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Full text of "Œuvres complètes de M. le C[om]te de Buffon .."

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ŒUVRES 

::OMPLÈTES 

D  E 

M.  LE  CJ^  DE  BUFFON. 

wtroductionI  l'histoire 
des  Aiinéraux. 


Tome  VIL 


EUVRES 


\ 


L  E  T  E  S 

D   E 

M.  LE  C7^  DE  BUFFON, 

tendajit  du  Jardin  du  Roi,  de  l' Académie 
Françoife,  de  celle  des  Sciences,  ère. 

Tome   Septième. 

JiTE  DE  LA  Théorie  de  la  Terre, 
k:  Introducfllon  à  l'hiftoire  Ats  Minéraux. 


A       PARIS, 

E    L'IMPRIMERIE    ROYALE. 


M.    DeCLXXJV. 


"""koAMSJ-s-^:  ^ 


"7 


TABLE 


'■ 

TA  BLE 

De  ce  qui  efl  contenu  dans 
ce  Volume. 

Troisième  Mém^oire^CJ ôfenfations 
fur  la  nature  de  la  platine.  Page  r 

Quatrième  Mémoire.  Expériences 
fur  la  ténacité  &  fur  la  décompo- 
fition  du  Fer 57 

Cinquième  Mémoire.  Expériences 

fur   les  effets   de  la   chaleur  obf 

cure p  8 

,  Sixième  Mémoire.  Expériences  fur 
la  Lumière ,  &  fur  la  chaleur 
quelle  peut  produire 14.1 

Article  I."  Invention  des  Miroirs 
pour  brûler  a  de  grandes  dljlances, 

ibid. 


T  A  B  I  E. 

Article  11.  Réflexions  fur  h 

jugement  de  De/cartes,  eu  fujet 

des  miroirs  d'Archmcde,  &c.  i  8  i 

Article  III.  Invention    d'autres 

Miroirs  peur  brûler  à  de  moindres 

dipnces ^^^ 

Explication  des  Figures  que 
repréf entent  le  fourneau,  &c.   293 

Septième  Mémoire.  Ohjervations 
furies  couleurs  ûcâdentelles ,  &  fur 
les  ombres  colorées 309, 

Table  des  Matières .    page  y  à^fuiv. 


HISTOIRE 


HISTOIRE 

NATURELLE. 


yjia'»a»jaax'fc-va^3 


INTRODUCTION 

A 

L'HISTOIRE  DES  MINÉRAUX. 

«Mw^i""" ■!■  ■'■'■■  "■«'^-'—''-"^'""-■—iTTwnnw  miim  wwiii  iiiiubi 

PARTIE  EXPÉRIMENTALE. 


Troisième  Mémoire. 

Obs  e  rvat  ions  fur  la  nature  de 
la  Platine. 

N  vient  de  voir  que  de  toutes  les 

iiibftances  minérales  que  j'ai  mi/es  à 

i'e'preuve,  ce  ne  font  pas  les  plus  dénies, 

mais  les  moins  fufibles  auxquelles  il  faut 

le  plus  de  temps  pour  recevoir  &:  perdre 

Terne  VIL  A 


2  Ifiîrcclliâicn  à  l'Hipoke 

ïa  chaîeur  ;  le  fer  &  l'cmeril  qui  font  les 
matières  métalliques .  les  plus  difficiles  à 
fondre,  font  en  même  temps  celles  qui 
s'e'chaufîent  &  fe  refroîdiÔent  le  plus 
lentement.  II  n'y  a  dans  la  Nature  que  la 
platine  qui  pourroit  être  encore  moins 
accefîibîe  à  la  chaleur,  &  qui  la  confer- 
veroit  plus  long -temps  que  le  fer.  Ce 
minerai  dont  on  ne  parie  que  depuis  peu , 
paroît  être  encore  plus  difficile  à  fondre  ; 
le  feu  des  meilleurs  fourneaux  n'ell  pas 
affiez  violent  pour  produire  cet  efîet ,  ni 
même  pour  en  agiutiner  les  petits  grains 
qui  font  tous  anguleux,  e'moufTés,  durs, 
éi  afTez  fembiables  pour  ia  forme ,  à  de  la 
groITe  limaille  de  fer,  mais  d'une  couleur 
un  peu  jaunâtre  :  &  quoiqu'on  puifTe  les 
faire  couler  fans  addition  de  fondans ,  & 
les  réduire  en  mafle  au  foyer  d'un  bon 
miroir  brûlant,  la  platine  lemble  exiger 
plus  de  chiaieur  que  la  mine  &  la  limaille 
de  fer  que  nous  faiibns  aifément  fondre 
.  à  nos  fourneaux  de  forge.  D'ailleurs  la 
denfné  de  la  platine  étant  beaucoup  plus 
grande  que  celle  du  fer ,  les  deux  qualités 
de  denfité  &  de  non-fufibilité  fe  réuniffient 
ici  pour  rendre  cette  maiièrç  h.  moins 


des  Minéraux,  Partie  Exp.         3 

accefliblc  de  toutes  au  progrès  de  la 
chaleur.  Je  préfume  donc  que  la  platine 
feroit  à  la  tête  de  ma  Table  &  avant  le 
fer  ù  je  i'avois  miie  en  expérience,  mais 
il  ne  m'a  pas  été  polTible  de  m'en  pro- 
curer un  globe  d'un  pouce  de  diamètre  ; 
on  ne  la  trouve  qu'en  grains  fa),  &  celle 
qui  eft  en  maiïe  n'elt  pas  pure ,  parce 
qu'on  y  a  mêlé,  pour  la  fondre ,  d'autres 
niaiières  qui  en  ont  altéré  la  nature.  Un 
de  mes  nmis  ( b  ) ,  homme  de  beaucoup 
d'elprit,  qui  a  la  bonté  de  partager  fou  vent 
mes  vues ,  m'a  mis  à  portée  d'examiner 
cette  lubftance  métallique  encore  rare ,  & 
qu'on  ne  connoîi  pas  aiïez.  Les  Chimiftes 
qui  ont  travaillé  fur  îa  platine,  l'ont  regardée 
comme  un  métal  nouveau ,  parfait,  propre, 
particulier  &  différent  de  tous  les  autres 
métaux  ;  ils  ont  affuré  que  la  pefànteur 


(aj  Un  homme  digne  de  foi,  m'a  néanmoins 
afTurë  qu'on  trouve  quelquefois  Je  ia  platine  en 
mafTe,  6:  qu'il  en  avoir  vu  un  morceau  de  vingt 
livres  pefant  qui  n'avoit  point  été  fondu  ,  mais  tiré 
de  la  mine  même. 

(b)  M.  Je  comte  de  la  Billardcrie  d'Angiviilers , 
de  i'Acadcmie  des  Sciences,  Intendant  cwjurifwance 
du  Jardin  6l  du  Cabinet  du  Roi. 

Aij 


^,        Iiitroduâlôn  à  rHlJloîve 

fjDécinqiie  éioii  à  très -peu -près  cgaîe  à 
celle  de  l'or ,  que  néanmcîns  ce  huitième 
métal  diffèroit  d'ailleurs  eûentiellement  de 
i'or,  n'en  ayant  ni  la  dudilité  ni  ia 
fufibilite'.  J'avoue  que  je  fiiis  dans  une 
opinion  différente  &  même  toute  oppofée. 
Une  matière  qui  n'a  ni  ducflilité  ni  fufi- 
bilite, ne  doit  pas  être  mife  au  nombre 
des  métaux ,  dont  les  propriétés  effentielles 
ôi  communes  font  d'être  fufibles  &  dutfliles. 
Et  la  plaiine ,  d'après  l'examen  que  j'ea 
ai  pu  faire ,  ne  me  paroît  pas  être  un 
nouveau  métal  diftérent  de  tous  les  autres, 
mais  un  mélange ,  un  alliage  de  fer  & 
d'or  formé  par  la  Nature,  dans  lequel  la 
quantité  d'or  femble  dominer  fur  la  quantité 
de  fer  ;  &  voici  les  faits  fur  lefquels  je 
crois  pouvoir  fonder  cette  opinion. 

De  huit  onces  trente- cinq  grains  de 
platine  que  m'a  fournie  M.  d'Angiviliers, 
ôi  que  j'ai  préfentée  à  une  forte  pierre 
d'aimant ,  il  ne  m'en  efl  reflé  c|u'une 
once  un  gros  vingt- neuf  grains ,  tout  îe 
reile  a  été  enlevé  par  l'aimant  à  deux  gros 
près ,  qui  ont  été  réduits  en  poudre  qui 
s'ed  attachée  aux  feuilles  de  papier,  6c 
qui  les  a  profondément  noircies ,  comme 


tles  Minéraux  y  Partie  Exp.        5 

je  îe  dirai  toiU-à-i'hêure  ;  cela  fait  donc 
i\  très -peu- près  fix  ièptièmes  du  total 
qui  ont  été  attirés  par  l'aimant  ;  ce  qui  eft 
une  quantité  fi  confidérabie ,  relativement 
au  tout ,  qu'il  efl:  impojfîible  de  fe  refiifer 
à  croire  que  le  fer  ne  foit  contenu  dans  la 
fubflance  intime  de  la  platine,  <Sc  qu'il  n'y 
foit  même  en  aflez  grande  quantité.  Il  y 
a  plus  ;  c'eft  que  fi  je  ne  m'étois  pas  lafTé 
de  ces  expériences,  qui  ont  duré  plufieurs 
jours  ,  j'aurois  encore  tiré  par  l'aimant  une 
grande  partie  du  reliant  de  mes  huit  onces 
de  platine  :  car  l'aimant  en  attiroit  encore 
quelques  grains  un  à  un ,  &  quelquefois 
deux  quand  on  a  cefie  de  le  préfenter. 
Il  y  a  donc  beaucoup  de  fer  dans  la 
platine  ;  &  il  n'y  eft  pas  fnuplement  mêlé 
comme  matière  étningère,  mais  intim.émeiit 
uni ,  &  faiiànt  partie  de  fa  fubflance ,  ou 
fi  Ton  veut  le  nier,  il  faudra  fuppofer 
qu'il  exifte  dans  la  Nature  une  féconde 
matière  qui,  com.m.e  le  fer,  eil  attirable 
par  l'aimant;  mais  cette  (Lppofiîion  gra- 
tuite tombera  par  les  autres  faits  que  je 
vais  rapporter. 

Toute  la  platine  que  j'ai  eu  occafioii 
d'examiner ,  m'a  paru  mélangée  de  deux 

A  ii; 


£,         Introdiiâïon  à  rHiJloire 

matières  différentes ,  l'une  noire  6c  très* 
atiirable  par  l'aimant ,  l'autre  en  plus  gros 
grains  d'un  blanc  livide  un  peu  jaunâtre 
&   beaucoup  moins  magnétique   que  h. 
première  ;    entre   ces   deux   matières  qui 
îont  les   deux  extrêmes  de  cette   efpèce 
de  mélange ,  fè  trouvent  toutes  les  nuances 
intermédiaires,  foit  pour  le  magnétifme , 
loit  pour  la  couleur  &  la  groiïeur  des 
grains.  Les  plus  magnétiques  qui  font  eu 
même  temps  les  plus   noirs  &  les  plus 
petits,  fe  réduisent  aiiement  en  poudre 
j)ar  un  frottement  allez  léger ,  &  laiffent 
fur  le  papier  blanc  la  même  couleur  que 
ie   plomb  frotté.  Sept  feuilles  de  papier 
dont  on  s'ell:  fervi  fucceffivement  pour 
expofer  la  platine  à  l'adion  de  l'aimant , 
ont  été  noircies  fur  toute  l'étendue  qu'oc- 
cupoit  la    platine,  les    dernières   feuilles 
moins  que  les  premières  à  mefure  qu'elle 
fe  trioit,  &   que  les  grains   qui  reftoient 
étoient  moins  noirs  &  moins  magnétiques. 
Les  plus  gros  grains,  qui  font  les  plus 
colorés  &  les  moins  magnétiques ,  au  lieu 
de  fe   réduire    en  pouffière    comme  les 
petits    grains    noirs  ,    font   au    contraire 
très  -  durs  &  réfiftcm  à  toute  trituraiion  ; 


ries  Minéraux ,  Partie  Exp.         7 

néanmoins  ils  font  lufceptibles  d'extenfion 
dans  un  mortier  d'agate  (c) ,  fous  les  coups 
réitérés  d'un  pilon  de  même  matière ,  & 
j'en  ai  a]:)Iati  &  étendu  plufieurs  grains  au 
double  &  au  triple  de  l'étendue  de  leur 
furfàce  ;   cette  partie  de  la  platine  a  donc 
lin  certain    à^^^é   de    malléabilité  &   de 
dud:ilité ,   tandis   que  la  partie  noire   ne 
paroît  être  ni   malléable  ni  ductile.  Les 
grains  intermédiaires  participent  des  qua- 
lités des  deux   extrêmes  ,   ils   font  aigres 
&  durs ,  ils  fe  cafîent  ou  s'étendent  plus 
difficilement  fous  les  coups  du  pilon ,  & 
donnent  un  peu  de  poudre  noire ,  mais 
moins  noire  que  la  première. 

Ayant  recueilli  cette  poudre  noire  & 
îes  grains  les  plus  magnétiques  que  l'aimant 
îivoit  attirés  les  premiers ,  j'ai  reconnu  que 
le  tout  étoit  du  vrai  fer ,  mais  dans  un 
état  différent  du  ftr  ordinnire.  Celui-  ci 
réduit  en  poudre  &  en  limaille  ,  fe  charge 
de  l'humidité  &  fe  rouille  aifément  ;  à 
jnefure  que  la  rouille  le  g^'igne ,  il  devient 

(  c )  Nota.  Je  n'ai  pas  voulu  \qs  éierAre  fur  fe 
tas  d'acier,  dans  la  crainte  de  leur  communiquer 
plus  de  magnétirme  gu'iis  n'en  ont  naturellement. 

A  iii; 


s         Inîwâuffwn  à  VHïflohe 

moins  magnétique  &  finit  abfolument  par 
perdre  cette  qualité  magnétique  lorfqu'ii 
eft  entièrement  &  intimement  rouillé  :  au 
iicu  que  cette  poudre  de  fer,  ou  fi  l'on 
veut  ce  fablon  ferrugineux  qui  fe  trouve 
dans  la  platine ,  efl  au  contraire  inaccef^ 
fible  à  la  rouille  quelque  long- temps 
qu'il  foit  expofé  à  l'humidité;  il  ed  aufïï 
plus  înfufible  &  beaucoup  moins  diflo- 
iuble  que  le  fer  ordinaire,  mais  ce  n'en 
€11  pas  moins  du  fer  qui  ne  m'a  paru 
différer  du  fer  connu  c[ae  par  une  plus 
grande  pureté.  Ce  ftblon  efl  en  effet  du 
fer  abfolument  dépouillé  de  toutes  les 
parties  combuftibîes ,  f^ilines  &  terreufes 
qui  fe  trouvent  dans  le  fer  ordinaire  & 
même  dans  l'acier;  il  paroii  enduit  ôc 
recouvert  d'un  vernis  vitreux  qui  le  défend 
de  toute  altération.  Et  ce  qu'il  y  a  de 
très-remarquable ,  c'efl  que  ce  fablon  de 
fer  pur  n'appartient  pas  exckifi veinent  à 
beaucoup  près  à  la  mine  de  platine;  j'en 
ai  trouvé ,  quoique  toujours  en  petite 
quantité,  dans  plufieurs  endroits  où  l'on  a 
fouillé  les  mines  de  fer  qui  fe  confomment 
à  mes  forges.  Comme  je  fuis  dans  l'ufage 
de  foumettre  à  pluiieiirs  épreuves  toutes 


'{les  Minéraux  i  Partie  Exp.        p 

îe5  mines  que  je  £iis  expioiter  avant  de 
me  déterminer  à  les  faire  travailler  en 
grand  pour  i'uiàge  de  mes  fourneaux;  je 
lus  aiïez  furpris  de  voir  que  dans  quel- 
ques-unes de  ces  mines,  qui  toutes  font 
en  grains ,  &  dont  aucune  n'eft  attirable 
par  l'aimant ,  il  fe  trou  voit  ne'anmoins  des 
particules  de  fer  un  peu  arrondies  & 
luifantes  comme  de  la  limaille  de  fer ,  & 
tout- à -fait  femblabies  au  fablon  ferru- 
gineux de  la  platine ,  elles  font  tout  aufïï 
magnétiques,  tout  aufîi  peu  fufibles  ,  tout 
aufll  difficilement  diflolubles;  tel  fut  le 
réfultat  de  la  comparaifon  que  je  ^s  du 
ilibion  de  la  platine,  &  de  ce  fiblon 
trouvé  dans  deux  de  mes  mines  de  fer  à 
trois  pieds  de  profondeur,  dans  des  lerreins 
cil  l'eau  pénètre  a(Iez  facilement:  j'avois 
peine  à  concevoir  d'où  pouvoient  provenir 
ces  particules  de  fer  ;  comment  elles  avoient 
pu  fe  défendre  de  la  rouille  depuis  des 
iiècîes  qu'elles  font  expofées  à  l'humidité 
de  la  terre ,  enfin  comment  ce  fer  très- 
magnétique  pou  voit  avoir  été  produit  dans 
des  veines  de  mines  qui  ne  ie  font  point 
du  tout.  J'ai  appelé  l'expérience  à  mon 
fecourS;  &  je  me  fuis  aflez  éclairé  jfur- 

A  V 


'10       IntrodiiŒon  à  ÏHïflohe 

îous    ces   points    pour   être   flitisfaîr.   Je> 
favois,  par   nn  grand   nombre  d'obfer- 
vations ,  qu'aucune  de  nos  mines  de  fer 
en  grains  n'eftattirablepari'ainiant;  j'étois 
bien  perfuadé ,  comme  je  le  luis  encore , 
que    toutes   les   mines   de   fer    qui    font 
magnétiques ,  n'ont  acquis  cette  propriété 
que  par  l'a(n:ion  du  feu  ;   que  les   mines 
du  nord  qui  font  afTez  magnétiques  pour 
qu'on  les  cherche  avec  ia  boulTole ,  doivent 
ieur  origine  à  l'élément  du  feu  ,  tandis  que 
toutes  nos   mines   en  grains  qui  ne  font 
])oint  du  tout  magnétiques,    n'ont  jamais 
fubi  l'adion  du  feu  ,  &  n'ont  été  formées 
que  par  ïe  moyen  ou  l'imermèda  de  l'eau- 
Je  penfai  donc  que  ce  fablon  ferrugineux 
&  magnétique  que  je  trouvois  en  petite 
quantité  dans  mes  mines  de  fer,    de  voit 
ion  origine  au  feu  ;  (.Sj.  ayant  examiné  le 
iocal ,  je  me   confirmai  dans  cette  idée. 
Le  terrein  où  fe  trouve  ce  fablon  magné- 
tique eft  en  bois,  de  temps  immémorial^ 
on  y  a  fait  très-anciennement,  &  on  y 
fait   tous    les    jours   des    fourneaux    de 
charbon  ;  il  eil   aufîi   plus  que  probable 
qu'il  y  a  eu  dans  ces  bois  des  incendies 
confidérabics.  Le  charbon  &  le  bois  brûlé, 


des  Minéraux,  Partie  Exp.       i  i 

fur  -  tout  en  grande  quantité  ,  produifent 
du  mâchefer,  &  ce  mâchefer  renferme  ia 
partie  la  plus  fixe  du  fer  que  contiennent 
îes  végétaux;  c'ed  ce  fer  fixe  qui  forme 
le  fabion  dont  il  efl  queftion  lorlque  le 
mâchefer  fe  décompofe  par  i'adion  de 
J'air,  du  foleil  &  des  pluies:  car  alors 
ces  particules  de  fer  pur  qui  ne  font 
point  fu jettes  à  la  rouille  ni  à  aucune 
autre  erj)èce  d'akération  ,  fe  laillent  entraî- 
ner par  l'eau  &  pénètrent  dans  la  terre 
avec  elle  à  quelques  pieds  de  profondeur. 
On  pourra  vérifier  ce  que  j'avance  ici , 
en  faifant  broyer  du  mâchefer  bien  brûlé  , 
on  y  trouvera  toujours  une  petite  quantité 
de  ce  fer  pur ,  qui  ayant  réfiRé  à  Tacftion 
du  feu ,  réfirte  ép^alemcnt  à  celle  de:i 
difFolvans,  &  ne  donne  point  de  priie  à 
îa  rouille  (d), 

( d)  J'ai  reconnu  dans  le  cabinet  d'Hifloire  Na- 
turelfe ,  àts  Tablons  ferrugineux  de  même  efpccc 
que  celui  de  mes  mines,  qui  m'ont  été  envoyés 
^e  diftërens  endroiti  &  qui  font  également  magné- 
tiques. Oh  en  trouve  à  Quimper  en  Bretagne, 
en  Danemarck,  en  Sibérie,  à  Saint-Domingue, 
&  les  ayant  tous  comparés ,  j'ai  vu  que  le  fabion 
ferrugineux  de  Quimper  étoit  celui  qui  reffembloit 
k  plus  au   mien ,  &  qu'il  n'en   différoit  que  par 

A  v; 


12        IntwdiicTion  à  ÏHijlohe 

M'étant  fatisfait  fur  ce  point ,  &  après 
avoir  comparé  ie  fablon  tiré  de  mes  mines- 
de  fer  &  du  mâchefer  avec  celui  de  la 
platine  afîez  pour  ne  pouvoir  douter  de 
leur  identité,  je  ne  fus  pas  long-temps  à 
penfer ,  vu  la  pelanteur  fpécifique  de  la 
platine,  que  fi  ce  fibion  de  fer  pur, 
provenant  de  la  décompofition  du  mâche- 
fer, au  lieu  d'être  dans  une  mine  de  fer, 
fe  trou  voit  dans  le  voifinage  d'une  mine 
d'or ,  il  auroit ,  en  s'unifîant  à  ce  dernier 
métal ,  formé  un  alliage  qui  feroit  abfo- 
îument  de  la  même  nature  que  la  platine. 
On  Çdh  que  l'or  &l  le  fer  ont  un  grand 
degré  d'affinité  ;  on  fait  que  la  plupart 
des  mines  de  fer  contiennent  une  petite 

un  peu  p!us  de  pefanteur  rpécifîque.  Celui  de  Saint- 
Domingue  efl  plus  léger ,  celui  de  Danemarck  efl 
moins  pur  &:  plus  mélangé  de  terre ,  &  celui  de 
Sibérie  eft  en  malTe  6c  en  morceaux  gros  comme 
ie  pcuce ,  folides,  pefans,  &  que  l'aimant  foulève 
à  peu  -  près  comme  fi  c'ctoit  une  mafie  de  fer 
pur.  On  peut  donc  prédimer  que  ces  Tablons 
magnétiques  provenans  du  mâchefer^  fe  trouvent 
iiuiïi  communément  que  le  mâchefer  même,  mais 
feulement  en  bien  plus  petite  quantité.  H  efî  rare 
qu'on  en  trouve  ^Sti  î-mas  un  peu  conildérables,  6c 
c'eil  par  cette  raifon  qu'i's  ont  échappé  ,  pour  \% 
plupart ,  aux  recherches  des  Mincralogilles, 


fies  Minéraux ,  Pai  lie  Exp.      l  3 

quantité  d'or  ;  on  fait  donner  à  l'or  la 
teinture ,  la  couleur  &  même  l'afgre  du 
fer  en  les  failiint  fondre  enfemble  ;  011 
emploie  cet  or  couleur  de  fer  fur  diffé- 
rens  bijoux  d'or ,  pour  en  varier  les 
couleurs;  &  cet  or  mêlé  de  fer  efl  plus 
ou  moins  gris ,  ik  plus  ou  moins  aigre , 
fuivant  la  quantité  de  fer  qui  entre,  dans 
Je  mélange.  J'en  ai  vu  d'une  teinte  abfo- 
lument  lemblabie  à  la  couleur  de  la  platine. 
Ayant  demandé  à  un  Orfèvre  quelle  étoit 
ia  proportion  de  l'or  &  du  fer  dans  ce 
mélange  qui  étoit  de  la  couleur  de  la 
platine ,  il  me  dit  que  l'or  de  24  karats 
n'éioit  plus  qu'à  i  8  karats ,  &  qu'il  y 
entroit  un  c[uart  de  fer.  On  verra  que 
c'efl  à  -  peu  -  près  la  proportion  qui  fe 
trouve  dans  la  platine  naturelle ,  fi  l'on  en 
juge  par  la  pelanieur  fpécifique.  Cet  or 
mêlé  de  fer  eil  plus  dur,  plus  aigre  & 
fpécifiquement  moins  pefant  que  l'or  pur  ; 
toutes  ces  convenances,  toutes  ces  qualités 
communes  avec  la  platine  ,  m'ont  perfuadé 
que  ce  prétendu  métal  n'efl  dans  le  vrai, 
qu'un  aliinge  d'or  &  de  fer ,  &  non 
pas  une  fubfîance  particulière,  un  métal 
nouveau;  parfait  &  différent  de  tous  les 


'14       Itiîroduâîon  à  rHlJlolre 

autres  métaux  ,  comme  les  Chimifles  l'ont 
avancé. 

On  peut  d'ailleurs  ^ç:  rapj^eîer  que  l'aî- 
iiage  aigrit  tous  les  métaux,  &  que  quand 
il  y  a  pénétration ,  c'eil-à-dire ,  augmen- 
tation dans  lapefànteur  fpécifique,  l'alliage 
en  e(l  d'autant  plus  aigre  que  la  pénétration 
eit  pjus  grande,  &  le  mélange  devenu 
plus  intime  ,  comme  on  le  reconnoît  dans 
i'alliage  appelé  métal  des  cloches ,  quoiqu'il 
Ibit  compofé  de  deux  métaux  très-du<5liles. 
Or,  rien  n'eft  plus  aigre  ni  plus  pefant 
que  la  platine  ;  cela  feul  auroit  dû  fîiire 
foupçonner  que  ce  n'efl  qu'un  alliage  £iit 
par  la  Nature,  un  mélange  de  fer  &  d'or, 
qui  doit  la  pefliiiteur  fpécifique  en  partie 
à  ce  dernier  métal,  &  peut-être  aufîî  en 
grande  partie  à  la  pénétration  des  deux 
matières  dont  il  eft  compofé. 

Néanmoins  cette  pefanteur  (pécifique 
de  la  platine  n'efl:  pas  aufîl  grande  que 
nos  Chimifles  l'ont  publié.  Comme  cette 
matière  traitée  feule  &  fans  addition  de 
fondans  eft  très-difîficîle  à  réduire  en  mafTe, 
qu'on  n'en  peut  obtenir  au  feu  du  miroir 
brûlant  que  de  très-petites  mafTes ,  &  que 
îcs  expériences  hydroftatiques  fliites  fur 


des  Minéraux ,  Partie  Exp;      i  5 

des  petits  volumes,  font  fi  cléfecliieufes 
qu'on    n'en    peut   rien  conclure  ;   il   me 
pnroît  qu'on  s'efl:  trompé  fur  i'e(l:imatioii 
de  la  pe fauteur  fpécifique  de  ce  minerai.  J'ai 
jurs  de  la  poudre  d'or  dans  un  j:)etit  tuyau 
de  plume  que  j'ai  pefé  très-exac1:ement , 
j'ai    mis    dans   le    même   tuyau   un  e'gal 
volume  de  y>Iatine  ,   il    pefoit  près  d'un 
dixième  de  moins  ,  mais  cette  poudre  d'or 
éîoit  beaucoup  trop  fine  en  comparaifon 
de  la  plaiine.  M.  Tillet^  qui  joint  à  une 
connoilîance  approfondie  des  métaux,  le 
talent  rare  de  faire  des  expériences  avec 
ia  plus   grande  précifion,   a   bien  voulu 
répéter  à  ma  prière  ,  celle  de  la  pefanteur 
fpécifique  de  la  platine  comparée  à   l'or 
pur.  Pour  cela ,  il  s'eft  fervi  comme  moi 
d'un  tuyau  de  plume,  &:  il  a  fliit  couper 
à   la  cilaille  de  l'or  à    2,4  karats,   réduit 
autant  qu'il  étoit  pofîible   à   la   grofîeur 
des  grains  de  la  platine ,  &  il  a  trouvé , 
par  huit  expériences  ,  cjue  la  pefanteur  de 
!a  platine   différoit  de   celle  de  l'or  pur 
d'un  quinzième  à  très-peu-près,  mais  nous 
avons  obfervé  tous  àcwx ,  que  les  grains 
d'or  coupés  à  la  cifaille  avoient  les  angles 
beaucoup  plus  vifs  que  ia  platine  \  celle-ci 


:j6      Inîroduâwn  à  l'HîJIohe 

vue  à  la  loupe ,  eft  à  peu  -  près  de  ïii 
forme  des  galets  roulés  par  i'eau ,  tous 
les  angles  font  émoufles,  elle  efl  même 
douce  au  toucher ,  au  lieu  que  les  grains 
de  cet  or  coupés  à  la  cifaille,  avoient  des 
angles  vifs  &  des  pointes  tranchantes , 
en  forte  qu'ils  ne  pouvoient  pas  s'ajuftcr 
ni  s'entafTer  les  uns  fur  les  autres  aulfi 
aifément  que  ceux  de  la  platine  ;  tandis 
qu'au  contraire  la  poudre  d'or  dont  je  me 
fuis  fervi,  étoit  de  i'or  en  paillettes  ,  telles 
que  les  Arpailleurs  les  trouvent  dans  le 
fable  des  rivières.  Ces  paillettes  s'ajuftent 
beaucoup  mieux  les  unes  contre  les  autres  ; 
j'ai  trouvé  environ  un  dixième  de  diffé- 
rence entre  le  poids  fpécifrque  de  ces 
paillettes  &  celui  de  la  platine  ;  néanmoins 
ces  paillettes  ne  font  pas  ordinairement 
d'or  pur ,  il  s'en  faut  fouvent  plus  de 
deux  ou  trois  karats  ,  ce  qui  en  doit 
diminuer  en  même  rapport  la  pelanteur 
ipécifique  ;  ainfi  tout  bien  confidéré  & 
comparé  ,  nous  avons  cru  qu'on  pouvoir 
maintenir  le  rélultat  de  mes  expériences, 
&  affurer  que  la  platine  en  grains  &  telle 
que  la  Nature  la  produit,  eft  au  moins 
d'un  onzième  ou  d'un  douzième  moia$ 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.      1 7 

pefante  que  l'or.  II  y  a  toute  apparence 
que  cette  erreur  de  fait  lur  la  denfité  de 
ia  platine ,  vient  de  ce  qu'on  ne  l'aura 
pas  pefée  dans  fon  état  de  nature ,  mais 
îeuicment  après  l'avoir  réduite  en  maffe  : 
&  comme  cette  fufion  ne  peut  fe  taire 
que  par  l'addition  d'autres  matières  &  à 
lui  feu  très-vioient ,  ce  n'efl  plus  de  la 
platine  pure  ,  mais  un  compofé  dans  lequel 
font  entrées  des  matières  fondâmes ,  &: 
duquel  le  feu  a  enlevé  les  parties  les 
plus  légères. 

Ainfi  la  platine  au  lieu  d'être  d'une 
denfité  égale  oti  prefqu'égale  à  celle  de 
l'or  Dur ,  comme  l'ont  avancé  les  Auteurs 
qui  en  ont  écrit ,  n'eft  que  d'une  denfué 
moyenne  entre  celle  de  l'or  &  celle  du 
fer ,  &.  feulement  plus  voifine  de  celle  de 
ce  premier  métal  que  de  celle  du  dernier. 
Suppofant  donc  que  le  pied  cube  d'or 
pèfe  treize  cents  vingt-fix  livres ,  àL  celui 
du  fer  pur  cinq  cents  quatre-vingts  livres, 
celui  de  ïa  platine  en  grains  fe  trouvera 
pefer  environ  onze  cents  quatre  -  vingt- 
quatorze  livres ,  ce  qui  fuppoferoit  j)lus 
des  trois  quarts  d'or  fur  un  quart  de  f<=r  dans 
cet  alliage,  s'il  n'y  a  pas  de  pénétration^ 


i8       Introduâion  à  rHiJlohe 

mais  comme  on  en  tire  fix  feptièmes  à 
i'aimant ,  on  pourroit  croire  que  ie  fer  y 
cfl:  en  quantité  de  plus  d'un  quart ,  d'autant 
pÎLis  qu'en  s'obftinant  à  cette  expérience , 
je  fuis  perfuadé  qu'on  viendroit  à  botit 
d'eniever  avec  un  fort  aimant ,  toute  la 
platine  jufqu'au  dernier  grain.  Néanmoins 
on  vicn  doit  pas  conclure  que  le  fer  y  foit 
contenu  en  h  grande  quantité;  car  lorf- 
qu'on  le  mêle  par  la  fonte  avec  i'or,  la  mafle 
qui  réfuite  de  cet  alliage  eft  attirable  par 
l'aimant,  quoique  le  fer  n'y  foit  qu'en  petite 
quantité:  j'ai  vu  entre  les  mains  de  M. 
Baume,  un  bouton  de  cet  alliage  pefant 
foixante  -  fix  grains,  dans  lequel  il  n'étoit 
entré  que  fix  grains, c'eft-à-dire  un  onzième 
de  fer,  &  ce  bouton  fe  laifToit  enlever  aifé- 
ment  par  un  bon  aimant.  Dès-lors  la  platine 
pourroit  bien  ne  contenir  qu'iui  onzième 
de  fer  fur  dix  onzièmes  d'or ,  &  donner 
néanmoins  les  mêmes  phénomènes  ,  c'eft- 
à -dire,  être  attirée  en  entier  par  l'aimant  ; 
&  cela  s'accorderoit  parfaitement  avec  la 
pefinteur  fpécifique  qui  eft  d'un  douzième 
moindre  que  celle  de  l'or. 

Mais  ce  qui  me  fiit  préfumer  que  la 
platine  coniient  plus  d'un  onzième  de  fer 


des  Minérûux,  Partie  Exp.       i  p 

fur  ù'ix  onzièmes  d'or ,  c'eft  que  i'aliiagc 

fjiîi  refulie  de  cette  proportion,  c(l  encore 

couleur  d'or  &  beaucoup  j)Ius  jaune  que 

ne  refl  la  platine  ia  plus  colorée ,  &  qu'il 

flmt  un  quart  de  fer  fur  trois  quarts  d'or 

pour    que    i 'alliage    ait    })réciiénient    la 

couleur    naturelle    de   la  platine.    Je  fuis 

donc  très  -  porté  à  croire    qu'il  pourroit 

h'itii   y   avoir   cette    quantité   d'un  quart 

de  fer  dans  la  platine.  Nous  nous  lomnies 

afiurés ,  M.  Tillet  &  moi,   par  pkifieurs 

expériences ,  que  le  fibion  de  ce  fer  pur 

que  contient  ia   platine ,   efl:  plus  pelant 

que  la  limaille  de  fer  ordinaire;  ainfi  cette 

caufe  ajoutée  à  l'effet  de  la  pénétration , 

fuiîit  pour  rendre  raifon  de  cette  grande 

quanti  lé  de    fer  conteiiue   fous  le    petit 

volume  indiqué  par  la  pefanteur  fpécifique 

de  la  platine. 

Au  refle,  il  efl:  très-poiîible  que  je  me 
trompe  dans  quelques  -  unes  des  confé- 
quences  que  j'ai  cru  devoir  tirer  de  mes 
obfcrvations  fur  cette  lubflance  métallique  ; 
je  n'ai  pas  été  à  portée  d'en  faire  un 
examen  aufli  approfondi  que  je  i'aurois 
voulu;  ce  que  j'en  dis,  n'efl:  que  ce  que 
j'ai  vu,  &  pouri-a  peut-être  fervir  à  faire 
voir  mieux. 


10       Inîroduâîon  à  rHïjloke 
Première  addition. 

Comme  j'étois  fur  le  point  de  livrer 
ces  feuilies  à  l'impreffion ,  le  hafard  fit  que 
je  parlai  de  mes  idées  fur  la  platine ,  à 
M.  le  comte  de  Miily  qui  a  beaucoup 
de  connoifîânces  en  Phyfique  &  en  Chi- 
mie ,  ii  me  répondit  qu'il  penfoit  à  peu- 
près  comme  moi  flir  la  nature  de  ce 
minéral,  je  lui  donnai  ie  Ménioire  ci-defTas 
pour  l'examiner,  &  deux  jours  après  ii  eut 
la  bonté  de  m'envoyer  les  obiervations 
fui  vantes ,  que  je  crois  atilli  bonnes  que 
ies  miennes ,  &:  qu'il  m'a  permis  de  publier 
enfemble. 

ce  J'ai  pefé  exadlement  trente-fix  grains 
»  de  piaiine ,  je  l'ai  éiendue  fur  une  feuille 
o3  de  papier  blanc ,  pour  pouvoir  mieux 
»  Toblerver  avec  une  bonne  loupe,  j'y 
3D  ai  aperçu  ou  j'ai  cru  y  apercevoir  très- 
D>  difllnctement  ,  trois  lubftances  diffé- 
w  rentes  ;  la  première  avoit  le  brillant 
>5  métallique,  elle  étoit  la  plus  abondante; 
5>  la  féconde  vitriforme,  tirant  fur  ie  noir  , 
:>?  reiïemble  allez  à  une  matière  métallique 
>3  ferrugineufe  qui  auroit  fubi  un  degré 
3>  de  feu  confidérable ,  telles  que  des 
»  fcories  de  fer ,  appelées  vulgairemeut 


des  Minéraux ,  Partie  Exp*      ^  i 

mâchefer  ;  îa  troîfièine ,  moins  abondante  « 
que  îcs  deux  premières  ,  eit  du  i'able  de  ce 
toutes  couleurs  où  cependant  le  jaune,  ce 
couleur  de  topafe,  domine  ;  chaque  grain  ce 
de  lable  confidcré  à  part ,  offre  à  la  vue  ce 
à.Q.s  criilaux  réguliers  de  difterentes  ce 
coukurs  ;  j'en  ai  remarqué  de  criflallife's  « 
en  aiguilles  hexagones ,  fe  terminant  en  ce 
pyramides  comme  le  criftal- de- roche,  c€ 
&  il  m'a  femblé  que  ce  (able  n'étoit  qu'un  c< 
détritus  de  cridaux  -  de  -  roche  ou  de  <€ 
quartz  de  différentes  couleurs.  ce 

Je  formai  le  projet  de  (eparer ,  ïe  ce 
plus  cxadiement  pofîible,  ces  différentes  c< 
fubllances  par  le  moyen  de  l'aimant  &  «ç 
de  mettre  à  part  la  partie  la  plus  attirabîe  c< 
à  l'aimant ,  d'avec  celle  qui  l'étoit  moins,  ce 
&  enfin  de  celle  qui  ne  l'étoit  pas  du  et 
tout  ;  enfuite  d'examiner  chaque  fubf^  ce 
tance  en  particulier  &  de  les  loumettre  ce 
à  différentes  épreuves  chimiques  &  e< 
mécaniques.  tt 

Je  mis  à  part  les  parties  de  la  platine  «: 
qui  furent  attirées  avec  vivacité  à  la  ce 
diftance  de  deux  ou  trois  lignes,  c'efl-  ce 
à-dire ,  fans  le  contacl  de  l'aimant ,  &:  ce 
je  me'  fervis  pour    cette  expérience ,  <c 


21       IntroJuâion  à  rHiflolre 

3D  d'un  bon  aimant  fadice  de  M.  l'Abbé..,.; 
33  eniuite  je  touchai  avec  ce  même  aimant 
33  le  métai,  &  j'en  enlevai  tout  ce  qui 
39  voulut  céder  à  l'effort  magnétique ,  que 
33  je  mis  à  part  ;  je  pelai  ce  qui  étoit  refté 
33  &  qui  n'étoit  prefque  plus  auirable  ; 
3>  cette  matière  non  attirable ,  &  que  je 
3>  nommerais." -^,  pefoit  vingt-trois  grains; 
33  n°  I  "  qui  étoit  le  plus  lènfible  à  l'ai- 
33  mant ,  pefoit  quatre  grains;  n°  2,  pefoit 
33  de  même  quatre  grains;  &  n!  ^,  cinq 
33  grains. 

33  Nf  J  y  examiné  à  la  loupe  ,  n'oiîioit 
33  à  la  vue  qu'un  mélange  de  parties 
33  métalliques ,  d'un  blanc  laie  tirant  fur 
33  le  gris  ,  aplaties  &  arrondies  en  forme 
33  de  galets  &  de  fable  noir  vitriforme, 
33  relTemblant  à  du  mâchefer  pilé ,  dans 
3>  lequel  on  aperçoit  des  parties  très- 
33  rouillées ,  enfin  telles  que  les  fcories  de 
33  fer  en  préiéntent  lorl qu'elles  ont  été 
33  expofées  à  l'humidité. 
33  N^'  2  préfentoit  à  peu-près  îa  même 
33  choie ,  à  l'exception  que  les  parties 
33  métalliques  dominoient ,  &  qu'il  n'y  en 
»  avoit  qtie  très -peu  de  rouillées. 
»      iV/ j    étoit  la   même   chofe,  mais 


fies  Aiifièraux ,  Partie  Exp.      23 

îes  parties  métalliques  e'toient  plus  volu-  ce 
mineules  ,  elles  refTembloient  à  du  métal  ce 
fondu  ,  &  qui  a  été  jeté  dans  i'eau  pour  ce 
le  divifer  en  grenailles,  elles  font  aplaties,  ce 
elles  aftedent  toiues  fortes  de  fipfures,  ce 
mais  arrondies  fur  les  bords  à  la  manière  ce 
des  galets  qui  ont  éié  roulés  &  polis  ce 
par  les  eaux,  ce 

N."  ^  qui  n'a  voit  point  été  enlevé  ce 
par  l'aimant ,  mais  dont  quelques  parties  ce 
donnoient  encore  des  marques  de  fen-  ce 
fibilité  au  magnéiifme  ,  lorlqu'on  palToit  ce 
l'aimant  fous  le  papier  où  elles  étoient  ce 
étendues,  étoit  un  mélange  de  fable,  ce 
de  parties  métalliques  &.  de  vrai  mâchefer  ce 
friable  fous  les  doigts ,  qui  noircifîbit  à  ce 
la  manière  du  mâchefer  ordinaire.  Le  4t 
fable  fembloit  être  compofé  de  petits  ce 
criflaux  de  topale,  de  cornaline  &  de  ce 
criftal- de -roche;  j'en  écrafai  quelques  ce 
criftaux  fur  un  tas  d'acier,  &  la  poudre  ce 
qui  en  réfulta  étoit  comme  du  vernis  ce 
Téduit  en  poudre  ;  je  fis  la  même  choie  ce 
au  mâchefer ,  il  s'écrafi  avec  la  plus  ce 
grande  ficilité  ,  (Se  il  m'offrit  une  poudre  ce 
noire  ferrugineule  qui  noirciffoit  le  « 
papier  comme  Iç  mâchefer  ordinaire,       <c 


^4  Introducfion  à  rHiflohe 
35  Les  parties  métalliques  de  ce  dernier 
5j  (n°  4)i  me  parurent  plus  dudiles  fous 
35  le  marteau  que  celles  du  n°  /  '\  ce 
»  qui  me  fit  croire  qu'elles  contenoient 
35  moins  de  fer  que  les  premières  ;  d'où 
35  il  s'enfuit  que  la  platine  pourroit  fort 
35  bien  n'éîre  qu'un  mélange  de  fer  6c 
35  d'or  fut  par  la  Nature ,  ou  peut-être 
35  de  la  main  des  hommes ,  comme  je  le 
33  dirai  par  ia  fuite. 

33  Je  tâcherai  d'examiner ,  par  tous  les 
3j  moyens  qui  me  feront  poflibîes,  la 
33  nature  de  la  platine,  fi  je  peux  en 
33  avoir  à  ma  dilpofition  en  fuffifante 
35  quantité  ;  en  attendant ,  voici  les  expé- 
>5  riences  cjue  j'ai  faites. 
33  Pour  m'aflurer  de  la  préfence  du  fer 
33  dans  ia  platine  par  des  moyens  chi- 
33  miques  ,  je  pris  les  deux  extrêmes ,  c'eR- 
35  à- dire,  n'  i ^  qui  étoit  très-atiirable  à 
>5  l'aimant,  &  n° ^  qui  ne  l'étoit  pas,  je 
35  les  arrofai  avec  l'efprit  -  de  -  nitre  un 
33  peu  fumant ,  j'obfervai  avec  la  loupe  ce 
33  qui  en  réfulteroit ,  mais  je  n'y  aperçus 
>3  aucun  mouvement  d'effervefcence  ;  j'y 
33  ajoutai  de  l'eau  difliflée ,  &  il  ne  fe  fit 
33  encore   aucun  mouvement,   mais  les 

parties 


^les  Minéraux  y  Partie  Exp.      25 

parties  métalliques  fe  décapèrent,  &  elles  ce 
prirent  un  nouveau  brillant  ièmblable  ce 
à  celui  de  l'argent;  j'ai  laiflé  ce  mélange  ce 
tranquille  pendant  cinq  ou  fix  minutes  ,  ce 
&  ayant  encore  ajouté  de  l'eau ,  j'y  laifTai  ce 
tomber  quelques  gouttes  de  la  liqueur  ce 
àlkaline  faturée  de  la  matière  colorante  ce 
du  bleu  de  PrufTe  ,  &  fur  le  champ  le  ce 
n'  I  y  me  donna  uii  très-beau  bleu  de  ce 
Prufîe.  ce 

Le  n."  ^  ayant  été  traité  de  même,  ce 
&:  quoiqu'il  le  fût  refuie  à  l'adion  de  ce 
l'aimant  &  à  celle  de  l'efprit-de-nitre ,  ce 
me  donna  Je  même  que  le  n^  1  ^  du  ce 
très- beau  bleu  de  Prufîe.  ec 

li  y  a  deux  chofes  fort  fîngulières  ce 
à  remarquer  dans  ces  expériences ,  ce 
I ."  il  paflè  pour  confiant  parmi  les  c< 
Chimifles  qui  ont  traité  de  ïa  plaiine,  ce 
que  i*eau- forte  ou  Tefprit-de-nitre  n'a  ce 
aucune  adtion  fur  elle  ;  cependant ,  ce 
comme  on  vient  de  le  voir ,  ii  s'en  ce 
diffbut  afîez ,  quoique  fans  efîèrvef^  ce 
cence,  pour  donner  du  bleu  de  Prufîe  ce 
orfqu  'on  y  ajoute  de  la  liqueur  alkaïine  ce 
phlogifliquée  &  faturée  de  ia  matière  « 

Tôine  VIL  B 


:l6       TnfrocJuâlon  à  rHlfioire 

35  colorante,  qui,  comme  on  fait,  précipite 
35  le  fer>en  hieu  de  Pruiîe. 
>5  2.°  La  platine  qui  n'eft  pas  fenfible 
>5  à  i'aimant,  n'en  contient  pas  moins  du 
35  fer,  puifque  l'efprit-de-nitre  en  diflout 
;»  aflez,  fans  occarionnerd'efFervercence, 
35  pour  former  du  bleu  de  Pruiîè. 
35  D'où  il  s'eniïîit  que  cette  fubflance 
33  que  les  Chimifles  ïnodernes,  peut-être 
33  trop  avides  du  merveilleux  &  de  vouloir 
35  donner  du  nouveau  ,  regardent  comme 
35  un  huitièm.e  métal ,  pour;^"oit  bien  n'être, 
35  comme  je  l'ai  dit,  qu'un  mélange  d'or 
?5  &  de  fer. 

3?  Il  relie  lans  doute  bien  d^s  expé- 
35  riences  à  faire  pour  pouvoir  déterminer 
35  comment  ce  me'Linge  a  pu  avoir  lieu , 
30  fi  c'eil  l'ouvrage  de  la  Nature ,  & 
35  comment  ;  ou  fi  c'eft  le  produit  de 
35  quelque  volcan ,  ou  finiplement  le  pro- 
35  duit  des  travaux  que  les  Elpngnols  ont 
35  faits  dans  le  nouveau  monde  pour  retirer 
35  l'or  des  mines  du  Pérou  :  je  ferai  mention 
35  par  la  fliiie  de  mes  conjectures  Ià~ 
35  deffus. 

-»  Si  l'on  frotte  de  la  pbuine  naturelle 
5>  fur  uii  linge  blaac;  elle  le  noircit  comme 


tJes  Minéraux ,  Partie  Exp.      27 

pourroit  îe  faire  ïe  mâchefer  ordinaire,  ce 

ce  cjLii  m'a  fait  foupçonner  c[ue  ce  font  ce 

ies  parties  de  fer  re'duiics  en  mâchefer  ce 

qiii   fe   trouvent    dans    la   plaiine    qui  ce 

donnent  cette  couleur ,  &  qui  ne  font  ce 

dans  cet  état  que  pour  avoir  éprouvé  ce 

i'adion  d'un  feu  violent.  D'ailleurs  ayant  ce 

examiné  une  féconde  fois  de  la  platine  ce 

avec  ma  loupe,  j'y   aperçus  différens  ce 

globules  de  mercure   coulant ,  ce  c|ui  ce 

me  fit  imaginer  que  la  platine  pourroit  ce 

bien  être  un  produit  de  la  main  des  ce 

hommes,  &  voici  comment.  ce 

La  plaiine ,  à  ce  qu'on  m'a  dit ,  fe  ce 

tire   des  mines  les   plus   anciennes  du  ce 

Pérou,  que  les  Efpagnols  ont  exploi-  ce 

tées    après    la    conquête    du   nouveau  ce 

monde  :  dans  ces  temps  reculés  on  ne  ce 

ccnnoifToit  guère    que  deux  manières  ce 

d'extraire  l'or  des  fables  qui  le  conte-  «c 

noient;  1 ."  par  l'amalgame  du  mercure,  ce 

i.°  par  le  départ  à  fec  :  on  trituroit  le  ce 

fable   aurifère    avec    du   mercure ,    &:  ce 

lorfqu'on   jugeoit  qu'il   s'étoit  chargé  ce 

de  la  plus  grande  partie  de  l'or,   on  ce 

rejetoit  le  fable  qu'on  nommoit  craffe ,  ce 

comme  imuiîe  &  de  nulle  valeur.  ce 

Bij 


2  8        IntroJuâïon  à  l^Hijlohe 

:>->       Le  départ  à  fcc  fe  faifoit  avec  aufîi 
»  peu  d'intelligence;  pour  y  vaquer,  on 
55  conimençoit  par  minéraliler  les  métaux 
■>:>  aurifères  par  le  moyen  du  foufre  qui 
35  n'a   point    d'ad:ion    fur    l'or ,    dont  la 
35  pedmteur  fpécifique  eft  plus  grande  que 
35  celle  des  autres  métaux  ;  mais  pour  faci- 
>5  liter  fa  précipitation  on  ajoute  du  fer  en 
35  limaille  qui    s'empare   du  foufre    fur- 
35  abondant,  méthode  qu'on  fuit  encore 
35  aujourd'hui  (e).  La  force  du  feu  vitrifie 
33  une  partie  du  fer,  l'autre  fe  combine 
33  avec  une  petite  portion  d'or  &  même 
33  d'argent  qui  le  mêle  avec  les  fcories , 
33  d'où  on  ne  peut   le    retirer    que  par 
35  plufieurs  fontes,  &  fans  être  bien  inftruit 
33  des  intermèdes  convenables  que  les  Do- 
33  cimafiftes  emploient.   La  Chimie   qui 
33  s'efl  perfecftionnée  de  nos  jours ,  donne 
33  à  la  vérité  les  moyens  de  retirer  cet  or 
33  &  cet  argent  en  plus  grande  partie  ;  mais 
33  dans  le  temps  où  les  Efpagnols  exploi- 
33  toient  les  mines  du  Pérou,  ils  ignoroient 


(e)  Voyez  les  Élémens  docimaftiques  de  Cramer  ; 
i'Art  de  traiter  les  mines,  par  Schulter,  SchiH'? 
deier,  &ç. 


des  Minéraux ,  Partie  Exp*      I9 

ians  cloute  l'art  de  traiter  les  mines  avec  ce 
le  plus  grand  profit;  &  d'ailleurs  ils  ce 
avoient  de  ii  grandes  richefTes  à  leur  ce 
diTi^ofuion,  qu'ils  ncgligeoient  vraifem-  ce 
jjlabieinent  les  moyens  i[cà  leur  aùroient  ce 
coûté  de  la  peine,  des  loins  &  du  temps  ;  <c 
ainfi  il  y  a  apparence  qu'ils  fe  conten-  c^ 
toient  d'une  première  fonte ,  &:  jetoient  ce 
les  Icories  comme  inutiles ,  ainli  que  ce 
le  lable  qui  avoit  paflé  par  le  mercure,  ce 
peut-être  même  ne  faiïoient-ils  qu'un  ce 
las  de  ces  deux  mélanges ,  qu'ils  regar-  c< 
doient  comme  de  nulle  vakur.  ce 

Ces  fcories  contenoient  encore  de  ce 
i'or  ,  beaucoup  de  fer  fous  différens  ce 
états ,  Ik  cela  en  des  proportions  diffe-  ce 
rentes  qui  nous  font  inconnues ,  mais  ce 
qui  font  telles  peut-être  qu'elles  peuvent  ce 
avoir  donné  l'exiftence  à  la  platine.  L.qs  ce 
globules  de  mercure  que  j'ai  obfervés,  ce 
ÔL  les  paillettes  d'or  que  j'ai  vues  diftinc-  ce 
tement ,  à  l'aide  d'une  bonne  loupe ,  ce 
dans  la  platine  que  j'ai  eue  entre  les  ce 
mains ,  m'ont  fait  naître  les  idées  c|ue  ce 
je  viens  d'écrire  fur  l'origine  de  ce  ce 
minéral  ;  mais  je  ne  les  donne  que  comme  ce 
des  conjedures  hafirdées  ;  il  faudroit  ce 

Biij 


30        Inîroduélîon  à  VHïfloïre 

30  pour  en  acquérir  quelque  certitude, 
:»  iàvoir  au  jufte  où  font  fuuées  ies  mines 
35  de  la  platine  ;  fi  efies  opt  été  exploitées 
55  anciennement ,  fi  on  ia  tire  d'un  terrein 
35  neuf,  ou  fi  ce  ne  font  que  des  dé- 
33  combres,  à  quelle  profondeur  on  la 
3>  trouve,  <&  enfin  fi  la  main  des  hommes 
y>  y  efl  exprimée  ou  non.  Tout  cela 
33  pourroit  aider  à  vérifier  ou  à  détruire 
les  conjedures  que  j'ai  avancées  (f),  33 

Remarçiues. 

Ces  obfervations  de  M.  le  comte  de 
Alilf  y,  confirment  les  miennes  dans  prefque 
tous  les  poiiUs.  La  Nature  eft  une,  &  fe 
préfente  toujours  la  même  à  ceux  qui  la 
lavent  cbferver  ;  ainfi  l'on  ne  doit  pas 
être  fiirpris  que  fans  aucune  communica- 
tion, M.  de  Milly  ait  vu  les  mêmes  chofes 
que  moi ,   &   qu'il  en   ait  tiré  la  même 


/f)  M.  le  baron  Je  S'ckingen ,  Miniilre  de 
i'Éledcur  Paiatin,  a  dit  à  M.  de  Miily ,  avoir 
adueiiement  entre  les  mains  deux  Mémoires  qui 
lui  ont  été  remis  par  M.  Keilner ,  Chimifte  <Sc 
Mctalfiirgifte,  attaché  à  M.  ie  Prince  de  Birckenfeld  , 
à  Manheim ,  qui  offre  à  la  cour  d'Efpagne ,  de 
rendre  à  peu  -  près  alitant  d'or  pefaat  au  on  lui 
livrera  de  platjue^ 


des  Minéraux,  Partie  Exp.      '3  î 

conféquence,  que  la  platine  n'eft  point  un 
nouveau  métal ,  àifiérent  de  tous  les  autres 
métaux ,  mais  un  mélange  de  fer  &  d'or. 
Pour  concilier  encore  de  plus  près  Tes 
obfervatîons  avec  les  miennes,  &  pour 
éclaircir  en  même  temps  les  doutes  qui 
reftent  en  grand  nombre  fur  l'origine  & 
fur  la  forjnation  de  la  platine,  j'ai  cru 
devoir  ajouter  les  remarques  fnvantes. 

i.°  M.  le  comte  de  Milîy  drftingue 
dans  la  pîaiine  trois  efpèces  de  matières  : 
favoir,  deux  métalliques,  &  la  iroifième 
non  métallique  ,  de  fubfîance  &  de  forme 
quartzeufe  ou  crilialline  ;  il  a  obfervé 
comme  moi,  que  des  deux  matières  métal- 
liques ,  l'une  ed  très-attirable  par  l'aimant , 
&:  que  l'autre  l'ell:  très-peu  ou  point  du 
tout.  J'ai  fiit  mention  de  ces  deux  matières 
comme  lui ,  mais  je  n'ai  pas  parlé  de  la 
troifième  qui  n'eft  pas  métallique ,  parce 
qu'il  n'y  en  ^voit  point  ou  très- peu  dans 
la  platine  fur  laquelle  j'ai  fait  mes  obferva- 
tions.  Il  y  a  apparence  que  la  platine  dont 
s'eil  fervi  M.  de  Milîy.  étoit  moins  pure 
que  la  mienne  que  j'ai  obfervée  avec 
foin,  &  dans  laquelle  je  n'ai  vu  que  quelques 
petits  globules  tranfparens  comme  du  verre 

B  iiij 


3  2       Inîroduâton  à  rHiJloîre 

blanc  fondu ,  qui  étoient  unis  à  des  parti- 
cules de  platine  ou  de  lahlon  ferrugineux , 
&  qui  fe  liiiiïoient  enlever  enfemble  par 
î'ainiant.  Ces  globules  trnnfparens  e'toient 
en  très-petit  nombre ,  &.  dans  huit  onces 
de  platine  que  j'ai  bien  regardée  &  fait 
regarder  à  d'autres  avec  une  loupe  très- 
forte,  on  n'a  point  aperçu  de  criftaux 
re'guiiers.  Il  m'a  paru  au  contraire  que 
toutes  les  particules  tranfparentes  e'toient 
gîobuleufes  comme  du  verre  fondu ,  & 
toutes  attachées  à  à^s  parties  métalliques  y 
comme  le  laitier  s'attache  au  fer  lorfqu'on 
îe  fond.  Néanmoins  comme  je  ne  doutois 
point  du  tout  de  la  vérité  de  robfervaiion 
de  M.  de  Milly,  qui  avôit  vu  dans  fa 
platine  des  particules  quartzeuies  &  crif- 
tallines,  de  forme  régulière  &  en  grand 
nombre  ;  j'ai  cru  ne  devoir  pas  me  borner 
à  l'examen  de  la  feule  platine  dont  j'ai 
parlé  ci-devant  :  j'en  ai  trouvé  au  Cabinet 
du  Roi  que  j'ai  examinée  avec  M.  Dau- 
henton,  de  l'Académie  des  Sciences,  & 
qui  nous  a  paru  à  tous  deux  bien  moins 
pure  que  la  première ,  &  nous  y  avons  en 
effet  remarqué  un  grand  nombre  de  petits 
criftaux  prifmatiques  &  tranfpareas,  les 


des  Adinéraux,  Partie  Exp.      3  3 

uns  couleur  de  rubis-balai,  d'autres  couleur 
de  topare ,  &  d'autres  enfin  parfaitement 
blancs;  ainfi  M.  ie  comte  de  Milly  ne 
s'étoit  point  trompé  dans  Ion  obfervation  ; 
mais  ceci  prouve  feulement  qu'il  y  a  des 
mines  de  platine  bien  plus  pures  les  unes 
que  les  autres ,  &  que  dans  celles  qui  le 
font  le  plus ,  il  ne  fe  trouve  point  de  ces 
corps  étrangers.  M.  Daubenton  a  aulîî 
remarqué  quelques  grains  aplaiis  par- 
deflous  &  renflés  par-delTus ,  comme  ieroit 
une  goutte  de  métal  fondu  qui  fe  feroit 
refroidie  fur  un  plan.  J'ai  vu  très-diftinc- 
tement  un  de  ces  grains  hémifphériques , 
ôi  cela  pourroit  indiquer  que  la  platine 
eft  une  matière  qui  a  été  fondue  par  le 
feu  ;  mais  il  eft  bien  fmgulier  que  dans 
cette  matière  fondue  par  le  feu,  on  trouve 
des  petits  crillaux ,  des  topafes  &  des 
rubis  5  &  je  ne  fais  fi  l'on  ne  doit  pas 
foupçonner  de  la  fraude  de  la  part  de  ceux 
qui  ont  fourni  cette  platine,  &  qui,  pour 
en  augmenter  la  quantité ,  auront  j)u  la 
mêler  avec  ces  ftbles  criftallins ,  car  je  le 
répète ,  je  n'ai  point  trouvé  de  ces  crillaux 
dans  plus  d'une  demi-livre  de  platine  que 
m'a  donnée  M.  le  comte  d'Ai^i^iviliers. 

B    V 


34       Litroduâlon  à  V liïllohe 

2.°  J'ai  trouvé  ,  comme  M.  de  Miiïy, 
dés  paillettes  d'or  dans  ia  platine,  elles 
font  aifées  à  reconnoîîre  par  leur  couleur, 
&  parce  qu^eiles  ne  lont  point  du  tout 
magnétiques  ;  mais  j'avoue  que  je  n^ai  pas 
aperçu  les  globules  de  mercure  qu'a  vus 
M.  de  Miiiy.  Je  ne  veux  pas  pour  cela 
nier  leur  exiftence  ;  feulement  il  me  (emble 
que  les  paillettes  d'or  fe  trouvant  avec 
ces  p;lobuïes  de  mercure  dans  la  même 
m'atière,  elles  leroient  bientôt  amalgamées  , 
&  ne  conierveroient  pas  la  couleur  jaune 
de  l'or  que  j'ai  remarquée  dans  toutes  les 
paillettes  d'or  que  j'ai  pu  trouver  dans  une 
demi- livre  de  platine  (g)>  D'ailleurs  les 
globules  tranfparens,  dont  je  viens  de 
parler ,  reffemblent  beaucoup  à  des  glo- 
bules de  luercure  vif  <Sc  brillant ,  en  forte 
qu'au  premier  coup  d'œii  il  eft  aifé  de 
s'y  trotnper. 

3  .°  Il  y  avoit  beaucoup  moins  de  parties 
ternes  &  rouillées  dans  ma  première  platine 

(q)  J'ai  trouvé  depuis  dans  d'autre  platine  des 
paillettes  d'or  qui  n'ctoient  pas  jaunes,  mais  brunes 
&  même  noires  comme  le  fablon  ferrugineux  de 
îa  p!aîine  ,  qui  probablement  leur  avoit  donaé  cette 
cDU'kur  noirâtre, 


des  Minèrdtix ,  Partie  Exp.      3  5 

que  dans  celie  de  M.  de  Milly,  &  ce 
n'efl  pas  proprement  de  la  rouille  qui 
couvre  fa  furflice  de  ces  particules  ferru- 
gineufes ,  mais  une  fubflance  noire  ,  pro- 
duite par  le.  feu,  &  tout-à-£ùt  fembiaule 
à  celle  qui  couvre  la  furfàce  du  fer  brûlé  : 
mais  ma  féconde  platine,  c'efl  -  à  -  dire  , 
celle  que  j'ai  prife  au  Cabinet  du  Roi  , 
avoit  encore  de  comînun  avec  celle  de 
AI.  le  comte  de  Milly,  d'êire  mélangée 
de  quelques  parties  ferrugineufes ",  qui, 
fous  le  marteau,  fe  réduifoient  en  poulîière 
jaune  6l  avoient  tous  les  caradièies  de  ia 
rouille.  Ainfi  cette  platine  du  Cabinet  du 
Roi,  &  celle  de  M.  de  Milly,  le  reiTem- 
bîant  à  tous  éofards ,  il  eft  vraii'emblabie 
qu'elles  font  venues  du  même  endroit  & 
par  la  même  voie  ;  je  foupçonne  même 
que  toutes  deux  ont  été  fophiiliquées  <3c 
mélangées  de  près  de  moitié ,  avec  des 
matières  étrangères  crillallines  &  ferrugi- 
neufes rouillées ,  qui  ne  fe  trouvent  pas 
dans  la  platine  naturelle. 

4.°  La  produclion  du  bleu  de  Prufîe 
par  la  platine ,  me  paroît  prouver  évidem- 
ment U  préfence  du  fer  dans  la  partie 
même  xie ,  ce  minéral    qui  elt   la  moins 

B  vj 


3  6       Introduâlon  à  l'Hifloue 

attirable  à  l'aimatit ,  &  confîriner  en  même 
temps  ce  que  j'ai  avancé  du  mélangé 
îniime  du  fer  dans  fa  fubûance.  Le  déca- 
pement  de  la  platine  par  l'efprit  de  nitre, 
prouve  que  quoiqu'il  n'y  ait  point  d'effer- 
vefcence  fenfibie,  cet  acide  ne  laiiïè  pas 
d'agir  fur  la  platine  d'une  manière  évidente^ 
&  que  les  Auteurs  qui  ont  affuré  le 
contraire  ,  ont  fuivi  leur  routine  ordinaire, 
qui  confîfîe  à  regarder  comme  nulle  toute 
adion  qui  ne  produit  pas  reffervefcence. 
Ces  deux  expériences  de  M.  de  Alilly  me 
paroifTent  très-importantes  ,  elles  feroient 
même  décifives  fi  elles  réuflifîoient  tou- 
jours également. 

5.°  Il  nous  manque  en  effet  beaucoup 
de  connoifîances  qui  1  croient  nécefîaires  ,- 
pour  pouvoir  prononcer  affirmativement 
ïur  l'origine  de  la  platine.  Nous  ne  favons 
rien  de  i'hiftoire  naturelle  de  ce  minéral , 
&  nous  ne  pouvons  trop  exhorter  ceux 
qui  font  à  portée  de  l'examiner  fur  les 
lieux ,  de  nous  faire  part  de  îeurs  obfer- 
vations.  En  attendant,  nous  fournies  forcés 
de  nous  borner  à  des  conjectures ,  dont 
quelques- imes  me  paroiffent  feulement 
'plus  vraifemblables  que  les  autres.   Par 


Je  s  Minéraux ,  Pa  rt  i  e  E  x  p.       37 

exemple ,  je  ne  crois  pas  que  la  platine 
ibit  l'ouvrage  des  hommes  ;  les  Mexicains 
«5c  ies  Péruviens  favoient  fondre  &  tra- 
vailler l'or  avant  Tarrivée  des  Efpagnols, 
&  ils  ne  connoifTcient  pas  le  fer,  qu'iî 
auroit  néanmoins  fallu  employer  dans  le 
départ  à  {^tc  en  grande  quaniité.  Les 
Elpagnois  eux-mêmes  n'ont  point  établi 
de  fourneaux  à  fondre  les  mines  de  fer 
en  cette  contrée ,  dans  les  premiers  temps 
qu'ils  l'ont  habitée  ;  il  y  a  donc  toute 
apparence  qu'ils  ne  fe  font  pas  fervis  de 
linailie  de  fer  pour  le  départ  de  l'or ,  du 
moins  dans  les  commencemens  de  leurs 
travaux ,  qui  d'ailleurs  ne  remontent  pas 
à  deux  ficelés  &  demi,  temps  beaucoup 
trop  court  pour  une  produc1:ion  aufli 
abondante  que  celle  de  la  platine,  qu'on 
ne  laific  pas  de  trouver  en  afiez  grande 
quantité  &  dans  plufieurs  endroits. 

D\aiifeurs  lorfqu'on  mêle  de  l'or  avec 
du  fer ,  en  les  faifant  fondre  enfemble  y 
on  ]:eut  toujours  ,  par  ies  voies  chimiques, 
ks  léparer  &  retirer  i'or  en  entier  ;  au  lieu 
que  jufqu'à  préfent  les  Chimifles  n'ont 
pu  faire  cette  léparation  dans  la  platine,, 
r.i  déterminer  la  quantité  d'or  contenir 


3  8       Litroduâion  à  rflïfloîre 

dans  ce  minerai  :  cela  femble  prouver  que 
i'or  y  e(t  uni  d'une  manière  plus  intime 
que  dans  l'alliage  ordinaire ,  &  c[ue  le  fer 
y  elt  aufli,  comme  je  l'ai  dit,  dans  un 
état  différent  de  celui  du  fer  commun. 
La  platine  ne  me  paroit  donc  pas  être 
i'ouvrage  de  l'homme ,  mais  le  produit  de 
la  Nature ,  &  je  fuis  très-porte  à  croire 
qu'elle  doit  fa  première  origine  au  feu  des 
volcans.  Le  fer  brûlé,  autant  qu'il  efl 
pofîible ,  intimement  uni  avec  l'or  par  la 
iiiblimation  ou  par  la  fufion ,  peut  avoir 
produit  ce  minéral,  qui,  d'abord  ayant 
été  formé  par  l'adlion  du  feu  le  plus 
violent,  aura  enfuite  éprouvé  les  impref- 
fions  de  l'eau  &  les  frottemens  réitérés 
qui  lui  ont  donné  la  forme  qu'ils  donnent 
à  tous  les  autres  corps ,  c'eft-à-dire ,  celle 
des  galets  ôl  des  angles  émouffés.  Mais 
il  fe  pourroit  auffi  que  i'eau  feule  eût 
produit  la  platine  ;  car  en  fuppoiant  Vx5ï 
ôi  le  fer  tous  deux  divifés  autant  qu'ils 
peuvent  l'être  par  la  voie  humide ,  leurs 
molécules ,  en  fe  réuniiïant ,  auront  pu 
former  les  grains  qui  la  compofent ,  & 
qui  depuis  les  plus  pefins  jufqu'aux  plus 
légers,  contiennent   tous  de  i'or  &:  du 


des  Minémux ,  Partie  Exp.      3  p 

fer.  La  propofuion  du  Chimifte  qui  offre 
de  rendre  à  peu-près  autant  d'or  qu'on 
lui  fournira  de  platine,  fenibleroit  indiquer 
qu'il  n'y  a  en  effet  qu'un  onzième  de  fer 
fur  dix  onzièmes  d'or  dans  ce  minéral  ou 
peut-être  encore  moins;  mais  l'à-peu-près 
de  ce  Chimifte,  efl:  probablement  d'un 
cinquième  ou  d'un  quart,  &  ce  feroit 
toujours  beaucoup  fi  fi  promeffe  pouvoit 
fe  réalifer  à  un  quart  près. 

Se  c  0  n  d  e    addition» 

M'ÉTANT  trouvé  à  Dijon,  cet  été 
1773  ,  l'Académie  des  Sciences  &  Belîes- 
Lettres  de  cette  ville,  dont  j'ai  l'honneur 
d'être  Membre ,  me  parut  defirer  d'en- 
tendre la  lecture  de  mes  obfervacions  fur 
la  platine  ;  je  m'y  prêtai  d'autant  plus 
volontiers,  que  fur  une  matière  auffi  neuve 
on  ne  peut  trop  s'informer  ni  confulter 
affez ,  &  que  j 'a vois  lieu  d'efpérer  de 
tirer  quelques  lumières  d'une  compagnie 
c{ui  raffemble  beaucoup  de  perfonnes 
indruites  en  tous  genres.  M.  de  Morveau  , 
Avocat  général  au  Parlement  de  Bour- 
gogne ,  aufîi  favant  Phyficien  que  grand 
Jurilconfulte;  pritla.réfolutioa  de  traYailler 


40       IntroJuâion  à  i'Hijloire 

fur  la  platine  ;  je  iui  donnai  une  poruorî 
de  ceile  que  j 'a vois  attirée  par  l'aimant , 
&  une  portion  de  ceiie  qui  avoit  paru 
infenfible  au  magnétifmc,  en  le  priant 
d'expofer  ce  minéral  finguiier  au  ])lus 
grand  feu  qu'il  lui  feroit  pofFible  de  faire , 
&  quelque  temps  après  il  m'a  remis  les 
expériences  fuivantes ,  qu'il  a  trouvé  bon 
de  joindre  ici  avec  les  miennes. 

Expériences  faites  par  M.  de 
Morve  AU,  en  Septembre  ijjj' 

ce  M.  le  comte  de  Buffon ,  dans  un 
y^  voyage  qu'il  a  fait  à  Dijon ,  cet  été 
33  1773,  iT^'^^y^i'^t  fait  remarquer  dans  un 
33  demi-gros  de  platine,  que  M.  Baume 
y>  m'avoit  remis  en  1768,  des  grains  en 
33  forme  de  boutons ,  d'autres  plus  plats , 
33  &  quelques-uns  noirs  &  écailleux  ;  & 
33  ayant  féparé  avec  l'aimant  ceux  qui 
•>:>  étoient  attirables  de  ceux  qui  ne  don- 
33  noient  aucun  fipfne  fenfible  de  maané- 
yi  tiime  ,  j'ai  eifayé  de  former  le  bleu  de 
33  PrulTe  avec  les  uns  &  les  autres.  J'ai 
33  verfé  de  l'acide  nitreux  fumant  fur  les 
33  parties  non-attirabie^  qui  pefoient  deux 


des  Mîncrûux,  Partie  Exp.      4Ï 

grains  &  demi;  fix  heures  après,  j'ai  « 
étendu  l'acide  par  de  l'eau  dillillée,  5l  ce 
j'y  ai  verle  de  la  liqueur  alkaline  faturée  ce 
de  matière  colorante ,  il  n'y  a  pas  eu  ce 
un  atome  de  bleu ,  la  platine  avoir  « 
fcufement  un  coup  d'œil  plus  brillant,  ce 
J'ai  pareillement  verfé  de  l'acide  fumant  ce 
fur  les  3  3  grains  \  de  platine  refiante ,  ce 
dont  partie  étoit  attirabîe  ,  la  liqueur  ce 
étendue  après  le  même  intervalle  de  ce 
temps,  le  même  alkali  Prufîlen  en  a  te 
précipité  une  fécule  bleue  qui  couvrait  «c 
îe  fond  d'un  vafe  afTez  large.  La  platine  ce 
après  cette  opération  étoit  bien  décapée  ce 
comme  la  première ,  je  l'ai  lavée  &  ce 
féchée ,  &L  j'ai  vérifié  qu'elle  n'avoit  ce 
perdu  qu'un  c[uart  de  grain  ou  -j~  ;  ce 
l'ayant  examinée  en  cet  état ,  j'y  ai  «< 
aperçu  un  grain  d'un  beau  jaune  qui  ec 
s'eft  trouvé  une  paillette  d'or.  ce 

M.  de  Fourcy  avoit  nouvellement  ce 
publié  que  la  diflolution  d'or  étoit  auffi  ce 
précipitée  en  bleu  par  l'alkali  Pruiïien, 


ce- 


&  avoit  configné  ce  fait  dans  une  Table  ce 
d'affinité  ;  je  fus  tenté  de  répéter  cette  ce 
expérience ,  je  verfai  en  conféquence  ce 
de  la  liqueur  alkaline  phlogifliquée  dans  ce 


42       Inîroduélion  h  l'Hlfloire 

33  delà  dilToïution  d'or  de  départ,  maïs  îa 
33  couleur  de  cette  difloiution  ne  changea 
>5  pas,  ce  qui  me  fait  foupçonner  que  la 
25  difToiution  d'or  employée  par  M.  de 
»  Fourcy,  pou  voit  bien  n'être  pa.s  auiîi 
3p  pure. 

33  Et  dans  îe  même  temps ,  M.  îe  comte 
D5  de  BuflTon  m'ayant  donné  une  afTez 
33  grande  quantité  d'autre  platine  pour  en 
33  fiiire  quelques  effais ,  j'ai  entrepris  de 
>3  la  {éparer  de  tous  les  corps  étrangers 
33  Dar  une  bonne  fonte  ;  voici  la  manière 
35  dont  j'ai  procédé ,  &  les  réiuitats  que 
33  j'ai  eus. 

Première    expérience, 

3>  Aya NT  mJs  un  gros  de  platine  dans 
33  une  petite  coupelle  ,  fous  la  mouffle  du 
33  fourneau ,  donné  par  M.  Macquer 
33  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des 
33  Sciences,  année  i  /j  8 ,  j'ai  ibutenu  ie 
33  feu  pendant  deux  heures ,  la  mouffle 
33  s'eft  affaiffée,  les  flipports  avoient  coulé  ; 
33  cependant  la  platine  s'eft  trouvée  ieu- 
33  lement  aglutinée  ,  elle  tenoità  la  coupelle 
33  &  y  avoit  laifié  des  taches  couleur  de 
3>  rouille  ;  la  platine  étoit  alors  terne ,  même 


'^es  Minéraux ,  Partie  Exp.  4  3 
xm  peu  noire ,  &  n'avoit  pris  qu'un  ce 
quart  cie  grain  d'augmentation  de  poids  ,  ce 
quantité  bien  foible  en  comparailbnde  ce 
celle  que  d'autres  Chimiftes  ont  obfer-  « 
vée  ;  ce  qui  me  iurprit  d'autant  plus ,  ce 
quc'ce  gros  de  platine,  ainfi  que  toute  ce 
celle  cjue  j'ai  employée  aux  autres  expé-  ce 
riences,avoit  été  enlevé  rucce(liv;_ement  ce 
par  l'aimant,  &faiibii portion  des  fix  fep-  ce 
tiémes  de  8  onces  dont  M.  de  Buffon  a  ce 
parlé  dans  le  Mémoire  ci-deiîus.  « 

Deuxième  expérience. 

U  N  demi-gros  de  ia  même  platine ,  ce 
expofé  au  mêm.e  feu  dans  une  coupelle,  ce 
s'ert  auûi  aglutiné ,  elle  éîoit  adhérente  ce 
à  la  coupetle  ,  fur  laquelle  elle  avoir  ce 
laide  des  taches  de  couleur  de  rouille;  ce 
l'augmentation  de  poids  s'eft  trouvée  à  ce 
peu-près  dans  la  même  proportion,  &  ce 
la  luriace  auffi  noire.  «<^ 

Troisième  expérience. 

J'ai  remis  ce  même  dem^i-gros  dans  ce 
une  nouvelle  coupelle ,  mais  au  lieu  de  ce 
mouffle ,  j'ai  renverfé  lur  le  Tupport  un  ce 
crsuiét  de  plomb  noir  de  Puffav/  ;  j'avois  « 


44       Introdiiawn  à  VHifloire 
:>5  eu  l'attention  de  n'employer  pour  fuj-j-^ 
>>  port  que   i\ts  têts  d'argile  pure   irùs- 
^3  réfraclaire ,  par  ce  moyen  Je  joouvois 
^^  augmenter  la  violence  du  feu  &  pro- 
^^  longer  la  durée,  fans  craindre  de  voir 
33  couler  les  vaifleaux  ,  ni  obflruer  l'argile 
33  par  les  fcories  ;  cet  appareil  ainfi  placé 
33  dans  le  fourneau ,  j'y  ai  entretenu  pen- 
33  dant  quatre  heures  un  feu  de  la  dernière 
33  violence  ;  lorfque  tout  a  été  refroidi , 
33  j'ai  trouvé  le   creufet   bien   confervé'^ 
33  foude  au   fupport  ;    ayant   brifé    cette 
33  foudure  vitreufe,  j'ai  reconnu  que  rien 
33  n'avcit  pénétré  dans  l'intérieur  du  creufet 
33  qui  paroîiloit  feulement  plus  luiiànt  c[u'ii 
33  n'étoit  auparavant.    La  coupelle   avoix 
33  conlervé  fa  forme  &  (a  pofition,  elie 
33  étoit  un  peu  fendillée ,  mais  pas  aficz 
33  pour  fe  lai/Ter  pénétrer,  auiTi  le  bouton 
33  de  platine  n'y  étoit- il  pas  adhérent;  ce 
33  bouton  n'étoit  encore  qu'aglutiné,  mais 
33  d'une  manière  h\ç.w  plus  ferrée  que  la 
33  première  fois,  les  grains  étoient  moins 
33  faillans ,  la  couleur  en  étoit  plus  claire , 
i3  le  brillant  plus  métallique;  &  ce  qu'il  y 
3»  eut   de   plus   remarquable,    c'efl   qu'il 
3>s'étoit  élancé  de   Hi  furface,  pendanr 


des  Mînêrdîix ,  Partie  Exp.      4  5 

roperation ,  <Sc   probablement  dans  les  ce 
premiers  inllans  du  refroidilTement,  trois  ce 
jets  de    verre ,   dont  l'un   plus  élevé ,  « 
parfaitement  fphérique ,  étoit  porte'  fur  ce 
un  pédicule   d'une   ligne  de  hauteur ,  ce 
de   la    même    matière   tranfparenie    &  ce 
vitreufe  ;  ce  pédicule  avoit  à  peine  un  ce 
fixième  de  ligne ,  tandis  que  le  globule  ce 
avoit   une   ligne    de   diamètre ,    d'une  ce 
couleur  uniforme ,  avec  une  légrère  teinte  ce 
de  rouge ,    qui  ne    deroboit  rien  à  m  ce 
tranfparence  ;  des  deux  autres  jets  de  ce 
verre,  le  plus  petit  avoit  un  pédicule  ce 
comme  le  plus  gros ,  &  le  moyen  n'avoit  c< 
point  de  pédicule,  &  étoit  feulement  ce 
attaché  à  la  platine  par  fa  furface  exté-  ce 
rieure.  ce 

Quatrième  ex périence. 

J'ai  eflayé  de  coupelîer  la  platine,  <?c 
&  pour  cela  j'ai  mis  dans  une  coupelle  ce 
un  gros  des  mêmes  grains  enlevés  par  ce 
Taimant,  avec  deux  gros  de  plomb,  ce 
Après  avoir  donné  un  très-grand  feu  ce 
pendant  deux  heures ,  j'ai  trouvé  dans  ce 
la  coupelle  un  bouton  adhérent,  cou-  ce 
yen  d'une  croûte  jaunâtre  &  un  peu  ce 


4<5       Inîro  allât  on  h  IHiflolre 

35  rpongieufe ,  du  poids  de  2  gros  i  2 
33  grains ,  ce  qui  annonçoit  que  la  plaiine 
33  avoir  retenu  i  gros  i  2  grains  de  plomb. 
3>  J'ai  remis  ce  bouton  dans  une  autre 
D3  coupelie  au  même  fourneau,  obfervant 
>3  de  le  retourner ,  il  n'a  perdu  que  i  2 
3D  grains  dans  un  feu  de  deux  heures , 
33  là  couleur  <Sc  fa  forme  avoient  très- 
33  peu  changé. 

33  Je  lui  ai  appliqué  enfuiie  le  vent 
33  du  foufiïet  après  l'avoir  placé  dans  une 
33  nouvelle  coupelle  couverte  d'un  creufet 
33  de  Pallaw ,  dans  la  partie  inférieure  d'un 
33  fourneau  de  fufion  dont  j'avois  ôté  la 
33  grille;  le  bouton  a  pris  alors  un  coup 
33  d'œii  plus  métallique-,  toujours  un  peu 
33  terne ,  &  cette  fois  il  a  perdu  i  8  grains. 
33  Le  même  bouton  ayant  été  remis 
33  dans  le  fourneau  de  M.  Macquer,  tou- 
33  joiu's  placé  dans  une  coupelie  couverte 
33  d'un  creuiet  de  Palîàw ,  je  foutins  lé 
33  feu  pendant  trois  heures,  après  ïefquelîes 
33  je  fus  obligé  de  l'arrêter,  parce  que  les 
33  briques  c{ui  lervoient  de  fupport,  avoient 
33  entièrement  coulé  ;  le  bouton  étoit 
33  devenu  de  plus  en  plus  métallique ,  il 
33  adhéroit  pourtant  à  la  coupelle ,  il  avoit 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.       47 

perdu  cette  fois  34  grains.  Je  le  jetai  ce 
dans  l'acide  nitreux  fumant  pour  efTayer  ce 
de  le  décaper ,  il  y  eut  un  peu  d'effer-  ce 
vefcence  lorfque  j'ajoutai  de  l'eau  dif-  ce 
îillce ,  le  bouton  y  perdit  effectivement  ce 
deux  .o-rains ,  &  j'y  remarquai  quelques  ce 
petits  trous ,  comme  ceux  que  iaiffe  ce 
le  départ.  <c 

Il  ne  refloit  plus  que  22  grains  de  ce 
plomb  alliés  à  la  platine ,  à  en  juger  «c 
par  l'excédant  de  Ion  poids;  je  com-  ce 
mençai  à  efj^érer  de  vitrifier  cette  dernière  ce 
portion  de  plomb  ,  &  pour  cela  je  mis  ce 
ce  bouton  dans  une  coupelle  neuve ,  ^< 
je  difpofai  le  tout  comme  dans  la  troi-  ce 
fième  expérience  ,  je  me  fervis  du  même  <c 
fourneau ,  en  obfervant  de  dégager  «c 
continuellement  la  grille ,  d'entretenir  «c 
au-devant  dans  le  courant  d'air  qu'il  ce 
attiroit,  une  évaporation  continuelle  par  ce 
le  moyen  d'une  capfuîe  que  je  rem-  ce 
plifTois  d'eau  de  temps  en  temps ,  &  ce 
de  iaiffer  un  moment  la  chape  entr'ou-  ce 
verte  lorfqu'on  venoit  de  remplir  le  ce 
fourneau  de  charbon  ;  ces  précautions  ce 
augmentèrent  tellement  l'atflivité  du  feu,  ce 
qu'il  falloit  recharger  de  dix  minutes  st 


Introduâïon  h  rHifloke 

s;>  en  dix  minutes ,  je  le  foutins  au  même 
:>3  degré  pendant  quatre  heures  &  je  laifîlû 
-:>:>  refroidir. 

>3       Je    reconnus  le   lendemain    que    le 
55  creufet   de    plomb   noir   avoit  réfifle' , 
33  que  les  fupports  n'étoient  que  fayencés 
3>  par    les    cendres  ;    je    trouvai  dans    la 
:»  coupelle    un    bouton    bien  ralTemblé , 
55  nullement  adhëient  j  d'une  couleur  con- 
D5  tinue  &  uniforme ,  approchant  plus  de 
5?  la  couleur  de  i'étain  que  de  tout  autre 
53  me'tal,  feule rnent  un  peu  raboteux;  en 
35  un  mot ,  pelant  un  gros  très  -  jufle  , 
55  rien  de  plus,  rien  de  moins. 
55      Tout  annonçoit  donc  que  cette  platine 
55  avoit  éprotivé  une  fufion  parfaite,  qu'elle 
55  étoîi  parlaitement  pure ,  car  pour  fup- 
y>  peler  qu'elle  tenoit  encore  du  plomb , 
55  il  fiudroit  iuppofer  auffi  que  ce  mine'raï 
55  avoit   juHement  perdu    de    fa    propre 
55  fiibllance  autant  qu'il  avoit  retenu  de 
55  matièiecftrangcre;  &:  une  telle  précifion 
55  ne  peut  être  Feifèt  d'un  pur  hafard. 
55        Je  devois  paffer  quelques  jours  avec 
55  M.  le  comic  de  BufFon  ,  dont  la  focie'té 
55  a,  fi  je  puis  le  dire,  le  même  charme 
35  que  fou  ftile ,  dont  la  converfation  efl: 

auffi 


des  Mïncraux,  Partie  Exp.     ^() 

aufîi  pleine  que  fes  livres ,  je  me  fis  ce 
un  plaifir  de  lui  porter  les  produits  de  « 
ces  eiîliis ,  &  je  remis  à  les  examiner  «c 
ultérieurement  avec  lui.  ce 

I  .**  Nous  avons  obfervé  que  îe  gros  «c 
de  platine  aglutinéedela  première  expé-  ce 
rience  ,  n'étoit  pas  attiré  en  bloc  par  ce 
l'aimant ,  que  cependant  le  barreau  mag-  ce 
nétique  a  voit  une  acRiion  marquée  fur  ce 
les  grains  que  l'on  en  détachoit.  ec 

2."  Le  demi -gros  de  la  troifième  oc 
expérience  n'étoit  non  -  feulement  pas  ce 
attirable  en  mafTe ,  mais  les  grains  que  ce 
i'on  en  féparoit  ne  donnoient  plus  eux-  ce 
mêmes  aucun  (igné  de  magnétifme.         ce 

3  ."  Le  bouton  de  la  quatrième  expé-  ce 
rience  étoit  aufîi  abfolument  infenfible  ce 
à  l'approche  de  l'aimant ,  ce  dont  nous  ce 
nous  affurames ,  en  mettant  le  bouton  ce 
en  équilibre  dans  une  balance  très-ien-  ce 
fible,  &  lui  préfentant  un  très -fort  ce 
aimant  jufqu'au  contadt,  fans  que  fon  ce 
approche  ait  le  moindrement  dérangé  « 
i'équilibre.  ce 

4.°  La  pefanteur  fpécifique  de  ce  ce 
bouton  fut  déterminée  par  une  bonne  œ 
balance  hydrodaiique,  &  pour  plus  de  éc 

Tome  VII.  C 


jo       Inîrodiiâïon  a  l'Hifloïre 

»  fiireté ,  comparée  à  l'or  de  montiore  5c 
>5  au  globe  d'or  très -pur,  employé  par 
>3  M.  de  BufFon  à  Tes  belles  expériences 
>3  furie  progrès  de  la  chaleur  ;  leur  deiifité 
y3  fe  trouva  avoir  les  rapports  fuivans ,  avec 
35  l'eau  dans  laquelle  ils  furent  plongés. 

Le  globe  d*or, 1 9^. 

L'or  de  monnoie ^  7  i- 

Le  bouton  de  p'atlne '  4  j» 

y>  5.°  Ce  bouton  fut  porté  fur  un  tas 
33  d'acier  pour  effayer  fa  ductilité ,  il  foutint 
yi  fort  \Àç,x\.  quelques  coups  de  marteau , 
>>  fa  furface  devint  plane  &  même  un  peu 
yi  polie  dans  les  endroits  frappés,  mais  il 
>î  fe  fendit  bientôt  après,  &  il  s'en  détacha 
5?  une  portion,  f lifant  à  peu-près  le  fixième 
•>:>  de  la  totalité  ;  la  fradure  préfenta  plu- 
35  fleurs  cavités  ,  dont  quelques  -  unes 
33  d'environ  une  ligne  de  diamètre  a  voient 
33  la  blancheur  &  le  brillant  de  l'argent , 
33  on  remarquoit  dans  d'autres  de  petites 
33  pointes  élancées ,  comme  les  crifîallifi- 
33  tions  dans  les  géodes  ;  le  fommet  de 
33  l'une  de  ces  pointes  vu  à  la  loupe , 
33  étoit  un  globule  abfolument  femblable, 
>>  pour  la  forme,  à  celui  de  la  troifième 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.       5  i 

expérience  &  aufïï  de  matière  vitreufè  ce 
tranfparente ,  autant  que  Ton  extrême  ce 
petitefîe  permettoit  d'en  juger.  Au  ce 
refte,  toutes  les  parties  du  bouton  étoient  ce 
çompa(n:es ,  bien  liées ,  &  le  grain  plus  ce 
ï\\\ ,  plus  lérré  que  celui  du  meilleur  ce 
acier  après  la  plus  forte  trempe ,  auquel  ce 
il  refTeinbloit  d'ailleurs  par  la  couleur.       ce 

6.°  Quelques  portions  de  ce  bouton ,  c« 
ainfi  réduites  en  parcelles  à  coups  de  ce 
marteau  fur  le  tas  d'acier ,  nous  leur  ce 
avons  prélenté  l'aimant,  ai  aucune  n'a  ce 
été  attirée  ;  mais  les  ayant  encore  pul-  ce 
vérifées  dans  un  mortier  d'agate ,  nous  ce 
avons  remarqué  que  le  barreau  magné-  ce 
tique  en  enlevoit  quelques  -  unes  des  ce 
plus  petites  toutes  les  fois  qu'on  le  pofoit  ce 
immédiate  m.  ent  de  (Tus.  ce 

Cette  nouvelle  apparition  du  magné-  ce 
tifme  étoit  d'autant  plus  furprenante ,  que  ce 
les  grains  détachés  de  la  mafTe  aglutinée  ce 
delà  deuxième  expérience ,  nous  avoient  cr 
paru  avoir  perdu  eux-mêmes  toute  {ç.ïi-  ce 
fibilité  à  l'approche  &  au  conta(n:  de  ce 
l'aimant  ;  nous  reprimes  en  conféquence ,  ce 
quelques-uns  de  ces  grains,  ils  furent  ce 
de  même  réduits  en  pouflière  dans  le  et 

Cij 


5  2       liitroduâion  à  VHîfloîre 

»  mortier  d'agate ,  <Sc  nous  vîmes  bientôt 
>3  les  parties  les  plus  petites ,  s'attacher 
»  fenfiblement  au  barreau  aimanté ,  il  n'ell 
3>  pas  poiîible  d'attribuer  cet  effet  au  poli 
iî  de  la  furface  du  barreau  ni  à  aucune 
:»  autre  caufe  étrangère  au  magnétifme , 
33  un  morceau  de  fer  aufli  poli,  appliqué 
3»  de  la  même  manière  fur  les  parties  de 
>:>  cette  platine ,  n'en  a  jamais  pu  enlever 
»  une  feule. 

3>       Par  le  récit  exaâ:  de  ces  expériences 
3>  &  des  obfervations  auxquelles  elles  ont 
35  donné  lieu ,  on  peut  juger  de  la  difficulté 
33  de  déterminer  la  nature  de  la  platine  ; 
33  il  efl  bien  certain  que  celle-ci  contenoit 
3)  quelques  parties  vitrifiables,  &  vitrifiabïes 
33  même  (ans  addition  à  un  grand  feu  ;  il 
33  eil:  bien  fur  que  toute  platine  contient 
33  du  fer  &  des  parties  attirables  ;  mais  fi 
33  l'alkali   Pruffien  ne  donnoit  jamais  du 
33  bleu  qu'avec  les  grains  que  l'aimant  a 
33  enlevés ,    il   femble   qu'on  en  pourroit 
33  conclure ,   que   ceux  qui  lui  réfiftent 
33  abfolument  font  de  la  platine  pure,  qui 
33  n'a  par  elle-même  aucune  vertu  mag- 
3>  nétique ,   &   que   le   fer   n'en   ftit  pas 
33  partie    effentielle.    On   de  voit  elpércr 


clés  Minéraux ,  Partie  Exp.       5  3 

qu'une  fufion  aufîi  avancée ,  une  cou-  ce 
pellation  aiifîi  parfaite  décideroient  au  « 
moins  cette  quedion ,  tout  annonçoit  ce 
qu'en  effet  ces  opérations  l'avoient  ce 
dépouillée  de  toute  vertu  magnétique  en  ce 
la  réparant  de  tous  corps  étrangers ,  « 
mais  la  dernière  obfervation  prouve ,  ce 
d'une  manière  invincible  ,  que  cette  <e 
propriété  magnétique  n'y  étoit  réelfe-  ce 
ment  qu'affoiblie ,  &  peut-être  n:ialquéc  ce 
ou  enfévelie ,  puifqu'elle  a  reparu  iori-  ce 
qu'on  l'a  broyée.  33 

Remarques. 

De  ces  expériences  de  M.  de  Morveau, 
&  des  obfervations  que  nous  avons  eniuite 
flûtes  enfenibîe  ,  il  réfiiiie  : 

I  °  Qu'on  peut  efpérer  de  fondre  la 
platine  fans  addition  dans  nos  meilleurs 
fourneaux ,  en  lui  appliquant  le  feu  plu- 
sieurs fois  de  fuite ,  parce  que  les  n:ïeilleurs 
creufets  ne  pourr oient  réfiller  à  l'adion 
d'un  feu  aufîi  violent,  pendant  tout  ie 
temps  qu'exigeroit  l'opération  complète. 

2.°  Qu'en  la  fondant  avec  ie  plomb, 
&  la  coupellant  fucceffivem^ent  &  à  piu- 
fieurs  reprifes,  on  vient  à  bout  de  vitrifier 

C  ii; 


'54      'Introàuâ'wn  à  VHtflolrè 

tout  îe  plomb ,  &  que  cette  opération 
pourroit  à  la  fin  la  purger  d'une  partie 
dQs  matières  e'trangères  qu'elle  contient. 

3  .**  Qu'en  la  fondant  fans  addition , 
elle  paroît  fe  purger  elle-même  en  partie 
des  matières  vitrefcibles  qu'elle  renferme , 
puifqu'il  s'élance  à  fa  furface  des  petits 
jets  de  verre  qui  forment  des  maffes  afîez 
confidérables ,  &  qu'on  en  peut  fépa^er 
aifément  après  îe  refroidifTement. 

4."  Qu'en  faifant  l'expérience  du  bleu 
de  Prude  avec  les  grains  de  platine  qui 
paroifTent  les  plus  infenfibles  à  l'aimant, 
on  n'eft  pas  toujours  fur  d'obtenir  de  ce 
bleu ,  comme  cela  ne  manque  jamais 
d'arriver  avec  les  grains  qui  ont  plus  ou 
moins  de  fenfibilité  au  magnétifme  ;  mais 
comme  M.  de  Morveau  a  fait  cette 
expérience  fur  une  très-peiiie  quantité  de 
platine,  il  fe  propofe  de  la  répéter. 

5.°  Il  paroît  que  ni  la  fufion  ni  k 
coupellation  ne  peuvent  détruire  dans  la 
platine  tout  le  fer  dont  elle  eft  intimement 
pénétrée  ;  les  boutons  fondus  ou  coupelles, 
paroifloient  à  la  vérité  également  infen- 
fibles à  i'adion  de  l'aimant,  mais  les  ayant 
brifés  dans  un  mortier  d'agate  &  fur  un 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.       5  5 

tns  d'acier ,  nous  y  avons  retrouvé  des 
parties  magnétiques ,  d'autant  plus  abon- 
dantes que  la  platine  étoit  réduite  en 
poudre  plus  fine  :  le  premier  bouton , 
dont  les  grains  ne  s'étoient  qu'aglutinés , 
rendit  étant  broyé ,  beaucoup  plus  de 
parties  mngnéiiques  que  le  fécond  &  le 
troifième,  dont  les  grains  avoient  lubi 
une  plus  forte  fufion ,  mais  néanmoins 
tous  deux  étant  l^royés ,  fournirent  des 
parties  magnétiques ,  en  forte  qu'on  ne 
peut  pas  douter  qu'il  n'y  ait  encore  du 
fer  dans  la  platine ,  après  qu'elle  a  fubi 
les  plus  \iolens  efforts  du  feu  &  l'aélion 
dévorante  du  plomb  dans  la  coupelle  ; 
ceci  femble  achever  de  démontrer  que  ce 
minéral  eft  réellement  un  mélange  intime 
d'or  &  de  fer,  que  jufqu'à  prélent  l'art 
n'a  pu  féparer. 

6.°  Je  fis  encore,  avec  M.  de  Morveau, 
une  autre  obfervaticn  fur  cette  platine 
fondue  &  enfuite  broyée,  c'eft  qu'elle 
reprend,  en  fe  brifant,  précifément  fa 
même  forme  des  galets  arrondis  &  aplatis 
qu'elle  avoit  ayant  d'être  fondue  ;  tous 
les    grains    de    cette    platine   fondue    & 

hrifée ,  font  fembiables  à  ceux  de  la  platine 

Cl  .... 
>  iiij 


5^      Inîrodiiâîon  à  VHïjloire 

naturelle,  tant  pour  la  foniie  que  pour 
la  variété  de  grandeur,  &  ils  neparoi/Fent 
en  différer  que  parce  qu'il  n'y  a  que  les 
plus  petits  qui  le  laifîent  enlever  à  l'aimant , 
&  en  quantité  d'autant  moindre,  que  la 
platine  a  fubi  plus  de  feu.  Cela  paroît 
prouver  aufTi  que  quoique  le  feu  ait  été 
aflez  fort ,  non- feulement  pour  brûler  & 
vitrifier,  mais  même  pour  chafTèr  au-dehors 
une  partie  du  feravec  les  autres  matières 
vitrefcibles  qu'elle  contient  ,  la  fufion 
néanmoins  n'eft  pas  auffi  complète  que 
celle  des  autres  métaux  parfaits  ,  puifqu'en 
la  brifant  les  grains  reprennent  la  même 
figure  qu'ils  avoient  avant  la  fonte* 


âes  Minéraux ,  Partie  Exp-       5  7 


QUATRIÈME  MÉMOIRE. 

Expériences  fur  la  ténaàté  &  fur  la 
{iéiOinpofrion  du  Fer, 

V_yN  a  vu  dans  ïe  premier  Mémoire, 
que  le  fer  perd  de  la  peianteur  à  chaque 
fois  qu'on  le  ch?.ufie  à  un  feu  violent , 
&  que  des  bouleis  chcaiffés  trois  fois 
jufqu'au  bianc,  ont  perdu  fa  douzième 
panie  de  leur  poids  ;  on  feroit  d'abord 
porté  h.  croire,  que  cette  perte  ne  doit 
être  attribuée  qu'à  la  diminution  du  volume 
du  boulet ,  par  fes  fcorîes  qui  fe  détachent 

%  de  ia  furface  &  tombent  en  petites  écailles; 
inais  il  l'on  fait  attention  que  les  petits 

,  boulets,  dont  par  conféquent  ia  furface 
eil  plus  grande,  relativement  au  volume, 
que  celle  des  gros  ,  perdent  moins ,  &: 
que  les  gros  boulets  perdent  proportion- 
nellement plus  que  les  petits  ;  on  fentira 
bien  que  la  perte  totale  de  poids ,  ne 
doit  pas  être  frmpîement  attribuée  à  la 
chute  des  écailles  qui  fe  détachent  de 
la  furface ,  mais  encore  à  une  altération 

C  V 


58       Introduâîon  h  VHiftohê 

intérieure  de  toutes  îes  parties  de  ïa  inafïê 
que  ie  feu  violent  diminue ,  &  rend  d'autant 
pius  légère  qu'il  elt  appliqué  plus  fouvent 
&  plus  long -temps  (aj» 

Et  en  effet ,  fi  l'on  recueille  à  chaque 
fois  les  écailles  qui  fe  détachent  de  la 
furface  des  boulets ,  on  trouvera  que  fur 
un  boulet  de  5  pouces  qui ,  par  exemple , 
aura  perdu  huit  onces  par  une  première 
chaude,  il  n'y  aura  pas  une  once  de  ces 
écailles  détachées ,  &  que  tout  le  refte  de 
îa  perte  de  poids  ne  peut  être  attribué 
qu'à  cette  altération  intérieure  de  la  fubf- 
tance  du  fer  qui  perd  de  fa  denfité  à 
chaque  fois  qu'on  le  chauffe  ;  en  forte 
que  fi  l'on  réitéroit  fouvent  cette  même 
opération ,  on  réduiroit  le  fer  à  n'être  plus 
qu'une  matière  friable  &  légère ,  dont  on 
ne  pourroit  faire  aucun  ufage  ;   car  j'ai 


(aj  Une  expérience  familière  &  qui  femble  prouver 
que  le  ter  perd  de  fà  maffe  à  mefure  qu'on  le  chaufTè, 
înême  à  un  feu  très- médiocre,  c'eft  que  les  fers  à 
frifer  lorfqu'on  les  a  fouvent  trempés  dans  l'eau  pour 
ies  refroidir,  ne  confervent  pas  le  même  degré  de 
chaleur  au  bout  d'un  temps.  H  s'en  élève  aufTi  des 
écailles  lorfqu'on  les  a  fouvent  chauffés  &  trempés j 
ces  écailles  fent  du  véritable  fer. 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.      5  9 

remarqué  que  les  boulets  non-reuîement 
avoient  perdu  de  leur  poids,  c'efl- à-dire , 
de  leur  denfité,  mais  qu'en  même  temps 
ils  avoient  aufîi  beaucoup  perdu  de  leur 
lolidité  ;  c'eft-à-dire,  de  cette  qualité  dont 
dépend  la  cohérence  des  parties  ;  car  j'ai 
vu,  en  les  failant  frapper,  qu'on  pouvoit 
les  cafTer  d'autant  plus  aiiément  qu'ils 
avoient  été  chauffés  plus  fouvent  &  plus 
long- temps. 

C'efl  fans  doute  parce  que  l'on  ignoroit 
jufqu'à  quel  point  va  cette  altération  du 
fer ,  ou  plutôt  parce  qu'on  ne  s'en  doutoit 
point  du  tout ,  cjue  l'on  imagina ,  ii  y  a 
quelc|ues  années ,  dans  notre  Aruilerie,  de 
chauffer  les  boulets  dont  ii  étoit  queftion 
de  diminuer  le  volume  (b).  On  m!a  afîuré 
que  le  calibre  des  canons  nouvellement 
fondus ,  étant  plus  étroit  que  celui  des 
anciens  canons  ,  il  a  fallu  diminuer  les 
boulets ,  &  que  pour  y  parvenir ,  on  a 
fîiit  rougir  ces  boulets  à  blanc ,  afin  de 
les  ratifier  enluite  plus  aifcment  en  les 
faifmt  tourner  :  on  m'a  ajouté ,  que  fouvent 


fhj  M.  îe  marquis  de  Vaiiière  ne  s'occupoit  poîn| 
iors  des  travaux  de  l'Artillerie. 

G  vj 


6o       htroduâlon  à  l'Hiflolre 

on  efl:  obligé  de  les  faire  chauffer  cinq, 
ffx  &  même  huit  &  neuf  fois  pour  les 
réduire  autant  qu'il  eft  néceflaiie.  Or,  il 
efl  évident  par  mes  expériences ,  que 
cette  pratique  eft  nrauvaife ,  car  un  boulet 
chaufïé  à  blanc  neuf  fois,  doit  perdre  au 
moins  le  quart  de  fbn  poids,  &  j^eut-être 
ies  trois  quarts  de  fa  folidité.  Devenu 
cafîîint  &L  friable,  il  ne  })eut  fervir  pour 
faire  brèche ,  puifqu'il  fe  brife  contre  les 
murs,  &  devenu  léger  il  a  aufîl  pour 
îes  pièces  de  campagne  le  grand  defa- 
vanuige  de  ne  pouvoir  aller  iiuin  loin 
que  ies  autres. 

En  généra] ,  fi  Ton  veut  conferver  nu 
fer  fa  folidité  &  fon  nerf,  c'eR-à-dire,  fa 
maiTe  &  fa  force,  il  ne  ûm  Texpofer  au 
feu  ni  plus  fou  vent  ni  plus  long-temps 
qu'il  efl  néceffaire  ;  il  fi;ffira ,  pour  la 
pîupart  des  ufages ,  de  le  faire  rougir  fans 
poUiTer  ie  feu  jufqu'au  blanc ,  ce  dernier 
degré  de  chaleur  ne  manque  jamais  de  le 
détériorer  :  &  dans  les  ouvrages  où  il 
importe  de  lui  conferver  tout  ion  nerf, 
comme  dans  les  bandes  que  l'on  forge 
peur  les  canons  de  fufil ,  il  faudroit ,  ^'il 
étcit  polîibie ,  ne  ies  chauffer  qu'une  fois 


Jes  Minéraux ,  Partie  Exp.  6 1 
pour  les  battre,  plier  &  Touder  par  une 
feule  opération;  car,  quand  le  fer  a  acquis 
fous  le  marteau ,  toute  la  force  dont  il  et 
fufcentible,  le  feu  ne  fût  plus  que  la 
diminuer;  c'eft  aux  Artiftes  à  voirjulqua 
quel  point  ce  métal  doit  être  mailée  pour 
acquérir  tout  fou  nerf,  &  cela  ne  feroit 
pas  impolllble  à  déterminer  par  des  expé- 
riences ;  j'en  ai  fait  quelques-unes  que  je 
vais  rapporter  ici. 

I. 

Une  boude  de  fer  de  i  S  lignes  f  de 
groffeur ,  c'eft-à-dire  ,348  ^^g^^^s  quarrées 
pour  chaque  luontant  de  fer,  ce  qui  fait 
pour  le  tout  6^6  lignes  quarrées  de  fer, 
a  cafTé  fous  le  poids  de  28  milliers  qui 
îiroit  perpendiculairement;  cette  boucle 
de  fer  avoit  environ  ï  g  pouces  de  largeur, 
far  13  pouces  de  haïueur,  &  elle  étoit 
à  très-peu  près  de  la  même  groffeur  par- 
tout. Cette  boucle  a  caffé  prefque  au  milieu 
des  branches  perpendiculaires  ,  &  non  pas 
dans  les  angles. 

Si  l'on  vouloit  conclure  du  grand  au 
petit  fur  la  force  du  fer  par  cette  expé- 
rience ,  il  fe  trouveroit  que  chaque  ligne 


6z      Lit  roquât  oïl  à  VHiJlolrê 

quarrée  de  fer  tirée  perpendiculairement  ^ 
ne  pourroit  porter  qu'environ  4.0  livres. 

I  I. 

Cependant  ayant  mis  à  l'e'preuve 
un  fi!  de  fer  d'une  ligne  un  peu  forte 
de  diamètre ,  ce  morceau  de  fil  de  fer 
a  porté,  avant  de  fe  rompre,  482  livres. 
Et  un  pareil  morceau  de  fil  de  fer ,  n'a 
rompu  que  fous  la  charge  de  49  5  livres  ; 
en  forte  qu'il  efl  à  pré  fumer  qu'une  verge 
quarrée  d'une  ligne  de  ce  même  fer 
ûuroit  porté  encore  davantage ,  puifqu'elle 
auroit  contenu  quatre  fegmens  aux  quatre 
coins  du  quarré  infcrit  au  cercle ,  de  plus 
que  le  fil  de  fer  rond,  d'une  ligne  de 
diamètre. 

Or  cette  difproportion  dans  la  force 
du  fer  en  gros  &  du  fer  en  petit,  eil 
énorme.  Le  gros  fer  que  j'avois  employé, 
venoitdela  forge  d'Aily  fous  Rougemont, 
il  étoit  fans  nerf  &  à  gros  grain ,  & 
j'ignore  de  cjuelle  forge  étoit  mon  fil  de 
ièr,  mais  la  différence  de  la  qualité  du 
fer,  quelque  grande  qu'on  voulût  la  fup- 
pofer,  ne  peut  pas  faire  celle  qui  fe 
trouve  ici  dans  leur  réfiftance,  qui ,  comme 


des  Minéraux ,  Partie  Exp;     63^ 

Ton  voit,  efl  douze  fois  moindre  dans  le 
gros  fer  que  dans  le  petit. 

I   I  I. 

J'a  I  fiit  rompre  une  autre  boude  de 
fer  de  i  8  lignes  7  de  grofleur ,  du  même 
fer  de  la  forge  d'Aify  ;  elle  ne  fupporta 
de  même  que  28450  livres,  &  rompit 
encore  preique  dans  le  milieu  des  deux 
montans. 

I  V. 
J'AVOI  s  fait  faire  en  même  temps  une 
.  boucle  du  même  fer  que  j'avois  fait 
reforger  pour  le  partager  en  deux,  en 
forte  qu'il  fe  trouva  réduit  à  une  barre 
de  p  lignes  fur  18;  l'ayant  mife  à 
i'e'preiive  ,  elle  fupporta  avant  de  rompre , 
la  charge  de  17300  livres,  tandis  qu'elle 
n'auroit  dû  porter  tout  au  plus  que  14 
milliers ,  fr  elle  n'eût  pas  été  forgée  une 
féconde   fois, 

V. 

Une  autre  boucle  de  fer  de  i  6  lignes  | 
de  grofleur ,  ce  qui  fiit  pour  chaque 
montant  à  peu-près  280  lignes  quarrées , 
c*ej[l-à-dire,  j6o,  a  porté  24600  livres, 


64       Introduâion  à  ÏHïfloire 

au  lieu  qu'elle  n'auroit  dû  porter  que 
2.2400  livres,  fi  je  ne  l'eufle  pas  fait 
forger  une  féconde  fois.  ^ 

V  L 

Un  cadre  de  fer  de  ïa  même  qualité' , 
c'eR-à-dire,  fans  nerf  &  à  gros  grains,  & 
venant  de   la  même  forge    d'Aify,  que 
j'avois  fait  établir  pour  empêcher  i'écar- 
tement  des  murs  du  haut  fourneau  de  mes 
forges,  &  qui  avoit  26  pieds  d'un  côté 
fur  22  pieds  de  l'autre,  ayant  caffé  par 
1  effort  de  la    chaleur  du   fourneau  dans 
ïes   deux    points  milieux   des  deux  plus 
longs  côtés ,  j'ai  vu  que  je  pouvois  com- 
parer ce  cadre  aux  boucles  des  expériences 
précédentes,  parce  qu'il  étoit  du  même 
3fèr,  &  qu'il  a  caffé  de  la  même  manière: 
or  ce  fer  avoit  2  i  lignes  de  gros ,  ce  qui 
fait  441  lignes  quarrées  ,  &:  ayant  rompu 
comme  les  boucles  aux  deux  cotés  oppo- 
fés,cela  fiit  882  Xi^wts  quarrées  qui  fe 
font   féparées  par  l'effort  de  la   chaleur. 
Et  comme  nous   avons   trouvé  par   les 
expériences  précédentes,  que  696  Ifo-ncs 
quarrées  du  même  fer  ont  callé  fous  le 
poids  de  zS  milliers,  on  doit  en  conclure 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.  6  5 
que  882  lignes  de  ce  même  fer  n'auroient 
rompu  que  i'ous  un  poids  de  3  5  48  o  livres, 
&  que  par  conféquent  l'effort  de  la  chaleur 
devoir  être  eftimé  comme  un  poids  de 
3  5480  livres.  Ayant  fait  fabriquer  pour 
contenir  le  mur  intérieur  de  mon  fourneau , 
dans  le  fondage  qui  fe  fit  après  la  rupture 
de  ce  cadre ,  un  cercle  de  26  pieds  ^  de 
circonférence,  avec  du  fer  nerveux  pro- 
venant de  la  fonte  &  de  la  fabrique  de 
mes  forges,  cela  m'a  donné  le  moyen 
de  comparer  la  ténacité  du  bon  fer  avec 
celle  du  fer  commun.  Ce  cercle  de  26 
pieds  \  de  circonférence  étoit  de  deux 
pièces'  retenues  &  jointes  enfemble  par 
deux  clavettes  de  fer  paffées  dans  des 
anneaux  forgés  au  bout  des  deux  bandes 
de  fer  ;  la  largeur  de  ces  bandes  é toit  de 
3,0  lignes  fur*  5  d'épaifleur  ;  cela  fait 
1  50  lignes  quarrées  qu'on  ne  doit  pas 
doubler ,  parce  que  fi  ce  cercle  eût  rompu , 
ce  n'auroit  été  qu'en  un  feul  endroit,  & 
non  pas  en  deux  endroits  oppofés  comme 
les  boucles  ou  le  grand  cadre  quarré. 
Mais  l'expérience  me  démontra  que  pen- 
dant un  fondage  de  quatre  mois,  o\x  ia 
chaleur  étoit  même  plus  grande  q^ae  dans' 


6  G       Inîrodiiâion  à  VHïjloire 

le  fondage  précédent ,  ces  i  5  o  lignes  de 
bon  fer  ré fi fièrent  à  fon  effort  qui  étoit 
de  3  5480  livres  ;  d'où  l'on  doit  conclure 
avec  certitude  entière ,  que  le  bon  fer , 
c'eft-à-dire ,  ie  fer  qui  eft  prefque  tout 
nerf,  eft  au  moins  cinq  fois  aufîi  tenace 
que  le  fer  lans  nerf  &:  à  gros  grains. 

Que  l'on  juge  par-ià  de  l'avantage  qu'on 
trouveroit  à  n'empîoytr  que  du  bon  fer 
nerveux  dans  ks  bâtimens  &  dans  la 
condru^lion  des  vaiffeaux  ,  il  en  faudroit 
les  trois  quarts  moins ,  &  l'on  auroit  encore 
un  quart  de  folidiié  de  plus. 

Par  de  femblables  expériences  ,  &  en 
faifant  malléer  une  fois,  deux  fois,  trois 
fois  des  verges  de  fer  de  différentes  grof- 
feurs,  on  pourroit  s'affurer  du  maximum 
de  la  force  du  fer,  combiner  d'une  manière 
certaine  la  légèreté  des  armes  avec  leur 
(olidité ,  ménager  la  matière  dans  les  autres 
ouvrages  fans  craindre  la  rupture,  en  un 
mot ,  travailler  ce  métal  fur  des  principes 
uniformes  &  conftans.  Ces  expériences 
font  le  feul  moyen  de  perfecftionner  l'art 
de  la  manipulation  du  fer;  l'État  en  tireroit 
de  irès-grands  avantages ,  car  il  ne  faut 
pas  croire  que  la  qualité  du  fer  dépende 


iles  Minéraux ,  Partie  Exp.     '6y 

de  celle  de  la  mine  ;  que ,  par  exemple , 
îe  fer  d'Angleterre,  ou  d'Allemagne,  ou 
de  Suède  foit  meilleur  que  celui  de 
France  ;  que  le  fer  de  Berri  (oit  plus  doux 
que  celui  de  Bourgogne  :  la  nature  des 
mines  n'y  fait  rien  ;  c'eft  la  manière  de 
ïes  traiter  qui  fait  tout,  &  ce  que  je  puis 
afTurer  pour  l'avoir  vu  par  moi-même, 
c'efl:  qu'en  malle'ant  beaucoup  ik  chauffant 
peu,  on  donne  au  fer  plus  de  force,  & 
qu'on  approche  de  ce  maximum  dont  je 
ne  puis  que  recommander  la  recherche  ^ 
&  auquel  on  peut  arriver  par  les  expé- 
riences que  je  viens  d'indiquer. 

Dans  les  boulets  que  j'ai  loumis  plu- 
fieurs  fois  à  l'épreuve  du  plus  grand  feu , 
j'ai  vu  que  le  fer  perd  de  fon  poids  & 
de  fa  force  d'autant  plus  qu'on  le  chauffe 
plus  fouvent  &  plus  long  -  temps  ;  fà 
flibftance  fe  décompole ,  fa  qualité  s'altère, 
&  enfin  il  dégénère  en  une  efpèce  de 
mâchefer  ou  de  matière  poreufe,  légère, 
qui  fe  réduit  en  une  forte  de  chaux  par 
la  violence  &  la  longue  application  du 
feu  :  le  mâchefer  commun  efl  d*une  autre 
efpèce ,  &  quoique  vulgairement  on  croie 
que  le  mâchefer  ne  provient  &  même 


6Q       Itîtroduâîon  à  l'Hiflûke 

ne  peut  provenir  que  du  fer ,  j'ai  ïa  preuve 
du  contraire.  Le  mâchefer  e(t  à  ia  vc'rité 
une  matière  produite  par  ie  feu ,  mais 
pour  le  former  il  n'eit  pas  nécefîîûrc 
d'employer  du  fer  ni  aucun  autre  métal; 
avec  du  bois  &  du  charbon  brûlé  & 
pouffé  à  un  feu  violent ,  on  obtiendra  du 
mâchefer  en  aflez  grande  quantité  ;  &  fi 
l'on  prétend  que  ce  mâchefer  ne  vient 
que  du  fer  contenu  dans  le  bois  (parce 
que  tous  les  végétaux  en  contiennent  plus 
ou  moins  )  ,  je  demande  pourquoi  l'on 
ne  peut  pas  en  tirer  du  fer  même  une 
plus  grande  quantité  qu'on  en  tire  du 
bois,  dont  la  fubilance  eit  fi  différente  de 
celle  du  fer.  Dès  que  ce  fait  me  fut  connii 
par  l'expérience  ,  il  me  fournit  l'intelli- 
gence d'un  autre  filt  qui  m'avoit  paru 
inexplicable  jufques  alors.  On  trouve  dans 
ïes  terres  élevées,  &  fur -tout  dans  des  , 
forêts  où.  il  n'y  a  ni  rivières  ni  ruifîeaux, 
&  on  par  conféquent  il  n'y  a  jamais  eu 
de  forges ,  non  plus  qu'aucun  indice  de 
volcan  ou  de  feux  fouterrains  ;  on  trouve  , 
dis-je,  fouventdes  gros  blocs  de  mâchefer 
que  deux  hommes  auroient  peine  à  enlever  : 
j'en  ai  vus  pour  la  première  fois  en  1 74  5  > 


Hes  Minéraux,  Partie  Exp.      69 

à  Montigny-l'Encoupe  ,  dans  les  forêts  de 
M.  de  Trudaine  ;  j'en  ai  fliit  chercher  & 
trouvé  depuils  dans  nos  bois  de  Bourgogne, 
qui  (ont  encore  plus  éloignés  de  l'eau  que 
ceux  de  Montigny  ;  on  en  a  trouvé  en 
plufieurs  endroits  :  les  petits  morceaux 
m'ont  paru  provenir  de  quelques  fourneaux 
de  charbon  qu'on  aura  laifTé  brûler,  mais 
ies  gros  ne  peuvent  venir  que  d'un 
incendie  dans  la  forêt  iorfqu'elle  étoit  en 
pleine  venue,  &  que  les  arbres  y  étoient 
afîez  grands  &  afTez  voiftns  pour  produire 
un  feu  très -violent  &  très -long -temps 
nourri. 

Le  mâchefer ,  qu'on  peut  regarder 
comme  un  réfidti  de  la  combufiion  du 
bois ,  contient  du  fer  ;  &  l'on  verra  dans 
un  autre  Mémoire  les  expériences  que 
j'ai  faites ,  pour  reconnoître  par  ce  réfidu 
la  quantité  de  fer  qui  entre  dans  la 
compofition  des  végétaux.  Et  cette  terre 
morte  ou  cette  chaux  dans  laquelle  le  fer 
fe  réduit  par  la  trop  longue  a6lion  du  feu , 
ne  m'a  pas  paru  contenir  plus  de  fer  que 
ie  mâchefer  du  bois,  ce  qui  femble  prouver 
que  le  fer  efl  comme  le  bois  une  matière 
combuftible ,  c|ue  ie  feu  peut  également 


70       Introduéîion  à  V Hïjlohe 

dévorer  en  l'appliquant  feulement  plus 
violemment  &  plus  long -temps.  Pline 
dit ,  svec  grande  raifon  ,  ferrum  accenfum 
ignî ,  nifi  duretur  iâïbus ,  corrumpîtur  (c). 
On  en  fera  perfuadé  fi  l'on  obièrve  dans 
une  forge  la  première  loupe  que  l'on  tire 
de  la  gueule ,  cette  loupe  efl  un  morceau 
de  fer  fondu  pour  la  féconde  fois,  &  qui 
n'a  pas  encore  été  forgé ,  c^eft-à-dire ,  con- 
folidé  par  le  marteau  ;  iorfqu'on  le  tire  de 
ia  chaufferie  où  il  vient  de  iubir  le  feu  le 
plus  vioient ,  il  efl  rougi  à  blanc ,  il  jette 
non  -  feulement  des  étincelles  ardentes , 
mais  il  brûle  réellement  d'une  flamme  très- 
vive  qui  confommeroit  une  partie  de  fa 
fubftance  fi  on  tardoit  trop  de  temps  à 
porter  cette  loupe  fous  le  marteau  ;  ce  fer 
feroit,  pour  ainfi  dire,  détruit  avant  que 
d'être  formé  ,  il  fubiroit  l'effet  complet 
de  la  combuflion  fi  le  coup  du  marteau, 
en  rapprochant  Ï^qs  parties  trop  divifées 
par  le  feu ,  ne  commençon  à  lui  faire 
prendre  le  premier  degré  de  fa  ténacité. 
On  le  tire  dans  cet  état  ôl  encore  tout 
rouge  de  deffous   le  marteau ,  &  on  le 

(cj   Hift.  nat.  Bt  XXX IV f  cap,  XVi 


des  Minéraux,  Partie  Exp.      7 1 

reporte  au  foyer   de  l'affinerie  où  il  fe 
pénètre  d'un  nouveau  feu  ;  lorfqu'il  efl 
blanc  on  ie  tranfporte   de  même    &   le 
plus  promptement  polllble  au  marteau , 
fous    lequel   il    fe    confolide    &    s'étend 
beaucoup  plus  que  la  première  fois  ;  enfin 
on  remet  encore  cette  pièce    au   feu  &: 
on  la  reporte  au  marteau ,  fous  lequel  on 
i'achève  en  entier.  C'eft  ainfi  qu'on  tra- 
vaille tous  les  fers  communs ,  on  ne  leur 
donne  que  deux   ou  tout  au   plus  trois 
volées  de  marteau ,  aulTi  n'ont-ils  pas  à 
beaucoup  près  la  ténacité  qu'ils  pourroient 
acquérir  fi  on  les  travailloit  moins  préci- 
pitamment.  La  force  du   marteau    non- 
feulement  comprime  les  parties  du  fer  trop 
divifées  par  le  feu,  mais  en  les  rapprochant 
elle   chalîe  les  matières  étrangères   &  le 
purifie  en  le  confolidant.   Le  déchet  du 
fer  en  gueufe  efl  ordinairement  d'un  tiers , 
dont  la  plus  grande  partie   fe  brûle,  & 
îe  refte  coule  en  fufion  &  forme  ce  qu'on 
appelle  les  crajfes  du  fer:  ces  crafTes  font 
plus  pelantes  que  le  mâchefer  du  bois ,  <Sc 
contiennent    encore    une     afîez    grande 
quantité  de  fer ,  qui   efl  à  la  vérité  très- 
impur  &  très-  aigre,  mais  dont  on  peut 


J^  Imrodu&on  à  ïHïftoke 
néanmoins  tirer  parti  en  mêlant  ces  craiïes 
broyées  &  en  petite  quantité  avec  la  mine 
que  l'on  jette  au  fourneau  ;  j'ai  l'expé- 
rience qu'en  mêlant  un  lixième  de  ces 
crafles  avec  cinci  fixièmes  de  mine  épurée 
par  mes  cribles ,  la  fonte  ne  change  pas 
fenfiblement  de  qualité ,  mais  fi  l'on  en 
met  davantage  elle  devient  plus  cailante, 
fans  néanmoins  changer  de  couleur  ni 
de  grain.  Mais  fi  les  mines  font  moins 
épurées,  ces  craffes  gâtent  abfolument  la 
fonte,  parce  qu'étant  déjà  très -aigre  & 
très-caflkite  par  elle-même ,  elle  le  devient 
encore  plus  par  cette  addition  de  mauvaiie 
matière,  en  forte  que  cette  pratique  qm 
peut  devenir  utile  entre  les  mains  d'un 
hrbile  maître  de  l'art,  produira  dans 
d'autres  mains  de  fi  mauvais  effets ,  qu'on 
ne  pourra  fe  fervir  ni  des  fers  ni  des 
fontes  qui  en  proviendront. 

Il  y  a  néanmoins  des  moyens ,  je  ne 
dis  pas  de  changer ,  mais  de  corriger  un 
peu  la  mauvaiie  qualité  de  la  fonte,  & 
d'adoucir  à  la  chaufferie  l'aigreur  du  fer 
qui  en  provient.  Le  premier  de  ces  moyens 
efl  de  diminuer  la  force  du  vent ,  foit 
en  chaneceant  l'inclinaifon  de  h  tuyère, 
°  foit 


Jes  Minéraux,  Partie Exp.      73 

foit  eu  ralentiiïant  ie  mouvement  des 
foufflets,  car  plus  011  preffe  le  feu  plus 
le  fer  devient  aigre.  Le  fécond  moyen , 
&  qui  eft  encore  plus  efficace,  c'eil  de 
jeter  fur  la  loupe  de  fer  qui  fe  fépare  de 
ia  gueufe ,  une  certaine  quantité  de  gravier 
calcaire  ou  même  de  chaux  toute  faites 
cette  chaux  fert  de  fondant  aux  parties 
\itrifiables  que  le  fer  aigre  contient  en 
trop  grande  c[uantité ,  &  le  purge  de  (eis 
impuretés.  Mais  ce  font  de  pentes  rei- 
fources  auxquelles  il  ne  faut  pas  (e  mettre 
dans  le  cas  d'avoir  recours ,  ce  qui  n'arri- 
veroit  jamais  û  l'on  fuivoit  les  procédés 
que  j'ai  donnés  pour  faire  de  bonne 
fonte  (i). 

Lorfqu'on  fait  travailler  les  Afïîneurs  à 
îeur  compte  &  qu'on  les  paye  au  millier, 
ils  font  comme  les  Fondeurs,  le  plus  de 
fer  qu'ils  peuvent  dans  leur  femaine,  ils 
conftruifent  le  foyer  de  leur  chaufferie 
de  la  manière  la  plus  avantageufe  pour 
eux ,  ils  preffent  le  feu ,  trouvent  que  les 
foufflets  ne  donnent  jamais  allez  de  vent , 


(i)  On  trouvera  ces  procédés  dans  mes  Mémoirei 
fur  la  fufioii  des  mines  de  fer. 

Tome  VU»  "  D 


74       htroâuffion  a  l'Hiflokâ 

ils  travaiiicnt  moins  îa  loupe  &:  font  ordi- 
nairement en  deux  chaudes  ce  qui  en 
exigeroit  au  moins  trois  ;  on  ne  fera  donc 
jamais  fur  d'avoir  du  fer  d'une  bonne  & 
même  qualité  qu'en  payant  les  ouvriers 
au  mois ,  &  en  faifant  caffer  à  la  fin  de 
chaque  femaine  quelques  barres  du  fer 
qu'ils  livrent,  pour  reconnoître  s'ils  ne  ie 
font  pas  ou  trop  prefîés  ou  néglige's.  Le 
fer  en  bandes  plaies  efl:  toujours  plus 
nerveux  que  le  fer  en  barreaux  ;  s'il  fe 
trouve  deux  tiers  de  nerf  fur  un  tiers  de 
grain  dans  les  bandes ,  on  ne  trouvera  dans 
les  barreaux ,  quoique  faits  de  même 
ctofTe  ,  qu'environ  un  tiers  de  nerf  fur' 
deux  tiers  de  grain  ,  ce  qui  prouve  bien 
clairement  que  la  plus  ou  moins  grande 
force  du  fer  vient  de  la  différente  applica- 
tion du  marteau  ;  s'il  frappe  plus  conilani- 
ment ,  plus  fréquemment  fur  un  même 
plan,  comme  celui  des  bandes  plates ,  il 
en  rapproche  &  en  réunit  mieux  les  parties, 
que  s'il  frij^pe  prefque  aiternaiivement 
fur  deux  plans  différens  pour  faire  les 
barreaux  qjarrés  :  aufîi  ell-il  plus  difficile 
de  bien  ibuder  du  barreau  que  de  la  bande , 
&  lorfqu'on  veut  faire  du  fer  de  îirm , 


des  Minéraux,  Partie  Ex  p.     75 

qui  doit  être  en  barreaux  de  treize  lignes 
&  d'un  fer  très-nerveux  &  afîez  du(51i{e 
pour  être  converti  en  fil  de  fer ,  il  faut  le 
travailler  plus  lentement  à  l'afFincrie,  ne  le 
tirer  du  feu  que  quand  il  ell:  prefque 
fondant  &  le  faire  fuer  fous  le  marteau  le 
mieux  qu'il  eft  pofîibïe  ,  afin  de  lui  donner 
tout  le  nerf  dont  il  efl  fulceptible  fous 
cette  forme  quarrée,  qui  ell  la  plus  ingrate, 
mais  qui  paroit  nécefîaire  ici,  parce  qu'il 
faut  enfuite  tirer  de  ces  barreaux ,  qu'on 
coupe  environ  à  quatre  pieds ,  une  verge 
de  dix-huit  ou  vingt  pieds  par  le  moyen 
du  martinet,  fous  lequel  on  i'alonge  après 
l'avoir  chauffée  ;  c'ell  ce  qu'on  a[)pelle  de 
la  verge  crénelée ,  elle  eft  quarre'e  comme  le 
barreau  dont  elle  provient ,  &  porte  fur 
les  quatre  faces  des  enfoncemens  fuc- 
cefFifs,  qui  font  les  empreintes  profondes 
de  chaque  coup  du  martinet  ou  petit 
marteau  fous  lequel  on  la  travaille.  Ce 
fer  doit  être  de  la  plus  grande  dudiliré 
pour  paffer  jufqu'à  la  plus  petite  filière , 
&  en  même  temps  il  ne  f^ut  pas  qu'il 
foit  trop  doux ,  mais  affez  ferme  pour  ne 
pas  donner  trop  de  déchet;  ce  point  eft 
afTez  difficile  à  faifir,  auffi  n'y  a-t-il  en 

D  ij 


7  5      Litroduâion  à  VHïftoire 

France  que  deux  ou  trois  forges  dont  on 
puifie  tirer  ces  fers  pour  les  tiieries. 

La  bonne  fonte  efi:  à  la  vérité  la  bafe 
de  tout  bon  fer ,  mais  il  arrive  fbuvent  que 
par  de  mauvailes  pratiques  on  gâte  ce  bon 
fer.  Une  de  ces  mauvaifes  pratiques ,  la 
plus  généraiement  répandue ,  &  qui  détruit 
ic  plus  le  ïlerf  «Se  la  ténacité  du  fer,  c'ed 
l'ufage  où  font  les  ouvriers  de  prefque 
toutes  les  forges ,  de  tremper  dans  l'eau 
la  première  portion  de  la  pièce  qu'ils 
viennent  de  travailler ,  afin  de  pouvoir  la 
manier  &  la  reprendre  plus  promptement; 
j*ai  vu ,  avec  quelque  furprife ,  la  pro- 
digieufe  différence  qu'occafionne  cette 
trempe ,  fur-tout  en  hiver  (k.  lorfque  l'eau 
eil  froide ,  non-feuiement  elle  rend  caffant 
le  meilleur  fer,  mais  même  elle  en  change 
ie  grain  &  en  détruit  le  nerf,  au  point 
qu'on  n'imagineroit  pas  que  c'eil  le  même 
fer,  fi  l'on  x^ç-w  éioit  pas  convaincu  par 
fes  yeux  en  faifant  caffer  l'autre  bout  du 
même  barreau  ,  qui  n'ayant  point  été 
trempé ,  conferve  fon  nerf  &  Ion  grain 
ordinaire.  Cette  trempe  en  été  fait  beau- 
coup moins  de  mai ,  mais  en  fiit  toujours 
un  peu  :  &  fi  l'oa  veut  avoir  du  fer  toujours 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.      77 

de  la  même  J)onne  qualité,  il  faut  abfo- 
lument  profcrire  cet  ufage ,  ne  jamais 
tremper  le  fer  chaud  dans  l'eau,  &  attendre, 
pour  le  manier ,  qu'il  fe  refroidiOe  à  l'air. 

Il  faut  que  la  fonte  foit  bien  bonne 
pour  produire  du  fer  auffi  nerveux ,  aufîi 
tenace  que  celui  qu'on  peut  tirer  des 
vieilles  ferrailles  refondues ,  non  pas  en 
les  jetant  au  fourneau  de  fufion ,  mais  ea 
les  mettant  au  feu  de  l'aiiinerie  ;  tous  les 
ans  on  achette  pour  mes  forges  une  afTez 
grande  quantité  de  ces  vieilles  ferrailles , 
dont ,  avec  un  peu  de  foin ,  l'on  faie 
d'excellent  fer.  Mais  il  y  a  du  choix  dans 
ces  ferrailles;  celles  qui  proviennent  des 
rognures  de  la  tôle  ou  des  morceaux 
caffés  du  fil  de  fer ,  qu'on  appelle  des 
riblons,  font  les  meilleurs  de  toutes,  parce 
qu'elles  font  d'un  fer  plus  pur  que  les 
autres  ;  on  les  achette  auffi  quelque  chofe 
de  plus  ,  mais  en  général  ces  vieux  fers , 
quoique  de  qualité  médiocre ,  en  pro- 
duiient  de  très-bon  lorfqu'on  fait  les  traiter. 
Il  ne  faut  jamais  les  mêler  avec  la  fonte , 
fi  même  il  s'en  trouve  quelques  morceaux 
parmi  les  ferrailles ,  il  faut  les  féparer  :  il 
iiîut  auffi  mettre  une  certaine  quantité  de 

D  ii; 


78        Introdiiâîon  à  VHijlolre 

crafîes  dans  le  foyer ,  &  le  feu  doit  être 
moins  pouiïe,  moins  violent  que  pour  le 
travail  du  fer  en  gueufe,  fans  quoi  l'on 
brûleroit  une  grande  partie  de  fa  ferraille 
qui ,  quand  elle  elt  bien  traitée  &  de  bonne 
qualité  ,  ne  donne  qu'un  cinquième  de 
déchet ,  &:  confomme  moins  de  charbon 
que  le  fer  de  la  gueufe.  Les  craiïes  qui 
fortent  de  ces  vieux  fers^  font  en  bien 
moindre  quantité,  &  ne  confervent  pas 
il  beaucoup  près  autant  de  particules  de 
fer  que  les  autres.  Avec  des  riblons  qu'on 
renvoie  des  fileries  que  fournirent  mes 
forges  5  &  des  rognures  de  tôle  cilaiilées 
que  je  fais  fibriquer ,  j'ai  (buvent  fait  du 
fer  qui  étoit  tout  nerf,  c^  dont  le  déchet 
n'étoit  prefque  que  d'un  fixième  ;  tandis 
que  le  déchet  du  fer  en  gueufe  eft  com- 
munément du  double ,  c'e(t-à-dire ,  d'un 
tiers,  &  foiivent  de  plus  du  tiers  fi  l'on 
veut  obtenir  du  fer  d'excellente  qualité. 

M.  de  Montbeiilard,  Lieutenant- colonel 
au  régiment  royal  d'Artillerie  ,  ayant  été 
chargé  pendant  plufieurs  années  de  l'inf- 
peâ:ion  des  manuftdures  d'armes  à  Char- 
leville,  Maubeuge  &  Saint  -  Etienne,  a 
bien  voulu  me  communiquer  un  Mémoire 


des  Minéraux,  Partie  Exp.      79 

qu'il  a  préfenté  au  Miniftre,  &  dans  lequel 
il  traite  de  cette  fabrication  du  fer  avec  de 
vieilles  ferrailles,  il  dit,  avec  grande  raifon, 
ce  que  les  ferrailles  qui  ont  beaucoup  de 
furface ,  &  celles  qui  proviennent  des  ce 
vieux  fers  &  clous  de  chevaux  ou  ce 
fragmens  de  petits  cylindres  ou  quarrés  ce 
tords,  ou  des  anneaux  &  boucles  ,  toutes  « 
pièces  qui  fuppoient  que  le  fer  qu'on  a  ce 
employé  pour  les  fabriquer  étoit  fouple ,  ce 
liant  &.  fufceptîble  d'être  plié ,  étendu  ce 
ou  tordu  ,  doivent  être  y:)référées  &  ce 
recherchées  pour  la  fabrication  des  ce 
canons  de  fufihD.  On  trouve  dans  ce  même 
Alémoire  de  M.  de  Montbeiilard  d'excel- 
lentes réflexions  fur  les  moyens  de  per~ 
fecftionner  les  armes  à  feu ,  &.  d'en  alîlirer 
la  réfiftance  par  le  choix  du  bon  fer  & 
par  la  manière  de  le  traiter  ;  l'Auteur 
rapporte  une  très-bonne  expérience  (k) , 


(k)  Qu'on  prenne  une  barre  de  fer,  farge  dfc 
deux  à  trois  pouces,  épaifTe  de  deux  à  trois  lignes, 
qu'on  la  chauffe  au  rouge ,  &:  qu'avec  la  panne  àxi 
marteau  on  y  pratique  dans  fa  longueur  une  canne-* 
iure  ou  cavité ,  qu'on  la  plie  fur  elle  -  même  pour 
!a  doubler  &:  corroyer,  l'on  remplira  enfuite  \x 
cannelure  des  écaiiles  ou  pailles  en  queition  ;  on  lui 

D  iiij 


8o       IntroduÛïon  à  VHïfloire 

qui  prouve  clairement  que  les  vieilles 
ferrailles  &  même  les  écailles  ou  exfolia- 
lions  qui  fe  détachent  de  la  fur  face  du 
Ïqx  ,  &  que  bien  des  gens  prennent  pour 
des  fcories,  fe  fondent  enfemble  de  la 
manière  la  plus  intime  ,  &  que  par  confé- 
quent  le  fer  qui  en  provient  ed  d'aufÏÏ 
bonne  &  peut  -  être  de  meilleure  qualité 
qu'aucun  autre.  Mais  en  même  temps 
il  conviendra  avec  moi ,  &  il  obferve 
même  dans  la  fuite  de  fon  Mémoire , 
que  cet  excellent  fer  ne  doit  pas  être 
employé  feul ,  par  la  raifon  même  qu'il 


donnera  une  chaude  douce  d'abord  en  rabattant  les 
bords,  pour  empêcher  qu'elles  ne  s'échappent,  & 
on  battra  la  barre  comme  on  le  pratique  pour 
corroyer  le  fer  avant  de  la  chaufîêr  au  blanc  ;  on 
la  chauffera  enfuite  blanche  &.  fondante ,  &  la  pièce 
fondera  à  merveille,  on  la  caffera  à  froid  &  {'on 
n'y  verra  rien  qui  annonce  que  la  foudure  h'ait  pas 
c'té  complète  &  parfaite ,  &  que  toutes  les  parties 
du  fer  ne  fe  foient  pas  pénétrées  réciproquement 
fans  iaiffer  aucun  efpace  vide.  J'ai  fait  cette  expé- 
rience aifée  à  répéter,  qui  doit  raffiirer  fur  les  pailles, 
foit  qu'elles  foient  plates  ou  qu'elles  aient  la  forme 
d'aiguilles ,  puifqu'elles  ne  font  autre  chofe  que  du 
fer,  comme  la  barre  avec  laquelle  on  les  incorpore  , 
où  elles  ne  forment  plus  qu'une  mên»e  mafie 
avec  eliç. 


€les  Minéraux ,  Partie  Exp.      8  i 

ed  trop  parfait  ;  &  en  effet ,  un  fer  qui , 
fortant  de  la  forge ,  a  toute  fn  perfecflion, 
n'efl:  excellent  que  pour  être  employé 
tel  qu'il  eit ,  ou  pour  des  ouvrages  qui 
ne  demandent  que  des  chaudes  douces  ; 
car  toute  clîaixîe  vive ,  toute  chaleur  à  blanc 
Je  dénature  ;  j'en  ai  fait  des  épreuves  plus 
que  réitérées  fur  des  morceaux  de  toute 
groffeur  ;  le  petit  fer  fe  dénature  un  peu 
moins  que  îe  gros  ,  mais  tous  deux  perdent 
la  plus  grande  partie  de  leur  nerf  dès  la 
première  chaude  à  blanc  ;  une  féconde 
chaude  pareille  change  &  achève  de 
détruire  le  nerf,  elle  altère  même  la  cjualité 
du  grain  qui ,  de  fin  cju'il  étoit ,  devient 
grofîier  &  brillant  comme  celui  du  fer 
le  plus  commun;  une  troifième  chaude 
rend  ces  grains  encore  plus  gros ,  &  laifîe 
déjà  voir  entre  leurs  interilices  des  parties 
noires  de  matière  brûlée  ;  enfin  en  conti- 
nuant de  lui  donner  des  chaudes ,  on 
arrive  au  dernier  degré  de  fa  décompofition, 
&  on  le  réduit  en  une  terre  morte  qui 
ne  paroît  plus  contenir  de  fubflance 
métallique ,  &  dont  on  ne  peut  faire 
aucun  ufage.  Car  cette  terre  morte  n'a 
ps  y  comme  la  plupart  des  autres  chaux 

D  V 


82       lutroduâîon  à  l'Hijîoire 

métalliques ,  îa  propriété  de  fe  revivifier 
par  l'application  des  matières  combuflibles  ; 
elle  ne  contient  guère  plus  de  fer  que  le 
mâchefer  commun  tiré  du  charbon  des 
végétaux  ;  au  lieu  que  les  chaux  des  autres 
métaux  fe  revivifient  prefque  en  entier 
ou  du  moins  en  très  -  grande  partie ,  & 
cela  achève  de  démontrer  que  le  fer  eil  une 
matière  prefqu'eniièrement  combuflible. 

Ce  fer  que  l'on  tire,  tant  de  cette  terre 
ou  chaux  de  fer ,  que  du  mâchefer  pro- 
venant du  charbon ,  m'a  paru  d'une 
Singulière  qualité ,  il  eft  très-magnétique 
&  très-infufible  ,  j'ai  trouvé  du  petit  fable 
noir  aufîi  magnétique  ,  aufîi  indifToIuble  , 
&  prefque  infufible  dans  quelques-unes 
des  mines  que  j'ai  fiît  exploiter;  ce  fablon 
ferrugineux  &  magnétique  fe  trouve  mêlé 
avec  les  grains  de  mine  qui  ne  le  font 
point  du  tout,  &  provient  certainement 
d'une  caufe  toute  autre  :  le  feu  a  produit 
ce  fablon  magnétique ,  &  Teau  les  grains 
de  mine  ;  &  lorfque  par  hafard  ils  fe 
trouvent  méfangés ,  c'efi:  que  le  hafird  a 
fait  qu'on  a  brûlé  de  grands  amas  de 
Lois,  ou  qu'on  a  fait  des  fourneaux  de 
charbon  fur  le  terrein  qui  renferme  les 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.       8  3 

mines  ;  &  que  ce  iabloii  ferrugineux  qui 
n'eft  que  le  détriment  du  mâchefer  que 
l'eau  ne  peut  ni  rouiller  ni  di(î')udre ,  a 
péne'tré  par  ia  fihration  des  eaux  auprès 
des  lits  -  de  mine  en  grains ,  qui  fouvent 
ne  font  qu'à  deux  ou  trois  pieds  de 
profondeur.  On  a  vu  dans  le  Mémoire 
préce'dent,  que  ce  fablon  ferrugineux  qui 
provient  du  mâchefer  des  végétaux ,  ou 
il  l'on  veut  du  fer  brûlé  autant  qu'il  peut 
l'être ,  paroît  être  le  même  à  tous  égards 
que  celui  qui  fe  trouve  dans  ia  platine. 

Le  fer  le  plus  parfait  eft  celui  qui  n'a 
prefque  point  de  grain ,  &  qui  eft  entiè- 
rement d'un  nerf  de  offis-cendré  ;  le  fer  à 
nerf  noir  eu  encore  très  -  b)on ,  &  peut- 
être  eft-il  préférable  au  premier  pour  tous 
îes  ufages  où  il  faut  chauffer  plus  d'une 
fois  ce  m.étal  avant  de  l'employer;  le  fer 
de  la  troifième  qualité  &  qui  eft  moitié 
nerf  &  moitié  grain ,  eft  le  fer  par  excel- 
lence pour  le  commerce ,  parce  qu'on 
peut  le  chauffer  deux  ou  trois  fois  fans 
le  dénaturer  ;  le  fer  fans  nerf,  mais  à 
grain  fin  ,  fert  aufli  pour  beaucoup 
d'ufages ,  mais  les  fers  fans  nerf  &  à  gros 
grains ,  dcvroiem  être  profcrits  &  font  le 

D  vj 


84       Inîroduâïon  à  VHïflone 

plus  grand  tort  dans  la  fociëté  ,  parce  que 
malheureufement  ils  y  lont  cent  fois  plus 
communs  que  les  autres.  Il  ne  faut  qu'un 
coup  d'œil  à  un  homme  exercé  pour 
connoître  ia  bonne  ou  la  mauvaife  qualité 
du  fer,  mais  ies  gens  qui  le  font  em- 
ployer, foit  dans  leurs  bâtimens  ,  foit  à 
leurs  équipages,  ne  s'y  connoifTent  ou  n'y 
regardent  pas,  &  payent  fouvent ,  comme 
très  -  bon  ,  du  fer  que  le  fardeau  fût 
rompre  ou  que  la  rouille  détruit  en  peu 
de  temps. 

Autant  les  chaudes  vives  &  pouiïees 
jufqu'au  blanc ,  détériorent  le  fer ,  autant 
ies  chaudes  douces  où  l'on  ne  le  rougit 
que  couleur  de  ceri(e,  fembient  l'améliorer  ; 
c'efl:  par  cette  raifon  que  les  fers  deilinés  à 
pafTer  à  la  fenderie  ou  à  la  batterie ,  ne 
•demandent  pas  à  être  fabriqués  avec  autant 
de  foin  que  ceux  qu'on  appelle  fers 
marchands ,  qui  doivent  avoir  toute  kur 
qualité.  Le  fer  de  tirerie  fait  une  clafîe  , 
à  part,  il  ne  peut  être  trop  pur,  s'il 
contenoit  des  parties  hétérogènes  il  devien- 
droit  très-caflant  aux  dernières  filières; 
or  il  n'y  a  d'autre  moyen  de  le  rendre 
pur  que  de  le  faire  bien  fuer  en  le  chauffant 


'des  Minéraux ,  Partie  Ex  p.      8  5 

îa  première  fois  jufqu'au  binnc ,  &  le 
jiianelant  avec  amant  de  force  que  de 
précaution  ,  &  enfuite  en  le  faiiant  encore 
chauffer  à  blanc  afin  d'achever  de  le 
dépurer  fous  le  martinet  en  falongeant 
pour  en  faire  de  la  verge  crénelée.  Mais 
les  fers  deflinés  à  être  refendus  pour  en 
faire  de  la  verge  ordinaire ,  des  fers  apiatis , 
des  languettes  pour  la  tôle ,  tous  les  fers 
en  wx).  mot  qu'on  doit  pafTer  fous  les 
cylindres ,  n'exigent  pas  ic  même  degré 
de  perfecftion ,  parce  qu'ils  s'améliorent  au 
four  de  la  fenderie  ,  où  l'on  n'emploie 
que  du  bois ,  &  dans  lequel  tous  ces  fers 
ne  prennent  une  chaleur  que  du  fécond 
degré ,  d'un  rouge  couleur  de  feu ,  qui 
efl:  fiiffifant  ]50ur  les  amollir ,  &  leur 
permet  de  s'aplatir  6c  de  s'étendre  fous 
les  cylindres  &  de  fe  fendre  enfuite  fous 
les  taillans.  Néanmoins  fi  l'on  veut  avoir 
de  la  verge  bien  douce ,  comme  celle 
qui  eit  nécefîliire  pour  les  clous  à  maréchal  ; 
fi  l'on  veut  des  fers  aplatis  qui  aient 
beaucoup  de  nerf,  comme  doivent  être 
ceux  qu'on  emploie  pour  les  roues ,  & 
particulièrement  les  bandages  qu'on  fait 
d'une  feule  pièce,  dans  iefquels  il  faut  au 


8^       Inîwduâlon  à  V Hipoke 

moins  un  tiers  de  nerf;  les  fers  qu'on 
iivre  à  la  fenderie  doivent  être  de  bonne 
qualité,  c'eft-à-dire ,  avoir  au  moins  un 
tiers  de  nerf,  car  j'ai  obfervé  que  le  feu 
doux  du  four  &:  la  forte  comprefîion  des 
cylindres  rendent  à  la  vérité  le  grain  du 
fer  un  peu  plus  fin ,  &  donnent  même  du 
nerf  à  celui  qui  n'avoit  que  du  grain  très- 
fin  ,  mais  ils  ne  convertiffent  jamais  en 
nerf  le  gros  grain  des  fers  communs  ;  en 
forte  qu'avec  du  mauvais  fer  à  gros  grains 
on  pourra  faire  de  la  verge  &  des  fers 
aplatis  dont  le  grain  fera  moins  gros ,  mais 
qui  feront  toujours  trop  cafîàns  pour  être 
employés  aux  ufages  dont  je  viens  de 
parler. 

Il  en  efl:  de  même  de  la  tôle,  on  ne 
peut  pas  employer  de  trop  bonne  étofîè 
pour  la  faire ,  &  il  efl:  bien  fâcheux  qu'on 
fafïê  tout  le  contraire;  car  prefque  toutes 
nos  tôles  en  France  fe  font  avec  du  fer 
commtm;  elles  fe  rompent  en  les  pliant, 
&  fe  brûlent  ou  pourrifîènt  en  peu  de 
temps  ;  tandis  que  de  la  tôle  faite  comme 
celle  de  Suède  ou  d'Angleterre,  avec  du 
bon  fer  bien  nerveux,  fe  tordra  cent  fois 
fans  rompre ,  &  durera  peut  -  être  vingt 


des  Mhiéraux ,  Partie  Exp.      87 

fois  plus  que  les  autres.  On  en  fait  à  mes 
forges  de  toute  grandeur  &  de  toute 
épaiffeur ,  on  en  emploie  à  Paris  pour 
les  cafTeroIes  &  autres  pièces  de  cuifine 
qu'on  e'tanie  &  qu'on  a  raifon  de  préfe'rer 
aux  caiïeroles  de  cuivre.  On  a  fait  avec 
cette  même  tôle  grand  nombre  de  poêles , 
de  chameaux ,  de  tuyaux  ,  &:  j'ai  depuis 
quatre  ans  l'expérience  mille  fois  réitérée, 
qu'elle  peut  durer  comme  je  viens  de  !e 
dire ,  foit  au  feu ,  foit  à  l'air ,  beaucoup 
plus  que  les  tôles  communes ,  mais  comme 
elle  eli  un  peu  plus  chère ,  le  débit  en 
efl:  moindre ,  &  l'on  n'en  demande  que 
pour  de  certains  ufages  particuliers  aux- 
cjuels  les  autres  tôles  ne  pourroient  être 
employées.  Lorfqu'on  efl  au  fait ,  comme 
j'y  fuis,  du  commerce  des  fers ,  on  diroh 
qu'en  France  on  a  fait  un  padie  général , 
de  ne  fe  fervir  que  de  ce  qu'il  y  a  de 
plus  mauvais  en  ce  genre. 

Avec  du  fer  nerveux  on  pourra  toujours 
faire  d'excellente  tôle ,  en  faifant  palier  le 
fer  des  languettes  fous  les  cylindres  de 
la  fenderie  ;  ceux  qui  apîatifîent  ces 
languettes  fous  le  martinet ,  après  les  avoir 
fait  chauffer  au  charbon  ;  font  dans  xwx 


88       Introdiiâion  a  l'Hiftoire 

très  -  mauvais  ufage  ;  le  feu  de  charbon 
pouffé  par  les  foufflets ,  gâte  le  fer  de  ces 
ianguettes ,  celui  du  four  de  la  fenderie 
ne  fait  que  le  perfectionner  :  d'ailleurs  il 
en  coûte  plus  de  moitié  moins  pour  faire* 
ies  languettes  au  cylindre  que  pour  les 
faire  au  martinet  ;  ici  l'intérêt  s'accorde 
avec  la  théorie  de  l'art  :  il  n'y  a  donc 
que  l'ignorance  qui  puiffe  entretenir  cette 
pratique ,  qui  néanmoins  eft  la  pius  géné- 
rale ,  car  il  y  a  peut-être  fur  toutes  les 
tôles  qui  fe  fabriquent  en  France,  plus 
des  trois  quarts  dont  les  languettes  ont 
été  faites  au  martinet.  Cela  ne  peut  pas 
être  autrement,  me  dira-t-on ,  toutes  les 
batteries  n'ont  pas  à  côté  d'elles  une 
fenderie  &  des  cylindres  montés,  je  l'avoue 
&  c'eft  ce  dont  je  me  plains  ;  on  a  tort 
de  permettre  ces  petits  éiablifleinens  par- 
ticuliers qui  ne  fubiiftent  qu'en  achetant 
dans  les  grofles  forges  les  fers  au  meilleur 
marché  ,  c'efl  -  à  -  dire  ,  tous  les  plus 
médiocres,  pour  les  fabriquer  enfuite  en 
tôle  &  en  petits  fers  de  la  plus  mauvaife 
qualité. 

Un  autre  objet  fort  important  font  les 
fers  de    charrue,   on   ne    faurcit    croire 


eles  Minéraux ,  Partie  Exp.      8p 

combien  la  mauvaife  qualité  du  fer  dont 
on  les  fabrique  fait  de  tort  aux  laboureurs , 
on  leur  livre  inhumainement  des  fers  qui 
cafTent  au  moindre  effort,  &  qu'ils  font, 
force's  de  renouveler  prefque  auiïi  fouvent 
que  leurs  cultures  ;  on  leur  fait  payer 
bien  cher  du  mauvais  acier  dont  on  arme 
la  pointe  de  ces  fers  encore  plus  mauvais , 
&  le  tout  efl  perdu  pour  eux  au  bout  d'un 
an ,  &  fouvent  en  moins  de  temps  ;  tandis 
qu*en  employant  pour  ces  fers  de  charrue, 
comme  pour  la  tôle,  le  fer  le  meilleur  & 
le  plus  nerveux ,  on  pourroit  les  garantir 
pour  un  ufage  de  vingt  ans ,  &  même 
fe  difpenfer  d'en  aciérer  la  pointe;  car 
j'ai  fait  fûre  plufieurs  centaines  de  ces 
fers  de  charrue  dont  j'en  ai  fiit  effayer 
quelques  -  uns  fans  acier ,  &  ils  fe  font 
trouvés  d'une  étoffe  affez  ferme  pour 
réfifter  au  labour.  J'ai  fut  la  même  expé- 
rience fur  un  grand  nombre  de  pioches; 
c'eil  la  mauvail'e  qualité  de  nos  fers  qui 
a  établi  chez  les  taillandiers  l'ufage  général 
de  mettre  de  l'acier  à  ces  inftrumens  de 
campagne ,  qui  n'en  auroient  pas  befoin 
s'ils  éioient  de  bon  fer  fabriqué  avec  des 
languettes  padées  fous  les  cylindres. 


po        IntroduSlïon  à  VHïjloîre 

J'avoue  qu'il  y  a  de  certains  ufàges 
pour  lefquels  on  pourroit  flibriquer  du  fer 
aigre,  mais  encore  ne  faut-il  pas  qu'il  foit 
à  trop  gros  grain  ni  trop  caflant  ;  les  clous 
pour  les  petites  lattes  à  tuile ,  les  broquettes 
&  autres  petits  clous  plient  îorfqu'ils  font 
faits  d'un  fer  trop  doux ,  mais  à  l'excep- 
tion de  ce  feul  emploi ,  qu'on  ne  remplira 
toujours  que  trop,  je  ne  vois  pas  qu'on 
doive  fe  fervir  de  fer  aigre.  Et  fi  dans 
une  bonne  manufacflure  on  en  veut  faire 
une  certaine  quantité,  rien  n'cft  plus  aife'  ; 
il  ne  faut  qu'augmenter  d'une  mefure  ou 
d'une  mefure  &  demie  de  mine  au  four- 
neau ,  &  mettre  à  part  les  gueufès  qui  en 
proviendront ,  ia  fonte  en  fera  moins  bonne 
&  plus  blanche.  On  les  fera  forger  à 
part ,  en  ne  donnant  que  deux  chaudes 
à  chaque  bande ,  &  l'on  aura  du  fer  aigre 
cjui  (c  fendra  plus  aifément  q'^e  l'autre , 
&  qui  donnera  de  la  verge  cafîlmte. 

Le  meilleur  fer,  c'eft-à-dire .  celui  qui 
a  le  plus  de  nerf,  &  par  conféquent  le 
plus  de  ténacité  peut  éprouver  cent  & 
deux  cents  coups  de  mafle  fans  fe  rompre , 
&  comme  il  fiut  néanmoins  le  caffer  pour 
tous  les  ufages  de  la   fenderie  &  de  la 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.      p  i 

batterie,  &  que  cela  demanderoii  beaucoup 

de  temps ,   même  en  s'aidant   du  cifeau 

d'acier,  il  vaut  mieux  faire  couper  fous 

'  le  marteau  de  la  forge ,  les  barres  encore 

chaudes  à  moitié  de  leur  épaifTeur,  cela 

n'empêche  pas  le  marteleur  de  les  achever , 

&  épargne  beaucoup  de  temps  au  fendcur 

&  au  platineur.  Tout  le  fer  que  j'ai  fait 

cafTer  à  froid  &  à  grands  coups  de  mafTe , 

'■  s'échauffe   d'aïuant   plus    qu'il   efl:    plus 

\  fortement  &;  plus  fouvent  frappé  :  non- 

'  feulement  il  s'échaufïè  au  point  de  brûler 

très- vivement,  mais  il  s'aimante  comme 

s'il  eût  été  frotté  fur  un  très- bon  aimant. 

jM'étant  affuré  de   la    confiance    de   cet 

effet  par  plufieurs  obfervations  fuccefîives, 

je  voulus  voir  fi  f  ms  percufîion  je  pourrois 

de  m.ême  produire  dans   ie  fer  la  vertu 

magnétique  ;  je  fis  prendre  pour  cela  une 

verge  de  trois  lignes  de  groiîeur  de  mon 

fer  fe  plus  liant ,   &  que  je   connoiffois 

pour  être  très-difïicile  à  rompre ,  &  l'ayant 

fait  plier   &  replier,  par  les  mains  d'un 

homme  fort ,  fept  ou  huit  fois   de   fuite 

:  fans   pouvoir   la   rompre ,    je   trouvai  le 

fer  très- chaud  au  point  où  on  l'avoit  plié, 

&  ii  avoit  en  même  temps  toute  ia  vertu 


p2      Introdnâlon  a  VRifloire 

d'un  barreau  ^jien  aimanté  ;  j'aurai  occafion 
dans  la  fuite  de  revenir  à  ce  phénomène 
qui  tient  de  très-près  à  la  théorie  du  mag- 
nétifme  &  de  l'élecfhricité ,  &  que  je  ne 
rapporte  ici  que  pour  démontrer  que  pius 
iuie  matière  eil  tenace,  c'efl-à-dire,  plus 
il  faut  d'efïbrts  pour  la  divifer ,  plus  elle 
eft  près  de  produire  de  la  chaleur  &  tous 
îes  autres  effets  qui  peuvent  en  dépendre, 
&  prouver  en  même  temps  que  la  fimple 
preffîon  produifantle  frottement  des  parties 
intérieures ,  équivaut  à  l'effet  de  la  plus 
violente  percufîion. 

On  fonde  tous  les  jours  le  fer  avec  lui- 
même  ou  fur  lui-même,  mais  il  faut  la 
plus  grande  précaution  pour  qu'il  ne  le 
trouve  pas  un  peu  plus  foibie  aux  endroits 
des  foudures  ;  car  pour  réunir  &  fouder 
les  deux  bouts  d'une  barre,  on  les  chauffe 
jufqu'au  blanc  le  plus  vif,  le  fer  dans  cet 
état  eft  tout  prêt  à  fondre,  il  n'y  arrive 
pas  fans  perdre  toute  fa  ténacité ,  &  par 
confequent  tout  fon  nerf;  il  ne  peut  donc 
en  reprendre  dans  toute  cette  partie  qu'on 
fonde  ,que  par  la  percuHlon  des  marteaux 
dont  deux  ou  trois  ouvriers  font  fuccéder 
ks  coups  le  plus  vîie  qu'il  leur  eft  polîible , 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.      Ç)  3 

nais  cetie  percufTion  eft  très  -  foible  & 
iieine  lenie  en  comparaifon  de  ceile  du 
iraiieau  de  la  forge  ou  même  de  celle 
Jli  mariinet  ;  ainfi  l'endroit  foudé,  quelque 
3onne  que  Toit  l'étoffe ,  n'aura  que  peu 
le  nerf  &  fouvent  ]:)oint  du  tout  fi  l'on 
a  a  pas  bien  laifi  l'inftant  où  les  deux 
norceaux  font  e'galement  chauds ,  &  fi 
e  mouvement  du  marteau  n'a  pas  été 
:il]ez  prompt  &  affez  fort  pour  les  hï^n 
réunir.  Aufîi  quand  on  a  des  pièces  impor- 
ta rites  à  fonder,  on  fera  bien  de  le  faire 
fous  les  martinets  les  plus  prompts,  La 
foudure  dans  les  canons  des  armes  à  feu , 
eft  une  des  chofes  les  plus  ijiiportantes  ; 
]\l.  de  Montbeillard  ,  dans  le  Mémoire 
que  j'ai  cité  ci-defTus,  y^onne  de  très- 
bonnes  vues  fur  cet  objet,  &  même  des 
expériences  décifives  :  je  crois  avec  lui, 
que  comme  il  faut  chauffer  à  blanc  nombre 
de  fois  la  bande  ou  maquette  pour  fonder 
le  canon  dans  toute  fa  longueur,  il  ne 
faut  pas  employer  du  fer  qui  feroit  au 
dernier  degré  de  fa  perfection  ,  parce 
qu'il  ne  pourroit  que  fe  détériorer  par 
ces  fréquentes  chaudes  vives  ;  qu'il  faut 
au  contraire  choiiir  le  fer  qui,  n'étant 


■^4      InîwJuâwn  à  rHiflolre 

pas  encore  aufîi  épuré  qu'il  peut  l'être , 
gagnera  plutôt  de  la  qualité  qu'il  n'en 
perdra  par  ces  nouvelles  chaudes ,  mais 
cet  article  feul  demande roit  un  grand 
travail  fait  &  dirigé  par  un  homme  aulîî 
éclairé  c|ue  M.  de  Montbeiilard,  &  l'objet 
en  efl:  d'une  fi  grande  importance  pour 
la  vie^  des  hommes  &  pour  la  gloire 
de  l'Etat,  qu'il  mérite  la  plus  grande 
attention. 

Le  fer  fe  décompofe  par  l'humiditc 
comme  par  le  feu  ;  il  attire  l'humide  de 
î'air ,  s'en  pénètre  &  fe  rouille ,  c'eft-à- 
dire ,  fe  convertit  en  une  efpèce  de  terre 
fans  liaifon  ,  fans  cohérence  ;  cette  con- 
verfion  fe  fait  en  afFez  peu  de  temps 
dans  les  fers  q^ii  font  de  mauvaife  qualité 
ou  mal  flibriqués  :  ceux  dont  l'étoffe  elt 
bonne ,  &  dont  les  furfaces  font  bien 
lifles  ou  polies  fe  défendent  plus  long- 
temps ,  mais  tous  font  fujets  à  cette  efpèce 
de  mal ,  qui  de  la  luperticie  gagne  affez 
promptement  l'intérieur,  &  détruit  avec 
îe  temps  le  corps  entier  du  fer.  Dans 
l'eau  il  fe  conferve  beaucoup  mieux  c|u'à 
l'air,  &.  quoiqu'on  s'aperçoive  de  fon 
altération  par  la  couleur  noire  qu'il  y  prend 


{Jes  Mînéwtix ,  Partie  Exp;      r)  5 

après  un  long  féjonr ,  ii  n'eft  point 
dénaturé,  ii  peut  être  forgé,  au  lieu  que 
celui  qui  a  été  expofé  à  l'air  pendant 
quelques  liècies  ,  &  que  les  ouvriers 
appellent  du  fer  luné 3  parce  qu'ils  s'ima- 
ginent que  ia  lune  le  mange ,  ne  peut  ni 
ie  forger  ni  fervir  à  rien  ;  à  moins  qu'on 
ne  le  revivifie  comme  les  rouilles  &  les 
fafrans  de  mars ,  ce  qui  coûte  commu- 
nément plus  que  le  fer  ne  vaut.  C'eft 
en  ceci  que  confille  la  différence  des 
deux  décompofitions  du  fer  ;  dans  celle 
qui  fe  fait  par  le  feu ,  la  plus  grande 
partie  du  fer  fe  brûle  &  s'exhale  en 
"vapeurs  comme  les  autres  matières  cora- 
buflibles,  il  ne  refle  qu'un  mâchefer  qui 
contient ,  comme  celui  du  bois ,  une  petite 
quantité  de  maaère  très  -  attirable  par 
l'aimant  qui  ell  bien  du  vrai  fer ,  mais 
qui  m'a  paru  d'une  nature  fingulière  & 
fembiable  comme  je  l'ai  dit,  au  fabîon 
ferrugineux  qui  fe  trouve  en  fi  grande 
quantité  dans  la  platine.  La  décompofition 
par  i'hutnidiré  ne  diminue  pas  à  beaucoup 
près  autant  que  la  combuftion,  la  maflc 
du  fer,  mais  elle  en  alère  toutes  les 
parties  au  point  de  leur  faire  perdre  leur 


9  6       Introduâton  à  rHîJlohe 

•vertu  magnétique ,  leur  cohérence  Si  leur 
couleur  métallique  ;  c'eft:  de  cette  rouille 
ou  terre  de  fer  que  font  en  grande  partie 
conipofées  les  mines  en  grain,  l'eau  après 
avoir  atténué  ces  particules  de  rouille  & 
les  avoir,  réduites  en  molécules  fenlibles , 
ies  charie  &  les  dépofc  par  filtration  dans 
le  fein  de  la  terre,  où  elles  fe  réunifTent 
en  grain  par  une  forte  de  criflallifation 
qui  le  fait  comme  toutes  les  autres ,  par 
i'attraélion  mutuelle  des  molécules  ana- 
logues ;  &  comme  cette  rouille  de  fer 
étoit  privée  de  la  vertu  magnétique,  il 
n'eft  pas  étonnant  que  les  mines  en  grain 
qui  en  proviennent ,  en  ioient  également 
dépourvues.  Ceci  me  paroît  démontrer 
d'une  manière  aflez  claire ,  que  le  magné- 
tifme  (uppofe  l'adion  précédente  du  feu  ; 
que  c'ell  une  qualité  particulière  que  Iç 
feu  donne  au  fer,  &  c{ue  l'humidité  de 
i'air  lui  enlève  en  le  décompofànt. 

Si  l'on  met  dans  un  vafe  une  grande 
quantité  de  limaille  dé  fer  pure,  qui  n'a 
pas  encore  pris  de  rouille,  &  fi  on  la 
couvre  d'eau  ,  on  verra  en  la  laifîant  fécher, 
que  cette  limaille  fe  réunit  par  ce  feuï 
intermède,  au.  point  de  faire  une  maffe 

de 


fies  Minéraux ,  Partie  Exp.      c)  7 

et  fer  allez  folicle ,  pour  qu'on  ne  puiflè 
fa  cafTer  qu'à  coups  de  mafle  ;  ce  n'efl 
donc  pas  précifénient  i'eau  qui  décompofe 
le  fer  &  qui  produit  la  rouille,  mais  plutôt 
:  les  fds  &  les  vapeurs  fuifureufes  de  i'nir , 
car  on  fait  que  le  fer  fe  difîout  très-aifé- 
ment  par  les  acides  &:  par  le  foufre.  En 
préfentant  une  verge  de  fer  bien  rouge  à 
ime  bille  de  foufre  ,  le  fer  coule  dans 
i'inftant,  &:  en  le  recevant  dans  l'eau,  on 
obtient  des  grenailles  qui  ne  font  plus  du 
fer  ni  même  de  la  fonte;  car  j'ai  éprouvé 
qu'on  ne  pouvoit  pas  les  réunir  au  feu 
pour  les  forger ,  c'efi:  une  matière  qu'on 
ne  peut  comparer  qu'à  la  pyrite  martiale, 
dans  laquelle  le  fer  paroît  cire  également 
décompofé  par  le  foufre  ;  &  je  crois  que 
c'eft  par  cette  raifon  que  l'on  trouve 
pre(<:[ue  par  -  tout  à  la  furface  de  la  terre 
&  fous  les  premiers  lits  de  fes  couches 
extérieures ,  une  afTez  grande  quantité  de 
ces  pyrites ,  dont  le  grain  reflemble  à  celui 
du  mauvais  fer,  mais  qui  n'en  coptiennent 
qu'une  très -petite  quantité,  mêlée  avec 
beaucoup  d'acide  vitriolique  &  plus  ou 
moins  de  foufre. 

Tome  VIL  E 


c?8       Introàudïon  h  ïHïfioiri 

CINQUIEME  MÉMOIRE. 

Expériences  fur  les  effets 
de  la  Chaleur  obfcure. 


o  TJ  R  recomioîire  les  effets  de  îa 
chaleur  obfcure  ,  c'efl  -  à  -  dire  ,  de  la 
chaleur  privée  de  lumière ,  de  flamme  & 
de  feu  iibre ,  autant  qu'il  ell  pofîlble , 
j'ai  fliit  quelques  expériences  en  grand , 
dont  ies  rélultats  m'ont  paru  très-inté- 
rellans. 

Première   expérience. 

On  a  commencé  fur  ia  fin  d'août  1 772, 
à  meure  des  braiies  ardentes  dans  le  creufet 
du  grand  fourneau  qui  lert  à  fondre  la 
rnine  de  fer  pour  ia  couler  en  gueufes , 
ces  braifes  ont  achevé  de  fécher  les 
mortiers  qui  étoient  faits  de  glaiie  mêlée 
par  égale  portion  avec  du  fable  vitref- 
cible.  Le  fourneau  avoit  23  pieds  de 
hauteur.  On  a  jeté  par  le  gueulard  (  c'efl 
ainfi  qu'on  appelle  l'ouverture  fupérieure 
du  fourneau  )  les  charbons  ardens  que  l'on 


des  Minéraux,  Partie  Exp.      99 

tîroit  des  petits  fourneaux  d'expériences , 
on  a  mis  (ucceffi veinent  une  aÔez  grande 
quantité  de  ces  braifes  pour  remplir  îc 
bas  du  fourneau  jufqu'à  la  cuve  (  c'eft 
ainfi  qu'on  appelle  l'endroit  de  la  plus 
grande  capacité  du  fourneau  )  ,  ce  qui 
dans  celui' ci  montoit  à  7  pieds  2  pouces 
de  hauteur  perpendiculaire  depuis  le  fond 
du  creufet.  Par  ce  moyen  on  a  com- 
mencé de  donner  au  fourneau  une  chalei  r 
modérée  qui  ne  s'eft  pas  fait  feiitir  dans 
k  partie  la  plus  élevée. 

Le  I  o  fepîembre ,  on  a  vidé  toutes  ces 
braifes  réduites  en  cendres  par  l'ouverture 
du  creufet ,  &  forfqu'il  a  été  bien  nettoyé 
on  y  a  mis  quelques  charbons  ardens  & 
d'autres  charbons  par-defTus ,  jufqu'à  ia 
quantité  de  600  livres  pefant;  enfuite  oa 
alaifle  prendre  le  feu,  &  le  lendemain  i  i 
feptembre,  on  a  achevé  de  remplir  le  four- 
neau avec  4800  livres  de  charbon ,  ainfi 
il  contient  en  tout  5400  livres  de  charbon 
qui  y  ont  été  portées  en  cent  trente-cinq 
corbeilles  de  40  livres  chacune ,  tare  faite. 

On  a  laifîé  pend.mt  ce  temps  l'entrée 

"du  creufet  ouverte,  &  celle  de  la  tuyère 

bien  bouchée  pour  empêcher  le  feu  de 

E  \) 


100     hïîrodiiCûon  à  l'Hîjloire 

fe  communiquer  aux  foufflets.  La  première 
imprefîlon  de  la  grande  chaleur  ,  produite 
par  le  long  féjour  des  braifes  ardentes  & 
par  cette  première  comibuftiondu  charbon, 
s'eA  marquée  par  une  petite  fente  qui  s'efl 
faite  dans  la  pierre  du  fond  à  l'entre'e  du 
çreufet,  &  par  une  autre  fente  qui  s'eft 
faite  dans  la  pierre  de  la  tympe.  Le  charbon 
néanmoins,  quoique  fort  allumé  dans  le 
bas  ,  ne  l'étoit  encore  qu'à  une  très- petite 
hauteur ,  &  le  fourneau  ne  donnoit  au 
gueulard  qu'affez  peu  de  fumée,  ce  mêmç 
jour  î  2  leptembre  à  fix  heures  du  loir  ; 
car  cette  ouverture  fupérieure  n'étoit  pas 
bouchée,  non  plus  que  l'ouverture  du 
creufet. 

A  neuf  heures  du  foir  du  même  jour, 
la  flamme  a  percé  jufqu'au  -  defîus  du 
fourneau,  &  comme  elle  eil:  devenue  très- 
vive  en  peu  de  temps ,  on  a  bouché 
i'ouverture  du  creufet  à  ^\x  heures  du 
foir.  La  flamme  quoique  fort  ralentie  par 
cette  fupprefrion  du  courant  de  l'air,  s'eft 
foutenue  pendant  la  nuit  &  le  jour  fuivant; 
en  forte  que  le  lendemain  i  3  feptembre, 
vers  les  quatre  heures  du  foir ,  le  charbon 
liyoit  baiflé  d'un  peu   plus  de  4  pieds, 


^es  Minéraux ,  Partie  Exp.    i  o  i 

On  a  rempli  ce  vide  à  cette  même  heure 
avec  onze  corbeilles  de  charbon ,  pelant 
enfemble  440  livres  ;  ainfi  le  fourneau  a 

M   été  chargé  en  tout  de    5840    livres   de 

y    charbon^ 

Enluite  on  a  bouché  l'ouverture  fupé- 
rieure  du  fourneau  avec  un  large  couvercle 
de  forte  tôle,  garnie  tout  autour  avec  du 
inortier  de  glaiie  «&  fable  mêlé  de  poudre 
de  charbon ,  &  chargé  d'un  pied  d'épaif^ 
,  feur  de  cette  poudre  de  charbon  mouillée; 
pendant  que  l'on  bouchoit,  on  a  remarqué 
que  la  flamme  ne  lailToit  pas  de  retentir 
affez  fortement  dans  l'intérieur  du  four- 
neau ;  mais  en  moins  d'une  minute  la 
iîamme  a  cefl^é  de  retentir,  &  l'on  n'en- 
tendoit  plus  aucun  bruit  ni  murmure,  en 
ibrte  qu'on  auroit  pu  penfer  cjue  l'air 
n'ayant  point  d'accès  dans  la  cavité  du 
fourneau  ,  le  feu  y  étoit  entièrement 
étouffé. 

On  a  laifTé  le  fourneau  ainfi  bouché 
par-tout,  tant  au-defTus  qu'au  -  deffous  , 
depuis  le  13  feptembre  jufqu'au  28  du 
même  mois ,  c'eft-à-dire  ,  pendant  quinze 
jours.  J'ai  remarqué  pendant  ce  temps, 
que  quoiqu'il  n'y  eût  point  de  flamme 

E  iij 


102     Introduâwn  à  VHï^oire 

<3ans  le  fourneau ,  ni  même  de  feuluinineux, 
la  chafeur  ne  {aiffoit  pas  d'augmenter  & 
de  fe  communiquer  autour  de  la  cavité 
du  fourneau. 

Le  28  feptembre ,  à  dix  heures  du 
matin ,  on  a  débouché  l'ouverture  fupé- 
rieure  du  fourneau  avec  précaution ,  dans 
îa  crainte  d'être  fufFoqué  par  ia  vapeur 
du  charbon  ;  j'ai  remarqué  avant  de  l'ou- 
vrir, que  la  chaleur  avoit  gcigné  jufqu'à 
4  pieds  ^  dans  l'épaifîeur  du  mafîlf  qui 
forme  la  tour  du  fourneau  ;  cette  chaleur  j 
n'étoit  pas  fort  grande  aux  environs  de  ia 
hure  (  c'efl  ainli  qu'on  appelle  la  partie 
fupérieure  du  fourneau  qui  s'élève  aii- 
deflus  de  fon  terre-plein).  Mais  à  mefure 
qu'on  approchoit  de  la  cavité ,  les  pierres 
ctoient  déjà  fi  fort  échauffées  ,  qu'il  n'étoit 
pas  polTible  de  \q.s  toucher  un  infiant  ;  les 
mortiers  dans  les  joints  des  pierres  étoient 
en  partie  brûlés,  &  il  paroifîoit  que  ia 
chaleur  éioit  beaucoup  plus  grande  encore 
dans  le  bas  du  fourneau ,  car  les  pierres 
du  deflus  de  ia  tympe  &  de  la  tuyère, 
étoient  exceffivement  chaudes  dans  toute 
icur  épaiiïeur  julqu'à  4  ou  5  pieds. 

Au   moment   qu'on   a  débouché   îe 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    103 

gueulard  du  fourneau,  il  en  efl:  forti  une 
vapeur  fufiôquante ,  dont  il  a  fallu  s'éloi- 
gner ,  &  qui  n'a  pas  laiffé  de  faire  mal  à 
•Ja  tête  à  la  plupart  des  aiîidans.  Lorfque 
cette  vapeur  a  été  difilpée ,  on  a  mefuré 
de  combien  le  charbon  enfermé  &  privé 
d'air  courant  pendant  quinze  jours ,  avoit 
diminué,  &.  l'on  a  trouvé  qu'il  avoit  bniOe 
de  14  pieds  5  pouces  de  hauteur;  en 
forte  que  le  fourneau  étoit  vide  dans, 
toute  fa  partie  fupérieure  jufqu'auprt-s  de 
ia  cuve. 

Enfuite  j'ai  obfervé  la  furficc  de  ce 
charbon  ,  ik  j'y  ai  vu  une  petite  fîaniine 
<]ui  venoit  de  naître,  il  étoit  abioiament 
noir  &  fuis  flamme  auparavant.  En  moins 
d'une  heure  cette  petite  flamme  bleuâtre 
efl  devenue  rouge  dans  le  centre  ,  ôl 
s'élevoit  alors  d'environ  2  pieds  au-delTus 
du  charbon. 

Une  heure  après  avoir  débouché  ie 
gueulard ,  j'ai  fait  dé!:)oucher  l'entrée  du 
creufet  :  la  première  chofe  qui  s'eft  pré- 
fentée  à  cette  ouverture  n'a  pas  été  du 
feu  comme  on  auroit  pu  le  préfumer, 
mais  des  fcories  provenans  du  charI)on , 
s&  qui  reiTembloient  à  du  mâchefer  léger  ; 

E  iii; 


I04     Inîroduâhn  h  VHïjloïre 

ce  mâchefer  étoit  en  aflez  grande  quantité, 
&  rempliflbit  tout  l'intérieur  du  creufet, 
depuis  la  tympe  à  la  ruftine;  &  ce  qu'il 
y  a  de  fingulier,  c'eft  que  quoiqu'il  ne  (e 
fût  formé  que  par  une  grande  chaleur, 
il  avoit  intercepté  cette  même  chaleur  au- 
defTus  duxreufet,  en  forte  que  les  parties 
de    ce   mâchefer   qui  étoient  au    fond , 
n'étoient ,   pour  ainfi   dire ,    que  tièdes  ; 
néanmoins  elles  s'étoient  attachées  au  fond 
&  aux   parois    du    creufet  ;    &  elles    en 
avoient  réduit  en  chaux  quelques  portions 
jufqu'à  plus   de  trois   ou  quatre  pouces 
de  profondeur. 

J'ai  fait  tirer  ce  mâchefer  &  l'ai  fait 
mettre  à  part  pour  l'examiner  ;  on  a  aufïi 
tiré  la  chaux  du  creufet  &  des  environs , 
qui  étoit  en  aflez  grande  quantité.  Cette 
calcination  qui  s'ell  fiite  })ar  ce  feu  fans 
flamme ,  m'a  paru  provenir  en  partie  de 
i'adion  de  ces  fcories  du  charbon.  J'ai 
penfé  que  ce  feu  fourd  &  fans  flamme 
étoit  trop  fec ,  &  je  crois  que  fi  j'avois 
mêlé  quelque  portion  de  laitier  oti  de 
terre  viirefcible  avec  le  charbon  ,  cette 
terre  auroit  fervi  d'aliment  à  la  chaleur, 
&:  auroit  rendu  des  matières  fondantes  qui 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    105 

auroient  préfervé  de  la  calcination  la  fur- 
face  de  l'ouvrage  du  fourneau. 

Quoi  qu'il  en  foit,  ii  réfulte  de  cette 
expérience ,  que  la  chaleur  feule ,  c'eft- 
à-dire,  la  chaleur  obfcure,  renfermée, 
&  privée  d'air  autant  qu'il  eft  pofîible , 
produit  néanmoins  avec  le  temps  des  effets 
femblables  à  ceux  du  feu  le  plus  ac^lif  & 
le  plus  lumineux.  On  fiit  qu'il  doit  être 
violent  pour  calciner  la  pierre.  Ici  c'étoit 
de  toutes  les  pierres  calcaires  la  moins 
calcinable  ,  c'eft-à-dire ,  la  plus  réfillante 
au  feu,  que  j'avois  choifie  pour  faire 
conftruire  l'ouvrage  &  la  cheminée  de 
mon  fourneau  ;  toute  cette  pierre  d'ailleurs 
avoit  été  taillée  &:  pofée  avec  foin  ,  les 
plus  petits  quartiers  avoient  un  pied  d'é- 
paiiïeur,  un  pied  <3c  demi  de  largeur, 
fur  trois  &  quatre  pieds  de  longueur ,  & 
dans  ce  gros  volume  la  pierre  eil  encore 
bien  plus  difficile  à  calciner  que  quand 
elle  efl:  réduite  en  moellons.  Cependant 
cette  feule  chaleur  a  non-feulement  calciné 
ces  pierres  à  près  d'un  demi -pied  de 
profondeur  dans  la  partie  la  plus  étroite 
&  la  plus  froide  du  fourneau ,  mais  encore 
Z  brûlé  en  même  temps  les  mortiers  fait^ 

E  V 


lo6    IntroJîiifwn  à  l'Hifolre 

de  gïaife  &:  de  fîible  fans  les  faire  fondre  , 
ce  que  j'aiirois  mieux  aimé,  parce  qu'alors 
les  joints  de  la  bâîiiïe  du   fourneau    fe 
feroîent  confervcs  pleins ,  au  lieu  que  la 
chaleur  ayant  fuivi  la  route  de  ces  joints, 
a  encore  caiciné  les  p'erres  far  toutes  les 
faces  des  joints.   Alais  pour  faire  mieux 
entendre  les  effets  de  cette  chaieur  obi- 
cure    &   concentrée  ,    je  dois  obferver  -, 
I.**  Que  le  maffjf  du  fourneau  étant  de 
a 8  pieds  d'épaiffeur  de   deux  faces,   & 
de  24  pieds  d'épaiffeur  des  deux  autres 
faces,  &  la  cavité  où  étoit  contenu  le 
charbon  n'ayant   que    6    pieds   dans    fli 
plus  grande  largeur ,  les  murs  pleins  qui 
environnent  cette  cavité  avoient  p  y)icds 
d'épaiileur  de  maçonnerie  à  chaux  &  fable 
aux  parties  les  moins  épaiiïes  ;  que  par 
conféquent  on  ne  peut  pas  fuppofer  qu'il 
ait  paffé  de  l'air  à  travers  ces  murs  de  9 
pieds:  2.°  Que  cette  cavité  qui  contenoit 
îe  charbon  ,  ayant  été  bouchée  en   bas 
à  l'endroit  de  la  coulée  avec  un  mortier 
de  giaife  mêlé  de  fable  d'un  pied  d'épaif- 
feur, &  à  la  tuyère  qui  n'a  que  quelques 
pouces  d'ouverture ,  avec  ce  même  mortier 
dont  oa  fe  fert  pour  tous  les  bouchages  ; 


'<^es  Minéraux ,  Partie  Èxp.     1 07 

il  n'eft  pas  à  piéfumer  qu'il  ait  pu  entrer 
de  l'air  j^ar  ces  deux  ouvertures  :  3.*'  Que 
îe  gueulard  du  fourneau  ayant  de  niênic 
lété  fermé  avec  une  plaque  de  fone  tôle 
iutée,  &  recouverte  avec  ie  même  mortier, 
fur  environ  fix  pouces  d'épaiffeur ,  & 
encore  environne'e  &  furmontce  de  pouf- 
fière  de  charbon  mêlé  avec  ce  mortier, 
fur  fix  autres  pouces  de  hauteur,  tout 
accès  à  l'air  par  cette  dernière  ouverture 
étoit  interdit.  On  peut  donc  afTurer  qu'il 
n'y  avoit  point  d'air  circulant  dans  toute 
cette  cavité ,  dont  la  capacité  étoit  de  3  3  o 
pieds  cubes ,  &  que  l'ayant  remplie  de 
5400  livres  de  charbon,  le  feu  étouffé 
dans  cette  cavité  n'a  pu  fe  nourrir  que 
de  la  petite  quantité  d'air  contenue  dans 
ies  intervalles  que  laiiroient  entr'eux  les 
morceaux  de  charbon;  &  comme  cette 
matière  jetée  l'une  fur  l'autre  laiffe  de  très- 
grands  vides ,  (lippofons  moitié  ou  même 
trois  quarts ,  il  n'y  a  donc  eu  dans  cette 
cavité  que  16^5,  ou  tout  au  plus  248 
pieds  cubes  d'air.  Or,  le  feu  di;.  fourneau 
excité  par  les  foufHets ,  confomme  cette 
quantité  d'air  en  moins  d'une  deiiii-minute; 
^  cependant  il  fembleroiî  qu'elle  a  fufii  pour 

£  v; 


I  o8     liUroâuâïon  à  ÏHïfldre 

entretenir  pendant  quinze  jours  la  chaîeur  j 
&  l'augmenter  à  peu-près  au  même  point 
que  celle  du  feu  libre ,  puirqu'elle  a  produit 
ia.  cakination  des  pierres  à  quatre  pouces 
de  profondeur  dans  le  bas ,  &  à  plus  de 
deux  pieds  de  profondeur  dans  le  milieu 
&.  dans  toute  l'étendue  du  fourneau ,  ainfî 
que  nous  le  dirons  tout-à-l'heure.  Comme 
cela  me  paroifloit  allez  inconcevable ,  j'ai 
d'abord   penfé  qu'il  falloit  ajouter   à  ces 
J248  pieds  cubes  d'air,  CQnrenus  dans  la 
cavité  du  fourneau ,  toute  la  vapeur  de 
i'humidité  des  murs  que  la  chaleur  con- 
centrée n'a  pu  manquer  d'attirer ,  &  de 
iaquelle  il  n'eil:  guère  poflible  de  faire  urre 
Julie  ellimation.  Ce  iont-làîes  îeuls  alimenS', 
foit  en  air,,  foit  en  vapeurs  aqueufes  que 
cette  très  -  grande  chaleur  a  confommés 
pendant  quinze  jours  ;  car  il  ne  fe  dégage 
que  peu  ou  point  d'air  du  charbon  dans 
fe  combuflion,  quoiqu'il  s'en  dégage  plus 
d'un  tiers  du  poids  total  du  bois  de  chêne 
bien  féché  (a);  cet  air  fixe  contenu  dans 
le  bois,  en   eft  chaffé   par  la  première 
opération    du    feu   qui   le    convertit   en 

(a)  Haies,  Statique  des  Végétaux,  page  152, 


(les  Minéraux ,  Partie  Exp.    1 0^ 

charbon ,  &  s'il  en  refle ,  ce  n'elt  qu'ea 
fi  petite  quantité  qu'on  ne  peut  pas  la 
regarder  comme  le  fuppiémcnt  de  l'air 
qui  manquoit  ici  à  l'entretien  du  feu. 
Ainfi  cette  chaleur  très-grande  &  qui  s'efl 
augmentée  au  point  de  calciner  profon- 
dément les  pierres,  n'a  été  entretenue  que 
par  248  pieds  cubes  d'air  &  par  les  vapeurs 
de  l'humidité  des  murs  ;  &  quand  nous 
luppoTerions  le  produit  lucceffif  de  cette 
humidité  cent  fois  plus  confidérable  que 
le  volume  d'air  contenu  dans  la  cavité  du 
fourneau ,  cela  ne  feroit  toujours  que 
24800  pieds  cubes  de  vapeurs  propres 
à  entretenir  la  combuftion  ;  quantité  que 
le  feu  libre  <Sc  animé  par  les  fouâîeis  con- 
fommeroit  en  moins  de  3  o  minutes ,  tandis 
que  la  chaleur  fourde  ne  la  confomme 
qu'en  quinze  jours» 

Et  ce  qu'il  eft  néceffaire  d'obferver 
encore ,  c'eft  que  le  même  feu  libre  & 
animé  auroit  confumé  en  i  i  ou  i  2  heures 
les  3600  livres  de  charbon  que  la  chaleur 
obfcure  n'a  conlommé  qu'en  quinze  jours, 
elle  n'a  donc  eu  que  la  trentième  partie 
de  l'aliment  du  feu  libre,  puifqu'il  y  a  eu 
v|rente  fois  autant  de  temps  employé  à  k 


'I I  o     IntroâuŒon  a  l'HiJlolre 

confonimation  de  la  matière  combuftibîe, 
&  en  même  temps  il  y  a  eu  environ  fept 
cents  vingt  fois  moins  d'air  ou  de  vapeurs 
employées  à  cette  combuRion.  Néanmoins 
ies  effets  de  cette  chaleur  obfcure  ont  été 
ies  mêmes  que  ceux  du  feu  libre ,  car  iL 
auroit  fallu  quinze  jours  de  ce  feu  violent 
&  animé  pour  calciner  les  pierres  au  même 
degré  qu'elles  l'ont  été  par  la  chaleur  feule  ; 
ce  qui  nous  démontre  d'une  part  l'immenfe 
déperdition  de  la  chaleur  îorfqu'elle  s'exhale 
avec  les  vapeurs  &  la  flamme,  &l  d'autre 
part  les  grands  effets  qu'on  peut  attendre  j 
de  fa  concentration,  ou  pour  mieux  dire , 
de  fà  coërcion  ,  de  fa  détention.  Car  cette 
chaleur  retenue  &  concentrée  ayant  pro- 
duit les  mêmes  effets  que  le  feu  libre  Sl 
violent,  avec  trente  fois  moins  de  matière 
combuftibîe  &  fept  cents  vingt  fois  moins 
d'air ,  &  étant  fuppofée  en  raiion  compofée 
de  ces  deux  élémens ,  on  doit  en  conclure 
que  dans  nos  grands  fourneaux  à  fondre 
îes  mines  de  fer,  il  fe  perd  vingt-un  mille 
fois  plus  de  chaleur  qu'il  ne  s'en  applic[ue , 
fbit  à  la  mine,  foit  aux  parois  du  fourneau  ; 
en  forte  qu'on  imagineroit  que  ies  four- 
neaux de  réverbère  où  la  chaleur  eft  plus 


(les  Minénwx ,  Parlie  Exp.  i  i  î 
concentrée ,  devroient  produire  le  feu  le 
y)Ins  puifTant.  Cependant  j'ai  acquis  la 
preuve  du  contraire,  nos  mines  de  fer  ne 
s'éiant  pas  même  aglutinées  par  le  feu  de 
réverbère  de  la  glacerie  de  Rouelles  en 
Bouroogne,  tandis  qu'elles  fondent  en 
moinf  de  i  2  heures  au  feu  de  mes  four- 
neaux à  foufflets  :  cette  différence  tient  au 
principe  que  j'ai  donné;  le  feu  par  (a 
xhede  ou  par  Ion  volume ,  produit  des 
effets  tous  différens  fur  certaines  llibllances' 
telles  que  la  mine  de  fer;  tandis  que  fur 
d'autres  fubliances  telle  que  la  pierre  cal- 
caire ,  il  peut  en  produire  de  femblabîes. 
La  fufion  eft  en  général  une  opération 
prompte  qui  doit  avoir  plus  de  rapport 
avec  la  vîteffe  du  feu  que  la  calcination 
qui  eft  prefque  toujours  lente  ,  &  qui  doit 
dans  bien  des  cas  avoir  plus  de  rapport 
au  volume  du  feu  ou  à  ion  long  féjour, 
qu'à  fa  vîteffe.  On  verra  par  l'expérience 
fuivante  ,  que  cette  même  chaleur  retenue 
&  concentrée  n'a  fait  aucun  effet  fur  la 
mine  de  fer. 

Deuxième  expérience. 

Dans  ce  mêaie  fourneau  de  23  pieds 


II?     Inîroduâïon  à  THifloire 

de  hauteur ,  après  avoir  fondu  de  la  mins 
de  fer  pendant  environ  quatre  mois ,  je 
fis  couler  les  dernières  gueufes  en  rem- 
piilîant  toujours  avec  du  charbon ,  mais 
iàns  mine ,  afin  d'en  tirer  toute  la  matière 
fondue  ;  &  quand  je  me  fus  afliiré  qu'il 
n'en  reftoit  plus ,  je  fis  ceiïer  le  vent , 
boucher  exatftement  l'ouverture  de  la 
tuyère  &  celle  de  la  coulée  qu'on  maçonna 
avec  de  la  brique  &  du  mortier  de  giaife 
mêlé  de  fable.  Enfuite  je  fis  porter  fur 
ie  charbon  autant  de  mine  qu'il  pouvoit 
en  entrer  dans  le  vide  qui  étoit  au-de(îus 
du  fourneau  ;  il  y  en  entra  ceue  première 
fois  vingt- fept  mefures  de  60  livres ,  c'eft- 
à-dire  i  620  livres  pour  affleurer  le  niveau 
du  gueulard ,  après  quoi  je  fis  boucher 
cette  ouverture  avec  la  même  placjue  de 
forte  tôle  &  du  mortier  de  giaife  &  fable, 
&  encore  de  la  poudre  de  charbon  en 
grande  quantité  :  on  imagine  bien  quelle 
immenfe  chaleur  je  renfermois"  ainfi  dans 
ie  fourneau ,  tout  le  charbon  en  étoit 
allumé  du  haut  en  bas  îorfque  je  fis  cefier 
le  vent  ;  toutes  les  pierres  des  parois 
étoient  rouges  du  feu  qui  les  pénétroit 
depuis  quatre  mois;  toute  cette  chajfui 


tJes  Minéraux,  Partie Exp.    1 1  3 
ne  pouvoir  s'exhaler  que  par  deux  petites 
fentes  qui  s'étoient  faites  au  mur  du  four- 
neau ,  &  que  je  fis  remplir  de  bon  mortier, 
alla  de  lui  ôter  encore  ces  iflues  :  trois 
jours  après  je  fis  déboucher  ie  gueulard , 
ÔL  je  vis ,   avec    quelque  furprite  ,  que 
malgré  cette  chaleur  immenfe  renfermée 
dans  le    fourneau,    le    charbon  ardent, 
quoique  comprimé  par  la  mine  &  chargé 
de  I  620  livres,  n'avoit  baiffé  que  de  1  6 
pouces  en  trois  jours  ou  72  heures.  Je 
fis  fur  le  champ  remplir  ces  1  6  pouces  de 
vide  avec  2  5  mefures  de  mine  ,  pefantes 
enfemble  i  500  livres.  Trois  jours  apisès 
je  fis  déboucher   cette  même  ouverture 
j  du  gueulard ,  &  je  trouvai  le  même  vide 
"  de  I  é  pouces ,  &  par  conféquent  la  même 
diminiuion,  ou   fi    l'on   veut,  le  même 
affaifTement  du  charbon  ;   je  fis  remplir 
de   même   avec    1500    livres   de    mme , 
ainfi  il  y  en  avoit  déjà  4620  livres  furie 
charbon  qui  étoit  tout  embrafé  lorlqu'on 
avoit  commencé  de  fermer  le  fourneau. 
Six  jours  après  je  fis  déboucher  le  gueulard 
pour  la  troifième  fois,  &  je  trouvai  que 
]^endant  ces  fix  jours  le  charbon  n'avoit 
baifîe  que  de  20  pouces,  que  Ton  remplit 


ri  14  Inîroduaïon  à  VHïjloïre 
avec  1860  livres  de  mine;  enfin  neuf 
jours  après  on  déboucha  pour  la  quatrième 
fois,  &  je  vis  que  pendant  ces  neuf  der- 
niers jours  le  charbon  n'avoit  baifle  que 
de  21  pouces,  que  je  fis  remplir  de  1920 
livres  de  mine;  ainfi  il  y  en  avoit  en  tout 
84ooJivres:  on  referma  le  gueulard  avec 
les  mêmes  précautions,  &  le  lendemain, 
c'eft-à-dire  vingt -deux  jours  ajnès  avoir 
bouché  pour  la  première  fois ,  je  fis  rom- 
pre la  petite  maçonnerie  de  briques  qui 
bouchoit  l'ouverture  de  la  coliiée  en 
laiiïànt  toujours  fermée  celle  du  gueulard, 
afin  d'éviter  le  courant  d'air  qui  auroit 
enflammé  le  charbon.  La  première  chofe 
que  l'on  tira  par  l'ouverture  de  la  coulée, 
furent  des  morceaux  réduits  en  chaux 
dans  l'ouvrage  du  fourneau  ;  on  y  trouva 
auffi  quelques  petits  morceaux  de  mâche- 
fer ,  quelques  autres  d'une  fonte  mal 
digérée,  &  environ  une  livre  &  demie 
de  très-bon  fer  qui  s'étoit  formé  par 
coagulation.  On  tira  près  d'un  tombereau 
de  toutes  ces  matières,  parmi  lefquelles 
il  y  avoit  auffi  quelques  morceaux  de 
mine  brûlée  &  prefque  réduite  en  mauvais 
laitier;  cette  mine  hmlé^  ne  provenait 


des  Minéraux,  Partie  Exp.  i  i  5 
3as  de  celle  que  j'avois  fait  impoier  fur 
es  charbons  après  avoir  fait  cefîer  le  vent , 
mais  de  celle  qu'on  y  avoit  jetée  fur  la  fin 
Ju  fondage ,  qui  s'étoit  attachée  aux  parois 
Ju  fourneau ,  &  qui  enfuite  étoit  tombée 
dans  le  creufet  avec  les  parties  de  pierres 
calcinées  auxquelles  elle  étoit  unie. 

Après  avoir  tiré  ces  matières,  on  fit 
tomber  le  charbon  ;  le  premier  qui  parut 
étoit  à  peine  rouge  ;  mais  dès  qu'il  eut 
de  l'air ,  il  devint  très-rouge  ;  on  ne  perdit 
pas  un  infiant  à  le  tirer ,  &  on  l'éteignoit 
en  même  temps  en  jetant  de  l'eau  deiîus. 
Le  <yueulard  étant  toujours  bien  ^rmé  , 
on  ttra  tout  le  charbon  par  l'ouverture 
de  la  coulée ,  &  auffi  toute  la  mine  dont 
je  Pavois  fait  charger.  La  quantité  de  ce 
charbon  tiré  du  fourneau ,  montoit  à  cent 
ctuinze  corbeilles  ;  en  forte  que  pendant  ces 
vingt-deux  jours  d'une  chaleur  fi  violente , 
il  paroifToit  qu'il  ne  s'en  étoit  confumé 
que  dix  -  fept  corbeilles  ,  car  toute  la 
capacité  du  fourneau  n'en  contient  que 
cent  trente  -  cinq  ;  &  comme  il  y  avoit 
I  6  pouces  \  de  vide  lorfqu'on  le  boucha , 
il  faut  déduî^re  deux  corbeilles  qui  auroient 
été  nécefTaires  pour  remplir  ce  vide. 


I  I  6    Introduâion  à  l'Hifioire 

Étonné  de  cette  exceili veinent  petrtéij 
confommation  du  charbon  pendint  vingt- 
deux  jours  de  l'aclion  de  la  plus  violente 
chaleur  qu'on   eût   jamais  enfermée  ,  je 
regardai  Li^z  charbons  de  plus  près ,  &  ]0i 
vis  que  quoiqu'ils  tjSItnx.  aufTi  peu  perdiii 
fur  leur    volume ,  ils   avoient  beaucoup 
perdu  fur  leur  mp.fTe  ,  &;  que  quoique  l'eau 
avec  laque'îe  on  les  avoit  éteints  leur  eût 
rendu  du  poids,  ils  étoient  encore  d'en^ 
viron  wn  tiers  plus  légers  que  quand  on 
les  avoit  jetés  au  fourneau  ;  cependant  les  < 
ayant  fait  tranfporteT  aux  petites  chauffe-- ■ 
ries  des  martinets  &  de  la  batterie,  ils  le 
trouvèrent  encore  aOez  bons  pour  chaufler, 
même  à  blanc ,  les  petites  barres  de  fer  ' 
qu'on  fait  pafier  fous  ces  marteaux. 

On  avoit  tiré  la  mine  en  même  temps 
que  le  charbon ,  &  on  l'avoit  foigneufe- 
ment  féparée  &  mife  à  part;  la  très-violente 
chaleur  qu'elle  avoit  efluyée  pendant  uiV 
fi  long  temps  ne  l'avoit  ni  fondue  ni 
brûlée ,  ni  même  aglutinée ,  le  grain  en 
étoit  feulement  devenu  plus  propre  Ôl  plus 
luifant;  le  fibîe  vitrefcible  &  les  petits- 
cailloux  dont  elle  étoit  mêlée  ne  s'étoieni 
point  fondus ,  &  il  me  parut  qu'elle  n'a  voit 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    117 

perdu   que   l'humidittf    qu'elle   contenoit 
lauparavant ,  car  elle  n'avoit  guère  diminué 
que  d'un  cinquième  en  poids  &  d'environ 
un  vingtième  en  volume,  &:  cette  dernière 
quantité  s'étoit  perdue  dans  les  charbons. 
I     II  rélulte  de  cette  expérience:  i .°  Que 
la  plus  violente  chaleur  &  la  plus  concen- 
trée pendant  un  très-long  temps,  ne  peut, 
fans  le  fecours  &  le  renouvellement  de 
i'air,  fondre    la  mine  de  fer,  ni  même 
ie  fable  vitrefcible ,  tandis  qu'une  chaleur 
de  même  efpèce   &   beaucoup  moindre 
peut  calciner  toutes  les  matières  calcaires  : 
Z°  Que  le  charbon  pénétré  de  chaleur 
ou   de  feu ,   commence   à   diminuer  de 
maffe  long-temps  avant  de  diminuer  de 
volume ,  &  que  ce  qu'il  perd  le  premier, 
font  les  parties  les  plus  combuflibles  qu'il 
contient.  Car  en  comparant  cette  féconde 
expérience  avec  la   première,  comment 
fe  pourroit-il  que  la   même   quantité  de 
charbon  fe  confomme  plus  vite  avec  une 
chaleur  très-médiocre ,  qu'à  une  chaleur 
cje  la  dernière  violence ,  toutes  deux  éga- 
kment  privées  d'air  ,  également  retenues 
&  concentrées  dans  le  même  vaiffeau  clos  ! 
Pans  la  première  expérience ,  le  charbon 


1 1  8  Introdiiâîôh  à  l'HIJIotre 
qui ,  dans  une  cavité  prefque  froide  ; 
n'avoit  éprouvé  que  la  légère  imprefTion 
d'un  feu  qu'on  avoit  étouffé  au  niomeni 
que  la  ilamnie  s'étoit  montrée ,  avoit  néan- 
moins diminué  des  deux  tiers  en  quinze 
jours  ;  tandis  que  le  même  charbon  en- 
flammé autant  qu'il  pouvoit  l'être  par  k 
vent  des  foufïïets,  ôl  recevant  encore  h 
chaleur  immenfe  des  pierres  rouges  dt 
feu  dont  il  étoit  environné,  n'a  pas  diminue 
d'un  fixième  pendant  vingt- deux  jours. 
Cela  feroit  inexplicable  fi  l'on  ne  faifoii 
pas  attention  que,  dans  ie  premier  cas. 
ie  charbon  avoit  toute  fa  denfué  ,  & 
contenoit  toutes  fes  parties  combuflibles  ; 
au  lieu  que  dans  le  lecond  cas  où  il  étoii 
dans  l'état  de  la  plus  forte  incandelcence. 
toutes  fes  parties  les  plus  combuftiblei 
étoient  déjà  brûlées.  Dans  la  première 
expérience  ,  la  chaleur  ,  d'abord  très- 
médiocre  ,  alloit  toujours  en  augmentant 
à  mefure  que  la  combufiion  augmentoi' 
&  fe  communiquoit  de  plus  en  plus  ài 
îa  malle  entière  du  charbon.  Dans  la 
féconde  expérience,  la  chaleur  excefîive 
aîloit  en  diminuant  à  mefure  que  le  charbon 
achevoit  de  brûler ,  à.  il  ne  pouvoit  plus 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    i  ïp 

former  autant  de  chaleur,  parce  que  (à 

combuflion  étoit  fort  avancée  au  moment 

ju'on  la  voit  enfermé.  C'eft-là  la  vraie 

:aufe    de   cette    différence    d  effets.    Le 

:harbon    dans    ia   première   expérience, 

:ontenant  toutes  fes  parties  combuftibles, 

jrûloit  mieux  &  fe  confumoit  plus  vite 

]ue  celui  de  la  féconde  expérience ,  qui 

le  contenoit  prefque  plus  de  matière  com- 

)uflible,  &  ne  pouvoit  augmenter   fon 

eu  ni  même  l'entretenir  au  même  degré 

[ue  par  l'emprunt  de  celui  des  murs  du 

iburneau  ;  c'eil  par  cette  feuïe  raifon  que 

a  combufîionalloit  toujours  en  diminuant, 

k  qu'au  total  elle  a  été  beaucoup  moindre 

Si:  plus  lente  que  l'autre  Cjui  ailoit  toujours 

:n  augmentant  &:  qui  s'eft  f lite  en  moins 

;  Je  temps.  Lorfque  tout  accès  eft  fermé 

;  i  l'air ,   &  que  les  matières   renfermées 

l'en  contiennent  que  peu  ou  point  dans 

■  eur  fubftance,  elies  ne  fe  confumeront 

:  pas ,  quelque  violente  que  foit  ia  chaleur  ; 

:  mais  s'il  refte  une  certaine  quantité  d'air 

I  entre  les  interfïices  de  la  matière  corn- 

buftible,  elle  le  confumera  d'autant  plus 

vite  &  d'autant  plus  qu'elfe  pourra  four- 

,  nir  elle  -  même  une  plus  grande  quantité 


:i2  0     IntroduâîOH  à  l'HiJIohie 

d'air  :   3 .""  H  réfulte  encore  de  ces  expé- 
riences ,  que  la  chaleur  la  plus  violente , 
dès  qu'elle  n'eft  pas  nourrie  ,  produit  moins 
d'effet  que  la  plus  petite  chaleur  qui  trouve 
de  l'aliment;  la  première   efl:    pour   ainfi 
dire  une  chaleur  morte  qui  ne  le  fait  fentir 
que  par  fa  déperdition  ;  l'autre  eft  un  feu  | 
vivant    qui    s'accroît   à   proportion    des' 
alimens  qu'il  confume.  Pour  reconnoître 
ce  que  cette  chaleur  morte,  c'eft-à-dire; 
cette    chaleur    dénuée    de   tout   aliment 
pouvoit  produire,  j'ai   fait    l'expérience 
fiiivante. 

Troisième  expérience. 

Après  avoir  tiré  du  fourneau,  pat 
i'ouverture  de  la  coulée ,  tout  le  charbon 
qui  y  ctoit  contenu ,  &  l'avoir  entièrement 
vidé  de  mine  &.  de  toute  autre  matière ,  | 
je  fis  maçonner  de  nouveau  cette  ouver- 
ture &  boucher  avec  le  plus  grand  foin, 
celle    du    gueulard   en   haut,    toutes   les| 
pierres  des  parois  du  fourneau  étant  encore  i 
cxcefÎJvement  chaudes  ;  l'air  ne  pouvoit 
donc  entrer   dans  le   fourneau   poiar   le 
rafraîchir,  &  la  chaleur  ne  pouvoit  cn| 
fortir  qu'à   travers    des    murs    de    piusj 

de! 


des  M'mérdux ,  Partie  Exp.    121 

de  9  pieds  d'épaifleur  ;  d'ailleurs  il  n'y 
avoit  dans  fa  cavité ,  qui  éioit  ablolunient 
vide ,  aucune  matière  conibullible ,  ni 
même  aucune  autre  matière.  Oblervant 
donc  ce  qui  arriveroit ,  je  m'aperçus  que 
tout  l'effet  de  la  chaleur  fe  portoit  en  haut, 
<5v  que  q'-.oic[ue  cette  chaleur  ne  fût  pas 
idu  feu  vivant  ou  nourri  par  aucune  matière 
Icombuftible ,  elle  fit  rougir  en  peu  de 
temps  la  forte  plaque  de  tôle  qui  couvroit 
îe  gueulard  ;  c{iie  cette  incandefcence 
idonnte  par  la  chaleur  obfcure  à  cetîc 
large  pièce  de  fer  (e  communiqua  par  le 
contadi;  à  toute  la  mafîe  de  poudre  de 
charbon  qui  recouvroit  les  mortiers  de 
cette  plaque  &  enflamma  du  bois  que  je 
fis  mettre  defTus.  Ainfi  la  ieule  évapo- 
ration  de  cette  chaleur  obfcure  &  morte , 
qui  ne  pouvoit  loriir  que  des  pierres  du 
fourneau  ,  produifit  ici  le  même  effet  que 
le  feu  vif  &  nourri.  Cette  chaleur  tendant 
toujours  en  haut  &  fe  réunifiant  toute  à 
l'ouveriiire  du  gueulard  au-deffous  de  la 
plaque  de  fer,  la  rendit  rouge,  lumineufe 
&  capable  d'enflammer  des  matières  com- 
buflibles.  D'où  l'on  doit  conclure  qu'en 
augmentant  la  mafle  de  la  chaleur  obfcure, 
Jom^  VIL  F 


12  2    Introdiiéîion  à  FHijloîre 

on  peut  produire  de  la  lumière  de  fa  même 
manière  qu'en  augmentant  la  mafle  de  la 
lumière  on  produit  de  la  chaleur  ;  que 
dès-lors  ces  deux  fubilances  (ont  récipro- 
quement convertibles  de  {'une  en  l'autre  , 
&  routes  deux  néceflaires  à  l'élément 
du  feu. 

Lori qu'on  enleva  cette  plaque  de  fer 
qui  couvroit  l'ouverture  lupérieure  du 
fourneau ,  &  que  la  chaleur  avoit  fait 
rougir ,  il  en  fortit  une  vapeur  légère  (Se 
qui  parut  enflammée,  mais  qui  fe  diiDpa 
dans  un  indant  :  j'obfervai  alors  les  pierres 
des  parois  du  fourneau ,  elles  me  parurent 
calcinées  en  très  ~  grande  partie  c'^  très- 
profondément  ;  &  en  effet  ayant  laiflc 
refroidir  le  fourneau  pendant  dix  jours , 
elles  le  font  trouvées  calcinées  jufqu'à 
deux  pieds ,  &  même  deux  pieds  &.  demi 
de  profondeur ,  ce  qui  ne  pouvoit  pro- 
venir que  de  la  chaleur  que  j'y  avois 
renfermée  pour  faire  mes  expériences  : 
attendu  que  dans  les  autres  fondages  le 
feu  animé  par  les  foufflets  n'avoit  jamais 
calciné  les  mêmes  pierres  à  plus  de  huit 
pouces  d'épaifleur  dans  les  endroits  où  il 
eft  le  plus  vif,  &  feulement  à  deux  ou 


Jes  Minéraux ,  Partie  Exp.     1 2  3 

trois  pouces  dans  tout  le  refte,  au  lieu 
que  toutes  les  pierres ,  depuis  le  creufet 
jufqu'au  ten  e-plein  du  fourneau ,  ce  qui 
fait  une  hauteur  de  vingt  pieds ,  e'toient 
géne'ralement  réduites  en  chaux  d'un  pied 
&  demi,  de  deux  pieds,  &  même  de 
deux  pieds  &:  demi  d'épaifleur  :  comme 
cette  chaleur  renfermée  n'avoit  pu  trou- 
ver d'ifTue,  elle  avoit  pénétré  les  pierres 
bien  plus  profondément  que  la  chaleur 
courante. 

On  pourroit  tirer  de  cette  expérience 
les  moyens  de  cuire  la  pierre  &  de  faire 
de  la  chaux  à  moindres  frais  ,  c'eft-à-dire , 
de  diminuer  de  beaucoup  la  quantité  de 
bois  en  fe  fervant  d'un  fourneau  bien 
fermé  au  lieu  de  fourneaux  ouverts  ;  i\ 
ne  faudroit  qu'une  petite  quantité  de 
charbon  pour  convertir  en  chaux,  dans 
moins  de  quinze  jours ,  toutes  les  pierres 
contenues  dans  le  fourneau,  &  les  murs 
même  du  fourneau  à  plus  d'un  pied 
d'épaiiïeur ,  s'il  étoit  bien  exadement 
fermé. 

Dès  que  le  fourneau  fut  afîez  refroidi 
pour  permettre  aux  ouvriers  d'y  travailler, 
on  fut  obligé  d'en  démolir  tout  l'intérieur 

Fi; 


124    Inîwdiiâion  a  VHïjlohe 
du  haut  en  bas ,  fur  une  épaifTeur  circulaire 
de  quatre  pieds ,  on  en  tira  5  4  muids  de 
chaux  ,  fur  laqueile  je  fis  les  obiervations 
fui  vantes  :    i .°  toute  cette  pierre  ,  dont  la 
calcinaîion  s'étoit  fliite  à  feu  lent  &  con- 
centré ,  n'étoît  pas  devenue  aufll  légère 
que  la  pierre  calcinée  à  la  manière  ordi- 
naire ;  celie-ci,  comme  je  l'ai  dit,  perd 
à  très -peu  près  la  moitié  de  Ton  poids, 
&  celle  de  mon  fourneau  n'en  avoit  perdu 
qu'environ   trois   huitièmes;   2.°  eile  ne 
faifit  pas  l'eau  avec  ia  même  avidité  que 
la   chaux  vive   ordinaire  ;    lorfqu'on  l'y 
plonge,    elle   ne   donne   d'abord    aucun 
ficrne  de  chaieur  ni  d'ébuîlition,  mais  peu  . 
aiTrès  elle  Te  gonfle,  fe  divife  &  s'élève, 
en    forte    qu'on   n'a    pas   befoin    de    la 
remuer  comme  on  remue  ia  chaux  vive 
ordinaire  pour  l'éteindre  ;  3  .°  cette  chaux 
a  une  faveur  beaucoup  plus  acre  que  la 
chaux  commune,  elle  contient  par  confé- 
qaent  beaucoup  plus  d'ajkaii  fixe  ;  4.''  elfe 
e(l  infiniment  meilleure-,  plus  liante  &  plus 
forte    que    l'autre    chaux  ,    &    tous    le$ 
ouvriers   n'en    emploient  qu'environ  les 
deux  tiers  de  l'autre,  &   affurent  que  le 
laortier  eil  encore  excellent;     5.°  cette 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.     125' 

chaux  ne  s'éteint  à  l'air  qu'après  un  temps 
très-long ,  tandis  qu'il  ne  faut  qu'un  jour 
ou  deux  pour  re'duire  la  chaux  vive 
commune  en  poudre  à  l'air  libre,  celle-ci 
Téfifle  à  l'impreflion  de  l'air  pendant  un 
jnois  ou  cinq  femaines;  6.°  au  lieu  de  fe 
réduire  en  farine  ou  en  poufîière  fèche 
comme  la  chaux  commune  ,  elle  conferve 
fon  volume ,  &  îorfqu'on  la  divife  en 
l'écrafant ,  tome  la  mafTe  paroît  dudile 
&:  pe'nétrée  d'une  humidité  grafle  &  liante, 
qui  ne  peut  provenir  que  de  l'humide  de 
l'air  que  la  pierre  a  puifîamment  attiré  <Sc 
abforbé  pendant  les  cinq  femaines  de 
temps  employées  à  fon  extindion  :  Au 
refte ,  la  chaux  que  l'on  tire  commAi- 
jiément  des  fourneaux  de  forge  a  toutes 
ces  mêmes  propriétés  ;  ainfi  la  chaleur 
obfcure  &  lente  produit  encore  ici  \^>» 
mêmes  effets  que  le  feu  le  plus  vif  &  le 
plus  violent. 

Il  foriit  de  cette  démolition  de  l'intérieur 
du  fourneau ,  2. 3  2.  quartiers  de  pierres  de 
taiiie,  tous  calcinés  plus  ou  moins  pro- 
fondément; ces  quartiers  avoient  commu- 
nément quatre  pieds  de  longueur,  la  pluj:)art 
etoient  en  chaux  jufqu'à dix-huit  pouces, 

F  iij 


12,6    Inîrocluâion  à  V Hlflohe 

ôc  hs  autres  à  deux  pieds,  &  même  deux 
pieds  &  demi,  &  cette  ponion  calcinée 
fe  fe'paroit  ailénient  du  refle  de  la  pierre 
qui  e'toit  faîne  &  même  plus  dure  que 
quand  on  l'avoit  pofée  pour  bâiir  le 
fourneau.  Cette  obiervation  m'engagea  à 
faire  les  expériences  fui  vantes. 

Quatrième  expérience. 

Je  fis  pefer  dans  l'air  &  dans  l'eau  trois 
inorceaux  de  ces  pierres  Cjui,  comme  l'on 
voit,  avoient  fubi  la  plus  grande  chaleur 
qu'elles  pufTent  éprouver  lans  le  réduire 
€n  chaux,  &:  j'en  comparai  la  pefanteur 
fpécifique  avec  celles  de  trois  autres 
jnorceaux  à  peu-près  du  même  volume , 
que  j'avois  fait  prendre  dans  d'autres 
quartiers  de  cette  même  pierre  qui  n'a-* 
voient  point  été  employés  à  la  conllruc- 
îion  du  fourneau ,  ni  par  conféquent 
chaufïés ,  mais  qui  avoient  été  tirés  de  la; 
Blême  carrière  neuf  mois  auparavant ,  & 
qui  étoient  reftés  à  rexpofition  du  foleil 
&  de  l'air.  Je  trouvai  que  la  pefanteur 
fpécifique  des  pierres  échauffées  à  ce  grand 
feu  pendant  cinq  mois  avoit  augmenté , 
qu'elle   étoit    conflamment  plus  grande 


des  Aâinéraux ,  Partie  Ex  p.     i  27 

que  celle  de  la  même  pierre  non  échauffée, 
d*un  8  I  .*"  fur  le  premier  morceau ,  d'un 
po.*"  fur  le  fécond,  &  d'un  85/  fur  ie 
troifième  ;  donc  la  pierre  chauffée  au 
deo^ré  voifin  de  celui  de  la  cakiiiation 
gagne  au  moins  un  86.''  de  mafle,  au 
l:eu  qu'elle  en  j^ierd  trois  huitièmes  par 
îa  calcination  qui  ne  fuppofe  qu'un  degré' 
de  chaleur  de  plus.  Cette  différence  ne 
peut  venir  que  de  ce  qu'à  un  certain 
degré  de  violente  chaleur  ou  de  feu ,  tout 
Tair  &  toute  l'eau  transformés  en  matière 
fixe  dans  ïa  pierre ,  reprennent  leur  pre- 
mière nature ,  leur  élafticité ,  leur  volatilité , 
&  que  dès-lors  ils  fe  dégagent  de  la  pierre 
&  s'élèvent  en  vapeurs  ,  que  le  feu  enlève 
&  entraîne  avec  lui.  Nouvelle  preuve  que 
ia  pierre  calcaire  eft  en  très-grande  partie 
compoiée  d'air  fixe  &  d'eau  fixe  faifis 
&  transformés  en  matière  folide  par  le 
filtre  animal. 

Après  ces  expériences  j'en  fis  d'autres 
fur  cette  même  pierre  échauffée  à  un 
moindre  degré  de  chaleur,  mais  pendant 
un  temps  aufîi  long;  je  fis  détacher  pour 
cela  trois  morceaux  des  parois  extérieures 
de  la  lunette  delà  tuyère,  dans  un  endroit 

F  iii; 


128     Inîroduâîon  à  VHijloire 

où  la  chaleur  étoit  à  peu -près  Je  pj 
degrés ,  parce  que  le  foufre  appliqué 
contre  la  muraille  s'y  ramoliiffoit  &  com- 
luençoit  à  fondre ,  &  que  ce  degré  de 
chaleur  cil  à  très -peu  près  ceiui  auquel 
ie  foufre  entre  en  fufion.  Je  trouvai  par 
trois  épreuves  (enibiable.N aux  précédentes, 
que  cette  même  pierre  chaulîée  à  ce  degré 
pendant  cinq  mois,  avoii:  augmenté  en 
pefanteur  fpécifiqiie  d'un  6  5',  c'eil-à-diœ, 
de  prefque  un  quart  de  plus  que  celie 
qui  avoit  éprouvé  le  degré  de  chaleur 
voifm  de  celui  de  la  calcinaiion ,  &  je 
conclus  de  cette  diiiérence  q».  e  l'effet  de 
ia  calcination  comiuençoit  à  le  prépare4: 
dans  la  pierre  qui  avoit  fjbi  le  pliis  giand 
feu  ,  au  lieu  que  celle  cpii  n'avoit  éprouvé 
qu'une  moindre  chaieiu' ,  avoit  confervé 
toutes  les  parues  fixes  qu'elle  y  avoit 
dépofées. 

Pour  me  fatisfaire  pleinement  fur  ce. 
fujet ,  &  reconnoître  fi  toutes  les  pierres 
calcaires  augmentent  en  peianieur  ipéci- 
fîque  par  une  chaleur  conîlamment  & 
long-temps  appliquée  ,  je  fis  fix  nouvelles 
épreuves  iiir  deux  autres  efpèces  de  pierres. 
Celie  dont  étoit  conilruit  l'intérieur  de 


ries  Minérmix ,  Partie  Exp.    ii^ 

mon  fourneau ,  &  qui  a  fervi  aux  expé- 
riences précédentes ,  s'appelle  dans  le  pays 
pierre  à  feu ,  parce  qu'elle  réfifle  plus  à 
i'aélion  du  feu  que  toutes  les  autres  pierres 
calcaires.  Sa  lubflance  efl   compolcc  de 
petits  graviers  calcaires  liés  enfemble  par 
un  ciment  pierreux  qui  n'eft  pas  fort  dur, 
&i  c[ui  laide  quelques  interdices  vides  ;  fa 
pefanteur  eil  néanmoins  plus  grande  cpe 
celle  des  autres  pierres  calcaires  d'environ 
un    20.^    En    ayant    éprouvé    plufieurs 
morceaux  au  feu  de  mes   chaufferies,  il 
a  fallu  pour  les  calciner  plus  du  double 
du  temps  de  celui  qu'il  falloit  pour  réduire 
en  chaux  les  autres  pierres  ;  on  j^eut  donc 
être  alTuré  que  les  expériences  précédentes 
ont  été  fiites  fur  la  pierre  calcaire  la  plus 
ré fi liante  au  feu.   Les  pierres  auxquelles 
je  vais  la  comparer ,  étoient  auiîi  de  très- 
bonnes  pierres   calcaires  dont  on  fût  la 
plus  belle  taille  pour  les  bâtimcns,  l'une 
a  le   grain  fin  &  prcfque  auffi  ferré  que 
celui  du  marbre  ;  l'autre  a  le  grain  un  peu 
plus  gros ,  mais  toutes  deux  font  compactes 
&.  pleines,  toutes  deux  font  de  Texcellente 
chaux  grile ,  plus  liante  &  plus  forte  cjue 
ia  chaux  commune  qui  elVpius  blanche. 

F  V 


130     hiîw^iuâïon  à  J'HîJloh'c 

En  pefant  dans  l'air  &  dans  i'eau  iiofs 
morceaux  chaufFés  &  trois  autres  non 
chauffés  de  cette  première  pierre  dont 
le  grain  étoit  le  plus  fin ,  j'ai  trouve  qu'elle 
avoir  gagné  un  5  6.*"  en  pefanteur  fpéci- 
fique  ,  j:)ar  l'application  confiante  pendant 
cinq  mois,  d'une  chaleur  d'environ  po 
degrés,  ce  que  j'ai  reconnu  ,  parce  qu'elle 
étoit  voifine  de  celle  dont  j'avois  fait  caïTer 
les  morceaux  dans  la  voûte  extérieure  du 
fourneati ,  &:  que  le  foufre  ne  fondoit  plus 
contre  Tes  parois  ;  en  ayant  donc  fait 
enlever  trois  morceaux  encore  chauds  pour 
les  pefer  ,  &.  comparer  avec  d'autres 
morceaux  de  la  même  pierre  qui  étoient 
reftés  expofés  à  l'air  libre ,  j'ai  vu  que 
l'un  des  morceaux  avoit  augmenté  d'un 
60^;  le  fécond  d'un  62";  le  troifième 
d^un  56^.  Ainfi  cette  pierre  à  grain  très- 
fin  a  augmenté  en  pelanteur  ipécifique 
de  près  d'un  tiers  de  plus  que  la  pierre 
à  feu  chauffée  au  degré  voifin  de  celui 
de  la  calcination ,  &  aufTi  d'environ  un 
y,"  de  plus  que  cette  même  pierre  à  feu 
chauffée  à  5)  5  degrés,  c'efl-à-dire ,  à  une 
chaleur  à  peu -près  égale. 

La  féconde  pierre ,  dont  le  grain  étoif 


(Jes  Minéraux,  Pariie  Exp.    i  3  i" 

îHoins  fin,  fornioit  une  afîiie  ent'^èie  de 
la  voûte  extérieure  du  fourneau ,  &  je  fus 
maître  de  choifiries  morceaux  dont  j'avois 
befoin  pour  l'expérience  ,  dans  un  quartier 
qui  avoit  fubi  pendant  ie  même  temps  de 
cinq  mois  le  même  degré  ^  5  de  chaleur 
que  la  pierre  à  feu  ;  en  ayant  donc  fiit 
cafTer  trois  morceaux,  &  m'étant  muni 
de  trois  autres  qui  n'av oient  pas  été 
chauffés  ,  je  trouvai  que  l'un  de  ces 
morceaux  chauffés  avoit  augmenté  d'un 
54""  ;  ie  fécond  d'un  63*^^:  &  le  troifième 
d'un  66^  \  ce  qui  donne  pour  la  mefure 
moyenne  un  6 1  /  d'augmentation  en 
pefanteur  fpécihque. 

Il  réfuiie  de  ces  expériences  ,  i ."  que 
toute  pierre  calcaire  chauffée  pendant 
long  -  temps  ,  acquiert  de  ia  mafie  .  &■ 
devient  plus  pei-ante  ;  cette  augmentation' 
ne  peut  venir  que  des  particules  de  cha- 
leur qui  la  pénètrent  ôl  s'y  uniffent  par 
leur  longue  réfidence ,  &  qui  dès  -  iors 
en  deviennent  partie  conilituante  fous  une 
forme  fixe  :  2.®  que  cette  augmentation 
de  pefanteur  fpécifique  étant  d'un  6  i  .* 
ou  d'un  56.*^  ou  d'un  65/  ne  fe  trouve 
varier  ici  que  par  ia  nature  des  différentes 

F  y) 


132     Iiitroduâîon  a  VHljlohs 

pierres  ;  que  celies  dont  le  grain  efl  îe  i 
plus  fin  ,  font  celles  dont  la  chaleur  i 
augmente  le  plus  la  mafle ,  &  dans  lef-  | 
quelles  les  pores  étant  plus  petits,  elle 
fe  iixe  plus  aifément  &  en  plus  grande 
quantité  :  3 ."  que  la  quantité  de  chaleur 
qui  (e  fixe  dans  la  pierre  eil  encore  bien 
plus  grande  que  ne  le  Ai'ii^wQ.  ici  l'aug- 
mentation de  la  malTe  ;  car  la  chaleur 
avant  de  fe  fixer  dans  la  pierre,  a  com- 
mencé  par  en  chafîer  toutes  les  parties 
humides  qu'elfe  contenoit,  on  fait  qu'en 
didiliant  la  pierre  calcaire  dans  vai^t  cornue 
bien  fermée  ,  on  tire  de  l'eau  pure  julqu'à 
concurrence  d'un  (eizicme  de  ion  poids  : 
mais  comme  une  chaleur  de  9  5  degrés  , 
quoiqu'appliquée  pendant  cinq  mois  , 
pourroir  néanmoins  produire  à  cet  égard 
de  moindres  efiets  cjue  le  feu  violent 
cju'on  applique  au  vaifJeau  dans  lequel  on 
diilille  la  pierre,  réduiibns  de  moitié  (Se 
mêiiie  des  trois  quarts  cette  quantité  d'eau 
enlevée  à  la  pierre  par  la  chaleur  de  c)  5 
degrés,  on  ne  pourra  pas  difconvenir 
qiie  la  quantité  de  chaleur  qui  s'efr  fixée 
Uâ="-s  cène  pierre  ,  ne  foit  d'abord  d'un 
60^^.  indiqué   par   l'augmentation  de  ia 


''des  Minéraux,  Partie  Exp.    133^ 

pefnnteur  fpécifique  ,  &  encore  d'un  64,* 
pour  le  quart  de  la  quantité'  d'eau  qu'elle 
contenoit,  &  que  cette  chaleur  aura  fait 
ionir;  en  forte  qu'on  peut  aflurer,  fans 
craindre  de  ie  tromper ,  que  la  chaleur 
qui  ])énèLre  dans  la  pierre  lui  étant  appli- 
j  que'e  pendant  long-temps ,  s'y  fixe  en  afïez 
grande  quantité  pour  en  augmenter  la 
mafîe  tout  au  moins  d'un  trentième,  même 
dans  la  fuppofition  qu'elle  n'ait  chalTé 
pendant  ce  long  temps  que  le  quart  de 
1  eau  que  la  pierre  contenoit. 

CiN quième  expérience, 

To  u  T  E  s  les  pierres  calcaires  dont  la 
pefanteur  fpe'cifrque  augmente  par  la 
longue  application  de  la  chaleur,  acquièrent 
par  cette  efpèce  de  defsèchement  j:>lus  de 
dureté  qu'elles  n'en  avoient  auparavant. 
Voulant  reconnoître  fi  cette  dureté  feroit 
durable,  &  fi  elles  ne  perdroient  pas  avec 
le  temps  ,  non  -  feulement  cette  qualité  , 
mais  celle  de  l'augmentation  de  denfité 
qu'elles  avoient  acquife  par  la  chaleur  ; 
je  fis  expofcr  aux  injures  de  l'air  plufieurs 
parties  de  trois  efpèces  de  pierres  qui 
avoient  feryi  aux  expériences  pftécédentesj 


134    hitroduâwn  a  VHïfloire 

&  qui  toutes  avoient  été  plus  ou  moins 
chauffées  pendant  cinq  mois.  Au  bout  de 
quinze  jours ,  pendant  iefquels  ii  y  avoit 
eu  des  pluies ,  je  les  fis  fonder  &  frapper 
au  marteau  par  le  même  ouvrier  qui  les 
iivoit  trouvées  très -dures  quinze  jours 
auparavant  ;  il  reconnut  avec  moi  que  la 
pierre  à  feu  qui  étoit  la  plus  poreufe  , 
éc  dont  le  grain  étoit  le  plus  gros,  n'étoit 
déjà  plus  aufîi  dure  &  qu'elle  fe  laiffoit 
travailler  plus  aifément.  Mais  les  deux 
autres  efpèces ,  &  fur-tout  celle  dont  le 
grain  étoit  le  plus  fin ,  avoient  confervé 
la  même  dureté ,  néanmoins  elles  la  per- 
dirent en  moins  de  fix  femaines.  Et  les 
ayant  fait  alor.s  éprouver  à  la  balance 
hydroflaiique,  je  reconnus  qu'elles  avoient 
auflî  perdu  une  a(Tèz  grande  quantité  de 
la  matière  fixe  que  la  chaleur  y  avoit 
dépofée.  Néanmoins  au  bout  de  plufieurs 
mois  elles  étoient  toujours  fpécifiquement 
plus  pefantes  d'un  i  50/  ou  d'un  i  60/ 
que  celles  qui  n'avoient  point  été  chauffées. 
La  différence  devenant  alors  trop  difficile 
a  faifir  entre  ces  morceaux  &  ceux  qui 
n'avoient  pas  été*  chauffés,  &  qui  tous 
étoient  égalemeni  expofés  à  l'air ,  je  fus 


des  Miné  faux ,  Partie  Exp.    i  3  5 

forcé  de  borner  là  cette  expérience,  mais 
jje  luis  perfuadé  qu'avec  beaucoup  de 
lemps  ces  pierres  auroient  perdu  toute 
leur  pefantcur  acquiie.  II  en  efl:  de  même 
de  la  dureté ,  après  quelques  mois  d'ex- 
pofition  à  i'air,  les  ouvriers  les  ont  traitées 
tout  audl  aifément  que  les  autres  pierres 
de  même  efpèce  qui  n'avoient  point  été 
chauffées. 

II  réfulte  de  cette  expérience,  que  les 
particules  de  chaleur  qui  fe  fixent  dans 
îa  pierre,  n'y  font,  comme  je  l'ai  dit, 
unies  que  par  force;  que  quoiqu'elle  les 
conferve  après  fon  entier  refroidiffement 
&  pendant  affez  long  -  temps ,  fi  on  la 
préferve  de  toute  humidité  ;  elle  les  perd 
néanmoins  peu-à-peu  par  les  imprefîions 
de  l'air  &  de  la  pluie ,  fans  doute  parce 
que  l'air  &  l'eau  ont  plus  d'affinité  avec 
îa  pierre  que  les  parties  de  la  chaleur  qui 
s'y  étoient  logées.  Cette  chaleur  fixe  n'efl 
plus  active  ,  elle  efl  pour  ainfi  dire  morte , 
&  entièrement  pafîive  ;  dès-lors  bien  loin 
de  pouvoir  chafîer  l'humidité  ,  celle  -  ci 
la  chaffe  à  fon  tour  &  reprend  toutes 
les  places  qu'elle  lui  avoit  cédées.  Mais 
dans  d'autres  matières  qui  n'ont  pas  avec 


î  3  6    Introduâion  à  VHfflorre 

i'eau  autant  d'affinité  que  ïa  pierre  calcaire  ^ 
cette  chaleur  une  fois  fixée  n'y  demeure- 
t-elle    pas   condamment   &   à  toujours  \ 
c'efl:  ce  que  j'ai  cherché  à  conftater  par 
i'expérience  luivante. 

Sixième   expérience,    i 

i 

J'a  I  pris  plufieurs  morceaux  de  fonte 
de    fer,    que    j'ai    fait    cafîer    dans    les 
gueufes  qui  avoient   fervi  plufieurs  fois 
à  foutenir  les  parois  de  ia  cheminée  de 
mon  fourneau ,    &    qui  par  conféquent 
avoient  été  chauifées  trois   fois  pendant, 
quatre  ou  cinq  mois  de   fuite  au  degré, 
de  chaleur  c|ui  calcine  ia  pierre,  car  ces» 
gueufes  avoieiu  foutenu  les  pierres  ou  les 
briques    de   l'intérieur   du    fourneau  ,    & 
n'éîoient  défendues  de  i'aétion  immédiate 
du   feu   que  pTir   une    pierre    épaiiTe  de 
trois    ou    quatre  pouces  qui    fornioit  le 
dernier  rang   des  étalages   du  fourneau; 
ces  dernières  pierres,  ainfi  que  toutes  les 
autres  dont  les  étalages  étoient  conilruits  , 
s'étoient  réduites  en  chaux  à  chaque  fon-, 
dage  ,    &L   la   caicination    avoit   toujours; 
pénétré  de  près  de  huit  pouces  dans  celles 
qui  étoieat  expofees  à  la  plus  vioiente 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    137 

action    du    feu  ;    n-infi    les    gueufes    qui 
n'étoiem  recouvertes  que  de  quatre  pouces 
par  ces  pierres ,  avoient  certainement  fubi 
ie    même  degré  de    feu   que    celui   qui 
produit  la  parfaite  calcinaiion  de  la  pierre, 
&  i'avoicnt,  comme  je  Tai  dit,  fubi  trois 
fois   pend  nt   c[ùatre    ou   cinc[   mois   de 
fuite.  Les  morceaux  de  cette  fonte  de  fer, 
que  je  fis  cafîer  ne  fe  fcparèrent  du  relie 
de  la   gueule  qu'à  coups  de  mafîe  très- 
réiicrés ,  au  iieu  que  des  gueufes  de  cette 
même  fonte,  mais  qui  n'avoient  pas  fubi 
l'adion  du  feu  ,  étoient  très-cafîantes  &  fe 
;  féparoienten  morceaux  aux  premiers  coups 
'  de  mafîe  ;  je  reconnus  dès-iors  que  cette 
fonte  chauftce  à  un  aufîi  grand  feu   & 
pendant  fi  long-temps,  avoit  acquis  beau- 
coup plus  de  dureté  &  de  ténacité  qu'elle 
ï\Qi\   avoit   auparavant ,    beaucoup    plus 
}nême    à   proponion    que    n'en   avoient 
acquis  {es  pierres  calcaires.  Par  ce  premier 
incîice  je   jugeai   que  je   trouverois  une 
diiference  encore    pius    grande   dans   la 
pefanteur  fpécifique  de  ceue  fonte  fi  long- 
temps échauffée.  Et  en  effet ,  le  premier 
morceau    que    j'éprouvai    à   la    balance 
hydroflau'que,  pefcit  dans  i'air  4.  livres 


138      IniroduPiion  à  V Hï floue 

4    onces    3     gros  ,    ou     5  47    gros  ;    ïe 

jnême  morceau  peloit  dans  l'eau  3  livres 

I  I  onces  2  gros  \^  c'eft  -  à  -  dire ,  474 

gros  ^,  ia  dittcrence   eft:  de  72  gros  ~\ 

Teau  dont  je  me  iervois  pour  mes  expé»  i 

riences   peloit   exacftement    70   livres  le 

pied  cube,   &   le  volume  d'eau  déplacé 

])ar   celui  du    morceau    de    cette   fonte , 

pefoit  72  gros^:  ainfi  72  gros^,  poids 

du    volume    de    l'eau    déplacée    j)ar    le 

morceau  de  fonte,  font  à  70  livres  poids 

du  pied  cube  de  l'eau  ,  cojnme  5  47  gros 

poids  du  morceau  de  fonte ,  font  3528 

livres    2   onces    i    gros   47  grains  poids 

du  pied  cube  de  cette  fonte  :  &  ce  poids 

excède    beaucoup  celui  de  cette  même 

fonte  lorfqu'elie    n'a    pas    été    chauffée, 

c'eft  une  fonte  blanche  qui  communément 

eft  très  -  caflante  ,  &  dont  le  poids  n'eft 

que  de  49  5  ou  500  livres  tout  au  plus; 

ainfi    la    pefiuiteur   fpécitique   fe  trouve 

augmentée  de  28  fur  500  ]:)ar  cette  très- 

îongue  application  de  la  chaleur,  ce  qui 

fliit  environ  un  dix-huitième  de  la  mafîe  ; 

je  me  fuis  alTuré  de  cette  grande  différence 

par  cinq  épreuves  fucceiïives  pour  lef* 

<]uellcs  j'ai  eu  atteniion  de  prendre  toujours 


fies  Mbiérmix ,  Partie  Exp.     i  j  y 

(les  morceaux  pefans  chacun  quatre  livres 
au  moins,  &  comparés  un  à  un  avec  des 
morceaux  de  même  figure  &  d'un  volume 
;t  peu  -  près  égal  :  car  quoiqu'il  paroiiïe 
qu'ici  la  différence  du  volume ,  quelque 
grande  qu'elle  loit ,  ne  devroit  rien  faire , 
,&  ne  peut  influer  fur  le  réfultat  de 
l'opération  de  la  balance  hydroilatiquc  ; 
cependant  ceux  qui  font  exercés  à  la 
manier  fe  feront  aperçus ,  comme  moi , 
que  les  réfultats  font  toujours  plus  juftes 
lorfque  les  volumes  des  matières  qu'on 
compare  ne  font  pas  bien  plus  grands 
l'un  que  l'autre.  L'eau ,  quelque  fluide 
qu'elle  nous  paroifle ,  a  néanmoins  un 
certain  petit  degré  de  ténacité  qui  influe 
plus  ou  moins  fur  des  volumes  plus  ou 
moins  grands.  D'ailleurs  il  y  a  très-peu 
de  matières  qui  foient  parfaitement  homo- 
gènes ou  égales  en  pefanteur  dans  toutes 
les  parties  extérieures  du  volume  qu'on 
foumet  à  l'épreuve  ;  ainfi  pour  obtenir 
un  réfultat  fur  lequel  on  puifle  compter 
précifément ,  il  faut  toujours  comparer 
des  morceaux  d'un  volume  approchant, 
6:  d'une  figure  qui  ne  foit  pas  bien  diffé- 
rente \   car  fi   d'une  part   on   pefoit  un 


'140     Inîrodiiâion  a  VHijloïre  | 

globe  de  fer  de  deux  livres,   &  d*autre 
part  une  feuille  de  tôle  du  même  poids,,  j 
on  trouveroit  à  la  balance  hydroilatique 
leur  pefiinteur  fpécifique  différente,  quoi- 
qu'elle fût  réellement  la  même. 

Je  crois  que  quiconque  réfléchira  fur 
les  expériences  précédentes  6:  fur  leurs 
réfùltats ,  ne  pourra  dilconvenir  que  la 
chaleur  très -long- temps  appliquée  aux 
différens  corps  qu'elle  pénètre  ,  ne  dé]X)fe 
dans  leur  intérieur  une  très- grande  quan- 
tité de  particules  qui  deviennent  parties 
conflit  uantes  de  ieur  maffe ,  &  qui  s'y 
luiiffent  &  y  adhèrent  d'autant  plus  que 
les  matières  fe  trouvent  avoir  avec  elles 
plus  d'affinité  &  d'autres  rapports  de 
nature.  Auffi  me  trouvant  muni  de  ces 
expériences ,  je  n'ai  pas^  craint  d'avancer 
dans  mon  Traité  des  Elémens  ,  que  les 
molécules  de  ia  chaleur  fe  fixoient  dans 
tous  les  corps ,  comme  s'y  fixent  celles 
de  la  lumière  &  celles  de  l'air,  dès  qu'il 
cil  accompagné  de  chaleur  ou  de  feu, 


y        (^es  Âfherai/x,  FdïûeEx]).     141 


h 


SIXIEME  MEMOIRE, 

Expériences  for  la  Lumière , 

è^  for  la  Chaleur  quelle  peut 

produire. 

Article    premier. 

Invention  de  Miroirs  pour  brûIer^ 
à  de  grandes  dtflauces, 

J_.  'histoire  des  miroirs  ardens 
d'Archimède,  ell  faineufe;  il  les  inventa 
pour  la  défenfe  de  fa  patrie,  &  il  lança, 
difent  les  Anciens ,  ie  feu  du  Soleil  fur 
la  flotte  ennemie  qu'il  réduifit  en  cendres 
iorfqu'elle  approcha  des  remparts  de 
Syracufe  ;  mais  cette  hiftoire  dont  on  n'a 
pas  douté  pendant  quinze  ou  feizc  fiècles , 
a  d'abord  été  contredite,  &  eniuite  traitée 
de  fable  dans  ces  derniers  temps.  Defcartes 
né  pour  juger,  &  même  pour  furpafîer 
Archimède ,  a  prononcé  contre  lui  d'un 
j^n  de  maître;  il  a  nié  la  poiîibilité  dç 


142.     Introduâion  à  V Hijloire 

l'invention ,  <5t  Ton  opinion  a  prévalu  fur 
les  témoignages  &  fur  la  croyance  de 
toute  Tantiquité  :  les  Phyficiens  modernes, 
foit  par  reipec^t  pour  leur  Philo(bphe, 
foit  par  complaisance  pour  leurs  contem- 
porains ,  ont  été  de  même  avis.  On 
n*accorde  guère  aux  Anciens  que  ce  qu'on 
ne  peut  leur  ôter  ;  déterminés  peut-être 
par  ces  motifs ,  dont  l'amour  propre  ne 
iz  fert  que  trop  fouvent  ians  qu'on  s'en 
aperçoive,  n'avons-nous  pas  naturellement 
trop  de  penchant  à  refufer  ce  que  nous 
devons  à  ceux  qui  nous  ont  précédés  \ 
&  fi  notre  fiècle  refufe  plus  qu'un  autre, 
ne  feroit  -  ce  pas  qu'étant  plus  éclairé  il 
croit  avoir  plus  de  droit  à  la  gloire ,  plus 
de  prétentions  à  la  fupérioriîéî 

Quoi  qu'il  en  foit,  cette  invention  étoît 
dans  le  cas  de  plufieurs  autres  découvertes 
<ie  l'antiquité  qui  fe  font  évanouies,  parce' 
qu'on  a  préféré  la  facilité  de  les  nier  à  k 
difficulté  de  les  retrouver  ;  &:  les  miroirs 
ardens  d'Archimède  étoient  fi  décriés, 
qu'il  ne  paroilToit  pas  poffible  d'en  rétablfi 
la  réputation  ,  car,  pour  appeler  du  juge-i 
ment  de  Defcartes ,  il  falloit  quelque  choie 
<Je  plus  fort  que  des  raifons,   &  il  ne 


des  Minérmix,  Partie  Exp.  !  4  j 
ireftoit  qu'un  moyen  fur  &  décifif ,  à  la 
\nérité  ,  mais  difficile  &  hardi  ,  c'étoit 
d'entreprendre  de  trouver  les  miroirs  , 
c'eft-à-dire ,  d'en  faire  qui  puffent  produire 
lies  mêmes  effets;  j'en  avois  conçu  depuis 
long-temps  l'idée ,  &  j'avouerai  volontiers 
que  le  plus  difficile  de  la  chofe  étoit 
de  la  voir  pofTibie,  puifque  dans  l'exé- 
cution j'ai  réuffi  au-delà  même  de  mes 
;  efj)érances. 

J'ai  donc  cherché  le  moyen  de  fiire 
des  miroirs  pour  brûler  à  de  grandes 
diftances,  comme  de  100,  de  200  & 
300  pieds;  je  favois  en  général  qu'avec 
ks  miroirs  par  réflexion  ,  l'on  n'avoit 
jamais  brûlé  qu'à  i  5  ou  20  pieds  tout 
au  plus ,  &  qu'avec  ceux  qui  font  réfrin- 
gens,  la  diflance  étoit  encore  plus  courte, 
&.  je  fentois  bien  qu'il  étoit  impoffible 
dans  la  pratique  de  travailler  un  miroir 
de  métal  ou  de  verre  avec  affiez  d'exac- 
titude pour  brûler  à  ces  grandes  diftances  ; 
que  pour  brûler,  par  exemple,  à  200 
pieds,  la  fphère  ayant  dans  ce  cas  800 
pieds  de  diamètre  ,  on  ne  pouvoit  rien 
efpérer  de  la  méthode  ordinaire  de  travailler 
Les  verres,  &  je  me  perfuadai  bieatôc 


ri  44-  J'-urodiiâm  à  VHiflolre 
nue  quand  même  on  pourroit  en  trouver 
«ne  nouvelle  pour  donner  à  de  grandes 
Dièces  de  verre  ou  de  métal ,  une  courbure 
Lffi  légère,  il  n'en  réfulteroit  encore 
qu'un  avantage  très -peu  confiderabie , 
comme  je  le  dirai  dans  la  fuite.  i, 

Mais  pour  aller  par  ordre  ,  je  cberchai 
d'abord  combien  ia  iumière  du  Soleil 
perdoit  par  la  réflexion  a  différentes  d>  - 
tances ,  &  quelles  font  les  matières  qui  la 
réfléchiffent  le  plus  fortement.  Je  trouvai 
premièrement  que  les  glaces  etamées, 
iorfqu'elles  font  polies  avec  un  peu  de 
foin,  réfléchiflent  plus  puifftmment  la 
lumière  que  les  métaux  les  mieux  polis, 
&  même  mieux  que  le  métal  compo  e 
dont  on  le  fert  pour  faire  des  miroirs  de 
télefcopes  ;  &  que  quoiqu'il  y  ait  dans 
les  glaces  deux  réflexions,  i  une  a  ia 
furface  &  l'autre  à  l'intérieur ,  elles  ne 
laiffent  pas  de  donner  une  lumière  plus 
vive  &  plus  nette  que  le  métal,  qui 
produit  une  lumière  colorée.  : 

En  fécond  lieu ,  en  recevant  la  lumière 
du  Soleil  dans  un  endroit  oblcur,  &  en 
la  comparant  avec  cette  même  lumière 
du   Soleil  réfléchie  par   une   glace,  ,e 

trouvai 


des  Minéraux ,  Partie  Ex  p.    1 4. 5 

trouvai  qu'à  de  petites  diftances,  comme 
de  quatre  ou  cinq  pieds ,  elle  ne  perdoit 
qu'environ  moitié  par  la  réflexion ,  ce  que 
je  jugeai  en  faifant  tomber  fur  la  première 
lumière  réfléchie ,  une  féconde  lumière 
aufli  réfléchie  :  car  la  vivacité  de  ces  deux 
îumières  réfléchies  me  parut  égale  à  celle 
de  ia  lumière  direcfle. 

Troifièmement  ;  ayant  reçu  à  de  grandes 
diftances,  comme  à  100,  200  &  300 
pieds,  cette  même  lumière  réfléchie  par 
de  grandes  glaces,  je  reconnus  qu'elle  ne 
perdoit  prelque  rien  de  (a  force  ,  par  l'é- 
paifleur  de  l'air  qu'eile  avoit  à  traverfer. 

Enfuite  je  voulus  efl^ayer  les  mêmes 
chofès  fur  la  lumière  des  bougies  ;  & 
pour  m'afliirer  plus  exactement  de  la 
quantité  d'affoibliflement  que  la  réflexion 
caufe  à  cette  lumière ,  je  fis  l'expérience 
fuivante. 

Je  me  mis  vis  ~  à  -  vis  une  glace  de 
miroir  avec  un  livre  à  la  main ,  dans  une 
chambre  où  i'obfcurité  de  la  nuit  étoit 
entière ,  &  où  je  ne  pouvois  diftinguer 
aucun  objet:  je  fis  allumer,  dans  une 
chambre  voifme,  à  40  pieds  de  diflance 
environ,  une  feule  bougie,  &  je  la  fi$ 

Tom^  Vn,  G 


'1^6    htrodtidîoh  à  l'Hi/loire 

approcher  peu  à  peu ,  jufqu'à  ce  que  je 
pufTe  diûinguer  les  caractères  &  lire  le 
îivre  que  j'avois  à  la  main  ;  ia  diftance  fe 
trouva  de  24  pieds  du  livre  à  la  bougie  : 
enfuiîe  ayant  retourné  le  îivre  du  côté  du 
miroir,  je  cherchai  à  lire  par  cette  même 
iumière  réfléchie  ,  &  je  fis  intercepter  par 
un  paravent  la  partie  de  ia  lumière  direde 
qui  ne  tomboit  pas  fur  le  miroir ,  afin  de 
n'avoir  fur  mon  livre  que  la  lumière 
réfléchie.  11  fallut  approcher  la  bougie , 
ce  qu'on  fit  peu  à  peu ,  jufqu'à  ce  c[ue 
J€  puffe  lire  les  mêmes  caracftères  éclairés 
par  la  lumière  réfléchie  ;  &  alors  la  diflance 
du  livre  à  la  bougie ,  y  compris  celle 
du  livre  au  miroir ,  qui  n'étoit  que  d'un 
demi-pied ,  fe  trouva  être  en  tout  de 
quinze  pieds  :  je  répétai  cela  plufieurs  fois, 
et  j'eus  toujours  les  mêmes  réfultats ,  à 
très  -  peu  près  ;  d'où  je  conclus  que  la 
force  ou  la  quantité  de  la  lumière  direc^le 
eil  à  celle  de  la  lumière  réfléchie  ,  comme 
576  à  22  5  ;  ainfl  l'elfet  de  la  lumière  de 
cinq  bougies  reçues  par  une  glace  plane  , 
eil:  à  peu-près  égal  à  celui  de  la  lumière 
directe  de  deux  i^ougies. 

La  lumière  des  bougies  perd  donc  plus 


des  xMïnénvLx,  Partie  Exp.    1 47 

{>-ar  la  réflexion  que  la  ïumicre  du  Soleil  ; 
&  cette  différence  vient  de  ce  cfiie  les 
rayons  de  lumière  qui  panent  de  la  bougie 
coniine  d'un  c-entre,  tombent  plus  obli- 
quement fur  le  miroir  que  les  rayons  du 
Soleil  qui  viennent  prefque  paraîleiement. 
Cette  expérience  confirma  donc  ce  que 
j'avois  trouvé  d'abord  ,  &  je  tins  pour 
fiir  que  la  lumière  du  Soieil  ne  j)erd 
qu'environ  moitié  par  fa  réflexion  lur  une 
olace  de  mJroir. 

Ces  premières  connoinances  dont  j'av^ois 
beloin  étant  acquiiès,  je  cherchai  enfuite 
ce  cjue  deviennent  en  effet  les  images  dti 
Soleil  lorfqu'on  les  reçoit  à  de  grandes 
diflances.  Pour  bien  entendre  ce  que  je 
vais  dire ,  il  ne  faut  pas ,  comme  on  le 
fait  ordinairement,  confidérer  Iqs  rayons 
du  Soleil  comme  parallèles  ;  &:  il  faut  fe 
fouvenir  que  le  corps  du  Soleil  occupe 
à  nos  yeux  une  étendue  d'environ  3  z 
minutes  ;  que  par  conféquent  les  rayons 
qui  partent  du  bord  fupérieur  du  difque, 
venant  à  tomber  fur  un  point  d'une  fur- 
fîice  réfléchiiîante,  les  rayons  qui  partent 
du  bord  inférieur,  venant  à  tomber  auiîi 
fur  le  même  point  de  cette  furfice,  ils 

G  î; 


148     Inirodu6îion  à  l'Hifloire 

forment  entr'eux  un  angle  de  3  2  minutes 
dans  l'incidence  &  en  fuite  dans  la  réflexion, 
&  que  par  conféquent  l'image  doit  aug- 
menter  de    grandeur  à    meilire    qu'elle 
s'éloigne  :  il  faut  de  plus  faire  attention 
à  la  figure  de  ces  images;  par  exemple, 
une  glace  plane  quarrée  d'un  demi-pied , 
expolée   aux  rayons   du   Soleil ,  formera 
une  image  quarrée  de  fix  pouces,  lorf- 
qu'on  recevra  cette  image  à   une  petite 
diftance  de  la  glace,  comme  de  quelques 
pieds  ;   en  s'éloignant  peu  à  peu  on  voit 
l'image  augmenter ,  enfuite  fe  déformer , 
enfin  s'arrondir  &  demeurer  ronde  tou- 
jours en  s'agrandifîiint ,  à  mefure  qu'elle 
s'éloigne    du    miroir  :    cette    image    effc 
compofée  d'autant  de  difques  du  Soleil 
qu'il  y   a   de   points  phyfiques  dans   la 
furface  réfléchilTante  ;  le  point  du  milieu 
forme  une   image  du  difque  ,  les  points 
voifins  en   forment  de  femblables  &  de 
même  grandeur  qui  excèdent  un  peu  le 
difque  du  milieu;  il  en  cft  de  même  de 
tous   les    autres    points ,    &    l'image   eft 
compofée  d'une  infinité  de  difques ,  qui 
fe  furmontant   régulièrement,   &  antici- 
pant circulairement  les  uns  fur  les  autres , 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    1 49 

forment  l'image  réfléchie  dont  le  point  du 
milieu  de  la  glace  efl:  ie  centre. 

Si  l'on  reçoit  i'image  compofée  de 
tous  ces  difques  à  une  petite  diftance , 
alors  l'étendue  qu'ils  occupent  n'étant 
qu'un  peu  plus  grande  que  celle  de  la 
glace ,  cette  image  eO:  de  la  même  figure 
&  à  peu-près  de  la  même  étendue  que 
la  glace  :  fi  la  glace  eft  quarrée  ,  l'image 
efl  quarrée;  fi  la  glace  eft  triangulaire, 
l'image  eft  triangulaire  ;  mais  lorfqu'on 
reçoit  l'image  à  une  grande  diftance  de 
la  glace,  où  l'étendue  qu'occupent  les 
diiques  eft  beaucoup  plus  grande  que 
celle  de  la  glace ,  l'image  ne  conferve 
plus  la  figure  quarrée  ou  triangulaire  de 
ïa  glace,  elle  devient  néceflairement  cir- 
culaire ;  &  pour  trouver  le  point  de  diflance 
où  i'image  perd  la  figure  quarrée  ,  il  n'y 
a  qu'à  chercher  à  quelle  diftance  la  glace 
nous  paroît  fous  un  angle  égal  à  celui 
que  forme  le  corps  du  Soleil  à  nos  yeux , 
c'elt-à-dire  ,  fous  un  angle  de  3  2  minutes , 
cette  diftance  fera  celle  où  l'image  perdm 
fà  figure  quarrée ,  &  deviendra  ronde  ; 
car  les  difques  ayant  toujours  pour  dia- 
mètre une  ligne  égale  à  la  corde  de  l'arc 

G  iij 


'l  5  o     Intr&châion  a  rHifcoire 

de  cercle  qui  mefure  un  angle  de  3  2 
minutes,  on  trouvera  par  cette  règle  c{u'un€ 
glace  quarre'e  de  fix  pouces,  perd  la 
tîgure  c{uarrée  à  la  diitance  d'environ  60 
pieds,  &  qu'une  glace  d'un  pied  en  quarré 
ne Ja  perd  c|u'à  120  pieds  environ,  <3c 
ainii  des  autres. 

En  re'fîéchifîlmt  un  peu  fur  cette  the'oric, 
on  ne  fera  plus  étonné  de  voir  qu'à  de 
très-grandes  diftances ,  une  grande  &  une 
peiite  gîace  donnent  à  peu  -  près  une 
image  de  la  même  grandeur ,  &  qui  ne 
difière  que  par  i'intenfité  de  la  lumière  : 
on  ne  fera  plus  lurpris  qu'une  glace 
ronde ,  ou  quarrée ,  ou  longue  ,  ou  trian- 
gulaire, ou  de  telle  autre  figure  c{ue  l'on 
voudra  (a) ,  donné  toujours  des  images 
rondes  ;  £<l  on  verra  clairement  c[ue  [q$ 
imao-es  ne  s'aofrandiiîent  &  ne  s'affoibiifîent 
pas  par  la  diiperiion  de  la  lumière,  ou 
par  la  perte  ciu'elle  fait  en  traverfant  l'air , 
comme  l'ont   cru  cjuelques  Phyficiens  ; 


(a)  C'eft  par  cette  même  raifon  que  les  petites 
images  du  Soîeii  qui  pafTent  entre  les  feuilies  des 
arbres  élevés  &  touflus,  qui  tombent  fur  le  hh\t 
d'une  ailée,  Ibnt  toutes  ovales  eu  rondes. 


Je  s  Minéraux ,  Partie  Exp.     151 

&  que  ceici  n'arrive  au  contraire  que  par 
l'augmentation  des  dilcjues  qui  occupent 
toujours  un  efpace  de  32  minutes  à 
quelqu'éloignement  qu'on  les  porte. 

De  même  on  fera  convaincu  par  la 
fimple  expofnion  de  cette  théorie ,  que 
les  courbes  de  quelque  efpèce  qu'elles 
foient ,  ne  peuvent  être  employées  avec 
avantage  pour  brûler  de  loin ,  parce  que 
le  diamètre  du  foyer  de  toutes  les  courbes , 
ne  peut  jamais  être  plus  peiit  que  la 
corde  de  l'arc  qui  mefure  un  angle  de  3  2 
minutes ,  &  que  par  conféquent  le  miroir 
concave  le  j)lus  parfait  dont  le  dianiètre 
feroit  égal  à  cette  corde ,  ne  feroit  jamais 
le  double  de  l'effet  de  ce  miroir  plan  de 
même  furfice  (  l? )  :  ôl  fi  le  diamètre  de 
ce  miroir  courbe  étoit  plus  petit  que 
cette  corde  ,  il  ne  feroit  guère  plus  d'efiet 
qu'un  miroir  plan  de  même  furface. 

Lorfque  j'eus  bien  compris  ce  que  je 
viens  d'expofer ,  je  me  perfuadai  bientôt 


flj  Si  l'on  fe  donne  la  peine  de  le  -fupputer ,  on 
trouvera  que  le  miroir  courbe  le  plus  parfait,  n'a 
d'avantage  fur  un  miroir  pian  que  dans  la  raifon 
de   îy  k  10,  du  moins  à  très -peu  près. 

G  iiij 


ï  5  2     htrodiiâîon  h  VHijlotre 

à  n'en  pouvoir  douter,  qu'Archimède 
n'avoit  pu  brûler  de  loin  qu'avec  des 
miroirs  plans  ;  car  indépendamment  de 
rimpofTibilité  ou  l'on  éioit  alors,  &  où 
l'on  ieroit  encore  aujourd'hui  d'exécuter 
des  miroirs  concaves  d'un  auffi  long  foyer,. 
je  fends  bien  que  les  réflexions  que  je 
viens  de  faire  ,  ne  pou  voient  pas  avoir 
échappé  à  ce  grand  Mathématicien.  Dail- 
leurs  je  penlai  que  félon  toutes  les 
apparences  les  Anciens  ne  favoient  pas 
faire  de  grandes  mafTes  de  verre ,  qu'ils 
îgnoroient  l'art  de  le  couler  pour  en  faire 
de  grandes  glaces ,  qu'ils  n'avoient  tout 
au  plus  que  celui  de  le  (buffler  &  d'en 
faire  des  bouteilles  &  des  vafes,  &  je  me 
periuadai  aifément  que  c'étoit  avec  à^s 
miroirs  plans  de  métal  poli ,  &  par  la 
réflexion  des  rayons  du  Soleil  qu'Archi- 
mède avoit  brûlé  au  loin  :  mais  comme 
j'avois  reconnu  que  les  miroirs  de  glace 
réfléchiflent  plus  puifTamment  la  lumière 
que  les  miroirs  du  métal  le  plus  poli,  je 
penfai  à  faire  conflruire  une  machine 
pour  faire  coïncider  au  même  point  les 
images  réfléchies  par  un  grand  nombre 
de  ces  glaces  planes  ;  bien  convaincu  que 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    153 

ce  moyen  étoit  le  fcul  par  lequel  il  fût 
poiTible   de  rëufllr. 

Cependant  j'avois  encore  dts  doutes, 
&  qui  me  paroifToient  même  très -bien 
fondés,  car  voici  comment  je  raifbnnois. 
Suppofons  que  la  diflance  à  laquelle  je 
veux  brûler  foit  de  240  pieds,  je  vois 
clairement  c|ue  le  foyer  de  mon  miroir 
ne  peut  avoir  moins  de  deux  pieds  de 
diamètre  à  cette  diftance  ;  dès-lors  quelle 
fera  l'étendue  que  je  ferai  obligé  de  donner 
à  mon  affembiage  de  miroirs  plans  pour 
produire  du  feu  dans  un  aufîi  grand 
foyer  î  elle  pouvoit  être  fi  grande  que 
la  chofe  eût  été  impraticable  dans  l'exé- 
cution ;  car  en  comparant  le  diamètre  du 
foyer  au  diamètre  du  miroir ,  dans  les 
meilleurs  miroirs  par  réflexion  que  nous 
ayons ,  par  exemple ,  avec  le  miroir  de 
i'Académie ,  j'avois  obfervé  que  le  dia- 
mètre de  ce  miroir  qui  efl  de  trois  pieds , 
étoit  cent  huit  fois  plus  grand  que  le 
diamètre  de  fon  foyer,  qui  n'a  qu'environ 
quatre  lignes ,  &  j'en  concluois  que  pour 
brûler  aufîi  vivement  à  240  pieds ,  if 
eût  été  nécefTairc  que  mon  affembiage 
de  miroirs  eût  eu  2 1 6  pieds  de  diamètre  ^ 

G  V 


154    Intréâufîwn  à  l'HijIohe 
puifque  le  foyer  au  roi  t  deux  pieds  ;   Oï 
tiii  miroir  de  2.  i  6  pieds  de  diamètre  e'toit 
aiTurément  une  choie  impoiTible. 

A  h  vérité' ,  ce  miroir  de  trois  pieds 
de  diamètre  brûle  afTez  vivement  pour 
fondre  l'or ,  &  je  voulus  voir  combien 
i'avois  à  p'aorner  en  réduifant  Ton  aclion 
à  n'enflammer  cjue  du  bois  :  pour  cela 
j'appliquai  lur  ie  miroir  des  zones  cir- 
culaires de  papier  pour  en  diminuer  ie 
diamètre ,  &  je  trouvai  qu'il  n'avoit  plus 
afTez  de  force  pour  enflammer  du  bois 
fec  lorfque  Ton  diamètre  fut  re'duit  à 
quatre  pouces  huit  ou  neuf  lignes  :  pre- 
nant donc  cinq  pouces  ou  foixante  lignes 
pour  l'étendue  du  diamètre  nécefîaire  pour 
brûler  avec  un  foyer  de  quatre  lignes, 
je  ne  pouvois  me  difpenfer  de  conclure 
que  pour  brûler  également  à  240  pieds , 
où  le  foyer  auroit  néceflairement  deux 
pieds  de  diamètre ,  il  me  faudrait  un 
miroir  de  trente  pieds  de  diamètre  ;  ce 
qui  me  paroifibit  encore  une  choie  im- 
pofllbie,  ou  du  moins  impraticable. 

A  des  rai  ions  fi  pofuives,  &  que  d'autres 
aiiroient  regardées  comme  des  démoula 
îratioas  de  i'impolîlbiiité   du  miroir,  je 


(les  Minéraux ,  Partie  Exp*     155 

I  n'a  vois  rien  à  oppofer  qu'un  foupçon  ; 
I  mais  un  foupçon  ancien ,  &  fur  lequel 
'  plus  j'avois  réfléchi ,  plus  je  in'étois  per- 
fuadé  qu'il  n'étoit  pas  fans  fondement  ; 
c'efl:  que  les  effets  de  la  chaleur  pouvoient 
bien  n'être  pas  proportionnels  à  la  quantité 
de  lumière  ;  ou ,  ce  qui  revient  au  même  y 
qu'à  égale  intenfité  de  lumière,  les  grands 
foyers  dévoient  brûler  plus  vivement  que 
les  peiîts. 

En  eflimant  ïa  chaleur  mathématique- 
ment, il  n'efi:  pas  douteux  que  la  force 
des  foyers  de  même  longueur  ne  foit 
proportionnelle  à  la  furface  des  miroirs- 
Un  miroir  dont  la  farface  eft  double  de 
celle  d'un  autre ,  doit  avoir  un  foyer  de 
la  même  grandeur ,  fi  la  courbure  eil:  la 
même;  &  ce  foyer  de  même  grandeur 
doit  contenir  le  double  de  ia  quantité  de 
lumière  c|ue  contient  le  premier  foyer: 
^  dans  la  fuppofjtion  que  les  effets  font 
toujours  proportionnels  à  leurs  caufes  , 
on  avoit  toujours  cru  que  la  chaleur  de 
ce  fécond  foyer  devoit  être  double  de 
celle  du   premier. 

De  même  &  par  ïa  même  eflimation 
niathémaiique  ,  en  a  toujours  cru   qu*à 

G  vj 


ij6    IntrocJuâion  à  rHïJIoire 

égale  intenfité  de  Inmière  ,  un  pe:it  foyer 
devoit  })riiier  autant  qu'un  grand,  &  que 
l*ctfei  de  la  chaleur  devoit  être  propor- 
tionnel à  cet'C  inienfité  de  lumière  :  en 
forte ,  diioit  Defcartes ,  qu'on  peut  fûîrt 
des  verres  m  des  miroirs  extrêmement  petits 
qui  biuleroîit  avec  autant  de  violence  que  les 
plus  grands.  Je  penlai  d'abord ,  comme 
je  i'ai  dit  ci  deffus ,  que  cette  conclufioa 
tirée  de  la  théorie  mathématique ,  pourroii 
bien  fe  trouver  fîuifïê  dans  la  pratique  , 
parce  que  Ja  chaleur  étant  une  qualiié 
phyfique  ,  de  I'ad:ion  &  de  îa  propagation 
de  laquelle  nous  ne  comioiflons  pas  bien 
îes  ioix  ;  il  me  fembloit  qu^ii  y  avoit 
quelque  efpèce  de  témérité  à  en  eftimer 
ainfi  les  effets  par  un  raifonnement  de 
fini  pie  fpéculation. 

J^eus  donc  recours  encore  une  fois  à 
l'expérience  :  je  pris  des  miroirs  de  métal 
de  diiFérens  foyers  &  de  différens  degrés 
de  poliment  ;  &  en  comparant  fadion  des 
différens  foyers  fur  les  mêmes  matières 
fufibles  ou  combufiibles,  je  trouvai  qu'à 
égale  intenfité  de  lumière ,  les  grands 
foyers  font  conftamment  beaucoup  plus 
d'effet  que  les  petits,  &  produifent  fouvem 


Jes  Minéraux,  Partie  Exp.    157 

rhifîriinmation  ou  la  fufion,  tandis  que 
\ts  petits  ne  produilent  qu'une  chaleur 
médiocre  ;  je  trouvai  la  même  chofe  avec 
les  miroirs  par  réfra^ion.  Pour  le  faire 
mieux  fentir ,  prenons ,  par  exemple ,  un 
grand  miroir  ardent  par  réfraction ,  tei 
que  celui  du  fieur  Segard ,  qui  a  3  2 
pouces  de  diamètre,  &  un  foyer  de  8  lignes 
de  largeur,  à  6  pieds  de  dittance,  auquel 
foyer  le  cuivre  fe  fond  en  moins  d'une 
minute,  &  faifons  dans  les  mêmes  pro- 
portions un  petit  verre  ardent  de  3  2  lignes 
de  diamètre,  dont  le  fover  fera  de  -^  ou 
|-  de  ligne ,  &  la  diftance  à  6  pouces  ; 
puifque  le  grand  miroir  fond  le  cuivre  en 
une  minute  dans  l'étendue  entière  de  fon 
foyer  qui  eft  de  8  lignes ,  le  petit  verre 
dcvroit ,  félon  la  théorie ,  fondre  dans  le 
même  temps  ia  même  matière  dans  l'éten- 
due de  fon  foyer  qui  eft  de  j  de  ligne  : 
Ayant  fait  l'expérience  ,  j'ai  trouvé  y 
comme  je  m'y  attendois  bien,  que  loin 
de  fondre  le  cuivre  ,  ce  petit  verre  ardent 
pouvoit  à  peine  donner  un  peu  de  chaleur 
à  cette  matière. 

La  raifon  de  cette  différence  eft  ai  fée 
,à  donner,  fi   l'on  fait  attention   que  la 


'ïjS    Introdiiâion  à  VHîJIolre 

chaleur  fe  communique  de  proche  cit 
proche ,  &  fe  difperfe ,  pour  ainfi  dire , 
lors  même  qu'elle  eil:  appliquée  continuel- 
lement fur  le  même  point;  par  exemple, 
fi  l'on  fait  tomber  le  foyer  d'un  verre 
ardent  fur  le  centre  d'un  écu ,  &  que  ce 
foyer  n'ait  qu'iuie  ligne  de  diamètre,  la 
chaleur  qu'il  produit  lùr  le  centre  de  l'écu 
fe  difperfe  &l  s'étend  dans  le  volume 
entier  de  l'écu ,  &  il  devient  chaud  juf- 
qu'à  la  circonférence  ;  dès  -  lors  toute  la 
chaleur ,  quoi  qu'employée  d'abord  contre 
le  centre  de  l'écu,  ne  s'y  arrête  pas,  & 
ne  peut  pas  produire  un  auiîi  grand  cfiet 
que  fi  elle  y  demeuroit  toute  entière. 
Mais  fi  au  lieu  d'un  foyer  d'une  ligne 
qui  tombe  fur  le  milieu  de  l'écu ,  on  tait 
tomber  iur  i'ecu  tout  entier  un  foyer 
d'égale  întenfué  ,  toutes  les  parties  de' 
i'écu  étant  également  échauffées  dans  ce 
dernier  cas;  non  -  feulement  ii  n'y  a  pas 
de  perte  de  chaleur ,  comme  dans  le  pre- 
mier ,  mais  même  il  y  a  du  gain  &  de 
l'augmentation  de  chaleur,  car  le  point 
du  milieu  profitant  de  la  chaleur  des  autres 
points  qui  l'environnent,  l'écu  fera  fondu 
dans  ce  dernier  cas,  tandis  que  dans  le 


fît  s  Minéraux ,  Partie  Ex  p.     15^ 

premier,  il  ne  fera  que  légèremerît 
échauffé. 

Après  avoir  fait  ces  expériences  &  ces 
réflexions ,  je  fentis  augmenter  prodigieu- 
fement  l'efpérance  que  j'avois  de  réufflr 
à  faire  des  miroirs  qui  brûleroient  au  loin  j 
car  je  commençai  à  ne  plus  craindre 
autant  que  je  l'avois  craint  d'abord ,  la 
grande  étendue  des  foyers ,  je  jue  per- 
luadai  au  contraire ,  qu'un  foyer  d'une 
largeur  confidérable  ,  comme  de  deux 
pieds ,  &  dans  lequel  l'intenfité  de  ia 
iumière  ne  feroit  pas  à  beaucoup  près 
auffi  grande  que  dsns  un  petit  foyer, 
comme  de  quatre  lignes ,  pourroit  cepen- 
dnnt  produire  avec  pius  de  force  l'in- 
flammation &  l'embrafement,  <5c  que  par 
conféquent  ce  miroir  qui,,  par  la  théorie 
mathématique  ,  devoit  avoir  au  moins  3  o 
pieds  de  diamètre ,  fe  réduiroit  fans  doute 
à  un  miroir  de  8  ou  10  pieds  tout  au 
plus;  ce  qui  e(l  non-feufement  une  chofe 
poflible ,  mais  même  très-praticable. 

Je  penfai  donc  iérieufement  à  exécute? 
mon  projet  ;  d'abord  j'avois  àtdtm  de 
Lrûler  à  200  ou  300  pieds  avec  des 
glaces  circulaires  ou  hexagones  d'un  pied 


^i6o    I/itroJuâion  a  l'Hijloïre 

quarré  de  furface ,  &  je  vouloîs  flûre 
quatre  chafîîs  de  fer  pour  ies  porter, 
avec  trois  vis  à  chacune  pour  les  mouvoir 
en  tout  fens ,  &  un  relTort  pour  ies 
afTujettir;  mais  la  dépenfe  trop  confidé- 
rabie  qu'exigeoit  cet  ajuftement,  me  fit 
abandonner  cette  idée ,  &  je  me  rabattis 
à  des  glaces  communes  de  6  pouces  fur 
8  pouces,  &  un  ajuftement  en  bois, 
qui ,  à  la  vérité ,  eft  moins  folide  &  moins 
précis ,  mais  dont  la  dépenfe  convenoit 
mieux  à  une  tentative.  M.  PafTemant, 
dont  l' habileté  dans  les  mécaniques  efl 
connue  même  de  l'Académie  ,  fe  chargea 
de  ce  détail  ;  &  je  n'en  ferai  pas  la  def^ 
cription ,  parce  qu'un  coup  d'œil  fur  le 
miroir  en  fera  mieux  entendi*e  la  couf* 
trucHiion  qu'un  long  difcours  (  c), 

II  fuffira  de  dire  qu'il  a  d'abord  été 
compofé  de  cent  foixante  -  huit  glaces 
étamées  de  6  pouces  fur  8  pouces  cha- 
cune ,  éloignées  ies  unes  des  autres 
d'environ  quatre  lignes  ;  que  chacune  de 
ces  glaces  fe  peut  mouvoir  en  tout  fens  ^ 

(c)  Voyez  ci-après  les  planches  vil,  vni  &  IX  , 
avec  l'explication  des  figures  i,2;5;4.>5,<5&79 


des  Minéraux,  Partîe  Exp.     i  6  i 

|&  indépendamment  de  toutes ,  &  que 
Jes  quatre  lignes  d'intervalle  qui  font 
entr 'elles  fervent  non  -  feulement  à  la 
liberté  de  ce  mouvement ,  mais  aufîl  à 
laifîer  voir  à  celui  qui  opère ,  l'endroit 
où  il  faut  conduire  fes  images.  Au  moyen 
de  cette  conftruélion  l'on  peut  faire  tomber 
fur  le  même  point  les  cent  foixante-huit 
images ,  &  par  conféquent  brûler  à  plu- 
fîeurs  diftances ,  comme  à  20,  30,  & 
jufqu'à  I  5  o  pieds ,  &  à  toutes  les  diftances 
intermédiaires  ;  &  en  augmentant  la  gran- 
deur du  miroir,  ou  en  faifant  d'autres 
jniroirs  femblables  au  premier ,  on  eft  fur 
de  porter  le  feu  à  de  plus  grandes  dif- 
tances encore  ,  ou  d'en  augmenter  autant 
qu'on  voudra,  la  force  ou  l'adtivité  à 
I  ces  premières  diftances. 

Seulement  il  fmt  obferver  que  le  mou» 
vement  dont  j'ai  parlé  n'eft  point  trop 
aifé  à  exécuter,  &  que  d'ailleurs  il  y  a 
im  grand  choix  à  faire  dans  les  glaces  : 
elles  ne  font  pas  toutes  à  beaucoup  près 
également  bonnes ,  quoiqu'elles  paroiffent 
telles  à  la  première  infpeclion  ;  j'ai  été 
obligé  d'en  prendre  plus  de  cinq  cents 
pour  avoir  les  cent  foixante-huit  dont  je 


tCi     I/iîroJiiâioti  à  IHiflolre 

me  fuis  fervi  ;  la  manière  de  les  cfîiiyer  j 
eft  de  recevoir  à  une  grande  diftance^ 
par  exemple,  à  i  50  pieds  l'image  réflé- 
chie du  Soleil  comme  mi  plan  vertical; 
il  faut  choifir  ceiics  qui  donnent  une- 
image  ronde  &:  bien  terminée,  &  rebuteri 
toutes  les  autres  qui  font  en  beaucoup 
plus  grand  nombre ,  &  dont  les  éjoaiiîeurs 
étant  inégales  en  dilférens  endroits ,  ou  la 
furface  un  peu  concave  ou  convexe ,  au 
îieu  d'être  plane  ,  donnent  des  images  mû 
terminées  ,  doubles ,  triples  ,  oblongues , 
chevelues ,  &c.  fuivant  les  différentes  ' 
défedtuofités  qui  fe  trouvent  dans  les 
glaces. 

Par  la  première  expérience  que  j'ai 
faite  le  23  mars  1747  à  midi,  j'ai  mis 
le  feu  à  66  pieds  de  diftance  à  une 
planche  de  hêtre  goudronnée ,  avec  qua- 
rante glaces  feulement,  c'eft-à-dire ,  avec 
ie  quart  du  miroir  environ  ;  mais  il  fmt 
obferver  que  n'étant  pas  encore  monté 
fur  fon  pied,  il  étoit  pofé  très- défavan- 
tageufement ,  faiiant  avec  le  Soleil  un 
angle  de  près  de  20  degrés  de  décli- 
nai fon  ,  &  un  autre  de  plus  de  i  o  degrés 
d'iadiaaifon. 


'des  ATwéraiis ,  Partie  Exp.  i  6 3 
Le  même  jour  j'ai  mis  le  feu  à  une 
planche  goudronnée  &  foufrée  à  126 
pieds  de  diflance  avec  quatre-vingt-dix- 
huit  glaces ,  le  miroir  étant  pote  encore 
iplus  délavantageufement.  On  fent  bien 
que  pour  brûler  avec  le  plus  d'avantage, 
il  faut  que  le  miroir  foit  diredement 
Dppofé  au  Soleil,  aufîl-bien  que  les 
inatières  qu'on  veut  eniiammer;  en  forte 
qu'en  fuppoiant  un  j:>lan  perpendiculaire 
fur  le  plan  du  miroir ,  il  fuu  qu'il  paHe 
par  le  Soleil ,  &  en  même  temps  par  le 
milieu  des  madères  combufiibîes. 

Le  3  avril  à  quatre  heures  du  foir ,  le 
iffliroir  étant  monté  &  pofé  iur  fon  pied , 
|on  a  produit  une  légère  inflammation 
ifur  une  planche  couverte  de  laine  hachée 
■1138  pieds  de  didance  avec  cent  douze 
glaces,  quoique  le  Soleil  Kit^foibîe,  & 
que  la  lumière  en  fût  fort  pâle.  11  faut 
prendre  garde  à  foi  lorfqu'on  approche 
de  l'endroit  où  font  les  matières  combuf- 
îibies  ,  &  il  ne  faut  pas  regarder  le  miroir , 
car  fi  malheureufement  les  yeux  fe  trou- 
voient  au  foyer,  on  feroit  aveuglé  pa? 
fcclat  de  la  lumière. 

Le  4.  avril  à  onze  heures  du  matin  > 


'1^4    Jiitroduâîon  a  rHîjloire 

le  Soleil  étant  fort  pâle  &  couvert  de 
vapeurs  &  de  nuages  légers ,  on  n'a  pas 
iaiffé  de  produire,  avec  cent  cinquante- 
quatre  glaces  ,  à  I  5  G  pieds  de  diitance , 
une  chaleur  fi  confidérable ,  qu'elle  a  fait 
en  moins  de  deux  minutes,  fumer  une 
planche  goudronnée ,  qui  fe  feroit  certai* 
nement  enflammée,  fi  ie  Soleil  n'avoit 
pas  difparu  tout- à -coup. 

Le  lendemain  5  avril  à  trois  heures 
après  midi,  par  un  Soleil  encore  plus 
foible  que  le  jour  précédent ,  on  a  en- 
flammé à  150  pieds  de  dillance ,  des 
copeaux  de  fapin  foufrés  &  mêlés  de 
charbon ,  en  moins  d'une  minute  & 
demie ,  avec  cent  cinquante- quatre  glaces. 
Lorlque  le  Soleil  eft:  m^ ^  il  ne  faut  que 
quelques  fécondes  pour  produire  l'in- 
flammation, 

Le  I  G  avril  après  midi ,  par  un  Soleil 
affez  net ,  on  a  mis  le  feu  à  une  planche 
de  fapin  goudronnée  ,3150  pieds ,  avec 
cent  vingt -huit  glaces  feulement,  l'in- 
flammation a  été  très-fubite ,  &  elle  s'eft 
faite  dans  toute  l'étendue  du  foyer  qui 
avoit  environ  1  6  pouces  de  diamètre  à 
cette  diflance. 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.     i  6  j 

Le  même  jour  à  deux  heures  &  demie , 
on  a  porté  ie  feu  fur  une  planche  de 
hêtre ,  goudronnée  en  partie  &  couverte 
en  quelques  endroits  de  laine  hachée  ; 
l'inflammation  s'efl  faite  très  -  prompte- 
ment ,  elle  a  commencé  par  les  parties  du 
bois  qui   étoient  découvertes;   &  le  feu 

î  etoit  fi  violent ,  qu'il  a  fallu  tremper  dans 

i  l'eau  la  planche  pour  l'éteindre  ;  il  y  avoit 
cent  quarante-  huit  glaces ,  &  la  diftance 

I  étoit  de  I  5  o  pieds. 

'       Le  I  I  avril,  le  foyer  n'étant  qu'à  20 
pieds  de  diftance  du  miroir ,  il  n'a  fallu 
que   douze    glaces  pour  enflammer  des 
petites  matières  combuilibles  :  avec  vingt- 
une  glaces  on  a  mis  le  feu  à  une  planche 
de  hêtre   qui    avoit  déjà   été   brûlée  en 
partie  :  avec  quarante  -  cinq  glaces  on  a 
fondu  un  gros  flacon  d'étain  qui  pefoit 
environ  fix  livres  ;  &  avec  cent  dix-fept 
glaces  on  a  fondu  des  morceaux  d'argent 
mince ,  &  rougi  une  plaque  de  tôle  :  & 
je  fuis  perfuadé  qu'à  5  o  pieds  on  fondni 
les  métaux  aulli  -  bien  qu'à   2  o  ,  en  em- 
ployant toutes  les   glaces  du  miroir;    & 
comme  le  foyer  à  cette  diftance ,  eft  large 
de  fix  à  fept  pouces ,  on  pourra  faire  des 


i66  Introchâlon  h  l'Hljioirc 
épreuves  en  grand  fur  les  métaux  (d) , 
ce  qu'il  ii'étoit  pas  poflibie  de  faire  avec 
les  miroirs  ordinaires,  dont  le  foyer  eft 
ou  très-foible,  ou  cent  fois  plus  petit 
que  celui  de  mon  miroir.   J'ai  remarqué 

fd)  Par  des  expériences  fubréqiientes  ,  j'ai  reconnu 
rue  la  difLiuce  ia  pius  avantageufe  pour  faire  com- 
modément avec  ces  miroirs  àt^  épreuves  lur  les 
métaux,  étoit  à  4.0  ou  4,5  pieds.  Les  aiTiettes  d'argent 
que  j'ai  fondues  à  cette  diftance  avec  deux  cents, 
vincrt  -  quatre  glaces  ,  étoient  biep  nettes  ,  en  forte- 
eu'ri  n'étoit  pas  poffible  d'attribuer  la  fumée  très- 
abondante  qui  en  fortoit  à  la  graiffe ,  ou  à  d'autres 
matières  dont  l'argent  le  feroit  imbibé  ,^  &  comme 
fe  le  perfuadoient  les  gens  témoins  de  l'expérience. 
Je  la  répétai  néanmoins  fur  des  plaques  d'argent 
toutes  neuves  &  j'eus  le  même  effet.  Le  métal  fumoit 
très  -  abondamment ,  quelquefois  pendant  plus  de  8 
ou  I  o  minutes  avant  de  i'e  fondre.  J'avois  deffein 
de  recueillir  cette  fumée  d'argent  par  le  moyen 
d'un  chapiteau  à.  d'un  ajuilement  fembîable  à  celui 
dont  on  fe  fert  dans  les  di(tiiiations_,  6c  j'ai  toujours 
eu  regret  que  mes  autres  occupations  m'en  aient 
empêché;  car  cette  manière  de  tirer  l'eau  du  métaj, 
cfl  peut-être  la  feule  que  l'on  puiiïe  employer.  Et 
fi  l'on  prétend  que  cette  fumée  qui  m'a  paru  humide 
ne  contient  pas  de  l'eau,  il  feroit  toujours  très-utile 
de  favoir  ce  que  c'elt,  car  il  fe  peut  auffi  que  ce. 
ne  (oit  que  du  métal  volatiliié.  D'ailleurs  je  fuis  per- 
jfuadé  qu'en  iaifant  les  mêmes  épreuves  fur  l'or, 
on  le  verra  fumer  comme  l'argent,  peut  être  moins, 
peut-être  plus. 


(les  Minéraux ,  Partie  Exp.     l  6y 

que  les  métaux  &  fur  -  tout  l'argent , 
fument  beaucoup  avant  de  fe  fondre,  la 
fume'e  en  étoit  fi  fenfible  qu'elle  faifoit 
ombre  fur  le  terrein  ;  <Sc  c'efl  -  là  où  je 
robfervai  attentivement;  car  il  n'eii  pas 
poffible  de  regarder  un  infiant  le  foyer, 
lorfqu'il  tombe  fur  du  me'tal  :  l'éclat  en  eft 
beaucoup  plus  vif  que  celui  du  Soleil. 

Les    expériences    que   j'ai   rapportées 
ci-deffus,    &    qui    ont    été    faites   dans 
(es  premiers  temps  de  l'invention  de  ces 
miroirs,  ont  été  fui  vies  d'im  grand  nombre 
J 'autres  expériences  qui   confirment  les 
premières.  J'ai  enflammé  du  bois  jufqu'à 
200  &  même  210  pieds  avec  ce  même 
Tiiroir ,   par  le    Soleil    d'été ,    toutes    les 
ïois   que  le  Ciel  étoit  pur ,   &   je  crois 
mouvoir  alîurer  qu'avec  quatre  femblables 
luroirs  on  brûîeroit  à  400  pieds  &  peut- 
être  plus  loin.  J'ai  de  même  fondu  tous 
es  métaux  «Se  minéraux  métalliques  à  25, 
30   &   40   pieds.   On  trouvera  dans   la 
uite   de  cet  article   les  ufages  auxquels 
jn   peut   appliquer   ces    miroirs ,    &  les 
imites  qu'on  doit  afîigner  à  leur  puifTance 
'our  la  calcination ,   la  combuftion ,  la 
afion,  &c. 


\ 


I  68     Introdiiâion  à  rHiflohe 

II  faut  environ  une  demi -heure  pour 
monter  le  miroir ,  &  pour  faire  coïncider 
toutes  les  images  au  même  point  ;  mais 
iorfqu'il  eft  une  fois  ajufté ,  on  peut  s'en 
fervir  à  toute  heure,  en  tirant  feulement 
un  rideau,  il  metua  ie  feu  aux  matières 
combullibles  très  -  promptement ,  &  on 
ne  doit  pas  le  déranger  à  moins  qu'on  ne 
veuille  changer  la  diilance;  par  exemple, 
iorfqu'il  eft  arrangé  pour  brûler  à  loo 
pieds ,  il  faut  une  demi  -  heure  pour 
l'ajufler  à  la  diftance  de  i  5  o  pieds ,  & 
ainfi  des  autres. 

Ce  miroir  brûle  en  haut,  en  bas  &> 
horizontalement ,  fuivant  la  différente  in- 
clinaifon  qu'on  lui  donne  ;  ies  expériences 
que  je  viens  de  rapporter,  ont  été  faites 
publiquement  au  Jardin  du  Roi ,  fur  un 
terrein  horizontal,  contre  des  planches 
pofées  verticalement  :  je  crois  qu'il  n'eft 
pas  nécefTaire  d'avertir  qu'il  auroit  brûlé 
avec  plus  de  force  en  haut ,  &  moins  de 
force  en  bas  ;  &:  de  même ,  qu'il  efl  plus 
avantageux  d'incliner  le  plan  des  matières 
combuftibles  parallèlement  au  plan  du 
miroir:  ce  qui  fait  qu'il  a  cet  avantage  de 
brûler  en  haut,  en  bas  &  horizontalement , 

fur 


des  Alhiéraux,  Partie  Ex  p.     i  6^ 

fur  les  miroirs  ordinaires  de  réflexion  qui 
ne  brûlent  qu'en  haut,  c'eft  que  foa 
foyer  eft  fort  éloigné ,  &  qu^ii  a  ii  peu 
de  courbure  qu'elle  ell  infenfible  à  l'oeil; 
il  efl  large  de  7  pieds,  &  haut  de  8  pieds, 
ce  qui  ne  fait  qu'environ  ia  i  50.*"  partie 
de  la  circonférence  de  la  fj^hère,  lorf- 
qu'on  brûle  3150  pieds. 

La  raifon  qui  m'a  déterminé  à  préférer 
àts  glaces  de  6  pouces  de  largeur  fur  8 
pouces  de  hauteur ,  à  des  glaces  quarrées 
de  6  ou  8  pouces ,  c'eft  qu'il  efl  beaucoup 
plus  commode  de  faire  les  expériences 
ibr  un  terrein  horizontal  &:  de  niveau , 
que  de  les  faire  de  bas  en  haut,  & 
qu'avec  cette  figure  plus  haute  que  large  ^ 
les  images  étoient  plus  rondes ,  au  lieu 
qu'avec  des  glaces  quarrées ,  elles  auroîent 
été  raccourcies ,  fur- tout  pour  les  petites 
diilances ,  dans  cette  fituation  horizontale» 

Cette  découverte  nous  fournit  plufieurs 
chofes  utiles  pour  la  Phyfique ,  <Sc  peut- 
être  pour  les  Arts.  On  fait  que  ce  qui 
rend  les  miroirs  ordinaires  de  réflexion 
prefque  inutiles  pour  les  expériences , 
c'eft  qu'ils  brûlent  toujours  en  haut,  & 
qu'on  eft  fort  embarrafle  de  trouver  des 

Tomii  VIL  H 


lyo    Introduâïon  à  VHïjluire 

moyens  pour  furpendre  ou  foutenir  à 
leur  foyer  les  matières  qu'on  veut  fondre 
ou  calciner  :  au  moyen  de  mon  miroir,  on 
fera  brûler  en  bas  les  miroirs  concaves, 
&  avec  un  avantage  fi  confidérable ,  qu'on 
aura  une  chaleur  de  tel  degré  qu'on 
voudra;  par  exemple ,  en  oppoiant  à  mon 
miroir,  un  miroir  concave  d'un  pied 
cjuarré  de  furface ,  la  chaleur  que  ce 
dernier  miroir  produira  à  fon  foyer ,  en 
employant  cent  cinquante  -  quatre  glaces 
feulement,  fera  plus  de  douze  fois  plus 
grande  que  celle  qu'il  produit  ordinai- 
rement, &  l'effet  fera  le  même  que  s'il 
exiftoit  douze  Soleils  au  lieu  d'un ,  ou 
pjlutôt  que  fi  le  Soleil  avoit  douze  fois 
plus  de  chaleur. 

Secondement,  on  aura  par  le  moyen 
de  mon  miroir  la  vraie  échelle  de  l'aug- 
mentation de  la  chaleur,  &  on  fera  un 
thermomètre  réel ,  dont  les  divifions  n'au- 
ront plus  rien  d'arbitraire ,  depuis  la  tem- 
pérature de  l'air  jufqu'à  tel  degré  de 
chaleur  qu'on  voudra ,  en  faifant  tomber 
une  à  une  fucceilivement,  les  images  du 
Soleil  les  unes  fur  les  autres ,  &  en 
graduant  les  intervalles,  foit  au  moyen 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.  171 
d'une  liqueur  expanfive,  foft  au  moyen 
d'une  machine  de  dilatation  ;  &  de  -  là 
nous  faurons  en  effet  ce  que  c'eft  qu'une 
augmentation  double  ,  triple,  quadruple, 
&c.  de  chaleur  (e),  &  nous  connoîtrons 
les  matières  dont  l'expanfion ,  ou  les  autres 
effets  feront  les  plus  convenables  pour 
Miefurer  les  augmentations  de  chaleur. 

Troifièmement ,  nous  fiurons  au  juflc 
combien  de  fois  il  faut  fa  chaleur  du 
Soleil  pour  brûler,  fondre  ou  calciner 
différentes  matières,  ce  qu'on  ne  favoit 
eftimer  jufqu'ici  que  d'une  manière  vague 
&  fort  éloigne'e  de  fa  vérité;  &  nous 
ferons  en  état  de  faire  des  comparaifons 
précifes  de  i'adivité  de  nos  feux  avec 
celle  du  Soleil,  &:  d'avoir  fur  cela  à^s 
rapports  exads,  &  des  mefures  fixes  & 
invariables. 


( e)  Feu  M.  de  Mairan  a  fait  une  épreuve  avec 
trois  glaces  feulement ,  &  a  trouvé  que  les  augmen- 
tations du  double  &  du  triple  de  chaleur  étoient 
comme  les  divifions  du  thermomètre  de  Reaumur  ; 
mais  on  ne  doit  rien  conclure  de  cette  expérience 
qui  n'a  donné  lieu  à  ce  réfultat  que  par  une  efpècc 
de  hz.{^xà,  Voyei^Jur  ce Jujet  ce  que  j'ai  dit  dam  mm 
1  RAI  TE     DES    ElÉmENS. 

Hij 


172.     Introdiiâîon  à  l'Hijlohe 

Enfin,  on  fera  convaincu  lorfqu'on 
aura  examiné  îa  théorie  que  j'ai  donnée  j, 
<Sc  qu'on  aura  vu  l'effet  de  mon  miroir, 
que  le  moyen  que  j'ai  employé  étoit  le 
feul  par  lequel  il  fût  pofljble  de  réufTir  à 
brûler  au  loin  :  car  indépendamment  de 
îa  difficulté  phyfique  de  faire  de  grands 
miroirs  concaves  fphériques,  paraboliques,, 
ou  d'une  autre  courbure  quelconque  aiï'ez 
régulière  pour  brûler  à  i  50  pieds;  on  fe 
démontrera  aifcment  à  foi -même,  qu'ils 
ne  produiroient  qu'à  peu  -  près  autant 
d'effet  que  le  mien ,  parce  que  le  foyer 
en  fèroit  prefque  aufli  large  ;  que  de  plus, 
ces  miroirs  courbes ,  c[uand  même  i\  feroit 
poiîible  de  les  exécuter ,  viuroient  le  dédi- 
vantage  très-grand  de  ne  brûler  qu'à  une 
feule  dillance ,  au  lieu  que  le  mien  brûle 
à  toutes  les  diflances;  &  par  conféquent 
on  abandonnera  le  projet  de  fiire,  par 
le  moyen  des  courbes ,  des  miroirs  pour 
brûler  au  loin,  ce  qui  a  occupé  inutile- 
ment un  o;rand  nombre  de  Mathématiciens 
&  d'Artiliés  qui  fe  trompoient  toujours, 
parce  qu'ils  confidéroient  les  rayons  du 
Soleil  comme  parallèles ,  au  lieu  qu'il 
faut  les  confidérer  ici   tels  qu'ils,  font, 


des  M'wêvdux ,  Partie  Exp.     1 7  3" 

e  cfl-à-dfre ,  comme  faifant  des  angles  de 
route  grandeur,  depuis  zéro  jufqu'à  32 
minuicîi ,  ce  qui  fait  qu'il  efl  Tinpoflibie, 
quelque  tôurburc  cju'cn  donne  à  un 
miroir,  dé  rendre  ic  diainètre  du  foyer 
plus  petit  (|ue  la  corde  de  Tare  qui  nielure 
cet  angle  de  3  2  minutes.  Ainfi  "qutmd 
même  on  pourrait  faire  un  miroir  concave 
pour  brûler  à  une  grande  diftance,  par 
exemple,  à  i  50  pieds,  en  le  travaillant 
dans  tous  fès  points  fur  une  fphère  de 
600  pieds  de  diamètre,  &  en  employant 
tine  maiïe  e'norme  de  verre  pu  de  métal, 
il  efl  clair  qu'on  aura  à  peu-près  autant 
d'avantage  à  n'employer  au  contraire  que 
de  petits  miroirs  plans. 

Au  refie ,  comme  tout  a  des  limites, 
quoique  mon  miroir  foit  fafceptible  d'une 
plus  grande  perfecflion,  tant  pour  l'ajuf- 
temcnt  que  pour  pîufieurs  autres  chofes , 
&  que  je  coiupie  bien  en  faire  un  autre 
dont  les  effets  feront  fupérieurs,  cepen- 
dant il  ne  f\iu  pas  cfpérer  qu'on  puifîè 
jamais  brûler  à  de  très-grandes  diilances; 
car  pour  brûler,  par  exemple ,  à  une 
demi  -  lieue  ,  ï\  fmdi  oit  un  miroir  deux 
i^îiile  fois  plus  grand  que  le   mien;   & 

H  ii; 


.1/4  Inîroduâïon  à  VHifloln 
fout  ce  qu'on  potirra  jamais  faire ,  efl  de 
brûler  à  8  ou  900  pieds  tout  au  plus. 
Le  foyer  dont  le  mouvement  correfpond 
toujours  à  celui  du  Soleil ,  marche  d'autant 
plus  vite  qu'il  eft  plus  éXoigwé  du  miroir, 
&  à  900  pieds  de  diitance ,  il  feroit  un 
chemin  d'environ  6  pieds  par  minute. 

W  n'eft  pas  néceÛaire  d'avertir  qu'on 
peut  faire ,  avec  des  petits  morceaux  plats 
de  glace  ou  de  métal ,  des  miroirs  dont  les 
foyers  feront  variables,  &  qui  brûleront 
à  de  petites  dillances  avec  une  grande 
vivacité;  &  en  les  montant  à  peu -près 
comme  l'on  monte  les  parafols,  il  ne* 
faudroit  qu'un  feui  mouvement  pour  eni 
ajufter  le  foyer. 

Maintenant  que  j'ai  rendu  compte  dei 
ma  découverte  &  du  fuccès  de  mes  expé- 
riences, je  dois  rendre  à  Archiiuède  & 
aux  Anciens ,  la  gloire  qui  leur  e/t  due. 
Il  efl  certain  qu'Archimède  a  pu  faire 
avec  des  miroirs  de  métal  ce  que  je  fais 
avec  des  miroirs  de  verre  ;  il  efl  iûr  qu'il 
avoit  plus  de  lumières  qu'il  n'en  fuit  pour 
imaginer  la  théorie  qui  m'a  guidé  &  la 
mécanique  que  j'ai  fût  exécuter,  &  que 
par  conféqueut  on  ne  peut  lui  refufer  le 


des  Muicmiix  f  Partie  Exp.     175 

titre  de  premier  inventeur  de  ces  miroirsp 
que  l'occafion  où  il  fut  les  employer , 
rendit  fans  doute  plus  célèbres  que  le 
jne'rite  de  la  chofe  même. 

Pendant  ie  temps  que  je  travaillois  à 
ces  miroirs,  j'ignorois  le  détail  de  tout 
ce  qu'en  ont  dit  les  Anciens:  mais  après 
avoir  réufîi  à  les  faire ,  je  fus  bien  aife 
de  m'en  indruire.  Feu  M.  Aleîot ,  de 
TAcadémie  des  Belles  -  Lettres,  &  l'un 
des  Gardes  de  la  Bibliothèque  du  Roi , 
dont  la  grande  érudition  &  les  talens  étoient 
connus  de  tous  les  Savans ,  eut  la  bonté 
de  me  communiquer  une  excellente 
DifTertation  qu'il  avoit  faite  fur  ce  fujet, 
dans  laquelle  il  rapporte  les  témoignages  de 
tous  les  Auteurs  qui  ont  parlé  des  miroirs 
firdens  d'Archimède  ;  ceux  qui  en  parlent 
le  plus  clairement  font ,  Zonaras  &  T'zetzès, 
qui  vivoient  tous  deux  dans  le  Xll/  fiècle  : 
ie  premier  dit ,  o^ Anh'imcde  avec  fes 
miroirs  ardens ,  mit  en  cendres  toute  la 
flotte  des  Romains:  ce  Géomètre,  dit- il, 
ayant  reçu  les  rayons  du  Soleil  fur  un  miroir , 
a  l 'aide  de  ces  rayons  raJfembUs  &  réfléchis 
far  l'épaijfeur  &  le  poli  du  miroir ,  il  em- 
brafa  l'air,  ù*  alluma  une  grande  f.amme 

H  iiij 


Ï76     lîîtroduâlon  a  VHïjloire 

qu'il  lança  toute  entière  fur  les  vmffeaux  qui 
mouilloient  dans  la  fpKere  de  fin  aâîvité ,  & 
qui  furent  tous  réduits  en  cendres.  Le  même 
Zoiiaras  rapporte  aufli ,  qu'au  fiége  de 
Conflantinopie ,  fous  l'empire  d'AnaRafe, 
î'an  5 14  de  Jéfus-Chrift,  Proclus  brûla 
avec  des  miroirs  d'airain ,  la  flotte  de 
Yitalien  qui  aiîîégeoit  Conftanîinople  ;  & 
il  ajoute  que  ces  miroirs  étoient  une 
découverte  ancienne ,  &  que  l'hiiiorien 
Dion  en  donne  l'honneur  à  Archimède 
qui  la  fit,  &  s'en  fervit  contre  les 
Romains,  lorfque  Marceiius  fit  le  fiége 
de  Syvacufe. 

Tzetzès ,  non  -  feulement  rapporte  & 
ûiïlire  le  fait  des  miroirs,  mais  même  il 
ç\\  explique  en  quelque  façon  la  conf- 
îru(ftion.   Lorfque  les  yaijfeaux  Romaitis, 
dit-il,  furent  à  la  portée  du  trait  j  Archimède 
fit  faire  une  efpece  de  miroir  hexagone ,  & 
d'autres  plus  petits  de  vingt- quatre  angles 
chacun,  qu'il  plaça  dans  une  diflance  pro' 
portionnée  &  qu'on  pouvoit  mouvoir  a  l'aide 
de  leurs  charnières  &  de  certaines  lames  de 
métal;  il  plaça  le  miroir  hexagone  de  façon 
qu'il  et  oit  coupé  par  le  milieu  par  le  méri- 
dien d'hiyer  &  d'été)  en  forte  que  les  rayons 


(jes  Minéraux ,  Partie  Exp.     177 

Ju  Soleil  reçus  fur  ce  miroir  venant  a  fe 
brifer ,  ûllumercnt  un  grand  feu  qui  réduifit 
en  cendres  les  v  ai  féaux  Romains ,  quoiqu'ils 
fufent  éloignés  de  la  portée  d'un  trait.  Ce 
pafTage  me  paroît  a(îez  clair;  il  fixe  fa 
diftance  à  laquelle  Afchimède  a  brûlé, 
la  portée  du  trait  ne  peut  guère  ctre  que 
de  150  ou  200  pieds;  il  donne  l'idée 
de  Ja  con(lrud:ion ,  &  fait  voir  que  le 
miroir  d'Archimède  pouvoir  erre  comme 
le  mien ,  compofé  de  plufieurs  petits 
miroirs  qui  fe  mouvoient  par  des  mou- 
vemens  de  charnières  &  de  reflorts,  & 
enfin  il  indique  la  pofition  du  miroir,  en 
difànt  que  îe  miroir  hexagone  autour 
duquel  étoient  fans  doute  les  miroirs  plus 
petits ,  étoit  coupé  par  le  méridien ,  ce 
qui  veut  dire  apparemment  que  le  miroir 
doit  être  oppofé  direclement  au  Soleil  ; 
d'ailleurs  le  miroir  hexagone  étoit  proba- 
blement celui  dont  l'image  fervoit  de  mire 
pour  ajufler  les  autres,  &  cette  figure 
n'eft  pas  tout- à-fait  indifférente,  non  plus 
que  celle  de  vingt-quatre  angles  ou  vingt- 
quatre  côtés  des  petits  miroirs.  Il  eft  aifé 
de  fentir  qu'il  y  a  en  effet  de  l'avantage  à 
donner  à  ces  miroirs  une  figure- polygone 

H  V 


178    Iiiîroduâlon  à  VHïflohê 

d'un  grand  nombre  de  côtés  égaux,  afin 
que  la  quantité  de  iumière  loit  moins 
inégalement  répartie  dans  l'image  réflé- 
chie, &:  eilc  fera  répartie  le  moins  inéga- 
lement qu'il  eft  pofîlble  lorfque  les  miroirs 
feront  circulaires  :  j'ai  bien  vu  qu'il  y 
avoit  de  la  perte  à  employer  Aç.s  miroirs 
quadrangulaires ,  longs  de  (5  pouces  fur 
8  pouces;  mais  j'ai  préféré  cette  forme 
parce  qu'elle  eft ,  comme  je  l'ai  dit ,  plus 
avantageufe  pour  brûler  horizontalement. 

J'ai  aufli  trouvé  dans  la  même  difîer- 
tation  de  M.  Meïot,  que  le  P.  Kircher 
avoit  écrit  qu'ArchimècIe  avoit  pu  brûler 
à  une  grande  diflance  avec  des  miroirs 
plans,  &  que  l'expérience  lui  avoit  appris, 
qu'en  réuniffant  de  cette  façon  les  images 
du  Soleil,  on  produifoit  une  chaleur  confî- 
dérabie  au  point  de  réunion. 

Enfin  dans  les  Mémoires  de  l'Académie, 
année  1-/26,  M.  du  Fay,  dont  j'hono- 
rerai toujours  la  mémoire  &  les  talens, 
paroit  avoir  touché  à  cette  découverte, 
il  dit  :  (payant  reçu  l 'image  du  Soleil  fur 
un  miroir  plan  d'un  pied  en  quarré ,  &  l'ayant 
portée  jufqua  600  pieds  fur  un  miroir. 
une  ave  de  i  y  pouces  de  diamètre  j  elle  avoit 


^es  Afinerat/x ,  Partie  Exp.    i  ^p 

encore  /a  force  de  brûler  des  matières  corn- 
Imjîïbles  au  foyer  de  ce  dernier  miroir.  Et  à 
ia  fin  de  Ton  Mémoire ,  il  dit  :  que  quelques 
Auteurs,    il   veut   fans  doute  parler   du 
P.  Kircher,  ont  propofé  déformer  un  miroir 
d'un  très  -  long  foyer  par  un  grand  nombre 
de  petits  miroirs  plans ,  que  plufieurs  perfonnes 
tiendroient  h   la    main,    if  dirigeroient  de 
façon  que  les  images  du  Soleil  formées  par 
chacun  de  ces  miroirs,  concourroient  en  un 
même  point ,  &  que  ce  fer  oit  peut  -  être  la 
façon  de  réuffir  la  plus  fûre   &  la  moins 
difficile  a  exécuter.   Un  peu  de  réflexion 
iur  i'expérience  du  miroir  concave  &  fur 
ce  projet ,  auroit  porté  M.  du  Fay  à  la 
découverte  du  miroir  d'Archimède,  qu'il 
traite    cependant   de   fable   un  peu   plus 
haut;   car  il   me  paroît    qu'il   étoit  tout 
naturel  de  conclure  de  Ton  expérience , 
que   puifqu'un    miroir    concave   de    17 
pouces  de  diamètre  fur  lequel  l'image  du 
Soleil  ne  tomboit   pas   toute   entière  y  à 
beaucoup  près ,    peut  cependant  brûler 
par  cette  feule  partie  de  l'image  du  Soleil 
réfléchie  à  600  pieds,  dans  un  foyer  que 
je  fuppofe  large  de  3  lignes  ;  onze  cents 
cinquante  -  fix  jniroirs  plans   femblabîes 

H  v| 


.î8ô    Mroàiâion  h  VHiflotre 

au  premier  miroir  réfléchiffant ,   doivent, 
à  plus  forte   raifon  brûler  drre(5tement  ^ 
cette  dillance  de  600  pieds,  &  que  par 
conféquent  deux  cents  quatre-vingt-neuf 
fniroirs  pians  auroient  été  plus  que  iuffifans 
pour  brûier  à  300  pieds,  en  réunifiant 
les  deux  cents  quatre-vingt-neuf  imao-es  : 
mais  en  fait  de  découverte  le  dernier  pas, 
quoique  fou  vent  le  ])Ius  faciie ,  efl:  cepen-, 
dant  celui  qu'on  fait  le  pius  rarement. 

Mon  Mémoire,  tel  qu'on  vient  de  îe 
lire  ,  a  été  imprimé  dans  le  volume  de 
TAcadémie  des  Sciences,  année  ly^y, 
fous  le  titre  :  Invention  des  miroirs  pour  brûler 
à  une  grande  dijiance.  Feu  M.  Bouguer, 
&  quelques  autres  Membres  de  cette 
fîivante  Compagnie,  m'ayant  fait  plufieurs 
objecfiions,  tirées  principalement  de  la  doc- 
trine de  Defcartes ,  dans  (on  Traité  de 
Dioptrique ,  je  crus  devoir  y  répondre  par 
ie  AÎémoire  fui  vaut,  qui  fut  lu  à  l'Aca- 
démie la  même  année ,  mais  que  je  ne  fis 
pas  imprimer  par  ménagement  pour  mes 
adverfaires  en  opinion.  Cependant  comme 
il  contient  plufieurs  choies  utiles,  &l  qu'il 
pourra  fervir  de  préfervauf  contre  les 
erreurs   contenues  dans   quelques  livres 


f^es  Minéraux,  Partie  Exp.     i  !?  i 

d'Optique,  fur  -  tout  dans  celui  de  la 
JDioptrique  de  Defcartes,  que  d'ailleurs 
iJ-fert  d'explication  &l  de  fuite  au  Mémoire 
précédent  ;  j*ai  jugé  à  propos  de  ies 
joindie  ici  &  de  ies  publier  enfemble. 

Article    second. 

RÉ  F  L  EX  10  N s  fur  le  jugement  de 
Defcartes ,  au  fujet  des  mm'irs  d'Ar* 
chiniede ,  avec  le  développement  de  la 
théorie  de  ces  mirons  &  l'explication 
de  leurs  principaux  ifages» 

JLjA  Dioptrique  de  Defcartes,  cet  ou- 
vrage qu'il  a  donné  comme  le  premier  & 
ie  principal  elTai  de  fa  méthode  de  raifbnner 
dans  ies  Sciences ,  doit  être  regardée 
comme  un  chef-d'œuvre  pour  fon  temps  ; 
mais  les  plus  I^elles  fpéculntions  font  fou- 
vent  démenties  par  l'expérience ,  &  tous 
îcs  jours  les  fubîimes  Mathématiques  font 
obligées  de  fe  plier  fous  de  nouveaux 
faits  ;  car  dans  l'application  qu'on  en  fait 
aux  plus  pentes  parties  de  la  Phyfique , 
on  doit  fe  défier  de  toutes  les  circonf- 
tances,  &  ne  pas  fc  confier  aflez  aux 


182      Inîroduâion  à  VHijloire 

chofes  qu'on  croit  favoir  pour  prononcer 
affirmativement  fur  celles  qui  font  incon- 
nues. Ce  défaut  n'eft  cependant  que  trop 
ordinaire,  &  j'ai  cru  que  je  ferois  quelque 
chofe  d'utile  pour  ceux  qui  veulent 
s'occuper  d'Optique,  que  de  leur  expofer 
ce  qui  manquoit  à  Defcartes,  pour  pouvoir 
donner  une  théorie  de  cette  fcience  qui 
fût  fufceptible  d'être  réduite  en  pratique. 

Son  Traité  de  Dioptrique  efi  divifé  en 
dix  Difcours,  dans  le  premier,  notre  Phi- 
iofophe  parle  de  la  lumière  ;  &  comme 
il  ignoroit  fon  mouvement  progrefTif  qui 
n'a  été  découvert  que  quelque  temps 
après  par  Roemer,  il  faut  modifier  tout 
ce  qu'il  dit  à  cet  égard,  &:  on  ne  doit 
adopter  auciuie  des  explications  qu'il  donne 
au  iujet  de  la  nature  &  de  la  propagation 
de  la  lumière ,  non  plus  que  les  compa- 
raifons  &  les  hypothèfes  qu'il  emploie 
pour  tâcher  d'expliquer  les  caufes  &:  les 
effets  de  la  vifion.  On  fait  aifluellement 
que  la  lumière  efl  environ  7  minutes  \ 
à  venir  du  Soleil  jufqu'à  nous,  que  cette 
émifîion  du  corps  lumineux  fe  renouvelle 
à  chaque  inftant ,  &  que  ce  n'eft  pas  par 
ia  preffion  continue  &  par  i'adion,  ou 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    183 

plutôt  l'ébranlement  inftantané  d'une  ma- 
tière fubtile  que  fes  effets  s'opèrent;  ainfî 
toutes  les  parties  de  ce  Traité ,  où  l'Auteur 
emploie  celte  théorie,  font  plus  que  ful^ 
pedes,  &  les  conféquences  ne  peuvent 
être  qu'erronées. 

Il  en  eft  de  même  de  ^explication  que 
Defcartes  donne  de  la  réfracflion  ;  non- 
feulement  fi  théorie  efl:  hypothétique  pour 
la  caufe ,  mais  la  pratique  efl:  contraire  dans 
tous  les  effets.  Les  mouvemens  d'une  balle 
qui  traverfe  l'eau,  font  très-différens  de 
ceux  de  la  lumière  qui  traverfe  le  même 
milieu ,  &  s'il  eût  comparé  ce  qui  arrive 
en  effet  à  une  balle,  avec  ce  qui  arrive  à 
la  lumière,  il  en  auroit  tiré  des  confé- 
c|uences  tout- à- fait  oppofées  à  celles  qu'il 
a  tirées. 

Et  pour  ne  pas  omettre  une  chofe  très- 
effentielïe  ,  &  qui  pourroit  induire  en 
erreur ,  il  faut  bien  fe  garder ,  en  lifant 
cet  article,  de  croire  avec  notre  Philo- 
fophe ,  que  le  mouvement  rediligne  peut 
fe  changer  natureileiruEnt  en  un  mouve- 
ment circulaire  ;  cette  affertion  eft  f\ufîe^ 
&  le  contraire  eft  démontré  depuis  que 
l'on  connoît  les  ioix  du  mouvement. 


;1 84    hïtroàuùion  a  VHiftoire 

Comme  le  fécond  Difcours  rouîe  en 
grande  partie  fur  cette  théorie  hypothé- 
tique de  ia  réfraclion,  je  me  difpenferat 
de  parler  en  détail  des  erreurs  qui  en  font 
ies  conféquences ,  un  Ledeur  averti  ne 
peut  manquer  de  les  remarquer. 

Dans  ies  troifième ,  quatrième  &  cin- 
quième  Difcours,   il  eft  queftion  de  la 
vifion,  &  l'explication  que  Defcartesdonn^ 
au  fujet  des  images  qui  fe  forment  au  fond 
de  i'œil,  eft  afîèz  jufte  ;  mais  ce  qu'il  dit 
fur  les  couleurs  ne  peut  pas  fe  foutenir 
ni  même  s'entendre  :  car  comment  conce- 
voir qu'une  certaine  proportion  entre  le 
mouvement    rediligne    &    un    prétendu 
mouvement  circulaire ,  puifie  produire  ôqs   , 
couleurs  \  Cette  partie  a  été ,  comme  l'on' 
fait,  traitée  à  fond  &  d'une  manière  dé- 
monftrative  par  Newton,  &  l'expérience 
a  fl^it  voir  l'infuffifance  de  tous  les  fyflèmes^ 
précédens. 

Je  ne  dirai  rien  du  fixième  Difcours^' 
où  il  tâche  d'expliquer  comment  fe  font 
nos  fenfaiions  :  quelque  ingénieufes  que 
foient  fes  hypothèfes,  il  eft  aifé  de  fentir 
qu'elles  font  gratuites  ;  &  comme  il  n'y 
a  prefque   rien   de  mathématique  dans 


'des  Minéraux,  Partie  E>ip.     185 

cette   partie,   il  eft   inutile   de    nous   y 
arrêter. 

Dansie  feptième  &Ie  huitième  Difcours, 
Defcartes  donne  une  belle  théorie  géo- 
métrique fur  ies  formes  que  doivent  avoir 
les  verres  pour  produire  îes  effets  qui 
peuvent  fervir  à  la  perfèdion  de  la  vifion, 
&  après  avoir  examiné  ce  qui  arrive  aux 
rayons  qui  traverfent  ces  verres  de  diffé- 
rentes formes,  il  conclut  que  ies  verres 
elliptiques  &  hyperboliques ,  font  ies 
meilleurs  de  tous  pour  raiïembler  les 
rayons  ;  &  il  finit  par  donner  dans^  ie 
neuvième  Difcours  la  manière  de  conf- 
truire  les  lunettes  de  longue  vue,  &  dans 
le  dixième  &  dernier  Difcours,  celle  de 
tailler  ies  verres. 

Cette  partie  de  l'ouvrage  de  Defcartes , 
qui  elt  proprement  la  feule  partie  mathé- 
jnatique  de  fon  Traité ,  efl  plus  fondée  & 
beaucoup  mieux  raifonnée  que  les  précé- 
dentes ;  cependant  on  n'a  point  appliqué 
fa  théorie  à  la  pratique,  on  n'a  pas  taillé 
des  verres  elliptiques  ou  hyperboliques, 
&  i'on  a  oublié  ces  fameufcs  ovales  qui 
font  le  principal  objet  du  fécond  Livre 
de  fa  Géoméirie  ;  la  différente  réfrangibilité 


1  8^     Introduâïon  à  l'Hïfloïre 

des  rayons,  qui  étoit  inconnue  à  Defcarfes^ 
n'a  pas  été  découverte  que  cette  théorie 
géométrique  a  été  abandonnée  :  il  eft  en 
effet  démontré  qu'il  n'y  a  pas  autant  à 
gagner  par  le  choix  de  ces  formes  qu'il 
y  a  à  perdre  par  îa  différente  réfrangibiiité 
des  rayons,  puifque  feion  leur  différent 
degré  de  réfrangibiiité ,  ils  fe  raffemblent 
plus  ou  moins  près;  mais  comme  l'on  eft 
parvenu  à  faire  à^i  lunettes  achromatiques , 
dans  lefquelies  on  compenie  îa  différente 
réfrangibiiité  des  rayons  par  des  verres  de 
différente  denfité  ;  il  feroit  très  -  utile 
aujourd'hui  de  tailler  des  verres  hyper- 
boliques ou  elliptiques  ,  (î  l'on  veut  donner 
aux  lunettes  achromatiques  toute  la  per-» 
feclion  dont  elles  font  iufceptibles. 

Après  ce  que  je  viens  d'expofer ,  il  me 
femble  que  l'on  ne  devroit  pas  être  furpris 
que  Defcartes  eût  mal  prononcé  au  fujet 
àts  miroirs  d'Archimède ,  puifqu'il  igno- 
roit  un  fi  grand  nombre  de  chofes  qu'on 
a  découvertes  depuis  :  mais  comme  c'elt 
ici  le  point  particulier  que  je  veux  exa- 
miner, il  fiiut  rapporter  ce  qu'il  en  a  dit,, 
afin  qu'on  foit  plus  en  état  d'en  juger. 
c«  Vous  pouvez  aufli  remarquer  par 


éJes  Mwerû!/x ,  Faïik  E)ip.     187 

occafion ,  que  les  rayons  du  Soleil  ce 
ramafTés  parle  verre  elliptique,  doivent  ce 
brûler  avec  plus  de  force  qu'étant  raf-  ce 
femblés  par  l'hypcibolique ,  car  il  ne  ce 
faut  pas  leulerneiit  prendre  garde  aux  ce 
rayons  qui  viennent  du  centre  du  Soleil,  ce 
mais  auiîi  à  tous  Igs  autres  qui  venant  ce 
des  autres  points  de  la  Tuperficie,  n'ont  ce 
pas  feniiblement  moins  de  force  que  ce 
ceux  du  centre;  en  forte  que  la  vio-  ce 
ience  de  la  chaleur  qu'ils  peuvent  caufer,  ce 
fe  doit  mèiurer  par  h  grandeur  du  ce 
corps  qui  les  afîembîe,  comparée  avec  ce 
celle  de  l'eipace  où  il  les  affeinble.  ...  ce 
fans  que  la  grandeur  du  diamètre  de  ce 
ce  corps  y  puifîe  rien  ajouter,  ni  fa  ce 
figure  particulière,  qu'environ  un  quart  ce 
ou  un  tiers  tout  au  plus  ;  il  eft  certain  ce 
que  cette  ligne  brûlante  à  l'infini ,  que  ce 
quelques  -  uns  ont  imaginée  ,  n'efl  ce 
qu'une  rêverie.  :>:> 

Juiqu'ici  il  n'eit  queflion  que  de  verres 
brûlans  par  réfraélion ,  mais  ce  raifonne- 
ment  doit  s'appliquer  de  même  aux 
iniroirs  par  réflexion ,  &  avant  que  de 
faire  voir  que  l'Auteur  n'a  pas  tiré  de 
cette  théorie  les  conféqueaces  qu'il  devoir 


fl  8  8    IntroJuâm  à  VHïjlone 

en   tirer,   il    efl    bon    de    lui   répondre 
d'abord  par  Texpérience.  Cette  ligne  brû- 
lante à  rinfini,  qu'il  regarde  comme  un^ 
ïêverie ,  pourroii  s'ex  tcuier  par  des  niiroirs 
de  réflexion  lemblables  au  mien,  non  pas 
à  une  diftance  infinie,  parce  que  Thomnic 
ne  peut  rien  faire  d'infini,  mais  à  une 
difiance  indéfinie  afTez  confidérable.  Car 
fuppofons  que  mon  miroir  au  lieu  d'être 
compofé  de  deux  cents  vingt-quatre  petites   j 
glaces,  fût  compofé  de  deux  mille,  ce 
qui  efl  poflibie  ;  il  n'en  faut  que  vingt 
pour  brûler  à  20  pieds ,  &  le  foyer  étant 
comme  une  colonne  de  lumière,  ces  vingt 
glaces  brûlent  en  même  temps  à  1 7  &  à 
2.3  pieds;  avec  vingt-cinq  autres  glaces, 
je  ferai  un  foyer  qui  brûlera  depuis  23 
jufqu'à  30;  avec  vingt -neuf  glaces,  un 
foyer  qui  brûlera  depuis  30  jufqu'à  40; 
avec  trente  -  quatre  glaces ,  un  foyer  qui 
brûlera  depuis  40  jufqu'à  52;  avec  qua- 
rante glaces ,  depuis  5  2  jufqu'à  64  ;  avec 
cinquante  glaces,  depuis  64  jufqu'à  yé\ 
avec  foixante  glaces,  depuis  jû  jufqu'à 
188;  avec  foixame-dix  glaces,  depuis  8  8 
Jufqu'à  100  pieds:  voilà  donc  àé]2i.  une 
îigne  brûlante,  depuis  17  jufqu'à   loo 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.     i  %^ 

pieds  ,  où  Je  n'aurai  empîoyé  que  trois 
cents  vingt-huit  glaces;  &  pour  la  conti- 
nuer, il  n'y^  <^iu'à  faire  d'abord  un  foyer 
de  quatre-vingts  glaces,  il  brûlera  depuis 
loo  pieds  jufqu'à  i  i^;  <&  quatre-vingt- 
douze  glaces ,  depuis  i  i  6  jufqu'à  i  3  ^ 
pieds;  &  cent  huit  glaces,  depuis  134. 
I jufqu'à  I  50;  &:  cent  vingt-quatre  glaces, 
'depuis  150  jufqu'à  170;  &  cent  cin- 
quante-quatre glaces,  depuis  170  jufqu'à 
200  pieds;  ainfi  voilà  ma  ligne  brûlante 
prolonge'e  de  100  pieds,  en  forte  que 
depuis  dix-fept  pieds  jufqu'à  200  pieds , 
en  quelqu'cndroit  de  cette  diftance  qu'on 
puiflè  mettre  un  corps  combullible,  ii 
fera  brûle';  &  pour  cela  il  ne  faut  en  tout 
([lie  huit  cents  quatre- vingt- fix  glaces  de 
iix  pouces,  &  en  employant  le  rerte  des 
deux  mille  glaces,  je  prolongerai  de  même 
la  ligne  brûlante  jufqu'à  3  &  400  pieds; 
&  avec  un  plus  grand  nombre  de  glaces^ 
par  exemple,  avec  c[uatre  mille  je  la  pro- 
longerai beaucoup  plus  loin,  à  une  diftance 
indéfinie.  Or  tout  ce  qui  dans  la  pratique 
cil  indéfini ,  peut  être  regardé  comme 
infini  dans  la  théorie  ;  donc  notre  célèbre 
Philofophc  a  eu  tort  de  dire  que  cette 


ipo     Iniroduâion  à  VHïfloire 

ligne    brûlante  à  l'infini   n^étoit   qu'une 
rêverie. 

Maintenant,  venons  à  îa  théorie,  rien 
n'eft  plus  vrai  que  ce  que  àài  ici  Defcartes 
au  lujet  de  ia  re'union  des  rayons  du 
Soleil ,  qui  ne  le  fait  pas  dans  un  point , 
mais  dans  un  efpace  ou  foyer  dont  le 
diamètre  augmente  à  proportion  de  la 
diftance.  Mais  ce  grand  Phiiofophe  n'a 
pas  fenti  l'étendue  de  ce  principe  qu'il  ne 
donne  que  comme  une  remarque  ;  car 
s'il  y  eût  fait  attention,  il  n'auroit  pas 
confidéré  dans  toiu  le  refle  de  fon  ouvrage 
ies  rayons  du  Soleil  comme  parallèles ,  il 
n'auroit  pas  établi  comme  le  fondement 
de  la  théorie  de  fa  conftruction  des  lu- 
nettes ,  la  réunion  des  rayons  dans  un 
point,  &:  il  fe  leroit  bien  gardé  de  dire 
affirmativement,  (page  i  ^  i )  Nous  pour- 
rons par  cette  invention  voir  des  objets  oujjl 
particuliers  &  ûujfi  petits  dans  les  ajlres , 
que  ceux  que  nous  voyons  communément  fur 
la  terre.  Cette  afFertion  ne  pouvoit  être 
vraie  qu'en  fuppofant  le  parallélifiue  des 
rayons  &  leur  réunion  en  un  ferl  point , 
&  par  conféquent  elle  ell  oppofée  à  fa 
propre  théorie,  ou  plutôt  il  n'a  pas  employé 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.     i  p  i 

ïa  théorie  comme  il  le  fàlloit  ;  &  en  effet , 
s'il  n'eût  pas  perdu  de  vue  cette  remarque , 
il  eût  fupprimé  les  deux  derniers  Livres 
de  (il  Dioptrique;  car  il  au  roi  t  vu  que 
quand  même  les  Ouvriers  eufîent  pu  tailler 
les  verres  comme  il  l'exigeoit,  ces  verres 
.  n'auroient  pas  produit  les  efïèts  qu'il  leur 
a  fuppofés,  de  nous  faire  diflinguer  les 
plus  petits  objets  dans  les  aflres  ;  à  moins 
qu'il  n'eût  en  même  temps  fuppofé  dans 
ces  objets  une  intenfité  de  lumière  infinie , 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  qu'ils  euffent, 
malgré  leur  éioîgnement,  pu  former  un 
angle  fenfible  à  nos  yeux. 

Comme  ce  point  d'Optique  n'a  jamais 

été  bien  éclairci,  j'entrerai  dans  quelque 

détail  à  cet  égard  :  on  peut  démontrer  que 

;  deux  objets  également  lumineux  &  dont 

.  les  diamètres  Ibnt  différens ,  ou  bien  que 

'  deux  objets  dont  ies  diamètres  font  égaux, 

&  dont  i'intenfité  de  lumière  eft  diffé- 

,  rente,    doivent   être    obfervés  avec   des 

ç:  lunettes  différentes;   que   pour  obferver 

ji  avec   le    plus    grand  avantage   poffible , 

:il  faudroit   des  lunettes  différentes   pour 

chaque  Planète  ;  que ,  par  exemple,  Vénus 

.  qui  nous  paroît  bien  plus  petite  que  ia 


If)  2     Introduâion  à  VHïf!o\re 

Lune,  &  dont  je  fuppofe  pour  un  inftant 
la  lumière  égale  à  celle  de  la  Lune,  doit 
être  obfervée  avec  une  iunette  d'un  plus 
ïong  foyer  que  la  Lune;  &  que  la  per- 
fèd:ion  des  lunettes ,  pour  en  tirer  ie  plus 
grand  avantage  poiïible,  de'pend  d'une 
combinaifon  c[u'ii  faut  faire,  non-feulementf 
entre  les  diamètres  &  les  courbures  des 
verres,  comme  Defcartes  Ta  fait,  mais 
encore  entre  ces  mêmes  diamètres  &  l'iii- 
tenfité  de  la  lumière  de  l'objet  qu'on 
obferve.  Cette  intenfité  de  la  lumière  de 
chaque  objet ,  eft  un  élément  que  les 
Auteurs  qui  ont  écrit  fur  l'Optique  n'ont 
jamais  employé,  &  cependant  il  fiît  plus 
que  l'augmentation  de  l'angle  fous  lequel 
un  objet  doit  nous  paroître ,  en  vertu  de 
la  courbure  des  verres.  Il  en  ell  de  même 
d'une  chofe  qui  femble  être  un  paradoxe, 
c'eft  que  les  miroirs  ardens ,  foit  par 
réflexion  ,  foit  par  réfracflion ,  feroient  un: 
effet  toujours  égal  à  quelque  diflance  qu'on 
les  mît  du  Soleil.  Par  exemple ,  moit^ 
miroir  brûlant  à  i  5  o  pieds  du  bois  fur »i 
la  Terre,  brûicroit  de  même  à  1  50  pieds  " 
&  avec  autant  de  force  du  bois  dans 
Saturne ,  où  cependant  la  chaleur  du  Soleil 

«fti 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    i  p  3 

efl:  environ  cent  fois  moindre  que  fur  la 

j  Terre.  Je  crois  que  les  bons  efprits  fen- 

tiront  bien ,  fans  autre  démonftration ,  la 

vérité  de  ces  deux  propofitions  ,  quoique 

:  toutes  deux  nouvelles  &  fingulières. 

Mais  pour  ne  pas  in'écarter  du  fujet 
I  que  je  me  fuis  propofé,  &  pour  démontrer 
j  que  Defcartes  n'ayant  pas  la  théorie  qui 
1  cft  nécefîaire  pour  conftruire  les  miroirs 
I  d'Archimède  ,  il  n'étoit  pas  en  état  de 
:  pi'ononcer  qu'ils  étoient  impofîibles,  je 
I  vais  faire  fentir ,  autant  que  je  le  pourrai , 
en  quoi  confiftoit  la  difficulté  de  cette 
invention. 

S\  le  Soleil,  au  lieu  d'occuper  à  nos 
yeux  un  efpace  de  3  2  minutes  de  degré , 
étoit  réduit  en  un  point ,  alors  il  eft 
certain  que  ce  point  de  lumière  réfléchie 
par  un  point  d'une  furface  polie,  pro- 
duiroit  à  toutes  les  diftances  une  lumière 
&  une  chaleur  égales ,  parce  que  l'inter- 
pofition  de  l'air  ne  fait  rien  ou  prefque 
rien  ici  ;  que  par  confcquent  un  miroir 
dont  la  furface  feroit  égale  à  celle  d'un 
autre,  brûleroit  à  dix  lieues  à  peu-près 
aufïi-bien  que  le  premier  brûleroit  à  i  o 
pieds,  s'il  étoit  poliible  de  le  travailler 


I5>4  Introduâion  ci  VHîjlo\re 
fur  une  fphère  de  quarante  lieues,  comme 
on  peut  travailler  l'autre  fur  une  fphère 
de  40  pieds;  parce  que  chaque  point  de 
îa  furface  du  miroir  réfléchifïant  le  point 
îumineux  auquel  nous  avons  réduit  le 
difque  du  Soleil,  on  auroit,  en  variant  la 
courbure  des  miroirs ,  une  égale  chaleur 
ou  une  égale  lumière  à  toutes  Tes  diftances 
fans  changer  leurs  diamètres  ;  ainfi  pour 
brûler  à  une  grande  diftance,  dans  ce 
cas  il  faudroit  en  efïèt  un  miroir  très- 
çxacftement  travaillé  fur  une  fphère,  ou 
line  hyperboloïde  proportionnée  à  la  dif- 
tance,  ou  bien  un  miroir  brifé  en  une 
infinité  de  points  phyfiques  plans,. qu'il 
faudroit  faire  coïncider  au  même  point  ; 
mais  ie  difque  du  Soleil  occupant  un 
efpace  de  3  2  minutes  de  degré ,  il  eft  • 
clair  que  le  même  miroir  fphérique  ou 
hyperbolique  ou  d'une  autre  figure  quel- 
conque ,  ne  peut  jamais ,  en  vertu  de 
cette  figure,  réduire  l'image  du  Soleil  en 
un  efpace  plus  petit  que  de  3  2  minutes  ; 
que  dès-lors  l'image  augmentera  toujours 
à  meiure  qu'on  s'éloignera;  que  de  plus 
chaque  point  de  la  i'urface  nous  donnera 
une  image  d'une    même   largeur ,   par 


'^es  Miné  vaux,  Partie  Exp.     195 

cxernpie,  d'un  cleini-pied   à    Go  pieds: 
or  comme  il  ell  nécefTaire  pour  produire 
tout  l'effet  poffibie  que  toutes  ces  images 
coïncident    dans   cet  efpace  d'un  demi- 
pied  5  alors  au  lieu  de  bril'er  le  miroir  en 
une  infinité  de  parties ,  il  efl  évident  qu'il 
elt  à  peu  -  près  égal  &  beaucoup   plus 
commode  de  ne  le  brifer  qu'en  un  petit 
nombre  de  parties  planes  d'un  demi-pied 
de  diamètre  chacune,  parce  que  chaque 
I  petit  miroir  plan  d'un  demi-pied  donnera 
I  une  image  d'environ  un  demi-pied,  qui 
i  fera  à  peu-près  aufîi  lumineufe  qu'une 
'  pareille  iiirface  d'un  demi-pied  prife  dans 
le  miroir  fphérique  ou  hyperbolique. 

La  théorie  de  mon  miroir  ne  confifle 
donc  pas ,  comme  on  l'a  dit  ici ,  à  avoir 
trouvé  l'art  d'infcrire  aifément  des  plans 
dans  une  furfàce  fphérique  &  le  moyen 
de  changer  à  volonté  la  courbure  de  cette 
furface  Iphérique;  mais  elle  fuppofe  cette 
remarque  plus  délicate  &  qui  n'avoit  jamais 
été  faite,  c'efl  qu'il  y  a  prefque  autant 
d'avantage  à  fe  fervir  de  miroirs  plans 
que  de  miroirs  de  toute  autre  figure ,  dès 
qu'on  veut  brûler  à  une  certaine  diflance , 
&  que  la  grandeur  du  miroir  plan  eft 


1  9  ^    Introduâïon  h  VHïjloïre 

déterminée  par  la  grandeur  de  l'image  à 
cette  diftance,  en  ibrte  qu'à  la  didance 
de  60  pieds,  où  l'image  du  Soleil  a 
environ  un  demi -pied  de  diamètre,  ort 
brûlera  à  peu  -  près  aufîi  -  bien  avec  à^s 
miroirs  plans  d'un  demi-pied  qu'avec  des 
miroirs  hyperboliques  les  mieux  travaillés , 
pourvu  qu'ils  n'aient  que  la  même  gran- 
deur. De  même  avec  des  miroirs  plans 
d'un  pouce  &  demi ,  on  brûlera  à  i  5  pieds 
à  peu  -  près  avec  autant  de  force  qu'avec 
un  miroir  exadement  travaillé  dans  toutes 
les  parties,  &  pour  îe  dire  en  un  mot, 
un  miroir  à  facettes  plates  produira  à  peu- 
près  autant  d'effet  qu'un  miroir  travaillé 
avec  la  dernière  exacfiitude  dans  toutes  {ç,s 
parties ,  pourvu  que  la  grandeur  de  chaque 
facette  foit  égale  à  la  grandeur  de  l'image 
du  Soleil;  &  c'efl  par  cette  raifon  qu'il 
y  a  une  certaine  proportion  entre  la 
grandeur  desiniroirs  plans  &  les  diiîances , 
&  que  pour  brûler  plus  loin ,  on  peut 
employer,  même  avec  avantage,  de  plus 
grandes  glaces  dans  mon  miroir  que  pour 
brûler  plus  près. 

Car  fi  cela  n'étoit  pas,  on  fent  bien 
qu'en  réduifaut;  par  exemple,  mes  glaces 


{Je s  Minéraux,  Partie  Exp.    1^7^ 

^de  fix  pouces  à  trois  pouces,  &  employant 
'quatre  fois  autant  de  ces  glaces  que  des 
premières ,  ce  qui  revient  au  même  pour 
l'étendue  de  la  furface  du  miroir,  j'aurois 
'  eu  quatre  fois  plus  d'effet ,  &  que  plus 
les  glaces  feroient  petites  &  plus  le  miroir 
produiroit  d'effet;   &  c'efl:  à  ceci  que  fe 
'  feroit  réduit  l'art  de  quelqu'un  qui  auroit 
feulement    tenté    d'inicrire    une    furface 
•  poîygoi'^6  dîiXïs  une  fphère ,  &  qui  auroit 
imaginé  Tajudement  dont  je  me  fuis  fervi 
'pour  faire  changer  à  volonté  la  courbure 
,  de  cette  furface  ;  ï\  auroit  fiit  les  glaces 
,  les  plus  petites  qu'il  auroit  été  pollible  ; 
,  mais  le  fond  &  la  théorie  de  la  chofe  efl 
d'avoir  reconnu  qu'il  n'étoit  pas  feulement 
,  quedion  d'infcrire  une  furface  polygone 
.dans  une  fphère  avec  exactitude,  &  d'en 
faire  varier  la  courbure  à  volonté  ;   mais 
encore  que  chaque  partie  de  cette  furface 
de  voit  avoir  une  certaine  grandeur  déter-- 
-minée  pour  produire  aifément  un  grand 
effet;  ce  qui  fait  un  problème  fort  diffé- 
rent ,  &  dont  la  fblutioii  m'a  fait  voir  qu'au 
lieu  de  travailler  ou  de  briier  un  miroir 
dans  toutes  fes  parties  pour  faire  coïncider 
iei  images  au  même  endroit,  ii  fuitifoit  de 

1  iif 


ip8     Introduâion  a  rHïftoife 

le  brifer  ou  de  le  travailler  à  facettes  planés 
€11  grandes  portions  égales  à  la  grandeur 
de  l'image ,  &  qu'il  y  avoit  peu  à  gagner 
en  le  brifant  en  de  trop  petites  parties , 
ou ,  ce  qui  efl  la  même  chofe ,  en  le 
travaillant  exactement  dans  tous  Tes  points, 
C'efl  pour  cela  que  j'ai  dit  dans  mon 
Mémoire ,  que  pour  brûler  à  de  grandes 
diflances  il  falloit  imaginer  quelque  chofe 
de  nouveau  &  toût-à-fait  indépendant  de 
ce  qu'on  avoit  penfé  &  pratiqué  jufqu'ici, 
éi  ayant  fupputé  géométriquement  la  diffé- 
rence, j'ai  trouvé  qu'un  miroir  parfait  de 
quelque  courbure  qu'il  puifle  être,  n'aura 
jamais  pins  d'avantage  fur  ie  mien  que  de 
17  à  I  o ,  &  qu'en  même  temps  l'exé- 
cution en  feroit  impofîibîe  pour  ne  brûler 
même  qu'à  une  petite  diftance  comme 
de  25  ou  30  pieds.  Mais  revenons  aux 
sffertions  de  Defcartes. 

Il  dit  enfuire  ce  qu'ayant  deux  verres 
>3  ou  miroirs  ardens ,  dont  l'un  foit  beau- 
3>  coup  plus  grand  que  l'autre ,  de  quelqtie 
>5  façon  qu'ils  puifTent  être ,  pourvu  que 
35  leurs  figures  foient  toutes  pareilles ,  le 
?>  plus  grand  doit  bien  ramaffer  les  rayons 
»  du  Soleil  en  un  plus  grand  efpace  & 


^!es  Minéraux,  Partie  Exp*    1 5)9 

plus  loin  de  foi  que  le  plus  petit ,  mais  « 

que  ces  rayons  ne  doivent  point  avoir  ce 

.  plus  de  force  en  chaque   partie  de  cet  ce 

•  efpace  qu'en  celui  où  !e  plus  petit  les  ce 
.  rainafre ,  en  forte  qu'on  peut  faire  des  ce 
-verres  ou  miroirs  extrêmement  petits,  ce 
.  qui  brûleront  avec  autant  de  violence  « 

que  les  plus  grands.  35 

Ceci  ed  ablolument  contraire  aux  expé- 
riences que  j'ai  rapportées  dans  mon 
Mémoire ,  où  j'ai  fait  voir  qu'à  égale 
intenfité  de  lumière  un  grand  foyer  brùie 
beaucoup  plus  qu'un  petit,  &  c'efl  en 
partie  far  ceiie  remarque,  toute  oppofée 
au  fentiment  de  Defcartes,  que  j'ai  fondé 
la  théorie   de  mes   miroirs;   car  voici  ce 

•  qui  fuit  de  {'opinion  de  ce  Philofophe. 
Prenons  un  orand  miroir  ardent ,  comme 
celui  du  fieur  Segard  ,  qui  a  3  2  pouces 
de  diamètre,  &  un  foyer  de  p  lignes  de 

•  largeur  à  6  pieds  de  diRance ,  auquel 
foyer  le  cuivre  fe  fond  en  une  minute, 
&  faifons  dans  les  mêmes  proportions  un 
petit  miroir  ardent  de  3  2  lignes  de  dia- 
mètre ,  dont  le  foyer  fera  de  -^  ou  de  | 
de  lio;ne  de  diamètre ,  &.  la  didance  de  G 
pouces;  puifque  le  grand  miroir  fond  le 

I  iii/ 


^0  0    Introduâlon  a  l'HiJloire 

cuivre  en  une  minute  drais  l'étendue  de 
fon  foyer  qui  efl:  de  p  lignes,  ie  petit 
doit,  Iclon  Defcartes,  fondre  dans  le  même 
temps  la  même  matière  dans  l'étendue  de 
ion  foyer  qui  e(l  de  -  de  ligne  ;  or  j'en 
appelle  à  l'expérience ,  &  on  verra  que 
bien  loin  de  fondre  le  cuivre,  à  peine  ce 
petit  verre  brûlant  pourra- t-il  lui  donner 
un  peu  de  chaleur. 

Comme  ceci  efl:  une  remarc{ue  phy- 
fique&:  qui  n'a  pas  peu  fervià  augmenter 
mes  efpérances  îorrque  je  doutois  encore 
fi  je  pourrois  produire  du  feu  à  une  grande 
dillance ,  je  crois  devoir  communiquer 
ce  que  j'ai  penfé  à  ce  fujet. 

La  première  chofe  à  laquelle  je  fis 
attention ,  c'efl:  que  la  chaleur  fc  commu- 
nique de  proche  en  proche  &  fe  difperfë, 
quand  même  elle  efl:  appliquée  contiauel- 
iement  fur  le  même  point  ;  par  exemple , 
Il  on  fait  tomber  le  foyer  d'iui  verre 
ardent  fur  le  centre  d'un  écu ,  &  que  ce 
foyer  n'ait  qu'une  ligne  de  diamètre,  la 
chaleur  qu'il  produit  fur  le  centre  de 
î'écu  le  difperfe  &l  s'étend  dans  le  volume 
entier  de  I'écu ,  &  il  devient  chaud  jufqu'à 
la  circgnférence  ,  dès-lors  toute  la  chaleur  3 


j        des  Minéraux ,  Partie  Exp.    201 

\  quoiqu'empîoyée  d'abord  contre  le  centre 
de  l'ecLi ,  ne  s'y  arrête  pas  &  ne  peut  pas 
produire  un  audi  grand  efiet  que  fi  elle  y 
demeuroit  toute  entière.  Mais  fi  au  lieu 
d'un  foyer  d'une  ligne  qui  tombe  fur  le 
milieu  de  l'ecu,  je  fais  tomber  fur  i'écu 
tout  entier  un  foyer  d'égale  force  au 
premier ,  toutes  les  parties  de  l'écu  étant 
également  échauffées  dans  ce  dernier  cas  ; 
il  n'y  a  pas  de  perte  de  chaleur  comme 
dans  le  premier ,  &  le  point  du  milieu 
profitant  de  la  chaleur  des  autres  points , 
autant  que  ces  points  profitent  de  la  fienne, 
l'écu  fera  fondu  par  la  chaleur  dans  ce 
dernier  cas ,  tandis  que  dans  le  premier  il 
n'aura  été  que  légèrement  échauffé.  De-îà 
|ê  conclus  que  toutes  les  fois  qu'on  peut 
faire  un  grand  foyer  on  eft  fur  de  pro- 
duire de  plus  grands  effets  qu'avec  un 
petit  foyer,  quoique  Fintenfité  de  lumière 
ibit  la  même  dans  tous  deux;  &  qu'un 
petit  miroir  ardent  ne  peut  jamais  faire 
autant  d'effet  qu'un  grand  ;  &  même 
qu'avec  une  moindre  intenfité  de  lumière  , 
un  grand  miroir  doit  fiire  plus  d'efîèt 
qu'un  petit ,  ia  figure  de  ces  deux  miroirs 
étant  toujours  fuppofée  fembîable.  Ccci|, 

1  V 


102    I/ifroJuélion  a  l 'Hifîoire  i 

qui  comme    Ton   voit,   eft  diredtenieiït 
oppofé   à    ce    que    dit    Defcartes,    s'eftj 
trouvé  confirmé  par  les  expériences  rap-  I 
portées  dans  mon  Mémoire  :  mais  je  ne 
me  fuis  pas  borné  à  Hivoir  d'une  manière  i 
générale  que  les  grands  foyers  agifloient 
avec  plus   de    force  que   les  petits,  j'ai 
déterminé  à  très-peu  près  de  combien  eft 
cette  augmentation  de  force,  &  j'ai  vu 
qu'elle  étoit  très  -  confidérabie  ;   car  j'ai 
trouvé  que  s'il  faut  dans  un  miroir  cent 
quarante-quatre  fois  la  furfacc  d'un  foyer 
de  fix  lignes  de  diamètre  pour  brûler,  iï: 
faut  au  moins  le  double  ,  c'eil  -  à  -  dire , 
deux  cents  quatre-vingt-huit  fois  cette; 
furface  pour  brûler  à  un  foyer  de  deux' 
lignes;  &  qu'à   un  foyer  de   6  pouces 
il  ne    faut  pas    trente   fois   cette  même 
furface  du  foyer  pour  brûler,  ce  qui  faii 
comme  l'on  voit  une  prodigieufe  diffé- 
rence &  fur  laquelle  j'ai  compté  lorfque 
l'ai  entrepris  de  faire  mon  miroir,  fanîi 
cela  il  y  auroit  eu  de  la  témérité  à  l'entre- , 
prendre   &    il   n'auroit    pas   réufTi.    Caii 
fuppofons  un  infiant  que  je  n'eufie  paj 
eu  cette  connoiflance  de  l'avantage  des 
grands  foyers  fur  les  petits;  voici  comme 


}*aurois  été  obligé  de  raifonner.  Puifqu'il 
faut  à  un  miroir  deux  cents  quatre-vingt- 
huit  fois  la  Turface  du  foyer  pour  brûler 
dans  un  efpace  de  deux  lignes,  il  faudra 
de  même  deux  cents  quatre-vingt-huit 
glaces  ou  miroirs  de  6  pouces  pour  brûler 

'dans  un  efpace  de  6  pouces;  &  dès-lors, 
pour  brûler  feulement  à  loo  pieds,  il 
auroit  fallu  un  miroir  compofé  d'environ 
onze  cents  cinquante  -  deux  glaces  de  6 
pouces,  ce  qui  étoit  une  grandeur  énorme 
pour  un  petit  effet ,  &  cela  étoit  plus  que 
fuffifant  pour  me  faire  abandonner  mon 
projet  ;  mais  connoiflant  l'avantage  confi- 
dérable  des  grands  foyers  fur  les  petits , 
qui  dans  ce  cas  eft  de  288  à  30,  je 
fentis  qu'avec  cent  vingt  glaces  de  6 
pouces  je  brûlerois  très  -  certainement  à 
100  pieds,  &  c'efl  fur  cela  que  j'en- 
trepris avec  confiance  la  conllruclion  de 
mon  miroir  qui ,  comme  l'on  voit,  fuppofe 
une  théorie  tant  mathématique  que  phy- 
sique ,  fort  différente  de  ce  qu'on  pouvoit 

4maginer  au  premier  coup  d'œil. 

'■  Defcartes  ne  devoit  donc  pas  affirmer 
qu'un  petit  miroir  ardent  brûîoit  auili 
violemment  qu'un  grand. 

I  vj 


2  04    Introduâïon  a  VHïjlotrê 

n  dit  tïï{\\\\ç: ,  ce  &  un  miroir  ardent 
y>  dont  ïe  diamètre  n'efl  pas  plus  grand 
>?  qu'environ  la  ceiitièiîi^  partie  de  la 
?>  dillance  qui  efl:  entre  lui  &  le  lieti  où 
33  il  doit  rafTembler  les  rayons  du  Soleil; 
■y>  c'efl-à-dire ,  qui  a  même  proportion 
35  avec  cette  diftance  qu*a  le  diamètre  du 
5>  Soleil  avec  celle  qui  efl  entre  lui  & 
35  nous ,  fût  -  il  poli  par  un  Ange ,  ne 
•>->  peut  faire  que  les  rayons  qu'il  afîemble, 
•x>  échauffent  plus  en  l'endroit  où  il  ies 
»  affemble  que  ceux  qui  viennent  direc- 
33  tement  du  Soleil,  ce  qui  le  doit  auffi 
33  entendre  des  verres  brûians  à  propor- 
33  tion  ;  d'où  vou>  pouvez  voir  que  ceux 
33  qui  ne  font  qu'à  demi-favans  en  l'Op- 
33  tique,  fe  laiflent  perfuader  beaucoup 
33  de  chofes  qui  font  impofTibles ,  &  que 
33  ces  miroirs,  dont  on  a  dit  qu'Archimède 
33  brûloit  des  navires  de  fort  loin ,  dévoient 
33  être  extrêmement  grands  ou  plutôt  qu'ils 
font  fabuleux.  33 

C'efl  ici  où  je  bornerai  mes  réflexions  : 
il  notre  illuftre  Pbilofophe  eût  fu  que 
les  grands  foyers  brûlent  plus  que  les 
petrts  à  égale  in^enfité  de  lumière,  il 
auroit   jugé    bien   différemment ,   &    il 


n 

{îcs  MinérûU>c ,  Partie  Exp.    2  C  5' 

fturoit  mis  une   forte   rellriâ:ion  à  cette 
conclu  fion. 

Mais  indépendamment  de  cette  connoif- 
fnnce  qui  lui  manquoit ,  Ton  raifonnement 
n'eft  point  du  tout  exnd:  ;  car  un  miroir 
ardent ,  dont  le  diamètre  n'cfl:  pas  plus 
grand  qu'environ  la  centième  partie  qui 
eO:  entre  lui  &:  le  lieu  où  il  doit  rafTemblcr 
ies  rayons  ,  n'efl  plus  un  miroir  ardent , 
puifque  le  dia  iiètre  de  l'image  eft  environ 
égal  au  diamètre  du  miroir  dans  ce  cas, 
&  par  coiiféquent  ii  ne  peut  raflembler 
les  rayons  ,  comme  le  dit  Defcartes ,  qui 
fembie  n'avoir  pas  vu  qu'on  doit  réduire 
ce  cas  à  celui  des  miroirs  plans.  Mais  de 
plus ,  en  n'employant  que  ce  qu'il  favoit, 
&  ce  qu'il  avoit  prévu ,  il  efl  vifible  que 
s'il  eût  réfléchi  fur  l'effet  de  ce  prétendu 
miroir  qu'il  fuppofe  poli  par  un  nge , 
&  qui  ne  doit  pas  rafîembler ,  mais  l'eu- 
iement  réfléchir  la  lumière  avec  autant  de 
force  qu'elle  en  a  en  venant  direétemcnt 
du  Soleil  ;  il  auroit  vu  qu'il  étoit  pofîlble 
de  brûler  à  de  grandes  diflances  avec  un 
miroir  de  médiocre  grandeur ,  s'il  eût  pu 
lui  donner  la  figure  convenable ,  car  i! 
ri  auroit  trouvé  que  dans  cette  hypothèfe^ 


2.0  6    Introduâion  à  VHifloire 

un  miroir  de  cinq  pieds  aiiroit  brîilé  \\ 
plus  de  deux  cents  pieds ,  parce  qu'il  ne  i 
faut  pas  fix  fois  ia  chaleur  du  Soleil  pour  i 
brûler  à  cette  diftance  ;  &  de  même  qu'un 
miroir  de  fept  pieds  auroit  brûlé  à  près 
de  400  pieds,   ce    qui  ne   fiit  pas   des 
miroirs  afîez  grands   pour  qu'on   puifle 
les  traiter  de  fabuleux. 

II  me  refle  à  obferver  que  Defcartes 
ignoroit  combien  il  falioit  de  fois  la  lumière 
du  Soleil  pour  brûler,  qu'il  ne  dit  pas 
un  mot  des  miroirs  pians ,  qu'il  étoit  fort 
éloigné  de  foupçonner  la  mécanique  par 
laquelle  on  pouvoit  les  difpofer  pour  brûler 
au  loin ,  &  que  par  conféquent  il  a  pro- 
noncé (ans  avoir  alTez  de  connoiflance 
fur  cette  matière  &  même  fans  avoir  fait 
aiTez  de  réflexions  fur  ce  qu'il  en  lavoit. 

Au  refie  Je  ne  fuis  pas  le  premier  qui 
ait  fiit  quelques  reproches  à  Defcartes  fur 
ce  fujet ,  quoique  j'en  aie  acquis  le  droit 
plus  qu'un  autre ,  car  pour  ne  pas  fortir 
du  {û\\  de  cette  Compagnie  (n) ,  je 
trouve  que  M.  du  Fay  en  a  prefque  dit 

(a)  L'Académie  Koyale  des  Sciences, 


'  desMnehuLX^V-àvûeExp.  207 
autant  que  moi.  Voici  Tes  paroles  :  //  ne 
s'ûgitpas,  dit-il ,/  un  tel  miroir  qui  brûler  oit 
a  6 0  0  pieds  ejl  pojjïble  ou  non,  mais  fi , 
phyfiquemenî  parlant ,  cela  peut  arriver.  Celte 
opinion  a  été  extrêmement  contredite,  &  yV 
I  dois  mettre  Defcartes  à  la  tête  de  ceux  qui 
!  l'ont  combattue.  Mais  quoique  M.  du  Fay 
reo-ardàt  la  chofe  comme  impoflible  à 
exécuter ,  il  n  a  pas  laifle  de  ieniir  que 
Defcartes  avoit  eu  tort  d'en  nier  la  pol- 
fibilité  dans  la  théorie.  J'avouerai  volon- 
tiers que  Defcartes  a  entrevu  ce  qui  arrive 
aux  images  réfléchies  ou  réfradées  à 
différentes  diftances ,  «Se  qu'à  cet  égard  fa 
théorie  eil  peut-être  aufll  bonne  que  celle 
de  M.  du  Fay,  que  ce  dernier  n'a  pas 
développée  :  mais  les  induclions  qu'il  en 
tire  font  trop  générales  &  trop  vagues , 
&  les  dernières  conféquences  font  faufles  ; 
car  fi  Defcartes  eût  bien  compris  toute 
cette  maiière ,  au  lieu  de  traiter  le  miroir 
d'Archimède  de  chofe  impoffible  &:  fabu- 
leufe ,  voici  ce  qu'il  auroit  dû  conclure 
de  fi' propre  théorie.  Puifquun  miroir 
ardent,  dont  le  diamètre  n'eft  pas  plus 
grand  que  la  centième  partie  de  la  difiance 
■  qui  eft  entre  le  lieu  où  il  doit  raflembier 


j2ô8     IntroJuâlon  à  VHïjloire 

les  rayons  du  Soleil,  fût -il  poli  par  un^ 
Ange,  ne  peut  faire  que  îes  rayons  qu'if 
afîemble  échauffent  plus  en  l'endroit  où 
il  les  affembie  que  ceux  qui  viennent' 
diredement  du  Soleil  ;  ce  miroir  ardent 
doit  être  confidéré  comme  un  miroir  plan 

Earfaitement  poli ,  &  par  confcquent  pour 
rûler  à  une  grande  diflance,  il  faut  autant 
de  ces  miroirs  plans  qu'il  faut  de  fois  la 
lumière  directe  du  Soleil  pour  brûler;  en 
forte  que  les  miroirs  dont  on  dit  qu'Archi-  | 
mède  s'efl  fervi  pour  brûler  des  vaiiïeaux  j 
de  loin ,  dévoient  être  compofés  de  mi- 
roirs plans,  dont  il  filloit  au  moins  un 
nombre  cgal  au  nombre  de  fois  qu'il  faut 
la  lumière  direde  du  Soleil  pour  brûler; 
cette  conclu fion  qui  eût  été  la  vraie  ,  félon 
fes  principes ,  eft,  comme  Ton  voit,  fort 
différente  de  celle  qu'il  a  donnée. 

On  efl:  maintenant  en  état  de  juger  (i 
je  n'ai  pas  traité  le  célèbre  Defcartes  avec 
tous  les  égards  que  mérite  fon  grand 
nom  ,  lorfque  j'ai  dit  dans  mon  Mémoire: 
Defcartes  né  pour  juger  &  même  pour  Jur^ 
vajjer  Archîmède,  a  prononcé  contre  lui  d'un 
ton  de  mmtre  :  il  a  nié  la  pojfibilîté  de 
l'invention,   à*  fon  opinion  a  prévalu  fur 


I  '    des  Minéraux,  Partie  Exp.   2^^ 

"ri"  témoignages   &   la  croyance  de  toute 
\  'antiquité. 

Ce  que  je  viens  d'expofer  fuffit  pour 
juftifier  ces  termes  que  fon  m'a  reprochés, 
'%  peut-être  même  font-ils  trop  forts ,  car 
Archimède  étoit  un  très-grand  génie,  & 
'orfque  j'ai  dit  que  Delcaries  étoit  né 
Dour  le  juger,  &  même  pour  le  furpaffer, 
'ai  fenii  c|u'il  pouvoir  bien  y  avoir  un 
peu  de  compliment  national  dans  mon 
îxprefTion. 

J'aurois  encore  beaucoup  de  chofes  à 
dire  fur  cette  matière,  mais  comme  ceci 
i^  déjà  bien  long ,  quoique  j'aie  fait  tous 
imes  efforts  pour  être  court ,  je  me  bor- 
jiierai  pour  le  fond  du  fujet  :\  ce  que  je 
iviens  d'expofer,  mais  je  ne  puis  me  dii- 
^enfer  de  parler  encore  un  moment  au 
fujet  de  l'hiflorique  de  îa  chofe ,  afin  de 
jfatisfiiire  par  ce  feul  Mémoire  à  toutes  les 
'objections  &  difficultés  qu'on  m'a  fi iites. 

Je  ne  prétends  pas  prononcer  affirma- 
tivement qu'Archimède  le  foit  fervi  de 
Ipareils  miroirs  au  fiége  de  Syracufe,  ni 
même  que  ce  foit  iui  qui  les  ait  inventés , 
&  je  ne  les  ai  appelés  les  miroirs  d'Ar- 
chimcdcj  que  parce  quiis  étaient  connus 


'.'.ri 


'2.  ï  o     Introdiiâïon  à  IHifloire 

fous  ce  nom  depuis  plufieurs  fiècles  ;  ît 
Auteurs  contemporains  &  ceux  des  temnl 
qui  fuivent  celui  d'Archimède,  «Si  qi 
font  parvenus  jufqu'à  nous ,  ne  font  pj 
mention  de  ces  miroirs.  Tite-Live,  à  cÀ 
îe  merveilleux  fait  tant  de  plaifir  à  racontei* 
n'en  parle  pas;  Poiybe,  à  lexaclitudt 
de  qui  les  grandes  inventions  n'auroiera 
pas  échappé ,  puifqu'il  entre  dans  le  détîiil 
des  plus  petites,  &  qu'il  décrit  très-foi- 
gneufement  les  plus  légères  circonflances 
du  fiége  de  Syracufe,  garde  un  fiience 
profond  au  fujet  de  ces  miroirs.  Piutarque , 
ce  judicieux  «Se  grave  Auteur,  qui  a  raf- 
femblé  un  fi  grand  nombre  de  faits  parti- 
culiers de  la  vie  d'Archimède,  parle  auffi 
peu  des  miroirs  que  les  deux  précédens. 
'E.w  voilà  plus  qu'il  n'en  faut  pour  fe 
croire  fondé  à  douter  de  la  vérité  de  cette 
hiftoire  ;  cependant  ce  ne  font  ici  que 
é^s  témoignages  négaufs ,  &  quoiqu'ils 
ne  foient  pas  indifférens,  ils  ne  peuvent 
jamais  donner  une  probabilité  équivalente 
à  celle  d'un  feu!  témoignage  pofitif. 

Galien  qui  vivoit  dans  le  fécond  fiècle, 
efl  le  premier  qui  en  ait  parlé ,  &  après 
avoir  raconté  l'hiftoire  d'un  homme  qui 


des  Minéraux,  Partie  Exp.  2  i  i 
«nfîamma  de  ioiii  un  monceau  de  bois 
éfineux  ,  mêlé  avec  de  la  fiente  de  pigeon, 
1  dit,  que  c'eft  de  cette  façon  qu  Archi- 
niède  brûla  les  vaifTeaux  des  Romains; 
mais  comme  il  ne  décrit  pas  ce  moyen 
de  brûler  de  loin ,  &  que  Ton  expreflion 
peut  fignifier  aufii  -  bien  un  feu  qu'on 
auroit  hncé  à  la  main  ,  ou  par  quelque 
machine  ,  qu'une  lumière  réfléchie  par  un 
miroir,  fon  témoignage  n'eft  pas  afiez 
clair  pour  qu'on  puiffe  en  rien  conclure 
d'afftrmatif-/ cependant  on  doit  préfumer, 
&  même  avec  une  grande  probabilité  , 
^qu'il  ne  rapporte  l'hifloire  de  cet  homme 
qui  brûla  au  loin,  que  parce  qu'il  le  fit 
d'une  manière  finguiière,  &  que  s'il  n'eût 
brûlé  qu'en  lançant  le  feu  à  la  main  ,^  ou 
en  le  jetant  par  le  moyen  d'une  machine, 
il  n'y  auroit  eu  rien  d'extraordinaire  dans 
cette  fiçon  d'enflammer;  rien  par  confé- 
quent  qui  {i\i  digne  de  remarque ,  &  qui 
méritât  d'être  rapporté  &  comparé  à  ce 
qu'avoit  fait  Archimède ,  &  dès-lors  Galien 
n'en  eût  pas  fait  mention. 

On  a  aufli  des  témoignages  femblables 
de  deux  ou  trois  autres  Auteurs  du  iil. 
fiècle,  qui  difent  feulement  qu'Archimède 


1 1 2     Inîroduâion  à  VHïjloire 

Drûla  de  loin  les  vaifleaux  des  Romains, 
fans  expliquer  les  moyens  dont  il  Te  fervitj 
mais  les  témoignages  des  Auteurs  du  xiiJ 
fiècle  ne  font  point  équivoques,  &:  fur] 
tout  ceux  de  Zonaras  &  de  Tzetzès  qi 
j'ai  cités ,  c'eft-à-dire ,  ils  nous  font  voî 
clairement  que  cette  invention  étoit  connu 
des  Anciens ,  car  la  defcription  qu'en  faï 
ce  dernier  Auteur,  fuppofe  nécefFairemen 
ou  qu'il  eût  trouvé  lui  -  même  le  moyei 
de  conflruire  ces  miroirs ,  ou  qu'il  l'eij 
appris  &  cité  d'après  quelque  Auteur  cp, 
en  avoit  fait  une  très-exaâe  defcription 
&  que  l'inventeur,  quel  qu'il  fût,  entendo: 
à  fond  la  théorie  de  ces  miroirs ,  ce  qi 
réfulte  de  ce  que  dit  Tzetzès  de  la  frgui; 
de  24  angles  ou  24  côtés  qu'avoient  k 
petits  miroirs ,  ce  qui  efl:  en  effet  la  figur 
îa  plus  avantageufe  :  ainfi  on  ne  peut  p; 
douter  que  ces  miroirs  n'aient  été  inventt 
&  exécutés  autrefois ,  &  le  témoignag 
de  Zonaras  au  fujet  de  Proclus  n'efl  pc 
fufped  ,  Proclus  s'en  fervit,  dit-il,  au  fiég 
de  Coiiftanîmople ,  l'an  J  i4>  Ù'  d  i^rûi 
la  fotte  de  Vitalien.  Et  même  ce  qu 
Zonaras  ajoute  me  paroît  une  efpèce  d 
preuve,  qu'Archimède  étoit  le  premie 


(ics  A4ïfiéraux,  Partie  Ex  p.    2  1 3 

iventeur  de  ces  miroirs  ,  car  il  dit 
récileinent  que  cette  découverte  étoit 
icienne ,  &  que  l'hiftorien  Dion  en  attri- 
ue  l'honneur  à  Archimède  qui  la  fit  & 
en  fervit  contre  les  Romains  au  fiége 
e  Syracufe;  les  Livres  de  Dion,  où  il 
ft  parlé  du  fiége  de  Syracufe,  ne  font 
as  parvenus  jufqu'à  nous ,  mais  if  y  a 
rande  iipparence  qu'ils  exiAoient  encore 
u  teiFips  de  Zonaras,  &  que  fans  cela  il 
e  les  eût  pas  cités  comme  il  l'a  fait, 
jnfi  toutes  les  probabilités  de  part  & 
'autre  étant  évaluées ,  ii  refte  une  forte 
réfomption  qu'Archimède  avoit  en  efïèt 

.  iiventé    ces  miroirs ,  &    qu'il  s'en   étoit 

!:rvi  contre  les  Romains.  Feu  M.  Melot, 

ue  j'ai  cité  dans  mon  Mémoire ,  &  qui 

^'oit  fait  des  recherches  paruculières  & 

es  -  exa<.1:es   fur   ce   fujet ,  étoit   de  ce 

i, intiment,  &  il  penfoit  qu'Archimède 
voit  en  efîet  brûlé  les  vaiflcaux  à  mie  di(^ 

,  mce  médiocre ,  &  comme  le  dit  Tzetzès, 
la  portée  du  trait  ;  j'ai  évalué  la  portée 
u  trait  à  150  pieds ,  d'après  ce  que 
l'en  ont  dit  des  Savans  très-verfés  dans 
i  connoiiïance  des  ufages  anciens ,  ils 
l'ont  afîuré  que  toutes  les  fois  qu'il  eft 


2. 1 4  InîroJuâïon  h  l'H'iflotre 
queRion  ,  dans  les  Auteurs ,  de  la  porté 
du  trait ,  on  doit  entendre  la  diftance 
laquelle  un  homme  iançoit  à  la  main  u; 
trait  ou  un  javelot,  &  fi  cela  eft,  j 
crois  avoir  donné  à  cette  diftance  tout 
l'étendue  qu'elle  peut  comporter. 

J'ajouterai  qu'il  n'eft  queftion  dan 
aucun  Auteur  ancien ,  d'une  plus  grand 
diftance,  comme  de  trois  flades ,  &  j'; 
déjà  dit  que  l'Auteur  qu'on  m'avoit  cité 
Diodore  de  Sicile,  n'en  parle  pas,  no 
plus  que  du  fiége  de  Syracufe  ,  &.  qu 
ce  qui  nous  reite  de  cet  Auteur,  fin 
à  la  guerre  dlpfus  &  d'Antigonus 
environ  foixante  ans  avant  le  fiége  d, 
Syracufe;  ainfi  on  ne  peut  pas  excuft  • 
Defcartes,  en  fuppofant  qu'il  a  cru  c{\\ 
la  diftance  à  laquelle  on  a  prétendu  qu'Ai 
chimède  avoir  brûlé ,  étoit  très  -  grande 
comme,  par  exemple,  de  trois  ftades 
puifque  cela  n'eft  dit  dans  aucun  Autei 
ancien,  &  qu'au  contraire  il  eft  dit  dai 
Tzetzès,  que  cette  diftance  n'étoit  qi 
de  la  portée  du  trait;  mais  je  fuis  cor 
vaincu  que  c'eft  cette  même  diftance  qi 
Defcartes  a  regardée  comme  fort  grand< 
&  qu'il  étoit  perfuadé  c|u'il  n'étoit  p;^ 

r 


des  Minéraux,  Partie  Exp.   215 

DfTible  de  faire  à^ç^s  miroirs  pour  brûler 
I  5  G  pieds  ,  qu'enfin  c'efl  pour  cette 
lifon  qu'il  a  traité  ceux  d'Archimède  de 
ibuleux. 
Au  refle,  les  effets  du  miroir  que  j'ai 
^nftruit  ne  doivent  être  regardés  que 
3mme  des  effais  fur  lefquels  à  la  vérité, 
1  peut  (tatuer  toutes  proportions  gar- 
ées, mais  qu'on  ne  doit  pas  confidérer 
Dmme  ies  plus  grands  effets  poffibles, 
ir  je  fuis  convaincu  que  fi  on  vouloit 
ire  un  miroir  fembiable ,  avec  toutes  les 
tentions  néceffaires,  il  produiroit  plus 
X  double  de  l'effet;  la  première  atten- 
3n  feroit  de  prendre  des  glaces  de  figure 
sxagone  ou  même  de  24  côtés,  au  lieu 
■t  les  prendre  barlongues ,  comme  celles 
lie  j'ai  employées ,  &  cela  afin  d'avoir 
?s  figures  qui  puffent  s'ajufter  enfemble 
,ns  laifler  de  grands  intervalles,  &  qui 
oprochaffent  en  même  temps  de  la  figure 
irculaire  ;  la  féconde ,  feroit  de  faire  polir 
£s  glaces  jufqu'au  dernier  degré  par  un 
.unetier,  au  lieu  de  les  employer  telles^ 
u'eiies  fortent  de  la  manufadure,  où  le 
oliment  fe  faifant  par  une  portion  de 
jCfcIe,  les  glaces  font  toujours  un  peu 


%  1 6     Inîrodudion  à  rHijlohe 
concaves    &    irrégulières  ;    la    troifième 
attention  feroit  de  choifir  parmi  un  grand 
nombre  de  glaces ,  celles  qui  donneroiem 
à  une  grande  diftance  une  image   plus 
viv€  &  mieux  terminée ,  ce  qui  ell  extrê- 
mement important,  &  au  point  cju'il  y 
a  dans  mon  miroir  des  glaces  qui  font 
feules  trois  fois  plus  d'effet  que  d'autres 
à    une  grande    diftance,    quoiqu'à   une 
petite  diftance,  comme  de   20   ou   2 j 
pieds,  l'eftet  en  paroiflè  abfolument  le 
même.  Quatrièmement,   il  faudroit  de^ 
glaces  d'un  demi  -  pied  tout  au  plus  d( 
furface  pour  brûler  à  i  50  ou  200  pieds 
&  d'un  pied  de  furface  pour  brûler  à  3 
ou  400  pieds.  Cinquièmement,  il faudroi 
les  faire  étamer  avec  plus  de  foin  qu'or 
né  le  fait  ordinairement;    j'ai  remarqm 
qu'en  général  les  glaces  fraîchement  éta-  j 
mées ,  réfléchiffent  plus  de  lumière  quJ 
celles  qui  le  font  anciennement  ;  l'étamagÉ^ 
en  fe  féchant ,  fe  gerfe ,  fe  divife  &  laifli 
de  petits  intervalles  qu'on  aperçoit  en  ] 
regardant  de  près  avec  une  loupe ,  &  ce 
petits    intervalles   donnant    paiïàge   à  l 
lumière,   la  glace  en  réfléchit  d'autan 
moins.  On  pourroit  trouver  le  moyen  d 

fair 


/ 


aes  Minéraux,  Partie  Exp.    2  i 

ifàire  un  meilleur  étamage ,  &  je  crois 
qu'on  y  parviendroit  en  employant  de; 
l'or  &,du  vif- argent,  la  lumière  feroit 
peut-être  nn  peu  jaune  par  la  réfîexioii 
de  cet  étamage  ;  mais  bien  loin  que  ceh 
lit  un  défavantage  ,  j'imagine  au  contraire 
qu'il  y  auroit  à  gagner ,  parce  que  les 
rayons  jaunes  font  ceux  qui  ébranlent  le 
plus  fortement  la  rciine  &  qui  brûlent  le 
plus  violemment ,  comme  je  crois  m'en 
t'tre  afîuré,  en  réuniHant,  au  moyen  d'un 
verre  lenticulaire,  une  quantité  de  rayons 
jaunes  qui  m'étoient  fournis  par  un  grand 
piilme,  &  en  comparant  leur  adion  avec 
une  égale  quantité  de  rayons  de  toute  autre 
couleur,  réunis  par  le  même  verre  lenticu- 
'aire,  &  fournis  par  le  même  prifme. 

Sixièmement,  il  faudroit  un  chafîis  de 
fer  &  àç.s  vis  de  cuivre,  &:  un  ref/ort 
ipour  allujettir  chacune  des  petites  planches 
•qui  portent  les  glaces  ,  tout  cela  conforme 
à  un  modèle  que  j'ai  fait  exécuter  par  le 
fieur  Chopitel,  afin  que  la  fécherefîè  & 
l'humidité  qui  agiffent  fur  le  chaffis  & 
les  vis  en  bois  ne  caulaffent  pas  d'incon- 
vénient, &  que  le  foyer,  loriqu'il  ed  une 
fois  formé,  ne  fût  pas  fujet  à  s'élargir, 

Tome  VII.  K 


2  I  8     Introdiiâîon  à  VHïjloire 

&  à  fe  déranger  lorfqu'oii  fait,  rouler  îct 
miroir  fur  Ton  pivot,  ou  qu'on  le  fait 
tourner  autour  de  fon  axe  pour  fu ivre  le 
Soleil  :  il  faudroit  aufli  y  ajouter  une  alidade  « 
avec  deux  pinnuies  au  milieu  de  la  partie 
inférieure  du  chalîis ,  afin  de  s'alTurer  delà 
pofition  du  miroir  par  rapport  au  Soleil,  & 
luie  autre  alidade  femblable,  mais  dans  un 
plan  vertical  au  plan  de  la  première  pour 
fuivre  le  Soleil  à  fes  différentes  hauteurs. 

Au  moyen  de  toutes  ces  attentions ,  je 
crois  pouvoir  affurer ,  par  l'expérience  i 
que  j'ai  acquife  en  me  fervant  de  mon 
miroir ,  qu'on  pourroit  en  réduire  la  gran- 
deur à  moitié ,  ^i  qu'au  lieu  d'un  miroir 
de  fept  pieds  avec  lequel  j'ai  brûlé  du 
bois  à  I  50  pieds,  on  produiroit  le  même 
effet  avec  un  miroir  de  cinq  pieds  ^ ,  ce  || 
qui  n'efl: ,  comme  l'on  voit ,  qu'une  très- 
médiocre  grandeur  pour  un  très -grand 
effet  ;  &  de  même ,  je  crois  pouvoir 
affurer  qu'il  ne  faudroit  alors  qu'un  miroir 
de  quatre  pieds  7  pour  brûler  à  100 
pieds,  &  qu'un  miroir  de  trois  pieds  -j- 
brûleroit  à  60  pieds ,  ce  qui  eft  une 
diftance  bien  confidérabie  en  comparaifon 
du  diamètre  du  miroir. 


clés  JWneran\\  Partie  Exp.    21^ 

Avec  un  afleiiiblage  de  petits  miroirs 
plans  hexagones  Se  d'acier  poli ,  qui  au- 
roient  plus  de  folidité,  plus  de  durée  que 
les  glaces  étamées ,  ôl  qui  ne  leroient 
point  fujets  aux  altérations  que  la  lumière 
du  Soleil  fait  lubir  à  la  longue  à  l'éta- 
mage ,  on  pourroit  produire  des  effets 
très-uiiles ,  &  qui  dédommageroient  am- 
plement des  dépenies  de  la  conftrucftion 
du  miroir. 

I  .**  Pour  toutes  les  évaporations  des  eaux 
falées ,  où  l'on  efl:  obligé  de  confommer 
du  bois  &  du  charbon,  ou  d'employer 
l'art  des  bâtimens  de  graduation  qui 
coûtent  beaucoup  plus  que  la  con(tru(fcioa 
de  plulieurs  miroirs  tels  que  je  les  propofe. 
II  ne  faudroit  pour  Tévaporation  des  eaux 
falées  ,  qu'un  affemblage  de  douze  miroirs 
plans  d'un  pied  quarré  chacun;  la  chaleur 
qu'ils  réfléchiront  à  leur  foyer,  quoique 
dirigée  au-deflous  de  leur  niveau,  &  à 
15  ou  16  pieds  de  diftance ,  fera  encore 
afîez  grande  pour  faire  bouillir  l'eau ,  & 
produire  par  conféquent  une  prompte 
cvaporation ,  car  la  chaleur  de  l'eau  bouil- 
lante n'efl:  que  triple  de  la  chaleur  du 
Soleil  d'été  ;  Ôl  comme  la  réflexion  d'une 


210     IntroJuâlon  à  VHïjlolre 

furface  plane  bien  polie  ne  diminue  îa 
chaleur  que  de  moitié,  il  ne  faudroit  que 
fix  miroirs  pour  produire  au  foyer  une 
chaleur  ^gale  à  celle  de  l'eau  bouillante , 
mais  j'en  double  le  nombre  afin  que  h 
chaieur  fe  communique  plus  vite,  &  aulîi 
à  caufe  de  ia  perte  occafionnée  par 
Tobliquité ,  fous  laquelle  le  flûfceau  de  la 
lumière  tombe  fur  la  furface  de  l'eau, 
qu'on  veut  faire  évaporer ,  &  encore 
parce  que  l'eau  falée  s'échauffe  plus 
lentement  que  l'eau  douce.  Ce  miroir, 
dont  l'affemblage  ne  formeroit  qu'un 
quarré  de  quatre  pieds  de  largeur  fur 
trois  de  hauteur,  feroit  aifé  à  manier  & 
à  tranfporter  ;  &  fi  l'on  vouloit  en  doubler 
ou  tripler  les  effets  dans  le  même  temps, 
il  vaudroit  mieux  faire  piufieurs  miroirs 
fembiables  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  doubler  ou- 
tripler  le  nombre  de  ces  mêmes  miroirs  de^ 
quatre  pieds  fur  trois  que  d'en  augmenter^  ^ 
retendue  ;  car  l'eau  ne  peut  recevoir  qu'un 
certain  deoré  de  chaleur  déterminée,  &; 
l'on  ne  gagneroit  prefque  rien  à  aug- 
menter ce  degré  &  par  conféquent  la 
grandeur  du  miroir;  au  lieu  qu'en  faifint 
deux  foyers  par  deux  miroirs  égaux ,  oii 


Aes  Mïnérmix ,  Partie  Exp.    2  2  ï 

doublera  l'eifet  de  l'évaporation ,  &  on  le 
triplera  par  trois  miroirs  dont  les  foyers 
lomberoni  féparcment  les  uns  des  autres 
fur  la  furface  de  l'eau  qu'on  veut  faire 
évaporer.  Au  refte  ,  i'on  ne  peut  éviter 
ia  perte  caufe'e  par  l'obliquité  ,  &:  ïi  l'on 
veut  y  remédier,  ce  ne  peut  être  que 
par  une  autre  perte  encore  plus  grande , 
en  recevant  d'abord  les  rayons  du  Soleil 
fur  une  grande  glace  qui  les  réfîéchiroic 
fur  le  miroir  brife ,  car  alors  il  brûleroft 
en  bas  au  lieu  de  brûler  en  haut,  mais 
ii  perdroit  moitié  de  la  clialeur  par  la 
première  réflexion ,  &  moitié  du  refre 
par  la  féconde  ,  en  forte  qu'au  lieu  de  f  x 
petits  miroirs,  il  en  fiudroit  douze  pour 
obtenir  une  chaleur  ég^ale  à  celle  de  l'eau 
bouillante. 

Pour  c[ue  l'évaporation  fe  fiii'e  avec 
plus  de  fuccès ,  il  fltudra  diminuer  l'épaif- 
feur  de  l'eau  autant  qu'il  fera  polîible. 
Une  mafie  d'eau  d'un  pied  d'épaiffeur 
ne  s'évaporera  pas  aufli  vite,  à  beaucoup 
près,  que  la  même  maffe  réduite  à  fix: 
pouces  d'épaiffeur  &  augmentée  du  double 
en  fuperficie.  D'ailleurs  le  fond  étant  plus 
près   de   la   furface ,   il   s'échauffe    plus 

X  iij 


22  2     IntroJuâïon  ci  VHîjloire 

promptement,  &  cette  chaleur  que  reçoit 
îe  fond  du  vaifTeau  contribue  encore  à  la 
céiérité  de  l'evaporation. 

2.''  On  pourra  fe  fervir  avec  avantage 
de  ces  miroirs  pour  calciner  les  plâtres  & 
même  les  pierres  calcaires ,  mais  il  les 
faudroit  plus  grands  ,  &.  placer  les  matières 
en  haut  afin  de  ne  rien  perdre  par  l'obli- 
quité de  la  lumière.  On  a  vu  par  les 
expériences  détaillées  dans  le  fécond  de 
ces  Mémoires ,  c[ue  le  gyps  s'échauiîc  plus 
d'une  fois  plus  vite  que  la  pierre  calcaire 
tendre,  tk.  près  de  deux  fois  plus  vite 
que  le  marbre  ou  la  pierre  calcaire  dure, 
leur  ■  calcination  refpedlive  doit  être  en 
même  raifon.  J'ai  trouvé  par  une  expé- 
rience répétée  trois  fois,  qu'il  faut  un  peu 
plus  de  chaleur  pour  calciner  le  gyp$ 
blanc  qu'on  appelle  albâtre^  que  pour 
fondre  le  plomb.  Or  la  chaleur  néceffiiirc 
pour  fondre  le  plomb,  eft  fuivant  les 
expériences  de  Newton,  huit  fois  plus 
grande  que  la  chaleur  du  Soleil  d'été , 
il  fiudroit  donc  au  moins  leize  petits  « 
miroirs  pour  calciner  le  gyps,  &:  à  caufè 
des  pertes  occafionnées ,  tant  par  l'obli- 
quité de  la  lumière  que  par  l'irrégularité 


'desMinérmix ,  Partie  Exp.    223 

du  foyer,  qu'on  n'éloignera  pas  au-delà 
de  quinze  pieds,  je  préiume  qu'il  faudroit 
\ingt  &  peut-être  vingt- quatre  niiroirs 
d'un  pied  quarré  chacun,  pour  caiciner 
le  gyps  en  peu  de  temps  :  par  conféquent 
il  faudroit  un  afleinblage  de  quarante- huit 
de  ces  petits  miroirs  j^our  opérer  ia  calci- 
nation  fur  la  pierre  calcaire  la  plus  tendre, 
&  foixanie-douze  des  mêmes  miroirs  d'un 
pied  en  quarré  pour  calciner  les  pierres 
calcaires  dures.  Or  un  miroir  de  douze 
pieds  de  largeur  fur  fix  pieds  de  hauteur , 
ne  laifTe  pas  d'être  une  groile  machine 
embarraiïante  &:  difficile  à  mouvoir,  à 
monter  &  à  maintenir.  Cependant  on 
viendroit  à  bout  de  ces  difficultés,  fi  le 
produit  de  ia  calcination  étoit  affez  confi- 
dérablepour  équivaloir  &  même  furpaffer 
la  dépenfe  de  la  confommation  du  bois  ; 
il  faudroit  potir  s'en  afTurer ,  commencer 
par  calciner  le  plâtre  avec  un  miroir  de 
vingt-quatre  pièces,  &  fi  cela  réufîjfîoit, 
faire  deux  autres  miroirs  pareils ,  au  lieu 
à\w  faire  un  grand  de  foixante  -  douze 
pièces;  car  en  faifant  coïncider  les  foyers 
de  ces  trois  miroirs  de  vingt  -  quatre 
pièces,  on  produira  une  chaleur  égale,  6c 

K  iiij 


'^2  4    Inîrodudion  à  VHïfloire 

qui  feroit  aiïez  forte  pour  calciner  le 
marbre  ou  la  pierre  dure. 

Mais  une  chofe  très  -  efTentielIe  refle 
douteufe ,  c'eft:  de  favoir  combien  il  fau- 
droit  de  temps  pour  calciner,  par  exemple , 
un  pied  cube  de  inaiière ,  fur-  tout  fi  ce 
pied  cube  n'étoit  frappé  de  chaleur  que 
par  une  face  !  je  vois  qu'il  fe  pafTeroit  du 
temps  avant  que  la  chaleur  n'eût  pénétré 
toute  fon  épaifleur,  je  vois  que  pendant 
tout  ce  temps ,  il  s'en  perdroit  une  affez 
grande  partie  qui  fortiroit  de  ce  bloc  de 
matière  après  y  être  entrée  :  je  crains  donc 
beaucoup  que  la  pierre  n'étant  pas  faifie 
par  la  chaleur  de  tous  les  côtés  à  la  fois, 
îa  caicination  ne  fût  très-lente,  &  le  pro- 
duit en  chaux  très -petit.  L'expérience 
feule  peut  ici  décider  ;  mais  il  faudroit  au 
moins  la  tenter  fur  les  matières  gypfeufes 
dont  la  caicination  doit  être  une  fois  plus 
prompte  que  celle  des  pierres  calcaires  (f)* 

,  (f)  W  vient  de  paroître  un  petit  Ou\  rage  rempli 
de  grandes  vues,  de  M.  l'Abbé  Scipion  Bexoii ,  qui 
a  pour  titre  :  Syflcme  de  la  feriilifntîon,  V\  propofe 
mes  miroirs  comme  un  moyen  facile  pour  réduire 
en  chaux  toutes  les  maticres;  mais  il  leur  attribue 


J^j  Minérûux,  Partie  Exp»    225 

j  En  concentrant  cette  chaleur  du  Soleil 
dans  un  four  qui  n'auroit  d'autre  ouver- 
ture que  celle  cjui  laiiTeroit  entrer  la 
lumière,  on  empêcheroit  en  grande  partie 
la  chaleur  de  s'évaporer ,  &  en  mêlant 
avec  les  pierres  calcaires  une  petite  quantité 
de  brafque  ou  poudre  de  charbon  c[ui 
de  toutes  les  matières  comhuilîbles  <iïX  la 
moins  chère  ;  cette  légère  quantité  d'ali- 
mens  fuffiroit  pour  nourrir  &  augmenter 
de  beaucoup  la  quantité  de  chaleur,  ce 
qui  produiroit  une  plus  ample  ôi  plus 
prompte  calcination ,  &  à  très  -  peu  de 
frais ,  comme  on  l'a  vu  par  la  lèconde 
expérience  du  quatrième  Alémoire. 

3.°  Ces  miroirs  d'Archimède  peuvent 
fervir  en  effet  à  mettre  le  feu  dans  des 
voiles  de  vaiffeaux ,  &  même  dans  le 
bois  goudronné  à  plus  de  i  5  o  pieds  de 
diflance  ;  on  pourroit  s'en  fervir  aufîi 
contre  fes  ennemis  en  brûlant  les  blés 
&  les  autres  produélrons  de  la  terre  ; 
L  cet  effet  qui    feroit  affez  prompt,  i'eroit 

I  »,       —  "  "- 

■   plus    de  puifiance  qu'ils  n'en   ont   réellement ,    & 
ce  n'eu  qu'en  ies  multipliant  qu'on  poutToit  obtenir 
i   hs  grands  etièts  qu'il  s'en ,  proinet. 

k    V     . 


2i6    IntroJuâion  à  VHiflôîre 

très-domniageable,  mais  ne  nous  occupons 
pas  des  moyens  de  faire  du  mal ,  &  ne 
penfons  qu'à  ceux  qui  peuvent  procurer 
quelque  bien  à  l'humanité. 

4.''  Ces  miroirs  fournilTent  le  feul  & 
unique  moyen  qu'il  y  ait  de  mefurer 
exadement  la  chaleur,  il  eft  évident  que 
deux  miroirs  dont  les  images  lumineufes 
le  réunifient ,  produifent  une  chaleur 
double  dans  tous  les  points  de  la  furface 
qu'elles  occupent  ;  que  trois ,  quatre  , 
cinq,  &c.  miroirs  donneront  de  même 
une  chaleur  triple,  quadruple,  c[uintuple, 
&c.  &  que  par  conféquent  on  peut  par  ;| 
ce  moyen  faire  un  thermomètre  dont  les 
divifîons  ne  feront  point  arbitraires,  & 
les  échelles  différentes,  comme  le  font 
celles  de  tous  les  thermomètres  dont  on 
s^q{\  fervi  jufqu'à  ce  jour.  La  feule  chofe 
arbitraire  qui  entreroit  dans  la  conftrudion 
de  ce  thermomètre,  feroit  la  fuppofition 
du  nombre  total  des  parties  du  mercure 
en  pariant  du  degré  du  froid  abfolu  ; 
mais  en  le  prenant  à  loooo  au-deffous 
de  iâ  congélation  de  l'eau,  au  lieu  de 
1000,  comme  dans  nos  thermomètres 
ordinaires ,  on  approcheroit  beaucoup  de 


' des  Minéraux,  Partie  Exp*    ±iy 

îa  réalité,  fur-toui  en  choifi fiant  les  jours 
^de  l'hiver  les  plus  froids  pour  graduer  le 
thermomètre;  chaque  image  du  Soleil 
lui  donneroit  un  degré  de  chaleur  au-deflus 
de  la  température  que  nous  ruppofcrons 
à  celui  de  la  glace.  Le  point  auquel 
s'éleveroit  le  mercure  par  la  chaleur  de 
la  première  image  du  Soleil,  feroit  mar- 
I  que  I .  Le  point  où  il  s'éleveroit  par  la 
chaleur  de  deux  image  égnies  &  réunies, 
fera  marqué  2.  Celui  où  trois  images  le 
feront  monter ,  fera  luarqué  3  ,  &:  ainfi 
de  fuite  jufqu'à  la  plus  grande  hauteur 
qu'on  pourroit  étendre  julqu'au  degré  3  6. 
On  auroit  à  ce  degré  une  augmentation 
de  chaleur  trente- fix  fois  plus  grande  que 
celle  du  premier  degré  ;  dix-huit  fois  plus 
grande  que  celle  du  fécond;  douze  fois 
plus  grande  que  celle  du  troifième  ;  neuf 
fois  plus  grande  que  celle  du  quatrième, 
&c.  cette  augmentation  36  de  chaleur 
au-deiïus  de  celle  de  la  glace  feroit  afTez 
grande  pour  fondre  le  plomb ,  &  il  y  a 
toute  apparence  que  le  mercure  qui  fe 
volatiliie  à  une  bien  moindre  chaleur, 
feroit  par  fa  vapeur  cafler  le  thermomètre. 
On  ne  pourra  donc  étendre  la  divifioa 

K  vj 


22  8     Inîroduâ'iQti  h  rHjlohe 

que  yufqu'à  12,  &  peut-être  même  \ 
^  degrés  fi  l'on  le  fert  du  mercure  pour 
ces  thermomètres;  &  l'on  n'aura  par  ce 
moyen  que  les  degrés  d'une  augmentation 
de  chaleur  jufqu'à  o.  C'eft  une  des  raifons 
qui  avoit  déterminé  Newton  à  le  fervir 
d'huile  de  lin  au  lieu  de  mercure  ,  &  en 
effet  on  pourra,  en  le  iervant  de  cette 
iiqueur,  étendre  la  divifion  non- feulement 
à  I  2  degrés  ,  mais  julqu'au  point  de  cette 
huile  bouillante.  Je  ne  propole  pas  de 
remplir  ces  thermomètres  avec  de  relprit- 
de-vin  coloré;  il  efl  univerleilement 
reconnu  que  cette  liqueur  fe  décompose 
au  bout  d'un  aflez  petit  temps  (g),  & 
eue  d'ailleurs  elle  ne  peut  (ervir  aux  expé- 
riences  d'une  chaleur  un  peu  forte. 

Lorfqli'on  aura  marqué  fur  l'échelle  de 
ces  thermomètres  remplis   d'huile  ou  de 
mercure ,  les   premières  diviiions  i  ,  2 
3,4,  &c.   qui  indiqueront  le  double , 


(£^)  Piufîeurs  Voyageurs  m'ont  écrit  que  fes 
Therjnomctres  à  refprit-de-vin  de  Reaumur ,  leur 
croient  devenus  tout-à-fait  iniuilcs ,  parce  que  cette 
liqueur  fe  décoiore  &'  fe  charge  d'une  efnèce  de 
boue  en  alftz  peu  de  temps. 


tïes  Minéraux ,  Partie  Exp.    2  2p 

îe  triple,  le  qua  Iruple ,  &c.  des  augmen- 
ta ions  de  la  chaleur,  il  faudra  chercher 
fies  parties  aiiquotes  de  chaque  divifion, 
par  exemple,  les  points  de  i  ;^,  2  ;^,  3  l, 
à.Q,  ou  de  I  ^,  2  ^,  3  i,  &c.  &  de 
if»  ^1?  3  I»  *^<^-  ce  que  l'on  obtiendra 
par,  un  moyen  facile,  qui  fera  de  couvrir 
la  moiiié  ,  ou  le  quart ,  ou  les  trois  quarts 
de  la  luperficie  d'un  des  petits  miroirs , 
car  alors  l'imnge  qu'il  réfléchira  ,  ne 
contiendra  que  le  quart,  la  moitié  ou  les 
trois  quarts  de  la  chaleur  que  contient 
l'image  entière;  &  par  conféquent  les 
divifions  des  parties  aiiquotes  feront  auffi 
exactes  que  celles  des  nombres  entiers. 

S\  l'on  réufllt  une  fois  à  faire  ce  ther- 
momètre réel ,  &  que  j'appelle  ainfi ,  parce 
qu'il  marqueroit  réellement  la  proportion 
de  la  chaleur,  tous  les  autres  thermo- 
mètres ,  dont  les  échelles  ibnt  arbitraires 
&:  différentes  entr'elies  ,  deviendroient 
non  -  feulement  fuperfîus  ,  mais  même 
nuifibles  ,  dans  bien  des  cas ,  à  la  précifion 
des  vérités  phyfiques  qu'on  cherche  par 
îeur  moyen.  On  peut  ie  rappeler  l'exeinple 
que  j'en  ai  donné  ,  en  parlant  de  i'efii- 
mation  de  ia  chaleur  qui  émane  du  globe 


2^0     Infroduâïon  a  l'HïJîoire 

de  la  Terre,  comparée  à  ia  chaleur  qui 
nous  vient  du  Soleil. 

5.  Au  moyen  de  ces  miroirs  brife's , 
on  pourra  aifément  recueillir  dans  leur 
entière  pureté ,  ies  parties  volatiles  de  l'or 
&  de  l'argent,  &  des  autres  métaux  <& 
minéraux  ;  car  en  expofant  au  large  foyer 
de  ces  miroirs  une  grande  plaque  de 
métal ,  comme  une  alTiette  ou  un  plat 
d  argent,  on  en  verra  fortir  une  fumée 
très -abondante  pendant  un  temps  confi- 
dérable,  jufqu'au  moment  où  le  métal 
tombe  en  fufion ,  &  en  ne  donnant  qu'une 
chaleur  un  peu  moindre  que  celle  qu'exio-g 
îa  fufion,  on  fera  évaporer  le  métal  aif 
point  d'en  diminuer  le  poids  aflez  confi- 
dérablement.  Je  me  fuis  affuré  de  ce 
premier  fait,  qui  peut  fournir  des  lumières 
fur  la  compofuion  intime  des  métaux: 
j'aurois  hi^n  defiré  recueillir  cette  vapeur 
abondante  que  le  feu  pur  du  Soleil  fait 
fortir  du  métal  ;  mais  je  n'avois  pas  les 
inflrumens  néceflaires,  &  je  ne  puis  que 
recommander  aux  Chimiftes  &  aux  Phy- 
iiciens,  de  fuivre  cette  expérience  impor- 
tante, dont  les  réfultats  feroient  d'autant 
moins  équivoques  que  la  vapeur  métallique 


'des  MïnérdUK,  Partie  Exp.    2~3  t 

^ft  ici  très-pure;  au  lieu  que  dans  toute 
opération  feinblable  qu'on  voudroit  fliire 
nec  le  feu  commun,  la  vapeur  métal- 
lique feroit  nécefTairement  mêle'e  d'autres 
\  apeurs  provenant  des  matières  combuf- 
tibles  qui  fervent  d'aliment  à  ce  feu. 

D'ailleurs  ce  moyen  eft  peut-être  îe 
feul  que  nous  ayons  pour  volatilifer  les 
métaux  fixes,  tels  que  l'or  &  l'argent; 
car  je  préfume  que  cette  vapeur  que  j'ai 
vu  s'élever  en  fi  grande  quantité  de  ces 
îiiétaux  échauffés  au  large  foyer  de  mon 
îniroir ,  n'eft  pas  de  l'eau  ni  quelqu'autre 
liqueur ,  mais  des  parties  mêmes  du  métal 
que  la  chaleur  en  détache  en  les  volati- 
lifant.  On  pourroit  en  recevant  ainfi  les 
vapeurs  pures  des  différens  métaux  le$ 
mêler  enlémble  ,  &  faire  par  ce  moyen 
ïdes  alliages  plus  intimes  &  plus  purs 
qu'on  ne  Ta  fait  par  la  fufion  &  par  la 
mixtion  de  ces  mêmes  métaux  fondus , 
qui  ne  fe  marient  jamais  parfaitement  à 
caufe  de  l'inégalité  de  leur  pefanteur 
fpécifique  ,  &  de  plufieurs  autres  circonf- 
'.vinces  qui  s'oppofent  à  l'intimité  &  à 
l'égalité  parfaite  du  mélange.  Comme 
les  parties  conftituantes  de  ces  vapeurs 


it  3  ^  Introduâion  h  l'HiJIoire 
métalliques  font  dans  un  ctat  de  divifioii 
bien  plus  grande  que  dans  l'état  de  fufion, 
elles  ie  joîndroient  &  fe  réuniroient  de 
hm\  plus  près  &  plus  facilement.  Enfiir 
on  arriveroit  peut-être  par  ce  moyen  à  la 
connoiOance  d'un  fliit  général,  &  que 
plufieurs  bonnes  raifons  me  font  foup- 
çonner  depuis  long-temps,  c'ed  qu'il  y 
auroit  pénéîraiion  dans  tous  les  alliages 
faits  de  cette  manière,  &  que  leur  pefanteur 
fpécifique  leroit  toujours  plus  grande  que  I 
îa  fomme  d^s  pefanteurs  fpécinques  des 
jnaticres  dont  ils  feroient  compoles;  car 
la  pénétration  n'efl  qu'un  degré  pius 
grand  d'intimité ,  &  l'intimité°  toutes 
choies  égales  d'aiiieurs,  fera  d'autant  plus 
grande  que  les  matières  feront  dans  un 
état  de  divifion  j)lus  parfaite. 

En  réfîéchiiïlint  fur  l'appareil  des 
vaifTeaux  qu'il  fiudroit  employer  pour 
recevoir  &  recueillir  ces  vapeurs  métal- 
iiques,  il  m'efl  venu  une  idée  qui  me 
paroîî  trop  utile  pour  ne  ia  pas  publier; 
elle  eft  au(fi  trop  ailée  à  réalifer,  }x>ur 
q^e  îes  bons  Chimilles  ne  ia  laifjffent  pas. 
Je  l'ai  même  communiquée  à  quelques-uns 
d'entr'eux  tjui  m'en  ont  paru  très-fatisfaits. 


Jes  Minéraux,  Partie  Exp.    233 

.Cette  idée  eft  de  geler  le  mercure  dans 
jce  climat- ci  &.  avec  un  degré  de  froid 
beaucoup  moindre  que  celui  des  expé- 
riences de  Péterfbourg  ou  de  Sibérie  :  il 
ne  fliut  p.our  cela  que  recevoir  la  vapeur 
du  mercure ,  qui  efl  le  mercure  même 
volaiilifé  par  une  très- médiocre  chaleur 
'dafis  une  cùcurbite  ,  ou  dans  un  vafe 
aucjuel  on  donnera  un  certain  degré  de 
fi-oid  anificiei;  ce  mercure  en  vapeur, 
c'efl-à-dire,  extrêmement  divifé,  ofirira  à 
l'action  de  ce  froid  des  furfaces  fi  grandes 
&  des  maffes  fi  petites,  qu'au  lieu  de 
;  I  87  dr^grés  de  froid  qu'il  faut  pour  geler 
le  mercure  en  malîe ,  il  n'en  faudroit 
peut-être  que  i  8  ou  20  degrés ,  peut- 
lêire  même  moins  pour  le  geler  en  vapeurs. 
Je  recommande  cette  expérience  impor- 
I tante  à  tous  ceux  qui  travaillent  de  bonne 
foi  à  l'avancement  des  Sciences. 

Je  pourrois  ajouter  à  ces  ufages  prin- 
cipaux du  miroir  d'Archimède,  plufieurs 
autres  uiages  particuliers;  mais  j'ai  crti 
devoir  me  borner  à  ceux  qui  m'ont  paru 
ics  plus  utiles  &:  les  moins  difficiles  à 
réduire  en  pratique.  Néanmoins  je  crois 
devoir  joindre  ici  quelques  expériences 


2.  ^4'  InîroàiŒon  a  VHijîoire 
que  j'ai  faites  fur  la  trnnfmifîlon  de  fe 
lumière  à  travers  les  corps  tranfpareiis,  & 
donner  en  même  temps  quelques  idées 
nouvelles  fur  les  moyens  d'apercevoir  de 
Join  les  objets  à  l'œil  fimple,  ou  par  fc 
moyen  d'uij  miroir  fenibluble  à  celui  don— 
les  Anciens  ont  parlé,  par  l'effet  duquel 
on  apercevoit  du  port  d'Alexandrie  les 
vaifTeaux  d'aufîi  loin  que  la  courbure  de 
ïa  Terre  pouvoit  le  permettre. 

Tous  les  Phyliciens  favent  aujourd'hui 
qu'il  y  a  trois  cauiès  qui  empêchent  M 
iumière  de  fe  réunir  dans  un  point  lorfquel 
ït%  rayons  ont  traverfé  le  verre  objeâtf^' 
d'une  lunette  ordinaire.  La  première  eft 
la  courbure  fphérique  de  ce  verre  qui 
répand  une  partie  des  rayons  dans  un 
efpace  terminé  par  une  courbe.  La 
féconde,  eft  l'angle  fous  lequel  nous 
paroît  à  l'œil  fimple  l'objet  que .  nous 
obfervons  ;  car  ïa  largeur  du  foyer  de  l'ob- 
jedif  a  toujours  à  très -peu  près  pour 
diamètre  une  ligne  égale  à  la  corde  de 
i'arc  qui  mefure  cet  ar;gle.  La  troifième, 
eft  la  différente  réfrangibilité  de  la  lumière  ; 
car  les  rayons  \ts  plus  réfrangibles  ne  fe 
raffembient  pas  dans  le  même  lieu  où 


^(îes  Minéraux,  Partie  Exp.    235 
fe  raffemblent  les  rayons  les  moins  réfran- 


eibles. 
0 


On  peut  remédier  à  l'effet  de  la  première 
caufe,  en  fubllituant ,  comme  Deicartes 
l'a  propofé ,  des  verres  elliptiques  ou 
hyperboliques  aux  verres  fpheriques.  On 
remédie  à  l'effet  de  la  fecoride  par  le 
imoyen  d'un  fécond  verre  placé  au  foyer 
de  i'objedif,  dont  le  diamètre  eil  à  peu- 
près  égal  à  la  largeur  de  ce  foyer, 
&  dont  la  fur  face  elt  travaillée  fur  une 
fphère  d'un  rayon  fort  court.  On  a 
trouvé  de  nos  jours  le  moyen  de  remédier 
à  la  troifième,  en  fiiiant  des  lunettes 
qu'on  appelle  ach-omatiques ,  &  qui  font 
icompofées  de  deux  fortes  de  verres  qui 
Idiiperfent  difieremment  les  rayons  colorés, 
ide  manière  que  la  difperfion  de  l'un  eft 
corrigée  par  la  difperfion  de  l'autre,  fans 
que  la  réfradion  générale  moyenne,  qui 
conflitue  la  lunette,  foit  anéantie.  Une 
lunette  de  3  pieds  ^  de  longueur  faite  fur 
ice  principe,  équivaut  pour  l'effet  aux  an- 
ciennes lunettes  de  2  5  pieds  de  longueur. 

Au  refle,  le  remède  à  l'effet  de  la 
première  caufe,  efl  demeuré  tout- à-fait 
inutile  jufc^u'à  ce  jour,  parce  que  Tefîet 


J2  3  6  IntroJuâ'îon  à  rHiflohe  ' 
de  la  dernière  étant  beaucoup  plus  coa/ii-i 
dérabîe,  influe  fi  fort  fur  l'effet  total  qu'on 
ne  pouvoir  rien  gagner  à  fubfiituer  des 
verres  hyperboliques  ou  elliptiques  à  des' 
verres  fphériques ,  &  que  cette  fubftiiution! 
ne  pouvoit  devenir  avantagëufe  que  dansi 
ïe  cas  où  Von  pourroit  trouver  le  moyen 
de  corriger  l'effet  de  la  différente  réfran- 
gibilité  des  rayons  de  la  lumière;  il  fetnble 
donc  qu'aujourd'hui  l'on  feroit  bien  de^ 
combiner  les  deux  moyens,  &  de  fubfti- 
tuer  dans  les  lunettes  achromatiques  des 
verres  elliptiques  aux  fphériques. 

Pour  rendre  ceci  plus  fenfible,  fuppo- 
fons  que  l'objet  qu'on  obferve  foit  un 
point  lumineux  fins  étendue,  telle  qu'efl 
une  étoile  fixe  par  rapport  à  nous  ;  il  eft 
certain  qu'avec  un  obje^if,  par  exemple, 
de  50  pieds  de  foyer,  toutes  les  imao-es 
de  ce  point  lumineux ,  s'étendront  ^en 
fonne  de  couibe  au  foyer  de  ce  verre 
^'il  efl^  travaillé  fur  une  fphère ,  &l  qu'au 
contraire  elfes  fe  réuniront  en  un  point 
fi.cc  verre  efl  hyperbolique  ;  mais  fi  l'objet 
qu'on  obferve  a  une  certaine  étendue" 
comme  la  Lune  qui  occupe  environ  urt 
demi-degré  d'efpace  à  nos  yeux,  alors. 


^es  Minéraux ,  Partie  Exp.    237 

image  de  cet  objet  occupera  un  efpace 

•l'environ  trois  pouces    de   diamètre  au 

■  ibyer  de  i'objedif  de  3  o  pieds,  &  l'aber- 

;  iation  caufée  j.ar  la  fphéricité  produifant 

ine  confufion  dans  un  point  lumineux 

I  juelconque ,  elle  la  produit  de  même  fur 

c  eus  I^s  points  lumineux  du  dilque  de  la 

■Lune,  ÔL  par  conféquent  la  défigure  en 

t  initier.  11  y  auroit  donc  dans  tous  les  cas 

\  beaucoup  d'avantage  à  fe  lervir  de  verres 

:■  elliptiques    ou    hyperboliques    pour   de 

>,ongues  lunettes,  puiiqu'on  a  trouvé  ie 

i  110  y  en  de   corriger  en   grande  partie  ïe 

[(iiiauvais   effet   produit   par    la   différente 

P'éfrangibiiité  des  rayons. 

il,     11  luit  de  ce  que  nous  venons  de  dire, 

^Jque  fi  l'on  veut  faire  une  lunette  de  30 

ppieds  pour  obferver  la  Lune  &  la  voir  en 

[entier,  ie  verre    oculaire    doit   avoir    au 

1  jiioins  3  pouces  de  diamètre  pour  recueillir 

j  l'image  entière  que  produit  l'objedif  à  Ton 

»  foyer,  &  que  fi  on  vouloit  obferver  cet 

)  aftre    avec    une    lunette    de    60    pieds, 

l'oculaire  doit  avoir  au  moins  fix  pouces 

de  diamètre ,  parce  que  la  corde  de  l'arc 

qui  mefure  l'angle  fous  lequel  nous  paroît 

[;i  Lune ,  eft  dans  ce  cas  de  trois  pouces 


238    IntroJuéîion  à  THifloïre 

&  de  fix  pouces  à  peu -près;  auiïi  les 
Aftrononies  ne  font  jamais  ufage  de  lunettes 
qui  renferment  le  difque  entier  de  la  Lune, 
parce  qu'elles  grofîiroient  trop  peu  :  mais 
£1  on  veut  obferver  Vénus  avec  une  lunette 
de  60  pieds ,  comme  l'angle  fous  lequel 
elle  nous  paroît  n'eft  que  d'environ  60 
fécondes,  le  verre  oculaire  pourra  n'avoit 
que  4  lignes  de  diamètre,  &  fi  on  fe  fert 
d'un  objeclif  de  120  pieds,  un  oculaire 
de  8  lignes  de  diamètre  fuffiroit  pour 
réunir  l'image  entière  que  l'objedif  ferme 
à  ion  foyer. 

De  -  là  on  voit  que  quand  même  les 
rayons  de  lumière  feroient  égalemeni 
réfrangibies,  on  ne  pourroit  pas  faire 
d'aufli  fortes  lunettes  pour  voir  la  Lune 
en  en.ier  que  pour  voir  les  autres  planètes  j 
&  que  plus  une  planète  eil  petite  à  nos 
yeux ,  &i  plus  nous  pouvons  augmentei 
la  longueur  de  la  lunette  avec  laquelle 
on  peut  la  voir  en  enner.  Dès -lors  on 
conçoit  bien  que  dans  cette  même  fuppo- 
fition  dti  rayons  également  réfrangibies, 
il  doit  y  avoir  une  certaine  longueur 
déterminée  plus  avantngeufe  qu'aucune 
avitre  pour  telle  ou  telle  plaxiète ,  &  que 


"des  Minéraux,  Partie  Exp.  235 
ctte  longueur  de  la  huiette  dépend 
lon-feaiement  de  l'angle  fous  lequel  ia 
Dlanète  paroît  à  notre  œil ,  mais  encore 
le  la  quantité  de  lumière  dont  elle  eft 
•clairée. 

Dans  les  lunettes  ordinaires,  les  rayons 
le  la  lumière  étant  différemment  réfran- 
^ibles ,  tout  ce  qu'on  pourroit  faire  dans 
:ette  vue  pour  \q>,  perfedionner  ne  feroit 
x)s  fort  avantageux,  parce  que  fous 
{uelqu'angle  que  paroilTe  à  notre  œii 
objet  ou  i'aftre  que  nous  voulons  obfer- 
irer,  &  quelque  intenfité  de  lumière  qu'il 
puifTe  avoir,  les  rayons  ne  fe  raffem- 
ibleront  jamais  dans  le  même  endroit; 
plus  la  lunette  fera  longue ,  plus  il  y  aura 
d'intervalle  (h)  entre  le  foyer  des  rayons 
rouges  &  celui  des  rayons  violets ,  &  par 
coniéquent.plus  fera  confufè  l'image  de 
l'objet  obfervé. 

On  ne  peut  donc  perfecflionner  les 
lunettes  par  réfraction  qu'en  cherchant, 
comme  on  l'a  fait ,  les  moyens  de  corriger 

€eteffetdeIadifférenteréfrangibilité,foicen 
compofant  la  lunette  de  verres  de  différente 

(hj  Cet  intervalle  eft  d'un  pied  Cur  i-j  iç.  foyer. 


Zd-O     IntroJîtélion  à  l'Hiflotre 

denfité,  foitpar  d'autres  moyens  particulier,  j 

ÔL  qui  (eroient  diffe'rens  félon  les  différens  '■■ 

objets  &  les  difFérentes  circonftances  :  iup- 

pofons,  par  exemple,  une  courte  lunette 

compofée  de  deux  verres,  l'un  convexe  & 

l'autre  concave  des  deux  côtés,  il  eil:  certain 

que  cette  lunette  peut  le  réduire  à  une 

autre,  dont  les  deux  verres  Ibient  plans 

d'un  côté,  &  travaillés  de  l'autre  côté  fur 

des  fphères  dont  le  rayon  feroit  une  fois 

plus    court   que    celui    des    fphères    fur 

lefcjuelies  auroient  été  travaillés  les  verres 

de  la  première  lunette.  Maintenant,  pour 

éviter  une  grande  partie  de  l'citet  de  la 

différente  réfrangibiiité  des  rayons,  on  peut 

faire   cette   féconde   lunette   d'une   feule 

pièce  de  verre  maflif,  comme  je  l'ai  fait 

exécuter  avec  deux  morceaux  de  verre 

blanc ,  l'un  de  deux  pouces  &  demi  de 

longueur,  &  l'autre  d'un  pouce  &  demi; 

mais  alors  la  perte  de  la  trantparence  efl 

un  plus  grand  inconvénient  que  celui  de 

la  différente  réfrangibiiité  qu'on  corrige 

par    ce    moyen  ;    car    ces    deux    petites, 

lunettes   mallives    de    verre,    font    plus 

obfcures  qu'une  petite  lunette  ordinaire 

du  même  verre  &;  des  mêmes  dimenfions , 

elles 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.   241. 

elles  donnent  à  la  vérité  moins  d'iris , 
mais  elles  n'en  (ont  pas  meilîeures  ;  &  (i 
on  les  faifoit  plus  longues ,  toujours  en 
verre  maffif ,  ia  lumière  après  avoir  traverfé 
cette  épaifleur  de  verre ,  n'auroit  plus  aflez 
de  force  pour  peindre  l'image  de  l'objet 
à  notre  œil.  Ainfi  pour  faire  des  lunettes 
de  I  o  ou  20  pieds,  je  ne  vois  que  l'eau 
qui  ait  aflez  de  tranfparence  pour  laifler 
paiïer  la  lumière  fans  l'éteindre  en  entier 
dans  cette  grande  épaiiïeur  :  en  employant 
donc  de  Peau  pour  remplir  fintervalle 
entre  i'objedif&  l'oculaire,  on  diminuera 
en  partie  l'effet  de  la  différente  réfran- 
gibilité    (i)  )   parce    que  celle  de   l'eau 


(i)  M.  de  la  Lande,  i'un  de  nos  plus  favans 
Aftronomes,  après  avoir  lu  cet  article,  a  bien 
voulu  nne  communiquer  quelques  remarques  qui 
m'ont  paru  très-judes  &:  dont  j'ai  profité.  Seulement 
je  ne  fuis  pas  d'accord  avec  lui  (ur  ces  lunettes 
remplies  d'eau;  ii  croit  qu'on  diminuer  oit  très -feu 
la  différente  réfrangibilité ,  parce  que  l'eau  dij'perfe  les 
rayons  colorés  d'une  manière  différente  du  verre ,  0* 
m' il  y  auroit  des  couleurs  qui  poviendroient  de  l'eau 
i^  d'autres  du  verre.  Mais  en  fe  fervant  du  verre 
lé  moins  denfe  ,  &  en  augmentant  par  les  fels  la 
dénfité  de  i'eau,  on  rapprocheroit  de  très -près 
leur  puiflance  ré5ra<flive. 

Toms  VU.  L 


2^1    Inîrorluâion  à  l'Hiflolre 

approche  plus  de  celle  du  verre  que  celle 
de  l'air,  &  fi  on  pouvoir,  en  chargeant 
'ieau  de  difFérens  fels,  lui  donner  le  même 
degré  de  puiflance  réfringente  qu'au  verre, 
il  n'eft  pas  douteux  qu'on  ne  corrigeât 
davantage  par  ce  moyen  l'effet  de  la 
différente  réfrangibilité  des  rayons.  II. 
s'agiroit  donc  d'employer  une  liqueur 
tranfparente  qui  auroit  à  peu-près  la  même 
puifîlmce  réfrangible  que  le  verre  ;  car 
alors  il  (era  fur  que  les  deux  verres  avec 
cette  liqueur  entre -deux,  corrigeront  en 
partie  l'effet  de  la  différente  réfrangibilité 
des  rayons ,  de  la  même  fliçon  qu'elle  efl: 
corrigée  dans  la  petite  lunette  mailive  dont 
je  viens  de  parler. 

Suivant  les  expériences  de  M.  Bouguer, 
une  ligne  d'épaifleur  de  verre  détruit  j 
de  la  lumière ,  &  par  conféquent  la 
diminution  s'en  feroit  dans  la  proportion 
fuivanie  : 

Epaiff..  1,2,     3,      4,        5,         alignes; 

yjiinni.  j  i  ^,j  >  34,3  >    2^01  »  16807'  ii7h^9^  ^** 

forte  que  par  la  fomme  de  ces  fix  termes 
on  trouveroit  que  la  lumière  qui  pafîe  à 
travers  fix  lignes  de  verre,  auroit  déjà 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    243 

jpcrdu  -f^-H,  c'eil-à-dire,  environ  le  f?- 
de  la  quaniiié.  jMaib  il  faut  confidérer  que 
M.  Bouguer  s'elt  iervi  de  verres  bien 
peu  tranlj}a:ens ,  puilqu'il  a  vu  qu'une 
ligne  d'épaifîeur  de  ces  verres  déjuiioii|: 
de  la  luinièrc.  Par  les  expériences  que  j'ai 
fiiiies  fur  diiTérentes  elpèces  de  verre 
binnc,  il  m'a  paru  cpie  la  luiiiière  dinii- 
nuoit  beaucoup  moins  Voici  ces  expé- 
riences qui  font  allez  faciles  à  faire  ,  <Sc 
que  tout  le  monde  efl  en  état  de  répéter. 

Dans  une  chambre  obfcure  dont  les 
murs  étoient  noircis,  qui  me  fervoit  à 
faire  des  expériences  d'Optique ,  j'ai  fait 
allumer  une  bougie  de  cinq  à  la  livre  ; 
la  chambre  étoit  fort  valle  h.  la  lumière 
de  la  bougie  étoit  la  leule  dont  elle  fût 
éclaiiée.  J'ai  d'dbord  cherché  à  quelle 
diflance  je  pouvois  lire  un  caractère  d'im- 
preiTion,  tel  que  celui  de  la  gazette  de 
Hollande,  à  la  lumière  de  cette  bougie, 
&  j'ai  trouvé  que  je  lifois  aflez  facilement 
ce  caradère  à  24,  pieds  4  pouces  de 
diflance  delà  bougie.  Enfuiie  ayant  placé 
devant  la  bougie ,  à  deux  pouces  de 
diflance,  un  morceau  de  verre  provenant 
d'une  glace  de  Saint -Gobin,  réduite  à 

L  \) 


J244    Introchâlon  h  l'Hiflolre 
une  ligne  d'épaifTeur,  j'ai  trouvé  que  je 
îifois  encore  tout  aulîi  facilement  à  22 
pieds  9  pouces ,  &  en  fubflimant  à  cette 
glace   d'une  ligne   d'épaifTeur  un   autre 
morceau  de   2  lignes  d'épaifleur   éc  du 
même  verre,  j'ai  lu  aufîi  facilement  à  2  i 
pieds  de  diftance  de  la  bougie.  Deux  de 
ces  mêmes  glaces  de  2  lignes  d'épaifTeur 
jointes  l'une  contre  l'autre  &  mifes  devant 
ïa  bougie,  en  ont  diminué  la  lumière  au 
point  que  je  n'ai  pu  lire  avec  la  même 
facilité  qu'à   17   pieds  \  de  diftance  de 
la  bougie.  Et  enfin  avec  trois  glaces  de 
2  lignes  d'épaifTeur  chacune ,  je  n'ai  lu 
qu'à   la    diftance   de    i  5    pieds.    Or  h 
lumière  de  la  bougie  diminuant  comme 
ie  quarré   de  la   diftance  augmente ,    Ta 
diminution  auroit  été  dans  la  progrefljoii 
fuivante  ,  s'il  n'y  avoit  point  eu  de  glaces 
j-nterpofées. 


>2 


24|-.        22f.         21.        17^.        15. ou 

Donc  les  pertes  de  la  lumière  par  Tinter- 
poTition  des  glaces  font  dans  la  progrefîion 
fuivante,  84^^.   151.  2851.^367:^. 
D'où  l'on  doit  conclure  qu'une  lignç 


fJc s  Minéraux ,  Partie  Exp.    245 

d'epaiffeur  de  ce  verre,  ne  diminue  la 
lumière  que  de  y^  ou  d'environ  j\  que 
deux  lignes  d'ëpaifleur  la  diminuent  de 
~,  pas-  tout-à-fait  de  -^;  &:  trois  glaces  de 
2  lignes  dey—,  c'e(t-à-dire,  moins  de  |. 

Comme  ce  réfultat  eft:  très-différent  de 
•celui  de  M.  Bouguer,  &  que  néanmoins 
je  n'avois  garde  de  douter  de  la  vérité 
"de  les  expériences ,  je  répétai  les  miennes 
en  me  fervant  de  verre  à  vitre  commun, 
je  choifis  des  morceaux  d'une  épaiffeur 
égale,  de  |  de  ligne  chacun.  Ayant  lu 
de  même  à  24  pieds  4  pouces  de  didance 
de  la  bougie ,  î'interpofition  d'un  de  ces 
morceaux  de  verre  me  fit  rapprocher  à 
2. 1  pieds  \  ;  avec  deux  morceaux  inter- 
pofés  &  appliqués  l'un  fur  l'autre ,  je  ne 
pouvois  plus  lire  qu'à  1  8  pieds  i,  &  avec 
«rois  morceaux  à  1 6  pieds  ;  ce  qui , 
comme  l'on  voit ,  fe  rapproche  de  la 
détermination  de  M.  Bouguer  ;  car  ia 
perte  de  la  lumière ,  en  traverfànt  ce 
verre  de  |  de  ligne,  étant  ici  de  5^2  | 

*—  462  X  =  I  2  G ,  le  réfultat  -i-—  ou  -^, 

ne  s'éloigne  pas  beaucoup  de  -— ,  à  quoi 
Ton  doit  réduire  V.'i  ~  donnés  par  M. 

L  iij 


2^6    Introduâwn  à  VHijlotre 

Bouguer  pour  une  ligne  d'épaifîeur , 
parce  que  nies  verres  n'avoient  que  |  ; 
de  ligne,  car  3  :  14  :  :  65  :  303  |, 
terme  qui  ne  difîère  pas  bearucoup 
de  296. 

Mais  avec  du  verre  communément 
appelé  verre  de  Bohlme ,  j*ai  trouvé  par 
ies  mêmes  efiais,  que  ia  lumière  ne  perdoit 
qu'iui  huiâèrne  en  Traverfant  une  épaifTeur 
d'une  ligne ,  &  qu'elle  diminuoit  dans  la 
progrcfhon  fuivanie. 

Epaiff..  r,    2,      3,     4,       5,  6, 7/. 

Dimin.  '-. 

ou.  .  .   - 


7       40       3J.3       =tfLL. 

—  3  'iz_ 

0    — I    —  2    3     -i     - 

—  5              « 1 

7       7       7       7         7 
8.'     8.^     8.^     8.4-     8,5 

7         7 
8.6      8."    • 

Prenant  la  T  uiine  de  ces  termes,  on 
aura  le  toîal  de  ia  diminuiion  de  la  lumière 
à  travers-  une  épaifîeur  de  verre  d'un 
nonibre  donné  de  îignes;  par  exemple, 
la  lomme  des  fix  premiers  teriiies  efl 
-~-~.  Donc  ia  lunnère  ne  diminue  que 
d'un  peu  plus  de  moiiié  en  traverlant  une 
cpaiiTeur  de  lix  lignes  de  verre  de  Bohème^ 
&  ei-e  en  perdroit  encore  moins,  fi  au 
lieu  de  trois  morceaux  de  deux  lignes 
appliqués  i'un  fur  l'autre,  elle  n'avoit  à 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.    247 

traveiTer  qu'un  feul  morceau  de  lîx  ligues 
(l'e'paiffeur. 

Avec  le  verre  que  j'ai  fait  fondre  en 
mafîe  epaifle ,  j'ai  vu  que  la  lumière  ne 
perdoit  pas  plus  à  travers  4  pouces  ~ 
d'épaifîeur  de  ce  verre,  qu'à  travers  une 
glace  de  Saint  -  Gobin  de  deux  lignes  \ 
d'épaifTeur;  il  me  feinblc  Aowz  qu'on 
pourroit  en  conclure  que  la  muilparence 
de  ce  verre  étant  à  celle  de  ceiie  glace, 
comme  4  pouces  \  font  à  2.  lignes  \ ,  ou 
54  à  2  -^j  c'efi.-à- dire ,  pluo  de  vingt- 
une  fois  plus  grande,  on  pourroit  faire 
de  très -bonnes  petites  lunettes  malîives 
de  5  ou  6  pouces  de  longueur  avec  ce 
verre. 

Mais  pour  des  lunettes  longues ,  on  ne 
peut  employer  que  de  l'eau ,  &  encore 
eft-il  à  craindre  que  le  même  inconvé- 
nient ne  fubfille  ,  c  ir  quelle  fera  l'opacité 
qui  réfultera  de  cette  quantité  de  liqueur 
que  je  iuppole  remplir  l'intervalle  entre 
les  deux  A  erres  î  Plus  les  lunettes  feront 
iongues  &  })lus  on  perdra  de  lumière;  eii 
forte  qu'il  paroît  au  premier  coup  d'œil 
cju'on  ne  peut  pas  ie  fervir  de  ce  moyen, 
lur-iout  pour  les  lunettes  un  peu  iongues, 

L  iiij 


2^8    Intro^uâîoji  à  VHïfloire 

car  en  fuivant  ce  que  dit  M.  Bouguer 
clans  Ton  EfTai d'Optique,  furia  gridation 
de  la  IiuTiière,  p  pieds  7  pouces  d'eau 
de  mer,  font  diminuer  ia  lumière  dans  le 
rapport  de  14a  5  ;  ou ,  ce  qui  revient  à 
peu -près  au  même,  iuppofons  que  dix 
pieds  d'epaifTeur  d'eau  diminuent  la  lumière 
dans  le  rapport  de  3  à  i  ;  alors  vingt  pieds 
d'épaid^ur  d'eau  la  diminueront  dans  le 
rapport  de  ^  à  i  ;  trente  pieds  ia  dimi- 
nueront dans  celui  de  2.7  à  i,  &c.  Il 
paroît  donc  qu'on  ne  pourroit  fe  fervir 
de  ces  longues  lunettes  pleines  d'eau  que 
pour  obferver  le  Soleil,  &  que  les  autres 
aftres  n'auroient  pas  affez  de  lumière  pour 
qu'il  fût  pofîible  de  les  apercevoir  à  travers 
une  épairieur  de  20^30  pieds  de  liqueur 
intermédiaire. 

Cependant  fi  Ton  fait  attention  qu'en 
ne  donnant  qu'un  pouce  ou  un  pouce 
&  demi  d'ouverture  à  un  objecftif  de  30 
pieds ,  on  ne  laifïe  pas  d'apercevoir  très- 
nettement  les  planètes  dans  les  lunettes 
ordinaires  de  cette  longueur ,  on  doit 
penfer  qu'en  donnant  un  plus  grand 
diamètre  à  l'objediif,  on  augmenteroit  la 
quantité    de  lumière   dans  ia  raifoii  du 


I      Jes  Minéraux ,  ?3.ytie  Exj).   2.49 

quarré  de  ce  diamètre ,  ôc  par  conféquent 
Ci  un  pouce  d'ouverture  fuffit  pour  voir 
diitindement  un  aflre  dans  une  lunette 
ordinaire,  ^^  pouces  d'ouverture,  c'eft- 
à-dire  21  lignes  environ  de  diamètre 
fuffiront  pour  qu'on  le  voie  aufli  diflinc- 
tement  à  travers  une  épaiiïeur  de  dix  pieds 
d'eau  ;  &  qu'avec  un  verre  de  3  pouces 
de  diamètre,  on  le  verroit  égaiement  à 
travers  une  cpaifTeur  de  zo  pieds  d'eau; 
qu'avec  un  verre  de  Viy  ou.  5  pouces  ~ 
de  diamètre ,  on  ie  verroit  à  travers  une 
épaiffeur  de  3  o  pieds ,  &  qu'il  ne  faudroit 
qu'un  verre  de  ()  pouces  de  diamètre  pour 
une  iunette  rempiie  de  40  pieds  d'eau, 
&  un  verri;  Je  27  pouces  pour  une  iunette 
de  60  pieds. 

li  femble  donc  qu'on  pourroit,  avec 
cfpérance  de  réufTir,  faire  conflruire  une 
lunette  fur  ces  principes ,  car  en  augmen- 
tant ie  diainèire  de  i'objecftif,  on  regagne 
en  partie  la  lumière  que  l'on  perd  par  ie 
défaut  de  tranlparence  de  la  liqueur. 

On  ne  doit  pas  craindre  que  les  objeélifs, 
quelque  grands  qu'ils  foient,  falTent  une 
trop  grande  partie  deia  Iphère  fur  laquelle 
ils  feront  travaiiie's ,  &  que  par  cette  raifon 

L  V 


1^6    IntroJîiâiorj  a  VHifioire 

îes  niyons  de  la  lumière  ne  puificnt  fe 
réunir  exa<n:ement  ;  car  en  fuppofant  même  j 
ces  objedifs  fept  ou  huit  fois  plus  grands 
que  je  ne  les  ai  détermine's  ,  ils  ne  feroient 
pas  encore  à  beaucoup  près  une  afîez 
gninde  pnriie  de  leur  iphère  pour  ne  pas 
réunir  îes  rayons  avec  cxi^cftitude. 

Mais  ce  qui  ne  me  puroît  pas  douteux ,  | 
c'eft  qu'une  lunette  conftruire  de  cette 
façon,  feroit  très  -  utile  pour  oblerver  ie 
Soleii  ;  car  en  la  ilippoiant  même  longue 
de  cent  pieds,  la  lumière  de  cet  allre  ne  | 
feroit  encore  que  tiop  forte  après  avoir 
traverfé  cette  épailleur  d'eau ,  &:  on 
cbferveroii  à  loifir  &  ailement  la  iv.x'^àQQ 
de  cet  aftre  immédiatement ,  finis  qu'il  ï\\i 
nécefîaire  de  le  iervir  de  verres  enfumés 
ou  d'en  recevoir  l'image  fur  \\\\  carton , 
avantage  qu'aucune  autre  efpèce  de  lunette 
ne  peut  avoir. 

Il  y  auroit  feulement  quelque  petite 
dîiiérence  dans  la  conftru^lion  de  cette 
lunette  folaire ,  fi  l'on  veut  qu'elle  noul 
préfente  la  face  entière  du  Soleil ,  car  en 
ia  luppolant  iongr:e  de  cent  pieds,  il 
faudra  dans  ce  cas  que  le  verre  oculaire 
ûi  au   moins  dix  pouces   de   diamètre^ 


Jes  M'werms,  Partie  Exp.  :i  5 1 
r  ;rce  que  le  So'eil  occupant  |>lus  d'un 
d^ini- degré  célelle  ,  l'image  formée  par 

bjeclif  à  (on  foyer  à  i  00  pieds,  aura 
au  moins  cette  longueur  de  dix  pouces , 
&  que  pour  la  réunir  toute  entière,  il 
faudra  un  oculaire  de  cette  largeur  auquel 
on  ne  donneroit  que  vingt  pouces  de 
foyer  pour  le  rendre  auiïi  fbrt^  qu'il  fe 
pourroit.  Il  fliudroit  auiïi  que  lobjeclif, 
ainfi  que  l'oculaire  ,  eût  dix  pouces  de 
diamètre,  afin  que  l'image  de  Faftre  & 
l'image  de  l'ouverture  de  la  lunette  fc 
trouvafTent  d'égale  grandeur  au  foyer. 

Quand  même  ce.te  lunette  que  je  pro- 
pole  ne  ferviroitqu'àobferver  exaétement 
!e  Soleil,  ce  feroit  déjà  beaucoup;  il 
feroit ,  par  exemple ,  fort  curieux  de 
pouvoir  reconnoître  s'il  y  a  dans  cet  aftre 
des  parties  plus  ou  moins  lumineufes  que 
d'autres ,  s'il  y  a  fur  fa  iurface  des  iné- 
galités, &  de  quelle  efpèce  elles  feroient, 
û  les  taches  flouent  fur  fa  furfiice  (k), 

(k  )  M.  de  la  Lande  m'a  ïivX  Tur  ceci  la  remarc|uc 
qui  fuit:  -  Il  eu  connant,  d:tii,  qu'il  ny  a  fur 
ie  Soie;!  que  des  tache.^  qui  changent  de  terme  «c 
&i  dl%roiiTent  enticremcnt ,  mais  uni  ne  changent  « 
poiiit  de  place,   fi    ce   n'eft  par  la   rotation  du  « 

L  V  j 


2^2    Inîroduâïon  à  VHïfloke 
ou   Ti   elles   y   font   tomes   conrtamment 
attachées ,  6cc.  La  vivacité  de  fa  lumière 
nous  empêche  de  1  obferver  à  l'oeil  fjmpîe , 
&  la  différente  réfrangibilité  de  ï^s  rayons 
rend  fon  image  confule  lorfqu  on  la  reçoit 
au    foyer   d'un   objedif  fur  un   carton, 
aufii  la   furfice  du   Soleil  nous  eft~elle 
moins  connue  que  celle  des  autres  jilanètes. 
Cette  différente  réfrangibilité  des  rayons 
ne  feroit  pas  à  beaucoup  près  entièrement 
corrigée  dans  cette  longue  lunette  remplie 
d'eau:  mais  fi  cette  liqueur  pouvoii ,  par 
l'addition  des  fels,  être  rendue  auffi  denfe 
que  le  verre,   ce    feroit   alors  la   même 
chofe  que  s'il  n'y  avoit  qu'un  feul  verre 
à  traverfer,  &  il  me  feiubie  qu'il  y  auroit 
plus  d'avantage  à  le  fervir  de  ces  lunettes 
remplies  d'eau ,  que  de  lunettes  ordinaires 
avec  des  verres  enfumés. 


Soieil;  fa  furface  efl  très-unie  &  homogène  «  Ce 
iavant  Agronome  pouvoir  même  ajouter  que  ce 
n'eft  que  par  ie  moyen  de  ces  taches,  toujours 
fupporées  fixes ,  qu'on  a  déterminé  le  temps  de  fa 
révolution  du  Soleil  fur  Ton  axe:  mais  ce  point 
*^'^^t"0"omie  phyfique  ne  me  paroît  pas  encore 
abfolument  démontré;  car  ces  taches  qui  routes 
changent  de  figure ,  pourroient  bien  auiTi  quelque- 
rois  changer  de  lieu. 


^Jes  Minéraux,  Partie  Exp.    253 
Quoi  qu'il  en  foit,  il  eft  certain  qu'il 
Ruu  pour  obferver  le  Soleil  une  lunette 
biai  différente  de  celles  dont  on  doit  fe 
fei  vir  pour  les  autres  aftres,  &  il  eil  encore 
très-certain  qu'il  faut  pour  chaque  planète 
une  lunette  particulière  ,  &  proportionnée 
à  leur  intenfité  de  lumière,  c'eft-à-dire , 
à  la  quantité  réelle  de  lumière  dont  elles 
nous  paroiffent  éclairées.  Dans  toutes  les 
lunettes  il  faudroit    donc  robjedif  aufTi 
grand,   &  l'oculaire  aufTi   fort  qu'il    eft 
poffjble ,  &  en  même  temps  proportionner 
la  diftance  du  foyer  à  l'intenfité  de  la 
lumière  de  chaque  planète.  Par  exemple, 
Vénus  &  Saturne  font  deux  planètes  dont 
ïa  lumière  ell  fort  différente  ;  lorfqu'on  les 
obferve  avec  la  même  lunette  on  aug- 
mente  également  l'angle  fous  lequel  on 
îes  voit,  dès -lors  la  lumière  totale  de  la 
planète  paroît  s'étendre  fur  toute  fa  furface 
d'autant  plus  qu'on  la  groffit  davantage, 
ainfi  à  mefuic  qu'on  agrandit  fon  image 
on  la  rend  fombre,  à  peu- près  dans  ia 
proportion  du   quarré  de  fon  diamètre  ; 
Saturne  ne  peut  donc  fans  devenir  obfcur 
être  obferve  avec  une  lunette  auffi  forte 
que  Venus.  Si  l'imeaiité  de  lumière  de 


3L54    Introchiâïon  a  VHiiîoire 
celle-ci  permet  de  h  grofTir  cent  ou  deux 
cents  fois  avant  de  devenir  fonibre,  l'autre 
ne  fouffrira  peut-  être  pas  la  moitié  ou  le 
tiers  de  cette  augmentation  fans  devenir 
tout-à-fait  obfcure.  li  s'agit  donc  de  fiirc 
une  lunette  pour  chaque  planète  propor- 
tionnée à  leur  intcnfité  de  lumière,  &  pour 
ie  faire  avec  plus  d'avan:age  il  me  fembie 
qu'il  n'y    faut   employer  qu'un  objedif 
d'autant  plus  grand ,  &  d'un  foyer  d'autant 
moins  long  que   la  planète  a  moins  de 
lumière.  Pourquoi  jufqu'à  ce  jour  n'a-t-on 
pas  fait  des  objedifs  de  deux  &  troii  pieds 
de  diamètre  î  l'aberration  des  rayons  caufée 
par  la  fphériciié  des  verres  en  e(l  la  feule 
caufe,  elfe  produit  une  confufion  qui  efl 
comme  le  quarré  du    diamètre  de  l'ou- 
venure  (l),  ai  c'eil  par  cette  raifon  que 
ies  verres  fphériques  qui  font  très -bons 
avec  une  petite  ouverture  ne  valent  j)ius 
rien  quand  on  i'augiuente  ;  on  a  plus  de' 
lumière,  mais  moins  de  dillindion  &  de  , 
netteié.^  Néanmoins,  les  verres  fphériques'  ! 
larges  lont  très-bons  pour  faire  des  limettes   ' 
de'  nuit;   les  Angfois   ont  conflruit  des 

{/J  Smith's  Optick.  Bood.  2,  cap,  VII,  art.  ^^C^ 


des  A4inermix,  Partie  Exp.    2  5  J' 
lunettes  de  cette  efpcce  ,  &  ils  s'en  fervent 
ave.c  grand  avantage    pour  voir  de  fort 
loin  les  vailTeaux  dans  une  nuit  obfcure. 
Mais  maintenant  que  l'on  fait  corriger  en 
grande   partie   les  effets   de  la  différente 
réfranglMlité  des    rayons,   il   nie  femble 
qu'il  fiudroit  s'attacher  à  fliire  des  verres 
€l!ipîiq'.;cs  ou  hyperboliques  qui  ne  pro- 
duiroient  pas  cetie  aberration  caufée  par 
la  fphc'riciîé,  &  qui  par  conféquent  pour- 
roient  être  trois  ou  cjuatre  fois  plus  larges 
que  les   verres  fphériques.  Il  n'y  a  que 
ce   moyen  d'augmenter   à  nos    yeux   la 
quantité  de  lumière  que  nous  envoient  les 
planètes ,  car  nous  ne  pouvons  pas  porter 
fur  1ers  planètes  une  lumière  additionnelle 
commç  nous  le  fltifons  fur  les  objets  que 
nous  obfe'rvons  au   microfcope,  mais  H 
faut  au  moins  employer  le  plus  avanta- 
geufement  qu'il  eft  pofllble ,  la  quantité 
de  lumière  dont  elles  font  éclairées,  en  la 
recevant  fur  une  furface  audl  grande  qu'il 
fe  pourra.  Cette  lunette  hyperbolique  qui 
ne  feroit  compofée  que  d'un  feul  grand 
verre  objedif ,   &  d'un  oculaire  propor- 
tionné ,  cxîgeroit  une  matière  de  la  plus 
grande  tranfparence.  On  réuniroit  par  ce 


2^6    IntroduŒon  a  VHifloire 
înoyen  tous  les  avantages  pofTibles ,  c'efl- 
a-cJire,   ceux  des  lunettes  achromatiques 
a  celui  des  lunettes  elliptiques  ou  hyper- 
boliques, &  l'on  mettroit  à  profit  toute 
la  quantité  de  lumière  que  chaque  planète 
réfléchit  à  nos  yeux.  Je  puis  me  tromper, 
^  niais  ce  que  je  propofe  me  paroît  afTez 
'  fondé  pour  en  recommander  l'exécution 
aux  perfonnes  zélées  pour  Tavancement 
des  Sciences. 

Me  InifTant  aller  à  ces  efpèces  de  rêveries, 
dont  quelques  -  unes  néanmoins  fe  réali- 
feront  un  jour,  &  que  je  ne  publie  que 
dans  cette  efpérance,  j'ai  fongé  au  miroir 
du  port  d'Alexandrie,  dont  quelques 
Auteurs  anciens  ont  j^arlé ,  &  par  le  moyen  ' 
duquel  on  voyoit  de  très-loin  le§  vaifTeaux 
en  pleine  mer.  Le  paflTnge  le  plus  pofitif 
qni  me  foit  tombé  fous  \qs.  yeux  eft  celui 

que  je  vais  rapporter:  Alexandna 

in  Pharo  verb  erat  fpeculum  e  ferro  Tmico. 
Per  quod  a  long}  videbantur  naves  Grœ- 
iorum  adv émeutes;  fed paulb  pojlquam  Ifla- 
rmfmus    invalult ,  fdlicet  tempore  califatûs 

^^•f^^''.'^^^^'*'^-'^'^'^'  ^hriftlanï,  fraude 
cdhibna  ïllud  deleverunu  Abu-i-feda,  &c, 
iJelcriptio  ^gypti. 


'Je s  Minéraux,  Partie  Exp.  257 
J'ai  penle  i .°  que  ce  miroir  par  lequel 
n  voyoit  de  ioiii  les  vaifîeaux  arriver, 
'ctoit  pasimpofTible;  z"  que  même  fans 
liioir   ni    lunette ,   on   pourroit  par^  de 
eitaines   dirpofitions    obtenir   le    même 
fiet,  &  voir  depuis  le  port  les  vaifîeaux 
)eut-être  d'aufli  loin  que  la  courbure  de 
a  Terre  le  permet.  Nous  avons  dit  que 
LS  perfonnes  qui  ont  bonne  vue ,  aper- 
çoivent les  objets  éclairés  par  le  Soleil  à 
^liis  de  trois  mille  quatre  cents  fois  leur 
iiianètre,  &  en  même  temps  nous  avons 
•cmarqué    que  la   lumière    intermédiaire 
uiifoit  fi  fort  à  celle  des  objets  éloignés, 
qu'on  apercevoit  la  nuit  un  objet  lumi- 
neux de  dix ,  vingt  &  peut-être  cent  fois 
plus  de  diftance  qu'on  ne  le  voit  pendant 
le  iour.  Nous  favons  que  du  fond  à\m 
puits  très- profond  l'on  voit  les  étoiles  en 
plein  jour  (m),  pourquoi  donc  ne  verroit- 
on  pas  de  même  les  vaiiïeaux  éclairés  des 
rayons  du  Soleil ,  en  fe  mettant  au  fond 


fm)  AriPiOte  eft  je  crois  le  premier  qm  ait 
fi>it  mention  de  cette  obfervation ,  &  j'en  ai  cite  le 
pa%e  à  larticle  du  Sens  de  k  K»#,  mie  iV  as 
(êtîe  hjfoire  NutunlU^ 


2^S    Introdua'ion  à  l'Hi/Ioire 

d'une  longue    galerie    fort  obfcure,    ^ 

fituée  fur  fe  Lord  de  la  mer,   de  ma- 

mère  qu'elle  ne  recevroit  aucune  lumière 

que    celle    de    la   mer   lointaine    &    dei 

vaifleaux  qui  pourroients'y  trouver;  cette 

galerie   n'efl   qu'un  puits   horizontal  qui 

feroit  le  même    effet    pour   la    vue   des 

vaiffeaux ,  que  le  -puits  vertical  pour  la 

vue  d^s   étoiles ,    &    cela    me    paroît  fi 

fimple ,  que  je  fuis  étonné  qu'on  n'y  ait 

pas  fongé.  I{  me  fembîe  qu'en  prenam, 

pour  faire  l'obfervadon  ,   les   heures    du 

jour  où  le  Soleil  feroit  derrière  la  galerie, 

c'eli-à-dire   le  temps   où    les   vaifleaux 

leroient  bien  éclairés,   on   les   vcrroit  du 

fond  de  cette  g?A^nQ  obfcure  ,   dix  fois 

au  moins  mieux  qu'on  ne  peut  les  voir  en 

pleme  lumière.  Or,  conuiie  nous  l'avoni 

dit,  on  diilingue  aifément  un  homme  ou 

tui  cheval  à  une  lieue  de  diftance  Icriqu'ils 

font' éclairés  des  rayons  du  Soleil;  &  en 

fu])primant  la  hunière  intermédiaire  qui 

nous  environne   &   offulque   nos   yeux,J 

nous  les  verrions  au   moins  dix  fois  plus  1 

loin,  c'ell-à-dire ,  à  dix  lieues:  donc  on  ' 

verroit  hs  vaifleaux  qui  font   beaucoup 

plus  groS;  d'aufTx  loin  que  la  courbure 


iles  M'wénmx ,  Partie  Exp.  2  5  9 
e  la  Terre  le  permettroit  (n),  Tans  autre 
îdrunient  que  nos  yeux. 

Mais  un  miroir  concave  d  un  allez 
nmd  diamètre,  &  d'un  foyer  quel- 
;  nque,  placé  au  fond  d'un  long  tuyau 
loirci,  feroit,  pendant  le  jour,  a  peu- 
yhs  le  mênie  effet  que  nos  grands 
)hjcaifs  de  même  diamètre  ôl  de  même 
bycr  feroient  pend;nit  la  nuit ,  &  c  etoit 
)robal)lement  un  de  ces  miroirs  concaves 
i'acier  poli  (e  fervo  finîco)  qu'on  avoit 
nabli  au  port  d'Alexandrie  (0),  pour  voir 

'~~Z7ux  courbure  de  la  Terre  pour  un  dearé 
ov/z5  iicues  de  ..8?  toifes,  eft  à.  pU  pied.; 
e^c  c  ou  comme  le  ouarrc  à.s  d^ances,  amfi 
'our  ^  lieues  elie  eft  vingt  -  cinq  fois  n^oindre , 
^V  Uà'dire.  d'environ  rzo  pieds.  Un  va^au  qm 
a  pus  de  zo  pieds  de  mature,  peut  donc  et  e 
J  L  cinq  lieues  étant  mcme  au  niveau  de  la 
;L  mais'r.  l'on  s'élevoit  de  ..o  ^^^^ 
An  niveau  de  lu  n.cr  on  verront  de  u.  q  leu  s 
ie  corps  entier  du  vaiffeau  )u(;4ua  la  ligne  de  eau 
^en^s'élevant  encore  davantage  on  pomroit 
Lrcevo^r  le  haut  des  m^ts  de  plus  de  dix  lieues. 

(o)  De  temps  in-^^'^^^'^^.j^f  ^''^'J-^'J^.^li'en 
.o.(t4japonois,fayenyravai^I--^-^^^ 

jrrand  &  en  petit  volume ,   &  c  c.t   ce  qu 

^enfer   qu'on    doit   interpréter    c   feno  f.nico   paf 

aciçr  poli. 


zdo    Introdiiilmi  à  l'HlflGhe 

de  loin  arriver  les  vaifTeaux  Grecs.  A 

refte,  fi  ce  miroir  d'acier  ou  de  fer  poli 

réellement   exiilé,   comme  il    y  a  tout 

apparence ,  on  ne  peut  refiifer  aux  Ancien 

ia    gloire   de  la    première  invention  de 

télcfcopes,  car  Cc!  miroir  de  métal  poli  ii 

pouvoit  avoir    d'efïet    qu'autant    que  \ 

lumière    réfléchie   par    fa    furftce,   étoi 

recueillie  par  un   auire    miroir    concave 

placé  à  Ton  foyer,  ai  c'eft  en  cela  qu( 

confiftere/Tênce  du  téIercope&  la  facilita 

de  fa^  conllrucflion.  Néanmoins  cela  n'ÔK 

rien  à  la  gloiie  du  grand  Newton,  qui. 

le  premier,   a  relTufcité    cetie  invemioii 

entièrement  oubliée.  Il  paroît  même  que 

ce  font  {^%  belles  découvertes  fur  la  diifé- 

ïente  réfrangibiliré  des  rayons  de  la  lumièrç 

qui  l'ont   conduit  à    celle  du   télefcope. 

Comme  les  rayons  de  la  lumière  font  par 

leur  nature  différemment  réfrangibles ,  il 

étoit  fondé  à   croire  qu'il  n'y  avoit  nul 

moyen  de  corriger   cet  effet;   ou  s'il  a 

entrevu   ces    moyens ,   il  les  a  jugés  fi 

difficiles,  qu'il  a  mieux  aimé  tourner  fe$ 

vues  d'un  autre  côté,  &  produire  par  le 

moyen  de  ia  réflexion   des  rayons,   les 

grands  eiffets  qu'il  ne  pouvoit  obtenir  par 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.   2  6 1\ 

îar  réfradion.  Il  a  donc  fait  conftruire 
{1  tëlefcope,  dont  l'effet  eft  réellement 
ha  fupérieur  à  celui  des  lunettes  ordi— 
lires,   mais    les  lunettes    achromatiques 
i ventées  de  nos  jours,  font  auffi  fupé- 
rures  au  télefcope  qu'il  reft  aux  lunettes 
(dinaires.  Le  meilleur  télefcope  eft  tou- 
urs  fombrc  en  comparaifon  de  la  lunette 
ihromatique,  &  cette  obfcurité  dans  les 
lefcopes  ne  vient  pas  feulement  du  défaut' 
i  poli  ou  de   la  couleur  du  métal  des 
liroirs,  mais  de  la  nature  même  de  la 
unière,    dont  les    rayons   différemment 
ffrangibles,  font  aufîi  différemment  ré- 
'exibles,    quoiqu'en    degrés    beaucoup 
loins  inégaux.  Il  refte  donc  pour  per- 
ledionner   les   télefcopes,    autant   qu'ils 
)euvent  l'être,  à  trouver  le  moyen  de 
:ompenfer  cette  différente    réfîexibilité , 
:omme  l'on  a  trouvé  celui  de  compenfer 
a  différente  réfrangibilité. 

Après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  je 
crois  qu'on  fentira  bien  que  l'on  peut 
faire  une  très- bonne  lunette  de  jour,  fans 
employer  ni  verres  ni  miroirs,  &  fimple- 
jment  en  fupp rimant  la  lumière  environ- 
nante ,  au  moyen  d'un  tuyau  de  i  jo  ou 


'262.    Introduâwn  à  l'Hiflolre, 

^00  pieds  de  long,  &  en  fe  plaçant  Janj 
un  lieu  obfcur  où  aboiuiroit  l'une  dej 
extrémités  de  ce  tuyau  ;  plus  la  lumière  du 
jour  feroit  vive,  plus  léroit  grand  l'efFet 
de  celte  lunette  fi  fimple  &  fi  facile  â 
exécuter.  Je  luis  perluadé  qu'on  verroil 
diftiadement  à  quinze  &  peut-être  vingi 
iieues  les  bâtimens  &  les  arbres  fur  le" 
haut  des  montagnes.  La  feule  diftcrence' 
qu'il  y  ait  entre  ce  long  tuyau  &  la  gîierie 
obfcure  que  j'ai  propofée,  c'ell:  que  le 
champ,  c'eil-à-dire,  l'eipace  vu  feroit  bien 
plus  petit ,  &  précifément  dans  la  raifoii 
du  quarré  de  l'ouverture  du  tuyau  à  celle 
de  la  galerie.  ' 

Article   troisième. 

Invention  d'autres  Miroirs  pour 

brider  à  de  moindres  dijiances, 

I.  j 

MiROi ns  d'une  feule  pièce 
à  foyer  mobile, 

J  'a  I  remarqué  que  ïe  verre  fait  re/Tort, 
&  qu'il  peut  plier  jufqu'à  un  certain  point;. 


Jes Mifteraiix ,  Partie  Exp.    2.6 y 

l  comme  pour  brûler  à  des  diflances  un 

ru   grandes,    il   ne  faut   qu'une   légère 

curbure,  &  que  touie  courbure  régulière 

^efl  à  peu-près  également  convenable; 

ji   imaginé    de   prendre   des   glaces    de 

rroir  ordinaire    d'un  pied   &  demi,  de 

eux  pieds  &  n'ois  pieds  de  diamèire,  de 

1   faire  arrondir,   &   de  les  iouenir  fur 

:  cercle  de  fer  bien  égal  &  bien  tourné, 

rès  avoir  fait  dans  le  centre  de  la  glace 

i  trou  de  deux  ou  trois  ifgnes  de  dia- 

ètre  pour  y  pafler  une  vis  fpj,  dont  Iqs 

s  font  très  -  fins ,  &  qui  entre  dans  un 

;tit  écrou  pofé  de  l'autre  côté  de  fa  glace. 

n  ferrant  cette  vis,  j'ai  courbé  afîez  les 

aces  de  trois  pieds,  pour  brûler  depuis 

D  pieds  jufuu'à    30,    &   les   glaces  |  de 

)  pouceb  ont   brûlé   à  2  5  pieds  ;   mais 

ant  répété  j)lufieurs  fois  ces  expériences, 

li  cafié  les  glaces  de   trois  pieds  &  de 

:ux  pieds,  &  il  ne  m'en  refl:e  q  l'une  de 

8  pouces  que  j'ai  gardée  pour  modèle 

;  ce  miroir  (q)* 


(P)  Voyez  (es  planches  X,  XI  f  XII, 
( q)  Ces  g'aces  de  3  pieds  ont  mis  le  feu  à  des 
atières  légères  jufqu'à   50  pieds  de  dillance,  & 


2. 64    IntroJuâlon  à  rHifloké 

Ce  qui  fait  caffer  ces  glaces  fi  aife'menl 
c'efl:  le  trou  qui  eft  au  milieu;  elles  i 
courberoient  beaucoup  plus  (ans  rompre 
s'il  n'y  avoit  point  de  folution  de  conti 
nuité ,  &  qu'on  pût  les  prefTer  égalemer 
fur  toute  la  furface  :  cela  m'a  conduit 
imaginer  de  les  faire  courber  par  le  poic 
même  de  ratmofphère  ;  &  pour  cela  il  n 
faut  que  mettre  une  glace  circulaire  ft 
une  efpèce  de  tambour  de  fer  ou  d 
cuivre,  &  ajouter  è  ce  tambour  une  pomp 
pour  en  tirer  de  l'air;  on  fera  de  cettj 
manière  courber  la  glace  plus  ou  moins 
&  par  conféquent  elle  brûlera  à  de  pli 
&  moins  grandes  diftances. 

Il  y  auroit  encore  un  autre  moyen  ;  c 

feroit  d'ôter  Tetamage  dans  le  centre  d 

la  glace ,  de  la  largeur  de  p  ou  10  lignes 

façonner  avec  une  molette  cette  partie  d 

centre  en  portion  de  fphère ,  comme  u: 

verre  convexe ,  d'un   pouce  de    foyer 

mettre  dans  le  tambour  une  petite  mèch 

' — 

alors  elles  ii'avoient  piié  que   d'une  ligne  |-;  pou 
briJer  à  40  pieds ,  il  falloit  ies  faire  plier  de  2  lignes 
pour  brûler  330  pieds  ,  de  deux  lignes  -|- ,  &:  c'el  ' 
€n  voulant  les  faire  brûler  à  2  o  pieds  qu'elles  i  j 
font   caflecs, 

foufre'c  1 


fies  Minéraux,  Partie  Exp.    265 

(bufree  ;  il  arriveroit  que  quand  on  préfeii- 
t-eroit  ce  miroir  au  Soleil,  les  rayons 
tfaniiuis  à  travers  cette  partie  du  centre 
de  la  glace  &  réunis  au  foyer  d'un  pouce , 
allumeroient  la  mèche  Ibufrée  dans  le 
tambour  ;  cette  mèche  en  brûlant  abfor- 
beroit  de  l'air,  &  par  conlèquent  le  poids 
de  l'atmofphère  feroit  plier  la  glace  plus 
ou  moins ,  félon  que  la  mèche  foufrée 
brûleroit  plus  ou  moins  de  temps.  Ce 
miroir  feroit  fort  fingulfer,  parce  qu'il  fe 
courberoit  de  lui-même  à  l'afpecl  du 
Soleil  fins  qu'il  fût  nécefiaire  d'y  toucher; 
mais  l'ufage  n'en  feroit  pas  facile ,  &  c'efl 
pour  cette  raifon  que  je  ne  i'ai  pas  fait 
exécuter,  la  féconde  manière  étant  préfé- 
rable à  tous  égards. 

Ces  miroirs  d'une  feule  pièce  à  foyer 
mobile,  peuvent  fervir  à  mefurer  plus 
exactement,  que  par  aucim  autre  moyen, 
la  différence  des  effets  de  la  chaleur  du 
Soleil  reçue  dans  des  foyers  plus  ou  moins 
grands.  Nous  avons  vu  que  les  grands 
foyers  font  toujours  proportionnellement 
beaucoup  plus  d'effet  que  les  petits, 
quoique  l'intenfué  de  chaleur  foit  égale 
4ans  les  uns  &  les  autres;  on  auroit  ici; 

Tome  VIL  M 


266    Intro^uélion  à  VHïfloire 

en  contradant  fuccefTIvement  les  foyers, 
toujours  une  égale  quantité  de  lumière  oa 
de  chaleur,  mais  dans  des  efpaces  fuc- 
ceflivement  plus  petits;  &  au  moyen  de 
cette  quantité  confiante ,  on  pourroit  dé- 
terminer par  l'expérience  ie  minimum  de 
refpacc  du  foyer,  ce(l-à-dire,  l'étendue 
néceffaire ,  pour  qu'avec  la  même  quantité 
de  lumière  on  eût  ie  plus  grand  effet, 
cela  nous  conduiroit  en  même  temps  à 
une  eftimation  plus  précife  de  la  déper- 
dition de  la  chaleur  dans  les  différentes 
fubftances,  fous  un  même  volume  ou 
dans  une  égale  étendue. 

A  cet  ufage  près ,  il  m'a  paru  que  ces 
miroirs  d'une  feule  pièce  à  foyer  mobile 
étoient  plus  curieux  qu'utiles;  celui  qui 
agit  feul  &  fe  courbe  à  i'afpecl  du  Soleil , 
ell  afîez  ingénieufement  conçu  pour  avoir 
place  dans  un  cabinet  de  Phyiique. 

I   I. 

Miroirs  d'une  feule  pièce  pour  brûler 

très-vivement  à  des  dijiances  médiocres 

éf  à  de  petites  dijiances. 

J'ai  cherché  les  moyens  de  courber 
régulièrement  de  grandes  glaces,  &  après 


des  Minéraux,  Partie  Exp.  :i  67 
avoir  fait  conflruire  deux  fourneaux  ^i^é- 
rcns  qui  n'ont  pas  réufîi,  je  fuis  parvenu 
à  en  fiire  un  troifième  (r),  dans  lequel 
j'ai  courbé  très.- régulièrement  é^s  glaces 
circulaires  de  trois,  quatre  &  quatre  pieds 
&  demi  de  diamètre,  \\ïi  ai  même  fait 
courber  deux  àc  ^6  pouces  ,  mais  quelque 
précaution  qu'on  ait  prife  pour  laiffer 
refroidir  lentement  ces  grandes  glaces  de 
56  &  J4  pouces  de  diamètre,  &  pour 
les  manier  doucement ,  elfes  fe  font  calTées 
en  les  appliquant  fur  fes  moules  fphériques 
que  j'avois  fait  conflruire  pour  leur  donner 
îa  forme  régulière  &  le  poli  nécefiaire  ;  fa 
même  chofe  efl:  arrivée  à  trois  autres 
,gîaces  de  48  &  50  pouces  de  diamètre, 
&  je  n'en  ai  confervé  qu'une  feule  de 
46  pouces  &  deux  à^  ^j  pouces.  Les 
gens  qui  connoifTent  les  Arts  n'en  feront 
pas  furpris,  ils  favent  que  les  grandes 
pièces  de  verre ,  exigent  des  précautions 
infinies  pour  ne  pas  fe  fêler  au  fortir  du 
fourneau  où  on  ies  laiHe  recuire  & 
refroidir,  ils  favent  que  plus  elles  font 
minces,   &  plus  elles  font  fujettes  à  fe 


(r)  Vpyez  \t% planches  r,  ii,  ijj,  iv,  v  ir  vu 

M  i; 


2  68    InîroducTion  à  /'Hijloire      _ 
fendre  ,   non  -  feulement  par  ie  premier 
coup  de  l'air ,  mais  encore  par  Tes  impref- 
fions  ultérieures.  J'ai  vu  plufieurs  de  mes 
glaces   courbées   le  fendre  toutes  feules 
au  bout  de  trois ,   quatre  &  cinq  mois , 
quoiqu'elles  euffent  réfifté  aux  premières 
imprelîions    de   l'air,   &    qu'on    les   eut 
placées  fur    des  moules  de    plâtre  bien 
féché ,  fur  lefquels  la  furface  concave  de 
ces  glaces  pôrtoit  également  par -tout; 
mais  ce  qui  m'en  a  fhit  perdre  un  grand 
nombre ,  c'eft  le  travail  qu'il  falloir  fairç 
pour  leur  donner  une  forme  régulière. 
Ces  o-laces  que  j'ai  achetées  toutes  polies 
à  la  *^manufi(5lure    du    faubourg    Saint- 
Antoine,  quoique  choifies  parmi  les  plus 
épaiffes,  n  avûient  que  cinq  lignes  d'épaii; 
feur;  en  les  courb^mt,  ie  feu  leur  fiiloit 
perdre  en  partie  leur  poli.  Leur  ëpaiifeur 
d'ailleurs  n'étoit  pas  bien  égale  par-tout, 
&  néanmoins  il  étoit  nécelîlîire  pour  l'objet 
auquel  je  les  deftinois  ,  de  rendre  les  deux 
furfices  concave  &l  convexe  parfaitement 
concentriques,  &  par  conféquent  de  les 
travailler  avec  des  molettes  convexes  dans 
des  moules  creux ,  &  des  molettes  concaves 
'fur  des  moules  convexes.  De  vingt-quatrc 


lies  Afin er/^nx,  VzYtie'Exp.   2  6gi 

gîaces  que  j'avois  courbées ,  &  dont  j'en 
avois  livré  quinze  à  feu  M.  Paflemant, 
pour  les  faire  travailler  par  fes  ouvriers , 
je  n'en  ai  confervé  que  trois  ;  toutes  les 
autres ,  dont  ies  moindres  avoient  au  moins 
trois  pieds  de  diamètre ,  fe  font  caffées , 
foit  avant  d'être  travaillées,  foit  après. 
I^e  ces  trois  glaces  que  jai  fauvées ,  l'une 
a  46  pouces  de  diaiiiètre,  &  ies  deux 
autres  37  pouces,  elles  étoient  bien  tra- 
vaillées ,  leurs  furf^ces  bien  concentriques, 
&  par  conféquent  l'epaifleur  P^ien  égale, 
il  ne  s'agifioit  plus  que  de  les  étainer  fur 
leur  furfàce  convexe,  &  je  fis  pour  cela 
plufieurs  effais  &  un  ailez  grand  nombre 
d'expériences  qui  ne  me  réuiîjrent  point. 
M.  de  Bernières,  beaucoup  plus  habile 
que  moi  dans  cet  art  de  l'étamage ,  vint 
à  mon  fecours,  &  me  rendit  en  effet 
deux  de  mes  glaces  étamées  ;  j'eus  l'hon- 
neur d'en  préienter  au  Roi  la  plus  grande, 
c'eft-à-dire,  celle  de  46  pouces,  &  de 
faire  devant  Sa  Majellé  les  expériences  de 
h  force  de  ce  miroir  ardent  qui  fond 
aifément  tous  les  métaux  ;  on  l'a  dépofé 
au  château  de  ia  Muette,  dans  un  cabinet 
<]ui  eit  fous  la  diredion  du   Père  Noëlj 

M  iij 


2yo    InîroduŒon  à  VHijioire 

c'efl:  certainement  le  plus  fort  mirom, 
ardent  qu'il  y  ait  en  Europe  (f).  J'ai 
dépofé  au  Jardin  du  Roi,  dans  le  Cabinet 
d'Hiitoire  Naturelle,  la  glace  de  3  7  pouces 
de  diamètre,  dont  le  foyer  efl:  beaucoup 
plus  court  que  celui  du  miroir  de  46 
pouces.  Je  n'ai  pas  encore  eu  le  temps 
d'eOayer  ia  force  de  ce  lëcond  miroir  que 
je  crois  aiifli  très-bon.  Je  fis  dans  le  temps^ 
quelques  expériences  au  château  de  la 
Muette,  fur  ia  kinnère  ce  ia  Lune,  reçue 
par  le  miroir  de  46  pouces ,  &  réfléchie 
fiir  un  thermomètre  très-fenfible,  je  crus 
d'abord  m'aperce  voir  de  quelque  mou- 
Yement,  rnais  cet  effet  ne  le  ioutint  pas, 
^  depuis  je  n'ai  pas  eu  occafion  de  répéter 
rexpérience.  Je  ne  iîii  même  ii  l'on 
cbtiendroit  un  degré  de  chaleur  fenfible 
en  réimifîant  les  foyers  de  piufieurs  miroirs, 
&  ies  fiifant  tom.ber  enfemble  fur  un 
thermomètre  aplati  &  noirci  ;  car  il  fe  peut 
que  la  Lune  nous  envoie  du  froid  plutôt 

»!■         I  ,  .       .  I  — 

( J )    On  m'a  dit  que  i'étamage  de   ce  miroir^ 
qui  a  été  fait  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  s'étoit  gâté, 
il  Ikiidroit  ie   remettre   entre  les  mains  de   M.  dei 
Bernières,   t]ui  feu!  a  ie  fecret   de  cet   étamagc, 
pour  ie  bien  réparer. 


^des  Minéraux ,  Partie  Exp.   27 1 

que  du  chaud ,  comme  nous  l'expliquerons 
ailleurs.  Du  redeces  miroirs  font  (upérieurs 
à  tous  les  miroirs  de  réflexion  dont  on 
avcit  connoiiiance  :  ils  iervent  aufîi  à 
voir  en  grand  les  petits  tableaux,  &  à  en 
difiinguer  toutes  les  beautés  &  tous  les 
défciuts  ;  &  fi  on  en  fîiit  étamer  de  pareils 
dans  leur  concavité,  ce  qui  feroit  bien 
plus  aifé  que  fur  la  convexité,  ib  fervi- 
roient  à  voir  les  plafonds  &  autres  peintures 
qui  font  trop  grandes  &  trop  perpendi- 
culaires fur  la  tête,  pour  pouvoir  être 
regardées  aifément. 

Mais  ces  miroirs  ont  rinconvénient 
commun  à  tous  les  miroirs  de  ce  genre, 
qui  efl:  de  brûler  en  haut,  ce  qui  fait 
qu'on  ne  peut  travailler  de  fuite  à  leur 
foyer,  &  qu'ils  deviennent  prefque  inutiles 
pour  toutes  les  expériences  qui  demandent 
une  longue  a<flion  du  feu  &  des  opéradons 
fuivies.  Néanmoins  en  recevant  d'abord 
les  rayons  du  Soleil  fur  une  glace  plane 
de  quatre  pieds  &  demi  de  hauteur  & 
d'autant  de  largeur  qui  les  réfléchit  contre 
ces  miroirs  concaves ,  ils  font  afîez  puifîans 
pour  que  cette  perte  qui  eft  de  la  moitié 
de  la  chaleur;  ne  les  empêche  pas  de 

M  iiij 


i/^    Introdiiêïon  à  VHïflo]re 

brûler  très  -  vivement  à  leur  foyer ,  qui 
par  ce  moyen  fe  trouve  en  bas  comme 
celui  des  miroirs  de  réfradion ,  &  auquel 
par  conféquent  on  pourroit  travailler  de 
fuite  &  avec  une  e'gale  facilité.  Seulement 
il  feroit  nécefîaire  que  la  glace  plane  & 
3e  miroir  concave ,  fuiïent  tous  deux 
jnonte's  parallèlement  fur  un  même  fup- 
port,  où  ils  pourroient  recevoir  également 
ies  mêines  mouvemens  de  direction  & 
d'inclinaifon ,  foit  horizontalement ,  foit 
venicalement.  L'effet  que  le  miroir  de 
46  pouces  de  diamètre  feroit  en  bas, 
n'étant  que  de  moitié  de  celui  qu'il  pro- 
duit en  haut,  c'efl  comme  ïi  ia  furface  de 
ce  miroir  étoit  réduite  de  moitié ,  c'eft- 
à-dire  ,  comme  s'il  n'a  voit  qu'un  peu  plus 
de  3  2  pouces  de  diamètre  au  lieu  de  46, 
éc  cette  dimenfion  de  32  pouces  de 
'  diamètre  pour  un  foyer  de  6  pieds,  ne 
laiiïe  pas  de  donner  une  chaleur  plus 
grande  que  celle  des  lentilles  de  Tfchirnaiis 
ou  du  freur  Segard ,  dont  je  me  fuis 
autrefois  fervi ,  &  qui  font  les  meilleure- 
que  l'on  connoifTe. 

Enfin  par  la  réunion  de  ces  deux  miroirs, 
on  auroit  aux  rayons  du  Soleil  une  chaleu) 


des  Minéraux ,  Part  î  e  E xp.   173 

inimenfe  à  leur  foyer  coniiniin,  fur-tout 
,  en  le  recevant  en  haut ,  qui  ne  feroit 
diminuée  que  de  moiâé  en  le  recevant 
en  bas,  &  qui  par  conféquent  feroit 
beaucoup  plus  grande  qu'aucune  autre 
chaleur  connue  ,  &  pourroit  produire  des 
effets  dont  nous  n'avons  aucune  idée. 

I    I   I. 

Lentilles  ou  Miroirs  h  l'eau. 

Au  moyen  des  glaces  courbées  & 
travaillées  régulièrement  dans  leur  conca- 
vité &  fur  leur  convexité,  on  peut  faire 
un  miroir  réfringent,  en  joignant  par 
oppofirion  deux  de  ces  glaces ,  &  en 
rempliflant  d'eau  tout  i'elJDace  qu'elles 
contiennent. 

Dans  cette  vue  ,  j'ai  fait  courber  deux 
glaces  de  37  pouces  de  diamètre,  &  les 
ai  fiit  ufer  de  8  ou  o)  lignes  fur  les  bords 
pour  les  bien  joindre.  Par  ce  moyen  l'on 
n'aura  pas  befoin  de  maflic  pour  empêcher 
l'eau  de  fuir. 

Au  zéniih  du  miroir  il  fiut  pratiquer 
un  petit   goulot  (t),   par  lequel  on  en 

^t)   Voyez  la  jr'Â?«<//e  Xil. 

M  V 


^74    Introduclïon  à  rH'ijlohs 

remplira  la  capacité  avec  un  entonnoir* 
&  comme  les  vapeurs  de  l'eau  échauffée 
par  le   Soleil,  pourroieat  fl\ire  cafTer  les 
glaces ,  on  laifTera  ce  goulot  ouvert  pour 
iailTer  échapper  les  vapeurs;  &  afin  de 
tenir  le  miroir  toujours  abfolument  plein 
d'eau,  on  ajuilera   dans  ce  goulot  une 
petite    bouteille    pleine    d'eau ,   &    cette 
bouteille  finira  elle-même  en  haut  par  un 
goulot  étroit,  afin  que  dans  les  différentes 
inciinaifons  du  miroir ,  l'eau  qu'elle  con- 
tiendra ne  puifîe  pas  le  répandre  en  trop 
grande  quantité. 

Cette  lentille  compofée  de  deux  glaces 
de  37  pouces,  chacune  de  deux  pieds  & 
demi  de  foyer,  brûleroit  à  cinq  pieds,  fi 
clie  éioit  de  verre;  mais  l'eau  ayant  une 
moindre  réfrac^tion  que  le  verre,  le  foyer 
icra  plus  éloigné  ;  il  ne  laifîera  pas  néan- 
-îîioins  de  brûler  vivement  :  j'ai  fupputé 
qu'à  la  diftance  de  5  pieds  ^ ,  cette  lentille 
à  l'eau  produiroit  au  moins  deux  fois 
autant  de  chaleur  que  la  lentille  du  Palais- 
Tdoyal ,  qui  eft  de  verre  folide ,  &  dont 
ïe  foyer  eft  à  douze  pieds. 

J'avois  confervé  une  affez  forte  épaif^ 
feur  aux  gîa<;e$,  afin  que  le  poids  de  Teau 


des  Minéraux,  Partie  Ëxp.    275 

qu*elles  dévoient  renfermer  ne  pût  en 
altérer  la  courbure  :  on  pourroit  eflayer 
de  rendre  l'eau  plus  réfringente ,  en  y 
fàifant  fondre  des  fels  ;  comme  l'eau  peut 
fucceflivement  fondre  piufieurs  fels,  & 
s'en  charger  en  plus  grande  quantité 
qu'elle  ne  fe  chargeroit  d'un  feul  fel,  il 
faudroit  en  fondre  de  pîufieurs  efpèces, 
&  on  rendroit  par  ce  moyen  la  refracHiion 
de  l'eau  plus  approchante  de  celle  du 
verre. 

Tel  étoit  mon  projet  ;  mais  après  avoir 
travaillé  &  ajufté  ces  glaces  de  3  7  pouces, 
celle  du  defTous  s*efl:  caflee  dès  la  première 
expérience ,  &  comme  il  ne  m'en  redoit 
qu'une,  j'en  ai  fait  fe  miroir  concave  de 
37  pouces  dont  j'ai  parlé  dans  l'article 
précédent. 

Ces  loupes  compofées  de  deux  glaces 
iphériquement  courbées  &  remplies  d'eau, 
brûleront  en  bas ,  &  produiront  de  plus 
grands  effets  que  les  loupes  de  verre 
maflif,  parce  que  Teau  laifle  palîèr  plus 
aifément  la  lumière  que  le  verre  le  plus 
tranfparent;  mais  l'exécution  ne  laifîe 
pas  d'en  être  difficile ,  &  demande  des 
attentioiis  infinies.  L'expé/ience  m'a  fait 

M  vj 


zj6    Introduâlon  a  VHïjloire 

connoître  qu'il  falloit  des  glaces  épaiiîès 
de  neuf  ou  huit  lignes  au  moins,  c'eft- 
à- dire ,  des  glaces  faites  exprès ,  car  on 
n'en  coule  point  aux  manufacflures  d'aufïï: 
épaiiTes  à   beaucoup   près ,  toutes   celles 
qui  font  dans  le  commerce  n'ont  qu'en- 
yiron  moitié  de  cette  e'paifTeur;    \\  faut 
enfuite  courber  ces  glaces  dans  un  four- 
neau  pareil  à    celui   dont  j'ai  donné   fa 
figure  ,  pi.  I  ù'  fuîvantes ;  avoir  attention 
de  bien  fécher  le  fourneau,  de  ne  pas 
preder  îe  feu  &   d'employer  au    moins 
trente  heures  à  l'opération.   La  gîace  fê 
ramollira  &  pliera  par  fon  poids  fins  fe 
diffoudre ,    &    s'aftaifTera    fur    le    moule 
concave  qui  lui  donnera  fa  forme  :  on  ia 
îaifîera  recuire  &  refroidir  par  degrés  dans 
ce  fourneau  qu'on  aura  foin  de  boucher 
au  moment  c|u'on  aura  vu  la  glace  bien 
affaiffée  par -tout  également.  Deux  joiu's 
après,   iorfque   fe   fourneau   aura    perdu 
toute  fi   chaleur ,    on  en   tirera  la  glace 
qui  ne  fera  que  légèrement  dépolie ,  on 
examinera  avec  un  grand  compas  courbe , 
fi    fon    épaifTeur    eft  à  peu  -  près    égale 
par-tout ,  &  fi  cela  n'étoit  pas ,  &  qu'if 
y  eût  daas  de  certaines  parties  de  fa  glace 


des  Minércmx ,  Partie  Exp*    ijy 

une  inégalité  fenfible,  on  commencera 
par  l'atténuer  avec  une  molette  de  même 
iphère  que  la  courbure  de  îa  glace.  On 
continuera  de  travailler  de  même  les  deux 
furfaces  concave  &  convexe,  qu'it  faut 
rendre  parfaitement  concentriques ,  en 
forte  que  la  glace  ait  par-tout  exàdlement 
la  même  épaifîeur.  Et  pour  parvenir  à 
cette  précifion ,  qui  eil  abfolument  nécef- 
Hiire,  il  faudra  faire  courber  de  plus 
petites  glaces  de  deux  ou  trois  pieds  de 
diamètre,  en  obfervant  de  faire  ces  petits 
moules  fur  un  rayon  de  quatre  ou  cinq 
lignes  plus  long  que  ceux  du  foyer  de  la 
grande  glace  ;  par  ce  moyen  on  aura  des 
glaces  courbes  dont  on  fe  fervira  au  lieu 
de  molettes  pour  travailler  les  deux  furfaces 
concave  &  convexe ,  ce  qui  avancera 
beaucoup  le  travail;  car  ces  petites  glaces 
en  frottant  contre  la  grande  l'uferont,  & 
s'uferont  également  ;  &  comme  leur  cour- 
bure efl:  plus  forte  de  4  lignes ,  c'eft-à- 
dire  ,  de  moitié  de  i'épaifleur  de  la  grande 
glace,  le  travail  de  ces  petites  glaces, 
(tant  au  dedans  qu'au  dehors,  rendra 
concentriques  les  deux  furftces  de  la 
grande  glace  aufîi  précifément  qu'il  eft 


2j2t    Inîroduâion  à  VHïjîoire 

poffible.  C'eft-ià  le  point  îe  plus  difficile, 
&  j'ai  foiivent  vu  que  pour  l'obtenir  on 
étoit  obligé  d'ufer  la  glace  de  plus  d'une 
ligne  &  demie  fur  chaque  furface ,  ce 
qui  la  rendoit  trop  mince,  &  dès-Ior« 
inutile,  du  moins  pour  notre  objet.  Ma 
glace  de  3  7  pouces  que  le  poids  de  l'eau 
joint  à  la  chaleur  du  Soleil  a  fîiit  caiïer. 
avoit  néanmoins ,  toute  travaillée ,  plus  de 
3  tignes  &  demie  d'épaiffeur ,  &  c'efl 
pour  cela  que  je  recommande  de  les  tenii 
encore  plus  épaifTes. 

J'ai  obfervé  que  ces  glaces  courbée* 
font  plus  caiïàntes  que  les  glaces  ordi- 
naires ;  la  féconde  fufion  ou  demi-fufioi: 
que  le  verre  éprouve  pour  fe  courber 
eft  peut-être  la  caufe  de  cet  effet,  d'autani 
que  pour  prendre  la  forme  fphérique ,  i 
eft  nécefTi^ire  qu'il  s'étende  inégalemen' 
dans  chacune  de  fes  [parties ,  &  qu^  leu) 
adhérence  entr'elles  change  dans  des  pro- 
portions inégales,  &  même  différente; 
pour  chaque  point  de  la  courbe ,  relati- 
vement au  plan  horizontal  de  la  giac« 
qui  s'abaiffe  fucceffivement  pour  prendra 
ia  courbure  fphérique. 

En  général  le  verre  a  du  reflbrt  &  peui 


^es  Minému^,  Partie  Exp.  279 
Dlier  fans  fe  cafler,  d'environ  un  pouce 
:»ar  pied,  fur- tout  quand  il  eft  mince;  je 
''ai  même  éprouvé  fur  des  glaces  de  deux 
&  trois  lignes  d'épaifTeur  &  de  cinq  pieds 
ie  hauteur;  on  peut  les  faire  plier  de 
plus  de  4  pouces  fans  les  rompre,  tur- 
:out  en  ne  les  comprimant  qu'en  un  fens  ; 
oiais  fi  on  les  courbe  en  deux  fens  à  la 
fois,  comme  pour  produire  une  furface 
.phérique,  elles  caflent  à  moins  d'un 
iemi- pouce  par  pied  fous  cette  double 
flexion;  la  glace  inférieure  de  ces  lentilles 
\  Teau ,  obéiiïîmt  donc  à  la  prefTicn  caufée 
3ar  le  poids  de  l'eau ,  elle  caffera  ou  prendra 
ane  plus  forte  courbure,  à  moins  qu'elle 
le  foit  fort  épaifle,  ou  qu'elle  ne  foit 
routenue  par  une  croix  de  fer ,  ce  qui  fiit 
Dmbre  au  foyer  &  rend  défagréable 
i'afped  de  ce  miroir.  D'ailleurs  le  foyer 
de  ces  lentilles  à  l'eau  n'eft  jamais  franc , 
ai  bien  terminé  ,  ni  réduit  à  fa  plus  petite 
étendue;  les  différentes  réfradions  que 
fouffre  la  lumière  en  paffant  du  verre  dans 
l'eau,  &  de  l'eau  dans  le  verre,  caufent 
une  aberration  des  rayons  beaucoup  plus 
grande  qu'elle  ne  l'eft  par  une  réfradion 
fimple  dans  ks  lovpes  de  "verre  maffif; 


iSo    MroJuâlo/i  a  /'Hi/Ioire 
tous  ces  inconvéniens  mont  fait  tourner! 
mes  vues  furies  moyens  de  perfedionneri 
ïes   lentilles  de   verre,   &   je  crois  avoir! 
enfin  trouvé  tout  ce  qu'on  peut  faire  de 
mieux  en  ce  genre ,  comme  je  l'expli- 
querai dans  les  paragraphes  fuivans. 

Avant  de  quitter  les  lentiifes  à  Teau, 
je  crois  devoir  encore  propofer  un  moyen 
de  conftrudion  nouvelle  qui  feroit  fa  jette 
à  moins  d'inconvéniens ,  &  dont  l'exé- 
cution feroit  a(îez  facile.  Au  lieu  de 
courber,  travailler  &  polir  de  grandes 
glaces  de  quatre  ou  cinq  pieds  de  dia- 
mètre,  il  ne  faudroit  que  des  petits 
morceaux  quarrés  de  deux  pouces,  qui 
ne  coiueroient  prefque  rien ,  &  les  placer 
dans  un  chaflls  de  fer  traverfé  de  verges 
minces  de  ce  mêine  métal  &  ajuftées 
comme  les  vitres  en  plomb;  ce  chaflis 
&  ces  verges  de  fer  auxquelles  on  don- 
neroit  la  courbure  fphérique  &  quatre 
pieds  de  diamètre,  contiendroient  chacun 
trois  cents  quarante  -  fix  de  ces  petits 
morceaux  de  2  pouces,-  &  en  laifTant 
quarante-fix  pour  l'équivalent  de  l'efpace 
que  prendroiem  les  verges  de  fer,  il  y 
aiîroit  toujours  trois  cents  difqucs  du  Soleil 


^es  M'wêran^,  Partie  Exp.   2  8  r 
iui  coïncideroient  au  même  foyer  que  je 
Lpofe    à    dix   pieds:    chaque   morceau 
aifleroit  pafler  un  difque  de   2  pouces 
le  diamètre,  auquel  ajoutant  la  lumière 
les  parties  du   quarré   circonfcrit    à   ce 
>ercle  de  2  pouces  de  diamètre,  le  foyer 
î'auroit  à  dix  pieds  que   2  pouces^  ou 
2  pouces  I  fi  la  monture  de  ces  pentes 
places  étoit%égulièrement  exécutée.  Or, 
?n    diminuant    la    perte    que    foufîre  la 
aimière  en  pafTant  à  travers  l'eau  &  les 
doubles  verres  qui  la  contiennent ,  &  qui 
feroit  ici  à  peu-près  de  moitié ,  on  au;oit 
encore  au  foyer  de  ce  miroir  tout  compote 
de  faceues  planes  une  chaleur  cent  cin- 
quante fois  plus  grande  que  celle  du  bolcii. 
Ceue  conibuâion  ne  leroit  pas  chère, 
6:  je  n'y  vois  d'autre  inconvénient  que 
la  fuite  de  l'eau  qui  pourroit  percer  par 
les  joints  des  verges  de  fer  qui  foutien- 
droient  les  petits   trapèzes  de   verre  ;  il 
fmdroit  prévenir  cet  inconvément  en  pra- 
tiquant des  petites  rainures -de  chaque  cote 
dans  ces  verges  &  enduire   ces  rainures 
de   maftic   ordinaire   des  vitriers  qui  eiî 
impénétrable  à  l'eau. 


zSz    Introdiiâïon  àTHiflolre 

I  V. 

Lentilles  Ae  Verre  Jhli de, 

J'AI  vu  deux  de  ces  îentiiies ,  cell 

du  Palais-royal,  &  celle  du  fieur  Se^ard 

toutes  deux   ont  été  tirées  d'une  inafl 

de  verre  d'Allemagne,  qui  eft  beaucou, 

p  us   tranfparent   que    le    verre    de   no 

glaces  de  miroirs.  Mais  perfonne  ne  fai 

en  1^  rance  fondre  le  verre  en  larges  mafTe 

epai/les,    &  la  compofition  d'un  verr. 

tranlparent   comme    celui    de   B©hème 

neit  connue  que  depuis  peu  d'années. 

J  ai  donc  d'abord  cherché  ies  moyen 
de  fondre  ïe  verre  en  maffes  épai/Tes,  <S 
jai  fait  en  même -temps  difFérens  erTar 
pour  avoir  une  matière  H^n  tranfparente 
V  î  ^"^^"y^  qui  ^'-^ns  ce  temps  étoi 
1  un  des  Direcfleurs  de  la  manufacture  de 
5amt-Gobm-,  m'ayant  aidé  de  fes  confeib 
nous,  fondimes  deux  mafTes  de  verre 
denviron  fept  pouces  de  diamètre  fur 
cmq  a  fix  pouces  d'épaifTeur  dans  des 
creufets  a  un  fourneau  où  l'on  cuifoit  de 
Ja  fhyence  au  faubourg  Saim  -  Antoine. 
Apres  avoir  fait  ufer  &  polir  les  deux 
Surfaces  de  ces  morceaux  de  verre  pour 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    283 
s  rendre  parailcles ,  je  trouvai  qu'il  n'y 
n  avoit  qu'un  des  deux  qui  fût  pnrfai- 
ïiiient  net.  Je  livrai  le  fécond  morctaii 
lui  étoit  le  moins  parfait  à  des  ouvriers 
ui  ne  biffèrent  pas  que  d'en  tirer  d'aflez 
)ons  prifmes  de   toute  groffeur,  <5c  j'ai 
-■ardé  pendant  pîufieurs  années  le  premier 
îiorceau  qui  avoit  4  pouces  \  d'épailîcur, 
k  dont  la  tranfparence  étoit  telle  qu'en 
lofant  ce  verre  de  4  pouces  ^  d'épaifieur 
lir  un  livre ,  on  pouvoit  lire  à  travers 
rès-aifément  les  caradères  les  plus  petits 
?c  les  écritures  de  l'encre  la  plus  blanche  ; 
e  comparai  le  degré  de  tranfparence  de 
cette   matière  avec   celle    des   glaces  de 
Saint-  Gobin ,  prifes  Sl  réduites  à  dirk- 
rentes    épaiffeurs  ;    un    morceau     de  ^  la 
matière  de  ces  glaces  de  x  pouces  \  d'é- 
ppifîëur  fur  environ  un  pied  de  longueur 
&  de  largeur,  que  M.  de  Romiily  me 
procura,  étoit  vert  comme  du  marbre  vert , 
&  l'on  ne  pouvoit  lire  à  travers  ;  il  fallut 
le   diminuer  de   plus  d'un  pouce  pour 
commencer  à  diftinguer  les  caradères^  a 
travers  fon  épaiffeur,  &  enfin  le  réduire 
à    2  lignes  7   d'épaifTeur  pour    que   la 
tranfparence  fût  égale  à  celle  de   mon 


^284  Inîroduâion  a  VHïfloire 
morceau  Aç:  4  pouces  \  d'épaifTeur  ;  caj 
on  voyoit  aufîi  clairement  les  caractères 
du  livre  à  travers  ces  4  pouces  |,  qu*è 
travers  la  glace  qui  n^lvoit  que  2  lignes  ~. 
Voici  la  compofition  de  ce  verre  doni 
la  tranfparence  ell:  fi  grande. 

Sabîe  blanc  criflalîin,  une  livre. 
Minium  ou  chaux  de  plomb,  une  livre, 
Poîaiïe,  une  demi -livre. 
Salpêtre,  îine  demi -once. 

Le  tout  mêlé  &:  mis  au  feu  fu-ivant  Tarr. 

J'ai  donné  à  M.  Cafîlni  de  Thury,  ce 
morceau  de  verre ,  dont  on  pouvoit  efpérei 
de  faire  d'excellens  verres  de  lunette  achro- 
matique, tant  à  caufe  de  (a  très -grande 
tranfparence  que  de  fa  force  réfringente, 
qui  étoit  très-confidérable,  vu  la  quantité  I 
de  plomb  qui  étoit  entrée  dans  fa  compo- 
fition; mais  M.  de  Thury  ayant  confie  1 
ce  beau  morceau  de  verre  à  des  ouvriers  ; 
ignorans,  ils  l'ont  gâté  au  feu  où  ils  l'onij 
remis  mal- à-propos;   je  me  fuis  repenti 
de  ne  l'avoir  pas  fait  travailler  jnoi-même, 
car  il  ne  s'agiiToit  que  de  le  trancher  eii 
lames ,  &  la  matière  en  étoit  encore  pluî 


^es  Afinermix,  Partie  Exp.    285 

anfparente  &  plus  nette  que  ctWe  JUnt- 
lûfs  d'Angleterre,  &  elle  avoit  plus  de 
3rce  de  réfracftion. 

Avec  600  livres  de  cette  même  com- 
•ofition,  je  voulois  faire  une  lentille  de 
.6  ou  27  pouces  de  diamètre  &  de  5 
lieds  de  foyer.  J'efpérois  pouvoir  la 
bndre  dans  mon  fourneau ,  dont  à  cet 
ftet  favois  fait  changer  la  difpofnion 
uérieure;  mais  je  reconnus  bientôt  que 
ela  n'étoit  pofîible  que  dans  les  plus 
grands  fourneaux  de  verrerie  ,  il  me  falloir 
ine  mafle  de  3  pouces  d'épaiiïeur  fur 
:y  ou  28  pouces  de  diamètre,  ce  qui 
ait  environ  un  pied  cube  de  verre  ;  je 
ie mandai  la  liberté  de  ia  faire  couler  à 
lies  frais  à  la  manufacflure  de  Saint- 
jobin ,  mais  les  Adminiftrateurs  de  cet 
•tabiifTement  ne  voulurent  pas  me  le 
)ermettre;  &  la  lentille  n'a  pas  été  faite, 
f'avoîs  fupputé  que  ia  chaleur  de  ceue 
entille  de  27  pouces  leroit  à  celle  de 
a  lentille  du  Palais  -  royal ,  comme  19 
ont  à  6  ;  ce  qui  efl:  un  très-grand  effet, 
ittendu  ia  petitelTe  du  diamètre  de  cette 
entille,  quiauroit  eu  i  i  pouces  de  moins 
pe  celle  du  Palais  -  royal. 


286    Introduâion  à  VHijioîre 

Cette  lentille ,  dont  l'épaifleur  au  poir 
du  milieu  ne  iaifîe  pas  d'être  confidérable 
eft  néanmoins  ce  qu'on  peut  faire  d 
mieux  pour  brûler  à  5  pieds  :  on  pourro 
même  en  augmenter  ie  diamètre  ;  car  j 
fuis  perfuadé  qu'on  pourroit  fondre  i 
couler  également  des  pièces  plus  larg< 
&  plus  épaifles  dans  les  fourneaux  o 
l'on  fond  les  grandes  glaces ,  foit  à  Sain 
Gobin,  foit  à  Rouelle  en  Bourgogne 
j'obferve  (eulement  ici  qu'on  perdro 
plus  par  l'augmentation  de  i'épaiffei 
qu'on  ne  gagneroit  par  celle  de  la  furfac 
du  miroir,  &  que  c'eft  pour  cela  qu 
tout  compenfé ,  je  m'étois  borné  à  2 
ou  27  pouces. 

Newton  a  fait  voir  que  quand  V 
rayons  de  lumière  tomboient  fur  le  verre 
fous  un  angle  de  plus  de  47  ou  4 
degrés,  ils  Ibnt  réfléchis  au  lieu  d'êtji 
réfraélés  ;  on  ne  peut  donc  pas  donne  ! 
à  un  miroir  réfringent  un  diamètre  pli 
grand  que  la  corde  d'un  arc  de  47  o 
de  48  degrés  de  la  fphère  fur  laquell 
il  a  été  travaillé  ;  aînfi  dans  le  cas  préfer 
pour  brûler  à  5  pieds,  la  fphère  ayao 
environ  32  pieds  de  circonférence,  1 


des  Minéraux ,  Partie  Exp.   287 

iroir  ne  peut  avoir  qu'un  peu  plus  de 
pieds  de  diamètre;  mais  dans  ce  cas 
:  auroit  ie  double  d'épaifleur  de  ma 
•ntille  àe  2.6  pouces,  &  d'ailleurs  les 
yons  trop  obliques  ne  (è  rc'unifTent 
mais  bien. 

Ces  loupes  de  verre  folide  font,  de 
lUS  les  miroirs  que  je  viens  de  propofer , 
s  plus  commodes,  les  plus  foiides,  les 
oins  fujets  à  fe  gâter ,  &  même  les  plus 
uiflans  lorfqu'ils  font  bien  tranfparens, 
ien  travaillés ,  &  que  leur  diamètre  eft 
ien  proportionne  à  ïa  diftance  de  leur 
)yer.  Si  l'on  veut  donc  fè  procurer  une 
•upe  de  cette  efpèce,  il  faut  combiner 
îs  différens  objets,  &  ne  iui  donner, 
3mme  je  l'ai  dit,  que  27  pouces  de 
amètre  pour  brûler  à  5  pieds,  qui  eft 
lie  diftance  commode  pour  travailler  de 
lite  &  fort  à  l'aile  au  foyer;  plus  le  verre 
:ra  tranfparent  Ôc  pefant,  plus  feront 
rands  les  efïèts;  la  lumière  paffèra  en 
îlus  grande  quantité  en  raifon  de  la  tranf- 
arence,  &  fera  d'autant  moins  difperfee, 
'autant  moins  réfléchie,  &  par  conféquent 
'autant  mieux  faifie  par  le  verre,  & 
'autant   plus  réfraftée  qu'il   fera  plus 


a  8  8    Introchâïon  a  l'Hlfloive 

inaffif,  c'eft-à-dire ,  rpécifiquement  pîu 
pelant  :  ce  fera  donc  un  avantage  que  d 
£iire  entrer  dans  ia  conipofition  de  c 
verre  une  grande  quantité  de  plomb  ;  c 
c'eft  par  cette  raifon  que  j'en  ai  m: 
inoiiié  ,  c'eft  -  à  -dire  ,  autant  de  miniui 
que  de  fable.  Mais  quelque  tranfparer 
que  foit  le  verre  de  ces  lentilles,  lei 
epaiffeur  dans  le  milieu  eft  non- feule mei 
un  très-grand  obftacle  à  la  tranfmifTio 
de  la  lumière,  mais  encore  un  empêche 
inent  aux  moyens  qu'on  pourroit  trouv( 
pour  fondre  des  maffes  auffi  e'paiffes  ( 
aufîi  grandes  qu'il  le  fàudroit;  par  exempl( 
pour  une  loupe  de  4  pieds  de  diamètre 
à  laquelle  on  donneroit  un  foyer  de  cin 
ou  fix  pieds,  qui  eft  la  diilance  la  pli 
commode ,  &  à  laquelle  la  lumière  ploi 
géant  avec  moins  d'obliquité ,  aura  pli 
de  force  qu'à  de  plus  grandes  diflance: 
il  fàudroit  fondre  une  mafie  de  verre  c 
quatre  pieds  fur  fix  yîouces  &  demi  o 
fept  pouces  d'épaifleur,  parce  qu'on  e 
obligé  de  la  travailler  &  de  i'ufer  mêm 
dans  la  partie  la  plus  épailTe.  Or,  il  fero 
très-difficile  de  fondre  &  couler  d'un  fei 
jjet  ce  gros  volume;  qui  ferait ^  comm 

i'o 


^des  Minéraux ,  Partie  Exp.    289 

Ton  voit,  de  cinq  ou  fix  pieds  cubes, 
car  les  plus  amples  cuvettes  des  nianu- 
fadiures  de  glaces  ne  contiennent  pas  deux 
pieds  cubes  ;  les  plus  grandes  glaces  de 
60  pouces  fur  120,  en  leur  luppofant 
5  lignes  d'épaifleur,  ne  font  qu'un  volume 
d'environ  un  pied  cube  trois  quarts  ;  l'on 
fera  donc  forcé  de  fe  réduire  à  ce  moindre 
volume ,  &  à  n'employer  en  efîet  qu'un 
pied  cube  &  demi ,  ou  tout  au  plus  un 
pied  cube  trois  quarts  de  verre  pour  eu 
former  la  lotipe ,  &  encore  aura-t-on  bien 
de  la  peine  à  obtenir  des  maîtres  de  ces 
manufacflures ,  de  faire  couler  uu  verre 
à  cette  grande  épaifieur ,  parce  qu'ils 
craignent ,  avec  quelque  railbn  ,  que  la 
chaleur  trop  grande  de  cette  mafTe  épaifîe 
de  verre  ne  tafle  fendre  ou  bourfoufler 
ia  table  de  cuivre  fur  laquelle  on  coule 
les  glaces,  lefquelles  n'ayant  au  plus  que 
5  lignes  d'épaiffeur  (u) ,  ne  communiquent 

(u)  On  a  néanmoins  coulé  à  Saiiit-Gobin  ,  <Sc 
à  ma  prière ,  des  glaces  de  (ept  lignes ,  dont  je  me 
ftiis  lérvi  pour  diiférentes  expériences,  il  y  a  plus 
de  vingt  ans  ,  j'ai  remis  dernièrement  une  de  c^$ 
aiaces  de  5  8  pouces  en  quarré  &  de  7  lignes  d'é- 
paiffeur à  M.  de  Bernièrcs,  qui  a  entrepris  de  faire 

Tome  VII*  '  N 


290     Introdiiâion  a  rHïflotre 
à  la  table  qu'une  chaleur  très  .médiocre 
en  comparaifon  de  celle  que  lui  feroit  ful^ic 
une  maffe  de  fix  pouces  d'épaifleur. 

V. 

Lentilles  à  Échelons  pûur  brûler  avec 
la  plus  grande  vivacité pûffible  (x), 

J  E  viens  de  dire  que  les  fortes  épaifleurs 
qu'on  eft  obligé  de  donner  aux  lentilles 
iorfqu  elles  ont  un  grand  diamètre^  &  un^ 
foyer  court,    nuifent   beaucoup  a    leur 
effet  •  une  lentille  de  6  pouces  d  epaifleur  | 
dans 'le  milieu  &  de  la  matière  des  glaces 
ordinaires  ne  brûle ,  pour  amli  dire ,  que  , 
par  les  bords.  Avec  du  verre  plus  tranl- 
parent ,  l'effet  fera  plus  grand ,   mais  la 
pirt^e   du  milieu  reile  toujours  en  pure  j 
perte ,  la  limiière  ne  pouvant  en  pénétrer 
&  trayerfer  la  trop  grande  épaifieur  ;  )  ai 

4e.  lovipes  à  i'eau  pour  l'Académie  des  Scieiires, 
&  Vai  vu  chez  lui  des  glaces  de  i  o  ligne^d  epaiaeiir 
qui  ont  été  coulées  de  même  à  Saint-Gobin  :  «la 
doit  faire  préfumer  qu'on  pourroit ,  ilms  aucun  rilquç 
pour  la  table ,  en  couler  d'encore  plus  epaifles. 

Av;  Yoyezlcs  planches  :^ IV,  XV  iT..  XV Ix 


des  Minéraux,  Partie  Exp.  29  i 
rapporté  ies  expériences  que  j'ai  Ciîtes 
fur  la  diminution  de  la  lumière  qui  paliè 
à  travers  différentes  épaifleurs  i\n  nicjne 
verre,  &  l'on  a  vu  que  cette  diminutioli 
ell  irès-confidérable:  j'ai  donc  cherché 
les  moyens  de  parer  à  cet  inconvénient , 
&  j'ai  trouvé  une  manière  fnnple  6l  aiïèz 
ailée  de  diminuer  réellement  les  é])aifîcurs 
des  lentilles  autant  qu'il  me  plaît,  fans 
pour  cela  diminuer  fenfiblement  leur  dia- 
mètre &  fans  alonger  leur  foyer. 

Ce  moyen  confilte  à  travailler  ma  pièce 
ide  verre  par  échelons.  Suppofons ,  pour 
une  faire  mieux  entendre,  que  je  veuille 
diminuer  de  deux  pouces  Tcpaiffeur  d'une 
lentille   de   verre    qui  a   2^    pouces   de 
idiamètre,  5  j)ieds  de  foyer  &  3  pouces 
id'épaifîeur  aii  centre;  je  dWii^Q  l'arc  de 
icette^ lentille  en  trois  parties,   &  je  rap- 
proche concentriquement  chacune  de  ces 
portions    d'arc,    en   forte   qu'il  ne  reile 
qu'un  pouce  d'épaiffeur  au  centre  ;  &  je 
Forme  de  chaque  côté  un  échelon  d'un 
demi-pouce,  pour  rapprocher  de  mêine 
es  parties  correfpondantes;  par  ce  moyen, 
m  faifmt  un  fécond  échelon,  j'arrive  à 
extrémité  du  diamètre ,  &  j'ai  une  lentille 

Ni; 


2^1    IntroJudion  à  IHifloire 

à  échelons  qui  eft  à  très -peu  près  du 
même  foyer,  &  qui  a  le  même  diamètre, 
&  près  de  deux  fois  moins  d'épaifleiir 
que  la  première ,  ce  qui  eft  un  très-grand 
avantage. 

Si  l'on  vient  à  bout  de  fondre  une 
pièce  de  verre  de  4  pieds  de  diamètre 
fur  deux  pouces  &  demi  d'épaiffeur  & 
de  in  travailler  par  échelons  fur  un  foyer 
de  8  pieds;  j'ai  fupputé  qu'en  iaifîânt 
même  un  pouce  &  demi  d'épaiffeur  au 
centre  de  cette  îentiile  &  à  la  couronne 
intérieure  des  échelons,  ia  chaleur  de 
cette  lentille  fera  à  celle  de  la  lentille  du 
Palais-royal,  comme  28  font  à  6,  fan^ 
compter  l'effet  de  la  différence  des  épaif-^ 
feurs  qui  eft  très-confidérable  &  que  je 
ne  puis  eftimer  d'avance. 

Cette  dernière  efpèce  de  miroir  réfrin-» 
gent  eft  tout  ce  qu'on  peut  faire  de  plus} 
parfait  en  ce  genre  ;  &  quand  même  nous[ 
le  réduirions  à  3    pieds  de  diamètre  fur 
r  5  lignes  d'épaiffeur  au  centre  &  6  pieds 
de  foyer,  ce  qui  en  rendra  rexécutiou  * 
moins  difficile,   on    auroit   toujours   uit^ 
degré  de   chaleur   quatre  fois  au  moinsr^ 
plus  grand  que   celui    des    plu$    fortes 


'fies  Minéraux,  Partie  Exp.    2^3 

lentilles  que  l'on  connoiiî'e.  J'ofe  dire  que 
ce  miroir  à  échelons  feroit  l'un  des  plus 
utiles  inrtrumens  de  Phyfique,  ye  l'ai  ima» 
grné  il  y  a  plus  de  vingi-cinq  ans,  & 
tous  les  Savans  auxquels  j'en  ai  parlé 
defireroient  qu'il  fût  exécuté.  On  en 
ti.reroit  de  grands  avantages  pour  l'avan- 
cement des  Sciences  ;  &  y  adaptant  un 
héliomètre,  on  pourroit  fiiire  à  Ton  foyer 
toutes  les  opérations  de  la  Chimie  aulîî 
commodément  qu'on  le  fut  au  feu  és.s 
fourneaux ,  &:c. 

Explication  des  figures 

(]uï  repréfentent  le  fourneau  dans  lequel 
j'ai  fait  courber  des  Glaces  pour  faire  les 
'-    miroirs  ardens  de  différentes  ejpeces, 

X-jA  planche  I  efl:  le  pîa,n  du  fourneau,  au 

rez-de-chaufTée,  où  l'on  voit  HK B  un  vuide 

!  qui  fauve  les  inconvénîens  du  terre-plein  fbus 

!  î'c'iîre  du  fourneau  ;  ce  vuide  e(t  couvert  d'une 

voûte ,    comme   on   le   verra  dans  les  figures 

!  fuivantes. 

ER  \ts   cendriers,    dîfpofés   en    forte  quç 
1  l'ouverture  de  l'un  eit  dans  la  face  où  fe  trouve 
le  vent  de  l'autre. 

LL  deux  contre -forts  qui  alfermiffent  la 
maçonnerie  du  fourneau. 

N  iij 


2.94    Irttroduâion  à  FHi/Ioire 

MM  deux  autres  contre-forts,  dont  Fufage 
eft  le  même  que  celui  de  ceux  ci-deffus,  & 
qui  n'en  diffèrent  que  parce  qu'ils  font  un  peu 
arrondis. 

GGGG  plans  de  quatre  barres  de  fer  qui 
affermiffent  le  fourneau ,  ainfi  qu'il  fera  expliqué 
ci -après. 

La  planche  II  efl  l'élévation  d'une  des  faces 
parallèles  à  la  ligne  C  D  du  plan  précédent. 

H K  l'ouverture  pratiquée  dans  l'âtre  du 
fourneau  ,  afin  qu'il  ne  s'y  trouve  point 
d'hunîîdifé.  ■ 

ce  \2i  bouche  ou  grande  ouverture  du 
fourneau. 

A  la  petite  ouverture  pratiquée  dans  la  face 
oppofée,  laquelle  eil  toure  fénihiable  à  celle 
que  la  même  planche  repréfente ,  à  cette  diffé- 
rence près,  que  l'ouverture  ell  plus  petite. 

AI  m  un  des  contre- forts  arrondis,  à  côté 
duqu*^  on  voit  le  vei:t. 

R  ouverture  par  où  l'air  extérieur  paffe  fous 
la  griHe  du  foyer. 

E  le  cendrier ,  N  le  foyer ,  P  la  porte  qui 

le  ferme. 

Ll  un  contre -fort  quarré. 

GO,  GO  deux  des  barres  de  fer  fcellées 
en  terre,  «Se  qui  font  unies  à  celles  qui  font 
pofccs  à  l'autre  face  par  les  liens  de  fer  A 
ainfi  que  l'on  verra  dans  une  des  figures 
fuivantes. 

0  0  deux  barres  de  fer  qui  uniffent  enfemble 


d 


(les  Mïnérdiix,  Partie  Exp.    255 

les    deux   barres   GO,   GO    &    retieniient  la 
voûte  de  l'ouverture  CC  qui  eft  bombée. 

mDB  DI  la  voûte  commune  du  fourneau 
6c  d^s  foyers,  dont  la  figure  eil  cllipfoïde, 
rarraho;ement  des  bri(iues  cSc  autres  matériaux 
qui  compolent  le  îourneau  le  connoit  ailement 
par  la  figure. 

La  planche  m  efl  la  vue  extérieure  du 
fourneau  par  une  àt^  faces  parallèles  à  la  ligne 
ABàyi  plan. 

LL,   A7 /IT'  contre  -  forts. 

H K  extrémités  de  l'ouverture  fous  Tâtre  du 
fourneau. 

A  la  petite  ouverture ,  C  la  grande. 

GOD,  GOD  les  barres  de  fer  dont  on  a 
parlé  ,  qui  font  unies  enfemble  par  le  lien  DD, 

Les  liens  DD  couchés  fur  la  voûte  DBD 
font  unis  enlemble  par  un  troifième  lien  de  fer. 

P  cd;  la  porte  de  fer  qui  ferme  le  foyer. 

Les  figures  précédentes  font  connoître  l'ex- 
térieur du  fourneau.  L'intérieur  plus  intérefiant 
efl  repréfenté  dans  les  planches  fuivantes. 

La  planche  iv  ed:  une  coupe  horizontale  A\x 
fourneau  par  le  milieu  de  îa  grande  bouche. 

X  efl  l'àtre  que  l'on  a  rendu  concave 
fphérique. 

E  E  les  deux  grilles  qui  féparent  le  foyer 
du  cendrier,  &  fur  leiqueiles  on  met  le  charbon  ; 
on  a  fiippofé  que  la  voûte  étoit  trar» (parente, 
pour  mieux  faire  voir  la  direcflion  ûti  barreaux 
qui  compofcnt  les  grilles. 

N  iiij 


2p6    IntroJuâîon  à  V^Hlfloire 

A  la  petite  ouverture,  CC  h  grande. 
DD  les  marges,  L  M,  LM\ts  contre-forts. 

La  planche  V  ell  ia  coupe  verticale  du 
fourneau  fuivant  la  ligne  CZ)  du  plan,  ou 
félon  le  grand  axe  de  rellipfoïde  dont  la  voûte 
a  la  figure. 

Z  le  vuide  fous  l'âtre  du  fourneau. 

GX K  C2.v\ié  fphérique  pratî(}uée  dans  l'âtrc 
du  fourneau,  &.  fur  laquelle  la  glace  G K ç^\\ 
a  été  arrondie  eft  poiée,  &  dont  elle  doit 
prendre  exad:ement  la  figure  après  qu'elle  aura 
été  ramollie  par  I0  feu. 

FF  les  grilies  ou  foyers  au-de(fous  defquelles 
ibnt  les  cendriers. 

F)  D  les  marges  qui  empêchent  les  bords 
de  la  glace  du  côté  des  foyers  d'être  trop  tôt 
atteints  par  le   feu. 

C BC  la  voûte,  CC  lunettes  que  l'on  ouvre 
ou  ferme  à  volonté  en  les  couvrant  d'un  carreau 
de  terre  cuite,    LM  contre -forts. 

La  planche  vi  repréfente  la  coupe  du  four- 
neau par  un  plan  vertical  qui  paffe  par  la 
ligne  ^  i5  du  plan. 

H K L  le  vuide  fous  l'âtre  du  fourneau. 

G  JT A' cavité  fphérique  pratiquée  dans  l'âtre 
du  fourneau,  (Se  fur  laquelle  la  glace  X  eft 
déjà  appliquée. 

D  D  une  des  marges,  P  la  grande  ouver- 
ture,  (2  la  petite,   CCC  lunettes. 

C  R  C  \2i  voûte  coupée  tranfverfaleraent  ou 
félon  le  petit  axe  de  rellipfoïde.  On  jugera  de 


Jes  Minéraux,  V^YUeF.xp.   2^y 

h  grgndeur  de  chaque  partie  de  ce  fourneau 
par  les  échelles  qui  font  au  bas  de  chaque 
figure ,  qui  ont  été  exactement  levées  fur  le 
fourneau  qui  étoit  au  Jardin  royal  des  plantes, 
par  M.    Gouffier. 

Grand  miroir  de  réflexion^ 

appelé  AI IROIR  D'ArCHIMÈDE, 

Planche   VIT,  figure  /. 

\_>E  miroir  efl  compofé  de  trois  cents  fbixante 
glaces  montées  fur  un  chaffis  de  fer  C D EF, 
chaque  glace  eft  mobile  pour  que  les  images 
réfléchies  par  chacune,  puiflTent  être  renvoyées 
vers  le  même  point ,  &  coïncider  dans  le 
même  cfpace. 

Le  chaffis  qui  a  deux  tourillons,  efl  porté 
par  une  pièce  de  fercompofée  de  deux  montans 
\M  B,  LA  a  (Te  m  blés  à  tenons  &  morioifês 
dans  la  couche  Z  0;  ils  font  aifujettis  dans 
cette  fituation  par  la  traverfe  ab,  d/i  par  trois 
étais  à  chacun  NP,  QP,  0 P,  fixés  en  P 
dans  le  corps  du  montant  MB,  &  alTeniblés 
par  le  bas  dans  une  courbe  NOQ  qui  leur 
fert  d'empattement;  cts  courbes  ont  des  entailles 
JVQ,  lU  qui  reçoivent  des  roulettes,  au 
moyen  defquelles  cette  machine ,  quoique  fort 
pefante  ,  peut  tourner  librement  fur  le  plancher 
de  bois  X XY  étant  affujettie  au  centre  de 
cette  plate-forme  par  Taxe  R  S  qui  palTe  dans 
ks  deux  traverfes  ZOj   ab;  chaque  montant 


298    Inîrodui^on  a  rHïfmre 

porte  au (Tf  à  fa  partie  Inférieure  une  roulette, 
en  forte  que  toute  la  machine  eft  portée  par 
dix  roulettes;  la  plate-  forme  de  bois  elT:  recou- 
verte de  bandes  de  fer  dans  îa  rouette  àçs 
roultttes;  fans  cette  attention  ia  plate- formé 
ne  fcroit  pas  de  longue  durée. 

La  plate-forme  eft  portée  par  quatre  fortes 
roulettes  de  bois,  dont  l'ufàge  efl:  de  faciîîter 
îe  tranfpoi'î  de  toute  la  machine  d'un  lieu  à 
un  autre. 

Pour  pouvoir  varier  à  volonté  les  înclînaifons 
du- miroir,  6c  pouvoir  i'alîujettir  dans  ia  fituation 
que  l'on  luge  à  propos,  on  a  adppté  îa  cremaiî- 
lière  F  G  qui  eft  unie  avec  des  cercles,  dont 
ie  touriHon  ^  eft  le  centre;  cette  cremaiilière 
tft  menée  par  un  pignon  en  lanterne,  dont  la 
tige  b  H  traverfe  le  montant  &  un  des  étais., 
&:  eft  terminée  par  une  manivelle  H K,  au  \ 
moyen  de  laquelle  on  incline  ou  dn  redrefte  le  | 
miroir  à  difcrétion.  i 

Jufqu'à  préfent  nous  n'avons  expliqué  que! 
la  conftruc^ion  générale  du  miroir;  refte  à 
expliquer  par  quel  artifice  on  parvient  à  faire 
que  les  images  différentes ,  réfléchies  par  les 
différens  miroirs ,  font  toutes  renvoyées  au 
même  point ,  &.  c'eft  à  quoi  font  deftinées 
}ts  figures  fui  vantes. 

Planche  VII I,  figure  2, 

XZ  une  portion  des  barres  qui  occupent  h 
derrière  du  miroir;  ces  barres  font  au  nombre 
de  vingt,  &  dîfpolëes  horizontalement,  enforu 


éles  Minéranx,  Partie  Exp.    2  p  c) 

que  ieur  plan  efl  parallèle  au  plan  du  miroir; 
chacune  de  ces  barres  a  dix-huit  entailles  TT, 
6c  le  même  nombre  d'éminences  KKqui  les 
réparent  :  ces  barres  font  affujetties  aux  côtés 
verticaux  du  chaiTis  du  miroir  par  des  vis, 
&  entr'elles  par  trois  ou  quatre  barres  verticales, 
auxquelles  elles  font  afiujetties  par  des  vis;  vis- 
à-vis  de  chaque  entaille  TT  il  y  a  à<iî.  poupées 
TA,  TD  qui  y  font  fixées  par  les  écrous 
G  A  qui  prennent  la  partie  taraudée  de  la 
queue  de  la  poupée  après  qu'elle  a  traverfé 
lepaiffeur  de  la  barre;  les  parties  fjpérleures 
de  chaque  poupée,  qui  font  percées,  fervent 
de  collets  aux  tourillons  de  la  croix  dont  nous 
allons  parler;  cette  croix  reprérentée/'^7/rw  ^ 
dT'  ^j  eft  un  morceau  de  cuivre  ou  de  fer, 
dont  la  fiofure  fiiî  connoître  la  forme. 

CD  les  touîillons  qui  entrent  dans  \z^^  trous 
pratiqués  à  chaque  poupée,  en  forte  qu'elle 
fe  peut  mouvoir  iibrem.ent  dans  ces  trous. 

La  vis  AIL  après  avoir  traverfé  Témî- 
nence  Y,  va  s'appuyer  en  -  delTous  contre 
rextrémité  inférieure  B  du  croifilfon  B  A,  en 
même  temps  le  reiïbrt  K  va  s'appliquer  contre 
l'autre  extrémité  A  du  même  croifilîon  ;  en 
forte  que  lorfque  l'on  fait  tourner  la  vis  en 
montant,  le  refîort  en  fè  rétabliffant ,  fait  que 
la  partie  B  du  croifilîon  fe  trouve  toujours 
appliquée  fur  la  pointe  de  la  vis  ;  il  réfulte 
de  cette  confirudiiion  un  mouvement  de  gingiîme 
ou  charnière;  dont  l'axe  eft  BC ,  figure  2. 

IN  vj 


300    IfitroJtiâïon  à  FHiJloîre 

Ce  feul  mouvement  ne  fuffifant  pas,  on  en 
a  pratiqué  un  autie ,  dont  l'axe  de  mouvement 
croife  à  angle  droit   le  premier. 

Aux  deux  extrémités  A  ôl  B  au  croifillon 
ABj  on  a  adapté  deux  petites  poupées 
BH,  AKf  figure  ^,  retenues  comme  les 
précédentes  par  des  vis  &  des  écrous. 

hts  trous  H K  (\u\  font  aux  parties  fupé-  ? 
rieures  de  ces  poupées,  reçoivent  les  tourillons  ! 
DC,  figure  ^,  d'une  plaque  de  fer  que  nous 
avons  appelée  porte-glace ,  qui  peut  fe  mouvoir 
îibremeni  fur  les  poupées,  &  s'incliner  à  l'axe 
C  L>  du  premier  mouvement  par  le  moyen  de 
îa  vis  F  G,  pour  laquelle  on  a  réfervé  un 
bofîage  E  dans  (e  croilillon  A  B,  afin  de  lui 
fervir  d'écrous  dormans  ;  cette  vis  s'applique 
par  E  contre  la  partie  DEC  du  porte -glace, 
6c  force  cette  partie  à  monier  lorfqu'on  tourne 
la  vis;  mais  lorfqu'on  vient  à  lâcher  cette  vis, 
le  reffort  A  L  qui  s'applique  contre  la  partie 
JDAC  du  porte -glace,  le  force  à  fuivre 
toujours  la  pointe  de  la  vis:  au  moyen  de 
ces  deux  mouvemens  de  ginglime,  on  peut 
donner  à  la  glace  qui  efl:  reçue  par  les  crochets 
A  C B  du  porte-glace,  telle  diredion  que  l'on 
ibuhaite ,  &  par  ce  moyen  faire  coïncidej 
riniage  du  Soleil  réfléchie  par  une  glace,  avec 
celle  qui  eft  réfléchie  par  une  autre. 

Planche   IX, 

h^  figure   6   repréfente    le   porte  -  glace  vu 
par-derrière,  où  l'on   voit  h  vis  F EG  qui 


^es  Minérûux,  Parlîe  Exp.    301 

s'applique  en  G  hors  de  l'axe  de  mouvement 
H  K ,  &  le  reffort  L  qui  s'applique  en  L  de 
l'autre  côté  de  l'axe  de  mouvement. 

La  Jigure  y  repréiente  le  porte -glace  vu 
en-dcffus,  &:  garni  de  la  glace  AC  BD,  le 
refle  eil:  expliqué  dans  les  autres  figures. 

MlR  O  I R    D  E     RÉFLEXION 

rendu  concave  par  la  -pre^îon  d'une  vis 
appliquée   au  centre. 

Planche  X» 

l-iK  figure  I  repréfente  le  miroir  monté  fur 
fbn  pied,  B  DC  la  fourchette  qui  porte  le 
miroir;  celte  fourchette  eO:  mobile  dans  l'axe 
vertical,  &  efl:  retenue  fur  le  pied  à  trois 
branches  F  F  F  par  l'écrou  G. 

E)  E  \e  régulateur  des  inclinaifons. 

A  la  tête  de  la  vis  placée  au  centre  du 
miroir  ,  &  rendu  concave  par  fon  moyen. 

La  figure  2  repréfente  le  miroir  vu  par  fa 
partie  poflérieure,  B  C  les  tourillons  qui  entrent 
dans  les  collets  de  la  fourchette. 
.  FG  une  barre  de  fer  fixée  fur  Panneau  de 
jnême  métal,  qui  entoure  la  glace:  cette  barre 
fêrt  de  point  d'appui  à  la  vis  F>  E  qui 
comprime  la  glace. 

B  H  C  K  WuriCdM  ou  cercle  de  fer  fur  lequel 
îa  glace  eft  appliquée  ;  ce  cercle  doit  être 
cxadement  plan  &  parfaitement  circulaire:  ob 


'302    Introduâlon  à  VHijlohe 

couvre  la  partie  fur  laquelle  la  glace  s'applîqti€ 
avec  de  la  peau ,  du  cuir  ou  de  l'étoffe ,  pour 
que  le  contad:  foit  plus  immédiat,  &  que 
la  glace  ne  fbit  point  expofée  à  rompre. 

Miroir  de  réflexion', 

rendu  concave  par  laprejfion  de  r  Atmofpkcre» 

Planche  xt, 

V_-<E  miroir  confifte  en  un  tambour  ou  cj/Iindre, 
dont  une  des  baies  eil;  la  glace ,  &  l'autre  une 
plaque  de  fer. 

A  B,  figure  i ,  la  glace  parfaitement  plane, 
C  une  lentille  taillée  dans  l'épaifTeur  même 
de  la  glace. 

A  E  ou  B M  la  hauteur  du  cylindre  aux 
extrémités  du  diamètre  horizontal  TL^  duquel 
fortent  deux  tourillons  qui  entrent  dans  les  yeux 
de  la  fourchette ,  ainfi  qu'il  ed  expliqué  en 
parlant  du   miroir  de  réfracftion. 

JVIO  le  régulateur  des  inclinaifbns. 

TV  le  collet  par  lequel  il  pafTe  &  la  vis 
qui  fert  à  Py  fixer. 

JVI^SPQ  le  pied  qui  efl:  femblable  à  celui 
du  miroir  de  réfraélion  ,  à  cette  différence  près, 
qu'il  efl  de  bois,  Se  que  les  pièces  ont  un 
contour  moins  orné ,  du  relie  fa  fonélion  eft 
la  même. 

Figure  2  edh  profil  du  miroir  coupé  par  un 
plan  qui  paffe  par  l'axe  du  cylindre,  &  auquel 
on  fuppofe  que  Tceil  eil  perpendiculaire. 


^es  Minémux,  Partie  Exp.    303^ 

AB  h  glace  dont  on  voit  répaliïèur. 

C  h  lentille  qui  y  eft  entaillée  &  dont  le 
foyer  tombe  fur  le  point  c. 

E  D  h  bafe  du  cylindre  qui  efl:  une  plaque 
de  fer. 

AE,  BD  la  hauteur  &  la  coupe  de  la 
furface  cylindrique. 

cm  une  mèche  foufre'e  que  l'on  fait  entrer 
dans  la  cavité  du  miroir  après  avoir  ôté  la  vis 
K  dont  l'écrou  eft  un  cube  folidenient  attaché 
à  la  plaque  de  fer  qui  fert  de  fond  au  miroir. 

'  G  \di  même  vis  repréfentée  féparément , 
//une  rondelle  de  cuir  que  l'on  met  entre  la 
tête  de  la  vis  <Sc  fon  écrou  pour  fermer  entiè- 
rement le  paiTage  à  l'air. 

abc  \^  courbure  que  la  glace  prend  après 
que  Tair  que  le  cylindre  contient,  a  été 
confommé  par  la  flamme  de  la  bougie  cm^ 
à  laquelle  la  lentille  C  a  mis  le  feu. 

D  F  h  régulateur  des  inclînaifons  qui  eft 
aflfemblé  à  charnière  au  point  D, 

^*  EmK,  KmD,  règles  de  fer  pofées  de 
champ  fur  la  bafe  du  cylindre  &  qui  y  font 
fortement  affujctties  ;  leur  ufage  efl  pour  fortifier 
la  plaque  &i  la  mettre  en  état  de  réfîfter  au 
poids  de  l'atmofphère ,  qui  la  comprime  aufli- 
bien  que  la  glace;  cette  conftru(5lion  efl  repré- 
fentée  dans  une  autre  figure  ;  Plupche  xu* 


^04    Introcluâ'ion  h  VHïfloire 

Autre  Miroir  de  Réflexion, 

Planche  X 1 1, 

1  L  confjfle  aufil  en  un  cylindre  ou  tambour 
de  fer,  dont  une  des  bafes  efl  une  glace  par- 
faitement plane;  la  bafe  oppofée,  <5c  qui  eft 
celle  que  ]a  Jîgiire  i  préfente,  eft  une  plaque 
de  fer  qui  eit  fortifiée  par  les  règles  de  fer 
pofées  de  champ  EG,  F  H,  EK.  On  vuîde 
l'air  que  le  cylindre  contient  par  la  pompe  BC ^ 
qui  efl;  affermie  fur  la  plaque  de  fer  par  les 
collets  Tix. 

A  l'extrémité  fupérîeure  du  pîflon. 

E  \\'s\  cube  de  cuivre  folîdement  fixé  fur  la 
plaque  ;  ce  cube  efl  porté  en  travers  pour 
recevoir  le  robinet  F,  au  moyen  duquel  on 
ouvre  ou  on  ferme  la  communication  de  l'in- 
térieur du   cylindre  avec  la  pompe. 

LJVl,  mn  la  fourchette  fur  laquelle  îe  miroir 
efl  monté  &  qui  efl  mobile  dans  l'arbre  A'IO, 

MPR  Q  le  pied  qui  a  feulement  trois 
branches,  ce  qui  fait  qu'il  porte  toujours  à 
plomb,  même  fur  un  plan  inégal. 

La  figure  2  repréfente  le  miroir  coupé , 
fuivant  la  ligne  G  H ,  &  duquel  on  fuppofe 
que  l'on  a  pompé  l'air. 

XV Z  la  glace  que  la  preiïîon  de  fatmo- 
iplière  a  rendue  concave- 

HG  h  plaque  de  fer  qui  fert  de  fond 
au    cylindre. 

L  JV  les  tourillons. 


fies  Miner nnx,  Partie  Exp.    305 

F  E  \t  robinet. 

EG,  F  H  les  règles  de  champ  quî  maîn- 
tîennent  la  plaque. 

Les  Jigures  ^  if  ^  repréfentent  en  grand  la 
coupe  du  cube  dans  lequel  palTe  le  robinet, 
ce  cube  e(l  fuppofé  coupé  par  un  plan  per- 
pendiculaire à  la  plaque  &:  qui  paiïe  par 
a  pompe. 

c  partie  du  canal  coudé  pratiqué  dans  le 
cube  qui  communique  à  l'intérieur  du  miroir. 

b  portion  du  même  canal  qui  communique 

la  pompe. 

a  le  robinet  qui  fe  trouve  coupé  perpen- 
pendiculairement  à  Ton   axe. 

La  figure  ^  rcpréfente  la  Situation  du 
robinet  lorfque  la  communication  eft  ouverte, 
(a  portion  m  du  canal  fe  préfente  vis-à-vis 
les  ouvertures  b ,  c, 

La  figure  4  rcpréfente  la  fituation  du  robinet , 
brfque  la  communication  eft  fermée,  alors  la 
partie  m  du  canal  ne  fe  préfente  plus  vis-à-vis 
es  mêmes  ouvertures. 

Lentille  à   l'e  a  u. 

Planche    XI II. 

IGURE  J.   Le  miroir  entier  monté    fur 

fon  pied. 

j4  b  MC  le  miroir  compofé  de  deux  glaces 
convexes ,  afTujetties  l'une  contre  i'atître  par  le 
chalTis  ou  cadre  circulaire  A  BMC. 

BC  extrémités  de  la  fourchette  de  fer  qui 


F: 


3oé    I/ïtroJuâîOî2  à  rBfiolre 

porte  ce  miroir.  Les  extrémités  de  cette  four- 
chette (ont  percées  d'un  trou  cylindrique  pour 
recevoir  les  tourillons  dont  le  chaiïis  du  miroii 
cft  garni  &  fur  îefquels  il  fe  meut  pour  varier 
les  inclinaifons. 

B KC  la  fourchette. 

KFiG  H  le  pied  qui  porte  le  miroir;  il 
cft  compofé  de  plufieurs  pièces. 

KL  l'arbre  ou  poinçon  qui  s'appuie  par  fà 
partie  inférieure  fur  fa  croix  H î ,  FG;  W  e(\ 
fixé  dans  ia  fjtuation  verticale  par  les  quatre 
étais  ou  jambes  de  forces  KG,  KH,  KF,  Kï 
<jui  font  de  fer  &l  auxquelles  on  a  donné  un 
contour  agréable. 

fghi  les  roulettes. 

Figure  2..  Coupe  ou  profil  du  miroir  danj 
laquelle  on  fuppofe  que  l'œil  e(l  placé  dans  le 
pla'n  qui  fépare  les  deux  glaces.' 

XZ  les  deux  glaces  qui  étant  réunies  forment 
une  lentille. 

or  le  plan  qui  fépre  les  deux  glaces. 

h  m  coupe  du  chaffis  ou  anneau  qui  retieni 
les  glaces  unies  enfemble;  cet  anneau  efl  com- 
po(é  de  deux  pièces  qui  s'affujettilTent  l'une 
à  l'autre  par  Ats  vis  à.  entre  lefquelles  les 
glaces  font  madiquées. 

a  une  petite  bouteille  à  deux  cols,  l'un 
defquels  communique  au  vuîde  que  les  deux 
glaces  laifTent  entre  elles  par  un  canal  pratiqué 
entre  les  deux  glaces  &  qui  efl  entaillé  moitié 
dans  Tune  &  moitié  dans  l'autre. 


des  Mméram,  Partie  Exp*    307 

Fïmire  p,  BDC  la  fourchette  de  fer  qui 
porte  le   miroir. 

DE  îîge  de  la  fourchette  qui  entre  dans 
un  trou  vertical  prntiqué  à  l'axe  ou  arbre  KL 
Ju  pied,  en  forte  que  l'on  peut  préfenter 
ruccefTivement  la  face  du  miroir  à  tous  les 
points  de  Tiiorizon. 

D  collet  dans  lequel  pafTe  le  régulateur  ûts 
îndinaifons   que  l'on  y  fixe  par  une  vis. 

Lentille  a  Échelons. 

Planche  X  l  V, 

AB  bordure  circulaire  pour  contenir  ce 
miroir  à  échelons. 

ce  tourillons  qui  pafTent  dans  les  trous  perces 
horizontalement  à  la  partie  fupérieure  de  la 
fourchette  JD  D;  à  fa  partie  inférieure,  tient 
une  tige  aufil  de  fer,  que  l'on  ne  voit  point 
ici,  étant  entrée  perpendiculairement,  mais  un 
peu  à  l'aife  dans  l'arbre  E  afin  de  pouvoir 
tourner  à  droite  (Se  à  gauche. 

L'arbre  E  efl:  attaché  folidement  à  fon  pied, 
qui  efl  fait  en  croix ,  dont  on  ne  peut  voir  ici 
que  trois  de  Tes  côtés  indiqués  F  F  F. 

GGG  jairbages  de  force  ou  étais  de  fer 
éour  la    folidité. 

HH  H  roulettes  deffous  les  pieds  pour 
ranger  facilement  ce  miroir  à  la  diredion  que 
Ton   jup^e   à  propos.  ^  ,    . 

La  Planche  x  V  repréfente  ce  même  miroir 


'308    Introduâîon  à  VHïjloïre 

à  échelons  en  perfpedive,  tourné  vers  le  Soleil 
pour  mettre  le  feu.  | 

A  B  bordure  circulaire  qui  contient  la  glace 
à  écheîons. 

ce  tourillons  qui  pafTent  dans  les  trous  percés  1 
à  la  partie  fupérieure  de  la  fourchette  DD. 

À  la  partie  inférieure  de  la  fourchette,  quîi 
cft  de  fer ,  tient  une  tige  cylindrique  de  même 
métal  qui  entre  jufle  dans  l'arbre;  mais  noo 
trop  ferrée  pour  qu'elle  puiffe  avoir  un  jeu 
doux^  propre  à  pouvoir  tourner  à  droite  ou  à 
gauche  pour  la  diriger  comme  on  le  defire. 

E  l'arbre  dans  lequel  entre  cette  tige. 

F  FF  F  les  quatre  pieds  en  croix  fur  laquelle 
(ft  attaché  folidement  i'arbre. 

GGG G  \t^  quatre  jambes  de  force,  auflî 
de  fer. 

H  le  feu  acT:if  tiré  du  Soleil  par  la  conP 
trudion  de  ce  miroir. 

y  -^  /  roulettes  de  deflTous  les  pieds  du  porte- 
miroir. 

■  La  Planche  XV 1  repréfcnte  les  coupes  de 
trois  miroirs  à  échelons,  dont  le  plus  facile 
à  exécuter  feroit  celui  de  la  figure  //^  Leur 
«chelle  efl  de  fix  pouces  de  pied-de-roi  pour 
pied -de -roi. 


F/a/h-ÂL^  I 


I        I        I        1 


Echclù;  de  Jt':c  Fu'Jo^ 


l'/ancAc  Jl. 


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I         I         I          I         ]         I          ) 


PUJic>  7IL. 


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P/.wc/ic  r 


n 1"  - — t. 


/.\/u/A    Je  .r/\r  /'/i 


M 


j'/cuic/ic .  71. 


Ei/ti'//<:  ,/t'  .iVc.'- /'À'./i 


Mxm/zo     111 


2Vanc/tc  P7II. 


P/amA'   IX 


\ 


P/^wc/icX. 


r/anc/ic   XI 


PAinc/ic  Ail 


~\ 


luj  .    '2   . 


^U 


PLin./uXIir. 


2'U'u/u-  xir. 


FLiiicIic  iff. 


o,  pieoj    ce  J^cirer . 


l'iû.    Cl. 
S.imJj  Je  Fcircr. 


J'n?.     3. 


I        I        I       '        I        I       I        I        I      "'i 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    3  op 


SEPTIEME  MÉMOIRE. 

BSERVATIONS  fur  les  couleurs 
accidentelles,  è^  fur  les  ombres 
colorées. 

Quoiqu'on  fe  foît  beaucoup  occupé 
ms  ces  derniers  temps  de  la  phyfique 
^s  couleurs ,  il  ne  paroît  pas  qu'on  ait 
it  de  grands  progrès  depuis  Newton  : 
i  n'efl  pas  qu'il  ait  épuife  la  matière , 
lais  la  plupart  des  Phyficiens  ont  plus 
availlë  à  le  combattre  qu'à  l'entendre , 

quoique  Tes  principes  foient  clairs,  & 
s  expériences  incontedables ,  il  y  a  fi 
eu  de  gens  qui  fe  foient  donné  la  peine 
'examiner  à  fond  les  rapports  &  Ten- 
Mnble  de  fes  découvertes ,  que  je  ne 
rois  pas  devoir  parler  d'un  nouveau 
énre  de  couleurs,  fans  avoir  auparavant 
onné  des  idées  nettes  fur  la  produélion 
es  couleurs  en  général. 

Il  y  a  pîufieurs  moyens  de  produire 
es  couleurs^  le  premier  eft  la  léfraétion  f 


5  I  o    Introduâïon  a  rHiffoire 

un  trait  de  lumière  qui  pafTe  à  traver 
un  prifine  le  rompt  &  Te  divife  de  façoi 
qu'il  produit  une  image  colorée,  compofe^ 
d'un  nombre  infini  de  couleurs,  &  le. 
recherches  qu'on  a  faites  fur  cette  imag( 
colorée  du  Soleil ,  ont  appris  que  l( 
lumière  de  ce:  aftre  e(l  raffemblao-e  d'imt 
infinité  de  r.  yons  de  lumière  différemmen 
colorés;  que  ces  rayons  ont  autant  d( 
diiîérens  degrés  de  réfrangibiiité  que  de 
couleurs  différentes ,  &  que  la  même 
couleur  a  conftamment  le  même  degrt 
de  réfrangibiiité.  Tous  les  corps  diaphanes 
dont  les  furfaces  ne  font  pas  parallèles 
produifent  des  couleuis  par  la  réfraction  : 
l'ordre  de  ces  couleurs  efl:  invariable,  & 
leur  nombre  quoiqu'infini  a  été  réduit  l 
fept  dénominations  principales ,  violet , 
indigo j  bleu  y  vert,  jaune,  orangé,  rouge i 
chacune  de  ces  dénominations  réponc 
à  un  intervalle  déterminé  dans  l'image 
colorée  qui  contient  toutes  les  nuance» 
de  la  couleur  dénommée;  de  forte  que 
dans  l'intervalle  rouge  on  trouve  toute* 
ies  nuances  de  rouge,  dans  Tiniervalk 
jaune  toutes  les  nuances  de  jaune,  &c 
§L  dans  les  confins  de  ces  intervalles  le? 


Jes  Minéraux,  Partie  Exp.   3  i  ï^ 

ouîeurs   intermédiaires   qui    ne  font   ni 
aunes  ni  rouges,  &lq.  C*ell  par  de  bonnes 
allons  que  Newion  a  fixé  à  iept  le  nombre 
les  dénominations  des  couleurs;  l'image 
:olorée  du   Soleil  qu'il  appelle  le  fpeâre 
"blaire ,  n'ofîre  à  la  première  vue  que  cinq 
:ouleurs,   violet,    bleu,    vert,   jaune    & 
•ouge ,   ce  n'eft  encore  qu'une  décom- 
:Doruion   imparfaite    de    la    lumière ,    & 
une  repréfentaiion  confufe  dts  couleurs. 
Comme  cette  image  efl:  compofée  d'une 
infinité   de  cercles  difiéremment  colorés 
qui   répondent  à   autant   de    diiques.  du 
Soleil;    &    que    ces    cercles    anticipent 
beaticoup  les  uns  fur  les  autres ,  le  milieu 
de  tous    ces   cercles   efl   l'endroit  où    le 
mdange  des  couleurs  efl:  le  plus  grand, 
&;  il  n'y  a   que  les  côtés   rectilignes   de 
l'image  où  les  couleurs  foicnt  pures;  mais 
comme  elles  font  en  même  temps  très- 
foibles ,  on  a  peine  à  les  diflinguer ,  & 
on  fe  f'ert  d'un  autre  moyen  pour  épurer 
ies  couleurs  :  c'efl  en  rétrécifî'ant  l'image 
du   difque    du    Soleil ,   ce    qui  diminue 
rai\ticipation  des  cercles  colorés  les  uns 
fur  les  autres,  6c  par  conféquent  le  mélange 
des  couleurs  ;  dans  ce  fpeitre  de  lumière 


I 

312    Introduâion  à  VHïfloire 

épurée  &  homogène ,  on  voit  très  -  bwr 
les    fept    couieurs  ;    on    en   voit    mênw 
beaucoup  plus  de  fept  aveic  un  peu  d'art 
car  en  recevant  fucceflivement  fur  un  ^ 
blanc  les  différentes  parties  de  ce  rpe(5lr< 
de   lumière  épurée,  j'ai  compté  fouven 
jufqu'à  dix- huit  ou  vingt  couleurs  don 
la  différence   étoit  fenfible  à  mes  yeux 
Avec  de  meilleurs  organes  ou  plus  d'at 
tention,  on  pourroit  encore  en  compte 
davantage  ;  ceia  n'empêche  pas  qu'on  m 
doive  fixer  le  nombre  de  leur  dénomina 
tion  à  fept,   ni  plus  ni  moins;    &   ceî; 
par  une  raifon  bien  fondée,  c'efl  qu'er 
diviiant  le  fpecftre  de  lumière  épurée  ei 
fept  intervalles ,  &  fuivant  La  proportioi 
donnée  par  Newton ,  chacun  de  ces  inter- 
valles contient  des  couleurs  qui,  quoiqu- 
prifes  toutes  enfemble ,  font  indécompo 
labiés  par  le  prifme  &  par  quelqu'art  qu' 
ce  foit ,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  non 
de  couleurs  primitives  :  Si  au  lieu  de  divife 
le  ipedire  en  ièpt ,  on  ne  le  divife  qu'ei 
iix,  ou  cinq,  ou  quatre,  ou  trois  inter 
vailes ,  alors  les  couleurs  contenues  dan 
chacun  de  ces  intervalles  fe  décompofen 
par  le  prifme,   <$c   par   conféquent   ce 

couleur 


^es  Minéraux ,  Partie  Exp.    3  i  3 

couleurs  ne  font  pas  pures,  &  ne  doivent 
pas  eue  regardées  comme  couleurs  pri-- 
miiives.  On  ne  peut  donc  pas  réduire  les 
couleurs  primitives  à  moins  de  fept  déno- 
minations, &  on  ne  doit  pas  en  admettre 
un  plus  grand  nombre»  parce  qu'alors 
on  diviieroit  inutilement  les  intervalles  en 
deux  ou  plufieurs  parties,  dont  les  couleurs 
feroient  de  la  même  nature,  &  ce  feroit 
partager  mal-::-propos  une  même  efpèce 
de  couleur ,  &  doniier  des  noms  difFérens 
à  des   chofes  feml^lables. 

Il  le  trouve  par  un  hafard  finguïier, 
que  rétendue  proportionnelle  de  ces  fept 
intervalles  de  couleurs ,  répond  aflez  julîe 
à  l'étendue  proporiionnelïe  des  fept  tons 
de  la  mufique  ,  mais  ce  n'eft  cju'un  hafard 
dont  on  ne  doit  tirer  aucune  conféquence; 
ces  deux  réfuliats  font  indépendans  l'un 
de  l'autre,  &  il  faut  fe  livier  \Àç.^  aveu- 
glément à  l'eiprit  de  lyflème  pour  pré- 
tendre, en  venu  d'un  rapport  fortuit, 
foumettre  l'oeil  tîk  IVreille  à  des  loix 
communes,  &  trai.er  l'un  de  ces  organes 
par  les  règles  de  l'autre ,  en  imaginant 
qu'il  efi  poliible  de  faire  un  concert  aux 
yeux  ou  un  payfage  aux  oreilles. 

Tomt  VIL  O 


314    Inîroduéîion  à  VHïjloire 

Ces  fept  couleurs ,  produites  par  h 
réfraflion ,  font  inalte'rables ,  &  con- 
tiennent toutes  les  couleurs  &  toutes  les 
nuances  de  couleurs  qui  font  au  monde; 
les  couleurs  du  prifme,  celles  des  diamans, 
celles  de  Tare- en -ciel,  des  images  des 
halos ,  dépendent  toutes  de  la  réfraction  , 
&:  en  fuivent  exaélement  les  loix. 

La  réfraction  n'efl:  cependant  pas  le 
feul  moyen  pour  produire  des  couleurs , 
îa  lumière  a  de  plus  que  fa  qualité  réfran- 
giblc  d'autres  propriétés  qui,  quoique 
dépendantes  de  la  même  caufe  générale  , 
produifent  des  effets  différens  ;  de  la  même 
façon  que  la  lumière  le  rompt  &  fe  divile 
en  couleurs  en  paflant  d'un  milieu  dans 
vm  autre  milieu  tranfparent ,  elle  fe  rompt 
aufîi  en  pafTant  auprès  des  furfaces  d'un 
corps  opaque  :  cette  eipèce  de  refradlioii 
qui  fe  fiit  dans  le  même  milieu  ,  s'appelle 
inflexion ,  &  les  couleurs  qu'elle  produit , 
font  les  mêmes  que  celles  de  la  réfra(5liQa 
ordinaire;  les  rayons  violets  qui  font  les 
plus  réfrangibles ,  font  auffi  les  plus 
flexibles,  &  la  frange  colorée  par  l'inflexion 
de  la  lumière  ne  diffère  du  fped:re  coloré, 
produit  par  la  réfradion,  que  U^ns   U 


Jes  Minéraux ,  Partie  Exp.    315 

forme;  &  fi  i'intenfité  des  couleurs  eft 
différente ,  l'ordre  en  e(l  le  même ,  les 
propriétés  toutes  lemblables,  le  nombre 
égal ,  la  qualité  primitive  &  inaltérable 
commune  à  toutes ,  f oit  dans  la  réfraction , 
foit  dans  l'inflexion  qui  n'elt  en  effet 
qu'une  eipèce  de  réfraétion. 

Mais  le  plus  puilTant  moyen  "que  la 
Nature  emploie  [)our  produue  des  cou- 
leurs ,  c'efl  la  réflexion   (a);   toutes  les 


fa)  J'avoue  que  je  ne  penfe  pas  comme  Newton. 
au  fujet  de  la  réflexibilité  à^s  différens  rayons  de  fa 
Inmière.  Sa  définition  de  la  réflexibilité  n'efl  pas 
aflèz  générale  pour  être  fatisfai/ante ,  il  efl  fur  que 
la  plus  grande  facilité  à  être  réfléchit  efl;  la  même 
chofe  que  la  plus  grande  réflexrbilité ,  il  faut  qud" 
cette  plus  grande  facilité  foit  générale  pour  tous 
les,  cai  :  or  qui  fait  fi  le  rayon  violet  fe  réfléchit  le- 
plus  ailément  dans  tous  les  cas ,  à  caufe  que  dans 
un  cas  particulier  il  rentre  plutôt  dans  le  verre  que 
les  autres  rayons  ;  la  réflexion  de  la  lumière  fuit  les 
mêmes  loix  que  le  rebondifîement  de  tous  les  corps 
à  reffort  ;  de-là  on  doit  conclure  que  les  particule&i 
de  lumière  font  éiaftiques ,  &  par  confequ^'-tr^' 
reflexibilité  de  la  lumière  fera  toujours  propor- 
tionnelle à  fon  reffort ,  &  dès-lors  les  rayons  les 
plus  réflexibles  feront  ceux  qui  auront  le  plus  de 
reffort  ;  qualité  difficile  à  mefurer  dans  fe  nf^itîèrç 
de  la  lumière,  parce  qu'on  ne  peut  mefurer  i'ia- 
ttiifité  d'un  reffort  que  par  la  vUtfiC  qu'il  produit  ; 


3  ï  6     IntroJuâion  à  l'Hifloire 

couleurs  matërielîes  en  dépendent ,  îe 
vermillon  n'eft  rouge  que  parce  qu'il 
réfléchit  abondamment  les  rayons  rouges 
de  la  lumière,  «Se  qu'il  abfbrbe  les  autres; 
Toutremer  ne  paroît  bleu  cjue  parce  qu'il 
réfléchit  fortement  les  rayons  bleus ,  & 
qu'il  reçoit  dans  Tes  pores  tous  les  autres 
rayons  qui  s'y  perdent.  II  en  efl  de  même 
des  autres  couleurs  des  corps  opaques  & 


i\  faudroit  donc  pour  qu'il  fût  pofljbie  de  faire  une 
expérience  fur  cela  ,  que  \es  fatellites  de  Jupiter 
fymtwi  illuminés  fuccefïi vement  par  toutes  le^  couleurs 
du  prifme ,  pour  reconnoître  par  leurs  éclipfes  s'il  y 
auroit  plus  ou  moins  de  vîteffe  dans  le  mouvement 
de  la  lumière  violette  que  dans  le  mouvement  de 
îa  lumière  rouge  ;  car  ce  n'eft  que  par  fa  compa- 
raifon  de  la  vîteffe  de  ces  deux  ditferens  rayons 
«ju'on  peut  favoir  (i  l'un  a  plus  de  redbrt  que 
Vautre  ou  plus  de  réflexibilité.  Mais  on  n'a  jamais 
obfcrvé  que  les  fatellites,  au  moment  de  leur  émer- 
ïion  ,  aient  d'abord  paru  violets,  &  enfuite  éclairés 
fuccefTivement  de  toutes  les  couleurs  du  prilme  ; 
l^onc  il  efl  à  préfumer  que  les  rayon:^  de  'umière 
èiit's  peu-près  tous  un  rern>rt  égal ,  &  par  conlcquent 
autant  de  reflexibilité.  D'ailleurs  le  cas  particulier 
où  le  violet  parok  être  plus  réflexible  ne  vient 
que  de  la  réfra^flion  ,  &  ne  paroît  pas  tenir  à  ^a 
réflexion,  cc'a  efl  ailé  à  démontrer.  Newton  a  faît 
voir ,  à  n'en  pouvoir  douter ,  que  les  rayons  diflé- 
Xp\ïS>  font  inégalement  réfrangibles ,  que  le  rouge  i'eft 


(Jes  Minéraux,  Partie  Exp.    3  1 7 

tranfparcns  ;  la  tranfparence  dépend  de 
l'uniformité  de  denfité  ;  iorfque  les  parties 
Gompofantes  d'un  corps  font  d'égale 
denfité,  de  quelque  figure  que  foient  ces 
mêmes  parties ,  le  corps  îera  toujours 
tranfparent.  Si  l'on  réduit  un  corps  tranf^ 
parent  à  une  fort  petite  épaiiïcur,  cette 
plaque  mince  produira  des  couleurs  dont 


ie  moins  &  le  viofet  le  plus  de  tous  ;  if  n*efl  donc 
pas  cronnant  qu'à  une  certaine  obliquité  le  rayon 
violet  Te  trouvant  en  lortant  du  prifme  plus  oblique  à 
la  furface  que  tous  les  autres  rayons ,  il  foit  ie 
premier  faifi  par  l'attradion  du  verre  &  contraint 
d'y  rentrer,  tandis  que  les  autres  rayons,  dont 
l'obliquité  eft  moindre,  continuent  leur  route  lans 
être  a(Tez  attirés,  pour  être  obligés  de  rentrer 
dans  le  verre  ;  ceci  n'efl  donc  pas ,  comme  le  prétend 
Newton  ,  une  vraie  réflexion ,  c'elt  feulement  une 
iuite  de  la  réfraction.  Il  me  femble  qu'il  ne  devoit 
donc  pas  alTurcr  en  générai  que  les  rayons  les  plus 
réfrangiblcs  étoient  les  plus  réflexibles.  Cela  ne  me 
paroît  vrai  qu'en  prenant  cette  fuite  de  la  réfraéliou 
pour  une  reflexion ,  ce  f^ui  n'en  ell  pas  une  ;  car 
il  ell  évident  qu'une  lumière  qui  tombe  fur  ua 
miroir  &  qui  en  rejaillit  en  formant  un  angle  de 
reflexion  égal  à  celui  d'incidence ,  efl  dans  un 
cas  bien  dilTérent  de  celui  où  elle  le  trouve  au 
fortir  d'un  verre  fi  obiique  à  la  furface  qu'elle 
ert  contrainte  d'y  rentrer  ;  ces  deux  phénomènes 
n'ont  rien  de  commun,  &  ne  peuvent,  à  raciî 
avis ,  s'expliquer  par  la  nfîême  caufe. 

O  iij 


318     Introduâïon  a  VHïjloire 

î'orclre  &  les  principales  apparences  font 
fort  diiîe rentes  des  phénomènes  du  fpecflre 
ou  de  la  frange  cofore'e  ;  aufîi  ce  n'eft 
pRs  par  la  réfnidion  que  ces  couleurs  font 
produites ,    c'eft    par    la    réflexion  ;    les 

Eîaques  minces  des  corps  tranfparens,  les 
ulles  de  favon,  les  plumes  des  oifeaux,  &c. 
paroifîcnt  coloiées  parce  qu'elles  réflé- 
chinenî  ceriaiiis  rayons  &  iaiflcnt  pafTer 
ou  abfoibcnt  les  autres;  ces  couleurs  ont 
leurs  loix  <S:  dé])endent  de  i'épaifleur  de 
ia  plaque  mince ,  une  certaine  épaifieur 
produit  conflammcnt  une  certaine  couleur, 
toute  autre  épaifieur  ne  peut  la  produire, 
mais  en  produit  wwq  autre;  &  lorfque 
cetie  cpaifleur  eft  diniinuée  à  l'infini,  en 
forte  qu'au  lieu  d'une  plaque  mince  & 
tranfparente  on  n'a  plus  qu'une  furface 
polie  fur  un  corps  opaque ,  ce  poli  qu'on 
peut  regarder  comme  le  premier  degré 
de  la  tranfparence ,  produit  aufîi  des 
couleurs  par  ia  réflexion ,  qui  ont  encore 
d'autres  loix  ;  car  lorlqu'on  laifîe  tomiber 
un  trait  de  lumière  iur  un  miroir  de  métal , 
ce  trait  de  lumière  ne  fe  réfléchit  pas 
tout  entier  fous  le  même  angle ,  il  s'en 
dirperfe  une  partk  qui  produit  des  couleurs 


des  Minéraux,  Partie  Exp*    3  r^ 

dont  les  phénomènes,  aufîi-bien  que  ceux 
des  plaques  minces ,  n'ont  pas  encore  été 
afTez  obfervés. 

Toutes  les  couleurs  dont  je  viens  de 
parler  font  naturelles  &  dépendent  uni- 
quement des  propriéiés  de  ia  iumière  ; 
mais  il  en  efl  d'autres  qui  me  paroifîent 
accidentelles  &  qui  dépendent  autant  de 
notre  organe  que  de  l'adion  de  la  lumière. 
Lorfque  l'œil  efl  frappé  ou  prefTé ,  on 
voit  des  couleurs  dans  robfcurité ,  lorfque 
cet  organe  eft  mal  difpofé  ou  fuigué  ,. 
on  voit  encore  des  couleurs  ;  c'elt  ce 
genre  de  couleurs  que  j'ai  cru  devoir 
appeler  couleurs  accidentelles ,  pour  les 
diftinguer  des  couleurs  naturelles ,  &  parce 
qu'en  effet  elles  ne  paroiffent  jamais  que 
iorfque  l'ori^^ane  efl  forcé  ou  qu'il  a  été 
trop  fortement  ébranlé. 

Perfonne  n'a  fait  avant  le  D/  Jurin  (h) 
la  moindre  obfervation  fur  ce  genre  de 
couleurs,  cependant  eiies  tiennent  aux 
couleurs  naturelles  par  plufieurs  rapports, 


(h)  Effai,  Upon  dîfl'mél  and  indijVmifl  vifion , 
page  I  I  f,  àts  notes  Tur  l'Optique  de  Srnitk  , 
tome  II,  imprimé  à  Cambridge  en  17',  8. 

O  iiij 


320     Inîvodiiâion  à  rHïjloire 

&  j'ai  découvert  une  fuite  de  phe'no- 
mènes  finguliers  lur  ceite  matière,  que 
je  vais  rapporter  le  plus  fuccinClement 
.qu'il  me   lera  pofîlbie. 

Lorfqu'on  regarde  fixement  &  long-r 
lemps  une  tache  ou  une  figure  ror.ge  fur 
lin  fond  blanc,  comme  un  peiit  quarré 
de  pnpier  rouge  fur  un  papier  blanc, 
on  voit  naîire  autour  du  petit  quarré 
ronge  une  efpèce  de  couronne  d'un  vert 
jfoible  ;  en  cefîlmt  de  regarder  le  quarré 
rouge  (î  on  porte  l'œil  fur  le  papier  blanc, 
on  voit  très-difiind:ement  un  quarré  d'un 
vert  tendre ,  tirant  un  peu  fur  le  bleu  ; 
cette  apparence  fubfjfle  plus  ou  moins 
iong-temps,  lelon  que  l'impreflion  de  la 
couleur  rouge  a  ^'të  plus  ou  moins  forte. 
Là  grandeur  du  ciuarré  vert  imaginaire, 
eft  la  même  que  celle  du  quarré  re^ 
rouge,  &  ce  vert  ne  s'évanouit  cju'après 
que  l'œil  s'efi:  raiTuré  &.  s'efl:  porté  iuc- 
cefTivcment  iur  plufieurs  autres  objets 
dont  les  imni:>-es  détruilent  l'impreliioa 
trop  forte  caulée   [)ar  le  rouge. 

En  regardant  fixement  &  long-temps 
une  tache  jaune  fur  un  fond  blanc,  on 
voit  naître  autour  de  la  tache  une  couronne 


des  Alïnéraux ,  Partie  Ëx'p.    3  2  I 

d'un  bleu  pâle ,  &  en  ceŒint  de  regarder 
la  tache  jaune  &:  portant  Ion  œii  Ibr  un 
autre  endroit  du  fond  blanc ,  on  voit 
didindenient  une  tache  bleue  de  ia  même 
ligure  &  de  ia  même  grandeur  quç  la 
tache  jaime,  &  cette  apparence  dure  au 
moins  aufîl  long- temps  que  l'apparence 
du  vert  produit  par  le  rouge.  Il  m'a  même 
paru,  après  avoir  fait  moi-même  ,  &  après 
avoir  fait  répéter  cette  expérience  à 
d'autres  dont  les  yeux  étoient  meilleurs 
&  plus  forts  que  les  miens ,  que  cette 
impreifion  du  jaune  étoit  plus  forte  que 
celle  du  rouge,  &  que  la  couleur  bleue 
qu'elle  produit  s'effaçoit  plus  difficilement 
&  fubfiftoit  plus  long-temps  que  la  couleur 
verte  produite  par  le  rouge  ;  ce  cjui  femble 
prouver  ce  qu'a  foupçonné  Newton,  que 
le  jaune  eft  de  toutes  les  couleurs  celle 
qui  fatigue  le  plus  nos  yeux. 

^\  l'on  regarde  fixement  ôc  long- temps 
une  tache  verte  fur  un  fond  blanc ,  on 
voit  naître  autour  de  la  tache  verte  une 
couleur  blanchâtre ,  qui  eft  à  peine  colorée 
d'une  petite  teinte  de  pourpre;  mais  en 
cefTant  de  regarder  la  tache  verte  &  en 
portant  l'œil  lur  un  autre  cndroi:  d».?  foil4 

G  V 


322    Inti'OchCùon  a  VHijlo'ire 

blanc ,  on  voit  difl:ind:enient  une  tache 
d'un  pourpre  pâle,  femblable  à  la  couleur 
d'une  améthiiie  pâle;  cette  apparence  eft 
plus  foible  6c  ne  dure  pas,  à  beaucoup 
près ,  aufîi  iong-temps  que  les  couleurs 
bleues  &  vertes  produites  par  le  jaune  & 
par  ie  rouge. 

De  même  en  regardant  fixement  & 
long- temps  une  tache  bleue  fur  ^x\\  fond 
blanc ,  on  voit  naître  autour  de  la  tache 
bleue  une  couronne  blanchâtre  un  peu 
teinte  de  rouge  ,  &  en  cefTant  de  regarder 
la  tache  bleue  &  portant  l'œil  fur  le  fond 
blanc ,  on  voit  une  tache  d'un  rouge 
pâle ,  toujours  de  la  même  figure  &  de 
la  même  grandeur  que  la  tache  bleue, 
&i  cette  apparence  ne  dure  pas  plus  long- 
temps que  l'apparence  pourpre  produite 
par  la  tache  verte. 

En  regardant  de  même  avec  attention 
une  tache  noire  fur  un  fond  blanc ,  on 
voit  naître  autour  de  la  tache  noire  une 
couronne  d'un  blanc  vif,  &  cefTant  de 
regarder  la  tache  noire  &  ponant  l'œil 
fur  un  autre  endroit  du  fond  blanc ,  on 
voit  la  fiorure  de  la  tache  exaélement 
deiîiiiée  6c  d'un  blanc  beaucoup  plus  vif 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    323 

que  celui  du  fond;  ce  blanc  n'eft  pas 
mat ,  c'eft  un  blanc  brillant  femblablc  au 
blanc  du  premier  ordre  des  anneaux 
colorés  décrits  par  Newton  ;  6c  au  con- 
traire ,  fi  on  regarde  long  -  temps  une 
tache  blanche  fur  un  fond  noir,  on  voit 
la  tache  blanche  fe  décolorer,  <&  en 
portant  l'oeil  fur  un  autre  endroit  du  fond 
noir,  on  y  voit  une  tache  d'un  noir  plus 
vif  que  celui  du  fond. 

Voilà  donc  une  fuite  de  couleurs  acci- 
dentelles qui  a  des  rapports  avec  la  fuite 
des  couleurs  naturelles;  ie  rouge  naturel 
produit  le  vert  accidentel ,  le  jaune  produit 
îe  bleu,  le  vert  produit  le  pourpre,  le 
bleti  produit  le  rouge ,  le  noir  produit  le 
blanc ,  <?i  le  blanc  produit  le  noir.  Ces 
couleurs  accidentelles  n'exiftent  que  dans 
l'organe  fatigué ,  puifqu'un  autre  œil  ne 
les  aperçoit  pas  ;  elles  ont  même  une 
apparence  qui  les  diflingue  des  couleurs 
naturelles ,  c'eft  qu'elles  lont  tendres , 
brillantes,  &:  qu'elles  paroifient  être  à 
différentes  dillances,  lelon  qu'on  les  rap- 
porte à  des  objets  voifms  ou  éloignés. 

Toutes  ces  expériences  ont  été  faites 
fur  des  couleurs  mattes  avec  des  morceaux 

O  v; 


3^4    hitroduâ'wn  à  l'Hifloire 

de  p:i|jer  ou  d'étoffes  colorées,  mais  eifes 
réuiliflent  encore  mieux  lorlqu'on  les  fait 
fur  des  couleurs  brillantes,  comme  avec 
de  l'or  brillant  &  poli,  au  lieu  de  papier 
ou  d'étoffe  Jaune;  avec  de  l'argent  brillant, 
au  lieu  de  paj)ier  blanc  ;  avec  du  lapis,, 
au  lieu  de  [)apier  bleu  ,  &c.  l'impreffioii 
de  ces  couleurs  brilkntes  eft  plus  vive  & 
dure  beaucoup  plus  long-temps. 

Tout  le  monde  lait  qu'après  avoir 
regardé  le  Soleil,  on  pone  quelquefois 
pendant  long -temps  l'image  colorée  de 
cet  allre  fur  tous  les  objets,  ia  lumière 
trop  vive  du  Soleil  produit  en  un  inJftant 
€e  que  la  lumière  ordinaire  des  corps  ne 
produit  qu'au  bout  d'une  minute  ou 
deux  d'applicatîi:ï)n  fixe  de  l'œil  fur  les 
couleurs  ;  ces  images  colorées  du  Soleii 
€[ue  l'œil  ébloui  &  trop  fortement  ébranlé 
porte  par-tout ,  font  des  couleurs  du  même 
genre  que  celles  ([ue  nous  venons  de 
décrire ,  &i  l'explication  de  leurs  î^ppa- 
rences  dépend  de  la  même  théorie. 

Je  n'entreprendrai  pas  de  donner  ici 
les  idées  qui  me  font  venues  lur  ce  fujet; 
Cjuelqii'affuré  que  je  fois  de  mes  expé- 
riences, je  ne  fuis  pas  aflez  certain  des 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    325 

confequences  qu'on  en  doit  tirer ,  pour 
oier  rien  halarder  encore  fur  la  théorie 
de  ces  couleurs ,  &  je  me  contenterai  de 
rapporter  d'autres  obfervations  qui  con- 
firment les  expériences  précédentes ,  & 
qui  ferviront  fans  doute  à  éclairer  cette 
matière. 

En  regardant  fixement  &  fort  îojig- 
temps  un  cjuarré  d'un  rouge  \i^  fur  un 
fond  bianc  ,  on  voit  d'abord  naître  la 
petite  couronne  de  vert  tendre  ,  dont  j*ai 
parlé  ;  enfuitc  en  continuant  à  regarder 
fixement  ie  quarré  rouge,  on  voit  le 
milieu  an  quarré  fe  décolorer ,  &  les 
côtés  fe  charger  de  couleur ,  &  former 
comm.e  un  cadre  d'un  rouge  plus  fort  & 
beaucoup  plus  foncé  que  le  milieu; 
cnfuite  en  s'éioignant  un  peu  6c  continuant 
à  regarder  toujours  fixement,  on  voit  le 
cadre  de  rouge  foncé  fe  partager  en  deux 
dans  les  quafre  côtés,  &  former  une  croix 
d'un  rouge  aufîi  foncé  ;  le-  quarré  rouge- 
paroît  alors  comme  une  fenêtre  traverlee 
dans  fbn  milieu  par  une  groffe  croifée  & 
quatre  panneaux  blancs,  car  le  cadre  de 
cette  efpèce  de  fenêtre  eft  d'un  rouge 
ïiuffi    fon    que   la    croifée;    continuant 


^^i6     IntroJuâlon  à  VHijlom 

toujours  à  regarder  avec  opiniâtreté,  cette 
apparence  change  encore ,  &  tout  fe 
réduit  à  un  redtangîe  d'un  rouge  fi  foncé, 
il  fort  &  fi  vif,  qu'il  offufciue  entière- 
ment les  yeux  ;  ce  retftangle  efl:  de  la 
même  hauteur  que  ie  quarré ,  mais  il  n'a 
pas  la  fixième  partie  de  fi  largeur  :  ce 
point  efl  le  dernier  degré  de  fatigue  que 
i'ceil  peut  fupporter;  &  lorfqu'enfin  on 
détourne  l'œil  de  cet  objet ,  &  qu'on  ie 
porte  fur  un  autre  endroit  du  fond  blanc, 
on  voit  au  lieu  du  quarré  rouge  réel , 
i'image  du  recflangle  rouge  rinaginaire , 
exactement  deffinée  &.  d'une  couleur  verte 
brillante  ;  cette  iinpreiîion  fubfifte  fort 
iong-temps,  ne  fe  décolore  que  peu- à- peu, 
elle  relie  dans  l'œil  même  a])rès  l'avoir 
fermé.  Ce  que  je  viens  de  dire  du  quarré 
rouge  ,  arrive  aulTi  iorfqu'on  regarde  très- 
long- temps  un  quarré  jaune  ou  noir,  ou 
de  toute  autre  coukur ,  on  voit  de  même 
îe  cadre  jaune  ou  noir,  la  croix  &  le 
redlangle;  &  l'impreffion  qui  refte,  ell 
un  redangle  bleu,  fi  on  a  regardé  du 
jaune  ;  un  recT:angle  blanc  brillant ,  fi  on 
a  regardé  un  quarré  noir,  &c. 
J'ai  fait  faire  les  expériences  que  je  viens 


lies  Minéraux,  Partie  Exp.    327 

de  rapporter  à  plufieurs  perfonnes,  elles 
ont  vu  comme  moi  les  mêmes  couleurs 
&  ies  mêmes  apparences.  Un  de  mes 
amis  m'a  afliiré  à  ceue  occafion ,  qu'ayant 
regardé  un  jour  une  éclipfe  de  Soleil  par 
un  peiit  trou ,  il  avoit  porté  pendant  plus 
de  trois  feniaines  l'imao;e  coiorée  de  cet 
aflre  fur  tous  les  objets  ;  que  quand  iï 
fixoit  Tes  yeux  fur  du  jaune  brillant , 
comme  lur  une  bordure  dorée,  il  voyoit 
une  tache  pourpre,  &  fur  du  bleu  comme 
fur  un  toit  d'ardoifes,  une  tache  verte. 
J'ai  moi-même  fouvent  regardé  le  Soleil 
&  j'ai  vu  les  mêjnes  couleurs;  mais  comme 
je  craignois  de  me  fliire  mal  aux  yeux 
en  regardant  cet  aflre,  j'ai  mieux  aimé 
continuer  mes  expériences  fur  des  étofFes 
colorées,  &  j'ai  trouvé  qu'en  effet  ces 
couleurs  accidentelles  chanp^ent  en  iè 
mêlant  avec  les  couleurs  naturelles ,  & 
qu'elles  fuivent  les  mêmes  règles  pour 
les  apparences;  car  lorfque  la  couleur 
verte  accidentelle ,  produiie  par  le  rouge 
naturel ,  tombe  fur  un  fond  rouge  brillant, 
cette  couleur  verte  devient  jaune  ;  ù  la 
couleur  accidentelle  bleue,  produite  par 
ie  jaune  vif,  tombe  fur  un  fond  jaune ;, 


328     IntroJuéîïon  à  l'Hiffolre  | 

cile  devient  verte  ;  en  forte  que  ies  couîeurs 
qui  réiliîtent  du  mélange  de  ces  coaieurs 
accidentelles  avec  les  couleurs  naturelles  y, î 
fuivent  les  mêmes  règles  &  ont  ies  mêmes 
apparences  que  ies  couleurs  naturelles  dans 
leur  compofition  &  dans  leur  mélange  avec 
d'autres  couleurs  naturelles. 

Ces  obfervations  pourront  être  de 
quelque  utilité  pour  la  connoiiîânce  (\qs 
incommodités  des  yeux ,  qui  viennent 
probablement  d'un  grand  ébranlement 
Caufé  par  i'impreffion  trop  vive  de  la 
lumière  ;  une  de  ces  incommodités ,  eft 
de  voir  toujours  devant  l'es  yeux  des 
taches  colorées,  d^s  cercles  blancs  ou  des 
points  noirs  comme  des  mouches  qui 
voltigent.  J'ai  ouï  bien  des  perfonnes  fe 
plaindre  de  cette  efpèce  d'incommodité^ 
&  j'ai  lu  dans  quelques  Auteurs  de  Mé- 
decine ,  que  la  goutte  fereine  eft  toujours 
précédée  de  ces  points  noirs.  Je  ne  lais 
pas  fi  leur  fentiment  efl  fondé  far  i'ex» 
périence,  car  j'ai  éprouvé  moi-même 
cette  incommodité ,  j^ai  vu  des  points  noirs 
pendant  plus  de  trois  i.nois  en  fi  grande 
quantité  que  j'en  étois  fort  inquiet  ;  j'avois 
apparemment  fatigué  mes  yeux  en  faifant 


des  Minérsux ,  Partie  Exp.    329 

&  en  répétant  trop  fouvent  les  expériences 
précédenies,  &:  en  regardant  quelquefois 

Jîe  Soieil ,  car  les  points  noirs  ont  paru 
dans  ce  même  temps,  &  je  n'en  avois 
jamais   vu    de    ma    vie;    mais    enfin   ils 

^\  m'inconmiodoient    tellement ,    fur  -  tout 
lorique   je  regardois   au   grand   jour  des 
objets    fortement    éclaires  ,    que    j'étois 
contraint  de  détourner  les  yeux  ;  le  jaune 
fur-tout  m'étoit  inlupportable ,  &  j'ai  été 
obligé  de  changer  des  rideaux  jaunes  dans 
la  chambre  que  j'habitois  &l  d'en  inettre 
de  verts;   j'ai  évité  de  regarder  toutes  les 
couleurs   trop   fortes    &   tous   les   objets 
brillans ,  peu-iï-peu  le  nombre  des  points 
noirs  a  diminué ,  &  actuellement  je  n'en 
fuis  plus  incommodé.   Ce  qui  m'a  con- 
vaincu quç  ces  points  noirs  viennent  de 
la  trop   forte  imprefîjon  de  la  lumière^ 
c'efl:    qu'après   avoir    regardé   ie    Soleii, 
j'ai  toujours  vu  une  image  colorée   que 
je    portois   plus  ou   moins    long -temps 
fur  tous  les  objets,  &  fuivant  avec  atten- 
tion les  dîiTérentes  nuances  de  cette  image 
colorée,  j'ai  reconnu  qu'elle  fe  décoloroif 

pcu-à-peu ,  &  qu'à  la  fin  je  ne  portois 

plus  fur  les  objets  qu'une  tache  noire  ^ 


3  3  o  Introduâiojî  a  rHijloire 
d'abord  afTez  grande,  qui  diminuoit  enfuîte 
peu-à-peu,  &  fe  réduifoit  enfin  à  un 
point  noir. 

Je  vais  rapporter  à  cette  occafion  un 
fait  qui  eft  afîèz  reiriarquabie ,  c'cfl  que 
je  n'étois  jamais  pius  incommodé  de  ces 
points  noirs  que  quand  le  ciel  étoit  couvert 
de  nuées  blanches ,  ce  jour  me  fatiguoil 
beaucoup  plus  que  la  lumière  d'un  ciel 
ferein ,  &  cela  parce  qu'en  effet  la  quantité 
de  lumière  réfléchie  par  un  ciel  couvert 
de  nuées  blanches,  eft  beaucoup  pius 
grande  que  la  quantité  de  lumière  réfléchie 
par  l'air  pur;  *Sc  qu'à  l'exception  àti 
objets  éclairés  immédiatement  par  les 
rayons  du  Soleil,  tous  les  autres  objets 
qui  font  dans  Tombre,  font  beaucoup 
moins  éclairés  que  ceux  qui  le  iont  par 
îa  lumière  réfléchie  d'un  ciel  couvert  de 
nuées  blanches. 

Avant  que  de  terminer  ce  Mémoire, 
je  crois  devoir  encore  annoncer  un  fait 
qui  paro.îtra  peut-être  extraordinaire,  miais 
qui  n'en  eft  pas  moins  certain,  &  que  je 
fuis  fort  étonné  qu'on  n'ait  pas  obfervé; 
c'eft  que  les  ombres  des  corps  qui 
par   leur    efTence    doivent  être   noires, 


des  Minémus,  Partie  Exp.  3  3  1 
puifqu'elles  ne  font  que  la  privation  de  la 
lumière  ,  que  les  ombres  ,  dis  -  je  ,  font 
îoujours  colorées  au  iever  &  au  coucher 
du  Soleil;  j'ai  obfervé  pendant  l'été  de 
Tannée  1743  ,  plus  de  trente  aurores  & 
autant  de  foleiis  couchans ,  toutes  les 
ombres  c jui  tomboient  fur  du  blanc , 
comme  Tur  une  muraille  blanche,  étorent 
quelquefois  vertes,  mais  le  plus  fou  vent 
bleues,  &  d'un  bleu  aufTi  vif  c[ue  le 
plus  bel  azur.  J'ai  fait  voir  ce  phéno- 
mène à  plufieurs  perfonnes  qui  ont  été 
aufTi  furpriles  que  moi  ;  la  faifon  n'y  fait 
rien,  car  il  n'y  a  pas  huit  jours  (  1  5  no- 
vembre 1743)  que  j'ai  vu  des  ombres 
bleues  ,  &  quiconque  voudra  fe  donner  la 
peine  de  regarder  l'ombre  de  l'un  de  fes 
doigts  au  lever  ou  au  coucher  du  Soleil 
fur  un  morceau  de  papier  blanc,  verra 
comme  moi  cette  ombre  bleue.  Je  ne 
fâche  pas  qu'aucun  Aftronome ,  qu'aucun 
Phyficien,  que  perfonne ,  en  un  mot, 
ait  parié  de  ce  phénomène,  &  j'ai  cru 
qu'en  faveur  de  la  nouveauté  on  me 
permettroit  de  donner  le  précis  de  celte 
obfervation. 
Au  mois  de  juillet  1 743  /comme  j'étois 


3  3  2  Introduâîon  à  l'HiJloîre 
occupé  de  mes  couleurs  accidentei!e5,  & 
que  je  cherchofs  à  voir  le  Soleil,  doiiti 
iœil  foutient  mieux  la  lumière  à  Ton 
coucher  qu'à  toute  autre  heure  du  jour, 
pour  recomioître  enfuiie  les  couleurs  5c 
les  changemens  de  couleiifs  caufés  par 
cette  impreffion,  je  remarquai  que  \qs^ 
ombres  des  arbres  qui  tomboient  fur  une 
muraille  blanche  étoient  vertes;  j'étois 
dans  un  lieu  clevé  &  le  Soleil  le  couchoit 
dans  une  gorge  de  montagnes ,  en  forte 
qu'il  me  paroilloit  fort  abaifle  au-de(Ibus 
de  mon  horizon;  le  ciel  éroit  ferein,  à 
l'exception  du  couchant ,  qui  ,  quoi- 
qu'exempt  de  nuages,  ëtoit  chargé  d'un 
rideau  tranfparent  de  vapeurs  d'un  jaune 
rougeâtre,  ie  Soleil  lui-même  fort  ronge, 
&  là  grandeur  apparente  au  moins  qua- 
druple de  ce  qu/eile  eft  à  midi  ;  je  \\s 
donc  très  -  diflindement  les  ombres  d^s 
arbres  qui  étoient  à  20  &  50  pieds  de 
ia  muraille  blanche,  colorés  d'un  vert 
tendre  tirant  un  peu  fur  le  bleu  ;  l'ombre 
d'un  treillage  qui  étoit  à  3  pieds  de  k 
muraille,  étoit  parraitement  dçiïïnéQ  fur 
cette  muraille,  comme  fi  on  l'a  voit  nou- 
vellement peinte  en  vert-de-gris:  cette 


des  Minéraux,  Partie  Exp.    333 

-ipparence  dura  près  de  j  minutes,  après 
quoi  la  couleur  s'aifoiblit  avec  la  lumière 
du   Soleil ,    &    ne    difparut    entièrement 
(qu'avec  les   ombres.   Le  lendemain ,  au 
lever  du  Soleil,  j'allai    regarder  d'autres 
ombres   fur  une  muraille  blanche ,  mais 
au  lieu  de  les  trouver  vertes,  comme  je 
m'y  attendois ,  je  les  trouvai  bleues  ou 
plutôt  de  la  couîetir  de  l'indigo  le  plus 
vif;  le   ciel  éioit  lerein,    &  il   n'y  avoit 
qu'un  petit  rideau  de  vapeurs  jaunâtres 
au  levant,  le    Soleil    fe   levoit    fur    une 
colline ,  en  forte  qu'il  me  paroifToit  élevé 
au-deflus   de  mon  horizon ,  les  ombres 
bleues  ne  durèrent  que  3  minutes,  après 
quoi  elles  me  parurent  noires;  le  même 
jour  je  revis   au  coucher  du  Soleil  \qs 
ombres  vertes,  comme  je  les  avois  vues 
ia  veille.  Six   jours  fe   pafsèrent  enfuite 
(ans    pouvoir    obferver   les    ombres    au 
coucher  du  Soleil ,  parce  qu'il  étoit  tou- 
jours couvert  de  nuages  ;  le  feptième  jour 
je  vis  le  Soleil  à  fon  coucher,  les  ombres 
nVtoient  plus  vertes  ,  mais  d'un  beau  bleu 
d'azur ,    je    remarquai    que   les    vapeurs 
n'étoient  pas  fort  abondantes,  &  que  le 
Soleil  ayant  avancé  pendant  fept  jours, 


3  54    htroduâïon  à  l'Hifolre 

fe  couchoit  derrière  un  rocher  qui  le- 
faifoit  dîfparoître  avant  qu'il  pût  s'abaifTer 
au-defTous  de  mon  horizon.  Depuis  ce 
temps  j'ai  très-fouvent  oblervéies  ombres, 
foit  au  lever,  foit  au  coucher  du  Soleil, 
&  je  ne  les  ai  vues  que  bleues,  quel- 
quefois d'un  bleu  fort  vif,  d'autres  fois 
d'un  bleu  pâle ,  d'un  bleu  foncé ,  mais- 
conflamment  bieues. 

Ce  Mémoire  a  été  imprimé  dans  ceux 
de  l'Académie  Royale  des  Sciences , 
année  i  /^j» .  Voici  ce  que  je  crois  devoir 
y  ajouter  aujourd'hui  (année  i  yy^). 

Des  obfervations  plus  fréquentes  m'ont 
fm  reconnoîire  que  les  ombres  ne  pa- 
roifîent  jamais  vertes  au  lever  ou  au 
coucher  du  Soleil,  que  quand  l'horizon 
eft  chargé  de  beaucoup  de  vapeurs 
rouges  ;  dans  tout  autre  cas  les  ombres 
font  toujours  bleues ,  &  d'autant  plus 
Lieues  que  le  ciel  elt  plus  ferein.  Cette 
couleur  bleue  des  ombres,  n'ell  autre 
choie  que  la  couleur  même  de  l'air ,  & 
je  ne  fais  pourquoi  quelques  Phyficiens 
ont  défini  l'air  unfiuide  invifible  (c) ,  inodore, 

W  I  !..  Il 

(c)  DidioHiiaire  de  Chimie,  ankk  de  l'Ain 


^es  Minéraux,  Partie  Exp.    3  3  j 
kfipide,   puifqu'il  eft   certain  que  i'azur 
cciefte  n'eft  autre  chofe  que  la  couleur 
de  l'air  ;  qu'à  la  vérité  il  fliut  une  grande 
épaifleur  d'air ,  pour  que  notre  œil  s'aper- 
çoive de  la  couleur  de  cet  élément,  mais 
que  néanmoins  lorfqu  on  regarde  de  loin 
des  objets  fombres,  on  les  voit  toujours 
plus   ou  moins  bleus.   Cette  obfervation 
que  les  Phyficiens  n'a  voient  pas  £îite  fur 
ies  ombres  &  fur  les  objets  fombres  vus 
de  ioin,  n'avoit  pas  échappé  aux  habiles 
Peintres,  &  elle  doit  en  effet  fervir  de 
bafe  à  la  couleur  des  objets  lointains ,  qui 
tous  auront  une  nuance  bleuâtre  d'autant 
plus  fenfible  qu'ils  feront  fuppofés  plus 
éloignés  du  point  de  vue. 
'    On    pourra    me   demander    comment 
cette  couleur  bleue  qui  n'eli  fenfible  à 
notre  œil   que    quand  il   y  a  une  très- 
grande  épaiiïeur  d'air ,  fe  marque  néan- 
moins fi   fortement  à  quelques  pieds  de 
diftance  au  lever  ,&  au  coucher  du  Soleil  î 
comment  il  e(î  polFible  que  cette  couleur 
de  l'air,  qui  eit   à    peine  fen^ble  à  dix 
mille  toifcs  de    diftance,   puifTe  donner 
à  l'ombre  noire  d'un  treillage,  qui  n'eft 
cjoigné  de  la  muraille  blanche   que  de 


3  3^  InîroJuéïion  h  rHifloke 
trois  pieds  ,  une  couleur  du  plus  beau 
bleu  :  c'eft  en  effet  de  la  folution  de  cette 
queftion  que  dépend  l'explication  du 
phénomène.  Il  eft  certain  que  la  petite 
epaiffeur  d'air  qui  n'eft  que  de  trois  pieds 
entre  le  treillage  &  la  muraille ,  ne  ])eut 
pas  donner  à  la  couleur  noire  de  l'ombre 
une  nuance  auffi  forte  de  bleu  ;  fi  cela 
étoit ,  on  verroit  à  midi  &  dans  tous  les 
autres  temps  du  jour,  les  ombres  bleues 
comme  on  les  voit  au  lever  &  au  coucher 
du  Soleil.  Ainfi  cette  apparence  ne  dépend 
pas  uniquement,  ni  même  prefque  point 
du  tout  de  l'épaifTeur  de  l'air  entre  l'objet 
&  lombre.  Mais  il  faut  confidérer  quW 
lever  &  au  coucher  du  Soleil,  la  lumière 
de  cet  aftre  étant  affoiblie  à  la  furface 
de  la  Terre ,  autant  qu'elle  peut  l'être  par 
ia  plus  grande  obliquité  de  cet  aftre,  les 
ombres  lont  moins  denfes,  c'efl-à-dire, 
moins  noires  dans  la  même  proportion , 
&  qu'en  même  temps  ia  Terre  n'étant 
plus  éclairée  que  par  cette  foible  lumière 
du  Soleil  qui  ne  fait  qu'en  rafer  la 
fuperficie ,  la  mafle  de  l'air  qui  eft  plus 
ékvée,  &  qui  par  conféquent  reçoit 
«ncore  ia  lumière  du  Soleil  bien  moins 

obliquement , 


'oes  Adincmns:,  Partie  Exp.   3  :?/ 

©LIrquement ,  nous  renvoie  cette  lumière, 
ôi  nous  éciaire  alors  autant  <Sc  peut-être 
plus  que  le  Soleil.  Or  cet  air  pur  &  bleu 
ne  peut  nous   éclairer   qu'en  nous   ren- 
voyant une  grande  quantité  de  rayons  de 
fa  même  couleur  bleue ,  &   lorfque  ces 
rayons  bleus   que  l'air  réfléchit ,  tombe- 
ront fur  des  objets  privés  de  toute  autre 
couleur  comme  les  ombres ,  ii  \ts>  teindront 
d'une  plus  ou  moins  forte  nuance  de  bleu , 
félon  qu'il  y  aura  moins  de  lumière  dire<n:e 
du  Soleil,   (Se   plus   de  lumière  réfléchie 
de  l'atmofphère.  Je  pourrois  ajouter  pïu- 
fieurs    autres    chofes    qui    viendroient   à 
l'appui  de  celte  explication ,  mais  je  penfe 
que  ce  que  je  viens  de  dire,  e(t  luffifant 
pour  c[ue  les  bons  efprits  l'entendent  & 
en  foient  fatisfaits. 

Je  crois  devoir  citer  ici  queîqii*es  faits 
obfervés  par  M.  l'Abbé  Millot,  ancien 
grand  Vicaire  de  Lyon,  qui  a  eu  la  bonté 
de  me  les  communiquer  par  fes  lettres 
des  18  aoiat  17^4  &  10  février  1755, 
dont  voici  l'extrait,  ce  Ce  n'efl:  pas  feule- 
ment au  lever  &  au  coucher  du  Soleil,  c- 
que  les  ombres  fe  colorent.  A  midi ,  x 
îe  ciel  étant  couvert  de  nuages,  excepte  i-^ 
Tome  VIL  '         P 


338     Introdiiâton  h  VHijloin 

»  en  quelques  endroits,  vis-à-vis  d'une 
?)  de  ces  ouvertures  que  iaiffoient  entr'eux 
:>■>  les  nuages ,  j'ai  fait  tomber  des  ombres 
33  d'un  fort  beau  bleu  fur  du  papier 
53  blanc ,  à  quelques  pas  d'une  fenêtre. 
»  Les  nuages  s'étant  joints,  le  bieu  dif- 
y>  parut.  J'ajouterai  en  pafTant,  que  plus 
33  d'une  fois  j'ai  vu  l'azur  du  ciel  (e 
33  peindre,  comme  dans  un  miroir,  fur 
33  une  muraille  où  la  lumière  lomboit 
33  obliquement.  Mais  voici  d'autres  obfer- 
33  valions  plus  importantes  à  mon  avis  ; 
3D  avant  que  d'en  faire  le  détail ,  je  fuis 
33  obligé  de  tracer  la  topographie  de  ma 
33  chambre:  elle  eft  à  un  troifième  étaoe: 
33  la  fenêtre  près  d'un  angle  au  couchant, 
33  la  porte  prefque  vis-à-vis.  Cette  porte 
33  donne  dans  une  galerie,  au  bout  de 
33  laquelle ,  à  deux  pas  de  diflance ,  eft 
33  une  fenêtre  fituée  au  midi.  Les  jours 
33  des  deux  fenêtres  fe  réuniffent,  la  porte 
33  étant  ouverte  contre  une  des  murailles  ; 
33  &  c'eR-là  que  j'ai  vu  des  ombres 
31  colorées  prefque  à  toute  heure,  mais 
33  principalement  fur  les  dix  heures  du 
33  matin.  Les  rayons  du  Soleil  que  ia 
»  fenêtre    de   ia    galerie    reçoit    encore 


des  Mînéî'ûux ,  Partie  Exp.    339 

obliquement  »  ne  tombent  point  par  celle  ce 
de  ia  chambre ,  fur  la  muraille  dont  je  ce 
vie-ns  de  parler.  Je  place  à  quelques  ce 
pouces  de  cette  muraille  des  chaifes  de  ce 
bois  à  dofîier  percé.  Les  ombres  en  ce 
font  alors  de  couleurs  quelquefois  très-  ce 
vives.  J'en  ai  vu  qui,  quoique  pro-  ce 
jete'es  du  même  côté ,  étoient  l'une  ce 
d'un  vert  foncé ,  l'autre  d'un  bel  azur,  ce 
Quand  la  lumière  efl:  tellement  ménagée,  c< 
que  les  ombres  foient  également  l'en-  ce 
fibles  de  part  &  d'autre ,  celle  qui  efl  ce 
oppofée  à  la  fenêtre  de  la  chambre  eft  ce 
ou  bleue  ou  violette  ;  l'autre  tantôt  ce 
verte ,  tantôt  jaunâtre.  Celle  -  ci  efl  ce 
accompagnée  d'une  efpèce  de  pé-  ce 
nombre  bien  colorée,  qui  forme  comme  ce 
une  double  bordure  bleue  d'un  côté,  ce 
&:  de  l'autre  vene  ou  rouge  ou  jaune,  ce 
fclon  l'intenfité  de  la  lumière.  Que  je  ce 
ferme  les  volets  de  ma  fenêtre,  les  ce 
couleurs  de  cette  pénombre  n'en  ont  ce 
fou  vent  que  plus  d'éclat;  elles  difpa-  ce 
roifTent  fi  je  ferme  la  porte  à  moitié,  ce 
Je  dois  ajouter  que  le  phénomène  n'efl  ec 
pas  à  beaucoup  près  fi  fenfible  en  hiver,  ec 
Ma  fenêtre  eil  au  couchant  d'été ,  je  « 

Pi; 


3  4^    Inîroduâion  a  VHïfloire ,  érc. 

■>j  fis  mes  premières  expériences  dans  cette 
33  faifon ,  dans  un  temps  où  les  rayons  du 
D>  Soleil  tornboient  obliquement  fur  la 
D>  muraille  qui  fait  angle  avec  celle  où 
Jes  ombres  fe  coloroient.  ^3 

On  voit  par  ces  obfervations  de 
M.  i'Abbé  Millot,  qu'il  fuffit  que  la 
ïumière  du  Soleil  tombe  très-obliquement 
fur  une  furface ,  pour  que  l'azur  du  ciel, 
dont  la  lumière  tombe  toujours  direcfte- 
inent,  s'y  peigne  &  colore  les  ombres. 
Mais  les  autres  apparences  dont  il  fait 
înention,  ne  dépendent  que  de  la 
pofition  des  lieux  &  d'autres  circonftances 
ftcceflbires. 

Fin  du  Tome  feptième, 


TA  BLE 

Des  Matières  contenues  dans  les 
deux  Volumes. 

A 

Absolu.  Il  n'y  a  rien  d'abfoîu  dans  la  Nature; 
rien  de  parfait,  rien  d  ablolument  grand  ,  rien 
d'abfolumen-t  petit,  rien  d'entièrement  nul,  rien 
de  vraiment  infini ,    Vol,   V  I ,  j>affe  z  i . 

Acides  (  les  )  viennent  en  grande  partie  de  fa 
(iccompcfition  àts  fubffances  minérales  ou  végé- 
tales, preuve  de  cette  aller  ti  on.  Vol,  VI,  6 S.  Ils  ne 
doivent  leur  liquidité  qu'à  la  quantité  d'air  &  de 
feu  qu'ils  contiennent,  Ihid,  1 57.  Contiennent 
toujours  une  certaine  quantité  d'alkali.  Ibid.  159. 

Acides  &  Alkalis.  Il  y  a  plus  de  terre  &:  moins 
d'eau  dans  les  alkalis,  &  plus  d'eau  &.  moins  de 
terre  dans  les  acides.    Vol.  VI,   157. 

Acides  nineux  (les)  contiennent  une  grande 
quantité  d'air  &  de  feu  fixes.  Vol,  VI,   ùS, 

Affinités.  Le  degré  d'affinité  de  l'air  avec 
j'eau ,  dépend  en  grande  partie  de  celui  de  fli 
température ,  ce  degré  dans  {q\\  état  de  liquidité 
efl:  à  peu-près  le  même  que  celui  de  la  chaleur 
générale  à  la  furface  de  la  terre.  Vol.  VI,  138  ^ 
13 p.  Les  degrés  d'afnniié  dépendent  abiblumenî 


ij  Table 

de  îa   figure   des    parties  intégrantes  d^s  corps, 
Veh  VI,  i6q  ér  i6u 

Affinités  chimiques  (  les  )  n'ont  point  d'autres 
principes  que  celui  de  i'attradion  univerfeîle 
commune  à  toute  la  matière.  —  Cette  grande 
loi  toujours  conftante,  toujours  la  même,  ne 
paroit  varier  que  par  fon  exprcfTion  qui  ne  peut 
être  la  même  àks  que  la  figure  des  corps  entre 
comme  éiément  dans  leur  diftance.  Vol,  V I  ^ 
loy   if  julv, 

A I  K  (  1'  )  ell  le  premier  aliment  du  feu ,  aliment 
nécefîàire,  fans  lequel  le  feu   ne   peut   fubfiiier, 

.  ■ —  Un  petit  point  de  feu ,  tel  que  celui  d'une 
bougie  aiiumée,  ablorbe  une  grande  quantité  d'air, 
&  la  bougie  s'éteint  au  moment  que  la  quantité  ou 
la  qualité  de  cet  aliment  lui  manque.  Vol  VI ,  52, 
L'air  efi  le  plus  fluide  de  toutes  les  maticrescorKiues, 
à  l'exception  du  feu  qui  eft  la  caui^e  de  toute 
fluidité,  &  qu'on  doit  regarder  comme  plus  fluide 
que  l'air.  —  Indudions  tirées  de  la  grande  fluidité 
de  l'air.  îbid,  53  &  Juiv.  L'air  efl  de  toutes  les 
matières  connues,  celle  que  la  chaleur  met  le 
plus  aifément  en  mouvement  expanfif  —  Il  efl 
tout  près  de  fa  nature  du  feu.  —  Pourquoi  il 
augmente  fi  fort  l'aélivité  du  feu,  &  pourquoi  il 
efl;  nécefîàire  à  fa  fubfifîance.  IJjid.  55.  Manière 
dont  le  feu  détruit  le  refîbrt  de  l'air.  —  Expli- 
cation de  la  façon  dont  l'air  élaliique  devient 
fixe.  —  L'air  étant  raréfié  par  la  chaleur ,  peut 
occuper  un  efpace  treize  fois  plus  grand  que  celui 
de  fon  volume  ordinaiie.  îhid,  62.  L'air  paroit 
être  de  toutes  les  matières,  celle  qui  peut  exiflcr 
Je  plus ,  indépendamment  du  feu.  —  Il  lui  faut 

•  infiniment  moins  de  chaleur  qu'à   toute  autre 


DES    Ma  t I  è  b es.       tij 

matière  pour  entretenir  fa  fluidité.  —  Les  plus 
grands  froids  «Se  les  plus  fortes  condenfations ,  ne 
peuvent  détruire  fon   reflort ,  la  chaleur  feule  en 
ie  raréfiant  eft  capable   de   cet   effet.    Vol.^  V  1 , 
I  I  o  «y  I  I  1 .  Dans  quelles  circonrtances  Tair  peut 
reprendre  fon  élafticité.  —  Comment  il  la  perd 
&  la  recouvre.  —  Comment  il  devient  une  fubf- 
tance  fixe ,   &  s'incorpore  avec  les  autres  corps. 
Jbid.   III.  Manière  dont  il  contribue  à  la  chaleur 
animale.  Ibid.    i  \  7.  Explication   de   la    manière 
dont  l'air  que  les'  animaux  refpirent ,  contribue 
à  l'entretien  de  la  chaleur  animale.  —  Comment 
il  paffe  dans  le  fang  des  animaux.  Ibld,   iii   ^ 
fuiu.  Il  fait  partie  très-fenfible   de  la  nourriture 
dts  végétaux  &  fe  fixe  dans  leur  intérieur.  h>/d. 
127.  L'air  contenu   dans   l'eau  eft  dans  un  état 
moyen  entre  la  fixité  &  l'élafiicité.  Uid.  i  36.  H 
fe  fépare  plus  aifément  de  l'eau  que  de  toute  autre 
matière.   Ibïd,   138.    Explication  de    la   mamere 
dont  le  froid  &  le  chaud  dégagent  également  1  air 
contenu  dans  l'eau.   Ibid.  Il  y  a  beaucoup  moins 
d'air  dans  i'eau  ,  que  d'eau  dans  l'air.  —  H  s'imbibe 
très-aifément  de   i'eau ,  &  paroît  auffi  la  rendre 
aifément.  Jbid.  i^i   à^  i^^- 
Air    F I X  E.  Sa  différence  avec  l'air  difTéminé  dans 
les  corps.  Vol.  VI,    6z    f  fuiv.  Il  faut  une  affez 
loncrue   réfidence  de  l'air  devenu   fixe   dans   les 
fubfcpnces  terreflres  pour  qu'il  s'établifiTe  à  demeure 
fous   cette    nouveiie    forme.    Mais    il    n'eft    pas 
néceflaire  que  le  feu  foit  violent  pour  faire  perdre 
à  l'air  fon  élafliclté  ;   le  plus  petit  feu  &   même 
une  chaleur  très-médiocre  fuffit,   pourvu  quelle 
foit  appliquée  longtemps  fur  une  petiic  quantité 
d'air.    /^/^.     113.    L'air   fixe    exiiie    en    grande 
quantité  dans  toutes  les  fubftances   animales  ou 

P  iîîj 


/V  Table 

végctaîes,  &  dans  un  grand  nombre  de  matières 
brutes.   Voh  Vî,    128. 

A  L  K  A  L I  (1'  \  efl  produit  par  le  feu  ;  expérience 
qui  ie  démontre.  Val,  VI,  r^S.  Le  feu  efl  ie 
principe  de  ia  formation  de  Taikaii  minéral  &  les 
autres  alkaiis  doivent  également  leur  formation  à 
ia  chaleur  confiante  de  l'animal  &  du  végétai 
dont  on  les  tire.   IbitL   159. 

Animaux.  La  chaleur  dans  les  différens  genres 
d 'animr?ux  n'eft  pas  égale  ,  les  oiieaux  font  les 
plus  chauds  de  tous,  les  quadrupèdes  enfuite, 
j'homme  après  les  quadrupèdes  ,  les  cétacées  après 
i'homme,  les  reptiles  beaucoup  après,  <&  enfia 
les  poiiïbns,  les  infedes  &  les  coquillages  font  de 
tous  les  animaux  ceux  qui  ont  le  moins  de 
chaleur.  Vol,  VI,  i  i  j|..  l^its  animaux  qui  ont 
des  poumons  &  qui  par  coniO|uent  relpirent 
l'air ,  ont  toujours  plus  de  chaleur  que  ceux  qui 
en  font  privés;  &  plus  la  liirlace  des  poumons 
efi  étendue ,  plus  aulTi  leur  fang  devient  chaud. 
—  Les  oifeaux  ont,  relativehient  au  volume  de 
leur  corps,  les  poumons  confidérablement  plus 
étendus  que  l'homme  ou  les  quadrupèdej ,  &  c'ell 
"par  cette  raiibn  qu'ils  ont  plus  de  chaleur  ;  ceux 
qui  les  ont  moins  étendus  ont  auilî  beaucoup 
moins  de  chaleur,  &  elle  dépend  en  général  de 
\à  force  &  de  l'étendue  des  poumons.  Ibid.  i  17 
^  Juh;  —  Les  animaux  fixent  &  transforment 
l'air ,  l'eau  &  le  feu  en  plus  grande  quantité 
que  les  végétaux.  —  Les  fou(n:ions  à^s  corps 
organilés,  font  l'un  àts  plus  puMlIàns  moyens 
que  la  Nature  emploie  pour  la  converfion  des 
élémens.   Ihid,    153. 

Animaux  à  co^uilkst  X^es  animaux  à  coquilles 


DES   Ma  t  I  è  r  e  s,         V 

ou  à  tranfudsitloii  pierreufe ,  font  plus  nombreux 
dans  la  mer  que  les  inl'edes  ne  le  font  fur  ia 
terre.    Vol.   VI,     i^y. 

Antimoine.  Différence  de  fufibilité  entre  fe 
régule  d'antimoine  ou  antimoine  natif,  6c  l'anti- 
moine qui  a  déjà  été  fondu.  Vo/.    VI,    414,. 

Arbres.  La  chaleur  de  l'atmofphcre  en  été  eft 
plus  grande  que  la  chaleur  propre  de  l'arbre,  mais 
en  hiver  cette  chaleur  propre  de  l'arbre  ciï  plus 
grande  que  celle  de  l'atmofphère.  Vol.  VI ,  115 
^116.  Caufes  de  la  chaleur  intérieure  des  arbres 
&   des  autres  végétaux.  3ic/,   i  1 6, 

B 

15  A  LANCE  hydrojlatique.  On  ne  peut  rien  conclure 
de  pofîtit  dçs  expériences  faites  à  la  balance  hy- 
droHatique  fur  des  volumes  trop  petits.  Vol.  VII, 

IBoULETS  de  Canon,  C'efl  une  très  -  mauvaifc 
pratique  que  de  faire  chauffer  à  blanc  &  plufleurs 
fois  les  boulets  de  canon  pour  en  diminuer  le 
volume  ;  ils  deviennent  par  cette  opération  réi- 
térée très-légers  &  caflans.    Vol,    VII,   60. 

Sure.  C'efl  ainfi  qu'on  appelle  la  partie  fupérieure 
du  fourneau  à  fondre  les  mines  de  fer  ,  qui 
s'élève  au-delTus  de  fon  terre-plein.  Vol.  VII,  i  02. 

C 

V>-«  A  L  C  A I R  E.  Les  matières  calcaires  fe  réduîroient 
en  verre  comme  toutes  les  autres  matières  ter- 
reftres  par  l'augmentation  du  feu,  foit  dfis  îom- 
neaux,  foit  des  miroirs  aidens,   Voh  Vî,  89. 

P    V 


v/  Table 

C  A  L  C  I  N  AT  I  o  N.  Par  la  fîmple  calcinarfon  l'on 
augmente  le  poids  du  pli.mb  de  près  d'un  quart, 
êi  l'on  diminue  celui  du  marbre  de  près  de  moitié; 
il  y  a  donc  un  quart  de  matière  inconnue  que 
le  feu  donne  au  premier,  &  une  moitié  d'autre 
matière  également  inconnue  qu'il  enlève  au 
fécond  ;  &.  lorl'qu'après  cette  caicination  l'on  tra- 
vaille fur  ces  matières  calcinées ,  il  efl:  évident 
que  ce  n'eft  plus  fur  le  plomb  ou  fur  le  marbre 
que  l'on  travaille ,  mais  fur  àes  matières  déna- 
turées ou  compofées  par  l'adion  du  feu.  Vo/.  V  I , 
78,  La  caicination  efl  pour  les  corps  fixes  & 
incombuftibles ,  ce  qu'efl  la  combuition  pour  les 
matières  volaiiles  &  inflammables.  —  EHe  a  befoin, 
comme  la  combiiftion ,  du  fecours  de  l'air. 
—  Comparaifon  de  la  caicination  &  de  la  com- 
buftion.  JùiW.  98  iT'  Juip.  Toute  caicination  eft 
toujours  accompagnée  d'un  peu  de  combufiion , 
&i  de  même  toute  combuflion  efl  toujours 
accompagnée  d'un  peu  de  caicination.  Ibid.  100. 
Explication  de  la  manière  dont  certaines  matières 
augmentent  de  peianteur  par  l'effet  de  la  caici- 
nation. ILid,  102.  Caicination  produite  par  la 
chaleur  obfcure  dans  la  pierre  calcaire  jufqu'à 
2.  pieds  &  2  pieds  4  ^e  profondeur.  Vol,  \'  \\  , 
vzz.  La  calcinatioft  efl  plus  grande  par  la  chaleur 
obfcure  &  concentrée  que  par  le  feu  libre  & 
lumineux.  —  Moyen  de  faire  à  peu  de  frais  la 
caicination  du  plâtre  &  des  pierres. //'/i/.  224. 

Calcul.  On  peut  tout  repréfenter  avec  le  calcul, 
mais  on  ne  réalife  rien.    Vol.   V  I,  i  9  i. 

Canons  de  fufl.  La  foudure  efll'op^ration  la  plus 
importante  dans  la  fabrication  des  canons  de  fufil, 
&i  ctilc  tjui  c(l  en  mênrit  temps  la  plus  difficile. 


DÉS   Matières.       vij 

^^  Précautions  qu'ii  faudroit  prendre  pour  îa  faire 
réuiïir.  Vo/.  VU,   92. 

Chaleur  (la)  paroît  tenir  encore  de  plus  près 
que  la  lumière  ;i  l'efTence  du  feu ,  &  on  doit 
regarder  Ja  chaleur  comme  une  chofc  différente 
delà  lumière  &  du  feu.  Vo/.  VI,  26.  Eile  exific 
auffi  très-fouvent  fans  lumière.  Jô/cl.  26,  On  a 
fait  moins  de  découvertes  fur  la.  nature  de  îa 
chaleur  que  fur  celle  de  la  lumière.  IlfiJ.  28. 
Siège  de  fa  chaleur  différent  de  celui  de  la 
lumière.  lijiJ,  29.  Le  globe  de  la  Terre  &  ea 
général  toutes  les  matières  fluides  &  folides  dont 
il  eft  compofé  ou  environné,  ont  toutes  une 
chaleur  propre  très -grande  &  plus  grande  que  la 
chaleur  qui  nous  vient  du  Soleil.  fùIJ,  Toute  fa 
matière  connue  eil  chaude,  &  dès-lors  la  chaleur 
efl  une  afTedion  bien  plus  générale  que  celle  de 
la  lumière.  IhW.  Loi  molécules  de  la  chaleur  font 
bien  plus  grolfes  que  celles  de  la  lumière,  /h'i/.  ^  o. 
Son  mouvement  progreffif  efl  bien  plus  lent  que 
celui  de  la  lumière.  —  Le  principe  de  la  chaleur 
e(l  i'dttrition  des  corps.  JèU.  Sa  production  ôc 
celle  de  la  lumière  ;  leur  différence.  /iW.  3  i , 
Elle  diminue  dans  fa  propagation  beaucoup  plus 
que  îa  lumière.  lèiJ.  39.  L'on  doit  reconnoitre 
deux  fortes  de  chaleurs  ;  l'une  lumineufe,  dont  le 
Soleil  efl;  le  foyer  immenfe ,  &  l'autre  oblcuie , 
dont  le  grand  réfèrvoir  efl  le  globe  terreflre. 
fùU.  4.^.  La  cha'eur  qui  émane  du  globe  de  îa 
Terre  ert  bien  plus  confidérabie  que  celle  qui 
nous  vient  du  Soleil.  —  Elle  efl  dans  le  climat 
de  Paris  vingt-neuf  fois  plus  grande  en  été,  ÔL 
quatre  cents  quatre- vinçrt- dix  fois  plus  grande  en 
hiver  que  celle  qui  nous  vient  de  cet  aflre,  & 
cette  eftimation  efl  encore  trop  foible,  Ibid,^< 

P  vj 


vrIJ  Ta  b  l  e 

&  ^6.  Effets  de  la  chaleur  du  globe  terrertrc 
fur  les  malicrej  minérales.  Vo!,V\,  50.  La  thaleur 
intérieure  du  g'obe  a  été  originairement  bien  plus 
grande  qu'elle  ne  l'efl  aujourd'hui;  on  doit  lui 
rapporter ,  comme  à  la  caufe  première  toutes 
ies  Tublimations ,  précipitations  ,  agrégations  , 
réparations ,  en  un  mot,  tous  les  mouvemens 
qui  fe  Ibnt  faits  &  fe  font  chaque  jour  dans 
î'intérieur  du  globe.  Vol.  VI,  50.  La  chaleur 
feule  &;  dénuée  de  toute  apparence  de  lumière 
&;  de  feu  peut  produire  les  mêmes  effets  que  le 
feu  le  plus  violent.  IbiJ.  5  i .  Elle  chaffe  des  corps 
toutes  les  parties  humides ,  elle  dilate  les  corps 
en- les  (échant  &  en  augmente  la  dureté;  exemple 
de  cette  dureté  acquife  par  la  chaleur  dans  les 
pierres  calcaires.  —  Elle  augmente  la  pefanteur 
îpccifique  de  plufieurs  matières,  &  fe  fixe  dans 
leur  intérieur  lorfqu'eile  leur  efl  long  -  temps 
appliquée,  lûid,  96.  Les  degrés  de  chaleur  ibnt 
ditiérens  dans  les  diiîérens  genres  d'animaux. 
Ibid,  114.  La  chaleur  propi-e  du  gîobe  terrellre 
entre  comme  élément  dans  la  combinaifon  de 
tous  les  autres  élémens.  Ibid,  \'i,i.  ProgrefTîon 
de  la  chaleur ,  tant  pour  l'entrée  que  pour  la 
ibrtie  dans  àts  boulets  de  fer  de  différens  dia- 
mètres ,  déterminée  par  àes  expériences  précifes. 
Uid,  204  ir  juiv.  La  durée  de  la  chaleur  dans 
{^z  globes ,  n'ed  rigoureufement  proportionnelle 
à  leur  diamètre  ,  que  dans  la  fuppofition  mathé- 
îFnatique  que  ces  globes  foient  compofés  d'une 
matière  parfaitement  perméable  à  la  chaleur  ; 
en  forte  que  la  lortie  de  la  chaleur  î\.\X.  ablo- 
iument  libre,  &  que  les  particules  ignées  ne 
îrcuvailcnt  aucun  oLdacIe  qui  pût  les  arrêter  ni 
«changer  le  coui"S  de  leur  dires^i\>ii.  —  Mais  les 


DES    M  AT  I  é  RES. 


1 


obftacies   qui  réfdtent    de  la   perméabilité   non 
abroiue,  imparfaite  &   inégaie   de   toute  matière 
foiide .  au  lieu  de  diminuer  le  temps  de  la  durée 
de  la  chaleur,  doivent  au  contraire  1  augmenter. 
Vol.  Vi,  2  1  6  «!r  2  17.  La  durée  de  la  chaleur  dans 
diîférentes  matières  expofées  au  même  feu  pendant 
wn   temps     égal,    ell    toujours    dans   la    même 
proponion ,    loit   que   le   degré  de   chaleur  foit 
plus   urand   ou  plus  petit;   exemples.  ^/^/^.  2  3»: 
Ce  n^eft  pas  proportionnellement  à   leur  denlite 
que     les    corps    reçoivent     &   perdent   plus  oU 
moins    vîte   la   chaleur,    mais    dans  un    rapport 
bien  différent  &    qui   eft  en  raifon    mverie    de 
leur  folidité  ,  c'ell-à-dire,  de  leur  plus  ou  moins 
grande    non  -  fufibilité  :    démondration    de  cette 
vérité  par  l'expérience.    Und.    239    IT  Juw.^  La 
denfité  neft  pas  relative  à  l'échelle  du  progrès  de 
la    chaleur    dans  les    corps  folides,   m   dans    les 
fluide5.  Ibid.  242.  Ordre  dans  lequel  les  matières 
minérales    reçoivent    &    perdent    la    cha.eur    a 
commencer  par  le  fer,  qui  de  toutes  les  matières 
cfl    celle  à  laquelle    il    faut    le    plus    de  temps 
pour  s'échauffer  &  fe  refroidir. 


Fer. 

Émeriî. 

Cuivre. 

Or. 

Arg,ent. 

Zinc. 

Marbre  blanc. 

Marbre  commun. 

Pierre  calcaire  dure. 

Grès. 

Verre» 


Plomb. 

Étain. 

Pierre  calcaire  tendre» 

Glaife. 

Bifmuth. 

Porcelaine. 

Antimoine. 

Ocre. 

Craie. 

Gyps. 

Bois, 


*•  Table 

Vol  VI,  3  93  &Juivantes.  Le  progrès  de  fa  cfiaîeu^ 
dans  les  métaux,  demi  -  métaux  &  minéraux 
métalliques ,  eft  en  même  railon ,  ou  du  mo\n% 
en  raifon  très-voifîne  de  celle  de  leur  fufibiliié. 
y  /•  v^  ^'  ^^  P'^'S^'ès  de  fa  cliaîeur  dans  toutes 
les^  lubltances  mniérales  eft  toujours  à  très  -  peu 
près  en  raifon  de  leur  plus  ou  moins  grande 
facilite  a  fe  calciner  ou  à  fe  fondre,  mais  quand 
le^  calcmation  ou  leur  fufion  font  écralement 
difficiles,  &  qu'elles  exigent  un  degré  d? chaleur 
extrême,  alors  Je  progrès  de  fa  chaleur  fe  fait 
luivant  1  ordre  de  leur  denfité.  Und,  421. 
JLorfque  fa  chaleur  efi  appliquée  long -temps, 
elle  (e  fixe  dans  \çs  pierres  &  autres  matières 
V^  /  x^TT  ^"  augmente  la  pefanteur  fpécifique. 
Vol.  VU,  ,28.  Effimation  de  fa  quantité  de 
chaleur  qui  fe  fixe  dans  les  pierres  calcaires. 
Ibid.    131  ir  132. 

Chaleur  animale  (la)  efi  une  efpèce  de  feu  qui 
ne  diffère  du  feu  commun  que  du  moins  au  plus. 
— ■  Raifon  pourquoi  ce  feu  ou  cette  chafeur 
animale  font  fins  flamme  &  fans  fbmée  appa- 
rente. Vol.  VJ,    122    & Juiv. 

Chaleur  concentrée.  La  plus  violente  chafeur, 
&  fa  plus  concentrée  pendant  un  très-lono-  temps 
ne  peut  fans  fe  fecours  &Je  renouvellement  de 
lair,  tondre  fa  mine  de  fer  ni  même  le  fable 
vitrefcibfe,  tandis  qu'une  chaleur  de  même  efpèce 
&  beaucoup  moindre  peut  calciner  toutes^  les 
matières  calcaires.  Vol.  \\\,  ,  .7.  La  chafeur  la  plus 
v.ofente  des  qu'elfe  n'eft  pas  nourrie,  produit 
moins  d  effet  que  fa  plus  petite  chaleur  qui  trouve 
de  1  aliment.  Ibid.  ,20.  Chaleur  morte  &  feu 
vivant,  leur  difîérence.  Ibïd. 


DES   Ma  t I è r es.       xj 

Chaleur  o!>/rure,  c'ert  à-dire,  chaleur  privée  de 
lumière,  de  fiaiTime  6c  de  feu  libre;  les  effets. 
Vo/.VW,  98  ùr  fulu.  Petite  quantité  d'aiimens 
qu'elle  confume,  en  comparaifon  de  la  très-grande 
ouantité  d'alimens  que  conCume  le  feu  libre. 
-L  Comparaifon  des  cfièts  de  la  chaleur  obfcure 
avec  les  effets  du  ftu  lumineux.  UU.  «09  èr  Juiv. 
En  augmentant  la  maiïe  de  la  chaleur  obfcure , 
on  peut  produire  de  la  lumière,  de  la  même 
manière  qu'en  augmentant  la  maffe  de  la  lumière 
on  produit  de  la  chaleur.  /W.   121   if  \ii* 

Charbon.  Il  ne  fe  dégage  que  peu  ou  pomt 
d'air  du  charbon  dans  fa  combuft.on  ,  q^oiqu  il 
s'en  déaaae  plus  d'un  ti.rs  du  poids  total  du  boi5 
de  chêne' bien  féché.  Vol.  VII,  .08.  Expé- 
rience fur  la  dln-inution  de  Ion  volume  &  de 
fa  maffe  dans  un  grand  fourneau  clos ,  ou  1  afir 
n'a  point  d'accès.  Ihid.    115. 

Chauffer  &  refroidir.  H  faut  environ  la  fixièmc 
partie  &  demie  du  temps  pour  chauffer  à  blanc 
les  «lobes  de  fer,  de  ce  qu'il  en  faut  pour  les 
refrSdir  au  point  de  pouvoir  les  tenir  dans  fa 
main ,  &  environ  la  quinzième  partie  &  demie 
du  temps  qu'ii  faut  pour  les  refroidir  au  point 
de  la  température  acluelie.   Vol.  VI,   2^5. 

Chaux  (la)  faite  avec  des  coquilles,  eft  plus 
foible  que  la  chaux  faite  avec  du  marbre  ou 
de  la  pierre  dure.  —  Explication  des  differens 
phénomènes  que  préfene    la    caicinîitiop    de    fa 

chaux.  Vol.  VI,  .4.9  «!^  150-  La  ^^^^^  f"^ 
a  fubi  une  longue  caîcination,  con  lent  une  plus 
grande  partie  d'allcaii.  îbid.  15^-  Moyen  fiicie 
de  faire  <le  îa  chaux  à  moindres  frais.  Vol.  VU, 
jij.  Différence  de  la  chaux  faite  à  un  feu  lent, 


x}J  Table 

ou  fimplement  avec  la  chaleur  obrcitre,  &;  cïe  la 
chaux  fiiitç  à  la  manière  ordinaire.  Vol,  VII,  125. 

Chimie.  Défauts  de  fa  théorie.  Vol.  VI,  jj, 
D'oi!i  provient  l'obfcurité  de  cette  fcience.  Ibid, 
105    &  fuiv. 

Combustibles.  Les  matières  combuftibfes  ne 
fe  coniument  pas  dans  des  vaifîeaux  bien  clos , 
quoiqu'expoiées  à  i'adion  du  pi  us  grand  feu. 
Vol.  W  \,  53.  On  peut  mefurer  fa  célérité  ou 
îa  lenteur  avec  laquelle  le  feu  confume  les  matières 
combuflibles ,  par  la  quantité  plus  ou  moins 
grande  de  l'air  qu'on  lui  fournit,  Ibid.  56. 
Matières  combuflibles  qui  paroiffent  n'avoir  pas 
befoin  d'air  pour  fe  confumer.  Ihid.  5  8.  Expli- 
cation de  la  manière  dont  fe  fait  fa  combuflion 
de  ces  matières.  Ilnd.  Différences  dts  matières 
combuflibles  &:  non  coinbuflibles.  Ibid,  Rapport 
des  matières  combuflibles  avec  le  feu.  Ibid.  60 
if  fuiv.  Différence  effentielle  entre  les  matières 
volatiles  &  les  matières  fixes ,  &  entre  les 
fubflances  plus  ou  moins  combuflibles.  Ibid.  6  i . 
Toutes  les  matières  combuflibles  viennent  oriofi- 
nairement  des  animaux  ou  des  végétaux  ;  preuve 
de  cette  affertion.  Ibid.   64.  &  fuiy. 

Combustion.  Explication  de  la  manière  dont 
s'opère  la  combuflion.  Vol.  VI,  5  6  «b^  fuii^» 
Ce  qu'elle  fùppofe  de  plus  que  la  volatiiifation, 
Ibid.  5  8.  Ses  effets  comparés  à  ceux  de  la  calci- 
nation.  Ilnd.  99.  La  combufîion  &  la  calcination 
font  àcs  efiets  du  même  ordre,  Ibid, 

Comètes.  Corredion  à  faire  à  l'eflime  que 
I^ewton  a  faite  de  la  chaleur  que  le  Soleil  a 
communiquée  à.  la  comète  de  1680,  V^l»  VJ^ 


DES  Matières,     ^h; 

i2S.  Cette  comète   n'a  pu  recevoir  le  degré  de 
chaleur  afTigné  par   Newton,  il  auroit  fallu  pour 
ce'a  qu'elle  eût  féjourné  pendant  "»} /^^^.^  "  *°^S 
temps  dans  le  point  de  fon  périhélie.  Vo.  \  I,  z  2  ». 
Explication  de  l'origine  de  ce    que    ion  appelé 
ïes  queues   des  comètes.  UU.   234-  ^-'O^^^"^.^  ^^' 
comètes-'approchent  du  Soleil,  elles  ne  reçoivent 
pas    une   chaleur   immenfe,  ni  très  -  long  temps 
durable;  leur  féjour  efl  û  court  dans  le  yoifmage 
de   cet  aftre  ,    que  leur  maffe  n'a  pas  le  temps 
de  s'échauffer,  il  n'y  a  guère  que  la  partie  de  !a 
furface  expolée  au  Soleil  qui  foit  brulee  par  cet 
initant  de  grande  chaleur.  Uid.  233  (^  2}^- 
Congélation    (  la  )    paroît  préfenter  d'une 
manière  inverfe  les  mêmes  phénomènes  que  Im- 
fîammation.  Vo/,  V  l ,    145- 
COQUILLAGES,    (les)    ont  produit  toute  la 
manière  calcaire  qui  exifle  fur  le  globe  terrellre. 
Vo/.  VI,   14-6   ^   H7' 
Coquilles.  AccroifTement   &   multiplication 

des  coquilles.  Vol.  VI,  1 47. 
Corps.  Un  corps  dur  &  abfolument  inflexible, 
feroit  néceflâirement  immobile,  c'eft-a-dire, 
incapable^  de  recevoir  ou  de  communiquer  le 
mouvement.  K./.  VI  ,  a.  Les  corps  s  échauffent 
ou  fe  refroidiffent  d'autant  plus  vite  quils  font 
plus  fluides  &  d'autant  plus  lentement  quils  lont 
plus  folides.  //^/V.  24.1. 
Couches  Je  la  terre.  Les  couches  voifines  de 
la  furfoce  du  globe  font  les  feules  qui  etan£ 
expofées  à  i'aétion  des  caufes  extérieures,  ont 
fubi  toutes  les  modifications  que  ces  caufes  reunies 
à  celle  de  la  chaleur  iiuérieurç  auront  pu  produire 


^h  Table 

par  leur  adlon  combinée,  c'efl-à-Jîre ,  tù'CXtî,  îél 
formes  àts  iiibnances  minérales.  Vol  VI ,  51. 

Couleurs   en  général  Moyens  de  les  produire. 
Vol  y  1 1,  309.  Chaque  codeur  différente  a  un 

degré  différent  de  réfrangibilité Pourquoi  les   : 

dénominations  de  toutes  les  couleur?  doivent  être 
réduites  àfept,  ni  pius  ni  moins,  7/;/^.  3  i  o  &Juiv,  Le 
rapport  entre  ies  fept  efpaces  qui  contiennent  les 
couleurs  primitives  &  les  fept  intervalles  é^ts  fèpt 
tons  de  la  Mufique,  n'efl  qu'une  proportion  de 
iiafard  dont  on  ne  doit  tirer  aucune  conféquence. 
Ibid.  313.  Elles  font  produites  parla  réflexion 
de  la  lumière,  aufTi-Iiien  que  par  la  réfradioii, 
ibid.   3  I  5    «!r  fuiv, 

C  o  U  L  E  U  ji  s ,  (  les  )  odeurs ,  faveurs,  proviennent 
toutes  de  l'élément  du  feu;  preuves  de  cette 
affertîon.   Vol   M  \ ,    157  t!r  158. 

Couleurs  acddentelks.  Découverte  àc^  couleurs 
accidentelles.  K^/.  Vil ,  3  19  ,^  fuiv.  Rapports 
&  différence  des  couleurs  nanirelles  &  acciden- 
telles. Ibid.  3  j  9  irjuiv.  Moyen  de  \ts  produire,  t<. 
expofition  àts  phénomènes  qu  e  les  préiéntent.  Ibid, 
Expériences  fur  les  couleurs  accidentelles  faites 
fur  à^s  couleurs  naturelles  mattes ,  &  fur  ^^% 
couleurs  naturelles  brillantes.  Ibïd.  323  «^  32^. 
Les  taches  que  l'œil  porte  fur  tou/  ies  objets 
après  avoir  regardé  le  Soleil ,  font  des  phénomènes 
du  même  genre  que  ceux  àts  couleurs  acci- 
dentelles. —  Il  en  eft  de  même  àts  flammes  & 
des  points  noirs  que  l'on  voit-  lorfque  l'oraane 
de  1  œil  cft  trop  fatigué.  Ibid.  3  2^  &  fuir,  AStres 
expériences  (ur  les  couleurs  accidentelles.  Ibid, 
325    ir  Juiv, 


f>Es   Mat  1  E RES.       ^v 

C  R  I  s  T A  L  L I  s  AT  I O  N.  Explication  géncraîe  ét$ 

'  phénomènes  ëe  la  criaaliifation.  Vol.  VI,  166 
^  Juh:  Elle  peut  fe  faire  par  1  intermède  du 
feu  auffi-bien  que  par  celui  de  l'eau  &  quelque- 
fois par  le  cencours  des  deux.  Ibid, 

Cuivre  (ie)  s'échauffe  &  fe  refroidit  en  moins 
de  temps  que  ie  fer  &  plus  lentement  que  ic 
plomb.   Vol.    VI,   ^^y» 

Cuve.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  l'endroit  de  la 
plus  arande  capacité  àts  grands  fourneaux  ou  1  on 
fend  les  mines  de  fer;  cet  endroit  fe  trouve 
ordinairement  à  un  quart  ou  à  un  tiers  de  la 
hauteur  du  fojirnetiu  prife  depuis  le  bas,  c  elt-a-dire, 
à  deux  tiers  ou  trois  quarts  depuis  le  dellus  du 
fourneau.    Vol    VII,   99. 

D 

Déchet  (le)  du  fer  en  gueufe  efl  ordinairement 
d'un  tiers,  &  fouvent  de  plus  d'un  tiers  fi  1  on 
veut  obtenir  du  fer  d'excellente  qualité,  &  le  déchet 
du  fer  fait  avec  des  vieilles  ferrailles  neft  pas  de 
moitié  ,  c'eft-à-dire .  d'un  fixième.  Vol.  V  1 1 ,  7». 
PÉCOMPOSITION  du  fer.  Deux  manières  diffé- 
rentes dont  s'opère  la  décompofition  du  ter, 
leur  ccmparaifon.  Kc/.  V  II,  94  ^  95• 
p  E  N  s  l  T  É.  Explication  &  développement  de 
indée  qu'on  doit  fe  former  des  caules  de  la 
Anhxé  Vol.V\,  408.  Matière  àenk  :  on  peut 
j èmon-trer  que  la  fnatière  la  plus  dénie  contient 
encore  plus  de  vuide  que  de  p'.ein.  Ibid.  4.09. 
Développement.  Explication  du  dévelo^ 
pement  &  de  la  nutrition  des  animaux  &  d«S 
végétaux.  V^ol,  VI,   ijî  ^  »5  3» 


^vj  Table 

Diamant.  Cefî  maU-propos  qu'on  a  àonnê 
le  diamant  pour  la  terre  pure  &  élémentaire. 
Vol,  VI,   \6(). 

Dilatation    (fa)    par  h  chaleur,   eft   générale 

dans  tous  les  corps La  dilatation  efl  !e  premier 

degré  pour  arriver  à  la  fufion.  Vol.  VI,  59. 

Dissolution.  Toutes  les  explications  que  l'on 
donne  de  la  difTolution ,  ne  peuvent  fe  fourenir, 
fi  l'on  n'admet  pas  deux  forces  oppofécs,  l'une 
attractive  &  l'autre  expanfive ,  &  par  conféquent 
la  préfence  des  éiémens  de  i'air  &  du  feu ,  qui 
font  feuls  doues  de  cette  féconde  force.  Expli- 
cation générale  de  la  manière  dont  s'opère  la 
diflolution.    Vol,  VI,    160   &    161. 

Ductilité  (la)  des  métaux  paroît  avoir 
autant  de  rapport  à  la  denfité  qu'à  la  fufibilité, 
&  cette  qualité  femble  être  en'  raifon  compofée 
àts  deux  autres.  Vol.  VI,  4.10.  Difficulté  de 
prononcer  affirmativement  fur  le  plus  ou  jiioins 
de  dudilité  des  fubftances  minérales.  Ibid.  ir  Juu\ 

Durée  (  la  )  de  la  chaleur  n'efl  pas  en  raifon 
plus  petite,  mais  plutôt  en  raifon  plus  arande 
que  celle  des  diamètres  ou  des  épaiffeun  à.t^ 
corps.   Vol.  VI,    220. 

E 

xLau  (f)  a  comme  toutes  \t%  autres  matières 
du  globe,  un  grand  degré  de  chaleur  qui  lui 
appartient  en  propre,  <&  qui  eft  indépendante 
de  celle  du  Soleil.  Volume  VI,  49.  Elle  elî 
auffi  chaude  à  100  &  200  braiïès'de  pro- 
^ndeur  dans  la  mer  qu'elle  i'eft  à  la  furface.  Vol 


DES   'Ma  t  1  è  r  e s.     xvJj 

VI,  4.9,  Il  fufFit  de  faire  chauffer  de  î'eau  ou  de  ia 
faire  geler  ,  pour  que  i'air  qu'elle  contient  reprenne 
fon  elafticité  &  s'élève  en  bulles  fenfibles  à  fa 
furface,  lùi^,  i  3^7.  L'eau  ,  foit  gelée,  foit  bouillie, 
reprend  l'air  qu'elle  avoit  perdu  dès  qu'elle  fe 
liquéfie  ou  qu'elle  fe  refroidit.  lùiJ.  1 3  8.  Étant 
prife  en  maiïè  efl  incomprelfible,  &  néanmoins 
irès-élafiique ,  dès  qu'elle  eft  en  petites  parties. 
7/;/^.  î  3  9.  Elle  peut  fe  changer  en  air  lorîqu'elle 
efl  affez  raréfiée  pour  s'élever  en  vapeur.  Jlu'J, 
i^o.  Sa  transformation  en  matière  fofide  par  le 
filtre  animal.  JùiJ.  14.6.  Elle  s'unit  de  préférence 
avec  l'air  &  enfuite  avec  les  fels,  &  c'eft  par 
leur  moyen  qu'elle  entre  dans  la  compofitiori 
des  minéraux.  JùiJ,  154.  La  durée  de  la  chaleur 
dans  l'eau ,  ed  plus  exadement  proportionnelle 
à  fon  épaiffeur  que  dans  les  corps  Iblides  ;  raifoa 
de  cet  effet.  Vol.  VI,   221. 

ÊCROUISSEMENT.  Confidération  de  î'écrouîfîêmenî 
àes  métaux  ;  le  fer  s'écrouit  comme  tous  le^ 
autres.  Vol.  VI,   4. 1 1 . 

Effervescence.  Le  degré  de  divifion  de  îa 
matière  dans  les  efFervefcences  efl  fort  au-defTus 
de  celui  de  la  divifion  de  la  matière  dans  le* 
criftallifations.   Vol,   VI,    168. 

£  F  F  E  T  général  Pourquoi  on  ne  peut  pas  en 
donner  la  caufe  ;  les  effets  généraux  de  la  Nature 
doivent  être  pris  pour  les  vraies  caufes.  VoU 
VI,  8. 

ElÉmens.  Tous  les  élémens  font  convertibles;  îe 
feu ,  l'air ,  l'eau  &  la  terre  peuvent  chacun 
devenir  fuccefTivement  chaque  autre  ;  preuve  de 
cette  afTertion.  V@L  V I ,  a  3    ^  Jum  La  terrc^ 


nnij  Table 

l'eau ,  J'air  &  ie  feu ,  entrent  tous  quatre  dans 
tous  les  corps  de  la  Nature,  mais  en  proportion 
très-différente.  VoL  VI,  60.  Dans  l'ordre  delà 
eonverfion  des  éiémcns ,  l'eau  efl  pour  l'air  ce 
que  l'air  efl:  pour  le  feu,  &  toutes  les  transfor- 
mations de  la  Nature  ,  dépendent  de  celles  -  ci. 
—  L'eau  raréfiée  par  la  chaleur ,  fe  transforme 
en  une  efpcce  d'air  capable  d'alimenter  le  feu. 
tomme  l'air  ordinaire ,  &  le  feu  fe  convertit 
ultérieurement  avec  l'air  en  matière  fixe  dans 
îes  fubfiances  terrellres  qu'il  pénètre  par  fa 
chaleur  ou  par  fa  lumière,  llùd.  14.5  «îf  144. 
Grandes  bafes  fur  lelquelles  Ibnt  fondés  les  quatre 
clémens,  la  terre,  l'eau,  l'air  &  le  feu.  Iliid,  i6b\ 

É  M  É  R  1 L  (  I*  )  quoiqu'une  fois  moins  denfe  que 
ie  bifinutîi ,  conferve  fa  chaleur  une  lois  plus 
long- temps.    Vol.   VI,   4,  i  2 . 

Étain  (!')  exige  pour  fe  fondre  plus  du 
double  de  chaleur  de  ce  qu'il  en  faut  pour 
fondre  le  foufre.  VoL  VI,  249.  L'étain  eft  de 
îous  les  métaux  celui  qui  fe  dilate  le  plus 
promptement,  &  qui  fe  fond  auffi  le  plus  vite. 
Jbid,   4.10. 

Étamage  (T)  fait  avec  de  l'or  <&  du  mercure; 
pourroit  réfléchir  plus  puiŒunment  la  lumière 
que  rétamage  ordinaire.  Vol.  VII,  z\6  Ù'  zxj, 

ÉVAPORATION.  Une  mafîè  d'eau  d'un  pied 
d'épaiiîëur ,  ne  s'évaporera  pas  aufii  vîte  que 
la  même  maffe  réduite  à  fix  pouces  d'épaifîèur , 
&  augmentée  du  double  en  fuperficie.  Ainfi  pour 
accélérer  l'évaporation ,  il  faut  diminuer ,  autant 
qu'il  e(l   pofiible,    i'épajifeur    du    liquide.  V^U 

yii,  i2i. 


DES    Matières.      xJx 

::  P  É  R  I  E  N  C  E  s,  Précifion  rigoureufe ,  prefquc 
impoflible  dans  certaines  expériences.  F<?/.  V  I , 
405.  Expériences  en  grand,  pour  reconnoîtrc 
Ja  force  du  fer  de  différentes  qiaaiitcs.  Volé 
VII,    61    erjuiu. 


TER.  A  chaque   fois  que  l'on  chauffe  le  fer,   ii 
perd   une  partie  de  fbn   poids.    V'^ol.  VI,    212. 
Proportion  de  cette  per..e  trouvée  par  les  expé- 
riences.   Ibid.    &  Juivantes,    Cette   perte    va  en 
augmentant   à    mefure    que    les    boufets    de  fer 
font  plus  gros;   raifons    de  cet  effet.  Ilnd.   3 14.. 
Le  fer  qui    de  tous   les   méraux   eft  celui  qui  fe 
fond   le    plus  difficilement ,    efl:    auffi    celui  qui 
fe   dilate  le  plus  lentement.   Ibid.    4.10.    Le  fêr 
entièrement    &    intimement    rouillé    n'eft    plus 
attirabie   par    l'aimant.    Vol.    VII,    8.    Il  perd 
non-feulement  de  fà  denfité  à  chaque  fois  qu'on 
îe   chauffe,    mais    il    perd   auffi    de  fa    folidité, 
c'eft-à-dire,   de   la  cohérence    de   (ts  parties,  il 
devient   à    chaque     chaude    plus    léger   &    plus 
caffant.    Vol.  VII,    58.   Comment  il  faut  traiter 
le   fer  pour  lui  conferver  fa  mafîë  &:  fa  folidité, 
Ibid.   60.   Le  bon  fer ,  ceffà-dire,  le  fer  qui  efl 
prefque  tout  nerf,   efl  cinq  fois  auffi  tenace   & 
auffi  fort  que  le  fer  fans  nerf  &  à  gros  grains  ; 
preuve  par  l'expérience.  Ibid.  6^.  Sa  qualité  ne 
dépend  pas  en  entier,   à  beaucoup  près ,  de  celle 
de  la  mine;   la   nature  des  mines  n'y  fait  rien, 
c'efi:    la    manière    de    les    traiter    qui    fait    tout; 
Ibid.   67.  Moyens  d'arriver  au  point  de  donner 
au  fer  toute   là  perfeclion.  Ibid.  Le  fer  chauffé 
trop  fouvent  dégénère  en  mâchefer,  Ibid>  11  ert, 


Kx  Table 

comme  le  bois  une  matière  combuflible  à  faqiieïïe 
il    ne   faut    qu'un  plus    grand   feu  pour   brûler. 
Vol.  VII,  69  &'  70.  Comment  on  procure  au  fer 
de    la    confïflance  &    de   la  ténacité.  Ibid.   n\. 
Plus  on  prefTe  le  feu  dans  la  fabrication  du  fer 
à  raffinerie,  &  plus  il  devient  aicrre  &  mauvais, 
Jhid»    73.    Le  fer  en    bandes  plates  ,efl  toujours 
plus  nerveux  que  le  fer  en  barreaux.  Ihid,  7^, 
D'oili  provient   le  nerf  du  fer,  &  la  différence 
de   fa  force  &    de  fa   cohérence;    effets    de   la 
malléation.   Ihid,   75.   Une    àt$   plus   mauvaifes 
pratiques,    dans    la   fabrication    du    fer,    eft  de 
tremper  dans  l'eau,   fur-tout  dans   l'eau  froide, 
les  barres   de    fer    encore    rouges    au  fortir    de 
defîbus  le  marteau;  cette  trempe  perd  le  nerf  & 
gâte  le  grain  du  meilleur  fer.  Ibid,  yj.  Les  écailles 
ou  exfoliations  qui  fe  détachent  de  la  furfàce  du 
fer,  donnent  de  très-bons  fers.  Jbïd,  80.  Indice* 
par  lefquels  on  doit  juger  les  différentes  qualités 
du  fer.    Vol,  VII,    85.    Les   fers  fans  nerfs   & 
à  très  -  gros  grains  devroient  être  profcrits.  Ibid, 
Le  feu    du   charbon    de    bois,   &  à  plus  foi-te 
raifon  celui    du    charbon  de    terre    donnent  de 
l'aigre  au  fer ,  ce  que  ne  fait  pas  le   feu  de  bois 
qui  pourroit  l'améliorer  &  le  rendre  moins  a<igre, 
Ibid,  88.  Le  fer  s'aimante  par  la  percuffion,  & 
auffi  par  la  tortfon  fans  percuffion   lorfqu'on  le 
plie  piufieurs    fois    de    fuite    en    difîérens  fens. 
Jbid.    91.  Il  fe  foude   avec  lui-même;    précau- 
tions   nécefîàires   au  fuccès   de  cette   opération, 
Ibid,   92   ^  93.  Il  fe  décompofe  par  l'humidité 
comme  par  le    feu.  Ibid.  94..  Se  conferve  fans 
altération  dans  j'eau  beaucoup  plus  long -temps 
qu'à  l'air.  Ibid,  Énumération  àts  principaux  ufages 
auxquels  on  emploie  ie  fer ,  &  proportion  de  ia 

<jualité 


DES    Ma  t  I  è  n  e  s,      xxJ 

qualité    qu'on  doit  lui    donner  pour  chacun   de 
ces  ufages.   Ko/.  VII,    85    &'  Juii\ 

Feks  Je  charrue,    (les)    doivent  être  fabriqués  avec^ 
du   fer  de  la   meilleure  qualité,   &   fi  cela  étoit 
on  pounoit  fe  pafTer  de  les  armer  d'acier,  ainfr 
que  les  pioches   &  autres  inflrumens  nécefiâires 
à  la  culture  àts  ïtrrcs.  Vol.  VII,  88  &  fu'iv. 

F  E  1^  S  ^f  tircrie,  Comment  doivent  être  fabriqués 
les  fers  de  tirerie  pour  faire  le  (îl-de-fcr. 
Vol.  VII,  74.  er JuiP. 

Y  l.  K  de  vieilles  ferrailles.  Manière  de  travailler  & 
de  fabriquer  ce  fer.  Vol.  VII,  77.  Ccd  un 
fer  de  très  -  bonne  qualité,  llnd. 

Feu.  Moyens  généraux  &  particuliers  de  produire 
le  feu.  Vol.  VI,  11.  Origine  &  produclion  du 
feu,  de  la  chaleur  &  de  la  lumière.  Ih'd.  14. 
Le  feu  ,  la  chaleur  &  la  lumière  peuvent  être 
regardés  comme  trois  chofes  différentes;  examen 
de  leurs  propriétés  différentes  &  de  leurs  propriétés 
communes.  J{>iJ.  z<y  &  Juiv.  Il  exifie  quel- 
quefois fans  lumière  ,  mais  n'exifle  jamais  fans 
chaleur.  Ibid.  A  befoin  d'alimens  pour  fubfifkr , 
&  fon  premier  aliment  eft  l'air.  Jh'd.  5  2 .  La 
différence  la  plus  générale  entre  le  feu ,  la  cha- 
leur &  la  lumière  paroit  confirmer  dans  la  quantité 
S>i  peut  -  être  dans  la  qualité  de  leurs  alimens. 
—  L'air  eiï  le  premier  aliment  du  feu,  les 
matières  combuftibles  ne  font  que  le  fécond.  Jlid. 
La  chaleur  propre  du  globe  terreflre  doit  être 
regardée  comme  notre  vrai  feu  élémentaire. 
J/iid.  65  dT"  (5^..  L'adion  du  feu  fur  les  diffé- 
rentes fubiiances ,  dépend  beaucoup  de  la  manière 
dont   on    l'applique  ;  ie    produit  de   fon    adioa 

Tome  VJÀ*  Q 


xxij  Table 

fur  une  même  fubdance ,  paroîtra  difltrent  TeToii 
la  façon  dont  ii  en;  adminifîré.  —  Le  feu  doit 
être  confîdéré  en  trois  états  différens,  le  premier 
reiatif  à  fa  vjtefiè,  ie  fécond  à  fon  volume,  &  le 
troifième  à  fa  maïïè.  l^ol,  VI,  7 1 .  Trois  moyens 
généraux  d'augmenter  i'aélion  du  feu.  —  Chacun 
ce  ces  moyens  donne  fouvent  des  produits 
différens.  Ibid,  72  c!?"  73.  On  peut  augmenter 
j'aélion  du  feu  en  accélérant  fa  vîteife ,  ent 
augmentant  fon  volume ,  &  en  augmentant  fa 
malTe  &  fa  dcnfité.  Les  infîrumens  du  premier 
moyen  ibnt  tous  les  fourneaux  où  l'on  fe  fert 
de  ventilateurs ,  de  foufflets ,  de  trompes ,  de 
tuyaux  d'afpiration,  &c.  les  infîrumens  du  fécond 
moyen,  font  tous  les  fourneaux  de  réverbères; 
CL  ceux  du  troifième  moyen  ,  font  les  miroirs 
ardens  ;  chacun  de  ces  moyens  employés  fur 
Jes  mêmes  matières  donnent  fouvent  des  réfultats 
très-dilicrens.  Ihid,  L'adm.iniftration  du  feu  doit 
fe  divifer  en  trois  procédés  généraux,  ie  premier 
relatif  à  la  viteffe ,  ie  fécond  au  volume,  &  ie 
troifième  à  la  malTe  de  cet  élément.  —  Les 
matières  qu'on  foumet  à  faction  du  feu ,  doivent 
être  divi(ées  dans  trois  clalTes ,  celles  qui  perdent 
au  feu  de  leur  poids,  ceiles  qui  au  lieu  de 
perdre  du  poids  en  acquièrent  ,  &  ceiles  qui  ne 
perdent  ni  n'acquièrent  rien.  Ibid.  7^  ir"  Juivt 
Le  feu  efl;  réellement  pefant  comme  toute  autre 
matière,  Ihid,  79  & Ju'n>.  Matières  avec  lefiqueiles 
k  feu  a  le  plus  d'affinité,  ibid.  Le  feu  fe  trouve 
comme  l'air  fous  une  forme  iixç.  &  concrète 
dans  prefque  tous  les  corps.  Ibid,  Matières  indiffé- 
rentes à  iaélion  du  feu.  Ibid,  82.  C'cft  par  la 
lumière  que  le  feu  fe  communique  ,  &  la  chaleur 
feuie  ne  peut  produire  ie  même  eriét  qiue  quan.^ 


DES    AfAT  I  È  RES,       XXilJ 
é\e   devient    affez   forte    pour    être    lumineufe, 

Vo/,  VU  95. 

Flamme  (la)  n'efl  pas  la  partie  du  feu  011  Tintenfité 
de  la  cl'ialeur  efl  la  plus  grande.  Vo/.  VI,  91, 
»Sa  principale  propriété  eft  de  communiquer  le 
feu.  Jfid,  Il  y  a  de  la  flamme  dans  toute 
incandefccNce.  UùL  93.  Ctlle-ci  n'obéit  point  à 
l'impulfion  de  l'air.   J/'id.    9^,. 

Fluide.  Le  mercure  feroit  le  plus  fluide  des 
corps  il  l'air  ne  i'étoit  encore  plus.  Vo/,  VI,  53, 
"l'ous  les  fluides ,  a\'cc  la  même  chaleur,  cuelaue 
denfo  cju'iis  foient ,  s'cchautïent  &  fe  refroidiflent 
plus  promptement  qu'aucun  folide  quelque  léger 
qu'il  (oit.    lùiJ,    2^0, 

F  U  I  D  1  T  É.  Toute  fluidité  a  la  chaleur  pour  caufc* 
Vo/,  VI,  53,  La  plus  ou  moins  grande  fluidité 
n'indique  pas  que  les  parties  du  fluide  (oient 
plus  ou  moins  pefantes  ,  mais  (eulement  que 
leur  adhérence  efl  d'autant  moindre  ,  leur  union 
d'autant  moins  intime  &.  leur  léparation  d'autant 
plus  aifée.  //nd.  54,.  Moyen  facile  d'eflimer  le 
degré  de  fluidité  ou  de  fuGbiiité  de  chaque 
malière  diflërente.   Vo/.   VI,    2^5. 

Fonte  Je  fir.  Moyens  de  corriger  à  l'aflinerie  fa 
mauvaife  qualité  de  la  fonte  de  fer.  Vn/.  VU  ,  y>, 
La  bonne  fonte  de  fer  efî  la  bafe  de  rout  bon 
fer.  Ibid.  76.  Étant  chaufl^ée  à  un  très-crrand 
feu  pendant  long-temps,  acquiert  plu:  de  dureté 
&  de  ténacité.  Ihid.  \  37.  Elle  acquiert  aufll 
plus  de  pefanieur  fpéciflque.  Ihid, 

Force  (  la  )  qui  produit  la  pefanteur  &  ceîfe 
çui  produit  la  chaleur,  font  les  deux  feules  forces 
4e  la  Nature.  Vo/.  VI,  i   f  Jtàv,  Force  attraclive 


xxh  Ta  b  le 

&  force  expaniîve  ;  ieur  diiTéreiice  Se  h  com- 
binaifon  de  leurs  efièts.  Vol.  VI,  6  ir"  Juif* 
Rédudion  des  forces  de  la  Nature  Sa  de  'a 
puiffance  de  i'expanfion  à  celle  de  l'attradion. 
lèitJ.  9,  Force  expar.five ,  n'eft  point  une  force 
particulière  oppofée  à  la  force  attradive ,  mais  un 
effet  qui  en  dérive ,  &;  qui  fe  manifefle  toutes 
les  fois  que  les  corps  fe  choquent  ou  fe  frottent 
les  uns  contre  les  autres.  Jùlc/.  Force  expanfive, 
n'eft  que  {a  rcadion  de  ia  force  attradive.  J/'/d.  i  t  . 
La  force  attradive  &  ia  force  expanfive ,  font  pour 
la  Nature  deux  infcrumens  de  même  efpèce,  ou 
plutôt  ce  n'eil  que  ie  même  inftrument  qu'elle 
manie  dans  deux  fens  oppofés.   Jù'ici,   20. 

Fourneaux.  Le  feu  des  fourneaux  de  \'errerie, 
n'eft  qu'un  feu  foiblc  en  comparaifon  de  celui 
des  fourneaux  à  foufflets.  Vo/.  VI ,  90.  Defcrip- 
tion  du  fourneau  pour  courber  des  glaces ,  avec 
i'expiication  des  figures.  Vol,  VII,  293  iX  fuiu. 

Foyers.  Dans  les  miroirs  ardens,  les  grands  foyers 
font  toujours  beaucoup  plus  d'eftèt  que  les  petits  à 
égaie  intenftté  de  lumière.  F<7/.  VII,  i  5  6. Évaluation 
&  comparaifon  de  leurs  effets.  Ibid.  203  & Juiv, 

Fusibilité.    Explication    des  caufes    de   la 
.  fufibi'ifé.  Vol  VI,  409. 

Fusion  (  la  )  eft  en  général  une  opération 
prompte  qui  a  plus  de  rapport  avec  la  vîtelîé 
du  feu  que  la  calcination  qui  eft  prefque  toujours 
lente.   Vol,    VII,    i  i  i . 

G 

V_j  L  A  C  E.  Phénomènes  remarquables  dans  îa  con* 
gélation.    Vol,  VI,    14-5, 


DES   Ma  t  I  è  r  e  s,      XXV 

ClaCES  ou  Miroirs  (fes)  de  verre  bien  polis 
ou  bien  éramés,  réfiéchiffent  pius  puiiïàmment  la 
lumière  que  les  miroirs  de  métal  poli.  Vol.  Vil, 
jwge   14^. 

Glaces  ou  miroirs  -plans.  Manière  ai  fée  de 
reconnoître  fi  la  furface  de  ces  miroirs  eft  parfai- 
tement plane.  Vol,   VU,   162. 

Globe  terrejlre.  L'intérieur  du  globe  de  la  terre 
n'eft  qu'une  matière  de  verre  ou  concret  ou 
difcret.    Vol,  VI,    50. 

G  RE  s  (le)  cbaufTé  au  plus  grand  feu  ne  perd 
que  très-peu  de  fon  poids.   V^ol,  VI,  236. 

Gueulard.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  l'ouverture 
du  haut  àcs  grands  fourneaux  où  Ton  fond  les 
mines  de  fer.  V^ol,  W\,     102. 

G  Y  P  s  <tr  Pl  Â  T  R  E  s  (  les  )  fe  calcinent  à  un 
moindre  degré  de  chaleur  que  les  pierres  cal- 
caires. Vol,  V  I,  4,20.  lis  ne  fuivent  pas,  comme 
les  autres  matières  calcaires  ou  vitrefcibles,  l'ordre 
de  la  denfité ,  pour  le  progrès  de  la  chaleur, 
mais  celui  de  la  facilité  à  la  calcination,  ce  qui 
revient  à  l'ordre  de  la  fufibiiité,  lùid, 

I 

Impénétrabilité  (!')  ne  doit  pas  être 
regardée  comme  une  force ,  rr-uiis  comme  une 
réfiftance  efTentieiie  à  la  matière.  Vol,  V 1 ,  9 
ir  Juiv. 

Impulsion.  La  force  d'impulfion  eft  fubordonnée 
à  la  force  d'attratfrion ,  ik  en  déperd  comme  un 
■  effet  particulier  dépend  d'un  effet  général;  preuve 
«le  cette  alTerùon.   Vol,  VI,    2   ùr  fuip. 

Qiij 


xxvj  Table 

Incandescence.  Toutes  les  matières,  lorfqu'effcs 
i'ont  dans  un  état  d'incandefcence ,  c'eft-à-dire , 
Jorfqu'eiles  font  bianches  ou  rouges  de  feu ,  font 
alors  environnées  d'une  flamme  denfe ,  qui  ne 
s'étend  qu'à  une  très-petite  diflance,  &  qui  , 
pour  ainfi  dire,  efl  attachée  à  leur  furface.  Vol  VI, 
9  5  iX  9^.  Cette  couleur  b'anche  ou  rouge  qui 
ion  de  tous  les  corps  en  incandefcence  &  vient 
frapper  nos  yeux,  ell  Févaporatlon  de  cette  flamme 
dénie  qui  environne  le  corps  en  fe  renouvelant 
ïnceffjimment  à  fà  furface.  Ilnd,  Incandefcence 
produite  par  la  chaleur  obfcurc.  Vol.  Vil ,   121, 

Inflexion  (T)  de  la  lumière  n'efl  quune 
rérraéiion  qui  s'opère  dans  ie  même  milieu  ;  elle 
e'i  produite  par  l'attradion  des  corps ,  auprès 
tiefqueli  paffe  !a  lumière.  Vol,  \  I,  3  14.. 

Intensité  de  lumière.  Cette  inienfité  de  la  lumière 
de  chaque  objet,  t'îi  un  élément  que  les  Auteurs 
qui  ont  écrit  lur  {'Optique,  n'ont  point  employé, 
Bl  qui  néanmoins  fait  plus  que  l'augmentation 
de  l'angle  fous  lequel  un  objet  doit  nous  paroUre, 
en  venu  de  la  coui;burc  des  verres.  Vol,  Vil ,  192, 


L 


L 


E  N  T  I  L  L  E  S  lie  verre  Joli  de.  Vol.  VIT,  282, 
Grandeur  &  proportion  qu'on  doit  donner  aux 
lentilles ,  pour  qu'elles  puifTent  brûler  le  plus 
avanîageuf<  ment.  Vol.  VII,  287  if  hiv,  Incon- 
véniens  qui  résultent  de  l'épailîcur  des  lentilles 
ordinaires.  La  partie  du  milieu  de  la  lentille 
ne  tait  prefque  aucun  çfftt.  ibid.,  z%'è, 

XiEN TILLES  à  échelons,   z^x  ie  miroir  par  réfratflion 
ie  plus  parfait  qu'on  puilfe  faire,  ^on  invention 


DES  Ma  t  1  è  r  e  s.     xxvîj 

èc  fa  defcription,  avec  le  calcul  de  (es  effets. 
Vo/,  VII,  290  (i^  fuiu.  Comparai  Ton  des  effets 
de  cette  lentille  à  échelons,  avec  l'effet  des  lentilles 
ordinaires.  /^/V/.  292.  Sa  conflrudion  &  Ta  def- 
cripîion.  3/W,   307    i^    308. 

Ligne  brûlante  à  l'infini  ou  à  l'indéfini ,  n'eft 
pas  une  rêverie  comme  Ta  dit  Dikartes* 
VoL   VII,   18B  & Jiv.v. 

Limaille  (la)  de  fer  mêlée  avec  de  l'eaU, 
devient  une  maffe  folide  difficile  à  cafîèr.  VoL  VII, 
t)6    ir    97. 

Lumière.  Toute  matière  peut  devenir  lumière, 
chaleur  &  feu.  Vol.  VI,  14..  Preuve  de  cette 
affertion.  Ibid,  iT  Juh,  Eiie  conlervc  toutes  les 
qualités  efîèntieiîes ,  &  même  ia  plupart  àts 
attributs  de  la  matière  commune.  Ihid,  Quoique 
compofée  de  parties  prefque  infinii^ent  petites , 
eff  encore  réellement  divifible.  l!}ld,  i  ^.  Eft 
pefante  comme  toute  autre  matière.  —  Sa  fubf- 
tiince  n'eft  paî  fimplc.  —  IJle  eff  compolée  de 
parties  de  différentes  pefanteurs.  Ibid,  Eiie  effe 
maffive  &  agit  dans  quelques  cas ,  comme  agiffent 
tous  les  autres  corps,  elle  les  pouffe  &  déplace 
au  foyer  du  miroir  ardent.  Ibid.  \j  îX  18,  èi^Juip, 
Là  lumière  eft  mixte,  &  compofée  comme  la 
Tnatière  commune  de  parties  plus  grofîès  &  plus 
petites,  &  différemment  figurées.  Ibid.  19.  Les 
atomes  qui  conipcfent  la  lumière  ont  plufieurs 
faces  &  plufieurs  angles.  Ibid,  La  lumière  peut 
fe  convertir  en  toute  autre  matière.  Ibid.  2  ^ . 
La  lumière  paroit  exiger  fouvent  fans  chaleur. 
Ibid,  25.  Expériences  à  faire,  pour  reconnoitre  fi 
les  rayons  rouges  ne  font  pas  plus  chauds  que  les 
autres  rayons,   éc  en   général  pour  reconnq/tre 

Q  inj 


XXvllJ  T  A    B    l    E 

la  proportion  de  cFîaieur  des  différcns  rayons 
^ui  compofent  ia  lumière.  Vol.  Vî,  4r,  Note.  La 
iumière s'incorpore,  5'amortlt  6c  s'éteint  dans  tous 
ies  corps  qui  ne  fa  réfléchiiïènt  pas,  ou  qui  ne 
la  îaiffènt  pas  pafler  librement.  Ibid,  ^2 .  Elle  parort 
n'avoir  pas  befoiii  d'alimens ,  tandis  que  le  feu 
ne  peut  fubfidcr  qu'en  abforbant  de  l'air.  Ibïd, 
51  iy  52.  C'efî  par  la  lumière  que  le  feu  fe 
communique.  îbid.  9  5 .  Expérience  qui  paroît 
démontrer  que  la  lumière  a  plus  d'affinité  avec 
les  fubllances  combudibies,  qu'avec  toutes  les 
autres  matières.  Ih'id,  1^0,  Note.  La  lumière 
ne  perd  qu'environ  moitié  de  fa  chaleur  par 
une  glace  bien  étamée  &  bien  polie.  Vol,  Vil, 
144.  Elle  ne  perd  prefque  rien  de  fa  force 
par  iepaifîèur  de  l'air  qu'elle  x.r^xcv(e.  Ibid.  14.5. 
Expérience  de  la  perte  de  la  lumière  d'une  bougie, 
comparée  à  ia  perte  de  la  lumière  du  Soleil.  Ibid» 
Diminution  de  la  lumière  en  traverfant  diffé- 
rentes épaifTcurs  du  même  verre ,  &  les  mêmes 
épaifi'eurs  de  différens  verres  ;  expériences  à  ce 
fujct.    Ibid.    242    ir    24-3. 

Lune.  Il  fe  peut  que  la  Lune  ,  quoique  fort 
lumincufe  ,  nous  envoie  plutôt  du  fi'oid  que  de 
la  chaleur.    Vol.   VII,    270  if  z-yx. 

LUN  ETTES.  Pour  obferver  avec  le  plus  grand 
avar.rage  podible  ,  il  faudroit  pour  chaque  planète 
u:ie  lunette  diiiérente ,  &  propor  ionnée  à  leur 
intcnflté  de  lumière.  Vol,  VII,  191  &  fuiv.  Les 
lunettes  avec  de  très-grands  objedifs,  feroient  fort 
avantage ufes  pour  obferver  les  planètes  &  autres 
aftres  qui  n'ont  que  peu  de  lumière.  Ibid,  24.9. 
Confiruclion  &  avantages  des  lunettes  foiaires. 
ibid,  .250, 


3ES    AIaT  î  È  RES.       XXîX 

Lunettes  nchromatiques,  dans  îefqueîies  on 
compenre  ia  différente  rcfrangibiiité  àts  rayons 
de  ia  lumière  par  àcs  verres  de  différentes  denfités. 
Moyens  de  les  pcrfedionner.  Vol,  VII,  186 
&  Juiv, 

Lunettes  de  jour,  fivns  aucun  verre.  Vol,  VU, 


page  161, 


Lunettes  jyinffwes,  —  Lunettes  à  l'eau ,  &:c. 
Vol.   VII,  i^o'^ffuii'. 

Lunettes  de  nuit.  Vol,  VU,  252  &  Juiv, 

Lunettes    pour  chaque  planète.  Ibiu. 

Lunettes  pour  le  Soleil.  Ibid, 

M 

JLVl  A  C  H  EFE  R.  Loriqu'on  broyé  fe  michtîtr ,  il 
fournit  une  certaine  quantiié  de  1er  on  de  fablon. 
ferrugineux,  tout  fembiabie  à  celui  de  ia  p'aîine. 
Vol.  VII,  II.  Le  charbon  &  ie  bois  brûié  en 
grande  quantiié  produiient  du  mâchefer  ;  preuve 
de  cette  affertion.  lùid.  6S.  Celui  qu'on  trouve 
dans  ies  forêts;  fon  origine.  Uid.  6c). 

Magnétisme  du  fer  (le)  (uppcfe  i'adion 
précédente  du  feu.  Vol  VII,  c)6. 

M  AT  J  E  RE  hrute  &  matière  vive  ,  ieur  différence. 
Vol.  VI,  ç.  Toutes  ies  parties  conftitutives  de 
îa  inatière  font  à  rcffort  parfiiiî.  îbid,  i  o.  Comment 
toute  matière  peut  devenir  lumière ,  chaleur  & 
feu  ;  explication  de  cette  grande  opération  de  la 
Nature.  Ibid.  z^   &  Juiv, 

Matières  calcnirfs  [\ts)  fuivent  dans  leur  refroi- 
diffement  l'ordre  de  la  dcnilté  ,  raifon  de  cet  effet. 
Vol.  VI,  4-1  9.  Elles  peuvent  fe  réduire  en  verre 

Q  V 


XXX  Table  ^ 

au  foyer  d'un  bon  miroir  ardent.  —  Le   tcrm« 

'    de  leur  fufibiliré  ell  encore  plus  éloigné  que  celui 

des  matières  vitrefcibiei-.  VoLVl,  ^\()  ir  Juiv.vites.. 

MATIÈRES  viîrrfables  { ies  )  form.ent  le  noyau 
d«s  plus  hautes  montagnes.  Voh  VI,  174. 

Mercure.  On  pourroit  geler  <&;  figer  ie  mercure 
à  un  bien  moindre  degré  de  fioid ,  fi  on  le 
iiiLiimoit  en  vapeurs  dans  un  air  très  -  Iroid. 
Vol,  VI,  14^,  ir  Vol  VII,  233.  Dans  îe 
mercure  ,  qui  eil  onze  miife  fois  plus  denfe  que 
l'air ,  H  ne  faut ,  pour  refioidir  ies  corps  qu'on 
y  plonge  ,  qu'en^viron  neuf  fois  autant  de  temps 
de  ce  qu'il  en  faut  pour  produire  le  même 
ciîet  dans  i'air.  Vol    VI,    224. 

MÉTAUX.  Explication  fimpie  de  leur  rédudion 
ou  revjvifîcaîion.  Vol.  Vî ,  1  04.  L'ordre  àts.  fi>c 
métaux,  fijivant  leur  denfité  eft,  étain ,  fer, 
cuivre  ,  argent ,  p!omb,  or  \  &  l'c-jrdre  dans  lequel 
€1:^  métaux  reçoivent  &  perdent  la  clialeur  e(î, 
éîain,  pîomb  ,  argent,  or,  cuivre,  fer.  —  Ce 
n'efi  point  dans 'l'ordre  de  leur  denfité,  mais 
dans  celui  de  leur  fufibiiité  que  les  méta.ux 
reçoivent  &  perdent  la  cbajeur.  Ib'uh  406. 
ir  Juiv, 

MÉTAUX  ,  demi -métaux  ou  fubflances  métalliques; 
l'ordre  de  leur  denfité  efl,  émeril  ,  zinc,  anti- 
moine ,  bifhiuîh  ;  &  celui  dans  lequel  ils  perdent 
&  reçoivent  la  chaleur  efi ,  antimoine,  bilmuîh, 
zinc,  éméril ,  ce  qui  ne  fuit  pas  l'ordre  de  leur 
denfité,  mais  plutôt  celui  de  leur  fufibiiitc. 
Vol,  \'  î ,  4 1  2 . 

Ml  N  É  R  A  U  X.  L'air  &  îe  feu  entrent  dans  la 
compofiùoïi    des    minéraux;    preuve    de    cette 


DES    MaTI  ÈEES.        XXXJ 

iîTertlon.  VoLYl,  154.  ^  fi^à'.  Point  de  vue 
auquel  on  doit  s'élever  pour  fe  fermer  une  idée 
jude  de  la  formation  des  minéraux.  M  172 
&'  fuiu.  Établiffement  d'une  théorie  générale  fur 
ïa  formation  àts  minéraux,  tbid.  174.  îf  Juiv, 

Mines  at\  tr.  Expériences  fur  la  mine  de  fer, 
faites  au  plus  grand  feu  de  réverbère.  Vol.  V  I , 
89  ^  /w//.'.  Il  y  a  des  mines  de  fer  formées  par 
le  feu,  \ts  autres  par  l'eau.  Ilnd  176.  Celles 
qui  font  en  grain  ne  font  point  attirabies  par 
l'aimant.  —  Celles  qui  foiit  en  roches  ou  en 
grandes  maffes  folides ,  lont  preique  toutes  mag- 
nétiques ;  raifon  de  cette  différence.  Vol.  Vil,  9 
ir  Juiv.  Les  mines  de  fer  des  pays  du  nord  font 
allez  magnétiques  pour  qu'on  les  cherche  à  la 
bouiïbie.  Ilnd.  10.  Compofition  originaire  des 
mines  de  fer  en  grain.  Ibid.  96. 

Ml  HOIR  ardent  jwur  brûler  au  loin.  Sa  defcription 
&  fa  conarudion.  Vol.   VII,   160    àr  Juiv.  On 
a  enflammé    du  bois    jufqu'à  deux  cents  pieds 
de  diftance ,   &  il  feroit  très-polTible  de  porter  je 
feu  du  Soleil  encore    plus  loin  avec  ce  miroir. 
Jbid    167.     On    a    fondu    tous    les   métaux    & 
minéraux  métalliques   à   vingt  -  cinq ,    trente  & 
quarante  pieds  de  diRance.  Ibid.   Ertimaîion  de 
fa  pu-iffimce  &    limites    de   fes  effets.  Ibid.   173 
ir  fuii^.  En  quoi  confilie  effcntieilement  la  théorie 
de    ce  miroir.    Ibid.    195    t-  juiv.    Moyens   & 
précautions  pour  rendre   ce   miroir   encore  plus 
parfait   &    en    augmenter    confidérablement    les 
effets.  Ibid.  215.  Proportion   de   la  grandeur  d^s 
miroirs ,  fuivant  les  différentes  diftances  auxqueies 
on  veut  brûler  Ibid.  2  i  6, 
Miroir  du  j^on  d' Alexandrie ^  dont  les  Anciens 


xxxij  Table 

ont  fait  mention   &    par    le    moyen  duquel  on 
voyojt  de  très-loin  les  vaifTeaux   en  mer,  n'eft 
pojnt  du  tout  impolfibie.  Vol.  VII,  256  ir  fuiv. 
Miroir   coudé  par  la  prefTion  de  l'atmorphère. 
5a    conftrudion    &    fa  defcription.    VoL    W\l 
302    ér    303. 

M  I  R  O  I  R  s  ardens.  Le  feu  produit  par  de  bons 
miroirs  ardens,  efl  le  plus  violent  de  tous  les 
feux.  Vol.  VI,  90.  Pourquoi  des  miroirs  pians 
plus  grands  ou  plus  petits,  forment,  à  une 
certaine  diflance ,  de^  images  également  grandes 
&  quî  ne  différent  que  par  l^intcnfité  de  la 
lumière.  Vol.   VII,    150. 

Miroirs  aryens,  foitpar  réflexion,  foitpar  réfraâîon 
font  un  effet  toujours  égal  à  quelque  diftance  du 
5oieil  qu'on  puiîTe  fuppoler.  Par  exemple,  unmiroir 
qui  peut  brûler  du  bois  à  cent  cinquante  pieds  de 
diflance  fi^r  le  globe  de  la  terre,  brûieroit  de 
même  à  cent  cinquante  pieds,  &  avec  autant  de 
force,  du  bois  fur  la  planète  de  Saturr^. 
Vol.   VII,    ,92,  ^ 

Miroirs  d'Archûnède  {ks)  peuvent  fervir 
très-utiiement  pour  levaporation  des  eaux  faiées. 
Vol.  VII,  219.  Attentions  néceîTaires  pour 
procurer  cet  effet  avec  le  plus  grand  avantacre. 
Iù!d  211.  Ih  peuvent  fervir  utilement  po'ur 
cTiiciner  les  plâtres,  les  matières  gypfeures ,  &c. 
Jôid.  222.  On  peut  par  leur  moyen  recueillir 
les  parties  volatiles  de  l'or  &  de  l'argent .  &  des 
atîîî'es  métaux  &  minéraux.  Uûl.  2  5  ot  Ce  moyen 
paroît  être  le  (eul  que  nous  avons  pour  volatilifer 
les  métaux  fixes,  tel^  que  for  &  l'argent. 
/W.  2:1.  Repréfentation  &  dercripîion  de  ce 
miroir.  MU    297  à^  fuiy, 


DES  Matières.     xxxHj 

Miroirs  concaves ,  faits  par  âts  glaces  courbées. 
Voi.  VU,  268.  Leur  ufage.  Ibid.  271 .  Manière 
de  produire  une  chaleur  immenfe  à  leur  foyer 
en  les  réuniiïànt.  Ibid,  272   i/   273. 

Miroirs  courbés  (les)  de   quelque  efpèce  qu'ils 
foient ,  ne  peuvent  être  employés  avec  avantage 
pour  brûler  de  loin.    Vol.  VII,   1  5  i.  Le  miroir 
le  plus   parfait  n'aura    jamais  l'avantage  que    de 
dix-fept  à  dix  fur  un  aflcmblage  de  miroirs  plans, 
dès  qu'il  faudra  brûler  à  une  diftance  où  le  di'que 
du   Soleil    fera   égal   à   la    grandeur    du   miroir 
plan.  Ibid,    i  9  8 . 
Miroirs  courbés  par  le  moyen  d'une  vis  au  centre, 
Vol.  VII,  z67,.  Conftrudion  &  dtfcription  de 
ces  miroirs.   Ibid.  301    «i^  302. 
Miroirs  courbés  par  le  moyen  d'une  pompe. 
Vol  VU,  2  6^.  Et  miroir  très-finguîier  que  le  Soleil 
rend  courbe   &  brûlant  au  moment  qu'il  y  eft 
expofé.  Jbid.  365.  Ltur  confiruclion  &  leur  de(- 
cription.  Jb/d,    3  04-  «^  /«/>• 
Miroirs  d'une  feule  pièce,  à  foyer  mobile  pour 
brûler  à  de   médiocres  didances;  conftruaion  & 
uCaoe  de  cette  efpèce  de  miroirs.  Vol.  VII ,  2  62 
àrjuiv.  Ils  peuvent  fervir  à  mefurer  plus  exade- 
ment  que  par  aucun  autre  moyen  ,  la  différence 
des   effets    de    la  chaleur   du   Soleil    reçue  dans 
àes    foyers   plus    ou    moins    grands.   Ibid.    26$, 
Autres   miroirs    d'une    feule  pièce    pour   brûler 
très-vivtment  à  des  diffances  médiocres  &    à  de 
petites  diflances.   Ibid.    z66.    Conffrudicn    d'un 
fourneau  pour  courber  des  glaces.  Ibid.  ztj. 
Miroirs   à  Veau  ou   Lentilles.   Manière  de  les 
confuuirc.  Vd,  VII,  273.  Précautions  nécefiaires 


pcxxlv  Table 

pour  les  faire  réufTir.  Vol.  VÎI,  273.  Diiîîcuïté 
de  \^%  traiter.  //;/W.  274.  Inconvénient  qui  réiliitc 
de  la  différente  réfrangibilité  du  verre  &:  de 
leau.  îbid,  275.  Étant  compofés  d'un  grand 
nombre  de  glaces  planes ,  feroient  prefque  autant 
d'effet  que  les  giaces  courbées,  &  feroient  d'une 
exécution  pîus  facile,  &  d'une  moindre  dépenfe. 
Ihid.  280.  Leur  conftruaion  &  defcripiicn.  Ibid, 
305   &  30e. 

Mouvement    (ie)    appartient   dans    tous   \q& 
cas,  encore   pius  à  i'attraâion  qu'à  fimpulfiono 

XNature  (la)  peut  produire  par  le  moyen 
de  l'eau,  tout  ce  que  nos  Arts  prodtùfcnt  par 
îe  moyen  du  feu.  Vol.  VI,  165.  Elie  ne  fe 
dépouille  jamais  de  {^s  propriétés  en  faveur  d'une 
autre  d'une  manière  abfofue  ,  c'efi -à-dire,  de 
façon  que  fa  première  n'influe  en  rien  fur  fa 
féconde.  Ibîd,    4.07. 

Newton.  Corredion  à  faire  d'un  paffage  de 
Newton,  au  fujet  du  progrès  de  la  chaleur. 
Vol  VI,    216   &  Juà; 

K  I  T  R  E  (  le  )  doit  Ton  origine  aux  matièrei 
ammaies  ou  végétales.  Vol,  VI,  6^.  Contieiit 
une  prodigieufè  quaîitité  d'air  &  de  feu  fixes, 
»— -  Explication  de  fà  combuflion.  Ibid,  ir  Juiv. 

O 

.vJbietS.  Moyenô  d'apercevoir  fans  lunettes  leî 
objets  de  très -loin.   Vol.  \  Il  ^   ^^7. 


DES  Matières,     xvav 

Ombres.  Dccouvaie  àt^  ombres  colorée?. 
Vol  VII,  :;o9  à-  Juiv.  Ombres  colorées  au 
lever  &  au  'coucher  'du  Soleil.  --  Les  ombres 
au  lieu  d'être  noires,  font  alors  d  un  bleu  plus 
ou  moins  vif,  &:  quelquefois  verdàtres.  —  Ombres 
colorées  à  midi  &  à  d'.autres  heures  dii  jour, 
à  de  certaines  inclinailbns  de  ia  lumière.  /^/^.  33  » 
^Juiv,  Explication  de  ce  phénomène.  Ibid.  334. 

Or  (T)  qui  en  deux  fois  &  demi  plus  denfe 
que  le  fer,  perd  néanmoins  fa  chaleur  un  demi- 
tiers  plus  vîte.  Vol  V  ï ,  407-  Ef^^^  ^°^:;^'^  ff 
un  quart  de  fer,  prend  la  couleur  grue  de  la 
platine.  K./.  V  1 1  ,  13.  Cet  or  mêle  de  fer,  eft 
plus  dur,  plus  aigre  &  fpécifiqucment  moms 
pefant  que  l'or  pur.  Ibid.  l  es  paillettes  d  or  que 
les  Arpailleurs  rama^Tent  dans  ks  fables,  ne  font 
pas  de  ior  pur,  il  s'en  faut  fouvent  plus  de 
5eux  ou  trois  karats  fur  vingt -quatr».//'/^.  16. 
Un  morceau  d'or  pefant  foixante  grains ,  avec 
lequel  on  avoit  mêlé ,  par  la  fonte ,  lix  grains 
de  fer,  c'eft-à-dire,  un  onzième  éioit  attirable  a 
l'aimant.   Ikid,    18. 


PerPENDICULARITÉ  (la)  de  la  fge  àt^  arbres 
a  àts  plantes,  a  pour  caufe  prmcipale  .es 
émanations  confiantes  de  la  chaleur  propre  du 
globe  de  la  Terre.   Vol  VI,  48. 

PhlogisTIQUE  (le)  à^s,  Chimifces  n'eft  qu'un 
être  de  méthode  &  non  pas  de  ia  Nature. 
Vol  V  1 ,  6  I .  Ce  n'eft  point  un  principe  limpie  , 
niais  un  compoie  d'air  &  de  ^^^^  ^^^ 
€orps  j  preuve  de  cette  alTertion.  /W.  ^  jum 


i 


xxxvj  Table 

Phosp^jORE  artifciel,  fa  combuflibiiité  plus  aranJe 

que  celle  d'aucune  autre  matière Il  s'enflamme 

de  lui-même  fans  communication  d'aucune 
matière  ignéç  ,  fans  frottement ,  fans  autre  addition 

que   ceiic    du    contad   de   l'air.  Le   feu  cfl 

contenu  dans  le  pholphore  dans  un  état  moyen 
tntrela  fixité  h  la  volatilité.  —  Il  contient  en 
effet  cet  élément  fous  une  forme  obfcure  & 
condenfée.   Vol,   VI,  70  «y  71. 

Pierres  calcaires  (  ks  )  perdent  au  feu  près  de 
la  moitié  de  leur  poids  par  la  calcination.  Vol,  VI , 
149  &  150.  Elles  ne  font  en  très-grande  partie 
que  de  l'eau  &  de  l'air  contenus  dans  l'eau, 
transformés  par  le  filtre  animal  en  matière  folide. 
Jiiid.  149.  Les  pierres  augmentent  de  pefanteur 
par  la  longue  application  de  la  chaleur.  Vol.  VII, 
126  ir fuiv.  La  dureté  que  les  pierres  calcaires 
peuvent  acquérir  par  la  longue  application  de  la 
chaleur  neft  pas  durible ,  elles  perdent  cette 
dureté  acquife  au  bout  de  quelque  temps.  Ilnd. 
134.  Elles  perdent  de  même  leur  pefanteur 
acquife.  IlnJ,    ,  ^  ^. 

Platine.  Minéral  nouveau ,  fa  defcriptîon. 
Vol.  VII,  2.  Elle  exige  plus  de  chaleur  pour 
fe  fondre  que  la  mine  ou  la  limaille  de  fer, 
Uid.  N'ayant  ni  fulîbiiité,  ni  dudilité ,  elle  ne 
doit  pas  être  mi:e  au  nombre  des  métaux ,  dont 
1<^5  ^propriétés  efientielles  font  la  fuilbilité  &  la 
dudi:ite.  Jliid,  4.  La  p'atine  efl  un  mélange  où 
un  û'jliage  de  fer  >&  d'or  formé  par  la  Nature.  II?id, 
Il  y  a  beaucoup  de  fer  dans  ce  minéral,  &  ce 
fer  n'y  ell  pas  fimplemf.nt  mêié,  mais  incorporé 
de  la  manière  la  plus  intime.  Ihld.  5.  On  peut  en 
enlever  ûy.  feptièmes  du  total  par  i'aimant.  Jtid, 


DES  Matières,     x^xvîj 

Sa  compofinon  &  Ton   mélange.    Vol.   VU,    $ 
ir  fuiv.  Le  fer  qui  eft  uni  à  ia  platine  &  même 
celui  qui  n'y  eft  que  méiangé  ,  eft  dans  un  état 
diiTérent  de   celui  du  fer  ordinaire.  Jbid.  j.^c 
minéral  eft    très-aigre,    ce   qui    auroit    du   taire 
foupçonner  que  ce  n'cft  point   un  métal ,   mais 
un  alliage.   Ibid.    13    f  Jtùv.   La  pefanteur  fpe- 
cificue  de   la  platine  n'eft  pas  à  beaucoup  près 
aufîî  grande  que  celle  de  i'or.  —  Diverfes  expé- 
riences  à  ce   fujet,    defquelles  il  relulte    que   ia 
pefanteur  fpécifique   de  la  platine  eft  d  un  dou- 
zième moindre  que  celle  de  i'or.  llud.^-^  tr  fmv. 
Expériences  de    M.    ie  comte    de   MiHy   fur   la 
platine.  Ihld.  20    if  fuiv.  Il  y  a  àts  efpeces  de 
platine  qui  font   mélangées  de  parties  criftallines 
comme  de  petits  rubis,   de  petites  topafes  ,  &c. 
&    il  V    a    d'autres    efpèces    de  p;atine    qui  ne 
conti^Anent    rien    de   femblable.    Ibid.   3  3 -.pie 
contient   àts  grains  hémilphériques  qui  paroifîent 
indiquer  qu'elle  eft  le   produit  du  feu.  Uud.  ^  o^a 
mine    de  platine  ,   même  la   plus  pure ,    qui  ne 
contient  point  de  parties  criftallines  ,  eft  fouvent 
mélangée   de   quelques  paillettes    d'or.  lotd.   34. 
L'or  I   le  fer  dont  eft   compofee    la   platme  y 
font    unis    d'une  manière   plus  étroite    &    plus 
intime  que  dans  l'alliage  ordinaire  de  ces  deux 
métaux,  &  le  fer  qui  eft  incorpore  a  la  platine, 
eft   du  fer  dans  un   état  différent    de   1  état    du 
fer   ordinaire.  Ibid.    38.  Expériences  de   M.  de 
Morveau  i^ir  ce  minéral.  Ibid.  ^o   if  Juw.  On 
peut  efpérer  de  fondre  la   platine  fans    addition 
dans  nos    meilleurs  fourneaux   en  lui  appliquant 
\c   feu   plufieurs    fois    de   fuite,    parce    que   le* 
meiileyrl  creufets  ne  pourroienî  reiifter  a  i  action 
d'un    feu  auffi    violent  pendant  îohî    le  temps 


Kxxvnj         Table 

qu'exîgeroit  l'opération  compiète.  Vol.  V I  î  ç  5  " 
En  la  fondant  lans  addition  eile  paroît  fe  pirLr 
el.e-meme  des  matières  vitrefcibles  qu'elle  r?n- 
ferme,  car  il  s'élance  à  (^  Turface  des  jets  de 
verre  affez  confiderabies.  Ihid.  <i^,  èr  A  0„ 
peut  faire  le  bleu  de  Priiffe  avec  la  platiné,  es 
qui  prouve  qu'elle  efl  intimement  meiée  de  fer, 
&  que  le  plus  grand  feu  ni  la  coupellation  ne 
peuvent  détruire  ce  fer  dont  elfe  e/l' intimement 
pénétrée;  car  après  la  fufion  on  retrouve  en 
rebroyant  le  bouton  ,  qu'elle  contient  encore  àcs 
parties  ferrugincufes  &  magnétiques.  lùid,  C4. 
i.a  platme  fondue  /ans  addition  reprend  iorfqu'oh 
la  broie     précilémcnt  la  même  forme  d.^^  aal-ts 

/S/  ^^''''''    '^"'""^   ^''^'^  ^''^'''  ^*  ^"^^^^"• 

Plomb  (le)  s'échauffe  plus  vîte  &  fe  refroidit 
en  moins  de  temps  que  le  fer.  Vol.  VI,  247. 

PO  U  M  O  N  ^  [les  )  font  les  foufflets  de  la  machine 
animale,  ils  entretiennent  &  augmentent  Je  feu 
qui  nous  an;me,  reion  qu'ils  font  plus  ou  moins 
piulJam,  &  que  leur  mouvement  efi-plus  ou 
moins  prompt.   I^V.   VI,   12  t. 

PUisSANCE5  (les)  de' la  Nature  réduites  aux 
deux   forces  attradive   &    expanlive.    I/o/.   VJ 

Pyrites  warfû:ks,  km  origine  .5c  pourquoi  on 

VUALîTÉ  Pfijjî^ue.  c'eft-à-dire,  qualité  réelle 
AâHS  la  JHmme,  ne  peut  avoir  qu  u.-.e  mei'ure^ 


DES  Mat  lÈ  HE  S.     '^>^>^^ 

Se  par  conféquent  ne  peut  être  repréfentéc  que 
p./ un  terme.  lU  VI,  187.  Démonftration 
dt  cette  vérité.  Il>ùL  ir  fuiv, 

R 

'^iY^VCTlOB  des  métaux  (la)  n'efî  pas  pîus 
difficile  à  entendre  que  ia  précipitation.  Vol.  VI, 
,04.  Eile  n'efl  dans  ie  réel  qu  une  féconde 
combuftion  par  laquelle  on  dégage  les  parties 
d'air  &  de  feu  fixes  que  la  calcinat.on  avoit 
forcé  d'entrer  dans  le  métal  &  de  s  unir  a  fa 
fubilance  fixe  à  laquelle  on  rend  en  merne 
temps  les  parties  volatile.'  &  combuft.bies  que 
k  première  adion  du  feu  lui  avoit  enlevées. 
Jbid,    134. 

KiFLEXiON  ^.  /^  hmlhe.  Il  n'eft  pas  ccrtam, 
comme  l'a  dit  Newton,  que  les  rayons  e. 
plus  réfrangibles  loient  en  n^^"^%f '^x^J  ,f  P  ^' 
réflexibles.  Difcuffion  à  ce  {u]zi.  Note,  Voh  Vil, 

P,£FR0IDISSEMENT.  Le  temps  du  refroidin-ement 
àts  corps  ea  en  raifon  de  leur  diamètre.  VoJ,  VI  , 
Te  Deux  points  à  faifir  dans  le  refroid. ile ment 
des' corps  j  le  premier,  lorîqu'on  commence  a 
pouvo/les  toucher  .ans  fe  brûler  ;  &  le  lecond , 
Lfqu'ils  font  refroidis  à  la  température  a.aielle. 
IIU  206.  Le  refroidifTement  du  globe  de^.a 
Terre,  depuis  l'état  d'incandefcence  )ufq^ au 
point  de  pouvoir  le  toucher  fans  fe  brûler,  ne 
K(l  fait  qu'en  quarrarte  -  deux  mille  neuf  cents 
foixante-latre  ans  .  &  fon  refroidiffement  jufqu  a 
ia  température  aduelfe,  ne  s'eft  foit  quen  quatre^ 
^ingt-feize  mille  fix  cents  foixante-dix  ans,  en 


^^  Table 

ruppofant  îe  gfobe  principalement  compofé  de 
ïer  &  de  matières  ferrugineufes.  Vol  VJ  ^^^ 
^223  La  principaie  caufe  du  refroidiffement 
Lf/''  c/^taddu  milieu  ambiant,  mais  ia 
îorce  expanfive  qui  anime  ies  parties  de  îa 
chaleur  &   du  feu     Ihi    -, ,  ^     r-  -ri 

^^  i         r    .  '   ^24-  ^omparaifcn  du 

temps    du^  refroidifTement    à^s    globes   de    glaife 

^.f,  f^r  ^^^l  "^^'"^  ^"  refroidiffement  des 
gfobes  cîe  fer.  /W  .  3  4.  ^  y5./>.  Comparaifon 
ri"  temps   du  refroidiffement  du  marbre^   de  fa 

refroidiffement  du  fer.  Ibid.  238.  Rapports  du 
refroidirrement  ài:z  différentes  lub/lances  miné- 
raJc^s  constate  par  un  grand  nombre  d'expériences. 
ioid.    24.9    t-  Juwanîes, 

^RÉPULSION.  Changement  d'attradion  en  répuî/îon, 
comment  il  s'opère.  K?/.  VJ,   10. 

'^fof ''J!-''  ^r^  '^.  ^^  feu!  moyen  par  lequella 
torce  d  impuffion  &  le  mouvement  puifTcnt  fe 
communiquer.  Vol  VI,  ..  Le  reffort 'dépend  de 
//v '?  ^/"^'^^i^n;  preuves  de  cette  affertion. 

îlUSTiNE.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  le  côté  du 
creufet  qui  eft  expofé  à  l'ouverture  par  où  l'on 
coule  la  fonte  dans  les  fourneaux  de  forge.. 
Vol.   VII,    10^.  *=' 

O  A  B  L  o  N  ferrugineux  (  k  )  qui  fe  trouve  dans  Ja 
platine  eft  indifTotuble ,  prefque  infufible  & 
inacceffble  a  la  rouille.  Vo/.  VU  ,  8.  Ce  fablon 
en  néanmoins  du  vrai  fer,  du  fer  pur,  du  fer 
depouiile  de  toutes  les  parties  combuflibles , 
ialmes  &  terreufes  qui  fe  trouvent  dans  le  fer 


DES    Ma  T  IÈ  RE  s.         xI) 

©rdinaire,  &  même  dans  l'acier.  Vol.  VII,  8. 
Il  n'appartient  pas  exciufîvement  à  fa  platine,  iï 
fe  trouve  en  beaucoup  d'endroits,  &  provient  da 
mâchefer,  Ihid,    à'  Juivantes, 

Saveur  (  fa  )  piquante  àçs  acides  provient  de 
i'éiémcnt  du  feu.    Vol.    VI,    158. 

Sels.  Leur  différence  avec  le  foufre ,  &  leur 
compofition.  Vol.  VI,  66  &  Julu.  Us  doivent 
être  regardés  comme  les  fubftances  moyennes 
entre  la  terre  &  l'eau.  Ih'id,  156.  L'air  entre 
comme  principe  dans  !a  compofition  de  tous 
les   Tels.    Ihid, 

Sens.  Nos  fens  font  meilleurs  juges  que  les 
inflrumens  de  tout  ce  qui  eft  abfoiument  égal 
ou  parfaitement  (emblable.   Vol,  VI,  207-. 

S  E  N  s  AT  I  o  N  S.    Une  fenfation  vive  eft   toujours 
plus  précife  qu'une  feniàtion  tempérée ,  attendu 
que  la  première  nous  afîéde  d'une  manière  plus 
'  forte.    Vol.   VI,    2  oj. 

Soleil.  La  lumière  du  Soleil  efl  l'évaporation  de 
la  flamme  denfe  qui  environne  ce  vafte  corps  en 
incandefcence.  Vol,  VI,  9^.  Cette  lumière  du 
Soleil  produit,  lorfqu'on  la  condenfe,  les  mêmes 
effets  que  la  flamme  la  plus  vive ,  elfe  commu- 
nique le  feu  avec  autant  de  promptitude  &  d'é- 
nergie ,  elle  réfiflc  à  l'impuifjon  de  l'air,  fuit 
toujours  une  route  direéle  ;  on  doit  la  regarder, 
com.me  une  vraie  flamme ,  plus  pure  &  plus 
deijfe  que  toutes  les  fiammes  de  nos  matières 
combuftibles.  îbid.  &  Juiv,  La  plupart  des  tacbes 
que  les  Agronomes  ont  obfervées  fur  le  difque 
du  Soleil ,  leur  ont  paru  fixes,  mais  il  fè  pourroic 
auÏÏî  qu'il  y  eût  des  taches  flottantes  à  la  furface 
<ie  cet  aflre.    Vol  V  I  i  ,   2  ^  1 , 


xïïj  Table 

Solidité.  Différentes  acceptions  cïu  vciO^JoUduc. 
Vol  VI ,  3^1,  Solidité  confidérée  comme  oppolée 
à  ia  fluidité.  ïhid,  z^z. 

Soufre.  Sa  compoiîtion  6c  fa  prcdudion. 
rW.  VI,  66  &.  6y.  Le  loufre  ei\  tîe  la  même 
nature  que  les  autres  matières  combuftibies,  & 
tire  de  même  Ton  origine  du  détriment  des 
animaux  &  des  végétaux.  lùiJ.  6y,  Il  altère , 
difîbut  &  même  décompofe  le  1er  &  le  dénature, 
car  fi  l'on  préfente  une  verge  de  fer  bien  rouge 
à  une  bille  de  foufre  ,  le  fer  qui  coule  dans 
Tinflant  en  grenaille  n'efl  plus  du  fer ,  ni  même 
de  la  fonte ,  mais  une  efpèce  de  pyrite  martiale 
qui  n'ell:  bonne  à  rien.  Vof.  VII,  97.  Le  foufre 
entre  en  fufion  par  une  chaleur  d'environ  90 
degrés  (  divifion  de  Reaumur).  lùici,   128. 

T 

1  Ô  L  E  (  la  )  doit  être  faite  avec  !e  meilleur  fêr; 
—  Défauts  dans  la  fabrication  ordinaire  de  la 
îôle ,  &  manière  de  la  fabriquer  pour  la  rendre 
plus   parfaite   &   plus   durable.    Vo/,    VII,    8-(* 

Terre.  L'élément  de  la  l>rre  peut  fe  convertir 
dans  les  autres  élémens.  Vol.  VI  ,  168.  Élément 
de  la  Terre,  ce  Ibnt  les  matières  vitrifîables  dont  'a 
maffe  eit  mille  &  cent  mille  fois  plus  confî- 
dérable  que  celle  de  toutes  les  autres  lubflances 
îerreflres,  qu'on  doit  regarder  comme  le  vrai 
fonds  de  cet  élément.  Ii>id,  170  iT"  171. 

Terre  vitrefcibk  (la)  efl  la  vraie  terre  élémentaire 
qui  fert  de  bafe  à  toutes  les  autres  fubftances,  & 
en  confii tue  les  parties  fixes.  P'ol.  VI,   152, 

Thermomètre  réel,  c'cft-à-dire,  thermomètre 


DES  Ma t  I  è p  es,     xlltj 

dont  les  degrés  pourroient  marquer  les  aïigmen- 
tations  réelles  de  la  chaleur,  ne  peut  être  conftruit 
que  par  ie  moyen  des  miroirs  d'Archimèdc, 
Vo/,  VII  ,  170.  Explication  détaillée  de  la  conf- 
trudion   de  ce  thermomètre.  J/>id,  226  à^  Juivm 

Tr  a  N  s  PA  R  E  N  C,  E.  Caufe  de  la  tranfparence  ;  fe 
poliment  dans  les  corps  opaques  peut  être  regardé 
comme   le    premier    degré   de    la    tranfparence.. 

V'o/.  VII,   317  ir  Juiv, 

Tuyère.  Pièce  de  cuivre  ou  de  fer  qui  fert  à 
diriger  le  vent  dans  l'intérieur  des  fourneaux  de 
forges.   Vol,  Vil,    102. 

T  Y  M  P  E.  C'eft  ainfî  qu'on  appelle  une  pièce  de 
fer  ou  de  pierre  qu'on  pôle  fur  le  creufet  du 
côté  de  l'ouverture  par  où  l'on  coule  la  matière 
dans  les  grands  fourneaux  à  fondre  la  mine  dc. 
fer.   Vol    VII,    100. 

V 

Vaisseaux.  Moyen  fort  aifé  par  lequel  oii 
pourroit  voir  à  iœii  Iimple  fans  lunettes,  les 
VaiiTeaux  fur  la  mer  d  aulTi  loin  que  la  courbure 
de  la  Terre  le  permet,  c'cll-à-dire ,  à  fept  ou 
huit  lieues.  Vol  VII,  257.  Ce  moyen  coniîfte  à 
fupprimer  {'effet  de  i-a  lumière  intermédiaire.  Ihid» 

VÉGÉTAL  (ie)  convertit  réellement^  en  fa 
fubltance  une  grande  quantité  d'air,  <&  une 
quantiié  encore  pius  grande  d'eau;  la  terre  fixe 
qu'il  s'approprie  &  qui  Icrt  de  bafe  à  ces  deux 
éiémens,  efl  en  fi  petite  quantité,  qu'e'le  ne  fait 
pas  ia  centième  partit  de  îa  malfe.  Vol.  VI ,  155. 
Le  fiitre  végétai  ne  peut  prod-uire  qu'une  petite 
quantité  de  pierres ,  tandis  que  le-  fî-tre  animal  cj\ 
pjroJluifc  une  immenfc  quantité,  ibid%^ 


xllv        Table,  &c, 

VÉGÉTAUX  (  ics)  ont  un  degré  de  chaleur  propre  ; 
expérience  qui  le  prouve.  Vol,  VI  ,  114.  &  Jmv, 

VERRE  (le  )  eft  le  terme  ultérieur  auquel  on  peut 
réduire  ,  par  le  feu  ,  toutes  les  (ubfiances  terrefires. 
—  Il  t?i.  la  bafe  de  ces  mêmes  fubftances.  Vol,  VI , 
152.  Il  efl  de  la  lubflance  ia  plus  ancienne  de  la 
Terre,  îbid,  lyi.  Le  verre  fait  refTort,  ôl  peut 
plier  jufqu'à  un  certain  point  fans  rompre.  Uns 
oîace  de  deux  ou  trois  lignes  d'épailTeur  peut  plier 
d'environ  un  pouce  par  pied.  P^ol,  VII ,  263. 

Verre  d'une  très-grande  tranfparence.  Vo/,  VII, 
2S2  à^  Juh,  Comparaiion  de  la  tranfparence  de 
ce  verre  avec  la  tranfparence  des  glaces  de  Saint- 
Gobin.  Ibid,  283.  Compofition  de  ce  verre.  Ihid. 
Difficulté  de  fondre  le  verre  en  grande  maiïè 
épaiilè.   Ibid,  285    &  juiv. 

Verge  de  fer  crénelée.  Sa  fabrication  &  fon  ufage. 
Vol.    y\i,  75. 

Vitesse  de  la  lumière  (  la  )  cil;  la  plus  grande  qui 
nous  (bit  connue,  car  la  lum^ière  fiiit  20  mille 
lieues  en  une  féconde.  Vol,  VI  ,    22  iX  juiv. 

Vitesse  des -planètes  &  die  s  comètes  (la)  eft  aufll 
très  -  grande.  Vol,  VI ,   22. 

V1TRESCIBLE.  Matières  vitrefcibles  fuivent  danîîeur 
refroidifîèmenî  l'ordre  de  la  denfité.  Vol.  VI ,  ^  1 7. 

VlTRlFlABLE.  Matières  vitrifiables  ;  origine  & 
gradation  du  giffement  &  de  la  formation  de« 
matières  vitrifiabies.    Vol,  W,    173. 

Tin  de  là  Table  des  Matures* 


BaesBaBHHlMiit 

Fautes  à  corriger. 

Tome  VI ,  page  jp^  ligne  22,  quantité^ 
life-^  qualité. 

Tome  Vif  page  ij2  ,  lignes  j,  6,  y,  83 
p,  10  ^  //,  la  fomme  de  cette  chaleur  pri(e 
pendant  Tannée  entière  6c  pendant  grand  nombre 
d'années  de  fuite,  efl  trois  cents  ou  quatre  cents 
fois  plus  grande  que  la  fomme  de  la  chaleur 
qui  nous  vient  du  Soleil  pendant  le  même 
temps;  Hfi^t  que  cette  chaleur  obfervée  pen- 
dant un  grand  nombre  d'années  de  fuite ,  efl 
trois  ou  quatre  cents  fois  plus  grande  en  hiver, 
&  vingt-neuf  fois  plus  grande  en  été  dans  notre 
climat  que  la  chaleur  qui  nous  vient  du  Soleil. 

Tome  VI,  page  ij6f  ligne  2^,  contient j 
life-^^  contiendroit. 

Tome  VI y  page  14^,  lîô,ne  2j,  perd  fon 
volume;  ///^'^  perd  de  fon  volume. 

Tome  VI,  page  lyi,  ligne  6,  après  ces  mots, 
dans  la  formation;  ajoute-^  des  minéraux,  i[ 
faut  d'abord  remonter  à  l'origine  de  la  forma- 
tion, &c. 

Tome  VII,  page  g6,  ligne  6,  fenûbles;  /{/t':^ 
înfenfibles. 


iiillj  nil  iiiiBlii    i||Maill  ji      ,|l|ll|||pHM^ 


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