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ŒUVRES
::OMPLÈTES
D E
M. LE CJ^ DE BUFFON.
wtroductionI l'histoire
des Aiinéraux.
Tome VIL
EUVRES
\
L E T E S
D E
M. LE C7^ DE BUFFON,
tendajit du Jardin du Roi, de l' Académie
Françoife, de celle des Sciences, ère.
Tome Septième.
JiTE DE LA Théorie de la Terre,
k: Introducfllon à l'hiftoire Ats Minéraux.
A PARIS,
E L'IMPRIMERIE ROYALE.
M. DeCLXXJV.
"""koAMSJ-s-^: ^
"7
TABLE
'■
TA BLE
De ce qui efl contenu dans
ce Volume.
Troisième Mém^oire^CJ ôfenfations
fur la nature de la platine. Page r
Quatrième Mémoire. Expériences
fur la ténacité & fur la décompo-
fition du Fer 57
Cinquième Mémoire. Expériences
fur les effets de la chaleur obf
cure p 8
, Sixième Mémoire. Expériences fur
la Lumière , & fur la chaleur
quelle peut produire 14.1
Article I." Invention des Miroirs
pour brûler a de grandes dljlances,
ibid.
T A B I E.
Article 11. Réflexions fur h
jugement de De/cartes, eu fujet
des miroirs d'Archmcde, &c. i 8 i
Article III. Invention d'autres
Miroirs peur brûler à de moindres
dipnces ^^^
Explication des Figures que
repréf entent le fourneau, &c. 293
Septième Mémoire. Ohjervations
furies couleurs ûcâdentelles , & fur
les ombres colorées 309,
Table des Matières . page y à^fuiv.
HISTOIRE
HISTOIRE
NATURELLE.
yjia'»a»jaax'fc-va^3
INTRODUCTION
A
L'HISTOIRE DES MINÉRAUX.
«Mw^i""" ■!■ ■'■'■■ "■«'^-'—''-"^'""-■—iTTwnnw miim wwiii iiiiubi
PARTIE EXPÉRIMENTALE.
Troisième Mémoire.
Obs e rvat ions fur la nature de
la Platine.
N vient de voir que de toutes les
iiibftances minérales que j'ai mi/es à
i'e'preuve, ce ne font pas les plus dénies,
mais les moins fufibles auxquelles il faut
le plus de temps pour recevoir &: perdre
Terne VIL A
2 Ifiîrcclliâicn à l'Hipoke
ïa chaîeur ; le fer & l'cmeril qui font les
matières métalliques . les plus difficiles à
fondre, font en même temps celles qui
s'e'chaufîent & fe refroîdiÔent le plus
lentement. II n'y a dans la Nature que la
platine qui pourroit être encore moins
accefîibîe à la chaleur, & qui la confer-
veroit plus long -temps que le fer. Ce
minerai dont on ne parie que depuis peu ,
paroît être encore plus difficile à fondre ;
le feu des meilleurs fourneaux n'ell pas
affiez violent pour produire cet efîet , ni
même pour en agiutiner les petits grains
qui font tous anguleux, e'moufTés, durs,
éi afTez fembiables pour ia forme , à de la
groITe limaille de fer, mais d'une couleur
un peu jaunâtre : & quoiqu'on puifTe les
faire couler fans addition de fondans , &
les réduire en mafle au foyer d'un bon
miroir brûlant, la platine lemble exiger
plus de chiaieur que la mine & la limaille
de fer que nous faiibns aifément fondre
. à nos fourneaux de forge. D'ailleurs la
denfné de la platine étant beaucoup plus
grande que celle du fer , les deux qualités
de denfité & de non-fufibilité fe réuniffient
ici pour rendre cette maiièrç h. moins
des Minéraux, Partie Exp. 3
accefliblc de toutes au progrès de la
chaleur. Je préfume donc que la platine
feroit à la tête de ma Table & avant le
fer ù je i'avois miie en expérience, mais
il ne m'a pas été polTible de m'en pro-
curer un globe d'un pouce de diamètre ;
on ne la trouve qu'en grains fa), & celle
qui eft en maiïe n'elt pas pure , parce
qu'on y a mêlé, pour la fondre , d'autres
niaiières qui en ont altéré la nature. Un
de mes nmis ( b ) , homme de beaucoup
d'elprit, qui a la bonté de partager fou vent
mes vues , m'a mis à portée d'examiner
cette lubftance métallique encore rare , &
qu'on ne connoîi pas aiïez. Les Chimiftes
qui ont travaillé fur îa platine, l'ont regardée
comme un métal nouveau , parfait, propre,
particulier & différent de tous les autres
métaux ; ils ont affuré que la pefànteur
(aj Un homme digne de foi, m'a néanmoins
afTurë qu'on trouve quelquefois Je ia platine en
mafTe, 6: qu'il en avoir vu un morceau de vingt
livres pefant qui n'avoit point été fondu , mais tiré
de la mine même.
(b) M. Je comte de la Billardcrie d'Angiviilers ,
de i'Acadcmie des Sciences, Intendant cwjurifwance
du Jardin 6l du Cabinet du Roi.
Aij
^, Iiitroduâlôn à rHlJloîve
fjDécinqiie éioii à très -peu -près cgaîe à
celle de l'or , que néanmcîns ce huitième
métal diffèroit d'ailleurs eûentiellement de
i'or, n'en ayant ni la dudilité ni ia
fufibilite'. J'avoue que je fiiis dans une
opinion différente & même toute oppofée.
Une matière qui n'a ni ducflilité ni fufi-
bilite, ne doit pas être mife au nombre
des métaux , dont les propriétés effentielles
ôi communes font d'être fufibles & dutfliles.
Et la plaiine , d'après l'examen que j'ea
ai pu faire , ne me paroît pas être un
nouveau métal diftérent de tous les autres,
mais un mélange , un alliage de fer &
d'or formé par la Nature, dans lequel la
quantité d'or femble dominer fur la quantité
de fer ; & voici les faits fur lefquels je
crois pouvoir fonder cette opinion.
De huit onces trente- cinq grains de
platine que m'a fournie M. d'Angiviliers,
ôi que j'ai préfentée à une forte pierre
d'aimant , il ne m'en efl reflé c|u'une
once un gros vingt- neuf grains , tout îe
reile a été enlevé par l'aimant à deux gros
près , qui ont été réduits en poudre qui
s'ed attachée aux feuilles de papier, 6c
qui les a profondément noircies , comme
tles Minéraux y Partie Exp. 5
je îe dirai toiU-à-i'hêure ; cela fait donc
i\ très -peu- près fix ièptièmes du total
qui ont été attirés par l'aimant ; ce qui eft
une quantité fi confidérabie , relativement
au tout , qu'il efl: impojfîible de fe refiifer
à croire que le fer ne foit contenu dans la
fubflance intime de la platine, <Sc qu'il n'y
foit même en aflez grande quantité. Il y
a plus ; c'eft que fi je ne m'étois pas lafTé
de ces expériences, qui ont duré plufieurs
jours , j'aurois encore tiré par l'aimant une
grande partie du reliant de mes huit onces
de platine : car l'aimant en attiroit encore
quelques grains un à un , & quelquefois
deux quand on a cefie de le préfenter.
Il y a donc beaucoup de fer dans la
platine ; & il n'y eft pas fnuplement mêlé
comme matière étningère, mais intim.émeiit
uni , & faiiànt partie de fa fubflance , ou
fi Ton veut le nier, il faudra fuppofer
qu'il exifte dans la Nature une féconde
matière qui, com.m.e le fer, eil attirable
par l'aimant; mais cette (Lppofiîion gra-
tuite tombera par les autres faits que je
vais rapporter.
Toute la platine que j'ai eu occafioii
d'examiner , m'a paru mélangée de deux
A ii;
£, Introdiiâïon à rHiJloire
matières différentes , l'une noire 6c très*
atiirable par l'aimant , l'autre en plus gros
grains d'un blanc livide un peu jaunâtre
& beaucoup moins magnétique que h.
première ; entre ces deux matières qui
îont les deux extrêmes de cette efpèce
de mélange , fè trouvent toutes les nuances
intermédiaires, foit pour le magnétifme ,
loit pour la couleur & la groiïeur des
grains. Les plus magnétiques qui font eu
même temps les plus noirs & les plus
petits, fe réduisent aiiement en poudre
j)ar un frottement allez léger , & laiffent
fur le papier blanc la même couleur que
ie plomb frotté. Sept feuilles de papier
dont on s'ell: fervi fucceffivement pour
expofer la platine à l'adion de l'aimant ,
ont été noircies fur toute l'étendue qu'oc-
cupoit la platine, les dernières feuilles
moins que les premières à mefure qu'elle
fe trioit, & que les grains qui reftoient
étoient moins noirs & moins magnétiques.
Les plus gros grains, qui font les plus
colorés & les moins magnétiques , au lieu
de fe réduire en pouffière comme les
petits grains noirs , font au contraire
très - durs & réfiftcm à toute trituraiion ;
ries Minéraux , Partie Exp. 7
néanmoins ils font lufceptibles d'extenfion
dans un mortier d'agate (c) , fous les coups
réitérés d'un pilon de même matière , &
j'en ai a]:)Iati & étendu plufieurs grains au
double & au triple de l'étendue de leur
furfàce ; cette partie de la platine a donc
lin certain à^^^é de malléabilité & de
dud:ilité , tandis que la partie noire ne
paroît être ni malléable ni ductile. Les
grains intermédiaires participent des qua-
lités des deux extrêmes , ils font aigres
& durs , ils fe cafîent ou s'étendent plus
difficilement fous les coups du pilon , &
donnent un peu de poudre noire , mais
moins noire que la première.
Ayant recueilli cette poudre noire &
îes grains les plus magnétiques que l'aimant
îivoit attirés les premiers , j'ai reconnu que
le tout étoit du vrai fer , mais dans un
état différent du ftr ordinnire. Celui- ci
réduit en poudre & en limaille , fe charge
de l'humidité & fe rouille aifément ; à
jnefure que la rouille le g^'igne , il devient
( c ) Nota. Je n'ai pas voulu \qs éierAre fur fe
tas d'acier, dans la crainte de leur communiquer
plus de magnétirme gu'iis n'en ont naturellement.
A iii;
s Inîwâuffwn à VHïflohe
moins magnétique & finit abfolument par
perdre cette qualité magnétique lorfqu'ii
eft entièrement & intimement rouillé : au
iicu que cette poudre de fer, ou fi l'on
veut ce fablon ferrugineux qui fe trouve
dans la platine , efl au contraire inaccef^
fible à la rouille quelque long- temps
qu'il foit expofé à l'humidité; il ed aufïï
plus înfufible & beaucoup moins diflo-
iuble que le fer ordinaire, mais ce n'en
€11 pas moins du fer qui ne m'a paru
différer du fer connu c[ae par une plus
grande pureté. Ce ftblon efl en effet du
fer abfolument dépouillé de toutes les
parties combuftibîes , f^ilines & terreufes
qui fe trouvent dans le fer ordinaire &
même dans l'acier; il paroii enduit ôc
recouvert d'un vernis vitreux qui le défend
de toute altération. Et ce qu'il y a de
très-remarquable , c'efl que ce fablon de
fer pur n'appartient pas exckifi veinent à
beaucoup près à la mine de platine; j'en
ai trouvé , quoique toujours en petite
quantité, dans plufieurs endroits où l'on a
fouillé les mines de fer qui fe confomment
à mes forges. Comme je fuis dans l'ufage
de foumettre à pluiieiirs épreuves toutes
'{les Minéraux i Partie Exp. p
îe5 mines que je £iis expioiter avant de
me déterminer à les faire travailler en
grand pour i'uiàge de mes fourneaux; je
lus aiïez furpris de voir que dans quel-
ques-unes de ces mines, qui toutes font
en grains , & dont aucune n'eft attirable
par l'aimant , il fe trou voit ne'anmoins des
particules de fer un peu arrondies &
luifantes comme de la limaille de fer , &
tout- à -fait femblabies au fablon ferru-
gineux de la platine , elles font tout aufïï
magnétiques, tout aufîi peu fufibles , tout
aufll difficilement diflolubles; tel fut le
réfultat de la comparaifon que je ^s du
ilibion de la platine, & de ce fiblon
trouvé dans deux de mes mines de fer à
trois pieds de profondeur, dans des lerreins
cil l'eau pénètre a(Iez facilement: j'avois
peine à concevoir d'où pouvoient provenir
ces particules de fer ; comment elles avoient
pu fe défendre de la rouille depuis des
iiècîes qu'elles font expofées à l'humidité
de la terre , enfin comment ce fer très-
magnétique pou voit avoir été produit dans
des veines de mines qui ne ie font point
du tout. J'ai appelé l'expérience à mon
fecourS; & je me fuis aflez éclairé jfur-
A V
'10 IntrodiiŒon à ÏHïflohe
îous ces points pour être flitisfaîr. Je>
favois, par nn grand nombre d'obfer-
vations , qu'aucune de nos mines de fer
en grains n'eftattirablepari'ainiant; j'étois
bien perfuadé , comme je le luis encore ,
que toutes les mines de fer qui font
magnétiques , n'ont acquis cette propriété
que par l'a(n:ion du feu ; que les mines
du nord qui font afTez magnétiques pour
qu'on les cherche avec ia boulTole , doivent
ieur origine à l'élément du feu , tandis que
toutes nos mines en grains qui ne font
])oint du tout magnétiques, n'ont jamais
fubi l'adion du feu , & n'ont été formées
que par ïe moyen ou l'imermèda de l'eau-
Je penfai donc que ce fablon ferrugineux
& magnétique que je trouvois en petite
quantité dans mes mines de fer, de voit
ion origine au feu ; (.Sj. ayant examiné le
iocal , je me confirmai dans cette idée.
Le terrein où fe trouve ce fablon magné-
tique eft en bois, de temps immémorial^
on y a fait très-anciennement, & on y
fait tous les jours des fourneaux de
charbon ; il eil aufîi plus que probable
qu'il y a eu dans ces bois des incendies
confidérabics. Le charbon & le bois brûlé,
des Minéraux, Partie Exp. i i
fur - tout en grande quantité , produifent
du mâchefer, & ce mâchefer renferme ia
partie la plus fixe du fer que contiennent
îes végétaux; c'ed ce fer fixe qui forme
le fabion dont il efl queftion lorlque le
mâchefer fe décompofe par i'adion de
J'air, du foleil & des pluies: car alors
ces particules de fer pur qui ne font
point fu jettes à la rouille ni à aucune
autre erj)èce d'akération , fe laillent entraî-
ner par l'eau & pénètrent dans la terre
avec elle à quelques pieds de profondeur.
On pourra vérifier ce que j'avance ici ,
en faifant broyer du mâchefer bien brûlé ,
on y trouvera toujours une petite quantité
de ce fer pur , qui ayant réfiRé à Tacftion
du feu , réfirte ép^alemcnt à celle de:i
difFolvans, & ne donne point de priie à
îa rouille (d),
( d) J'ai reconnu dans le cabinet d'Hifloire Na-
turelfe , àts Tablons ferrugineux de même efpccc
que celui de mes mines, qui m'ont été envoyés
^e diftërens endroiti & qui font également magné-
tiques. Oh en trouve à Quimper en Bretagne,
en Danemarck, en Sibérie, à Saint-Domingue,
& les ayant tous comparés , j'ai vu que le fabion
ferrugineux de Quimper étoit celui qui reffembloit
k plus au mien , & qu'il n'en différoit que par
A v;
12 IntwdiicTion à ÏHijlohe
M'étant fatisfait fur ce point , & après
avoir comparé ie fablon tiré de mes mines-
de fer & du mâchefer avec celui de la
platine afîez pour ne pouvoir douter de
leur identité, je ne fus pas long-temps à
penfer , vu la pelanteur fpécifique de la
platine, que fi ce fibion de fer pur,
provenant de la décompofition du mâche-
fer, au lieu d'être dans une mine de fer,
fe trou voit dans le voifinage d'une mine
d'or , il auroit , en s'unifîant à ce dernier
métal , formé un alliage qui feroit abfo-
îument de la même nature que la platine.
On Çdh que l'or &l le fer ont un grand
degré d'affinité ; on fait que la plupart
des mines de fer contiennent une petite
un peu p!us de pefanteur rpécifîque. Celui de Saint-
Domingue efl plus léger , celui de Danemarck efl
moins pur &: plus mélangé de terre , & celui de
Sibérie eft en malTe 6c en morceaux gros comme
ie pcuce , folides, pefans, & que l'aimant foulève
à peu - près comme fi c'ctoit une mafie de fer
pur. On peut donc prédimer que ces Tablons
magnétiques provenans du mâchefer^ fe trouvent
iiuiïi communément que le mâchefer même, mais
feulement en bien plus petite quantité. H efî rare
qu'on en trouve ^Sti î-mas un peu conildérables, 6c
c'eil par cette raifon qu'i's ont échappé , pour \%
plupart , aux recherches des Mincralogilles,
fies Minéraux , Pai lie Exp. l 3
quantité d'or ; on fait donner à l'or la
teinture , la couleur & même l'afgre du
fer en les failiint fondre enfemble ; 011
emploie cet or couleur de fer fur diffé-
rens bijoux d'or , pour en varier les
couleurs; & cet or mêlé de fer efl plus
ou moins gris , ik plus ou moins aigre ,
fuivant la quantité de fer qui entre, dans
Je mélange. J'en ai vu d'une teinte abfo-
lument lemblabie à la couleur de la platine.
Ayant demandé à un Orfèvre quelle étoit
ia proportion de l'or & du fer dans ce
mélange qui étoit de la couleur de la
platine , il me dit que l'or de 24 karats
n'éioit plus qu'à i 8 karats , & qu'il y
entroit un c[uart de fer. On verra que
c'efl à - peu - près la proportion qui fe
trouve dans la platine naturelle , fi l'on en
juge par la pelanieur fpécifique. Cet or
mêlé de fer eil plus dur, plus aigre &
fpécifiquement moins pefant que l'or pur ;
toutes ces convenances, toutes ces qualités
communes avec la platine , m'ont perfuadé
que ce prétendu métal n'efl dans le vrai,
qu'un aliinge d'or & de fer , & non
pas une fubfîance particulière, un métal
nouveau; parfait & différent de tous les
'14 Itiîroduâîon à rHlJlolre
autres métaux , comme les Chimifles l'ont
avancé.
On peut d'ailleurs ^ç: rapj^eîer que l'aî-
iiage aigrit tous les métaux, & que quand
il y a pénétration , c'eil-à-dire , augmen-
tation dans lapefànteur fpécifique, l'alliage
en e(l d'autant plus aigre que la pénétration
eit pjus grande, & le mélange devenu
plus intime , comme on le reconnoît dans
i'alliage appelé métal des cloches , quoiqu'il
Ibit compofé de deux métaux très-du<5liles.
Or, rien n'eft plus aigre ni plus pefant
que la platine ; cela feul auroit dû fîiire
foupçonner que ce n'efl qu'un alliage £iit
par la Nature, un mélange de fer & d'or,
qui doit la pefliiiteur fpécifique en partie
à ce dernier métal, & peut-être aufîî en
grande partie à la pénétration des deux
matières dont il eft compofé.
Néanmoins cette pefanteur (pécifique
de la platine n'efl: pas aufîl grande que
nos Chimifles l'ont publié. Comme cette
matière traitée feule & fans addition de
fondans eft très-difîficîle à réduire en mafTe,
qu'on n'en peut obtenir au feu du miroir
brûlant que de très-petites mafTes , & que
îcs expériences hydroftatiques fliites fur
des Minéraux , Partie Exp; i 5
des petits volumes, font fi cléfecliieufes
qu'on n'en peut rien conclure ; il me
pnroît qu'on s'efl: trompé fur i'e(l:imatioii
de la pe fauteur fpécifique de ce minerai. J'ai
jurs de la poudre d'or dans un j:)etit tuyau
de plume que j'ai pefé très-exac1:ement ,
j'ai mis dans le même tuyau un e'gal
volume de y>Iatine , il pefoit près d'un
dixième de moins , mais cette poudre d'or
éîoit beaucoup trop fine en comparaifon
de la plaiine. M. Tillet^ qui joint à une
connoilîance approfondie des métaux, le
talent rare de faire des expériences avec
ia plus grande précifion, a bien voulu
répéter à ma prière , celle de la pefanteur
fpécifique de la platine comparée à l'or
pur. Pour cela , il s'eft fervi comme moi
d'un tuyau de plume, &: il a fliit couper
à la cilaille de l'or à 2,4 karats, réduit
autant qu'il étoit pofîible à la grofîeur
des grains de la platine , & il a trouvé ,
par huit expériences , cjue la pefanteur de
!a platine différoit de celle de l'or pur
d'un quinzième à très-peu-près, mais nous
avons obfervé tous àcwx , que les grains
d'or coupés à la cifaille avoient les angles
beaucoup plus vifs que ia platine \ celle-ci
:j6 Inîroduâwn à l'HîJIohe
vue à la loupe , eft à peu - près de ïii
forme des galets roulés par i'eau , tous
les angles font émoufles, elle efl même
douce au toucher , au lieu que les grains
de cet or coupés à la cifaille, avoient des
angles vifs & des pointes tranchantes ,
en forte qu'ils ne pouvoient pas s'ajuftcr
ni s'entafTer les uns fur les autres aulfi
aifément que ceux de la platine ; tandis
qu'au contraire la poudre d'or dont je me
fuis fervi, étoit de i'or en paillettes , telles
que les Arpailleurs les trouvent dans le
fable des rivières. Ces paillettes s'ajuftent
beaucoup mieux les unes contre les autres ;
j'ai trouvé environ un dixième de diffé-
rence entre le poids fpécifrque de ces
paillettes & celui de la platine ; néanmoins
ces paillettes ne font pas ordinairement
d'or pur , il s'en faut fouvent plus de
deux ou trois karats , ce qui en doit
diminuer en même rapport la pelanteur
ipécifique ; ainfi tout bien confidéré &
comparé , nous avons cru qu'on pouvoir
maintenir le rélultat de mes expériences,
& affurer que la platine en grains & telle
que la Nature la produit, eft au moins
d'un onzième ou d'un douzième moia$
des Minéraux , Partie Exp. 1 7
pefante que l'or. II y a toute apparence
que cette erreur de fait lur la denfité de
ia platine , vient de ce qu'on ne l'aura
pas pefée dans fon état de nature , mais
îeuicment après l'avoir réduite en maffe :
& comme cette fufion ne peut fe taire
que par l'addition d'autres matières & à
lui feu très-vioient , ce n'efl plus de la
platine pure , mais un compofé dans lequel
font entrées des matières fondâmes , &:
duquel le feu a enlevé les parties les
plus légères.
Ainfi la platine au lieu d'être d'une
denfité égale oti prefqu'égale à celle de
l'or Dur , comme l'ont avancé les Auteurs
qui en ont écrit , n'eft que d'une denfué
moyenne entre celle de l'or & celle du
fer , &. feulement plus voifine de celle de
ce premier métal que de celle du dernier.
Suppofant donc que le pied cube d'or
pèfe treize cents vingt-fix livres , àL celui
du fer pur cinq cents quatre-vingts livres,
celui de ïa platine en grains fe trouvera
pefer environ onze cents quatre - vingt-
quatorze livres , ce qui fuppoferoit j)lus
des trois quarts d'or fur un quart de f<=r dans
cet alliage, s'il n'y a pas de pénétration^
i8 Introduâion à rHiJlohe
mais comme on en tire fix feptièmes à
i'aimant , on pourroit croire que ie fer y
cfl: en quantité de plus d'un quart , d'autant
pÎLis qu'en s'obftinant à cette expérience ,
je fuis perfuadé qu'on viendroit à botit
d'eniever avec un fort aimant , toute la
platine jufqu'au dernier grain. Néanmoins
on vicn doit pas conclure que le fer y foit
contenu en h grande quantité; car lorf-
qu'on le mêle par la fonte avec i'or, la mafle
qui réfuite de cet alliage eft attirable par
l'aimant, quoique le fer n'y foit qu'en petite
quantité: j'ai vu entre les mains de M.
Baume, un bouton de cet alliage pefant
foixante - fix grains, dans lequel il n'étoit
entré que fix grains, c'eft-à-dire un onzième
de fer, & ce bouton fe laifToit enlever aifé-
ment par un bon aimant. Dès-lors la platine
pourroit bien ne contenir qu'iui onzième
de fer fur dix onzièmes d'or , & donner
néanmoins les mêmes phénomènes , c'eft-
à -dire, être attirée en entier par l'aimant ;
& cela s'accorderoit parfaitement avec la
pefinteur fpécifique qui eft d'un douzième
moindre que celle de l'or.
Mais ce qui me fiit préfumer que la
platine coniient plus d'un onzième de fer
des Minérûux, Partie Exp. i p
fur ù'ix onzièmes d'or , c'eft que i'aliiagc
fjiîi refulie de cette proportion, c(l encore
couleur d'or & beaucoup j)Ius jaune que
ne refl la platine ia plus colorée , & qu'il
flmt un quart de fer fur trois quarts d'or
pour que i 'alliage ait })réciiénient la
couleur naturelle de la platine. Je fuis
donc très - porté à croire qu'il pourroit
h'itii y avoir cette quantité d'un quart
de fer dans la platine. Nous nous lomnies
afiurés , M. Tillet & moi, par pkifieurs
expériences , que le fibion de ce fer pur
que contient ia platine , efl: plus pelant
que la limaille de fer ordinaire; ainfi cette
caufe ajoutée à l'effet de la pénétration ,
fuiîit pour rendre raifon de cette grande
quanti lé de fer conteiiue fous le petit
volume indiqué par la pefanteur fpécifique
de la platine.
Au refle, il efl: très-poiîible que je me
trompe dans quelques - unes des confé-
quences que j'ai cru devoir tirer de mes
obfcrvations fur cette lubflance métallique ;
je n'ai pas été à portée d'en faire un
examen aufli approfondi que je i'aurois
voulu; ce que j'en dis, n'efl: que ce que
j'ai vu, & pouri-a peut-être fervir à faire
voir mieux.
10 Inîroduâîon à rHïjloke
Première addition.
Comme j'étois fur le point de livrer
ces feuilies à l'impreffion , le hafard fit que
je parlai de mes idées fur la platine , à
M. le comte de Miily qui a beaucoup
de connoifîânces en Phyfique & en Chi-
mie , ii me répondit qu'il penfoit à peu-
près comme moi flir la nature de ce
minéral, je lui donnai ie Ménioire ci-defTas
pour l'examiner, & deux jours après ii eut
la bonté de m'envoyer les obiervations
fui vantes , que je crois atilli bonnes que
ies miennes , &: qu'il m'a permis de publier
enfemble.
ce J'ai pefé exadlement trente-fix grains
» de piaiine , je l'ai éiendue fur une feuille
o3 de papier blanc , pour pouvoir mieux
» Toblerver avec une bonne loupe, j'y
3D ai aperçu ou j'ai cru y apercevoir très-
D> difllnctement , trois lubftances diffé-
w rentes ; la première avoit le brillant
>5 métallique, elle étoit la plus abondante;
5> la féconde vitriforme, tirant fur ie noir ,
:>? reiïemble allez à une matière métallique
>3 ferrugineufe qui auroit fubi un degré
3> de feu confidérable , telles que des
» fcories de fer , appelées vulgairemeut
des Minéraux , Partie Exp* ^ i
mâchefer ; îa troîfièine , moins abondante «
que îcs deux premières , eit du i'able de ce
toutes couleurs où cependant le jaune, ce
couleur de topafe, domine ; chaque grain ce
de lable confidcré à part , offre à la vue ce
à.Q.s criilaux réguliers de difterentes ce
coukurs ; j'en ai remarqué de criflallife's «
en aiguilles hexagones , fe terminant en ce
pyramides comme le criftal- de- roche, c€
& il m'a femblé que ce (able n'étoit qu'un c<
détritus de cridaux - de - roche ou de <€
quartz de différentes couleurs. ce
Je formai le projet de (eparer , ïe ce
plus cxadiement pofîible, ces différentes c<
fubllances par le moyen de l'aimant & «ç
de mettre à part la partie la plus attirabîe c<
à l'aimant , d'avec celle qui l'étoit moins, ce
& enfin de celle qui ne l'étoit pas du et
tout ; enfuite d'examiner chaque fubf^ ce
tance en particulier & de les loumettre ce
à différentes épreuves chimiques & e<
mécaniques. tt
Je mis à part les parties de la platine «:
qui furent attirées avec vivacité à la ce
diftance de deux ou trois lignes, c'efl- ce
à-dire , fans le contacl de l'aimant , &: ce
je me' fervis pour cette expérience , <c
21 IntroJuâion à rHiflolre
3D d'un bon aimant fadice de M. l'Abbé..,.;
33 eniuite je touchai avec ce même aimant
33 le métai, & j'en enlevai tout ce qui
39 voulut céder à l'effort magnétique , que
33 je mis à part ; je pelai ce qui étoit refté
33 & qui n'étoit prefque plus auirable ;
3> cette matière non attirable , & que je
3> nommerais." -^, pefoit vingt-trois grains;
33 n° I " qui étoit le plus lènfible à l'ai-
33 mant , pefoit quatre grains; n° 2, pefoit
33 de même quatre grains; & n! ^, cinq
33 grains.
33 Nf J y examiné à la loupe , n'oiîioit
33 à la vue qu'un mélange de parties
33 métalliques , d'un blanc laie tirant fur
33 le gris , aplaties & arrondies en forme
33 de galets & de fable noir vitriforme,
33 relTemblant à du mâchefer pilé , dans
3> lequel on aperçoit des parties très-
33 rouillées , enfin telles que les fcories de
33 fer en préiéntent lorl qu'elles ont été
33 expofées à l'humidité.
33 N^' 2 préfentoit à peu-près îa même
33 choie , à l'exception que les parties
33 métalliques dominoient , & qu'il n'y en
» avoit qtie très -peu de rouillées.
» iV/ j étoit la même chofe, mais
fies Aiifièraux , Partie Exp. 23
îes parties métalliques e'toient plus volu- ce
mineules , elles refTembloient à du métal ce
fondu , & qui a été jeté dans i'eau pour ce
le divifer en grenailles, elles font aplaties, ce
elles aftedent toiues fortes de fipfures, ce
mais arrondies fur les bords à la manière ce
des galets qui ont éié roulés & polis ce
par les eaux, ce
N." ^ qui n'a voit point été enlevé ce
par l'aimant , mais dont quelques parties ce
donnoient encore des marques de fen- ce
fibilité au magnéiifme , lorlqu'on palToit ce
l'aimant fous le papier où elles étoient ce
étendues, étoit un mélange de fable, ce
de parties métalliques &. de vrai mâchefer ce
friable fous les doigts , qui noircifîbit à ce
la manière du mâchefer ordinaire. Le 4t
fable fembloit être compofé de petits ce
criflaux de topale, de cornaline & de ce
criftal- de -roche; j'en écrafai quelques ce
criftaux fur un tas d'acier, & la poudre ce
qui en réfulta étoit comme du vernis ce
Téduit en poudre ; je fis la même choie ce
au mâchefer , il s'écrafi avec la plus ce
grande ficilité , (Se il m'offrit une poudre ce
noire ferrugineule qui noirciffoit le «
papier comme Iç mâchefer ordinaire, <c
^4 Introducfion à rHiflohe
35 Les parties métalliques de ce dernier
5j (n° 4)i me parurent plus dudiles fous
35 le marteau que celles du n° / '\ ce
» qui me fit croire qu'elles contenoient
35 moins de fer que les premières ; d'où
35 il s'enfuit que la platine pourroit fort
35 bien n'éîre qu'un mélange de fer 6c
35 d'or fut par la Nature , ou peut-être
35 de la main des hommes , comme je le
33 dirai par ia fuite.
33 Je tâcherai d'examiner , par tous les
3j moyens qui me feront poflibîes, la
33 nature de la platine, fi je peux en
33 avoir à ma dilpofition en fuffifante
35 quantité ; en attendant , voici les expé-
>5 riences cjue j'ai faites.
33 Pour m'aflurer de la préfence du fer
33 dans ia platine par des moyens chi-
33 miques , je pris les deux extrêmes , c'eR-
35 à- dire, n' i ^ qui étoit très-atiirable à
>5 l'aimant, & n° ^ qui ne l'étoit pas, je
35 les arrofai avec l'efprit - de - nitre un
33 peu fumant , j'obfervai avec la loupe ce
33 qui en réfulteroit , mais je n'y aperçus
>3 aucun mouvement d'effervefcence ; j'y
33 ajoutai de l'eau difliflée , & il ne fe fit
33 encore aucun mouvement, mais les
parties
^les Minéraux y Partie Exp. 25
parties métalliques fe décapèrent, & elles ce
prirent un nouveau brillant ièmblable ce
à celui de l'argent; j'ai laiflé ce mélange ce
tranquille pendant cinq ou fix minutes , ce
& ayant encore ajouté de l'eau , j'y laifTai ce
tomber quelques gouttes de la liqueur ce
àlkaline faturée de la matière colorante ce
du bleu de PrufTe , & fur le champ le ce
n' I y me donna uii très-beau bleu de ce
Prufîe. ce
Le n." ^ ayant été traité de même, ce
&: quoiqu'il le fût refuie à l'adion de ce
l'aimant & à celle de l'efprit-de-nitre , ce
me donna Je même que le n^ 1 ^ du ce
très- beau bleu de Prufîe. ec
li y a deux chofes fort fîngulières ce
à remarquer dans ces expériences , ce
I ." il paflè pour confiant parmi les c<
Chimifles qui ont traité de ïa plaiine, ce
que i*eau- forte ou Tefprit-de-nitre n'a ce
aucune adtion fur elle ; cependant , ce
comme on vient de le voir , ii s'en ce
diffbut afîez , quoique fans efîèrvef^ ce
cence, pour donner du bleu de Prufîe ce
orfqu 'on y ajoute de la liqueur alkaïine ce
phlogifliquée & faturée de ia matière «
Tôine VIL B
:l6 TnfrocJuâlon à rHlfioire
35 colorante, qui, comme on fait, précipite
35 le fer>en hieu de Pruiîe.
>5 2.° La platine qui n'eft pas fenfible
>5 à i'aimant, n'en contient pas moins du
35 fer, puifque l'efprit-de-nitre en diflout
;» aflez, fans occarionnerd'efFervercence,
35 pour former du bleu de Pruiîè.
35 D'où il s'eniïîit que cette fubflance
33 que les Chimifles ïnodernes, peut-être
33 trop avides du merveilleux & de vouloir
35 donner du nouveau , regardent comme
35 un huitièm.e métal , pour;^"oit bien n'être,
35 comme je l'ai dit, qu'un mélange d'or
?5 & de fer.
3? Il relie lans doute bien d^s expé-
35 riences à faire pour pouvoir déterminer
35 comment ce me'Linge a pu avoir lieu ,
30 fi c'eil l'ouvrage de la Nature , &
35 comment ; ou fi c'eft le produit de
35 quelque volcan , ou finiplement le pro-
35 duit des travaux que les Elpngnols ont
35 faits dans le nouveau monde pour retirer
35 l'or des mines du Pérou : je ferai mention
35 par la fliiie de mes conjectures Ià~
35 deffus.
-» Si l'on frotte de la pbuine naturelle
5> fur uii linge blaac; elle le noircit comme
tJes Minéraux , Partie Exp. 27
pourroit îe faire ïe mâchefer ordinaire, ce
ce cjLii m'a fait foupçonner c[ue ce font ce
ies parties de fer re'duiics en mâchefer ce
qiii fe trouvent dans la plaiine qui ce
donnent cette couleur , & qui ne font ce
dans cet état que pour avoir éprouvé ce
i'adion d'un feu violent. D'ailleurs ayant ce
examiné une féconde fois de la platine ce
avec ma loupe, j'y aperçus différens ce
globules de mercure coulant , ce c|ui ce
me fit imaginer que la platine pourroit ce
bien être un produit de la main des ce
hommes, & voici comment. ce
La plaiine , à ce qu'on m'a dit , fe ce
tire des mines les plus anciennes du ce
Pérou, que les Efpagnols ont exploi- ce
tées après la conquête du nouveau ce
monde : dans ces temps reculés on ne ce
ccnnoifToit guère que deux manières ce
d'extraire l'or des fables qui le conte- «c
noient; 1 ." par l'amalgame du mercure, ce
i.° par le départ à fec : on trituroit le ce
fable aurifère avec du mercure , &: ce
lorfqu'on jugeoit qu'il s'étoit chargé ce
de la plus grande partie de l'or, on ce
rejetoit le fable qu'on nommoit craffe , ce
comme imuiîe & de nulle valeur. ce
Bij
2 8 IntroJuâïon à l^Hijlohe
:>-> Le départ à fcc fe faifoit avec aufîi
» peu d'intelligence; pour y vaquer, on
55 conimençoit par minéraliler les métaux
■>:> aurifères par le moyen du foufre qui
35 n'a point d'ad:ion fur l'or , dont la
35 pedmteur fpécifique eft plus grande que
35 celle des autres métaux ; mais pour faci-
>5 liter fa précipitation on ajoute du fer en
35 limaille qui s'empare du foufre fur-
35 abondant, méthode qu'on fuit encore
35 aujourd'hui (e). La force du feu vitrifie
33 une partie du fer, l'autre fe combine
33 avec une petite portion d'or & même
33 d'argent qui le mêle avec les fcories ,
33 d'où on ne peut le retirer que par
35 plufieurs fontes, & fans être bien inftruit
33 des intermèdes convenables que les Do-
33 cimafiftes emploient. La Chimie qui
33 s'efl perfecftionnée de nos jours , donne
33 à la vérité les moyens de retirer cet or
33 & cet argent en plus grande partie ; mais
33 dans le temps où les Efpagnols exploi-
33 toient les mines du Pérou, ils ignoroient
(e) Voyez les Élémens docimaftiques de Cramer ;
i'Art de traiter les mines, par Schulter, SchiH'?
deier, &ç.
des Minéraux , Partie Exp* I9
ians cloute l'art de traiter les mines avec ce
le plus grand profit; & d'ailleurs ils ce
avoient de ii grandes richefTes à leur ce
diTi^ofuion, qu'ils ncgligeoient vraifem- ce
jjlabieinent les moyens i[cà leur aùroient ce
coûté de la peine, des loins & du temps ; <c
ainfi il y a apparence qu'ils fe conten- c^
toient d'une première fonte , &: jetoient ce
les Icories comme inutiles , ainli que ce
le lable qui avoit paflé par le mercure, ce
peut-être même ne faiïoient-ils qu'un ce
las de ces deux mélanges , qu'ils regar- c<
doient comme de nulle vakur. ce
Ces fcories contenoient encore de ce
i'or , beaucoup de fer fous différens ce
états , Ik cela en des proportions diffe- ce
rentes qui nous font inconnues , mais ce
qui font telles peut-être qu'elles peuvent ce
avoir donné l'exiftence à la platine. L.qs ce
globules de mercure que j'ai obfervés, ce
ÔL les paillettes d'or que j'ai vues diftinc- ce
tement , à l'aide d'une bonne loupe , ce
dans la platine que j'ai eue entre les ce
mains , m'ont fait naître les idées c|ue ce
je viens d'écrire fur l'origine de ce ce
minéral ; mais je ne les donne que comme ce
des conjedures hafirdées ; il faudroit ce
Biij
30 Inîroduélîon à VHïfloïre
30 pour en acquérir quelque certitude,
:» iàvoir au jufte où font fuuées ies mines
35 de la platine ; fi efies opt été exploitées
55 anciennement , fi on ia tire d'un terrein
35 neuf, ou fi ce ne font que des dé-
33 combres, à quelle profondeur on la
3> trouve, <& enfin fi la main des hommes
y> y efl exprimée ou non. Tout cela
33 pourroit aider à vérifier ou à détruire
les conjedures que j'ai avancées (f), 33
Remarçiues.
Ces obfervations de M. le comte de
Alilf y, confirment les miennes dans prefque
tous les poiiUs. La Nature eft une, & fe
préfente toujours la même à ceux qui la
lavent cbferver ; ainfi l'on ne doit pas
être fiirpris que fans aucune communica-
tion, M. de Milly ait vu les mêmes chofes
que moi , & qu'il en ait tiré la même
/f) M. le baron Je S'ckingen , Miniilre de
i'Éledcur Paiatin, a dit à M. de Miily , avoir
adueiiement entre les mains deux Mémoires qui
lui ont été remis par M. Keilner , Chimifte <Sc
Mctalfiirgifte, attaché à M. ie Prince de Birckenfeld ,
à Manheim , qui offre à la cour d'Efpagne , de
rendre à peu - près alitant d'or pefaat au on lui
livrera de platjue^
des Minéraux, Partie Exp. '3 î
conféquence, que la platine n'eft point un
nouveau métal , àifiérent de tous les autres
métaux , mais un mélange de fer & d'or.
Pour concilier encore de plus près Tes
obfervatîons avec les miennes, & pour
éclaircir en même temps les doutes qui
reftent en grand nombre fur l'origine &
fur la forjnation de la platine, j'ai cru
devoir ajouter les remarques fnvantes.
i.° M. le comte de Milîy drftingue
dans la pîaiine trois efpèces de matières :
favoir, deux métalliques, & la iroifième
non métallique , de fubfîance & de forme
quartzeufe ou crilialline ; il a obfervé
comme moi, que des deux matières métal-
liques , l'une ed très-attirable par l'aimant ,
&: que l'autre l'ell: très-peu ou point du
tout. J'ai fiit mention de ces deux matières
comme lui , mais je n'ai pas parlé de la
troifième qui n'eft pas métallique , parce
qu'il n'y en ^voit point ou très- peu dans
la platine fur laquelle j'ai fait mes obferva-
tions. Il y a apparence que la platine dont
s'eil fervi M. de Milîy. étoit moins pure
que la mienne que j'ai obfervée avec
foin, & dans laquelle je n'ai vu que quelques
petits globules tranfparens comme du verre
B iiij
3 2 Inîroduâton à rHiJloîre
blanc fondu , qui étoient unis à des parti-
cules de platine ou de lahlon ferrugineux ,
& qui fe liiiiïoient enlever enfemble par
î'ainiant. Ces globules trnnfparens e'toient
en très-petit nombre , &. dans huit onces
de platine que j'ai bien regardée & fait
regarder à d'autres avec une loupe très-
forte, on n'a point aperçu de criftaux
re'guiiers. Il m'a paru au contraire que
toutes les particules tranfparentes e'toient
gîobuleufes comme du verre fondu , &
toutes attachées à à^s parties métalliques y
comme le laitier s'attache au fer lorfqu'on
îe fond. Néanmoins comme je ne doutois
point du tout de la vérité de robfervaiion
de M. de Milly, qui avôit vu dans fa
platine des particules quartzeuies & crif-
tallines, de forme régulière & en grand
nombre ; j'ai cru ne devoir pas me borner
à l'examen de la feule platine dont j'ai
parlé ci-devant : j'en ai trouvé au Cabinet
du Roi que j'ai examinée avec M. Dau-
henton, de l'Académie des Sciences, &
qui nous a paru à tous deux bien moins
pure que la première , & nous y avons en
effet remarqué un grand nombre de petits
criftaux prifmatiques & tranfpareas, les
des Adinéraux, Partie Exp. 3 3
uns couleur de rubis-balai, d'autres couleur
de topare , & d'autres enfin parfaitement
blancs; ainfi M. ie comte de Milly ne
s'étoit point trompé dans Ion obfervation ;
mais ceci prouve feulement qu'il y a des
mines de platine bien plus pures les unes
que les autres , & que dans celles qui le
font le plus , il ne fe trouve point de ces
corps étrangers. M. Daubenton a aulîî
remarqué quelques grains aplaiis par-
deflous & renflés par-delTus , comme ieroit
une goutte de métal fondu qui fe feroit
refroidie fur un plan. J'ai vu très-diftinc-
tement un de ces grains hémifphériques ,
ôi cela pourroit indiquer que la platine
eft une matière qui a été fondue par le
feu ; mais il eft bien fmgulier que dans
cette matière fondue par le feu, on trouve
des petits crillaux , des topafes & des
rubis 5 & je ne fais fi l'on ne doit pas
foupçonner de la fraude de la part de ceux
qui ont fourni cette platine, & qui, pour
en augmenter la quantité , auront j)u la
mêler avec ces ftbles criftallins , car je le
répète , je n'ai point trouvé de ces crillaux
dans plus d'une demi-livre de platine que
m'a donnée M. le comte d'Ai^i^iviliers.
B V
34 Litroduâlon à V liïllohe
2.° J'ai trouvé , comme M. de Miiïy,
dés paillettes d'or dans ia platine, elles
font aifées à reconnoîîre par leur couleur,
& parce qu^eiles ne lont point du tout
magnétiques ; mais j'avoue que je n^ai pas
aperçu les globules de mercure qu'a vus
M. de Miiiy. Je ne veux pas pour cela
nier leur exiftence ; feulement il me (emble
que les paillettes d'or fe trouvant avec
ces p;lobuïes de mercure dans la même
m'atière, elles leroient bientôt amalgamées ,
& ne conierveroient pas la couleur jaune
de l'or que j'ai remarquée dans toutes les
paillettes d'or que j'ai pu trouver dans une
demi- livre de platine (g)> D'ailleurs les
globules tranfparens, dont je viens de
parler , reffemblent beaucoup à des glo-
bules de luercure vif <Sc brillant , en forte
qu'au premier coup d'œii il eft aifé de
s'y trotnper.
3 .° Il y avoit beaucoup moins de parties
ternes & rouillées dans ma première platine
(q) J'ai trouvé depuis dans d'autre platine des
paillettes d'or qui n'ctoient pas jaunes, mais brunes
& même noires comme le fablon ferrugineux de
îa p!aîine , qui probablement leur avoit donaé cette
cDU'kur noirâtre,
des Minèrdtix , Partie Exp. 3 5
que dans celie de M. de Milly, & ce
n'efl pas proprement de la rouille qui
couvre fa furflice de ces particules ferru-
gineufes , mais une fubflance noire , pro-
duite par le. feu, & tout-à-£ùt fembiaule
à celle qui couvre la furfàce du fer brûlé :
mais ma féconde platine, c'efl - à - dire ,
celle que j'ai prife au Cabinet du Roi ,
avoit encore de comînun avec celle de
AI. le comte de Milly, d'êire mélangée
de quelques parties ferrugineufes ", qui,
fous le marteau, fe réduifoient en poulîière
jaune 6l avoient tous les caradièies de ia
rouille. Ainfi cette platine du Cabinet du
Roi, & celle de M. de Milly, le reiTem-
bîant à tous éofards , il eft vraii'emblabie
qu'elles font venues du même endroit &
par la même voie ; je foupçonne même
que toutes deux ont été fophiiliquées <3c
mélangées de près de moitié , avec des
matières étrangères crillallines & ferrugi-
neufes rouillées , qui ne fe trouvent pas
dans la platine naturelle.
4.° La produclion du bleu de Prufîe
par la platine , me paroît prouver évidem-
ment U préfence du fer dans la partie
même xie , ce minéral qui elt la moins
B vj
3 6 Introduâlon à l'Hifloue
attirable à l'aimatit , & confîriner en même
temps ce que j'ai avancé du mélangé
îniime du fer dans fa fubûance. Le déca-
pement de la platine par l'efprit de nitre,
prouve que quoiqu'il n'y ait point d'effer-
vefcence fenfibie, cet acide ne laiiïè pas
d'agir fur la platine d'une manière évidente^
& que les Auteurs qui ont affuré le
contraire , ont fuivi leur routine ordinaire,
qui confîfîe à regarder comme nulle toute
adion qui ne produit pas reffervefcence.
Ces deux expériences de M. de Alilly me
paroifTent très-importantes , elles feroient
même décifives fi elles réuflifîoient tou-
jours également.
5.° Il nous manque en effet beaucoup
de connoifîances qui 1 croient nécefîaires ,-
pour pouvoir prononcer affirmativement
ïur l'origine de la platine. Nous ne favons
rien de i'hiftoire naturelle de ce minéral ,
& nous ne pouvons trop exhorter ceux
qui font à portée de l'examiner fur les
lieux , de nous faire part de îeurs obfer-
vations. En attendant, nous fournies forcés
de nous borner à des conjectures , dont
quelques- imes me paroiffent feulement
'plus vraifemblables que les autres. Par
Je s Minéraux , Pa rt i e E x p. 37
exemple , je ne crois pas que la platine
ibit l'ouvrage des hommes ; les Mexicains
«5c ies Péruviens favoient fondre & tra-
vailler l'or avant Tarrivée des Efpagnols,
& ils ne connoifTcient pas le fer, qu'iî
auroit néanmoins fallu employer dans le
départ à {^tc en grande quaniité. Les
Elpagnois eux-mêmes n'ont point établi
de fourneaux à fondre les mines de fer
en cette contrée , dans les premiers temps
qu'ils l'ont habitée ; il y a donc toute
apparence qu'ils ne fe font pas fervis de
linailie de fer pour le départ de l'or , du
moins dans les commencemens de leurs
travaux , qui d'ailleurs ne remontent pas
à deux ficelés & demi, temps beaucoup
trop court pour une produc1:ion aufli
abondante que celle de la platine, qu'on
ne laific pas de trouver en afiez grande
quantité & dans plufieurs endroits.
D\aiifeurs lorfqu'on mêle de l'or avec
du fer , en les faifant fondre enfemble y
on ]:eut toujours , par ies voies chimiques,
ks léparer & retirer i'or en entier ; au lieu
que jufqu'à préfent les Chimifles n'ont
pu faire cette léparation dans la platine,,
r.i déterminer la quantité d'or contenir
3 8 Litroduâion à rflïfloîre
dans ce minerai : cela femble prouver que
i'or y e(t uni d'une manière plus intime
que dans l'alliage ordinaire , & c[ue le fer
y elt aufli, comme je l'ai dit, dans un
état différent de celui du fer commun.
La platine ne me paroit donc pas être
i'ouvrage de l'homme , mais le produit de
la Nature , & je fuis très-porte à croire
qu'elle doit fa première origine au feu des
volcans. Le fer brûlé, autant qu'il efl
pofîible , intimement uni avec l'or par la
iiiblimation ou par la fufion , peut avoir
produit ce minéral, qui, d'abord ayant
été formé par l'adlion du feu le plus
violent, aura enfuite éprouvé les impref-
fions de l'eau & les frottemens réitérés
qui lui ont donné la forme qu'ils donnent
à tous les autres corps , c'eft-à-dire , celle
des galets ôl des angles émouffés. Mais
il fe pourroit auffi que i'eau feule eût
produit la platine ; car en fuppoiant Vx5ï
ôi le fer tous deux divifés autant qu'ils
peuvent l'être par la voie humide , leurs
molécules , en fe réuniiïant , auront pu
former les grains qui la compofent , &
qui depuis les plus pefins jufqu'aux plus
légers, contiennent tous de i'or &: du
des Minémux , Partie Exp. 3 p
fer. La propofuion du Chimifte qui offre
de rendre à peu-près autant d'or qu'on
lui fournira de platine, fenibleroit indiquer
qu'il n'y a en effet qu'un onzième de fer
fur dix onzièmes d'or dans ce minéral ou
peut-être encore moins; mais l'à-peu-près
de ce Chimifte, efl: probablement d'un
cinquième ou d'un quart, & ce feroit
toujours beaucoup fi fi promeffe pouvoit
fe réalifer à un quart près.
Se c 0 n d e addition»
M'ÉTANT trouvé à Dijon, cet été
1773 , l'Académie des Sciences & Belîes-
Lettres de cette ville, dont j'ai l'honneur
d'être Membre , me parut defirer d'en-
tendre la lecture de mes obfervacions fur
la platine ; je m'y prêtai d'autant plus
volontiers, que fur une matière auffi neuve
on ne peut trop s'informer ni confulter
affez , & que j 'a vois lieu d'efpérer de
tirer quelques lumières d'une compagnie
c{ui raffemble beaucoup de perfonnes
indruites en tous genres. M. de Morveau ,
Avocat général au Parlement de Bour-
gogne , aufîi favant Phyficien que grand
Jurilconfulte; pritla.réfolutioa de traYailler
40 IntroJuâion à i'Hijloire
fur la platine ; je iui donnai une poruorî
de ceile que j 'a vois attirée par l'aimant ,
& une portion de ceiie qui avoit paru
infenfible au magnétifmc, en le priant
d'expofer ce minéral finguiier au ])lus
grand feu qu'il lui feroit pofFible de faire ,
& quelque temps après il m'a remis les
expériences fuivantes , qu'il a trouvé bon
de joindre ici avec les miennes.
Expériences faites par M. de
Morve AU, en Septembre ijjj'
ce M. le comte de Buffon , dans un
y^ voyage qu'il a fait à Dijon , cet été
33 1773, iT^'^^y^i'^t fait remarquer dans un
33 demi-gros de platine, que M. Baume
y> m'avoit remis en 1768, des grains en
33 forme de boutons , d'autres plus plats ,
33 & quelques-uns noirs & écailleux ; &
33 ayant féparé avec l'aimant ceux qui
•>:> étoient attirables de ceux qui ne don-
33 noient aucun fipfne fenfible de maané-
yi tiime , j'ai eifayé de former le bleu de
33 PrulTe avec les uns & les autres. J'ai
33 verfé de l'acide nitreux fumant fur les
33 parties non-attirabie^ qui pefoient deux
des Mîncrûux, Partie Exp. 4Ï
grains & demi; fix heures après, j'ai «
étendu l'acide par de l'eau dillillée, 5l ce
j'y ai verle de la liqueur alkaline faturée ce
de matière colorante , il n'y a pas eu ce
un atome de bleu , la platine avoir «
fcufement un coup d'œil plus brillant, ce
J'ai pareillement verfé de l'acide fumant ce
fur les 3 3 grains \ de platine refiante , ce
dont partie étoit attirabîe , la liqueur ce
étendue après le même intervalle de ce
temps, le même alkali Prufîlen en a te
précipité une fécule bleue qui couvrait «c
îe fond d'un vafe afTez large. La platine ce
après cette opération étoit bien décapée ce
comme la première , je l'ai lavée & ce
féchée , &L j'ai vérifié qu'elle n'avoit ce
perdu qu'un c[uart de grain ou -j~ ; ce
l'ayant examinée en cet état , j'y ai «<
aperçu un grain d'un beau jaune qui ec
s'eft trouvé une paillette d'or. ce
M. de Fourcy avoit nouvellement ce
publié que la diflolution d'or étoit auffi ce
précipitée en bleu par l'alkali Pruiïien,
ce-
& avoit configné ce fait dans une Table ce
d'affinité ; je fus tenté de répéter cette ce
expérience , je verfai en conféquence ce
de la liqueur alkaline phlogifliquée dans ce
42 Inîroduélion h l'Hlfloire
33 delà dilToïution d'or de départ, maïs îa
33 couleur de cette difloiution ne changea
>5 pas, ce qui me fait foupçonner que la
25 difToiution d'or employée par M. de
» Fourcy, pou voit bien n'être pa.s auiîi
3p pure.
33 Et dans îe même temps , M. îe comte
D5 de BuflTon m'ayant donné une afTez
33 grande quantité d'autre platine pour en
33 fiiire quelques effais , j'ai entrepris de
>3 la {éparer de tous les corps étrangers
33 Dar une bonne fonte ; voici la manière
35 dont j'ai procédé , & les réiuitats que
33 j'ai eus.
Première expérience,
3> Aya NT mJs un gros de platine dans
33 une petite coupelle , fous la mouffle du
33 fourneau , donné par M. Macquer
33 dans les Mémoires de l'Académie des
33 Sciences, année i /j 8 , j'ai ibutenu ie
33 feu pendant deux heures , la mouffle
33 s'eft affaiffée, les flipports avoient coulé ;
33 cependant la platine s'eft trouvée ieu-
33 lement aglutinée , elle tenoità la coupelle
33 & y avoit laifié des taches couleur de
3> rouille ; la platine étoit alors terne , même
'^es Minéraux , Partie Exp. 4 3
xm peu noire , & n'avoit pris qu'un ce
quart cie grain d'augmentation de poids , ce
quantité bien foible en comparailbnde ce
celle que d'autres Chimiftes ont obfer- «
vée ; ce qui me iurprit d'autant plus , ce
quc'ce gros de platine, ainfi que toute ce
celle cjue j'ai employée aux autres expé- ce
riences,avoit été enlevé rucce(liv;_ement ce
par l'aimant, &faiibii portion des fix fep- ce
tiémes de 8 onces dont M. de Buffon a ce
parlé dans le Mémoire ci-deiîus. «
Deuxième expérience.
U N demi-gros de ia même platine , ce
expofé au mêm.e feu dans une coupelle, ce
s'ert auûi aglutiné , elle éîoit adhérente ce
à la coupetle , fur laquelle elle avoir ce
laide des taches de couleur de rouille; ce
l'augmentation de poids s'eft trouvée à ce
peu-près dans la même proportion, & ce
la luriace auffi noire. «<^
Troisième expérience.
J'ai remis ce même dem^i-gros dans ce
une nouvelle coupelle , mais au lieu de ce
mouffle , j'ai renverfé lur le Tupport un ce
crsuiét de plomb noir de Puffav/ ; j'avois «
44 Introdiiawn à VHifloire
:>5 eu l'attention de n'employer pour fuj-j-^
>> port que i\ts têts d'argile pure irùs-
^3 réfraclaire , par ce moyen Je joouvois
^^ augmenter la violence du feu & pro-
^^ longer la durée, fans craindre de voir
33 couler les vaifleaux , ni obflruer l'argile
33 par les fcories ; cet appareil ainfi placé
33 dans le fourneau , j'y ai entretenu pen-
33 dant quatre heures un feu de la dernière
33 violence ; lorfque tout a été refroidi ,
33 j'ai trouvé le creufet bien confervé'^
33 foude au fupport ; ayant brifé cette
33 foudure vitreufe, j'ai reconnu que rien
33 n'avcit pénétré dans l'intérieur du creufet
33 qui paroîiloit feulement plus luiiànt c[u'ii
33 n'étoit auparavant. La coupelle avoix
33 conlervé fa forme & (a pofition, elie
33 étoit un peu fendillée , mais pas aficz
33 pour fe lai/Ter pénétrer, auiTi le bouton
33 de platine n'y étoit- il pas adhérent; ce
33 bouton n'étoit encore qu'aglutiné, mais
33 d'une manière h\ç.w plus ferrée que la
33 première fois, les grains étoient moins
33 faillans , la couleur en étoit plus claire ,
i3 le brillant plus métallique; & ce qu'il y
3» eut de plus remarquable, c'efl qu'il
3>s'étoit élancé de Hi furface, pendanr
des Mînêrdîix , Partie Exp. 4 5
roperation , <Sc probablement dans les ce
premiers inllans du refroidilTement, trois ce
jets de verre , dont l'un plus élevé , «
parfaitement fphérique , étoit porte' fur ce
un pédicule d'une ligne de hauteur , ce
de la même matière tranfparenie & ce
vitreufe ; ce pédicule avoit à peine un ce
fixième de ligne , tandis que le globule ce
avoit une ligne de diamètre , d'une ce
couleur uniforme , avec une légrère teinte ce
de rouge , qui ne deroboit rien à m ce
tranfparence ; des deux autres jets de ce
verre, le plus petit avoit un pédicule ce
comme le plus gros , & le moyen n'avoit c<
point de pédicule, & étoit feulement ce
attaché à la platine par fa furface exté- ce
rieure. ce
Quatrième ex périence.
J'ai eflayé de coupelîer la platine, <?c
& pour cela j'ai mis dans une coupelle ce
un gros des mêmes grains enlevés par ce
Taimant, avec deux gros de plomb, ce
Après avoir donné un très-grand feu ce
pendant deux heures , j'ai trouvé dans ce
la coupelle un bouton adhérent, cou- ce
yen d'une croûte jaunâtre & un peu ce
4<5 Inîro allât on h IHiflolre
35 rpongieufe , du poids de 2 gros i 2
33 grains , ce qui annonçoit que la plaiine
33 avoir retenu i gros i 2 grains de plomb.
3> J'ai remis ce bouton dans une autre
D3 coupelie au même fourneau, obfervant
>3 de le retourner , il n'a perdu que i 2
3D grains dans un feu de deux heures ,
33 là couleur <Sc fa forme avoient très-
33 peu changé.
33 Je lui ai appliqué enfuiie le vent
33 du foufiïet après l'avoir placé dans une
33 nouvelle coupelle couverte d'un creufet
33 de Pallaw , dans la partie inférieure d'un
33 fourneau de fufion dont j'avois ôté la
33 grille; le bouton a pris alors un coup
33 d'œii plus métallique-, toujours un peu
33 terne , & cette fois il a perdu i 8 grains.
33 Le même bouton ayant été remis
33 dans le fourneau de M. Macquer, tou-
33 joiu's placé dans une coupelie couverte
33 d'un creuiet de Palîàw , je foutins lé
33 feu pendant trois heures, après ïefquelîes
33 je fus obligé de l'arrêter, parce que les
33 briques c{ui lervoient de fupport, avoient
33 entièrement coulé ; le bouton étoit
33 devenu de plus en plus métallique , il
33 adhéroit pourtant à la coupelle , il avoit
des Minéraux , Partie Exp. 47
perdu cette fois 34 grains. Je le jetai ce
dans l'acide nitreux fumant pour efTayer ce
de le décaper , il y eut un peu d'effer- ce
vefcence lorfque j'ajoutai de l'eau dif- ce
îillce , le bouton y perdit effectivement ce
deux .o-rains , & j'y remarquai quelques ce
petits trous , comme ceux que iaiffe ce
le départ. <c
Il ne refloit plus que 22 grains de ce
plomb alliés à la platine , à en juger «c
par l'excédant de Ion poids; je com- ce
mençai à efj^érer de vitrifier cette dernière ce
portion de plomb , & pour cela je mis ce
ce bouton dans une coupelle neuve , ^<
je difpofai le tout comme dans la troi- ce
fième expérience , je me fervis du même <c
fourneau , en obfervant de dégager «c
continuellement la grille , d'entretenir «c
au-devant dans le courant d'air qu'il ce
attiroit, une évaporation continuelle par ce
le moyen d'une capfuîe que je rem- ce
plifTois d'eau de temps en temps , & ce
de iaiffer un moment la chape entr'ou- ce
verte lorfqu'on venoit de remplir le ce
fourneau de charbon ; ces précautions ce
augmentèrent tellement l'atflivité du feu, ce
qu'il falloit recharger de dix minutes st
Introduâïon h rHifloke
s;> en dix minutes , je le foutins au même
:>3 degré pendant quatre heures & je laifîlû
-:>:> refroidir.
>3 Je reconnus le lendemain que le
55 creufet de plomb noir avoit réfifle' ,
33 que les fupports n'étoient que fayencés
3> par les cendres ; je trouvai dans la
:» coupelle un bouton bien ralTemblé ,
55 nullement adhëient j d'une couleur con-
D5 tinue & uniforme , approchant plus de
5? la couleur de i'étain que de tout autre
53 me'tal, feule rnent un peu raboteux; en
35 un mot , pelant un gros très - jufle ,
55 rien de plus, rien de moins.
55 Tout annonçoit donc que cette platine
55 avoit éprotivé une fufion parfaite, qu'elle
55 étoîi parlaitement pure , car pour fup-
y> peler qu'elle tenoit encore du plomb ,
55 il fiudroit iuppofer auffi que ce mine'raï
55 avoit juHement perdu de fa propre
55 fiibllance autant qu'il avoit retenu de
55 matièiecftrangcre; &: une telle précifion
55 ne peut être Feifèt d'un pur hafard.
55 Je devois paffer quelques jours avec
55 M. le comic de BufFon , dont la focie'té
55 a, fi je puis le dire, le même charme
35 que fou ftile , dont la converfation efl:
auffi
des Mïncraux, Partie Exp. ^()
aufîi pleine que fes livres , je me fis ce
un plaifir de lui porter les produits de «
ces eiîliis , & je remis à les examiner «c
ultérieurement avec lui. ce
I .** Nous avons obfervé que îe gros «c
de platine aglutinéedela première expé- ce
rience , n'étoit pas attiré en bloc par ce
l'aimant , que cependant le barreau mag- ce
nétique a voit une acRiion marquée fur ce
les grains que l'on en détachoit. ec
2." Le demi -gros de la troifième oc
expérience n'étoit non - feulement pas ce
attirable en mafTe , mais les grains que ce
i'on en féparoit ne donnoient plus eux- ce
mêmes aucun (igné de magnétifme. ce
3 ." Le bouton de la quatrième expé- ce
rience étoit aufîi abfolument infenfible ce
à l'approche de l'aimant , ce dont nous ce
nous affurames , en mettant le bouton ce
en équilibre dans une balance très-ien- ce
fible, & lui préfentant un très -fort ce
aimant jufqu'au contadt, fans que fon ce
approche ait le moindrement dérangé «
i'équilibre. ce
4.° La pefanteur fpécifique de ce ce
bouton fut déterminée par une bonne œ
balance hydrodaiique, & pour plus de éc
Tome VII. C
jo Inîrodiiâïon a l'Hifloïre
» fiireté , comparée à l'or de montiore 5c
>5 au globe d'or très -pur, employé par
>3 M. de BufFon à Tes belles expériences
>3 furie progrès de la chaleur ; leur deiifité
y3 fe trouva avoir les rapports fuivans , avec
35 l'eau dans laquelle ils furent plongés.
Le globe d*or, 1 9^.
L'or de monnoie ^ 7 i-
Le bouton de p'atlne ' 4 j»
y> 5.° Ce bouton fut porté fur un tas
33 d'acier pour effayer fa ductilité , il foutint
yi fort \Àç,x\. quelques coups de marteau ,
>> fa furface devint plane & même un peu
yi polie dans les endroits frappés, mais il
>î fe fendit bientôt après, & il s'en détacha
5? une portion, f lifant à peu-près le fixième
•>:> de la totalité ; la fradure préfenta plu-
35 fleurs cavités , dont quelques - unes
33 d'environ une ligne de diamètre a voient
33 la blancheur & le brillant de l'argent ,
33 on remarquoit dans d'autres de petites
33 pointes élancées , comme les crifîallifi-
33 tions dans les géodes ; le fommet de
33 l'une de ces pointes vu à la loupe ,
33 étoit un globule abfolument femblable,
>> pour la forme, à celui de la troifième
des Minéraux , Partie Exp. 5 i
expérience & aufïï de matière vitreufè ce
tranfparente , autant que Ton extrême ce
petitefîe permettoit d'en juger. Au ce
refte, toutes les parties du bouton étoient ce
çompa(n:es , bien liées , & le grain plus ce
ï\\\ , plus lérré que celui du meilleur ce
acier après la plus forte trempe , auquel ce
il refTeinbloit d'ailleurs par la couleur. ce
6.° Quelques portions de ce bouton , c«
ainfi réduites en parcelles à coups de ce
marteau fur le tas d'acier , nous leur ce
avons prélenté l'aimant, ai aucune n'a ce
été attirée ; mais les ayant encore pul- ce
vérifées dans un mortier d'agate , nous ce
avons remarqué que le barreau magné- ce
tique en enlevoit quelques - unes des ce
plus petites toutes les fois qu'on le pofoit ce
immédiate m. ent de (Tus. ce
Cette nouvelle apparition du magné- ce
tifme étoit d'autant plus furprenante , que ce
les grains détachés de la mafTe aglutinée ce
delà deuxième expérience , nous avoient cr
paru avoir perdu eux-mêmes toute {ç.ïi- ce
fibilité à l'approche & au conta(n: de ce
l'aimant ; nous reprimes en conféquence , ce
quelques-uns de ces grains, ils furent ce
de même réduits en pouflière dans le et
Cij
5 2 liitroduâion à VHîfloîre
» mortier d'agate , <Sc nous vîmes bientôt
>3 les parties les plus petites , s'attacher
» fenfiblement au barreau aimanté , il n'ell
3> pas poiîible d'attribuer cet effet au poli
iî de la furface du barreau ni à aucune
:» autre caufe étrangère au magnétifme ,
33 un morceau de fer aufli poli, appliqué
3» de la même manière fur les parties de
>:> cette platine , n'en a jamais pu enlever
» une feule.
3> Par le récit exaâ: de ces expériences
3> & des obfervations auxquelles elles ont
35 donné lieu , on peut juger de la difficulté
33 de déterminer la nature de la platine ;
33 il efl bien certain que celle-ci contenoit
3) quelques parties vitrifiables, & vitrifiabïes
33 même (ans addition à un grand feu ; il
33 eil: bien fur que toute platine contient
33 du fer & des parties attirables ; mais fi
33 l'alkali Pruffien ne donnoit jamais du
33 bleu qu'avec les grains que l'aimant a
33 enlevés , il femble qu'on en pourroit
33 conclure , que ceux qui lui réfiftent
33 abfolument font de la platine pure, qui
33 n'a par elle-même aucune vertu mag-
3> nétique , & que le fer n'en ftit pas
33 partie effentielle. On de voit elpércr
clés Minéraux , Partie Exp. 5 3
qu'une fufion aufîi avancée , une cou- ce
pellation aiifîi parfaite décideroient au «
moins cette quedion , tout annonçoit ce
qu'en effet ces opérations l'avoient ce
dépouillée de toute vertu magnétique en ce
la réparant de tous corps étrangers , «
mais la dernière obfervation prouve , ce
d'une manière invincible , que cette <e
propriété magnétique n'y étoit réelfe- ce
ment qu'affoiblie , & peut-être n:ialquéc ce
ou enfévelie , puifqu'elle a reparu iori- ce
qu'on l'a broyée. 33
Remarques.
De ces expériences de M. de Morveau,
& des obfervations que nous avons eniuite
flûtes enfenibîe , il réfiiiie :
I ° Qu'on peut efpérer de fondre la
platine fans addition dans nos meilleurs
fourneaux , en lui appliquant le feu plu-
sieurs fois de fuite , parce que les n:ïeilleurs
creufets ne pourr oient réfiller à l'adion
d'un feu aufîi violent, pendant tout ie
temps qu'exigeroit l'opération complète.
2.° Qu'en la fondant avec ie plomb,
& la coupellant fucceffivem^ent & à piu-
fieurs reprifes, on vient à bout de vitrifier
C ii;
'54 'Introàuâ'wn à VHtflolrè
tout îe plomb , & que cette opération
pourroit à la fin la purger d'une partie
dQs matières e'trangères qu'elle contient.
3 .** Qu'en la fondant fans addition ,
elle paroît fe purger elle-même en partie
des matières vitrefcibles qu'elle renferme ,
puifqu'il s'élance à fa furface des petits
jets de verre qui forment des maffes afîez
confidérables , & qu'on en peut fépa^er
aifément après îe refroidifTement.
4." Qu'en faifant l'expérience du bleu
de Prude avec les grains de platine qui
paroifTent les plus infenfibles à l'aimant,
on n'eft pas toujours fur d'obtenir de ce
bleu , comme cela ne manque jamais
d'arriver avec les grains qui ont plus ou
moins de fenfibilité au magnétifme ; mais
comme M. de Morveau a fait cette
expérience fur une très-peiiie quantité de
platine, il fe propofe de la répéter.
5.° Il paroît que ni la fufion ni k
coupellation ne peuvent détruire dans la
platine tout le fer dont elle eft intimement
pénétrée ; les boutons fondus ou coupelles,
paroifloient à la vérité également infen-
fibles à i'adion de l'aimant, mais les ayant
brifés dans un mortier d'agate & fur un
des Minéraux , Partie Exp. 5 5
tns d'acier , nous y avons retrouvé des
parties magnétiques , d'autant plus abon-
dantes que la platine étoit réduite en
poudre plus fine : le premier bouton ,
dont les grains ne s'étoient qu'aglutinés ,
rendit étant broyé , beaucoup plus de
parties mngnéiiques que le fécond & le
troifième, dont les grains avoient lubi
une plus forte fufion , mais néanmoins
tous deux étant l^royés , fournirent des
parties magnétiques , en forte qu'on ne
peut pas douter qu'il n'y ait encore du
fer dans la platine , après qu'elle a fubi
les plus \iolens efforts du feu & l'aélion
dévorante du plomb dans la coupelle ;
ceci femble achever de démontrer que ce
minéral eft réellement un mélange intime
d'or & de fer, que jufqu'à prélent l'art
n'a pu féparer.
6.° Je fis encore, avec M. de Morveau,
une autre obfervaticn fur cette platine
fondue & enfuite broyée, c'eft qu'elle
reprend, en fe brifant, précifément fa
même forme des galets arrondis & aplatis
qu'elle avoit ayant d'être fondue ; tous
les grains de cette platine fondue &
hrifée , font fembiables à ceux de la platine
Cl ....
> iiij
5^ Inîrodiiâîon à VHïjloire
naturelle, tant pour la foniie que pour
la variété de grandeur, & ils neparoi/Fent
en différer que parce qu'il n'y a que les
plus petits qui le laifîent enlever à l'aimant ,
& en quantité d'autant moindre, que la
platine a fubi plus de feu. Cela paroît
prouver aufTi que quoique le feu ait été
aflez fort , non- feulement pour brûler &
vitrifier, mais même pour chafTèr au-dehors
une partie du feravec les autres matières
vitrefcibles qu'elle contient , la fufion
néanmoins n'eft pas auffi complète que
celle des autres métaux parfaits , puifqu'en
la brifant les grains reprennent la même
figure qu'ils avoient avant la fonte*
âes Minéraux , Partie Exp- 5 7
QUATRIÈME MÉMOIRE.
Expériences fur la ténaàté & fur la
{iéiOinpofrion du Fer,
V_yN a vu dans ïe premier Mémoire,
que le fer perd de la peianteur à chaque
fois qu'on le ch?.ufie à un feu violent ,
& que des bouleis chcaiffés trois fois
jufqu'au bianc, ont perdu fa douzième
panie de leur poids ; on feroit d'abord
porté h. croire, que cette perte ne doit
être attribuée qu'à la diminution du volume
du boulet , par fes fcorîes qui fe détachent
% de ia furface & tombent en petites écailles;
inais il l'on fait attention que les petits
, boulets, dont par conféquent ia furface
eil plus grande, relativement au volume,
que celle des gros , perdent moins , &:
que les gros boulets perdent proportion-
nellement plus que les petits ; on fentira
bien que la perte totale de poids , ne
doit pas être frmpîement attribuée à la
chute des écailles qui fe détachent de
la furface , mais encore à une altération
C V
58 Introduâîon h VHiftohê
intérieure de toutes îes parties de ïa inafïê
que ie feu violent diminue , & rend d'autant
pius légère qu'il elt appliqué plus fouvent
& plus long -temps (aj»
Et en effet , fi l'on recueille à chaque
fois les écailles qui fe détachent de la
furface des boulets , on trouvera que fur
un boulet de 5 pouces qui , par exemple ,
aura perdu huit onces par une première
chaude, il n'y aura pas une once de ces
écailles détachées , & que tout le refte de
îa perte de poids ne peut être attribué
qu'à cette altération intérieure de la fubf-
tance du fer qui perd de fa denfité à
chaque fois qu'on le chauffe ; en forte
que fi l'on réitéroit fouvent cette même
opération , on réduiroit le fer à n'être plus
qu'une matière friable & légère , dont on
ne pourroit faire aucun ufage ; car j'ai
(aj Une expérience familière & qui femble prouver
que le ter perd de fà maffe à mefure qu'on le chaufTè,
înême à un feu très- médiocre, c'eft que les fers à
frifer lorfqu'on les a fouvent trempés dans l'eau pour
ies refroidir, ne confervent pas le même degré de
chaleur au bout d'un temps. H s'en élève aufTi des
écailles lorfqu'on les a fouvent chauffés & trempés j
ces écailles fent du véritable fer.
des Minéraux , Partie Exp. 5 9
remarqué que les boulets non-reuîement
avoient perdu de leur poids, c'efl- à-dire ,
de leur denfité, mais qu'en même temps
ils avoient aufîi beaucoup perdu de leur
lolidité ; c'eft-à-dire, de cette qualité dont
dépend la cohérence des parties ; car j'ai
vu, en les failant frapper, qu'on pouvoit
les cafTer d'autant plus aiiément qu'ils
avoient été chauffés plus fouvent & plus
long- temps.
C'efl fans doute parce que l'on ignoroit
jufqu'à quel point va cette altération du
fer , ou plutôt parce qu'on ne s'en doutoit
point du tout , cjue l'on imagina , ii y a
quelc|ues années , dans notre Aruilerie, de
chauffer les boulets dont ii étoit queftion
de diminuer le volume (b). On m!a afîuré
que le calibre des canons nouvellement
fondus , étant plus étroit que celui des
anciens canons , il a fallu diminuer les
boulets , & que pour y parvenir , on a
fîiit rougir ces boulets à blanc , afin de
les ratifier enluite plus aifcment en les
faifmt tourner : on m'a ajouté , que fouvent
fhj M. îe marquis de Vaiiière ne s'occupoit poîn|
iors des travaux de l'Artillerie.
G vj
6o htroduâlon à l'Hiflolre
on efl: obligé de les faire chauffer cinq,
ffx & même huit & neuf fois pour les
réduire autant qu'il eft néceflaiie. Or, il
efl évident par mes expériences , que
cette pratique eft nrauvaife , car un boulet
chaufïé à blanc neuf fois, doit perdre au
moins le quart de fbn poids, & j^eut-être
ies trois quarts de fa folidité. Devenu
cafîîint &L friable, il ne })eut fervir pour
faire brèche , puifqu'il fe brife contre les
murs, & devenu léger il a aufîl pour
îes pièces de campagne le grand defa-
vanuige de ne pouvoir aller iiuin loin
que ies autres.
En généra] , fi Ton veut conferver nu
fer fa folidité & fon nerf, c'eR-à-dire, fa
maiTe & fa force, il ne ûm Texpofer au
feu ni plus fou vent ni plus long-temps
qu'il efl néceffaire ; il fi;ffira , pour la
pîupart des ufages , de le faire rougir fans
poUiTer ie feu jufqu'au blanc , ce dernier
degré de chaleur ne manque jamais de le
détériorer : & dans les ouvrages où il
importe de lui conferver tout ion nerf,
comme dans les bandes que l'on forge
peur les canons de fufil , il faudroit , ^'il
étcit polîibie , ne ies chauffer qu'une fois
Jes Minéraux , Partie Exp. 6 1
pour les battre, plier & Touder par une
feule opération; car, quand le fer a acquis
fous le marteau , toute la force dont il et
fufcentible, le feu ne fût plus que la
diminuer; c'eft aux Artiftes à voirjulqua
quel point ce métal doit être mailée pour
acquérir tout fou nerf, & cela ne feroit
pas impolllble à déterminer par des expé-
riences ; j'en ai fait quelques-unes que je
vais rapporter ici.
I.
Une boude de fer de i S lignes f de
groffeur , c'eft-à-dire ,348 ^^g^^^s quarrées
pour chaque luontant de fer, ce qui fait
pour le tout 6^6 lignes quarrées de fer,
a cafTé fous le poids de 28 milliers qui
îiroit perpendiculairement; cette boucle
de fer avoit environ ï g pouces de largeur,
far 13 pouces de haïueur, & elle étoit
à très-peu près de la même groffeur par-
tout. Cette boucle a caffé prefque au milieu
des branches perpendiculaires , & non pas
dans les angles.
Si l'on vouloit conclure du grand au
petit fur la force du fer par cette expé-
rience , il fe trouveroit que chaque ligne
6z Lit roquât oïl à VHiJlolrê
quarrée de fer tirée perpendiculairement ^
ne pourroit porter qu'environ 4.0 livres.
I I.
Cependant ayant mis à l'e'preuve
un fi! de fer d'une ligne un peu forte
de diamètre , ce morceau de fil de fer
a porté, avant de fe rompre, 482 livres.
Et un pareil morceau de fil de fer , n'a
rompu que fous la charge de 49 5 livres ;
en forte qu'il efl à pré fumer qu'une verge
quarrée d'une ligne de ce même fer
ûuroit porté encore davantage , puifqu'elle
auroit contenu quatre fegmens aux quatre
coins du quarré infcrit au cercle , de plus
que le fil de fer rond, d'une ligne de
diamètre.
Or cette difproportion dans la force
du fer en gros & du fer en petit, eil
énorme. Le gros fer que j'avois employé,
venoitdela forge d'Aily fous Rougemont,
il étoit fans nerf & à gros grain , &
j'ignore de cjuelle forge étoit mon fil de
ièr, mais la différence de la qualité du
fer, quelque grande qu'on voulût la fup-
pofer, ne peut pas faire celle qui fe
trouve ici dans leur réfiftance, qui , comme
des Minéraux , Partie Exp; 63^
Ton voit, efl douze fois moindre dans le
gros fer que dans le petit.
I I I.
J'a I fiit rompre une autre boude de
fer de i 8 lignes 7 de grofleur , du même
fer de la forge d'Aify ; elle ne fupporta
de même que 28450 livres, & rompit
encore preique dans le milieu des deux
montans.
I V.
J'AVOI s fait faire en même temps une
. boucle du même fer que j'avois fait
reforger pour le partager en deux, en
forte qu'il fe trouva réduit à une barre
de p lignes fur 18; l'ayant mife à
i'e'preiive , elle fupporta avant de rompre ,
la charge de 17300 livres, tandis qu'elle
n'auroit dû porter tout au plus que 14
milliers , fr elle n'eût pas été forgée une
féconde fois,
V.
Une autre boucle de fer de i 6 lignes |
de grofleur , ce qui fiit pour chaque
montant à peu-près 280 lignes quarrées ,
c*ej[l-à-dire, j6o, a porté 24600 livres,
64 Introduâion à ÏHïfloire
au lieu qu'elle n'auroit dû porter que
2.2400 livres, fi je ne l'eufle pas fait
forger une féconde fois. ^
V L
Un cadre de fer de ïa même qualité' ,
c'eR-à-dire, fans nerf & à gros grains, &
venant de la même forge d'Aify, que
j'avois fait établir pour empêcher i'écar-
tement des murs du haut fourneau de mes
forges, & qui avoit 26 pieds d'un côté
fur 22 pieds de l'autre, ayant caffé par
1 effort de la chaleur du fourneau dans
ïes deux points milieux des deux plus
longs côtés , j'ai vu que je pouvois com-
parer ce cadre aux boucles des expériences
précédentes, parce qu'il étoit du même
3fèr, & qu'il a caffé de la même manière:
or ce fer avoit 2 i lignes de gros , ce qui
fait 441 lignes quarrées , &: ayant rompu
comme les boucles aux deux cotés oppo-
fés,cela fiit 882 Xi^wts quarrées qui fe
font féparées par l'effort de la chaleur.
Et comme nous avons trouvé par les
expériences précédentes, que 696 Ifo-ncs
quarrées du même fer ont callé fous le
poids de zS milliers, on doit en conclure
des Minéraux , Partie Exp. 6 5
que 882 lignes de ce même fer n'auroient
rompu que i'ous un poids de 3 5 48 o livres,
& que par conféquent l'effort de la chaleur
devoir être eftimé comme un poids de
3 5480 livres. Ayant fait fabriquer pour
contenir le mur intérieur de mon fourneau ,
dans le fondage qui fe fit après la rupture
de ce cadre , un cercle de 26 pieds ^ de
circonférence, avec du fer nerveux pro-
venant de la fonte & de la fabrique de
mes forges, cela m'a donné le moyen
de comparer la ténacité du bon fer avec
celle du fer commun. Ce cercle de 26
pieds \ de circonférence étoit de deux
pièces' retenues & jointes enfemble par
deux clavettes de fer paffées dans des
anneaux forgés au bout des deux bandes
de fer ; la largeur de ces bandes é toit de
3,0 lignes fur* 5 d'épaifleur ; cela fait
1 50 lignes quarrées qu'on ne doit pas
doubler , parce que fi ce cercle eût rompu ,
ce n'auroit été qu'en un feul endroit, &
non pas en deux endroits oppofés comme
les boucles ou le grand cadre quarré.
Mais l'expérience me démontra que pen-
dant un fondage de quatre mois, o\x ia
chaleur étoit même plus grande q^ae dans'
6 G Inîrodiiâion à VHïjloire
le fondage précédent , ces i 5 o lignes de
bon fer ré fi fièrent à fon effort qui étoit
de 3 5480 livres ; d'où l'on doit conclure
avec certitude entière , que le bon fer ,
c'eft-à-dire , ie fer qui eft prefque tout
nerf, eft au moins cinq fois aufîi tenace
que le fer lans nerf &: à gros grains.
Que l'on juge par-ià de l'avantage qu'on
trouveroit à n'empîoytr que du bon fer
nerveux dans ks bâtimens & dans la
condru^lion des vaiffeaux , il en faudroit
les trois quarts moins , & l'on auroit encore
un quart de folidiié de plus.
Par de femblables expériences , & en
faifant malléer une fois, deux fois, trois
fois des verges de fer de différentes grof-
feurs, on pourroit s'affurer du maximum
de la force du fer, combiner d'une manière
certaine la légèreté des armes avec leur
(olidité , ménager la matière dans les autres
ouvrages fans craindre la rupture, en un
mot , travailler ce métal fur des principes
uniformes & conftans. Ces expériences
font le feul moyen de perfecftionner l'art
de la manipulation du fer; l'État en tireroit
de irès-grands avantages , car il ne faut
pas croire que la qualité du fer dépende
iles Minéraux , Partie Exp. '6y
de celle de la mine ; que , par exemple ,
îe fer d'Angleterre, ou d'Allemagne, ou
de Suède foit meilleur que celui de
France ; que le fer de Berri (oit plus doux
que celui de Bourgogne : la nature des
mines n'y fait rien ; c'eft la manière de
ïes traiter qui fait tout, & ce que je puis
afTurer pour l'avoir vu par moi-même,
c'efl: qu'en malle'ant beaucoup ik chauffant
peu, on donne au fer plus de force, &
qu'on approche de ce maximum dont je
ne puis que recommander la recherche ^
& auquel on peut arriver par les expé-
riences que je viens d'indiquer.
Dans les boulets que j'ai loumis plu-
fieurs fois à l'épreuve du plus grand feu ,
j'ai vu que le fer perd de fon poids &
de fa force d'autant plus qu'on le chauffe
plus fouvent & plus long - temps ; fà
flibftance fe décompole , fa qualité s'altère,
& enfin il dégénère en une efpèce de
mâchefer ou de matière poreufe, légère,
qui fe réduit en une forte de chaux par
la violence & la longue application du
feu : le mâchefer commun efl d*une autre
efpèce , & quoique vulgairement on croie
que le mâchefer ne provient & même
6Q Itîtroduâîon à l'Hiflûke
ne peut provenir que du fer , j'ai ïa preuve
du contraire. Le mâchefer e(t à ia vc'rité
une matière produite par ie feu , mais
pour le former il n'eit pas nécefîîûrc
d'employer du fer ni aucun autre métal;
avec du bois & du charbon brûlé &
pouffé à un feu violent , on obtiendra du
mâchefer en aflez grande quantité ; & fi
l'on prétend que ce mâchefer ne vient
que du fer contenu dans le bois (parce
que tous les végétaux en contiennent plus
ou moins ) , je demande pourquoi l'on
ne peut pas en tirer du fer même une
plus grande quantité qu'on en tire du
bois, dont la fubilance eit fi différente de
celle du fer. Dès que ce fait me fut connii
par l'expérience , il me fournit l'intelli-
gence d'un autre filt qui m'avoit paru
inexplicable jufques alors. On trouve dans
ïes terres élevées, & fur -tout dans des ,
forêts où. il n'y a ni rivières ni ruifîeaux,
& on par conféquent il n'y a jamais eu
de forges , non plus qu'aucun indice de
volcan ou de feux fouterrains ; on trouve ,
dis-je, fouventdes gros blocs de mâchefer
que deux hommes auroient peine à enlever :
j'en ai vus pour la première fois en 1 74 5 >
Hes Minéraux, Partie Exp. 69
à Montigny-l'Encoupe , dans les forêts de
M. de Trudaine ; j'en ai fliit chercher &
trouvé depuils dans nos bois de Bourgogne,
qui (ont encore plus éloignés de l'eau que
ceux de Montigny ; on en a trouvé en
plufieurs endroits : les petits morceaux
m'ont paru provenir de quelques fourneaux
de charbon qu'on aura laifTé brûler, mais
ies gros ne peuvent venir que d'un
incendie dans la forêt iorfqu'elle étoit en
pleine venue, & que les arbres y étoient
afîez grands & afTez voiftns pour produire
un feu très -violent & très -long -temps
nourri.
Le mâchefer , qu'on peut regarder
comme un réfidti de la combufiion du
bois , contient du fer ; & l'on verra dans
un autre Mémoire les expériences que
j'ai faites , pour reconnoître par ce réfidu
la quantité de fer qui entre dans la
compofition des végétaux. Et cette terre
morte ou cette chaux dans laquelle le fer
fe réduit par la trop longue a6lion du feu ,
ne m'a pas paru contenir plus de fer que
ie mâchefer du bois, ce qui femble prouver
que le fer efl comme le bois une matière
combuftible , c|ue ie feu peut également
70 Introduéîion à V Hïjlohe
dévorer en l'appliquant feulement plus
violemment & plus long -temps. Pline
dit , svec grande raifon , ferrum accenfum
ignî , nifi duretur iâïbus , corrumpîtur (c).
On en fera perfuadé fi l'on obièrve dans
une forge la première loupe que l'on tire
de la gueule , cette loupe efl un morceau
de fer fondu pour la féconde fois, & qui
n'a pas encore été forgé , c^eft-à-dire , con-
folidé par le marteau ; iorfqu'on le tire de
ia chaufferie où il vient de iubir le feu le
plus vioient , il efl rougi à blanc , il jette
non - feulement des étincelles ardentes ,
mais il brûle réellement d'une flamme très-
vive qui confommeroit une partie de fa
fubftance fi on tardoit trop de temps à
porter cette loupe fous le marteau ; ce fer
feroit, pour ainfi dire, détruit avant que
d'être formé , il fubiroit l'effet complet
de la combuflion fi le coup du marteau,
en rapprochant Ï^qs parties trop divifées
par le feu , ne commençon à lui faire
prendre le premier degré de fa ténacité.
On le tire dans cet état ôl encore tout
rouge de deffous le marteau , & on le
(cj Hift. nat. Bt XXX IV f cap, XVi
des Minéraux, Partie Exp. 7 1
reporte au foyer de l'affinerie où il fe
pénètre d'un nouveau feu ; lorfqu'il efl
blanc on ie tranfporte de même & le
plus promptement polllble au marteau ,
fous lequel il fe confolide & s'étend
beaucoup plus que la première fois ; enfin
on remet encore cette pièce au feu &:
on la reporte au marteau , fous lequel on
i'achève en entier. C'eft ainfi qu'on tra-
vaille tous les fers communs , on ne leur
donne que deux ou tout au plus trois
volées de marteau , aulTi n'ont-ils pas à
beaucoup près la ténacité qu'ils pourroient
acquérir fi on les travailloit moins préci-
pitamment. La force du marteau non-
feulement comprime les parties du fer trop
divifées par le feu, mais en les rapprochant
elle chalîe les matières étrangères & le
purifie en le confolidant. Le déchet du
fer en gueufe efl ordinairement d'un tiers ,
dont la plus grande partie fe brûle, &
îe refte coule en fufion & forme ce qu'on
appelle les crajfes du fer: ces crafTes font
plus pelantes que le mâchefer du bois , <Sc
contiennent encore une afîez grande
quantité de fer , qui efl à la vérité très-
impur & très- aigre, mais dont on peut
J^ Imrodu&on à ïHïftoke
néanmoins tirer parti en mêlant ces craiïes
broyées & en petite quantité avec la mine
que l'on jette au fourneau ; j'ai l'expé-
rience qu'en mêlant un lixième de ces
crafles avec cinci fixièmes de mine épurée
par mes cribles , la fonte ne change pas
fenfiblement de qualité , mais fi l'on en
met davantage elle devient plus cailante,
fans néanmoins changer de couleur ni
de grain. Mais fi les mines font moins
épurées, ces craffes gâtent abfolument la
fonte, parce qu'étant déjà très -aigre &
très-caflkite par elle-même , elle le devient
encore plus par cette addition de mauvaiie
matière, en forte que cette pratique qm
peut devenir utile entre les mains d'un
hrbile maître de l'art, produira dans
d'autres mains de fi mauvais effets , qu'on
ne pourra fe fervir ni des fers ni des
fontes qui en proviendront.
Il y a néanmoins des moyens , je ne
dis pas de changer , mais de corriger un
peu la mauvaiie qualité de la fonte, &
d'adoucir à la chaufferie l'aigreur du fer
qui en provient. Le premier de ces moyens
efl de diminuer la force du vent , foit
en chaneceant l'inclinaifon de h tuyère,
° foit
Jes Minéraux, Partie Exp. 73
foit eu ralentiiïant ie mouvement des
foufflets, car plus 011 preffe le feu plus
le fer devient aigre. Le fécond moyen ,
& qui eft encore plus efficace, c'eil de
jeter fur la loupe de fer qui fe fépare de
ia gueufe , une certaine quantité de gravier
calcaire ou même de chaux toute faites
cette chaux fert de fondant aux parties
\itrifiables que le fer aigre contient en
trop grande c[uantité , & le purge de (eis
impuretés. Mais ce font de pentes rei-
fources auxquelles il ne faut pas (e mettre
dans le cas d'avoir recours , ce qui n'arri-
veroit jamais û l'on fuivoit les procédés
que j'ai donnés pour faire de bonne
fonte (i).
Lorfqu'on fait travailler les Afïîneurs à
îeur compte & qu'on les paye au millier,
ils font comme les Fondeurs, le plus de
fer qu'ils peuvent dans leur femaine, ils
conftruifent le foyer de leur chaufferie
de la manière la plus avantageufe pour
eux , ils preffent le feu , trouvent que les
foufflets ne donnent jamais allez de vent ,
(i) On trouvera ces procédés dans mes Mémoirei
fur la fufioii des mines de fer.
Tome VU» " D
74 htroâuffion a l'Hiflokâ
ils travaiiicnt moins îa loupe &: font ordi-
nairement en deux chaudes ce qui en
exigeroit au moins trois ; on ne fera donc
jamais fur d'avoir du fer d'une bonne &
même qualité qu'en payant les ouvriers
au mois , & en faifant caffer à la fin de
chaque femaine quelques barres du fer
qu'ils livrent, pour reconnoître s'ils ne ie
font pas ou trop prefîés ou néglige's. Le
fer en bandes plaies efl: toujours plus
nerveux que le fer en barreaux ; s'il fe
trouve deux tiers de nerf fur un tiers de
grain dans les bandes , on ne trouvera dans
les barreaux , quoique faits de même
ctofTe , qu'environ un tiers de nerf fur'
deux tiers de grain , ce qui prouve bien
clairement que la plus ou moins grande
force du fer vient de la différente applica-
tion du marteau ; s'il frappe plus conilani-
ment , plus fréquemment fur un même
plan, comme celui des bandes plates , il
en rapproche & en réunit mieux les parties,
que s'il frij^pe prefque aiternaiivement
fur deux plans différens pour faire les
barreaux qjarrés : aufîi ell-il plus difficile
de bien ibuder du barreau que de la bande ,
& lorfqu'on veut faire du fer de îirm ,
des Minéraux, Partie Ex p. 75
qui doit être en barreaux de treize lignes
& d'un fer très-nerveux & afîez du(51i{e
pour être converti en fil de fer , il faut le
travailler plus lentement à l'afFincrie, ne le
tirer du feu que quand il ell: prefque
fondant & le faire fuer fous le marteau le
mieux qu'il eft pofîibïe , afin de lui donner
tout le nerf dont il efl fulceptible fous
cette forme quarrée, qui ell la plus ingrate,
mais qui paroit nécefîaire ici, parce qu'il
faut enfuite tirer de ces barreaux , qu'on
coupe environ à quatre pieds , une verge
de dix-huit ou vingt pieds par le moyen
du martinet, fous lequel on i'alonge après
l'avoir chauffée ; c'ell ce qu'on a[)pelle de
la verge crénelée , elle eft quarre'e comme le
barreau dont elle provient , & porte fur
les quatre faces des enfoncemens fuc-
cefFifs, qui font les empreintes profondes
de chaque coup du martinet ou petit
marteau fous lequel on la travaille. Ce
fer doit être de la plus grande dudiliré
pour paffer jufqu'à la plus petite filière ,
& en même temps il ne f^ut pas qu'il
foit trop doux , mais affez ferme pour ne
pas donner trop de déchet; ce point eft
afTez difficile à faifir, auffi n'y a-t-il en
D ij
7 5 Litroduâion à VHïftoire
France que deux ou trois forges dont on
puifie tirer ces fers pour les tiieries.
La bonne fonte efi: à la vérité la bafe
de tout bon fer , mais il arrive fbuvent que
par de mauvailes pratiques on gâte ce bon
fer. Une de ces mauvaifes pratiques , la
plus généraiement répandue , & qui détruit
ic plus le ïlerf «Se la ténacité du fer, c'ed
l'ufage où font les ouvriers de prefque
toutes les forges , de tremper dans l'eau
la première portion de la pièce qu'ils
viennent de travailler , afin de pouvoir la
manier & la reprendre plus promptement;
j*ai vu , avec quelque furprife , la pro-
digieufe différence qu'occafionne cette
trempe , fur-tout en hiver (k. lorfque l'eau
eil froide , non-feuiement elle rend caffant
le meilleur fer, mais même elle en change
ie grain & en détruit le nerf, au point
qu'on n'imagineroit pas que c'eil le même
fer, fi l'on x^ç-w éioit pas convaincu par
fes yeux en faifant caffer l'autre bout du
même barreau , qui n'ayant point été
trempé , conferve fon nerf & Ion grain
ordinaire. Cette trempe en été fait beau-
coup moins de mai , mais en fiit toujours
un peu : & fi l'oa veut avoir du fer toujours
des Minéraux , Partie Exp. 77
de la même J)onne qualité, il faut abfo-
lument profcrire cet ufage , ne jamais
tremper le fer chaud dans l'eau, & attendre,
pour le manier , qu'il fe refroidiOe à l'air.
Il faut que la fonte foit bien bonne
pour produire du fer auffi nerveux , aufîi
tenace que celui qu'on peut tirer des
vieilles ferrailles refondues , non pas en
les jetant au fourneau de fufion , mais ea
les mettant au feu de l'aiiinerie ; tous les
ans on achette pour mes forges une afTez
grande quantité de ces vieilles ferrailles ,
dont , avec un peu de foin , l'on faie
d'excellent fer. Mais il y a du choix dans
ces ferrailles; celles qui proviennent des
rognures de la tôle ou des morceaux
caffés du fil de fer , qu'on appelle des
riblons, font les meilleurs de toutes, parce
qu'elles font d'un fer plus pur que les
autres ; on les achette auffi quelque chofe
de plus , mais en général ces vieux fers ,
quoique de qualité médiocre , en pro-
duiient de très-bon lorfqu'on fait les traiter.
Il ne faut jamais les mêler avec la fonte ,
fi même il s'en trouve quelques morceaux
parmi les ferrailles , il faut les féparer : il
iiîut auffi mettre une certaine quantité de
D ii;
78 Introdiiâîon à VHijlolre
crafîes dans le foyer , & le feu doit être
moins pouiïe, moins violent que pour le
travail du fer en gueufe, fans quoi l'on
brûleroit une grande partie de fa ferraille
qui , quand elle elt bien traitée & de bonne
qualité , ne donne qu'un cinquième de
déchet , &: confomme moins de charbon
que le fer de la gueufe. Les craiïes qui
fortent de ces vieux fers^ font en bien
moindre quantité, & ne confervent pas
il beaucoup près autant de particules de
fer que les autres. Avec des riblons qu'on
renvoie des fileries que fournirent mes
forges 5 & des rognures de tôle cilaiilées
que je fais fibriquer , j'ai (buvent fait du
fer qui étoit tout nerf, c^ dont le déchet
n'étoit prefque que d'un fixième ; tandis
que le déchet du fer en gueufe eft com-
munément du double , c'e(t-à-dire , d'un
tiers, & foiivent de plus du tiers fi l'on
veut obtenir du fer d'excellente qualité.
M. de Montbeiilard, Lieutenant- colonel
au régiment royal d'Artillerie , ayant été
chargé pendant plufieurs années de l'inf-
peâ:ion des manuftdures d'armes à Char-
leville, Maubeuge & Saint - Etienne, a
bien voulu me communiquer un Mémoire
des Minéraux, Partie Exp. 79
qu'il a préfenté au Miniftre, & dans lequel
il traite de cette fabrication du fer avec de
vieilles ferrailles, il dit, avec grande raifon,
ce que les ferrailles qui ont beaucoup de
furface , & celles qui proviennent des ce
vieux fers & clous de chevaux ou ce
fragmens de petits cylindres ou quarrés ce
tords, ou des anneaux & boucles , toutes «
pièces qui fuppoient que le fer qu'on a ce
employé pour les fabriquer étoit fouple , ce
liant &. fufceptîble d'être plié , étendu ce
ou tordu , doivent être y:)référées & ce
recherchées pour la fabrication des ce
canons de fufihD. On trouve dans ce même
Alémoire de M. de Montbeiilard d'excel-
lentes réflexions fur les moyens de per~
fecftionner les armes à feu , &. d'en alîlirer
la réfiftance par le choix du bon fer &
par la manière de le traiter ; l'Auteur
rapporte une très-bonne expérience (k) ,
(k) Qu'on prenne une barre de fer, farge dfc
deux à trois pouces, épaifTe de deux à trois lignes,
qu'on la chauffe au rouge , &: qu'avec la panne àxi
marteau on y pratique dans fa longueur une canne-*
iure ou cavité , qu'on la plie fur elle - même pour
!a doubler &: corroyer, l'on remplira enfuite \x
cannelure des écaiiles ou pailles en queition ; on lui
D iiij
8o IntroduÛïon à VHïfloire
qui prouve clairement que les vieilles
ferrailles & même les écailles ou exfolia-
lions qui fe détachent de la fur face du
Ïqx , & que bien des gens prennent pour
des fcories, fe fondent enfemble de la
manière la plus intime , & que par confé-
quent le fer qui en provient ed d'aufÏÏ
bonne & peut - être de meilleure qualité
qu'aucun autre. Mais en même temps
il conviendra avec moi , & il obferve
même dans la fuite de fon Mémoire ,
que cet excellent fer ne doit pas être
employé feul , par la raifon même qu'il
donnera une chaude douce d'abord en rabattant les
bords, pour empêcher qu'elles ne s'échappent, &
on battra la barre comme on le pratique pour
corroyer le fer avant de la chaufîêr au blanc ; on
la chauffera enfuite blanche &. fondante , & la pièce
fondera à merveille, on la caffera à froid & {'on
n'y verra rien qui annonce que la foudure h'ait pas
c'té complète & parfaite , & que toutes les parties
du fer ne fe foient pas pénétrées réciproquement
fans iaiffer aucun efpace vide. J'ai fait cette expé-
rience aifée à répéter, qui doit raffiirer fur les pailles,
foit qu'elles foient plates ou qu'elles aient la forme
d'aiguilles , puifqu'elles ne font autre chofe que du
fer, comme la barre avec laquelle on les incorpore ,
où elles ne forment plus qu'une mên»e mafie
avec eliç.
€les Minéraux , Partie Exp. 8 i
ed trop parfait ; & en effet , un fer qui ,
fortant de la forge , a toute fn perfecflion,
n'efl: excellent que pour être employé
tel qu'il eit , ou pour des ouvrages qui
ne demandent que des chaudes douces ;
car toute clîaixîe vive , toute chaleur à blanc
Je dénature ; j'en ai fait des épreuves plus
que réitérées fur des morceaux de toute
groffeur ; le petit fer fe dénature un peu
moins que îe gros , mais tous deux perdent
la plus grande partie de leur nerf dès la
première chaude à blanc ; une féconde
chaude pareille change & achève de
détruire le nerf, elle altère même la cjualité
du grain qui , de fin cju'il étoit , devient
grofîier & brillant comme celui du fer
le plus commun; une troifième chaude
rend ces grains encore plus gros , & laifîe
déjà voir entre leurs interilices des parties
noires de matière brûlée ; enfin en conti-
nuant de lui donner des chaudes , on
arrive au dernier degré de fa décompofition,
& on le réduit en une terre morte qui
ne paroît plus contenir de fubflance
métallique , & dont on ne peut faire
aucun ufage. Car cette terre morte n'a
ps y comme la plupart des autres chaux
D V
82 lutroduâîon à l'Hijîoire
métalliques , îa propriété de fe revivifier
par l'application des matières combuflibles ;
elle ne contient guère plus de fer que le
mâchefer commun tiré du charbon des
végétaux ; au lieu que les chaux des autres
métaux fe revivifient prefque en entier
ou du moins en très - grande partie , &
cela achève de démontrer que le fer eil une
matière prefqu'eniièrement combuflible.
Ce fer que l'on tire, tant de cette terre
ou chaux de fer , que du mâchefer pro-
venant du charbon , m'a paru d'une
Singulière qualité , il eft très-magnétique
& très-infufible , j'ai trouvé du petit fable
noir aufîi magnétique , aufîi indifToIuble ,
& prefque infufible dans quelques-unes
des mines que j'ai fiît exploiter; ce fablon
ferrugineux & magnétique fe trouve mêlé
avec les grains de mine qui ne le font
point du tout, & provient certainement
d'une caufe toute autre : le feu a produit
ce fablon magnétique , & Teau les grains
de mine ; & lorfque par hafard ils fe
trouvent méfangés , c'efi: que le hafird a
fait qu'on a brûlé de grands amas de
Lois, ou qu'on a fait des fourneaux de
charbon fur le terrein qui renferme les
des Minéraux , Partie Exp. 8 3
mines ; & que ce iabloii ferrugineux qui
n'eft que le détriment du mâchefer que
l'eau ne peut ni rouiller ni di(î')udre , a
péne'tré par ia fihration des eaux auprès
des lits - de mine en grains , qui fouvent
ne font qu'à deux ou trois pieds de
profondeur. On a vu dans le Mémoire
préce'dent, que ce fablon ferrugineux qui
provient du mâchefer des végétaux , ou
il l'on veut du fer brûlé autant qu'il peut
l'être , paroît être le même à tous égards
que celui qui fe trouve dans ia platine.
Le fer le plus parfait eft celui qui n'a
prefque point de grain , & qui eft entiè-
rement d'un nerf de offis-cendré ; le fer à
nerf noir eu encore très - b)on , & peut-
être eft-il préférable au premier pour tous
îes ufages où il faut chauffer plus d'une
fois ce m.étal avant de l'employer; le fer
de la troifième qualité & qui eft moitié
nerf & moitié grain , eft le fer par excel-
lence pour le commerce , parce qu'on
peut le chauffer deux ou trois fois fans
le dénaturer ; le fer fans nerf, mais à
grain fin , fert aufli pour beaucoup
d'ufages , mais les fers fans nerf & à gros
grains , dcvroiem être profcrits & font le
D vj
84 Inîroduâïon à VHïflone
plus grand tort dans la fociëté , parce que
malheureufement ils y lont cent fois plus
communs que les autres. Il ne faut qu'un
coup d'œil à un homme exercé pour
connoître ia bonne ou la mauvaife qualité
du fer, mais ies gens qui le font em-
ployer, foit dans leurs bâtimens , foit à
leurs équipages, ne s'y connoifTent ou n'y
regardent pas, & payent fouvent , comme
très - bon , du fer que le fardeau fût
rompre ou que la rouille détruit en peu
de temps.
Autant les chaudes vives & pouiïees
jufqu'au blanc , détériorent le fer , autant
ies chaudes douces où l'on ne le rougit
que couleur de ceri(e, fembient l'améliorer ;
c'efl: par cette raifon que les fers deilinés à
pafTer à la fenderie ou à la batterie , ne
•demandent pas à être fabriqués avec autant
de foin que ceux qu'on appelle fers
marchands , qui doivent avoir toute kur
qualité. Le fer de tirerie fait une clafîe ,
à part, il ne peut être trop pur, s'il
contenoit des parties hétérogènes il devien-
droit très-caflant aux dernières filières;
or il n'y a d'autre moyen de le rendre
pur que de le faire bien fuer en le chauffant
'des Minéraux , Partie Ex p. 8 5
îa première fois jufqu'au binnc , & le
jiianelant avec amant de force que de
précaution , & enfuite en le faiiant encore
chauffer à blanc afin d'achever de le
dépurer fous le martinet en falongeant
pour en faire de la verge crénelée. Mais
les fers deflinés à être refendus pour en
faire de la verge ordinaire , des fers apiatis ,
des languettes pour la tôle , tous les fers
en wx). mot qu'on doit pafTer fous les
cylindres , n'exigent pas ic même degré
de perfecftion , parce qu'ils s'améliorent au
four de la fenderie , où l'on n'emploie
que du bois , & dans lequel tous ces fers
ne prennent une chaleur que du fécond
degré , d'un rouge couleur de feu , qui
efl: fiiffifant ]50ur les amollir , & leur
permet de s'aplatir 6c de s'étendre fous
les cylindres & de fe fendre enfuite fous
les taillans. Néanmoins fi l'on veut avoir
de la verge bien douce , comme celle
qui eit nécefîliire pour les clous à maréchal ;
fi l'on veut des fers aplatis qui aient
beaucoup de nerf, comme doivent être
ceux qu'on emploie pour les roues , &
particulièrement les bandages qu'on fait
d'une feule pièce, dans iefquels il faut au
8^ Inîwduâlon à V Hipoke
moins un tiers de nerf; les fers qu'on
iivre à la fenderie doivent être de bonne
qualité, c'eft-à-dire , avoir au moins un
tiers de nerf, car j'ai obfervé que le feu
doux du four &: la forte comprefîion des
cylindres rendent à la vérité le grain du
fer un peu plus fin , & donnent même du
nerf à celui qui n'avoit que du grain très-
fin , mais ils ne convertiffent jamais en
nerf le gros grain des fers communs ; en
forte qu'avec du mauvais fer à gros grains
on pourra faire de la verge & des fers
aplatis dont le grain fera moins gros , mais
qui feront toujours trop cafîàns pour être
employés aux ufages dont je viens de
parler.
Il en efl: de même de la tôle, on ne
peut pas employer de trop bonne étofîè
pour la faire , & il efl: bien fâcheux qu'on
fafïê tout le contraire; car prefque toutes
nos tôles en France fe font avec du fer
commtm; elles fe rompent en les pliant,
& fe brûlent ou pourrifîènt en peu de
temps ; tandis que de la tôle faite comme
celle de Suède ou d'Angleterre, avec du
bon fer bien nerveux, fe tordra cent fois
fans rompre , & durera peut - être vingt
des Mhiéraux , Partie Exp. 87
fois plus que les autres. On en fait à mes
forges de toute grandeur & de toute
épaiffeur , on en emploie à Paris pour
les cafTeroIes & autres pièces de cuifine
qu'on e'tanie & qu'on a raifon de préfe'rer
aux caiïeroles de cuivre. On a fait avec
cette même tôle grand nombre de poêles ,
de chameaux , de tuyaux , &: j'ai depuis
quatre ans l'expérience mille fois réitérée,
qu'elle peut durer comme je viens de !e
dire , foit au feu , foit à l'air , beaucoup
plus que les tôles communes , mais comme
elle eli un peu plus chère , le débit en
efl: moindre , & l'on n'en demande que
pour de certains ufages particuliers aux-
cjuels les autres tôles ne pourroient être
employées. Lorfqu'on efl au fait , comme
j'y fuis, du commerce des fers , on diroh
qu'en France on a fait un padie général ,
de ne fe fervir que de ce qu'il y a de
plus mauvais en ce genre.
Avec du fer nerveux on pourra toujours
faire d'excellente tôle , en faifant palier le
fer des languettes fous les cylindres de
la fenderie ; ceux qui apîatifîent ces
languettes fous le martinet , après les avoir
fait chauffer au charbon ; font dans xwx
88 Introdiiâion a l'Hiftoire
très - mauvais ufage ; le feu de charbon
pouffé par les foufflets , gâte le fer de ces
ianguettes , celui du four de la fenderie
ne fait que le perfectionner : d'ailleurs il
en coûte plus de moitié moins pour faire*
ies languettes au cylindre que pour les
faire au martinet ; ici l'intérêt s'accorde
avec la théorie de l'art : il n'y a donc
que l'ignorance qui puiffe entretenir cette
pratique , qui néanmoins eft la pius géné-
rale , car il y a peut-être fur toutes les
tôles qui fe fabriquent en France, plus
des trois quarts dont les languettes ont
été faites au martinet. Cela ne peut pas
être autrement, me dira-t-on , toutes les
batteries n'ont pas à côté d'elles une
fenderie & des cylindres montés, je l'avoue
& c'eft ce dont je me plains ; on a tort
de permettre ces petits éiablifleinens par-
ticuliers qui ne fubiiftent qu'en achetant
dans les grofles forges les fers au meilleur
marché , c'efl - à - dire , tous les plus
médiocres, pour les fabriquer enfuite en
tôle & en petits fers de la plus mauvaife
qualité.
Un autre objet fort important font les
fers de charrue, on ne faurcit croire
eles Minéraux , Partie Exp. 8p
combien la mauvaife qualité du fer dont
on les fabrique fait de tort aux laboureurs ,
on leur livre inhumainement des fers qui
cafTent au moindre effort, & qu'ils font,
force's de renouveler prefque auiïi fouvent
que leurs cultures ; on leur fait payer
bien cher du mauvais acier dont on arme
la pointe de ces fers encore plus mauvais ,
& le tout efl perdu pour eux au bout d'un
an , & fouvent en moins de temps ; tandis
qu*en employant pour ces fers de charrue,
comme pour la tôle, le fer le meilleur &
le plus nerveux , on pourroit les garantir
pour un ufage de vingt ans , & même
fe difpenfer d'en aciérer la pointe; car
j'ai fait fûre plufieurs centaines de ces
fers de charrue dont j'en ai fiit effayer
quelques - uns fans acier , & ils fe font
trouvés d'une étoffe affez ferme pour
réfifter au labour. J'ai fut la même expé-
rience fur un grand nombre de pioches;
c'eil la mauvail'e qualité de nos fers qui
a établi chez les taillandiers l'ufage général
de mettre de l'acier à ces inftrumens de
campagne , qui n'en auroient pas befoin
s'ils éioient de bon fer fabriqué avec des
languettes padées fous les cylindres.
po IntroduSlïon à VHïjloîre
J'avoue qu'il y a de certains ufàges
pour lefquels on pourroit flibriquer du fer
aigre, mais encore ne faut-il pas qu'il foit
à trop gros grain ni trop caflant ; les clous
pour les petites lattes à tuile , les broquettes
& autres petits clous plient îorfqu'ils font
faits d'un fer trop doux , mais à l'excep-
tion de ce feul emploi , qu'on ne remplira
toujours que trop, je ne vois pas qu'on
doive fe fervir de fer aigre. Et fi dans
une bonne manufacflure on en veut faire
une certaine quantité, rien n'cft plus aife' ;
il ne faut qu'augmenter d'une mefure ou
d'une mefure & demie de mine au four-
neau , & mettre à part les gueufès qui en
proviendront , ia fonte en fera moins bonne
& plus blanche. On les fera forger à
part , en ne donnant que deux chaudes
à chaque bande , & l'on aura du fer aigre
cjui (c fendra plus aifément q'^e l'autre ,
& qui donnera de la verge cafîlmte.
Le meilleur fer, c'eft-à-dire . celui qui
a le plus de nerf, & par conféquent le
plus de ténacité peut éprouver cent &
deux cents coups de mafle fans fe rompre ,
& comme il fiut néanmoins le caffer pour
tous les ufages de la fenderie & de la
des Minéraux , Partie Exp. p i
batterie, & que cela demanderoii beaucoup
de temps , même en s'aidant du cifeau
d'acier, il vaut mieux faire couper fous
' le marteau de la forge , les barres encore
chaudes à moitié de leur épaifTeur, cela
n'empêche pas le marteleur de les achever ,
& épargne beaucoup de temps au fendcur
& au platineur. Tout le fer que j'ai fait
cafTer à froid & à grands coups de mafTe ,
'■ s'échauffe d'aïuant plus qu'il efl: plus
\ fortement &; plus fouvent frappé : non-
' feulement il s'échaufïè au point de brûler
très- vivement, mais il s'aimante comme
s'il eût été frotté fur un très- bon aimant.
jM'étant affuré de la confiance de cet
effet par plufieurs obfervations fuccefîives,
je voulus voir fi f ms percufîion je pourrois
de m.ême produire dans ie fer la vertu
magnétique ; je fis prendre pour cela une
verge de trois lignes de groiîeur de mon
fer fe plus liant , & que je connoiffois
pour être très-difïicile à rompre , & l'ayant
fait plier & replier, par les mains d'un
homme fort , fept ou huit fois de fuite
: fans pouvoir la rompre , je trouvai le
fer très- chaud au point où on l'avoit plié,
& ii avoit en même temps toute ia vertu
p2 Introdnâlon a VRifloire
d'un barreau ^jien aimanté ; j'aurai occafion
dans la fuite de revenir à ce phénomène
qui tient de très-près à la théorie du mag-
nétifme & de l'élecfhricité , & que je ne
rapporte ici que pour démontrer que pius
iuie matière eil tenace, c'efl-à-dire, plus
il faut d'efïbrts pour la divifer , plus elle
eft près de produire de la chaleur & tous
îes autres effets qui peuvent en dépendre,
& prouver en même temps que la fimple
preffîon produifantle frottement des parties
intérieures , équivaut à l'effet de la plus
violente percufîion.
On fonde tous les jours le fer avec lui-
même ou fur lui-même, mais il faut la
plus grande précaution pour qu'il ne le
trouve pas un peu plus foibie aux endroits
des foudures ; car pour réunir & fouder
les deux bouts d'une barre, on les chauffe
jufqu'au blanc le plus vif, le fer dans cet
état eft tout prêt à fondre, il n'y arrive
pas fans perdre toute fa ténacité , & par
confequent tout fon nerf; il ne peut donc
en reprendre dans toute cette partie qu'on
fonde ,que par la percuHlon des marteaux
dont deux ou trois ouvriers font fuccéder
ks coups le plus vîie qu'il leur eft polîible ,
des Minéraux , Partie Exp. Ç) 3
nais cetie percufTion eft très - foible &
iieine lenie en comparaifon de ceile du
iraiieau de la forge ou même de celle
Jli mariinet ; ainfi l'endroit foudé, quelque
3onne que Toit l'étoffe , n'aura que peu
le nerf & fouvent ]:)oint du tout fi l'on
a a pas bien laifi l'inftant où les deux
norceaux font e'galement chauds , & fi
e mouvement du marteau n'a pas été
:il]ez prompt & affez fort pour les hï^n
réunir. Aufîi quand on a des pièces impor-
ta rites à fonder, on fera bien de le faire
fous les martinets les plus prompts, La
foudure dans les canons des armes à feu ,
eft une des chofes les plus ijiiportantes ;
]\l. de Montbeillard , dans le Mémoire
que j'ai cité ci-defTus, y^onne de très-
bonnes vues fur cet objet, & même des
expériences décifives : je crois avec lui,
que comme il faut chauffer à blanc nombre
de fois la bande ou maquette pour fonder
le canon dans toute fa longueur, il ne
faut pas employer du fer qui feroit au
dernier degré de fa perfection , parce
qu'il ne pourroit que fe détériorer par
ces fréquentes chaudes vives ; qu'il faut
au contraire choiiir le fer qui, n'étant
■^4 InîwJuâwn à rHiflolre
pas encore aufîi épuré qu'il peut l'être ,
gagnera plutôt de la qualité qu'il n'en
perdra par ces nouvelles chaudes , mais
cet article feul demande roit un grand
travail fait & dirigé par un homme aulîî
éclairé c|ue M. de Montbeiilard, & l'objet
en efl: d'une fi grande importance pour
la vie^ des hommes & pour la gloire
de l'Etat, qu'il mérite la plus grande
attention.
Le fer fe décompofe par l'humiditc
comme par le feu ; il attire l'humide de
î'air , s'en pénètre & fe rouille , c'eft-à-
dire , fe convertit en une efpèce de terre
fans liaifon , fans cohérence ; cette con-
verfion fe fait en afFez peu de temps
dans les fers q^ii font de mauvaife qualité
ou mal flibriqués : ceux dont l'étoffe elt
bonne , & dont les furfaces font bien
lifles ou polies fe défendent plus long-
temps , mais tous font fujets à cette efpèce
de mal , qui de la luperticie gagne affez
promptement l'intérieur, & détruit avec
îe temps le corps entier du fer. Dans
l'eau il fe conferve beaucoup mieux c|u'à
l'air, &. quoiqu'on s'aperçoive de fon
altération par la couleur noire qu'il y prend
{Jes Mînéwtix , Partie Exp; r) 5
après un long féjonr , ii n'eft point
dénaturé, ii peut être forgé, au lieu que
celui qui a été expofé à l'air pendant
quelques liècies , & que les ouvriers
appellent du fer luné 3 parce qu'ils s'ima-
ginent que ia lune le mange , ne peut ni
ie forger ni fervir à rien ; à moins qu'on
ne le revivifie comme les rouilles & les
fafrans de mars , ce qui coûte commu-
nément plus que le fer ne vaut. C'eft
en ceci que confille la différence des
deux décompofitions du fer ; dans celle
qui fe fait par le feu , la plus grande
partie du fer fe brûle & s'exhale en
"vapeurs comme les autres matières cora-
buflibles, il ne refle qu'un mâchefer qui
contient , comme celui du bois , une petite
quantité de maaère très - attirable par
l'aimant qui ell bien du vrai fer , mais
qui m'a paru d'une nature fingulière &
fembiable comme je l'ai dit, au fabîon
ferrugineux qui fe trouve en fi grande
quantité dans la platine. La décompofition
par i'hutnidiré ne diminue pas à beaucoup
près autant que la combuftion, la maflc
du fer, mais elle en alère toutes les
parties au point de leur faire perdre leur
9 6 Introduâton à rHîJlohe
•vertu magnétique , leur cohérence Si leur
couleur métallique ; c'eft: de cette rouille
ou terre de fer que font en grande partie
conipofées les mines en grain, l'eau après
avoir atténué ces particules de rouille &
les avoir, réduites en molécules fenlibles ,
ies charie & les dépofc par filtration dans
le fein de la terre, où elles fe réunifTent
en grain par une forte de criflallifation
qui le fait comme toutes les autres , par
i'attraélion mutuelle des molécules ana-
logues ; & comme cette rouille de fer
étoit privée de la vertu magnétique, il
n'eft pas étonnant que les mines en grain
qui en proviennent , en ioient également
dépourvues. Ceci me paroît démontrer
d'une manière aflez claire , que le magné-
tifme (uppofe l'adion précédente du feu ;
que c'ell une qualité particulière que Iç
feu donne au fer, & c{ue l'humidité de
i'air lui enlève en le décompofànt.
Si l'on met dans un vafe une grande
quantité de limaille dé fer pure, qui n'a
pas encore pris de rouille, & fi on la
couvre d'eau , on verra en la laifîant fécher,
que cette limaille fe réunit par ce feuï
intermède, au. point de faire une maffe
de
fies Minéraux , Partie Exp. c) 7
et fer allez folicle , pour qu'on ne puiflè
fa cafTer qu'à coups de mafle ; ce n'efl
donc pas précifénient i'eau qui décompofe
le fer & qui produit la rouille, mais plutôt
: les fds & les vapeurs fuifureufes de i'nir ,
car on fait que le fer fe difîout très-aifé-
ment par les acides &: par le foufre. En
préfentant une verge de fer bien rouge à
ime bille de foufre , le fer coule dans
i'inftant, &: en le recevant dans l'eau, on
obtient des grenailles qui ne font plus du
fer ni même de la fonte; car j'ai éprouvé
qu'on ne pouvoit pas les réunir au feu
pour les forger , c'efi: une matière qu'on
ne peut comparer qu'à la pyrite martiale,
dans laquelle le fer paroît cire également
décompofé par le foufre ; & je crois que
c'eft par cette raifon que l'on trouve
pre(<:[ue par - tout à la furface de la terre
& fous les premiers lits de fes couches
extérieures , une afTez grande quantité de
ces pyrites , dont le grain reflemble à celui
du mauvais fer, mais qui n'en coptiennent
qu'une très -petite quantité, mêlée avec
beaucoup d'acide vitriolique & plus ou
moins de foufre.
Tome VIL E
c?8 Introàudïon h ïHïfioiri
CINQUIEME MÉMOIRE.
Expériences fur les effets
de la Chaleur obfcure.
o TJ R recomioîire les effets de îa
chaleur obfcure , c'efl - à - dire , de la
chaleur privée de lumière , de flamme &
de feu iibre , autant qu'il ell pofîlble ,
j'ai fliit quelques expériences en grand ,
dont ies rélultats m'ont paru très-inté-
rellans.
Première expérience.
On a commencé fur ia fin d'août 1 772,
à meure des braiies ardentes dans le creufet
du grand fourneau qui lert à fondre la
rnine de fer pour ia couler en gueufes ,
ces braifes ont achevé de fécher les
mortiers qui étoient faits de glaiie mêlée
par égale portion avec du fable vitref-
cible. Le fourneau avoit 23 pieds de
hauteur. On a jeté par le gueulard ( c'efl
ainfi qu'on appelle l'ouverture fupérieure
du fourneau ) les charbons ardens que l'on
des Minéraux, Partie Exp. 99
tîroit des petits fourneaux d'expériences ,
on a mis (ucceffi veinent une aÔez grande
quantité de ces braifes pour remplir îc
bas du fourneau jufqu'à la cuve ( c'eft
ainfi qu'on appelle l'endroit de la plus
grande capacité du fourneau ) , ce qui
dans celui' ci montoit à 7 pieds 2 pouces
de hauteur perpendiculaire depuis le fond
du creufet. Par ce moyen on a com-
mencé de donner au fourneau une chalei r
modérée qui ne s'eft pas fait feiitir dans
k partie la plus élevée.
Le I o fepîembre , on a vidé toutes ces
braifes réduites en cendres par l'ouverture
du creufet , & forfqu'il a été bien nettoyé
on y a mis quelques charbons ardens &
d'autres charbons par-defTus , jufqu'à ia
quantité de 600 livres pefant; enfuite oa
alaifle prendre le feu, & le lendemain i i
feptembre, on a achevé de remplir le four-
neau avec 4800 livres de charbon , ainfi
il contient en tout 5400 livres de charbon
qui y ont été portées en cent trente-cinq
corbeilles de 40 livres chacune , tare faite.
On a laifîé pend.mt ce temps l'entrée
"du creufet ouverte, & celle de la tuyère
bien bouchée pour empêcher le feu de
E \)
100 hïîrodiiCûon à l'Hîjloire
fe communiquer aux foufflets. La première
imprefîlon de la grande chaleur , produite
par le long féjour des braifes ardentes &
par cette première comibuftiondu charbon,
s'eA marquée par une petite fente qui s'efl
faite dans la pierre du fond à l'entre'e du
çreufet, & par une autre fente qui s'eft
faite dans la pierre de la tympe. Le charbon
néanmoins, quoique fort allumé dans le
bas , ne l'étoit encore qu'à une très- petite
hauteur , & le fourneau ne donnoit au
gueulard qu'affez peu de fumée, ce mêmç
jour î 2 leptembre à fix heures du loir ;
car cette ouverture fupérieure n'étoit pas
bouchée, non plus que l'ouverture du
creufet.
A neuf heures du foir du même jour,
la flamme a percé jufqu'au - defîus du
fourneau, & comme elle eil: devenue très-
vive en peu de temps , on a bouché
i'ouverture du creufet à ^\x heures du
foir. La flamme quoique fort ralentie par
cette fupprefrion du courant de l'air, s'eft
foutenue pendant la nuit & le jour fuivant;
en forte que le lendemain i 3 feptembre,
vers les quatre heures du foir , le charbon
liyoit baiflé d'un peu plus de 4 pieds,
^es Minéraux , Partie Exp. i o i
On a rempli ce vide à cette même heure
avec onze corbeilles de charbon , pelant
enfemble 440 livres ; ainfi le fourneau a
M été chargé en tout de 5840 livres de
y charbon^
Enluite on a bouché l'ouverture fupé-
rieure du fourneau avec un large couvercle
de forte tôle, garnie tout autour avec du
inortier de glaiie «& fable mêlé de poudre
de charbon , & chargé d'un pied d'épaif^
, feur de cette poudre de charbon mouillée;
pendant que l'on bouchoit, on a remarqué
que la flamme ne lailToit pas de retentir
affez fortement dans l'intérieur du four-
neau ; mais en moins d'une minute la
iîamme a cefl^é de retentir, & l'on n'en-
tendoit plus aucun bruit ni murmure, en
ibrte qu'on auroit pu penfer cjue l'air
n'ayant point d'accès dans la cavité du
fourneau , le feu y étoit entièrement
étouffé.
On a laifTé le fourneau ainfi bouché
par-tout, tant au-defTus qu'au - deffous ,
depuis le 13 feptembre jufqu'au 28 du
même mois , c'eft-à-dire , pendant quinze
jours. J'ai remarqué pendant ce temps,
que quoiqu'il n'y eût point de flamme
E iij
102 Introduâwn à VHï^oire
<3ans le fourneau , ni même de feuluinineux,
la chafeur ne {aiffoit pas d'augmenter &
de fe communiquer autour de la cavité
du fourneau.
Le 28 feptembre , à dix heures du
matin , on a débouché l'ouverture fupé-
rieure du fourneau avec précaution , dans
îa crainte d'être fufFoqué par ia vapeur
du charbon ; j'ai remarqué avant de l'ou-
vrir, que la chaleur avoit gcigné jufqu'à
4 pieds ^ dans l'épaifîeur du mafîlf qui
forme la tour du fourneau ; cette chaleur j
n'étoit pas fort grande aux environs de ia
hure ( c'efl ainli qu'on appelle la partie
fupérieure du fourneau qui s'élève aii-
deflus de fon terre-plein). Mais à mefure
qu'on approchoit de la cavité , les pierres
ctoient déjà fi fort échauffées , qu'il n'étoit
pas polTible de \q.s toucher un infiant ; les
mortiers dans les joints des pierres étoient
en partie brûlés, & il paroifîoit que ia
chaleur éioit beaucoup plus grande encore
dans le bas du fourneau , car les pierres
du deflus de ia tympe & de la tuyère,
étoient exceffivement chaudes dans toute
icur épaiiïeur julqu'à 4 ou 5 pieds.
Au moment qu'on a débouché îe
des Minéraux , Partie Exp. 103
gueulard du fourneau, il en efl: forti une
vapeur fufiôquante , dont il a fallu s'éloi-
gner , & qui n'a pas laiffé de faire mal à
•Ja tête à la plupart des aiîidans. Lorfque
cette vapeur a été difilpée , on a mefuré
de combien le charbon enfermé & privé
d'air courant pendant quinze jours , avoit
diminué, &. l'on a trouvé qu'il avoit bniOe
de 14 pieds 5 pouces de hauteur; en
forte que le fourneau étoit vide dans,
toute fa partie fupérieure jufqu'auprt-s de
ia cuve.
Enfuite j'ai obfervé la furficc de ce
charbon , ik j'y ai vu une petite fîaniine
<]ui venoit de naître, il étoit abioiament
noir & fuis flamme auparavant. En moins
d'une heure cette petite flamme bleuâtre
efl devenue rouge dans le centre , ôl
s'élevoit alors d'environ 2 pieds au-delTus
du charbon.
Une heure après avoir débouché ie
gueulard , j'ai fait dé!:)oucher l'entrée du
creufet : la première chofe qui s'eft pré-
fentée à cette ouverture n'a pas été du
feu comme on auroit pu le préfumer,
mais des fcories provenans du charI)on ,
s& qui reiTembloient à du mâchefer léger ;
E iii;
I04 Inîroduâhn h VHïjloïre
ce mâchefer étoit en aflez grande quantité,
& rempliflbit tout l'intérieur du creufet,
depuis la tympe à la ruftine; & ce qu'il
y a de fingulier, c'eft que quoiqu'il ne (e
fût formé que par une grande chaleur,
il avoit intercepté cette même chaleur au-
defTus duxreufet, en forte que les parties
de ce mâchefer qui étoient au fond ,
n'étoient , pour ainfi dire , que tièdes ;
néanmoins elles s'étoient attachées au fond
& aux parois du creufet ; & elles en
avoient réduit en chaux quelques portions
jufqu'à plus de trois ou quatre pouces
de profondeur.
J'ai fait tirer ce mâchefer & l'ai fait
mettre à part pour l'examiner ; on a aufïi
tiré la chaux du creufet & des environs ,
qui étoit en aflez grande quantité. Cette
calcination qui s'ell fiite })ar ce feu fans
flamme , m'a paru provenir en partie de
i'adion de ces fcories du charbon. J'ai
penfé que ce feu fourd & fans flamme
étoit trop fec , & je crois que fi j'avois
mêlé quelque portion de laitier oti de
terre viirefcible avec le charbon , cette
terre auroit fervi d'aliment à la chaleur,
&: auroit rendu des matières fondantes qui
des Minéraux, Partie Exp. 105
auroient préfervé de la calcination la fur-
face de l'ouvrage du fourneau.
Quoi qu'il en foit, ii réfulte de cette
expérience , que la chaleur feule , c'eft-
à-dire, la chaleur obfcure, renfermée,
& privée d'air autant qu'il eft pofîible ,
produit néanmoins avec le temps des effets
femblables à ceux du feu le plus ac^lif &
le plus lumineux. On fiit qu'il doit être
violent pour calciner la pierre. Ici c'étoit
de toutes les pierres calcaires la moins
calcinable , c'eft-à-dire , la plus réfillante
au feu, que j'avois choifie pour faire
conftruire l'ouvrage & la cheminée de
mon fourneau ; toute cette pierre d'ailleurs
avoit été taillée &: pofée avec foin , les
plus petits quartiers avoient un pied d'é-
paiiïeur, un pied <3c demi de largeur,
fur trois & quatre pieds de longueur , &
dans ce gros volume la pierre eil encore
bien plus difficile à calciner que quand
elle efl: réduite en moellons. Cependant
cette feule chaleur a non-feulement calciné
ces pierres à près d'un demi -pied de
profondeur dans la partie la plus étroite
& la plus froide du fourneau , mais encore
Z brûlé en même temps les mortiers fait^
E V
lo6 IntroJîiifwn à l'Hifolre
de gïaife &: de fîible fans les faire fondre ,
ce que j'aiirois mieux aimé, parce qu'alors
les joints de la bâîiiïe du fourneau fe
feroîent confervcs pleins , au lieu que la
chaleur ayant fuivi la route de ces joints,
a encore caiciné les p'erres far toutes les
faces des joints. Alais pour faire mieux
entendre les effets de cette chaieur obi-
cure & concentrée , je dois obferver -,
I.** Que le maffjf du fourneau étant de
a 8 pieds d'épaiffeur de deux faces, &
de 24 pieds d'épaiffeur des deux autres
faces, & la cavité où étoit contenu le
charbon n'ayant que 6 pieds dans fli
plus grande largeur , les murs pleins qui
environnent cette cavité avoient p y)icds
d'épaiileur de maçonnerie à chaux & fable
aux parties les moins épaiiïes ; que par
conféquent on ne peut pas fuppofer qu'il
ait paffé de l'air à travers ces murs de 9
pieds: 2.° Que cette cavité qui contenoit
îe charbon , ayant été bouchée en bas
à l'endroit de la coulée avec un mortier
de giaife mêlé de fable d'un pied d'épaif-
feur, & à la tuyère qui n'a que quelques
pouces d'ouverture , avec ce même mortier
dont oa fe fert pour tous les bouchages ;
'<^es Minéraux , Partie Èxp. 1 07
il n'eft pas à piéfumer qu'il ait pu entrer
de l'air j^ar ces deux ouvertures : 3.*' Que
îe gueulard du fourneau ayant de niênic
lété fermé avec une plaque de fone tôle
iutée, & recouverte avec ie même mortier,
fur environ fix pouces d'épaiffeur , &
encore environne'e & furmontce de pouf-
fière de charbon mêlé avec ce mortier,
fur fix autres pouces de hauteur, tout
accès à l'air par cette dernière ouverture
étoit interdit. On peut donc afTurer qu'il
n'y avoit point d'air circulant dans toute
cette cavité , dont la capacité étoit de 3 3 o
pieds cubes , & que l'ayant remplie de
5400 livres de charbon, le feu étouffé
dans cette cavité n'a pu fe nourrir que
de la petite quantité d'air contenue dans
ies intervalles que laiiroient entr'eux les
morceaux de charbon; & comme cette
matière jetée l'une fur l'autre laiffe de très-
grands vides , (lippofons moitié ou même
trois quarts , il n'y a donc eu dans cette
cavité que 16^5, ou tout au plus 248
pieds cubes d'air. Or, le feu di;. fourneau
excité par les foufHets , confomme cette
quantité d'air en moins d'une deiiii-minute;
^ cependant il fembleroiî qu'elle a fufii pour
£ v;
I o8 liUroâuâïon à ÏHïfldre
entretenir pendant quinze jours la chaîeur j
& l'augmenter à peu-près au même point
que celle du feu libre , puirqu'elle a produit
ia. cakination des pierres à quatre pouces
de profondeur dans le bas , & à plus de
deux pieds de profondeur dans le milieu
&. dans toute l'étendue du fourneau , ainfî
que nous le dirons tout-à-l'heure. Comme
cela me paroifloit allez inconcevable , j'ai
d'abord penfé qu'il falloit ajouter à ces
J248 pieds cubes d'air, CQnrenus dans la
cavité du fourneau , toute la vapeur de
i'humidité des murs que la chaleur con-
centrée n'a pu manquer d'attirer , & de
iaquelle il n'eil: guère poflible de faire urre
Julie ellimation. Ce iont-làîes îeuls alimenS',
foit en air,, foit en vapeurs aqueufes que
cette très - grande chaleur a confommés
pendant quinze jours ; car il ne fe dégage
que peu ou point d'air du charbon dans
fe combuflion, quoiqu'il s'en dégage plus
d'un tiers du poids total du bois de chêne
bien féché (a); cet air fixe contenu dans
le bois, en eft chaffé par la première
opération du feu qui le convertit en
(a) Haies, Statique des Végétaux, page 152,
(les Minéraux , Partie Exp. 1 0^
charbon , & s'il en refle , ce n'elt qu'ea
fi petite quantité qu'on ne peut pas la
regarder comme le fuppiémcnt de l'air
qui manquoit ici à l'entretien du feu.
Ainfi cette chaleur très-grande & qui s'efl
augmentée au point de calciner profon-
dément les pierres, n'a été entretenue que
par 248 pieds cubes d'air & par les vapeurs
de l'humidité des murs ; & quand nous
luppoTerions le produit lucceffif de cette
humidité cent fois plus confidérable que
le volume d'air contenu dans la cavité du
fourneau , cela ne feroit toujours que
24800 pieds cubes de vapeurs propres
à entretenir la combuftion ; quantité que
le feu libre <Sc animé par les fouâîeis con-
fommeroit en moins de 3 o minutes , tandis
que la chaleur fourde ne la confomme
qu'en quinze jours»
Et ce qu'il eft néceffaire d'obferver
encore , c'eft que le même feu libre &
animé auroit confumé en i i ou i 2 heures
les 3600 livres de charbon que la chaleur
obfcure n'a conlommé qu'en quinze jours,
elle n'a donc eu que la trentième partie
de l'aliment du feu libre, puifqu'il y a eu
v|rente fois autant de temps employé à k
'I I o IntroâuŒon a l'HiJlolre
confonimation de la matière combuftibîe,
& en même temps il y a eu environ fept
cents vingt fois moins d'air ou de vapeurs
employées à cette combuRion. Néanmoins
ies effets de cette chaleur obfcure ont été
ies mêmes que ceux du feu libre , car iL
auroit fallu quinze jours de ce feu violent
& animé pour calciner les pierres au même
degré qu'elles l'ont été par la chaleur feule ;
ce qui nous démontre d'une part l'immenfe
déperdition de la chaleur îorfqu'elle s'exhale
avec les vapeurs & la flamme, &l d'autre
part les grands effets qu'on peut attendre j
de fa concentration, ou pour mieux dire ,
de fà coërcion , de fa détention. Car cette
chaleur retenue & concentrée ayant pro-
duit les mêmes effets que le feu libre Sl
violent, avec trente fois moins de matière
combuftibîe & fept cents vingt fois moins
d'air , & étant fuppofée en raiion compofée
de ces deux élémens , on doit en conclure
que dans nos grands fourneaux à fondre
îes mines de fer, il fe perd vingt-un mille
fois plus de chaleur qu'il ne s'en applic[ue ,
fbit à la mine, foit aux parois du fourneau ;
en forte qu'on imagineroit que ies four-
neaux de réverbère où la chaleur eft plus
(les Minénwx , Parlie Exp. i i î
concentrée , devroient produire le feu le
y)Ins puifTant. Cependant j'ai acquis la
preuve du contraire, nos mines de fer ne
s'éiant pas même aglutinées par le feu de
réverbère de la glacerie de Rouelles en
Bouroogne, tandis qu'elles fondent en
moinf de i 2 heures au feu de mes four-
neaux à foufflets : cette différence tient au
principe que j'ai donné; le feu par (a
xhede ou par Ion volume , produit des
effets tous différens fur certaines llibllances'
telles que la mine de fer; tandis que fur
d'autres fubliances telle que la pierre cal-
caire , il peut en produire de femblabîes.
La fufion eft en général une opération
prompte qui doit avoir plus de rapport
avec la vîteffe du feu que la calcination
qui eft prefque toujours lente , & qui doit
dans bien des cas avoir plus de rapport
au volume du feu ou à ion long féjour,
qu'à fa vîteffe. On verra par l'expérience
fuivante , que cette même chaleur retenue
& concentrée n'a fait aucun effet fur la
mine de fer.
Deuxième expérience.
Dans ce mêaie fourneau de 23 pieds
II? Inîroduâïon à THifloire
de hauteur , après avoir fondu de la mins
de fer pendant environ quatre mois , je
fis couler les dernières gueufes en rem-
piilîant toujours avec du charbon , mais
iàns mine , afin d'en tirer toute la matière
fondue ; & quand je me fus afliiré qu'il
n'en reftoit plus , je fis ceiïer le vent ,
boucher exatftement l'ouverture de la
tuyère & celle de la coulée qu'on maçonna
avec de la brique & du mortier de giaife
mêlé de fable. Enfuite je fis porter fur
ie charbon autant de mine qu'il pouvoit
en entrer dans le vide qui étoit au-de(îus
du fourneau ; il y en entra ceue première
fois vingt- fept mefures de 60 livres , c'eft-
à-dire i 620 livres pour affleurer le niveau
du gueulard , après quoi je fis boucher
cette ouverture avec la même placjue de
forte tôle & du mortier de giaife & fable,
& encore de la poudre de charbon en
grande quantité : on imagine bien quelle
immenfe chaleur je renfermois" ainfi dans
ie fourneau , tout le charbon en étoit
allumé du haut en bas îorfque je fis cefier
le vent ; toutes les pierres des parois
étoient rouges du feu qui les pénétroit
depuis quatre mois; toute cette chajfui
tJes Minéraux, Partie Exp. 1 1 3
ne pouvoir s'exhaler que par deux petites
fentes qui s'étoient faites au mur du four-
neau , & que je fis remplir de bon mortier,
alla de lui ôter encore ces iflues : trois
jours après je fis déboucher ie gueulard ,
ÔL je vis , avec quelque furprite , que
malgré cette chaleur immenfe renfermée
dans le fourneau, le charbon ardent,
quoique comprimé par la mine & chargé
de I 620 livres, n'avoit baiffé que de 1 6
pouces en trois jours ou 72 heures. Je
fis fur le champ remplir ces 1 6 pouces de
vide avec 2 5 mefures de mine , pefantes
enfemble i 500 livres. Trois jours apisès
je fis déboucher cette même ouverture
j du gueulard , & je trouvai le même vide
" de I é pouces , & par conféquent la même
diminiuion, ou fi l'on veut, le même
affaifTement du charbon ; je fis remplir
de même avec 1500 livres de mme ,
ainfi il y en avoit déjà 4620 livres furie
charbon qui étoit tout embrafé lorlqu'on
avoit commencé de fermer le fourneau.
Six jours après je fis déboucher le gueulard
pour la troifième fois, & je trouvai que
]^endant ces fix jours le charbon n'avoit
baifîe que de 20 pouces, que Ton remplit
ri 14 Inîroduaïon à VHïjloïre
avec 1860 livres de mine; enfin neuf
jours après on déboucha pour la quatrième
fois, & je vis que pendant ces neuf der-
niers jours le charbon n'avoit baifle que
de 21 pouces, que je fis remplir de 1920
livres de mine; ainfi il y en avoit en tout
84ooJivres: on referma le gueulard avec
les mêmes précautions, & le lendemain,
c'eft-à-dire vingt -deux jours ajnès avoir
bouché pour la première fois , je fis rom-
pre la petite maçonnerie de briques qui
bouchoit l'ouverture de la coliiée en
laiiïànt toujours fermée celle du gueulard,
afin d'éviter le courant d'air qui auroit
enflammé le charbon. La première chofe
que l'on tira par l'ouverture de la coulée,
furent des morceaux réduits en chaux
dans l'ouvrage du fourneau ; on y trouva
auffi quelques petits morceaux de mâche-
fer , quelques autres d'une fonte mal
digérée, & environ une livre & demie
de très-bon fer qui s'étoit formé par
coagulation. On tira près d'un tombereau
de toutes ces matières, parmi lefquelles
il y avoit auffi quelques morceaux de
mine brûlée & prefque réduite en mauvais
laitier; cette mine hmlé^ ne provenait
des Minéraux, Partie Exp. i i 5
3as de celle que j'avois fait impoier fur
es charbons après avoir fait cefîer le vent ,
mais de celle qu'on y avoit jetée fur la fin
Ju fondage , qui s'étoit attachée aux parois
Ju fourneau , & qui enfuite étoit tombée
dans le creufet avec les parties de pierres
calcinées auxquelles elle étoit unie.
Après avoir tiré ces matières, on fit
tomber le charbon ; le premier qui parut
étoit à peine rouge ; mais dès qu'il eut
de l'air , il devint très-rouge ; on ne perdit
pas un infiant à le tirer , & on l'éteignoit
en même temps en jetant de l'eau deiîus.
Le <yueulard étant toujours bien ^rmé ,
on ttra tout le charbon par l'ouverture
de la coulée , & auffi toute la mine dont
je Pavois fait charger. La quantité de ce
charbon tiré du fourneau , montoit à cent
ctuinze corbeilles ; en forte que pendant ces
vingt-deux jours d'une chaleur fi violente ,
il paroifToit qu'il ne s'en étoit confumé
que dix - fept corbeilles , car toute la
capacité du fourneau n'en contient que
cent trente - cinq ; & comme il y avoit
I 6 pouces \ de vide lorfqu'on le boucha ,
il faut déduî^re deux corbeilles qui auroient
été nécefTaires pour remplir ce vide.
I I 6 Introduâion à l'Hifioire
Étonné de cette exceili veinent petrtéij
confommation du charbon pendint vingt-
deux jours de l'aclion de la plus violente
chaleur qu'on eût jamais enfermée , je
regardai Li^z charbons de plus près , & ]0i
vis que quoiqu'ils tjSItnx. aufTi peu perdiii
fur leur volume , ils avoient beaucoup
perdu fur leur mp.fTe , &; que quoique l'eau
avec laque'îe on les avoit éteints leur eût
rendu du poids, ils étoient encore d'en^
viron wn tiers plus légers que quand on
les avoit jetés au fourneau ; cependant les <
ayant fait tranfporteT aux petites chauffe-- ■
ries des martinets & de la batterie, ils le
trouvèrent encore aOez bons pour chaufler,
même à blanc , les petites barres de fer '
qu'on fait pafier fous ces marteaux.
On avoit tiré la mine en même temps
que le charbon , & on l'avoit foigneufe-
ment féparée & mife à part; la très-violente
chaleur qu'elle avoit efluyée pendant uiV
fi long temps ne l'avoit ni fondue ni
brûlée , ni même aglutinée , le grain en
étoit feulement devenu plus propre Ôl plus
luifant; le fibîe vitrefcible & les petits-
cailloux dont elle étoit mêlée ne s'étoieni
point fondus , & il me parut qu'elle n'a voit
des Minéraux , Partie Exp. 117
perdu que l'humidittf qu'elle contenoit
lauparavant , car elle n'avoit guère diminué
que d'un cinquième en poids & d'environ
un vingtième en volume, &: cette dernière
quantité s'étoit perdue dans les charbons.
I II rélulte de cette expérience: i .° Que
la plus violente chaleur & la plus concen-
trée pendant un très-long temps, ne peut,
fans le fecours & le renouvellement de
i'air, fondre la mine de fer, ni même
ie fable vitrefcible , tandis qu'une chaleur
de même efpèce & beaucoup moindre
peut calciner toutes les matières calcaires :
Z° Que le charbon pénétré de chaleur
ou de feu , commence à diminuer de
maffe long-temps avant de diminuer de
volume , & que ce qu'il perd le premier,
font les parties les plus combuflibles qu'il
contient. Car en comparant cette féconde
expérience avec la première, comment
fe pourroit-il que la même quantité de
charbon fe confomme plus vite avec une
chaleur très-médiocre , qu'à une chaleur
cje la dernière violence , toutes deux éga-
kment privées d'air , également retenues
& concentrées dans le même vaiffeau clos !
Pans la première expérience , le charbon
1 1 8 Introdiiâîôh à l'HIJIotre
qui , dans une cavité prefque froide ;
n'avoit éprouvé que la légère imprefTion
d'un feu qu'on avoit étouffé au niomeni
que la ilamnie s'étoit montrée , avoit néan-
moins diminué des deux tiers en quinze
jours ; tandis que le même charbon en-
flammé autant qu'il pouvoit l'être par k
vent des foufïïets, ôl recevant encore h
chaleur immenfe des pierres rouges dt
feu dont il étoit environné, n'a pas diminue
d'un fixième pendant vingt- deux jours.
Cela feroit inexplicable fi l'on ne faifoii
pas attention que, dans ie premier cas.
ie charbon avoit toute fa denfué , &
contenoit toutes fes parties combuflibles ;
au lieu que dans le lecond cas où il étoii
dans l'état de la plus forte incandelcence.
toutes fes parties les plus combuftiblei
étoient déjà brûlées. Dans la première
expérience , la chaleur , d'abord très-
médiocre , alloit toujours en augmentant
à mefure que la combufiion augmentoi'
& fe communiquoit de plus en plus ài
îa malle entière du charbon. Dans la
féconde expérience, la chaleur excefîive
aîloit en diminuant à mefure que le charbon
achevoit de brûler , à. il ne pouvoit plus
des Minéraux , Partie Exp. i ïp
former autant de chaleur, parce que (à
combuflion étoit fort avancée au moment
ju'on la voit enfermé. C'eft-là la vraie
:aufe de cette différence d effets. Le
:harbon dans ia première expérience,
:ontenant toutes fes parties combuftibles,
jrûloit mieux & fe confumoit plus vite
]ue celui de la féconde expérience , qui
le contenoit prefque plus de matière com-
)uflible, & ne pouvoit augmenter fon
eu ni même l'entretenir au même degré
[ue par l'emprunt de celui des murs du
iburneau ; c'eil par cette feuïe raifon que
a combufîionalloit toujours en diminuant,
k qu'au total elle a été beaucoup moindre
Si: plus lente que l'autre Cjui ailoit toujours
:n augmentant &: qui s'eft f lite en moins
; Je temps. Lorfque tout accès eft fermé
; i l'air , & que les matières renfermées
l'en contiennent que peu ou point dans
■ eur fubftance, elies ne fe confumeront
: pas , quelque violente que foit ia chaleur ;
: mais s'il refte une certaine quantité d'air
I entre les interfïices de la matière corn-
buftible, elle le confumera d'autant plus
vite & d'autant plus qu'elfe pourra four-
, nir elle - même une plus grande quantité
:i2 0 IntroduâîOH à l'HiJIohie
d'air : 3 ."" H réfulte encore de ces expé-
riences , que la chaleur la plus violente ,
dès qu'elle n'eft pas nourrie , produit moins
d'effet que la plus petite chaleur qui trouve
de l'aliment; la première efl: pour ainfi
dire une chaleur morte qui ne le fait fentir
que par fa déperdition ; l'autre eft un feu |
vivant qui s'accroît à proportion des'
alimens qu'il confume. Pour reconnoître
ce que cette chaleur morte, c'eft-à-dire;
cette chaleur dénuée de tout aliment
pouvoit produire, j'ai fait l'expérience
fiiivante.
Troisième expérience.
Après avoir tiré du fourneau, pat
i'ouverture de la coulée , tout le charbon
qui y ctoit contenu , & l'avoir entièrement
vidé de mine &. de toute autre matière , |
je fis maçonner de nouveau cette ouver-
ture & boucher avec le plus grand foin,
celle du gueulard en haut, toutes les|
pierres des parois du fourneau étant encore i
cxcefÎJvement chaudes ; l'air ne pouvoit
donc entrer dans le fourneau poiar le
rafraîchir, & la chaleur ne pouvoit cn|
fortir qu'à travers des murs de piusj
de!
des M'mérdux , Partie Exp. 121
de 9 pieds d'épaifleur ; d'ailleurs il n'y
avoit dans fa cavité , qui éioit ablolunient
vide , aucune matière conibullible , ni
même aucune autre matière. Oblervant
donc ce qui arriveroit , je m'aperçus que
tout l'effet de la chaleur fe portoit en haut,
<5v que q'-.oic[ue cette chaleur ne fût pas
idu feu vivant ou nourri par aucune matière
Icombuftible , elle fit rougir en peu de
temps la forte plaque de tôle qui couvroit
îe gueulard ; c{iie cette incandefcence
idonnte par la chaleur obfcure à cetîc
large pièce de fer (e communiqua par le
contadi; à toute la mafîe de poudre de
charbon qui recouvroit les mortiers de
cette plaque & enflamma du bois que je
fis mettre defTus. Ainfi la ieule évapo-
ration de cette chaleur obfcure & morte ,
qui ne pouvoit loriir que des pierres du
fourneau , produifit ici le même effet que
le feu vif & nourri. Cette chaleur tendant
toujours en haut & fe réunifiant toute à
l'ouveriiire du gueulard au-deffous de la
plaque de fer, la rendit rouge, lumineufe
& capable d'enflammer des matières com-
buflibles. D'où l'on doit conclure qu'en
augmentant la mafle de la chaleur obfcure,
Jom^ VIL F
12 2 Introdiiéîion à FHijloîre
on peut produire de la lumière de fa même
manière qu'en augmentant la mafle de la
lumière on produit de la chaleur ; que
dès-lors ces deux fubilances (ont récipro-
quement convertibles de {'une en l'autre ,
& routes deux néceflaires à l'élément
du feu.
Lori qu'on enleva cette plaque de fer
qui couvroit l'ouverture lupérieure du
fourneau , & que la chaleur avoit fait
rougir , il en fortit une vapeur légère (Se
qui parut enflammée, mais qui fe diiDpa
dans un indant : j'obfervai alors les pierres
des parois du fourneau , elles me parurent
calcinées en très ~ grande partie c'^ très-
profondément ; & en effet ayant laiflc
refroidir le fourneau pendant dix jours ,
elles le font trouvées calcinées jufqu'à
deux pieds , & même deux pieds &. demi
de profondeur , ce qui ne pouvoit pro-
venir que de la chaleur que j'y avois
renfermée pour faire mes expériences :
attendu que dans les autres fondages le
feu animé par les foufflets n'avoit jamais
calciné les mêmes pierres à plus de huit
pouces d'épaifleur dans les endroits où il
eft le plus vif, & feulement à deux ou
Jes Minéraux , Partie Exp. 1 2 3
trois pouces dans tout le refte, au lieu
que toutes les pierres , depuis le creufet
jufqu'au ten e-plein du fourneau , ce qui
fait une hauteur de vingt pieds , e'toient
géne'ralement réduites en chaux d'un pied
& demi, de deux pieds, & même de
deux pieds &: demi d'épaifleur : comme
cette chaleur renfermée n'avoit pu trou-
ver d'ifTue, elle avoit pénétré les pierres
bien plus profondément que la chaleur
courante.
On pourroit tirer de cette expérience
les moyens de cuire la pierre & de faire
de la chaux à moindres frais , c'eft-à-dire ,
de diminuer de beaucoup la quantité de
bois en fe fervant d'un fourneau bien
fermé au lieu de fourneaux ouverts ; i\
ne faudroit qu'une petite quantité de
charbon pour convertir en chaux, dans
moins de quinze jours , toutes les pierres
contenues dans le fourneau, & les murs
même du fourneau à plus d'un pied
d'épaiiïeur , s'il étoit bien exadement
fermé.
Dès que le fourneau fut afîez refroidi
pour permettre aux ouvriers d'y travailler,
on fut obligé d'en démolir tout l'intérieur
Fi;
124 Inîwdiiâion a VHïjlohe
du haut en bas , fur une épaifTeur circulaire
de quatre pieds , on en tira 5 4 muids de
chaux , fur laqueile je fis les obiervations
fui vantes : i .° toute cette pierre , dont la
calcinaîion s'étoit fliite à feu lent & con-
centré , n'étoît pas devenue aufll légère
que la pierre calcinée à la manière ordi-
naire ; celie-ci, comme je l'ai dit, perd
à très -peu près la moitié de Ton poids,
& celle de mon fourneau n'en avoit perdu
qu'environ trois huitièmes; 2.° eile ne
faifit pas l'eau avec ia même avidité que
la chaux vive ordinaire ; lorfqu'on l'y
plonge, elle ne donne d'abord aucun
ficrne de chaieur ni d'ébuîlition, mais peu .
aiTrès elle Te gonfle, fe divife & s'élève,
en forte qu'on n'a pas befoin de la
remuer comme on remue ia chaux vive
ordinaire pour l'éteindre ; 3 .° cette chaux
a une faveur beaucoup plus acre que la
chaux commune, elle contient par confé-
qaent beaucoup plus d'ajkaii fixe ; 4.'' elfe
e(l infiniment meilleure-, plus liante & plus
forte que l'autre chaux , & tous le$
ouvriers n'en emploient qu'environ les
deux tiers de l'autre, & affurent que le
laortier eil encore excellent; 5.° cette
des Minéraux , Partie Exp. 125'
chaux ne s'éteint à l'air qu'après un temps
très-long , tandis qu'il ne faut qu'un jour
ou deux pour re'duire la chaux vive
commune en poudre à l'air libre, celle-ci
Téfifle à l'impreflion de l'air pendant un
jnois ou cinq femaines; 6.° au lieu de fe
réduire en farine ou en poufîière fèche
comme la chaux commune , elle conferve
fon volume , & îorfqu'on la divife en
l'écrafant , tome la mafTe paroît dudile
&: pe'nétrée d'une humidité grafle & liante,
qui ne peut provenir que de l'humide de
l'air que la pierre a puifîamment attiré <Sc
abforbé pendant les cinq femaines de
temps employées à fon extindion : Au
refte , la chaux que l'on tire commAi-
jiément des fourneaux de forge a toutes
ces mêmes propriétés ; ainfi la chaleur
obfcure & lente produit encore ici \^>»
mêmes effets que le feu le plus vif & le
plus violent.
Il foriit de cette démolition de l'intérieur
du fourneau , 2. 3 2. quartiers de pierres de
taiiie, tous calcinés plus ou moins pro-
fondément; ces quartiers avoient commu-
nément quatre pieds de longueur, la pluj:)art
etoient en chaux jufqu'à dix-huit pouces,
F iij
12,6 Inîrocluâion à V Hlflohe
ôc hs autres à deux pieds, & même deux
pieds & demi, & cette ponion calcinée
fe fe'paroit ailénient du refle de la pierre
qui e'toit faîne & même plus dure que
quand on l'avoit pofée pour bâiir le
fourneau. Cette obiervation m'engagea à
faire les expériences fui vantes.
Quatrième expérience.
Je fis pefer dans l'air & dans l'eau trois
inorceaux de ces pierres Cjui, comme l'on
voit, avoient fubi la plus grande chaleur
qu'elles pufTent éprouver lans le réduire
€n chaux, &: j'en comparai la pefanteur
fpécifique avec celles de trois autres
jnorceaux à peu-près du même volume ,
que j'avois fait prendre dans d'autres
quartiers de cette même pierre qui n'a-*
voient point été employés à la conllruc-
îion du fourneau , ni par conféquent
chaufïés , mais qui avoient été tirés de la;
Blême carrière neuf mois auparavant , &
qui étoient reftés à rexpofition du foleil
& de l'air. Je trouvai que la pefanteur
fpécifique des pierres échauffées à ce grand
feu pendant cinq mois avoit augmenté ,
qu'elle étoit conflamment plus grande
des Aâinéraux , Partie Ex p. i 27
que celle de la même pierre non échauffée,
d*un 8 I .*" fur le premier morceau , d'un
po.*" fur le fécond, & d'un 85/ fur ie
troifième ; donc la pierre chauffée au
deo^ré voifin de celui de la cakiiiation
gagne au moins un 86.'' de mafle, au
l:eu qu'elle en j^ierd trois huitièmes par
îa calcination qui ne fuppofe qu'un degré'
de chaleur de plus. Cette différence ne
peut venir que de ce qu'à un certain
degré de violente chaleur ou de feu , tout
Tair & toute l'eau transformés en matière
fixe dans ïa pierre , reprennent leur pre-
mière nature , leur élafticité , leur volatilité ,
& que dès-lors ils fe dégagent de la pierre
& s'élèvent en vapeurs , que le feu enlève
& entraîne avec lui. Nouvelle preuve que
ia pierre calcaire eft en très-grande partie
compoiée d'air fixe & d'eau fixe faifis
& transformés en matière folide par le
filtre animal.
Après ces expériences j'en fis d'autres
fur cette même pierre échauffée à un
moindre degré de chaleur, mais pendant
un temps aufîi long; je fis détacher pour
cela trois morceaux des parois extérieures
de la lunette delà tuyère, dans un endroit
F iii;
128 Inîroduâîon à VHijloire
où la chaleur étoit à peu -près Je pj
degrés , parce que le foufre appliqué
contre la muraille s'y ramoliiffoit & com-
luençoit à fondre , & que ce degré de
chaleur cil à très -peu près ceiui auquel
ie foufre entre en fufion. Je trouvai par
trois épreuves (enibiable.N aux précédentes,
que cette même pierre chaulîée à ce degré
pendant cinq mois, avoii: augmenté en
pefanteur fpécifiqiie d'un 6 5', c'eil-à-diœ,
de prefque un quart de plus que celie
qui avoit éprouvé le degré de chaleur
voifm de celui de la calcinaiion , & je
conclus de cette diiiérence q». e l'effet de
ia calcination comiuençoit à le prépare4:
dans la pierre qui avoit fjbi le pliis giand
feu , au lieu que celle cpii n'avoit éprouvé
qu'une moindre chaieiu' , avoit confervé
toutes les parues fixes qu'elle y avoit
dépofées.
Pour me fatisfaire pleinement fur ce.
fujet , & reconnoître fi toutes les pierres
calcaires augmentent en peianieur ipéci-
fîque par une chaleur conîlamment &
long-temps appliquée , je fis fix nouvelles
épreuves iiir deux autres efpèces de pierres.
Celie dont étoit conilruit l'intérieur de
ries Minérmix , Partie Exp. ii^
mon fourneau , & qui a fervi aux expé-
riences précédentes , s'appelle dans le pays
pierre à feu , parce qu'elle réfifle plus à
i'aélion du feu que toutes les autres pierres
calcaires. Sa lubflance efl compolcc de
petits graviers calcaires liés enfemble par
un ciment pierreux qui n'eft pas fort dur,
&i c[ui laide quelques interdices vides ; fa
pefanteur eil néanmoins plus grande cpe
celle des autres pierres calcaires d'environ
un 20.^ En ayant éprouvé plufieurs
morceaux au feu de mes chaufferies, il
a fallu pour les calciner plus du double
du temps de celui qu'il falloit pour réduire
en chaux les autres pierres ; on j^eut donc
être alTuré que les expériences précédentes
ont été fiites fur la pierre calcaire la plus
ré fi liante au feu. Les pierres auxquelles
je vais la comparer , étoient auiîi de très-
bonnes pierres calcaires dont on fût la
plus belle taille pour les bâtimcns, l'une
a le grain fin & prcfque auffi ferré que
celui du marbre ; l'autre a le grain un peu
plus gros , mais toutes deux font compactes
&. pleines, toutes deux font de Texcellente
chaux grile , plus liante & plus forte cjue
ia chaux commune qui elVpius blanche.
F V
130 hiîw^iuâïon à J'HîJloh'c
En pefant dans l'air & dans i'eau iiofs
morceaux chaufFés & trois autres non
chauffés de cette première pierre dont
le grain étoit le plus fin , j'ai trouve qu'elle
avoir gagné un 5 6.*" en pefanteur fpéci-
fique , j:)ar l'application confiante pendant
cinq mois, d'une chaleur d'environ po
degrés, ce que j'ai reconnu , parce qu'elle
étoit voifine de celle dont j'avois fait caïTer
les morceaux dans la voûte extérieure du
fourneati , &: que le foufre ne fondoit plus
contre Tes parois ; en ayant donc fait
enlever trois morceaux encore chauds pour
les pefer , &. comparer avec d'autres
morceaux de la même pierre qui étoient
reftés expofés à l'air libre , j'ai vu que
l'un des morceaux avoit augmenté d'un
60^; le fécond d'un 62"; le troifième
d^un 56^. Ainfi cette pierre à grain très-
fin a augmenté en pelanteur ipécifique
de près d'un tiers de plus que la pierre
à feu chauffée au degré voifin de celui
de la calcination , & aufTi d'environ un
y," de plus que cette même pierre à feu
chauffée à 5) 5 degrés, c'efl-à-dire , à une
chaleur à peu -près égale.
La féconde pierre , dont le grain étoif
(Jes Minéraux, Pariie Exp. i 3 i"
îHoins fin, fornioit une afîiie ent'^èie de
la voûte extérieure du fourneau , & je fus
maître de choifiries morceaux dont j'avois
befoin pour l'expérience , dans un quartier
qui avoit fubi pendant ie même temps de
cinq mois le même degré ^ 5 de chaleur
que la pierre à feu ; en ayant donc fiit
cafTer trois morceaux, & m'étant muni
de trois autres qui n'av oient pas été
chauffés , je trouvai que l'un de ces
morceaux chauffés avoit augmenté d'un
54"" ; ie fécond d'un 63*^^: & le troifième
d'un 66^ \ ce qui donne pour la mefure
moyenne un 6 1 / d'augmentation en
pefanteur fpécihque.
Il réfuiie de ces expériences , i ." que
toute pierre calcaire chauffée pendant
long - temps , acquiert de ia mafie . &■
devient plus pei-ante ; cette augmentation'
ne peut venir que des particules de cha-
leur qui la pénètrent ôl s'y uniffent par
leur longue réfidence , & qui dès - iors
en deviennent partie conilituante fous une
forme fixe : 2.® que cette augmentation
de pefanteur fpécifique étant d'un 6 i .*
ou d'un 56.*^ ou d'un 65/ ne fe trouve
varier ici que par ia nature des différentes
F y)
132 Iiitroduâîon a VHljlohs
pierres ; que celies dont le grain efl îe i
plus fin , font celles dont la chaleur i
augmente le plus la mafle , & dans lef- |
quelles les pores étant plus petits, elle
fe iixe plus aifément & en plus grande
quantité : 3 ." que la quantité de chaleur
qui (e fixe dans la pierre eil encore bien
plus grande que ne le Ai'ii^wQ. ici l'aug-
mentation de la malTe ; car la chaleur
avant de fe fixer dans la pierre, a com-
mencé par en chafîer toutes les parties
humides qu'elfe contenoit, on fait qu'en
didiliant la pierre calcaire dans vai^t cornue
bien fermée , on tire de l'eau pure julqu'à
concurrence d'un (eizicme de ion poids :
mais comme une chaleur de 9 5 degrés ,
quoiqu'appliquée pendant cinq mois ,
pourroir néanmoins produire à cet égard
de moindres efiets cjue le feu violent
cju'on applique au vaifJeau dans lequel on
diilille la pierre, réduiibns de moitié (Se
mêiiie des trois quarts cette quantité d'eau
enlevée à la pierre par la chaleur de c) 5
degrés, on ne pourra pas difconvenir
qiie la quantité de chaleur qui s'efr fixée
Uâ="-s cène pierre , ne foit d'abord d'un
60^^. indiqué par l'augmentation de ia
''des Minéraux, Partie Exp. 133^
pefnnteur fpécifique , & encore d'un 64,*
pour le quart de la quantité' d'eau qu'elle
contenoit, & que cette chaleur aura fait
ionir; en forte qu'on peut aflurer, fans
craindre de ie tromper , que la chaleur
qui ])énèLre dans la pierre lui étant appli-
j que'e pendant long-temps , s'y fixe en afïez
grande quantité pour en augmenter la
mafîe tout au moins d'un trentième, même
dans la fuppofition qu'elle n'ait chalTé
pendant ce long temps que le quart de
1 eau que la pierre contenoit.
CiN quième expérience,
To u T E s les pierres calcaires dont la
pefanteur fpe'cifrque augmente par la
longue application de la chaleur, acquièrent
par cette efpèce de defsèchement j:>lus de
dureté qu'elles n'en avoient auparavant.
Voulant reconnoître fi cette dureté feroit
durable, & fi elles ne perdroient pas avec
le temps , non - feulement cette qualité ,
mais celle de l'augmentation de denfité
qu'elles avoient acquife par la chaleur ;
je fis expofcr aux injures de l'air plufieurs
parties de trois efpèces de pierres qui
avoient feryi aux expériences pftécédentesj
134 hitroduâwn a VHïfloire
& qui toutes avoient été plus ou moins
chauffées pendant cinq mois. Au bout de
quinze jours , pendant iefquels ii y avoit
eu des pluies , je les fis fonder & frapper
au marteau par le même ouvrier qui les
iivoit trouvées très -dures quinze jours
auparavant ; il reconnut avec moi que la
pierre à feu qui étoit la plus poreufe ,
éc dont le grain étoit le plus gros, n'étoit
déjà plus aufîi dure & qu'elle fe laiffoit
travailler plus aifément. Mais les deux
autres efpèces , & fur-tout celle dont le
grain étoit le plus fin , avoient confervé
la même dureté , néanmoins elles la per-
dirent en moins de fix femaines. Et les
ayant fait alor.s éprouver à la balance
hydroflaiique, je reconnus qu'elles avoient
auflî perdu une a(Tèz grande quantité de
la matière fixe que la chaleur y avoit
dépofée. Néanmoins au bout de plufieurs
mois elles étoient toujours fpécifiquement
plus pefantes d'un i 50/ ou d'un i 60/
que celles qui n'avoient point été chauffées.
La différence devenant alors trop difficile
a faifir entre ces morceaux & ceux qui
n'avoient pas été* chauffés, & qui tous
étoient égalemeni expofés à l'air , je fus
des Miné faux , Partie Exp. i 3 5
forcé de borner là cette expérience, mais
jje luis perfuadé qu'avec beaucoup de
lemps ces pierres auroient perdu toute
leur pefantcur acquiie. II en efl: de même
de la dureté , après quelques mois d'ex-
pofition à i'air, les ouvriers les ont traitées
tout audl aifément que les autres pierres
de même efpèce qui n'avoient point été
chauffées.
II réfulte de cette expérience, que les
particules de chaleur qui fe fixent dans
îa pierre, n'y font, comme je l'ai dit,
unies que par force; que quoiqu'elle les
conferve après fon entier refroidiffement
& pendant affez long - temps , fi on la
préferve de toute humidité ; elle les perd
néanmoins peu-à-peu par les imprefîions
de l'air & de la pluie , fans doute parce
que l'air & l'eau ont plus d'affinité avec
îa pierre que les parties de la chaleur qui
s'y étoient logées. Cette chaleur fixe n'efl
plus active , elle efl pour ainfi dire morte ,
& entièrement pafîive ; dès-lors bien loin
de pouvoir chafîer l'humidité , celle - ci
la chaffe à fon tour & reprend toutes
les places qu'elle lui avoit cédées. Mais
dans d'autres matières qui n'ont pas avec
î 3 6 Introduâion à VHfflorre
i'eau autant d'affinité que ïa pierre calcaire ^
cette chaleur une fois fixée n'y demeure-
t-elle pas condamment & à toujours \
c'efl: ce que j'ai cherché à conftater par
i'expérience luivante.
Sixième expérience, i
i
J'a I pris plufieurs morceaux de fonte
de fer, que j'ai fait cafîer dans les
gueufes qui avoient fervi plufieurs fois
à foutenir les parois de ia cheminée de
mon fourneau , & qui par conféquent
avoient été chauifées trois fois pendant,
quatre ou cinq mois de fuite au degré,
de chaleur c|ui calcine ia pierre, car ces»
gueufes avoieiu foutenu les pierres ou les
briques de l'intérieur du fourneau , &
n'éîoient défendues de i'aétion immédiate
du feu que pTir une pierre épaiiTe de
trois ou quatre pouces qui fornioit le
dernier rang des étalages du fourneau;
ces dernières pierres, ainfi que toutes les
autres dont les étalages étoient conilruits ,
s'étoient réduites en chaux à chaque fon-,
dage , &L la caicination avoit toujours;
pénétré de près de huit pouces dans celles
qui étoieat expofees à la plus vioiente
des Minéraux , Partie Exp. 137
action du feu ; n-infi les gueufes qui
n'étoiem recouvertes que de quatre pouces
par ces pierres , avoient certainement fubi
ie même degré de feu que celui qui
produit la parfaite calcinaiion de la pierre,
& i'avoicnt, comme je Tai dit, fubi trois
fois pend nt c[ùatre ou cinc[ mois de
fuite. Les morceaux de cette fonte de fer,
que je fis cafîer ne fe fcparèrent du relie
de la gueule qu'à coups de mafîe très-
réiicrés , au iieu que des gueufes de cette
même fonte, mais qui n'avoient pas fubi
l'adion du feu , étoient très-cafîantes & fe
; féparoienten morceaux aux premiers coups
' de mafîe ; je reconnus dès-iors que cette
fonte chauftce à un aufîi grand feu &
pendant fi long-temps, avoit acquis beau-
coup plus de dureté & de ténacité qu'elle
ï\Qi\ avoit auparavant , beaucoup plus
}nême à proponion que n'en avoient
acquis {es pierres calcaires. Par ce premier
incîice je jugeai que je trouverois une
diiference encore pius grande dans la
pefanteur fpécifique de ceue fonte fi long-
temps échauffée. Et en effet , le premier
morceau que j'éprouvai à la balance
hydroflau'que, pefcit dans i'air 4. livres
138 IniroduPiion à V Hï floue
4 onces 3 gros , ou 5 47 gros ; ïe
jnême morceau peloit dans l'eau 3 livres
I I onces 2 gros \^ c'eft - à - dire , 474
gros ^, ia dittcrence eft: de 72 gros ~\
Teau dont je me iervois pour mes expé» i
riences peloit exacftement 70 livres le
pied cube, & le volume d'eau déplacé
])ar celui du morceau de cette fonte ,
pefoit 72 gros^: ainfi 72 gros^, poids
du volume de l'eau déplacée j)ar le
morceau de fonte, font à 70 livres poids
du pied cube de l'eau , cojnme 5 47 gros
poids du morceau de fonte , font 3528
livres 2 onces i gros 47 grains poids
du pied cube de cette fonte : & ce poids
excède beaucoup celui de cette même
fonte lorfqu'elie n'a pas été chauffée,
c'eft une fonte blanche qui communément
eft très - caflante , & dont le poids n'eft
que de 49 5 ou 500 livres tout au plus;
ainfi la pefiuiteur fpécitique fe trouve
augmentée de 28 fur 500 ]:)ar cette très-
îongue application de la chaleur, ce qui
fliit environ un dix-huitième de la mafîe ;
je me fuis alTuré de cette grande différence
par cinq épreuves fucceiïives pour lef*
<]uellcs j'ai eu atteniion de prendre toujours
fies Mbiérmix , Partie Exp. i j y
(les morceaux pefans chacun quatre livres
au moins, & comparés un à un avec des
morceaux de même figure & d'un volume
;t peu - près égal : car quoiqu'il paroiiïe
qu'ici la différence du volume , quelque
grande qu'elle loit , ne devroit rien faire ,
,& ne peut influer fur le réfultat de
l'opération de la balance hydroilatiquc ;
cependant ceux qui font exercés à la
manier fe feront aperçus , comme moi ,
que les réfultats font toujours plus juftes
lorfque les volumes des matières qu'on
compare ne font pas bien plus grands
l'un que l'autre. L'eau , quelque fluide
qu'elle nous paroifle , a néanmoins un
certain petit degré de ténacité qui influe
plus ou moins fur des volumes plus ou
moins grands. D'ailleurs il y a très-peu
de matières qui foient parfaitement homo-
gènes ou égales en pefanteur dans toutes
les parties extérieures du volume qu'on
foumet à l'épreuve ; ainfi pour obtenir
un réfultat fur lequel on puifle compter
précifément , il faut toujours comparer
des morceaux d'un volume approchant,
6: d'une figure qui ne foit pas bien diffé-
rente \ car fi d'une part on pefoit un
'140 Inîrodiiâion a VHijloïre |
globe de fer de deux livres, & d*autre
part une feuille de tôle du même poids,, j
on trouveroit à la balance hydroilatique
leur pefiinteur fpécifique différente, quoi-
qu'elle fût réellement la même.
Je crois que quiconque réfléchira fur
les expériences précédentes 6: fur leurs
réfùltats , ne pourra dilconvenir que la
chaleur très -long- temps appliquée aux
différens corps qu'elle pénètre , ne dé]X)fe
dans leur intérieur une très- grande quan-
tité de particules qui deviennent parties
conflit uantes de ieur maffe , & qui s'y
luiiffent & y adhèrent d'autant plus que
les matières fe trouvent avoir avec elles
plus d'affinité & d'autres rapports de
nature. Auffi me trouvant muni de ces
expériences , je n'ai pas^ craint d'avancer
dans mon Traité des Elémens , que les
molécules de ia chaleur fe fixoient dans
tous les corps , comme s'y fixent celles
de la lumière & celles de l'air, dès qu'il
cil accompagné de chaleur ou de feu,
y (^es Âfherai/x, FdïûeEx]). 141
h
SIXIEME MEMOIRE,
Expériences for la Lumière ,
è^ for la Chaleur quelle peut
produire.
Article premier.
Invention de Miroirs pour brûIer^
à de grandes dtflauces,
J_. 'histoire des miroirs ardens
d'Archimède, ell faineufe; il les inventa
pour la défenfe de fa patrie, & il lança,
difent les Anciens , ie feu du Soleil fur
la flotte ennemie qu'il réduifit en cendres
iorfqu'elle approcha des remparts de
Syracufe ; mais cette hiftoire dont on n'a
pas douté pendant quinze ou feizc fiècles ,
a d'abord été contredite, & eniuite traitée
de fable dans ces derniers temps. Defcartes
né pour juger, & même pour furpafîer
Archimède , a prononcé contre lui d'un
j^n de maître; il a nié la poiîibilité dç
142. Introduâion à V Hijloire
l'invention , <5t Ton opinion a prévalu fur
les témoignages & fur la croyance de
toute Tantiquité : les Phyficiens modernes,
foit par reipec^t pour leur Philo(bphe,
foit par complaisance pour leurs contem-
porains , ont été de même avis. On
n*accorde guère aux Anciens que ce qu'on
ne peut leur ôter ; déterminés peut-être
par ces motifs , dont l'amour propre ne
iz fert que trop fouvent ians qu'on s'en
aperçoive, n'avons-nous pas naturellement
trop de penchant à refufer ce que nous
devons à ceux qui nous ont précédés \
& fi notre fiècle refufe plus qu'un autre,
ne feroit - ce pas qu'étant plus éclairé il
croit avoir plus de droit à la gloire , plus
de prétentions à la fupérioriîéî
Quoi qu'il en foit, cette invention étoît
dans le cas de plufieurs autres découvertes
<ie l'antiquité qui fe font évanouies, parce'
qu'on a préféré la facilité de les nier à k
difficulté de les retrouver ; &: les miroirs
ardens d'Archimède étoient fi décriés,
qu'il ne paroilToit pas poffible d'en rétablfi
la réputation , car, pour appeler du juge-i
ment de Defcartes , il falloit quelque choie
<Je plus fort que des raifons, & il ne
des Minérmix, Partie Exp. ! 4 j
ireftoit qu'un moyen fur & décifif , à la
\nérité , mais difficile & hardi , c'étoit
d'entreprendre de trouver les miroirs ,
c'eft-à-dire , d'en faire qui puffent produire
lies mêmes effets; j'en avois conçu depuis
long-temps l'idée , & j'avouerai volontiers
que le plus difficile de la chofe étoit
de la voir pofTibie, puifque dans l'exé-
cution j'ai réuffi au-delà même de mes
; efj)érances.
J'ai donc cherché le moyen de fiire
des miroirs pour brûler à de grandes
diftances, comme de 100, de 200 &
300 pieds; je favois en général qu'avec
ks miroirs par réflexion , l'on n'avoit
jamais brûlé qu'à i 5 ou 20 pieds tout
au plus , & qu'avec ceux qui font réfrin-
gens, la diflance étoit encore plus courte,
&. je fentois bien qu'il étoit impoffible
dans la pratique de travailler un miroir
de métal ou de verre avec affiez d'exac-
titude pour brûler à ces grandes diftances ;
que pour brûler, par exemple, à 200
pieds, la fphère ayant dans ce cas 800
pieds de diamètre , on ne pouvoit rien
efpérer de la méthode ordinaire de travailler
Les verres, & je me perfuadai bieatôc
ri 44- J'-urodiiâm à VHiflolre
nue quand même on pourroit en trouver
«ne nouvelle pour donner à de grandes
Dièces de verre ou de métal , une courbure
Lffi légère, il n'en réfulteroit encore
qu'un avantage très -peu confiderabie ,
comme je le dirai dans la fuite. i,
Mais pour aller par ordre , je cberchai
d'abord combien ia iumière du Soleil
perdoit par la réflexion a différentes d> -
tances , & quelles font les matières qui la
réfléchiffent le plus fortement. Je trouvai
premièrement que les glaces etamées,
iorfqu'elles font polies avec un peu de
foin, réfléchiflent plus puifftmment la
lumière que les métaux les mieux polis,
& même mieux que le métal compo e
dont on le fert pour faire des miroirs de
télefcopes ; & que quoiqu'il y ait dans
les glaces deux réflexions, i une a ia
furface & l'autre à l'intérieur , elles ne
laiffent pas de donner une lumière plus
vive & plus nette que le métal, qui
produit une lumière colorée. :
En fécond lieu , en recevant la lumière
du Soleil dans un endroit oblcur, & en
la comparant avec cette même lumière
du Soleil réfléchie par une glace, ,e
trouvai
des Minéraux , Partie Ex p. 1 4. 5
trouvai qu'à de petites diftances, comme
de quatre ou cinq pieds , elle ne perdoit
qu'environ moitié par la réflexion , ce que
je jugeai en faifant tomber fur la première
lumière réfléchie , une féconde lumière
aufli réfléchie : car la vivacité de ces deux
îumières réfléchies me parut égale à celle
de ia lumière direcfle.
Troifièmement ; ayant reçu à de grandes
diftances, comme à 100, 200 & 300
pieds, cette même lumière réfléchie par
de grandes glaces, je reconnus qu'elle ne
perdoit prelque rien de (a force , par l'é-
paifleur de l'air qu'eile avoit à traverfer.
Enfuite je voulus efl^ayer les mêmes
chofès fur la lumière des bougies ; &
pour m'afliirer plus exactement de la
quantité d'affoibliflement que la réflexion
caufe à cette lumière , je fis l'expérience
fuivante.
Je me mis vis ~ à - vis une glace de
miroir avec un livre à la main , dans une
chambre où i'obfcurité de la nuit étoit
entière , & où je ne pouvois diftinguer
aucun objet: je fis allumer, dans une
chambre voifme, à 40 pieds de diflance
environ, une feule bougie, & je la fi$
Tom^ Vn, G
'1^6 htrodtidîoh à l'Hi/loire
approcher peu à peu , jufqu'à ce que je
pufTe diûinguer les caractères & lire le
îivre que j'avois à la main ; ia diftance fe
trouva de 24 pieds du livre à la bougie :
enfuiîe ayant retourné le îivre du côté du
miroir, je cherchai à lire par cette même
iumière réfléchie , & je fis intercepter par
un paravent la partie de ia lumière direde
qui ne tomboit pas fur le miroir , afin de
n'avoir fur mon livre que la lumière
réfléchie. 11 fallut approcher la bougie ,
ce qu'on fit peu à peu , jufqu'à ce c[ue
J€ puffe lire les mêmes caracftères éclairés
par la lumière réfléchie ; & alors la diflance
du livre à la bougie , y compris celle
du livre au miroir , qui n'étoit que d'un
demi-pied , fe trouva être en tout de
quinze pieds : je répétai cela plufieurs fois,
et j'eus toujours les mêmes réfultats , à
très - peu près ; d'où je conclus que la
force ou la quantité de la lumière direc^le
eil à celle de la lumière réfléchie , comme
576 à 22 5 ; ainfl l'elfet de la lumière de
cinq bougies reçues par une glace plane ,
eil: à peu-près égal à celui de la lumière
directe de deux i^ougies.
La lumière des bougies perd donc plus
des xMïnénvLx, Partie Exp. 1 47
{>-ar la réflexion que la ïumicre du Soleil ;
& cette différence vient de ce cfiie les
rayons de lumière qui panent de la bougie
coniine d'un c-entre, tombent plus obli-
quement fur le miroir que les rayons du
Soleil qui viennent prefque paraîleiement.
Cette expérience confirma donc ce que
j'avois trouvé d'abord , & je tins pour
fiir que la lumière du Soieil ne j)erd
qu'environ moitié par fa réflexion lur une
olace de mJroir.
Ces premières connoinances dont j'av^ois
beloin étant acquiiès, je cherchai enfuite
ce cjue deviennent en effet les images dti
Soleil lorfqu'on les reçoit à de grandes
diflances. Pour bien entendre ce que je
vais dire , il ne faut pas , comme on le
fait ordinairement, confidérer Iqs rayons
du Soleil comme parallèles ; &: il faut fe
fouvenir que le corps du Soleil occupe
à nos yeux une étendue d'environ 3 z
minutes ; que par conféquent les rayons
qui partent du bord fupérieur du difque,
venant à tomber fur un point d'une fur-
fîice réfléchiiîante, les rayons qui partent
du bord inférieur, venant à tomber auiîi
fur le même point de cette furfice, ils
G î;
148 Inirodu6îion à l'Hifloire
forment entr'eux un angle de 3 2 minutes
dans l'incidence & en fuite dans la réflexion,
& que par conféquent l'image doit aug-
menter de grandeur à meilire qu'elle
s'éloigne : il faut de plus faire attention
à la figure de ces images; par exemple,
une glace plane quarrée d'un demi-pied ,
expolée aux rayons du Soleil , formera
une image quarrée de fix pouces, lorf-
qu'on recevra cette image à une petite
diftance de la glace, comme de quelques
pieds ; en s'éloignant peu à peu on voit
l'image augmenter , enfuite fe déformer ,
enfin s'arrondir & demeurer ronde tou-
jours en s'agrandifîiint , à mefure qu'elle
s'éloigne du miroir : cette image effc
compofée d'autant de difques du Soleil
qu'il y a de points phyfiques dans la
furface réfléchilTante ; le point du milieu
forme une image du difque , les points
voifins en forment de femblables & de
même grandeur qui excèdent un peu le
difque du milieu; il en cft de même de
tous les autres points , & l'image eft
compofée d'une infinité de difques , qui
fe furmontant régulièrement, & antici-
pant circulairement les uns fur les autres ,
des Minéraux , Partie Exp. 1 49
forment l'image réfléchie dont le point du
milieu de la glace efl: ie centre.
Si l'on reçoit i'image compofée de
tous ces difques à une petite diftance ,
alors l'étendue qu'ils occupent n'étant
qu'un peu plus grande que celle de la
glace , cette image eO: de la même figure
& à peu-près de la même étendue que
la glace : fi la glace eft quarrée , l'image
efl quarrée; fi la glace eft triangulaire,
l'image eft triangulaire ; mais lorfqu'on
reçoit l'image à une grande diftance de
la glace, où l'étendue qu'occupent les
diiques eft beaucoup plus grande que
celle de la glace , l'image ne conferve
plus la figure quarrée ou triangulaire de
ïa glace, elle devient néceflairement cir-
culaire ; & pour trouver le point de diflance
où i'image perd la figure quarrée , il n'y
a qu'à chercher à quelle diftance la glace
nous paroît fous un angle égal à celui
que forme le corps du Soleil à nos yeux ,
c'elt-à-dire , fous un angle de 3 2 minutes ,
cette diftance fera celle où l'image perdm
fà figure quarrée , & deviendra ronde ;
car les difques ayant toujours pour dia-
mètre une ligne égale à la corde de l'arc
G iij
'l 5 o Intr&châion a rHifcoire
de cercle qui mefure un angle de 3 2
minutes, on trouvera par cette règle c{u'un€
glace quarre'e de fix pouces, perd la
tîgure c{uarrée à la diitance d'environ 60
pieds, & qu'une glace d'un pied en quarré
ne Ja perd c|u'à 120 pieds environ, <3c
ainii des autres.
En re'fîéchifîlmt un peu fur cette the'oric,
on ne fera plus étonné de voir qu'à de
très-grandes diftances , une grande & une
peiite gîace donnent à peu - près une
image de la même grandeur , & qui ne
difière que par i'intenfité de la lumière :
on ne fera plus lurpris qu'une glace
ronde , ou quarrée , ou longue , ou trian-
gulaire, ou de telle autre figure c{ue l'on
voudra (a) , donné toujours des images
rondes ; £<l on verra clairement c[ue [q$
imao-es ne s'aofrandiiîent & ne s'affoibiifîent
pas par la diiperiion de la lumière, ou
par la perte ciu'elle fait en traverfant l'air ,
comme l'ont cru cjuelques Phyficiens ;
(a) C'eft par cette même raifon que les petites
images du Soîeii qui pafTent entre les feuilies des
arbres élevés & touflus, qui tombent fur le hh\t
d'une ailée, Ibnt toutes ovales eu rondes.
Je s Minéraux , Partie Exp. 151
& que ceici n'arrive au contraire que par
l'augmentation des dilcjues qui occupent
toujours un efpace de 32 minutes à
quelqu'éloignement qu'on les porte.
De même on fera convaincu par la
fimple expofnion de cette théorie , que
les courbes de quelque efpèce qu'elles
foient , ne peuvent être employées avec
avantage pour brûler de loin , parce que
le diamètre du foyer de toutes les courbes ,
ne peut jamais être plus peiit que la
corde de l'arc qui mefure un angle de 3 2
minutes , & que par conféquent le miroir
concave le j)lus parfait dont le dianiètre
feroit égal à cette corde , ne feroit jamais
le double de l'effet de ce miroir plan de
même furfice ( l? ) : ôl fi le diamètre de
ce miroir courbe étoit plus petit que
cette corde , il ne feroit guère plus d'efiet
qu'un miroir plan de même furface.
Lorfque j'eus bien compris ce que je
viens d'expofer , je me perfuadai bientôt
flj Si l'on fe donne la peine de le -fupputer , on
trouvera que le miroir courbe le plus parfait, n'a
d'avantage fur un miroir pian que dans la raifon
de îy k 10, du moins à très -peu près.
G iiij
ï 5 2 htrodiiâîon h VHijlotre
à n'en pouvoir douter, qu'Archimède
n'avoit pu brûler de loin qu'avec des
miroirs plans ; car indépendamment de
rimpofTibilité ou l'on éioit alors, & où
l'on ieroit encore aujourd'hui d'exécuter
des miroirs concaves d'un auffi long foyer,.
je fends bien que les réflexions que je
viens de faire , ne pou voient pas avoir
échappé à ce grand Mathématicien. Dail-
leurs je penlai que félon toutes les
apparences les Anciens ne favoient pas
faire de grandes mafTes de verre , qu'ils
îgnoroient l'art de le couler pour en faire
de grandes glaces , qu'ils n'avoient tout
au plus que celui de le (buffler & d'en
faire des bouteilles & des vafes, & je me
periuadai aifément que c'étoit avec à^s
miroirs plans de métal poli , & par la
réflexion des rayons du Soleil qu'Archi-
mède avoit brûlé au loin : mais comme
j'avois reconnu que les miroirs de glace
réfléchiflent plus puifTamment la lumière
que les miroirs du métal le plus poli, je
penfai à faire conflruire une machine
pour faire coïncider au même point les
images réfléchies par un grand nombre
de ces glaces planes ; bien convaincu que
des Minéraux , Partie Exp. 153
ce moyen étoit le fcul par lequel il fût
poiTible de rëufllr.
Cependant j'avois encore dts doutes,
& qui me paroifToient même très -bien
fondés, car voici comment je raifbnnois.
Suppofons que la diflance à laquelle je
veux brûler foit de 240 pieds, je vois
clairement c|ue le foyer de mon miroir
ne peut avoir moins de deux pieds de
diamètre à cette diftance ; dès-lors quelle
fera l'étendue que je ferai obligé de donner
à mon affembiage de miroirs plans pour
produire du feu dans un aufîi grand
foyer î elle pouvoit être fi grande que
la chofe eût été impraticable dans l'exé-
cution ; car en comparant le diamètre du
foyer au diamètre du miroir , dans les
meilleurs miroirs par réflexion que nous
ayons , par exemple , avec le miroir de
i'Académie , j'avois obfervé que le dia-
mètre de ce miroir qui efl de trois pieds ,
étoit cent huit fois plus grand que le
diamètre de fon foyer, qui n'a qu'environ
quatre lignes , & j'en concluois que pour
brûler aufîi vivement à 240 pieds , if
eût été nécefTairc que mon affembiage
de miroirs eût eu 2 1 6 pieds de diamètre ^
G V
154 Intréâufîwn à l'HijIohe
puifque le foyer au roi t deux pieds ; Oï
tiii miroir de 2. i 6 pieds de diamètre e'toit
aiTurément une choie impoiTible.
A h vérité' , ce miroir de trois pieds
de diamètre brûle afTez vivement pour
fondre l'or , & je voulus voir combien
i'avois à p'aorner en réduifant Ton aclion
à n'enflammer cjue du bois : pour cela
j'appliquai lur ie miroir des zones cir-
culaires de papier pour en diminuer ie
diamètre , & je trouvai qu'il n'avoit plus
afTez de force pour enflammer du bois
fec lorfque Ton diamètre fut re'duit à
quatre pouces huit ou neuf lignes : pre-
nant donc cinq pouces ou foixante lignes
pour l'étendue du diamètre nécefîaire pour
brûler avec un foyer de quatre lignes,
je ne pouvois me difpenfer de conclure
que pour brûler également à 240 pieds ,
où le foyer auroit néceflairement deux
pieds de diamètre , il me faudrait un
miroir de trente pieds de diamètre ; ce
qui me paroifibit encore une choie im-
pofllbie, ou du moins impraticable.
A des rai ions fi pofuives, & que d'autres
aiiroient regardées comme des démoula
îratioas de i'impolîlbiiité du miroir, je
(les Minéraux , Partie Exp* 155
I n'a vois rien à oppofer qu'un foupçon ;
I mais un foupçon ancien , & fur lequel
' plus j'avois réfléchi , plus je in'étois per-
fuadé qu'il n'étoit pas fans fondement ;
c'efl: que les effets de la chaleur pouvoient
bien n'être pas proportionnels à la quantité
de lumière ; ou , ce qui revient au même y
qu'à égale intenfité de lumière, les grands
foyers dévoient brûler plus vivement que
les peiîts.
En eflimant ïa chaleur mathématique-
ment, il n'efi: pas douteux que la force
des foyers de même longueur ne foit
proportionnelle à la furface des miroirs-
Un miroir dont la farface eft double de
celle d'un autre , doit avoir un foyer de
la même grandeur , fi la courbure eil: la
même; & ce foyer de même grandeur
doit contenir le double de ia quantité de
lumière c|ue contient le premier foyer:
^ dans la fuppofjtion que les effets font
toujours proportionnels à leurs caufes ,
on avoit toujours cru que la chaleur de
ce fécond foyer devoit être double de
celle du premier.
De même & par ïa même eflimation
niathémaiique , en a toujours cru qu*à
G vj
ij6 IntrocJuâion à rHïJIoire
égale intenfité de Inmière , un pe:it foyer
devoit })riiier autant qu'un grand, & que
l*ctfei de la chaleur devoit être propor-
tionnel à cet'C inienfité de lumière : en
forte , diioit Defcartes , qu'on peut fûîrt
des verres m des miroirs extrêmement petits
qui biuleroîit avec autant de violence que les
plus grands. Je penlai d'abord , comme
je i'ai dit ci deffus , que cette conclufioa
tirée de la théorie mathématique , pourroii
bien fe trouver fîuifïê dans la pratique ,
parce que Ja chaleur étant une qualiié
phyfique , de I'ad:ion & de îa propagation
de laquelle nous ne comioiflons pas bien
îes ioix ; il me fembloit qu^ii y avoit
quelque efpèce de témérité à en eftimer
ainfi les effets par un raifonnement de
fini pie fpéculation.
J^eus donc recours encore une fois à
l'expérience : je pris des miroirs de métal
de diiFérens foyers & de différens degrés
de poliment ; & en comparant fadion des
différens foyers fur les mêmes matières
fufibles ou combufiibles, je trouvai qu'à
égale intenfité de lumière , les grands
foyers font conftamment beaucoup plus
d'effet que les petits, & produifent fouvem
Jes Minéraux, Partie Exp. 157
rhifîriinmation ou la fufion, tandis que
\ts petits ne produilent qu'une chaleur
médiocre ; je trouvai la même chofe avec
les miroirs par réfra^ion. Pour le faire
mieux fentir , prenons , par exemple , un
grand miroir ardent par réfraction , tei
que celui du fieur Segard , qui a 3 2
pouces de diamètre, & un foyer de 8 lignes
de largeur, à 6 pieds de dittance, auquel
foyer le cuivre fe fond en moins d'une
minute, & faifons dans les mêmes pro-
portions un petit verre ardent de 3 2 lignes
de diamètre, dont le fover fera de -^ ou
|- de ligne , & la diftance à 6 pouces ;
puifque le grand miroir fond le cuivre en
une minute dans l'étendue entière de fon
foyer qui eft de 8 lignes , le petit verre
dcvroit , félon la théorie , fondre dans le
même temps ia même matière dans l'éten-
due de fon foyer qui eft de j de ligne :
Ayant fait l'expérience , j'ai trouvé y
comme je m'y attendois bien, que loin
de fondre le cuivre , ce petit verre ardent
pouvoit à peine donner un peu de chaleur
à cette matière.
La raifon de cette différence eft ai fée
,à donner, fi l'on fait attention que la
'ïjS Introdiiâion à VHîJIolre
chaleur fe communique de proche cit
proche , & fe difperfe , pour ainfi dire ,
lors même qu'elle eil: appliquée continuel-
lement fur le même point; par exemple,
fi l'on fait tomber le foyer d'un verre
ardent fur le centre d'un écu , & que ce
foyer n'ait qu'iuie ligne de diamètre, la
chaleur qu'il produit lùr le centre de l'écu
fe difperfe &l s'étend dans le volume
entier de l'écu , & il devient chaud juf-
qu'à la circonférence ; dès - lors toute la
chaleur , quoi qu'employée d'abord contre
le centre de l'écu, ne s'y arrête pas, &
ne peut pas produire un auiîi grand cfiet
que fi elle y demeuroit toute entière.
Mais fi au lieu d'un foyer d'une ligne
qui tombe fur le milieu de l'écu , on tait
tomber iur i'ecu tout entier un foyer
d'égale întenfué , toutes les parties de'
i'écu étant également échauffées dans ce
dernier cas; non - feulement ii n'y a pas
de perte de chaleur , comme dans le pre-
mier , mais même il y a du gain & de
l'augmentation de chaleur, car le point
du milieu profitant de la chaleur des autres
points qui l'environnent, l'écu fera fondu
dans ce dernier cas, tandis que dans le
fît s Minéraux , Partie Ex p. 15^
premier, il ne fera que légèremerît
échauffé.
Après avoir fait ces expériences & ces
réflexions , je fentis augmenter prodigieu-
fement l'efpérance que j'avois de réufflr
à faire des miroirs qui brûleroient au loin j
car je commençai à ne plus craindre
autant que je l'avois craint d'abord , la
grande étendue des foyers , je jue per-
luadai au contraire , qu'un foyer d'une
largeur confidérable , comme de deux
pieds , & dans lequel l'intenfité de ia
iumière ne feroit pas à beaucoup près
auffi grande que dsns un petit foyer,
comme de quatre lignes , pourroit cepen-
dnnt produire avec pius de force l'in-
flammation & l'embrafement, <5c que par
conféquent ce miroir qui,, par la théorie
mathématique , devoit avoir au moins 3 o
pieds de diamètre , fe réduiroit fans doute
à un miroir de 8 ou 10 pieds tout au
plus; ce qui e(l non-feufement une chofe
poflible , mais même très-praticable.
Je penfai donc iérieufement à exécute?
mon projet ; d'abord j'avois àtdtm de
Lrûler à 200 ou 300 pieds avec des
glaces circulaires ou hexagones d'un pied
^i6o I/itroJuâion a l'Hijloïre
quarré de furface , & je vouloîs flûre
quatre chafîîs de fer pour ies porter,
avec trois vis à chacune pour les mouvoir
en tout fens , & un relTort pour ies
afTujettir; mais la dépenfe trop confidé-
rabie qu'exigeoit cet ajuftement, me fit
abandonner cette idée , & je me rabattis
à des glaces communes de 6 pouces fur
8 pouces, & un ajuftement en bois,
qui , à la vérité , eft moins folide & moins
précis , mais dont la dépenfe convenoit
mieux à une tentative. M. PafTemant,
dont l' habileté dans les mécaniques efl
connue même de l'Académie , fe chargea
de ce détail ; & je n'en ferai pas la def^
cription , parce qu'un coup d'œil fur le
miroir en fera mieux entendi*e la couf*
trucHiion qu'un long difcours ( c),
II fuffira de dire qu'il a d'abord été
compofé de cent foixante - huit glaces
étamées de 6 pouces fur 8 pouces cha-
cune , éloignées ies unes des autres
d'environ quatre lignes ; que chacune de
ces glaces fe peut mouvoir en tout fens ^
(c) Voyez ci-après les planches vil, vni & IX ,
avec l'explication des figures i,2;5;4.>5,<5&79
des Minéraux, Partîe Exp. i 6 i
|& indépendamment de toutes , & que
Jes quatre lignes d'intervalle qui font
entr 'elles fervent non - feulement à la
liberté de ce mouvement , mais aufîl à
laifîer voir à celui qui opère , l'endroit
où il faut conduire fes images. Au moyen
de cette conftruélion l'on peut faire tomber
fur le même point les cent foixante-huit
images , & par conféquent brûler à plu-
fîeurs diftances , comme à 20, 30, &
jufqu'à I 5 o pieds , & à toutes les diftances
intermédiaires ; & en augmentant la gran-
deur du miroir, ou en faifant d'autres
jniroirs femblables au premier , on eft fur
de porter le feu à de plus grandes dif-
tances encore , ou d'en augmenter autant
qu'on voudra, la force ou l'adtivité à
I ces premières diftances.
Seulement il fmt obferver que le mou»
vement dont j'ai parlé n'eft point trop
aifé à exécuter, & que d'ailleurs il y a
im grand choix à faire dans les glaces :
elles ne font pas toutes à beaucoup près
également bonnes , quoiqu'elles paroiffent
telles à la première infpeclion ; j'ai été
obligé d'en prendre plus de cinq cents
pour avoir les cent foixante-huit dont je
tCi I/iîroJiiâioti à IHiflolre
me fuis fervi ; la manière de les cfîiiyer j
eft de recevoir à une grande diftance^
par exemple, à i 50 pieds l'image réflé-
chie du Soleil comme mi plan vertical;
il faut choifir ceiics qui donnent une-
image ronde &: bien terminée, & rebuteri
toutes les autres qui font en beaucoup
plus grand nombre , & dont les éjoaiiîeurs
étant inégales en dilférens endroits , ou la
furface un peu concave ou convexe , au
îieu d'être plane , donnent des images mû
terminées , doubles , triples , oblongues ,
chevelues , &c. fuivant les différentes '
défedtuofités qui fe trouvent dans les
glaces.
Par la première expérience que j'ai
faite le 23 mars 1747 à midi, j'ai mis
le feu à 66 pieds de diftance à une
planche de hêtre goudronnée , avec qua-
rante glaces feulement, c'eft-à-dire , avec
ie quart du miroir environ ; mais il fmt
obferver que n'étant pas encore monté
fur fon pied, il étoit pofé très- défavan-
tageufement , faiiant avec le Soleil un
angle de près de 20 degrés de décli-
nai fon , & un autre de plus de i o degrés
d'iadiaaifon.
'des ATwéraiis , Partie Exp. i 6 3
Le même jour j'ai mis le feu à une
planche goudronnée & foufrée à 126
pieds de diflance avec quatre-vingt-dix-
huit glaces , le miroir étant pote encore
iplus délavantageufement. On fent bien
que pour brûler avec le plus d'avantage,
il faut que le miroir foit diredement
Dppofé au Soleil, aufîl-bien que les
inatières qu'on veut eniiammer; en forte
qu'en fuppoiant un j:>lan perpendiculaire
fur le plan du miroir , il fuu qu'il paHe
par le Soleil , & en même temps par le
milieu des madères combufiibîes.
Le 3 avril à quatre heures du foir , le
iffliroir étant monté & pofé iur fon pied ,
|on a produit une légère inflammation
ifur une planche couverte de laine hachée
■1138 pieds de didance avec cent douze
glaces, quoique le Soleil Kit^foibîe, &
que la lumière en fût fort pâle. 11 faut
prendre garde à foi lorfqu'on approche
de l'endroit où font les matières combuf-
îibies , & il ne faut pas regarder le miroir ,
car fi malheureufement les yeux fe trou-
voient au foyer, on feroit aveuglé pa?
fcclat de la lumière.
Le 4. avril à onze heures du matin >
'1^4 Jiitroduâîon a rHîjloire
le Soleil étant fort pâle & couvert de
vapeurs & de nuages légers , on n'a pas
iaiffé de produire, avec cent cinquante-
quatre glaces , à I 5 G pieds de diitance ,
une chaleur fi confidérable , qu'elle a fait
en moins de deux minutes, fumer une
planche goudronnée , qui fe feroit certai*
nement enflammée, fi ie Soleil n'avoit
pas difparu tout- à -coup.
Le lendemain 5 avril à trois heures
après midi, par un Soleil encore plus
foible que le jour précédent , on a en-
flammé à 150 pieds de dillance , des
copeaux de fapin foufrés & mêlés de
charbon , en moins d'une minute &
demie , avec cent cinquante- quatre glaces.
Lorlque le Soleil eft: m^ ^ il ne faut que
quelques fécondes pour produire l'in-
flammation,
Le I G avril après midi , par un Soleil
affez net , on a mis le feu à une planche
de fapin goudronnée ,3150 pieds , avec
cent vingt -huit glaces feulement, l'in-
flammation a été très-fubite , & elle s'eft
faite dans toute l'étendue du foyer qui
avoit environ 1 6 pouces de diamètre à
cette diflance.
des Minéraux , Partie Exp. i 6 j
Le même jour à deux heures & demie ,
on a porté ie feu fur une planche de
hêtre , goudronnée en partie & couverte
en quelques endroits de laine hachée ;
l'inflammation s'efl faite très - prompte-
ment , elle a commencé par les parties du
bois qui étoient découvertes; & le feu
î etoit fi violent , qu'il a fallu tremper dans
i l'eau la planche pour l'éteindre ; il y avoit
cent quarante- huit glaces , & la diftance
I étoit de I 5 o pieds.
' Le I I avril, le foyer n'étant qu'à 20
pieds de diftance du miroir , il n'a fallu
que douze glaces pour enflammer des
petites matières combuilibles : avec vingt-
une glaces on a mis le feu à une planche
de hêtre qui avoit déjà été brûlée en
partie : avec quarante - cinq glaces on a
fondu un gros flacon d'étain qui pefoit
environ fix livres ; & avec cent dix-fept
glaces on a fondu des morceaux d'argent
mince , & rougi une plaque de tôle : &
je fuis perfuadé qu'à 5 o pieds on fondni
les métaux aulli - bien qu'à 2 o , en em-
ployant toutes les glaces du miroir; &
comme le foyer à cette diftance , eft large
de fix à fept pouces , on pourra faire des
i66 Introchâlon h l'Hljioirc
épreuves en grand fur les métaux (d) ,
ce qu'il ii'étoit pas poflibie de faire avec
les miroirs ordinaires, dont le foyer eft
ou très-foible, ou cent fois plus petit
que celui de mon miroir. J'ai remarqué
fd) Par des expériences fubréqiientes , j'ai reconnu
rue la difLiuce ia pius avantageufe pour faire com-
modément avec ces miroirs àt^ épreuves lur les
métaux, étoit à 4.0 ou 4,5 pieds. Les aiTiettes d'argent
que j'ai fondues à cette diftance avec deux cents,
vincrt - quatre glaces , étoient biep nettes , en forte-
eu'ri n'étoit pas poffible d'attribuer la fumée très-
abondante qui en fortoit à la graiffe , ou à d'autres
matières dont l'argent le feroit imbibé ,^ & comme
fe le perfuadoient les gens témoins de l'expérience.
Je la répétai néanmoins fur des plaques d'argent
toutes neuves & j'eus le même effet. Le métal fumoit
très - abondamment , quelquefois pendant plus de 8
ou I o minutes avant de i'e fondre. J'avois deffein
de recueillir cette fumée d'argent par le moyen
d'un chapiteau à. d'un ajuilement fembîable à celui
dont on fe fert dans les di(tiiiations_, 6c j'ai toujours
eu regret que mes autres occupations m'en aient
empêché; car cette manière de tirer l'eau du métaj,
cfl peut-être la feule que l'on puiiïe employer. Et
fi l'on prétend que cette fumée qui m'a paru humide
ne contient pas de l'eau, il feroit toujours très-utile
de favoir ce que c'elt, car il fe peut auffi que ce.
ne (oit que du métal volatiliié. D'ailleurs je fuis per-
jfuadé qu'en iaifant les mêmes épreuves fur l'or,
on le verra fumer comme l'argent, peut être moins,
peut-être plus.
(les Minéraux , Partie Exp. l 6y
que les métaux & fur - tout l'argent ,
fument beaucoup avant de fe fondre, la
fume'e en étoit fi fenfible qu'elle faifoit
ombre fur le terrein ; <Sc c'efl - là où je
robfervai attentivement; car il n'eii pas
poffible de regarder un infiant le foyer,
lorfqu'il tombe fur du me'tal : l'éclat en eft
beaucoup plus vif que celui du Soleil.
Les expériences que j'ai rapportées
ci-deffus, & qui ont été faites dans
(es premiers temps de l'invention de ces
miroirs, ont été fui vies d'im grand nombre
J 'autres expériences qui confirment les
premières. J'ai enflammé du bois jufqu'à
200 & même 210 pieds avec ce même
Tiiroir , par le Soleil d'été , toutes les
ïois que le Ciel étoit pur , & je crois
mouvoir alîurer qu'avec quatre femblables
luroirs on brûîeroit à 400 pieds & peut-
être plus loin. J'ai de même fondu tous
es métaux «Se minéraux métalliques à 25,
30 & 40 pieds. On trouvera dans la
uite de cet article les ufages auxquels
jn peut appliquer ces miroirs , & les
imites qu'on doit afîigner à leur puifTance
'our la calcination , la combuftion , la
afion, &c.
\
I 68 Introdiiâion à rHiflohe
II faut environ une demi -heure pour
monter le miroir , & pour faire coïncider
toutes les images au même point ; mais
iorfqu'il eft une fois ajufté , on peut s'en
fervir à toute heure, en tirant feulement
un rideau, il metua ie feu aux matières
combullibles très - promptement , & on
ne doit pas le déranger à moins qu'on ne
veuille changer la diilance; par exemple,
iorfqu'il eft arrangé pour brûler à loo
pieds , il faut une demi - heure pour
l'ajufler à la diftance de i 5 o pieds , &
ainfi des autres.
Ce miroir brûle en haut, en bas &>
horizontalement , fuivant la différente in-
clinaifon qu'on lui donne ; ies expériences
que je viens de rapporter, ont été faites
publiquement au Jardin du Roi , fur un
terrein horizontal, contre des planches
pofées verticalement : je crois qu'il n'eft
pas nécefTaire d'avertir qu'il auroit brûlé
avec plus de force en haut , & moins de
force en bas ; &: de même , qu'il efl plus
avantageux d'incliner le plan des matières
combuftibles parallèlement au plan du
miroir: ce qui fait qu'il a cet avantage de
brûler en haut, en bas & horizontalement ,
fur
des Alhiéraux, Partie Ex p. i 6^
fur les miroirs ordinaires de réflexion qui
ne brûlent qu'en haut, c'eft que foa
foyer eft fort éloigné , & qu^ii a ii peu
de courbure qu'elle ell infenfible à l'oeil;
il efl large de 7 pieds, & haut de 8 pieds,
ce qui ne fait qu'environ ia i 50.*" partie
de la circonférence de la fj^hère, lorf-
qu'on brûle 3150 pieds.
La raifon qui m'a déterminé à préférer
àts glaces de 6 pouces de largeur fur 8
pouces de hauteur , à des glaces quarrées
de 6 ou 8 pouces , c'eft qu'il efl beaucoup
plus commode de faire les expériences
ibr un terrein horizontal &: de niveau ,
que de les faire de bas en haut, &
qu'avec cette figure plus haute que large ^
les images étoient plus rondes , au lieu
qu'avec des glaces quarrées , elles auroîent
été raccourcies , fur- tout pour les petites
diilances , dans cette fituation horizontale»
Cette découverte nous fournit plufieurs
chofes utiles pour la Phyfique , <Sc peut-
être pour les Arts. On fait que ce qui
rend les miroirs ordinaires de réflexion
prefque inutiles pour les expériences ,
c'eft qu'ils brûlent toujours en haut, &
qu'on eft fort embarrafle de trouver des
Tomii VIL H
lyo Introduâïon à VHïjluire
moyens pour furpendre ou foutenir à
leur foyer les matières qu'on veut fondre
ou calciner : au moyen de mon miroir, on
fera brûler en bas les miroirs concaves,
& avec un avantage fi confidérable , qu'on
aura une chaleur de tel degré qu'on
voudra; par exemple , en oppoiant à mon
miroir, un miroir concave d'un pied
cjuarré de furface , la chaleur que ce
dernier miroir produira à fon foyer , en
employant cent cinquante - quatre glaces
feulement, fera plus de douze fois plus
grande que celle qu'il produit ordinai-
rement, & l'effet fera le même que s'il
exiftoit douze Soleils au lieu d'un , ou
pjlutôt que fi le Soleil avoit douze fois
plus de chaleur.
Secondement, on aura par le moyen
de mon miroir la vraie échelle de l'aug-
mentation de la chaleur, & on fera un
thermomètre réel , dont les divifions n'au-
ront plus rien d'arbitraire , depuis la tem-
pérature de l'air jufqu'à tel degré de
chaleur qu'on voudra , en faifant tomber
une à une fucceilivement, les images du
Soleil les unes fur les autres , & en
graduant les intervalles, foit au moyen
des Minéraux , Partie Exp. 171
d'une liqueur expanfive, foft au moyen
d'une machine de dilatation ; & de - là
nous faurons en effet ce que c'eft qu'une
augmentation double , triple, quadruple,
&c. de chaleur (e), & nous connoîtrons
les matières dont l'expanfion , ou les autres
effets feront les plus convenables pour
Miefurer les augmentations de chaleur.
Troifièmement , nous fiurons au juflc
combien de fois il faut fa chaleur du
Soleil pour brûler, fondre ou calciner
différentes matières, ce qu'on ne favoit
eftimer jufqu'ici que d'une manière vague
& fort éloigne'e de fa vérité; & nous
ferons en état de faire des comparaifons
précifes de i'adivité de nos feux avec
celle du Soleil, &: d'avoir fur cela à^s
rapports exads, & des mefures fixes &
invariables.
( e) Feu M. de Mairan a fait une épreuve avec
trois glaces feulement , & a trouvé que les augmen-
tations du double & du triple de chaleur étoient
comme les divifions du thermomètre de Reaumur ;
mais on ne doit rien conclure de cette expérience
qui n'a donné lieu à ce réfultat que par une efpècc
de hz.{^xà, Voyei^Jur ce Jujet ce que j'ai dit dam mm
1 RAI TE DES ElÉmENS.
Hij
172. Introdiiâîon à l'Hijlohe
Enfin, on fera convaincu lorfqu'on
aura examiné îa théorie que j'ai donnée j,
<Sc qu'on aura vu l'effet de mon miroir,
que le moyen que j'ai employé étoit le
feul par lequel il fût pofljble de réufTir à
brûler au loin : car indépendamment de
îa difficulté phyfique de faire de grands
miroirs concaves fphériques, paraboliques,,
ou d'une autre courbure quelconque aiï'ez
régulière pour brûler à i 50 pieds; on fe
démontrera aifcment à foi -même, qu'ils
ne produiroient qu'à peu - près autant
d'effet que le mien , parce que le foyer
en fèroit prefque aufli large ; que de plus,
ces miroirs courbes , c[uand même i\ feroit
poiîible de les exécuter , viuroient le dédi-
vantage très-grand de ne brûler qu'à une
feule dillance , au lieu que le mien brûle
à toutes les diflances; & par conféquent
on abandonnera le projet de fiire, par
le moyen des courbes , des miroirs pour
brûler au loin, ce qui a occupé inutile-
ment un o;rand nombre de Mathématiciens
& d'Artiliés qui fe trompoient toujours,
parce qu'ils confidéroient les rayons du
Soleil comme parallèles , au lieu qu'il
faut les confidérer ici tels qu'ils, font,
des M'wêvdux , Partie Exp. 1 7 3"
e cfl-à-dfre , comme faifant des angles de
route grandeur, depuis zéro jufqu'à 32
minuicîi , ce qui fait qu'il efl Tinpoflibie,
quelque tôurburc cju'cn donne à un
miroir, dé rendre ic diainètre du foyer
plus petit (|ue la corde de Tare qui nielure
cet angle de 3 2 minutes. Ainfi "qutmd
même on pourrait faire un miroir concave
pour brûler à une grande diftance, par
exemple, à i 50 pieds, en le travaillant
dans tous fès points fur une fphère de
600 pieds de diamètre, & en employant
tine maiïe e'norme de verre pu de métal,
il efl clair qu'on aura à peu-près autant
d'avantage à n'employer au contraire que
de petits miroirs plans.
Au refie , comme tout a des limites,
quoique mon miroir foit fafceptible d'une
plus grande perfecflion, tant pour l'ajuf-
temcnt que pour pîufieurs autres chofes ,
& que je coiupie bien en faire un autre
dont les effets feront fupérieurs, cepen-
dant il ne f\iu pas cfpérer qu'on puifîè
jamais brûler à de très-grandes diilances;
car pour brûler, par exemple , à une
demi - lieue , ï\ fmdi oit un miroir deux
i^îiile fois plus grand que le mien; &
H ii;
.1/4 Inîroduâïon à VHifloln
fout ce qu'on potirra jamais faire , efl de
brûler à 8 ou 900 pieds tout au plus.
Le foyer dont le mouvement correfpond
toujours à celui du Soleil , marche d'autant
plus vite qu'il eft plus éXoigwé du miroir,
& à 900 pieds de diitance , il feroit un
chemin d'environ 6 pieds par minute.
W n'eft pas néceÛaire d'avertir qu'on
peut faire , avec des petits morceaux plats
de glace ou de métal , des miroirs dont les
foyers feront variables, & qui brûleront
à de petites dillances avec une grande
vivacité; & en les montant à peu -près
comme l'on monte les parafols, il ne*
faudroit qu'un feui mouvement pour eni
ajufter le foyer.
Maintenant que j'ai rendu compte dei
ma découverte & du fuccès de mes expé-
riences, je dois rendre à Archiiuède &
aux Anciens , la gloire qui leur e/t due.
Il efl certain qu'Archimède a pu faire
avec des miroirs de métal ce que je fais
avec des miroirs de verre ; il efl iûr qu'il
avoit plus de lumières qu'il n'en fuit pour
imaginer la théorie qui m'a guidé & la
mécanique que j'ai fût exécuter, & que
par conféqueut on ne peut lui refufer le
des Muicmiix f Partie Exp. 175
titre de premier inventeur de ces miroirsp
que l'occafion où il fut les employer ,
rendit fans doute plus célèbres que le
jne'rite de la chofe même.
Pendant ie temps que je travaillois à
ces miroirs, j'ignorois le détail de tout
ce qu'en ont dit les Anciens: mais après
avoir réufîi à les faire , je fus bien aife
de m'en indruire. Feu M. Aleîot , de
TAcadémie des Belles - Lettres, & l'un
des Gardes de la Bibliothèque du Roi ,
dont la grande érudition & les talens étoient
connus de tous les Savans , eut la bonté
de me communiquer une excellente
DifTertation qu'il avoit faite fur ce fujet,
dans laquelle il rapporte les témoignages de
tous les Auteurs qui ont parlé des miroirs
firdens d'Archimède ; ceux qui en parlent
le plus clairement font , Zonaras & T'zetzès,
qui vivoient tous deux dans le Xll/ fiècle :
ie premier dit , o^ Anh'imcde avec fes
miroirs ardens , mit en cendres toute la
flotte des Romains: ce Géomètre, dit- il,
ayant reçu les rayons du Soleil fur un miroir ,
a l 'aide de ces rayons raJfembUs & réfléchis
far l'épaijfeur & le poli du miroir , il em-
brafa l'air, ù* alluma une grande f.amme
H iiij
Ï76 lîîtroduâlon a VHïjloire
qu'il lança toute entière fur les vmffeaux qui
mouilloient dans la fpKere de fin aâîvité , &
qui furent tous réduits en cendres. Le même
Zoiiaras rapporte aufli , qu'au fiége de
Conflantinopie , fous l'empire d'AnaRafe,
î'an 5 14 de Jéfus-Chrift, Proclus brûla
avec des miroirs d'airain , la flotte de
Yitalien qui aiîîégeoit Conftanîinople ; &
il ajoute que ces miroirs étoient une
découverte ancienne , & que l'hiiiorien
Dion en donne l'honneur à Archimède
qui la fit, & s'en fervit contre les
Romains, lorfque Marceiius fit le fiége
de Syvacufe.
Tzetzès , non - feulement rapporte &
ûiïlire le fait des miroirs, mais même il
ç\\ explique en quelque façon la conf-
îru(ftion. Lorfque les yaijfeaux Romaitis,
dit-il, furent à la portée du trait j Archimède
fit faire une efpece de miroir hexagone , &
d'autres plus petits de vingt- quatre angles
chacun, qu'il plaça dans une diflance pro'
portionnée & qu'on pouvoit mouvoir a l'aide
de leurs charnières & de certaines lames de
métal; il plaça le miroir hexagone de façon
qu'il et oit coupé par le milieu par le méri-
dien d'hiyer & d'été) en forte que les rayons
(jes Minéraux , Partie Exp. 177
Ju Soleil reçus fur ce miroir venant a fe
brifer , ûllumercnt un grand feu qui réduifit
en cendres les v ai féaux Romains , quoiqu'ils
fufent éloignés de la portée d'un trait. Ce
pafTage me paroît a(îez clair; il fixe fa
diftance à laquelle Afchimède a brûlé,
la portée du trait ne peut guère ctre que
de 150 ou 200 pieds; il donne l'idée
de Ja con(lrud:ion , & fait voir que le
miroir d'Archimède pouvoir erre comme
le mien , compofé de plufieurs petits
miroirs qui fe mouvoient par des mou-
vemens de charnières & de reflorts, &
enfin il indique la pofition du miroir, en
difànt que îe miroir hexagone autour
duquel étoient fans doute les miroirs plus
petits , étoit coupé par le méridien , ce
qui veut dire apparemment que le miroir
doit être oppofé direclement au Soleil ;
d'ailleurs le miroir hexagone étoit proba-
blement celui dont l'image fervoit de mire
pour ajufler les autres, & cette figure
n'eft pas tout- à-fait indifférente, non plus
que celle de vingt-quatre angles ou vingt-
quatre côtés des petits miroirs. Il eft aifé
de fentir qu'il y a en effet de l'avantage à
donner à ces miroirs une figure- polygone
H V
178 Iiiîroduâlon à VHïflohê
d'un grand nombre de côtés égaux, afin
que la quantité de iumière loit moins
inégalement répartie dans l'image réflé-
chie, &: eilc fera répartie le moins inéga-
lement qu'il eft pofîlble lorfque les miroirs
feront circulaires : j'ai bien vu qu'il y
avoit de la perte à employer Aç.s miroirs
quadrangulaires , longs de (5 pouces fur
8 pouces; mais j'ai préféré cette forme
parce qu'elle eft , comme je l'ai dit , plus
avantageufe pour brûler horizontalement.
J'ai aufli trouvé dans la même difîer-
tation de M. Meïot, que le P. Kircher
avoit écrit qu'ArchimècIe avoit pu brûler
à une grande diflance avec des miroirs
plans, & que l'expérience lui avoit appris,
qu'en réuniffant de cette façon les images
du Soleil, on produifoit une chaleur confî-
dérabie au point de réunion.
Enfin dans les Mémoires de l'Académie,
année 1-/26, M. du Fay, dont j'hono-
rerai toujours la mémoire & les talens,
paroit avoir touché à cette découverte,
il dit : (payant reçu l 'image du Soleil fur
un miroir plan d'un pied en quarré , & l'ayant
portée jufqua 600 pieds fur un miroir.
une ave de i y pouces de diamètre j elle avoit
^es Afinerat/x , Partie Exp. i ^p
encore /a force de brûler des matières corn-
Imjîïbles au foyer de ce dernier miroir. Et à
ia fin de Ton Mémoire , il dit : que quelques
Auteurs, il veut fans doute parler du
P. Kircher, ont propofé déformer un miroir
d'un très - long foyer par un grand nombre
de petits miroirs plans , que plufieurs perfonnes
tiendroient h la main, if dirigeroient de
façon que les images du Soleil formées par
chacun de ces miroirs, concourroient en un
même point , & que ce fer oit peut - être la
façon de réuffir la plus fûre & la moins
difficile a exécuter. Un peu de réflexion
iur i'expérience du miroir concave & fur
ce projet , auroit porté M. du Fay à la
découverte du miroir d'Archimède, qu'il
traite cependant de fable un peu plus
haut; car il me paroît qu'il étoit tout
naturel de conclure de Ton expérience ,
que puifqu'un miroir concave de 17
pouces de diamètre fur lequel l'image du
Soleil ne tomboit pas toute entière y à
beaucoup près , peut cependant brûler
par cette feule partie de l'image du Soleil
réfléchie à 600 pieds, dans un foyer que
je fuppofe large de 3 lignes ; onze cents
cinquante - fix jniroirs plans femblabîes
H v|
.î8ô Mroàiâion h VHiflotre
au premier miroir réfléchiffant , doivent,
à plus forte raifon brûler drre(5tement ^
cette dillance de 600 pieds, & que par
conféquent deux cents quatre-vingt-neuf
fniroirs pians auroient été plus que iuffifans
pour brûier à 300 pieds, en réunifiant
les deux cents quatre-vingt-neuf imao-es :
mais en fait de découverte le dernier pas,
quoique fou vent le ])Ius faciie , efl: cepen-,
dant celui qu'on fait le pius rarement.
Mon Mémoire, tel qu'on vient de îe
lire , a été imprimé dans le volume de
TAcadémie des Sciences, année ly^y,
fous le titre : Invention des miroirs pour brûler
à une grande dijiance. Feu M. Bouguer,
& quelques autres Membres de cette
fîivante Compagnie, m'ayant fait plufieurs
objecfiions, tirées principalement de la doc-
trine de Defcartes , dans (on Traité de
Dioptrique , je crus devoir y répondre par
ie AÎémoire fui vaut, qui fut lu à l'Aca-
démie la même année , mais que je ne fis
pas imprimer par ménagement pour mes
adverfaires en opinion. Cependant comme
il contient plufieurs choies utiles, &l qu'il
pourra fervir de préfervauf contre les
erreurs contenues dans quelques livres
f^es Minéraux, Partie Exp. i !? i
d'Optique, fur - tout dans celui de la
JDioptrique de Defcartes, que d'ailleurs
iJ-fert d'explication &l de fuite au Mémoire
précédent ; j*ai jugé à propos de ies
joindie ici & de ies publier enfemble.
Article second.
RÉ F L EX 10 N s fur le jugement de
Defcartes , au fujet des mm'irs d'Ar*
chiniede , avec le développement de la
théorie de ces mirons & l'explication
de leurs principaux ifages»
JLjA Dioptrique de Defcartes, cet ou-
vrage qu'il a donné comme le premier &
ie principal elTai de fa méthode de raifbnner
dans ies Sciences , doit être regardée
comme un chef-d'œuvre pour fon temps ;
mais les plus I^elles fpéculntions font fou-
vent démenties par l'expérience , & tous
îcs jours les fubîimes Mathématiques font
obligées de fe plier fous de nouveaux
faits ; car dans l'application qu'on en fait
aux plus pentes parties de la Phyfique ,
on doit fe défier de toutes les circonf-
tances, & ne pas fc confier aflez aux
182 Inîroduâion à VHijloire
chofes qu'on croit favoir pour prononcer
affirmativement fur celles qui font incon-
nues. Ce défaut n'eft cependant que trop
ordinaire, & j'ai cru que je ferois quelque
chofe d'utile pour ceux qui veulent
s'occuper d'Optique, que de leur expofer
ce qui manquoit à Defcartes, pour pouvoir
donner une théorie de cette fcience qui
fût fufceptible d'être réduite en pratique.
Son Traité de Dioptrique efi divifé en
dix Difcours, dans le premier, notre Phi-
iofophe parle de la lumière ; & comme
il ignoroit fon mouvement progrefTif qui
n'a été découvert que quelque temps
après par Roemer, il faut modifier tout
ce qu'il dit à cet égard, &: on ne doit
adopter auciuie des explications qu'il donne
au iujet de la nature & de la propagation
de la lumière , non plus que les compa-
raifons & les hypothèfes qu'il emploie
pour tâcher d'expliquer les caufes &: les
effets de la vifion. On fait aifluellement
que la lumière efl environ 7 minutes \
à venir du Soleil jufqu'à nous, que cette
émifîion du corps lumineux fe renouvelle
à chaque inftant , & que ce n'eft pas par
ia preffion continue & par i'adion, ou
des Minéraux, Partie Exp. 183
plutôt l'ébranlement inftantané d'une ma-
tière fubtile que fes effets s'opèrent; ainfî
toutes les parties de ce Traité , où l'Auteur
emploie celte théorie, font plus que ful^
pedes, & les conféquences ne peuvent
être qu'erronées.
Il en eft de même de ^explication que
Defcartes donne de la réfracflion ; non-
feulement fi théorie efl: hypothétique pour
la caufe , mais la pratique efl: contraire dans
tous les effets. Les mouvemens d'une balle
qui traverfe l'eau, font très-différens de
ceux de la lumière qui traverfe le même
milieu , & s'il eût comparé ce qui arrive
en effet à une balle, avec ce qui arrive à
la lumière, il en auroit tiré des confé-
c|uences tout- à- fait oppofées à celles qu'il
a tirées.
Et pour ne pas omettre une chofe très-
effentielïe , & qui pourroit induire en
erreur , il faut bien fe garder , en lifant
cet article, de croire avec notre Philo-
fophe , que le mouvement rediligne peut
fe changer natureileiruEnt en un mouve-
ment circulaire ; cette affertion eft f\ufîe^
& le contraire eft démontré depuis que
l'on connoît les ioix du mouvement.
;1 84 hïtroàuùion a VHiftoire
Comme le fécond Difcours rouîe en
grande partie fur cette théorie hypothé-
tique de ia réfraclion, je me difpenferat
de parler en détail des erreurs qui en font
ies conféquences , un Ledeur averti ne
peut manquer de les remarquer.
Dans ies troifième , quatrième & cin-
quième Difcours, il eft queftion de la
vifion, & l'explication que Defcartesdonn^
au fujet des images qui fe forment au fond
de i'œil, eft afîèz jufte ; mais ce qu'il dit
fur les couleurs ne peut pas fe foutenir
ni même s'entendre : car comment conce-
voir qu'une certaine proportion entre le
mouvement rediligne & un prétendu
mouvement circulaire , puifie produire ôqs ,
couleurs \ Cette partie a été , comme l'on'
fait, traitée à fond & d'une manière dé-
monftrative par Newton, & l'expérience
a fl^it voir l'infuffifance de tous les fyflèmes^
précédens.
Je ne dirai rien du fixième Difcours^'
où il tâche d'expliquer comment fe font
nos fenfaiions : quelque ingénieufes que
foient fes hypothèfes, il eft aifé de fentir
qu'elles font gratuites ; & comme il n'y
a prefque rien de mathématique dans
'des Minéraux, Partie E>ip. 185
cette partie, il eft inutile de nous y
arrêter.
Dansie feptième &Ie huitième Difcours,
Defcartes donne une belle théorie géo-
métrique fur ies formes que doivent avoir
les verres pour produire îes effets qui
peuvent fervir à la perfèdion de la vifion,
& après avoir examiné ce qui arrive aux
rayons qui traverfent ces verres de diffé-
rentes formes, il conclut que ies verres
elliptiques & hyperboliques , font ies
meilleurs de tous pour raiïembler les
rayons ; & il finit par donner dans^ ie
neuvième Difcours la manière de conf-
truire les lunettes de longue vue, & dans
le dixième & dernier Difcours, celle de
tailler ies verres.
Cette partie de l'ouvrage de Defcartes ,
qui elt proprement la feule partie mathé-
jnatique de fon Traité , efl plus fondée &
beaucoup mieux raifonnée que les précé-
dentes ; cependant on n'a point appliqué
fa théorie à la pratique, on n'a pas taillé
des verres elliptiques ou hyperboliques,
& i'on a oublié ces fameufcs ovales qui
font le principal objet du fécond Livre
de fa Géoméirie ; la différente réfrangibilité
1 8^ Introduâïon à l'Hïfloïre
des rayons, qui étoit inconnue à Defcarfes^
n'a pas été découverte que cette théorie
géométrique a été abandonnée : il eft en
effet démontré qu'il n'y a pas autant à
gagner par le choix de ces formes qu'il
y a à perdre par îa différente réfrangibiiité
des rayons, puifque feion leur différent
degré de réfrangibiiité , ils fe raffemblent
plus ou moins près; mais comme l'on eft
parvenu à faire à^i lunettes achromatiques ,
dans lefquelies on compenie îa différente
réfrangibiiité des rayons par des verres de
différente denfité ; il feroit très - utile
aujourd'hui de tailler des verres hyper-
boliques ou elliptiques , (î l'on veut donner
aux lunettes achromatiques toute la per-»
feclion dont elles font iufceptibles.
Après ce que je viens d'expofer , il me
femble que l'on ne devroit pas être furpris
que Defcartes eût mal prononcé au fujet
àts miroirs d'Archimède , puifqu'il igno-
roit un fi grand nombre de chofes qu'on
a découvertes depuis : mais comme c'elt
ici le point particulier que je veux exa-
miner, il fiiut rapporter ce qu'il en a dit,,
afin qu'on foit plus en état d'en juger.
c« Vous pouvez aufli remarquer par
éJes Mwerû!/x , Faïik E)ip. 187
occafion , que les rayons du Soleil ce
ramafTés parle verre elliptique, doivent ce
brûler avec plus de force qu'étant raf- ce
femblés par l'hypcibolique , car il ne ce
faut pas leulerneiit prendre garde aux ce
rayons qui viennent du centre du Soleil, ce
mais auiîi à tous Igs autres qui venant ce
des autres points de la Tuperficie, n'ont ce
pas feniiblement moins de force que ce
ceux du centre; en forte que la vio- ce
ience de la chaleur qu'ils peuvent caufer, ce
fe doit mèiurer par h grandeur du ce
corps qui les afîembîe, comparée avec ce
celle de l'eipace où il les affeinble. ... ce
fans que la grandeur du diamètre de ce
ce corps y puifîe rien ajouter, ni fa ce
figure particulière, qu'environ un quart ce
ou un tiers tout au plus ; il eft certain ce
que cette ligne brûlante à l'infini , que ce
quelques - uns ont imaginée , n'efl ce
qu'une rêverie. :>:>
Juiqu'ici il n'eit queflion que de verres
brûlans par réfraélion , mais ce raifonne-
ment doit s'appliquer de même aux
iniroirs par réflexion , & avant que de
faire voir que l'Auteur n'a pas tiré de
cette théorie les conféqueaces qu'il devoir
fl 8 8 IntroJuâm à VHïjlone
en tirer, il efl bon de lui répondre
d'abord par Texpérience. Cette ligne brû-
lante à rinfini, qu'il regarde comme un^
ïêverie , pourroii s'ex tcuier par des niiroirs
de réflexion lemblables au mien, non pas
à une diftance infinie, parce que Thomnic
ne peut rien faire d'infini, mais à une
difiance indéfinie afTez confidérable. Car
fuppofons que mon miroir au lieu d'être
compofé de deux cents vingt-quatre petites j
glaces, fût compofé de deux mille, ce
qui efl poflibie ; il n'en faut que vingt
pour brûler à 20 pieds , & le foyer étant
comme une colonne de lumière, ces vingt
glaces brûlent en même temps à 1 7 & à
2.3 pieds; avec vingt-cinq autres glaces,
je ferai un foyer qui brûlera depuis 23
jufqu'à 30; avec vingt -neuf glaces, un
foyer qui brûlera depuis 30 jufqu'à 40;
avec trente - quatre glaces , un foyer qui
brûlera depuis 40 jufqu'à 52; avec qua-
rante glaces , depuis 5 2 jufqu'à 64 ; avec
cinquante glaces, depuis 64 jufqu'à yé\
avec foixante glaces, depuis jû jufqu'à
188; avec foixame-dix glaces, depuis 8 8
Jufqu'à 100 pieds: voilà donc àé]2i. une
îigne brûlante, depuis 17 jufqu'à loo
des Minéraux , Partie Exp. i %^
pieds , où Je n'aurai empîoyé que trois
cents vingt-huit glaces; & pour la conti-
nuer, il n'y^ <^iu'à faire d'abord un foyer
de quatre-vingts glaces, il brûlera depuis
loo pieds jufqu'à i i^; <& quatre-vingt-
douze glaces , depuis i i 6 jufqu'à i 3 ^
pieds; & cent huit glaces, depuis 134.
I jufqu'à I 50; &: cent vingt-quatre glaces,
'depuis 150 jufqu'à 170; & cent cin-
quante-quatre glaces, depuis 170 jufqu'à
200 pieds; ainfi voilà ma ligne brûlante
prolonge'e de 100 pieds, en forte que
depuis dix-fept pieds jufqu'à 200 pieds ,
en quelqu'cndroit de cette diftance qu'on
puiflè mettre un corps combullible, ii
fera brûle'; & pour cela il ne faut en tout
([lie huit cents quatre- vingt- fix glaces de
iix pouces, & en employant le rerte des
deux mille glaces, je prolongerai de même
la ligne brûlante jufqu'à 3 & 400 pieds;
& avec un plus grand nombre de glaces^
par exemple, avec c[uatre mille je la pro-
longerai beaucoup plus loin, à une diftance
indéfinie. Or tout ce qui dans la pratique
cil indéfini , peut être regardé comme
infini dans la théorie ; donc notre célèbre
Philofophc a eu tort de dire que cette
ipo Iniroduâion à VHïfloire
ligne brûlante à l'infini n^étoit qu'une
rêverie.
Maintenant, venons à îa théorie, rien
n'eft plus vrai que ce que àài ici Defcartes
au lujet de ia re'union des rayons du
Soleil , qui ne le fait pas dans un point ,
mais dans un efpace ou foyer dont le
diamètre augmente à proportion de la
diftance. Mais ce grand Phiiofophe n'a
pas fenti l'étendue de ce principe qu'il ne
donne que comme une remarque ; car
s'il y eût fait attention, il n'auroit pas
confidéré dans toiu le refle de fon ouvrage
ies rayons du Soleil comme parallèles , il
n'auroit pas établi comme le fondement
de la théorie de fa conftruction des lu-
nettes , la réunion des rayons dans un
point, &: il fe leroit bien gardé de dire
affirmativement, (page i ^ i ) Nous pour-
rons par cette invention voir des objets oujjl
particuliers & ûujfi petits dans les ajlres ,
que ceux que nous voyons communément fur
la terre. Cette afFertion ne pouvoit être
vraie qu'en fuppofant le parallélifiue des
rayons & leur réunion en un ferl point ,
& par conféquent elle ell oppofée à fa
propre théorie, ou plutôt il n'a pas employé
des Minéraux , Partie Exp. i p i
ïa théorie comme il le fàlloit ; & en effet ,
s'il n'eût pas perdu de vue cette remarque ,
il eût fupprimé les deux derniers Livres
de (il Dioptrique; car il au roi t vu que
quand même les Ouvriers eufîent pu tailler
les verres comme il l'exigeoit, ces verres
. n'auroient pas produit les efïèts qu'il leur
a fuppofés, de nous faire diflinguer les
plus petits objets dans les aflres ; à moins
qu'il n'eût en même temps fuppofé dans
ces objets une intenfité de lumière infinie ,
ou, ce qui revient au même, qu'ils euffent,
malgré leur éioîgnement, pu former un
angle fenfible à nos yeux.
Comme ce point d'Optique n'a jamais
été bien éclairci, j'entrerai dans quelque
détail à cet égard : on peut démontrer que
; deux objets également lumineux & dont
. les diamètres Ibnt différens , ou bien que
' deux objets dont ies diamètres font égaux,
& dont i'intenfité de lumière eft diffé-
, rente, doivent être obfervés avec des
ç: lunettes différentes; que pour obferver
ji avec le plus grand avantage poffible ,
:il faudroit des lunettes différentes pour
chaque Planète ; que , par exemple, Vénus
. qui nous paroît bien plus petite que ia
If) 2 Introduâion à VHïf!o\re
Lune, & dont je fuppofe pour un inftant
la lumière égale à celle de la Lune, doit
être obfervée avec une iunette d'un plus
ïong foyer que la Lune; & que la per-
fèd:ion des lunettes , pour en tirer ie plus
grand avantage poiïible, de'pend d'une
combinaifon c[u'ii faut faire, non-feulementf
entre les diamètres & les courbures des
verres, comme Defcartes Ta fait, mais
encore entre ces mêmes diamètres & l'iii-
tenfité de la lumière de l'objet qu'on
obferve. Cette intenfité de la lumière de
chaque objet , eft un élément que les
Auteurs qui ont écrit fur l'Optique n'ont
jamais employé, & cependant il fiît plus
que l'augmentation de l'angle fous lequel
un objet doit nous paroître , en vertu de
la courbure des verres. Il en ell de même
d'une chofe qui femble être un paradoxe,
c'eft que les miroirs ardens , foit par
réflexion , foit par réfracflion , feroient un:
effet toujours égal à quelque diflance qu'on
les mît du Soleil. Par exemple , moit^
miroir brûlant à i 5 o pieds du bois fur »i
la Terre, brûicroit de même à 1 50 pieds "
& avec autant de force du bois dans
Saturne , où cependant la chaleur du Soleil
«fti
des Minéraux , Partie Exp. i p 3
efl: environ cent fois moindre que fur la
j Terre. Je crois que les bons efprits fen-
tiront bien , fans autre démonftration , la
vérité de ces deux propofitions , quoique
: toutes deux nouvelles & fingulières.
Mais pour ne pas in'écarter du fujet
I que je me fuis propofé, & pour démontrer
j que Defcartes n'ayant pas la théorie qui
1 cft nécefîaire pour conftruire les miroirs
I d'Archimède , il n'étoit pas en état de
: pi'ononcer qu'ils étoient impofîibles, je
I vais faire fentir , autant que je le pourrai ,
en quoi confiftoit la difficulté de cette
invention.
S\ le Soleil, au lieu d'occuper à nos
yeux un efpace de 3 2 minutes de degré ,
étoit réduit en un point , alors il eft
certain que ce point de lumière réfléchie
par un point d'une furface polie, pro-
duiroit à toutes les diftances une lumière
& une chaleur égales , parce que l'inter-
pofition de l'air ne fait rien ou prefque
rien ici ; que par confcquent un miroir
dont la furface feroit égale à celle d'un
autre, brûleroit à dix lieues à peu-près
aufïi-bien que le premier brûleroit à i o
pieds, s'il étoit poliible de le travailler
I5>4 Introduâion ci VHîjlo\re
fur une fphère de quarante lieues, comme
on peut travailler l'autre fur une fphère
de 40 pieds; parce que chaque point de
îa furface du miroir réfléchifïant le point
îumineux auquel nous avons réduit le
difque du Soleil, on auroit, en variant la
courbure des miroirs , une égale chaleur
ou une égale lumière à toutes Tes diftances
fans changer leurs diamètres ; ainfi pour
brûler à une grande diftance, dans ce
cas il faudroit en efïèt un miroir très-
çxacftement travaillé fur une fphère, ou
line hyperboloïde proportionnée à la dif-
tance, ou bien un miroir brifé en une
infinité de points phyfiques plans,. qu'il
faudroit faire coïncider au même point ;
mais ie difque du Soleil occupant un
efpace de 3 2 minutes de degré , il eft •
clair que le même miroir fphérique ou
hyperbolique ou d'une autre figure quel-
conque , ne peut jamais , en vertu de
cette figure, réduire l'image du Soleil en
un efpace plus petit que de 3 2 minutes ;
que dès-lors l'image augmentera toujours
à meiure qu'on s'éloignera; que de plus
chaque point de la i'urface nous donnera
une image d'une même largeur , par
'^es Miné vaux, Partie Exp. 195
cxernpie, d'un cleini-pied à Go pieds:
or comme il ell nécefTaire pour produire
tout l'effet poffibie que toutes ces images
coïncident dans cet efpace d'un demi-
pied 5 alors au lieu de bril'er le miroir en
une infinité de parties , il efl évident qu'il
elt à peu - près égal & beaucoup plus
commode de ne le brifer qu'en un petit
nombre de parties planes d'un demi-pied
de diamètre chacune, parce que chaque
I petit miroir plan d'un demi-pied donnera
I une image d'environ un demi-pied, qui
i fera à peu-près aufîi lumineufe qu'une
' pareille iiirface d'un demi-pied prife dans
le miroir fphérique ou hyperbolique.
La théorie de mon miroir ne confifle
donc pas , comme on l'a dit ici , à avoir
trouvé l'art d'infcrire aifément des plans
dans une furfàce fphérique & le moyen
de changer à volonté la courbure de cette
furface Iphérique; mais elle fuppofe cette
remarque plus délicate & qui n'avoit jamais
été faite, c'efl qu'il y a prefque autant
d'avantage à fe fervir de miroirs plans
que de miroirs de toute autre figure , dès
qu'on veut brûler à une certaine diflance ,
& que la grandeur du miroir plan eft
1 9 ^ Introduâïon h VHïjloïre
déterminée par la grandeur de l'image à
cette diftance, en ibrte qu'à la didance
de 60 pieds, où l'image du Soleil a
environ un demi -pied de diamètre, ort
brûlera à peu - près aufîi - bien avec à^s
miroirs plans d'un demi-pied qu'avec des
miroirs hyperboliques les mieux travaillés ,
pourvu qu'ils n'aient que la même gran-
deur. De même avec des miroirs plans
d'un pouce & demi , on brûlera à i 5 pieds
à peu - près avec autant de force qu'avec
un miroir exadement travaillé dans toutes
les parties, & pour îe dire en un mot,
un miroir à facettes plates produira à peu-
près autant d'effet qu'un miroir travaillé
avec la dernière exacfiitude dans toutes {ç,s
parties , pourvu que la grandeur de chaque
facette foit égale à la grandeur de l'image
du Soleil; & c'efl par cette raifon qu'il
y a une certaine proportion entre la
grandeur desiniroirs plans & les diiîances ,
& que pour brûler plus loin , on peut
employer, même avec avantage, de plus
grandes glaces dans mon miroir que pour
brûler plus près.
Car fi cela n'étoit pas, on fent bien
qu'en réduifaut; par exemple, mes glaces
{Je s Minéraux, Partie Exp. 1^7^
^de fix pouces à trois pouces, & employant
'quatre fois autant de ces glaces que des
premières , ce qui revient au même pour
l'étendue de la furface du miroir, j'aurois
' eu quatre fois plus d'effet , & que plus
les glaces feroient petites & plus le miroir
produiroit d'effet; & c'efl: à ceci que fe
' feroit réduit l'art de quelqu'un qui auroit
feulement tenté d'inicrire une furface
• poîygoi'^6 dîiXïs une fphère , & qui auroit
imaginé Tajudement dont je me fuis fervi
'pour faire changer à volonté la courbure
, de cette furface ; ï\ auroit fiit les glaces
, les plus petites qu'il auroit été pollible ;
, mais le fond & la théorie de la chofe efl
d'avoir reconnu qu'il n'étoit pas feulement
, quedion d'infcrire une furface polygone
.dans une fphère avec exactitude, & d'en
faire varier la courbure à volonté ; mais
encore que chaque partie de cette furface
de voit avoir une certaine grandeur déter--
-minée pour produire aifément un grand
effet; ce qui fait un problème fort diffé-
rent , & dont la fblutioii m'a fait voir qu'au
lieu de travailler ou de briier un miroir
dans toutes fes parties pour faire coïncider
iei images au même endroit, ii fuitifoit de
1 iif
ip8 Introduâion a rHïftoife
le brifer ou de le travailler à facettes planés
€11 grandes portions égales à la grandeur
de l'image , & qu'il y avoit peu à gagner
en le brifant en de trop petites parties ,
ou , ce qui efl la même chofe , en le
travaillant exactement dans tous Tes points,
C'efl pour cela que j'ai dit dans mon
Mémoire , que pour brûler à de grandes
diflances il falloit imaginer quelque chofe
de nouveau & toût-à-fait indépendant de
ce qu'on avoit penfé & pratiqué jufqu'ici,
éi ayant fupputé géométriquement la diffé-
rence, j'ai trouvé qu'un miroir parfait de
quelque courbure qu'il puifle être, n'aura
jamais pins d'avantage fur ie mien que de
17 à I o , & qu'en même temps l'exé-
cution en feroit impofîibîe pour ne brûler
même qu'à une petite diftance comme
de 25 ou 30 pieds. Mais revenons aux
sffertions de Defcartes.
Il dit enfuire ce qu'ayant deux verres
>3 ou miroirs ardens , dont l'un foit beau-
3> coup plus grand que l'autre , de quelqtie
>5 façon qu'ils puifTent être , pourvu que
35 leurs figures foient toutes pareilles , le
?> plus grand doit bien ramaffer les rayons
» du Soleil en un plus grand efpace &
^!es Minéraux, Partie Exp* 1 5)9
plus loin de foi que le plus petit , mais «
que ces rayons ne doivent point avoir ce
. plus de force en chaque partie de cet ce
• efpace qu'en celui où !e plus petit les ce
. rainafre , en forte qu'on peut faire des ce
-verres ou miroirs extrêmement petits, ce
. qui brûleront avec autant de violence «
que les plus grands. 35
Ceci ed ablolument contraire aux expé-
riences que j'ai rapportées dans mon
Mémoire , où j'ai fait voir qu'à égale
intenfité de lumière un grand foyer brùie
beaucoup plus qu'un petit, & c'efl en
partie far ceiie remarque, toute oppofée
au fentiment de Defcartes, que j'ai fondé
la théorie de mes miroirs; car voici ce
• qui fuit de {'opinion de ce Philofophe.
Prenons un orand miroir ardent , comme
celui du fieur Segard , qui a 3 2 pouces
de diamètre, & un foyer de p lignes de
• largeur à 6 pieds de diRance , auquel
foyer le cuivre fe fond en une minute,
& faifons dans les mêmes proportions un
petit miroir ardent de 3 2 lignes de dia-
mètre , dont le foyer fera de -^ ou de |
de lio;ne de diamètre , &. la didance de G
pouces; puifque le grand miroir fond le
I iii/
^0 0 Introduâlon a l'HiJloire
cuivre en une minute drais l'étendue de
fon foyer qui efl: de p lignes, ie petit
doit, Iclon Defcartes, fondre dans le même
temps la même matière dans l'étendue de
ion foyer qui e(l de - de ligne ; or j'en
appelle à l'expérience , & on verra que
bien loin de fondre le cuivre, à peine ce
petit verre brûlant pourra- t-il lui donner
un peu de chaleur.
Comme ceci efl: une remarc{ue phy-
fique&: qui n'a pas peu fervià augmenter
mes efpérances îorrque je doutois encore
fi je pourrois produire du feu à une grande
dillance , je crois devoir communiquer
ce que j'ai penfé à ce fujet.
La première chofe à laquelle je fis
attention , c'efl: que la chaleur fc commu-
nique de proche en proche & fe difperfë,
quand même elle efl: appliquée contiauel-
iement fur le même point ; par exemple ,
Il on fait tomber le foyer d'iui verre
ardent fur le centre d'un écu , & que ce
foyer n'ait qu'une ligne de diamètre, la
chaleur qu'il produit fur le centre de
î'écu le difperfe &l s'étend dans le volume
entier de I'écu , & il devient chaud jufqu'à
la circgnférence , dès-lors toute la chaleur 3
j des Minéraux , Partie Exp. 201
\ quoiqu'empîoyée d'abord contre le centre
de l'ecLi , ne s'y arrête pas & ne peut pas
produire un audi grand efiet que fi elle y
demeuroit toute entière. Mais fi au lieu
d'un foyer d'une ligne qui tombe fur le
milieu de l'ecu, je fais tomber fur i'écu
tout entier un foyer d'égale force au
premier , toutes les parties de l'écu étant
également échauffées dans ce dernier cas ;
il n'y a pas de perte de chaleur comme
dans le premier , & le point du milieu
profitant de la chaleur des autres points ,
autant que ces points profitent de la fienne,
l'écu fera fondu par la chaleur dans ce
dernier cas , tandis que dans le premier il
n'aura été que légèrement échauffé. De-îà
|ê conclus que toutes les fois qu'on peut
faire un grand foyer on eft fur de pro-
duire de plus grands effets qu'avec un
petit foyer, quoique Fintenfité de lumière
ibit la même dans tous deux; & qu'un
petit miroir ardent ne peut jamais faire
autant d'effet qu'un grand ; & même
qu'avec une moindre intenfité de lumière ,
un grand miroir doit fiire plus d'efîèt
qu'un petit , ia figure de ces deux miroirs
étant toujours fuppofée fembîable. Ccci|,
1 V
102 I/ifroJuélion a l 'Hifîoire i
qui comme Ton voit, eft diredtenieiït
oppofé à ce que dit Defcartes, s'eftj
trouvé confirmé par les expériences rap- I
portées dans mon Mémoire : mais je ne
me fuis pas borné à Hivoir d'une manière i
générale que les grands foyers agifloient
avec plus de force que les petits, j'ai
déterminé à très-peu près de combien eft
cette augmentation de force, & j'ai vu
qu'elle étoit très - confidérabie ; car j'ai
trouvé que s'il faut dans un miroir cent
quarante-quatre fois la furfacc d'un foyer
de fix lignes de diamètre pour brûler, iï:
faut au moins le double , c'eil - à - dire ,
deux cents quatre-vingt-huit fois cette;
furface pour brûler à un foyer de deux'
lignes; & qu'à un foyer de 6 pouces
il ne faut pas trente fois cette même
furface du foyer pour brûler, ce qui faii
comme l'on voit une prodigieufe diffé-
rence & fur laquelle j'ai compté lorfque
l'ai entrepris de faire mon miroir, fanîi
cela il y auroit eu de la témérité à l'entre- ,
prendre & il n'auroit pas réufTi. Caii
fuppofons un infiant que je n'eufie paj
eu cette connoiflance de l'avantage des
grands foyers fur les petits; voici comme
}*aurois été obligé de raifonner. Puifqu'il
faut à un miroir deux cents quatre-vingt-
huit fois la Turface du foyer pour brûler
dans un efpace de deux lignes, il faudra
de même deux cents quatre-vingt-huit
glaces ou miroirs de 6 pouces pour brûler
'dans un efpace de 6 pouces; & dès-lors,
pour brûler feulement à loo pieds, il
auroit fallu un miroir compofé d'environ
onze cents cinquante - deux glaces de 6
pouces, ce qui étoit une grandeur énorme
pour un petit effet , & cela étoit plus que
fuffifant pour me faire abandonner mon
projet ; mais connoiflant l'avantage confi-
dérable des grands foyers fur les petits ,
qui dans ce cas eft de 288 à 30, je
fentis qu'avec cent vingt glaces de 6
pouces je brûlerois très - certainement à
100 pieds, & c'efl fur cela que j'en-
trepris avec confiance la conllruclion de
mon miroir qui , comme l'on voit, fuppofe
une théorie tant mathématique que phy-
sique , fort différente de ce qu'on pouvoit
4maginer au premier coup d'œil.
'■ Defcartes ne devoit donc pas affirmer
qu'un petit miroir ardent brûîoit auili
violemment qu'un grand.
I vj
2 04 Introduâïon a VHïjlotrê
n dit tïï{\\\\ç: , ce & un miroir ardent
y> dont ïe diamètre n'efl pas plus grand
>? qu'environ la ceiitièiîi^ partie de la
?> dillance qui efl: entre lui & le lieti où
33 il doit rafTembler les rayons du Soleil;
■y> c'efl-à-dire , qui a même proportion
35 avec cette diftance qu*a le diamètre du
5> Soleil avec celle qui efl entre lui &
35 nous , fût - il poli par un Ange , ne
•>-> peut faire que les rayons qu'il afîemble,
•x> échauffent plus en l'endroit où il ies
» affemble que ceux qui viennent direc-
33 tement du Soleil, ce qui le doit auffi
33 entendre des verres brûians à propor-
33 tion ; d'où vou> pouvez voir que ceux
33 qui ne font qu'à demi-favans en l'Op-
33 tique, fe laiflent perfuader beaucoup
33 de chofes qui font impofTibles , & que
33 ces miroirs, dont on a dit qu'Archimède
33 brûloit des navires de fort loin , dévoient
33 être extrêmement grands ou plutôt qu'ils
font fabuleux. 33
C'efl ici où je bornerai mes réflexions :
il notre illuftre Pbilofophe eût fu que
les grands foyers brûlent plus que les
petrts à égale in^enfité de lumière, il
auroit jugé bien différemment , & il
n
{îcs MinérûU>c , Partie Exp. 2 C 5'
fturoit mis une forte rellriâ:ion à cette
conclu fion.
Mais indépendamment de cette connoif-
fnnce qui lui manquoit , Ton raifonnement
n'eft point du tout exnd: ; car un miroir
ardent , dont le diamètre n'cfl: pas plus
grand qu'environ la centième partie qui
eO: entre lui &: le lieu où il doit rafTemblcr
ies rayons , n'efl plus un miroir ardent ,
puifque le dia iiètre de l'image eft environ
égal au diamètre du miroir dans ce cas,
& par coiiféquent ii ne peut raflembler
les rayons , comme le dit Defcartes , qui
fembie n'avoir pas vu qu'on doit réduire
ce cas à celui des miroirs plans. Mais de
plus , en n'employant que ce qu'il favoit,
& ce qu'il avoit prévu , il efl vifible que
s'il eût réfléchi fur l'effet de ce prétendu
miroir qu'il fuppofe poli par un nge ,
& qui ne doit pas rafîembler , mais l'eu-
iement réfléchir la lumière avec autant de
force qu'elle en a en venant direétemcnt
du Soleil ; il auroit vu qu'il étoit pofîlble
de brûler à de grandes diflances avec un
miroir de médiocre grandeur , s'il eût pu
lui donner la figure convenable , car i!
ri auroit trouvé que dans cette hypothèfe^
2.0 6 Introduâion à VHifloire
un miroir de cinq pieds aiiroit brîilé \\
plus de deux cents pieds , parce qu'il ne i
faut pas fix fois ia chaleur du Soleil pour i
brûler à cette diftance ; & de même qu'un
miroir de fept pieds auroit brûlé à près
de 400 pieds, ce qui ne fiit pas des
miroirs afîez grands pour qu'on puifle
les traiter de fabuleux.
II me refle à obferver que Defcartes
ignoroit combien il falioit de fois la lumière
du Soleil pour brûler, qu'il ne dit pas
un mot des miroirs pians , qu'il étoit fort
éloigné de foupçonner la mécanique par
laquelle on pouvoit les difpofer pour brûler
au loin , & que par conféquent il a pro-
noncé (ans avoir alTez de connoiflance
fur cette matière & même fans avoir fait
aiTez de réflexions fur ce qu'il en lavoit.
Au refie Je ne fuis pas le premier qui
ait fiit quelques reproches à Defcartes fur
ce fujet , quoique j'en aie acquis le droit
plus qu'un autre , car pour ne pas fortir
du {û\\ de cette Compagnie (n) , je
trouve que M. du Fay en a prefque dit
(a) L'Académie Koyale des Sciences,
' desMnehuLX^V-àvûeExp. 207
autant que moi. Voici Tes paroles : // ne
s'ûgitpas, dit-il ,/ un tel miroir qui brûler oit
a 6 0 0 pieds ejl pojjïble ou non, mais fi ,
phyfiquemenî parlant , cela peut arriver. Celte
opinion a été extrêmement contredite, & yV
I dois mettre Defcartes à la tête de ceux qui
! l'ont combattue. Mais quoique M. du Fay
reo-ardàt la chofe comme impoflible à
exécuter , il n a pas laifle de ieniir que
Defcartes avoit eu tort d'en nier la pol-
fibilité dans la théorie. J'avouerai volon-
tiers que Defcartes a entrevu ce qui arrive
aux images réfléchies ou réfradées à
différentes diftances , «Se qu'à cet égard fa
théorie eil peut-être aufll bonne que celle
de M. du Fay, que ce dernier n'a pas
développée : mais les induclions qu'il en
tire font trop générales & trop vagues ,
& les dernières conféquences font faufles ;
car fi Defcartes eût bien compris toute
cette maiière , au lieu de traiter le miroir
d'Archimède de chofe impoffible &: fabu-
leufe , voici ce qu'il auroit dû conclure
de fi' propre théorie. Puifquun miroir
ardent, dont le diamètre n'eft pas plus
grand que la centième partie de la difiance
■ qui eft entre le lieu où il doit raflembier
j2ô8 IntroJuâlon à VHïjloire
les rayons du Soleil, fût -il poli par un^
Ange, ne peut faire que îes rayons qu'if
afîemble échauffent plus en l'endroit où
il les affembie que ceux qui viennent'
diredement du Soleil ; ce miroir ardent
doit être confidéré comme un miroir plan
Earfaitement poli , & par confcquent pour
rûler à une grande diflance, il faut autant
de ces miroirs plans qu'il faut de fois la
lumière directe du Soleil pour brûler; en
forte que les miroirs dont on dit qu'Archi- |
mède s'efl fervi pour brûler des vaiiïeaux j
de loin , dévoient être compofés de mi-
roirs plans, dont il filloit au moins un
nombre cgal au nombre de fois qu'il faut
la lumière direde du Soleil pour brûler;
cette conclu fion qui eût été la vraie , félon
fes principes , eft, comme Ton voit, fort
différente de celle qu'il a donnée.
On efl: maintenant en état de juger (i
je n'ai pas traité le célèbre Defcartes avec
tous les égards que mérite fon grand
nom , lorfque j'ai dit dans mon Mémoire:
Defcartes né pour juger & même pour Jur^
vajjer Archîmède, a prononcé contre lui d'un
ton de mmtre : il a nié la pojfibilîté de
l'invention, à* fon opinion a prévalu fur
I ' des Minéraux, Partie Exp. 2^^
"ri" témoignages & la croyance de toute
\ 'antiquité.
Ce que je viens d'expofer fuffit pour
juftifier ces termes que fon m'a reprochés,
'% peut-être même font-ils trop forts , car
Archimède étoit un très-grand génie, &
'orfque j'ai dit que Delcaries étoit né
Dour le juger, & même pour le furpaffer,
'ai fenii c|u'il pouvoir bien y avoir un
peu de compliment national dans mon
îxprefTion.
J'aurois encore beaucoup de chofes à
dire fur cette matière, mais comme ceci
i^ déjà bien long , quoique j'aie fait tous
imes efforts pour être court , je me bor-
jiierai pour le fond du fujet :\ ce que je
iviens d'expofer, mais je ne puis me dii-
^enfer de parler encore un moment au
fujet de l'hiflorique de îa chofe , afin de
jfatisfiiire par ce feul Mémoire à toutes les
'objections & difficultés qu'on m'a fi iites.
Je ne prétends pas prononcer affirma-
tivement qu'Archimède le foit fervi de
Ipareils miroirs au fiége de Syracufe, ni
même que ce foit iui qui les ait inventés ,
& je ne les ai appelés les miroirs d'Ar-
chimcdcj que parce quiis étaient connus
'.'.ri
'2. ï o Introdiiâïon à IHifloire
fous ce nom depuis plufieurs fiècles ; ît
Auteurs contemporains & ceux des temnl
qui fuivent celui d'Archimède, «Si qi
font parvenus jufqu'à nous , ne font pj
mention de ces miroirs. Tite-Live, à cÀ
îe merveilleux fait tant de plaifir à racontei*
n'en parle pas; Poiybe, à lexaclitudt
de qui les grandes inventions n'auroiera
pas échappé , puifqu'il entre dans le détîiil
des plus petites, & qu'il décrit très-foi-
gneufement les plus légères circonflances
du fiége de Syracufe, garde un fiience
profond au fujet de ces miroirs. Piutarque ,
ce judicieux «Se grave Auteur, qui a raf-
femblé un fi grand nombre de faits parti-
culiers de la vie d'Archimède, parle auffi
peu des miroirs que les deux précédens.
'E.w voilà plus qu'il n'en faut pour fe
croire fondé à douter de la vérité de cette
hiftoire ; cependant ce ne font ici que
é^s témoignages négaufs , & quoiqu'ils
ne foient pas indifférens, ils ne peuvent
jamais donner une probabilité équivalente
à celle d'un feu! témoignage pofitif.
Galien qui vivoit dans le fécond fiècle,
efl le premier qui en ait parlé , & après
avoir raconté l'hiftoire d'un homme qui
des Minéraux, Partie Exp. 2 i i
«nfîamma de ioiii un monceau de bois
éfineux , mêlé avec de la fiente de pigeon,
1 dit, que c'eft de cette façon qu Archi-
niède brûla les vaifTeaux des Romains;
mais comme il ne décrit pas ce moyen
de brûler de loin , & que Ton expreflion
peut fignifier aufii - bien un feu qu'on
auroit hncé à la main , ou par quelque
machine , qu'une lumière réfléchie par un
miroir, fon témoignage n'eft pas afiez
clair pour qu'on puiffe en rien conclure
d'afftrmatif-/ cependant on doit préfumer,
& même avec une grande probabilité ,
^qu'il ne rapporte l'hifloire de cet homme
qui brûla au loin, que parce qu'il le fit
d'une manière finguiière, & que s'il n'eût
brûlé qu'en lançant le feu à la main ,^ ou
en le jetant par le moyen d'une machine,
il n'y auroit eu rien d'extraordinaire dans
cette fiçon d'enflammer; rien par confé-
quent qui {i\i digne de remarque , & qui
méritât d'être rapporté & comparé à ce
qu'avoit fait Archimède , & dès-lors Galien
n'en eût pas fait mention.
On a aufli des témoignages femblables
de deux ou trois autres Auteurs du iil.
fiècle, qui difent feulement qu'Archimède
1 1 2 Inîroduâion à VHïjloire
Drûla de loin les vaifleaux des Romains,
fans expliquer les moyens dont il Te fervitj
mais les témoignages des Auteurs du xiiJ
fiècle ne font point équivoques, &: fur]
tout ceux de Zonaras & de Tzetzès qi
j'ai cités , c'eft-à-dire , ils nous font voî
clairement que cette invention étoit connu
des Anciens , car la defcription qu'en faï
ce dernier Auteur, fuppofe nécefFairemen
ou qu'il eût trouvé lui - même le moyei
de conflruire ces miroirs , ou qu'il l'eij
appris & cité d'après quelque Auteur cp,
en avoit fait une très-exaâe defcription
& que l'inventeur, quel qu'il fût, entendo:
à fond la théorie de ces miroirs , ce qi
réfulte de ce que dit Tzetzès de la frgui;
de 24 angles ou 24 côtés qu'avoient k
petits miroirs , ce qui efl: en effet la figur
îa plus avantageufe : ainfi on ne peut p;
douter que ces miroirs n'aient été inventt
& exécutés autrefois , & le témoignag
de Zonaras au fujet de Proclus n'efl pc
fufped , Proclus s'en fervit, dit-il, au fiég
de Coiiftanîmople , l'an J i4> Ù' d i^rûi
la fotte de Vitalien. Et même ce qu
Zonaras ajoute me paroît une efpèce d
preuve, qu'Archimède étoit le premie
(ics A4ïfiéraux, Partie Ex p. 2 1 3
iventeur de ces miroirs , car il dit
récileinent que cette découverte étoit
icienne , & que l'hiftorien Dion en attri-
ue l'honneur à Archimède qui la fit &
en fervit contre les Romains au fiége
e Syracufe; les Livres de Dion, où il
ft parlé du fiége de Syracufe, ne font
as parvenus jufqu'à nous , mais if y a
rande iipparence qu'ils exiAoient encore
u teiFips de Zonaras, & que fans cela il
e les eût pas cités comme il l'a fait,
jnfi toutes les probabilités de part &
'autre étant évaluées , ii refte une forte
réfomption qu'Archimède avoit en efïèt
. iiventé ces miroirs , & qu'il s'en étoit
!:rvi contre les Romains. Feu M. Melot,
ue j'ai cité dans mon Mémoire , & qui
^'oit fait des recherches paruculières &
es - exa<.1:es fur ce fujet , étoit de ce
i, intiment, & il penfoit qu'Archimède
voit en efîet brûlé les vaiflcaux à mie di(^
, mce médiocre , & comme le dit Tzetzès,
la portée du trait ; j'ai évalué la portée
u trait à 150 pieds , d'après ce que
l'en ont dit des Savans très-verfés dans
i connoiiïance des ufages anciens , ils
l'ont afîuré que toutes les fois qu'il eft
2. 1 4 InîroJuâïon h l'H'iflotre
queRion , dans les Auteurs , de la porté
du trait , on doit entendre la diftance
laquelle un homme iançoit à la main u;
trait ou un javelot, & fi cela eft, j
crois avoir donné à cette diftance tout
l'étendue qu'elle peut comporter.
J'ajouterai qu'il n'eft queftion dan
aucun Auteur ancien , d'une plus grand
diftance, comme de trois flades , & j';
déjà dit que l'Auteur qu'on m'avoit cité
Diodore de Sicile, n'en parle pas, no
plus que du fiége de Syracufe , &. qu
ce qui nous reite de cet Auteur, fin
à la guerre dlpfus & d'Antigonus
environ foixante ans avant le fiége d,
Syracufe; ainfi on ne peut pas excuft •
Defcartes, en fuppofant qu'il a cru c{\\
la diftance à laquelle on a prétendu qu'Ai
chimède avoir brûlé , étoit très - grande
comme, par exemple, de trois ftades
puifque cela n'eft dit dans aucun Autei
ancien, & qu'au contraire il eft dit dai
Tzetzès, que cette diftance n'étoit qi
de la portée du trait; mais je fuis cor
vaincu que c'eft cette même diftance qi
Defcartes a regardée comme fort grand<
& qu'il étoit perfuadé c|u'il n'étoit p;^
r
des Minéraux, Partie Exp. 215
DfTible de faire à^ç^s miroirs pour brûler
I 5 G pieds , qu'enfin c'efl pour cette
lifon qu'il a traité ceux d'Archimède de
ibuleux.
Au refle, les effets du miroir que j'ai
^nftruit ne doivent être regardés que
3mme des effais fur lefquels à la vérité,
1 peut (tatuer toutes proportions gar-
ées, mais qu'on ne doit pas confidérer
Dmme ies plus grands effets poffibles,
ir je fuis convaincu que fi on vouloit
ire un miroir fembiable , avec toutes les
tentions néceffaires, il produiroit plus
X double de l'effet; la première atten-
3n feroit de prendre des glaces de figure
sxagone ou même de 24 côtés, au lieu
■t les prendre barlongues , comme celles
lie j'ai employées , & cela afin d'avoir
?s figures qui puffent s'ajufter enfemble
,ns laifler de grands intervalles, & qui
oprochaffent en même temps de la figure
irculaire ; la féconde , feroit de faire polir
£s glaces jufqu'au dernier degré par un
.unetier, au lieu de les employer telles^
u'eiies fortent de la manufadure, où le
oliment fe faifant par une portion de
jCfcIe, les glaces font toujours un peu
% 1 6 Inîrodudion à rHijlohe
concaves & irrégulières ; la troifième
attention feroit de choifir parmi un grand
nombre de glaces , celles qui donneroiem
à une grande diftance une image plus
viv€ & mieux terminée , ce qui ell extrê-
mement important, & au point cju'il y
a dans mon miroir des glaces qui font
feules trois fois plus d'effet que d'autres
à une grande diftance, quoiqu'à une
petite diftance, comme de 20 ou 2 j
pieds, l'eftet en paroiflè abfolument le
même. Quatrièmement, il faudroit de^
glaces d'un demi - pied tout au plus d(
furface pour brûler à i 50 ou 200 pieds
& d'un pied de furface pour brûler à 3
ou 400 pieds. Cinquièmement, il faudroi
les faire étamer avec plus de foin qu'or
né le fait ordinairement; j'ai remarqm
qu'en général les glaces fraîchement éta- j
mées , réfléchiffent plus de lumière quJ
celles qui le font anciennement ; l'étamagÉ^
en fe féchant , fe gerfe , fe divife & laifli
de petits intervalles qu'on aperçoit en ]
regardant de près avec une loupe , & ce
petits intervalles donnant paiïàge à l
lumière, la glace en réfléchit d'autan
moins. On pourroit trouver le moyen d
fair
/
aes Minéraux, Partie Exp. 2 i
ifàire un meilleur étamage , & je crois
qu'on y parviendroit en employant de;
l'or &,du vif- argent, la lumière feroit
peut-être nn peu jaune par la réfîexioii
de cet étamage ; mais bien loin que ceh
lit un défavantage , j'imagine au contraire
qu'il y auroit à gagner , parce que les
rayons jaunes font ceux qui ébranlent le
plus fortement la rciine & qui brûlent le
plus violemment , comme je crois m'en
t'tre afîuré, en réuniHant, au moyen d'un
verre lenticulaire, une quantité de rayons
jaunes qui m'étoient fournis par un grand
piilme, & en comparant leur adion avec
une égale quantité de rayons de toute autre
couleur, réunis par le même verre lenticu-
'aire, & fournis par le même prifme.
Sixièmement, il faudroit un chafîis de
fer & àç.s vis de cuivre, &: un ref/ort
ipour allujettir chacune des petites planches
•qui portent les glaces , tout cela conforme
à un modèle que j'ai fait exécuter par le
fieur Chopitel, afin que la fécherefîè &
l'humidité qui agiffent fur le chaffis &
les vis en bois ne caulaffent pas d'incon-
vénient, & que le foyer, loriqu'il ed une
fois formé, ne fût pas fujet à s'élargir,
Tome VII. K
2 I 8 Introdiiâîon à VHïjloire
& à fe déranger lorfqu'oii fait, rouler îct
miroir fur Ton pivot, ou qu'on le fait
tourner autour de fon axe pour fu ivre le
Soleil : il faudroit aufli y ajouter une alidade «
avec deux pinnuies au milieu de la partie
inférieure du chalîis , afin de s'alTurer delà
pofition du miroir par rapport au Soleil, &
luie autre alidade femblable, mais dans un
plan vertical au plan de la première pour
fuivre le Soleil à fes différentes hauteurs.
Au moyen de toutes ces attentions , je
crois pouvoir affurer , par l'expérience i
que j'ai acquife en me fervant de mon
miroir , qu'on pourroit en réduire la gran-
deur à moitié , ^i qu'au lieu d'un miroir
de fept pieds avec lequel j'ai brûlé du
bois à I 50 pieds, on produiroit le même
effet avec un miroir de cinq pieds ^ , ce ||
qui n'efl: , comme l'on voit , qu'une très-
médiocre grandeur pour un très -grand
effet ; & de même , je crois pouvoir
affurer qu'il ne faudroit alors qu'un miroir
de quatre pieds 7 pour brûler à 100
pieds, & qu'un miroir de trois pieds -j-
brûleroit à 60 pieds , ce qui eft une
diftance bien confidérabie en comparaifon
du diamètre du miroir.
clés JWneran\\ Partie Exp. 21^
Avec un afleiiiblage de petits miroirs
plans hexagones Se d'acier poli , qui au-
roient plus de folidité, plus de durée que
les glaces étamées , ôl qui ne leroient
point fujets aux altérations que la lumière
du Soleil fait lubir à la longue à l'éta-
mage , on pourroit produire des effets
très-uiiles , & qui dédommageroient am-
plement des dépenies de la conftrucftion
du miroir.
I .** Pour toutes les évaporations des eaux
falées , où l'on efl: obligé de confommer
du bois & du charbon, ou d'employer
l'art des bâtimens de graduation qui
coûtent beaucoup plus que la con(tru(fcioa
de plulieurs miroirs tels que je les propofe.
II ne faudroit pour Tévaporation des eaux
falées , qu'un affemblage de douze miroirs
plans d'un pied quarré chacun; la chaleur
qu'ils réfléchiront à leur foyer, quoique
dirigée au-deflous de leur niveau, & à
15 ou 16 pieds de diftance , fera encore
afîez grande pour faire bouillir l'eau , &
produire par conféquent une prompte
cvaporation , car la chaleur de l'eau bouil-
lante n'efl: que triple de la chaleur du
Soleil d'été ; Ôl comme la réflexion d'une
210 IntroJuâlon à VHïjlolre
furface plane bien polie ne diminue îa
chaleur que de moitié, il ne faudroit que
fix miroirs pour produire au foyer une
chaleur ^gale à celle de l'eau bouillante ,
mais j'en double le nombre afin que h
chaieur fe communique plus vite, & aulîi
à caufe de ia perte occafionnée par
Tobliquité , fous laquelle le flûfceau de la
lumière tombe fur la furface de l'eau,
qu'on veut faire évaporer , & encore
parce que l'eau falée s'échauffe plus
lentement que l'eau douce. Ce miroir,
dont l'affemblage ne formeroit qu'un
quarré de quatre pieds de largeur fur
trois de hauteur, feroit aifé à manier &
à tranfporter ; & fi l'on vouloit en doubler
ou tripler les effets dans le même temps,
il vaudroit mieux faire piufieurs miroirs
fembiables , c'eft - à - dire , doubler ou-
tripler le nombre de ces mêmes miroirs de^
quatre pieds fur trois que d'en augmenter^ ^
retendue ; car l'eau ne peut recevoir qu'un
certain deoré de chaleur déterminée, &;
l'on ne gagneroit prefque rien à aug-
menter ce degré & par conféquent la
grandeur du miroir; au lieu qu'en faifint
deux foyers par deux miroirs égaux , oii
Aes Mïnérmix , Partie Exp. 2 2 ï
doublera l'eifet de l'évaporation , & on le
triplera par trois miroirs dont les foyers
lomberoni féparcment les uns des autres
fur la furface de l'eau qu'on veut faire
évaporer. Au refte , i'on ne peut éviter
ia perte caufe'e par l'obliquité , &: ïi l'on
veut y remédier, ce ne peut être que
par une autre perte encore plus grande ,
en recevant d'abord les rayons du Soleil
fur une grande glace qui les réfîéchiroic
fur le miroir brife , car alors il brûleroft
en bas au lieu de brûler en haut, mais
ii perdroit moitié de la clialeur par la
première réflexion , & moitié du refre
par la féconde , en forte qu'au lieu de f x
petits miroirs, il en fiudroit douze pour
obtenir une chaleur ég^ale à celle de l'eau
bouillante.
Pour c[ue l'évaporation fe fiii'e avec
plus de fuccès , il fltudra diminuer l'épaif-
feur de l'eau autant qu'il fera polîible.
Une mafie d'eau d'un pied d'épaiffeur
ne s'évaporera pas aufli vite, à beaucoup
près, que la même maffe réduite à fix:
pouces d'épaiffeur & augmentée du double
en fuperficie. D'ailleurs le fond étant plus
près de la furface , il s'échauffe plus
X iij
22 2 IntroJuâïon ci VHîjloire
promptement, & cette chaleur que reçoit
îe fond du vaifTeau contribue encore à la
céiérité de l'evaporation.
2.'' On pourra fe fervir avec avantage
de ces miroirs pour calciner les plâtres &
même les pierres calcaires , mais il les
faudroit plus grands , &. placer les matières
en haut afin de ne rien perdre par l'obli-
quité de la lumière. On a vu par les
expériences détaillées dans le fécond de
ces Mémoires , c[ue le gyps s'échauiîc plus
d'une fois plus vite que la pierre calcaire
tendre, tk. près de deux fois plus vite
que le marbre ou la pierre calcaire dure,
leur ■ calcination refpedlive doit être en
même raifon. J'ai trouvé par une expé-
rience répétée trois fois, qu'il faut un peu
plus de chaleur pour calciner le gyp$
blanc qu'on appelle albâtre^ que pour
fondre le plomb. Or la chaleur néceffiiirc
pour fondre le plomb, eft fuivant les
expériences de Newton, huit fois plus
grande que la chaleur du Soleil d'été ,
il fiudroit donc au moins leize petits «
miroirs pour calciner le gyps, &: à caufè
des pertes occafionnées , tant par l'obli-
quité de la lumière que par l'irrégularité
'desMinérmix , Partie Exp. 223
du foyer, qu'on n'éloignera pas au-delà
de quinze pieds, je préiume qu'il faudroit
\ingt & peut-être vingt- quatre niiroirs
d'un pied quarré chacun, pour caiciner
le gyps en peu de temps : par conféquent
il faudroit un afleinblage de quarante- huit
de ces petits miroirs j^our opérer ia calci-
nation fur la pierre calcaire la plus tendre,
& foixanie-douze des mêmes miroirs d'un
pied en quarré pour calciner les pierres
calcaires dures. Or un miroir de douze
pieds de largeur fur fix pieds de hauteur ,
ne laifTe pas d'être une groile machine
embarraiïante &: difficile à mouvoir, à
monter & à maintenir. Cependant on
viendroit à bout de ces difficultés, fi le
produit de ia calcination étoit affez confi-
dérablepour équivaloir & même furpaffer
la dépenfe de la confommation du bois ;
il faudroit potir s'en afTurer , commencer
par calciner le plâtre avec un miroir de
vingt-quatre pièces, & fi cela réufîjfîoit,
faire deux autres miroirs pareils , au lieu
à\w faire un grand de foixante - douze
pièces; car en faifant coïncider les foyers
de ces trois miroirs de vingt - quatre
pièces, on produira une chaleur égale, 6c
K iiij
'^2 4 Inîrodudion à VHïfloire
qui feroit aiïez forte pour calciner le
marbre ou la pierre dure.
Mais une chofe très - efTentielIe refle
douteufe , c'eft: de favoir combien il fau-
droit de temps pour calciner, par exemple ,
un pied cube de inaiière , fur- tout fi ce
pied cube n'étoit frappé de chaleur que
par une face ! je vois qu'il fe pafTeroit du
temps avant que la chaleur n'eût pénétré
toute fon épaifleur, je vois que pendant
tout ce temps , il s'en perdroit une affez
grande partie qui fortiroit de ce bloc de
matière après y être entrée : je crains donc
beaucoup que la pierre n'étant pas faifie
par la chaleur de tous les côtés à la fois,
îa caicination ne fût très-lente, & le pro-
duit en chaux très -petit. L'expérience
feule peut ici décider ; mais il faudroit au
moins la tenter fur les matières gypfeufes
dont la caicination doit être une fois plus
prompte que celle des pierres calcaires (f)*
, (f) W vient de paroître un petit Ou\ rage rempli
de grandes vues, de M. l'Abbé Scipion Bexoii , qui
a pour titre : Syflcme de la feriilifntîon, V\ propofe
mes miroirs comme un moyen facile pour réduire
en chaux toutes les maticres; mais il leur attribue
J^j Minérûux, Partie Exp» 225
j En concentrant cette chaleur du Soleil
dans un four qui n'auroit d'autre ouver-
ture que celle cjui laiiTeroit entrer la
lumière, on empêcheroit en grande partie
la chaleur de s'évaporer , & en mêlant
avec les pierres calcaires une petite quantité
de brafque ou poudre de charbon c[ui
de toutes les matières comhuilîbles <iïX la
moins chère ; cette légère quantité d'ali-
mens fuffiroit pour nourrir & augmenter
de beaucoup la quantité de chaleur, ce
qui produiroit une plus ample ôi plus
prompte calcination , & à très - peu de
frais , comme on l'a vu par la lèconde
expérience du quatrième Alémoire.
3.° Ces miroirs d'Archimède peuvent
fervir en effet à mettre le feu dans des
voiles de vaiffeaux , & même dans le
bois goudronné à plus de i 5 o pieds de
diflance ; on pourroit s'en fervir aufîi
contre fes ennemis en brûlant les blés
& les autres produélrons de la terre ;
L cet effet qui feroit affez prompt, i'eroit
I », — " "-
■ plus de puifiance qu'ils n'en ont réellement , &
ce n'eu qu'en ies multipliant qu'on poutToit obtenir
i hs grands etièts qu'il s'en , proinet.
k V .
2i6 IntroJuâion à VHiflôîre
très-domniageable, mais ne nous occupons
pas des moyens de faire du mal , & ne
penfons qu'à ceux qui peuvent procurer
quelque bien à l'humanité.
4.'' Ces miroirs fournilTent le feul &
unique moyen qu'il y ait de mefurer
exadement la chaleur, il eft évident que
deux miroirs dont les images lumineufes
le réunifient , produifent une chaleur
double dans tous les points de la furface
qu'elles occupent ; que trois , quatre ,
cinq, &c. miroirs donneront de même
une chaleur triple, quadruple, c[uintuple,
&c. & que par conféquent on peut par ;|
ce moyen faire un thermomètre dont les
divifîons ne feront point arbitraires, &
les échelles différentes, comme le font
celles de tous les thermomètres dont on
s^q{\ fervi jufqu'à ce jour. La feule chofe
arbitraire qui entreroit dans la conftrudion
de ce thermomètre, feroit la fuppofition
du nombre total des parties du mercure
en pariant du degré du froid abfolu ;
mais en le prenant à loooo au-deffous
de iâ congélation de l'eau, au lieu de
1000, comme dans nos thermomètres
ordinaires , on approcheroit beaucoup de
' des Minéraux, Partie Exp* ±iy
îa réalité, fur-toui en choifi fiant les jours
^de l'hiver les plus froids pour graduer le
thermomètre; chaque image du Soleil
lui donneroit un degré de chaleur au-deflus
de la température que nous ruppofcrons
à celui de la glace. Le point auquel
s'éleveroit le mercure par la chaleur de
la première image du Soleil, feroit mar-
I que I . Le point où il s'éleveroit par la
chaleur de deux image égnies & réunies,
fera marqué 2. Celui où trois images le
feront monter , fera luarqué 3 , &: ainfi
de fuite jufqu'à la plus grande hauteur
qu'on pourroit étendre julqu'au degré 3 6.
On auroit à ce degré une augmentation
de chaleur trente- fix fois plus grande que
celle du premier degré ; dix-huit fois plus
grande que celle du fécond; douze fois
plus grande que celle du troifième ; neuf
fois plus grande que celle du quatrième,
&c. cette augmentation 36 de chaleur
au-deiïus de celle de la glace feroit afTez
grande pour fondre le plomb , & il y a
toute apparence que le mercure qui fe
volatiliie à une bien moindre chaleur,
feroit par fa vapeur cafler le thermomètre.
On ne pourra donc étendre la divifioa
K vj
22 8 Inîroduâ'iQti h rHjlohe
que yufqu'à 12, & peut-être même \
^ degrés fi l'on le fert du mercure pour
ces thermomètres; & l'on n'aura par ce
moyen que les degrés d'une augmentation
de chaleur jufqu'à o. C'eft une des raifons
qui avoit déterminé Newton à le fervir
d'huile de lin au lieu de mercure , & en
effet on pourra, en le iervant de cette
iiqueur, étendre la divifion non- feulement
à I 2 degrés , mais julqu'au point de cette
huile bouillante. Je ne propole pas de
remplir ces thermomètres avec de relprit-
de-vin coloré; il efl univerleilement
reconnu que cette liqueur fe décompose
au bout d'un aflez petit temps (g), &
eue d'ailleurs elle ne peut (ervir aux expé-
riences d'une chaleur un peu forte.
Lorfqli'on aura marqué fur l'échelle de
ces thermomètres remplis d'huile ou de
mercure , les premières diviiions i , 2
3,4, &c. qui indiqueront le double ,
(£^) Piufîeurs Voyageurs m'ont écrit que fes
Therjnomctres à refprit-de-vin de Reaumur , leur
croient devenus tout-à-fait iniuilcs , parce que cette
liqueur fe décoiore &' fe charge d'une efnèce de
boue en alftz peu de temps.
tïes Minéraux , Partie Exp. 2 2p
îe triple, le qua Iruple , &c. des augmen-
ta ions de la chaleur, il faudra chercher
fies parties aiiquotes de chaque divifion,
par exemple, les points de i ;^, 2 ;^, 3 l,
à.Q, ou de I ^, 2 ^, 3 i, &c. & de
if» ^1? 3 I» *^<^- ce que l'on obtiendra
par, un moyen facile, qui fera de couvrir
la moiiié , ou le quart , ou les trois quarts
de la luperficie d'un des petits miroirs ,
car alors l'imnge qu'il réfléchira , ne
contiendra que le quart, la moitié ou les
trois quarts de la chaleur que contient
l'image entière; & par conféquent les
divifions des parties aiiquotes feront auffi
exactes que celles des nombres entiers.
S\ l'on réufllt une fois à faire ce ther-
momètre réel , & que j'appelle ainfi , parce
qu'il marqueroit réellement la proportion
de la chaleur, tous les autres thermo-
mètres , dont les échelles ibnt arbitraires
&: différentes entr'elies , deviendroient
non - feulement fuperfîus , mais même
nuifibles , dans bien des cas , à la précifion
des vérités phyfiques qu'on cherche par
îeur moyen. On peut ie rappeler l'exeinple
que j'en ai donné , en parlant de i'efii-
mation de ia chaleur qui émane du globe
2^0 Infroduâïon a l'HïJîoire
de la Terre, comparée à ia chaleur qui
nous vient du Soleil.
5. Au moyen de ces miroirs brife's ,
on pourra aifément recueillir dans leur
entière pureté , ies parties volatiles de l'or
& de l'argent, & des autres métaux <&
minéraux ; car en expofant au large foyer
de ces miroirs une grande plaque de
métal , comme une alTiette ou un plat
d argent, on en verra fortir une fumée
très -abondante pendant un temps confi-
dérable, jufqu'au moment où le métal
tombe en fufion , & en ne donnant qu'une
chaleur un peu moindre que celle qu'exio-g
îa fufion, on fera évaporer le métal aif
point d'en diminuer le poids aflez confi-
dérablement. Je me fuis affuré de ce
premier fait, qui peut fournir des lumières
fur la compofuion intime des métaux:
j'aurois hi^n defiré recueillir cette vapeur
abondante que le feu pur du Soleil fait
fortir du métal ; mais je n'avois pas les
inflrumens néceflaires, & je ne puis que
recommander aux Chimiftes & aux Phy-
iiciens, de fuivre cette expérience impor-
tante, dont les réfultats feroient d'autant
moins équivoques que la vapeur métallique
'des MïnérdUK, Partie Exp. 2~3 t
^ft ici très-pure; au lieu que dans toute
opération feinblable qu'on voudroit fliire
nec le feu commun, la vapeur métal-
lique feroit nécefTairement mêle'e d'autres
\ apeurs provenant des matières combuf-
tibles qui fervent d'aliment à ce feu.
D'ailleurs ce moyen eft peut-être îe
feul que nous ayons pour volatilifer les
métaux fixes, tels que l'or & l'argent;
car je préfume que cette vapeur que j'ai
vu s'élever en fi grande quantité de ces
îiiétaux échauffés au large foyer de mon
îniroir , n'eft pas de l'eau ni quelqu'autre
liqueur , mais des parties mêmes du métal
que la chaleur en détache en les volati-
lifant. On pourroit en recevant ainfi les
vapeurs pures des différens métaux le$
mêler enlémble , & faire par ce moyen
ïdes alliages plus intimes & plus purs
qu'on ne Ta fait par la fufion & par la
mixtion de ces mêmes métaux fondus ,
qui ne fe marient jamais parfaitement à
caufe de l'inégalité de leur pefanteur
fpécifique , & de plufieurs autres circonf-
'.vinces qui s'oppofent à l'intimité & à
l'égalité parfaite du mélange. Comme
les parties conftituantes de ces vapeurs
it 3 ^ Introduâion h l'HiJIoire
métalliques font dans un ctat de divifioii
bien plus grande que dans l'état de fufion,
elles ie joîndroient & fe réuniroient de
hm\ plus près & plus facilement. Enfiir
on arriveroit peut-être par ce moyen à la
connoiOance d'un fliit général, & que
plufieurs bonnes raifons me font foup-
çonner depuis long-temps, c'ed qu'il y
auroit pénéîraiion dans tous les alliages
faits de cette manière, & que leur pefanteur
fpécifique leroit toujours plus grande que I
îa fomme d^s pefanteurs fpécinques des
jnaticres dont ils feroient compoles; car
la pénétration n'efl qu'un degré pius
grand d'intimité , & l'intimité° toutes
choies égales d'aiiieurs, fera d'autant plus
grande que les matières feront dans un
état de divifion j)lus parfaite.
En réfîéchiiïlint fur l'appareil des
vaifTeaux qu'il fiudroit employer pour
recevoir & recueillir ces vapeurs métal-
iiques, il m'efl venu une idée qui me
paroîî trop utile pour ne ia pas publier;
elle eft au(fi trop ailée à réalifer, }x>ur
q^e îes bons Chimilles ne ia laifjffent pas.
Je l'ai même communiquée à quelques-uns
d'entr'eux tjui m'en ont paru très-fatisfaits.
Jes Minéraux, Partie Exp. 233
.Cette idée eft de geler le mercure dans
jce climat- ci &. avec un degré de froid
beaucoup moindre que celui des expé-
riences de Péterfbourg ou de Sibérie : il
ne fliut p.our cela que recevoir la vapeur
du mercure , qui efl le mercure même
volaiilifé par une très- médiocre chaleur
'dafis une cùcurbite , ou dans un vafe
aucjuel on donnera un certain degré de
fi-oid anificiei; ce mercure en vapeur,
c'efl-à-dire, extrêmement divifé, ofirira à
l'action de ce froid des furfaces fi grandes
& des maffes fi petites, qu'au lieu de
; I 87 dr^grés de froid qu'il faut pour geler
le mercure en malîe , il n'en faudroit
peut-être que i 8 ou 20 degrés , peut-
lêire même moins pour le geler en vapeurs.
Je recommande cette expérience impor-
I tante à tous ceux qui travaillent de bonne
foi à l'avancement des Sciences.
Je pourrois ajouter à ces ufages prin-
cipaux du miroir d'Archimède, plufieurs
autres uiages particuliers; mais j'ai crti
devoir me borner à ceux qui m'ont paru
ics plus utiles &: les moins difficiles à
réduire en pratique. Néanmoins je crois
devoir joindre ici quelques expériences
2. ^4' InîroàiŒon a VHijîoire
que j'ai faites fur la trnnfmifîlon de fe
lumière à travers les corps tranfpareiis, &
donner en même temps quelques idées
nouvelles fur les moyens d'apercevoir de
Join les objets à l'œil fimple, ou par fc
moyen d'uij miroir fenibluble à celui don—
les Anciens ont parlé, par l'effet duquel
on apercevoit du port d'Alexandrie les
vaifTeaux d'aufîi loin que la courbure de
ïa Terre pouvoit le permettre.
Tous les Phyliciens favent aujourd'hui
qu'il y a trois cauiès qui empêchent M
iumière de fe réunir dans un point lorfquel
ït% rayons ont traverfé le verre objeâtf^'
d'une lunette ordinaire. La première eft
la courbure fphérique de ce verre qui
répand une partie des rayons dans un
efpace terminé par une courbe. La
féconde, eft l'angle fous lequel nous
paroît à l'œil fimple l'objet que . nous
obfervons ; car ïa largeur du foyer de l'ob-
jedif a toujours à très -peu près pour
diamètre une ligne égale à la corde de
i'arc qui mefure cet ar;gle. La troifième,
eft la différente réfrangibilité de la lumière ;
car les rayons \ts plus réfrangibles ne fe
raffembient pas dans le même lieu où
^(îes Minéraux, Partie Exp. 235
fe raffemblent les rayons les moins réfran-
eibles.
0
On peut remédier à l'effet de la première
caufe, en fubllituant , comme Deicartes
l'a propofé , des verres elliptiques ou
hyperboliques aux verres fpheriques. On
remédie à l'effet de la fecoride par le
imoyen d'un fécond verre placé au foyer
de i'objedif, dont le diamètre eil à peu-
près égal à la largeur de ce foyer,
& dont la fur face elt travaillée fur une
fphère d'un rayon fort court. On a
trouvé de nos jours le moyen de remédier
à la troifième, en fiiiant des lunettes
qu'on appelle ach-omatiques , & qui font
icompofées de deux fortes de verres qui
Idiiperfent difieremment les rayons colorés,
ide manière que la difperfion de l'un eft
corrigée par la difperfion de l'autre, fans
que la réfradion générale moyenne, qui
conflitue la lunette, foit anéantie. Une
lunette de 3 pieds ^ de longueur faite fur
ice principe, équivaut pour l'effet aux an-
ciennes lunettes de 2 5 pieds de longueur.
Au refle, le remède à l'effet de la
première caufe, efl demeuré tout- à-fait
inutile jufc^u'à ce jour, parce que Tefîet
J2 3 6 IntroJuâ'îon à rHiflohe '
de la dernière étant beaucoup plus coa/ii-i
dérabîe, influe fi fort fur l'effet total qu'on
ne pouvoir rien gagner à fubfiituer des
verres hyperboliques ou elliptiques à des'
verres fphériques , & que cette fubftiiution!
ne pouvoit devenir avantagëufe que dansi
ïe cas où Von pourroit trouver le moyen
de corriger l'effet de la différente réfran-
gibilité des rayons de la lumière; il fetnble
donc qu'aujourd'hui l'on feroit bien de^
combiner les deux moyens, & de fubfti-
tuer dans les lunettes achromatiques des
verres elliptiques aux fphériques.
Pour rendre ceci plus fenfible, fuppo-
fons que l'objet qu'on obferve foit un
point lumineux fins étendue, telle qu'efl
une étoile fixe par rapport à nous ; il eft
certain qu'avec un obje^if, par exemple,
de 50 pieds de foyer, toutes les imao-es
de ce point lumineux , s'étendront ^en
fonne de couibe au foyer de ce verre
^'il efl^ travaillé fur une fphère , &l qu'au
contraire elfes fe réuniront en un point
fi.cc verre efl hyperbolique ; mais fi l'objet
qu'on obferve a une certaine étendue"
comme la Lune qui occupe environ urt
demi-degré d'efpace à nos yeux, alors.
^es Minéraux , Partie Exp. 237
image de cet objet occupera un efpace
•l'environ trois pouces de diamètre au
■ ibyer de i'objedif de 3 o pieds, & l'aber-
; iation caufée j.ar la fphéricité produifant
ine confufion dans un point lumineux
I juelconque , elle la produit de même fur
c eus I^s points lumineux du dilque de la
■Lune, ÔL par conféquent la défigure en
t initier. 11 y auroit donc dans tous les cas
\ beaucoup d'avantage à fe lervir de verres
:■ elliptiques ou hyperboliques pour de
>,ongues lunettes, puiiqu'on a trouvé ie
i 110 y en de corriger en grande partie ïe
[(iiiauvais effet produit par la différente
P'éfrangibiiité des rayons.
il, 11 luit de ce que nous venons de dire,
^Jque fi l'on veut faire une lunette de 30
ppieds pour obferver la Lune & la voir en
[entier, ie verre oculaire doit avoir au
1 jiioins 3 pouces de diamètre pour recueillir
j l'image entière que produit l'objedif à Ton
» foyer, & que fi on vouloit obferver cet
) aftre avec une lunette de 60 pieds,
l'oculaire doit avoir au moins fix pouces
de diamètre , parce que la corde de l'arc
qui mefure l'angle fous lequel nous paroît
[;i Lune , eft dans ce cas de trois pouces
238 IntroJuéîion à THifloïre
& de fix pouces à peu -près; auiïi les
Aftrononies ne font jamais ufage de lunettes
qui renferment le difque entier de la Lune,
parce qu'elles grofîiroient trop peu : mais
£1 on veut obferver Vénus avec une lunette
de 60 pieds , comme l'angle fous lequel
elle nous paroît n'eft que d'environ 60
fécondes, le verre oculaire pourra n'avoit
que 4 lignes de diamètre, & fi on fe fert
d'un objeclif de 120 pieds, un oculaire
de 8 lignes de diamètre fuffiroit pour
réunir l'image entière que l'objedif ferme
à ion foyer.
De - là on voit que quand même les
rayons de lumière feroient égalemeni
réfrangibies, on ne pourroit pas faire
d'aufli fortes lunettes pour voir la Lune
en en.ier que pour voir les autres planètes j
& que plus une planète eil petite à nos
yeux , &i plus nous pouvons augmentei
la longueur de la lunette avec laquelle
on peut la voir en enner. Dès -lors on
conçoit bien que dans cette même fuppo-
fition dti rayons également réfrangibies,
il doit y avoir une certaine longueur
déterminée plus avantngeufe qu'aucune
avitre pour telle ou telle plaxiète , & que
"des Minéraux, Partie Exp. 235
ctte longueur de la huiette dépend
lon-feaiement de l'angle fous lequel ia
Dlanète paroît à notre œil , mais encore
le la quantité de lumière dont elle eft
•clairée.
Dans les lunettes ordinaires, les rayons
le la lumière étant différemment réfran-
^ibles , tout ce qu'on pourroit faire dans
:ette vue pour \q>, perfedionner ne feroit
x)s fort avantageux, parce que fous
{uelqu'angle que paroilTe à notre œii
objet ou i'aftre que nous voulons obfer-
irer, & quelque intenfité de lumière qu'il
puifTe avoir, les rayons ne fe raffem-
ibleront jamais dans le même endroit;
plus la lunette fera longue , plus il y aura
d'intervalle (h) entre le foyer des rayons
rouges & celui des rayons violets , & par
coniéquent.plus fera confufè l'image de
l'objet obfervé.
On ne peut donc perfecflionner les
lunettes par réfraction qu'en cherchant,
comme on l'a fait , les moyens de corriger
€eteffetdeIadifférenteréfrangibilité,foicen
compofant la lunette de verres de différente
(hj Cet intervalle eft d'un pied Cur i-j iç. foyer.
Zd-O IntroJîtélion à l'Hiflotre
denfité, foitpar d'autres moyens particulier, j
ÔL qui (eroient diffe'rens félon les différens '■■
objets & les difFérentes circonftances : iup-
pofons, par exemple, une courte lunette
compofée de deux verres, l'un convexe &
l'autre concave des deux côtés, il eil: certain
que cette lunette peut le réduire à une
autre, dont les deux verres Ibient plans
d'un côté, & travaillés de l'autre côté fur
des fphères dont le rayon feroit une fois
plus court que celui des fphères fur
lefcjuelies auroient été travaillés les verres
de la première lunette. Maintenant, pour
éviter une grande partie de l'citet de la
différente réfrangibiiité des rayons, on peut
faire cette féconde lunette d'une feule
pièce de verre maflif, comme je l'ai fait
exécuter avec deux morceaux de verre
blanc , l'un de deux pouces & demi de
longueur, & l'autre d'un pouce & demi;
mais alors la perte de la trantparence efl
un plus grand inconvénient que celui de
la différente réfrangibiiité qu'on corrige
par ce moyen ; car ces deux petites,
lunettes mallives de verre, font plus
obfcures qu'une petite lunette ordinaire
du même verre &; des mêmes dimenfions ,
elles
des Minéraux , Partie Exp. 241.
elles donnent à la vérité moins d'iris ,
mais elles n'en (ont pas meilîeures ; & (i
on les faifoit plus longues , toujours en
verre maffif , ia lumière après avoir traverfé
cette épaifleur de verre , n'auroit plus aflez
de force pour peindre l'image de l'objet
à notre œil. Ainfi pour faire des lunettes
de I o ou 20 pieds, je ne vois que l'eau
qui ait aflez de tranfparence pour laifler
paiïer la lumière fans l'éteindre en entier
dans cette grande épaiiïeur : en employant
donc de Peau pour remplir fintervalle
entre i'objedif& l'oculaire, on diminuera
en partie l'effet de la différente réfran-
gibilité (i) ) parce que celle de l'eau
(i) M. de la Lande, i'un de nos plus favans
Aftronomes, après avoir lu cet article, a bien
voulu nne communiquer quelques remarques qui
m'ont paru très-judes &: dont j'ai profité. Seulement
je ne fuis pas d'accord avec lui (ur ces lunettes
remplies d'eau; ii croit qu'on diminuer oit très -feu
la différente réfrangibilité , parce que l'eau dij'perfe les
rayons colorés d'une manière différente du verre , 0*
m' il y auroit des couleurs qui poviendroient de l'eau
i^ d'autres du verre. Mais en fe fervant du verre
lé moins denfe , & en augmentant par les fels la
dénfité de i'eau, on rapprocheroit de très -près
leur puiflance ré5ra<flive.
Toms VU. L
2^1 Inîrorluâion à l'Hiflolre
approche plus de celle du verre que celle
de l'air, & fi on pouvoir, en chargeant
'ieau de difFérens fels, lui donner le même
degré de puiflance réfringente qu'au verre,
il n'eft pas douteux qu'on ne corrigeât
davantage par ce moyen l'effet de la
différente réfrangibilité des rayons. II.
s'agiroit donc d'employer une liqueur
tranfparente qui auroit à peu-près la même
puifîlmce réfrangible que le verre ; car
alors il (era fur que les deux verres avec
cette liqueur entre -deux, corrigeront en
partie l'effet de la différente réfrangibilité
des rayons , de la même fliçon qu'elle efl:
corrigée dans la petite lunette mailive dont
je viens de parler.
Suivant les expériences de M. Bouguer,
une ligne d'épaifleur de verre détruit j
de la lumière , & par conféquent la
diminution s'en feroit dans la proportion
fuivanie :
Epaiff.. 1,2, 3, 4, 5, alignes;
yjiinni. j i ^,j > 34,3 > 2^01 » 16807' ii7h^9^ ^**
forte que par la fomme de ces fix termes
on trouveroit que la lumière qui pafîe à
travers fix lignes de verre, auroit déjà
des Minéraux, Partie Exp. 243
jpcrdu -f^-H, c'eil-à-dire, environ le f?-
de la quaniiié. jMaib il faut confidérer que
M. Bouguer s'elt iervi de verres bien
peu tranlj}a:ens , puilqu'il a vu qu'une
ligne d'épaifîeur de ces verres déjuiioii|:
de la luinièrc. Par les expériences que j'ai
fiiiies fur diiTérentes elpèces de verre
binnc, il m'a paru cpie la luiiiière dinii-
nuoit beaucoup moins Voici ces expé-
riences qui font allez faciles à faire , <Sc
que tout le monde efl en état de répéter.
Dans une chambre obfcure dont les
murs étoient noircis, qui me fervoit à
faire des expériences d'Optique , j'ai fait
allumer une bougie de cinq à la livre ;
la chambre étoit fort valle h. la lumière
de la bougie étoit la leule dont elle fût
éclaiiée. J'ai d'dbord cherché à quelle
diflance je pouvois lire un caractère d'im-
preiTion, tel que celui de la gazette de
Hollande, à la lumière de cette bougie,
& j'ai trouvé que je lifois aflez facilement
ce caradère à 24, pieds 4 pouces de
diflance delà bougie. Enfuiie ayant placé
devant la bougie , à deux pouces de
diflance, un morceau de verre provenant
d'une glace de Saint -Gobin, réduite à
L \)
J244 Introchâlon h l'Hiflolre
une ligne d'épaifTeur, j'ai trouvé que je
îifois encore tout aulîi facilement à 22
pieds 9 pouces , & en fubflimant à cette
glace d'une ligne d'épaifTeur un autre
morceau de 2 lignes d'épaifleur éc du
même verre, j'ai lu aufîi facilement à 2 i
pieds de diftance de la bougie. Deux de
ces mêmes glaces de 2 lignes d'épaifTeur
jointes l'une contre l'autre & mifes devant
ïa bougie, en ont diminué la lumière au
point que je n'ai pu lire avec la même
facilité qu'à 17 pieds \ de diftance de
la bougie. Et enfin avec trois glaces de
2 lignes d'épaifTeur chacune , je n'ai lu
qu'à la diftance de i 5 pieds. Or h
lumière de la bougie diminuant comme
ie quarré de la diftance augmente , Ta
diminution auroit été dans la progrefljoii
fuivante , s'il n'y avoit point eu de glaces
j-nterpofées.
>2
24|-. 22f. 21. 17^. 15. ou
Donc les pertes de la lumière par Tinter-
poTition des glaces font dans la progrefîion
fuivante, 84^^. 151. 2851.^367:^.
D'où l'on doit conclure qu'une lignç
fJc s Minéraux , Partie Exp. 245
d'epaiffeur de ce verre, ne diminue la
lumière que de y^ ou d'environ j\ que
deux lignes d'ëpaifleur la diminuent de
~, pas- tout-à-fait de -^; &: trois glaces de
2 lignes dey—, c'e(t-à-dire, moins de |.
Comme ce réfultat eft: très-différent de
•celui de M. Bouguer, & que néanmoins
je n'avois garde de douter de la vérité
"de les expériences , je répétai les miennes
en me fervant de verre à vitre commun,
je choifis des morceaux d'une épaiffeur
égale, de | de ligne chacun. Ayant lu
de même à 24 pieds 4 pouces de didance
de la bougie , î'interpofition d'un de ces
morceaux de verre me fit rapprocher à
2. 1 pieds \ ; avec deux morceaux inter-
pofés & appliqués l'un fur l'autre , je ne
pouvois plus lire qu'à 1 8 pieds i, & avec
«rois morceaux à 1 6 pieds ; ce qui ,
comme l'on voit , fe rapproche de la
détermination de M. Bouguer ; car ia
perte de la lumière , en traverfànt ce
verre de | de ligne, étant ici de 5^2 |
*— 462 X = I 2 G , le réfultat -i-— ou -^,
ne s'éloigne pas beaucoup de -— , à quoi
Ton doit réduire V.'i ~ donnés par M.
L iij
2^6 Introduâwn à VHijlotre
Bouguer pour une ligne d'épaifîeur ,
parce que nies verres n'avoient que | ;
de ligne, car 3 : 14 : : 65 : 303 |,
terme qui ne difîère pas bearucoup
de 296.
Mais avec du verre communément
appelé verre de Bohlme , j*ai trouvé par
ies mêmes efiais, que ia lumière ne perdoit
qu'iui huiâèrne en Traverfant une épaifTeur
d'une ligne , & qu'elle diminuoit dans la
progrcfhon fuivanie.
Epaiff.. r, 2, 3, 4, 5, 6, 7/.
Dimin. '-.
ou. . . -
7 40 3J.3 =tfLL.
— 3 'iz_
0 — I — 2 3 -i -
— 5 « 1
7 7 7 7 7
8.' 8.^ 8.^ 8.4- 8,5
7 7
8.6 8." •
Prenant la T uiine de ces termes, on
aura le toîal de ia diminuiion de la lumière
à travers- une épaifîeur de verre d'un
nonibre donné de îignes; par exemple,
la lomme des fix premiers teriiies efl
-~-~. Donc ia lunnère ne diminue que
d'un peu plus de moiiié en traverlant une
cpaiiTeur de lix lignes de verre de Bohème^
& ei-e en perdroit encore moins, fi au
lieu de trois morceaux de deux lignes
appliqués i'un fur l'autre, elle n'avoit à
des Minéraux , Partie Exp. 247
traveiTer qu'un feul morceau de lîx ligues
(l'e'paiffeur.
Avec le verre que j'ai fait fondre en
mafîe epaifle , j'ai vu que la lumière ne
perdoit pas plus à travers 4 pouces ~
d'épaifîeur de ce verre, qu'à travers une
glace de Saint - Gobin de deux lignes \
d'épaifTeur; il me feinblc Aowz qu'on
pourroit en conclure que la muilparence
de ce verre étant à celle de ceiie glace,
comme 4 pouces \ font à 2. lignes \ , ou
54 à 2 -^j c'efi.-à- dire , pluo de vingt-
une fois plus grande, on pourroit faire
de très -bonnes petites lunettes malîives
de 5 ou 6 pouces de longueur avec ce
verre.
Mais pour des lunettes longues , on ne
peut employer que de l'eau , & encore
eft-il à craindre que le même inconvé-
nient ne fubfille , c ir quelle fera l'opacité
qui réfultera de cette quantité de liqueur
que je iuppole remplir l'intervalle entre
les deux A erres î Plus les lunettes feront
iongues & })lus on perdra de lumière; eii
forte qu'il paroît au premier coup d'œil
cju'on ne peut pas ie fervir de ce moyen,
lur-iout pour les lunettes un peu iongues,
L iiij
2^8 Intro^uâîoji à VHïfloire
car en fuivant ce que dit M. Bouguer
clans Ton EfTai d'Optique, furia gridation
de la IiuTiière, p pieds 7 pouces d'eau
de mer, font diminuer ia lumière dans le
rapport de 14a 5 ; ou , ce qui revient à
peu -près au même, iuppofons que dix
pieds d'epaifTeur d'eau diminuent la lumière
dans le rapport de 3 à i ; alors vingt pieds
d'épaid^ur d'eau la diminueront dans le
rapport de ^ à i ; trente pieds ia dimi-
nueront dans celui de 2.7 à i, &c. Il
paroît donc qu'on ne pourroit fe fervir
de ces longues lunettes pleines d'eau que
pour obferver le Soleil, & que les autres
aftres n'auroient pas affez de lumière pour
qu'il fût pofîible de les apercevoir à travers
une épairieur de 20^30 pieds de liqueur
intermédiaire.
Cependant fi Ton fait attention qu'en
ne donnant qu'un pouce ou un pouce
& demi d'ouverture à un objecftif de 30
pieds , on ne laifïe pas d'apercevoir très-
nettement les planètes dans les lunettes
ordinaires de cette longueur , on doit
penfer qu'en donnant un plus grand
diamètre à l'objediif, on augmenteroit la
quantité de lumière dans ia raifoii du
I Jes Minéraux , ?3.ytie Exj). 2.49
quarré de ce diamètre , ôc par conféquent
Ci un pouce d'ouverture fuffit pour voir
diitindement un aflre dans une lunette
ordinaire, ^^ pouces d'ouverture, c'eft-
à-dire 21 lignes environ de diamètre
fuffiront pour qu'on le voie aufli diflinc-
tement à travers une épaiiïeur de dix pieds
d'eau ; & qu'avec un verre de 3 pouces
de diamètre, on le verroit égaiement à
travers une cpaifTeur de zo pieds d'eau;
qu'avec un verre de Viy ou. 5 pouces ~
de diamètre , on ie verroit à travers une
épaiffeur de 3 o pieds , & qu'il ne faudroit
qu'un verre de () pouces de diamètre pour
une iunette rempiie de 40 pieds d'eau,
& un verri; Je 27 pouces pour une iunette
de 60 pieds.
li femble donc qu'on pourroit, avec
cfpérance de réufTir, faire conflruire une
lunette fur ces principes , car en augmen-
tant ie diainèire de i'objecftif, on regagne
en partie la lumière que l'on perd par ie
défaut de tranlparence de la liqueur.
On ne doit pas craindre que les objeélifs,
quelque grands qu'ils foient, falTent une
trop grande partie deia Iphère fur laquelle
ils feront travaiiie's , & que par cette raifon
L V
1^6 IntroJîiâiorj a VHifioire
îes niyons de la lumière ne puificnt fe
réunir exa<n:ement ; car en fuppofant même j
ces objedifs fept ou huit fois plus grands
que je ne les ai détermine's , ils ne feroient
pas encore à beaucoup près une afîez
gninde pnriie de leur iphère pour ne pas
réunir îes rayons avec cxi^cftitude.
Mais ce qui ne me puroît pas douteux , |
c'eft qu'une lunette conftruire de cette
façon, feroit très - utile pour oblerver ie
Soleii ; car en la ilippoiant même longue
de cent pieds, la lumière de cet allre ne |
feroit encore que tiop forte après avoir
traverfé cette épailleur d'eau , &: on
cbferveroii à loifir & ailement la iv.x'^àQQ
de cet aftre immédiatement , finis qu'il ï\\i
nécefîaire de le iervir de verres enfumés
ou d'en recevoir l'image fur \\\\ carton ,
avantage qu'aucune autre efpèce de lunette
ne peut avoir.
Il y auroit feulement quelque petite
dîiiérence dans la conftru^lion de cette
lunette folaire , fi l'on veut qu'elle noul
préfente la face entière du Soleil , car en
ia luppolant iongr:e de cent pieds, il
faudra dans ce cas que le verre oculaire
ûi au moins dix pouces de diamètre^
Jes M'werms, Partie Exp. :i 5 1
r ;rce que le So'eil occupant |>lus d'un
d^ini- degré célelle , l'image formée par
bjeclif à (on foyer à i 00 pieds, aura
au moins cette longueur de dix pouces ,
& que pour la réunir toute entière, il
faudra un oculaire de cette largeur auquel
on ne donneroit que vingt pouces de
foyer pour le rendre auiïi fbrt^ qu'il fe
pourroit. Il fliudroit auiïi que lobjeclif,
ainfi que l'oculaire , eût dix pouces de
diamètre, afin que l'image de Faftre &
l'image de l'ouverture de la lunette fc
trouvafTent d'égale grandeur au foyer.
Quand même ce.te lunette que je pro-
pole ne ferviroitqu'àobferver exaétement
!e Soleil, ce feroit déjà beaucoup; il
feroit , par exemple , fort curieux de
pouvoir reconnoître s'il y a dans cet aftre
des parties plus ou moins lumineufes que
d'autres , s'il y a fur fa iurface des iné-
galités, & de quelle efpèce elles feroient,
û les taches flouent fur fa furfiice (k),
(k ) M. de la Lande m'a ïivX Tur ceci la remarc|uc
qui fuit: - Il eu connant, d:tii, qu'il ny a fur
ie Soie;! que des tache.^ qui changent de terme «c
&i dl%roiiTent enticremcnt , mais uni ne changent «
poiiit de place, fi ce n'eft par la rotation du «
L V j
2^2 Inîroduâïon à VHïfloke
ou Ti elles y font tomes conrtamment
attachées , 6cc. La vivacité de fa lumière
nous empêche de 1 obferver à l'oeil fjmpîe ,
& la différente réfrangibilité de ï^s rayons
rend fon image confule lorfqu on la reçoit
au foyer d'un objedif fur un carton,
aufii la furfice du Soleil nous eft~elle
moins connue que celle des autres jilanètes.
Cette différente réfrangibilité des rayons
ne feroit pas à beaucoup près entièrement
corrigée dans cette longue lunette remplie
d'eau: mais fi cette liqueur pouvoii , par
l'addition des fels, être rendue auffi denfe
que le verre, ce feroit alors la même
chofe que s'il n'y avoit qu'un feul verre
à traverfer, & il me feiubie qu'il y auroit
plus d'avantage à le fervir de ces lunettes
remplies d'eau , que de lunettes ordinaires
avec des verres enfumés.
Soieil; fa furface efl très-unie & homogène « Ce
iavant Agronome pouvoir même ajouter que ce
n'eft que par ie moyen de ces taches, toujours
fupporées fixes , qu'on a déterminé le temps de fa
révolution du Soleil fur Ton axe: mais ce point
*^'^^t"0"omie phyfique ne me paroît pas encore
abfolument démontré; car ces taches qui routes
changent de figure , pourroient bien auiTi quelque-
rois changer de lieu.
^Jes Minéraux, Partie Exp. 253
Quoi qu'il en foit, il eft certain qu'il
Ruu pour obferver le Soleil une lunette
biai différente de celles dont on doit fe
fei vir pour les autres aftres, & il eil encore
très-certain qu'il faut pour chaque planète
une lunette particulière , & proportionnée
à leur intenfité de lumière, c'eft-à-dire ,
à la quantité réelle de lumière dont elles
nous paroiffent éclairées. Dans toutes les
lunettes il faudroit donc robjedif aufTi
grand, & l'oculaire aufTi fort qu'il eft
poffjble , & en même temps proportionner
la diftance du foyer à l'intenfité de la
lumière de chaque planète. Par exemple,
Vénus & Saturne font deux planètes dont
ïa lumière ell fort différente ; lorfqu'on les
obferve avec la même lunette on aug-
mente également l'angle fous lequel on
îes voit, dès -lors la lumière totale de la
planète paroît s'étendre fur toute fa furface
d'autant plus qu'on la groffit davantage,
ainfi à mefuic qu'on agrandit fon image
on la rend fombre, à peu- près dans ia
proportion du quarré de fon diamètre ;
Saturne ne peut donc fans devenir obfcur
être obferve avec une lunette auffi forte
que Venus. Si l'imeaiité de lumière de
3L54 Introchiâïon a VHiiîoire
celle-ci permet de h grofTir cent ou deux
cents fois avant de devenir fonibre, l'autre
ne fouffrira peut- être pas la moitié ou le
tiers de cette augmentation fans devenir
tout-à-fait obfcure. li s'agit donc de fiirc
une lunette pour chaque planète propor-
tionnée à leur intcnfité de lumière, & pour
ie faire avec plus d'avan:age il me fembie
qu'il n'y faut employer qu'un objedif
d'autant plus grand , & d'un foyer d'autant
moins long que la planète a moins de
lumière. Pourquoi jufqu'à ce jour n'a-t-on
pas fait des objedifs de deux & troii pieds
de diamètre î l'aberration des rayons caufée
par la fphériciié des verres en e(l la feule
caufe, elfe produit une confufion qui efl
comme le quarré du diamètre de l'ou-
venure (l), ai c'eil par cette raifon que
ies verres fphériques qui font très -bons
avec une petite ouverture ne valent j)ius
rien quand on i'augiuente ; on a plus de'
lumière, mais moins de dillindion & de ,
netteié.^ Néanmoins, les verres fphériques' !
larges lont très-bons pour faire des limettes '
de' nuit; les Angfois ont conflruit des
{/J Smith's Optick. Bood. 2, cap, VII, art. ^^C^
des A4inermix, Partie Exp. 2 5 J'
lunettes de cette efpcce , & ils s'en fervent
ave.c grand avantage pour voir de fort
loin les vailTeaux dans une nuit obfcure.
Mais maintenant que l'on fait corriger en
grande partie les effets de la différente
réfranglMlité des rayons, il nie femble
qu'il fiudroit s'attacher à fliire des verres
€l!ipîiq'.;cs ou hyperboliques qui ne pro-
duiroient pas cetie aberration caufée par
la fphc'riciîé, & qui par conféquent pour-
roient être trois ou cjuatre fois plus larges
que les verres fphériques. Il n'y a que
ce moyen d'augmenter à nos yeux la
quantité de lumière que nous envoient les
planètes , car nous ne pouvons pas porter
fur 1ers planètes une lumière additionnelle
commç nous le fltifons fur les objets que
nous obfe'rvons au microfcope, mais H
faut au moins employer le plus avanta-
geufement qu'il eft pofllble , la quantité
de lumière dont elles font éclairées, en la
recevant fur une furface audl grande qu'il
fe pourra. Cette lunette hyperbolique qui
ne feroit compofée que d'un feul grand
verre objedif , & d'un oculaire propor-
tionné , cxîgeroit une matière de la plus
grande tranfparence. On réuniroit par ce
2^6 IntroduŒon a VHifloire
înoyen tous les avantages pofTibles , c'efl-
a-cJire, ceux des lunettes achromatiques
a celui des lunettes elliptiques ou hyper-
boliques, & l'on mettroit à profit toute
la quantité de lumière que chaque planète
réfléchit à nos yeux. Je puis me tromper,
^ niais ce que je propofe me paroît afTez
' fondé pour en recommander l'exécution
aux perfonnes zélées pour Tavancement
des Sciences.
Me InifTant aller à ces efpèces de rêveries,
dont quelques - unes néanmoins fe réali-
feront un jour, & que je ne publie que
dans cette efpérance, j'ai fongé au miroir
du port d'Alexandrie, dont quelques
Auteurs anciens ont j^arlé , & par le moyen '
duquel on voyoit de très-loin le§ vaifTeaux
en pleine mer. Le paflTnge le plus pofitif
qni me foit tombé fous \qs. yeux eft celui
que je vais rapporter: Alexandna
in Pharo verb erat fpeculum e ferro Tmico.
Per quod a long} videbantur naves Grœ-
iorum adv émeutes; fed paulb pojlquam Ifla-
rmfmus invalult , fdlicet tempore califatûs
^^•f^^''.'^^^^'*'^-'^'^'^' ^hriftlanï, fraude
cdhibna ïllud deleverunu Abu-i-feda, &c,
iJelcriptio ^gypti.
'Je s Minéraux, Partie Exp. 257
J'ai penle i .° que ce miroir par lequel
n voyoit de ioiii les vaifîeaux arriver,
'ctoit pasimpofTible; z" que même fans
liioir ni lunette , on pourroit par^ de
eitaines dirpofitions obtenir le même
fiet, & voir depuis le port les vaifîeaux
)eut-être d'aufli loin que la courbure de
a Terre le permet. Nous avons dit que
LS perfonnes qui ont bonne vue , aper-
çoivent les objets éclairés par le Soleil à
^liis de trois mille quatre cents fois leur
iiianètre, & en même temps nous avons
•cmarqué que la lumière intermédiaire
uiifoit fi fort à celle des objets éloignés,
qu'on apercevoit la nuit un objet lumi-
neux de dix , vingt & peut-être cent fois
plus de diftance qu'on ne le voit pendant
le iour. Nous favons que du fond à\m
puits très- profond l'on voit les étoiles en
plein jour (m), pourquoi donc ne verroit-
on pas de même les vaiiïeaux éclairés des
rayons du Soleil , en fe mettant au fond
fm) AriPiOte eft je crois le premier qm ait
fi>it mention de cette obfervation , & j'en ai cite le
pa%e à larticle du Sens de k K»#, mie iV as
(êtîe hjfoire NutunlU^
2^S Introdua'ion à l'Hi/Ioire
d'une longue galerie fort obfcure, ^
fituée fur fe Lord de la mer, de ma-
mère qu'elle ne recevroit aucune lumière
que celle de la mer lointaine & dei
vaifleaux qui pourroients'y trouver; cette
galerie n'efl qu'un puits horizontal qui
feroit le même effet pour la vue des
vaiffeaux , que le -puits vertical pour la
vue d^s étoiles , & cela me paroît fi
fimple , que je fuis étonné qu'on n'y ait
pas fongé. I{ me fembîe qu'en prenam,
pour faire l'obfervadon , les heures du
jour où le Soleil feroit derrière la galerie,
c'eli-à-dire le temps où les vaifleaux
leroient bien éclairés, on les vcrroit du
fond de cette g?A^nQ obfcure , dix fois
au moins mieux qu'on ne peut les voir en
pleme lumière. Or, conuiie nous l'avoni
dit, on diilingue aifément un homme ou
tui cheval à une lieue de diftance Icriqu'ils
font' éclairés des rayons du Soleil; & en
fu])primant la hunière intermédiaire qui
nous environne & offulque nos yeux,J
nous les verrions au moins dix fois plus 1
loin, c'ell-à-dire , à dix lieues: donc on '
verroit hs vaifleaux qui font beaucoup
plus groS; d'aufTx loin que la courbure
iles M'wénmx , Partie Exp. 2 5 9
e la Terre le permettroit (n), Tans autre
îdrunient que nos yeux.
Mais un miroir concave d un allez
nmd diamètre, & d'un foyer quel-
; nque, placé au fond d'un long tuyau
loirci, feroit, pendant le jour, a peu-
yhs le mênie effet que nos grands
)hjcaifs de même diamètre ôl de même
bycr feroient pend;nit la nuit , & c etoit
)robal)lement un de ces miroirs concaves
i'acier poli (e fervo finîco) qu'on avoit
nabli au port d'Alexandrie (0), pour voir
'~~Z7ux courbure de la Terre pour un dearé
ov/z5 iicues de ..8? toifes, eft à. pU pied.;
e^c c ou comme le ouarrc à.s d^ances, amfi
'our ^ lieues elie eft vingt - cinq fois n^oindre ,
^V Uà'dire. d'environ rzo pieds. Un va^au qm
a pus de zo pieds de mature, peut donc et e
J L cinq lieues étant mcme au niveau de la
;L mais'r. l'on s'élevoit de ..o ^^^^
An niveau de lu n.cr on verront de u. q leu s
ie corps entier du vaiffeau )u(;4ua la ligne de eau
^en^s'élevant encore davantage on pomroit
Lrcevo^r le haut des m^ts de plus de dix lieues.
(o) De temps in-^^'^^^'^^.j^f ^''^'J-^'J^.^li'en
.o.(t4japonois,fayenyravai^I--^-^^^
jrrand & en petit volume , & c c.t ce qu
^enfer qu'on doit interpréter c feno f.nico paf
aciçr poli.
zdo Introdiiilmi à l'HlflGhe
de loin arriver les vaifTeaux Grecs. A
refte, fi ce miroir d'acier ou de fer poli
réellement exiilé, comme il y a tout
apparence , on ne peut refiifer aux Ancien
ia gloire de la première invention de
télcfcopes, car Cc! miroir de métal poli ii
pouvoit avoir d'efïet qu'autant que \
lumière réfléchie par fa furftce, étoi
recueillie par un auire miroir concave
placé à Ton foyer, ai c'eft en cela qu(
confiftere/Tênce du téIercope& la facilita
de fa^ conllrucflion. Néanmoins cela n'ÔK
rien à la gloiie du grand Newton, qui.
le premier, a relTufcité cetie invemioii
entièrement oubliée. Il paroît même que
ce font {^% belles découvertes fur la diifé-
ïente réfrangibiliré des rayons de la lumièrç
qui l'ont conduit à celle du télefcope.
Comme les rayons de la lumière font par
leur nature différemment réfrangibles , il
étoit fondé à croire qu'il n'y avoit nul
moyen de corriger cet effet; ou s'il a
entrevu ces moyens , il les a jugés fi
difficiles, qu'il a mieux aimé tourner fe$
vues d'un autre côté, & produire par le
moyen de ia réflexion des rayons, les
grands eiffets qu'il ne pouvoit obtenir par
des Minéraux , Partie Exp. 2 6 1\
îar réfradion. Il a donc fait conftruire
{1 tëlefcope, dont l'effet eft réellement
ha fupérieur à celui des lunettes ordi—
lires, mais les lunettes achromatiques
i ventées de nos jours, font auffi fupé-
rures au télefcope qu'il reft aux lunettes
(dinaires. Le meilleur télefcope eft tou-
urs fombrc en comparaifon de la lunette
ihromatique, & cette obfcurité dans les
lefcopes ne vient pas feulement du défaut'
i poli ou de la couleur du métal des
liroirs, mais de la nature même de la
unière, dont les rayons différemment
ffrangibles, font aufîi différemment ré-
'exibles, quoiqu'en degrés beaucoup
loins inégaux. Il refte donc pour per-
ledionner les télefcopes, autant qu'ils
)euvent l'être, à trouver le moyen de
:ompenfer cette différente réfîexibilité ,
:omme l'on a trouvé celui de compenfer
a différente réfrangibilité.
Après tout ce qui vient d'être dit, je
crois qu'on fentira bien que l'on peut
faire une très- bonne lunette de jour, fans
employer ni verres ni miroirs, & fimple-
jment en fupp rimant la lumière environ-
nante , au moyen d'un tuyau de i jo ou
'262. Introduâwn à l'Hiflolre,
^00 pieds de long, & en fe plaçant Janj
un lieu obfcur où aboiuiroit l'une dej
extrémités de ce tuyau ; plus la lumière du
jour feroit vive, plus léroit grand l'efFet
de celte lunette fi fimple & fi facile â
exécuter. Je luis perluadé qu'on verroil
diftiadement à quinze & peut-être vingi
iieues les bâtimens & les arbres fur le"
haut des montagnes. La feule diftcrence'
qu'il y ait entre ce long tuyau & la gîierie
obfcure que j'ai propofée, c'ell: que le
champ, c'eil-à-dire, l'eipace vu feroit bien
plus petit , & précifément dans la raifoii
du quarré de l'ouverture du tuyau à celle
de la galerie. '
Article troisième.
Invention d'autres Miroirs pour
brider à de moindres dijiances,
I. j
MiROi ns d'une feule pièce
à foyer mobile,
J 'a I remarqué que ïe verre fait re/Tort,
& qu'il peut plier jufqu'à un certain point;.
Jes Mifteraiix , Partie Exp. 2.6 y
l comme pour brûler à des diflances un
ru grandes, il ne faut qu'une légère
curbure, & que touie courbure régulière
^efl à peu-près également convenable;
ji imaginé de prendre des glaces de
rroir ordinaire d'un pied & demi, de
eux pieds & n'ois pieds de diamèire, de
1 faire arrondir, & de les iouenir fur
: cercle de fer bien égal & bien tourné,
rès avoir fait dans le centre de la glace
i trou de deux ou trois ifgnes de dia-
ètre pour y pafler une vis fpj, dont Iqs
s font très - fins , & qui entre dans un
;tit écrou pofé de l'autre côté de fa glace.
n ferrant cette vis, j'ai courbé afîez les
aces de trois pieds, pour brûler depuis
D pieds jufuu'à 30, & les glaces | de
) pouceb ont brûlé à 2 5 pieds ; mais
ant répété j)lufieurs fois ces expériences,
li cafié les glaces de trois pieds & de
:ux pieds, & il ne m'en refl:e q l'une de
8 pouces que j'ai gardée pour modèle
; ce miroir (q)*
(P) Voyez (es planches X, XI f XII,
( q) Ces g'aces de 3 pieds ont mis le feu à des
atières légères jufqu'à 50 pieds de dillance, &
2. 64 IntroJuâlon à rHifloké
Ce qui fait caffer ces glaces fi aife'menl
c'efl: le trou qui eft au milieu; elles i
courberoient beaucoup plus (ans rompre
s'il n'y avoit point de folution de conti
nuité , & qu'on pût les prefTer égalemer
fur toute la furface : cela m'a conduit
imaginer de les faire courber par le poic
même de ratmofphère ; & pour cela il n
faut que mettre une glace circulaire ft
une efpèce de tambour de fer ou d
cuivre, & ajouter è ce tambour une pomp
pour en tirer de l'air; on fera de cettj
manière courber la glace plus ou moins
& par conféquent elle brûlera à de pli
& moins grandes diftances.
Il y auroit encore un autre moyen ; c
feroit d'ôter Tetamage dans le centre d
la glace , de la largeur de p ou 10 lignes
façonner avec une molette cette partie d
centre en portion de fphère , comme u:
verre convexe , d'un pouce de foyer
mettre dans le tambour une petite mèch
' —
alors elles ii'avoient piié que d'une ligne |-; pou
briJer à 40 pieds , il falloit ies faire plier de 2 lignes
pour brûler 330 pieds , de deux lignes -|- , &: c'el '
€n voulant les faire brûler à 2 o pieds qu'elles i j
font caflecs,
foufre'c 1
fies Minéraux, Partie Exp. 265
(bufree ; il arriveroit que quand on préfeii-
t-eroit ce miroir au Soleil, les rayons
tfaniiuis à travers cette partie du centre
de la glace & réunis au foyer d'un pouce ,
allumeroient la mèche Ibufrée dans le
tambour ; cette mèche en brûlant abfor-
beroit de l'air, & par conlèquent le poids
de l'atmofphère feroit plier la glace plus
ou moins , félon que la mèche foufrée
brûleroit plus ou moins de temps. Ce
miroir feroit fort fingulfer, parce qu'il fe
courberoit de lui-même à l'afpecl du
Soleil fins qu'il fût nécefiaire d'y toucher;
mais l'ufage n'en feroit pas facile , & c'efl
pour cette raifon que je ne i'ai pas fait
exécuter, la féconde manière étant préfé-
rable à tous égards.
Ces miroirs d'une feule pièce à foyer
mobile, peuvent fervir à mefurer plus
exactement, que par aucim autre moyen,
la différence des effets de la chaleur du
Soleil reçue dans des foyers plus ou moins
grands. Nous avons vu que les grands
foyers font toujours proportionnellement
beaucoup plus d'effet que les petits,
quoique l'intenfué de chaleur foit égale
4ans les uns & les autres; on auroit ici;
Tome VIL M
266 Intro^uélion à VHïfloire
en contradant fuccefTIvement les foyers,
toujours une égale quantité de lumière oa
de chaleur, mais dans des efpaces fuc-
ceflivement plus petits; & au moyen de
cette quantité confiante , on pourroit dé-
terminer par l'expérience ie minimum de
refpacc du foyer, ce(l-à-dire, l'étendue
néceffaire , pour qu'avec la même quantité
de lumière on eût ie plus grand effet,
cela nous conduiroit en même temps à
une eftimation plus précife de la déper-
dition de la chaleur dans les différentes
fubftances, fous un même volume ou
dans une égale étendue.
A cet ufage près , il m'a paru que ces
miroirs d'une feule pièce à foyer mobile
étoient plus curieux qu'utiles; celui qui
agit feul & fe courbe à i'afpecl du Soleil ,
ell afîez ingénieufement conçu pour avoir
place dans un cabinet de Phyiique.
I I.
Miroirs d'une feule pièce pour brûler
très-vivement à des dijiances médiocres
éf à de petites dijiances.
J'ai cherché les moyens de courber
régulièrement de grandes glaces, & après
des Minéraux, Partie Exp. :i 67
avoir fait conflruire deux fourneaux ^i^é-
rcns qui n'ont pas réufîi, je fuis parvenu
à en fiire un troifième (r), dans lequel
j'ai courbé très.- régulièrement é^s glaces
circulaires de trois, quatre & quatre pieds
& demi de diamètre, \\ïi ai même fait
courber deux àc ^6 pouces , mais quelque
précaution qu'on ait prife pour laiffer
refroidir lentement ces grandes glaces de
56 & J4 pouces de diamètre, & pour
les manier doucement , elfes fe font calTées
en les appliquant fur fes moules fphériques
que j'avois fait conflruire pour leur donner
îa forme régulière & le poli nécefiaire ; fa
même chofe efl: arrivée à trois autres
,gîaces de 48 & 50 pouces de diamètre,
& je n'en ai confervé qu'une feule de
46 pouces & deux à^ ^j pouces. Les
gens qui connoifTent les Arts n'en feront
pas furpris, ils favent que les grandes
pièces de verre , exigent des précautions
infinies pour ne pas fe fêler au fortir du
fourneau où on ies laiHe recuire &
refroidir, ils favent que plus elles font
minces, & plus elles font fujettes à fe
(r) Vpyez \t% planches r, ii, ijj, iv, v ir vu
M i;
2 68 InîroducTion à /'Hijloire _
fendre , non - feulement par ie premier
coup de l'air , mais encore par Tes impref-
fions ultérieures. J'ai vu plufieurs de mes
glaces courbées le fendre toutes feules
au bout de trois , quatre & cinq mois ,
quoiqu'elles euffent réfifté aux premières
imprelîions de l'air, & qu'on les eut
placées fur des moules de plâtre bien
féché , fur lefquels la furface concave de
ces glaces pôrtoit également par -tout;
mais ce qui m'en a fhit perdre un grand
nombre , c'eft le travail qu'il falloir fairç
pour leur donner une forme régulière.
Ces o-laces que j'ai achetées toutes polies
à la *^manufi(5lure du faubourg Saint-
Antoine, quoique choifies parmi les plus
épaiffes, n avûient que cinq lignes d'épaii;
feur; en les courb^mt, ie feu leur fiiloit
perdre en partie leur poli. Leur ëpaiifeur
d'ailleurs n'étoit pas bien égale par-tout,
& néanmoins il étoit nécelîlîire pour l'objet
auquel je les deftinois , de rendre les deux
furfices concave &l convexe parfaitement
concentriques, & par conféquent de les
travailler avec des molettes convexes dans
des moules creux , & des molettes concaves
'fur des moules convexes. De vingt-quatrc
lies Afin er/^nx, VzYtie'Exp. 2 6gi
gîaces que j'avois courbées , & dont j'en
avois livré quinze à feu M. Paflemant,
pour les faire travailler par fes ouvriers ,
je n'en ai confervé que trois ; toutes les
autres , dont ies moindres avoient au moins
trois pieds de diamètre , fe font caffées ,
foit avant d'être travaillées, foit après.
I^e ces trois glaces que jai fauvées , l'une
a 46 pouces de diaiiiètre, & ies deux
autres 37 pouces, elles étoient bien tra-
vaillées , leurs furf^ces bien concentriques,
& par conféquent l'epaifleur P^ien égale,
il ne s'agifioit plus que de les étainer fur
leur furfàce convexe, & je fis pour cela
plufieurs effais & un ailez grand nombre
d'expériences qui ne me réuiîjrent point.
M. de Bernières, beaucoup plus habile
que moi dans cet art de l'étamage , vint
à mon fecours, & me rendit en effet
deux de mes glaces étamées ; j'eus l'hon-
neur d'en préienter au Roi la plus grande,
c'eft-à-dire, celle de 46 pouces, & de
faire devant Sa Majellé les expériences de
h force de ce miroir ardent qui fond
aifément tous les métaux ; on l'a dépofé
au château de ia Muette, dans un cabinet
<]ui eit fous la diredion du Père Noëlj
M iij
2yo InîroduŒon à VHijioire
c'efl: certainement le plus fort mirom,
ardent qu'il y ait en Europe (f). J'ai
dépofé au Jardin du Roi, dans le Cabinet
d'Hiitoire Naturelle, la glace de 3 7 pouces
de diamètre, dont le foyer efl: beaucoup
plus court que celui du miroir de 46
pouces. Je n'ai pas encore eu le temps
d'eOayer ia force de ce lëcond miroir que
je crois aiifli très-bon. Je fis dans le temps^
quelques expériences au château de la
Muette, fur ia kinnère ce ia Lune, reçue
par le miroir de 46 pouces , & réfléchie
fiir un thermomètre très-fenfible, je crus
d'abord m'aperce voir de quelque mou-
Yement, rnais cet effet ne le ioutint pas,
^ depuis je n'ai pas eu occafion de répéter
rexpérience. Je ne iîii même ii l'on
cbtiendroit un degré de chaleur fenfible
en réimifîant les foyers de piufieurs miroirs,
& ies fiifant tom.ber enfemble fur un
thermomètre aplati & noirci ; car il fe peut
que la Lune nous envoie du froid plutôt
»!■ I , . . I —
( J ) On m'a dit que i'étamage de ce miroir^
qui a été fait il y a plus de vingt ans, s'étoit gâté,
il Ikiidroit ie remettre entre les mains de M. dei
Bernières, t]ui feu! a ie fecret de cet étamagc,
pour ie bien réparer.
^des Minéraux , Partie Exp. 27 1
que du chaud , comme nous l'expliquerons
ailleurs. Du redeces miroirs font (upérieurs
à tous les miroirs de réflexion dont on
avcit connoiiiance : ils iervent aufîi à
voir en grand les petits tableaux, & à en
difiinguer toutes les beautés & tous les
défciuts ; & fi on en fîiit étamer de pareils
dans leur concavité, ce qui feroit bien
plus aifé que fur la convexité, ib fervi-
roient à voir les plafonds & autres peintures
qui font trop grandes & trop perpendi-
culaires fur la tête, pour pouvoir être
regardées aifément.
Mais ces miroirs ont rinconvénient
commun à tous les miroirs de ce genre,
qui efl: de brûler en haut, ce qui fait
qu'on ne peut travailler de fuite à leur
foyer, & qu'ils deviennent prefque inutiles
pour toutes les expériences qui demandent
une longue a<flion du feu & des opéradons
fuivies. Néanmoins en recevant d'abord
les rayons du Soleil fur une glace plane
de quatre pieds & demi de hauteur &
d'autant de largeur qui les réfléchit contre
ces miroirs concaves , ils font afîez puifîans
pour que cette perte qui eft de la moitié
de la chaleur; ne les empêche pas de
M iiij
i/^ Introdiiêïon à VHïflo]re
brûler très - vivement à leur foyer , qui
par ce moyen fe trouve en bas comme
celui des miroirs de réfradion , & auquel
par conféquent on pourroit travailler de
fuite & avec une e'gale facilité. Seulement
il feroit nécefîaire que la glace plane &
3e miroir concave , fuiïent tous deux
jnonte's parallèlement fur un même fup-
port, où ils pourroient recevoir également
ies mêines mouvemens de direction &
d'inclinaifon , foit horizontalement , foit
venicalement. L'effet que le miroir de
46 pouces de diamètre feroit en bas,
n'étant que de moitié de celui qu'il pro-
duit en haut, c'efl comme ïi ia furface de
ce miroir étoit réduite de moitié , c'eft-
à-dire , comme s'il n'a voit qu'un peu plus
de 3 2 pouces de diamètre au lieu de 46,
éc cette dimenfion de 32 pouces de
' diamètre pour un foyer de 6 pieds, ne
laiiïe pas de donner une chaleur plus
grande que celle des lentilles de Tfchirnaiis
ou du freur Segard , dont je me fuis
autrefois fervi , & qui font les meilleure-
que l'on connoifTe.
Enfin par la réunion de ces deux miroirs,
on auroit aux rayons du Soleil une chaleu)
des Minéraux , Part î e E xp. 173
inimenfe à leur foyer coniiniin, fur-tout
, en le recevant en haut , qui ne feroit
diminuée que de moiâé en le recevant
en bas, & qui par conféquent feroit
beaucoup plus grande qu'aucune autre
chaleur connue , & pourroit produire des
effets dont nous n'avons aucune idée.
I I I.
Lentilles ou Miroirs h l'eau.
Au moyen des glaces courbées &
travaillées régulièrement dans leur conca-
vité & fur leur convexité, on peut faire
un miroir réfringent, en joignant par
oppofirion deux de ces glaces , & en
rempliflant d'eau tout i'elJDace qu'elles
contiennent.
Dans cette vue , j'ai fait courber deux
glaces de 37 pouces de diamètre, & les
ai fiit ufer de 8 ou o) lignes fur les bords
pour les bien joindre. Par ce moyen l'on
n'aura pas befoin de maflic pour empêcher
l'eau de fuir.
Au zéniih du miroir il fiut pratiquer
un petit goulot (t), par lequel on en
^t) Voyez la jr'Â?«<//e Xil.
M V
^74 Introduclïon à rH'ijlohs
remplira la capacité avec un entonnoir*
& comme les vapeurs de l'eau échauffée
par le Soleil, pourroieat fl\ire cafTer les
glaces , on laifTera ce goulot ouvert pour
iailTer échapper les vapeurs; & afin de
tenir le miroir toujours abfolument plein
d'eau, on ajuilera dans ce goulot une
petite bouteille pleine d'eau , & cette
bouteille finira elle-même en haut par un
goulot étroit, afin que dans les différentes
inciinaifons du miroir , l'eau qu'elle con-
tiendra ne puifîe pas le répandre en trop
grande quantité.
Cette lentille compofée de deux glaces
de 37 pouces, chacune de deux pieds &
demi de foyer, brûleroit à cinq pieds, fi
clie éioit de verre; mais l'eau ayant une
moindre réfrac^tion que le verre, le foyer
icra plus éloigné ; il ne laifîera pas néan-
-îîioins de brûler vivement : j'ai fupputé
qu'à la diftance de 5 pieds ^ , cette lentille
à l'eau produiroit au moins deux fois
autant de chaleur que la lentille du Palais-
Tdoyal , qui eft de verre folide , & dont
ïe foyer eft à douze pieds.
J'avois confervé une affez forte épaif^
feur aux gîa<;e$, afin que le poids de Teau
des Minéraux, Partie Ëxp. 275
qu*elles dévoient renfermer ne pût en
altérer la courbure : on pourroit eflayer
de rendre l'eau plus réfringente , en y
fàifant fondre des fels ; comme l'eau peut
fucceflivement fondre piufieurs fels, &
s'en charger en plus grande quantité
qu'elle ne fe chargeroit d'un feul fel, il
faudroit en fondre de pîufieurs efpèces,
& on rendroit par ce moyen la refracHiion
de l'eau plus approchante de celle du
verre.
Tel étoit mon projet ; mais après avoir
travaillé & ajufté ces glaces de 3 7 pouces,
celle du defTous s*efl: caflee dès la première
expérience , & comme il ne m'en redoit
qu'une, j'en ai fait fe miroir concave de
37 pouces dont j'ai parlé dans l'article
précédent.
Ces loupes compofées de deux glaces
iphériquement courbées & remplies d'eau,
brûleront en bas , & produiront de plus
grands effets que les loupes de verre
maflif, parce que Teau laifle palîèr plus
aifément la lumière que le verre le plus
tranfparent; mais l'exécution ne laifîe
pas d'en être difficile , & demande des
attentioiis infinies. L'expé/ience m'a fait
M vj
zj6 Introduâlon a VHïjloire
connoître qu'il falloit des glaces épaiiîès
de neuf ou huit lignes au moins, c'eft-
à- dire , des glaces faites exprès , car on
n'en coule point aux manufacflures d'aufïï:
épaiiTes à beaucoup près , toutes celles
qui font dans le commerce n'ont qu'en-
yiron moitié de cette e'paifTeur; \\ faut
enfuite courber ces glaces dans un four-
neau pareil à celui dont j'ai donné fa
figure , pi. I ù' fuîvantes ; avoir attention
de bien fécher le fourneau, de ne pas
preder îe feu & d'employer au moins
trente heures à l'opération. La gîace fê
ramollira & pliera par fon poids fins fe
diffoudre , & s'aftaifTera fur le moule
concave qui lui donnera fa forme : on ia
îaifîera recuire & refroidir par degrés dans
ce fourneau qu'on aura foin de boucher
au moment c|u'on aura vu la glace bien
affaiffée par -tout également. Deux joiu's
après, iorfque fe fourneau aura perdu
toute fi chaleur , on en tirera la glace
qui ne fera que légèrement dépolie , on
examinera avec un grand compas courbe ,
fi fon épaifTeur eft à peu - près égale
par-tout , & fi cela n'étoit pas , & qu'if
y eût daas de certaines parties de fa glace
des Minércmx , Partie Exp* ijy
une inégalité fenfible, on commencera
par l'atténuer avec une molette de même
iphère que la courbure de îa glace. On
continuera de travailler de même les deux
furfaces concave & convexe, qu'it faut
rendre parfaitement concentriques , en
forte que la glace ait par-tout exàdlement
la même épaifîeur. Et pour parvenir à
cette précifion , qui eil abfolument nécef-
Hiire, il faudra faire courber de plus
petites glaces de deux ou trois pieds de
diamètre, en obfervant de faire ces petits
moules fur un rayon de quatre ou cinq
lignes plus long que ceux du foyer de la
grande glace ; par ce moyen on aura des
glaces courbes dont on fe fervira au lieu
de molettes pour travailler les deux furfaces
concave & convexe , ce qui avancera
beaucoup le travail; car ces petites glaces
en frottant contre la grande l'uferont, &
s'uferont également ; & comme leur cour-
bure efl: plus forte de 4 lignes , c'eft-à-
dire , de moitié de i'épaifleur de la grande
glace, le travail de ces petites glaces,
(tant au dedans qu'au dehors, rendra
concentriques les deux furftces de la
grande glace aufîi précifément qu'il eft
2j2t Inîroduâion à VHïjîoire
poffible. C'eft-ià le point îe plus difficile,
& j'ai foiivent vu que pour l'obtenir on
étoit obligé d'ufer la glace de plus d'une
ligne & demie fur chaque furface , ce
qui la rendoit trop mince, & dès-Ior«
inutile, du moins pour notre objet. Ma
glace de 3 7 pouces que le poids de l'eau
joint à la chaleur du Soleil a fîiit caiïer.
avoit néanmoins , toute travaillée , plus de
3 tignes & demie d'épaiffeur , & c'efl
pour cela que je recommande de les tenii
encore plus épaifTes.
J'ai obfervé que ces glaces courbée*
font plus caiïàntes que les glaces ordi-
naires ; la féconde fufion ou demi-fufioi:
que le verre éprouve pour fe courber
eft peut-être la caufe de cet effet, d'autani
que pour prendre la forme fphérique , i
eft nécefTi^ire qu'il s'étende inégalemen'
dans chacune de fes [parties , & qu^ leu)
adhérence entr'elles change dans des pro-
portions inégales, & même différente;
pour chaque point de la courbe , relati-
vement au plan horizontal de la giac«
qui s'abaiffe fucceffivement pour prendra
ia courbure fphérique.
En général le verre a du reflbrt & peui
^es Minému^, Partie Exp. 279
Dlier fans fe cafler, d'environ un pouce
:»ar pied, fur- tout quand il eft mince; je
''ai même éprouvé fur des glaces de deux
& trois lignes d'épaifTeur & de cinq pieds
ie hauteur; on peut les faire plier de
plus de 4 pouces fans les rompre, tur-
:out en ne les comprimant qu'en un fens ;
oiais fi on les courbe en deux fens à la
fois, comme pour produire une furface
.phérique, elles caflent à moins d'un
iemi- pouce par pied fous cette double
flexion; la glace inférieure de ces lentilles
\ Teau , obéiiïîmt donc à la prefTicn caufée
3ar le poids de l'eau , elle caffera ou prendra
ane plus forte courbure, à moins qu'elle
le foit fort épaifle, ou qu'elle ne foit
routenue par une croix de fer , ce qui fiit
Dmbre au foyer & rend défagréable
i'afped de ce miroir. D'ailleurs le foyer
de ces lentilles à l'eau n'eft jamais franc ,
ai bien terminé , ni réduit à fa plus petite
étendue; les différentes réfradions que
fouffre la lumière en paffant du verre dans
l'eau, & de l'eau dans le verre, caufent
une aberration des rayons beaucoup plus
grande qu'elle ne l'eft par une réfradion
fimple dans ks lovpes de "verre maffif;
iSo MroJuâlo/i a /'Hi/Ioire
tous ces inconvéniens mont fait tourner!
mes vues furies moyens de perfedionneri
ïes lentilles de verre, & je crois avoir!
enfin trouvé tout ce qu'on peut faire de
mieux en ce genre , comme je l'expli-
querai dans les paragraphes fuivans.
Avant de quitter les lentiifes à Teau,
je crois devoir encore propofer un moyen
de conftrudion nouvelle qui feroit fa jette
à moins d'inconvéniens , & dont l'exé-
cution feroit a(îez facile. Au lieu de
courber, travailler & polir de grandes
glaces de quatre ou cinq pieds de dia-
mètre, il ne faudroit que des petits
morceaux quarrés de deux pouces, qui
ne coiueroient prefque rien , & les placer
dans un chaflls de fer traverfé de verges
minces de ce mêine métal & ajuftées
comme les vitres en plomb; ce chaflis
& ces verges de fer auxquelles on don-
neroit la courbure fphérique & quatre
pieds de diamètre, contiendroient chacun
trois cents quarante - fix de ces petits
morceaux de 2 pouces,- & en laifTant
quarante-fix pour l'équivalent de l'efpace
que prendroiem les verges de fer, il y
aiîroit toujours trois cents difqucs du Soleil
^es M'wêran^, Partie Exp. 2 8 r
iui coïncideroient au même foyer que je
Lpofe à dix pieds: chaque morceau
aifleroit pafler un difque de 2 pouces
le diamètre, auquel ajoutant la lumière
les parties du quarré circonfcrit à ce
>ercle de 2 pouces de diamètre, le foyer
î'auroit à dix pieds que 2 pouces^ ou
2 pouces I fi la monture de ces pentes
places étoit%égulièrement exécutée. Or,
?n diminuant la perte que foufîre la
aimière en pafTant à travers l'eau & les
doubles verres qui la contiennent , & qui
feroit ici à peu-près de moitié , on au;oit
encore au foyer de ce miroir tout compote
de faceues planes une chaleur cent cin-
quante fois plus grande que celle du bolcii.
Ceue conibuâion ne leroit pas chère,
6: je n'y vois d'autre inconvénient que
la fuite de l'eau qui pourroit percer par
les joints des verges de fer qui foutien-
droient les petits trapèzes de verre ; il
fmdroit prévenir cet inconvément en pra-
tiquant des petites rainures -de chaque cote
dans ces verges & enduire ces rainures
de maftic ordinaire des vitriers qui eiî
impénétrable à l'eau.
zSz Introdiiâïon àTHiflolre
I V.
Lentilles Ae Verre Jhli de,
J'AI vu deux de ces îentiiies , cell
du Palais-royal, & celle du fieur Se^ard
toutes deux ont été tirées d'une inafl
de verre d'Allemagne, qui eft beaucou,
p us tranfparent que le verre de no
glaces de miroirs. Mais perfonne ne fai
en 1^ rance fondre le verre en larges mafTe
epai/les, & la compofition d'un verr.
tranlparent comme celui de B©hème
neit connue que depuis peu d'années.
J ai donc d'abord cherché ies moyen
de fondre ïe verre en maffes épai/Tes, <S
jai fait en même -temps difFérens erTar
pour avoir une matière H^n tranfparente
V î ^"^^"y^ qui ^'-^ns ce temps étoi
1 un des Direcfleurs de la manufacture de
5amt-Gobm-, m'ayant aidé de fes confeib
nous, fondimes deux mafTes de verre
denviron fept pouces de diamètre fur
cmq a fix pouces d'épaifTeur dans des
creufets a un fourneau où l'on cuifoit de
Ja fhyence au faubourg Saim - Antoine.
Apres avoir fait ufer & polir les deux
Surfaces de ces morceaux de verre pour
des Minéraux, Partie Exp. 283
s rendre parailcles , je trouvai qu'il n'y
n avoit qu'un des deux qui fût pnrfai-
ïiiient net. Je livrai le fécond morctaii
lui étoit le moins parfait à des ouvriers
ui ne biffèrent pas que d'en tirer d'aflez
)ons prifmes de toute groffeur, <5c j'ai
-■ardé pendant pîufieurs années le premier
îiorceau qui avoit 4 pouces \ d'épailîcur,
k dont la tranfparence étoit telle qu'en
lofant ce verre de 4 pouces ^ d'épaifieur
lir un livre , on pouvoit lire à travers
rès-aifément les caradères les plus petits
?c les écritures de l'encre la plus blanche ;
e comparai le degré de tranfparence de
cette matière avec celle des glaces de
Saint- Gobin , prifes Sl réduites à dirk-
rentes épaiffeurs ; un morceau de ^ la
matière de ces glaces de x pouces \ d'é-
ppifîëur fur environ un pied de longueur
& de largeur, que M. de Romiily me
procura, étoit vert comme du marbre vert ,
& l'on ne pouvoit lire à travers ; il fallut
le diminuer de plus d'un pouce pour
commencer à diftinguer les caradères^ a
travers fon épaiffeur, & enfin le réduire
à 2 lignes 7 d'épaifTeur pour que la
tranfparence fût égale à celle de mon
^284 Inîroduâion a VHïfloire
morceau Aç: 4 pouces \ d'épaifTeur ; caj
on voyoit aufîi clairement les caractères
du livre à travers ces 4 pouces |, qu*è
travers la glace qui n^lvoit que 2 lignes ~.
Voici la compofition de ce verre doni
la tranfparence ell: fi grande.
Sabîe blanc criflalîin, une livre.
Minium ou chaux de plomb, une livre,
Poîaiïe, une demi -livre.
Salpêtre, îine demi -once.
Le tout mêlé &: mis au feu fu-ivant Tarr.
J'ai donné à M. Cafîlni de Thury, ce
morceau de verre , dont on pouvoit efpérei
de faire d'excellens verres de lunette achro-
matique, tant à caufe de (a très -grande
tranfparence que de fa force réfringente,
qui étoit très-confidérable, vu la quantité I
de plomb qui étoit entrée dans fa compo-
fition; mais M. de Thury ayant confie 1
ce beau morceau de verre à des ouvriers ;
ignorans, ils l'ont gâté au feu où ils l'onij
remis mal- à-propos; je me fuis repenti
de ne l'avoir pas fait travailler jnoi-même,
car il ne s'agiiToit que de le trancher eii
lames , & la matière en étoit encore pluî
^es Afinermix, Partie Exp. 285
anfparente & plus nette que ctWe JUnt-
lûfs d'Angleterre, & elle avoit plus de
3rce de réfracftion.
Avec 600 livres de cette même com-
•ofition, je voulois faire une lentille de
.6 ou 27 pouces de diamètre & de 5
lieds de foyer. J'efpérois pouvoir la
bndre dans mon fourneau , dont à cet
ftet favois fait changer la difpofnion
uérieure; mais je reconnus bientôt que
ela n'étoit pofîible que dans les plus
grands fourneaux de verrerie , il me falloir
ine mafle de 3 pouces d'épaiiïeur fur
:y ou 28 pouces de diamètre, ce qui
ait environ un pied cube de verre ; je
ie mandai la liberté de ia faire couler à
lies frais à la manufacflure de Saint-
jobin , mais les Adminiftrateurs de cet
•tabiifTement ne voulurent pas me le
)ermettre; & la lentille n'a pas été faite,
f'avoîs fupputé que ia chaleur de ceue
entille de 27 pouces leroit à celle de
a lentille du Palais - royal , comme 19
ont à 6 ; ce qui efl: un très-grand effet,
ittendu ia petitelTe du diamètre de cette
entille, quiauroit eu i i pouces de moins
pe celle du Palais - royal.
286 Introduâion à VHijioîre
Cette lentille , dont l'épaifleur au poir
du milieu ne iaifîe pas d'être confidérable
eft néanmoins ce qu'on peut faire d
mieux pour brûler à 5 pieds : on pourro
même en augmenter ie diamètre ; car j
fuis perfuadé qu'on pourroit fondre i
couler également des pièces plus larg<
& plus épaifles dans les fourneaux o
l'on fond les grandes glaces , foit à Sain
Gobin, foit à Rouelle en Bourgogne
j'obferve (eulement ici qu'on perdro
plus par l'augmentation de i'épaiffei
qu'on ne gagneroit par celle de la furfac
du miroir, & que c'eft pour cela qu
tout compenfé , je m'étois borné à 2
ou 27 pouces.
Newton a fait voir que quand V
rayons de lumière tomboient fur le verre
fous un angle de plus de 47 ou 4
degrés, ils Ibnt réfléchis au lieu d'êtji
réfraélés ; on ne peut donc pas donne !
à un miroir réfringent un diamètre pli
grand que la corde d'un arc de 47 o
de 48 degrés de la fphère fur laquell
il a été travaillé ; aînfi dans le cas préfer
pour brûler à 5 pieds, la fphère ayao
environ 32 pieds de circonférence, 1
des Minéraux , Partie Exp. 287
iroir ne peut avoir qu'un peu plus de
pieds de diamètre; mais dans ce cas
: auroit ie double d'épaifleur de ma
•ntille àe 2.6 pouces, & d'ailleurs les
yons trop obliques ne (è rc'unifTent
mais bien.
Ces loupes de verre folide font, de
lUS les miroirs que je viens de propofer ,
s plus commodes, les plus foiides, les
oins fujets à fe gâter , & même les plus
uiflans lorfqu'ils font bien tranfparens,
ien travaillés , & que leur diamètre eft
ien proportionne à ïa diftance de leur
)yer. Si l'on veut donc fè procurer une
•upe de cette efpèce, il faut combiner
îs différens objets, & ne iui donner,
3mme je l'ai dit, que 27 pouces de
amètre pour brûler à 5 pieds, qui eft
lie diftance commode pour travailler de
lite & fort à l'aile au foyer; plus le verre
:ra tranfparent Ôc pefant, plus feront
rands les efïèts; la lumière paffèra en
îlus grande quantité en raifon de la tranf-
arence, & fera d'autant moins difperfee,
'autant moins réfléchie, & par conféquent
'autant mieux faifie par le verre, &
'autant plus réfraftée qu'il fera plus
a 8 8 Introchâïon a l'Hlfloive
inaffif, c'eft-à-dire , rpécifiquement pîu
pelant : ce fera donc un avantage que d
£iire entrer dans ia conipofition de c
verre une grande quantité de plomb ; c
c'eft par cette raifon que j'en ai m:
inoiiié , c'eft - à -dire , autant de miniui
que de fable. Mais quelque tranfparer
que foit le verre de ces lentilles, lei
epaiffeur dans le milieu eft non- feule mei
un très-grand obftacle à la tranfmifTio
de la lumière, mais encore un empêche
inent aux moyens qu'on pourroit trouv(
pour fondre des maffes auffi e'paiffes (
aufîi grandes qu'il le fàudroit; par exempl(
pour une loupe de 4 pieds de diamètre
à laquelle on donneroit un foyer de cin
ou fix pieds, qui eft la diilance la pli
commode , & à laquelle la lumière ploi
géant avec moins d'obliquité , aura pli
de force qu'à de plus grandes diflance:
il fàudroit fondre une mafie de verre c
quatre pieds fur fix yîouces & demi o
fept pouces d'épaifleur, parce qu'on e
obligé de la travailler & de i'ufer mêm
dans la partie la plus épailTe. Or, il fero
très-difficile de fondre & couler d'un fei
jjet ce gros volume; qui ferait ^ comm
i'o
^des Minéraux , Partie Exp. 289
Ton voit, de cinq ou fix pieds cubes,
car les plus amples cuvettes des nianu-
fadiures de glaces ne contiennent pas deux
pieds cubes ; les plus grandes glaces de
60 pouces fur 120, en leur luppofant
5 lignes d'épaifleur, ne font qu'un volume
d'environ un pied cube trois quarts ; l'on
fera donc forcé de fe réduire à ce moindre
volume , & à n'employer en efîet qu'un
pied cube & demi , ou tout au plus un
pied cube trois quarts de verre pour eu
former la lotipe , & encore aura-t-on bien
de la peine à obtenir des maîtres de ces
manufacflures , de faire couler uu verre
à cette grande épaifieur , parce qu'ils
craignent , avec quelque railbn , que la
chaleur trop grande de cette mafTe épaifîe
de verre ne tafle fendre ou bourfoufler
ia table de cuivre fur laquelle on coule
les glaces, lefquelles n'ayant au plus que
5 lignes d'épaiffeur (u) , ne communiquent
(u) On a néanmoins coulé à Saiiit-Gobin , <Sc
à ma prière , des glaces de (ept lignes , dont je me
ftiis lérvi pour diiférentes expériences, il y a plus
de vingt ans , j'ai remis dernièrement une de c^$
aiaces de 5 8 pouces en quarré & de 7 lignes d'é-
paiffeur à M. de Bernièrcs, qui a entrepris de faire
Tome VII* ' N
290 Introdiiâion a rHïflotre
à la table qu'une chaleur très .médiocre
en comparaifon de celle que lui feroit ful^ic
une maffe de fix pouces d'épaifleur.
V.
Lentilles à Échelons pûur brûler avec
la plus grande vivacité pûffible (x),
J E viens de dire que les fortes épaifleurs
qu'on eft obligé de donner aux lentilles
iorfqu elles ont un grand diamètre^ & un^
foyer court, nuifent beaucoup a leur
effet • une lentille de 6 pouces d epaifleur |
dans 'le milieu & de la matière des glaces
ordinaires ne brûle , pour amli dire , que ,
par les bords. Avec du verre plus tranl-
parent , l'effet fera plus grand , mais la
pirt^e du milieu reile toujours en pure j
perte , la limiière ne pouvant en pénétrer
& trayerfer la trop grande épaifieur ; ) ai
4e. lovipes à i'eau pour l'Académie des Scieiires,
& Vai vu chez lui des glaces de i o ligne^d epaiaeiir
qui ont été coulées de même à Saint-Gobin : «la
doit faire préfumer qu'on pourroit , ilms aucun rilquç
pour la table , en couler d'encore plus epaifles.
Av; Yoyezlcs planches :^ IV, XV iT.. XV Ix
des Minéraux, Partie Exp. 29 i
rapporté ies expériences que j'ai Ciîtes
fur la diminution de la lumière qui paliè
à travers différentes épaifleurs i\n nicjne
verre, & l'on a vu que cette diminutioli
ell irès-confidérable: j'ai donc cherché
les moyens de parer à cet inconvénient ,
& j'ai trouvé une manière fnnple 6l aiïèz
ailée de diminuer réellement les é])aifîcurs
des lentilles autant qu'il me plaît, fans
pour cela diminuer fenfiblement leur dia-
mètre & fans alonger leur foyer.
Ce moyen confilte à travailler ma pièce
ide verre par échelons. Suppofons , pour
une faire mieux entendre, que je veuille
diminuer de deux pouces Tcpaiffeur d'une
lentille de verre qui a 2^ pouces de
idiamètre, 5 j)ieds de foyer & 3 pouces
id'épaifîeur aii centre; je dWii^Q l'arc de
icette^ lentille en trois parties, & je rap-
proche concentriquement chacune de ces
portions d'arc, en forte qu'il ne reile
qu'un pouce d'épaiffeur au centre ; & je
Forme de chaque côté un échelon d'un
demi-pouce, pour rapprocher de mêine
es parties correfpondantes; par ce moyen,
m faifmt un fécond échelon, j'arrive à
extrémité du diamètre , & j'ai une lentille
Ni;
2^1 IntroJudion à IHifloire
à échelons qui eft à très -peu près du
même foyer, & qui a le même diamètre,
& près de deux fois moins d'épaifleiir
que la première , ce qui eft un très-grand
avantage.
Si l'on vient à bout de fondre une
pièce de verre de 4 pieds de diamètre
fur deux pouces & demi d'épaiffeur &
de in travailler par échelons fur un foyer
de 8 pieds; j'ai fupputé qu'en iaifîânt
même un pouce & demi d'épaiffeur au
centre de cette îentiile & à la couronne
intérieure des échelons, ia chaleur de
cette lentille fera à celle de la lentille du
Palais-royal, comme 28 font à 6, fan^
compter l'effet de la différence des épaif-^
feurs qui eft très-confidérable & que je
ne puis eftimer d'avance.
Cette dernière efpèce de miroir réfrin-»
gent eft tout ce qu'on peut faire de plus}
parfait en ce genre ; & quand même nous[
le réduirions à 3 pieds de diamètre fur
r 5 lignes d'épaiffeur au centre & 6 pieds
de foyer, ce qui en rendra rexécutiou *
moins difficile, on auroit toujours uit^
degré de chaleur quatre fois au moinsr^
plus grand que celui des plu$ fortes
'fies Minéraux, Partie Exp. 2^3
lentilles que l'on connoiiî'e. J'ofe dire que
ce miroir à échelons feroit l'un des plus
utiles inrtrumens de Phyfique, ye l'ai ima»
grné il y a plus de vingi-cinq ans, &
tous les Savans auxquels j'en ai parlé
defireroient qu'il fût exécuté. On en
ti.reroit de grands avantages pour l'avan-
cement des Sciences ; & y adaptant un
héliomètre, on pourroit fiiire à Ton foyer
toutes les opérations de la Chimie aulîî
commodément qu'on le fut au feu és.s
fourneaux , &:c.
Explication des figures
(]uï repréfentent le fourneau dans lequel
j'ai fait courber des Glaces pour faire les
'- miroirs ardens de différentes ejpeces,
X-jA planche I efl: le pîa,n du fourneau, au
rez-de-chaufTée, où l'on voit HK B un vuide
! qui fauve les inconvénîens du terre-plein fbus
! î'c'iîre du fourneau ; ce vuide e(t couvert d'une
voûte , comme on le verra dans les figures
! fuivantes.
ER \ts cendriers, dîfpofés en forte quç
1 l'ouverture de l'un eit dans la face où fe trouve
le vent de l'autre.
LL deux contre -forts qui alfermiffent la
maçonnerie du fourneau.
N iij
2.94 Irttroduâion à FHi/Ioire
MM deux autres contre-forts, dont Fufage
eft le même que celui de ceux ci-deffus, &
qui n'en diffèrent que parce qu'ils font un peu
arrondis.
GGGG plans de quatre barres de fer qui
affermiffent le fourneau , ainfi qu'il fera expliqué
ci -après.
La planche II efl l'élévation d'une des faces
parallèles à la ligne C D du plan précédent.
H K l'ouverture pratiquée dans l'âtre du
fourneau , afin qu'il ne s'y trouve point
d'hunîîdifé. ■
ce \2i bouche ou grande ouverture du
fourneau.
A la petite ouverture pratiquée dans la face
oppofée, laquelle eil toure fénihiable à celle
que la même planche repréfente , à cette diffé-
rence près, que l'ouverture ell plus petite.
AI m un des contre- forts arrondis, à côté
duqu*^ on voit le vei:t.
R ouverture par où l'air extérieur paffe fous
la griHe du foyer.
E le cendrier , N le foyer , P la porte qui
le ferme.
Ll un contre -fort quarré.
GO, GO deux des barres de fer fcellées
en terre, «Se qui font unies à celles qui font
pofccs à l'autre face par les liens de fer A
ainfi que l'on verra dans une des figures
fuivantes.
0 0 deux barres de fer qui uniffent enfemble
d
(les Mïnérdiix, Partie Exp. 255
les deux barres GO, GO & retieniient la
voûte de l'ouverture CC qui eft bombée.
mDB DI la voûte commune du fourneau
6c d^s foyers, dont la figure eil cllipfoïde,
rarraho;ement des bri(iues cSc autres matériaux
qui compolent le îourneau le connoit ailement
par la figure.
La planche m efl la vue extérieure du
fourneau par une àt^ faces parallèles à la ligne
ABàyi plan.
LL, A7 /IT' contre - forts.
H K extrémités de l'ouverture fous Tâtre du
fourneau.
A la petite ouverture , C la grande.
GOD, GOD les barres de fer dont on a
parlé , qui font unies enfemble par le lien DD,
Les liens DD couchés fur la voûte DBD
font unis enlemble par un troifième lien de fer.
P cd; la porte de fer qui ferme le foyer.
Les figures précédentes font connoître l'ex-
térieur du fourneau. L'intérieur plus intérefiant
efl repréfenté dans les planches fuivantes.
La planche iv ed: une coupe horizontale A\x
fourneau par le milieu de îa grande bouche.
X efl l'àtre que l'on a rendu concave
fphérique.
E E les deux grilles qui féparent le foyer
du cendrier, & fur leiqueiles on met le charbon ;
on a fiippofé que la voûte étoit trar» (parente,
pour mieux faire voir la direcflion ûti barreaux
qui compofcnt les grilles.
N iiij
2p6 IntroJuâîon à V^Hlfloire
A la petite ouverture, CC h grande.
DD les marges, L M, LM\ts contre-forts.
La planche V ell ia coupe verticale du
fourneau fuivant la ligne CZ) du plan, ou
félon le grand axe de rellipfoïde dont la voûte
a la figure.
Z le vuide fous l'âtre du fourneau.
GX K C2.v\ié fphérique pratî(}uée dans l'âtrc
du fourneau, &. fur laquelle la glace G K ç^\\
a été arrondie eft poiée, & dont elle doit
prendre exad:ement la figure après qu'elle aura
été ramollie par I0 feu.
FF les grilies ou foyers au-de(fous defquelles
ibnt les cendriers.
F) D les marges qui empêchent les bords
de la glace du côté des foyers d'être trop tôt
atteints par le feu.
C BC la voûte, CC lunettes que l'on ouvre
ou ferme à volonté en les couvrant d'un carreau
de terre cuite, LM contre -forts.
La planche vi repréfente la coupe du four-
neau par un plan vertical qui paffe par la
ligne ^ i5 du plan.
H K L le vuide fous l'âtre du fourneau.
G JT A' cavité fphérique pratiquée dans l'âtre
du fourneau, (Se fur laquelle la glace X eft
déjà appliquée.
D D une des marges, P la grande ouver-
ture, (2 la petite, CCC lunettes.
C R C \2i voûte coupée tranfverfaleraent ou
félon le petit axe de rellipfoïde. On jugera de
Jes Minéraux, V^YUeF.xp. 2^y
h grgndeur de chaque partie de ce fourneau
par les échelles qui font au bas de chaque
figure , qui ont été exactement levées fur le
fourneau qui étoit au Jardin royal des plantes,
par M. Gouffier.
Grand miroir de réflexion^
appelé AI IROIR D'ArCHIMÈDE,
Planche VIT, figure /.
\_>E miroir efl compofé de trois cents fbixante
glaces montées fur un chaffis de fer C D EF,
chaque glace eft mobile pour que les images
réfléchies par chacune, puiflTent être renvoyées
vers le même point , & coïncider dans le
même cfpace.
Le chaffis qui a deux tourillons, efl porté
par une pièce de fercompofée de deux montans
\M B, LA a (Te m blés à tenons & morioifês
dans la couche Z 0; ils font aifujettis dans
cette fituation par la traverfe ab, d/i par trois
étais à chacun NP, QP, 0 P, fixés en P
dans le corps du montant MB, & alTeniblés
par le bas dans une courbe NOQ qui leur
fert d'empattement; cts courbes ont des entailles
JVQ, lU qui reçoivent des roulettes, au
moyen defquelles cette machine , quoique fort
pefante , peut tourner librement fur le plancher
de bois X XY étant affujettie au centre de
cette plate-forme par Taxe R S qui palTe dans
ks deux traverfes ZOj ab; chaque montant
298 Inîrodui^on a rHïfmre
porte au (Tf à fa partie Inférieure une roulette,
en forte que toute la machine eft portée par
dix roulettes; la plate- forme de bois elT: recou-
verte de bandes de fer dans îa rouette àçs
roultttes; fans cette attention ia plate- formé
ne fcroit pas de longue durée.
La plate-forme eft portée par quatre fortes
roulettes de bois, dont l'ufàge efl: de faciîîter
îe tranfpoi'î de toute la machine d'un lieu à
un autre.
Pour pouvoir varier à volonté les înclînaifons
du- miroir, 6c pouvoir i'alîujettir dans ia fituation
que l'on luge à propos, on a adppté îa cremaiî-
lière F G qui eft unie avec des cercles, dont
ie touriHon ^ eft le centre; cette cremaiilière
tft menée par un pignon en lanterne, dont la
tige b H traverfe le montant & un des étais.,
&: eft terminée par une manivelle H K, au \
moyen de laquelle on incline ou dn redrefte le |
miroir à difcrétion. i
Jufqu'à préfent nous n'avons expliqué que!
la conftruc^ion générale du miroir; refte à
expliquer par quel artifice on parvient à faire
que les images différentes , réfléchies par les
différens miroirs , font toutes renvoyées au
même point , &. c'eft à quoi font deftinées
}ts figures fui vantes.
Planche VII I, figure 2,
XZ une portion des barres qui occupent h
derrière du miroir; ces barres font au nombre
de vingt, & dîfpolëes horizontalement, enforu
éles Minéranx, Partie Exp. 2 p c)
que ieur plan efl parallèle au plan du miroir;
chacune de ces barres a dix-huit entailles TT,
6c le même nombre d'éminences KKqui les
réparent : ces barres font affujetties aux côtés
verticaux du chaiTis du miroir par des vis,
& entr'elles par trois ou quatre barres verticales,
auxquelles elles font afiujetties par des vis; vis-
à-vis de chaque entaille TT il y a à<iî. poupées
TA, TD qui y font fixées par les écrous
G A qui prennent la partie taraudée de la
queue de la poupée après qu'elle a traverfé
lepaiffeur de la barre; les parties fjpérleures
de chaque poupée, qui font percées, fervent
de collets aux tourillons de la croix dont nous
allons parler; cette croix reprérentée/'^7/rw ^
dT' ^j eft un morceau de cuivre ou de fer,
dont la fiofure fiiî connoître la forme.
CD les touîillons qui entrent dans \z^^ trous
pratiqués à chaque poupée, en forte qu'elle
fe peut mouvoir iibrem.ent dans ces trous.
La vis AIL après avoir traverfé Témî-
nence Y, va s'appuyer en - delTous contre
rextrémité inférieure B du croifilfon B A, en
même temps le reiïbrt K va s'appliquer contre
l'autre extrémité A du même croifilîon ; en
forte que lorfque l'on fait tourner la vis en
montant, le refîort en fè rétabliffant , fait que
la partie B du croifilîon fe trouve toujours
appliquée fur la pointe de la vis ; il réfulte
de cette confirudiiion un mouvement de gingiîme
ou charnière; dont l'axe eft BC , figure 2.
IN vj
300 IfitroJtiâïon à FHiJloîre
Ce feul mouvement ne fuffifant pas, on en
a pratiqué un autie , dont l'axe de mouvement
croife à angle droit le premier.
Aux deux extrémités A ôl B au croifillon
ABj on a adapté deux petites poupées
BH, AKf figure ^, retenues comme les
précédentes par des vis & des écrous.
hts trous H K (\u\ font aux parties fupé- ?
rieures de ces poupées, reçoivent les tourillons !
DC, figure ^, d'une plaque de fer que nous
avons appelée porte-glace , qui peut fe mouvoir
îibremeni fur les poupées, & s'incliner à l'axe
C L> du premier mouvement par le moyen de
îa vis F G, pour laquelle on a réfervé un
bofîage E dans (e croilillon A B, afin de lui
fervir d'écrous dormans ; cette vis s'applique
par E contre la partie DEC du porte -glace,
6c force cette partie à monier lorfqu'on tourne
la vis; mais lorfqu'on vient à lâcher cette vis,
le reffort A L qui s'applique contre la partie
JDAC du porte -glace, le force à fuivre
toujours la pointe de la vis: au moyen de
ces deux mouvemens de ginglime, on peut
donner à la glace qui efl: reçue par les crochets
A C B du porte-glace, telle diredion que l'on
ibuhaite , & par ce moyen faire coïncidej
riniage du Soleil réfléchie par une glace, avec
celle qui eft réfléchie par une autre.
Planche IX,
h^ figure 6 repréfente le porte - glace vu
par-derrière, où l'on voit h vis F EG qui
^es Minérûux, Parlîe Exp. 301
s'applique en G hors de l'axe de mouvement
H K , & le reffort L qui s'applique en L de
l'autre côté de l'axe de mouvement.
La Jigure y repréiente le porte -glace vu
en-dcffus, &: garni de la glace AC BD, le
refle eil: expliqué dans les autres figures.
MlR O I R D E RÉFLEXION
rendu concave par la -pre^îon d'une vis
appliquée au centre.
Planche X»
l-iK figure I repréfente le miroir monté fur
fbn pied, B DC la fourchette qui porte le
miroir; celte fourchette eO: mobile dans l'axe
vertical, & efl: retenue fur le pied à trois
branches F F F par l'écrou G.
E) E \e régulateur des inclinaifons.
A la tête de la vis placée au centre du
miroir , & rendu concave par fon moyen.
La figure 2 repréfente le miroir vu par fa
partie poflérieure, B C les tourillons qui entrent
dans les collets de la fourchette.
. FG une barre de fer fixée fur Panneau de
jnême métal, qui entoure la glace: cette barre
fêrt de point d'appui à la vis F> E qui
comprime la glace.
B H C K WuriCdM ou cercle de fer fur lequel
îa glace eft appliquée ; ce cercle doit être
cxadement plan & parfaitement circulaire: ob
'302 Introduâlon à VHijlohe
couvre la partie fur laquelle la glace s'applîqti€
avec de la peau , du cuir ou de l'étoffe , pour
que le contad: foit plus immédiat, & que
la glace ne fbit point expofée à rompre.
Miroir de réflexion',
rendu concave par laprejfion de r Atmofpkcre»
Planche xt,
V_-<E miroir confifte en un tambour ou cj/Iindre,
dont une des baies eil; la glace , & l'autre une
plaque de fer.
A B, figure i , la glace parfaitement plane,
C une lentille taillée dans l'épaifTeur même
de la glace.
A E ou B M la hauteur du cylindre aux
extrémités du diamètre horizontal TL^ duquel
fortent deux tourillons qui entrent dans les yeux
de la fourchette , ainfi qu'il ed expliqué en
parlant du miroir de réfracftion.
JVIO le régulateur des inclinaifbns.
TV le collet par lequel il pafTe & la vis
qui fert à Py fixer.
JVI^SPQ le pied qui efl: femblable à celui
du miroir de réfraélion , à cette différence près,
qu'il efl de bois, Se que les pièces ont un
contour moins orné , du relie fa fonélion eft
la même.
Figure 2 edh profil du miroir coupé par un
plan qui paffe par l'axe du cylindre, & auquel
on fuppofe que Tceil eil perpendiculaire.
^es Minémux, Partie Exp. 303^
AB h glace dont on voit répaliïèur.
C h lentille qui y eft entaillée & dont le
foyer tombe fur le point c.
E D h bafe du cylindre qui efl: une plaque
de fer.
AE, BD la hauteur & la coupe de la
furface cylindrique.
cm une mèche foufre'e que l'on fait entrer
dans la cavité du miroir après avoir ôté la vis
K dont l'écrou eft un cube folidenient attaché
à la plaque de fer qui fert de fond au miroir.
' G \di même vis repréfentée féparément ,
//une rondelle de cuir que l'on met entre la
tête de la vis <Sc fon écrou pour fermer entiè-
rement le paiTage à l'air.
abc \^ courbure que la glace prend après
que Tair que le cylindre contient, a été
confommé par la flamme de la bougie cm^
à laquelle la lentille C a mis le feu.
D F h régulateur des inclînaifons qui eft
aflfemblé à charnière au point D,
^* EmK, KmD, règles de fer pofées de
champ fur la bafe du cylindre & qui y font
fortement affujctties ; leur ufage efl pour fortifier
la plaque &i la mettre en état de réfîfter au
poids de l'atmofphère , qui la comprime aufli-
bien que la glace; cette conftru(5lion efl repré-
fentée dans une autre figure ; Plupche xu*
^04 Introcluâ'ion h VHïfloire
Autre Miroir de Réflexion,
Planche X 1 1,
1 L confjfle aufil en un cylindre ou tambour
de fer, dont une des bafes efl une glace par-
faitement plane; la bafe oppofée, <5c qui eft
celle que ]a Jîgiire i préfente, eft une plaque
de fer qui eit fortifiée par les règles de fer
pofées de champ EG, F H, EK. On vuîde
l'air que le cylindre contient par la pompe BC ^
qui efl; affermie fur la plaque de fer par les
collets Tix.
A l'extrémité fupérîeure du pîflon.
E \\'s\ cube de cuivre folîdement fixé fur la
plaque ; ce cube efl porté en travers pour
recevoir le robinet F, au moyen duquel on
ouvre ou on ferme la communication de l'in-
térieur du cylindre avec la pompe.
LJVl, mn la fourchette fur laquelle îe miroir
efl monté & qui efl mobile dans l'arbre A'IO,
MPR Q le pied qui a feulement trois
branches, ce qui fait qu'il porte toujours à
plomb, même fur un plan inégal.
La figure 2 repréfente le miroir coupé ,
fuivant la ligne G H , & duquel on fuppofe
que l'on a pompé l'air.
XV Z la glace que la preiïîon de fatmo-
iplière a rendue concave-
HG h plaque de fer qui fert de fond
au cylindre.
L JV les tourillons.
fies Miner nnx, Partie Exp. 305
F E \t robinet.
EG, F H les règles de champ quî maîn-
tîennent la plaque.
Les Jigures ^ if ^ repréfentent en grand la
coupe du cube dans lequel palTe le robinet,
ce cube e(l fuppofé coupé par un plan per-
pendiculaire à la plaque &: qui paiïe par
a pompe.
c partie du canal coudé pratiqué dans le
cube qui communique à l'intérieur du miroir.
b portion du même canal qui communique
la pompe.
a le robinet qui fe trouve coupé perpen-
pendiculairement à Ton axe.
La figure ^ rcpréfente la Situation du
robinet lorfque la communication eft ouverte,
(a portion m du canal fe préfente vis-à-vis
les ouvertures b , c,
La figure 4 rcpréfente la fituation du robinet ,
brfque la communication eft fermée, alors la
partie m du canal ne fe préfente plus vis-à-vis
es mêmes ouvertures.
Lentille à l'e a u.
Planche XI II.
IGURE J. Le miroir entier monté fur
fon pied.
j4 b MC le miroir compofé de deux glaces
convexes , afTujetties l'une contre i'atître par le
chalTis ou cadre circulaire A BMC.
BC extrémités de la fourchette de fer qui
F:
3oé I/ïtroJuâîOî2 à rBfiolre
porte ce miroir. Les extrémités de cette four-
chette (ont percées d'un trou cylindrique pour
recevoir les tourillons dont le chaiïis du miroii
cft garni & fur îefquels il fe meut pour varier
les inclinaifons.
B KC la fourchette.
KFiG H le pied qui porte le miroir; il
cft compofé de plufieurs pièces.
KL l'arbre ou poinçon qui s'appuie par fà
partie inférieure fur fa croix H î , FG; W e(\
fixé dans ia fjtuation verticale par les quatre
étais ou jambes de forces KG, KH, KF, Kï
<jui font de fer &l auxquelles on a donné un
contour agréable.
fghi les roulettes.
Figure 2.. Coupe ou profil du miroir danj
laquelle on fuppofe que l'œil e(l placé dans le
pla'n qui fépare les deux glaces.'
XZ les deux glaces qui étant réunies forment
une lentille.
or le plan qui fépre les deux glaces.
h m coupe du chaffis ou anneau qui retieni
les glaces unies enfemble; cet anneau efl com-
po(é de deux pièces qui s'affujettilTent l'une
à l'autre par Ats vis à. entre lefquelles les
glaces font madiquées.
a une petite bouteille à deux cols, l'un
defquels communique au vuîde que les deux
glaces laifTent entre elles par un canal pratiqué
entre les deux glaces & qui efl entaillé moitié
dans Tune & moitié dans l'autre.
des Mméram, Partie Exp* 307
Fïmire p, BDC la fourchette de fer qui
porte le miroir.
DE îîge de la fourchette qui entre dans
un trou vertical prntiqué à l'axe ou arbre KL
Ju pied, en forte que l'on peut préfenter
ruccefTivement la face du miroir à tous les
points de Tiiorizon.
D collet dans lequel pafTe le régulateur ûts
îndinaifons que l'on y fixe par une vis.
Lentille a Échelons.
Planche X l V,
AB bordure circulaire pour contenir ce
miroir à échelons.
ce tourillons qui pafTent dans les trous perces
horizontalement à la partie fupérieure de la
fourchette JD D; à fa partie inférieure, tient
une tige aufil de fer, que l'on ne voit point
ici, étant entrée perpendiculairement, mais un
peu à l'aife dans l'arbre E afin de pouvoir
tourner à droite (Se à gauche.
L'arbre E efl: attaché folidement à fon pied,
qui efl fait en croix , dont on ne peut voir ici
que trois de Tes côtés indiqués F F F.
GGG jairbages de force ou étais de fer
éour la folidité.
HH H roulettes deffous les pieds pour
ranger facilement ce miroir à la diredion que
Ton jup^e à propos. ^ , .
La Planche x V repréfente ce même miroir
'308 Introduâîon à VHïjloïre
à échelons en perfpedive, tourné vers le Soleil
pour mettre le feu. |
A B bordure circulaire qui contient la glace
à écheîons.
ce tourillons qui pafTent dans les trous percés 1
à la partie fupérieure de la fourchette DD.
À la partie inférieure de la fourchette, quîi
cft de fer , tient une tige cylindrique de même
métal qui entre jufle dans l'arbre; mais noo
trop ferrée pour qu'elle puiffe avoir un jeu
doux^ propre à pouvoir tourner à droite ou à
gauche pour la diriger comme on le defire.
E l'arbre dans lequel entre cette tige.
F FF F les quatre pieds en croix fur laquelle
(ft attaché folidement i'arbre.
GGG G \t^ quatre jambes de force, auflî
de fer.
H le feu acT:if tiré du Soleil par la conP
trudion de ce miroir.
y -^ / roulettes de deflTous les pieds du porte-
miroir.
■ La Planche XV 1 repréfcnte les coupes de
trois miroirs à échelons, dont le plus facile
à exécuter feroit celui de la figure //^ Leur
«chelle efl de fix pouces de pied-de-roi pour
pied -de -roi.
F/a/h-ÂL^ I
I I I 1
Echclù; de Jt':c Fu'Jo^
l'/ancAc Jl.
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P/.wc/ic r
n 1" - — t.
/.\/u/A Je .r/\r /'/i
M
j'/cuic/ic . 71.
Ei/ti'//<: ,/t' .iVc.'- /'À'./i
Mxm/zo 111
2Vanc/tc P7II.
P/amA' IX
\
P/^wc/icX.
r/anc/ic XI
PAinc/ic Ail
~\
luj . '2 .
^U
PLin./uXIir.
2'U'u/u- xir.
FLiiicIic iff.
o, pieoj ce J^cirer .
l'iû. Cl.
S.imJj Je Fcircr.
J'n?. 3.
I I I ' I I I I I "'i
des Minéraux, Partie Exp. 3 op
SEPTIEME MÉMOIRE.
BSERVATIONS fur les couleurs
accidentelles, è^ fur les ombres
colorées.
Quoiqu'on fe foît beaucoup occupé
ms ces derniers temps de la phyfique
^s couleurs , il ne paroît pas qu'on ait
it de grands progrès depuis Newton :
i n'efl pas qu'il ait épuife la matière ,
lais la plupart des Phyficiens ont plus
availlë à le combattre qu'à l'entendre ,
quoique Tes principes foient clairs, &
s expériences incontedables , il y a fi
eu de gens qui fe foient donné la peine
'examiner à fond les rapports & Ten-
Mnble de fes découvertes , que je ne
rois pas devoir parler d'un nouveau
énre de couleurs, fans avoir auparavant
onné des idées nettes fur la produélion
es couleurs en général.
Il y a pîufieurs moyens de produire
es couleurs^ le premier eft la léfraétion f
5 I o Introduâïon a rHiffoire
un trait de lumière qui pafTe à traver
un prifine le rompt & Te divife de façoi
qu'il produit une image colorée, compofe^
d'un nombre infini de couleurs, & le.
recherches qu'on a faites fur cette imag(
colorée du Soleil , ont appris que l(
lumière de ce: aftre e(l raffemblao-e d'imt
infinité de r. yons de lumière différemmen
colorés; que ces rayons ont autant d(
diiîérens degrés de réfrangibiiité que de
couleurs différentes , & que la même
couleur a conftamment le même degrt
de réfrangibiiité. Tous les corps diaphanes
dont les furfaces ne font pas parallèles
produifent des couleuis par la réfraction :
l'ordre de ces couleurs efl: invariable, &
leur nombre quoiqu'infini a été réduit l
fept dénominations principales , violet ,
indigo j bleu y vert, jaune, orangé, rouge i
chacune de ces dénominations réponc
à un intervalle déterminé dans l'image
colorée qui contient toutes les nuance»
de la couleur dénommée; de forte que
dans l'intervalle rouge on trouve toute*
ies nuances de rouge, dans Tiniervalk
jaune toutes les nuances de jaune, &c
§L dans les confins de ces intervalles le?
Jes Minéraux, Partie Exp. 3 i ï^
ouîeurs intermédiaires qui ne font ni
aunes ni rouges, &lq. C*ell par de bonnes
allons que Newion a fixé à iept le nombre
les dénominations des couleurs; l'image
:olorée du Soleil qu'il appelle le fpeâre
"blaire , n'ofîre à la première vue que cinq
:ouleurs, violet, bleu, vert, jaune &
•ouge , ce n'eft encore qu'une décom-
:Doruion imparfaite de la lumière , &
une repréfentaiion confufe dts couleurs.
Comme cette image efl: compofée d'une
infinité de cercles difiéremment colorés
qui répondent à autant de diiques. du
Soleil; & que ces cercles anticipent
beaticoup les uns fur les autres , le milieu
de tous ces cercles efl l'endroit où le
mdange des couleurs efl: le plus grand,
&; il n'y a que les côtés rectilignes de
l'image où les couleurs foicnt pures; mais
comme elles font en même temps très-
foibles , on a peine à les diflinguer , &
on fe f'ert d'un autre moyen pour épurer
ies couleurs : c'efl en rétrécifî'ant l'image
du difque du Soleil , ce qui diminue
rai\ticipation des cercles colorés les uns
fur les autres, 6c par conféquent le mélange
des couleurs ; dans ce fpeitre de lumière
I
312 Introduâion à VHïfloire
épurée & homogène , on voit très - bwr
les fept couieurs ; on en voit mênw
beaucoup plus de fept aveic un peu d'art
car en recevant fucceflivement fur un ^
blanc les différentes parties de ce rpe(5lr<
de lumière épurée, j'ai compté fouven
jufqu'à dix- huit ou vingt couleurs don
la différence étoit fenfible à mes yeux
Avec de meilleurs organes ou plus d'at
tention, on pourroit encore en compte
davantage ; ceia n'empêche pas qu'on m
doive fixer le nombre de leur dénomina
tion à fept, ni plus ni moins; & ceî;
par une raifon bien fondée, c'efl qu'er
diviiant le fpecftre de lumière épurée ei
fept intervalles , & fuivant La proportioi
donnée par Newton , chacun de ces inter-
valles contient des couleurs qui, quoiqu-
prifes toutes enfemble , font indécompo
labiés par le prifme & par quelqu'art qu'
ce foit , ce qui leur a fait donner le non
de couleurs primitives : Si au lieu de divife
le ipedire en ièpt , on ne le divife qu'ei
iix, ou cinq, ou quatre, ou trois inter
vailes , alors les couleurs contenues dan
chacun de ces intervalles fe décompofen
par le prifme, <$c par conféquent ce
couleur
^es Minéraux , Partie Exp. 3 i 3
couleurs ne font pas pures, & ne doivent
pas eue regardées comme couleurs pri--
miiives. On ne peut donc pas réduire les
couleurs primitives à moins de fept déno-
minations, & on ne doit pas en admettre
un plus grand nombre» parce qu'alors
on diviieroit inutilement les intervalles en
deux ou plufieurs parties, dont les couleurs
feroient de la même nature, & ce feroit
partager mal-::-propos une même efpèce
de couleur , & doniier des noms difFérens
à des chofes feml^lables.
Il le trouve par un hafard finguïier,
que rétendue proportionnelle de ces fept
intervalles de couleurs , répond aflez julîe
à l'étendue proporiionnelïe des fept tons
de la mufique , mais ce n'eft cju'un hafard
dont on ne doit tirer aucune conféquence;
ces deux réfuliats font indépendans l'un
de l'autre, & il faut fe livier \Àç.^ aveu-
glément à l'eiprit de lyflème pour pré-
tendre, en venu d'un rapport fortuit,
foumettre l'oeil tîk IVreille à des loix
communes, & trai.er l'un de ces organes
par les règles de l'autre , en imaginant
qu'il efi poliible de faire un concert aux
yeux ou un payfage aux oreilles.
Tomt VIL O
314 Inîroduéîion à VHïjloire
Ces fept couleurs , produites par h
réfraflion , font inalte'rables , & con-
tiennent toutes les couleurs & toutes les
nuances de couleurs qui font au monde;
les couleurs du prifme, celles des diamans,
celles de Tare- en -ciel, des images des
halos , dépendent toutes de la réfraction ,
&: en fuivent exaélement les loix.
La réfraction n'efl: cependant pas le
feul moyen pour produire des couleurs ,
îa lumière a de plus que fa qualité réfran-
giblc d'autres propriétés qui, quoique
dépendantes de la même caufe générale ,
produifent des effets différens ; de la même
façon que la lumière le rompt & fe divile
en couleurs en paflant d'un milieu dans
vm autre milieu tranfparent , elle fe rompt
aufîi en pafTant auprès des furfaces d'un
corps opaque : cette eipèce de refradlioii
qui fe fiit dans le même milieu , s'appelle
inflexion , & les couleurs qu'elle produit ,
font les mêmes que celles de la réfra(5liQa
ordinaire; les rayons violets qui font les
plus réfrangibles , font auffi les plus
flexibles, & la frange colorée par l'inflexion
de la lumière ne diffère du fped:re coloré,
produit par la réfradion, que U^ns U
Jes Minéraux , Partie Exp. 315
forme; & fi i'intenfité des couleurs eft
différente , l'ordre en e(l le même , les
propriétés toutes lemblables, le nombre
égal , la qualité primitive & inaltérable
commune à toutes , f oit dans la réfraction ,
foit dans l'inflexion qui n'elt en effet
qu'une eipèce de réfraétion.
Mais le plus puilTant moyen "que la
Nature emploie [)our produue des cou-
leurs , c'efl la réflexion (a); toutes les
fa) J'avoue que je ne penfe pas comme Newton.
au fujet de la réflexibilité à^s différens rayons de fa
Inmière. Sa définition de la réflexibilité n'efl pas
aflèz générale pour être fatisfai/ante , il efl fur que
la plus grande facilité à être réfléchit efl; la même
chofe que la plus grande réflexrbilité , il faut qud"
cette plus grande facilité foit générale pour tous
les, cai : or qui fait fi le rayon violet fe réfléchit le-
plus ailément dans tous les cas , à caufe que dans
un cas particulier il rentre plutôt dans le verre que
les autres rayons ; la réflexion de la lumière fuit les
mêmes loix que le rebondifîement de tous les corps
à reffort ; de-là on doit conclure que les particule&i
de lumière font éiaftiques , & par confequ^'-tr^'
reflexibilité de la lumière fera toujours propor-
tionnelle à fon reffort , & dès-lors les rayons les
plus réflexibles feront ceux qui auront le plus de
reffort ; qualité difficile à mefurer dans fe nf^itîèrç
de la lumière, parce qu'on ne peut mefurer i'ia-
ttiifité d'un reffort que par la vUtfiC qu'il produit ;
3 ï 6 IntroJuâion à l'Hifloire
couleurs matërielîes en dépendent , îe
vermillon n'eft rouge que parce qu'il
réfléchit abondamment les rayons rouges
de la lumière, «Se qu'il abfbrbe les autres;
Toutremer ne paroît bleu cjue parce qu'il
réfléchit fortement les rayons bleus , &
qu'il reçoit dans Tes pores tous les autres
rayons qui s'y perdent. II en efl de même
des autres couleurs des corps opaques &
i\ faudroit donc pour qu'il fût pofljbie de faire une
expérience fur cela , que \es fatellites de Jupiter
fymtwi illuminés fuccefïi vement par toutes le^ couleurs
du prifme , pour reconnoître par leurs éclipfes s'il y
auroit plus ou moins de vîteffe dans le mouvement
de la lumière violette que dans le mouvement de
îa lumière rouge ; car ce n'eft que par fa compa-
raifon de la vîteffe de ces deux ditferens rayons
«ju'on peut favoir (i l'un a plus de redbrt que
Vautre ou plus de réflexibilité. Mais on n'a jamais
obfcrvé que les fatellites, au moment de leur émer-
ïion , aient d'abord paru violets, & enfuite éclairés
fuccefTivement de toutes les couleurs du prilme ;
l^onc il efl à préfumer que les rayon:^ de 'umière
èiit's peu-près tous un rern>rt égal , & par conlcquent
autant de reflexibilité. D'ailleurs le cas particulier
où le violet parok être plus réflexible ne vient
que de la réfra^flion , & ne paroît pas tenir à ^a
réflexion, cc'a efl ailé à démontrer. Newton a faît
voir , à n'en pouvoir douter , que les rayons diflé-
Xp\ïS> font inégalement réfrangibles , que le rouge i'eft
(Jes Minéraux, Partie Exp. 3 1 7
tranfparcns ; la tranfparence dépend de
l'uniformité de denfité ; iorfque les parties
Gompofantes d'un corps font d'égale
denfité, de quelque figure que foient ces
mêmes parties , le corps îera toujours
tranfparent. Si l'on réduit un corps tranf^
parent à une fort petite épaiiïcur, cette
plaque mince produira des couleurs dont
ie moins & le viofet le plus de tous ; if n*efl donc
pas cronnant qu'à une certaine obliquité le rayon
violet Te trouvant en lortant du prifme plus oblique à
la furface que tous les autres rayons , il foit ie
premier faifi par l'attradion du verre & contraint
d'y rentrer, tandis que les autres rayons, dont
l'obliquité eft moindre, continuent leur route lans
être a(Tez attirés, pour être obligés de rentrer
dans le verre ; ceci n'efl donc pas , comme le prétend
Newton , une vraie réflexion , c'elt feulement une
iuite de la réfraction. Il me femble qu'il ne devoit
donc pas alTurcr en générai que les rayons les plus
réfrangiblcs étoient les plus réflexibles. Cela ne me
paroît vrai qu'en prenant cette fuite de la réfraéliou
pour une reflexion , ce f^ui n'en ell pas une ; car
il ell évident qu'une lumière qui tombe fur ua
miroir & qui en rejaillit en formant un angle de
reflexion égal à celui d'incidence , efl dans un
cas bien dilTérent de celui où elle le trouve au
fortir d'un verre fi obiique à la furface qu'elle
ert contrainte d'y rentrer ; ces deux phénomènes
n'ont rien de commun, & ne peuvent, à raciî
avis , s'expliquer par la nfîême caufe.
O iij
318 Introduâïon a VHïjloire
î'orclre & les principales apparences font
fort diiîe rentes des phénomènes du fpecflre
ou de la frange cofore'e ; aufîi ce n'eft
pRs par la réfnidion que ces couleurs font
produites , c'eft par la réflexion ; les
Eîaques minces des corps tranfparens, les
ulles de favon, les plumes des oifeaux, &c.
paroifîcnt coloiées parce qu'elles réflé-
chinenî ceriaiiis rayons & iaiflcnt pafTer
ou abfoibcnt les autres; ces couleurs ont
leurs loix <S: dé])endent de i'épaifleur de
ia plaque mince , une certaine épaifieur
produit conflammcnt une certaine couleur,
toute autre épaifieur ne peut la produire,
mais en produit wwq autre; & lorfque
cetie cpaifleur eft diniinuée à l'infini, en
forte qu'au lieu d'une plaque mince &
tranfparente on n'a plus qu'une furface
polie fur un corps opaque , ce poli qu'on
peut regarder comme le premier degré
de la tranfparence , produit aufîi des
couleurs par ia réflexion , qui ont encore
d'autres loix ; car lorlqu'on laifîe tomiber
un trait de lumière iur un miroir de métal ,
ce trait de lumière ne fe réfléchit pas
tout entier fous le même angle , il s'en
dirperfe une partk qui produit des couleurs
des Minéraux, Partie Exp* 3 r^
dont les phénomènes, aufîi-bien que ceux
des plaques minces , n'ont pas encore été
afTez obfervés.
Toutes les couleurs dont je viens de
parler font naturelles & dépendent uni-
quement des propriéiés de ia iumière ;
mais il en efl d'autres qui me paroifîent
accidentelles & qui dépendent autant de
notre organe que de l'adion de la lumière.
Lorfque l'œil efl frappé ou prefTé , on
voit des couleurs dans robfcurité , lorfque
cet organe eft mal difpofé ou fuigué ,.
on voit encore des couleurs ; c'elt ce
genre de couleurs que j'ai cru devoir
appeler couleurs accidentelles , pour les
diftinguer des couleurs naturelles , & parce
qu'en effet elles ne paroiffent jamais que
iorfque l'ori^^ane efl forcé ou qu'il a été
trop fortement ébranlé.
Perfonne n'a fait avant le D/ Jurin (h)
la moindre obfervation fur ce genre de
couleurs, cependant eiies tiennent aux
couleurs naturelles par plufieurs rapports,
(h) Effai, Upon dîfl'mél and indijVmifl vifion ,
page I I f, àts notes Tur l'Optique de Srnitk ,
tome II, imprimé à Cambridge en 17', 8.
O iiij
320 Inîvodiiâion à rHïjloire
& j'ai découvert une fuite de phe'no-
mènes finguliers lur ceite matière, que
je vais rapporter le plus fuccinClement
.qu'il me lera pofîlbie.
Lorfqu'on regarde fixement & long-r
lemps une tache ou une figure ror.ge fur
lin fond blanc, comme un peiit quarré
de pnpier rouge fur un papier blanc,
on voit naîire autour du petit quarré
ronge une efpèce de couronne d'un vert
jfoible ; en cefîlmt de regarder le quarré
rouge (î on porte l'œil fur le papier blanc,
on voit très-difiind:ement un quarré d'un
vert tendre , tirant un peu fur le bleu ;
cette apparence fubfjfle plus ou moins
iong-temps, lelon que l'impreflion de la
couleur rouge a ^'të plus ou moins forte.
Là grandeur du ciuarré vert imaginaire,
eft la même que celle du quarré re^
rouge, & ce vert ne s'évanouit cju'après
que l'œil s'efi: raiTuré &. s'efl: porté iuc-
cefTivcment iur plufieurs autres objets
dont les imni:>-es détruilent l'impreliioa
trop forte caulée [)ar le rouge.
En regardant fixement & long-temps
une tache jaune fur un fond blanc, on
voit naître autour de la tache une couronne
des Alïnéraux , Partie Ëx'p. 3 2 I
d'un bleu pâle , & en ceŒint de regarder
la tache jaune &: portant Ion œii Ibr un
autre endroit du fond blanc , on voit
didindenient une tache bleue de ia même
ligure & de ia même grandeur quç la
tache jaime, & cette apparence dure au
moins aufîl long- temps que l'apparence
du vert produit par le rouge. Il m'a même
paru, après avoir fait moi-même , & après
avoir fait répéter cette expérience à
d'autres dont les yeux étoient meilleurs
& plus forts que les miens , que cette
impreifion du jaune étoit plus forte que
celle du rouge, & que la couleur bleue
qu'elle produit s'effaçoit plus difficilement
& fubfiftoit plus long-temps que la couleur
verte produite par le rouge ; ce cjui femble
prouver ce qu'a foupçonné Newton, que
le jaune eft de toutes les couleurs celle
qui fatigue le plus nos yeux.
^\ l'on regarde fixement ôc long- temps
une tache verte fur un fond blanc , on
voit naître autour de la tache verte une
couleur blanchâtre , qui eft à peine colorée
d'une petite teinte de pourpre; mais en
cefTant de regarder la tache verte & en
portant l'œil lur un autre cndroi: d».? foil4
G V
322 Inti'OchCùon a VHijlo'ire
blanc , on voit difl:ind:enient une tache
d'un pourpre pâle, femblable à la couleur
d'une améthiiie pâle; cette apparence eft
plus foible 6c ne dure pas, à beaucoup
près , aufîi iong-temps que les couleurs
bleues & vertes produites par le jaune &
par ie rouge.
De même en regardant fixement &
long- temps une tache bleue fur ^x\\ fond
blanc , on voit naître autour de la tache
bleue une couronne blanchâtre un peu
teinte de rouge , & en cefTant de regarder
la tache bleue & portant l'œil fur le fond
blanc , on voit une tache d'un rouge
pâle , toujours de la même figure & de
la même grandeur que la tache bleue,
&i cette apparence ne dure pas plus long-
temps que l'apparence pourpre produite
par la tache verte.
En regardant de même avec attention
une tache noire fur un fond blanc , on
voit naître autour de la tache noire une
couronne d'un blanc vif, & cefTant de
regarder la tache noire & ponant l'œil
fur un autre endroit du fond blanc , on
voit la fiorure de la tache exaélement
deiîiiiée 6c d'un blanc beaucoup plus vif
des Minéraux, Partie Exp. 323
que celui du fond; ce blanc n'eft pas
mat , c'eft un blanc brillant femblablc au
blanc du premier ordre des anneaux
colorés décrits par Newton ; 6c au con-
traire , fi on regarde long - temps une
tache blanche fur un fond noir, on voit
la tache blanche fe décolorer, <& en
portant l'oeil fur un autre endroit du fond
noir, on y voit une tache d'un noir plus
vif que celui du fond.
Voilà donc une fuite de couleurs acci-
dentelles qui a des rapports avec la fuite
des couleurs naturelles; ie rouge naturel
produit le vert accidentel , le jaune produit
îe bleu, le vert produit le pourpre, le
bleti produit le rouge , le noir produit le
blanc , <?i le blanc produit le noir. Ces
couleurs accidentelles n'exiftent que dans
l'organe fatigué , puifqu'un autre œil ne
les aperçoit pas ; elles ont même une
apparence qui les diflingue des couleurs
naturelles , c'eft qu'elles lont tendres ,
brillantes, &: qu'elles paroifient être à
différentes dillances, lelon qu'on les rap-
porte à des objets voifms ou éloignés.
Toutes ces expériences ont été faites
fur des couleurs mattes avec des morceaux
O v;
3^4 hitroduâ'wn à l'Hifloire
de p:i|jer ou d'étoffes colorées, mais eifes
réuiliflent encore mieux lorlqu'on les fait
fur des couleurs brillantes, comme avec
de l'or brillant & poli, au lieu de papier
ou d'étoffe Jaune; avec de l'argent brillant,
au lieu de paj)ier blanc ; avec du lapis,,
au lieu de [)apier bleu , &c. l'impreffioii
de ces couleurs brilkntes eft plus vive &
dure beaucoup plus long-temps.
Tout le monde lait qu'après avoir
regardé le Soleil, on pone quelquefois
pendant long -temps l'image colorée de
cet allre fur tous les objets, ia lumière
trop vive du Soleil produit en un inJftant
€e que la lumière ordinaire des corps ne
produit qu'au bout d'une minute ou
deux d'applicatîi:ï)n fixe de l'œil fur les
couleurs ; ces images colorées du Soleii
€[ue l'œil ébloui & trop fortement ébranlé
porte par-tout , font des couleurs du même
genre que celles ([ue nous venons de
décrire , &i l'explication de leurs î^ppa-
rences dépend de la même théorie.
Je n'entreprendrai pas de donner ici
les idées qui me font venues lur ce fujet;
Cjuelqii'affuré que je fois de mes expé-
riences, je ne fuis pas aflez certain des
des Minéraux, Partie Exp. 325
confequences qu'on en doit tirer , pour
oier rien halarder encore fur la théorie
de ces couleurs , & je me contenterai de
rapporter d'autres obfervations qui con-
firment les expériences précédentes , &
qui ferviront fans doute à éclairer cette
matière.
En regardant fixement & fort îojig-
temps un cjuarré d'un rouge \i^ fur un
fond bianc , on voit d'abord naître la
petite couronne de vert tendre , dont j*ai
parlé ; enfuitc en continuant à regarder
fixement ie quarré rouge, on voit le
milieu an quarré fe décolorer , & les
côtés fe charger de couleur , & former
comm.e un cadre d'un rouge plus fort &
beaucoup plus foncé que le milieu;
cnfuite en s'éioignant un peu 6c continuant
à regarder toujours fixement, on voit le
cadre de rouge foncé fe partager en deux
dans les quafre côtés, & former une croix
d'un rouge aufîi foncé ; le- quarré rouge-
paroît alors comme une fenêtre traverlee
dans fbn milieu par une groffe croifée &
quatre panneaux blancs, car le cadre de
cette efpèce de fenêtre eft d'un rouge
ïiuffi fon que la croifée; continuant
^^i6 IntroJuâlon à VHijlom
toujours à regarder avec opiniâtreté, cette
apparence change encore , & tout fe
réduit à un redtangîe d'un rouge fi foncé,
il fort & fi vif, qu'il offufciue entière-
ment les yeux ; ce retftangle efl: de la
même hauteur que ie quarré , mais il n'a
pas la fixième partie de fi largeur : ce
point efl le dernier degré de fatigue que
i'ceil peut fupporter; & lorfqu'enfin on
détourne l'œil de cet objet , & qu'on ie
porte fur un autre endroit du fond blanc,
on voit au lieu du quarré rouge réel ,
i'image du recflangle rouge rinaginaire ,
exactement deffinée &. d'une couleur verte
brillante ; cette iinpreiîion fubfifte fort
iong-temps, ne fe décolore que peu- à- peu,
elle relie dans l'œil même a])rès l'avoir
fermé. Ce que je viens de dire du quarré
rouge , arrive aulTi iorfqu'on regarde très-
long- temps un quarré jaune ou noir, ou
de toute autre coukur , on voit de même
îe cadre jaune ou noir, la croix & le
redlangle; & l'impreffion qui refte, ell
un redangle bleu, fi on a regardé du
jaune ; un recT:angle blanc brillant , fi on
a regardé un quarré noir, &c.
J'ai fait faire les expériences que je viens
lies Minéraux, Partie Exp. 327
de rapporter à plufieurs perfonnes, elles
ont vu comme moi les mêmes couleurs
& ies mêmes apparences. Un de mes
amis m'a afliiré à ceue occafion , qu'ayant
regardé un jour une éclipfe de Soleil par
un peiit trou , il avoit porté pendant plus
de trois feniaines l'imao;e coiorée de cet
aflre fur tous les objets ; que quand iï
fixoit Tes yeux fur du jaune brillant ,
comme lur une bordure dorée, il voyoit
une tache pourpre, & fur du bleu comme
fur un toit d'ardoifes, une tache verte.
J'ai moi-même fouvent regardé le Soleil
& j'ai vu les mêjnes couleurs; mais comme
je craignois de me fliire mal aux yeux
en regardant cet aflre, j'ai mieux aimé
continuer mes expériences fur des étofFes
colorées, & j'ai trouvé qu'en effet ces
couleurs accidentelles chanp^ent en iè
mêlant avec les couleurs naturelles , &
qu'elles fuivent les mêmes règles pour
les apparences; car lorfque la couleur
verte accidentelle , produiie par le rouge
naturel , tombe fur un fond rouge brillant,
cette couleur verte devient jaune ; ù la
couleur accidentelle bleue, produite par
ie jaune vif, tombe fur un fond jaune ;,
328 IntroJuéîïon à l'Hiffolre |
cile devient verte ; en forte que ies couîeurs
qui réiliîtent du mélange de ces coaieurs
accidentelles avec les couleurs naturelles y, î
fuivent les mêmes règles & ont ies mêmes
apparences que ies couleurs naturelles dans
leur compofition & dans leur mélange avec
d'autres couleurs naturelles.
Ces obfervations pourront être de
quelque utilité pour la connoiiîânce (\qs
incommodités des yeux , qui viennent
probablement d'un grand ébranlement
Caufé par i'impreffion trop vive de la
lumière ; une de ces incommodités , eft
de voir toujours devant l'es yeux des
taches colorées, d^s cercles blancs ou des
points noirs comme des mouches qui
voltigent. J'ai ouï bien des perfonnes fe
plaindre de cette efpèce d'incommodité^
& j'ai lu dans quelques Auteurs de Mé-
decine , que la goutte fereine eft toujours
précédée de ces points noirs. Je ne lais
pas fi leur fentiment efl fondé far i'ex»
périence, car j'ai éprouvé moi-même
cette incommodité , j^ai vu des points noirs
pendant plus de trois i.nois en fi grande
quantité que j'en étois fort inquiet ; j'avois
apparemment fatigué mes yeux en faifant
des Minérsux , Partie Exp. 329
& en répétant trop fouvent les expériences
précédenies, &: en regardant quelquefois
Jîe Soieil , car les points noirs ont paru
dans ce même temps, & je n'en avois
jamais vu de ma vie; mais enfin ils
^\ m'inconmiodoient tellement , fur - tout
lorique je regardois au grand jour des
objets fortement éclaires , que j'étois
contraint de détourner les yeux ; le jaune
fur-tout m'étoit inlupportable , & j'ai été
obligé de changer des rideaux jaunes dans
la chambre que j'habitois &l d'en inettre
de verts; j'ai évité de regarder toutes les
couleurs trop fortes & tous les objets
brillans , peu-iï-peu le nombre des points
noirs a diminué , & actuellement je n'en
fuis plus incommodé. Ce qui m'a con-
vaincu quç ces points noirs viennent de
la trop forte imprefîjon de la lumière^
c'efl: qu'après avoir regardé ie Soleii,
j'ai toujours vu une image colorée que
je portois plus ou moins long -temps
fur tous les objets, & fuivant avec atten-
tion les dîiTérentes nuances de cette image
colorée, j'ai reconnu qu'elle fe décoloroif
pcu-à-peu , & qu'à la fin je ne portois
plus fur les objets qu'une tache noire ^
3 3 o Introduâiojî a rHijloire
d'abord afTez grande, qui diminuoit enfuîte
peu-à-peu, & fe réduifoit enfin à un
point noir.
Je vais rapporter à cette occafion un
fait qui eft afîèz reiriarquabie , c'cfl que
je n'étois jamais pius incommodé de ces
points noirs que quand le ciel étoit couvert
de nuées blanches , ce jour me fatiguoil
beaucoup plus que la lumière d'un ciel
ferein , & cela parce qu'en effet la quantité
de lumière réfléchie par un ciel couvert
de nuées blanches, eft beaucoup pius
grande que la quantité de lumière réfléchie
par l'air pur; *Sc qu'à l'exception àti
objets éclairés immédiatement par les
rayons du Soleil, tous les autres objets
qui font dans Tombre, font beaucoup
moins éclairés que ceux qui le iont par
îa lumière réfléchie d'un ciel couvert de
nuées blanches.
Avant que de terminer ce Mémoire,
je crois devoir encore annoncer un fait
qui paro.îtra peut-être extraordinaire, miais
qui n'en eft pas moins certain, & que je
fuis fort étonné qu'on n'ait pas obfervé;
c'eft que les ombres des corps qui
par leur efTence doivent être noires,
des Minémus, Partie Exp. 3 3 1
puifqu'elles ne font que la privation de la
lumière , que les ombres , dis - je , font
îoujours colorées au iever & au coucher
du Soleil; j'ai obfervé pendant l'été de
Tannée 1743 , plus de trente aurores &
autant de foleiis couchans , toutes les
ombres c jui tomboient fur du blanc ,
comme Tur une muraille blanche, étorent
quelquefois vertes, mais le plus fou vent
bleues, & d'un bleu aufTi vif c[ue le
plus bel azur. J'ai fait voir ce phéno-
mène à plufieurs perfonnes qui ont été
aufTi furpriles que moi ; la faifon n'y fait
rien, car il n'y a pas huit jours ( 1 5 no-
vembre 1743) que j'ai vu des ombres
bleues , & quiconque voudra fe donner la
peine de regarder l'ombre de l'un de fes
doigts au lever ou au coucher du Soleil
fur un morceau de papier blanc, verra
comme moi cette ombre bleue. Je ne
fâche pas qu'aucun Aftronome , qu'aucun
Phyficien, que perfonne , en un mot,
ait parié de ce phénomène, & j'ai cru
qu'en faveur de la nouveauté on me
permettroit de donner le précis de celte
obfervation.
Au mois de juillet 1 743 /comme j'étois
3 3 2 Introduâîon à l'HiJloîre
occupé de mes couleurs accidentei!e5, &
que je cherchofs à voir le Soleil, doiiti
iœil foutient mieux la lumière à Ton
coucher qu'à toute autre heure du jour,
pour recomioître enfuiie les couleurs 5c
les changemens de couleiifs caufés par
cette impreffion, je remarquai que \qs^
ombres des arbres qui tomboient fur une
muraille blanche étoient vertes; j'étois
dans un lieu clevé & le Soleil le couchoit
dans une gorge de montagnes , en forte
qu'il me paroilloit fort abaifle au-de(Ibus
de mon horizon; le ciel éroit ferein, à
l'exception du couchant , qui , quoi-
qu'exempt de nuages, ëtoit chargé d'un
rideau tranfparent de vapeurs d'un jaune
rougeâtre, ie Soleil lui-même fort ronge,
& là grandeur apparente au moins qua-
druple de ce qu/eile eft à midi ; je \\s
donc très - diflindement les ombres d^s
arbres qui étoient à 20 & 50 pieds de
ia muraille blanche, colorés d'un vert
tendre tirant un peu fur le bleu ; l'ombre
d'un treillage qui étoit à 3 pieds de k
muraille, étoit parraitement dçiïïnéQ fur
cette muraille, comme fi on l'a voit nou-
vellement peinte en vert-de-gris: cette
des Minéraux, Partie Exp. 333
-ipparence dura près de j minutes, après
quoi la couleur s'aifoiblit avec la lumière
du Soleil , & ne difparut entièrement
(qu'avec les ombres. Le lendemain , au
lever du Soleil, j'allai regarder d'autres
ombres fur une muraille blanche , mais
au lieu de les trouver vertes, comme je
m'y attendois , je les trouvai bleues ou
plutôt de la couîetir de l'indigo le plus
vif; le ciel éioit lerein, & il n'y avoit
qu'un petit rideau de vapeurs jaunâtres
au levant, le Soleil fe levoit fur une
colline , en forte qu'il me paroifToit élevé
au-deflus de mon horizon , les ombres
bleues ne durèrent que 3 minutes, après
quoi elles me parurent noires; le même
jour je revis au coucher du Soleil \qs
ombres vertes, comme je les avois vues
ia veille. Six jours fe pafsèrent enfuite
(ans pouvoir obferver les ombres au
coucher du Soleil , parce qu'il étoit tou-
jours couvert de nuages ; le feptième jour
je vis le Soleil à fon coucher, les ombres
nVtoient plus vertes , mais d'un beau bleu
d'azur , je remarquai que les vapeurs
n'étoient pas fort abondantes, & que le
Soleil ayant avancé pendant fept jours,
3 54 htroduâïon à l'Hifolre
fe couchoit derrière un rocher qui le-
faifoit dîfparoître avant qu'il pût s'abaifTer
au-defTous de mon horizon. Depuis ce
temps j'ai très-fouvent oblervéies ombres,
foit au lever, foit au coucher du Soleil,
& je ne les ai vues que bleues, quel-
quefois d'un bleu fort vif, d'autres fois
d'un bleu pâle , d'un bleu foncé , mais-
conflamment bieues.
Ce Mémoire a été imprimé dans ceux
de l'Académie Royale des Sciences ,
année i /^j» . Voici ce que je crois devoir
y ajouter aujourd'hui (année i yy^).
Des obfervations plus fréquentes m'ont
fm reconnoîire que les ombres ne pa-
roifîent jamais vertes au lever ou au
coucher du Soleil, que quand l'horizon
eft chargé de beaucoup de vapeurs
rouges ; dans tout autre cas les ombres
font toujours bleues , & d'autant plus
Lieues que le ciel elt plus ferein. Cette
couleur bleue des ombres, n'ell autre
choie que la couleur même de l'air , &
je ne fais pourquoi quelques Phyficiens
ont défini l'air unfiuide invifible (c) , inodore,
W I !.. Il
(c) DidioHiiaire de Chimie, ankk de l'Ain
^es Minéraux, Partie Exp. 3 3 j
kfipide, puifqu'il eft certain que i'azur
cciefte n'eft autre chofe que la couleur
de l'air ; qu'à la vérité il fliut une grande
épaifleur d'air , pour que notre œil s'aper-
çoive de la couleur de cet élément, mais
que néanmoins lorfqu on regarde de loin
des objets fombres, on les voit toujours
plus ou moins bleus. Cette obfervation
que les Phyficiens n'a voient pas £îite fur
ies ombres & fur les objets fombres vus
de ioin, n'avoit pas échappé aux habiles
Peintres, & elle doit en effet fervir de
bafe à la couleur des objets lointains , qui
tous auront une nuance bleuâtre d'autant
plus fenfible qu'ils feront fuppofés plus
éloignés du point de vue.
' On pourra me demander comment
cette couleur bleue qui n'eli fenfible à
notre œil que quand il y a une très-
grande épaiiïeur d'air , fe marque néan-
moins fi fortement à quelques pieds de
diftance au lever ,& au coucher du Soleil î
comment il e(î polFible que cette couleur
de l'air, qui eit à peine fen^ble à dix
mille toifcs de diftance, puifTe donner
à l'ombre noire d'un treillage, qui n'eft
cjoigné de la muraille blanche que de
3 3^ InîroJuéïion h rHifloke
trois pieds , une couleur du plus beau
bleu : c'eft en effet de la folution de cette
queftion que dépend l'explication du
phénomène. Il eft certain que la petite
epaiffeur d'air qui n'eft que de trois pieds
entre le treillage & la muraille , ne ])eut
pas donner à la couleur noire de l'ombre
une nuance auffi forte de bleu ; fi cela
étoit , on verroit à midi & dans tous les
autres temps du jour, les ombres bleues
comme on les voit au lever & au coucher
du Soleil. Ainfi cette apparence ne dépend
pas uniquement, ni même prefque point
du tout de l'épaifTeur de l'air entre l'objet
& lombre. Mais il faut confidérer quW
lever & au coucher du Soleil, la lumière
de cet aftre étant affoiblie à la furface
de la Terre , autant qu'elle peut l'être par
ia plus grande obliquité de cet aftre, les
ombres lont moins denfes, c'efl-à-dire,
moins noires dans la même proportion ,
& qu'en même temps ia Terre n'étant
plus éclairée que par cette foible lumière
du Soleil qui ne fait qu'en rafer la
fuperficie , la mafle de l'air qui eft plus
ékvée, & qui par conféquent reçoit
«ncore ia lumière du Soleil bien moins
obliquement ,
'oes Adincmns:, Partie Exp. 3 :?/
©LIrquement , nous renvoie cette lumière,
ôi nous éciaire alors autant <Sc peut-être
plus que le Soleil. Or cet air pur & bleu
ne peut nous éclairer qu'en nous ren-
voyant une grande quantité de rayons de
fa même couleur bleue , & lorfque ces
rayons bleus que l'air réfléchit , tombe-
ront fur des objets privés de toute autre
couleur comme les ombres , ii \ts> teindront
d'une plus ou moins forte nuance de bleu ,
félon qu'il y aura moins de lumière dire<n:e
du Soleil, (Se plus de lumière réfléchie
de l'atmofphère. Je pourrois ajouter pïu-
fieurs autres chofes qui viendroient à
l'appui de celte explication , mais je penfe
que ce que je viens de dire, e(t luffifant
pour c[ue les bons efprits l'entendent &
en foient fatisfaits.
Je crois devoir citer ici queîqii*es faits
obfervés par M. l'Abbé Millot, ancien
grand Vicaire de Lyon, qui a eu la bonté
de me les communiquer par fes lettres
des 18 aoiat 17^4 & 10 février 1755,
dont voici l'extrait, ce Ce n'efl: pas feule-
ment au lever & au coucher du Soleil, c-
que les ombres fe colorent. A midi , x
îe ciel étant couvert de nuages, excepte i-^
Tome VIL ' P
338 Introdiiâton h VHijloin
» en quelques endroits, vis-à-vis d'une
?) de ces ouvertures que iaiffoient entr'eux
:>■> les nuages , j'ai fait tomber des ombres
33 d'un fort beau bleu fur du papier
53 blanc , à quelques pas d'une fenêtre.
» Les nuages s'étant joints, le bieu dif-
y> parut. J'ajouterai en pafTant, que plus
33 d'une fois j'ai vu l'azur du ciel (e
33 peindre, comme dans un miroir, fur
33 une muraille où la lumière lomboit
33 obliquement. Mais voici d'autres obfer-
33 valions plus importantes à mon avis ;
3D avant que d'en faire le détail , je fuis
33 obligé de tracer la topographie de ma
33 chambre: elle eft à un troifième étaoe:
33 la fenêtre près d'un angle au couchant,
33 la porte prefque vis-à-vis. Cette porte
33 donne dans une galerie, au bout de
33 laquelle , à deux pas de diflance , eft
33 une fenêtre fituée au midi. Les jours
33 des deux fenêtres fe réuniffent, la porte
33 étant ouverte contre une des murailles ;
33 & c'eR-là que j'ai vu des ombres
31 colorées prefque à toute heure, mais
33 principalement fur les dix heures du
33 matin. Les rayons du Soleil que ia
» fenêtre de ia galerie reçoit encore
des Mînéî'ûux , Partie Exp. 339
obliquement » ne tombent point par celle ce
de ia chambre , fur la muraille dont je ce
vie-ns de parler. Je place à quelques ce
pouces de cette muraille des chaifes de ce
bois à dofîier percé. Les ombres en ce
font alors de couleurs quelquefois très- ce
vives. J'en ai vu qui, quoique pro- ce
jete'es du même côté , étoient l'une ce
d'un vert foncé , l'autre d'un bel azur, ce
Quand la lumière efl: tellement ménagée, c<
que les ombres foient également l'en- ce
fibles de part & d'autre , celle qui efl ce
oppofée à la fenêtre de la chambre eft ce
ou bleue ou violette ; l'autre tantôt ce
verte , tantôt jaunâtre. Celle - ci efl ce
accompagnée d'une efpèce de pé- ce
nombre bien colorée, qui forme comme ce
une double bordure bleue d'un côté, ce
&: de l'autre vene ou rouge ou jaune, ce
fclon l'intenfité de la lumière. Que je ce
ferme les volets de ma fenêtre, les ce
couleurs de cette pénombre n'en ont ce
fou vent que plus d'éclat; elles difpa- ce
roifTent fi je ferme la porte à moitié, ce
Je dois ajouter que le phénomène n'efl ec
pas à beaucoup près fi fenfible en hiver, ec
Ma fenêtre eil au couchant d'été , je «
Pi;
3 4^ Inîroduâion a VHïfloire , érc.
■>j fis mes premières expériences dans cette
33 faifon , dans un temps où les rayons du
D> Soleil tornboient obliquement fur la
D> muraille qui fait angle avec celle où
Jes ombres fe coloroient. ^3
On voit par ces obfervations de
M. i'Abbé Millot, qu'il fuffit que la
ïumière du Soleil tombe très-obliquement
fur une furface , pour que l'azur du ciel,
dont la lumière tombe toujours direcfte-
inent, s'y peigne & colore les ombres.
Mais les autres apparences dont il fait
înention, ne dépendent que de la
pofition des lieux & d'autres circonftances
ftcceflbires.
Fin du Tome feptième,
TA BLE
Des Matières contenues dans les
deux Volumes.
A
Absolu. Il n'y a rien d'abfoîu dans la Nature;
rien de parfait, rien d ablolument grand , rien
d'abfolumen-t petit, rien d'entièrement nul, rien
de vraiment infini , Vol, V I , j>affe z i .
Acides ( les ) viennent en grande partie de fa
(iccompcfition àts fubffances minérales ou végé-
tales, preuve de cette aller ti on. Vol, VI, 6 S. Ils ne
doivent leur liquidité qu'à la quantité d'air & de
feu qu'ils contiennent, Ihid, 1 57. Contiennent
toujours une certaine quantité d'alkali. Ibid. 159.
Acides & Alkalis. Il y a plus de terre &: moins
d'eau dans les alkalis, & plus d'eau &. moins de
terre dans les acides. Vol. VI, 157.
Acides nineux (les) contiennent une grande
quantité d'air & de feu fixes. Vol, VI, ùS,
Affinités. Le degré d'affinité de l'air avec
j'eau , dépend en grande partie de celui de fli
température , ce degré dans {q\\ état de liquidité
efl: à peu-près le même que celui de la chaleur
générale à la furface de la terre. Vol. VI, 138 ^
13 p. Les degrés d'afnniié dépendent abiblumenî
ij Table
de îa figure des parties intégrantes d^s corps,
Veh VI, i6q ér i6u
Affinités chimiques ( les ) n'ont point d'autres
principes que celui de i'attradion univerfeîle
commune à toute la matière. — Cette grande
loi toujours conftante, toujours la même, ne
paroit varier que par fon exprcfTion qui ne peut
être la même àks que la figure des corps entre
comme éiément dans leur diftance. Vol, V I ^
loy if julv,
A I K ( 1' ) ell le premier aliment du feu , aliment
nécefîàire, fans lequel le feu ne peut fubfiiier,
. ■ — Un petit point de feu , tel que celui d'une
bougie aiiumée, ablorbe une grande quantité d'air,
& la bougie s'éteint au moment que la quantité ou
la qualité de cet aliment lui manque. Vol VI , 52,
L'air efi le plus fluide de toutes les maticrescorKiues,
à l'exception du feu qui eft la caui^e de toute
fluidité, & qu'on doit regarder comme plus fluide
que l'air. — Indudions tirées de la grande fluidité
de l'air. îbid, 53 & Juiv. L'air efl de toutes les
matières connues, celle que la chaleur met le
plus aifément en mouvement expanfif — Il efl
tout près de fa nature du feu. — Pourquoi il
augmente fi fort l'aélivité du feu, & pourquoi il
efl; nécefîàire à fa fubfifîance. IJjid. 55. Manière
dont le feu détruit le refîbrt de l'air. — Expli-
cation de la façon dont l'air élaliique devient
fixe. — L'air étant raréfié par la chaleur , peut
occuper un efpace treize fois plus grand que celui
de fon volume ordinaiie. îhid, 62. L'air paroit
être de toutes les matières, celle qui peut exiflcr
Je plus , indépendamment du feu. — Il lui faut
• infiniment moins de chaleur qu'à toute autre
DES Ma t I è b es. tij
matière pour entretenir fa fluidité. — Les plus
grands froids «Se les plus fortes condenfations , ne
peuvent détruire fon reflort , la chaleur feule en
ie raréfiant eft capable de cet effet. Vol.^ V 1 ,
I I o «y I I 1 . Dans quelles circonrtances Tair peut
reprendre fon élafticité. — Comment il la perd
& la recouvre. — Comment il devient une fubf-
tance fixe , & s'incorpore avec les autres corps.
Jbid. III. Manière dont il contribue à la chaleur
animale. Ibid. i \ 7. Explication de la manière
dont l'air que les' animaux refpirent , contribue
à l'entretien de la chaleur animale. — Comment
il paffe dans le fang des animaux. Ibld, iii ^
fuiu. Il fait partie très-fenfible de la nourriture
dts végétaux & fe fixe dans leur intérieur. h>/d.
127. L'air contenu dans l'eau eft dans un état
moyen entre la fixité & l'élafiicité. Uid. i 36. H
fe fépare plus aifément de l'eau que de toute autre
matière. Ibïd, 138. Explication de la mamere
dont le froid & le chaud dégagent également 1 air
contenu dans l'eau. Ibid. Il y a beaucoup moins
d'air dans i'eau , que d'eau dans l'air. — H s'imbibe
très-aifément de i'eau , & paroît auffi la rendre
aifément. Jbid. i^i à^ i^^-
Air F I X E. Sa différence avec l'air difTéminé dans
les corps. Vol. VI, 6z f fuiv. Il faut une affez
loncrue réfidence de l'air devenu fixe dans les
fubfcpnces terreflres pour qu'il s'établifiTe à demeure
fous cette nouveiie forme. Mais il n'eft pas
néceflaire que le feu foit violent pour faire perdre
à l'air fon élafliclté ; le plus petit feu & même
une chaleur très-médiocre fuffit, pourvu quelle
foit appliquée longtemps fur une petiic quantité
d'air. /^/^. 113. L'air fixe exiiie en grande
quantité dans toutes les fubftances animales ou
P iîîj
/V Table
végctaîes, & dans un grand nombre de matières
brutes. Voh Vî, 128.
A L K A L I (1' \ efl produit par le feu ; expérience
qui ie démontre. Val, VI, r^S. Le feu efl ie
principe de ia formation de Taikaii minéral & les
autres alkaiis doivent également leur formation à
ia chaleur confiante de l'animal & du végétai
dont on les tire. IbitL 159.
Animaux. La chaleur dans les différens genres
d 'animr?ux n'eft pas égale , les oiieaux font les
plus chauds de tous, les quadrupèdes enfuite,
j'homme après les quadrupèdes , les cétacées après
i'homme, les reptiles beaucoup après, <& enfia
les poiiïbns, les infedes & les coquillages font de
tous les animaux ceux qui ont le moins de
chaleur. Vol, VI, i i j|.. l^its animaux qui ont
des poumons & qui par coniO|uent relpirent
l'air , ont toujours plus de chaleur que ceux qui
en font privés; & plus la liirlace des poumons
efi étendue , plus aulTi leur fang devient chaud.
— Les oifeaux ont, relativehient au volume de
leur corps, les poumons confidérablement plus
étendus que l'homme ou les quadrupèdej , & c'ell
"par cette raiibn qu'ils ont plus de chaleur ; ceux
qui les ont moins étendus ont auilî beaucoup
moins de chaleur, & elle dépend en général de
\à force & de l'étendue des poumons. Ibid. i 17
^ Juh; — Les animaux fixent & transforment
l'air , l'eau & le feu en plus grande quantité
que les végétaux. — Les fou(n:ions à^s corps
organilés, font l'un àts plus puMlIàns moyens
que la Nature emploie pour la converfion des
élémens. Ihid, 153.
Animaux à co^uilkst X^es animaux à coquilles
DES Ma t I è r e s, V
ou à tranfudsitloii pierreufe , font plus nombreux
dans la mer que les inl'edes ne le font fur ia
terre. Vol. VI, i^y.
Antimoine. Différence de fufibilité entre fe
régule d'antimoine ou antimoine natif, 6c l'anti-
moine qui a déjà été fondu. Vo/. VI, 414,.
Arbres. La chaleur de l'atmofphcre en été eft
plus grande que la chaleur propre de l'arbre, mais
en hiver cette chaleur propre de l'arbre ciï plus
grande que celle de l'atmofphère. Vol. VI , 115
^116. Caufes de la chaleur intérieure des arbres
& des autres végétaux. 3ic/, i 1 6,
B
15 A LANCE hydrojlatique. On ne peut rien conclure
de pofîtit dçs expériences faites à la balance hy-
droHatique fur des volumes trop petits. Vol. VII,
IBoULETS de Canon, C'efl une très - mauvaifc
pratique que de faire chauffer à blanc & plufleurs
fois les boulets de canon pour en diminuer le
volume ; ils deviennent par cette opération réi-
térée très-légers & caflans. Vol, VII, 60.
Sure. C'efl ainfi qu'on appelle la partie fupérieure
du fourneau à fondre les mines de fer , qui
s'élève au-delTus de fon terre-plein. Vol. VII, i 02.
C
V>-« A L C A I R E. Les matières calcaires fe réduîroient
en verre comme toutes les autres matières ter-
reftres par l'augmentation du feu, foit dfis îom-
neaux, foit des miroirs aidens, Voh Vî, 89.
P V
v/ Table
C A L C I N AT I o N. Par la fîmple calcinarfon l'on
augmente le poids du pli.mb de près d'un quart,
êi l'on diminue celui du marbre de près de moitié;
il y a donc un quart de matière inconnue que
le feu donne au premier, & une moitié d'autre
matière également inconnue qu'il enlève au
fécond ; &. lorl'qu'après cette caicination l'on tra-
vaille fur ces matières calcinées , il efl: évident
que ce n'eft plus fur le plomb ou fur le marbre
que l'on travaille , mais fur àes matières déna-
turées ou compofées par l'adion du feu. Vo/. V I ,
78, La caicination efl pour les corps fixes &
incombuftibles , ce qu'efl la combuition pour les
matières volaiiles & inflammables. — EHe a befoin,
comme la combiiftion , du fecours de l'air.
— Comparaifon de la caicination & de la com-
buftion. JùiW. 98 iT' Juip. Toute caicination eft
toujours accompagnée d'un peu de combufiion ,
&i de même toute combuflion efl toujours
accompagnée d'un peu de caicination. Ibid. 100.
Explication de la manière dont certaines matières
augmentent de peianteur par l'effet de la caici-
nation. ILid, 102. Caicination produite par la
chaleur obfcure dans la pierre calcaire jufqu'à
2. pieds & 2 pieds 4 ^e profondeur. Vol, \' \\ ,
vzz. La calcinatioft efl plus grande par la chaleur
obfcure & concentrée que par le feu libre &
lumineux. — Moyen de faire à peu de frais la
caicination du plâtre & des pierres. //'/i/. 224.
Calcul. On peut tout repréfenter avec le calcul,
mais on ne réalife rien. Vol. V I, i 9 i.
Canons de fufl. La foudure efll'op^ration la plus
importante dans la fabrication des canons de fufil,
&i ctilc tjui c(l en mênrit temps la plus difficile.
DÉS Matières. vij
^^ Précautions qu'ii faudroit prendre pour îa faire
réuiïir. Vo/. VU, 92.
Chaleur (la) paroît tenir encore de plus près
que la lumière ;i l'efTence du feu , & on doit
regarder Ja chaleur comme une chofc différente
delà lumière & du feu. Vo/. VI, 26. Eile exific
auffi très-fouvent fans lumière. Jô/cl. 26, On a
fait moins de découvertes fur la. nature de îa
chaleur que fur celle de la lumière. IlfiJ. 28.
Siège de fa chaleur différent de celui de la
lumière. lijiJ, 29. Le globe de la Terre & ea
général toutes les matières fluides & folides dont
il eft compofé ou environné, ont toutes une
chaleur propre très -grande & plus grande que la
chaleur qui nous vient du Soleil. fùIJ, Toute fa
matière connue eil chaude, & dès-lors la chaleur
efl une afTedion bien plus générale que celle de
la lumière. IhW. Loi molécules de la chaleur font
bien plus grolfes que celles de la lumière, /h'i/. ^ o.
Son mouvement progreffif efl bien plus lent que
celui de la lumière. — Le principe de la chaleur
e(l i'dttrition des corps. JèU. Sa production ôc
celle de la lumière ; leur différence. /iW. 3 i ,
Elle diminue dans fa propagation beaucoup plus
que îa lumière. lèiJ. 39. L'on doit reconnoitre
deux fortes de chaleurs ; l'une lumineufe, dont le
Soleil efl; le foyer immenfe , & l'autre oblcuie ,
dont le grand réfèrvoir efl le globe terreflre.
fùU. 4.^. La cha'eur qui émane du globe de îa
Terre ert bien plus confidérabie que celle qui
nous vient du Soleil. — Elle efl dans le climat
de Paris vingt-neuf fois plus grande en été, ÔL
quatre cents quatre- vinçrt- dix fois plus grande en
hiver que celle qui nous vient de cet aflre, &
cette eftimation efl encore trop foible, Ibid,^<
P vj
vrIJ Ta b l e
& ^6. Effets de la chaleur du globe terrertrc
fur les malicrej minérales. Vo!,V\, 50. La thaleur
intérieure du g'obe a été originairement bien plus
grande qu'elle ne l'efl aujourd'hui; on doit lui
rapporter , comme à la caufe première toutes
ies Tublimations , précipitations , agrégations ,
réparations , en un mot, tous les mouvemens
qui fe Ibnt faits & fe font chaque jour dans
î'intérieur du globe. Vol. VI, 50. La chaleur
feule &; dénuée de toute apparence de lumière
&; de feu peut produire les mêmes effets que le
feu le plus violent. IbiJ. 5 i . Elle chaffe des corps
toutes les parties humides , elle dilate les corps
en- les (échant & en augmente la dureté; exemple
de cette dureté acquife par la chaleur dans les
pierres calcaires. — Elle augmente la pefanteur
îpccifique de plufieurs matières, & fe fixe dans
leur intérieur lorfqu'eile leur efl long - temps
appliquée, lûid, 96. Les degrés de chaleur ibnt
ditiérens dans les diiîérens genres d'animaux.
Ibid, 114. La chaleur propi-e du gîobe terrellre
entre comme élément dans la combinaifon de
tous les autres élémens. Ibid, \'i,i. ProgrefTîon
de la chaleur , tant pour l'entrée que pour la
ibrtie dans àts boulets de fer de différens dia-
mètres , déterminée par àes expériences précifes.
Uid, 204 ir juiv. La durée de la chaleur dans
{^z globes , n'ed rigoureufement proportionnelle
à leur diamètre , que dans la fuppofition mathé-
îFnatique que ces globes foient compofés d'une
matière parfaitement perméable à la chaleur ;
en forte que la lortie de la chaleur î\.\X. ablo-
iument libre, & que les particules ignées ne
îrcuvailcnt aucun oLdacIe qui pût les arrêter ni
«changer le coui"S de leur dires^i\>ii. — Mais les
DES M AT I é RES.
1
obftacies qui réfdtent de la perméabilité non
abroiue, imparfaite & inégaie de toute matière
foiide . au lieu de diminuer le temps de la durée
de la chaleur, doivent au contraire 1 augmenter.
Vol. Vi, 2 1 6 «!r 2 17. La durée de la chaleur dans
diîférentes matières expofées au même feu pendant
wn temps égal, ell toujours dans la même
proponion , loit que le degré de chaleur foit
plus urand ou plus petit; exemples. ^/^/^. 2 3»:
Ce n^eft pas proportionnellement à leur denlite
que les corps reçoivent & perdent plus oU
moins vîte la chaleur, mais dans un rapport
bien différent & qui eft en raifon mverie de
leur folidité , c'ell-à-dire, de leur plus ou moins
grande non - fufibilité : démondration de cette
vérité par l'expérience. Und. 239 IT Juw.^ La
denfité neft pas relative à l'échelle du progrès de
la chaleur dans les corps folides, m dans les
fluide5. Ibid. 242. Ordre dans lequel les matières
minérales reçoivent & perdent la cha.eur a
commencer par le fer, qui de toutes les matières
cfl celle à laquelle il faut le plus de temps
pour s'échauffer & fe refroidir.
Fer.
Émeriî.
Cuivre.
Or.
Arg,ent.
Zinc.
Marbre blanc.
Marbre commun.
Pierre calcaire dure.
Grès.
Verre»
Plomb.
Étain.
Pierre calcaire tendre»
Glaife.
Bifmuth.
Porcelaine.
Antimoine.
Ocre.
Craie.
Gyps.
Bois,
*• Table
Vol VI, 3 93 &Juivantes. Le progrès de fa cfiaîeu^
dans les métaux, demi - métaux & minéraux
métalliques , eft en même railon , ou du mo\n%
en raifon très-voifîne de celle de leur fufibiliié.
y /• v^ ^' ^^ P'^'S^'ès de fa cliaîeur dans toutes
les^ lubltances mniérales eft toujours à très - peu
près en raifon de leur plus ou moins grande
facilite a fe calciner ou à fe fondre, mais quand
le^ calcmation ou leur fufion font écralement
difficiles, & qu'elles exigent un degré d? chaleur
extrême, alors Je progrès de fa chaleur fe fait
luivant 1 ordre de leur denfité. Und, 421.
JLorfque fa chaleur efi appliquée long -temps,
elle (e fixe dans \çs pierres & autres matières
V^ / x^TT ^" augmente la pefanteur fpécifique.
Vol. VU, ,28. Effimation de fa quantité de
chaleur qui fe fixe dans les pierres calcaires.
Ibid. 131 ir 132.
Chaleur animale (la) efi une efpèce de feu qui
ne diffère du feu commun que du moins au plus.
— ■ Raifon pourquoi ce feu ou cette chafeur
animale font fins flamme & fans fbmée appa-
rente. Vol. VJ, 122 & Juiv.
Chaleur concentrée. La plus violente chafeur,
& fa plus concentrée pendant un très-lono- temps
ne peut fans fe fecours &Je renouvellement de
lair, tondre fa mine de fer ni même le fable
vitrefcibfe, tandis qu'une chaleur de même efpèce
& beaucoup moindre peut calciner toutes^ les
matières calcaires. Vol. \\\, , .7. La chafeur la plus
v.ofente des qu'elfe n'eft pas nourrie, produit
moins d effet que fa plus petite chaleur qui trouve
de 1 aliment. Ibid. ,20. Chaleur morte & feu
vivant, leur difîérence. Ibïd.
DES Ma t I è r es. xj
Chaleur o!>/rure, c'ert à-dire, chaleur privée de
lumière, de fiaiTime 6c de feu libre; les effets.
Vo/.VW, 98 ùr fulu. Petite quantité d'aiimens
qu'elle confume, en comparaifon de la très-grande
ouantité d'alimens que conCume le feu libre.
-L Comparaifon des cfièts de la chaleur obfcure
avec les effets du ftu lumineux. UU. «09 èr Juiv.
En augmentant la maiïe de la chaleur obfcure ,
on peut produire de la lumière, de la même
manière qu'en augmentant la maffe de la lumière
on produit de la chaleur. /W. 121 if \ii*
Charbon. Il ne fe dégage que peu ou pomt
d'air du charbon dans fa combuft.on , q^oiqu il
s'en déaaae plus d'un ti.rs du poids total du boi5
de chêne' bien féché. Vol. VII, .08. Expé-
rience fur la dln-inution de Ion volume & de
fa maffe dans un grand fourneau clos , ou 1 afir
n'a point d'accès. Ihid. 115.
Chauffer & refroidir. H faut environ la fixièmc
partie & demie du temps pour chauffer à blanc
les «lobes de fer, de ce qu'il en faut pour les
refrSdir au point de pouvoir les tenir dans fa
main , & environ la quinzième partie & demie
du temps qu'ii faut pour les refroidir au point
de la température acluelie. Vol. VI, 2^5.
Chaux (la) faite avec des coquilles, eft plus
foible que la chaux faite avec du marbre ou
de la pierre dure. — Explication des differens
phénomènes que préfene la caicinîitiop de fa
chaux. Vol. VI, .4.9 «!^ 150- La ^^^^^ f"^
a fubi une longue caîcination, con lent une plus
grande partie d'allcaii. îbid. 15^- Moyen fiicie
de faire <le îa chaux à moindres frais. Vol. VU,
jij. Différence de la chaux faite à un feu lent,
x}J Table
ou fimplement avec la chaleur obrcitre, &; cïe la
chaux fiiitç à la manière ordinaire. Vol, VII, 125.
Chimie. Défauts de fa théorie. Vol. VI, jj,
D'oi!i provient l'obfcurité de cette fcience. Ibid,
105 & fuiv.
Combustibles. Les matières combuftibfes ne
fe coniument pas dans des vaifîeaux bien clos ,
quoiqu'expoiées à i'adion du pi us grand feu.
Vol. W \, 53. On peut mefurer fa célérité ou
îa lenteur avec laquelle le feu confume les matières
combuflibles , par la quantité plus ou moins
grande de l'air qu'on lui fournit, Ibid. 56.
Matières combuflibles qui paroiffent n'avoir pas
befoin d'air pour fe confumer. Ihid. 5 8. Expli-
cation de la manière dont fe fait fa combuflion
de ces matières. Ilnd. Différences dts matières
combuflibles &: non coinbuflibles. Ibid, Rapport
des matières combuflibles avec le feu. Ibid. 60
if fuiv. Différence effentielle entre les matières
volatiles & les matières fixes , & entre les
fubflances plus ou moins combuflibles. Ibid. 6 i .
Toutes les matières combuflibles viennent oriofi-
nairement des animaux ou des végétaux ; preuve
de cette affertion. Ibid. 64. & fuiy.
Combustion. Explication de la manière dont
s'opère la combuflion. Vol. VI, 5 6 «b^ fuii^»
Ce qu'elle fùppofe de plus que la volatiiifation,
Ibid. 5 8. Ses effets comparés à ceux de la calci-
nation. Ilnd. 99. La combufîion & la calcination
font àcs efiets du même ordre, Ibid,
Comètes. Corredion à faire à l'eflime que
I^ewton a faite de la chaleur que le Soleil a
communiquée à. la comète de 1680, V^l» VJ^
DES Matières, ^h;
i2S. Cette comète n'a pu recevoir le degré de
chaleur afTigné par Newton, il auroit fallu pour
ce'a qu'elle eût féjourné pendant "»} /^^^.^ " *°^S
temps dans le point de fon périhélie. Vo. \ I, z 2 ».
Explication de l'origine de ce que ion appelé
ïes queues des comètes. UU. 234- ^-'O^^^"^.^ ^^'
comètes-'approchent du Soleil, elles ne reçoivent
pas une chaleur immenfe, ni très - long temps
durable; leur féjour efl û court dans le yoifmage
de cet aftre , que leur maffe n'a pas le temps
de s'échauffer, il n'y a guère que la partie de !a
furface expolée au Soleil qui foit brulee par cet
initant de grande chaleur. Uid. 233 (^ 2}^-
Congélation ( la ) paroît préfenter d'une
manière inverfe les mêmes phénomènes que Im-
fîammation. Vo/, V l , 145-
COQUILLAGES, (les) ont produit toute la
manière calcaire qui exifle fur le globe terrellre.
Vo/. VI, 14-6 ^ H7'
Coquilles. AccroifTement & multiplication
des coquilles. Vol. VI, 1 47.
Corps. Un corps dur & abfolument inflexible,
feroit néceflâirement immobile, c'eft-a-dire,
incapable^ de recevoir ou de communiquer le
mouvement. K./. VI , a. Les corps s échauffent
ou fe refroidiffent d'autant plus vite quils font
plus fluides & d'autant plus lentement quils lont
plus folides. //^/V. 24.1.
Couches Je la terre. Les couches voifines de
la furfoce du globe font les feules qui etan£
expofées à i'aétion des caufes extérieures, ont
fubi toutes les modifications que ces caufes reunies
à celle de la chaleur iiuérieurç auront pu produire
^h Table
par leur adlon combinée, c'efl-à-Jîre , tù'CXtî, îél
formes àts iiibnances minérales. Vol VI , 51.
Couleurs en général Moyens de les produire.
Vol y 1 1, 309. Chaque codeur différente a un
degré différent de réfrangibilité Pourquoi les :
dénominations de toutes les couleur? doivent être
réduites àfept, ni pius ni moins, 7/;/^. 3 i o &Juiv, Le
rapport entre ies fept efpaces qui contiennent les
couleurs primitives & les fept intervalles é^ts fèpt
tons de la Mufique, n'efl qu'une proportion de
iiafard dont on ne doit tirer aucune conféquence.
Ibid. 313. Elles font produites parla réflexion
de la lumière, aufTi-Iiien que par la réfradioii,
ibid. 3 I 5 «!r fuiv,
C o U L E U ji s , ( les ) odeurs , faveurs, proviennent
toutes de l'élément du feu; preuves de cette
affertîon. Vol M \ , 157 t!r 158.
Couleurs acddentelks. Découverte àc^ couleurs
accidentelles. K^/. Vil , 3 19 ,^ fuiv. Rapports
& différence des couleurs nanirelles & acciden-
telles. Ibid. 3 j 9 irjuiv. Moyen de \ts produire, t<.
expofition àts phénomènes qu e les préiéntent. Ibid,
Expériences fur les couleurs accidentelles faites
fur à^s couleurs naturelles mattes , & fur ^^%
couleurs naturelles brillantes. Ibïd. 323 «^ 32^.
Les taches que l'œil porte fur tou/ ies objets
après avoir regardé le Soleil , font des phénomènes
du même genre que ceux àts couleurs acci-
dentelles. — Il en eft de même àts flammes &
des points noirs que l'on voit- lorfque l'oraane
de 1 œil cft trop fatigué. Ibid. 3 2^ & fuir, AStres
expériences (ur les couleurs accidentelles. Ibid,
325 ir Juiv,
f>Es Mat 1 E RES. ^v
C R I s T A L L I s AT I O N. Explication géncraîe ét$
' phénomènes ëe la criaaliifation. Vol. VI, 166
^ Juh: Elle peut fe faire par 1 intermède du
feu auffi-bien que par celui de l'eau & quelque-
fois par le cencours des deux. Ibid,
Cuivre (ie) s'échauffe & fe refroidit en moins
de temps que ie fer & plus lentement que ic
plomb. Vol. VI, ^^y»
Cuve. Ceft ainfi qu'on appelle l'endroit de la
plus arande capacité àts grands fourneaux ou 1 on
fend les mines de fer; cet endroit fe trouve
ordinairement à un quart ou à un tiers de la
hauteur du fojirnetiu prife depuis le bas, c elt-a-dire,
à deux tiers ou trois quarts depuis le dellus du
fourneau. Vol VII, 99.
D
Déchet (le) du fer en gueufe efl ordinairement
d'un tiers, & fouvent de plus d'un tiers fi 1 on
veut obtenir du fer d'excellente qualité, & le déchet
du fer fait avec des vieilles ferrailles neft pas de
moitié , c'eft-à-dire . d'un fixième. Vol. V 1 1 , 7».
PÉCOMPOSITION du fer. Deux manières diffé-
rentes dont s'opère la décompofition du ter,
leur ccmparaifon. Kc/. V II, 94 ^ 95•
p E N s l T É. Explication & développement de
indée qu'on doit fe former des caules de la
Anhxé Vol.V\, 408. Matière àenk : on peut
j èmon-trer que la fnatière la plus dénie contient
encore plus de vuide que de p'.ein. Ibid. 4.09.
Développement. Explication du dévelo^
pement & de la nutrition des animaux & d«S
végétaux. V^ol, VI, ijî ^ »5 3»
^vj Table
Diamant. Cefî maU-propos qu'on a àonnê
le diamant pour la terre pure & élémentaire.
Vol, VI, \6().
Dilatation (fa) par h chaleur, eft générale
dans tous les corps La dilatation efl !e premier
degré pour arriver à la fufion. Vol. VI, 59.
Dissolution. Toutes les explications que l'on
donne de la difTolution , ne peuvent fe fourenir,
fi l'on n'admet pas deux forces oppofécs, l'une
attractive & l'autre expanfive , & par conféquent
la préfence des éiémens de i'air & du feu , qui
font feuls doues de cette féconde force. Expli-
cation générale de la manière dont s'opère la
diflolution. Vol, VI, 160 & 161.
Ductilité (la) des métaux paroît avoir
autant de rapport à la denfité qu'à la fufibilité,
& cette qualité femble être en' raifon compofée
àts deux autres. Vol. VI, 4.10. Difficulté de
prononcer affirmativement fur le plus ou jiioins
de dudilité des fubftances minérales. Ibid. ir Juu\
Durée ( la ) de la chaleur n'efl pas en raifon
plus petite, mais plutôt en raifon plus arande
que celle des diamètres ou des épaiffeun à.t^
corps. Vol. VI, 220.
E
xLau (f) a comme toutes \t% autres matières
du globe, un grand degré de chaleur qui lui
appartient en propre, <& qui eft indépendante
de celle du Soleil. Volume VI, 49. Elle elî
auffi chaude à 100 & 200 braiïès'de pro-
^ndeur dans la mer qu'elle i'eft à la furface. Vol
DES 'Ma t 1 è r e s. xvJj
VI, 4.9, Il fufFit de faire chauffer de î'eau ou de ia
faire geler , pour que i'air qu'elle contient reprenne
fon elafticité & s'élève en bulles fenfibles à fa
furface, lùi^, i 3^7. L'eau , foit gelée, foit bouillie,
reprend l'air qu'elle avoit perdu dès qu'elle fe
liquéfie ou qu'elle fe refroidit. lùiJ. 1 3 8. Étant
prife en maiïè efl incomprelfible, & néanmoins
irès-élafiique , dès qu'elle eft en petites parties.
7/;/^. î 3 9. Elle peut fe changer en air lorîqu'elle
efl affez raréfiée pour s'élever en vapeur. Jlu'J,
i^o. Sa transformation en matière fofide par le
filtre animal. JùiJ. 14.6. Elle s'unit de préférence
avec l'air & enfuite avec les fels, & c'eft par
leur moyen qu'elle entre dans la compofitiori
des minéraux. JùiJ, 154. La durée de la chaleur
dans l'eau , ed plus exadement proportionnelle
à fon épaiffeur que dans les corps Iblides ; raifoa
de cet effet. Vol. VI, 221.
ÊCROUISSEMENT. Confidération de î'écrouîfîêmenî
àes métaux ; le fer s'écrouit comme tous le^
autres. Vol. VI, 4. 1 1 .
Effervescence. Le degré de divifion de îa
matière dans les efFervefcences efl fort au-defTus
de celui de la divifion de la matière dans le*
criftallifations. Vol, VI, 168.
£ F F E T général Pourquoi on ne peut pas en
donner la caufe ; les effets généraux de la Nature
doivent être pris pour les vraies caufes. VoU
VI, 8.
ElÉmens. Tous les élémens font convertibles; îe
feu , l'air , l'eau & la terre peuvent chacun
devenir fuccefTivement chaque autre ; preuve de
cette afTertion. V@L V I , a 3 ^ Jum La terrc^
nnij Table
l'eau , J'air & ie feu , entrent tous quatre dans
tous les corps de la Nature, mais en proportion
très-différente. VoL VI, 60. Dans l'ordre delà
eonverfion des éiémcns , l'eau efl pour l'air ce
que l'air efl: pour le feu, & toutes les transfor-
mations de la Nature , dépendent de celles - ci.
— L'eau raréfiée par la chaleur , fe transforme
en une efpcce d'air capable d'alimenter le feu.
tomme l'air ordinaire , & le feu fe convertit
ultérieurement avec l'air en matière fixe dans
îes fubfiances terrellres qu'il pénètre par fa
chaleur ou par fa lumière, llùd. 14.5 «îf 144.
Grandes bafes fur lelquelles Ibnt fondés les quatre
clémens, la terre, l'eau, l'air & le feu. Iliid, i6b\
É M É R 1 L ( I* ) quoiqu'une fois moins denfe que
ie bifinutîi , conferve fa chaleur une lois plus
long- temps. Vol. VI, 4, i 2 .
Étain (!') exige pour fe fondre plus du
double de chaleur de ce qu'il en faut pour
fondre le foufre. VoL VI, 249. L'étain eft de
îous les métaux celui qui fe dilate le plus
promptement, & qui fe fond auffi le plus vite.
Jbid, 4.10.
Étamage (T) fait avec de l'or <& du mercure;
pourroit réfléchir plus puiŒunment la lumière
que rétamage ordinaire. Vol. VII, z\6 Ù' zxj,
ÉVAPORATION. Une mafîè d'eau d'un pied
d'épaiiîëur , ne s'évaporera pas aufii vîte que
la même maffe réduite à fix pouces d'épaifîèur ,
& augmentée du double en fuperficie. Ainfi pour
accélérer l'évaporation , il faut diminuer , autant
qu'il e(l pofiible, i'épajifeur du liquide. V^U
yii, i2i.
DES Matières. xJx
:: P É R I E N C E s, Précifion rigoureufe , prefquc
impoflible dans certaines expériences. F<?/. V I ,
405. Expériences en grand, pour reconnoîtrc
Ja force du fer de différentes qiaaiitcs. Volé
VII, 61 erjuiu.
TER. A chaque fois que l'on chauffe le fer, ii
perd une partie de fbn poids. V'^ol. VI, 212.
Proportion de cette per..e trouvée par les expé-
riences. Ibid. & Juivantes, Cette perte va en
augmentant à mefure que les boufets de fer
font plus gros; raifons de cet effet. Ilnd. 3 14..
Le fer qui de tous les méraux eft celui qui fe
fond le plus difficilement , efl: auffi celui qui
fe dilate le plus lentement. Ibid. 4.10. Le fêr
entièrement & intimement rouillé n'eft plus
attirabie par l'aimant. Vol. VII, 8. Il perd
non-feulement de fà denfité à chaque fois qu'on
îe chauffe, mais il perd auffi de fa folidité,
c'eft-à-dire, de la cohérence de (ts parties, il
devient à chaque chaude plus léger & plus
caffant. Vol. VII, 58. Comment il faut traiter
le fer pour lui conferver fa mafîë &: fa folidité,
Ibid. 60. Le bon fer , ceffà-dire, le fer qui efl
prefque tout nerf, efl cinq fois auffi tenace &
auffi fort que le fer fans nerf & à gros grains ;
preuve par l'expérience. Ibid. 6^. Sa qualité ne
dépend pas en entier, à beaucoup près , de celle
de la mine; la nature des mines n'y fait rien,
c'efi: la manière de les traiter qui fait tout;
Ibid. 67. Moyens d'arriver au point de donner
au fer toute là perfeclion. Ibid. Le fer chauffé
trop fouvent dégénère en mâchefer, Ibid> 11 ert,
Kx Table
comme le bois une matière combuflible à faqiieïïe
il ne faut qu'un plus grand feu pour brûler.
Vol. VII, 69 &' 70. Comment on procure au fer
de la confïflance & de la ténacité. Ibid. n\.
Plus on prefTe le feu dans la fabrication du fer
à raffinerie, & plus il devient aicrre & mauvais,
Jhid» 73. Le fer en bandes plates ,efl toujours
plus nerveux que le fer en barreaux. Ihid, 7^,
D'oili provient le nerf du fer, & la différence
de fa force & de fa cohérence; effets de la
malléation. Ihid, 75. Une àt$ plus mauvaifes
pratiques, dans la fabrication du fer, eft de
tremper dans l'eau, fur-tout dans l'eau froide,
les barres de fer encore rouges au fortir de
defîbus le marteau; cette trempe perd le nerf &
gâte le grain du meilleur fer. Ibid, yj. Les écailles
ou exfoliations qui fe détachent de la furfàce du
fer, donnent de très-bons fers. Jbïd, 80. Indice*
par lefquels on doit juger les différentes qualités
du fer. Vol, VII, 85. Les fers fans nerfs &
à très - gros grains devroient être profcrits. Ibid,
Le feu du charbon de bois, & à plus foi-te
raifon celui du charbon de terre donnent de
l'aigre au fer , ce que ne fait pas le feu de bois
qui pourroit l'améliorer & le rendre moins a<igre,
Ibid, 88. Le fer s'aimante par la percuffion, &
auffi par la tortfon fans percuffion lorfqu'on le
plie piufieurs fois de fuite en difîérens fens.
Jbid. 91. Il fe foude avec lui-même; précau-
tions nécefîàires au fuccès de cette opération,
Ibid, 92 ^ 93. Il fe décompofe par l'humidité
comme par le feu. Ibid. 94.. Se conferve fans
altération dans j'eau beaucoup plus long -temps
qu'à l'air. Ibid, Énumération àts principaux ufages
auxquels on emploie ie fer , & proportion de ia
<jualité
DES Ma t I è n e s, xxJ
qualité qu'on doit lui donner pour chacun de
ces ufages. Ko/. VII, 85 &' Juii\
Feks Je charrue, (les) doivent être fabriqués avec^
du fer de la meilleure qualité, & fi cela étoit
on pounoit fe pafTer de les armer d'acier, ainfr
que les pioches & autres inflrumens nécefiâires
à la culture àts ïtrrcs. Vol. VII, 88 & fu'iv.
F E 1^ S ^f tircrie, Comment doivent être fabriqués
les fers de tirerie pour faire le (îl-de-fcr.
Vol. VII, 74. er JuiP.
Y l. K de vieilles ferrailles. Manière de travailler &
de fabriquer ce fer. Vol. VII, 77. Ccd un
fer de très - bonne qualité, llnd.
Feu. Moyens généraux & particuliers de produire
le feu. Vol. VI, 11. Origine & produclion du
feu, de la chaleur & de la lumière. Ih'd. 14.
Le feu , la chaleur & la lumière peuvent être
regardés comme trois chofes différentes; examen
de leurs propriétés différentes & de leurs propriétés
communes. J{>iJ. z<y & Juiv. Il exifie quel-
quefois fans lumière , mais n'exifle jamais fans
chaleur. Ibid. A befoin d'alimens pour fubfifkr ,
& fon premier aliment eft l'air. Jh'd. 5 2 . La
différence la plus générale entre le feu , la cha-
leur & la lumière paroit confirmer dans la quantité
S>i peut - être dans la qualité de leurs alimens.
— L'air eiï le premier aliment du feu, les
matières combuftibles ne font que le fécond. Jlid.
La chaleur propre du globe terreflre doit être
regardée comme notre vrai feu élémentaire.
J/iid. 65 dT" (5^.. L'adion du feu fur les diffé-
rentes fubiiances , dépend beaucoup de la manière
dont on l'applique ; ie produit de fon adioa
Tome VJÀ* Q
xxij Table
fur une même fubdance , paroîtra difltrent TeToii
la façon dont ii en; adminifîré. — Le feu doit
être confîdéré en trois états différens, le premier
reiatif à fa vjtefiè, ie fécond à fon volume, & le
troifième à fa maïïè. l^ol, VI, 7 1 . Trois moyens
généraux d'augmenter i'aélion du feu. — Chacun
ce ces moyens donne fouvent des produits
différens. Ibid, 72 c!?" 73. On peut augmenter
j'aélion du feu en accélérant fa vîteife , ent
augmentant fon volume , & en augmentant fa
malTe & fa dcnfité. Les infîrumens du premier
moyen ibnt tous les fourneaux où l'on fe fert
de ventilateurs , de foufflets , de trompes , de
tuyaux d'afpiration, &c. les infîrumens du fécond
moyen, font tous les fourneaux de réverbères;
CL ceux du troifième moyen , font les miroirs
ardens ; chacun de ces moyens employés fur
Jes mêmes matières donnent fouvent des réfultats
très-dilicrens. Ihid, L'adm.iniftration du feu doit
fe divifer en trois procédés généraux, ie premier
relatif à la viteffe , ie fécond au volume, & ie
troifième à la malTe de cet élément. — Les
matières qu'on foumet à faction du feu , doivent
être divi(ées dans trois clalTes , celles qui perdent
au feu de leur poids, ceiles qui au lieu de
perdre du poids en acquièrent , & ceiles qui ne
perdent ni n'acquièrent rien. Ibid. 7^ ir" Juivt
Le feu efl; réellement pefant comme toute autre
matière, Ihid, 79 & Ju'n>. Matières avec lefiqueiles
k feu a le plus d'affinité, ibid. Le feu fe trouve
comme l'air fous une forme iixç. & concrète
dans prefque tous les corps. Ibid, Matières indiffé-
rentes à iaélion du feu. Ibid, 82. C'cft par la
lumière que le feu fe communique , & la chaleur
feuie ne peut produire ie même eriét qiue quan.^
DES AfAT I È RES, XXilJ
é\e devient affez forte pour être lumineufe,
Vo/, VU 95.
Flamme (la) n'efl pas la partie du feu 011 Tintenfité
de la cl'ialeur efl la plus grande. Vo/. VI, 91,
»Sa principale propriété eft de communiquer le
feu. Jfid, Il y a de la flamme dans toute
incandefccNce. UùL 93. Ctlle-ci n'obéit point à
l'impulfion de l'air. J/'id. 9^,.
Fluide. Le mercure feroit le plus fluide des
corps il l'air ne i'étoit encore plus. Vo/, VI, 53,
"l'ous les fluides , a\'cc la même chaleur, cuelaue
denfo cju'iis foient , s'cchautïent & fe refroidiflent
plus promptement qu'aucun folide quelque léger
qu'il (oit. lùiJ, 2^0,
F U I D 1 T É. Toute fluidité a la chaleur pour caufc*
Vo/, VI, 53, La plus ou moins grande fluidité
n'indique pas que les parties du fluide (oient
plus ou moins pefantes , mais (eulement que
leur adhérence efl d'autant moindre , leur union
d'autant moins intime &. leur léparation d'autant
plus aifée. //nd. 54,. Moyen facile d'eflimer le
degré de fluidité ou de fuGbiiité de chaque
malière diflërente. Vo/. VI, 2^5.
Fonte Je fir. Moyens de corriger à l'aflinerie fa
mauvaife qualité de la fonte de fer. Vn/. VU , y>,
La bonne fonte de fer efî la bafe de rout bon
fer. Ibid. 76. Étant chaufl^ée à un très-crrand
feu pendant long-temps, acquiert plu: de dureté
& de ténacité. Ihid. \ 37. Elle acquiert aufll
plus de pefanieur fpéciflque. Ihid,
Force ( la ) qui produit la pefanteur & ceîfe
çui produit la chaleur, font les deux feules forces
4e la Nature. Vo/. VI, i f Jtàv, Force attraclive
xxh Ta b le
& force expaniîve ; ieur diiTéreiice Se h com-
binaifon de leurs efièts. Vol. VI, 6 ir" Juif*
Rédudion des forces de la Nature Sa de 'a
puiffance de i'expanfion à celle de l'attradion.
lèitJ. 9, Force expar.five , n'eft point une force
particulière oppofée à la force attradive , mais un
effet qui en dérive , &; qui fe manifefle toutes
les fois que les corps fe choquent ou fe frottent
les uns contre les autres. Jùlc/. Force expanfive,
n'eft que {a rcadion de ia force attradive. J/'/d. i t .
La force attradive & ia force expanfive , font pour
la Nature deux infcrumens de même efpèce, ou
plutôt ce n'eil que ie même inftrument qu'elle
manie dans deux fens oppofés. Jù'ici, 20.
Fourneaux. Le feu des fourneaux de \'errerie,
n'eft qu'un feu foiblc en comparaifon de celui
des fourneaux à foufflets. Vo/. VI , 90. Defcrip-
tion du fourneau pour courber des glaces , avec
i'expiication des figures. Vol, VII, 293 iX fuiu.
Foyers. Dans les miroirs ardens, les grands foyers
font toujours beaucoup plus d'eftèt que les petits à
égaie intenftté de lumière. F<7/. VII, i 5 6. Évaluation
& comparaifon de leurs effets. Ibid. 203 & Juiv,
Fusibilité. Explication des caufes de la
. fufibi'ifé. Vol VI, 409.
Fusion ( la ) eft en général une opération
prompte qui a plus de rapport avec la vîtelîé
du feu que la calcination qui eft prefque toujours
lente. Vol, VII, i i i .
G
V_j L A C E. Phénomènes remarquables dans îa con*
gélation. Vol, VI, 14-5,
DES Ma t I è r e s, XXV
ClaCES ou Miroirs (fes) de verre bien polis
ou bien éramés, réfiéchiffent pius puiiïàmment la
lumière que les miroirs de métal poli. Vol. Vil,
jwge 14^.
Glaces ou miroirs -plans. Manière ai fée de
reconnoître fi la furface de ces miroirs eft parfai-
tement plane. Vol, VU, 162.
Globe terrejlre. L'intérieur du globe de la terre
n'eft qu'une matière de verre ou concret ou
difcret. Vol, VI, 50.
G RE s (le) cbaufTé au plus grand feu ne perd
que très-peu de fon poids. V^ol, VI, 236.
Gueulard. C'eft ainfi qu'on appelle l'ouverture
du haut àcs grands fourneaux où Ton fond les
mines de fer. V^ol, W\, 102.
G Y P s <tr Pl  T R E s ( les ) fe calcinent à un
moindre degré de chaleur que les pierres cal-
caires. Vol, V I, 4,20. lis ne fuivent pas, comme
les autres matières calcaires ou vitrefcibles, l'ordre
de la denfité , pour le progrès de la chaleur,
mais celui de la facilité à la calcination, ce qui
revient à l'ordre de la fufibiiité, lùid,
I
Impénétrabilité (!') ne doit pas être
regardée comme une force , rr-uiis comme une
réfiftance efTentieiie à la matière. Vol, V 1 , 9
ir Juiv.
Impulsion. La force d'impulfion eft fubordonnée
à la force d'attratfrion , ik en déperd comme un
■ effet particulier dépend d'un effet général; preuve
«le cette alTerùon. Vol, VI, 2 ùr fuip.
Qiij
xxvj Table
Incandescence. Toutes les matières, lorfqu'effcs
i'ont dans un état d'incandefcence , c'eft-à-dire ,
Jorfqu'eiles font bianches ou rouges de feu , font
alors environnées d'une flamme denfe , qui ne
s'étend qu'à une très-petite diflance, & qui ,
pour ainfi dire, efl attachée à leur furface. Vol VI,
9 5 iX 9^. Cette couleur b'anche ou rouge qui
ion de tous les corps en incandefcence & vient
frapper nos yeux, ell Févaporatlon de cette flamme
dénie qui environne le corps en fe renouvelant
ïnceffjimment à fà furface. Ilnd, Incandefcence
produite par la chaleur obfcurc. Vol. Vil , 121,
Inflexion (T) de la lumière n'efl quune
rérraéiion qui s'opère dans ie même milieu ; elle
e'i produite par l'attradion des corps , auprès
tiefqueli paffe !a lumière. Vol, \ I, 3 14..
Intensité de lumière. Cette inienfité de la lumière
de chaque objet, t'îi un élément que les Auteurs
qui ont écrit lur {'Optique, n'ont point employé,
Bl qui néanmoins fait plus que l'augmentation
de l'angle fous lequel un objet doit nous paroUre,
en venu de la coui;burc des verres. Vol, Vil , 192,
L
L
E N T I L L E S lie verre Joli de. Vol. VIT, 282,
Grandeur & proportion qu'on doit donner aux
lentilles , pour qu'elles puifTent brûler le plus
avanîageuf< ment. Vol. VII, 287 if hiv, Incon-
véniens qui résultent de l'épailîcur des lentilles
ordinaires. La partie du milieu de la lentille
ne tait prefque aucun çfftt. ibid., z%'è,
XiEN TILLES à échelons, z^x ie miroir par réfratflion
ie plus parfait qu'on puilfe faire, ^on invention
DES Ma t 1 è r e s. xxvîj
èc fa defcription, avec le calcul de (es effets.
Vo/, VII, 290 (i^ fuiu. Comparai Ton des effets
de cette lentille à échelons, avec l'effet des lentilles
ordinaires. /^/V/. 292. Sa conflrudion & Ta def-
cripîion. 3/W, 307 i^ 308.
Ligne brûlante à l'infini ou à l'indéfini , n'eft
pas une rêverie comme Ta dit Dikartes*
VoL VII, 18B & Jiv.v.
Limaille (la) de fer mêlée avec de l'eaU,
devient une maffe folide difficile à cafîèr. VoL VII,
t)6 ir 97.
Lumière. Toute matière peut devenir lumière,
chaleur & feu. Vol. VI, 14.. Preuve de cette
affertion. Ibid, iT Juh, Eiie conlervc toutes les
qualités efîèntieiîes , & même ia plupart àts
attributs de la matière commune. Ihid, Quoique
compofée de parties prefque infinii^ent petites ,
eff encore réellement divifible. l!}ld, i ^. Eft
pefante comme toute autre matière. — Sa fubf-
tiince n'eft paî fimplc. — IJle eff compolée de
parties de différentes pefanteurs. Ibid, Eiie effe
maffive & agit dans quelques cas , comme agiffent
tous les autres corps, elle les pouffe & déplace
au foyer du miroir ardent. Ibid. \j îX 18, èi^Juip,
Là lumière eft mixte, & compofée comme la
Tnatière commune de parties plus grofîès & plus
petites, & différemment figurées. Ibid. 19. Les
atomes qui conipcfent la lumière ont plufieurs
faces & plufieurs angles. Ibid, La lumière peut
fe convertir en toute autre matière. Ibid. 2 ^ .
La lumière paroit exiger fouvent fans chaleur.
Ibid, 25. Expériences à faire, pour reconnoitre fi
les rayons rouges ne font pas plus chauds que les
autres rayons, éc en général pour reconnq/tre
Q inj
XXvllJ T A B l E
la proportion de cFîaieur des différcns rayons
^ui compofent ia lumière. Vol. Vî, 4r, Note. La
iumière s'incorpore, 5'amortlt 6c s'éteint dans tous
ies corps qui ne fa réfléchiiïènt pas, ou qui ne
la îaiffènt pas pafler librement. Ibid, ^2 . Elle parort
n'avoir pas befoiii d'alimens , tandis que le feu
ne peut fubfidcr qu'en abforbant de l'air. Ibïd,
51 iy 52. C'efî par la lumière que le feu fe
communique. îbid. 9 5 . Expérience qui paroît
démontrer que la lumière a plus d'affinité avec
les fubllances combudibies, qu'avec toutes les
autres matières. Ih'id, 1^0, Note. La lumière
ne perd qu'environ moitié de fa chaleur par
une glace bien étamée & bien polie. Vol, Vil,
144. Elle ne perd prefque rien de fa force
par iepaifîèur de l'air qu'elle x.r^xcv(e. Ibid. 14.5.
Expérience de la perte de la lumière d'une bougie,
comparée à ia perte de la lumière du Soleil. Ibid»
Diminution de la lumière en traverfant diffé-
rentes épaifTcurs du même verre , & les mêmes
épaifi'eurs de différens verres ; expériences à ce
fujct. Ibid. 242 ir 24-3.
Lune. Il fe peut que la Lune , quoique fort
lumincufe , nous envoie plutôt du fi'oid que de
la chaleur. Vol. VII, 270 if z-yx.
LUN ETTES. Pour obferver avec le plus grand
avar.rage podible , il faudroit pour chaque planète
u:ie lunette diiiérente , & propor ionnée à leur
intcnflté de lumière. Vol, VII, 191 & fuiv. Les
lunettes avec de très-grands objedifs, feroient fort
avantage ufes pour obferver les planètes & autres
aftres qui n'ont que peu de lumière. Ibid, 24.9.
Confiruclion & avantages des lunettes foiaires.
ibid, .250,
3ES AIaT î È RES. XXîX
Lunettes nchromatiques, dans îefqueîies on
compenre ia différente rcfrangibiiité àts rayons
de ia lumière par àcs verres de différentes denfités.
Moyens de les pcrfedionner. Vol, VII, 186
& Juiv,
Lunettes de jour, fivns aucun verre. Vol, VU,
page 161,
Lunettes jyinffwes, — Lunettes à l'eau , &:c.
Vol. VII, i^o'^ffuii'.
Lunettes de nuit. Vol, VU, 252 & Juiv,
Lunettes pour chaque planète. Ibiu.
Lunettes pour le Soleil. Ibid,
M
JLVl A C H EFE R. Loriqu'on broyé fe michtîtr , il
fournit une certaine quantiié de 1er on de fablon.
ferrugineux, tout fembiabie à celui de ia p'aîine.
Vol. VII, II. Le charbon & ie bois brûié en
grande quantiié produiient du mâchefer ; preuve
de cette affertion. lùid. 6S. Celui qu'on trouve
dans ies forêts; fon origine. Uid. 6c).
Magnétisme du fer (le) (uppcfe i'adion
précédente du feu. Vol VII, c)6.
M AT J E RE hrute & matière vive , ieur différence.
Vol. VI, ç. Toutes ies parties conftitutives de
îa inatière font à rcffort parfiiiî. îbid, i o. Comment
toute matière peut devenir lumière , chaleur &
feu ; explication de cette grande opération de la
Nature. Ibid. z^ & Juiv,
Matières calcnirfs [\ts) fuivent dans leur refroi-
diffement l'ordre de la dcnilté , raifon de cet effet.
Vol. VI, 4-1 9. Elles peuvent fe réduire en verre
Q V
XXX Table ^
au foyer d'un bon miroir ardent. — Le tcrm«
' de leur fufibiliré ell encore plus éloigné que celui
des matières vitrefcibiei-. VoLVl, ^\() ir Juiv.vites..
MATIÈRES viîrrfables { ies ) form.ent le noyau
d«s plus hautes montagnes. Voh VI, 174.
Mercure. On pourroit geler <&; figer ie mercure
à un bien moindre degré de fioid , fi on le
iiiLiimoit en vapeurs dans un air très - Iroid.
Vol, VI, 14^, ir Vol VII, 233. Dans îe
mercure , qui eil onze miife fois plus denfe que
l'air , H ne faut , pour refioidir ies corps qu'on
y plonge , qu'en^viron neuf fois autant de temps
de ce qu'il en faut pour produire le même
ciîet dans i'air. Vol VI, 224.
MÉTAUX. Explication fimpie de leur rédudion
ou revjvifîcaîion. Vol. Vî , 1 04. L'ordre àts. fi>c
métaux, fijivant leur denfité eft, étain , fer,
cuivre , argent , p!omb, or \ & l'c-jrdre dans lequel
€1:^ métaux reçoivent & perdent la clialeur e(î,
éîain, pîomb , argent, or, cuivre, fer. — Ce
n'efi point dans 'l'ordre de leur denfité, mais
dans celui de leur fufibiiité que les méta.ux
reçoivent & perdent la cbajeur. Ib'uh 406.
ir Juiv,
MÉTAUX , demi -métaux ou fubflances métalliques;
l'ordre de leur denfité efl, émeril , zinc, anti-
moine , bifhiuîh ; & celui dans lequel ils perdent
& reçoivent la chaleur efi , antimoine, bilmuîh,
zinc, éméril , ce qui ne fuit pas l'ordre de leur
denfité, mais plutôt celui de leur fufibiiitc.
Vol, \' î , 4 1 2 .
Ml N É R A U X. L'air & îe feu entrent dans la
compofiùoïi des minéraux; preuve de cette
DES MaTI ÈEES. XXXJ
iîTertlon. VoLYl, 154. ^ fi^à'. Point de vue
auquel on doit s'élever pour fe fermer une idée
jude de la formation des minéraux. M 172
&' fuiu. Établiffement d'une théorie générale fur
ïa formation àts minéraux, tbid. 174. îf Juiv,
Mines at\ tr. Expériences fur la mine de fer,
faites au plus grand feu de réverbère. Vol. V I ,
89 ^ /w//.'. Il y a des mines de fer formées par
le feu, \ts autres par l'eau. Ilnd 176. Celles
qui font en grain ne font point attirabies par
l'aimant. — Celles qui foiit en roches ou en
grandes maffes folides , lont preique toutes mag-
nétiques ; raifon de cette différence. Vol. Vil, 9
ir Juiv. Les mines de fer des pays du nord font
allez magnétiques pour qu'on les cherche à la
bouiïbie. Ilnd. 10. Compofition originaire des
mines de fer en grain. Ibid. 96.
Ml HOIR ardent jwur brûler au loin. Sa defcription
& fa conarudion. Vol. VII, 160 àr Juiv. On
a enflammé du bois jufqu'à deux cents pieds
de diftance , & il feroit très-polTible de porter je
feu du Soleil encore plus loin avec ce miroir.
Jbid 167. On a fondu tous les métaux &
minéraux métalliques à vingt - cinq , trente &
quarante pieds de diRance. Ibid. Ertimaîion de
fa pu-iffimce & limites de fes effets. Ibid. 173
ir fuii^. En quoi confilie effcntieilement la théorie
de ce miroir. Ibid. 195 t- juiv. Moyens &
précautions pour rendre ce miroir encore plus
parfait & en augmenter confidérablement les
effets. Ibid. 215. Proportion de la grandeur d^s
miroirs , fuivant les différentes diftances auxqueies
on veut brûler Ibid. 2 i 6,
Miroir du j^on d' Alexandrie ^ dont les Anciens
xxxij Table
ont fait mention & par le moyen duquel on
voyojt de très-loin les vaifTeaux en mer, n'eft
pojnt du tout impolfibie. Vol. VII, 256 ir fuiv.
Miroir coudé par la prefTion de l'atmorphère.
5a conftrudion & fa defcription. VoL W\l
302 ér 303.
M I R O I R s ardens. Le feu produit par de bons
miroirs ardens, efl le plus violent de tous les
feux. Vol. VI, 90. Pourquoi des miroirs pians
plus grands ou plus petits, forment, à une
certaine diflance , de^ images également grandes
& quî ne différent que par l^intcnfité de la
lumière. Vol. VII, 150.
Miroirs aryens, foitpar réflexion, foitpar réfraâîon
font un effet toujours égal à quelque diftance du
5oieil qu'on puiîTe fuppoler. Par exemple, unmiroir
qui peut brûler du bois à cent cinquante pieds de
diflance fi^r le globe de la terre, brûieroit de
même à cent cinquante pieds, & avec autant de
force, du bois fur la planète de Saturr^.
Vol. VII, ,92, ^
Miroirs d'Archûnède {ks) peuvent fervir
très-utiiement pour levaporation des eaux faiées.
Vol. VII, 219. Attentions néceîTaires pour
procurer cet effet avec le plus grand avantacre.
Iù!d 211. Ih peuvent fervir utilement po'ur
cTiiciner les plâtres, les matières gypfeures , &c.
Jôid. 222. On peut par leur moyen recueillir
les parties volatiles de l'or & de l'argent . & des
atîîî'es métaux & minéraux. Uûl. 2 5 ot Ce moyen
paroît être le (eul que nous avons pour volatilifer
les métaux fixes, tel^ que for & l'argent.
/W. 2:1. Repréfentation & dercripîion de ce
miroir. MU 297 à^ fuiy,
DES Matières. xxxHj
Miroirs concaves , faits par âts glaces courbées.
Voi. VU, 268. Leur ufage. Ibid. 271 . Manière
de produire une chaleur immenfe à leur foyer
en les réuniiïànt. Ibid, 272 i/ 273.
Miroirs courbés (les) de quelque efpèce qu'ils
foient , ne peuvent être employés avec avantage
pour brûler de loin. Vol. VII, 1 5 i. Le miroir
le plus parfait n'aura jamais l'avantage que de
dix-fept à dix fur un aflcmblage de miroirs plans,
dès qu'il faudra brûler à une diftance où le di'que
du Soleil fera égal à la grandeur du miroir
plan. Ibid, i 9 8 .
Miroirs courbés par le moyen d'une vis au centre,
Vol. VII, z67,. Conftrudion & dtfcription de
ces miroirs. Ibid. 301 «i^ 302.
Miroirs courbés par le moyen d'une pompe.
Vol VU, 2 6^. Et miroir très-finguîier que le Soleil
rend courbe & brûlant au moment qu'il y eft
expofé. Jbid. 365. Ltur confiruclion & leur de(-
cription. Jb/d, 3 04- «^ /«/>•
Miroirs d'une feule pièce, à foyer mobile pour
brûler à de médiocres didances; conftruaion &
uCaoe de cette efpèce de miroirs. Vol. VII , 2 62
àrjuiv. Ils peuvent fervir à mefurer plus exade-
ment que par aucun autre moyen , la différence
des effets de la chaleur du Soleil reçue dans
àes foyers plus ou moins grands. Ibid. 26$,
Autres miroirs d'une feule pièce pour brûler
très-vivtment à des diffances médiocres & à de
petites diflances. Ibid. z66. Conffrudicn d'un
fourneau pour courber des glaces. Ibid. ztj.
Miroirs à Veau ou Lentilles. Manière de les
confuuirc. Vd, VII, 273. Précautions nécefiaires
pcxxlv Table
pour les faire réufTir. Vol. VÎI, 273. Diiîîcuïté
de \^% traiter. //;/W. 274. Inconvénient qui réiliitc
de la différente réfrangibilité du verre &: de
leau. îbid, 275. Étant compofés d'un grand
nombre de glaces planes , feroient prefque autant
d'effet que les giaces courbées, & feroient d'une
exécution pîus facile, & d'une moindre dépenfe.
Ihid. 280. Leur conftruaion & defcripiicn. Ibid,
305 & 30e.
Mouvement (ie) appartient dans tous \q&
cas, encore pius à i'attraâion qu'à fimpulfiono
XNature (la) peut produire par le moyen
de l'eau, tout ce que nos Arts prodtùfcnt par
îe moyen du feu. Vol. VI, 165. Elie ne fe
dépouille jamais de {^s propriétés en faveur d'une
autre d'une manière abfofue , c'efi -à-dire, de
façon que fa première n'influe en rien fur fa
féconde. Ibîd, 4.07.
Newton. Corredion à faire d'un paffage de
Newton, au fujet du progrès de la chaleur.
Vol VI, 216 & Juà;
K I T R E ( le ) doit Ton origine aux matièrei
ammaies ou végétales. Vol, VI, 6^. Contieiit
une prodigieufè quaîitité d'air & de feu fixes,
»— - Explication de fà combuflion. Ibid, ir Juiv.
O
.vJbietS. Moyenô d'apercevoir fans lunettes leî
objets de très -loin. Vol. \ Il ^ ^^7.
DES Matières, xvav
Ombres. Dccouvaie àt^ ombres colorée?.
Vol VII, :;o9 à- Juiv. Ombres colorées au
lever & au 'coucher 'du Soleil. -- Les ombres
au lieu d'être noires, font alors d un bleu plus
ou moins vif, &: quelquefois verdàtres. — Ombres
colorées à midi & à d'.autres heures dii jour,
à de certaines inclinailbns de ia lumière. /^/^. 33 »
^Juiv, Explication de ce phénomène. Ibid. 334.
Or (T) qui en deux fois & demi plus denfe
que le fer, perd néanmoins fa chaleur un demi-
tiers plus vîte. Vol V ï , 407- Ef^^^ ^°^:;^'^ ff
un quart de fer, prend la couleur grue de la
platine. K./. V 1 1 , 13. Cet or mêle de fer, eft
plus dur, plus aigre & fpécifiqucment moms
pefant que l'or pur. Ibid. l es paillettes d or que
les Arpailleurs rama^Tent dans ks fables, ne font
pas de ior pur, il s'en faut fouvent plus de
5eux ou trois karats fur vingt -quatr».//'/^. 16.
Un morceau d'or pefant foixante grains , avec
lequel on avoit mêlé , par la fonte , lix grains
de fer, c'eft-à-dire, un onzième éioit attirable a
l'aimant. Ikid, 18.
PerPENDICULARITÉ (la) de la fge àt^ arbres
a àts plantes, a pour caufe prmcipale .es
émanations confiantes de la chaleur propre du
globe de la Terre. Vol VI, 48.
PhlogisTIQUE (le) à^s, Chimifces n'eft qu'un
être de méthode & non pas de ia Nature.
Vol V 1 , 6 I . Ce n'eft point un principe limpie ,
niais un compoie d'air & de ^^^^ ^^^
€orps j preuve de cette alTertion. /W. ^ jum
i
xxxvj Table
Phosp^jORE artifciel, fa combuflibiiité plus aranJe
que celle d'aucune autre matière Il s'enflamme
de lui-même fans communication d'aucune
matière ignéç , fans frottement , fans autre addition
que ceiic du contad de l'air. Le feu cfl
contenu dans le pholphore dans un état moyen
tntrela fixité h la volatilité. — Il contient en
effet cet élément fous une forme obfcure &
condenfée. Vol, VI, 70 «y 71.
Pierres calcaires ( ks ) perdent au feu près de
la moitié de leur poids par la calcination. Vol, VI ,
149 & 150. Elles ne font en très-grande partie
que de l'eau & de l'air contenus dans l'eau,
transformés par le filtre animal en matière folide.
Jiiid. 149. Les pierres augmentent de pefanteur
par la longue application de la chaleur. Vol. VII,
126 ir fuiv. La dureté que les pierres calcaires
peuvent acquérir par la longue application de la
chaleur neft pas durible , elles perdent cette
dureté acquife au bout de quelque temps. Ilnd.
134. Elles perdent de même leur pefanteur
acquife. IlnJ, , ^ ^.
Platine. Minéral nouveau , fa defcriptîon.
Vol. VII, 2. Elle exige plus de chaleur pour
fe fondre que la mine ou la limaille de fer,
Uid. N'ayant ni fulîbiiité, ni dudilité , elle ne
doit pas être mi:e au nombre des métaux , dont
1<^5 ^propriétés efientielles font la fuilbilité & la
dudi:ite. Jliid, 4. La p'atine efl un mélange où
un û'jliage de fer >& d'or formé par la Nature. II?id,
Il y a beaucoup de fer dans ce minéral, & ce
fer n'y ell pas fimplemf.nt mêié, mais incorporé
de la manière la plus intime. Ihld. 5. On peut en
enlever ûy. feptièmes du total par i'aimant. Jtid,
DES Matières, x^xvîj
Sa compofinon & Ton mélange. Vol. VU, $
ir fuiv. Le fer qui eft uni à ia platine & même
celui qui n'y eft que méiangé , eft dans un état
diiTérent de celui du fer ordinaire. Jbid. j.^c
minéral eft très-aigre, ce qui auroit du taire
foupçonner que ce n'cft point un métal , mais
un alliage. Ibid. 13 f Jtùv. La pefanteur fpe-
cificue de la platine n'eft pas à beaucoup près
aufîî grande que celle de i'or. — Diverfes expé-
riences à ce fujet, defquelles il relulte que ia
pefanteur fpécifique de la platine eft d un dou-
zième moindre que celle de i'or. llud.^-^ tr fmv.
Expériences de M. ie comte de MiHy fur la
platine. Ihld. 20 if fuiv. Il y a àts efpeces de
platine qui font mélangées de parties criftallines
comme de petits rubis, de petites topafes , &c.
& il V a d'autres efpèces de p;atine qui ne
conti^Anent rien de femblable. Ibid. 3 3 -.pie
contient àts grains hémilphériques qui paroifîent
indiquer qu'elle eft le produit du feu. Uud. ^ o^a
mine de platine , même la plus pure , qui ne
contient point de parties criftallines , eft fouvent
mélangée de quelques paillettes d'or. lotd. 34.
L'or I le fer dont eft compofee la platme y
font unis d'une manière plus étroite & plus
intime que dans l'alliage ordinaire de ces deux
métaux, & le fer qui eft incorpore a la platine,
eft du fer dans un état différent de 1 état du
fer ordinaire. Ibid. 38. Expériences de M. de
Morveau i^ir ce minéral. Ibid. ^o if Juw. On
peut efpérer de fondre la platine fans addition
dans nos meilleurs fourneaux en lui appliquant
\c feu plufieurs fois de fuite, parce que le*
meiileyrl creufets ne pourroienî reiifter a i action
d'un feu auffi violent pendant îohî le temps
Kxxvnj Table
qu'exîgeroit l'opération compiète. Vol. V I î ç 5 "
En la fondant lans addition eile paroît fe pirLr
el.e-meme des matières vitrefcibles qu'elle r?n-
ferme, car il s'élance à (^ Turface des jets de
verre affez confiderabies. Ihid. <i^, èr A 0„
peut faire le bleu de Priiffe avec la platiné, es
qui prouve qu'elle efl intimement meiée de fer,
& que le plus grand feu ni la coupellation ne
peuvent détruire ce fer dont elfe e/l' intimement
pénétrée; car après la fufion on retrouve en
rebroyant le bouton , qu'elle contient encore àcs
parties ferrugincufes & magnétiques. lùid, C4.
i.a platme fondue /ans addition reprend iorfqu'oh
la broie précilémcnt la même forme d.^^ aal-ts
/S/ ^^'''''' '^"'""^ ^''^'^ ^''^''' ^* ^"^^^^"•
Plomb (le) s'échauffe plus vîte & fe refroidit
en moins de temps que le fer. Vol. VI, 247.
PO U M O N ^ [les ) font les foufflets de la machine
animale, ils entretiennent & augmentent Je feu
qui nous an;me, reion qu'ils font plus ou moins
piulJam, & que leur mouvement efi-plus ou
moins prompt. I^V. VI, 12 t.
PUisSANCE5 (les) de' la Nature réduites aux
deux forces attradive & expanlive. I/o/. VJ
Pyrites warfû:ks, km origine .5c pourquoi on
VUALîTÉ Pfijjî^ue. c'eft-à-dire, qualité réelle
AâHS la JHmme, ne peut avoir qu u.-.e mei'ure^
DES Mat lÈ HE S. '^>^>^^
Se par conféquent ne peut être repréfentéc que
p./ un terme. lU VI, 187. Démonftration
dt cette vérité. Il>ùL ir fuiv,
R
'^iY^VCTlOB des métaux (la) n'efî pas pîus
difficile à entendre que ia précipitation. Vol. VI,
,04. Eile n'efl dans ie réel qu une féconde
combuftion par laquelle on dégage les parties
d'air & de feu fixes que la calcinat.on avoit
forcé d'entrer dans le métal & de s unir a fa
fubilance fixe à laquelle on rend en merne
temps les parties volatile.' & combuft.bies que
k première adion du feu lui avoit enlevées.
Jbid, 134.
KiFLEXiON ^. /^ hmlhe. Il n'eft pas ccrtam,
comme l'a dit Newton, que les rayons e.
plus réfrangibles loient en n^^"^%f '^x^J ,f P ^'
réflexibles. Difcuffion à ce {u]zi. Note, Voh Vil,
P,£FR0IDISSEMENT. Le temps du refroidin-ement
àts corps ea en raifon de leur diamètre. VoJ, VI ,
Te Deux points à faifir dans le refroid. ile ment
des' corps j le premier, lorîqu'on commence a
pouvo/les toucher .ans fe brûler ; & le lecond ,
Lfqu'ils font refroidis à la température a.aielle.
IIU 206. Le refroidifTement du globe de^.a
Terre, depuis l'état d'incandefcence )ufq^ au
point de pouvoir le toucher fans fe brûler, ne
K(l fait qu'en quarrarte - deux mille neuf cents
foixante-latre ans . & fon refroidiffement jufqu a
ia température aduelfe, ne s'eft foit quen quatre^
^ingt-feize mille fix cents foixante-dix ans, en
^^ Table
ruppofant îe gfobe principalement compofé de
ïer & de matières ferrugineufes. Vol VJ ^^^
^223 La principaie caufe du refroidiffement
Lf/'' c/^taddu milieu ambiant, mais ia
îorce expanfive qui anime ies parties de îa
chaleur & du feu Ihi -, , ^ r- -ri
^^ i r . ' ^24- ^omparaifcn du
temps du^ refroidifTement à^s globes de glaife
^.f, f^r ^^^l "^^'"^ ^" refroidiffement des
gfobes cîe fer. /W . 3 4. ^ y5./>. Comparaifon
ri" temps du refroidiffement du marbre^ de fa
refroidiffement du fer. Ibid. 238. Rapports du
refroidirrement ài:z différentes lub/lances miné-
raJc^s constate par un grand nombre d'expériences.
ioid. 24.9 t- Juwanîes,
^RÉPULSION. Changement d'attradion en répuî/îon,
comment il s'opère. K?/. VJ, 10.
'^fof ''J!-'' ^r^ '^. ^^ feu! moyen par lequella
torce d impuffion & le mouvement puifTcnt fe
communiquer. Vol VI, .. Le reffort 'dépend de
//v '? ^/"^'^^i^n; preuves de cette affertion.
îlUSTiNE. Ceft ainfi qu'on appelle le côté du
creufet qui eft expofé à l'ouverture par où l'on
coule la fonte dans les fourneaux de forge..
Vol. VII, 10^. *='
O A B L o N ferrugineux ( k ) qui fe trouve dans Ja
platine eft indifTotuble , prefque infufible &
inacceffble a la rouille. Vo/. VU , 8. Ce fablon
en néanmoins du vrai fer, du fer pur, du fer
depouiile de toutes les parties combuflibles ,
ialmes & terreufes qui fe trouvent dans le fer
DES Ma T IÈ RE s. xI)
©rdinaire, & même dans l'acier. Vol. VII, 8.
Il n'appartient pas exciufîvement à fa platine, iï
fe trouve en beaucoup d'endroits, & provient da
mâchefer, Ihid, à' Juivantes,
Saveur ( fa ) piquante àçs acides provient de
i'éiémcnt du feu. Vol. VI, 158.
Sels. Leur différence avec le foufre , & leur
compofition. Vol. VI, 66 & Julu. Us doivent
être regardés comme les fubftances moyennes
entre la terre & l'eau. Ih'id, 156. L'air entre
comme principe dans !a compofition de tous
les Tels. Ihid,
Sens. Nos fens font meilleurs juges que les
inflrumens de tout ce qui eft abfoiument égal
ou parfaitement (emblable. Vol, VI, 207-.
S E N s AT I o N S. Une fenfation vive eft toujours
plus précife qu'une feniàtion tempérée , attendu
que la première nous afîéde d'une manière plus
' forte. Vol. VI, 2 oj.
Soleil. La lumière du Soleil efl l'évaporation de
la flamme denfe qui environne ce vafte corps en
incandefcence. Vol, VI, 9^. Cette lumière du
Soleil produit, lorfqu'on la condenfe, les mêmes
effets que la flamme la plus vive , elfe commu-
nique le feu avec autant de promptitude & d'é-
nergie , elle réfiflc à l'impuifjon de l'air, fuit
toujours une route direéle ; on doit la regarder,
com.me une vraie flamme , plus pure & plus
deijfe que toutes les fiammes de nos matières
combuftibles. îbid. & Juiv, La plupart des tacbes
que les Agronomes ont obfervées fur le difque
du Soleil , leur ont paru fixes, mais il fè pourroic
auÏÏî qu'il y eût des taches flottantes à la furface
<ie cet aflre. Vol V I i , 2 ^ 1 ,
xïïj Table
Solidité. Différentes acceptions cïu vciO^JoUduc.
Vol VI , 3^1, Solidité confidérée comme oppolée
à ia fluidité. ïhid, z^z.
Soufre. Sa compoiîtion 6c fa prcdudion.
rW. VI, 66 &. 6y. Le loufre ei\ tîe la même
nature que les autres matières combuftibies, &
tire de même Ton origine du détriment des
animaux & des végétaux. lùiJ. 6y, Il altère ,
difîbut & même décompofe le 1er & le dénature,
car fi l'on préfente une verge de fer bien rouge
à une bille de foufre , le fer qui coule dans
Tinflant en grenaille n'efl plus du fer , ni même
de la fonte , mais une efpèce de pyrite martiale
qui n'ell: bonne à rien. Vof. VII, 97. Le foufre
entre en fufion par une chaleur d'environ 90
degrés ( divifion de Reaumur). lùici, 128.
T
1 Ô L E ( la ) doit être faite avec !e meilleur fêr;
— Défauts dans la fabrication ordinaire de la
îôle , & manière de la fabriquer pour la rendre
plus parfaite & plus durable. Vo/, VII, 8-(*
Terre. L'élément de la l>rre peut fe convertir
dans les autres élémens. Vol. VI , 168. Élément
de la Terre, ce Ibnt les matières vitrifîables dont 'a
maffe eit mille & cent mille fois plus confî-
dérable que celle de toutes les autres lubflances
îerreflres, qu'on doit regarder comme le vrai
fonds de cet élément. Ii>id, 170 iT" 171.
Terre vitrefcibk (la) efl la vraie terre élémentaire
qui fert de bafe à toutes les autres fubftances, &
en confii tue les parties fixes. P'ol. VI, 152,
Thermomètre réel, c'cft-à-dire, thermomètre
DES Ma t I è p es, xlltj
dont les degrés pourroient marquer les aïigmen-
tations réelles de la chaleur, ne peut être conftruit
que par ie moyen des miroirs d'Archimèdc,
Vo/, VII , 170. Explication détaillée de la conf-
trudion de ce thermomètre. J/>id, 226 à^ Juivm
Tr a N s PA R E N C, E. Caufe de la tranfparence ; fe
poliment dans les corps opaques peut être regardé
comme le premier degré de la tranfparence..
V'o/. VII, 317 ir Juiv,
Tuyère. Pièce de cuivre ou de fer qui fert à
diriger le vent dans l'intérieur des fourneaux de
forges. Vol, Vil, 102.
T Y M P E. C'eft ainfî qu'on appelle une pièce de
fer ou de pierre qu'on pôle fur le creufet du
côté de l'ouverture par où l'on coule la matière
dans les grands fourneaux à fondre la mine dc.
fer. Vol VII, 100.
V
Vaisseaux. Moyen fort aifé par lequel oii
pourroit voir à iœii Iimple fans lunettes, les
VaiiTeaux fur la mer d aulTi loin que la courbure
de la Terre le permet, c'cll-à-dire , à fept ou
huit lieues. Vol VII, 257. Ce moyen coniîfte à
fupprimer {'effet de i-a lumière intermédiaire. Ihid»
VÉGÉTAL (ie) convertit réellement^ en fa
fubltance une grande quantité d'air, <& une
quantiié encore pius grande d'eau; la terre fixe
qu'il s'approprie & qui Icrt de bafe à ces deux
éiémens, efl en fi petite quantité, qu'e'le ne fait
pas ia centième partit de îa malfe. Vol. VI , 155.
Le fiitre végétai ne peut prod-uire qu'une petite
quantité de pierres , tandis que le- fî-tre animal cj\
pjroJluifc une immenfc quantité, ibid%^
xllv Table, &c,
VÉGÉTAUX ( ics) ont un degré de chaleur propre ;
expérience qui le prouve. Vol, VI , 114. & Jmv,
VERRE (le ) eft le terme ultérieur auquel on peut
réduire , par le feu , toutes les (ubfiances terrefires.
— Il t?i. la bafe de ces mêmes fubftances. Vol, VI ,
152. Il efl de la lubflance ia plus ancienne de la
Terre, îbid, lyi. Le verre fait refTort, ôl peut
plier jufqu'à un certain point fans rompre. Uns
oîace de deux ou trois lignes d'épailTeur peut plier
d'environ un pouce par pied. P^ol, VII , 263.
Verre d'une très-grande tranfparence. Vo/, VII,
2S2 à^ Juh, Comparaiion de la tranfparence de
ce verre avec la tranfparence des glaces de Saint-
Gobin. Ibid, 283. Compofition de ce verre. Ihid.
Difficulté de fondre le verre en grande maiïè
épaiilè. Ibid, 285 & juiv.
Verge de fer crénelée. Sa fabrication & fon ufage.
Vol. y\i, 75.
Vitesse de la lumière ( la ) cil; la plus grande qui
nous (bit connue, car la lum^ière fiiit 20 mille
lieues en une féconde. Vol, VI , 22 iX juiv.
Vitesse des -planètes & die s comètes (la) eft aufll
très - grande. Vol, VI , 22.
V1TRESCIBLE. Matières vitrefcibles fuivent danîîeur
refroidifîèmenî l'ordre de la denfité. Vol. VI , ^ 1 7.
VlTRlFlABLE. Matières vitrifiables ; origine &
gradation du giffement & de la formation de«
matières vitrifiabies. Vol, W, 173.
Tin de là Table des Matures*
BaesBaBHHlMiit
Fautes à corriger.
Tome VI , page jp^ ligne 22, quantité^
life-^ qualité.
Tome Vif page ij2 , lignes j, 6, y, 83
p, 10 ^ //, la fomme de cette chaleur pri(e
pendant Tannée entière 6c pendant grand nombre
d'années de fuite, efl trois cents ou quatre cents
fois plus grande que la fomme de la chaleur
qui nous vient du Soleil pendant le même
temps; Hfi^t que cette chaleur obfervée pen-
dant un grand nombre d'années de fuite , efl
trois ou quatre cents fois plus grande en hiver,
& vingt-neuf fois plus grande en été dans notre
climat que la chaleur qui nous vient du Soleil.
Tome VI, page ij6f ligne 2^, contient j
life-^^ contiendroit.
Tome VI y page 14^, lîô,ne 2j, perd fon
volume; ///^'^ perd de fon volume.
Tome VI, page lyi, ligne 6, après ces mots,
dans la formation; ajoute-^ des minéraux, i[
faut d'abord remonter à l'origine de la forma-
tion, &c.
Tome VII, page g6, ligne 6, fenûbles; /{/t':^
înfenfibles.
iiillj nil iiiiBlii i||Maill ji ,|l|ll|||pHM^
m
H