tableau.
J'y reviendrai quand j'étudierai les amyotrophies bulbaires
et la paralysie labio-glosso-laryngée.
Il ne me reste plus qu'à vous entretenir des altérations qui se
produisent consécutivement aux précédentes dans les racines
antérieures et dans les nerfs périphériques. Je ne puis que
répéter ici ce que j'ai dît au sujet de l'atrophie musculaire
spinale protopathique. Les tubes nerveux tout à fait vides de
myéline sont rares dans les racines ainsi que dans les nerfs
périphériques. Les tubes granuleux sont en minorité. La plu-
part des tubes nerveux sont conservés, seulement presque
tous ont subi un certain degré d'atrophie simple. C'est là un
fait que nous devrons faire ressortir lorsque nous traiterons
de la pathogénie des lésions musculaires consécutives.
l.telOMS TKOPHIQUSS DES MPSULB3
Je puis me montrer encore très bref, relativement à ces (^
sions trophiqiies des muscles. Elles ne diffèrent pas, li'uae
manière essentielle, de celles qu'on rencontre dans l'amyo-
Fig. 21. — Coui>r. IrantreriaU dit b«lhc, faite an ii\v-.aa ,1e la parC*
moyenne du imi/au de l'hi/puyloiae. — A, 11 [à liroitc lio In liiriic lictiv,; K. '''
Mprësenlaut l'ùtat iiorinal. — A, no/au do riiypoirlussu coutposu d'nç'
ttglégtitiou d'une tranUine de grandes uclluIeH multîjiolnjros. — V, un n**'
MMU qui clrooiisi-rit en nvnnt et eu dedans le nojau. — C, plauchar du qo*'
trièniQ ventiicule. — D, j'aacicalai lerts. — B, noyau du pnouniORSiilriqO*-
— A', B', Ole. (à gnuclio do la liRoe lii.'tive lï, R'I ro]ir<iBentent les mêB'*
parties dans un ciu de sclérose latérale iitnyotropliique. On voit qu'il eii**'
à i>oine cinq ou six (^ellula^ narveiisca iutacles dans l'Hiro du noyau dei'li/'
poglusBO. — A', fascicidm ttrea. — B', noyau du pnoumogastrique no preso"'
tant aucune altération appréciable.
trophie spinale primitive. Seulement, le caractère inflamm*''
toire de la lésion dans la sclérose latérale amyotrophique m'^
paru plus accentué. Ainsi, l'hyperplasie du périmysium es*
■ plus manifeste et, dans un cas même, j'ai vu avec M. Debov^
LÏBIONS TBOPUiqUBS DES MUSCLE» 247
S tissu cotijoDctif interstitiel, tnHltrtSsur certains points d'un
nombre considéra-
ble de leucocytes.
Je relèverai ex-
pressément que la
lipomutose iotersti-
tieiledesmusck-sse
produit, dans l'a-
myotrophie liée à
la sclérose latérale,
tout comme dans l'a-
myotrophie vraie.
Le fait est intéres-
sant pour ce qui est
relatif à la langue,
dont les muscles,
dans la sclérose
arayotrophique, s'a-
trophient à l'égal de
ceux des membres,
en conséquence de
l'altération des cel-
lules du noyau de
l'bypof^losse. La lan-
gue, cependant, l-ii
pareil cas, peutaV'iir
conservé à peu de
chose près son vo-
lume normal et ne
paa offrir i sa sur-
face le« circonvolu-
[ tioDs et les rides,
mées de mouvements pour ainsi dire vermiculaires, qu'on
f 'ij. 2;l. — Coupe df l:i langar Jniis nii KA» ilu
8i:liïruBe latiViile nmyutropliiiiua avdc )i<"'i>'y^o
inbiû-elosao-lar jDgie .
248 LÉSIONS TBOFHiqUBS DES UUSCLGS "
y observe souvent.. Dana ces diverses circonstances, les-
faisceaux musculaires y sont atrophî^-s. Cette conserva-
tion de la forme et du volume de l'org'iine s'explique, dans
les cas auxquels je fais allusion, par la Itpomatose intersti-
tielle. Dans un de ces cas, j'ai constaté, avec M. Debove,
l'existence d'une sorte de cirrhose hypertropbique produite
par la végétation excessive du pérlmysiiim tant interne
qu'externe (Fig. 22 et 23).
Après cet exposé des lésions propres à la sclérose latérala .
amyotrophique, il est dans notre plan de vous faire con-
naître les principaux symptômes qui la révèlent pendant 1»^
vie, dans le but de rechercher, autant que possible, le lieaj
physiologique qui rattache les lésions aux svmptôraes.
On peut avancer, d'une manière très générale, que Ies~]
symptômes auxquels je fais allusion sont de deux ordres : l
uns sont en relation avec l'altération symétrique des faisceau:
latéraux; les autres relèvent de la lésion concomitante de I
substance grise. T'est ce que j'essaierai do démontrer dans la
prochaine séance.
TEEIZIÈME LEÇON
De la sclérose latérale amyotrophique.
Symptomatologie.
SoitMAiRB. — Faits snr lesquels repose la symptomatologio de la sclérose
latérale amyotrophique. — Observations personnelles. — Documents à
Tappui.
Différences qui séparent cliniquement la sclérose latérale amyotrophique
de ratrophie musculaire spinale protopathique.
Symptômes communs aux deux affections : amyotrophie progressive, con-
tractions fibrillaîres, conservation de la contractilité électrique.
Symptômes propres à la sclérose latérale amyotrophique. — Prédomi-
nance de la paralysie motrice. — Contracture permanente spasmodique. —
Absence de troubles de la sensibilité. — Déformations i)aralytiques : atti-
tude de la main. — Trémnlation dos membres supérieurs à Toccasiini des
mouTements intentionnels. — Modes de début. — Paraplé^i^ie cervicale. —
Envahissement des membres inférieurs. — Caractères de la contracture. —
Phénomènes bulbaires : Gêne de la déglutition ; — Embarras de In parole ;
— Paralysie du voile du palais, de Torbiculaire des lèvres, etc. — Troubles
graves de la respiration.
Résumé des symptômes. — Pronostic. — Physiologie pathologique.
I.
Messieurs,
Après avoir décrit les altérations nécroscopiques propres à
la sclérose latérale amyotrophique, il importe actuellement
d'animer le tableau en vous montrant quel est Tensemble des
symptômes qui, pendant la vie, se rattachent à ces lésions.
'250 OBSERVATIONS FERSOKKELLKS
J'espère établir, Messieurs, que cet ensemble symptumati-
que est assez frappant, assez caractéristique, pour qu'oo
puisse le distinguer aist'ment de celui qui reit-ve de l'alléra-
tion limitée à [a substance grise spinale antérieure. Il me
sera facile aussi, je le crois, de tracer ensuite uue lignede
démarcation tranchée entre la sclérose latérale amyolro^-
que et les autres formes d'atrophie musculaire spinalt
detitéropathigiie.
Je dois tout d'abord déclarer que les observations qui vuDl
servir de fondement k ma description sont peu nombreasts
encore, une vingtaine au plus. Mais il y a Heu dercmarquir
que la même chose s'est présentée dans le temps à propos (te
Vataxie locomotrice progreisive, et cependant le lablcu
clinique tracé par Duchenne (de Boulogne), il l'aide d'unpetQ
nombre de faits, il y a bientôt vingt ans, n'a pas vieilli. U
subsiste tel quel, aujourd'hui encore, dans ses traits lesplo*
essentiels, sans avoir subi de modifications profondes. PuisM
la description que je vais présenter de la sclérose latéfoit
amyofrophigue l'-prouver le même sort!
Lii plupart des faits, dont je puis invoquer l'appui, oatéli
rassemblés par moi ou par mes élèves, à l'hospice de la S»^
pêtrière. Il s'est agi, à l'origine, d'observations ri-cueil8w
surtout au point de vue de l'anatomic pathologique*. lil
symptômes néanmoins avaient presque toujours été relevai
avec quelque soin. Aussi, à un moment donné, devint-il pM*
sible, en comparant ces observations diverses, de saisir UA
certju'n nombre de traits fondamentaux, qui nous ont pennit
plus tard de reconnaître l'afTection pendant la vie. Telle a ^t
1. Le* observations suivies d'autn|isi(<, rasMinlilénii pnr ohiï ii l*hv*|>iM 11
la SBlpétrière. nunt nunumbra de cinq. J'ou dciuii«rsl (iliiit lniii l'uiiutA wa^ <
mairH, Deux de ces nbxervati^iiu ont été [inbliùi-a avnr >b'-taïl>, I'ub* fV '
li- JoStoj et \tnT mai {Areii. de phniiiitogii, IWJ, p. UM); lantM, Au* I* <
niéme recueil (ISH-T!!, p. 50U),|«r M. Oumbault. <Vojr. à l'ArpExuws.) J.-)l.<].]
DOCUMENTS A l' APPUI 251
da reste; Vhistoire de la sclérose enpluques disséminées : on
D'aconnU; pendant longtemps, que les lésions singulières qui
h caractérisent anatomiquement. Aujourd'hui, elle a pris
rang dans la clinique usuelle.
En outre des faits qui me sont propres, j'ai trouvé dans
lifférents recueils quelques observations plus ou moins par-
ailes, qui se rapportent de tous points à la forme patholo-
^que en question et je les ai mises à profit.
Je citerai, en premier lieu, parmi les faits de ce groupe, les
observations II et IV de Texcellent mémoire publié en 1867
Mur M. Duménil (de Rouen) sur l'atrophie musculaire pro-
gressive dans la Oazette hebdomadaire. Puis, je mention-
lerai trois observations appartenant à M. Leyden. Elles ont
5té publiées, comme des exemples de paralysie bulbaire avec
imyotrophie musculaire progressive, dans les Archives de
WlchiatriCy dirigées par M. WestphalP.
Je mentionnerai encore un cas inséré par M. Otto Barth
lans le journal de Wunderlich' sous ce titre : Atrophia mus-
cuJorum lipomatosa. L'auteur, peu soucieux des règles noso-
paphiques, semble croire qu'il a eu là, sous les yeux, un
temple de paralysie pseudo-hypertrophique telle que
l'entend M. Duchenne (de Boulogne). En réalité, l'autopsie,
Ute d'ailleurs avec beaucoup de soin, montre surabondam-
Dtent que c'est bien la sclérose symétrique et primitive des
faisceaux Uttéraux avec lésions concomitantes de la subs-
tance grise antérieure qui était enjeu. Un fait recueilli par
te D'Hune, un autre consigné par M. S. Wilks dans Guy' s
Vaspital Reports * sont encore, à mon avis, des exemples de
1. E. Leydon. — (Jeher prof/restive BtUbàr-paraf ytie. In Archiv fHrF»y-
natrU, II. Bd., p. 64«, ob.s. 1, ot p. 657, obs. II. — III. Bd. p. 3:W.
2. O. Barth. — Zur Kenntnisa der Atrophia Muaculorum lipomatosa. In
rdiiv der Heilknrule, 1S71, p. 121.
3. American Journal of Inêanity^ oet. 2, X^lX^eiCentralblatt^ 1872, j». 420.
I. Vol. XV. I-4C et CirUralUatt, p. 239, u« 10, 1«70.
2â3 AMTOTitOPBiE paoTOPATmqus et osurfiBOPATmiiCB
sclérose latérale amyotrophique. Enfin, je ferai rentrer end
dans la même catégorie deux observations publiées r«ci!
ment, l'une parM. Lockhart-Clarke', l'autre par M. R. 31
(de Fribourg)'.
En terminant cette revue des documents à l'appui, je il
dire, Messieurs, que M. Duchenne (de Boulogne), dans
nouvelle édition de son livre ^, a ouvert sous le titre de Par
lysie générale spinale difffisû subaiffui' un cliapitrc l
figure un des cas recueillis A la Salpêtrière, dans mon servii
relatif à la sclérose latérale amijotrophiqtte. Ce cha^t
renferme, de plus, un grand nombre d'éléments hélirugia
qui n'ont pu élreclassés ailleurs. La plus grande partie 4
amijoirophies spinales chroniques iJeuléropn(kl<iutt i
trouvent rassemblées sous une même dénomination. E
demment, ce ne saurait être là qu'un chapitre d'attente, i
sorte de caputviortuumq\i\ demande un remaniement c4
plet.
A ceux d'entre vous qui seraient désireux de constlll
de visu les symptômes de la sclérose latérale amyotrophl^
j'annoncerai qu'il existe en ce moment à la Chanté, daU
service de M. Woillez, un pauvre maçon, âgé de 44 uns, 4'
présente, c'est du moins mon opinion, tous les caradèrt
cliniques fondamentaux de cette affection'.
1. J. Lockhsrt-Clarke. — Pragi-unae mutcular atrophtj oceompafMt
lauttular myidili/ and Contraction 0/ Joiah ; cxaminalîon 0/ thi Brtmê
(pinot Cord. In Medico-elùrurgie. Trantacl'uinf, t. LVI, 187à, ji. loï.
'i. R. Mnior. — fin t'atl ma forUckreilender BulbUr ParalgtU. la f
cheui't Archiv. 61. li<I., 1. hoft, p. 1.
8. Eteetriialion lacalUU, 3- éilit., 1873, p. 169.
4. Le malade a Bucoombé depuis que nette le^un « été ÙÙM, h U «sUl
syniptaDios liiilbuinis. I.'autopiiïe a été pratiquÀp iiar U. Voisin, innna
sarvico. L'eiaiuen de la moelle conduit par M^ Guinbault, pr^pantMr
nom» d'utiMtomie pathotog-ïque, a fait reconnaître l'exislf-iiae dn la »dita
lAtdrale aymétrique, aveu atrophie des ceUale» norrenx.'S molrluaa itat
cornet antêriaures n la région cervicale do la maella et dans les nofuu. 4*
g;îne îles nerfs bulbaires. Les pn^paratîoiu, rolstinw à ce cas, Mit ità a
tr*es au couru prutiquo Je la Faculté.
CARACTÈRES DIFFÉRENTIELS 253
n.
1° Un premier trait distinctif qui sépare déjà foncièrement
la sclérose latérale amyotrophique de l'atrophie musculaire
spinale primitive, c'est la rapidité relative de son évolution,
considérée depuis le début des premiers accidents jusqu'à la
terminaison fatale. Celle-ci ne se fait pas attendre, en moyenne,
plus de trois ans, et elle peut survenir beaucoup plus tôt, au
bout d'un an, par exemple, tandis que les malades, atteints
d'atrophie musculaire progressive spinale protopathique, peu-
vent vivre, vous le savez, pendant 8, 10 ans, 15, 20 ans
même.
2** Durant cette période, comparativement courte, il est de
r^Ie que les quatre membres soient successivement, et dans
un assez bref délai, frappés tous de paralysie avec atrophie,
ou, pour ce qui concerne spécialement les membres inférieurs,
seulement de paralysie. Le malade, après quelques mois,
un ou deux ans, trois ans au plus, se voit confiné au lit, privé
plus ou. moins absolument de l'usage de tous ses membres.
Mais, de plus, on voit régulièrement, — cela du moins est
arrivé dans tous les cas que j'ai recueillis, — la maladie s'é-
tendre au bulbe et, à peu près toujours, c'est à la paralysie
des nerfs bulbaires, hypoglosse et pneumogastrique surtout,
que doivent être rapportés les accidents qui déterminent la
mort. Cela contraste avec ce que nous savons de l'atrophie
musculaire progressive vulgaire puisque dans celle-ci, sui-
vant la statistique de M. Duchenne, l'atrophie des muscles
animés par les nerfs bulbaires ne se serait montrée que 13 fois
sur 159 cas.
3* Les données fournies par la considération des circons-
tances étiologiques ne sont pas, quant à présent, — cela se
S54 sïuptOues couuunb et symptSubs puopuks
comprend de reste en raison du petit nombre de faits parti-
culiers qui peuvent être alignés, — d'importance majeure.
Je me bornerai aux remarques suivantes.
h' hérédité n'est pas signalée dans nos obser^'ations. Vôgt
auquel la maladie se développe varie entre 26 et 50 nas. Lw
femmes ont été plus souvent frappées que les hommes, nm-
traîrement à ce que l'on dit de l'atrophie protopathique, mai»
il est indispensable de faire remarquer que la plup.iri dtt
faits de sclérose latérale amyotrophique ont été raâStimbi^ii
la Salpêtrière, c'est-à-dire dans un hospice oi^ les femntff
seules sont admises.
Un tiers peut-être des malades rapportent le déveltpppfr
ment de l'affection à l'influence du froid et de VhumidiU, à
laquelle ils ont été exposés par leur profession. Le maçonik
la Charité invoque, à tort ou à raison, une chute qu'il a ùiu
deux ou trois mois avant l'apparition des premiers symp-
tômes, chute qui a eu pour résultat immédiat une fracture ilf
la clavicule.
Je ne m'arrête pas plus longuement au côté étiologiqV
qui ne pourra être sérieusement envisagré que dans un avenir
plus ou moins éloigné. L'étiologle se fait surtout avec df
grands chiffres et nous n'en sommes pas là encore, tant s'a
faut.
4" 11 est temps, Messieurs, d'en venir à l'oniilyseto
symptômes. Ces symptômes sont de deux ordres :
A. Les uns sont communs à l'amyotrophie progrcsàn *
vulgaire et à l'amyotrophie par sclérose latérale; ce sont -^
a) l'atrophie progressive, envahissante, des masses toaai'tH
laîres ; — //) les contractions fibrillaires qui se montrent wT-'
tout dans la période active de l'atrophie; — cj k conser-
vation de lacontractilité faradique que présentent, jusiju'illt
dernière limite, lesm uscics frappés d'atrophie.
OSBUT DE I^ KCLËUOSE LATÈBALE VUVO'l'UOPHigUK S55
B. Len autres symptômes sont tout à fait étrang'ers à
l'amyotrophie spinale protopathique ; le premier d'entre eux
jconsiste en une impuissance motrice, promptement déve-
lopp^Jcqui, si elle ne prûcède pas toujours l'atrophie, est déjà
lODTent fortaccusôe alors que celle-ci n'est pas encore très
!>roDonci-c. On ])eul dire, d'une manière générale, que dans
l'amyotrophie protopathique, l'impuissance motrice relève
grande partie de l'atrophie des masses musculaires, tandis
que, dans la sclérose latérale, la paralysie domine certai-
imnent la situation; l'atrophie des muscles n'est là fréquem-
ment qu'un fuit consécutif ou même accessoire.
Voici maintenant un nouveau trait distinctïf. Les membres,
I^llS ou moins privés de leurs mouvements naturels, son
hràitnelleuient, dans la sclérose latérale, le siège d'une rigi-
<Bté habituelle, résultant de ce qu'on appelle la contracture
tvmajiente spasniodique. C'est là un phénomène abso-
Isment i^tran^er à l'atrophie primitive. Enfin, dans cette
tire maladie, l'absence de troubles quelconques de la
est la régie, tandis que, dans l'autre, il e.st assez
que les malades éprouvent, ou aient éprouvé dans
ires affectés : 1° des douleurs spontanées plus ou
I, des engourdissements ou des fourmillements;
des douleurs provoquées par la jiression ou la
des masses viusculuires. J'insiste sur ce dernier
ine que je n'ai point observé jusqu'ici dans l'amyo-
progressive protopathique.
I lc« véritables caractères do la forme palhologiquL>,
îcription nous occupe, sont mis en relief surtout
2bS DtaUT DE LA StXËBOSB LATlÏRALB AUVOTKOPKIQUB
quand 00 considère le mode de répartition, d*ciichaïuQinent
et d'évolution des symptômes.
a) La maladie débute, dans la grande majoritt* des ras, par
les membres supérieurs, sans fièvre, le plus communéiiieDl
sans malaise appréciable, quelquefois à la suite de fourmille'
ments et d'engourdissements.
Il s'agit, dès l'origine, d'un affaiblissement de la puissance
motrice et quand celle-ci, pour la première fois, 6\6sétie9-
sèment l'attention du malade, les muscles des membres a£be-
téa offrent en g'énéral, à cette époque déj.î, un certain iesti
d'émaciation. Mais celle-ci, non plus que la p.iré8ie, n'est p«
d'ordinaire circonscrite à une région liniitt'e du roeniltre. i
quelques muscles de la main ou de l'avant-Itrag, par esempi*;
elle s'étend un peu partout, pour ainsi dire unirorDiituoirt
depuis l'extrémité du membre jusqu'à sa racine. Ce n'est iilt»
cette atrophie individuelle des muscles que nous avons re!f
vée à propos de l'atrophie musculaire vulgaire, c'est, au «f
traire, une sorte d'émaciation générale, û'atrophie en vinat-
Elle n'atteint jamais, dans les commencementa, on assel
haut degré pour rendre compte k elle seule de l'impuissani*
motrice. En somme, il s'agit, dans ce cas, d'une véritaUe
paroh'sie accompagnée ou plutôt suivie d'une atrophie pif
ou moins rapide et plus ou moins généralisée du merabn
tout entier. D'ailleurs, les muscles atrophiés, ou en >W
d'atropliîe, sont agités de mouvements fibrillaires souveni
trèsaccusés, et, comme dans l'atrophie simple, tlsconserrent,
tant que l'atrophie n'est pas parvenue au plus haut degré, 1»
contractilité faradique ù peu près intacte.
h) En outre de l'émaciation des muscles, les membre!) [«ra-
lysés et atrophiés sont bientôt le siège de défùrmaiious c* ^ .
déviations plus ou moins accentuées.
DiPOKkUTIOKS PARALYTIQUES 267
Los fl^formatiom, pour une part, Bans aucun doute, diî-
pendent de la prédominance d'action de certains muscles
moins profondément alTectûs que les autres {déformatwiiH
paralyHquesj.TiliiiSftel n'est pas lecaspourla majeure partie
d'entre ettes; les déviations, dans la règle, sont dues à la
contraction spasniodique de certains muscles, à une véritable
contracture qui rend rigides un grand nombre d'articulations.
, pour ne parler d'abord que du membre supûrieur,
■Ue est l'attitude qu'il offre habituellement [Fig. 24).
^^hf bras est appliqué le long du corps et les muscles de
' i'^panle r^istent quand on veut l'en éloigner.
L'avant-bras est deml-Séchi et, de plus, dans la prouation ;
ÎJ n'en pas possible de l'amener dans la supination et dans
rescteoBJon sans employer une certaine force et sans provo-
quer de In douleur. Il en est de même du poignet qui, lui
358
CONTKACTURB PBKKAMKEITB
ausBi, est siiuvent demi-flécbî, tandis que les <loî^ i
recroquevillas vers la paume de la main {Fig. 24).
Ces attitudes forcées, les douleurs produites lorsqu'on
essaie de les modifier, suffiraient déjà en quelque sort*,
jointes à l'émaciation presque génénile et uiUfonne des
membres Bur\enue en quelques mois, pour faire recnnnattre
qu'il ne s'agit pas, ea pareille circonstance, de l'utropliie
musculaire spinale primitive.
Je ne dois pas oublier de mentionner une autre particula-
rité. Parfois, dans la sclérose latérale, les membres supé-
rieurs parétiques, contractures et atrophiés, ont néanmoiiut
conservé encore quelques mouvements. Eh bien, dans l'exer-
cice de ces mouvements, par exemple l'élévation du bra»
tout entier, on voit le membre être pris d'une trénmïaticn
qui rappelle celle qu'on observe dans la sclérose en plaques
disséminées et aussi chez certains sujets atteints, consécuti-
vement à une lésion cérébrale en foyer, d'hémiplégie »v«
contracture. Cette trémulation, dans les deux derniers as
comme dans le premier, me paraît relever de la scléw»
latérale, trait commun entre tous les trois.
Il n'est pas inutile de remarquer que, lorsque le mal (tf
très avancé, l'émaciation peut être portée :\ son comble :IM
éminences thénar et hypothénar sont tout à lait aplaties, 1>
paume de la main e-\cavée, l'avant-bras el le bras rWoit*
presque à l'état de squelette. Généralement alors, la risi"!^
spasmodiquo devient moins prontmcée, bien que les memlitf*
tendent à conserver l'attitude habituelle qu'ils ont conserv'*
pendant longtemps.
Quelques malades ont la tête pour ainsi dire firét, ptf
suite de la raideur des muscles du t-ou; iU De peurtfltr
sans effort et sans douleur, la fléchir ou l'étcndro, U lourwr
soit à droite, soit à gauche.
Dans un cas que j'ai observé récemment, lus ransdesiiO'
PAKÂPLÉOIB CERVICALE 259
élèvent le maxillaire inférieur étaient contractures au point
que le mouvement d'écartement des mâchoires en était exces-
sivement limité.
De même que dans l'amyotrophie progressive ordinaire,
rémaciation musculaire est quelquefois masquée, dans la
sclérose amyotrophique, par une Ifpomatose luxuriœBte^ la-
quelle donne du relief aux muscles atrophiés : c'est ce dont
témoigne, entre autres, le cas de M. O. Barth.
IV.
La forme do paralysie amyotrophique qui nous occupe
s'accuse le plus souvent d'abord dans un des membres supé-
rieurs; puis, elle s'étend a Tautre de manière à donner
bientôt l'image de ce qu'on appelle la paraplégie cervicale.
Bien que la maladie ne date que de quatre, cinq, six mois,
un an au plus, rémaciation est déjà parvenue à un degré
qui ne se voit, dans l'atrophie musculaire protopathique,
qu'à une période avancée, ploignée par exemple de deux ou
trois ans du début.
Les choses peuvent rester à ce point durant deux, six ou
neuf mois, rarement davantage. Après ce délai, les membres
inférieurs se prennent à leur tour et, en règle générale, ils
s'afiectent, vous allez le voir, autrement que les membres
supérieurs.
a) A l'origine, il s'agit là encore d'une parésic, précodée
et accompagnée pendant quelque temps de fourmillements
et d engourdissements du membre. Mais cette parésie pré-
sente, dans Tcspèce, ceci d'important à noter qu'elle n'en-
traîne pas nécessairement, comme la première, l'atrophie
musculaire. Les muscles, au contraire, peuvent conserver
260
PAKALTSIB DSB lŒUBRES IXyËniEtTUH
jusqu'aux dernières périodes de la mnlaiHe un relief et
consistance qui contrastent singulièrement avec l'état
membres supérieurs.
Cette paraplégie offre ce premier trait particalier qo'
ne se complique pas de paralysie de la vessie ou du reutuo
et qu'il n'y a aucune tendance à la formation des escarreo.
Elle se distingue encore, vous allez le reconnaître, par
d'autres caractères importants. La gêne dans les 1I]0UV^
ments des membres inférieurs fait de rapides progrès. Le
malade sent ses jambes lourdes, difSciles à détacher du soi.
Bientôt, il ne peut plus marcher que soutenu par deux aides.
Enfin, la station lui devient impossible et le voilà à peu
près conSné au lit ou réduit â passer tout le jour assis diuii
un fauteuil. Quand les choses en sont arrivées là, un pyDD-
mène intéressant s'est déjà, en général, plus ou moins aeti^
ment accusé. Je veux parler de Ya. rigidité teniitorairt 6»
permanente ou, autrement dit, de la contracture siiosmo-
dique des muacles, privés du mouvement volontaire. Dgi,
depuis quelque temps, le malade avait remarqué que, ^tiot
au lit ou assis, ses membres inférieurs, de temps à Miio,
s'étendaient ou se fléchissaient malgré lui et coaservatent
pendant quelques instants cette attitude produite involuott»*
rement. L'extension est le fait le plus commun dans cette iorlo
d'accès; elle peut aller jusqu'à déterminer une raidear
comme tétanique qui rend les membres inférieurs semblaHe*
à des barres rigides, susceptibles d'être soulevés Inul d'un*"
pièce. Quelquefois, ils sont, en outre, agités d'une irémula-
tion convulsive.
La rigidité s'exagère encore lorsque le malade, soulenu
par deux aides, veut se lever et essaie de marcher. Alors Itf
membres inférieurs se raidissent à l'excès dans rextecSOB
et dans l'adduction, en même temps que les pieds preoBBBt
l'attitude du pied bot varus équin. Cette rigidité souvent
PARALYSIE LABIO-GLOSSO-LARYNGÉB 261
extrême, quelquefois peu accentuée', imposée a toutes les
jointures des membres par l'action spasmodique des muscles,
ainsi que la trémulation qui, habituellement, ne tarde pas
k s'y ajouter, rendent impossibles la station et la marche.
Ce qui tout d'abord n'est qu'un phénomène transitoire, se
transforme, au bout de peu de temps, en un symptôme per-
manent. La rigidité musculaire persiste alors sans cesse et
sans trêve, dans les muscles fléchisseurs comme dans les
extenseurs, bien qu'elle prédomine dans ces derniers. Il est
difficile de provoquer l'extension des membres fléchis. D'ha-
bitude, à cette époque, si l'on redresse avec la main la
pointe du pied étendu, on fait naître dans tout le membre
une trémulation plus ou moins durable.
Ainsi, Messieurs, l'impuissance motrice tient moins à l'af-
faiblissement de l'innervation qu'à l'état spasmodique des
muscles; dans ceux-ci, d'ailleurs, la nutrition s'accomplit
durant longtemps d'une manière normale. Ce n'est qu'à la
longue qu'on les voit pris de mouvements fibrillaires et
s'atrophier dans leur ensemble à l'exemple des membres su-
périeurs. En général, quand cette atrophie est poussée à un
certain degré, la rigidité s'amoindrit sans jamais, toutefois,
disparaître d'une manière complète.
L'envahissement précoce des membres inférieurs et la na-
ture des phénomènes, dont i)s sont le siège, est un trait qui
tranche avec ce que nous savons de l'amyotrophie spinale
primitive dans laquelle, vous vous le rappelez, ces membres
ne sont envahis qu'aux périodes ultimes. Ils constituent,
pour ainsi dire, les caractères d'une seconde période, la
1. Je ne saurais dire pourquoi, dans certains cas, la rigidité des membres
supérieurs ou inférieurs est peu prononcée, tandis que dans d^autres, au con-
traire, elle est un phénomène prédominant. Je u*ai jusqu*ici rien trouyé
dans les conditions anatomo-pathologiques, qui puisse expliquer ces diffé-
rencee. (J.-M. G.)
862 FABALVBIB IJUUO-OLOBeO-UABTXOËB
troisième ùtaat marquée, aînai que nous aXlons le voir, p
l'apparition àes pluiiumièties bulbaîrti.
L'apparition de ces derniers symptnmes est en queliii»-^
sorte obligatoire; elle n'a jamais fait défaut quant à présen*^-
H s'agit là des phénomènes qui, par leur réunion, coit:^
posent le syndrome désigné sous le nom de paralysie laftU^^-
glusso-htryngée. Nous ne ferons que signaler en paamr^l
rette phase du mal, car c'est là un sujet sur lequel nous de-
vrons revenir lorsque nous traiterons en particulier de^
paralysies de cause bulbaire. Je mentionnerai aeuIenuinC: *
pour ne pas omettre tout à fait une des parties les plus eu —
rîeases du t;ibleau, les symptômes suivants :
1° La paralysie de la langue amenant une gêne de la d^glor'
titioQ et une difîîculté de l'articulation des mots puuvaat
aboutir à la perte absolue de la parole. La langue paralviiB
présente bientôt, en général, un certain degré d'atn^ffaie :
elle est rapetissée, comme ridée, et agitée de mouvements
vermiculaires;
2" La paralysie du voile du palais qui rend la parole nasoa'
née et concourt avec la paralysie laryngée A la gêne de l»
déglutition;
3" Celle de l'orbiculaire des lèvres qui a smloul pour
conséquence une modification des traits du visage. La bouche
est considérablement élargie transversalement par suite d*
la prédominance d'action des muscles non affectés de la fv»-
^es sillons naso-labianx sont très accentués. Ces ^
Ktptômes donnent à la physionomie un air |
n*!8L'»rÉ cLisiQUB : proxosth: 203
■Qehe, qnelquorois, surtout après le rire ou les pleurs, reste
longtemps entrouverte d'une manière permanente et laisse
* éoioler incessamment une certaine quanliti- de salive vis-
I ^ouse;
4° Enfin, en raison de l'envahiasement des noyaux d'ori-
gine des pneumogastriques, des troubles g:raves de la respi-
ration et de la circulation surviennent et entraînent la mort
, déjà afTaibli de longue date par une alimentation
nte.
■vais essayer. Messieurs, de résumer en quelques traits
^actères symptomatolog-iques de la scldrose latérale
trophique, considérée dans ce qu'on pourrait appeler
mditions normales.
isiesans anesthi-sie des membres supérieurs, accom-
d'éniaciatioo rapide de l'ensemble des masses muscu-
et précédée qnelquefois d'engourdissements et defour-
int». La rigidité spasmodîque s'empare îi un certain
,t des muscles paralysés et atrophiés et détermine des
lions pcrmiinentea par contracture.
Les membres inférieurs sont envahis à leur tour. Il s'y
produit, en premier lien, sans accompagnement d'anesthésie,
uneparésie qui, progressant prumptement. Tait que, eu peu
•1* temps, la station et la marche sont impossibles. A ces
*.nai)t6me8 se joint une rigidité spasmodique, d'abord inter-
Oittento, puis permanente et compliquée parfois d'épilepsfe
'Pimle Ionique. Les muscles des membres paralysés ne s'a-
''«l'hient qu'à Lti longue et Jamais au mémo degré ijue ceux
"W membre» supérieurs.
U vessie wt le rect um ne sont point affectés ; il n'y a pas de
ti^ la formation des escarres.
e troisième pirlod» ôst constituée par l'aggravation
aei PHV&IOLOOIE PATUULOQlQt'B
des symplômes précédents et par l'apparitioa des syniplûmts
bulbaires.
Ces trois phases se succèdent dans an court espace de temps.
Six mois, un an après ]e début, tous les symptômes se sant
accumulés et plus ou moins fortement accentués. La murt ar-
rive au bout de deux ou trois ans en moyenne par le fail dis
sjTuptômes bulbaires.
Telle est la règles mais il y a, bien entendu, le i-liapitre
des anomalies. Celles-ci sont peu nombreuses toutefois et ne
changent rien d'essentiel au tableau que je viens do trarer.
Ainsi la maladie, dans certaiDS cas, débute par les mem-
bres inférieurs; d'autres fois, elle se circonscrit dans scscuffl-
meucemonts soit k un membre supérieur, soit à un meoibce
inférieur; parfois, elle reste limitée, durant quelque impSi
à un côtédu corps, sous forme hémiplégique. Ëntîo, dausdfW
cas, elle a débuté par les symptômes bulbaires, liais «oe
sont là, je le répète, que des raodiûcations accessoire». L'en-
semble des symptômes caractéristiques ne manque pas i'ftn
bientôt constitué.
Le pronostic, quant à présent, est des plus sombres. H
n'existe pas, que je sache, un exemple d'un cas où l'ensemUc
des symptômes que je viens d'indiquer ayant existé, b fo^
rison ait suivi. Est-ce U un arrêt définitif? L'avenirseal 1*
dira.
VL
II me reste, Messieurs, à rapprocher maintenant los lésioM ,
des symplômes et i rechercher, dans un court essai de i'^^' '■
siologie pathologique, le lien qui les rattache los uns Ml [
autres.
!• La parésie qui s'accuse dès l'origine et les contraeiur*
PllYSIOLOQtE PATHQUXJlCltje 265
lentâfi, qui lui succèdent ù bref délai, sont, sans cun-
<U8 la dépendance de la sclérose latérale et symé-
)U8 rappellerai que partout où ae rencontre la sclérose
I, la contracture se montre tôt ou tard plus ou moins
. Ainsi : u) dans la sclérose en plaques; — 6) dans
9légie cérébrale avec sclérose descendante conaécu-
-c) dans les myélites transversales par compression
Itanées lorsque la dégéni';ration descendante latérale en
wnséqnence; — d) enSn, dans la sclérose primitive
Keaiux latératix sans atrotihîemtcsculaire.
I parésie et la contracture précMent l'atropliio, cela
bU i:liniquement. Il y a donc lieu d'admettre que la
I latérale, dont elles relèvent, se produit avant la lé-
la substance grise antérieure à laquelle se rattache in-
Bblement l'amyotrophie.
[uel mécanisme la lésion de la substance grise vient
eombiner A la lésion des faisceaux blancs? S'agit-il
rapic propagation par extension se faisant de proche
he à travers la névroglie? 11 est beaucoup plus vrai-
blo que la propagation s'effectue par la voie des filets
Rôx, qui, vous le savez, établissent normalement une
muiiication entre les faisceaux latéraux et les cornes
irstùme des faisceaux latéraux tend h, s'affecter dans
r et cela très rapidement. Mais la lésion ne l'envahit
B sa totalité d'un seul coup. Ainsi, autant qu'on peut
r par les révélations de la clinique, elle intéresse tout
I le département qui est en relation physiologique avec
Otrcmcnts des membres supérieurs. Plus tard, elle
! département qui est en rapport avec les membres
%\ eDÛn le groupe des faisceaux cérébro-bulbaires
ti i son tour.
1 rATHOLOClIQUB
Il est remarquable que les altérations dont la prettît
la troisième circonscription sont le siège gagnent très vite
les parties correspondantes de la substance grise. En effet,
les muscles de la tangue et ceux des membres supérieurs
surtout commencent à s'atrophier fort peu de temps après
l'apparition des symptômes parétiques. Il n'en est pas de
même pour le système de faisceaux relatifs aux membres
inférieurs : dans ces derniers cas, la parésie et la contracture
persistent pendant longtemps sans que l'amyotrophtc s'y ad-
joigne. Ce sont lA des particularités que nous ne pouvons que
signaler sans chercher à on donner, pour le moment, une ex-
plication plausible.
J
QUATORZIÈME LEÇON
Amyotrophies deutéropathiques de cause spinale
(Fin). -- De la pachsrméningite cervicale hypertro-
phique, etc.
SoMMAiBB. — Amjotropbie liée à la sclérose latérale descendante consécu-
tive à une lésion en foyer du cerveau et de la moelle épinière. — Cas à
Tappui,
Pachyméning^te cervicale hypertrophique. — Anatomie pathologique. —
JLltérations des méninges; — de la moelle épinière; — des nerfs périphéri-
<|ue8. — Symptômes : Période douloureuse (douleurs cervicales, rigidité du
«ou; fourmillements et engourdissements; — parésie; — éruptions cut»^
sées. — Seconde période (paralysie, atrophie, griife, contracture, plaques
^'anesthésie, paralysie et contracture des membres inférieurs). — Caractères
^ui distinguent la pachyméningite cervicale hypertrophique de la sclérose
latérale amyotrophique.
Amyotrophie consécutive à Tataxie locomotrice. — Forme particulière de
^*atrophie musculaire en pareil cas. — Pathogénie.
Amyotrophie consécutive à la sclérose en plaques disséminées.
Paralysie générale spinale subaiguë. — Analogies avec la paralysie infan-
-Ue. —Desideratum.
Amyotrophies indépendantes d^une lésion de la moelle épinière ; exemples.
- Paralysie pseudo-hypertrophique ; ^~ amyotro])hio saturnine.
Nouvelles considérations relatives à Tanatomie pathologique topographiquo
la moelle épinière.
Messieurs,
Pour terminer l'histoire des amyotrophies de cause spinale,
^* me reste à exposer devant vous un certain nombre de faits
^^latife à ce sujet et qui n'ont pas trouvé leur place dans les
^^ons qui précèdent. Cette tâche accomplie, j'aborderai Té-
26B SCLâBOSB LATiRALE DESCBffiïAMTR; UITOTROPHia
tude des atropliies musculaires qui relèvent des lésions <
bulbe rachidieii.
I.
A la (in de la deuDière séance, j'ai essayé de prouver, en
me fondant sur les données de la clinique, que, dans la sclé-
rose latérale amyotrophique, la lésion symétrique dos cordons
latéraux, d'où résultent la paralysie et la conlracture, se
montre la première, tandis que l'altération de la substance
^rîse antérieure,à laquelle se rattachel'atrophiedes muscles,
serait un phénomène consécutif. La propagation de la lésion
inflammatoire des faisceaux blancs à la substance grise s'opère
très vraisemblablement, ajoutais-je, parla voie des tubes
nerveux qui établissent, à l'état physiologique, entre les deux
régions, une communication plus ou moins directe. Quelques-
uns de mes auditeurs m'ont, iV ce propos, présenté une re-
marque qui, incontestablement, n'est pas sans valeur. Pour-
quoi, ni'ont-ils obji'cti'', les 9i,-!énisas dites dcscL^niJantes, '[ui
.se produisent dans les faisceaux latéraux à la suite de diverses
lésions en foyer, cérébrales ou spinales, ne retentissent-elles
pas, à l'instar do la sclérose symétrique primitive, sur les
cornes antérieures de manière à entraîner, elles aussi, le dé-
veloppement de l'atrophie des muscles dans les membres
paralysés?
C'est, en effet, un caractère des scléroses qui surviennent
consécutivement aux lésions partielles du cerveau et de la
moelle épinière que les muscles demeurent, dans la règle,
indemnes de troubles nutritifs, ou tout au mi>ins ne s'amat-
},'rissent qu'à h longue, en conséquence de l'inertie fonction-
nelle prolongée à laquelle sont condamnés lus membres
paralysés. Je ne suis pas en mesure. Messieurs, de résoudre
la difficulté d'une façon catégorique. Je me bornerai à vous
SCLÉROSE LATÉSALB DESCENDANTE; AMYOTUOPHIE 269
fisdre remarquer que la propagation des lésions à la substance
grise dans les cas en question de sclérose latérale n'est pas,
tant s'en faut; tout à fait sans exemple, et qu alors, les mus-
cles dans les membres correspondants, subissent l'atrophie.
Ainsi, j'ai observé plusieurs fois des hémiplégies, de cause
cérébrale, succédant par exemple à la formation d'un foyer
d'hémorragie, lesquelles s'accompagnaient, contrairement à
la règle commune, d'une atrophie plus ou moins prononcée
des muscles dans les membres paralysés, survenant à une
époque rapprochée du début apoplectique, et, dans quelques-
uns de ces cas, l'autopsie a permis de s'assurer que la subs-
taDce grise antérieure à laquelle il convient en pareille cir-
constance, suivant la théorie que j'ai exposée, de rapporter
les altérations trophiques des muscles participait à l'altération
seléreuse.
Le fait a été, entre autres, très nettement constaté dans un
cas dont j'ai rapporté autrefois l'histoire à la Société de biolo-
gie : il s'agit d'une femme âgée de 70 ans, qui fut frappée tout
i coup d'hémiplégie gauche, occasionnée, ainsi que le montra
l'autopsie, par la formation d'un foyer hémorragique siégeant
dans le centre ovale de l'hémisphère droit. La contracture
mrvint très rapidement dans les membres paralysés et, deux
i&ois i peine après l'attaque, les muscles, tant du membre
inférieur que du supérieur, commencèrent à s'atrophier en
niême temps qu'ils présentaient une diminution nT)table de la
contractilité électrique. L'atrophie musculaire progressa rapi-
dement et, simultanément, la peau de toutes les parties des
membres paralysés, soumises aux plus légères pressions, se
couvrit de bulles et môme d'escarres.
L'examen de la moelle épinière fit reconnaître la sclérose
descendante occupant le côté gauche et présentant les carac-
tères habituels ; mais, en outre, sur plusieurs points des ren-
flements cervical et lombaire, la corne grise antérieure du
270 PACBVUâXISaiTE CEUVICU.E uv^ehthofoiocg
même côté offrait leg marques d'un travail inSamautfoini
sur ces points un g:rand nombre des grandes cg11uI«i(|
Tcuses motrices avaient subi une atrophie très pro
eue'.
M. le Dr Hallopeau a recueilli à la Salpêtrière, dans lèse
de M. Vulpian, un certain nombre d'observations qili evtâ
dent de tous puintsavec la priScédente.
J'estime encore que certaines atrophies musculaires pld
moins rapides, qui se produisent dansles membres pan
en conséquence de la myélite transverse dorsale, reconi
sent le même mécanisme bien que la réalité de la lésion I
substance grise, en pareil cas, n'ait pas été, que je s
jusqu'ici vériSéc de visu. Je vous ai cité, à l'occasiûil
plaies de la moelle épinière, une observation qni e
devoir se prêtera cette interprétation.
Toujours est-il, Messieurs, que, dans les scléroses s
consécutives, le retentissement sur la substance grise a
fait exceptionnel tandis que, dans la sclérose symétriqtWiJ
est un fait pour ainsi dire habituel et c'est 1à une diffôr
dont on ne saurait, je crois, dans l'état actuel des c
fournir une explication plausible'.
II.
Mais je suis entré, je pense, dans des eonsidérationsJ
Usantes sur le compte de la sclérase latérale amyotropH
et il est temps, par conséquent, de commencer l'cxpusitta
quelques autresformesd'«^i/roy>Ate musculaire si>inaitd
1. Lttona tar te» maladki du tyslime ntrmux, t, I, p. 61, 3*
ï. J'iii eu soin de fHÎra remarquer nilleun qoe la sclérose s;
térale de la moelle poiil exister «ans participation des comas g)
quemtiieDt snDH aec'>tii)>»g'neijient d'atrophie moscalHire. Ceil c* i
moigiRint, eutre autres, pInHJdurs obrervations de M. Wost|ih»t ■
ilw CB' lie [ûtalysiB jfénOrale |.ni[,ie»'ivB.(J--M. C.) "^■™
AXATOMIE PATUOLOUKjUE 271
ropathique. L'une de celles dont la connaissance peut ôtre^
sans conteste^ le plus utile dans la pratique^ est celle qui se
manifeste à titre de complication de la pachyméningite cer-
vicale hypertrophiquey état morbide qui; depuis plusieurs
annéeS; a fixé mon attention < et, tout récemment^ a été Tob-
jet, de la part d'un de mes élèves, M. Joffroy, d'une bonne
monographie ^.
C'est là, Messieurs, cliniquement, un type assez bien accen-
tué; la symptomatologie en est assez précise d'ordinaire,
pour que le diagnostic puisse se faire sans grande difficulté.
J'ajouterai, pour exciter davantage votre intérêt, qu'il ne
s'agit pas d'une affection nécessairement incurable et Ton peut
voir actuellement dans mon service une femme qui, après
avoir offert, pendant ô ou 6 ans, tous les symptômes qui
caractérisent la pachyméningite cervicale et être demeurée,
par ce fait, pendant une longue période, confinée au lit dans
une impuissance absolue, est capable aujourd'hui de marcher
et de se servir de ses membres supérieurs pour exécuter
quelques ouvrages. Laguérison est donc possible : à la vérité,
c'est presque constanmient au prix de quelques infirmités,
conséquences des difformités qu'entraîne a peu près fatale-
ment la maladie.
A. Je vais vous donner tout d'abord quelques détails rela-
tivement aux lésions.
a) La pachyméningite cervicale hypertrophique, ainsi que
son nom l'indique, consiste en une altération des méninges,
affectant plus spécialement la dure-mère. Quant au siège de
la lésion, il est variable; mais c'est le renllement cervical de
la moelle qui paraît être, en quelque sorte, le lieu d'élection.
1. Soc, de Biologie, 1S71, p. 35.
i. Joffroy. — De la pœhyméningite cervicale hypertrophique {d'origine
tjHmtanée). Paris, 1873.
i^2 ANATOMIE FATUOLOaiQLÎE
L'altération de la dure-mère est le fait primitif, et c'fiil
pachyméningite cervicale qui, seule, nous occupe ici; m:
plus fard, la moelle elle-même d'un côté, et d'autre port
nerfs périphériques, qui émanent du renflement cervico-bi
chial, sont pris A leur tour.
Il est probable que ce n'est point là une maladie rare. Se
toute vraisemblance, les faits publiés autrefois parLaesi
Andral, Hutin, sous le nom d'fiypertru/jhie de la m»
épinière, appartiennent à la pacfayméningite cervicale- Ce
Ki;/. 25. — Cuup^ Iraniiveriale pi'atiijuif! h ta partie
TMiU eervical de ta t\uieHt ipïniirt, du A. Ca«taU (l'adiriuàniii^ta eMTn
]iypertrapliit|iiQ, tlièae iki M. Joffnj.v, lor. ti(.)-
A. Dure-uiÊre bj-|iurir.i|.liii!o. — B, BaciDes nerroiiM» tntrarMDt toi'
ningc» épUHÏes. — C, l'io-Miùra i^oiilbiiilue avec lu dure-mèra. — lt,\Jà
de Ib aiyélita clirouiiina. — E, Ci>U[>o >\e* deux caniLUX da formation DOO
creuBÛtf dkus la substnnco gn»e.
que, en effet, quand on ouvre, dans un cas de ce genrei
canal racbidien, on est frappi' de voir la moelle, au
renflement brachial, se présenter sous l'aspect d'une tia
allongée, fusiforme, occupant une hauteur de ti à 7 ceol
très ef assez volumineuse pour remplir par conséqoA
d'une façon complète le canal osseux.
Mais, on réalité, ce n'est pas une véritable hypertropb]
la moelle qu'on a sous les yeux; car, sur les coupes
sales, convenablement pratiquées {Fig. 2b), on
ANATOHIE PATHOLOGIQUE 273
aisément que la moelle, loin d'être hypertrophiée, est, au
contraire, aplatie d'avant en arrière, et que les méninges,
épaissies, sont seules la cause de l'augmentation du volume
apparent du cordon nerveux.
La pie-mcreest affectée, elle aussi, mais à un bien moindre
degré que la dure-mère. Celle-ci, examinée de plus près, se
montre composée de nombreuses couches concentriques (elle
peut atteindre six à sept millimètres); elle est altérée dans
toute son épaisseur, ainsi que le prouvent les adhérences qui
l'unissent habituellement, en dehors, au ligament vertébral^
en dedans, à la pie-mère.
Quelquefois la pachyméniîiye hypertrophiée semble com-
posée de deux couches : l'une externe, l'autre interne. Cette
dernière, qui paraît de formation nouvelle, est constituée par
un tissu fibroïde dense; elle est donc tout à fait distincte de
ces néo-membranes molles et très vasculaires qui, dans la
dure-mère spinale, de même que dans la dure-mère cérébrale
(moins souvent toutefois, dans celle-là que dans celle-ci), ont
la propriété de donner naissance à des hématomes.
6) La moelle éj)inih*e participe à l'altération, et l'on y
trouve tous les caractères d'une myélite transverse, irrégu-
lièrement disséminée et pouvant attaquer indifféremment la
substance grise centrale ou les faisceaux blancs.
c) Les nvrfs j)f'rfphériques sont atteints en conséquence
de la lésion spinale, en tant qu'elle porte sur les trajets radi-
cuiaires et sur les cornes antérieures, et aussi dans leur pas-
sage à travers les méninges épaissies et enflammées. L'alté-
ration nerveuse périphérique affecte, en général, aussi bien
les racines antérieures que les racines postérieures, circons-
tances dont il y aura lieu de tenir compte pour l'interprétation
les symptômes*.
1. La participAtion dos racines postérieures parait être une condition néccs-
aire à Texistonce des sym^tômos dQ \& période douloureuue. Cela est bien mis
CiCABcoT. ŒuTTM complvtc», t. IL 18
274 SYMPTÔMES : FÉltlODK DOUIXIlJKItUSB
B. Ll's liévcloppements qui précèdent montrent que la
sion n'est nullement systématique, et iaît preascDIir
variations dans les phénomènes cliniques. Cependant, je
répète, l'ensemble symptoraatique est, en général, assez Ëwi
à caractériser.
a) Il n'est pas douteux que les méninges ne soient
tout dab<jrd, et peu après les racines ner\'euses. Les
mènes en rapport avec cette double lésion composent
première période ou iii'riode douloureuse, qui dure deuïi
trois mois, et dont l'importance ne saurait èlre trop m
en relief.
Il s'agit, en premier lieu, de douleurs extrêmement vii
qui occupent la parlie postérieure du cou, s'étendent jusq
sur le sommet de la tête et se répandent aussi dans les n»
bres supérieurs. Ces douleurs sont accompagnées d'un«n
de rlijlditi-, surtout marquée au cou qui est immobilisé,
manière à rappeler ce qu'on voit dann le mal de Pott
occipital*. Elles sont à peu près permanentes, mais s'c;
rent de temps ;i autre, sous forme d'attaque.
Elles retentissent souvent dans les jointures qui, d'
tude, ne sont néanmoins le siège d'aucun g-onflemenl.
note encore, concurremment avec ces douleurs qui,
moments, peuvent se montrer très vives, atroces mèmt
fourmillements et des engourdissements dans lea memi
supérieurs, en même temps qu'il s'y produit un certain t
de parésie. Enfin, on voit quelquefois survenir du eût*
peau des érujiUons buUeuses et iitmiihii}o'ides.
«n éridonce dan» iina otiservation iirésentéa récemment ii U SocUtA
iuic|ue par M. Rendu. Daas ce cas, (|ui est un «xemple
hypertropbique dor*o- lombaire, les racine « puHtérieurua, en ruimida !■
tntiondes lésions méDingées ftai parties Antérieures de lu tlnr«-iDir«,
épnrfcnâeN et, en cdnséquonce, les symptômes donluuruuz out fùtÛËi
ttlin dt la Sontté aHatoiaUiue, 1874, p. 59»).
1. Tlièsedu Micliauit; Paris, 18TI.
BTXPlOMBii : l'AKALYSlD RT ATIIOPIIIB 215
fe) Les svmpU'imes qui pri?C(;dent paraissent, voua l'avez
compris, relever surtout de l'irritation dos nerfs pt-riphé-
rigaes.
De nouveaux phénomènes, qui constituent la seconde pé-
riode de la maladie, ne tardent pas i se montrer ; ils semblent
dépendre surtout de l'extension de la lésion méning'-e à la
JDoeUo épinière et aussi d'une altération profonde subie
par les nerfs périphériques.
Les membres cessent d'être douloureux, mais, en revan-
che, ils Mc paralysent et les muscles s'atrophient. Cette atro-
phie porte i peu près également sur toute l'étendue du
membre, mode qui rappelle celui que nous avons décrit lors-
que nous vous avons entretenus de l'amyotrophie par sclérose
latérale. Cependant, pour ne parler que de ee qui concerne
Vavant-bras et la main, il est digne de remarque que, dans la
pocfayméningitc, les muscles compris dans la sphère d'inner-
\'ation du nerf cubital et du nerf médian sont surtout atrophiés,
tandis que ceux qui dépendent du nerf radial sont relative-
ment respectés. Il résulte de cette prédominance de l'altéra-
fion dans quelques groupes de muscles, une sorte do griffe 011
l'extension de la main prédomine. Cette griffe n'est pas l'apa-
lage exclusif de la pachyméningite cervicale dans laquelle,
du rente, elle ne se rencontre pas d'une manière constante;
Biais, comme elle ne s'observe pas dans les autres forme»
d'atrophie musculaire spinale, elle n'en fournît pas moins un
élément intéressant pour le diagnostic et vous savez qu'il ce
point do vue rien n'est à négliger (Pi'i. 26).
Quelle est la raison de cette indemnité relative des dépen-
dancesdu nerf radial? Je ne sais. S'il était établi que les filets
d'urigine des nerfs cubital et médian émergent de la moelle
plOK bus que ceux du nerf nidial, on comprendrait ainsi que
dernières puissent, dans la pach.vméningite cervicale,
r en dehors du fover morbide.
376 OBtPPS, AKBfiTQËSlR, C&NTKACTCaE8
A CC9 symptômes viennent se joindre des contractures^
s'emparent des membres paralysijs et atrophiés et souvent il
se produit sur ces membres des plaques A'anesthésîts (|ui peu-
VMit s "étendre jusqu'U la partie supérieure dn tronc.
Ce n'est pas tout encore ; les membi'M infi'rietirs sl' para-
lysent à leur tour et plus tard se contracturent tout comme
dans la scltTose latérale primitive; toutefois, en oppiisilidn à
ce qui se produit dans cette dernière afl'i.'ction, la contracture
des membres inférieurs, dans la pachnnéningite, ne paraîiiC
compliquer d'aucune atropfiie musculaire.
Il ne me semble pas difficile de fournir la raison aDatomi<iue
et physiologique de cette paralysie et de comprendre, à «
double point de vue, l'absence d'atrophie musculaire et ri'xî*-
tenee, pour ainsi dire obligatoire, de la cont raclure, dans l»
membres paralyses. La paralysie motrice est ici détermiiu-e
par la formation du foyer de myélite tnmsverse qai se produif
consécutivement à la méningite. La rigidité S]
rse ijQi se produifj
spasmodiqoe^H
CONTRACTURES DES MEMBRES INFÉRIEURS 277
muscles relève de la sclérose descendante qui, consécutive-
ment à la myélite transverse, s'empare tôt ou tard des fais-
ceaux blancs latéraux, et, comme dans les cas de sclérose des-
cendante consécutive, les cornes grises antérieures restant,
dans la règle, absolument indemnes, on comprend par là
pourquoi la nutrition des muscles n'est pas directement in-
téressée.
Cette absence constante d'amyotrophie est un trait qui dis-
tinguera déjà la paraplégie qui accompagne la sclérose laté-
rale amyotrophique, de celle qui se lie à la pachyméningite
cer\'icale. J'ajouterai que, dans celle-ci, il peut se produire de
Tanesthésie, des escarres à développement rapide, des trou-
bles de la vessie et du rectum enfin, phénomènes qui font
défaut dans la sclérose latérale amyotrophique.
Bien d'autres caractères distinctifs, en connexion avec des
différences anatomo-pathologiques, permettraient] encore,
malgré les points de ressemblance qui les rapprochent, de s(i-
parer cliniquement, l'une de l'autre, les deux affections dont
il s'agit. C'est ainsi que l'ensemble des symptômes qui consti-
tuent ce que j'appelle la période douloureuse, les anesthésies
partielles disséminées, les éruptions huileuses, appartiennent
en propre à la pachyméningite; tandis que, par contre, la
participation du bulbe, fort rare dans cette dernière, paraît
au contraire — nous l'avons dit — être un des éléments né-
cessaires de la sclérose latérale amyotrophique.
III.
C'en est assez sur la pachyméningite hypertrophique; ac-
tuellement, je me propose de vous dire un mot concernant
les amyotrophies qui surviennent quelquefois dans le cours
de VatCLxie locomotrice et de la sclérose en plaques.
278
: LOCOMOTUICE ET
, plas (
A. On sait que l'amyotrophie progressîv
gL'néraltsée, n'est pas un accompagnement rare de la uivélite
st-léreiise postérieure. Pour s'en convaincre, il suffirait lie se
reporter aux observations nombreuses où cette coïncidence »'
trouve signalée et en particulier à celles publiées par JtM. IIo-
ménir, Virchow*, Marrotte^ Friedreich', Leydeit', Fun-
cart*, Laborde"", Pierret", et quelques autres. Il résulte di-
CCS observations que, clïnîquement, cette atrophie musculaire
des ataxiques se distingue par quelques caractères spéciaui.
Ainsi, elle ne prcsentepasle mode régulier d'envahissement,
non plus quels marche pour ai usi dire fatalement progre«ive
propre à l'amyotrophie progressive. Parfois dissémînÔes «uf
les parties du corps les plus diverses, les lésions musculflin*
restent d'autres fois limitées i des régions très circonscriw:
au pied, par exemple (Frïedreich), à la jambe (Leyden),w
dos (Leyden, Friodreicb), à la nuque (Leyden), où elles pW-
vent n'occuper qu'un seul muscle ou même une partie (i'""
muscle. Si lC9 éminences thénar et hypothénar sont qiifl'iin-"
fois affectées (Foucart), elles restent, dans un grand uomlif*
de cas, parfaitement normales. Souvent les muscles des mem-
bres inférieurs, frappés d'incoordination motrice, sont seul*
envahis (Laborde, Duménilj. Dans le cas recueilli dans mon
service et publié par M. Pierrot, l'atrophie portait ilo fnis
sur toute l'étendue du membre supérieur et du membre infï'-
rieurd'un même côté {Fig. 27).
Ce mode de répartition des lésions musculaire^! rrtt dirji
1. Duméiiil (de Bouen). — Tni'on médicale, IWS, u* II.
3. Vinhow-t Arclùc. IW. VIII, Hefi, 4, 1856.
a. Uarrotta. — l'nitm mldicalr, U juin lS5â.
4. Friedreich, — Uebiir degener. Atrophie der Spinaltn. 1
Vinhow'i Arthit. Bd. XXVI el XXVII, 1863.
5. Leydon. — Die ^raue Vtgener., etc. Berlin, 1863.
B. FoucMrl. — Frawx méilieàle, etc. Novciubre 1B&7,
7. L«borJe. — Soc. de lUologie, 1859.
8. Piorrot, — Ai-chivei de phynvtoyie, t. 111, IBT'), |j. MO.
ATAXin LOCOHOTBICB ET AUVOTBOPHIE 279
très particulier. Il faut ajouter que les symptômes de la
sclérose postérieure tels que ; douleurs fulgurantes, troubles
oculaires, incoordination motrice, etc., seraient toujours là
présents, pour éclairer le diagnostic.
.T'ai déjà signalé plusieurs fois le mécanisme suivant lequel,
dans mon opinion, s'elTectue, dans ces cas, l'envahissement
f'ij. 87. — Cou/>« l'ï la motilt i-p\v\\rt à la région lombairt ilani un ctu
•Vataxit locomotrice compliquée d'olrophit muKutaire. — A, sclérose de la
ndicuUire postérieiire. — C, conie ftntérioure gauche Baine. — D, como
xatérieura druita atrophiée.
de» cornes ant(''rîeures. L'irritation se propage par la voie des
faisceaux radiculaires internes, dont le trajet peut être ana-
tomiquement suivi jusqu'à la substance grise antérieure'.
Tout récemment M. Hayom est venu donner, ;\ cette inter-
prétation, une confirmation expérimentale. L'arrachement
1. CharcAt. — Lerfita lur la maladie» tlu ayifinii
. 11, |>. m.
S60 SCLÉROSE SN PLAQUES ET AUVOTitOPHIR
des neris sciatigues, chez les lapins, a puur conséquence une
déchirure qui se fait dans le trajet iotra-spinal des racina
postérieures. 11 en rcsiilte ane inflammation qui se propa^'e
le long de ces racines jusqu'aux cornes grises anlériâUftS
oii les groupes de cellules nerveuses subissent coosécuUil
ment des altérations profondes'.
Dans tous les cas connus, les symptômes qui se rattacb
i la sclérose postérieure précèdent le développement
l'amyotrophie. Je ne crois pas qu'il ait élé publié un 1
exemple dans lequel l'amyotrophie se serait, au contnd
développée avant les symptômes tabétiques.
B. Je ne ferai que mentionner l'atrophie musculaire qi
surajoute quelquefois aux symptômes ordinaires de Ul
rose en plaques. Elle survient, d'après mes observations, <
les cas où les plaques scléreuses qui, dans la règle, pi
nent sur les faisceaux antéro- latéraux, envahissent les COi
grises et y produisent des altérations profondes.
IV.
Je ne puis me dispenser d'arrêter un instant votre att£nl
sur une autre forme de myopathie, que M. tiuchenofl
Boulogne) a le premier décrite, il y a longtemps de cela, «
le nom de paralysie générale spinaie et que, pour n
compte, je ne connais encore que clinîquement*.
Cette affection, jusqu'à ce jour, n'a pas la place qui lui
vient de droit dans la clinique usuelle. Pourquoi? Je 06 i
rais le dire, car les faits de ce groupe ne sont pas très rai
C'est une lacune regrettable. Combien de fois, en effet, 0
forme d'amyotrophie, presque toujours confondue avec
1. Hmjeni. — Du aUiraliinit de la moelle, romirvlivet à TarmcAcMI
iitr/ KiaHgœ ehei le lapin. (Arckii'. de phifilologiit l<p- 504-511, IBTl)
S. De l-ikctriialion localùie, 3* édition, lS7i, j.. t!A.
PARALYSIE GÉNÉRALE SPINALE SUBAIGUE 28t
trophie musculaire progressive, n'a-t-elle pas été roccasion
d'erreurs dans le diagnostic et aussi, ce qui est plus grave,
dans le pronostic ! Consulté sur un cas de ce genre, et croyant
qu'il s'agît là de Tamyotrophie progressive vulgaire, vous
portez le verdict d'incurabilité et quelques mois plus tard,
le malade peut vous revenir complètement guéri. Est-il rien
de plus propre à discréditer le médecin?
Permettez-moi, en conséquence, de vous exposer, aussi
£saccinctement que possible, les principaux caractères de la
jgoaralysie générale spinale snbaùfuë.
C'est une maladie de l'adulte, car elle se montre surtout
"V'ers 35 à 40 ans. L'hérédité ne paraît jouer aucun rôle dans
^Ui production, mais quelquefois, de même que dans tant d'au-
^Jes affections spinales, on a consigné l'influence du froid, du
séjour dans un lieu humide. La paralysie générale spinale
^st envahissante, sans être pourtant fatalement progressive,
^t la guérîson, une guérison entière, ainsi que je le faisais
Pï^ssentir tout à l'heure, peut être espérée. A part leur mode
^'invasion et de progression, les accidents, qui constituent
*^ lïialadie, reproduisent, avec assez de fidélité, vous allez le
^^oonnaître, le type de la paralysie infantile.
Xja, paralysie débute soit par les membres inférieurs, soit
P^i* les supérieurs, d'où il s'ensuit une marche tantôt ascen-
^ïite, tantôt descendante. L'inertie motrice s'accompagne
^^ Une flaccidité très prononcée des parties. Si l'on excepte
Quelques fourmillements passagers elle ne se complique
^ ^Ucun trouble de la sensibilité. Les fonctions de la vessie et
^U rectum sont respectées, quelle que soit l'étendue de la
l^^t^alysie et il ne se produit jamais d'escarres.
L'atrophie, qui ne tarde pas à apparaître dans les membres
^ï^lysés, rappelle ce qu'on voit dans la paralysie infantile.
'**'^n qu'elle prédomine sur certains muscles ou groupes do
^^scles, elle s'attaque cependant à toute l'étendue ou à toute
PAUALYSIE oAnékale BP1S'.U.E SUBliaUK
une partie des membres. En même temps, la peau, sur les
TL-sions paralysées et atrophiées, ile\"ient froide, cyanosée el
comme momifiée.
Enfin, — et c'est là un trait distinctif qu'il importe d'op- j
ptjser aux symptômes classiques de l'atrophie musculaire I
pn>gressive, — les muscles, ceux même qui n'ont pas subi I
une réduction de volume extrême, présentent une dimiou- '
ticin notable, sinon une disparition totale de la contractilii^
fiiradique.
Ces muscles, si
peuvent parfois ce^
récupérer toutes U
plusieurs des musci
tent pas atrophiés
Il ne faut pas oi
n'est pas absolue.
t atteints dans leur nutritioiV
l'expérience le démontre — -^
s. If est rare, néanmoinj*, qii^
gravement compromis ne res-'
que la bénignité dans le pronostic '
as certains cas, en effet, la maladie dans
sa marche ascendante, peut envahir le bulbe et y déterminer
des désordres analogues à ceux que nous avons mentionnés
d;ms la sclérose latérale symétrique et que nous retrouverons
dans la paralysie labio-glosso-laryngée propremejit dite. En
pareille circonstance, les choses changent de face et l'on peut
v<iir, à bref délai, la maladie se terminer par la mort.
Une autre particularité doit vous être connue : dans son
évohiliuii k'nte, qui s'étend parfois sur plusieurs années, la
paralysie générale spinale subaigui' est sujette à des amen-
dements illusoires et à des rechutes. Cette irrégularité dans
la marclie de la maladie mérite de fixer l'attention du méde-
cin et l'ublige a une grande réserve dans ses appréciations.
Je signalerai enlin, comme un rapprochement curieux,
(|u'il n'est pas rare d'observer, dans la paralysie générale
spinale, des troubles gastriques, survenant par crises, ana-
logues à ceux qui ont été décrits, sous le nom de crises gastri-
ques, à propos de l'ataxio loconiotricx'.
PARALYSIE PSEUDO-HYPERTROPHIQUK 283
La clinique, d'après ce qui précède, désigne pour ce type
une place dans la série des amyotrophies spinales, place in-
termédiaire entre les formes aiguës et les formes chroniques,
mais Tanatomie pathologique n'a pas encore prononcé. Il est
on ne peut plus vraisemblable qu'elle ne contredira en rien
ce classement. Il convient, toutefois, avant de conclure d'une
façon définitive, d'attendre ses décrets.
V.
Je ne m'arrêterai pas. Messieurs, après ce qui précède^ à
énumérer toutes les autres formes possibles de l'amyotrophie
spinale deutéropathique, cela m'entraînerait beaucoup trop
loin. Les principes que je me suis efforcé de mettre en relief
suffiraient, d'ailleurs, je le pense, à vous guider dans l'inter-
prétation de la plupart des cas de ce genre. Mais je ne puis
me dispenser de vous entretenir, au moins sommairement,
de certaines amyotrophies qui ne relèvent pas d'une lésion
spinale et qui sont susceptibles cependant, comme celles qui
nous ont occupé dans nos dernières leçons, de se généraliser
et d'affecter une marche progressive. Parmi les amyotrophies
de ce groupe je citerai seulement, à titre d'exemple, la ma-
ladie dite jtaralysle psemlO'hypertro}thique et les amnotro-
phies saturnines. Je ne veux pas, tant s'en faut, entrer bien
avant dans ce sujet; je me propose uniquement de montrer
qu'en matière d'amyotrophie progressive, il faut se garder
de céder à l'envie de tout expliquer physiologiquement par
la lésion des cornes grises spinales antérieures. Cotte lésion
a son domaine pathogénique fort vaste déjà, il ne faut pas
rétendre à l'excès si Ton ne veut pas courir le risque de tout
compromettre.
La paralysie pseudo-hypertrophique^ dite encore myo-
scIérosiquCf se rencontre surtout, vous ne l'ignorez pas, chez
t.
284 rARALVaiH rSBUDO-UrPKIlTROPIimrE
les jeunes enfants; quelques observations tendent à ùUblj
toutefois, qu'elle peut se montrer aussi chez l'ailult«.
Quoi qu'il en soit, il y a lieu, au point de vue clinii|ue, il
distinguer deux périodes reconnues du reste par ton» les a
leurs. La première ne dure (?uère plus de quelques mois,!
an au plus; elle est caractérisiie par une sorte de partie di
membres inférieurs surtout, due a la modifleation do eertai
muscles, ceux-ci ne présentant pas encore d'hypertroph
apparente' ou se montrant même, parfois, manifetttïine
atrophiés*. Dans la seconde période, beaucoup plus lon^
la parésîe tend à se généraliser et de plus les muscles affecta
ceux des mollets principalement, augmentent de voInnU
s'accusent par un relief souvent éDorme.
Des suppositions de tout genre ont été faites relativeiu
à la pathogénîe de l'aiTt^ction dont il s'agit. Dans <X»i>
niers temps beaucoup d'auteurs se sont montrés enclins i
chercher le point de départ dans le système nerveai*
plus particulièrement dans la moelle épinière. Kn i
c'est là une hypothèse qui, je le pense du moins, ne I
sur aucun fondement solide. Déjà, dans un cas prf
à la SociéM de médecine de Berlin, par MM. Kulenba
et Cobnheim', les résultats de l'autopsie des centres nerv
avaient été négatifs. A la vérité, dans ce cas, la moello i
niére ayant été examini''e à l'état frais, ou après un ilor
sèment imparfait, des lésions très délicates, telles que S
l'atrophie des cellules motrices et la sclérose des coriM
térieures de la substance grise, — auraient pu, à la rigi
I. Duclienne (ilo Boulogne). •— Eltutritat. locnlitf«. S' t^lit., p. Vtti
3. Pejiper. — Cliiiieal Uetaru on a eate «f proifrtêiicr mtucnXar tdi
fhiladelphia, 1B71, pi>. 14 et 10.
3. Cette opinion se trouve funnuléB dnni uiiu édition àiyn MCign
Priticiplr» of liuman Fhyiiologs do W. Cnrpentar. Editioa da F.-O. i
Pliiladelphia, ISôfi, p. SAi. Nolu.
4. y«rliandlu":jcii der Btrllaer ittedScinîtctieit OaelttchajU. B«rUB
U. 2, p. 191.
lE PSSDDO-HYPgRTIlOPIlIQUE 2j*5
leranx investigations!. 5[aiR le fait (]ue j'ai publié, il
lolques années dans les Archives <le /i/insiofoffle, n'est
l, tAarr->l. — Xole mr l'état anatotnique dtt nimcla'el dt ta moelle f.pi-
îtr> Jiiiii '<i <:ai de pnralguie pneitdo-lit/iiertropliijjiie. la Archiv. dt phi/tio
: i., 228.
I irit il n'iLEil est roUtïTeà iin jeaDe sujet atteint Ao paredgtli
ii'iifii* iim » nuccoinbé k l'IiripiEal S«iut>vEu(réiiie, Usua le
>;:oniu, A 1a suite d'iuic nmkilie îiiteiriirrAute. L'iiiituira dit
<l bioii catiiiue : bIIo a ëtu tracée pur M. le O" Bei^eron,
iiiiMitiim faite k la ïloi'iété inédiralB ilos liû|>itanx, en 1961.
• •■'•rtnde la SiKÎttf miilUale det kôpilaiix de Farit, I. IV,
I -'i7, p. Ibl). M. DiTi-'heiine [de Boiilii^no) l'a mproiliiïte dai»
. I» paraJyitio uinsGukira pHauâo-bvpertri>|ihiqua {ArtAive*
./■■•iiu, D" de janvier 1S6S et siiivunts. p. 10. cli. XU). Una
1 1 Kiu en (lied, annexée à Iti l'onimunivatiun de M. Bergemn,
. ' \ûgitA (]iia |iréaeiilaient la plupart des niiissea musculaires
I <iiiastioii,et fait particuliérËmaiit comprendre l'altitude e*rac-
..i!"c[aît datu la italion verticale. (Voir auai Ici tig. 3, 4 etO
M. nachenne.J Je no puii que rtnToyer, punr ce qui con-
<'iiii[na, »UK travaux que je vieiia de citer. Relntîveuimt k
II' épiaiiire, uub observations ont pdrlé sur des onuiies trnns-
- par le carmin et préparéeM avec une (■rande habileté par
"tipes, d'ailleur», oot été très multipliées et prises sur les
■'■■••n des régions ccrvii^le et dorsule de la muellv. Je Ai»a
n-i, que les uinicles qui retoîvent leurs nerfs du renâenient
l'iur la plupart, affectée à un liant dep-ré, et que les deU
j '^, DSrsient de la fatou la plus accentuée les caractères de
, Il mtwlilutiun gmisseuse. Si donc, diins ce cas, les lâtions
l'-til ilé liées à des léniona »|iiuaIeH, colles-ci n'eussent pas
iiiutrer iras accentuées dans le renflement cervical de la
<: H été niijoluinent ncjratif; partout, nous avons trouvé les
niiiéni-latéraux nt [«stërienr* dnus un état d'intégrité par-
nu •> grise, dont nous a vont fait l'objet tout spécial de nos in-
iirÙMUtail aneune trace d'filtération. Les comua antérieures
lliiéos, ni déforuiéos. tdi névroglie y avait sa transparence
.' '0 («lluks motrice*, on noml>ru normal, n'otfraieot, dans les
|iii los constituent, «ucuiie déviation du typu physiola^que.
!'■> Hcineii spinale*, tant antérioures que pustérioures, ont
. I>iirfaitemcut saines,
' L'innn i[iie les altémtiunii muicutairo» dans ce ou ne rela-
r.illéretion des cellules nerveuse» dc.i cornus antérieures ou
Mises, il iuiportait de recliercher si elles ne devali<nt pas
I <iueli|uu légion du grand syuipathiquo ou des nerb périplié-
i[>i>nt au premier point, je ne puis donner nucua ronseigne-
-> iiipBtliique ne figurant )«■ parmi les pièces que j'ai eues à
i ' .'Ut ce qui cuncerne le sefoud point, je dois déclarer, après
.ivi'u soin divers fmçmenls provenant dus nerfs acialiques,
.i.iti):, que ces nerfs m'ont paru pflnr, dan» toutes leun psr-
■I ^>N de l'état normal. Nous avons même ri>nciiiitni, dans l'ê-
r.-.'.in alfectén, plusieurs fllels nerveux qui nous ont souiblô
\-'- d'altù ration.
28t; PARALVeiB I-6KUDO-BTFSBTBOPIUqtrR
pas passible dos mêmes dljjections, et il ptaidc absolumeol
dans le même sens que celui de M. Culmlieini.
Tout Târenunent deux observnteim dea |ilug compétenU, MU. Lh CbriiaM
W. Guwpr» oDi prûâentH, k la ëui^iélé royalo niédico-cliirurgicBla dv Lmba.
un fut qni, flous le rapport anatamo-pnthulogîque, pnmit Être en contrafit
tion formelle avec celai i|Di précède. (On a «tue vf pitafle-hypr ri rvphw •u»
cu-lar patali/tie. Iq UediohchiraruMal Traïuatliinu, Uime LVJI. biudxii,
ISM). M»i9 je ferai remarquer que, Akus l'observation A^a niii-iU" jvn:!";-,
le» lÂiious spindles, trouvées» l'autopsie, et constitua -un
foytrt d*dimnlègration, o'oct'npaionl que d'uoe fiiçon tuul « i
pour Ainsi dire act^ideotelle, celles det réj^ions de In uuielli
antûrienrce et faisceaux radlculnires antérieurs) qui lonlsii uni
(lirecta sur la nutrition dw mnscles, de telle sorte qua Im Imiuu- spmu".
dan« ce M», me ]iaraiH»eut «voir 6ié, en quelque sorte fortuila : il oa m»|ir i
ratl pas, tout au moins, qu'elles aient pu être le point d» dqiut dei alUf» I
lions prononcées du tystèma mtuiculaire. '
Diio observation, publiée il y a trois aus dans les Archir •'-- "--"■-'
^BcilrBge xur iCtnntnî/t dtr Atrophia mateolorHta lipumMoi" 1
p. ISO), pur M. O. Barth, tendrait, elle aussi, n f^re reiii'<
jittudo-hyptrtropkiqiie dans le frroupe des myopathies spiii.:!'
un effet, conduite avec le plus grand soiii, met liors de di>iii>
■usions spiualos très ncuentnées; je no crois pai i-e|ieadnnt ijnr i-i' fui •"
tant s'en faut, la si^iâcation qui lui a été prêtée. Il s'%i!n \^ d'un Iwowe
h\ié de quarante-quatre ans environ, chex loquet, en 186T, troii ana aT»! U
terminaison fatale, Be niMuifeatérenl, dans les membrea iuf''-rl> mt. i<- i*"-
mters lymptStnec de paralysie uiutrico. La paralysie s'agcni'. <
nienteta'étenditanx membres supérieurs. Deux ans apN>8 le <l
était condamné i séjourner au lit, et il était privd do U \\\\\y.'
veoients. En même temps que progressait la paralysie des ij<
douleurs plus ou moins vives, et des fourmillements luconmi'
les membres; de plu», leii mnsclen paralysés offraîeiil unf nu-
et devenaient, sur certains points, le siège de coatractiiHi~ i
accusées. Eu darniar lieu, les mouvements de la paroli- <i!X : <.
trlntition devinrent difficiles.
Pendant le cours des derniers mois, plueieurs dp?i muscles nlropluv, <•
particulier les adducteurs du jwuce et les luusi^IeH Aob molloii. sabinst*
accroissement de voliimo remarquable, bleu que l'ini puissance motiit» 1^
A l'autopsie, les muscles dus membres ]irésentârcnl jitiiir la pluptft, i 1*
degrés divers, les caractères de la snbgiîtntion graisseuse.
Les /oùircaiu laïuealaîra olTtoient : les uns, les altérations
wmple, les autres en moin« grand nombre, celles de la dégénération
graisaeiuiu. 11 re«t.iit, d'ailleurs, en plusieurs jioint), <Ians )'*
faisceaux, nn certain degré d'ljjp<>rplasie c<
épinière fournit des résultats intéressants
sclérosés, symétriquement, dans toute leur étendue eu hantoor,
trémité supérieure du renflement cervical, jusqu'il l'extréiiiité infi
la ré(pon lombaire.
Les cornes auténeures de la substance grise étaieql
phiées; en outre, un l>ou nombre de grandes cellules iicrvensos moliM^p'
sentaient une atrophie plus ou moins accu.iéu vt uièœD beaucoup d'i ' '"^
avaient disparu.
>'aprâ ces obscrvalions, la paralysie psemiu-liyperîr
phique doit être consiilérc^e comme indépendante de toiiti'
léeiun appréciable de la moelle épinière ; j'ajouterai que, dans
On cnoïtnlA entîn qu'iiuo (^muiIb quaiillti^ île lisaii ailîpaiix a'étAÎt necii-
mnl^ luus lu p«nu Ae» inciiilii'ea et k la «urFace da In |tlu[iHrt des viai^irot^,
11 nie juinït loal k fuït illt-iritime de Tnyfu'Ttur l'obier vnliuu dont je vieiii'
ié Mlipeler très Itriêvenieiil. les pKncipitnx traîUftulype rUmiqueilela pars-
Ijrsie ptaudo-hypoctrophiiitu'.
L'iiee reUlivemcsut Avancé du aujel, l'i-xUteni^a de donluur» vives et de
fbarmilleinsnts dune les membres, les contr«ctioiiii Slirillaii'es, l'enibiirrai de
la parole et de la déelotitiou survenus a une certaine époque de 1» nutadie.
toutes ce* circoiistauees protesteraient, su bexoin, contre une semblable aiw-
milatiou. Ellos se rutlacheiit, au contrfiire, très naturellement nu Ij'pu mor-
bide, sur le>iuel j'ai appelé l'Mttentiun dans les deux dernières 1e<;ous (p. Sl.'l
i SISJ et dans lei|ael, — ainsi ^ne cela nvait eu lïen dsnii t'observation dt
U. Barth, — In sclérose symétrique des cordous Utèraux se combine avec
l'alroidiia prop'easïve den ceUnles uerveiiHos des curnes antérieuruH.
gaiiB iluulu, les tiSflona munciilnires di-critaa dans le vus de M. O, Baril),
nppellant, k quelques égards, i:altes qu'on trouve uniforuiéinBut signalées dan»
toua tes cas de paralysie pseudit-hypertmpliique jusqu'ici publiés; mata cette
drconstaiice ue sufGniit pu k elle saule pour juslifier un rnpprorlienient
&Os«i;r«|>liiquE>. Je crois devoir, il ce propos, faire une remarque qui pourrait
paraître banale, si le fait auquel elle s'applique n'avait pas été méconnu : c'est
qu'aucune de* lésions musculnires donc il a'agit n'appartient absolument en
propi« à U parnljrsie peeudo-hypertropliique. et ne saurait, fiar conséquent,
■uffire k U spûviKer. Ainsi l'hypêrtropliie du tissu coi^jouctif interstitiel, nvni-
■bopLîo simple des libres musculaires, peut se retrouver, )iar eieniple, à la
■mte des lésions traiimatiques des nerfa (Hauteinxxa. Oa^t» lonb., p. 181,
1867. — £rii. VcuUrh Arcliiv, t. IV. ISOl^), et dnns quelque» cas de p&ralysiu
lafontile spéciale (Votkinan, Samml. klîn. Vortr/ige. Leipx., 1870. — Cliarcul
•t Joffrof. Arcliiv, tj« phyiolog., t. 111, ISTU, p. 134). Quant k la sulisbtution
((T^awitse avpu ou sans )iccroîs»euiant de volume du muscle, elle peut »o
preduirci à titre d<< cumpliestion éventuelle, enctire dans la paralysie înfau-
lil« (t^borde, llièse niau^., 18G4; — Prévost. Soe.dt biotonie, l»i&, t.XVIl,
f. 21&. — Cbarcot et Julfiny. Loc. âl. — Vulpian. Anh. de phj/tiaL. t. 111,
laiO, p. :illl. — W. Mutler. BtitrSgt xur jiàlhol. Anat. dtr ItUektnmarla.
Lcdpiig, liilil. Obs, ti), dans l'atropbie musculaire )iru|;reMire, dans In para'
■Trie signale de l'adullo (Duclienne, de Boulogne, l«e. eil,), et dans bien
d'autres circnnstnnces qu'il aurait trop long d'énumérer. Il eii k noter qu'en
pKTsii eus, lo substitution prniMOuse des muscles parait se rnttnclicr quelque-
fois à une /ijwniatoM i/i^fralUie qui s'aecuse, en particulier, — le cm de
11. Barth eu uffro un exemple, — par l'accumulation de tissu adipeux sou»
Ik peau et dans les cavitéH viscérales. Tout dernièrement, M, W. Muller
lU>e, eil, ) a insisté avec raison sur ce point. Hais je me sépare complètement
4s t'ant«ur que je viens de citer, lorsque, refusant toute aulononiie à la para-
lysie psendu-hypurtrophique, il avance qne tous les faits qui ont été — artifi-
ciellement, selon lai, — (groupés sous co nom, pourraient être ramenés par la
crttiqne, L l'une quelconque dos formes de l'amyolropliie liée à l'atruphie des
cellules nervDUsen motrices. Rien, k mon sens, n'est moins justifiable qne
cette opinion, et le cas mémo qui fnit l'objet principal de la préiuute note,
sufHrait A lui seul pour en démontrer l'inanité. (J-.M. C.)
^î>(^ ASATOMIB PATUOLOQUllIt
le l'îiit qui m'est personnel, les racines nerveuses, et auKsilcs
nerCs piîripW'riques, se sont montr*^, comme ceile-ci, loul i
faitexemptsd'altération. C'est donc dans le muscle lui-ititoe
qu'il faut chercher le point de départ des lésions ifoù déri-
vent les symptômes observés pendant la vie.
Voici, concernant les altérations musculaires dans la para*
lysie pseudo-hypertniphique, quelques détails empronli'si
mon travail (hc. cit.), et qui ne vous paraîtront jm», sms
doute, dénués d'intérêt.
Ce qui frappe tout d'abord dans ceux des muscleM où l'on
peut étudier très exactement les premières phases da fto-
cessas morbide, c'est que les minces lamelles du tissu con*
jonctif — dépendant du perimysiinn ùiterntin — qui, i
l'état normal, séparent ;\ peine les faisceaux musculaires pri-
mitifs et les laissent presque en contact réciproque, sont in
remplacées par d'épaisses travées dont le petit diamètre égak
sur certains points celui des fabceaux musculaires, et même
le dépasse (Fiy. 2S). Ces travées, ainsi qu'on peui s'en con-
vaincre, surtout par l'examen de coupes longitudinales dis-
sociées, sont constituées par du tissu conjonctif de fonnttlion
récente, où les fibres lamineuses, dirigi^es surtout parallèle-
ment au grand axe des faisceaux musculaires, sont entremê-
lées souvent avec des cellules embryo-plastiques en asset
grand nombre.
L'interposition de cellules adipeuses entre ces ûbrill»
marque une phase nouvelle du processus (F(fl. Ï8, G).
Les cellules sont discrètes d'al>ord, isolées et comme penlW
au milieu des faisceaux de fibrilles; mais leur nombre s'M-
erott sur certains points, dans de telles proportions qu'elle
se substituent aux fibrilles, lesquelles nnisseatpnrdÎNiKLraiU*
complètement. Cette substitution graisseuse, ébaucli*'* d^P
dans quelques endroits sur les muscles non hypertrofiblt
devient presque générale sur ceux où l'augmeDlalK
LÉSIONS DES MUSCLES 289
Inine est très prononcée. Dans ce dernier cas, l'examen
microscopique montre la majeure partie de la i^urface des
coupes occupée par des cellules adipeuses, presque partout
t'tg. S8. — C'oKpt IranivertaU i/'uii
niaK:/« dan$ la parilyne pêcudo-hypertro-
phiqve. liasse iiitermédUiro entra U pre-
mière et lu seconde jiériudQ ila processus.)
— I, 1| Ilots de liuu conjoactif. — M, M,
OoDpw Jm faisceaux miucuUirei'. — 0, G,
CnlluUa nili|ie(uMs.
ruSs, tassées les unes contre les autres et que la presaiott
■que a rendues polyédriques. Çn et lA, au sein du tisau
lUX, on rencontre des îlots composés de plusieurs faisceaux
Ijr, SB, — Ctiu/ie lvii<jit>uliniUt d
nbrfa'U '■> parai gth ptf,ttdo-hijpert.
^(dttuxl^o liMedu 'lu ]>niceaaua moi.
B!»Uu1w adipeuseï partant contigiiSa
■ilft{H«inon ridpcoque ■ renctneii po-
^ue*. — Pftbeaaiix muscul^res iBaléii,
fia» de leur enretojtpe fibrillairs et
fe npport ïumiMiat avec Iob cellules
Si uipaiix. — Lr» faisceaux
nAaie l«s filils prèles,
htinn "11 travur..
^^-
ioIaircspriiiiitirs(dii •ikH, 10, 12 au plus), enveloppés de
I parts par Ihi* fibrilles conjonctives [Fig. 28, I), soit des
I tibrillaircs isolés, sans faisceaux musculaires: soit
Ckuitox. Œaniw comiiltiiM, i,
290 t^lOKB DBS UltSCLBS
enfin — et ce dernier cas est le plus rare, — d«8 laiscet
muscuhiires isulés, dépouillés de leur enveloppe fibriUafr
mis en rapport immédiat avec les cellules du tissu adipf
{Fig. 29).
En somme, la substitution (;:raisseuse représente éridl
ment la phase ultime du processus morbide, et, 3i met
qu'elle progresse, le tissu fibrillaire de formation nouvel
ainsi que les faisceaux musculaires, tendent à disparaître',
Pour ce qui est de ces dernier», raUératioii qui aboutit i
leur complète disparition, s'accuse déjk dès la premier» jj
riode, alors que le tissu conjonctif interstitiel cumm
s'hyperplasier, en dehors de toute trace de substitution fri
seuse. Elle consiste eu une réduction de diamètre plus I
moins prononcée ; beaucoup de faisceaux sont tellement al
phiés qu'il faut user de la plus grande attention pour lead
1. Snivant Diidienne, iluBaulo^e (lac. cit., p. 603} — et FuMertnt'J
ott, Ma7, S, IHGQ, |i. â3<J), l'hyiMrtropliJe Apparente, ciimtHtse tanUB^
ultiiaee lie la maladie, «orRÎt to fait rie l'h}' peuplas le conjomitivfl. « C '
dit-il, qui produit l'augmeiitaticiu de volume des miiscleg ennitoi "
ta quantité de tinu coniief.tif et flliroïde iuteratitïel hyperplanij. >
nion est fondée Bar les résnltaU pluBiean fois obtenus par l'ex*n
cellas muBCuUiras extraites, pendant la rie, k l'aide de l'tBiporu-ftk* M
loffi^t; mais l'on peat se demander al, dniia l^ett•3 opénttÎDn, lea }U~
ti»sn conjonctif ne «uni pas entralnéH de préférence par l'inrtmnentqll
«irait, au contraire, beaucoup pins difRciloment entre ses mun lat afi
de cetiulei adipeuses. Toujours eat-il que, dans \e» l^as où il s'ost wÂ4
ments de muscles atteints d'liyi)ertrDpliie,eitraits sur le vivant parllM
uenx-cï ont présenté constamment, â un haut da^ré, Im caraotinM h!
tciiues de la substitution graiHMUte (Grîe«inger et Billrotli, IleJler «l S
Weriiich. Voyez Seîdel : Die Alropltia niUKitlorum liponiato*a. Uam,
L'impression qui nie reote .après rexamen,plnaîeurB f ois rt^ pété, des plècMqM
étudiées, c'est que l'hyperplasie du tissu coiguuctif et l'atrophie de* Gind
musculaires marchent pour ainsi dire du même pas: celle-ci êo niontnatfl
tant plus ^nârale et d'autant plus prononcée, qne cella-U est «
développée, de telle sorte que la production du tissu conjonctif «anûl w
que sorte proportionnelle à l'étendue des vidas laiiutéB par l'atropU* d
disparition dos fibres musculaires. 11 est possible toutefois que )*'
conjonctive prenne ifuelquefolt lo dessus et produise ainsi nn m
d'bypertropbie apparonta. Mais j'ai peina à comprendre iin'allB (iuÏmi
quar jamnls l'aocroluement de volume, lonvant énonuo. que pré
masses musculaires â une certaine épo<|ue du la maladie, ot j« •
croire i|ua la substitution du tissu ftdi|>eux joua lui le fOlo n
(J.-M. C.)
AMTOTBOPHŒ DORIOIIIS BATURSIKE 291
ler dans l'épaisseur <lu tissu corgonctîf interstitiel, mais
la m^eure partie d'entre eux, ceux-I» mêmes qui ont subi
l'atrophie la plus profonde, conservent, jusqu'aux dernières
limites (le rémaciatîon, lastrîationen travers la mieux accoa-
tuée. Ni la gaine du sarcolemme, ni les noyaux qu'elle ren-
ferme ne présentent d'altération, et, quant à la substance
musculaire, on n'y observe aucune trace de la dégénéres-
cence graniilo-graisseuse.
Voua ne pouvez manquer d'être frappés de l'analogie qui
existe entre l'altération des muscles qui vient d'être décrite et
celle qui, lorsqu'il s'agit des viscères, est désignée générale-
ment BOUS le nom de cirrhose. Or, les lésions de la sclérose
moflculaire ae voient dans des conditions très variées et elles
peuvent, en [larticulier, se montrer accidentellement, il est
vrai, dans diverses formes d'amyotrophîe spinale deutéropa-
Uiîqae. .Seule, la circonstance que l'invasion du tissu adipeux
se produit, à une certaine époque de la paralysie pseudo-
bypcrtrophique, d'une manière fatale, au moins dans quelques
ma^cleii, me paraît constituer, dans l'espèce, un caractère
vraiment distinctif ; si bien que la dénomination de paralysie
myosclérosique, proposée par Duclicnnc (de Boulogne), ne
ilevrait riffoureusement s'appliquer qu'aux premières périodes
du la maladie, t-indisquecelle3d'«(ro;</(fa inusculorumli/tO'
«iato3(i(.Sci»lel),dL'///>t>Mm/osa?«,«tr/flH8(Heller), assez géné-
ralement usitées par les auteurs allemands, conviendraient
seulement aux périodeti avancées.
VI.
histoire de la paralysie pseudo-hypertrophique nous offre,
1 le voyez, un exemple de myopathies généralisées, à
rche progressive, se développant en dehors de toute in-
jedu système nerveux. Dans losamuotrop/iies d'origine
1292 ATKOPUIE NERVEUSE FIIOORESSIVK
saturnine, au contraire, l'iimyotrophie parait se produire en
conséquence d'une lésion des nerfs péri phériq ces. L'existence,
en pareille circonstance, d'une altération des nerfs se rviidaiit
aux muscles paralysés etatrophiés, a été relevée pour la prv-
mière fois, si je ne me trompe, par M. Lancereaux '. tWte
même altération a été retrouvée chez une femme de moa ser-
vice atteinte de paralysie saturnine par 51. Gora)>auIt, muD
interne, qui, de plus, a constaté dans ee même cas, k l'aide ib
procédés rigoureux d'investigation, l'absence de toute lésioD
sptnale^ Les résultats obtenus par M. Gombuult, se Iruuvfnt
conlîrmés de tous points dans une observation très intéres-
sante, récemment publiée par M. C. WestpbaP. L'alfw^
musculaire saturnine semble donc faite, d'après cela, suri»
même modèle que \esamyotrophie8 partielles rkumatistnoift
ou de causu IraumatiguH, en ce sens qu'elle parait dépendre,
elle aussi, d'une lésion des nerfs périphériques, et œ rappro-
chement paraîtra d'autant plus légitime que, dans lestleoi
cas, l'amyotrophie est marquée, vous le savez, par une t&nh
nution ou même une abolition plus ou moins rapide de U
contractiUté faradique.
Quoi qu'il en soit, je ne sache pas qu'il existe, quant i
présent, en dehors du saturnisme, un exemple bien vdé
d'amyotrophie généralisée, relevant d'une altération dcsneiè
périphériques; je n'ignore pas que, sous le nom t\'nfrt'phlf
nerveuse progressive, on a tracé la description d'un,
que caractériserait une amyotrophie à ûvoluiion (u ■ -
provenant d'une lésion des nerfs sans pariicip;iii: i
moelle épinière^ je ne vois aucun motif qui permetl»? de wcf
a priori l'existence d'une telle affection'. Slais jedoiaa*"""*
1. lisncerKAUx. — Sodéti dt Biologie, t, l\\ S' xino, 18GSA1, |>. tj,
3. Qoinl«u1t. — In Anhivu de phnnvlogit, I. Y, ISTS, p. &9i.
8. C. Woslplml. — Anhit./. luj/eMiUrie. IV lïd„ 3' Haft. :3T4 cl
niidiral, 1874, |i. &5:i.
4. M. JotSroy et M. Fterret m'ont deraiëreiiisut iM>miu unique i:\iaxi
LÉSIONS DU GRAND SYMPATHIQUE 293
que, pour le moment, ce chapitre de nosographie me fait un
peu Teffet d'un cadre sans tableau. Il n'existe pas en réalité,
à ma connaissance du moins, une seule observation publiée
dans laquelle on ait démontré anatomiquement cette névrite
ou cette atrophie nerveuse progressive d'où dériverait la
forme d'amyotrophie dont il s'agit. L'observation si intéres-
sante d'ailleurs de M. Duménil, invoquée à ce propos, n'a pas
le caractère qu'on lui a prêté. Dans ce cas, en effet, — en
plus de l'altération des nerfs périphériques, — il existait dans
la moelle épinière des altérations très profondes de la substance
grise centrale et en particulier des cellules nerveuses mo-
trices, et, par conséquent, on est en droit de se demander si
la lésion spinale n'a pas été la première en date.
Des remarques du même genre peuvent s'appliquer aux
faits publiés par plusieurs auteurs, et dans lesquels l'amyotro-
phîe progressive est présentée comme la conséquence d'une
altération du grand sympathique. Il n'est pas douteux que
des lésions du grand sympathique aussi bien des rami commu-
nicantes que des ganglions^ ont été plusieurs fois observées
dans l'atrophie musculaire progressive; mais je ne sache
pas que, dans aucun de ces cas, la non-existence d'une lésion
des cellules nerveuses des cornes antérieures ait jamais été
régulièrement établie. D'un autre côté, il est constant que
fort souvent les lésions du grand sympathique font absolu-
ment défaut dans les formes les plus variées de l'amyotrophie
progressive spinale. C'est ce dont témoignent entre autres,
péremptoirement, les observations recueillies a la Salpêtrière
par M. le docteur Lubimoff (de Moscou), et publiées dans les
Archives de ijhysiologie (1874).
où une amjotrophie (j^éneraliuée, assez mal caractérisée d^ailleurs clinique-
ment, geinlilait devoir être rattachée à une lésion des nerfs périphériques. La
moeUe épinière était tout à fait saine dans ces deux cas.
PATUOLOQIQITS DE LA MOBLLB
VU.
Ici se termineraj Messieurs, l'exposé des coDSJdératioos
que j'ai voulu vous présenter, concernant les amyotrophîte
spinales. Chemin faisant, vous avez pu vous convaincre, id je
ne m'abuse, que l'histoire de ces afTectlons s'est éclairée d'un
jour nouveau, en présence des résultats fournis parleséludâf
récentes relatives à l'anatomie pathologrique topc^raphiqoe
de la moelle épînière.
Ces études, vous ne l'avez pas oublié, ont eu pour caract^nr
particulier de faire marcher, si l'on peut ainsi dire, du même
pas, dans une étroite connexion, la clinique et l'ua&tomie
pathologique. Il me paraît opportun de vous montrer dans un
bref aperçu, puisque l'occasion s'en présente, les princip»!»
acquisitions qui leur sont dues.
D'une fa(;on générale, elles tendent à établir que la mtelif
épinière est composée d'un certain nombre de régions. n^»ii-
dant, en quelque sorte, à autantd'organesdoués de foncliuo»
spéciales. La lésion spontanée, isolée, générale ou partielleib
chacun de ces organes s'accuse et se révèle durant la m, JU
autant de composés symptomatiques particuliers, susceptible
d'être rattachés aujourd'hui par le diagnostic k leur oripn»
organique. Ainsi se trouvent constituées, dans la patholofli*
spinale, un certain nombre d'affections élémeataircs dont !•
combinaison produit les formes complexes, celles-ci pom
être, à leur tour. l'i l'aide de l'analyse clinique, décoi
en leurs éléments constitutifs.
L'expérimentation avait déjà, depuis longtemps,
voie et déterminé même un certain nombre de ces
fondamentales auxquelles Je faisais allusion tout i
Mais elle n'avait pas, tant s'en faut, pénétré aussi ai
TOrOaRAPHIS FATII0LOai«lDB DE LA MOKLLK 295
bit la pathologie avec le concours des moyens puîRsantB
d'investigation anatomique dont nous disposons aujourd'hui.
Je place sous Vos yeux une sorte de plan topographique où
R trouvent indiquées, par des teintes diverses, les r^gimisde
»lle i^pinière, jusqu'ici explorées par le pathologiste. Les
K inconnues sont laissées en blanc ; leur champ, vous le
ts, est encore grand ; mais il tend à se rétrc-cir de jour en
k — A, A, ('or<lonB lalùrniu; — Â', (xitixstut <le TUrok. — B, B,
"oulûrcs iKisiénBiire*. — C, C. i^onmn jioiitériaiiTes. — D. D, comen
h — F) xuDS miliculAire antérieure. — S,, turiloni de Goll.
I Ce n'est pas là, tant s'en faut, une carte complète, com-
le, même de loin, à nos cartes géographiques modernes
^ectiunn^s; c'est toutefnjs un essai supérieur peut-être,
S ^rds, aux tentatives d'un Strabon ou d'un Pom-
iMéta.
s voyez les anciens faisceaux postéHeurs décomposés
BOX régions l)i('ii distinctes ; l" les falFceaiu- de OoU
i 30, Ej dont la lésion isolée a été déjà plusieurs fois
296 TQI-OORAPHtE PATHOLOOIQUE DE I.\ UOEIXB
constatée et répond à un ensemble symptomatiqae qui n
dera pas sans doute à être nettement déterminé et à presdl
ranp dans la clinique usuelle ; 2" les zones raâiculaireep
iérîeures (Fig. 30, B,B), substratum anatomique de l'ata
locomotrice progressive.
hes faîsceau.v antéro-lntéraîix des auteurs doivent à b
tour être décomposés en trois régions : 1° lesfaisceaux iatà
raïur proprement d Us, A, A; ils se montrent affectés systl
matiquement dans toute leur étendue des deux côtés del
moelle, dans le cas de sclérose latérale symétrique et, p
tiellement, d'un seul côté de la moelle, dans la sclérosai ù
Fiij. 31. — Couyit Irantvarialt di ta rffiian leM- j
bairede la motlU provenant d'un lu jet aktmU
ht mutdtt du membre inférieur gaueht &«
paralj/aù et alrophiig. A, Ln tmte radietUoir* %
cSté fauche en |<Rrtie sclérosée. B, Zoui» r
loirs droite tniiie. C, Les méning«B à c
sont épaïHaieB et cuflammées. La corne a
coiTeapoiidnnle, an contraire, est exempte d'ol
ration. (Cas communiqué par M. Pierret.)
tendante consécutive aux lésions cérébrales ou spinales <
fojer ; iJ° les faisceaux de Tilrch; A ; — leur pathologie ^
confond presque toujours avec celle des faisceaux latérao:
3" les zones radiculalres antérieures, F ; elles ont été loi
Bées en blanc. Quelques observations établissent cependant
qu'elles peuvent être lésées isolément {Fig. 31, A). L'alté-
ration s'est traduite, dans ces cas, ainsi qu'on eût pu le
prévoir, par une paralysie avec amyotrophie dans le membre
correspondant k la région lésée de la moelle épinière.
l'our ce qui est de la substance grise, on connaît mal les
effets d'une lésion isolée des commissures, et en ce qui con-
cerne les cornes jtostérieures (Fig. 30, C), on sait seulemei
que, lorsqu'elles sont le si^ d'une altération profonde,.'
TOPOOBAPUIB PATHOLOGIQUE DE LA MOELLE 297
86 produit une anesthésie cutanée plus ou moins prononcée
dans les parties du corps situées du même côté que la lésion
spinale. Nos connaissances sont plus avancées relativement au
rôle pathologique des cornes grises antérieures. Il est, en
effet, bien établi aujourd'hui qu'elles peuvent être lésées iso-
lément, primitivement^ ou, au contraire, d*une façon secon-
daire et l'on sait que dans les deux cas, si l'altération porte
sur les grandes cellules motrices^ il s'ensuit forcément la
production d'une amyotrophie. Celle-ci se développe rapide-
ment^ si la lésion spinale évolue suivant le mode aigu {[tara-
lysie spinale infantile) ou au contraire d'une façon lente et
progressive {amyotrophie spinale i)rotopathique y — sclérose
latérale amyotrophique, etc.), si elle évolue suivant le mode
chronique. Les cornes grises antérieures (cellules nerveuses
motrices) et les zones radiculaires antérieures (trajet intra-
9j4nal des racines antérieures) paraissent être les seules
régions de la moelle épinière qui intéressent directement la
nutrition des muscles.
Tel est rétat des choses, quant à présent; je ne sais si je
me fais illusion, mais il me semble que les résultats acquis,
tout imparfaits qu'ils soient encore, permettent déjà de pres-
sentir, pour la pathologie spinale, un brillant avenir.
QUATRIÈME PARTIE
Sujets di
Tabès dorsal spasmodiqoe. — Parapléflpies nrinaires»
Vertifpe de Méniére. — Hémichorée posthémipléfl^lqae»
Épilepsie partielle d'orlg^lne syphilitique.
QUINZIÈME LEÇON
Du tabès dorsal spasmodique.
SoMMÀiBS. — Dénomination provisoire; na justification; — sclérose symé-
trique et primitive des cordons latéraux. — Tabcs dorsal apasmodique et
tabès dorsal cUajcique. — Parallèle entre ces deux affections. — Caractères
tirés de la démarche.
De la contracture et de la trépidation dans le tabès dorsal spasmodique.
— Absence de troubles de la sensibilité. — Début. — Evolution. — Mode
dVnvahissement des membres. — Pronostic et traitement. — Diagnostic :
Sclérose en plaques de forme spinale, contracture bystérique, myélite trans-
verse, sclérose latérale amyotropliique, etc.
Messieurs,
Je ferai passer aujourd'hui sous vos yeux plusieurs malades
chez lesquelles vous pourrez étudier à loisir les symptômes
d'une affection spinale particulière, foncièrement distincte, à
mon avis, de toutes les autres formes de la myélite chroni-
que. Cette affection, que je vous proposerai de désigner, au
nioins provisoirement, sous le nom de tabès dorsal spa^mo-
<ilquey n'est pas très rare, et il n'est certes pas un médecin
qui ne Tait plusieurs fois rencontrée dans sa pratique. Mais
^lle n'a pas été remarquée, je crois, comme elle le mérite.
t>e fait, autant que je sache, un seul auteur, M. le D*" Erb
(d'IIeidelberg), l'a mentionnée d'une façon spéciale et s'est
efforcé d'en déterminer la caractéristique. Vous lirez avec
profit, dans le Berliner Klinische Wochemchrtft ( n« 26,
1875), la courte mais substantielle description qu'il en a
donnée * .
*• Vthtr ciiitn ictnvj bekannten ipinalen Symptovien complex. {Berlin,
304 TABES UUttSAL SPASMOD[gUE
Ce qui vient J'ctre dit suHït pour montrer que, qiiaDl
à présent, le taljea spasniodique n'a encore d'existence réelle
que dans le domaine clinique, ainsi que cela a eu lico d'ail-
leurs pendant longtemps pour l'ataxie locomotricô. A U
vérité, il s'y présente, en gûnéral, soua des traits asseï
accentués pour qu'il soit, en pratique, presque toujours pos-
sible de le distinguer non seulement de la grande a»la<fit '
spinale systématique qu'on appelle l'ataxie locomotrice pro-
gressive, mais aussi de la sclérose latérale amyotroiihi^iM,
de la myélite transverse vulf/aire, de la myélite par com-
pression, et enGu, bien que la chose soit ici souvl>di fort
difficile, de la. sclérose en plai/ites de for me spinale. Il peut,
en d'autt'es termes, être séparé de toutes ces afToctioDS Kpiuales
qui, dans la description, d'ailleurs remarquable, d'OIIiner
(d'Angers), se trouvent réunies en un groupe hébirtJigène,
sous le nom de inyéUte chronique ', et que l'analyse clinique,
éclairée par l'anatomie pathologique, tend chaque jour d
dégager successivement.
8i, en effet, entre les divers états pathologiques que jfi Tiens
d'énumérer, les analogies sont nombreuses, les points ik
contact fréquents, les caractères dilTérenciels non plus M
font pas défaut. J'espère parvenir i le démontrer t*wit i
l'heure. Mais je croîs opportun, au préalable, de vous pré-
senter un tableau où je m'attacherai à mettre en relief les
symptômes dominants et le mode usuel d'évolution du
spasmodique. Au cours de cette description, j'aurai à
pas, devant tes yeux, l'histoire clinique de l'ataxie K
trice, qui nous servira en quelque sorte A accuser
contrastes.
Je vous remettrai tout d'abord en mémoire les prî
phénomènes qui marquent les premières phases de l')U
I. OlUviar (d'AugBis).— Troi^' (Jet maladitt de ta vk
TA.BSB UOBSAL ATAXIQirB ^05
locomotrice, j'entends parler de la forme vulgaire de la ma-
ladie, celle qui répond au type classique créé par Buchenne
(de Boulogne). — Ce sont au premier ranç, vous ne l'avez
paa oubli*.', et bieu longtemps avant que ne paraisse l'ini;oor-
dioation motrice d'où l'afTection tire son nom, des troubles
divers de la sensibilité ; douleurs fulgurantes et léréhrantoa
revenant par accès et siégeant sur les membres, la face, le
tronc •, douleurs permanentes fixées sur certains points ; anes-
tbésies et hyperesthésies partielles. Les troubles dits céplia-
liques, tels que l'amblyopie ou l'amaurose, la paralysie des
muscles moteurs de l'œil, appartiennent également â cette
période. Enfin l'incontinence d'urine, la dysurie, les crises
gsstriques, souvent témoignent déjà, dès cette époque, de la
participation des nerfs viscéraux.
Tout autre est, dès l'origine, la physionomie du tabès dor-
sal tipaj>modique. Ici, le premier, et pendant quelque temps le
seul symptôme, consiste dans un état parétique, portaut égiile-
menl sur les dtux membres inférieurs ou plus marqué sur
l'un d'eux, et qui n'a d'autre effet d'abord que de rendre la
marche, surtout le matin au sortir du lit, un peu dinieile. Les
malades dépeignent la situation en disant qu'ils se fatiguent
vite, que leurs membres leur paraissent lourds et qu'en mar-
cbaut ils traînent la jambe. A cette parésie s'adjoint bien-
tAl une tendance plus ou moins prononcée aux spasmes mus-
culaires.
AlorH, dans la situation horizontale, au lit par exemple, les
mombres affectés commencent à se raidir de temps en temps
nous forme d'accès, surtout dans le seus de l'extension et de
l'adduction, à un plus haut degré. Ils deviennent momcnt»-
aément comme dos barres rigides, inilexibles. Ils sont prin
iuuvent, en outre, fréquemment sans cause appréciable, d'une
trépidation qui tantôt reste bornée aux extrémités, tant^*it su
ind sur toute l'étendue du membre et peut même se com-
OutMVT. Œuvre* souipititi. t. II. Su
30b TAUES DOKBAL ATAXIQUK
mMa.iqaera.ncorçstonteatier lTi'éiildaIionspotttaHée).Otà
trépidation, le médecin peut la provoquer, pour ainsi dinj
volonté, en relevant brusquement, avec la paume de la a
la pointe du pied ou l'extrémité des orteils (Ti'^ii /dation /i^
vaquée). La rigidité — etl'on peut en dire autant delà tri
dation — s'accuse plus encore lorsque le malade sort du lit ed
tient debout. Elle gêne la marche de plus en plus à r
que, par suite de l'aggravation progressive du mal, elle s'a
centue plus fortement et tend ^ devenir permanente'; i
ce n'est que dans les phases avancées, et souvent an ï
de nombreuses années qu'elle la rend délinitivement t
fait impraticable. Je me borne à indiquer ces divers phéi
mènes, sans entrer dans une description en règle, parce d
nous les avons étudiés longuement déjà, A propos del
sclérose en plaques où on les retrouve dans tous leura I
tails'.
Cependant quelle que soit l'intensité de ces symptûlri
appartenant à la sphère motrice, la sensibilité reste inU
pas d'anesthésie, pas d'h yperesthésie ; aucun troublo del
sensibilité cutanée considérée dans ses divers modes,
plus que de la sensibilité profonde -, pas de douleurs lombaEA
pas de douleurs en ceinture, pas de fourmillements, li'J
gourdissements, de sentiment de constriction dans l«a i
bres, — ou tout au moins, ces symptômes, s'ils existent,!
montrent si peu marqués qu'ils doivent être évidemment n
gués sur le second plan*, — pas de douleurs fiilgurunles i
térébrantes. D'un autre côté, les symptômes dits céphaliqi
font, eux aussi, complètement défaut; il en est à peu près de
1. Qiiiind U contracture est derenitu pennaiiente, etls exiits mniD« an III'
mai» elle ae moatra plus iutanHi 1or»iuu le mnlailu vont m tsnlr ilobunlft
inaKber. S'il se tient asaii »ur un fauteuil un |ieu élovù, il urrlve miinol i»
les jtuabes m mAintieniient presiine boriion tilles, ii jielna Héckies, «t lua i*
pieda n'&nivant pa» à toucher le sol.
3. Lv^mu »ur lu maladia rfu 'yalime uervtux, r édit., t. I, p. 9*1.
^
^ ATAXIQIJR 307
e des troubles quelque peu accentués de la vesaie et du
rectum. Knfin, et c'est là un trait qu'il n'est pas sans intérêt
de mettre en relief, les fouctions génitales qui, cliez l'homme,
sont di'is l'orisrine si souvent atteintes prolondément lorsqu'il
x'a^fit de l'ataxie locomotrice, continuent d'habitude à s'exer-
cer, pour ainsi dire, jusqu'au dernier terme et à peu près dans
1» conditions normales, chez les sujets atteints de tabès spas-
owxlique.
La démarcation entre les deux afTections s'accuse plus pro-
fondément encore peut-être dans les phases plus avancées
de leur évolution . On fait habituellement dater, vous le savez,
4» qu'on est convenu d'appeler la seconde période de l'ataxie
locomotrice du HKiiaent où les phénoménus d'incoordination
nootrice viennent ^e surajouter aux troubles de la sensibilité
et aux autres symptômes dont nous donnions à T instant l'énu-
itjon. C'est alors que se prononcent, a l'occasion des actes
;, dans In station et surtout dans la marche, ces
remwîts contradictoires, désordonnés, des membres infé-
s'exagérant lorsque le malade est placé dans l'obscurité,
Mat de rendre parfois la progression ou la station très
iDm ou même entièrement impossibles, et dont le carac-
i particulier avait déjà frappé vivement l'attention des
leurs de Duchenne, Les désordres locomoteurs se
lucnt aussi plu» fortement dans le tabès spasmodiqueà
B que la maladie progresse et s'aggrave, mais ils ae ca-
Ht ici suivant un type tout à faitdilféront.
I ne trouve pas dans le tabès spasmodique ces membres
», flexibles ;\ l'excès, parfois même comme disloqués,
bce intempéré de mouvements qui prêtent à la démarche
PlUxiqnc son cachet spécial, et par suite desquelles pieds,
Ique sorte projetés en avant et en dehors, retomlwnt à
Jourdementsur lesol; ici, au contraire, lesmem-
B, rigrides dans toutes leurs articulations, éncrgi-
308 CARACTfcBBS TIKÊB DE LA DÉMABCHE
quement appliqués l'un contre l'autre, ne se peuvent sûpi
qa*^ la suite d'efîorts où les muscles qui s'iiisôreat au bssûn "
paraissent jouer le rôle principal et dans lesquels le tronc ac
renverse en arrière. Les pieds, pendant ce temps, ne se dé-
tachent qu'A ^rand'peine du sol auquel ils semblent fixés for»
tement, produisant dans leur mouvement de progression nn
bruit de frottement, s'accrocliant au moindre obstarle, s'em-
barrassant souvent l'un dans l'autre. Ils sont fréqueminenl,
en outre, agités, par la trépidation qui peut s'étendre vers la
racine du membre et imprimer même, parfois, air corps tout
entier une sorte de vibration. Le malnde prc^resse ainsi,
aidé d'une canneoude béquilles, lentement, péniblement. Sdû»
l'allure, toutefois, est assez ferme, et — trait important à
relever — contrairement i ce qui aurai! Heu dans lataxie,
elle n'est on rien modifiée par l'occlusion des yeax.
Cette dêmarebe si particulière que j'essave de vousdépeto-
dre, je vous ai mis à même, ce qui vaut mieux, do l'étudier
sur nature. Elle avait été remarquée déjà par OUivier (d'.\n-
gers), qui en a tracé un tableau réussi dans un passage <|ue
je ne saurais omettre de vous citer. '
« Chaque pied, dit-il, se détache avec peine du sol, et «hns
» l'eS'ort que fait alors le malade pour le soulever entii^rciBeat
» et le porter en avant, le tronc se redresse et se renverse ta
» arrière comme pour contre-balancer le poids du membre i»-
» férieur qu'un tremblement involontaire agite avant qu'il
» soit appuyé de nouveau sur le sol. Dans ces mouvemeottik
» progression, tantôt la pointe du pied est abaissée et itaioe
» plus ou moins contre terre avant de s'en détacher, Uotût
» elle est relevée brusquement en même temps que le pieJl
» déjeté en dehors. J'ai vu quelques malades qui ne pool
» marcher un pas, quoique appuyés sur une canue, qo'*
» renversant le tronc et la tête en arrière, de telle swrto
CAKACTËKBa TIRAS DE LA sAsIAHCHE 309
» leur allure avait quelque analog^ie avec celle que détermine
» le tétanos'. »
Tout cela est parfaitement exact et s'applique de tout
point, ainsi que vous pouvez le constater, X la plupart des
malades que Je fais passer devant vos yeux. Mais il existe
daiiK le type une varii5té que je dois vous signaler. Vous
pouvez eu étudier les caractères chez l'une d'entre elles, la
nommée Oss...*. Vous voyez comment, appuyée sur ses bé-
quilles, cette femme marche, le tronc incliné en avant, litté-
nlcmentsur la pointe des pieds. C'est qu';\ chaque pas, en
latson de la prédominance du spa-smo tonique dans les
muscles du mollet, le talon est fortement relevé et touche à
peine le sol. Aussi les souliers de cette femme sont-ils très
usés à la pointe. Le pied, comme d'ailleurs dans les cas
précédepts, est pris de trépidation chaque fois qu'il est porté
en avant, et le tremblement par moments s'étend à tout le
corps. Lorsque la malade descend un plan incliné, elle se
sent en quelque sorte entraînée par le poids de son corps,
obligée do bâter le pas, et menacée à chaque instant de tom-
ber la face contre terre. Ce deuxième mode do progression,
suivant M. Erb, serait le plus habituel dans les cas de ce
georc. Je sais porté à croire, d'après mes observations,
^'il se rencontre au contraire moins fréquemment que le
premier.
Quoi qu'il en soit, nous devons envisager maintenant tes
X affections que nous opposons l'une à l'autre, au moment
9 sont parvenues au dernier terme de leur évolution.
I Allez être amenés à constater que les caractères distinc-
B sont pas moins accentues dans cette période que dans
^ric£dentes.
e. cit., p. 431.
•■ XU do U tbôw du M. Uétutu, ji. S4.
310 TKÉFIDATIO» SPONTAKAe OU PROVOQUES
Priv(>s désormais l'un et l'autre de l'usage de leurs n
inférieurs, incapables de se tenir debout et de marcher, IV
taxique conuue le sujet atteint de tabès spasmodique pass«nt le
jour sur un canapé,dans un fauteuil, ou demcur^DtcoutiD^an
lit. Mais il est facile de reconnaître que la cause de rirapolcûce
est radicalement différente dans les deux cas. Chez l'ataxique,
réduit à cet état, c'est encore le pouvoir de coordonnwr l«f
mouvements qui estsurtout en défaut. Ceux-ci sont énergi<iae(i
encore, pendant longtemps, violents même-, mais ils ne peu-
vent plus être adaptés à l'exécution des actes physiologiqaoï.
Dans le tabès spasmodique, au contraire, l'impuîssan»; mu-
trice dépend évidemment de la contracture qui, pou8Hv« à
l'extrême et devenue absolument pennanente, maintient in-
vinciblement les membres dans l'extension forcée et dans
l'adduction, rendant ainsi impossible tout mouvement vuIod-
taire. D'un autre côté, la trépidation spontanée ou prôvoqoéf
qui, à moins de complications d'ailleurs très rares, ne s'ob-
serve à aucune époque dans l'ataxie, continue à se produire
ici à un haut degré'. Elle s'exalte même parfoisau point de
1. Il me KprRÏI difficile de dire à c|neUo époque le [ihénumèns de In ti^iid*-
tîun, dont il est fréquemmeut question duna lu uuurs de oette Icïoq, a iii,
[wur Ift première fou, remarqua et décrit.
Uaua l'obaorvatiou d'une femme atteinte de sulûroBs en plaqiuu que dmi
avons recneillie en 1S63, M. le proleageitr Valpiaa et moi, k ht SalpâtriJa«i
DOiu l'Avons mentionna dans les terme* «aiviuiis: a Lor»i|ue l'un d-i |>i->Ii
àa cette femme est Sèclii et tenu dan* la flexion ]iar une in*iii ■■'■■'
t'y produit nuseitOt un tremblement difficile k réprimer, imp»^-- \
arrêter par momentc, lorsque l'épreuve est faite sur le pied lU-,
trouvent nettement indiqués, pour la première fois, je crois, et I.i :
^îleptoldc du membre inférieur et le meilleur moyeu de la proT<M,ii<ii.
En 1SG6, dans une note lue k la Société médicale deti liâpitaox, U. Vnipua
a publié l'histoire complote du cas dont il s'ag;it, en 7 Joignant àaax antm
sbeervatioiiE qn« ju lui avais commiuiiquéee, cl où la phénomùtir' » trm**
^^ement m0ulioaaé{Uiiioaiuidicalt, juin 1967),
Dana sa thèse fiùte sons ma direction, avec le cnucnura de M. >'
H. le V V. Dubois a signalé de nouveau la trépidation ép)l«|)T<
M montrant à une certaine période de la êcliroit en plagHt* iI-a.
parapligUipareompraiion, de Itneliroii! dtt cordont antf.ro-taiLr-^,, . .. _
mgilile chronique, etc. o Diverses mnnaïuvrw, dit l'antear, cAnlrtluitoialui
donner naissance ; tellea wint : L'application du froid sur la pMH, ou U <«•-
DE LA BESfilBlLlTfi
311
■pi
létermiucr dans les membres inférieurs de véritables crises
convulsives, revenant par accès et dont la dénomination
à'épUeime spinale donne une assez bonne idée.
Kn outre de ces désordres, îlexisteencore, dans la période
que nous considérons, bien d'autre^i phénomènes propres il
ifférencier les deux maladies. Ainsi, dans l'ataxie, leu diverti
ibles de la sensibilité, déjà si accentués lors dc-s premières
. « paratysën, la flexion (Uexiou dorsale ùuerf^qiie du piad).
{Btwh tir ^elgutt poinln dt l'alaxie lixomelrift: progreuive. Paris, 1868.)
J'ajouti'rai <[u«, Uniis notre enraignement, M. Vulpian el moi, nom bvoiw
uaJnlcK falsnttiré ratteiitioii ite« Élèves «itr ce pliHnonièueMiDgulier(Cblucot,
Leç»tu tar Irt malaitiai du lytlimt ntrveux, V àliUon, t. I, ii. âlB, 1872-
181».
M. lu profmsonr Browii-Sâqiiard, il non tour, a fait l'^nnaître en ltl6â, dans
l^ Archiva dt phtfiolagit, une particularité intéTeasaiité relative a la trépi-
dUiuii, Un «avilit dûjà que la meilleur moyen do la développer consiste â
ndwM bnu^iuenipnt le» urteiU ou la pointe du pied tout eutiiira. 11 a étalili
4M Ia manœuvre luvorHe, c'est-à-dire la flexion plantaire, brosqueuienl offec-
Ia4«( ilea urteib. a pour effet d'en déterminer l'arrêt.
, Il y a doux an*, M. Erb et H. Westjihal ont étudié à noitvami et avec
'a la trépidation éiàlojitoïde sous la nom àe pltlnoviine da pied [f 'hm-
- W. Erb. Uther Stkntnrefitxe hei Gaunden und bâ RHekei^
i.\aArch. /tfr P«ïehMiri«, 1874, j.. 78a. — CWertphal. Vtbvr
juagt-ErtrJiânungm an g^a^anUn Qiitàem. Idtta, p. SUS}.
lirMitquo la [leruusaloTi aa l'exultation du tendon rotulieu on du tendon
"k sont dea moyens etScaces pour développer cette espèce de tremble-
tM aatourfi ont clierobé ù établir qu'il n son urigiua dans une axcit»'
• tendons, D'aprud M. Erb, il n'agirait li d'un acte réflexu dont le
'i départ wirait une ïrritatlou des n^rfs da cerlaiuH tendons; l'inter-
n du H. WeotpUal twt diflureuta : suivant lui, le tendon percuté ou
RSWCerait une action sur toutes les parties du miiacle correspondaut,
la e«lte inSuenco entreraient eu coutraction. U. Joffrojr [Oaiettetnédi-
t SocUti de Bialogit), dani la critiqua qu'il a faite de ces tra-
[, jt déiendu l'opinion jusqu'alors courante at d'après laquelle la trépida-
■ âpHuplolde serait provoquée f^néralemeuC par une excitation pérlplié-
• culKnée. Il a combattu dans ce qu'elle paraît avoir de trop absolu
n de AI. Erb. 11 reconnaît avec ce patboîog'iBt» distingué qui> l'excita.
Ituidoiu ost une des causes principales qui produisant la trépidation
■i refiuie pas h voir U un exemple de rijttxe tendineux ; mais il cite
*' ' ' w faits où incontestablement la cause provocatrice unique
\\.\ iinH léjtèro irritation da la peau (réflexe cutané). Pour
i<> ilu M. Westphal, elle semble infirmée par des expé-
;m. ijubultie et FxTtÂDge {CeiUralblaU, IdlU). Ja ferai
itène de la tréjiidation épileptolde n'est pas spécial
r~. Un |>eut le provoquer, ainsi que jo l'iù faitubsurver
_ , cl.oi certains hémiplégiques, danfl la membre supérieur
aoatrsctan^ eu redressant tes pbalangea des doi^ de la mais. [J.-M. C.)
312 TABES SPASUODIQUK : DÉBUT, CAUSES, KTC.
phases, persistent ou s'aggravent. On peut en dire autant i
symptômes céphaliques, des troubles ronclionncls du rectOI
et de la vessie. Très communément les urines deviennent fl
tides et purulentes en conséquence de l'inliammation ulcéreua^
de la membrane muqueuse vésicale. C'est même là un des
grands dangers qui menacent la vie des malades. Rien de si
btable ne se voit chez les sujets atteints de tabès spasmodiqu
La sensibilité, entre autres, reste indemne chez eux jusqu'il
dernier terme; il ne se manifeste chez eux ni troubles deg
vision, ni strabisme, ni, en un mot, aucun des svmptômead
céphaliqueïi. Lès seuls troubles dans l'émission des urines q
se produisent, s'obsenent chez les Temmes, et dépeDda
surtout de la diiïiculté qu'elles éprouvent à écarter le
Ajoutons qu'il n'y a pas de tendance à la formation i
escarres et que les masses musculaires des membres inférïm
qui, chez les ataxiques, s'émacient souvent jusqu 'A l'extr
conservent au contraire, dans le tabès spasmodique, un r
et une consistance en quelque sorte proportionnés à l'intei
de la contraction spasmodique dont ils sont le siège.
IL
C'en est assez, je pense, pour montrer, ainsi que je l'a™
fait pressentir, que, entre l'ataxïe locomotrice progressive j
le tabès spasmodique, le contraste est frappant sur lespoin
fondamentaux. Aussi puis-je à présent abandonner le pan
pour concentrer votre attention sur la dernière de ces aflï
tions, dont je voudrais compléter la description par quciqi
traits nouveaux.
Elle parait se manifester surtout entre 30 et 4*,» ans. Jesi
porté U croire qu'elle est un peu moins fréquente chw ij
femme que chez l'homme. Ce n'est pas une maladie très coiM
muuc; je n'ai pu, en parcourant ce vaste hospice, réuoin
TABE8 8PASMODIQUE : SIÈOK ;)13
pour vuus les présenter aujourd'hui, plus de cinq cas qui s'y
rapportent, taadis qu'il m'eût été facile de rassembler une
quarantaine d'uUixiques.
On ignore absolument, quant li présent, les causes sousl'in-
tluence desquelles elle se développe : toutefois une influence,
assez banale du reste, l'action prolongée dti froid humide, se
trouve invoquée dans plusieurs de nos observations. 8on
)^\-olDtion est progressive, mais éminemment lente. Chez les
malades que je vous présente et dont plusieurs peuvent en-
core se tenir debout et marcher tant bien que mal, ses pre-
miers débuts remontent à «, 10, lô ans. 11 n'est pas rare,
d'ailleurs, qu'après avoir atteint un certain degré, elle reste,
pendant plusieurs années, A l'état statîonnaire.
Suuvent limitée pendant toute la durée de son cours aux
membres inférieurs qui, régulièrement, sont les premiers en-
Vahi», elle peut s'étendre, mais toujours tardivement, aux
membres supérieurs. Ceux-ci deviennent, en pareil cas, le
théâtre des divers phénomènes que nous avons relevés plus
liaut, et qui apparaissent successivement. D'abord, c'est un
étst parétique des mains qui se montrent inhabiles A saisir
les objets. De temps en temps, les doigts se fléchissent invo-
lontairement dans la paume de la main. Plus tard, cette
tlexîou iwthfilogique devient permanente et invincible. C'est
tRHuite le tour du poignet, puis celui du coude, qui, eux, se
raidissent dans l'extension et dans la pronation. Quand les
chose» en sont li, les membres supérieurs demeurent immo-
biles, riçideti, plus ou moins foi-tement appliqués sur chaque
l'ôtô du tronc ; dans ces membres, la trépidation est sans doute
I ItiUjonrs beaucoup motus prononcée qu'aux membres infé-
i; je tw l'y ai pas encore souvent obser^'ée d'une façon
)» nette'.
ritM drcoiutaDce »'uppo«a d'une lni;on presque absolue h U pruduDtiun 1
" 'a la trépidation : c'eut qiutnd la rigidité du niembre dnna l'esteu* ■
êne de hj
314 TABEB SFAHMODIQUR : UABCUI!
Le» masses sacro- lombaires et les muscles île l'abiloiiMSi ^
peuvent aussi être affectés. En conséquence, le ventre est
proémiaent, dur à la pression, séparé de la tiase du tlionu
par uQ pli horizontal plus on moins profond, et, en même
temps, il se produit uno sorte d'ensellure. Ces phénomènes
sont surtout faciles à apprécier lorsque les malades SMit sv
lit. L'exacerbatiou qui se produit, par moments, dans la ooo-
tractioa des muscles abdominaux peut avoir pour elTet d'oc-
casionner temporairement un certain deg'ré de ^ne de %H
respiration.
Cependant, malgré les progrès du mal, la sant*^ g
reste indéSniment inébranlée. La nutrition, en particulier,
même chez les sujets à peu près complètement cunlïnés au lit,
continue à s'opérer d'une façon normale, aussi bien danslc::^
membres réduits à l'impotence que dans l'ensemble. Il n'ap-
paraît pas que la maladie puisse, par le seul fait des suxi-
dents qui lui sont propres, déterminer jamais directement U
terminaison liitale. Celle-ci sur^-ient presque toujours par
l'intervention do quelque affection intercurrente. Une de nos
malades présente, depuis quelques mois, des signes non équi-
voques de tuberculisation pulmonaire. Je vous rappellerai, à
ce propos, et déjà je l'ai fait remarquer maintes fois, que c'sel
là une complication assez fréquente à une période avance
des diverses formes de la sclérose spinale.
Le tabès spasmodique, une fois constitué, peut-il rétros*
der spontanément ou encore sa marche peut-elle être earayit .
par l'action des moyens thérapeutiques? Je l'ignore. î
vement au dernier point, les tentatives que j'ai faites, ir
dans des cas où le mal n'avait pas atteint son plus baat di
de développement, se sont montrées jusqu'ici peu effic*
eiou est pouméo à raxirûme. La manu^uvre réiusU, sd contraire, i {«> f^l
toujours quitnd oii est parveuu à pruduire une légère Bexion lUni rKlioul»''*!
du genou.
UARCHB ET 1
inérapie méthodique longrtempsprolon^L'e^qui, dniis
kines formes de l'ataxie, amène parfois de 8t heureux ré-
^ts, l'application répétée de pointes de feu le Ions de la
noe vertébnile, celle des courants continus n'ont abouti,
mt à présent, en ce qui concerne ma pratique, qu'à pro-
! un amendement temporaire. L'emploi des bromures de
ssium, de sodium ou d'ammonium, administrés ensemble
Pitsolément, a pour effet à peu près certain de diminuer ou
bire cesser, même complètement, la trépidation et la coo-
iure. Mais les doses ont toujours dû être portées très loin
r obtenir ce résultat qui, d'ailleurs, ne s'est jamais main-
1 plus de quelques jours après la cessation de l'emploi
(Imédicament. M, le D' Erb a été plus heureux : il a vu
rveoir une fois la guérison dans un cas à la vérité où le
mal était de date récente et, dans d'autres cas, par la gal-
vanothérapie, il dit avoir obtenu des amendements sérieux
cl durables. Il y a donc lieu d'espérer encore que le pronostic
de la maladie s'atténuera lorsqu'elle aura été mieux étudiée
et qu'on aura appris, surtout, A la reconnaître dans les pre-
mières phases de son évolution.
^^Hiparer cliniquement le tabès spasmodique de l'ataxie lo-
^^BlOtTice — j'espère l'avoir suffisamment établi par lesdéve-
[ni^peinents qui précèdent, — est en général chose aisée. Les
difficultés du diagTiostic ne sont pas de ce coté; où elles
gisent, en réalité, c'est quand il s'agit des autres formes de
U myélite chronique. Je voudrais essayer de vous montrer
mùntenant, par quelques exemples, comment la solution du
problème peut cependant le plus souvent être réalisée. En
premier lieu, jo vous ferai remarquer qu'il n'est pas un seul
m.
UIACJNOaTIC
des syniptûmes du tabès spaBinoilique qui lui appartieni
réellement en propre. La contracture permanente, pnîeédi
de parésic aussi bien que la trépidation peuvent on effet -
comme en témoigne, piir exemple, l'histoire de l'hystérie, -
se produire sans qu'il existe aucune trace d'une lésion s
nale, appréciable du moins par nos moyens d'investlgatlM
Ces mêmes phénomènes, d'un autre côlô, sont, vous le si
par nos précédentes études, raccompagrnement pour s
dire obligatoire de toutes les inflammutiona scléreuses de]
moelle épinière, quelle qu'en soit l'orig-ine, H la cooditH
seulement qu'elles intéresseront le système des i
latéraux clans une certaine étendue; soit qu'il s'agisse de
forme insulaire ou, au contraire, de la forme ,^c/cu2^« (
la sclérose spinale. C'est pourquoi vous les voyez 6gat
dans la symptomatologie des affections très diverses où 1
faisceaux en question sont en cause : contractures bémipl
giques durables, consécutives A une lésion cérébrale en/oya
paralysie générale progressive, myélite partielle t
primitive ou déterminée par compression, sclérose laté
amyotrophique, sclérose en plaques disséminées, etc. Da
le diagnostic dutabcsspasmodique, ce seront donc bien moll
les symptômes en eux-mêmes qu'il faudra considérer, qtt
leur mode de répartition et d'évolution; leur isolement s
tout, d'où résulte la monotonie du tableau clinique si parti
culière à la maladie, devra être envisagé aussi comme o
élément de premier ordre : car on peut dirt' qu'à moins i
complication fortuite, toute affection spinale dans taquel
des troubles de la sensibilité ou de l'intelligence, des déso
dres fonctionnels de la vessie ou du rectum, des paralysi
des muHcles moteurs oculaires, des lésions musculaires tf
phiques, etc., se montrent associés à la contracture, n'es
le tabès dorsal spasmodique. Cela étant posé, je taissCTaii
côté certains états morbides, comme les contractures hvat
MYËLITS TUAKSVRIISALK DUBSALE tlIIlONlQUE 317
, p;ir exemple, celles des bémiplég'îques liunt la dis-
' tiaction, dans l'espèce, n'offre pas de difficulté sérieuse, pour
çUe marrôter qu'aux affections qui pourraient %arer quel-
fois un œil même exercé.
i'
hi fait placer devant vous une femme nommée Seb..,,
' (l'une quarantaine d'années, confinée au lit depuis
deux ans, incapable qu'elle est devenue de marcher el même
de se tenir debout ; vous pouvez remarquer que ses membres
inférieurs, auxquels il lui est impossible d'imprimer volon-
tairement le moindre mouvement, ne sont pas Oasques et
ioertes, comme cela a lieu dans certaines formes de para-
pluie; ils sont au contraire rigides dans l'extension et dans
if^Abduction ; on éprouve autant de résistance, lorsqu'on veut
Héchir, qu'on en éprouverait A les étendre s'ils avaient été,
alable, placés dans la flexion. La trépidation s'y produit
lonté lorsque l'on redresse la pointe du pied et souvent
isurvient spontanément, sous forme d'épilepsie spinale,
fcoonu cette malade pendant plusieurs années j>ouvant
PI^DCore taire péniblement quelques pas dans la salle, s'ap-
puj'SQt sur les barreaux des lits ou poussant devant elle une
cbaise dont elle saisissait vigoureusement le dossier et qu'elle
disait glisser sur le parquet; à. chaque pas, le tronc se ren-
versait fortement on arrière, inclinant, en même temps, suc-
lavement sur un côté, puis sur l'autre. En somme, la
iTche était alors à peu prés celle que j'essayais de carac-
br tout à l'heure dans la description du tabès spa»mo-
B. Ni l'examen n'était pas poussé plus loin, vous pourriez
b qu'il s'agit ici d'un exemple de cette dernière affection.
Itous détromper, il suMra d'insister sur quelques détails
ivèle nne observation moins superficielle.
X la dujnitwtic iIp U cantnwture liy»tèri<]in), voir ; Clinrcul, — Lf^on»
Mafadtca du tj|(lim« airveitr, U I, pii. 349 et euiv»iit<». — Boiirno-
I Vvolat. — De la wiUraelttrt hi/tUrique, eli'.
318 MYÉLITE TKAHSVKSeALE DOIMALB CRKONIQim
Un jour, il y a huit ans de cela, après s'être beaucoup t
guée, elle resta, le corps étant en sueur, quelque temps plat
dans un courant d'air très frais. Peu après, elle l'prouva o
sensation qu'elle compare à celle qu'aurait pu détermina i
courant d'eau glacée qu'on aurait fait couler le long- de s
dos. A cette sensation a succédé bientôt une douleur a
\ive, accompagnée d'un sentiment do constriction et occupt
k la fois le dos et les reins. Cette douleur, qui se répand si
forme de ceinture de cbaqiie côté de la base du thorax, pcrs
encore aujourd'hui. En même temps sont survenus dans 11
membres inférieurs des picotements, des fourmillements.]
lui semble qu'ils sont parcourus tantôt par un courant d'o
très chaude, tantôt par un courant d'eau très froide, qa!
sont enveloppés par moments dans des liens très fortem
serrés; ces phénomènes n'ont pas cessé d'e.\ister depuis.
Quelques jours après l'apparition de ces troubles de la 9
sibUité est survenue la parésie, à laquelle se sont sun^cM
bientôt la rigidité d'abord temporaire, puis permanoote,!
trépidation, les accès d'épilepsie spinale.
Actuellement, vous pouvez constater, comme 00ns l'sw
fait maintes fois depuis cinq ans que la malade est ailm
dans l'hospice, l'existence d'une obnubilation très pronoiu
de la sensibilité dans ses divers modes, sur toute l'éteod^
des membres inférieurs et de l'abdomen. Quand on pince I
peau sur un point quelconque des jambes ou des cuisses, <
lorsqu'on chatouille la plante des pieds, il tic produit, on oui
des secousses musculaires déterminées par action réflexe, 1
divers phénomènes de dysestkêsie sur lesquels j'ai appi
votre attention k propos des paraplégies consécutives i M
compression lente de la moelle épinière '. J'ajouteraf, p
compléter le tableau, que, dès l'origine, le besoin de la mîd
1. Leçon
iiir la màiadla du l'itlime n
nix.t-U.p. 118.
WliUrS TSAKttVBKSALK D0B8ALE CHROXIQirE 319
était doveuti impérieux et voulait être promptement satisfait;
que, depuis plusieurs années, il est survenu de iu parésie
\*&tîcale, nécessitant de temps à autre l'emploi du cathéter;
qu'enfin les urines sont habituellement fétides, troubles, et
laissent constamment déposer un sédiment muco-puruleiit
plus «>u moins abondant.
Les divers symptômes qui viennent d'être passés en revue,
leur mode de successioik et d'enchaînement, tout, en un mot,
concourt, vous l'avez compris, à établir que la lésion spinale
dont notre malade est atteinte n'est autre que la myélite
ti^rnsverse dorsale chronique avec dégénération scléreuse
descendante consécutive des faisceaux latéraux. Il me paraît
inutile d'insister pour faire ressortir que les troubles senai-
U(s variés, énumérés plus haut, que la parésie vésîcale et
l'émission d'urines muco-purulentes, doivent être comptés
surtout parmi les symptômes propres à accentuer la diraar-
ration entre rette forme de myélite et le tabès spasmodique.
Dans les cas où la myélite partielle se rattaclierait à la com-
pression lente de la moelle épinière, elle se caractériserait en
initre, en l'absence même des déformations vertébrales, par
l'existence de ces pseudo-névralgies dont je me suis appliqué
lions le temps k faire ressortir l'importance clinique, et dont
l'intérêt, dans la catégorie que nous envisageons, serait
d'autant plus grand, que ces douleurs se manifestent déjà à
titre de prodromes, avant même que les symptômes parétiques
*» «oient
Si, an lieu de comprendre la moelle dans toute sou épais-
■nir en travers, la lésion, quelle qu'elle soit, restait limitée A
une moitié latérulu du cordou nerveux, la symptoraatolog-ie
«'•ccuserait, suivant le type hémiparajAégie spinale avec
320 BCLÉBOSE I.ATËUALE AVYOTROPniQtlB
wtesthésic croisée', et le diagnostic serait rendu par là
facile encore à déterminer.
1
La sdtirote latérale amyotrophique a de commun,
tabès spasmudique, la parésie suivie de ri^iditô des membre^
l*ab8eace de troubles de la sensibilité, de di'sordres do la \màe
et du rectum ; mais die s'en sépare profondément, ptiur aiiui
dire, dès le commencement, par l'atrophie que subissent te
masse» musculaires sur les membres affectéR, par révoluliBD
plus rapide de la maladie considérée dans l'ensemble, par
l'apparition pour ainsi dire régulière, au dernier t<?rine, <Ia
symptômes bulbaires. D'ailleurs, dans cette affectioa, «
sont, dans la règle, les membres supérieurs qui, les pre-
miers, sont envahis, contrairement à ce qui a lieu dann le
tabès spasmodique '.
Il me reste, en dernier lieu , à signaler les rapports Je it*-
semblance clinique qui, dans certains cas, peuvent «dster ■
entre le tabès dorsid spasmodique et la scl'Jrose e» plaqaa
des centres uerveu-r. C'est là, ainsi que je vous l'ai fait pi*
sentir, qu'il faut s'attendre ^ rencontrer plus d'une foisl*
pierre d'achoppement du diagnostic. Lorsque la sclérose mul"
tiloculaire se présente avec tout l'appareil si original J«
symptômes spinaux, bulbaires et cérébraux qui la carsrfé-
risentdanH sou type complet de développement, Il n'»*t«rtB
pas difficile, en général, d'établir son identité- m l\ ■
il s'agit des formes imparfaites, frustes, commcm '
encore, c'est autre chose. Il n'est pas, en clfel, si j- \ ■ '
parler, une seule des pièces de l'appareil symptomatittiw '*■
question, qui ne puisse, parfois, faire défaut. Ainsi, poof i*
citer qu'un exemple, le tableau clinique de la sdér
plaques se trouve dans certains cas réduit, ù pea de '
I. Lot. eU., p. 118.
i. Loc. cit.. p. i4().
SCLiROBB BN PLAQUES DE FORKK SPINALE 321
près, à la seule contracture des membres inférieurs, avec ou
sans rigidité concomitante des membres supérieurs (foi'me
spinale de la sclérose en plaques) *. Même, en pareil cas, la
coexistence actuelle ou passée de l*un des symptômes dits
céphalîques, tels que le nystagmus, la diplopîe, l'embarras
particulier de la parole, les vertiges, les attaques apoplecti-
formes, les troubles spéciaux de l'intelligence, cette coexis-
tence, dis-jc, fournirait un document d'une portée en quelque
sorte décisive. Slais, en dehors de cette combinaison, je ne
vois plus sur quelles bases solides le diagnostic pourrait être
établi : il ne resterait plus guère que la ressource des pré-
somptions. Peut-être une observation plus attentive et plus
minutieuse permettra-t-elle de relever quelque jour, soitdans
la symptomatologie elle-même, soit dans les circonstances
étiologiques encore si peu étudiées, quelques traits nouveaux
qui, jusqu'ici, auraient échappé, et qui permettraient désor*
mais, en toute occasion, de tracer entre les deux maladies une
démarcation tranchée. L'a^'enir apprendra si nos espérances
à cet égard ne sont pas illusoinis -.
1, Fliuieuni rft> da co |i;onra m tniuvuiit rt'iiiii» ilang lu [niiniuiro prùsenté
pur M.Vulfdftii, kU Souiétii de* li<'>iiiUiix ({'tiioniii/dicafc, 1K6&). M. Charcot
eu 1 roeneilli quoliiuoa autToa dupuis lurs. — VuyoE ii imj prupoa née Ltçont
aur (m M^aditt du igidime nerreu-r, 3* ùdit., t. I, p. SU4.
3. L'une daa m&lado!i prûiuintûiM dniis cutte luv<»)< vuinme offrant un
exemple do tabu dortal «ptuniMiii/iie, « aucconiUé. — L'atiti>|iitie ii'ti pas coii-
firmé le dingnostiu qui, d'Hillaum, avait ûl« posé avec iiuiiliiuos réiHirvaa. Elle
a fait reconnaUre l'eii^teiice de pUiiuus «viùrensuH ditunimiiiéei), limitées 2i
rétage inférioiiT des ])é(loncuIoi< rûréliraiix, aux pyrainiiloi aiilérieures dans
la b<ùbe ntchidien, et oucupaut, duiu la ipovlle épiiiière, Hur cortftiiM points,
tes fuiceauz p<ntàriours (Téfpnn corvicala), nur d'uiUros lux faisteaux iatûraux
(ré^im dorula ÏTifériourej. La* livniiuphtireH cârùlirmix dtaioiit dans toute»
leuia [laTliei ahsolunieiit eioni)itii d'tiltùr&tioiis. Luk dotniU du vuttu obwrva-
tiou (û 4' dans la thàao do M. Ilûtou*] auront puLiliAs in exUnto ilann uns
autre occuion. Ndub pourroni ralover aloTH, dniia l'iiiiituiro do la malade,
l'oxiitence de douleur* corvii'aleB ot donu-Ionibairoa, do vertif^, une ag^ra-
TAtion do la psréaie daa membres dans robHciiritâ, et divenuin autres circona-
tancea encurc, qui eussout dû, si l'un y eût jirêté ])lus il'attuuCiuii mettre nur
la voie du diagnostic, four le momout nous nous bonioiis à faire ressurtir
lus difSeultéa que peut rencoulrar le clinicien lorsqu'il sa trouve un prÙHauco
do certaines fvrmea frustes da In icfcrosc «n ^aqutt.
OaiacOT. (Eutr) cemplMuf, t. II. 11
SEIZIÈME LEÇON
Des paraplégies uriuaires
SoMMAiBE. — Préambule. — Point de vue théorique. — Réalité diniqiM des
paraplégies urinairos. — Définition. — Les £ait8 se rapportent à trais
groupes.
Myélite consécutive aux maladies des voies nrinaires. — Sa rareté gImi
la femme; sa fré([uenco chez Thomme. — Conditions de son développe*
ment : gonorrhée, rétrécissement de Turèthre, cystite, néphrite ; affections
de la prostate ; — pyélo-uéphrite calculeuse. — Une exacerbation de la
maladie des voies urinairos précède l'invasion des accidents spinaux. —
Symptômes : fourmillements, anesthésie, douleur dorso-lombaire et en
ceinture. — Paraplégie avec flaccidité : exaltation, puis abolition darexâ-
tabilité réflexe ; — contracture permanente ; — escarres. — Siège et natuie
dos lésions. — Pathogénie : propagation de la lénion rénale à la moeOe
par rintormédiaire des nerfs (Troj«a, Leyden). — Faits d'expérimentation à
Tappui. — Exemples do pro])agation de rinflammatioii dos iierfi^ k U
moelle.
Parîiplép;"ies urinai res r«llcxes. — Symptômes. — liitcrprétatiou de
M. Ikown-Séquard. — Expérionces réooutes. — Phénomène d'arrêt. —
Irritation dos nerfs périphériques. — F.insses paraplégies. — Névrite de^
eendante. — Atfoctious de l'intestin et de Tutérus.
jMessieurs,
Je veux vous entretenir aujourd'hui des affections variées
qui sont quelquefois désignées sous le nomcollectifdei>flrû-
plf'rjies ii.rinaircs. C'est là, vous le savez, un sujet qui, dans
ces dernières années, a été Toecasion de bien des controverse?.
1. Cette leçon, faite en juin ld70| aparu dans rancieii Mouvement r\\idv:<*^ '
w 1«72.
ptlWT DB VIJIÎ THtoRIQUG 323
Ijd débat a été vif, passionné parfois de part et d'autre ; maïs
il laut t'svouer. malgrô tout, les questions qu'il a soiilevi^ea
paraissent même aujourd'hui, en partie du moins, envelop-
pées encore d'une obscurité profonde.
A la vérité-, c'est le côté théorique qui semble avoir sur-
tout préoccupé les médecins qui ont pris part à ce débat. Il
leur a paru plus particulièrement intéressant de rechercher
par quel mécanisme une affection préexistante des voies nrî-
naires peut retentir sur le centre spinal, et y déterminer soit
une lésion organique, soit un trouble superficiel, se tradui-
sant d'ailleurs, dans les doux cas, par un état paralytique ou
parétique des membres inférieurs. On s'est beaucoup moins
attaché, en général, à établir sur des observations régu-
U&resled caractères cliniques et anatomo-pathologiques de ces
affections spinales consécutives.
Sans doute, l'interprétation pathogénique est un point de
la plus haute importance; c'est, en quelque sorte, le couron-
Domeat de toute construction pathologique. Mais encore faut-
il, a^~ant de songer à élever l'édifice, avoir sondé de toutes
parts le terrain sur lequel on veut l'asseoir, et s'être assuré
de la valeur des matériaux qu'on va mettre en œuiTe. £h
bien, Stessieurs, dans l'espèce, je n*hésite pas à. le déclarer,
cette précaution élémentaire a été trop souvent négligée, et
telle est, sije ne me trompe, la raison qui fait que laconftision
rignô encore sur la plupart des points de l'histoire des jjara-
Uigie* iirinaires.
Vous pressentez, par ce qui précède, que c'est sur le tor-
nio de la clinique et do l'anatomie pathologique que je vou-
ais vous conduire toutd'atwrd, dans cette étude des para-
^%ie8 consécutives aux maladies des voies urînaires. Nom
"e négligerons pas, cependant, le point de vue physiolo-
l^tu et nouH essaierons de pénétrer dans cette voie aussi
3a4 PARAPLÉOIEH UKIXA1RE3 : DËFINITIDS
profondément que cela est possible dans l'état açtt
n est indispensable, en premier lieu, de prouver ta rhMti
de l'existence des paraplégies urinaires. Vous savez que, suia
ce nom, on désigne des affections parétiques ou iiaralgti-
qucsdes mennbres inférieurs, survenant dans le court (U
certaines maladies des voies urinaires, et i>arais$ari
devoir Ure rattachées h celles-ci, à titre d'effet consécutif,
' d'affection deutëroiiathique.
Dès l'abord, il est nécessaire, bien entendu, de rejeter de
notre cadre les affections des reins ou de la vessie, qui se pro-
duisent non plus comme cause, mais au contraire commecoo-
séqnence d'une maladie de la moelle épinière ; nous somiM*
éclairés maintenant, par nos études antérieures, sur la o^*
ture et l:i genèse do ces affections consécutives des vois
génito-urinaires; il n'est pas nécestyiire d'y revenir.
Pour réaliser le but que je me propose, on peut invoquer
d'assez nombreuses observations. Le nombre même des faiU
dans lesquels on voit, au cours d'une maladie des voies uri-
naires, apparaître la paraplégie, suijQt déjà pour montrer
jusqu'à l'évidence qu'il ne s'agit pas là d'une coînciJence
fortuite. Mais, lorsqu'on veut spécifier les earactèra** clinique*
ou anatoniiques de ces paraplégies et indiquer les circouf'
tances qui président!! leur développement, on se trouve «>
présence d'obstacles de tous genres, et le nombre des /ii^
se réduit alors singulièrement. Quoi qu'il on soit, même c**
ne tenant compte que des observations régulières, on arri*"*
bientôt, après les avoir comparées, à reconnaître qa'eikfl do**
vent être ramenées à des catégories tout à fait distinctes.
FABAPLÉGIES URINAIRES : VARIÉTÉS 325
1° Un premier groupe comprend les paraplégies urinaires
dans lesquelles la moelle épinière est le siège d'une lésion in-
flammatoire et qui, pendant la vie, se révèlent par l'ensemble
des symptômes qui appartiennent à la myélite.
2" A un second groupe se rapportent les cas dans lesquels
la paraplégie se présente avec des caractères symptomati-
ques tout différents', dans ces conditions, un observe plutôt
une parésie, une faiblesse des membres inférieurs, qu'une
paralysie, dans l'acception littérale du mot. Les symptitlmes
sont fugaces, sujets à des amendements et à des exaccrba-
tions successives. L'invasion des accidents est quelquefois
rapide; leur cessation peut avoir lieu, elle aussi, tout -X
coup. D'ailleurs, en dehors du phénomène /larésie, on
n'observe rien qui rappelle les symptômes graves, propres
aux lésions spinales profondes et, de fait, la nécroscopie a
plusieurs fois permis de constater en pareil eus l'intégrité,
apparente au moins, de la moelle épinière. C'est, Messieurs,
cette forme de paraplégie urinaïre, désignée sous le nom de
paraplégie rti/le.ve, qui a été surtout l'occasion de» discus-
sions auxquelles je faisais allusion tout à. l'heure.
3° Le troisième grouiie se compose des ais dans lesquels
la faiblesse des membres, notée dans le cours de la maladie
urinaire, reconnaît pour cause, non plus une alTection spi-
nale, mais bien une lésion des nerfs du plexus sacré produite
d'une manière directe, pour ainsi dire, par propagation de
proche en proche du travail morbide.
Les deux premiers groupes nous occuperont surtout;
quant au troisième, nous nous bornerons à indiquer rapide-
jnent les fiiïts qui le concernent.
326 PREMIERS VARIÉTÉ : MYÉUTE
II.
Myélite consécutive aux Dialaclies des voies urinaim.
— Dans ces circonstances, il s'agit d'une myélite partidk
siégeant, au moins primitivement, à la partie supérieure du
renflement lombaire. Cette indication vous permet déjà de
prévoir par quelle réunion de symptômes la maladie va s'ac-
cuser. Toutefois, avant d'aller plus loin, il importe de con-
naître les conditions au milieu desquelles prennent naissance
ces mvélites consécutives.
Rare chez les femmes, cette sorte de myélite paraît être,
en revanche, assez commune chez les hommes. D'ordinaire,
elle se développe dans le cours des maladies des voies uri-
naires de longue durée.
Une gonorrhée plus ou moins prolongée ouvre la scène; il
s'ensuit un rétrécissement qui a pu être l'occasion d'une in-
troduction répéte-e (lu cathrtcr. La cystite et la néphrite
même ont pu se produire consécutivement. C'est, dans b
rèj^^ie, au milieu de ces circonstances qu'apparaît la para-
plr'i'ie. — KUe peut se montrer encore, liée à une maladie J^'
lapn»state, a une cystite ou à une pyrlo-néphrited'originocal-
culeuse. On peut considérer connue exceptionnel un cas rap'
port»' par 31. Leyden, dans l(î(iuel la myélite aurait succctl'-*
à une cNstite déveloi)pée sous l'inlluence d'une simple rcld^'
tion d'urine- occasionnée par un refroidissement.
Kn ^('n«'ral, les accidents spinaux apparaissent plusieurs
années seulement après l'invasion de Tallection urinair*-"'
1. Lcyd'.Mi, Crn(/'(tff>Iaff, is^'ifi, l-' cas. — Kt'tcntion crurin»» do jilii;* «J»» <[
raiite-lmil ln-uri-s «lu durée .survoiiinj ;i la Miito (riiii retVi»i'Us-ciiieiit. Cy< "
C(»iisécutive. C^iiatnî M'inaiii«'S aprôs la léteutiMii apparaissï^nt les iToiii"
synïptônio ilu la j>araly<io «î».'s nieiiibres intérieurs; à rantopsio, raii;oll!'- ^^
mout rouvre Je la luucllo l«^iiibaire.
HyftUTB I 8YMFTÔMS8 327
souvent deux, cinq, dix ans même. lia éclatent à l'occasion
d'une exacerbatioii des symptômeN de la maladie primitive ou
d'une comptieation inattendue. C'est ainsi que dans un cas
rapportiî par M. Ogle', la paraplégie est survenue dans le
temps où se produisait une suppuration rénale chez un sujet
nttelut depuis cinq aua de cystite calculeuae.
Dans une observation analogue citée par le docteur GuU,
le ramoUis^ement spinal s'est montré alors qu'en consé-
quence d'une gonorrhée un abcès s'était produit près du
buibo, établissant une communication entre le rectum et la
VMsie*. Le fait cité plus haut de M. Leyden, et dans lequal
la paralysie sunint quatre semaines seulement aprùs une ré-
teotioD d'urine déterminée par l'impressioa du froid, montre
qao la complication spinale peut se présenter d'une façon
beaucoup moins tardive, dans le cours d'une maladie des voies
OTiDaireni.
Je no m'arrêterai pas, bien entendu, à décrire les symp-
t&mes de la maladie des voies urinaires à laquelle succède
l'affection spinale ; je ne m'arrêterai pas non plus longuement
BUT les phénomènes qui révèlent celle-ci, car ils ne sont autres,
TOUS l'avez compris, que les symptômes appartenant à toute
myélite transversc siégeant au-dessous du rendement lom-
baire ou rxMîupant la partie supérieure de ce rendement.
Des fourmillements, des engourdissements, un sentiment
de constriction, HppanÙHsent d'abord dans les membres infé-
rl0Ur8f et sont bientôt suivis d'une anesthésie ou d'une anal-
géeie occupant surfout les extrémités de ces membres ; la
douleur dorso-lomljaire et la douleur en ceinture font rare-
inenl défaut. Une paraplégie avec flaccidité plus ou moins
complète ne tarde pas à s'accuser, elle s'accompagne, à ua
IjTramad. o/ th» palliol. Socitly of I^omJan, IBM, t. XV.
■*" • ••'. Tratu., l. XXXIX, |). 200, 1866.
r*» tiX&UlTS : 8TIIPTÔHES
moment donné, d'une exaltation de l' excitabilité réSexe, t
quelle peut faire place à une ioexcitabilité absolue, lorsqnea
renflement lombaire est lui-même envahi par le ramoUial
ment; il est des cas où une contracture permanente s'd
développée à la longue dans lesmembres paralysés'. La m;^
peut s'étendre parfois au delà de son siège primitif, ainsi q
le prouvent plusieurs cas où les membres supérieurs ont ê
à leur tour envahis par la paralysie. Enha, dans les 0
graves, il est assez habituel que des escarres se forment àJ|
région sacrée, et décident la terminaison tatale.
La marche de cette forme de ia myélite est d'ordïni
subaiguë. Toutefois, dans le cas rapporté i)ar le docteur Od
la mort est survenue quinze jours seulement après IcdéM
des accidents paralytiques.
Voici maintenant les renseignements founiia par l'auto
Il est des cas où, à l'œil ou, la moelle paraît De pr^
aucune altération; si alors, ainsi que cela a eu lieo, ]
exemple, dans l'observation du docteur Oull, on fait ioU
venir le microscope, des lésions hlstologiqucs plus ou mol
accentuées, et, en particulier, l'existence des corps groi
leiix, sont mises en évidence. Mais, en règle générale, Va
le plus superficiel fait reconnaître déjà, dans les parties a.
tées de la moelle, la diminution de consistance et le clu
ment de coloration qui appartiennent au ramollissement. 1
Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que la lés
dont il s'agit paraît siéger, originellement du moins, qd g
au-dessus du renflement lombaire, c'est-à-dire dans le lieu 4
se fondant sur des faits anatomiques et expérimentaux, Boi
et GianuKzi placent le centre génito-spinal, et d'où partentfl
nerfs de la vessie.
PROPAGATION DE LA LÉSION RÉNALE A LA MOELLE 329
ne paraît suffisamment établi par ce qui précède que la
ite transverse peut se développer quelquefois comme con-
ince plus ou moins directe de certaines affections des
urinaires. Il convient de rechercher maintenant quelle
. raison de cette relation ; ou, en d'autres termes, par quel
nisme la lésion génito-urinaire retentit sur le centre spi-
ït y détermine Tinflammation.
dée la plus simple^ si je ne me trompe, celle qui se pré-
tout d'abord à l'esprit, est celle-ci : Les troncs nerveux
întla voie par laquelle, de proche en proche, la lésion se
igerait, en suivant la direction centripète, des reins ou
vessie, jusqu'à la moelle épinière. C'est là l'opinion à
lie, dans une intéressante étude publiée récemment, se
che M. Leyden*, et cette opinion me paraît fort vraisem-
e. J'ajouterai qu'elle n'est pas neuve, car, ainsi que le
re du reste M. Leyden, elle a été émise dès 1780
Troja, lequel n'ignorait pas, vous le voyez, la paraplégie
lire.
&ut reconnaître toutefois que, quant à présent, les
tats microscopiques n'ont pas témoigné à l'appui de
interprétation pathogénique. On a constaté, d'un côté,
estons des voies urinaires; de l'autre côté, la lésion
Je; mais jamais, jusqu'ici, on n'a pu, sur les nerfs, re-
rer les traces de la propagation présumée du travail
nmatoire.
r contre, voici un fait expérimental qui peut, jusqu'à
srtain point, être invoqué en faveur de notre hypothèse.
I une série d'études sur la névrite, un élève de M. Leyden,
iesler*, avait eu l'occasion d'appliquer sur les nerfs scia-
ss de lapins des agents irritants de nature variée. L'un de
aimaux devint paraplégique et succomba trois jours plus
ilung klinUch. Vorlrœgc. N* L*. Leipzifir, 1870.
'tbtr NeurUUf p. 26. Kœnisbcrg, 1800. — Leydou, /o.*. c'U,
330 IfArBITH ASCBSDASTI
tard; l'autopsie fit dôcou\Tir, dans l'épaisseur dn neri scia-
tique, sur le point où l'irritation avait été produite, un premier
foyer purulent et un autre foyer dans le oanal vertébral autour
des racines du nerf, près de leur émergence. La moelto épi-
nière, dans la répion correspondante, était ramollie et infiltrée
de corps granuleux et de leucocytes. La partie du nerf com-
prise entre les deux foyers purulents paraissait parfuilemont
saine.
Tel est, à ma connaissance, le seul fait expérimental se
rapportant directement à notre sujet', liais si l'on veut élargir
le champ de la question et invoquer les analogies, on pourra
faire intervenir ici quelques documents dont la stgnificatioB
ne saurait être méconnue.
Nous avons essayé, en inaugurant les leçons de ocUC
année*, de montrer que les lésions du système nerveux
central retentissent quelquefois, par la voie des aorfe, SUT
diverses parties du corps, pour y déterminer des tronblas
trophiques. Le phénomène inverse s'observ-w également, nu,
emî'aulres termes, il peut sl- fiiirc iiuodea lésions irritatives,
occupant primitivement les parties périphériques, retentis-
sent, cette fois encore, par l'intermédiaire des nerfs, sur les
parties centrales du système nerveux et y déterminent un
travail morbide plus ou moins accentué. Les faits qui témoi-
gnent dans ce gens sont peu nombreux encore*, mais ils me
paraissent assez significatifs pour que nous leur accordions
un moment d'attention.
Vous n'ignorez pas que Graves a, dans plusieurs endroits
1. Depuis qiiu tultti Ih^oii a étù taitu (juillet 18T0), ii^ réeultata du màma
genre quo i^eux aauoucâa ptirM, Tiaslar out i-té oblonui pnr le docteur Feù-
berg {UebtT Reflex-lahmangtn, in Btrlintrklin. Wochtntch., n- «, 1871).
Voir Bur le mômo sujet les importante! recherche» de M. le D' HaTOin. — Du
altiraliont de la moetie conticuliiiet à l'arrachement du nerf leiatigiie chm
le lapin {Arch. de yhj/iiolosie, 1373, pi. Itl bii, p. âU4).
3. Il est fait allusiun ici aux Leçont ntr I« troublei Irophiquet contéea^ J
Aiu: litiotu du it/nlèiite nerveux, tùteu en 1870 (t. I p. 1-1&8).
HÂriUTB ABCSHDAMTC 331
de ses écrits, émis Topinion que l'inflamniatîon des ncrlk pé-
riphériques peut se propager jusqu'à la moelle. Lallcmand a
cité le cas d'une névrite occupant primitivement le plexus
brachial et dans lequel l'inllammation aurait remonté jusqu'U
l'encéphale. ïlais les assertions de Graves et le cas de Lallc~
mand sont trop vagues pour que nous nous y arrOtions plus
longuement. Voici des faits plus cxplicitcs^
Les altérations des nerfs de la queue de cheval, lorsqu'elles
si^^nt au-dessus du ganglion intervertc'bral, peuvent re-
monter jusqu'à la moelle et y produire les lésions de la dégé-
nération grise. Celle-ci occupe, en pareil cas, les faisceaux
Spinaux postérieurs, he fait a été mis eu évidence par une
observation de3[. Cornil'.
Huit jours après le début d'une névrite sciât ique, déve-
loppée sous rinlluencc de l'asphyxie par la vapeur du charbon,
M. Leudet a vu survenir un alTaissement |wirétique, occupant
d'abord le membre inférieur correspondant au siège de la
névrite, puis «'étendant au jucnibrc du côté opposé, et, en
dernier lieu, aux membres supérieurs'.
M. Lcyden a euipninté à M. Uoneilikt le fait suivant : Une
fracture du col du fémur, terminée par pseudartliruse, avait
été l'origine de douleurs permanentes vives occupant dans
toute sa longueur le membre inférieur du d'ité corresiwndant
à la fracture. Peu après survint une paralysie complète avec
atrophie musculaire, dans le membre supérieur, du même
côté*.
Dans un cas très intéressant, relaté par M. Duménil, —
qui a donné du fait, je dois vous en prévenir, une interpréta-
tion différente de celle que je propose, — on observa succra-
1. Voir Leiulut : Arelûca ;/fn(ralei de midtcint, lëCô, t. II, ji. 5'.'H.
& Tuir Bouchard : Dei dé;iéiiir<Uiont tecviidaire», p. -ii.
8. Leudet, loe. cit.
4. L^den, ton. eil., p. SI.
332 NKVUITB ASUENDASTE
sivement une névrite sciatique sur l'un des membres, puis
une paraplégie, et enfin une paralysie des membres supé-
rieurs. L'atrophie musculaire, avec une diminution de la con-
tracture électrique, s'empara successivement des maubres
frappés d'impuissance motrice. La langue elle-mènie fut in-
téressée en dernier lieu. L'autopsie fit reconnaître dos lésmi
remarquables occupant principalement la substance grse
centrale, la substance blanche étant, au contraire, à pfflM
affectée'.
Je rappellerai enfin un fait qui m'est personnel et i|aej'ii
consigné dans le Journal de Physiologie de M. Bro\vn-S^
quard, pour 185G. Il est relatifà une lésion d'un nerf de l'araol'
bras ayant déterminé d'abord une névrite du bout pL-ripfc»*
rique, suivie d'atrophie des muscles de la main et d'iuw
éruption pemphigoïde. Plus tard, le membre sup.^ricur it
côté opposé fut à son tour frappé d'atrophie et d'auesthéile*.
Il est au moins fort vraisemblable que, dans tous cteà»,
les nerfs ont été le siège d'un travail intlammatoire, qui tl^'
propagé jusqu'à lu moelle et suivant toute prnbabilité jusqo'i
la substance grise centrale. En effet, dans la plupart de as
cas, l'anesthésie et l'atrophie musculaire des membres paraly-
sés semblent indiquer qu'il s'agissait là d'une forme Af 1*
myélite centrale subaigu^, sur laquelle je me propose d'appc
1. Gavaie hebdomadatre, 18G6, |i, 51, 67, SI.
2. Vuki un cas qui me paraît devoir être cunsidéra comme un i>ic4d|>1* *
névrite HtuQndnnIo «iiiviu Ae myélite transverie : M- X..., kgé de ciiopuil'*
ans, a été ampulù k l'àj^e de ringt snit de la Fuisse gaui^lio. De|iui* {dmii**
mois, il ressentait dans tan moignon des douleurs viv«s, de» fourni ■HsnMl'
et parfois des souljresautH, luraqu'un jour, eu aoUt ISÏb, survinrent Ul*'*'
lysîe vésicnlo et des douleurs lombaireii. Peu nprèa, des founniltoaunii' '
des soubresauts se produisirent dans le membre inférieur droil, qui ''^'^
en même temps que ie luoiguon, fut pris de paralysie motrice nvoc flwd**
An bout de quelques jours de traitement, lo malade recouvra Iw li»™^
de la vessie, et quelques eomaïues après il était capable de sortir da M *
et de marcber, aidé bien ontoudu do ses béquilles. Un an aprè*. il bm")**
mieux encore, mai» il s'était produit dans le membre inférieur droit «s "^
tain di^ré de rigidité permanente. En redreiisaDt la ]>oinle du ]iiad
quût k coup sflr, daus ce membre, une trépidation très accentuée.
J
PARAFLÂaiES URINAIRES DITES RÂFLEXES 333
er bientôt votre attention, et dans laquelle l'atrophie muscu-
laire et les troubles variés de la sensibilité paraissent être
des phénomènes constants ^
III.
Les faits qui constituent le second groupe des paraplégies
nrinaires sont ceux que Rayer, Brown-Séquard et M. R. Leroy
d'Étiolés ont eu surtout en vue dans leurs descriptions. La
puralysie se montre ici absolument dans les mêmes circons-
tiQces que dans les cas précédents, et nous retrouvons dans
rétiologie les maladies de Turèthre, de la vessie^ de la prostate
Bt des reins. Bien donc, sous ce rapport, no sépare ceux-ci
de ceux-là. Il n'en est plus de même pour ce qui concerne les
cuactères cliniques. Ils dififèrent radicalement, ainsi que je
voas Fai laissé pressentir, de ceux qui distinguent la myélite
urinaire.
Le tableau, tracé par M. Brown-Séquard, de ce qu'il nomme
la lioraplégie réflexe^ a eu assez de retentissement pour qu'il
ne soit pas nécessaire d'entrer à ce propos dans de longs
développements -Je me bornerai à vous remettre en mémoire
les traits suivants; ils vous permettront de saisir les difTé-
rences qui existent entre cette forme de paraplégie urinaire,
qui s'observe en réalité assez fréquemment dans la pratique
osnelle, et celle qui se rattache à la myélite partielle de cause
t&ule ou vésicale.
La paralysie ne s'étend jamais aux membres supérieurs ;
il s'agit d'ailleurs plutôt là d'un afTaiblissement parétique des
Bianbres que d'une paralysie proprement dite ; le pouvoir
i^exe de la moelle n est jamais accru ; jamais la paralysie^
I
^ Voir les LiçoM IX-XIV sur les Amyotrophitê ipinala.
334 PATHnâftSâ;' 1)sâ f-ASAPLioiBS këfcsxbt
soit de la vessie, soit du rectum, ne vient s'acijoindre i cetle
des membres inférieurs; on n'observe ni spasuics muscu-
laires, ni contractures; la dysesth^sie, commo l'aresthi^sie,
font toujours défaut; il ne se produit ni escarres, iii truubi»
trophiques d'aucun genre; on note expressément l'abseDoede
douleum dorsales et de toute espère de sentiment do cuustric*
tion abdominale. Enfin, et c'est la un trait bien <]■ '""
relevé, il se produit souvent une modification rapi :
même une cessation complète des accidents jor
sous l'iuiluence d'un amendeioent dans l'afTection >Jcït voie
urinaires.
En somme. Messieurs, vous le voyez, ce sont Id des iqnDp-
tomes relativement peu accentués, lorsqu'on les cuiuiorI
ceux qui relèvent de la myélite urinaire ; jamais, en effet, r#
fection dont il s'agit ne met, par elle-même, la vie un dangaj
il ne parait pas que jamais elle ait abouti à la myélite, et dlO
les cas, d'ailleurs assez peu explicites où l'autopsie a^
pratiquée, la moelle a toujours paru exempte d'altératioo.
A la vérité, quant i présent, le contrôle de l'étude micr*
copique fait défaut. Mais, d'un autre côté, la rnpiditv 4(i
amendements et des guérîsons même observés dâus nombTt
de cas, est telle, qu'il est fort peu vraisemblable que l'inr*»-
tigation microscopique eût rien ajouté aux exameiis MU i
l'œil nu.
Toujours est-il. Messieurs, que cet afTaiblissemeot pan*
lytique des membres inférieurs, développé eu conitôqueoot
d'une maladie des voles urtnaires, est un phénomène ■>
moins fort curieux, et il n'est pas surprenant qu'il ailv
cupé si vivement l'attention des physiologistes. Vous n'igno-
rez pas quelle a été l'interprétation proposée par M. Browt-
Séquard. Elle est fondée sur un fait d'cxpérimenlallon. U
ligature du hlle du rein aurait peur effet de ilétcnaioer sM
sorte de contracture prolongée des vaisseaux <ic U liw«li
iDiôre cl do ses enveloppes, et c'est en conséquence <le
limie spiiuile ainsi développée par voie réflexe que se pro-
loirait la paniptégie. Ij\ validité de l'expérience a été con-
«stèc par M. Gull. Je n'insisterai pas là-dessus, n'ayant a
Bvoquer aucune expérience pemoimeUe : mais je ne puis
ne dispenser de vous exposer brièvement les résultats
^expériences plus récentes, et qui, s'ils ne dévoilent pas
•mplôtement le mécanisme des paraplégies réflexes, en dé-
Bontrent cependant tout au moins, si je ne me trompe, la
«felit/-.
Les phénomènes d'arrêt, obseri'és en conséquence de
firritatiou de certains nerfs, vous sont bien connus; vous
nvez comment l'irritation du nerf vague arrête le cœur,
PVUe du splanchique paralyse l'intestin, et comment, enfin;
Ule du nerf laryngé supérieur suspend momentanément lu
ItpiratJon. Mais ce que l'on connart moins généralement
•Ht-ëtre, c'est que l'irritation de certains points de la moelle
des nerfs spinaux est capable, elle aussi, dans de certaines
frconstanees, d'apporter un obstacle aux fonctions régu-
besde la moelle, d'y abolir, par exemple, momentanément,
JtD des fonctions motrices et des actes réflexes.
'Si, l'encéphale étant détruit, chez une grenouille, on
ÈritaU moelle épiniùre, dans sa région inférieure, parl'ap-
pcotioQ d'un caustique, les actes réflexes sont atténués, à
iiegrô renutrquable, dans les membres supérieurs, pendant
ttle temps que dure l'irritation. Cette expérience appar-
it à M. Herzen. En voici une autre instituée par le même
^Qnfologistc : encore sur une grenouille, le cerveau et la
fwnt détruits, jusqu'au niveau du plexus brachial. Si
1 irrite par un moyen quelconque le nerf sciatiquc du
tti gSDche, par exemple, tant que l'irritation persiste, les
ivemunla réflexes sont abolis dans le membre inférieur du
Au S'il s'agit, entre autres, de l'excitation électrique.
3^6 piiÉKOUÈN'E d'arrêt
les mouvements reparaissent aussitôt après la cessation du
courant'.
Les expériences de M. Lewîsson * offrent, à mon point de
vue, plus d'intért-t encore peut-être que les priîc^^dentes. Une
première série n'est guère que la reproduction des expé-
riences de M. Herzen avec des variantes et quelques modifi-
cations qui rendent les résultats plus délicats, plus précis.
Nous ne nous arrêterons qu'aux faits qui touchent de plus
près le sujet qui nous occupe. Un premier point, mis en lu-
mière par cet expérimentateur, c'est la non-exîstence d'une
paraplégie réflexe consécutive à l'extirpation du rein. L'ex-
périence de Comhaire, sur laquelle on a vécu si longtemps,
ne donnerait pas les résultats qui lui ont été prêtés. Mais si
sur un lapin, après avoir mis à nu l'utérus, les reins, la vessie
vide, on presse plus ou moins fortement ces divers organes
entre les doigts, il se produit diins les membres inférieurs
une paralysie du mouvement, laquelle persiste tant que dure
la pression et même lui survit pendant quelque temps. La cons*
trictioii c\eri:('e sur uno anse int(.'.slinale détermine d'ailleurs
les inéuma eliels et est également suivie d'une paraplégie
temporaire.
Je suis loin de méconnaître que, à beaucoup d'égards, l'ap-
plication de ces résultats ùl l'explication des paraplégies dites
réflexes, prête à la critique. On objectera entre autres que
l'action paralysante, déterminée par la compression des
viscères, doit nécessairement s'épuiser au bout d'an certain
temps-, que l'irritation des nerfs périphériques résultant de
la cystite ou de la néphrite, n'est pas exactement compara-
1. Herzen. — Expér. lur Ut ttnlre* modérateura de l'aclion r^KM.' Tarin,
1864.
2. Lewissoii. — Vtber Hemmung der Tkatigkeit der molorùdien Ntt-
vencenireii dnrch fleiiunff temibUr Keruen {Lhib<nt' Arcliiv, 1869. 8. ffib-^GG).
— Nothnagel, — Virchoic'a Arckio, janvier 1870; — CentraWAaU, 1869,
p. 623.
PAKAFLAaiaa itkuiaibbb : troiuAhb TAsiiTit 337
ble aux effets de la compression de la vessie ou du rein. Tout
cela est parfaitement juste. Mais sans aller jusqu'à admettre
qu'il y ait, entre les deux ordres de faits, une complète iden-
tité, il est permis de reconnaître les analogies qui les rap-
{ffochent, et d'espérer que le fait expérimental mettra quel-
que jour sur la voie de l'interprétation du fait clinique.
IV.
Il existe, ainsi que je vous l'ai annoncé en commençant, un
troisième groupe de paralysies urinaires. Les cas, en fort
petit nombre, qui le composent, quant à présent, sont des
exemples de fausses paraplégies, en ce sens du moins que ce
Q'est pas la moelle qui est atteinte. Les choses se passent, en
pareil cas, comme dans l'observation bien connue rapportée
par M. Kussmaut'. De ce fait, une névrite descendante par
propagation directe, s'était développée en conséquence d'une
inflammation grave des voies urinaires, et avait occupé les
plexus lombaire et sacré. Pendant ta vie, outre la parésie des
membres inférieurs, on avait noté l'existence de douleurs
vives sur le trajet des deux nerfs sciatiques. Les cas de ce
genre paraissent rares, je le répète, contrairement à l'opinion
de Bemak, qui semble croire que c'est là la forme la plus
habituelle des paraplégies urinaircs.
Le» modes pathogéniques qui viennent d'être passés en
revue ne sont pas d'ailleurs les seuls qui puissent être invo-
qnés pour expliquer le développement des paraplégies consé-
cutives aux maladies des organes génito-urînuires. C'est
ainsi que dans un des cas rapportés par M. Gull, une phlé-
tùte consécutive i un abcès du petit bassin, provoqué lui-
• 1. Wunhmrg. FerAand., 1868.
338 PARAPLâGŒS imiNAIREa : TROISIÈUC VABIÉTIË
même par une cystite ulcéreuse, s'était propagée jusqu'aux 1
veines intra-spinales. Il en résulta, par un mécanisme &cîle
il saisir, une myélite partielle, bientôt suivie de mort.
Vous n'ignorez pas, Messieurs, que les lésions uro-géoitales
n'ont pas seules le pouvoir de déterminer des paralysies do
genre de ceUes)que nous venons d'étudier. Diverses affections
de l'intestin ou de l'utérus peuvent, elles aussi, bien que plus
rarement, être suivies des mêmes résultats. Je me borne i
signaler le fait pour le moment ; il mérite de fixer votre atten-
tion d'une manière toute spéciale.
DIX-SEPTIÈME & DIX-HUITIÈME LEÇONS
Du vertige de Méniàre.
(Vertigo àb aure Icesa.)
SoiouuB. — Un cas de vertige de Ménière. ^- Description dn eu. — Vertige
habituel exagéré par les mouvements. — Caractères de ce vertige : ezacer-
bâtions paroxystiques; — mouvements subjectifs de translation. — Lésions
ancienne! des oreilles : écoulement de pus, altération du tjmpan. — >
ICarcbe et station impossibles. — Évolution de la maladie. — Complica-
tion : attaques dliystérie.
Historique. — Le vertige de Ménière est encore peu connu. — Diagnostic :
congestion cérébrale apoplectiforme; — petit mal épileptique; — vertige
gastrique. — Relation entre le développement soudain des bruits d^oreille
et rinvaâon des sensations vertigineuses.
Ifaladies de Toreille : otite labyrinthique, otite moyenne, catarrhe, etc. —
Fkonostic. — Guérison par surdité. — Traitement.
MaUdles réputées incurables. — Exemples de guérison. — Cas de vertige
de Ménière. — Situation de la malade en mai 187ô : sensations vertigineuses
permanentes; — crises annoncées }>ar un sifflement aigu. — Hallucina-
tions motrices. — Traitement par le sulfate de quinine ; doses, effets : amen-
dement remarquable. -—Autre exemple d*amélioration, due à l*nsage prolongé
du sulfate de quinine.
I.
Messieurs,
Je désire appeler votre attention sur un castrés intéressant,
à mon aviS| et dont vous n'avez fort probablement pas vu
souvent l'analogue dans les hôpitaux. Les symptômes se
présentent^ ici, sous une forme très accentuée, mais anor-
340 CAB DB VSaTIOB DB kAkIËKB
maie à quelques égards; si bien que l'affection qnf osi en
cause en est rendue, jusqu'k un certain point, d'un dia^ustîe
difficile. Vous pouvez tout d'abord constater de visu l'air do
profond efFaremcnt qu'exprime la physionomie de la nulade.
Si l'on approche de son lit, elle donne aussitôt des signes d'om
grande anxiété : vous la voyez, ;'i la moindre impulsion qu'oo
lui communique, se cramponner aux objets envîroniwrtî
comme si elle se sentait menacée de tomber.
C'est que, en effet, elle se trouve sous le coup d'un iUt
vertigineux, pour ainsi dire perpétuel, et que les moîmlrM
mouvementa exaspèrent. Ce vertige elle le peint elle-mÈm»
en termes pittoresques. C'est, dit-elle, la sensation qa 'on pflrt
ressentir lorsque, placé au sommet d'une tour élevée, (4
n'est pas protégé par un garde-fou; ou bien encore, c'est !•
sentiment que produit la vue d'un précipice. Ce vertige, JS^
le répète, est à peu près incessant; il existe aussi bien Itniâ
que le jour, aussi bien dans le décubitus dorsal que dans 11
station verticale. Cette dernière situation l'exagère toutefW*
énormément. Il en est de même, je l'ai dit, des mnil
mouvements imprimés au lit et, lorsque tout à ('
soulèvera la malade pour la transporter dans la salle
occupe habituellement, vous l'entendrez peut-ètrB,
a une exaspération des sensations vertigineuses, poi
cris violents.
Par moments, au milieu d'un calme apparent, et
vocation aucune, la [malade, vous allez sans doute
témoins, est tout à coup prise d'un soubresaut. Si on 1'
roge alors sur la causede ce brusque mouvement, bII»
invariablement qu'elle vient d'éprouver son accès. Casli
réalité, en outre de l'état vertigineux habituel, quej'i
de peindre ii l'instant, il y a chez elle des exacerbatio[
oxystiquesduvertige, quicon9tituentdess<.rtfesd'iioci9.l
ci paraissaient être caractérisés surtout par la sensatioa'
DCBCKIPTIOK DU CAS S41
brusque mouvemeTit de translation, non pas des objets envi-
ronnants, mais bien du sujet lui-même, mouvement toat5u/j-
fecti/et dont le tressaillement est le seul indice extérieur.
Cependant In conscience ne subit aucune obnubilation et
la malade, au sortir de la crise, peut rendre compte do ce
qu'elle a éprouvé. Tantôt, et le plus souvent, il lui semble
qu'elle exécute une culbute en avant; d'autres fois la culbute
se fait eu arrière. Enfin, ceci est le cas te plus rare, il se
produit la sensation d'une rapide rotation du corps autour de
son axe vertical, cette rotation, s' opérant constamment de
gauche à droite. Quoi qu'il en soit, cette sorte d'hallucina-
tion motrice est constamment suivie d'anxiété vive, de pâleur
du visage, de sueurs froides. Enfin des nausées et aussi par-
fois des vomissements terminent la crise, après quoi l'état
vertigineux redescend à son taux pour ainsi dire normal.
En outre des phénomènes qui viennent d'être signalés, il
en est un encore, Messieurs, quj mérite d'être relevé d'une
manière toute spéciale, p.trcc que, dans l'espèce, il est, je
pense, au point de vue du diagnostic surtout, d'une impor-
tance capitale. Jeveux parler d'un sifflement qui, chez notre
malade, occupe les deux oreilles, mais l'oreille gauche d'une
manière prédominante. Ce sifjlcment existe à peu près cons-
tamment Âun certain degré, mais s'cvaspère par instants et
acquiert alors parfois une acuité extrême. De fait, la malade
le confond quelquefois avec le bruit strident que produisent
dans la gare du chemin de fer voisin de l'hospice, les sifflets
des locomotives ; il lui est arrivé d'interroger ses voisines
pour s'éclairer à ce sujet. Cette cxacerbation du sifllement
habituel annonce toujours, Messieurs, — c'est là un point
qu'il importe de faire ressortir, — la venue prochaine de
l'accès vertigineux. Dès qu'il acquiert ce caractère aigu,
« les culbutes » sont imminentes.
L'apparition constante des symptômes, dans les circons-
342 LÉBIOKS AKClRiniES DKB OREtU.KS
tances qui viennent d'être indiquées, devait diriger i
attention du côté des oreilles, et voici ce que l'examen oousi '
fait reconnaître : 1° Il se produit de temps à autre, depuis fort
longtemps, des écoulements de pus mêlé de sang par les deux
oreilles, par la gauche surtout ; 2° h. droite, la memliranc ilo
tympan est épaissie, couverte de di^pôts verdàtres ; A gauclie,
elle a disparu, et elle est remplacée par des bourgeons toD-
gueux, n y a de ce côté un airaiblissement cnnsidérablc àb
l'ouïe. — Ces diverses lésions ont été, du reste, rég'uliï-remest
constatées par un médecin plus particulièrement vers-î dana
l'étude des maladies de l'oreille et qui nous a obligeauunent
prêté son concours.
Sous la forme extranrdinaireinent accentuée qu'il rovêt ci»
notre malade, cet ensemble symptomatique, que l'on i
vulgairement sous le nom de maladie de Ménière, <
doute diiJScile à reconnaître ^ il n'en est plus de même «,1
l'étude des antécédents, on se reporte à quelque;
arrière, c'est-à-dire à une époque où les crises pour ainnd
dissociées se produisaient d'ailleurs avec des camctèresl
rappellent dans ses traitsprincipaux la description cU
Il n'y a guère plus de six années, en effet, quecbez G... H
vertigineux s'est établi d'une façon permanente, den
rendre la marche, la station même impossibles et & nie
le confinement au lit. Avant cette époque, les accte a
durant longtemps distincts, séparés par des intervalles |
ou moins longs durant lesquels tout semblait rentrer a
l 'ordre. C'est ce que nous apprennent les détails de l'otw
tion que M. Debove a recueillie avec le plus grand ë
Il faut faire remonter les premiers accidents vers l'âg
17 ans-, — aujourd'hui G... estâgée de 51 ans. -~ Hé
agi tout d'abord d'une affection de l'oreille gauche, t
surtout par des élancements doidoureux qui, maintes &
ont troublé le sommeil; les écoulements de pas mêlé d«0
UAECBB DS LA UALADIB 1 ACCÂS 3i'i
t été fréquents <lâs cette époque. Pendant longtemps, lu
a été pl^e sous la direction de Dilénière. — Les accès
gineux, d'abord rares et peu intenses, se sont progreasi-
ml accentués et rapprochés ; mais dès l'origine ils parais-
^ avoir présenté, en raccourci, il est vrai, les caractères
: iictrentués qui les distinguent aujourd'hui. Ainsi, la
*■ malade se souvient fort bien qu'entre la 25' et la 38* année il
lui arrivait fréquemment, étant assise, d'éprouver tout à coup
des bourdonnements d'oreilles très intenses, et aussitôt il lai
semblaitqui! an chaise se brisait sous elle... Elle poussait un
cri, se levait vivement, et tout était fini. Plus tard, vers l'âge
de 3i ans, les bourdonnements prémonitoires firent place à des
sifflements aigus et en même temps les nausées et les vomis-
aaments commencèrent ù faire partie intégrante des accès.
Ceox-ci survenaient souvent dans la rue; Gir... éprouvait
alors le plus habituellement la sensation d'une chute en
ttÊXUit et elle se voyait obligée, pour ne pas tomber, de
ft'appuyer contre le mur.
Us se montraient aussi fréquemment, -X la maison, aux
beores de travail, et Gir..., dans le cours des années qui ont
précédé son admission dans cet hospice, avait pris l'habitude
Siiigrulièrc de se placer, durant les heures qu'elle passait chez
tUe, dans une position telle que sa tête fût légèrement ren-
Teniéecn arrière, les jambes étant un peu élevées. Grâce à
I OQtte position qui lui est habituelle encore ^aujourd'hui, les
TtrUg;c8 se montraient, assure-t-elle, moins fréquents et
8 pénibles.
I l'âge de 40 ans, les accès s'étaient rapi»rochés au
l de devenir pour ainsi dire sublntrants : peu de temps
l|iu malade fut admise iV la Salpêtriére, où elle est depuis
jeux, dans l'état lamentable où vous la
:i44 coitaiDftRA'noi'B auToaiQVKa
Adn de ne point surcharger ua tableau clinique déjU i
complexej'ai négligé à desBein de vous entretenir decert
accidents nerveux que Gir... a éprouvés pendant une t
partie de sa vie et dont elle porte encore les traces. Il s'a|
d'accu d'hystérie convnlsive qui se sont entremêlés souvi
aux accès de vertige ub aure Uesa, sans jamais cependant Jl
confondre avec eux. Actuellement les accès eonvulslâ 9
disparu et l'hystérie depuis plusieurs années n'est plos n
sentée que par une hémianesthcsie gauche incomplète, &■
ovaraigio du même côté.
II.
Il existe, Messieurs, de très importants travaux concem
la symptomatologîe du vertisjo ab aure lœsa^Je citerai, |
exemple, la communication faite à l'Académie de méd
le 8 juin 1861, par Ménière, qui, vous le sa%'ez, a été, J
conteste, l'initiateur; puis les descriptions tracées de n
de maître par Trousseau en divers endroits de la CUai
médicale de VHôtel-Dieu (t. II, p. 28; t. III, p. U).|
citerai encore un très important mémoire du docteur K
(de New- York), où se trou\'ent rassemblés la plupart I
éléments recueillis sur la matière jusqu'à ce jour (Ka^
Moos, Archives of ophtkalnwlogy and otology, t. l, iM
New-York, 1870)-, enfin un excellent article pubUi ]
M. Duplay dans les Archives de médecine.
Néanmoins, je crois pouvoir avancer que, malgré cee 11
vaux, la connaissance de l'état pathologique dont U s'il
n'est pas encore entrée comme elle le mérite dans la p
usuelle. Bien que les cas de maladie de Ménière ne s
pas rares, tant s'en faut, au moins dans la clinique cîvil^l
Sont à peu près toujours méconnus, rattachés qu'ils ai
des espèces.'plus vulgaires telles, en autres, que la a
CABACTÂSBa av VBBTIQR LABYBtHTHlQUB 345
Pfi apoplectiforme ou coup de s&ng, le petit mal
^tique, ou encore et surtout, le vertige gastrique. J'ai
maintes fois témoin, pour mon compte, d'erreurs de ce
iBj. Je citerai à titre d'exemple le cas d'un malade auquel
donné des soin» et rtuî, étant tombé sur la place de la
irse jjar le fait d'un accès de vertige labyrinthique, avait
soumis à la pratique des émissions sanguines. Le véri-
té caractère de la maladie ne fut reconnu que fort tard, h,
i époque où les accès, d'ailleurs d'une grande intensité,
[aient reproduits dc^jk un grand nombre de fois. Une sur-
S complète, absolue, des deux oreilles mit fin à tous les
QpU'imeiH. Je puis citer aussi le cas d'une jeune personne
éricaino considérée depuis delongues années comme épilep-
Ufi ot traitée en conséquence, à la vérité sans le moindre
aodement, par l'emploi de doses élevées de bromure de
assium. U me serait facile do multiplier ces exemples,
[j'erreur dans quelques cas est jusqu'à un certain point
tifiée par les difficultés, en réalité parfois très sérieusee,
i peut offrir le diagnostic. Je crois pourtant que, dans la
^e, Ib vertige labyrintbique se présente avec un ensemble
toits suffisamment caractéristiques pour que son identité
vm ctrc déterminée sans trop de difficultés. Je vous
Datide la permission de relever les principaux de ces ca-
itires; car si je parvenais à les faire pénétrer dans votre
fdt, ils vous mettraient en mesure, j'en ai la conviction,
Iviter à peu près toujours les écueils que je signalais tout à
Iremier lieu^ je ferai ressortir l'intime relation qui
œtrc le développement soudain des bruits d'oreîUes,
upération brusque de ces bruits, et l'invasion des
B verligineusos. En réalité l'un des traits spécifiques
]ge de Ménière, c'est qu'il est nécessairement annoncé
346 lIAIXUCIKATtOXS UOTSICSS
et accompâguû par les bruits en question. Sans doute le)
tintements, les bourdoDiiemcnts et les BÎflIemeats d'urctUtf
sont un pht'nomène quelque peu tianal et qui accoinpagii« finf-
quemment diverses espèces de vertige autre que c-eliii qulw
rattaclie à la maladie de Ménière, mais dans cette denuèn*
affection il acquiert, au moment de l'accès, une yn^àatai-
nance et une intensité qui ne s'observent certaiDement fSi
ailleurs. C'est, d'après le récit des malades, « le bruit strideot
d'un sifttet de locomotive » ou le fracas qu'on produirait.
« en secouant violemment un sac rempli de clous » ; tffA
encore le bruit « d'une fusillade ou d'un feu d'artifice ». 0*
bruit occupe exclusivement ou surtout une des yroilU«.tl
cesse avec l'accès vertigineux dans les cas récents ou \égim
mais tôt ou tard, si le cas est grave, il devient pcrastinl,
dans les intervalles, sous la forme atténuée d'an boupitiiuiis-
ment, d'un tintement plus ou moins incommodes, l'onàUB
affectée d'ailleurs ne manque pas de présenter bientôt aW
annihilation del'ouïe plus ou moins prononcée et puruianeiiK-
L'attention du médecin une fois éveillée par ces pbciH»-
mènes, l'examen de l'appareil auditif lui fait recouuitUre
toujours l'existence de symptômes locaux et accusant Mil
l'otite labyrinthique idiopathique, soit l'otite moyeaBS
sclérématouse avec ankylose des osselets et propaKée vi ix*
tibulc et au labyrinthe, soit encore un simple catarriir it
l'oreille, comme il résulte d'une observation |i'i
M. Green (Boston Med. and Surg., 21 jan\ i' ■
rappelée par M. Knapp. Il y a lieu de croire, - .
d'après l'ensemble des faits, qu'une pression queloaa^
exercée sur le tympan et propagée au labyrinthe par U ch«h<
des osselets, sufUt à déterminer les symptômes du vertîgttW
Ménière.
Four ce qui est maintenant du vertige considéré on II»*
même, il offre, lui aussi, quelques caractères sjjéciaux- Cttf
TBBMnrAllOil DBB ACCÈS, XAUBKBE, T01II88EXXNTS 317
le plus souvent, si j'en juge par les dix ou douze observa-
tions qui me sont personnelles, la sensation d'un mouvement
de translation du corps tout entier, d'avant en arrière, de
xoanière à figurer, suivant le cas, une chute en arrière ou
en avant^ c'est encore, lorsqu'il s*y adjoint un sentiment de
rotation autour d'un axe transversc, une véritable culbute,
TOÎre mèm? an saut de tremplin. Parfois la rotation du corps
semble s'opérer, au contraire, autour d'un axe vertical soit
de gauche à droite, soit de droite à gauche. Il est des mala-
des, qui, dans leurs divers accès croient éprouver tjintôt l'un,
tantôt l'autre de ces modes de rotation. Il s'agit là, en général,
remarquez-le bien, de mouvements tout à fait subjectifs, de
véritables hallucinations qui ne se traduisent à l'extérieur
que par un soubresaut, un mouvement de surprise, parfois la
nécessité où se trouve le malade, pour ne pas tomber à terre,
de se cramponner aux objets environnants, ou do s'asseoir.
Mais il peut arriver qu'une chute ait lieu elîectîvemcnt, et
que le malade soit précipité îi terre violemment, dans le sens
correspondant à la sensation vertigineuse. Je puis citera ce
propos le cas d'une dame qui, dans ses accès, se sentait
toujours précipitée la tête en avant, et qui, de fait, dans l'un
d'eux, tomba lourdement sur la face, et se brisa les os du nez.
Je n'ignore pas que le sentiment do rotation ou de translation
peut s'observer dans les espèci's de vertiges les plus divers,
mais je crois pouvoir affirmer qu'on ne le trouve jamais U,
ni aussi accentué, ni aussi constant qu'il l'est dans le vertige
de Méoière.
Il importe do taire remarquer que pendant la crise, quelle
qu'en soit du reste l'intensité, le mahule conserve absolu-
ment la parfaite conscience de ses actes, et que les premiers
«ffets du saisissement une fois dissipés, il se trouve immé-
diatement en mesure de rendre, sans embarras, un compte
exact et détaillé de tout ce qu'il a ressenti.
48 A^'AT01IIB PATHOLOSigUB
A litre de phénomènes accessoires, je signalerai ce qui t
yune laçoQ à peu près constante, des nausées et i
' ments marquent la lin de la crise. Pendant la durée de celle-ci,
la face est pâle, la peau est froide et couverte de sueur, da
façon à reproduire l'image de la syncope bien plutôt que odfc
du coup de sang. Il peut exister une céphalalgie transitoire,
plusoumoins vive. Jamais il n'y a d'embarras do la parole, de
spasmes musculaires, soit dans la face, soit dans les membres;
jamais dans ceux-cîon n'observe ni fourmillements, ni engoiff-
dîSsements, ni sensations quelconques rappelant une aun;
jamais de paralysie ni de parésie temporaires.
A l'origine, c'est-à-dire lorsque la maladie de M^-nii'reffl
est encore à ses débuts, le vertige apparaît sous forme dt
crises distinctes, de courte durée, séparées par des iiitervalloi
de calme absolu, pendant lesquels les sympttimes delams-
ladie locale, d'où ils dérivent, persistent seuls. Mais, tlanale
cours naturel des choses, à mesure que l'affection pro^resseT
les crises tendent à so rapprocher, à se confondre, do tsmii^
à constituer enfin un état vertigineux, pour ainsi dire pe>
manent, au milieu duquel se dessinent des paroxysmes plw
ou moins fréquents et qui reproduisent tous les pliénamùnO
des anciennes crises. La malade que je tous ai présentt« all^
un exemple très accentué de ces crises subintrantes, qu'il
est en quelque sorte habituel d'observer, je le rcpolt, cbn
les sujets en proie, depuis de longues années, aux fonutt
graves de la maladie de Ménière. Vous comprenez ata^meolr
Messieurs, l'usage qu'on peut faire de tous les éléments tpi
■viennent d'être rassemblés, dans l'intérêt du diagnoslic.
Je me réserve de vous faire connaître dans une autre ooa-
sion ce que l'on sait de plus positif relativement à ra«a/0«'f
pat/utlogique et à la théorie. En ce qui concerne celle-ci. <!•
expériences de Floureng, de MM. Brovvn-Séquard, Volpi«Oi
TaAITBUBKT 319
Czermak, Qoltz, Lœwenberg, lesquelles consistent à produire
chez les animaux des lésions diverses des canaux demi-circu-
laires, ont fourni, nous ne l'ignorons pas, desdonnées Impor-
tante!^. Aujourd'hui, je terminerai par quelques renaeigne-
Bionts ayant trait au pronostic et à la thérapeutique,
( Il est très remarquable de voir que, dans la règle, les
lésions graves des centres nerveux qui sont si fréquemment
la cnnséquenco des diverses maladies de t'oretUe interne,
tt'intemennent pas habituellement dans la maladie de Mé-
nière, alors même que celle-ci en est arrivée à son plus haat
degré d'intensité. Voici comment les choses se passent le
plus communément dans les cas les plus prouoncés : la sur-
dité s'accuse progressivement et, à un moment donné, elle
dâvleot complète, absolue.
Les symptômes vertigineux et les sifflements marchent pour
UDsi dire du même pas, en ce sens qu'ils s'atténuent progres-
sivement et enfin disparaissent. Il en a été ainsi, par exemple,
chez le malade dont je vous ai parlé plus haut et qui, dans un
de eeti accès, est tombé sur la place de la Bourse. Sujet aux
gifflcments et aux vertiges depuis 18iî3, il s'en trouve aujour-
ij'hai complètement délivré. Mais par contre, il est devenu
^ Botini, tellement sourd, que bien qu'il demeure à proximité
du Charap-de-Mars, il n'a absolument rien entendu le jour de
l'oxplosion de la poudrière de l'avenue Rapp (1S71). Je me
unis souvent demandé s'il n'y aurait pas lieu de chercher, par
UDO intervention quelconque, à h:ïter ce dénouement, au
Bwilis dans les cas gra^'es, lorsque, par exemple, les malades
m sont réduits il l'état lamentable où vous avez vu la nommée
(Ht...; c'est un point de vue que j'offre à vos méditations.
Quoi qu'il en soit, je ne dois pas vous cacher que le vertige
de Ménière résiste très souvent aux traitements les mieux
dirigés, .rai vu cependant plusieurs fois le vertige lié à ud
'bc (le la caisse n'amender et même disparaître sous
350 TBArTXJIKXT
l'inSnence du traitement iiilgaire de celte dcroièrc affoetioi;
c'est le lieu de voûtai remettre en mémoire le cas très inlé-
fessant, ubservé par M. Hillairt;t, et dans leijuul les verti^
cessèrent complètement après l'ouvcirture d'un abcos ib
l'oreille moyenne.
L'application de révulsirs énergiques ne doit pas être n^^
gée dans les cas intenses. Je citerai à ce propos le fait suinuit
dont j'ai été témoin récemment : Un de nos conlrèrcs lie pro-
vince, — aujourd'hui âgé de 44 ans, — éprouva pour la pre-
mière fois, il y a six ans, de la pesanteur de tète et des boitf"
donnements d'oreilles revenant par accès. Quelques mois plut
tard, se trouvant à la campagne, seul, en voiture, il reswntil
toutàcoup des sifflements insupportables dans l'oreille gancbi
et en même temps sa tête, devenue pesante, semblait l'co-
tratner en avant. Il fut obligé de descendre de voitaiei*
de se coucher un instant le long du chemin. Des naux^
suivies de vomissements de matières glaireuses mèlèa et
bile, terminèrent la crise. Des accès du même genre se [W-
duisîrent fréquemment depuis cette époque, eo même teiapi
que l'ouïe s'affaiblissait du coté de l'orcllIe malade. L'exaouo
ne fit découvrir autre chose, de ce côté, qu'un certain dagré
d'épaississement de la membrane du tympan. Tnu» 1m
tements mis en œuvre ayant échoué, je proposai, &i
mieux, l'application de pointes de feu sur la région
dienne gauche. Les applications furent répétées
quatre fois. A la suite de ce traitement, tous Ica sym]
se sont très manifestement atténués'.
I. Cette lefon a ètô faits en janvier ISTi, et a paru pour U pnoiiia
dftiu le Progril nidical (a" 4 et fi de 1S7I).
GUÉBISON DB CAB RÉPUTÉS INCURABLES 351
Messieurs,
J'ai pensé qu'il y aurait intérêt à inaugurer les Conférences
de cette année ^ en vous montrant, à la Salpêtrière, — c'est-à-
dire dans un établissement consacré pour une large part aux
os chroniques réputés incurables — deux exemples de gué-
liion ou tout au moins d'amendement équivalent, ou peu s'en
init| iune guérison. Le terme de maladies incurables, cela
n de soi, ne saurait être pris dans un sens absolu, car s'il
Applique aux cas qui réellement ne comportent pas de
nmède, il s'applique aussi à ceux pour lesquels le remède
A'ft pas encore été trouvé, mais peut être trouvé.
Les Êkits qui vont vous être présentés forment deux groupes
liens distincts : dans Tun, la guérison ou Tamendement se sont
iroduits spontanément, sans Tintervention de l'art \ dans
Pantre, ils ont été voulus, cherchés, prémédités. J'insisterai
particulièrement sur un cas qui appartient au dernier groupe.
n s'agit. Messieurs, d'une malade que je vous ai fait voir
poar la première fois, il y a deux ans, et que je vous ai mon-
trée de nouveau l'an passé. Je n'entrerai pas dans de longs
léveloppements à propos de l'histoire clinique de ce cas; vous
xmvez la lire dans le Progrès médical^ qui en a consigné
0118 les détails. Elle a été reproduite, d'ailleurs, dans la plu-
«rt des feuilles médicales françaises et étrangères. Je me
x>merai i relever les traits les plus saillants de cette histoire
ifin, surtout, de vous mettre à même de bien reconnaître
luel était l'état des choses au moment où la thérapeutique
I8t intervenue. C'est à mon sens un très bel exemple de la
naladie de Ménfère ou pour mieux dire du vertige de
1. Leçon faite en novembre 1875, et publiée dans le n* 50 du ProtjrU mé-
kol de 1875.
2. 1874, n*" 4 et 5. M. Charcot fait allusion à la leçon précédente.
3B2
Mén^re, car le syndrome auquel se rapportent cos din
nation» ne répond pas exclusivement à un seul l'tat morbide,
il peut se montrer commun ù des afTections très divetset.
Lii situation à cette époque, c'est-à-dire en mal dernier,
était absolument la même qu'en 1874 ; c'est-A-dir» que 0...
était, depuis plusieurs années, littéralement conlinoeaa bt,
sous le coup d'un état vertigineux pour ainsi dire pernuiMiit:
et rendue par là à peu près incapable d'exécuter BpoatsD^
ment des mouvements un peu étendus. Les moindres D»o»e-
ments communiqués au lit exaspéraient aussi, à un haui ikçré,
la sensation vertigineuse, et beaucoup d'entre vous n'imt pM
oublié sans doute l'anxiété profonde peinte sur le visage ifc
la malade, les cris déchirants qu'elle poussait, lorsque DM*
avonsdû, les amiées précédentes, la faire transporter surn»
civière dans la salle des Conférences.
En outre de cet état vertigineux, en quelque sorte bobitisl,
et qu'accompagne un bruissement incessant perçu du» To*
reille, ti... était sujette à éprouver de temps à autre do gruds
crises vertigineuses. J'ai insisté beaucoup, dans Ip temf»,
sur la description de ces crises, parce que je cri
constituent le fait symptomatîque fondamental, d:;
ladie de Ménière, tandis que l'état vertigineux liai"
être, en quelque sorte, considéré comme une complicatioa,
épiphénomènc, ne se montrant que dans des cas exceptioi
Les accès dont il s'agit sont, vous vous en souvenez, twi-
jours annoncés et immédiatement précédés jiar la senssiiuo
d'un brait aigu, perçant, qui sur\'ient tout à coup 't ija^
chez G..., en particulier, — comme d'ailleurs chez
d'autres malades du même genre, — simule, parart-il,
qu'à s'y méprendre, le bruit strident d'un sifflet de
de fer. J'ai été amené d considérer ce brusque sîi
comme un des éléments constants, nécessaires, et pv
séqueot comme un caractère du verligo ab aun
TRAITEMENT 353
Tout récemment M. le D" Lussana, dans une série d'articles
intéressants qu'a publiés la Gazetta medica Italiana Lom-
bardia (1875, t. XXXV, série VII, t. II, n*« 43 et suivants,
octobre), a confirmé ce point qui intéresse à la fois la clini-
que et la physiologie pathologique.
Quant au vertige lui-même, il se montre chez G.. . conforme
au type classique : sensation, succédant au sifflement, d'un
brusque mouvement de translation, par suite duquel la malade
se croit tout à coup, comme par l'impulsion d'une force exté.-
rieure, précipitée soit en avant, soit en arrière. Les impulsions
dans le sens latéral sont, chez elle, beaucoup plus rares ; ab-
sence de perte de connaissance, nausées et quelquefois vomis-
sements à la fin de l'accès.
Je vous rappellerai en passant que cette sorte d'hallucination
motrice n*est point, passez-moi l'expression, toujours plato-
nique/je vous ai cité plusieurs cas dans lesquels les malades,
efléctivement entraînés par le vertige, sont tombi?s lourde-
ment sur la face ; l'un d'eux s'est fracturé les os du nez ; un
antre, dont je vous parlerai dans un instant, s est cassé plu-
sieurs dents.
Je terminerai en faisant remarquer que, chez G..., la ma-
ladie est fort ancienne, les premiers symptômes remontent
au delà de dix années-, qu'il existe du coté gauche une lésion
de la caisse avec épaississement de la membrane du tympan
et écoulement habituel de pus mêlé de sang.
Actuellement que vous avez présent à l'esprit l'ancien ta-
bleau symptomatique, je vais entrer dans quelques dévelop-
pements pour vous dire dans quelles circonstances s'est
produit l'amendement qui fait qu'aujourd'hui G... peut se
tenir debout, comme vous le voyez, et marcher sans aide-,
mter toute la journée tranquillement assise sur un fauteuil,
^ subir enfin, sans trop d'émotion, toutes les secousses, tous
ks ébranlements qu'on lui imprime par curiosité.
GuABCOT. Œarrcfl coinpl6tcs, t. II. SS
35i B1IFI.0] Di; BULPATK DB QUIKtlCB
Lor!! de ina conférence relative au vertige de Méaière, Cùle
en 1874, j'émis quelques considérations thénipentiqoes. Je
relevai entre autres que le vertige, ab aure hvsa, même 1*
plus învétéri.', guérissait quelquefois spontanément, quaulle
malade devenait complètement et irréparablement sourd, et
cessait d'éprouver le sifSemeat. Je me sais aumi demudi!
6'il ne serait pas possible de provoquer k dessein, par intor-
vention chirurgicale, ce résultat souvent soabaitablu. Je pr^
eonisai aussi l'emploi des pointes de feu sur les apupbms
mastoïdeit. Le moyen que j'ai mis en œuvre dans \ec3s syr
lequel j'appelle votre attention, est à la foi» beaucoup plol
simple et beaucoup moins radical .
L'idée m'est venue que, à i'aidejdu sull^ito d« quinine, qui,
chacun le sait, détermine, entre autres phénomène», da
bruissements, des bourdonnements d'oreilleu plus ou moi»
accentués, on parviendrait peut-«tre, en prolongeant «ifB-
aamment l'emplui de doses assez élevées, 3i produire des mo-
difications durables dans le fonctionnement du nerf soditir.
Le résultat a justifié, vous allez le voir, ces prévision*.
Giraud... a pris le sulfate de quinine à la dose de i.> '
tigrammesà un gramme par jour, d'une façon régu!-
part plusieurs interruptions de quelques jours, néees-i: ■ ;'""
des donleurs gastriques, pendant toute la durée du uiuisik
mai et du mois de juin et les 20 premiers jours de juill^
Vers le commencement de juin, e'est-à-dîra etiviron cîiil
semaines après le début du traitement, on remaniua ^
depuis quelques jours déjà, la malade pouvait être aecBoi*
dans son lit, trausportée même d'un lit dans un autre, BU>
pousser des cris de détresse, comme elle le Caioail régnlièft-
ment en pareil cas.
lDterrogée,elieDous apprit que les sifaeiiieDtsaigniia\-BM*tt
vus la même époque, diminué d'abord d'ioten^té puÎA
«ompiêtement, et du même pas, les grandes crtiet
— -m
NOrVEAI) CAS DE VRBTiaB D8 UËNItaB 355
; Le bourdonnement permanent avait été remplacé par
îliraiBsement tout différent dans son caractère, etqai paraît
devoir ètr»; rattaché à l'action de la quinine. Encouragée par
ces premiers résultats, j'engî^eai O... à se lever et à essayer
de se tenir debout, de marclier. £Ue refusa tout d'abord éner-
a^uement, redoutant de voir reparaître les vertiges et jugeant
jumla tentative impraticable, pour ne pas dire plus...
■istai : enfin, elle consentit et un beau jour, soutenue
|Bux aides, elle parvint ù taire, non sans de grands
f deux ou trois pas rendus très difRciles, paraît^il, par
iBnsibilitij excessive de la plante des pieds, plutôt que
ï£tat vertigineux. J'exigeai querexpéricnce iilt répétée
B jour. Les progrès furent assez rapides, car vers le
époque à laquelle le sulfate de quinine a ét^ sup-
\$, G... avait pu faire déjà plusieurs fois, avec une
^e assez assurée, sans autre aide que le secoun
fc canne, le tour de l'enceinte intérieure de ce vaste hos^
L Le mal depuis cette époque n'a fait aucun retour
f et vous pouvez juger par vous-mêmes, que l'atti-
da corps et la démarche ne s'éloignent pas beaucoup,
Le, do celles d'une personne en bonne santé. J'ajouterai
i n'est Dî plus ni moins sourde qu'auparavant. Ce n'est
I, voua le voyez, en déterminant la paralysie complète
f auditif que le sulfate de quinine aurait agi dans ce
bit sur lequel jo viens d'appeler votre attention n'est
iqiie dans son genre, j'en pourrais citer plusieurs
loù l'hoareusc influence de l'usage- prolongé du sulfate
ine a été constatée. Je me bornerai à citer l'un d'eux
klièrement intéressant, parce que le résultat obtenu a
BtràU} par plugieurs confrères.
1 appelé, eu juin 1875, \x>\it donner un avis coneer-
356 KOUVEAir CAS DE VEBTIQK DR MÉSIÏltS
nant l'iîtat d'une dame, âgée d'une trentaine d'ann^, qui,
depuis dix-huit mois, était devenue sujette à des crises épile]>-
tiformea, disait-on, ou, tout au moins, hyst^To-t^pileptiqDe».
Le bromure de potassium avait complètement échoué.
Lors de la consultation, il fut parfaitement établi que lit li
syphilis, ni l'hystérie, ni une cause traumatique quelconijoi!
ne figuraient dans les antécédeQt<3. La malade, tr^ intelli-
gente d'ailleurs, voulut bien, à ma prière, entrer dans I«
plus minutieux détails concernant le caractère de ses crÎMS.
J'appris d'elle que, pendant ses accès, elle était fort troubla,
fort émue, sans doute, mais n'avait jamais perdu connais-
sance. Toujours le début était brusque, imprévu. La wns*-
tion d'une chute en avant survenait tout à coup, et, (le fait,
la malade avait été effectivement précipitée plusieura fois
la face contre terre, et une fois, entre autres, elle s'àtrà
cassé-deux dents. Il s'agissait donc la d'un vertige de tnu*
lation à début brusque, avec chute antéro-postérïeure, su»
perte de connaissance, donc, par conséquent, de quelques-
uns des caractères les plus accentués du vertige de Méoicre.
Pour compléter la ressemblance, j'ajouterai que, chez M'°'X...,
l'accès se terminait par des nausées ou mémo des vomis-
sements.
Ces premiers renseignements une fois obtenus, j'espIorM
sommairement l'acuité auditive, à l'aide d'une montre, et j*
reconnus que l'ouïe était très manifestement affaiblie diiwle
gauche. Je posai, alors, une dernière question. La répon*
devait, à mon sens, être décisive. Je demandai s'il ncF^^
venait pas, quelquefois, dans les oreilles, un bruit aigu plus
ou moins analogue à celui d'un sifflet. Le mari, présentàb
consultation, prit cette fois la parole, et répliqua vivemM'»
qu'en effet, iV"'' X... s'étonnait souvent d'enteadw 1*
sifflet des locomotives d'un chemin de fer voisin à des hev^s
inaccoutumées et alors, qu'en réalité, rien de sembla'''*
J
TRAiTBHKrr DU TXHTiaB DB hAhiIbb 357
n'était arrivé. La conoexité entre le développement brusque
des bruits ^ sifflet et l'invasion des accès vertigineux fut,
après cela, facilement établie.
Je crus pouvoir annoncer qu'il ne s'agissait pas ici d'épi-
lepsie, non plus que d'hystéro-épilepsie, mais bien du verUge
de Ménière. Je fis espérer qu'à l'aide d'un traitement appro-
prié, les accès pouvaient être atténués, peut-êtr« supprimés.
Le sulfote de quinine fut prescrit à la dose de 60 centi-
grammes, et l'usage de cette dose prolongé pendant deux
mois. Peu de temps après le commencement du traitement,
les sifflements, et du même coup, les accès vertigineux ont
cessé de se produire. Ils n'ont pas repara depuis '.
1. Ja poorniictteraiijuurd'huiau bon nombre d'autraii exemples oCilea «ici*
ienlM vertif^niiiixdoiitil n'agit ont étà trùi notablement amendés ou même com-
plètement i^érïs pai l'influence de l'emploi proloni/i ilu sulfate de quinine.
IL leD' Weir Hitchell a relaté iilusieurs faits de ce genre, au dernier congièi
da Sew.York. (J.-M. C.)
DIX-NEUVIÈME LEÇON
De rhémichorie post-Umiplégiqne.
SouuAinE. — Rénik'horée pDst-héint|iléf^qDe. — Faitt cUiûquca. -
do U «aaiiibilit^ générftla et spécûils. — TroublM niotttun i loar li
bUnceavec lex inoiiveaiiiiits Glioréii(ues. — Trépidatioa itw hémiplagil
— Insubitité des niembree affecté» d'héniicliorée [ioi<t-Lùmij<l^qM
raotères des troubles muscnlalreE ma repos et Aant loi inouvr-iit>Dta
LéàioDs Dr^aaicjues. — Fuyers d'Iiémurragie et da TumoIliinemBD
enoBl'lialiqaes. — Atrophie partielle du cerveau.
RÛets de rhémiplioi-éepaBt-fa^iplé^iqae. — Belatiun cm'
et rhâmiaueslhésie. — Slè^e des lésions anzqnelleB so ratlAulionI otfl
tûmes 1 extraniité postérieure de lu coacUe optique; — purtio poilMifl^
no^aii caudé; — partie postérieure de la oonronne rayunnenta.
Hémieboiée prK-Iiémïplégiqiie.
Messieurs,
J'appellerai ce matin tout particulièrement votre attention
sur un ensemble de phénomènes que je voua propose de dési-
gner sous ie nom d'hémichorée post-hrmiplégique. Cette
dénomination, je l'emprunte à M. S.-W. Mitchell (de Phib-
delphie), qui en a Tait usage dans un travail récent'. Ceoï
d'entre vous qui, dans ces dernières années, ont suivi m»
leçons, reconnaîtront facilement cet état morbide dont je
leur ai déjà montré, à diverses reprises, des exemples înl^
Suivant la ligne de conduite que je me suis tracée enr^
prenant ces leçons cliniques^ que je voudrais comparer eo
1. Font-paralj/lii: Charea, In Tht Ainerican Journal of Iht laed. Sek*"-
Dct. 1874, 3J2.
ï. Ltçons diniqva tur la vialadies dit iuttimc ntrvevx, L I, lt#4, p. i"-
FAin cLaïQuB S59
quelque sorte aux leçont (te chota {otjjects tessons), si
usitées dans les écoles américaines, je lierai tous mes etTorts
pour que le tableau de l'hémichorée post-hémiplégique res-
sorte pleinement et d'une &çon claire de l'histoire de trois
malades que je vais interroger successivement devant vous,
La première, R... Marie, est Agée de 51 ans. Dans ses an-
técédents qui, en somme, n'olTrent qu'un médiocre intérêt,
je relé^'eraï seulement les points suivants : La malade a subi
une fièvre typhoïde à 18 ans, et, à 3U ans, une fièvre inter-
mittente qui a duré six mois.
A 41 ans, R... a été saisie d'une attaque apoplectique
avec perte de connaissance et accompagnée, parait-il, de
vomissements. Revenue à elle, elle présentait une hémiplégie
avec flaccidité comi>lète du côté droit.
Durant les six mois qui ont suivi, la malade avait, à ce
qu'elle assure, une notion exacte dos objets, elle se rapi>elait
leur nom, — par consé<|uentiI n'y avait pas d'amnésie verbale,
mais elle était impuissante à le prononcer, par suite d'une
difficulté qui existait dans l'articulation des vaaiSi. J'ajoutc-
isi, de plu!<, que, pendant cette même période, il y aurait eu
znomeatanément, si l'on croit son récit, un certain degré de
contracture dans les nmscics de la main droite.
Quoi qu'il eu soit, au terme de ces six mois, R... a pu
commencer à marcher ttuit bien que mal. Mais, alors qu'elle
récupérait peu à peu et progrcs.sivcment les inouvenionts
dans le membre inférieur droit, ceux du membre supérieur
correspondant, bifu que redeveniis passibles et assez étendus,
ont été gênés bientôt par un tremblement d'une espèce à
part, comme uhoréique : c'est sur ce tremblement i\\m je
vais surtout insister.
La situation est demeurée telle quelle depuis cette épcique,
c'est-à-dire depuis environ dix ans, et, en pjirticulîer, dans
360
TBOUBLSS DS LA SENSIBIUTt qAnËBAIA
les cinq dernières années qnî viennent de b'^
lesquelles K... n'a pas cessé d'être placée sous mes ^l'cux â la
Salpétrière.
Nous avons à considérer, dans sa condition actuellv, ViM
du côté droit du corps, d'abord au point de vue de la aeosi*
bilité, puis au point de vue des fonctions motrices. Je vm»
lais voir, en premier lieu, la malade couchée, afin de ùciB-
ter les explorations : mais je vous la présenterai ilcnouvan,
tout à l'heure, dans la station verticale et marchant.
a) Il existe chez R... une hémianesthésie génénb'
côté droit du corps. En d'autres termes, la sensibilité
ce côté, profondément modifiée sur la face, le troDC Dt]
membres. Voili pour la senstbUîté générale. Ce n'esta
tout : Vouïe, le goiii, et les sens vraiment céphaU
Yodorat et la vue sont aussi obnubilés de ce même c<*tté. Sum
ce rapport, nous allons rencontrer chez cette malade, voM
l'avez pressenti, la reproduction exacte des caractères, liiw
connus de vous, de l'hémianesthésie des hystériques.
Ainsi : 1" En ce qui concerne la vue, il y a, pourl'u^
droit, une modification, légère il est vrai, l'acuité visuelletf
1& simplement diminuée-, 2° pour l'odorat, l'altération tf
plus prononcée ; la malade ne sent absolument pa.s, par !•
narine droite, l'odeur de l'éther ; 3° le chanpemetit est Œ-
core plus net pour Vouïe ; la malade qui perçoit Irè« Wen !«
tic tac d'une montre à gauche, ne le perçoit que d'uM
manière très confuse -À droite. Cette diminution de IVnilet,
été consignée dès le commencement de l'observation, car 1
s'en estplainted'elle-mémc,dè3 l'origine, sans que soDi
tion fût appelée sur ce point; 4* l'abolition du gvût
mise hors de doute par l'épreuve que nous allons faire ai
coloquinte. Vous voyez qu'elle n'en sent pas I'.
droite, tandis qu'elle la dénonce dès que la substance t<
le côté gauche de la muqueuse linguale.
TROUBLES DES SENS 361
Vous venez de vous assurer par vous-mêmes, ilessieurs,
de l'exactitude de nos assertions pour ce qui a trait aux sens
spéciaux ; vous allez être convaincus, dans un instiint, que
l'examen n'est pas moins concluant lorsqu'il porte sur la
sensibilité générale; celle-ci est, je le répète, manifestement
diminuée sur toute la moitié droite du corps. Le contact
d'un corps froid est bien plus vivement senti à gauche qu'à
droite. Le chatouillement^ l'introduction d'un corps étran-
ger dans la narine droite ne produit aucune réaction. Enfin,
il y a sur tout ce côté du corps : face, tronc et membres, une
analgésie des plus accentuées, puisqu'on peut plonger pro-
fondément et brutalement une grosse épingle dans ces par-
tieSy sans que la malade manifeste la moindre souflrance.
C'est là, Messieurs, comme je le rappelais tout à l'heure,
une réunion de symptômes que l'on a bien souvent Tocca-
sion d'observer dans l'hystérie et plus spécialement dans
Vhystérie ovarienne.
Mais, chez R..., l'hystérie cependant n*est aucunement en
jeu, preuve nouvelle, s'il en était besoin, que, dans les ma«
ladies du système nerveux, comme dans toutes les autres,
nul phénomène, pris isolément, ne saurait vraiment être ca-
ractéristique. C'est le mode de groupement des accidents,
leur mode d'évolution, d'enchaînement, la réunion des cir-
constances tout entière qui sert surtout, ici comme ailleurs,
4tax distinctions nosographiques.
b) J'aborde maintenant le second point, à savoir : l'étude
des troubles moteurs que présente cette femme. Ces troubles
Mnt très particuliers. S'ils manquent à la face, dans ce cas,
îls sont très évidents au contraire dans les membres supé-
rieur et inférieur du côté droit. Ceux-ci, je puis vous le faire
{^marquer de suite, n'offrent ni atrophie ni contracture, ni
déformation quelconque. Nous allons maintenant les exami-
ner successivement au repos et dans les mouvements.
36'2 TKOuBLRs uoTEiraa
Dans les mouvements intentionnels du membre su]
il ae manifeste une agitation choréiforme tout h fuît compta
rable A celle que j'ai décrite dans le temps A pivipos de tt
8ci(5rose en plaques. Tant que R... est tranquille, au npoe,
il n'y a, dans le membre, pre^^que aucun désordre moteur:
par .contre, dans l'acte de porter un verre A la boucbe, le bru ii
est saisi de mouvements rythmiques très étendus et tetsqwv
si on ne surveillait la malade, l'eau du verre serait vinleni»
ment projetée de toutes parts. Nous verrons, dans lui mo-
ment, quand elle marchera, des accidents analogues svmi»
trer du côté du membre inférieur droit.
Ce désordre du mouvement se rapproche non seuli>iiienldii
tremblement de la sclérose en plaques, comme je vieauA
vous le dire, mais encore, ù quelques i^^gards, d'un phé»-
mène qui s'observe ordinairement dans les cas vulgân*
d'hémiplégie : je fais allusion, ici, à la trépidation qui»
manque guère d'apparaître quand les faisceaux lat^^nun it,
la moelle sont affectés de sclérose à un certain degré, poom,
toutefois, que, la contracture étant peu accentuée, les moa-
vements volontaires soient A un certain degré, encore ptfr
sibles. Ces mouvements choréiformes post-hémipléfi([tei
s'éloignent, d'autre part, de l'iocoordination des ataxiqnO^
ne serait-ce qu'en co que la vue n'exerce sur eux auccM
influence.
Mais il est un caractère qui sépare foncièremeni ces bk*
vements choréiformes du tremblement de la sclérose en pi*-
ques, de la trépidation des hémiplégiques, de rincooriia*"
tion motrice des ataxiques, etc., et qui, en revanche, te
rapproclie de la chorée : c'est rexisteacc, alors que le na-
ïade ne l'eut aucun mouvement, d'une iiistabilUé desWft-
hres affectés. Ces membres, dans ce cas même, — c'est M
point qu'il importe tout à fait de mettre en évidence, —sont
animés par dos mouvements involontaires, analogues à ceor
cx-BAcrkaa CHonbn>&ms vm nourBusTs SCS
)ni, dans les mêmes circonstances, se voient dans la chorûe
Dfdinaire. Ces mouvements, comme vous le pourrez consta-
ter, sont trâs évidents au membre inft^rieur. Vous voyez, en
e^, la rotule soulevée pour ainsi dire incessamment, d'une
bçon rythmique, par la contraction brusque et involontaire
des muscles antérieurs de la cuisse, — vous voyez eu même
temps le pied porté tour -X tour, malgré la volonté de la
naïade, dans l'adduction et l'abduction, puis dans la Qcxion
et l'extension.
La main, on le constate également, ne peut rester tran-
guille appliquée le long du corps; elle est constamment
■gitée de secousses brusques et inattendues, en même temps
(ne les doigts s'éteadeat ou se tléchîsscnt sans motif.
J'ajouterai que, dans des cas absolument comparables au
frécédent mais plu-s accentués encore, ces mouvements
involontaires, 1res étendus, constituent une agitation pcrma-
iHiite qui Tait que, en définitive, cet état en ce qui concerne
Al moins le caractère des troubles moteurs no s'éloigne par
aucun trait essentiel de la chorée proprement dite.
C'est donc au mot chorte que nous ferons appel pour
désigner le pliénomènc en question, llicn entendu il s'agit
d'un simple rapprochement et nullement d'une véritable
UBÎmilation nosographiquo à établir avec la clioréc vulgaire
[eiiorea minor) ; sans doute, la coexistence habituelle de
lllémianesthéïiîe reconnue depuis longtemps dans la ctiorée
ordinaire, d'après les oteervations de mon ancien collègue,
le docteur Moynier, est encore un trait que celle-ci a en
commun avec les faits qui nous occupent; mais les canic-
tèrcs distinctifs abondent, d'autre part ; il me suDini de
signaler, pour les cas iVhéinichon'x j'fst-jmralt/lti/i'L; la
limitation exacte et indéfinie des désordres muteura A un
aeul côté du corps. La préexistence d'une hémiplégie de
longue durée avec flaccidité des muscles d'aburd, puis mar-
364 ATROPHIE PARTIELLE DU CBBVSAU
quée par uq certain degré de contracture; enfin le d«but
brusque et vérîtablemont apoplectique des accidents. Ce
sont là, voua le voyez, des phénomènes qui n'appartieaneot
plus à la vulgaire danse de Saint-Guy.
En somme, l'affection s'est, à l'origine, présentée chez
R... sous la forme de l'apoplexie cérébrale suivie d'hémi-
plégie telle qu'elle se présente en conséquence de la brusqui;
formation d'un foyer de ramollissement ou d'hémorragie
intra-encéphalique. Et en réalité, Messieurs, c'est, il n'y a
pas à en douter, à l'une ou l'autre de ces lésions organique»
qu'il convient de rapporter les accidents que j'ai relevés chei
notre malade.
Les mouvements choréiformes dont je me suis attaché à
vous faire connaître les principaux caractères se muntreat
sous un jour nouveau, lorsque la malade, s'aidant d'une
canne qu'elle porte de la main gauche, s'efforce de se tenir
debout immobile ou se livre à la marche. Le corps tout
entier est alors, vous le voyez, agité de secousses qui résul-
tent de ce que des mouvements successifs de Uexion et d'ex-
tension brusque se produisent involontairement dans le
genou et dans l'articulation du cou-de-pied du côté droit.
Vous remarquerez que, par contre, le membre supérieur de
ce côté reste à peu près immobile. Mais cela a lieu unique-
ment, gnice à un subterfuge : la main est tenue, en effet,
fortement appliquée le long du corps ou encore fourrée dans
une poche, sans quoi elle serait, à l'exemple du membre infé-
rieur, constamment en mouvement.
L'hémichorée post-hémiplégique ne se présente pas seu-
lement liée à la présence de foyers d'hémorragie et de ramol-
lissement intra-encéphaliques, tels qu'on les rencontre vul-
gairement chez l'adulte. Elle peut survenir aussi par le lÀît
de ces lésions, encore assez mal connues dans les premières
ATROPHIE PARTIELLE DU CEBYBAU 305
phases de leur développement qui, chez les jeunes enfants,
déterminent ce qu'on appelle VcUrophie partielle du cerveau
(Cotard; Thèse de Paris, 18G8). La conséquence habituelle
de ces altérations est, ainsi que Tout depuis longtemps mon-
tré Bouchet et Cazauvielh, une hémiplégie incurable le plus
souvent avec contracture (hémiplégie spasmodiquc de Heine).
Mais il peut arriver en pareil cas, très exceptionnellement il
est vrai, que Thémiplégie fasse place, pour ainsi dire dès
Vorigine, à une hémichorée en tout semblable à celle que
nous décrivions tout à Theure. Une fois constituée, cette
hémichorée persistera pendant toute la durée do la vie. Je
suis à même de mettre sous vos yeux deux ex(»mples de ce
genre.
— R... est actuellement âgée de 18 ans. Placée peu après
sa naissance à la campagne, elle aurait été sujette à des con-
vulsions à partir de l'âge de 2 ans; toujours est- il que lors-
qu'elle fut reprise par ses parents à 4 ans et demi, elle était
paralysée des membres supérieur et inférieur du côté droit,
et éprouvait de temps à autre des accès d'épilcpsie. La Simté
générale était d'ailleurs très altérée et R... demeurait cons-
tamment assise ou couchée. (Inice aux soins qui lui furent
prodigués, elle prit peu à peu des forces et devint même au
bout de quelques mois capable de marcher et de se servir un
peu de son bras droit. On s'aperçut dès ce moment que la
main de ce côté, dans les mouvements volontiiires, était
agitée d'une sorte de tremblement-, mais les mouvements
choréiformes survenant en dehors de tout acte volontiiire se
seraient surtout accusés à partir de sept ans. Ils n'ont pas
cesse d'exister depuis cette époque. Je n'entrerai pas sur
leur compte dans les détiiils. Ce serait reproduire de tout
point la description présentée à propos de notre première
malade. Je ferai ressortir seulement que, à Tinversc de ce
366 CONDITIONS AJiATOHIQUBS UK L'HiMlCBOBtB
qui a Itcu dans la grande maionté des cas d'hémichorieji
hémiplé(/>que de l'adulte, l'bémianestlicsie &ll Ici (
temeut dûfaut'. Celte même particularité, c'est-Â-dire fl
sencc d'anesthc-sio sur les membres atteiuts de ebor6e 1
présentée encore dans le fait suivant, qui est relatif d'aîllli
comme le précédent, à l'hémiplégie des jeunes coTMits'J
— Gr..., âgée de 29 ans, a épn>uvé à l'âgo de bail I
des convulsions qualillées d'épilepti formes et suivies d
hémiplég'ie du c<)té g4iicho. Elle n'a pas cessû dopuii à
époque d'être sujette i des attaques d'épîLepsîe. I^esa
bres du côté droit sont actuellement un peu plus biU
plus grêles que ceux du côté opposé, mais ils ne 9oot n
tracturés ni anesthésiés. Ils se montrent sans cesse agill
mouvements choréiformes, auxquels la face ne paraît |
participer, et qui sont exagérés pu* l'accomplis
actes intentionnels.
J'en reviens actuellement au cas de Ronc... Les à
moteurs que nous avons étudiés chez cette malade i
pas, tant s'en faut, un phénomène banal, daiia l'hiato
l'hémorragie intra-encéphalique et du ramollisiwtment [i
du cerveau. En effet, sur un nombre considérable de I
relatifs à ces lésions, que j'ai recueillis ii la 8âlp<
depuis une douzaine d'années, j'ai observé l'hêmicbn
hémiplégique 5 ou 6 fois au plus. Dans la r^^, .
l'hémiplégie survient par la fonnation d'un foyer I
cérébral d'hémorragie ou de ramollissement, la ]
motrice, si le cas est favorable, s'atténue prc
et disparaît complètement sans qu'à aucune époque Itf a
1. L'hiiutianiwlhniîe |<ennân«nt8 ne produit qaolqtiafoia m o
r*tTu]iliia t>artii>lla du uorvesn duUiit de 1h |>r«nu«n9 oof^ncOk, Jm il_
réeemmnnt dnna les infirmeriez Sa 1b Salpùtrirra, un «xoBiplo ilfl m fl
S. C«tt« mAUd«, wnima la inivnnW, apparlima ' ~
cdxolTMnm axatOiuquiis db l'bëmichokëb 367
I ehoréiformes se eoient montrés; oa bien, si te cas
la paralysie persiste telle quelle, avec ou «tuna
awnipaiïnemenl de (-onctracture permaneute, tantôt com-
lAto, tantôt incomplète. Cette fois encore, — je parle, bien
Btendu, lie la rèyle et je ri5serve le chapitre des anomalies,
— les secousses choréiques font absolument déraut; seule*
urat, ni l'inertie motrice est incomplète, il peut so faire,
rincipalement lorsqu'il y a un certain degré de contracture,
m lâB laouvements iutentinnnels soient troublés par une
ferte de Iréjmlation dont je vous ai entretenus déjà tout à
Iware, et qui n'a rien de commun, je vous l'ai dit, avec
■ secousses cuuvulsives qu'on voit ditns la chorée, se
lïoduiro en dehors même de l'accomplissement dos actes
If^tairea.
Quelles sont donc les conditions vraisemblablement très
(HkiUlcsqui font que dans quelques cas exceptionnels d'hé-
Mmgie ou de ramoUÎSMement cérébral eu foyer, l'hémi-
jUgie, contrairement A la règle ordinaire, est, X un moment
Ipimé, remplacée par l'héuiichorée? Je ne saurais, quant a
pnHent, réi^ondre k cette question par une solution régulière.
Voici cependant, ù mon sens, dans quelle voie celle-ci pour-
Diit ilre cherchée. Je pense que ces foyers d'hémorragie ou
l'encupbalc-uiatacie qui déterminent l'hémicliorée, affectent
■acéphale un siège particulier, fixe, bien différent du
varia qu'occupent les foyers qui produtsenl l'hémi-
Je fonde mon opinion principalement sur
lOStaoce remarquable, liéjk mise en relief, que
itfi^ie cérébrale, c'est-à-dire avec participation de
spéciaux (vue et odorat compris), ce phénomène
montre si rarement lié à rbémiplégie vulgaire, est, au
içaotraire, un accompagnement, non pas obligatoire sans
très habituel au moins do l'hémichorée post-
368 CONDITIONS ANATOKtqUBS DR L H^tCUOBËK
hf'Tnlplégi^ue. Or, il parait établi que cette- Tornic parttculd
d'hémianesthésic relève de lésioDS localisées dans oerO
points, toujours les mêmes, des hémisphères c-érébnuï
dont le siège semble être aujourd'hui îi peu près dét
Dest vraisemblable, déjà, d'uprès cela, que les éliJmealS Ol
veux, faisceaux de fibres ou corpuscules ganglîonnairesjdl
la lésion est capable de produire l'hémichorée, coafbwRtI
ceux dont la destruction détermine l'hémianesthéste.
La nécroscopîe, d'ailleurs, a déposé en faveur de ceO« U
pothèse. Trois fois j'ai eu l'occasion de l'aire l'autopsie d
jets chez lesquels une bémichorée datant de plusieurs a
avait succédé à une hémiplégie marquée paruo début h
apoplectique. Dans ces trois cas, l'hémianesthésie *
très prononcée, comme cela se voit cliez notre malade fi
De plus, comme chez elle encore, mais cette fois ssun A
par \<i fait d'une coïncidence toute fortuite, c'est 1* t
gauche qui se montrait affecté. Quoi qu'il en soit, bU
révélée par l'autopsie consistait en des cicatrices (xia
vestiges non méconnaissables de l'existence antArii
foyers hémorragiques. Les cicatrices en questioa ■
dans l'hémisphère droit une région toujours la B
de chose près, et voici l'indication des parties qo*
ressaient; ce sont constamment, c'est-à-dire dans t
cas : 1° l'extrémité postérieure de la couche optique; — Si
partie la plus postérieure du noyau caudé. 1! est notice:
sèment que les deux tiers ou les trois quarts luitériHUsl
ces noyaux gris étaient restés parfaitement indemnMQ
3" enlin, la partie la plus postérieure du pied do la o
rayonnante.
Dans deux des cas seulement, un des tubercules a
meaux, l'antérieur du côté correspondant au ToyerM
participait à l'altération.
Quelles sont, dans cette énumération, les lésions q«I ^^
OOUDlTUnlB AMATOKIQIJU I» L'HtHICHOBiK 369
déterminé l'hâmichorée ; quelles sont celles, au contraire, d'où
il fitiit &ire dériver l'hémianesthésie? Celle-ci, 'nous nous
sommes efforcé de le montrer ailleurs, relève de l'altération
des btsceaux les plus postérieurs du pied de la couronne
rayonnante. L'altération de l'extrémité postérieure de la
couche optique, celle de la queue du corps strié resteraient
donc seules au compta de l'hémichorée, car on ne saurait
invoquer la lésion non constante des tubercules quadrlju-
meaax. Mais, d'un côtéfOna vu maintes fois la couche optique
et le noyau lenticulaire, atteints' dans leurs diverses parties^
des lésions les plus diverses sans qu'il s'en soit suivi la
moindre trace de mouvements choréiques. De telle sorte que,
suivant toute apparence, ce ne sont pas là encore les or^nes
qu'il Ûiut incriminer dans la situation actuelle. Je crois plus
vraisemblable, mais c'est là une pure hypothùsc que je livre
à vos méditations et à vos critiques, qu'A côté, en avant sans
doute, des fibres qui, dans la couronne rayonnante, servent
de voie aux impressions sensitivcs, il est des faisceaux de
fibres douées de propriétés motrices particulières et dont l'al-
tération déterminerait l'hémichorée. Une analyse anatomo-
pathologique délicate, guidée par la clinique, parviendra peut-
être quelque jour à circonscrire d'une Tai^on exacte les ré-
gions limitrophes qui correspondent A ces deux urdrcs de
foisceaux.
A côté de l'hémichorée post-hémipIéë:ique, il y a lieu de
mentionner un état pathologique pour ainsi dire inverse,
c'est-à-dire dans lequel des mouvements choréiformes, déve-
loppés brusquement dans les membres d'un côté du corps, à la
suite d'un choc apoplectique, font place bientôt ù une hémi-
plégie plus ou moins complète. L'hémianesthésie accompagne
habituellement cette sorte d'hémit-hurée qu'un pourrait ap-
peler prœ-hémipltgique. Les cas de ce genre sont, je crois,
assez rares-, je n'en ai pas recueilli plus de trois exemples.
Chihcot. ŒuTiti couiiiUlins t. 11. !<
3T0 EttocBOKte r&£-aÉMiPi.to)Qi;s
L'aotopsie a ét^ faite dans ua seul de ces cas. D s'agisaût U
d'an foyer d'hémorrag^îe, du volume d'oue petite ooîi, <jiu
disleodait, dam sa moitié postérieure, la couche optique, l»
malade a^'ait succombé trois semaines envirxHi après l'ian-
8ÎOD des s^1nptôme3 apoplectiques. Une hémiplé^ecomplte,
absolue, avait remplacé i'hémicborée trois jours opr^ k
début. D'après ce qui aétédit plus haut, ce n'est év
pas en désorganisant une partie de la coucha optique
l'hémorragie a produit ici, soit ITiémichorée, soit
nesihésie. Ces deux ordres de E\'mptôjoe8 doivent être, ïW-
semblablemcnt, rattachés l'un et l'autre aux effets de la cco-
pression qu'avaient subie la capsule interne et le pied de h
couronne rayonnante, au voisinage immédiat du fowr.
L'hémichorée, accompagnée ou son d'hémiaaesthéeia, pcil
se produire encore, non plus brusquement, mais au cootrûn
d'une façon lente et progressive et sans être nécessaimiiad
précédée ou suivie d'hémiplégie, en conséquence du Hfé»^
pement de certaines ncoplasîes dans la profondeur d'u tà-
misptière. Les faits de ce çenre se rencontrent assez frâioeo-
mentet j'enai cité dans le lenips plusieurs exemples remn-
quables. Il est on ne peut plus probable que les produits tnar-
bides qui déterminent de semblables elTets reconoaisseol ont |
localisation analogue à celle que nous essayions de détermistr
tout à l'heure, à propos des foyers hémorragiques ; mais ocm
ne possédons encore à cet égard aucune donnée positive. O
sera pour l'avenir un intéressant sujet de recherches. I*
malade que je vais actuellement faire passer sous vos veut
appartient évidemment à la catégorie des cas que je rieU
de signaler.
Elle est iigée de GO ans environ. Elle souffre depuis nne
quiiumine d'années de douleurs vagues occupant toute Vi-
tonduo du membre supérieur droit. Depuis lS(i9, eik<<
duvonuo sujette à des crises épi lepti formes assez mald^t*"
chor1r8 8yiiptoiia.tiqi;b8 : chokAe laNOR 371
minées, et, vers la même époque, un tremblement choréiforme
B'eat emparé de ce même membre supérieur droit. Le trem-
blement en question est pour ainsi dire permanent ; il s'exagère
manifestement dans les mouvements intentionnels, mais il
subsiste en dehors de toute action volontaire. Il se rnpproclic
d'ailleurs beaucoup plus par l'ensemble de ses caractères des
agitations de la chorée que du tccmbicment propre d la para-
lysie agitante ou du tremblement sénile. J'ajouterai qu'une
hémïanesthésie totale avec participation des sens spéciaux
a pu être observée chez cette malade pendant toute la durée
de l'année dernière. Elle occupait le côté droit du cerf» : à
l'heare qu'il est, la sensibilité spéciale parait s'être partout
rétablie, et quant d la sensibilité génénile, elle est redevenue
à peu près normale  la face, au tronc et au membre infé-
rieur du côté droit. Seul le membre supérieur droit, »iège
des mouvements choréiformes, oITro encore sur toute son
étendue un affaibli sscment très man[uéde la sensibilité tactile.
En terminant, je ferai ressortir une fois de plus les analo-
fries, au moins extérieures, qui rattachent les chorées symp-
tomatiquen, liées à une lésion grossière de l'encéphale, de la
chorée ordinaire. Celle-ci peut, comme celles-là, rester tem-
porairement au moins limitée à un côté du corps : elle s'ac-
compagne souvent d'hémianesthésie ; elle peut être précédée
ou suivie d'hémiplégie, etc., etc.; en somme, la différence qui
sépare ces deux ordres d'affections si radicalement distinctes
au point do vue nosographique est bien plutôt peut-être
dans ce qu'on est convenu d'appeler la natui'c de Ja maladie
que dans le siège anatomique. Si ce dernier, pour ce qui
eonceme les chorées symptomatiques, était uu jour déter-
miné avec précision, on connaîtrait au moins l'une des
régions de l'encéphale oh devraient être cherchées les altéra-
tions délicates d'où dérivent les symptômes de la chorée
Tulgtùre.
VINGTIÈME LEÇON
D6 l'épilepsie partielle d'origine syphilitf
SoMUOEE. — Épilspde partielle on hémiplégique. — Soi rapport* t
syphilis cérébrale. — ComidératïoiiB bistoriqaes. — Deieription f
d'épilepsie partialla d'origine Byphilitiqaa. — G&ractères et aiëgo pi
de U céphalalgie. — Nûwuaité d'une interveiitîan thérapeutique £i
Modes de début idos accident* convalsifa. — Nouvel
l'Appui. — Succesaiun <Iea acc^. — Apparition de la cantractw ■
ReUtiona le la céphalalgio et la région motrice du pervcAO.
LteiouH : Piichyiuètiîngita gommense. — Siég« probablo d« m* U
TriUlamoat miite à intermptioiu.
Messieurs,
U Epileiisie partielle ou hémiplégique dont je m'efforçù»
tout récemment de vous faire saisir les principaux caracltol
et les principales variétés symptomatiques en me fondanlwr
les descriptions de Bravais', sur celles plus récentes du
Df H. Jakson (de Londres) et aussi sur mes propres obsen*
tîons, est une des manifestations les plus fréquentes de b
Syphilis cérébrale. C'est là un fait, on peut le dire,
ment reconnu et proclamé aujourd'hui, parmi nos confia
anglais, ainsi qu'en témoignent, entre autres, les écrit» <••
R. B. Todd, ceux de MM. Jakson, Broâdbent, T. Buionl'i
1. Thèse de Hnria, a' IIB, t. IV. Iftil.
•1. lirondl-enl. — The Laneet, 21 fiîb. 1874. — T. Buzxnrd. — Jv»**
tgphililtc ntrvoua a^mlioni. London, 1874.
ï
coksidAbatiohs butoriqou 378
et quelques autres. Par contre, en France, si je ne me
trompe, il n'a pas encore été remarqué autant qu'il mérite de
l'être en raison de son intérêt pratique, malgré qu'un mé-
decin des plus compétents en ces matières, M. le D' A. Four-
nier, se soit attaché, l'an passé, 4 en vulgariser la connais-
sance dans un travail que je ne saurais trop recommander i
TDS méditations.
Aussi trouverez-vouB opportun, je l'espère, que j'arrête un
instant votre attention sur un sujet encore insuflisamment
étodié peut-être, en vous présentant l'exposé sommaire d'un
certain nombre d'exemples assez réguliers d'épilepsie par-
tielle d'origine syphilitique qu'il m'a été donné d'observer
dans ces derniers temps. Dans le cours de mon exposé, je
rechercherai, chemin faisant, l'occasion de vous faire tou-
cher du doigt certaines particularités qu'ofTre souvent cette
forme clinique de la syphilis cérébrale. Mais j'aurai surtout
à cœur de mettre en relief qu'en pareille circonstance, l'ad-
ministration opportune des agents appropriés, lorsqu'elle est
conduite résolument — j'allais dire audacieusement, — sui-
vant une certaine méthode, peut triompher quelquefois très
rapidement, de tous les obstacles et amener une guérison
durable dans des cas même où les mêmes agents adminis-
trés d'après d'autres principes, plus timidement tout au
moins, auraient complètement échoué.
Le 13 décembre 1874, j'ai été appelé par M. le IV Malhéné
aufHris de M. X..., âgé de 42 ans, atteint d'accidents céré-
braux graves et confiné par ce fait dans sa chambre, depuis
plusieurs mois. — Dans son récit, M. X... fait remonter la
e Urliair», leçon profanée par A. Fooniier.
374 PAIT CLISIQUB
maladie actuelle au mois de juillet de cette même année : em-
ployé dans une maison de banque, il était un certain jour
assis comme d'habitude devant son bureau, occupé à écrin
lorsque tout à coup, sans avoir remarqué de phénomÙDW pii-
cunieurs immédiats, il sentit, non sans effroi, son memtn
inférieur droit agité de secousses convulsives rythmiques,
précipitées, très énergiques. Cette sorte de trépidation dui
peut-être quelques secondes, puis le membre inférieur rigidi ,
se souleva tout d'une pièce, et presque aussitôt aprèti >L X._
tomba à terre sans connaissance. 11 ne reprit ses sens qn'n
bout d'une heure environ et il ne sait rien de ce qui s'oi
passé pendant ce temps-là. Dès le lendemain, il put reloarecc
à ses affaires, et aucun accident nouveau ne s'était présefili
quand, un jour, en septembre, au moment oOi il descesdut
d'omnibus, il tomba sur le pavé privé de connaissance, aprif
avoir éprouvé, comme la première fois, pendant que^DM
secondes cette même trépidation avec rigidité du iniîiDb»
inférieur droit, signalée déjà plus haut. Un léger alTaiblia»-
ment parétîque des membres du côté droit, une notabkom-
fusion dans les idées, un certain degré d'obnibulation dinl
les idées, tels ont été les sj-mptômes qui ont sui\*i cette s*-
conde attaque et ont persisté après elle. A partir ' "
époque, M. X... suspendît ses aHaires, et il n<--
guère (le chez lui qu'à de rares intervalles, priiiri
parce qu'il craignait toujours d'être repris, dans la roc, Js
nouveaux accidents.
Vers le milieu du mois de novembre, sans caii*" it"''*-
ciable, sans avertissement aucun, éclata un troi)<i';i:
celte fois la durée des phénomènes de l'aura nwlr
plus longue et le malade, avant de perdre connais
le temps de reconnaître que les secousses convulsi s '
ques ainsi que la rigidité, après avoir occupé le
rieur droit et sans l'abandonner, avaient envahi rapidcm*"'
■iDtai i
DB8CIUPT10K DBS ACCÈS 375
mbre supérieur du même côté. Une personne présente
) moment raconte qu'ensuite la tète s'est portée vers
nie droite en même temps que le côté droit de la face
Elpimaçant ; puis les convulsions s'étendirent au corps
JjDtier, prédominant cependant toujours sur le côté droit
rès leur cessation, survint le sommeil stertoreux. Il
lain que, durant l'accès, M. X... ne s'est pas mordu la
B et n'a pas uriné sous lui. Sans qu'il eût repris connais-
fi, plusieurs attaques se produisirent, sur tous les points
jbbles à lu première, de manière à constituer un état de
lont la durée a été de trois heures environ. Les phéno-
I consécutifs, déjà signalés à propos de la crise du mois
tembre, n'ont fait que s'accentuer davantage à. la suite
B dont il vient d'être question; il s'y est joint pendant
mee jours un certain degré d'embarras de la parole et
Bie verbale, an sentiment d'engourdissement dans la
[fln côté droit, au voisinage de la commissure labiale,
S derniers symptômes ont été tout à fait passagers;
taïent complètement dissipés, lorsque je vis M. X...
ï avoir vérifié l'existence qui m'avait été annoncée
bibtissement d'ailleurs léger, des membres du côté
Ljo reconnus qu'ils n'étaient le siège d'aucune sensation
Irmîllement et qu'ils no présentaient pas de traces
diésie; je constatai enfin que la vision n'était nulle-
vu blée.
autant le récit de M. X..., j'avais été tout naturelle-
î'Condnit à soupçonner que, chez lui, la syphilis pou-
e en jeu et je procédai immédiatement à l'examen des
I parties du corps accessibles à l'œil, espérant y ren-
r les vestiges de l'une quelconque des manifestations
B de cette maladie. Le résultat de cette investigation
K>lamenl négatif. 11 n'en a pas été de même do l'étude
>dents qui, elle, au contraire, me permit de re-
37Û CAXACTtaBB bB t^ CÈTOAUMUM
cueillir des renseignements signi&cati&. J'at^ris, on effft, ,
ce qui suit : A l'&ge de 29 ans, c'est-à-dire lifaiw enrinn j
avant l'apparitioa dea premiers accideots éptIcptir'>niMt, '
M. X... avait contracté un chancre induru-, sui\ i
diverses manifestations relevast de la syphilis •<
nelle, parmi lesquelles a figuré la roséole. Le tr.i.
ta maladie à cette époque paraît avoir été réguliérmait i
dirigé et continué pendant plusieurs mois.
Les choses en restèrent là et pendant plus de dix ai
M. X... avait vécu en bonne santé, jouissant d'une s
parfeite, lorsque, vers la fin de 1873, il commença in
tir un malaise singulier, marqué surtout par i
prostration des forces, de l'inaptitude au tra%-ail iote
des troubles dyspeptiques très accentués, trèslenaees^
Bd montraient rebelles à l'emploi des moyens volgaira
certain degré d'amaigrissement, un état cacbectiqae^
prononcé, qu'aucune affection viscérale ne semblait o
et, enfin, une céphalalgie d'un genre particulier vinrent li» j
tôt compléter le tableau.
Cette céphalalgie n'a jamais entièrement ceœé d'tx
un certain degré depuis lors; je ne vous en ai paseatn
cependant jusqu'ici dans l'énumération des faîta,
je me réservais do la signaler spécialement à votre attea
A l'origine, elle se montrait constamment localisa ibi^
espace circonscrit, pas plus large qu'une pièce d'an B
au-dessus du sourcil droit, vers la tempe; plus!
moment des exacerbations, elle s'est étendue souveBt|
qu'au sommet delà tête et même à l'occiput sans abl
toutefois jamais son foyer primitif. Il paraît bieaéla
les exacerbations ont lieu habituellement vers 7 b«u
soir, se prolongeant plus ou moins dans la nuit 1À (
chant quelquefois te sommeil; jamais elles n'ontéltfn
de vomissements.
TKAITBMIKT 377
Ij'insisto sur h description de cette douleur de tète,
(que Vous retrouverez le même phénomène, avec les par-
tantes qui viennent d'être relatées dans l'histoire de
lup de eus d'épilepsie syphilitique. Le fait, d'ailleurs, n
nïs on relief plusieurs fois par les auteurs qui se sont
Ipés de ces questions. « Lorsque la douleur de tète, dit
} autres M. Buzzard, est associée aux attaques convul-
B (le la syphilis, elle précède en général le développement
^ accès; elle est souvent localisée dans un point particu-
, Fréquemment on trouve noté, dans les antécédents,
s a existé pendant plusieurs mois avant l'apparition de
oière attaque'. » II ne faudrait pas sans duule, tant
t fout, aller jusqu'à comparer cette céphalalgie fixée sur
Mot et précédant pendant longtemps les attaques con-
Bves comme un signe caractéristique ; on peut la rencon-
tÇf eu effet, dans les diverses formes d'épilepsie partielle,
Kodantes de la syphilis. Néanmoins, dans cette mala-
\f elle est, en général, beaucoup plus accentuée que partout
"S; c'est donc un élément que le clinicien ne doit pas
;ner d'utiliser puisqu'il pourra quelquefois contribuer
^aîrer le diagnostic.
» avoir recueilli les renseignements qui viennent de
■ Wie exposés, je me crus autorisé à déclarer qu'à mon
I les divers accidenta, éprouvés par M. X... depuis dix-
t mois, devaient être rattachés à la syphilis, et que vraî-
lablement ils céderaient tous A l'emploi convenablement
h du traitement mixte. On m'apprît alors que, d'après
Mil d'un médecin autrefois consulté, M. X..., depuis
I d'ao an, n'avait peut-être jamais cessé complètement
i «oomettre soit à l'usage d'un sirop hydrargyrique
If |i«tn in tliQ hen4 bo astocislod with the eonvuUiïe nlUckn, tt geiift-
rawdB* tba oui bruak in ifpbilitîi! cooTnliian, mid ta □flen Igcalinod in
Ikr spot. Tli«nt is frequenily & hiitory ol anleceduut pKÎii for
Mon tlie flrat &t. ■ (T. Buuard, he. eii., p. 14.)
378 dAbut Dse accîs D'teiLBPBiB pASTneux
ioduréj soit à celui de doses moyennes d'iodure de poto-
sium.
Cette révélation ne me dikouragea point et, mû fondant j
sur l'enseignement tiré d'observations antérieures, j'ànii
l'opinion qu'il fallait procéder ici en quelque sorte par
attaque de vive force et chercher à brusquer lo dà
ment; que, en d'autres tennes, l'administration imm
de doses élevées triompherait peut-être rapidement, là
où l'action prolongée de doses moyennes s'était montra
suflîsante pour conjurer les accidents et aussi pour les
battre une fois développés. Nous convînmes, mon coi
et moi, d'instituer la médication ainsi qu'il suit: des
tions seront faites chaque jour avec 4 ou 0 grammes dl
guent napolitain; en mf'me temps l'iodure de potassium
pris A la dose de 6 à 8 ou 10 grammes pour les 24 bei
partie par la bouche, en partie en lavement. Le Irail
devait être maintenu, autant que possible dans ti
rigueur, pendant 20 jours environ, suspendu ensuite
plètement durant quelques jours, rétabli de nouveau
même façon que la première fois, et ainsi de suite à
quatre reprises.
J'ai revu M. X... à la fin de 1875. Il m'apprit que Ifl
temeut a%'ait éti; mis en œuvre dès le lendemain de la
tation ; que deux mois après l'amendement dans t
symptômes permanents, céphalalgie, parésie, dyspepeîa,
cachectique, était tel déjà qu'il avait pu reprendre se
pations; que, un mois plus tard, il se considérait
tout à fait guéri; que, enfin, quant aux attaques épîl
formes, elles n'avaient plus reparu et qu'il n'avait d'i
rien ressenti qui pût lui en faire redouter la réapj
J'ai revu une seconde fois M. X..., à la fin de 1S76.<
guérison, à cette époque, ne s'était pas démentie aa
instant.
NOUVEL BXBMPUB D*ÉPl£BP8IB PABTIELLB SYPHILITIQUE 379
Ainsi que, plusieurs fois déjà, j'ai eu Toccasion de vous le
remarquer, c'est par l'un des membres supérieurs, ou
par un des côtés de la face, que s'opère le début des acci-
dents convulsifs, dans la grande majorité des cas d'épilepsie
partielle, quelle qu'en soit d'ailleurs l'originel L'envahisse-
ment commençant par un membre inférieur doit donc être
considéré, dans l'espèce, comme un fait rare, exceptionnel.
Nous venons de voir néanmoins ce mode d'invasion signalé
dans l'observation qui précède; par suite d'un singulier
concours de circonstances, nous allons le retrouver une fois
de plus, dans l'observation suivante où, comme dans la pre-
mière, il s^agit encore de syphilis cérébrale.
Un confrère étranger, de passage a Paris, me fit prier le
26 août 187... de le venir voir pour lui donner un avis, dans
les circonstances suivantes : Dînant l'avant-veille chez un
ami, il avait été tourmenté, pendant toute la durée du repas,
par l'exaspération d'un mal de tête dont il souffrait à un
degré modéré, depuis plusieurs jours déjà. Au sortir de table,
il résolut de se rendre immédiatement chez lui, à pied; mais
â peine avait-il fait quelques pas dans la rue que, tout k coup,
8on membre inférieur droit fut pris de rigidité et en même
temps secoué, en quelque sorte, par des convulsions ryth-
miques précipitées et violentes. Presque aussitôt après, le
membre supérieur du même côté fut à son tour envahi de la
même façon et à ce moment M. B... tomba sans connaissance
sur le trottoir. A son réveil, il se trouva^ à sa grande sur-
prisCi couché dans son lit où on l'avait transporté. La perte
de connaissance avait duré peut-être une heure.
1. Ce fiiit, déjà signalé par Bravais, Ta été plus explicitemont encoro par
Mi H. Jackson (il êtudy on Convulnion. In Tranë. of the St Arulrtwê médical
Srmduateê ÂMêoeiation^ t. III, 1870). Mes propres observations le confirment
pleiiiemeiit (J.-M. C.)
380 STraïus cftatBRALB
Pendant la nuit qai fut sans sommeil et durant la jou
du lendemain, des attaque» du même genre a
rent à trois ou quatre reprises. Seulement aucune de e
n'alla, comme l'avait fait la première, jusqu'à la |
conscience. Cbaque fois qu'elles se prodnisaieDt, le 0
assistait, non sans émotion, â l 'envahissement [)r<^
régulier des mouvements convulsifs qui, commençant b
par le membre inférieur gauche, gogoaient em
membre supérieur du même côté, et quelquefois en ont
moitié correspondante do la face. Dne nouvelle stU
avoiiée également, comme celle de la veille, avait mM
dans la matinée du jour où je vis M. B... pour la p
fois. Pendant tout ce temps, la céphalalgie n'avait ptf J
de sévir, s'exaspérant cruellement au moment oii les ai
convulsifs allaient se déclarer.
Je trouvai en M. B... un homme dans la force île 1'
haute taille, vigoureusement constitué et jouissant fa
lement d'une santé excellente; seulement depuis qaelqU
maines, il se sentait mal à l'aise, sans appétit, lourd, C
au.v moindres efforts, et, de plus, les trait;) de «on y
avaient pâli manifestement'. Après avoir reconnu, tODtl
bord, l'absence chez lui de paralysie motrice, — et i p
céphalalgie, — de troubles quelconques de la seosibiliti.', »it '
A la face, soit dans les membres, je constatai aisément qu'il
existait un certain degré de confusion dans lea idées ol peut-
être aussi un peu d'embarras de la parole, toutefois Ransaymp-
tômes d'aphasie.
La question des antécédents éloignés était particulièmiaeDt
intéreinsante. M. B... me confia qu'il avait, dix-hait mois»*
paravant, contracté un chancre avec induration, et qo'ài*
1. Sur l'état caehectïqae et In pÀleur t^ireiue que
ment 1e« malades atteint» de sTjjliiliB cérébrale, ruir au point 4« tm '
Kooitic les remarquai intéreaaantM de M. Botianl. (L«c. «àt., p. HL)
TROISIÈME CAS D'ârtI.BP8IR SYPUtLITiqUS 381
gûte étaient survenues diverses mant resta tioas dîathésiques,
' |Minnî lesquelles le psoriasis palmaire, dont on pouvait d'ail-
; leurs reconnaître encore les traces.
I Je n'htisitai pas, vous l'avez prévu, à rattacher à la syphilis
uae accidents nerveux éprouvés par M. B..., et je l'engageai
Oà »gir en conséquence à la fois promptemcnt et énei^îque-
inWQt. Il fut convenu que la médication serait instituée suivant
[le plan exposé tout à l'heure à propos du cas de M. X... et
(immédiatement mise à exécution. L'administration de l'iodure
jde potassium et les frictions mercurieiles furent commencées
'le jour même. Une attaque avortée, coite fois limitée au
Lviambre inférieur^ eut lieu encore le lendemain ouïe surlen-
pâoniain; ce fut la dernière et, au bout de quinze jours, la
I^Uité générale s'était tellement améliorée que M. B... put
ngxgDer son pays.
Pendant un court séjour que j'ai fait en..., un an environ
, après l'accident du 24 août 187., j'ai eu le plaisir de rencon-
I ÉMT H. B. -. et (le le trouver dans un état de santé irrépro-
i-duble. Le traitement prescrit à Paris avait été suivi, avec
Jas Interruptions réglementaires, pendant environ trois mois.
Aucun accident nerveux n'avait reparu.
Il peut arriver que les attaques d'épilepsie partielle syphi-
JUlique soient précédées par un certain nombre d'accès dans
:Iw(pielfl la perte de connaissance se déclare soudain, à l'im-
■pniviate, sans signes précurseurs immédiats, en même tempx
■qoo les mouvements convulsifs éclatent du même coup sur
tûiu les points; et ainsi se trouve reproduit par conséquent
le tableau classique de l'épilepsie vulgaire. Le cas dont je
rus maintenant vous faire connaître les principaux détails
ooosolTrc un exemple de ce genre. Il présente d'ailleurs un
certain nombre d'autrcis particularités intéressantes.
•K..., né aux Antilles, d'une constitution très délicate,
382 DESCOIFTIOK DES ACCÈS
nen'eux et impressionnable au plus haut point, a (-té attànt 1
de chancre indurt^ en lS(i8, à l'âge de 29 ans. Pannî lea a
nifestations syphilitiques qui ont suivi, de près ou de lo
l'accidentprimitif, figurent une double iritîsextrèmenieiitte» J
nace, des taches (?) sur le front, le psoriasis palmaire, dtt I
douleurs rhumatoïdes intenses et prolongées, une :
profonde et durable, enlîn des arthrites subaîguCs a>iUltj
cupô principalement les articulations tîbi'>-tar8ieiuii?s. j
traitement approprié à la situation a été suivi d'ane t
peu près continue pendant six mois environ et, & ^
cette époque, définitivement abandonné.
Tout alla bien jusqu'en 1873. Vers la fin de cette Bim
M. K... qui, depuis plusieurs mois, remplissait en Cochincbl
des fonctions publiques, fut atteint de la diarrhée du p
et, par ce fait, profondément débilité. Vers la même épfl
il commençai ressentir très fréquemment, presque habita
lement, des douleurs de tête qu'il croyait être des mi^raùk
qui ont persisté, en s'aggravant, juaquedans ces derniers teœ]
En mai 1874, six ans environ après le début de la s,
bien que la diarrhée se fût un peu amendée depuis qm
temps, M. K..., toujours très afRiibli, toujours sQJetll
maux de tête, fut à la suite d'une discussion vive, uaisï U
à coup d'un accès d'épilepsie avec perte immédiate de la a
cience, convulsions généralisées, d'emblée, écume à \sU
che, urines involontaires, etc. L'invasion, je le répète, p
avoir été littéralement soudaine, inopinée, et le maladel
connaît l'attaque que d'après ce qui lui en a été dit pari
A la suite de cet accident il fut décidé, qu'en ruwai|
l'état depuis plusieurs années fort délabré de sa santé, M. I
prendrait un congé Uliniîté et rentrerait en France. Snt|
paquebot, pendant la traversée, un nouvel accès se pnxjai
en toutsembLibie au premier; puis, quelques jours aprte»
DESCRIPTION DES ACCÂS 383
autre encore, mais fort différent celui-là des précédents. Cette
fois, en effet, le malade avait senti d'abord sa main gauche
se fermer convulsivement et le bi-as correspondant se roidir,
après quoi, par suite d'un mouvement de torsion du cou, sa
lace s'était portée vers l'épaule gauche. Enfin, comme attiré
par une force invincible vers la gauche, il était tombé sur
ce côté et c'est à ce moment seulement, c'est-à-dire plusieurs
secondes après le début de l'accès que la perte de connais-
sance était survenue. Le véritable caractère des accidents
convulsifs venait ainsi de se réveller : à partir de là, les
accès ne se sont plus présentés jamais que sous forme
d'épilepsie partielle ou hémiplégique, tantôt avec perte de
connaissance, tantôt, le plus souvent peut-être, sans perte
de connaissance.
Depuis le 9 juillet, époque du débarquement à Marseille,
jusqu'à la fin d'octobre, autrement dit durant une période de
près de quatre mois, ils n'ont pas cessé de se reproduire tous
les cinq ou six jours, et quelquefois même plusieurs fois par
jour.
Pendant les trois premiers mois, à part la céphalalgie à peu
près toujours présente, et localisée comme je le dirai, sur
im espace circonscrit dans la région du pariétal droit, les
intervalles des accès étaient restés libres de tout accident per-
sistant; mais, dans les premiers jours d'octobre, la contrac-
ture commença à s'emparer du membre supérieur gauche,
de la main surtout, et à l'occuper d'une façon persistante de
^ixaiiière à le tenir, en permanence, dans la demi-flexion. £Ile
©Uvahit même, bien qu'à un degré moindre, le membre infé-
rieur correspondant. Il faut ajouter que la main et Tavant-
t>l"^U9 contractures étaient devenus, dans It même temps, le
^iêge de fourmillements incommodes et aussi d'une hyperes-
^bésie exquise : le malade redoutait au plus haut point qu'on
^Ourtât ce membre ou même qu'on le touchât légèrement, et,
384 i>teDT trn uwvvutDM
si cela arri^'ait quelqa^ois par basard, U puoasaU àat a»
violents. Il assurait que, plusieurs fois, on ébnmlemeat cuo-
muniqué à sa main douloureuse avait été l'occasion du élfn-
loppement d'une de «es attaques con%Tilsires ' -
Il ne sera peul-étrc pas hors de prupos de vous pnîsMiter
la description des principaux phénomènes qui marquaient ea
acL'ès, telle à peu près que je l'ai recueillie de la booda
d'uue personne fort intelligente, témoin des principales pbiuB
de la maladie de M. K... J'utiliserai d'ailleurs, dans mon not,
les observations, fiiîtes par le malade lui-même pendant le
cour° de celles de ces crises dans lesquelles la connatssuBi
persistait.
Le début des convulsions est constamment annoncé pir
une exaspération de la céphalalgie localisée, comme il t <(«
dit, sur un point de la région pariétale droite. Z^ (I<>Bleiir,i
ce moment, prend le caractère pulsutif, ot, au bout d*qiid'
ques minutes, elle semble se répandre sur la moiti *
et du cou du même côté. Averti par i.es phéii'i:
monitoires, le malade a presque toujours le temp-^
son lit et de s'y étendre. Alors, on voit le membre
gauche se lléchir à l'excès au niveau des articulai
poignet et du coude, et prendre en même temps l'i
de la prouation forcée -, quelques secondes après
.
1. 11 n'est plus Mn» exemple, ou le Mil, que les iicc&i â'«|>>1«p«i* ||
d'orî|^Ine cérébrale puiuAiit être jirovoiiDëa pur cortKÎnai mM
une femms de mon aen-iue. In nommée F..., présentant uns a
membrtiB >upérieii.r et inférieur Aa etté gauclie, {lemuDcota k «m I
da^ë, mais s'eiMpérKiil considûniblement peudnnt la sbittoa dubv
m&rdie, les accès iponlaaiM, commencent par le mumbrv infiîriMt- 0
lion se roidit i. l'excès, dans l'extonsioD, le pied pre
bot équin apaatoodique, ot bientôt survient U trépidation. La d
rieur, puis la face, suot enaiiite eaTshii luccessivament et la }
naÎBSAUCe survient dans certains cas. Lorsque les accàh
dnits depuU quelque temps, il est toujours poaalble d'en provoqnwv
lement le développe nient en rctevauC brusquement la puinto du fMt p
la trépidation le manifeste, ou l'uiiBèquenco, presque à «roup «dr, •! ■
autres phénomènea du l'nccès s'euniiveut. (J.-St. C.)
DESCHIPTION DES ACCfcS SS5
les secousses rythmiques qui l'ébranleat dans toute son éten-
due. La (cte bientôt se porte vera l'épaule gauche et est ag*itée,
elle aussi, par ces mêmes secousses; en même temps se pro-
duisent dans le côté gauche de la fuce, des g:rimaces qui se
VDcc^ent rapidement. A son tour, le membre inférieur gauche
est envahi ; il se roidit dans l'extension forcée, s'élève au-des-
sus du plan du lit, puis quelques secondes après il est pris de
trépidation. Entin, dans certains accès, la rigidité et les con-
vulsions rythmiques gagnent les parties du cùté opposé du
corps. Lorsque la perte de connaissance se produit, c'est à ce
moment qu'ellt! survient. Je dois ajouter que plusieurs fois,
•prâs avoir éprouvé la sensation d'être aitiré vers la gauche,
lis malade a subi pendant l'accès un véritable mouvement de
iDtation, s'opérant de droite à gauche, suivant l'aye longitu-
dinal du corps, et s'est trouvé à la &n de la crise couché
BOr le ventre'.
Telcsl l'ordre régulier et constant de la succession des phé-
nomènes convulsifs. Je crois devoir vous faire remarquer in-
cidemment que le mode d'invasion se fait ici conformément à
1a règle établie par les ingénieuses études de M. H. Jackson.
Votts n'.'ivez pas oublié, en effet, que d'après ce médecin dis-
UlQguè — plus d'une fois j'ai pu vérifier l'exactitude de ses
usertions à cet égard — lorsque les convulsions, dans t'épi-
lepaic partielle débutant par le membre supérieur, tendent à
86 généraliser, elles n'envahissent le membre inférieur qu'a-
I pr&M avoir, au préalable, giigné la face. i5\, au contraire, il
s'agit d'un cas où la face est affectée tout d'abord, c'est, après
«Ile, le tour du membre supérieur, et en dernier lieu celui du
membre inférieur. Si cnfm, comme cela se présentait dans les
1. 11 Mt Tinnarquftiilq iiue, clinz H. K..., lea accès survenaieut à peu prà
t> i^itiii et aix heures du soir. M. Lligneau fila {Maladie» igpliili
liaite* Jm tyttime nerveiLc. Paris, 1S60, f. 1S&),
n))0«p«i« BjiibllitiqUQ duiii lewjuoU le» accès te
I
DUacoT. (EuTNi MisHAtt*. I.
.186 LOCALIBATIO» DB I^ cApBALAUHJl ^^1
duux premières observations que j'ai rapportées, les ecmtÊ
sions attaquent premièrement le membre inWrieur, elte le
rcipandent auccessivement sur le membre supéricurd'aborii,
puis sur la surface. Cet ordre ne paraît être presque jsoDait
interverti : fait non seulement curieux, mais propre encore,
ou le comprend, à éclairer diverses questions appartenaal
au domaine de la physiologie pathologique.
Encore au point de vue do l'interprétation physiologique j*
relèverai que la céphalalgie, dont l'exaspération annonçait,
chez M. K,..,ledL'veloppement de l'accis, occupait une^pw
circonscrit sur la région du iiariétul droit, tandis que la
convulsions portaient, chez lui, sur les parties du côté pw*
che. Cette disposition alterne des convulsions et de la douleur
de tête, ainsi que la localisation de celle-ci sur un iwïint de U
région pariétale, se trouvent plus ou moins explicitement si-
gnalées dans un certain nombre d'observations d'^pîleflM
partielle d'originesyphilitique' ou Indépeadantâde lasy^itii^
et peut-être la relation dont il s'.igît sera-t-elle. en pareilJp
circonstance, plus souvent mentionnée à l'avenir lorsqnon
s'attachera mieux à la rechercher. Quoi qu'il en soit, ily»
là un fait digne d'intérêt lorsque l'on sait que les parties de
la surface des hémisphères cérébraux qui sont en rapp^'
avec la région pariétale du crâne, et plus particulièrcmenl
les circonvolutions qui bordent le sillon de Rolando (circon-
volutions pariétale et frontale ascendantes) sont désignéespU
les travaux récents comme représentant la zone motrice, ou,
autrement dit, comme la seule région de l'écorce cérébrale
dont l'irritation peut déterminer, sur le côté opposé du corpSi
la production des phénomènes d'épilepsie partielle. Vouai»
devez pas vous attendre toutefois a rencontrer toujours UM
1. Voir entre autre» les olwervalioiiii dtt D" Todd : Clinifol Uelur" •"
paratywU, etc. Loudon, 1S&6. — Luct. XVII : On a eaie of lypAÎUU'r &
af Ihe Dara-Mater, p. SOI.
W
MAIICUE DE LA MALADIE 387
répartition des convulsions et de la eéphalalg:ie aussi exacte-
ment conforme » la théorie. Vous avez vu, en eltet, dans
notre première observation, la douleur de tête prémonitoire
et les convulsions initiales occuper le même côté ; je pourrais
citer quelques autres exemples du mèi]ie genre '.
Mais il est temps d'en reveniraucasparticulierdeM. K...
I Durant ane longue période de quatre mois, des pratiques hy-
I drolh<îrapiques mal réglées, des doses insignifiantes de bro-
mure de potassium avaient été les seule moyens opposés aux
iproffrès du mal. Aussi la situation allait-elle empirantchaquc
I JDur, et vers le milieu d'octobre, elle était devenue des plus
j b^étantes. Les accès sévissaient de plus belle. Il était
I survenu de l'amnésie, de l'hébétude, une véritable déchéance
I intellectuelle : la diarrhée, un instant conjurée avait reparu.
tii faiblesse était à son comble; le malade, depuis plusieurs
■emain^s déjà, coniiné dans sa chambre, se trouvait dans
rfmjKiHsibilité absolue de quitter son lit.
Les choses en étaient à ce point lorsque MM. les docteurs
'Coniucl, Picard et moi, nous nous réunimes en cousultation
«après d« M. K... Il fut convenu que l'on agirait aussi éner-
giqueineut que le permettait l'état général du malade'. Ou
'prescrivit la diète lactée et le nitrate d'argent sous forme de
liUules; «n même temps, on pratiquerait les frictions hyUrar-
gjrriques et l'iodure de potassium serait administré sous forme
àt lavements à la dose de 3 i 5 grammes pour les 24 heures.
QrAce au concours intelligent de parents dévoués, nos
I. Dktu iiluRipiir» i-fu d'épUepaU ]>«rtl«lle que j'ai obsârvfa, la douleur io
lb>*prânuuituiro ilev acoia liuit localluén iiir doux |wiut8 à U fois ; l'uu tii-
■j^uiàt ilnTix l.-v n'tuia pariénla d'un dUi, l'autre aur U rd|pon temporale •)«
' *. '' ! I itnuluiir pariâtale occupait loujuun, daiia coa cas, la cùlù
■W.S coDvuUiuna. (J.-M. C.)
ii'ti des pr^paraliuiu luercurîfelli» contre l'ûtat ouohRtiliqne
. . <)-pIiili>i turtiatre ont ôlà parraituininit mis eu mlief par la
.. .-..--. ;.^lljiiill, ilaii» un ixiDMtEO întireBUuI <lo >oti livr« i Hj/iihitilie
^fttiiiu itj Uu acrvviu %iil«>i(. Leiiduii, Wffî, p. tS.
prescriptions furent suivies pdur ainsi dire -.
lettre. Les résultats obtenus furent immédiatement de» |
encourageants. Au bout de huit jours seulement, il i
devenu évident déjîi que le mal n'était pas au-dcsras desl
sources de l'art; un seul accès nouveau s'était pptdiû
30 octobre; la contracture permanenle avait disparu e
par enchantement, l'état général enfla K'était notabloi
amélioré. Huit jours plus tard, le luuladeavatt puqoiU
lit et faire quelques pas dans sa chambre.
Au commencement de décembre, il était devenu i
de sortir de chez tui et de faire en voiture d'assez loi
promenades; à la lin de ce mois, il s'était plusieurs riMsfl
mené à pied en plein air, pendant plus d'uoe heure. '.
le 30 octobre, les accidents nerveux n'avaient plus r
Malheureusement, durant le cours des si\ promiera i
de l'année lâTT), lu diarrhée contractée en (i^ochincbln
manifesta de rechef à divers intervalles, et, ei
la reprise projetée du traitement mixte à interruptù)
put pas être mise à exécution d'une façon régulière. '
quatre fuis, durant cette période, il se produisît des r
de l'afl'ection cérébrale, marquées par desaccès épilept
moins intenses toutefois, et beaucoup p\aa rares quep
demmeut. Mais enfin, pendant un séjour de pIusicurtB
Amélie-les-Baiiis, l'état de l'intestin g'étant m(*diW i
façon la plus heureuse. le traitement de l'alfectiou convi
put être repris sérieusement et prolongé pendant un bd
temps suDlsant; à la suite de ce traitement, les accidCDM
veux disparurent définitivement.
M. K... est venu me rendre visite â la fin de il
depuis près de 14 mois, il n'avait plus éprouvé d'attaqoi
sa santé d'ailleurs s'était tout à fait raffermie. H ^ait Mfk
point de partir pour nos colonies d'Amérique uù U coaipuit
reprendre immédiatement ses anciennes fonctions.
PBONOSTIC 369
6 serait s'abuser sans doute que de compter toigours sur
9 résultats aussi heureux que ceux qui ont été obtenus dans
les trois ol)8er\'ation8 qui précèdent, et je n'ignore [ms qu'il
serait aisé de citer nombre de faits de syphilis cérébrale avec
épilepsie partielle où, malgré l'assistance d'un zèle éclairé,
les choses ont mal tourné. Je ne puis m'empêcher de croire,
cependant, que, dans les cas où la nature des accidents nerveux
étant reconnue à temps, le plan de traitement proposé pourra
être mis A exécution, l'insuccès sera l'exception'.
t. La |Mir»lvsie inutrice tmiisituiro d'uu membro, aurvenaot tout h coii)i,
M(w êtn prtkiédâs de contracture ou de f otivulniuiis toiiiqiiec et ae rcprodiii-
UBt i pltuieim reprise», à des intorviillee plus ou luuini ^loigné-i, doit être
jUtcéo, k diii do l'épUep»ie ptirbelle, parmi le« manifestatious à variées de la
ayphilia cérébrale.
En MptsDkbre 1873, je fus coiuuttê pnr M. A..., oflivier daDB un rtgimoat
dauiviUârie, pour une céplialalf^a À peu prés jiermanente datant de six ae-
munei environ et qai déjà, à pluniours reprisa*, s'était montrée dan.i le coû-
tant d« l'uinée. £tt outre de la douleur de tête, il y avait des troublus dyg-
M>tii|UeB très accoDtuën, «luveut den vomiBsements, une grands prostration
MB forces, de l'aïuaiiçriMeinent, une anémie profonde. Ijo âèga de la céplia-
lAlgla ne se trouva malbenreuMmont pas précité dans la uote i^ue j'ai cou-
M. A... avnit rontrncté un cliuacre induré quinne ans auparavant et dejiuiH
e«t(e époqUQ jusque dans ces deruien temps, il n'anût p«a cesrà d'être lou-
uîa do temps ii autre, pour aîuai dire chaque année, k, l'emploi de pré|Hira-
tion* merenrielie», dlodure da putasûuiu principalement, dans le but de
coAlMttra Uivera accidenta qui toujours ûtaient rattachés, à tort ou à raison,
par loa mnlecins uonsultéa, k la s/pliilin. Hous rinBueni'e de je ne sais quelles
pr^oocupations, je méconnus, je dois ravou<<r, |>endfiiit près d'un mois, le
tAtIIbIjU caractère de U céphnlalifie et Ak» autres phénomènes qui l'aocom-
papuiiaot. Aussi les accidenta alUîeut-ils s'a^ravonl.
Un jour on m'apprit qne, depuis qui'Ique temps, M. A... éprouTait de
tAmps k autre, ce qu'on ap|ialait de* ahiaitu. Il s'arrêtait soudain, l'osil fixe,
VX milieu d'une conversation, pâlissait, et an sortir de ces tories d'accàs,
qni duraient à peine qutjlquas secondes, il restait pendant un certain lewiia
oomoM hébété. D'ailleurs rien qui ressemblât k de l'aphasie; pas traces de
eonvnlsiuns sur aucun point au début da la crise.
WOiu>e counaîsaance de ces absences, dont il était
ni«T l'eaisleuce.
Un (oir, vers sept heures, on vint me chercher ai
été frappé, deux heures auparavant, pendant un
B'avait pas ilépasaû le terme ordinaire, d'une paralysie subite affectant la
membre sui>érieur K^uche. En revenant à lui, il avait trouvé ce membre
fthaolnmant inerte, Hasque, pcudant le long du corps. Je constatai que la
lit limitée I au membre supérieur gauche qu'elle occupait dans
endue, ot quelle n'intéressait ni ta fnce, ni le membre inférieur
390 LOCALISATION DBS LtStON»
Les lésions do la fiachy méningite g&mmeuse clrconwrito,
avec participation Jes membranes subjaccntes, paraissent*!»
le substratum anatoraique le plus biibituel de l'épilepsie pM-
tielle syphilitique. On les trouve dûjA décrites avec anerar-
taine précision, dans une observation relative à cette alTwiîoa
publiée par Todd, en ISâl'. Deux planches chromo-lîtho*
graphiées annexées à l'ouvrage de M. <ï. Echeverria' cl qni
donnent des lésions, qu'on n'a pas l'occasion fréquente de
rencontrer dans les autopsies, une représentation fidèk',eon«r.
nent également un ras d'épilepsie partielle. Il on est de m?iiB
d'une figure dessinée par Lackerbauor et publiée par M. Un*
cereaux dans son T>-aité de ta syphilis^. Malheureusement,
les faits cliniques que ces figures sont destinées à illuatrer
laissent beaucoup à désirer.
En dehors de l'épilepsie partielle, des formes cUuiqneiitrèt
diverses de le syphilis cérébrale peuvent relever encore lieli
pachyméningite gommeuae. Il n'est plus guère douteux M-
du cSté crirrBSiwnilnnt. Les iiâiaonoea iiréasate? Ri'««urèrenl i|ti'i iw*'
muinuiil il no s'éUit jiroduit rinn qui reHfleml>Ut h clés couvnliiipi. '! -' '^
t&it tl'nillours nuciin Iruuble ilo lu soD«il)ilité dnns U juiriSe ]' .
aneatliésie, ai analgésie, ni fourni illutneut. I>h mniiupl^e s'am i
ûveoient, peodant la Buirùe, d'una faijon Irés rapide. Le lendom i
Les diverses circonstances qui viennent d'être ralatiMs lae Tii
vivement : l'influence de la By|ihilis ne me |>araifiMut plus tnêi"i
j'étais désireux de regagner au |>lua vile le tiiiiipiipBrdu; j'iustiti
temeni le traitement oiiile, suivant la méthode dont il a 61 ' '
question dnus le courant de la présente le^n.
Un nouvel accès de mouoplégie brachiale frauctie, en tout Mmblalil*n
cèdent et dont la durée ne dépasse pas quatre ou cinq hauTM, M p
troisouqualra jours «près le t^ommeni-umout du tmileinent ; cafnlloda
La cépliâlnlgie, l'anémie, la proslratîou des furet» lUiqiarureitl, ol
avec une rapidité morreilteuse et de fafon à montrur aux ]tlin li '
c«tte fois j'avais loucbé juste. Le traitement fut uoulinué arsc
tiens recommandées pendant pré» de truia mois.
J'ai reçu il j' a cinq ou six mois des nouveltfi de M. A... J'oj
d'apprendre que, depuis l'époque où je l'avais perdu de vue, mu
n'avait ret^ru. (J.-M. C.)
1. Médical Oatelte, .Tannary ISôt, et t'Unirai LMuret, lot. n(.
2. On EpiUpty. New-Yorli. 1970. PI. lUet VI.
a. Paris, lS06.Pt. II, fig. 0,
NéCEBSITÉ D*UNB INTERVENTION ACTIVE 391
jourd'hui que ces différences souvent si prononcées dans l'ex-
pression symptomatique d'une même altération organique, dé-
pendent surtout du mode de localisation de celle-ci à la surface
des hémisphères. Suivant la théorie fondée sur des travaux
récents, les plaques gommeuses dans Tépilepsie partielle
devront siéger à la surface des circonvolutions frontale ou
pariétale ascendantes ou, tout au moins, dans leur voisinage
immédiat; la réalité du fait n'a pas encore été régulièrement
vérifiée, que je sache, quant à présent, mais elle ne tardera
pas, sans doute, à l'être ; en attendant, je puis faire remar-
quer que, dans la planche d'Echeverria déjà mentionnée tout
à Theure, il est aisé de reconnaître que les lésions gommeuses
de la pie-mère occupaient le voisinage du sillon de Rolande,
en arrière de lui, non loin de la scissure médiane, c'est-à-
dire une région appartenant, pour une ptirt, au domaine de
la zone motrice corticale.
Tant que Tépilepsie partielle syphilitiquen'est pas invétérée,
tant que les accès qui la constituent cliniquement restent sé-
parés par des intervalles libres de tout symptôme permanent,
la substance grise cérébrale, au contact de la pie-mère altérée,
n'a subi encore, tout porte à le croire, que les lésions du
genre de celles qu'on a quelquefois appelées dynamiques, —
lésions transitoires en tous cas^ et non désorganisatrices. Il
se produirait, en pareil cas, suivant H. Jackson, dans la
substance nerveuse, en conséquence d'un processus irritatif
déterminé par le voisinage, une sorte d'emmagasinement,
d'accumulation de force dont la dépense se ferait de temps
i autre, sous l'inlluenec des causes les plus banales et souvent
inaperçues, par une sorte d'explosion d'actes moteurs désor-
donnés, convulsifs^ soudains, portant sur le côté du corps
opposé au siège de la lésion méningée. La décharge sera
suivie d'un épuisement momentané dont la traduction cli-
nique est la paralysie temporaire avec flaccidité, qui s'observe
393 NÉCBSBlli d'iTKS INTSKVBMTtON ACTITK
en réalité très fréquemment à la suite des accès d'épilepsie
partielle, dans les parties même, qui oot été lesièçe principal
des convulsions. Si ce n'est pas là, à proprement parler,
une théorie régulière, c'est tout au moins une maoière in-
génieuse de grouper les faits.
A la longue, par suite de la répétition de ces actes, ou par le
fait de l'extension progressive des lésions méningées A la subs-
tance nerveuse, celle-ci s'altère à son tour profondément;
alors en même temps que se produisent les dégénérations se-
condaires descendantes, rhémipl^ie permanente et indélâiite
peut survenir'.
Ces considérationsanatomo-pathologiqueset physiologiques
concourent, vous le voyez, à faire ressortir, une fois de plu^
l'importance des décisions promptes et énergiques en matière
d'épilepsie partielle d'origine syphilitique'.
1. finr U prodncUan dea dég^néntioQi «acondûres k l&anite àe» lésouJi
la Bone motrice torticale : Voir Clmrcot, Ltfont «iir ta loctUùalioni dani Ui
maladia du cerveau, p. IGO. l'arin, IgTIÏ. — M. Hnnol a préiHtnté en 1870, i
la B«ciétâ anatamique, uu exemple rocueilli dAns le servie» de M. Ghircol.
de dégéDération dsHcendaiite, avec, hémiplégiu |jermanente, conaÀcutirr i hm
lésion gommeme cérébrale, (HM. de la Soc. anal., 18Ï0. p. 431.)(B.1
2. Consulter aussi: J coae of ii/phililic DUcaie of tbc Brain, bj J.Dieccb-
te!d (The Lancel, 1871, vol. I, p. 268). Cette obserratiou est parlicoliéfe-
ment iatéreasantc au point de vaa de la localÎKation dea lésIonB.
APPENDICE
APPENDICE
I.
Luxations pathologiques et fractures spontanées
multiples chez une femme atteinte d'ataxie loco-
motrice; par J.-M. Cmabcot.
(Vcyai : Lkçoii IV, r- «2-)
L'observation dont jo vais faire cnnnaftre les détails oiTre
un nouvel exemple de ces trotiblestrophiques des parties pé-
riphériques, produits en conséquence d'une lésion du centre
nerveux spinal, et sur lesquels j'ai appelé l'attention des
phvsiologistes et des médecins. Il s'a^^it dans ce casdarthro-
patbies et de fractures spontanéos multiples survenues chez
une femme atteinte d'ataxie locomotrice progressive.
Observation. — Âtaxie locomotrice progressive. — Luxations
et fractures spontanées consécutives. — Luxation ilio-pubienne
compliie de l'articulation coxo-Jemorale t/auche. Raccourcissement
du /nmur gauche. — Fracture du cal anatomique du fémur
gauche. — Luxation ilio-îschialique complète da l'articulation
eoxo-fémorale droite. — Luxation sous-coracoidienne complète
de l'articulation acapulokumêrale gauche. — Fracture conso-
lidée à cal difforme et oblique des deux os de l'at-ant-bras gauche.
— Arthrite chronique de l'articulation scapulo-humértile droite.
— Fracture consolidée h cal volumineux des deux os de l'avant-
bras*.
La nommée Â. C..., âgée de 57 ans, domestique, a été admise
à la Salpùtrièrc, comme inlirme, le 8 février 1866. Elle est
1. Oboervatiou réilif^ (rnpTiiii las nutus locueillius |Mr M. 1)i>uhskvii.i.e.
Vojaz aussi : Furcstier, tbèw) do Paris, 1874, faita aveu la vullaboratioii do
1â. BonrneTille.
396 ATAXn LOCOUOTRICE
entrée & rinârmerie de l'hospice, salle Saint-Jacques, n*33, le
15 octobre 1873. I
Cette femme a eu neuf enfants ; sept d'entre eux sont moito '
entre 5 et 15 mois. Une autre a succombé à l'âge de 34 ans, dai
suites d'une couche. Il n'y a rien à noter dans teâ aotéctdMto
de la malade, si ce n'est de fortes migraines, accompagoéa4e
vomissements, coïncidant le plus souvent avec lee rifles. U»
migraines ont en grande partie disparu vers l'â^e de 35 nu
(1850), époque à laquelle ont apparu les douleurs /alffurant»,
qui marquent te début de la maladie actuelle. Ces douleurs ont
occupé tout d'abord les membres inférieurs, les mollets eartoal
et les cous'de-pied : ti Je sentais, dit-elle, comme des éclair* nw
passer dans les jambes»; elles étaient violentes, plus forlct la
nuit que le Jour, revenaient par crises, lesquelles duraioal
environ de 12 à 15 heures. Vers le même temps survint un acD^
timent habituel de constriction douloureuse à la base de li
poitrine. Les crises douloureuses qui, dans les premiers leapt,
semontraient tontes les trois semaines environ, devinrent, |
la suite, plus fréquentes et plus violentes. Klles auraient al
leur maximum d'intensité et de fréquence vers l'âge do SSd
A l'âge de 12 ans, à la suite d'engourdissements dans le 9
droit, la malade remarqua un jour que la cuùse d« c& eStiA
considérablement tuméfiée; le membre, sur ce point, avait, '
paraît-il , presque doublé de volume. Cette enflure ne s'accompl-
gnait ni de rougeur, ni de douleur; elle n'empêcha pas C... ii«
continuer, comme par le passé et sans gêne notable, son ^terrioi
de domestique. L'endure et l'engourdissement pcrsïslènot
pendant plusieurs mois. Ces symptômes étaient en voie d'afflO-
dement, lorsque, un matin (1851^), en descendant de son lit, b
malade remarqua avec étonnement qu'elle boitait, et qoaMB
membre inférieur droit s'était raccourci. II s'était produit peadast
la nuit, dans le lit, sans douleur, une luxation de la hanti»
droite.
La marche, a partir de cette époque, fut rendue difficile,
mais non impossible, tant s'en faut; car G..., devenue [Dcs{*blt
de continuer son service de domestique, put encore, néanmoîii'.
pendant près d'un an, se rendre chaque jour à pied dans n
hôtel meublé éloigné de sa demeure et oii on l'occupait à Û'
des lit?.
Vers le commencement de l'année 1859, survint dans k
gauche un engourdissementsemblableà celui qui, dans lu t(
avait occupe le pied droit. Cet engourdisecmcnt durait i
plusieurs mois, lorsqu'une nuit, à la suite d'un mo«T>
s leaps, .
<>J)t^ Wm
itatlMH
( avaft. ■
FEACTCTBBB 8POKTANÉB8
'.m
le lit, un cratiaement se produisit dans la hanche gauche
igui w tuxa.
' A partir de ce jour, les deux membrea inférieurs étant égale-
^oent raccourcis, tout truvail actif devÎDt désormais impossible.
O... se fit transporter à l'hôpital de la Charité, oii elle demeura
Mndwnt qo^tre mois. A cette époque, elle pouvait encore se
ilaoir debout et marcher môme, en s'appnyant le long des murs.
BUe éprouvait, comme par le passé, de temps à autre, des crises
da douleurs fulgurantes dans les membres inférieurs. Ces don-
tours ne s'étaient pas montrées encore dans les membres supé-
rieurs.
Après sa sortie de la Charité, C- fut admise successivement
bUB divers hôpitaux; enfin, elle rentra, en juillet 1H65, à
|*BOtel-Dieu , dans le service de H. Vigfla. A ce moment, la ma-
lice se servaittrësbien de ses membres supérieurs, qui n'étaient
le aàtge d'aucune douleur; quant aux membres Inférieurs, où
In douleurs fulgurantes continuaient à se produire de temps en
temps, clic pouvait, au lit, leur imprimer des mouvements éncr-
,.giqaes; mais ces mouvements étaient devenus désordonnés,
■al coordonnés, rappelant ceax des «jambes d'un polichinelle».
1,es diverses jointures de ces membres avaient acquis une laxité
CXtrtoie; aussi C... pouvait aisément «embrasser son pied »,
It porter m^mo derrière sa tête, toutes choses qu'il lui était
impossible de faire autrefois. Un jour, étant au lit, et voulant
Uro montre de sa souplesse, elle porta son pied gauche vers sa
booebe, comme pour l'ombrasser, et dans ce moment le fémur
|MieAe âe fractura.
Les douleurs fulgurantes commencèrent à se montrer dans les
Otembres supérieurs un an environ après l'admission de 0... à
l'hospice de la Salpêtrière (fin de 1866), et depuis lors, elles
a'opt pas cessé de survivre par crises. Elles siègent, tantôt sur
point, tantôt sur un autre ; jamais elles ne se montrent aussi
ftotoales que celles qui, de temps en temps, occupent encore les
' inférieurs. Les mouvements dans les membres supé-
l'oDt été affectés que dans ces derniers temps. Aussi, à la
1111673, C... pouvait encore sans difficulté porter ses
à aa bouche, se livrer à des travaux d'aiguille, ramasser
lit les objets les plus délicats, un brin de fil, une aiguille,
lut, il lui arrivait parfois de ressentir de lu roideur dans
qui se redressaient obstinément. Kn dehors de cela,
IsUîl k cette date, dans les membres supérieurs, aucune
''incoordination motrice.
lo milieu de juillet 1873, C..., aa moment où elle changeait
398 ATAXIB LOtOMOTElCB
de posilion dans son Ut, se fractura lea deux os Ui l'aeaul-hm |
gatiche. Elle ne saurait dire au juste comment cette fractsn I
a'eat produite; mais il est certain qu'il n'y a eu ni chute, ti ;
effort violent. Aucun appareil n 'a été appli<luo. Lst consotidallas
s'est faite assez rapidement; le cal est volomineux, iliffonnc.
Depuis l'époque oit cet accident a eu lieu, la main oancbif
présente une déformation particulière qui tend chaque Jm
s'accuser davantage. Les éminences tliénar et hypotMiurf
rapprochées l'une de l'autre ; le pouce allongé repose mtrl'l^
qui est légèrement Ûéchî. Les autres doigts sont égalccmitfl
la demî-Hcxion.
Trois mois après (septembre 1873), dans le temps oâl
s'aidait de la main droite pour se redresser sor aon Ut, l'or
bras droit s'est fracturé à son tour vers la partla i
Aucune douleur ne s'est fait sentir au moment où la fnatwi
survenue. Un appareil a été appliqué. La const^daUoBg
faite assez promptement, sans grande difformi té. La a
commence à présenter une déformation analogue à c«Ue qu'à
la main gauche. Les mouvements des divers i
membre sont faciles encore et réguliers. C... peut porter»«
main droite ses aliments k sa bouche, ramasser de meou
jets, etc. Enfin, le 11 octobre 1873, à la suite d'an raouTi
insignifiant, une luxation de l'épaule gauche s'est pra
L'épaule, au préalable, n'avait pas présenté de gonflcmMttr ■
malade n'y avait ressenti aucune douleur.
Vers la même époque, des troubles de la vîuon sont n
pour la première fois : de temps à autre, les oï^eta p
doubles; des étincelles passent parfois devant les veux. Oia
que la pupille droitecst, d'une manière permanente, plusdiT
que la gauche. I
Etat actuel (relevé le 2G novembre 187î)]. A ma prilire, fl
collègue, M. le D' Meunier, chirurgien de la Salpi'trière,*!
voulu étudier et décrire avec grand soin les lésions i|in f
sentent chez C... les os et les jointures. Je reproduis l'n i
la note qu'il a eu l'obligeance de me remettre à ce sujet :
Membre inférieur gauche. — Tl est très raccourci et s
62 centimètres de l'épine iliaque antérieure et supérieutl
malléole externe. Il est placé sur le côté externe dans IV
tion et dans la rotation en dehors. Il n'y a à signaler a
particularité notable pour le pied, la jambe, le genou et n
pour la partie inférieure de la cuisse. C'est la partie s
de la caisse ainsi que la hanche, et comme sic^ prâeii, t
l'articulation coïo-fémorale qui est lésée. Le grand t
LUXATIONS BFONTANÉES 399
■ ftbfùaaé et dans uoe position telle, qu'il est porté du côté
I la partie postéro-«xteme de la cuisse. Il se trouve situé à une
listance d'environ 12 centimètres de l'épine iliaque antérieure
|L supérieure, lorsque le membre est placé dans la rectitude
yoy. Plischb vi;.
. Toute la partie interne de la calâse, à partir do 8 centimètres
n-dcasas dacondyle interne du fémur, présente successivement
pUs transversaux, plus ou moins profonds, que l'on peut
à environ une doueaine; les uns occupent toute l'éten-
<ectte partie interne la dépassant mSme en arrière ; les
plas rapprochés du pli de l'aine, dépassent la partie an-
de la caisse et se prolongent même, sans l'atteindre,
la partie latérale externe.
partie externe de la cuisse se trouvent quelques bour-
peaa, dans le sens longitudinal du membre, bourrelets
it par les mouvements.
le de la cuisse est celle d 'un cône tronqué. — La cuisse
ira est raccourcie, et mesure depuis l'épine iliaque
tre et supérieure jusqu'au condyle interne du fémur une
de 23 centimètres.
iaUon de la hanche jonit de ses six mouvements, la
l'extension, l'adduction, l'abduction, la rotation et la
[action. Le mouvement d'extension est limité. Le mou-
d'abduction est le plu^ étendu, la jambe et la cuisse
9ti>e placées entièrement sur leur partie latérale externe
reposent sur le plan du lit. Ces mouvements sont ceux
par la malade elle-mSmc. On peut les produire aussi
lont qu'ils sont décrits ci-dessus. Dans les mouvements
OD entend parfois, surtout quand le membre est
is la rotation en dehors, des craquements très prononcés,
doute au fVottemont de deux surfaces rugueuses.
iadaisons de la description ci-dessus qu'il y a une
dn ta hanche. La tète fémorale étant portée en haut et
la variété de luxation est celle désignée sous le nom
ûio-pt^ieHne ; ajoutons que cette luxation est com-
de ceiUM! pathologique.
J« fémur, très raccourci, ne présente point d'altération dans
gulie inférieure ni dans sa partie moyenne, jusques et y
miris le ffrand Irochanler. Dans toute cette partie delà dia-
Éjras de l'on, il ne se rencontre ni solution de continuité, ni
«gntentatton de voinme. 11 n'en ost pas de même plus haut, oii
SU trouvons l'impuissance du membre, celai-ci ne pou\'ant
tot détudii complètement du plan du Ut, surtout le kilon, 11
JOO
A TAXIS LOCOMOTSIOI
existe égalemeot, à la racine du membre, de la mobilité a
maie, ainsi que de la crépitation, caractères iudiquaot ■
Iracture au col anatomique du fémar; par évite fraetar* JnÉ
articulaire : tels sont les signes rationnets et sensibles les ^
accusés qu'il nous soit permis de constater par l'examen.
Membre inférieur droit. — Sa longueur est de 74 cetilimâli«s, 1
par conséquent de 12 centimHres de plus que celui dn cdti I
opposé; celte longueur est mesurée depuis l'épine iliaques tait- I
rieure et supérieure, jusqu'à la malléole externe. Le memlu 1
est placé dans la rotation en dedans, le genou et le bord Jnfi- ]
rieur du pied reposant sur le plan du lit. Des plis i
breux mais plus obliques que ceux décrits pour le t
posé existent à la partie interne de la cuisse depais te I
interne du genou jusqu'au pli de l'aine. On peut en compte
ou sept assez marques, s' étendant depuis le genou »'
depuis la partie interne de la cuisse jusqu'à quelques cenlim]
de l'épine Uinqne antérieure et supérieure. Ces plia r
obliquement de bas en haut, de dedansen dehors, pour se diq
dans un sens oblique et presque vertical. — Le grand I
chanter est remonté et place sur une ligne qui joindrait tl
versalement l'épine iliaque antérieure et supérieure à I'bel4
I^s divers mouvements de l'articulation coxo-fémorale d
peuvent être exécutés par la malade elle-même. On peut a
les provoquer; mais tandis que les mouvements d'adduction 4
de flexion sont exagérés, par contre les mouvements d'abdoc '
et de rotation en dehors sont limités et même notabl
diminués. C'est en produisant ces mouvements que l'on é;^
la sensation de craquements dans l'articulation coxo-fémani
Le fémur, dans toute sa longueur ainsi qn'à ses deux e
mités, ne présente aucune solution de continuité et aaevM 1
angmentatioD dans son volume; la tête du fémur peut m sata I
facilement à travers la peau, du côté de la partie externe de 11 i
hanche. Elle est portée directement en arrière et eu hiot II I
existe donc là une luxation ilio-iichieUiqw.
Memfyre supérieur gauche . — Il présente des lésions à 1'^
et à l'avant-bras. Le bras mesure, depuis l'acromlon iH
l'épitrocblée, une longueur de 31 centimètres. Il est pu o
quent un peu allongé. Le moignon de l'épaule est it
aplati. ÎjA paroi antérieure du creux de l'aisselle prcMBttfl
sieurs plis verticaux. Les mouvements divers de r&rtJeil'
»capulo-bumérale sont produits spontanément avec n
anormale, conséquence de l'ataxîe dont est atteinte 1» B
On peut également provoquer ces mouvements; le i
FRACTURES ST LUXATIOMS SPONTAKftU 401
d'élévation da bras est le plus limité; les mouTements d'addnc-
tion sont diminoéï, la malade De poavaat rapproclicr complè-
tement le bras du tronc ; les signes de lu luxation ozistante ne
sont pas très accusés; toutefois, nous trouvons, en palpant le
creux de raisselle, la tête humérale rapprochée de la partie
intente et abaissée. Nous concluons de cet ensemble de signes k
une luxation $out-coraeo'idienne complète; la crépitation est
très accusée dans les mouvements. Le reste de l'hamérus est
sain.
l/avant'broê gauche paraît légèrement raccourci ; il présente
une augmentation de volume dans son tiers supérieur. Nous
troQTonB là, en effet, un cal un peu difforme occupant les deux
0$, commençant au niveau du tiers supérieur du cubitus à près
de riz centimètres de l'olécrâne, pour se diriger en descendant
de l'avant-bras dn côté du radius. Ce cal décrit une courbe à
convexité en avant et à concavité on arrière. Il s'étend jusqu'à
près de quatre centimètres de l'apophyse styloïde du radius.
n englobe tout l'espace inter-osseux vers le tiers supérieur de
l'avant-bras, surtout postérieurement. Ce cal volumineux,
allongé de haut en bas et de dedans en dehors, est l'indice d'une
fncture ancienne et consolidée. Cette fracture spontanée a
intéressé les deux os, le cubitus à son tiers supérieur, le radius
à sa partie moyenne, c'est-B-dire qu'il y a eu Ih une fracture
obliqué de l'avant-bras. Le cal, toi qu'il vient d'être décrit, gêne
notablement les mouvements de flexion et d'extension dos
doigts. Les doigta de la main gauche sont liabituclleinent
allongés, mais leur cxtonsîoa comme leur flexion se font com-
plètement; toutefois, dans l'état habituel, les doigts sont placés
dans une position différente les un^ [>ar r.ipport aux autres, l'in-
dicateur étant celui dont l'allongement est permanent.
Membre supérieur droit, t— Sa longueur, mesurée depuis l'acre-
mion jusqu'à l'épitrochlée, est de 21) centimètres : il est, par con-
Hqnent, moins long de 2 centimètres que celui du côté opposé ;
il ne présente point de luxation de l'épaule. Les mouvements de
l'articulation scapulo-huméralc se font tous en totalité. Il y a
seulement par moments quelques craquements dans tes mouve-
ments, ce qui est l'indice d'une arthrite commençante.
L'auant-inis présente des lésions analogues, sinon identiques,
à celles décrites ci-dessns pour l'avant-bras gauche. Il existe là
on cal volumineux dont nous allons faire U description. Ce cal
«flt l'indice d'une fracture ayant intéreuéles <2eux os près et au-
dessous de la partie moyenne. Le cal le plus volumineux est
celui du cubitus; it est placé sur le bord interne de cet os. Ce
Cbibcot. ŒaTTN cumpittcf, t. II. !t
402
ATAXIB LOCOHOTBtCB
cal a une longueur d'environ 4 centimètres et deficend jutqa'i
cette même longueur de la partie inférieure de cet os. L' chineur
en est d'environ 3 centiraètrea; beaucoup moindre en lonfnxv
est le cal du côté externe, c'est-à-dire celai du radioK, wt
épaisseur pouvant être considérée comme seaaiblement U nèw
que celle de son os congénère. Les inouvemcatsdeadotgU(,c<!a-
à-dire ceux produits par l'action des muscles Héchisycun «l
extenseurs des doigts, ae font beaucoup plus aisétnent que e4ax
exécutés par les membres du côté opposé. Cette facililù plu
grande des mouvements doit être attribuée aux conditions dav
lesquelles nous trouvons l' avant-bras.
En résumé, il y a eu là une fracture complktô d^s deux ot, f»
est aujourd'hui consolidée et présente un cal volumiaaux.
Je compléterai cet exposé par quelques détails relatif tatiaet
à divers troubles de lu sensibilité et du mouvement etàl'éUI
général.
Appareil de la digestion. — La langue, tirée hors delà bonriw,
est animée d'un léger tremblement, prononcé surtout ver» 1*
pointe, du côté droit. L'appétit cit bon-, ladéglutition facile. An*
cun trouble de la défécation. La, malade a éprouvé, à plii^ienr'
reprises, des douleurs fulgurantes occupant la partie U ' ■■' ■ '
du rectum et les grandes lèvres. Ces douleurs sont, ':-;
moins intenses que celles qui se montrent dans les mo :
Circulation et respiration. — Pouls petit, régulier, mujiuu-
ment fréquent; cœur à l'état normal. — L'auscultation e[|a|i*r-
cussion ne donnent, en ce qui concerne les poumons, que du f^
Boltats négatifs.
La/onc(ton urinaîre est normale. Les urines ne présentent is-
cune altération dans leur constitution physique et chitniqM.
Il s'est produit cbez C..., dans le courant de ces dernière» in-
nées, un amaigrissement considérable. Elle mesurait avtnUl
85 centimètres à la ceinture ;aujourd'liui elle ne mesure plnSfK
6i centimètres. Cest surtout depuis 1868 que cet amaigriMCMal '
a fait des progrés.
Les côtes sont solides et ne cèdent nullement à la
ainsi que cela a lieu babituellement dans l'ostêom i
bassin, non plus que les doigts des mains, ne présente:.' i
formations qui se lient en général à cette affection.
Mouvements, sensibilité. — On constate que les mouvemeott
des membres inférieurs, tout limités qu'ils soient, sont eaeùn
aracz énergiques, mais ils sont manifestement incoordonDés; do
plus, U malade a perda complètement la notion dos poctitlo»
J
ARTHKOPATHIB8 ET FKACTUKES 403
imprimées à ses membres. — Les mouvements provoqués, eomme
les mouvements spontanés, se font d'ailleurs absolument sans
donlenr.
Sur les membres la malade perçoit le contact, le chatouille-
ment, le pincement, la piqûre d^épingle. Il n'y a pas de diffé-
rence appréciable sous ce rapport entre les deux membres infé-
rieurs. Il paraît manifeste, toutefois, qu'au niveau des pieds, la
sensibilité est notablement émoussée. — L'exploration de la
sensibilité an froid fournit les résultats suivants : Si, après avoir
fermé les yeux de la malade, on applique sur les différents seg-
ments des membres inférieurs un vase en étain, c'est tantôt une
sensation de brûlure qui est accusée, tantôt une simple sensation
de contact. Ni le froid ni le poids du vase ne sont sentis. Mais
si, pendant l'expérience, on laisse la malade regarder, elle par-
vient après avoir fait une sorte d'effort pour saisir la sensation
vraie, à reconnaître qu'elle s'est trompée tout d'abord et que
l'objet qui la touche est réellement froid.
La malade ne peut plus se servir actuellement du membre su-
périeur gauche, même pour s'aider à manger. Elle a peu de force
dans la main de ce côté et l'incoordination motrice est très pro-
noncée dans tout le membre, que les yeux soient ouverts ou
fermés lors de l'accomplissement des mouvements. C'est surtout
depuis un mois que l'incoordination des mouvements s'est accu-
sée. Les divers modes de la sensibilité sont là conservés. Cepen-
dant la malade ne distingue pas nettement la différence qu'il y
a entre deux corps inégalement froids. — Les mouvements du
membre supérieur droit sont moins profondément affectés; l'in-
coordination y est moins accentuée ; elle s'exagère notablement
lorsque les i)aupières sont cloîscs. Aujourd'hui, c'est à grand'-
peine qu'elle peut, à l'aide do cette main, porter un verre à sa
bouche.
Décembre 187r>. — Les craquements de l'épaule droite s'accu-
sent de plus en plus; on n'observe sur cette jointure ni douleur
ni gonflement.
15 décembre. — C... a remarqué depuis quelques jours qu'elle
ressentait des craquements dans l'articulation tempo ro-maxil taire
gauche. On reconnaît que la jointure en question jouit d'une
mobilité exagérée. Les mouvements spontanés ou provoqués
n'y produisent d'ailleurs aucune douleur '.
1. Cette mahido e»t morto on 1876, ilola riiptiiro(riinau^t*rti«me tic Vctortc,
— La moelbi épini*'re ]ir(;.s(>iitait une sclérose des cordons i»ostériours, caruc-
térUtique de Tataxio locomotrice pro^rossivo. — Los lésions sur lesi(iielles
nous devons insister ici sont celles des 08 et des articalatioinf.
404
ATAXIE LOCOMOTRICK
Cette observation n'a pas besoin, je pense, d'être o
pagncc de longs commentaires; les enseignements qu'elli! "
renferme s'imposent, en effet, pour ainsi dire, d'eux-méme*.
Les circonstances particulières dans lesquelles, aous IW'-
tion de causes Iraumatiques tout à fait insignifiantes, itef»al
Les deui nnviplalei i\ai ont
fra.K<n6itt inCérieur n reiuuiité
— ElleB DuLia montrant lui cal i
et incomplet a, gniieha en ce te
ilenx lèvrea Aa la
fractuiéos s
la face ptwtérioure du fragmeiit r-^i^
ji cAi a^aez régulier et complet à droite. - •
1 ce Mtu que la fracture, qui a la lorii-.-
u'eni consolidée qne dana sa parUe ^ >
horlRiintale de la fraiitura ne sont pan miii.
— L-es fractures siègent a, la j>arti-' s''';
revêtues da vêgutatioiiK oseeuMt.
de la fosse Buus-épïneuse.
La elavirvle gauche présente une fracture consolidée,
•on quart externe Hveo ses trois quarts internas.
Le oaiîfi» et la radiui du cùté droit ofFrtjat desuiliiToluminnuxt
àde« fractums qui se sont produites à rniiiou du tien tnfériour a(w 1*H«b
moy^n. L'un et l'autre sont racroun-ia.
Sur le cnbUiu gavehe, on trouve un cal Iros pros à la joncUon ia 'ic*!
supérieur avec les trais quarts inférieurs. Du bord externe et pnfi-'-tî' ur «■■ •■■'
cal |iart une jetée osaeuse i|ai se dirige ohliqueiiieut en bas. '-u i< ' t i ■"
une courbe à i^oncavité postérieure, et va s'unir an radius un |H'>i ^i: I" '
du tiecv Biipûrieur. — lie radiof, qui a été fracturé à m parli" .j<<t -i.'
présente un cal long de cinq À six tentimëEres, vol nmi noua, i:<1 <| :
donne naîssaiine à une autre jetée osseuse, laquelle vient s'iimi . !'>
antérieure du t;ubilns,de telle sorte quelajeléesupérienreest sitm . "!< ;-
desdeux osai l'inférieure, au contraire, il leurpartio aDlérit>iin>. — i'
cOtés, les os, Am aranl-bras sont rnucotircia, princiiisleniebl lan i.i'i: - :
particulièrement le radius gauche. (Pi.ami?hic IX.)
Les ariicHlaltoiucoxo-fimoralrt nous présenleat les lésions Iwl v
arthropalhirê det alaxiqaei. A droite et à gnuoho, la relion! "i ■ ■ ■
l'état normnl des c«vitéa coljrtoldes est eu grande partie etUeû : i. ;, '"
disparu dan» la tnoitîé inférieare, surtout à dr(>il«. En uffnt, as ca r>'ii*, h
cavité cotjloMe n'a pins qu'un centimètre de pro&indaur à droite et % !•»
un ventiuiétro et demi Ji gauche.
Les lésions sont encore plus prononcées du tùU des ffm!- n. — A :\i-âf.
la tSte, le col et une portion notable du grand trocli"<>'
gauche, la têle o'uxiite plus | lu col jwniste, mais ni .
deux tiers de son volume; le grand trocIiHntarnsC u-.-
trémilé supérieure du fémur vïont nbontir knn cal nr . :
partie inférieure et antérieure, nue sorte do jetée triun^iiLiiip in
lamelle ségiatéc de la fAce correspondante de l'os i>ar un intmvaili ■
quatre niilliiiiètres. En un mot, outre la lésion due à l'artbropai
avons la une fruclnre. Frasque lout le fragment supérieur s'est di
Atrophie, par frottemeut, et la partie pertistanti.- s'est soudé* aveo t»l
ment iniërienr. — Dos lésioua que nous venons de déerim,
encore que, taudis que la fémur droit a 50 cenlimëlresde longueur, W|
n'a pins que 10 centimètres. (Pi.Aaciia X.)
On voit, par la descriptiou qui précède, qu'il s'agit de Itwion» trl« i
santés et d'un genre tout à fait purticulii
formes ordiuairi» de l'nrtlu'ite sèche.
rBACTUKSB BPONTANÉE8 «105
produites les diverses fractures^ aussi bien celle de la cuisse
que celle des deux avant-bras, ne permettent pas de recon*
naître dans ce cas l'intervention de Tune quelconque des in-
fluences qui, dans la règle, président au développement des
fractures dites spaiitanées. C'est ainsi, par exemple, qu'il
va lieu d'éliminer toute action d'une prédisposition hérédi-
taire, ou encore celle d'un élément diathésique tel que la
syphilis, le cancer, la goutte, le rhumatisme. J'ajouterai
que les diverses parties du squelette, les côtes en particulier
et les os du bassin, ne présentent chez la malade aucune des
lésions qui, cliniquement peuvent servir à caractériser l'af-
fection désignée sous le nom d'ostéomalacic -, enfin, et c'est là
un point qu'il importe de bien mettre en relief, on ne saurait
invoquer non plus l'existence d'un trouble de nutrition du
tissu osseux résultant d'une inactivité fonctionnelle pro-
longée des membres, consécutive elle-même a lafFoction spi-
nale. Tous les détails de l'observation établissent, au
contraire, clairement, en ce qui concerne les membres supé-
rieurs, que les fractures s'y sont produites à une époque où
ces membres jouissaient encore de tous leurs mouvements
physiologiques, la maladie spinale n'étant représentée là que
par des accès de douleurs fulgurantes; et, pour ce qui est du
membre inférieur gauche, il possédait encore, lui aussi,
lorsque le col du fémur s'est brisé, des mouvements étendus
et énergiques, modifiés seulement, depuis quelque temps déjà,
par l'incoordination motrice.
Après ces éliminations successives, on est conduit à ad-
mettre, si je ne me trompe, comme une hypothèse au moins
fort vraisemblable, que la fragilité des os a été ici une consé-
quence en quelque sorte immédiate de la lésion des centres
nerveux. Cette hypothèse, se rattachant étroitement h celle
que j'ai proposée autrefois, lorsqu'il s'est agi de déterminer
le mode pathogénique suivant lequel se produisent les a?*-
throjHithles des ataxiqueSy je crois pouvoir me dispenser de
rentrer à ce propos dans la discussion, et je me bornerai à
renvoyer le lecteur aux arguments que j'ai déjà fait valoir à
plusieurs reprises ^
1. Sur quelguei arthropcUhit» qui paraistent dépendre d'une léêion du
cerveau ou de la moelle épinièret in Areh, de Phj/ê., 1. 1", p. 161. Voir aussi
DES ATAXiqCKS
Ce vice de nutrition, subordonné A une inQucnoe du gys>
tème nerveux qui rend les os fragiles et fait comprendro le
développement des fractures spontanées, est aussi, je penftr,
ira des éléments principaux qui concourent ii ta prodactJon
de ces a.Tthro(iathie8 singulières dont notre observation offre
un exemple très remarquable. On sait, en effet, d'aprùs li
descriptionquej'ai donnée, quel'usuretrès rapide, et poussée
à un degré extrême, des extrémités articulaires des 03, est le
principal caractère qui, au point de vue anatomo-patlmlo-
gique, distingue Varthropathie des atcuvlquen de l'arthrUt
seohe vuhjaire.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que la prodactioi
de fractures survenant sous l'influence des causes \t» plai
banales n'est pas, tant s'en faut, un fait absolument rare,
dans l'atasie locomotrice progressive. J'ai, pour mon cuniple,
rencontré déjà un certain nombre d'exemples de ce Kiînr". et
tout récemment M. Weir Mitchell' appelait l'attention ■;,!: b
fragilité des os des membres inférieurs chez les ataxnjU' • 1
sur la fréquence, chez ces malades, des fractures ditus
tauées. J'ajouterai que parmi les observations qui se ti
rassemblées dans les divers écrits consacrés à l'étude de j
genre de fractures, il en est un certain nombre 01^ l'oQ p
reconnaître, — bien qu'ils n'aient pas été relevés par tufl
leurs, — les symptômes tabétiques et en particulier Ivsx
dedouleursfulgurantes.Jeciterai.entreaulres, àlilred'cîM
pies, les observations n" 32 etn''33derouVr^edeM.E.Gtirfl
lEitrnit des Archiva lit iihytû^git normale «I natb
1874, p. 166.)
mâmo rei'ueil, I. U, p. 131 et t. III, p. 806; — Ltçofa *ur le» n
a^Hint, nerEruz, t. II, p. â2.
1. r/ie inftiumct o/rat in lotùmolor ataxy. {Tkt Âmrrie. jvurft. *fA
KÎnuM, IS73, july, p. lia, 119; et Cr-dralblatt, p. TSO, 5 ocWb,, ti'U, IT*
2. E. Gurlt. — Handbuch dtr Lthré'vnn dtn Knochrnbi " '
]). 147; Vie Knoehtnbràchigkeil.
DU VERTIGE LARYNGÉ 407
IL
Du vertige laryngé.
Sous le nom de vertige laryngé {larijngeal vertigo)^ M. le
D' J.-R. Gasquet a publié {The Practitionery août 1878)
l'histoire d'un cas que nous allons faire connaître d'après
l'analyse qui en a été donnée récemment par M. le
D' G. Decaisne dans la Revue des sciences médicales (n* 26,
15 avril 1879, t. XIII, 2* fascic).
« Il s'agit dans cette observation, d'un amiral en demi-solde
ayant toujours mené une vie active et qui avait joui jusque
dans ces dernières années de la santé la plus florissante. Il y a
3 ans, à Page de 70 ans, il fut pris d'une forte bronchite, avec
toux spasmodique et accès de dyspnée se renouvelant plusieurs
fois par jour. C'est à partir de cette époque qu'il devint sujet
aux attaques dont il donne lui-même la description suivante :
Il perd subitement connaissance et tombe sur le sol. Au bout
de 2 ou 3 minutes, il revient à lui, mais reste encore quelque
temps étourdi. L'accès se borne à ces seuls phénomènes, ja-
mais de convulsions, de cris, etc.
» Ce malade a été successivement traité comme atteint d'une
afiectîon cérébrale mal déterminée, d'épilepsie, de vertige sto-
macal, etc., mais sans succès. Au bout d'un certain temps, il
remarqua que les attaques, qui revenaient à des intervalles très
irréguliers, étaient toujours précédéespar une irritation dularynx
et une taux spasmodique, laquelle, toutefois, n'était pas cons-
tamment suivie de l'explosion de l'accès. C'est alors qu'il se
décida à soigner sérieusement son larynx (?) qui est aujourd'hui
guéri. En même temps les attaques ont disparu, depuis neuf
mois il en est complètement débarrassé. »
M. G. Decaisne rapproche avec beaucoup de raison cette
intéressante observation des cas dont M. Charcot a fait
l'objet d'une communication i la Société de biologie, dans
la séance du 19 novembre 187G, sous cette même dénDmina*
tion de vertige laryngé^ employée par M. Gasquet. L'analogie
40â
VEaTIOE LAByMafc
qui exïBte dans les cas dont il s'agit est %Taiment rrai>v;uite.
Il ne sera pas sans intérêt, puisque l'occasion s'en ir
de rappeler, d'après le compte rendu de la Gazeltc .n
de Paris (187G, n-m, p. 588), les principaux détaiN :■ -
servations communiquées par M. Charcot à la SociùlL- Jt
biolog'ie et les quelques remarques dont il tes a fuit suivre.
« M. Charcot fat appelé il y & une quinzaine d'années 4 voir
un malade sujet à des attaques de gontte articulaire et qui ator-
frait de temps en temp^ d'accès de toux spasmodique. Un jour,
pendant la durée d'une quinte, il le vit tout à coup s'affaister nr
lui-même et se relever presque aussitôt, sans avoir prcsenUb
moindre trace de convulsions. Le malade qui, au sortir de «tU
crise, assurait qu'il n'avait pas perdu complètement conaaiosaiM*^
fit connaître que do temps à autre il sonlTraît de ces accidc
depuis l'cpoquc ou la toux spasmodique s'était manifestée. Iq
tiie d'ajouter que le malade. Âgé de Sb ans, n'avait Ja
éprouvé de symptômes d'épîlepsie. »
« EnaoatIS76, M. Charcot vit avec le D'Care»mo un n
U. H..., âgé de 50 ans, qui, lui aussi, non cpileptîque, tt
gnait d'être devenu sujet, depuis un an, à ce qu'il appelle I
« attaques ». L'attaque est annoncée par un cbatouiUiUi
siégeant au-dessous du larynx et accompagné par une p
toux sèche ^ tout à coup le malade perd connaissance et ri|
faisse. Pendant celte attaque, au dire des [personnes qui tam
même de l'observer, la face devient violacée, turgescente, «
se produit parfois quelques secousses convulsives dans la ù
dans l'un des bras. Il est certain que le malade ne se morda
la langue et n'urine pas sous lui. L'accès est de très eoq
durée et à peine est-il terminé qae M. H... se relève, on
tude, capable môme d'achever la conversation uu i
interrompue. Les accès sont devenus très fréquents depalï ra
que temps; on en a compté une quinzaine en un seul jowdT
est arrivé au malade de tomber dans la rue. Chaque fdil
attaques en question ont été précédées du chatouillement I
ryngé et de la petite toux; cependant il peut arriver que r
accès de toux ne soient pas suivis de grandis attaques. E
cas, le malade éprouve seulement un sentiment vert'
qu'il ne peut pas définir et qui n'est pas suivi de chute.
» M. H... est depuis longtompsdéjà atteintde bronchilecl
nique avec emphysème, mais c'est depuis un an seulemeolt
se sont montrés le chatouillement, la toux spasmodique et l(
attaques qui viennent d'êtres décrits.
TEBTIQB LARYNaé 409
» H. Charcot a été amené à penser qne, dans les cas de ce
genre, le point de départ des accidents est peut-otre une irritation
particulière des nerfs laryngés centripètes. Il s'agirait donc là,
d'une sorte de vertige laryngé^ comparable à certains égards, au
vertige de Ménière, qui lui paraît se rattacher à une affection dos
nerfs du labyrinthe. Sous cette impression il a prescrit des cau-
térisations pharyngées au nitrate d'argent, les applications irri-
tantes sur la région antérieure du cou, et à l'intérieur l'emploi
du bromure de potassium à dose élevée. Soit par l'effet de cette
médication, soit par toute autre cause, le malade a guéri au bout
de quelques semaines de traitement.
» Depuis cette époque, M. Charcot a eu l'occasion d'observer
quelques iaits se rattachant à ce même type clinique : tout
récemment, en recherchant ce qui pouvait avoir été publié sur
cet ordre de faits il a rencontré, dans le Berliner Klin, Wochen-
êchrift (n<>du 25 septembre 1876, p. 563), une observation relatée
par M. le D*" Sommerbrodt et où il s'agit d'un homme de 54 ans,
atteint depuis un an d*accès cpileptiformes et de symptômes
laryngés. La présence d'un polype du larynx ayant été reconnue,
on procéda à l'extirpation. L'opération n'^ussit complètement;
depuis, les accidents cpileptiformes n'ont plus reparu. »
Dans ses dernières C(inférenc(»s cliniques do la Salpètrière
(décembre 1879], M. Charcot est revenu sur la description
du composé symptomatique dont la lecture des observations
qui précèdent permet Je saisir les principaux traits et qu'il
a proposé d'appeler du nom de vcrt/ge laryngé. A ce propos,
ilaattirérattention de ses auditeurs sur deux faits récemment
observés par lui et qui appiirtiennent évidemment au f^roupe
clinique dont il s'agit. Voici Texposé sommaire de ces deux
observations nouvelles : on y verra que ces caractères fonda-
mentaux du type se trouvent là, en quelque sorte, servile-
ment reproduits.
« M. le D' W..., né en Russie, est âgé d'environ 40 ans; il y a
douze ans, après être resté pendant l'hiver plongé dans l'eau
jusqu'à mi-corps, près d'une]heure durant, il a été atteint d'un
rhumatisme articulaire généralisé qui l'a retenu au lit pendant
près de trois mois. Peu après se déclara une affection bronchique
qui, d'abord aiguë, ne tarda pas à s'établir d'une façon à peu
près permanente. Oppression constante, bruits sibilants qui s'en-
tendent à distance, expectoration difficile. Fréquemment se
410
VBIlTiaS L.lKTM(t£
montraient de violeata accès d'asthme qui, gàicralemeol, »
minaient par l'expectaration de crachats moulés, vermifon
» Pendant le cours de r;innée 1877, les accidents s
dont on va donner la description d'après le récit da
se sont reproduits une dizaine de fois. En dcbors des ■
d'asthme, et sans intervention d'une cattse appriiciable. l
coup le malade éprouve un peu au-desâou?^ du larynx, )
trajet de la trachée, un sentiment particulier de brûlure t
chatouillement très péniblG et peu après se déclare une ^d
de toax; puis, très rapidement auivieot un vertige et [
aussitôt M. W.., sent succeasivement les doigts de
gauche se fléchir involontairement, le membre supérieur |;
se i-aidir dans l'extension et s'élever tout d'une pièce jus<ia'|
hauteur de la tële, en même temps que ce membre, en etU
est agité par 3 ou 4 mouvements cloniqaes. En ce moment M. H
perd connaissance. A son réveil, qui a lieu quelques socoH
après, il se trouve constamment couché à terre, reposant ttt
côté gauche. Les membres de ce côté guache ne prèsenteal auel
anomalie, quant bu mouvement et à la sensibilité, daas llu
valle des accès qui viennent d'être décrits.
» Plusieurs fois le sentiment de brillure et de chatouillM
la toux prémonitoire ont été suivis seulement p»r quelqut
pirations sifflantes, une menace de suffocation et l'accès est rt
ainsi incomplet. L'examen laryngoscopiquo pratiqué par H. B
vel n'a fait reconnaître dans l'organe qu'un peu de nm
anormale de la muqueuse.
» Le ï)' W... a succombé très rapidement, en pleine cod4
sance, sans avoir présenté de convulsions, pendant le couna
accès d'asthme, le 12 janvier 1878. »
« M. G..., âgé de 45 ans, fut atteint vers le âO Juillet I
d'une bronchite sans caractère particulier qu[ guérit i
rapidement, mais laissa après elle au niveau da tarynx UD I
timent presque permanent de chaleur et de chalouillenicol>a
sensations s'exaspèrent de temps à autre tout à coup ti f
stiivies de quintes de toux très pénibles. Dans le t
mois d'août M. U..., étant au lit, fui réveillé brusqa^neill
une de ces quintes; il se leva, perdit presque anssitât e
sance et se réveilla quelques instants après gisant à terre. £
cette époque, les crises se sout trèn souvent reproduites, q
qnefois il y en a eu 3 ou 4 en un jour. Constamment d
crises, le malade perd coonaissunce et tombe k terre; ifl
plusieurs fois tombé dans la rue. 11 se relève proiH|ue au
sans trouble marqué dans ses idées, mais ne cotisemilt ai^
VBRTIOE LABTKdÉ
4M
de ce qui s'est passé pendant la chute ; il se rappelle
tent le chatouillement laryngé, la toux et le sentiment
arti^ïneax qui l'ont précédée. D'après le récit des personnes
ni ont assisté à ces crises, la face devient quelquefois, au mo-
tent de la chute, turgescente et un peu violacée; il y a de
mps en temps quelques mouvements convulsITs dans la fsce
t dans les membres ; pas de cri initial, pas d'émission d'urine.
A iQ&lade ii>.> s'est jamais mordu la langue ; il n'y a au moment
n réveil UL nausées ni vomissements.
» L'examen laryngoscopique pratiqué par M. leD' Krishaber
l'a fait reconnaître, soit dans la cavité du larynx, soit dans
lOe de In trachée, l'existence d'aucune lésion.
• Telle était la situation lorsque M. G... vint consulter U. le
¥ Oharcot, en décembre 1871*. Jl prescrivit l'emploi du bromure
Ir poti.wium à doses élevées et l'application de vésicatoires
Muta sur la région du larynx; après trois semaines de trai-
Anent, les accidents avaient complètement disparu. »
On a pu remarquer jusqu Vi quel degré les faits qui viennent
tllrc relattts s'accordent tous entre eux, du muins sur les
Dintfl [>rmcipuu.>c. Les pliéiiomènes qui peuvent justifier la
lODDiination de « vertige », proposée pour les désigner,
Bt été constamment annoucés par ceux qui, h leur tour,
^Umeoton quelque sorte L'emploi duqualilicatîf a laryngé ».
Ib effet, le sentiment de chatouillement, de brûlure, la toux,
Ëpour siège apparent le larynx ou les réffions supé-
do In trachée, ont dans tous les cas précédé la chute
irte de la conscience. Celle-ci parait être un caractère
Mwlani de ce que l'on pourrait appeler les <c grandes
elle a fait défaut seulement dans les cas légers,
hna les attaques incomplètes. Dans les grandes attaques,
ieorôtence de quelques phénomènes convulsifs localisés dans
kfiUK ou dans un ou plusieurs membres semble être chose
gtqueQte. Dans un cas, les accidentis convulsifs ont revêtu
§onae de l'épïlepsic partielle (cas du docteur W...), et le
pou^'ait asHister, en quelque sorte, au développement
premières pha-ses de l'attaque. La perte de connaissance
de très près l'apparition des symptômes de Vaura la-
olle est do conrlc durée; quelques secondes, quelques
A peine après la chute, le malade reprend xes sons;
e, ronservant à peine un peu de confusion dans les
idôes, et celle-ci se dissipe rapidement. La lin de l'acecs i
pas marfiuée, ainsi que cela a Heu dans le vertige labn
thiqiic, par des nausées et des vomissements, et pendur
durée, iln'y a pas, auCantqu'oii le sache, du moins, mn
de la langue', éniiâslun involontaire d'urine, cumnui C
voit fréquemment dans l'épilepsie.
Voilà, quant à présent, ce que les observations appreHJ
de plus important concernant la symptomatologie du vw
laryngé. Sans vouloir préjuger les enseignements do l'aï^
on peut, croyons-nous, admettre dés aujourd'hui, & tïta
proposition, au moins très vraisemblable, que les a
groupés sous cette dénomiuation répondent il udc f
clinique distincte, et qu'il sera possible désormais de til
en pratique, à l'aide de certains caractères, den (o4
connexes. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, le vert
aure hesa est annoncé d'ordinaire par une exacerti
brusque des sensations auditives, telle que bourdonnamd
sifdements, etc. La chute quand elle a lieu n'est pas a
[)agnée de perte de connaissance, le malade s'est senti a
précipité tout A coup par l'action d'une main ('trang"'
est tombé en général, directement en avant, sur la liica, |
rarement en arrière ou sur un des côtés*; la fin de l'at
est le plus souvent marquée par l'apparition de tiausj
de vomissements. Ajoutons que sa subordination ea qw
sorte nécessaire aux symptômes laryngés diâtîngUM
genre de «vertige» qui nous occupe, des diverses loi
petit mat épileptique avec lequel il a d'ailleurs, OD 1 j
remarquer, plus d'un trait de ressemblance.
Dans les observations qui précèdent, le A-ertîge l
parait s'être produit comme une conséquence plus duB
directe d'affections laryngo-broncliiques développées 1
l'influence de causes banales, ou relevant au contraire J
état diathésique, la goutte, le rhumatisme. 11 n'en c
toujours ainsi. On a vu déji par l'observation du D* S
1. Dans le eu du docteur Sommarbrodt, ïl est dît t\a« i»a» «x ni*'*
iD«lade ce mordait EOaTent U langue. Nons eu connaÏMoaa un antra ikm)^
lB.|
2. Voir : Cbarcot. — Leçoim ttir la malùdUë du tyUimt n«r«fKc. Iv»'*'
VERTIGE LAKYMQÂ 413
merbrodt que des accidents analogues peuvent se rattacher à
la présence d'un polype dans la cavité du larynx. D'un autre
côté M. Charcot a fait voir dans ses conférences, que tous les
symptômes quMl attribue au vertige laryngé se présentent
quelquefois chez les malades atteints à'ataxie locomotrice^
où ils constituent Tune des variétés de ces crises laryngées
tabétiques dont M. le D' Féréol a le premier donné la des-
cription*. Mais c'est là un point que nous nous bornerons à
relever pour le moment. Nous y reviendrons prochainement
avec quelques développements a propos de deux observations
de vertige laryngé tahétique dont nous ferons connaître tous
les détails.
En terminant nous tenons à faire ressortir que le « vertige
laryngé » n'existe encore, à Theure qu'il est, qu'à titre d'en-
semble symptomatique. La théorie pathogénique doit être
réservée : sans doute les symptômes prémonitoires de l'attaque
semblent désigner le larynx ou les régions supérieures de la
trachée, comme étant le point de départ de tous les accidents.
On pourrait invoquer encore les données expérimentales, sur
toutcelles qui sont relatives aux effets produits chez les ani-
maux par Texcitation du nerf laryngé supérieur, faite dans
de certaines conditions ^ maison ne trouverait pas encore,
pensons-nous, dans ce rapprochement des éléments d'une dé-
monstration absolue. Nous ferons remaniuer, à ce propo:^,
que dans deux cas où l'examen laryngoscopique a été pratiqué
(cas du D' W..., cas<le M. (î...) la cavité du larynx et celle
de la trachée ont été trouvées indemnes ou ne présentant
que des lésions banales.
Quoiqu'il en soit l'application des révulsifs sur la région
laryngée, les cautéris^itions pharyngées, l'administration du
bromure a dose élevée, piimissent avoir été couronnées de
succès, — en dehors des faits relatifs à l'ataxie locomotrice,
ou à la présence des polypes dans le larynx — dans tous les
cas où ces movens ont été mis <*n œuvns Bournkvillk.
1. Note lue à la Soci($tu inûdirnlo dos hôpitaux, 18 cli^comliro IHiîS.
â. Voir surtout : P. B<*rt. — PhyaiuUujiii coniparte de La rmpiration^ 26" ai
iW* leçons. Paris, 1870.
TUltÊFALTIOS DES CBIJ-ULKS KERVEUf
Sur la tuméfaction des cellules nerveuses motrioa
et des cylindres d'axe des tubes nerveux dans
certains cas de myélite; par j.-ïl. Charcot.
(Voyes : LBç.«i X. ji. 198.)
Dans le cas de myélo-mt^ningite subai^uë dont il a fait l'ofc-
jet d'un travail rempli de détailsimportants, M, leD'C. Pron-
mann ;i noté avec soin la tuméiaction remarquable qm jri-
sentaieiit, çà et là, les cylindres axiles des tubes oorveuide
la substance blanche, non seulement au niveau de la partie
de la moelle la plus profondément lésée, mais encore ikuw
grande distance de ce foyer, sur des points qu'il cuDSÎdilB
commeayantétéaffectés secondairement •.J'ai eurêcenunMrt
t'utjaisîon de rencontrer cette alli'ralion des cyliiulrea daM
dans trois cas de lésions irritatives de la moelle épinière; l« i
observations que j'ai faites k ce propos me permettront de
confirmer et de compléter, à quelques égards, la descriptiM
donnée par M. Frommann. .l'ajouterai que, dans un de ces
cas au moins, j'ai observé une tuméfaction de cellulesner-
veuses des cornes antérieures, laquelle, si je ne me troupe,
n'a p:is encore été signalée en pareille circonstance, et qni
mérite d'être rapprochée de l'altération du même genre qut
présentaient les cylindres axiles.
Obb. I. — Pendant le siège de Paris, un mobile fut blessé de
grand luatin, daus une reconnaissance et apporté quelques he»-
res après à l'ambulance d'Arcucil, complètement paralysé de*
membres inférieurs. Il succomba dans la nuit même, vingt-qatfl*
1. Uattmiekunfjeii liber die normale l'ndpalhitU
markea. léns, 1364, ji. 93-99 et 101-105. — Vo'
Isa Figure* U et IS de la Flaiiciie IV.
MYÉLITE 415
heures environ après l'accident. Une balle était entrée vers Té-
panle droite et était sortie du côté opposé, au niveau des lombes.
A l'autopsie, on trouva la moelle entièrement divisée au niveau
de la partie supérieure de la région dorsale; un lambeau de la
dure-mère rattachait seul les deux bouts séparés de la moelle
épinière. L'examen microscopique, fait à l'état frais, de deux
segments de la moelle, au voisinage de la perte de substance,
dws l'étendue de deux centimètres environ, a donné les résultats
suivants : il ne paraît exister aucune altération appréciable dos
éléments nerveux, soit dans la substance blanche, soit dans la
substance grise ; pas de corps granuleux cellulaires ou non cellu-
laires, pas de granulations graisseuses isolées, au contraire les
myélocites paraissent sensiblement plus volumineux qu*à l'état
normal. Beaucoup d 'entre eux sont enveloppés d'une mince cou-
che tantôt globuleuse, tantôt légèrement allongée, de proto-
plasma. C^aelques-unes de ces cellules rudiraentaires renferment
deux noyaux. Sur les vaisseaux capillaires, dont les parois ne
présentent d'ailleurs pas trace d'infiltration gi*anulo-graisseuse,
les noyaux sont volumineux, et plusieurs offrent des traces de
segmentation. L'étude des coupes durcies par l'acide chromiquo
et colorée par le carmin fait reconnaître des altérations qui
avaient échappé lors de l'examen à l'état frais. On trouve sur les
coupes transversales, disséminées on
divers points des cordons latéraux et
postérieurs, des espèces d'îlots arrondis
ou ovalaires dans l'aire desquels tous
les cylindres axiles des tubes nerveux
ont acquis un diamètre relativement i'V :^j^ - 3///^Zi7« «rauma^
considérable [Fig. 32;. C^uclqucs men- ^X\. phi ^VlunaneÙx
surations ont donné ce qui suit : cy- mosuraut o /ui, oi — o y,
lindre axile resté normal au voisinage (KW'J.— a, Cylindrot axi-
des points affectés, 0'"«",003:J ; cylindre '"» i|oriiianx uioMurauto.u,
d'axe hypertrophié de 0"»»,0099 à ^•^'•
0"»,01. L'enveloppe de myéline ne s'est pas développée à pro-
portion et elle forme autour des cylindres hypertrophiés une
couche circulaire mince. On trouve <;ii et là quelques tubes
nerveux à cylindre d*axe volumineux, non plus réunis en
faisceaux comme les précédents, mais disséminés et isolés au
milieu des tubes nerveux restés sains.
Le réticulum de la névroglie n'est épaissi nulle part, seule-
ment les cellules conjonctives étoilées sont manifestement plus
volumineuses et plus nettement dessinées qu'à l'état normal \
quelques-unes renferment deux gros noyaux. Les cellules con-
41$ TUUÏPACTION DBS CELLVI.HS NEKVBUflBD HOTBICBS
jonclÎTCâ ne se montrent pas plus volumincases trt p&t
nombreuses dans les espaces où les cylindres d'axe ontit _
de volume, que dans les régions oii les tabès nerveux ont
Eervé tous les caractères de l'état normal. I^es coupes loDgîl»
dinales pci'mcttcnt de constater que les cjrllndres d'axe liy^-
tropliiés n'ont pas, dans toute l'étendue de lear tonguonr. n
diamètre uniforme ; loin de là, ils présentent de distance en db-
tancedcs renflements fusiformes et c'est seulement au >■■••■ '«• ■'*
ses parties renflées qu'ils acquièrent ces dimensions cj '
ontétc signalées plus haut. Dans les parties interni
diamètre des cylindres d'axe ne va guère au d'>l;i ■■■
normal. Les cellules nerveuses de la substance grise n'>jDt [tin
présenter aucune altération appréciable.
Obs.II. — Jedois la connaissance dndenxièmefsitàj^r.*loSn>ri
qui m'a mis à même de vérifier les détails anatomiques qui »ï
ratlAchent. Il s'agit d'un homme âgé de 36 ans, grand et robosM-
 la suite de prodromes assez vagues, n'ayant pas duré pla«de
vingt-quatre heures, cet homme fut pris, presque suhiteineiili
sans cause appréciable, de paraplégie complète avec pc-rlo de b
sensibilité et rétention d'urine; six jours après le di^lmt. If*
urines extraites à l'aide de l.t sonde le a fermaient ii:
7* jour, disparition des mouvements réflexes aux m--"
rieurs; formation d'une escarre sur la fosse gaucho. -
troubicsde larospiraiion; urines fétides. La contnii^i...^ i. -
trique est conservée dans les muscles des membres întérîean. —
13= jour, refroidissement des extrémités. Le malade succomlrt
le 15' jour.
AuToi'SiB. — Au niveau des G' et 7= dorsales, lu hm : r
toute Bon épaisseur, à l'exception d'une purtie 1res t" ■
des colonnes blanches postérieures, est ramollie, tr,in
une véritable bouillie renfermant des vaisseaux gor^'<
Au-dessus de ce foyer principal, le ramollissement n-...
qu'ilaâcet S'dorsales, endimînuant progressivemeni :
et en se limitant aux régions centrales do la moelle. .V. .
il descend, également limité à ces régions, jusque Vk::
mencement du renflement lombaire. Ce renflemeul, ■;
que le renflement brachial, paraît à l'œil nu n'avoir ^^lU) ■'■ ^'^
altération appréciable.
Examen microscopique à l'état frait. — On trotiTe dam
points ramollis, des corps granuleux avec ou sans OD>-aUX,
nombreux myélocites libres. Il n'y a pas de leucocytes, âitfi
parois des vaisseaux, lesquelles présentent d'aiUeun nn '
TlJMÈFACTtOK DOS CELLUI.BS NERVEUSES MOTRICRS
417
6 d'infiltration graisseuse, les noyaux sont plus Dombreox
"qu'à l'état normal. On trouve sur quelques préparattoag dea
ceUalosnerveuees fortement pigmentées, maisD'oQ'raDt d'ailleurs
nncaoe modiUcation dans leur structure.
Exameu de pièces durcies par l'acide ckromique etcoîorées par
U carmin : coupes transversales : Tcgion dorsale. ^ Toutes les par-
ties qui nvaient été ramollies se sont déso^cgées, mais, en dehors
de ces parties, on trouve disséminés, çâ et là, un grand nombre
de petites lacunes ou foyers de désintégration, tantôt arrondis,
blDtdtoviilaires ; ces foyers siègent snrtout dans les cordons blancs
lU postérieurs ; mais on les rencontre aussi, en certain
f^r^-^i'
rc, dans la substance grise oten particulier dans les cornes
Icures. Dans le voisinage de ces foyers, comme au pourtour
rttes désagrégées par lo ramollissement, le réticulam de la
igllo est remarquablement épaissi, sans adjonction, toutefois,
rllles de formation nouvelle. Les nœuds du réticulam pré-
ntlàdcs espaces de forme étoïlce, renfermant trois elquatre
llquefois cinq myèlocytes, Beaucoup d'alvûolos sont vides,
a contiennent des tubes nerveux sains, la plupart reafcr-
416
KTtLITB
ment des cylindres d'ase, le plus souvent dépouillés de mjrélll
et dont te diamètre dépasse de beaucoup le chiSTre nurnûl. L
plus voliimineux de ces cylindres axiles mesurent OiOi!!"", <l'»a-
tres 0,035""", d'antres 0,025""°. seulement, l'état nortoal étui
représenté par le chiffre 0,025°"". En dehors du voi»iaa{^4tt
foyers de désintégration, dans des points où le réticulum eot-
jonctif n'est pas épaissi, les cylindres d'asea Tolumincatw
retrouTcnt tantôt isolés et disséminés cà et là, au milita 4»
tubes nerveux normaux, tu-
tôt réunis par groupes arrqih
dis ou ovalaircs. Ib »e rr-
trouvent encore Soi r I ■
agrégés dans les n'.-
vicaleet lombuire<l<
épinière où les foyer-
tégration de l'hyii":
réticulum font coui;
défaut.
L'étude des cou]» ■
dinales montrei^uf '
sionaextraordinain.- ,
nent d'être consignée* t
pondent à des ren&emeDM
siformcs des cylindres d'à
dans rintervalle de c
âements, le cylindre iV
à peu près le diamètre BOil
(Fig. 341. On peut soivr
cylindres axiles à diUtal
monilifurmea sur des e
saccessires représeotuit i
étendue en longueur de f
1 centimètre; aa-de«swi«
dessous, ils reprennent les caractères normaux.
A l'aide de mensurations comparatives, on croit recoani
qu'un bon nombre do cellules nerveuses motrices, dan? h
verses régions do la moelle, ont augmenté de volume,
qu'il en soit, ce gonflement des collnles est bexacoup i
prononcé et moins facilement appréciable qu'il ao l'éiait d
cas qui va suivre.
Obs. m. — Ce troisième cas a été recueilli k Tb^tal de U 1
Pitié par M. Boumeville, qui m'a laissé le sota dol'e
TUVÊrACTtOM I>BS CBLLULBB NBRVBaSSS MOTftlCnS 41!)
lologlqae de la moelle cpinière. Pour les détails relatifs au côté
dinlqae et à l'aoutotuie macroscopique, je renverrai à l'exposé
pnblié par H. Bourneville, dana le naméro 40 de ta Gazette
médicale pour 1871 {7 octobre, p. 451), vonlant me borner, sur
ces pointe, à quelques indications très sommaires. Le sujet de
mtle observation est une femme, ù.géo de 58 ans, qui se réveilla,
HQ matin, avec une douleur assez vive sic^eaot à la nuque, et
BDd contracture du muscle stemo-mastoldien du côte droit.
Cinq jours après, une paralysie incomplète du mouvement, avec
obonbilation de la sensibilité du membre supérieur gauche,
V4taît manifestée. Le huitième jour, à partir du début des prc-
aiere accidents, la mort survint inopinément à la suite d'un
iflocisde dyspnée. La maladie, chez cette fenmic, se serait dé-
ld*rée, paraït'il, sans prodromes. La malade assurait toutefois
|ST(4r éprouve, deus ans auparavant, des sjinptômes fort ana-
ilogae» aux symptômes actuels, mais qui, au bout de très peu de
itBnps, se seraient dissipés sans laisser de traces.
I Autopsie. — Des sections transversales de la moelle épinière,
japris macération de quelques jours seulement dans l'acide chro-
linSqac dilué, font reconnaître, dans la moitié latérale ganche,
âsOE la région cervicale, un foyer sanguin de forme ovalaire,
iBUsnrant dans les points où il est le plus large 4 millimètres
(diam. ant.- postérieur) sur trois millimètres (diam. transv.), et
qnla'étend, en hauteur, depuis le niveau de la première paire
iMrTlonle environ, jusqu'au niveau de ta septième. Ce foyer oc-
jCapO la moitié interne et postérieure de la corne antérieure gau-
jdu de la substance grise. Il se prolonge en avant, dans l'épaisr
iMOr du cordon antéro-latéral du même côté, suivant la direction
dn trajet intra-spinal des racines antérieures.
I, L'âpanchement sanguin est en partie seulement de date récente.
fSw certains points du foyer, il remonte évidemment à une épo-
i^w d^Ji éloignée, car on trouve çù et là des granulations pig-
jlluntaires ol des masses arrondies offrant l'apparence d'une
lialltilo et renfermant ces agrégats de globales sanguins. On rcn>
■ •ootre,enoutre, soit dans to foyer lui-même, soit dans l'épaisseur
idM parties qui en constituent les parois : 1* des vaisseaux capil-
Ifeirâ* prosentant de distance en distance des dilatations loonili-
ilbtmcs, et dont les parois ch.argées de noyaux très nombreux
aflrcfit çà et là des amas de granulations graisseuses ; H" des cy-
lindres d'axcsdépouillés de myéline et beaucoup plus volumineux
qu'k l'eut normal ; 3° do nombreux myélocltes, les uns libres, les
jutrea enveloppés d'une petite masse de protoplasma; 1° enlln
420
IIViUTIE
des débris du rétîculam conjooctïr, dont les mailles d'appucM
fibroïde sont notablornoot épaissies.
Après darcÎBsement complet de la moelle, l' examen de coflpa
transversales permet de constater en ootrc ce qui suit : sardet
points de la Bubstancc blanche très éloignés des parois do Toycr
san^in, dans la partie ta plus postérieure descordoDs [Mstérieon
par exemple, on trouve des espaces à contours irré^hVr^onl^
cylindres d'axe entourés seulement d'une coucha de ur '
acquis pour la plupart des dimensions énormes des l
pour le diamètre transversal. Dans l'intervalle de c>?? >
veux à cylindres axiles tnmé&és, les mailles da rétL^ji.!::. ..
quelquefois épaissies; le plussouvent elles ne sont pas pliuèp>ui*
ses que dans l'état normal.
Mais ce qui frappe surtout, dans cet examen, co sont les, ÎIjti-ii-
sions vraiment colossales que présentent, dans la corui' ■
gauche de la substance grise, au voisinage du foyer ^^
cellules nerveuse» mullipolairês. Ainsi, tandis que les ]
cellules de la corne droite mesurent en moyenne, tlm^-
grand diamètre, O^^jOiaS, celles do la corne gaucli"
atteindre jusqu'à 0**,083ô. Les moins volumineuse^ ,
dernières ont encore un diamètre qui mesure O'^.OS»!. i >
les cellules turaéfiéesne sont pas seulement plus volumi u '
l'état normal: elles sont, de plus, manifestement i
Elles ont perdu leur forme allongée et sont globulcus.-
dirait distendues à l'excès et leurs parois sont comme b'.'fin'Iè^'»-
Les prolongements de ces cellules n'offrent plus, eax-mia»,
leur gracilité habituelle; ils sont épaissis et tortueux. La sobsr
tance qui constitue le corps des cellules ainsi altérées,
d'ailleurs fortement par le carmin, elle est finement gi
légèrement opaline, et de plus quelque peu opaque, car T
tre difficilement jusqu'à la masse pigmentalre et au no]
dernier, toutefois, ainsi que le nucléole, ont toujours para ^
senter les caractères de l'état physiologique. J'ai été a»ex!
reux pour rendre M. Lockhart-Clarke, lors de souderniert '
à Paris, témoin de toutes les particularités qui vienueni
signalées.
Les coupes longitudinales font reconnaître L'as pectmonili
de la plupart des cylindres axiles tuméfiés, dqjà noté
deux premièresobservations. Mais un fait propreautroisicmoj
c'est qu'un certain nombre de ces cylindres volum"
vent leurs dimensions anormales uniformément dans ose i
étendue en longueur, sans trace de dilatation et de rétréc
Un dernier point qui doit être relevé tout particulièremcnl, c'c<
TUMÉFACTION DES CELLULBS NERVETOBS MOTRICES 421
que, dans ce même cas, un premier examen fait à l'état fhiis avait
pennis de reconnaître la tuméfaction des cylindres axiles ; de
telle sorte qu'il ne saurait s'agir là d'an produit de Tart, d'un
résultat accidentel du mode de préparation.
Je suis porté à croire que la tuméfaction des cylindresd'axe,
décrite dans ces observations, et aussi celle des cellules ner-
veuseSy ne doivent pas être considérées seulement comme des
curiosités d'histologie pathologique. Il paraît au contraire très
vraisemblable que ces altérations seront retrouvées dans un
bon nombre de cas de myélite aiguë ou subaiguë, où elles
jouent sans aucun doute un rôle intéressant, lorsqu'elles au-
ront suffisamment attiré l'attention des observateurs et que,
d'un autre côté, nos moyens actuels d'investigation anatomi-
que se seront encore perfectionnés. Pour ce qui est du gonfle-
ment des cylindres axiles, au moment même où je termine la
présente note, je le trouve mentionné, une fois de plus, et
décrit même de la manière la plus explicite, dans une obser-
vation faisant partie d'un intéressant mémoire qui vient d'être
publié àLeipzig, par M. W. Mûller. Il s'agit dans cette obser-
vation, comme dans la première de celles que j'ai rapportées,
d'une lésion traumatique de la moelle épinière. Le renflement
brachial surtout avait été lésé et, à l'autopsie, il se trouvait
ramolli; la mort était survenue 13 jours après l'accident. Les
cylindres d'axe, tuméfiés et variqueux, se rencontraient, non
seulement dans le foyer de ramollissement ou à son voisinage
immédiat, mais encore bien au-dessous de ce foyer, dans les
cordons latéraux {Myélite descendante consécutive), à peu
près dans toute la hauteur de la région dorsale ^ On sait d'ail-
leurSy d'après les recherches histologiques de M. Frommann*
et d'après celles qui me sont propres^, que, dans la plupart
des formes de la sclérose, et en particulier dans la sclérose en
plaques, on observe souvent, à une certaine époque de l'alté-
ration, en outre de la métamorphose fibrillaire du réticulum
de la névroglie, une augmentation de diamètre très apprécia-
1. Beitràge zur paUioloy. Ancdom. und Phi/ëioloy. dtamenêchliehen RiJcken-
mari». Lieipcig;, 1871, pp. 11-13.
2. Onter$uchungenj etc., 2. Thetl, lûna, 1867.
3. HùUAogie de la êclérote en pUn^uct, Paru, 1869, pp. 11 et 13.
422
MYËLITB
ble, d'un certain nombre de cylindres axiles. A
la tuméfaction est, dans ce dernier cas, uniformément T^|
due sur une grande étendue en longueur du cylindre et
paB seulement localisée sur certains points, comme cela t]
d'habitude dans la myélite aiguë. Quoi qu'il en soit, l'i"
tîon dont il s'agit parait être, on le voit, avec quelques vs
tes, communes aux formes aiguës, subaiguês et chroniq
primitives de l'în&ammatîon de la moelle épinièrii',
Quelle est la signification de cette altération? Elle doit, si
je De me trompe, être rapprochée du gonflement que pn?»ai-
tcnt fréquemment divers éléments anatomiques, les cellotfS
épithélialcsglandulaires, les capsules dw cartilages par ftem-
ple, sousl'iniluence de certaines irritations. S'il en '•-■ •'
on pourra se convaincre, en se reportant aux u
observations consignées dans cette note, que la ti,
des cylindres axiles peut être, dans certains cas, 1 1 ,
expression anatomique de l'inOammation de la nii<
nière. On peut la voir, en effet, exister seule, ind '| ■ <■ :;
ment de toute altération concomitante appréciable du iv.u.
dre de myéline, du réticulum de la névroglio et des vaisseau
capillaires.
Sous ce rapport, notre première ol>ser\'ation siif-i 'i" '-i'
très instructive. Elle montre aussi avec quelle rapidi'
tiou peut modifier, dans la moelle, la structure d^-
nerveux, même sur des points relativement très l-I i_
si^e primitif du mal. Le dernier fait, c'est-il-dire l;t ! ' ■
tion au loin de l'irritation, par la voie directe des tui • .
veux est également bien mis en lumière dans notn- li'
observation, ainsi que dans les cas de MM. Frommaou d
W. Millier, où l'on voit à une grande distance du foyiT prinn-
pal, les cylindres d'axe se tuméfier, çà et lA, soit sur li
des faisceaux postérieurs, soit sur celui des faisceaux lat
Tout porte à croire d'ailleurs que l'irritation des tubes
veux, et, plus explicitement, de leur cylindre d'axe, est
la myélite aiguë ou subaiguë, tantôt le fait initial, prtmn
(TBy^eYe/jorfincAyma/eîi5e),tantôtau contraire un phénomeoe
deutéropathique, consécutif à l'inflammation du réticuluP
conjonctif {ï«jM//te interstitielle). Ily aurait lieu, (jar consé-
quent, d'appliquer aux myélites à marche aiguë ou Babugo^
1
TUMÉPACTIOS I
S CTUSURK8 A2ILES
423
t distinction fondamentale proposée par M, Vulpian' » propos
des scléroses spinales.
Le processus morbide, dont on vient de rappeler les traits
les plus saillants, peut aboutir, s'il n'est pas entravé dans
son développement, à la désag-régation et finalement à la
destruction complète du cylindre axile. Il n'est pas rare, en
efTet, de rencontrer, dans les cas datant d'un peu loin, un
certain nombre de cylindres tuméfiés qui, examinés sur des
coupes longitudinales de la moelle, paraissent inégaux, bossues
& leur Burfece et sillonnés transversalement de fentes plus ou
moins profondes. Au degré le plus avancé, par suite de
l'agrandissement de ces fentes, la partie tuméfiée du cylindre
peut êtrediviaée en plusieurs masses, inégalement globuleusesj
indéj^ndantes les unes des autres. Ce mode d'altération était
très marqué dans nos deuxième et troisième observations : il
a été parfaitement décrit dans le cas de MM. Frommann et
W. Millier. Lorsque les choses en sont à ce point, les
cylindre axiles se sont depuis longtemps déjà dépouilla de
leur enveloppe de myéline. Il n'est guère douteux que les
cellules nerveuses tuméfiées puissent éprouver, elles aussi,
une atrophie consécutive correspondant A celte désagrégation
des cylindres d'axe. Je me bornerai, quant à présent, à ces
remarques que je compte reprendre et développer bientôt
dans une étude d'ensemble sur l'histologie pathologique de
la myélite aiguii ; mais je ne voudrais pas terminer cette note
Bans faire remarquer que la tuméfaction des cylindres d'axe
n'appartient pas exclusivement aux tubes nerveux de la
moelle épinière. Je l'ai observée, pour mou compte, plusieurs
fois, dans des parties du cerveau anémiées, mais non encore
ramollieH, ;\ la suite de l'oblitération d'une artère de l'encé-
phale par un thrombus.
La tuméfaction moniliforme des cylindres axiles a été
observée, d'ailleurs, depuis longtemps dans la rétine, par
MM. Zenker', Virehow^, H. Mûller', Schweigger'' et
1. Archiva de phyiiotogie, t. Il, p. SUM.
S. Archivjar Ophth., Bd. II., 8. 131.
S. Virchom'i Archlv., l)d. X., S. 175.
4. Archiv. far Ophth., Sd. IV., 3., S. 1.
Û. Ibid., Bd. VI., ï, S. 294.
^4
utAlites
^
Hagel', dans le cerveau (ramollissement jaune de la couche
corticale et encéphalite congénitale interstitielle), par
M. Virehow*. Enfin, plus récemment, M, H. Hadiieh'a
reconnu la tuméfaction variqueuse du prolongement axile
{Bauptaxencylinàer Forsalz) desgrandescellules nerveuses
de la couche corticale du cervelet, chez un sujet atteint
d'hémorragie céréiielleuBe.
ilogit rurrvtult et palhaiogifu
1. Ârdi./ar Ophik., Bd. VI., 1, 8. 101.
2. Virthow't Architt., Bd. X., 8. 178 et Bd. XLIV-, S. 475.
3. Ibid., Bd. VI., 4- fig., B. 21B, 1869.
ATROPHIE MUSCULAIBB PROTOPATUIQUE 425
IV.
Note sur un cas d'atrophie musculaire progressive
spinale protopathique (type Duchenne-Aran); par
J.-M. Charcot'.
(Voyez : Leçoh XI, p. 212.)
On retrouvera les principaux caractères cliniques qui
permettent de reconnaître pendant la vie Tatropbie musculaire
protopathique, réunis dans l'observation qu'on va lire et qui
est un exemple remarquable de cette forme de l'amyotrophie
chronique. Ici, du reste, le diagnostic, confirmé plus tard
par l'examen anatomiquc, avait été porté durant la vie de
la malade.
Laare W... fat admise à la Salpètriëre le 19 mars. Elle était
atteinte d'atrophie musculaire progressive, dont elle avait
éprouvé les premiers symptômes en 1862, à ;râge de 37 ans
environ.
L'histoire des antécédents de la malade ne fournit que des
renseignements négatifs : aucun des membres de sa famille n'a
été atteint d'atrophie musculaire; elle-même n'a jamais eu
d'autre maladie que les fièvres éruptives de l'enfance, enfin elle
a toute sa vie été couturière et n'a jamais ni éprouvé de priva-
tions, ni habité de logement insalubre.
Un certain affaiblissement progressif, ne s'accompagnant
d'aucun trouble de la sensibilité, marqua pour les membres su-
périeurs le début des accidents. Bientôt après l'atrophie s'em-
para des muscles de la main gauche, puis six mois plus tard
environ, la droite fut envahie à son tour. A partir de cette
époque, la maladie suivit son cours d'une façon! régulière et
lente, occupant l'un après Tautre et de bas en haut les divers
wegmenU des membres supérieurs, évoluant toutefois beaucoup
plus rapidement dans le coté droit que dans le côté gauche. On
1. £n coUaboration avec M. Gombault.
426 XAKCHZ DK LA MAUkDa
doit noter cependant que depuis huit ans enriroti, les
inférieurs étaient le siège de phénomènes siognUers. Il s*i
véritables accès de douleurs s'accompagnant de secoanes)
culaires violentes. Ces accès survenaient de préféreoi»
le E^our au lit, mais ils pouvaieut se produire aasai
marche, et ils étaient assez violents pour faire es^tl
malade des mouvements singuliers (révérences, salats,
les calmait par l'application d'eau froide sur les
iorérieurs.
Ét^t actuel, mai 1869, 7 ans après le début de U
L'atrophie a envahi les deus mains, les deux bras,
épaules, surtout l'épatile droite, ainsi que les muscles deti
sua et sous-épineuses. Ou ne constate de mouvements Bbrif
ni aux avanl-bras, ni aux bras, mais ils existent d'une
très nette k l'épaule droite oii ils sont déterminés par le
plus léger ; ou les remarque également dans presquo lootë^
partie supérieure du doa. Les membres inférieurs sont parUI*-
ment intacts; la malade se promène toute la joiirtu'-. ii,:-ii*
noter du côté de la face, de la langue, du laryux. I
tempe, légers accès de dyspnée, mais sans caraclèr -
ment menaçant. Il y a un an environ, la malade .i >
douleurs au cou, sur les côtés de la colonne verti'br.il>', lUn»
les masses latérales. Aujourd'hui, ces douleurs ont dispiri,
mais de semblables sont ^urvenaes dans le côté gauche da o«s-
De plus, depuis quelque temps, la malade éprouve do» Hw
millemeats et des engourdissements dans les deux bras,
1672. — La malade fut soumise pendant six mois caviron <*
traitement par les courants continus (courant descendant], oaàl
s'il y eut une amélioration, elle n'a pas été durable. L'airapbie,
tout en faisant dos progrès aux membres supérieur* il U
tronc, n'avait pas envahi d'une façon appréciable les mealirts
inférieurs dont les fonctions s'exécutaient librement. Ce[M>n<iiii>
la malade accusait toujours l'existence de douleurs !!urveBU>
par accès au niveau du cou, du dos, des membres infùrienn»!
on constatait directement que la pression sur les apop/ijH*
épineuses était douloureuse tout le long de la colonne Tst^
bnile.
De 1872 à 1875, l'état de la malade demeura BensiMcrnoot !*;
même. A plusieurs reprises, elle fut présentée aux
qui assistaient aux cours de la Salpêtrière, comuD-
d'atrophie musculaire spinale protopathiqoe. Ce ttiA_
fondé sur les principaux caractères suivants: malgr'- >-> ir»-
tion de volume considérable qu'avaient subie les masM» miuR'
Al'ROPHlE HUSCULAIRR rKOTOFATHIQOB
427
aux membres supérieurs, ceux-ci n'étaient paa atteints en
' d'oQO parfilysie véritable. Certains mouvemonts partiels
it possibles, en particulier le mouvement d'élévation du
lOD de l'épaule. Qr&ce à ces mouvements, la malade pou-
icorc dans une certaine mesure se servir des mains. Aa
de eerlains artifices, elle pouvait encore faire tourner le
d'une serrure, ouvrir un tiroir, soulever une chaise ou
moins In (rainer où bon lui semblait. Dans leur ensemble
ibressupôrieursétaient fiasques, pendant habituellement le
(du corps, exempts de rigidité articulaire. Seuls, les doigts
' it fléchis dans la paume de la main sans qu'il fût actuelle-
possible de les Étendre. Les membres intérieurs étaient
ilument indemnes; les masses musculaires y étaient volumi-
la malade marchait facilement et faisait même sans trop
fatigue des courses assez longues en dehors de la Salpêtrière.
1975. — L'atrophie des mosclca est extrêmement pronoacée
19 les parties supérieures du curps. Elle porte & peu près égale-
lent sur les doux membres. Les deltoïdes, les muscles pecto-
>IBiiz, sont presque complètomont détruits; les espaces intercos-
I tettx 6ont profondément excavés ; il en est de même des régions
^RBet sous-épiueuacs; dans toutes les partiessupérïeurcs du corps,
9*B(|u«lctle se dessine et paraît immédiatement placé sons la
tftva. hit lête n'étant plus soutenue par tes muscles de la nuque
^ImnbVi^ avant et demeuré habituellement fléchie sur la poitrine.
!D résulte de cette attitude une certaine gène vraisemblablement
l'ioale mét<tniquc de la déglutition qui ne peut s'eiTectuer que très
^dUflcilemeot dans la position assise, et la malade doit manger de-
{^boDt. La colonne do rso- tomba ire est fortement incurvée en avant
.'Hlen bra» qui îiont toujours flasques, pendent d'habitude en ar-
• ntrc de la poitrine.
II Oependunt les membres inférieurs sont volumineux, la marche
fwt toujours assez facile. La gêne de la respiration est devenue
ItrtefTSnde; la parole est entrecoupée, haletante, la voix un peu
ToU£«; toutefois, l'articulation des sons est p.-irfaitcmcot nette ;
Ift Un^ue a conservé son volume normal et la liberté do tous ses
moiiTemouls. Les troubles du côté de la parole doivent donc fitre
lattribués à la gSne de la respiration qui est notablement augmen-
eSbrts et la marche. La malade no peut monter un
iH avoir immédiatcmeni des palpitations. Le pouisn'a
compte en ISlb; en 1873, il était calme et régulier, La
■ cutanée est normale. La pression sur les ma-isesmue-
ao détermine pas de douleurs. L'intelligence est par&ite-
426
1 UACUOSCOPiqUBB
Pendant les deux deniiars mois, l'affaiblissement gcnènl fiùl
des progrès rapides; l'appélit se perd couplètement. ilsanicot
des vomiseements, une leucorrhée abondante, enfin de l'œdème
des pieds et des mains. En même temps, la respiratiou deilu
de plus en plus embarrassée. Cependant, malgré cet état deÉ"
blesse extrême, la malade continne à marcher quelque p
la veille de sa mort elle peut encore se rendre à la ccnsiUU
de l'infirmerie.
Le 18 mai, il lui fut impossible de quitter le soir soo dori
pour se rendre à l'église comme elle en avait l'habitude. Pena
la nuit, on la vit quitter son lit pour aller s'asseoîrdans son i
teuil ; comme elle demeurait là depuis assez longtemps sau &
aucun mouvement, ses voisines appelèrent; on s'approcha i
malade, on la trouva immobile, d'une pâleur extrême, ayi
peu près tout à fait perdu counaissance. On la remit dans satM
oii elle ne tarda pas à mourir.
Autopsie le 19 mai. — Systhiu nerveux. Le cerveau et le M
velet ne sont le siège d'aucune lésion. Il en est de même d*^
protabérance et du bulbe rachidien. Les racines des nerfs b
baires sont de volume normal et ont la coloration blanche Ij
bituelle.
JUoelle épiniere. Les racines antérieures sont rouge&tres, ti
parentes, manifestement atrophiées. Leur couleur trancbon
coloration franchement blanche des racines postérieures qnîl
I aissent saines. Cet état des racines antérieures se rencontre m
lement au niveau des régions cervicale et dorsale. H c
près entièrement au niveau de la première paire lombaire. Le
cordon médullaire lui-même ne présente à sa surface aocnne O'J
loralion grise, son tissu n'est ni ramolli, ni induré, il n'y a f^
d'épaissîssemcnt manifeste des méninges. Sur une coupe (i
versale pratiquée à la région cervicale, on remaniuo ras||
gélatineux des cornes antérieures et l'absence complète de II
teinte grise au niveau des cordons latéraux.
Muscles. D'une façon générale, les muscles malades sont dJ
lorés; ils ont pris la teinte jaune feuilIc-morte et ont subi 1
réduction de volume plus ou moins considérable; on M q
contre nulle part de substitution adipeuse notable. Du n
ne sont pas tous atteints an même degré et on peut m£ot
rencontrer qui, comme le trapèze, ne sont atrophiés que g
tiellement.
Membre supérieur droit. — Le deltoïde est jaune et conriiU
btement aminci. — Au brns, le triceps a seul conservé uoTold
et une coloration qui se rapprochent de l'état normal; (>
LÉSIONS DES VAISSEAUX 429
autres muscles de cette région sont plus ou moins atrophiés et
décolorés. Ils sont cependant moins profondément atteints que
les muscles de T avant-bras, qui sont, pour la plupart, réduits à
de minces membranes ; le cubital antérieur et le petit palmaire
ont presque absolument disparu ; le grand palmaire et le rond
pronateur sont un peu moins atrophiés. A la région postérieure,
tons les muscles sont profondément atteints, à l'exception de Tex.
tenseur propre du pouce qui est encore rouge et assez volumi-
neux.— Les muscles de la région externe sont également atteints.
A la main, leslombricaux ont seuls conservé la coloration rouge
et un certain relief.
Membre inférieur droit. — Ici tous les muscles ont un volume
encore considérable et une coloration normale; aucun n'est
manifestement atrophié. — La masse sacro-lombaire est par-
faitement conservée; à la nuque, au contraire, la plupart sont
atrophiés et décolorés. — Le grand darsal et toute la partie pos-
térieure du trapèze ont subi une atrophie extrême. Le faisceau
claviculaire de ce dernier muscle est au contraire rouge et volu-
mineux. — Les muscles des fosses sus et sous-cpineuses sont
atrophiés. Lespectoraux^ les intercoatattx, les muscles de la paroi
antérieure de Tabdomen, ont subi une atrophie extrême. L'espace
intercostal est absolument translucide. — Le diaphragme est
très aminci ; on peut, en enlevant le péritoine, voir de nombreuses
stries jaunes correspondant à des faisceaux de fibres malades,
alterner avec des stries rouges moins nombreuses. — Lesslerno-
masldidiens paraissent à peu près sains, de même que les muscles
des régions sus et sous-hyoïdiennes. — Les muscles du pharynx
sont d'un beau rouge et remarquables par leur épaisseur, ceux
do larynx paraissent également normaux. La langue a son vo-
lume normal, ses différentes couches musculaires sont rouges ;
il n'y a pas trace de substitution graisseuse. — Les différents
Tisràres ont paru sains.
Examen histologique, — Région cervicale. — La dissection de
petits fragments de substance, prise au niveau des cornes anté-
rieures, permet de constater Texistence d'altérations qui portent
i la fois sur les parois vasculaires, sur les éléments du tissu in-
terstitiel et sur les cellules nerveuses.
JSto^ dee vaisseaux. — D'une façon générale, il s'agit ici d'un
processus irritatif chronique, déterminant la formation d'élé-
ments nouveaux et aboutissant à un épaississement parfois con-
sidérable des parois vasculaires. Les différentes phases de ce
processus hyperplastique pourront être assez facilement suivies
sur les parois des capillaires.
430
ATUOPHIE MUSCCLAIRG PKOTOPATHlqUS
A uD premier degré, on roncontrQ, de disUace ea d
la £ace externe de cette paroi, des noyaax votamiaenx p
par le carmin une coloration intense et cntoaréi d'uni
plaEina granuleux aasez abondant. Ces éléments font anal
notable à la surface du vaisseau, et se distiagaeni facîl
noyaux de l'endothéltum qui sont pins pâles, et, dans o
positions, proéminent au contraire l^érement du côté
cavité. Plus loin, la prolifération ee produit ; on tronn
tantôt trois on quatre noyaux réunis dans une masse con
de protoplaema ; tantôt des amas de jeunes cellules plus o
tement développées. (Pl. VII, fig. 6, a, 6.)
11 est probable que ces éléments sont susceptibles de 1
par lu suite, des modiScatioas qui les conduisent ù
sation plus complète, car on trouve sur quelques points dJ
tables corps fusiformes, munis de très longs prolongem
formant au capillaire une sorte d'adveutice incomplol
presque tous ces capillaires, la paroi propre a «obt uu o[n
ment très notable. Quant à l'endotbôUara, i
manifestement modiâé. Alalgro un examen attentif, jl iiou]|
impossible de constater nettement le fait de la néuforautli
capillaires.
Sur les vaisseaux pourvus de plusieurs tuniques, les |ri
mènes que nous avons décrits tout à l'heure se sont ég^d
produits. Ici encore, ce sont les parties externes de U p
sont le siège presque exclusif du processus morbido ;
lymphatique est épaissie, sa cavité n'existe plus, eUa i
intimement à la surface du vaisseau. Uu reate, l 'aspect iial
sentent ces parties varie très vraisemblable méat avec l'4
U lésion; tantôt elles sont chargées d'élémonta c«llal;
abondants, tantôt, au contraire, c'est l'élément fibreux quipi^
domine. Enfin, nous devons signaler dans ces mêmes poisl! !i
présence habituelle de leucocytes, parfois tellemeu'. : '
qu'ils masquent à peu près complètement tous les .-. i
histologiques. (Pl. \ll,fig.l.) Ici, encore, la meml:
et en particulier l'endothéllum paraissent respectés. '.^:
tunique moyenne, elle est dans certuns points ùvitiLtitiBKU ■
altérée. Les fibres musculaires deviennent graauleiucs rt od I
certain nombre ont disparu.
L'altération de la névroglie est révélée par la pr
quelques corps granuleux, par on nombre très ■
d'éléments cellulaires, dont quelques-uns présente l;
tères de la multiplication par scissiOD (noyau es bissac '
par l'abondance insolite du tissu âbriUaire.
1
LÉSIONS DRS CELLULES NERVEUSES MOTRICES 431
Quant aux ceUtUe9 nerveuses^ elles ont en grande partie dis-
paru. On peut parcourir des préparations entières sans en ren-
contrer une seule ayant des dimensions un peu considérables.
Il faut se servir d'un fort grossissement pour arriver à en dis-
tinguer un certain nombre. Les plus petites qui soient encore
reconnaissables sont constituées par un noyau volumineux se
colorant très bien par le carmin, pourvu d*un gros nucléole et
entouré d'une petite zone arrondie ou ovalaire de pigment jaune.
(Pl. VII, fig. 4, a, a.) Quelques autres, de dimensions moins
réduites, ont conservé des angles, vestiges de leurs prolonge-
ments; leur noyau est normal comme celui des précédentes, et
leur protoplasma totalement infiltré de granulations pigmen-
taires. (Pl. VII, fig. 4, 6.) £n un mot, atrophie du protoplasma,
perte des prolongements, augmentation relative du pigment
jaune, persistance pendant longtemps des caractères normaux
du noyau et du nucléole, tels sont les caractères du processus
qui préside ici à la destruction des cellules nerveuses.
A la région lombaire, la substance des cornes antérieures est
relativement saine ; les cellules ner^'euses y sont abondantes, la
plupart semblent saines, un peu plus pigmentées seulement que
d'habitude. Toutefois, il s'en trouve quelques-unes, en petit
nombre il est vrai, aussi complètement atrophiées que celles de
la région cervicale. Les parois des vaisseaux ne sont pas abso-
lument saines -, sur les gros vaisseaux principalement, elles sont
manifestement épaissies.
Des portions de substance blanche prise au centre des cordons
latéraux à la région cervicale et à la région lombaire ne conte-
naient, à l'état frais, aucun corps granuleux. — Quelques frag-
ments du noyau de l'hypoglosse, examinés par dissociation, ont
montré l'intégrité parfaite de tous les éléments qui le com-
posent.
lùcamen fait h Vaide de coupes après durcissement dans Pacide
ehromique. — La substance grise des cornes antérieures est pro-
fondément altérée dans les régions cervicale et dorsale. Le maxi-
mum des altérations occupe la partie inférieure du renflement
cervical. Au-dessus et au-dessous de ce point, elles vont en
B'atténuant; à ce niveau, on constate la disparition à peu près
complète des cellules nerveuses et de la plupart des tubes à myé-
line qui, à l'état normal traversent dans tous les sens l'aire de la
corne antérieure. 11 en résulte que la substance grise prend par
le carmin une teinte beaucoup plus foncée qu'à l'état normal.
Malgré la disparition des éléments nerveux, les dimensions de la
corne antérieure n'ont pas notablement diminué, ce qu'on doit
432
ATROPHIE I
b'SCULAlBB FBOTOPATaïqUB
attribuer en grande partie au développement véHUblemoit
énorme qu'a pris le système capillaire de la région.
Dans les parties supérieures de la région cervicale, U vsact-
larifiation diminue, les tubes à myéline apparaissent de nouvesa;
on distingue Qà et laides cellules nerveuses reconnalsEabltt;
quelques-unes, deux ou trois an plus dans chaque préparatiott,
ont même des dimensions quasi-normales. A la région dorsalB,
la lésion va également en s'atténuant à mesare qu 'on s'approclu
de la région lombaire.
Au niveau du renflement lombaire, la substance grise a repris
à peu près complètement les caractères de l'état normal. Les cet-
Iules nerveuses y sont nombrenses, pourvues de proIoiigemcnU,
réunies en noyaux distincts, presque toutes contiennent unanm
considérable de pigment.
De loin en loin, on en rencontre une atrophiée. Les gros vais-
seaux ont leurs parois épaissies, beaucoup moins toutefois qu'à b
région cervicale. Cet état des vaisseaux se retrouve dans t'éteadoo
des cornespostérieurosqui sont plus vascuiarisées que d'habttni
Dans tonte l'étendue de la moelle, les cordons latéraux
ment dits, les faisceaux du Tilrck, les faisceaux postérlctm
intacts. Seuls les grands tractua vascnlaires qui les Lravai
sont un peu plus larges que d'habitude, et les vaisseaux qi
contiennent ont des parois épaissies.
Quant à la zone nidiculaire antérieure, elle est atteinte)
sclérose à la région cervicale et « la région dorsale. L'éteodi
de cette sclérose est manifestement en rapport avec l'intensité
de la lésion qui occape la corne antérieure, elleaugmente, dimi-
nue, cesse en même temps qu'elle. Elle est en grande partie
aussi sous la dépendance de lalésion des racines antérieures diins
leur trajet intra-spinal. Ainsi, à la partie inférieure du ronfle-
ment cervical, elle forme autour de la corne antérieure nw
ceinture presque complète qui envoie vers la périphérie de
gcs prolongements tandis qu'à la région dorsale elle est lit
au tr^et des faisceaux radiculaires et à la noua curticole.
plus, au niveau du point d'émergence des racines aalériottratiii
pie-mcre est épaissie et manifestement ealtammée. Cet
infiammatoiro de la pie-mcre se retrouve, bien que tdoïds
que, sur tous les points de la périphérie de la moelle. H-
retenti sur la couche qui lui est immédiatement sous-jaceat*'
il en est résulté une mince zone de sclérose corticale ayaiBl
maximum d'épaisseur au niveau des faisceaux radiculaire«
rieurs, allant en s'atténuant sur les cordons postérieurs. — A'i
région lombaire, ces diverses lésions disparaissent; U coi
ATROPHIE HUSCULAIllE PROTOPATHIQUE 433
corticale et la zone radiculaire antérieure se retrouvent dans an
état d'intégrité absolue.
Bulbe rachidien. — Coupe pratiquée h la partie moyenne des
olives, — Les pyramides antéritures sont saines. Le noyau de
Vhypoglosse est rempli do nombreuses cellules assez fortement
pigmentées, mais de volume normal. Le noyau du pneumogas-
trique est assez fortement vaseularisc.
Bacines spinales. — Les racines antérieures, à la région
cervicale, sont à peu près complètement détruites. C'est à peine
si on trouve, de loin en loin, un tube rempli de myéline. Dans
tout le reste, on ne rencontre que des gaines vides, pourvues à
des intervalles très réguliers de gros noyaux granuleux et
ovoïdes, et accolées les unes aux autres par Tendonèvre épaissi.
Cet état est exactement le même pour les racines antérieures
de la région dorsale. A la région lombaire, on rencontre à peine
quelques tubes atrophiés. — Les racines postérieures sont nor-
males ainsi que celles du nerf hypoglosse.
Nerfs périphériques, — Le nerf phrénique du côlé gauche et
deux nerfs intercostaux ont seuls été examinés. Ces trois nerfs
ont subi des altérations analogues. L'examen a porté plus spé-
cialement sur le nerf phrénique dont nous allons décrire les
lésions. — Une portion de ce nerf prise le long du péricarde,
vers la partie moyenne, fut placée dans l'acide osmiquc, puis
une partie fut examinée par dissociation; une autre durcie par
ia gomme et l'alcool, ce qui permit d'en faire des coupes. D'une
foçon générale, on retrouve ici la même altération que dans les
racines antérieures ; elle est seulement parvenue à un degré de
développement moins complet. Les coupes longitudinales per-
mettent déjà de constater la disparition d'un grand nombre de
tubes et montre de larges bandes conjonctives parsemées de
nombreux noyaux séparant ceux qui ont survécu. (Pl. VI,
fig. 5.) Sur les coupes transversales, ces bandes conjonctives
apparaissent sous la îbrmo do ronds ou de petits polygones très
semblables à la coupe des faisceaux du tissu conjonctlf fascicule.
Il se colore en rose par le carmin et dans un point de leur sur-
face on aperçoit de temps en temps une tache noire qui est la
coupe d'un tube à myéline. Il soml)le cependant que l'atrophie
n'envahit pas le nerf d'une façon irrégulicre, qu'elle procède
avec un certain ordre et le détruit, pour ainsi dire par faisceau.
£n effet, les tubes conservés sont groupés les uns près des
Autres et forment des îlots qui tranchent, par leur coloration
sur les autres points de la préparation oii la destruction s'est
«ifectuée. (Pl. Vil, fig. 1, a.)
Crabcot. Œuvres compléti.'s, t. II. 38
434
LÊSIOKS DBS KD8C1SS
Ces coupes transversales fouruissent encore d'autres rrnff
gnemcnts : elles permettent, lorsqu'on les compare à des conpN '
semblables pratiquées sur un nerf sain, de ao faire une bonne
idée du nombre des tubes qui ont disparu, il en manque bien
certainement pins des deux tiers, et de constater en même l»mpa
la réduction considérable qu'a subie le nerf malade dans se»
diamètres, réduction qui est d'un tiers environ. Les prépara-
tions par dissociation permettent en outre de se faire une idée
dn processus qui, vraisemblablement, a présidé à l'atrophie du
nerf. On rencontre en efiet, bien qu'ils soient fort rares, qnpl-
qnes tubes analogues à celui dont nous donnons lo des&in.
(Pi., vu, fig. 3.)
Ces tubes ont conservé le volume normal, mais le cylindre
d'axe a disparu ou du moins n'est plus visible, la my'éHne est
fragmentée, et dans les intervalles des blocs qu'elle forme, oa
constate l'existence de noyaux soit isolés, soitréunisau nombre
de deux ou trois, manifestement contenns dans la gaine de
Schwann et dont la signiQcation au point de vue de la Dévrile
parencfaymateuse ne saurait, croj'ons-nous, iairc de doote on
seul instant.
Muicle$. — Un certain nombre do muscles ont êlc examinéa
à l'aide de divers procédés actuellement en usage. Dana ton»,
la lésion prédominante est une atrophie simple de« JÀisceaux
primitifs, avec augmentation purement relative du tiasn con-
jonctif interstitiel, et l'absence de tonte production exagérée du
tissu adipeux.
La fibre malade conserve habituellement jusqu'à laderoiire
limite sa striation transversale et il ne se produit d'orc
aucune pigmentation dans le nombre des noyaux muscob
proprement dits.
On rencontre cependant quelques exceptions à cette i
générale. Ainsi, dans le diaphragme, dans le long suplualeôr^l
certaines fibres sont remplies d'un contenu granuleux, et sur
d'au très la substance musculaire est interrompue de dlfflaDoe «O'.f
distance, par des amas de noyaux au nombre de 5, 10, t,
quefois davantage. Ce sont là toutefois des faits exceptionïlj
L'examen des coupes longitudinales pratiquées su
rents muscles permet de se faire une idée plus exacte do l'é
due des lésions.
Le grand dorsal, par exemple, est presque entièrement f
verti en une mince lame de tissu conjonctif. C'est à poim
de loin en loin, on retrouve une fibre musculaire,
singulibre, cette fibre unique restée là comme pour attester
:iE HnSCULAlKB i'IlOTOVATniQUK 43^
l'existence du muscle, est parfois volumineose. — Le trapie&
d&ns sa portion postérieure, le grand droit de l'abdomen sont
presque aussi profondément atteints. Quant au diaphragme qui
k le plus spécialement attiré notre attention en raison de la.
lésion du nerf qui l'anime, l'altération est bien loin d'y être
uuai avancée. Les fibres musculaires y sont encore nombreuses;
eltee ont conservé leur striatioD, et on a, de prime abord,
> qodqae peine à admettre que ce muscle soit le siège d'une
«Itération (profonde. Mais quand on met en regard des coupes
qu'il a fournies, d'antres coupes pratiquées sur un muscle ûin
tnîtc do la mSmo façon, les difTcrences deviennent frappantes
par le fait decette simple comparaison. ( Pl. Vlll, fig. 4 et 5,)
Dans l'une, les fibres sont volumineaaes de 45 à90fi, toutes de
diœeiLsions à pou près égales, à peine séparées les unes des
Mitres par an peu de tissu coigonctif, exactement parallèles.
Dans d'autres, elles sont, d'une façon générale, extrêmement
I réduites en volume de 5 ji à -ib fi, de dimensions très inégales,
•fiparées par des espaces conjonctifs relativement considérables.
Cette dernière circonstance explique lu forme ondulense qu'elle»
ont prise, ne pouvant suivre le tissu conjonctif dans le retrait
que celui-ci a éprouvé sous l'influence des réactifs.
On voit que l'observation qui vient d'être relatée reproduit
wnez exaclcment les principaux caractères cliniques que nous
BVDtut as.signégà l'atrophie musculaire spinale protopathique :
longue durée, évolulion lente; absence de tout phénomène
Spasmoiliquc, attentée par la flaccidité générale des membres
tap6ricurs, la mobilité de toutes les grandes articulations, la
possibililé pendant longtemps d'exécuter des mouvements vo-
lontaîrcd partiels permettant d'atteindre un but déterminé.
Bouts les doi^tK étaient fléchis et leurs articulations rigides;
mais cotte rigidité n'est survenue qu'à la longue et par le
dût de l'immobilité prolougée. Nous en dirons autint de
t'tttitnde de latêlc qui ne s'est produite que lentement, au
Jtor et \ mesure que les muscles de la nuque devenaient im-
pniasantii à la soutenir contre lu pesanteur. L'intégrité des
nraabre-s infénount n'est pas un fait moins remarquablov
patsqne la veille de sa mort la malade marchait encore aaseï
meut.
»tidant quelques phénomènes insolites se sont montrai: J
jDt des douleurs dans certaines parties du corps, puis des 1
ï
ÉVOLCTIOK DBS LËEIOXS
secousses qai se sont produites dans les membres ioféi
Ce dernier symptôme n'a évidemment que pen d'impor
car il s'est produit bien longtemps avant le début de l'
lion; de plus, il ne surveDaît qu'à de longs intem"
rarement que jamais il n'a été donné à aucun médt
l'observer. On a vu, du reste, que la lésion n'était pas
tementlimitéeà la substancedes cornes antérieures; ellei
en passant par les faisceaux radicalaires, produit UO'
d^ré de méningite et une légère sclérose corticale,
donc assez naturel que ces accidents, dans l'ordre anatoi
se soient traduits pendant la vie par quelques sympt
exceptionnels, et qui ne sauraient modifieren rien d'<
l'ensemble du tableau clinique.
Il nous faut montrer maintenant que l'étude des
conduit à des conclusions semblables. Nous adi
d'abord, sans nous arrêter à reproduire ici les argument
faveur de cette opinion, arg:uments qui ont été plusieurs lob '
déjà exposés dans les Archiver de physiologie, que tes lùsoiu
observées dans les muscles, les nerfs et les racines ne se sont
produites que consécutivement à l'altération apioale. Qnaat
à la sclérose des zones radiculaires ant'rieuros, l'oxamni
d'un certain nombre de coupes de la moelle épinitTe suffit i
démontrer que c'est là une lésion accessoire, variant en
étendue d'une préparation àl'autre, en grande partie sous li
dépendance de l'irritation propagée par les filets radiculaires
antérieurs pendant leur trajet intra-spînal. Elle est plus pro-
noncée dans les points où ils sont plus noinlireuï -, elle affecte
enfin la forme de bandes scléreuses, étendues de la corne an-
térieure à la périphérie de la moelle et rappi'lant ainsi tris
exactement la direction des racines en vuie de destruction.
Les points où elle prend une extension plus considérable)
oïl elle forme autour de la corne antérieure une zone d'une'
certaine largeur, sont précisément ceux nù la myélite gri*
antérieure atteint son maximum d'intensii '■; tous les élémenB
de la région sont à ce niveau altérés, et on peut admettre,
soit que l'irritation de la névroglie, qui est manifcstedan)
ces points, s'est propagée de proche en proche à unccertwtf
distance du foyer principal ; soit, ce qui est plus vraisemW»'
bio, que ce processus irritatif a été transmis à la zone raii-
J
LÉSIONS DES MUSCLES 437
culaire par rintermédiaire des fibres nerveuses qu'elle reçoit
de la corne antérieure.
Enfin, et cette dernière raison a une grande importance,
on retrouve des cellules nerveuses en voie de destruction à la
région lombaire, alors que les zones radiculaires antérieures
se retrouvent dans cette région parfaitement normales.
Quant au léger degré de méningite qu'on observe, il est
très naturel d'admettre qu'il s'est produit sous l'influence de
la lésion de filets radiculaires au niveau de leur passage dans
la pie-mère, et que celle-ci, une fois enflammée, est devenue
la cause de la sclérose corticale.
Si maintenant nous considérons que dans certains points,
à la partie supérieure de la région cervicale, par exemple, de
même qu'à la région dorsale, les cellules nerveuses sont en-
core profondément altérées, alors que le tissu interstitiel ne
présente plus que des lésions minimes, noijs serons portés à
penser que, vraisemblablement, dans ce cas, l'élément gan-
glionnaire a été le siè;?e primitif du mal.
Cette lésion de l'élément nerveux serait de nature irrita-
tive, si (m en ju^e du moins par le caractère des altérations
qu'elle provoque, lorsque plus tard, sous son iniluence, le
tissu interstitiel est envahi à son tour. Epaississement des
parois des gros vaisseaux, multiplication des noyaux des
capillaires, prolifération des cellules de la névroglio, sclérose
des faisceaux blancs dans les points où ils sont envahis; tous
ces phénomènes relèvent bien évidemment d'un processus
irritatif chronique.
Pour tous ces motifs, il est donc très légitime de placer le
cas qui nous occupe dans la catégorie des myélites antérieures
chroniques primitives, et plus spécialement de la téphro-myé-
lite parenchymateuse chronique.
Quant à la pigmentation exagérée des cellules nerveuses,
bien que ce ne soit pas hi un fait nécessaire, puisqu'il a pu
faire défaut quelquefois, elle n*en est pas moins une des ex-
pressions les plus habituelles de la déchéance organique de
ces éléments, et mérite à ce titre une mention spéciale.
On a vu que, parmi les nerfs périphériques, ceux qui ont
été examinés avaient subi une atrophie considérable. Les
phénomènes qui président à cette atrophie paraissent, dans ce
tm
UUECULAXRE PBOTOPATHIQm
CBS, idenllques À ceux rjui se produisent dans l'extrémill
périphérique d'un nerf sectionné, avec cette différenca toaU
ivis, qu'ici, dans le cas de l'amyotrophie, le nerf ne se troan
«m'ahi que lentement, et pour ainsi dire fibre ■'
^Pl. VIII, /ïfl. 1 etfig. 3).
Il convient de rappeler en terminant les altérations pii
fondes qu'avaient subies la plupart des muscles servant à |
respiration, eu particulier les intercostaux et le iliapbragio
car c'est à l'altération de ces muscles qu'il faut vraisembl
blement attribuer la terminaison fatale. En effet, il a'y xr^
pas de lésion apparente des poumons ni du cœur, et lo 1
rachidien ne peut guère ici être mis en cause. II est donc o
turel d'admettre, pour expliquer la dyspnée habituelle,
même que les accidents qui ont rapidement terminé l'cxJ
tenoe de la malade, la paralysie progressive des muscll
respiratoires. Lu nombre des libres jouissant de leurs fou
tions, diminuant de jour en jour, l'impuissance motrice $
serait développée parallèlement jusqu'au jour où la lésion a
Uevenue assez générale pour ne plus permettre le jeu i
lier de la cage thoracique.
Toutefois, pour expliquer une paralysie aussi complifl
dans les muscles pourvus de fibres encore assez nombit
et qui, bien que considérablement réduites de volume, avai
cependant presque toutes conservé leur striation transv^
«aie (Pi.. VILI, flif. 5), peut-être convient-il de faire iutervoi
la lésion du nerf très accusée, en particulier en ce qui con-
cerne le nerf phrénique qui les plaçait pour la plupart dans
les conditionâ des muscles paralysés par soustraction de
l'action nerveuse.
M de phs'iologit ii
■malt tl IxttAofoiriflUt .
fiCZJkBOSE UkTlfeRALE SYKih'RIQUB AMTOTBOPHIQUB 439
V.
Deux cas de sclérose latérale symétrique amyotro-
phique.
(Voyez: Leçoh XII, p. 234.)
Nous reproduisons ici deux observations qui confirment
de tout pointles descriptions tracées par M. Charcot, dans ses
leçons sur Vamyotrophie deutér apathique. Elles ont été
publiées par M. Charcot, avec la collaboration de M. Joffroy '
pour la première et avec la collaboration de M. Gombault
pour la seconde'.
Observation I.
Atrùphie musculaire progressive^ marqtiée surtout aux membres
supérieurs. — Atrophie des muscles de la langue et de Vorbicu-
laire des Uvres. — Paralysie avec rigidité des membres infé-
rieurs. — Atrophie ou disparition des cellules nervettses des
cornes antérieures aux régions cervicale et dorsale. — Au bulbe^
atrophie et destruction des cellules nerveuses du noyau de Vhy-
poglosse, atrophie des racines spincUes antérieures^ des racines
de Vhypoglosse et du facial. — Sclérose rubanée, symétrique
des cordons latéraux.
Catherine Aubel est entrée à la Salpctriëre (service de
IL Chabcot), au mois de juin 1865, présentant déjà à un degré
très marqué les symptômes d'une atrophie musculaire progres-
Âve, dont le début remontait, alors, à neuf mois environ.
Ses parents, ses frères et ses sœurs, au nombre de cinq, n'ont
présenté aucune affection digne d'être notée et tous jouissent
d'une bonne santé. — D'un tempérament lymphatique, elle a
en dans son enfance des engorgements ganglionnaires; quelques
ganglions ont même suppuré, et elle porte au cou de nombreu-
1. ArMvu dephynologie normale et pathologique^ 1869, p. 356.
2. Ibid., lS7t-1872, p. 500.
440
SCLftltOKR LATÉBALB 8niÂTBl(}UB AUyOTKOrBIQl'l
ses cicatrices caractéristiques. — Elle a été réglée régultëmsw '
depuis l'âge de onze ans.
Son état de santé ne présente ensuite rien de parKctiIkr i j
signaler jusqu'à l'âge de 28 ans, époque k laquelle elle i-lawl» '
début de l'affection actuelle. Accoucliéc k terme, U' i' - —
bre 16G4, d'un enfant qui s'est, depuis, toujours bic;i
malade raconte que, le 6 septembre, ayant voula sf ir
lui avait été impossible, ses jambes étaient trop ï^ibk' .
supporter, et comme paralj-sées. — Le 12 septembre ua<i iwi-
velle tentative pour sortir du lit n'a pas plus de succès; U aae
cbe et la station sont k peu pr^s impossibles par suiii- fV ti
faiblesse des membres inférieurs. — Vers le 20 septfr.i :
éprouva des douleurs dans les mains, cl, k partir de ci.'
les membres supérieurs s'a^iblissent à leur tour :
vement.
Vers le 1" octobre, a elle est prise de la langue y.
expression, et la parole commence à devenir très im
La malade se rend alors à pied, tant bien que mal, i i
Saint- Antoine. Renvoyée faute de place, elle y retourne le,
maiscette fois, les membres inférieurs étaient devenus trftp&i
pour lui permettre do marcher et elle se voit obligée' do pi
une voiture. Admise ce jour-là dans les salles, elle y fat«
immédiatement à l'emploi des pilules de nitrate d'atu^tl
traitement fut suspendu au bout de trois semaines. Il d"*
entravé on rien la marche envahissante de la maladie, an e
traire, la faiblesse des membres inférieurs et âupérieurs a
progressé rapidement, la marche était devenue tout à fait impo^
sible; la voix était devenue nasillarde, la pnrolc eml>^lri-3)^>ôc,
difûciie, presqueinintelligible.il nous a été iœpossiij 11
de la malade à quelle époque ont commencé à se proiJ : -■
phie et la déformation caractéristiques des membres m,,
qu'elle présentait déjà à un très haut degré lora du son rnin-^--!
l'hospice.
Quoi qu'il en soit, au moment où elle a été admise à la Salp^
trière, l'affection semblait cire rentrée dans une période rf'anii.
et l'on n'a remarqué aucune aggravation des Bympti.'>in
le mois de juin jusqu'au 11 septembre 1865, époqm i
a été recueillie la note suivante : La face est encore r-
d'un masque accentué. La physionomie présente une exîirftMÎa*
singulière : tandis que le front, les sourcils et la partie supéfieut
des joues ont conservé leur mobilité, on remarqua qu'un detel
des moments où la malade éprouve une émotion un pen Tive.b
partie inférieure de la face reste pour ainsi dire immobilefittfM
À
ÂVOLUTION DR LA MALADIE 44t
vie. Mais lorsqu'elle rit ou pleure, les commissures labiales sont
très fortement portées en dehors, la bouche s'ouvre très large-
ment et le sillon naso-labial s'accuse d'une manière exagérée.
La malade peut néanmoins fermer la bouche assez fortement,
&iFe la moue, mais elle ne peut siffler, souffler, simuler Tacte
de donner un baiser.
Elle paraît très intelligente et semble comprendre parfaite-
ment toutes les questions qu'on lui adresse; mais elle n*y répond
qu'avec la plus grande difficulté et d'une manière presque inin-
telligible. La voix est nasonnée; la parole s'accompagne d'une
espèce de grognement, et Tarticulation de la plupart des mots
•e fait lentement, péniblement, avec une gêne extrême. La pa-
role devient un peu moins indistincte, lorsque l 'on ferme les
narines de la malade.
La langue est petite, ratatinée, comme couverte de circonvo-
lutions sur la face dorsale qui est le siège de mouvements fibril-
laires et vermîculaires à peu près incessants. Elle ne peut être
portée en haut vers la voûte palatine, mais elle peut être poussée
quoique difficilement entre les arcades dentaires. Il est presque
impossible à la malade de l'allonger en pointe ou do la creuser
en gouttière. La salive s'accumule dans la bouche et s'écoule con-
tinaellement au dehors. Le voile du palais, la luette, présentent
l'aspect normal et lorsqu'on porte une cuiller au fond de la gorge
le voile se soulève, mais à la vérité d'une manière assez lente.
Depuis quelques jours, Catherine éprouve une sensation de
constriction dans la région pharyngienne, sans que l'examen
direct fasse découvrir aucune rougeur de la muqueuse, ni aucun
gonflement des amygdales.
La déglutition est parfois difficile et il arrive que des parcelles
d'aliments pénètrent dans le larynx et déterminent des accès de
suffocation; mais jamais les boissons ni les aliments ne revien-
nent par le nez. Les aliments solides ne s'accumulent pas non
pins entre les joues et les arcades dentaires.
Les mouvements de la poitrine semblent normaux. L'auscul-
tation ne démontre rien de pathologique ni au cœur, ni aux pou-
mons, et toutes les fonctions de la vie organique s'accomplissent
d'une manière normale.
État des membres, — Les membres supérieurs sont, dans l'en-
semble, remarquablement amaigris et aiïuiblis, ils sont pendants
le long du tronc ; mais, de plus, à l'épaule, aux avant-bras et aux
mains, il y a atrophie prédominante de certains muscles ou grou-
pes de muscles. Le deltoïde est, des deux côtés, très émacie et
la saillie de l'épaule fait défaut.
SCLÂKOSB LATÉBALE STMÂTBIQITB ANYOTKOPHKïîji '
Aux avant-bras, l'atrophie porte à la fois sur les muBd« fti-
cbisseurs et extenseurs des doigts : aux mains, les émlaeneci
ttiénar et hypothénar sont remarquablement cfiacées; l«c
palmaire est excavé par suite de l'atrophie des înteroitsftux ; de
plus, les doigts sont fléchisassez fortement et d'une mAaièrepor-
manentc, surtout au niveau des articulations des premièna pha-
langes; de telle aorte que l'on a sous les yeux un bel exotnpli
de la déformation connue sous le nom de main en griffe. L«
mouvements des diSerentes parties des membres supérieurasonl
d'ailleurs extrêmement limités. C'est à peine si la malade iwai
soulever ses mains au-dessus de ses j^cnoux oii elles repocent
habituellement presque inertes; ce mouvement d'élévation, qtti
paraît exiger de grands efforts, ne peut être tenu longtempe, et
il s'accompagne d'un tremblement, surtout latéral, des mainc,
fort singulier. Les mouvements de fiexiou ot d'extension des
doigts sont très bornés. Depnis le mois de janvier, In malade,
qui sait écrire, n'a pas pu tenir une plume; ses miiins ne luisoat
d'ailleurs d'aucun usage et il lui est toat h fait impossible de
porter ses aliments à sa bouche. Les monvemeuts de l'épaale,
ceux de l'avant-brae, ceux du bras, sont également très bornés.
D'une manière génémle, le membre supérieur gauche est peut-
être un peu moins faible que le droit. 11 n'existe aucun signe
d'une altération quelconque de ]a sensibilité assis toute l'ètondae
des membres supérieurs.
La maUdc ne peut marcher ni même seule se tenir debuvl.
Soutenue par deux personnes, ai elle essaie de faire quelqnw
pas, ses jambes se raidisseut, a'entre-croisent, et, en même Icmpa,
SCS pieds se portent en dedans par un mouvement involontaire
d'adduction forcée.
Les membres inférieure sont, eux aussi, fortement amaigris;
mais c'est un amaigrissement général : on ne constate pas. comme
aux membres supérieurs, les déformations qui tiennent à l'alra*
phie prédominante de certains groupes musculaires. Le* picda
sont un peu rigides, dans une demi-extension et fortement porta
en dedans.
Il y a également de la rigidité, de la contracture, dans les ge-
noux, qui sont demi-déchie, et dans l'adduction; lea handics
paraissent être également un peu rigides. La puissance muscQ'
laire n'est cependant pas complètement abolie aux mombrci In-
férieurs, et la malade peut fléchir un peu, étendre le» jambei.
Ces mouvements, d'ailleurs trës limités, ne s'accompagnent pu
de trémulation.
Il n'existe aucun trouble de la sensibilité aux membn» iafé-
V
SYMPTÔMES 443
lietirs, oà la malade n'éprouve ni douleurs, ni crampes, ni four-
nillemeots. La seDsibilité étectro-muscalaire y parait é^leinent
normale, taudis qu'elle paraît être plutôt exagérée aux membres
Eupérieurs.
Ua grand nombre de muscleB, ceux surtout des extrémités
rapérieureH, sont le siège de contracttous fibrillaires extrëme-
neat accusées. Ces contractions sont surtout remarquables aux
avant-b^s et aux mains. Elles se produisent tantôt spontané-
ment, tantôt S0U9 l'influence des attoachement£. Elles sont assez
froe^ques pourproduiredes mouvements très pronoDcésd'exten-
kïoD des doigts et de la main tout entière ; lorsqu'on a produit, à
l'aide d'un doigt, un choc léger sur la face dorsale de l'avant-
bras, il se fait un monvement d'extension bientôt suivi d'an
moavement de flexion correspondant, et cela se répète ensuite
jusqu'à troi» ou quatre fois pour une seule excitation. Si l'avant-
braa est placé dans la pronation, on peut, en frappant un petit
coup sur le muscle snpînatenr, déterminer un mouvement de
supination par suite duquel la main se renverEC sur sa face pos-
térieure. L'excitation électrique détermine ces mêmes contrac-
tïoBB Qbrillaires d'une mnnière plus prononcée encore. Ces con-
tTMtïons fibrillaires spontancos ou provoquées se remarquent
mcore sur tous les muscles de la partie supérieure du tronc. Ha
sont aussi très marqués aux muscles du cou, mats c'est sur les
muscles sterno-cléido-mastoïdiens, en particulier sur celui da
cAté gauche, qu'ils sont le plus fréquents et le plus accusés.
n n'existe pas trace de mouvements fibrillairessur lesdifierents
muscles des membres inférieurs. Nous avons fait remarquer di^jà
qu'à la longue ils sont très prononcés. Les muscles les plus pro-
fosdément amaigris, ceux des avant-bras, par exemple, ont
conservé à un haut degré la contructilité électrique. Ceux des
membres inférieurs se contractent, eux aussi, énergiqnement
Kous l'influence de la faradisation.
Tel était le bibleau des symptômes au mois do septembre 1865,
un an après l'affection. Depuis cette éi>aque jusqu'au mois de
février 1869, aucun changement notable ne s'est produit. Seu-
lement la faiblesse des membres supérieurs a toujours été en
augmentant, mais cependant l'impuissance n'était pas complète
et la malade pouvait encore remuer un peu les doigts. La con-
tracture des membres inférieurs a fait également des progrès,
mais sans jamais être excessive. Enfin, l'atrophie des muscles,
•'accentuant de plus en plus, rendait les déformations des
membres supérieurs, et surtout dea mains, plus caractéristiques
«ocore.
44i âCLÈROSE LATÉRALE BYUâTRlQUK AXTOTltOPHIQUIt
L'impuiasADCC motrice et l'atrophie n'ont égAlcmont mirebê
que fort lentement du côté de la face et de la région suB-hy«]-
dienne. Néanmoins la difiîculté de la prononciation ctloiulH
autres pliiinomènes rappelant le tableau de la paralyaie Ubîa-
glossO'pbaryngée s'étaient aggravée sans qu'il s'y fût adjoint dt
troubles notables des fonctions respiratoires.
Au tronc, il ne s'était produit aucun phénomène nouTa».
L'amaigrissement était considérable, mais sans signe éridat
d'atrophie musculaire. Les muscles respiratoires fonctionoitnl
normalement et, en particulier, il n'y avait pas de signes de pi*
lysie diaphragmât! que.
Les membres inférieurs présentaient la même faiblesse, If
même amaigrissement que nous avons déjà décrit. On n'y Tumtt-
quait ni déformations atrophiqucs des divers groupes de muscla,
ni contractions âbrillaires. Les pieds présentaient toujoun h
même position vicieuse. Ils étaient tournés en dedans, enmèinit
temps qu'ils étaient légèrement étendus sur la jambe. On aviil
remarqué que la malade s'aS'aiblissait et toussait depuis queliio^
temps, lorsque le 5 février 186'i, à la visite du soir, on la troave
dans un état assez grave d'asphyxie qui s'était déclaxé pre^D>
subitement. Le pouls était a. 136. 11 y avait 60 inspirations à li
minute. Il s'était déclaré un râle humide laryngi
a'entandaità une grande distance. La partie
respiratoires était le sièg^c d'une accuraulatiun coi
mucûsitL'S <i\]o la malade ue pouvait rejeter. Le lendemain, cej
accidents paraissaient en partie dissipés; mais, dès le soir, ils
reprenaient toute leur gravité. — La malade a succombé le
11 février au soir.
Autopsie le 13 février 1869. — A. a] La rigidité cadavérique
a été observée à diverses reprises chez cotte femme : elle était
complète douze heures après la mort au moment où l'on a ùii
le premier e.tamen du cadavre. Elle a persisté telle que pendant
toute la journée du 12, et existait eucore 1res manifeste le 13
au matin. Elle s'est montrée très forte même aux membres supé-
rieurs, là où l'atrophie était le plus prononcée. Avant de ùdn
l'autopsie, on a pris la mesure du contour des poignets, des bras,
des jambes et l'on a trouvé les chiffres suivants :
Cuiilour au poiRiiijt 0. 125
— au brns 0,17
— à la partie moyunne de la cuisse 0.365
— à lajaailio, uu peu au-dessus des inallùolea. 0.115
Il n'y avait pas de différence entre les membres du côté droit
et ceux du côté gauche.
' inspirations à 11 ■
ng(i-«|HUig|J
conafSnffll^^^
AUTOPSIE 445
h) Cavité thoraeique, — Les poumons présentaient, chacun
leur lobe inférieur, des granulations tuberculeuses et des
yaux de pneumonie caséeuse commençante. Les sommets
ent sains.
Le c€Bur pesait 135 grammes. Son tissu était rouge, ferme -, il
iflsait entièrement sain. Il n'y avait aucune lésion valvulaire.
autres viscères ne présentaient rien à noter.
c) Système musculaire. — La dissection des muscles nous a
une les résultats suivants: l^' A la face. Les muscles des joues
du menton^ mais principalement le buccinato-labial, étaient
phiés, pâles, jaunâtres, réduits à de minces languettes
luscnlaîres. — Les orbîculaires des paupières, le frontal, les
poraux, les masséters, ne présentaient rien d'anormal.
F , 9» Au cou. Les stemo-cléïdo-mastoïdiens paraissent sains. Les
iftascles de la région sus-hyoïdienne sont très petits. Ils présen-
Ltent une coloration jaune feuille-morte au niveau de la pointe
de la langue. Ils sont au contraire assez rouges, quoique mani-
•fatement atrophiés, dans la base de cet organe.
3o Aux membres supérieurs. Le deltoïde est atrophié d'une
manière très marquée ; il est mince, pâle, jaune feuille-morte.
I^es muscles du bras sont petits, mais d'une teinte rouge presque
aonnale. A Pavant-bras, les muscles sont excessivement grêles,
nais là encore la coloration rouge est assez bien conservée. Les
muscles de la main sont jaune feuille-morte et très atrophiés,
sartout les interosseux. Les muscles de la main sont certai-
nement, avec ceux de la langue, les plus altérés.
4o Au tronc. La masse sacro-lombaire, à sa partie inférieure,
■emble avoir subi un certain degré d'atrophie. La coloration
est jaunâtre. Les muscles de l'abdomen présentent le môme
caractère et pour eux, comme pour les muscles du dos, les
lésions semblent diminuer et même disparaître à mesure qu'on se
rapproche de la poitrine. — Les pectoraux sont rouges et ne pré-
■entent pas d'atrophie marquée. Les intercostaux sont assez
minces et un peu jaunâtres. Le diaphragme paraît sain, du
moins» à l'œil nu.
ffi Aux membres inférieurs. L'amaigrissement est assez mar-
qué; les muscles ne sont pas volumineux, mais cependant leur
émaciation ne présente rien d'excessif, si l'on a égard à la mai-
greur générale du sujet. En somme, il ne semble pas y avoir là
d'atrophie proprement dite. Les muscles sont d'ailleurs rouges
et leur tissu semble saiu.
d) Système nerveuse périphérique. — A l'œil nu, on est frappe
par les changements considérables qui se sont produits dans le
446
BCLâKOSE LATÏIIALB SVHâTKIQCB XUTOTttOl'HtQLI
volume et dans la coloration des racincâ antérieures. Bllea i
constituées par la réunion de faisceaux nerveux presque rédaftF
à des fllamcnta, de sorte qu'elles sont excessivement grvlo.
Leur coloration a pris une teinte t^risâtro très m%ri|uéc, *a»
cependant présenter la demi-transparence que l'on obscrre dut
le» nerfs qui ont subi une atropbie complète. Ces altcrationi de
volume et de coloration sont d'uutant plus IVappaatee qu'il IK
s'est rien produit de semblabio dans les racines pot
lesquelles ont conservé leur volume normal et leur color
blanche. C'est surtoutà la région cervicale que ces lésiosïl
le plus accusées ; cependant on les observe encore dans p
toute la hauteur de la région dorsale ; mais elles tendefitfl
s'efiacer à mesore qu'on s'éloigne de la région cervicale. Ak
région lombaire, les racines antérieures ont repris le volamc tà
la coloration de l'état normal.
Le facial et l'hypoglosse présentent, eux aussi, nne teinte gri-
s&tre, analogue à celles des racines antérieures cervicales et
dorsales. Cette altération dans la coloration devient snrtosi mi-
nifeste quand on compare ces nerfs à d'autres, tels que le Uft-
gual, par exemple, qui ont conservé leur reflet blanchfttrc On
ne remarque pas de diminution de volume de ces nerfs, :iiuIotcD-:'
à celle que présentent les racines antérieures. — Lcsuir
périphériquesnenous montrent aucune modification iM'
e) Si/»tème nerveux central. — L'encéphale n'est \u
cune altération. Nous avons signalé à propos du syni^Lni' prr
phérique ceux des nerfs crâniens qui présentaient uni' modia-
cation dans leur teinte. La moelle, examinée à l'état frais, ne
nous a montre aucune altération appréciable à l'œil nu, duos
In plus grande partie de son étendue, mais dans une étendue de
T) centimètres environ au-dessus du renflement dorso-lombaire,
elle offrait une diffluencc excessive. De gros vaisseaux çoriïdB
de sang et une teinte rouge dilTuse s'observaient sur la f
ramollie. Le ramoliissement portait principalement sur la B
gauche et sur la partie postérieure de U moelle. Il est p
que, malgré tout le soin qui a été mis à enlever la moello, C
ramollissement ait été produit artificiellement -, nous verrons
que l'examen microscopique semble donner un appui k cette
opinion .
B. Examen microscopiqne. — 1" Syatime musculaire. —S
commencerons l'exposé de l'exameu microscopique que l
avons fait du système muecnlaire par la description des alÙf
tions des muscles de la main ; ce sont ceux, en effet, qui atti
les lésions les plus avancées. Les muscles des émiuenccs théiur
IX gorn*
lamoM
tposMJH
noollB, e^
■'errons
à cette
KXAMKN HICBOSCOPKIUG
447
itliénar, et les mnscleâ inlerosaeux ctaieat arrivés au
degré de dogcnératîon et donnaient le même résultat à
'examen microscopique. Les préparations ont été faites à l'état
le, NoQB prendrons pour type de notre description ce que
observé dans l'opposant du ponce droit.
Kr dilacérant )a substance musculaire avec les aiguilles sur
VCm À préparation, on reconnaît que la consistance dos fibres
peu plus grande qu'à l'ordinaire; elle rappelle celle du
ijoQCtif. Dans ta plupart des faisceaux musculaires, il
Jie ânes granulations foncées, devenant brillantes et na-
an certain foyer et qui semblent être des granulations
tBes. Ni l'acide acétique, ni la potasse ne dissolvent ces
iûns. Nous avons répété ces réactions plusieurs fois, et
le résultat a été le même. — Ces granulatJona varient
en nombre et en volume, d'une flbre musculaire à
Les stries transversales et longitudinales, qui se voient
m très nette dans certaines fibres atrophiées, mais peu
, sont plus ou moins complètement masquées [dans
les grannlations existent en abondance,
itïon a entièrement disparu dans un certain nombre
musculaires qui apparaissentsous l'aspect d'un cylindre
d'une matière transparente et qui renferment en nombre
moins grand des granulations en général d'autant plus
leuaee qu'elles sont moins uombreoses. Ces granulations
lolvcnt ni dans l'acide acétique ni dans la potasse, pas
le celles des fibres qui ont conservé la siriation.
itnmc des fibres musculaires semble normal pour un cer-
ibrc d'entre elles : mais, pour la plupart, on observe une
lUtion parfois considérable. C'est ainsi qu'à côté d'une fibre
pvctilaire de dimension normale, on en voit d'autres dont le
ttftnitrc transversal est réduit à 1/3 ou à la moitié. Certaines
IbrM offrent même un diamètre 4 et jusqu'à 5 fois plus petit
ftt'k l'état normal. Et une particularité importante k signaler,
t'est qu'an grand nombre des fibres qui ont subi une atrophie
AUbI eonsitlérable présentent encore une striation très nette et
Mot à pctno ou même pas granuleuses.
Parmi les fibres musculaires les plus altérées, un petit nombre
Kalenent nous ont présenté la division en fragments de lasubs-
taoco mosculairc. Dans les fibres où nons avons observe cette
Atriaioa, les blocs de substance musculaire étaient pressés les
UM moire les antres. Très rarement, ils laissaient entre eux un
[■tervalle, et alors, en ces pointa, le sarcolemme éUiit revenu
nr Ini-méme. Nous n'avons pas, comme l'a observé dernière-
448
scLitaoaB laiAkale svmibtrkiiib AMTOTRoriDqim
ment M. Hayom dans un casd'atrojiliie progressive, ricuaouH !
publié, troavé de multiplicatioD des noyaux dans lus tvbetdt 1
earcoicmme.
Les vaîfieaiLcc, dans les musclea affectés, ne noua ont oITcrt iir '
cane alttJratioa. — Nous avoDs réussi plusieurs foi^ :■.
nettement ie petits nerf s inusculnires. Nous n'avj:
ces cas, remarqué qu'ils cootiusaent des filtres m-rv
nérées. — Le tissu conjoncli/ interJibrilUiire parait |iiu- jl- u-
dant qu'à l'état normal; on y observe une proportion exagérée ■
de noyaux arrondis ou fuBÏformes. |
En outre des altérations précédentes, la plupart des tjùsociis .
musculaires présentaient un aspect fendillé, trèd reman|iabk
principalement aus extrémités brisées des fibres: ci>t asped
fendillé se retrouve d'ailleurs dans des altérations du musclo, <|ii
n'ont rien de commun avec l'atropbie progressive; onlesobiaW |
entre autres communément dans les muscles des membrts lait- '
rieurs, chez les individus immobilises depuis longtempï.
En résumé, dans les muscles de la main, c'est-à-dire là rà 1» (
lésions étaient le plus accusées, nous avons observé ce qui ssH:
1° uno diminution de volume dnns la masse musculaire; 2* aM
coIoi-atiOQ jaune pâle des muscles; a- une consistance jjIus ;.Tioi!f
du muscle, rappelant celle du tissu conjonctif; 1" ul.'
grau ulo-graisse use peu marquée pour certaines IW":'
cenluée pour d'autres; 5* la division ea rragmcnt? i
tance musculaire; 6" l'atrophie do cerlaines libres m
simple et indépendante de toute dégénérescence cr
cireuse; 7* la prolifération du tissu conjonctif inteiui
Noua terminons ce résumé en faisant remarquer .ji,
seule et même préparation, on pouvait rencontrer !
téralions à lu lois. A côté d'une fibre musculaire '
saine ou à peine granuleuse, on en observait quoliio i.
striation était presque entièrement marquée par !■
tions graisseuses. A côté de celles-ci, d'autres avaient
rement la dégénérescence vitreuse. D'autres présen;,
l'atrophie à tous sca degrés. Quelques-unes offraicni ij <ijhir.i..
en blocs de la substance musculaire. Dans l'intervalle du «» ■
fibres, on apercevait une grande quantité de tissu conjonctif «I |
de noyaux arrondis ou fusiformes.
Pour les viusdesde la langue, nous pourrons U'U
répcler la description qui précède. Observons somI
c'est surtout dans les muscles intriusèques de l'or^'
lésions étaient le plus accentuées. Les muddcf dt 1 ni'in'-'r-»
ont à peu près conservé leur coloration oorm&le. On IrxM
ir»** I
0CLÂROSE lATft'aALR SVMÉTRIQl.'R AMVOTKOPnHJl'K 44;t
i, dans l'intervalle des fibres, une ïugmontattoa ootablo
isn coiijoncUf; il y a, là aussi, des âbres granulo-grais-
, des libres vitreases, d'autres considérablement atro-
b; mais, d'une manière générale, toutes ces léâons sont
ioup moins accusées qu'à la main. Au deltoïde, nous re-
rons toutes les allératioas les plus avancées que nous
Il décrites.
ft sterno-cléido-masloïdieiis ont été l'objet d'un examen spé-
S'On se rappelle que, dans l'obscrvatioD, ils sont notés, sur-
ieelal du côtû gauche, comme étant le siège do contractions
^airee remarquables par leur spontanéité, leur fréquence et
Pintensiié. Les préparations faites avec la substance muscu-
■ du stcrno-cléido-mastoïdien gauche n'ont, à notre grand
Inement, absolument présente aucune altération. Les fibres
ntt remarquables par leur volume relativement considérable,
Ration biejt nette et l'absence de toute dégénérescence. On
lArquait même pas. dans ces muscles, cet aspect fendillé
lit à peu près général dans les muscles des membres supé-
set inférieure.
I pectoraux no présentaient non plus aucune altération.
btlercogtaux ne nous ont montré qu'une dégénérescence
^lo-graisBCuse peu marquée et l'aspect fendillé. Il en a été
" me dans le diaphragme ; nous n'avons rencontré qu'un
k nombre de fibres où les granulations l\]sscnt assez abon-
• pour masquer la striation transversale.
■ éléinenfis maiculairea, aux membre» inférieurs, ne renfer-
il pas ou à peine de granulations graisseuses. Ils ne sont pas
^éa d'une façon appréciable ; la striation y est nettement
«et ils n'oUrent pas d'autre altération que l'aspect fendillé.
a) Racitien spinales anlerieuret. Examen 4 l'état fraia.he
ibre des tubes nervcui: qui. dans ces n-icines, ont conservé
Lctéres de l'état normal, est plus grand qu'on aurait pu le
Kr, à en juger par la diminulïnn de volume et la teinte
3 qu'elles présentaient. Toutefois, sur la moitié des tubes
loïas, on pouvait observer tous les degrés de l'atrophie,
'i rémacialîon simple jusqu'à la complète disparition du
idre de myéline. Nulle part on no rencontrait dans tes tubes
ilnées de granulations graisseuses. Ce qui vient d'être dît
latlf surtout à la région cervicale de la moelle; à laré^on
llC) ICH lésions atropbiques se montraient moins prononcées,
fut diina les parties inférieures de cette région et, au niveau
lAcment lombaire, elles faisaient complètement défaut.
8 racinet spinale» postérieures ont été examiaêes comi>a>
450
UK L.V UOKLLIi ÊriKlfeKK
rative ment aux antérieures; oc n'y a reoconlré aaoanen
d'altération des tubes nerveux.
e) Nerf» cranUns, Le facial et l'hypoglosse, examinés k B
frais, CD divers points de leur trajet, out présenté, le -ieé
surtout, les lésions comparables à celles qui ont été sl^uald
propos des racines spinales antérieures. Seulement, \a i
des tubes nerveux restés sains y était relativement bcanj
plus grand. Le lingual et le pneumogastrique ont (-té l'i
d'un examen spécial ; ils n'ont paru offrir aucune altération.
d) Nerfi rachidiem. Les deux nerfs pbréni'^nes celai du cùli
droit principalement 1 nous ont paru renfermer un certain DûE^Irc
de tubes nerveux atrophiés à divers degrés. Des alli-tv-.'
loguesont été observées sur le médian elsurle cublLi!
à l'avant-bras; sur ces derniers nerfs, quelques tuhc-
stropbiés préseuuient, d'une manière évidente, ladégén-mti*!:
granuleuse. L'examen du grand sympathigue au cou et itt '
ganglions inférieurs n'a fourni aucun résultat décisif.
e) Moelle épiitùre. Exumen h l'état frais df, ta partie ti>m«IlK.
On sait qu'immédiatement au-dessus du renâemenl lomlmirelt
moelle présentait, dans nne certaine étendue, une diffluiincere-
marquablc; des fragments de tisen nerveux, provenant de «
point ramolli, ont été portés sous le microscope immédiateoMl
après l'autopsie, les tubes nerveux offraient les caractcrude
l'état normal ; on ne rencontrait dans les iuttrvallea qu'ils Ut*-
saient entre eux, ni corps granuleux, ni granulations gmt'
Bouses. Los gaines vasculaires ne renfermaient pas non plus d'^
lùments granuleux.
Ce résultat négatif doit porter k penser ou bieu que Ir nani'
liâsement était de date loate récente, ou bien qu'il a été prodlll
artificiellement.
EMimen de préparations durciet par l'acide chromiifiu dt cM
réespar le carmin. Région cen-tca^e. L'examen des cou
versales minces pratiqué à diverses bautcurs, fait r
des altérations qui portent les unes sur les faisceaux .i.
raux de la moelle, les autres sur la substance grise, eu jiArucs-
lier sur les cornes antérieures et qui se montrent à peu pr« I*
mêmes dans toute l'étendue de la région .
Sur tous les points des cordons anléro-latéraux, 1<"- .1 :>.-o:ji
de tissu conjonctif ont pris nne importance cousidùr
se sont notablement épaissies, et il semble qu'elles sr
pliéej. Dans les espaces qu'elles circonscrivent en =' .i
sant et s'entre-croisanl, on reconnaît aisément tes sunao^ '->
section de tubes nerveux, lesquels, au niveaa des Êtlaceaax aft-
gCLÉBOBB LATÉKALB BTlC^TItlQUB AMYUTSOFIIIQUIE 451
térieurs et sur la partie antérieuro des faisceaux latéraux, ont
conservé à peu do chose près Icnr diamètre normal. Mais, sur
an point qui correspond à la partie la plus postériouro de ces
derniers fnisceaux et dans toute l'étcadue d'une région qui, en
dedans, contiiic aux cornes postérieures tandis qu'eu dehors, elle
s'étend presque jusqu'à la couche corticale : la ^ngae conjonc-
tive est devenue tout à fait prédominante. Les tubes nerveux,
ayant conserve leur diamètre normal, sont là devenus tris rares;
la plupart des tubes sont atrophiés à divers degrés, et il en est
an grand nombre qui ne sont plus représenti'^s que pai- le cylin-
dre d'axe. Lorsque les coupes sont examinées à un faible gros-
sissement, les points où prédomineainsi l'altération sclércuse des
cordons latéraux se montrent sous forme do deux petites pla-
ines rouges, transparentes, irrégulièrement arrondies, placées
symétriquement vers la partie la plus postérieure de ces cordons,
immédiatement en dehors des cornes grises postérieures. Los
faisceaux blancs postérieurs ne présentent aucune altération.
Dans l'examen de la tubafance grise, le haut degré d'atrophie
qu'ont subi, dans les cornes antérieures, la plupart des cellules
nerveuses, frappe tout d'abord; il est évident, en outre, qu'un
certain nombre de ces cellules ont disparu sans laisser do traces.
Ce sont surtout les cellules du groupe interne ou antérieur qui
ont subi les altcratious les plus profondes ; là, toutes les cellutes
' qui ont persiste sont plus ou moins atrophiées, tandis que dans
le groupe externe on en rencontre sur la plupart des prépara-
tions, 1, 2, 3 et mémo parfois 4, qui ont conserve, à peu près, les
dimeusions et tous les autres caractères de l'état sain. Parmi les
cellules atrophiées, Ic^s unes bien que G ou 7 fois plus pctiies que
dans l'état normiil, ont cependant conservé leur forme étoilée,
leurs prolongements et possèdent encore on noyau et un nucléole
distincts. Les autres ne sont plus représentées que par do petites
muses irrégulièremcntanguleuscs, sans prolongements, jaunes,
brillantes, d'aspect vitreux, et, en pareil cas, le noyau, en géné-
ral, n'est plus distinct. Toutes ces allérations peuvent être appré-
ciées d'une manière rigoureuse, lorsque les parties nialudcs sont
comparées aux parties correspondantes sur des coupes do moelle
provenant des sujets sains. Nous avons pris pour terme de corn*
paraison de très belles préparations de moelle saine que nous
devons à l'obligeance de M. Locktiart-Clarkc.
La gangue conjonctive des cornes antérieures se présenLiit
sous l'aspect d'une masse llnemont grenuo, nous n'avons pas
remarqué que les noyaux de la ncvroglie y fussent plus abou-
dants que dans l'état normal; il n'en était pas de même aux
452
SCLKrtOSS I..VTÉRALK SïUËÏItltJirE AMYOTILOl-lllQUK
commissures antérieures et poslérieurca ; là, les noyaux nous ont I
paru nombreux, surtoutauvoisînageda canal centrât. Ce dentiei I
était complètement oblitéré par un amas do cellules épithéliaj«l I
Dans répaiasenr de la commîsaure, comme dans les cornée »•
térieures, les vaisseaux présentaiont des parois manifeetemenl
épaissies, couvertes parfois de nombreux noyau!^. — Leac«mH
postérieure» do la substance grise nous ont paru offrir toutes In
conditions de l'état sain.
Région dorsale. L'examen n'a pu porter que sur les 3/3 snpi-
rieurs de cette région. La sclérose des faisceaux latéraux ee mon-
trait à toutes les hauteurs, au moins aussi prononcée qu'à l*
région cervicale : comme dans celle-ci, bien qu'à un degré nioio^
dre, les cellules des cornes antérieures étaient atrophiécH, réduite^
à un petit nombre.
Région lombaire. L'altération scléreuse symétrique des cor"""
dons latéraux est encore ici très nettement accusée, mais moin^^
étendue toutefois que dans les autres régions de la moelle; ell^
occupe d'ailleurs lo même siège. Les cellules des cornes anté — ■
rieures sont presque en nombre normal ; elles offrent pour la plu —
part, les dimensions do l'état sain. Quelques-unes seulemeB^
présentent dos lésions atrophiques bien caractérisées.
liégfnn du bvibe. — Coupes faites au-dessus du calamus. —
A l'aide de coupes transversales faites à diverses hauteurs de la
région des olives et au-dessous, nous avons pu constater, de la
manicfo la plus nette, que les cellules des noyaux d'orighve de
Vhypoglossa, dans toute l'étendue de ces noyaux, sont pour ta
plupart profondément altérées, atrophiées ou même complète-
ment détruites. Cette altération rappelait exactement celle qui
a été si^n;Llée à propos des cellules des cornes antérieures de la
moelle, aux régions cerviciiie et dorsale. Nous avons pris pour
point de comparaison, dans cette p.'irlie de notre étude, de très
belles coupes provenant de bulbes sains, préparées par M. L.
Clarko. Nous avons utilisé aussi les planches encore inédites de
l'Iconographie photogi'"j}higue de M. l)m;benno (de Boulogne],
relatives à la structure du bulbe. Or, sur des cuupes de Clarkc,
faiies à 1,2 centimètre environ au-dessus du bec du calamtts
scriptorius et représentant l'état normal, on pouvait compter
dans le noyau de l'hypoglosse, qui dans cette région est volumi-
neux et bien limité de toutes parts, de '10 à 50 grandes cellules
trîpolairesou quadripolaircs; par contre, sur les coupes prove-
nant de notre malade et montrant la même région, on ne pou-
vait reconnaître que 3 ou 4, au plus, de ces cellules qui fussent
LÉSIONS DES XERFS BULBAIRES 453
à peu près intactes; les autres avaient totalement disparu pour
la plupart.
Quelques-unes, considérablement atrophiées, pouvaient se
retrouver encore à l'aide de forts grossissements; d'autres n'é-
taient plus représentées que par de petites masses irré^ulières,
d'un jaune ocreux, brillantes et dépourvues de prolongements.
On pouvait remarquer, en outre, que les tractus délicats (pro-
bablement des prolongements de cellules) qui, dans l'état normal,
fie croisent et s'cntre-croisent en mille directions dans l'intervalle
des cellules, s'étaient ici complètement elTacés; et l'on ne trou-
vait plus entre les cellules qu'une masse amorphe, finement gre-
nue; enfin le noyau de l'hypoglosse, considéré dans son ensemble,
paraissait avoir perdu ses contours arrondis ; il présentait une
forme ovalaire transversalement et s'était évidemment amoindri
dans tous les sens.
Sur les mêmes coupes, on pouvait reconnaître, immédia-
tement en dehors du noyau de l'hypoglosse, le petit groupe de
cellules que Clarke rattache aux origines inférieures du facial;
toutes ces cellules étaient saines et nous ont paru en nombre
normal.
Plus en dehors encore, on rencontrait le noyau d'origine du
pneumogastrique, La plupart des cellules du groupe étaient in-
tactes; un petit nombre seulement d'entre elles (7 ou 8 pour
chaque noyau et pour chaque préparation), les plus antérieures
présentaient la dégénération jaune à un degré très prononcé ou
bien elles avaient subi une pigmentation noire très remar-
quable.
Coupes pratiquées au niveau du bec du calamiis, — En avant
et de chaque côté du canal central, on retrouve les noyaux de
l'hypoglosse. Là encore, les cellules sont atrophiées ou dégé-
nérées. £n arrière et de chaque côté du canal, on peut étudier
les noyaux du spinal; ils présentent tous les deux quelques
cellules qui ont subi la dégéuération jaune ou la pigmentation
noire et qui sont en même temps déformées. Les autres cellules
de ces noyaux sont normales.
Coupe faite au-dessus des olives. — Les noyaux d'origine du
Ikcial, du moteur oculaire externe et de l'auditif nous ont paru
présenter tous les caractères de l'état normal.
ECt^BOSE LATËIl.U,E ijVMËTIlIQUE AMTOTBOPHKIUE
Obskkvatiox II.
ScUrose gymctrique des cordons latéraux d« ta moelle et é
ramides aniérieuret dans le bulbe. — Atrophie des cett
cornes antérieures de la moelU. — Atrophie muaculairt 1
gressive. — Paralysie glosso -laryngée.
Elisabeth P.... 58 ans, est entrée Ig 11 juillet 1671, AT
merie de la Salpétrière (service de M. Ch*bcot).
Renseignements fournis par sonJUs. L'affection dont è)l4
atteinte ne paraît pas avoir débuté brusquement. — Ad moû
juin dernier, V... marcliait encore, bien qu'avec une cerUîot
difficulté. Déjà sa main gauche ne pouvait lui senûrel etût
tenue rapprochée du corps. Elle se plaignait aussi de voir dopuii
quelque temps sa main droite s'affaiblir, ce qui la gênait |ioiir
manger. Ëtle avait également un léger embarras de la panJï.
mais lu déglutition s'etTectuait facilement.
État actuel, 29 septembre 1871. La physionomie e«t h^bélM:
la bouche toigours grande ouverte laisse constamment êewbr
la salive. Il semble que tous les muscles de la face soient ibu
un état de contracture permanente, qui s'exagère encore lon^'
la malade vient à rire ou à pleurer : l'espèce de grîmaee qui «
produit alors ne s'efface qu'avec une lenteur extrême.
Les mouvements de l'orbicnlaire des lèvres sont notalxleoMl
gênés. Celles-ci no peuvent arriver au contact dans l'action if
sifBer ou de souffler. Elle souffle une bougie la bouche à déni
ouverte; elle réussit à l'éteindre même lorsqu'elle est pUc^^
une certaine distance de sa bouche. — Le mouvement de S*
duction des mâchoires parait impossible. — La contraction if
muscles masticateurs est peu énergique, aussi ne parvient-*^ >
broyer que les aliments de consistance molle.
L'articulation des mots est abolie; les eflorts de la aaiti'
n'aboutissent qu'à la production d'une sorte de grogneaunlt
tout à fait incompréhensibles. — L'intelligence est cepooiUt*
conservée dans une certaine mesure, et la malade fvai^
comprendre toutes les questions qu'on lui adrosse.
La langue est atteinte d'une impuissance moirio^ il in ;"
absolue en même temps qu'elle présente les caraci'" r,
atrophie déjà très prononcée. Petite, ratatinée, agili-'' : ■
vemeots fibrillaires, creusée de sillons et recouverte Ljbii;; ''■'
ment d'un enduit noirâtre, elle demeure collée au plaDclicc isié'
rieur de la bouche, et c'est à peine ai elle peut ^tro poil^ *>
EXPOSÉ DU CAS
455
avant et dépasser les lèvres de quelques millimëtros. Quant an
mouvement d'élcvatian de la pointe vers la vodte palatine, il '
est totalement aboli.
La gêue de la dégintition bien qu'nn peu moins complète est
cependant très prononcée. C'est depuis quelques jours seulement
<)a'ellc s'est brusquement accentuée. Lorsqu'on introduit un
liquide dans la bouche, la plus grande partie s'écoute entre les
lèvres; puis il se produit une série de mouvements de déglu-
tition, avec ascension considérable du larynx et bruit pharyn-
gien très sonore. Vient-on à porter, avec une cuiller, le liquide
jusque dans l'arrière- bouche, la déglutition s'effectue d'une
Ukauière un peu plus complète, mais elle amèn*; un état d'anxiété
extrSme; quel que soit le mode d'introduction de la substance
alîment/tire, son entrée dans l'œsophage paraît se faire avec une
grande lenteur, et quelques minutes après on voit encore se
produire de bruyants mouvements du pharynx, provoqués par
le liquide arrêté à son orifice supérieur. Jamais celui-ci ne
reâai? vers les fosses nasales, et, du reste, l'examen direct du
voile ju palais permet de constater qu'il est symétrique, et a
eODServé l'entière liberté de ses mouvements normaux.
Jusque dans ces derniers jours, ou pouvait encore lover la
malade et elle passait des journées assise dans son fauteuil. Mais
les symptômes s'étant aggravés subitement, elle est aujourd'hui
absolument confinée au Ut.
L'impuissance motrice, complète dans le membre supérieur
' gauche, est un peu moins prononcée dans celui du côté droit,
j OBUftpfu"a!yBie s'accompagne d'un certain degré de contracture; .
les doigts sont fiéchis dans la paume de la main, le poignet est
dsQsta pronation, le coude demi fléchi résiste quand on vent
rétendre. Les masses musculaires sont atrophiées et agitées de
mouvemeute flbriUaires. L'atrophie, plus prononcée à gauche
' qu'à droite l'est peut-être aussi davantage à la racine du membre
qu'à 80D extrémité. Tandis que les muscles de l'épaalc, le
' deltoïde en particulier, ont à pou près disparu, laissant à nu
, les saillies osseuses, les éminences thénar et hypotbénar, bien
, qu'amincies, ont encore conservé une notable épaisseur.
I Au thorax, les grands pectoraux sont pris au mémo degré que
j les deltoïdes, le moindre attouchement y ramène des contractions
flbriUaires, quand elles ne s'y montrent pas spontanément.
I Les membres inférieurs, atteints beaucoup moins profonde
I ment sont égaux eu volume. Ils présentent un amaigrissement
I notable, étendu à tout le membre; aucun groupe de muscles ne
I parait plus spécialement atteint que les autres. Ils peuvent exé-
456
fiCLÉBÇ^B LATâSALE BVMKTKIQUS JLMrOTItOlIlUlVC
enter quelques mouvements dana le plan da lit. Le» t
mu scalaire s, celles des mollets surtout, sont lesît^dee
tions âhrillaires abondantes. L'examen faradlqiic îles tairi
permet de constater qu'ils se contractent tous sous l'tnfla
de l'électricité, ceux des membres inférieurs avfrc une ài^
plus grande que les supérieurs. L'orbiculaire des lim
particulier, paraît très sensible à l'cxoitalion électrique. J
la contractiou musculairo ne se produit pas partout &vei
caractères normaux, et, dans bien des muscles, elle i
forme de mouvements Qbrillaires.
La sensibilité semble conservée dans tous ses modes. Lop|
est à 104. Respiration régulière.
1" octobre. P. 100. Commencement d'escarro.
2 oct. P. 108 ; R. 26. — 6 oc(. P. 100 ; K. 20. — 7 oc^ P. liOM
10 oct. P. 130. Extrémités froides. Les urines sont troaUT
ne contiennent ni sucre ni albumine. — Rétention d'nrioe. |
13 oc(. P. 124. — 14 oct. P. 120.
23 oct, — L'affaiblissement a fait des procès consid^
La malade a à peine la force de pousser un cri. L*altm
est devenue impossible. — Ëstrémités froides, pouls ion
— L'escarre s'est étendue sur nue grande largeur. — ICoi
26 octobre.
Nécbopsik. — Elaldei viscèi-es. — Le cœur est de petit toIh
il n'existe pas de lésions valvulaircs, les parois ont leur é
seur et leur coloration normales. — Pas de lésions i
poumons. — Le foie, de volume normal, ne présente pu
cicatrices; 11 en est do même pour la rate et les rrina. Ltti
gueuse vésicalee&lToage, recouverte de saillies mamelom
tapissée d'exsudata purulents.
État de» muBcles. — Los muscles de la face sont trfee g
mais leur coloration se rapproche sensiblement de l'état i
Le mosséter, rouge à sa surface, est jaunîltre dans ses [
profondes. — Les sterno-masloidiens, les scalènes, tes t
sont bien nourris et oflrent une belle coloration ronge.
Les pectoraux et les muscles du membre supérieur gaM
sont jaunes, décolores, amincis et leur aspect contrasta d'^
manière frappante avec celui des muscles du cou; )o deltol
surtout est très altéré. A la main, les muscles des émind
théQ.ar et hypothénar sont décolorés. Le grand denteU \
comme le grand pectoral pâle et atrophié. — 11 en est do n
mais à un moindre degré, pour les muscles de l'abdamett.!
diaphragme a conservé sa coloration, sa consUtunce fit ^
épaisseur normales.
AUTOPSIB 457
j Aox membres inférieurs, les mueclcs, bien que çi-Éles, sont à
Lpeioo dêcolfirés, nn certain nombre d'entre eux onl été cxànii-
n&s; le couturier, le droit antérieur pour la cuisEe; ù la jambe,
lies jumeaux, le jambîer antérieur, l'extenseur commun des
Eills, aucun d'eux ne présentait même cette couleur feuille-
té rjue donne si souvent aux muscles le séjour au lit lon^-
ps prolonge.
) Étal dr.s centres nerveux. —~ Le cerveau, le cervelat et l'ûthme
lëéVenaphateiie présentent aucane altération appréciable-, les
Ivtères do In base sont snïnes. Le bulbe ractiidien offre tous les
Wract^res de l'état normal. — Le tissu do la moelle est partout
{d'ane consistance ferme; il n'y a pas d'atrophie évidente portant
Itnr 1<^ divers cordons blancs de l'org^ane. — Les filets d'origine
Ides tter/ii/iuUat>esBitaéB au-dessous du facial, c'est-à-dire l'hy-
Vogtoff^, le gluBso- pharyngien, le pneumogastrique et le spinal,
^Kmtniatcnl, par leur linesse et leur coloration grise, avec les
l^aeÎDeB do» nerfs situés au-dessus ; le facial, en particulier, est
Wtampt de louto altération. Cette extrême ténuité et cette teinte
igrUe ee retrouvent sur un certnin nombre de racines antérieures
4e U moelle.
A%tde hùtologique. — Muscle». — L'examen des mascles do
']• Iftogue, pratiqué k plusieurs reprises, a constamment donné
hn rcsaltui presque négatif. Du moins jamais n'a-t-on trouvé
oet état granuleux de la fibre musculaire, vu cette prolifération
booléaire abondante, qui caractérise la dêgénération atrophique
des muscles, arrivée à un degré avancé de son évolution. —
Dans Ie:s muscles de la./'ice, au contraire, de nombreuses 6bres
avaient perdu leur strialion transversale et présentaient un état
I fnualeux irfes prononcé du contenu de la gaine.
g' Dans les muscle» des membres aupe'rieurg qui, à l'œil nu
^'Anient une coloration jaunâtre et une diminution de volume
ixii» accentuée, l'examen microscopique révélait la présence
l'd'ao grand nombre de faisceaux primitifs dégénérés. Dans tes
émlnence» tliénar et hypothénar, en particulier, les libres
ivmieDt subi une atrophie simple très marquée; sur d'autres
points, gUos avaient en grande partie perdu leur striation trans-
Tenale et les noyaux du tissu conjonctif interstitiel s 'étaient ex-
trêmement multipliés. Sur certaines préparations examinées
i»n» la glycérine après l'addition d'acide acétique, on pouvait
voir le contenu des gaines fragmenté, formant des îlots rangés
en aéries i>arallèles, séparés tes uns des autres et masqués en
jHrtie par des amas de noyaux. Les muscles du tronc et des
458
SCtitlluSE LXTÈltALB EYMÊTRIQUE AMtYOTROPmQUK
membres infériaur» ont priSsenté la mémo altératîoD ; ces denien
surtout, à un degré beancoup moins avancé.
Nerf». Les filota d'origine de la plupart des nerfs bnll
ont été examinés, et tous présentaient des caractères
ques bien voisins de l'état normal. C'est à peine ai on poa*
distinguer quelques âbrcs à contenu granuleux, tandti
quelques autres, dépourvues de leur cylindre deniyélino,'
réduites à leur gaine et recouvertes do noyaux plus noml
que d'iiabitude. Pas plus que les racines, le tronc de ces
n'était dans son trajet ultérieur notablement altéré. On a
en particulier, l'intégrité des fibres de VKypogloœ,
la base de la langue ; il en était de même pour !e spinal, le;
mogaalrique, le nerf facitU.
Les racines antérieure» des nerf» rachidiem, examinée* ta ai-
veau du renâement cervical, ont présenté, au milieu d'ungnol
nombre de fibres restées saines, quelques fibres déginéFΫs.
Le nerf mtdian du côté gaucbe, examiné, après durcissemuDl,
sur des coupes transversales, a été trouvé sain.
Centres nerveux. Préparations faites après durcissement diu
l'acide chromique et colorées par le carmin.
Bulbe rachidien. L'examen de coupes transversales, prat)i|iii«*
à différentes hauteurs de l'organe, permit de conslatcr des Ip*
sions de la substance blanche et de la substance grise.
lo Sitbilance grise. Les noyaux d'origine des nerfs huîbaim
sont ici le siège de l'altération. Celle-ci, essentiellement carac-
térisée par la dégénération pigmenteire et l'atrophie cnnsécuUn
des cellules nerveuses qui entrent dans la composition dn ces
noyaux, est surtout très prononcée dans celui du nerf hypo-
glosse; À côté de quelques cellules demeurées saines, un pMl
observer dans les autres les caractères de la lésion â toutes le*
périodes de son développement. La plupart, envahies Aéjk pu
les granulations jaunes, réfractaires à l'action du carmta eCl
tablcmcnt diminuées de volume, ont prisune forme globul
Elles tlonncnt naissance à de rares prolongements pâles eti
cis, qu'il est impossible de suivre comme à l'état normul,
certaine distance de leur lieu d'origine.
La névroglie ne paraît prendre aucune part au procoania mor-
bide, elle a conservé sa transparence normale, et il est impoa-
sible de découvrir une augmentation évidente dans le nombre
de ses noyaux.
Les groupes cellulaires, appartenant aux différents autres
nerfs de la région, sont moins profondément atteints. L.es cel-
lules y sont en nombre considérable, et ai quelques-unes »eB^
'.'rsi
LâslONS DR LA UOBLLB ib9
ment avoir subi udc dimiDatiou de yotume, oo n'y retrouve
igoe do bien rares exemples de cet enTahissemeot pigmentaire
U net AkDif le noyau de l'hypoglosse,
I Le» olives se montrent normales sur toutes les coupes.
9* Substance blanche. La lésion de la substance blanche occupe
i toute l'étendue des pyramides antérieures, qui sont le siège
i sclérose très manifeste et se colorent vivement par le car-
KOd peat la suivre dans ses faisceaux, depuis le point ou ils
(ènt de la protnbérance, jusqu'au niveau de leur entre-
Ueat. Il est facile, sur les mêmes coupes, de constater la
Mb intégrité des racines nerveuses dans leur trajet inlra-
idbaïre. Elle est surtout très évidente pour celles de l'hypo-
e et contraste d'une manière frappante avec l'atrophie très
roDoncée de leur noyau d'origine.
Ia région de rentre-croisement offre un intérêt particulier;
tlkodls qu'Ji la partie antérieure, ce qui reste de la pyramide se
is la forme d'une bande rouge transversale, on voit
ifjm •dérose s'avancer en figurant un coin à base postérieore dans-
t région de l'entre-croîsement, et aller envahir, on passant du
Veftté opposL^, la formation réticnlée et la partie supérieure des
iMrdons Uiéraux. Les cornes antérieures qui, à ce niveau, sont
(Mpfisenlées par deux îlots de substance grise complètement
llaalés de la substance centrale contiennent une notable propor-
mon de cellules dégénérées.
" Moelle. La moelle est le siège d'altérations fort étendues, qui
'^portent à la fois sur les cornes antérieares de la substance grise
[et enr les cordons antéro-latéraux. 11 est de plus à remarquer,
ygtWi du moins à la région cervicale, les lésions paraissent être
lorrlvées ù une période plus avancée de leur évolution dans le
I o8t£ gauche que dans le côté droit de l'organe, qui est par suite
iderenu asymétrique, (Planches IV et V,)
r Cordon* antiro-latâraux. lia présentent, sar des coupes trans-
itent)» de la moelle, tons les caractères de la sclérose des fais-
eoiax blancs. Les grands tractus conjonctifs, qui de la péri-
'phérii- do l'organe vont gagner la suhstunce grise, sont épaissis.
Les maillet du reticulum, considérablement élargies, contien-
ncDt de nombreux noyaux. Elles limitent les espaces très inégaux
dans lesquels se voit la coupe des cylindres d'axe. Ceux-ci sont
poar la plupart plus minces qu'à l'état normal; dans quelques
MtdrottR, au contraire, ils sont comme hypertrophiés. Les régions
altérées se colorent vivement par le carmin,
8i on étudie la disposition de celte sclérose, on voit qu'elle
oecui>e, sur toute la hauteur de la moelle, des points symétriques
460
LibaiOMi DR8 COHNGS AKTâaiEUKBS VK UX MOKLLI
dans chacune des moitiés de cet organe. Klle rappelle de jii
par Bon mode de distribution, les dégénôrationB descenda
consécutives à certaines lésions en foyer do l'encéphale, I
qu'elle en diffère par certaines particularités.
Dans toute la région cervicale, elle occupe, à la partie la a
interne des cordons antérieurs, une sorte de triangle doil|
base s'appuie à la commissure blanche; an des côtés àa t
long:e le sillon antérieur, tandis que le sommet vient s
en s'effilant vers la partie moyenne de ce sillon. Ce trtan^l«,J
large à droite qu'à gauche, cesse d'exister vers la partie f
rieurede la région.
Dans les cordows latéraux, commençant en avantait nivei
l'angle externe de la corne antérieure, elle suit en dedans j
arrière le contour de la substance grise sans pénétrer dam
intérieur, tandis qu'en dehors elle est séparée de la [>étipd
par une bande étroite de tissu resté sain.
La partie supérieure de la réjj^ian, celle qui est situiie îm
diatement au-dessous du collet du bulbe, s'éloigm! un |
cette description. Ici, en effet, la corne antérieure est entouréiï
tous côtés par une sorte do coaronne de tissu sclérose. 6i, des
parties Bnpérieares, on descend vers les régions dorsale i!t lom-
baire, on voit la sclérose abandonner le cordon antérieur et
diminuer progressivement d'étendue dans le cordon laléml.IHns
la région dorsale le cercle de tissu sain périphérique s'élargit
notablement, timdis que la sclérose abandonne le contour de la
corne antérieure. A la région lombaire, elle s'est éloigiico de la
corne postérieure et forme une sorte d'ilot situé dans la partie
postérieure du cordon, et entouré de toutes parts par lo tlsen
normal excepté en arrière, où il envoie un prolongement vers ta
périphérie et le point d'entrée des racines postérieures. Tout le
reste de la substance blanche, et en particulier des cordons poe-
tériears, est exempt d'altérations. Il en est de même pour 1« ra*
cînes antérieures dans leur trajet intra-spinal.
Stibvtance ffriae. — Kous trouverons ici, exactement limitéei
l'aire des cornes de la substance grise et symétriquement disposée
dans les deux moitiés de la moelle, la lésion cellulaire qui a été
décrite à propos du noyau do l'hypoglosse. Frappant indistlnc*
temont, et comme au hasard, les éléments des différents gruuim
de ces cornes, elle diminue graduellement d'étendue, û mesun-
qu'elle gagne les régions inférieures de la moelle. Tandis qu'iitl
uivean du renflement cervical, c'est à peine si on puai 6vâ|
à un cinquième du nombre total celui des cellules épargi '
SCLÉROSE LATÉRALE SYMÉTRIQUE AMYOTUOPHIQUE 4G1
la région lombaire, plus de la moitié a conserve les caractères de
l'état normal. La colonne vésiculaire de Clarke n\i pas été épar-
gnée; la dégénération u respecté, au contraire, tous les éléments
des cornes postérieures.
La névroglien'di pas, ici plus que dans le bulbo, pris une part
active au travail morbide; et Ton peut voir, sur toutes les coupes,
des cellules réduites à quelques granulations pigmentaires, au
sein d'un tissu parfaitement normal. Toutefois la substance grise
a, sur certains points, été désorganisée dans son ensemble, et
Ton peut constiter dans les régions supérieures de la moelle, la
présence de véritables foyers. Allongés dans le sons vertical, ils
occupent symétriquement les deux cornes antôrioures, dont ils
ne dépassent pas les limites. Les coupes qui passent par leur
partie moyenne, ne montrent qu*une masse (épaisse d'un tissu se
colorant fortement par le carmin, faisant saillie au-dessus de la
surface de section, et dans lequel il est difficile do distinguer
aucun élément. Mais ces foyers, renflés à leur punie moyenne,
vont en s'efûlant à leurs deux extrémités, et c'est dans ces points
qu'il convient de les examiner. On voit alors qu'ils débutent
par un certain nombre de petits ilots arrondis, au niveau des-
quels le tissu est manifestement épaissi et rendu moins trans-
parent, sans qu'on y remarque une multiplication évidente des
noyaux de la névrogUe.
PARALYSIE GLOSSO-t-ARVSOÊK
liote sur un cas de paralysie glosso-laryngée aùvl
d'autopsie; par J.-M. Charcot.
(Voyoï Lkçoîi XllI, p. 2W.)
Par l'ensemble des symptômes, l'observation que je Tito
rapporter dans ses détails se rattache au type clinique créé
par M. Diichenne(de Boulogne) sous le nom de paralysie nraii-
■culaire progressive de la langue, du voile du palais et àta
lèvres; mais, par le côté anatomo-pathologiqne, elle difl%rt
notablement de tous les cas du même genre publiés jusqu'i
«e jour. C'est à ce point de vue surtout qu'elle m'a paru
digne de fixer un instant l'attention du lecteur.
Obouvatios. — La nommée Baj..., Harie-Françoise, ftg^de
fi8 ars, est ontrf'e une [iremiêrc fois à l'Infirmoric frêiiôrale de
l'hospice de la Siilpêtrière, le 11 avril 186^1, pour y être traitée
d'une bronchite légère; onn'avait pas noté, à cette époque, qu'elle
eût la parole embarrassée. Cependantses enfants affirmcntqu'ils
avaient remarque que, depuis un an déjà, elle s'exprimait de
temps en temps très difficilement. Les troubles de la déglutition
se seraient manifestés vers le mois de mai dernier. Toujours
est-il que, depuis cette époque, il arrivait à la malade d'avaler de
travers et d'être prise de violentes quintes de toux. Pendant les
repas, elle rejetjiit, aussi, fort souvent les aliments parle nez.
Une exaspération de tous les symptômes se sci'ait proilnite assez
brusquement, un mois environ avant la seconde admission à l'In-
firmerie, laquelle a eu lieu le 10 septembre. Dan* l'espace de
quelques jours, l'articulation des mots serait devenue presque
impossible, et depuis ce moment la difficulté d'avaler les aliments
et les boissons se serait rapidement exagérée. La malade assure
que cette brusque aggravation n'a pas été accompagnée d'étour-
dissements ou d'autres phénomènes du même genre. La faiblesse
des mouvements volontaires qui existe actuellement dans le
membre supérieur gaucho, et dont il sera question plus loin, re-
PARALYSIE QLOSSO-LARYNGÉB 463
monterait à quatre mois environ, et elle se serait prononcée len-
tement, d'une manière progressive.
ÉtcU (ictuel. Le 10 septembre 18()9. — L'articulation des mots
est déjà tellement embarrassée que la malade ne peut réussir à se
faire comprendre; tous les efforts qu'elle fait pour parler abou-
tissent en effet, uniformément, à la production d'un grognement
sourd, à timbre nasal. Cependant, autant qu'on peut en juger chez
un sujet qui ne peut plus s'exprimer que par signes, l'intelligence
semble être parfaitement conservée. La langue n'est pas aussi
inerte qu'on pourrait le croire d'après ce qui précède ; elle a con-
servé sa forme, son épaisseur, ses dimensions normales; elle ne
présente, à sa surface, aucune ride, aucune plicature anormale;
toutefois, en examinant ses bords avec grand soin, on croit aper-
cevoir de temps à autre de légers mouvements fibrillaires. B...
peut assez facilement encore la tirer hors de la bouche, la mou-
voir à droite et à gauche, mais elle ne peut ni en relever la
pointe, ni en appliquer la face dorsale contre la voûte palatine.
Les mouvements de l'orbiculaire des lèvres sont très notable-
ment affaiblis. La malade ne peut ûgurer l'acte de donner un
baiser ou de siffler, mais il lui est possible, en rassemblant toutes
ses forces, d'éteindre en soufflant une bougie tenue éloignée de
la bouche de plus de 10 centimètres.
La gêne de la déglutition est surtout des plus prononcées. Lors-
que B... veut avaler un liquide, elle en rejette d'abord, presque
toujours volontairement, une bonne partie par la bouche. Puis,
portant le pouce de la main droite sur l'un des côtés du larynx,
elle semble vouloir aider au mouvement d'élévation de cet
organe qui bientôt va s'accomplir ; mais à peine le premier temps
de la déglutition s'est-ii effectué qu'il survient un état d'anxiété
extrême : durant plus de cinq minutes, la malade paraît menacée
de suffocation ; elle ne tousse pas en général, mais elle fait en-
tendre, à chaque inspiration un bruit laryngé sonore rappelant,
jusqu'à un certain point, celui qu'on observe dans certains cas
d'œdème de la glotte. Il arrive fréquemment que quelques
gouttes du liquide ingéré sont rendues par le nez. La déglutition
des aliments solides, ou micax semi-liquides, est moins difficile
peut-être que celle des liquides proprement dits, mais elle est le
plus souvent encore troublée imr les mômes accidents.
L'examen direct du voile du palais n'y fait reconnaître aucune
déformation : la luette occupe la ligne médiane et elle n'est pas
pendante à l'excès : le voile membraneux parait se contracter
d'ailleurs d'une manière à peu près normale sous l'influence des
titillations.
PAKALYSIR l)U>SttO-LAl(YKOfcK
Jdiî sftlive épaisse et visqueuse s'amsisseconstHiiunciit daull!
Iioache et s'ccoule parroïs au dehors. On trouve souvent la uab
occupéeàrejetei, à l'aide doses doigts introduits dans »
1g3 mucosités épaisses et les parcelles d'aliments (|nî s'y sont 14
cumulées. En raison de la gêne do la déglutition, l'aUmenta&i
□ese fait (juc d'une manière très incomplète; la malade laîliï
prendre à chaque îustant, par des gestes signiHcatir», conbid
il lui est pénible de ne pouvoir satisfaire sa faim. KUe, eat t
maigre et déjà très nS'aiblie. En examinant l'élnt du syi
musculaire dans les diverses parties du corps, on remarque q
qui suit : les muscles de l'épaule gaucho sont maDifestem
amaigris que ceux de l'épaule droite; de plus, le dolf
d'une manière à peu près permanente, le siège de n
fibrUlaires très accentués, qui se produisent spontoi
que l'on réveille aisément lorsqu'ils cesseut de se prc
l'aide de légers altoucbements. J'ar suite de raffaiblissemcat^
CCS muscles, la malade éprouve de la dificullé à élever soo t
et elle ne peut porter sa main gauche jusqu'au DtToan del
bouche. Le bras et l'avant-bras, de ce côté, ne sont pu \
émaciés que les parties correspondantes du membre sopériaj
droit. Les masses musculaires y sont cependant, ^â d U.fl
siège de quelques contractions fibrillaîres. ÉnâQ, les nioavem
de préhension se font aussi bien à l'aide de la uaiu gaucltpqd
)*aide de la main droite, et il n'y a pas trace d'atrophie pré
minante des muscles des éminenccs thènar et hypothénar.
Le membre supérieur droit est uniformément amai^l 1
toutes ses parties; nulle part il n'existe d'atrophie partittlle. C
pendant des mouvements fibrillaircs, peu accontuéa il est vi^
se produisent sur quelques points de son étendue, princl
à l'épaule.
Les membres inférieurs sont amaigris tous deux aa 0
gré; il n'y a pas de différence sons ce rapport entre le cÔtèdri
et le côté gauche. — Leurs mouvements sont normaux,
ment notablement affaiblis. B... peut toutefois se tenir dol
et faire quelques pas dans ta salle, mais non sans beaoeoHpl
fatigue. Â gauche, les muscles de la partie antérieure de la oÀ
et ceux du mollet, sont le siège de contractions âbrilUIres.
Des contractions librillaires s'observent aussi sur la partie 1^
vicale du trapèze et sur les sterno-ctéido*mastoMions. Néi
l'action des muscles qui meuvent la tête est assez énergiqot
l'attitude de celle-ci est toutii fait normale.
Il ne parait pas exister de troubles de la vision; Icsori^
pupillaires sont des deux cOtés de môme dîamitrc. NoUo p
EXPOSÉ DU CAS 465
n^exiatc chezB... de troubles de la sensibilité. — Le pouls est
ûûble, mais non accéléré; la température du corps est normale.
— I^s urines, examinées à plusieurs reprises, ne renferment
ni sucre, ni albumine.
25 octobre. — L'affaiblissement a fait d'énormes progrès. B...
ne peut plus se tenir sur ses jambes. Hier, elle est tombée eu
voulant sortir de son lit et n'a pas pu se relever sans aide. La
déglutition est devenue absolument impossible et l'on s'est
décidé,' depuis quelques jours, à avoir recours à l'emploi de la
sonde œsophagienne. On constate une fois de plus que les mou-
vements du voile du palais s'effectuent assez bien sous l'influence
des excitations directes. Ou constate également que la langue
peut encore être tirée hors de la bouche, portée légèrement de
droite à gauche ; mais ses mouvements sont évidemment plus
lents et plus faibles que par le passé. Son volume toutefois ne
s'est pas notablement amoindri; sa face dorsale est encore
parfaitement lisse et on n'y observe pas de contractions
fibrillaires. Seuls, ses bords sont en certains points plissés, ridés
et offrent des mouvements verraicuU*ires presc[ue incessants.
26. — On observe pour la première fois que le pouls est fré-
quent, à 130. Cependant la température du rectum est à :)6*',4.
27. — Le pouls est beaucoup plus fréquent encore que la
veille. Le nombre de ses battements s'élève pcut-etro à 150 par
minute. Il est très petit, presque insensible. La rospiration est
à 32. Les inspirations sont très pénibles, et accompagnées d'une
contraction énergique des sterno-cléido-mastoïdiens et des
«calènes. L'anxiété est extrOme. Lorsqu'on demande à la malade
si elle souffre, elle porte les mains à la ré;A'ion pn';cordiale et
fait comprendre qu'ollo éprouve là une souffrance qu'elle ne
peut définir. A l'aide de la palpation et de la percussion, on
constate que les battements du cœur sont assez énergiques. Le
deuxième bruit est, à la base, à peine distinct; il est au contraire
assez bien marqué à la pointe. On ne perçoit pas de bruits
anormaux.
28. — Pouls à 128; T. il. o7'>,6; K. 28. Les inspirations sont
de plus en plus pénibles et accompagnées de contractions éner-
giques des muscles stcrno-masto'ûlicns, scalènes, grands pecto-
raux et du bord antérieur du trapèze. On remarque ([ue le
ventre s'affaisse à la région épigastriciue dans le temps même où
les côtes et les clavicules s'élèvent. Il v a donc inertie du
diaphragme.
21). — Même état que la veille. Le pouls est d'une rapidité
extrême. T. R. 37o,0. La malade a refusé de se laisser intro-
CilAiiCOT. Œavns coinplt-tt*, t. II. 30
466
FARALValE CLOSSO-CARTKOâE
i
duircla soade œsophagienne. Le soir: dyspnée extrême, 32 res-
pirations ; il y a peut-être plus de 150 palsations à ta mîDntf ;
la température rectale est à 3Ï",9. La malade succombe loul i
coup dans la nuit, sans agonie.
NftcROBcopiE. — Faite trente iieures après la mort. La riKÎdilé
cadavérique est partout bien prononcée.
Â. n, Éictt des riscires, — Le cœur est de volume normal ; te
ventricule droit est distendu par des caillots noirs. Il n'exîite
aucune lésion des valvules; les parois musculaires du ventri-
cule gauche sont peut-être an peu pâles, mais d'une consistance
assez ferme. Les poumons sont très emphyscmateox, le droit
surtout. lis ne présentent pas d'autres altérations. Le foie ett
de volume normal. Les capsules surrénales et les reÎDs eoitt
sains, ainsi que la rate. L'estomac et les intestins sont ratatiné*
sur eux-mêmes; ils ne présentent, d'ailleurs, aucune altération
appréciable.
p. État des muscZes. — Les muscles extrinsèques de la langue
et ceux des régions sus et sous-hyoïdiennes, présentent une
belle coloration ronge; par contre, les muscles propres de h
langue se distinguent par leur pâleur et par une diminutioQ
évidente de leur consistance.
Au larynx, tous les muscles intrinsèques paraissent aùos»
l'exception des aryténoïdîens, des crîco-aryténoïdîeija potti»
rioui's cl ilrs (.■liud-tliyroïdicns, i|iu .sont .'■vidfnimcnl :iîroi)hii'5
et présentent, <;à et là, une coloration jaune très manifeste. Les
muscles erico-thyroïdiens du cîAè gauche sont d'ailleurs nota-
blement plus altérés que leurs congénères, et l'on remarque
qu'ils portent, au voisinage de leurs insortions, de petites taches
ecthymotiques.
Les muscles du pkaryux ne semblent pas avoir subi d'alténi-
lion ajiprécîiible. La tunique musculouse de l'œsophage parait
être de volume et de consistance normaux. — Les deux storno-
mastoïdiens sont grêles, mais ils oil'rcut une coloration rouge.
Le muscle trapèze présente partout une teinte jaunâtre;
cette coloration anormale est surtout prononcée au niveau du
bord antérieur gauche de la partie cervicale de ce muscle.
Kn ce point, les faisceaux musculaires sont très paies, très
friables et séparé.s par de petits amas de graisse.
La même altération se remarque à la partie antérieure du
deltoïde du côté gaucho. La partie postérieure du même muecle
est relativement pou altérée. Le deltoïde du côté droit offre
une belle coloration rouge.
Les deux pectoraux sont grêles, d'ailleurs nullement déco-
AUTOPSIE 467
lorés; les intercostaux, au contraire, sont atrophiés et jau-
nâtres.
Aux bras, aux avant-bras et aux mains, les muscles ont, du
côté droit comme du côté gauche, Tapparence de l'état normal.
Le diaphragme ne présente pas d'altération appréciable. Quel-
ques muscles des membres inférieurs ont été examinés; ils ont
présenté, pour ce qui est de la coloration et de la consistance,
les caractères de l'état sain. '
y. État des centres nerveux et des nerfs bulbaires, — Le cer-
veau proprement dit et les diverses parties de L'isthme ne prér
sentent aucune altération appréciable; le bulbe en particulier et
la protubérance offrent toutes les apparences de l'état normal.
On n'y peut reconnaître aucune trace d'atrophie ou d'induration.
Les artères de la base sont à peine athéromateusos. La moelle,
examinée à l'extérieur et sur des coupes faites à diverses hau-
teurs, paraît, elle aussi, tout à fait saine.
Les filets d'origine d'un certain nombre des nerfs bulbaires,
à savoir l'hypoglosse, le pneumogastrique, le glosso-pharyngien
et le spinal, surtout, sont grêles, (^uant aux troncs nerveux
émanés de ces racines, ils paraissent être un peu moins volumi-
neux que dans l'état normal, mais ils n'ont subi aucun change-
ment de coloration.
B. Étude histologique. — «. Muscles, — Vers la pointe do la
langue, là où les libres musculaires étaient le plus pales, la
moitié peut-être des faisceaux primitifs présentaient, sans avoir
subi une réduction bien prononcée dans leur volume, un certain
degré d'altération granuleuse avec ou sans disparition de la
striation en travers.
On constate ensuite, à l'aide de préparations colorées par le
carmin, sur un très grand nombre de faisceaux primitifs, une
multiplication très évidente des noyaux du sarcolemme. Le
tissu conjonctif, interposé entre ces faisceaux, présente à peu
près partout des noyaux plus nombreux que dans Tétat normal.
Il est remarquable que la prolifération dos noyaux du sarco-
lemme est peut-être plus prononcée sur les gaines des faisceaux
qui ont conservé la striation en travers et qui ne sont affectés
qu'à un très faible degré par la dé;j^énération granuleuse que
sur les faisceaux oii cette dégénération est plus marquée.
Çà et là, on rencontrait quelques gaines du sarcolemme, vides
de substance contractile et remplies par des amas do noyaux.
Ceux-ci présentaient quelquefois la forme en bissac. Enfin, sur
quelques préparations on observait des gaines revenues sur
elles-mêmes et ne renfermant plus, dans leur cavité presque
168 TAKALTSIE 0IX>3S0-LABT>IGtB ^^^|
eûiicée, quo des granulations d'apparence graisseuse oa dMviH
de noyaux.
L'altération granulo-graisseuee des f;iisccaux primitifs, ï"^
gence de la striation en travers, et la prolifération des ooynx
du périmysium et du sarcolemme se rencontrent sur toutes ]tt
antres régions de la UngUQ, mais à an moindre degri^ qo'aa
DiTeau de ta pointe.
Bien qu'ils aient conservé leur coloration rouge de l'^t
normal, les muscles extrinsèques de la langue piésentent toM,
çà et In, quelques faisceaux primitifs où l'on reconnaît très évi-
demment l'altération granulo-graisBCuse et la multiplication de*
noyaux du sarcolemme ou du périmysinm. On peut appli-
quer lia même remarque aax mascles du pharynx qai, cOK
aussi, paraissent sains à l'œil nu. Quant aux muscles du laryiis,
ceux d'entre eux qui, à l'œil nu, oâïaieiit une teinte jaune très
manifeste, les crico-aryténoïdiens poetérieura, par ex«mpie,
présentaient l'altération granulo-graisseuse à peu prés an mimt
degré que la langue.
1,05 muscles du brus et de l'avant-bras, ceux do la maiu
(émîncnces thénar et hypotliénur), quoiqu'ils parassent k l'œil
nu, tout à fait sains, quant à la coloration et à la cosaistutce,
présentaient cependant, it l'examen microscopique, un bon
nombre de faisceaux primitifs ayant perdu la striation on tn-
plicationdes noyaux du siircolemme â un degré plus ou moins
prononcé.
Les fibres musculaires de color.ttion jaune, provenant de la
partie antérieure du trapèze et du deltoïde du côte gauche, outre
l'altération granulo-graîsseuso étendue à un très grand nombre
de faisceaux primitifs, offraient une accumulation de goutte-
lettes graisseuses, volumineuses, interposées entre les faisceaux
primitifs.
Les muscles des membres inférieurs (muscles de la cuine,
muscles pluiitaires) ont été examinés en plusieurs points. On y»
constaté l'altération granulo-graisseusc de quelques faisceauï
primitifs d'une manière très manifeste. Mais les faisceaux ainsi
altéros étaient là moins nombreux qu'aux parties correspon-
dantes dos membres supérieurs.
p. ,Vt!(-/s crunietif!. — Sur toutes les préparations à l'état frais
provenant dos filets radiculairos très grêles de plusieurs nerf'
bulbaires, do l'Iiypoglosse par exemple, on constate, non sans
ôtonnement, que les tubes nerveux ont conservé leur cylindre
de m véline.
LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPIKl&RE 469
On ne parvient pas à reconnaître d*unc manière évidente
l'existence des gaines vides et revenues sur elles-mêmes. De
fines granulations, peu nombreuses d'ailleurs, sont uniforme*
ment disséminées sur toute retendue de quelques tubes nerv eux.
Nulle part, elles ne sont en amas, sous forme de corps granuleux.
Les troncs des nerfs hypoglosse, spinal et pneumogastrique,
ne présentaient pas d'autre altération que ce même état granu-
leux de quelques tubes nerveux. Cette altération est très pro-
noncée sur le laryngé inférieur. Le phréniquo et le grand
sympathique cervical ont offert les caractères de Tétat normal.
7- Examen des centres nerveux, préparations durcies par
Facide chromique et colorées parle carmin, — 1° Moelle epinière,
— Coupes transversales pratiquées sur divers points du renfle-
ment lombaire.
L*examen des faisceaux blancs ne fait reconnaître ni diminu-
tion dans le diamètre des tubes nerveux, ni multiplication des
noyaux de la névroglie, ni, enfin, aucun épaississement des
tractus conjonctifs qui rayonnent du centre gris vers la péri-
phérie de la moelle.
C*est dans la substance grise et plus spécialement dans Taire
des cornes antérieures que toutes les altérations sont concentrées
et encore n'occupent-ellos là que les cellules nerveuses, car, ici
encore, la névroglie est normale ou ne pn'sente, tout au plus,
que des traces peu évidentes de multiplication des noyaux.
Quelques-unes de ces cellules nerveuses ont conservé tous les
caractères de l'état normal ; elles sont en petit nombre puisqu'elles
figurent pour un peu moins d'un tiers sur chaque préparation.
£Lles se -reconnaissent aisément aux particularités suivantes :
elles sont pourvues encore de leurs prolongements longs et déliés
qui, comme la cellule elle-même, se colorent vivement et uni-
formément par le carmin. Le noyau et le nucléole sont bien
distincts; la petite quantité de pigment qu^elles renferment
sonvent à l'état normal no s'est pas accrue.
Les cellules qui offrent le premier degré de l'altération se
reconnaissent immédiatement à la coloration d'un jaune ocreux
très intense qu'elles présentent dans la plus grande })artie de
leur étendue. Cette coloration résulte de la présence de granules
pigmentaires réunis sous forme d'amas et ne subissant lias
l'influence du carmin. Les parties de la cellule qui n'ont pas été
envahies par le pigment se colorent, au contraire, à peu près
comme à l'état normal. Le noyau et le nucléole sont encore plus
visibles et colorés, mais les prolongements sont, en général^ très
courts, comme flétris, ou mieux ils ont complètement disparu.
470 l'AKALralG OLOHSO-I^VRTHnftK
En même temps, In cellule dimiDsc de volame, uUo t«nd à penln
ses contours anguleux, et acquiert une forme globuleuse.
A un degré plus avancé du procesBus morbide, la cellslt,
amoindrie cncurc dans toutes ses dimensions, absolument prir^v i
de prolongements, n'est plus représentée qne par un petit ^
de ^rannle^ jaunes. Le noyau et le nucléole unt entièrei
disparu en général. 11 est des cas cependant où ce der
siste encore; c'est alors la seule partie de la cellule qui «il
serve la propriété de se colorer par le carmin.
Enfin, on trouve çli et Ih, sur des points autrefois occupés par
une cellule, les granulations jaunes désagrégées, dlssètninf
C'est li, sans doute, le dernier terme de l'altération,
CS8, on ne trouve plus la moindre trace du noyau ou du noclt
L'altération des cellules ganglionnaires est uniforméueotj
pandue sur toute l'éteudue des cornes antérieures; elle ne
tache pas spécialement à certains groupes de cellules, de
sorte que les cellules saines et les cellules, malades à dJl
degrés, sont partout entremêlées. Les petites ccllulesdeti
postérieures n'ont paru présenter aucune trace de la tlégii
lion jaune.
Les mensurations comparatives, faites à l'aide de bonoes
paratlons provenant des mêmes pointa, de la même région
moelle saine, ont montré ce qui suit ;
Les cellules, qui ont conservé la propriété de se colorer ^^
le carmin, dans toute leur étendue ^cellules saines), ontlcfc]
mêmes dimensions que les cellules de lu préparation nunoale;
toutes les cellules qui ont perdu leurs prolongements soQt
atrophiées. Tant que le nucléole est visible, il consen-i
lume normal.
Coupes provenant des régions dorsale et cervicah.
altérations des cellules sont les mêmes qu'à la région lomt
plus accentuées seulement, surtout au renflement cervicaL
cellules de la colonne vésiculaîre sont altérées au même
que celles qui composent les groupes des cornes antérieui
ao Région bulbaire. — a) Coupe faite immédiatement •
du b«c du calamua. — Le noyau d'origine de l'hypogU
ùble à ce niveau dans sa partie inférieure, présente dee al
lions très prononcées qui, ici encore, portent cicclueivemeDtl
les cdiules nerveuses, la névroglie est intacte; pDUt-£tro
Tusseaus y sont-ils plus volumineux qu'à l'état normal, ili
paraissent en tous cas gorgés de globules sanguins.
La majeure partie des cellules (les deux tiers cnviroQ] oftrciil.
à tous tes degrés, l'altération pîgmentairc décrite plus b*at, à
lAsIONS de la MOfiLLE ÉPINIÈRE 471
propos des diverses régions de la moelle épinicre. Les eellales
altérées sont disséminées partout et mêlées aux cellules saines ;
elles n'occupent pas un lieu de prédilection; peut-être, cepen-
dant, sont-elles plus nombreuses qu'ailleurs, vers la limite
externe du noyau.
£n arrière et en dehors du noyau de Thypoglosse, on peut
étodier le groupe de cellules d'origine du spinal. Celles-ci, pour
la plupart, ont conservé les caractères de Tétat sain. Un bon
nombre d'entre elles, pourtant, ont subi à divers degrés Talté-
ration pigmentaîre, principalement vers la région externe du
noyau. On sait qu'à Tétat normal il existe, en ce point, quelques
cellules plus ou moins pigmentées, mais le nombre en est alors
beaucoup plus restreint.
b) Coupe faite à la partie moyenne des olices. — Les cellules
des circonvolutions de Tolivc n'offrent pas d'altérations appré-
ciables. Celles qui constituent le noyau de l'hypoglosse à ce
niveau sont, au contraire, lésées en grand nombre. Les cellules
d'origine du pneumogastrique ne paraissent pas aussi profon-
dément altérées. Entre le noyau de l'hypoglosse et celui du
pneumogastrique se trouve dans cette région le petit groupe
cellulaire que L. Clarke rattache au noyau du facial. Les cel-
lules de ce groupe paraissent remarquablement petites et peu
nombreuses. Elles n'offrent pas cependant l'altération pigmen-
taîre. Une coupe, pratiquée un peu au-dessus de la précédente,
permet de constater que les cellules d'origine du glosso-pharyn-
gîen ne sont pas sensiblement altérées.
c) Coupe faite au niveau de la partie la plus supérieure des
olives. — Cette coupe qui contient les noyaux du facial et du
moteur oculaire externe ainsi que celui du trijumeau (portion
aensitive (?), d'après Stllling), fait voir qu'un grand nombre de
cellules du fasciculus teres et un petit nombre de cellules du
trijumeau, présentent tous les caractères de l'altération décrite
plus haut.
Un des points les plus intéressants de cette observation,
c'est incontestablement Texistence d'une altération qui,
d'une façon pour ainsi dire systématique, occupe les cellules
nerveuses, non seulement dans toute la hauteur de la moelle
épinière, mais encore dans le bulbe, et d'où résulte la désor-
ganisation progressive ou même la destruction complète d'un
bon nombre de ces organites. Dans le bulbe, l'altération
porte particulièrement sur les noyaux d'origine de Thypo-
472 pAitALYStii (iLOsao-LABYh'ote
glosse et du spinal ; mais elle s'observe aussi, bîi'ii i
iiegr/- moindre, sur les noyaux du pneumogastri'ii!
cial.Dans la moelle t^pinière, elle eatlimitt-e aux frr
lules nerveuses des cornes ant(^ricures,celIuli;Hdit(.s ;r
les cellules des comeâ pu9t/>riûurcs ne paraissent [mâ iÎ
affectées. On la rencontre dans toutes les régions de la a
mais elle prédomine certainement au renllement cen-ieaL J
En 4UOL consiste cette altération? L'accumulation f
pigmentjaune parait y jouer un ^rand rôle; il scmbU- qu«
soit le Tait initial. L'atropliiu des prolongements celluiiiifl
celle dii noyau, et enfin du nucléole sont dos phênom
conséoutifs. S'ag'it-il là d'un processus d'irritation lenteJ
contraire, d'une atrophie toute passive ';■ On ne peut rienT
cider à cet égard d'après les seuls caractères aiialutni^H
mais il est permis d'affirmer que ce processus morbide, d
qu'il soit, a alfecté primitivement la cellule; il ne lai al
été communiqué du dehors. En effet, le réticulom qui 1
toure de toutes parts les cellules nerveuses matiidcti n'a
pas d'autre altération qu'une transparence plus grande q
l'état normal et résultant, vraisemblablement, de La d
rition d'un grand nombre de prolonjfements cellulaird
on n'yobserve, dansla moellecomme dans le bulbe, ni fo yi
de désintégration fjranuleuse, ni trace de métamoqila^
fibrillaire ou môme de multiplication des myélocites. Oo-a
saurait donc admettre qu'un travail d'irritation ou d& sîn
désagrégation se soit établi d'abord dans la tnime coiijonct
de la substance grise pour se propager ensuite jtmqu'id
éléments nerveux. Mais on pourrait être tenté de suppc
que le point de départ de l'altération des cellult.'vi gftn^'
naires doit être cherché en dehors dea centres oert'ol
c'est-à-dire dans les nerfs périphériques. Cette maniera j
voir n'est pas acceptable; elle est en contradiction furDiff
avec des laits nombreux qu'il est inutile de rappeler t"!
Nous nous bornerons à faire remarquer que, d'apris J
recherches de M. Vulpian, la section complète di-s nerfs p
phériques, et en particulier de l'hypoglosse, n'a pasd'inllui
marquée sur leurs cellules d'origine. Or, on a vu qoe, (
le cas qui nous occupe, les rameaux des divers jxttfè 1
baires offraient tout au plus des altèraticHUt très miain
i;telON SYBTfilU.TlQL'E DBB CELLUUU KRKVBUSRll 473
bien que les {groupes cellulaires d'ot*! ils émanent fussent,
pour la plupart, profondônient lésés. De tout ceci, il est,
peusons-nnus, légitime de conclure que les cellules gang-lioii-
naires ont été, dans le bulbe et dims la moelle, le siè;;e pri-
mitirdu mal et que les nerfs périphériques n'unt été aflectés
que secondairement, consécutivement a la lésion dos contres
nen'eux.
Si maintenant l'attention se porte sur les lésions tropliiqucs
que présentait le système musculaire de la vie d:> relation, on
sera frappé du mode sing'ulicr qu'alTcctnit la répartition de
■ces lésions des faisceaux, sur les divers points du corps. Kvi-
demment, il ne s'aiîit pas ici d'un cas ordinaire d'atrophie
musculaire pro^'rossive; les lésions des laisceaux primitifs
sont bien celles qui appartiennent à cette dernière aflection,
et l'on trouve l;ï, tantôt la défrénériition ^ininulo-irraisscuse,
tantôt Tatrophie simple doîi laisceaux avec prolifération des
noyaux du sarcolemme. ^lais elles ne simt pour ainsi dire
concentrées sur aucun muscle ou groupe de muscles; elles
sort disséminées un peu partout, et l'on ti'ouvc toujours, ilans
les régions les plus variées, des libres imilades entremêlées
parmi des faisceaux parfaitement sains, l-jlh's sont cependant
plus accentuées et plus répandues sur certains muscles que
sur d'autres; mais ici encore se présente un lait exceptionnel
et qui mérite d'être sig^nalé : ciuitrai rement à la rèfrle, les
muscles des extrémités, et en particulier ceux des éminences
thénaret liypotliénar, di.-s avant-liras. sont relativement peu
aiïectés. Parcontre, les li'-sions étaient relativement profondes
dans le deltoïde et le trapèze, surtout du côté frauchff dans
divers muscles du larynx, et enfin dans la lan^rue. Il importe
de remarquer que ce mode di; dislriliutiou ne pouvait être
révélé que par l'examen nécroscopique, car, pendant la vie,
l'épaule gauche était le seul point du coiqis où l'cxamon cli-
nique pût constater une atrophie parti<-lle quelque peu pro-
noncée des masses nmseuluires. La langue surtout, cola est
dit très explicitement dansrr>bservation, avait conservé son
épaisseur, ses dimensions, sa surface lisse, et, en un mot,
toutes les ap[>arencos de Tétat normal, bien <iue ses musiles
propres continssent, on assez sriind nombre, des faisceaux pri-
mitifs dégénérés ou atrophiés, et que ses mouvements fussent
471 rAiLu.Tfli> GLoeso-LAitTraÉs
d'ailieon) remarqaablement cntRivés. Eo sonune, Uû
côtoie rcosei^omeot foorni par l 'amaigTissemeDt pvtti
l'épaale gauche, l'atroï^ie musculaire progresiùve
iiséequi, dans notre observation, iie trouTait combinée
f«\inpt.'.ii»ea de paralj'sié labi<>-glas8i>-laryngv«, eût pu
complètement inaperçue, si l'attention n'eût été ^veilÛol
t'exieienoâ de mouvements libriltaîres intonscs rvpaodi
presque ton» Ic^^ points dn ctirpft.
EUppniebant les lésions musculaires, dont il vient
question des altérations queprL«cntai<^-nl lescfllnlcs aerv
data les diverses régions de la moelle et du bulbe, on
quera qu'il existait entre celles-ci et celles-là une corrél
exacte. Desd«ux parts il s'agit de lésions difTuses rép
entre elles ])ar un lien intime et faut-it croire que,
cas, les altérations du système musculaire ont procédé,
la vole des nerfe bulbaires et rachidiens, de la lésina
centres nerveuxV Lea arguments favorables à cetto o[
ont été dé%'eloppéeH à plusieurs reprises dans ce recueil;
ne cruyone pas nécessaire de les reproduire à nouveau, '
; proposons donc d'admettre, àtitreâ'hypotb^vraîseml
^que tel aété, en efTel, le modepatfac^niquedesphiao:
mi>rl.ii(ies. Mais cela •'■tant cinicL-dé, pusséJoiis-nous tous Is
élùmeiits nécessaires à l'édilication d'une théorie qudquepeo
satisfaisante de l'aflection telle qu'elle- s'est présenléc dao»
notre observation '/ Nous ne le pensons pas; outre que nous
ne savons absolument rien concernant la nature el l'ori^ns
de la lésion des cellules nerveuses, il est encore bien d'autres
desiderata que nous ne pourrions signaler.
Noua ne relèverons qu'un point : on sait que chez notre
malade les divers mouvements de la langue, ceux surtoat qui
sont relatifs à l'articulation desmots et à la déglutition, étaieol
considérablement affaiblis, et, à l'autopsie, on a trouvé duB
les muscles qui constituent cel organe des lésions évidenuiwiit
insuffisantes pour rendre compte d'un état paralytique auss
prononcé. U'où faut-il faire dériver cette impuissance motri«
indépendante de la lésion trophîque des muscles? Nous 0*
trouvons à invoquer que cette même lésion des cellules nor-
vcusos, d'où nous avons fait procéder déjà l'altération nutri-
tive des faisceaux musculaires, et il est difficile de comprend
J
PATHOOÉNIK 475
par quel mécanisme cette unique lésion a pu produire simulta-
nément des effets aussi différents. Remarquons en passant
qu'on ne saurait faire intervenir ici une inlluence particulière
du grand sympathique, puisqu'il s'agit d'expliquer, cette fois,
non pas la présence des lésions trophiques musculaires qui
trouvent leur raison (fêtre dans Taltération du noyau de Thy-
poglosse, mais bien Texistence d'une paralysie musculaire en
partie au moins indépendante de l'atrophie ^ Il y a là une
difficulté sérieuse, que nous avons rencontrée déjà à propos de
l'atrophie musculaire progressive et de la paralysie infantile
spinale^. Évidemment, on ne s<'iurait, dans l'état actuel de
nos connaissances, formuler sur ce point un jugement défi-
nitif. Contentons-nous donc, quant à présent, d'enregistrer
les données positives, fournies par l'étude anatomique, et at-
tendons que de nouveaux faits soient venus ré])andre la lu-
mière sur ces obscures questions.
On a proposé plusieurs fois dcjà de rattiicher a une lésion
primitive des noyaux gris, étages dans le bulbe, Tensemble
symptomatique connu sous le nom de paralysie glosso-hibio-
laryngée^. L'anatomie pathologique vient aujourd'hui fournir
un appui décisif à cette hypothèse, fondée jusqu'ici exclusi-
vement sur l'induction physiol(»gique. Mais, il n'est nullement
certain que tous les faits cliniques auxquels cette dénomina-
tion peut être prêtéesoient identiques et reconnaissent la même
origine. Il est facile de prévoir, en premier lieu, que des lé-
sions grossières du bulbe telles qu'une tumeur, ungonllement
diffus, pourront dans certaines circonstances déterminées
produire, à peu de chose près, les mêmes effets que l'atrophie
1. LMnU^gritû du grand syni])atliiquo cervical a ûtû (railleurs explicittunent
mentionnée dans notre observation.
2. Dans Tatrophio musculairo propresHÎve, la paralysie musculaire «ans
Atrophie et Tatrophio san<i paralyttiu se trouvent tk>uvent entreiniMoes sur les
mêmes points; c'est un fait 4U0 MM. lioherta {Hci/noîd'a Sijgfrmof meilicine y
t. II, p. 171; 1867; — Duniéuil de Koueu {Atruithie minfcnlaîre graUseuse pro-
grt»nne, pp. IK^ et 1U6, Koueui 18ti7), et ])Ius réccunuout M. Jiouodikt
{EUfctrotherapie, p. 385; Wieu, IHO83, ont fait ressortir .iv^c raison. Ou
rokwerve dans le» cas d'aniyotropliie ]ir(>(^rcssive les plus simples ot alors
qa*n n*eziHte aucun signe d'une lésion des faisceaux blancs de la moelle
«pîniëre.
3. Voir, entre autres: A. WadiRmutli. — Ufher i»-«//re'#>ïr<' Bulhar-pant-
lyne^ etc. Donnât, 1K54; et Ccntralblatt^ 18C4 ; — (/larke. L. — Researches on
the intimaU êtructure oftht Brain; '2* Bérioi 1^08, p. 318.
476 TROUSl-ES SE LA t:lKCUt^TION
primitive des cellules nerveuses. D'un autre côté, il est «vi-
dent que les cas dans lesquels l'altération porterait non plus
sur les noyaux originels, mais bien sur les cordons nerreni
après leur issue du bulbe, devraient former une catégorie i
part. A la vérité, faute d'un examen complet du bulbe, la
réalité des laits de ce genre n'est pas encore suffisamment
établie. Enfin, l'intégrité anatomique absolue des muscles
paralysés, constatée plusieurs fois par d'habiles observa leurs,
semble devoir, à son tour, motiver une imposant^dUtinctioii.
Je ferai remarquer toutefois, à ce propos, qu'en pareil cas
l'absence de l'altération granulD-graisseusedesfibresmusou-
laîres a, le plus souvent, été seule nettement affirmée. Or,
l'on saitjpar d'assez nombreux exemples, que l'atrophie mus-
culaire pi'ogressive la mieux caractérisée, peut parvenir
jusqu'à son dernier terme sans que les faisceaux primitifs
aient perdu la striationen travere et présentent la moindre
trace de ladégénérationgranulu-graisseuse. Lu multiplication
den noyaux du sarcolcmme et ta réduction plus ou muinit
prononcée du diamètre d'un certain nombre de faiscoaux Pî^™
mitifs sont alors les seules altérations muaculalrea qoe l'^g^H
men histoloîriqne permette de constater. ^^
En terminant, j'appellerai l'attention sur les troubles cir-
culatoires très remarquables qui, chez notre malade, ont
marqué les derniers jours de h vie. Le pouls battait de 130
à ir»n fols par minute, sans que le thermomètre accusât la
moindre élévation de la température centrale. Ce désordre
des mouvomonts du cœur s'accompagnait d'un -sentiment
tout particulier d'anxiété, dont le mot dyspnée ne donnerait
qu'une idée très imparfaite. Ces phénomènes rappellent ceux
<jui, plusieurs fois, ont été constatés chez l'homme dans les
cas où l'action des pneumogastriques était entravée en consé-
queui-e de la compression exercée par une tumeur du mé-
diastin; l'altération des noyaux d'origine des nerfs pneumo-
gastriques, que l'examen du bulbe a fait reconnaître dans
notre cas, nous paraît rendre compte Jecestroublescardîaques
qui n'ont pas peu contribué sans doute à déterminer la ter-
minaison fatale.
(Eslr.iit ilus Archives fie iiliyiiotoi/ie itnrmale el palholoyi-jut,
1»T0, |.. -JJT).
LÉSIONS DES MUSCLBS 477
VII.
Note sur Tétat anatomique des muscles et de la moelle
épinidre dans un cas de paralysie pseudo-hyper-
trophique; par J.-M. Charcot.
(Voyez: Leçon XIV, p. l>07.)
I.
Il y a quelques mois, mon ami, M. Duchenne (de Boulogne),
me remît plusieurs pièces anatomiques en me priant d'en
foire Tewamen. Elles provenaient d'un jeune sujet atteint de
rafTcction décrite sous le nom de paralysie ijscudo-hypertro-
phique ou myoscléroséque, et qui avait succomba quelques
semaines auparavant à Thôpit^il Sainte-Kugcnie, dans le ser-
vice de M. Bergeron, à la suite d'une maladie intercurrente.
L'histoire clinique du petit malade dont il s'ajrit est bien con-
nue : elle aété tracée avec un prrand soin par M. le docteur Ber-
geroo, dans une communication faite à la Société médicale
des hôpitaux en 18G7*. M. Duchenne (de Boulogne) Ta repro-
duite dans sou mémoire sur la paralysie musculaire pseudo-
hypertrophique*. Une bonne photographie, en pied, annexée
à la communication de M. Bergeron, montre le relief exagéré
que présentaient la plupart des masses musculaires chez
Tenfant dont il s'agit, et fait pariai tement comprendre l'atti-
tude caractéristique que ce dernier affectait dans la station
verticale. Je renvoie pour co qui concerne le côté clinique
aux travaux que je viens de citer, et j(? veux me borner a
exposer dans la présente note les faits anatomiques (ju^il nfa
1. fiulUtlns et m'.mtArcs th la Sndi^tr mrd'uuile de» hôpittm.nh': Purinj t. IV,
1" iwrïe, niiucM.' 1867, i». 157. — Coiniimiiu-atitui fjiitu le 24 mai, avi-c imo
lilioto^rapliie.
2. Extrait (lc*8 -4nr/i /<".'« ;/t-ii^ralc3t tic mtdvrin*:^ uiiméros «Uî jaiivinr ISCS t-t
^MiivantM, ]i. 1*.), obs. XIl.
3. Voy. au^si les tigurus ■*, 4 et \) du liiémoircjlo^M. Duoliemic.
478
PAItAI.YStE fSEUEKl'aTF'SKTItOPaïQtJI
t
6té donné de constater avec le concours de mon inicrne,
M. Pierret. Quelques courtes remarques relativesà l'anatooiio
et A la physiolngie palhologiijues de la paralysie pseudo-livpn^
tropliique suivront les principaux points de rexjviW' et «t
seront comme le coroUtûre.
Les pièces que j'ai ea ma possession avaient toutes i^tcprLW
lableuent durcies par l'acide chromique. Klles comprennent :
r divers fn«îmciits provenant des muscles deltoïde, peoH,
pectonil, Kicro-lombairc; 2" le ronflement cervical etlaoKrftii
supi-rieure df la r^inn dorsale de la moelle épîntère; 3f di-
vers tronçons pris sur les nerfs scîatiques, médians et ra-
diaux; i" un fratrment de la paroi musiîulaire du ventricole
gauche.
II.
«SIF
En premier lieu, je dirai ce qui est relatifaux musclMtfrn
rieurs. Ainsi que cela rL^ulte des détails de l'ob-sorvutiondi*
nique, les pectoraux et les sacro-lombaires avaient, pourainn
dire, seuls échappé à l'hypertrophie apparente qui, k on mo-
ment âunn<!, s'était emparée de la m^eure partie des naaaw
nul «'■iil:i ires; nri ]H'iit''T] -liff ;iiil;int i!is |isn[isqiiî, :'i l'auli^p-
sii.', iiri'-sc'iitL-ivut plutôt uucn'-ductiuti iltvulume. Lesaltém-
titiiis i[ii'uiïivnt l'fs muscles peuvent élre considérées comme
ri.-i'r>''Sfntrini lo> preiuièrcs pliases du processus morbide;
les iiliiises ulliiiies, au contraire, peuvent être étudiées dans
li.-N diltoïdes, qui se distinguaient, pendant la vie, par une
;iuj;uientatioii île Volume très accentuée.
L'cxiiMU'U à l'iL-il nu des pièces iluri'ies permet d'établir déjii
une première <listiiicliuii ; ainsi, taudis que les fragments du
deltoïde iiinutrerU, sur les coupes, une cioralion jaunâtre,
aiiisi que l'aspi-i;t et la consisl;un:e d'une niasse iardacée, —
i;irciinstaiii-i>s ducs évidemment à l'interposition d'une grrande
qu;iiitilr'' de tissu graisseux, les [isnas, s;iero-lombaires et
pecl'irauv pr/sentenl de leur côté, à peu de chose près, l'as-
pei't de mu.selt's normaux, trail<'-s dans les mêmes conditions
par l'acide rliromique, avec une consistance, toutefois, mani-
l'i'stenieiit plus ferme et une résisiaace rappelant celle du tissu
?\
i.±aiONa DBB MU8CUU 47!>
Voici maintenant en quoi consistent les altérations histo-
Ic^iques de ces muscles. Sur les coupes transversales, ce qui
frappe tout d'abord, dans le psoas par exemple, où la lésion
en est à son plus faible deffré, c'est que les minces lamelles
dn tissu conjonctif (dépendances du pei-imijsium intermiui),
qui, à l'état normal, séparentà peine les faisceaux musculaires
primitifs, et les laissent presque en contact réciproque, sont
ici remplacées par d'épaisses travées dont le petit diamètre
égrale sur certains points celui
des faisceaux musculaires ou
même le dépasse. Ces tra^■ées,
ainsi qu'on peut s'en convaincre
surtout pi»r l'examen de coupes
longitudinales dissociées, sont
constituées par du tissu con-
jonctif de formation récente,
où les fibres lamineuses, diri^''i'K.'S
surtout parallèlement au ^rand
axe des faisceaux musculaires,
sont entremêlées avec des novaux
embrvoplastiques et di's i?(,'l-
lules fusiformes en assez grand
nombre. Sur d'autres muscles,
comme les pectoraux, les stiem-
lomlialres, où l'évolution do
l'altération parait plus avamrée,
les noyaux et les cellules ont
diminué de nombre ou semblent avoir disiuiru, et les travées
sont à peu près exclusivement foruu-es de faisceaux de longues
fibres onduleuses, disposées parallMomeiir les uiiesaux autres,
•X contours très nets, très aircusiJs.
L'interposition de vésii-uk-s adipeuses entre fes fibrilles
inaniue une phaso nouvelle du procossus (/"'/'/. 3.')). Les cel-
lules graisseuses sont discrètes tl'alxird, isoli'-cs et cimune
perdues au milieu des faisceaux de (ibrllli's; mais leur noinlire
n'accnjît, sur certains points, d;ins de telles proportions
qu'elles se substituent anv librilles, lesituelles linisseiit [>ar
dîspantita> complètement. Octti; substitution gniissfusc,
ébauchée déjà dans quelques endroits sur les muscles non
Fiu.-K>.-
iHèvenale'ruii
ili.iirr' L-ntn; lit |>romu'iM i-t 1»
IiL'(-l>1lll>- IlÙriuill' du ]iriH1IXH11H;.
— I. [, iUils ilu ti^iKu niiijiiiictif.
-~ M, SI, i-iiniKiH iliw fitiMi-Mix
-460
■ARALSatB PSBUtKhliyrBKTRUPUIQUB
hypertrophiés, devient presque géuénile d&an le deltolda^
l'auijmentation de volume était, on le sait, très prononcée. Br* H
ciïet, l'examen miscroscopique de ce muscle montre la mayeutt
partie de la surface des coupes traasversales occupée par des
cellules adipeuses, presque partout continues, tassées les une;
contre les autres et que la pression réciproque a rendues po-
lyédriques; <;à et là, au sein du
tissu adipeux, on rencontre, soit
des tlots composés de plusieurs
faisceaux musculaires primitifs
(de 2 A 8, 10, 12 au plus), enve-
loppés de toutes parts par les
fibrilles, soit des tractus fibril-
laires isolés, sans faisceaux mus-
culaires; soit enfin, et ce der-
nier cas est le plus rare, des
laisceaux musculaires isolés,
dépouillés de leur enveloppe
fibriUaire et mis en rapport
immédiat avec les cellules du
' tissu adipeuT (i^j/. 36j. Mais je'
h> rr|,L-l.-, p;irh.u'l. ,i;iri-; le .h-1-
toïde, le tissu f;ra:sseu\ prédo-
mine. Les îlots, Composés de
tissu conjonctif tibrilliiirt; et de
laisceaux musculiiires primitifs,
ne se voient i|ue i;i et là, de loin
eu loin, et, sur .■crtains points,
ils font nu-mc totalement dé-
faut; aucontrain-, dans le* pec- "">■>■'"-
toraux et dans li's masses sacro-lombaires, la présence de
cellules fïraissfiises est un fait rare, accidentel et, dans le
psoas, 011 rallératinn se montre à son premier degré, on
n'en observe pas trace.
Kn somme la substitution frraisseuse re|)réscnte évidem-
ment la jiliase ultime du processus morbide, et à mesure
quelle progresse, le tissu librillaire de formation nouvelle
ainsi que les faisceaux musculaires tendent à disparaître. Il
coriviL'ut de rcolierclier actuellement suivant quel moiie
»»^
■wv-'i
'l x-^
f^
Fis.S6.-Co.>pelon,
k^ù^]£^
auieUtiatulaM
t-i^-r.fnË
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Culliil,- ■i.lij>..ii^,
« partant mn-
li(riii::i oi iiiie In
pre»!>ii>ii réci-
l>rui|iiQ !i rciidueB
p,.ly«arique..
— F.iisi.'«nux 11111
■li'poiiillé» tlu luiir »uvelop|H>
lilinllniro <>( m
s eu rapport
iiiiiiiL'iliHt avfi.'
a^ cellule! du
lUwi n.li|Kii.s. -
e les plus f r*-
LÉSIONS DES MUSCLES 481
s'opère cette disparition des faisceaux musculaires : elle s'ac-
cuse déjà des la première période, alors (|ue le tissu conjonctif
interstitiel commence à s'hyperplasier en dehors de toute
trace do substitution p^raissense. Ainsi, dans le psoas, sur les
coupes transversales, les faisceaux mns(?uiaires, ent<;urés de
de tous côtés par les travées considérablement épaissies du
periniiisium iaternuuty paraissent, an pr(?nii(»r abord, avoir
conservé à peu près toutes les dimensions et les autres ca-
ractère» de l'état normal; mais un examen moins superficiel
fait bientôt reconnaître qu'un bon nombre de ces faisceaux ont
subi une réduction de diamètre plus on moins prononcée*,
beaucoup même sont tcdlement atr()i)hi<*s qu'il faut user delà
plus îicrandtî attention pour les distin.nuer dans l'épaisseur du
tissu conjonctif interstitiel.
L'examen d(»s coupes longitudinales, et surtout les prépa-
rations par dilacération, complètent ces rens(Mi?nements : la
majeure partie des faisceaux mus<!ulaires, ciuix-lU même qui
ont subi une atrophie très prononcée, conservent jus<iu'aux
dernières limites de l'émaciation la striation en travers la
mieux accentuée. Xi la «^ainedu sarcolemme, ni les noyaux
qu'elle wnferme ne i)résentent d*altération, et, «piant à la
substance musculaircî, on n'y observe aucune trace delà dé-
fçénérescence ;;:ra]mlo-;^raisseuse. T(^l!e est la rè«^le : on ren-
contre cependant r\ et là^ quelcpies faisceaux, à la vérité en
petit noml)re, où les stries transversales font défaut, tandis
qu'une striation loiifi^itudinale y est devenue très apparente;
d'autres faisceaux absolument privés de toute striation, soit
transversale, soit lon^^itudinale, ont une apparence hyaline
et sont char^i^és de jrranulations, il en est d'autres enfin, —
ceux-lA, toujours du plus petit diamètre, — dont la subsUmce
musculaire paraît diviséeenfrajjrmentsoii la striation en travers
est encore très manifeste, (*t dans l'intervalle desquels se
sont accumulés des amas plus ou moins nombreux de noyaux
qui distendent la ^aine du sarcolemme. Jlais, en somme, il
est rare (jue les faisce;iux musculaires, en voie de destruction,
présentent l'un quelconque de ces modes d'altération. La ma-
jeure partie d'entre eux n'offrent, jusqu'au dernier terme, que
les caractères de Tatrophie simple, sans multiplication des
noyaux et avec persistance de la striation en travers.
Chadcot. Œurrct eomplètct, t. IL SI
482 PARAI,r8IB PBBUDO-HVPgBTBOFMKJUB
Dans le deltoïde, les faisceaux musculaires se retroai
avec les mêmes apparences : seulement ceux d'entre eusï
ont conservé le diamètre normal sont beaucoup plus
plupart ontsubi une atrophie manifeste, beaucoupsontrei
quables par leur extrême gracilité'. L'état hyalin avec
générescence çranulo-graisseuse, la Hegmentalioa dej
substance musculaire avec multiplication des noyaux du
colemme, sont peut-être ici plus fréquents qu'ailleur»,
c'est encore l'atrophie simple qui domine toujours. Poi
qoiestdes muscles pectoraux et sacro-lombaires, tcsK
des fibres primitives qu'on y rencontre tiennent lo
entre les deux extrêmes et permettent de suivre lo transît
On peut essayer, croyona-nous, en tenant compte d(
sultats qui viennent d'être exposés, de reconstituer, au,
dans ce qu'il a de plus général, le mode d'évolution de l'altr-
ration musculaire propre à la paralysie paeudu-hyperlruptii-
qne. A l'origine, à part l'épaississemcnt des parois vasculaire<),
i'hyperplatrie connective et l'atrophie simple d'un cerlam
nombre de faisceaux musculaires sont les lésions qu'on uth
aerve. A cette époque, ou bien la substitution graisseuse bit
complètement défaut, ou bien elle joue un rôle (^•vktcmmeiit
accessoire. Cette première phase parait répondre à U pre-
mière période clinique signalée par tous les ohserrttetufl^
période dans laquelle les seuls symptômes appréciables coosi-
tent dans l'affaiblissement plus ou moins prononcé de «r-
tains muscles, ceux-ci ne présentant pas encore d'hypertro-
phie apparente *, ou se montrent même, parfois, manifcsteiMBt
atrophiés '.
Que se passe-t-il dans la seconde période de la maladîp,
alors que les muscles paralysés commencent i augmenter de
volumeV Suivant M. Ducbenne (de Boulogne), l'hypertropèû
apparente dont-il s'agit serait le fait de l'hyperpIasM coo-
jonctive: « C'est elle, dit-il, qui produit l'augmontatiao dr
1. Les msnsurationa ont donné ; 1* pour les faisceaiii pnaûiiù, iat 1*
muscle pïoas. diamètre traD»T6r»e: 0,WÎ9", 0,026*", 0,00«fi», fiJOtti (W
Faiic«aDx présentant ce demiei' chiffre sont rarM); S* dam It àatMàt-
0,(a~, 0,Oia— , 0,0066", 0,00S3 et su-deuout.
S. DQclienne (de Boalogne). — Slwlritat. locaiûU, T édlL, p. MB.
3. Peppar. — Cliaieat Leetnrt on a Case of pmi/rtttin i
Pbilsdelpliie, Wl, 7. 14 et tfi.
riatovB Dse utisass 4^*'
Ivolufflâ des muscles en raison directe de la quantité de tissu
connectif et fîbrolde interstitiel hyperplasié. » Cette opinion
Mt fondée sur les résultats plusieurs fois obtenus par l'exa-
men de parcelles musculaires extraites pendant la vie, à l'aide
de rem/wr/e-p?èc« histoiogique' \ mais l'on peut se deman-
der si, dans cette petite opération, les îlots de tissu conjonctif
Ile aont pasentrafnés de préférence par l'instrument, qui sai-
sirait au contraire beaucoup plus difficilement entre ses mors
les i^rréfrats de cellules adipeuses. Toujours est-il que, dan»
IsB cas où il s'est agi de fragments de muscle» extraits sur le
vivant iiar Vtxcisiun, ceux-ci ont présenté constamment, à
on haut degré, les caractères h isttj logiques de la substitution
graisseuse*. L'impression qui me reste, après l'examen bien
dM fuis répété des pièces qui m'ont été confiées, c'est que
l'hyperplasie du tissu conjonctif et l'atrophie des faisceaux
musculaires marchent pour ainsi dire, du même pas : celle-
ci se montrant d'autant plus générale et d'autant plus pru-
nooc^-e. que celle-là est elle-même plus développée. De telle
sorte que la production du tissu conjonctif serait en quelque
bçon proportionnelle à l'étendue des vides laissés par l'atro-
pbi«c)u la disparition des libres musculaires. Il est possible
toutefois que l'hyperplasie conjonctive prenne quelquefois le
dessus ot produise ainsi un certain degré d'hypertrophie
i^ipareDte; mais j'ai peine i comprendre qu'elle puisse expli-
quer jamais l'accroissement de volume souvent énorme que
présentent les masses musculaires à une certaine époque de
la maladie, et je suis porté à croire que la substitution du
tissu adipeux joue ici le rôle prédominant. Quoiqu'il en soit,
BiÎB prêt h reconnaître que la question que je viens de
■rer ne saurait recevoir encore une solution définitive,
tquoi consiste le processus morbide qui, dans la paralysie
Bo-h>*pertrophique, détermioe l'altération du tissu mus-
ire? Jo suis frappé, comme bien d'autres, des analogies
qui existant entre cette altération et celle qui, lorsqu'il s'agit
dos viscères, est désignée généralement sons le nom de
L OonlMitin» (do Itoiilo^ne], {m. til., p. 003. — Fuitar. — The Lamxt,
9Uj 8, 181», |>. C3Q.
t. OiieaiuKCT at Billrolh, ndlsr et Zaoker, WeTuieli, voj. MàtA : Dit
JUrOfk'Kt mutf.idorum lipomatota. laiik, 1807.
k
I
4&4 PAKALTSIE PSBUBO-HTPKBTROPHIQUB
cirrhose, nu encopo de sclérose, et je ne vois pas qu'on wt
jumais formulé d'objections HiSrieuses contre ce rapproche-
ment. Seule, la circonstance que l'invasion du tissu graissBOï
se produit ;i une certaine époque de l'affection, d'une nuuiîto
fatale, au moins dans quelques muscles, me paraît constituer,
dans l'espèce, un caractère vraiment distiuctir; si bicnipa
la dL-nomination deparfl^!/8(e myosclérosuiue, propowScptt
Uuchenne (do Boulogne) ne devrait rigoureusement »'apjd{*
quer qu'aux premièrea périodes du In maladie, tandis qw
celles A'ati'ophia mmcnliiruni lipaiiuitosa {Suidel', de Itpth
viatosis liiTiiriam (Ileller), généralement usitées par lea
auteurs alleimutiiB, conviendraient seulement aux périodes
avancées ; mais je ne veux pas insister plus ltinfrtemi»s sur fie
point; je vais m'arrétor actuetlemeut à rcxamen que j'ai fait
de la moelle épinière.
JI.
I,es recherches récentes relatives à l'anatomiect à laphv-
fliologie pathologiques des apuyotrophies spontanées.ontpW' ,
mis, on le sait, de rattacher à une lésion de certaines ri^Rions
tions. t);iiis {'L's iliTuicrs icniii-^, on ;i pluï^ii'ursrois l'-iiiis j'ojij-
iiiori qin.' l;i panilysic ['S[>iiilii-li_v|iLTtriip!iii[iio, qui, à qnciqnos
é^rards, s;; rLi[i|inn.'lic ilcs atrnpliius nuisi'Lihiiivsiiri.jrr(.'Ssivcs,
rei-'oniinit, cil',' iiussi, tiiic i>ri;;iiie spinale. C'est là une liypo-
tliéso qui ne ri'iiiise sur ani'iui fuiideniciit solide el il existe
même iV-'y'i danslii s''ieni;i' uneoliservation, suivie de iiéeros-
eupie, (]iii teniUi l'inviiliiler ciinplètenient. .le lais; alliisiim
ii;i au eas [ii'ésfUlé paf M. Knleiiljtmrg-. ;'i la Soci.'Cé île nié.le-
rine de Berlin et {hiiis leiiuel l'autopsie a été dirig'i''0 pr
M. rolirilieini'. A la vérité, dans e^.' cas, la moelle épinière
ayant été examinée à Télat frais ou après durcissement im-
parfait, des lésions très délicates, — telles que sont l'atro-
phie des cellules nerveuses motrices et la sclérose des cornes
antérieures de la Hubstiiiice !,'rise, — auraient pu, à la rigueur
1. Verhamlliinjeii der IhflvKr medkînUditn OeselUckaJÏ. Berlin, lS6fî,
£taT as LA. UOSLLB tiPlXIËaK 485
échapper aux investigations. Sous ce rapport, notre fait ne
[ laisse, au [Contraire, rien à désirer, et il plaide absolument
dans le même sens que celui de M. CVihnheim. |
Bien que nous n'ayons eu entre les mains qu'une partie
de la moelle épinière comprenant la moitié supérieure île la
r^ion dorsale etie renflement cervical tout entier, les résultats
que nous avons obtenus de notre examen n'en sont pas moins
très significatifs. Il ne faut pas oublier, en effet, que les mus-
elée qui reçoivent leurs nerfs de cette dernière région de la
moelle étaient, pour la plupart, affectés, b. un haut degré,
et qae les deltoïdes, entr'autres, offraient de la façon la plus
I accentuée les caractères de l'hypertrophie par substitution
graisseuse. Si donc, dans ce cas, les lésions musculaires
avaient été liées à des lésions spinales, colles-ci n'eussent pas
manqué de se montrer très accusées dans le rendement cer\'ieal
de la moelle épinière.
Kos observations ont porté sur des coupes transversales
colorées par le carmin et préparées avec une grande habileté
par M. Pierret. Ces coupes, d'ailleurs, ont été très multipliées
et prises sur les points les plus divers des régions cervicale et
dorsale de la moelle. Or, le résultat a été absolument négatif:
partout, nous avons trouvé les faisceaux blancsantéro-latéraux
et postérieurs dans un état d'intégrité parfaite; la substance
grise dont nous avons fait l'objet tout spécial de nos investi-
gations ne présentait aucune trace d'altération. Les cornes
aatérieures n'étaient ni atrophiées ni déformées ; la névroglie
y avait sa transparence accoutumée et les cellules nerveuses
motrices, en nombre normal, n'offraient, dans les diverses
parties qui les constituent, aucune déviation du type physîolo-
gjqae. Ajoutons enfin que les racines spinales, tant anté-
rieures que postérieures, ont également paru parfaitement
Saines.
Je ne crois pas devoir insister pour faire ressortir l'intérêt
qui, dans la question qui nous occupe, s'attache k ces faits
nAcroacopiques, corroborés d'ailleurs par l'observation anté-
rieure de MM. Eulenbourg et Cohnlicim; «i je ne me trompe,
la conclusion a laquelle ils conduisent naturellement, c'est
que, suivant toute vraisemblance, la paralysie pseudo'fiy-
pirtrophiqut doit être considérée comme indépendante
que, suivant t
pertrophique
i86
rAIltI.y81B FSEUDO'HIfPEIITBOPBtQtrX
(U toute lésion appréciable de la moelle épindre ou
racines nerveuses.
Une observation récemment publiée dans lea Arehio der
Heilku7u(e* par M. O. Barth, assistant X l'Institut patholt^i-
que de Leipzig, «emble être en contradiction formelle avoc b
proposition qui vient d'être formulée. Cette cibservation est
rapportée, en effet, par l'auteur à la paralysie paeudo-hyper-
trophiqueït elle est suivie d'une relation d'autopsie, bits avoc
le plus grand soin, où l'existence de lésions spinales trèa ac-
centuiîes est mise hors de doute -, mais je ne croîs pas que ce
cas ait, tant s'en faat, la signification qui lui a été pr£t^. Il
s'agit là d'un homme âgé de 44 ans environ, chez lequel, en
1867, trois ans avant la terminaison fatale, se manifestèrent,
dans les membres inférieurs, les premiers symptômes de pa-
ralysie motrice. La paralysie s'aggrava progressivement et
s'étendit aux membres supérieurs. Deux ans après le début,
le malade était condamné î si^joumer au lit et il était privé de
la plupart de ses mouvements. En même temps que progres-
sait la paralysie des mouvements, des douleurs plus ou moins
vives et des fourmillements incommodes occupaient les mera-
bres; de plus, les muscles paralysés offraient une atrophie
profonde et devenaient, sur certains points, le siège de con-
tractions fibrillaires très accusées. En dernier lieu, los mou-
vements de la parole et ceux de la déglutition devinreni
difficiles. Pendant le cours des derniers mois, plusieurs des
muscles atrophiés, en particulier les adducteurs du puaccct
les muscles des mollets, subirent un accroissement de vulome
remai*quable, bien que l'impuissance motrice persistât au
même degré. A l'autopsie, les muscles des membres pré-
sentèrent pour la plupart, à des degrés divers, les caractè-
res de la substitution graisseuse. Les faisceaux musculaires
offrirent les uns, les altérations de l'atrophie simple, les au-
tres, en moins grand nombre, celles de la dégénération gra-
nulo-graisseuse. II existe d'ailleurs, en plusieurs jKiinti:,
l'intervalle de ces faisceaux, un certain degré d'hyperpl
conjonctive. L'examen de la moelle épinière fournit des n
tats intéressants : les faisceaux latéraux étaient acléroités,
I, Ottu Burtli. — iititràge tur KennInUt der Atrophia nu
I. lu Aixhiv der Ueilkundt. Leipzig, 1871, p. IHO.
ration gra-
ointi:, (btn^A
lyperpU^^I
tdcsrôa^^l
fiTAT DE LA KOBLLB ApINIKKK
iD^iqaemeDt, dans toute leur étendue en hauteur, depuis
rcxtréinîté supérieure du reoflement cervical jnsquli l'extré-
mité inférieure de la région lombaire-, les cornes antérieures
de la substancegrise étaient manifestement atrophiées; eaou>
tre, un bon nombre de grandes cellules nerveuses motrices J
préscQtaient une atrophie plus ou moins accusée et mi
beaucoup d'entre elles avaient disparu. Ou constata eaiSm. i
qu'une grande quantité de tissu adipeux s'était accumulée sou*
la peau des membres et à la surface de la plupart des viscères.
Il ray paraît t*>ut à fait illégitime de rapporter l'obâervatioa
tlont je viens de rappeler très brièvement les principaux traits
au type classique de la paral/sie pseudo-h ypertrophique. L'âge
rolotivcment avancé du sujet, l'existence de douleurs vives et
de fourmillements dans les membres, les contractions fibril-
laires, l'embarras de la parole et de la déglutition survenus i
une certaine époque de la maladie; toutes ces circonstances,
entre autres, protesteraient au besoin contre une semblable
assimilation : elles se rattachent, au contraire, très naturelle-
meut, si je ne me trompe, au type morbide, sur lequel j'ai
appelé l'attention dans mes Leçons, et dans lequel, — ainsi
que cela avait lieu dans l'observation de M. Barth, — la sclé-
rose symétrique des cordons latéraux se combine avec l'atro-
phie progressive des cellules nerveuses des cornes antérieures'.
Sans doute, les Ic'sions musculaires décrites dans le cas de
M.O. Harth rappellent à beaucoup d'égards celles qu'on trouve
uniformément signalées dans tous les cas de paralysie pseodo-
bypertniphiquo jusqu'ici publiés; mais cette circonstance ne
suiTirait pas, ù elle seule, pour justilier un rapprochement
uosognip bique. Je crois devoirà ce propos faire une remarque
gui pourrait paraître banale, ^i le fait auquel elle s'applique no
semblait pas avoir été quelquefois méconnu : c'est qu'aucune
dea Ic-sions musculaires dont il s'agit napparticut en propre
 la paralysie pseudo-hypertrophique cl ne saurait, par consé-
quent, suffire à la spécifier. Ainsi l'hypertrophie du tissu cun-
joncttf interstitiel avec atrophie simple des fibres musculaires
se trouve, par exemple, à la suite des lésions Iraumatiques des
I. tttvx cof d'alrepliie mttteiilairt pro;irutive acte Uiion d<la m
gritttl lit» faùctauxantiro-laUraux dt la moellf. épitùir-; par MU.Cbareot
■t A. JoSrcijr {Ârcliiv. iltplititiologi(,l. II, p. 'SU).
488
PARALVSIP. P8KnD0-HYI
ner's' et dans ijuolqueB cas de paralysie infantile spinalti^
quant à la sutistitutlon grais^usc, avec ou nans nccriNi
ment de volume du muscle, elle peut se produire, à litre
complication éventuelle, encore daos la paralysie infanliK
dans l'alrtiphie musculaire progressive*, dans la paralyne
spiniile de l'adulte'', et dans bien d'autres circonstences <niJi
serait trop lr>ngd'énumérer. Il est ù noter qu'en pareil cash
substitution graisseuse des muscles paraît se rattacher quel-
quefots à une IJpomatose généralisée, qui s'accuse, en parti-
culier, — le cas de M. Barth en offre un exemple — pai
l'accumulation de tissu adipeux, sous la peau et dans les cai ~
tés viscérales. Tout dernièrement, M. W.MûIlera insitili^a'
raison sur ce point, dans un intéressant recueil d'ubseï
tjons relatives à l'anatomie et à la physiologie pattioluçiqaj
de la moelle épinière*. Mais je me sépare complètement
l'auteur que je viens de citer, lorsque, refusant toute autoi
mie à la paralysie pseudo-hypertrophique, il avance que t<
les faits qui ont été, — artiQciellement suivant lui, — jurerai
sous ce nom, pourraient être ramenés par la critique ù I'
quelconque des formes de l'amyotrophie liée à l'atrophfe
cellules nerveuses motrices. Rien à mon sens n'est
justifiable que cette opinion, et le cas même qui fait l'objet
la pivsente note suflîrait îi lui seul pour en démontrer l'ii
nité.
— Après avoir reconnu que leg altérations musculaires di
la paralysie pseudo-hypertrophique ne relèvent pas de l'ai
phie des cellules nerveuses des cornes antérieures, il y a
de se demander si elles ne doivent pas être rattachées a qi
1. MnntogAEza, Onutla Lomh., y. IR, 1S67. — Erb. Zur PatboUigiâ m
pathoUg, Analomie ptriphtriichtr Pan^t/ttn.lo VeuUdi. Ar<Jiiv.,t. Vf, IH
2. Volkmsnn. — Utiier KiailerUtlimims. lu Samnilung Kttnùcher F«rfHw
Leipzig, 1S70. — Cluirciit et Joffroy, ArcHivei de phyiiologit, I. 111, In
p. 34.
3. Labordo. — De la paralytit de Venfanct. Pnris, l8tH. — rr»v<MLJ
Comptet renilua et mémuiru* ào la Société de biologie, année tS6&, L XVT
p. 216. Paria, 1866. — Cliaroot et Joffroy, toc. âl. — Vulpian. — ArtV*. i
phynologit, t. III, 1871), p. 316. — W. MdUer. — BtUrSgt. nr yatlwlagittài
Anatomie uud PhynoUiifit du metuchlichtn BBckenmorts; — ii*3. Sm Fii^
wn unuckriditntr Miukelalrophte mit inttritilUUtr lApomatowt. Loipsi^, 18l|
t et £. Duclieime (de Boulofrno). Observai ions camminiiiiunu*.
6. W. UaHor. loc. cit.
ABSBXCE DR LÉSIONS DES NERFS 489
que lésion du grand sympathique ou des nerfs périphériques.
Relativement au premier point, je ne puis donner aucun ren-
seignement, le gnind sympathique ne figurant pas parmi les
pièces que j'ai eues à ma disposition. Pour ce qui concerne
le second point, je dois déclarer, après avoir examiné avec
soin les divers fragments provenant des nerfs sciatiques, mé-
dians et radiaux, que ces nerfs m'ont paru offrir, dans toutes
leurs parties, les apparences de Tétat normal. Nous avons
même rencontré, dans l'épaisseur des muscles affectés, plu-
sieurs filets nerveux qui nous ont semblé également exempts
d'altération, excepté toutefois dans un cas où l'un de ces
filets^ appartenant au muscle psoas, présenta sur des coupes
minces, colorées par le carmin, une lésion remarquable con-
sistant en une hypertrophie très prononcée des cylindres
axiles. En somme, nous croyons qu'avant de rien décider à
l'égard de l'état anatomique des nerfs périphériques dans la
paralysie pseudo-hypertrophique, il est nécessaire d'entre-
prendre de nouvelles recherches.
En terminant, je signalerai comme un fait digne d'intérêt
que la paroi musculaire du ventricule gauche du cœur ne par-
ticipait nullement, dans notre cas, aux altérations qui se
montraient si prononcées sur les muscles des membres.
(Extrait des Archiva de physiologit normale et pathologique,
1871-1872, p. 228.)
De l'Athétose.
Dans une de ses dernières leçons à ta Salpétrière ', H. C
cot a exposé les caractères qui distinguent une variai
l'kéini^horée post-hémiplégiqite, à laquelle M, W. Haï
(de New- York) a donné le nom d'athétose. Hais, tandis i
H. Hammond, qui, le premier, a fait remarquer ces mon^
ments, les considère en quelque sorte comme constittunt ua
état morbide particulier, autonome, M. Charcot estime qu'il
s'ag^it là simplement de mouvements choréiformes et qu'ils
doivent être rattachés nosographiquement à l'histoire de la
chorée symptomatique à titre de simple variété'.
.Suivant M. Hammond, Vatkûose^ « est caractérisée par
l'impossibilité où se trouvent les malades de maintenir les
doigts et les orteils dans la position qu'on leur imprime et
par leur mouvement continuel ».
Cette définition est imparfaite pour les motifs suivants :
1" Il faudrait y ajouter que les mouvements des doigts se font
lentement et que ceux-ci ont une tendance à prendre des atti-
tudes forcées; — 2" de plus, l'a//ié'/o5c ne reste pas toujours
limitée aux muscles qui meuvent les doigts et les orteils;
quelquefois, en effet, la main tout entière et le pied sont affec-
tés; — 3° enfin, chez l'une des malades que JI. Charcot a
montrées à ses auditeurs, quelques muscles de la fiice et du
cou sont, en même temps que ceux de la main et du pied,
agités de mouvements choréiformes.
t s. tixod pusitioii.
. a ùlê L-iuiiio dùjÀ ilnoa un travail Jutoressaiit de M. Bars-
ton Haiiimoad Atlieioae nenannle ■Sumptomentompltz.
^
BËIUCHOKÉE POST-IIÊHIPLliuiQUB 491
t saivants mettent parfaitement en relief les ca-
Incipaux de l'athétose.
ION I. — Gr..., âgée actai?lleiiiGnt de 32 ans, a. eu des
Irions à S mois qui ont étc suivies d'une paralysie du eôté
Ifi. A partir de celte époque jusqu'à 6 ans, elle a eu des
I d'épUepsie environ tons les deux mois. Ils ont disparu de
■ans ; alors, ils se sont montrés de nouveau et ont toujours
tucUemcnt, hémiplé^e gauche, sans anesthésie ni contrac-
91 mais avec des monvemenls choréiformes limites au côté
_ RlCbe du corps et affectant la face, le cou, la main et le pied.
Xjtft doigts sont sans cesse en mouvement; ils s'étendent et se
iflicblsaent successivement et indépendamment les uns des autres;
'id'autTCS fois, ila s'écartent ou se rapprochent, en même temps
que le poignet exécute des mouvements variés d'extension, de
prosation, d'adduction et d'abduction. Gr... ne peut pas tenir
UD poing fermé; aussitôt, les doigts s'étendent et se portent
' dans toute les directions ; souvent te pouce est pris entre les
' deux premiers doigts. Elle ne se sert guère de sa main : quand
: eUii a saisi un objet, elle le lâche bientôt par suite de l'ouver-
, tore des doigts.
Lorsque la malade est debout, le pied est d'abord trauqulllo
et appliqué sur le sol ; mais de temps en temps, le gros orteil
l'écarté-, les orteils s'élèvent, se ÛécMssent ou le talon s'exhausse.
' Ces mouvements se produisent toutes les 3 ou 4 minutes.
Notons qu'il y a une sorte de synergie entre les mouvements
do U main et ceux du pied : quand on dit à la malade d'ouvrir
Ift main gauche ou de la fermer, le pied, chaque foia, se met
en mouvement et les orteils se âcchissent ou s'étendent.
' Quelques légères grimaces dans la moitié gauche de la face;
< oe Aont les muscles des commissures qui paraissent surtout agir.
I — Au cou, les troubles moteurs semblent siéger dans les mus-
iolM peaucier et stemo-mastoïdien gauches.
I Omihvation II. — Maur..., âgée de 33 ans. A 9 mois : con-
'vuUlonji suivies de paralyitie du côté gauche. Accès d'épUcpsie
Jà 14 ans.
I AtUeurd'bui, M..., outre des accès d'épllepsic, présente une
Umipligie gauche avec analgésie intéressant à la foiâ la face, le
I . Voir ^miir iilim dn (IdUiIh : R&ymontl. — Ki'i'le aiiolamiqtK, jihjitiolosi-
«w it WiitifUE de l'IUmiclwrit, etc., |i. C9- — Buurnuvillv ut Kogiiud. —
iemagr. fketographiqiB dt ia Satpfiriirt, t. 11, p. 1 k UO.
■132
■lIliTOSC
tronc et lu3 membres et dos mouvemenlB choréîfonnos occopul
seulement lu main et le pieildu cOté paralysé (kèmùAorét jmI- j
hémipUdique, variété athélosa).
Les jointures du membre supérieur gauclie sont rigîdi*. Ij
main est fléchie sur l'avant- bras. Les doigts sont i;
tantôt ils se âéchissent, tanlût ils s'étendeut. L'atli:'.
taelle semble être pour les deux (iremiers doigts, i
forcée. Quand on demande à la malade d'ouvrir U ii, >■>!', •■.■
doigU passent à rextension forcée, les phalangettes so renver-
sent, et presque aussitôt les doigts et la main se ûccliisseot.
Easaie-t-elle de fléckir le poneo, elle y parvient, maïs simulta-
nément et malgré elle, les doigts s'étendent. Les grands moo-
vements du bras ne sont pas saccadés.
Tendance du pied à l'adduction; le gros orteil se relève et le
fléchit constamment. 11 en est de même des autres et leurs nton-
vements sont iadcpendaDts.
Si on commande à la malade de fenuer ou d'ouvrir Ia main,
la pied sur-le-champ est pris de mouvements : le talon s'clèrp,
les orteils remuent. — Quand on observe la malade au lit, un
voit que la main et le pied gauches sont à peu près coastnm-
ment agités de mouvements saccadés, synergiques; a&D de lis
atténuer, elle maintient la main gauche avec la droite.
Maintes fois, dans des leçons antérieures à celles que nous
résumons, M. Charcot a fait voir les malades dont num
venons de rapporter sommairement l'histoire et, de son oôlé,
M. Raymond, dans aa thèse, a consigné in extenso l'obser-
vation de la première. Nul doute que ces fails, décrits
commt- appartenant à l'hémichorée, ne rentrent dans la des-
cription de l'alhétose telle que l'a tracée M. Hammond. Eo
effet, dans la seconde observation, nous trouvons meQtionnê«ji
non-seulement Yinstabilité des doigts, mais encore rhémia-
nesthésie, sous une forme atténuée, il est vrai, puisqu'il
n'y a que de l'analgésie. Cette coïncidence de t'aneathi.^sie et
de l'athétose, gui a été relevée par M. Rammoad, est une
circonstance qu'on pouvait s'attendre à rencontrer. L'oitiuiou
émise par M. Charcot qu'il s'agit ici d'une simple variété d«
V fiémickorée iiost-hémipléiiiqae est, comme on le voit, jos-
titiée par les faits cliniques. Entre nos deux malades, il n'y a
qu'une différence portant sur l'étendue des mouvemeatft
anormaux : limités il la main et au pied du cô(£ paralyji^,
ATHÉTOSE 493
chez la première malade, ils occupent^ en outre, chez la
seconde, la moite correspondante de la face et du cou.
Entre cette dernière malade et une autre atteinte d'hémi-
chorée post-hémiplég^ique, appartenant aussi au service de
M- Charcot, ladiflerence ne porte enraiement que sur l'étendue
et aussi sur le rythme des mouvements involontaires. Los
quelques détails que nous allons reproduire mettront le lait
en évidence.
Obsrkva'iion m. — r..., âg^éo aujourd'hui de 11) ans, a été
prise à 5 ans de convulsions qui ont duré quatre heures et ont été
suivies d*uiie paralysie incomplète du côté gauche. La paralysie
aurait disparu deux mois plus tard. A <i ans, convulsions peu-'
daut cinq Iieures : i)aralysie incomplMc des membres du côté
gauche. — A 7 ans et demi, convulsions durant six heures, pa-
ralysU complète. Dès que 1*... a commencé à se servir de son
bras, on a uoté les mouvements chorciformes. Trois mois après,
apparition dos accès (Wipilcpiiic pfit'tieUe,
Actuellement : hôniiplé^^ie sans contracture, mais avec hémi-
choréo et afïaiblissement de la sensibilité du côté gauche du
corps.
Lorsque la main {;aucho est fennéo, on remarque que les
doigts veulent constamment s'ouvrir et qu'il s'ajoute à ces mou-
vements, dos mouvements de pronation et de supination. — ha
main est-elle ouverte? on note des mouvements d'extension dos
doigts. Pour obtenir un peu de repos, la malade est obligée d'ap-
pliquer fortement sa main sur un plan résistant.
»Si l'en considère les mouvements intentionnels, on voit qu'ils
sont désordonnés, saccadés, brusciues. La malade porte-t-elle la
main à sa figure? elle se soulfleite. Lui (ait-on prendre un objet
léger? elle exécute un mouvement disproportionné de la main,
et, à chaque instant, menace de laisser tomber l'objet. Entre ces
mouvements et ceux de la chorée vulgaire, la seule dissemblance
consiste en ce que, dans celle-ci, les mouvements sont plus ar-
rondis, plus festonnés.
Si, avec M. Charcot, nous i)la<;ons en face Tune de l'autre
P... et Gr... (Ons. I), nous constatons de suite que les mou-
vements choréiformes ne diffèrent (jue sous le rapport de
leur intensité, de leur étendue et de leur rythme. Dans
l'observation I, ils sont circonscrits à la moitié gauche de la
face et du cou, à la main et au pied du même cOté, tandis
494 H&MIOIORAe POHT-llâHlPLËaïQUB
^iie, dans rr.bsorvation III, on outre qu'ils sont plus brnsqoM
■tit plus saccadés, ils intéressent tous les mouvements des
membres du côté gauche.
Des considérations qui précèdent, il ressort que ces trois
malades présentent des troubles moteurs anormaux sem-
blables ou ne différant qu'en ce qu'ils sont plus ou moiss
étendus, plus ou moins rapides, ou qu'ils afTectent un plntt
ou moins grand nombre de muscles selon la malade que I'qd
«xamine.
D'autres raisons viennent corroborer cette assimilation.
Chez ces trois malades, la lésion est de même nature ; toutes
les trois sont atteintes d'atrophie cérébrale uni-latérale,
consécutive à une lésion encéphalique grave datant de l'en-
fance; toutes les trois offrent une hémiplégie et sont sujettes
à des accès d'épilepsie partielle. Ainsi, nous avons UD«
analogie dans la forme des troubles moteurs, une analogie
dans les conditions de développement, et cela parait suffire
pour faire penser que Vathétose n'est qu'une l'ariété de
l'hémic/torée post-hémiplégique. BonESEvuiK,^^J
i
PLANCHES
EXPLICATION DES PLANCHES
1*I.AN0HR I
.lâtOSr. DKS CORDONS POSTltttlfilIRS
Via. T ('■!. eniidiol. — Couiic IraiitvcrtaU de la motlh au »<
«ixiïnté v^iiHifi dormit.
a, a. Petits noyaux &a Bulàruso àttiia ia.n* les rubnii.i Qxtemos '
■piMAixUntis.
h, &uUiii«a da cordon inlcrmûdiniru.
I {K ilmjM). — Cûvfi» trantvtrtalt de la rigion eertleate.
a, a, Rubtu âxtanus dw eordoni juntdrienra ne |irâ«aiiUiit mk
ïfft ff^iirli,.', — Cf,»!,'' Ir,i„srrrsa'e rUJ-1 mnell^!, 1/1 r
Charcot Svsl :ierv,
»*<■■■■-■,, '
!-.a 2
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,01 yj:i'^ 'lËTV.
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'I ^'^^^
'l-
EXPLICATION DKS PLANCHES
l'LANCHK I
scr.iinosi': des noniiONs posuiniËi
t'io, 1 ("i eftiicliù). — Toujie Irantwrialii dt la motlU au ni'ï
ûxiinii vei-l^bftdortalr.
a, a, l'etits nnjBUX âa tialérosii situés dHUS le« rulinni nxtaraa* dt
II, èaU^inta âa coriton intnrmddioire-
Fia> 1 (•'k (IniiUi). — Vo'ipt Iraïuvertalt de la rigùm csreiealt.
. <t, a, RnliAiw externe» des cordou poriririenrs t» présantant «ti
CHxncoT. Œavrca compUtof, t. II.
I DBS FtAKCnES
l'L ANCHE II
MAL Ds porr; l'AitAPLEom
i'io: 1. — Siibitancc blanrhe de la moelle tiir point eamprimi etui un m
mort avec uni paraplégie complile. — a, TrKl>âcuL« ds sclûroM. — 6, Nu;)
itiseâtnjiiés dhns la tissu suléreiix — e, Coupe d'uu vaiue.iii dont la gxiuc
coutiniio svut la Csfcu «flBreiu. — rf, Tuba» nerveui sLl^ré*. — c, Li^i
«le Schwanu remplie île torps grsnnleuï. — ,7, TiiIjps iiârrenz arKcl '
nue dilatation BtunaâéfonimtiDnaunùdérableB. — A, Cylindre d'axeisfo
■or les pNrtii» l&tontlea.
Fia. S. — SuiMtaneeMandu de la mmUs cA« «n tttjtt gtiiriâtbifa
jÂèijii (('mort cJ'n
li>riio otfrant dca a
1'. Coupe do vjii^st
viJIq forDintiuii, 1
titiaucoup i>liiH potil.
né III Ml/lie trterae; coitpi
las ilp uoyniix iIjihb l'iiitt
lyaiix, celliiios et corps
— h, Coiii^bo privûo de
t le
a. Tisa
ml ; l<
rvalle <lo9 faint^eniii de Sdrea.
épitaiit. — ./', Elémenls de m
fiisi formes. — </, CapilUirw
et formée d'éléuie
Chabcot. Œtmea coxnplètci, t. II.
DB!j Pl.A»CilKS
PLANCHE II
UAL DE POTT; PAR&PLÏOUC
Fuj: I. — S'ibulan^e Manche de la motlU an point rompririii cha un nijit
moii avec une paraplifiie cojiipUtt. — a, TrsbéPiiloii de Bclâroiti!, — 6, Kofam
diwoniiné« ânns la tisaii acléreux , — c, Coupe d'nn vaitaenn dont la gaine w
voutiiiiie aveu le tlmu si^léreux. — d. Tabès nerveux alipTéH. — e, La giii»
ilu 6<;liwHnii remplie de curps f^rnnnleux. — g, U.'abea nerreux ajrkct ratù
une dit&tation et une âéConnation conûdérableB. — h, CyliudM d'axe refonlv
«ur Iw parles UtéMlu.
Fta. 3. — SubrfiMM ilanehe et ta ^toiUt «An un i«,)«t gttêrt 4« te jwr»
>iit a'
'iii»i -, I.
IViirit ik-s itiLiita f\« iinyaiix dniia l'iiiti-i'v.illB ilts fiiisre.iiii de lilTfs, —
ji! du v;iis*ojiii. — e, Ciiiipo ilii tissu vùgi'tniit. — /, Elùmeiita do n«u-
)riiiîitiijii, iioyaiii, cellule* l't cot\i» ftiiiironin's. — ;/, Cu|>illaires en
I Huxueux. — h, Cuiitlio privûo de vaisseaux et foniiûo d'élénienls
, Charcot,Syst.ncn-,,t.II OBi,vr,s complets PI III
l/Rj
'^lJ^
■J^
m
Plu. 1. — Sxamen <le la moelle par cùiipei aucrtsncsl dan* nn roa d«i>al
de PoUdoriul. Dijjênrratioag tecundairtÈ. — d. Point iiomprïmé represiinl»,
(■rofisi, 8ur Ift fig. 3. — c. Région dorsnle. Scliroïo latérale et jMiiitérisure. —
h, Kégiun cervicale iafùrieure. Srtéroso limitée snx cordons de Goll. — «,
Boatieraent oerrical, vl. — e, Bégion dorsAle inférieure. Bcléroiia diffuM ia
cordons lutàr*.ui:. — /,Béeion lombaira. SelériMa littérale mArquâaMinantà
droite. — g, Bânflemant lonibHirs. Sdérou Inaii limitée » U pulio jiortf- i
rieiLri> des aatioia Utéraui. '
«, a, S
ibHtlLni:^ Mm
cllil du ,
-.1.5 psuL-lie, nti.
a »ntér
ouro c«,ld.Q
..,B>,IL^.,...
noiit atr..phiOB;
plus. -
r, Voslipos
la la p.-,
lia Im.Tale <lr»
I in rigi->ii «j-i'icnJ ■ ''niu un c
RUPLICATION DKa PLAMCtlES
PLANCHE IV
SCLÉROSE SYUétBIQllE DKS COBUOXS A.NTÉRO-LATKBAVX
I
t'iD. 1. — Coupe IrantvertaU dn bulbe rach'uUea au nlvtau di rcatrt-
eraitemenl de* pt/ramidet,
a, o, Fcrnutioa rétiouléa de Deiters et corduiif> [.itûrniu.
b, Pyramides antùrioure^.
e, r. Corne» antérioiini» do aubatonce griso.
e, Entra-croisement Hna pyramides.
p, p, Gornea postérietiren.
Fta. 2. — Coupe frantveriale di ta nioclU rpiiitib'e ù fa parti
da renjlemtnt etrncal,
a, «, Cordon* lat^rtiiu.
b, b, Cordon* aotériaura.
o, 0, Oomei (uttârietirw.
p.p. Cornes paatërietiroa.
Kl';, ^i. — Cvii/ic traiiaveraali: de la moelle fjiinlirc ù la ^mrti
de la vhjion ■■ert:icalt.
a, n, r, r, p, p, l'i'iLime ilniis la fifiiro pnjcédeiito.
f.f, riiyurti ilu désinttVin'i"" uccuimiit dîtfûreiil^ poiuts ilo
firi.sii aiiturioiire.
Vcaîfi-
4
Fui
re rte» fUiilea d^a cor
I, Cellule iiiTLimkv
, c, d, C'iliilca déftéi
nlelad'g'irc
tti aiité rieur t
ph<ti,es de la dé.ji
iérali.
^arcot,Syst iierv ! ',i Oeuvres coniplctfs.
■• -
■f
tM
BXPUCATION DF.S PLANCHEt
PLANCHE V
SCLKKOSB SïMÉieiQUK DES CORDONS ANTKRO-LATÉilAUX
Fio. l , — Coape Iraïuvcriah de la mortU rpintire à Ut partit miti/êiiai il
la région dortale.
fl, s, Cordons Utéraïu.
c, c. Cornes anttlrîeuraa.
p, p, Corneî poKltiriBiiro-.
Pio. a. — CoMpe IranivertaU dt la moelle ipimirt à la partie nm^nnt da
renflement lombaire.
a, a, Cordons latéraux.
T, C, CurnsB KntériâiiruB. ,
p, 11, Cornas postérieure».
lârcbt,Syst.Tierv..t.n. Oeuvres tompie
-^ ! \^:
*-u Jx^
:.>u^Tlt:^r:r.nsk. I.1K I
SXPLICAIION DEfi PLANCURS
PLANCHE VI
î LOCOMOTRICE
I Cette eAU-forta, dsislnâG par M . Kiclier, înterus îles faApitaux, ropréMOl»
B malade Cott... dont l'obBervRtîon eut riipporté« à la pHge 31>&-
1- Tii:;-;;; .Nehve:!:':. t ii
^ ~
V
^^T '' 1 * iS^^^H
m
V 508
EXPLICATION DRS PLANCHM
PLANCHE vil
\
ATB
PHIK llOStlULAIRE PROTOPATHIQUH
1
^^V Via. \. — Coupa tranivenaU lU la moelle êpiniire à U région etnieatt.—
^H A, Zone radicuUire antérieme KXêtoim. — G, Corna nnWrienre remplie da
^^M L, Cordon latéral. — P, Ccidon )i(Htérieur. — T, Fiiiiic«an do TUrck. — Cm
^H trois faisceaux sont tont k fait sninn.
^H Plu. 3. — Cottpe Iranavertaie de la moelle éplnitre à la rfs'ion
^H I^ lettres ont la mime siRuification qua dana la Jf jure 1 .
^H breussa i-ellulcH nmveuws. Il n'y a plus da sclérose de U taae
lomiairt.- ]
nt de uom- '
^H Fi». ». — Partie Mo-ienne de ta région doriaie. — A, Zona
radiculaire
vueulaim
^^ Pir.. -
- Diverse
vuiû do d
pliaae' ilt la dealraclion de» erlliilei nervei
..stril::ti.>ll. — ,-, ClOIuIo riurznulH.
'"■-■'-'■■
t"iu, il. — Coupe lon;iitudinale du nerf phrf nique. — a, a, Tiibep m
mniix dont la myéline est coloriio en noir [lar l'osminm, st-paré» Ji>s llll^ d
lutras par de lar);aH fai^i'eanx conjonctits.
FlQ. C. — Petit eoi'saeou 2""'' daaa latubatanre griatdeln corne antirieui
— a. Cellule tuinétiée. — b, Cellules contenant plusieurs noyaux. — c, N->yj
l'une cellule endotliéliale.
FiQ. 7. — VoiMfou prl) dai
vcrlen de noiubreiir Uacor-iilen.
le rejioH
:1 dont let paroit >i
EÏPiaCATlOS oeS PLAKCBOa
rLAKCHE VIII
JJVSÇULAERE PROTOPATHUJUB
Fia. 1. — Cou)ie Iransvtrmh du nerf ■phrinique. — a, a. Coupe ds fais-
i'.u»>ix, oïL le^ lubca narvanx conaervéa sont encore assez nombreux. —
h, Espacoa dnua lesqneU lea tub^ nervoiu onl totaloaient dùpara (dejsiD
rait à 1a chnmbru clnire).
Fio. 'î- — Coupe IraïunerutUd'an nerf phréniqve normal. [Lea contours
ont été densinéa h. la cliajubra cliûro avw lu raêuie gTOwiMement que puur Ift
figure 1.)
Fia. 3. — Vh tuit du nerf phrénî^e matade [nivril» parencAynuitdwe).. >
— a, a. Noyaux canteniu dans l'inïérietir de lu i^iue de S^iwanii. — '
Fi.i
' Cuuj>e lun^/itudinate du dia/ilire
- ('ii"pe (oii'/i/Hi/i'jmfe du dlaplin
it lilargii ]i»r lu f:iïl rfo Tn
IIlPUCATIOS DCa tlanchrs
l'LAKCHE IX
ATAXIK I.OCOMOTRICB
I rpi'it.in^ci 'tn ra-ll'u et c/.i rul,km ttu •■:/( ymicJic.
•i;iiAi:c(/T. rj'inrafl c»:iiplctc«. t. II.
U
EXPLICATION ans PLANCBBS
FLANCHE S.
UUtlB LOCOUOTRICE
FfaHure tpar^arUe du fimur, ArlhrcpaMa aoxo-féMoi-ala .• 1
l'escirimiii dt* dtux ft'nwr:
I La figure placée sur te cOté gAQcbft de la plaui-Iia, TBprùnoutant im tin
*Bin, permet de se rendre un cûmpto ei«ct des lésioiih,
ATAXIE LOCOMOTRICE
Fradure; et ulhropilïae;. des tcmurs
TABLE DES MATIÈRES
PREMIERE LEÇON
PRODROME AHÀTOMIQUB.
SoMMAiBR. — La tache du clinicien diffère de celle du nosogra])ho. — Diver-
sité de8 opinions sur le sièg^e do la lésion dans l'ataxie locomotrice. —
Insufiiflance des procédés employés. — Sclérose des cordons postérieurs, sa
Mfrniiieatiou. — Examen k Tœil nu; notions qu'il fournit. — Premiers faits
de sclérose dos cordons postérieurs.
Examen macn»scopique. — Induration grise ; ses caractères. — Foyer
originel do la lésion irritativo. — Anatomie topographiquo microscopique.
— Circon8cri])tîon8 spinales. — Gordon de Goll. — Bandelettes externes
d<'s faisceaux postérieurs ; leur altération parait constante dans Tataxie lo-
comotrice.
Si'Iérose fascicnléo s^'stémntique médiane. — Sclérose fasciculée latérale.
-^ Dans Tataxie locomotrice, lii sclérose débute par lus bandelettes ]K>8téro-
latérales. — l{<*i))|K)rt entru les lési(»ns et les symptOmes. — Mode do pro-
pagation de la scltsroHO. — Faisceaux radiculaircs internes. — Envahissement
des cornes antérieures do substance grise : amyotro]»hie consécutive. • 1
DEUXIÈME LEÇON
DKS ArriONS RÊrR'MiRADBS DANS LES MALÂDIKS SPINALKS ; LKUBS RAPP0RY8
AVISO LA. Sr.-LÉHOSE DES CORDONS PUSTÉHIEL'US. — DKS DUULKUKS FULliUBAHTES
BT DES CRISES GASTRIQUES.
Sommaire. — Relations ontn* le» filets nerveux radiculaires internes et le
grou|>e des cellules norv(*usos iiiuiti]K)lairos dos cornes autérioures. — Des
symptômes récurrents uu rétrogrades. — Sclérose dos f.-iisceaux médians
])ostérieurs : prupug«itii>u du lu sclérose aux lianduluttcs latérales des cor-
dons postérieurs.
TyjKs classiiiuo de Tataxio locomotrice progressive. — Périodo prodro-
nii«|ue ou des doultuirs ful«;urantes. — Période de la maladie constituée ou
de l'incoordination tabéticiue. — Période paralytitpie.
Des douleurs fulgurantes. — Leurs variétés : douleurs térôbrantes; —
douleurs lancinantes; — doub'urs constrictives. — Des douleurs fulgurantes
symptoniatiques dans la sclérose en plaques disséminôo^i la paralysie gé-
nérale progressive et l'alcoolisme chronique. — Syiiii>tûuiL>b viscéraux :
douleurs vésicalcs, urétralus; ténesmo rectal.
lia TABLE DES K&TIËBES
Dos muas gnstrirjuex. — &pâci6citâ de ttiurn cnraxtètae. ■
Oafrutlet d'ataxie lncomatric«
TROISIKME LEÇON
M TJiaËTItlCK.
SotiuuitK. — Symptômoe e<>|ili3lîiiue» ilaïui l'uiiixio Wifumotriee. — Lésion»
den nerfs crâniens et balbuire». — ludurntiuu grin» pragrtiMiv« du nerf
nptiqua. — Atropl<io proRrOBsive de U papille. — NàaieBiCé do l'eiKmen
uphtklmaMopiij lis dans le disgQuitÏF de iiuelque» nfTectiuita céréliraU*.
Exteteoco iBuloe de l'aniHurose tabûliiiue ; sa fré<[aiince. — CnraclèroB de
In lûsion ■iiatwmique du nerf optique à IVil nu et su microscope. — As-
pect da la jMipille : 1* à l'âlat normal; S* dans l'indnratian gTii.o progrès-
wro. — Trouble» functionneLi qui acwoipagnont l'îiiduratioa grî»e àa nert
et deUpapillv u]>tiqne». — Modificatious du In paidUs dans las eu d'embolie
du, l'artère centrale de la rétine, dans k glimonuric, la riStino-choruUlt^
Bfpbilitique ut la juirnljaie générale.
Do la UBury-ruliutte, — Ses forme», se» aymptùmns. — IMIféronoas c|ni
la. séparuat do t'Hinnuroae tabétique. — t'atti cliniques démontrant l'impor-
lance dwt sipnos lotirnig par l'opLtalmoscopj 4S
QUATRIÈME LKÇON
Hosm.MRE, — Ti..,i1,l,;s ,les orpHncs (rùuito-urliiairi
d'urliior; — Satyriusis; — Tùiicsinerci-til. — Syjn
— Acrélêrnliuii pcriii.iueiite rt diiTi itisiuo du poul
Dl- riivllirii|)iit1iii' ik's at.nxi<|iieH : Kn fréquctice.
artlirupiilliie »e dùvclnppe à, une é|Kii|Ue (loii nvniit
Prodromos. — 1'Ii;itos de rartliro[Jiilliio dfl«iitnxii|
intijressi'. — Sus cl rue lires spéciaux. — Diapiioslii
Lésious aiiiitiiiiiiniii's. — D-m artliroii.tlliîcs ton
d'uripiiuu ^piiinl''. — Méc.iiiisme du la prodticiîi
is oi'ulo-pupillat
I rurtlinipittijJe de^*
l'artliropHtlii!) d<;H
nco );riso. — Dt^
CINQUIEME LEÇiJX
ASArOKlljt^K.
ri'ssioii IcuTu ilu la moelli' roiuiii
i<)hidu.
ru:;,.Lgn. - Tmueiir« dr- l:i moo
fTiimuio, dilat^itiuu kyM,,,,
TABLE DBS MATIÈRB8 517
Tumeurs primitivement développées dans les méninges : sarcome, psam-
morne, échinoeoques, néoplasies inflammatoires (pachyméningito interne,
pachyméningite hy|>ertrophiquo).
Productions morbides nées dans lé tissu cellulo-adîpeux du rachis; car-
cinome, sarcome, kystes hydatiques, abcès.
Lésions vertébrales : hyporostoses syphilitiques ; arthrite sèche. — Mal de
Pott : mécanisme de la compression de la moelle. — Mal vertébral cancé-
reux . — Paraplégie douloureuse dos cancéreux 83
SIXIÈME LEÇON
DE LA COMPRESSION LESTE DE LA MOELLE iPINIÈRE. — MODIFICATIONS ANATOMI-
HVES DANS LES CAS QUI SE TERMINENT PAR LA OUÉSIHON. — SYMPTÔMES. — DES
PSEUDO-NÉVRALGIES. — DE LA PARAPL^.OIE DOULOUREUSE DES CANCÉREUX.
Sommaire. — Modifications anatomiques que subit la moelle au niveau du
point comprimé. -^ Ohangemonts dans la forme; ramollissement, indura-
tion. — Myélite inton^titielle. — Scléroses consécutives ascendante et des-
cendante. — Les fonctions peuvent se rétablir malgré Tcxistcnce de lésions
profondes. — Régénération dos tubes nerveux au niveau du point com-
primé.
Des symptômes. — Symptômes extrinsèques, symptômes intrinsèques. —
Anatomie topographiipie de la région vertébrale.
Des symptômes extrinsèques : pseudo-névralgies. — Des ]»seudo-névralgies
dans les c«*is de tumeurs rachidienni;s, de mal de Pott et dauH le mal verté-
bral cancéreux.
Paraplégie douloureuse des cancéreux. — Douleur; ses caractères; pa-
roxysmes. — Hyi)eresthésie tégumentaire. — Eruption de zona sur le
trajet des nerfs douloureux : auesthésie cutanée circonscrite; atrophie et
contracture musculaires partielles. — Déformations de la colonne verté-
brale.
Difticulté du diagnostic dans certains cas : ostéomalacie, pachyméningite
cor\'icale liypertrophique, irritation spinale, etc 08
SEPTIÈME LEÇON
DE LA COMPRESSION LENTE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. — SYMPTÔMES. — DES
TROUBLES DE LA MOFILITÊ ET DE LA SENSIBILITÉ LIÉS A LA COMPRESSION
SPINALE. — ni:MIPLÉ4JlE ET liÈMIPAKAPLÉUIE SPINALES AVEr ANESTIIÉSIE CROI-
SÉE.
Sommaire. — Lésions «pie subit la moelle au niveau du |K>int comprimé. —
Elles occupent toutt^ rétendue dans la moelle en travers ou ne portent que
sur une des moitiés latérales du cordon nerveux.
Premiers cas : Succession des symptômes. — Prédominance, au début,
des troubles moteurs : parésio, paralysie avec flaccidité, rigidité tempo-
raire, contracture permanente des membres, exaltation des actes réflexes.
— Troubles de la miction ; — théorie de Hudge. — - Modification du la sen-
516
jiiliilité : retard il
TABLB DES MATlfcRK8
S la trauimiKsion de» »
djeasthéAia. — Smuhi-
ttecond fia •■ Lésionn portant sur une des moitiés Istéraleo <Ia cordon nci
vaux. — CircoiiKriptioa île la lésion. — liémiparaplécio spinala atdc
anesthrâie croisée; ses caractères. — Hémipléipe spinale 111
HUITIÈSIE LEÇON
ROMiunu. — De la paraplégie carvicale. — Compresaioa des tti^rfii de< e^tn-
mîtéetupérieurea. — Lésions de la moelle épiniére an coa; leut mode d*ac-
tiua dans U production de la paraplégie cervicale. — Distinction entra la
psr&plâ);ie lœrvicale due k la compression des neif» périphérique» et c^le
qni dépend d'une lésion de la moelle. — Altération dea cellules nerveascs
et tumeurs de In moelle causes d'une troisième fonns de la paiaptépe
cervicale.
De quelques sympISmea partii^uliera de la compression lente do la moelle
cemcale. — Troubles ocalo-pupillairos. — Toux et djipn^. — VonuMe-
ini'nts à rotouc fréquent. — Gêne de 1» d^g-lulilion. — Hoquet. — TronliW
fuDctionuels de la vessie. — Attaque d'épîlepùe.
Du pouls lent permanent. — Ralentissement temporaire du poula dau»
te<i fractures àna vertèbres du cou. — Ponls lent permaoeikt lié à cortainas
aSections organiques du cœur (rétréciuemeot aorUqne, d£géaéreaeMe«
^aisseiise du tÏBsu cHrdinqae, dépôts 6brineni}. — Insuffisance des lésions
c;irdinquoH itans certains cas pour expliquer le pouls lent. — Accidents
liés nu pouls pcrninnent : syncope, état apoplectiforme, accès convnlsifs.
— Dans l'crlains crr, le point de départ du pouls lent permanent doit être
l'iieri'lié dans la iiioello cervicale ou dans le bulbe. — Cas du D' Balber-
Mort subite par
luidc.
tSymptitmes qui accumpagii
la queue de clii-vnl
du ligament
I l'apopbyae odon-
II renflement lombairt
NEUVIEME LEÇON
■SuMUAiRK. — M3'opatliics apinaleti ou de cause spinale. — Caractère.-) géoé-
raui. — l.iicjilisRtiou des lésions spinales dans les cornes antérieures de la
Kiilistnnce f;ri^e.
Paralysie spinale infantile. — Elle xcra considérée comme maladie
d'étude. — Symptômes : période d'invasion, ses modes; seconde période ou
l'ûgresHion des symplûmes avec localisation des lésions musculaires. (Atro-
idiie musculaire, arrêt de développement dn système osseux, refroidisse-
ment des iitembrex, déformations, pied liot ]iaralytique].
TABLS DBS MATIËBSS &19
patljtilogiqDe de U pitrftlysis iiifanlilQ. — Les IMons Uon
X dÎTeraes périodes; aiircbsrge gnùsaiwe. — Usiuna da ■}'v-
lUc : historiciue [Chaiwl «t Cornil, Vulpion et Prsvust, Charcot
■ Jcffro^, l'jiiTol, Lochh&Tt Cliirke et Johnson, DanuBchiuo et Boger). —
«lÏMtion des lésioiiB dans lus cemei antérieures de Ut tubatMUx grise.
'tuioDt wcDodAÎreB : tronstoraiation adéreusa de U nérroglle ; fojaii*
intégration; aoléroBO partielle des cordons antéro-lntéraux ; atrophie
M antëriaurei. — Roiions qui tendent ii démontrer qoe la lésion
a réfiide daus les celloles nerveusea 1&3
DIXIÈME LEÇON
LB DE L'aUCLTB. — IIOtnrEU.KB<
- Panilysis spinale de l'adulte : HUloriqae. — Eipoaé d'un cas
runlé & M. Duchenne (da Boulogne]. — Faits penonneU. — Analoj^es
t^tea <iui rapproi'hrac la paralysie spinale aiguë de l'adutt» et celle de
"lut. — ModificationsayioptomatoloBiquesen rapport aTOcriee. — Pro-
VïnTsui récents cancximant l'anatomie et ta physiologie patliologiques
^ la paralyaîe spinale luTantUo ; ila conArment «iir les poiuta essentiels et
ta))létent h certains égards les résuttatd précédemment eiposés.
"s mot aur les léûons spinales aiguge qui ne sont pas, comme dan* la
nJysîe in&otile, systéiDsUqaeineat limitées aux rornes antârieurw do la
uioe grise, — Myélite nîgiië centrale généralisée, héinat(iiDj>élle,
Hïtea traomatiquei, myélites aiguës partielles. — Condittona dana le»-
« affections détermina ut t'alropliie rapide des musclée..-. ISS
ONZIÈME LEÇON
- Variélù cliniques des cas désignés loua le nom d'atrophie ntus-
1 lirogreasÎTO (atrophiea musculaires progresaivea spinales). — Uai-
nité dans cas caa de la lésion apinale qni porte sur laa cornes anté-
_„aroa de la substance grise,
£tnde do l'atrophie musculaire pro^resHiTO spinale protopattiique comme
type du groupe : aimpiicité de la lésion spinale. — Amyotropbies spïuales
chroniques deuCéropalhiquee. La lésion des cellules nerveuses motrices est
ici uonséi'iitive i elle se surajuute k nue lésion spinale de siège variable.
— Aperçn des principales affections spinales qui peuveut produira l'aoïyo-
Iropbie progreaaÎTe deutéropathique : pacbyméningite spinale bypflrtropbi-
qne; sclérose des faiacoaui postérieursi myélite centrale clironiqoe; )iy-
irMnyéliei tumeurs iulrs-npinalefi sclércisoeii iliaque»; — «cléroM latéralo
■fBié(riqui>.
520 TABLB DES UATlilBES ■
De ratropliie musculaire progressiva epinate protopalUiquo oii par^co-^
lior. «Typo Duché tme-Aran.) — SyniptSiDOd : atropliie individuelle Atm
muavles, troubles fonclîonaela, pursietanco prolongée delà cootractiliti fani-
diquei secoussea fibriltalras, dérormktionH on dériationa paraljrtiiuoii;
griffus. — Modes d'iiiyaslon. — Etiologio : hérédité, froid, traumAtiïme.
Aiwtumio patlialop'iite. —- Lésiaua de la moelle : nlléralion limita aux
tornus aotôrieures de aubutance griao (cellulei nervenses, njvroglia]. —
LésioQB des racines uervenses ut des nerf» périphériques. — Lësioa* iniu<
tolaires, leur uatoro 21Ï ■
DOUZIÈME LEÇON 1
kUrOTUOl'HlES eriMALEJ DEUTËROPATHiqnES. — aCLtBOSB LATiBALB AVTO- '
TBOPHiqUS.
!J(fMHAinii. — Amfotropliies spinale» douter opalltiqiic:t. — SL'lérutfe Utémlo
anijotrophique; lo enlisa ttou de la léaiou spinale dans les vordoos latéraux.
— Raîsoiia de cette loi'aUsatien fournies par l'étado de déreloppement do 1& J
moelto épiuière. — Fermation dos cordons latéraux, de« faisceaox de GoO
et dei faisceaux de TUcrk.
Sclérose latémle consécntire fi une lésion cérébrale.
SeléroBe latérale symétrique primitive. — Analotuio patliologique : Cao-
fi^rstioa et topoi^raphie de la lésion dana la moelle et le bulbe. — Léaioasa
ootisécntÏTeB de la substance grise [uellules nerreuses oiotrices, uérroglie)^
■ dans la moelle et dans la bulbe. — Altérations sacondaireH : Bauinea a
^ft'veoses antériauies. — Karfs péTïphérii|ues. — Lésions trophiqaea de* lui
clcs -lU
TREIZIÈME LEÇON
SiPirMAiiiK, — Faits Mir lesquela repose lii sj-mptomatoloirie de l.i si'lérosi;
tiilijrale ouiytropliique. — Observation» personnelles. — Documents U
DttTOrcnce.^ lui séparent cliniqnoment la sclérose lalcralc amyotropbique
de l'atropliio musculaire spinale protupatliique.
Syuiptômea toniiniina aux doux affections r anij-utropliia progressive,
tunlructiona librilluircs, cousorvatiou de la contra ctilitô électrique.
Sjmptômos propres ;'i la sclérose latérale iimjotropliiquo. — l'réilomi-
ii.iiico de la paralysie motrice. — Contracture pormaneulo spasiuodique. —
Absence do troulilos rio la sensibilité, — Déformations p.irniy tiques; alti-
tude de la maiu. — Trémulation dei membres supérieurs ji l'occasion des
mouvements intuiitioniiels. — Modes do début, — ^ Paraplégie cervicale. —
Knvaliit^omeut des membres inférieurs. — Caractères do la contracture. —
l'Iiéuooiùnea bulbaires : Gônode ladé(;lutition; -~ Embarras de la parole:
— l'aralysio du voile du palain, de l'orbiculairo des lèvres, etc. — Trou-
bles prHvos do la lespiralion.
Kijsiimo dos sjmptOmos. — Pronostic. — Pliysiologio palboloRiquo. 24*
TABLE DES MATIÈRES 521
QUATORZIÈME LEÇON
AMTUTROPHIES OKUTÉllOPATHIQCEB DR CAUSE SPIXALE (fin). — DE LA PAOHTMÉ'
NINGITE CERVICALE HTPEUTROPHIQUE, ETC., SIC.
Sommaire. — Âmyotrophie liée à la sclérose latérale descemliinte consécu-
tive à une lésion en foyer du corveau et do la moelle épinière. — Cas
lappui.
Pachyméningite cervicale hypertrophique. — Ânatomie pathologique. —
Altération des méninges; — de la moelle épinière; — des nerfs périphérie
«lues. — Symptômes : Période douloureuse (douleurs cervicales, rij^idité du
cou; fourmillements et en^çourdissoments; — parésie; — éruptions cuta-
nées). — Seconde ]>ériode (paralysie, atrophie, grrifie, contractures, plaquen
d^auesthésie, paralysie et contracture des membres inférieurs). — Caractères
i[ui distinguent la pachyméningite cervicale hypertrophique de la sclérose
latérale amyotrophique.
Âmyotrophie consécutive à Tataxie locomotrice. — F'orme particulière de
Tatrophie musculaire en pareil cas. — Patho^rénic*.
Amyotrophii; consécutive à la sclérose en plaques disséminées.
Paralysie pféuéralo spinale subaiji^uë. — Analogies avec la paralysie infan-
tile. — Desideratum.
Amyotrophios indépendantes d'une lésion de la moelle épinière; exemples:
Paralysie psoudo-hypertrophique ; — âmyotrophie saturnine.
Nouvelles considérations relatives h Tanatomie pathologique to]>o<)rra-
phifpie do la moelle épinière 207
QUINZIÈME LEÇON
DU TABES DORSAL 8PASM0DIQUE.
Sommaire. — Dénomination provisoire: sa justification; -^ sclérose symé-
trique et primitive des cordons latéraux. — Tabès dorsal ap<MniO(2î(;ue; —
taK's iloTsulataxique. — Parallèle entre ces deux affections. — Caractères
tirés de la démarche.
De la contracture et de la trépidation dans le tabès dorsal spasmodiquo.
— Absence do troubles de la sensibilité. — Début. — Evolution. — Modo
irenvahisscment des membres. — Pronostic et traitement. — Diaj^nostic :
Hcléroso en plaipies do forme spinale, contracture hystérique, m^'élite trans-
verso, sclérose latérale amyotrophique, etc IM)X
SEIZIÈME LEÇON
DES PARAPLÉGIES L'UINAIRKS.
Sommaire. — Préambule. — IViiiit do vue théoricpic. — Réalité clinique des
parapléfi^ics urina ires. — Définition. — Les faits se rapportent à trois
i;roui>es.
Î22 TABLE DES HATltJILHS
Myélite conaécutiva niuc nmlndieii dea voim luîiuure*. S* T>rot« rJwa 1»|^
téuiina; «& fréqnenva tbaa l'hoiniiie. — Conditioiu da son dÔTeloppenWBt :
gonorrliée, rétrèciiBenient de l'Di^tre, cystite, iié|>hrite ; — affoctions de h
proïUte; — pjélo-négihriw udcnleiue. — Une exacarbalion da la mslkdie
des voiaa urinairee précède l'invasion des nccidenU spiiiaiix. — Sjiafl&Baa!
rourmillemoiita, anentlièKie, donleur dorao - lombaire et en uaintura. —
Psiaplégia avac flati^idité; — exalLatioa, iiui» abolition da l'esuiMbilitë
réflwtei — coiilracliire permanante; Mcarro». — Si»(fo el nature de» té-
etoat. — l'athogéiiio i propa|:atinn de la lésion iwnale k la moelle par l'iu-
tennédiaire îles nerfs (Troja, Leyden). — Faits d'aipérimentation k l'ap-
pui. — Eiempleit da pTopagatian de rinQaniinMUon dan ueris ii la
moelle.
Paraplégie* nrinaïTea réflexes. — By[□p^'me8. — Interpréta tiou de
M. Bruwn-Béquard. — Expérience* lécentae. — FliénomèiiM d'arrêt. —
Irrit&tioD des nerfa périphérique!. — Faussas pnraplégiee. — NévriUi dec-
ceudanle. — Affections d« llntestiii et de raléru»
DIX-SEPTIEME ET DIX-HUITIEME LEÇONS
{ Ptrligo ab aure /iiia.)
ssl
SoviLàUE. — Un caa do vertige de Héoière. — Description du caa. — V
hatntuel exagéré par loi moavamenti. — Caractârai de ce vartïgtt:<
IxtïoDB paroxystiques ; — mouvemanta labJectiTs de truuUlien. — htmUm»
ancienne» des oreilles : écoulement de pnn, altération du tympan. —
Historique.— Le vertige de Méiiiére est encore [«u connu, — Diagnostii; ;
congestion cérébriilB apo|)Iectifiirine ; — petit mal épileptïqiie ; — vertige
' fcastriqne. — Ilelatiun entre le développement soudain des bruits d'oreille et
l'invasion des senwttiuns Tertit;lneuBes.
Maladies de l'oreille : otile labyriiitbique, otite moyenne, l'Hlarrlie, etc. —
Pronostic. — Giiérison par surdité. — Tr^iitement.
Maladies réputées incurables. — Exemples de guérison. — Cas do verti;ra
de Ménière. — Situation de la nulade en mai tS7& : sensations vertigineu-
ses pemianeutes; — crises annoncées jiar un siMement aigu. — Hallucina-
tions motrices. — Traitement par te sulfate de quinine ; doses, effets : ameii-
deiueut remiiri[UHblo. — Autre exemple d'auiélloration, due à l'usage prolunfié
du sulfiite de quinine 339
DIX-NEUVIÈME LEÇON
SoMBAiRE. — Héniicliorée post - hémiplégique. — Faits cliniques. — Trou-
bles de la sensibilité générale et spéciale, — Troubles moteurs : leur rea-
ïemblaïKe nvec les monvemenis i^lioroiques. — Trépidation des bénùpl^-
TABLE DBS HATlfiltBS 633
Pqne». — liulnljîlitu dea membrea aSei'l^ JtvèiiiiclKiriii poat ' bémi-
ptëgiijue. — CaractèrM de* Ironbleii mnifciilaÏTet ma t«poa et dkns 1m
moiivemantti.
Léaiona urganiqnes. — Foyer d'hâmorrhagia et de ramollûsament ûitra-
encépha lignes; niropliio putielle du carreau.
Rareh^ de l'hëuiicburée post-hémiplégique. ~ ReUtion entre l'hémichoréii
et rhéBiiane«tl]ë«e. — Bièg^ àoa léaiona auxquellea t« rattachent cen
ti/niptOmea i extrémité poatérieura de la couche optique ; — partie poaté-
rivnreda noyau caadé; — partie postérieure do Ia couronne rsronnaiite.
7"""
mibitl
VINGTIEME LEÇON
u'IiruxntK pABTin.uE n'oaiursE RTruiLiTHiL'i.
- EpUepKia partielle ou hémiplégique. — Ses rappurt» aveu la
ijpbilis cérébrale. — CouBidérallunit hiitoriqueii. — Description d'un
cas d'épilepiie partielle d'origine syphilitique. — Curactârea et siège par-
ticulier do 1b ïL-phalnlgio. -~ NécetaiifS d'une iiitcrrention thérapeutiiiuu
— doergique.
• Mode de début des arciilenta convuUif». — Nonvi-aus exemples à l'aii-
- SticceMîon doR accéa. — Apparition de lit contrMctim per-
I Kelatiun entre la eiVjihiilal^a et la région moIriM ilii cerveau.
I Z/édîons : Pacliymduingite gommeuse. — BièK^ probable de cei lésons.
I Traitement mixte à interruptiaiis 3Ti
I spontanées multiples chex une
»6
[> Du vertiife laryngé 407
[. Sur la tuméfactiun des cellnlaa nsrveusna matrices et des iSylindrea
» des tubes nervotu dans certains cas de myélite <I4
(T. Hôte anr an cas d'atrophie mnsculairo progrreHive prntopathique (type
uie-Aranl. *»
'. Deux casdosclérow latérale symétrique aniyotn>pIiii|Ue. 4H1I
Note sur un cas de paralysie labio-t^lcsso-laryngée stiivl d'au-
463
L. Note sur l'état anatoniique des muscles et de la rooelle épiniôre dans
t* de paralysie |>aendo-hypartri>|ilii que iT!
I. De l'athétose . - . 4tW
ITLICITION D
FIN DB LA TAHLK UK3 5
^^^^^^ TABLE
^^^^^^^ ÀcuKimxvintti, 60.
^^^F AmcNe à dubincâ, Sa.
^^H Au^ouuMiis chruniquo (Douleurs ful-
^^H gamiiMs daru I'), 33.
^^^ft Ahauiiuïk tubétiquo, 46 et nuiv.
^^^H AuRLioFiB daus l'ataxie, 4.1.
67. — Forum» «tiympKmeB, 67«
dos o». 71,37.1.— bésioiuda car^
li vos aiu (('«■«M .fM iM-/. pfripU-
riqwt, 74. — KwhlmlpIéyitMi*-
malùjaei dt la m-itlU, 75. ~ Dku
Yhimipiigù wpinalt. 133, U».
IMMrtI
^^^V 167. — Chrouiquwi, 21'J: varié-
^^W S<xft>ou Uïfiuu). — SHia IV
^^^^ ta.\i(> locomotrifii, ÏTH. — Pri>|in-
1» s.-lfr<i.T. e.
Pl
.|U(3fl
-TT
iis-i.
— LÛ.-ioiis (lu
Rfi
>U ^)-
ipiLtl
que
linns les —,
91
yO!l: - rhui
Hli
mi!>;E
3J3
, —
TABLE AXAT. Y TIQUE
Û'JÔ
AiMomu dculiropathufat, VU. —
Danit VtUaxie, 1*- — Ih"'» 1'''-
fiupara/>I^'/ie, 139- — Daus lA/-
mii^igit efrfbra}-. 36!>, — Dans
U mifUile «ipiir tentnle, 215.
— Dans la parh>i«t'niii',lite, L'I'i.
— DïiiBl.t parai ijtU ;ifiirralt npi-
nnlr, SW). — I>nii» Iji ]>aral;irU
infanlite, Hl. 175. Pan» lu pa,a-
plfilie rerrkalf, 14"), 14C — Ci'ii-
■écutive ans Inion (fe>n«r/î, 2'.>2.
— nrnitMiepro;irei-lr': S!*"-'.
— patlUUe du rtrrtaa. »î:>, ■!«■;.
ACBA, HW; — Mutn-e,4'i : - liir„a-
.jie, 412.
postérieurK du I.i nioolk', M, 24.
Skomoe do ]«it:i».iuiii, 3ir>, :i.")j
Cahceb vcrlûlinl. 94.
Cakib rerlùlirnlo liitciit
CACTitatHATioM ai-oi- 1.
t«u, SSU.
Cnxci-iu u
.^Ti...
fMlinil (!<■!•; lin ui< II'
— 161, SIS. (\. Atuiii-iitb Mrtci-
UIU, BCLIIB, C'iKKE'. M<ilt1.I.K.^
OotiB frénito-*]iiiinl, :i2>'.
CAthalaliiik dai]> IViôti'iMiu iiyiilii-
litliine, 3Tr>.
CnVUC. (V.ATBl.PIIlKPABrlEl.I.El
CKDBÉB VM'-ftiri. :m. — ï«llii|il..-
fltâtûpei 3». ;V. ArHKTuKK, llr:-
mCHOHÉK.)
CoimoTioa c:i'-ni1<rnli-. l.Vl.
<}onA*dii aiTt, :;24.
CaFTBACTILlrt-^lu'tnijIllMDula]!]»!]!!
leiam^otroph ci>'i''"'iiiiieit>lrAi'-
flia(wniaj«i, 9. >nii^r(i(r(t)i.4î''
Dani la m;irlile -eigi^ l'ijntrjle,
CONTBACTCIIB, 14, 20.23, 92, lirt,201.
— . «iana l'A ru (VA une, Sjlt; —
^n»\'hHi%tparapUgie,l3li: — duiix
Ifl Klénue latérale, 341 ! — daiu 1.;
abti tpaimodiqae, W3.
Coiu>o:<a latéraax (Dùroloiig^âuieiit
Coi
|-.rt.
ap
luuresdeIamo<>Ili.>; rnii-
\ei aïols iicrrfiix rii<U-
iilaim, 10. — Lraiiiiiii lUg o-Iluluii
vutisraile» — ,nv, 2i>4, note. —
i'* antpHtali-nu nnrieiiii.-ii, au&,
linns l'atr-jiiiio mi iDcti luire piM-
■)Nitlii.|iie, 220. iV. AurHRoi-A-
— Lariiayéru l.rlj'lljiicê, 41,1.
CTLIXLlHKd n'.lSE lius lutisii ucr
lTiiiiii;fii«i.>ii des), 4».
Di:fo
s d.iii!
n..,.l.i
Dana la gi;I.'.n..s,
latérali! iiiiiïi>lrii]ilii"iui.*, XA. V
PAB.iLT8ii râp^nriLK.)
Déokkéiiatiu'es uEi'uxiiAiaE», 24, 2.']
1.1'J, 2411, -iÈ*.
Dii-Lui-iE. 43.
— «mtri.:tivi.«. 31. — Cnract;-™»
H.'-IKTJ1.1X dis —, ;ll. — U-IU Bill..
.■al.-s ;I5. — l'^llrnlù-.'-i:.. W. _
l^jutnk'H, X>. l'iii.
Dl-uk-hërk, MTi. — Tiiniourï >!■> In —,
DtaUTilràiK. 12'.i. 311^
DvspiiAiiiB il.'iii'^ la (■••iiipnjiiiiiiii du
la iuiielli>, l.M. — naiH ta [laralr-
MU (.-1..S— laryiip..u, 101, 4;4.
■.i|K ilaii,! ];i l'lfU]]>I^>^slllll do
i-ullrt, K.l. — l'arliflU, .172
liv. — c;<'-]>li.ilal|'k-,37li. — Dos-
(36
cription des xerh», 38). — Traite-
ment, 377. 381, 392. — %."na(e,
153, ati3, 310, 318.
EBi-iimïs dfuja rhémipU^frie spinnle,
139. — Djuisleslénioindolaqueiie
i« clieral, 169. — Dani la» inyoli-
tes centrxlas, 209. — D»iu le» pa-
raplégie» par compresKion, 131. —
Dsu« les pttcnpléBies nriuaîrM,
Etjlt de mal ùpileptiqiie, 376.
UUOHE, 87.
OtTcosoiis avec lésion deanarfi op-
tii^uos. SI.
Gou. (Dév6lo])peniEint dea cordonî
de), £37. (V. Sclërosks.)
GoDiTK et verliRO laryn^, 408.
(iaiFi'ii, 22!. — Dans la pachymé-
ninKite,275.— DunaU sKlérosela,
térnla omyolropliiquo, U'i.
LIL0.V3 woIricLH, r;ii>. aJO,
:, UO, 2"it.
ELIE, HM, lfi7, 210, iVJ.
M.-ii il' i'.ii[?« cérébrale,
/■■ . . 13(5, 3G1.
I ;■ ■.r,,,/èg!qut, :i68,
! AKAI.yTn}VB
- ,.,,»,.
„,/i,j.
.i&i.-
L iutr,i
-"""■
-lialiriiii.
R.»I„
.,,i,»l.
HrpBEiTMormK do la moell», X
IIlPOTBOBOSIK, S3.
IlT»rËBii ovarienne, 961.
.s ovDATimjiu, 00, m.
LaNQUK (Lrâiou» de U^ dans J
aBifotropliies,441,44&,lM.-
1a paralysie UUo-glesso-Ury
466, 467.
hMçom de choses, W).
LipoKATOSK g«néralîaéa, 287, 1
Interstitielle, 238, Î33. - "
riante, S33, S»t, 484.
LuiAiioiii (V.Atiiu.)
Mac
M
. W. {V.
K.) Mal 4', Potl.
d,.iiUHLrsful|,'iii-iiiilus,:U;— C;i.L-W5
de ta pariiiilégio, 03 ; — Miie.inijma
de U coDipriMsioTt, 93, 142 ; — Ca-
rabilité, 102.
Médiabuii {Dyspnée dana Ita tu-
maaia du), 476.
MËsiNoii^ spinales, 85. — Tiiiuau.ni
doa— ,1KI. (V. DirHK-MtBK.J
SlÉ^uxainB da la base, 52. — I^i-ijaala
p..,lM.ure, B.
MuKLLE ËPisiÉHE (D(;veloppement
pTi)bryonn»ira da la), 238 . — Ana-
:.';il. (V. COHDOIIS, GOLL, Tl-HI-K.] —
l'^iunH élàmeutaires de U — ,
Hypi^rtropliia à.- la — . Ï15.
'umjurs da U — : Dilatation
.iiluii, sa; - GliÔmM. 87; -
im.iB, 88 ; — Tiiberculos, SS.
loiiiprt'saion da la moolle, fl9,
yi-lily transversa, 100. — Scié-
H n4i:i>iidnjr('8, 101. — Lésons
Il -, lians k« ona de Kuâriaon
lal do Putt, 103. — Ki-g^Déra-
Affi
TABLB ANALYTIQUE
527
tion des tabès nerveux, 104.Symp-
tôaies de la compressiuii do la — »
105. — Pseudo-névralgie, 109. —
Troubles de la motilité, 125. — De
la sensibilité, 129. — Compression
brusque delà — au cou, 168. — Lé-
sions du renflement lombairo,l58. —
Delà queue de cheval, 159. Lésions
trauniatiques, 210.— Etat de la —
dans la paralysie pseudo-hypertro-
pbiquo, 4H4.(V. Ataxib, Atrophie,
BuLBB, Cellulks, Gorkks, Paba-
LT8IE8 ULUSSO-LABimOÉIB et IMVAB-
T1LE, SCXKROSBS, OtC.)
MoxopiiKiis transitoire d'origine sy-
philitique, 389, note.
Must-LBS (Lésions des) dans la para-
lysie piosso-larynpfée, 466, 467. —
Pseudo-hypertrophique, 477. (V.
Amtotrophieb, Atrophik, Lu»oiia-
TOBB, etc.)
Mtklitk ctntraley 165, 167, 202, 208.
— eoiiêtcuthe aux maladies des
voies urinairos, 326; — partielle,
douleurs fuljcurantos, 34, 144; —
spontanreê, 129, VM.—Tramverse,
100, 101, 317. 319. — Par compret-
«io», 319. (V. MoKLLB ÊPINIÈRK.)
— Tuméfaction des cellules ner-
veuses motrices ot des cylindres
d*axe dans certiins cas de — , 414.
(V. Abthropatiiies.)
Mtopath»» MpinaleBj 163.
N
NÉpURriK, 326.
Nbrfs (Lésions cunsik-utives à la
section des), 20r>. — IJulbaires (Lé-
sions des), 42. (V. Amyotkophiks,
Paralysies, eti*.: — Cérébrauj-
(Atrophie dtîs), fi, -i:i. — Optique
(Atropliin du'., 44: — Induration
prisu du —, 4.'*, 47, 4'J. — Atrophio
do la papilh» uptiiiuo. 41, 49. —
Diapiostic, 49, ôl. i.V. Nkvhitk.)
— rhréniuue, 4;i:!, 4.^0. — Péri-
phériqucê (Lésion. s di-s), 74, 77, 273,
445. — Si'iatiquf. (Arrachoinent du-,
27».
HKVRii'K drs \urr\< opti<jue.s, 4ïî, 51.
— Pa^enchynlatt•ll^^o, 48. — Du
nerf sciatique dans les paraplé-
gies urinaires, 325, 330, 387.
NAvROOLiB, 185, 225, 415, 430, 437,
458, 460.
Xévro-rbtixite, 52, 53.
Nutrition (Troubles de lai dans les
paraplégies par compression, 131.
(V. Amtotbopuiks, Muscles, etc.)
Orrillks (Lésions des) dans le ver-
tige de Ménière, 342, 346.
Os (Arrêt de développement des) dans
la paralysie infantile, 172. (Y. Ab-
thropatiiies, Ataxibs.)
OftTéOMALACIE, 120.
PA(*HyMÉNi.v»iTB, 90. — Ctuéeuic,
94, 122, 142. — Cervicale hypertro-
phique, 120, 215, 271, 274. — C/om-
mewtCy 390.
Paraltsib agitante, 371. — Par com-
pression, 125. — Ôéné.rate progres-
sive, douleurs fulgurantes, 33; —
lésion do la papille optique, 51. —
(r é»^ra2ei(pîna^f, crises gastriques,
36, 2H0.
— Oloitëo-laryngêe, 167, 261, 453. —
Lésions des muscles, 445, 456; —
des cellules nerveusus motrices,
469 et suiv.
— Pëeudo-hi/pertrophique, 177, 283,
477. — Kt^'it anatomiquu des mus-
cles, <le la nioollo, 477. — *Saiiir-
ni/ie, 291.
— Spinale aiynd de l'adulte, 188.
— Spinale aiyu'6 de renfaiice, 9, 76,
168, 190. — Modes d'invasion, 169.
— lîofroidisseniunt dus uiunibres,
\TX — Dôformationn, 173. — Lé-
sions dos muscles, 175; — do la
nioolli', 17K.
Pauaplkuik alcoolique, 34. — Cervi'
cal*:, 112. — Des vanctrcud', M,
116.
— Par comprcHiion, So. — Couk/wh'
ticc aux lésions do l'intestin, 't^iS;
— De rutt-rus, :i:w. — lUHvxes,
325, 3:W. — Saturnine, 31.— Uri-
nai rea, 322.
52S
TADLB A^'ÀLYTUJUK
VoTtiB [Rslentiaseoient et frâquoiivu
dn] dans lea criMHi Rutriquiw, 37.
— Fréq'iBiice du — diina ratsxie,
ST. — Dana lu pHralysia glossti-la-
tjtipée, m, 456, 4&ti, 406. — Ra-
lantiuement du — dans les 1^
' Htaun de la tnoellu cervicale, 152.
— Ltat permano't, 1B3, lAS. —
Lûiiions probables du biilbc, 157. —
llaue U Hcléroso InCër.ils, 426.
{V. Rachib.)
Du
FnOLOSQEUENTB
protQ|ilainia,Sl.
FgE(iDo-i«iïVHAt.diB9 (Des), 109, 113.—
Dans la paralyaia cerricitla, 143.
Phdriabib pftlmaire eifphilîtiijuB, 350.
PurlLtEfl, 61, 147, 15», 48b.
PrfitO-«tPBHITB, 32C.
PïHAKiDE* anlirittirea (Sclorosô do»),
th^. (V. H0B[.l.E, âCLÊBOSB, Qtc.)
iisfÀbois ilit tinEu ïollulainjtlu),
-.. — Csnear du —, 02, 94. —
Kyalai hydatiquas du —, S», —
, BétréciHOmBnt du — avee pools
t épitepsîe, 157. (Y. AB-
' lant
107.
lÎAUOiJ.CïatjiK!! 1 illi rorvuau, 337.
SïKISUOKïV.LlIt, 21tl.
lit! ri-H (Trualilua 'hn lijiu.s k coin-
|.i-u-^^j lu-lil iii..dk-, IS!. (V.
T
i;i.M.S;.\t- fKKUll.-lli^Jll lllM pliéiio-
iu.-iir.%>. iL'ii, 144, ItiU.
liMst. (V. l'AnAruiaiEo uktsajkes.,
IIÉTIKCP-CIIOROÏBITK fi)-|>llilitiqT10, &1 .
KjîrBÉrisaKMBNi duriir6tre,32fi.
TAnns dorial. mi. — Si'Oimodiqut
301. — Cuiiiparnîsoïi avoc le laix
alaA^iue, 303, 304 cl suiv. -
U.iiiPQ-^, 313, — Di.isiioslii-, ,'11.T
— Démnrtli", :«7. — Dur,;.', .'lia
— M»r.-li«, :li:l, ,^14. ^ Hii-KP, ^J--
s
— Traitement, 315. — Trépidation
;lOr.. 310.
Sabio«iî nngiiili[lii<iiii!, !IÛ.
J^ArïurAsiH, 60,
Si:lkho:,k. 6, 483. — Des landddU.
TAHi.nyuKs (Svmplômea),4, 12,
TKHi'ftn»Ti:KK: crises castriques, 37
exlcrnea, 1'), U. — Don cordons île.
flall. 10, 14, 34, 33, — Dus conlo,'!
Artliroi-nlliies, 117; — Mùll>i[*ra-
]ilijfrii! ,<piiinla, 131; — Pftrnlvsie
lab'raux. 1, 2!,. 1S3. 240. — Latr-
ffûtialo iiitriiË de l'adulte, 192': —
rale amyolrophiiue. 317, 241, 243.
P. cliisso-larynffài.', 4ôô. 465.
451. — Des rAc-.inea aiil^rii>tiru>.
345. — Des nerfs |iérî]ibéiîqit(V,
245. — Dvfl muTCle», 34G, 415, 44G.
gymiitAiiiM,a48. — Erolutiou, ^5
^ UinMi, 35S. — Atrophie eu
loAsao, S50. — RiffiAhé, Soi, 360,
— Pbdiwmànea bulltairai, 261,
430, 15Ï Pliysiulogie palbolv
(■Iqua, Sft4. — Diag'D'ntiu avec ta
tubos BpoMnodique, 3Ï0. — DtHit
l'Ai, ta». — En pîaq-ia. 6, S<,
.'ttO. — Douleurs ftilfruraotes, 33.
— Aiuyotr<>]>bie, 217. — Trriam-
laliou, 358, 36ï. — Dia}rQoUic avec
la t«bes spaamodique, 3M. — Des
cvrdoiu poKtiriturt, 3, 4, — Par
eitonsiuu de la t<déroiH! latéralK,
34. — Des loiie» radiculinit* jiat-
tirituru, 315.
SscoDBBEs fi bri Haïras, 221. (V. AhT'>-
SaysATioNs (Relard dan» ta Irnut-
mission des), 139.- AteocUa, 190.
SrtAiosK physiologique, 239.
8oi.rATit de quinine. 354, .%6.
SvMFATiiiijDM [LâBJons du fJUlA),
399,489.
SthptOius i^aatmnls oarétracradM ,
li'uso, 300 : — Chrouique
TABLE ANALYTIQUE
529
Toux (Dn Iil) d&ii-i lu ■■om]iraiiiiion de
ta muni lu, lis.
TiiEMBi.uii£n Néiiilis, 371.
Tkki-ipition ilaiiK Ih myélite tMiin-
vuino, an. — Dex liûmipléeiqiieii,
ar>2. (V. Tabw iwiiiMiL.)
Troublkh (Ipsnr^RiieA ft^nitn-iiriiini-
ren dnnx rfttnxiti, iSO.
Tuni(Ki:Di.BBquiulriju]noAiix,3tS8, [V.
Mkkllk.) — De» vsrtèlweR, 148.
TcMEriis cMliritltw, l'iS, iUl. {V. ilk-
KIKUKS,MtWLI.K.)
TL'ar^K [ÙévuIiippaiiK^iit i\vm fiiiiH'u.^iix
ilo-, 2.17.
Iriqnf, 344. — IJe Minière, 439,
350, 400.
— Laryngé, 407. — Faits uliuiqii«ii,
■107, 409. — CauBoa : alfectioiiH ta-
ryuRii-broaciiiques, 412; — ataxie
tucnniiitrice, 41.S; — trAÎtemeiit,
413.
Vkuik (Contrficlure du col de la),
127. — ParalyBie, 127. — Tliéurle
lie Budgo, relatiro à l'action du
Hyst^iiie oervuLix sur Ich functiniif
de la — , 127. — Truublett de la —
ilaiix la compression de la moidlf,
127. — Daim 1a parali/iir ipiaatr
aisaP, dniiR ta mj/flila aii/i^, 20n>
— l>,tiii Iw parapUitim
ViiMcssiMKSTii dan» l'alaxie.
CmilItH OlHTBIQCBl.) — daii
verti'je it« Mhiiirr., Wl, S47,
(V.
ruite latmile, 4ril,
Vi!«ti..kk;„7,,,/,V,„.,344.41-.'. — '/(.y
FIN I>F LA TABLF ;
< >Vv> ^~r^ ^^vf
^. /; ^